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Commission permanente des Affaires culturelles
Bill 9 Loi du Grand Théâtre de
Québec
Séance du jeudi 16 juillet 1970
(Quinze heures vingt-sept minutes)
M. BOSSE (président de la commission permanente des Affaires
culturelles): A l'ordre, messieurs! La séance est levée; pardon,
la séance débute. Je remarque l'absence du représentant de
Saint-Jacques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un lapsus célèbre que vous
venez de faire, M. le Président; c'est un lapsus que Freud a
utilisé comme exemple d'un acte manqué. Je tiens à le
souligner.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Je note l'aspect psychanalytique de la
démonstration. Etude du bill 9: Loi du Grand Théâtre de
Québec. Article 1. Y aurait-il des questions?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, évidemment,
nous n'avons pas de question de nature à rappeler ce que nous avons dit,
en haut, au sujet de nos réserves concernant la constitution d'une
régie qui nous paraissait inutile dans les circonstances, étant
donné qu'il existait déjà une corporation, laquelle se
trouve chapeautée par un organisme beaucoup plus important, dont le
ministre ne parait pas avoir saisi toute la valeur, qui lui fournissait un
outil extraordinaire pour autofinancer le ministère. Nous ne reprenons
pas le débat là-dessus et l'article 1 est adopté.
Nom de la régie
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avant de l'adopter, cependant, je voudrais
signaler qu'il y a un amendement. Il ne déplaira certainement pas au
député de Chicoutimi puisqu'il s'agit d'une précision
linguistique. Il s'agit d'une modification portant sur le texte anglais qui se
lisait comme suit: "A body, hereinafter called "the Board", is constituted
under the name of Quebec Grand Theatre Board". Or, un nom propre ne doit pas se
traduire et j'ai proposé l'amendement suivant: "A body, hereinafter
called "the Board", is constituted under the name of la Régie du Grand
Théâtre de Québec."
M. LE PRESIDENT (Bossé): Adopté avec amendement au texte
anglais. Adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté. M. LE PRESIDENT (Bossé):
Article 2.
Nombre de membres
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 2, M. le Président, d'abord,
j'imagine que le ministre va nous dire pourquoi on a décidé de ne
nommer que sept membres et pour quelles raisons on a choisi ce chiffre sept?
C'est le chiffre de ma date de naissance, c'est un chiffre chanceux.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne crois pas que la date de naissance...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Chiffre sacré de la Bible.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... du députe de Chicoutimi ait
joué un rôle important dans le choix en question. Je crois que
c'est, tout simplement, une raison de simplicité. La Régie de la
Place des Arts de Montréal compte neuf administrateurs, nous avons
pensé que sept administrateurs pourraient nous assurer
l'efficacité recherchée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici, M. le Président, ce pourquoi
j'en ai contre le chiffre sept. J'aurais préféré que l'on
nommât neuf membres. Il me paraît que si l'on veut assurer une
représentativité des divers groupes sociaux du Québec, il
sera plus facile de le faire s'il y a neuf membres.
L'éventail pourra être beaucoup plus large à ce
moment-là que si l'on n'en a que sept. Je proposerais qu'on substitue le
chiffre 9 au chiffre 7 parce qu'une régie de sept ou une régie de
neuf, administrativement, c'est tout aussi souple. Je crois que ce serait plus
favorable à la représentativité d'avoir neuf membres que
d'en avoir sept.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est certain, M. le Président, que nous
entendons assurer la plus grande représentativité possible, mais
en même temps celle-ci doit se concilier avec les impératifs d'une
gestion efficace. Je n'ai pas, s'il y a un concensus au sein de la commission,
d'objection, à ce que personnellement l'on augmente le nombre de sept
à neuf. De plus...
M. CHARRON: Oui, parce que je ne crois pas, pour prendre la
mini-objection que vous apportiez au sujet du principe d'efficacité,
qu'il soit affecté du fait que l'on passe de sept à neuf membres.
Si on prenait ma date d'anniversaire à moi, cela pourrait être
plus compromettant.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quelle est votre date?
M. CHARRON: Le 22.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tout à fait exclu.
Je ne vois pas vraiment d'objection.
M. CHARRON: Pas d'indiscrétion.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est possible effectivement qu'il y ait
représentativité...
M. LE PRESIDENT (Bossé): Est-ce qu'il y a d'autres membres qui
ont là-dessus des opinions?
M. HARVEY (Chauveau): II y aura moyen de se souvenir que ce fut aussi le
bill 9.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je souligne en passant
au ministre que, pour des raisons de quorum et de décorum aussi, il est
parfois important d'avoir un peu plus de membres qu'il ne le faudrait. Pour le
décorum, ce n'est pas sûr. La Chambre en donne un exemple.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Adopté avec amendement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas tout l'article, M. le Président.
"La régie est composée de sept membres, dont le président,
nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil, qui fixe le traitement
ou, s'il y a lieu, le traitement additionnel, les honoraires ou les allocations
de chacun d'eux".
Je voudrais reprendre ici les réserves que j'ai faites à
la Chambre et faire au ministre des suggestions que je me réserve de
formuler sous forme d'amendement, le cas échéant. Je voudrais
savoir, étant donné que c'est le lieutenant-gouverneur, donc le
gouvernement, qui nomme les membres de cette régie, quels seront les
critères de représentativité, c'est-à-dire si le
ministre est en mesure de nous fournir des indications qui pourraient nous
rassurer sur ce que j'appelle la représentativité des divers
milieux de Québec et de la périphérie. On parle toujours
ici du grand Québec, du Québec métropolitain.
J'ai dit en Chambre que je souhaiterais avoir là un
représentant de la ville de Québec, nommé après
consultation, un représentant de la Communauté urbaine de
Québec, un représentant des centrales syndicales, à leur
suggestion, parce qu'il y en a trois grandes, FTQ, CSN et CEQ, un
représentant de l'université parce qu'il y a évidemment
là un groupe extrêmement important, ou un représentant des
maisons d'enseignement, encore que, par la CEQ et par l'université, le
groupe des enseignants, des gens qui s'occupent d'éducation, serait
à mon avis suffisamment représenté. Je ne sais pas si le
ministre agréerait un amendement qui pourrait se lire comme suit: "La
régie est composée de neuf membres, dont le président,
nommé par le lieutenant-gouverneur en conseil, qui fixe le traitement
ou, s'il y a lieu, le traitement additionnel, les honoraires, les allocations
de chacun d'eux." Ces neuf membres, et c'est là l'amendement, devront
être...
M. LE PRESIDENT (Bossé): C'est un amendement formel.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui... choisis de la façon suivante: un
représentant de la ville de Québec... Voulez-vous en prendre
rédaction? Ces membres devront être choisis de la façon
suivante ils devront être nommés, plutôt, parce qu'il
s'agit de nomination un représentant de la ville de Québec
étant entendu que la ville de Québec veut dire le conseil
de ville de Québec donc un représentant de la ville de
Québec, sur présentation de celle-ci; un représentant de
la Communauté urbaine de Québec, sur présentation de
ladite communauté; un représentant des centrales syndicales, sur
présentation des trois centrales, FTQ, CSN, CEQ; et un
représentant de l'université.
Alors je fais cette proposition d'amendement, M. le Président, de
façon formelle, en laissant naturellement au ministre le soin de nous
dire ce qu'il en pense.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je suis d'accord avec le
principe qui veut assurer la plus grande représentativité
possible. Cependant, je pense qu'un tel amendement est trop restrictif dans le
cadre d'une loi et qu'il n'est sans doute pas sage de se lier à l'avance
d'une manière aussi formelle. Je ne serais donc pas d'accord avec
l'amendement tel que proposé, tout en acceptant le principe en jeu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous sommes dans un
cas bien précis de législation. Nous ne sommes plus dans le
domaine des intentions. Il faut verbaliser, si je puis m'exprimer ainsi, les
volontés que nous avons. La régie est donc composée de
neuf membres, et nous demandons que, parmi ces membres, il y ait quatre
personnes qui soient nommément désignées, ce qui laisse
donc au gouvernement le loisir de nommer cinq autres membres, à son
choix. Nous voudrions que soit inclus, de façon expresse, cette
prescription qui fasse que la représentativité que nous avons
évoquée, par le truchement de ces organismes, soit une
réalité qui s'inscrive dans le texte de loi puisque, ainsi que
nous l'indique le ministre, elle est dans la volonté du
législateur. Parce qu'ici, le ministre, c'est-à-dire le
gouvernement, le conseil des ministres a quand même toute liberté
de nommer les membres, les cinq autres membres qui constitueront cette
régie.
Et, pour nous assurer qu'il y a vraiment représentativité
nous demandons je crois que ce serait très raisonnable que
soit nommément indiqué que quatre de ces membres doivent
être les personnes que nous venons de désigner par l'amendement.
Je crois que c'est là très raisonnable et que c'est une
façon de procéder que nous avons adoptée dans le cas des
commissions consultatives, par exemple, les commissions consultatives de la
Place des Arts.
Et si l'on regarde la Loi de la Régie de la Place des Arts, il
est également indiqué que la ville de Montréal nomme tant
de membres, le gouvernement en nomme tant et ils s'entendent ensemble pour
désigner le président de la régie.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne s'agit pas là, M. le
Président, de la loi de la régie, mais bien de la commission
consultative.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, il s'agit de la Loi de la Régie de
la Place des Arts.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela n'apparaît pas de façon aussi
spécifique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... M. le Président, dans la loi de la
Place des Arts, cet organisme est composé de neuf membres. Un
président est nommé par le lieutenant-gouverneur en conseil,
après consultation du maire de Montréal, quatre membres
nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil, et quatre membres
nommés par la ville.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, d'accord, mais il y a un point, M. le
Président. Il s'agit là d'une régie mixte, qui appartient
à la fois à la ville de Montréal et au gouvernement du
Québec. Il était donc parfaitement normal qu'un partage dans le
nombre des membres soit proposé. Alors, que dans le cas qui nous occupe,
je persiste à croire, que l'amendement est trop restrictif.
M TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne crois pas que cet amendement soit
très restrictif, au contraire, M. le Président, il fournirait, si
le gouvernement veut bien l'accepter, une indication de la volonté qu'a
exprimée le ministre tout à l'heure, de donner à cet
organisme son caractère de représentativité, en y
appelant, justement, des gens qui représentent, à mon sens, les
groupements les plus représentatifs de la ville de Québec et des
environs, sans exclure, évidemment, d'autres organismes importants ou
d'autrescorps intermédiaires. Je ne crois pas que ce soit demander la
lune que de demander au gouvernement d'accepter de considérer la
possibilité, l'obligation, plutôt de nommer quatre personnes
désignées par des organismes qui auront quand même quelque
chose à voir, à cette place, à ce Grand
Théâtre, à cette Place des Arts.
M. GARNEAU: M. le Président, je pense que le principe de la
répartition des différents groupes d'intérêts de la
Communauté urbaine de Québec, est certainement très
louable. Le ministre des Affaires culturelles en tiendra compte dans les
propositions qu'il fera au lieutenant-gouverneur en conseil, pour la formation
de cette régie. Mais, je trouve que ce serait extrêmement
restrictif que d'indiquer, dans le texte même de la loi, autant de
précisions qui pourraient rendre l'administration de la Régie,
peut-être encore plus difficile. J'approuve certainement le ministre des
Affaires culturelles, lorsqu'il dit qu'il n'est pas d'accord avec l'amendement
proposé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A ce propos, M. le Président, je
désirerais faire observer au ministre de la Fonction publique qu'il y a
quand même un principe en cause. D y a le principe de la
représentativité. Le gouvernement a déjà
passablement bousculé les gens qui faisaient partie de la corporation du
Grand Théâtre, il a changé toute l'économie du
système de gestion que nous avions mis en place.
Et voilà qu'il nous demande de constituer une régie. Or,
cette régie, mon collègue de Saint-Jacques et moi-même nous
en avons signalé les dangers. Et précisément pour
minimiser ces dangers, nous souhaiterions que le gouvernement accepte tout de
suite de nommer des gens qui soient vraiment représentatifs de milieux
qui ont des intérêts dans le Grand Théâtre et qui
représentent toute la communauté du Québec
métropolitain. C'est la raison pour laquelle nous insistons sur la
nécessité de désigner, d'indiquer nommément, dans
l'article 2 les personnes qui pourront être appelées à
siéger au conseil d'administration de cette régie.
Je l'ai dit en Chambre, le gouvernement peut très bien, par sa
majorité, mettre de côté notre proposition; mais il
apparaîtra encore plus évident que l'intention du gouvernement est
de constituer un organisme qui sera composé de personnes de son choix et
qui ne seront pas nécessairement des mandataires de la population, mais
bien des individus qui agiront en leurs titre et qualité, à
l'invitation du gouvernement, comme membres de cette régie.
M. GARNEAU: M. le Président, je ne voudrais pas prolonger le
débat sur ce sujet, mais les lettres patentes qui constituaient le Grand
Théâtre de Québec limitée, lettres patentes qui
seront abrogées par le présent texte de loi, ne tenaient pas
compte non plus de cette répartition. Elles disaient: "sont membres de
la corporation les personnes acceptées comme telles par le conseil
d'administration. Ces membres devront être choisis parmi les personnes
désignées par le conseil d'administration de la
Société d'action culturelle du Québec." Comme on le sait,
cette société avait un nombre limité de membres à
son conseil d'administration. "Ces personnes demeureront membres tant et aussi
longtemps que leur désignation n'aura pas été
révoquée par la Société d'action culturelle du
Québec. C'était exactement une société qui
administrait le Grand Théâtre, ce sera maintenant une
régie. Cela revient au même.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, remarquez bien
qu'à ce moment le minis-
tre s'était reserve le droit et si l'on veut bien examiner
le texte de la Société d'action culturelle, le texte de cette
corporation intitulé "Le Grand Théâtre de Québec
limitée" le ministre avait quand même droit de regard sur
toute nomination, et il y avait un nombre suffisant de fonctionnaires pour
permettre au ministre de surveiller et de contrôler l'administration
desdites sociétés.
Or, le problème est tout à fait différent, puisque
le gouvernement s'en remet à une régie autonome et qu'il
appellera à la direction, à l'administration de cette
régie, des citoyens dont il ne nous indique pas qu'ils seront vraiment
représentatifs de la communauté du Québec
métropolitain.
M. GARNEAU: Le principe que soulève l'amendement du
député de Chicoutimi est de savoir si toutes les classes sociales
doivent être représentés nommément, ou
différents groupes de pression, dans l'article 2 de la loi. Autant dans
la Société d'action culturelle que dans la Loi du Grand
Théâtre limitée, cela n'était pas indiqué. Si
on analyse le principe sous-jacent à l'amendement du
député de Chicoutimi, je ne vois pas pourquoi il présente
cette chose aujourd'hui, alors qu'autrefois il était le seul à
pouvoir donner une orientation à la direction du Grand
Théâtre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre d'alors avait donné une
orientation en appelant des gens d'université, des hommes d'affaires, en
appelant diverses personnes, et d'ailleurs il avait la liberté...
M. GARNEAU: Mais c'était quand même à sa
discrétion. Maintenant ce sera le lieutenant-gouverneur en conseil qui
établira...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'était à sa discrétion,
mais le ministre était assisté d'un nombre important de
fonctionnaires qui étaient constitués en quelque façon
gardiens de ces sociétés d'action culturelle du Grand
Théâtre et de l'Expo-Théâtre. Alors, je ne veux pas
prolonger cette discussion. J'ai soumis un amendement. Mon collègue de
Saint-Jacques a peut-être quelque chose à ajouter. Quant à
moi, je suis prêt à ce que l'on le mette aux voix, mais je
maintiens que le gouvernement, en se réservant l'exclusivité des
nominations, nous incite à penser que les personnes qu'il appellera
à la direction de cette régie seront des personnes de son choix,
que les critères qui prévaudront risqueront d'être des
critères d'ordre politique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois de mon devoir de protester. Il n'est
absolument pas possible de faire une telle inférence. Si je m'oppose
à l'amendement, c'est uniquement parce qu'il me paraît qu'une
disposition légale comme celle-ci doit garder un caractère
général.
Si, par hasard, l'opinion publique constate que les nominations n'ont
pas été faites comme elles devaient être faites et ne
comportent pas ce degré de représentativité qui me parait,
à moi, souhaitable, l'opinion publique pourra jouer et pourra juger.
Mais quand il s'agit d'un texte de loi, il me paraît trop restrictif de
se lier d'une manière aussi spécifique.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, juste un mot, avant que
mon collègue de Saint-Jacques ne prenne la parole. Je voudrais signaler
au ministre que son argument de restriction de l'autorité de la
régie peut être battu en brèche assez facilement si on se
réfère au cas de la Régie de l'assurance-maladie, alors
qu'on a invité les corporations, les collèges, médecins,
etc., à désigner eux-mêmes les membres qui devraient faire
partie de cette Régie de l'assurance-maladie. Alors, ce n'était
donc pas là restreindre l'autorité de la régie, mais au
contraire c'était lui donner un caractère de
représentativité par ce truchement d'une invitation faite
à ceux qui s'intéressaient spécialement aux
problèmes généraux de la santé.
Dans le cas du Grand Théâtre, il y a des gens qui
s'intéressent à ce problème, et les premières
personnes intéressées me semblent être ces personnes que
j'ai désignées, soit de la Communauté urbaine de
Québec, des centrales syndicales et de l'université. Je n'exclus
pas d'autres corps intermédiaires ou d'autres organismes, mais je crois
que ces personnes ont un caractère de représentation qui devrait
être, à mon avis, pris en considération par le
gouvernement; mais, comme je le dis, j'attends les réflexions de mon
collègue de Saint-Jacques. Si l'on ne veut pas accepter cet amendement
qui nous paraît essentiel pour que cette régie soit
représentative et ne soit pas simplement un organisme politique
nous demanderons que la question soit mise aux voix.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Sur l'argument que vient d'invoquer le ministre, en refusant
l'amendement proposé par le député de Chicoutimi, je
trouve cet argument faible.
Demander ou obliger la commission à laisser au gouvernement, un
aspect beaucoup plus large, beaucoup plus général, pour employer
le mot même que vous avez employé, vous craignez l'aspect
restrictif que l'amendement du député de Chicoutimi apporterait.
J'avais moi-même l'intention de proposer un amendement dans le même
sens que celui du député de Chicoutimi. J'y reviendrai d'ailleurs
lorsque nous aurons terminé la discussion sur le sien. Mais je ne crois
pas que ce gouvernement que vous formez ait à craindre du moins
des partis de l'Opposition les gestes que vous poserez et qui
préciseront, quitte à paraître
restrictifs comme vous le disiez que les droits que nous
avons tous évoqués au moment du débat sur les Affaires
culturelles, les droits à la diffusion, à l'accessibilité
générale à la culture, que les droits de chacun à
l'administration d'une corporation, d'une régie aussi importante que
celle du Grand Théâtre de Québec, soit
précisée jusque dans la lettre même de l'esprit de la
loi.
Enfin, ce ne sont certainement pas les gens de mon parti qui vont
reprocher à un gouvernement de préciser dans un projet de loi que
les gens de centrales syndicales seront membres de la régie du Grand
Théâtre, que les gens du secteur universitaire ou que les gens de
la ville même de Québec ou de la communauté urbaine y
seront aussi, ou, comme j'allais le suggérer, que des gens même du
monde artistique soient à la direction même de la régie. Ce
n'est pas nous qui allons vous refuser cela. A chaque fois que ce gouvernement,
tant dans le domaine des Affaires culturelles que dans d'autres,
précisera les endroits bien précis où le bien de chacun,
et en particulier de ceux qui sont le plus souvent maltraités à
l'intérieur de la société, sera protégé dans
lettre même de la loi, nous serons les premiers à l'appuyer
là-dessus. C'est pour cela que je suis favorable à l'amendement
du député de Chicoutimi, parce qu'il précise ce qui
n'existe pas à Montréal. Après qu'on eut laissé une
aussi grande latitude, une aussi grande généralité dans la
lettre de la Loi de la Régie de la Place des Arts, cela n'existe pas. On
a laissé la généralité en espérant qu'on
irait chercher des gens du monde universitaire, des gens du monde syndical, des
gens du monde artistique. C'est pour cela que nous voulons éviter qu'une
pareille situation se crée à la Régie du Grand
Théâtre de Québec.
M. LE PRESIDENT (Bossé): II n'y a pas d'autres remarques sur la
question? Je dois mettre aux voix l'amendement du député de
Chicoutimi. Que ceux qui sont favorables...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous le permettez, M. le Président,
vous appelez les membres de la commission l'un après l'autre. M. Boivin
a remplacé M. Masse. On a remplacé le représentant du
crédit social, c'est M. Brochu. Si vous voulez appeler chacun des
noms.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député d'Ahuntsic.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Ceux qui sont en faveur d'abord.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Ceux qui sont en faveur d'abord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne suis pas en faveur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous demandez d'abord ceux qui sont en faveur
de l'amendement puisque c'est nous qui...
M. LE PRESIDENT (Bossé): C'est évident, je m'excuse. Que
ceux qui sont en faveur de l'amendement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tremblay.
M. LE PRESIDENT (Bossé): M. Tremblay, M. Charron, M. Boivin, M.
Brochu. Vous remplacez qui déjà?
M. BROCHU: M. Fabien Roy.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Ceux qui sont contre. M. Cloutier, M.
Garneau, M. Harvey (Chauveau)... Cinq contre et trois pour, donc l'amendement
est rejeté. Quatre pour, cinq contre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quatre pour l'amendement.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Quatre pour l'amendement, et six
contre.
M. CHARRON: Ce jeu mathématique étant clos, M. le
Président, au sujet du même article 2, j'avais aussi un amendement
à proposer mais je me fierai au sort que la commission vient de
réserver à celui du député de Chicoutimi pour le
modifier quelque peu j'allais aussi demander, mais comme le gouvernement
n'y est pas favorable la représentation d'organismes syndicaux et
d'organismes le plus représentatif possible du inonde des arts.
Il y a quand même une partie de mon amendement que je voudrais
préciser, que j'ajouterais par exemple à la fin du premier
paragraphe de l'article 2 et qui dirait: "Que deux de ces membres seront
choisis parmi les fonctionnaires du gouvernement ou de ses organismes". Ceci,
M. le Président, pour reprendre l'explication que nous faisions en
deuxième lecture, pour contrebalancer un peu l'autonomie quasi
indiscutable d'une régie dans le domaine des Affaires culturelles. Je
souhaiterais que ces deux fonctionnaires viennent du ministère des
Affaires culturelles pour que la politique d'ensemble du gouvernement, les
orientations que le gouvernement tente de donner aux Affaires culturelles,
à la vie culturelle du Québec, aient voix au chapitre, à
la direction de ce Grand Théâtre de Québec et soient
entendues auprès de la direction.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je suis heureux que
mon collègue de Saint-Jacques ait présenté cet amendement.
Parce qu'il me parait essentiel que, pour des fins de coordination, les
fonctionnaires du ministère des Affaires culturelles soient
associés à la Régie
du Grand Théâtre de Québec. Parce que, comme je l'ai
fait observer lors du débat en seconde lecture, il est évident
qu'une fois la machine lancée, il serait extrêmement difficile au
ministre des Affaires culturelles d'exercer son contrôle et de faire un
examen qui soit dynamique des situations qui se présenteront alors. Je
souhaiterais donc que le gouvernement accepte que deux de ces neuf membres de
la Régie de la Place des Arts soient obligatoirement des fonctionnaires,
et des fonctionnaires du ministère des Affaires culturelles pour les
raisons que je viens d'évoquer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je ne suis pas avocat,
mais j'ai toujours eu, d'une disposition législative comme celle-ci, une
conception assez élargie. Je pense que je dois rejeter cet amendement
pour les mêmes raisons que j'invoquais lors du premier amendement. Ceci
ne veut pas dire qu'il n'y aura pas des fonctionnaires au sein de la
régie. D'ailleurs, la régie, une fois constituée, pourra
faire ses propres règlements et pourra même inclure dans ses
règlements certaines dispositions en ce sens.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Attention, à partir du moment où
la régie va être constituée en vertu d'une loi qui
décrit exactement le mécanisme de nomination des personnes qui
sont appelées à constituer cette régie, la régie ne
pourra plus changer le mode de représentation. Par conséquent, il
est important de le dire ici tout de suite, si vous avez l'intention de nommer
des fonctionnaires, il faut l'indiquer en toutes lettres dans l'article de la
loi. Autrement, la régie étant absolument autonome, pourra faire
des règlements, mais ne pourra pas amender la Loi du Grand
Théâtre de Québec puisque cela relève de
l'Assemblée nationale.
M. GARNEAU: Si j'ai bien compris les propos de M. Cloutier je ne
voudrais pas m'en faire l'interprète ce qu'il entendait indiquer,
c'était l'intention du gouvernement de nommer des fonctionnaires parmi
les membres de la régie. Je pense que c'est dans ce sens-là qu'il
référait aux règlements, pas nécessairement aux
règlements de la régie, mais à l'esprit dans lequel le
projet de loi a été conçu et à la façon dont
le gouvernement, l'Exécutif entendant former le conseil d'administration
de cette régie. Je ne sais pas si je l'ai mal interprété
ou si c'est...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II me semble que je me suis exprimé
très clairement.
M. CHARRON: Est-ce que l'on peut demander de façon très
précise au ministre des Affaires culturelles ma question a deux
parties est-ce que des fonctionnaires feront partie de la Régie
du Grand Théâtre de Québec, des fonctionnaires du
ministère des Affaires culturelles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ma réponse est aussi extrêmement
précise. Je l'ignore pour l'instant. Nous sommes en train de
procéder à des consultations avec un bon nombre de corps
intermédiaires. Nous sommes en train de dresser une liste et c'est
à partir de cette liste, que je ferai certaines propositions au conseil
des ministres.
M. CHARRON: Je rappelle encore, M. le Président, les propos que
le ministre des Affaires culturelles nous a tenus lors de l'étude des
crédits. Il parlait de coordination, il parlait d'orientation. Je ne
comprends pas pourquoi sur ce point précis. C'est le premier point
où on a l'occasion de "tester" les grands principes du
député d'Ahuntsic.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, non, vous "testerez", comme vous dites, les
grands principes du député d'Ahuntsic lorsque vous verrez la
liste des nominations. Je ne m'oppose pas au principe que vous soulevez, je dis
simplement qu'à mon sens, et je demande à être
corrigé par les juristes, il n'est ni sage, ni souhaitable, d'inclure
des dispositions législatives trop restrictives.
M. CHARRON: Pour avoir cet avis-là, M. le Président, il ne
faudrait pas avoir vécu à l'autre bout de l'échelle parce
que pour les gens qui ne sont pas souvent impliqués dans des choses
aussi importantes que la régie, l'importance d'y être
précisé dans la lettre de la loi, je reviens sur mon intervention
de tantôt, est extrême. Evidemment pour quelqu'un qui se dit: De
toute façon, je n'ai pas besoin de le préciser puisque je sais,
je veux dire, pour une classe sociale, par exemple, qui dit: Je n'ai pas besoin
de la préciser puisque de toute façon je sais très bien
que c'est moi qu'on viendra voir, elle n'a pas besoin de se battre pour qu'on
inscrive dans la lettre de la loi ses droits et privilèges. Mais, pour
une autre classe sociale, qui a l'habitude de faire les frais de
l'édification de pareils éléphants blancs et qui n'est pas
très souvent consultée dans sa direction comme dans la
participation artistique, elle a le droit, légitimement, de demander
qu'un gouvernement le précise, dans les lettres de la loi. Les citoyens
les plus faibles ont le droit d'être défendus jusque dans la
lettre d'une loi. Et c'est pour cela que si vous avez refusé...
M. GARNEAU: Est-ce que vous incluez les fonctionnaires
là-dedans?
M. CHARRON: Bien non, mais c'est à la suite, j'ai fait cet
amendement...
M. GARNEAU: Les citoyens les plus faibles?
M. CHARRON: ... à la suite de votre refus de l'amendement du
député de Chicoutimi. Je
me dis que si vous refusez que les citoyens, dans les organismes
représentatifs qu'ils se sont eux-mêmes donnés, comme les
centrales syndicales, et les associations universitaires, soient
représentés, permettez, au moins, que l'Etat
québécois qui, lui, est représentatif qu'on le veuille ou
non, parce que nous y contribuons tous, par nos taxes et nos impôts, ait
un mot à dire, par la voix de ses fonctionnaires, sur la régie
d'un pareil Grand Théâtre. Je cours après la
représentativité là, je suis rendu aux fonctionnaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je m'étonne évidemment de la
résistance qu'oppose le gouvernement à une suggestion qui me
paraît éminemment pertinente et qui serait un palliatif à
une situation malheureuse qui est née du refus du gouvernement
d'assurer, dans le texte même de la loi, un principe de
représentativité absolument essentiel dans le cas d'une
régie comme celle dont nous étudions actuellement la
composition.
Je pense que l'amendement de mon collègue pourrait être mis
aux vois mais, si cet amendement devait être battu, il faudrait en
conclure que le gouvernement a déjà dans l'esprit les noms des
personnes qu'il s'apprête à nommer, qu'il a choisi ses
créatures et, si tel n'est pas le cas, j'aimerais que le ministre nous
indique quelles sont les personnes qui seront éventuellement
appelées à constituer cette régie, à former cette
régie parce que si nous n'avons pas d'autres renseignements que ceux que
nous a données le ministre, nous nous verrons forcés de conclure
que la disparition des administrateurs du Grand Théâtre
limitée, c'est tout simplement la substitution d'un groupe de personnes
qui n'allaient pas dans le sens des vues politiques du ministre et du
gouvernement, et qu'on les change précisément, pour y mettre en
place les créatures qui sont le choix du gouvernement et qui n'auront
pas, pour autant, le caractère représentatif que ces personnes
auraient si, nommément, on avait accepté de nommer les gens que
j'ai indiqués tout à l'heure et qu'indique mon
collègue.
M. GARNEAU: M. le Président, je pense que le ministre a
répondu tout à l'heure à cette question en indiquant qu'il
était à établir une liste de personnes, en consultation
avec différents organismes, et cela démontre bien que les
structures que l'on met en place n'ont pas été pensées en
vue de personnes, mais plutôt en vue de constituer un cadre administratif
au Grand Théâtre de Québec. Si le ministre avait
déjà en tête les noms des gens qui agiront comme
régisseurs, cela confirmerait peut-être les propos du
député de Chicoutimi, mais, la preuve est faite que les
consultations ne sont pas encore terminées et que les structures mises
en place ne sont pas pour des personnes déjà choisies, mais pour
des personnes qu'il fera choisir après consultations, comme l'a
indiqué très bien, tout à l'heure, le ministre des
Affaires culturelles.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, justement l'argument du
ministre de la Fonction publique peut se retourner contre lui.
Si le gouvernement n'a vraiment pas d'idée
préconçue à cet égard et qu'il a l'intention
d'appeler à siéger au conseil d'administration de cette
régie des personnes qualifiées, on peut se poser la question
à savoir pourquoi il a, de la façon que j'ai qualifiée en
Chambre tout à l'heure, écarté ceux qui étaient
déjà des administrateurs du Grand Théâtre. Est-ce
que ces personnes ont été écartées parce qu'elles
n'étaient pas compétentes? Parce qu'elles n'étaient pas
représentatives? Ou parce qu'elles n'étaient pas politiquement
étiquétées de la façon qu'il souhaitait?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, cela n'a vraiment rien
à voir. Il n'y a pas eu de substitution d'un groupe de personnes pour un
autre groupe de personnes. Il y a bel et bien substitution d'une formule
administrative qui ne nous paraît pas à nous acceptable à
une autre formule administrative qui nous semble présenter les
meilleures garanties de gestion des fonds publics.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis bien d'accord avec vous, M. le
ministre. Là, il y a toute une question de philosophie, une philosophie
différente. D'accord!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, en ce qui concerne les personnes qui
devront administrer cette nouvelle régie que vous avez substituée
à l'autre, en somme, à l'autre organisme de gestion...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... en ce qui concerne ces personnes, pourquoi
ne voulez-vous pas nous indiquer quels sont les...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les noms?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... les noms, pas nécessairement les
noms, mais nous indiquer en somme dans quel sens vous allez vous
orienter...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais très volontiers.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et quelle est la
représentativité que vous entendez donner aux membres de cette
régie autonome créée par le gouvernement et à qui
il va remettre tout le problème de la gestion du Grand
Théâtre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le député de Chicoutimi comprendra
qu'il ne peut pas être question de donner de noms alors que les
consultations ne sont pas encore terminées, elles sont à peine
commencées d'ailleurs. Je croyais avoir répondu à la
question du député de Chicoutimi, dans mes remarques
préliminaires, alors que j'ai bel et bien indiqué que
j'étais d'accord avec le principe d'une représentation
élargie. Je précise que je trouverais également tout
à fait satisfaisant qu'il y ait des représentants des
différentes instances qu'il a lui-mêmes citées,
c'est-à-dire la communauté urbaine, la ville de Québec,
les centrales syndicales, l'université et les groupements
artistiques.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de Jean-Talon
voudrait, je crois, intervenir?
M. GARNEAU: Non. Les remarques que je voulais faire relevaient de
l'amendement précédent. Comme l'amendement a été
mis aux voix, je ne peux pas revenir sur le sujet.
M. CHARRON: Est-ce que mon amendement a été mis aux voix,
M. le Président?
M. LE PRESIDENT (Bossé): Votre amendement est à l'effet
que...
M. GARNEAU: II y ait obligatoirement deux fonctionnaires dans le texte
de loi.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Deux fonctionnaires.
M. CHARRON: Du ministère des Affaires culturelles.
M. CARNE AU: M. le Président, je pense que ça n'a pas
changé. Est-ce qu'on pourrait considérer le même vote,
à moins qu'il y ait des dissidences?
UNE VOIX: C'est le même.
M. CHARRON: Le même verdict.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant que le vote a été
pris, que la question a été mise aux voix et que le
résultat est le même, étant donné que ce sont les
mêmes personnes qui ont voté...
M. CHARRON: M. le Président, je me demande maintenant
l'intérêt d'avoir porté le nombre de membres de sept
à neuf dans un premier amendement.
M. LE PRESIDENT (Bossé): J'allais poser la question, si vous me
permettez, je ne suis pas tellement familier avec la procédure. Dois-je
considérer que le nombre de neuf est un amendement qui a
été adopté à l'unanimité?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Nous l'avions adopté à
l'unanimité, mais mon collègue propose d'y revenir et de nommer
sept membres puisque nous n'avions insisté sur le cas des neuf membres
que pour assurer une plus grande représentativité...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le principe reste exactement le même, M.
le Président, je ne vois pas pourquoi on y revient.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je crois qu'étant donné que vous
aviez proposé de nommer sept membres, alors...
M. HARVEY (Chauveau): C'est pour les mêmes bonnes raisons qu'on a
voté favorablement en faveur de neuf membres.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr. Nous sommes entièrement
d'accord avec le principe de représentativité. Nous avons
été facilement convaincus que ce principe serait peut-être
plus facile à respecter avec neuf membres qu'avec sept.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Je ne voudrais pas que vous exploitiez
au maximum ma connaissance de la procédure évidemment...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous faites très bien ça, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT (Bossé): J'ai comme l'impression qu'il faudrait
rescinder une décision déjà prise. Je crois que ce
serait...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce qui se fait normalement.
M. GARNEAU: En tout cas, compte tenu des propos que vient de tenir le
ministre et pour les mêmes raisons qu'on a accepté neuf membres
tout à l'heure, évidemment, ça rend peut-être
l'organisme un peu lourd, mais ça va permettre d'avoir une plus grande
représentativité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On peut tout simplement reprendre le texte, le
laisser tel qu'il était et rescinder la décision.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Moi, je resterais, étant convaincu par
les arguments, apportés lors de la discussion de l'article 1, sur les
positions acquises.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je suis très
heureux que le ministre nous dise cela. Cela confirme ce que nous pensions, et
je vais maintenant l'interroger sur un autre aspect de l'article 2. "La
Régie est composée de neuf membres, dont le président,
nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil qui fixe le
traitement ou, s'il y a lieu, le traitement additionnel, les honoraires
ou les allocations de chacun d'eux." Alors, de quoi retourne-t-il de ce
traitement. Est-ce que cela veut dire que les membres de la Régie seront
payés? De quelle façon? Ne s'agit-il que de jetons de
présence, s'agit-il d'un salaire pour le président, ou s'il
s'agit d'honoraires, d'allocations, des allocations de vacation, par exemple,
pour les membres de la régie, pour se rendre aux réunions, etc.?
Quelle est exactement l'idée du ministre à ce sujet?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien, nous n'avons pas l'intention, M. le
Président, de payer les administrateurs. Il s'agit là tout
simplement d'une provision utile dans un texte législatif, provision que
l'on retrouve d'ailleurs dans les lettres patentes de la Compagnie du Grand
Théâtre limitée.
M. GARNEAU: Si je peux faire l'analogie avec le conseil d'administration
de la Régie des alcools du Québec, où on a prévu un
conseil d'administration de quatre membres, et avec un texte à peu
près analogue. Lorsqu'il s'agit de fonctionnaires qui siègent sur
les conseils d'administration, ils ne reçoivent pas de traitement
additionnel, sauf les dépenses encourues pour participer aux
réunions. Je crois bien que c'est la formule suivie
généralement pour ce genre de conseil d'administration.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, les membres de ce conseil
d'administration ne recevront pas de traitement.
M. GARNEAU: C'est-à-dire pas nécessairement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On ne peut pas dire qu'ils ne recevront pas de
traitement dans un temps. Nous légiférons en ce moment. Mais je
peux vous dire que je ne souhaite pas qu'ils reçoivent un
traitement.
M. TREMBLAY.(Chicoutimi): Mais voici, M. le Président, la loi est
tout de même là. Nous avons le texte.
M. GARNEAU: Elle le permet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, elle le permet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va être à discuter.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le texte le permet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, le lieutenant-gouverneur en conseil
fixe le traitement ou, s'il y a lieu, le traitement additionnel ce qui
vient encore ajouter les honoraires ou les allocations de chacun d'eux.
Or, le ministre nous dit: Je ne sais pas s'il y aura traitement ou non. Par
ailleurs, il fait consacrer, dans un article de la loi, le droit qu'auront ces
gens de recevoir un traitement, comme le gouvernement le décide.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comme je l'ai signalé, monsieur...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Donc, ces gens seront payés ou on
considère qu'ils pourront éventuellement être
payés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est juste, M. le Président, ils
pourront éventuellement être payés. Je m'étonne que
le député de Chicoutimi soulève ce point, puisque dans les
lettres patentes, comme je l'ai indiqué, règlement numéro
1, nous retrouvions exactement les mêmes dispositions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que ces fonctionnaires ont
été payés? Est-ce que ces membres de la corporation ont
été payés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, il n'y a pas eu de
salaire payé dans le cadre de cette compagnie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a eu des honoraires
professionnels de payés aux membres de la corporation?
M. le Président, je vais vous renseigner tout de suite. Une
lettre a été émise du bureau du premier ministre,
demandant des renseignements sur les honoraires qui auraient été
versés aux membres de la corporation du Grand Théâtre
limitée. Je peux vous dire tout de suite que le bureau d'avocats de M.
Letarte et Saint-Hilaire a reçu $500 pour travail d'amendement à
la charte, ou à l'arte constitutif pour parler français, et que
les vérificateurs ce qu'on appelle en anglais les auditeurs
soit le bureau de Marcel Bélanger, qu'on connaît bien, le
bureau de Marcel Bélanger, Dallaire et Gagnon, ont fait une
vérification du budget et ont reçu un montant d'environ
$1,000.
Maintenant, pour revenir à l'article 2, il y a donc, dans
l'esprit du législateur, l'idée ou la volonté
plutôt, de verser, le cas échéant, un traitement à
ces administrateurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'abord, M. le Président, je confirme les
dires du député de Chicoutimi, en ce qui a trait à ses
remarques précédentes. Ensuite je veux dire qu'il y a simplement,
dans l'esprit du législateur, la volonté de laisser, par une
disposition, la porte ouverte à cette possibilité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, le mandat des
membres de la régie est
de quatre ans, et est renouvelable. Nous n'avons pas d'objection
à cela. Evidemment l'article, en soi, est à nos vues
inacceptable, même compte tenu de ce que nous a dit le ministre.
Evidemment, nous reformulons les réserves que nous avons
formulées et je précise que cette Régie du Grand
Théâtre de Québec sera, comme dans le cas de bien des
régies...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pourrais peut-être proposer une petite
variante.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... un organisme qui risque d'être un
organisme politique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, pour bien
éclairer le sens de cette loi, nous pourrions peut-être dire:
"Nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil qui fixe, s'il y a lieu,
le traitement ou le traitement additionnel, les honoraires et les allocations
de chacun d'eux." Ne serait-ce pas une façon d'apporter une
précision?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela ne change pas grand-chose.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela ne change pas grand-chose.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): "Qui fixe, s'il y a lieu..." est
acceptable.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je comprends que c'est uniquement une
possibilité Nous ne connaissons pas l'avenir et même si,
actuellement, il n'y a pas lieu de payer les administrateurs, je ne sais pas
si, dans quelques années, cette nécessité
n'apparaîtra pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, nous amenderons nous-mêmes la
loi.
M. le Président, l'article 2, il y a la disposition, le proviso
au cas de décès, de démission ou d'incapacité d'un
membre...
M. CHARRON: Nous abolirons la régie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... pendant le cours de son mandat.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je voudrais bien savoir ce que vous mettrez
à sa place.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'un successeur peut lui être
nommé pour le reste de son mandat. Ce qui est normal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah! mais là, il y a des
éléments qui vous échappent, ce n'est pas si simple,
hélas!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous sommes
prêts à adopter l'article 2.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, avec toutes les réserves
que nous avons faites.
UNE VOIX: Mais avec évidemment l'amendement...
Exécutif
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'article 3, à la première
assemblée générale de chaque mandat, la régie forme
un exécutif composé du président et de deux autres
membres. Etant donné qu'il y a maintenant neuf membres, un
président, deux autres membres formant le conseil exécutif, ce ne
sera peut-être pas suffisant...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il y a un problème de concordance qui se
posera pour certains articles.
M. GARNEAU: Mais pourquoi la nécessité de tellement
augmenter le nombre de membres de l'exécutif, étant donné
que l'exécutif reçoit son mandat d'action de la régie qui
est composée de neuf membres, et cela facilitera certainement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, comme il arrive dans toutes les
sociétés de cette nature, M. le ministre de la Fonction publique,
je tiens à vous faire savoir que lorsqu'un exécutif n'est
formé que de trois membres, il constitue ce que l'on appelle un
triumvirat. C'est à ce moment...
M. GARNEAU: II pourrait être défait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... que se jouent les influences.
M. GARNEAU: II pourrait être défait par l'assemblée
des régisseurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, on sait très bien ce que les
autres régisseurs feront. Etant des créatures politiques, ils ne
pourront pas...
M. GARNEAU: Le député de Chicoutimi, je ne vois pas
pourquoi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... aller contre les décisions de
l'exécutif, cela c'est connu.
M. GARNEAU: Je ne vois pas du tout pourquoi le choix du
lieutenant-gouverneur en conseil serait plus politisé que les personnes
qui ont été choisies pour administrer la compagnie du Grand
Théâtre limitée. Je viens de jeter un coup d'oeil sur la
liste, il y a d'excellentes personnes sur cette liste, entre autres, M. Reid,
je vois M....
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lapierre...
M. GARNEAU: Je vois d'excellentes personnes...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Me Marquis.
M. GARNEAU: Je ne vois pas pourquoi elles seraient plus
politisées.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis un peu étonné par la
dernière remarque du député de Chicoutimi, puisque dans
les règlements de la Compagnie du Grand Théâtre, il y avait
également, au conseil d'administration, un comité exécutif
composé de trois membres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'accord. Il reste que le ministre allait
revoir toute cette question et j'avais fait observer...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quand vous dites le ministre, vous pensez
à vous?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. ... que lesdits règlements
devaient être amendés. Parce que j'avais, entre-temps, pris des
renseignements sur les conseils d'administration et ce qu'on appelle les
conseils exécutifs de diverses sociétés. J'estime qu'un
exécutif de trois membres, ce n'est pas beaucoup, que c'est beaucoup
plus un organisme de parade qu'un organisme réel.
Enfin, le gouvernement ne veut pas obtempérer à nos
désirs et nous sommes prêts à adopter cet article sous
toutes réserves que de droit.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Article 3, adopté.
Directeur
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 4: La régie doit créer
par règlement la fonction de directeur du Grand Théâtre de
Québec.
C'est là un des articles extrêmement périlleux.
C'est pourquoi je proposerais un amendement suivant. Que la régie
crée par règlement la fonction de directeur du Grand
Théâtre de Québec, je n'ai pas objection à cela,
mais ce n'est pas de n'importe quelle façon que doit se faire cette
nomination du directeur.
Je propose d'ajouter, après les mots "Grand Théâtre
de Québec", ceci: "La régie doit créer par
règlement la fonction de directeur du Grand Théâtre de
Québec, lequel directeur doit être engagé à la suite
d'un concours public, conformément à la Loi de la Fonction
publique, et que ce directeur devient ainsi fonctionnaire au sens de ladite
loi."
Voici pourquoi j'insiste sur cette exigence. C'est que le directeur du
Grand Théâtre aura des fonctions extrêmement importantes et
qu 'il constituera en quelque façon le lien le plus direct entre le
ministre, le gouvernement, et par conséquent entre l'Assemblée
nationale et le peuple, quand il aura fonction d'administrer les biens. Il est
donc important que ce directeur soit nommé à la suite d'un
concours public, conformément à la Loi de la Fonction publique,
et qu'il devienne ainsi fonctionnaire au sens de ladite Loi de la Fonction
publique.
Lorsqu'il a été question de nommer le directeur du Grand
Théâtre, j'avais moi-même fait des consultations et
pressenti certaines gens. Entre autres, l'un des candidats ne voulait pas se
soumettre aux exigences de la procédure administrative du gouvernement
et ne voulait pas entendre parler que ces gestes fussent examinés par
l'organisme de contrôle qu'est le Conseil de la trésorerie. Il est
donc important que ce directeur soit engagé de la façon que j'ai
indiqué et qu'il soit un fonctionnaire au sens de la Loi de la Fonction
publique. Cela sera une protection pour lui et cela sera aussi une protection
pour le ministre, pour le ministère, pour le gouvernement et pour les
citoyens. Le directeur, et l'expérience de la Place des Arts est
là pour nous le dire remarquez que je ne porte pas de jugement
défavorable contre le directeur de la Place des Arts de Montréal,
loin de là mais le directeur ne doit pas avoir toute
liberté d'action. Il doit être un fonctionnaire, puisqu'il
deviendra, en vertu de cette loi, dont nous avons accepté contre notre
volonté l'article 2, le seul lien entre le gouvernement et la
population. Il est donc important que ce directeur soit un fonctionnaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'aimerais entendre un débat à ce
sujet avant de me prononcer. A priori, je vois deux difficultés. La
première difficulté, c'est que le personnel de la régie ne
fera pas partie de la fonction publique; il n'y aurait, par conséquent,
que le directeur général qui serait une exception.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela ne veut pas dire qu'on n'apportera pas un
autre amendement plus loin.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour l'instant, je me base sur les
éléments qui sont à ma disposition, vous le
comprendrez.
La deuxième difficulté, c'est qu'une des raisons
d'être de la régie est de donner une certaine autonomie qui semble
essentielle pour une gestion de ce type. Ceci semble aller à l'encontre
même de l'esprit d'une régie. Quand je parle d'autonomie, je me
souviens des remarques du député de Saint-Jacques qui souhaitait
une direction générale du théâtre administrant
directement ce genre d'activités. Je crois, dans les remarques
préliminaires en deuxième lecture, avoir bien indiqué que
même si c'était peut-être souhaitable dans l'absolu
ce n'était pas possible sur le plan pratique.
M. CHARRON: M. le Président, j'allais suggérer l'adoption
moi-même d'un amendement à l'article 4, qui allait exactement dans
le même sens que l'énoncé du député de
Chicoutimi, c'est-à-dire que le choix du directeur se fasse par voie de
concours ouvert au public.
Le député de Chicoutimi a donné plusieurs raisons.
Je ne veux pas les répéter. Mais il reste que, si nous devons
nous contenter d'avoir une régie pour diriger le Grand
Théâtre de Québec ce semble être le voeu de la
Chambre, en deuxième lecture, et le souhait de ce gouvernement il
reste que, depuis le début de cette commission, article après
article, nous, de l'Opposition, cherchons des moyens de ramasser un peu tous
les espoirs que nous avons exprimés en deuxième lecture, pour que
cette régie ne devienne pas seul maître à bord du Grand
Théâtre de Québec.
Nous avons suggéré des amendements sur la formation du
Conseil de la régie et nous souhaitons maintenant que ce directeur soit
un fonctionnaire. J'invoquerai la même raison que tout à l'heure
pour demander que des fonctionnaires fassent partie du Conseil, de la
régie même, parce que c'est la seule façon pratique et
concrète que je vois de faire que toute la politique culturelle de
l'Etat québécois trouve concordance directe, et non par simple
allusion politique ou par simple connivence d'esprit, avec la direction
artistique, avec la direction générale du Grand
Théâtre, et soit en accord complet avec la politique
générale du ministère.
Le député de Chicoutimi a donné plusieurs autres
raisons qui vont toutes ensemble, tant au point de vue administratif qu'au
point de vue strictement artistique. Je m'en voudrais que le gouvernement ou
que les ministres qui représentent ici le gouvernement n'acceptent pas
ici cet amendement qui me semble tout à fait important, sinon nous
venons à moins de trouver une autre faille un peu plus loin
de couper tous liens entre le ministère des Affaires culturelles
et la Régie du Grand Théâtre.
M. GARNEAU: Je pense que les propos du député de
Saint-Jacques et ceux du député de Chicoutimi quoique
venant d'une bonne intention même si leur amendement était
accepté, ne régleraient pas du tout le problème
soulevé. Parce que, supposons que le gouvernement accepte l'amendement,
cela ne voudrait pas dire que ce directeur général n'aurait pas,
au point de vue de l'autorité, à rendre compte de ses actes
devant les régisseurs. Le fait qu'il soit choisi par concours public ne
lui donnerait pas un lien direct avec le ministère. Si on nomme des
régisseurs qui auront la responsabilité de choisir le directeur
du Grand Théâtre de Québec, cet homme répondra de
ses gestes sur le plan administratif, parce que ce sera un directeur
administratif qui aura la responsabilité de mettre en oeuvre les
politiques mises de l'avant par les régisseurs et l'Exécutif. Il
va relever d'eux et non pas du ministère. Cela ne créerait pas le
lien dont parle le député de Saint-Jacques. C'est pour cela que
l'objectif ne serait pas plus atteint. Pour l'atteindre complètement,
dans le sens que le député de Saint-Jacques le voudrait, il
aurait fallu comme il l'a mentionné tout à l'heure
créer une direction générale des théâtres au
Québec et faire administrer tous ces théâtres directement
par le ministère. Là vous auriez eu une ligne directe
d'autorité du ministre en descendant. Mais l'amendement proposé
n'atteindra pas du tout les objectifs que le député de
Saint-Jacques veut atteindre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pense que le
ministre...
M. GARNEAU: A moins que le député de Chicoutimi ne soit
pas tout à fait d'accord avec...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre de la Fonction publique n'a pas
à interpréter quoi ce que soit. Je suis parfaitement d'accord
avec mon collègue de Saint-Jacques.
M. GARNEAU: Le fonctionnaire dépendrait-il du ministre?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le fonctionnaire doit être nommé
par voie de concours. Le directeur devient fonctionnaire. D établit donc
le lien nécessaire entre le ministère et la régie...
M. GARNEAU: Suivant quelles lignes d'autorité?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et, en sa qualité de fonctionnaire,
il aura ainsi des comptes à rendre au ministre et, par le ministre, au
gouvernement et à la Chambre.
M. GARNEAU: A ce moment-là, il deviendrait un fonctionnaire du
ministère et non pas un fonctionnaire de la régie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le seul mécanisme de protection
que nous puissions demander et c'est encore un pis-aller. Etant donné
l'aspect pitoyable de ce projet de loi et l'esprit qui l'inspire, on se rend
très bien compte que non seulement le gouvernement va nommer les gens de
son choix, mais il va leur donner pleine liberté de nommer qui ils
voudront comme directeur.
Or, l'expérience que j'ai vécue au ministère des
Affaires culturelles m'indique très bien que le directeur est
déjà choisi et que ce directeur m'avait imposé à
moi, ces conditions, pour devenir directeur. Or, je ne veux pas que cette
personne soit nommée, à moins qu'elle ne soit acceptée,
à la suite d'un concours public, que cette personne devienne un
fonctionnaire.
M. GARNEAU: M. le Président, qui pourrait décider du
choix, à la suite du concours? Si un
concours public est ouvert et que 15 personnes se présentent, qui
va former le jury pour déterminer laquelle parmi ces personnes sera
choisie, sinon les régisseurs?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si le concours est tenu
par la Fonction publique...
M. GARNEAU: Vous savez qu'il y a des membres du jury.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): A ce moment-là, la Fonction publique
constitue ses jurys et elle indique, ensuite, à la Régie du Grand
Théâtre que telle candidature a été
agréée. C'est donc une protection additionnelle. Autrement, ce
sont les membres nommés par le gouvernement qui vont choisir la
créature qui va s'ajouter aux autres créatures et, par
conséquent, on aura un organisme dont le contrôle échappera
absolument, de toute façon, à l'autorité des
ministères.
M. GARNEAU: On nomme des régisseurs. La loi permet au
lieutenant-gouverneur de nommer des régisseurs, le lieutenant-gouverneur
en conseil va choisir des hommes à cause de leur compétence et
si, dès le premier geste qu'ils ont à poser, soit celui de
déterminer qui agira comme directeur général, on leur
enlève ce pouvoir de poser ce geste-là, on leur donne par le fait
même un certificat de non-compétence ou d'incompétence et
qui voudra accepter d'être régisseur du Grand Théâtre
de Québec, s'ils n'ont pas à rendre compte eux-mêmes, de
l'administration de ce Grand Théâtre, puisqu'il y aurait entre eux
et le ministre, une espèce de lien, de pion, qui viendrait, en quelque
sorte donner les directives? Aucune personne compétente n'accepterait un
mandat de cette nature-là.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Ce fonctionnaire servirait justement de lien,
il serait une sorte de chien de garde et permettrait de protéger le
ministre et la population.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, il y a quelques points
que rapidement je voudrais soulever. D'abord, je peux vous dire que le
directeur n'est pas nommé, il n'est pas choisi. Ensuite, j'ajoute que je
comprends très bien le député de Chicoutimi qui se voit
dans l'obligation d'abandonner une structure qu'il avait créée.
Je comprends les raisons qui l'ont poussé à la créer. Il
cherche, par conséquent, à reproduire les mécanismes qu'il
avait mis en place dans cette corporation. Or si nous proposons une
législation pour créer une régie, c'est que nous
n'étions pas d'accord avec la structure juridique qu'il avait
donnée au Grand Théâtre.
En ce qui a trait à un certain contrôle sur le directeur
général, j'anticipe sans doute, mais nous verrons qu'à
l'article 11, ce contrôle existe déjà dans le cadre de la
régie. La régie doit obtenir l'approbation préalable du
lieutenant-gouverneur pour les contrats de plus d'un an, les échelles de
salaire pour ces employés, etc. Les autres dispositions sont d'ordre
financier.
M. GARNEAU: J'ajouterais autre chose, M. le Président, concernant
ces régies et la formation de leur personnel. Le gouvernement
précédent je ne l'en blâme pas du tout, je pense que
c'était tout à fait juste a créé la
Régie de l'assurance-maladie. Il a donné plein pouvoir aux
administrateurs d'engager leur personnel, sans passer par la Loi de la Fonction
publique. Loto-Québec qui a été créée, a
également eu le pouvoir de choisir son personnel pour constituer les
cadres, sans passer par la Loi de la Fonction publique. Maintenant... le reste
aussi.
M. BOIVIN : Les administrateurs étaient choisis par les
fédérations concernées, ce que vous avez refusé
tout à l'heure.
M. GARNEAU: En ce qui regarde le recrutement du personnel...
M. BOIVIN: Quand cela fait votre affaire, vous l'acceptez.
M. GARNEAU: Non, on dit de la même façon.
M. BOIVIN: Vous avez dit tout à l'heure que les administrateurs
de la régie de la santé étaient nommes par les corps
représentatifs, ce que vous avez refusé tout à
l'heure.
M. GARNEAU: Parce que c'est un domaine assez particulier que celui des
arts et la représentativité serait assurée. Maintenant on
parle du personnel d'exécution et je trouve absolument normal que ce
soit dans ce cadre-là.
M. BOIVIN: C'est toujours le gouvernement...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a deux philosophies administratives, si
j'ose m'exprimer ainsi, qui s'affrontent.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Vous parlez de philosophie!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce que j'avais dans l'esprit le débat
d'hier. Or, il est évident que dans notre esprit, si nous formons une
régie, c'est pour lui donner une certaine autonomie. Si nous acceptons
les amendements suggérés, nous allons à l'encontre
même de ce que nous tentons de faire.
Vous comprendrez qu'en toute logique, ne serait-ce que pour qu'il y ait
concordance entre
les articles, nous nous en tenons à l'esprit qui a
présidé à cette création.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, vous pouvez
mettre la question aux voix.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Je suis prêt à
procéder si la discussion est terminée.
M. LATULIPPE: M. le Président, nous sommes encore à
l'article 4, est-ce que la motion qui a été
proposée...
M. LE PRESIDENT (Bossé): C'est-à-dire que nous en sommes
à l'amendement du député de Chicoutimi, je pense.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'amendement reprend substantiellement celui
que j'ai déjà proposé...
M. LE PRESIDENT (Bossé): Qui ajoute à l'article 4...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et il ajoute à l'article 4 ceci:
"Lequel directeur doit être engagé à la suite d'un concours
public, conformément à la Loi de la Fonction publique, et devient
fonctionnaire au sens de ladite loi."
Alors l'amendement est mis aux voix, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Alors que ceux qui sont favorables
à l'amendement lèvent la main.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors ceux qui sont favorables à
l'amendement. Alors ça va être trois contre un.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Je n'ai rien entendu. Alors ceux qui
sont contre l'amendement.
M. HARVEY (Chauveau): On se met ensemble pour se débarraser des
Péquistes et de l'Union Nationale, c'est clair.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comment son aile créditiste!
M. HARVEY (Chauveau): Ils sont avec nous, il faut respecter les
libertés individuelles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout à l'heure le représentant
créditiste n'a pas voté avec le gouvernement. Maintenant, il vote
avec le gouvernement selon sa conscience, c'est sa conviction.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Chacun n'a pas les mêmes dettes à
l'endroit du Parti libéral.
M. HARVEY (Chauveau): Les mêmes dettes ou les mêmes
têtes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je serais bien étonné que le
député qui siège avec nous ait des dettes
particulières.
M. HARVEY (Chauveau): Vous insultez le jeune député du
parti créditiste.
M. BROCHU: Ne faisant pas partie du club de l'Age d'Or en politiquee, je
n'ai aucune...
M. LE PRESIDENT (Bossé): Messieurs, vous avez une dette envers le
président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Bossé): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avant que nous ne passions à un autre
article, M. le Président, la régie doit créer par
règlement la fonction du directeur du Grand Théâtre de
Québec. Est-ce que je pourrais suggérer un autre amendement qui
se lirait comme suit: "La régie doit créer par règlement
la fonction de directeur du Grand Théâtre de Québec, lequel
directeur doit être agréé par le ministre des Affaires
culturelles."
M. GARNEAU: M. le Président, j'essaie de percer la logique du
député de Chicoutimi, depuis tout à l'heure qu'il nous
accuse de vouloir politiser la régie du Grand
Théâtre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ne vous demande pas de percer, on vous
demande de comprendre.
M. GARNEAU: Bien, c'est justement, il est tellement difficile à
comprendre que j'imagine qu'il a un mur qu'il faudrait percer avant de
comprendre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je comprends, comme disait mon professeur, que
vous ne compreniez pas.
M. GARNEAU: II accuse le gouvernement de vouloir politiser la
régie en nommant les régisseurs, et voici maintenant qu'il
demande que le directeur du Grand Théâtre soit agréé
par le ministre. Il n'y a aucune logique dans cette discussion, je ne vois
réellement pas pourquoi on accepterait ce règlement-là. Au
contraire, nous allons le combattre vigoureusement, étant donné
que nous ne voulons pas politiser justement la régie du Grand
Théâtre de Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est déjà fait. Les gens sont
nommés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle n'existe même pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien voyons!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je voudrais bien que vous m'indiquiez ces noms,
parce que je les ignore.
M. GARNEAU: Donnez-nous des noms.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! vous les ignorez?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Absolument.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous n'avez pas reçu la liste que vous
avez demandée?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quelle liste ai-je demandé? Je n'ai
demandé aucune liste. J'ai procédé à des
consultations auprès d'au moins une dizaine de personnes et de corps
intermédiaires, j'ai même procédé à une
consultation informelle avec la ville de Québec. Il n'y a strictement
aucune liste.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne veux pas mettre en cause certains
fonctionnaires qui sont menacés d'être limogés, M. le
Président, et je ne fournirai pas la liste que j'ai entre les mains.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous semblez drôlement renseigné
sur les activités du ministère.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien oui, j'ai été ministre, mon
cher ami, pendant quatre ans.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais depuis que vous ne l'êtes plus...
M. GARNEAU: C'est peut-être votre liste que les gens vous ont
transmise.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis très bien renseigné
parce que, vous le savez, je lis les journaux. Alors la régie doit
créer par règlement la fonction de directeur du Grand
Théâtre de Québec. Si nous proposons un amendement, lequel
va être rejeté, M. le Président, donc laissons tomber et
passons à l'article 5.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Alors, je considère que l'article
4 est adopté.
M. LATULIPPE: L'amendement?
M. HARVEY (Chauveau): Cela a été mis aux voix et
défait.
M. CHARRON: Adopté sur déchirure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. HARVEY (Chauveau): Par décision démocratique.
M. LE PRESIDENT: Article 5. Règlements
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 5: "La régie fait les
règlements pour sa régie interne et pour déterminer les
fonctions du directeur et de son personnel, ainsi que les attributions de
l'exécutif." Il est bien évident, M. le Président, que
nous aurions souhaité que le gouvernement envisageât d'une autre
façon l'engagement des membres du personnel de ladite régie qui,
aux termes de l'article que nous avons devant nous, deviendront tout
naturellement les instruments de ceux qui voudront bien s'en servir et ne
seront protégés d'aucune façon.
M. GARNEAU: Le député de Chicoutimi a bien peur qu'on
agisse selon les intentions qu'il avait alors qu'il était ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tout cela pour éviter que la Fonction
publique ne mette en place des créatures du gouvernement.
M. GARNEAU: Le ministre a peur qu'on agisse comme il avait l'intention
d'agir, c'est cela?
UNE VOIX: II connaît ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, trêve
d'allusions, venons-en aux faits.
M. GARNEAU: On passe à l'article 5?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre se rappelle fort bien ce qui s'est
passé à la commission de la Fonction publique et il en a
gardé un goût amer.
M. GARNEAU: J'ai été très gentil, d'ailleurs.
UNE VOIX: Alors, la régie fait des règlements pour...
M. GARNEAU: Le député de Chicoutimi a
conservé...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... sa régie interne, article 5: "Ces
règlements entrent en vigueur sur approbation du lieutenant-gouverneur
en conseil". Alors nous adoptons l'article 5, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Article 5, adopté. Article 6.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'article 6, cela va de soi, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Adopté. Contrats
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais toutefois, avant qu'on adopte
l'article 6, demander au ministre de nous dire exactement quelle est la
philosophie de la dernière partie de l'article: "Le présent
article ne s'applique pas à l'actionnaire d'une compagnie
constituée de bonne foi."
M. CHARRON: M. le ministre, vous êtes de bonne foi,
expliquez-vous!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est là, M. le Président, une
disposition courante, m'infor-me-t-on. Son but est le suivant. Il ne nous
apparaît pas souhaitable qu'un actionnaire de bonne foi d'une compagnie
puisse être éliminé comme administrateur de la
régie, uniquement à cause du fait qu'il est actionnaire d'une
compagnie susceptible de traiter avec la régie. Il s'agit, à ce
moment-là, d'actionnaires. Il ne s'agit ni d'administrateurs ni de
directeurs.
Pour vous donner un exemple extrême, un actionnaire de la
compagnie Bell peut être membre de la régie, même si nous
avons le téléhpone aux bureaux de la régie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais un membre d'une société de
courtage, d'assurance, par exemple, est-il dans cette situation, s'il a
à transiger avec la régie pour assurer les biens de la
régie?
M. GARNEAU: Cela dépend. Si c'est une compagnie...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Laissez faire le ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): S'il est directeur de la compagnie, il est en
situation de conflit. A ce moment-là, il n'a pas le droit. S'il est
simplement actionnaire, ce n'est pas exclu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Très bien, M. le Président. Nous
acceptons l'article 6.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Article 6, adopté. Article 7.
Siège social
M. TREMBLAY (Chicoutimi): "La régie est une corporation au sens
du code civil." M. le Président, cela va de soi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous proposons, M. le Président, une
modification mineure. Nous proposons d'insérer, après le premier
alinéa, ce qui suit: "Elle a son siège social dans la ville de
Québec ou dans le voisinage immédiat."
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous n'avons aucune objection.
M. CHARRON: Aucune objection.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous n'avons pas l'intention de
déménager les immeubles. Mais voilà une précision
juridique.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Adopté avec l'amendement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 7, adopté avec l'amendement
proposé.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Article 8.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): "La Régie peut, avec l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil, acquérir des immeubles et les
aliéner ou hypothéquer." Cela va de soi, M. le
Président.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit là des mêmes pouvoirs
qu'avait la corporation, avec cet élément supplémentaire
qui justifie la création de la régie, c'est-à-dire que le
gouvernement contrôle ses transactions d'une façon
complète.
Budget
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans l'autre aussi. Article 9: "Chaque
année, la régie doit faire parvenir au ministre des affaires
culturelles du Québec, pour approbation par le Conseil de la
trésorerie, son projet de budget au moins quarante jours avant le
début de son année financière. "
M. CHARRON: Il y a un amendement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a un amendement...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a une modification sur...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Soixante jours avant, M. le Président,
cette discussion apparaît dans la loi de la Régie de la Place des
Arts, et personne n'a encore fait la preuve que cette disposition soit
très efficace.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous pensez à l'amendement ou à
l'article?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'article lui-même.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas tout à fait, M. le Président,
parce que, en ce qui a trait à la Place des Arts, il y a en quelque
sorte deux ministères de tutelle, article 12. C'est-à-dire...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): "Chaque année, la régie doit
faire parvenir au ministre des Finances de la province et au directeur des
finances de la ville de Montréal, pour approbation par le Conseil de la
trésorerie et par la ville, son projet de budget au moins quarante jours
avant le début de son année financière."
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, nous proposons, soixante jours,
plutôt que quarante jours. Nous n'insistons pas, c'est uniquement une
disposition commode.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais ce sur quoi j'insiste, M. le
Président, c'est que nous nous sommes rendu compte, à l'usage,
que cette disposition est, à toutes fins utiles, inutile, puisque
inopérante, puisque, ordinairement, on nous présente des budgets
tout faits, tout programmés, et on n'a qu'à dire oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il y a une différence.
M. GARNEAU: II y a une différence parce que, si ma mémoire
est fidèle, la loi de la Place des Arts prévoit dans les textes
de loi la façon dont le déficit sera... C'est imputable au fonds
consolidé, article 20...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'accord.
M. GARNEAU: ... alors que, dans la Place des Arts, les fonds sont
votés à cette fin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les fonds sont votés à cette
fin.
M. GARNEAU: C'est quand même différent sur le plan de
l'administration budgétaire. Nous aurons besoin absolument de cette
évaluation, de ce budget, pour être capable de présenter
nos estimations de dépenses, dans l'autre cas, cela entre dans
les...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On verra à l'usage ce que cela donne,
M. le Président.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une protection supplémentaire.
M. GARNEAU: Parce que quarante jours, c'était un laps de temps
très court pour la préparation du budget.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'est vrai.
Alors, il y a un autre amendement à l'article 9.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Un amendement qui apporte une précision.
Nous ajouterions, à la fin de l'alinéa: "La régie doit, de
plus, obtenir l'approbation préalable du Conseil de la
trésorerie, pour les engagements financiers non prévus au budget
et, à cette fin, elle fait parvenir ses projets d'engagement au ministre
des Affaires culturelles."
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans quel délai? Est-ce qu'il
n'eût pas été nécessaire d'indiquer le
délai?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous pouvons l'indiquer.
M. GARNEAU: Je pense qu'à ce moment-là, c'est assez
différent. C'est, en quelque sorte...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre doit
répondre. J'ai posé la question au ministre.
M. GARNEAU: C'est parce que, M. le Président, étant
donné que je siège sur le Conseil de la trésorerie et que
le ministre des Affaires culturelles sait très bien de quelle
façon...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous ne siégez pas "sur" le conseil, au
nombre que vous êtes, vous allez l'écraser. Vous siégez
"au" conseil...
M. GARNEAU: II est très solide au Conseil de la
trésorerie! Ces demandes seront, en quelque sorte, semblables à
celles des autres ministères. Une augmentation des crédits sera
faite à même les fonds de réserve et il n'y a pas lieu
d'indiquer de délai.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Est-ce que la réponse satisfait
le député de Chicoutimi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elle me satisfait, oui, pro forma.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous vous en accommodez.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Alors, l'article 9 est donc
adopté, avec amendement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 9, adopté, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Article 10.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 10 adopté également.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Adopté. M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Article 11.
M. LE PRESIDENT (Bossé): II y a aussi un amendement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cet amendement est consécutif à
celui que nous venons de faire, puisque le sous-article e) se trouve à
tomber.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Se trouve à tomber, oui.
Alors: "La régie doit obtenir l'approbation préalable du
lieutenant-gouverneur en conseil pour: a) les contrats de plus d'un an; b) les
échelles de salaires pour ses employés; c) les contrats de
travail avec ses employés et les réquisitions de services, non
prévus spécifiquement au budget; d) les emprunts." C'est ce qu'on
retrouve, d'ailleurs, dans l'article 14 de la Régie de la Place des
Arts, copie conforme, M. le Président, cela nous fera adopter
l'article.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Adopté.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Article 12, M. le Président: "A moins
d'en être dispensée par le lieutenant-gouverneur en conseil, la
régie doit, si la dépense excède $10,000, demander des
soumissions publiques avant tout contrat pour l'exécution de travaux
relatifs aux immeubles dont elle a la propriété ou
l'administration ou pour la fourniture de matériel ou de
matériaux."
M. CHARRON: C'est beaucoup, $10,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... A l'article 15 de la Loi de la Place des
Arts, on parle d'un montant de $5,000, soit si les dépenses
excèdent $5,000. Je crois qu'il y aurait lieu de reprendre ici le
même montant afin que le contrôle financier, le contrôle
budgétaire, les engagements, etc. soient plus stricts.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, j'en ai discuté
avec les administrateurs de la Place des Arts de Montréal, j'en ai
parlé personnellement à M. Saulnier, de la ville de
Montréal. Il semble qu'à cause de l'augmentation du coût
des services, des matériaux, des salaires, le montant de $5,000 ne donne
pas une marge suffisante de manoeuvre, pour gérer avec
efficacité. C'est vraiment la seule raison qui justifie cet article.
M. HARVEY (Chauveau): En ayant comme référence que ce fut
présenté en 1963 et que nous sommes en 1970, le montant de $5,000
en 1963 était à ce moment un montant très
élevé. Nous sommes tout de même en 1970.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je m'excuse, M. le Président, mais dans
le cas de la Régie de la Place des Arts, le montant de $5,000 avait
été adopté pour faire concorder cette disposition avec la
charte de la ville de Montréal. Et M. Saulnier lui-même m'a
signalé qu'on trouvait la limite un peu basse en ce qui trait à
la Régie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela permet toute manoeuvre, comme tout
contrat d'impression, d'achat de papeterie, etc. sans passer par le
mécanisme qu'on indique ici...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, si...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, remarquez...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si le député de Chicoutimi...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement. Je veux bien que le ministre comprenne ce que j'ai voulu
dire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je comprends ce que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne lui prête pas d'intention, mais il
s'agit d'une régie autonome sur laquelle il n'aura plus de
contrôle. A ce moment, je dis que la régie aura toute
possibilité d'agir, pourra accorder sans appel d'offres des contrats
pour un montant de $10,000.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est que la corporation formée par la
Société d'action culturelle présentait un danger encore
plus grand. Dans le cas de la régie il y a vérification constante
des comptes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'était exactement la même chose.
Et en plus c'était le ministre qui devait vérifier toutes les
choses et les soumettre au Conseil de la trésorerie. Alors, le ministre
avait pris toutes ses précautions à ce sujet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas notre avis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous devions justement passer au service
général des achats, pour tout.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bon, j'ai terminé.
M. GARNEAU: Au niveau des ministères, il y a une foule
d'engagements financiers.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. M. GARNEAU: Jusqu'à
$25,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais lorsqu'il s'agit d'un contrat important,
dans le domaine de la Voirie, par exemple; mais lorsqu'il s'agit d'achat de
papeterie, on sait qu'on ne procède pas par ballots de $25,000 ou
$50,000. C'est à
ce niveau que peuvent se faire des tractations si on n'a pas recours
à une procédure semblable à celle qui existe au service
des achats. C'est pour cela que nous demandons de remettre le montant de $5,000
au lieu de $10,000 afin que la régie se sente davantage
surveillée et ne favorise pas les amis qui y seront nommés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je reviens à la
corporation antérieure que nous avons abolie pour ces raisons
mêmes. La corporation ne passait pas par le service des achats.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah, pardon! Que le ministre prenne la peine de
relire les textes. Je ne suis pas ici pour faire la défense de l'autre
corporation, de l'autre projet de loi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis ici pour savoir...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact, mais lorsqu'on ouvre certaines
portes, il est inévitable que l'on procède par comparaisons. Mais
je n'ai aucune objection, pour accélérer les travaux, à ce
que nous continuions comme nous l'avons fait jusqu'ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suggère comme amendement qu'on
supprime le montant de $10,000 et que l'on lui substitue celui de $5,000.
M. GARNEAU: M. le Président, je n'en vois pas la
nécessité. Si on compare $5,000 en 1963, et $10,000 en 1970, avec
l'augmentation du coût de la vie, cela fait une différence de
$2,000 à $3,000. Cela permet, en fait, une administration beaucoup plus
souple à l'intérieur d'un budget.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela permettra aux fournisseurs de tissus pour
confection de costumes, et de matériaux pour fabrication de
décors, de jouer comme ils le voudront avec les gens nommés par
le gouvernement. M. le Président, nous avons adopté cet article,
et nous avertissons tout de suite le gouvernement qu'il aura à rendre
compte des actes de cette régie.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Article 12, adopté.
M. GARNEAU: C'est justement pour cela qu'on a formé une
régie au lieu de garder une compagnie privée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est très grave.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Exactement et j'endosse ce point de vue.
M. GARNEAU: La seule différence qu'il y ait est qu'elle est
directement sous contrôle au point de vue budgétaire tandis que
l'autre ne l'était pas.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): L'autre était sous le contrôle
direct du gouvernement et du ministre.
M. GARNEAU: Absolument pas. Donnez-moi les articles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'on prenne l'acte constitutif de la
Société d'action culturelle et on verra que tous les pouvoirs du
ministre étaient là, et tous les pouvoirs de contrôle.
M. GARNEAU: Que le député me donne les articles !
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais ce pourquoi on s'est opposé
à cela c'est parce que certaines personnes n'avaient pas
participé à la création de cette chose. Ils l'ont
trouvée en arrivant au ministère et ont dit: C'est mauvais!
M. GARNEAU: C'est absolument faux, nous l'avons décriée
même lorsque nous étions dans l'Opposition.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Exactement, il faudrait relire le Journal des
Débats de l'année dernière, il y a eu de très
longues discussions, alors que le Parti libéral, alors dans
l'Opposition, s'est opposé fermement à des structures qui ne
paraissaient pas valables.
M. GARNEAU: C'est complètement inadmissible cette formule qui
avait été trouvée, au point de vue de la bonne gestion
financière des deniers publics.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On verra ça. Nous sommes à
l'article 13.
M. BOIVIN: Quelle différence voyez-vous entre une régie et
une corporation?
M. GARNEAU: Parce que le budget...
M. BOIVIN: Attendez un peu. A l'article 7, on dit que la régie
est une corporation au sens du code civil. On limite ses pouvoirs c'est
pour prouver ce que j'avance on la limite dans ses contrats, dans les
échelles de salaires des employés, dans ses pouvoirs de
négocier avec ses employés. Il reste une chose, c'est la
nomination par la régie, vous nommez les régisseurs, qui sont de
vos amis qui nommeront ensuite... qui éviteront la fonction
publique...
M. GARNEAU: Est-ce bien le député de Dubuc que
j'entends?
M. BOIVIN: Vous aurez le pouvoir de nomination, mais vous limitez toutes
ces choses-là, et vous leur enlevez toute la protection qu'ils auraient
par la fonction publique.
M. GARNEAU: Ces gens-là s'imaginent que c'est le même
gouvernement qui existait avant le 29 avril. Il y a une philosophie
nouvelle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est justement parce que ce n'est pas le
même gouvernement que nous prenons des précautions.
M. GARNEAU: Nos décisions ne sont pas prises uniquement...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Nous rappelant l'expérience de 1960
à 1966, et précisément parce que ce n'est pas le
même gouvernement, nous sommes obligés de prendre des
précautions que vous n'aviez pas prises.
M. BOIVIN: Cherchez l'autonomie... M. LE PRESIDENT (Bossé): A
l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'achat de terrains par la Régie des
alcools par les libéraux...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que nous nous éloignons un peu
de de notre sujet.
M. GARNEAU: Revenons à la culture.
M. BOIVIN: Cherchez l'autonomie que la régie aura de faire des
nominations.
M. GARNEAU: C'est-à-dire, que sur le plan financier, c'est
évident qu'on ne peut pas laisser...
UNE VOIX: Restons dans la culture.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Alors article 13.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous ne sommes pas dans la culture, nous sommes
dans la bonne administration.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, article 13.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Article 13, adopté. Article
14.
Le député de Chauveau.
M. HARVEY (Chauveau): C'était sur l'article 12, mais il est
adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les articles 12 et 13 sont adoptés.
Article 14 adopté.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Article 14, adopté. Article
15.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Article 15, adopté. Article
16
Exemption de taxes
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une amélioration, c'est ce que
nous nous proposions d'apporter sur la question des taxes, et nous sommes
heureux de voir que cet article est inclus là. Nous y avions
pensé et j'ai même ici le texte qui devait constituer l'amendement
au règlement du Grand Théâtre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ceci posait un problème sur le plan des
structures administratives, parce qu'on créait, avec ces
sociétés, tout un réseau qui constituait, en quelque
sorte, un droit particulier. La corporation se trouvait assujettie aux taxes
municipales qui se seraient peut-être élevées à
$600,000. Par conséquent, à cause d'une formule spéciale
que l'on a voulu retenir, on était obligé d'amener des
amendements aux lois. On peut s'interroger longuement sur la valeur...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous les avions préparés et vous
vous en êtes inspirés, nous en sommes fort heureux. Notre travail
se trouve ainsi complété, pour une part, bien que le reste ait
été bousillé. Alors, l'article 15 adopté, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Article 16.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, parce que c'est bien
pertinent.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Article 17.
M. GARNEAU: Article 17 automatiquement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Forcément, à notre très
grand regret, nous voyons le ministre se départir du seul instrument qui
lui eût permis de diriger vraiment un ministère des Affaires
culturelles.
M. GARNEAU: De faire du patronage.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Malheureusement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mon bon ami! Vous qui avez fait du patronage
dans toutes les nominations!
M. GARNEAU: M. le Président, je n'ai pas dit un mot.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont ceux du député de
Chicoutimi. Je parle d'un jeune ami à l'autre. Je m'excuse, je me suis
exclu tout de suite. Ils sont tellement semblables dans le patronage que j'ai
pris l'autre pour celui-ci. Alors, revenons-en au sérieux M. le
Président.
UNE VOIX: Le député de Chicoutimi n'est jamais
chanceux!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, l'article 18.
M. LE PRESIDENT (Bossé): L'article 18.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'article 18 est adopté. Nous en sommes
à l'article 19.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Article 19. Déficit
d'exploitation
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les sommes requises pour combler tout
déficit d'exploitation de la régie sont prises à
même des deniers accordés annuellement à cette fin par la
législature. Qu'est-ce que cela veut dire, M. le Président?
Est-ce que cela veut dire que le ministre va présenter à
l'intérieur de son budget, chaque année, un budget devant
couvrir, ce qu'on appelle ici le déficit d'exploitation? Est-ce qu'il va
présenter un budget constituant en des projections de dépenses de
la régie et de déficit?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exactement ce que nous allons faire, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, cela s'inscrit comme tel dans le
budget?
M. GARNEAU: Oui, parce que...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Afin que le budget ne soit pas en
porte-à-faux. Vous allez, ensuite, nous faire approuver des fonds
après l'étude du budget des Affaires culturelles.
M. GARNEAU: M. le Président, on ne peut pas procéder
autrement étant donné que ce sont des sommes qui devront
être payées à même les deniers publics.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez appris la loi depuis que nous avons
siégé à la Commission de la Fonction publique. A ce
moment-là, vous n'étiez pas capable de nous dire l'article de
mémoire...
M. GARNEAU: ... ce n'est pas Loi de la Fonction publique parce que
j'ai...
M. LE PRESIDENT (Bossé): L'article 19 est adopté.
M. BOIVIN: On s'amuse un peu, ça achève. C'est une
invitation. Mais pourquoi le mettez-vous dans une loi? Il me semble que c'est
une invitation à créer davantage des déficits.
M. LE PRESIDENT (Bossé): L'article 20.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous en sommes à l'article 19.
Adopté. M. le Président, l'article 20 nous réfère
à un débat terrible: le ministre des Affaires culturelles est
chargé de l'application de la présente loi. Il n'est
chargé de rien, au fond, parce qu'il n'administrera rien... Nous sommes
heureux de voir que le ministre va être chargé de l'application de
la présente loi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois avoir indiqué très
clairement que nous remplaçons une structure qui nous paraît
être la seule valable, pour des fins de gestion.
UNE VOIX: II n'y aura aucune autonomie?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cette structure a son autonomie et c'est ce que
nous souhaitons.
M. GARNEAU: Le député de Dubuc contredit son
collègue de Chicoutimi. Elle a, ou elle n'a pas l'autonomie? Vous dites
qu'elle n'a aucune autonomie. Si elle n'en a pas...
M. BOIVIN: Telle que créée, elle n'a pas d'autonomie.
M. GARNEAU: A ce moment-là, c'est le contraire des propos du
député de Chicoutimi qui aimerait qu'elle n'ait pas
d'autonomie.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Je crois que vous pouvez avoir des
opinions différentes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Dubuc voulait dire
la même chose que moi et il n'a pas compris.
M. LE PRESIDENT (Bossé): L'article 20 est adopté.
M. CHARRON: Est-ce qu'on peut suggérer la nomination du
député de Rouyn-Noranda comme directeur artistique du Grand
Théâtre puisque vous serez chargé de l'application, M. le
ministre?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous passons à
l'article 21 qui cause des difficultés énormes aussi mais que
nous ne discuterons pas, évidemment. Il nous reste à conclure, M.
le Président, que le gouvernement a créé...
M. GARNEAU: A créé une structure administrative qui sera
beaucoup plus efficace.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Voulez-vous, s'il vous plaît, me laisser
la parole?
M. GARNEAU: Je m'excuse de vous avoir enlevé les mots de la
bouche.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre de la Fonction publique se
mêle de tout ce qu'il ne connaît pas, bien entendu, mais
permettez-moi...
M. GARNEAU: Je me suis excusé de lui avoir enlevé les mots
de la bouche.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... de reprendre la parole avant que nous
n'ajournions, nous avons le droit de faire encore de petites observations. Nous
venons d'approuver le texte d'une loi qui fait une régie
indépendante, qui reconstitue évidemment, qui
recréée le problème administratif qui est celui de la
Place des Arts. Je ne laisse pas de déplorer que le ministre des
Affaires culturelles n'ait pas pris le temps de s'interroger suffisamment
longtemps sur l'importance, l'ingéniosité, les immenses
possibilités des mécanismes que nous avions créés
par les trois corporations qu'il avait à sa disposition et dont il ne
veut pas question de philosophie administrative, cela le concerne
se servir. Mais il me permettra de lui dire que je le regrette et que je
souhaite évidemment que cette Régie du Grand Théâtre
atteigne quand même les objectifs que j'ai décrits lors du
débat en seconde lecture.
Quant à moi, M. le Président, je remercie le ministre et
ses collaborateurs, nos confrères de la commission, ainsi que
vous-même, M. le Président, qui avez agi avec une autorité
qui nous a réconfortés.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON : M. le Président, je termine aussi l'adoption de ce
projet de loi, en faisant une remarque au député d'Ahuntsic,
ministre des Affaires culturelles, qui nous a promis de s'interroger.
J'espère qu'avant la prochaine loi issue du ministère des
Affaires culturelles, l'interrogation aura porté de meilleurs fruits que
celle de la création d'une régie. J'espère que vous allez
vous interroger...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela vous a frappé le fait que le
ministre acceptait de s'interroger?
M. CHARRON: A l'intérieur du parti libéral, à voir
le député de Chambly, oui, cela fait drôle de voir
quelqu'un qui s'interroge.
M. GARNEAU: M. le Président, pour laisser le mot de la fin au
ministre, je voulais souligner jusqu'à quel point je suis heureux que
cette loi soit adoptée en deuxième lecture et maintenant en
commission. Pour Québec, ce sera un avantage considérable de
pouvoir bénéficier d'une maison de la culture qui pourra
présenter des spectacles de toute nature, et, pour reprendre les
opinions émises par le ministre tout à l'heure, les
activités culturelles pourront aussi être offertes aux gens de
tout niveau de revenu. A titre de représentant d'un comté de la
ville de Québec, je dois vous dire que je suis extrêmement heureux
que cette loi ait été adoptée. Depuis déjà
plusieurs mois je passe à côté de cette immense maison que
constitue le Grand Théâtre. J'ai été heureux de voir
qu'avec le printemps la verdure avait commencé à parer les
environs du Grand Théâtre. Maintenant, de l'intérieur, on
pourra bénéficier des activités que la régie, les
régisseurs mettront en oeuvre pour la population du Québec et de
sa banlieue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va compenser pour tous les travaux que
vous avez suspendus pour des raisons politiques.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de Chauveau.
M. HARVEY (Chauveau): Dans le même sens que le ministre, je me
réjouis aussi de cette nouvelle loi qui fera en sorte qu'à partir
de sa sanction officielle, on ait vraiment une régie qui jouera un
rôle uniquement administratif et qui sera orientée par la
clairvoyance, l'intelligence et l'expérience d'un ministre en titre,
l'honorable ministre des Affaires culturelles.
Je voudrais, en terminant, féliciter le président pour
avoir aussi bien abattu sa besogne.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le ministre des Affaires
culturelles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je voudrais vous
remercier, vous avez présidé à ce débat avec art;
je voudrais également remercier tous ceux qui y ont participé.
J'ai pu me rendre compte que ce que je soulignais dans mes remarques
préliminaires se vérifiait en cours de route. Nous sommes tous
d'accord sur les objectifs poursuivis dans le domaine de la culture, nous
pouvons différer sur les moyens. Notre gouvernement s'est donné
pour but l'efficacité et je crois que cette loi, quoi qu'en puisse
penser l'Opposition, en est un signe.
J'ajoute que cette loi n'est pas le résultat d'une improvisation.
La formule de la régie a été recommandée par la
commission consultative qui a présidé à la naissance du
Grand Théâtre de Québec. Elle a été retenue
par l'ancien gouvernement, qui est venu très près de proposer la
création d'une régie. Si je comprends parfaitement bien et que je
respecte les raisons qui ont amené l'ancien ministre des Affaires
culturelles à créer ce qu'il qualifiait de système
ingénieux et il s'agit précisément d'un
systè-
me peut-être trop ingénieux je ne pouvais pas m'y
associer. Un tel réseau de corporations et ceci n'est pas du tout
un jugement contre qui que ce soit n'assurait pas, à cause de sa
structure, à cause de la présence de fonctionnaires placés
en situation conflictuelle, des conditions suffisantes et satisfaisantes pour
une bonne gestion des fonds publics. C'est la seule raison d'être de
cette régie, instrument administratif. Mais, par-delà cet
instrument administratif, il faut, comme l'a souligné le ministre de la
Fonction publique, penser aux fonctions mêmes du complexe dont nous
proposons de nous occuper. Il est évident que ce complexe jouera pour la
ville de Québec un rôle important.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Je tiens donc, à titre de
président de la commission, à remercier les membres d'avoir agi
avec beaucoup de célérité, de sang-froid, de dialectique.
J'espère bien que cette loi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On n'a pas été chanceux.
M. LE PRESIDENT (Bossé): ... aura servi une fois de plus à
fournir à Québec l'occasion d'avoir du théâtre comme
cela se fait à Montréal.
M. CHARRON: M. le Président, retournons au Grand
Théâtre.
M. LE PRESIDENT (Bossé): La séance est maintenant
levée.
(Fin de la séance 17 h 11)