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Commission permanente des Affaires culturelles
Crédits du ministère des Affaires
culturelles
Séance du mercredi 8 juillet 1970
(Seize heures vingt et une minutes)
M. VEILLEUX (président de la commission permanente des Affaires
culturelles): A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je comprends que nous
avons dû changer de salle, mais nous devrions être en
réunion depuis déjà au-delà de 10 minutes. Vous
savez que le règlement exige que vous déclariez qu'il n'y a pas
quorum après un certain moment, à la demande d'un
député. Je veux bien attendre encore quelques minutes, mais si
les députés ne se présentent pas, il faudra faire rapport
au président et déclarer que nous n'avons pas quorum et que nous
ne pouvons pas siéger.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Je vais aller chercher mon livre de
règlements.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): II serait bon que vous ayez votre livre de
règlements. Il est élémentaire que vous ayez vos
règlements.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Nous avons quorum, nous pouvons
commencer.
Conservatoires de musique
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Hier, nous avions abordé l'article 2 du
poste budgétaire 5 et nous en étions encore aux
considérations générales sur la musique, puisque nous
n'avions pas abordé le détail de cet article. Au moment où
j'ai demandé moi-même la suspension du débat, j'avais
posé quelques questions au ministre des Affaires culturelles
relativement aux dispositions qu'il entend prendre, en ce qui concerne
c'est le cas de le dire la conservation des conservatoires. J'avais
évoqué certaines raisons qui militaient en faveur du maintien des
conservatoires de musique contre l'avis, fort respectable, je veux bien, des
commissaires de la Commission Rioux, ceux-ci préconisant
l'intégration des maisons d'enseignement professionnel de la musique
dans l'ensemble des structures générales du ministère de
l'Education. Je n ai pas besoin de vous dire et de vous répéter
que, personnellement, je m'opposerai vigoureusement à une telle
intégration, qui changerait complètement la vocation des
conservatoires et priverait les étudiants, doués d'aptitudes
spéciales pour la musique, d'une formation professionnelle qui ne peut
être donnée avec satisfaction que dans les conservatoires de
musique où l'on pratique une formule d'enseignement
intégré, qui tient compte à la fois de la formation
générale de l'étudiant et de sa formation musicale
professionnelle.
Je serais donc vivement heureux de connaf-tre l'avis du ministre des
Affaires culturelles à ce sujet et surtout d'obtenir de lui l'assurance
qu'il n'entend pas j'y reviens encore une fois laisser un autre
ministère s'approprier un champ d'activité qui revient de droit
au ministère des Affaires culturelles.
D'autre part, M. le Président, avant de demander au ministre de
répondre à ces questions, je voudrais évoquer un autre
problème qui se rattache au premier, celui de la reconnaissance
officielle des diplômes décernés par les conservatoires de
musique. On sait qu'à l'heure actuelle, dans les universités et
dans diverses maisons d'enseignement, il y a des professeurs dont on dit qu'ils
ont reçu une formation musicale je ne mets pas cela en doute
mais dont on dit surtout qu'ils ont reçu une formation
psycho-pédagogique qui les habilite à enseigner la musique dans
les diverses maisons d'enseignement du Québec.
D'autre part, les diplômés des Conservatoires de musique de
Québec et de Montréal et des autres conservatoires que nous avons
créés depuis lors, trouvent difficilement emploi dans ces maisons
de formation.
On allègue le fait qu'ils n'ont pas de diplôme reconnu par
le ministère de l'Education. Nous avions entrepris des consultations
avec certains organismes, notamment avec l'Université du Québec,
afin que le gouvernement reconnût dans les délais les plus brefs
les diplômes qui sont décernés dans les conservatoires de
musique du Québec.
Cela est extrêmement important, d'abord parce que cela permettrait
aux diplômés du conservatoire de trouver des emplois de
professeur; cela contribuerait d'autre part à normaliser et à
uniformiser les formules d'enseignement destinées à ceux qui, par
profession deviendront des enseignants de la musique.
Je ne veux pas faire le procès de tous ceux qui enseignent la
musique dans quelque maison d'enseignement que ce soit, mais il est bien
évident qu'il y a beaucoup d'improvisation ou d'improvisateurs dans ce
domaine. Il est grand temps que le ministère des Affaires culturelles,
par ses conservatoires de musique, assure la coordination, l'uniformisation de
la formation musicale et que le ministère de l'Education consacre le
travail des professeurs des conservatoires de musique et habilite de ce fait
les gens qui sortent de ces conservatoires à enseigner dans n'importe
quelle maison d'enseignement, c'est à la condition, bien entendu, que
leur soient donnés des cours de psycho-pédagogie, des cours de
méthodologie, de didactique de l'enseignement de la musique.
Je le répète, M. le Président, il est absolument
anormal qu'existe encore à l'heure actuel-
le cette dispersion dans le domaine de l'enseignement musical et que
n'importe qui puisse s'improviser professeur de musique dans n'importe quelle
maison d'enseignement y compris dans les centres culturels. Il y va de la
qualité de l'enseignement, il y va de la qualité de la formation
de l'enseignant, il y va évidemment de la qualité de la formation
que peut acquérir un étudiant qui est soumis à tel type
d'enseignement professionnel de la musique.
Naturellement, on pourrait entrer dans des détails,
évoquer des faits, donner des exemples. Je ne veux pas le faire ici
parce que cela m'obligerait à faire le procès de certaines
maisons d'enseignement qui sont dites maisons d'enseignement de la musique.
Mais je veux attirer l'attention du ministre et lui demander quelles
dispositions il entend prendre afin que le gouvernement donne enfin au
Conservatoire de musique du Québec et aux diplômes qu'il
décerne la considération que ces conservatoires et que ces
diplômes doivent avoir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je remercie le
député de Chicoutimi de son exposé d'hier et des remarques
qui s'y greffent aujourd'hui. Il évoque trois points à propos
desquels je voudrais faire quelques commentaires.
Le premier de ces points touche les recommandations du rapport Rioux en
ce qui a trait à l'intégration éventuelle des
conservatoires aux structures du ministère de l'Education. Je ne peux
pas vous dire précisément quelle sera la politique
gouvernementale de ce point de vue pour l'excellente raison qu'elle n'est pas
encore établie.
Le deuxième point fait appel à mon opinion personnelle, et
là je n'hésite pas à déclarer que je me range
certainement du côté de l'ancien ministre des Affaires
culturelles. Je suis aussi très sensible à l'importance des
conservatoires et à la nécessité de leur conserver leur
autonomie. Il ne faut pas confondre l'enseignement de la musique qui vise
à déterminer une certaine formation, avec l'enseignement qui a
pour but soit de permettre à des artistes de s'exprimer ou encore
d'accéder à l'enseignement.
Quant à la question complexe des diplômes, je suis encore
à l'étude du problème. Je pense que tout titulaire du
ministère des Affaires culturelles ne peut être que sensible
à la situation que le député de Chicoutimi a admirablement
décrite. Pour l'instant, je sais qu'il y a des démarches qui
visent à mettre au point un projet avec le ministère de
l'Education, mais je ne crois pas qu'il y ait rien de véritablement
précis encore dans ce domaine.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait nous dire si
l'on a poursuivi les rencontres avec les représentants de
l'Université du Québec précisément en ce qui
concerne la reconnaissance des diplômes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, ces rencontres, M. le Président, ont
été poursuivies, mais rien de défini n'existe encore.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a donc pas eu encore de prise de
position officielle du gouvernement dans ce domaine?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En effet, il n'y a eu aucune prise de
position.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre des Affaires
culturelles entend faire, de concert avec son collègue de l'Education,
un inventaire de l'ensemble des maisons d'enseignement où l'on dispense
précisément un enseignement musical et estce qu'il entend
demander au ministère de l'Education de faire l'inventaire des
diplômes que possèdent les gens qui enseignent dans cesdites
maisons d'enseignement musical?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je puis dire au
député de Chicoutimi que c'est certainement là une de mes
intentions. En fait, j'ai déjà eu quelques conversations avec le
ministre de l'Education et je crois qu'au cours des autres rencontres
prévues, il sera possible d'explorer non seulement la question des
conservatoires mais également un bon nombre de points sur lesquels nous
aurons peut-être l'occasion de revenir lors des discussions
ultérieures qui touchent des juridictions communes.
M. CHARRON: M. le Président, sur la même question des
rapports avec le ministère de l'Education, la semaine dernière ou
la semaine précédente, lorsque nous avons étudié
les crédits du ministère de l'Education, j'ai posé une
question au ministre qui m'a demandé de la poser lors du débat
sur les Affaires culturelles. Le député de Chicoutimi a
posé celle des diplômes, je pose une question sur l'octroi des
bourses pour les étudiants en musique. Est-ce que le ministère
des Affaires culturelles est en relation avec le ministère de
l'Education pour l'octroi des bourses dans cette spécialité? Et,
deuxièmement, une question qui concerne tout le monde de
l'éducation, autant les étudiants du conservatoire, la question
des débouchés sur le marché du travail: Qu'est-ce qui se
produit dans le domaine? Qu'est-ce qui fait suite et qu'est-ce qu'on
prévoit à la suite du passage des étudiants au
conservatoire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En ce qui concerne les bourses, elles
relèvent, en effet, du ministère de l'Education. Vous pensez en
ce moment aux bourses de perfectionnement. Nous n'en n'avons pas au
ministère des Affaires culturelles. Il nous est possible de donner une
aide à la création, aide limitée d'ailleurs, mais celle-ci
ne s'adresse même pas aux étudiants. Vous soulevez donc là
un point qui devrait être
discuté dans le cadre général auquel nous avons
fait allusion il y a quelques instants. Je crois que ceci répond
également à la dernière partie de votre question.
D est certain qu'entre ministères, il y a peut-être
peut-on employer ce terme des conflits, et c'est par des
mécanismes de coordination, par une concertation qu'il sera possible
d'en arriver à des solutions.
M. CHARRON: J'élargis la dernière partie de ma question,
si vous me permettez, en la posant en ces termes: Comment, au chapitre de la
direction culturelle de la musique, entrevoit-on maintenant la vie des
musiciens, la vie d'un musicien au Québec? En plus de faciliter le
travail des étudiants au sein des conservatoires par un budget de
$2,260,000, qu'est-ce que l'on fait, à ce chapitre-là, pour la
vie, le travail du musicien au Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous soulevez là le problème des
débouchés. Vous avez raison de le faire, parce que c'est le
problème essentiel, le problème fondamental. Il ne peut pas
être question de former qui que ce soit nous parlons en ce moment
de musiciens, mais c'est également vrai pour d'autres disciplines
à moins qu'il y ait une articulation avec la réalité. Il y
a déjà certains débouchés, parce que notre vie
culturelle, s'enrichissant, a donné lieu à la création
d'orchestres, de formations musicales et nos élèves du
conservatoire peuvent s'y insérer. Mais il est évident que ces
débouchés sont encore bien insuffisants. Et là, nous
touchons une très, très vaste politique qui est liée
à la promotion économique de la collectivité. Dans la
mesure où cette promotion économique se fera d'une manière
équilibrée, c'est-à-dire en tenant compte de tous les
aspects, dont les aspects culturels, je crois que le problème des
débouchés devrait trouver un début de solution.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, justement au sujet de
ces plans de carrière des artistes, enfin des gens qui étudient,
à l'heure actuelle, dans les conservatoires, on peut identifier
certaines carrières. Il y a d'abord la carrière du musicien
professionnel, disons celui qui fait carrière, solo, évidemment,
ce n'est pas le cas du plus grand nombre. Il y a le musicien d'orchestre, qui
fait partie d'un grand orchestre ou d'un ensemble. Il y a des musiciens qui,
acceptant certaines formes de musique dite d'agrément, deviennent
musiciens d'ensemble et travaillent dans des cabarets, dans des hôtels
etc. Il y a aussi la carrière d'enseignant de la musique. Ce sont
là les principales carrières qui, jusqu'à présent,
étaient offertes aux musiciens.
Mais, étant donné le grand nombre de centres culturels qui
existent à l'heure actuelle dans le Québec, étant
donné les demandes qui nous ont souvent été
présentées de subvention- ner ces centres culturels afin qu'ils
dispensent des cours, est-ce que, de concert avec le ministère de
l'Education, le ministre ne pourrait pas envisager la possibilité de
mettre à la disposition de ces centres culturels un nombre requis de
professeurs qui pourraient dispenser des cours de musique, des cours de culture
musicale, mais des cours qui soient valables, afin que l'on ne se trouve pas
dans l'obligation de constater que l'enseignement dit musical qui est
dispensé dans les centres culturels n'est pas un enseignement de
qualité? En même temps qu'un moyen d'accroître le nombre des
carrières musicales, ce serait, du même coup, permettre à
la collectivité l'accessibilité d'un bien culturel
déterminé, en l'espèce, celui de la musique.
J'invite donc le ministre des Affaires culturelles à
réfléchir, à se pencher sur cette question, à
s'interroger et à faire un inventaire de ces carrières, de ces
débouchés qui s'offrent pour les étudiants qui sortent des
conservatoires.
M. le Président, étant convaincu que le ministre a
noté ma suggestion, je voudrais poser au ministre une autre question qui
a trait aux relations nécessaires qui doivent s'établir entre les
conservatoires de musique et les écoles universitaires de musique. En
effet, il y a, dans la plupart des universités du Québec, des
écoles de musique. Il y a aussi les conservatoires de musique: ceux de
Québec, de Montréal, de Hull, de Val-d'Or, de Chicoutimi, de
Trois-Rivières.
Il y a donc là deux maisons, si vous voulez, deux milieux
où l'on puisse acquérir une formation musicale. Est-ce que le
ministre a commencé à étudier cette question, comme je
l'avais fait, et est-ce qu'il serait capable, sinon aujourd'hui, mais du moins
au cours des prochains mois, de s'employer, en collaboration avec les
responsables des écoles de musique des universités, à
définir exactement la vocation des conservatoires de musique et la
vocation des écoles universitaires de musique?
Parce que si l'on tient compte des budgets toujours trop restreints,
à leur avis, et c'est le cas bien souvent, si l'on tient compte des
budgets énormes dont disposent les universités budgets
énormes, mais en même temps trop restreints si l'on tient
compte des investissements que l'on fait dans les écoles de musique des
universités, et si, d'autre part, on tient compte des investissements
que l'on fait dans l'ensemble des maisons d'enseignement du Québec et
dans les conservatoires, il y a lieu de s'interroger et de se demander s'il n'y
a pas duplication et si l'absence d'une définition précise de la
vocation du conservatoire et de la vocation de l'école de musique des
universités n'aboutit pas précisément à cette
duplication qui se traduit, à toutes fins utiles, par des
dépenses accrues que les contribuables sont appelés à
payer.
C'est là poser tout le problème de la
réorganisation de l'enseignement de la musique dans le Québec.
C'est poser tout le problème de situer chaque personne à sa place
et d'établir des normes et des critères qui permettent de
déclarer qu'un tel est vraiment un enseignant en musique et que son
métier, c'est de former des professionnels de la musique, des
enseignants en musique, des gens qui feront carrière dans la musique, ou
qu'un tel, son rôle, c'est de s'occuper de recherche, de musicologie,
etc. Il y a un flottement dans ce domaine. Ce flottement se traduit, à
mon avis, par une duplication des ressources à la fois
financières et humaines et cela aussi est préjudiciable au
recrutement des conservatoires. Cela contribue à entretenir le
préjugé que l'enseignement qui est donné dans les
conservatoires de musique du Québec n'a pas une qualité aussi
grande que celui qui est donné dans les écoles de musique des
universités.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je note les suggestions
du député de Chicoutimi. Un seul commentaire en ce qui a trait
aux centres culturels. Il n'est pas sûr que ce soit !a vocation des
centres culturels de dispenser des cours de musique. Je vois cette vocation
davantage axée vers des formules d'animation, de participation.
M. TREMBLAY (Chicotutimi): J'ai été longtemps de cet avis,
à savoir que la vocation des centres culturels n'est pas de dispenser
des cours de musique, mais plutôt de faire de l'animation culturelle.
D'accord. Mais il reste que, si l'on tient compte du territoire et du lieu
où se trouvent certains centres culturels, là où ne se
trouvent pas de maisons d'enseignement qui dispensent un enseignement musical,
il y a non pas nécessairement des jeunes, mais un grand nombre d'adultes
qui s'intéressent à la musique, qui voudraient s'initier à
la musique. Je souhaiterais que cette initiation musicale leur soit
donnée par des enseignants professionnels, sortis de nos conservatoires
de musique. Ce serait, en même temps que satisfaire un besoin de la
population, accroître les possibilités de carrière des
étudiants qui sortent chaque année de nos conservatoires. C'est
une suggestion que je faisais au ministre. Il me donne sa réponse, mais
je l'incite à creuser davantage le problème, à
s'interroger davantage, parce qu'il me paraît y avoir là un
débouché extrêmement important et qui va s'accroître
d'année en année, eu égard au développement des
centres culturels et à l'expansion normale qu'ils prennent à
l'heure actuelle dans le Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne manquerai pas de m'interroger, surtout
lorsque j'aurai réussi à faire adopter les crédits. J'en
aurai le loisir nécessaire.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Est-ce adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, nous en sommes aux observations
générales. Vous avez comment nous procédons, M. le
Président. L'article 2 est intitulé: Musique-Conservatoires. Il y
a donc là place pour un débat général et nous
pouvons poser au ministre une série de questions d'ordre
général c'est ce que je suis en train de faire
avant d'entrer dans le détail des postes budgétaires.
Je voudrais aussi attirer l'attention du ministre sur le problème
des locaux des conservatoires. Le Conservatoire de musique de Montréal,
le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'est pas très bien logé.
Celui de Québec est peut-être un peu mieux, mais ce n'est pas
encore digne des gens qui y enseignent et des étudiants qui y viennent.
Mais je sais qu'il existe dans le Québec certaines écoles de
musique qui sont pratiquement abandonnées, notamment à
Montréal, et qui seront éventuellement mises en vente. Certaines
universités veulent s'en emparer.
J'aimerais savoir si le ministre des Affaires culturelles n'a pas
l'intention d'entrer en contact avec les autorités de ces maisons
d'enseignement afin de voir si les locaux qu'elles occupaient sont disponibles
et pourraient servir, au Conservatoire de musique de Montréal, par
exemple. Je pense en particulier à l'Ecole Vincent-d 'Indy.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis parfaitement conscient de ce
problème des locaux qui est en effet un problème
extrêmement grave. Je peux assurer le député de Chicoutimi
que je prendrai toutes les dispositionsqui s'imposeront.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme nous en sommes aux observations
générales et que nous devrons parler de certains problèmes
généraux qui s'insèrent bien dans le cadre de ce
débat général, je voudrais savoir du ministre des Affaires
culturelles s'il a l'intention d'ouvrir cette année de nouveaux
conservatoires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je ne sais pas encore.
Cela fait également partie des politiques à
déterminer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela fait partie des politiques à
déterminer, mais nous avions prévu que des conservatoires
seraient éventuellement ouverts à Rimouski et à
Sherbrooke. A Rimouski, nous avons eu des contacts avec les autorités de
la ville, qui nous ont offert des locaux. Je voudrais savoir où en sont
les pourparlers, si on les a poursuivis et si le budget que présente le
ministre des Affaires culturelles permet de satisfaire aux exigences de ces
deux régions qui réclament à cor et à cri
l'implantation d'un conservatoire de musique
comme on l'a fait notamment dans la très belle et très
particulière région du Saguenay.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je pense que le
député de Chicoutimi ne sera pas étonné d'apprendre
que, dans le cadre budgétaire actuel, il m'apparait peu probable que
l'on puisse ouvrir cette année de nouveaux conservatoires. Si ma
réponse était empreinte de prudence, ce n'est pas parce que je
mettais en cause la création de nouveaux conservatoires, mais uniquement
parce que je prenais conscience de nos limitations du point de vue
financier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On peut donc en conclure que ni Rimouski ni
Sherbrooke ne jouiront cette année des avantages d'une école
supérieure de musique, d'un conservatoire de musique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A moins qu'un mécène ne fasse des
dons et améliore, par le fait même, notre situation
financière, il est bien évident qu'actuellement ces fondations ne
sont pas prévues au budget que nous vous demandons d'adopter.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Vous entendez donc maintenir les conservatoires
qui existent à l'heure actuelle, mais vous ne songez pas à en
créer d'autres, étant donné la modicité du budget
dont vous disposerez quand nous l'aurons adopté.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je précise, M. le Président, que
des démarches ont déjà été faites. Lorsque
le député de Chicoutimi parle de Rimouski et de Sherbrooke, ce ne
sont pas là des idées en l'air. Cela correspond à des
études précises qui continueront.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En même temps que vous poursuivrez ces
études précises dans les cas de Rimouski et de Sherbrooke...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Chicoutimi a un seul conservatoire, c'est
suffisant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Peut-être que le frère du
député de Chauveau voudra en avoir un à Jonquière.
A tout événement, en même temps que vous poursuivrez vos
études sur les cas de Rimouski et de Sherbrooke, est-ce que vous ne
pourriez pas procéder à des études dans d'autres
régions où il y aurait lieu d'implanter des conservatoires de
musique?
M. HARVEY (Chauveau): Dans Chauveau.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous allez examiner toutes ces
données.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense avoir déjà indiqué
mon très grand intérêt pour ce domaine, comme d'ailleurs
pour tous les autres, et mon désir d'examiner le plus attentivement
possible toutes les possibilités qui s'offriront à notre
action.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Toujours au chapitre des locaux, des lieux
physiques, est-ce que l'on a réglé le problème du
Conservatoire de Trois-Rivières?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, le problème du Conservatoire de
Trois-Rivières reste entier, mais nous nous y appliquons de
manière à essayer d'apporter une solution pour septembre.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Lorsque vous dites que vous vous y
appliquez...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une symphonie de questions. Il faudrait
aller un peu plus andante.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lorsque vous vous y appliquez, de quelle
façon vous vous y appliquez-vous? Où se trouve logé
à l'heure actuelle le Conservatoire de musique de
Trois-Rivières?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comme le député de Chicoutimi s'en
doute, et c'est tout le sens de sa question, le Conservatoire de
Trois-Rivières est à peu près aussi mal logé, sinon
plus mal, que tous les autres conservatoires. Les conservatoires, à peu
près partout, vivent actuellement dans l'improvisation du point de vue
de leur installation, de leurs implantations. Il y a là indiscutablement
et je ne peux encore que me répéter un
problème grave dont il convient de s'occuper.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministère des Travaux
publics n'avait pas entrepris des démarches en vue de la location d'un
édifice dans Trois-Rivières et dans Hull afin de loger ces deux
conservatoires? Où en sont ces démarches? Quelles sont les
dispositions pratiques que devra prendre le ministre pour la rentrée de
septembre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, comme je l'ai
signalé, il y a des problèmes à tous les conservatoires.
Nous sommes en train d'étudier les solutions, qui sont encore des
solutions d'attente et non des solutions définitives, pour sauver la
situation à compter de septembre. Je précise qu'il y a des
démarches qui sont entreprises depuis déjà assez longtemps
auprès des Travaux publics, et ceci implique tous les conservatoires. Il
est impossible d'en dire plus à ce stade-ci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En ce qui a
trait au Conservatoire de musique de Québec, à quel moment
les nouveaux locaux seront-ils disponibles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les travaux publics nous ont informés que
les nouveaux locaux ne seront pas disponibles cette année. Cela signifie
qu'il faut donc faire appel à une de ces solutions d'attente auxquelles
je faisais allusion pour septembre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que cette situation un peu
précaire va obliger le Conservatoire de musique de Québec
à réduire le nombre des étudiants qui aspirent à y
entrer?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Là encore, c'est unequestion de locaux,
et nous sommes en train de faire les études nécessaires pour
régler d'une manière toute provisoire la situation que je
déplore autant que le député de Chicoutimi, sinon plus,
parce qu'en ce moment, c'est surtout moi qui suis assailli par les
problèmes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais vous n'avez pas répondu
directement à ma question.
Est-ce que le fait que l'on ne puisse emménager dans les nouveaux
locaux du Conservatoire de musique de Québec va vous obliger à
restreindre le nombre des étudiants qui voulaient entrer à
l'automne?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En principe, non, dans la mesure où nous
réussirons à trouver des locaux provisoires satisfaisants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'heure actuelle, combien y a-t-il de
candidatures?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a 250 élèves
réadmissibles et une quarantaine de nouveaux inscrits.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce qui fait 290 élèves.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un effectif considérable.
M. CHARRON: M. le Président, en interrompant bien temporairement
le concerto du député de Chicoutimi, j'aimerais poser une
question assez précise d'information...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas un concerto, c'est une
sonate.
M. CHARRON: ... sur le statut de l'Ecole Vincent-d'Indy par rapport au
ministère des Affaires culturelles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D s'agit d'une école privée qui ne
relève pas du ministère des
Affaires culturelles et qui jouit actuellement d'un statut d'affiliation
avec l'Université de Sherbrooke. J'ai manifesté à peu
près le même étonnement que le député de
Saint-Jacques...
M. CHARRON: Les propriétaires de la bâtisse même,
indépendamment du contenu de l'enseignement que l'on y fait, sont en
négociations présentement avec l'Université de
Montréal pour que cela devienne un pavillon...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je m'excuse, mais cela déborde largement
le cadre des crédits du ministère des Affaires culturelles.
M. CHARRON: Oui, je le sais. Mais je dis quand même qu'il y a des
subventions du ministère des Affaires culturelles qui vont à
l'Ecole Vincent-d'Indy.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous ne subventionnons en rien l'Ecole
Vincent-d'Indy.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, je pense que
nous allons...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Les questions d'ordre général
sont terminées?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous voulez nous permettre de prendre
nous-mêmes l'initiative des opérations, M. le
Président...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Je vous demande si vous avez terminé,
sinon nous poursuivrons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A ce sujet, je rappelle au ministre les
problèmes graves de la coordination et de l'uniformisation des
diplômes et de l'examen de ce problème de la duplication de
services et de coût que pose l'existence des écoles de musique des
universités et des conservatoires.
Evidemment, je ne lui fais pas grief de ne pas avoir encore
trouvé les locaux dont il aurait besoin pour loger les professeurs et
les étudiants des conservatoires, mais j'imagine qu'il accordera une
attention très spéciale au cas de Rimouski et de Sherbrooke,
parce que le ministre qui l'a précédé s'était
engagé à pourvoir ces régions d'un service dont il avait
pourvu sa propre région et dont les gens se disent fort satisfaits.
Alors, M. le Président, nous pouvons passer à l'examen des
divers postes budgétaires.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Article 2, adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 2, nous en avons terminé, et
nous passons maintenant au sous-article: Traitements, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste budgétaire no 5, article 2,
sous-article 1 : Traitements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors sous-article 1: Traitements. M. le
Président, je demande au ministre de nous fournir des renseignements au
sujet des deux chiffres qui sont indiqués: 206 (186).
M. CLOUTIER (Ahuntsic): 206 postes autorisés, bien sûr, 176
en place, 30 vacants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): 176 postes en place et 30 vacants... Où
se trouvent ces trentes vacances? A quels conservatoires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a une douzaine de poste de professeurs dans
ces vacances et ils sont, semble-t-il répartis un peu partout dans les
divers conservatoires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parmi les 30 postes vacants, il y a douze
postes de professeurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Une douzaine de postes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une douzaine de postes, dans quelle
discipline?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est en fonction des besoins à
établir et c'est au cours de l'année que ces postes
reçoivent leur définition.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas une réponse qui me
satisfait, M. le Président. Vous comprenez, je veux bien autoriser des
postes, mais je ne voudrais qu'il y ait seulement des joueurs d'harmonica. Il
faut qu'on me dise exactement quelles sont les disciplines qui sont en
cause.
M. CHARRON: La "bombarde! "
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Une classe de violon à Chicoutimi, M. le
Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je comprends que M. le ministre aime beaucoup
de la "bombarde"...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): M. le ministre donne la réponse.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a une classe de violon à Chicoutimi
qui devra être pourvue. Je suis sûr que vous ne vous y opposerez
pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas du tout.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Une classe de violoncelle à Hull sera
partagée avec Chicoutimi, parce que nous n'avons que des
attentions...
M. CHARRON: Est-ce le violoncelle qui est partagé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... pour le comté de l'ancien
ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est discordant!
M. CHARRON: C'est discordant, oui!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, violoncelle, violon...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que je vous ai déjà
donné une idée de la question. Les autres postes ne sont pas
encore déterminés. Il y a une étude en cours qui porte sur
les instruments à cordes et nos besoins seront beaucoup mieux
déterminés dès que cette étude sera
terminée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a des professeurs d'art lyrique
d'inclus dans ces postes vacants?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a un seul remplacement qui s'impose dans ce
secteur et c'est à Québec même.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le poste va être
comblé bientôt? Est-ce que vous avez un candidat?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons plusieurs candidats et le poste sera
comblé d'ici le 1er septembre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que, récemment, on n'a pas fait
venir de Paris une cantatrice qui doit justement remplir l'un de ces
postes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En effet, il y a une candidate qui est
actuellement sur les rangs et qui est éligible d'après les
règlements de la Fonction publique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II s'agit de Mlle Paquet, n'est-ce pas? Il y
avait eu un engagement formel du ministre des Affaires culturelles afin de
faire venir Mlle Paquet, qui a contremandé des engagements, et qui
attend que le ministre veuille bien lui faire savoir, via le directeur du
conservatoire, que ses services sont requis comme il avait été
entendu en vertu d'une lettre que je lui ai envoyée et que j'ai
signée moi-même.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La demande est faite à la Fonction
publique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors à quel moment croyez-vous que la
Fonction publique va agir?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne me crois pas autorisé de parler au
nom de la Fonction publique surtout en ce moment.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'imagine que vous poussez un peu? Alors donc,
30 postes vacants, dont 12 postes de professeurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Une douzaine.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et les 18 autres postes vacants?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a des postes de sténodactylos,
d'attachés d'administration, de commis de bureau. Il y a trois
auxiliaires en recherche et information. Il y a également des
appariteurs, que nous retrouverons sans doute à l'article des
salaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont là les effectifs. Maintenant,
en ce qui concerne les directeurs des conservatoires, est-ce que l'on apourvu au remplacement du directeur du Conservatoire de musique de
Québec, M. Jobin, qui est maintenant le conseiller culturel du ministre
à Paris?
M. CLOUTIER (Ahuntsic); M. le Président, cela se fera par voie de
concours durant l'été.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, on fera un concours afin de pourvoir au
remplacement de M. Jobin. Il n'y a pas eu de déplacement dans le cas des
autres directeurs de conservatoires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a eu aucun déplacement.
M. TREMËLAY (Chicoutimi): Alors nous avens donc M. Davignon
à Val-d'Or, M. Kaczynski à Trois-Rivières, M. Pépin
à Montréal, M. Lindsay à Chicoutimi, et M. Gratton
à Hull.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est bien ça!
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Il n'y a pas eu de changement. Il n'est pas
prévu de changement pour le début de l'année scolaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et je ne peux pas préjuger de l'avenir.
Nous décrivons en ce moment la situation telle qu'elle existe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je suis prêt,
quant à moi, à adopter le sous-article 1 : Traitements.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste 5, article 2, sous-article 1,
adopté.
M. CHARRON: Adopté.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, sous-article 2: Salaires.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Article 2, sous-article 2: Salaires.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): De quoi s'agit-il pour ces salaires? Ce sont
les appariteurs?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit d'une unité de fonctionnaires
qui apparaît comme ouvriers, mais il s'agit en fait d'appariteurs. Nous
avons huit postes autorisés, huit en place et aucun vacant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a les traitements et il y a les salaires.
Ce qui fait un montant d'environ $1,900,000 aux articles "traitements" et
"salaires".
Est-ce que, dans les salaires et traitements, l'on a tenu compte des
exigences des nouvelles conventions collectives?
M. 6LOUTIER (Ahuntsic): Oui, en effet, c'est la raison pour laquelle
encore pourvus et que nous espérons bien pourvoir en cours
d'année, nouvelles conventions collectives, on se trouve à perdre
du temps dans la période d'enseignement.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Cela représentait un montant total de
combien?
M. CHARRON: Du temps plus précieux que le temps d'un
ministre!
M. CLOUTIER. (Ahuntsic): Je ne vois pas l'à-propos de la
remarque, j'aimerais qu'on me l'explique.
M. CHARRON: Vous avez l'air de quelqu'un qui sent qu'il perd son
temps.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah là, je comprends, M. le
Président. Merci!
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais poser une question au ministre.
Quel est en pourcentage le montant que représente l'augmentation due aux
nouvelles conventions collectives?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D y a un forfait rétroactif, M. le
Président, d'environ $250 par professeur, de juin 1969 à janvier
1970. Et une augmentation de l'ordre de 5 p.c. depuis janvier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Depuis janvier. Maintenant cela vous a
obligé, évidemment, à réaménager les
horaires parce que le temps que consacrait un professeur se trouve
réduit.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tout à fait cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le rapport
maître-élèves est réduit?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous ne cherchons pas à modifier le
rapport maître-élèves, puisque c'est l'essence même
du conservatoire d'apporter une attention très particulière aux
élèves. Je crois que nous réussirons à nous en
sortir grâce au fait que tout de même il y a des postes vacants non
encore prévus et que nous espérons bien pourvoir en cours
d'année.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais il reste qu'aux termes de la convention
collective, le rapport maître-élèves et
élèves-maître est modifié. C'est ce qui explique
enfin la moindre disponibilité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En fait, nous perdrons, à cause de ces
conventions collectives, l'équivalent de vingt professeurs, alors que
nous n'aurons que dix postes à combler. Il sera sans doute possible de
ne pas modifier ce rapport important en faisant appel aux leçons
horaires; ce ne sont pas toujours là des méthodes parfaitement
satisfaisantes, mais il faut tout de même vivre dans la
réalité budgétaire, si j'ose dire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je comprends très bien les affres du
ministre parce que je les ai vécues. M. le Président, en ce qui
nous concerne, le sous-article 2 est adopté.
M. LE PRESIDENT (Veuilleux): Poste budgétaire 5, article 2,
sous-article 2, adopté. Poste budgétaire 5, article 2,
sous-article 3: Indemnités, cachets et honoraires.
M. CHARRON: Qu'est-ce que c'est que cela?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, le ministre nous le dira, vous verrez,
il sait tout cela par coeur.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, pour l'année qui
vient, la planification reste à faire et ceci a toujours
été le cas au ministère. Mais je peux, en revanche, vous
donner les détails expliquant ce sous-article en ce qui a trait à
l'année précédente, à l'exercice 69/70. Je ne sais
pas si la lecture de ces renseignements ne risque pas d'être
fastidieuse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'est jamais fastidieux d'apprendre comment
l'argent des contribuables est dépensé! C'est même non
seulement utile, mais nécessaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai donc ici le détail,
c'est-à-dire la liste des professeurs avec la discipline à
laquelle ils appartiennent et le nombre de périodes ou de visites
annuelles qui sont consacrées à l'enseignerait. Ceci justifie une
partie du poste budgétaire, mais une autre partie également est
utilisée par les jurys d'examens qui ont un rôle important.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Mais quelle est la distinction que vous donnez
entre indemnités, cachets et honoraires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est là, un poste général.
C'est une question de sémantique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelle réalité
recouvre-t-elle?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle recouvre la réalité que j'ai
essayé de décrire il y a quelques instants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Toutefois, sans succès, parce que je
n'ai encore rien appris!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sans doute parce que je me suis exprimé
d'une façon qui n'était pas assez claire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Probablement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais essayer de faire mieux en m'expliquant
sur le fait que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): "ce qui se conçoit bien s'énonce
clairement".
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... il s'agit de périodes d'enseignement,
sur une base horaire, prévue par la convention collective. M. Pierre
Dervaux, orchestre et direction d'orchestre: 20 visites; Mme
Aubut-Pratte...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A combien la visite pour M. Dervaux?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit d'un service et ce service comprend
trois heures de répétition et un cours de direction d'orchestre
dans le cas particulier. Ces services sont payés à raison de $250
le service. Il ne s'agit pas véritablement de visites. L'expression ne
m'ap-paraît pas très heureuse. Il s'agit d'une espèce de
vocation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, que fait-il lorsqu'il vient? Vient-il
diriger? Que fait-il?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois, lorsque je parle de trois heures de
répétition et d'une
heure de direction d'orchestre, m'exprimer le plus clairement que je
puisse le faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais il fait cela au conservatoire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A Montréal, oui, dans ce cas
particulier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Très bien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mme Aubut-Pratte, écriture musicale et
orgue: 160 périodes, soit cinq périodes par semaine.
UNE VOIX: Qu'est-ce que c'est une période?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La période est de cinquante minutes.
M. LE PRESIDENT (Veuilleux): Pour accélérer, nous
pourrions peut-être déposer le document.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vous ferai observer
qu'on ne dépose pas de document en commission. On peut faire un
échange de bons procédés, lire des documents, mais...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce que je peux proposer en revanche, c'est de
vous faire parvenir le document.
M. CHARRON: Ah! Cela, c'est un échappatoire!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici, M. le Président...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Qui est parfaitement légitime.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On croit que c'est un peu fastidieux pour le
ministre des Affaires culturelles d'avoir à donner des détails
comme ceux-là, mais il y a ici des députés qui n'ont pas
encore participé au travail des commissions parlementaires et j'imagine
qu'ils seront très heureux de s'initier à cette procédure
extrêmement agréable.
M. CHARRON: J'avoue qu'on commence déjà à avoir une
certaine expérience des commissions, et c'est la première fois
que les procédures sont aussi lentes. J'essaie de trouver la raison
actuellement, M. le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les gens du Parti québécois
devraient savoir que nous sommes encore plus préoccupés qu'ils ne
le sont de l'avenir du Québec et des deniers des
Québécois.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Si on veut revenir à...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Revenons à nos moutons.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'aimerais surtout que l'on revienne à la
suggestion que j'ai faite, qui me permettrait, si elle est acceptée, de
faire parvenir les documents à chacun des critiques des oppositions,
l'officielle et l'autre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Donc, au chapitre des indemnités,
cachets et honoraires, cela comprend des visites, les cachets payés aux
membres des jurys, enfin un ensemble de dépenses qui sont très
normales, mais au sujet desquelles il me plaisait d'interroger le ministre,
étant donné l'importance de la somme. Le sous-article 3 est
adopté.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Sous-article 3, adopté. Sous-article
4: Frais de voyage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour les frais de voyage, j'aimerais avoir des
détails.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): On demande des détails.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a une trentaine de professeurs, à
cause de la situation que j'ai déjà décrite, qui
enseignent dans plusieurs conservatoires; ils essaient de pratiquer ce don
d'ubiquité. Ces voyages se font en particulier entre Hull et Chicoutimi,
Montréal et Chicoutimi, Montréal et Trois-Rivières. Le
sous-article.se justifie ainsi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tout cela selon les normes
déterminées par le Conseil de la trésorerie.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, adopté quant à moi.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste 5, article 2, sous-article 4,
adopté. Sous-article 5: frais de bureau.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Frais de bureau, $9,500. Je pense qu'on peut
adopter ça sans difficulté.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Adopté. Poste 5, article 2,
sous-article 6: Matériel de cours et instruments de musique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'aimerais avoir
certains renseignements sur les projections d'achat du ministère dans ce
domaine.
M. CHARRON: Le député s'intéresse
particulièrement au piccolo. Pourriez-vous nous dire le nombre de
piccolos que le ministère va acheter?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que je vais y arriver, j'ai une
liste.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mon jeune confrère aurait tout avantage
à pratiquer le cor français.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux vous donner le détail ou vous
faire parvenir la copie...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Pourriez-vous faire parvenir la copie...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je serais très heureux, si on me le
permettait, de faire parvenir...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Est-ce qu'on permet au ministre de vous
faire parvenir copie de...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai la liste des pianos, des contrebasses, des
archets, des jeux de cordes, des guitares, des flûtes, des
clarinettes...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais, comme on dit, faire motion de
détails, savoir un peu ce qu'on achète, où on
achète, si on achète des instruments japonais.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Six violons, cinq violoncelles, deux cors,
etc.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Des pianos?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons en effet un piano à queue et
quatre pianos droits.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelle sorte de piano achetez-vous? Des
japonais? Est-ce que ce sont des Yamaha?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous suivons les normes du service des
achats.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais vous a-chetez les meilleurs pianos. Je
l'imagine. Pas de Yamaha?
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Au meilleur prix possible.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous sommes prêts à adopter le
sous-article 6.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste 5, article 2, sous-article 6,
adopté. 5-2-7: Autres dépenses.
M. CHARRON: Dans la politique d'austérité, on coupe la
queue des pianos.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Un instant, pardon.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Autres dépenses? En quoi cela
consiste-t-il?
M. ROY (Beauce): Le député de Chicoutimi avait l'air de se
plaindre tout à l'heure que les autres ne parlaient pas, mais je pense
qu'il ne nous donne pas tellement la chance de parler. En quoi consistent les
autres dépenses?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous n'avez pas besoin d'attendre
l'autorisation de M. Caouette pour lever la main.
M. ROY (Beauce): J'ai demandé en quoi consistaient les autres
dépenses, s'il vous plaît.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est justement la question que je voulais
poser.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): La parole est au ministre des Affaires
culturelles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ces autres dépenses se
répartissent de la façon suivante: Exercices pédagogiques:
$2,200; réparation et entretien d'instruments, $15,000; loyers de salle,
$10,000; réceptions et représentations, $3,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sous-article de $50,000, nous serions
disposés à l'accepter, mais je voudrais auparavant poser une
autre question au ministre. Est-ce qu'il a prévu un budget parce
que cela n'apparaît nulle part pour ce qu'on appelle les
préconservatoires, certaines expériences qui ont
été faites et qui, je l'espère, vont se poursuivre,
notamment à Sainte-Foy et peut-être à Lévis?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La réponse est non. Il y a une
expérience qui se poursuit à Sainte-Foy, mais elle se fera sous
l'égide de la commission scolaire locale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais sans aide financière du
ministère?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sans aide financière et sans
participation du ministère des Affaires culturelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sans aucune participation. Quelles sont les
raisons qui motivent le ministère, qui justifient l'abandon de cette
expérience des préconservatoires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me suis peut-être mal exprimé.
Nous avons le contrôle pédagogique de l'expérience en
cours, mais
comme nous parlions d'un poste budgétaire, nous n'avons pas le
contrôle des dépenses.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les dépenses sont impliquées
à la commission scolaire, mais vous avez le contrôle
pédagogique comme cela se faisait. Vous allez continuer cela, et vous
allez éventuellement l'étendre, j'imagine, à d'autres
écoles. On avait parlé de Lévis, par exemple, à
d'autres régionales.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce que je peux dire, c'est que c'est là
une initiative heureuse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Le poste budgétaire 5, article 2,
sous-article 6.
M. CHARRON: Je me surprends de voir, au chapitre de la musique, qu'il
n'y ait pas d'article semblable à celui que nous avons vu à "Arts
et Lettres" concernant un concours littéraire et artistique. Pourquoi
est-ce qu'il n'existe pas de concours dans le domaine de la musique avec
bourses et jury?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a un concours d'exécution musicale
qui est célèbre, le Prix d'Europe. Il est administré par
l'Académie de Québec. On le rencontre au poste des subventions.
Il s'agit d'ailleurs du seul concours statutaire au ministère des
Affaires culturelles.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Le sous-article 7 est adopté,
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Le poste budgétaire 5, article 2,
sous-article 7, adopté. Le poste budgétaire 5, article 3:
Théâtre Conservatoires, Sous-article 1 : Traitements.
Conservatoires de théâtre
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous en sommes à l'article 3 du poste
5: Théâtre. Vous comprendrez, M. le Président, que nous
sommes désireux d'entendre le ministre s'exprimer sur la politique du
théâtre qu'il entend suivre au ministère des Affaires
culturelles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Suivant l'habitude que je semble adopter depuis
Je début de cette lpngue discussion, je me permettrai de décrire
rapidement...
M. CHARRON: Les endroits d'interrogation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... les fonctions de la direction
générale du théâtre. La direction
générale du théâtre coordonne les activités
de planification et d'action culturelle par le théâtre. Elle
établit les politiques du ministère dans ce secteur et en assure
le développement par une liaison étroite avec les services du
ministère et les organismes de création artistique. Elle assume
l'unité pédagogique des écoles du Conservatoire d'art
dramatique du Québec et contrôle l'administration de
l'établissement. Quant au Conservatoire d'art dramatique, c'est une
institution supérieure de formation professionnelle du comédien.
Il y a deux conservatoires, plus exactement, deux écoles qui
relèvent du conservatoire: l'école de Montréal et
l'école de Québec. Se greffe également au conservatoire,
une école de scénographie, qui est située à
Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre a d'autres commentaires
à faire sur l'orientation qu'il entend donner à cette direction
au service du théâtre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président, le ministre n'a pas
d'autres commentaires à faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous aurons l'occasion, au poste des
subventions, d'examiner un problème extrêmement important, celui
de l'existence de l'Ecole nationale de théâtre. J'en
préviens tout de suite le ministre, et je le prierais d'avoir sous la
main tous les renseignements budgétaires, les bilans de l'Ecole
nationale de théâtre, afin que nous puissions examiner cette
question, parce qu'elle est capitale pour l'avenir de la culture du
Québec. En ce qui me concerne, je ne veux pas prolonger le débat,
je veux simplement poser quelques questions lorsque nous aborderons le
détail des postes. Je me rends compte, en revoyant le budget, qu'il n'y
a rien qui fasse référence à cette réalité
du Grand Théâtre. Est-ce que cela s'explique par la
présentation du projet de loi dont le ministre va sans doute me faire
tenir les amendements bientôt?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a aucun rapport. Nous aurons l'occasion
de parler du Grand Théâtre lorsque nous parlerons des
immobilisations ou lorsque nous parlerons des subventions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est à ce moment-là que nous
pourrons examiner le problème du Grand Théâtre sans toucher
à la loi, évidemment, parce que la loi...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne vous le laisse pas dire, je pense qu'il
sera possible de répondre à la plupart de vos questions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... est déposée
déjà, on ne peut pas en discuter ici. Nous pouvons passer au
sous-article 1, à moins que mes collègues aient des observations
générales à faire...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste budgétaire 5, article 3,
sous-article 1 : Traitements.
M.. CHARRON: J'ai eu l'occasion de lire le le programme du parti
libéral...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que c'est le sous-article 17
M. CHARRON: Non, sur le théâtre en
général.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): On revient au poste budgétairre 5,
article 3.
M. CHARRON: Dans le programme du Parti libéral, il y a six pages
consacrées au programme culturel. On disait que le Parti libéral
faciliterait l'accession du grand public au théâtre. Comment le
ministère des Affaires culturelles va-t-il réaliser cette
politique-là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Là encore, M. le Président, je ne
peux que manifester mon accord avec les remarques du député de
Saint-Jacques...
M. CHARRON: J'espère, c'est votre programme!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le programme de tpus les esprits bien
pensants qui cherchent à faire du théâtre une
réalité. Personne ne peut vraiment s'y ppppser.
M. CHARRON: Comment le ministère des Affaires culturelles va-t-il
le faire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A ce stade-ci, je ne crois pas pouvoir vous
proposer je répète ce que j'ai dit à d'autres
postes budgétaires une politique précise, et ceci me
paraît tout à fait normal et réaliste.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je comprends que le ministre, à ce
sous-article 3, ne veuille point parler de la politique générale
du théâtre, mais il s'attend bien à ce que nous examinions
le problème lorsque nous parlerons des subventions, parce que nous
mettrons en cause tous les organismes qui reçoivent les subventions au
titre du théâtre. Nous lui ferons des observations et nous
l'interrogerons à notre tour sur la politique du théâtre
qu'entend suivre son ministère. Alors un homme averti en vaut deux, nous
avons deux ministres devant nous.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste budgétaire 5, article 3,
sous-article 2: Traitements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'aimerais que vous
ayez l'amabilité, comme yous l'avez eue depuis le début, de nous
laisser procéder et de nous permettre d'aller au fond des choses...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Je crois que le président fait preuve
de libéralisme.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est-à-dire que le président
peut faire preuve de libéralisme, mais il n'a pas non plus à
interrompre un député avant que celui-ci n'ait terminé son
intervention. Or, je n'avais pas terminé la mienne et j'étais
à dire au ministre que nous aurons à discuter toute la politique
générale du théâtre en examinant le budget des
subventions. M. le Président, vous pouvez maintenant m'in-terrompre,
j'ai terminé.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Est-ce que je peux passer au poste
budgétaire 5, article 3, sous-article 1?
Alors, poste budgétaire 5, article 3, sous-article 1 :
Traitements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, traitements, nous voyons donc une
équation 43 (45). Que signifie-t-elle?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Autorisés 43, en place 34, vacants 9; le
détail des vacants: un adjoint aux cadres supérieurs, un agent
culturel, quatre professeurs, un commis de bureau, un employé de
secrétariat, un dactylographe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'adjoint aux cadres supérieurs, c'est
à quel conservatoire? Est-ce que c'est au ministère ou au
conservatoire ou au...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voulez-vous le détail de chacun des
postes vacants?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous demande, dans le cas de l'adjoint aux
cadres supérieurs, si cet adjoint sera affecté au
ministère ou dans l'un ou l'autre des conservatoires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le directeur du Conservatoire de
Québec. Parce qu'il n'a pas encore été nommé depuis
le décès de l'ancien directeur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a quatre postes de professeur vacants.
Où est-ce?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A Québec et à Montréal.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Dans quelle discipline?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Interprétatipn, ppur les quatre
professeurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-pe que l'on a tenu des concours? Est-ce
que l'on va pourvoir bientôt ces postes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, les concours ont été tenus.
Le reste, ce sont des
employés ordinaires d'administration. M. le Président,
pour le sous-article 1, cela va quant à moi.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste budgétaire 5, article 3,
sous-article 1, adopté.
Poste budgétaire 5, article 3, sous-article 2: Indemnités,
cachets et honoraires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, j'imagine qu'il s'agit des mêmes
choses, professeurs invités, la visite, cachets aux membres des jurys,
etc.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tout à fait cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): $57,000, cela va.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste budgétaire 5, article 3,
sous-article 2 adopté. Sous-article 3: Frais de voyage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Sous-article 4: Frais de bureau.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste 5, article 3, sous-article 5:
Matériel de cours et équipement spécialisé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): $2,000 seulement, ce n'est pas beaucoup,
adopté.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Adopté. Poste 5, article 3,
sous-article 6: Autres dépenses.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): II s'agit sans doute des exercices
pédagogiques des élèves du conservatoire etc..
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En effet, des exercices pédagogiques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): E s'en tient combien, au fait, par
année?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Deux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A Québec et à
Montréal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A Québec et à Montréal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Deux à Québec et deux à
Montréal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'y ai d'ailleurs assisté avec beaucoup
de plaisir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'imagine. Du théâtre, c'est
toujours excellent, même en Chambre. Alors, M. le Président,
adopté.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste 5, article 3, sous-artixxe 6,
adopté. Poste 5, article 4: Cinéma - Office du film.
Cinéma Office du film
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous attendons encore
avecimpatience l'énoncé des politiques du ministre dans le
domaine du cinéma.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, l'Office du film du
Québec est l'organisme chargé de la production et de la
distribution des films et photographies et de tout ce qui a trait au domaine
cinématographique pour l'ensemble des ministères et services du
gouvernement du Québec. Il comprend trois services: la production, la
distribution et la photographie. J'ajoute qu'un service d'administration
contrôle les budgets et assure la liaison.
M. CHARRON: Que prévoit le gouvernement libéral dans sa
politique du cinéma?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense, M. le Président, qu'une
politique du cinéma s'impose...
M. CHARRON: Comme la vertu et la maternité!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comme la vertu...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et la pilule.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que je vais m'y employer. En fait, une
étude est actuellement en cours au ministère, étude qui
reprend un bon nombre de mémoires qui ont été
présentés depuis plusieurs années. Cette étude
devrait me permettre, dès la session d'automne, d'arriver avec des
suggestions précises. Il me paraît important d'apporter certaines
modifications à l'Office du film, mais je ne crois pas que ces
modifications puissent être valables à moins qu'elles ne
s'insèrent dans une perspective élargie. La seule perspective
possible est celle d'une politique générale d'aide au
cinéma.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous abordons
évidemment l'un des sujets les plus intéressants en même
temps que les plus difficiles de l'activité du ministère des
Affaires culturelles. Il existe évidemment un Office du film du
Québec qui, jusqu'à présent, a produit surtout des
documentaires commandités par les divers ministères, il est
acquis que le gouvernement continuera de demander à l'Office du film
du Québec de produire tel documentaire ou tel film d'information,
etc. Mais nous serions vivement heureux de voir le ministre des Affaires
culturelles, en collaboration avec le ministre de l'Industrie et du Commerce,
et de concert avec les associations qui représentent tous les gens qui,
de près ou de loin, s'occupent du cinéma, nous serions
très heureux, dis-je, de voir le ministre poursuivre les conversations
que j'avais engagées moi-même en vue de favoriser ici
l'implantation d'une véritable industrie du cinéma. Le
problème du cinéma québécois, tout le monde en a
entendu parler, c'est un problème relativement nouveau, mais c'est quand
même, à l'heure actuelle un problème d'une très
grande acuité.
Il s'agit, en effet, d'un domaine de l'expression artistique qui est
peut-être aujourd'hui le plus cher à tous les citoyens. C'est
donc, de ce fait, l'un des moyens de culture, l'un des agents de culture les
plus puissants, avec la télévision.
Conformément à la politique énoncée par le
parti dont est membre le ministre des Affaires culturelles, on s'attend donc
à voir le gouvernement du Québec lancer, très
prochainement, l'industrie du cinéma au Québec afin, d'abord, de
créer de nouveaux emplois et d'accroître, ainsi, les
possibilités d'expansion économique de l'Etat
québécois.
Mais, je ne puis pas évidemment, demander au ministre, à
l'heure actuelle, quelles idées précises il a à ce sujet.
Il est en période d'étude, en stage d'étude, de
consultation, il fait "ses cours d'été", c'est normal. Alors nous
ne lui demanderons pas de nous dire à quel moment son gouvernement
prendra l'initiative de créer cette industrie cinématographique
et de mettre en branle l'immense machine qui doit apporter aux cinéastes
enfin, les débouchés qu'ils attendent.
Mais, je voudrais, à ce propos, demander au ministre, puisque
nous en sommes aux observations générales, s'il a pris
connaissance de tous les dossiers concernant les relations du Québec
avec la France, dans le domaine de l'industrie cinématographique, s'il
s'est penché sur la question de l'emploi de nos artistes
particulièrement, dans le domaine du doublage des films, non seulement
avec la France mais avec d'autres sociétés de production, s'il
s'est penché sur ce problème extrêmement complexe des
grands cartels de distribution, qui bloquent en quelque façon le
marché et qui empêchent les citoyens du Québec de
participer activement à cet immense groupement économique qu'est
l'industrie cinématographique. Il y a, au ministère, des
dossiers, il y a tous les dossiers de la Commission de coopération
franco-québécoise qui, au cours de ses réunions, a
évoqué à maintes reprises les problèmes
d'échange d'artistes, de cinéastes, de techniciens,
caméramen, etc. Je dis tout de suite au ministre qu'il rencontrera
certaines difficultés. Certains murs se dresseront devant lui surtout
lorsqu'il évoquera la possibilité de faire doubler, par des
Québécois, des films américains qui sont
distribués ici.
Etant donné, d'autre part, et nous y reviendrons en
détail, l'implantation de nombreux ciné-parcs dans le
Québec, cette question du doublage des films va prendre une importance
capitale. Le problème va atteindre, très bientôt, une
dimension telle que, si le ministre n'y voit pas tout de suite, il sera
débordé et le Québec sera envahi par les chaînes de
distribution étrangères qui ne font pas appel, sauf de rares
exceptions, aux artistes du Québec.
Alors, j'aimerais connaître, à ce propos, l'opinion du
ministre et je pose cette question: Est-ce qu'il a une idée d'ensemble
des documents qui existent au ministère et qui avaient servi, à
celui qui l'a précédé, à l'élaboration d'une
politique globale du cinéma?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, j'ai commencé,
pour reprendre l'expression du député de Chicoutimi "à me
pencher sur tous ces problèmes". En fait, le dossier du cinéma
est peut-être un des plus complexes, pour ne pas dire un des plus confus
dont j'ai hérité.
Confus, à cause de la nature même du problème en
cause. Alors, je ne. vois vraiment pas, à ce stade-ci, ce que je peux
apporter, dans un esprit de réalisme, de positif à la discussion.
Je suis là depuis deux mois, mon prédécesseur a
été là quatre ans, et puisque nous en sommes à
parler de politique de cinéma, je tenterai d'arriver avec des
suggestions précises le moment venu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant;..
M. CHARRON: Ce que nous voudrions connaître, c'est votre position
quant à la recommandation du rapport Rioux en matière de
cinéma où on suggérait comme le programme du Parti
québécois d'ailleurs la création de l'Office des
industries du cinéma, qui verrait non seulement à l'aide de la
production sur quoi tout le monde est d'accord mais aussi au
contrôle de la distribution du cinéma. Cela implique "Famous
Players", par exemple. D'un autre côté, il y a l'exploitation en
salle, c'est-à-dire le coût d'admission pour le public à
ces mêmes cinémas.
En admettant bien simplement et bien honnêtement l'espèce
de remarque que j'entends dans tous les ministères depuis le
début de l'étude des crédits, comme quoi vous n'êtes
là que depuis deux mois et qu'il faut vous donner le temps d'être
en place, il resté, tout de même que vous êtes un parti
politique qui avez demandé la prise du pouvoir le 29 avril. Le peuple
enfin la carte électorale vous l'a accordé. Et vous
vous retrouvez présentement dans l'obligation... Nous sommes en droit,
même au bout de deux mois, comme nous aurions été en droit
de vous le demander au cours de la campagne électorale, ce que vous
entendiez faire sur différents points.
D'autant plus, que ces points ceux du cinéma et ceux que
j'ai évoqués tout à l'heure concernant le
théâtre étaient directement mentionnés dans
le programme de votre parti. On n'inscrit pas dans le programme de son parti
des voeux pieux. Sinon, c'est fausser le jeu de la démocratie. On
inscrit dans le programme de son parti des choses que l'on recherche, c'est
cela l'utilité de ne pas le faire faire seulement par un homme, mais de
le remettre aux mains des gens qui viennent du peuple même pour
être capable d'en décider.
Là-dessus, vous aviez une politique, dans les six pages que vous
aviez, vous mentionniez le problème du cinéma. Si, au cours de la
campagne électorale, je vous avais demandé, prêt à
voter libéral dans votre comté: Sur ce point précis du
programme, qu'entendez-vous faire?
Il ne suffit pas de dire: Accessibilité générale au
cinéma. Tout le monde est pour cela. Le problème est que cela
coûte $2.50 maintenant pour y aller. Pourquoi le mettiez-vous dans votre
programme si vous n'aviez pas une politique précise derrière la
tête?
Maintenant que vous avez le pouvoir, que ferez-vous très
précisément en matière de cinéma?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je pense qu'il y a au
départ une espèce de confusion. Le budget que nous discutons est,
à toutes fins utiles, le budget préparé par mon
prédécesseur qui est là devant moi. Et il est impossible
que ce budget reflète les politiques qui seront les nôtres.
Lorsque nous serons amenés à défendre les budgets des
années à suivre, à ce moment-là, nous serons
peut-être davantage en mesure...
M. CHARRON: Vous auriez dû le dire qu» vous ne pouviez
prendre le pouvoir que six mois après.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Le ministre a la parole.
M. CLOUTIER: ... de déterminer une politique. Et si nous
discutons ce budget à ce stade-ci, c'est à cause du fait qu'il y
a eu des élections au moment où vous savez, et qu'il n'y avait
pas de budget adopté. Ceci dit, il s'agit encore une fois d'une
précision qui s'ajoute à cette remarque que j'avais faite,
à savoir que nous n'étions là que depuis deux mois. C'est
dans ce contexte que je l'ai faite. Ceci ne signifie pas que nous n'avons pas
d'opinion dans ce domaine. Mais il faut bien distinguer entre une opinion et
les moyens de la réaliser.
L'histoire du cinéma est une longue histoire. J'y faisais
allusion tout à l'heure. Déjà, en 1963, il a
été question d'une Loi du cinéma et de la création
d'un centre, un peu semblable à celui que vous évoquiez. Et, pour
ma part, je pense qu'une structure qui n'est pas encore
déterminée, qui ne peut pas l'être encore, s'imposera.
Cette structure, en plus d'une aide à l'industrie
cinématographique, devrait pouvoir également exercer un certain
contrôle sur le contenu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai noté tout
à l'heure une observation du ministre. Il nous dit: Voilà, je
défends le budget qui a été préparé par mon
prédécesseur. Ce n'est pas exact. Ce n'est absolument pas exact.
D'accord, le gouvernement qui vous a précédé, qui a
précédé le vôtre, avait déposé un
budget, mais vous n'étiez pas lié par les termes de ce
budget.
Et la preuve, c'est que vous en avez fait imprimer un autre. Cela a
coûté de l'argent aux contribuables, de faire imprimer ce nouveau
cahier qui, en somme, est la répétition exacte de celui que nous
avions publié. Alors, ne prétextez pas l'existence d'un budget
qui n'est pas le vôtre pour nous dire que vos politiques ne sont pas
prêtes. Dites-nous simplement que M. Bourassa et son équipe
avaient tort de déclarer qu'ils étaient prêts à
administrer le Québec. Il faut s'entendre là-dessus. Vous aviez
toute liberté de préparer un nouveau budget et d'y inscrire des
montants, au titre du cinéma, qui nous auraient donné des
indications sur ce que vous entendez faire en matière de cinéma.
Mon collègue de Saint-Jacques vient d'évoquer le problème
de l'industrie cinématographique, le problème du coût
d'admission, des prix d'entrée, le problème des cartels, comme je
l'ai fait moi-même tout à l'heure en vous posant des questions au
sujet des réunions de la coopération
franco-québécoise. C'est là un ensemble de
problèmes extrêmement importants et au sujet desquels nous
voudrions être éclairés, parce qu'il ne s'agit pas
simplement de voter un budget, dont vous dites qu'il n'est pas le vôtre.
Il s'agit de voter un budget que vous avez fait vôtre. Par
conséquent, vous vous trouvez à entériner la politique du
gouvernement qui vous a précédé et vous n'avez plus le
droit de prétexter que ce budget, n'étant pas le vôtre,
vous êtes obligés de marcher dans des sentiers battus. Alors,
décidez-vous ou vous êtes un gouvernement provisoire, ou vous
êtes un gouvernement qui assume vraiment une responsabilité: celle
d'administrer le Québec, d'orienter la politique
québécoise et de définir des politiques précises
dans des domaines aussi précis que celui du cinéma.
Je voudrais bien savoir quelles sont les orientations
générales que vous entendez donner à la politique
cinématographique, parce qu'il est d'une extrême urgence qu'on y
procède immédiatement, étant donné l'implantation
des ciné-parcs, dont nous reparlerons plus tard.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président,
je ne puis que répéter et je le répéterai
autant de fois qu'il sera nécessaire, qu'une étude est en cours.
Il s'agit d'un problème extrêmement complexe et ce problème
doit être abordé avec réalisme, avec une véritable
connaissance de toutes les implications.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela, c'est de la dérobade. C'est un
prétexte. Il y a au ministère des dossiers et des dossiers et il
apparaît dans le programme du Parti libéral comme le
soulignait mon collègue de Saint-Jacques que vous aviez une
politique définie. Etes-vous d'accord, oui ou non, avec cette politique?
Puisque vous l'avez endossée, puisque vous vous êtes fait
élire sous l'étiquette libérale, permettez-moi de vous
dire que vous êtes solidaire de cette équipe, que, ce que l'on
avait inscrit dans le programme du Parti libéral au chapitre du
cinéma, vous le faites vôtre, et que vous êtes maintenant
prêt à mettre en application des politiques que
votreéquipe, d'après votre premier ministre, votre gouvernement,
était prête à appliquer et dont les mécanismes
seraient mis en branle immédiatement. On a ici un cas très
précis, le cinéma. C'est vital, c'est capital pour la culture du
Québec, parce que le cinéma est avec la télévision,
un des moyens les plus puissants d'éducation et de culture populaire. On
ne peut pas l'enfermer trop longtemps avant qu'on risque de voir se
perpétuer la pression arrogante, l'ostracisme des cartels
étrangers qui paralysent depuis toujours l'industrie du cinéma au
Québec.
Vous avez certainement des idées là-dessus. Ne nous dites
pas que vous allez encore vous interroger toute l'année. Le temps n'est
plus aux interrogations. Vous êtes au pouvoir et vous avez
l'administration d'un budget, nous ne voterons qu'à condition que vous
nous disiez exactement ce que vous entendez en faire. Il me semble que c'est
clair, que c'est net.
M. LEDUC: M. le Président, vous me permettrez un seul
commentaire. Le député de Chicoutimi est beaucoup plus loquace
maintenant qu'il est dans l'Opposition et qu'on étudie les
crédits du ministère des Affaires culturelles, qu'il
l'était alors qu'il était ministre, les deux premières
années où il a défendu ces crédits. Je me souviens,
l'an dernier, lorsque nous avons parlé du cinéma, on
pourra se référer au journal des Débats
c'était à l'occasion d'un débat auquel j'ai
participé, le ministre nous a dit, alors, qu'il était en train
d'étudier la possibilité d'établir une politique globale
du cinéma.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est vrai.
M. LEDUC: Et je pense qu'à ce momenu-ci, au 8 juillet 1970, le
député de Chicoutimi demande beaucoup plus qu'il n'a jamais
donné en quatre ans comme ministre des Affaires culturelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous me permettrez, M. le Président,
d'apporter une brève réponse à mon collègue de
Taillon. Il dit: Le député est plus loquace qu'il ne
l'était lorsqu'il était ministre. D'accord, je parle
peut-être plus que je parlais. Mais il reste que nous n'avons pas
à juger ici de l'administration précédente. Nous avons
à juger de l'administration d'un gouvernement qui est au pouvoir. Le
gouvernement précédent a été jugé par le
peuple, point final. On n'en parle pas. C'est l'avenir qui nous
intéresse. L'avenir, il est là, dans le budget. Qu'on soit
loquace ou non avant le 29 avril, que je le fusse ou non lorsque je
défendais les prévisions budgétaires, cela n'a rien
à voir au débat actuel. Ce que l'on veut savoir, c'est ce que le
gouvernement entend faire de l'argent qu'il nous demande de voter. Je demande
au ministre des Affaires culturelles, qui a collaboré magnifiquement et
qui est toujours dans cet esprit...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Depuis que je vous ai piqué avec ma
remarque sur le budget.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est-à-dire que vous ne m'avez pas
piqué. Vous avez tout simplement fait vos observations. Le
prétexte de tous vos collègues, le ministre de l'Agriculture, le
ministre des Richesses naturelles, le ministre de la Fonction publique qui nous
ont dit: On étudie, on étudie, on étudie, ils ne savaient
même pas ce qu'il y avait dans le budget. Certains ministres ne savaient
même pas l'existence de lois dont ils ont l'administration.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Si l'on veut revenir au poste
budgétaire 5, article 4: Cinéma et Office du film.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A ce poste, nous demandons, encore une fois,
au ministre et nous prendrons acte de son silence, de toute façon, s'il
a dans l'esprit une politique globale du cinéma et s'il entend
bientôt nous faire l'énoncé des grands principes de cette
politique. Je le répète, le moment est capital. L'implantation
des ciné-parcs pose de façon aiguë le problème de la
distribution du film au Québec et a des répercussions immenses
sur la production cinématographique québécoise et sur
l'emploi de nos comédiens et de nos techniciens dans ce domaine.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne peux que répéter ce que j'ai
dit. Je suis parfaitement conscient du problème, d'ailleurs je suis
reconnaissant au député de Chicoutimi d'y insister.
Effectivement, le problème est grave, je procède à une
étude approfondie. Toute une équipe travaille actuellement le
dossier du cinéma,
lequel là encore, je dois me référer
à ce que j'ai déjà dit est extrêmement
complexe et aussi, à la fois, confus. Cette équipe pourra
certainement arriver avec des recommandations, à partir desquelles, je
crois être en mesure, peut-être à la session d'automne,
d'arriver avec des suggestion précises.
J'ai l'intention de m'attaquer à ce problème du
cinéma et non pas, tout simplement, de gagner du temps par des
déclarations. Je crois qu'il est tout à fait réaliste de
vouloir le faire dans l'ordre. Par conséquent, je ne peux pas vous
répéter autre chose que ce que je vous ai dit jusqu'ici.
M. CHARRON: Est-ce que vous laissez entendre que, dès l'ouverture
de la session d'automne, en cette commission des Affaires culturelles, le
premier sujet abordé et les premiers dossiers ouverts aux membres de
cette Chambre, en particulier, aux partis de l'Opposition, serait,
l'état actuel des démarches faites dans cet urgent
problème du cinéma?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne crois pas qu'il soit possible de s'engager
d'une manière aussi formelle mais je peux vous dire, qu'aussitôt
que ce sera possible, je ne vois aucune objection à faire les
déclarations qui s'imposeront pour vous informer des démarches
qui sont tentées et, de l'état des études entreprises.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas un refus de répondre. A ce
stade-ci je crois pouvoir répondre à un certain nombre de
questions précises, je crois l'avoir fait depuis le début de
cette discussion qui m'a apporté des suggestions fort utiles, cependant
je ne pense pas raisonnablement être en mesure d'élaborer une
politique d'ensemble. Il s'agirait d'une improvisation et d'une improvisation
coupable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je veux bien me satisfaire de cette assurance
que nous donne le ministre. Je comprends très bien qu'il ne puisse pas
donner tous les détails, mais nous lui avons demandé quelles
étaient les orientations. Nous pouvons donc tenir pour acquis que,
dès l'automne, si possible, il présentera une politique du
cinéma qui sera conforme à l'article du programme du parti qu'il
a défendu pendant la campagne électorale. Je veux bien me
satisfaire de cette réponse, mais je n'ai pas envie d'instituer un
débat acrimonieux au sujet d'une question comme celle-là. Mais il
est quand même important que l'on secoue un peu le gouvernement et qu'on
lui fasse comprendre qu'il a à assumer des responsabilités et
qu'il ne peut pas se rabattre sur l'équipe antérieure, à
chaque fois qu'il ne trouve pas de réponses aux questions que nous lui
posons. Et je lui en pose une autre. Le ministre des Affaires culturelles
a-t-il l'intention de garder, au ministère des Affaires culturelles,
l'Office du film? Parce que je sais qu'on a failli lui passer au nez un
arrêté ministériel par lequel on aurait
transféré automatiquement, l'Office du film et tout ce qui s'y
rattache, au ministère des Communications. Ce qui aurait
été, à mon sens, une amputation très grave, un
geste extrêmement dangereux pour l'avenir du ministère des
Affaires culturelles et surtout, pour le contrôle de la politique
culturelle dont le ministre a la responsabilité. Or, j'aimerais qu'il
nous rassure à ce sujet et qu'il nous dise bien que l'Office du film du
Québec, que le cinéma, ce n'est pas une affaire de
communications, mais que c'est bien un domaine qui relève du
ministère des Affaires culturelles qui s'inscrit justement dans son
action spécifique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est là un problème qui touche
une politique générale du gouvernement et à propos de
laquelle je ne peux pas apporter de précision immédiate.
En revanche, je peux, donner une opinion personnelle disant que je
m'associe entièrement avec la façon de voir du
député de Chicoutimi. Il se pose, au niveau de l'Etat, un certain
nombre de problèmes de juridiction entre ministères, et ces
problèmes de juridiction ne pourront être résolus, ne
pourront trouver de solution que dans le cadre d'une coordination. Il est exact
que le ministère des Communications qui a été
créé sous l'ancien gouvernement est actuellement en train de
chercher sa vocation et il est exact également qu'il a été
question, du temps même de l'ancien ministre des Affaires culturelles,
que l'Office du film passe sous la tutelle...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Mais il n'y aurait pas eu d'arrêté
ministériel dans mon cas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... du ministère des Communications.
Alors voilà un peu comment la situation se présente. Quant
à moi, je crois qu'il faut bien distinguer, lorsqu'on parle de
cinéma, la politique générale du cinéma et ce que
nous réalisons au niveau de l'Office du film du Québec. L'Office
du film du Québec, comme je l'ai indiqué dans mes remarques
préliminaires, est un service du ministère des Affaires
culturelles qui a une fonction précise et cette fonction son
budget en témoigne d'ailleurs c'est de produire des films pour
les divers ministères. Si l'on pense uniquement à un regroupement
des moyens de communications au sein des ministères, de manière
à peut-être apporter plus d'efficacité dans les services
à assurer, il y aurait sans doute une justification à un
regroupement qui pourrait prendre unefor-me ou l'autre. Mais si l'on s'adresse
au cinéma dans son ensemble, c'est-à-dire aux grandes politiques,
à ce moment-là il m'apparaît, à moi,
évident que nous sommes en plein dans le problème de la
culture et que le ministère des Affaires culturelles ne peut pas s'en
dissocier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a évidemment, M. le
Président, ici et j'attire l'attention du ministre un
problème d'instruments et un problème d'objectif. L'objectif du
cinéma est un Objectif culturel, l'instrument qui produit le film, bien,
c'est un instrument technique, de l'instrument technique, on perd en même
temps, vous savez, tout contrôle sur l'objectif. On est obligé
à ce moment-là, de faire une distinction entre l'instrument et le
contenu. Je crois que, dans l'éventualité d'un regroupement des
moyens de communications ou de diffusion qui sont au service du gouvernement,
l'Office du film du Québec devrait échapper à ce
démembrement. Je veux bien que le ministère des Communications
trouve sa vocation et qu'il se munisse de toute sorte d'éléments
qui justifient son existence.
Mais je ne voudrais pas que cela se fit aux dépens du
ministère des Affaires culturelles, parce que cela met en cause toute la
politique du cinéma qui, elle, est essentiellement, en raison de son
contenu et de ses objectifs, une affaire de culture. Et je tiendrais à
ce que le ministre des Affaires culturelles ait l'entière
responsabilité de ce domaine. De la même façon, j'imagine
que le ministre s'interroge sur ses rapports avec Radio-Québec, avec
l'Office d'information et de publicité. De quelle façon le
ministre voit-il ses relations avec Radio-Québec? Est-ce que l'Office du
film du Québec peut devenir un instrument de production pour
Radio-Québec? Est-ce que l'Office du film, d'autre part, ne peut pas
prêter son concours à l'Office d'information et de
publicité afin que, toutes les fois que ces moyens de communications
sont appelés à diffuser un contenu culturel, le ministre des
Affaires culturelles ait son mot à dire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je suis parfaitement
conscient du problème, mais ce que je peux vous dire, c'est que cela ne
relève pas uniquement du ministre des Affaires culturelles. C'est
là, encore, une politique gou- vernementale qui touche plusieurs
ministères. Nous avons déjà commencé à
discuter de ces problèmes de coordination, précisément en
ce qui a trait à Radio-Québec, à l'Office d'information et
de publicité, aux rapports avec l'Education, parce que là,
également, il y a des problèmes de juridiction. Il s'agit donc
d'une situation qui doit être étudié dans sa
totalité et je tiendrai compte des remarques du député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous aurons l'occasion
de revenir sur le problème ici et là dans une autre optique,
lorsque nous parlerons de la question des ciné-parcs. Je pense que c'est
à ce poste-ci qu'il va falloir en parler. Qu'est-ce que le ministre a
à déclarer sur la question des ciné-parcs?
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Nous pourrions peut-être, étant
donné qu'il ne reste que trois minutes avant six heures, suggérer
l'ajournement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous pouvons proposer, M. le Président,
la suspension du débat et le rapport...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, nous ne siégeons
pas ce soir, je pense.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Non, cela ira à demain.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien! Merci, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A dix heures et demie, je crois.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Dix heures trente, demain, à
l'Assemblée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parfait!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous vous remercions, M. le
Président.
(Fin de la séance 17 h 58)
Séance du jeudi 9 juillet 1970
(Dix heures quatre minutes)
M. VEILLEUX (président de la commission-permanente dés
Affaires culturelles).
A l'ordre, messieurs! Nous nous étions laissés hier sur
une question de l'honorable député de Chicoutimi ayant trait aux
ciné-parcs. M. le député.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, au moment, hier,
où j'avais demandé la suspension du débat, nous en
étions au poste 5, article 4: Cinéma Office du film.
J'avais indiqué au ministre que nous aborderions sans doute la question
des ciné-parcs.
Il reste, toutefois, que j'aurais auparavant quelques questions à
lui poser concernant les responsables de l'Office du film. Qui est, à
l'heure actuelle, le directeur de l'Office du film?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, par arrêté
en conseil, M. Emilien Morissette, a été nommé directeur
de l'Office du film. Il ne semble pas que cet arrêté en conseil
ait été rescindé. A toutes fins utiles, cependant, M.
Morissette, n'a pas occupé cette fonction. Il est, comme j'ai eu
l'occasion de vous le signaler, directeur des arts et des lettres. Un concours
a été ordonné, il y a déjà quelque temps,
pour combler ce poste. Je vous informe que nous sommes en train de revoir la
situation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre des Affaires culturelles a-t-il
l'intention de donner suite au projet que nous avions mis de l'avant,
d'intégrer tout le cinéma dans la direction
générale des arts et des lettres?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, à la
lumière de ce que j'ai dit hier, touchant une révision de tout
l'ensemble de la politique dans le domaine du cinéma, je n'ai pas cru
sage de prendre, dès maintenant, des décisions en ce sens. Ma
réponse est donc que ce n'est pas impossible, mais la décision
sera prise en fonction du contexte.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y avait eu, évidemment,
création d'une direction générale du cinéma, cette
direction générale du cinéma n'a pas vraiment
fonctionné, si on peut dire, étant donné qu'à
l'époque nous avions chargé M. Morissette de s'occuper tout
spécialement de l'affaire des ciné-parcs. M. Morissette avait
quand même été nommé directeur de l'Office du film.
Il a été ensuite nommé directeur des arts et des lettres.
M. de Grandpré, qui est maintenant le représentant du ministre
à Montréal, ayant demandé qu'on diffère son
départ, M. Morissette n'a pu, par conséquent, assumer la
direction des arts et des lettres selon là nouvelle formule que nous
préconisions au moment où j'ai laissé le
ministère.
Donc, M. Morissette est toujours directeur de l'Office du film?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est directeur en titre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Directeur en titre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'après un arrêté en conseil
dont je peux vous donner la référence.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, je connais l'arrêté en
conseil. Par ailleurs, on a ordonné un concours afin de pourvoir ce
poste d'un nouveau directeur de l'Office du film.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En effet, M. le Président, mais je dois
faire remarquer que ce concours n'a pas été ordonné par
moi, mais par mon prédécesseur. Je décris en ce moment la
situation que j'ai trouvée à mon arrivée et à
laquelle j'ai l'intention de m'attacher, mais aucun changement significatif n'y
a été apporté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce concours est-il un concours interne, un
concours interministériel ou un concours ouvert à tout le
public?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un concours ouvert à tout le
public. Il y a eu, m'a-t-on dit d'ailleurs, un bon nombre de candidats qui ont
manifesté leur intérêt.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Guérin n'est donc plus directeur de
l'Office du film, en vertu de cet arrêté ministériel auquel
vous avez fait allusion. M. Guérin s'occupe spécifiquement du
Bureau de surveillance du cinéma?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tout à fait exact.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, la rumeur n'est pas exacte, laquelle
voulait que M. Guérin fût affecté à un poste au
ministère des Communications, alors qu'il aurait été
notamment chargé de l'Office du film si le ministre n'avait pas
protesté avec autant de vigueur pour empêcher qu'on ampute son
ministère.
Nous avions dit hier que nous parlerions ce matin de la question des
ciné-parcs. Qui, au fait, s'occupe actuellement des
ciné-parcs.
Ciné-parcs
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pourrais peut-être, M. le
Président, pour l'information de la commission, donner rapidement
à moins que le député de Chicoutimi s'y oppose
quelques explications générales sur ce que représente
cette commission des ciné-parcs.
Au terme de l'article 22 de la Loi sur le cinéma, le ministre des
Affaires culturelles peut, avec l'approbation du lieutenant-gouverneur en
conseil et, sur recommandation du conseil des municipalités
exprimée par résolution, délivrer un permis spécial
d'aménagement ou de modification d'un ciné-parc, dans les limites
d'une telle municipalité, à une personne qui, en fait, la demande
et qui se conforme aux dispositions de la présente loi et des
règlements, ainsi qu'aux dispositions des règlements en vigueur
dans les municipalités dont il s'agit.
A la suite de cette loi, un comité consultatif des
ciné-parcs a été formé par un arrêté
en conseil, l'arrêté no 1703 du 4 juin 1969. Pour répondre
maintenant à la question du député de Chicoutimi, je peux
l'informer que le président de ce comité est actuellement, comme
il l'était d'ailleurs de son temps, M. Emilien Morissette et j'ai
également la composition du comité ainsi que les noms des autres
membres qui représentent divers ministères et diverses
associations impliquées dans l'industrie du cinéma.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors M. Morissette est toujours
président de ce comité consultatif des ciné-parcs, il est
assisté de M. Roger Lafleur, directeur général du CEGEP
d'Ahuntsic. Il y a un représentant de la direction
générale de la diffusion de la culture. Quel est le
représentant?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce représentant était M. Pierre
Touzin qui a été remplacé récemment par mon chef de
cabinet, M. Jean-Guy Bériault. C'est le seul changement apporté
à la composition du comité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a un représentant du
ministère de l'Industrie et Commerce qui n'a pas toujours
été le même, selon la disponibilité des
fonctionnaires. Il y avait aussi un représentant de l'Association des
propriétaires de cinéma, en l'occurence M. Théroux. M.
Théroux est président de l'Association des propriétaires
de cinéma. M. Théroux est toujours membre de ce
comité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est bien cela M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un représentant du ministère des
Affaires municipales et un représentant du ministre des Affaires
culturelles. Quel est le représentant du ministre des Affaires
culturelles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'était M. Ernest Pallascio-Morin et
c'est toujours M. Ernest Pallascio-Morin. J'ai maintenu sa participation au
comité même s'il a changé de fonction, un peu avant mon
arrivée.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. Morin ayant été nommé
commissaire aux langues, croyez-vous qu'il puisse s'occuper activement de ce
comité?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sans doute pas. Je n'ai pas voulu faire de
changement immédiatement, ces nominations étant récentes,
mais je crois qu'il sera remplacé, le cas échéant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais entendre le ministre nous dire quel
est son point de vue sur la question des ciné-parcs, notamment, sur la
question des permis d'aménagement et des permis d'exploitation des
ciné-parcs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je dois dire que, depuis mon arrivée, je
n'ai recommandé l'émission d'aucun permis d'aménagement et
d'aucun permis d'exploitation. Les permis ne sont pas émis par le
ministre des Affaires culturelles mais par le conseil des ministres. Non, je
n'ai aucune demande. Tous les permis d'aménagement qui ont
été accordés, il y en a 18, ont été
accordés par mon prédécesseur. Le comité
consultatif ne m'a pas encore fait de recommandation.
M. CHARRON: Sur les 18 accordés, combien sont en
opération, combien fonctionneront bientôt, combien ne
fonctionneront que l'an prochain?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faut distinguer entre le permis
d'aménagement et le permis d'exploitation, qui est un permis annuel. Il
y a donc eu 18 permis d'aménagement, qui ont été
donnés d'après les recommandations du comité consultatif,
lequel se base sur certains critères et fait des enquêtes sur
place. J'ai la liste de tous ces permis d'aménagement, par
conséquent de tous les ciné-parcs qui ont été
approuvés jusqu'ici. Je peux vous en donner lecture ou vous en faire
parvenir une copie qui serait peut-être utile.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avant que nous examinions la liste de ces
permis, est-ce que le ministre a bien dit qu'on n'avait pas donné de
permis d'exploitation jusqu'à présent?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact. Parce que ces permis d'exploitation
sont donnés lorsqu'il y a recommandation du comité consultatif.
Le comité consultatif est prêt à faire des recommandations
dans plusieurs cas mais, besoin de l'approbation du ministère du Travail
et du ministère de la Santé, d'après les dipositions de la
loi touchant certaines installations. Il y a eu des opinions d'émises
par ces deux ministères, dans les cas particuliers, et des opinions
favorables ne s'opposant pas à l'ouverture de ces ciné-parcs.
Mais, il ne semble pas que le comité consultatif ait obtenu des
réponses
écrites, ce qui lui aurait permis de me présenter à
moi un dossier de manière que j'en saisisse le conseil des
ministres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ajoute que j'ai convoqué... Je
m'excuse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, je vous en prie.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... le président des ciné-parcs,
M. Emilien Morissette, que le député de Chicoutimi connaît
bien, je pense. M. Morissette est en route actuellement vers Québec; il
est de Montréal, puisque le comité est à
Montréal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, n'est-il pas exact que
certaines sociétés qui ont obtenu des permis d'aménagement
ont commencé leurs activités sans avoir auparavant obtenu les
permis d'exploitation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact, M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme en Beauce...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On a porté récemment ce fait
à mon attention. J'ai ici la liste.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A quel moment ce fait a-t-il été
porté à votre attention? N'avez-vous pas été
invité vous-même à l'inauguration d'un
ciné-parc?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact, la semaine dernière, et j'ai
refusé précisément parce que le permis d'exploitation
n'avait pas été donné officiellement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A Boucherville.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A Boucherville.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quels sont les autres qui fonctionnent sans
avoir le permis d'exploitation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Route 9-C, Saint-Mathieu; Drummondville;
Sept-Iles; Saint-Georges-de-Beauce et Boucherville.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, quelle est l'intention du ministre?
Est-ce qu'il a l'intention de demander qu'on suspende les activités?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai l'intention de demander une consultation au
procureur général; après avoir vérifié
auprès de mon entourage, on m'a dit que je ne pouvais pas intervenir de
mon chef, à moins qu'il n'y ait plainte des citoyens. Après cette
consultation avec le procureur général, je ferai ce qui doit
être fait suivant l'avis juridique que l'on me donnera.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais quel sera l'objet de la requête que
vous adresserez dans ce sens au ministre de la Justice?
M. CLOUTIER. (Ahuntsic): Uniquement pour savoir quelle est ma
responsabilité à Ce point de vue. Autant que je sache et
d'après l'interprétation de la loi, ma responsabilité est
uniquement d'acheminer les requêtes au conseil des ministres. Aucune de
ces requêtes ne se sont faites de mon temps. Il s'agit d'une situation
antérieure à mon arrivée. Je découvre maintenant
qu'il y a cinq ciné-parcs en activité qui, semble-t-il,
remplissent toutes les conditions, mais qui, pour des raisons de retard
administratif, n'ont pas reçu leur permis d'exploitation annuel. C'est
donc une situation nouvelle et je veux voir exactement ce qu'il m'appartient de
faire dans ce cas-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Des retards administratifs qui sont dus, non
pas à l'inaction, mais enfin à certains gestes des
ministères de la Santé et du Travail, notamment.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il semble, en effet, qu'il y ait certains
retards dans l'approbation écrite des inspections, qui ont
été faites.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ces rapports doivent porter sur les
problèmes de salubrité...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... de sécurité publique,
etc...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Eau potable, installations sanitaires...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... aux termes de la réglementation du
ministère du Travail et du ministère de la Santé. Donc, M.
le Président, le ministre attend un avis du procureur
général...
M. CHARRON: Est-ce qu'il l'a demandé?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...c'est-à-dire du ministre de la
Justice. Le ministre n'a-t-il pas déjà demandé un avis
à M. Desjardins, du ministère de la Justice, concernant la
réglementation des ciné-parcs?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne vois pas très bien, M. le
Président, ce que le député de
Chicoutimi a dans l'esprit. J'ai en main le texte des
règlements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je crois qu'on s'est interrogé sur la
validité ou sur l'interprétation de certains articles de la
réglementation afférente à la Loi des ciné-parcs et
on a porté à ma connaissance c'est le ministère de
là Justice qui l'a fait qu'un avis aurait été
démandé, aurait été requis du ministère de
la Justice et que M. Desjardins aurait émis un tel avis. J'imagine que
le ministre en a été informé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis, M. le Président, toujours plein
d'admiration pour l'information que possède le député de
Chicoutimi. Je dois dire que, quant à moi, je n'ai pas demandé
d'avis. Mon sous-ministre, qui est en poste, il est vrai, depuis quelques
semaines seulement, n'a pas demandé d'avis non plus. Rien n'a
été porté à mon attention mais je vais m'empresser
de faire enquête en ce sens. Il est possible que ce soit du temps du
sous-ministre précédent. C'est à voir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-il exact, M. le Président, que le
ministre ait confié le dossier des ciné-parcs à quelqu'un
d'autre qu'au président de la Commission des ciné-parcs?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président je me permets
de me référer à notre discussion d'hier je suis en
train de faire faire une étude complète de la situation du
cinéma. J'ai, moi-même, parcouru tous les éléments
d'un dossier qui est extrêmement complexe. J'ai l'intention de m'employer
à assainir cette situation et à mettre au point par étapes
une véritable politique du cinéma, dans les années qui
viennent.
De manière à débrouiller ce dossier et à me
faire faire une espèce de cheminement critique, j'ai demandé
à M. De Grand pré qui est actuellement représentant
du ministre à Montréal, et à qui j'ai l'intention de
confier certains dossiers spéciaux, pour étude
préliminaire dont le dossier du cinéma de me remettre un
rapport, mais cela ne va pas plus loin que cela. Il s'agit d'une étude
sur laquelle, moi, je pourrai peut-être faire faire d'autres
études ou prendre certaines décisions, en fonction de cette
politique générale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): N'est-il pas exact enfin je voudrais
lé savoir du ministre que le sous-ministre aurait confié
le dossier des ciné-parc à un fonctionnaire de son cabinet?
M. CLOUTIER(Ahuntsic): Eh bien, non! Comme je le pensais et j'ai
préféré vérifier avant de répondre, le
sous-ministre a confié certains éléments du dossier des
ciné-parcs à M. Monet-te qui est à mes côtés,
précisément pour pouvoir m'aider à répondre
aujourd'hui et pour débrouiller certaines questions. Il n'y a là,
croyez-moi, rien qui soit anormal dans une administration et ce n'est pas pour
des fins de vérification que nous procédons de cette
manière-là. Moi-même, j'ai confié une demi-douzaine
de dossiers à certains de mes fonctionnaires et je peux vous les citer,
si la chose vous intéresse, de façon à mettre un peu
d'ordre dans des situations parfois confuses, et essayer justement d'en arriver
à ces politiques que vous souhaitiez hier, avec autant d'enthousiasme et
de conviction.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Donc, M. Mo-nette est chargé d'un
dossier qui est celui des ciné-parcs, à la' demande du ministre
et du sous-ministre des Affaires culturelles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A la demande du sous-ministre et à ma
connaissance D'autres fonctionnaires seront chargés sur demande,
d'autres dossiers, à des fins administratives. Mais ils n'auront aucune
autorité pour prendre quelque décision que ce soit en rapport
avec ces dossiers. Je tiens à le préciser, parce que c'est
peut-être le point qui vous intéresse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non plus que pour porter, j'imagine, des
jugements de valeur sur le travail qu'ont effectué les gens de la
commission des ciné-parcs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Certainement pas. Si jugement de valeur, il y a,
ces jugements seront portés par ceux qui détiennent
l'autorité au sein du ministère.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce qu'il serait déplorable que
l'autorité supérieure du ministère s'émiette, et
qu'on constitue ainsi, des petits tsars qui auraient mission de régenter
les fonctionnaires supérieurs du ministère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que si le député de
Chicoutimi veut venir visiter le ministère, il aura nettement
l'impression que l'autorité est respectée et qu'elle se concentre
dans la personne du ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais je voudrais avoir l'assurance du ministre
que les commissions ne sont pas faites par des agents, par des
intermédiaires, mais que les contacts s'établissent directement
entre les fonctionnaires supérieurs, le sous-ministre et
lui-même.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois pouvoir rassurer le
député de Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Nous prendrons la parole du ministre, sous
toute réserve.
M. le Président, au sujet de la politique des ciné-parcs,
j'aimerais savoir quelles sont les
grandes lignes de cette politique, ce que le ministre entend faire des
ciné-parcs et l'orientation qu'il entend donner à ces instruments
de culture que sont les ciné-parcs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous comprendrez, M. le Président, que,
là encore, nous sommes en période d'étude. Nous avons
constitué le dossier. Nous sommes en train d'y travailler, comme le
député de Chicoutimi l'a lui-même signalé. J'ai
demandé au président de la commission il n'est pas encore
arrivé, semble-t-il de me préparer certaines
recommandations à cet égard. J'entends saisir le conseil des
ministres, dont c'est la responsabilité, de la question, aussitôt
que j'aurai à présenter certaines demandes de permis
d'exploitation annuelle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au fait, M. le Président, quels sont
les critères, quelles sont les normes qui, jusqu'à
présent, ont déterminé l'attribution de certains permis
par la commission des ciné-parcs?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je peux vous donner une
idée de la façon dont la fiche d'évaluation est
établie. Le comité a, en effet, défini un certain nombre
de normes et de critères. Il a travaillé à cet
égard et je suis sûr que le député de
Chicoutimi sera heureux de l'apprendre en collaboration avec le service
de la planification du ministère des Affaires culturelles, service qui a
été établi, d'ailleurs, par l'ancien ministre. Ces normes
et ces critères...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a des normes et des critères
objectifs et subjectifs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les principaux facteurs retenus par le
comité sont les suivants: facteurs démographiques, zones
d'influence, réseaux routiers, comportement de la population en
matière de récréation et de loisirs, concentration
automobile dans une région donnée et les conditions climatiques
qui influent, bien sûr, sur l'implantation. J'ajoute que ces
critères objectifs ne peuvent être appliqués intelligemment
qu'à la lumière de certains facteurs que nous appelons subjectifs
et auxquels le député de Chicoutimi vient de faire allusion.
Je les cite: la personnalité des demandeurs, leur
réputation, leur sens des affaires, leur solvabilité
financière...
M. CHARRON: Leurs opinions politiques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si tel est le cas, ça n'a rien à
voir avec moi, puisque je vous rappelle qu'aucun permis n'a été
émis depuis que je suis là.
Nous décrivons en ce moment, une situation antérieure.
Leur habileté à mener à bien les projets qu'ils
entreprennent, leur compétence en matière d'industrie
cinématographique... Il va sans dire, si vous me permettez de
préciser...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, M. le Président.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... que le comité tient compte, dans ses
recommandations, de la conformité des demandes aux règlements
édictés par le gouvernement, plus spécialement en ce qui
regarde les voies d'accès et de sortie. L'existence de ciné-parcs
ne devant pas ajouter au problème de la circulation sur la voie
publique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a évoqué, tout
à l'heure, dans l'ensemble des critères objectifs, le facteur
démographique. Il s'agit, bien entendu, des réservoirs ou des
bassins de population. J'aimerais qu'il nous dise s'il a l'intention de
multiplier les ciné-parcs dans le Québec et, si tel est le cas,
quels sont les critères qui pourraient éventuellement le
guider.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, c'est là une
question fort importante à laquelle s'était d'ailleurs
attaché le comité, parce que, si l'on tient compte uniquement de
l'aspect démographique, nous sommes encore loin, avec 18 permis
d'émis, du point de saturation. On admet généralement, en
Ontario, comme aux Etats-Unis, qu'une population de 100,000 habitants peut
faire vivre, les autres facteurs étant favorables, un ciné-parc
d'une capacité de 1,000 voitures. C'est là un critère
qu'on ne peut pas, je pense, appliquer d'une manière trop rigide. Je
vais essayer de vous expliquer pourquoi. En Ontario, on trouve 85
ciné-parcs, mais la loi qui permet ces exploitations remonte à
1947 et ces ciné-parcs ont été aménagés sur
une période d'une quinzaine d'années. Je pense, et c'est
l'opinion du comité, qu'il ne serait pas sage de multiplier rapidement
ces permis dans une période trop courte. Cette raison devrait nous
inciter à la prudence et même à une certaine parcimonie.
D'une part, les entreprises de ciné-parcs comportent des investissements
considérables, dans certains cas près de $1 million; d'autre
part, leur exploitation n'est pas sans risque pour des raisons
générales.
J'ajouterai également que les ciné-parcs ont une incidence
sur l'existence des salles de cinéma. Il faut tenir compte d'un certain
équilibre. Par conséquent, la recommandation du comité a
été de ne pas émettre d'autres permis ou, tout au moins,
de se limiter à un maximum de 21 permis, étant donné que
le comité considère qu'actuellement le territoire est assez bien
couvert, à l'exception peut-être et ceci vous
intéressera sans doute de quelques régions, comme
l'Outaouais, l'Abitibi et peut-être également la région de
Québec, qui ne semblent pas être desservies de façon
adé-
quate. Dans le cas de Québec, un seul permis a été
approuvé pour un ciné-parc, à Saint-Nicolas. A la
lumière de tout ce que je viens de dire, il serait peut-être
raisonnable de recommander l'émission d'un ou de deux autres permis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un ou deux autres permis dans la région
de Québec, outre celui de Saint-Nicolas. Quel est le réservoir de
population du Québec métropolitain, et de la région
périphérique, qui justifierait, selon les critères que
vous avez indiqués, l'implantation de deux autres ciné-parcs?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne pense pas pouvoir répondre
exactement à cette question. Je le ferai lorsque j'aurai une
recommandation précise en ce sens. C'est au moment d'une demande de
permis qu'on fait une étude complète.
Pour l'instant, il n'est pas question d'approuver d'autres permis dans
la région de Québec, pour l'excellente raison qu'il n'y a ni
demande, ni recommandation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'heure actuelle, quelles sont les zones
couvertes par les ciné-parcs dont le ministre a la liste?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux vous citer cette liste ou encore, pour
en revenir à mon invitation antérieure, vous en faire parvenir
une copie. A moins que M. le Président me permette tout simplement de...
Il n'y a rien de strictement confidentiel de ce côté-ci de la
table!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais il serait bon que vous nous indiquiez
quelles sont les régions qui sont couvertes à l'heure
actuelle.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II suffit tout simplement de lire la liste des
ciné-parcs, liste que vous avez peut-être déjà
vue?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'imagine que je l'ai déjà vue
mais, je ne sais rien. Alors il y a le ciné-parc Mercier...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le député a un esprit
admirablement compartimenté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... situé dans la ville de Mercier,
où la ville de Mercier se trouve-t-elle exactement? Le ciné-parc
Bromont, le ciné-parc Laurier à Victoriaville, le
ciné-parc de Laprairie, Saint-Mathieu comté de Laprairie, il y a
un autre ciné-parc à Montmagny, en Beauce, le ciné-parc
Drummond à Drummondville, le ciné-parc de Lanaudière
à Saint-Ambroise-de-Joliette, le ciné-parc de Rimouski à
Sainte-Luce-sur-mer, un à Saint-Nicolas, un à Boucherville, un
autre ciné-parc des Iles, soit à Sept-Iles, le ciné-parc
de Sher- brooke à Rock Forest, le ciné-parc Baronet à
Pointe-aux-Trembles, le ciné-parc O'Connell au Mont Gabriel Lodge,
à Mont-Gabriel, le ciné-parc de Trois-Rivières, le
ciné-parc Saguenay à Chicoutimi, le ciné-parc
Saint-Eustache à Saint-Eustache.
Donc il y a les régions de l'Outaouais qui ne sont pas encore
pourvues, la région du Nord-Ouest québécois, la
région de Québec n'est pas encore suffisamment pourvue et la
région du Bas-du-fleuve, enfin, n'en a qu'un. Il n'y en a pas en
Gaspésie encore, cela est compréhensible étant
donné les investissements que l'on doit faire et, d'autre part, l'examen
très attentif de la rentabilité éventuelle de ces
ciné-parcs. Parce que ce qui a guidé le ministre et c'est
là-dessus qu'il a insisté lorsqu'il a eu à discuter de ces
questions avec la Commission des ciné-parcs ce qui a
incité le ministre qui a précédé celui qui est
devant nous à réduire le nombre des ciné-parcs
c'était, évidemment, une question de rentabilité. Il
fallait, d'autre part, tenir compte de l'existence des salles de cinéma
qui se trouvent dans les villes avoisinantes, enfin dans les régions
périphériques et il fallait tenir compte du facteur climatique
étant donné que l'ensemble de ces aménagements ne
permettent pas d'exploitation d'hiver.
La moyenne de semaines d'exploitation, quelle est-elle exactement dans
le Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle est de 20 semaines, M. le Président
et j'ai des renseignements encore plus détaillés sur les facteurs
et les critères qui lui servent à la sélection. C'est un
document d'une trentaine de pages, je peux en donner lecture si vous
voulez.
Il nous intéresse en ce sens que nous avons le détail des
températures mensuelles dans les différentes régions et
également la répartition géographique de chacune
des...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le document intitulé: Les
facteurs de localisation des ciné-parcs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tout à fait ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Excellent document, scientifiquement
préparé par des gens qui n'ont pas besoin de voir leurs dossiers
revus par des commissionnaires. Des gens responsables et des
spécialistes qui se sont penchés sur la question.
Le ministre a sans doute pris connaissance de la réglementation
afférante à la Loi des ciné-parcs. Est-ce qu'il a
l'intention d'apporter à cette réglementation, outre d'autres
réglementations qui devront venir, un amendement concernant
l'implantation, afin d'empêcher que se constituent des cartels et que la
personne qui ne s'est pas prévalue de son droit d'implanter un
ciné-parc m le voit automatiquement retiré après
une période de x temps?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je songe, en effet, à apporter certains
amendements. L'amendement auquel vous songez est à l'étude. Il y
a un autre amendement dont j'ai été saisi récemment et qui
concerne l'implantation des écrans. En effet, les facteurs dont on a
tenu compte ne semblent pas adéquats, lorsque le ciné-parc est
trop près d'une autoroute. L'Office des autoroutes a attiré mon
attention sur le - fait qu'il y a peut-être là un danger. Par
conséquent, il faudrait prévoir plus de distance entre
l'écran, qui est très grand, et l'autoroute.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II s'agit, évidemment, de
l'explicitation d'un règlement qui est déjà contenu dans
les règlements que vous avez concernant la sécurité; ces
immenses écrans causent un problème. Cela relève à
la fois de la loi et de la réglementation.
M. CHARRON: Pour faire suite à la question du
député de Chicoutimi, est-ce que le ministre pourrait nous
présenter les détenteurs actuels des permis d'exploitation? Qui
sont-ils? Est-ce qu'il y en a qui possèdent un, deux ou trois
permis?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous réponds dans un instant. Nous en
avons, bien sûr, la liste, le détail. Là encore, je me
demande si ce ne serait pas plus simple de vous permettre de consulter le
document. Je n'ai aucune objection à le lire, mais il y en a 18. Vous
avez ici le nom de chacun des ciné-parcs ainsi que ceux de tous les
administrateurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mon collègue de Saint-Jacques va
examiner ce dossier. Le ministre a sans doute pris connaissance de certains
ordres, certains voeux impératifs émis par son
prédécesseur concernant les propriétaires de
ciné-parcs. J'aimerais qu'il nous dise ce qu'il pense de tout cela et
s'il a l'intention de tenir compte de ces exigences que nous avions
formulées, afin d'empêcher que se constituent des cartels et que
les ciné-parcs deviennent, à toutes fins utiles, la chose ou la
propriété des grandes chaînes de distribution
étrangères.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne sais pas si le député de
Chicoutimi pourrait être plus précis lorsqu'il se demande si j'ai
prix connaissance de certains de ses voeux. Je suis d'accord avec le principe
qu'il émet, mais je ne vois pas exactement à quelle situation il
pense.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a dû trouver dans les
dossiers des ciné-parcs et il serait bon qu'il requière
ces documents s'il ne les a pas vus jusqu'à présent copie
de lettres envoyées par le ministre le 10 décembre 1969
à
M. le président de la Commission des ciné-parcs concernant
certaines normes devant régir l'implantation des ciné-parcs et
des normes, aussi, très précises concernant l'usage de la langue,
des films, etc. Est-ce que le ministre a pris connaissance de ces dossiers?
M, CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président. J'ai
convoqué justement M. Emilien Morissette. Etant donné que M.
Morissette est à Montréal et que le ministère est à
Québec, il ne semble pas que nous ayons encore réussi,
malgré tous nos efforts, à réunir les pièces de ce
dossier complexe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je m'en étonne, M. le Président;
ayant moi-même tout le dossier, je ne comprends pas que...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous, vous avez tout le dossier?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... le ministre ne l'ait pas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il semble que certaines pièces
n'étaient peut-être pas...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai ici que les copies des lettres.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... à ma disposition.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je m'en étonne; ces pièces sont
des pièces publiques. Il n'y a rien de confidentiel et il y a des
lettres très précises. Et cela va rejoindre les
préoccupations de mon collègue de Saint-Jacques, je pense
bien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai requis, à plusieurs reprises, le
président du comité de nous faire parvenir toutes les
pièces à sa disposition. Si, par hasard, certaines pièces
ne nous ont pas été fournies, il faudra que je m'interroge,
suivant l'expression maintenant consacrée au sein de notre commission,
sur ses motivations.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien, il n'y a pas à vous interroger.
Je ne crois pas que le ministre ait à s'interroger sur la motivation du
fonctionnaire fort compétent qu'il a à son service. Il reste
à voir si, évidemment, il a donné tout le temps à
ce fonctionnaire de recueillir les pièces. D'autant plus que quelquun a
été chargé de ce dossier, eh bien, il serait important que
toutes ces pièces soient examinées et que le ministre nous dise
ce qu'il a l'intention de faire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux vous affirmer, M. le Président,
que ce fonctionnaire a eu tout le temps de répondre à toutes
les
demandes qu'on lui a faites. Il a été vu, à
plusieurs reprises, à Québec et à Montréal, par le
sous-ministre. Je l'ai vu moi-même à deux reprises. Je lui ai
demandé plusieurs mémoires, qu'il m'a d'ailleurs fournis et qui
devaient normalement couvrir l'ensemble du problème.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a été informé
de la demande que j'avais faite de revoir le règlement il l'a dit
tout à l'heure au sujet de l'attribution d'un permis et du
délai qui doit être imparti à celui qui se voit attribuer
un permis, de se prévaloir de ce droit dans un délai X. Le
ministre en a parlé tout à l'heure. Il nous a dit qu'il avait
l'intention d'apporter un amendement à ce sujet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai dit que j'étais en train de revoir
l'ensemble du dossier et qu'il y aurait peut-être plusieurs amendements
à apporter. Il y a toujours intérêt à
préciser ces points pour éviter tout excès.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, cet amendement très particulier
que je lui ai signalé tout à l'heure, le ministre en était
informé puisqu'il a pu disserter sur cet amendement éventuel qui
consisterait à retirer, à celui qui s'est vu attribuer un permis
de ciné-parc, c'est-à-dire au détenteur, le permis s'il ne
s'est pas prévalu de son droit dans un délai d'un an, afin
d'empêcher que des transactions interviennent entre-temps et que se
constituent des cartels.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'étais pas au courant, n'ayant pas
trouvé, dans la documentation en question, le document précis.
Mais, j'ai quand même pu disserter parce que cela me paraissait aller de
soi et que je trouvais l'idée heureuse.
M. CHARRON: M. le Président, je viens de parcourir rapidement le
document remis par le ministre. Je vois que, dans ce jeune organisme
gouvernemental, on retrouve beaucoup de vieilles politiques,
déjà. Vous me permettrez, M. le Président, de
m'inquiéter qu'à la suite de l'accord de 18 permis seulement,
déjà, par exemple, on retrouve un propriétaire pour deux
ciné-parcs. A Trois-Rivières et à Pointe-aux-Trembles,
c'est le même détenteur. On reconnaît le frère d'un
ancien député de l'Union Nationale. On retrouve des noms aussi
prestigieux dans le monde du cinéma que Jean-Louis Lévesque, que
Roland Mumford, Emmet Kierans, de Canada Cement, qui remplissent, j'imagine,
tous les critères de connaissance cinématographique que vous avez
demandés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Puis-je préciser, encore une fois, M. le
Président, qu'aucun de ces permis d'aménagement n'a
été émis à la suite de mes recommandations. Aucun
de ces permis d'aménagement n'a été émis par le
gouvernement actuel. Nous discutons d'une situation antérieure.
M. CHARRON: C'est à la politique générale du
ministère des Affaires culturelles que je m'adresse et vous en
êtes le porte-étendard depuis le 12 mai. Est-ce qu'il sera
possible et, là, on fait face à l'impuissance de
l'Opposition de surveiller, d'une certaine façon, les ententes
qui peuvent intervenir entre certains particuliers ou certaines compagnies aux
largesses électorales bien connues et le ministère des Affaires
culturelles, concernant l'accord de ces ciné-parcs?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, c'est entièrement
mon intention. Si j'ai fait constituer un dossier, si je suis en train d'en
faire l'étude moi-même et d'en parcourir toutes les ramifications,
c'est précisément parce que je suis, comme le
député de Saint-Jacques, frappé par certains faits et que
j'ai l'intention d'y mettre bon ordre. Je ne souhaite qu'une chose, c'est une
situation saine et claire.
M. CHARRON: Est-ce que cela veut dire qu'on retrouvera aux Affaires
culturelles la reconnaissance qu'on retrouve au ministère des
Transports?
M. LE PRESIDENT (Veilleux): L'honorable député de
Papineau.
M. ASSAD: M. le Président, excusez-moi, je me rappelle
très bien le débat du mois de juillet 1967; c'est le Parti
libéral qui avait alors empêché le gouvernement de l'Union
Nationale de remettre les ciné-parcs entre les mains des
étrangers. C'est un fait. En 1967, au mois de juillet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est très drôle.
M. ASSAD: Le député de Chicoutimi ne se souvient pas, en
juillet 1967, du fameux débat qui avait duré jusqu'à 3
heures du matin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Très amusant.
M. ASSAD: On avait mis des clauses pour que les permis soient
émis à des Canadiens français plutôt qu'à des
chaînes étrangères. C'est un fait,
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, ou».
M. ASSAD: Regardez le journal des Débats.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela avait été proposé
par l'ancien ministre, M. Gabias. Alors, M. le Président, l'intervention
du député, j'ima-
gine, est terminée. Je désirerais donner suite aux
observations qu'a faites le député de Saint-Jacques, qui
s'interroge sur les détenteurs de permis.
Alors, on trouve, dans le cas du cinéma Laurier, des Canadiens
français: M. Gendron, M. Labbé, M. Carrier, M. Rouleau. Alors,
voilà un ciné-parc qui est établi à Victoriaville
et dont les propriétaires, les détenteurs de permis, sont des
Canadiens français.
Nous n'avons jamais, en aucune circonstance, tenu compte de
critères politiques. Je tiens à le dire au ministre, mais je
tiens aussi à informer le député de Saint-Jacques que
l'implantation d'un ciné-parc comporte des investissements très
importants et que ce n'est pas n'importe qui qui peut se lancer dans cette
aventure qui risque d'être ruineuse, étant donné que les
périodes d'activité sont en moyenne de 20 semaines et, dans
certaines régions, de 15 semaines, notamment dans les régions
situées plus au nord, la région du Lac-Saint-Jean, du Nord-Ouest,
du Bas-du-Fleuve et de la Gaspésie.
Par conséquent, il fallait que, répondant aux
critères subjectifs dont a parlé tout à l'heure le
ministre, l'on accordât ces ciné-parcs à des gens
responsables, capables de tenir le coup, afin d'empêcher justement que,
dans des cas de faillite, des chaînes s'emparent de ces ciné-parcs
et les exploitent à leur profit.
Dans le cas du ciné-parc de Saint-Mathieu, Drummondville, vous
avez MM. Labbé Gendron et Carrier. Ce sont les mêmes gens parce
qu'on a jugé, alors M. Rouleau, ici que l'exploitation
d'un seul ciné-parc ne permettait pas cette rentabilité qui est
absolument essentielle au maintien de l'organisme comme tel. Il est donc
nécessaire, à ce moment-là, de procéder à
une certaine association de gens qui, ayant deux permis de ciné-parcs,
peuvent les exploiter d'une façon rentable. Il n'y a donc là,
rien d'anormal.
Dans le cas du ciné-parc de Saint-Mathieu, vous avez MM.
Gagné et Ruel; ce sont des administrateurs. On disait tout à
l'heure, à propos de M. Jean-Louis Lévesque: Quelle est son
expérience dans le domaine cinématographique? Il faut faire la
distinction entre les promoteurs, qui sont les bailleurs de fonds, et les gens
qui seront plus spécialement chargés d'exploiter le
ciné-parc, de le diriger, en somme, de définir ses objectifs et
d'en établir la programmation. A ce moment-là, ces hommes
d'affaires qui ont investi de l'argent n'iront pas s'en remettre à des
profanes dans le domaine de l'industrie cinématographique. Ils vont
requérir les services de spécialistes. C'est comme ça
qu'on procède dans toutes les industries. Ce n'est pas parce que M.
Untel est devenu président d'une grande société de la
compagnie de téléphone Bell, par exemple, qu'il a
nécessairement la compétence pour aller, si vous voulez,
aménager des lignes de téléphone. On le choisit parce que
c'est un homme d'affaires qui sait manipuler l'argent, qui sait investir et qui
sait rendre rentables les investissements qu'il a fait. Mais, pour la partie
technique, pour la partie proprement administrative, il a recours, à ce
moment-là, à des spécialistes. Cela arrivera dans tous les
cas où des permis d'exploitation de ciné-parcs ont
été donnés.
Dans le cas de Beauce, ciné-parc, vous avez M. Veilleux qui est
un exploitant, de salles de cinéma depuis longtemps. Voilà un
homme qui est un Canadien français, on n'en peut point douter, et qui va
exploiter un ciné-parc. En plus d'être un homme d'affaires, c'est
un homme qui connaît l'industrie du cinéma.
Dans le cas de celui de Montmagny, vous avez M. Couillard qui s'est
occupé de cinéma, M. Migneault, M. et Mme Couillard-Godbout et Me
Hébert. Il y a là un homme qui s'est occupé d'exploitation
de salles de cinéma et c'est le même cas que tous les autres. Ce
sont des investisseurs qui s'en remettront à des spécialistes,
lorsqu'il s'agira d'exploiter ces ciné-parcs.
A Saint-Eustache, il y a M. Guy Provost, un comédien, M. Snow et
M. Sénécal qui sont aussi des bailleurs de fonds et il y a parmi
eux un spécialiste qui est un exploitant de salles de cinéma.
Dans le cas de Bromont, il s'agit de M. Désourdy et de M.
Ducharme. Ce sont des hommes d'affaires reconnus et il n'a pas
été question, dans leur cas, d'allégeance politique, mais
bien de leur solvabilité et de leur capacité d'implanter un
ciné-parc qui devienne rentable.
Dans le cas du ciné-parc de la ville de Mercier, M. Laberge, M.
Guérin, M. Janelle; ce sont encore là des Canadiens
français.
Dans le cas de Rimouski, M. Claude Pearson, qui est un canadien
français, et Mme Marchand. Dans le cas de Sherbrooke, vous avez M.
Vachon, M. Jacques, M. Desmarais, M. Ther-rien. Ce sont des canadiens
français. A Pointe-aux-Trembles, M. Marineau, M. Conrad Beau-lieu dont
on a dit tout à l'heure qu'il était le frère de l'ancien
ministre, M. Beaulieu, ce qui est vrai. Quand cette recommandation a
été faite par la Commission des ciné-parcs, je l'ai
portée, comme la loi exige que je le fasse, à l'attention du
conseil des ministres.
L'on n'a pas jugé que le fait que le frère du ministre des
Finances d'alors fût l'un des promoteurs était un
empêchement majeur à ce qu'on accordât à des gens
responsables un permis de ciné-parc, chose qui se fait sous tous les
gouvernements, sous toutes les administrations. Aurait-on un gouvernement
indépendantiste que l'on procéderait de la même
façon; on serait obligé de s'en tenir à des
critères à la fois objectifs et subjectifs, sous toute
réserve, naturellement, du respect des lois et des
règlements.
Dans le cas du cinéma de Saint-Nicolas, il s'agit du docteur
Charland et du docteur Larivière. Ce sont donc des Canadiens
français, des investisseurs. Ils vont demander à des
spécialistes d'exploiter.
A Lanaudière, c'est M. Claude Roy et M. Donatien Roy. Ils sont
des exploitants de salles de cinémas qui vont procéder comme les
autres. Ce sont des Canadiens français.
Dans le cas du ciné-parc de Boucherville, il y a M. Dydzak. M.
Dydzak est de l'Ontario, mais il a maintenant un siège d'affaires, un
siège social à Montréal. Il y a, avec lui, M.
Préfontaine. Il s'agit d'un investisseur qui ne fait pas partie des
grandes chaînes de distribution et qui a manifesté le désir
d'implanter au Québec ce qui est véritablement une industrie. Il
faut considérer que, en même temps qu'instrument de culture, les
ciné-parcs sont des industries.
Ciné-parc des Iles, M. Nelson Ross, un Canadien français,
et le docteur Claude Desjardins. Ce sont encore des Canadiens
français.
Celui du Saguenay, M. Jean Laflamme et M. Paul-J. Audet; ce sont des
Canadiens français. Dans le cas du Mont-Gabriel, il y a M. Mumford et M.
Herbert-J. O'Connell, qui, depuis des années, est un grand entrepreneur,
un homme d'affaires. Je tiens que mon collègue, s'il a des objections
relatives à l'allégeance politique de M. O'Connell, sache bien
que les hommes d'affaires changent de parti toutes les fois qu'on change de
gouvernement. Y aurait-il un parti séparatiste que ce serait comme le
Gin Melchers, il contribuerait à la caisse du parti séparatiste.
Il y a M. Jean-Louis Lévesque, dont on ne peut quand même pas
contester les qualités d'administrateur et d'homme d'affaires.
Alors, ce sont des Canadiens français et des Canadiens de langue
anglaise de Montréal; il n'y a pas eu de discrimination.
Dans le cas de Trois-Rivières, vous avez deux ciné-parcs
appartenant à M. Marineau et M. Beaulieu. C'est le même cas que
celui dont nous avons parlé tout à l'heure. Pour les mêmes
raisons qu'à Victoriaville et à Drummondville, on a jugé
que des gens devaient s'unir afin de rendre rentable cette exploitation des
cinémas.
Je désirais, M. le Président, faire ces observations afin
que l'on n'essaie pas d'interpréter comme des gestes politiques les
actes d'une commission consultative qui, elle, n'était pas
représentative des hommes politiques et des partis politiques. Il
s'agissait de fonctionnaires du ministère des Affaires culturelles, de
l'Industrie et du Commerce, des Affaires municipales et, en plus, du
représentant de l'Association québécoise des
propriétaires de salles de cinéma.
Nous avons donc vu de façon très sérieuse,
très critique à ce que les promoteurs de ciné-parcs
fussent des Canadiens français. Nous avions demandé que l'on
écarte les promoteurs qui auraient fait partie de grandes chaînes
de distribution étrangères, afin de permettre aux Canadiens
français de s'implanter dans ce domaine industriel de l'exploitation des
ciné-parcs qui devient une formule moderne appelée
peut-être à remplacer dans une grande mesure les salles
d'exploitation de cinéma que nous avons connues depuis longtemps.
Alors, M. le Président, je reviens à la question que je
posais au départ, à savoir et le ministre y a
répondu, enfin partiellement si l'on a l'intention de donner
beaucoup plus de permis d'exploitation, d'aménagement de
ciné-parcs qu'on ne l'a fait jusqu'à présent.
Le ministre nous a dit que, compte tenu de tous les facteurs que nous
avons examinés brièvement, il ne serait pas souhaitable qu'il y
ait un trop grand nombre de permis d'exploitation de ciné-parcs.
C'est tellement vrai que nous avons dû refuser des permis
d'exploitation de ciné-parcs dans la région de Montréal,
parce qu'ils se trouvaient près, les uns des autres, Ils se trouvaient
donc dans une situation de concurrence défavorable qui risquait de mener
ces exploitants à des faillites qu'il aurait été
impossible d'empêcher. Nous avons essayé de distribuer,
géographiquement, les ciné-parcs sur tout le territoire, afin que
la population soit desservie, tout en empêchant, d'autre part, qu'une
concurrence désastreuse s'établisse pouvant nuire et aux
exploitants et aux investisseurs. Je crois que cela éclaire la situation
de l'attribution des permis et doit répondre aux légitimes
objections qu'a faites, de façon fort aimable d'ailleurs, le
député de Saint-Jacques. Il s'agissait de favoriser d'abord les
Québécois, de s'assurer que ces Québécois
s'engagent dans des entreprises rentables, d'empêcher, d'autre part, une
concurrence déloyale de l'un à l'autre et ensuite, de ne pas
permettre à des chaînes d'exploitation étrangère
d'envahir un marché qui doit être un marché
québécois.
Quant aux questions politiques, je crois que l'on peut, pour des fins
électorales, tenter de les exploiter, mais cette commission en est une,
absolument indépendante . Elle a fait des recommandations au ministre et
le ministre n'a changé aucune des recommandations qui lui ont
été présentées. Il les a présentées
telles quelles au conseil des ministres, sans examiner si telle ou telle
personne faisait partie d'un groupement séparatiste, créditiste,
libéral ou n'importe quoi.
D'ailleurs, si l'on faisait une petite psychanalyse de...
M. CHARRON: "N'importe quoi", c'est pour l'Union Nationale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... chacun des promoteurs, on retrouverait des
gens de toute allégeance parce que ce sont des hommes d'affaires. On
verra d'ailleurs, au chapitre des subventions, qu'on change très souvent
les conseils d'administration lorsque les partis politiques changent.
Déjà, c'est commencé, cela se fait dans le domaine de la
voirie. On se rend bien compte que les entrepreneurs sauvent leur peau avant
leur chemise.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Est-ce qu'il y a d'autres questions
d'ordre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. J'aimerais savoir quelle est l'intention
du ministre des Affaires culturelles concernant l'usage, ou si vous voulez la
promotion du français, par une réglementation relative à
la présentation des films dans les ciné-parcs?
M. CHARRON: J'appuie la question du député de
Chicoutimi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, j'y suis tout à
fait favorable. Il reste à déterminer quelle forme d'intervention
serait souhaitable. Je pense que, dans le cadre des études entreprises,
je pourrais peut-être arriver avec des recommandations
précises.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ces recommandations me paraissent un peu
vagues, d'après ce que le ministre nous dit. Quel est le pourcentage de
films français qui doivent être présentés dans les
ciné-parcs?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous rappelle, M. le Président,
qu'aucun permis d'exploitation n'a encore été émis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est justement la raison pour laquelle nous
n'en sommes pas certains avant que cela ne commence.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Egalement, la législation ne
prévoit rien de ce point de vue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la réglementation qui doit...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le dossier que j'ai trouvé à
mon arrivée, il y a quelques semaines, et sur lequel je me penche en ce
moment, dans l'esprit que vous avec très bien
déterminé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a-t-il une idée du
pourcentage de films français qu'il souhaiterait voir projetés
dans ces salles de cinéma en plein air?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ma première réaction est, bien
sûr de souhaiter qu'un grand nombre possible soit projeté, compte
tenu du contexte et compte tenu des approvisionnements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le plus possible, cela veut dire combien?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne pense pas qu'il soit raisonnable, à
ce stade-ci, étant donné l'état du dossier que j'ai
trouvé à mon arrivée, d'être plus précis. Je
ne demanderais que d'être en mesure de vous présenter une
législation maintenant, mais nous ne sommes pas là pour cela,
nous sommes là pour discuter les crédits.
Je pense que vous me rendrez cet hommage, que j'essaie toujours de
répondre au meilleur de ma connaissance.
M. CHARRON: Est-ce qu'il existe une telle réglementation
concernant le français pour les salles fermées de
cinéma?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A ma connaissance, M. le Président, non.
Là encore, j'en reviens à mes remarques touchant une politique
générale du cinéma; c'est certainement un point auquel il
conviendrait de s'attacher. Comme le député de Saint-Jacques l'a
d'ailleurs souligné dans ses remarques préliminaires, on ne peut
pas dissocier langue et culture. Dans la mesure où tout se tient, c'est
vraiment par une approche globale du problème que l'on peut
espérer atteindre nos objectifs. J'en suis parfaitement conscient. Je ne
crois pas que vous puissiez raisonnablement vous attendre à ce que je
propose immédiatement des mesures en ce sens.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je veux bien que le
ministre ne soit pas prêt, céans, à nous donner les
détails d'une loi éventuelle qu'il se propose de
présenter. Mais il pourrait, quand même, exprimer une opinion
personnelle et me dire, étant donné le pourcentage de
Québécois de langue française qui vivent au Québec,
si un pourcentage de 75 p.c. des films projetés ne serait pas
raisonnable.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est extrêmement difficile d'utiliser,
dans un domaine comme celui-là...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Compte tenu, évidemment, de certaines
régions à prédominance anglophone.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est extrêmement difficile, M. le
Président, de déterminer un chiffre précis dans un domaine
comme celui-là. Bien sûr, nous sommes tous d'accord et la
réponse que je donnais tout à l'heure reste exacte, le plus
possible. Mais il faut également tenir compte, comme le
député de Chicoutimi vient de le souligner, de la région
et des structures de distribution. C'est donc un problème
d'ensemble.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre peut m'informer, M. le
Président, quant aux raisons qu'il croit avoir trouvées dans
l'étude des dossiers, qui feraient qu'une pareille réglementation
ne soit pas intervenue au cours des quatre années de l'Union
Nationale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois avoir indiqué que le dossier,
tel que j'ai réussi à le constituer, était un dossier
complexe. Tout ce que je peux vous affirmer, c'est que je n'ai pas
trouvé de projet de réglementation en ce sens
et, comme vous venez de le dire( la commission exite
déjà depuis un certain temps. Je vous rappelle que nous discutons
actuellement d'une situation de fait antérieure à mon
arrivée. Par conséquent je n'ai pas à la défendre.
Elle l'a d'ailleurs été fort bien par le député de
Chicoutimi. La plupart des éléments qu'il y a apportés,
particulièrement en ce qui touche le même engagement politique de
la commission, me parait tout à fait exact. Quant à moi, il est
certain que les critères sur lesquels je me baserais seraient des
critères parfaitement apolitiques, "a" privatif.
J'ai fait faire des recherches touchant les amendements auxquels faisait
allusion le député de Chicoutimi. Et le conseiller juridique du
ministère m'informe, dans un rapport récent, qu'aucune demande de
modifications semble avoir été soumise au contentieux. Quant
à M. Morissette, le président du comité, il n'est pas
encore arrivé et, de toute façon, il n'a pas fourni,
malgré les nombreuses demandes que nous lui avons faites, les
éléments qui nous permettraient d'être plus précis
en ce sens. Je ne crois pas qu'il y ait là matière à
s'inquiéter. Encore une fois, dans l'ensemble, nous avons parcouru le
problème d'une manière qui me paraît satisfaisante.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais relever ce que le
député de Saint-Jacques a dit tout à l'heure. Il a dit:
Comment se fait-il que vous n'ayez pas trouvé, en arrivant, une
réglementation qu'aurait préparée le gouvernement
antérieur? Voici ce qui s'est passé. Les amendements qui ont
été apportés à la Loi du cinéma remontent
à l'été 1967. Ces amendements avaient été
requis par les exploitants d'une salle de cinéma de l'Expo de
Montréal. Au cours de ce débat, de l'étude de ce projet de
loi, nous avons discuté le cas des ciné-parcs. Cela a
été une innovation que de permettre l'implantation des
ciné-parcs dans le Québec puisque, jusqu'alors, toutes sortes
d'organismes, que je n'ai pas besoin d'identifier, s'étaient
opposés à cette exploitation du cinéma en plein air car,
disaient-ils, c'était là un lieu de débauche et que cela
ne favorisait pas les bonnes moeurs, avec salut en passant aux
créditistes et à Mme Gilberte Côté-Mercier. Alors
nous avons donc adopté la loi et nous avons, par la suite, fait faire
les enquêtes en vue de déterminer quel pouvait être le
nombre de gens intéressés à l'exploitation de
cinémas en plein air.
Cela a pris passablement de temps avant que, dans le Québec, on
découvre qu'il y avait là, un moyen de créer une industrie
et d'améliorer l'industrie du cinéma c'est-à-dire,
l'exploitation du cinéma et d'accroître, de ce fait, l'industrie
et les possibilités cinématographiques au Québec.
Ce n'est que vers la fin de l'année 1968, le début de
1969, qu'ont commencé d'apparaître des signes
d'intérêt à l'endroit des ciné-parcs. La commission
a donc été constituée, elle s'est mise à l'oeuvre
immédiatement. Nous avons procédé à établir
une réglementation. Je souligne, en passant, qu'entre-temps, l'Office du
film du Québec est passé du Secrétariat d'Etat au
ministère des Affaires culturelles. J'ai donc dû assumer la
responsabilité de ce nouveau service, on pourrait en faire une
direction, si l'on veut, parce que cela est très important. C'est
à partir de ce moment, connaissant les intentions des citoyens, que nous
avons mis en place tous les dispositifs qui nous ont permis par la suite,
d'apporter une réglementation et de favoriser une situation qui nous
permette d'attribuer des permis d'aménagement de ciné-parcs.
Il y a donc deux temps. Nous en avons parlé tout à
l'heure. Il y a deux temps dans cette procédure. Tout d'abord, la
demande de permis d'aménagement laquelle se fait sur rapport de la
commission consultative, présentée au ministre des Affaires
culturelles, lequel soumet ces demandes au conseil des ministres qui les
approuve ou les rejette selon sa volonté et selon les règlements
et la loi.
Après quoi, il faut aménager ce ciné-parc. Un
ciné-parc ne s'aménage pas en cinq minutes. C'est quand
même une installation qui n'est pas sommaire. Elle doit répondre
à des critères de sécurité, de santé, de
matériel technique extrêmement précis, et c'est alors que
se situe la seconde phase, le second moment, c'est la demande de permis
d'exploitation à partir du moment où, à la satisfaction
des responsables, on reconnaît que l'implantation est valable, que le
ciné-parc comme tel peut être utilisé pour la projection de
films.
C'est donc ce qui explique ce que le député de
Saint-Jacques appelle des retards, mais qui n'est que le déroulement
normal d'un ensemble de procédures qui sont venues peut-être un
peu tard du fait que les Québécois ont réalisé,
plus tard qu'on ne le pensait, qu'il y avait intérêt à
exploiter des ciné-parcs. Aurions-nous procédé plus vite
que là, nous aurions dû faire face à des demandes
très pressantes qui avaient été formulées avant
même que fût adoptée la loi, que fussent adoptés les
amendements à la Loi du cinéma, nous aurions eu à faire
face à des demandes venant de distributeurs étrangers.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je voudrais uniquement faire le commentaire
suivant. Je comprends parfaitement le député de Chicoutimi et,
quant à moi, je ne lui fais nullement grief de ne pas avoir
réalisé plus que ce qu'il a réalisé. Bien
sûr, j'ai l'impression qu'il apporte un peu de l'eau à mon moulin
lorsque je refuse de me prononcer sur certains points précis,
après une période très courte, encore plus courte que
celle qu'il a connue. Je pense que ceci est dans la nature des choses et que,
pour rester raisonnable et réaliste, il n'est pas toujours possible de
se prononcer ou de faire état des réalisations avant d'avoir
parcouru l'ensemble de la question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je reviens à la
question que je posais et que le ministre m'incite à lui reposer.
Je ne lui demande pas de formuler une opinion personnelle mais je lui demande
de tenir compte de certains impératifs en ce qui concerne les
pourcentages de films français à être projetés dans
les cinémas en plein air. Catégorie de films, tout le monde le
sait, la loi prévoit que ce sont des films pour tous. J'estime que,
compte tenu du pourcentage de Québécois de langue
française au Québec, une proportion de 75 p.c. de films
français, en tenant compte toujours de certaines régions à
majorité anglophone, seraient normale et raisonnable.
D'autre part, toutes les fois qu'un film en langue anglaise ou un film
étranger, que ce soit un long ou un court métrage, est
projeté dans une salle, il devrait porter des sous-titres
français. Il y a des films qu'on ne traduit pas, des films italiens,
russes, tchèques, etc. Il y a des films anglais ou américains
qu'on ne traduit pas, non plus, pour des raisons financières, parce que
le doublage des films coûtent souvent très cher. Au moins, il
faudrait que ces films présentés en langue originale soient
accompagnés de sous-titre français.
Alors, c'est une suggestion que je fais au ministre et j'aimerais que,
soit dans une législation ou soit dans la réglementation
afférente à la législation qu'il se propose de nous
soumettre, il tienne compte des suggestions que je lui fais ce matin.
Je voudrais, d'autre part, que l'on mette l'accent enfin, je dis
cela en tenant compte des toutes les proportions sur la
présentation de films québécois. J'estime que, dans ces
cinémas en plein air, que ce soient de longs ou de courts
métrages, il serait souhaitable qu'au moins 10 p.c. des films
projetés aient été produits au Québec, soit par des
cinéastes qui travaillent dans l'industrie privée du
cinéma, soit par l'Office du film du gouvernement central, afin de
montrer ainsi l'importance que l'on attache à l'industrie du
cinéma québécois et d'inciter les cinéastes
à entrer dans ce mouvement qui permettra vraiment l'implantation d'une
grande industrie cinématographique au Québec, comme nous en
faisions, hier, la suggestion au ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je suis
entièrement d'accord avec tout ce que vient de dire le
député de Chicoutimi. C'est la raison précise pour
laquelle, à cause de la très grande urgence du problème,
je me suis attaqué à ce dossier en priorité. Soit dit en
passant d'ailleurs, il y avait urgence dans bien d'autres secteurs et,
parallèlement, j'essaie de mener à bien les recherches qui
devront déboucher à des politiques plus précises.
Les suggestions concernant le pourcentage des films, des sous-titres
français, le contenu québécois sont extrêmement
valables. C'est tout à fait de cette façon que je vois le
problème, depuis le début, d'ailleurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, je suis très heureux d'entendre
le ministre exprimer une opinion personnelle qui, je l'espère, sera
celle de son gouvernement, parce qu'il y va de la langue et de la culture
françaises. Il y va aussi de la culture tout court, puisque ces salles
de cinéma en plein air vont s'ajouter à l'ensemble des
instruments de culture. Je le répète, le cinéma est un des
moyens de culture les plus puissants qui existent à l'heure actuelle
avec la télévision.
Alors, M. le Président, en ce qui me concerne, je crois avoir dit
tout ce que je voulais dire. Je crois avoir fait toutes les observations
générales que je voulais faire à l'article 4 avant
d'aborder l'étude en détail de cet article...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Alors, poste 5, article 4, sous-article 1:
Traitements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... à moins que mes collègues
n'aient d'autres choses à dire.
Nous en sommes donc au sous-article: Traitements. Alors, M. le ministre
pourrait-il nous dire quels sont les postes à pourvoir? Quels genres de
postes? A quel endroit, etc?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Autorisés, 85, M. le Président; en
place, 75; vacants, 10. Dans l'ensemble des postes, 54 à Québec
et 31 à Montréal. Vacants: un adjoint aux cadres
supérieurs, trois attachés d'administration, deux employés
de secrétariat, trois agents de bureau, un technicien de
l'équipement électrique et mécanique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, l'adjoint aux cadres supérieurs,
quelles seront ses fonctions exactement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est l'adjoint au directeur, fonctions qui sont
actuellement remplies par intérim.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui remplit l'intérim actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le fonctionnaire qui est à ma droite, M.
Michel Verne.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Verne. Bonjour, M. Verne.
A Montréal, est-ce que M. Jean-Marie Léger est toujours
à l'emploi de l'Office du film?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A quel titre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A titre de directeur de la production.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II est directeur de la production. Depuis
combien de
temps est-il directeur de la production, officiellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Fin 1967.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une mutation interne, une
décision du directeur de l'Office?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est, en effet, une décision interne.
Plus précisément, c'est une mutation du ministère de
l'Industrie et du Commerce, après l'Expo 67.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, les autres postes sont des postes de
caractère plutôt administratif. Maintenant, M. le
Président, est-ce que le ministre a l'intention d'accroître, dans
la mesure du possible, dans les limites de son budget, le personnel de l'office
à Québec? Quel est son avis à ce sujet et sur la
distribution du personnel de l'office à Québec et à
Montréal? L'office est juridiquement installé à
Québec, mais à toutes fins utiles, du point de vue
opérationnel, il est à Montréal. Est-ce que le ministre a
l'intention de rapatrier tout cela et de former une unité administrative
qui serait plus fonctionnelle et plus efficace?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, là encore, je
dois me référer au plan d'ensemble que je compte proposer pour le
cinéma. Je ne crois pas qu'il serait réaliste de prendre des
mesures de l'ordre de celles qui sont suggérées par le
député de Chicoutimi d'une façon qui ne tiendrait pas
compte de nos objectifs. Je compte présenter un programme par
étapes qui amènerait, je le souhaite, un règlement
satisfaisant de la situation du cinéma, laquelle est certainement
inquiétante, au Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah oui! M. le Président...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'Office du film ayant à jouer un
rôle dans cet échafaudage, il est plus prudent, je crois, de ne
pas prendre de décisions de cet ordre trop rapidement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je comprends très bien le ministre
losqu'il donne les raisons, qu'il justifie sa prudence. Elle est normale et je
le félicite d'agir avec prudence dans ce domaine. Mais nous avons
parlé hier j'y réfère simplement pour mémoire
de tous ces problèmes que causent Radio-Québec, par
exemple, le ministère des Communications, le passage éventuel de
l'Office du film, heureusement retardé, au ministère des
Communications.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pourquoi dites-vous seulement
"retardé".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je fais de la projection.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je préférerais que vous vous y
opposiez d'une façon plus claire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah, je m'y oppose! Je l'ai dit, d'ailleurs,
catégoriquement hier. Compte tenu de tous ces éléments, de
tous ces moyens techniques de fabrication, en somme, d'un produit culturel par
Radio-Québec, par l'Office du film, par le ministère des
Communications et d'autres organismes du gouvernement, je souhaiterais vivement
même si le mot "centralisation" fait toujours un peu peur, que l'on
centralise davantage les services de l'Office du film, afin que l'on sente bien
la présence de l'Office du film et qu'il puisse prendre en main cette
responsabilité générale du cinéma. Ce qui ne veut
pas dire qu'on doit faire disparaître le bureau de Québec, loin de
là, mais il faudrait, à mon avis et je parle
d'expérience rétablir une coordination beaucoup plus
ferme, beaucoup plus précise, afin que l'Office du film, qui
dépend toujours du ministre des Affaires culturelles, deviennent une
forteresse imprenable.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je suis certainement
d'accord avec les principes émis par le député de
Chicoutimi. Cependant, cette coordination, toute souhaitable qu'elle soit,
doit, encore une fois, être comprise dans un plan d'ensemble.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce plan d'ensemble, évidemment, nous en
connaîtrons le détail lorsque le ministre énoncera sa
politique générale du cinéma.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a des années que l'on essaie de
mettre au point une politique générale du cinéma. Il y a
eu plusieurs projets de loi, qui remontent d'ailleurs jusqu'à 1963. Je
n'ai peut-être pas la prétention de régler le
problème d'une façon satisfaisante-, mais j'ai certainement la
prétention de vouloir m'y attacher. C'est ce que je fais
actuellement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors nous nous en réjouissons et je
comprends l'attitude du ministre. Nous lui posons des questions très
précises. Il ne peut pas toujours y répondre. C'est normal. Il
faut preuve d'une grande prudence. Mais justement parce que le problème
est aigu, nous souhaitons qu'il accélère le travail dans ce
domaine, qu'il apporte le plus de lumière possible sur ce dossier qui,
comme il l'a dit, est complexe et confus, et comporte tellement
d'éléments qu'on a du mal à s'y retrouver.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On doit se poser un certain nombre de questions,
à ce sujet. Une de ces questions concerne la possibilité d'un
regroupement des moyens audio-visuels. Lorsqu'on pense à une question
comme celle-là, on
met en jeu une politique gouvernementale qui n'est pas encore
établie. On peut également, dans le cas de l'Office du film,
envisager de donner à cet organisme une plus grande autonomie, de
manière à lui permettre peut-être de remplir ses fonctions
avec plus d'efficacité. Mais là, encore, un telle décision
ne peut pas se concevoir, d'une manière isolée et parcellaire.
Elle doit faire partie d'un plan d'ensemble. Et c'est la raison pour laquelle
je n'ai pas l'intention de prendre de décision immédiate,
même une décision mineure, tant que je n'aurai pas réussi
à déterminer, à la suite d'un cheminement réparti
sur plusieurs années et comprenant diverses étapes, quel sera le
point d'arrivée. Ce point d'arrivée peut très bien
être un centre du cinéma auquel on songe déjà depuis
longtemps. Mais il peut également se traduire par une autre structure.
Il s'y greffe un tas de problèmes qui sont loin d'être secondaires
comme, par exemple, la question de l'aide à l'industrie, la
possibilité de constituer une caisse d'assistance. Vous conviendrez que
lorsque vous vous intéressez à tous les aspects d'une question
complexe, il est imprudent de se compromettre prématurément sur
des points précis. Ne voyez dans mon attitude que de la prudence
administrative, et non point du tout un manque de respect envers les
interventions des membres de la commission ou une méconnaissance du
problème.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous comprenons tout cela. Nous sommes heureux
d'entendre le ministre nous parler de ce cheminement critique qu'il entend
suivre dans l'élaboration de la politique du cinéma et cela
m'incite à lui poser une question. Est-ce qu'il a pris contact avec le
gouvernement central au sujet de ces possibilités d'assistance?
C'est-à-dire que je vais m'expliquer plus précisément. Il
y a, à Ottawa, des millions de dollars qui dorment, qui nous
appartiennent, en somme. Est-ce que le ministre a l'intention de
réclamer sa part, soit au moins le tiers de cet argent qui, normalement,
doit être affecté à la production
cinématographique?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministre a certainement l'intention de
récupérer tout ce qu'il pourra récupérer. Il en a
d'ailleurs donné l'exemple dans le cas d'une négociation qui sort
du cadre de la discussion actuellement, et qui portait sur l'usage des langues
officielles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous en avons parlé...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux vous dire qu'il y a déjà
eu un contact établi entre le secrétaire d'Etat et moi-même
et qu'il y aura d'autres rencontres. Une est prévue prochainement. Ce
qu'il en sortira, je ne peux pas vous le dire. Là encore, je suis en
train de mettre au point les mécanismes nécessaires pour
négocier et en arriver à une collaboration fructueuse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une collaboration, j'imagine, qui se situera
en dehors du carcan qu'a accepté depuis quelques semaines le premier
ministre dont relève, en fait, le ministre qui est devant nous.
J'espère que cette collaboration ne sera pas une reddition mais bien
qu'elle se manifestera par des exigences impérieuses, imperatives et que
l'on fera valoir des arguments péremptoires qui détermineront le
gouvernement central à remettre au Québec cet argent qui lui
revient et qui servira à l'implantation de l'industrie
cinématographique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, le député
de Chicoutimi a le droit d'avoir ses opinions politiques.
Notre gouvernement n'a certainement jamais donné le moindre signe
de reddition, pour reprendre l'expression du député de
Chicoutimi. Négocier et le faire à partir de dossiers bien
préparés, à partir de prises de positions nettes et
claires, est parfaitement possible. Nous en avons donné quelques
exemples et nous comptons en donner d'autres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, les négociations avec Ottawa ne
sont pas engagées. M. le Président, avant que vous ne nous
rappeliez à l'ordre...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... nous revenons au sous-article,
"traitements".
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Je posais la question à un de mes
collègues qui a eu l'expérience de la présidence d'une
commission et je crois que, depuis quinze ou vingt minutes, nous
dépassons largement la discussion. L'honorable député de
Chicoutimi nous avait dit, à un moment, que la discussion prise
globalement sur le Cinéma et l'Office du film était
terminée pour passer au sous-article 1. Alors, je vous ramène
à 5-4-1 : Traitements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je tiens à
dire, à ma défense, que ce sont les propos mêmes du
ministre qui m'ont incité à reprendre ce débat et à
l'élargir au-delà du poste que nous examinons.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est pourquoi, M. le Président, je reste
laconique et je parle le moins possible.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela nous a quand même
entraînés un peu loin.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): A l'ordre, s'il vous plaît! 5-4-1 :
Traitements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quant au sous-article, "traitements", M. le
Président, je suis prêt à l'adopter.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Alors, 5-4-1, adopté. 5-4-2?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): 5-4-2, adopté. 5-4-3: Frais de bureau
et autres dépenses?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Adopté. 5-4-4: Achat d'appareils
photographiques et de matériel.
Appareils photographiques
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre va nous donner, sans doute,
certains détails parce que les appareils photographiques, ça nous
intéresse. Remarquez que je suis allé au Japon; il s'en vend de
fort bons, mais je n'en ai pas passé à la douane.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ceci est tout à votre louange.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne voudrais pas priver nos contribuables
des taxes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voulez-vous la liste des achats d'appareils
photographiques et autres? Nous avons tout le détail pour l'année
précédente et certaines projections pour l'année à
venir. Ces appareils vont des bassins en acier inoxydable pour le
développement photographique jusqu'au papier Ektamatic, en passant par
les pellicules, films, produits chimiques, lampes. Je peux vous en faire un
inventaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'inventaire serait peut-être
intéressant, mais pour ce qui est de l'achat d'appareils
photographiques, est-ce que ce sont vraiment des appareils photographiques ou
s'il s'agit d'appareils qui servent à partir du moment où on a
entre les mains un appareil photographique ?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont des appareils qui permettent la
production de l'Office du film. Je vous rappelle que cet office comporte une
section de photographie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, vous allez acheter des caméras?
Je ne parle pas de ce qui s'est fait; je parle de ce qui va se faire.
Allez-vous acheter des caméras?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous allons acheter les appareils
photographiques qui seront nécessaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Des appareils photographiques! De quelle
marque? Où les achetez-vous?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Là, vraiment, M. le Président!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est très important, M. le
Président, et je tiens à invoquer le règlement. Le
gouvernement libéral nous a dit qu'il encouragerait et le premier
ministre vient de le dire récemment l'industrie
manufacturière québécoise. Donc, je désire savoir
s'il va acheter des appareils photographiques fabriqués au Québec
ou s'il va encourager des maisons étrangères.
M. CHARRON: Allez-vous donner 10 p.c. si on vous les vend en
français?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous achetons des appareils et ceci est
vrai pour tous nos appareils de qualité professionnelle,
susceptibles d'être utiles dans la vie quotidienne du service. Les
fournisseurs ne sont pas déterminés ou choisis par nous, mais
bien par le service des achats. Il s'agit d'une politique centrale et je crois
que la question devrait être posée à un autre
ministère. Nous choisissons les marques. Pour ce qui est de
l'année à venir, je ne peux pas vous en donner le détail
parce que tous les achats ne sont pas encore, à ce stade-ci,
déterminés. Nous ne pouvons pas prévoir quel appareil nous
achèterons en février ou mars.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Seulement, vous l'avez bien dit c'est
ça que je voudrais vous faire noter c'est à la suggestion
naturellement de ceux qui auront à utiliser ces appareils que l'on
indique une préférence pour telle ou telle marque
d'appareils.
Je comprends qu'il soit difficile de trouver des fabricants d'appareils
photographiques au Québec, mais, étant donné l'essor
extraordinaire que votre gouvernement veut donner à l'industrie,
peut-être va-t-il plonger dans ce domaine-là et entreprendre des
négociations, avec le Japon notamment.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je remercie le député de
Chicoutimi d'attirer mon attention sur ce point.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, nous allons
acheter des appareils pour $87,000.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Sous-article 4 de l'article 5,
adopté. Sous-article 5: Achat de copies, réalisation de films et
de bandes sonores et frais de distribution.
Copies de films
M. CHARRON: Quels sont les films réalisés
prévus?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous voulons avoir des détails. Motion
pour détails, M. le Président.
M. CHARRON: "Deux ministres en or".
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont les achats de copies, qui servent
à la distribution dans les différents ministères. Achat de
copies de nouveaux titres, 347 copies: $57,628; achats de copies
supplémentaires de films en cinémathèque, 187 copies:
$33,136. Il y a également un poste pour les frais...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Combien la copie?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... de distribution. Films en couleur, entre $12
et $14 la minute; films en noir et blanc, entre $6 et $7.
M. CHARRON: A-t-on déjà pensé de mettre de
scénario de la Brinks sur pellicule?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai pensé au député de
Saint-Jacques, ce matin en arrivant au parlement; j'ai justement croisé
une voiture de la Brinks qui avait l'air de se diriger vers le parlement. Je me
suis demandé si nous n'étions pas à la veille d'un nouvel
incident.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'était le reste de votre caisse
électorale.
M. CHARRON: Ou bien on va lancer une nouvelle campagne
électorale.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Si on veut revenir à l'achat de
copies et à la réalisation de films.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, cela détend le
ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministre se sent tout à fait
détendu, M. le Président.
M. CHARRON: Bon, c'est merveilleux.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): D'ailleurs, je crois que tous les membres de
la commission, quels qu'ils soient, se sentent détendus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ils vont être étendus à la
fin de ces longues séances.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II trouve peut-être que c'est un peu long,
mais il comprend...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On s'étend.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... la nécessité qu'éprouve
le député de Chicoutimi...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Si on veut revenir à l'achat de
copies.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... de s'exprimer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Achat de copies, réalisation de films
et de bandes sonores. Nous voulons avoir le détail. Il nous a
donné le détail de l'achat de copies. Au fait, pour qui sont ces
copies-là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comme je l'ai signalé mais,
à travers mes explications, c'est peut-être passé
inaperçu ces copies sont destinées à la
cinémathèque de l'Office du film.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelles copies de films on achète?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour environ la moitié du budget,
$100,000, des productions de l'Office même et le solde suivant les
demandes des différents ministères et l'orientation de la
cinémathèque.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce qu'ils demandent, les
différents ministères?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ainsi, par exemple, que le
ministère des Richesses naturelles peut demander un film sur le port du
casque de sécurité dans l'industrie. Le ministère de
l'Education s'intéressera à d'autres problèmes, comme vous
le pensez bien. La pollution est à la mode et nous recevons certaines
demandes, actuellement. L'Office du film se trouve à parcourir ainsi
toute la gamme des intérêts du Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est intéressant.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est passionnant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au sujet de la réalisation de films et
de bandes sonores, quelle est la programmation pour l'année qui
vient?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons certains de nos films qui sont
traduits en version anglaise ou version espagnole, les versions anglaises
servant, plus particulièrement, à notre délégation
générale à New York.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les versions espagnoles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A l'occasion, il semble que nous ayons pu
utiliser certaines versions espagnoles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Faites-vous des projections privées
chez Franco?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que le type de film auquel je viens de
faire allusion, c'est-à-dire le port du casque de sécurité
et la pollution, ne rentrent peut-être pas dans le cadre des projections
privées, les intérêts étant différents.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors ce sont là les films que l'on se
propose de produire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a également une production
contractuelle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, nous allons y venir tantôt, M. le
Président. Alors, ce sont donc les versions qui apparaissent là,
c'est-à-dire réalisation de films et de bandes sonores, c'est ce
dont vient de nous parler le ministre, ce sont des versions des films de l'OFQ
et les frais de distribution, bien ça c'est normal au fond. Combien pour
les frais de distribution. Qu'est-ce que c'est?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous payons environ $12,000 par année
comme distribution soit à la télévision, soit dans les
salles. On me dit que c'est une maison de distribution américaine dont
le siège est à New York.
M. CHARRON: Pourquoi passer par une maison américaine?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce que les circuits de distribution sont
établis et il semble que ce soit la formule la plus
économique/Pour cette somme de $12,000 nous avons obtenu près de
5,000 visionnements en salle, 150 à la télévision.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a pas de contradiction entre ce que dit
le fonctionnaire très compétent et ce que dit le ministre qui va
devenir compétent.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est normal, je pense, que le ministre puisse
faire appel à ses fonctionnaires, je ne crois pas que ce soit un signe
d'incompétence lorsqu'il s'agit de points de détail.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est justement ce que je viens de dire, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Si on veut revenir...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien, M. le Président, vous êtes
pressé, vous.
M. CHARRON: On n'a pas besoin de revenir, on est déjà
dedans.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): On est déjà dedans. On ne revient
pas, on est tout à fait dans le sujet.
M. LE PRESIDENT: Mais là on discutait de compétence,
etc.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, non, c'est un échange de bons
procédés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un échange de bons
procédés, M. le Président. Il faut s'habituer à
ça.
M. CHARRON: C'est mieux pour le gouvernement qu'on ne se mette pas
à parler de compétence.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça. Alors il y a ensuite: achat
de copies, réalisation de films et de bandes sonores, frais de
distribution. Le ministre nous a indiqué, grâce à son
fonctionnaire, ce qu'il entend faire de ces $200,000. Alors, pour ma part, je
suis disposé à adopter le poste de $200,000.
M. LE PRESIDENT: Article 5, sous-articles 4 et 5 adoptés.
Sous-article 6: Services contractuels.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les services contractuels, M. le
Président, on a adopté entre-temps vos $200,000.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous remercie, M. le Président.
Services contractuels
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors les services contractuels, est-ce que le
ministre pourrait nous donner les détails? Quels sont les
ministères du gouvernement qui requièrent les services de
l'Office du film et quelle est la programmation de cette année?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avions, M. le Président, une somme
de $419,000 au budget original. Cette somme de $419,000 correspondait à
des imputations, les crédits se trouvant dans les autres
ministères. Je vous rappelle que l'Office du film produit pour les
autres ministères. Les crédits ont été
supprimés dans les différents ministères pour des fins
d'économie, et on a remplacé cette imputation de $419,000 par une
somme de $100,000, ce qui réduit la production.
M. CHARRON: Quels sont les ministères qui, habituellement, font
appel le plus souvent à l'OFQ?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'Education surtout, mais également les
Affaires municipales.
Nous avons, à l'occasion, produit pour à peu près
tous les ministères, comme le ministère de la Famille et du
Bien-Etre, le ministère de l'Agriculture. Et pour les projets de 1970,
je vous parle de l'Education, également des Affaires culturelles et de
l'Immigration. Il y avait deux films "Vivre au Québec", "Le
Québécois face à l'immigrant", plus cinq films de dix
minutes chacun qui permettaient justement de...
M. CHARRON: Est-ce que c'est pour les Travaux publics qu'on a fait
"Valérie"?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne vois pas quel commentaire spirituel je
pourrais apporter. Je préfère donc me taire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est pour la Santé qu'on a fait
ça. La santé mentale, que sais-je?
M. CHARRON : Pour le ministère de la Chasse et de la
Pêche.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministère du Travail... Je rassure
immédiatement le député de Saint-Jacques, pour les Travaux
publics, aucun projet n'a été soumis jusqu'à maintenant.
On n'a donc rien à craindre en 1970.
M. CHARRON: On a passé le stade de l'initiation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a donc des services contractuels pour un
montant de $100,000. C'est tout ce que les ministères vont demander
cette année à l'Office du film comme production?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Semble-t-il, à moins qu'ils aient
et ceci ne relève pas de moi d'autres postes budgétaires
auxquels ils peuvent faire appel.
M. CHARRON : Cela est inclus dans leurs propres crédits à
eux?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Les $100,000 ne sont pas inclus dans leurs
crédits.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela a été supprimé,
$419,000.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons changé de mode. Au lieu
d'avoir une imputation de $419,000 à notre budget, nous l'avons
supprimée. Nous avons maintenant une somme de $100,000 qui fait partie,
elle, de notre budget et qui nous permet de faire face aux imprévus ou
à certaines commandes.
M. CHARRON : Puis-je vous demander seulement une précision?
Est-ce que le ministère du
Travail entend demander quelque chose cette année dans les
prévisions que vous avez?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y avait dans les prévisions cinq
bandes-annonces d'intérêt public d'une minute chacune pour le
ministère du Travail.
M. CHARRON: Lorsque nous avons étudié les crédits
du ministère du Travail, à l'article qui parlait justement de
l'Office du film, le ministre Laporte a signalé que tout projet
était abandonné.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, parce que les $419,000 qui
représentaient les crédits des différents
ministères ont été supprimés. H est possible qu'il
s'agissait là de la programmation dans le cadre de cette imputation.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): L'Office du film ne produira donc pas de film
pour le ministère des Affaires culturelles cette année?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agira d'établir un ordre de
priorités. Dans le cas des $100,000 qui appartiennent
complètement à notre budget, il sera possible de faire certaines
réalisations.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a rien de prévu?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a en particulier un film qui était
prévu et qui est d'ailleurs commencé sur le Musée du
Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur les collections du musée?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sur les collections, sur la vie du musée.
C'est une façon de diffuser, justement, ses activités à un
niveau beaucoup plus élargi. Nous avions d'autres projets que j'ai sous
les yeux et qui devront être remaniés et revus.
M. CHARRON: La distribution de ces films dans les salles de
visionnement, c'est où, c'est quand?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons des salles de visionnement et vous y
serez invité, tant à Québec qu'à
Montréal.
M. CHARRON: Par exemple, le film que vous venez de mentionner sur le
musée servira à quelles fins précises et qui l'utilisera?
Les écoles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons, comme je l'ai signalé dans
mes remarques préliminaires, un service de distribution au sein du
service de l'Office du film. Nous distribuons
d'ailleurs un nombre considérable de films. Ce film sera à
leur disposition et sera requis par de très nombreuses organisations.
Soit dit en passant, nous distribuons 1,500 à 2,000 films par
semaine.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A part le film qu'on se propose de faire sur
le Musée, chose excellente, le ministère de l'Education n'a pas
requis les services de l'Office du film pour production cette année.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Rien ne nous est encore arrivé. Il n'y a
pas d'imputation portée à notre budget. Mais il semble bien que
le ministère de l'Education aura un budget de films et que nous aurons,
dans ce cadre-là, les commandes qui nous reviennent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que vous allez produire pour
Radio-Québec? Est-ce qu'il y a une imputation à
Radio-Québec qui permet...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, vous faites allusion à une des
situations auxquelles je pensais lorsque je parlais de juridiction, lorsque je
parlais de la nécessité de définir certaines fonctions.
Nous ne produisons pas pour Radio-Québec, parce que Radio-Québec
est lui-même un producteur. Cependant, il ne produit pas le même
type de films que nous et je m'en suis assuré puisque, je m'attache
à ces problèmes de coordination en ce moment. J'ai eu l'occasion
de voir leur type de production.
Nous produisons du film-spectacle, pour ainsi dire. C'est un film qui
nous coûte d'ailleurs beaucoup plus cher, alors que Radio-Québec
produit du film pour la télévision, film qui ne répond pas
aux mêmes impératifs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, à la fin du compte,
l'Office du film va se voir, en somme, dépossédé de ses
prérogatives de production, de ses droits de production, puisque
Radio-Québec produit ses films. Il n'est pas sûr que le
ministère de l'Education vous passe des commandes. Est-ce que l'Office
d'information et de publicité va vous passer des commandes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'office nous passe certaines commandes par le
truchement du ministère de l'Education. Le problème auquel vous
faites allusion est vraiment un problème de juridiction entre
ministères. Je vous remercie de le souligner, parce que c'est un
problème qui met véritablement en cause l'existence et la
fonction de l'office. Mais notre gouvernement s'attache en ce moment et
il faudra quand même un certain temps avant qu'on puisse
débrouiller cette jungle ministérielle à
rationaliser tout ce grand secteur des moyens audio-visuels.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est là-dessus que je voulais entendre
le ministre, parce qu'il est bien évident que si l'on tient compte du
sous-article "traitements" que nous avons adopté il y a à
ce sous-article $516,800 il y a par ailleurs des services contractuels
de $100,000. Il faut évidemment mettre dans les sous-articles
"traitements" le Bureau de surveillance de cinéma. Non, pardon...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le bureau de surveillance du cinéma, M.
le Président, vient au poste 7.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela me donne donc un argument encore plus
fort. Autrefois, on les mettait ensemble. Alors, $516,800 pour administrer, au
fait, $200,000 plus $100,000, donc $300,000.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas tout à fait exact, M. le
Président, parce que nos commandes de production passeront, cette
année, $1 million.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un million de dollars.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Un million de dollars. Mais là, nous
touchons une anomalie...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour $516,800. Le salaire des fonctionnaires
représente donc plus de la moitié de ce que vous aurez en
production.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne crois pas que ce soit tout à fait
exact non plus, M. le Président, parce qu'il y a des services qui
n'entrent pas dans la production. Il y a tout le service de la photographie. Il
y a tout le service de la distribution. Ces milliers de films que nous
répandons un peu partout au Québec et qui ne constituent pas une
production proprement dite, ce sont des copies. Cependant, ce sont des services
de soutien, des services auxiliaires qui sont essentiels.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'accord. Mais...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Maintenant...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... il y en a seulement pour $200,000.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... la raison pour laquelle nous avons un
chiffre de production qui ne correspond pas au chiffre réel de
production, c'est précisément parce que les sommes que l'Office
du film touche retournent au fonds consolidé. C'est un des
problèmes que j'avais dans l'esprit lorsque je vous parlais de la
nécessité d'envisager une certaine autonomie pour l'Office
du film. Vous comprendrez qu'il ne m'était pas toujours possible
d'être plus spécifique, parce que c'est encore un tableau
d'ensemble que j'entends présenter.
L'Office du film se trouve dans une situation assez particulière,
parce qu'au fond cet office effectue des opérations commerciales.
Celles-ci sont difficiles à assurer, dans le cadre d'un service d'un
ministère, à cause des procédures et des contraintes
habituelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En fait, le ministre souhaiterait que le
produit, en somme, le bénéfice des productions de l'Office du
film du Québec puisse être réinvesti dans l'office
lui-même?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela me paraf-trait, M. le Président,
quelque chose de très logique, parce que nous pourrions donner, alors,
à l'Office du film sa véritable signification. En ce moment,
l'office et je vous invite, j'invite, en particulier, le
député de Saint-Jacques à venir visiter les installations
fait un travail tout à fait valable. Sur ce point, le
député de Chicoutimi ne me contredira certainement pas
d'ailleurs, il me contredit sur peu de points, s'il apporte des
précisions...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est-à-dire que, comme vous avez
accepté mon budget et nos politiques, il m'est difficile de vous
contredire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oh pardon! Je vous rappelle votre sortie d'hier,
alors que vous avez bel et bien dit...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez accepté mon budget, vous
l'avez fait vôtre.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): S'il vous plaît, si on veut revenir
aux services contractuels.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mon budget est devenu le vôtre et vous
le défendez...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): S'il vous plaît!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... simplement en acceptant notre
politique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me range...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): S'il vous plaît: Services
contractuels.
M. CHARRON: Pour revenir à nos moutons, M. le
Président...
M. CLOUTIER (Veilleux): Je me range à ce que dit le
président.
M. CHARRON: ... le ministre, juste avant l'arrêt causé par
le député de Chicoutimi, était en train d'énoncer
une certaine politique...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... de parler de vos idées.
M. CHARRON: Non, je l'avais déjà. C'est que vous m'avez
retardé, tout simplement. Vous avez énoncé une certaine
politique à l'égard de l'Office du film. Est-ce qu'on peut
entendre que vous allez en faire la demande au cabinet?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas maintenant. Ce n'est pas une politique que
j'ai énoncée, ce sont des problèmes que j'identifie en
cours de route.
M. CHARRON: Oui, mais vous avez quand même abordé des
solutions.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, bien sûr, mais je ne crois pas qu'il
soit sage d'apporter, comme je l'ai dit à plusieurs reprises, une
solution parcellaire. Je pourrais très facilement décider,
aujourd'hui, sans même une législation particulière,
uniquement en modifiant une réglementation, d'apporter plus d'autonomie
à l'Office du film. Mais, avant de le faire, je veux savoir exactement
quelle sera cette politique du cinéma et vers quoi nous nous
acheminerons.
J'ai quand même accepté de vous donner une indication de
certains de ces problèmes pour vous montrer que j'y pense de
façon très, très sérieuse. Vous n'en avez
d'ailleurs jamais douté. Mais, il ne serait pas prudent, je crois, de
prendre une décision isolée, même si cette décision
peut paraître raisonnable. Elle peut présenter des
difficultés ou donner lieu à des implications inattendues.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Reprenons ce que le ministre a dit au sujet de
cette éventualité de remettre à l'Office du film les
revenus qu'il tire de ses productions; le ministre sait-il qu'il existe, que
j'ai créé, au ministère des Affaires culturelles, un
instrument qui lui permettrait de procéder; la Société de
gestion culturelle?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je ne crois pas que ce
soit ici le lieu de discuter des sociétés et des compagnies qui
existent au sein du ministère. Ce serait nous entraîner
très loin.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): J'aimerais qu'on demeure dans les services
contractuels.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je tiens à
faire observer que les observations que j'ai faites sont tout à fait
dans l'ordre. Le ministre a exprimé l'avis qu'il était
déplora-
ble que l'Office du film du Québec ne puisse pas encaisser les
bénéfices de ses productions et il a dit qu'il pensait, dans
l'optique d'une reconsidération de la politique globale du
cinéma, à présenter, soit des projets de loi, soit des
mesures, des réglementations qui permettraient à l'office de
s'approprier les bénéfices de ses propres productions.
Or, je lui indique qu'il existe, au ministère, telle chose que la
Société de gestion culturelle et que c'est un instrument qui est
créé, qui existe, qui fonctionne, dont nous aurons d'ailleurs
l'occasion de parler. Je lui suggère tout simplement d'examiner ce
problème et de regarder de ce côté afin d'aider
l'office.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je note, M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Justement, l'honorable député
de Chicoutimi vient de dire qu'il aura l'occasion d'en reparler.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'avais quand même, M. le
Président, le droit de faire cette suggestion.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Si on veut demeurer au services
contractuels.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les services contractuels, M. le
Président, je tiens à être bien clair avec vous. Vous
êtes un jeune député, ce n'est pas un défaut, mais
je tiens à vous dire que le règlement, cela s'interprète
avec une certaine latitude, une certaine largeur de vue.
Nous parlons des services contractuels, certes, mais les services
contractuels mettent en cause beaucoup de problèmes. C'est le ministre
lui-même qui nous a mis sur la voie et qui nous a indiqué qu'il
désirerait que l'Office du film jouisse des bénéfices de
ses propres productions. Ce qui m'a incité à lui faire observer
en passant qu'il existait un instrument au ministère. Nous sommes donc
parfaitement dans l'ordre et nous , sommes toujours à discuter des
services contractuels dont je dis qu'ils sont très minimes. Une somme de
$100,000, s'addition-nant à une somme de $200,000 pour l'achat de
copies, etc, photographies et tout le bazar.
Je dis donc que le ministre nous a dit d'autre part qu'il s'attendait
d'avoir des commandes pour un montant d'environ $1 million. Je dis qu'il y a
$516,800 au sous-article "traitements" et qu'il y a $1 million et quelques
centaines de milliers de dollars au poste production. Le rapport production
producteur n'est donc pas très équilibré. Je n'en
fais pas grief au ministre. Je le lui souligne simplement afin qu'il y pense
dans l'élaboration de sa politique du cinéma.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je le note, mais je dois apporter la
réserve suivante. C'est que je ne crois pas que l'on puisse faire le
calcul de cette manière-là. Dans le cadre des traitements, il y a
tout un ensemble de services qui ne touchent pas la production. Comme, par
exemple, la distribution qui représente tout de même une part
importante de l'activité de l'office. Ceci dit, je note avec plaisir la
suggestion du député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Compte tenu du fait que la distribution est
fonction de ce que vous produisez. Et si vous ne produisez pas, vous n'avez
rien à distribuer. Par conséquent, l'argument est en
porte-à-faux.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire que nous distribuons des
films que nous ne produisons pas. Nous achetons à peu près la
moitié des films que nous distribuons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De qui les achetez-vous? Quels films
achetez-vous?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous les achetons de distributeurs
établis à Montréal, selon les demandes des
ministères, principalement celui de l'Education. C'est une des fonctions
de l'office.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous attendrons donc,
et je vous fais observer de nouveau qu'une fois examinés les postes les
uns après les autres, on peut encore faire des observations
générales. Je note donc que le ministre a l'intention de
présenter bientôt une législation sur le cinéma, pas
bientôt au sens d'une semaine ou deux ou même six mois; il nous a
dit qu'il y aura un cheminement critique de quelques mois, de quelques
années, etc. Je le comprends, ce n'est pas une matière facile
à manipuler.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas promis, M. le Président, de
présenter une législation. Je pense présenter une
législation. J'étudie le problème et j'ai l'intention
d'apporter un règlement au problème du cinéma. Je vois mal
comment cela se ferait sans législation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bon, ça, c'est bien. On peut donc en
tirer la conclusion qu'il y aura législation. Cela revient au
même.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a une nuance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre pense je pense donc je suis
alors le ministre va continuer de s'interroger. Je lui souligne encore
une fois l'extraordinaire danger qui le menace de voir l'Office du film
disparaître progressivement à l'avantage de Radio-Québec,
de l'Office d'information du film disparaître progressivement à
l'avantage Communications.
Ce ministère, c'est-à-dire que le ministre a des
appétits voraces. J'imagine que le ministre va se défendre et
qu'il va nous conserver l'Office du film en accroissant autant que possible ses
moyens techniques, financiers et ses effectifs humains.
M. le Président, en ce qui me concerne, je suis prêt
à adopter le montant qui apparaît au chapitre du
cinéma.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Sous-article 6: Services contractuels,
adopté.
Poste budgétaire 6: Institutions culturelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président. Vous allez
vous rendre compte qu'il y a un total à la fin, $4,250,500. Lorsqu'on
arrive à ce total, on est autorisé à reprendre le
débat, pour votre information, et à revoir chacun des
problèmes que nous avons examinés: relations culturelles, Office
de la langue française et tout cela, mais nous allons nous en
dispenser.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Alors, est-ce que ça veut dire que le
poste budgétaire 5 est adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela veut dire que, dans mon esprit, le poste
5 est adopté. Mais je tenais à informer le jeune
président, qui s'acquitte fort bien de sa tâche, que nous pouvions
quand même instituer maintenant un long débat sur tout ce dont
nous avions parlé: conservatoire, théâtre, etc.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Je remercie l'honorable député
de Chicoutimi. D'ailleurs, on m'avait averti.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous pouvions même réserver
l'article.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): C'est pour ça que je voulais passer
rapidement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Subrepticement, comme les camions de la
Brinks.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste 6: Institutions culturelles. Article 1
: Bibliothèque nationale.
Bibliothèque nationale
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, nous attendons
les déclarations du ministre sur la Bibliothèque nationale du
Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, la Bibliothèque
nationale a été fondée à la suite d'une loi du 12
août 1967, entrée en vigueur le 1er janvier 1968.
Le conservateur en chef doit rassembler et conserver, si possible dans
leur forme originale, des exemplaires de documents qui sont publiés au
Québec ou à l'extérieur du Québec mais dont le
sujet principal est le Québec.
Il doit acquérir et conserver tous les documents qu'il lui est
possible de réunir et qui sont utiles à la recherche dans les
diverses disciplines du savoir. Il doit compiler et publier
périodiquement la bibliographie courante et la bibliographie
rétrospective des documents qui sont publiés au Québec ou
à l'extérieur du Québec mais dont le principal sujet est
le Québec.
Il a pour fonction d'établir et de tenir à jour un
catalogue de collection des bibliothèques les plus importantes du
Québec; d'encourager la recherche bibliographique et, s'il y a lieu,
d'organiser un centre de bibliographie; de voir à l'établissement
d'un index des principaux périodiques du Québec et d'assurer la
publication régulière de cet index; d'organiser un bureau central
d'échange de documents à l'intention des bibliothèques du
Québec; enfin, d'exécuter toute autre fonction de nature
similaire que peut lui confier le ministre. Certains de ces objectifs ne sont
pas remplis faute de crédits, mais nous y tendons et je dois dire que la
bibliothèque nationale joue un rôle extrêmement important
dans la vie de notre collectivité. Merci, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, nous avons
entendu du ministre la description des fonctions de la Bibliothèque
nationale du Québec, laquelle description se trouve déjà
dans la loi qu'il a évoquée.
Je suis heureux de lui dire que la création de la
Bibliothèque nationale a été une très grande chose.
La Bibliothèque nationale est fort bien administrée, cela,
grâce à la sagesse et au savoir de son conservateur en chef, M.
Cartier, qui est ici devant nous.
Alors, nous allons procéder, M. le Président, à
l'examen du poste article par article, à moins que mes collègues
n'aient d'autres observations générales à faire.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste 6-1-1: Traitements.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Postes autorisés 76; en place, 67;
vacants, 9. Il nous manque un agent culturel, quatre bibliothécaires,
trois auxiliaires en recherche et information et un commis de bureau.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, quelles sont les fonctions de l'agent
culturel?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit, en fait, d'un poste de
bibliothécaire, mais il aura à jouer un rôle particulier
dans le cas de l'orientation des lecteurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un agent culturel, mais, au fond, il
doit avoir la compétence d'un bibliothécaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un bibliothécaire qui s'occupe des
besoins du lecteur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, les autres postes sont des postes
ordinaires. J'imagine qu'on a toujours un peu de mal à recruter des
bibliothécaires. Ce sont des spécialistes
"spécialisés", si on me permet cette redondance, ce
pléonasme.
Je sais qu'il est difficile de trouver des bibliothécaires,
étant donné le nombre de bibliothèques qui existent, le
nombre de bibliothèques d'enseignement, etc. Je ne puis que souhaiter
que M. Cartier mette la main le plus tôt possible sur les meilleurs
bibliothécaires qu'il trouvera.
Au poste des traitements, je n'ai pas d'observation à faire; je
suis disposé à l'adopter.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Sous-article 1, article 1, poste 6,
adopté. Sous-article 2: Salaires?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre pourrait-il nous donner quelque
information sur ce que l'on appelle ici des salaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comme aux autres postes budgétaires, il
s'agit des ouvriers, des appariteurs ou des employés qui...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Combien?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... appartiennent aux différentes
institutions. Nous avons, dans ce cas particulier, neuf postes
d'autorités, huit en place et un vacant. Ce sont des magasiniers, des
gardiens de salles, des gardiens de vestiaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un personnel d'entretien et de
gardiennage; ces gens sont des fonctionnaires, ce n'est pas confié
à des agences.
M.CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont de nos fonctionnaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Uniquement des fonctionnaires. M. le
Président, le sous-article 2 est adopté, quant à moi.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Sous-article 2,adopté. Sous-article
3: Frais de voyage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les frais de voyage de $6,100 sont
adoptés, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Sous-article 3,adopté. Sous-article
4: Frais de bureau.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): $6,000 adoptés, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Adopté. Sous-article 5: Abonnements,
achat et reliure de livres, revues et journaux.
M. CHARRON: Le premier commentaire est au sujet de la petite somme
prévue de $130,000 à l'achat de livres. Indépendamment des
abonnements et de la reliure, combien en reste-t-il, une fois les abonnements
et la reliure payés?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le ministre veut nous donner le
détail, nous pourrons voir combien...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis très heureux, M. le
Président, d'entendre mes collègues constamment abonder dans le
même sens que le mien lorsqu'il s'agit de l'importance des crédits
affectés à certains achats. Il est certain qu'une
bibliothèque sans livres cesse d'être une bibliothèque,
bien qu'il semble que certains esprits puissent la concevoir de cette
façon-là. Je vais vous donner le détail de ce poste.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On a déjà entendu cela au
ministère des Finances. On nous avait dit: Achetez moins de livres.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous consacrons $90,000 aux achats de livres
proprement dits, le reste allant aux reliures ou aux microfilms; $12,000 sont
consacrés aux abonnements. Là encore, c'est un poste qui est
beaucoup trop modeste parce qu'une bibliothèque comme le
député de Chicoutimi l'a signalé, a un rôle
extrêmement important dans la collectivité.
J'invite le député de Saint-Jacques, s'il ne l'a
déjà fait, à venir travailler et cogiter dans la grande
salle. Il y trouvera un accueil chaleureux.
M. CHARRON: Premièrement, je sais que l'édifice
Saint-Sulpice est situé dans le comté de Saint-Jacques, et
deuxièmement...
M.CLOUTIER (Ahuntsic): Ah! Je l'ignorais ou plutôt je le savais,
mais maintenant je fais la relation.
M. CHARRON: ... il n'y a pas tellement, longtemps, j'étais
étudiant et j'allais trouver du calme pour mes études à
cet endroit même.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, donc, il y a un
montant de $90,000 pour l'achat de livres. Le ministre pourrait-il nous dire si
cela comprend également les achats de documents qui sont souvent remis
par des particuliers?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En principe, oui, mais là encore, les
montants sont minimes. Nous essayons d'acheter certaines cartes en particulier.
Je dois dire, à ce titre, que ce que nous possédons est d'une
indigence extrême. Je déplore, pour ma part, qu'on laisse passer,
comme on le fait actuellement, certains documents ou certaines gravures qui
sont essentielles à la connaissance du Québec. Je peux vous
assurer que je vais m'employer, dans la limite de mes moyens, à
améliorer la situation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'était là ma question
précise, est-ce qu'on distrait de ces $90,000 une certaine somme pour
l'achat de manuscrits, de correspondance, de documents privés qui sont
souvent offerts par des successions ou par des gens qui désirent les
déposer à la bibliothèque?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons une affectation budgétaire qui
est de $5,000 pour les manuscrits et de $3,000 pour les cartes. Vous avouerez
qu'il n'est pas possible de constituer une collection importante. Il ne s'agit
pas là seulement de caprices de collectionneur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il s'agit là de notre histoire et des
documents qui risquent justement de quitter le Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait nous dire, en
consultant M. Cartier, parce qu'il s'agit là de questions de
détail, si le mouvement est bon et si s'est accentué ce mouvement
de donation de documents et de manuscrits?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président, et c'est là
une initiative extrêmement heureuse. Nous recevons en particulier des
dons d'écrivains, qui nous confient leurs manuscrits. Le conservateur
m'informe qu'il a en ce moment trois rendez-vous prévus avec des
personnalités qui seraient susceptibles d'enrichir nos archives de la
bibliothèque.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis très heureux de savoir
ça parce que, dès le moment où on a commencé
à le faire, le mouvement a été bien lancé.
Evidemment, ça relève d'une initiative personnelle des individus,
mais je sais que le conservateur s'emploie à recueillir tout ce qui peut
lui être offert et qui entre dans les cadres des collections de cette
importante bibliothèque.
J'aimerais vous poser une question, M. le ministre, au sujet de ce
sous-article. Est-ce que le système de dépôt légal
fonctionne très bien?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II fonctionne très bien en ce qui a trait
au Québec. Certes, il n'est pas encore complet, c'est-à-dire
qu'il ne touche pas tous les secteurs. Je pense, entre autres, aux
périodiques, mais, là encore, le mouvement est lancé. Il
suffit tout simplement de continuer et de préciser certains aspects de
l'entente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je sais qu'au départ, les
éditeurs avaient manifesté beaucoup d'intérêt et
j'imagine que tout ça se continue. Comment a-t-on réglé le
problème du côté de la France et des pays francophones?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je m'excuse, M. le Président, j'enchafne,
et je pense pouvoir tout de même répondre à votre question
en même temps. Nous aimerions bien inclure dans le dépôt
légal le dépôt des disques, le dépôt des
cartes également, ce qui entraînera probablement un amendement
à la loi. Je le signale en passant, et ceci augmentera le
problème d'espace extrêmement grave , et même critique,
à la Bibliothèque nationale.
En fait, il est difficle d'ajouter un livre à la collection,
faute de place. On y arrive en en mettant sous les bureaux.
M. CHARRON: Comme la belle Constellation de Caouette.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait nous dire, en
ce qui concerne le dépôt légal, comment fonctionne le
mécanisme de dépôt avec la France et les autres pays
francophones?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit de réciprocité totale.
Nous envoyons toute notre production, nous recevons la production
française, c'est une mesure extrêmement importante.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela s'est institutionnalisé, cela
fonctionne normalement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'entente, à strictement parler, n'a pas
encore été reconduite par la commission permanente
franco-québécoise, mais, à toutes fins utiles, les
bibliothèques continuent leurs échanges. Il n'y a aucune raison
de croire que ce principe puisse être mis en question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que l'on a commencé à
entamer des pourparlers avec d'autres pays francophones qui pourraient
évidemment participer à cet échange sur une base de
réciprocité?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous procédons déjà
à certains échanges avec des pays franco-
phones comme la Belgique, et même la Tunisie, mais ces
échanges ne sont pas institutionnalisés.
M. CHARRON : Ma question est peut-être hors de propos, mais
où en est le service d'automatisation des bibliothèques?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une question de prévisions
budgétaires; nous comptons l'inclure dans les prévisions du
prochain budget. Nous n'avons pas, en ce moment, dans le cadre actuel, les
crédits nécessaires pour y voir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et pour les publications de la
Bibliothèque nationale, est-ce que vous avez un programme?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La bibliographie du Québec. Je me permets
de rappeler que j'ai déjà énuméré toutes ces
publications lorsque nous avions parlé des publications. Je vous en
avais donné la liste. J'y reviens avec plaisir. Nous avons
également un catalogue d'une collection importante qui a
été confiée à la bibliothèque qui est la
collection Mordret. Nous publions également un répertoire des
bibliothèques du Québec. Il s'agit là de publications
destinées aux spécialistes des bibliothèques. C'est la
fonction d'une bibliothèque centrale. Nous publierons une liste de
microfilms. Il s'agit là des opérations courantes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, $130,000, le
sous-article 5 est adopté.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Sous-article 5, adopté. Sous-article
6. Adopté. Sous-article 7 : Autres dépenses.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cet article est le plus sain, le plus
normal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un autre poste un peu faible. Il comprend
des expositions et certaines activités.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Expositions et autres activités,
quelles sont-elles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a en effet une programmation. D'abord, la
cinémathèque qui officie, comme vous le savez probablement, dans
la salle qui se trouve au sous-sol de la bibliothèque, présente
régulièrement un programme d'expositions. La bibliothèque,
elle-même, envisage des expositions anniversaires qui permettraient, dans
le domaine littéraire, de marquer certains événements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est à même ce coussin de $6,000
que l'on prévoit pouvoir organiser certaines manifestations.
M. CHARRON: On ne fêtera pas de trop gros anniversaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, on ne fera pas la bombe avec cela, mais
connaissant la sagesse du conservateur, je sais que ce qui sera fait sera de
bon ton et bien dans l'esprit du travail qu'il accomplit. Le sous-article 7 est
adopté, quant à nous.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Sous-article 7, adopté. Article 2:
Service des bibliothèques du Québec.
Bibliothèques du Québec
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le service des bibliothèques publiques
est chargé de veiller à l'exécution de la loi en ce qui a
trait aux articles 10-11 de la Loi du ministère des Affaires
culturelles. Entre autres fonctions, il doit inspirer et orienter la Commission
des bibliothèques publiques du Québec, étudier la
situation actuelle des bibliothèques qui existent et essayer de
déterminer chez elles une efficacité de service plus grande,
collaborer avec les ministères ainsi qu'avec les associations
bibliothécaires, les sociétés culturelles, les clubs
sociaux, les citoyens en général et administrer les budgets mis
à sa disposition par le gouvernement. Le service existe depuis octobre
1960.
M. CHARRON: Combien existe-t-il de bibliothèques publiques
à travers le Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y en a 120.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quels sont les projets de création pour
l'année qui vient?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai ici la liste complète des
bibliothèques. Si vous voulez que j'en donne lecture.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, elle apparaît dans le rapport du
ministère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous remercie. Nous avons, en ce moment, une
seule demande qui nous vient de Cowansville, demande qui est à
l'étude et la création des nouvelles bibliothèques est en
fonction des demandes qui nous arrivent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'en est-il de la bibliothèque de
Chicoutimi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je constate avec plaisir que le
député de Chicoutimi porte toujours un intérêt
très particulier à cette région. La bibliothèque de
Chicoutimi, pour autant que je sache, se porte bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela dépend.
M. CLOUTTER (Ahuntsic): Elle a été
municipalisée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je parle de la bibliothèque
régionale de Chicoutimi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic) : Vous faites allusion à une autre
bibliothèque?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous faites allusion à cette
possibilité de créer une bibliothèque centrale de
prêts.
Bibliothèque régionale M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Oui, c'est ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous faisons en ce moment des études.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. Le président, je pense qu'il faudra
faire plus que des études. A la suite des discussions que j'ai eues avec
le fonctionnaire qui assiste présentement le ministre et que je salue,
M. Martin, il avait été décidé qu'une
bibliothèque centrale de prêts serait créée à
Chicoutimi. Un montant avait été retenu sur le budget
antérieur et un montant au budget de l'exercice qui vient de se
terminer. Il restait à déterminer le lieu d'implantation de cette
bibliothèque centrale de prêts.
Les recommandations de la commission consultative étaient
à l'effet que cette bibliothèque dut être installée
à Alma. J'ai fait observer aux fonctionnaires que je n'étais pas
d'accord avec cette recommandation de la commission consultative, étant
donné que les deux régions de Chicoutimi et du Lac-Saint-Jean
sont des régions géographiquement séparées et que
l'on devait procéder plutôt à implanter une
bibliothèque centrale de prêts à Chicoutimi qui pourrait
être localisée de façon plus précise dans
l'édifice administratif que nous avons décidé de
construire, que le ministère des Travaux publics, j'espère, va
construire, en dépit des coupures et des économies de bouts de
chandelles que l'on prétend faire.
Alors, il serait extrêmement important que nous sachions quelles
sont les intentions du ministre concernant cette bibliothèque centrale
de prêts qui, géographiquement, en raison de l'importance du
réservoir de population, de l'importance de la ville de Chicoutimi, qui
est la capitale de la région, soit située à Chicoutimi,
non pas à Alma et encore moins à Jonquière.
Alors, les citoyens de la région attendent la décision du
ministre. Je souhaite que le ministre prenne contact, le plus tôt
possible, avec les citoyens, afin de créer la corporation ou la
société qui sera chargée de s'occuper de cette
bibliothèque centrale de prêts.
Mais, je maintiens, M. le Président, et les gens de la
région chez nous n'entendent pas être déçus parce
qu'ils ont reçu, non pas une promesse, mais ils ont été
avisés d'un engagement formel du ministre qu'il y aurait une
bibliothèque centrale de prêts à Chicoutimi, laquelle doit
être installée dans l'édifice administratif gouvernemental
qui, lui, à vocation régionale et est situé dans la
capitale qui est Chicoutimi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je note la suggestion du
député de Chicoutimi. J'attendrai le résultat de ces
études. Je prendrai les dispositions nécessaires pour les
accélérer. Ma décision sera basée uniquement sur
les critères objectifs des besoins, des nécessités
locales.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, les critères
objectifs, nous en reparlerons, il est 12 h 30. je crois que...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): On m'avait dit que nous pourrions aller
jusqu'à une heure. Mais j'avais l'intention, effectivement,
d'arrêter à 12 h 30.
Alors, nous ajournons et nous reprendrons après la période
des questions. Est-ce que la salle 91-A vous irait mieux que celle-ci?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si elle est libre, oui.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Oui, elle est libre cet
après-midi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bon.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Celle où nous nous trouvions hier
soir.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Alors, à la séance...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Nos discussions ont des hauts et des bas.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): C'est ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont des hauts et des bas qui
s'étalent, n'est-ce pas?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que c'est à trois heures, la
séance cet après-midi?
M. LE PRESIDENT (Veilleux): C'est trois heures, cet après-midi,
que la Chambre siège.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'espère que nous allons terminer pour
que nous puissions nous mettre au travail...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien,...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... au ministère et réaliser vos
suggestions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'espère que le ministre aura tous les
renseignements que nous lui demanderons.
Reprise de la séance à 15 h 50
M. VEILLEUX (président de la commission des Affaires
culturelles): A l'ordre, messieurs! Nous étions au poste
budgétaire 6, article 2: Service des bibliothèques du
Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous étions
à parler du cas de la bibliothèque de Chicoutimi et je voudrais
bien que le ministre me fournisse plus de renseignements et me rassure sur la
décision qu'il entend prendre concernant une bibliothèque au
sujet de laquelle le ministère avait pris des engagements formels.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec plaisir, M. le Président, je
rappelle que cette bibliothèque centrale de prêts du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, bibliothèque prévue dans cette
région, serait la troisième bibliothèque régionale
publique. Je vais certainement, une fois que l'étude en cours sera
terminée, prendre des décisions qui tiendront compte des
critères que nous avons évoqués ce matin. Il est
évident que je ne peux pas, actuellement, ignorant encore exactement
quelques données du problème, décider de maintenir la
décision de mon prédécesseur. Mais, je peux ajouter que je
suis convaincu que cette décision est une bonne décision et que
je ne vois aucune raison de la modifier pour l'instant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'en suis très heureux, M. le
Président, je pourrai annoncer, en fin de semaine, à mes
commettants que le ministre est d'accord avec moi et je le remercie.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois, M. le Président, que c'est
là une interprétation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sous toute réserve, naturellement, du
sabotage que pourra accomplir son collègue de Jonquière.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne m'engage pas à faire quoi que ce
soit tant que je n'aurai pas tous les éléments d'un
problème sous les yeux. Ce que je m'engage à faire, par exemple,
c'est de prendre des décisions justes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, la
décision que nous avions prise étant juste, j'imagine que le
ministre va y donner suite. D'autre part, je ne conçois pas qu'il ne
soit pas parfaitement informé de la situation en ce qui concerne cette
bibliothèque publique puisque le cas avait déjà
été réglé et que le gouvernement avait pris des
engagements à cet égard. J'annoncerai donc à mes
commettants qu'il y aura bibliothèque régionale de prêts
à Chicoutimi et le ministre expliquera, par la suite, s'il est d'accord
avec son collègue de Jonquière, qui veut la transporter à
Jonquière.
Il y aura donc deux bibliothèques publiques nouvelles de
créées cette année, une à Cowansville, comme on l'a
dit ce matin, et une autre à Chicoutimi ou dans les environs selon que
le décidera le gouvernement en vertu du principe de la reconnaissance.
Ce sont là les deux seules bibliothèques qui seront
créées en raison du budget, j'imagine, des problèmes qui
se posent...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est bien cela. Ce sont les deux seules
demandes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les deux seules demandes qui ont
été faites.
Alors, pour les observations générales, M. le
Président, je pourrais m'en tenir là. Toutefois, j'aimerais
porter à l'attention du ministre un projet que nous avions mis de
l'avant, qui allait se concrétiser, qui a été
retardé pour des raisons budgétaires, c'est le projet d'une
bibliothèque centrale, une sorte de centrale de prêts sous la
régie des Affaires culturelles, afin de fournir des services à
des localités qui sont éloignées et qui ne peuvent pas
bénéficier des services des grandes bibliothèques
régionales ou des bibliothèques municipalisées. Il y a, en
effet, dans le Québec, un très grand nombre de localités
dont le nombre d'habitants reste restreint et il est difficile de demander aux
municipalités de ces localités de contribuer des montants
importants selon les normes prescrites par la réglementation des
bibliothèques publiques.
Le gouvernement a-t-il l'intention de poursuivre des études en
vue de la réalisation de cette sorte de centrale de prêts qui
serait sous la régie du ministère des Affaires culturelles, du
service des bibliothèques publiques, plus précisément?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, comme j'ai parcouru tous les dossiers,
celui-là a également attiré mon attention.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez parcouru tous les dossiers. Celui de
Chicoutimi aussi, alors j'imagine que vous étiez bien renseigné
sur le cas de Chicoutimi. Alors, passons sur le cas de Chicoutimi pour revenir
à cette centrale de prêts. Le gouvernement a-t-il l'intention de
posséder bientôt, dans le cadre du nouveau budget qu'il
présentera, et est-il disposé à mettre des fonctionnaires
au travail afin de préparer cette centrale de prêts pour desservir
les localités éloignées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, un travail
considérable a été fait au niveau des fonctionnaires.
D'ailleurs, le projet a déjà été
présenté au budget B, et le sera encore, soyez-en assuré,
il n'y a pas le moindre doute sur le plan des principes. C'est un projet
valable, nécessaire, et j'irais même jusqu'à dire
indispensable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est très bien, M. le
Président. A moins que mes collègues n'aient des observations,
nous sommes prêts à passer au sous-article 1.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Sous-article 1 : Traitements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, alors 9 (9) en
personnel, aux traitements, qu'est-ce que cela veut dire?
UNE VOIX: Pas grand-chose.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Traitements: autorisés: 9, en place: 9,
vacant: aucun.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Aucun. Alors, M. le Président,
d'accord.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Sous-article 1, adopté. Sous-article
2: Frais de voyage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Adopté. Sous-article 3: Frais de
bureau et autres dépenses.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste 6, article 3: Archives du
Québec.
Archives du Québec
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Aux Archives du Québec, j'imagine
étant donné les changements qui se sont produits et la
nomination d'un conservateur en chef des archives nationales du Québec
que le ministre est en mesure de faire un exposé de la politique
du gouvernement concernant les archives.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les archives constituent une institution
à caractère culturel et administratif, dont le but est la
conservation et la diffusion des documents utiles à la
collectivité. Leur premier objectif est de préserver de la
destruction les actes et contrats qui justifient les droits de l'Etat, ceux des
particuliers et des sociétés, et tout autre document utile
à la connaissance de notre passé. Les archives sont
constituées de quatre services: la section des manuscrits qui a, bien
sûr, la charge de tous les documents; une bibliothèque
spécialisée en histoire du Canada; une section des cartes et
gravures, puis un service de généalogie. Je vous signale, en
passant, qu'au cours de l'année dernière, les archives ont
répondu à plus de 4,500 chercheurs de maintes disciplines:
historiens, généalogistes, étudiants, linguistes et
autres. Les archives relèvent de la loi 88 qui a été
sanctionnée le 12 décembre 1969.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Lorsqu'on a démembré le
Secrétariat d'Etat.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au moment où on a démembré
le Secrétariat d'Etat et qu'un regroupement des services a
été effectué au sein de certains ministères.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le problème qui se pose aux archives,
et qui est certainement la pierre d'achoppement de la réorganisation de
ce service, est le problème des locaux. Les archives sont logées
dans l'édifice occupé par le Musée du Québec. Nous
avions entamé des pourparlers avec le ministère des Travaux
publics afin de voir de quelle façon il serait possible de
déménager les archives et de les loger en un lieu où elles
fussent plus accessibles, ce qui eût en même temps permis de
dégager le musée, de lui permettre de s'épanouir, et de
prendre un peu plus d'espace dans un local qui est déjà
très restreint. Est-ce que le ministre est en mesure de nous dire
quelles ont été les dispositions pratiques qu'il a prises en vue
de loger convenablement le service des Archives nationales du
Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le député de Chicoutimi met
l'accent sur le problème essentiel auquel nous avons actuellement
à faire face, problème qui existe depuis que les archives sont
passées au ministère des Affaires culturelles. Le
ministère des Travaux publics, qui doit voir à nous loger, est
saisi du problème et j'ai eu l'occasion d'insister encore
récemment pour qu'on essaie d'y donner suite.
Certains projets ont été mis de l'avant, dont un en
particulier, qui consistait à utiliser les locaux de la prison qui se
trouvent sur les plaines d'Abraham, mais ce projet est actuellement mis de
côté. D'autres possibilités sont en cours
d'étude.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelles sont les raisons pour lesquelles on
aurait écarté le projet de loger les archives à la prison
dans ce qui sera bientôt l'ancienne prison de Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II semble que l'édifice serait
démoli. C'est là le point de vue du ministère des Travaux
publics et nous en avons été informés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'imagine que la Commission des monuments
historiques aura un mot à dire à ce sujet-là, parce qu'il
s'agit d'un édifice historique. On ne va pas le démolir comme
ça. Enfin, nous en reparlerons au moment...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous le signale tout de suite, il ne s'agit
pas d'un édifice classé, mais d'un édifice digne
d'intérêt à certains points de vue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelles sont les endroits où il est
possible que les archives soient logées? Il y a certains critères
à retenir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est l'un des nombreux problèmes de
locaux auxquels nous avons à faire face.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faut que les archives soient situées
en un lieu qui les rendent accessibles. D'autre part, il faut que
l'édifice soit à l'épreuve du feu etc. et qu'il ait les
commodités que n'ont pas certains édifices qu'on peut louer pour
d'autres services. Est-ce que le ministre a des intentions? Est-ce qu'il a fait
un inventaire des lieux disponibles ou s'il va falloir attendre encore des
années avant que l'on ne loge convenablement les archives?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un des problèmes que je crois
extrêmement importants. C'est, curieusement, peut-être un des
problèmes dont on m'a saisi. Le ministère des Travaux publics a
mis l'affaire en train. Je répète que j'ai moi-même
insisté auprès des autorités du ministère des
Travaux publics de manière à accélérer cette
location.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous suggère d'insister beaucoup
auprès du ministère des Travaux publics.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Rassurez-vous, j'insiste beaucoup, non seulement
en ce qui regarde les archives mais également les conservatoires, comme
tous nos autres problèmes de locaux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai pas besoin d'apprendre à mon
collègue que le ministère des Travaux publics n'est pas
remarquable par sa célérité, par son efficacité. Il
faudra que le ministre insiste et insiste beaucoup, qu'il demande l'aide de ses
fonctionnaires pour constamment rappeler ces problèmes au
ministère des Travaux publics.
M. BROCHU: Est-ce que le ministre connaît le but de la
démolition de la prison?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministère des Travaux publics a fait
des études là-dessus et j'essaierai de vous en faire parvenir, si
vous désirez les principaux éléments. Il y a certains
édifices qu'il faut parfois démolir, parce que c'est plus
rentable de le faire que de les restaurer ou de les réaffecter à
d'autres usages.
M. CHARRON: Pour continuer les remarques du député de
Chicoutimi sur le problème essentiel des archives, soit le manque de
locaux, dans vos arguments auprès du ministère des Travaux
publics vous pourrez vous-même invoquer la définition des archives
que vous nous
avez donnée au tout début. C'est-à-dire que si l'on
commence à s'entendre maintenant pour considérer les archives
comme étant à la fois d'une utilité culturelle et
administrative et comme étant à la fois un secteur
d'activité culturelle et administrative, la première condition
pour que ces deux fonctions soient remplies implique évidemment les
locaux. Dans les locaux actuels, j'ai l'impression que vous arrivez, par la
grâce et les méninges torturées des fonctionnaires,
à administrer d'une façon assez convenable, même si le
budget est très réduit; mais la partie de rayonnement, la partie
strictement culturelle des archives n'est pas reluisante. Est-ce que c'est
seulement la faute des locaux? Je dirais que si les locaux sont peut-être
une des causes principales, il faudrait étudier vraiment tout le
problème.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La question des locaux est extrêmement
importante. Il y a également le fait que le ministère des
Affaires culturelles est chargé des archives depuis un temps
relativement court. Mon prédécesseur n'a pas eu, semble-t-il, le
loisir de régler ce problème pour cette raison même. Je
poursuivrai les efforts entrepris et, en fait, ces efforts n'ont jamais
cessé depuis le début.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, au chapitre des
archives, est-ce que le ministre pourrait nous donner les définitions de
ce qu'il considère comme archives, c'est-à-dire comme documents
devant être remis à sa responsabilité? Ce problème a
été évoqué à maintes reprises en Chambre. Il
a fait l'objet de consultations interministérielles et il y avait
certains conflits idéologiques en ce qui concerne la définition
des archives comme telles. Qu'est-ce qui est archives au sens où on
l'entend aux ministère des Affaires culturelles? Et qu'est-ce qui est
archives au sens administratif du terme, c'est-à-dire documents qui
doivent rester en dossier jusqu'à ce que l'on ne sente plus le besoin
d'y recourir pour consultation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne pourrais imaginer de meilleure
définition que celle que donne la loi même, le bill 88,
c'est-à-dire la loi abrogeant la Loi du Secrétariat et modifiant
d'autres dispositions législatives. A l'article 25, on lit que: "Les
archives nationales du Québec comprennent les documents de nature
publique ou privée, ainsi que les documents historiques que le
conservateur acquiert ou qui sont confiés à sa garde,
conformément aux dispositions de la présente loi et des
règlements adoptés en vertu de la présente section, par le
lieutenant-gouverneur en conseil."
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, lorsqu'on parle de documents
publics ou privés, M. le Président c'est justement
là où je veux en venir qu'est-ce qui peut être
considéré comme document public et faire partie des Archives
nationales du Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Par exemple, M. le Président, les
archives de l'ancienne province du Canada sont des documents qui appartiennent
à l'Etat. Je cite également les documents des ministères
et des organismes du gouvernement qui ne servent pas à l'administration
courante mais qui peuvent avoir une valeur historique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors les documents administratifs qui peuvent
avoir une valeur historique, où sont-ils?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ainsi que le compte-rendu des travaux de
notre commission, dans un certain nombre d'années, étant
donné que nous sommes penchés sur des problèmes d'une
extrême importance pourra peut-être, être conservé aux
archives et nos descendants les liront avec plaisir !
M. CHARRON: Alors, on étudiera ce qu'aura été la
province!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous pose ces questions parce qu'il a
été à maintes reprises, porté à ma
connaissance, le fait que des ministères avaient entrepris à un
certain moment de détruire des documents administratifs. Je suis
intervenu immédiatement auprès de mes collègues à
ce moment-là, pour empêcher qu'on détruisit ces documents,
particulièrement des documents concernant des cas de faillites qui sont
absolument essentiels à l'histoire économique du Québec.
J'attire l'attention du ministre là-dessus afin qu'il veille, avec
beaucoup de circonspection, à la conservation de ces documents et qu'il
s'occupe d'intervenir auprès de ses collègues, toutes les fois
qu'on entreprendrait de détruire de tels documents. Evidemment dans ces
documents il y a beaucoup de paperasse qui peut être détruite mais
l'ensemble des documents administratifs constitue des documents à
portée historique, immédiate ou pour l'avenir. Je voudrais bien
que le ministre s'enquière régulièrement auprès de
ses collègues des actes de vandalisme qui sont toujours, qui peuvent
toujours être commis.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'ailleurs, M. le Président, je
précise que la loi prévoit cette difficulté qui existe et
interdit nommément à tout ministère ou organisme de
détruire des documents de quelque catégorie que ce soit avant,
et ceci est important de les avoir soumis à l'examen du
conservateur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est cela. C'est une excellente loi que
j'avais fait voter. Je voulais bien que le ministre m'assurât qu'il en
avait pris connaissance et qu'il ne s'interrogeait
pas là-dessus, à l'heure actuelle, qu'il était
convaincu...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense vous en avoir donné une
démonstration.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, toujours au
sujet de ces archives, quelles sont les intentions du gouvernement concernant
les greffes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cette admirable loi qui a tout prévu
comporte, également, un article où il est question des
greffes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, je le sais mais, il y a la loi et il y a
l'application. C'est cette partie-là qui m'intéresse d'ailleurs,
je la connais.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il ne semble pas que les archives soient d'une
activité très considérable encore dans ce
domaine-là. Il y a des problèmes de locaux et également
des problèmes de personnel qui se posent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce que vous diriez
là-dessus?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On n'a pas besoin d'excuse, c'est un fait. Il ne
semble pas qu'on se soit encore occupé de ce secteur, d'après le
fonctionnaire qui est le directeur des archives.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, il avait
été question, au ministère des Affaires culturelles, sous
mon administration, d'un inventaire général des greffes, des
greffes privés, des greffes publics, afin de voir quels sont les
documents des archives qui pourraient être rapportés au
ministère des Affaires culturelles et placés sous la surveillance
du conservateur en chef. Est-ce qu'on entend procéder bientôt
à un inventaire des greffes? J ai reçu, au cours de mon mandat,
de multiples représentations de notaires, de greffiers, de
protonotaires, de gens commis à la conservation des archives, des
greffes, demandant au gouvernement d'intervenir. Je comprends qu'il y a des
problèmes de locaux, mais cela n'empêche pas pour autant le
gouvernement et le ministère de procéder à l'inventaire de
ces greffes et de s'assurer de l'existence de ces greffes, de l'existence de
tel et tel document dans les greffes et des conditions de
sécurité dans lesquelles peuvent se trouver, à l'heure
actuelle, ces documents, afin que, lorsque le ministère sera en mesure
de les récupérer, ces documents se trouvent dans un excellent
état. Et je mentionne notamment le cas d'un greffe de Chicoutimi. J'ai
visité ce greffe à plusieurs reprises pour y faire des recherches
et je me suis rendu compte que les archives qui s'y trouvent ne sont pas
conservées dans des conditions idéales. Il en est ainsi des
archives de plusieurs palais de justice, de certains greffes privés et
j'aimerais savoir du ministre s'il entend demander à des fonctionnaires
de procéder le plus tôt possible à un inventaire des
greffes, afin de savoir où se trouve, dans ce domaine, le patrimoine
national.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On m'informe qu'il y a déjà
quelques volumes, 23 pour être plus précis, reproduisant des
greffes de notaires qui ont déjà été
publiés. Il va de soi qu'il s'agit là d'une fonction importante
du service et que les travaux continueront.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, si l'on tient compte évidemment
des recherches qui ont été faites et je pense notamment
aux recherches qui ont été faites par M. André Vachon, qui
a publié un excellent ouvrage sur l'histoire du notariat on sait
que les travaux ont été entrepris. Mais lorsque je parle
d'inventaire, je parle de l'inventaire physique, c'est-à-dire que je
voudrais savoir si le ministre est disposé à affecter un
fonctionnaire qui irait faire l'examen des greffes, afin de voir dans quelles
conditions sont conservés les documents.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela me parait être une suggestion
très heureuse, mais, bien sûr, limitée dans le cadre des
effectifs disponibles et dans le cadre du budget. On m'informe que ceci a
été tenté d'une manière parcellaire à
Québec même.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. le Président, au sujet
de la réorganisation puisque c'est bien de réorganisation qu'il
s'agit, est-ce que le ministre pourrait nous faire connaître
l'organigramme du service des archives du Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas eu de réorganisation depuis
que le ministre est là. En somme, nous décrivons l'état
antérieur, c'est-à-dire cette période qui a
succédé au démembrement du Secrétariat. Est-ce que
nous pourrions faire parvenir au député de Chicoutimi et au
député de Saint-Jacques...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, je ne veux pas entendre cela, j'imagine
que le conservateur en chef a l'organigramme. C'est que j'ai certaines
questions à poser concernant cet organigramme: les définitions de
fonction, etc., ensuite la politique que le ministre entend suivre afin de
mettre chacun à sa place et de distribuer les tâches.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux vous affirmer qu'une politique sera
suivie, que chacun sera à sa place et que les tâches seront
distribuées.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais cela...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais la situation que nous décrivons est
la situation antérieure, que je trouve en arrivant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'est ce que je voudrais savoir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et je m'y appliquerai.
L'organigramme reproduit les explications préliminaires que
j'avais préparées concernant les différents services:
section des manuscrits, bibliothèques spécialisées en
histoire du Canada, section des cartes et gravures et service de
généalogie. Et je rapproche ces explications des effectifs qui
sont de 29. Nous avons 26 fonctionnaires en place et trois vacances: un adjoint
aux cadres supérieurs, un attaché d'administration, un auxiliaire
en recherche et information.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, maintenant il y a le conservateur en
chef. Alors, qui est responsable de chacune des sections dont a parlé le
ministre: manuscrits, bibliothèques spécialisées, cartes
et gravures, généalogie?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai ici le nom de tous les fonctionnaires avec
leur fonction, leur traitement, leur affectation, la date de leur entrée
en fonction.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, est-ce que le ministre pourrait nous
donner les noms? Les traitements c'est sans importance.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous voulez que je vous donne tous les noms?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est-à-dire les noms des responsables
des sections manuscrits, bibliothèques spécialisées
d'histoire du Canada, cartes et gravures, généalogie.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas encore de chef dans chacune de ces
sections, M. le Président, parce qu'il ne semble pas que l'organisation
soit terminée. Elle a commencé lors de ce transfert de
responsabilité du Secrétariat au ministère, et elle
continue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, à l'heure actuelle, il y a quand
même quelqu'un qui s'occupe spécialement des manuscrits? M.
Mathieu?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Mathieu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et la bibliothèque
spécialisée en histoire du Canada.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons un certain nombre d'agents culturels.
M. Héon s'occupe de la section de cartographie. M. Auger s'occupe de la
généalogie; il s'agit à ce moment-là d'affectation
de fonctionnaires, dans le cas d'une réorganisation à des
secteurs particuliers. Je ne crois pas qu'on puisse parler de services vraiment
structurés. Mais on va s'y employer, croyez-moi. M. Drolet est directeur
de la bibliothèque.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Alors il y a des sections qui resteront
à peu près les mêmes, compte tenu des développements
que connaîtront les archives. Au sous-article des traitements, nous
examinerons le problème des affectations d'une façon plus
précise.
Alors, M. le Président, nous pouvons donc considérer que
le ministre a pris en main la situation et qu'à l'occasion de ce
remaniement du service des archives, il donnera à cette institution une
organisation très sérieuse, très solide, qui nous permette
de conserver ces documents qui font partie du patrimoine national, comme je
l'indiquais tout à l'heure.
Ce sont là les quelques questions d'ordre général
que je désirais poser au ministre, au chapitre des Archives du
Québec. Quant à moi, je suis prêt à passer au
sous-article 1 : Traitements.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste 6, article 3, sous-article 1:
Traitements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelle est la situation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je reviens sur ce que j'ai signalé tout
à l'heure, autorisés, 29; en place, 26; vacants, 3.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quels sont les postes vacants?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Un adjoint aux cadres supérieurs, un
attaché d'aministration, un auxiliaire en recherche et information.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'adjoint aux cadres suprérieurs,
quelles fontions devra-t-il remplir?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un poste vacant.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Mais il n'est pas créé pour
rien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On songe à établir une succursale
à Montréal, plus exactement, un prolongement des Archives. D
n'est pas impossible, dans la planification prévue, que l'adjoint aux
cadres supérieurs puisse remplir ce poste. En fait, actuellement, il n'y
a rien de défini pour la fonction.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voilà une indication extrêmement
précieuse. On songe donc à établir une section des
Archives nationales du Québec, à Montréal. J'aimerais bien
que le ministre élabore un peu plus là-dessus, car voilà
une chose intéressante au sujet de laquelle nous aimerions avoir de plus
amples renseignements. Où cela va être logé? Quel va
être le personnel qui y sera affecté? Quelles seront ses
tâches?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous en sommes encore au niveau des
études, études qui ont été, semble-t-il,
entreprises il y a quelques mois. Mais apparemment, dans ce secteur, rien n'a
débloqué pendant cette période, rien n'a
débloqué non plus dans la période des deux derniers mois,
mais nous allons poursuivre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, cette intention du ministre
d'établir un bureau des Archives à Montréal peut-elle nous
laisser croire que le ministère a, dans ce domaine précis,
l'intention d'établir des relations très étroites avec les
grandes maisons d'enseignement, particulièrement celles du niveau
supérieur, c'est-à-dire les universités, notamment
l'Université du Québec? Pour éviter la duplication...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ces relations existent déjà. Les
archives, comme je l'ai indiqué, sont au service de tous, de tous les
chercheurs et ces derniers se recrutent en général parmi les
universitaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je veux bien, mais il reste que le
conservateur en chef des Archives du Québec, étant commis
à la conservation des documents d'intérêt public, doit
s'inquiéter de savoir ce qui existe dans les universités. Je
comprends que tous ces documents sont à la disposition des chercheurs,
mais est-ce que le ministère n'envisage pas de mettre en place des
mécanismes de coordination qui fassent qu'il n'y ait pas de chasse
gardée, surtout qu'il n'y ait pas duplication dans le domaine des moyens
financiers et des énergies humaines?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que tout cela va de soi; c'est une
très bonne description des fonctions du service.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a-t-il l'intention de voir
à orienter la politique des archives dans ce sens?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministre va orienter la politique des
archives, dont on a fort besoin, comme il le fera dans les autres secteurs,
où également une politique semble s'imposer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il
a l'intention d'entreprendre des consultations avec des gens qui sont des
conservateurs d'archives dans les bibliothèques, dans les
universités, dans les collèges?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour ma part, je suis partisan de consultations
et de la participation la plus élargie possible.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cette réponse générale ne
peut pas me satisfaire parce qu'il me vient à l'esprit des cas bien
précis. Ce n'est pas pour rien que je pose cette question. Il se trouve
dans les maisons d'enseignement, à quelque palier que ce soit, des
documents qui sont véritablement des documents d'archives. Il y, a
d'autre part, le marché des archives qui pose un problème de
concurrence assez sérieux au gouvernement. Ce marché des archives
n'est pas seulement ouvert aux citoyens du Québec, mais aux citoyens qui
vivent en dehors du Québec et qui viennent piller littéralement
le Québec en achetant des documents d'archives, qu'ils se procurent
à divers endroits, notamment dans des maisons d'éducation qui,
disent-elles, les ont en double. C'est la raison pour laquelle je demande au
ministre...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si elles les ont en double, je me demande si ce
sont les originaux qui sont vendus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a des documents qui peuvent fort bien
être des originaux de publications qui ont été tirés
à quelques milliers d'exemplaires, mais qui restent des documents
d'archives, vu leur rareté actuelle. Il ne s'agit pas des lettres
manuscrites de Louis XIV à madame X ou Y.
Il s'agit de savoir, si le ministre, par le service des archives, a
l'intention d'exercer une surveillance étroite sur la sortie des
archives. Je sais et je ne mentionnerai pas d'institutions, des maisons
d'enseignement en particulier qu'il y a des maisons d'enseignement qui
ont vendu récemment, à des musées et à des
bibliothèques situés dans des territoires des autres Etats
membres de la fédération, des documents extrêmement
importants. Il y a d'autre part, dans tout le Québec, des rabatteurs qui
se font fort de dénicher des pièces très rares et de les
vendre à leur compte à des étrangers.
C'est la raison pour laquelle j'insiste et je demande au ministre s'il a
l'intention d'établir des mécanismes de coordination avec les
universités, avec les maisons d'enseignement afin que le conservateur
ait une vue d'ensemble de ce qui existe et empêche aussi la sortie de
pièces très importantes.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Tout à l'heure, l'honorable
député de Chicoutimi nous a dit qu'il avait terminé les
discussions globales sur les Archives du Québec. Nous étions
à l'article: Traitements. Pendant la discussion, on a parlé
d'un adjoint aux cadres supérieurs, on a mentionné
Montréal. J'ai donné au député de Chicoutimi
l'opportunité de poser quelques questions sur ce secteur de
Montréal, et je demande à la commission de revenir à
l'article: Traitements.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, permettez-moi de vous
faire observer...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Parce que l'on revient à une
discussion générale sur les archives et nous devons nous en
tenir, selon les règlements, à l'article: Traitements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas du tout! Permettez-moi de vous faire
observer que c'est le ministre lui-même qui nous a indiqué, au
sous-article des traitements, qu'il avait l'intention d'affecter quelqu'un
à Montréal pour le service des archives. C'est à
l'occasion de ces observations que je lui ai posé des questions. Le
ministre a bien voulu répondre...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): D'ailleurs il a répondu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si vous le permettez,
j'ai la parole. Je vais m'expliquer et, après ça, vous porterez
un jugement...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Vous revenez toujours aux mêmes
explications...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je tiens à vous informer d'autre part
que l'on n'emploie pas le mot "opportunité", mais le mot "occasion".
C'est un anglicisme, parlez français avant d'être...
M. BROCHU: M. le Président, je veux profiter de l'occasion pour
vous rappeler que vous êtes le président et que je ne crois pas
que ce soit...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le gars de Caouette s'est prononcé
là.
M. BROCHU: Même si le député de Chicoutimi avait
peut-être un béret blanc à l'intérieur de sa
tête et non pas sur sa tête, je me permets de mentionner...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Votre éloquence ne vous empêche
pas de nous faire savoir que vous êtes de la génération de
ceux qui se sont vendus à Pearson.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): A l'ordre! Archives du Québec,
sous-article 1...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, je reviens à ce que je disais,
à savoir que c'est le ministre lui-même qui a ouvert le
débat, qui l'a prolongé et qui nous a indiqué son
intention d'affecter quelqu'un aux archives à Montréal. C'est
à l'occasion de cette déclaration du ministre que je lui ai
posé des questions qui portent sur l'affectation des fonctionnaires,
donc qui se réfèrent directement à ce sous-article des
Traitements.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Alors, nous revenons au sous-article:
Traitements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cet adjoint aux cadres supérieurs,
qu'est-ce qu'il va faire? Nous avons perdu le fil, avec cette interruption
intempestive du président.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas déterminé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quels sont les autres postes vacants?
N. CLOUTIER (Ahuntsic): Un attaché d'administration.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce qu'il va faire, et où?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit d'un poste vacant. C'est la
définition habituelle de l'attaché d'administration qui
travaillera aux Archives du Québec.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Et ensuite?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Un auxiliaire en recherche et information. Je
crois que cela décrit assez bien sa fonction.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, cela va de soi. Vous avez dit tout
à l'heure que vous aviez des agents culturels. Quelles sont leurs
fonctions précises?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): E y a trois de ces agents culturels qui
s'occupent du tri et de la classification des vieux dossiers des
ministères. Il y en a un qui s'occupe de la récupération,
de la classification et de l'inventaire des documents privés,
d'intérêt public; un autre s'occupe de l'inventaire des papiers du
régime français et un troisième s'occupe de la
restauration des documents détériorés. Voilà un bon
éventail des différentes fonctions que sont susceptibles
d'accomplir ces agents culturels, qui sont avant tout des archivistes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Aux traitements, il y a des vacances. Est-ce
que des concours ont été tenus? Est-ce que ces vacances seront
bientôt remplies?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Des concours
ont été tenus et là, nous tombons dans le
problème général de ce ministère comme des autres
d'ailleurs. Il y a un bon nombre de vacances qui ne sont pas remplies.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela est normal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela relève de la Fonction publique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les concours et tout cela. Au sous-article des
traitements, d'accord, quant à moi.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste budgétaire 6, article 3,
sous-article 1, adopté. Sous-article 2: Frais de voyage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Adopté. Sous-article 3 : Frais de
bureau et autres dépenses.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans les frais de bureau et autres
dépenses, ce n'est pas très considérable. Adopté,
quant à moi.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Adopté. Sous-article 4: Achat de
livres et documents historiques, photographies de documents historiques,
recherches dans les dépôts d'archives.
M. CHARRON: Sur ce point précis, encore une fois, tout
l'énoncé de la politique du ministre se trouve contredit par les
crédits qu'il vient défendre ici. $13,000 pour un budget total de
$249,000, c'est à peu près 7 p. c. ou 8 p. c. Achat de livres et
de documents historiques, photographies de documents historiques et recherches
dans les dépôts d'archives, c'est à mon avis, à la
fois de la fonction administrative des archives et, en même temps, le
début de la fonction culturelle des archives. Tout cela compromis par le
fait que cela rejoint la politique de l'ancien gouvernement qui avait
accordé le même montant de $13,000. C'est à se demander si
tout le débat que nous faisons, quant à la définition des
archives, quant au rôle de chacun des postes vacants ou occupés,
ne tire pas finalement en longueur inutilement, puisque ce domaine des archives
doit se contenter d'une façon presque ridicule d'un budget de $13,000.
J'aimerais entendre les commentaires du ministre puisque c'est lui qui a
accepté de venir défendre un budget aussi ridicule à ce
chapitre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je suis, bien sûr,
parfaitement conscient du problème. Je crois que les archives peuvent
difficilement trouver dans le cadre budgétaire actuel leur
véritable fonction. Cependant, nous vivons dans un monde de
réalités et de réalités quotidiennes. Il est
beaucoup plus facile d'imaginer des structures lorsque l'on n'est pas assailli
par les problèmes budgétaires. Je crois que c'est un facteur de
réalités pour cette année, en tout cas.
Tout ce que je peux dire, c'est que j'essaierai, avec le plus de
constance possible, de donner à ce service l'essor qui lui revient et
qui lui est nécessaire.
M. CHARRON: Vos savez, M. le Président, qu'en faisant de telles
remarques sur la faiblesse d'un crédit plutôt que sur
l'exagération, on a plutôt tendance à laisser une mauvaise
image à la population et à dire que le gouvernement ne
dépense pas assez à ce chapitre et là, souvent on a des
blâmes provenant de la Chambre. Mais il faut bien voir que si on dit
qu'on ne dépense pas assez au chapitre du sous-article 4, c'est que,
moins on dépense au sous-article 4, plus les dépenses que nous
avons acceptées au sous-article 1, soit celles des traitements,
deviennent un peu sans raison.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas entièrement, M. le Président,
bien que le député de Saint-Jacques n'ait pas tort. Les archives,
même si elles ne jouissent pas encore d'un budget qui leur permettrait de
se développer, jouent tout de même un rôle de conservation
essentiel. Ce rôle est assuré.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Là, M. le Président, au sujet de
ce budget dont on dit qu'il est minable, il faut bien comprendre que la
situation physique dans laquelle se trouvent les archives à l'heure
actuelle, ne permet pas l'acquisition énorme de documents. D'une autre
part, un travail de classification très important à accomplir, et
le démembrement du Secrétariat d'Etat a ainsi accru la
tâche du conservateur et j'imagine que, tout en souhaitant que le budget
de l'an prochain soit augmenté d'une façon importante, nous
sommes certains que les fonctionnaires des archives, qui reçoivent des
traitements de $224,000, ne perdront pas leur temps, parce qu'ils ont du pain
sur la planche et énormément de travail à accomplir. Les
ayant vus à l'oeuvre, je sais qu'on ne peut pas établir ici de
rapport entre les traitements et le montant qui est affecté aux
acquisitions par le service des archives. Comme mon collègue de
Saint-Jacques, comme je l'ai déploré moi-même lorsque je
défendais mes prévisions budgétaires, j'estime que ce sont
des montants qui ne correspondent pas à l'importance des archives et
empêcheront toujours le ministère, si on ne modifie pas la
conception qu'on s'en fait, de rendre ces services culturels via les archives,
comme on l'a souligné au début, en faisant des observations
générales. Le débat n'est donc pas inutile, puisqu'il sert
à nous renseigner sur ce que sont les archives, et informe les
députés de
la Chambre sur un autre aspect de l'activité du ministère
des Affaires culturelles, et qu'il croit faire comprendre à certains
députés de la Chambre, que le ministère des Affaires
culturelles n'est pas, comme on l'a dit très souvent, un
ministère inutile, et que les chefs syndicaux, les chefs politiques,
avec toutes mes grâces aux représentants de madame Mercier et de
M. Caouette, les chefs politiques comprendront que le ministère des
Affaires culturelles, ce n'est pas ce qu'on appelait autrefois la "bebelle"
à Lapalme et que c'est bien devenu quelque chose de sérieux. Je
compte sur le ministre pour presser ses collègues de la
Trésorerie d'augmenter son budget au poste des acquisitions que je suis
prêt à adopter, M. le Président.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mon problème, c'est d'essayer de
réussir parce que je crois que le député de Chicoutimi a
eu des difficultés dans ce domaine-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dès la première année,
j'avais augmenté mon budget de 38 p.c. c'était quand même
pas mal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Depuis quelques années, cela a
été assez difficile.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, parce que nous avions des
difficultés économiques...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... qui ne sont pas disparues...
M. CHARRON: Je me souviens d'avoir lu, dans le journal des Débats
de l'année dernière, M. le Président, que l'ancien
ministre des Affaires culturelles, qui est aujourd'hui ministre du Travail,
avait sur ce chapitre précis, le député de Chicoutimi s'en
rappellera probablement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... s'en souviendra, on se souvient d'une
chose, on se rappelle d'une chose...
M. CHARRON: ... s'en souviendra, d'avoir mis au chapitre $13,000,
d'avoir reçu toutes les invectives possibles de la part du
député de Chambly, à l'époque, concernant la
faiblesse de ces $13,000 et que, cette année, le premier budget du
gouvernement libéral répète exactement la même
chose.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense, M. le Président, que c'est
là un problème de politique générale. Il est exact
qu'il n'y a pas de modification importante dans ce budget, par rapport au
budget du gouvernement précédent. En fait, il y a des
réductions, mais notre premier ministre a bel et bien indiqué
qu'il fallait, pour une année et peut-être deux, consolider une
situation qui nous paraissait précaire. Il ne serait pas
réaliste, pour ce premier budget, d'imaginer qu'on aurait pu, sans
compromettre peut-être l'existence même de la province de
Québec, augmenter, sans contrôle, les budgets.
Je suis le premier à être d'accord avec des idées
exprimées par le député de Saint-Jacques dans le domaine
particulier des arvhives pour qu'il voie quel est mon point de vue. Ceci dit,
le tableau général est ce qu'il est et je me devais de faire
cette remarque.
M. BROCHU: Nous pouvons donc escompter que, pour l'an prochain, par
l'opinion que vous avez exprimée tout à l'heure, on pourra, par
des budgets nouveaux, accorder pleine valeur à la section des archives,
comme il se doit.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sur quoi vous pouvez compter, M. le
Président, c'est que le ministre des Affaires culturelles
présentera un budget satisfaisant qui devrait, dans son esprit,
répondre aux besoins de ce service, comme d'ailleurs aux besoins des
autres services. Mais le gouvernement devra tenir compte de bien des
impératifs et il n'est pas assuré vous comprenez que, dans
ma position, je ne puis vous le promettre que le budget
présenté soit accepté tel quel.
M. BROCHU: Disons que, comme attitude de base, on peut quand même
escompter qu'il y aura certaines prévisions dans ce
domaine-là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que dans tous les domaines dont nous
avons parlé depuis le début, j'ai essayé d'indiquer de
quelle façon je voyais le problème et quelles étaient mes
intentions.
M. CHARRON: On va avoir un budget...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai jamais dit ça. Je crois que, si
le député de Saint-Jacques a écouté soigneusement
ce que j'ai dit, j'ai nuancé considérablement ma pensée et
j'ai essayé de faire la distinction entre le budget idéal, le
budget qui peut être présenté et également le budget
qui est accepté.
M. BROCHU: M. le ministre, nous sommes certainement prêts à
considérer les impératifs du présent budget. Je dois faire
une mise au point, également, pour préciser au phénix des
hôtes de ces bois, c'est-à-dire au député de
Chicoutimi, que le Ralliement créditiste est loin d'être
opposé aux Affaires culturelles...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas ce que votre chef a dit à
Chicoutimi ! Il faudra revenir à la politique et relire les
déclarations de MM. Samson et Caouette qui déclaraient qu'il
fallait abolir le ministère des Affaires culturel-
les, qu'il fallait des emplois pour faire vivre les veuves et les
orphelins. D disait cela et il n'avait pas sa chemise blanche à ce
moment-là...
M. BROCHU: C'est peut-être une question
d'interprétation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... depuis lors, il est devenu le chef des
chemises blanches et il a changé d'opinion. Il faut être
réaliste et je suis heureux que cette discussion ait eu lieu, M. le
Président, afin de sensibiliser les députés de cette
Chambre à l'importance du ministère des Affaires culturelles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois, M. le Président, qu'ils sont
maintenant sensibilisés.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Est-ce que le poste no 6, article 3,
sous-article 4 est adopté? Adopté. Poste no 6, article 3,
sous-article 5: Automobiles, entretien et opération.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Adopté. Poste no 6, article 4:
Direction des monuments historiques.
Monuments historiques
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, voilà un des
secteurs les plus importants de l'activité du ministère, un
secteur capital qui touche spécifiquement à la conservation du
patrimoine national sous la forme de ce qu'on appelle les monuments
historiques. Depuis bon nombre d'années, on s'est occupé de cette
question. Nous avons intensifié les efforts au cours des quatre
dernières années. Il y a des projets d'importance en cours et
nous attendons avec impatience les observations que voudra bien faire le
ministre au chapitre de la direction des monuments historiques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, le service des monuments
historiques a été créé en 1964 pour assister la
Commission des monuments historiques, organisme consultatif qui existait
déjà et qui avait été fondé en 1922. Le
service des monuments historiques assure l'application quotidienne de la Loi
57, loi qui permet la préservation du patrimoine historique et
architectural de la province. Je crois qu'il est intéressant que je
précise les fonctions exactes de ce service. Il s'occupe de
l'administration et de l'entretien de 28 monuments classés qui sont la
propriété du ministère des Affaires culturelles. Il
s'occupe également des 47 immeubles de la Place royale qui appartiennent
également au ministère.
Il contrôle tous les travaux de construction, de modification et
de démolition effectués dans les huit arrondissements historiques
de la province. Il assiste, sur le plan technique et financier, les
propriétaires d'environ 200 monuments historiques classés. Enfin,
il identifie, par voie d'inventaire, les structures et les sites qui ont une
valeur historique, afin d'élaborer une politique à long terme de
préservation et de mise en valeur des sites de la province. Il assure la
réalisation de projets spéciaux, tels la Place royale et les
Vieilles Forges du Saint-Maurice.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): L'honorable député de
Beauce.
M. ROY(Beauce): Est-ce que le gouvernement entend faire un inventaire
plus complet des lieux et des monuments historiques du Québec? A mon
avis, il y a une quantité de sites historiques qui ne figurent pas dans
les archives du gouvernement, qui sont à peu près inconnus du
grand public, que nous aurions avantage à faire connaître et qui
contribueraient en même temps à développer l'industrie du
tourisme chez nous. Cet inventaire devrait se faire, à mon avis, en
collaboration avec toutes les municipalités de la province de
Québec. A ce sujet, le ministère pourrait envoyer une lettre ou
un questionnaire quelconque aux municipalités pour que celles-ci
puissent aviser le gouvernement des différents lieux historiques et des
sites historiques qui peuvent se trouver chez eux.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous procédons à cet inventaire
depuis trois ans seulement. Il est loin d'être complété.
D'ailleurs, c'est un inventaire qui n'a jamais de fin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui est vraiment monumental.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Par définition. La façon
habituelle, celle qui est la nôtre, qui ne représente
peut-être pas la solution idéale, mais c'est certainement la plus
économique. Elle consiste à donner des subventions aux
universités, lesquelles, par des professeurs ou des étudiants,
procèdent à un inventaire régional. Il y a un autre
problème qui est évoqué dans la question du
député, c'est celui de la publicité à apporter
à ce qui existe déjà. Sur ce point, je suis d'accord.
D'ailleurs, le député de Chicoutimi a signalé, dans ses
remarques préliminaires, que l'action du ministère des Affaires
culturelles n'était peut-être pas suffisamment connue. Pour ma
part je vais certainement m'y employer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au sujet de cette question des monuments
historiques, le ministre a bien voulu faire état du travail que nous
avons accompli dans le domaine de l'inventaire, ce qui rejoint les
préoccupations du député de Beauce. Nous voulons
évidemment que cet inventaire soit complété. C'est un
perpétuel chantier parce qu'il y a toujours des choses à
voir et à revoir. Mais nous nous proposions de soumettre, à
l'attention de l'Assemblée nationale, une loi dite du patrimoine
national. Cette loi devait nous en avions discuté les grandes
lignes avec les conseillers juridiques, la formulation n'en avait pas encore
été arrêtée regrouper l'ensemble des services
du ministère des Affaires culturelles en leur gardant l'autonomie dont
ils ont besoin. J'ai dit, M. le ministre, pour répondre à vos
préoccupations, que le texte de la loi n'avait pas été
arrêté, qu'il y avait eu consultation suivie avec les conseillers
juridiques du gouvernement afin d'arrêter le projet de loi. J'ai en main
les projets de loi qui n'étaient pas des versions définitives et
que nous n'avions pas cru bon de soumettre à l'attention de la Chambre,
en raison de certaines implications qu'il nous fallait faire examiner par le
ministère de la Justice.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tout à fait exact, M. le
Président. J'ai fait rechercher, dès le début de mon
arrivée au ministère, ces projets de loi. En effet, il s'agit
d'un domaine extrêmement important sur lequel il conviendra de prendre
des mesures le plus rapidement possible.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Revenons à nos propos, M. le
Président. Je désirais faire observer au ministre ce qui suit. Le
but de ce projet de loi étant de regrouper l'ensemble des services qui
s'occupent précisément de la conservation du patrimoine national,
sous une forme ou sous une autre, tout en gardant, bien entendu, à
chacun de ces services ou de ces directions, une autonomie, l'autonomie
nécessaire.
Le projet de loi allait comporter des dispositions particulières
en ce qui concerne la direction de la Commission des monuments historiques. Il
allait d'abord donner au directeur de la Commission des monuments historiques
une autorité accrue. Il allait, d'autre part, élargir les cadres
de la Commission des monuments historiques, parce qu'il s'agit d'un organisme
consultatif qui abat une besogne que des fonctionnaires n'auraient
peut-être pas le temps d'abattre. Or un des objectifs majeurs du projet
de loi, en ce qui concerne les monuments historiques, était la
classification d'office. Comme on le sait, en vertu des lois actuelles, il nous
faut obtenir l'avis du propriétaire d'un monument dit historique avant
de le classer.
Mais, estimant que cette procédure n'était pas
appropriée, ne correspondait pas aux exigences actuelles de la
conservation du patrimoine, nous avions décidé d'inclure dans la
loi un article qui aurait donné à la commission,
c'est-à-dire à la direction ou à la Commission des
monuments historiques cela restait à définir de
façon plus précise le droit de classer d'office les
monuments, afin de ne pas toujours avoir à discuter avec les
propriétaires, à régler des querelles de famille et
à engager des disputes véritables avec des gens qui ne
comprenaient pas toujours l'importance qu'il y avait de classer des monuments
et qui pouvaient les détruire sans que le gouvernement n'ait la chance
d'intervenir.
Faisant l'an dernier une visite à l'Ile-aux-Coudres, je
m'étais rendu compte que l'on avait à peu près
démoli toutes les maisons à caractère historique de ce
secteur du Québec, secteur particulièrement intéressant du
point de vue touristique. Nous avons donc décidé de
procéder au classement, comme à la déclaration de l'Ile
d'Orléans comme arrondissement historique. H y en a d'autres dans le
Québec, mais celui-là était d'une importance capitale,
parce que ce territoire de l'Ile d'Orléans a déjà
été affreusement mutilé par le passage des lignes de
transmission de l'Hydro-Québec. Car nous ne voulions pas que se
continuât ce vandalisme qui, cette fois, était un vandalisme
gouvernemental.
Nous avions aussi constaté que beaucoup de propriétaires
terriens vendaient leur ferme et que l'on construisait sur l'île
d'Orléans des maisons modernes, des chalets, des cottages à
l'américaine et que l'île d'Orléans allait bientôt
perdre tout cachet historique.
La loi que nous nous proposions de soumettre à l'attention de la
Chambre devait précisément donner au ministère via
le directeur des monuments historiques, via la commission le droit de
classer d'office. J'aimerais entendre, avant d'examiner d'autres
problèmes d'ordre général, l'avis du ministre à ce
sujet et lui demander si cette suggestion peut lui être
agréable.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, il n'y a pas le moindre
doute dans mon esprit que c'est là une loi qui s'impose. La preuve est
que j'en ai parlé très rapidement et que j'ai pris les
dispositions nécessaires pour que notre conseiller juridique puisse nous
préparer, à partir des projets qui ont déjà
été esquissés, de nouveaux projets. Une législation
s'impose. En ce qui a trait au classement d'office, je crois qu'il est
essentiel. En fait, on ne peut pas envisager de classement par agrément
mutuel, s'il n'y a pas de classement d'office. Et tous les pays je songe
en particulier à la France qui ont des services de monuments
historiques et des procédures de classement connaissent les deux types.
Je ne peux donc qu'aller dans le sens exprimé par le
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, discutant toujours
dans une optique générale du problème des monuments
historiques, il y a le problème des contributions du gouvernement. Ce
problème essentiellement budgétaire.
II en coûte beaucoup d'argent pour conserver les monuments
historiques, pour les restaurer, étant donné leur nombre et aussi
étant donné leur éparpillement sur le territoire du
Québec.
Mais, je me demande et cela est pour considération future,
ce n'est pas un projet dans l'immédiat en raison de ses implications
budgétaires très importantes s'il ne serait pas possible
de procéder, comme on l'a fait en France, lorsqu'il s'est agi de ravaler
les monuments. Le gouvernement a commencé par donner l'exemple en
ravalant ses propres monuments, en les nettoyant. Il a ensuite demandé
aux grandes sociétés qui ont des maisons d'affaires dans des
monuments historiques de procéder au nettoyage. Et dans le cas des
particuliers, propriétaires à revenu moyen ou modeste, ou sans
revenu important, le gouvernement français envisageait la
possibilité d'une contribution de l'Etat, selon un pourcentage
établi en vertu de règles, de critères
déterminés. Alors, sans demander au ministre de prendre
immédiatement action dans ce cas, je lui demande si cette façon
d'envisager le problème ne serait pas là une solution dont
importerait de commencer l'application dans des délais relativement
brefs, toujours compte tenu du budget, parce que ça coûte
extrêmement cher.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une recommandation qu'il convient de
retenir, il y en a bien d'autres encore. C'est ainsi que l'on pourrait
peut-être en étudier ce qui se fait en France. Il y a deux
catégories: le classement qui entrafne une contribution d'office et
l'inscription sur l'inventaire qui n'impose pas une contribution
gouvernementale d'office, tout en permettant tout de même une certaine
aide. Ce serait peut-être, si un tel amendement était
apporté, une formule qui permettrait d'utiliser au mieux un budget qui
sera toujours insuffisant, quoique l'on fasse. En ce moment, nous payons au
minimum 40 p. c. des travaux des monuments classés, II s'agit en ce
moment des monuments privés classés, alors que, nous assumons
à 100 p. c. l'entretien des monuments classés qui nous
appartiennent.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Et j'ajoute cette observation: Beaucoup de
citoyens s'alarment de voir disparaître des monuments, ils s'alarment
à bon droit, étant donné que même si on a un nombre
important de monuments ils ne sont pas tous inventoriés
nous n'en avons en somme que peu si l'on considère ceux qui existent
dans d'autres pays. Il y a un livre que le ministre connaît sans doute,
qui est "le dictionnaire des chefs-d'oeuvre en péril" qui a
été publié en France, où on indique qu'il y a
au-delà de 8,000 à 9,000 monuments qui mériteraient
d'être restaurés et remis en état. Alors, évidemment
la situation n'est pas aussi grave ici, mais avant qu'elle ne s'aggrave davan-
tage, je crois qu'il y aurait lieu d'envisager des politiques plus radicales,
plus vigoureuses, et surtout d'insister auprès des citoyens pour qu'ils
considèrent que les monuments historiques, ce n'est pas un luxe, mais
bien un enrichissement et que, en plus d'être des richesses du
patrimoine, ce sont des éléments d'intérêt
touristique de première valeur.
Alors je voudrais également faire observer au ministre au sujet
de la Commission des monuments historiques comme telle nous en parlerons
au sous-article 6, mais il y a une observation d'ordre général
qui s'inscrit ici qui est composée d'un certain nombre de
personnes je n'ai pas besoin de revenir là-dessus mais
j'ai reçu il y a déjà quelques mois une demande de la
ville de Montréal à l'effet d'accorder à la commission
Viger les mêmes droits et pouvoirs qu'à la Commission des
monuments historiques. J'ai fait savoir par téléphone au
président du conseil exécutif de Montréal que le conseil
des ministres n'était pas d'accord, bien que l'on eût retenu la
proposition.
Nous avons, par la suite, réexaminé le problème,
mes collègues et moi, et nous en étions venus à la
solution suivante que nous allions communiquer au conseil municipal de la ville
de Montréal: nous en sommes venus à la solution de refus.
Nous devions plutôt suggérer, et je l'ai indiqué
tout à l'heure, un élargissement des cadres de la Commission des
monuments historiques afin de couvrir davantage les diverses régions.
Nous estimions qu'il était dangereux d'émietter l'autorité
de la Commission des monuments historiques parce que, s'il existe une
commission des monuments historiques pour Montréal, et s'il existe une
commission des monuments historiques pour le reste du Québec, cela
provoquerait fatalement un émiette ment de l'autorité, et cela
aboutirait à soustraire au contrôle du ministre et des
fonctionnaires compétents ce champ de responsabilité de toute
première importance.
J'imagine, le ministre vient de le confirmer, qu'il a reçu
semblable requête et je serais heureux de savoir quelles sont ses
intentions.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est exact que j'ai reçu semblable
requête, il y a même eu une rencontre avec un des
représentants d'une association qui s'intéresse de très
près au vieux Montréal. Mon attitude est exactement celle de mon
prédécesseur sur ce point, et il me paraît impensable que
l'on puisse créer deux commissions des monuments historiques.
M. CHARRON: Quel est le nom de l'association?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est l'Association des propriétaires du
vieux Montréal.
M. CHARRON: Pouvez-vous préciser les rap-
ports entre la Commission des monuments historiques et la commission
Viger et, d'autre part, l'ensemble de la politique des Affaires culturelles
pour le vieux Montréal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La commission Viger joue un rôle de
conseil pour la ville de Montréal, tout en restant assujettie à
la loi générale des monuments historiques. Je crois comprendre
que l'on aurait souhaité pouvoir échapper au contrôle de la
loi générale qui s'applique dans tout le Québec. Je pense
également qu'il ne peut pas en être question. La loi existe et
constitue une protection essentielle du patrimoine. Elle doit s'appliquer sur
toutes les parcelles du territoire.
M. CHARRON: Est-ce qu'il n'y a pas à certains moments un conflit
de juridiction entre la ville de Montréal sur le vieux Montréal
et le gouvernement du Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne peut pas y avoir de conflit de juridiction
dans le cadre de la loi proprement dite. Mais, il y a indiscutablement des
problèmes constants qui se posent et qui doivent être
discutés. Il reste que, par la loi, nous avons le droit de regard sur
tous les édifices qui sont classés, de sorte qu'aucune
transformation ne peut être apportée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis heureux que le ministre nous donne ces
indications parce que, comme je l'ai souligné, la création de
deux commissions des monuments historiques réduirait sensiblement
l'autorité du directeur des monuments historiques et nous
amènerait peut-être à constater des faits
déplorables comme ceux qui se sont déjà produits.
Je porte à l'attention du ministre un exemple. Il y a eu un jour
restauration d'une maison classée dans le vieux Montréal, une
très belle maison, une maison à caractère historique, et
le propriétaire a joui de tous les avantages qu'offrait la Commission
des monuments historiques pour la restauration de sa maison. Il a ensuite eu
l'audace de l'offrir en vente à la Commission des monuments historiques,
c'est-à-dire à la direction de la Commission des monuments
historiques, en fait au ministère, à des conditions
extrêmement onéreuses, et le contrat devait comporter, entre
autres, une clause selon laquelle on laissait à celui qui nous vendait
la maison, que les contribuables avaient restaurée à leurs frais,
la jouissance de la maison plus le rapport de location des logis qu'il y avait
aménagés.
En ce qui a trait à l'Association des propriétaires du
vieux Montréal, je ne veux pas porter de jugement de valeur sur leur
action, parce que je sais qu'ils essaient de préserver le vieux
Montréal, il reste qu'il s'agit là d'un organisme privé et
que l'existence d'une commission à Montréal leur permettrait
peut-être de transiger plus facilement et d'échapper à
l'autorité du ministre et des responsables de la direction des monuments
historiques.
Je suis donc très heureux de constater que le ministre n'a pas
l'intention de morceler l'autorité de la commission.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je précise qu'il y a tout de même
un problème qui n'est pas un conflit de juridiction mais qui est un
problème de rapport entre ce conseil et la commission. J'ai
trouvé, lorsque je suis arrivé au ministère, la situation
suivante, à savoir que la commission qui se compose de sept membres,
comptait trois postes vacants, ceux du président et du
vice-président, de juin 1967, et d'un membre depuis 1968. Je me propose,
par conséquent, bien que ce ne soit pas là une intention
arrêtée, de combler ces postes et probablement de nommer des
Montréalais. Ceci permettrait d'impliquer davantage ce milieu dans
l'élaboration des politiques et dans les procédures de
classement. J'envisage aussi que les réunions aient lieu une fois
à Québec, une fois à Montréal. D n'est pas
impensable que les Montréalais se soient sentis un peu isolés,
étant donné que la commission siège à
Québec. Je crois qu'une formule comme celle-ci, qui n'exige aucune
législation mais uniquement une décision ministérielle,
permettrait peut-être de contrecarrer l'intention qui a été
exprimée par ailleurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est excellent d'entendre le ministre nous
dire cela, parce que, justement, en raison de la loi que nous
préparions, nous n'avions pas cru bon de pourvoir au remplacement de
certaines personnes qui avaient siégé à la commission,
précisément parce que nous voulions élargir les cadres de
la Commission des monuments historiques et que nous voulions en même
temps asseoir davantage l'autorité du directeur des monuments
historiques. J'imagine que le ministre a l'intention de lui conserver toute
l'autorité qu'a actuellement le directeur des monuments historiques, de
l'accroître, si possible, et de lui confier, en particulier, tous les
grands travaux de restauration, particulièrement celui de la Place
royale, dont nous pourrons parler au poste 5. Ce sont là des
observations générales que je voulais faire. Je suis prêt,
quant à moi, à examiner le détail des postes.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Sous-article 1: Traitements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au sujet des traitements, combien de postes
occupés? Combien de postes vacants?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Autorisés 14, en place 14, vacant,
zéro.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'effectif est
complet. Nous adoptons le sous-article: Traitements.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Sous-article 1, adopté.
Sous-article 2: Salaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les salaires correspondent, là comme
ailleurs, aux gardiens, aux concierges.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Gardiens et concierges. Là-dessus, cela
pourrait paraître un peu spécieux au ministre, mais j'aimerais
avoir des détails, parce lorsqu'il s'agit de gardiennage des monuments
hirtoriques on doit être très circonspect. Je n'étais pas
moi-même satisfait de la situation qui existait.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La situation n'a guère changé. Si
vous n'étiez pas satisfait, je ne le serai probablement pas non
plus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais savoir combien il y a de gardiens,
où se trouvent ces gens et quels sont les monuments qui sont
gardés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Là encore, j'ai tous les noms et les
détails. C'est un document assez copieux,
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est-à-dire tous les noms? Non. Il y a
combien de gardiens au total?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voulez-vous les noms?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Non, le total.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons neuf gardiens,
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez neuf gardiens, qui sont
répartis dans combien d'édifices, pour combien de monuments?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans neuf édifices: Berthier, la
Chapelle; Arthabaska, Le musée Laurier; Québec, la Place royale;
l'Ile d'Orléans, l'église Saint-Pierre, etc. Nicolet, Lacolle,
Trois-Rivières, Kamouraska. Chicoutimi n'apparaît pas sur cette
liste
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, parce qu'il n'y a qu'un monument...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pourtant, il apparaît sur bien des
listes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... classé, c'est l'église et le
presbytère de Laterrière.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous vous êtes employés à le
faire classer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous aurez bientôt, je l'espère,
à contribuer.
On n'a même pas oublié Chicoutimi dans ce
domaine-là, région modèle, exemplaire...
M.BROCHU: Oui, comme monument, c'était le député de
Chicoutimi présentement!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'était un excellent monument, et
nous nous proposons même de faire déclarer monument historique la
maison natale de Gilberte Côté-Mercier et celle de M. Caouette,
mais on a jugé que ce n'était pas ni historique ni
intéressant. Alors, M. le Président, il y a donc neuf gardiens.
Est-ce qu'il s'agit de fonctionnaires ou si ce sont des agences?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit de fonctionnaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De fonctionnaires. A la maison Chevalier,
est-ce que c'est une agence?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A la maison Chevalier, c'est une agence.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est Phillips ou Agence Citadelle...
M. CLOUTIER (Ahuntsic); Oui, nous sommes en train de revoir la situation
pour normaliser un peu cette question des agences.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, je l'avais laissé en plan parce
qu'il fallait revoir toute la question du fait qu'il y a beaucoup de
concurrence entre les agences. J'avais lancé des appels d'offres, et les
prix ne concordaient pas, les offres de service ne nous satisfaisaient pas,
alors nous avions laissé la question en plan afin de la régler
lors de la présentation du budget. Donc, le sous-article 2, M. le
Président, adopté.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste 6, article 4, sous-article 2,
adopté. Poste 6, article 4, sous-article 3: Frais de voyage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors adopté, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Adopté. Poste 6, article 4,
sous-article 4: Frais de bureau et autres dépenses.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait nous donner
quelques détails sur ces frais de bureau?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous avez les
frais habituels de bureau, mais également les frais de l'agence
de sécurité de l'hôtel Chevalier. Alors le détail se
lit ainsi: poste, messagerie et transport, $3,500; plaques
commémoratives, $2,500; le solde de $25,000 s'applique à l'agence
de sécurité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Adopté. Article 4, sous-article 5:
Contributions; entretien des propriétés, monuments et objets
mobiliers classés.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Alors là, le ministre évidemment
va nous faire un long inventaire et nous attendons.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si vous voulez un long inventaire, je peux vous
le présenter. Maintenant les deux postes importants à retenir
sont les suivants. Nous dépensons dans le cadre du budget total $130,800
pour l'entretien, l'entretien s'appliquant, comme je l'ai laissé
entendre aux monuments classés dont le ministère est
propriétaire, et $231,100 à titre de contributions aux momuments
classés privés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Evidemment, M. le Président, il y a les
sommes affectées à l'entretien des monuments déjà
classés. Par ailleurs, il y a les contributions à des monuments
qui seront éventuellement classés. Est-ce que ces contributions
apparaissent à ce poste?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai le détail avec les noms et les
montants qui ont été payés par CT.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Jusqu'à quel moment?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Jusqu'au 31 mars.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Jusqu'à la fin du dernier exercice
financier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le détail est à votre disposition
à moins que vous ne préfériez que je le lise.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour ma part, M. le Président, j'en
dispense le ministre, connaissant fort bien quels sont les monuments qui ont
été classés. Maintenant ce qu'il m'intéresse de
savoir, ce sont les projections.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je les ai également, je peux vous en
donner le détail, et les projections correspondent exactement au montant
de $430,000 qui est celui du budget. Beaumont: maison Casot; Boucherville:
église de Sainte-Famille; Deschambault; maison Ar-cand, et la liste
continue.
M. CHARRON: Qu'est-ce qu'il y a pour le vieux Montréal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Montréal: maison de la
Congrégation, certaines fouilles et des réfections de pavage. Ce
sont les deux postes qui m'apparaissent ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La maison de la Congrégation, c'est
celle où est logé le ministère actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont des estimations; d'autres demandes
peuvent rentrer, nous sommes en cours d'année.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La maison de la Congrégation, c'est
celle où se trouvent actuellement les services du ministère des
Affaires culturelles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est bien celle-là, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ne comptera pas dans les contributions
l'aménagement du bureau du nouveau ministre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): H n'était pas
aménagé...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont les Travaux publics qui vont s'en
occuper, j'espère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On le fera, ce qui pourra économiser des
frais de voyage à certaines personnes qui peuvent me voir à
Montréal plutôt qu'à Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est dans un esprit d'austérité
que j'ai procédé ainsi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est excellent, M. le Président. C'est
d'ailleurs moi qui avais pris l'initiative de faire aménager des bureaux
pour le ministre dans ce coin de Montréal, parce que Montréal
même si elle n'est pas la capitale administrative, est quand même,
du point de vue culturel, une capitale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis très heureux de vous l'entendre
dire.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Le ministre vient de nous dire, concernant non pas les
subventions, mais les contributions, qu'il restait accessible à cer-
tains appels qui pourraient survenir. Combien est prévu,
justement, au poste, sur $430,000, pour les autres demandes qui pourraient
venir au cours de l'année?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons fait des estimations qui sont
à peu près les montants que je vous ai donnés,
c'est-à-dire que, dans le cadre de $430,000, nous pensons affecter
à peu près $150,000 à l'entretien et $280,000 aux
contributions. Ceci peut être modifié suivant les cas
d'espèce qui ne cesseront pas de se présenter.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et j'imagine je dis cela surtout
à l'intention des membres de la commission que la programmation
dans ce domaine est faite ordinairement un an d'avance. On a les monuments
classés pour lesquels il est nécessaire de procéder
à des restaurations, des réparations, etc., et, à mesure
que les monuments sont classés, surviennent les demandes.
Forcément, il y a une liste d'attente selon l'urgence des
problèmes qui se posent. S'il y a une toiture à réparer,
bien souvent il faut le faire tout de suite. Mais, être obligé de
programmer un an d'avance, c'est ce qui explique pourquoi le ministre ne peut
pas indiquer quels sont tous les monuments qui pourront, éventuellement,
être restaurés ou réparés au cours du prochain
exercice. Mais il y a quand même une somme de $430,000 qui correspond
à des projections que vous avez et je suis sûr, étant
donné la compétence du directeur des monuments historiques, qu'il
n'y aura pas de mauvais emploi des deniers publics dans ce secteur.
M. le Président, c'est avec grande joie que je propose qu'on
adopte le sous-article 5. Mais avant d'en proposer l'adoption formelle, je
voudrais demander au ministre à quel article il entend discuter avec
nous des projets de Place royale? Est-ce au chapitre des immobilisations?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que cela viendrait logiquement au
chapitre des immobilisations. Mais je peux en discuter quand vous voudrez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une question qui est très
intéressante. A moins que le ministre veuille qu'on y procède
immédiatement...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce serait peut-être plus simple d'attendre
les immobilisations, puisqu'il s'agit véritablement de dépenses
de cet ordre. A moins que vous vous y opposiez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous sommes très heureux de nous
soumettre à ce désir du ministre et d'adopter le sous-article 5,
M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste 6, article 4, sous-article 5,
adopté. Poste 6, article 4, sous-article 6: Commission des monuments
historiques: Allocations de présence, frais de déplacement et de
séjour.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Adopté. Poste 6, article 5: Institut
national de la civilisation.
Institut de la civilisation
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous avons
créé au ministère des Affaires culturelles 1'Instit.ut
national de la civilisation. Nous avons créé cet institut qui a
des buts bien spécifiques qui, naturellement, se rattachent non
seulement à la conservation du patrimoine, mais davantage à sa
manifestation extérieure, c'est-à-dire à la connaissance
que doivent en avoir les citoyens et à l'enrichissement qu'ils peuvent
en tirer. Il y a bien d'autres éléments qui se greffent sur ces
objectifs généraux de l'Institut national de la civilisation,
mais je crois qu'à l'avantage des membres de cette commission, il serait
intéressant d'entendre le ministre nous dire quelle est la conception
qu'il se fait de l'Institut national de la civilisation et je vois qu'il est
assisté du directeur de l'Institut national de la civilisation, M.
Lachapelle, dont la haute compétence administrative ne peut pas
être mise en doute.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'Institut national de la civilisation,
malgré son nom, est un service du ministère des Affaires
culturelles. Il remplit en quelque sorte les fonctions d'un musée
d'ethnographie.
Il s'emploie à réunir de la documentation dans un centre
de documentation, il recueille des spécimens muséographiques
susceptibles d'être prêtés à des musées
régionaux, à des laboratoires de recherches dans les
universités québécoises. A ces fonctions s'ajoute
l'assistance aux musées régionaux, assistance scientifique,
assistance technique. Le député de Chicoutimi avait d'ailleurs
fait allusion aux musées régionaux et souligné leur
importance.
L'Institut national comporte un centre de documentation qui permettra le
dépouillement sur fiches et photographies du contenu de tous les
musées régionaux du Canada français. Des microfilms
codifiés pourront être remis et là, nous parlons de projet,
aux organismes intéressés lorsque le montage du centre de
documentation sera terminé. On prévoit également des
expositions qui circuleront dans les centres culturels. De plus, l'institut
cherche à intégrer certaines disciplines: Premièrement,
l'art populaire du Canada français: art paysan et art sacré;
Deuxièmement, technologie et métier troisièmement,
architecture rurale et urbaine; quatrièmement, archéologie
précolombienne; cinquièmement, ethnologie
amérindienne.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'imagine que le
ministre a constaté le bien-fondé, la nécessité de
la création de cet Institut national de la civilisation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministre ne fait que constater le
bien-fondé de certaines décisions, mais cela ne l'empêche
pas de s'interroger sur l'avenir et il continuera de le faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous interrogerons donc à notre tour le
ministre sur son avenir et sur l'avenir de son ministère.
L'Institut national de la civilisation va donc demeurer et il s'occupera
des musées régionaux. Le ministre se rappelera qu'au moment
où j'ai posé une question relative aux musées
régionaux, il m'avait demandé de différer ma question
jusqu'à ce qu'on en vint à l'examen de cet Institut national de
la civilisation.
Quelle est la politique du ministre des Affaires culturelles en ce qui
concerne les musées régionaux? J'attends avec impatience ce qu'il
me dira du musée de Chicoutimi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je compte favoriser l'implantation et le
développement des musées régionaux. Nous en comptons
actuellement une centaine. Ces musées seront, pour un bon nombre, sujets
à certaines improvisations, et lorsque je parlais il y a quelques
instants d'assistance technique de la part du service que constitue l'institut,
je pensais à une aide précise à ce point de vue.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Lorsque le ministre parle de l'existence des
musées régionaux, il y a actuellement des musées
régionaux qui existent. D'accord. Notamment, par exemple, le
musée de Vaudreuil qui est un beau musée, en passant. Mais ce que
nous avions à l'esprit, lorsque nous avons lancé cette politique
d'implantation de musées régionaux, c'était la
création de musées dépendants directement du
ministère des Affaires culturelles avec, selon les cas, une certaine
mesure d'autonomie. C'est ainsi, par exemple, que dans les discussions que nous
avons eues avec la Société historique du Saguenay, nous avions
décidé d'implanter le premier musée régional, sous
la responsabilité du ministère des Affaires culturelles à
Chicoutimi, pour prévoir, par la suite, l'implantation d'autres
musées de même nature, à mesure que le budget le
permettrait et à mesure que le besoin s'en ferait sentir dans certaines
régions où il existe déjà de petits musées
ou des embryons de musée.
A Chicoutimi, notamment, nous avions fait la location de l'ancien
presbytère et de l'ancienne église de la paroisse de
Saint-Isidore afin d'y installer le premier musée régional dont
la responsabilité devait être confiée au ministère
des Affaires culturelles, mais via c'étaient là des
discussions que nous avions entamées la Société
historique du Saguenay.
La Société historique du Saguenay, après de longues
consultations avec le ministre, avec certains fonctionnaires compétents
du ministère, nous avait fait des propositions, avait posé
certaines conditions et le directeur du Musée du Québec
avant que le gouvernement ne changeât m'avait laissé savoir
qu'il ne s'opposait pas aux conditions que posait la Société
historique du Saguenay. Alors, je voudrais savoir où en sont rendues les
procédures?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me demande, à ce propos, si le
député de Chicoutimi ne pourrait pas user de son influence, qui
est grande dans cette circonscription électorale... Parce que, en effet,
on m'informe qu'un musée dépend de la Société
historique du Saguenay, ou de Chicoutimi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La Société historique du
Saguenay, dont le siège est à Chicoutimi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... du Saguenay, et que Mgr Tremblay en est le
président je ne sais s'il y a un lien de parenté avec le
député de Chicoutimi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un petit cousin du père de ma
mère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis très heureux de l'apprendre; tous
les Tremblay dans cette région étant plus ou moins parents,
n'est-ce pas? On m'informe que Mgr Tremblay, dis-je, refuse au ministère
la permission d'inventorier les documents et les photos intéressantes
qu'il possède. J'aimerais être éclairé sur ce point,
mes fonctionnaires ne semblent pas savoir précisément d'ailleurs,
de quoi il retourne.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les fonctionnaires ont rencontré les
autorités de la Société historique du Saguenay. Je tiens
à préciser que ce n'est pas Mgr Tremblay qui est président
de cette société, mais bien M. Léonidas Bélanger,
de Rivière-du-Moulin, Chicoutimi, là où l'ancien ministre
a résidence. Alors, il y a eu des entretiens entre M. Léonidas
Bélanger, ses collaborateurs et certaines personnes du ministère
des Affaires culturelles, notamment le directeur du Musée du
Québec, et, je crois, M. Juneau. On a examiné le problème
et c'est à la suite de ces rencontres que la Société
historique du Saguenay, sous la signature de son président, M.
Bélanger, a adressé au gouvernement, au ministre des Affaires
culturelles, une lettre dans laquelle on pose certaines conditions, au sujet
desquelles le directeur du musée m'a dit qu'il était
d'accord.
Je demande simplement au ministre si les pourparlers ont
été repris et je veux bien user de mon influence "énorme",
comme dit le ministre, auprès de Mgr Tremblay et de ses
collaborateurs, pour les décider à accepter certaines
conditions. Mais il reste que je voudrais savoir si le ministère
maintient sa position, s'il est prêt à continuer de traiter avec
la Société historique du Saguenay en vue de l'implantation de ce
musée, pour laquelle nous avons loué les deux édifices
dont je parlais tout à l'heure.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais certainement voir le problème
dans son ensemble. Je précise que Mgr Tremblay est le directeur de ce
musée, qu'il est exact qu'il n'en est pas le président. Le
directeur de l'Institut national de la civilisation m'informe qu'il n'a pas
participé, malgré ses fonctions, aux discussions qui ont eu lieu,
semble-t-il, directement, entre le ministre et le directeur du Musée de
Québec. Je vais réunir un dossier sur l'ensemble de la question
et je m'emploierai à prendre les décisions qui s'imposeront.
En fait, là encore, vous allez retrouver la même
façon de procéder que j'entends suivre. Je tiendrai compte de
l'ensemble du problème des musées régionaux. Comme il y en
a une centaine, et comme il est évident qu'un certain désordre
règne du point de vue de la conception, du point de vue de
l'administration et du point de vue de l'organisation, j'essaierai de voir dans
un tableau d'ensemble ce qui peut être fait dans ce secteur qui me
paraît important.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je tiens à faire savoir au ministre que
c'est à la demande de celui qui l'a précédé que M.
Soucy et, un autre fonctionnaire, se sont rendus rencontrer les gens de la
Société historique du Saguenay. Le directeur de l'Institut
national de la civilisation n'a pas participé à ces rencontres,
parce que les pourparlers avaient été entamés avant
même que M. Lachapelle ne devienne directeur de cet institut.
Les membres de la Société historique du Saguenay, ayant
traité avec les directeurs de musée, avaient poursuivi avec lui
leurs pourparlers, et il était bien entendu que le directeur de
l'Institut national de la civilisation allait être invité à
s'occuper activement de l'organisation de ce musée. Ce qui
m'inquiète dans le cas de ce musée régional dont la
création a été annoncée, et au sujet de laquelle on
était d'accord à Chicoutimi, tant d'un côté que de
l'autre, c'est que j'ai entendu dire et je voudrais que l'on confirme ou
qu'on infirme la nouvelle qui est venue à mes oreilles que les
locaux que nous avions loués seraient mis à la disposition d'un
autre service du gouvernement.
Il y a déjà le Bureau d'aménagement culturel qui
est là temporairement, mais il y aurait un autre service très
important du ministère qui s'y installerait.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le presbytère en question qui avait
été loué est actuellement occupé par des
prolongements du ministère, le
Bureau d'aménagement culturel en particulier, et ceci avant
même l'arrivée du ministre actuel. Nous discutons encore d'une
situation antérieure. Je suis parfaitement conscient du fait que le
député de Chicoutimi revienne sur les problèmes qui
intéressent sa circonscription électorale et j'en prends bonne
note.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'installation des membres, des fonctionnaires
du bureau d'aménagement culturel n'était que temporaire. C'est
qu'on attendait que l'inventaire des pièces musiologiques ou
musiographiques fût fait pour procéder à l'installation du
musée. Comme, en attendant, on avait besoin de locaux pour loger les
fonctionnaires du Bureau d'aménagement culturel, on les avait
temporairement installés là tandis que le ministère des
Travaux publics s'occupait de trouver d'autres locaux. D reste toujours qu'il y
a un édifice loué qui coûte de l'argent au gouvernement et
je voudrais savoir si le ministre entend prendre très rapidement des
dispositions, parce que le presbytère est occupé en partie et il
reste tout l'autre édifice qui est l'église. Il se prête
très bien, selon les rapports qui ont été fournis par les
fonctionnaires, à l'installation d'un musée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est évident que les choses vont suivre
leur cours. Le temporaire dont vous avez parlé et qui n'a pas
commencé après mon arrivée, ce temporaire continue.
D'autre part, avant de fonder un musée, il va tout de même falloir
qu'on arrive à faire l'inventaire de ces pièces. Tout ce que je
peux dire à ce stade et c'est une affirmation parfaitement raisonnable,
c'est que je vais étudier le problème. On ne peut quand
même pas s'attendre, parce qu'on a essayé de me faire faire des
déclarations dans à peu près tous les secteurs, et avant
même que j'en arrive à une idée d'ensemble du
problème des musées, que je me prononce. Ce serait de la mauvaise
gestion de me compromettre pour tel type de décision. Il y a certains
principes à respecter et il est certain que mes décisions seront
toujours basées sur les critères objectifs des besoins de la
population.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Notre intention n'est pas de tirer du ministre
des déclarations. Lorsque nous lui posons des questions, notre objectif
est de savoir ce qu'il sait du ministère et ce qu'il entend en faire;
peut me chaut que le ministre se tire en l'air et fasse des déclarations
à droite et à gauche. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir
ce que pense et ce que veut faire l'administrateur qui est devant moi. Il nous
demande des millions de dollars et je veux savoir ce qu'il veut en faire.
Il y a à Chicoutimi un édifice qui est loué, qui
coûte de l'argent aux contribuables; il y a donc là un
problème urgent. Afin que les citoyens aient les services du
musée ou que les
citoyens voient s'installer un autre service si le ministre n'est pas
décidé à procéder et s'il n'a pas
décidé de presser les choses, afin de ne pas laisser
inoccupés des lieux pour lesquels on paie, pour lesquels les
contribuables paient il n'est pas question de tirer du ministre des
déclarations de principe et de le faire s'engager mais je veux
savoir du ministre s'il est prêt à procéder dans des
domaines administratifs bien circonscrits et bien délimités.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous procédons depuis le début.
Nous ne faisons d'ailleurs que procéder depuis que nous sommes
là. Et si nous en arrivons enfin à adopter nos crédits,
nous pourrons donner plus de temps à ces problèmes qui sont tous
urgents. Je comprends parfaitement bien qu'il n'est pas question de faire des
déclarations et, d'ailleurs, je m'en garde bien. Je réponds
à toutes les questions au meilleur de ma connaissance et avec une
information qui est assez satisfaisante sur l'ensemble du ministère. Ce
que je ferai dans les cas particuliers, je l'ignore et je l'ignore parce que je
n'ai pas encore tous les éléments à ma disposition. Mais
là, comme ailleurs, je m'emploierai à les réunir et, dans
le cadre d'une planification administrative qui est en train de se faire avec
un ordre de priorités, les décisions seront prises.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, c'est là une
déclaration de bonne intention. Nous en prenons note et je ne pense pas
que le ministre doive s'irriter lorsqu'on lui pose ce genre de questions. Il
est administrateur. Il y a un édifice qui est loué, qui
coûte de l'argent aux contribuables. Je veux savoir à partir de
quel moment les contribuables vont cesser de payer pour rien?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je m'excuse, M. le Président, les
contribuables ne paient pas pour rien, cette situation temporaire ayant
d'ailleurs été commencée avant mon arrivée.
Actuellement, il y a deux prolongements du ministère qui sont
extrêmement importants...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une diffusion régionale...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... et dont le député de
Chicoutimi a fait abondamment les éloges, c'est-à-dire les
bureaux d'aménagement culturel et le service de diffusion du
français. Mais ce n'est qu'une part de l'édifice.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le reste?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'attends qu'une invitation du
député de Chicoutimi, qui viendra certainement, pour aller
constater l'ensemble des problèmes qui semblent se poser au niveau de sa
circonscription.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je m'attends à ce que le ministre
vienne. Je l'invite à venir voir les lieux et...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... et les réalisations nombreuses dont a
bénéficié le comté de Chicoutimi. J'en profiterai
d'ailleurs pour visiter les comtés environnants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et vous verrez que nous n'avons pas
négligé les autres comtés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me propose de faire des tournées dans
toutes les implantations du Québec qui relèvent du
ministère...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis heureux de le savoir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... de même, trois jours après ma
nomination, je visitais toutes les implantations de la ville de
Montréal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est excellent, M. le Président. Quand
le ministre viendra dans mon comté, il verra qu'il y a un conservatoire
de musique, qu'il y a un bureau d'aménagement culturel, un bureau de
diffusion du français, qu'il y aura bientôt grâce à
lui et immédiatement, c'est urgent, un musée, qu'il y a une
université, qu'il y a un CEGEP, qu'il y a un grand hôpital
universitaire dont on a arrêté la préparation des plans
pour des raisons d'austérité, qu'il y a des foyers pour
vieillards, etc, etc. Tout cela existe aussi, sauf certaines choses, à
Jonquière, dans le comté de Roberval, Lac-Saint-Jean, ce qui
indique que le ministre avait l'esprit très large et qu'il s'occupait de
cette magnifique région du Saguenay qui est vraiment un royaume, sans
reine, parce que nous sommes républicains chez nous. M. le
Président, le ministre ne peut pas me dire ce qu'il entend faire de
l'édifice qui est loué.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour l'instant, non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a donc maladministration ici puisque l'on
paie pour rien. A quel moment va-t-on utiliser ces locaux?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je demande quand
même un peu de sérieux dans cette histoire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est très sérieux M. le
Président, il s'agit de l'argent des contribuables.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai manifesté une patience...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela coûte combien par mois? Ce n'est
pas de la patience que le ministre manifeste. Il manifeste tout simplement
l'intérêt que doit manifester un ministre, lorsque l'on lui
demande des explications sur ses prévisions budgétaires? Combien
cela coûte-t-il par mois?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas le montant à l'esprit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est malheureux...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous allons consulter les Travaux publics de qui
relèvent ces locaux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les Travaux publics?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Exactement, ce sont les Travaux publics qui font
la location. Ce n'est pas le ministère, cela n'appartient pas...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais c'est là que les Travaux publics
ont loué...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je réunirai un dossier sur l'ensemble de
la question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dès lors que les Travaux publics ont
loué, c'est le ministère pour lequel on a loué qui est
responsable, c'est donc le ministre qui est responsable. C'est pourquoi je lui
demande ce qu'il fait de ces lieux inoccupés. Alors, je ne veux pas
insister danvatage mais je lui souligne encore une fois l'urgence qu'il y a de
régler la question, de régler le problème. Je voudrais
savoir aussi quelle est l'orientation qu'il entend donner à ces
musées régionaux dont il a parlé.
Seront-ils des organismes indépendants du ministère ou
s'il s'agira tout simplement d'organismes subventionnés? Parce qu'il y a
tout un ensemble de musées, il y a des choses là-dedans
très valables, il y en a d'autres qui ne sont que des embryons de
musées. Il faut établir une coordination, et c'est cette
politique que nous étions en train de mettre en application.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis très heureux de l'apprendre,
c'est donc une des politiques que vous étiez en train de mettre en
application !
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, quelle est la politique...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Heureusement, enfin! Nous reverrons l'ensemble
de la question, comme je l'ai dit, et c'est la raison pour laquelle je ne veux
pas me compromettre dans le cas du musée de Chicoutimi. Je ne vois
aucune raison pour laquelle nous ne continuerions pas les projets
établis. Mais je refuse de me compromettre tant que je n'aurai pas
étudié la situation dans son ensemble. Il ne s'agit pas là
d'une dérobade, il s'agit de saine gestion. Pour ce qui est des
musées régionaux, je n'ai pas d'idée arrêtée
encore dans ce domaine. A priori, je crois qu'il vaut mieux que ce soient des
institutions qui restent indépendantes et qui restent
subventionnées. Je ne crois pas qu'il nous soit possible de prendre,
sauf dans quelques cas, la responsabilité de toutes les institutions qui
peuvent apparaître ici et là au Québec. Mais cette
intention peut peut-être, être modifiée à la suite
d'études plus appronfondies_
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais pour quelle raison le ministre
incline-t-il dans ce sens plutôt que dans l'autre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une raison de philosophie
générale. Je suis personnellement très en faveur de la
déconcentration, je suis très en faveur des initiatives
privées dans ce domaine. Sur le plan de la gestion, lorsque les
musées appartiennent entièrement à l'Etat, il est
extrêmement difficile d'obtenir des dons, par exemple, des dotations. Il
est plus difficile également d'impliquer l'initiative privée,
même sous forme d'aide financière, aux activités du
musée. L'expérience de bien des pays a montré que,
lorsqu'il était possible de conserver à un musée un
caractère privé, peut-être même dans le cadre de
formules mixtes et ceci déborde la question des musées
régionaux on pouvait assurer un meilleur développement
à un coût moindre. L'Etat ne peut pas, actuellement, se charger
d'une centaine de musées régionaux, d'en prendre la
responsabilité. En revanche, l'Etat peut leur fournir des services
techniques, des services auxiliaires, faciliter même les expositions chez
eux, et, dans bien des cas, les subventionner. C'est ce que l'ont fait
d'ailleurs par l'intermédiaire des sociétés historiques,
dont un bon nombre justement possèdent des musées
régionaux.
Il n'est pas exclu que le ministère des Affaires culturelles, qui
contrôle déjà deux musées, je pense à
l'hôtel Chevalier, qui à toutes fins utiles constitue un
musée, puisse également posséder d'autres musées.
Il y a des collections importantes de meubles, d'objets, surtout dans le
domaine ethnologique et l'art populaire, qui, à mon avis, pourrait
très bien constituer le fonds d'un musée. Notre histoire se lit
non seulement dans les archives, mais dans les objets de la vie quotidienne. Ce
ne sont là que quelques idées, qui restent très
générales.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voilà des observations fort pertinentes
que nous notons avec intérêt et qui nous éclairent
suffisamment sur les intentions du ministre. Je ne vois pas
pourquoi il mettait tant de réticence à s'expliquer
auparavant.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je ne mettais pas de
réticence à m'expliquer sur le problème
général. J'aurais une certaine réticence à prendre
une décision immédiatement à propos de la fondation d'un
musée. Je ne crois pas que ce soit sage. Je n'ai aucune objection,
puisque nous discutions du musée de Chicoutimi, à ce que ce
musée voie le jour, j'étudierai la question et je m'y emploierai
si les circonstances me paraissent favorables.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, étant
donné que nous avons un CEGEP, des maternelles, une université
à Chicoutimi, le ministre pourra venir chez nous étudier la
question pour prendre une décision.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais il leur manque, semble-t-il, un bureau
régional du ministère des Affaires culturelles.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Ah si! On allait l'installer
également.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous alliez l'installer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah si, ah si! Parce que nous avions
prévu sa place dans l'édifice régional, que votre
collègue a coupé également, pour des raisons dites
d'économie.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, je constate qu'il était temps pour
nous d'intervenir pour penser davantage au Québec dans son ensemble.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, oui, justement...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je m'excuse, M. le Président, de faire
cette allusion...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... comme notre région avait
été négligée pendant six ans, il a bien fallu
reprendre le temps perdu !
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... qui a pour but uniquement de détendre
un peu l'atmosphère.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, l'Institut national de
la civilisation va donc s'occuper des musées régionaux. Quelles
sont les autres fonctions que le ministre entend attribuer à l'Institut
national de la civilisation et quelles sont les réalisations
concrètes de cet institut?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois l'avoir indiqué au début.
J'avais parlé de l'assistance aux musées régionaux et je
n'y reviens pas. J'avais parlé également de conservation, d'expo-
sitions, de recherche et je peux, si vous le désirez, vous donner plus
de détails.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans quels lieux se trouvent actuellement
conservées certaines collections qui vont devenir, en somme, des
éléments de base?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a des collections de meubles dans ce que
l'on appelle l'entrepôt Thibodeau, une collection que j'ai même
visitée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la collection de la Canada Steamship,
c'est la collection Vary.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, il y a quelques bons meubles. C'est surtout
à l'hôtel Chevalier que nous trouvons une collection
extrêmement valable de meubles canadiens. L'hôtel Chevalier n'est
pas ouvert. Aussitôt que j'ai constaté ce fait, je suis intervenu
pour que l'on accélère les travaux qui avaient été
entrepris par d'autres ministères de manière que le Québec
puisse avoir accès à cette collection.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis content de constater que vous avez
accéléré des travaux que j'avais mis en marche et qui
fonctionnaient fort bien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne fais que ça, M. le
Président, depuis que je suis là.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): L'hôtel Chevalier a dû subir des
modifications afin qu'il fût digne du vieux Québec. Le ministre va
tout simplement récolter des fruits d'une politique longuement murie.
D'ailleurs, je sais qu'il le reconnaît avec beaucoup de
générosité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, il reste bien des fruits
encore verts.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! Mais ils vont mûrir !
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ils vont probablement mûrir à
partir de maintenant, je peux vous le promettre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'espère qu'ils ne pouriront pas comme
le cas du musée de Chicoutimi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous en reparlerons, si vous voulez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je l'espère bien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous aurons d'ailleurs l'occasion de le
faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'attends la décision. Donc, M. le
Président, où se trouvent centralisées davantage les
collections de l'Institut national?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons un certain nombre de collections qui
dépendent de l'institut. Je vous cite par exemple la collection
Coverdale, dans la région de Tadoussac. Nous nous éloignons un
peu du Lac-Sant-Jean, mais, tout de même...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Collection fabuleuse que le ministre des
Affaires culturelles qui vous a précédé a réussi
à dénicher...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Eh bien! Je vous félicite...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... contre la volonté des accapareurs
de l'Ontario.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout ce qui reste de valable au ministère
sera entouré du plus grand respect de ma part.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci. Vous mettez des plaques
ccmmémoratives à mon nom?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout ce qui reste de valable. La collection
Coverdale consiste surtout en pièces de mobilier, objets d'art
populaire, iconographie et une collection d'archéologie
amérindienne que je m'empresserai d'aller voir aussitôt que
possible. La collection Vary, est une collection qui porte sur le Québec
en général: mobilier, art populaire et spécimens de la
technologie domestique, objets esquimaux, sculptures d'intérêt
ethnologique et esthétique. Je l'ai vue et j'ai des réserves
parce que, à mon avis, ce n'est peut-être pas aussi bon qu'on
l'aurait souhaité, mais elle correspond tout de même à un
besoin...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'était acheté avant que je
n'arrivasse au ministère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un hommage. Il y a différentes
collections remises par le Musée du Québec, les archives du
Québec, l'ancien Service d'archéologie du Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ces objets-là vont-ils bientôt
être présentés, vont-ils être montrés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je le souhaiterais, nous ne pouvons pas tout
réaliser en même temps, mais nous essaierons d'y arriver le plus
possible.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord! Mais, en ce qui concerne la
collection Coverda- le, est-ce que le ministère a l'intention de la
disperser ou s'il a l'intention de la conserver en un lieu bien précis,
bien déterminé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Un bon nombre de meubles appartenant à la
collection Coverdale sont déjà à l'hôtel
Chevalier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est pour ça que vous avez vu de beaux
meubles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, ils étaient vraiment exceptionnels.
Il y a aussi une collection d'archéologie amérindienne, d'objets
indiens, et ceci est extrêmement important, parce que nous manquons
justement de documentation dans ce domaine. Mais c'est actuellement encore en
entrepôt.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. Parce que l'inventaire est difficile.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ose croire que, s'il nous est possible de
réaliser certaines réfections de maisons à la Place
royale, on pourrait peut-être alors envisager, M. le Président,
l'ouverture d'un musée ethnologique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous avions
reçu une requête des citoyens de Tadoussac, par la voix des
membres de leur conseil municipal, à l'effet de réinstaller dans
la maison Chauvin des pièces de la collection Coverdale. Est-ce que le
ministre doit donner suite à cette requête?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, bien sûr, M. le Président,
ceci fait partie de l'action courante du service. Cela n'implique pas de
nouveaux budgets ni d'implantation susceptible de changer quelque politique que
ce soit?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je tiens à souligner au ministre que la
Société historique du Saguenay m'avait demandé de
prêter des pièces de la collection Coverdale. J'ai refusé,
bien que ce fût dans ma circonscription. Je ne voulais pas priver les
gens de Québec et d'ailleurs de ces richesses.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, il faut tenir compte du
fait qu'il y a un élément particulier qui joue dans le cas
particulier, c'est que la collection vient de Tadoussac et ne fait en somme que
retourner, d'une certaine manière,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. C'est la raison...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne faut peut-être pas ériger
cela en principe, je suis bien de votre avis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... pour laquelle nous avions
considéré avec sympathie la requête qui nous avait
été adressée, parce qu'on invoquait la raison qu'il y
avait là attrait touristique et que, la collection provenant de cet
endroit, il était normal qu'on en remit quelques pièces. Je ne
voudrais toutefois pas que cette collection soit dispersée.
M. le Président, au sujet de l'Institut national de la
civilisation, suite à toutes ces observations générales,
nous pouvons conclure que le ministre a l'intention de maintenir cet institut
et, de lui donner les dimensions qu'il doit avoir et d'y maintenir
naturellement l'excellent administrateur qui l'a créé.
J'espère que le ministre m'entend bien, qu'il a l'intention d'y
maintenir l'excellent administrateur qui a mis sur pied cet Institut national
de la civilisation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne crois pas, M. le Président, pouvoir
répondre à ce genre de question sous la forme qu'on lui donne. Je
n'ai aucune raison de prendre quelque décision que ce soit, mais je ne
pense pas qu'il soit utile d'étaler la politique du personnel alors
qu'elle n'est même pas établie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis parfaitement satisfait des
fonctionnaires dévoués et compétents qui m'entourent. Mais
je ne peux pas préjuger de l'avenir, bien sûr!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, sont donc fausses les rumeurs qui
voudraient que, à la suggestion de l'un de vos proches collaborateurs,
vous ayiez le dessein de requérir les services d'un écrivain pour
diriger cet institut?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, le député
de Chicoutimi m'a l'air extrêmement bien informé sur ce qui se
passe...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II a été ministre durant quatre
ans.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... et il est curieusement informé
même depuis qu'il n'est plus ministre. Il semble aussi recevoir
énormément de rumeurs qui, c'est sans doute de la naiveté
de ma part, ne paraissent pas m'atteindre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je lis les journaux. Alors, M. le
Président, cela clôt en ce qui me concerne les observations
générales au chapitre de l'Institut national de la civilisation
et je suis prêt, quant à moi, à étudier le
sous-article des traitements...
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Saint-Jacques.
Archéologie
M. CHARRON: M. le Président, à ce même article,
j'aimerais savoir ce qu'on entend faire au service de l'archéologie au
cours de la prochaine année.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, il y a un programme de
subventions. Plusieurs subventions sont projetées pour des
sociétés locales. Nous comptons un archéologue qui fait la
coordination du travail de ces diverses sociétés, mais nous
n'avons pas d'action directe, en tout cas, pas pour l'instant.
M. CHARRON: Que se fait-il présentement dans le Québec
comme fouilles archéologiques?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Par exemple, la Société de
Rivière-du-Loup s'occupe de l'inventaire des sites de sa région.
Sherbrooke également. Un renseignement assez intéressant, c'est
que la Société d'archéologie préhistorique du
Québec fait actuellement des fouilles.
M. CHARRON: A quel endroit?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A la Rivière-à-la-Martre, dans le
Bas-du-Fleuve.
M. CHARRON: Dans le Bas-du-Fleuve. Actuellement, est-ce qu'il y aurait
des fouilles qui se feraient à Lanoraie?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la même société qui
travaille présentement à Lanoraie.
M. CHARRON: Alors, le ministère y contribue sous forme...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministère y contribue sous forme de
subventions qui constituent des incitations, mais il fait également
davantage puisque l'archéologue rattaché au service peut à
l'occasion jouer un rôle technique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On en fait aussi dans la région du
Saguenay, M. le Président.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais j'en étais convaincu, M. le
Président. Je n'en ai jamais douté. Je suis sûr qu'aucun
secteur n'a été négligé.
M. CHARRON: Si on abolissait les taudis dans le comté de
Saint-Jacques peut-être qu'on pourrait aussi faire des fouilles!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'ailleurs, j'apprends...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Peut-être y trouverait-on des
terroristes...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'apprends que notre archéologue est
actuellement à Chicoutimi.
M. LE PRESIDENT (Fortier): L'honorable député de la
Beauce.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On allait construire un pont sur un site
archéologique, ce que nous ne pouvions pas permettre.
M. ROY (Beauce): M. le Président, en ce qui a trait au
musée régional, est-ce que le nouveau ministre a une politique
afin de voir à ce que d'autres musées régionaux soient
créés dans des régions de la province où il n'y en
a pas actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. ROY (Beauce): A ce moment-là, je songe particulièrement
à la région de la Beauce.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr, M. le Président,
même s'il n'entrera probablement pas dans la politique du
ministère de se porter acquéreur ou d'être
propriétaire des musées; une politique tendra indiscutablement
à en favoriser l'implantation de la manière qui soit la plus
équitable possible.
M. ROY (Beauce): Alors, ce qui veut dire que, s'il y avait quelqu'un
dans la région qui s'occupait d'organiser quelque chose du genre, il
n'aurait qu'à faire la demande à votre ministère?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis convaincu que les services
intéressés ne demanderaient pas mieux que d'étudier une
situation dans son ensemble, cela va de soi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, à la suite des
questions qui ont été posées par le député
de Saint-Jacques, le ministre a parlé d'archéologie.
Est-ce que le ministre a l'intention de donner suite à toutes les
recommandations qui ont été faites par divers organismes et qui
étaient incluses d'ailleurs dans le projet de loi que nous allions
déposer sur le patrimoine national, des prescriptions impératives
concernant la protection des sites archéologiques, afin d'éviter
le pillage que l'on a pratiqué depuis des années ici dans le
Québec? Tout cela est demandé par les archéologues, par
les universités. Je pense qu'il y a un vote...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Nous allons suspendre les discussions
à cette commission pour nous rendre à la Chambre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous ne pourrons pas revenir parce que nous
ajournons à six heures.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Nous ajournons à 8 heures.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'on ne pourrait pas à 8 heures
quinze, parce que j'ai un dîner ce soir?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr et on terminera vers dix heures
ou dix heures quinze.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ajournera à dix heures, comme
prévu.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Ne pourrait-on pas commencer à huit
heures quinze, quitte à déterminer quand nous finirons?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ne dépasse pas dix heures, le
règlement ne le permet pas.
Reprise de la séance à 20 h 17
M. VEILLEUX (président de la commission permanente des Affaires
culturelles): A l'ordre, messieurs! Nous étions rendus au poste 6,
article 5: Institut national de la civilisation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous en étions encore aux observations
générales. Je n'ai pas l'intention de les prolonger
indûment. Je tiens à faire remarquer au ministre et au
président que le débat que nous avons à l'heure actuelle
va l'aider non pas qu'il ne le soit pas à se sensibiliser
davantage aux problèmes du ministère et, d'autre part, va attirer
l'attention des membres de cette assemblée sur l'importance du
ministère. Même si le ministre peut avoir à certains
moments la tentation de dire qu'il vaudrait mieux qu'il retourne à son
bureau et que ses fonctionnaires y retournent avec lui pour s'occuper des
tâches que j'ai mises en chantier, je crois qu'il va trouver ce travail,
que nous faisons ici, fort profitable; ça va apporter un
éclairage qui l'aidera à mieux comprendre et mieux saisir la
dimension du ministère. Je parle ici très sérieusement
parce que l'étude des prévisions budgétaires nous donne
l'occasion de voir ce qu'est un ministère et particulièrement
quand on en assume pour la première fois la responsabilité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, si le
député de Chicoutimi n'avait pas été
réélu, je me demande vraiment ce que je serais devenu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous auriez été un homme qui
écoute comme vous l'êtes actuellement. Donc, au chapitre de
l'Institut national de la civilisation, le ministre nous a indiqué
quelles étaient les orientations générales de cet
institut, et je ne me lasse pas de me réjouir de le voir poursuivre les
politiques que nous avons amorcées et continuer à les mettre en
application, grâce aux bons offices du directeur dont j'ai vanté,
cet après-midi, la haute compétence.
Nous allons aborder les traitements, où un montant de $160,200
est inscrit.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste budgétaire 6, article 5,
sous-article 1.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Autorisés 21; en place, 16; vacants,
5.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans les postes vacants...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Un adjoint aux cadres supérieurs, trois
agents culturels, un technicien des arts appliqués et graphiques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'adjoint aux cadres supérieurs, quelle
sera sa fonction?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit d'un directeur technique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Directeur technique qui sera chargé de
quels aspects techniques de l'institut?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'occupera en particulier du secteur
ethnologique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Du secteur ethnologique. Il n'y a pas
d'ethnologues actuellement à l'Institut national de la civilisation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a un ethnologue, mais il n'y a pas
d'ethnologue qui soit directeur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a pas d'ethnologue d'office. Quel est
cet ethnologue?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais vous lire si vous voulez, la liste
complète. Celle-ci est courte. En général, ce sont des
listes de plusieurs pages.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne l'ai pas demandée. J'ai
demandé tout simplement qui était cet ethnologue.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Jean-Claude Dupont.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A propos de M. Jean-Claude Dupont, il est
ethnologue. Est-ce qu'il est à temps plein?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est à temps partiel.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le reste de son temps est consacré
à ses travaux à l'université.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est professeur au département
d'études canadiennes de l'université Laval.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre a l'intention de lui
demander d'être ethnologue à temps plein?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas d'opinion pour l'instant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous n'avez pas d'opinion pour l'instant.
Est-ce que vous trouvez normal qu'un fonctionnaire ne soit qu'à temps
partiel lorsqu'il occupe une fonction aussi importante?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense qu'un choix devra être fait.
C'est en effet une situation qui ne peut être que temporaire. Comme
elle n'a pas été réglée avant mon
arrivée, je m'y appliquerai aussitôt que possible.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, est-ce que M. Robert-Lionel Seguin
travaille toujours pour l'Institut national de la civilisation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Robert-Lionel Seguin travaille toujours pour
ce service.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que M. Seguin y consacre tout son
temps?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est engagé à temps plein.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il ne partage pas son temps entre le
ministère et un autre ministère du gouvernement ou s'il est
toujours au service de l'institut?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II a été prêté
pendant un certain temps au ministère de l'Education. En ce moment, il
se trouve à temps plein aux Affaires culturelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Où est-il localisé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est à Montréal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A quel endroit?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est au bureau du ministère.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II fait de la recherche ou de la
publication?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II fait de la recherche. C'est un exemple de
situation que je suis en train de revoir parce que tout le problème de
personnel exige une étude complète qui est en cours.
M. TREMBLAY (Chicoutimi) : Je suis heureux de vous l'entendre dire.
C'est un des cas qui me préoccupait également. Je ne porte pas
là un jugement de valeur sur leur travail, pas du tout, mais il est
toujours important que les fonctionnaires qui sont à temps plein, soient
vraiment à temps plein au service du gouvernement.
Alors, il y a cinq postes à pourvoir, dont celui d'un adjoint aux
cadres supérieurs, et les autres sont des postes d'agents culturels. Il
n'est pas nécessaire de savoir à quoi vont s'employer ces agents
ni d'aller plus à fond. Je suis prêt, quant à moi, à
accepter le sous-article 1.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste budgétaire 6, article 5,
sous-article 1, adopté. Poste budgétaire 6, article 5,
sous-article 2: Frais de voyage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre pourrait-il nous dire quels
sont ces voyages?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont les frais de voyage des agents culturels
qui font des recherches dans les différents territoires...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qui tombent sous leur juridiction. Alors,
adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste budgétaire 6, article 5,
sous-article 2, adopté. Poste budgétaire 6, article 5,
sous-article 3: Frais de bureau et autres dépenses.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous n'interrogerons pas longuement le
ministre et nous proposons l'adoption des $2,000.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Adopté. Poste budgétaire 6,
article 5, sous-article 4: Acquisitions de pièces de collection.
Pièces de collection
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre pourrait-il nous fournir des
renseignements sur ce budget d'acquisitions? C'est le premier que l'on
découvre, à part celui de la Bibliothèque nationale. Nous
sommes heureux de constater qu'il y a $75,000 à cet endroit. Qu'est-ce
qu'on va acheter avec cela?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit sans doute d'un budget d'acquisitions
qui a été oublié, mais l'essentiel c'est qu'il apparaisse
au budget. Il n'y a que des projections en ce moment. Nous prévoyons
consacrer $12,500 à l'ethnographie, $12,000 à l'anthropologie
amérindienne, $3,000 aux arts populaires, $5,000 aux costumes. Il est
question d'une autre collection d'art esquimau, pour laquelle une somme de
$36,000 a été prévue, et $6,000 apparaissent dans nos
prévisions comme solde à verser en rapport avec l'achat de la
collection Vary.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre pourrait-il me dire, puisqu'il
s'agit de projections, à quel endroit et de qui il va se procurer les
pièces dites ethnographiques?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II m'est tout à fait impossible à
ce stade-ci de vous préciser les sources puisqu'elles sont en fonction
des offres qui seront faites et également des besoins.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, vous surveillez tout simplement le
marché, c'est normal de le faire...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le cas d'ailleurs de tous les autres
postes, sauf ceux qui correspondent à un paiement particulier, comme
celui de la collection Vary.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, la collection d'art esquimau, pour
laquelle vous avez prévu $36,000, j'imagine que cette prévision
n'est pas fondée uniquement sur des hasards du marché, que vous
avez un vendeur...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit d'une collection exceptionnelle, qui
porte d'ailleurs un nom, un nom esquimau, la collection de Povungnituk, je ne
peux pas vous assurer de la correction de mon accent...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi non plus. Et quelle est cette
collection?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne l'ai pas vue personnellement, mais nous
avons fait des recherches, qui ne sont pas terminées, sur la valeur de
cette collection. Elle apparaît très grande. Je n'ai pas besoin
d'insister sur la nécessité de recueillir, avant qu'il ne soit
trop tard, des pièces dans ce domaine.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis bien de cet avis, mais de qui provient
cette collection?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle provient d'une coopérative
esquimaude de cette région; elle porte d'ailleurs le nom de ... la
coopérative.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De Povungnituk.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je voulais vous le faire dire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'essayais de me rappeler le nom.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas mal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je confondais un peu avec le japonais....
M. ROY (Beauce): C'est plus loin que Chicoutimi enfin...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais c'est moins beau !
M. ROY (Beauce): M. le Président, relativement aux achats de
pièces de collection, est-ce que le ministre pourrait nous informer s'il
entend prendre des dispositions afin d'éviter le commerce de plusieurs
pièces de collection qui actuellement traversent les frontières,
soit pour aller aux Etats-Unis ou pour aller ailleurs dans d'autres provinces.
Nous perdons à chaque année, à chaque mois et même
à chaque semaine, beaucoup de trésors artistiques qui font partie
de notre patrimoine du Canada français et nous les perdons pour des prix
dérisoires? Est-ce que le ministre a quelque chose à annoncer
à ce sujet?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, cette remarque rejoint
la préoccupation que nous avons exprimée cet après-midi et
à laquelle nous avons déjà consacré pas mal de
temps. Il est admis qu'une loi s'impose dans ce domaine et il est
également certain que des projets ont été conçus
qui seront revus. J'espère, aussi rapidement que possible, à
présenter une législation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A ce propos, justement, M. le
Président, nous avions déjà préparé le
travail qui est dans la Loi du patrimoine national qui devait être
présentée à l'Assemblée. Il était question
justement de prescription impérative concernant la sortie des oeuvres
d'art et de toutes oeuvres qui ont ce caractère d'objets du patrimoine
national. Et j'avais, au cours de conversations privées, comme je
l'avais fait en public avant que le nouveau ministre n'entre en fonction,
parlé des échanges que nous avions eus avec le secrétaire
d'Etat à Ottawa.
Même si le Québec passe une loi en vue de préserver
le patrimoine et d'empêcher le trafic et la sortie des oeuvres du
patrimoine, cette loi sera à toutes fins utiles inopérante, s'il
n'y a pas concours des gouvernements, des Etats membres de la
fédération et du gouvernement central.
Je sais que le ministre, selon ce qui a été écrit
dans la presse, dans les journaux, a repris cette discussion avec le
secrétaire d'Etat, M. Pelletier, et je suis assuré qu'il
poursuivra avec lui et avec les autres gouvernements intéressés
des recherches afin d'en arriver à élaborer un projet de loi qui
protège les oeuvres d'art.
Et je lui signale en passant que nous avions pris des dispositions, par
exemple en ce qui concerne les objets d'art et certains objets du culte, afin
d'empêcher le commerce de ces objets. Immédiatement après
la parution d'un avertissement que nous avions lancé à la suite
de consultations avec l'assemblée des évêques, nous avons
reçu du Nouveau-Brunswick une lettre d'un curé nous disant que
quelqu'un s'était présenté, quelqu'un qui vit très
près de Québec, et qui avait exhibé son titre de
représentant du ministère des Affaires culturelles. Il avait
déclaré qu'il était l'acheteur officiel du musée du
Québec et, de cette façon, il avait ratissé là-bas,
il avait chiné comme on dit dans le métier toute
une série d'objets d'art religieux. Alors, l'avertissement que nous
avions lancé a donc porté ses fruits. J'avais demandé au
ministère de la Justice de faire une enquête et j'informerai
privément le ministre du nom de
cette personne afin qu'il s'enquiert auprès de son
collègue sur les résultats de cette enquête que j'avais
demandé qu'on fit, parce qu'il s'agit d'un homme qui, à plusieurs
reprises, a présenté à la commission consultative du
musée des pièces que nous avons achetées parce que la
commission en recommandait l'achat. Mais j'avais été vivement
alerté par cette lettre qui m'était venue du Nouveau-Brunswick,
qui m'indiquait bien qu'il nous fallait procéder le plus tôt dans
ce domaine.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, c'est là un
problème extrêmement grave. Depuis des années, notre
patrimoine a été littéralement drainé vers
l'extérieur. C'est vrai non seulement des pièces de collection,
des pièces archéologiques, mais également des meubles. On
trouve des collections importantes à l'étranger que nous aurions
pu conserver. Et ceci me permet de souligner encore une fois l'importance des
budgets d'acquisition.
Il ne suffit pas d'avoir des lois qui permettent d'aquérir,
encore faut-il pouvoir le faire. Il ne suffit pas d'instaurer un droit de
préemption qui nous permettrait dans le cas d'une coordo-nation avec le
secrétariat d'Etat, d'éviter la sortie des oeuvres d'art, encore
faut-il pouvoir exercer ce droit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A propos de ce droit de préemption, je
signale au ministre qu'à cet égard la loi française est
tout à fait inopérante, parce que le droit de préemption
est très difficile d'exercice et j'imagine que l'on concevra une autre
formule qui sera beaucoup plus efficace que celle du droit de préemption
qui existe à l'heure actuelle en France et dont on ne peut vraiment se
servir parce que chacun peut exciper de certaines exceptions pour passer outre
à la loi française. A ce budget d'acquisition, il y a des
pièces d'ethnographie, des pièces de civilisation
amérindienne. J'imagine que ce sont là encore des projections qui
tiennent compte de ce qui pourra éventuellement se trouver sur le
marché. Il y a aussi le costume. Est-ce qu'on a mis la main sur des
collections de costumes ou si on s'inquiète uniquement de ramasser des
pièces de costumes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a en effet quelque chose de précis,
mais vous comprendrez que ce serait compromettre les négociations en
cours, si je devais donner des noms. Tout ce que je peux vous dire, c'est que
nous ne sommes pas liés à ces projections. Il y aura des
variations à ce poste budgétaire, suivant les
possibilités.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): M. le ministre du Revenu.
M. TETLEY: Je voudrais poser une question au ministre au sujet de la
perte d'objets d'art dont vient de parler l'ancien ministre. Nous savons tous
qu'un objet d'art important a été perdu ou donné par un
ancien premier ministre de la province, avez-vous une idée ou des
projets, pour prévenir de tels dons?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui et c'est ce que j'avais dans l'esprit
lorsque j'ai parlé d'une loi protégeant le patrimoine national.
Maintenant, l'incident que vous évoquez est impensable aujourd'hui. Nous
avons des réglementations et des réglementations
sévères concernant les musées. J'ai même émis
des directives touchant le prêt des oeuvres d'art dans les bureaux
ministériels, directives rigoureuses. Ce à quoi vous faites
allusion, même s'il s'agit là de quelque chose de
déplorable, ne peut certainement pas se reproduire.
M. TETLEY: Pas sous le régime actuel!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sous aucun régime.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de
Notre-Dame-de-Grâce vient d'évoquer un incident et je tiens
à rétablir les faits, d'ailleurs je l'ai déjà fait
dans la presse. Je pense qu'il s'est engagé sur une mauvaise voie
parce...
M. TETLEY: C'est le député de Chicoutimi qui a
soulevé la question de perte d'objets d'art.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre du Revenu fait état du don
qui aurait été fait au général de Gaulle de deux
burettes en argent.
M. TETLEY: Je parlais d'un don de l'ancien premier ministre
Duplessis...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On va parler de celui-là aussi,
voilà qui va prolonger le débat.
Le ministre du Revenu se met les pieds dans les plats pour venir
à la rescousse de son collègue. Il risque de prolonger les
discussions. Allons-y, M. le Président.
M. TETLEY: J'accepte le défi, M. le Président, quoique la
réponse du ministre soit beaucoup mieux...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais informer le ministre des Affaires
culturelles concernant d'abord, la question des oeuvres d'art, de ces
pièces de collection, deux burettes en argent, qui ont été
remises au général de Gaulle à l'occasion de sa visite au
Québec.
J'ai alors déclaré à la presse que ce geste avait
été posé hors de ma connaissance, fi n'a pas
été non plus autorisé par arrêté
ministériel. Le problème s'est réglé au niveau de
ceux qui, alors, étaient responsables des visites d'Etat. Il y a eu
échange de cadeaux comme cela se fait
courramment entre chefs d'Etat à l'occasion d'une visite aussi
importante que celle du général de Gaulle, quoi qu'en aient
pensé les députés anglophones- qui siégeaient alors
en Chambre.
Le directeur du musée, s'il a été averti ce
n'était pas le directeur actuel du musée n'en a pas averti
le ministre parce que, personnellement, si j'en avais été
prévenu, j'aurais discuté de cette question avec les responsables
des visites d'Etat et j'aurais demandé l'autorisation, soit à la
Chambre, soit au cabinet, de laisser sortir ces objets.
Il y a quelque chose de mystérieux dans la disparition de ces
deux pièces. Je ne peux pas parler de disparition puisque l'on sait
très bien qu'elles ont été données; on sait
à qui elles ont été données. Il s'agit là
d'un échange et c'est là un cas exceptionnel. Je ne sache point
que l'on puisse faire grief à qui que ce soit d'avoir
présenté un cadeau qui fût digne du visiteur qui
s'était rendu, ici, au Québec.
Pour l'autre cas évoqué par le député de
Notre-Dame-de-Grâce, son regret est tardif. La chose s'est passée
il y a déjà bien des années. On n'avait pas les
règlements, les lois, la réglementation qui existe aujourd'hui.
On n'avait pas non plus, à l'époque, l'intérêt et
qui existe maintenant pour les oeuvres d'art et pour la conservation du
patrimoine. Un premier ministre, en l'occurence, M. Duplessis, a remis, en
reconnaissance pour les services qu'il avait rendus au Québec, au
lieutenant-gouverneur sortant de charge, M. Fiset, une toile, une toile de
Krieghoff qui, récemment, a été mise en vente aux
enchères, à Toronto, par le colonel J.-P. Martin. J'ai
déclaré, à ce moment-là, à la presse, que je
trouvais absolument étrange que M. Martin n'ait pas d'abord pressenti le
gouvernement et n'ait pas offert au gouvernement d'acheter cette pièce
de collection.
C'est un incident et je ne crois pas que le député
de Notre-Dame-de-Grâce puisse en faire une affaire d'Etat ce n'est
qu'une question de moeurs de l'époque, une question de situation, de
conception que l'on pouvait avoir du patrimoine national. Du reste, la
pièce n'avait pas été remise à n'importe qui, elle
avait été remise à un lieutenant-gouverneur du
Québec et on pouvait normalement croire que cette pièce
retournerait au trésor public, ce qui n'a pas été le cas
puisque le colonel Martin a jugé préférable de la mettre
en vente à Toronto avant même que de l'avoir offerte au
Musée du Québec.
Le député de Notre-Dame-de-Grâce n'a aucune sorte de
raison, sinon les motifs mesquinement politiques, d'évoquer un incident
très ancien, au sujet duquel il y avait eu un long débat à
la Chambre, il y a déjà plusieurs années.
Incident déplorable. Mais, est-ce que l'on doit passer jugement
sur des actes qui ont été posés dans des circonstances
particulières, dans un contexte particulier, alors que n'existaient pas
les mécanismes de protection que nous avons à l'heure actuelle?
Il est bien évident que la pièce n'avait pas été
volée.
Elle avait été offerte à un serviteur du
Québec, gouverneur sortant de charge, Sir Eugène Fiset. Il n'y a
pas là de quoi fouetter un chat même si aujourd'hui de semblables
incidents ne devraient plus se reproduire. Je veux bien que le
député de Notre-Dame-de-Grâce vienne à la rescousse
de son collègue mais il prolonge inutilement la discussion en
évoquant des faits qui ont été suffisamment
expliqués, en évoquant des documents dont on a fait
l'exégèse au long et au large; qu'il se rappelle le débat
qui avait eu lieu alors. La question a été réglée.
On a passé jugement. Le peuple en a jugé à diverses
occasions, et je ne crois pas qu'il y ait lieu de rappeler ici l'incident.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Les faits étant établis, si on
veut revenir, s'il vous plaît, de part et d'autre, au poste
budgétaire 6, article 5, sous-article 4: Acquisition de pièces de
collection.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre nous a
remis des renseignements sur ce budget d'acquisition de $75,000, ce qui reste
modeste mais qui est quand même un budget d'acquisition important. Nous
ne pouvons que souhaiter que ce budget s'accroisse. H y a quand même des
priorités et tous les gouvernements doivent en tenir compte. Je suis
prêt quant à moi à accepter le sous-article 4.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Sous-article 4, adopté.
Sous-article 5, Automobiles: Entretien et opération.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Adopté. Sous-article 6:
Matériel et équipement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre pourrait-il nous donner quelques
détails à propos de ce sous-article du budget?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les projections pour l'exercice comprennent de
l'ameublement, du matériel pour conservation,
réfrigération, fixateurs, instruments divers pour l'entomologie
et également, de l'équipement de botaniste, certains accessoires
de photos, films tout à fait en rapport avec les fonctions de
l'institut.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tout l'équipement dont on a besoin pour
conservation, restauration, nettoyage, etc., des pièces de collection et
pour le montage de ces pièces. Adopté.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Sous-article
6, adopté. Est-ce que l'on peut considérer comme
étant adopté tout l'article 6?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président, nous
allons comme disait Racine, "retrouver nos esprits": Bibliothèque
nationale, Archives du Québec, direction des Monuments historiques,
Institutions culturelles. Adopté.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste budgétaire 7: Bureau de
surveillance du cinéma.
Bureau de surveillance du cinéma
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au sujet du Bureau de surveillance du
cinéma, M. le ministre pourrait peut-être faire quelques
observations générales.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je me bornerai à
quelques explications générales. Le Bureau de surveillance du
cinéma est un organisme autonome créé par une loi de
l'Assemblée nationale, le 12 avril 1967. Le principal rôle du
bureau consiste à examiner tous les films que l'on compte exploiter au
Québec et à les classifier. Le Bureau de surveillance compte
à l'heure actuelle cinq membres chargés de l'examen des films. On
les appelle des examinateurs classificateurs. Tous les ans, le bureau examine
plus de 1,200 films. Il publie régulièrement un catalogue de
films intitulé, "Cahiers des films visés par catégorie de
spectateurs". Au plan administratif, le bureau comprend deux grandes divisions:
la division d'examen des films et la division administrative. Le service
d'examen des films se divise lui-même en comité d'examen des films
et comité de la publicité, comité de documentation et de
la recherche, comité d'information et de relations publiques. Merci, M.
le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le Bureau de
surveillance du cinéma a évidemment une responsabilité
très importante. Ce n'est plus comme ce fut dans le passé, un
organisme de censure proprement dit.
Il s'agit plutôt d'un organisme de classification des films qui
établit des catégories de films selon l'âge des
spectateurs. Ce bureau de surveillance du cinéma est très souvent
pris à partie. Je ne fais pas miennes les réflexions que l'on
fait à son sujet et je ne fais pas miennes non plus les
récriminations de tous ceux qui prétendent que la censure devrait
s'exercer de façon radicale dans le domaine du cinéma au
Québec. Toutefois, je me permettrai, à l'intention du ministre
des Affaires culturelles, de lui signaler que, régulièrement, le
ministre des Affaires culturelles reçoit un très grand nombre de
plaintes au sujet de films qui n'ont pas l'heur de plaire à tout le
monde. Depuis un certain nombre d'années, le ministre recevait des
lettres de gens qui se plaignaient de la publicité faite dans les
journaux à des films dont on disait qu'ils n'étaient pas
convenables. Ce n'est pas là mon jugement, c'est simplement le jugement
qu'exprimaient mes correspondants. Je me rappelle, entre autres, avoir
reçu d'un organisme respectable, un ensemble de suggestions au sujet de
cette publicité qui est faite dans les journaux à certains films,
dont le moins qu'on puisse dire est qu'ils sont osés, tout dépend
naturellement des critères que l'on adopte pour en juger.
Alors, je me demandais si le ministre avait l'intention de discuter
à nouveau ce problème extrêmement difficile parce qu'il est
fait d'une série d'impondérables. Ce problème très
difficile vient de ce qu'une très grande part de subjectivisme entre
dans l'appréciation des films. On se rappelle les paroles
célèbres d'un député libéral, maintenant
disparu non pas qu'il soit mort mais disparu de la scène
politique, qui à propos d'un film, nous parlait des longues queues qui
tramaient sur les trottoirs à Montréal. On se rappelle tout cela.
C'était évidemment faire une publicité indirecte à
un film qui a fait, grâce à cela d'ailleurs, des recettes
énormes. Je me demandais donc si le ministre ne pourrait pas nous dire
s'il a l'intention de revoir, avec des fonctionnaires compétents, le
problème, en particulier, de la réclame qui est faite par les
journaux, qui est publiée dans les journaux par les distributeurs,
producteurs et d'autres.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le député de Chicoutimi
soulève plusieurs points dans son exposé. Il n'est pas question
de remettre en cause les principes du Bureau de surveillance. Le Bureau de
surveillance représente déjà un progrès
considérable par rapport à ce qu'était la censure.
En ce qui a trait aux protestations qui parvenaient au ministère,
je dis bien "parvenaient", il semble que la situation se soit beaucoup
améliorée depuis quelques mois. Il faut sans doute imputer cette
amélioration à l'éducation du public. Il était
naturel qu'au début, avec un nouveau mode, une nouvelle manière
d'évaluer les films, on puisse, dans la mesure où l'on se
heurtait aux habitudes, déclencher des réactions
antagonistes.
Le problème de la publicité est un problème qu'il
ne faudrait pas sous-estimer. En effet, les journaux sont balayés par
une publicité érotique et n'allez pas voir, de ma part, le
moindre puritanisme. Cette publicité est non seulement empreinte de
mauvais goût, mais elle n'a certainement aucune valeur éducative.
Il est difficle aujourd'hui d'ouvrir un journal sans en être
frappé. Je ne crois pas qu'une situation de ce genre puisse être
corrigée par des mesures coercitives. Je ne crois pas non plus qu'une
situation de ce genre puisse céder à une forme de censure,
qu'elle soit directe ou dissimulée. Là encore on se heurte
à un problème d'éduca-
tion. Je ne veux pas prendre position en disant que j'élimine
absolument toute mesure, en ce sens, mais j'énonce une façon de
voir les choses que je me propose de creuser en cours de route.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je trouve fort pertinentes les observations du
ministre, je n'en attendais pas moins de lui. Il a bien raison de dire qu'il
s'agit d'un problème d'éducation. Il est assez difficile de
contrer cet assaut de publicité qui est fait dans les journaux.
Evidemment, ce qui est déplorable c'est que dans les journaux, comme
d'ailleurs aux portes de cinémas, l'on publie, enfin l'on affiche des
placards avec des titres ronflants, sensationnels, qui laissent entendre aux
gens qu'ils vont en voir beaucoup plus qu'ils n'en voient. C'est comme à
un spectable des Folies bergères, ils en voient très peu et pas
longtemps; mais la publicité faite est telle qu'elle constitue une
incitation maladroite, maladive et jusqu'à un certain point morbide, une
incitation à aller voir des films qui souvent ne sont pas du tout ce
qu'on dit qu'ils sont. On pourrait évidemment creuser longuement la
question, mais, comme le dit le ministre, c'est une affaire d'éducation,
et tout ce que je lui demande, et il me l'a dit d'ailleurs, c'est d'essayer de
revoir, dans toute la mesure du possible, comment des moyens pourraient
être pris afin de contrer les effets néfastes de la
publicité qui est faite autour de certaines projections.
Alors, M. le Président, ce sont là des observations
générales que je voulais faire, je laisse à d'autres
collègues le soin d'en faire.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, est-ce que c'est à ce Bureau
de surveillance du cinéma qu'une politique, si le gouvernement en avait
une, de contrôle de la langue dans les films s'appliquerait?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas à ce niveau-là.
M. BOURASSA: Est-ce que le contrôle de la langue est
passé.
M. CHARRON: On en a parlé, vous auriez dû venir
auparavant.
M. BOURASSA: J'étais occupé à deux autres
endroits.
M. CHARRON: Non, c'est déjà assez long ici, nous ne sommes
pas pour reprendre ce qu'on a dit. Vous lirez le journal des Débats.
M. BOURASSA: Non, mais est-ce que le député peut quand
même expliciter...
M. CHARRON: Une longue discussion de deux heures hier et ce matin
concernant la langue française, la quantité de films de langue
française sur le marché, dans les salles de cinéma,
etc.
M. BOURASSA: Alors, je lirai le journal des Débats.
M. CHARRON: C'est ça, je vous le conseille.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je voudrais...
M. CHARRON: Je m'excuse, j'ai posé une question, le ministre va
répondre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois avoir répondu, cela s'est sans
doute perdu dans la discussion. La réponse était que ça ne
se joue pas à ce niveau-là. Ce n'est pas dans le cadre du bureau
de surveillance que l'on peut élaborer cette politique.
M. CHARRON: II n'y a rien qui se fait actuellement là-dessus?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, pour aider le
ministre, je pense que mon collègue de Saint-Jacques pose un
problème important lorsqu'il parle de la langue des films. J'imagine
qu'il veut sans doute parler de la qualité de la langue des films
projetés. Alors, est-ce qu'il s'agit des films français, ou des
films doublés, ou s'il s'agit des sous-titres, s'il s'agit des films
proprement québécois, qui ne sont pas exemplaires, en passant,
côté langue?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce qu'il est important de comprendre, c'est que
nous n'avons aucune autorité dans le cadres de la législation et
de la réglementation actuelle. Je ne dis pas que nous ne devrions pas en
avoir, il est certain que des mécanismes devront être mis au
point...
M. CHARRON: J'attendais que le ministre en parle.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... mais je ne sais pas si, dans le cadre de
l'étude générale que je suis en train de faire il y aurait
intérêt à ce que ce soit rattaché au Bureau de
surveillance de cinéma ou à un autre organisme.
M. CHARRON: Ou à la direction générale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ou à la direction générale.
Ce n'est pas du tout impensable, l'essentiel c'est d'obtenir...
M. CHARRON: Je veux savoir si le gouvernement arrivera avec une
politique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que
nous allons arriver avec une politique, sans recommencer le débat
d'hier, c'est tout à fait dans ce sens-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur le même sujet, M. le
Président, il est évident que les observations du
député de Saint-Jacques sont pertinentes, il peut
s'inquiéter de la langue des films. Il n'est pas de la compétence
du bureau de surveillance de s'en occuper; mais tout le problème de la
langue des films, c'est le problème du contenu que véhiculent
certains instruments de culture comme la radio, la télévision, le
film.
Quant on n'est pas producteur, on n'a pas le contrôle. De quelle
façon le gouvernement pourra-t-il exercer ce contrôle?
Voilà le problème qui se pose. Et on a raison de le poser, vu
l'importance de ces moyens de culture et d'éducation que sont le film,
la radio et la télévision, mais ce n'est pas de la
compétence du Bureau de surveillance de s'occuper de cela.
M. ROY (Beauce): Si j'ai bien compris, M. le Président, par la
réponse qu'a fournie le ministre et par les informations qu'a fournies
également le député de Chicoutimi, il n'existerait, au
Québec, actuellement, aucune forme de censure, d'aucune
façon.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne sais quelle définition vous donnez
au mot "censure", mais s'il s'agit du sens classique du mot, non. Comme j'ai
essayé de l'expliquer dans mes remarques préliminaires, on vient
seulement d'accéder à une autre forme de contrôle du
contenu des films. Je ne peux que me rapporter à la législation
à ce sujet et citer en particulier l'article 10: "II est du devoir du
bureau d'examiner tout film cinématographique qu'on se propose de
projeter dans la province et d'accorder l'autorisation de le projeter, si,
à son avis, sa projection ne porte pas atteinte à l'ordre public
ou aux bonnes moeurs." C'est donc au Bureau de surveillance que revient
l'appréciation des films.
M. ROY (Beauce): Maintenant, si je comprends bien, M. le
Président, est-ce que le gouvernement a l'intention de faire quelque
chose ou de proposer quelque chose très prochainement à ce
sujet-là, de façon à éviter, je crois, la
répétition ou la projection de films comme nous avons eus dans le
Québec au cours de l'année dernière et comme il s'en
prépare d'autres au cours de l'année, et qui, je crois, sont une
insulte à la population bien pensante du Québec,
actuellement?
M. CHARRON: Là-dessus, nous avons juste passé le cap de
l'initiation.
M. ROY (Beauce): Je me suis adressé au ministre,
s'il-vous-plaît!
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Le député de Beauce pose une
question à M. le ministre. A l'ordre!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense, M. le Président, que nous avons
déjà là un instrument de contrôle. Je ne dis pas
qu'il n'est pas perfectible, mais il ne peut pas être question de revenir
aux formes anciennes de censure.
M. ROY (Beauce): Mais sans revenir, M. le ministre, aux anciennes formes
de censure, est-ce qu'il y aurait lieu d'espérer que le gouvernement
tente quelque chose afin d'éviter les abus qui se commettent
actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, il n'y a pas de
législation à invoquer dans ce sens-là. Mais il n'est pas
dit que, dans l'étude générale que je fais actuellement du
problème du cinéma, je ne tienne pas compte de vos commentaires
lorsque j'arriverai au rôle, aux fonctions du Bureau de surveillance.
M. ROY (Beauce): Je crois que c'est le devoir du gouvernement de
protéger la population. On établit un code routier pour
protéger la population contre des accidents éventuels de la
route. La population a également besoin de la protection du
côté moral.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense, M. le Président, que nous
sommes entièrement d'accord sur les objectifs. Nous pouvons
peut-être différer sur les moyens.
M. CHARRON: Pas plus que 60 milles à l'heure pour...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, la question que pose
le député de Beauce est une question extrêmement complexe.
La loi qui régit le Bureau de surveillance indique que les films qui
sont présentés ne doivent pas être contraires à
l'ordre public et aux bonnes moeurs. Je me souviens, pour avoir
participé à ces débats, qu'il y avait beaucoup d'opinions
divergentes sur la notion d'ordre public et sur la notion de bonnes moeurs. Le
ministre indiquait tout à l'heure, à la suggestion du
fonctionnaire qui l'assiste, qu'il s'agissait d'un problème
d'éducation. On peut espérer évidemment que
l'éducation qui est donnée, une saine éducation,
particulièrement en matière sexuelle, permettra aux citoyens de
faire la différence entre un film qui a une valeur d'éducation,
même si c'est un film qui nous paraît osé et un film qui
serait purement pornographique, enfin qui serait vulgairement pornographique.
Mais là, les frontières sont extrêmement difficiles
à délimiter, parce qu'il y a une question de conscience, il y a
une question de jugement et il y a une question aussi d'évolution
intellectuelle.
Il est bien évident qu'on bon nombre de
personnes qui se font les porte-étandard de la vertu n'ont pas
encore dépassé le stade de la puberté physique ou
intellectuelle. Alors, on pourra donc ergoter longuement sur la notion d'ordre
public et de bonnes moeurs.
Je sais qu'il y a eu et j'ai été pris à
partie à maintes reprises à ce sujet-là bien des
récriminations. On a fait le procès du Bureau de surveillance, du
ministère des Affaires culturelles, du gouvernement, parce qu'on avait
projeté tel ou tel film dans telle salle, mais à partir du moment
où...
M. BOURASSA: Du ministre, non? M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon?
M. BOURASSA: Vous avez dit du gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre, tout le monde y a passé.
Tout le monde y a passé. Rappelez-vous la réflexion de votre
collègue que j'ai évoquée tout à l'heure avant que
vous n'arrivassiez, M. le premier ministre, et vous nous honorez beaucoup
d'être ici.
Je ne sais pas quelle est exactement l'attitude du député
de Beauce, quelle est sa notion des bonnes moeurs, quelle est exactement cette
définition du respect de la population qu'il a dans l'esprit.
J'espère qu'elle ne rejoint pas celle d'un chef de son parti, qui se
plaignait à Chicoutimi, pendant la campagne électorale du fait
disait-il, ce qui n'était pas vrai qu'on laissait se
baigner nus des garçons et des filles au CEGEP de Chicoutimi. Alors,
cela peut être bon, pour éclairer le ministre, que le
député de Beauce nous indique exactement quelle est sa
définition de l'ordre public et des bonnes moeurs.
M. ROY (Beauce): Pour répondre au député de
Chicoutimi, il est très facile de faire la différence entre la
haute culture et d'ailleurs, il semble s'y plaire
énormément et la décadence. Je pense que la
différence est tout de même énorme et, lorsque l'on parle
d'art, il est évident que l'on ne parle pas d'érotisme ou de
pornographie. Je pense que c'est assez simple.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous auriez tout intérêt à
visiter la chapelle Sixtine.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Adopté?
M. ROY (Beauce): Je n'ai pas eu l'occasion de faire tous les voyages aux
frais du gouvernement qu'a faits l'ancien ministre des Affaires
culturelles...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il n'est pas nécessaire de faire des
voyages, il s'agit de lire...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): A l'ordre!
Demeurons au poste budgétaire de la surveillance des
cinémas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, il n'est pas
nécessaire de faire des voyages pour cela, il s'agit de consulter des
livres d'art ou même des dictionnaires, comme nous faisions au
collège.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'époque des grandes
frustrations.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): L'honorable député de
Richmond.
M. BROCHU: M. le Président, je comprends très bien que le
député de Chicoutimi ne puisse avoir aucun problème avec
sa pureté, mais la position...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne me confesse pas à Gilberte
Côté.
M. BROCHU: La position du Crédit social à ce sujet n'est
pas une position rétrograde, loin de là. Cependant, nous croyons
que nous devons en arriver de plus en plus à une attitude positive dans
le domaine de la présentation du film, c'est-à-dire de la
revalorisation de la personne dans son ensemble, y compris sur le plan
sexuel.
On a pu constater dans le plublic et l'analyse n'a pas besoin
d'être extrêmement poussée que simplement sur le plan
des relations sexuelles, on peut facilement se rendre compte que, par un
processus d'identification, les personnes qui se rendent à des films
plus ou moins bien construits de façon positive, peuvent en arriver
à développer un sentiment d'images
réflétées, de sentir le besoin de répéter
une action dans une philosophie telle qu'elle a été
montrée à l'écran. A ce moment-là, je pense que le
ministre des Affaires culturelles comprendra très bien mon point de vue;
on empêche la personne de développer sa propre façon d'agir
sexuellement. C'est simplement un exemple que je donne.
M. LE PRESIDENT: Bon, nous passons au poste budgétaire 7, article
1.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avant de terminer, j'aimerais faire une petite
mise au point, M. le Président. Si nous nous sommes permis de plansanter
un tant soit peu avec nos collègues du Crédit social, ce n'est
pas que nous n'ayons pas le respect de l'ordre public et des bonnes moeurs. Il
faut noter que là tout est affaire d'éducation, et non pas de
subjectivisme, et qu'en ce qui concerne le degré de pureté de
chacun, indépendamment de la chemise blanche, il y a tout un aspect
personnel qu'il est difficile d'apprécier.
En ce qui concerne les observations générales, quant
à moi, j'en ai fini.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste budgétaire 7, article 1 :
Traitements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au sujet des traitements, quels sont les
effectifs actuels?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons 27 personnes autorisées, 23 en
place, 4 vacants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon, 27 sont prévus?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): 27 autorisés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On voit 21 ici.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah! pardon, excusez-moi. 23 en place, 4
vacants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi) : Quels sont les postes vacants?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Deux attachés d'administration, un agent
de bureau, un technicien de l'équipement électrique et
mécanique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Deux attachés d'administration qui
rempliront quelle fonction?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont des membres du bureau.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont des membres du bureau qui agiront
à titre d'attachés d'administration.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voulez-vous que je vous en donne les noms?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, ce n'est pas nécessaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai la liste complète du personnel.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce toujours M. Guérin qui est en
charge du Bureau de surveillance du cinéma?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, c'est toujours M.
Guérin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quels sont actuellement les membres du bureau
de surveillance, ceux qui s'occupent spécifiquement de la
vérification des films?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Pierre Saucier, M. Jean Tellier, Mme Dau, M.
Guy Desruisseaux et le président, M. Guérin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela n'a pas été changé.
Ce sont toujours ces gens-là qui sont chargés de veiller à
l'ordre public et aux bonnes moeurs. Faisons-leur confiance.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Sous-article 1...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous êtes pressé, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Je pensais que vous aviez terminé.
Nous pouvons poursuivre, si vous n'avez pas terminé. Je suis assez
libéral pour cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour les traitements, 4 postes à
combler, est-ce que les concours ont été tenus pour ces
postes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas encore eu de concours, nous nous
proposons de les tenir bientôt.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, j'imagine qu'on va procéder
rapidement afin de combler ces postes; parce qu'il y aura des crédits
périmés, ce qui va faire l'affaire du premier ministre, cette
situation l'aidera à réduire son budjet supplémentaire qui
va nous arriver au mois de novembre, j'imagine.
M. BOURASSA: Et moins de places pour les contribuables.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Laissez-nous, M. le Président, le
plaisir de taquiner un peu le premier ministre. H nous fait l'honneur
d'être là, ce soir. Donc, adopté, poste 7.
M. ROY (Beauce): Un instant! Je ne suis pas tellement satisfait
jusqu'à maintenant et je ne peux blâmer le nouveau ministre. Mais
je préfère, à ce poste parce que je n'en vois pas
tellement l'utilité inscrire ma dissidence. Je ne vois pas
l'utilité de ces $215,000.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire du Bureau de
surveillance.
M. ROY (Beauce): Probablement que le bureau a sa raison d'être.
Mais dans mon esprit, je ne suis pas tellement convaincu de son importance et
je demanderais, au cours de la présente année, que le
gouvernement définisse sa politique au sujet de ce bureau. C'est
pourquoi j'inscrirais ma dissidence.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous prenons acte de la dissidence du
député de Beauce, mais c'est assez étrange , lui qui
préconise le respect de l'ordre public et des bonnes moeurs, qu'il
veuille faire tout sauter d'un coup et empêcher les fonctionnaires de
travailler. Qu'est-ce qu'on va faire de tous les films dangereux et il va y
avoir encore des gens qui vont se baigner nus dans les piscines des
collèges.
M. ROY (Beauce): Je pense que cela existe à l'heure actuelle.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Alors, si on veut revenir à l'article
1: Traitements. Poste 7.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Adopté. Poste 7, article 2: Frais de
voyage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Frais de voyage, ce sont les vacations
ordinaires des membres du Bureau de surveillance.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Précisément. Le Bureau de
surveillance compte des inspecteurs régionaux qui voyagent constamment,
visitant les divers cinémas des cinq grandes régions du
Québec: Saguenay-Lac-Saint-Jean, Bas-du-Fleuve, Abitibi-Nord-Ouest,
Estrie-Montréal et l'ouest de Montréal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comment sont nommés ces inspecteurs
régionaux?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En vertu de la loi générale de la
Fonction publique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont tous des employés de la
Fonction publique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont tous des employés du Bureau de
surveillance.
M. CHARRON: Vous avez nommé l'ouest de Montréal, je
comprends que c'est une grande région...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'ouest de Montréal et rive sud.
M. CHARRON: Ouest et sud.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, à moins qu'il n'y ait
dissidence, nous acceptons les $18,000.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Article 2, adopté. Article 3: Frais
de bureau et autres dépenses.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Adopté. Poste 8: Subventions.
Subventions
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous en arrivons à la pièce de
résistance. Je me demande même s'il vaut la peine que nous
abordions ce débat. Je ne sais même pas si nous aurons le temps
d'établir les positions préliminaires, les bases de la
discussion.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): S'il n'en tient qu'à moi, ces bases
seront très courtes. Alors, allez-y, posons-les. Les subventions sont
des sommes d'appoint que le ministère donne à des organismes
reconnus, sommes sans lesquelles leurs talents, leurs ressources
financières ne pourraient atteindre le but qu'ils se sont
fixé.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Que voilà, une expression
précise...
M. BOURASSA: Qu'en termes galants...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... ces choses-là sont dites! Cela
n'épuise quand même pas le sujet. Le problème des
subventions est un problème majeur du ministère des Affaires
culturelles. Il sera facile de déplorer, encore une fois, la
modicité" du budget. Tout le monde le reconnaît. C'est un peu la
faute du premier ministre, mais ne lui imputons pas cette faute. Il a
déjà tellement de responsabilités à porter.
Mise à part la question de la modicité des sommes qui
apparaissent au poste des subventions, il y a tout le problème de la
politique générale des subventions et des critères qui en
commandent l'octroi.
Nous serions donc intéressés à entendre le ministre
des Affaires culturelles nous dire, non pas nous faire l'énonce d'une
politique parce qu'il est toujours un peu timide lorsqu'il s'agit...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas de la timidité, c'est de la
saine gestion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une saine gestion timide.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une saine gestion qui attend d'avoir
toutes les données du problème avant de se prononcer et qui
refuse de se laisser entraîner dans des déclarations non
responsables.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre des Affaires culturelles, sans
énoncer de politique précise qui engagerait son gouvernement, est
quand même capable parce qu'il connaît le problème
des subventions, il sait ce qu'est un organisme subventionné, il a pris
connaissance du nombre énorme d'organismes que nous subventionnons
de nous indiquer, quels devraient être, selon lui, les grands
critères de base qui l'inspirent ou qui vont l'inspirer dans l'octroi
des subventions à divers organismes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous ne serez sans doute pas
étonné, M. le Président, de m'entendre dire que c'est
aussi une question à
l'étude. Il est certain qu'une politique des subventions s'impose
dans la mesure d'ailleurs où il n'y en avait pas de précise. Je
crois que je ne peux, à ce stade, qu'émettre un certain nombre
d'idées qui ne seront pas nécessairement à la base des
modifications que j'espère pouvoir apporter en cours de route. Il est
évident qu'une subvention doit représenter une incitation pour un
organisme. Or, on se trouve très souvent et c'est une
constatation générale de toutes les instances qui sont
amenées à subventionner des organismes culturels dans une
situation telle qu'on est amené à combler les déficits
d'un bon nombre d'organismes.
On a pu calculer qu'il y avait, au Québec, plus de $2 millions de
déficits accumulés des différents organismes culturels.
Ces déficits représentent un poids considérable et, si la
subvention est utilisée en totalité ou en partie pour combler un
déficit, elle perd entièrement son rôle créateur. Je
souhaiterais qu'on puisse en arriver à une formule qui permettrait de
consacrer une partie de la subvention aux déficits et une partie
beaucoup plus importante aux programmes. Il faut que l'on puisse avoir un
contrôle suffisant sur les activités de l'organisme de
manière à suivre la situation d'assez près.
Un autre point également, c'est celui de la coordination à
apporter entre les différents organismes qui subventionnent. Beaucoup
d'organismes touchent à la fois du Conseil des arts de Montréal
c'est le cas des organismes montréalais du gouvernement
fédéral et du ministère des Affaires culturelles. Il
existe déjà des initiatives fort heureuses, je me plais à
le souligner, qui ont permis de former et de constituer des comités de
coordination pour certains organismes. Je pense, en particulier, à
l'Orchestre symphonique de Montréal. Il y aurait intérêt
à ce que l'on puisse multiplier ces comités. Il y aurait
intérêt également à ce qu'une concertation constante
soit apportée à divers niveaux entre les organismes qui
subventionnent de manière que les organismes subventionnés
puissent voir leurs besoins comblés mais, en même temps, profiter
le plus possible des sommes qui leur sont accordées. J'ai,
moi-même, depuis que je suis en fonction, eu plusieurs rencontres
à ce sujet avec les deux autres instances qui subventionnent de
façon importante au Québec.
Je sais bien que ces quelques remarques sont loins d'épuiser le
sujet. Je ne crois pas d'ailleurs avoir presenté d'idées
originales mais je pense que cela permet quand même de lancer la
discussion. Je suis à votre disposition, si vous voulez que je vous
donne le détail des subventions. Ceci me permettra d'insister sur
l'équilibre à respecter dans l'ensemble des subventions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avant que le ministre ne procède
à nous donner des détails, j'aimerais reprendre certaines des
idées qu'il a émises et faire des observations
générales. D'abord, durant un nombre d'années assez
important, depuis le moment où le ministère des Affaires a
été créé et même auparavant, on avait coutume
de s'adresser au gouvernement, tantôt au ministère de l'Education,
tantôt au Secrétariat d'Etat et, après la création
du ministère, aux Affaires culturelles, un peu comme à une
clinique de dépannage. Les organismes réduits qui appliquaient au
ministère et demandaient des subventions qui, la plupart du temps,
devaient servir à solder des déficits d'opération et
d'activité. Nous avons, au cours des quatre dernières
années, essayé de normaliser, dans la mesure où cela
était possible, l'octroi des subventions. Or, définissant des
critères les journalistes ont coutume de dire qu'ils sont
purement subjectifs, ce qui peut être vrai à certains
égards, tout dépend de quel côté de la barricade on
se place ces critères à notre avis, étaient quand
même assez objectifs on les définissait à partir de la
nature de l'organisme qui demandait une subvention, à partir de ce qu'il
produisait en somme, tout cela dépendant de la qualité de la
production de ces divers organismes qui s'adressaient au ministère des
Affaires culturelles.
Au fait, on a dit et je l'ai dit moi-même explicitement et
officiellement que le ministère donnait, par ses subventions, une
prime à la qualité, que l'on insistait davantage sur le
côté qualitatif de la production des organismes qui s'adressaient
à nous. Evidemment, ce critère qualitatif, j'admettrai, avec
n'importe qui de cette commission, qu'il est difficile en certains cas de le
déterminer. En effet, chaque organisme qui devient un organisme
subventionné passe nécessairement par une phase
d'expérimentation, par une phase de rodage, pour en arriver finalement
à la production, à la présentation d'un produit fini dont
on estime qu'il est d'une qualité suffisante. Je répète
encore une fois qu'il peut y avoir du subjectivisme dans cette
appréciation.
Alors, en même temps que nous avons insisté au cours des
quatre dernières années sur la question de qualité, nous
avons insisté également, auprès des organismes, pour
qu'ils mettent l'accent sur la réorganisation de leur administration et
que disparaissent progressivement, dans toute la mesure du possible, de
nouveaux déficits d'opération et que s'éteignent d'autre
part, grâce à une somme soustraite du montant de la subvention,
les déficits accumulés. Cela n'était pas facile, M. le
Président, parce qu'un grand nombre d'organismes subventionnés,
je pense aux plus importants, notamment les orchestres symphoniques, par
exemple, avaient des déficits accumulés considérables, eu
égard au budget qui est le leur. Nous avons, dans toute la mesure
où cela était possible, demandé aux organismes de nous
présenter des budgets équilibrés. Problème toujours
difficile, solution qui n'allait pas sans heurt. Mais nous
avons quand même réussi dans le cas d'un bon nombre
d'organismes à faire admettre cette idée que, pour obtenir une
subvention, il fallait présenter un budget équilibré,
c'est-à-dire un budget dont on pouvait dire qu'il ne serait pas
nécessairement déficitaire compte tenu évidemment, des
aléas et de tous les accidents, partout. Nous avons réussi, dans
bon nombre de cas, à obtenir des organismes subventionnés qu'ils
nous présentent des budgets équilibrés. Ce qui n'a pas
empêché l'accumulation de certains déficits dans le cas de
compagnies de spectacles, de théâtre et même d'organismes
musicaux.
Nous avons insisté aussi sur l'effort de coordination que ces
organismes devaient faire en vue de réduire les coûts de
production et d'en arriver à une participation, à une
collaboration d'un organisme à l'autre qui s'occupait des
activités de même nature. Je pense, en particulier, aux organismes
de théâtre, en vue de réduire les frais de
publicité, les coûts de l'administration. Je ne pense pas que nous
ayons vraiment réussi à convaincre les organismes de cette
nécessité de mettre en commun leurs ressources financières
et humaines dans le domaine de l'administration et de la publicité. Cela
vient du fait que ces organismes sont, à raison de certains
égards, jaloux de leur autonomie et qu'ils n'ont pas encore
accepté l'idée de voir apparaître au Québec des
organismes d'Etat, des théâtres d'Etat, notamment des compagnies
d'Etat dans le domaine du théâtre, des formations musicales qui
soient des formations d'Etat. Cela ne nous a pas permis d'en arriver à
la pratique d'une politique de coordination de l'effort des organismes dans le
domaine de la publicité et de l'administration. Car il y a et je
le signale au ministre, c'est très important un problème
majeur, un problème de duplication de services dans les domaines de la
publicité et dans les domaines de l'administration. Et il devient de
moins en moins acceptable, compte tenu des budgets qui sont les nôtres,
compte tenu des exigences du public et de la nécessité de
promouvoir la culture par le truchement de ces organismes, ces instruments de
culture que sont les organismes subventionnés, il devient
extrêmement important de pratiquer la formule des regroupements dans le
domaine de la publicité et dans le domaine de l'administration afin
d'éviter la duplication de services et des duplications de coûts
qui deviennent extrêmement onéreux.
Si l'on songe à la région de Montréal où il
y a un bon nombre de théâtres subventionnés, on
conçoit facilement qu'il serait possible à ces organismes, tout
en gardant une certaine part de leur autonomie en matière de conception
artistique, de se regrouper à des fins administratives et à des
fins de publicité. C'est une politique que nous avons indiquée
aux organismes subventionnés. Nous leur avons fait savoir que la
politique du ministère s'infléchissait dans ce sens-là et
qu'ils auraient bientôt à entrepren- dre avec nous des discussions
qui nous amèneraient à prendre des dispositions concrètes
à cet égard.
Le ministre des Affaires culturelles a exprimé, tout à
l'heure, certaines idées à ce sujet. Je lui soumets les miennes,
c'est-à-dire la nécessité de mettre l'accent sur la
qualité de la produc tion cela va de soi, c'est un lieu commun de
le dire mais j'insiste sur cette exigence d'une coordination des efforts
par le moyen de regroupement, partout où cela est possible, afin de
permettre la création, dans des délais assez brefs je ne
dis pas dans six mois ou même dans un an de compagnies d'Etat
subventionnées. Parce que, si l'on examine un peu la situation, l'on se
rend compte qu'à part certains organismes qui ont de la
stabilité, les compagnies naissent, elles meurent, elles ressuscitent.
Il faut pratiquer très souvent sur elles la respiration artificielle et
ce n'est pas du tout dans l'intérêt, ni du théâtre,
ni de la musique, ni d'aucune sorte d'expression artistique. Le ministre aura
sans doute pris connaissance du dossier des Grands Ballets, de l'Orchestre
symphonique de Montréal, de l'Orchestre symphonique de Québec, du
Théâtre du Nouveau Monde, enfin de la Nouvelle Compagnie
Théâtrale, etc. C'est à propos de ces organismes qu'il est
important de poser le problème de la coordination et du
regroupement.
M. le Président, c'est en examinant le cas de certains organismes
subventionnés nous en avons la liste qui apparaît dans le
rapport du ministère des Affaires culturelles au cours de l'exercice
financier 68/69 que l'on pourra reprendre l'ensemble de ces
problèmes, faire d'autres suggestions au ministre et lui poser des
questions. Mais je voudrais auparavant, si le ministre peut le faire je
ne sais pas s'il est en mesure de le faire, je n'insiste pas savoir
combien de subventions ont été accordées depuis le 12 mai,
c'est-à-dire depuis le moment où le ministre a pris charge du
ministère, et quels sont les organismes qu'il a
subventionnés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux vous en donner le détail depuis
le début de l'année financière, c'est-à-dire
avril...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Depuis avril, oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... jusqu'au 30 juin 1970, ce qui correspond
à la meilleure période. La façon la plus simple de
procéder, c'est peut-être de référer aux
différents postes budgétaires. Poste budgétaire 8, article
1 : Théâtres. Nous avons engagé $170,000.
Théâtre
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, $170,000...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit d'un engagement sur un budget
prévu d'un million.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait nous dire
à qui seront versées ces sommes, enfin à qui sera
versé cet argent, quelles sont les compagnies qui en
bénéficieront?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je veux bien aller dans tous ces détails,
mais je me demande là encore s'il n'y aurait pas intérêt
à faire parvenir des documents. Si nous nous arrêtons à
chacun des postes, cela sera extrêmement long.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici la raison pour laquelle je veux avoir
ces détails. Il n'est pas acquis qu'à chacune des compagnies,
nous ayons des commentaires à faire.
Mais, au sujet de certaines d'entre elles, il est évident que
nous aurons des observations à faire et des questions à poser au
ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Moi, je veux bien. Nous avons
subventionné 184 organismes l'année dernière. Cela vous
donne une idée un peu de l'éventail de nos subventions. Pour en
revenir au théâtre et aux dépenses engagées, nous
avons engagé $50,000 aux Grands Ballets Canadiens; à l'ACTA,
l'Association des Troupes d'Amateurs nous avons engagé $10,000; au
Théâtre du Nouveau Monde, $25,000... Il s'agit là
d'engagements sur un budget total. C'est une façon de
procéder...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, le TNM: $25,000
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le Théâtre du Rideau Vert, $25,000;
le Théâtre Populaire du Québec, $30,000; la Nouvelle
Compagnie Théâtrale, $30,000. Dans un bon nombre de cas, il s'agit
d'une fraction du montant qui leur sera alloué dans l'année. Si
on voulait vraiment, comme le suggère ou comme le souhaite le
député de Saint-Jacques, procéder par comparaison, il
faudrait prendre les chiffres de l'année dernière et les
projections de cette année.
M. CHARRON: Ce serait juste sur le Théâtre du Nouveau Monde
que je veux...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce serait possible de donner ces
renseignements-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, c'est justement
là que je veux poser quelques questions au ministre. Le ministre
déclare que l'on versera ou qu'on a versé, en tout cas qu'on a
engagé $50,000, qui seront donnés ou qui ont été
donnés aux Grands Ballets Canadiens. Alors, est-ce que le ministre peut
nous indiquer quelle est la projection en ce qui concerne la subvention qui
pourra être éventuellement versée aux Grands Ballets
Canadiens?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons justement une situation
intéressante dans le cas des Grands Ballets, situation que je
souhaiterais pour ma part voir appliquer à d'autres organismes. Il
s'agit de ce que nous appelons une subvention-programme. Trop souvent, je
d'éplo-re le fait que nous soyons obligés de subventionner
à la petite semaine, pour ainsi dire, ou donner des subventions de
dépannage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis très heureux en pensant que le
ministre adopte cette solution que nous avions commencé d'appliquer pour
certains organismes, comme l'Orchestre symphonique de Québec, les
Jeunesses musicales d'Orford, etc.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce qu'en effet, M. le Président, il
est impossible, d'une part, de bien gérer un organismes si on ne sait
pas à quoi s'en tenir sur une période d'au moins trois ans, et
même de programmer, surtout s'il s'agit d'un organisme important comme un
orchestre symphonique ou une compagnie de ballets. Dans le cas des Grands
Ballets, nous avons pu concevoir un programme de trois ans sur la base de
$110,000 par année, ce qui est insuffisant, bien sûr. Mais, dans
le domaine des subventions, il y a tout de même un point
d'équilibre qu'il faut savoir respecter. En théorie, il n'y
aurait pas de limite aux subventions possibles. Alors, il faut en apporter une
en tenant compte des besoins et du programme d'un organisme donné;
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, les Grands Ballets Canadiens recevront,
je ne tiens pas compte des subventions qu'ils peuvent recevoir, d'ailleurs, du
ministère des Affaires culturelles un montant de $110,000 par
année sur une période de trois ans.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est bien ça, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est donc là l'application de ce plan
triennal dont j'ai parlé souvent et que j'ai eu beaucoup de mal à
faire accepter à certains organismes. J'imagine qu'il y en a d'autres
qui ne l'accepteront pas encore facilement, mais il y a un début.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La difficulté, M. le Président,
n'est pas seulement de faire accepter le plan aux organismes, mais
également de le faire accepter dans le cadre d'un budget. Parce que,
pour pouvoir budgétiser d'une façon rigoureuse, en fonction d'une
subvention-programme, il faudrait pouvoir compter sur un budget qui
augmenterait de façon régulière. Ce n'est pas tout de
promettre la même somme chaque
année, il y aurait intérêt à ce que cette
somme soit augmentée de 10 p.c. par exemple.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est justement là, M. le
Président, que se pose, à mon avis et sans que cela ait des
implications budgétaires considérables, c'est-à-dire des
implications budgétaires incontrôlables le problème
du rythme de croissance normal d'un organisme.
Lorsque nous avons mis de l'avant cette idée de plans triennaux
et quinquennaux et de budget équilibré, nous pensions justement
à la nécessité de surveiller le rythme de croissance des
organismes parce qu'il y a des organismes qui, à certain moment,
encourent des déficits du fait qu'ils se lancent dans des aventures dont
le ministère n'a, souvent, pas entendu parler et on revient après
avoir reçu la subvention qu'on considérait définitive pour
l'exercice en cours. On revient, on rapplique au ministre et on dit:
Voilà, on est dans le pétrin, il faut nous dépanner.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour abonder dans le même sens, M. le
Président, on en arrive à des situations fausses où, sous
peine de voir disparaître un organisme, on est forcé d'adopter des
mesurés d'urgence, de sorte que paradoxalement, un organisme qui se
gère bien et qui n'éprouve pas ce genre de difficultés se
trouvera peut-être indirectement pénalisé, en ce sens qu'il
n'aura pas de subvention.
Il faut donc en arriver à un plan tel que les subventions soient
acquises et représentent une prime à la saine administration.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est tout à fait ce que nous voulions,
M. le Président. Je suis heureux que le ministre procède
ainsi.
Maintenant, dans le cas des Grands Ballets remarquez que je ne
veux pas en faire une question de politique mais est-ce que la
suppression de la tournée qu'ils devaient faire à Osaka et la
tournée, le spectacle ou les spectacles qu'ils devaient donner en
Russie, a eu des incidences sur leur budget?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je vous signale que ceci
relevait du ministère de l'Industrie et du Commerce. Nous n'avions qu'un
rôle de coordination dans ce voyage à Osaka.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, est-ce que justement ce voyage
à Osaka n'allait pas permettre aux Grands Ballets Canadiens de tenir le
coup jusqu'à la saison nouvelle?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Evidemment, c'est une décision qui a
perturbé l'équilibre de leur programme et qui n'a pas
été sans déterminer certains regrets.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez reçu l'assurance des Grands
Ballets Canadiens qu'il se tiendront dans le cadre de ce budget.
M. CLOUTIER (Ahuntisc): M. le Président, nous procédons
toujours de la même façon, en ce sens que nous avons des exigences
avant d'accorder une subvention. Je peux, si tel est le désir du
député de Chicoutimi, énoncer ces principales exigences.
L'une d'entre elles consiste justement à exiger des budgets
équilibrés à compter du montant de la subvention
proposée, et, en programmant la disparition graduelle du déficit
accumulé, lorsqu'il y a un déficit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, cela voudrait dire que, compte tenu des
recettes, etc., des subventions du ministère des Affaires culturelles,
du Conseil des arts et d'autres sources de revenus, une partie de la somme qui
est versée en subventions doit être affectée au
déficit, c'est-à-dire qu'elle doit servir à abolir
progressivement le déficit accumulé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En effet, sinon il n'y a aucune solution. On
n'en sort jamais et on ne fait qu'accumuler les déficits.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis très heureux que le ministre
procède de cette façon, parce que c'est ce que j'indiquais tout
à l'heure, lorsque j'ai parlé de la politique que nous avions
mise de l'avant de demander aux organismes de nous présenter des budgets
équilibrés.
Le cas des Grands Ballets Canadiens me paraît assez clair et je
souhaite au ministre qu'il n'ait pas de surprise. Je connais d'ailleurs les
administrateurs des Grands Ballets, je sais qu'ils sont ordinairement assez
fidèles aux prescriptions, aux ordres que nous leur donnons les
ordres, entendons-nous et aux bons conseils que nous leur
prodiguons.
Est-ce qu'à part cette subvention de $110,000 qui est
donnée aux Grands Ballets Canadiens, il n'y a pas une autre subvention
qui est donnée pour l'Académie de ballet? Des Grands Ballets?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En effet, l'an dernier: $45,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et, cette année, quelle est la
subvention?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle n'est pas encore programmée mais
nous pensons bien la maintenir. Je crois qu'une école de ce genre est
tout à fait indissociable de l'activité du ballet, à cause
de la nature même de cet art.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ici, je pose cette question au ministre
justement au sujet du ballet. Parce qu'il y a beaucoup de gens dans le
Québec qui lèvent la jambe qu'on a coutume de dire .
Il y a des écoles de ballet partout.
Est-ce que le ministre a l'intention, de concert avec ses
collègues du ministère de l'Education...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De lever la jambe?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah, je ne connais pas les moeurs des
phychiatres! Est-ce que le ministre a l'intention, de concert avec son
collègue de l'Education, de normaliser l'enseignement du ballet,
c'est-à-dire de surveiller la naissance et la mort de toutes ces
écoles de ballet qui pullulent dans le Québec, qui
prolifèrent et pour lesquelles on nous demande à tout moment des
subventions que nous ne pouvons pas accorder?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout ce que je peux vous dire, c'est que j'ai
l'intention, comme je l'ai souvent souligné, d'étudier avec le
ministre de l'Education tous les problèmes qui touchent nos deux
ministères. Nous avons déjà commencé. Il y a
beaucoup de problèmes, l'éducation étant partout, qui sont
susceptibles de créer des difficultés de juridiction dans
certains cas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a aussi une subvention de $10,000; ce
n'est qu'une partie de la subvention à l'ACTA?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est qu'une partie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Partie d'une subvention qui sera de l'ordre de
combien?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle n'est pas programmée. Pour ne rien
vous cacher, nous éprouvons, dans le cadre du budget, d'assez grandes
difficultés en ce moment. Alors, notre programmation est en train de se
faire, il n'est pas sûr que nous puissions satisfaire tous les besoins;
plus exactement, il est sûr que nous ne pourrons pas les satisfaire
tous.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je signale au ministre, au sujet de l'ACTA
précisément, qu'il y a eu de nombreuses plaintes au sujet de cet
organisme. Il existe dans le Québec bon nombre de troupes d'amateurs
de comédiens dits amateurs qui demandent l'assistance en
disant: II y a un organisme qui s'occupe du théâtre amateur et
c'est l'ACTA. Mais, je me demande, à la lumière de
l'expérience que j'ai vécue, s'il ne serait pas important que le
ministère des Affaires culturelles repense le rôle de l'ACTA. De
quelle façon, en somme, l'ACTA utilise-t-elle les subventions qui lui
sont données annuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous sommes précisément en train
de préciser c'est une autre de ces questions une politique
du théâtre amateur. Les questions que se posait probablement,
lorsqu'il était ministre, le député de Chicoutimi, sont
tout à fait pertinentes. Il reste qu'à travers l'ACTA nous
subventionnons des secrétariats pour du théâtre d'amateurs
c'est une formule que nous adoptons dans d'autres secteurs
également Plutôt que de subventionner une infinité
de petites troupes, nous essayons de subventionner un organisme central, qui
peut être parfois une fédération. Je pense aux fanfares.
Nous recevons un nombre considérable de demandes...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'Alliance des chorales.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Exactement. Les chorales présentent un
problème analogue. A ce moment-là, nous essayons, pour manifester
notre intérêt pour des secteurs tout à fait valables, de
subventionner un organisme qui résume ce type d'activités.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour ce qui est du Théâtre du
Nouveau Monde, quelles peuvent être les projections pour le prochain
exercice? Vous avez versé ou vous verserez $25,000.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le Théâtre du Nouveau Monde est
programmé pour $110,000 cette année comme il l'était
l'année dernière.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre s'est interrogé
sur je ne dirais pas la qualité les résultats de la
dernière saison du Théâtre du Nouveau Monde?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comme vous n'avez pas manqué de vous en
rendre compte le ministre ne fait que s'interroger. Il est peut-être
inévitable que son interrogation porte aussi sur l'activité des
organismes principaux qu'il subventionne parce que le Théâtre du
Nouveau Monde est un de ces organismes qui bénéficient d'une
subvention relativement élevée.
Cependant, j'allais simplement dire que, je ne crois pas qu'il
m'appartienne de porter un jugement de valeur sur la programmation d'un
organisme.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tout en étant partiellement d'accord
avec le ministre des Affaires culturelles là-dessus, je diffère
en un sens d'opinion. Il est évident que si l'on parle de la direction
artistique d'une compagnie de théâtre, qui n'est pas une compagnie
d'Etat et même si elle était une compagnie d'Etat ce serait
la même chose le ministère des Affaires culturelles aura
mauvaise grâce de pratiquer un dirigisme dans le domaine proprement
artistique. N'empêche qu'on a le droit de s'interroger lorsque les
résultats d'une saison de théâtre ne paraissent pas
satisfaisants de l'avis de ceux qui
fréquentent les salles de spectacle et de l'avis des critiques,
de tous les gens qui s'intéressent de façon professionnelle ou
non au théâtre.
Or, le ministre sait très bien je ne veux pas du tout
condamner le Théâtre du Nouveau Monde que la
dernière saison du Théâtre du Nouveau Monde n'a pas
été un succès, ni un succès de public, ni un
succès de recettes et que l'on a fait grief au Théâtre du
Nouveau Monde d'avoir changé sa vocation. Cela m'amène, en
laissant de côté de cas précis du Théâtre du
Nouveau Monde, à poser au ministre certaines questions concernant
l'orientation des compagnies de théâtre.
Disons que, grosso modo, il y avait jusqu'à ces dernières
années, trois types, à part les troupes d'amateurs, de compagnies
de théâtre. Il y avait une compagnie de théâtre qui
s'était tenue jusqu'à présent dans le cadre de ce que l'on
appelle le théâtre de répertoire. Cela a été
pendant assez longtemps le cas du Nouveau Monde qui s'offre de temps à
autre, une production canadienne, une production qu'on n'est pas
accoutumé de considérer comme une production dite de
répertoire.
D'autre part, il y avait une compagnie en particulier, je songe au
Rideau Vert, qui se spécialisait, si je peux dire, dans un
théâtre plus léger ce m'ot n'a pas de sens
péjoratif dans mon esprit et pour reprendre un mot commode qui ne
recouvre pas nécessairement la réalité un
théâtre de boulevard, en somme un Théâtre plus
léger, plus accessible à certaine catégorie de public.
Il y avait des compagnies qui sont disparues, qui sont revenues, qui
sont redisparues, d'autres les ont remplacées, qui faisaient ce qu'on
appelait du théâtre expérimental. Evidemment, ces notions
sont toutes un peu arbitraires, mais je me demande, dans
l'éventualité de la création prochaine de compagnies de
théâtre subventionnées, de théâtre d'Etat, si
le ministre des Affaires culturelles n'envisage pas la possibilité de
demander aux compagnies de se redéfinir précisément par
rapport à leur répertoire. C'est un problème toujours un
peu délicat, la matière est un peu explosive. Si on revient au
cas du théâtre du Nouveau Monde, à sa saison de l'an
dernier, on se rend compte que le Théâtre du Nouveau Monde s'est
lancé dans des aventures, création de pièces canadiennes
et qu'il a semblé pouvoir s'orienter de plus en plus vers ce domaine de
la création de pièces québécoises ou
canadiennes.
Le théâtre du Rideau Vert s'en est tenu sensiblement
à sa production ordinaire, tandis que d'autres compagnies de spectacles,
enfin, continuèrent à faire du théâtre
expérimental, du théâtre d'avant-garde appelons cela comme
on voudra, du théâtre de création de pièces
canadiennes, de pièces québécoises, tout un
répertoire de créations nouvelles. Je demande donc au ministre
si, dans l'éventualité de la création d'un
théâtre d'Etat, il ne songe pas à prier ces compagnies de
se redéfinir par rapport au répertoire. Il y a là une
question de public, une question de goût du public à satisfaire,
s'il est nécessaire d'encourager le théâtre qui naît,
le théâtre qui se crée. Il est quand même important
de garder le théâtre de répertoire et ainsi, d'avoir un
éventail qui satisfasse tous les goûts, toutes les exigences,
étant entendu que ces exigences sont des exigences conformes à ce
que l'on appelle la qualité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je répondrai brièvement au
député de Chicoutimi en relevant deux ou trois points de son
exposé. Il a parlé du Théâtre du Nouveau Monde. En
toute justice, je dois dire que, malgré une réduction de la
subvention $10,000, le Théâtre du Nouveau Monde a tout de
même présenté un budget avec un surplus d'à peu
près $20,000. On ne peut donc pas dire qu'il s'agit d'un insuccès
sur tous les plans, ceci en dépit d'une programmation qui ne semble pas
avoir obtenu la faveur populaire.
Le deuxième point, c'est que, lorsqu'un organisme de
théâtre demande à être subventionné, il nous
présente une programmation, programmation qui n'est pas refusée,
mais à partir de laquelle certaines suggestions peuvent être
faites.
Ce serait peut-être là le biais qui nous permettrait d'en
arriver à des redéfinitions. Cette redéfinition me
paraît essentielle. Il est évident, surtout dans une
collectivité où les besoins se multiplient, où les
auditoires sont de plus en plus diversifiés, il me parait utile, pour
éviter les doubles emplois et sans imposer à une troupe de
théâtre le carcan d'un répertoire unique, qu'il y ait tout
de même une forme de spécialisation. Et, à toutes fins
utiles, ceci se produit presque inévitablement par la loi de l'offre et
de la demande. Certains organismes qui ont connu de mauvaises saisons sont
amenés à s'interroger sur les raisons qui ont
déterminé cette situation. Nous sommes là pour les aider,
pour essayer de les aider à repenser leur programmation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, en ce qui concerne le
Théâtre du Nouveau Monde, on nous dit très souvent que
cette compagnie n'est pas, en raison des lieux où elle joue, accessible
au grand public. Les prix de ses spectacles sont très
élevés, etc. Je me demande si le ministre envisage une certaine
solution à cet égard, dans l'optique de la démocratisation
de la culture et de l'accessibilité du bien culturel à tous les
citoyens.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est là un problème
extrêmement vaste dont j'ai conscience, auquel je m'attacherai. Il est
évident que, pour ne donner qu'un exemple, une partie de notre
subvention est utilisée pour payer un loyer à la Place des Arts,
alors que nous subventionnons
déjà la Place des Arts. Vous n'ignorez pas, M. le
Président, que la Place des Arts est une régie qui appartient
à la fois à la ville de Montréal et au Québec. La
ville subventionne le Théâtre du Nouveau Monde par son Conseil des
arts, laquelle subvention est également utilisé pour payer une
partie du loyer ainsi que certains frais accessoires. Nous arrivons à
des situations qui exigeraient certainement d'être assainies. De quelle
façon? Il m'est impossible de vous le dire pour le moment. J'en prends
simplement acte. Il n'est peut-être pas tout à fait exact de
penser à la Place des Arts uniquement comme le carrefour luxueux d'une
certaine élite. J'ai discuté de la question avec le directeur
général et le président de la régie de la Place des
Arts. J'ai multiplié les rencontres avec tous les milieux de
manière, justement, à commencer à sentir un peu les
problèmes et à en arriver plus tard à une politique un peu
cohérente. On a pu me démontrer que, bien au contraire, des
spectacles attiraient des gens d'à peu près tous les milieux. Ce
n'est pas le cas de tous les spectacles, mais il semblait y en avoir tout de
même un bon nombre. Ceci ne signifie pas qu'il ne faudrait pas des
mesures particulières pour accéerer encore ce mouvement. Une
certaine planification du prix des places, par exemple, pourrait nous y
aider.
M. CHARRON : Est-ce que cela ne pourrait pas se faire justement au
moment des subventions, tel que le laissait entendre le député de
Chicoutimi? Est-ce que cette politique ne pourrait pas être jointe, si
vous voulez, à une politique cohérente avec l'octroi des
subventions à la condition que, sans être coercitif à
outrance dans ce domaine-là...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr. Je vous signale à propos
que le Théâtre du Nouveau Monde, pour ne prendre qu'un exemple,
offre des billets à prix réduit pour étudiants et
également pour syndiqués. Je reprends donc la question du
député de Saint-Jacques, mais une telle politique pose encore un
problème de crédit. Les subventions que nous accordons
actuellement suffisent à peine, et vous avez là l'exemple d'un
organisme qui est arrivé à bien se gérer et qui nous a
présenté un surplus; mais c'est une grande exception, bien que ce
ne soit pas la seule exception. Il faudrait que les subventions puissent
être plus élevées. Il faudrait peut-être aborder le
problème autrement, agir à un autre niveau. Pourrions-nous penser
à une aide qui ne s'adresserait pas je pense à voix haute
et je n'ai pas de solution précise à offrir qui
s'adresserait aux usagers, aux consommateurs plutôt qu'à la troupe
elle-même. Je ne peux vous en dire plus pour l'instant, mais il est
certain que le prix des billets est trop élevé. Il faudrait
trouver un moyen d'avoir du théâtre à meilleur compte.
Maintenant, quand je dis avoir du théâtre à meilleur
compte, il faut penser qu'il existe du théâtre qui coûte
beaucoup moins cher, il existe même du théâtre gratuit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. le Président, justement
si on veut produire du théâtre à meilleur compte et
même du théâtre gratuit, dans le cas précis du
Théâtre du Nouveau Monde, le fait est que l'on joue à la
Place des Arts et que la Place des Arts, même en tenant compte de
certains préjugés, reste quand même un lieu luxueux. C'est
l'exemple parfait d'une régie sur laquelle nous n'avons qu'une sorte de
contrôle, et les troupes qui sont obligées d'y jouer, elles sont
obligées de se soumettre à des exigences, aux exigences d'une
régie indépendante du gouvernement, une régie qui, je l'ai
déclaré tout récemment, menace de devenir une sorte de
monstre qui déborde.
Je ne vais pas servir tout de suite au ministre les arguments que je
m'apprête à lui servir à propos de la régie qu'il
prétend créer pour l'administration du Grand
Théâtre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous voulez garder vos arguments pour votre
discours, n'est-ce pas?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je le mets en garde. Et je lui pose la
question: Est-ce qu'il est prêt à entamer des discussions avec la
Régie de la Place des Arts pour reconsidérer le problème
de la Place des Arts en fonction justement de l'assistance à ces
compagnies de théâtre, aux formations musicales qui s'y
produisent?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est déjà fait, M. le
Président, j'ai eu deux rencontres avec les dirigeants de la Place des
Arts. Je pense même qu'il sera possible d'apporter un amendement à
la Loi de la Régie de la Place des Arts qui permettra peut-être de
pallier certaines des difficultés auxquelles le député de
Chicoutimi fait allusion.
De plus, je pense que la collaboration qui s'annonce est excellente
à tous les points de vue et qu'il sera certainement possible d'influer
davantage sur la planification et peut-être même d'inclure les
activités de la Place des Arts, dans une planification assez
générale.
M. CHARRON: Quel était le déficit de la Place des Arts
l'an dernier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Environ $625,000.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le déficit du Québec, le
déficit d'exploitation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le déficit d'exploitation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le déficit d'exploitation. Sans
compter...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sans compter le service de la dette, les
engagements financiers des immobilisations importantes. Maintenant, j'ai
moi-même des réserves sur cette formule non pas de la régie
mais d'une Place des Arts. Mais que voulez-vous, ces immeubles existent. Et il
vaut mieux en tirer le meilleur parti possible. Je souhaiterais
peut-être, si dans l'absolu il était possible de concevoir des
maisons de spectacles, des formules je ne dirai peut-être pas plus
modestes, mais plus accessibles. Mais je répète que ces immeubles
existent. D faut donc essayer de les réutiliser au mieux pour l'ensemble
de la collectivité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, justement en pensant
à ces amendements possibles à la Loi de la Régie de la
Place des Arts, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'utiliser
précisément les services administratifs de la Place des Arts,
à des fins de gestion des compagnies qui régulièrement se
produisent à la Place des Arts?
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Excusez, il est dix heures. Nous allons
ajourner à demain matin à dix heures ici à la salle
91.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Merci, M. le Président.
M. ROY (Beauce): M. le Président, est-ce qu'on peut remercier
sincèrement le ministre ainsi que ses hauts fonctionnaires.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Vu que nous revenons tous demain...
M. ROY (Beauce): Nous revenons tous, mais je ne pourrai pas revenir
moi-même. Je veux surtout le féliciter pour son extrême
patience.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Merci. Je voudrais que ce soit
enregistré, M. le Président.
(Fin de la séance: 22 h 03)
Séance du vendredi 10 juillet 1970
(Onze heures sept minutes)
M. VEILLEUX (président de la commission permanente des Affaires
culturelles): A l'ordre, messieurs!
Poste budgétaire 8 : Subventions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, au moment où
les débats ont été suspendus, j'en étais à
interroger le ministre des Affaires culturelles sur les problèmes de
regroupement de théâtres. Je ne veux pas insister trop longtemps
sur ces questions, sur ces points de détail, subventions et tout cela.
Je voudrais tout simplement qu'il me permette de lui poser cette question:
Où en est rendu le problème du regroupement du
théâtre à Québec et la création de cette
compagnie du Trident?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, il y aura une
conférence de presse mercredi de la semaine prochaine,
c'est-à-dire le 15 juillet, qui portera précisément sur le
Trident. A cette occasion, je remettrai au directeur la clé de la maison
où nous les logeons et il y aura certainement quelques renseignements
remis à la presse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Où le Trident sera-t-il
logé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je sais que c'est dans une maison de la
Côte de la Montagne.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est l'administration qui sera logée
là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est l'administration qui sera logée
là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, le théâtre n'a pas encore
une salle déterminée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est certain que le Trident utilisera le petit
théâtre qui n'est pas encore terminé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministère a
projeté un budget de subventions pour le Trident pour la première
année de son exercice?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons subventionné le Trident
jusqu'au montant de $54,000 l'an dernier; nous avons une demande plus
élevée cette année. Et nous sommes en train
d'étudier leur bilan qui vient seulement de nous parvenir, suivant les
critères dont j'ai parlé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Evidemment, M. le Président, je ne veux
pas pousser plus
avant, parce que je sais que le ministre donnera une conférence
de presse, mais je suis heureux de voir qu'ont aboutit toutes les
démarches assez longues qu'il a fallu entreprendre en vue de doter
Québec d'un organisme de théâtre professionnel. On ne peut
que souhaiter que tout fonctionne normalement et que les citoyens de
Québec puissent jouir des avantages d'un théâtre
professionnel permanent, eux qui en ont été privés pour
toutes les raisons qu'on sait. A ce chapitre des subventions au
théâtre, je rappelle donc au ministre le problème de la
nécessité de regroupement, particulièrement à
Montréal.
Hier soir, au moment où nous terminions, je lui demandais ceci:
Est-ce que la volonté qu'il a, semble-t-il, de repenser la formule de la
Régie de la Place des Arts ne sera pas l'occasion toute trouvée
pour discuter avec les compagnies permanentes de théâtre du
problème du regroupement des services de publicité et
d'administration de ces compagnies, dont quelques-unes jouent assez souvent
à la Place des Arts.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois avoir répondu à une
question analogue lors de notre dernière rencontre. Ce sera
évidemment une occasion tout à fait satisfaisante pour le faire.
Il y a d'ailleurs des démarches entreprises dans ce sens.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez entrepris des démarches dans
ce sens avec les autorités de la Place des Arts?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai déjà eu comme je l'ai
signalé des rencontres avec les autorités de la Place des
Arts. Un survol des problèmes a été tenté, mais je
pense qu'il faut se rendre compte que toutes ces situations exigent des
solutions qui ne semblent pas avoir été apportées; je
compte m'employer a le faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Evidemment, cela pose beaucoup de
problèmes et les solutions ne sont pas faciles à inventer, parce
qu'il y a l'existence des troupes, l'autonomie des troupes et Dieu sait si
elles sont jalouses de cette autonomie, à bon droit, à certains
égards. Je crois que le moment est venu de repenser toute cette formule
des théâtres subventionnés et de songer à
l'implantation, à l'installation, à la création de
théâtres d'Etat sur lesquels le ministère des Affaires
culturelles pourrait exercer une surveillance plus étroite. Cela
permettrait également au ministère des Affaires culturelles de
voir à ce que le public soit satisfait de ce qu'on y présente.
Naturellement, chaque compagnie de théâtre fait ses
expériences elles ne sont pas toutes heureuses mais il
n'en demeure pas moins qu'il y a un besoin de théâtre de
répertoire et qu'il serait urgent d'indiquer à certaines
compagnies qu'elles doivent se spécialiser. C'est le cas de la
Nouvelle
Compagnie Théâtrale, qui fait un excellent travail dans un
milieu donné; c'est un peu le cas du TPQ. Il y a, à l'heure
actuelle, une tendance à la création de pièces
québécoises ce qui n'a rien de mauvais, tout au contraire
mais il y a un inventaire à faire des besoins du public et de la
réponse du public à cette forme de théâtre qui n'est
pas toujours de qualité.
L'avenir portera un jugement plus définitif que celui que nous
pouvons porter actuellement avec nos critères.
A tout événement, M. le Président, je compte sur la
vigilance du ministre pour préparer ces plans triennaux et maintenir et
garder les compagnies de théâtre dans des limites
budgétaires raisonnables afin que disparaissent les déficits qui
au cours des quatre dernières années ont été la
cause de maux de tête pour le ministre et pour les fonctionnaires qui
s'occupent des compagnies de théâtre.
A moins que mon collègue de Saint-Jacques ait quelques questions
à poser au chapitre du théâtre et sur le problème
des formations musicales...
Musique
Au sujet des formations musicales, il y en a certaines qui ont plus
d'importance que d'autres. Je veux insister sur deux en particulier: sur les
deux grands orchestres symphoniques: l'Orchestre symphonique de Montréal
et l'Orchestre symphonique de Québec. Je voudrais poser
immédiatement une question au ministre à savoir s'il a
été pressenti par les autorités de la ville de
Montréal ou par des gens près de la ville de Montréal pour
que l'on fonde en un seul les deux orchestres, celui de Montréal et
celui de Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas été pressenti
personnellement. Je suis au courant de ce désir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre a quelque opinion
à ce sujet-là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour l'instant, je n'ai pas d'opinion et nous
allons maintenir la situation au cours de l'année qui vient.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je veux faire cette observation parce qu'il
m'est apparu, au cours de l'exercice de mon mandat, que l'on avait tendance,
à Montréal, à une certaine centralisation de
l'activité musicale et des demandes pressantes m'ont été
faites pour qu'à toutes fins utiles on fasse disparaître
l'Orchestre symphonique de Québec et que l'on ne créée
qu'un grand orchestre symphonique au Québec, soit celui de
Montréal. Or, j'ai refusé d'obtempérer aux désirs
de ceux qui me pressaient de procéder de cette façon parce que
j'estime que l'Orchestre symphonique de Montréal ne corres-
pond pas, en tout point, aux exigences que doit avoir le
ministère à l'endroit d'une formation musicale de cette
importance et de cette qualité.
Il y a aussi le fait que l'Orchestre sympho-nique de Québec
constitue le débouché normal d'un grand nombre d'étudiants
qui sortent de nos conservatoires et qui veulent devenir musiciens d'orchestre.
Or, la disparition de l'Orchestre symphonique de Québec
entraînerait fatalement la fermeture de ce marché pour les
diplômés du conservatoire. C'est la raison pour laquelle je
demande au ministre s'il a entendu parler de ces problèmes; il m'a dit
qu'il n'en avait pas entendu parler...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas tout à fait exact, M. le
Président, j'ai dit que je n'avais pas été
pressenti...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... pressenti officiellement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis au courant du problème. Je ne
veux pas émettre d'opinion qui engagerait l'avenir mais je n'ai aucune
objection à dire qu'en principe je considère qu'il est tout
à fait normal qu'il y ait des orchestres dans les grandes villes. Je ne
suis pas partisan d'une centralisation trop poussée dans ce
domaine-là. C'est une question de débouchés,
débouchés pour nos élèves de conservatoire et
également le fait qu'une région doit être desservie souvent
par une formation à laquelle il lui est possible de s'identifier. De
plus, les orchestres peuvent avoir des fonctions différentes, sinon des
spécialisations différentes. Pour toutes ces raisons, j'ai
maintenu le statu quo, mais je me réserve de revoir la question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un statu quo qui, au fait, est une
situation de progrès, puisque le ministre n'ignore pas que nous avons
commencé dans les conservatoires à préparer des ensembles,
des petites classes d'orchestre, lesquelles dans notre intention doivent servir
les fins de la diffusion de la culture, alimenter des centres culturels et,
enfin, servir à la programmation mise à la disposition des
centres culturels dans le Québec. C'est la raison pour laquelle
j'insiste sur la nécessité de maintenir l'Orchestre symphonique
de Québec parce que c'est précisément là qu'on a
commencé le travail le plus consistant dans ce domaine de la formation
des petits ensembles ou des orchestres symphoni-ques réduits. Le nombre
des musiciens est réduit.
J'aimerais que le ministre des Affaires culturelles me donne quelques
renseignements parce que j'ai des questions à lui poser sur la
constitution de l'Orchestre symphonique de Montréal et sur son
orientation. Lorsque je parle de sa constitution, je parle des musiciens qui
composent cet orchestre.
Il ne s'agit pas ici évidemment de faire du nationalisme à
outrance mais la question est de savoir si l'Orchestre symphonique de
Montréal accorde aux musiciens du Québec toute l'attention que
cet orchestre devrait leur accorder.
Est-ce que le ministre a une idée exacte du nombre de musiciens
qui constituent cet orchestre, quelle est leur origine et quelle est la
proportion des Québécois, de langue française ou de langue
anglaise, qui y travaillent de façon permanente, dans la mesure
où est permanent le travail de ces musiciens?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, j'ai une idée
générale. Mais si, comme je le soupçonne, le
député de Chicoutimi veut avoir des détails, comme le nom
de certains musiciens, le nombre exact de telle catégorie de musiciens,
je vais lui demander d'avoir la patience d'attendre que le directeur
général de la musique soit à mes côtés. Je
lui ai permis d'assister à une réunion extrêmement
importante avec le ministère de l'Education, alors que nous sommes
justement à mettre au point des mécanismes de coordination. Je
n'ai pas cru devoir bloquer le temps de mes fonctionnaires, qui sont
déjà mobilisés depuis plusieurs jours, d'une façon
trop rigoureuse. Si mes explications ne satisfont pas le député
de Chicoutimi, je lui demanderais tout simplement d'attendre une dizaine de
minutes. Le fonctionnaire vient d'être convoqué.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous me permettez, M. le ministre, je ne
crois pas qu'il soit nécessaire de convoquer le fonctionnaire, parce que
j'ai certains détails que je vais porter à l'attention du
ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, je vous remercie. Je l'ai convoqué.
Il sera là dans quelques minutes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah, d'accord!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quant à moi, je considère que les
explications générales que je fournis sont tout à fait
satisfaisantes, mais je n'ignore pas que le député de Chicoutimi
aime bien les détails. Je préfère donc avoir tous les
renseignements à ma disposition. Pour répondre d'une façon
claire et précise à la question du député de
Chicoutimi, je peux lui dire qu'actuellement le personnel professionnel de
l'orchestre est constitué de Québécois dans une proportion
de peut-être 40 p.c. et pas davantage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une proportion de 40 p.c.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, justement, je
m'interroge sur ce pourcentage si on considère le nombre de musiciens
qui font partie de cet orchestre symphonique. Je m'interroge là-dessus,
parce que cela m'inquiète. Je sais que l'Orchestre symphonique de
Montréal a été pris à partie assez souvent, parce
qu'on l'a accusé de pratiquer une politique d'exclusivité
exagérée à l'endroit des musiciens étrangers.
Si on examine la liste des musiciens qui se trouvent ici, on se rend
compte qu'il n'y a pas tellement de Canadiens français d'abord, et qu'il
y a un grand nombre de musiciens étrangers. Cela ne veut pas dire
que...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, si le ministre me permet, je vais
apporter toutes les nuances. Cela ne veut pas dire qu'un orchestre symphonique
doive nécessairement s'alimenter uniquement de musiciens du
Québec ou de musiciens du pays où se trouve cet orchestre. Non,
pas du tout. Dans ce domaine, comme dans le domaine de l'art lyrique, on est
obligé de faire des emprunts; on a les compétences qu'on a et on
est obligé de faire appel aux compétences et d'aller les chercher
là où elles se trouvent. Mais je porte simplement ce
problème à l'attention du ministre des Affaires culturelles, en
raison des critiques très sévères qui ont
été formulées par. des citoyens individuellement, par des
organismes, par la population en général, et en raison des
accusations portées contre le directeur de l'Orchestre symphonique de
Montréal, qu'on a accusé de germanophilie. Ce sont là des
jugements que je ne prends pas à mon compte, pas du tout.
A la suite de rencontres que j'ai eues avec des musiciens du
Québec, du Conservatoire de Québec, du Conservatoire de
Montréal, etc., l'on m'a dit qu'il devient de plus en plus difficile
pour les musiciens du Québec d'entrer à l'Orchestre symphonique
de Montréal, étant donné les exigences du directeur, ce
qui, évidemment peut être valable, mais étant donné
aussi 1'affluence des musiciens appelés de l'étranger.
Je ne veux pas ici intenter un procès à l'Orchestre
symphonique de Montréal, intenter un procès encore moins à
son directeur, mais je porte ce problème à l'attention du
ministre, parce qu'il est important que nos musiciens qui sortent des
conservatoires trouvent, le plus tôt possible, des
débouchés. Je reviens sur cette idée que je n'en
fais pas une exigence stricte, formelle comme l'Orchestre symphonique de
Montréal emprunte des musiciens du Québec, que ce soit aux
Etats-Unis ou ailleurs.
Ce n'est pas une question de nationalisme outrancier. Dans le domaine
musical, les compétences sont rares dans certains secteurs, certai- nes
disciplines musicales, mais il y a quand même un problème et ce
problème m'a été signalé par des étudiants
du conservatoire et par les professeurs eux-mêmes, qui
s'inquiètent de cette difficulté que leurs étudiants
rencontrent à trouver des débouchés. Je signale ce
problème à l'attention du ministre. C'est un problème
très difficile et je ne m'attends pas à ce que le ministre me
dise: Bien voilà, on a réglé le problème et tout
ça. Non, mais je voudrais qu'il prenne en sérieuse
considération cette observation qui vise à protéger, dans
toute la mesure du possible, les droits de nos étudiants qui sortent du
conservatoire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est déjà fait, M. le
Président. Je vais donc vous apporter d'abord une précision et
ensuite élaborer davantage sur les remarques du député de
Chicoutimi. La précision, c'est qu'on ne peut pas se baser sur
l'assonnance ou l'orthographe des noms de ces musiciens pour déterminer
leur nationalité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est exact.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a un bon nombre de musiciens italiens qui
sont des Néo-Canadiens.
L'explication est la suivante: j'ai déjà eu une rencontre
avec les fonctionnaires concernés et j'ai envisagé d'assujettir
certaines subventions de normes incitatives qui pourraient peut-être
apporter un début de solution au problème soulevé. Mais
ceci est encore à l'étude.
Je vous signale également que, dans le cadre de ce comité
de planification qui existe et qui groupe des musiciens de l'orchestre ainsi
que les membres du ministère et des autres instances qui subventionnent,
cette question des mécanismes d'intégration des musiciens
canadiens à l'orchestre a été étudiée. Il
faut se rendre compte qu'il y a certains aspects assez complexes et un de ces
aspects est celui des conventions collectives qui garantissent actuellement les
droits des musiciens en place.
En ce qui a trait au principe, il n'y a pas le moindre doute dans mon
esprit. Il est certain qu'il faut favoriser le plus possible, à
qualité égale, l'engagement des musiciens
québécois. Il faut que l'Orchestre symphonique de
Montréal, comme d'ailleurs toutes nos grandes formations, soient des
formations québécoises. Ce qui n'exclut pas les emprunts
indispensables, nécessaires et souhaitables.
Dans cette perspective, on peut peut-être mieux comprendre le
rôle d'un orchestre symphonique à Québec, ou d'orchestres
symphoniques moins importants dans d'autres villes. Parce qu'une coordination,
y compris certains échanges de musiciens, peut sans doute se faire.
Voilà un peu la façon dont le problème se
présente à ce stade-ci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lorsque le ministre parle de mesures
incitatives qui réfèrent à des normes d'engagements dans
les orchestres, qu'est-ce que cela signifie exactement dans les faits,
concrètement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour l'instant, rien d'autre qu'une étude
préliminaire qui viserait à apporter un début de solution
au problème dont nous sommes parfaitement conscients. D'ailleurs, il y a
non seulement cette question de l'engagement des musiciens, c'est-à-dire
de la proportion de musiciens québécois au sein d'un orchestre
quel qu'il soit, mais également la question du contenu,
c'est-à-dire du programme. Et, il y a intérêt à ce
que nos musiciens québécois puissent également trouver des
débouchés pour être joués.
M. CHARRON: Je reprends la question du député de
Chicoutimi quand il dit que, face à la situation, à la faiblesse
de représentations québécoises à l'intérieur
de l'Orchestre symphoni-que de Montréal, il faudrait avoir "des mesures
incitatives" c'est l'expression que vous avez employée. Lesquelles
imaginez-vous?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comme je vous le disais, il s'agit encore d'une
étude préliminaire. J'ai rapidement identifié deux
secteurs où il serait peut-être possible d'agir mais en
coordination avec les autres instances qui subventionnent. C'est là le
point important: établir certaines normes touchant le pourcentage des
musiciens qui pourraient être affectés à un orchestre, ou
à une formation artistique quelle qu'elle soit, et touchant le
pourcentage d'oeuvres proprement québécoises qui devraient faire
partie de la programmation.
Mais vous comprendrez qu'une certaine souplesse s'impose. Il ne faut pas
non plus que ces mesures soient un carcan qui nuise à la qualité
artistique d'une programmation, ou empêche une formation de se
développer normalement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre peut-il nous dire s'il a
prié l'Orchestre symphonique de Montréal comme il l'a fait
dans d'autres cas, comme les organismes de théâtre de
présenter un budget équilibré et s'il a programmé
pour trois ans le budget de l'Orchestre symphonique de Montréal? Et
pourrait-il du même coup, nous dire quelles ont été pour
l'an dernier les sources de revenus, subventions ou autres, de l'Orchestre
symphonique de Montréal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons discuté d'une planification
analogue à celle dont parle le député de Chicoutimi,
c'est-à-dire une subvention qui serait répartie sur trois ans,
avec une augmentation de 10 p.c. par année. Maintenant, il ne m'est pas
possible de confir- mer si cette recommandation pourra être retenue dans
le cadre budgétaire actuel.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelles sont...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux d'ailleurs, si vous me permettez de
compléter ma pensée par des chiffres, vous donner les montants
prévus, lesquels seraient de $210,000 pour cette année, $230,000
pour l'an prochain et $255,000 pour l'année suivante. Nous sommes tout
à fait dans l'optique de cette planification sur laquelle j'ai tellement
insisté lors de notre discussion générale sur les
subventions.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis très heureux de cette
réponse qui me montre bien que l'on poursuit la politique que j'avais
mise de l'avant. J'ai posé une autre question au ministre: Quelles sont
les sources de revenus de l'orchestre, subventions ou autres? Pour
l'année passée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais vous en donner les détails. Ce
sont les grandes instances qui subventionnent, c'est-à-dire le
ministère des Affaires culturelles, le Conseil des Arts de
Montréal et le Conseil des Arts fédéral, plus les recettes
de l'orchestre. Montréal subventionne au niveau de $120,000; Ottawa
$325,000 et je vous ai déjà donné les chiffres en ce qui a
trait aux Affaires culturelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De $210,000 cette année. Mais dans la
subvention du gouvernement central, est-ce qu'on comprend dans $325,000 la
partie qui est affectée aux tournées internationales de
l'Orchestre symphonique de Montréal? Je pense en particulier à la
récente tournée à Osaka.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, il s'agit là d'activités
spéciales qui sont commanditées par le ministère des
Affaires extérieures.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Quelles ont été l'an passé
vous devez avoir le bilan de l'Orchestre symphonique de Montréal,
les états financiers les recettes d'abonnements et les recettes
de guichet?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les recettes sont d'environ $1 million. Je n'ai
pas le bilan précis, je vous le ferai parvenir avec plaisir. Ce qu'il
est intéressant de noter, c'est que le déficit a
été réduit depuis quelques années de façon
sensible...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A ma demande.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... dans le cadre
de la planification générale qu'il convient d'imposer
même aux organismes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Excellent. En ce qui concerne les abonnements,
l'Orchestre symphonique de Montréal a des comités, je pense, des
groupes qui s'occupent de promouvoir la vente des abonnements de
l'orchestre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a environ 3,000 abonnements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais le ministre est-il informé de la
constitution de ces comités, comités féminins en
particulier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je croyais que le député de
Chicoutimi allait me demander la liste des membres abonnés, ce qui
aurait été un peu dans l'esprit d'une telle question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président. Je pense que le ministre a dû se rendre compte de
l'esprit de collaboration que j'ai manifesté et, si quelques questions
lui ont paru être des questions de détails, elles me permettaient
de lui poser d'autres question de politique générale.
Je ne lui demande pas des choses impossibles, je ne lui demande pas de
fournir une liste d'abonnements à des orchestres. Je lui demande de me
dire s'il y a un comité féminin de l'orchestre et quels sont les
gens qui y sont représentés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a un comité de matinées et il
y a un comité féminin. Pour les noms, il faudra attendre mon
fonctionnaire qui arrive le plus rapidement possible.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avant que ce fonctionnaire n'arrive, je
voudrais insister sur la démocratisation de cet instrument de culture
qu'est l'Orchestre symphonique de Montréal et lui faire observer que,
malheureusement, l'Orchestre symphonique de Montréal manifeste à
certains moments une mégalomanie un peu étonnante. J'ai ici des
documents publicitaires qui ont fait grand état des toilettes
portées par les dames des comités et des voitures qu'elles
conduisent.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si je peux me permettre un point d'ordre. Je
dois faire remarquer qu'il s'agit là d'un organisme indépendant
et que les nominations à ces comités relèvent de leur
régie interne. Le ministère des Affaires culturelles et le
ministre ne sont pas responsables de ce qui se passe dans ce secteur. J'ai
à répondre d'une subvention et du bon emploi de la
subvention.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord, le ministre a à
répondre d'une subvention et de son bon emploi. Justement, pour
s'assurer qu'il y a bon emploi de la subvention, il serait important qu'il nous
indique s'il a l'intention de demander à cet instrument de culture de se
démocratiser davantage, afin que le peuple n'ai pas l'impression que
c'est l'affaire de la "gentry" de Montréal. Je pourrais faire lire au
ministre s'il ne les a pas déjà lus les documents
fort édifiants que l'on publie où l'on apprend quels sont les
couturiers de ces dames et quelles sont les voitures qu'elles conduisent. Il
est fait mention de dames fort distinguées, fort utiles. On mentionne
des noms fort prestigieux, dont celui de l'épouse du premier ministre et
d'autres... Probablement que l'épouse du ministre des Affaires
culturelles apparaîtra un jour là-dedans quant à
moi, cela ne s'est pas produit parce que je n'étais pas marié.
Je lui signale cela parce que c'est un des reproches que l'on adresse
à l'Orchestre symphonique de Montréal de ne pas être
suffisamment démocratique et que son conseil n'a pas encore
intégré des gens qui soient davantage accordés à ce
que l'on appelle le milieu moyen de la société
québécoise.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas l'intention de porter un jugement de
valeur sur ces dernières remarques. Je voudrais simplement signaler que,
depuis quelque temps, il y a eu quatre concerts pour écoliers
donnés par l'Orchestre symphonique de Montréal. Il y a des
programmes familiaux et également des billets à prix
réduits.
Par conséquent, on peut parler d'efforts sérieux qui
visent à ouvrir, le plus possible, les portes de la salle
Wilfrid-Pelletier. Je peux vous affirmer que les comités de
planification s'y emploient. Est-il nécessaire de rassurer le
député de Chicoutimi qui parlait, il y a un instant, des
toilettes de ces dames, en lui disant que je peux lui affirmer que ce ne sont
pas nos subventions qui paient les couturiers?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je veux bien le croire, ce n'est pas cela que
je veux dire. Mais ce document publicitaire n'est pas de nature à
rassurer la population sur la démocratisation de l'orchestre
symphonique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois reconnaître ce document. Est-ce
qu'il ne s'agirait pas d'un cahier d'un journal montréalais?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et si tel est le cas, je l'ai vu et je dois dire
également que j'en ai pris connaissance avec un certain sourire.
L'orchestre symphonique l'a désavoué et il ne constitue en rien
un programme de l'orchestre. Il s'agit, tout simplement, d'un reportage dans
lequel on a donné, au cours d'une soirée de
gala, une importance peut-être démesurée à un
certain style de vie sociale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce reportage...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne crois pas que ce soit là un
jugement sur l'orchestre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce reportage ne s'est pas produit qu'une fois,
il s'est produit en 1969, il s'est produit en 1970, c'est même une
coutume que l'on fasse tel reportage sur l'Orchestre symphonique de
Montréal. Je n'en fais pas une affaire d'Etat, mais je le signale tout
simplement à l'attention du ministre car il me paraît qu'il y a
autour de lui certaines personnes je ne parle pas des fonctionnaires du
ministère à tendance fort artistocratique et je ne
voudrais pas que le ministre tombe dans ce piège et qu'il recommence la
comédie des grands galas, avec robes longues, étoles de vison
louées chez les fourreurs et cravates noires pour ces messieurs qui
aiment les déguisements, y compris les chemises blanches.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Une telle sollicitude, M. le Président,
n'est pas sans me toucher. Ce que je voulais dire, c'est que si le
député de Chicoutimi a déploré des situations de
cet ordre. Elles se sont quand même produites sous son règne, si
je peux m'exprimer ainsi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elles se sont produites selon une vieille
tradition que nous étions en train de briser. Nous aurons, d'ailleurs,
l'occasion d'en reparler lors de l'étude d'un certain projet de loi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Maintenant, le député de
Chicoutimi apprendra peut-être avec plaisir que j'ai été
invité récemment à un gala à la salle
Wilfrid-Pelletier. Et alors que tout le monde portait le smoking et la cravate
noire, je me suis présenté en veston. Faut-il voir là un
signe d'austérité ou une tendance à la
démocratisation?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je doute fort, M. le Président, que le
ministre soit invité à nouveau...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministre sera peut-être invité.
A ce moment-là, si je porte un smoking, je trouverai peut-être
tout le monde en veston !
UNE VOIX: Snobisme à l'envers!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'espère au moins que vous portiez une
chemise blanche!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je portais une chemise blanche. Sur ce point je
peux vous rassurer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, trêve de
plaisanteries. Le cas de l'Orchestre symphonique de Montréal est
très important. J'ai indiqué au ministre quelques aspects des
problèmes de cet orchestre et je me réjouis des décisions
qu'il a prises de demander à cet orchestre de présenter un budget
planifié et de prévoir une politique d'ensemble
s'échelonnant sur les trois prochaines années.
Toujours au chapitre de la musique, M. le Président, on a des
subventions. Sans entrer dans le détail de toutes les subventions, je
voudrais demander au ministre quelles sont ses intentions au sujet du camp des
Jeunesses musicales du Mont-Orford. Le ministère des Affaires
culturelles accorde, à l'heure actuelle, deux subventions
d'immobilisation, si on peut dire. Nous avions pris un engagement qui
était de verser $500,000 par année au camp musical du
Mont-Orford, à raison d'une tranche de $100,000 par année;
d'autre part, je dis subvention annuelle pour l'activité du camp musical
du Mont-Orford. Est-ce qu'on a invité les gens du camp musical à
présenter, de la même façon, un budget planifié et
est-ce que la politique du ministère va s'appliquer de la même
façon qu'elle s'applique pour les organismes de théâtre et
les formations musicales?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai sous les yeux le CT qui permet de
débloquer les montants cités pour cet organisme parfaitement
valable, les Jeunesses musicales...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Eminemment valable.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ajoute que c'est certainement une politique
qui entre dans le cadre des remarques générales que je faisais au
début. Il n'est pas possible de l'appliquer systématiquement dans
les limites budgétaires actuelles. Mais c'est indiscutablement un
idéal auquel il faut prétendre toujours dans le but d'assurer une
planification et une programmation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais avoir une précision. Il y a
eu un engagement du gouvernement afin de verser $500,000 sur une période
de cinq ans, au camp musical du Mont-Orford à raison de $100,000 par
année. Est-ce que le ministre peut nous assurer que les $100,000 seront
versés cette année?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, je peux vous l'assurer, les $100,000 sont
engagés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En ce qui concerne le camp musical du
Lac-Saint-Jean et en passant, il n'est pas dans mon comté mais dans
celui du Lac Saint-Jean...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On a beaucoup
parlé du comté de Chicoutimi. J'avais l'impression que
toutes les installations étaient prévues.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai pensé à tous les autres. Il
y a le camp musical du Lac-Saint-Jean. Le camp musical du Lac-Saint Jean m'a
présenté une requête et le gouvernement s'était
engagé à moins que le Conseil de la trésorerie
n'ait par la suite rescindé l'engagement à verser,
à des fins d'immobilisation, un montant de $60,000 répartis en
trois tranches versées annuellement pendant trois ans. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire s'il a l'intention de donner suite à cet
engagement ou de le faire reconfirmer par le nouveau gouvernement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, j'ai sous les yeux un CT
qui, en effet, présentait une demande pour une subvention
spéciale de $60,000 payable à raison de $20,000 par année
sur une période de trois ans, pour fins d'administration. Un accord de
principe a été donné par le Conseil de la
trésorerie, le 7 avril 1970, mais avec l'entente que des renseignements
supplémentaires devraient être fournis et qu'il convientrait de
revenir devant le conseil.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est bien cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons réclamé ces
renseignements qui ne nous sont pas encore parvenus et, suivant la
procédure habituelle, nous présenterons à nouveau la
demande.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est tout juste ce que je voulais savoir. Il
avait été entendu qu'à partir du moment où le
gouvernement avait donné un accord de principe, on reverrait la question
à la lumière des renseignements que devaient fournir les
responsables de l'administration du Camp musical du Lac-Saint-Jean. Je suis
rassuré quant à l'avenir de ce camp musical et j'en remercie le
ministre.
Art lyrique
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Toujours au chapitre de la musique et
l'on touche à la fois un peu à la tnusique et au
théâtre selon les conceptions que l'on s'en fait je
voudrais que le ministre nous parle un peu de l'art lyrique. D'abord qu'il nous
dise s'il a l'intention de maintenir, de poursuivre ce que nous avions
entrepris à savoir de maintenir M. Leopold Simoneau au poste que nous
lui avions confié, poste qui evait lui permettre d'organiser
progressivement les classes d'opéra et de préparer les artistes
à la carrière lyrique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, M. Simoneau occupe les
mêmes fonctions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors donc, M. Simoneau va s'occuper de
préparer ces étudiants à la pratique de l'art lyrique, ce
qui pourra nous amener à la création à plus ou moins
brève échéance de ce qu'on a appelé pendant
longtemps l'Opéra du Québec.
A propos de l'Opéra du Québec, j'aimerais obtenir du
ministre des renseignements. Est-ce que le conseil de ville de Montréal
ou le maire de Montréal l'a pressenti au sujet de la création
d'une maison d'opéra à Montréal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je n'ai pas
été pressenti officiellement, mais j'ai eu quelques conversations
avec le maire Drapeau sur des sujets variés, très variés
et il a été question d'opéra d'une façon tout
à fait générale. Je pense qu'il faudra en venir à
une solution dans le domaine de l'art lyrique. Il existe dans notre milieu un
goût très prononcé pour l'opéra. Et je suis, pour ma
part, convaincu que s'il était possible de trouver une formule
réaliste et je dis bien réaliste pour assurer de l'opéra
non seulement dans un centre mais dans l'ensemble du Québec, nous
répondrions à un besoin réel. Encore convient-il de
trouver cette formule.
J'ai entrepris des négociations et je ne pourrai pas, à ce
stade-ci je suis sûr que vous me comprendrez
dévoiler d'une façon trop précise mes lignes de
pensée dans ce domaine. J'aurais justement peur de nuire à ces
négociations. Je ne crois pas qu'il soit possible d'envisager la
création d'une troupe permanente. A première vue on aurait
à faire face à des budgets de plusieurs millions. Et, d'ailleurs,
l'histoire des troupes permanentes dans plusieurs pays montre qu'aujourd'hui
elles sont souvent en difficulté. C'est vrai en France. Ce n'est pas
faux non plus aux Etats-Unis. En revanche, peut-être pourrions-nous
envisager une formule qui comporterait une certaine structure administrative
permettant de financer des productions. Pour l'instant j'en suis là.
C'est, comme vous avez pu le constater au cours de la discussion, depuis le
début, chaque secteur d'activité du ministère qui exige
des solutions. Et j'ai commencé, par les études entreprises,
à amorcer certaines d'entre elles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis heureux d'entendre le ministre vous
dire que les projets d'opéra qui ont été lancés par
des gens qui n'appartiennent pas au gouvernement ont été
considérés par le ministre et qu'il comprend très bien la
difficulté financière, qu'il y aurait, à mettre sur pied
une compagnie permanente d'opéra. Le ministre a raison de dire qu'il y a
dans le public un appétit assez manifeste pour l'art lyrique,
étant bien entendu qu'il faut faire la distinction entre ceux qui aiment
les grands airs, ceux qui se contentent des extraits d'opéra et ceux qui
sont de véritables amateurs d'art lyrique. Quand on veut avoir des
extraits, on va au Bateau Ivre ou au Vaisseau d'Or, et quand on veut entendre
l'opéra, on va à l'opéra.
J'aimerais donc mettre le ministre en garde contre les pressions qui
pourront être faites sur lui par des gens qui estiment que la
création d'une maison d'opéra, à l'heure actuelle,
permettrait de rapatrier tous les artistes du Québec qui ont fait ou qui
font encore carrière à l'étranger. J'ai déjà
eu l'occasion de m'en expliquer en Chambre. C'est une illusion de penser que la
création d'une maison d'opéra permettrait de rapatrier tous ces
artistes dont on dit qu'ils doivent s'exiler.
Est-il beaucoup d'artistes, particulièrement dans le domaine de
l'art lyrique et dans d'autres domaines également, qui ne fassent pas
carrière à l'étranger , qui ne doivent pas faire, tout au
moins, une grande partie de leur carrière à l'étranger?
J'imagine que le ministre, ayant décidé de maintenir M. Simoneau
à son poste, va s'appliquer à demander à M. Simoneau
qui est une compétence reconnue, on ne l'a pas nommé pour
rien de créer ces écoles d'art lyrique, à
préparer les étudiants et va l'associer à tous les projets
qui permettront au ministère ou à quelques-uns de ces organismes
de présenter des productions d'opéra. J'imagine aussi qu'on
n'aura pas à poursuivre des expériences coûteuses qui ne se
sont pas avérées des succès et, à ce propos, j'ai
une autre question à poser au ministre. Qu'advient-il du
Théâtre lyrique de Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, mon
prédécesseur avait pris une décision, qui était
celle de ne pas subventionner le Théâtre lyrique de Québec.
Il s'était basé sur un certain nombre de critères. A mon
arrivée, j'ai été saisi à nouveau de la question.
On pouvait sy attendre. J'ai rouvert le dossier, j'ai repris certaines des
études et je suis venu à la conclusion qu'il y avait lieu de
maintenir la décision de l'ancien ministre, de sorte que la situation
est celle qui existait antérieurement. J'ai sous les yeux une lettre qui
va dans ce sens, alors que je fais allusion à l'étude entreprise
et que je cite la décision à laquelle je suis arrivé. J'ai
ajouté une phrase qui indique dans quel esprit il faut comprendre cette
décision. En effet, pour autant que je suis concerné, il n'y a
pas là un jugement de valeur qui puisse impliquer aucun des membres de
l'administration du Théâtre lyrique ou des artistes du
Théâtre lyrique. Il y a simplement une décision
administrative qui me parait parfaitement justifiée et qui est
basée sur le fait qu'il est difficile de permettre la survie de certains
organismes dans des conditions financières parfois précaires.
Cette phrase, je la cite: "Vous comprendrez, M. le Président, que
l'avenir de l'art lyrique au Québec doit être complètement
repensé au plan des politiques d'ensemble et également au niveau
des structures administratives. En ce sens, je puis vous assurer, puisque la
chose vous tient particulièrement à coeur, que de nouvelles
politiques seront bientôt implantées au Québec pour que se
perpétue cette tradition lyrique assumée, jusqu'à
présent, pour la région de Québec, par le
Théâtre lyrique du Québec."
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie le
ministre de ce renseignement; je me réjouis parce que, pour les
mêmes raisons, nous avions décidé de ne pas maintenir les
subventions que nous avions données pendant un certain nombre
d'année au Théâtre lyrique de Québec. Ce qui
n'impliquait pas, de notre part non plus, un jugement de valeur, mais il
s'agissait d'une planification et justement des exigences d'une
reconsidération globale du problème de l'art lyrique J'imagine
donc que le ministère s'occupera, soit lui-même soit par la
Société de gestion culturelle et des autres
sociétés qui s'y greffent, de mettre en production des spectacles
d'art lyrique et que nous pourrons satisfaire progressivement l'appétit
des citoyens dans le domaine de l'art lyrique.
Je me réjouis d'autant plus de ce qu'a dit le ministre que me
semble écarté le danger de la création d'une compagnie
permanente d'art lyrique à l'heure actuelle. Ce qui n'est pas à
écarter dans l'avenir, mais qui pour l'instant présenterait des
dangers et comporterait des dépenses énormes pour le
ministère des Affaires culturelles.
M. le Président, en ce qui concerne les organismes, les
formations musicales subventionnées, c'étaient là quelques
questions que j'avais à poser au ministre. Il a répondu à
ma satisfaction. Je l'en remercie. J'imagine qu'il continuera les subventions
à tous les organismes qui sont mentionnés là: Jeunesse
musicales du Canada, Orchestre national de la jeunesse,
Confédération des harmonies et fanfares, Club musical des dames,
enfin tous ces ensembles de qualité relative dans certains cas,
enfin c'est une question d'appréciation je ne suis pas expert
dans ce domaine. Je le remercie de ce qu'il nous a dit et je voudrais lui poser
une autre question concernant les subventions.
Ecole nationale de Théâtre
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une question relative à l'Ecole
nationale de théâtre du Canada. J'indique tout de suite au
ministre que nous avions eu, il y a déjà deux ou trois ans
maintenant, des discussions assez longues au niveau des fonctionnaires,
c'est-à-dire les fonctionnaires avec le ministre et au niveau de
certains avec certains organismes, sur la question de savoir s'il convenait de
maintenir l'Ecole nationale de théâtre du Canada.
J'avais reçu des avis partagés des fonctionnaires qui
m'assistaient et notamment, je me rappelle évidemment, je ne
voudrais pas mal interpréter sa pensée si j'ai bonne
mémoire que le directeur du théâtre n'était pas en
tout point d'accord sur la nécessité de subventionner l'Ecole
nationale de théâtre du Canada. En
dépit de ces avis, dont tous n'étaient pas positifs
notamment celui du directeur du théâtre sauf erreur
à un moment donné, nous avons décidé de
subventionner à nouveau l'Ecole nationale de théâtre du
Canada.
Mai, je me demande encore je me pose encore la question
c'est un problème dont aura à s'occuper le ministre: Est-ce que
le fait que nous subventionnions l'Ecole nationale de théâtre du
Canada ne met pas cette école en situation de concurrence
défavorable avec des conservatoires d'art dramatique? J aimerais
connaître l'avis du ministre. Je ne lui demande pas de dire dans tout le
détail ce qu'il a l'intention de faire, mais de me dire s'il lui
paraît que l'Ecole nationale de théâtre du Canada doit
être subventionnée ou non.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Messieurs, a-vant de permettre au ministre
de répondre, je tiens à rappeler à l'honorable
députe de Chicoutimi l'article 346 des règlements qui permet
à un député de prendre la parole sur un même point
aussi souvent qu'il lui plaît, à la condition de ne pas parler
plus d'une heure en tout sur un même article, un même paragraphe,
une même motion ou une même question d'ordre ou de
règlement.
J'ai compté les minutes et je tiens à rappeler à
l'honorable député de Chicoutimi que nous sommes
déjà rendus à 65 minutes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous badinez, M. le Président. Relisez
donc le règlement. Une heure en tout sur chacun des articles, sur chacun
des aspects, chacun des postes, vous en avez pour plusieurs jours.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Sur un même poste, celui des
subventions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'attends une
réponse du ministre des Affaires culturelles au sujet d'une question
fort précise que nous avons posée concernant les subventions.
C'est un poste équivalant à tous les autres, même si des
détails n'apparaissent pas comme cela apparaît aux autres
articles. Le poste "subventions" permettez-moi d'exprimer mon point de
vue c'est un poste général, et il couvre l'ensemble des
subventions qui sont données par le gouvernement. Or, si vous avez lu le
rapport du ministère des Affaires culturelles, vous vous rendrez compte
qu'il y a un nombre considérable de pages dans lesquelles se trouvent
énumérés tous les organismes subventionnés. Par
conséquent, conformément à l'article que vous venez
d'invoquer à la défense de votre autoritarisme, M. le
Président, j'ai le droit de parler au moins une heure sur chacun des
organismes subventionnés, puisque chacun de ces organismes
subventionnés constitue un article au titre des subventions. Je ne le
ferai pas, vous le comprenez bien...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y en a 184.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... il n'y a que quelques organismes au sujet
desquels je désire interroger le ministre et je crois que vous abuseriez
d'un droit que vous n'avez pas d'ailleurs en essayant de limiter
le débat.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Si je comprends l'article 346, par exemple
si nous prenons le poste 6, article 5, vous avez cinq sous-articles et,
à ce moment-là vous auriez droit à une heure par
sous-article...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le billet qui vient...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Laissez-moi donc la parole. Je rappelle
à l'ordre l'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... de vous adresser M. Laporte n'est pas
conforme au règlement. Je viens de vous expliquer quel est exactement le
règlement; or, il y a 184 organismes subventionnés; ne me mettez
pas dans la situation d'interroger le ministre sur chacun.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Nous sommes au poste 8: Subventions. Je
rappelle à l'honorable député de Chicoutimi l'article 346
des règlements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la première fois que vous en
prenez connaissance; vous en faites une exégèse abusive et je
maintiens ce que je vous ai dit, dussiez-vous redemander à M. Laporte,
qui est en haut, de venir vous expliquer l'article au sujet duquel il vient de
vous envoyer un papier. Nous avons affaire à un acte de
caporalisme...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Je crois que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai la parole. Vous
avez commis hier un acte de caporalisme sur lequel le député de
Chambly s'est ravisé à la suite des observations que j'ai faites
au premier ministre lui-même. Donc, ne me mettez pas dans l'obligation de
prier le premier ministre de vous gourmander, mon cher ami.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Je tiens à rappeler à
l'honorable député de Chicoutimi que, dans une demi-heure, il
saura exactement la teneur du papier que le leader parlementaire m'a fait
parvenir, qui ne concerne pas du tout l'article 346 et je lui rappelle
l'article 346.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'obéis à aucune forme de
chantage et je désire vous faire observer que vous prolongez
indûment un débat
qui allait se terminer. J'attends des réponses du ministre des
Affaires culturelles, qui a toujours répondu de fort bonne grâce
aux questions que nous lui avons posées, pas toujours de façon
satisfaisante, c'est normal, mais de toujours de fort bonne grâce.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Je voulais permettre au ministre de donner
la réponse à la dernière question posée par
l'honorable député de Chicoutimi, mais je voulais aussi rappeler
au député de Chicoutimi l'article 346.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous vouliez rappeler au député
de Chicoutimi que vous veniez de prendre connaissance un tant soit peu du
règlement qui régit...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): M. le ministre, à vous la parole.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comme le député de Chicoutimi l'a
compris, il ne m'est pas possible d'entrer dans tous les détails de
cette affaire, mais je crois pouvoir répondre d'une manière
très satisfaisante à sa question. Il se pose deux
difficultés, en rapport avec les subventions à l'Ecole nationale
du théâtre.
La première de ces difficultés est que l'Ecole nationale
de théâtre, étant une institution d'enseignement
privée se trouve maintenant dans un statut différent vis-a-vis du
ministère des Affaires culturelles, depuis qu'il existe une juridiction
du ministère de l'Education en vertu de la loi des institutions
privées. Par conséquent, on peut s'interroger sur
l'utilité et même la possibilité de continuer les
subventions à cet organisme. La deuxième difficulté est
celle qu'évoquait le député de Chicoutimi alors qu'il
parlait de nos conservatoires, en particulier, de nos écoles d'art
dramatique. H se trouve que nous avons, à Québec et à
Montréal, une école d'art dramatique et que, par
conséquent, l'Etat fait son devoir déjà dans ce domaine.
On peut se demander s'il est normal que, parallèlement, on subventionne
des organismes privés qui, à toutes fins utiles, jouent à
peu près le même rôle.
A cause de ces deux difficultés, j'ai donc ordonné une
étude, dans ce domaine, qui est en cours. Nous avons
évoqué le problème dans le cadre de réunions avec
l'Education entre notre service de planification et certaines instances de ce
ministère. Nous envisageons même de former un comité
interministériel avec l'Education comme nous l'avons fait, d'ailleurs,
lorsqu'il s'agissait de discuter de problèmes analogues, de
manière à voir si cette école ne devrait pas, à
compter de maintenant, s'adresser à l'Education plutôt qu'aux
Affaires culturelles.
Je crois avoir, assez succinctement, résumé le
problème et la façon dont je le vois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Prési- dent, dans ce domaine, il
n'y a donc pas de décisions de prises encore. Le ministre étudie
cette question qui fort complexe, je le sais. J'imagine qu'il sera en mesure
d'annoncer, dans des délais raisonnables, ce qu'il entend faire de
l'Ecole nationale de théâtre. Il y a toute la liste des
subventions que nous avons le droit d'étudier en détail. Nous
n'allons pas imposer au ministre ce supplice de justifier chacune des
subventions qu'il y a là.
Centres culturels
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais toutefois lui poser une question
concernant les centres culturels. Quels sont cette année les centres qui
seront éventuellement subventionnés et quelle est la politique
d'ensemble que le ministre entend suivre dans ce domaine? M. le
Président, cela fait 45 secondes que j'ai posé cette
question.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai la liste des centres culturels que nous
subventionnons. Est-ce que le député de Chicoutimi en
désire l'énumération?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, je ne veux pas avoir
l'énumération parce que je la connais; je ne sais pas ce que le
ministère a l'intention de donner, mais je voudrais savoir quelle est
l'orientation générale de cette politique, si elle est conforme
à celle que nous avions essayé de définir, avec
difficulté, avec la Fédération des centres culturels. Il y
a un immense dossier là-dessus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D y a 23 centres culturels que nous
subventionnons. Pour l'instant, nous maintenons le statu quo. Il y a
effectivement beaucoup de questions qui se posent dans ce domaine des relations
avec la Fédération des centres culturels et il faudra voir
l'ensemble du problème. Une amorce de solution a été
apportée l'année dernière lorsqu'on a accepté de
subventionner la fédération pour ses dépenses de
secrétariat. E reste à voir s'il sera suffisant de
procéder de cette façon-là. Le problème n'est pas
qu'administratif, il se situe également au niveau de l'action culturelle
et on peut se demander jusqu'à quel point les fonctions sont remplies
comme on le souhaiterait. Ceci n'est pas un jugement de valeur, c'est tout
simplement une façon de délimiter le problème.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre pourrait-il nous dire quelle est
la subvention? ... Parce que l'on a projeté de donner une subvention
à la Fédération des centres culturels et quel pourra,
éventuellement, être le montant de cette subvention?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons don-
né, l'année dernière, à la
fédération, pour fins de secrétariat, comme je l'ai dit,
$50,000. Cette année, ce n'est pas encore déterminé, nous
sommes en train de faire la planification de l'année. Nous ne
subventionnons pas les secrétariats des 23 centres auxquels j'ai fait
allusion, nous ne subventionnons que leurs activités.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cette politique des centres culturels est
très difficile, j'en sais quelque chose. J'attire simplement l'attention
du ministre sur le danger de conflit de compétence qu'il peut y avoir
entre le Haut-Commissariat des loisirs et des sports et son ministère
parce que, l'an passé, il était venu à notre entendement
que le Haut-Commissariat aux loisirs et aux sports avait offert de
subventionner plusieurs des organismes que nous subventionnons. Je crois que la
Fédération des centres culturels avait refusé d'entrer
dans le jeu mais je les mets en garde parce que c'est toujours assez
périlleux.
M. LAPORTE: M. le Président, est-ce que je peux intervenir une
seconde? On sait que le député de Chicoutimi s'est permis
d'intervenir sur le sens du papier que j'ai envoyé au président
tantôt. C'est inscrit dessus: La Chambre ajournera à 12 h 30 et la
commission aussi. C'est l'interprétation...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ferai observer au
député de Chambly qu'il y avait deux papiers. Il y en a un qui
est disparu. Le député de Chambly encore une fois...
M. LAPORTE: ... c'est clair, M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Que le député de Chambly
s'assoie, on va en discuter.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Alors, je demande aux autres
députés s'ils ont des questions à poser sur ce poste.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon, M. le Président, un instant. Le
poste des subventions est un poste très vaste. Il y a 184 organismes
subventionnés. Nous n'avons interrogé le ministre actuel que sur
les principaux organismes subventionnés. Nous avons le droit de
l'interroger sur chacun de ces organismes subventionnés. Il n'est pas
nécessaire de faire des discours d'une heure sur chacun. Nous avons le
droit de savoir quels sont les organismes subventionnés et ce que le
ministre entend en faire. Je lui ai posé une question tout à
l'heure au sujet des centres culturels, ce qui est bien normal. On a le temps
ce matin de prolonger les débats, le ministre en conviendra.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je souhaiterais que nous puissions continuer
cette discussion. Il est certain que, depuis quelques jours, nous avons pu
donner l'impression de certaines longueurs mais je rois qu'à l'analyse
on peut quand même ne pas nier la pertinence des discussions. Je
souhaiterais également que ce voeu puisse être assorti non pas
d'une condition mais d'un espoir à savoir que l'on puisse
peut-être envisager, étant donné que nous avons fait
beaucoup de progrès au poste des subventions, de le terminer avant
l'ajournement de ce matin et d'envisager également de terminer le
dernier poste qui est celui des immobilisations au cours de la séance
probablement prévue de cet après-midi. Ce qui nous donnerait tout
le loisir nécessaire d'étudier en détail les aspects du
problème.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je suis très
heureux de ce que dit le ministre. Il a bien compris le sens des discussions
que nous avons eues. Je ne veux pas chercher querelle au député
de Chambly. On se taquine assez souvent, parfois un peu rudement, mais son
intervention nous a dérangés. J'avais l'intention de demander
l'avis unanime de la commission pour que nous poursuivions jusqu'à une
heure, à moins que le ministre ne puisse pas assister et que nous
passions à travers les prévisions de son budget.
M. LAPORTE: Si vous voulez discuter des choses, le député
de Chambly va se retirer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Très bien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne peux qu'acquiescer à cet
échange de bons procédés et je suis tout à fait
disposé, pour ma part, à continuer jusqu'à une heure.
J'aimerais connaf-tre l'avis du député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Moi aussi.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Etant donné que les membres de cette
commission sont unanimes, poursuivons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Donc, je mettais le ministre en garde contre
ces tentatives d'immixtion dans les Affaires culturelles par le
Haut-Commissariat aux loisirs et aux sports. Je sais qu'il est difficile de
définir la politique des centres culturels et difficile aussi de
déterminer quelle sera la subvention aux fins d'administration qui
pourra leur être accordé cette année. Alors, je ne veux pas
poser d'autres questions lâ-dessus.
J'aurais deux questions assez rapides à poser au ministre des
Affaires culturelles concernant l'Escale, le bateau-théâtre, le
centre culturel flottant. Non pas, enfin, de faire tout un historique, mais
qu'il me dise quelle est la
situation actuelle et quelles peuvent être les intentions du
ministère à ce sujet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le projet d'utiliser l'Escale à des fins
d'animation culturelle, a été refusé par le Conseil de la
trésorerie. Il y avait une demande de $200,000. Nous nous sommes donc
retrouvés avec un double problème. La première face de ce
problème, c'est qu'il fallait annuler la tournée prévue
et, avec les retards accumulés à cause des changements de
gouvernement, il devenait extrêmement difficile de mettre sur pied une
tournée valable, suffisamment longue pour justifier les dépenses;
l'autre face du problème était d'utiliser au meilleur escient
possible ce bateau de l'Escale. Or, le bateau était déjà
amarré à Hull et servait de salle de spectacle pour cette ville
dépourvue de toute autre facilité Nous avons donc
négocié avec la ville de Hull pour qu'un certain arrangement
intervienne de manière que la municipalité assume certains frais.
En effet, le fait d'annuler ce projet d'animation ne pouvait pas signifier une
économie de $200,000. Il fallait tenir compte de l'entretien du bateau
et un certain partage a pu être obtenu, de sorte que la ville de Hull
accepte de payer à peu près la moitié de la somme de
$40,000 que coûtera la mise à quai, l'entretien courant et
l'utilisation du bateau, là où il se trouve.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministère va participer
à la programmation de l'Escale?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président. Il est
entièrement à la disposition de la ville de Hull. J'ajoute qu'il
n'est pas du tout exclu que ce projet soit repris parce qu'en effet je pense,
pour ma part, qu'il s'agit d'un projet valable. Je pense également que
ce projet pourrait même être élargi à d'audres modes
de communications et qu'on pourrait peut-être, à un moment qu'il
m'est impossible de déterminer, envisager une vaste action à
l'échelle de toute la province.
M. CHARRON: Vous pourriez donc faire une escale prolongée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour l'instant, il s'agit en effet d'une escale
prolongée. Prolongée et utile, M. le Président.
M. CHARRON: Une mise en quarantaine.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tout en regrettant, M. le
Président...
M. CHARRON: Prolongée ou utile, M. le Président?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... que l'Escale ne puisse prendre le large
cette année, je comprends très bien les difficultés que
présente ce problème. L'Escale est un excellent et merveilleux
instrument de culture. Il a cet avantage d'être un théâtre,
une sorte de centre culturel flottant. Mais, dans l'optique d'une
réorganisation générale de la politique des centres
culturels et des instruments qui s'y greffent, je comprends l'attitude du
ministre même si je le déplore, que l'Escale ne puisse pas, enfin,
quitter Hull. D'un autre côté, je me réjouis aussi que
l'Escale soit à Hull, cette région étant dépourvue
de salle convenable, et j'imagine que le travail qu'on accomplira là-bas
sera valable et que le ministère pourra reprendre la question dès
que le budget le lui permettra.
Musée des beaux-arts
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au poste des subventions, M. le
Président, j'ai une dernière question à poser au ministre
des Affaires culturelles concernant le Musée des Beaux-Arts de
Montréal. Est-ce qu'il y a eu une subvention votée
récemment au Musée des Beaux-Arts de Montréal? On avait
accordé, l'an passé, $50,000.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est exact, M. le Président, que
$50,000 ont été accordés l'an passé, et nous avons
prévu cette année, également, une somme de $50,000 que je
souhaiterais, pour ma part, voir augmentée à $200,000. En fait,
je suis en train de revoir toute cette question fort complexe, comme la plupart
des questions d'ailleurs qui touchent le ministère des Affaires
culturelles. J'ai eu, déjà, plusieurs rencontres avec les
responsables du Musée des beaux-arts. J'aurai, dès lundi, une
rencontre extrêmement importante à ce propos. J'aurai, un peu plus
tard, l'occasion de consulter la ville de Montréal qui est partie dans
les négociations. Le problème revient à une question de
financement; ce musée qui joue un rôle extrêmement
important, je me plais à le souligner dans la vie culturelle de la
collectivité, est dans une situation financière qui n'est
certainement pas très bonne.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, à ce propos, je
suis évidemment au courant de toutes les discussions qui ont eu lieu, et
notamment du projet qui nous avait été présenté par
le Musée des beaux-arts, projet auquel s'intéresse la ville de
Montréal, soit la construction d'un nouvel édifice là
où se trouve actuellement le Musée des beaux-arts, ou dans les
environs, ou la construction d'un nouvel édifice qui
s'intégrerait au complexe général de la Place des Arts.
Alors, j'ai des opinions très précises là-dessus. J'estime
que l'intégration de ce musée dans le complexe
général de la Place des Arts pourrait se défendre,
à condition, bien entendu qu'on change la structure interne du
musée et que le ministère des Affaires culturel-
les ait un droit de regard direct, strict, sur non pas l'administration,
au sens où elle serait mauvaise, pas du tout, mais aurait un droit de
regard beaucoup plus complet, en vue de coordonner l'activité de ce
musée avec celle du ministère en général. Ce sont
tout simplement des réserves de prudence que je fais en soulignant, ce
que le ministre sait très bien, que les projets qui nous ont
été soumis sont de l'ordre de plusieurs millions. Alors, je sais
qu'il ne peut pas y donner suite immédiatement et que toute la question
devra être étudiée très longuement, en accord avec
les organismes qui s'y intéressent.
M. le Président, ceci étant dit et sans réserve
d'article, ce que nous avons toujours le droit de faire, pour discussion en
Chambre je suis tout disposé, pour ma part, à adopter le budget
des subventions.
M. CHARRON: M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Avant d'adopter ce poste 8, je me permettrais de conclure
les travaux de la commission là-dessus, en donnant droit de
réplique au ministre des Affaires culturelles.
La plupart des remarques qu'a faites le député de
Chicoutimi depuis le début de l'étude des subventions, je les
fais miennes à ce stade-ci de la discussion. J'aimerais essayer de
"globaliser" un peu toutes les remarques issues des trois partis de
l'Opposition concernant la politique de subventions du ministère. Je me
souviens d'avoir lu une interview que le ministre des Affaires culturelles
accordait à un journal de Québec, je crois, dès les
premiers jours de son entrée en fonction. Il y disait qu'il ne serait
pas un mécène à tout vent, et que la politique de
subventions qui gruge tout de même environ $5 millions au
ministère des Affaires culturelles n'était pas la raison
d'être du ministère.
Il admettra tout de même avec moi et il l'a fait au cours
des discussions, le député de Chicoutimi le lui a
également rappelé que la politique de subventions dans ce
domaine et à ce ministère en particulier demeure peut-être
l'outil politique le plus puissant que détienne encore ce jeune, faible
et peu reconnu ministère. C'est en effet à travers la politique
de subvention je crois, pour avoir écouté les débats, que
se traduira et que se réflétera la politique culturelle d'un
gouvernement, comme en même temps doublera ou triplera
l'efficacité de ce qui est réservé à
l'activité gouvernementale proprement dite, telle que nous l'avons
étudiée poste après poste.
Par ceci, je veux dire que très souvent, je pense, par
exemple, à la discussion que nous avions eue concernant
l'archéologie, discussion brève, Dieu merci! concernant
cette question, il est normal que l'Etat québécois ait une
politique de lui-même dans ce domaine. Mais pour que cette politique
issue de lui-même obtienne pleine capacité et porte fruit
le meilleur qu'on puisse trouver c'est nécessairement, dans ce
domaine, la politique de subventions qui viendra compléter, augmenter et
fructifier la politique gouvernementale.
Un gouvernement ou un ministère des Affaires culturelles doit
donc se donner une politique d'ensemble dans le domaine des affaires
culturelles, ce que nous avons évoqué dès le début,
dès les remarques que nous avons faites à l'ouverture des
débats, il y a déjà quelques jours, sur la
déconcentration nécessaire dans le domaine culturel, sur la
démocratisation sur laquelle les quatre partis, de cette Chambre
tombaient d'accord, sur un dynamisme de création à susciter.
Nous avons repris le débat et nous l'avons
répété à l'étude de chacun des points, soit
à la direction des monuments historiques, soit au service des archives,
soit dans le domaine de la musique. Nous avons à ce poste 8, à
peu près la conclusion en même temps que l'élan
nécessaire à consacrer à la réussite de chacun de
ces articles précédents que nous avons discutés, par la
politique de subventions.
J'ai écouté les questions du député de
Chicoutimi, ses remarques toujours fort pertinentes, comme les vôtres, M.
le ministre, et vous admettrez avec moi qu'une politique globale dans le
domaine des subventions n'est pas encore complètement
arrêtée au sein du ministère des Affaires culturelles.
C'est dommage parce que je reviens sur ce que je disais
c'est l'outil politique peut-être le plus important que détienne
ce ministère. La cohérence et la précision à ce
chapitre de l'activité du ministère devraient peut-être
apparaître prioritaires, justement, pour le succès de tousles
autres postes.
Les subventions sont trop souvent données hélas! pour des
raisons que j'appellerais géographiques par complaisance
géographique et perdent ainsi, peut-être, souvent, de leur
utilité. Je n'écarte même pas la possibilité que
certaines de ces subventions soient données par raison politique et on
n'a pas besoin de se faire de dessins. Je veux dire, sans exagérer, que
c'est une possibilité et il faudrait peut-être scruter à
chacune des subventions... La plupart m'ont semblé être
données, si on prenait un pourcentage des différentes
subventions, par obligation, je dirais, institutionnelle. Je serais curieux de
trouver sur les $5 millions, combien de subventions sont données presque
par statut. Je pense le député de Chicoutimi en a
évoqué plusieurs à une nombre considérable
d'organismes subventionnés qui dépendent directement de la
subvention gouvernementale pour exister. Lorsque vous abordez, au
ministère, l'étude des subventions et de la répartition
des différentes subventions, une bonne partie des $5 millions est
presque consacrée automatiquement, par la
force des choses, à différents organismes. Alors la marge
qui reste dans le montant et par laquelle se jouerait la politique de
décentralisation, de démocratisation, de dynamisme de
création que veut susciter le ministère, demeure c'est la
conclusion que j'en ai à l'étude de ces subventions assez
mince.
A mon avis et je termine là-dessus la planification
d'une politique de subventions d'abord nécessiterait un seul niveau de
décisions. Nous n'avons que très peu abordé le
problème j'emploierai le vocabulaire de mon collègue de
Chicoutimi de l'ingérence du gouvernement central dans ce domaine
des Affaires culturelles, en particulier, via le Conseil des arts. Un article,
que je devrais croire, puisqu'il vient de Toronto, dit que la province
c'est nous, ça a reçu du Conseil des arts, la valeur
de $2,111,000 au cours de l'année fiscale 69/70 sur le budget total du
Conseil des arts.
Est-ce qu'il y a planification suffisante, coordination suffisante,
à ce chapitre important des subventions, entre les subventions
accordées par le Conseil des arts du Canada dont nous faisons
encore partie et les propres décisions ici du ministère
des Affaires culturelles? Est-ce qu'il n'y a pas là dédoublement
de fonctions encore, de surcharge de subventions à un organisme, en
particulier, pendant qu'un est absolument abandonné?
Donc, une planification au niveau des deux niveaux de gouvernements qui
sont impliqués dans les subventions aux Affaires culturelles. J'irais
plus loin.
Je dirais qu'un gouvernement qui pose, ailleurs que dans des grands
discours, dans sa politique culturelle, son désir de réaliser la
démocratisation et la décentralisation de la culture devrait
rejoindre dans ses politiques culturelles, l'ensemble de sa politique sociale.
Nous sommes tous tombés d'accord dès les premières heures
de discussion des crédits de ce ministère, pour dire que l'homme
a droit à la culture, comme il a droit au travail, comme il a droit aux
loisirs, comme il a droit au bien-être et que, pour affirmer le
bien-fondé du ministère des Affaires culturelles, on disait que
la culture est un bien aussi nécessaire que le pain. Si on est vraiment
de cet avis, il devrait avoir coordination entre le ministère de la
culture et le ministère du pain j'emploie par là tout
l'ensemble des affaires sociales du gouvernement. Ce qui veut dire, que
je serais favorable, lors de l'étude des prochains crédits,
l'année prochaine, au chapitre des subventions, j'accepterais
volontiers, que le ministre des Affaires culturelles nous dise qu'il a
été dans ce chapitre des subventions nettement plus indicatif
je ne dis pas coercitif dans ses subventions parce qu'il avait une
politique sociale à réaliser au chapitre des Affaires
culturelles. Par exemple, les subventions et le député de
Chicoutimi a fait mention de plusieurs subventions devraient être
"assorties de conditions". II ne faudrait pas être trop mous et se dire
que c'est le domaine consacré des arts! Donc on donne et on ne peut pas
avoir plus de contrôle! Je ne dis pas qu'il faut aller chercher un
contrôle outrancier dans ce domaine-là en particulier, mais il ne
faut pas hésiter à savoir qu'un gouvernement a une politique
cohérente, qu'il n'est pas un mécène et qu'il y a des
objectifs à réaliser.
Vous pourriez poser des conditions et j'en reviens encore à ce
que le député de Chicoutimi disait, au chapitre de la gestion des
entreprises subventionnées, non seulement dans la
nécessité de présenter un budget planifié et
équilibré mais également, et j'invoque ce que nous disions
tout à l'heure, au chapitre de la gestion de la régie. J'admets
que la régie de la Place des Arts soit une régie autonome. Il
reste quand même que cette même régie, autonomie ou non,
gruge annuellement une bonne partie du budget des subventions. A ce
chapitre-là, le ministère des Affaires culturelles, aurait droit
de préciser différentes conditions, non seulement sur le budget
mais sur la conduite générale de la Place des Arts tant dans son
ouverture au large public, que dans le contenu de ses programmes.
Vous auriez droit également et, j'invoque ce que disait hier le
député de Chicoutimi au chapitre du théâtre,
à obliger d'une certaine façon, la moins coercitive possible mais
quand même la plus efficace possible, un certain respect du contenu
désiré, des différentes troupes de théâtre
subventionnées, de l'éventail le plus ouvert possible pour que
ces subventions atteignent véritablement le but de
démocratisation que le ministère invoque dès la
première page de son rapport. C'est aussi un débat sur lequel le
député d'Ahuntsic et moi-même nous nous sommes
accrochés sur le prix des billets qui figurent au programme de son parti
politique. C'est un moyen, à travers la politique de subventions, que
d'obliger et j'invoque le théâtre populaire de Jean Villars,
en France, qui a réalisé cela et d'obliger à un
prix nettement plus ouvert, au large public, que s'il ne subventionnait pas et
d'y assortir un peu cette condition.
C'est comme cela qu'il va réaliser sa démocratisation de
la culture Les subventions sont un outil terriblement efficace. Et même
le gouvernement pourrait dans sa politique de subventions, décider de
planifier sur une échelle de quatre ou cinq années, s'il le faut,
les domaines de l'activité artistique qu'il entend encourager de
préférence comme on le fait dans le domaine de l'industrie, comme
on le fait dans le domaine de l'ensemble des politiques gouvernementales. Et
décider au niveau des fonctionnaires compétents du
ministère qu'on juge que pour les deux prochaines années, c'est
plutôt tel domaine de l'activité artistique, qui a besoin de
subventions, que ce soit le théâtre, que ce soit la musique et
ainsi planifier, avoir un plan
quinquennal ou triennal, mettez-le comme vous le voulez, à la
base des subventions, et ainsi ouvrir par les subventions l'éventail des
arts le plus rapidement possible. Alors, je termine là-dessus, parce que
je voudrais clore le débat des subventions avec ces remarques. J'admets
que le ministre a le droit de réplique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je serai très
bref. Je crois qu'il est nécessaire de relever quelques points
soulevés par le député de Saint-Jacques. En fait, il y
aurait des dizaines de points qui exigeraient des précisions. Je
comprends parfaitement l'esprit dans lequel le député de
Saint-Jacques s'est exprimé. Cependant, et c'est peut-être parce
que le débat n'a pas duré assez longemps, il n'est pas au
fait...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On peut recommencer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... de ce que nous faisons déjà.
En tout cas, il ne l'est pas suffisamment, parce qu'un bon nombre de ces
suggestions existent déjà. Je souhaite, et il y aura certainement
d'autres occasions, pour a-voir un grand débat sur la politique des
subventions. L'an prochain, je présenterai certainement un exposé
beaucoup plus précis dans ce domaine, cela va de soi.
Les trois points que je veux soulever sont les suivants: d'abord, nous
avons une seule subvention qui soit statutaire. C'est une subvention à
l'Académie de Québec pour le prix de Rome. Ensuite nous ne
subventionnons que quelques grands organismes d'une façon qui n'est pas
statutaire mais qui est devenue traditionnelle, ces subventions étant
nécessaires pour maintenir certaines formations utiles à la vie
culturelle de la collectivité. Je m'arrête là.
Pour ce qui est de la coordination, toutes nos subventions sont
étudiées avec le Conseil des arts d'Ottawa et, le cas
échéant, avec le Conseil des arts de Montreal. C'est
déjà fait et la planification existe d'une manière
à éviter la surenchère aux subventions et de
manière à édicter également certaines normes.
Le troisième point, et vous voyez que je m'acharne à
être extrêmement bref, je peux affirmer et mon affirmation
venant de ce côté-ci aura peut-être plus de force que si
elle était faite par mon prédécesseur qu'aucune
subvention politique n'a été versée l'année
dernière, et qu'aucune subvention politique ne sera versée. Nous
versons nos subventions d'après des critères qui sont liés
aux besoins. Faute d'information, le député de Saint-Jacques ne
savait pas que le déficit de la régie ne grignotait pas notre
budget de subventions parce qu'en effet et ceci est en fonction de certaines
pratiques administratives, le déficit de la régie est couvert
à part égale par la ville de Montréal et par ce que nous
appelons le fonds consolidé.
Pour ce qui est d'une expérience comme celle de Jean Villars,
nous l'avons. La Nouvelle Compagnie Théâtrale a des billets
à $1 et joue à peu près ce rôle. Mais je passe
très rapidement et je conclus, M. le Président, en disant qu'il
n'est pas souhaitable que l'on considère une politique de subventions
dans une perspective vraiment politique.
Il n'est pas souhaitable que l'on considère une politique de
subventions comme un instrument politique pour obtenir certains objectifs. Une
politique de subventions doit être un instrument d'incitation à la
vie culturelle. Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste 8: Subventions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, poste 8,
adopté.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste 9: Dépenses diverses ou
imprévues. A la page 9. $10,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans l'ensemble, ce n'est pas grave.
Approuvé.
Immeubles
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Adopté. Poste 10: Achat, construction
et transformation d'immeubles, y compris ameublement et équipement.
Grand théâtre et Place royale
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai, M. le Président, que quelques
questions très brèves à poser au ministre à ce
poste. Il y a d'abord, au budget d'immobilisation la question du Grand
Théâtre. Un projet de loi est devant la Chambre et sera
discuté ultérieurement. La seule chose que je voudrais savoir du
ministre des Affaires culturelles est celle-ci: Est-ce qu'il est en mesure,
pour l'instant, de nous dire à quel moment la grande salle du Grand
Théâtre sera disponible et à quel moment on pourra utiliser
ce Grand Théâtre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, après des retards
considérables, les Travaux publics m'ont informé tout
récemment que la salle pourrait probablement être utilisée
à la fin d'octobre, ou début de novembre.
M. CHARRON: L'ouverture de la session pourrait se faire là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On pourra prévoir certaines
manifestations culturelles.
UNE VOIX: Le lieutenant-gouverneur, c'est théâtral!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'imagine que le
ministre a à l'idée le projet que nous avions conçu, de
faire, à l'occasion de l'ouverture de ce théâtre, un grand
festival populaire qui familiarise les gens avec ce lieu et qui leur permette
d'accéder à ce théâtre à des prix
raisonnables. C'est la seule question que je voulais poser concernant le Grand
Théâtre. L'autre question concerne la Place royale. On pourrait
disserter très longuement sur la question de Place royale. Le projet a
pris naissance sous l'administration de mon prédécesseur. On a
procédé depuis lors à des inventaires, à des
recherches, à des relevés techniques. La très grande
partie du budget, la presque totalité du budget qui était
affectée à ce poste a été consacrée à
l'achat des propriétés qui doivent constituer le complexe de la
Place royale. La question que je désire poser au ministre est la
suivante: Le ministre ne s'est-il pas maintenant mis en oeuvre afin de
déterminer de façon très précise un plan directeur?
Je voudrais savoir s'il a l'intention de confier la surveillance et
l'exécution de ce plan directeur à celui qui est directeur des
monuments historiques et qui, à ce titre est le seul fonctionnaire qui
puisse vraiment exercer l'autorité nécessaire en ce domaine.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, lorsque j'ai
été saisi du problème de la Place royale, j'ai entrepris
une étude complète, parce qu'en effet la situation était
confuse. Nous n'avions pas de plan directeur, bien que certaines
démarches aient été faites en ce sens et qu'un architecte
se soit vu confier la tâche d'en amasser les éléments. Ces
études m'ont permis, grâce à un cheminement critique, de
prévoir le déroulement des opérations sur une
période de plusieurs années. Ces études ne sont d'ailleurs
pas terminées. Lorsqu'elles le seront, j'aurai à présenter
un mémoire au conseil des ministres, de manière à obtenir
un accord pour l'ensemble du projet. Il s'agit, comme vous le savez, d'un
projet d'une très grande envergure. C'est tout un quartier de ville
qu'il convient de restaurer. Je n'ai pas besoin d'insister sur cette
importance, et aussi sur le fait que cela ne peut pas se faire d'une
manière parcellaire. Il n'est pas question de restaurer une maison ici
et là.
Il faut ordonner le développement des opérations,
développement rendu encore plus complexe par le fait qu'il faut faire
appel à des données archéologiques, à
données historiques. Ces études ne m'ont pas permis encore
d'arrêter une décision sur la façon pratique dont la
coordination sera assurée au sein du ministère des Affaires
culturelles. Nous avons un service des monuments historiques, qui est tout
à fait competent, mais qui est déjà très lourdement
chargé de responsabilités, et qui, c'est malheureusement le cas
de certains services, n'a peut-être pas le personnel et l'effectif
nécessaire même actuellement, pour faire face à ces
nouvelles responsabilités. Je suis à la recherche d'un plan qui
me permettrait d'assurer ce projet considérable, sans nuire à la
bonne marche des opérations quotidiennes du service. Je n'ai pas
d'opinion précise encore. Voilà la situation à ce jour, M.
le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, les observations du
ministre m'incitent à faire quelques mises au point. Je sais bien qu'il
n'avait pas l'intention de porter un jugement de valeur sur ce qui a
été fait; lorsqu'il a dit que la situation était confuse.
Je pense qu'il faudrait bien expliciter la situation confuse parce que, de soi,
la chose est confuse. C'est un immense complexe, on l'a dit, il a fallu
procéder très lentement, en raison de tous les facteurs qu'a
évoqués tout à l'heure, le ministre; faire des recherches
archéologiques, historiques, ainsi de suite, mettre en branle des
mécanismes pour faire des relevés techniques. Nous avons requis
les services d'un architecte pour cela, or nous avons amassé les
éléments de base. Je suis surtout très heureux d'entendre
le ministre confirmer ce que j'ai dit à maintes reprises, alors que
j'étais pris à partie par mon prédécesseur, le
député de Chambly, à savoir que le projet de Place royale
ne pouvait pas voir jour spontanément, que cela prendrait plusieurs
années avant de le réaliser étant donné toutes les
maisons qu'on a, par la suite, réintégrées dans le
complexe général de Place royale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous aurons le temps d'être
réélus, monsieur le député.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, j'aurai
l'honneur d'inaugurer, j'imagine, ce complexe, à titre de premier
ministre, je ne sais trop. De toute façon, je suis heureux de ce que le
ministre nous dit. En ce qui concerne le reste, je n'ai pas de question
à poser, sauf celle-ci: Est-ce qu'il a été donné
suite à ces démarches que nous avions entreprises, via le
ministère de M. Marchand, le ministère de l'Expansion
économique régionale? Est-ce qu'il a été
donné suite à ce projet afin d'obtenir une contribution du
gouvernement central au projet de Place royale? Nous avions
préparé les dossiers, les documents, etc., et nous attendions
l'agrément d'Ottawa la décision du gouvernement central, à
savoir si le gouvernement contribuerait financièrement à ce
projet dans la ville de Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, nous toucherons, dans le cadre de ces
ententes, la somme de $1,545,000, laquelle ne sera pas affecter
entièrement à la Place royale parce que notre service des
monuments historiques a d'autres besoins dont il faut également tenir
compte. Il serait malheureux que nous investissions toutes nos ressources dans
un seul endroit, quelle que soit l'importance de cet endroit,
alors que des monuments valables risquent de souffrir. Il y a donc une
question d'équilibre à respecter.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je suis heureux de
l'entendre de la bouche du ministre. Cela indique bien que le style de
négociations que j'avais menées avec le gouvernement central,
avec le Conseil des arts, avec le Secrétariat d'Etat, était un
bon style. Les négociations étaient menées à partir
de dossiers bien préparés puisque cela a abouti au
résultat que l'on constate.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je comprends...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais simplement demander au ministre si
le versement de cette subvention sera inconditionnel?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, le versement sera inconditionnel.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, je suis
prêt à adopter le poste des immobilisations, soit le poste 10.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Poste budgétaire 10: Achat,
construction et transformation d'immeubles, y compris ameublement et
équipement. Adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté. M. LE PRESIDENT (Veilleux):
Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président, pour le
reste.
Au terme de ce débat et vous remarquerez que nous n'avons
réservé aucun article pour un débat ultérieur en
Chambre, ce que nous avons le droit de faire je désire remercier
très cordialement le ministre des Affaires culturelles. Peut-être
pourra-t-on penser que nous ne lui avons pas rendu la tâche facile? Non.
Ce n'était pas là notre intention; nous voulions avoir une vue
d'ensemble de l'activité du ministère des Affaires culturelles
et, d'autre part, obtenir de lui tous les renseignements qui fussent de nature
à nous donner une idée de ces orientations en matière de
politique culturelle.
Le ministre a répondu au meilleur de sa connaissance, et je
désire lui dire que je suis très heureux des déclarations
qu'il a faites, et de l'excellent esprit, de la courtoisie qu'il a
manifestée. M. le Président, permettez-moi de l'assurer encore
une fois de ma collaboration. Cette collaboration ne lui a peut-être pas
semblé très évidente à certains moments lorsqu'on
le vrillait de petites questions qui n'étaient pas spécieuses
mais qui nous amenaient à des questions plus générales.
Alors, je veux l'assurer de ma collaboration. Et je veux, également,
joindre à ces remerciements des remerciements très cor-
diaux à l'adresse des fonctionnaires qui l'ont assisté, monsieur
le sous-ministre et tous les collaborateurs qui sont venus ici et qui, avec
beaucoup de patience et de longanimité ont suivi les débats et
ont assisté le ministre.
Je remercie mes collègues, particulièrement, le
député de Saint-Jacques qui a apporté une contribution
fort valable à ce débat. M. le Président,
indépendamment des saillies que j'ai pu lancer, des mots un peu
méchants que je vous ai faits et des petites leçons de
procédure parlementaire que je vous ai données, je tiens à
vous remercier et à vous dire que vous avez mené les
débats avec beaucoup d'autorité et de pertinence et je suis
assuré que cette expérience aura servi à votre
éducation politique.
Cela est nécessaire, étant donné votre jeune
âge, mais je le dis sans aucune acception péjorative, votre
éducation politique s'en est trouvée, j'en suis sûr,
enrichie. Alors, M. le Président, je vous réitère mes
remerciements, ainsi qu'à M. le ministre, à ses collaborateurs et
à nos collègues de la commission.
M. CHARRON: M. le Président, pour continuer les propos du
député de Chicoutimi, je voudrais, moi aussi, terminer sur deux
points: d'abord, rappeler s'il le faut mais le ministre comprendra tout
ce qu'il y a de sous-entendu dans notre attitude à cet égard
qu'il est à la tête d'un des ministères les plus
importants du Québec. Donc que tout projet de loi ou toute autre
discussion ultérieure recevra, j'espère, la collaboration que
nous avons essayé de donner, de la même façon, au cours de
ce débat en commission. Deuxièmement, j'ai à vous
souhaiter, aussi, bonne chance au sein du cabinet. Vous êtes à la
tête d'un ministère, aussi important soit-il, quand même
toujours difficile à faire accepter. Je crois que, dans votre chance,
vous serez accompagné merveilleusement de l'équipe du personnel
qui vous a accompagné, ici, tout au cours de la semaine.
Bonne chance et collaboration à tous !
M. BROCHU: M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): II faudrait abréger un peu, la cloche
vient de sonner, on nous appelle en haut.
M. BROCHU: ... je voudrais remercier également le ministre et les
hauts fonctionnaires du beau travail et de la collaboration qu'ils nous ont
donnés durant ces débats. Egalement pour votre travail personnel.
Nous espérons que d'ici un certain temps nous pourrons connaître,
au niveau de ce ministère, l'essor normal désiré. Je crois
qu'il y a eu un commun accord de ce côté et je tiens à
mentionner aussi que nous devrons travailler à ce que la culture ne soit
pas uniquement l'apanage d'une classe privilégiée, dans la
société. Nous devons nous efforcer à penser d'ici un
certain temps à des formules qui
permettent l'accessibilité à la culture à une
partie de plus en plus grande de la population, compte tenu évidemment
des problèmes socio-économiques auxquels nous devons faire face
et qui influencent nécessairement le domaine socio-culturel.
Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): M. le ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, comme la cloche vient de
sonner, je ne peux malheureusement que brièvement joindre ma voix et mes
remerciements à ceux qui ont été exprimés
jusqu'ici. Mes remerciements vont à vous pour la façon dont vous
avez su traverser cette période, au député de Chicoutimi,
au député de Saint-Jacques, aux députés
créditistes qui ont montré beaucoup d'assiduité et aux
fonctionnaires dévoués qui m'ont assisté. Ce furent des
débats difficiles parfois, mais je crois, pertinents.
Il est certain que la tâche du ministère des Affaires
culturelles n'est pas une tâche facile, elle n'en est que plus exaltante.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Les remerciements faits, afin de
n'être pas classé aux Archives du Québec, je vais souhaiter
à M. le ministre et à ses hauts fonctionnaires du
ministère des Affaires culturelles, une complète satisfaction
à leur travail.
(Fin de la séance 12 h 55)