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Commission permanente des Affaires culturelles
Crédits du ministère des Affaires
culturelles
Séance du jeudi 3 juin 1971
(Seize heures trente-trois minutes)
M. BERTHIAUME (président de la commission permanente des Affaires
culturelles): A l'ordre, messieurs! Poste budgétaire 6.
Dépôt de documents
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, avec le consentement
unanime de la commission, avant de procéder, j'aimerais déposer
les documents que l'on m'a demandés hier.
M. LE PRESIDENT: Pour le poste budgétaire 4?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En effet, M. le Président. Je
dépose donc pour chacun des membres des partis le contrat du film sur la
baie James, le contrat du film sur Place Royale et le contrat du film sur la
traverse de Lévis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, monsieur.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je fais même la distribution
moi-même, comme vous le constatez. J'en profite également pour
déposer, toujours à la demande des Oppositions, le texte des
normes selon lesquelles sont versées les subventions aux centres
culturels.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, revenant à
l'Office du film, aux poste budgétaire 5, services contractuels, le
sous-article 11, que nous avions réservé, est adopté quant
à moi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 5, sous-article 11,
adopté. Poste budgétaire 6.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Création, créativité.
Création
M. GUAY: Au poste budgétaire 6, M. le député...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je permets, je n'ai pas à permettre.
C'est M. le Président qui permet.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: J'aimerais que l'honorable ministre nous définisse en
quelque sorte ce que peut être la création, au ministère
des Affaires culturelles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'était mon intention, M. le
Président. La direction générale de la création a
pour but de favoriser le développement des arts, notamment dans le
domaine de la musique, du théâtre, des lettres, des arts
plastiques et du cinéma. Cette direction réunit sous une seule
autorité le service du cinéma, du théâtre, de la
musique, des lettres, des arts plastiques, de l'aide à la
création ainsi qu'un service de subventions.
M. GUAY: Merci.
Administration
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, qui est le directeur
général? Je n'ai pas d'observations générales
à faire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Robert Desjardins.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Où est rendu monsieur nous
sommes au sous-article 1 : Traitements Pierre De Grandpré?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Pierre de Grandpré est attaché
au bureau de Montréal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Représentant du ministre à
Montréal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A titre de représentant du ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sous-article 1, adopté, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 3.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 4.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 5.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 7.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Très bien. Sous-article 12.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté. Pour les subventions, est-ce
que le ministre pourrait nous donner des détails sur ce
sous-article?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec plaisir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je demanderais simplement au ministre de nous
dire pour l'année qui vient de s'écouler...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La liste a été
déposée, c'est dans les documents, 70/71.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est dans les documents. Ce n'est pas
paginé je pense. Oui, ça l'est, excusez-moi. Les subventions ont
été données à quels organismes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La liste des organismes parait dans les
documents.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Justement, je suis en train de chercher tout
cela. C'est $610,300. Adopté. M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 2.
Lettres et livres
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lettres et livres. Est-ce que le ministre
pourrait nous faire un petit topo sur la politique du livre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Rapidement. Dans le but d'assainir une situation
qui était mauvaise et pour les libraires et pour les éditeurs, le
ministère des Affaires culturelles a continué certaines
études commencées déjà depuis plusieurs
années et a proposé au conseil des ministres tout un ensemble de
mesures visant à utiliser le pouvoir d'achat du gouvernement.
C'est ainsi que dans le secteur de la librairie les collectivités
qu'il s'agisse de commissions scolaires, de bibliothèques
publiques devront s'approvisionner chez des libraires
accrédités.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est-à-dire ceux qui ont reçu
un certificat du ministère comme quoi ils sont reconnus comme
libraires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Faute de quoi leur subvention à cette fin
sera modifiée ou supprimée. L'accréditation relève
d'un règlement qui est prévu par une loi la Loi
d'accréditation des libraires et les normes
d'accréditation ont été modifiées. Il y a des
normes techniques qui gouvernent l'existence des vitrines, la quantité
du stock je dis en passant que nous avons même prévue un
contenu québécois représentant un certain nombre de titres
qui doivent être...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Trois cents titres.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Trois cents et quatre cents suivant la
population. Il y a également des normes plus importantes qui imposent
aux librairies d'avoir une structure financière comportant 50 p.c.
d'intérêts québécois.
Egalement, il est requis que la majorité des administrateurs
soient des Canadiens, domiciliés au Québec. Les conditions sont
identiques dans le domaine de l'édition. Un éditeur doit
répondre aux exigences de manière à pouvoir
éventuellement bénéficier des subventions
gouvernementales. C'est l'essentiel de cette politique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aurais une question à poser au
ministre à ce sujet. Est-ce que la nouvelle politique du livre qu'il
avait énoncée au sujet de laquelle il nous a fait une
synthèse, permettra de faire disparaître ce qu'on appelait dans le
domaine du livre "les agents libres"? Ces personnes transigeaient directement
à titre de représentants de Hachette ou Flammarion, les grandes
maisons d'édition françaises, ce qui occasionnait aux libraires
ou aux distributeurs, etc, membres du Conseil supérieur du livre, des
ennuis assez importants et constituait aussi une concurrence qu'ils
qualifiaient, eux, de déloyale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le but de la réglementation
n'était pas et n'est pas de faire disparaître quelque
intérêt que ce soit. Mais cela en sera nécessairement la
conséquence.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour l'instant, on ne peut pas dire que cela
les a fait disparaître. Mais, est-ce que cela sera de nature à
améliorer cette situation dont se plaignaient les gens qui ont
réclamé une politique du livre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. J'ai formulé ma réponse de
cette façon parce que je voulais bien insister sur le fait que notre
réglementation n'était pas conçue pour favoriser un
groupe, pour défavoriser un groupe, mais bien en vue de
l'intérêt général.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 1, adopté.
M. PICARD: Au sujet de cette question, est-ce que cette
réglementation touche strictement le domaine du livre ou bien est-ce une
politique générale à l'intérieur du
ministère dans le cas des achats, par exemple?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, il s'agit uniquement d'une politique qui
touche le livre.
M. PICARD: Dans le cas des achats du ministère, est-ce qu'on les
laisse absolument libres d'acheter ce qu'ils veulent, où ils veulent,
sans prendre en considération le fait qu'il y a certains produits qui
sont fabriqués au Québec ou même au Canada et de donner une
priorité à ces produits plutôt qu'à des produits de
l'extérieur?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il s'agit là d'une politique du service
des achats.
M. PICARD: Fournitures et approvisionnements. Vous dépensez
$610,000 annuellement c'est-à-dire dans les crédits actuels. Vous
avez une dépense de $610,800 au sous-article: Fournitures et
approvisionnements. Est-ce que des directives sont données pour qu'on
achète au Québec de préférence tout autre produit
mis à la disposition du gouvernement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est certainement, M. le Président, un
objectif que poursuit le ministère des Affaires culturelles. Mais je
rappelle que les achats passent par le service des achats sauf certaines
petites dépenses qui n'excèdent pas $50 ou $100.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 1.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 4.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 5.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 7.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 11.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 12.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 22.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Article 3. Musique
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté en bloc quant à moi.
Pardon! Sauf le sous-article 12: Subventions.
Sous-articles 1, 2, 4, 5 et 7, adoptés. Sous-article 11,
adopté. Sous-article 12: Subventions. Il s'agit du montant des
subventions accordées au titre de la musique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En effet, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous avons ça à la page...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le document a été
déposé: Subventions 70/71, création musique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. C'est ça!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A 6-3.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant! J'avais une question à
poser en ce qui concerne l'Orchestre symphonique de Québec. Il a
reçu l'an passé $245,000. Est-ce que le ministre pourrait nous
dire pendant combien de semaines les musiciens de l'Orchestre symphonique de
Québec ont été engagés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pendant 26 semaines, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'en vertu du nouveau programme,
enfin, de la distribution du budget de cette année, il sera possible
d'accroître le nombre de semaines de travail des musiciens de
l'orchestre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le prochain budget de l'Orchestre symphonique de
Québec n'a pas encore été déposé. Il nous
est par conséquent difficile de savoir exactement quelle sera la saison.
Il paraît peu probable qu'il puisse y avoir allongement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a donné suite à
l'entente, enfin, à la lettre que j'avais envoyée en ce qui
concerne le Camp musical du lac Saint-Jean dans le but d'accorder une
subvention de $60,000 répartis sur trois ans.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le premier versement a été
versé suivant les termes de cette entente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela avait retardé parce qu'on ne nous
avait pas produit les documents nous incitant...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la seule raison du retard.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 4.
Arts plastiques
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Arts plastiques, le ministre nous avait
indiqué qu'il y avait une nouvelle politique dans ce domaine. Est-ce
qu'il pourrait nous en faire un résumé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai surtout indiqué, M. le
Président, qu'il y aurait une nouvelle politique lors d'une rencontre
avec les artistes. Cette politique est loin d'être
complétée. Nous avons entrepris une série de consultations
suivant un échéancier très précis qui nous
amènera à rencontrer la plupart, sinon la totalité des
groupes représentatifs des diverses disciplines artistiques. A la suite
de ces rencontres, nous verrons à essayer de présenter un
schème global qui tiendra compte des possibilités du
ministère, mais également des désirs des artistes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et, en ce qui concerne les concours
artistiques, est-ce qu'il y aura des modifications à ces concours?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président. Le
député de Chicoutimi n'ignore pas que cette question des concours
artistiques a toujours fait l'objet de critiques, parfois fondées
d'ailleurs. Il s'agit là d'une formule à propos de laquelle il
convient de s'interroger, et pour ma part, j'en suis venu à la
conclusion qu'à partir de l'an prochain, nous supprimerions les concours
artistiques dans ce domaine particulier. Je ne parle pas en ce moment des
autres secteurs où une telle formule peut tout de même se
justifier. Cette année, nous avons un concours de transition qui
répond après certaines difficultés je dois le dire, aux
besoins du monde artistique.
M. CHARRON: Ce sont ces concours qu'on retrouve au sous-article 23?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, est-ce que de nouvelles normes ou
enfin, comment va-t-on procéder? Est-ce qu'on va procéder par
mode d'achat comme on faisait, ce qui était toujours très
complexe, très difficile?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai sous les yeux les règlements de ces
concours, il s'agit d'un document assez technique et assez copieux
d'ailleurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourra le
déposer?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec grand plaisir, M. le Président,
c'est, je crois, la façon la plus commode de procéder.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous l'examinerons à ce
moment-là parce qu'il s'agit d'une question assez technique. Alors,
ça va quant à moi, M. le Président. Poste 6, article
4.
M. LE PRESIDENT: Globalement, adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, un instant, subventions, j'aimerais
interroger le ministre.
M. LE PRESIDENT: Alors, poste budgétaire 6, article 4,
sous-article 1, adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. M. LE PRESIDENT: Sous-article 2.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Jusqu'au sous-article 12.
M. LE PRESIDENT: Sous-articles 4, 5 et 7, adoptés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a le problème du Musée des
Beaux-Arts de Montréal. J'aimerais que le ministre nous fasse part,
globalement, des éléments de l'entente survenue avec le
Musée des Beaux-Arts.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voici, M. le Président, le Musée
des Beaux-Arts de Montréal qui est une institution extrêmement
importante il s'agit du troisième musée du Canada
éprouvait depuis de nombreuses années des difficultés
financières. Le ministère des Affaires culturelles ne s'en est
jamais désintéressé. Et il a versé, pendant
plusieurs années, une subvention de $50,000, subvention qui était
évidemment insuffisante pour constituer une aide véritablement
valable mais qui devait rentrer dans un cadre budgétaire
limité.
Déjà, les autorités du Musée des Beaux-Arts
de Montréal avaient communiqué avec l'ancien ministre des
Affaires culturelles pour discuter de formules possibles qui leur permettraient
de sortir de leur problème financier. Je me suis intéressé
de très près au sort du musée. Dès mon
arrivée, j'ai cru comprendre que la situation se
détériorait d'une telle façon que l'on risquait sinon la
fermeture du musée peut-être le transfert de certaines oeuvres qui
appartiennent, à toutes fins utiles, au patrimoine
québécois, soit à la Galerie nationale d'Ottawa, soit
à l'étranger.
J'ai bien envisagé une solution qui consisterait tout simplement
à hausser les subventions du musée. Mais, étant
donné la collaboration je dois dire excellente des
autorités du musée, j'ai pensé que l'on pourrait
peut-être assortir la subvention d'un certain nombre de conditions qui
permettraient au musée de poursuivre son évolution. En effet, le
musée était et reste d'ailleurs une institution privée.
Mais, avec son nouveau statut juridique, il deviendra et se transformera en une
corporation mixte. C'est-à-dire une corporation où les
intérêts privés seront représentés de
façon majoritaire et où le gouvernement nommera un nombre de
membres.
Voici, en gros, l'aspect de la réorganisation administrative. Il
y a un engagement qui voudrait, dans un avenir indéterminé, qu'un
nouvel immeuble soit construit. Les difficultés du musée, je dois
le dire, n'étaient pas que financières. Elles étaient
également liées à l'impossibilité d'exposer toutes
leurs collections. En fait, il y a à peine 20 p.c. des collections qui
pouvaient être montrées au public, le solde se trouvant dans des
caves et étant parfois conservé dans des conditions plus ou moins
bonnes.
Je dois donc dire que nous nous trouvons en présence d'une
situation considérablement modifiée. Le Musée conserve son
statut privé, ce qui est souhaitable dans un contexte
nord-américain et ce qui permet de continuer d'utiliser le travail
bénévole considérable que suppose une institution comme
celle-ci. Son avenir est assuré sur le plan financier en ce sens que
nous pourrons assurer son développement dans les limites
budgétaires. Nous avons donné pour l'exercice
précédent une somme globale de $150,000. Nous donnerons pour
l'exercice qui vient une somme maximum de $200,000. La réorganisation du
statut juridique va permettre au gouvernement d'influer sur les politiques du
Musée et fort probablement d'instaurer un nouveau type de collaboration
avec les institutions de l'Etat.
Je pense, M. le Président, que c'est en gros la façon dont
le problème se présente maintenant. J'ajouterais peut-être
que ceci ne modifie en rien les subventions qui étaient
déjà accordées à d'autres organismes parce qu'il a
été possible d'arriver à cet arrangement en
présentant un budget supplémentaire pour l'année
précédente et, dans notre budget actuel en ayant une hausse du
budget.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le problème de logement du
musée a fait l'objet d'une étude ou si simplement on examine les
possibilités d'agrandissement de l'édifice actuel ou de
déménagement du Musée des Beaux-Arts dans un autre
édifice qui pourrait être aménagé par les soins de
cette corporation en collaboration avec le gouvernement du Québec ou
d'autres sources de financement privées ou publiques?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président, il y a eu au
départ une étude portant sur l'espace que devait occuper le
musée. Le musée a actuellement à sa disposition environ
80,000 pieds carrés alors qu'étant donné le bassin de
population de la région métropolitaine de Montréal et
étant donné également l'importance des collections, il
faudrait à peu près 200,000 à 220,000 pieds carrés.
Il y a eu plusieurs projets qui ont été envisagés dont un
projet qui consisterait à déménager le Musée des
Beaux-Arts, plus exactement à construire d'abord un immeuble et à
déménager le Musée des Beaux-Arts de Montréal
à la Place des Arts. C'est un projet qui est extrêmement
intéressant à beaucoup de points de vue parce qu'il permettrait
probablement de créer un complexe important en plein centre de
Montréal. Il jouirait de toutes les facilités de transport qu'on
puisse imaginer et il sortirait également je n'ai pas craint de
le dire à plusieurs reprises le musée de l'ouest de
Montréal. Il fut une époque où le musée a
été considéré comme un fief anglo-saxon.
Cette époque est révolue depuis de nombreuses
années parce que les autorités du musée ont fait tous les
efforts pour s'ouvrir à la collectivité montréalaise. En
fait, le nombre d'étudiants il s'agit en majorité
d'étudiants francophones qui fréquentent le musée
est de plusieurs centaines de milliers par an. Ce projet est un projet qui sera
certainement étudié. D'autre part, il n'est pas impossible que
d'autres propositions soient faites dans la mesure, d'ailleurs, où le
financement comme le laissait entendre le député de
Chicoutimi pourrait être assuré par des
intérêts privés.
M. CHARRON : Est-ce qu'il est possible de prévoir qu'une
décision dans ce sens-là serait prise au cours du présent
exercice?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce qui se passera au cours du présent
exercice, c'est qu'une loi très simple sera déposée, parce
qu'il faudra créer par législation une nouvelle corporation. Pour
ce qui est de la construction d'un nouveau musée, c'est vraiment une
question de financement. De plus, il ne nous a pas paru que le contexte
économique était particulièrement propice à ce que
l'on annonce la construction d'un musée à un coût qui
dépassera certainement ou qui avoisinera les $10 millions, $5 à
$10 millions. Le premier projet est de $6 millions, mais ce premier projet est
devenu maintenant un projet d'au moins $8 à $10 millions. Pour ma part,
je ne vous cache pas que je suis très sensible à la misère
qui existe à Montréal, à la signification sociologique de
certains quartiers défavorisés, dont le comté de
Saint-Jacques...
M. CHARRON: Je vous remercie de votre sollicitude.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... et je salue ici la présence du
député de Saint-Jacques. Il ne m'a pas paru c'est une
sollicitude qui est sincère, le député ne l'ignore pas
que l'on pouvait peut-être à l'état isolé
présenter un projet qui pourrait à tort être
considéré comme un projet de luxe. Je dis à tort parce que
le musée joue un rôle aussi important sinon plus que
l'école secondaire et c'est probablement ça qui devrait nous
servir de terme de comparaison. Ceci dit...
M. CHARRON: Les musées sont habituellement plus beaux aussi que
les écoles secondaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais ils ont des incidences
économiques très importantes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Considérables. Disons qu'aussitôt
qu'il sera possible, d'une part, de former la nouvelle corporation et, d'autre
part, de trouver des sources de financement en fonction d'un projet
précis, si le contexte économique est favorable ou s'il est
possible en même temps d'entreprendre de grands travaux, en particulier
dans le domaine des logements à prix modique, la chose pourrait se faire
très rapidement.
M. CHARRON: Mais je pose une question...
M. PICARD: Je ne sais pas si mes informations sont exactes, mais dans le
passé, il semble que le Musée des Beaux-arts de Montréal
ait toujours réussi à résoudre ses difficultés
financières grâce à des dons de particuliers de même
que d'organismes privés. Ne craignez-vous pas, en créant ce que
vous avez appelé tantôt un organisme mixte, et même si vous
précisez que le musée gardera un statut privé ce
sont des paroles les individus ne continuent pas à faire des dons
pour le maintien du musée ou bien si, à ce moment-là,
étant donné que ça devient un organisme gouvernemental, ne
risquez-vous pas de perdre l'aide financière apportée tant par
les individus que par des organismes privés au financement du
musée?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président, Le risque aurait
existé nous l'avons mesuré si les
négociations s'étaient peut-être faites dans un autre
esprit qu'elles se sont faites. Je crois qu'il a été possible de
créer un état de collaboration remarquable entre le
ministère des Affaires culturelles et les autorités du
Musée des Beaux-arts.
Si le caractère privé a été conservé
c'est précisément pour cette raison. Les intérêts
privés restent majoritaires, ce qui n'empêche pas au gouvernement
qui est présent d'avoir un contrôle absolu sur les budgets, en ce
sens que la subvention n'est donnée que dans certaines conditions
déterminées.
Le musée se trouvera dans la même situation que nos grands
orchestres symphoniques ou nos grandes troupes de théâtre. Il
présentera à un certain moment déterminé de
l'année un budget. C'est sur la base de ce budget que le gouvernement
déterminera sa subvention.
Il y a deux faits qui me permettent de croire qu'il n'en sera pas ainsi
et que les inquiétudes du député d'Olier fort
heureusement ne se matérialiseront pas. Le premier fait est que
déjà il y a un travail bénévole considérable
qui continue et je répète que tout cela a été d'une
délicatesse extrême. J'ai rencontré moi-même à
plusieurs entreprises les autorités du musée. Le directeur du
musée ainsi que son président ont pris soin de consulter tous les
membres, non seulement du Conseil exécutif, mais également tous
ceux qui étaient accessibles, de la corporation elle-même.
De plus, le modèle que nous avons suivi est le modèle qui
existe en Ontario. Nous aurons d'ailleurs une législation qui sera assez
similaire, compte tenu des besoins particuliers du Québec, à
celle qui existe là-bas. Et l'Ontario j'ai pu m'en assurer
moi-même n'a eu qu'à se réjouir de cette
évolution.
J'ajoute que le musée sera amené à être
davantage présent, et il l'est déjà beaucoup, dans la
collectivité. Et ceci devrait déclencher un intérêt
encore plus grand.
M. CHARRON: Le ministre nous informe de la création
éventuelle, par voie de législation, d'une nouvelle corporation.
Du même coup il nous informe d'une possibilité éventuelle
d'un déménagement du musée. Est-ce que la décision
sera prise alors par cette corporation ou par le gouvernement ?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il n'y a rien de nouveau dans ce que j'annonce,
parce que j'ai déposé le texte de l'entente à
l'Assemblée nationale.
M. CHARRON: Oui, bien sûr.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai fait une déclaration
ministérielle dans laquelle j'ai parlé de la création
d'une nouvelle corporation et d'un engagement en vue de la construction d'un
immeuble. Il va de soi que la décision sera prise par la nouvelle
corporation.
M. CHARRON: Décision, sur laquelle corporation le gouvernement
sera minoritaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais il se trouve que le gouvernement aura
à assurer le financement ou aura à fournir des garanties pour le
financement. Ce qui, vous l'avouerez étant donné de plus
le contrôle des budgets lui donne tout de même une force
considérable.
Je n'ai pas voulu lier la corporation à un projet précis,
pour tout un ensemble de raisons. En grande partie, parce que je voulais
qu'une
évolution se fasse dans les esprits. Il y a là il
faut bien vous en rendre compte un changement considérable. Il ne
faut pas oublier que cette institution constitue un dépôt
très considérable d'oeuvres d'art qui pourraient peut-être
être évaluées à une cinquantaine de millions de
dollars et qui ont été amassées par des
intérêts privés et en grande partie par des
intérêts anglo-saxons.
Ce n'est que récemment que la collectivité
canadienne-française s'est occupée du musée. Ce n'est que
récemment, à l'invitation de la direction anglo-saxonne, qu'un
certain nombre de notables du Québec sont devenus membres du conseil
d'administration.
En somme, cette étape a été acceptée, je
pense, largement à cause du style de négociation qui a
prévalu dans un très, très bon esprit. Pour toutes ces
raisons, il m'a paru à moi, que si nous exigions immédiatement
d'autant plus que nous n'avions pas de projet suffisamment mûr
pour le faire un accord concernant le déménagement du
musée, nous nuirions probablement au grand projet collectif que ceci
constitue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous nous
réservons certains commentaires lorsque le projet de loi sera
déposé. Je suis heureux de l'issue des négociations
je ne veux pas ici m'attribuer des mérites que j'avais
entreprises avec la direction du Musée des Beaux-Arts. Comme l'a
souligné le ministre, c'était une question extrêmement
délicate, c'est une chose qu'il fallait manipuler avec beaucoup de soin
à cause de l'histoire du musée, de ceux qui en avait
été les fondateurs, les administrateurs et, petit à petit,
on s'est rendu compte que le Musée des Beaux-Arts de Montréal
comprenait la politique du gouvernement, saisissait très bien quels
étaient les objectifs du ministère des Affaires culturelles.
L'entente qui est intervenue est une entente de principe. Elle sera
institutionnalisée par un projet de loi. A l'occasion de la
présentation de ce projet de loi, nous aurons l'occasion
évidemment d'interroger le ministre, de lui faire des suggestions s'il
nous paraissait que les prérogatives du ministère des Affaires
culturelles ne seraient pas suffisantes pour permettre ce contrôle en vue
de la protection de la collectivité québécoise. Pour
l'instant, je me réjouis de l'issue heureuse qui a suivi les
négociations entreprises et, lorsque le projet de loi sera
déposé, nous aurons l'occasion d'y revenir. Le sous-article 12,
adopté.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 23. M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Adopté. M. LE PRESIDENT: L'article 5. Théâtre
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je reviens avec votre permission aux arts
plastiques. Qui est le directeur, toujours M. Boulanger?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est toujours M. Roland Boulanger, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Aux lettres, qui est le directeur.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Saint-Germain, M. Clément
Saint-Germain.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au théâtre, est-ce qu'on a
remplacé le directeur?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas encore, il y a un concours et une campagne
de recrutement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Dufour a quitté volontairement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Dufour est retourné à sa
carrière de comédien qu'il n'avait jamais d'ailleurs
entièrement quittée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va au sous-article 1. Vous êtes
méchant, ce n'est pas moi qui ai fait la méchanceté.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle n'est pas dirigée contre vous. Il ne
s'agit pas d'une méchanceté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi, j'attaque votre sous-ministre et vous
vous attaquez à M. Dufour; d'ailleurs je sais que M. Frégault
prend ça en bonne part. Il est bardé comme un colonel honoraire
de la Louisiane.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 2, adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 3, adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 4, adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 5, adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a $100 de communications. Je ne sais pas
si on va adopter ça? Oui.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 7, adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mobilier $300, il ne coûte pas cher le
mobilier, adopté.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 12, adopté?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Aux subventions, j'aimerais connaître
exactement quelle pourra être la politique du ministère en ce qui
concerne le Théâtre.
J'avais fait l'an dernier certaines suggestions au ministre en ce qui
concerne la politique de subventions aux organismes de théâtre, ce
qu'on appelle les formations, enfin les compagnies de théâtre,
dis-je. J'avais insisté sur la nécessité de maintenir
d'abord un théâtre de répertoire, un théâtre
plus léger si on peut dire qu'on appelle communément d'un terme
que je n'aime pas, théâtre de boulevard. Nous avions parlé
également de la nécessité d'un théâtre
d'avant-garde ou d'un théâtre de manifestation de l'expression
moderne du théâtre.
J'aimerais que le ministre nous dise exactement de quelle façon
il conçoit cette politique du théâtre et comment il
envisage l'intégration du théâtre du Québec à
l'intérieur de cette politique du théâtre telle que la
manifestent les compagnies de théâtre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous allons procéder pour le
théâtre comme nous procédons en ce moment pour les arts
plastiques. Aussitôt que ce dernier problème sera
réglé nous allons nous attaquer à l'autre. Nous
prévoyons un colloque avec tous les intéressés au cours de
l'année, colloque qui sera précédé de consultations
dans différents secteurs. Je pense que nous pourrons arriver à
une définition globale. Cette définition tiendra compte
certainement de la nécessité d'avoir un certain nombre de troupes
qui restent, comme le député de Chicoutimi vient de le dire, des
troupes de répertoire. Mais il ne faudrait pas négliger l'aspect
création. C'est là que les limites budgétaires sont
peut-être les plus difficles à accepter. Il est nécessaire
d'avoir, à cause du patrimoine qui s'accumule tout de même sur le
plan du répertoire, quelques grandes troupes. Il y a d'ailleurs
actuellement au Québec des troupes qui se sont
spécialisées, ce qui est souhaitable à beaucoup de points
de vue. Mais à côté il y a place pour un secteur que je
qualifierai de plus expérimental.
M. CHARRON: Dans la politique de subventions du gouvernement les sommes
réservées au théâtre amateur sont de beaucoup
inférieures à ce qu'on pourrait espérer si vraiment par la
politique de subventions le gouvernement espère encourager le
théâtre expérimental.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président, sauf que je ne
crois pas pour ma part qu'une politique de subventions soit suffisante.
M. CHARRON: Non, bien sûr!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai dit à beaucoup d'occasions que les
subventions ne représentaient qu'une forme d'aide mais qu'il vaudrait
mieux penser en termes de programme.
Ceci dit, il a fallu à cause des problèmes
budgétaires s'imposer certaines normes. Nous ne subventionnons donc pas
individuellement les troupes de théâtre amateur, nous
subventionnons l'organisme central qui les regroupe. Nous sommes obligés
de faire la même chose dans le domaine des chorales parce que nous
recevons des centaines de demandes de subventions de chorales dont certaines
sont extrêmement méritoires. Nous subventionnons donc la
Fédération des chorales nous rendant parfaitement compte que les
troupes ensuite ne peuvent pas toujours se tourner vers la
fédération pour avoir une aide considérable. Mais,
autrement, c'est ouvrir la porte à une véritable anarchie. Sur
quelles normes allons-nous subventionner telle troupe d'amateurs ou telle
chorale? Cela devient à peu près impossible de le
déterminer.
C'est peut-être une solution d'attente. En fonction des budgets,
on pourra peut-être reviser cette politique.
M. CHARRON: Le ministre acceptera avec moi la remarque suivante. A la
somme de $981,000 réservée à l'article 5 pour
théâtre, une bonne somme va à ce qui s'appelle tout
simplement l'administration, à toutes fins utiles, de ce secteur. Au
chapitre des subventions déjà, une bonne partie du montant des
subventions à chacun des organismes ira également à
l'administration. Une fois l'administration de chacun des organismes de la
fédération et de chacun des sous-organismes payée, le
montant qui reste à la création elle-même ou à
l'utilisation pour le théâtre tel qu'il doit être
conçu est finalement minime.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me permets de contredire le
député de Saint-Jacques. Quand il parle de l'administration qui
résorberait une partie importante du budget, c'est sans doute parce
qu'il a dans l'esprit l'administration des montants eux-mêmes. Mais, en
fait, nos fonctionnaires remplissent un nombre de fonctions infiniment plus
variées et il y a de l'aide technique. Je crois que c'est le gros de
l'activité qui est constamment fournie aux organismes
intéressés. De sorte que, même si le mot "subventions" est
utilisé, on pourrait vraiment dans la plupart des cas parler de
programmes.
Il y a eu, sous l'ancien ministre, un effort de regroupement du
théâtre à Québec, par exemple. Cet effort de
regroupement a exigé énormément de rencontres et des
efforts prolongés de la part des services intéressés.
C'est ce que j'appelle de l'aide technique. Puisque nous parlons du
théâtre, restons au théâtre. Dans tous les secteurs,
les fonctionnaires rencontrent les intéressés, cherchent à
orienter le plus possible leurs programmes. Je ne parle pas de leur
programmation. Je pense que ceci devrait peut-être répondre
à la question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le minis-
tre, je rejoins la pensée du député de
Saint-Jacques. Quand nous avons parlé au ministère et
c'est une question qui m'a toujours préoccupé de
théâtre, la question de l'administration des compagnies nous a
toujours préoccupés. Nous nous rendions compte qu'il y avait
quand même un nombre assez important de compagnies de
théâtre, que chacune d'elles devait consacrer un montant x
d'argent à l'administration. Nous nous étions posé la
question, s'il ne serait pas possible d'en venir à une entente,
c'est-à-dire à un projet que le ministère avait
commencé de concevoir, un projet d'administration: centraliser les
différentes compagnies de théâtre qui se trouvent, soit
à Québec, soit à Montréal, afin qu'il n'y ait pas
doublage des frais d'administration, de publicité, etc.
Prenez par exemple le cas des compagnies de théâtre qui se
produisent surtout à la Place des Arts, à la Comédie
Canadienne ou dans des théâtres qui sont situés dans ce
secteur de Montréal. Est-ce qu'il ne serait pas possible d'imaginer un
système d'administration et un système de publicité
unifié, qui serait une sorte de centrale d'alimentation des compagnies
de théâtre en matière de publicité,
d'administration, que le ministère pourrait surveiller afin justement
d'éviter cette dispersion qui entraîne fatalement des
dédoublements dans le domaine des budgets et de toutes les sommes qu'on
est obligé de consacrer à l'administration pour chacune des
compagnies prises individuellement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Remarque très pertinente. Nous avons
comme projet cette forme de centralisation mais il s'agit là d'une
initiative extrêmement complexe.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Et délicate.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ajoute, pour compléter les remarques
que je faisais il y a quelques instants, que l'administration d'une troupe de
théâtre représente à peu près 22 p.c. du
budget d'opération et que notre administration aux Affaires culturelles
représente à peu près 11 p.c. ce qui est certainement
extrêmement raisonnable. Ce qui prouve que les chiffres doivent tout de
même être interprétés à la lumière de
certaines explications.
M. CHARRON: Maintenant, le ministre me permettra de reprendre une
observation que j'avais faite l'année dernière à
l'étude des crédits.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse. Avant de changer de sujet, je voudrais
donner la parole au député d'Olier.
M. CHARRON: C'est sur le même sujet. M. LE PRESIDENT: D'accord,
allez-y.
M. CHARRON: C'est sur les subventions aux troupes de
théâtre.
Est-ce que les subventions se joignent à des conditions...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, permettez-moi de
signaler la présence du sous-ministre adjoint que nous voyons pour la
première fois.
M. CHARRON: Est-ce que les subventions aux troupes de
théâtre se joignent parfois à des conditions sur le genre
de théâtre qui doit être présenté, sur le
nombre de productions québécoises qui doivent figurer au
programme ou des choses comme ça? Ou est-ce, ni plus ni moins, sur le
plan du programme je sais que sur le plan de l'administration les
fonctionnaires du ministère aideront les troupes à s'administrer
un chèque en blanc donné à une troupe de
théâtre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous n'avons pas à institutionnaliser
cela, M. le Président. Je ne dis pas qu'il ne faudra pas s'orienter vers
des formules assez souples dans...
M. CHARRON: Actuellement, ça n'existe pas?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. La raison en est qu'il faut conserver une
liberté aux créateurs. On peut facilement voir jusqu'où on
risquerait d'aller si on s'impliquait trop dans la programmation. Cependant, il
y a des discussions et dans un autre domaine qui est celui des orchestres
symphoniques. Nous avons établi des normes qui imposent un contenu
québécois. Mais, dans le domaine du théâtre, le
problème se pose quand même de façon un peu
différente.
M. CHARRON: Dans quel sens?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour les raisons que j'ai citées au
début.
M. CHARRON: Mais il me semble qu'il serait possible... je sais que la
politique du Théâtre du Nouveau Monde, par exemple, qui figure
parmi les organismes subventionnés, est de faire figurer sur ses sept
programmes annuels au moins deux créations québécoises ou,
disons, canadiennes, au besoin.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela se fait automatiquement, M. le
Président. Le problème se pose différemment pour le
théâtre que pour la musique pour l'excellente raison que le
théâtre est inévitablement soit francophone, soit
anglophone. E s'agit d'expression verbale. Alors que la musique, elle, est
à la fois, au-delà de l'expression linguistique. A ce
moment-là, on a nécessairement affaire à des musiciens
qui
peuvent être d'origine différente. On peut jouer des
pièces qui peuvent être également conçues par des
créateurs de divers pays. Il est plus facile d'y intervenir que dans
l'autre secteur.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Olier.
M. PICARD: Le ministre nous a dit tout à l'heure que les
subventions étaient adressées en général à
la fédération plutôt qu'à l'organisme
lui-même, qu'il s'agisse d'une chorale ou d'une troupe.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. PICARD: Maintenant, dans le cas d'une troupe théâtrale,
est-ce qu'il n'arrive pas quelquefois que certaines de ces troupes qui vont en
tournée, affichent un déficit et font appel à la
fédération qui, en retour, peut faire appel au gouvernement pour
avoir une subvention additionnelle? Est-ce qu'il y a des cas
présentement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Constamment. Il n'y a pas un organisme au
Québec qui ne tente pas de faire appel au gouvernement pour avoir des
subventions additionnelles. Mais nous n'avons pas de subventions additionnelles
à faire parce que nous planifions ou, plus exactement, nous programmons
nos subventions à l'avance. Ces subventions ne sont pas accordées
de manière discrétionnaire mais le sont d'après des normes
et à la suite d'une étude extrêmement rigoureuse du budget.
Nous suivons d'ailleurs les opérations. Même sur le plan de la
programmation, si nous n'intervenons pas directement, nous avons ici la
programmation théâtrale de l'exercice pour toutes les grandes
troupes subventionnées.
M. PICARD: Je vais faire maintenant une affirmation,
c'est-à-dire, je vais transmettre au ministre une information qui m'a
été donnée. Je vous avoue au départ que je n'y
comprends rien. Il semblerait que certaines troupes avaient avantage à
opérer à déficit parce que, de cette manière elles
recevaient une aide accrue. Je n'ai jamais compris de quelle façon elles
pouvaient procéder comme cela.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que ce n'est pas exact. Je ne dis pas
que certains directeurs de troupe n'aient pas conçu cette idée,
partant du principe que, s'ils étaient en difficultés, le
gouvernement viendrait les sauver. Je ne dis pas que cela n'a peut-être
pas été exact dans un passé que je ne peux préciser
mais je peux vous affirmer que ce ne l'est pas actuellement. C'est même
l'inverse. Si une troupe...
M. PICARD: Est-ce que ça existait au temps où le
député de Chicoutimi était ministre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je vais faire des observations à ce
sujet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne fais pas allusion du tout à cette
période.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vais faire des observations. Est-ce que le
ministre me le permet?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous en prie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Justement, pour répondre... Non, je ne
considère pas l'observation du député d'Olier comme une
attaque. Mais je tiens à dire ceci:
Au moment où j'ai pris la direction du ministère des
Affaires culturelles, c'était un problème qui avait
inquiété "mon prédécesseur, M. Laporte, et qui m'a
aussi singulièrement inquiété, qui m'a causé
beaucoup de tracas. Souvent des organismes, soit de musique, de
théâtre, nous présentaient des budgets d'abord
soufflés, des budgets qu'à dessein on avait
présentés, dont on avait volontairement grossi les
dépenses, etc. Nous faisions un examen critique des exigences qui
étaient formulées dans les demandes de subventions. On avait
tendance, à ce moment-là, lorsqu'on demandait que le budget soit
réaménagé, à se dire: D'accord! On essaiera de
fonctionner à l'intérieur du cadre budgétaire qu'a
fixé le ministère, que nous impose en quelque façon le
ministère, quitte ensuite à le faire, le déficit, et
à retourner au ministère et à demander des subventions.
Cela revenait constamment. Les compagnies revenaient et nous demandaient des
subventions additionnelles.
Nous avions une politique qui consistait à garder un certain
coussin, c'est-à-dire à se garder une marge de manoeuvre dans le
budget général des subventions pour faire face à ces
exigences. Il est arrivé, sous mon administration, que nous ayons
octroyé des subventions additionnelles à des compagnies et
à des compagnies importantes qui le méritaient vraiment. Dans le
cas des compagnies dont le ministère avait jugé le travail comme
peu valable ou plus ou moins valable, nous leur avons indiqué de
façon formelle qu'elles ne pourraient plus tirer sur le ministère
si elles faisaient un déficit et qu'elles devaient faire en sorte de
s'en tenir à l'intérieur du cadre budgétaire.
Même pour les grandes compagnies, que ce soient des orchestres
symphoniques, que ce soient des grandes compagnies de théâtre,
nous avons petit à petit établi une politique de budget en leur
disant: Voici, pour les trois prochaines années, vous devrez vous en
tenir à ce budget et établir votre programmation en
conséquence. Nous réservions quand même certains montants
pour des programmes de tournées qui ne sont pas toujours
prévisibles au moment où une compagnies établit sa
programmation pour l'année. Si une compagnie doit
aller en Europe, par exemple, parce qu'elle y est invitée tout
à coup ou si nous décidons à la diffusion, si on
décidait à la diffusion d'envoyer une compagnie dans telle ou
telle ville, on pouvait à ce moment-là accorder une subvention
additionnelle à cette compagnie pour des frais de tournée. La
tendance et c'était acquis au moment où j'ai quitté
le ministère était que la compagnie quelle qu'elle fut
devait se tenir dans le cadre du budget qu'elle avait présenté,
que nous avions accepté et qu'elle ne pourrait pas revenir nous demander
de combler des déficits.
C'est qu'il est arrivé ceci, M. le Président et je
le dis au député d'Olier ces compagnies, avant qu'elles ne
reçoivent de façon presque statutaire des subventions du
gouvernement, tiraient des fonds à droite et à gauche. Elles
avaient des déficits accumulés. Nous avons même
exigé pour les grandes compagnies qu'une partie de la subvention que
nous leur octroyions chaque année devait être affectée
à l'extinction de la dette accumulée afin qu'on ne soit pas
constamment dans ce cercle vicieux d'un déficit qu'on essaie d'effacer
par une subvention et d'un nouveau déficit qu'on recrée et qui
incite la compagnie à revenir encore une fois à nous demander de
l'argent.
La situation était très chaotique au moment où se
suis arrivé. Nous l'avons corrigée progressivement dans la mesure
où il était possible de le faire, compte tenu des déficits
accumulés qui étaient considérables dans le cas de
certaines compagnies. Je crois que les companies à l'heure actuelle en
sont venues à un certain équilibre, qu'il reste des
déficits accumulés, mais que la politique du ministère a,
au temps où j'étais là, fait comprendre à ces gens
qu'ils ne pourraient plus compter sur le ministère pour ce gendre de
déficits et qu'ils devraient désormais agir de façon
à respecter les normes que nous déterminions.
Je crois que c'est la politique que l'on suit actuellement et j'imagine
que le ministre a donné suite aux suggestions que nous lui avons faites
l'année passée et dont il nous avait parlé d'ailleurs
lui-même, d'exiger des compagnies qu'elles aient une sorte de
budget-porgramme, de plan triennal ou quinquennal, selon la nature des
compagnies et leur situation financière.
M. PICARD: M. le Président, le député de Chicoutimi
a mentionné qu'à l'époque il avait dans ses
prévisions budgétaires un coussin qui pouvait prendre soin de ces
éventualités. Est-ce que le ministre actuel peut nous dire s'il
existe encore un tel coussin ou si la situation s'est suffisamment
améliorée pour que les compagnies théâtrales
budgétisent à l'intérieur des subventions qui leur sont
accordées selon le budget annuel? N'y a-t-il plus de coussin?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Il n'y a pas de coussin, comme vous dites.
Nous essayons de prévoir parce que nos fonds sont tellement
limités au départ toutes les sommes que nous pourrons
affecter. Je ne dis pas qu'il ne serait pas extrêmement heureux d'avoir
un budget un peu libre, non engagé au départ et qui nous
permettrait de prévoir certaines situations. Je serais très
heureux d'avoir le soutien du député d'Olier si j'ai un jour
besoin d'aide pour essayer de l'obtenir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais ajouter cette précision
pour le député d'Olier. Nous avions cette sorte de coussin, mais
après deux ans, nous l'avons supprimé. Il est arrivé des
cas exceptionnels où nous avons demandé au gouvernement, à
l'Exécutif, de puiser à même ce que l'on appelle le fonds
de secours du gouvernement pour aider certaines compagnies qui étaient
en difficultés. Mais nous leur avons fait bien entendre que
c'étaient des cas exceptionnels et que nous n'accepterions plus de le
faire dès que leur programmation serait établie et qu'elles se
conformeraient aux normes que nous avions prescrites.
M. GAUTHIER: Au sujet de ces subventions aux théâtres
d'été, M. le ministre, pourquoi semble-t-il y avoir seulement
deux théâtres d'été qui recevraient ces subventions?
Pourquoi par exemple le Théâtre des Prairies et le
Théâtre des Marguerites n'en recevraient-ils pas?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous n'avons pas d'argent, M. le
Président, et nous avons dû faire une politique pour limiter les
subventions aux théâtres d'été, tout
méritants qu'ils puissent être.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que, dans le cas du Théâtre
des Marguerites, on a fait des demandes? N'avait-il pas coutume d'en faire? Le
Théâtre des Marguerites n'avait-il pas coutume de faire des
demandes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas eu de demandes, M. le
Président, et je ne vous cache pas que lorsqu'il n'y a pas de demandes,
on ne les sollicite pas.
M. GAUTHIER: Quel est le rôle de l'Escale? Premièrement,
combien de ports ce théâtre touche-t-il? Est-ce qu'il y a un
achalandage important?
M. CLOUTIER (Ahuntsic); L'Escale touche à un seul port, mais un
port important qui est le port de Hull. En fait, le bateau est à quai
depuis un an et demi. Il n'a pas bougé, ne bougera pas et ne serait plus
susceptible de bouger.
M. GAUTHIER: Expérience malheureuse?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Expérience malheureuse... C'est une
question d'interprétation.
M. CHARRON: N'avez-vous pas décité de le mettre en
quarantaine cette année?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'a pas été possible, faute de
budget, de mettre au point un projet qui en aurait permis l'utilisation
maximum. Je dois dire que la ville de Hull utilise l'Escale comme centre
culturel. La ville de Hull était fort démunie de ce point de vue
et se trouve très heureuse d'avoir le bateau à sa
disposition.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, je comprends que les
restrictions, que la politique d'austérité du gouvernement ne
vous ont pas permis d'obtenir les crédits pour le fonctionnement,
l'exploitation de l'Escale, du bateau-théâtre l'Escale. Mais
j'imagine que vous n'avez pas abandonné pour autant le projet de faire
circuler l'Escale qui pouvait rendre des services dans des endroits où
il n'y avait pas de lieu de théâtre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président. Ceci relève
actuellement de la diffusion dont nous avons parlé. Il y a plusieurs
projets qui ne sont pas encore très précis de ce point de vue,
projets qui utiliseraient l'Escale, projets également qui pourraient
utiliser un système de remorque, de roulotte. Nous en avons parlé
lorsque nous avons discuté de la diffusion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. le Président, je reviens
à la question du contenu québécois du
théâtre. En pourcentage, si on regarde le nombre des compagnies
qui ont été subventionnées, quel a pu être le
contenu québécois de la programmation de ces diverses
compagnies?
Et lorsque je parle du contenu québécois, je veux faire
une distinction qui, à mon sens, s'impose de plus en plus et qui rejoint
les préoccupations que nous avons exprimées lorsque nous avons
examiné le problème de la langue au Québec. Lorsque je
parle de contenu québécois, je parle d'un contenu
québécois de qualité, francophone je veux bien
qu'on fasse du théâtre en anglais, en français, en
allemand, en italien mais je serais malheureux que le ministère
des Affaires culturelles encourage un théâtre d'expression
joualesque ou joualisante, qui tend malheureusement à se répandre
au Québec et qui connaîtrait me dit-on une grande
faveur auprès d'un certain public qui a découvert dans ce mode
d'expression un nouveau snobisme.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La programmation des théâtres
suivants: Le Trident, le Théâtre de Quat'Sous, le
Théâtre du Rideau Vert, le Théâtre du Nouveau-Monde,
le Théâtre populaire du Québec, était pour 70/71 de
31 productions. Sur ces 31 productions il y en a eu 18 qui étaient
québécoises et 13 qui ressortissaient du répertoire
international. Ce qui n'est quand même pas mauvais parce qu'il ne faut
pas non plus se couper de nos sources. Cela me paraît à moi tout
à fait suffisant et il n'y a pas lieu d'intervenir, c'est ce à
quoi je faisais allusion, pour imposer des normes qui seraient gênantes
et qui risqueraient de stériliser les créateurs. Quant au
problème de la langue...
M. CHARRON: Je trouve cette proportion excellente.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... je pense effectivement qu'il faut se le
poser.
Le député de Chicoutimi avait cité hier une
conférence de presse qu'il avait donnée et vous me permettrez
également de me citer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne l'ai pas citée, je l'ai
évoquée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En effet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme quoi la langue française est
précise.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le meilleur moyen d'être cité,
c'est souvent de se citer soi-même, et en général on l'est
de façon adéquate. Mais en fait je ne me citerai que dans
l'avenir, si je peux m'exprimer ainsi.
Blague à part, je veux dire que je dois prononcer une
conférence devant la Société des écrivains demain
soir et que je compte justement évoquer...
M. CHARRON: Comme ça nous ne siégerons pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A quelle heure? Nous voulons être
présents.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne sais pas si vous pourrez l'être,
c'est à Montréal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que nous serons invités?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... le problème du jouai dans la
création québécoise, l'évoquer sans vouloir prendre
parti parce que je ne crois pas qu'il m'appartienne par mes fonctions de
régenter cet aspect-là.
Ma position est assez nuancée. Je déplore l'existence du
jouai, je me rends parfaitement compte que pour certains esprits il s'agit
là d'une revendication nationaliste mal digérée et mal
conçue. Le jouai constitue une impasse. D'autre part, il ne faut
peut-être pas non plus adopter une position trop rigide, surtout
lorsqu'il s'agit du théâtre.
Le théâtre a tout de même du moins un certain
théâtre pour raison d'être d'essayer de traduire une
certaine réalité. Qu'on le veuille ou non, qu'on l'aime ou non,
cette réalité se fait souvent dans nos milieux dans un langage
populaire.
Ceci dit, je pense que les créateurs ont une
responsabilité considérable. Dans la mesure où
nous voulons promouvoir la langue française, encore faut-il qu'il
s'agisse d'une langue de qualité, tout au moins d'une langue
intelligible.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis heureux de ce que le ministre nous dit.
Je suis d'accord avec lui lorsqu'il affirme que le théâtre
d'expression jouale appelons ça comme ça, c'est un mot que
je déteste est une sorte de manifestation d'une
réalité sociologique et que bien des gens s'y retrouvent,
s'identifient à cela, certains créateurs le font d'ailleurs
intentionnellement afin de purger en quelque façon la
collectivité et lui faire comprendre que ce n'est quand même pas
là une langue internationale.
Du reste, si on étudie le théâtre de tous les pays
du monde et particulièrement le théâtre occidental il y a
toujours des auteurs, que ce soit au cinéma, que ce soit au
théâtre, qui utilisent cette langue populaire. Mais, ce pourquoi
j'ai posé la question, je me rends compte que, dans des maisons
d'enseignement, même au niveau supérieur de l'université,
l'on s'autorise de ces créations dites québécoises pour
vulgariser et populariser l'usage d'une langue dont on dit qu'elle est vraiment
l'expression de la personnalité québécoise. C'est pour
cela que je dis au ministre qu'il y a certain dosage, qu'il faut surveiller
dans la présentation de ce genre de création qui ne sont pas
toutes, évidemment, de qualité égale.
Il arrive aussi, très souvent, que ces pièces soient
bâties autour d'événements extrêmement passagers,
accidentels. Le temps se chargera de les faire entrer dans l'ombre, de les
anéantir complètement dans la mémoire de ceux qui les
auront vues ou entendues. Je ne suis pas, quant à moi, contre cette
expression populaire qui manifeste des réalités sociologiques.
Mais je serais peiné si cela devait avoir une vertu exemplaire dans la
population et particulièrement chez les jeunes. Il y a toujours une
tendance nous l'observons en regardant à la
télévision chez les gens à dire lorsqu'ils
écoutent soit des annonceurs, soit la réclame commerciale qui est
faite, soit certaines émissions: Bah! on nous demande de parler le
français, voyez les artistes parce qu'ils les appellent comme
ça, malheureusement s'expriment comme cela.
Donc, ils parlent comme nous, nous parlons bien. C'est un raisonnement
très simpliste que font les gens qui anéantit en fait tous les
efforts que nous faisons et que nous pourrions faire pour améliorer la
qualité de la langue. C'est dans ce sens que j'entends le
problème et c'est dans cette perspective que je demande au ministre de
prier les compagnies de surveiller la qualité non pas le nombre
parce que je suis heureux de voir qu'il y a un contenu québécois
des productions québécoises.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous le faisons constamment et nous continuerons
de le faire. Il est certain que nous subventionnerons pas le jouai comme tel,
tant au théâtre que dans la littérature. Ce qui ne veut pas
dire que nous allons éliminer des oeuvres à caractère
populaire qui auront une valeur qui nous paraîtra assurée.
M. PICARD: M. le Président, le député de Chicoutimi
me permettra une remarque sur ce qu'il vient de dire. D a raison de
s'inquiéter. Moi-même, j'ai entendu au cours de l'hiver, à
l'occasion d'une émission de télévision, un
étudiant de l'Université du Québec à
Montréal qui se glorifiait du fait qu'il parlait jouai. Il disait: Ce
n'est par le jouai que je parle, je parle la langue québécoise.
Ce n'était pas du français, ce n'était pas du jouai,
c'était la langue québécoise. Il s'en glorifiait
publiquement à l'occasion d'une émission à
Radio-Canada.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II était unilin-gue jouai.
M. PICARD: II disait qu'il parlait le québécois. Partout
où il allait, il parlait la langue québécoise.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II parlait la langue officielle le jouai.
M. LEGER: J'ai une question à poser au ministre sur la
dernière affirmation qu'il vient de faire. Le ministre disait justement
qu'il ne voudrait pas subventionner comme tels des programmes qui mettraient en
évidence la langue jouale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas tout à fait ce que j'ai dit.
Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit. J'ai dit que nous «'allions pas
subventionner le jouai qu'il s'agisse du jouai au théâtre ou qu'il
s'agisse du jouai en littérature.
M. LEGER: Faisant suite à cette déclaration, à
cette évocation, il est sûr que le théâtre populaire
a pris de plus en plus d'intérêt auprès de la population,
en général, depuis qu'il y a des pièces traduisant
davantage la réalité dans laquelle les gens vivent. Je suis
conscient comme le ministre, sachant que le niveau ou la qualité de la
langue française pouvait perdre avec le langage jouai qu'il ne peut pas
comme tel encourager cette attitude.
Mais il doit quand même tenir compte que l'intérêt
accru des Québécois aux pièces de théâtre
provient justement du fait que dans ces pièces-là les gens se
retrouvent davantage, ils sont plus heureux d'y assister parce qu'ils se
retrouvent davantage dans des pièces comme celle-là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que, M. le Président, le
député de Lafontaine vient d'arriver? Parce qu'après avoir
fait cette première déclaration, j'ai ajouté qu'il
n'était pas question d'éliminer la langue populaire et que nous
tiendrons toujours compte de cet aspect. C'est exactement ce que j'avais dans
l'esprit.
M. LEGER: C'est ce que je voulais vous faire clarifier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Merci.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 12. Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Article 6. Cinéma
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cinéma. M. le Président, est-ce
que le ministre pourrait nous faire une déclaration.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons déjà beaucoup
parlé du cinéma à l'occasion de l'Office du film. Je n'ai
pas grand-chose à ajouter sinon que cet embryon de service aura pour
responsabilité de mettre en application le programme d'aide à
l'industrie cinématographique et de conseiller le ministère dans
ce domaine. Ce qui se produira probablement est une évolution qui
fondrait l'Office du film et ce service de cinéma dans une
éventuelle direction générale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, à ce chapitre
du cinéma, je ne veux pas revenir sur toutes les discussions que nous
avons eues auparavant lorsque nous avons examiné les crédits de
l'Office du film, mais j'insiste encore une fois sur la nécessité
de bâtir le plus tôt possible une politique du cinéma qui
soit à la fois une politique de création et une politique de
diffusion. Le cinéma étant peut-être le moyen d'expression
artistique le plus accessible, celui qui est de nature à rejoindre le
plus grand nombre de gens à l'heure actuelle, que ce soit le
cinéma des salles de cinéma, projection en salles ou que ce soit
le cinéma par la télévision. En somme tout ce qui de
près ou de loin touche aussi à l'audio-visuel.
Le ministre parle d'un embryon de service du cinéma. Je suis
conscient de la réalité parce que j'ai moi-même
travaillé à créer cet embryon et il n'est pas facile
d'élaborer dans le Québec une politique du cinéma. Mais je
voudrais savoir du ministre des Affaires culturelles quelles sont, dans ce
domaine, les relations qu'il a eues ou qu'il entend engager avec le
gouvernement central afin que le gouvernement central puisse passer non pas
par-dessus la tête du ministère des Affaires culturelles, mais
puisse passer par le canal du ministère des Affaires culturelles
lorsqu'il attribue des subventions à des entreprises de productions
cinématographiques. Il existe à Ottawa un organisme qui
subventionne les compagnies qui font de la production cinématographique.
Il serait extrêmement important que le ministre fasse connaître au
gouvernement central, s'il ne l'a pas déjà fait, l'intention du
Québec d'obtenir directement, inconditionnellement, les montants
d'argent que le ministère des Affaires culturelles pourrait ensuite
lui-même distribuer aux organismes québécois de production
cinématographique qui adresseraient au ministère des Affaires
culturelles leurs demandes sans avoir à passer par le gouvernement
central.
C'est là l'expression d'une politique que j'ai déjà
énoncée en ce qui concerne le Conseil des arts d'Ottawa, et que
j'ai énoncée lors de la création de cet organisme d'aide
à la création cinémathographique. Je voudrais savoir s'il
y a eu des pourparlers entre le ministre des Affaires culturelles du
Québec et son homologue outa-ouais. Je voudrais savoir quel est
l'état de la question, où en sont ces pourparlers. Est-ce que le
ministre a l'impression que le gouvernement central consentira à donner
au Québec sa quote-part, inconditionnellement, afin que le gouvernement
du Québec puisse lui-même exercer un contrôle sur
l'industrie cinématographique québécoise?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous conviendrez, M. le Président, que
c'est là un problème extrêmement complexe. Pour ne rien
vous cacher, une des raisons pour lesquelles j'ai déjà
tenté de structurer l'aspect cinéma sur le plan administratif,
une des raisons pour lesquelles j'ai repris les études faites dans le
domaine du cinéma et que j'espère aboutir à une loi-cadre,
c'est précisément pour me permettre d'avoir une base de
négociations.
On ne négocie pas avec strictement rien, avec des voeux pieux,
avec des désirs, et sur un ton de revendication. On négocie
à partir d'éléments qui collent à une certaine
réalité. Ces éléments, nous en sommes en train de
nous les donner. J'ai déjà, à plusieurs reprises
d'ailleurs, indiqué au secrétariat d'Etat quelles étaient
les intentions du Québec dans le domaine, non seulement des subventions
cinématographiques, mais également des subventions en
général.
Il y aura une rencontre à ce sujet, au niveau des hauts
fonctionnaires, aussitôt d'ailleurs que les crédits seront
terminés. Et ce n'est pas du tout chez moi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II a l'intention de nous faire procéder
vite !
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... un moyen de pression, mais cette rencontre
devait avoir lieu au début de juin, et elle a dû être remise
parce que nos crédits ont commencé plus tard que prévu.
Cette réunion aura lieu certainement d'ici la fin du mois de juin, il ne
faut pas s'attendre à ce que nous en sortions avec des
déclarations fracassantes. Ce n'est d'ailleurs pas le style que j'ai
adopté. Il faut également se rendre compte que le gouvernement
fédéral a mis en place des organismes qui sont des organismes
autonomes je pense en particulier
au Conseil des arts organismes qui sont dotés de leurs
propres fonds et qui pourraient fonctionner sans subventions gouvernementales,
uniquement avec leur capital ou les intérêts de leur capital.
Bien sûr, ces organismes ont été créés
par législation, je veux dire par là que le secrétariat
d'Etat n'a pas un contrôle absolu, loin de là, sur les subventions
qui sont données par le Conseil des arts. D'ailleurs, toute la
pholosophie de ce type d'organisme anglo-saxon d'esprit tend justement à
créer des organismes qui ne sont pas susceptibles d'être soumis
à l'influence gouvernementale. Tout ceci pour indiquer que je suis
conscient, en tant que ministre des Affaires culturelles, du problème et
j'ai certainement l'intention de négocier avec le plus de
réalisme possible dans ce secteur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. le Président, reprenant
ce que le ministre vient de dire sur la nature de ces organismes, c'est
justement parce que le gouvernement central a préparé longuement
son invasion dans les domaines de l'éducation et de la culture qu'il a
utilisé cette formule des régies indépendantes.
Certes, si l'on pense au Conseil des arts, cet organisme s'autofinance
à l'heure actuelle. Mais il ne s'autofinance que parce qu'on lui avait
remis auparavant une très large part des deniers publics. On a donc fait
un investissement de base et l'autofinancement a suivi.
C'est une façon très sournoise de la part du gouvernement
central d'envahir des champs de compétence réservés aux
gouvernements des Etats membres de la fédération canadienne. Il a
fait de même lorsqu'il a créé le fonds pour l'aide à
la production cinématographique. Il a envahi encore une fois par ce
moyen détourné les champs de compétence
réservés aux Etats membres de la fédération
canadienne. De la sorte, lorsqu'on lui présente des demandes, il a
tôt fait de nous dire: Bien, il faut discuter avec ces régies
indépendantes auprès desquelles nous ne voulons pas faire de
pression. Ce sont des régies indépendantes, comme Radio-Canada,
comme l'Office national du film, comme le Conseil des arts, comme le Fonds de
financement pour l'industrie cinématographique.
Alors, je dis au ministre qu'il y a certes divers styles de
revendication. J'en ai adopté un au départ, moi, en servant au
gouvernement central de sérieux avertissements, parce qu'il était
important que ces avertissements lui fussent servis et ç'a donné
des résultats...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela a donné des résultats?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, parce qu'à partir de ce
moment-là, le gouvernement central a demandé à nous
rencontrer; nous avons établi avec le Conseil des arts des rela- tions
extrêmement cordiales et nous en étions venus à des
ententes qui allaient se préciser et qui, j'imagine, se précisent
de plus en plus, des ententes, par exemple, qui consistaient en ce que le
Conseil des arts acceptait de nous consulter avant d'octroyer des subventions
aux organismes québécois qui lui en demandaient.
Je voudrais donc que le gouvernement actuel procède, compte tenu
de son style, de la même façon et qu'il fasse bien entendre au
gouvernement d'Ottawa que cette formule des régies indépendantes
a été un moyen détourné d'envahir les champs de
compétence qui sont ceux des Etats membres de la
fédération et que ce n'est pas là une question
définitivement réglée et que tout cela peut être
remis en cause si un gouvernement d'un Etat membre de la
fédération ou d'autres gouvernements des Etats membres de la
fédération demandent et l'Ontario va dans ce
sens-là maintenant au gouvernement central de revoir toute cette
politique des régies indépendantes par le truchement desquelles
elle a envahi les champs de compétence réservés au
gouvernement du Québec, en particulier, en ce qui concerne
l'éducation et la culture.
Je respecte donc le style de négociation du ministre des Affaires
culturelles, mais je lui dit qu'il y a là beaucoup de travail à
faire. Quand le ministre dit: Nous ne lancerons pas d'ultimatum, nous ne
crierons pas au martyre, etc., je suis bien d'accord avec lui, je ne l'ai
jamais fait d'ailleurs moi-même, mais j'ai servi de sévères
avertissements au gouvernement central.
Il pourrait s'inspirer du style qu'a adopté son collègue,
le ministre des Communications, style qui a mis le gouvernement du
Québec en face d'un état de fait en somme d'une situation de
fait, d'un fait acquis et le ministre des Communications qui sans doute avait
subi ma mauvaise influence ayant été mon fonctionnaire, a servi
au gouvernement central un avertissement. Il a pris les devants et je crois que
cela va donner des résultats.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je veux préciser que je n'ai pas
l'intention de m'inspirer du style de qui que ce soit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que c'est un désaveu du style de
votre collègue...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Absolument pas. J'ai formulé justement ma
remarque de manière que ce ne soit pas interprété comme un
désaveu. Chacun à la tête d'un ministère intervient
en fonction de sa personnalité, de son expérience de la vie, de
sa conception de certains problèmes. J'ai tenté de décrire
quel type de collaboration j'entendais établir avec le gouvernement
central. J'ajoute également que je ne peux pas m'associer à
toutes les remarques qu'a faites le député de Chicoutimi,
même si je suis d'accord sur plusieurs points. Je ne prête pas au
départ au gouvernement central de
sombres desseins en établissant ses régies autonomes. Dans
le cas particulier du Conseil des arts, il ne faut pas oublier que ce conseil
s'est créé un capital, non seulement à la suite d'une
dotation importante du gouvernement, mais également à la suite de
dotations privées.
C'est une conception que l'on rencontre fréquemment dans les pays
anglo-saxons j'y faisais allusion récemment je pense
à l'Angleterre, je pense à l'organisation également des
activités culturelles aux Etats-Unis où on crée des
organismes susceptibles de mobiliser les initiatives des citoyens. Il ne
faudrait pas qu'au Québec nous commettions l'erreur de trop
institutionnaliser certaines de nos activités, ce qui risquerait
justement de nous couper de toute cette aide privée qui pourrait affluer
vers une certaine structure gouvernementale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre comprendra
que, même si le Conseil des arts est parvenu aujourd'hui à tirer
sur l'entreprise privée pour s'alimenter, il n'aurait jamais pu le faire
si on n'avait pas mis à sa disposition un fonds considérable qui
était un fonds tiré à même les deniers publics. Le
ministre peut être d'accord ou ne pas être d'accord avec moi. Je ne
prête pas au gouvernement central de sombres desseins. Je constate tout
simplement que le gouvernement central avait des vues bien
arrêtées. Nous avons découvert, petit à petit, que
sa façon d'agir allait dans le sens d'une politique qui
infléchissait le pacte confédératif dans la direction
d'une centralisation de plus en plus marquée.
Du reste, les difficultés qu'éprouve le gouvernement du
Québec dans toutes les négociations qu'il a entreprises à
l'heure actuelle démontrent à l'envi que le gouvernement central
a atteint ses fins. Nous sommes obligés de reprendre, pouce par pouce,
un terrain que le gouvernement central a envahi dans le domaine
spécifique de la culture. L'existence du Conseil des arts d'Ottawa,
l'existence de l'Office national du film, l'existence du fonds d'aide à
la création cinématographique, l'existence de Radio-Canada
constituent pour le Québec, pour tous les gouvernements des Etats
membres de la fédération une pierre d'achoppement
considérable dans les négociations que tous les gouvernements ont
poursuivies pour en arriver à repenser le pacte de 1867 et l'adapter aux
besoins modernes. Je faisais allusion tout à l'heure au style de
négociation du ministre des Communications. Le ministre actuel a son
style à lui. Il a sa personnalité. Mais, je l'inviterais
peut-être à utiliser ses talents et sa science de psychiatre pour
faire une sérieuse analyse, une sérieuse étude des
intentions, des sombres desseins de son homologue outaouais. Ensuite, je
l'inviterais à nous livrer, sous toutes réserves du secret
professionnel, le diagnostic et à nous indiquer la thérapeutie
qu'il entend suivre pour guérir le gouvernement central de ses
obsessions centralisatrices.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne fais jamais de diagnostic, M. le
Président, et c'est fort heureux, d'ailleurs.
M. LE PRESIDENT: Avant de continuer et de donner la parole au
député d'Olier, je voudrais faire la remarque suivante. On a
discuté de sujets fort intéressants. Je n'ai pas d'objection de
principe, mais je me sentirais beaucoup plus à l'aise si les
députés, dans leurs interventions, essayaient de relier leurs
propos à la rubrique "cinéma".
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sur ce rappel au
règlement que vous faites et que vous avez le droit de faire, je tiens
à vous...
M. PICARD: M. le Président, c'est une erreur que vous venez de
faire. Il va continuer de parler pendant dix minutes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...faire observer que tout ce que nous avons
dit se rapporte au cinéma.
M. LE PRESIDENT: Et c'est pour ça que j'ai dit que je n'avais pas
d'objection de principe, mais je me sentirais plus à l'aise si vous me
le rappeliez de temps à autre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous voulez qu'on vous le rappelle. Je vais le
faire tout de suite puisque vous m'y incitez. J'ai quelques minutes encore
à ma disposition pour le faire.
M. PICARD : Elle sont à moi ces deux minutes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si nous pouvions conserver trente secondes pour
faire le programme de la soirée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous avons, M. le Président,
parlé de cinéma, d'accord.
Nous avons parlé des différentes régies autonomes
du gouvernement central pour indiquer que l'existence de ces régies
paralyse le gouvernement du Québec et que l'existence d'une régie
qui s'occupe précisément de cinéma puisque c'est un
fonds d'aide à la création cinématographique
l'existence de ce fonds fait que le gouvernement du Québec devra
présenter des demandes, faire des revendications.
Le ministre nous disait qu'il avait un programme. Est-ce qu'on pourrait
l'adopter?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si on pouvait l'adopter, ça
libérerait les fonctionnaires.
M. PICARD: Si vous l'adoptez, je ne pourrai pas poser de questions.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si on ne l'adopte
pas, on va déranger plusieurs fonctionnaires, mais ils sont
là pour ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Poste 6, adopté globalement.
M. LE PRESIDENT: II y a un problème, les cloches sonnent pour le
vote.
M. PICARD: On a le temps de continuer. Ds appellent les
députés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On l'adopte globalement.
M. CHARRON: C'est ça, nous l'adoptons globalement, M. le
Président, nous sommes prêts à aller voter.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député d'Olier consent
à ce qu'on l'adopte globalement? Les yeux sont sur vous?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je tiens à faire observer que nous
avons quand même procédé avec beaucoup de
célérité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'en félicite tous les membres de cette
commission. J'espère que cet état d'esprit continuera ce
soir.
M. CHARRON: Avec une mention spéciale pour le
député de Chicoutimi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que ce soir nous pouvons attaquer la
conservation?
Conservation
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et un accessit pour le député de
Saint-Jacques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si nous pouvions terminer la conservation ce
soir... Il reste uniquement à l'article 6 le sous-article 12 qui
comprend deux petites subventions, dont on vous a donné le
détail. Vous ne voulez pas l'adopter par hasard?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis prêt à l'adopter. Quel
sous-article?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le sous-article 12 est adopté. Nous
l'avons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au poste 7, nous pourrions peut-être
adopter tout de suite l'article 2: Bibliothèque nationale.
Bibliothèque nationale
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Profitons des circonstances. Vous adoptez
l'article 2 en bloc?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, au complet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Excellent.
M. LE PRESIDENT: Article 2 du poste 7, adopté.
M. PICARD: Les Archives aussi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On ne pourrait pas transiger?
M. CHARRON: Nous vous gardons pour les Archives.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et lui pour les Monuments historiques.
M. LE PRESIDENT: La séance est ajournée à 8hl5.
Reprise de la séance à 20 h 16
M. VEILLEUX (président suppléant de la commission
permanente des Affaires culturelles): A l'ordre, messieurs!
Archives
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au poste budgétaire 7, article 3:
Archives, adopté.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 7, article 3, tout
adopté.
Musée du Québec
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au Musée du Québec, c'est
toujours le même directeur. Est-ce qu'il y a un budget d'acquisition?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Aucun changement, il y a un budget d'acquisition
cette année.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Combien? M. CLOUTIER (Ahuntsic): $68,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est très peu. Adopté.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est très peu, en effet, je suis tout
à fait de cet avis.
Musée d'art contemporain
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Musée d'art contemporain. Est-ce qu'il
y a un budget d'acquisition?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): $58,000, c'est très peu, mais c'est mieux
que l'année précédente.
Inventaire des oeuvres d'art
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est très pénible.
Adopté. Nous pourrions aussi adopter le poste budgétaire 7,
l'article 7: Inventaire des oeuvres d'art. Quant à moi, adopté,
encore que je déplore vivement la disparition de l'Institut national de
la civilisation, attribuant cette disparition à la voracité du
directeur du Musée du Québec qui n'a jamais vu ça d'un bon
oeil.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est noté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi) J'espère qu'il l'a noté
également lui-même...
M. LE PRESIDENT: Inventaire des oeuvres d'art, adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et qu'il a certaine paille qui lui permet
d'encaisser. Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 7, l'article 8:
Archéologie.
Archéologie
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Archéologie. M. PHANEUF: Qu'est-ce que
cela veut dire?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela veut dire créditiste en traduction
française. Adopté le poste budgétaire 7, article 8. C'est
toujours M. Gaumont qui est le directeur?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, en effet.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 8: Bureau de surveillance du
cinéma.
Bureau de surveillance du cinéma
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La seule question que j'aurais aimé
demander au ministre aurait été que le ministre nous dise quelle
est sa définition de l'érotisme.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous allez susciter des réactions
créditistes à ce moment-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y en a pas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Justement.c'est bien pour cela. Cela va
peut-être les attirer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a pas de créditistes parmi les
hauts fonctionnaires à ce que je sache.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, non, je ne parlais pas des
fonctionnaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'estime qu'ils sont intelligents.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais l'odeur de la pornographie peut les
attirer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aurais aimé que le ministre nous
explique qu'est-ce que c'est que l'érotisme, la limite entre un sain
érotisme et...
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... la pornographie.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si vous me promettez d'adopter l'article, je
vous donnerai ces définitions en privé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous irons sur votre canapé.
M. LE PRESIDENT: Bureau de surveillance du cinéma,
adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. CHARRON: Vous n'avez pas adopté les monuments historiques?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, pas encore.
M. LE PRESIDENT: On revient à...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Conservation.
M. LE PRESIDENT: Conservation, poste 7, article 1 : Administration.
Conservation (suite) Administration
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, on attend le...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Topo. Le topo sera très court, j'ai eu
l'occasion de l'exposer lors de mes remarques préliminaires auxquelles
je me permets de me référer assez souvent. Quelle était la
raison d'être de cette direction générale qui a
regroupé sous la même autorité un certain nombre de
services préexistants? La direction a pour objectif de préserver
l'héritage culturel de la collectivité et de rendre cet
héritage accessible aux citoyens, soit directement, soit par le
truchement de la direction générale de la diffusion de la
culture.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le directeur, M. le Président, est
toujours...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le directeur est M. Giroux, sous-ministre
adjoint qui a été affecté à cette fonction.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ne pouvait pas mieux choisir pour ce genre
de vieilles choses. On a fait rire M. le sous-ministre, M. le Président,
est-ce qu'il rit pour nous, contre nous, avec nous ou contre le
président?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ou contre le sous-ministre adjoint?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, c'est M. Giroux qui est le
directeur?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Giroux est le directeur, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II a ce qu'il faut pour la fonction?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que les choses marchent admirablement
bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous l'avez cru capable?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les résultats sont là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et il a le style qui convient?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis satisfait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et extérieurement, il sied bien dans le
décor.
M. CLOUTIER (Chicoutimi): Je crois, et d'ailleurs il m'arrive souvent de
faire appel à M. Giroux pour me représenter, et il le fait avec
beaucoup d'autorité.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, M. le ministre...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Lors de certaines inaugurations...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On doit trouver que vous vieillissez à
ce moment-là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne peux pas répondre. Tout ce que je
peux dire c'est que M. Giroux a une longue expérience du
fonctionnarisme...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Longue... on le sait!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis le quatorzième ministre qu'il a
connu alors que vous étiez le treizième, ce qui vous a
peut-être porté malchance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous êtes le quatorzième ministre
qu'il va tuer!
C'est un tombeur de ministres. Alors, il a tout ce qu'il faut pour la
fonction d'après la description que vous nous en faites et ce qu'on en
voit également.
M. le Président, quant à moi, le poste budgétaire
7, au complet, adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste 7, article 1, adopté. Nous sommes au poste
7, article 6: Monuments historiques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous en sommes donc aux momunents
historiques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'article 7 avait été
adopté?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 7, article 1, sous-article 2,
sous-article 3, sous-article 4, sous-article 5, adoptés.
Monuments historiques
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Monuments historiques.
Nous avons la liste des monuments qui ont été
restaurés. Subventions.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre peut nous dire combien il y a eu de
demandes au chapitre des monuments historiques pour recevoir une aide
gouvernementale?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans un instant, M. le Président. Ces
demandes sont extrêmement nombreuses mais elles ne sont pas toujours
acceptées. Le député de Saint-Jacques songe probablement
aux procédures de classement.
M. CHARRON: Si vous voulez d'une part, et pour vérifier
également le genre de monuments qui demandent à être
classés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous recevons environ 30 à 35 demandes de
classement...
M. CHARRON: Par année?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... par année. Ces demandes sont
étudiées, une enquête est faite. Il faut en
général assez de temps, et la décision est rendue. Nous
retenons en général à peu près le tiers des
demandes.
M. CHARRON: Combien, parmi les monuments classés, viennent de
l'initiative même du ministère, c'est-à-dire, sans attendre
de demande, que le ministère décrète à toutes fins
pratiques qu'un monument est historique?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous n'avons pas le droit de procéder
à ce que l'on appelle en langage technique un classement d'office. Mais
j'ai annoncé au cours de mes remarques préliminaires
auxquelles je me réfère que j'allais présenter une
loi permettant de donner ce pouvoir au ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Faisant suite aux excellentes démarches
que j'avais faites, au rapport que j'avais fait préparer et aux
suggestions que j'avais faites, merci.
M. CLOUTIER (Ahuntsic)? Tenant compte de tout ce qui avait pu être
fait auparavant.
M. CHARRON: Est-ce que cette loi est dans les projets du
ministère?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cette loi n'est pas dans les projets du
ministère. Elle sera probablement présentée au cours de
cette session. Elle est prête. Les consultations ont eu lieu. Elle doit
passer l'étape du comité de législation.
M. CHARRON: II est évident qu'il faudrait attendre le
dépôt du projet de loi, mais est-ce que le ministre peut quand
même nous informer au sujet de l'étendue des pouvoirs et du type
de monuments historiques dont il sera question? Est-ce qu'on ne
considérera que, par exemple, des maisons ou...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. CHARRON: ...s'il peut y avoir aussi certains biens dits de patrimoine
national qui seront aussi conservés?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Arrondissements, sites...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sites et arrondissements naturels
également...
M. CHARRON: Paysages...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ...paysages, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme l'île d'Orléans qui est
déjà un arrondissement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'île d'Orléans est
déjà un arrondissement historique, mais la loi actuelle ne nous
donne peut-être pas tous les pouvoirs et nous souhaiterions...
M. CHARRON: Cela ne s'étendra pas...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ...un contrôle suffisant.
M. CHARRON: ...jusqu'aux politiciens?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que le peuple qui est souverain peut
décréter ses propres classements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'on a demandé de classer comme
monument historique M. le sous-ministre Giroux?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas de commentaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous ne pouvez pas le faire d'office.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La seule façon d'être classé
pour les êtres humains, c'est d'accéder à une
académie! Je dois dire que le sous-ministre actuel des Affaires
culturelles est déjà académicien si je ne me trompe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oh alors!
M. CHARRON: Dans les maisons classées au ministère, quel
est le pourcentage d'églises et de presbytères?
M. LE PRESIDENT: On en a dans le comté de Saint-Jean. Je dirais
au député de Saint-Jacques que nous en avons dans le comté
de Saint-Jean.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai sous les yeux la liste des maisons
classées.
M. CHARRON: Est-ce que vous pouvez à première vue me dire
combien il y a d'églises?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sur à peu près 180 monuments
classés, il y a environ 35 églises. Serait-ce que le
député de Saint-Jacques aurait des scrupules?
M. CHARRON: Non, absolument pas! J'en ai d'un autre ordre. Est-ce que
c'est parce que la loi fédérale ne les englobe pas que le
ministère est obligé de s'en préoccuper?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De classer les églises?
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela n'a vraiment aucun rapport. Nous
procédons à nos classements sans tenir compte de ce que le
gouvernement central a pu faire. D'ailleurs le gouvernement central a
très peu fait dans ce domaine.
M. CHARRON: Le gouvernement central ne subventionne pas comme monuments
historiques les presbytères et les églises.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est exact!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le gouvernement central ne subventionne pas, il
achète certaines propriétés qu'il peut ensuite restaurer.
En fait, je n'hésite pas à le dire...
M. CHARRON: Comme le fort de Lauzon.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ...le Québec est beaucoup plus
avancé que n'importe quel autre gouvernement au Canada, y compris le
gouvernement central, dans ce domaine de la protection du patrimoine.
La loi que je vais présenter, aussi rapidement que possible, sera
certainement une loi d'avant-garde.
M. CHARRON: Pourquoi y a-t-il, encore une fois, dans ce domaine, un
doublage d'actions de la part des deux gouvernements que nous connaissons?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est assez complexe. Pour l'instant, comme je
vous dis, c'est surtout le Québec qui a agi, le Québec a
déjà son inventaire des oeuvres d'art, le Québec a
déjà commencé un inventaire des monuments qui existent, je
ne parle pas seulement des monuments classés. Le gouvernement
fédéral a une juridiction assez curieuse, d'ailleurs de ce point
de vue, puisque ce secteur relève du ministère du Nord et des
Affaires indiennes.
M. CHARRON: Est-ce à cause de cette juridiction que le
gouvernement fédéral s'est emparé du fort de Lauzon?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le gouvernement fédéral ne s'est
pas emparé du fort de Lauzon. Le fort de Lauzon appartenait, à
l'origine, au gouvernement fédéral. Il a été
cédé, il y a déjà de nombreuses années,
à la ville de Lauzon et il a été
rétrocédé par la ville de Lauzon au gouvernement
fédéral de façon à permettre à celui-ci d'en
entreprendre la restauration.
M. CHARRON: Quelle a été la part du ministère des
Affaires culturelles du Québec dans cette transaction ou de cet
échange?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La part a été à peu
près nulle. Il y avait déjà eu une demande, il y a
quelques années, de la part de la ville de Lauzon à l'effet de
classer ce fort, mais la demande n'avait pas été suivie parce que
certaines pièces, apparemment, n'avaient pas été produites
par les autorités en question. Mais le gouvernement du Québec n'a
pas été consulté par le gouvernement d'Ottawa lors de
cette rétrocession.
M. CHARRON: Si le cas se produisait que sur 30 ou 35 demandes annuelles
que vous recevez et auxquelles vous ne pouvez répondre que dans la
proportion d'un tiers, est-ce que...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Entendons-nous! Entendons-nous! Nous ne voulons
pas répondre à plus que cela. Il faut bien comprendre une chose,
c'est qu'on ne peut pas classer n'importe quel immeuble, même si le
propriétaire y est attaché de façon sentimentale. En fait,
je compte...
M. CHARRON: Je ne dis pas que les 30 ou 35 sont classables si
vous voulez me permettre l'expression mais dans celles qui le sont, si
vous répondez dans la proportion de la moitié, l'autre
moitié va-t-elle se tourner vers le gouvernement fédéral,
comme l'on fait les autorités de Lauzon après avoir reçu
un refus du ministère des Affaires culturelles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président. Cela ne s'est
jamais produit. Le gouvernement fédéral s'est limité
à certains ouvrages militaires. Je pense, en Nouvelle-Ecosse, à
la forteresse de Louisbourg. Maintenant, je ne vais pas nier qu'il y ait
là un secteur qui convient d'être coordonné. J'ai eu une
rencontre avec le
ministre Chrétien pour le sensibiliser un peu aux vues du
Québec.
M. CHARRON: Vous avez du pain sur la planche avec lui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cette rencontre doit être suivie d'une
rencontre au niveau des hauts fonctionnaires aussitôt que possible.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez eu une rencontre avec le ministre
Chrétien. Cela a été une rencontre oecuménique.
Est-ce que ça va aboutir à un concile ou à des
décrets conciliaires assez précis sur la
récupération des droits du Québec, et l'argent qui nous
revient?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La collaboration avec le Secrétariat
d'Etat est établie depuis déjà un certain temps alors que
la collaboration avec le ministère du Nord et des Affaires indiennes est
encore une terre en friche, si j'ose m'expri-mer ainsi.
M. CHARRON: Est-ce que le ministère des Affaires culturelles
possède une liste des monuments historiques présentement
administrés par le gouvernement central?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agirait d'immeubles dont le gouvernement
central est propriétaire? Nous n'avons pas une telle liste.
M. CHARRON: La coordination n'a même pas encore atteint le point
d'échange d'informations.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle est encore presque nulle, la coordination.
Je ne vous l'ai pas caché. Je vous ai dit que j'ai voulu rencontrer le
ministre pour établir un contact, attirer son attention sur le fait
qu'il y avait des problèmes et que cette rencontre sera suivie d'une
séance de travail par nos hauts fonctionnaires, et nos hauts
fonctionnaires ont déjà mis au point les mécanismes
nécessaires. Il faut dire que, jusqu'ici, le gouvernement central a
été assez absent de ce point de vue, mais semble vouloir prendre
des initiatives, en ce moment.
M. CHARRON: C'est exactement pourquoi j'ai soulevé la
question.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous avez bien fait de la soulever et j'y
réponds avec plaisir. Je considère que c'est une position
parfaitement positive.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, justement à propos de
ces rencontres, j'avais assisté, il y a deux ans, à une
conférence à Victoria, en cette ville impériale de
Victoria, conférence sur les ressources historiques, et nous avions pu
constater, justement, que le Québec était bien en avance dans ce
domaine de la restauration des monuments historiques. Je me suis rendu compte,
d'autre part, que les gouvernements des autres Etats membres de la
fédération insistaient beaucoup pour que le gouvernement
fédéral intervienne et les aide à classer des monuments
historiques, à les restaurer, etc. Je m'étais donc, à ce
moment-là, dissocié de tous les représentants des autres
gouvernements en leur indiquant que nous avions notre propre politique et que,
s'il devait y avoir collaboration entre le gouvernement central et le
gouvernement du Québec, elle devait se manifester, se traduire par une
remise inconditionnelle de fonds, sur présentation, évidemment,
de projets de la part du gouvernement du Québec.
Ce qui a été le cas du dossier que nous avons
préparé en vue de la restauration de Place Royale,
négociations qui ont été reprises, je le sais, par le
ministre et qui ont abouti quand même à une contribution
importante du gouvernement central.
Mais le problème reste posé dans son entier et le cas du
fort de Lauzon nous fait nous rendre compte, encore une fois, de l'importance
du problème et du danger qu'il y aurait de laisser le gouvernement
central, encore une fois, envahir un domaine qui doit rester le
nôtre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai clairement indiqué qu'il ne pouvait
pas être question que l'on recommence ce qui avait déjà
été fait ici. Je répète que nous sommes beaucoup
plus avancés que partout ailleurs dans ce domaine-là. Je faisais
allusion au préinventaire des oeuvres d'art. Ce préinventaire
existe, il a été fait suivant nos besoins. On devra en tenir
compte. Je m'arrangerai pour prendre les dispositions nécessaires en ce
sens.
Il en va de même du domaine des monuments historiques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que, dans le cas des monuments
historiques, on a poursuivi le travail d'inventaire de tous les monuments qui
existent dans le Québec? Parce que, lorsque la loi dont vous nous avez
parlé entrera en vigueur, si l'inventaire est complété, le
gouvernement pourra procéder très vite à classer d'office
certains monuments qui risqueraient d'être démolis, etc. On sait
que c'est quelquefois difficile de convaincre les propriétaires de
laisser le gouvernement restaurer les monuments de grande valeur.
J'aurais une question précise je la poserai au
sous-article "subventions" concernant le cas de l'église et du
presbytère de Laterrière, parce qu'une demande nous a
été adressée et que ça traîne en longueur.
Mais comme c'est un des rares monuments historiques de la région,
j'aimerais bien que le gouvernement procède.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une question au sujet de
l'église?
M. TREMBLAY (Chicoutimi); Oui, le ministre sait que cette église
et le presbytère sont
classé. Il y a des réparations urgentes à faire
Laterrière est, comme vous le savez, le berceau de la ville de
Chicoutimi, c'est le territoire du seigneur Gauthier-Lasalle de
Laterrière. Vous voyez que nous avons des origines nobles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est peut-être même le berceau de
la famille Tremblay?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, pardon, c'est le seigneur des
Eboulements.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous aurions pu non seulement classer le
monument mais également y apposer une plaque.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous pourriez le faire à Charlevoix
parce que c'est là qu'est le manoir du seigneur Pierre Tremblay.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ma réponse est donc que ce monument
étant classé normalement, on a droit à une subvention.
Dans la programmation de l'année, nous avons une somme totale de $3,000
pour l'église et de $2,000 pour le presbytère, ce qui ne
permettra de faire que les travaux urgents.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Pas plus que ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas plus que ça. Je dois dire que tous
les pays qui ont un patrimoine à préserver se trouvent à
peu près dans la même situation. Plus le patrimoine est riche,
plus il est difficile de faire face à tous les besoins. En France,
fréquemment, plutôt que de refaire des toitures on est
réduit à faire des mises hors d'eau souvent peu
élégantes. Il faut parer au plus pressé mais il est bien
évident que nous sommes soucieux d'aller le plus loin possible dans le
domaine de la préservation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je suis un peu
déçu de la somme que l'on veut affecter à la restauration
de l'église et du presbytère de Laterrière. Il s'agit en
fait du seul véritable monument historique qui existe dans une
région relativement jeune. Il y a des réparations urgentes. J'ai
eu l'occasion de visiter le presbytère et l'église encore la
semaine dernière, à Chicoutimi. Je suis allé à la
messe, en passant.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Précisément.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ne va plus à la messe!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce genre de pratique se perd !
M. CHARRON: Ce n'est pas à moi qu'il fallait le dire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ajouterais pour poursuivre votre
pensée, puisque nous parlons d'une église, que vous prêchez
un converti. Pour vous en donner la preuve...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela dépend de quelle religion.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est que les montants requis pour nos monuments
classés pour cette année seulement s'élèveraient
d'après des devis précis à $695,662.24 alors que nous
avons uniquement de disponibles, pour ces divers monuments, $182,912.24.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela m'amène à poser au ministre
une question: D'où vient que l'an passé on avait tout de
même un budget de $931,000 et que cette année on a seulement
$217,000? Est-ce que c'est parce qu'on en affecte une partie très
importante à Place Royale et qu'on laisse tomber ainsi un certain nombre
de monuments en province?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela n'a rien à voir avec Place Royale.
C'est qu'il y a eu des immobilisations. Nous achetons également
certaines propriétés que nous désirons préserver.
Il y a eu des immobilisations au cours de 70/71 qu'il n'y aura pas au cours de
71/72.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelles ont été ces
immobilisations? Parce qu'il y a quand même là des achats assez
importants.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y en a d'autres de prévues pour
71/72?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas d'achat de prévu pour
l'année.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ici, il y a quand même eu des achats.
Quels sont ces monuments qui ont été achetés pour
70/71?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas eu d'achat l'année
dernière à l'extérieur de Place Royale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Du $931,000 de 70/71, combien a
été consacré aux achats?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le séminaire de
Québec...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah bon!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ...qui compte pour $600,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): $600,000. M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est
ça. M. CHARRON: L'année dernière.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'année dernière.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et les autres, ce sont des
propriétés dispersées un peu partout.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Enfin, je regrette pour Laterrière, M.
le Président, je suis désolé de devoir annoncer ça
à mon pasteur.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Très désolé, je vais lui
dire que vous n'êtes pas un bon catholique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous essaierons de voir si nous pouvons faire
mieux.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Institutions
financières.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'année suivante.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je souhaite que le Saint-Esprit vous
illumine.
M. TETLEY: M. le Président, au sujet des monuments historiques,
est-ce qu'il y a possibilité de convaincre l'entreprise privée de
s'occuper d'investir ou même d'acheter des maisons, de les restaurer,
comme on a fait à Montréal? Un particulier comme Eric McLane
vient de restaurer à grand prix la maison Papineau, d'une grande
importance historique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ferais observer, M. le Président, je
m'excuse, je ne veux pas l'interrompre, mais est-ce que je pourrais, à
propos de la maison Papineau...
M. TETLEY: Au sujet de quoi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De la maison Papineau... faire observer au
ministre des Institutions financières que, d'accord, le
propriétaire a fait de très grands travaux. Il a
été largement payé par le gouvernement pour le faire, et
il nous a ensuite offert la maison en vente à des conditions qui
étaient inacceptables. De sorte que le mécénat, dans le
cas de la maison Papineau, ne nous apparaît pas très
évident, puisqu'on nous demandait de racheter la maison à un prix
très élevé, et que le propriétaire voulait se
réserver, non seulement le droit d'y loger, mais encore, d'utiliser
à ses fins, les lieux qu'il mettrait en location, et d'en retirer le
profit. Alors, c'est un mécénat payant à ce
titre-là.
M. TETLEY: Donc, M. le...
M. CHARRON: Je voudrais dire au député de
Notre-Dame-de-Grâce, que je suis de ceux qui ont loué la maison
Papineau.
M. TETLEY: Très bien, alors, M. le Président, je suis
reconnaissant de l'information, des renseignements de l'ancien ministre des
Affaires culturelles, et aussi du député de la place. Mais c'est
un mauvais exemple, et j'en reparlerai. Un autre exemple, apparemment, c'est la
maison Viger et d'autres. J'ai un ami du nom de Kitting, et il y a toutes
sortes de citoyens de Montréal qui n'ont pas eu de subventions. Dans le
cas de Kitting, il n'y a pas eu de subvention, j'espère qu'il n'en a pas
eu. Je veux que les citoyens de Québec s'occupent eux-mêmes de la
restauration des monuments historiques. Est-ce possible que des entreprises de
la ville de Québec puissent s'occuper de quelques maisons de la Place
Royale ou des environs?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas Place Royale.
M. TETLEY: Pardon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je regrette, mais il ne faudrait pas aborder
le problème de Place Royale, nous ne sommes pas encore à cet
article-là.
M. TETLEY: Je croyais que vous l'aviez mentionnée. Vous avez
certainement mentionné le nom Place Royale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, je l'ai mentionné, M. le
Président, simplement amicalement, je l'ai mentionné par
incidence.
M. TETLEY: Je l'ai mentionné aussi par incidence, mais n'importe
quelle place ou endroit au Québec, pour moi c'est très
important.
Et ma deuxième question a été soulevée par
les remarques très pertinentes du député de Chicoutimi.
Est-ce que l'on donne des subventions et pourquoi donne-t-on des subventions
à des gens pour la restauration d'une maison dont ils gardent la
propriété? Je me demande pourquoi on a fait cela dans le cas de
la maison Papineau, qui est vraiment un monument historique de notre province.
C'est ma deuxième question: Est-ce qu'il y a une politique en vue
d'aider ou d'inciter la population à restaurer elle-même nos
monuments historiques? Dans l'affirmative, est-ce que le citoyen a le droit de
garder la maison comme sa propre propriété?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président.
M. TETLEY: Oui, quoi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, aux deux questions. J'ai très
longuement expliqué tout à l'heure de quelle façon nous
classions une maison et quelles étaient les responsabilités
gouvernementales à cet égard. Il est exact que les citoyens
doivent conserver un intérêt dans leur propriété et,
en fait, ils y participent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si vous me permettez,
pour porter un éclairage qui servira au ministre des Institutions
financières, il est évident que certaines maisons sont
achetées par le citoyen et ce sont des maisons qui doivent être
restaurées. Le gouvernement contribue à leur restauration. Mais
dans le cas de monuments qui n'appartiennent pas au ministère des
Affaires culturelles, le fait que ces gens aient déjà fait des
débours assez importants pour chaque maison, mais qui s'occupent de les
restaurer en partie, constitue, à mon sens, une contribution valable,
une sorte de mécénat qui permet d'alléger le fardeau du
gouvernement dans ce domaine. Il y a des centaines et même des milliers
de monuments historiques dont le gouvernement ne peut pas s'occuper
immédiatement et qui risquent d'être démolis, de se
détériorer.
Par exemple, ici à Québec, depuis quelques années,
on a observé qu'un grand nombre de bureaux d'avocats, de comptables,
d'hommes d'affaires ont acheté des maisons qui ont un caractère
historique. Et dans certains cas, il y a eu contribution, après
classement, bien entendu, du gouvernement du Québec. Et le fait que ces
entreprises, ces bureaux d'affaires aient investi de l'argent dans ces maisons
constitue, à mon sens, une forme de mécénat
extrêmement appréciable. Et même si le gouvernement a
contribué pour une part à la restauration qui a suivi, je crois
que cela est tout à fait raisonnable parce que, de toute façon,
un jour ou l'autre, ces maisons retourneront au patrimoine national puisque,
comme le député le sait, les gens vivent et meurent.
M. LE PRESIDENT: Alors, monuments historiques, sous-article 1:
Traitements...
M. CHARRON: Un instant, M. le Président.
Je serais prêt à adopter l'article en bloc après, si
vous me permettez ma dernière question. Certains des monuments qui
appartiennent à l'Etat, que l'Etat a achetés, sont ensuite
loués, soit à des individus, soit à des corporations. Y
a-t-il une politique de location définie et claire à
l'intérieur du ministère au sujet de ces monuments-là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne sais pas ce que le député de
Saint-Jacques a dans l'esprit en parlant d'une politique de location. Nous
louons un grand nombre d'immeubles; d'ailleurs, nous sommes
propriétaires de plus d'une centaine d'immeubles et nous touchons des
loyers.
M. CHARRON: Justement, sur le loyer touché, il m'est venu
à l'oreille, à quelques reprises, que le loyer demandé par
le ministère des Affaires culturelles ou, si vous voulez, par le
gouvernement du Québec, pour ces édifices-là, était
absolument dérisoire par rapport à la valeur de la maison, mais
surtout par rapport au prix d'achat de cette maison par les contribuables du
Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faudrait distinguer les maisons que nous
avons achetées à la Place Royale, par exemple, qui étaient
déjà occupées, dont nous avons repris les baux. Ce sont
souvent des familles défavorisées et nous n'avons pas voulu
augmenter ces loyers. Pour ce qui est des autres immeubles que nous louons,
nous allons procéder de plus en plus par appel d'offres, de
façon, évidemment, à pouvoir exploiter davantage ces
propriétés.
M. CHARRON: Je vous pose une question précise, alors. Un exemple
je ne visais pas la Place Royale la maison des Anciens Canadiens,
quel est son loyer mensuel?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pardon?
M. CHARRON: La maison des Anciens Canadiens.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La maison des Anciens Canadiens.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur la rue Saint-Louis, la maison Joliet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je sais avoir reconduit un bail
récemment. Maintenant, de mémoire, je n'ai pas le loyer. Mais
nous allons faire les recherches nécessaires. Il n'est pas possible
d'apporter, lors de la discussion des crédits, tous les baux de
plusieurs centaines de propriétés.
M. CHARRON: Je ne sais si le député...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que je pourrais donner une petite
indication au député de Saint-Jacques à ce
sujet-là?
C'est que, dans le cas des maisons achetées par le gouvernement
du Québec, il arrive très souvent qu'on louera des logis et ces
logis sont loués, sont occupés avant la restauration. Les
propriétaires, sans toucher évidemment aux structures de la
bâtisse, sont obligés quand même de les aménager
convenablement, ce qui fait que le ministère ne demande pas des prix
considérables pour les loyers. C'est le cas, par exemple, de la maison
des Anciens Canadiens à laquelle vous faites allusion. Le
propriétaire a dû y faire des aménagements, la maison avait
été restaurée extérieurement et, personnellement,
j'avais reconduit un bail. Le ministre a dit qu'il en avait reconduit un autre,
parce qu'on n'avait pas entrepris de travaux de restauration à
l'intérieur qui fussent assez importants pour donner une plus-value
à cette maison, une plus-value aussi au restaurant et y procurer un
achalandage qu'il n'avait pas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tellement
exact qu'il peut-être souhaitable, dans certains cas, d'avoir un
loyer moins élevé pour permettre à un quartier
d'être habité.
M. CHARRON: Si tel est le cas, si c'est une façon de conduire
à une restauration des monuments historiques, d'accord. Mais je voudrais
signaler que la valeur inestimable de ces édifices suppose quand
même une suite logique dans les loyers mensuels pour ceux qui en
profitent.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, je crois que c'est vraiment dans cet
esprit-là que nous essayons de procéder, mais il faut tout de
même tenir compte, comme l'a signalé le député de
Chicoutimi, de ce qu'on appelle le "goodwill" qui peut-être
apporté également.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a une période qu'on appelle la
période de décantation...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...au moment où on classe le monument,
on l'achète, les gens y sont installés. On ne peut tout de
même pas leur demander des loyers qui seraient considérables.
D'autant plus que la ville de Québec, que les citoyens de la ville de
Québec peuvent se prévaloir de la Loi de la régie des
loyers qui ne permet pas de hausser les loyers d'un pourcentage plus que X. La
Régie des loyers intervient à ce moment-là. Si vous
habitez tel quartier de Québec et qu'on veut hausser votre loyer
à $150. par mois, la Régie des loyers dira: Non, dans cette
catégorie de logis, dans ce secteur, ce n'est pas plus de $90 ou pas
plus de $80, selon les cas.
M. CHARRON: Est-ce que, dans le cas de la ville de Québec,
l'ensemble du quartier latin peut être considéré comme site
historique ou si c'est un arrondissement?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un arrondissement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est déjà un arrondissement
historique.
M. CHARRON: Est-ce que la ville de Québec, en ces domaines,
lorsqu'elle se livre à des travaux d'aménagement, consulte le
ministère ou doit agir dans les normes du ministère?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En principe, oui. Tous les permis doivent
être acceptés par notre service des monuments historiques, par la
Commission des monuments historiques.
M. CHARRON: C'est le principe mais, en pratique?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une des raisons pour lesquelles nous
aurons cette nouvelle loi. J'ai expliqué que l'ancienne loi qui
représentait une première étape ne donnait peut-être
pas tous les pouvoirs nécessaires pour agir efficacement. De sorte que,
même si nous avons classé certains arrondissements, il ne nous a
pas toujours été possible d'intervenir.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a eu consultation dans le travail qu'effectue
présentement le ministère de l'Expansion économique
régionale dans le comté de Langelier, en arrière de
l'hôtel de ville de Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous pensez aux excavations pour le
stationnement?
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai répondu à plusieurs
questions, en particulier, je pense, à une question pertinente du
député de Chicoutimi à ce sujet-là. C'est une assez
longue histoire, je n'ai pas l'impression qu'il y ait intérêt
à en repasser toutes les étapes. Je me contenterai de dire
qu'à la suite d'une entente intervenue entre les autorités de la
ville et le ministère des Affaires culturelles, il a été
possible d'arrêter les travaux puis de les suspendre, plus exactement de
les ralentir, de manière à permettre des fouilles. La loi,
là encore, ne nous donnait pas tous les pouvoirs d'intervenir. IL a
fallu procéder par négociation. Je pourrais donner un autre
exemple également concernant des réservoirs d'huile d'Irving Oil,
à Charlevoix.
Là encore, la loi ne nous donnait pas les pouvoirs, mais nous
avons pu discuter de la situation et nous avons obtenu d'ailleurs une bonne
collaboration. Une fois que nous aurons la loi que nous prévoyons avoir,
nous pourrons peut-être intervenir davantage.
M. CHARRON: Nous l'attendons donc et nous promettons notre collaboration
au ministre.
M CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous en remercie.
M. LE PRESIDENT: Article 6?
M. TREMBLAY (Chicoutimi) : Un instant, M. le Président. Qui est
le directeur actuel des monuments historiques?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le directeur par interim est M. Guindon.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Encore par interim! C'est un ministre
intérimaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas aux Affaires culturelles, mais je l'ai
été à l'Immigration.
DES VOIX: Ah! Ah! Ah!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est qu'il y a eu certains remaniements et nous
avons, comme je l'ai déjà signalé, de brillants jeunes
fonctionnaires qui sont sur les rangs, mais qui ne peuvent pas toujours
accéder à un poste d'un certain niveau. Pour ce qui est des
monuments historiques, un concours a été lancé depuis
déjà deux ou trois mois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Guindon était déjà aux
monuments historiques?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Guindon était déjà aux
monuments historiques. M. Guindon est un architecte qui s'occupe de cette
question depuis de nombreuses années.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est devenu M. Paul-H. Roy?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que M. Roy est en instance d'être
intégré au ministère des Institutions
financières.
M. TETLEY: Quoi?
DES VOIX: Ah! Ah! Ah!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un comptable.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un excellent comptable et je le recommande
hautement.
M. TETLEY: II va s'occuper des affaires culturelles de notre
ministère.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II va venir chercher nos taxes.
M. LE PRESIDENT: Article 6?
M. CHARRON: M. le Président, si vous me le permettez. Le
personnel d'experts qui travaillent dans ce domaine des monuments historiques
est-il au complet, selon l'avis du ministre? S'il ne l'est pas, y a-t-il un
système de formation dans lequel se lancerait le ministère des
Affaires culturelles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je croyais que vous vouliez dire suffisant. Il
n'est certainement pas suffisant. D'ailleurs, cette nouvelle loi va
indirectement permettre une augmentation du budget l'année prochaine.
Lorsqu'une loi est acceptée, elle peut avoir des conséquences
financières parce que, pour son administration, le personnel doit
être requis.
M. CHARRON: C'est un moyen de forcer la main du ministre des
Finances.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je dirais qu'il y a, bien sûr, une
stratégie lorsqu'on administre un ministère, mais je veux surtout
insister sur le fait que ce service, comme bien d'autres services aux Affaires
culturelles, a réussi à faire un travail considérable avec
des moyens vraiment réduits.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelles ont été les raisons du
départ de M. Paul-H. Roy?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la raison générale que j'ai
évoquée lorsque nous avons parlé du départ de M.
Beaulieu, l'ancien directeur de l'Office de la langue française,
à savoir qu'il est souhaitable, dans l'évolution d'un
ministère, que certains hauts fonctionnaires puissent être
remplacés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela veut dire qu'on n'avait absolument aucun
reproche à faire à M. Roy en ce qui concerne son administration,
sa probité, son honnêteté, etc.?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Certainement pas. Il n'a jamais
été question de faire de reproches, comme vous dites, mais il a
paru souhaitable qu'il y ait un changement à ce niveau-là. Je
suis parfaitement conscient que, lorsque j'ai à autoriser certaines
mutations, certains départs, je peux parfois déterminer des
problèmes humains. Je pense que, lorsque l'on cherche à
administrer, à aller de l'avant, c'est presque inévitable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis heureux que le ministre nous donne ces
raisons qui je ne dirais pas réhabilitent mais indiquent très
bien que M. Roy n'a pas été délogé pour
cause...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Certainement pas. Et j'ai d'ailleurs tout
à l'heure répondu au ministre des Institutions
financières, qui apprenait que ce fonctionnaire irait peut-être
chez lui, que je le recommandais hautement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je le recommande hautement, moi de
même.
M. LE PRESIDENT: Article 6?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté. Un instant là
j'ai...
M. LE PRESIDENT: Article 6, sous-article 1?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): 6 en général, vous dites,
là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On parle de 6 en général.
M. LE PRESIDENT: Tout adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ne lésine
pas. Je voudrais noter toutefois pour le journal des Débats, M.
le Président...
M. LE PRESIDENT: Est-ce un retour en arrière... à la
présidence qui fait que cela fonctionne?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): N'engagez pas le débat, M. le
Président. Permettez-moi de vous conseiller la plus grande
prudence...
DES VOIX: Ah! Ah! Ah!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... parce que nous sommes sur un terrain
glissant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous devenons le soir un peu irritables!
Qu'est-ce que j'allais dire? Vous m'avez coupé la parole.
M. CHARRON: Vous avez dit que, pour la mémoire du journal des
Débats...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Ah oui! Je disais ceci: Merci. Quand on est
jeune, on a de la mémoire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La collaboration des Oppositions se manifeste
sur tous les plans.
M. CHARRON: II a la manie des phrases immortelles.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est excellent, cela.
M. CHARRON: Allez-y.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voulais dire pour le journal des
Débats, que nous avons tout à l'heure fait des blagues à
propos du sous-ministre adjoint. Qu'il soit bien entendu que ce sont des
taquineries que nous lui avons faites. Je ne voudrais pas qu'on
interprète cela comme un manque de respect et de considération,
même si le sous-ministre pourra un jour raconter cela dans ces
mémoires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voila! M. Gi-roux est écrivain.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A quand son prochain roman?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, il saura bien se venger.
M. LE PRESIDENT: Article 6, adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Poste 9: Achat, construction et transformation
d'immeubles y compris ameublement et équipement.
Achat, construction et transformation
d'immeubles
M. CHARRON: Qu'est-ce qu'on construit? UNE VOIX: Et qu'est-ce qu'on
transporte?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous allons, si vous voulez, voir chacun des
exercices en regard. En 70/71, le chiffre de $4,585,000 apparaît et il se
ventile de la façon suivante: $2,120,000 pour le Grand
Théâtre de Québec, $150,000 pour le Conservatoire de
musique de Québec; $85,000 pour les Vieilles Forges, près de
Trois-Rivières c'est un site historique; $137,500 pour les
monuments historiques et $2.092,500 pour Place Royale. Pour faciliter la
discussion au budget 71/72, en regard de ce chiffre-là, nous
avons un montant de $6,185,000 qui reproduit une partie des postes que je viens
de vous donner. Il n'y a rien au Grand Théâtre. Il y a $1,710,000
au Conservatoire de musique. Il n'y a rien aux Vieilles Forges. Il y a $200,000
aux monuments historiques et il y a $4,275,000 à Place Royale. Les deux
chiffres se trouvent donc réconciliés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'aimerais que nous
examinions un peu ces problèmes. Il y a le problème de Place
Royale proprement dite. D y a le problème du Grand Théâtre.
Il s'agit d'achat, construction et transformation d'immeubles, y compris
ameublement et équipement. Dans le cas du Grand Théâtre de
Québec je voudrais demander ceci au ministre il s'agit
évidemment d'une régie indépendante. Nous attendrons donc
le premier rapport de cette régie pour poser des questions sur
l'administration, sur le fonctionnement, etc.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact, M. le Président. Ce rapport
sera étudié par mon ministère.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): II y aurait une seule question que je voudrais
poser ici au ministre. Ce Grand Théâtre a un directeur, est-ce que
le directeur a été nommé après concours?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le directeur n'a pas été
nommé par...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais poser la question d'une autre
façon. Le directeur du Grand Théâtre, M. Guy Beaulne,
est-il un fonctionnaire du ministère et ses assistants sont-ils des
fonctionnaires intégrés dans les cadres de la Fonction
publique?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président. Ils l'ont
été. M. Beaulne est l'ancien directeur du théâtre,
mais il a quitté le ministère pour occuper ses fonctions de
directeur général de la régie. Pour répondre
à la question du député de Chicoutimi, je
préciserais que ce
n'est pas le ministère des Affaires culturelles qui nomme le
directeur général, ce sont les administrateurs de la
régie, et le ministère et le ministre ne sont intervenus en rien.
Je sais, pour avoir eu une conversation avec le président de la
Régie du Grand Théâtre, M. Jean-Marie Poitras, que l'on a
procédé de la façon suivante. Il y avait eu dans le
passé un concours et un certain nombre de dossiers avaient
été retenus à ce moment-là. Le président et
les administrateurs de la régie ont revu ces dossiers et ont choisi M.
Beaulne.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je me souviens, M. Beaulne n'avait pas
posé sa candidature.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II a posé sa candidature par la suite,
à ce moment-là, sans participer au concours, mais je sais que le
président a revu tous les candidats sur dossier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il était acquis, évidemment, que
M. Beaulne n'ayant pas posé sa candidature, il s'attendait d'être
nommé par la régie comme cela a été le cas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Beaulne avait été très
actif dans toute cette histoire du Grand Théâtre. Personnellement
j'ai laissé comme la loi m'y oblige d'ailleurs la
régie entièrement libre de choisir son directeur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quels sont les autres fonctionnaires qui ont
pu être détachés? Est-ce que M. Breton, M. Sanche ont
été détachés du ministère?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): MM. Sanche et Breton.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ces gens ne sont plus fonctionnaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les deux ont quitté le ministère.
Nous avons d'ailleurs regretté de les voir partir, mais il fallait bien
que ce Grand Théâtre puisse démarrer et ces fonctionnaires
s'étaient occupés tout au long de la construction de la mise en
place des structures administratives.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voulais simplement savoir s'ils
étaient demeurés fonctionnaires ou non. Or, vous me dites que ce
ne sont plus des fonctionnaires, ni M. Beaulne, ni M. Sanche ni M. Breton.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est bien ça. Ils ont
démissionné.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Donc, comme je le disais, quant au Grand
Théâtre nous verrons lorsque nous aurons le premier rapport. Je
crois qu'il est acquis qu'on va terminer les travaux en vue de
l'aménagement du Conservatoire de musique de Québec qui est un
complexe intégré avec le Grand Théâtre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tout à fait acquis, et dans le
montant de $6,185,000 qui apparaît à l'exercice 71/72, il y a
comme je l'ai signalé un montant de $1,710,000 pour le Conservatoire de
musique.
M. CHARRON: Est-ce que les travaux n'accusent pas déjà un
grand retard?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, la construction du Grand
Théâtre s'est étalée sur plusieurs années. Le
concours avait été lancé en 1964, les travaux ont dû
commencer autour de 1965...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, les travaux ont commencé en
octobre 1966 ou 1967. Le contrat pour le gros oeuvre a commencé en 1966
et on est resté dans les délais jusqu'à ce qu'il y ait une
grève de la construction...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça, il y a eu tout un ensemble de
circonstances défavorables.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... il y a eu le problème de l'incendie
d'un bateau qui apportait les installations techniques, entre autres le
mémorisateur électronique. C'était le bateau
Véricono qui est resté en cale sèche à Halifax
pendant longtemps.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Une belle page d'histoire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre aime l'histoire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On écrit l'histoire d'ailleurs.
Le conservatoire sera terminé à quel moment,
approximativement? Est-ce qu'on pourra l'occuper en septembre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Fin août 1971, d'après les Travaux
publics et en jugeant du progrès des travaux, j'ai tout lieu de croire
qu'on arrivera à respecter la date, ce qui réglerait un
problème chronique qui est celui du Conservatoire de Québec, qui
est logé encore...
M. CHARRON: C'est ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... temporairement cette année.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est excellent. En ce qui concerne le Grand
Théâtre, ça va. Maintenant, il y a Place Royale. Le
ministre nous a remis la liste des maisons qui avaient été
achetées.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas eu d'acquisition en 70/71.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça, la
liste que vous nous avez remise c'est la liste des entrepreneurs de
Place Royale.
D y a actuellement combien de maisons dans le complexe Place Royale?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a 46 maisons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur une possibilité de 70 à
80?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): 70 à 80.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On n'a pas acheté d'autres maisons?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On n'a pas acheté d'autres maisons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne reprendrai pas la discussion qui avait
eu lieu à la commission des engagements financiers alors que j'avais
interrogé, non pas le ministre parce qu'il n'avait pas pu venir, mais M.
le sous-ministre. Je ne reprendrai pas tout le débat sur l'engagement du
coordonnateur, pourquoi on n'avait pas consulté le comité de
Place Royale alors que la loi le prescrivait. J'avais blâmé le
ministre de façon...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En mon absence. J'en suis fort
étonné.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce que le sous-ministre vous
remplaçait, je ne dirais pas avantageusement, mais je le sous-entends.
Je ne reprendrai pas tout ce débat. M. Picard est toujours coordonnateur
des travaux de Place Royale?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En effet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, est-ce que dans les 56
propriétés...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): 46 propriétés, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans les 46 propriétés dont le
ministère assume la responsabilité entière, combien sont
actuellement en chantier de restauration?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): 15 propriétés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela comprend l'ancien hôtel Louis
XIV?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, qui avait été
incendié; l'hôtel Louis XIV et toute une série de
maisons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dont on a fait un curetage.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux vous donner la liste si vous voulez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas tellement important. Je connais
l'endroit, je sais qu'on procède par étapes, selon les
circonstances. On est quelquefois obligé d'arrêter les travaux
pour faire des fouilles, des recherches, etc. et des revérifications. On
se perdra dans les détails en examinant cela. Je voudrais savoir ceci du
ministre: Est-ce que, de ces 46 propriétés ou de celles qui
éventuellement pourraient être achetées par le gouvernement
dans le complexe de Place Royale en vertu de la loi qui a
délimité le quadrilatère, est-ce que des
propriétés auraient été cédées
à des individus?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Aucune propriété?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Aucune propriété.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il est dans l'intention du
gouvernement d'en céder?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Des propriétés qui se trouvent
comprises dans le quadrilatère qu'on décrit dans la Loi de Place
Royale, est-ce qu'il y a des propriétés qui auraient
été achetées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Par le ministère?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, pas par le ministère, par des
individus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est possible, c'est probable, mais je n'en
sais absolument rien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il n'y a pas une
société qui s'appelle Villandré cela n'a aucun
rapport avec l'architecte Villandré qui se serait portée
acquéreur de certaines propriétés comprises dans le
quadrilatère de Place Royale?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne s'agit pas de l'intérieur de Place
Royale en ce moment, il s'agit de la périphérie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De la périphérie ou de
l'intérieur. Dans l'ensemble des maisons qu'on a d'abord décrites
dans la loi et dans celles qu'on a considérés comme devant
s'adjoindre au complexe de Place Royale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire la superficie décrite
dans la loi. La réponse est non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Autour, vous ne savez pas. Il n'y a pas une
société qui s'appelle Villandré et qui se serait
portée acquéreur?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas à ma connaissance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a rien qui...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous avez l'air d'avoir quelque chose
derrière la tête.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a rien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pourquoi ne pas dire clairement ce que vous
cherchez à savoir ou vous taire? Nous vous répondrons avec
joie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai toujours quelque chose derrière la
tête. Il y a des gens qui ont toujours de mauvaises idées, les
mauvaises langues parlent toujours. On m'a dit que cela aurait
été une des causes de congédiement de votre directeur de
cabinet, de votre directeur de presse je ne sais pas quel titre il avait
MM. Fontaine et Bériault.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Congédiement, c'est beaucoup dire. H y a
eu une réorganisation du cabinet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une mutation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agissait de fonctionnaires qui m'avaient
été prêtés par l'Education, un en tout cas, y est
retourné, sinon les deux.
M. CHARRON: C'est un bruit qui circule, effectivement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, ça n'a pas de fondement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La question n'est pas tout à fait la
même que celle que vous m'aviez posée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Même si on sortait des documents du
greffe de la cour Supérieure indiquant qu'il y a une
société Villandré?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ignore complètement l'existence de la
société Villandré, je l'ai dit et je le
répète.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, vous préférez qu'on vous
fasse un grief?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, tout dépend de la question que vous
me posez. Qu'est-ce que vous m'avez demandé? Est-ce qu'il y a une
société Villandré qui a acheté une
propriété? Je l'ignore complètement.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Vous l'ignorez. Alors, nous prenons note de
l'ignorance du ministre, M. le Président.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ignore qu'une société
Villandré ait pu se procurer une propriété. Maintenant,
vous m'avez posé une autre question, concernant ce que vous avez
appelé le congédiement de ces deux fonctionnaires...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une mutation, l'éloignement, M. le
ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cette question-là, je n'y ai pas
répondu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui ne dit mot consent.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne vois pas pourquoi il y aurait
intérêt à mettre en cause, ici, publiquement, des
garçons qui ont peut-être commis une imprudence, mais certainement
pas une malhonnêteté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et quelle imprudence?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai l'impression qu'il vaut peut-être
mieux, pour répondre à cette question, dire que j'ai jugé
qu'il y avait peut-être intérêt à les
éloigner.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela se précise.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je réponds aux questions, je
considère que c'est mon devoir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un vrai roman policier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministère est inattaquable ainsi que
le ministre, et entend bien le rester.
M. CHARRON: Vous ne connaissiez même pas l'existence de...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De Villandré, non. D'une compagnie qui
s'appelle Villandré, absolument pas.
M. CHARRON: Mais si c'était ça l'imprudence!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A ce moment-là, je ne la connaissais pas
sous ce nom-là. Il suffit pour moi qu'il y ait certaines rumeurs qui
puissent s'attacher à des individus qui doivent
conserver une réputation d'intégrité pour rester
dans mon entourage, pour que ce soit suffisant, que je décide de les
éloigner. Et je ne pose pas de questions à ce moment-là.
Je crois qu'il est clair que je ne refuse pas de réponde à des
questions précises.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre n'est pas allé au greffe de
la cour Supérieure, au bureau d'enregistrement plutôt du Palais de
Justice de Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, le ministre a été
très prudent.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministre a été prudent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce que d'autres avaient été
imprudents, et s'ils avaient été imprudents, c'est qu'ils avaient
commis des actes qu'on pouvait qualifier comme tels?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Qu'on pouvait qualifier de?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'imprudence.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, je les qualifie moi-même
d'imprudence. Est-ce que la situation est vraiment claire?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est-à-dire qu'elle est relativement
claire quant à moi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne demande qu'à
l'éclaircir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, au fond...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministre n'a strictement rien à
cacher.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne mets pas en cause le ministre, remarquez
bien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je le note avec plaisir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai pas interrogé le ministre, j'ai
interrogé le responsable des Affaires culturelles, en respectant sa
personnalité et tout ça. Mais, nous aurons l'occasion, M. le
Président, de revoir toute cette question à la lumière de
documents que nous devrons sans doute rendre publics à un moment ou
l'autre. Disons que, pour l'instant, nous avons pris note du fait que le
ministre a admis qu'il y avait eu de la part de certaines personnes de son
entourage, des imprudences.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact, M. le Président. Je l'ai
admis, je le répète, et je souligne le fait que j'ai cru devoir
agir très rapidement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce dont nous félicitons le
ministre...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Que ceci soit un exemple!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Précisément parce que le
ministre a agi rapidement, je ne veux pas le mettre, lui faire subir le
supplice de la question.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quant à moi, il n'y a pas de supplice de
la question. Mon hésitation venait seulement du fait que je
déplorais qu'on soit obligé de risquer de compromettre certains
garçons qui n'ont commis qu'une imprudence.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis tout à fait d'accord avec le
ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis indulgent de nature, mais ferme.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis tout à fait d'accord avec le
ministre, mais il arrive, dans l'administration d'un gouvernement, dans
l'administration des fonds publics, qu'il devient nécessaire à
certains moments de révéler des choses. Alors, je prends acte des
déclarations du ministre, quitte à faire un examen plus
approfondi de la question, et à en faire l'analyse d'une façon
précise en d'autres circonstances.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si j'avais cru, M. le Président, qu'il y
avait eu malhonnêteté, j'aurais...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Révocation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... immédiatement pris les
décisions administratives qui se seraient imposées allant
jusqu'à la révocation. Comme il ne s'agissait pas de
malhonnêteté, mais de ce que j'ai appelé une imprudence
suffisante pour que certains doutes planent et donnent lieu à ce que le
député de Saint-Jacques appelait des rumeurs, cela m'a suffi pour
intervenir et éloigner dans les 24 heures les personnes en question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je remercie le ministre de ses
précisions. Elles me satisfont.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Merci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre nous a
remis la liste des services contractuels de Place Royale. J'avais posé
des questions à la commission des engage-
merits financiers sur certains de ces entrepreneurs à qui on
avait confié ces travaux de restauration, de curetage, enfin tout genre
de travaux de cette nature. Il y a le coordonnateur de Place Royale, M. Picard.
Est-ce qu'il y a un architecte en chef ou si ce sont les architectes dont on
parle ici qui s'occupent de parties ou s'il y a un superviseur, un architecte
qui supervise les travaux confiés à différents
architectes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Laperrière.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. Laperrière, son prénom...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est architecte.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quel est son prénom, M. le
Président?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est Maurice.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): S'agit-il d'un architecte de la ville de
Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, il est de Québec.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): II est de la ville de Québec. Il a un
bureau d'architecte à Québec?
UNE VOIX: Qu'est-ce qu'il faisait avant?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faisait partie du bureau d'un architecte qui
a fermé son bureau. Il faisait partie d'un bureau.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faisait partie de quel bureau
d'architecte?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Mainguy.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. Mainguy. Alors, M. Laperrière est
l'architecte en chef de Place Royale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En effet, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On a confié les travaux d'architecture
aux architectes dont les noms apparaissent ici sur la liste: Ross, Anderson;
Dorval et Fortin; Laroche Déry, Ritchot et Robitaille; Lavigne et
Marquis; Du-péré et Voyer. De ces architectes, combien avaient
déjà fait des travaux de restauration?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Anderson et Ro-bitaille.
C'est d'ailleurs un problème qui répond en partie à
la question du député de Saint-Jacques. Nous n'avons pas, pour
des raisons évidentes, d'architectes vraiment formés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Restaurateurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En fait, nous nous penchons actuellement sur une
possibilité qui consisterait à envoyer en France de jeunes
architectes pour qu'ils puissent recevoir au cours d'un stage une formation
particulière. Nous avons d'ailleurs eu récemment la visite d'un
architecte, M. Paquet, qui est l'architecte en chef du ministère des
Affaires culturelles en France, pour discuter de cette possibilité. Il
n'est pas impossible, d'ailleurs, que l'on puisse se faire détacher un
architecte français pendant un certain temps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous en avions déjà eu un quand
on a fait les travaux d'approche, relevés techniques, etc. Je suis
heureux de savoir que l'on fait appel à un architecte de cette
qualité, non pas que les nôtres ne soient pas compétents,
mais comme il s'agit de travaux très spéciaux, il faut avoir
quand même une certaine expérience dans le domaine. Maintenant, il
y a évidemment le problème des ingénieurs, Charry et
Ouimet, Gilles Vandry et Cantin. Ce sont des ingénieurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, Charry et Ouimet, ce sont des gens de
Québec, Vandry et P. Cantin. Est-ce que c'est Pierre Cantin...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, Pierre Cantin...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qui a déjà travaillé
pour le ministère?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... qui a déjà travaillé
pour le ministère. Nous avons reconduit son contrat.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le notaire, est le notaire Delage qui a
instrumenté pour l'achat des maisons...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président, sous l'ancien
ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... sous mon administration, puisque depuis
que vous êtes là, vouus n'avez pas fait d'achat de maisons.
L'estimateur, c'est la Corporation d'immeubles Renaud, c'est la maison...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La maison qui est utilisée en
général.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, par le ministère des Travaux
publics. Maintenant il y a une question que j'aimerais poser au ministre. Dans
la liste des entrepreneurs, combien de ces
entrepreneurs avaient déjà effectué des travaux de
restauration historique, à part Havremont et Chabot Construction.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Havremont avait déjà
travaillé pour le ministère avant même mon
arrivée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est bien ce que j'ai dit, à part
Havremont et Chabot, Fecteau aussi avait déjà fait des
travaux.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Fecteau, Sévi-gny, Décor
Construction, Mathieu & Sylvain. En somme, la plupart avaient une certaine
expérience de la restauration.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Décor Construction, qu'est-ce que c'est
exactement? Quelle est cette maison? Est-ce que ce sont des
décorateurs-ensembliers, ce sont des entrepreneurs...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont des entrepreneurs. Je ne sais pas quels
sont les membres de cette compagnie mais je pense que nous aurons probablement
le renseignement ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avant qu'on ne trouve le renseignement,
j'aimerais demander au ministre ceci: Est-ce que le ministre a parlé
d'une association appelons cela comme ça avec le
ministère des Travaux publics, dans les travaux de Place Royale? Alors,
tout se fait évidemment sous la direction des monuments historiques,
plus précisément sous la direction de l'équipe de la Place
Royale avec le coordinateur. Est-ce que...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, nous avons...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...si le ministre me permet, je vais...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je m'excuse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...terminer ce que je veux lui dire.
Personnellement, j'avais trouvé préférable de commencer
à constituer une équipe qui deviendra une équipe
spécialisée dans la restauration parce que je m'étais
rendu compte que le ministère des Travaux publics ne procédait
pas comme on devait procéder dans le cas de restauration. Le
ministère des Travaux publics, très souvent, démolissait
et reconstruisait ensuite. Par conséquent, nous trouvions que le
ministère des Travaux publics n'était pas apte à effectuer
ces travaux de restauration, ayant la mauvaise habitude de démolir et de
reconstruire. Alors, de quelle façon maintenant se fait cette
coordination entre les Travaux publics et le ministère des Affaires
culturelles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les Travaux pu- blics ne participent pas aux
travaux. Afin d'assurer un meilleur contrôle, nous avons nommé
deux coordonnateurs, deux contrôleurs des coûts plus exactement. Un
contrôleur des coûts, M. Raymond Gourdeau qui vient des Travaux
publics et un autre contrôleur qui vient des Finances, M.
Laliberté. H s'agit tout simplement d'une structure administrative qui
permet de suivre de plus près les opérations
délicates.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans le cas de Décor Construction, vous
avez le renseignement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Gilles Paré. M. TREMBLAY (Chicoutimi):
De Québec? M. CLOUTIER (Ahuntsic): De Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'est pas tout seul?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comment?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il n'est pas tout seul? Est-ce une
société?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Décor Construction Incorporée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce une société de
création récente?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dix ans, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et qui n'avait pas d'expérience de ce
genre de travaux.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): 1961. Elle n'avait pas une expérience
très spécialisée, personne n'en a, mais, semble-t-il, elle
avait déjà soumissionné pour la restauration de la maison
Bédard, à l'arrière de l'Hôtel Saint-Louis. Nous
avons également fait des travaux de rénovation à la maison
Chevalier ainsi qu'au musée provincial.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une dernière question, M. le
Président, sur le cas de la Place Royale. Qu'est-ce qu'il advient du
matériau que l'on enlève, que l'on déplace? Est-ce qu'on a
créé cet entrepôt, dont j'avais parlé l'an dernier,
pour que ces matériaux ne disparaissent pas et qu'on puisse les
réutiliser?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En effet, M. le Président, un
entrepôt est loué à l'Ancienne-Lorette qui permet de
remiser tous les matériaux qui doivent être
réutilisés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tous les matériaux qui doivent
être réutilisés.
On a porté à ma connaissance, il y a une semaine ou deux,
le fait que des gens seraient allés sur les lieux de Place Royale et
auraient acheté sur place, des Travaux publics, et non pas du
ministère des Affaires culturelles, du matériau: des poutres, des
pierres, des manteaux de cheminées, des choses comme cela qui
provenaient de maisons qu'on est en train de restaurer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faudrait certainement faire enquête.
Mes fonctionnaires ne sont pas au courant de cet incident.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'inciterais le ministre à faire
enquête auprès des Travaux publics parce que j'ai bien dit que
ça été acheté des Travaux publics.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Des Travaux publics. Le ministère des
Affaires culturelles n'étant pas impliqué.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'est pas impliqué, mais comme les
Travaux publics...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les Travaux publics ne le sont pas sous cet
angle-là. Ils ont simplement délégué à ma
demande un fonctionnaire pour que je puisse m'assurer du contrôle des
coûts. Pour la même raison, j'ai obtenu un fonctionnaire des
Finances également qui surveille à peu près tout.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui sont les membres de la corporation de
Place Royale?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Du comité consultatif?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Du comité consultatif, dis-je.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le comité a été
complété et je vous donne immédiatement la liste. Voici la
liste. M. Sylvio Dumas, un ancien directeur de la Commission des monuments
historiques; M. Jean Rousseau, directeur du service d'urbanisme de la ville de
Québec; nous avons voulu impliquer autant que possible la ville de
Québec. M. Pierre-F. Côté, greffier de la ville de
Québec; M. Pierre Talbot, directeur général de la Chambre
de commerce de Québec; M. Michel Gaumont, directeur par intérim
du service; M. Marc Picard, coordonnateur de Place Royale et un
représentant du comité des citoyens de la paroisse
Notre-Dame-des-Victoi-res, qui s'est formé à ce moment-là
et que nous avons voulu inviter au sein du comité, M. J.-Robert
Pouliot.
M. CHARRON: Vous n'avez pas Mgr Lavoie?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Nous n'avons pas Mgr Lavoie.
M. CHARRON: Il est lui-même un monument historique.
DES VOIX: Ah! Ah! Ah!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a également M. Claude Lemelin
pas M. Claude Lemelin, c'est un éditorialiste...
M. CHARRON: M. Roger Lemelin, ça, s'en est un beau!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Roger Lemelin.
M. CHARRON: Vous auriez pu le mettre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Que j'ai nommé moi-même
d'ailleurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. TETLEY: Est-ce que vous le regrettez?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je regrette rarement les décisions que je
prends.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, je ne regrette rien, comme dit la
chanson.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cette décision était
justifiée.
M. TETLEY: Très bien!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En ce qui concerne... enfin l'article 9,
ça va.
M. LE PRESIDENT: Poste 9, adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un article, ce n'est pas un poste.
M. LE PRESIDENT: Article 9?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté pour les choses... Le
sous-article 31 : Contribution du gouvernement du Canada. Quelle est la
contribution du gouvernement du Canada à Place Royale proprement
dite?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): $2,775,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): $2,775,000 qui ont été remis au
gouvernement du Québec qui seront remis, c'est-à-dire, au
gouvernement du Québec inconditionnellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Inconditionnellement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez présenté le projet qui
avait été élaboré et on a dit: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout à fait. Nous n'avons aucune
obligation...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme je l'avais demandé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout à fait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis très heureux de voir qu'on a
donné suite à mes négociations qui avaient dû
être bien menées.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai toujours dit que l'ancien ministre avait
joué sa part dans cette succession qui continuera, j'espère.
M. CHARRON: Comment est déterminé ce montant? Est-ce que
c'est un pourcentage des travaux?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. C'est une négociation qui se fait
avec l'Office de planification du Québec. L'Office est l'agent
négociateur et obtient une enveloppe globale qui est distribuée
ensuite à divers ministères suivant leurs demandes et suivant
leurs besoins dans le cadre, bien sûr, des zones spéciales.
M. CHARRON: La négociation proprement dite s'est faite avec
l'Office de planification?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact.
M. CHARRON: Pour obtenir $2,775,000 de l'Office de planification,
d'après quel critère avez-vous obtenu cette somme plutôt
que $1 million ou $4 millions je ne sais pas?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur un projet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est d'après le projet de Place Royale
qui est loin d'être terminé d'ailleurs, qui exigera au cours des
années d'autres sommes que nous négocierons au fur et à
mesure.
M. CHARRON: II est donc à prévoir une nouvelle
contribution du gouvernement paternel pour la prochaine année?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La négociation doit avoir lieu entre le
PTQ et le gouvernement central à l'automne, en septembre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que ça passe par le
ministère de M. Marchand?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, sous-article 31, M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté. Sous-article 33: Imputations.
Je cherchais un moyen de faire une bagarre.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, la bagarre s'en vient. On n'a rien
oublié qui pourrait permettre une petite bagarre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ne respirez pas trop fort.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A moins qu'on parle de la baie James...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais est-ce que ça relève de mon
ministère?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est culturel.
M. CHARRON: Cela devrait.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais nous allons nous intéresser à
cet aspect-là. Nous avons d'ailleurs communiqué avec le ministre
d'Etat responsable de l'environnement pour attirer son attention et
insisté pour participer au comité interministériel qui
sera formé dans le cadre d'une recherche écologique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'espère que vous allez procéder
avant qu'on inonde les terrains parce que votre collègue, le ministre
des Richesses naturelles, nous a dit que, dans le cas de la prospection
minière et de l'exploitation minière, on pouvait même le
faire quand le terrain sera inondé. Dans le cas des sites
archéologiques, j'imagine qu'on ne voudra pas procéder avec des
scaphandres...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les recherches sous-marines sont très
à la mode.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La plongée...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le style Trudeau.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On reconnaît la paternité, les
affinités.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien lointaines.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, en dépit du
fait que nous constatons que le ministère a progressé avec une
lenteur remarquable, nous allons devoir faire encore une fois confiance au
ministre en espérant qu'il se fera beaucoup plus pressant auprès
de son collègue, le ministre des Finances, afin d'obtenir les
crédits qui permettent au ministère, non pas de régresser,
de diminuer en taille et en importance, mais de grandir et de
s'accroître. A toutes
fins utiles, M. le Président, je voudrais remercier le ministre,
vous remercier également, M. le Président, et remercier celui qui
vous avait précédé, je voudrais remercier le ministre et
le sous-ministre et tous les fonctionnaires du ministère avec lesquels
nous avons eu le plaisir de discuter, même s'ils ne peuvent pas
s'exprimer directement. Cette étude du budget a peut-être
été à certains moments un peu longue, mais je crois que
nous l'avons tenue au niveau qui convenait. Je n'ai, quant à moi,
qu'à me réjouir de l'attitude du ministre en ce qui concerne
l'étude du budget, bien entendu, et de ses fonctionnaires et
j'espère que même si à certains moments, j'ai eu des mots
un peu durs à l'endroit de M. le sous-ministre, qu'il ne m'en tiendra
pas rigueur, mais c'est le malheur des fonctionnaires de devoir quelquefois
encaisser des coups sans avoir l'avantage de répondre. Que M. le
sous-ministre sache bien que l'estime que j'avais et que j'ai toujours pour lui
n'a pas diminué même si j'ai cru bon de faire certaines critiques
via le ministre à son endroit. Je remercie encore une fois le ministre
et son équipe, ses collaborateurs, en espérant que, l'an
prochain, nous ayons un menu qui nous permette de passer au moins un mois
à l'étude des crédits du ministère des Affaires
culturelles, parce que c'est très instructif pour nos
collègues.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que c'est vraiment adopté
maintenant? Je peux dire quelque chose.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Attendez.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous aurions pu effectivement passer même
un mois, le menu étant assez copieux pour cela.
M. LE PRESIDENT: Nous sommes à la période des
remerciements. Alors vous pouvez remercier, vous aussi.
M. LE SOUS-MINISTRE (Giroux): M. le Président, est-ce qu'un
fonctionnaire peut parler?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, malheureusement !
M. CLOUTIER (Ahuntsic) Non.
M. LE SOUS-MINISTRE (Giroux): Ce n'est pas fini, non?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non. Après.
M. LE PRESIDENT: La prériode des remerciements n'est pas
terminée. Est-ce qu'il y a d'autres. Est-ce que le député
de Saint-Jacques voudrait lui aussi s'associer au député de
Chicoutimi?
M. CHARRON: M. le Président, je ne pécherai pas par
originalité en reprenant ce que je disais l'année dernière
à la fin de l'étude des crédits. L'année actuelle
ne m'a que confirmé le plaisir que j'ai eu à suivre
l'activité du ministère des Affaires culturelles, en particulier
depuis les deux dernières semaines de l'étude des crédits,
de prévoir aussi avec le ministre et avec les collègues à
la table où s'en allait ce ministère, et de répéter
au ministre ce que je lui disais l'année dernière, que j'ai la
ferme conviction qu'il est à la tête d'un des plus importants
ministères du gouvernement actuel ou de n'importe quel gouvernement.
Si je me suis permis au début de l'étude des
crédits de porter une note volontairement pessismiste sur l'orientation
du ministère, sur la difficulté qu'il semble avoir à
trouver son chemin d'action et son orientation, je ne le faisais pas en
m'adressant au gouvernement actuel seulement. Je sais très bien que ce
serait le problème de n'importe quel ministre des Affaires culturelles
dans n'importe quel gouvernement. C'est un domaine absolument précieux
comme en même temps éminemment difficile à faire entrer
dans les normes de la civilisation actuelle. Si nous avons eu des fautes
à reprocher au ministère des Affaires culturelles, d'une certaine
façon, elles ne s'adressaient aucunement au ministre lui-même et
surtout pas à ses fonctionnaires qui fonctionnent avec les moyens du
bord.
Au ministre qui semble avoir pris une orientation qui me plaît et
à toute l'équipe de fonctionnaires qu'on rencontre maintenant
annuellement, en saluant M. Morissette qui nous quitte pour les Affaires
sociales, je souhaite à tout le monde une excellente année et
nous assurons encore une fois le ministre d'une disponibilité
complète.
M. LE PRESIDENT: M. le ministre, est-ce que vous avez...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'aimerais dire un dernier mot pour remercier
tous les membres de cette commission. Je désire remercier tout
particulièrement les critiques des trois partis, ils ont fait au cours
de ces discussions de crédits une opposition positive et dynamique. Je
pense aussi que ce fut une occasion de repasser les principaux secteurs
d'activités du ministère et de s'interroger d'une façon
collective sur l'avenir. Il est certain qu'un ministère comme celui-ci
n'est pas un ministère à controverse. On peut différer
d'avis sur une certaine façon de l'administrer. On peut ne pas
être toujours d'accord avec certaines orientations mais il est clair
qu'un consensus se dégage inévitablement de l'action
entreprise.
Je serai donc bref et je répète à tous merci et
tout particulièrement à vous, M. le Président, ainsi
qu'à votre prédécesseur.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie également de même que les
fonctionnaires du ministère des Affaires culturelles. Je vais de ce pas
annoncer à mon prédécesseur que les crédits du
ministère des Affaires culturelles ont été
adoptés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez bien paraphé, M. le
Président, afin qu'on puisse faire rapport à la Chambre comme
quoi la commission des Affaires culturelles autorise Sa Très Gracieuse
Majesté à dépenser les crédits que nous avons
adoptés.
M. LE PRESIDENT: C'est ça!
(Fin de la séance: 21 h 45)