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Etude des crédits du ministère des
Affaires culturelles
(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Gendron): La commission parlementaire des
affaires culturelles se réunit pour l'analyse des crédits.
Membres de cette commission: M. Jean Alfred (Papineau), M. Jacques Brassard, M.
Pierre de Bellefeuille, M. Goldbloom, M. Godin, M. Guay, Mme Lavoie-Roux, M. Le
Moignan, M. Denis Vaugeois. Comme intervenants, M. Bertrand, M.
Beauséjour, M. Brochu, M. Ciaccia, M. Laplante, M. Laurin, M. Morin
(Sauvé), M.Roy, M. Samson et M. Saint-Germain. Est-ce qu'il y a des
changements au niveau de lUnion Nationale?
M. Le Moignan: M. le Président, mettez donc ie nom de
Fernand Grenier à la place de Yvon Brochu. M. Grenier sera ici dans
quelques minutes.
Le Président (M. Gendron): D'accord. Mme Lavoie-Roux:
Est-ce que M...
Le Président (M. Gendron): Une seconde, s'il vous
plaît. M. Fernand Grenier agira comme intervenant à la place de M.
Yvon Brochu. Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: John Ciaccia... Le Président (M.
Gendron): Oui. Mme Lavoie-Roux: ... est intervenant.
Le Président (M. Gendron): Est intervenant, oui.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Gendron): On le maintient comme cela?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Cela ne change pas grand-chose.
Le Président (M. Gendron): Je sais. M. le ministre. On me
dit que nous en étions au programme 5. La parole est à vous, M.
le ministre, sur ie programme 5.
M. Vaugeois: Vous allez l'avoir, la parole. Le
Président (M. Gendron): Oui.
M. Vaugeois: La voie, la vérité et la vie s'en
viennent. Le ministère est en danger, madame.
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce qu'il y a? Etes-vous en train de plier
bagages?
Arts d'interprétation
M. Vaugeois: Ils sont plies déjà. Je pense que vous
êtes déjà familiers avec le programme 5. Je me contente
d'une présentation générale, vous rappelant ce que dit le
grand livre. Ce programme vise à favoriser l'accès du public aux
arts d'interprétation par la formation d'artistes de la scène et
par l'aide à la production. Essentiellement, vous y trouvez donc deux
éléments: l'enseignement des arts d'interprétation et le
soutien aux arts d'interprétation. Ce qui signifie
généralement aux groupes et aux troupes de diverse nature.
Est-ce qu'on a le grand livre au moins, le cahier
récapitulatif?
Mme Lavoie-Roux: Si vous me le permettez, M. le Président,
avant de prendre le grand livre je cherchais dans mes papiers
vous nous aviez promis certains documents hier, la liste des membres des
conseils régionaux. Je comprends que cela peut être plus long
à préparer.
M. Vaugeois: Non, on a cela. Mme Lavoie-Roux: Vous avez
cela.
M. Vaugeois: On dispose actuellement de la liste des membres du
comité du 1%. Je crois que cela vous a été remis,
d'ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: Cela a été remis au secrétaire.
On a également la liste des membres du jury d'aide à la
création et à la recherche et de stages à
l'étranger.
Mme Lavoie-Roux: Nous l'avons eu, cela.
M. Vaugeois: Vous l'avez eu. On a également la liste des
conseils d'administration de chacun des conseils régionaux de la
culture. Est-ce que cela vous a été remis?
M. Le Moignan: Non.
M. Vaugeois: Non.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Vaugeois: Alors, on va le faire. On a également les
critères d'accréditation des musées privés et des
centres d'exposition, les normes de subventions aux musées privés
et aux centres d'exposition. On a également des renseignements à
vous fournir sur les catégories de musées cela fait partie
du document des normes, bien sûr et de centres d'exposition. On va
demander également de distribuer ces choses.
Par ailleurs, vous nous aviez posé des questions d'ordre
budgétaire sur l'élément 2 du programme 4. Nous n'avons
pas été capables, au cours de la nuit, de fournir des
réponses appropriées à toutes vos demandes, pour une
raison d'ordre technique. En réalité, notre ventilation de
1978/79 ne tient pas compte des salaires et autres rémunérations
qui sont élevés d'office, de façon à nous permettre
de faire des comparaisons plus
rapides de l'importance relative des masses qui sont consenties aux fins
du transfert, c'est-à-dire des subventions. On va les reconstituer
à partir des crédits qui sont dans le document imprimé du
ministre Parizeau. Nous allons pouvoir, de cette façon, isoler d'une
façon précise ce que, en réalité, vous voulez
savoir, soit le pourcentage qui passe en frais d'administration,
c'est-à-dire qui correspond aux salaires des administrateurs. On devrait
pouvoir vous envoyer cela peut-être même à la fin de la
journée ou demain au plus tard.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie.
M. Vaugeois: II y a également la publication relative
à l'artisanat, je crois, dont il avait été fait mention
hier après-midi et qui avait été annoncé, si je ne
m'abuse, lors de la défense des crédits pour 1977/78.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Vaugeois: Je voulais ajouter un petit détail. Sur la
liste qu'on vous donne des membres des conseils de la culture, ce n'est pas
toujours une liste définitive, même pas pour un mandat normal,
parce que je l'ai vérifié il y a des groupes
provisoires là-dedans qui ont été mandatés pour
créer un conseil de la culture; ils vont en élection une fois la
structure formée. Cela pourrait changer très rapidement dans
certaines régions.
Egalement, dans la liste des membres du comité de 1%, vous allez
retrouver le nom de M. Daudelin et vous verrez, entre parenthèses, que
le poste est vacant. M. Daudelin a rendu de grands services à ce groupe
de travail et il a récemment remis sa démission. Nous avons
actuellement deux candidats avec lesquels nous sommes en contact et que nous
aimerions intéresser à ce comité de 1%. Je voulais
profiter de la circonstance pour remercier M. Daudelin de sa contribution.
Une Voix: Charles?
M. Vaugeois: Charles Daudelin, oui. Je voulais le
féliciter pour le travail assez remarquable qu'il réalise, comme
artiste.
Mme Lavoie-Roux: Je suis tout à fait d'accord.
M. Vaugeois: C'est un de mes sculpteurs
préférés.
Mme Lavoie-Roux: La première question que je voudrais
poser au ministre. Du côté des conservatoires, y a-t-il des
régions, présentement, qui ne sont pas desservies par les
conservatoires? D'après mes informations, il y aurait Baie-Comeau,
Sept-lles...
M. Vaugeois: Je vais répéter, si vous voulez, pour
les fins du journal des Débats puisque la réponse a
survolé la salle. Il y a donc Sherbrooke, qui a une situation
spéciale, et la Côte-Nord.
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce que vous comptez faire?
M. Vaugeois: Pour Sherbrooke, nous y reviendrons, c'est un peu
plus compliqué.
Il y a des pourparlers et un début de collaboration entre le
conservatoire de Rimouski et I'Ecole de musique de Baie-Comeau. C'est là
où en sont rendues les choses pour le moment.
Permettez que je profite de la circonstance pour vous présenter,
au cas où cela serait nécessaire, M. Uriel Luft qui est le
directeur général des conservatoires.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, j'étais distraite. Vous
dites qu'il y a des...
M. Vaugeois: II y a des pourparlers...
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes à l'état des
pourparlers, d'accord.
M. Vaugeois: ... et une aide technique du Conservatoire de
Rimouski à l'Ecole de musique de Baie-Comeau, qui est une institution
privée. Nous essayons simplement d'aider pour le moment pour que la
formation soit la meilleure possible dans la région.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela vous apparaît
satisfaisant...
M. Vaugeois: Je ne sais pas quels sont...
Mme Lavoie-Roux: ... pour toute la Côte-Nord?
M. Vaugeois: II faudrait peut-être dire que toute la
question des conservatoires est en ce moment en révision en ce sens que
nous sommes a préparer un mémoire d'évaluation que nous a
demandé le Conseil du trésor et que nous voulons nous-mêmes
aussi détaillé que possible. La question des conservatoires, qui
existait depuis 35 ans, nous semble devoit être revue. Il y a justement
ce problème, par exemple, du manque de conservatoires sur la
Côte-Nord et à Sherbrooke. Il est impossible pour moi de vous dire
s'il va y en avoir ou non parce que toute la question est en examen.
Ceci dit, il est évident qu'il va falloir faire quelque chose.
Pour remédier à une situation, en ce moment, de façon
temporaire, nous avons établi des contacts entre le conservatoire et
l'école de musique, qui est déjà une institution qui
existe, qui fait un certain travail, pour l'aider à faire ce travail le
mieux possible.
Si vous me le permettez, madame...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: ... comme vient de le dire le directeur
général, il y a des évaluations en cours. Je dois dire que
la question des conservatoires a quand même franchi des étapes
importantes, mais c est sans cesse repris. Je pense que tout le
monde ici connaît l'éternelle discussion entre l'avenir des
conservatoires versus les écoles de musique, les facultés de
musique, et maintenant il y a même dans le décor les sections des
CEGEP qui touchent l'enseignement musical sous une forme ou sous une autre. Au
cours de la dernière année, le Conseil du trésor a de
nouveau posé la question de l'avenir des conservatoires avec leur
rattachement actuel au ministère des Affaires culturelles; on n'a pas
remis cela en question, finalement. Après l'avoir posé comme
question, cela n'a pas été remis en question, de telle
façon qu'actuellement vous avez au moins un conservatoire qui fait
l'objet d'une relocalisation importante. Je pense qu'il y a eu des choses
importantes de faites dans la région de Hull, également,
où il y a des projets.
Oui, c'est fait.
C'est fait.
Val-D'Or aussi.
Voilà. Donc, nous avons eu, au cours des derniers mois,
suffisamment de confirmations de la part du Conseil du trésor pour que
des choses aussi fondamentales que l'existence des conservatoires et leur
rattachement aux Affaires culturelles ne soient pas remises en question
à court terme, encore qu'il y a un problème de coordination avec
ce qui se fait ailleurs dans nos institutions: je dis "nos" au sens des
institutions du gouvernement dans leur ensemble. Il y a aussi des coordinations
à faire avec les écoles privées.
C'est peut-être, au fond, ce qui va être intéressant
dans le cas de Sherbrooke, parce que la déficience dans la région
de Sherbrooke, que vous avez soulignée par votre question, nous
amène à nous interroger, à ce moment-ci, sur la
façon de doter la région de Sherbrooke d'un enseignement valable
de la musique. Il y a des propositions de I'université, il y a des
possibilités de conservatoire, il y avait traditionnellement une
affiliation de Vin-cent-D'Indy à l'université de Sherbrooke.
Cette affiliation prend fin actuellement ou elle se termine avec la
présente année scolaire. Donc, tout cela mis ensemble fait que le
cas de Sherbrooke va vraiment nous permettre de faire une évaluation
importante. Là-dessus, j'aimerais que mon sous-ministre se rapproche
parce que je compte beaucoup sur lui pour, partant des rapports qui s'en
viennent, faire des recommandations très pertinentes, étant
donné d'abord sa formation en musique, sa connaissance du milieu
musical, son expérience de l'enseignement supérieur. Arrivant de
l'université du Québec, ayant siégé à
différents organismes concernés par l'enseignement
supérieur, je pense qu'il est apte, de façon toute
spéciale, à faire les liens qui sont nécessaires entre nos
institutions, les conservatoires, et ce qui se passe dans les milieux
universitaires.
Mme Lavoie-Roux: Alors, du côté de Sherbrooke vous
êtes aussi à étudier...
M. Vaugeois: Là c est plus qu une étude. Mme
Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: II y a les rapports généraux qui s'en
viennent, il y a une demande précise de I Université de
Sherbrooke. Nous sommes en relation avec le recteur en particulier. Nous avons
des documents qui nous viennent de Sherbrooke. Nous avons diverses opinions qui
nous viennent de divers milieux sherbrookois. Nous avons aussi I'information
concernant Vincent-D'lndy. Donc, actuellement...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous essayez d'articuler des liens
entre les conservatoires je comprends que vous en faites là entre
les conservatoires et les écoles privées de musique qui ne sont
quand même pas très nombreuses et les écoles en
général? J'ai l'impression qu'il y aurait peut-être un
certain profit à ce que les conservatoires soient moins coupés.
Je comprends qu'ils ont une vocation particulière... (10 h 30)
M. Vaugeois: Que voulez-vous dire par "coupés"? Ils ne le
sont pas vraiment parce que souvent, comme on entre au conservatoire par
concours, ceux qui y arrivent sortent d'un type d'école. Et on
prépare souvent les jeunes au concours du conservatoire, etc. Il y a
déjà de bonnes relations, dans le milieu, entre le conservatoire
et une multitude... Il n'y en a pas peu, il y en a une multitude, c'est
extraordinaire l'importance de l'enseignement musical au Québec. Je ne
dis pas que cela se fait toujours dans le réseau d écoles
publiques...
Mme Lavoie-Roux: Je parlais d'articulation entre le réseau
d'écoles publiques et les conservatoires.
M. Vaugeois: C'est une des préoccupations, peut-être
même la préoccupation dominante qu'aura le comité conjoint
ministère de l'Educa-tion-ministère des Affaires culturelles
auquel je faisais allusion mardi matin, je pense. Il y a un
élément qu'il faut apporter là-dedans qui est
important.
En réalité, depuis plusieurs années, que je sache,
c'est toujours le ministère des Affaires culturelles qui
relançait l'Education sur la question du partage des
responsabilités au chapitre de l'enseignement de la musique. Par
ailleurs, les gens du ministère de l'Education étant
débordés par de multiples problèmes plus aigus, à
tout le moins plus substantiels comme impact sur l'opinion publique, sans
manifester d'hostilité, nous signifiaient toujours que chaque
priorité doit venir en son temps et qu'un jour viendrait où ils
nous feraient état de leur disponibilité à aborder ces
choses.
Ce qui est réconfortant dans les circonstances actuelles, c'est
que l'initiative de la relance des discussions conjointes, ministère des
Affaires culturelles et ministère de l'Education, vient de l'Education.
De toute évidence, on est prêt depuis très longtemps parce
que la situation est complexe. La tâche va consister essentiellement
à essayer d'articuler, sur le plan opérationnel, la poursuite
d'objectifs différents.
Quand j'ai commencé à m'intéresser aux
problèmes de l'enseignement des arts, mon premier réflexe
était de trouver qu'il y avait une prolifération d'institutions
et que cela rendait, à mon point de vue, beaucoup trop complexes les
dimensions administratives et pédagogiques. Quand on creuse le dossier,
on découvre qu'en réalité cette multiplicité
d'institutions correspond à une multiplicité d'objectifs. Les
objectifs inhérents au consevatoire, en réalité, c'est de
former des musiciens professionnels, alors que l'enseignement de la musique,
qui se fait dans le réseau public et même dans le réseau
d'enseignement privé, n'a pas cette prétention ni cet
objectif.
Néanmoins, il reste que la majorité des étudiants
qui aboutissent au conservatoire ont déjà circulé à
l'intérieur du réseau privé d'enseignement. Il y a un
travail important d'ajustement de la programmation à faire. Je ne crois
pas que le contentieux réside dans le fait pour les différentes
parties, par exemple, qu'il s'agisse des administrations du réseau
public d'enseignement ou des directions du réseau privé
d'enseignement ou encore des conservatoires, de s'entendre sur le
caractère bien différent de chacun des objectifs qu'ils
poursuivent. C'est au niveau de l'ajustement des programmations. La
programmation du conservatoire ne correspond pas nécessairement à
la programmation de l'enseignement régulier. Il n'y a pas de
regroupement en termes de niveau ou de structure d'âge pour les
étudiants qui complique les choses. Vous avez des étudiants, au
conservatoire, qui peuvent avoir dix ans et qui ne peuvent y recevoir la
formation générale requise pour obtenir, par exemple, un
diplôme terminal d'études secondaires ou un diplôme terminal
d'études collégiales. Il faut négocier ce que
j'appellerais un protocole qui s'appliquerait à I ensemble du
Québec pour permettre le cheminement des différentes
carrières ou des différents profils.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que l'ajustement a été fait
partout maintenant entre le système public d'enseignement et le
conservatoire quant à l'équivalence accordée pour certains
crédits, dans ce sens que vous aviez, dans le secteur public, des
élèves qui étaient inscrits au conservatoire et on ne leur
reconnaissait aucun crédit dans le secteur public, alors que,
peut-être, ils faisaient deux, quatre ou six heures de musique ou
davantage par semaine?
Moi, j'avais fait des efforts, à un moment donné, pour
faire un certain rapprochement entre le Conservatoire de Montréal et la
CECM en l'occurrence, et je pense qu'il y a eu des choses de corrigées.
C'était vraiment une anomalie. Je me demandais si, par exemple, avec la
danse, vous auriez aussi peut-être la même chose, certains
crédits qui pourraient être accordés au niveau
secondaire.
Je vous demande précisément: Est-ce que cet ajustement
entre les conservatoires et le secteur public a été fait pour que
des élèves ne se trouvent pas pénalisés du point de
vue de l'obtention des crédits requis pour leur diplôme
d'école secondaire?
M. Vaugeois: Je ne peux pas dire que cela a été
fait. Je voudrais dire que c'est en train de se faire dans ce sens que nous
sommes en ce moment en train de définir nos propres programmes, de
revoir les programmes afin de pouvoir les normaliser en fonction des
critères qui seraient acceptables par le ministère de
l'Education. C'est à ce moment-là, une fois que ce sera fait
j'espère que ce sera fait d'ici deux à trois mois
que nous pourrons dans le même comité, d'ailleurs, avec
lequel nous travaillons en ce moment, c'est-à-dire l'évaluation
du travail du conservatoire établir ces ponts avec le
système d'éducation soit aux niveaux primaire, secondaire ou
même collégial.
Mme Lavoie-Roux: Dans tous les cas, je vous incite bien à
le faire parce que c'est un problème qui est pas mal vieux et qui ne
semble pas se résoudre très facilement.
En parlant du système d'éducation public, première
question, jusqu'à quel point êtes-vous consultés, par
exemple, sur l'élaboration des programmes, dans le livre vert, en ce qui
touche l'enseignement de la musique et des arts? Deuxième question:
Etes-vous conscients que, quant aux CEGEP qui ont comme option la musique, il
semble selon les demandes qui m'arrivent occasionnellement, à mon
bureau de comté, par exemple qu'il n'y aurait, dans la
région de Montréal, que deux CEGEP, dont l'un est public et
l'autre est privé: le public étant Saint-Laurent, le privé
étant Marguerite-Bourgeoys? Il y en a peut-être un autre dans la
région de Drummondville, à ce qu'on m'a dit, mais là, vous
avez un CEGEP anglophone.
Finalement, alors qu'on requiert les élèves du secondaire
de prendre tel ou tel crédit pour avoir leur entrée au CEGEP en
musique, il n'y a pas de possibilités. J'ai eu quelques cas,
récemment, à mon bureau de comté, cela semble un
problème.
M. Vaugeois: C'est justement un problème que me soulevait
le sous-ministre de l'Education, M. Martin, au moment où il nous a
relancés au début de la semaine dernière.
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce que vous entendez faire?
M. Vaugeois: On va au moins en discuter. Mme Lavoie:
Oui.
M. Vaugeois: Au moins en parler. A la première rencontre,
c'est le premier point à l'ordre du jour en ce qui le concerne, lui.
Mme Lavoie-Roux: Ma première question touchait le livre
vert et l'enseignement des arts dans le livre vert. Est-ce que vous avez
été consulté? Est-ce que vous comptez vous impliquer?
M. Vaugeois: Nous comptons nous impliquer, par définition,
sauf que pour autant que je me souvienne, lors d'une lecture du livre vert
qui
remonte déjà à deux mois, en ce qui me concerne, il
n'y avait pas d'élément très précis de
programmation à ce niveau dans le livre vert. On faisait état
d'intentions, mais c'est bien sûr qu'on va s'impliquer. A cet
égard, je vais vous dire une chose: Techniquement...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: ... le ministère des Affaires culturelles se
voit cantonné aux conservatoires et cela a des implications
désastreuses. On n'a pas autorité sur la programmation de
l'enseignement du ministère de l'Education. On n'a pas autorité
sur la programmation de l'enseignement des écoles privées. Je
voudrais attirer votre attention sur le phénomène de
l'école Vincent-D'lndy à cet égard, qui me
préoccupe au plus haut point.
Mme Lavoie-Roux: J'allais vous poser une question
là-dessus.
M. Vaugeois: Vis-à-vis de ce problème on est, au
sens précis de la loi, techniquement déclassé,
c'est-à-dire mis hors de combat ou mis hors de circuit. C'est une chose
qu'on ne peut pas accepter. A ce moment, il faut faire exercer notre influence
par le biais de comités dont celui auquel il est fait mention, de
l'évaluation globale des conservatoires, d'une part, et du comité
plus opérationnel sur les questions d'agencement de programmation que
nous suggère le ministère de l'Education. Mais on ne peut pas, de
notre propre autorité, intervenir, par exemple, dans le dossier relatif
à l'Ecole de musique Vincent-D'lndy, encore que spontanément
là je parle au nom du ministre nous ne pouvons pas
accepter de voir disparaître ce qui est une merveilleuse école de
formation. Et vous en savez les composantes.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je connais bien Vincent-D'lndy,
c'était ma prochaine question, qu'est-ce que vous entendiez faire? Je me
demandais si cela allait mourir de sa belle mort. Soit vous autres ou le
ministère de l'Education je peux la reposer au ministre de
l'Education dans quinze jours, on fera l'étude des crédits
qui finalement va s'en soucier? Je comprends que vous ne pouvez peut-être
pas intervenir directement comme ministère des Affaires culturelles,
mais il reste que cela doit être quand même une
préoccupation.
M. Vaugeois: II en va de ce dossier comme il en va aussi du
dossier d'un bien classé. A la limite, si les propriétaires ou
les premiers responsables s'en dissocient ou ne manifestent pas une intention
ferme à l'égard de la survivance de cette école, qu'est-ce
que le ministère peut faire sinon que d'exercer des pressions, sinon que
d'alerter ceux qui ont la responsabilité de piloter ce dossier, en
l'occurrence, dans une large mesure, nos collègues de l'Education? Le
problème de Vin-cent-D'Indy est lié à la
possibilité de son absorption pure et simple par l'Université de
Montréal. Vous pouvez être sûr qu'on va faire un vigoureux
plaidoyer auprès de nos collègues de l'Education pour les alerter
sur la situation qui m'apparaît et c'est une opinion que partage
M. Vaugeois, on en a parlé même la semaine dernière
la possibilité que Vincent-D'lndy, comme cette école est
présentement, puisse se métamorphoser de fond en comble. Cela
m'inquiète beaucoup.
Je voulais quand même ajouter ceci. Dans le cas de Vincent-D'lndy,
puisqu'on a posé ce cas en particulier, j'ai eu pas mal de discussions
avec les gens de l'Université de Sherbrooke. J'ai aussi eu l'occasion
d'en parler avec le recteur de l'Université de Montréal. M.
Vallerand vient de faire allusion dans ses propos à une donnée du
problème; à deux, mais à une en particulier, qui nous
échappe totalement, c'est la volonté des propriétaires, si
vous voulez. Il a fait référence gentiment aux biens
classés, mais je pense que si vous connaissez un peu le dossier, vous
savez ce à quoi il faisait allusion, et là, cela déborde
la compétence du ministère de l'Education aussi bien que celle
des Affaires culturelles. Puis il y a aussi, au cours des dernières
années, des gestes qui ont été posés dont nous
devons tenir compte. Il y a eu des choix de faits par Vincent-D'lndy sur
lesquels on ne peut pas facilement revenir maintenant.
Par ailleurs, je tiens à ajouter ceci: la structure que nous
permet un ministre d'Etat au développement culturel a ce grand avantage
de mettre autour de la même table les ministres concernés par leur
mandat respectif. A cet égard, je n'apprendrai rien à personne en
indiquant que le ministre de l'Education, qui a son mot à dire par son
mandat, a également beaucoup à dire par l'intérêt
qu'il porte à l'enseignement musical et à une école comme
celle de Vincent-D'lndy. Vous avez donc autour de la table du CMPDC des hommes
politiques qui sont très préoccupés, très
intéressés aux meilleures solutions. Mais il y a des
éléments qui échappent même à la
compétence de l'ensemble des ministres concernés par le
développement culturel.
Mme Lavoie-Roux: Je suis bien d'accord sur toutes vos bonnes
intentions. Par exemple, on a dit. concernant le livre vert touchant
l'enseignement des arts, que certainement on allait s'en préoccuper. Je
posais tout à l'heure la question des crédits, du transfert des
crédits des écoles publiques aux conservatoires et vice versa.
C'est quand même un problème que j'ai soulevé l'an dernier,
et on est encore à l'étudier. Tout ce que je veux dire, c'est que
je vais vous donner encore six mois de bonne volonté à tout le
monde, mais ces problèmes relèvent quand même des
différents ministères, et je comprends que c'est toujours
difficile d'accorder tous les ministères. Je sais comment cela
fonctionne entre le ministère des Affaires sociales et le
ministère de l'Education, pour ne donner qu'un exemple que tout le monde
connaît, et je crois comprendre que c'est la même chose entre le
ministère des Affaires culturelles et le ministère de
l'Education. Je me demande s'il n'y a pas une foule d'énergies qui sont
perdues. Justement, vous avez, comme vous le mentionnez, ce
grand comité de développement culturel, et j'espère
que ce sera peut-être une réponse plus concrète...
M. Vaugeois: Je l'espère autant que vous, madame. Mais je
ne suis pas certain, malgré les propos tenus par le sous-ministre tout
à l'heure et ies conclusions que vous en tirez, que ce soit d'abord un
problème entre deux ministères. Le problème est d'abord
à l'intérieur même du monde de l'enseignement.
L'équilibre à réaliser entre les différentes
disciplines qui sont offertes aux jeunes à I'élémentaire
et au secondaire, cela regarde d'abord les gens du ministère de
l'Education. Si vous voulez mon avis, les choix qui ont été faits
au moment de la réforme scolaire ont nettement défavorisé,
malgré les apparences, l'enseignement des arts, l'enseignement des
sciences humaines également. Il suffit de voir ce qui s'est passé
après 1965, du côté des sciences humaines en
général, et le jeu des prérequis universitaires qui se
sont répercutés sur le collégial, qui se sont
répercutés sur le secondaire.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez pas besoin de m'expliquer cela, je
connais cela. (10 h 45)
M. Vaugeois: Le problème ne commence pas dans les
relations entre deux ministères; il commence dans le jeu de
répercussions en cascade qui s'est produit à la suite, à
mon avis, de cette erreur fondamentale d'avoir permis au niveau
supérieur d'établir des prérequis. J'ai, d'ailleurs,
vécu cette aventure au ministère de l'Education. Ce fut l'effet
d'un hasard. Dans une réunion mal préparée, un bon type a
dit: Au fait, peut-être auriez-vous quelque chose à dire, vous
autres, avant qu'on se quitte, sur les exigences que vous pourriez poser pour
le niveau inférieur. Je sais qu'après, cela a pris une allure
plus rationnelle, mieux ordonnée et tout, mais, finalement, on a ouvert
une porte qui nous a menés à des excès invraisemblables et
qui a provoqué un déséquilibre total au niveau de la
formation de nos jeunes, de telle façon qu'on en est rendu à
enseigner beaucoup mieux une connaissance de la matière qu'une
connaissance de l'homme et qu'on se préoccupe beaucoup plus d'apprendre
un métier qui va changer vingt fois dans la vie d'un homme que de lui
apprendre à vivre comme un homme parmi des hommes.
Mme Lavoie-Roux: Je suis contente d'entendre le ministre des
Affaires culturelles. Je voudrais, cependant, l'avertir qu'il serait mieux
d'être présent au comité du développement culturel.
Le problème que vous soulignez, je l'ai soulevé l'an dernier en
réponse au message inaugural. On pourra faire toutes les consultations
qu'on voudra sur le livre vert, tant et aussi longtemps que le CEGEP
déterminera les prérequis... D'ailleurs, vous n'avez qu'à
lire certains rapports de consultations qui sont revenus où les
professeurs de mathématiques disent: On n'a pas à
s'inquiéter, de toute façon, parce que les CEGEP exigent tels
prérequis...
M. Vaugeois: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: ... alors, il faudra qu'ils prennent les
mathématiques. C'est textuel, je peux vous l'apporter.
M. Vaugeois: Madame, on peut faire un parti politique
spécial, si vous voulez; je serai avec vous pour cela! Je peux vous dire
que vous touchez ici une corde sensible comme cela ne se peut pas. J'ai
appartenu à l'équipe de la direction générale des
programmes et examens au ministère de l'Education, recrutée en
1965; c'est comme cela que j'ai eu le malheur de devenir fonctionnaire. Cela
s'est fait par concours, sous les libéraux. Nous étions quinze
professionnels à être responsables de l'enseignement de quinze
disciplines différentes. Ce fut une belle expérience dans ma vie,
sauf qu'on a frappé un mur, un mur de béton, de brique et
d'autobus scolaires, puisque la réforme scolaire a été
vite confiée aux mains des ingénieurs là, je vais
faire de la politique à cause d'un programme
fédéral qui invitait les provinces à construire le plus
d'écoles possible dans le plus bref laps de temps possible pour aller
chercher le plus de millions possible.
La réforme scolaire de Gérin-Lajoie, après avoir
été orientée sur les contenus, sur la formation des
maîtres, a changé complètement de direction et c'est devenu
une course aux millions. Quand on a constaté que le
fédéral avait donné à l'Ontario à peu
près $80 millions contre $30 millions au Québec, on s'est dit: On
se rattrape. Gérin-Lajoie a dit: Moi, je vais aller chercher $800
millions. Ce fut l'opération 55, ce furent les achats de terrains avec
les normes que vous connaissez, ce fut la construction improvisée des
polyvalentes dans le champ, à côté des centres d'achat,
loin du monde autant que possible. Le pédagogues du ministère de
l'Education ont pris la porte; j'ai quitté le ministère de
l'Education avec mes collègues à ce moment-là. Il y a
George Little qui est resté seul à peu près pour garder le
fort avec l'enseignement de la musique, avec le succès qu'il a pu
obtenir.
Là, vous touchez quelque chose de fantastique. Vous touchez
là un autre des vices profonds de notre sapristi de système
fédéral qui fait qu'Ottawa, plein de fric, est venu briser une
réforme scolaire qui était extraordinaire dans les espoirs
qu'elle suscitait, mais qui a été viciée à la base
à cause du fric qui est venu à un moment inopportun pour de la
brique, alors qu'il fallait faire une réforme du contenu d'abord.
J'arrête.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que vous réagissez très
émotivement. Si je partage une partie de vos sentiments...
M. Vaugeois: Sauf sur le fédéralisme.
Mme Lavoie-Roux: Je veux bien qu'on accuse le
fédéralisme de tous les maux du monde, mais les subventions du
fédéral venaient dans le secteur professionnel.
M. Vaugeois: Oui, c'est d'ailleurs pour cela qu'on a fait la
rencontre du professionnel et du général. Par le biais du
programme fédéral qui était pour le professionnel, on a
trouvé l'idée géniale de mettre ensemble les futurs
ouvriers et les futurs professionnels au sens habituel.
Mme Lavoie-Roux: C'était une idéologie,
ça!
M. Vaugeois: Oui, une idéologie qui permettait simplement
d'aller chercher des millions. Ce n'était pas fondé d'abord sur
une belle idée; c'était fondé d'abord sur une
démarche de piastres.
Mme Lavoie-Roux: II reste que vous avez eu à
répondre aux besoins d'une scolarisation accélérée
d'un très grand nombre d'étudiants. Si on a eu des polyvalentes
qui se sont retrouvées avec des populations de 2000 et de 3000, c'est
qu'il fallait servir des étudiants.
M. Vaugeois: II n'était pas nécessaire de les
mettre dans le champ!
Mme Lavoie-Roux: Dans le champ? C'est le ministère de
l'Education qui les a mises dans le champ, c'est une autre affaire.
M. Guay: Je signale au député de L'Acadie, avant
qu'elle ne s'enlise davantage dans la défense de cette position, que,
lorsqu'il a été question de la motion qui a été
votée à l'unanimité concernant la taxe de vente à
l'Assemblée nationale, au moment où l'unanimité s'est
faite, il y avait un sous-amendement libéral dans le décor. Le
ministre des Finances a souligné précisément ce cas de
fédéralisme qui crée des dispersions de priorités
et le chef de l'Opposition, le chef parlementaire par intérim, si on
veut, précisément de l'autre côté acquiesçait
aux propos du ministre des Finances, ce qui a, notamment, contribué
à ce qu'une unanimité se fasse autour de la question.
M. Vaugeois: II faut bien comprendre, madame, qu'on n'est
pas...
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Guay: Les Affaires culturelles ont déjà
été évoquées, surtout que le ministre des Affaires
culturelles est là, cela a déjà été
évoqué à l'Assemblée, il n'y a pas tellement
longtemps.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, le problème que j'ai
soulevé, de toute façon, c'est: quel est l'intérêt
du ministère des Affaires culturelles vis-à-vis du Livre vert en
ce qui touche l'enseignement des arts et de la musique? Vous avez une occasion
de le faire et je pense que cela doit être une préoccupation si ce
n'est une responsabilité directe du ministère des Affaires
culturelles. Si on n'en parle pas ici, je me demande vraiment où on va
en parler. Je veux bien qu'on fasse une digression sur les écoles
polyvalentes dans le champ, mais c'est une autre affaire.
M. Vaugeois: Accessible, accessible à tous en autobus
scolaire.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, je n'ai rien eu à
faire avec la planification de ces écoles; c'étaient les
fonctionnaires qui étaient au ministère à ce
moment-là qui les ont faites, ces planifications.
M. Vaugeois: Avec la pression du gouvernement
fédéral.
Mme Lavoie-Roux: Le gouvernement fédéral,
c'était pour les équipements professionnels. Je suis d'accord
avec vous, on a mis trop d'argent, etc. Mais il y aurait eu des besoins
à combler la même chose. Que l'argent soit venu du
fédéral ou du provincial, aurait-on agi autrement, avec l'esprit
qu'on avait à ce moment-là? C'est une bonne question à se
poser.
M. Vaugeois: On va s'en garder un peu, madame, pour d'autres
rencontres. Je suis convaincu je ne devrais pas dire cela... Il faut
bien comprendre que rares sont ceux qui sont devenus indépendantistes au
moment de leur naissance. C'est à partir, si vous voulez, de cas assez
concrets, finalement, que beaucoup de gens ont fait ce choix politique. En ce
qui vous concerne, j'ai l'impression que ce serait une étude un peu
attentive à ce qui s'est passé au moment de la réforme
scolaire qui pourrait peut-être vous faire réfléchir le
plus, compte tenu de la sensibilité que vous manifestez pour ces
questions.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais je pense qu'il ne faut pas toujours
projeter sur les autres nos propres déficiences. C'est peut-être
une chose que je reprocherais aux indépendantistes de faire sans
nuance.
M. Vaugeois: Mais dites-moi donc comment le fédéral
pouvait nous proposer de l'argent dans le domaine scolaire à ce
moment-là? A partir de quoi?
Mme Lavoie-Roux: II s'agissait de l'enseignement professionnel.
Mais ce que...
M. Vaugeois: Oui, et puis dans la constitution, l'enseignement
professionnel n'est pas compris dans l'éducation?
Mme Lavoie-Roux: Non, je pense qu'il y a deux points
là-dessus. Il y a la question de savoir si le fédéral
devait en donner en éducation; je suis d'accord avec vous que
l'éducation est du ressort provincial. Mais de dire que c'est la faute
du fédéral si on a construit des écoles en plein champ, je
pense qu'on charrie.
M. Vaugeois: Non, c'est la faute des libéraux.
Mme Lavoie-Roux: Ou des fonctionnaires qui étaient
là dans le temps des libéraux...
M. Vaugeois: C'était un choix politique. M. Guay:
C'est la même chose...
M. Vaugeois: Parce que les terrains qu'on achetait appartenaient
toujours, comme par hasard, à des libéraux.
Mme Lavoie-Roux: Eh bien là! il faudrait peut-être
que vous prouviez cela.
M. Guay: C'est la même chose, Mme le
député...
Mme Lavoie-Roux: Prouvez donc cela. M. Vaugeois: Pour les
cas que je connais.
Mme Lavoie-Roux: Prouvez-les. Apportez-les sur la table.
M. Vaugeois: Madame, on ferait mieux de ne pas fouiller cela trop
trop, parce que vous auriez des surprises.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que vous faites des assertions sans
prouver.
M. Vaugeois: Ces choses-là sont connues.
M. Guay: C'est la même chose dans le domaine de
l'habitation, c'est la même chose avec les projets PIL. Le pouvoir de
dépenser du gouvernement fédéral crée des
distorsions de priorité pour les Etats provinciaux, et en particulier
pour le Québec, comme Etat national.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'on s'éloigne... M. Guay:
Ce n'est rien de nouveau.
Mme Lavoie-Roux: ... on s'en va dans un autre domaine. Je
pense...
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! Je suggère de
revenir à votre...
M. Guay: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Je suggère...
M. Guay: ... Mme le député de L'Acadie veut faire
un débat de fond, et se porter à la défense du
système fédéral. Je veux bien, mais...
Le Président (M. Marcoux): Tant que cela portait sur les
progammes...
Mme Lavoie-Roux: Soyez honnête quand même.
M. Vaugeois: C'est ma faute, c'est ma faute. Mme Lavoie-Roux:
Le député et le ministre.
M. Vaugeois: Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa.
M. Le Moignan: Mea maxima culpa, on est loin des arts...
M. Vaugeois: Et je n'ai pas tellement la contrition ferme.
M. Le Moignan: Et cela paraît aussi.
Mme Lavoie-Roux: Alors, on va vous poser une autre question qui
touche l'enseignement des arts. Concernant l'enseignement de la danse, le
ministre peut-il nous dire les montants qui sont prévus dans les cas
suivants: l'Ecole supérieure de danse, les Grands Ballets canadiens,
l'Académie du ballet du Saguenay et les écoles privées de
danse.
M. Vaugeois: Les Grands Ballets canadiens, vous avez
demandé?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: On a tout cela pas loin. J'ai vu cela dans les
échelles budgétaires. Vous voulez savoir les montants qui sont
prévus?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: J'aimerais mieux vous donner ceux qui ont
été donnés.
Mme Lavoie-Roux: Les deux alors.
M. Vaugeois: Ecoutez! Quand on donne un montant qui est
prévu, c'est qu'on suggère à l'organisme de nous demander
ce montant-là. C'est toujours sous réserve d'évaluation,
d'états financiers, d'un certain nombre de données. Une
prévision n'est absolument pas une décision, et chaque fois qu'on
donne un chiffre comme celui-là, je pense qu'on devance un certain
nombre d'études qui sont nécessaires.
Mme Lavoie-Roux: Mais il reste que, quand même, vous avez
des budgets de prévus. Qu'avez-vous de prévu pour la danse en
général, dans le domaine de l'enseignement?
M. Vaugeois: Oui, je peux vous dire que, pour l'Académie
du ballet du Saguenay et l'Ecole supérieure des Grands Ballets
canadiens, nous avions, pour l'année 1977/78, $227 000. Il y a seulement
deux cas. Quand vous me demandez de les ventiler tous les deux, vous venez
d'ouvrir notre jeu. Si vous y tenez, je vais vous le donner. Est-ce que vous y
tenez?
Mme Lavoie-Roux: Pour l'enseignement de la danse en
général, qu'avez-vous?
M. Vaugeois: Pour ces deux-là parce qu'il y a
seulement ces deux-là qui sont ici c'est S244 500.
Mme Lavoie-Roux: D'accord pour le moment, je cède la
parole au député de Gaspé.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Puisque nous parlons d'orchestres...
M. Vaugeois: J'insiste pour dire que la réponse que je
viens de donner n'équivaut absolument pas à une décision.
Il pourra arriver qu'une demande d'un autre organisme qui nous montrerait un
beau dossier pour l'enseignement de la danse ferait que cela pourrait
être ventilé entre trois, quatre ou cinq organismes.
Mme Lavoie-Roux: Ce que vous m'avez dit en fait, c'est que vous
avez $250 000 disponibles pour la danse qui pourraient être
distribués différemment selon...
M. Vaugeois: $244 500.
Mme Lavoie-Roux: J'ai arrondi le chiffre. D'accord.
M. Le Moignan: En parlant de musique, de danse, de conservatoire,
on vient de mettre sur pied l'Orchestre des jeunes c'est assez
récent, je pense. On veut intéresser les diplômés
des conservatoires et des universités en leur donnant un accès
possible aux grands orchestres sympho-niques de Montréal ou de
Québec. Est-ce qu'il y a des garanties de survivance, pour l'avenir,
suite aux recommandations qui ont été soumises, je crois, par le
rapport Jeannotte concernant la possibilité d'avoir cet Orchestre des
jeunes en préparation de leur avenir?
M. Vaugeois: Je ne veux pas vous corriger, M. le
député, mais je pense que le rapport Jeannotte porte strictement
sur l'Opéra du Québec...
M. Le Moignan: Je pense qu'il y avait un petit paragraphe quelque
part.
M. Vaugeois: Deux avis sur trois me disent qu'il y a
effectivement quelque chose sur l'Orchestre des jeunes comme tel, mais peu
importe. Vous me demandez si l'avenir est assuré pour l'Orchestre des
jeunes du Québec?
M. Le Moignan: Oui. Est-ce qu'il y a de l'avenir
là-dedans?
M. Vaugeois: D'abord, un petit préambule très bref
qui va indiquer la position du nouveau ministre. Je pense que mon
prédécesseur, par cette décision, a posé un geste
extrêmement important et significatif, et l'expérience des
premiers mois de I'Orchestre des jeunes du Québec lui a donné
raison. Et si vous avez eu l'occasion de l'entendre, vous avez dû
être, comme tout le monde, très impressionné, encore que
l'objectif n'est pas nécessairement d'avoir un orchestre de grande
qualité. C'est aussi et d'abord une étape de formation
symphonique qui pourrait contribuer à améliorer la
présence des musiciens québécois dans nos grands
orchestres symphoniques. C'est un des objectifs visés d'ajouter à
la formation des jeunes pour les rendre davantage aptes à réussir
les concours qui sont très exigeants. Nous saurons plus tard si ce
résultat a été atteint, mais dès maintenant le
travail réalisé par M. Decker avec sa quarantaine de jeunes
musiciens. Cela a été apprécié par des milliers de
Québécois jusqu'à présent puisque cela a
donné lieu à une tournée au Québec, et
c'était aussi un autre objectif poursuivi de permettre la formation d'un
orchestre de bonne qualité qui puisse circuler en région,
à des coûts acceptables par nos budgets. Cela a donc
été réalisé et je tenais à en rendre hommage
à mon prédécesseur, Louis O'Neill. Quant à
l'avenir, compte tenu des sommes en cause, compte tenu de plusieurs
éléments, de rencontres avec les écoles de musique, de la
participation des conservatoires, etc., j'ai posé plusieurs questions,
malgré un préjugé favorable à l'Orchestre des
jeunes du Québec. Actuellement on complète un dossier important
à cet égard. Je pense que je peux dire dès ce matin qu'il
n'est pas question à ce moment-ci de remettre en cause l'Orchestre des
jeunes, encore qu'il n'est pas question non plus d'en faire une institution
nationale à long terme. La décision que nous prendrons sera
probablement pour l'année à venir et elle est subordonnée
à une révision, actuellement, de plusieurs modalités. Cela
veut donc dire que les modalités pourraient influencer notre
décision mais pour l'instant nous allons vers une reconduction, pour
l'année, de l'Orchestre des jeunes du Québec, sous réserve
d'ajustements dans les modalités. C'est assez important pour que je ne
puisse pas donner une réponse définitive, même pour cette
année.
M. Le Moignan: Mais, tout de même, il y a beaucoup de
promesses pour l'avenir, beaucoup d ouvertures et de facilités,
où les gens auront plus de chances de s'entraîner,
d'accéder peut-être, un jour, à un grand orchestre
symphonique. (11 heures)
M. Vaugeois: C'est pour cela que nous allons travailler sur les
modalités de façon à réussir à trouver
celles qui vont nous permettre de maintenir l'Orchestre des jeunes du
Québec. Ce que je dis là, c'est que la façon de le faire
cette année pourra encore changer l'an prochain si nous devions
continuer. Entre autres, nous avons beaucoup de préoccupations au niveau
du recrutement. Les jeunes qui étaient dans l'orchestre des jeunes cette
année auront tous à repasser des concours parce qu'on ne reste
pas à l'Orchestre des jeunes du Québec. On peut y retourner une
deuxième année, mais l'esprit même de la formule fait qu'on
ne s'y installe pas.
M. Le Moignan: Cela ressemble un peu aux écoles de
formation de hockey. Il y a beaucoup d'ambition au départ et ils ne sont
pas nécessairement persévérants en cours de route.
M. Vaugeois: Ah non! Par exemple! Ce n'est pas cela.
M. Le Moignan: Dans la plupart des cas, est-ce que leur ambition
va aboutir à une carrière musicale?
M. Vaugeois: Je le crois. La qualité qu'ils
démontrent actuellement nous permet d'espérer de très
belles carrières pour ces jeunes. Là-dessus il faut
féliciter Paul Franz Decker qui a fait un travail remarquable, avec un
acharnement et un enthousiasme à toute épreuve. Je l'ai vu
travailler avec les jeunes. C'était inouï et de toute
beauté. Je ne sais pas si vous avez entendu, en particulier, la
Symphonie du Nouveau Monde qui a été exécutée un
peu partout au Québec. D'abord, c' était approprié de
jouer cela au Québec.
M. Le Moignan: On demeure si loin, on n'entend pas ces belles
choses.
M. Vaugeois: Ne sont-ils pas allés aussi loin de la
Gaspésie?
Ils sont allés aussi loin que Rivière-du-Loup.
M. Le Moignan: Ah! Rivière-du-Loup, c est la
Gaspésie. C'est à 325 milles, mais c'est en Gaspésie.
M. Vaugeois: L'an prochain, ils iront aux
extrémités du pays.
M. Le Moignan: Cela serait bien. Cela encouragerait nos
jeunes.
Mme Lavoie-Roux: Raison de plus.
M. Vaugeois: Aima, c'est assez loin aussi. Vous avez une salle de
800 personnes.
M. Le Moignan: II n'y a pas de doute. Venez à Gaspé
et on va vous en donner une.
M. Vaugeois: Enthousiaste.
M. Le Moignan: Très enthousiaste là-bas aussi. On
ne demande pas mieux.
M. Vaugeois: On me donne des chiffres que, par modestie, je ne
peux vous donner ici publiquement.
M. Le Moignan: J'aurais une autre petite question. On parle de
subsides à l'enseignement privé de la musique. Dans un milieu
donné M. le sous-ministre va peut-être me répondre
où il y a déjà l'enseignement de la musique qui se
donne à la polyvalente, si cela ne suffit pas, s'il y a un professeur de
musique très qualifié dans le milieu qui a déjà 20
ou 30 élèves, peut-il recevoir des subventions soit du
ministère de l'Education ou de votre ministère?
M. Grenier: Le sous-ministre est très qualifié pour
vous répondre. Je peux vous dire cela.
M. Vaugeois: II est qualifié pour tout, M. le
député.
M. Grenier: II fait même de la musique à domicile.
Il connaît cela.
M. Vaugeois: II est son deuxième voisin. Cela l'a
peut-être déjà ennuyé. D'ailleurs puisque tout ce
qui se dit ici est confidentiel, j'ai le souvenir que M. Vallerand a
déjà été expulsé d'un appartement qu'il
habitait pour des raisons musicales.
M. Le Moignan: A Mégantic?
M. Grenier: ... expulsé de Lac-Mégantic.
M. Vaugeois: Voulez-vous répéter votre question, M.
le député? De toute façon, je pense que la réponse
est non.
M. Le Moignan: La réponse est non.
M. Vaugeois: Le ministère n'est pas autorisé comme
tel à intervenir avec des subsides au niveau de l'enseignement de la
musique dans les écoles.
M. Le Moignan: Même si cela se fait à domicile,
c'est le ministère de l'Education.
M. Vaugeois: Nos interventions, au chapitre de l'enseignement
privé de la musique, se font par le biais des camps musicaux.
M. Le Moignan: Je voulais vous parler des camps musicaux. M. le
Président, étant donné que le député de
Mégantic-Compton travaille à une autre commission et qu'il a
seulement une ou deux petites questions, est-ce que je peux lui céder la
parole et revenir tout de suite après?
M. Godin: Non.
M. Le Moignan: Atroce!
M. Grenier: Cela n'apparaît pas au journal des
Débats.
M. Vaugeois: La réponse, c'est non, M. le
Président.
M. Grenier: Etant donné que c'est non, je peux prendre la
parole. M. le Président, vous acceptez?
Mme Lavoie-Roux: Nous, on est du monde conciliant.
M. Grenier: Oh! oui.
M. Vaugeois: Beaucoup trop, d'ailleurs. J entends
vis-à-vis d'Ottawa.
Mme Lavoie-Roux: C'est vrai qu'on est trop conciliant parce que
lorsqu'on vous attaque un peu, vous vous fâchez. C'est la première
fois.
M. Le Moignan: C'est vrai. Depuis le début de la
commission, nous sommes trop conciliants.
Mme Lavoie-Roux: Beaucoup trop. M. Le Moignan: Beaucoup
trop.
Mme Lavoie-Roux: II aurait fallu... L'an prochain, M. le
député de Gaspé...
M. Grenier: ... dans les mains.
M. Le Moignan: On est trop bon cette année. C'est vrai. On
s'est laissé influencer.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Le Moignan: On est trop bon cette année. On s'est
laissé influencer par l'apparente bonté du ministre.
M. Vaugeois: La bonté profonde du ministre.
Le Président (M. Marcoux): S'il faut qu'il change tous les
ans, au bout de quatre ans on va reposer encore la même question.
M. Vaugeois: II y a au moins une assurance qu'on a. C'est que
l'Opposition est stable.
M. Le Moignan: La pourriture est stable, mais pas pour
longtemps.
M. Grenier: II y en a qui ont déjà dit cela. On en
a connu d'autres qui ont déjà dit cela.
M. Vaugeois: Vous voyez ce que cela a donné.
M. Brassard: L'Opposition stable dans une société
stable.
M. Grenier: De toute façon, vous n'avez pas à
attaquer ici les gens de l'Opposition.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Comme on connaît le député de
Gaspé...
M. Le Moignan: Si on veut faire de la politique, je vais revenir
à mes questions.
M. Grenier: Ce sont des gens de grand jugement. Le
député de Gaspé, on connaît sa formation. Mme le
député habite mon comté pendant ses saisons
d'été. Cela ne nuit pas à la formation de son
jugement.
M. Le Moignan: C'est cela qui l'a formé.
M. Vaugeois: Peut-on dire que, jusque là, on est d'accord
avec M. le député?
M. Grenier: Nous coudoyer a certainement pas nui à
madame.
Une Voix: Elle a dû faire une erreur.
M. Grenier: J'ai une question à laquelle votre
sous-ministre est certainement bien sensibilisé, puisqu'il a longuement
habité la région de Mégantic.
Mme Lavoie-Roux: II est de votre comté, lui aussi. Il a un
bon jugement.
M. Grenier: Lui aussi? On se comprend, nous trois.
M. Vaugeois: M. le Président, on va se retirer. M.
Brassard: On ne vous dérange pas, là!
M. Grenier: II y a du théâtre qui se fait à
Lac-Mégantic. Des troupes.
Des Voix: Oui? M. Grenier: Oui.
M. Vaugeois: M. Grenier, pour plus de précision, s'il vous
plaît, est-ce du théâtre comme celui qu'on voit faire en
Chambre?
M. Grenier: Je ne fais pas allusion à celui-là. De
ce côté-là, il y a des acteurs des deux côtés
de la Chambre.
Mme Lavoie-Roux: Cela, c'est amateur.
M. Grenier: Celui de Lac-Mégantic aussi dont je voudrais
vous parler. Il y a des troupes théâtrales qui ont commencé
sous l'Union Nationale. C'était un bon gouvernement. On a
subventionné des troupes de jeunes étudiants dans les
collèges, la Fédération du théâtre
étudiant du Québec, la FTEQ. Ils ont reçu des subventions
par les années passées. On me dit que même l'année
passée on a eu une petite subvention qui a été
coupée de moitié à peu près par rapport à ce
qu'ils avaient l'habitude d'avoir les années antérieures.
Ma première question: Est-ce l'intention du ministère de
continuer de subventionner ces troupes théâtrales qui se
réunissent à Lac-Mégantic sur un plan provincial chaque
fin d'août pour un festival?
M. Vaugeois: M. le Président, je ne sais pas si cela se
fait en commission parlementaire, mais vous comprendrez qu'après deux
mois au ministère je n'aie pas pu faire le tour de tout le
ministère. Vous aurez compris aussi que j'ai procédé un
peu par ordre, dans l'ordre où nous avons abordé d'ailleurs les
programmes du ministère. Dans le cas du programme 5, j'y arrive
actuellement, d'autant plus que la pression me vient par les demandes qui me
sont formulées pour le théâtre d'été, par
exemple. J'ai constaté déjà qu'on avait des espèces
d'abonnements de certaines troupes bien connues qui, depuis des années,
font un excellent travail comme théâtre d'été. J'ai
constaté, en posant un certain nombre de questions, qu'il y a
des espèces d'abonnements qui se prennent. Si on a eu $15 000
l'année dernière, on s'attend à avoir au moins $15 000
cette année et pourquoi pas 8% de plus et ainsi de suite. Il y a de
nouveaux projets qui viennent, de nouvelles troupes qui nous demandent de
l'aide dans des régions qui sont mal desservies. La première
réponse qui nous vient des services du ministère, c'est non. Ou
encore, il y a des choix qu'on a été amené à faire
au cours des années en faveur du théâtre professionnel et
qui nous amènent aussi à des attitudes qui nous sont
recommandées vis-à-vis d'autres troupes dites amateurs.
Ce que j'aimerais faire ce matin, c'est vous donner la position des
services à ce moment-ci, étant entendu que ce n'est pas
nécessairement la mienne. Je ne sais pas si cela se fait en commission
parlementaire, mais nous en sommes là actuellement. Je ne peux pas dire
que ce sera ma position. Je n'ai pas encore eu le temps de considérer
toute cette question. Acceptez-vous cette nuance? Est-ce que cela vous
intéresse de connaître la recommandation éventuelle des
services? Je ne veux pas vous attraper avec cela; autrement, je vais vous dire
qu'il n'y a pas de décisions de prises.
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas très formaliste sur ces
choses. Je sais que cela peut devenir une question de précédent.
Quand vos fonctionnaires répondent, ils sont censés
répondre en votre nom. Je pense qu'il faudrait que ce soit bien
indiqué que les décisions pour l'année en cours ne sont
pas prises...
M. Vaugeois: L'hypothèse est la suivante.
Mme Lavoie-Roux: ... mais que l'hypothèse est la
suivante.
M. Vaugeois: D accord. A cet égard, je demanderais
à M. Cartier...
Mme Lavoie-Roux: A ce moment-là, il parlerait en votre
nom, si on le met dans ces termes?
M. Vaugeois: Oui, quand même.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Vaugeois: Mais ce sont des hypothèses.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Vaugeois: La première des choses, je sais que le
Festival du théâtre étudiant de Lac-Mégan-tic
s'intègre mal à I'intérieur d une politique globale que
nous définissons face à nos interventions dans le domaine du
théâtre et particulièrement à ce que nous appelons
le jeune théâtre. Nous avons défini comme politique, pour
l'instant, que notre action serait nettement orientée vers des troupes
à caractère plus permanent et de nature professionnelle. Les
crédits ne sont pas inépuisables et notre action doit porter. Or,
il s agit là, par exemple, d une troupe de théâtre, mais
étudiant, du niveau secondaire, et qui ne présente pas de
caractère de continuité, si vous voulez, de permanence et. la
deuxième des choses, qui n est pas intégrée, comme partout
ailleurs, à l'intérieur, si vous voulez, de la région de
lEstrie et des organismes de concertation dans le jeune théâtre
tel que, par exemple, IAQJT, l'Association québécoise du jeune
théâtre. Nous considérons donc que si ce
théâtre doit continuer, c'est peut-être par l'effort d'une
commission scolaire et non pas par l'intervention du ministère des
Affaires culturelles.
M. Grenier: Cela n entre peut-être pas dans les normes que
vous proposez ici au ministère. Le ministre a bien précisé
quand même qu il pouvait y avoir des choses qui changeraient. Mais comme
on le sait, dans d'autres ministères, il semble que cela ne s
égalise pas avec tous les autres. Il me semble qu'il pourrait y avoir
des données différentes pour une région comme la
nôtre. L'an passé, on avait répondu qu'on avait
coupé les crédits, qu'on avait coupé la subvention parce
qu'on voulait davantage donner à des troupes itinérantes. Je ne
vois pas que, dans la région, on ait été favorisé
de façon particulière, en tout cas, qui changeait sur les
années antérieures par rapport aux troupes qui auraient pu
circuler dans la région.
On a perdu et le Festival du théâtre étudiant du
Québec et on n'a pas été compensé par ailleurs.
M. Vaugeois: Là-dessus, M. le député, nous
avons un nouveau programme, depuis deux mois, qui a commencé à
fonctionner à partir du 1er avril, que nous appelons
accessibilité-scène. Pour I instant, les sommes ne sont pas
déterminées de façon définitive. C est un peu
compte tenu de la demande que nous nous ajusterons. Quand je l'ai
annoncé, j'ai parlé de $500 000. Cela peut varier en plus ou en
moins. Cela a des chances de varier plus en moins, compte tenu de nos
contraintes budgétaires, mais devant la demande, nous pourrions
réviser le montant. Il s'agit essentiellement de confier aux
administrateurs de salles de spectacles de votre région, que ce soit au
niveau d un CEGEP, d'une salle municipale ou peu importe, de leur confier la
responsabilité d établir une programmation qui corresponde
à vos intérêts, vos goûts, vos besoins, vos
désirs, sans référence, d'abord, à une question
d'argent.
En général, les administrateurs de salles de spectacles
qui tiennent à boucler financièrement sont portés à
faire venir des valeurs sûres en termes de rentabilité. Ils font
venir des vedettes. On n'a rien contre cela, remarquez. Mais ils ne font venir
que des gens avec lesquels ils sont certains de remplir la salle. Cela favorise
moins, d'abord, les groupes régionaux parce qu ils sont moins connus.
Cela favorise les mêmes troupes ou les mêmes vedettes que nous
voulons voir circuler à la grandeur du Québec, mais nous pensons
que. de temps en temps, les administrateurs de salles
de spectacles pourraient avoir envie de faire venir quelqu'un de moins
connu et en qui ils ont bien confiance, qu'ils auraient envie de
présenter à leur population. Donc, nous invitons les
administrateurs de salles de spectacles à faire une programmation qui ne
tienne pas d'abord compte du critère de rendement financier. Devant la
proposition d'une programmation bien établie qui laisse entrevoir un
déficit possible, nous pouvons venir à la rescousse pour ce
déficit d'ensemble si nous nous entendons sur la programmation.
Mais l'idée du programme, c'est de remettre aux régions le
soin d établir leur programmation sans tenir compte d'abord du
critère financier. Notre intervention est susceptible de corriger la
faiblesse, par exemple, de la capacité de la salle. Parfois,
étant donné le coût du spectacle, il faut une salle de 1000
places, autrement cela devient suicidaire au niveau du prix des billets. Or,
nous pensons que les billets ne doivent pas être plus chers qu'ailleurs,
et si la salle est plus petite, la différence viendra de nous. Ou
encore, si le bassin de population, de clientèle possible est trop
faible, nous pensons que cette population a quand même le droit de voir
certains genres de spectacles. Ou encore, la distance peut être
très grande et représenter des coûts de déplacement
ou de séjour qui sont un peu exceptionnels.
Nous pensons que même les régions excentriques du
Québec ont le droit aussi de voir certaines troupes. Donc, notre
programme accessibilité-scène fait confiance aux régions
et essaie d'annuler les effets négatifs de la distance, de
l'étroitesse de certaines salles ou du faible bassin
démographique d une région donnée. Donc, il faudrait, je
pense, faire connaître, dans votre région, cette nouvelle
proposition du ministère que je trouve très intéressante
parce qu elle fait confiance aux gens des régions.
M. Grenier: Une petite question.
Mme Lavoie-Roux: Non, j'en ai une qui rejoint peut-être la
vôtre. Je voudrais revenir aux propos de M. Cartier, tout à
I'heure. Est-ce que j'ai bien compris quand, dans votre hypothèse, vous
avez dit que vous accorderiez des subventions à des troupes à
caractère permanent? Est-ce que j'ai mal saisi et si c est cela que vous
avez dit? Si vous avez dit cela, là... Non, ce n'est pas cela que vous
avez dit. (11 h 15)
M. Vaugeois: Georges... Je vais ajouter encore une chose avant de
laisser M. Cartier répondre.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: J'ai oublié un détail très
important sur le programme d'accessibilité, M. le député
de Mégantic-Compton.
M. Grenier: J'ai été saisi par le nom, surtout son
prénom; j'ai vu que cela ajoutait.
M. Vaugeois: C'est cela, tout est histoire ici. Il y en a qui ont
déjà passé à l'histoire et d'autres qui y
passeront.
Ce programme s'adresse aux organismes à but non lucratif. Je
tenais à le préciser. Nous avons autre chose de bien
différent pour les administrateurs qui font un travail à but
lucratif. Nous n'avons rien contre cela, mais là, la formule est bien
différente. J'ajoute aussi, pour fins de renseignements, que je trouve
très intéressant que le ministère ait mis au point avec
l'ENAP un programme de formation pour les administrateurs de salles de
spectacles, comme il y a des programmes de formation pour à peu
près tous les types de fonctionnaires. Nous pensons que ces gens qui
sont aux prises avec des questions d'administration, des questions
financières pourraient aussi profiter d'un programme spécial de
l'ENAP.
M. Grenier: Je pense que c'était très juste de dire
que c'était la population qui devait faire ses suggestions et choisir.
Maintenant, quand vous parlez d'animateurs de salles de spectacles, j'aimerais
bien savoir qui va parler au nom d'une population comme la nôtre. Si
j'insiste, c'est parce que ce n'est pas une chose locale. C'était quand
même un organisme à caractère provincial qu'on avait
là, une sélection de troupes, un travail qui se faisait sur cinq
ou six mois, qui sélectionnait des troupes d'un peu partout dans le
Québec et qui faisait l'affaire de Lac-Mégantic. Si vous venez
dans le milieu, comme vous avez dit tout à l'heure, ce n'est pas
sûr que les gens choisiraient du théâtre pendant dix jours,
comme on avait, et ensuite rien pendant l'année; ce n'est pas sûr
qu'ils choisiraient cela. Mais j'aimerais bien que les gens du milieu aient
quelque chose à dire là-dedans. Peut-être qu'à ce
moment des subventions peuvent être données pour cela, qui peuvent
être réparties sur une année, par exemple, pour nous
permettre d'avoir du théâtre quand on est à distance, comme
on l'est dans une région comme chez nous, une région que vous
avez qualifiée d'excentrique, à juste titre. La population n'a
pas les moyens d'aller au théâtre à Montréal ou
à Québec, ou, à l'occasion, à Sherbrooke, de
façon régulière. On l'a senti dans la population, on
aimerait que ce festival qui se tient à la fin d'août, pendant
huit ou dix jours, soit peut-être réparti sur l'année. Ce
sont les gens du milieu qui devraient dire cela, mais j'aimerais savoir qui
sont les gens du milieu qui vont être interrogés
là-dessus.
M. Vaugeois: Pour le programme accessibilité-scène
ce seront les administrateurs des salles de spectacles que vous pouvez avoir,
soit au niveau scolaire, soit au niveau municipal. Ce seront eux. Là, il
y a toutes les formules possibles, je pense au cas du centre culturel de
Shawinigan où il y a deux groupes qui utilisent la grande salle du
centre culturel. Vous avez les administrateurs du centre culturel et vous avez
Carrefour des arts.
M. Grenier: M. le ministre, si j'avais une suggestion à
vous faire, quand on représente des régions fort
éloignées comme les nôtres, on ne
peut même plus parler de Shawinigan, de Trois-Rivières, ni
de Sherbrooke; ce sont d'autres personnes qu'on a de la difficulté
à atteindre. Si vous réussissiez par vos politiques... Vous avez
dit que ce n'était pas là nécessairement votre position de
descendre dans ces petits centres. Les loisirs sont étirés chez
nous, sont plus longs dans nos villes, comme ils le sont à
Montréal; depuis plusieurs années, on a une ère de
loisirs, on a les mêmes besoins dans ces régions.
Moi, je ne sens pas, depuis quelques années, qu'il y a un effort
de fait pour les petits centres éloignés. J'aimerais entendre du
nouveau ministre, qui a l'air de vouloir changer certaines choses, qu'on
s'intéressera davantage à des petits centres, que cela s'appelle
Gaspé, que cela s'appelle Lac-Mégantic, que cela s'appelle...
M. Vaugeois: Vous prêchez à un converti, M. le
député. En plus d'une propension naturelle vers ce que vous
dites, j'ai des raisons bien pragmatiques; pour pouvoir avoir de meilleurs
budgets, des interventions plus significatives de la part d'un gouvernement
dans ces domaines, il faut que la population en général y
souscrive. Pour que la population en général y souscrive, il faut
que nous puissions encourager une éducation populaire, une participation
populaire à ce genre d'activités. Autrement, les gens disent non,
ce n'est pas ce qu'on veut, on veut des égouts, on veut des autoroutes.
Alors, si nous pouvons, par la formule des camps musicaux, par le soutien,
l'encouragement à ce genre d'initiatives auxquelles vous faites
allusion, faire en sorte que dans tout le Québec les gens disent: Nous
voulons aussi du théâtre, nous voulons aussi des orchestres, etc.,
alors nous travaillons en faveur de nos objectifs généraux. Pour
cela, il faut, par tous les moyens, sensibiliser, intéresser, faire
participer les gens dans tout le Québec. C'est dans notre
intérêt.
On ne peut pas, à grand coups d'argent, soutenir, par exemple,
quelques troupes professionnelles indéfiniment si le reste de la
population dit: Qu'est-ce que c'est? C'est de l'argent gaspillé! C est
pour les artistes et les beatniks, comme on disait à l'époque de
Duplessis.
M. Grenier: Cela a commencé après Duplessis, je
pense, les beatniks.
M. Vaugeois: Oui?
M. Grenier: C'est venu un peu après, je pense.
M. Vaugeois: De toute façon, cela n'existe plus.
M. Grenier: Je veux bien prendre votre parole, vous arrivez au
ministère, on vous connaît...
M. Vaugeois: J'espère que vous prenez ma parole.
M. Grenier: ... on s'est rencontrés et M. La-londe et moi,
nous vous avons même applaudi.
M. Vaugeois: Comme M. Garon a pris la parole d'un de vos
députés.
M. Grenier: Oui. On vous a même applaudi à Dijon, on
vous a trouvé bon; vous vous en souvenez? Maintenant, je voudrais bien
que cela n'en reste pas là. L'an prochain, je reviendrai aux
crédits, ici. vous rencontrer pour voir les changements qui auront
été apportés là-dedans. J'entendais tout à
I'heure le député de D'Arcy McGee dire en haut: "Si on devait
qualifier l'étude de ces crédits, on dirait que c'est beaucoup
moins facile au pouvoir." Il faudra voir, l'an prochain, si ce qui a
été préconisé par votre formation politique, ce qui
a été dit dans votre programme, ce qui a été dit
pendant que vous étiez dans l'Opposition, cela va se concrétiser
maintenant. Vous dites que vous êtes sensible. J'ai prêché
à un converti. Vous vous êtes donné un sous-ministre qui
connaît les régions éloignées, qui les connaît
bien et qui est plein de jugement. Il demeure presque en face de chez nous,
cela l'aide beaucoup.
M. Le Moignan: Oui, mais Mégantic, ce n'est tout de
même pas le nombril du mode! Cela ne représente pas toutes les
régions éloignées.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre!
M. Vaugeois: M. le Président, je vous en prie, laissez
parler l'Opposition!
M. Grenier: De grâce, oui! Vous êtes là pour
protéger lOpposition, souvenez-vous-en!
Le Président (M. Marcoux): Je voulais vous demander si
vous aviez une deuxième question.
M. Grenier: Non, ma deuxième question...
M. Vaugeois: Consentement, M. le Président, laissez-le
parler!
M. Grenier: ... n'en est pas une. Je veux dire au ministre qu'on
a des déclarations très générales et que l'an
prochain...
Mme Lavoie-Roux: Attaquez-le un peu, il va se fâcher.
M. Grenier: Oui, il s'est fâché?
Mme Lavoie-Roux: II s'est fâché tantôt.
M. Grenier: J'ai manqué cela.
Mme Lavoie-Roux: Parlez-lui du fédéral.
M. Grenier: Un petit coup sur le fédéral. Il est
aussi bon que Garon.
Mme Lavoie-Roux: Même si on ne lui en parle pas. il en
parle.
M. Grenier: L'an prochain, on reviendra aux credits. J'aime bien
vos déclarations de principe
de ce matin, on va voir jusqu'où cela va aller. Je vais
vérifier cela, je vais regarder tomber la manne sur ma région
pendant l'année; vous allez vous donner quelques semaines et cela va
aboutir quelque part. L'an prochain, je vais revenir et je vais vous poser
d'autres questions. Vous allez peut-être faire des crises comme vous en
avez fait à une ou deux personnes qui ne le méritaient pas. Je
reviendrai vous voir pour vous demander ce que vous aurez fait pour nous.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, me permettez-vous?
M. Grenier: Oui, sûrement.
Mme Lavoie-Roux: Vous savez, cette année, ils s'en tirent
bien.
M. Grenier: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'ils n'ont pas réalisé l'an
dernier, c'est parce que le ministre est parti et que le livre blanc s'en
venait.
M. Grenier: Ah bon!
Mme Lavoie-Roux: L'an prochain, je ne sais pas quelle sera
l'excuse pour le manque de réalisations, mais on y verra.
M. Grenier: On sera là.
M. Le Moignan: C'est qu'il y aura trop de choses dans le livre
blanc.
M. Vaugeois: Est-ce que l'Opposition veut continuer son petit
conciliabule?
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est tout à fait public, ce qu'on
dit.
M. Vaugeois: Ah bon! Si c'est public, je me permettrai une
réflexion que le député de Mégan-tic va
certainement comprendre. On n'est pas dans le désert ici et la manne ne
tombe pas par la volonté divine, point. Elle suppose aussi...
M. Grenier: C'était facile, dans l'Opposition, il me
semble.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! Ils en ont construit, des écoles,
dans l'Opposition. Là, il n'y en a plus du tout.
M. Grenier: II y en avait pour tout le monde, dans
l'Opposition.
M. Vaugeois: II faut que Moïse se donne la peine d'aller sur
la montagne et de prier pour son peuple.
Mme Lavoie-Roux: Et c'est cela que vous faites?
M. Vaugeois: Ce que vous faites ce matin, mais il faut aussi que
le peuple soit organisé. Je m'excuse de cette référence
biblique parce que cela va changer le ton de mes propos.
M. Grenier: Vous allez vous faire corriger par le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: En parlant de Moïse, faites-vous allusion au
chef de l'Union Nationale?
M. Vaugeois: Moi, Moïse, je le voyais avec deux grandes
couettes et une table de pierre où tout était figé. Est-ce
le Coran que vous utilisez?
M. Grenier: Vos fonctionnaires ont l'air emballés par
l'étude des crédits.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les seuls crédits où on
peut s'amuser un peu, mais s'amuser sérieusement.
M. Grenier: Pour revenir...
M. Vaugeois: Je n'ai pas fini. Ce que je voulais dire...
M. Grenier: Godin est en train de lire ses poèmes.
M. Vaugeois: ... c'est que je vous inviterais non seulement
à plaider de façon excellente, comme vous l'avez fait ce matin,
mais aussi à vous assurer que les groupes, chez vous, constituent une
organisation extrêmement... je n'ose pas dire cohérente encore,
mais c'est peut-être le terme qui conviendrait. Vous comprendrez que pour
l'administration gouvernementale on ne puisse comme cela répandre la
manne des deniers publics, qui sont d'ailleurs limités et dont nous
avons à rendre compte dans des occasions comme ce matin. Autrement dit,
je plaide pour que les gens de votre région présentent des choses
très articulées et avec toute la rigueur nécessaire.
Si on accepte que cela puisse être un festival de troupes de
théâtre amateur ce sur quoi nous sommes bien d'accord
il faut quand même que l'amateurisme, à un moment
donné, cesse et que l'organisation soit tout aussi sérieuse, tout
aussi exigente au niveau de l'utilisation des deniers publics. Vous savez qu'il
n'y a pas de subvention qui se donne sans beaucoup de rigueur dans les
états financiers, le fonctionnement et la participation du milieu. Je ne
vise pas Mégantic en particulier, c'est une remarque
générale. Dans le cas de Mégantic en particulier, ce
serait bon que vos gens articulent avec beaucoup de soin leurs demandes et
leurs structures d'accueil.
M. Grenier: Je ne voudrais pas faire perdre le temps de la
commission plus longtemps, mais je voudrais bien que vous ayez compris le
problème. Je voudrais qu'on trouve quelqu'un, dans la région chez
nous, qui soit assis à une table
quelque part où il puisse émettre des opinions. Quand vous
parlez de propriétaires de salles de théâtre, il faudrait
que vous veniez à Lac-Mégantic. Je vous inviterai un de ces
jours; vous allez vous rendre compte que ces propriétaires sont rares.
Il faudra qu'on trouve des gens capables de représenter la région
à une table de travail où on pourra émettre des
opinions.
M. Vaugeois: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'avais posé une
question entre deux. Est-ce que M. Cartier pourrait nous répondre?
M. Vaugeois: Non. Il ne s'agit pas... Quelle est la question?
Mme Lavoie-Roux: Je lui avais demandé si j'avais bien
compris lorsqu'il proposait l'hypothèse selon laquelle...
M. Vaugeois: Vous profitez du fait que j'ai le dos tourné,
madame, pour vous adresser directement à un fonctionnaire qui est
à la table. Je voudrais savoir quelle est la question.
Mme Lavoie-Roux: S'il devait accorder des subventions uniquement
à des troupes à caractère permanent. Vous étiez
là quand je l'ai posée tout à l'heure.
M. Vaugeois: Je me suis mouché; alors, je n'ai pas
compris.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il faudrait redevenir un peu
sérieux. Quand le porte-parole du ministre il ne veut pas que je
l'appelle M. Cartier a fait son exposé sur les subventions qu'ils
accorderaient aux troupes locales, j'ai cru comprendre que les subventions
seraient accordées à des troupes à caractère
permanent. Je ne suis pas sûre jusqu'à quel point ce n'est pas un
peu confirmé par ce que le ministre vient de dire tout à l'heure,
en terminant, lorsqu'il a dit: II faudra quand même que, de
l'amateurisme, on passe au professionnalisme.
M. Vaugeois: C'est une question importante et il y a beaucoup
d'aspects qu'on peut développer ici. D'abord, quand notre soutien aux
troupes professionnelles s'établit, c'est qu'il y a des gens qui vivent
du théâtre et nous avons à en tenir compte. A cet
égard, notre effort se veut de plus en plus significatif. Encore que ce
soit très complexe parce que le gouvernement fédéral est
présent, et souvent, vous avez des autorités locales qui sont
présentes. Dans certains cas, nous sommes le principal contributeur;
dans d'autres cas, le gouvernement fédéral contribue plus que
nous. Il y a donc des ajustements importants à faire en relation avec le
Conseil des arts. Mais jusqu'à maintenant, notre effort a
été surtout significatif pour les troupes professionnelles. Je
pense, d'ailleurs, que c'est dans le rapport; il y a des précisions
assez importantes dans le rapport à ce sujet.
Jusqu'à maintenant, les services sont assez prudents sur une
infinité de demandes qui nous viennent de groupes amateurs. Il y a des
choses qui sont liées à une approche théorique; il y a des
choses qui sont liées aussi à des capacités
budgétaires.
Ceci étant dit M. Cartier, voulez-vous ajouter un
commentaire? il reste encore une fois des hypothèses sur
lesquelles nous travaillons.
J'aimerais préciser un chose. Je n'ai pas dit, j'espère,
ou je le retire, que nous intervenons seulement auprès des troupes
permanentes, parce que je ne vois pas qui pourrait prévoir la permanence
d'une troupe ou la souhaiter. On veut s'assurer d'une certaine
stabilité, d'une certaine viabilité. Par exemple, nous voulons
intervenir lorsque l'organisme a pu produire déjà quatre
spectacles, et qu'il peut nous assurer d'un minimum de deux productions au
cours de l'année où, tout à coup, nous intervenons,
c'est-à-dire nous assurer d'une structure assez solide pour que les
deniers publics, en somme, soient bien utilisés et ne soient pas perdus
dans une action tout à fait ponctuelle.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous parlez d'intervenir lorsque quatre
spectacles auront été montés cela semble être
un de vos critères ceci veut peut-être dire pour une troupe
locale deux ans de fonctionnement avant que vous n'entriez en scène.
M. Vaugeois: Cela peut vouloir dire ça. Ils doivent
eux-mêmes, ni plus ni moins, commencer selon les propositions que nous
faisons avant que le ministère intervienne. Autrement, on ne serait
assuré d'aucune qualité, ni viabilité de la troupe.
Mme Lavoie-Roux: Pour les personnes qui frappent à votre
porte et qui disent: On veut monter une pièce de théâtre;
aidez-nous, je suis d'accord que vous ayez certains critères, mais
j'imagine que ces critères ou ces normes ne sont pas
arrêtés à ce moment-ci; vous êtes en train de les
établir. C'est ce que je crois comprendre.
M. Vaugeois: Absolument, avec le milieu du théâtre.
Le ministre n'a encore approuvé aucune de ces normes, je dois le dire.
(11 h 30)
II y a des éléments nouveaux qui vont intervenir. J'ai
été frappé, entre autres par la question du
théâtre d'été parce que c'est celle qui est d'abord
arrivée sur mon bureau. Je répète ce que je disais tout
à l'heure: II y a des troupes qui me paraissent depuis quelques
années avoir profité de l'aide de l'Etat et à juste titre.
Je me demande si on ne pourrait pas essayer de provoquer la création de
nouvelles troupes de théâtre d'été, de nouveaux
lieux de théâtre d'été, sans nécessairement
signifier une expansion des budgets. Autrement dit, quand une troupe a
réussi à se bien
faire connaître dans une région, il est possible que,
après trois ou quatre ans, elle se rapproche d'un seuil de
rentabilité qui pourrait nous justifier d'apporter une contribution
moindre. Nous pourrions même proposer à une troupe que, sur une
période de cinq ans, elle s'autofinance. On pourrait essayer de se
donner cet objectif-là, de telle façon que nos crédits se
trouveraient libérés pour provoquer la création de
nouveaux théâtres d'été. C'est une des
préoccupations que j'ai, mais je n'ai pas encore eu le temps vraiment
d'en discuter avec les services.
Quand je vois que, presque automatiquement, nous allons subventionner
telle troupe, je me demande si cela pourrait baisser éventuellement,
comme contribution, de telle façon que nous pourrions porter nos efforts
ailleurs. Autrement, on se trouve dans la situation, que j'accepte mal, de dire
qu'à tel endroit il y a déjà une troupe, on lui donne
déjà $15 000, on continue, et ailleurs il n'y en a jamais eu et,
pour l'instant, il n'y en aura pas parce qu'on n'a plus d'argent. Je me dis que
nous sommes dans une impasse. On n'a pas des budgets indéfiniment
extensibles pour ce genre de choses. Et comme il me semble que le
théâtre d'été a fait la preuve, dans certains coins,
qu'il pouvait se rentabiliser, que cela suscitait beaucoup
d'intérêt, il serait convenable qu'il y en ait à peu
près partout au Québec et que certaines troupes puissent se voir
suggérer, éventuellement de recevoir une aide plus
considérable au départ et moindre par la suite.
Mme Lavoie-Roux: Je demande cela au spécialiste: Est-ce
qu'il y a, actuellement, des troupes de théâtre qui sont capables
de s'autofinancer complètement? Que ce soit du théâtre
d'été ou une troupe...
M. Vaugeois: Je prendrai l'exemple dans mon comté, nous
avons un théâtre d'été, le Théâtre des
Marguerites, qui n'est pas subventionné par le ministère, et cela
ne sera pas changé parce que je suis là, je l'espère! On
me dit que c'est le seul cas qui vient à l'esprit des fonctionnaires,
mais la preuve est au moins faite là.
Mme Lavoie-Roux: De façon générale, il
semble qu'il y ait peu de troupes de théâtre qui s'autofinancent
totalement! C'est l'exception.
M. Vaugeois: Oui, mais il reste ce ne sont pas des
conclusions que je donne là qu'à partir du moment
où, pendant des années, on habitue les gens...
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec cela.
M. Vaugeois: ... à un tel niveau de subvention...
Mme Lavoie-Roux: Que ce ne soit jamais
réévalué!
M. Vaugeois: ... ils ne viendront pas vous dire, l'année
suivante: Cette année on n'a plus besoin de vos subventions.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question qui
intéresserait le député de Mégantic-Compton. Je me
réfère au Telbec que nous avions reçu, qui venait du
ministère des Affaires culturelles, sur la Tournestrie qui était
une expérience du bureau régional du ministère des
Affaires culturelles. D'abord j'aimerais savoir quelles sont les sommes qui ont
été données pour cette première expérience.
Est-ce qu'on en connaît les résultats, compte tenu que ceci se
passait en octobre et s'étalait peut-être sur un certain laps de
temps? Est-ce qu'on a des résultats de cette première
expérience qu'on se proposait de renouveler dans d'autres régions
du Québec?
M. Vaugeois: On insiste sur le caractère
expérimental qu'avait Tournestrie. On me dit que le rapport a
été assez long à constituer puisqu'il impliquait beaucoup
d'intervenants, entre autres les municipalités, et qu'à ce
moment-ci les services n'en ont pas encore fait l'évaluation.
Auriez-vous quelque chose à ajouter, M. Cartier?
Cette expérience pilote peut s'avérer extrêmement
intéressante. Si les conclusions étaient favorables, certes, il
pourrait y avoir lieu de l'étendre à d'autres régions ou
de la répéter dans cette région. Mais avant de faire de
nouvelles expériences dans d'autres régions, il faut
évaluer vraiment l'impact, au niveau régional, les coûts,
la participation des municipalités, etc. Je pense qu'il y a eu vraiment
des points forts et des points faibles.
M. Grenier: A quelle date doit se terminer cette
expérience pilote?
M. Vaugeois: Cela se termine, c'est terminé.
Mme Lavoie-Roux: C'est terminé. Maintenant, est-ce qu'il
serait possible d'avoir un rapport, lorsque votre évaluation sera
terminée, quant aux coûts, la façon dont les sommes ont
été distribuées entre les différentes troupes, la
contribution des municipalités?
M. Vaugeois: On va prendre note et nous vous remettrons un
rapport aussi complet que possible, avec le maximum d'information, parce que
c'est vraiment le type d'expérience intéressante. Il faut avoir
les réponses du plus grand nombre pour s'ajuster pour l'avenir.
Déjà nous prenons note de cela. Combien de temps faut-il
prévoir, M. Cartier?
Je pense bien que c'est en termes d'un ou deux mois. Il faudrait quand
même que nous approfondissions ce rapport et, ensuite, en faire
probablement une synthèse plus facilement assimilable le premier
qui est arrivé est déjà une brique comme cela qui
pourrait être distribuée dès que le ministre aura pu en
prendre connaissance.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y en a une
autre de prévue avant que ce rapport ne soit produit? Non?
D'accord.
M. Le Moignan: M. le Président, j'aurais deux autres
questions. La première concernerait les camps musicaux. Je pense qu'on
n'en a parlé ce matin. Je ne vous demande pas la liste de ces camps.
Peut-être que vous pourriez nous la fournir plus tard. D'ailleurs, je ne
sais pas s'ils sont nombreux dans la province. J'aimerais avoir
l'appréciation du rôle que jouent ces camps, le nombre d
étudiants qui en bénéficient. Ensuite, est-ce que les
étudiants qui passent par ces camps musicaux ont des
possibilités? Ont-ils l'ambition de poursuivre plus loin après ou
si c'est juste pour formation immédiate?
M. Vaugeois: Je pourrais vous donner la liste sans les
subventions. Je vais les énumérer car je pense que c'est
préférable. Il y a le camp musical Accord parfait qui a eu de
l'aide pour 1977/78, le camp musical Asbestos, le camp musical CAMMAC,
Lanaudière, Saint-Alexandre, Lac-Saint-Jean, Nord-Ouest
québécois, Vivaldi et le Centre d art d'Orford. Pour cette
année, je ne veux pas donner de montant parce que tout cela est en
évaluation. D'ailleurs, je dois dire que j'ai passé un peu de
temps à évaluer les demandes qui nous ont été
faites de ces camps musicaux. Il y a un effort de normalisation qui est fait
actuellement pour essayer de donner, aux responsables de camps musicaux, des
critères dans l'organisation de leur camp et pour l'appréciation
des demandes qui nous sont adressées.
Je ne vous étonnerai pas en vous disant que je suis intervenu
pour qu'on applique cet effort de normalisation avec une certaine prudence.
Historiquement, les camps musicaux sont nés de diverses sortes d
initiatives avec des critères extrêmement variables. Par exemple,
si les gens du conservatoire s'impliquaient, il y avait des exigences d'une
donnée bien différente que si cela était issu d'une
espèce de camp d'été avec des gens qui aimaient la musique
et qui donnaient, aux camps de jeunes, une orientation musicale plus
importante. Je souhaite une période de transition. J'attache beaucoup
d'importance aux camps musicaux qui sont une formule populaire et, en
général, qui s'ouvrent à des jeunes qui, souvent, n ont
pas eu d autres contacts avec la musique ou qui n'en ont pas eu vraiment
beaucoup. Nous évoluons vers une normalisation de ce programme, mais
encore une fois en essayant de tenir compte des particularités
régionales pour ne pas pénaliser des régions excentriques
du Québec qui n'ont pas le même bassin de professeurs que
pourraient prévoir nos exigences théoriques pensées entre
quatre murs forts confortables. Il y a une étape intermédiaire,
dans l'application de notre programme qui tend à être
normalisé.
Au total, l'an dernier, nos camps musicaux ont reçu S309 000 et.
cette année, ils pourraient recevoir $467 000. C'est pour vous dire
l'importance que nous y accordons.
M. Le Moignan: Parmi ces camps, les plus anciens existent depuis
combien d'années à peu près et quels seraient les plus
importants à cause de leur ancienneté et du nombre
d'élèves qui s inscrivent?
M. Vaugeois: II y a une nette différence entre celui
d'Orford et les autres.
M. Le Moignan: Par exemple, Orford est un des principaux.
M. Vaugeois: C'est le plus important et de loin.
Mme Lavoie-Roux: Vous viendrez dans les Cantons de l'Est.
M. Vaugeois: Dans les régions, la plupart de ces camps
revêtent une grande importance. Tout est relatif là-dedans.
M. Le Moignan: Maintenant, j'ai une autre question, M. le
ministre. On l'a déjà abordée. Vous vous en doutez un peu,
c'est l'Opéra du Québec.
M. Vaugeois: Oui.
M. Le Moignan: De I'Opéra du Québec, vous nous
aviez dit que vous étiez en train d éponger cette dette ou que
c'est une chose classée, je pense. De toute façon, si ce n est
pas fait, vous allez laver cela un bon jour.
M. Vaugeois: M. le député, là-dessus, je
peux vous dire qu'on découvre bien des choses, dans I'administration
publique. J ai vu, dans un journal anglophone, le Montreal Star du 5 mai, que
M. Lamarche, de la Place des Arts, venait de recevoir un chèque. Moi. je
ne le lui avais pas encore envoyé, comme quoi I administration est
parfois particulièrement efficace. Je peux vous dire que j'ai
signé mardi soir, aux petites heures du matin, les deux lettres nous
permettant de liquider et d'éponger les dettes qui avaient
été assumées par la Place des Arts et le Grand
Théâtre de Québec. A ce moment-ci, les chèques
doivent être arrivés ou être dans la poste qui leur sera
livrée aujourd'hui ou demain.
Je ne crois pas qu'on ait, dans le journal, pu faire allusion à
la réception d'un chèque. Je ne I' avais pas encore
envoyé. Mais concrètement, c'est maintenant fait. Le Grand
Théâtre de Québec et la Place des Arts ont donc
été remboursés des avances qu ils avaient faites, pour le
financement qu'ils avaient accordé finalement à lOpéra du
Québec. Cela nous permet donc aujourd'hui d aborder la question de
façon en tout cas très dégagée. Nous n avons pas
cet héritage très lourd à porter, cette dette
considérable qui était, comme vous le savez, de I'ordre de $1 359
000.
M. Le Moignan: A présent que vous êtes
débarrassés de ce lourd fardeau de la dette...
M. Vaugeois: J'espère que vous me permettrez encore, M. le
député, de vous dire là-dessus, et ce sera l'indice de ce
qui s'en vient, que j'ai eu beaucoup de collaboration au Conseil des ministres.
Une telle dette, de l'ordre de plus de $1 million, doit être soumise
à l'attention du Conseil des ministres et également au Conseil du
trésor. J'ai trouvé, particulièrement dans la personne du
président du Conseil du trésor, un homme politique très
intéressé à I avenir de l'opéra.
M. Le Moignan: Maintenant, la dette et tous ces soucis
étant mis de côté, avec la tête bien reposée,
vous regardez vers I avenir.
M. Vaugeois: Oui.
M. Le Moignan: Maintenant, l'Opéra du Québec,
est-ce qu'il s'agit de le faire renaître, peut-être pas sous la
même forme ou sous une forme différente? Avez-vous l'intention de
conserver cet opéra ici, à Québec et à
Montréal? Quelle que soit la forme que vous allez lui donner, est-ce que
cela va être rentable? Est-ce possible? Est-ce que ce sont des solutions
que vous envisagez?
M. Vaugeois: Disons que l'expérience de 1971 à
1975, avec la parenthèse durant les Jeux olympiques, nous amène
au moins à une première précaution. Avant de nous engager
dans toute formule et déjà le Trésor nous a
posé cette exigence, de toute façon; on peut être bien
disposé sans plonger aveuglément il a donc exigé
que la question du financement soit étudiée avec beaucoup de
soin. C'est d'ailleurs un problème classique que nous avons, dans ce
domaine, pas nécessairement de Topera, mais du théâtre ou
de la musique, des arts d'interprétation en général. On
s'engage dans une aventure et on se rend compte, à un moment
donné, qu'on avait mal évalué les coûts, mal
évalué un certain nombre de choses. Les déficits
s'accumulent et, finalement, on a parfois des subventions qui deviennent du
soutien bancaire. Notre subvention, dans une trop grande mesure, sert à
payer des intérêts et à favoriser une forme d'endettement.
Je trouve cela dans plusieurs dossiers.
Finalement, je pense que les gouvernements sont aussi bien de dire non
s'ils ne sont pas capables de dire oui comme il faut. On dit oui pour un
montant. L'organisme prend le montant, mais il sait bien qu'il ne pourra pas
fonctionner avec ce montant, compte tenu de ses autres revenus. Alors, il
emprunte, il s'endette et, après un certain nombre d années,
notre subvention, qui s'ajuste timidement à la réalité et
à l'inflation, ne sert finalement qu à contenter le gérant
de banque et, d'année en année, on s'enlise. C'est un peu ce qui
est arrivé, d ailleurs, avec l'Opéra du Québec.
Donc, dans toute formule que nous retiendrons éventuellement, il
y aura des précautions de prises au titre du fonctionnement, puisque
tout le monde sait que l'opera, c'est une formule qui peut facilement
prêter à la mégalomanie, si vous me le permettez. Il n'y a
quasiment pas de limite possible aux frais qu'on peut y engager.
M. Le Moignan: Est-ce que vous avez eu des rencontres avec des
représentants du monde lyrique à ce sujet? (11 h 45)
M. Vaugeois: Je pense que cela vous intéresse et cela nous
intéresse aussi, j'ai une hypothèse sur mon bureau qui est connue
grâce au travail de M. Samson, du Devoir. Il y a une autre
hypothèse qui est connue aussi par la diffusion qu'a eu le rapport
Jeannotte. J'aimerais que le sous-ministre, M. Vallerand, vous donne une
hypothèse large sur une façon de concevoir un opéra
à partir de ce qui se fait ailleurs dans le monde, par exemple,
où on peut réconcilier le grand décor, à certains
moments, avec le décor fort modeste pour d'autres
représentations. J'aimerais qu'il nous parle des expériences
faites aux Etats-Unis et en Allemagne de l'Est, par exemple.
Le ministre vient de livrer, en fait, deux éléments
constitutifs essentiels à une politique de relance de l'opéra. Un
premier constat auquel on doit s'accrocher suite à l'expérience
de tous les milieux, de tous les pays en ce domaine, c'est qu'à
défaut de faire quelque chose qui soit le plus possible inattaquable sur
le plan de la qualité, il vaut mieux ne rien faire ou laisser aux
individus ou corporations privées le soin de maintenir la flamme si tant
est que beaucoup y tiennent. Les interventions du ministère dans le
domaine de l'opéra se feront donc prioritairement en considérant
l'hypothèse qu'il y a un besoin, un marché du travail important,
qu'il y a un besoin auprès des consommateurs, des amateurs
d'opéra, qu'on est toujours spontanément enclin à
rapetisser, soit dit en passant.
Prenons donc pour hypothèse qu'il y a un besoin, un marché
des ressources humaines qui peuvent s'y employer et atteindre, quand on leur
fournit l'occasion de le faire, des niveaux de qualité qui sont
comparables aux plus grandes réussites des plus grands
théâtres d'opéra du monde. Il faut prendre pour
hypothèse, au point de départ, qu'à défaut de
pouvoir soutenir une programmation aussi importante que celle du Metropolitain
Opera ou du Berliner Oper, il faut quand même se raccrocher à
l'idée que, si on en fait, on en fait à un très haut
niveau de qualité. C'est un élément de base auquel il faut
s'accrocher.
Cependant, ceci étant dit, ceci étant acquis ou
potentiellement acquis, compte tenu des ressources financières et de la
capacité de réponse du milieu, Télément de
nouveauté auquel on songe et qui, en fait, nous a été
suggéré par tous ceux qui se sont penchés sur le dossier
et qui nous ont présenté des rapports, c'est la
possibilité d'instaurer, à l'intérieur d'une programmation
qui revêt un caractère peut-être un peu plus solennel, des
manifestations du genre de celles qui ont été livrées
à Montréal récemment, autant par les gens de McGill que
par les gens de la faculté de musique de l'Université de
Montréal, c'est-à-dire les représentations qui empruntent
la formule qui est couramment en vigueur en Allemagne de l'Est. Vous savez
l'importance que les Allemands accordent à l'opéra
historiquement; ils ont appris à
composer avec toutes sortes de contraintes dont on doit s'inspirer, je
pense. Les gestes à cet égard sont particulièrement
intéressants et les qualités d'imagination auxquelles ils peuvent
recourir sont absolument fascinantes, à mon point de vue. Les
Américains eux-mêmes se sont engagés dans cette voie. Il y
a, bien sûr, aux Etats-Unis le Metropolitan Opera, mais il n'y a pas que
cela. Je n'ai pas pu assister personnellement, mais j'ai lu les comptes rendus
qui ont été faits, par exemple, du Festival Wagner de Seattle. Il
ne s'agit pas d'une troupe permanente. Il s'agissait d'un
événement important auquel on a consenti quand même des
ressources imposantes, mais qui n'ont pas de commune mesure avec ce qui se fait
à Bay-reuth, d'aucune façon.
Le niveau de qualité des représentations était
exceptionnel, du moins c'était l'avis de tous les critiques que j'ai pu
lire à ce sujet. Il y a l'Opéra de Miami qui ne prétend
pas pouvoir concurrencer, sur le plan du faste et de l'extravagance
extravagance que je n'emploie pas au sens péjoratif,
nécessairement les représentations du Metropolitan Opera
ou de la Scala de Milan. Il y a donc une possibilité de recourir
à une présentation d'opéras. J'irais même
jusqu'à dire encore que cela doive faire l'objet
évidemment, par ceux qui ont la responsabilité de préparer
les productions, d'une étude plus attentive et plus fouillée
qu'il y a possibilité de recourir à des astuces
intelligentes dans le cas de certains opéras qu'on n'entend jamais, soit
parce que, par exemple, ils comportent une très grande partie de
dialogue en langue étrangère, ce qui aurait pour effet de rebuter
à peu près automatiquement tout public, même le public
averti.
Il y a possibilité de recourir à des astuces de
présentation, à des allégements de décors et
même aller jusqu'au dénuement total qui a
caractérisé la présentation par ailleurs hautement
goûtée, du McGill Chamber Orchestra, récemment, avec le
choeur de l'Université McGill de Cosi fan tutte ou de son
Giovanni. Je ne me souviens plus duquel, mais, encore là, je n'y
étais pas, j'ai lu la critique et elle était délirante. Ce
qui serait dangereux, à mon point de vue, ce serait d'axer exclusivement
notre intervention, ou encore, l'hypothèse en avait déjà
été avancée, de faire en sorte que la compagnie qui
correspondrait à l'Opéra du Québec présente ses
spectacles à grand déploiement à Montréal seulement
et, pour des raisons d'économie, présente une version
allégée de ce même spectacle en province, ce qui peut
prendre un caractère essentiellement péjoratif ou
méprisant.
Ce à quoi nous songeons et ce sur quoi nous allons travailler en
relation étroite, si vous voulez, avec les expériences et dans
une perspective de cadrage financier qui s'harmonise aux expériences qui
ont été vécues aux Etats-Unis et en Allemagne plus
particulièrement, ce serait à cet égard de voir s'il n'y a
pas possibilité de faire un dosage équilibré, compte tenu
de l'éventail de la programmation qu'on puisse offrir, de ce très
haut standard de qualité à tous égards, d'une part, et du
maintien d'un très haut standard de qualité musicale à
certains égards, et de ne pas faire une répartition brutale entre
tout le faste à Montréal, et une partie du faste à
Québec, et rien ailleurs. Le problème fondamental à cet
égard nous paraît celui-ci: comment peut-on faire pour qu'un
spectacle qui est nécessairement coûteux, même quand on fait
attention, ne soit offert qu'aux gens de Montréal? A quelle politique de
déplacement des spectateurs vers les centres de Montréal et de
Québec, quand on décide de faire une représentation comme
il s'en fait ailleurs, dans d'autres pays du monde, doit-on recourir et quels
sont en particulier les recours que l'on peut avoir, comme cela se fait d'une
façon quasi systématique en France et en Grande-Bretagne,
à la presse électronique, si vous voulez, aux media
électroniques, à savoir la télévision? Vous
n'êtes pas sans savoir qu'il y a eu un regain absolument inouï
d'intérêt pour la représentation d'opéra sous forme
télévisuelle. Radio-Canada y a plongé récemment
avec une cote d'écoute surprenante d'ailleurs. Il y a toute une
série de productions qui émanent de l'Allemagne de l'Ouest,
particulièrement, à cet égard, qui sont vendues aux
réseaux de télévision américains NBC est un
pionnier là-dedans qui atteignent aux Etats-Unis des cotes d
écoute foudroyantes et qui permettent évidemment d'amortir les
coûts.
Une expérience a été lancée lors de la
dernière représentation, de la dernière programmation de
l'Opéra du Québec. C'était Tristan, et un Tristan qu'on
s'est plu à qualifier d'une des plus merveilleuses
représentations de cet opéra dont les amateurs vivants pouvaient
se souvenir, que ce soit de Bayreuth ou d'ailleurs. Il y a eu quasiment
unanimité là-dessus.
Radio-Canada en a retransmis ou présenté une partie dans
le cadre des Beaux Dimanches. Il y a lieu d'aller beaucoup plus loin que cela.
Cela a contribué, bien sûr, à amortir les coûts, qui
étaient quand même très élevés, de la
représentation de Tristan pour des raisons qui vous sont
évidentes pour ceux qui l'auront vue, par exemple, ce décor qui
était à la fois sobre, mais d'une telle invention qu'il recourait
à des procédés extrêmement coûteux,
représentation par gigantesque rétroprojection, etc.
Ce que nous voulons faire, c'est trouver cet équilibre acceptable
entre, d'une part, un élément de programmation qui repose sur la
tradition, c'est-à-dire ce que les consommateurs d'opéra sont
habitués de consommer, et ce à quoi ils s'attendent et, d'autre
part, cet élément de programmation qui, en vertu d'une certaine
tolérance, par convention, nous permettrait de mettre l'accent sur la
diffusion et la multiplicité des représentations à moindre
coût. On ne peut pas vous en dire plus long, parce qu'on est en train de
chiffrer ces choses. C'est toujours en fonction de la programmation retenue.
Présenter le Médium de Menotti, cela représente des
coûts singulièrement inférieurs au Tristan, de Wagner, par
définition. Présenter Aida, quand on fait venir les
éléphants et qu'on reconstitue les pyramides d'Egypte ou
quelque chose du genre, c'est, par définition, quelque chose qui
risque de sombrer dans l'extravagance à laquelle fait allusion le
ministre.
M. Grenier: Cela relègue un peu au deuxième plan
les éléphants du Lac-Mégantic.
M. Vaugeois: Voilà le genre de problèmes sur lequel
on réfléchit beaucoup, s'il est, par définition, retenu
que la politique de diffusion s'appuiera fondamentalement sur un médium
que possède Radio-Québec.
M. Le Moignan: Une dernière intervention. Je ne veux pas
me faire l'avocat de la relance de l'Opéra du Québec, je
comprends très bien tout votre point de vue, mais ce sont les
déplacements. Si la production est faite à Montréal vers
Québec peut-être ou par le moyen de la TV, je ne parle pas d'aller
en Abitibi ou en Gaspésie avec un spectacle du genre, mais je pense que
votre solution en serait peut-être à envisager; elle pourrait
permettre aux gens des grandes villes et peut-être, par le moyen de la
télévision, aux autres communs des mortels qui n'ont pas la
facilité de se déplacer pour se rendre à Montréal,
de profiter de l'opéra. A ce point de vue, vous allez certainement
remédier à une bonne partie de ce malaise.
M. Vaugeois: Je vous avouerai qu'on hésite beaucoup
à imposer ou à offrir aux régions du Québec une
formule d'exportation qui comporte un rabais du niveau de qualité, du
niveau d'exécution, par rapport à ce qu'on pourrait faire
spontanément à Montréal. Cela nous paraît
essentiellement dangereux. On ne le ferait que si les régions nous
suppliaient de le faire. A l'avance, on leur expliquerait les
inconvénients, l'inconvénient majeur étant qu'à ce
moment-là on ne peut s'adresser qu'aux mordus et que l'effet de
diffusion de l'intégralité de l'art est complètement
perdu. Cela me paraît extrêmement délicat.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: II me semble qu'on a sauté de
I'élément 1 à l'élément 2.
M. Vaugeois: C'est ce qu'on fait, oui.
Mme Lavoie-Roux: Dans ma première intervention, j'ai
essayé de m'en tenir à l'élément 1, à
l'enseignement. Je voulais savoir quelles actions concrètes le ministre
entend prendre pour les troupes de ballet-jazz. Dans quelle mesure allez-vous
les subventionner?
M. Vaugeois: Une partie de nos difficultés sont venues
d'une décision du Conseil des arts je le dis sans malice
et cela a été dit publiquement par les gens des ballets-jazz
eux-mêmes.
Mme Lavoie-Roux: J'ai aussi découpé cet
article.
M. Vaugeois: J'étais à la Place des Arts, ce
soir-là; ils ont même fait une souscription, à la Place des
Arts, invitant les gens à essayer d'aider la troupe à survivre
encore un certain temps. Cela a influencé les services chez nous, cette
décision du Conseil des Arts de ne plus subventionner les ballets-jazz;
donc, l'hypothèse retenue chez nous est que notre subvention n'a plus de
signification puisque la troupe déjà fait face à un
déficit accumulé. L'hypothèse sur laquelle on travaille
est de suivre la décision du Conseil des Arts et de se retirer
également de toute contribution aux ballets-jazz.
Par ailleurs, nous essaierons de soutenir peut-être plus fortement
la troupe de Eddy Toussaint qui, soit dit en passant, fait un effort important
au niveau de sa programmation. Le prochain spectacle qui se prépare est
construit à partir de compositions de Dominique Tremblay et il porte sur
l'histoire d'Alexis-le-Trotteur. (12 heures)
Je pense qu'il y a là un effort, au niveau de la programmation,
qui est intéressant et la troupe est excellente. Il faut faire des
choix. C'est un peu notre problème dans ce domaine, il y a beaucoup de
troupes et nous ne pouvons toutes les aider comme elles devraient l'être
pour qu'elles survivent.
Je suis nouveau dans ce domaine. Je ne suis qu un amateur peu averti
mais j'aime cela et je m'y intéresse. Je suis frappé de voir que
nous avons la responsabilité, en tant que gouvernement, de quasiment
arrêter une prolifération. Je constate, par exemple, qu'il y a
beaucoup de troupes ou de gens qui viennent des Grands Ballets canadiens qui me
semblent être une école en quelque sorte. Tout d'un coup, on voit
quelqu'un se détacher et former son propre groupe. Cela pourrait
être sans fin si chaque fois on subventionnait quasiment de façon
automatique. Je pense que c'est notre devoir même d'inciter le domaine du
ballet à essayer de se réunir dans quelques bonnes troupes que
nous pourrions soutenir. Mais si elles prolifèrent trop, nous ne
pourrons pas je pense même que nous ne devrions pas suivre
automatiquement.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que votre ministère accorde des
bourses à des étudiants qui ne répondent pas aux
critères académiques du ministère de I'Education dans le
domaine de la musique, de la danse et qui, à ce moment-là, ne
sont pas admissibles aux bourses?
M. Vaugeois: Vous parlez d'individus qui veulent étudier
ici ou à l'étranger?
Mme Lavoie-Roux: L'un ou l'autre.
M. Vaugeois: On a un programme qui a été remis en
question pour l'étranger que nous tentons d'appliquer encore cette
année et qui représente un montant approximatif de $125 000. Pour
ici, quel est l'effort qu'on peut faire pour... On me confirme que notre
programme se déroule indé-
pendamment de ce que fait l'éducation; il est fondé sur
les critères du ministère en termes de bourses d'aide à la
formation.
Mme Lavoie-Roux: Alors, les critères...
M. Vaugeois: C'est un montant important, d'ailleurs, de l'ordre
de $350 000 ou $380 000?
Ecoutez, on me précise qu'il existe un dépliant qui donne
les critères d'attribution. On pourrait déposer ce document.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, dans le domaine de la
création musicale, y a-t-il de l'aide directe qui est accordée
aux compositeurs? On voit ici les arts d'interprétation;
évidemment, il s'agit de l'enseignement, d'une part, et du soutien aux
arts d'interprétation. Mais directement à la création, y
a-t-il de l'aide d'accordée?
M. Vaugeois: On me complétera ou on me corrigera s'il y a
lieu. Les cas que je connais sont aidés par le biais de l'aide qu'on va
accorder à une troupe. Par exemple, Eddy Toussaint traite avec Dominique
Tremblay. Pour ce qui est de l'Orchestre des jeunes, il est prévu qu'il
peut interpréter les pièces de créateurs
québécois; donc, c'est par le biais de l'Orchestre des jeunes que
le créateur sera payé. Dans le cas des ballets-jazz, je sais
qu'ils auraient aimé le faire, mais qu'ils n'avaient pas les budgets
pour le faire. Généralement, notre aide à cet
égard, l'aide directe aux compositeurs...
Mme Lavoie-Roux: Mais une aide directe aux compositeurs, il n'y
en a pas.
M. Vaugeois: Qu'est-ce qu'on a? L'an dernier, pour vous donner un
exemple... c'est toujours au titre de l'aide à la création et
à la recherche à ce moment-là. Dans le domaine musical,
l'an dernier, il y a eu cinq bénéficiaires pour des
crédits de $21 400; cela ne veut pas dire que ça a
été joué, mais qu'il y a eu une composition, une
création de faite. Je pense que la meilleure façon de
procéder reste encore par le biais de groupes qui s'apprêtent
à créer; c'est beaucoup plus encourageant. J'ai assisté
deux fois à "La scouine " de Dominique Tremblay; c'est fantastique. Cela
justifiait, par la suite, une compagnie de l'endisquer et le marché
existe; tout cela se tient. Et le compositeur a des chances de vivre un peu.
D'ailleurs, tout cela s enchaîne aussi. On voit que Eddy Toussaint
pensera à Dominique Tremblay pour quelque chose pour sa troupe à
lui.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, dans le programme 5,
l'élément création et recherche n'apparaît pas comme
tel, alors qu'il apparaît dans le programme 4. C'était un peu
l'objet de ma question parce que je me demandais si, par hasard, la
création, dans ces domaines, était mise de côté?
M. Vaugeois: Si vous permettez, j'aimerais dire que, justement,
cela n'apparaît pas comme tel mais il y a quand même une masse
d'au-delà de $350 000 qui est allouée et qui est ventilée
justement entre les arts plastiques, la littérature, la musique, la
danse, le théâtre, etc. Vous vous inquiétiez hier de $200
000, que vous ne voyiez plus aux arts plastiques, qui sont justement ici et qui
jouent pour l'aide aux artistes en termes de bourses qui seront
attribuées par jury, dont la liste des membres vous a d'ailleurs
été remise ce matin.
Mme Lavoie-Roux: Une autre que j'aimerais poser, M. le
Président. C'est le fameux problème de l'intégration des
musiciens québécois à l'Orchestre symphonique de
Montréal. Au tout début de l'ouverture des crédits,
j'avais posé la question d'une façon plus générale,
de l'aide aux artistes en général et de leur intégration.
L'an dernier, le ministre nous avait dit qu'il y avait un comité de
travail qui était sur le point, je pense, de réfléchir sur
cette question. Est-ce que le comité de travail s'est mis en marche,
est-ce au'on a avancé dans les réflexions, est-ce qu'il y a des
recommandations qui vous ont été faites?
M. Vaugeois: II y a eu des suites à cela. On est plus loin
qu'un groupe de travail. On est à un groupe quasi opérationnel
qui réunit des représentants de l'Orchestre symphonique de
Montréal et des gens du ministère.
Je me suis beaucoup intéressé à cette question au
cours des dernières semaines. J'ai eu des rencontres informelles avec
les gens de l'Orchestre symphonique; je me suis fait expliquer avec soin la
façon dont se faisait le recrutement. Je pense qu'il ne faudrait pas
exagérer ce problème. Il existe, mais il ne faudrait pas
l'exagérer. Je comprends que les gens de l'Orchestre symphonique de
Montréal en particulier recherchent un haut niveau de qualité, ce
qui est tout à fait normal, que leurs critères sont
nord-américains et que le recrutement se fait donc sur une base
très large et avec les garanties d'objectivité nécessaire.
Alors, notre problème c'est que nos jeunes puissent réussir ces
concours, et l'existence de l'Orchestre des jeunes du Québec est un des
moyens de mieux préparer nos jeunes à réussir ces
concours.
Mais tout ceci étant dit, il reste quand même que le
résultat doit être, si tout le monde travaille bien, et si nous
travaillons bien, que la proportion des Québécois, dans nos
grands orchestres symphoniques, puisse s'augmenter. Et là, il faut
définir le terme "Québécois". Je pense qu'il faut
éviter tout chauvinisme à cet égard. Notre
définition est aussi large que possible et pour moi, un
Québécois, en l'occurrence, c'est un citoyen canadien qui est
domicilié au Québec. C'est certain que, après cinq ou six
ans, un jeune Américain qui aurait été recruté par
l'OSM, aura une adresse à Montréal. Il peut même avoir la
citoyenneté canadienne à la longue. Mais il peut quand même
vivre ici, en attendant d'avoir autre chose, quelque part dans le monde.
C'est très complexe, c'est un milieu qui est, par
définition, très ouvert sur le monde et nous ne voudrions pas le
fermer en ce qui nous concerne. Cela m'amène donc à dire:
N'exagérons pas la situation. Par ailleurs, essayons de permettre
à nos jeunes de faire carrière dans ce domaine. Nous sommes au
niveau opérationnel maintenant, avec l'Orchestre symphonique de
Montréal en particulier.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que par l'approche ou le truchement de
l'Orchestre symphonique des jeunes, c'est une excellente initiative. Mais il
reste que j'ai cru comprendre et, d'après tous les rapports qui ont
été faits sur, justement, le recrutement, particulièrement
des membres de l'Orchestre symphonique de Montréal, je comprends qu'il
ne faut pas exagérer non plus, il ne faut pas tomber dans un chauvinisme
où il n'y a personne d'autre que nous. Je serais la première
à combattre cela. Mais il semblait quand même, d'après les
rapports qu'on avait eus, qu'il y avait eu des exagérations, pour le
moins, dans les difficultés qu'on créait au recrutement des gens,
même des musiciens canadiens.
J'ai l'impression que cela a existé. Vous dites que cela...
M. Vaugeois: J'ai parlé longuement avec beaucoup de
personnes et j'ai cru ce qu'on m'avait dit. Les choses se font correctement,
objectivement. Il y a d'ailleurs une préoccupation chez les
administrateurs: ils souhaitent que le nombre des musiciens canadiens ou
québécois soit plus important, encore que le dernier chiffre que
j'ai retenu était de l'ordre de 75%; ce sont des gens qui habitent
Montréal depuis qu'ils ont été recrutés.
Il reste un peu de flottement. Cela peut toucher 20%, peut-être,
de cas un peu douteux, mais ce n'est pas ce qu'on a suggéré, a
certains moments, que les nôtres ne puissent pas y être. A part
cela, qu'est-ce que vous voulez! A un moment donné, vous allez avoir un
type au nom étranger qui est professeur au Conservatoire de
Montréal depuis vingt ans ou vingt-cinq ans, qui est un maître
extraordinaire. Est-ce qu'on va le compter pour un étranger à
l'Orchestre symphonique de Montréal?
Mme Lavoie-Roux: Selon vous, il y a eu un peu
d'exagération dans ces rapports qui ont été faits à
différentes occasions?
M. Vaugeois: Oui, mais je ne dis pas que le problème
n'existe pas, mais peut-être pas avec le caractère dramatique
qu'on a voulu lui donner.
Dans les formules concrètes qui ont été mises au
point, il y aurait trois niveaux d'audition: les auditions
québécoises, les auditions canadiennes et les auditions
internationales. Les Québécois, bien sûr, ont le droit de
se présenter à l'audition québécoise et, si cette
audition donne des résultats satisfaisants pour ceux qui recrutent, cela
s'arrête là. Si ce n'est pas le cas, les Québécois
ont encore le droit de se présenter aux deux autres niveaux d'audition.
Cela multiplie leurs chances de réussir le concours. On m'a conté
des choses assez étonnantes. Je ne me rappelle plus I'instrumentiste.
C'est un type qui a reçu des prix partout et qui a échoué.
Apparemment, dans des conditions très difficiles pour lui
c'était à deux heures du matin et probablement à cause de
la nervosité il avait préféré faire l'examen
malgré l'heure tardive. C'est compliqué. Je n'ai pas senti de
mauvaise foi. Par ailleurs, j'ai senti une volonté très nette
chez les responsables...
Mme Lavoie-Roux: ... d'améliorer les choses. M.
Vaugeois: Oui, d'améliorer les choses.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre pourrait-il faire le point sur
l'assistance financière que vous accordez présentement à
l'Orchestre symphonique de Montréal ou, en fait, aux grands orchestres
symphoniques?
M. Vaugeois: Cette année de mémoire
je pense que c'est $454 000. J'ai le chiffre en tête parce que j'ai
regardé le dossier de près. Malgré ce que je dis, je ne
voudrais pas qu'on comprenne que. tout à coup, la question qu'on a
posée sur le recrutement ne nous concerne plus. Nous y attachons
beaucoup d'importance. Nous comprenons que des efforts réels sont faits
et que les choses sont mises en place pour y remédier avec le temps.
Pour Montréal, c'était $454 000 et, pour l'Orchestre symphonique
de Québec, c'était $535 000.
Une précision. La subvention de 1977-1978, au montant de $454
800, pour l'Orchestre symphonique de Montréal, ne représente que
15% du budget de l'OSM.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que ces gens prévoient encore des
déficits? Enfin, ils vont être presque obligés de continuer
de faire annuellement une campagne de souscription.
M. Vaugeois: C'est sûr. D'ailleurs, c'est une exigence que
nous posons.
Mme Lavoie-Roux: Je ne voudrais pas l'avoir maintenant ou y
aurait-il une possibilité d'avoir une liste des subventions qui sont
accordées aux différents théâtres? Je pense aux
grands théâtres: le théâtre du Rideau Vert, le
Nouveau Monde.
M. Vaugeois: On va vous faire photocopier tout cela
instantanément. Théâtre et musique.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Est-ce que les théâtres
d'été seront aussi compris là-dedans?
M. Vaugeois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord. Il y avait une dernière
question que je voulais poser. C'est: Qu advient-il de
l'Expo-Théâtre?
M. Vaugeois: Ah, mon Dieu! J'en ai parlé encore
récemment, mais avec des gens qui n'en étaient pas responsables.
Est-ce qu'il y a des gens qui en sont responsables qui peuvent répondre
à cela? (12 h 15)
C'est un dossier sur lequel nous nous penchons vraiment
déjà depuis plusieurs mois pour définir la vocation la
plus définitive possible de cet Expo-Théâtre. Pour
l'instant, l'Expo-Théâtre remplit une mission assez importante, je
pense, c'est de servir de lieu gratuit aux manifestations des groupes ethniques
minoritaires au Québec. Pour un grand nombre de groupes, c'était
déjà commencé. Un grand nombre de groupes ethniques se
servent de l'Expo-Théâtre et pour l'instant nous maintenons cette
vocation. Par contre, nous sommes à évaluer la vocation finale de
l'Expo-Théâtre. Est-ce que ce doit être cette voie? Est-ce
que nous devons définir une nouvelle vocation? Je ne peux
présumer des conclusions des études qui sont entreprises et qui
seront remises au ministre des Affaires culturelles.
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous fait une évaluation des
coûts qu'impliquerait l'occupation l'année durant de
l'Expo-Théâtre? A l'heure actuelle, je pense qu'il n'est
utilisé que quelques mois par année.
M. Vaugeois: Ce serait très coûteux pour
permettez-moi le terme "hivériser " l'Expo-Théâtre.
Pour l'instant, cela n'a pas été considéré dans le
projet initial, du moins.
Comment avez-vous dit cela, M. Cartier? "Hivériser ". Cela veut
dire quoi? Le rendre applicable l'hiver. Ouais! J'ai dit: Permettez-moi
l'expression!
Mme Lavoie-Roux: Dans le langage québécois, on ne
disait pas hiverner, on disait... Hiverner, c'est ce qu'on disait.
M. Vaugeois: Toutes mes félicitations à M. Cartier!
C'est un poète.
Mme Lavoie-Roux: C'est comme cela que la langue se
développe.
M. Vaugeois: Au ministère, très rapidement!
Mme Lavoie-Roux: Ma toute dernière question: Quels sont
les plans du ministère pour la chanson au Québec du point de vue
de la politique de subvention?
M. Vaugeois: Premièrement, on est à définir
une politique de la chanson actuellement au service de la musique.
Deuxièmement, nos efforts pour le Festival régional de la chanson
de Granby continuent, ce qui comprend la région de Montréal et
celle de l'Estrie. Nous avons comme innovation, cette année, un soutien
des festivals régionaux pour sept autres régions du
Québec.
Mme Lavoie-Roux: Bal, festival, carnaval.
M. Vaugeois: La tension est telle, dans cette commission
parlementaire, madame, que j'ai des défaillances.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, votre nouveauté pour cette
année qu'était-ce?
M. Vaugeois: Les sept régions. Voulez-vous la liste des
sept régions?
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Vaugeois: En fait, le Québec se trouve couvert
maintenant. Nous irons plus loin si nous pouvons mettre au point cette SDIC
rapidement.
Mme Lavoie-Roux: L'an dernier, j'avais soulevé le
problème je n'aime pas tellement le terme, il y a un peu quelque
chose de péjoratif, mais je vais l'utiliser quand même de
récupération du personnel de création qu'on avait eu au
Québec, soit des écrivains qui pourraient être
utilisés, des peintres, enfin, qui pourraient être utilisés
comme personnes ressources, comme animateurs, ce qui serait, en même
temps, une façon d'aider ces artistes qui ne se trouvent souvent pas
à l'abri de besoins mêmes essentiels et le ministre du temps avait
semblé sensible à cette hypothèse. Je me demandais si ceci
avait eu un suivi.
M. Vaugeois: J espère que vous ne faites pas allusion
à la question précédente.
Mme Lavoie-Roux: Non, la chanson est...
M. Vaugeois: Je pense que cela se fait déjà un peu.
A certains moments, cela devient très délicat. Dans le domaine de
l'opéra, par exemple, vous avez des gens qui ont commencé des
carrières qui étaient très prometteuses. On dirait,
à un moment donné, que si on leur propose une fonction
administrative qui leur donne une espèce de sécurité, on
leur donne une tentation qui les amène à décrocher.
D'ailleurs, j'ai des exemples précis en tête de gens qui
étaient appelés, à mon avis, à des carrières
remarquables et, tout à coup, on dirait que c'est très difficile.
La compétition est très grande. Ceci étant dit, que nous
puissions, par certains de nos programmes, certains de nos contrats, etc.,
permettre à ces gens de gagner leur vie, de boucler la boucle, c'est
bien...
Mme Lavoie-Roux: J'y pensais dans...
M. Vaugeois: M. L'Allier avait mis au point, dans le temps, une
formule d'engagement de contractuels; il faisait travailler des poètes,
des créateurs sur des projets précis. Je trouvais cela
excellent.
Mme Lavoie-Roux: Oui. C'est dans ce sens et je vais...
M. Vaugeois: Mais pas au point, par exemple... Je trouve cela
dangereux parfois. On peut
sortir des gens d'une carrière intéressante
prématurément.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas dans ce sens que je voulais le
dire. Je pensais davantage aux gens qui étaient, même en termes
officiels, en fin de carrière ou carrière finie, terminée
et je me demandais s'il n'y avait pas des liens qui s'étaient
établis entre le ministère des Affaires culturelles et même
l'Education pour que ces personnes puissent, à un moment donné,
servir d'animateurs, de personnes ressources. Non, je ne pense pas à
quelqu'un qui est en plein développement de carrière.
M. Vaugeois: Je vais vous donner un exemple concret qui me tient
bien à coeur où je suis intervenu, d'ailleurs. Il s'agit de M.
Tranquille, Henri Tranquille, qui a été un grand libraire
à Montréal et qui, par des circonstances tout à fait
fortuites, a été obligé de fermer sa librairie, a
essayé de la rouvrir ailleurs sans succès, a été
presque dupe d'une mise en scène de la Presse à cet égard.
Je le dis avec ces mots parce que j'ai vu souffrir Henri Tranquille comme j'ai
vu souffrir Hubert Aquin dans cette affaire. Je me dis que Tranquille,
maintenant, ne peut pas recommencer une nouvelle librairie. Il n'en a plus la
possibilité. Par ailleurs, il peut nous être très utile
dans nos expositions. J'ai d'ailleurs alerté les services lorsqu'il faut
recruter des libraires. Comme à Nice, où je ne sais pas s'il y a
des libraires québécois. Il y en avait à Bruxelles, il y a
quelques semaines, il y en aura à Francfort; pourquoi ne serait-ce pas
un type comme Tranquille, d'ailleurs, qui nous représenterait
merveilleusement? Je vous donne un cas concret pour vous montrer que nous
sommes préoccupés et animés de ces
sentiments-là.
Mme Lavoie-Roux: C'est que cette préoccupation que vous
avez vis-à-vis de M. Tranquille, que je suis tout à fait
prête à appuyer, il faudrait l'avoir vis-à-vis d'autres et
je pense qu'on sous-utilise ces personnes. Peut-être que des cours de
littérature québécoise ou canadienne deviendraient moins
abstraits si, à un moment donné, on invitait ces personnes. Je
suis sûre que comme personnes ressources...
M. Vaugeois: II y a déjà cette forme de
récupération, et je regrette que le député de
Mercier soit sorti, à ce moment-ci, parce que le poète
Gérald Godin avait été récupéré,
selon vos mots, par l'Université d'Ottawa.
Mme Lavoie-Roux: II n'était quand même pas rendu
à la fin de sa carrière.
M. Vaugeois: Presque, à cet égard.
Mme Lavoie-Roux: II s'est recyclé comme
député.
M. Vaugeois: On me dit que M. Robert Bourassa a
contribué.
Mme Lavoie-Roux: Sérieusement, je pense qu'on pourrait
examiner cela de plus près.
M. Vaugeois: Absolument.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'autres questions.
M.Vaugeois: Si c'est terminé, M. le Président,
j'aimerais...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Gaspé, peut-être?
M. Le Moignan: Non.
M. Vaugeois: J'aimerais remercier très sincèrement
les gens de l'Opposition pour la façon dont ils ont participé
à cette commission parlementaire. Ils m'ont vraiment aidé
à faire le tour du ministère. A ce moment-ci, c'est encore un
exercice qui est loin d'être terminé pour moi. Ils ont posé
de bonnes questions avec beaucoup de sympathie pour le ministère. Je
pense que dans quelque gouvernement que ce soit, le ministère des
Affaires culturelles est un ministère à consensus. Il me semble
que s'il y a un ministère où il faut éviter la politique
partisane, qui a sa place dans l'action gouvernementale...
Mme Lavoie-Roux: La seule fois où il y en a eu, cela a
été vous.
M. Vaugeois: Oui, c'est vrai et je plaide coupable.
Je remercie également les gens de mon ministère qui m'ont
assisté dans cette défense des crédits et mes
collègues de la députation ministérielle qui ont eu des
interventions intéressantes sur plusieurs questions.
Vous me permettrez un dernier commentaire qui est peut-être un peu
hors d'ordre, mais vous allez le compendre; le nouveau sous-ministre et
moi-même sommes d'anciens élèves de M. Guy Frégault.
Puisque entre l'ancienne défense des crédits et la
présente, il y a eu le départ de Guy Frégault, de
façon assez dramatique d'ailleurs, qui nous a tous surpris étant
donné sa contribution tout à fait exceptionnelle je me
demande si, depuis le XXe siècle, il y a eu un homme qui a marqué
autant un ministère que Guy Frégault a pu marquer le
ministère des Affaires culturelles je tenais plus qu'à lui
rendre hommage aujourd'hui. Je tenais à dire que le travail qu'il avait
fait, le travail qu'il a mené au prix de sa santé d'ailleurs, au
ministère des Affaires culturelles, nous allons le poursuivre avec
enthousiasme et acharnement à partir de la formation que nous avons et
à laquelle il a contribué de façon toute
spéciale.
Mme Lavoie-Roux: Alors, nous souscrivons à vos propos, M.
le ministre. Je voudrais également remercier les fonctionnaires du
ministère des Affaires culturelles et souhaiter au ministre bonne
chance. Nous sommes prêts à l'épauler. Je pense
que nous l'avons indiqué en Chambre l'autre jour malgré
les nombreuses réticences que nous avions à l'égard du
projet de loi no 4. C'est tout à fait exact que dans ce domaine comme
d'ailleurs dans le domaine de l'éducation, c'est un peu ma façon
de voir les choses, sauf s'il y a des erreurs considérables qui se font.
Les gens doivent essayer de travailler vraiment dans l'intérêt des
citoyens et résister à la partisanerie. Je veux l'assurer de
notre appui dans l'année qui vient. Lan prochain, on verra comment les
choses auront évolué. Je suis quand même confiante que vous
saurez donner un élan au ministère des Affaires culturelles. Je
me retiendrai pour ne pas finir sur une mauvaise note en faisant allusion
à autre chose.
M. Le Moignan: Au nom...
M. Vaugeois: Là, je reste sur mon appétit. Que le
député de L'Acadie aille au bout de sa pensée.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas gentil, alors je le garde. Ce
n'est d'ailleurs pas pour vous.
M. Le Moignan: Mme le député de L'Acadie est
tellement gentille qu'elle ne voudrait pas vous causer de déplaisir
après ce travail en commission.
Mme Lavoie-Roux: Si vous voulez vraiment que j'aille au bout de
ma pensée, je trouve que I année qui vient de finir n'a pas
été aussi florissante et créatrice qu'on l'aurait
souhaité pour le ministère des Affaires culturelles. C'est dans
ce sens que je dis que l'année qui viendra, j'espère, sera
marquée au coin du progrès et comportera un développement
considérable pour votre ministère.
M. Vaugeois: On n'engagera pas de débat là-dessus,
mais vous aurez remarqué que j'ai été très fier de
vous dire que le ministère avait des effectifs à peu près
complets, qu'à peu près tous les postes étaient pourvus et
que les intérims étaient à peu près terminés
partout. Je pense qu'il faut rendre à César ce qui revient
à César; mon prédécesseur a mis de l'ordre au
ministère. Là-dessus, je tiens aussi à rendre hommage
à deux piliers du ministère pendant cette période qui nous
a précédé, Pierre Boucher, qui n'est pas ici aujourd'hui
et Claude Trudel, deux sous-ministres qui ont tenu, avec M. O'Neill,
vaillamment le ministère dans une période où le
gouvernement a consacré beaucoup d efforts à la
préparation d'un livre blanc. Je pense qu'il faut accepter cela.
Par ailleurs, reconnaissons que le ministère n'a pas perdu son
temps, qu'il a pourvu les postes libres qui avaient des responsables
intérimaires. Il y a eu un effort très significatif et pour moi
I'héritage est agréable. J'hérite d'un ministère
qui est bien pourvu, avec des effectifs de bonne qualité et il y a de
l'ordre. J'en suis heureux et cela va certainement m'aider dans l'année
qui vient.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Au nom de l'Union Nationale, je voudrais
témoigner notre satisfaction au ministre et à ses collaborateurs,
étant donné cette joie, je dirais même ce plaisir, en
dépit des allusions politiques du ministre qui a voulu nous faire mordre
à beaucoup d'occasions. Mais comme nous voulions travailler
sérieusement, nous avons résisté à la tentation.
Pour que son travail puisse s accomplir en profondeur, je voudrais lui
souhaiter un long intérim. De cette façon, nous n aurons pas
à recommencer l'an prochain. Je suis convaincu qu'avec le ministre, le
sous-ministre et tous les autres, et surtout cette détermination que
vous venez de manifester, et cette prise en main, de façon très
sérieuse, de tous les objectifs de votre ministère, je crois que,
si nous nous retrouvons de nouveau I'an prochain, nous serons plus en
état de voir si réellement le ministère a
progressé. Je termine sur cette note d'espoir, convaincu que vous allez
continuer d'apporter votre expérience et vos connaissances à la
cause, à la promotion de la culture québécoise.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, très rapidement. Je
voudrais simplement dire quelques mots. Le ministre a rendu hommage, comme il
se devait, aux fonctionnaires du ministère. Je voudrais à mon
tour, très sincèrement, recueillir aussi l'assentiment de
l'Opposition et rendre hommage au ministre pour la façon, que je trouve
remarquable, avec laquelle il a réussi à prendre en main ce
ministère. Il n'y a pas tellement longtemps qu'il est ministre des
Affaires culturelles et j'avoue que j'ai été très
agréablement surpris surpris n'est peut-être pas le bon mot
très agréablement frappé par la maîtrise
qu'il...
Mme Lavoie-Roux: C'est l'inconscient qui remonte!
M. Vaugeois: N'interrompez pas le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, quand on connaît la
performance de certains ministres sous l'ancien gouvernement, il est toujours
stupéfiant de voir comme on a de bons ministres dans ce gouvernement.
Cela étant dit pour ne pas sombrer dans la partisanerie et engager un
débat... (12 h 30)
Mme Lavoie-Roux: On est sûr que c'est très
objectif.
M. Guay: Oui, tout à fait. Je les ai vus fonctionner de
près; vous n'étiez pas à Québec, à ce
moment-là, moi, j'y étais. C'est un ministère qui me
touche de près, non seulement comme député
d'une circonscription qui a constamment affaire avec ce
ministère, mais aussi parce que j'ai été fonctionnaire
dans ce ministère. C'est un ministère difficile; c'est un
ministère compliqué; on le sait depuis le tout début,
depuis qu'il existe; cela fait quinze ans qu'il existe. La façon dont le
ministre possède ses dossiers après si peu de temps au
ministère est un gage, je pense, du succès que connaîtra le
ministère des Affaires culturelles sous son administration.
Le Président (M. Marcoux): Alors, nous allons adopter le
programme 5, élément 1 et élément 2.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Le rapporteur... M. Guay:
Je ferai le rapport.
Le Président (M. Marcoux): ... le député de
Taschereau fera part à l'Assemblée nationale que la commission
des affaires culturelles a complété l'étude des
crédits du ministère des Affaires culturelles, tous les
programmes ayant été adoptés. La commission des affaires
culturelles ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 31)