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Etude des crédits du ministère des
Affaires culturelles
(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires culturelles, qui étudie les
crédits du ministère des Affaires culturelles, est prête
à commencer ses travaux.
Les présences, pour la réunion de ce matin, sont: M.
Alfred (Papineau), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), M. Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Godin (Mercier), M. Guay
(Taschereau), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M.
Vaugeois (Trois-Rivières).
Conservation des sites et des biens historiques et
archéologiques (suite)
Au moment de l'ajournement, hier soir, nous en étions au
programme 2, les éléments 2 et 3 avaient été
regroupés, à ce moment. Mme le député de L'Acadie
avait encore cinq minutes sur son premier sujet et elle avait demandé la
permission d'aborder un deuxième sujet ensuite.
Mme le député.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président.
Je voudrais d'abord, au départ, féliciter le
ministère des Affaires culturelles pour ses livres sur le patrimoine qui
me paraissent très bien faits: les deux derniers que nous avons eus, les
cahiers 9 et 10 en particulier. Comme on le critique beaucoup, on peut au moins
lui dire ce qu'il fait de bon. Je tiens à le souligner. Je ne sais pas
à quel prix ces livres se détaillent, mais ce serait bon qu'ils
aient une large diffusion. J'imagine que ce doit être quand même
assez coûteux.
M. Vaugeois: Je vais même vous surprendre. Je pense que ces
livres ne sont pas assez chers. Nous ne respectons pas les lois du
marché avec les Cahiers du patrimoine, cela pose un problème. En
général, ils tournent autour de $4, $5, $6, ce qui, à mon
avis, ne tient pas compte des règles du marché. Cela a de
drôles de conséquences, vous savez. On a l'impression, parfois,
qu'en ne vendant pas cher, on vendra davantage. Ce n'est pas toujours vrai,
parce qu'en vendant trop peu cher, vous dissuadez tous les professionnels du
produit de s'y impliquer, puisqu'ils ne trouvent pas la marge minimale qui leur
permet de fonctionner. Pour les éditeurs privés, la comparaison
est odieuse. Ils doivent rencontrer les coûts normaux. L'écart est
trop grand actuellement entre le prix de nos livres et le prix des livres de
l'édition privée. Je suis d'accord pour que nos livres soient bon
marché, mais que l'écart ne soit pas trop grand. Tout ceci pour
dire que les Cahiers du patrimoine ne sont pas chers. Le problème est,
effectivement, de les bien diffuser, de les bien distribuer. Là-dessus,
la performance de l'éditeur officiel s'améliore actuel- lement.
C'est heureux qu'il en soit ainsi, parce que les livres de l'éditeur
officiel, traditionnellement, n'étaient pas aussi accessibles qu'on
l'aurait espéré.
Si vous voulez me le permettre, madame, j'ai une nouvelle
étonnante pour vous, à ce moment-ci, pour commencer la
journée.
Mme Lavoie-Roux: Vous allez nous remettre le livre blanc?
M. Vaugeois: Vous avez si hâte que cela? Mme
Lavoie-Roux: Ah! Oui, j'ai hâte.
M. Vaugeois: Vous avez bien raison.
Vous allez me croire, vous pourriez ne pas me croire, mais je sais que
vous allez me croire. En arrivant au ministère, hier soir, je suis
entré dans mon bureau, j'ai vu des dossiers qui s'y étaient
accumulés depuis deux jours, et mon sous-ministre est venu me trouver
pour faire le point sur un certain nombre de choses. Entre autres, il avait
entre les mains une note dont je vous donne lecture, et que je vous remettrai
après, pour que vous puissiez la vérifier sous tous ses
angles.
La note est adressée à M. Noël Vallerand,
sous-ministre, de la part de Jean O'Neill, directeur des communications; elle
est datée du 9 mai 1978 et elle a été reçue au
bureau du sous-ministre des Affaires culturelles le 9 mai 1978. Elle dit ceci:
"Je porte à votre attention la publication de l'annonce ci-jointe dans
un journal du Parti québécois. Dans le cadre d'une campagne sur
la promotion de la lecture, la direction du livre a offert aux libraires de
subventionner à 50% la publicité faite dans les hebdomadaires
régionaux pour la vente du livre québécois. L'offre
était sujette à certaines normes et la librairie Laliberté
n'avait pas le droit de publier une telle annonce dans un journal politique. En
conséquence, la subvention ne sera pas versée pour ce
cas-là. "Peut-être serait-il important de porter ce détail
à l'attention du ministre, en prévision de questions qui
pourraient lui être posées en Chambre ou en commission
parlementaire."
Accepteriez-vous une copie?
Mme Lavoie-Roux: Est-ce l'original?
M. Vaugeois: Oui.
M. Le Moignan: Cela n'a pas été fait hier soir?
M. Vaugeois: Ah! Vous, M. Je curé, je peux me confesser,
si vous voulez.
Mme Lavoie-Roux: Ce dont je suis heureuse, c'est que, hier, comme
vous l'avez remarqué, je n'ai pas fait...
M. Vaugeois: Mettez votre siège en jeu. Mme
Lavoie-Roux: ...un grand esclandre
avec ceci sauf que, pour moi, ce sont des questions d éthique. Ce
n'est pas écrit dans les livres. Je trouvais que c'était
dangereux. A ce sujet, je vous ferai remarquer privément un autre
incident dont, je suis certaine, vous tiendrez compte et qui s'est passé
dans votre ministère. Ce n'est pas un objet à scandale mais ce
sont simplement des imprudences qui sont faites. Je pense que quand on
détient des postes publics, il faut être le plus prudent possible
dans ces choses. Alors, c'est une confirmation officielle.
M. Vaugeois: Cela nous permet de souligner la vigilance de nos
fonctionnaires et leur honnêteté. Je tiens à le faire
remarquer.
Mme Lavoie-Roux: On n'en doutait pas, M. le ministre.
Pour revenir à la question du patrimoine, plus
précisément, je voudrais me joindre et, pour une fois, on
dit souvent cela, c'est peut-être la deuxième, la troisième
ou la quatrième aux députés du côté
ministériel qui ont soulevé, hier soir, des inquiétudes
vis-à-vis des règles qui étaient en vigueur pour assurer
justement cette protection du patrimoine. On a fait allusion hier au dernier
cordonnier du Vieux Québec.
J'ai ici d'autres articles que j'ai découpés au hasard du
temps et qui, justement, relèvent des cas pénibles. Par exemple,
on parle de la tragédie de Beauport où, même si et
je pense que les gens de votre ministère sont certainement au courant de
la chose, il s'agit de l'ancienne maison Montcalm apparemment, cette
maison était sise dans une aire de protection d'un monument historique
non homologué, elle a été démolie sans que personne
ne soit intervenu et même que personne ne le sache. Est-ce qu'à ce
moment-là... Je cite ici ce que l'article dit, un article de M. Alain
Duhamel du Devoir, et je pense qu'il faudrait également signaler
l'excellent travail que M. Duhamel fait; je souhaiterais qu'il ait des
répercussions dans les autres journaux. Il y a certains autres journaux
régionaux, par exemple, dans mon comté, il y a le Courrier
d'Ahuntsic qui fait un bon travail quant aux problèmes de patrimoine
dans la région de Sault-aux-Récollets ou même la
région nord de Montréal. M. Duhamel dit: "L'incident devrait
obliger le ministère des Affaires culturelles et sa direction
générale du patrimoine à entreprendre un sérieux
examen de son fonctionnement. Le classement d'un monument historique
n'entraîne pas automatiquement la mise en place d'une aire de protection
de 500 pieds. " Je vous fais grâce du reste de cet article.
Vous avez ici un autre article où on parle de la maison Thibault,
à Laval, privée d'aire de protection. Apparemment, cette famille
avait fait l'acquisition de la maison et, un bon matin, ils se sont
levés ou est-ce que c'est le soir pour s'apercevoir qu'on
avait construit quelque chose voisin de leur maison. Ils avaient même
manifesté le désir d'acheter le lot, le cas
échéant, justement pour pouvoir protéger tout
l'environnement. Aucune des solutions n'avait pu se concrétiser, les
Thibault n'ayant pas été informés, ni par la direc- tion
générale du patrimoine, ni par l'administration municipale.
Je ne suis pas pour lire la série de tous les articles de M.
Duhamel mais je pense qu'il joue un rôle extrêmement important dans
la conservation du patrimoine. Il y a aussi le barrage Dennison où,
là encore, on voudrait que ce soit reconnu comme arrondissement
historique mais la direction générale refuse d'envisager la
création de nouveaux arrondissements historiques, n'étant pas
encore parvenu à contrôler parfaitement la situation dans la
dizaine d'arrondissements historiques déjà existants.
Là-dessus, je peux comprendre les difficultés, mais
jusqu'à quel point peut-on se refuser à déclarer certains
arrondissements historiques, compte tenu qu'ils ne seront quand même pas
tellement nombreux. Il y en a une dizaine dans le moment, même si on se
rendait à la vingtaine, je ne pense pas que cela serait
exagéré. Enfin, ce sont des questions. Le cordonnier du Vieux
Québec, je pense que le député de Taschereau en a
parlé hier soir. Ici on parle de Pointe-aux-Trembles. Il semble que la
ville même de Pointe-aux-Trembles ait certaines préoccupations,
comme d'ailleurs...
M. Vaugeois: De quoi s'agit-il dans ce cas-là?
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, M. le ministre, je peux vous remettre
tous les articles, si cela vous fait plaisir.
M. Vaugeois: Merci. C'est le boisé, dans ce cas-là?
Le boisé de la...
Mme Lavoie-Roux: Oui, il est question de boisé, il est
question aussi d'un moulin à vent. Il y a eu une étude
menée récemment par le professeur Demeter, de l'Ecole
d'architecture de l'Université de Montréal, qui a relevé
38 bâtiments intéressants offrant les caractéristiques de
plusieurs styles architecturaux, etc. Aussi l'étude recommande-t-elle de
conserver, non seulement les plus anciens bâtiments, mais aussi les plus
caractéristiques de leur période.
Ce sont des choses qui devraient être examinées. Nous, qui
ne sommes pas rattachés au ministère des Affaires culturelles
à temps plein, trouvons quand même quelques minutes pour faire le
relevé de toutes ces choses. Est-ce que vraiment c'est la
question originale que j'ai posée concernant le fonctionnement du
ministère la distribution des tâches ou les
priorités sont au bon endroit? Enfin, je vous pose cette question.
Je voudrais également vous demander si cela serait possible qu'on
nous dépose la liste des critères que vous utilisez, à
savoir ce qui peut être classé ou reconnu, la façon dont on
procède pour déterminer les arrondissements ou les sites
historiques, etc.
M. Vaugeois: Je vous remercie, Madame, de votre intervention et
de la vigilance que vous démontrez et de l'intérêt que vous
portez à la question. Vous avez souligné, à juste titre,
le
travail important que réalisent un certain nombre de journalistes
et je pense que M. Duhamel mérite une mention spéciale. A ce
point même qu'il y a des lundis matin qu'il trace le travail de la
direction générale...
Mme Lavoie-Roux: Le travail de la semaine.
M. Vaugeois: ... avant que le directeur général ait
eu le temps d'intervenir. Les gens le font de bonne grâce, puisque toute
collaboration reçue du milieu est un stimulant pour les fonctionnaires.
Vous avez évoqué quelques cas précis, mais je ne les
reprendrai pas un par un. Je vais prendre l'exemple de la maison Thibault pour
illustrer un peu les difficultés qu'éprouvent les services. Dans
le cas de la maison Thibault, elle a été acquise d'une famille
qui la possédait, je crois, depuis très longtemps, qui aimait
l'endroit, mais qui, pour des raisons que j'ignore, ne voulait pas conserver
cette maison peut-être parce qu'elle coûtait plus cher d'entretien,
je ne sais trop. Mais le vendeur avait gardé un terrain voisin et les
Thibault, en achetant la maison, savaient fort bien qu'ils n'avaient pu tout
acquérir. L'intention du vendeur, de toute évidence,
c'était de se garder un terrain pour l'utiliser. Le jour est
arrivé où il a cherché à construire sur le terrain
qu'il n'avait pas cédé en même temps que la maison. Nos
fonctionnaires en établissant l'aire de protection avaient
considéré qu'il fallait protéger la perspective du
côté ouest, je crois, et que de l'autre côté la
perspective n'offrant pas le même intérêt. La
délimitation de l'aire de protection, dans un premier temps, est rigide.
Elle est à 500 pieds de la maison, mais après cela l'intervention
du ministre se fait de façon variable, selon ce qu'on propose de faire
dans l'aire de protection. Autrement dit, tout n'est pas gelé dans
l'aire de protection.
Par exemple, si vous aviez à 20 pieds d'une maison classée
un immense "building " qui se trouvait déjà là, bien
sûr qu'on ne le démolit pas, et s'il se trouve de l'autre
côté une maison de style victorien où le
propriétaire veut faire des travaux importants ou ajouter quelque chose,
la réaction des fonctionnaires n'est pas la même, puisque, par
rapport aux monuments classés, cette maison n'a presque plus
d'importance. Il n'y a plus de perspective, il n'y a plus d'unité,
etc.
De ce côté, nous pourrons être beaucoup plus souples
dans l'octroi d'une autorisation, alors que dans un autre angle, si la
perspective est très importante et qu'il vaut la peine de la garder
dégagée etc., on va s'arranger pour empêcher toute
construction. Dans le cas de la maison Thibault, là ou les anciens
propriétaires voulaient construire, l'intérêt de la
perspective avait été jugé à peu près
inexistant. Donc, on pouvait autoriser, encore qu'on avait discuté avec
les gens qui voulaient construire pour le amener à reculer leur maison
un petit peu d'un côté et un petit peu de l'autre, pour ne pas
tout de même obstruer la vue en venant sur le chemin. Finalement, je
pense que les Thibault reconnaissent tout cela. Ils reconnaissent qu'il y a un
droit de propriété qui existe et que le gouvernement aurait un
comportement un peu bizarre si, sans nuance, il empêchait quelqu'un de
profiter de sa propriété, de son terrain. Surtout dans ce cas,
c'est évident que le terrain a été conservé pour
fins de résidence. (10 h 30)
Là où le ministère a amélioré sa
performance, je crois, c'est dans ses relations. C'est évident que, dans
ces cas, il y a un travail à faire auprès des
propriétaires, auprès des gens concernés, il y a un
dialogue à engager, cela prend beaucoup de gens. L'effectif étant
ce qu'il est, les fonctionnaires vont toujours au plus pressé et, dans
le cas qui nous concerne, ce qui a peut-être manqué, finalement,
c'est le temps nécessaire pour expliquer aux Thibault ce qui allait
arriver et faire un bon échange avec les gens concernés. Aussi,
offrir, peut-être, des services aux gens qui se construisent, pour qu'ils
aient une architecture compatible avec le reste, pour que, entre autres, les
larmiers soient de bonne forme. C'est une des choses que M. Thibault m'a
expliquées.
Je prendrai aussi l'exemple de la maison Montcalm. C'est le cas par
excellence qui montre bien que le ministère ne peut être partout
et que si les gens du milieu ne se font pas nos complices, s'il n'y a pas des
Alain Duhamel un peu partout au Québec, on ne peut pas y arriver. Le
type qui a une mauvaise idée en tête, qui veut démolir pour
faire un stationnement, ne l'annonce pas dans les journaux la veille. Le matin,
de bonne heure, il arrive avec son outillage et, aujourd'hui, on démolit
en un rien de temps. Alors, à neuf heures le matin, tout est fini, il
n'y a plus rien à faire. Que voulez-vous? On peut toujours arriver avec
les amendes prévues, ainsi de suite, mais quand les intentions du
promoteur sont de bâtir un gros édifice ou un stationnement
extrêmement rentable, qui pourrait être extrêmement rentable,
à ce moment-là, l'amende ne lui fait pas peur.
Un des objectifs que nous poursuivons, avec le projet de loi no 4, c'est
d'impliquer les municipalités. On pense que les municipalités
sont beaucoup plus près de ce genre d'incidents et peuvent être
mieux placées pour essayer de les prévenir.
Autre petit détail aussi, au sujet du hameau Dennison. C'est un
fait, actuellement, qu'il y a un très bon dossier de constitué.
Les gens du ministère s'y intéressent. M. Duhamel a
signalé récemment que le barrage était menacé
actuellement.
Mme Lavoie-Roux: ... je pense.
M. Vaugeois: Oui. Les gens du ministère portent beaucoup
d'intérêt au hameau Dennison, d'autant plus qu'il y a sur place
une équipe intéressante susceptible d'utiliser le lieu et de
l'animer. Encore qu'il y a un certain nombre de hameaux intéressants,
dans l'ancien pays des Loyalistes, et il s'agit de savoir si on les classe tous
ou si on choisit les plus significatifs. Il y a Alverton, par exemple, qui
retient actuellement l'attention des fonctionnaires. On pense qu'on ne peut pas
intervenir partout où il y a un hameau typique de la colonisation
britannique du 19e siècle. Il faut
faire un choix, il faut choisir celui qui offre le plus de
caractéristiques intéressantes. Il y a des chances que ce soit le
Dennison, étant donné que le moulin est déjà
restauré et qu'il y a des gens qui font de l'animation sur place. Mais,
je pense qu'il y a une difficulté; je me demande si le hameau n'est pas
à cheval sur deux corporations de comté, de telle façon
qu'il y a une ligne qui passe au hameau Dennison.
Tout cela pour vous dire que je pourrais aborder les autres cas que vous
connaissez, parce que ce sont des dossiers chauds et que j'ai eu l'occasion de
les étudier. Je ne voudrais pas en faire un débat politique, mais
je vais ouvrir une parenthèse. Pendant que nous nous débattons,
du côté du patrimoine, avec des budgets limités et des
effectifs limités, nous avons au Québec une armée de
fonctionnaires fédéraux avec des budgets considérables.
C'est le sens de mon intervention d'hier. Je ne pense pas que nous puissions
nous permettre d'ajouter tellement à nos budgets, compte tenu de ce que
le fédéral met déjà. Autrement, si vous voulez, on
serait le pays au monde qui y mettrait le plus d'argent et compte tenu
des besoins de nos gens en logements sociaux, etc. Il y a un effort maximal
à faire mais qu'on ne peut pas dépasser cela. Autrement on serait
en train de le dépasser.
Ce qui manque, à mon avis, c'est que la concertation est trop
mince. Je donne l'exemple du Parc de l'Artillerie, parce que j'ai envie d'en
dire beaucoup de bien. Par ailleurs à coup de millions, avec des
fonctionnaires extraordinaires, le fédéral s'est enfermé
sur un petit coin et le restaure magnifiquement, il fait un beau centre
d'interprétation. Pourtant, à la grandeur du Québec, il y
a des endroits menacés, il y a des endroits dont on ne peut pas
s'occuper.
Au fur et à mesure qu'on va progresser dans nos arrondissements
historiques, il va falloir suivre avec des projets, avec des
spécialistes, avec de l'argent. Je lisais dans le Devoir, ce matin, un
autre papier de M. Duhamel sur l'avenir de l'hôtel Nelson. Les
Benoît, qui sont là, tirent une leçon de leur
expérience avec l'hôtel Nelson. Ils disent: Les
sociétés de prêt ne sont pas habituées à
investir dans les arrondissements historiques, elles ne sont pas
habituées à attendre, elles ne savent pas attendre. Je me demande
si le gouvernement ne sera pas obligé d'avoir une espèce de SDIC
pour les arrondissements historiques et les monuments historiques pour que le
gouvernement prête à faible taux, ou encore garantisse des
prêts d'institutions bancaires à faible taux, à très
long terme, parce qu'on ne peut pas demander un rendement rapide surtout quand
le quartier est en voie de restauration et qu'il faut peut-être attendre
quinze ans avant que cela ait pris une bonne allure; il va falloir non
seulement classer, non seulement geler, mais il faut aussi être capable
de suivre avec les experts, avec l'argent.
Compte tenu des efforts faits depuis quelques années, je pense
qu'on a progressé énormément. A ce moment-ci, si nous en
mettons beaucoup plus, je pense que cela va devenir un peu
disproportionné. Ce qu'il faut c'est récupérer une partie,
sinon la totalité des sommes que met déjà le gouvernement
fédéral dans ce domaine et aller aux priorités. Je dis
cela et cela me fait mal de le dire, parce que, par ailleurs, je trouve
extrêmement intéressant le genre d'expérience comme le Parc
d'Artillerie. Je ne voudrais pas non plus que cela s'arrête, mais quand
je vous écoute me signaler des cas que vous avez apportés ce
matin, est-ce qu'il ne faudrait pas, au lieu de mettre 450 fonctionnaires
fédéraux à polir les poutres au Parc d'Artillerie,
à frotter les pierres, là et à quelques autres endroits
précis, en mettre quelques-uns aussi sur le terrain, à la
grandeur du Québec, et ce, à partir de nos priorités et de
nos politiques de mise en valeur et de protection. Nous en sommes
là.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que les
remarques que j'ai faites ne constituent pas une invitation à
dépenser nécessairement plus. L'an dernier, par exemple, j'avais
signalé et j'avais suggéré ici, à cette commission,
qu'on fasse un effort au ministère pour envoyer, par exemple, dans les
hebdomadaires ou les journaux régionaux une chronique touchant le
patrimoine. Je parlais tout à l'heure du Courrier d'Ahuntsic, qui s'en
occupe depuis peu de temps, mais déjà c'est presque
régulier, dès qu'il y a un problème il le souligne. Alors
je me dis: Si la même chose était faite souvent ces
hebdomadaires n'attendent que cela, je répète ce que j'ai dit
l'an dernier, parce qu'ils veulent avoir des articles un peu à droite,
à gauche; financièrement, ils ne sont pas très à
l'aise. Je ne parle pas du Nouvelliste, cela pourrait être
là-dedans aussi, mais je parle vraiment des petits hebdomadaires qui
entrent dans les foyers. Cela ne coûte rien, cela fait de
l'éducation, cela sensibilise les gens et cela ne vous coûtera pas
un cent de plus.
Il y a également un autre point, et là-dessus, ce serait
vraiment en concertation avec le ministère de l'Education. Au niveau par
exemple des écoles secondaires, ou des CEGEP, n'y aurait-il pas une
possibilité de création de petites sociétés, si
vous le voulez, ou de cercles du patrimoine qui, là aussi ne
coûteraient rien et qui pourraient servir d'agents d'animation quand
quelque chose est restauré ou doit être restauré, et aussi
de gardiens du patrimoine. Je pense que ce sont des choses qui ne coûtent
rien en terme de cents. Je sais bien, il y a des budgets, je connais cela des
budgets, quand il n'y en a plus, il n'y en a plus, mais il reste quand
même... Je regardais hier, justement, le dernier Cahier du patrimoine,
c'est le no dix, je pense, le dernier que vous avez publié sur les
monuments et sites historiques et je pense que cela comporte la totalité
des monuments et sites historiques qui ont été reconnus au
Québec.
Je pense à une foule d'autres, un grand nombre d'autres
bâtiments que je connais par hasard et qui ne sont même pas
là-dedans et qui seraient tout aussi intéressants, probablement,
que ceux qui sont là et je me dis: II ne faut quand même pas
prendre trop de retard. Comme vous ne pouvez pas le faire
financièrement, cela peut
simplement être par le truchement d'agents d'agents, c'est
un mauvais mot mais de citoyens qui, localement, sont
sensibilisés à ces choses. Je pense que, du côté de
l'animation, du côté de l'éducation, compte tenu de la
limite des budgets, c'est peut-être la façon à ce moment
d'intervenir. Vous avez probablement entendu parler de l'église de la
Visitation à Sault-au-Récollet et je pense qu'actuellement on est
en contact avec vous pour discuter de la question de l'animation. Il y a
déjà près d'un million, je pense, si on tient compte des
derniers $400 000 que vous offrez pour cette restauration...
M. Vaugeois: Cela a été annoncé
prématurément dans les journaux là-bas.
Mme Lavoie-Roux: C'est prématurément, mais peu
importe.
M. Vaugeois: Savez-vous ce que l'article disait d'ailleurs?
Mme Lavoie-Roux: Non. Je l'ai lu, mais je ne m'en souviens
pas.
M. Vaugeois: Je l'ai lu. Cela disait que c'était
réglé, il manquait une simple formalité: la signature du
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je pense que c'est cela, je me
souviens.
M. Vaugeois: Non seulement je l'ai lu, mais je m'en souviens.
Mme Lavoie-Roux: A tout événement, cette partie de
l'animation, il faudra qu'elle soit faite, non pas uniquement par le
ministère, mais elle devra être faite par les gens sur place. Je
pense que vous y croyez beaucoup; il ne faut pas que nos monuments soient des
choses mortes, il faut que ce soit des choses vivantes pour que les gens...
Vous voyez votre rôle, non seulement en termes de conservateur, mais en
termes d'animateur et cela me semble important. Il ne faudrait pas toujours se
tourner vers les solutions d'argent, mais peut-être vers l'imagination,
aussi.
M. Vaugeois: C'est la contribution des gens du milieu. Il y a
beaucoup de choses qu'on désapprend à faire dans le milieu. Si on
arrive avec trop d'argent, c'est une approche froide; on est d'accord
là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que je vous disais pour le
patrimonial.
L'autre chose c'est qu'il y a d'autres maisons dont on a entendu parler
au cours des derniers jours. Evidemment, on devient peut-être encore plus
sensible quand on arrive à l'étude des crédits des
affaires culturelles. Il y a par exemple, le couvent de Lanoraie, le jardin des
soeurs de la Providence dans l'est de Montréal. J'imagine que dès
que ces choses vous sont signalées, il y a quelqu'un qui s'y
intéresse immédiatement.
M. Vaugeois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Du côté des collections, je sais
que vous avez terminé, ou à peu près, l'inventaire des
collections dans les églises, ou des objets d'art dans les
églises. Est-ce que vous avez aussi terminé l'inventaire des
autres collections qui existent, pour ne pas revivre un peu le problème
de la collection Birks qui, finalement... c'est bien beau, ils vont nous la
prêter quand on va vouloir l'avoir, mais c'est quand même
malheureux qu'elle ait quitté le Québec.
Est-ce qu'on a fini ces inventaires? Ceci vous amusera peut-être,
M. le ministre...
Par exemple, la collection du Canadien Pacifique sur ses trains, est-ce
que cela a une valeur ou non? C'est une chose qui...
M. Vaugeois: C'est Saint-Constant?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est La Prairie ou...
M. Vaugeois: C'est Saint-Constant.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela a une valeur quelconque,
ou...
M. Vaugeois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Cela a une valeur réelle. Je dois vous
avouer que je ne suis jamais allée la voir. Je n'ai pas
d'intérêt particulier pour les chemins de fer, mais d'autres
peuvent en avoir.
Quelqu'un me disait, c'est apparemment un de vos amis concitoyens que
j'ai rencontré au hasard, à bord d'un train en revenant à
Québec, avant-hier soir, qui m'en parlait et qui disait: Avant que le
CPR décide de la déménager ailleurs.. C'est
peut-être plus compliqué que de déménager une
collection d'orfèvrerie, je suis prête à l'admettre.
Plusieurs de ces collections existent. Où en sommes-nous dans cet
inventaire? Quels moyens prenons-nous pour le compléter?
M. Vaugeois: Vous abordez beaucoup de sujets en même
temps.
Mme Lavoie-Roux: On parle du patrimoine...
M. Vaugeois: On va vous offrir un poste aux affaires culturelles,
après un concours, bien sûr.
Je ne sais plus par quel dossier commencer. Prenons le dernier.
Mme Lavoie-Roux: La question d'inventaire, strictement.
M. Vaugeois: C'est un cas de musée, finalement, parce que
c'est organisé à Saint-Constant et pour nous, le problème,
c'est d'évaluer nos interventions auprès du groupe de
Saint-Constant en tenant compte des normes que nous avons
développées avec le Conseil du trésor, pour le financement
des musées privés.
II faudra peut-être faire de Saint-Constant un cas particulier. Il
y a de vagues projets de déménagement; je pense que c'est loin
d'être mûr. La première chose que nous avons établie,
c'est l'intérêt des pièces conservées là-bas
et, déjà, nous avons des gens qui sont à l'étude,
au travail. Il y a des choses extrêmement intéressantes qui
pourraient être faites à partir de ce qui a été
réuni là-bas, et c'est assez fascinant de voir les amateurs de
tout ce qui touche les chemins de fer dans le monde. Il y a même des
clubs internationaux d'amateurs de chemins de fer.
Comme notre pays je ne vous apprendrai rien, ce matin est
né au sujet d'une voie ferrée et qu'aujourd'hui on essaie d'en
rapiécer les morceaux dans l'ancienne gare d'Ottawa, peut-être
qu'historiquement le Fédéral pourrait nous aidera conserver des
reliquats de ce qui est à l'origine du pays pour le temps où nous
sommes encore en relations fédérales. Je dis cela sur un ton
badin, mais le fond de l'affaire, c'est qu'effectivement, Saint-Constant est un
nouveau dossier que nous avons ouvert, mais il s'ajuste mal aux normes
existantes pour les musées privés. (10 h 45)
Vous avez suggéré un certain nombre d'initiatives que je
retiens. Il est possible que nos gens aient déjà
réfléchi là-dessus, mais je vais m'en informer et, entre
autres sur la question de l'utilisation des hebdos. Effectivement, nous avons
déjà un groupe qui prépare des placards qui sont
envoyés aux hebdos pour parler de la littérature. Nous pourrions
très certainement provoquer l'organisation d'un groupe qui ferait la
même chose au niveau du patrimoine et qui enverrait des jeux de photos,
des articles, une documentation pour les hebdos. Je pense que cela s'est fait
à l'occasion, mais peut-être pas d'une façon
systématique. Je me demande aussi, d'ailleurs, si cela ne pourrait pas
être un travail qu'on pourrait faire en relation avec la
fédération des sociétés d'histoire.
Là-dessus, je vais vous faire une confidence. La Direction
générale du patrimoine est née en bonne partie à
partir du dossier de la Place Royale. Les premiers experts que cette direction
générale a regroupés sont des gens d'architecture et des
gens d'archéologie. La direction générale reste
marquée par la présence de ces gens. C'est nouveau, maintenant,
qu'il y ait une bonne équipe d'animation. La direction
générale se construit actuellement. Le directeur
général, par exemple, est un urbaniste et c'est heureux qu'il en
soit ainsi.
Il reste que nous observons maintenant qu'il y a un effort à
faire du côté de l'animation, cela était déjà
commencé et cela va s'accentuer et, vous le soulignez à juste
titre, c'est important. L'étape qui suivra, c'est
l'interprétation. Et l'interprétation ne peut être le fait
que d'historiens ou de gens de formation semblable, et cela devrait normalement
influencer nos interventions publiques et nous permettre éventuellement
de faire le genre d'interventions que vous suggérez au niveau de
l'utilisation des hebdos.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, du point de vue de l'inventaire.
Le Président (M. de Bellefeuille): Madame le
député, est-ce que je puis vous demander d'être
brève, parce que votre temps est épuisé?
Mme Lavoie-Roux: Remarquez bien que si j'avais mon autre
collègue, cela doublerait notre temps.
Le Président (M. de Bellefeuille): Oui, à moins que
vous passiez la parole à M. le député de Gaspé et
que vous reveniez à un autre tour.
Mme Lavoie-Roux: Touchant les inventaires?
M. Vaugeois: Sur les inventaires, bon. Je parle au niveau des
églises catholiques, où on est très avancé; au
niveau des églises non catholiques, on lest moins. Je sais qu'il y a une
entente qui se discute actuellement avec des spécialistes de McGill pour
qu'ils travaillent avec nous. Je vous ai dit hier qu'il y avait une section du
patrimoine avec bureau à Montréal. Il y a une équipe
spéciale qui travaille à cet inventaire, sur tout ce qui est du
bâtiment religieux et on a même une équipe de contractuels
en accord avec l'archevêché de Montréal, qui travaille
actuellement et intensément à l'inventaire.
J'ajouterais en guise de commentaire, là-dessus, que nous ne
faisons pas un inventaire pour faire de la piraterie, c'est-à-dire pour
amener toutes ies pièces dans des entrepôts. Au contraire, nous
cherchons par tous les moyens à retourner dans les régions et
réinsérer dans la vie quotidienne des gens les objets les plus
précieux de leur patrimoine. Nous sommes prêts à prendre un
certain nombre de risques pour que des objets retournent dans leur
région avec un maximum de garanties, bien sûr, mais on ne veut pas
faire l'inventaire pour, dans un deuxième temps, si vous voulez,
être justifié d'amener les pièces et de les
surprotéger. On veut qu'elles restent présentes aux gens. Il y a
maintes et maintes façons qui peuvent être utilisées
à cet égard. Mais, du côté de I inventaire, le
défi est de taille et je peux même vous dire que l'inventaire
réel de la collection de l'Etat du Québec n'est pas vraiment au
point. Même nos propres collections ne sont pas totalement
inventoriées.
Mme Lavoie-Roux: Dans cet ordre, une dernière question, M.
le Président, si vous me le permettez. Il y a la collection Jean-Marie
Gauvreau, à laquelle le public n'a même pas d'accès
présentement ou du moins c'est sur une base extrêmement
limitée. Est-ce que vous avez des intentions? Il s agit quand même
d'une collection assez intéressante de meubles et de...
M. Vaugeois: Oui. A ce sujet, nous avons eu des discussions avec
les gens du ministère de I Education. Si je me souviens bien, on tenait
beaucoup dans certains milieux au ministère de I Education, à
garder cette collection et j'ai un peu surpris les gens en disant: Pourquoi
pas? Pourquoi irions-nous la chercher? Pour la mettre dans un entrepôt?
Que les gens du ministère de l'Edu-
cation nous disent comment ils vont l'exploiter, comment ils vont ia
mettre en valeur. Nous, qu'on nous permette de la bien inventorier de la bien
photographier, d avoir toutes les fiches techniques pour la bien
connaître, pour que les experts puissent l'étudier, etc., mais
notre intention n'est pas de la déménager et de l'entreposer.
Nous en sommes là, nous avons donc des discussions sur un ton un peu
différent avec le ministère de l'Education.
Mme Lavoie-Roux: Le public y a-t-il accès? M. Vaugeois:
Actuellement, je ne crois pas.
Mme Lavoie-Roux: Bon, c'est cela. Je veux bien que le
ministère de l'Education la garde ou...
M. Vaugeois: C'est pour cela qu'on lui a dit qu'on ne la convoite
pas pour l'entreposer...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Vaugeois: ... qu'on est prêt à la lui laisser.
Mais qu'il nous dise ce qu'il va faire avec; il faut la mettre en valeur, il
faut la montrer aux gens, d'autant plus que c'est d'une inspiration importante
pour tous les gens du meuble, en particulier.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Je voudrais
commencer par la lecture de quelques lignes non pas tragiques mais
inquiétantes pour la santé de notre ministre.
M. Vaugeois: Heureusement qu'il y avait plusieurs journaux en
grève ces derniers mois!
M. Le Moignan: C'est à la suite de notre rencontre
à la Fédération de la société d'histoire.
Pour revenir à M. Alain Duhamel, il écrivait ceci: "Depuis qu'il
dirige le ministère des Affaires culturelles, le député de
Trois-Rivières a des nuits troublées par des cauchemars." C'est
grave, cela. Je pense que notre rôle, à nous, ici, c'est d'essayer
d'atténuer ces cauchemars, de vous permettre de mieux dormir, d'essayer
de vous poser des questions et de trouver même des solutions. "Les aires
de protection sont mon cauchemar", c'est ce que vous avez déclaré
il y a quelque temps.
Au sujet des aires de protection, vous avez mentionné
déjà que sur 400 monuments classés, il y en a à
peine une soixantaine qui ont une aire de protection. Je pense que vous avez
mentionné aussi, à Montréal, que vous vouliez
définir... Parce qu'on a parlé de mesures, de normes de 500 pieds
et cela ne s'applique pas, dans le concret, à cause du site, à
cause de l'édifice, à cause de la perspective, souvent, d'un
monument ou d'un édifice. Je pense que cela peut varier de 200 pieds
à 800 ou mille pieds, selon le cas. Est-ce que j'ai mal
interprété votre pensée, à ce moment-là?
M. Vaugeois: D'abord, quant à mes nuits, cela va assez
bien, encore que je ne dors pas longtemps mais, le bout de temps que je dors,
je dors bien. Quant aux cauchemars, c'est une façon de parler. Je vais
vous faire un aveu et cela va probablement vous donner l'envie de rester dans
l'Opposition longtemps; ma vie est drôlement modifiée et il n'y a
presque plus de place pour les vrais cauchemars parce que, pour qu'il y ait
cauchemar, il faut sommeil, et les heures de sommeil sont courtes.
Ce que je voulais dire par là, c'est que, au début, on
s'habitue à tout... J'ai été consterné en
constatant le retard incroyable du ministère sur l'établissement
des aires de protection. J'ai parlé à peu près d'une
soixantaine ce soir-là. Le ministère, actuellement, fait un
effort remarquable pour accélérer le travail et, au moment
où je parlais, il y en avait environ 35 pour lesquelles on achevait le
travail de relevés. Après cela, il faut signifier, il faut
déposer tous les documents. Le travail en cours actuellement, avec les
aires de protection sur lesquelles on travaille, va porter le nombre d'aires
signifiées à environ 110, 115, dans les prochaines semaines. On
en a à peu près 35 qui sont terminées, qui sont en voie
d'être signifiées. Il faut avertir tout le monde qui est dans
l'aire de protection; il faut relever les noms des propriétaires et les
arpenteurs doivent faire leur travail. C'est très long et c'est
très compliqué. Souvent, d'ailleurs, on nous indique qu'un
propriétaire ne l'est plus, il faut alors, recommencer, etc. Dans
quelques semaines, nous aurons à peu près 110, 115 aires de
protection bien homologuées, bien signifiées. Mais il nous reste
un retard fantastique.
Aussi longtemps que notre travail de relevés n'a pas
été fait, on est coincé un peu avec notre
définition des 500 pieds. Ce que j'ai évoqué, depuis
quelques semaines, c'est la possibilité d'avoir une aire de protection
minimale qui, elle, n'aurait même pas besoin d'être relevée
et vérifiée. Disons qu'à 100 ou 200 pieds autour du bien
classé, je pense qu'il ne peut pas y avoir tellement de discussions.
Après cela, il faudrait procéder à une espèce de
relevé attentif pour vérifier, entre autres, les perspectives
visuelles. Là, on pourrait se donner non pas 500 pieds mais 1000 pieds
et 1500 pieds. Tout le monde sait, ici, à cette table, que quand cette
loi a été votée en 1972, on a changé tout
simplement le mot "pied"...
Mme Lavoie-Roux: Le mot mètre par le mot pied.
M. Vaugeois: ... on a remplacé le mot "mètre" par
le mot "pied". Donc, en Europe, dans certains cas, on a une aire de protection
de 500 mètres. On en est là. J'ai beaucoup étudié
cette question avec nos experts et nous y reviendrons en commission
parlementaire sur le projet de loi no 4. On pourra reprendre notre
réunion à ce moment-là. Je vous ferai part, dans ce
contexte, si vous voulez, des difficultés que pose une intervention,
à ce moment-ci, au niveau des aires de protection. Notre
défi, pour l'instant, c'est d'avoir les moyens
d'accélérer le travail de relevés dans les aires de
protection pour pouvoir les signifier le plus vite possible. Juste pour
signifier, d ailleurs, un avis d'intention, on n'est pas sorti du bois. Hier,
je suis intervenu pour la maison, la ferme Reed, à Ulver-ton: je pense
que c'était la troisième ou la quatrième fois que
l'huissier se reprenait, parce qu'on lui donnait l'adresse du
propriétaire, qui avait déjà vendu: on lui donnait un
autre nom, il revenait bredouille, etc.
D'ailleurs, cette procédure d'utilisation d'huissier pour
signifier des avis d'intention, cela m'exaspère et je cherche par tous
les moyens à remplacer ce sapristi d'huissier... Je n'ai rien contre les
huissiers en soi, mais pour annoncer aux gens qu'ils habitent une belle maison
et que le gouvernement s'y intéresse, cela fait un peu bizarre. Je sais
que lorsque l'huissier se présente chez moi, ce qui arrive rarement,
Dieu merci, c'est pour une mauvaise nouvelle. Je suis dans une aire de
protection à Trois-Rivières et, quand j'ai reçu la lettre
m'informant que j'étais dans l'aire de protection, j'étais en
diable.
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes très poli.
M. Vaugeois: Parce que cela me disait: Monsieur, il existe une
loi, cette loi prévoit des pénalités qui sont les
suivantes et, si jamais vous faites ceci ou cela, vous serez passible de... On
me citait la loi, au lieu de me dire, diable, que j'étais dans une aire
de protection, que je pouvais en être fier et qu'il y avait des services
au ministère à ma disposition pour tous travaux que j'aurais
à faire, compte tenu de l'esprit et de la lettre de la loi. D'ailleurs,
ces lettres changent actuellement, je refuse de signer ce genre de lettre. Je
veux que cela ait l'air d'une bonne nouvelle pour les gens qui reçoivent
ce genre d'avis. Effectivement, cela devrait être une bonne nouvelle et
il nous faut être capable de suivre avec des services. C'est cela qu'on
développe actuellement. J'étais un peu triste, il y a quelques
jours, lorsque je me suis fait refuser momentanément par le Conseil du
trésor l'engagement d'architectes pour travailler de concert avec les
propriétaires de la côte de Beauport.
On vient de signifier une quarantaine d avis et on voudrait bien que les
gens, à qui on impose des contraintes, puissent utiliser nos services ou
le service d'un architecte. On voulait engager un contractuel.
M. Le Moignan: Maintenant, je vois qu'il y a beaucoup de choses
dans l'acquisition et ensuite dans la restauration de ces biens culturels. Vous
indiquez quelque part dans votre rapport que le processus de restauration
marche au ralenti dans le moment et que vous hésitez à poursuivre
de nouveaux travaux. Est-ce que c'est parce que vous êtes en train de
réévaluer la destination, la vocation de ces biens, de ces
monuments, de ces maisons?
M. Vaugeois: Et cela revient aux critères dont on a
parlé madame le député de L'Acadie tout à I'heure
et je n'avais pas répondu à cela. A ce moment-ci, on ne ralentit
pas. mais disons qu'il y a des questions différentes qui sont
posées parce qu'il y a un ministre différent. Entre autres, quand
on me propose une démarche de restauration, je demande à voir
tout de suite le travail de consultation et d'animation qui a été
fait dans le milieu. Je veux qu on me dise si le service d'animation a
été impliqué. Je veux qu'on me dise si le Conseil
régional de la culture est au courant, s'il a émis des avis, si
nos fonctionnaires du bureau régional ont également des avis
à donner, si les sociétés d'histoire de l'endroit
s'intéressent au bâtiment, si elles ne préféreraient
pas qu'on s'occupe d'un autre bâtiment avant.
Je veux savoir ce qui a été fait en termes de
consultation. Je ne voudrais pas qu'on me dise, comme dans le cas de
l'église de la Visitation, qu'on a bousculé les marguilliers en
leur disant. On veut restaurer vite, vite, vite, votre église; quand
même! Il y a donc cette première question qui est
posée.
Une deuxième tient aux relevés du bâtiment, ce qui
était déjà très bien fait par les services du
ministère. C'est un de nos points forts, si vous voulez, l'aspect
architectural.
Le troisième point, c'est la question historique. Très
souvent, on pouvait se laisser entraîner par les architectes qui
étaient pâmés par un bâtiment, dont l'histoire
était quand même moins importante, c'est-à-dire la
signification historique moins importante que celle d'autres bâtiments.
Et, à mon avis, c'est un autre élément dont il faut tenir
compte. Enfin et je suis assez exigeant là-dessus parce
qu'on a l'embarras du choix: on va se donner le maximum de critères. Il
y a aussi la fonction.
A quoi servira ce travail de restauration? S il s'agit d'une
église qui est ouverte au culte, la question ne se pose pas, mais, pour
plusieurs bâtiments, la question se pose. On peut restaurer des
bâtiments qui sont excentriques aux populations et dont la fonction n est
pas évidente. Comme on a des choix à faire, je
préfère choisir la restauration de bâtiments qui ont un
intérêt architectural, qui ont un intérêt historique,
mais pour lesquels il y a une fonction qui se dégage, en relation avec
les consultations faites dans le milieu. C'est dans ce sens. M. le
député de Gaspé, qu'actuellement, je ne dirais pas qu'il y
a un ralentissement, mais il y a un certain nombre de questions nouvelles qui
sont posées et qui nous ont peut-être impliqué des
délais de l'ordre de quatre ou six semaines. Mais nous rattraperons
cela, soyez sans inquiétude. Je pense que c est pour le mieux parce qu
au total, nos choix seront fondés sur un plus grand nombre de
critères. Les critères que j'évoque ne sont pas
actuellement définitifs. La direction générale les a
formulés et les soumet seulement à la Commission des biens
culturels. (11 heures)
Si vous me permettez, cela me fera plaisir, le jour où j'aurai
reçu l'avis de la Commission des biens culturels, de prendre note de
votre désir et de vous les transmettre à ce moment-là.
M. Le Moignan: Maintenant, pour dire un mot sur les
arrondissements naturels, je connais celui de Percé, entre autres...
M. Vaugeois: C'est le seul.
M. Le Moignan: C'est le seul, c'est ce que je voulais savoir.
Cela a causé des maux de tête, au début, au
ministère, aux propriétaires. Est-ce que tout est finalisé
ou s'il y a encore des démarches?
M. Vaugeois: On me dit que ce n'est pas finalisé. Le
directeur général ne perd pas sa chance, il me dit qu'il manque
de personnel. Effectivement, la réponse à votre question, c'est
non. Les règlements et... Tout n'est pas finalisé.
Je peux vous dire que, partant de l'expérience de Gaspé
où, je pense, c'était évident qu'il y avait rencontre
d'intérêts d'éléments dits naturels et
d'éléments historiques, le ministère a
hésité, depuis, à classer d'autres sites naturels ou
d'autres arrondissements naturels.
Vous devinez qu'on a été sollicités maintes fois
pour intervenir au niveau de boisés, au niveau d'îles, de lieux
naturels intéressants. Le ministère insiste beaucoup pour que
l'intervention ne se fonde pas uniquement sur l'aspect naturel, mais
également sur le caractère patrimonial et historique du site.
Nous pensons que d'autres ministères sont aussi concernés:
le ministère du Tourisme à certains moments. J'ai engagé
beaucoup de discussions avec mes collègues du cabinet là-dessus.
Je peux vous dire, par exemple, que nous étudions ensemble, à
plusieurs ministres, au niveau d'un comité spécial, le cas de
l'archipel Mingan. Nous sommes prêts à intervenir, mais je
trouverais cela un peu bizarre que ce soit le ministère des Affaires
culturelles, seul, qui intervienne dans le cas de l'archipel Mingan. Il me
semble que d'autres ministères sont concernés et doivent
développer de l'intérêt pour les sites naturels.
Disons, en passant, que certains ministères, traditionnellement,
avaient développé de l'intérêt pour ce genre de
sites naturels. On me dit que le ministère des Terres et Forêts a
fait, très souvent, d'excellentes choses. Le ministère du
Tourisme l'a fait. Il s'agit maintenant d'étudier les moyens
d'intervention qui existent au niveau du gouvernement, pour choisir les bons
moyens dans chaque cas.
Je ne crois pas que ce soit la Loi des biens culturels qui doive servir
le plus souvent pour protéger des sites naturels.
M. Le Moignan: Quand on parle de Percé, je crois bien que
l'île Bonaventure s'est peut-être englobée dans votre
projet. L'île Bonaventure, au point de vue historique, est tout de
même un peu le berceau de l'implantation française, avant le
village de Percé même. Le ministère est au courant et
travaille dans ce sens.
Je voudrais revenir à la collection Birks, M. le ministre. Est-ce
que c'est un dossier qui est clos? Est-ce que la collection est disparue pour
ne jamais revenir ou s'il y a des démarches, dans le moment? Y a-t-il
des négociations?
M. Vaugeois: Non, il n'y a pas de négociations. Un dossier
comme celui-ci n'est jamais fermé. Pour l'instant, il y a une entente
avec la famille. Il y a eu des arrangements pris par mon
prédécesseur. Je ne suis pas intervenu dans ce dossier. On ne m'a
pas indiqué qu'il était nécessaire d'intervenir
prochainement.
Je vous dirai, là-dessus, que notre problème n'est pas
seulement la collection Birks. C'est aussi les milliers de pièces que
nous avons déjà dans nos entrepôts et que nous ne pouvons
mettre en valeur. Les pièces de la collection Birks, malgré leur
intérêt, ne sont pas uniques. Nous avons déjà des
centaines de pièces semblables, faites par d'excellents orfèvres,
qui ne pourrissent pas, parce qu'elles sont en bon métal, mais qui sont
dans des entrepôts et qui ne sont pas mises en valeur. Notre défi,
c'est d'abord, si vous voulez, d'être capable de s'occuper de nos propres
collections et de les faire circuler. C'est de là que vient un peu ma
marotte d'un retour vers les régions chaque fois qu'une occasion va se
présenter.
M. Le Moignan: Le directeur du Musée de Gaspé me
disait récemment que la maison Birks, je crois, doit se rendre à
Gaspé dans le cadre d'une exposition itinérante qui est
commencée déjà.
M. Vaugeois: Cela se peut fort bien, me dit-on.
M. Le Moignan: Vous avez beaucoup de choses qui valent autant,
peut-être plus que la collection Birks. J'en ai déjà vu
certaines, qui ne sont pas des pièces rares quoiqu'il y en a de
très rares et de très dispendieuses.
J'aurai peut-être d'autres questions un peu plus tard.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? Oui, M. le député de Taschereau.
M. Guay: M. le Président, j'aimerais connaître la
réaction du ministre à une proposition, une suggestion, non pas
une réaction formelle et définitive, mais voir un peu comment une
telle idée est accueillie. On sait qu'il est question depuis
déjà fort longtemps, dans le programme du Parti
québécois à tout le moins, de la création de
conseils de quartier dans les municipalités. Cela, en principe, devrait,
éventuellement, faire partie de la réforme municipale. Je crois
comprendre que cela ne sera pas pour la première étape qui
portera plutôt sur les élections, sur la démocratisation
des élections municipales et que cela viendra plutôt dans un
deuxième ou dans un troisième temps, si bien qu'avec les
délais habituels de l'administration publique, la création de
conseils de quartier ou la possibilité que les municipalités
puissent créer des conseils de quartier risque donc de prendre un
certain temps.
D'autre part, les fonctionnaires d'abord, paraît-il qu'il
en manque, si je me fie à M. le directeur du patrimoine, il n'y a pas
assez de monde, comme vous le disiez tantôt et ils ne peuvent pas
voir à tout... On a pensé mettre les municipalités dans le
coup, ce qui est en soi une bonne idée, dans la mesure où les
municipalités veulent bien se mettre dans le coup, et je ne suis pas
certain que, dans tout le Québec, les administrations municipales soient
très sensibles de façon générale, à la
dimension de la conservation, de la protection et de la mise en valeur du
patrimoine; certaines le sont, mais cela demeure, je pense, l'exception,
hélas! Est-ce que, dans un cas comme un arrondissement historique
je pense, en particulier, bien sûr, à celui qui me touche de plus
près, le Vieux-Québec est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de
trouver une façon élective ou autre, de mettre la population dans
ie coup en confiant à un conseil d'arrondissement élu, à
défaut d'un conseil de quartier, certaines tâches, certaines
fonctions et qui aurait comme résultat, possiblement, qu'au lieu d'avoir
un appareil extrêmement lourd qui est celui de l'administration publique,
qui bouge lentement et difficilement, avec toutes les contraintes que cela
implique, donc une intervention à caractère massif, on miserait
plutôt sur des interventions plus légères qui seraient
celles de la protection du patrimoine, de la mise en valeur du patrimoine par
les citoyens qui habitent l'arrondissement en question, quitte à ce que
cela se fasse en arrimage avec la direction générale du
patrimoine?
M. Vaugeois: La question est intéressante. Pendant que
vous parliez, M. le député, je me disais qu'on n'aura vraiment
rien oublié, on parle de conseil de comté et on va parler
également de conseil de quartier. On n'oublie rien. C'est bon. Je pense
qu'au ministère, on n'a pas d'hypothèse très
avancée de cette nature. A partir de mon expérience de
député, par ailleurs, j'ai développé une grande
sensibilité, comme vous, à cette approche parce que, dans les
vieilles villes, d'abord, il y a la question du centre-ville, souvent, qui va
se doubler du caractère d'arrondissement historique; vous êtes
dans ce cas, M. le député, et je suis également dans ce
cas-là. Dans les vieilles villes, nous avons de vrais quartiers. Je
pense que c'est une réalité importante et qui peut nous servir de
base d'activité pour certaines interventions.
Actuellement, pour les aires de protection, on a une hypothèse
qui consisterait à impliquer des gens du milieu dans les interventions
que nécessite une aire de protection, pour avoir des mandataires dans le
milieu. Nos mandataires articuleraient avec qui? A un conseil municipal,
à une structure de quartier, à une société
d'histoire? Cela reste des hypothèses. Je prends bonne note de votre
intervention et c'est le genre d'hypothèse que nous pouvons
considérer. J'ajouterai une dernière chose, quant à
l'inquiétude que semblent avoir plusieurs personnes sur la
possibilité de pouvoir compter sur les municipalités comme
étant de grands protecteurs du patrimoine. Cela me plaît
d'indiquer ici qu il y a une évolution importante, je pense, à
cet égard. Les citoyens se préoccupant de plus en plus de la
protection du patrimoine, et on le voit ce matin, les administrateurs
municipaux s'éveillent aussi à cette question. Je pourrais vous
donner des exemples où ce sont les conseils municipaux, les
municipalités qui m'ont alerté, qui m ont
téléphoné et, dans ma préoccupation de retourner
vers les régions les biens culturels, il y a un peu cette
idée-là. Je prends l'exemple chez moi. Si je proposais au maire
de Trois-Rivières, ou au maire d'Arthabaska, disons au maire
d'Arthabaska, pour ne pas être trop chauvin, pourquoi ne pas lui proposer
de conserver à l'hôtel de ville ou dans son bureau de maire des
toiles de Suzor Côté qui est un fils de la place? Je trouverais
normal d'abord que le maire d'Arthabaska puisse montrer à des visiteurs
des toiles, au moins une toile, d un peintre de l'endroit et si je lui
confiais, également, je ne sais pas, deux vieilles commodes qui seraient
dans le hall principal de l'hôtel de ville qui fait l'objet d'un bon
gardiennage, et avec toutes les précautions nécessaires, si
j'impliquais directement comme cela, un maire de municipalité, les
membres du conseil, qui se feraient, avec le ministre et les autres, des
conservateurs et des protecteurs du patrimoine et de biens précis, il me
semble qu'on gagnerait du terrain, qu on pourrait gagner en sensibilisation
dans bien des milieux. Je pense qu'on éveillerait aussi la fierté
de ces administrateurs et je pense aussi que cela serait normal que certaines
de ces pièces soient accessibles au plus grand nombre par le biais des
responsables locaux.
C'est une hypothèse que j'ai demandée à nos
services de regarder attentivement. Vous devinerez qu'il y a de la
résistance, les conservateurs conservent et veulent conserver
près d'eux. Le mouvement n'est pas pris, mais il est pris ailleurs; il y
a des pays où cela se fait et, en France en particulier, cela se fait
beaucoup. Ici, cela se fait peu, peut-être que les conditions n'y
étaient pas mais, en le proposant et en préconisant cela, je
compte réussir par ce biais à associer davantage des
administrateurs municipaux en particulier, à l'opération de
protection du patrimoine et de sa mise en valeur.
M. Guay: Mais est-ce que les administrateurs municipaux ne
seraient pas encore plus sensibles a la dimension si, effectivement, la
pression ne venait pas seulement d'en haut mais d'en bas, si Ion peut dire? Si
je pense encore au Vieux Québec, au Vieux Trois-Rivières
que je connais beaucoup moins bien évidemment on mettait à
contribution, sous une forme quelconque qu'il reste peut-être a
déterminer, ce genre de conseil d'arrondissement avec certains pouvoirs
d'enquête ou d'intervention. Bien sûr. au départ, la
réaction normale de la Fonction publique face à des initiatives
du genre, c'est de voir cela avec un peu de suspis-cion. Veut, veut pas, c'est
un réflexe bien naturel, la Fonction publique est raminagrobienne.
c'est-à-
dire que, plutôt que d'abandonner des pouvoirs, elle cherche
généralement à en avoir davantage. C'est un réflexe
bien normal, mais il peut y avoir une décision politique, par contre,
qui va à l'encon- tre de cela.
Quand on parle de décentralisation, c'est peut-être une
façon de remettre aux citoyens un domaine, où le ministère
a un pouvoir d'intervention, qui constituerait un laboratoire en quelque sorte
de ce que pourraient être éventuellement dans tout le
Québec des conseils de quartier dans d'autres quartiers qui ne sont pas
des arrondissements historiques.
M. Vaugeois: C'est certainement une question que je peux aborder
avec le ministre des Affaires municipales. Comme tout le monde le sait, nous
travaillons sur des hypothèses de réforme, du scrutin municipal.
Il est possible dans certains cas on a perdu la représentation
par quartier qu'on y revienne, et ce que vous amenez ici est une
idée intéressante.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuiile: M. le Président, le ministre m'a mis
une idée en tête, je le vois très bien cherchant à
convaincre un maire de mettre au mur de son bureau une toile d'un artiste local
ou bien, dans le hall de l'Hôtel de ville, des meubles
québécois. C'est excellent, mais le ministre, pas plus que Dieu,
n'est partout. Non le ministre n'est pas comme Dieu, il n'est pas partout.
M. Vaugeois: M. le curé, pardonnez-moi. M. Le Moignan:
Soyez prudent!
M. de Bellefeuiile: Par conséquent, ce que je me demande
c'est si la direction générale du patrimoine, enfin les services
du ministère, pourraient entreprendre une action auprès des
décorateurs, parce que j'ai l'impression que ce qui se passe en
pratique, c'est que, lorsqu'un maire se fait aménager un nouveau bureau
ce qui est assez fréquent il fait appel à un
décorateur. Est-ce que le ministère pourrait entreprendre une
action auprès des décorateurs pour leur expliquer qu'il pourrait
être intéressant que, dans le cas de lieux publics, bureaux de
maire, hall d'hôtel de ville, etc., les décorateurs incluent dans
leur projet, à l'intention de leurs clients, des éléments
comme ceux que le ministre a mentionnés: oeuvres d'artistes locaux,
meubles québécois, et autres éléments proprement
québécois.
M. Vaugeois: Absolument. D'ailleurs, je pense que les
décorateurs ont évolué dans ce sens. Il faut voir le
travail remarquable que fait le groupe de Décormag et ce n'est pas par
hasard que la revue Décormag a un bon succès et utilise beaucoup
les éléments du patrimoine. Je pense que dans chaque
numéro il y a un ou deux bons articles qui réconcilient les
objets anciens et la décoration à la moderne. Je pense que
déjà il y a une sensibilité de ce
côté-là. Mais ce que dit le député de
Deux-Montagnes va peut-être renforcer notre préoccupation
d'associer, effectivement, ce groupe de professionnels à cette
idée. (11 h 15)
Mme Lavoie-Roux: D'accord, après. Il n'y a pas de
différence.
M. Guay: II y a deux autres ordres de question que je voudrais
poser au ministre. Dans un premier temps cela porte toujours sur
larrondissement historique du Vieux-Québec, mais sur des cas
précis le ministre des Affaires municipales a remis à la
ville de Québec, il y a un mois et demi à deux mois de cela...
Une commission...?
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Guay: II y a un mois et demi à deux mois, le ministre
des Affaires municipales a remis à la ville de Québec la somme de
$1 million devant être utilisée afin d'acheter et de restaurer des
sites incendiés et on sait qu'il y en a beaucoup dans le
Vieux-Québec ou des sites en dégradation avancée,
le tout sous réserve d'un protocole d entente entre la ville de
Québec, la Direction générale du patrimoine du
ministère des Affaires culturelles et la Société
d'habitation du Québec. A ma connaissance, hier en tout cas, un tel
protocole n'était pas encore conclu et j'aimerais beucoup savoir dans
quel délai on compte le conclure, d'une part, et, d'autre part, puisque
le gouvernement y est allé de $1 million, il s'agit donc de fonds
publics. Est-ce que l'achat en question ou la restauration en question va
servir à des fins de logements sociaux dont on a un grand besoin dans le
Vieux-Québec, puisqu'il n'y en a pas, ou est-ce qu'on va utiliser $1
million de fonds publics de contribuables québécois pour
restaurer des logements qui, finalement, serviront à des gens qui ont
parfaitement les moyens de restaurer eux-mêmes leurs logements? Je parle
évidemment de ceux qui restaurent des logements depuis quelques
années, par exemple rue des Remparts ou dans le haut du
Vieux-Québec. En d'autres mots, puisqu'il y a $1 million de fonds
publics mis à la disposition de la ville, est-ce qu'il n'y a pas une
dimension sociale dont on devrait tenir compte et est-ce qu'on pourrait avoir
l'engagement du ministre qu effectivement, dans le protocole d'entente, ce sera
à des fins d'habitation et d'habitation sociale subventionnée que
servira ce montant-là?
M. Vaugeois: On m'informe justement que le projet de protocole
qui a été présenté par les gens de la ville de
Québec a été étudié par nos fonctionnaires;
le directeur général attend le rapport d'une journée a
l'autre, mais il en connaît déjà les principaux
éléments. Dans la proposition de la ville de Québec, il y
a au premier chef du logement social, il y a également une proposition
d'aménagement extérieur de certaines façades.
Nous en ferons l'étude et je dis au député que nous
prendrons bonne note de cette intervention.
M. Guay: Je signale au ministre que la rénovation des
façades, je présume qu'il s'agit de celles de la rue Saint-Jean,
cela fait longtemps que c'est dans l'air, que ce montant-là a
été mis à la disposition de la ville de Québec par
les Affaires municipales pour des fins d'habitation, et non pas pour des fins
de renippage de façades.
M. Vaugeois: C'est noté.
M. Guay: II y a des priorités dans le Vieux-Québec,
l'habitation en est une bien avant...
M. Vaugeois: Vous revenez à la santé, M. le
député.
M. Guay: Oui. L'habitation en est une bien avant l'allure
esthétique des façades de la rue Saint-Jean, parce que,
finalement, je suis bien d'accord pour que les façades soient les plus
belles possible, mais cela pourra venir en son temps.
M. Vaugeois: Après, bien sûr.
M. Guay: L'autre question, l'autre domaine concerne la Place
Royale. On sait qu'avec cette "restauration" ce n'est pas vraiment une
restauration autant qu'une reconstitution, dans bien des cas, de la Place
Royale on a construit des logements qui sont des logements
subventionnés, même s ils ne correspondent pas à la formule
classique des HLM. J'ai récemment eu une rencontre avec les citoyens de
Place Royale et il semble que la qualité de construction est
étonnament anormale, en ce sens qu'apparemment, il n' y a pas un seul
foyer, dans toute la Place Royale restaurée, qui fonctionne. Les
fenêtres coulent, les toits coulent, la plomberie fonctionne mal. J'ai
une liste d'épicerie fort longue et dont je vous fais grâce, mais,
chose certaine, il y a quelque chose d'assez étonnant. Il y a un
constructeur ou des constructeurs quelque part qui ont mal construit ces
logements et j'aimerais savoir, dans un premier temps: Est-ce que le
ministère des Affaires culturelles, qui est propriétaire de ces
édifices, a fait ou compte faire une enquête pour savoir comment
il se fait que ces constructions soient si mal faites?
M. Vaugeois: Posez votre question à l'Opposition
libérale à ce moment-ci.
M. Guay: Non, je sais pertinemment que cela a été
construit sous l'ancien gouvernement et la Place Royale avait
déjà donné lieu, à l'époque, à des
rumeurs. On n'ira pas plus loin. Je sais que cela a été
conçu sous l'ancien gouvernement, mais ça ne règle pas le
problème des citoyens qui y habitent. Il y a quand même une
continuité de l'Etat. Est-ce que le ministère compte faire
enquête sur ce pourquoi ces logements sont si mal construits et, le cas
échéant, revenir contre les entrepreneurs ou vérifier
comment cela se fait que ce sont ces entrepreneurs qui ont eu ces contrats?
M. Vaugeois: Cela se fait actuellement, je pense même qu'on
n est pas loin de démarches judiciaires dans certains cas, de mises en
demeure, etc. Cela a justifié une vigilance plus grande, à part
de ça, de la part de nos responsables. Vous avez raison de le souligner,
il y a eu et il y a encore un certain nombre de problèmes comme ceux que
vous avez mentionnés. Il ne faudrait pas généraliser, ce n
est pas partout comme ça, mais il y a suffisamment de cas pour qu'on
s'en inquiète et que le ministère ait été
justifié d'entreprendre un certain nombre de procédures.
D'ailleurs, cela nous amène aussi à une réflexion
sur les caractères que vont prendre les finitions intérieures. Au
début, on a été très zélé, on a fait
des efforts de restauration exemplaire, c'est-à-dire dans le respect
intégral de la façon dont le bâtiment a pu exister à
une époque donnée. De plus en plus, je pense que nous allons
tenir compte de la fonction du bâtiment pour définir le
caractère que pourrait prendre notre restauration. Nous allons
probablement conserver une partie de la restauration exemplaire, surtout pour
ce qui se voit, mais probablement que dès que nous entrerons dans les
intérieurs, on va plutôt se tourner vers la restauration dite
utilitaire, en fonction de I'utilisation. A ce moment-là, ça
coûtera moins cher, ça pourra sûrement être plus
fonctionnel, donner lieu à moins de difficultés d'ordre
matériel comme celles indiquées par le député.
Il faut dire que c'était la règle du plus bas
soumissionnaire, souvent, qui jouait et les entrepreneurs s'engageaient dans
des travaux dont ils n'avaient pas l'habitude, dont ils n'avaient pas vraiment
vérifié les difficultés.
L'expérience acquise par tout le monde va probablement nous
permettre d'éviter de plus en plus ce genre d'erreurs mais vous avez
raison de le signaler, M. le député, c'est un problème
auquel nous sommes confrontés.
M. Guay: Deux choses encore, M. le Président, au sujet de
Place Royale, si vous me permettez. Dans un premier temps, il y a une certaine
anomalie, je pense, dans le fait qu'un ministère comme celui des
Affaires culturelles soit administrateur de logements. Il y a
déjà la Société d'habitation du Québec, qui
l'est d'une certaine façon, il y a I'Office municipal d'habitation, qui
l'est, en relation avec la Société d'habitation du Québec.
Est-ce qu'il ne serait pas plus logique, plutôt que d avoir, je ne sais
pas si c'est un service ou une direction au sein de la direction
générale du patrimoine, mais enfin, un service qui s occupe des
immeubles et qui, au dire des locataires, s en occupe de façon
déficiente, d'autant plus que ce n'est pas la vocation du
ministère de s occuper de logements? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de
conclure une entente avec la SHQ, ou plus particulièrement avec l'OMH de
Québec, l'Office municipal d habitation de Québec, puisque
I'office municipal est équipé, puisque tous les HLM dans
Québec sont administrés par l'office, c'est donc dire qu'il a les
services d'entretien requis. Quand il
y a quelque chose de brisé, il peut intervenir rapidement, est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu qu'on transfère ce service à l'Office
municipal d'habitation de Québec?
M. Vaugeois: On ne peut certainement pas tout transférer,
puisqu'il y a des baux commerciaux et...
M. Guay: Non, je parle des...
M. Vaugeois: ... l'aspect résidentiel.
M. Guay: Des résidences elles-mêmes, des
logements.
M. Vaugeois: Vous voyez quand même un aspect du
problème. On ne pourrait pas tout confier à une
société d'habitation ou à un office municipal
d'habitation, puisqu'une bonne partie n'est pas à vocation
résidentielle, mais à vocation commerciale: il faudrait donc
distinguer.
Pour l'instant, nous faisons un effort pour améliorer les
services aux résidents. Ces jours-ci, j'ai envoyé une demande au
Conseil du trésor pour prévoir les services d'une espèce
de concierge dépanneur qui doit être disponible 24 heures par jour
et être capable de répondre à de petits travaux d'urgence
que les résidents peuvent poser. Nous essayons, aussi longtemps que nous
sommes le propriétaire, d'améliorer nos services aux
locataires.
Mais, ce n'est pas une formule définitive et je prends bonne note
de ce que vous venez de signaler, en insistant sur le fait que, de toute
façon, il faudrait au moins deux solutions, puisqu'il faudrait
distinguer entre l'habitation à caractère résidentiel et
celle qui est à caractère commercial.
M. Guay: Une dernière question, M. le Président, au
sujet des loyers, du coût des loyers à Place Royale. Les
locataires de la Place Royale ont reçu des avis d'augmentation de loyer
pour le 1er juillet, dans certains cas, modeste, 4%, mais, dans d'autres cas,
plus élevée, 10%, 11%, on m'a même parlé de 13%.
Or, par la loi 96, si ma mémoire est bonne, adoptée
à la fin de la dernière session, le gouvernement avait
placé les HLM sous le contrôle de la Régie des loyers. Les
maisons du ministère des Affaires culturelles à la Place Royale,
tout en étant subventionnées, ne sont pas placées, pour
l'instant, sous le contrôle de la régie. J'espère bien que
cela deviendra le cas, parce qu'il semble y avoir une certaine logique à
ce que tous les immeubles publics subventionnés le soient. Mais pour le
cas qui nous concerne cette année, ne l'étant pas, j'avais
demandé au ministère s'il était possible de se soumettre
volontairement, simplement par cohérence, à la Régie des
loyers ou au taux moyen d'augmentation fixé par la Régie des
loyers. Je devais donner une réponse la semaine dernière aux gens
de la Place Royale. J'attends toujours une réponse pour pouvoir leur
donner.
J'aimerais avoir l'assurance du ministre sinon sa réponse
immédiate que j'aurai la réponse incessamment, en
espérant que ce sera une réponse favorable; simplement par souci
de cohérence. Puisque si les HLM sont sous le contrôle de la
régie, je comprends mal que, d'autre part, on puisse, à la Place
Royale, imposer des augmentations qui soient plus élevées que ce
que la régie autorise.
M. Vaugeois: Déjà j'avais été
informé de cette démarche. Je pense que la position que prend le
député de Taschereau est tout à fait logique. D'autres
services du gouvernement nous avaient indiqué que nous pouvions aller
chercher jusqu'à 11% d'augmentation. Je retiens la proposition du
député de Taschereau. Je la trouve logique. Il me permettra de
réserver quand même mon avis, jusqu'à ce que j'aie pu avoir
tous les éléments du dossier. J'ai l'impression que nous
retiendrons sa suggestion, parce que je la trouve bonne. Mais je ne peux pas
m'y engager ce matin.
M. Guay: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai une question aussi précise à
vous poser pour terminer ce programme. Dans les engagements financiers d'avril
1977, vous aviez un engagement de $50 000 concernant une étude sur la
restauration de l'église du Gesù et le
réaménagement des terrains contigus qui a été
octroyée aux ingénieurs ou architectes Lahaye et Ouellet.
Est-ce que vous avez entre les mains les résultats de cette
étude?
M. Vaugeois: Oui, on a un rapport.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous avez l'intention de le rendre
public?
M. Vaugeois: C'est un rapport technique. Il vous
intéresse?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: Vous pouvez aller le consulter à la Direction
générale du patrimoine.
Mme Lavoie-Roux: Quels sont les projets du ministère en
regard de l'église du Gesù?
Maintenant que vous avez le résultat, qu'est-ce que vous comptez
faire? Quels sont vos projets?
M. Vaugeois: Cela me paraît assez compliqué. Puisque
vous irez voir les plans du rapport technique, aussi bien vous informer de tout
le reste.
En gros, il y a une proposition qui a été faite à
la compagnie de Jésus. Il y a une intervention du ministère,
à ce moment-ci, qui donnera une plus-value à l'ensemble, dont on
essaie de tenir comp-
te. C'est d'ailleurs un problème fréquent que nous avons,
parce que l'intervention que nous faisons, les subventions que nous accordons
à la restauration, quand nous sommes en face d'un propriétaire
privé donnent une plus-value au bâtiment ou à l'endroit qui
pourrait permettre la spéculation aussi. Ce n'est pas le cas cette
fois-ci, je pense bien.
Mme Lavoie-Roux: Certainement pas des Jésuites.
M. Vaugeois: Certainement pas des Jésuites, surtout qu'ils
sont loin d'avoir encore tout récupéré les biens qu'ils
avaient en Nouvelle-France. Mais, soit dit en passant, le problème a
été réglé je le signale à l'attention
du député de Taschereau par l'ancien député
de Trois-Rivières, auquel il faisait référence hier. C'est
un député de Trois-Rivières qui a réglé la
question des biens des Jésuites.
M. Guay: Les députés de Trois-Rivières sont
d une grande qualité, en règle générale.
M. Vaugeois: A quelques exceptions près. M. Guay:
II peut y avoir des parenthèses.
Mme Lavoie-Roux: Apparemment, ils sont souvent dans
l'Opposition.
M. Vaugeois: Non, jamais.
M. Guay: De 1959 à 1976, il y a eu une parenthèse,
mais on constate que c'est revenu à la qualité d'antan.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'ils n'ont pas eu des
indépendants, des...
M. Vaugeois: A peu près jamais. Au fédéral,
madame.
Mme Lavoie-Roux: Ah! au fédéral.
Sérieusement, pour le Gesù, quelles sont...
M. Vaugeois: Nous attendons une réaction des pères
Jésuites à nos propositions, qui essaient d'évaluer la
signification que pourrait prendre la plus-value de nos interventions.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Mais est-ce que vous avez l'intention de
procéder à... (11 h 30)
M. Vaugeois: Dans ces cas-là, nous attendons quand
même la réaction de l'autre partie. Puisque nous avons fait des
propositions, c'est que nous nous y intéressons.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Quand je ne suis pas
commissionnée par les Jésuites, entre parenthèses
comptez-vous prendre action?
M. Vaugeois: C est aux Jésuites à
réagir.
Mme Lavoie-Roux: Après cela, si...
M. Vaugeois: Nous sommes efficaces... Après...
Mme Lavoie-Roux: Après, vous êtes efficaces,
d'accord.
M. Vaugeois: Ah oui!
Mme Lavoie-Roux: En mai 1977, vous avez signé un contrat
avec un archéologue pour des fouilles et des reconnaissances
archéologiques à Hauterive et à Mingan. Est-ce qu'il y a
des résultats à ces fouilles?
M. Vaugeois: C'est, je pense, M. Crête qui y était
allé. Pour le site de Mingan, c'est sous la direction du professeur
Crête, qui a d'ailleurs contribué à un excellent ouvrage de
recherche amérindienne qui fait l'histoire archéologique
je n'aime pas parler d'histoire, mais, en tout cas qui offre un
aperçu archéologique de I'histoire du Québec. Ces travaux
sont très bien faits.
J'ai vu avec beaucoup de soin des contrats qui sont signés avec
les équipes d'archéologues qui vont sur le terrain
l'été. L'automne, cela donne lieu a des rapports très
complets. Durant tout I'hiver, nous avons des équipes au
ministère qui vérifient l'état des recherches, parce que
les permis sont maintenant accordés avec de plus en plus d'exigences. Il
s'agit de voir d'une fois à I'autre si les exigences ont
été observées.
Dans le cas qui nous préoccupe, je sais que I'équipe
retourne au site de Mingan à la mi-juin. J'ai signé le nouveau
contrat pour cette équipe. Nous en avons comme cela sept ou huit, je
pense, qui ont fait I'objet de nouveaux contrats pour cet été.
Vous les avez un peu partout au Québec. C'est suivi avec beaucoup de
soin par l'équipe d'archéologues du ministère.
Comme je le disais hier, c'est l'une de nos bonnes équipes de
spécialistes. Cela a été l'une des premières de la
direction générale.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que ces résultats sont rendus
publics? Est-ce que vous les mettez à la disposition...
M. Vaugeois: Oui, dans les Cahiers du patrimoine, vous avez eu un
certain nombre de numéros qui ont été construits à
partir des rapports des archéologues.
Mme Lavoie-Roux: Mais non pas...
M. Vaugeois: D'ailleurs, vous avez mentionné
vous-même le livre 9 sur la poterie de Saint-Denis.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: Tout a commencé par des travaux
d'archéologues, avec Michel Gaumont et Paul-Louis Martin.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, dans ces cas-ci, évidemment,
c'est trop tôt encore pour que...
M. Vaugeois: Oui, je pense que ce n'est pas terminé. Dans
le cas de Mingan, ce n'est pas terminé, loin de là.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: C'est un site extraordinaire, n est-ce pas?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: On est en train d'établir avec la côte
atlantique européenne des relations beaucoup plus importantes qu'on ne
l'aurait cru au départ.
Mme Lavoie-Roux: Une autre question, c'est le contrat qui a
été accordé pour les travaux d aménagement
intérieur à la Pointe-du-Moulin, à l'île-Perrot.
Est-ce que ces travaux sont terminés?
M. Vaugeois: Non, ils ne sont pas terminés. Je les ai
visites il y a deux ou trois semaines. Ils progressent bien. Il y a deux types
de travaux, il y a la restauration du moulin et il y a une construction
nouvelle. Dans les deux cas, les travaux progressent bien. Il y a des projets
d'animation qui sont en bonne voie. J'ai rencontré le conseil municipal
réuni à l'île-Perrot et je pense que c'est un dossier qui
progresse bien.
Le seul regret que j'ai dans ce dossier, c'est qu'à l'origine il
y a un troc incroyable entre le site de la Pointe-du-Moulin et le site des
Vieilles Forges. Là-dessus, je pense que le précédent
gouvernement et ceux qui ont été concernés par cela n'ont
pas de quoi se vanter. C'est un marché de dupes. Il reste
néanmoins que le résultat, c'est que l'équipe qui est au
site des Vieilles Forges travaille bien et que le groupe qui est à la
Pointe-du-Moulin, dont nous sommes responsables, travaille bien
également.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous voulez dire le troc, c est entre le
fédéral et...
M. Vaugeois: Oui, c'est un échange incroyable. Il n'y a
pas de commune mesure. Le site des Vieilles Forges est l'un des plus importants
en Amérique du Nord. C'est la première industrie lourde en
Amérique du Nord. Ce site a été en exploitation, pendant
un siècle et demi...
Mme Lavoie-Roux: Oui. Est-ce que c'était une question de
ressource financière à ce moment-là?
M. Vaugeois: Non, je pense que c'est un député
fédéral de notre région qui a fait la différence.
C'est le gars de la taxe de vente.
Mme Lavoie-Roux: Prévoyez-vous d'autres travaux qui vont
aller au-delà de ceux que vous avez déjà accordés
par contrat pour...
M. Vaugeois: Pour la Pointe-du-Moulin? Mme Lavoie-Roux:
Oui.
M. Vaugeois: Je ne crois pas, je pense que tous les contrats sont
donnés à la Pointe-du-Moulin. Nous allons nous occuper en prenant
possession de l'endroit, des aménagements extérieurs. Je pense
qu'on va même faire la plantation de maïs ou de blé pour
reconstituer l'endroit tel qu'il a existé parce que c'était une
seigneurie à I'époque. Mais je pense que les contrats au niveau
de la restauration sont forcément donnés, puisqu'on en est
à la phase finale.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les seules questions que j'ai. De toute
façon, on pourra en poser quelques autres au moment de l'étude du
projet de loi no 4.
Ah oui! Une toute dernière. Dans votre rapport, à la page
39, en 1977/78, le ministère a classé treize oeuvres d'art, vingt
monuments historiques, six sites historiques, tandis que sept ont
été reconnus. Est-ce qu'on pourrait avoir une liste de ces...
M. Vaugeois: Oui, absolument. D'ailleurs, cela permettrait de
compléter le cahier numéro 10.
Mme Lavoie-Roux: Le cahier 10. D'accord.
M. Vaugeois: D'ailleurs, nous allons tenir à jour cet
inventaire général. Je trouve cela extrêmement
intéressant comme document. Je pense qu'il va s'épuiser
rapidement, je le souhaite en tout cas, pour qu'on puisse le mettre à
jour constamment. Il relève tous nos monuments et sites jusqu'au 1er
janvier 1977. Donc, il en manque un bon nombre.
Mme Lavoie-Roux: Alors, merci.
M. Vaugeois: Est-ce que vous voulez qu'on vous fournisse la
liste? Oui, on peut faire cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Une dernière question sur ce programme. Il
y a des travaux d'agrandissement du musée du Québec d'une
très grande importance qui sont projetés. On a déjà
fait état des collections qu'on doit préserver, collections
uniques qui sont exposées à la détérioration. On
avait mentionné l'an dernier c'est vague un peu la
collection Coverdale, acquise de Canada Steamship Lines et des hôtels
Manoir Richelieu et Tadoussac. Il y a certaines questions j'en ai
posé une au feuilleton concernant l'entrepôt Mailloux. La
réponse ne pouvait pas être détaillée, parce que,
m'a-t-on dit, il y avait des milliers de pièces de toutes sortes.
Maintenant, est-ce que dans un avenir assez rapproché le
ministère prévoit être en état de
sortir toutes ces pièces? Est-ce que le ministre peut nous faire
état des travaux souterrains qui se font actuellement près de
l'actuel musée du Québec? C'est ma première question.
M. Vaugeois: Le dossier de la collection Coverdale reste un
dossier actif dont on se préoccupe. La question des entrepôts est
en voie de se régler, comme vous le savez. Nous allons disposer, dans
les prochains jours, sinon les prochaines semaines, d'un nouvel entrepôt
que nous fournit le ministère des Travaux publics. Dans le cadre d'une
entente fédérale-provinciale, nous allons pouvoir faire des
travaux à la Place Royale qui vont nous permettre de
récupérer des espaces et de mettre en valeur certaines de nos
pièces. Sur le site du musée, dès que le
déménagement des archives va être fait à la chapelle
du Grand Séminaire, sur le campus de l'université, nous allons
pouvoir compléter les aménagements du musée actuel. Les
travaux se poursuivent à bon train dans la vieille prison, qui va
être le prolongement du musée. Quant aux travaux souterrains, je
pense qu'il n'y a rien de commencé pour l'instant. On en est, si vous
voulez, à travailler à la prison et au musée
lui-même, où il y a déjà des travaux qui se font,
mais les vrais travaux vont commencer quand les archives auront quitté
l'endroit.
M. Le Moignan: Une dernière question.
M. Vaugeois: Si vous voulez, sur la question des entrepôts,
vous avez des précisions intéressantes aux pages 44 et 45, qui
sont encore plus précises que ce que je viens de vous dire. Entre
autres, on me signale que dans le cas de l'entrepôt Mailloux, nous avons
quitté cet endroit. Comme je l'indiquais, vous le voyez à la page
45, le ministère des Travaux publics a commencé
l'aménagement d'une réserve de quelque 40 000 pieds, qui sera
disponible dès la fin de mai 1978. C'est pour cela que je parlais de
quelques jours ou de quelques semaines. Je ne sais pas, à ce moment-ci,
si c'est dans trois semaines ou dans quatre semaines, mais je me souviens avoir
vu dans mes dossiers que c'était imminent, si vous voulez, que les
Travaux publics allaient nous fournir un entrepôt nouveau.
M. Le Moignan: Une dernière question concernant les
toiles, les peintures qui sont conservées souvent dans des
édifices qui ne sont pas à l'épreuve du feu. Je pense
à l'incendie de Bois-de-Coulonge où on a perdu des trésors
inestimables. Est-ce que cela existe encore, dans certains endroits, cette
pratique qui existait jadis. Dans les bureaux de certains ministres ou dans
leurs maisons personnelles, on faisait des emprunts, j'ai bien dit "des
emprunts", que l'on redonnait au propriétaire. On s'expose, avec une
telle pratique, à perdre des objets, des peintures, des toiles
très précieuses.
M. Vaugeois: On s'expose de deux façons, si je comprends
bien. Si on les regroupe au même endroit, on risque un incendie. Si on
les laisse en circulation dans des bureaux, on s expose également, me
dites-vous, à ne pas les revoir.
M. Le Moignan: Non, ce n'est pas la question. Je sais qu'elles
vont revenir.
M. Vaugeois: Ah!
M. Le Moignan: ... mais vous avez des endroits, par exemple, qui
sont à l'épreuve du feu.
M. Vaugeois: D'accord, très bien. Quand j'ai fait
allusion, tout à l'heure, à la circulation possible d'oeuvres
d'art, je ne l'ai pas souligné avec beaucoup d'attention,
peut-être, mais je l'ai suggéré, je crois. Nous pourrions
confier des oeuvres d'art, des toiles en particulier à des gens dans le
milieu, mais qui pourraient nous offrir des conditions de conservation qui nous
offrent le maximum de garanties, sur le plan de l'incendie, sur le plan du
gardiennage, etc. Moi, je trouve de très bonne pratique celle de placer,
un peu partout dans les bureaux officiels du gouvernement, pas seulement
à Québec, en région, des objets, des oeuvres d'art que
nous conservons dans notre collection.
Le problème pour le faire, c'est d'avoir un inventaire
très précis et d'avoir un contrôle sur l'inventaire.
Actuellement, je pense que cela ne peut pas être le genre de
difficulté à laquelle nous aurions à faire face. Cela me
plaît de rapporter que, dans les dossiers que j'avais sur mon bureau
hier, j'avais une lettre du premier ministre qui me demandait de remettre aux
Archives du Québec un ouvrage du XVIIIe siècle qu'il a
reçu en cadeau récemment, et le premier ministre,
conformément à la directive actuelle du gouvernement, demande
à tous les ministres de faire don, au gouvernement, d'objets, de biens
reçus en cadeau, d'une valeur de plus de $25. Alors, ça
m'étonnerait que, dans un même temps, les mêmes hommes
rendent à l'Etat des cadeaux reçus et disparaissent avec des
oeuvres d'art.
Mme Lavoie-Roux: Cela vous permet de garder la boisson, avec la
limite de $25.
M. Vaugeois: De garder la boisson? Mme Lavoie-Roux: Oui.
Une Voix: Les ministres et les députés. M.
Vaugeois: Le ministre et les députés.
M. Le Moignan: Non, l'idée, c'est que je n'ai aucune
crainte...
Mme Lavoie-Roux: Remarquez bien qu'il n'a rien inventé
avec ça, parce qu'il y a d'autres endroits où la même
pratique était courante au Québec.
M. Vaugeois: Nous, on n'invente rien. On s'inspire de ce qui se
fait de mieux partout, Madame.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça.
M. Le Moignan: Non, je ne m'oppose pas à ce que des
oeuvres d'art soient placées à droite ou à gauche, mais
là où il n'est pas question d'incendie surtout, ce qui est notre
grand fléau. En dehors de ça, si c'est bien
préservé et conservé...
M. Vaugeois: C'est ça.
M. Le Moignan: ... mon objection n'est pas là.
M. Vaugeois: J'ai visité moi-même l'entrepôt
principal du Musée du Québec, là ou est la principale
collection. Bon! C'est conservé dans des conditions pas mal meilleures
qu'autrefois. Le système est bon, d'ailleurs, mais il reste que tout est
dans la même pièce. La pièce a beau être à
l'épreuve du feu, un incendie dans la pièce serait
catastrophique. J'ai visité également l'entrepôt du
Musée d'art contemporain, à Montréal. L'aménagement
des lieux est assez bon, mais il reste qu'on a eu un incendie au Musée
d'art contemporain. On s'est rendu compte que les conditions de conservation
étaient bonnes, mais un incendie fera toujours des dégâts,
surtout si cela arrive dans la pièce principale d'entreposage. Mon
idée de circulation et de retour vers les régions nous
protégerait d'un fléau général, parce que tout ne
peut quand même pas passer au feu en même temps.
Le Président (M. Jolivet): Donc, on peut considérer
les éléments 2 et 3 du programme 2 comme étant
adoptés?
Mme Lavoie-Roux: Adopté. M. Le Moignan:
Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Donc, le
programme 2 est adopté au complet.
Maintenant, j'aimerais vous faire remarquer, si vous êtes tous
d'accord pour qu'on termine à 12 h 15. Les gens du Parti libéral
doivent se rendre à leur caucus, et il y a aussi la tenue du caucus du
Parti québécois. Si vous êtes d'accord, on pourrait
terminer à 12 h 15?
M. Le Moignan: Oui, nous leur ferons cette concession
volontiers.
Mme Lavoie-Roux: ... un quart d'heure.
M. Le Moignan: Ah oui!
Le Président (M. Jolivet): Programme 3.
M. de Bellefeuille:... de passer au programme 4 et de revenir au
programme 3? Est-ce que je peux faire la demande?
Le Président (M. Jolivet): Cela peut être fait comme
demande, si vous voulez faire la demande...
M. Vaugeois: Le programme 3, je pense que c'est l'affaire de
quelques minutes.
Mme Lavoie-Roux: C'est que...
M. Vaugeois: Ecoutez! On va passer là-dessus en deux
minutes. Je pense, en tout cas.
Mme Lavoie-Roux: On va vous poser quelques questions...
M. Le Moignan: Deux minutes?
Mme Lavoie-Roux: Si vous n'avez rien à dire, ce ne sera
pas long.
Gestion interne et soutien
M. Vaugeois: Allez-y, pour le programme 3, je vais lire ce qu'il
y a dans le document officiel. Ce programme vise à planifier, diriger et
coordonner les ressources humaines, physiques et financières
essentielles à la gestion des programmes du ministère. Qu'est-ce
que vous voulez qu'on fasse de plus et d'autres?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Mme le
député.
Mme Lavoie-Roux: Première question, M. le
Président. Hier, quand je vous ai parlé des crédits
périmés...
M. Vaugeois: Oui.
Mme Lavoie-Roux:... vous m'avez rapidement répondu...
C'est-à-dire que j'ai peut-être trop rapidement accepté
votre explication lorsque j'ai dit qu'il y avait eu des crédits
périmés lors des deux dernières années, de l'ordre
de $5 700 000. Vous m'avez donné comme explication, évidemment,
dans la restauration, on ne sait vraiment pas, il y a... Mais, est-ce que,
vraiment, ce que vous imputez à la restauration est si
considérable pour que vous en arriviez avec des crédits
périmés de cet ordre, ce qui est quand même assez
considérable?
J'aimerais savoir à quels postes vos crédits ont
été périmés et si vous n'êtes pas en mesure
de me le donner maintenant, seriez-vous en mesure de nous en fournir la liste
à un autre moment? Dans quels programmes les crédits ont
été périmés...
M. Vaugeois: II y en a ailleurs, remarquez.
Mme Lavoie-Roux: ... l'an dernier? (11 h 45)
M. Vaugeois: Oui, il y en a ailleurs. De mémoire, je peux
vous en donner parce que je l'ai constaté. Je suis arrivé au
ministère au moment où finissait l'exercice budgétaire.
Cela a été une de mes premières préoccupations.
Vous savez sans
doute que le Conseil du trésor, au mois de mars, est
particulièrement vigilant sur les efforts que font les ministères
pour aller au bout de leurs crédits. Alors, dans le mois de mars, il
était trop tard, au ministère, chez nous, pour faire ce genre
d'effort.
Du programme de relance économique, nous avons
hérité d'un montant assez substantiel. Il faut dire que la
planification générale, dans l'inventaire des bâtiments
restaurés, n'avait pas prévu de telles ressources. Donc, à
moins de faire les choses à moitié, c'était
inévitable qu'il y ait un démarrage un peu progressif de ce
côté-là.
Mais il y a eu, un peu partout pas un peu partout, mais à
plusieurs endroits une proportion de crédits
périmés qui peuvent tenir au fait que le ministère a eu
une augmentation de crédits quand même assez significative, et que
I an dernier, quand mon prédécesseur, Louis O'Neill, a pris le
ministère, il y avait un bon nombre de postes vacants, de postes
intérimaires. Les directeurs généraux que vous avez vus
ici depuis hier sont pour la plupart nouveaux. Ils n'étaient pas en
fonction il y a un an. Tout cela mis ensemble fait que, à mon avis, vous
avez là les principales explications, encore que j'insiste sur le fait
que notre performance a été meilleure que les prévisions
du Conseil du trésor lui-même. On me donne une note ici qui
indique que 80%, à peu près, des crédits
périmés seraient à la restauration.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui laisserait un montant de $3 700 000.
M. Vaugeois: On me dit que c'est le genre de compilation qu'on
fait actuellement. On peut vous envoyer le détail. Je l'ai
demandé. Cela me ferait bien plaisir de vous le transmettre.
Mme Lavoie-Roux: Hier, vous avez probablement confirmé
cela. L'an dernier, les postes suivants étaient vacants et on sait que
le sous-ministre a été nommé. Est-ce que dans le cas du
directeur des conservatoires, le directeur général des arts et
des lettres, le directeur du livre, le directeur des arts visuels, le directeur
des arts d'interprétation, les gens sont maintenant en poste dune
façon permanente?
M. Vaugeois: II faudrait les prendre un par un.
Mme Lavoie-Roux: Un par un, alors. Le directeur des
conservatoires?
M. Vaugeois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est monsieur?
M. Vaugeois: C est M. Uriel Luft.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je me souviens. Le directeur
général des arts et des lettres?
M. Vaugeois: M. Georges Cartier.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Le directeur du livre?
M. Vaugeois: Cela dépend à quel niveau, mais cest
probablement M. Guy Boivin, dont vous parlez.
Mme Lavoie-Roux: Le directeur des arts visuels?
M. Vaugeois: M. Cyrille Simard. Il vient d'être
engagé et, malheureusement, il a été malade quelques jours
ou quelques semaines après son engagement; il est en convalescence
actuellement.
Mme Lavoie-Roux: Et le directeur des arts
d'interprétation?
M. Vaugeois: Le jury vient de se réunir vendredi dernier
et me fait rapport ces jours-ci.
Mme Lavoie-Roux: Alors, ils n'étaient pas encore tous en
poste.
M. Vaugeois: Ce n'est pas facile d'ailleurs. Cela bouge tout le
temps.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y en a eu entre-temps? C'est la
question qu'il faut poser.
M. Vaugeois: Notre ministère vit... Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y en a eu entre-temps? Vous dites,
par exemple, que ce n'est pas possible parce que cela bouge continuellement,
mais c'est l'an dernier que ces postes étaient...
M. Vaugeois: M. Luft est en fonction depuis plusieurs mois, M.
Boivin également, M. Georges Cartier depuis huit mois. Donc, le plus
récent c'est le directeur des arts d'interprétation qui va
arriver éventuellement.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Je voulais vous poser une autre
question. Est-ce que ce serait possible dobtenir la liste des subventions de
fonctionnement des conseils régionaux de la culture par
région?
M. Vaugeois: Vous voulez la liste des subventions aux conseils
régionaux de la culture? C'est, si on peut dire, normalisé. C'est
toujours de l'ordre de $96 000. Ce que vous pourriez vouloir, ce serait qu on
vous indique ce qu'on a donné l'an dernier, puisqu'ils se sont, pour
plusieurs, formés en cours de route I'an dernier. Donc, ils n'ont pas eu
le montant total.
Mme Lavoie-Roux: Non. Vous voulez dire que partout c est le
même montant.
M. Vaugeois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que je voulais savoir.
M. Vaugeois: C'est le même montant partout. Mme
Lavoie-Roux: D'accord.
M. Vaugeois: Cela a varié l'an dernier, parce que la
période de fonctionnement a varié beaucoup. Il y en a,
comme...
Mme Lavoie-Roux: Oui, je sais, d'accord.
M. Vaugeois: II y en a qui ont été formés
quelques semaines avant la fin de l'exercice.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord. Mais je me demandais s'il y
avait...
M. Vaugeois: Remarquez que cela pourra varier. J'ai
proposé aux conseils régionaux de la culture de nous faire des
propositions pour qu'on fasse une espèce d'équilibre entre leurs
besoins au titre, par exemple, des déplacements... Leurs frais de
déplacement ne sont pas toujours les mêmes, compte tenu de ce
qu'ils font. Je leur ai dit: Si vous êtes prêts à me dire:
Dans le cas de tel conseil régional de la culture, on pourra avoir $3000
de moins au titre du déplacement, puis en donner $1000 de plus à
ceux de la Gaspésie ou de la Côte-Nord, etc., je les ai
invités à me faire ce genre de proposition. Mais pour l'instant,
ce sont les mêmes normes qui s'appliquent pour tout le monde, donc les
mêmes montants.
Mme Lavoie-Roux: L'an dernier, on avait abordé le
problème de la région de Montréal, au point de vue de tout
le domaine de la culture, parce que comme il y a plus de ressources au plan
local, au plan des villes que, probablement, dans d autres régions du
Québec, nous avions demandé au ministre de quelle façon il
comptait faire l'animation culturelle. Evidemment, il y a les grands centres
artistiques, mais du point de vue de Ianimation de la population, est-ce que
vous vous êtes penché, durant l'année, sur ce
problème de la régionalisation du côté de
Montréal? Quelles sont les solutions que vous avez envisagées ou
les choses que vous avez mises en place?
M. Vaugeois: D'abord, il y a eu un renforcement de notre bureau
de Montréal. C'est une question que vous ne m'avez pas posée,
mais nous avons nommé, tout récemment également, un
directeur du bureau de Montréal. Là, il y a un effort à
réaliser pour regrouper vraiment tous nos effectifs et toutes nos
interventions dans la région de Montréal, au moins au niveau de
notre structure à nous de bureau régional.
Je vous signale que c'est Pierre Ouellet qui a été
désigné comme directeur du bureau. Pour le reste, pour se donner
un pendant de nos conseils régionaux de la culture, à
Montréal, on en est au niveau des hypothèses, actuellement.
J'aimerais vous en dire un peu plus, mais je ne voudrais pas vous lancer sur de
fausses pistes. Je peux vous dire au moins ceci, c'est que les
hypothèses sur lesquelles nous travaillons actuellement tiennent compte
du caractère, comment on dit ça, multiethnique, si je peux dire,
de Montréal.
Autrement dit, nous allons tenir compte des Montréalais de toutes
origines et nous avons déjà actuellement, mais je ne peux
l'annoncer publiquement, des mesures prises dans ce sens, pour que dans la
région montréalaise en particulier, on tienne compte de tous les
groupes ethniques qui y sont représentés.
Mais ça pose un certain nombre de problèmes très
différents des régions, vous le savez bien, et nous n'avons pas
encore de propositions concrètes. C'était peut-être la
dernière chose qui nous manquait, une évaluation des
interventions souhaitables et possibles de la part de notre ministère
vis-à-vis des différents groupes ethniques de la région
montréalaise.
Mme Lavoie-Roux: Evidemment, la question des groupes ethniques
m'intéresse toujours beaucoup, mais je pensais également à
plusieurs quartiers vraiment défavorisés au point de vue des
ressources culturelles, des organismes culturels. Vous ne les sortirez jamais
de leurs quartiers, à moins que vous n'alliez les retrouver dans leurs
quartiers.
M. Vaugeois: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Je pensais plutôt à des groupes qui
n'ont pas de ressources sur place dans des quartiers quand même
considérables et que vous ne sortirez pas de leurs quartiers pour
amener...
M. Vaugeois: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: Pour ceux-là, est-ce qu'il y a un plan de
travail, un comité de travail, quelles sont les grandes lignes
d'orientation? Vous devez quand même avoir un certain plan, un dessein
quelconque?
M. Vaugeois: Le plan qui existe à cet égard
répète un peu le scénario des conseils régionaux de
la culture: il s'agit de diviser la région de Montréal de la
façon la plus logique possible. Là, il va falloir
répéter, à l'intérieur de ces conseils je ne
parle plus de conseils régionaux mais de conseils de la culture
un peu les formules qu'on préconise pour tous les conseils
régionaux de la culture. Parce qu'il y a des sous-régions et il
faut permettre le respect, si vous voulez, d'une certaine
réalité.
Quand on crée, par exemple, un conseil régional de la
culture pour la Mauricie-Bois-Francs, il faut être bien conscient que les
Bois-Francs ont une histoire bien différente, ont des habitudes, des
noyaux bien différents. Il faut que les conseils s'ajustent dans chaque
cas et on les invite à le faire. Cela se fait actuellement. Dans la
région de Montréal, au lieu d'être des sous-
régions, on pourra peut-être retenir la notion de
quartier.
Cela devra venir surtout des conseils formés. Actuellement, ce
sont des hypothèses; est-ce qu'il pourrait y avoir un conseil de la
culture pour Laval, un pour le nord, un pour le sud, un pour l'île
proprement dite, on travaille à des hypothèses de
découpage semblable, mais il n y a rien d arrêté.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a, par exemple, des initiatives
provenant de certains quartiers qui font appel au ministère des Affaires
culturelles? Je pense, par exemple, au quartier Hochelaga-Maisonneuve, qui a
quand même constitué une municipalité. Je pense à
Ville-Emard. Au fond, vous êtes un peu dans l'inconnu dans tout cela,
pour le moment.
M. Vaugeois: A Montréal, notre bureau vient vraiment de se
structurer correctement. Je sais que le gros du travail a porté sur le
Vieux-Montréal, sur l'inventaire au niveau des églises, des
communautés religieuses, des accords avec l'archevêché,
avec l'Université McGill, etc.
Ce qui a dominé, jusqu'à maintenant, à
Montréal, c'est le côté patrimoine. Les interventions qui
nous viennent des quartiers, dont j'ai été saisi, sont presque
toujours sous l'angle de la protection d'un ensemble architectural, sur la rue
Saint-Hubert, ou je ne sais trop. On m'alerte beaucoup sur ce genre
d'intervention qui vient du milieu.
Maintenant, le travail en ce sens commence à Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Au point de vue de la culture populaire, de la
réanimation culturelle des quartiers, il n'y a pas de...
M. Vaugeois: II faudrait que je voie avec mon collègue du
Haut-Commissariat, parce que vous savez que le Haut-Commissariat intervient
beaucoup également du côté socio-culturel. Il est possible
qu'il soit plus avancé que nous de ce côté-là. Je
n'oserais préciser davantage.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on peut espérer que I'an
prochain, lorsqu'on reviendra pour l'étude des crédits...
M. Vaugeois: Que je puisse être plus précis?
Mme Lavoie-Roux: Oui, qu'il y ait quand même un plan un peu
plus...
M. Vaugeois: Si je suis encore là, madame.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est ce que j'étais pour dire; c
est notre cas à tous, d'ailleurs. Sérieusement, cette question
avait été discutée assez longuement, à un moment
donné, et j'ai l'impression qu'on piétine un peu.
M. Vaugeois: J'en ai fait une priorité pour
moi-même.
Mme Lavoie-Roux: Sans blâmer qui que ce soit, les mois,
ça passe vite, mais il faut quand même se donner aussi des
échéances.
Ce sont les seules questions que j'avais à poser
là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Votre prédécesseur, M. le ministre,
avait déclaré l'an dernier que le seul qui n'était pas par
intérim, c'était le ministre. J'ai retrouvé cela dans le
journal des Débats, hier soir.
Mme Lavoie-Roux: C'est le ministre qui avait dit cela? Il ne faut
jamais jurer de rien.
M. Le Moignan: C'est quand j'avais commis un petit lapsus
involontaire.
M. le ministre, j'aurais seulement une question. Je vois que vous avez
des bureaux régionaux de la culture qui s'apparentent beaucoup aux
conseils régionaux des communications ou de Radio-Québec. Je vois
que vous aviez au moins trois postes vacants, soit Hull, Chicoutimi et
Trois-Rivières, au moment où ce fut imprimé.
Quand je regarde Rimouski vous appelez cela une région,
dans votre langage vous oubliez que c est un territoire. C'est une
province. C'est de La Pocatière à Gaspé. C'est 400 milles
de long.
Mme Lavoie-Roux: C'est un beau pays à part cela, n'est-ce
pas?
M. Le Moignan: Vous ajoutez une heure d avion si vous voulez
aller aux Iles-de-la-Madeleine. Autrement dit, c'est un territoire qui peut se
subdiviser en quatre régions distinctes, comme vous venez de le
mentionner, par l'histoire, par le passé, par la tradition, par la
langue, etc.
Il n'y a rien d'éternel dans ces divisions. Est-ce que c'est un
problème que vous allez envisager un jour, concernant l'étendue
d'un tel territoire, pour en arriver à faire quelque chose? On sait que
la Gaspésie a toute une histoire très différente de
l'histoire de la Mitis, Rimouski, Matane, Matapédia. Vous avez ensuite
la région du Grand Portage qui a encore une autre histoire,
Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Kamouraska, etc. Ensuite, vous avez les
îles, à l'autre bout, qui sont un autre peuple qui n'a jamais eu
de relations avec le territoire...
M. Vaugeois: Ce sont les Iles-de-la-Madeleine dont vous
parlez?
M. Le Moignan: Les Iles-de-la-Madeleine... Avec le territoire en
question. Et vous n'avez qu'un bureau pour tout cela.
M. Vaugeois: Nous sommes conscients de cela, M. le
député, mais je suis quand même content que vous le
souligniez à partir de votre connaissance de ces régions.
Concrètement, on fait déjà des efforts pour permettre
à nos bureaux,
qui couvrent d'aussi grandes régions, des régions aussi
diverses, de pouvoir intervenir. Dans le cas des Iles-de-la-Madeleine, nous
engageons actuellement un animateur culturel qui va être affecté
aux Iles-de-la-Madeleine parce que c'est évident que les
problèmes sont spécifiques. C'est le genre de formule qu'on a
l'intention de multiplier, compte tenu de nos moyens, et qu'on articule
d'ailleurs avec le milieu. Mais nous sommes conscients de la chose. On essaie
timidement d'être davantage présent aux sous-régions. Je
parle de sous-régions par rapport aux régions officielles, telles
que délimitées, différemment d'ailleurs, par les
gouvernements de Québec et d'Ottawa. Mais ce n'est pas éternel,
pour reprendre votre terme. (12 heures)
M. Le Moignan: Même à l'intérieur des
différents ministères du Québec, on n'adopte pas non plus
les mêmes divisions.
M. Vaugeois: Exactement, c'est vrai.
M. Le Moignan: La région 01 n'a pas les mêmes
frontières, cela dépend de certains ministères. Je vois
qu'il y a d'autres postes vacants à droite et à gauche en bas,
mais c'est à combler ou cela va venir...
M. Vaugeois: Est-ce qu'il y en a beaucoup?
M. Le Moignan: Je vois qu'il y a une Direction
générale des musées...
M. Vaugeois: Là, vous parlez des bureaux
régionaux?
M. Le Moignan: Non, la Direction générale des
musées, c'est pour le Québec.
M. Vaugeois: Là, c'est un autre problème. M. Le
Moignan: D'accord, c'est un problème.
M. Vaugeois: C'est parce qu'il y a l'hypothèse d'une
commission nationale des musées. On ne fera pas un concours, si vous
voulez, pour le poste de directeur des musées aussi longtemps qu'on ne
sera pas branché.
M. Le Moignan: Ah! c est votre livre blanc qui mentionne trois
hypothèses.
M. Vaugeois: Pas nécessairement, tout n'est quand
même pas dans le livre blanc.
M. Le Moignan: Non, mais il y a trois hypothèses de
direction générale, je pense que les musées tombent
là-dedans, les musées d'art et d histoire populaire.
M. Vaugeois: On a les musées privés, on a le
Musée d art contemporain, le Musée des beaux-arts, le
Musée du Québec. Actuellement, il y a toutes sortes de
problèmes qui se posent, par exemple, une coordination au niveau des
acquisitions.
A défaut d avoir une direction générale que nous
hésitons à créer étant donné la
diversité des institutions muséologiques en cause, on fait quand
même un effort de coordination pour que les musées existants,
fussent-ils privés ou publics, puissent se coordonner.
M. Le Moignan: On parle des musées plus loin.
M. Vaugeois: On y reviendra d ailleurs. M. Le Moignan: Au
programme 4, oui.
M. Vaugeois: C est volontaire qu on n ait pas de concours en
marche pour ce poste.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Non, M. le Président, le ministre a
déjà répondu à la question que je voulais
poser.
Le Président (M. Jolivet): Oui, Mme le
député de L Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question. Compte tenu que
les comités régionaux de la culture doivent être
représentatifs des régions, est-ce qu il serait possible
d'obtenir une liste des membres des différents conseils régionaux
de la culture, non pas leurs adresses, mais au moins la ville ou le patelin
d'où ils viennent?
M. Vaugeois: C'est une demande de taille, parce que cela bouge
beaucoup, mais on pourrait vous fournir au moins ce que nous avons. Dans
plusieurs cas, je sais que ce sont des espèces de groupes provisoires
qui démarrent le conseil, qui vont après cela en élection.
On peut vous donner ce que nous avons actuellement comme information. On me dit
que nous avons des rapports de cette nature sur tous les conseils.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d accord.
M. Vaugeois: On va vous faire un beau petit dossier
là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Merci!
Le Président (M. Jolivet): Peut-on considérer comme
adoptés les éléments 1 et 2 du programme 3?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Jolivet): L'élément...
M. Vaugeois: Sur l'élément 3, il n'y a rien a
ajouter?
Le Président (M. Jolivet): II n'y a pas
d'élément 3.
M. Vaugeois: Ah! c est vrai. Je m'excuse, mais...
M. Le Moignan: II voulait en composer un.
Le Président (M. Jolivet): Le programme 3 est donc
adopté.
On peut passer maintenant au programme 4.
Arts plastiques
M. Vaugeois: C'est cela. Ce programme vise à
développer les arts plastiques et à en favoriser l'accès
au public. Il vise également à la conservation et à la
diffusion ainsi qu'à l'incitation à la création.
Deux activités composent cet élément:
I'administration de la politique et l'activité de ressources techniques.
Un budget de $282 300 qui était celui de 1977/78 passe à...
Là, je suis embêté par exemple. Il y a un virement de
crédits de I'ordre de $70 000?
Mme Lavoie-Roux: Vous avez diminué de 7,18%.
M. Vaugeois: Mon Dieu, quelle étude! On sera obligé
de changer de programme. Ma note dit que les $70 000 sont allés au
programme 5, élément 2. On reviendra là-dessus, si vous
voulez. On s'en tient à l'élément 1 pour l'instant?
Mme Lavoie-Roux: Je proposerais, M. le Président, si les
gens sont d'accord, que, compte tenu du temps qui reste, de donner la parole au
député de Deux-Montagnes, parce que j'ai l'impression qu'il n'a
pas l'intention de revenir à 16 h 30, pour des raisons vraiment fort
légitimes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, c'est un cas de
télépathie absolument admirable. Mme le député m'a
deviné. Je me sens mis à nu. Le problème c'est que je ne
suis pas sûr si je pourrai être ici à la prochaine
séance. Il y a une question que je veux poser, à laquelle je
tiens beaucoup, qui n'est pas d'ordre général, qui est
particulière. C'est au sujet du Musée d'art contemporain.
Au ministère, j'ai pu constater qu'on discute souvent de
l'opportunité de déménager le Musée d'art
contemporain, parce que l'édifice actuel qui abrite le Musée
d'art contemporain a été acquis à la suite de l'exposition
universelle de Montréal en 1967, c'était le Musée de
l'exposition. C'est un édifice qui avait été construit
selon les normes muséologiques internationalesqui convenait parfaitement
à cette exposition à court terme, d'une durée de six mois,
qui un temps, a permis au Musée d'art contemporain de chercher à
s'implanter, mais qui ne correspond pas à tous les besoins du
Musée d'art contemporain. Je pense que les salles d'exposition sont,
soit trop peu nombreuses, soit qu'elles manquent de souplesse dans leur
aménagement, il n'y a pas assez d'espace de réserve, il n'y a pas
assez d'espace de bureau, il n'y a pas assez d'espace pour y faire de
l'animation culturel- le. Je pense que le ministre lui-même pourrait
ajouter à cette liste de lacunes de cet édifice.
Quant à moi, chaque fois que j'ai eu l'occasion de participer
à des discussions sur cette question, j'ai toujours été
porté à préférer une autre hypothèse qui
consisterait, non pas à déménager le Musée d'art
contemporain, mais à prévoir plutôt la construction d'une
annexe au musée actuel. Ce qui me guide en cette matière, c'est
non seulement le fait que l'édifice actuel en lui-même,
malgré ses lacunes, est un excellent édifice qui a
été bâti, je le répète, selon les normes
muséologiques internationales, mais aussi parce que l'emplacement
même dans la cité du Havre, malgré ses défauts
jusqu'à maintenant, me paraît un excellent emplacement. Là,
je reviens aux idées maîtresses du plan directeur de l'exposition
universelle. Une de ces idées maîtresses était que
l'aménagement de la cité du Havre, qui a consisté à
agrandir des terrains à partir d'une jetée existante, à
créer un nouveau quartier en quelque sorte, visait à créer
une ouverture de la métropole sur son fleuve. On sait combien
Montréal manque d'ouverture sur son fleuve. La suite des
événements a fait que les autorités, et peut-être
principalement celles de la ville de Montréal, n'ont pas rendu justice
à cet héritage venu du plan directeur de l'exposition. Par
exemple, le pont de la Concorde qui unit la cité du Havre à
l'île Sainte-Hélène et le pont des Iles, qui unit
l'île Sainte-Hélène à l'île Notre-Dame, sont
aujourd'hui à peu près désaffectés, ne servent
qu'à l'accès à des fins de service et de
sécurité, ne sont à peu près pas utilisés
par le grand public. Les transports en commun de la ville jusqu'à la
cité du Havre laissent à désirer, bien qu'on me dise
qu'ils se sont améliorés. Or, on sait que dans la Cité du
Havre, il y a cet ensemble domiciliaire, appelé Habitat 67; il y a
l'ancien labyrinthe qui est maintenant le siège de
Jeunesse-Canada-Monde; il y a eu un temps le Cercle universitaire qui,
malheureusement, a déserté les lieux. Il y a, à mon avis,
un potentiel à exploiter. Si le Musée d'art contemporain devait,
à son tour, comme l'a fait le Cercle universitaire, quitter la
cité du Havre, cela accentuerait une tendance à la
désaffectation de la cité du Havre. Il me semble qu'il faudrait
plutôt faire le contraire. Il faudrait, autant que possible, faire
revivre la cité du Havre, discuter avec les autorités
compétentes, y compris celles de la ville de Montréal, un plan
d'ensemble qui toucherait peut-être aussi d'autres dossiers, comme celui
de l'exploitation de l'exposition permanente, appelée Terre des Hommes,
de façon à maintenir et à développer plus que cela
n'a été fait au cours des récentes années cette
ouverture de la métropole sur son fleuve, qui passe par la cité
du Havre.
Dans ce contexte, la construction d'une annexe au Musée d'art
contemporain sur un terrain adjacent à l'emplacement actuel, me
paraîtrait correspondre à une planification à long terme
beaucoup mieux fondée que le déménagement du musée
dans un autre secteur de la ville de Montréal.
M. Vaugeois: Le député de Deux-Montagnes vient de
tenir des propos extrêmement intéressants, que j'ai notés.
J'ai eu de longues conversations avec la nouvelle directrice du musée,
Mme Letocha qui fait un travail admirable. Je pense ne pas modifier sa
pensée en suggérant qu'elle est probablement assez de votre avis,
M. le député, et, moi-même, connaissant beaucoup moins les
lieux que vous vous y avez travaillé; vous avez une bonne
connaissance de l'endroit je suis assez porté à penser
comme vous à tous égards, sur tous les points et avec à
peu près les mêmes arguments, encore que, actuellement, je suis
obligé d'attendre pour arriver à des conclusions ou à des
positions officielles un certain nombre de rapports qui ont été
commandés à la directrice du Musée en particulier, mais
j'ai eu des conversations avec elle tout récemment et elle me tenait
à peu près vos propos. Elle insistait, comme vous d'ailleurs, sur
la façon dont le Musée avait été construit dans le
respect des normes muséologi-ques internationales. Elle est assez
satisfaite de la façon dont les lieux sont aménagés; c'est
un problème d'espace qui se pose au niveau des entrepôts, au
niveau des bureux. Quant aux accès, quant à l'endroit, c'est
exactement comme vous l'avez dit, et je vous rejoins sur tout ce que vous avez
dit, encore que je suis obligé d'attendre, si vous voulez, pour annoncer
définitivement mes couleurs.
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Même si ce n'est pas moi qui ai
soulevé le débat, je ne suis pas tout à fait d'accord, du
point de vue de l'accès, avec le choix que vous ferez de l'emplacement
ou du développement du Musée d'art contemporain.
M. Vaugeois: II faut aussi tenir compte de la présence du
Musée des Beaux-Arts. Il y a une fonction complémentaire à
évaluer.
Mme Lavoie-Roux: II faudrait avoir des notes très
précises...
M. Vaugeois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ... sur la fréquentation. Moi, je pense
que ça demeure très difficile d'accès. Ce n'est quand
même pas loin de mon patelin, moi aussi, et je trouve ça
difficile.
M. Vaugeois: Le gros problème, Madame, c'est moins de s'y
rendre que d'y rester plusieurs heures. Le gros problème qui m'a
été signalé, c'est celui de la restauration. La fermeture
du Cercle universitaire a enlevé la salle à manger qu'il y avait
à proximité. Il reste une cafétéria...
Mme Lavoie-Roux: Mais...
M. Vaugeois: ... chez Jacques Hébert, avec...
Mme Lavoie-Roux: ... qui pouvait aller au Cercle universitaire?
Je regrette, il fallait être membre.
M. Vaugeois: Pas tout le monde, c'est vrai.
Mme Lavoie-Roux:... alors que la restauration n était pas
très forte.
M. Vaugeois: Le problème est encore plus grave...
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est ça.
M. Vaugeois: ... parce que la directrice elle-même pouvait
y amener des gens, probablement, j'imagine...
Mme Lavoie-Roux: C'est ça.
M. Vaugeois: ... mais le problème est d'abord
là.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je trouve que ce serait sympathique de
l'avoir là, mais entre un emplacement que je trouve sympathique, parce
que le milieu est intéressant...
M. Vaugeois: II y a de l'avenir.
Mme Lavoie-Roux: On le saura, je ne le sais pas... et
l'accès... c'est quand même un musée pour que des gens
puissent s'y rendre facilement. En tout cas, il faudrait l'examiner...
M. Vaugeois: Ecoutez, Madame, je prends bonne note de ce que vous
venez de dire...
Mme Lavoie-Roux: II faut que ce soit examiné
très...
M. Vaugeois: C est ça. C'est pour ça d'ailleurs,
tout en souscrivant, pour l'instant, aux propos du député de
Deux-Montagnes, que j'ai bien dit que j'attendais d'avoir toutes les
informations pour prendre une position ou en recommander une au Conseil des
ministres. Mais, à priori, ce qu'a dit le député de
Deux-Montagnes rejoint à peu près mon évaluation de la
situation et rejoint aussi, me semble-t-il, la position de la directrice du
Musée. Ça ne veut pas dire que...
Mme Lavoie-Roux: La directrice du musée y vit, elle!
M. Vaugeois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Alors...
M. Vaugeois: Elle a comme préoccupation constante
l'accès à son musée et l'achalandage de son musée.
Elle m'a bien dit que son gros problème, c'était celui de la
restauration. Elle dit: Les gens doivent passer ici plusieurs heures et,
à
un moment donné... D'ailleurs, sur les lieux mêmes, on a
aménagé quelques distributeurs automatiques pour empêcher
les gens de crever de faim...
Mme Lavoie-Roux: Mais l'accès y est quand même
difficile.
M. Vaugeois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas un endroit où vous allez
naturellement ou facilement.
M. Vaugeois: Oui. C'est vrai. Ce n'est pourtant pas loin.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais... M. Vaugeois: C'est
ça.
M. de Bellefeuille: C'est à aménager, à
susciter. Il faut améliorer le transport en commun dans ce secteur.
M. Vaugeois: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: II faut presque s'y rendre en voiture dans le
moment.
M. de Bellefeuille: il y a un service d'autobus à
certaines heures...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il faut marcher... A certaines heures,
mais est-ce que c est un gros autobus ou un petit autobus? Moi, je suis
toujours allée en voiture, mais j'ai l'impression que le service de
transport en commun n'est pas très bien organisé dans le
coin.
M. Vaugeois: Je pense que le service est aux 20 minutes.
Mme Lavoie-Roux: Mais pas à la porte du musée.
M. Vaugeois: Là, il faut s'entendre. La porte est loin de
la rue.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il reste quand même qu'il
faut...
M. Vaugeois: Ce n'est pas possible, il y a des marches.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais vous savez ce que je veux dire. Il y a
des marches et une porte aussi.
M. de Bellefeuille: II y a un arrêt au pied des
marches.
Le Président (M. Jolivet): Donc, s'il n'y a pas d'autres
questions...
M. Vaugeois: Est-ce que vous permettez, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Vaugeois: Tout à l'heure, quand j'ai introduit
l'élément 1, il y a eu un moment d'hésitation de ma part.
Je tiens à préciser ce qui se passe. Nous sommes en
présence d'un budget qui est diminué, surtout compte tenu du fait
qu'une bonne partie des sommes est virée à
l'élément 2 du programme 5. Ce qui fait que si on exclut les
salaires, le budget passe de $282 300 à $70 200. Ce n'est pas parce
qu'on a diminué nos interventions dans ce domaine, c'est qu'on a
regroupé nos interventions à l'élément 2 du
programme 5. C'est un virement de $185 000 qui est passé au programme
d'aide à la création.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord.
Le Président (M. Jolivet): Compte tenu de l'heure et selon
l'ordre de la Chambre, j'ajourne les travaux sine die.
M. Vaugeois: Est-ce que l'élément 1 du programme 4
est adopté?
M. Le Moignan: Non, pas encore.
Mme Lavoie-Roux: On n'en a pas commencé
l'étude.
Le Président (M. Jolivet): Les travaux sont
ajournés sine die, en prenant note que, normalement, il y a un avis de
la Chambre qui devrait venir.
(Suspension de la séance à 12 h 16)
Reprise de la séance à 16 h 39
Le Président (M. Jolivet): A I'ordre, madame et
messieurs!
La commission des affaires culturelles est réunie pour
étudier les crédits du ministère des Affaires
culturelles.
Les membres de cette commission sont les mêmes que ce matin. Donc,
je ne les répéterai pas. Nous étions rendus au programme
4.
M. Vaugeois: Je pourrais lire du Kafka aux membres de la
commission, si cela les intéresse, ou encore un petit extrait de Jacques
Poulin ou de Mme Brunel-Roche.
M. Le Moignan: ... nous mettre en forme, commencez donc.
Mme Lavoie-Roux: Bien oui. Cela serait...
M. Vaugeois: Vous reste-t-il des questions à poser?
Mme Lavoie-Roux: Sur quoi?
Le Président (M. Jolivet): Nous sommes au programme 4.
M. Vaugeois: ... ou 5.
Le Président (M. Jolivet): Nous n'avons pas encore
commencé le programme 4. Je sais que vous avez hâte de partir, M.
le ministre, mais quand même, vous allez peut-être le regretter une
fois rendu en Europe. L'Europe, c'est bien attrayant, je le comprends.
Le Président (M. Jolivet): Si le ministre n'a pas d autre
introduction à faire, la parole serait à Mme le
député de L'Acadie.
M. Vaugeois: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Si je me retrouve dans mes chiffres. M. le
Président, le ministre pourrait-il nous expliquer je pense qu'il
a déjà commencé à le faire la diminution des
sommes affectées au programme je pense qu'on peut traiter les
deux ensemble, si vous n'avez pas d'objection, parce que, finalement, cela se
recoupe...
M. Vaugeois: Oui, vous avez bien raison.
Mme Lavoie-Roux: ... la diminution dans les sommes
affectées aux arts plastiques. Hier, vous nous avez dit que c
était parce que l'an dernier il y avait eu une augmentation de 98%. Vous
avez dit à peu près cela. Je ne pense pas...
M. Vaugeois: Oui, j'ai dit cela.
Mme Lavoie-Roux: Je trouve cette excuse un peu boiteuse parce que
si on a donné une augmentation de 98% l'an dernier, c'est qu'il y
avait...
M. Vaugeois: ... lieu de rattraper...
Mme Lavoie-Roux: ... lieu de rattraper. Alors, je m explique mal
pourquoi vous diminuez cette année.
M. Vaugeois: On déplace cette année.
Mme Lavoie-Roux: Ou est-on en si bonne santé qu'on puisse
se permettre cela?
M. Vaugeois: Si je m'en remets aux renseignements qu'on me
transmet, il s'agit, essentiellement, d un virement. Donc, il y a une somme de
$187 000, à peu près, qui s'en va à
l'élément 2 du programme 5.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi. Je vais aller voir au programme
5.
M. Vaugeois: II s'agit de soutien aux arts d
interprétation. Mais si vous voulez...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas la même chose!
M. Vaugeois: ... une explication, je pense qu'elle serait un peu
technique. Qui pourrait nous...? M. Cartier va vous donner l'explication...
Le Président (M. Jolivet): ... pour les besoins du journal
des Débats.
M. Vaugeois: L'explication est tout à fait de nature
administrative. Il y a eu un déplacement de $200 000 moins le
pourcentage, c'est-à-dire $187 000 de bourses qui ont été
regroupées à un autre poste budgétaire,
c'est-à-dire l'aide à la création et à la
recherche. C'est purement administratif. Donc, les bourses demeurent valables
et vous pourrez voir qu'à l'aide à la création et à
la recherche, il y a énormément de crédits versés
pour l'aide aux artistes des arts plastiques. Au lieu de les regrouper dans les
différents programmes, ils sont désormais regroupés dans
le service d'aide à la création et à la recherche, tant
pour la musique et la littérature, que pour les arts plastiques,
etc.
Mme Lavoie-Roux: Vous appelez cela des arts
d'interprétation.
M. Vaugeois: Non. C'est au programme 5. Malheureusement, ici, il
y a une difficulté d'infrastructure budgétaire qui va être
réparée en 1979/80. Parce que le programme 5, l'aide à la
création et à la recherche, inclut les arts plastiques.
Mme Lavoie-Roux: Cela va, merci. L'an dernier, M. le ministre, au
moment de l'étude des crédits vous y étiez
peut-être d'ailleurs nous avions discuté de
l'arrêté ministériel pour favoriser le développement
des arts plastiques, demande qu un pourcentage de 1% sur les édifices
gouvernementaux soit affecté à des oeuvres d'art. On nous avait
laissé entendre que cet arrêté ministériel ne
s'appliquait qu'aux établissements, aux immeubles, aux édifices
gouvernementaux. Je voudrais d'abord vous demander si vous retendez aux
édifices publics des immeubles que vous acquerrez par la formule de bail
à charte. Deuxièmement, vous vous proposiez, l'an dernier,
d'élargir I'application de cet arrêté ministériel,
mais je voudrais savoir où vous en êtes rendu dans ce projet.
M. Vaugeois: Une belle question. Je ne suis pas allé aussi
loin dans les questions que j'ai moi-même posées. J'ai
demandé à connaître comment s'appliquait la règle du
1%. J'ai reçu un volumineux dossier, mais je l'ai parcouru rapidement.
Ce que j'en retiens, c'est que nous l'appliquons aux édifices que nous
construisons. Par exemple, dans le cas du centre des congrès à
Montréal, le 1% commence à représenter quelque chose de
très important. C'est maintenu. Il y a d'ailleurs un comité du 1%
qui est composé de gens du milieu et qui conseille le gouvernement pour
l'application du 1%. Maintenant, vous posez une question très
précise à savoir si la règle de 1% s'applique dans le cas
du bail-achat. Je vous avoue que je suis bien attrapé. Nous sommes bien
attrapés. (16 h 45)
D'après l'information que je peux transmettre, cela ne s'applique
pas encore pour l'instant, mais on tente, de notre côté, de
préparer un dossier de telle sorte qu'on puisse élargir cette
politique de 1%, de façon marquée.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous avez dit, l'an dernier, que vous
deviez l'élargir. Vous êtes encore en réflexion.
M. Vaugeois: Alors, madame, je vous remercie de votre vigilance
et je souscris à l'intérêt que vous manifestez en posant
cette question. C'est d'ailleurs une façon très importante, je
pense, d'associer les créateurs à la présence
gouvernementale, à nos édifices publics. Je connaissais peu cette
affaire, j'en avais entendu parler et c'est une des premières questions
que j'ai posées en arrivant au ministère. J'essaie de voir
comment on l'applique.
Mme Lavoie-Roux: Moi, j'ai eu l'occasion de l'appliquer,
c'est-à-dire l'intention de l'appliquer...
M. Vaugeois: Dans le cas des édifices scolaires, par
exemple, qu'est-ce qui se passe?
Mme Lavoie-Roux: Nous avions l'intention de l'appliquer, mais
chaque fois qu'on arrivait aux budgets, finalement, à l'approbation
finale d'une école, une polyvalente représentait un montant de $6
millions ou $7 millions, c'était quelque chose de pas mal
intéressant. Comme à la dernière minute, on était
toujours coincés dans les budgets, c'était la première
chose qui sautait.
On l'a appliqué dans quelques cas, mais d'une façon
générale, on n'a pu l'appliquer. On ne pouvait aller chercher
d'argent supplémentaire. Peut-être que pour le gouvernement, c'est
plus facile d'observer la règle au moins. Mais si tout le monde
faisait... je ne me cite pas en exemple, dans le temps où j'étais
là, même si je faisais partie dudit comité, c'était
à regret qu'on était obligé de fonctionner ainsi. Je
voudrais savoir, dans la pratique, ce qui arrive dans le cas, au moins, des
édifices gouvernementaux. On était considéré
parapublic. Dans certains édifices, on l'a fait.
M. Vaugeois: Je viens de poser la question à mon
sous-ministre qui arrive de l'Université du Québec, sur le
comportement de l'Université du Québec vis-à-vis de cette
règle.
Mme Lavoie-Roux: Celle qui construit.
M. Vaugeois: On me dit qu'à l'UQAM, d'après lui, on
le fait actuellement. Mais vous avez parfaitement raison de poser cette
question... Oui, M. Cartier?
Est-ce que je pourrais ajouter un renseignement important? L'ancien
arrêté en conseil de mars 1972 n'imposait pas une obligation,
alors que celui du 30 janvier 1973 crée l'obligation pour le
ministère, qui est chargé de la construction d'un édifice
public, de consacrer 1% de l'estimation du coût de la construction
à des arts intégrés. C'est maintenant une obligation. Le
problème réside dans le fait qu'on doive se limiter, encore pour
l'instant aux édifices publics en tant qu'édifices
gouvernementaux. Il s'agit, si possible, d'aller plus loin dans cette politique
du 1%.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais que vous m'indiquiez qui sont les
membres du comité si vous ne les avez pas ici, nous...
M. Vaugeois: II y en a deux qui changent actuellement. On vous
remettra cette liste, si vous voulez.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Quelle est la procédure que I'on
suit dans le cas des édifices gouvernementaux pour retenir les services
de tel artiste plutôt que tel autre?
M. Vaugeois: J'ai lu le document là-dessus. En
général, on semble passablement se fier aux recommandations de
l'architecte ou des architectes. Dans les cas que j'ai vus, on a toujours
donné suite aux recommandations de l'architecte qui a un
privilège à cet égard. Mais il sait qu'il ne peut pas
proposer n'importe quoi parce qu'il y aura un comité qui verra sa
proposition.
Les architectes, en général je ne sais pas s'il y a
des instructions à cet égard semblent favoriser les
artistes de la région.
Mme Lavoie-Roux: Oui. La deuxième question, c'est la
troisième fois que je vais vous la poser, mais dans les deux autres
circonstances, vous ne pouviez pas me répondre. Est-ce que... Ah non!
pas encore un vote.
Le Président (M. Jolivet): C'est un quorum.
Mme Lavoie-Roux: Non, c est le vote de la motion de M. Roy.
M. Vaugeois: Est-ce qu'on peut faire vérifier cela?
Peut-être qu'il vous faudra poser votre question une quatrième
fois, madame.
Mme Lavoie-Roux: Comme ministre des Affaires culturelles,
avez-vous fait des représentations auprès du ministre des
Finances pour soustraire à la taxe de vente l'artisanat ou les oeuvres d
art?
M. Vaugeois: Moi, j'ai plusieurs défauts, entre autres,
celui d'une franchise, parfois inappropriée. La réponse, c est
non, madame.
Mme Lavoie-Roux: Puis-je vous demander pourquoi? Est-ce que vous
n'auriez pas jugé approprié... Vous l'avez peut-être appris
trop tard... non, c est au Conseil des ministres que cela s est
décidé. Est-ce que vous ne trouvez pas que cela aurait
été une formule d'encouragement considérable?
Ce qui est assez étrange dans cette détaxation, contre
laquelle je n'ai rien...
M. Vaugeois: Vous avez voté pour cela.
Mme Lavoie-Roux: Je vais vous donner des exemples. Je ne dirai
pas qu'ils sont personnels. Vous achetez des chaises d'été, qui
sont faites aux Etats-Unis, qui ne sont pas taxées. Vous voulez
encourager l'artisanat du Québec et vous avez 8% de taxe. Ce n'est pas
un exemple isolé que je vous donne là, je pense qu'on en a dans
tous les domaines.
M. Vaugeois: Je vais faire un peu d'histoire, mais rapidement. Je
pense qu'on n'a pas tellement insisté sur ce qui s'est passé au
gouvernement sur cette histoire de taxe de vente. La vérité,
c'est que, pendant quelques semaines, il y a eu des discussions avec Ottawa.
Ottawa faisait une proposition de remboursement, si on enlevait la taxe de
telle façon. Les provinces, dans un premier temps, hésitaient a
répondre. Le Québec, comme les autres, hésitait à
répondre. Nous surveillions au Conseil des ministres ce que les autres
provinces faisaient. C'est a la toute fin il y a un vote ...
Mme Lavoie-Roux: Cela pourrait faire ma réponse.
M. Vaugeois: Non, je vais y aller rapidement. ... que nous avons
convenu de faire ce que nous avons fait. Les gens d'Ottawa ont l'air de
suggérer parfois que nous avons prévu cette façon de faire
plusieurs semaines a l'avance, que nous avons gardé le secret. Non,
c'est progressivement, au fur et a mesure qu'on voyait ce qui se passait dans
les autres provinces, qu'on a précisé notre position. On a
décidé d'enlever la taxe de vente la veille où nous
I'avons annoncé. Nous avons décidé d'enlever la taxe de
vente a la réunion du conseil en tenant compte de statistiques que nous
avions sous les yeux sur la provenance des produits concernes. On a
essayé, chaque fois, de toucher un produit dont la majorité des
objets achetés au Quebec étaient faits au Québec, ce qui
était le cas pour les objets que nous avons détaxés. Je
pense qu il y a seulement la chaussure qui est aux alentours de 50%, les autres
sont à 70% et 80%.
Or. de façon assez étonnante, les objets d'artisanat qui
étaient dans la liste qu'on avait sous les yeux et qui sont consommes au
Québec ne sont pas majoritairement produits au Québec. Etant
donné la logique qu'a suivie le Conseil des ministres a ce moment, je
n'avais pas d'argument pour faire intervenir les objets d'artisanat, puisqu'ils
n'étaient pas principalement produits au Québec et, en plus, ils
entraient dans la catégorie des objets qui sont difficiles à
définir. Cela va assez bien de définir des chaussures, mais c'est
plus compliqué de définir des objets d'artisanat.
Je le dis bien franchement, cela s'est fait vite, avec des
critères précis, je pense, dont tout le monde au Quebec se
félicite actuellement. Dans le cas des objets d'artisanat, ils
n'entraient pas facilement dans les critères que nous nous étions
donnes pour intervenir au niveau de la taxe de vente.
La-dessus, je vous invite a aller voter, madame.
Le Président (M. Jolivet): Je suspends donc nos travaux
pour le temps du vote.
(Suspension de la séance a 16 h 54)
(Reprise de la séance à 17 h 9)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre! Avant qu'on reprenne
nos débats, je tiendrais à vous faire remarquer qu'au
début de la séance, on vous a distribué les documents qui
avaient été demandés hier. Vous avez donc entre les mains
une série de documents qui ont fait l'objet d une demande hier soir.
Nous en étions rendus à des questions de Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je venais d'avoir la réponse du ministre
qui m'expliquait pourquoi il n'avait pas retenu la détaxation des
oeuvres d'art ou d'artisanat. J'accepte mal son explication dans ce sens qu'on
n'a pas eu beaucoup de temps. Je pense que si on avait voulu faire un effort
pour détaxer l'artisanat, en se référant, par exemple, au
livre des barèmes tarifaires, où on a des descriptions
illimitées de toutes sortes d'objets, il y aurait eu moyen, je pense, si
on avait voulu, d'arriver au moins à atteindre cet objectif en partie.
Ma seule question, c'est de lui demander si, dans d'autres circonstances, il
croit que cela vaudrait la peine qu'on examine cette question de plus
près. La chose est maintenant faite. Il n'y a pas de retour en
arrière, mais si jamais une occasion semblable se présentait,
cette question devrait être examinée de plus près.
Même tout à l'heure, il a dit: Sauf dans les chaussures, c'est
à peu près 50%-50%. Il faudrait peut-être se demander aussi
si, dans le textile, on va beaucoup plus haut que 50%-50%, quand vous regardez
les vêtements.
M. Vaugeois: Les vêtements sont manufacturés
majoritairement au Québec. C'est dans une proportion d'à peu
près 80% ou 85%. Les vêtements achetés au Québec ne
sont peut-être pas faits de tissus fabriqués ici, mais le
vêtement lui-même a été fabriqué ici. C'est ce
qui a compté dans le cas du vêtement. Remarquez que, même
dans le cas du textile, cela a posé un certain nombre de
problèmes dans les jours qui ont suivi. Je ne suis pas certain,
d'ailleurs, que ce soit réglé partout. Les gens disaient:
J'achète des draps, et il y a une taxe sur les draps, alors qu'on a dit
que le textile n'était plus taxé. Je vous assure que si on
était allé jusqu'aux objets d'artisanat, on aurait eu ce genre de
difficulté dans la définition à donner aux objets d
artisanat. De toute façon, le problème ne se pose pas. Qu'est-ce
que vous voulez? Il s'agissait d'arriver... On avait plusieurs contraintes. On
avait d'abord des contraintes de temps. Nos dossiers se sont constitués
très bien, mais, à la fin...
Pour nous, il s'agissait d'arriver à $330 millions.
C'était ce qu'avait évalué le fédéral. On
était rendu à $330 millions. Là. on aurait toujours pu se
chicaner en disant: On enlève les $20 millions du Tourisme et on met $20
millions, je ne sais pas, moi, d'objets d artisanat. On aurait pu aussi faire
intervenir tout ce qui entre dans I'isolation des maisons. Il y a beaucoup de
bonnes causes qui peuvent être plaidées à partir de ce
moment-là, sauf que le fédéral nous avait mis un plafond
à $330 millions. On la vite atteint avec des objets de consommation
populaire, des objets dont tout le monde a besoin, et particulièrement
ceux qui ont des grosses familles, etc. On a donc voulu avoir une mesure aussi
sociale que possible par notre détaxe. Moi, je pense qu'on a
corrigé de façon magnifique I'intervention fédérale
en cette matière, mais on ne peut pas, par ce seul biais, intervenir
dans tous les domaines à la fois. Cela, je le regrette comme vous.
Mme Lavoie-Roux: Bon! En tout cas, je pense que c est une
préoccupation que le ministère des Affaires culturelles devrait
avoir.
M. Vaugeois: Oui, et j espère qu on pourra faire, cette
année, des choses encore plus significatives pour tout ce qui est objets
d artisanat, oeuvres d'art en général. J'ai fait allusion
à des mesures auxquelles je songe, en parlant de restauration de
maisons, mais je pense qu'il existe, dans plusieurs pays du monde, des moyens
fiscaux d'inciter les gens à investir, par exemple, dans les oeuvres
d'art. Vous savez, vous ouvrez là une porte très
intéressante. On peut aussi se poser des questions sur la plus-value que
prennent les objets d'art et dont ne profitent pas les créateurs. Alors,
moi, je mets ça dans le même genre de problèmes. Au moment,
par exemple, d un encan, à la fin ou au moment de la
récupération par les pouvoirs publics, il y a maintenant lieu d
intervenir, je pense, pour les gouvernements, vis-à-vis des successions
ou vis-à-vis du dernier vendeur. Il existe déjà des
mesures ici, au Canada, de cette nature, mais on peut les pousser beaucoup plus
loin. Les Américains font ça, je pense, depuis la loi Roosevelt,
en 19... je ne sais pas trop quoi, 1922, et cela a eu des effets
bénéfiques aux Etats-Unis. C'est en 1932? Je dois vous dire que
mon sous-ministre a également une formation en histoire. Je vais
être obligé de me surveiller.
Mme Lavoie-Roux: Mais, enfin, de toute façon, je pense qu
on aurait pu accorder un soutien aux artisans et on a manqué l'occasion.
Moi, je tiens à le dire, parce que, que ce soit à cause des
contraintes de temps, ce n était pas un obstacle insurmontable d'essayer
d aider la création et les artisans de cette façon. Mais enfin,
passons sur le sujet.
Du coté de l'enseignement des arts, quelle est. à ce
moment-ci, la politique du ministère des Affaires culturelles concernant
l'renseignement polyvalent des arts? (17 h 15)
M. Vaugeois: M. Cartier.
Au niveau de l'enseignement des arts, j'aimerais que vous
précisiez votre question, s'il vous plaît.
Mme Lavoie-Roux: D'une façon générale, sous
forme de subventions, qu'est-ce que vous donnez? Par exemple, vous avez les
arts visuels. Quelle est votre politique de subvention dans les
différents domaines? Selon quels critères les accordez-vous et
quels sont les montants que vous attribuez?
M. Vaugeois: Au niveau public, on n'intervient pas. Au niveau
privé, on intervient dans certains domaines, très limités,
comme la poterie Bonse-cours où on va soutenir l'artisanat comme tel. Au
niveau de la formation en arts plastiques, il n'y a pas d'intervention comme
telle. C'est plutôt au niveau de l'artisanat, de la formation et du
perfectionnement des artisans.
Mme Lavoie-Roux: Quelles sont les écoles auxquelles vous
accordez des subventions présentement? Il y a la poterie Bonsecours.
Accordez-vous une subvention aux arts visuels a Montréal? L'an dernier,
il y en avait une autre à laquelle vous accordiez une subvention,
c'était l'atelier de céramique Julien à Sainte-Foy.
M. Vaugeois: Vous avez la parole, M. Cartier.
Ah bon! Je m'excuse. Je vais vous donner la réponse. Vous posez
des questions extrêmement précises, je vais vous donner des
réponses précises.
Nous intervenons auprès de l'atelier de céramique Julien,
de l'atelier de lutherie de Lellis et de la poterie Bonsecours.
Mme Lavoie-Roux: Encore les trois mêmes. Il n'y en a pas
d'autres qui sont ouvertes.
M. Vaugeois: Non, pas pour l'instant.
Mme Lavoie-Roux: Du point de vue des subventions, ma question
précise est celle-ci: Quelle coordination faites-vous en faveur du
support à l'artisanat, d'une façon générale?
Autrefois, il y avait la Centrale d'artisanat. Présentement, il y a les
salons des métiers d'art. Je sais que vous ne subventionnez ni l'un ni
l'autre, mais quelle est l'espèce de coordination... On m'avait dit
qu'on ne les subventionnerait pas peut-être le salon des arts, mais
très, très peu. Quelle est la politique du ministère
à l'égard de l'artisanat? Y en a-t-il une? Les gens vont-ils
à la va-comme-je-te-pousse? Y a-t-il une politique à
l'intérieur du ministère?
Je peux vous dire que l'an dernier, vous m'aviez dit que vous
étiez à élaborer une politique générale de
l'artisanat. Je voudrais savoir où vous en êtes rendus.
M. Vaugeois: Au niveau de l'artisanat, il y a vraiment une
politique. Il y a même un plan quinquennal qui est déjà en
opération. C'est
essentiellement basé sur une aide financière à
apporter pour favoriser le regroupement des artisans dans les dix
régions administratives du Québec, de telle sorte que ces
regroupements d'artisans puissent donner des services de tous ordres aux
artisans au niveau régional. Ceci est un investissement assez important
de la part du service d'artisanat et des métiers d'art.
C'est l'action majeure, et tout est regroupé de ce
côté. De plus, maintenant, ce qui est nouveau, ces regroupements
régionaux d'artisans se forment en un conseil au niveau du
Québec. C'est vraiment sur eux que nous comptons pour assurer, avec
notre aide, en concertation avec le ministère de l'Industrie et du
Commerce puisqu'il y a un comité interministériel que vous
connaissez sans doute, le ministère des Affaires culturelles et le
ministère de l'Industrie et du Commerce pour assurer le
développement et la cohérence de ce développement au
niveau de l'artisanat.
Mme Lavoie-Roux: Vous semblez avoir des préoccupations du
point de vue du regroupement des artisans, de la commercialisation de leurs
produits; quelles sont vos préoccupations au point de vue de la
qualité de ce qui est produit?
M. Vaugeois: C'est vraiment par le regroupement des artisans
également qu'on y compte. Il y a eu des actions déjà dans
le passé qui ont été faites, qui ont été
entreprises en collaboration avec le service de l'artisanat chez nous; par
exemple, il y a eu un album qui s'appelait "L'industrie du souvenir ", qui
donnait les meilleurs produits d'artisanat du Québec et qui, en somme,
en faisait la promotion. Vous connaissez peut-être ce cahier. Egalement,
on développe, au service de l'artisanat, un sceau d'authenticité
et également de qualité quand je dis
d'authenticité, c'est également de qualité qui
pourrait être apposé sur les produits authentiques
québécois d'artisanat. Donc, il y a un jugement porté au
niveau de la qualité. En plus, il y a même eu une action
entreprise au niveau des dix regroupements d'artisans qui visait à faire
ressortir, par région, le meilleur artisan et également à
les regrouper dans cet album souvenir, ce qui a été fait l'an
dernier, de telle sorte qu'il y ait aussi un artisan qui soit signalé de
façon particulière. Cela sert également à la
promotion de la qualité, de l'émulation, mais aussi à la
promotion des oeuvres des artisans.
Mme Lavoie-Roux: Mais, du point de vue de la qualité, par
exemple, de la céramique, est-ce que vous avez... Je pense que, dans les
pays Scandinaves... Je ne suis pas sûr qu'il y a pas des gens parmi vous
qui soient probablement allés du côté de la Scandinavie
pour examiner quelle était la façon dont ils procédaient
pour juger de la qualité du produit. Parce qu'il y a une qualité
esthétique, si vous voulez, mais il y a aussi ce qui entre dans la
production de la céramique. Est-ce que ce sont des préoccupations
que vous avez?
M. Vaugeois: Je pense que cela dépasse la Scandinavie,
vous savez; il y a même des artisans qui sont allés au
Japon...
Mme Lavoie-Roux: Si vous voulez en ajouter, d'accord.
M. Vaugeois: ... qui reviennent, au niveau de la céramique
et tout cela. C'est une de nos préoccupations, mais également
d'utiliser le matériau québécois. En ce moment, par
exemple, il y a des études qui se poursuivent pour utiliser... Quand je
dis le matériau québécois, c'est même le
matériau particulier aux régions je ne suis pas un
spécialiste de cela, c'est vraiment une spécialisation
mais utiliser, par exemple, telle terre de telle région ou utiliser les
sables des îles de la Madeleine pour telle fin. On poursuit des
études en ce moment. Ce n'est pas un projet, les études se
poursuivent.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que ce sont des gens du ministère
qui sont en charge de ces études?
M. Vaugeois: C'est le service d'artisanat et c'est souvent par
contrats donnés à des spécialistes.
Mme Lavoie-Roux: Parce que, justement, vous soulevez la question
de la terre. Il y a aussi une question de la qualité de la terre.
M. Vaugeois: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Apparemment, il y a une qualité de terre
en Ontario qui serait peut-être plus facile pour la production que la
terre du Québec. Je ne sais pas s'il y a des spécialistes qui
sont intéressés à ces questions-là.
M. Vaugeois: Vous ne voulez pas qu'on aille chercher la terre en
Ontario.
Mme Lavoie-Roux: Paraît-il que c'est ce qui se fait.
M. Vaugeois: Ah bon! C'est peut-être pourquoi il est
indispensable que les études se poursuivent et aboutissent pour qu'on
utilise mieux nos matériaux caractéristiques du
Québec.
Mme Lavoie-Roux: Parmi ces études que vous poursuivez,
est-ce que vous avez déjà produit quelque chose que vous avez mis
à la disposition des artisans?
M. Vaugeois: Pas le service comme tel. Au niveau des
regroupements d'artisans, il a pu y avoir des travaux que j'ignore, qui se sont
faits, parce que, vraiment, ces regroupements d'artisans sont fortement
appuyés. Il y a quand même, dans chaque regroupement, un
directeur, une secrétaire, il y a une permanence, il y a des
réunions
constantes, des échanges entre eux. Mais au niveau du service
comme tel, le résultat des études n'est pas encore
publié.
Mme Lavoie-Roux: Alors, ces études sont en marche depuis
combien de temps?
M. Vaugeois: Depuis deux mois ou deux mois et demi.
Mme Lavoie-Roux: C est tout jeune.
M. Vaugeois: Tout à fait.
On n'a pas de chance, parce que notre nouveau titulaire est tombé
malade tout de suite après son engagement. C'est un homme d'une
qualité remarquable, ce qui montre bien la volonté du
ministère d'améliorer sa performance de ce côté.
C'est Cyrille Simard, je pense que tout le monde le connaît, au moins de
réputation. Il est en convalescence maintenant, ça va bien.
Mme Lavoie-Roux: Parce qu'il y a une question de
matériaux dans la glaçure aussi, si vous utilisez du plomb, il y
a des matériaux aussi qui sont plus faciles.
Je me demandais si c'étaient là vos préoccupations,
mais c'est tout récent.
M. Vaugeois: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question, je vais terminer
là-dessus. En parlant de M. Simard, l'an dernier, on nous avait
parlé d'une initiative qu'il avait prise, d'obtenir une production
d'objets dont les prix varieraient entre $5 et $15, il devait y avoir un
catalogue des objets qui seraient primés et ainsi de suite.
Est-ce que cette initiative a été réalisée,
est-ce que le catalogue a été fourni?
M. Vaugeois: Tout à fait, cela a été
réalisé. Je regrette que vous n'en ayez pas eu copie, il est
magnifique. J'ai même pu voir deux des produits illustrés dans ce
catalogue. Il est très beau. Je pense pouvoir dire que je verrai
à ce que vous ayez une copie du catalogue.
Madame, je demanderais la même faveur que vous.
M. Le Moignan: Tous les membres de la commission.
Mme Lavoie-Roux: Une toute dernière question. Quel est,
actuellement, le rôle de la Centrale de l'artisanat? Ces gens ont leur
magasin, d'accord. Mais est-ce qu'ils jouent un rôle de coordination ou
si ce sont simplement des commerçants, finalement?
M, Vaugeois: On est justement à définir, de
façon plus claire, le rôle même de la Centrale d'artisanat.
La Centrale d'artisanat, vous ne I'ignorez pas, joue un double rôle, un
rôle de commercialisation, elle le joue de façon un peu minoritai-
re, et un rôle de détaillant, du point de vue de I'artisanat, au
niveau de ses boutiques. Le pari que nous faisons en ce moment, c est que la
Centrale d'artisanat joue un rôle de mise en marché,
réellement, et de grossiste, et qu'elle laisse, de plus en plus, aux
boutiques privées, le rôle de détaillant. C'est
l'orientation que nous définissons en ce moment, au ministère des
Affaires culturelles, pour la Centrale d'artisanat.
Mme Lavoie-Roux: Si je vous pose cette question, c'est qu'on a
souvent l'impression, dans le monde de l'artisanat, qu'il y a une espèce
de manque de cohésion, que souvent ces gens se sentent perdus. Vous avez
peut-être vos tables régionales, que vous convoquez, mais
jusqu'à quel point cela atteint-il l'ensemble des artisans ou simplement
un certain nombre? Il y a une certaine désorganisation qui les
inquiète et qui rend difficile, d abord, peut-être pas tellement
la production, mais la vente de leurs produits. Voilà le motif de mes
questions.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gaspé.
M. Vaugeois: ...
M. Le Moignan: Allez-y.
M. Vaugeois: M. Vallerand va nous apporter un commentaire
additionnel.
Mme Lavoie-Roux, vous attachez beaucoup d'importance à
l'artisanat. En fait, ce que je voulais apporter comme précision, c'est
que l'aide financière à l'artisanat représente, à
toutes fins utiles, plus de 50% du budget de I'élément 2 du
programme 4, c est-à-dire "Conservation et diffusion des arts
plastiques". Il est regrettable que dans le milieu de l'artisanat, on puisse
avoir I'impression qu'il y a un flottement. A tout le moins, sur le plan de la
réalité budgétaire, cela se traduit d une façon
massive.
Mme Lavoie-Roux: Si vous me permettez, c est $8 037 000, la
conservation et la diffusion des arts plastiques. Evidemment, la conservation
comprend tous les musées.
M. Vaugeois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous arrivez à I'artisanat
lui-même, vous ventilez cela de quelle façon?
M. Vaugeois: Nous mettons I'accent sur la diffusion. Il y a deux
volets à l'élément 2, la conservation ce sont bien
sûr, les musées mais aussi la diffusion. Ce sont les
éléments de diffusion et de promotion. Plus de 50% de la partie
diffusion va à l'artisanat.
Mme Lavoie-Roux: Mais, cela représente quoi comme
montant?
M. Vaugeois: Sans les salaires parce qu'on a une
ventilation sans salaires cela représente $750 000.
Mme Lavoie-Roux: $750 000.
M. Vaugeois: C'est dans une proportion de 90% ce qu on appelle du
crédit de transfert, c'est-à-dire des subventions aux
créateurs.
Mme Lavoie-Roux: L'an dernier, vous aviez une somme de $770 000
qui était divisée... non, aide à la formation et au
perfectionnement de l'artisan, $70 000.
M. Vaugeois: Mais cela n'est pas la même chose.
Mme Lavoie-Roux: Non? C'est l'élément 1,
d'accord.
M. Vaugeois: Est-ce que je peux me permettre un dernier
commentaire?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: Actuellement et cela sera plus évident
avec le livre blanc, j'aime mieux n'en pas parier trop aujourd'hui je
vais vous donner un exemple de ce qui se fait dans mon comté, et auquel
je me suis associé étroitement. Nous avions, à
Trois-Rivières, une restauration importante en cours, celle du manoir de
Tonnancour. On avait commencé, en fait, très timidement, par des
études, on avait fait un peu de curetage et on s'apprêtait
à faire la grosse restauration.
Or, on avait un manoir qui avait été restauré dans
les années soixante, le manoir de Niverville, qui est finalement
réservé aux bureaux de la Chambre de commerce. Moi, je suis
intervenu pour essayer de faire préciser la chose je
n'étais pas au ministère à ce moment-là
comme député. J'ai posé des questions sur la fonction qu
on allait donner à la maison. Je me souviens que j'avais toujours
gardé une impression très favorable de la Maison de l'artisanat
que j'avais visitée en Bretagne, un jour. On y vend, chaque saison, pour
des sommes étonnantes; les gens y travaillent, exposent et vendent. On
va faire une expérience de cette nature à Trois-Rivières
avec le manoir de Tonnancour. C'est un bâtiment sur quatre étages,
considérable, dans le vieux quartier historique, et qui va devenir
et cela avait été accepte par les fonctionnaires, qui ne
demandaient pas mieux que d'avoir une suggestion de fonction une maison
d'artisanat. C'est une expérience à laquelle j'attache beaucoup
d'importance, parce que c'est une des fonctions que nous pourrions
préciser et confirmer dans nos projets de restauration.
A ce moment-là, la localisation d'un bâtiment classe,
susceptible de restauration, pourra devenir un autre critère important.
Si on restaure un bâtiment qui est bien situé et qui peut avoir
valeur d'entraînement pour la valorisation de nos quar- tiers historiques
ou de nos centre-ville, cela va être un facteur qui pourra devenir
important pour nous autres. (1 7h 30)
Nous avons, dans le livre blanc je n'en dis pas davantage
cette préoccupation du regroupement des activités culturelles qui
peuvent déboucher tantôt sur l'atelier, l'atelier libre, la vente,
I'exposition, etc.
Je pense que les artisans font déjà l'objet de beaucoup
d'attention de la part du ministère, mais, étant donné
qu'il y a une véritable explosion dans ce monde, nous ne voulons pas
nous laisser déborder par l'enthousiasme des gens. D'ailleurs, cela
correspond à une certaine demande. C'est assez étonnant de voir
comment les gens peuvent être portés à consommer, si je
peux employer ce mot, des objets d'artisanat.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gaspé.
M. Vaugeois: Et ce n'est pas nouveau. Un dernier commentaire.
Nous avons, dans notre milieu, une tradition étonnante, parce qu'il y a
toujours eu beaucoup d artisans et il y a surtout eu un animateur en la
personne de Mgr Albert Tessier qui a lui-même soutenu les artisans, en
Gaspésie... Lors-qu'il était visiteur des instituts familiaux,
partout où il voyait des artisans, il les encourageait. A
Trois-Rivières, il avait créé dans le vieux manoir de
Niverville l'Araignée d'or, qui a longtemps existé comme maison
d'artisanat. Nous ne faisons que reprendre ce qui a déjà
existé. Ces idées-là sont rarement nouvelles. Mais,
étant donné l'explosion et l'attrait que cela présente
chez les gens, on serait bien bête de ne pas suivre avec des programmes
adaptés. Nous avons des chances de concilier notre effort dans la
restauration et la mise en valeur du patrimoine et des besoins que peuvent
avoir nos artisans en termes d'installations, d'ateliers, de lieux d'exposition
et de vente.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le ministre.
M. le Moignan: Pour enchaîner dans le même sens tout
en demeurant dans l'artisanat, M. Cartier a fait allusion à dix
régions au Québec. Dans l'Est du Québec nous avons
beaucoup de touristes. Si vous êtes allé en Gaspésie, vous
savez très bien qu'il se vend beaucoup de choses fabriquées
à Taiwan et un peu partout; du côté de l'artisanat, il me
semble que les choses n'ont pas l'air de tourner rond dans cette région.
On avait le CREA jadis; je me demande si cela ne s'est pas dissocié en
cours de route. Est-ce que vous êtes au courant des demandes des
artisans? Où en est rendu I artisanat chez nous dans la région de
l'Est?
M. Vaugeois: Pour I'Est du Québec, je dois avouer qu'il y
a eu un problème au niveau même du regroupement des artisans qui a
obligé notre service d'artisanat à intervenir au niveau
même de la structure et du fonctionnement de ce regroupement.
Depuis, cela devrait être réglé. C'est une chose
qu'on a faite en décembre dernier, si je me souviens bien. Un
fonctionnement plus normal devrait reprendre bientôt.
M. Le Moignan: A-t-on déjà sollicité de
l'aide technique? Vous savez, on fabrique chez nous différentes choses,
la céramique, le travail du bois, les tissus de toutes sortes. Parfois,
je regarde en allant à certaines petites boutiques. C'est un peu trop
"pattern", modèle général. Dans certaines régions,
on peut fabriquer soit des tissus, soit des couvertures de laine, n'importe
quoi. Est-ce qu un spécialiste de notre ministère qui pourrait
apporter une aide technique a déjà rencontré ces gens sur
place pour les guider et les orienter? Cela permettrait chez nous, au point de
vue économique, de développer cette industrie de I artisanat. Les
hivers sont longs et les gens pourraient occuper leurs loisirs. Je crois qu'ils
auraient besoin d un petit coup de pouce. Est-ce que ces choses-là sont
dans vos programmes actuels?
M. Vaugeois: C est même dans les dépenses
admissibles de subventions. Lorsqu'on crée un regroupement
régional, on ajoute ce qu'on appelle du personnel additionnel, qui peut
être justement formé de spécialistes pour apporter ce genre
d'aide technique dont vous parlez. Ceci est un des aspects très
importants. Cela va même plus loin. Maintenant, avec I'aide du
ministère de I'Industrie et du Commerce, on cherche, pour certains
produits d'artisanat qui peuvent être vraiment faits en série,
à développer certaines petites entreprises artisanales sur un
plan plus commercial.
J'avoue que les choses se présentent assez bien. Je pense qu'on
pourra réussir cela. Il y a deux formes d'aide, si vous voulez, une de
type in-dustriel et I'autre de type professionnel au niveau des avis.
M. Le Moignan: Souvent la faiblesse ne vient pas tellement des
services gouvernementaux que de cette division qui peut exister entre les
différents artisans et peut-être leur refus de s unir pour
créer quelque chose de plus gros. Ils sont dispersés... Le mont
Saint-Pierre, c'est peut-être un coin. Percé en est un autre, Cela
va par sauts et par bonds. Je touche à peu près ce qui peut
exister...
M. Vaugeois: C'est-à-dire que je ne voudrais pas faire de
personnalité ici...
M. Le Moignan: Non. mais je pourrais...
M. Vaugeois: ... mais je vous répète que les
problèmes ont été au niveau de la structure
administrative...
Si vous me permettez, M. Cartier. Comme ce que va dire M. Cartier va
être enregistré à mon nom. je l'inviterais à
beaucoup de prudence...
M. Le Moignan: Quand je rencontre ces gens...
Mme Lavoie-Roux: C est le programme de l'an dernier.
M. Le Moignan: Je peux le référer à M.
Cartier, ce monde.
M. Vaugeois: M. Le Moignan. prenez donc rendez-vous avec M.
Cartier, il est très disponible.
M. Le Moignan: Oui, justement, j'ai son adresse. Cela vient de se
régler.
M. Vaugeois: Vous savez, on est très ouvert aux
députés ministériels, et également, aux
députés de l'Opposition.
M. Le Moignan: J'espère! Surtout aux députés
de I'Opposition qui sont les plus abandonnés.
M. Guay: N'exagérons rien!
M. Le Moignan: Bien oui!
M. Vaugeois: Ne commencez pas un débat!
M. Guay: De toute façon, les députés de I'
Opposition font partie du patrimoine culturel du Québec, surtout les
libéraux!
M. Le Moignan: On s'y dévoue. La preuve, cela fait deux
jours qu'on travaille pour le patrimoine avec beaucoup de coeur.
Mme Lavoie-Roux: On vous momifie beaucoup plus rapidement que
vous ne le souhaiteriez.
M. Vaugeois: Ecoutez!
M. Le Moignan: Pour revenir à des choses sérieuses.
I'an dernier, M. le ministre...
M. Vaugeois: Merci. M. le député.
M. Le Moignan: Nous autres, nous sommes très
sérieux dans notre rôle.
M. Vaugeois: Cela va! M. le Président...
M. Le Moignan: Cela va bien. On est déjà rendu au
programme 4.
M. Vaugeois: On achève. M. Guay: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Non. j'ai encore quelques questions.
M. Le Moignan: J'avais demandé, l'an dernier. la liste des
membres des jurys pour 1976/77 des programmes d aide aux artistes et aux
expositions. Je ne vous la demande pas tout de suite. C'est assez
intéressant pour nous. On se fait poser des questions dans tel et tel
domaine. Si nous avions une autre fois cette même liste... En
même
temps, il serait peut-être intéressant de connaître
les personnes qui ont bénéficié de subventions, de
bourses. On l'a dans le programme de l'an passé, dans le rapport
annuel.
M. Vaugeois: Je fais pression pour que le rapport annuel 1977/78
soit préparé très rapidement.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Le Moignan: Le rapport est très intéressant. On
y trouve tout.
Mme Lavoie-Roux: ... dans la loi 4. Non, c'est la Commission des
biens culturels.
M. Vaugeois: J'ai même écrit une note cette semaine
pour demander au directeur des communications quand cela serait prêt. Je
vous signale en passant que j'ai demandé qu'il soit d'une
présentation très modeste sur un papier "news", avec une
couverture d'une seule couleur. J'avais demandé la même chose pour
ce rapport, mais c'était trop tard, la machine est difficile à
arrêter... Ce que je regrette, autrement dit, c'est qu'on mette beaucoup
plus d'argent sur nos rapports annuels que sur l'édition courante. Quand
même, il y a là un abus, je pense qu'on n'a pas besoin de rapport
annuel sur papier glacé, etc., avec des planches qui se déplient,
ce qui coûte très cher. J'aimerais qu'on réserve nos
budgets pour que le texte y soit, mais que l'excédent de budget aille
à l'édition courante.
Mme Lavoie-Roux: L'arbre généalogique est quand
même très bien.
M. Vaugeois: C'est une réussite.
M. Le Moignan: D'ailleurs, plusieurs ont déjà
remarqué...
M. Vaugeois: Sauf que cela intéresse à peu
près 28 personnes.
Mme Lavoie-Roux: ... un cinquantaine.
M. Le Moignan: Plusieurs éditions gouvernementales sont
presque de luxe. C'est très beau. Je suis bien content d'avoir ceci
entre les mains. Des fois, peut-être avec le prix d'un seul, on pourrait
publier deux ou trois choses.
M. Vaugeois: Vous prêchez à un converti. M. Le
Moignan: Oui.
M. Guay: Pour satisfaire le député de Gaspé,
il sait sans doute que le ministère des Communications, par l'Editeur
officiel, a émis, précisément suite à des abus
invraisemblables, je regrette de le dire, le cas le plus flagrant...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on a discuté de cela au
ministère des Communications l'autre jour?
M. Le Moignan: Oui.
Mme Lavoie-Roux: On en avait discuté I'an dernier...
M. Le Moignan: J'ai manqué une journée, c'est
pourquoi.
M. Guay: Le cas le plus flagrant avait été au
ministère des Transports, à la dernière année de
l'ancien gouvernement, dont le rapport annuel était d'un luxe
absolument...
M. Vaugeois: II était en 18 couleurs.
M. Le Moignan: L'ancien gouvernement?
M. Guay: Oui. l'ancien gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: Le dernier n'était pas mal, avec le
portrait du ministre à l'intérieur...
M. Vaugeois: A l'ordre, M. le Président! Programme 4, M.
le Président...
Mme Lavoie-Roux: ... de l'Immigration avec le beau
député de Saint-Henri.
M. Guay: Toujours est-il, si vous me permettez, je veux
seulement...
Le Président (M. Jolivet): Non, je ne le permets pas.
M. Guay: Vous ne me permettez pas de terminer ma phrase?
Le Président (M. Jolivet): Non, vous... Mme
Lavoie-Roux: II s'occupe avec les... M. Guay: C'est seulement pour
dire... M. Vaugeois: La phrase, oui.
M. Guay: ... que le ministère des Communications...
Mme Lavoie-Roux: ... biographies des professionnels.
M. Guay: ... à la suite de ça, est intervenu. En
principe, le ministère... Je suis heureux de voir que le ministre le
fait volontairement... que les ministères doivent, en principe, suivre,
dorénavant, les règles de modestie et d'austérité
dans la présentation de leur rapport annuel, et je suis aussi heureux
je reviens au programme 4 d'une certaine façon et je veux
féliciter le ministre de l'initiative qu'il prend...
M. Vaugeois: Ha!
M. Guay: Bien oui, c'est ça! Je trouve que c'est un bon
ministre dans un bon gouvernement. Je le félicite de l'initiative qu'il
prend de faire en
sorte que le rapport annuel sorte rapidement, parce que je trouve
absolument ridicule de voir des rapports annuels qui sortent deux ans
après l'exercice financier. Ils n'ont alors plus aucun
intérêt et sont bons pour aller ramasser la poussière dans
les bibliothèques.
Le Président (M. Jolivet): Cela étant dit, revenons
au droit de parole du député de Gaspé.
M. Vaugeois: Les bons mots du député de Taschereau
sont toujours les bienvenus, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Ils sont toujours
enregistrés.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ils sont rares; alors, vous voulez en
profiter le plus souvent possible.
M. Vaugeois: Ils ne sont pas rares, ils sont sincères.
Le Président (M. Jolivet): Je tiens à vous faire
remarquer une chose. Depuis cette discussion que...
Mme Lavoie-Roux: Cela va vous réveiller, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): J'étais bien
réveillé. Sauf qu'au niveau des ententes...
M. Guay: C'est une atteinte à la présidence.
Le Président (M. Jolivet): ... entre les partis, vous avez
encore un autre programme, plus celui déjà en cours à
étudier et, normalement, on devrait terminer à 12 h 30 demain.
Donc, c'est pour vous donner la chance de poser les questions pertinentes.
M. Le Moignan: Non, le député de Taschereau a
abondé dans mon sens, je suis bien content. On se rejoint...
Mme Lavoie-Roux: ... avait fait ces recommandations.
M. Le Moignan: ... l'an passé, déjà, dans
les mêmes recommandations.
M. Guay: L'an passé, c'était l'an passé.
Cette année, c'est cette année...
M. Le Moignan: Nous avions fait ces recommandations
déjà l'an passé, d'économiser un peu, tout en nous
donnant des rapports clairs, nets et précis.
Mme Lavoie-Roux: Aux crédits de la commission sur les
biens culturels, je pense que c'est deux ans en retard.
M. Vaugeois: Oui?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Le Moignan: Alors, pour le moment...
M. Vaugeois: Je l'ai, moi, mais en...
Mme Lavoie-Roux: En primeur.
M. Vaugeois: II est photocopié. Faites attention à
vos propos, Georges-Etienne Cartier s'énerve.
Une Voix: C est refroidissant.
M. Le Moignan: II y a un point très important sur lequel
nous allons peut-être... pas aujourd'hui, mais une autre fois, les
musées. Je cesse pour le moment.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Taschereau, avez-vous des questions?
M. Guay: Oui, les musées, ça entre
là-dedans?
M. Vaugeois: Oui.
M. Le Moignan: Cela arrive à point.
M. Vaugeois: Si on parlait un peu des choses importantes.
L'élément 1, en fait, c'est...
M. Le Moignan: On est à l'élément... M.
Vaugeois: On traite des deux, en fait. Mme Lavoie-Roux: On avait
décidé de...
M. Le Moignan: On a joint les deux ensemble ce matin.
Mme Lavoie-Roux:... le journal des Débats de nous
enregistrer.
M. Le Moignan: Comme ça, je vais passer.
M. Vaugeois: Non, vous avez tous les droits. C est qu on est
à la conservation et la diffusion des arts plastiques.
M. Le Moignan: Donc, j'entre...
M. Vaugeois: Donc, les musées, c est la conservation. Vous
avez le droit de poser toutes les questions...
M. Le Moignan: J entre donc dans les musées tout de
suite.
M. Guay: Allez-y, par la grande porte! M. Le Moignan:
J'entre dans les musées... Mme Lavoie-Roux: N'y restez
pas!
M. Le Moignan: Je vais y rester, ah oui!
Le Président (M. Jolivet): II vous reste, en tout...
M. Le Moignan: 20 minutes.
Le Président (M. Jolivet): Non, c'est dix minutes.
M. Le Moignan: ... dix minutes.
M. Vaugeois: C'est bien assez, n'est-ce pas?
M. Le Moignan: Je ne prendrai pas mes dix minutes, mais la
question des musées...
M. Vaugeois: Au rythme où on va, on va tout finir ce
soir.
M. Le Moignan: Mais je ne veux pas finir ce soir...
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Le Moignan: Le ministre veut revenir demain.
Non, je n'ai jamais abusé de mon temps...
M. Vaugeois: J'ai beaucoup de dossiers de la Gaspésie sur
mon bureau.
Mme Lavoie-Roux: C'est du chantage!
M. Le Moignan: Non, vous avez dû remarquer...
M. Vaugeois: On est prêt pour les arts
d'interprétation.
M. Le Moignan: Vous avez dû remarquer, M. le ministre,
qu'en commission parlementaire, j'essaie d'éviter... Parfois, je donne
comme exemple, mais je n'essaie pas de le revendiquer ou de le
défendre...
M. Vaugeois: C'est vrai.
M. Le Moignan: ... simplement ce qui concerne Gaspé. Quand
je parle de régions éloignées ou de régions
excentriques...
Mme Lavoie-Roux: C'est tout ce qui est en dehors de la ville de
Québec.
M. Le Moignan: C'est tout ce qui est en dehors, cela peut
être aussi bien la Côte-Nord, l'Abitibi-Témiscamingue. Je
donne un exemple. C'est la même situation qui prévaut. Cela se
ressemble d'ailleurs.
Mais je regarde ici pour l'administration des musées d'Etat, les
musées privés. Je sais que vous y avez des membres. Vous avez
quelques musées d'Etat. Vous avez le Musée provincial. Vous avez
de grands musées qui appartiennent à l'Etat. Vous avez certains
musées, dont le Musée de Gaspé, qui a été
construit, financé et payé à 100% par la province, qui est
dans le cadre des quatre musées de l'Est, alors que les autres font
partie de l'entente fédérale-provinciale. Je sais qu'il y a un
problème à Rivière-du-Loup. Cela a été
mentionné aujourd'hui. Le musée y a une vocation bien
spéciale, puisqu'il s'agit d'archéologie, et je crois qu'un
laboratoire d'archéologie, un musée d'archéologie attire
moins de visiteurs qu'un musée d'histoire et de traditions populaires.
Cela pose de sérieux problèmes à votre ministère.
Je le sais très bien.
Vous avez un budget pour les musées. Je n'ai pas regardé
les détails, mais je serais intéressé à en savoir
plus en ce qui concerne les normes d'acquisition de ce qui entre dans les
musées qui relèvent de la province et ensuite les musées
privés, de savoir ce qu'ils reçoivent de votre ministère.
Sont-ce des montants fixes ou cela dépent-il un peu de la vocation du
musée ou certains musées ne reçoivent-ils rien?
Mme Lavoie-Roux: Vous posez ma question. Je vais vous passer ma
question et allez-y. Je vous la donne.
M. Le Moignan: Mme le député de L'Acadie m'inspire
d'une façon plus claire.
Le ministre peut-il nous dire quel montant...
M. Guay: ... constitutionnel, en tous cas. M. Le Moignan:
Pardon?
M. Guay: J'espère que cela ne s'étend pas au
domaine constitutionnel.
M. Vaugeois: Je pense que dans les musées...
M. Le Moignan: Maintenant, on est dans les musées.
M. Guay: Dans les musées, cela va.
M. Le Moignan: On est dans les musées. Je lui laisse le
mérite de toutes ces questions. Je me fais son haut-parleur.
M. Guay: Ses cordes vocales ne sont pas dépourvues
à ce point là!
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, M. le
député. S'il vous plaît!
M. Le Moignan: Je sais qu'elle peut se débrouiller sans
moi. Elle le fait d'habitude. Mais je trouve qu'elle a de très belles
questions.
Le ministre peut-il nous dire quel montant, dans ses crédits, en
1978/79, sera consacré à chacun des éléments
suivants: l'administration des musées d'Etat, l'aide financière
aux musées privés, la promotion des arts plastiques, l'aide
financière à l'artisanat?
M. Vaugeois: C'est compliqué!
Mme Lavoie-Roux: Vous pouvez me donner la réponse demain
matin. On n'est pas difficile.
M. Vaugeois: On va vous la donner tout de suite. ... on va sauver
du temps. On vous remettra une feuille demain.
Mme Lavoie-Roux: Oui, parce qu'il ne reste pas beaucoup de
temps.
M. Le Moignan: Oui, parce que, par la suite, il y a une autre
sous-question. Peut-être cela serait-il mieux que vous nous le donniez
demain... De chacun des budgets énoncés, j'aimerais
connaître la part en dollars et en pourcentage qui sera affectée
premièrement à l'administration de cet élément,
puis à l'acquisition d'oeuvres, et le titre de subvention. (17 h 45)
M. Guay: ... Dépôt de la question.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je dépose ma question.
M. Vaugeois: 10 heures, demain matin. Une Voix: II y a
deux fautes. M. Guay: C'est l'orthographe.
M. Le Moignan: II n'y a que deux lettres. C'est très
facile à corriger.
M. Guay: Je tiens à féliciter pour la
qualité de ses questions le recherchiste du Parti libéral.
M. Vaugeois: C'est un gars du Cap-de-la-Madeleine.
Mme Lavoie-Roux: Surtout quand on parle de
Trois-Rivières!
M. Le Moignan: La patrie de M. Bellemare.
Mme Lavoie-Roux: C'est un point qui vous embête?
M. Guay: On parle des musées justement.
M. Vaugeois: Qu'entendez-vous par titre de subvention?
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Le Moignan: C'est dans la Mauricie.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que cela serait intéressant.
M. Vaugeois: On peut aussi vous donner plus que vous demandez.
Pourquoi ne demandez-vous pas aussi les normes générales, parce
que c'est un programme normalisé?
Mme Lavoie-Roux: Allez-y! Allez-y!
M. Le Moignan: Oui. On appelle cela les normes.
M. Vaugeois: Les normes pour les 41 musées... et vos
commentaires sur les normes seraient appréciés.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Le Moignan: Oui, j'avais mentionné les normes pour tous
les musées.
M. Vaugeois: Par écrit.
M. Le Moignan: Non. On aimerait posséder cela. Cela
pourrait nous renseigner sur l'état actuel de tous les
musées.
Le Président (M. Jolivet): Cette question globale
résume-t-elle les vôtres?
M. Le Moignan: Cela résume les miennes pour le moment.
Le Président (M. Jolivet): Y a-t-il d'autres
questions?
M. le député de Taschereau.
M. Guay: Oui, M. le Président. Au sujet des musées,
un des problèmes que nous avons, un des deux problèmes que nous
avons, en ce qui a trait aux musées, ce sont d'abord les musées
d'Etat. Il est question, depuis fort longtemps, que les musées d'Etat
soient dotés d'une gestion indépendante. C'est une anomalie, je
pense, et là-dessus c'est une opinion qui est partagée à
maints égards, notamment, je pense, par les directeurs des musées
eux-mêmes, que les musées soient des directions ou des services
d'une direction générale je ne sais pas très bien
si c est une direction ou un service mais, enfin, que cela fasse partie
de l'organigramme du ministère. On a eu le cas extraordinaire, par sa
tristesse, si l'on veut, du Musée du Québec sur les Plaines
d'Abraham, qui doit faire appel, comme n'importe quel autre service
gouvernemental, au ministère des Travaux publics chaque fois qu'il
s'agit de changer une poignée de porte, et qui a dû faire appel
aux Travaux publics lorsqu'il s'est agi de changer la climatisation, ce qui a
eu comme effet dévastateur que le musée a été
rempli de suie. Ce n'est pas parce que les Travaux publics ne font pas bien
leur travail, ce n'est pas ce que je veux dire, mais je veux dire tout
simplement par là que les musées n'ont pas d'autonomie, de
gestion qui va de pair avec l'idée qu'on se fait d'un musée; ils
ne peuvent pas se retourner, bouger normalement sans devoir, à tout bout
de champ, se tourner vers le Conseil du trésor, vers le
ministère, vers d'autres ministères pour obtenir à partir
du crayon jusqu au nettoyage des vitres. Il a été question, il
n'y a pas si longtemps, il y a quelques années, et le projet avait
été évoqué, je pense, l'an dernier, si
ma mémoire est bonne, de la création d'une commission des
musées, qui serait un organisme indépendant, une sorte de
société d'Etat qui verrait à la gestion des musées
d'Etat, chaque musée constituant une direction, mais à
l'intérieur d'une société indépendante du
ministère. Donc, il y aurait des mécanismes de gestion beaucoup
plus souples. Je voudrais demander au ministre où en est ce projet de
création de commission des musées et où en est ce projet
de doter les musées d'Etat d'une gestion autonome qui faciliterait leur
travail considérablement.
M. Vaugeois: Je ne pourrai pas être très explicite,
mais je vais vous donner une indication qui, je pense, va vous donner un
élément important de ma réponse possible. Dans
l'organigramme du ministère, il y a un poste que nous n'avons pas
comblé et pour lequel nous n'avons pas de concours, c'est la Direction
générale des musées. Je pense que vous avez là
l'explication. La réflexion sur le problème que vous soulevez se
poursuit et, à cause des nombreux éléments au dossier,
j'ai demandé qu'on sursoie au recrutement d'un directeur
général des musées. Il m'ap-paraît important
d'étudier la question que vous venez de poser avant de pourvoir à
un tel poste; si nous devions aller vers une commission, je pense que ce serait
abusif et inutile d'avoir recruté un directeur général.
Donc, le problème est posé chez nous, il est à
l'étude.
M. Guay: Ma deuxième question rejoint un peu la
première, parce que l'idée de création d'une commission
des musées avait, bien sûr, comme je l'ai signalé, comme
première raison de doter les musées d'une gestion administrative
autonome et indépendante pour leur faciliter la tâche, mais, comme
deuxième mandat ou comme deuxième idée, c'était
bien sûr de faire en sorte que les musées puissent faire circuler
leurs collections beaucoup plus facilement entre eux que ce n'est le cas
à l'heure actuelle. Ceci, à ce moment-là, toucherait aux
musées privés comme le Musée des Beaux-Arts de
Montréal, qui est inclus dans les musées privés, ce qui
est un peu une anomalie, en tout cas. Si on veut voir des pièces
muséologi-ques traditionnelles de l'art québécois, il faut
venir au Musée du Québec et, encore là, on sait qu'on n'a
pas encore... Il y a l'histoire du manque d'espace, mais, enfin, tout cela est
en train d'être réglé, il faut donc venir à
Québec. Si on veut voir la production contemporaine, il faut aller au
Musée d'art contemporain; si on veut voir une production
muséologique qui s'échelonne sur plusieurs siècles et
plusieurs écoles, on va au Musée des Beaux-Arts de
Montréal. Ces musées ne vont jamais à la population. En
d'autres mots, le Musée du Québec ne sort jamais vraiment de
Québec pour aller dans les régions, pour aller à
Montréal, dans des locaux qui, au point de vue muséologique, sont
parfaitement acceptables. Je pense au Musée des Beaux-Arts de
Montréal, au Musée d'art contemporain.
En d'autres mots, il y aurait moyen de faire une rotation entre des
édifices qui, sur le plan de la muséologie, sont impeccables; il
ne s'agit pas d aller mettre ça dans un endroit qui n'est pas
climatisé, qui n'est pas acceptable, qui est dangereux. On parle
d'endroits qui, muséologiquement, sont irréprochables. Ce qui
permettrait à une plus grande partie de la population du Québec
d'avoir un accès plus ou moins régulier aux diverses collections
qui sont dans les caves ou sur les murs des divers musées au
Québec.
Je me demandais, soit par la commission des musées, qui fait
l'objet d'une réflexion, soit autrement, si on prévoyait des
mécanismes pour faciliter ainsi la rotation des pièces de
musée entre Montréal et Québec et aussi, dans la mesure du
possible, dans les diverses régions du Québec.
M. Vaugeois: Je vais faire plaisir au député: ses
voeux sont déjà exaucés. D'ailleurs, j'en avais eu la
confirmation lors de ma dernière visite au Musée d art
contemporain. Ce sont exactement les questions que j'ai posées à
la directrice. Dans le cas du Musée d'art contemporain, l'an dernier, le
musée a préparé cinq expositions itinérantes qui
ont circulé dans 47 localités. Quant au Musée du
Québec, il a lui-même participé à quatre expositions
itinérantes et il y a des choses qui sont allées dans les annexes
du Musée du Québec, comme I' Anse aux Barques et la Maison
Chevalier.
Ceci étant dit...
M. Guay: Je veux bien préciser que mon propos n'avait pas
pour but d'indiquer qu'il ne se faisait rien. Je suis parfaitement conscient
qu'il se fait des choses. Mais je pense qu'il peut s'en faire encore plus et
que ce serait à l'avantage des Québécois qui...
M. Vaugeois: Absolument.
M. Guay: De la même façon d'ailleurs pour des
expositions qui viennent au Canada, par les Musées nationaux du Canada,
et qui aboutissent à Montréal, parce que le Musée des
Beaux-Arts de Montréal a conclu, de façon assez étonnante,
une entente avec les Musées nationaux du Canada. Enfin, les grandes
expositions ne sortent pas de Montréal, elles ne viennent pas
jusqu'à Québec, par exemple.
Il y aurait intérêt à ce qu'une plus grande partie
de la population du Québec puisse bénéficier des
expositions qui, de l'extérieur, que ce soit par le canal des
Musées nationaux du Canada ou autrement, viennent au Québec, de
façon que le plus grand nombre possible de Québécois
puisse y avoir accès.
M. Vaugeois: C'est exactement le sens du travail actuel et, au
fur et à mesure que les conditions vont s'améliorer au
Musée du Québec, c'est évident qu'il pourra accueillir de
plus en plus de grandes expositions. Mais tout est mis en oeuvre actuellement
pour réaliser de tels programmes et
plusieurs muses, d ailleurs, en région, fonctionnent en bonne
partie à partir d'expositions préparées ailleurs.
La vocation que nous reconnaissons, pour un certain temps, au
musée de Rivière-du-Loup, c'est d'en faire principalement un lieu
d'accueil et d'exposition itinérante. L'essentiel des activités
du musée de Rivière-du-Loup, pour l'année qui commence, va
consister en l'accueil d'expositions itinérantes. La fonction
archéologique a été écartée pour l'instant.
Le centre de recherche a été dissous, il s'est
recréé en dehors du musée. Le musée de Joliette
reçoit également beaucoup d'expositions.
C'est d'ailleurs dans l'évaluation qu'on fait des musées
privés, qui sont accrédités par le ministère et
subventionnés, un des éléments qui entrent en ligne de
compte. Des expositions peuvent venir de régions, peuvent avoir une
origine régionale et circuler à l'intérieur du
Québec, comme elles peuvent venir de nos principaux musées, mais
il y a un effort de plus en plus grand de fait de ce
côté-là. Le député a bien raison d'insister
pour que l'accent soit mis dans cette direction.
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais demander s'il est possible
d'ajouter à la longue question que nous vous avons soumise dans
le cas de déficit possible des musées d'Etat, si vous pourriez
indiquer le montant, s'il y en a eu.
M. Vaugeois: Qu'est-ce que vous voulez dire par
déficit?
Mme Lavoie-Roux: De budget d'opération.
M. Vaugeois: Cela m'étonne comme question, parce
que...
Mme Lavoie-Roux: Ils sont toujours à l'intérieur de
leur budget?
M. Vaugeois: Oui, sauf le musée des Beaux-Arts qui a un
statut très spécial.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Et dans ce cas-là... c'est vrai que
c'est un musée privé, mais...
M. Vaugeois: Avec un statut spécial.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a un déficit
d'opération dans ce cas-là et de combien est-il?
M. Vaugeois: C'est une question très complexe. Nous avons
un administrateur délégué qui est sur place actuellement,
au Musée des Beaux-Arts. Nous finançons grassement le
musée, mais avec des exigences très précises. Cet
administrateur délégué est là pour s'assurer que
les nouveaux responsables du Musée des Beaux-Arts font le maximum pour
appliquer les exigences du Conseil du trésor, et à l'inverse,
pour sensibiliser le ministère et le Conseil du trésor aux
difficultés particulières du musée. Je pense qu'on vient
de verser deux nouvelles tranches qui vont être l'occasion de
vérifier si l'hypothèse du Conseil du trésor est
applicable.
On essaie d'éliminer tout déficit et on veut s assurer que
les organismes qui reçoivent d'aussi importantes subventions ne nous
amènent pas, sans qu'on s'en rende trop compte, et là-bas et ici,
de nouveaux déficits en cours de route.
Mme Lavoie-Roux: Nous avons soulevé une autre question I
an dernier en relation avec le Musée des Beaux-Arts. On sait que c est
un musée qui s est constitué largement à partir de dons de
collections privées, etc. Nous avions examiné, avec le ministre
qui vous a précédé, la possibilité d'ententes au
point de vue fiscal. Est-ce que ceci a ete fait?
M. Vaugeois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous êtes arrivé a des
accords avec le ministère du Revenu pour justement encourager... et non
seulement pour le Musée des Beaux-Arts; éventuellement, je pense
que cela se posera dans le cas d autres musées.
M. Vaugeois: Oui, il y a déjà des dispositions
fiscales qui existent, qu'on applique avec soin et qui sont publiées
auprès des donateurs éventuels. Ces dispositions existent
d'ailleurs autant à Ottawa qu à Québec. Les
administrateurs de nos musées ont les formules en main. A certains
moments, lorsqu'ils négocient des achats, ils font valoir
I'intérêt fiscal que peut représenter un don qui. souvent,
se fera en parallèle d une vente ou même sans vente. Cela se
produit de plus en plus. On veut aller encore plus loin de ce
côté-là, parce que là. c'est au niveau du don. J'ai
fait allusion tout à I'heure à toutes sortes de mesures de
même ordre qui pourraient intervenir et qui pourraient aussi tenir compte
des droits du créateur. C'est un autre élément qui nous
échappe jusqu ici.
Si. par exemple. Jean-Paul Lemieux a vendu une toile $500 il y a
quelques années et qu aujourd'hui, elle se transige à S50 000, il
ne touche rien.
Mme Lavoie-Roux: Pouvez-vous nous dire je vous avais
posé la question dans mon intervention d ouverture qu est-ce qui
arrive à la création de la commission des musées? Est-ce
que vous avez I'intention d'en créer une ou est-ce que c'est un projet
qui est abandonné?
M. Vaugeois: Non, ce n'est pas abandonné. On a plusieurs
groupes de travail du côté des musées. Là aussi, il
y a vraiment une espèce d'explosion. Vous seriez étonnée
du nombre de groupes qui nous proposent I'ouverture de musées. On est
vraiment débordé par les demandes. Nous avons fait un effort de
normalisation pour démarrer. Actuellement, nous avons un groupe de
travail sur la formation muséologique. On pense qu il faut d abord
commencer par là. Nous avons un rapport
Jentel qui vient dun professeur de Laval. Nous avons un groupe de
travail qui est assez représentatif du milieu universitaire en
particulier et des muséologues existants. Les gens de nos musées
siègent à cette commission.
On va commencer par réfléchir nous sommes en train
de le faire avec soin sur la formation des muséologues. Je pense
que c est...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez abandonné pour le moment?
M. Vaugeois: Non. c est-à-dire, on pense qu'il faut
commencer par cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui, parce que, I'an dernier, on nous avait dit
que ce serait déposé, j'oublie à quelle date, mais...
M. Vaugeois: Pour ne rien vous cacher... Mme Lavoie-Roux:
Oui.
M. Vaugeois: ... le problème auquel on fait face, c'est
que souvent les gens nous proposent des musées parce qu'ils ont une
maison dont ils ne savent trop quoi faire ou encore parce qu'ils ont des
collections importantes dont ils ne savent pas trop quoi faire
également. Je suis parmi ceux qui résistent à l'ouverture
de musées quand la raison d être, c est qu'on a une maison dont on
ne sait pas quoi faire ou des collections à loger. Je pense qu'on ne
doit pas réagir: un musée, une collection. D'ailleurs, il ne faut
pas que nos musées deviennent simplement le dépôt de
grosses collections. J'ai visité récemment le musée
Laurier à Arthabaska. Il y a un effort intéressant de fait au
musée Laurier pour mettre en valeur un minimum de pièces chaque
fois et de faire de véritables expositions. (18 heures)
D'ailleurs, on parle de plus en plus de musées et de centres
d'exposition. De plus en plus, on va parler également de centres
d'interprétation. On pense que les gens ont besoin là aussi que
le muséologue fasse un bout de chemin vers sa clientèle. Il n'est
pas exclu qu'un bon jour, nous sortions carrément des murs pour aller
là où circulent normalement les gens.
Nous introduisons, et j'en suis un peu responsable, actuellement dans la
réflexion des gens un élément assez nouveau au
Québec et au Canada, celui de l'écomusée. Je ne sais pas
si cela vous intéresse que j'en parle mais l'écomusée,
c'est le musée du milieu. Les éléments naturels du milieu
là où ils se trouvent peuvent devenir composantes d'une
réflexion muséologique et de mise en valeur. A ce moment, vous
pourriez avoir, plutôt qu'un musée, un lieu d'introduction aux
richesses patrimoniales d'une région. Là, il peut avoir
réconciliation, d'ailleurs, entre les richesses patriomo-niales et les
richesses naturelles. Le point de départ pour s'intéresser
à une région serait un centre d'introduction.
Ce qui m'a amené à ce genre d'intervention, c'est que j'ai
beaucoup d'admiration pour le musée de Mexico, qui est un peu une
introduction aux richesses archéologiques et historiques du Mexique.
Dans le musée de Mexico, il y a peu de pièces authentiques. Le
musée est d'abord un effort d'introduction, d'interprétation de
l'histoire du Mexique. Après, les gens ont envie d'aller voir la
pyramide qui est restée sur place, le tombeau qui est resté sur
place, etc.
J'ai pris cette expérience au musée de Mexico et je l'ai
mise en parallèle avec la connaissance que j'ai de l'expérience
du Creuzot en France où là, vous avez une expérience
d'écomusée assez remarquable. J'ai d'ailleurs demandé aux
responsables des musées chez nous de réfléchir
là-dessus. J'ai moi-même alimenté la réflexion
à partir de documents que je possédais. On en est là
actuellement. J'ai un peu contribué, si vous voulez, à ramener la
réflexion, d'abord au niveau du type de musée qu'on veut et de la
formation de nos muséologues.
Dans l'esprit des gens, souvent le musée c'est un
capharnaüm, un fourre-tout. C'est un endroit où des objets
hétéroclites sont accumulés, tellement que des fois j'ai
envie d'exiger, avant qu'on ne subventionne les musées, que chaque
musée subventionné ait un entrepôt, une réserve,
pour que le musée qu'on visite ne soit pas un fourre-tout. Il y a dans
nos musées subventionnés actuellement des endroits où
c'est un bric-à-brac invraisemblable. C'est à décourager
les gens, d'ailleurs. Je pense qu'il y a un effort à faire, mais il faut
s'arrêter et savoir mettre en valeur, à l'intérieur des
musées, les pièces et, aussi, savoir sortir du musée avec
la notion d'exposition et d'interprétation.
M. Le Moignan: Puisqu'il est...
Mme Lavoie-Roux: II me reste deux petites questions. Il y en a
une pour faire suite aux remarques du député de Taschereau tout
à l'heure: quel est le montant prévu dans le budget du
ministère concernant les expositions itinérantes?
D'abord, est-ce qu'il y en a qui iront à l'extérieur du
Québec et quelles sont celles qui sont au Québec?
M. Vaugeois: Là, il faudrait faire le calcul, parce que
ça, c'est dans les budgets des musées. On pourrait faire le
calcul pour demain matin.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord, c'est pour ça que je la
posais...
M. Vaugeois: II y a une partie du budget qui est aux Affaires
intergouvernementales aussi. D'autre part, il y a $150 000 qui sont
prévus pour les expositions itinérantes organisées
à partir de musées privés vers d'autres musées
privés.
Mme Lavoie-Roux: Que vous donnez comme subvention.
M. Vaugeois: Comme subvention aux expositions itinérantes
de musées privés à musées privés.
Mme Lavoie-Roux: $150 000.
M. Vaugeois: $150 000. Après ça, il faudrait aller
voir dans le budget du Musée du Québec, du Musée d'art
contemporain et aux Affaires intergouvernementales, ce qu'il y a aussi pour les
expositions à l'étranger.
Mme Lavoie-Roux: Voici ma dernière question. L'an dernier,
on avait discuté d'un certain nombre de musées. Je pense qu'il y
aura des réponses en partie dans le livre blanc, du moins, selon ce que
j'ai vu dans la Presse, quant à vos intentions sur la création de
différents musées, par exemple, un Musée des sciences
naturelles je pense que vous avez laissé entendre que oui
d'un musée d'agriculture...
M. Vaugeois: Je peux vous dire que c'est dans le livre blanc.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est ça. J'ai vu ça dans la
Presse. Vous autres, vous ne voulez pas nous le dire, mais, dans la Presse, on
a vu ça.
On pourrait continuer longtemps. Pour le moment, je pense que...
M. Vaugeois: Est-ce que ça veut dire que nous approuvons
le programme 4?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Jolivet): Donc, le programme 4 au
complet, éléments 1 et 2, est adopté.
Mme Lavoie-Roux: Demain, on pourra parler de musique, de danse,
de chant et de...
M. Vaugeois: L'Orchestre des jeunes. l'Opéra du
Québec, des conservatoires...
M. Le Moignan: L'Opéra du Québec...
Le Président (M. Jolivet): Avant de nous quitter,
cependant, je dois vous remercier de votre travail. Quant à moi, je ne
pourrai pas être président de la commission. Ce sera le
député de Rimouski qui, demain, à 10 heures, sera ici
présent comme président.
Merci!
(Fin de la séance à 18 h 6)