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Etude des crédits du ministère des
Affaires culturelles
(Quinze heures trente-six minutes)
Le Président (M. Blank): A l'ordre!
La commission permanente des affaires culturelles commence
l'étude des crédits budgétaires du ministère des
Affaires culturelles.
Les membres de la commission sont: M. Alfred (Papineau), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Godin (Mercier), M.
Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Guay (Taschereau), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M.
le Moignan (Gaspé), M. Vaugeois (Trois-Rivières).
Les intervenants sont: M. Beauséjour (Iberville), M. Bertrand
(Vanier), M. Brochu (Richmond), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Laplante
(Bourassa), M. Laurin (Bourget), M. Morin (Sauvé), M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier).
Est-ce qu'on doit nommer un rapporteur de la commission? On
suggérerait le député de...
M. Alfred: Deux-Montagnes.
Le Président (M. Blank): ... Deux-Montagnes. M. le
ministre.
Remarques préliminaires
M. Denis
Vaugeois
M. Vaugeois: M. le Président, ce sera peut-être un
peu inhabituel, mais j'espère que ça se fait. J'aimerais
commencer par proposer officiellement aux membres de cette commission...
Mme Lavoie-Roux: D'adopter les crédits?
M. Vaugeois: ... un déplacement de la commission. Cela
fait plusieurs fois qu'on en parle. A chaque fois qu'on se voit, on y fait
allusion. Je sais que vous y avez fait allusion avant que j'arrive.
Mme Lavoie-Roux: Quand je vous ai vu arriver. Je pensais que vous
vous étiez déplacé sans nous.
M. Vaugeois: J'ai failli le faire. Une Voix: A
Toronto?
M. Vaugeois: Donc, on avait fait allusion, l'an dernier, à
une visite de l'île d'Orléans à la suite de nos
discussions, mais, cette fois-ci, j'aimerais officiellement proposer à
la commission que les membres intéressés puissent se rendre
à Toronto et à Washington, dans deux voyages successifs, bien
sûr, pour fins d'évaluation d'équipement culturel de type
bibliothèque, musée et également pour constater certains
projets de restauration, de recyclage de bâtiments anciens et
réinsertion dans les centre-ville, les quartiers et la vie normale
d'aujourd'hui.
Cela a l'air certainement un peu curieux de faire une telle proposition,
parce que, généralement, les services spécialisés
font ce genre d'évaluation puis progressent. Mais il me semble que, dans
le contexte actuel, il est souhaitable que des hommes politiques, qui sont
confrontés avec ces problèmes également, puissent avoir
l'occasion de se sensibiliser à des expériences qui se font, non
pas à l'autre bout du monde, mais tout autour de nous et qui sont
peut-être susceptibles de nous faire prendre conscience ensemble des
défis qui se posent à nous tous, indépendamment des
groupes politiques que nous représentons à l'Assemblée
nationale.
Il y a des matières à divergence de vues, il y a
probablement des matières à affrontement, il y en a aussi un
certain nombre, dans une société comme la nôtre, qui sont
des matières à consensus. Je pense que le développement
des bibliothèques publiques, au Québec, le développement
d'un réseau muséologique, des programmes de rénovation et
de restauration sont parmi ces matières qui pourraient faire l'objet de
consensus et de position commune de la part des membres de cette
Assemblée. Il y aurait certainement matière, à un moment
donné, à divergence dans le raffinement des questions, mais il y
a un minimum qui m'apparaît pouvoir mériter une attention
conjointe.
Il me plairait également que les membres d'une commission
parlementaire puissent faire autre chose que d'étudier sèchement
des crédits, mais qu'à l'occasion, ils puissent se sensibiliser
à des dossiers tout à fait vivants.
Si mes partenaires de cette commission étaient d'accord, je
pourrais expliquer davantage ce que nous pourrions faire à l'occasion de
ces déplacements. Dans un premier temps, il me semble, M. le
Président, que j'ai besoin de savoir si tout le monde est d'accord pour
qu'on considère ces questions.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, même si vous ne
m'avez pas donné la parole, je la prends.
Le Président (M. Blank): Vous avez la parole.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que la suggestion du ministre des
Affaires culturelles est extrêmement intéressante. J'ai
déjà visité une partie, peut-être pas dans un esprit
aussi studieux et attentif que la commission ne saurait le faire, de ces
équipements et de ces musées, tant à Washington
qu'à Toronto. On a déjà dit autour de cette table que ce
qui touche les problèmes des Affaires culturelles intéresse tout
le monde, du moins les membres de cette commission, au-delà des
allégeances politiques. C'est une chose, il m'apparaît, que tout
le monde veut construire ensemble. Il y a peut-être certaines
philosophies de base qui devraient être examinées de plus
près; on aura peut-être l'occasion de le faire au cours de
l'étude de ces crédits.
Il y a deux réticences que j'exprimerais, et je les exprimerais
à n'importe quel ministre. La pre-
mière, c'est qu'on est quand même devant un budget
je ne voudrais pas que le ministre le prenne d'une façon
péjorative, je lui dirai tantôt d'une façon plus
critique...
M. Vaugeois: Plus péjorative?
Mme Lavoie-Roux: II reste qu'on est quand même devant un
budget limité aux Affaires culturelles et je pense que le ministre en
est aussi conscient que moi.
Le Président (M. Blank): Je voudrais ajouter à ce
moment-ci que les frais de voyage des parlementaires ne viennent pas du
ministère. Cela va à l'encontre de la Loi de la
Législature. L'argent doit venir de l'Assemblée nationale.
Mme Lavoie-Roux: Parce que j'aurais détesté rogner
sur le...
Le Président (M. Blank): Les fonctionnaires sont
payés par le ministère, mais les parlementaires, selon la Loi de
la Législature, peuvent voyager seulement aux frais de
l'Assemblée nationale.
M. Vaugeois: Voilà pourquoi, d'ailleurs, il appartient
à notre commission d'en traiter, dans un premier temps.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord, alors dans ces conditions cela
enlève une partie des restrictions que j'avais. Les autres remarques que
je voudrais faire sont peut-être davantage des souhaits.
D'abord, que cela se fasse, à un moment donné. Vous savez
que l'Opposition a peut-être moins de disponibilité qu'un
ministère, surtout quand arrive la fin de session. On doit être
présents à d'autres commissions pour l'étude des
crédits, il y a des projets de loi qui requièrent notre
présence. On sait que le travail devient de plus en plus dense au fur et
à mesure que les semaines avancent. C'est peut-être d'ailleurs la
raison pour laquelle on ne s'est jamais rendus à l'île
d'Orléans quand on examinait cela de plus près. Cela implique
qu'une date soit choisie pour que nous puissions être disponibles, sans
pénaliser tous nos collègues qui sont obligés de prendre
la relève de nos dossiers, sans les avoir suivis d'aussi
près.
Ma deuxième remarque, je pense que le ministre a certainement
l'intention il en a parlé d'amener du personnel de son
ministère. Je pense que cela serait tout à fait légitime
et normal. Mais je souhaiterais également qu'il y ait de la place pour
le personnel qui nous assiste et contribue aux interventions que nous faisons
ici en commission parlementaire. Je profite de l'occasion pour lui rendre
témoignage, en l'occurrence l'Union Nationale aussi
peut-être comme le ministre l'a fait à l'égard des
fonctionnaires qui l'assistent dans son ministère.
Ce sont mes premières réactions à la sugges- tion
qui est faite par le ministre. J'aimerais quand même aussi, avant de dire
un oui définitif, savoir dans quel esprit on va le faire,
connaître les objectifs qu'on va poursuivre. Est-ce qu'on met l'accent
sur un domaine particulier? Enfin, il y a tout le cadre d'un tel
déplacement qui devrait être précisé avant qu'on
dise: Oui, oui, on est d'accord avec cela. (15 h 45)
M. Le Moignan: Si M. le ministre me le permet, je souscris
d'emblée à cette suggestion et je crois que l'idée d'aller
à l'extérieur, surtout à Toronto, pour voir tout l'aspect
canadien de nos musées, de ce qui peut nous intéresser, et
ensuite une visite à Washington, je crois que chez les membres de la
commission, ceux qui s'intéressent au domaine culturel, personne n'a de
réelles objections. Mais j'ai lu quelque part dans un journal... Mme le
député de L'Acadie a parlé de dossiers, de
disponibilité. Je verrais cette commission parlementaire située
en dehors de la période de la session, peut-être en septembre,
quand il fait beau là-bas. Je ne crois pas que ce soit, d'ici au 22
juin, l'intention du ministre. Si telle est l'intention du ministre, il va nous
le dire. Si c'est plus tard, ce serait peut-être bon qu'on le sache un
peu d'avance pour planifier notre travail, soit en vacances, soit au cours du
mois de septembre surtout, alors que nous avons plusieurs activités,
dans le comté ou ailleurs.
Lorsque nous serons au courant de ces dates ou des intentions du
ministre, et ensuite des objectifs qui vont expliquer ce voyage, je crois que
tout le monde pourra en retirer beaucoup. C'est ce point qui m'intrigue et le
ministre a déjà, en le regardant dans les yeux, des
réponses tout à fait précises.
Le Président (M. Blank): Le ministre des Affaires
culturelles.
M. Vaugeois: M. le Président...
M. Guay: ... l'Union nationale serait heureux.
Mme Lavoie-Roux: L'Union Nationale et le Parti
québécois.
M. Guay: Je ne me souviens pas de ça. M. Vaugeois:
De quoi on parle?
M. Le Moignan: Est-ce que vous voulez parler de politique?
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est le député de Taschereau
qui tend les perches.
M. Vaugeois: Pour répondre aux questions du
député de L'Acadie, bien sûr, chacun des groupes ici
représentés pourrait se faire accompagner des gens qu'on jugerait
nécessaire d'amener là-bas...
Mme Lavoie-Roux: Sans exagération.
M. Vaugeois: II conviendrait de s'entendre là-dessus,
c'est une question de normes. Mais je pense que votre demande est très
légitime. Quant aux dates, je pense que si, aujourd'hui, on s'entendait
sur un principe, on pourrait adresser une demande formelle à la
présidence et manifester le désir des membres de la commission,
quitte à ce que, dans une circonstance moins officielle, on puisse se
parler ensemble des gens qui devraient être de cette mission, du moment
du départ, du moment du retour, et arrêter un programme plus
précis. La proposition, au fond, c'est de partir un jeudi, à ce
moment-ci, par exemple, après la période des questions, quitter
pour Toronto et revenir le vendredi soir. Ce n'est pas très long, mais,
en une journée et demie, si c'est bien organisé, on peut voir des
choses suffisantes. Comme on serait accueilli par des gens qui sont d'ailleurs
intéressés à nous montrer ce qu'ils ont, on peut apprendre
beaucoup, on peut voir beaucoup en peu de temps.
Ma proposition, c'est qu'on pourrait ensemble regarder un certain nombre
d'hypothèses d'utilisation du temps et dire: C'est cela, cela et cela
qu'on va aller voir et c'est telle et telle personnes qu'on va rencontrer. On
pourrait donc être à Toronto, en quittant à 3 h 30,
à l'heure du souper. On pourra déjà avoir des
premières séances d'information, faire une journée
intensive le vendredi et rentrer en fin de journée le vendredi, ce qui
nous demanderait peu de temps. Si on s'entendait sur un tel horaire... A
Washington, cela pourrait peut-être être un peu plus long de
quelques heures. Si on s'entendait sur un tel horaire, je vous proposerais de
regarder ensemble, mais pas maintenant, dans les prochains jours, la
possibilité d'un départ le jeudi 31 mai, pour utiliser la fin de
semaine du 1er juin. Mais c'est seulement à titre
d'hypothèse.
Le Président (M. Blank): Vous avez une conférence
nationale.
M. Guay: ...
M. Vaugeois: Comment se fait-il que ce ne soit pas à mon
agenda? On m'avait donné ces dates comme possibles.
Mme Lavoie-Roux: C'est peut-être que vous prenez vos
distances.
M. Vaugeois: Toutes les interprétations sont permises,
dans les circonstances.
M. Le Moignan: Cela tombe mal pour nous autres aussi.
M. Vaugeois: On envisage la possibilité, d'ici le 23 juin,
de voir s'il y a une fin de semaine de ce type qui convient à chacun;
sinon, on en retient le principe, et on manifeste notre intention à la
présidence de prendre une telle initiative comme membres de la
commission des affaires culturelles et, à un autre moment, on discutera
d'une date et d'un programme plus précis.
M. Le Moignan: J'ai parlé de l'automne, parce que je
pensais qu'on partait pour une ou deux semaines.
M. Vaugeois: Non. Cela dépend où on va. Est-ce
qu'on pourrait dire, M. le Président, que nous sommes d'accord sur le
principe?
Mme Lavoie-Roux: Oui. M. Le Moignan: Oui.
Le Président (M. Blank): D'après ce que je vois, il
y a consensus.
M. Le Moignan: Tout le monde est d'accord.
Le Président (M. Blank): Maintenant, on va retourner
à l'étude des crédits budgétaires. Le ministre a
peut-être une déclaration à faire.
M. Vaugeois: Non. Etant donné qu'on a peu de temps
à notre disposition, je pense que je vais tout de suite laisser à
mes collègues le soin d'amorcer la discussion.
Le Président (M. Blank): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, en remplacement de mon
collègue de D'Arcy McGee qui a d'autres responsabilités à
l'Assemblée nationale dans le moment, je voudrais simplement souligner
mon étonnement de voir l'augmentation à peu près nulle des
crédits du ministère des Affaires culturelles. Le budget de cette
année augmente de $211 000, ou 0,31%. Compte tenu des
déclaratibns et de l'importance que le gouvernement du Parti
québécois dit attacher à la culture, en tout cas, cela ne
se reflète pas dans les montants qu'il met à la disposition du
ministère des Affaires culturelles.
La première question que je ne puis m'empê-cher de poser au
ministre, c'est, d'une part, $211 000 d'augmentation, si on tient compte des
augmentations d'ordre salarial qui sont prévues et des augmentations
à cause de l'inflation, de l'indexation pour ce qui concerne les
coûts d'entretien et évidemment des augmentations qui peuvent
être consacrées à des programmes nouveaux, etc., on peut se
demander, d'une part, quels seront les programmes nouveaux. S'il y en a, de
quelle façon vont-ils aller rogner les programmes existants? Je ne puis
m'empêcher d'être très inquiète quant à
l'importance que le gouvernement actuel et, particulièrement cette
année, accorde au ministère des Affaires culturelles.
Le ministre actuel n'était pas le ministre en titre des Affaires
culturelles il y a deux ans quand nous avions étudié pour la
première fois le budget des Affaires culturelles. Nous avions dit,
à ce moment-là, que ce qu'il nous semblait un objectif à
atteindre, c'était que le budget des Affaires culturelles
représente au moins 1% du budget
général du gouvernement. Le ministre du temps
peut-être même que cela fut répété par le
ministre, l'an dernier, je ne pourrais l'affirmer; ce serait certainement
verifiable disait qu'il s'agissait là d'un idéal et qu'il
fallait s'y acheminer petit à petit. Je trouve qu'on prend beaucoup de
temps à atteindre l'idéal et que c'est vraiment à pas de
tortue, c'est certainement le petit pas des...
M. Vaugeois: A pas feutré.
Mme Lavoie-Roux: C'est pourquoi j'aimerais que, tout à
l'heure, le ministre nous fasse la ventilation de cette augmentation, parce
qu'on pourrait peut-être se retrouver finalement en valeur absolue avec
une diminution de ce qu'on donne au ministère des Affaires culturelles
quant aux services que l'on veut accorder et quant aux priorités que le
ministère prétend retenir.
Je m'en voudrais de ne pas signaler, compte tenu des longues discussions
que nous avons eues, l'an dernier, d'abord au moment de l'étude des
crédits et également au moment de l'étude de la loi 4 qui
a amendé la Loi sur les biens culturels, toutes les grandes
déclarations que, de part et d'autre de cette table, on a faites de
bonne foi, sur le patrimoine, la valeur du patrimoine, l'utilisation du
patrimoine, vous vous en souviendrez, de sa mise en valeur, etc. Or, touchant
la sauvegarde et la mise en valeur des biens culturels, on se retrouve avec une
diminution de 15,94%, c'est pratiquement une diminution de 16%. Je voudrais au
moins des explications là-dessus de la part du ministre.
J'aimerais également rappeler au ministre que je lui avais
posé des questions quant aux intentions qui avaient été
exprimées par celui qui l'avait précédé concernant
la priorité qu'il accordait à la question des archives
nationales, des archives judiciaires quant à leur revalorisation. A ce
moment, une loi-cadre nous avait même été promise pour
regrouper toutes les archives sous l'autorité du ministère des
Affaires culturelles. En dépit de promesses qui nous avaient
été faites il y a maintenant deux ans, dont on avait
reparlé l'an dernier, on se retrouve encore devant l'absence d'une
loi-cadre touchant tout le domaine des archives.
Il y avait aussi la fameuse politique du livre. Là-dessus, je
pense qu'on aura peut-être l'occasion d'en reparler plus longuement quand
on arrivera au programme qui y touche. Je ne connais pas le chemin chaotique
que le ministre a dû parcourir concernant sa politique du livre. On a
l'impression que ce sont des hauts et des bas, des appréciations,
contestations, etc. Encore une fois, on est en face de l'absence d'une
politique du livre qui, je crois, devait être accompagnée d'une
loi quelconque. Nous sommes encore devant rien.
Je dois dire que, finalement, on a donné suite ou on est à
la veille de donner suite au rapport Frégault, qui prévoyait la
création de l'institut d'histoire et de civilisation et qui maintenant
est transformé en un institut de recherche sur la culture. Au moins,
cela est sur la table, c'est en discussion. Il devrait y avoir quelque chose
d'adopté d'ici la fin de cette session.
Je ne voudrais pas moi non plus compte tenu que le temps dont les
partis ont convenu cette année pour l'étude des crédits
des Affaires culturelles est passablement restreint par rapport au temps qu'on
y avait consacré les années antérieures m'allonger
sur une énumération de plusieurs autres questions qui, selon moi,
n'ont pas trouvé réponse au cours de l'année. Nous aurons
l'occasion, au moment de l'étude programme par programme d'y revenir. Si
j'avais un jugement à passer, le seul que je pourrais passer cette
année qui se voudrait favorable, c'est qu'il semble qu'on a probablement
dû bien administrer le ministère des Affaires culturelles, mais je
ne peux quand même pas le féliciter pour ses initiatives
nouvelles. Peut-être pourrais-je faire exception pour l'Orchestre
symphonique des jeunes, quoique je ne suis pas certaine que ce ne soit pas
l'année dernière que ceci s'est passé. Est-ce que cela a
été concrétisé durant cette année ou
l'année antérieure? L'année antérieure. Voyez-vous,
j'étais prête à vous trouver de bons points, là,
avec toute ma bonne foi, mais, même ça, ça ne
réussit pas.
Je voudrais quand même que... Je sais que le ministre est
foncièrement intéressé à tout le domaine des
affaires culturelles là-dessus. Je ne mets pas ça en question. Je
voudrais qu'il nous dise franchement quelle est la priorité que le
gouvernement accorde, d'une façon concrète, à tout le
domaine des affaires culturelles et, s'il trouve que le gouvernement
pénalise le ministère des Affaires culturelles, qu'il nous le
dise. Je comprends que ce n'est peut-être pas de bonne guerre, mais on
est prêt à partir en voyage ensemble pour améliorer les
affaires culturelles; on veut bien essayer de l'aider. Mais il n'y a rien, dans
ce qu'il y a devant nous, qui démontre qu'on soit en voie de
progression. Le ministre pourra me rétorquer qu'il y a eu la
création de la Société des industries culturelles, mais,
là encore, je ne suis même pas certaine le ministre pourra
nous le dire plus tard que si le $1 000 000 de capital-actions qui est
prévu pour cette année... Vous êtes rendu à $3
millions depuis... à $10 millions, c'est réparti sur un nombre X
d'années, comme le ministre des Finances l'a dit, c'est $10 millions de
capital-actions pour cette année?
M. Vaugeois: Selon les besoins. On en reparlera.
Mme Lavoie-Roux: Bon! On pourra faire préciser ça,
si vous voulez, par le ministre des Finances en Chambre pour avoir une
réponse claire et nette, mais je ne suis vraiment pas restée avec
cette impression. D'abord, quand je lui ai posé la question, le
lendemain du dépôt du budget, il ne savait à peu
près pas ce dont je parlais. Il dit: Oui, elle va être
adoptée, la loi. Elle avait été adoptée au mois de
décembre. Je ne caricature pas, c'est exactement ce qui s'est
passé. Je comprends qu'il ait pu avoir des distractions...
M. Vaugeois: II a trois ministères à diriger.
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
M. Vaugeois: II a trois ministères à diriger.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est ce que je dis. Je comprends qu'il ait
pu avoir des distractions. Il a beaucoup de préoccupations, mais...
M. Vaugeois: Cela m'étonne quand même. Je ne suis
pas sûr. Généralement, il n'a pas beaucoup de
distractions.
Mme Lavoie-Roux: Non, je lui pardonnerais facilement, mais, en
tout cas, une fois revenu sur terre, en contact avec le problème de la
Société des industries culturelles, il nous a parlé de $1
million pour cette année. On pourra faire confirmer ça.
J'arrête ici mes remarques et, comme je le disais, nous
reprendrons au fur et à mesure, à l'étude de chacun des
programmes.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Gaspé. (16 heures)
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: M. le Président, je vais essayer de me
limiter à quelques très brèves remarques. J'avais
constaté également que le budget est demeuré au statu quo.
Il n'a pas tellement évolué depuis l'an dernier. Si on remonte au
début des années 1960, on sait très bien que le
ministère des Affaires culturelles était le parent pauvre,
à ce moment-là; il a même provoqué la
démission d'un ministre, qui est sorti en claquant les portes. Je pense
que c'était en 1964, M. Lapalme...
M. Vaugeois: C'est une idée, ça. Il y a quelque
chose là-dedans.
M. Le Moignan: II y a eu des progrès, parce qu'il y a eu
l'inflation, le coût de la vie, donc, cela a augmenté
tranquillement un petit peu tous les ans, pour finalement atteindre $65
millions depuis deux ans.
Evidemment, on ne peut pas le comparer aux ministères de
l'Education et des Transports qui englobent des milliards de dollars, mais on
sait très bien que, pour la vie d'un peuple, quand on sait que la
culture est un peu l'expression des Québécois, de tout ce que
ça peut comporter dans tous les domaines. Quand on sait que les domaines
sont tellement vastes Mme le député de L'Acadie en a
mentionné quelques-uns le livre, tout ce qui peut toucher au
patrimoine, à la sauvegarde, aux musées, etc., à ce
moment-là, on voit que votre ministère a encore beaucoup de
travail à accomplir, d'abord pour protéger nos biens historiques
et pour stimuler la création, dans tous les domaines possibles. Je sais
que les demandes affluent au ministère des Affaires culturelles, chaque
année, et ces demandes sont de plus en plus nombreuses.
Ce qui est important, c'est que le dynamisme de ce ministère se
manifeste non seulement au point de vue administratif, mais au point de vue de
la création, au point de vue de la conservation, au point de vue du
rendement, au point de vue de l' évolution. Le ministre a fait allusion
à un voyage à Toronto; je pense que ça peut être un
stimulant, ça peut aiguiser notre appétit à exiger plus du
ministre, après coup...
Mme Lavoie-Roux: ... des Finances.
M. Le Moignan: On pourrait peut-être appuyer le ministre
des Affaires culturelles auprès du ministre des Finances. Quand on sait
que, non seulement en Ontario, mais dans les provinces de l'Ouest, en Alberta,
au Manitoba, en Saskatchewan, en Colombie-Britannique, les gouvernements ont
dépensé des millions pour ériger là-bas certains
musées que j'ai déjà eu l'occasion de visiter, je crois
que c'est un peu gênant pour les Québécois, nous qui
voulons essayer de bâtir et de manifester notre patrimoine, notre
culture, de voir et ce serait peut-être intéressant, en
cours de route, à l'étude des crédits les budgets
des ministres des Affaires culturelles des autres provinces, quel que soit le
titre qu'on leur donne; je suis assuré que le Québec n'est
certainement pas à l'avant-garde dans ce domaine. Cela dure, comme je
l'ai mentionné, depuis de nombreuses années.
Pour ne pas aborder trop de points, puisqu'il va en revenir dans les
programmes et dans les éléments, à la suite de la mise sur
pied de la Société de développement des industries
culturelles, on peut certainement se poser des questions. Il y a un aspect
commercial là-dedans, c'est vrai, mais le conseil administratif est
certainement formé. Le ministre nous dira plus tard quelles sont les
étapes qui, depuis le mois de décembre ou de janvier, ont
été franchies et quels sont les secteurs qui préoccupent
davantage le ministre en fonction de la SODIC qui a été mise sur
pied. C'est beau, on peut se procurer les moyens de diffusion des produits
culturels; quand on parle de produits culturels, au sens où on l'a
déjà expliqué, cela comprend les études sur le
marché, l'encouragement donné à nos artisans et cela, dans
toute la province. Je pense qu'on va y revenir un peu plus tard et je ne veux
pas insister beaucoup sur cet aspect. Le ministre pourra nous indiquer, en
temps et lieu, si cette société qui était d'abord une
société de prêts, si ma mémoire est bonne, va
demeurer une société de prêts ou encore... Je pense qu'avec
le temps, il y aura des subventions, un encouragement plus grand qui pourra
être donné.
Je ne veux pas prolonger, M. le Président, comme nous sommes
d'accord pour abréger l'introduction et consacrer quelques minutes de
plus à chacun des éléments, je termine pour l'instant.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Papineau.
Discussion générale
M. Alfred: J'aurais pu poser ma question plus tard, mais je suis
obligé de partir à 16 h 45 pour une urgence, je suis
obligé de la poser maintenant au ministre des Affaires culturelles.
M. le ministre, il y a un petit problème peut-être qui
existe dans le CRC de Lanaudière. Ma première question est
celle-ci: Comment se fait-il qu'un CRC comme celui de Lanaudière est en
bas du minimum requis pour son fonctionnement de CRC normal, quand le minimum
requis pour le fonctionnement est de $95 000 par année?
Ma deuxième question est celle-ci: Dans la région de
Laurentides-Lanaudière, le CRC et le CRDLL ont des budgets distincts et
sont des identités administratives distinctes. Pourquoi est-ce
différent pour le CRC de Lanaudière? Je voudrais que vous
répondiez à ces deux questions seulement, qui sont d'ordre
général dans le fonctionnement des CRC.
M. Vaugeois: Je peux peut-être commencer par ce
détail assez technique. Je sais que les gens du CRC sont là et
que mon collègue doit partir. L'approche des conseils régionaux a
été prise par des prédécesseurs, j'en ai
hérité. J'ai hérité également d'une
donnée de base de ce qui était une région administrative,
de ce qui était considéré comme région pour la
formation d'un Conseil régional de la culture. La Beauce étant
une partie de Québec, la Mauricie et les Bois-Francs étant une
région, et je pourrais multiplier les exemples, à peu près
toutes les régions du Québec, telles que définies par
l'approche administrative ne correspondent pas à des régions
naturelles. Toutes les régions du Québec ont accepté de
jouer le jeu. Les régions Mauricie et Bois-Francs qui étaient
historiquement et géographiquement séparées par le fleuve
ont accepté, pour fins de fonctionnement, une approche de
développement culturel régional, de former une région et
de s'organiser avec l'approche proposée. La Beauce, pour fins de
fonctionnement, a accepté de se considérer comme étant de
Québec etc.
Pour des raisons qui m'échappent, mais que j'ai accepté de
considérer, l'an dernier, les régions de
Laurentides-Lanaudière ont résisté à la proposition
du ministère. Mon point de vue là-dessus, c'est que ces deux
régions sont beaucoup plus près l'une de l'autre que celles des
exemples que j'ai donnés. Je pense que les différences sont
beaucoup plus profondes entre la Beauce et Québec, entre la Mauricie et
les Bois-Francs qu'elles ne peuvent l'être entre Laurentides et
Lanaudière. Mais je n'ai pas voulu discuter cela. J'ai demandé
à mes gens de trouver une solution de compromis dont j'ai donné
moi-même les paramètres.
Puisque nous avions un budget pour dix Conseils régionaux de la
culture, puisqu'en gros j'arrondis les budgets étaient de
l'ordre de $100 000 par CRC, j'ai dit: Si les gens des deux régions ou
des deux sous-régions concernées je parle de
sous-régions pour fins de compréhension sont prêtes
à se partager l'enveloppe qui était prévue pour un CRC et
avec cette enveloppe se donner deux entités distinctes, avec une
répartition aussi neutre que possible, j'ai demandé des
critères objectifs qui laissaient de côté la force de la
négociation, de la pression et de l'émotivité, par
exemple, des critères d'ordre démographique... j'ai dit: Si les
deux groupes réussissent à s'entendre avec des critères
objectifs pour se partager ce qui normalement est réservé
à un CRC et s'ils acceptent de fonctionner avec ce montant, mais avec
deux entités distinctes, je vais demander à mes services de
s'aligner là-dessus. C'est ce qui a été fait. Dans mon
esprit, c'était la formule à retenir pour les années
prochaines, puisque nous ne voulons pas remettre en question ce que toutes les
autres régions du Québec ont accepté. Nous ne pouvons
remettre en question, je pense, cette approche pour un endroit particulier.
Je suis sensible aux arguments qui sont manifestés, mais ils
peuvent venir de toutes les autres régions du Québec. Il n'y en a
aucune où la région administrative retenue colle à la
réalité naturelle, à la réalité culturelle
régionale. Je suis bien placé pour en parler parce que c'est le
cas chez moi. Nous acceptons cette formule. Dans la mesure où les deux
groupes de Laurentides-Lanaudière maintiennent l'entente du
début, c'est-à-dire de fonctionner comme deux entités
distinctes avec l'enveloppe normalement réservée à un CRC,
nous maintenons notre position. Autrement, il va falloir rouvrir la question
pour tout le monde, et je pense que cela n'est dans l'intérêt de
personne.
J'aimerais revenir aux propos que vous avez tenus. Il y a bien des
façons de réagir à ce que vous avez dit; je pourrais,
à la limite, dire: C'est vrai, le budget du ministère des
Affaires culturelles augmente fort peu et je devrais quasiment compter sur vous
pour qu'il soit augmenté le plus tôt possible et presque vous
rejoindre sur l'inquiétude que vous avez manifestée. Je ne sais
pas si ce serait de bonne guerre, mais ce ne serait pas honnête, parce
que j'ai eu l'occasion de discuter avec mes collègues, avec le ministre
des Finances en particulier, des crédits qui sont ici et je vais vous
expliquer dans quel esprit ils ont été mis au point. Je ne vous
raconterai pas ma vie.
Je pense que ce n'est pas nécessaire d'insister très
longuement pour vous expliquer que j'ai eu envie de faire ce que j'ai souvent
proposé à d'autres de faire, à l'intérieur du
gouvernement, une opération budget 0 et effectif 0. C'est ce que je suis
en train de faire, je n'ai pas l'intention de prendre des années pour le
faire. D'ailleurs, je n'ai pas des années devant moi pour faire
ça. Je pense qu'on peut très rapidement faire une
opération budget 0 et effectif 0. C'est extrêmement sain. Cela
peut amener momentanément, dans certains services, des diminution
d'effectif. J'ai demandé à mes gens au ministère de jouer
ce jeu.
Il y aura effectivement des diminutions d'effectif qui seront
peut-être significatives dans certains de nos services, qui voudront
dire, à court terme, par ailleurs, des déplacements d'effectif
vers des services qui avaient été démunis, qui n'avaient
pas eu la cote d'amour, soit des ministres qui m'ont
précédé, soit qui n'avaient pas été
favorises par les circonstances. Du côté de l'effectif, c'est ce
que nous faisons, nous nous faisons des ponctions internes pour déplacer
ces gens à l'intérieur, nous avons des secteurs qui se
développent rapidement actuellement, qui ont besoin d'effectif.
Nous cherchons à trouver ce personnel à l'intérieur de nos
rangs.
Vous le verrez à l'occasion de l'étude de nos
crédits, je peux vous dire que les résultats peuvent être
assez étonnants. Nous sommes en train de développer les archives
du Québec, comme cela n'a jamais été le cas auparavant.
Nous viendrons avec une loi, nous avons physiquement des installations
nouvelles qui sont les nôtres, nous développons des bureaux
régionaux pour les archives nationales qui font l'envie des autres
provinces et qui font l'objet d'études de gouvernements qui nous
entourent. Il nous manque une loi importante, nous y arrivons maintenant. Elle
est sur le point d'être présentée à
l'Assemblée nationale. Nous réalisons ça pour l'instant
avec notre effectif interne.
Quant à l'opération budget 0, je pourrais vous en raconter
des bonnes, mais vous avez de bons recherchistes, vous êtes très
sensibles à ce qui se passe dans les gouvernements, certains membres de
l'Opposition ont été membres de gouvernements, ils savent fort
bien qu'il se prend des habitudes à l'intérieur des
gouvernements. Il y a des sommes qui sont engagées année
après année sur lesquelles on ne se pose plus de questions. Il y
a des groupes qui ont des subventions par habitude, tant qu'ils existeront, ils
auront une subvention et même, parfois, on a le culot de les indexer,
systématiquement, sans trop se demander s'ils correspondent toujours
à des besoins ou à des priorités, parce qu'à
certains moments, il faut analyser ces choses en termes de
priorités.
Tout ne peut pas être retenu. Personne, autour de cette table, ne
souhaite, je pense, des augmentations de taxes et d'impôts à
l'infini. Nous voulons que l'argent des contribuables serve là où
c'est vraiment important, quand il n'y a pas d'autres façons de
faire.
Pour nous autres, nous sommes engagés dans une opération
budget 0, ce qui nous amène à remettre en question à peu
près tout ce qui existe au ministère des Affaires culturelles.
Cela ne veut pas dire que nous paralysons le ministère
immédiatement; ça veut dire que nous en sommes à cette
étape. Nous dégageons des sommes d'argent de certains endroits.
Nous aurons l'occasion, avec l'étude des crédits, point par
point, de vous donner des exemples concrets. Parfois, ce sont des choses qui
vont disparaître, parfois, c'est une nouvelle façon de faire que
nous allons avoir.
Un exemple. Quand nous faisons de la restauration de monuments, de
bâtiments de grande importance, c'est une opération qui nous
coûte très cher et on avait pris l'habitude de la faire d'abord
dans une démarche de protection du bâtiment. On a eu tendance
à donner au bâtiment l'allure qu'il avait déjà eue,
mais sans trop se préoccuper de sa fonction éventuelle, de sa
réinsertion dans la vie d'aujourd'hui. (16 h 15)
Tous les pays, tous les gouvernements du monde sont confrontés
par ce genre de problème. On s'interroge partout dans le monde, et,
à peu près partout dans le monde, on chemine de la même
façon actuellement. Il y a des idées nouvelles qui viennent,
comme celle-ci, qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre, mais qui
consistent à dire: "Le patrimoine doit gagner sa vie." C'est une
idée excessive, mais je pense quand même qu'elle nous donne une
avenue qu'il faut explorer. Je suis maintenant convaincu qu'avec $1 million du
côté de la restauration, nous pouvons faire beaucoup plus que nous
ne faisions traditionnellement, si nous modifions un peu notre approche.
Nous avons également pris l'habitude, au Québec, de mettre
les institutions culturelles à la charge de l'Etat. Le but de la mission
que je propose n'est pas uniquement d'aller voir de belles bibliothèques
à l'extérieur du Québec. C'est de se rendre compte aussi
comment elles ont été financées. Une magnifique
bibliothèque comme celle de Toronto a été construite par
des contributions municipales. Ce sont les municipalités, les six
municipalités qui composent le Toronto métropolitain, qui ont
financé la construction de cette bibliothèque qui est la plus
belle que j'aie vue. Au niveau du fonctionnement, le ministère du
gouvernement ontarien intervient, à peu près sur la base de nos
programmes à nous.
J'étais à Boston il y a quelques jours je ne
raconterai pas en détail ce que j'ai vu là-bas j'y ai
visité des institutions de type bibliothèque et de type
musée, que la collectivité locale, que la collectivité
même reconnaît comme ses institutions, avec une participation
extrêmement importante. Ce sont des modèles que nous n'avons
vraiment pas développés au Québec.
La réforme de la fiscalité municipale dégage vers
les municipalités des sommes d'argent importantes. Il faut compter sur
le milieu pour que nos gouvernements locaux fassent des choix qui ne sont pas
toujours dans le sens des égouts, des aqueducs, de l'ouverture ou de
l'élargissement de boulevards. (A cet égard, je reviendrai
à la question de mon collègue de Papineau tout à l'heure.)
Pour nous, les conseils de la culture sont très importants, justement
parce qu'ils peuvent avoir une action locale, et ce ne sont pas des organismes
qui devraient normalement coûter cher à l'Etat, ils devraient
rapporter à l'Etat, en termes de dynamisme local et régional et
également en termes d'animation du milieu pour une contribution du
milieu aux institutions du milieu.
C'est un peu ce genre de préoccupation qui nous anime à ce
moment-ci. Nous examinons nos programmes, nous examinons nos budgets, avec
l'approche que je viens d'expliquer. Mais, plus techniquement, je vais vous
rassurer sur les chiffres que vous avez sous les yeux, qui s'expliquent par ce
que je viens de dire et qui s'expliquent aussi par un certain nombre de
technicités budgétaires que j'ai tenu à vous
présenter sans aucune émotivité, très froidement,
aux pages 55 et 56 du document que vous avez entre les mains. J'attire votre
attention sur les pages 55 et 56.
Quand vous dites que le budget du ministère a augmenté de
$211 000, il y a une petite présentation qui est trompeuse...
M. Guay: Les membres de l'Opposition ont en main un document que
nous aimerions bien avoir.
M. Alfred: Que le pouvoir n'a pas. Mme Lavoie-Roux: Cela
vous surprend? M. Alfred: On avantage l'Opposition. M. Le Moignan:
Discrimination.
M. Vaugeois: J'ai toujours pensé qu'on avantageait
l'Opposition dans le gouvernement. Plusieurs de nos politiques favorisent
l'Opposition. On l'a vu d'ailleurs récemment.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour cela qu'on a gagné les
élections.
M. Vaugeois: La différence de $211 000 découle
principalement du fait qu'on a mis côte à côte le budget de
la fin de l'exercice 19781/79 avec le budget du début de l'exercice
1979/80. Si on prenait le budget du début de l'exercice, avec ce budget
du début d'exercice, l'augmentation est plutôt de l'ordre de $10
millions.
Je veux vous dire franchement que l'aboutissement de l'opération
que nous menons actuellement au ministère va nous amener non pas
à retourner des crédits à l'administration, mais à
avoir de meilleurs arguments, de meilleures approches et non pas à court
terme, mais des approches à moyen et à long terme pour une
augmentation de crédits. Je le pense. Je ne pense pas que nous puissions
faire tout ce que nous voulons faire sans bouger au niveau des crédits,
sans améliorer notre situation budgétaire; je crois que nous
serons amenés à le faire en cours d'année, à peu
près selon ce que nous avons fait l'an dernier.
L'an dernier, à plusieurs reprises en cours d'année, nous
avons amélioré notre position budgétaire, principalement
avec le programme OSE, au moment du budget supplémentaire, avec un
programme spécial pour le disque et le spectacle, avec des sommes
importantes dégagées du côté de la restauration. On
peut prévoir déjà que le même
phénomène va se produire pendant l'exercice budgétaire
1979/80, mais, pour l'instant et pour autant que nous complétons notre
révision d'effectifs et de budgets, nous pensons pouvoir commencer
l'année et faire un bout de chemin avec ce que vous avez sous les
yeux.
Pour être honnête, donc, je vous demanderais de comparer le
budget avec lequel nous démarrons cette année avec le budget avec
lequel nous avons démarré l'an dernier. Si vous voulez porter la
discussion sur les augmentations de crédits: les crédits que nous
aurons en fin de cette année, 1979/80, je pense, auront à peu
près la progression de ce qui s'est passé durant l'année
qui s'est terminée en mars 1979.
La création de la SODIC, ce n'est pas une fiction. En
décembre, la loi a été votée. En janvier, on s'est
mis au travail, on a fait des consultations. Cela a été
peut-être un peu plus long que je l'avais espéré, mais cela
a donné des résultats extrêmement heureux dont je suis
très fier. Les membres sont là, le président et le
vice-président. Le président prend ses fonctions actuellement. Le
vice-président rentrera de l'étranger dans quelques jours et il
va également assumer ses fonctions. Il s'agit de M. Guy Morin et de M.
John Goodwin.
Je veux attirer votre attention sur le fait que les neuf membres du
conseil d'administration viennent tous du secteur privé, qu'ils ont tous
réussi en affaires, qu'ils ont tous réussi dans le secteur des
affaires culturelles ou des industries culturelles, ce qui est de bon augure,
ce qui démontre en passant que si c'est un secteur ingrat, qui
nécessite beaucoup d'énergie, qui nécessite beaucoup de
travail, qui nécessite beaucoup de talent, la réussite n'est pas
impossible. Ces gens feront profiter la collectivité de leur
expérience personnelle d'hommes d'affaires qui ont investi dans le
secteur culturel.
L'entente que nous avons avec le ministre des Finances est la suivante:
C'est que le budget de la SODIC est de l'ordre de $10 millions, pour l'instant,
sauf que je n'ai pas l'intention de demander au ministre des Finances de nous
remettre $10 millions dès cette année. Nous ne sommes pas une
caisse ou une banque. Nous n'avons pas besoin d'argent du gouvernement pour
nous faire des petits et grossir un peu notre budget. Nous aurons cet argent au
fur et à mesure de nos besoins.
De la même façon que nous ne demandons pas les $10 millions
tout de suite, de la même façon nous n'entendons pas nous
arrêter à $10 millions. C'est un premier montant, une
première indication qui a été donnée, parce que,
pour le gouvernement et pour les gouvernements, quels qu'ils soient, je suis
persuadé que ces $10 millions seront un excellent placement. J'ai
toujours dit que l'argent que nous investissions dans le domaine culturel
était le meilleur placement que nous ne puissions faire en termes
économiques et en termes de développement et de progrès
social. Je ne veux pas reprendre ces propos-là avec vous, vous
êtes des gens convaincus à l'avance. Mais c'est peut-être
bon de rappeler que l'argent que la collectivité dans son ensemble met
dans le secteur culturel est de l'argent qui produit d'abord de
l'activité économique, et peut-être parmi la plus
intéressante, la moins polluante et qui, en même temps, assure un
progrès social et un développement collectif auxquels on aspire
tous, je crois.
Dans les propos qui ont été tenus, il y aurait d'autres
points que je pourrais, à ce moment-ci, relever. Je pense que ce n'est
pas le moment. Je vais terminer avec deux petits points. Je ne crois pas qu'il
faille évaluer et je vous demanderais de ne pas chercher à
évaluer le rendement des services, le rendement des ministères,
le rendement d'un gouvernement par ses bonds budgétaires. Il me semble
que c'est une mauvaise approche. Le gouvernement qui dépense le plus et
qui augmente le plus les dépenses publiques ne devrait pas être
jugé comme le meilleur gouver-
nement. Le ministère qui arrive avec les plus grosses
augmentations budgétaires ne devrait pas être
considéré comme le plus dynamique. Il me semble que tout ne doit
pas se calculer en termes de piastres. Il y a des réévaluations
intérieures, il y a des réorientations, il y a des participations
des autres qu'on peut aller chercher qui devraient être beaucoup plus
significatives que des augmentations en termes de pourcentage.
Notre ministère depuis plusieurs mois, cherche à amener
d'autres ministères à reconnaître la dimension culturelle.
Là-dessus, il y a une collaboration que je veux souligner publiquement.
Il y a des ministères qui, traditionnellement, ne se
préoccupaient pas tellement de la question culturelle. Le
ministère des Transports a été souvent identifié
comme un ennemi du patrimoine, comme un prédateur. Au ministère
des Transports, actuellement, il y a une réévaluation, une
révision des attitudes qui est extraordinaire. Le ministre des
Transports a accepté de prendre la parole comme invité d'honneur
à un colloque sur l'archéologie. Cela ne s'était jamais
vu. Je pense que c'est beaucoup plus significatif en termes de
développement culturel... Ecoutez, vous avez beau chercher dans vos
archives, vous ne trouverez jamais un tel précédent. Je pense que
c'est beaucoup plus significatif d'avoir un ministre des Transports qui dit que
son ministère va se préoccuper de l'archéologie que de
grossir le budget du service d'archéologie.
Quand l'Hydro-Québec, quand la Société
d'énergie de la Baie James reconnaissent cette dimension et
reconnaissent que dans ses études d'impact, l'approche
archéologique doit être considérée, cela ne grossit
pas nos budgets. Cela grossit, cependant, le budget des fouilles
archéologiques au Québec. Tout n'a pas besoin d'être dans
le budget d'un ministère. Tout n'a pas besoin d'être dans les
dépenses publiques d'un gouvernement. Si les partenaires de ce
gouvernement ou de ce ministère reconnaissent l'importance du secteur
qui est concerné, je pense qu'on a marqué des points beaucoup
plus importants.
Je voudrais en terminant, faire une comparaison. Il y a des
gouvernements un peu partout dans le monde qui avaient eu la bonne idée
je pense que c'était une bonne idée d'amener les
pouvoirs publics à réserver 1% dans la construction de
bâtiments pour la dimension dite esthétique ou culturelle. Cela a
été pratiqué par des gouvernements antérieurs au
Québec, et c'est encore quelque part dans nos règlements, sauf
qu'une évaluation faite en Europe a démontré que la
politique du 1% avait des limites assez surprenantes. Souvent, les
ingénieurs et architectes responsables de la construction d'un
bâtiment important en sont venus, semble-t-il, à se dire
qu'à partir du moment où il y a 1% pour la beauté, le
reste peut être laid.
Je viens d'avoir un rapport que nous avons commandé sur les
résultats de ce 1% au Québec. C'est assez frappant de constater
que le 1% n'a pas toujours eu l'effet recherché. Il a parfois
amené les responsables de travaux publics à se dire: Ce 1%, c'est
de la tapisserie, c'est une murale, allez-y, le reste, on l'expédie.
Finalement, les sommes qui correspondaient à 1% étaient mal
intégrées dans le bâtiment.
Je me dis que le parallèle qu'on peut faire entre le 1% et le
budget des Affaires culturelles est intéressant. Si nous en
étions à 1% du budget du gouvernement du Québec, nous
n'aurions rien gagné, pas plus que nous n'avons gagné quand nous
avons obtenu au Centre des congrès de Montréal, de
réserver 1% pour les artistes ou les créateurs, parce que le
risque est encore là, que tout le reste soit médiocrité,
soit oubli de l'esthétique, oubli de ce qui nous est cher.
J'aimerais, puisque vous avez fait allusion vous-même à 1%
du budget, faire le parallèle avec le 1% que nous avons eu tendance
à réserver pour les édifices publics. Il n'y a aucune
assurance qui découle du 1%. A mon avis, il y a beaucoup plus une
pénétration à faire au niveau des mentalités-La
culture n'est pas quelque chose qui s'isole, autrement dit. La beauté
d'un bâtiment ne peut pas se résumer à une tapisserie ou
une murale. Le développement culturel d'une société ne
peut pas se résumer à un budget du ministère des Affaires
culturelles. J'aurais eu la tentation et j'aurais succombé à la
tentation, pendant cette première année de mandat, de me gruger
un gros budget, que je n'aurais rien fait dont je pourrais être fier.
J'ai employé mon temps à travailler avec mes fonctionnaires
à réviser nos effectifs et nos budgets et à sensibiliser
mes partenaires du gouvernement à faire que chacun se considère
concerné par la question culturelle. Je pense que c'est là qu'est
l'avenir du développement culturel du Québec.
Le Président (M. Blank): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Evidemment, le rôle du ministre des
Affaires culturelles, c'est de défendre la politique de son
gouvernement. Le fait n'en demeure pas moins que c'est un pourcentage minime
que ce gouvernement est prêt à accorder à toute la question
du développement de la culture. Quand il dit: Plus on dépense,
cela ne veut pas dire qu'on administre mieux. Là-dessus, je suis
totalement d'accord. Je suis sûre qu'un gouvernement pourrait avoir un
budget... Au Québec, on est près d'un budget de $15 milliards,
mais on pourrait peut-être avoir un budget de $14 milliards et être
un aussi bon gouvernement. Là-dessus, je le concède facilement au
ministre. (16 h 30)
II reste que le pourcentage qu'un gouvernement accorde à
l'intérieur de son budget, qu'il soit de $8 milliards, $9 milliards, $10
milliards, $11 milliards ou $12 milliards, aux Affaires culturelles est quand
même un peu le baromètre de l'importance qu'un gouvernement
accorde au développement de toute la vie culturelle et des ressources au
plan de la vie culturelle.
Le ministre lui-même est le premier d'ailleurs, j'ai vu des
comptes rendus dans les jour-
naux à déplorer le fait qu'on soit
extrêmement si j'exagère, le ministre pourra me corriger,
mais je pense que je n'exagère pas; il ne l'a peut-être pas dit
dans ces termes, mais je pense qu'il le pense pauvre du point de vue des
bibliothèques ou du point de vue des musées, du point de vue,
enfin, d'une foule de choses et ça, qu'on le veuille ou non, ça
demande des investissements.
Je suis d'accord avec le ministre qu'une des fonctions importantes de
son ministère, c'est vraiment la sensibilisation non seulement des
autres ministères, mais également de la population, des autres
niveaux de gouvernement. Je lui dis: D'accord, allez-y. Mais il reste que je ne
peux pas m'empêcher... Je le fais de bonne foi. Je ne le fais pas parce
que je suis dans l'Opposition et que je dis: II faut que je tape sur le
gouvernement. Je pense que je n'exagère jamais dans ce sens-là.
Il reste qu'il y a des limites dans ce que vous allez pouvoir développer
du point de vue du manque de ressources dans le domaine culturel, compte tenu
du budget que vous avez.
Que vous fassiez tous les efforts pour rationaliser votre
administration, j'en suis, mais déjà, je me pose quelques
questions quand je vois que, compte tenu de ce que vous avez dit, en 1978/79,
vous ayez 896 employés permanents. Vous me parlez de cette grande
rationalisation, effectif 0 et budget 0, on se retrouve avec... Je comprends
que ce n'est pas très grand, mais il faut tenir compte aussi... On se
retrouve quand même avec une augmentation d'effectif. Là, je sais
que vous avez eu la directive du ministre des Finances, à savoir qu'il
vous faut diminuer, je pense, de 2,5%, ou quelque chose comme ça. Alors,
la fin de l'année ne se conclura peut-être pas avec une
augmentation de personnel. Mais il reste quand même que quand vous avez
préparé vos budgets, alors que vous disiez: On veut effectif 0,
on veut budget 0 et c'est la grande rationalisation, etc., vous aviez
déjà une augmentation de personnel.
M. Vaugeois: Est-ce que... Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: ... vous permettez? C'est assez important, ces
notions.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: L'opération effectif 0, budget 0, ce n'est
pas de ramener l'effectif à zéro ou le budget à
zéro.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: C'est une réévaluation interne
où nous remettons en question tous les postes budgétaires...
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est ça.
M. Vaugeois:... et tous les services, comme si nous avions
à les constituer aujourd'hui avec les données d'ensemble.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: Cela veut dire qu'on ramène tout à
zéro momentanément...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois:... pour fins de discussion, mais pas dans la
réalité.
Mme Lavoie-Roux: Bon! D'accord!
Mais, tout ceci dit, le fait demeure que, même avec un budget qui
a presque une croissance zéro il faut bien le réaliser,
c'est de ,031 forcément, ça vous oblige à
réexaminer l'utilisation de votre effectif humain, de vos
priorités. Cela, c'est bon. C'est bon pour n'importe quelle
administration publique. Mais, compte tenu des carences que j'ai
signalées, ce sur quoi le ministre est d'accord, encore du
côté des besoins de la création, du développement
des arts d'interprétation, etc., ça reste minime et on ne peut
pas s'empêcher de le déplorer. Je reconnais que le ministre, de
bonne guerre, dit: Ecoutez... Il essaie de justifier ça. Mais il ose
espérer, par exemple, que les municipalités vont prendre la
relève, compte tenu du transfert de l'impôt foncier scolaire du
côté des municipalités. Là, je vous assure et
j'espère que son rôle d'animation et de sensibilisation qu'il
devra faire auprès des municipalités, il va le faire avec
énergie. Il y a des municipalités qui vont s'en acquitter. Il y a
des municipalités qui s'en acquittent déjà, il y a des
municipalités qui ont d'excellentes bibliothèques. Je prends, par
exemple, la bibliothèque de Montréal; vous avez des villes comme
Westmount. Il y a aussi une question d'éducation, parce qu'on retrouve
dans presque toutes les petites municipalités anglophones, avec une
population insignifiante, que vous alliez à Beebe, qui a quoi comme
population? Je ne sais pas, peut-être 1000 âmes? On a sa petite
bibliothèque municipale. Alors, il y a une question...
M. Vaugeois: Les meilleures bibliothèques au Québec
sont dans les municipalités où la population anglophone est
importante.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça. Alors, il y a une question de
ressources, à un moment donné, et aussi une question
d'éducation. Mais il reste que ce n'est pas sûr que ça
puisse, même avec ce transfert de l'impôt foncier et ces ressources
additionnelles dont une grande partie vont devoir forcément
j'aimerais avoir les réactions de mon collègue qui a
été ministre des Affaires municipales à ceci
être affectées, comme vous disiez tout à l'heure
vous espériez que ça n'irait pas seulement à cela
à des travaux d'aqueduc, des travaux de voirie, etc. Je souhaite bien
qu'il puisse prendre la relève du gouvernement qui, cette année,
dit: Je ne peux pas mettre d'argent de ce côté-là. C'est
comme cela que je vois le problème.
M. Vaugeois: Est-ce que je peux tout de suite réagir
à cela, M. le Président? On s'entend, sinon sur la façon
de dire les choses.
Parlons des bibliothèques et des musées. On m'aurait
donné, à ce moment-ci, quelques millions, comme je les avais
d'ailleurs demandés momentanément, pour développer les
bibliothèques publiques, mais je suis obligé de constater une
chose: on n'a pas de plans, finalement, c'est cela. On ne sait pas comment
faire parce que, ces dernières années, le ministère a
développé et je pense qu'on a atteint un bon niveau
des programmes pour aider les bibliothèques existantes à
fonctionner. Ce programme est bon, et il s'est bien amélioré;
depuis trois ans, le budget a doublé du côté des
bibliothèques publiques. Nous allons terminer cette année
l'installation des BCP. C'est quand même assez extraordinaire, on aura
ouvert, en trois ans, plus de BCP qu'il ne s'en était ouvert depuis
1962. On couvre le territoire, actuellement.
Au niveau des BCP, le modèle est là, on le réalise.
Au niveau des bibliothèques municipales qui existent, notre programme
est bon, on les aide à fonctionner. Pour les 50 municipalités au
Québec de 5000 habitants et plus qui n'ont pas de bibliothèque
publique, qui n'ont pas de plans pour s'en donner, même si je leur
disais, demain matin: Cela va vous coûter $1 million pour le genre de
bibliothèque qu'il vous faut; vous, ça va vous coûter $5
millions, si je leur donnais de l'argent, elles ne seraient pas prêtes
à construire, elles ne sauraient pas où la mettre et elles ne
sauraient pas la construire ni comment l'organi-ser.
On a d'abord besoin, à ce moment-ci, que les gens
considèrent que c'est important, parce que ça ne peut pas
être uniquement une responsabilité de l'Etat central ou du
gouvernement du Québec, en l'occurrence. Il faut que ce soit une
responsabilité locale, il faut que, dans les choix que font les
administrateurs locaux, ça compte pour quelque chose d'important. Nous
avons besoin d'un plan de développement de bibliothèques
publiques. C'est vers cela que nous nous orientons et à cela que nous
travaillons.
C'est la même chose pour les musées. Nous avons
actuellement $20 millions en réserve et qui n'apparaissent pas dans nos
chiffres pour le Musée du Québec. Le problème, pour nous,
c'est d'avoir des plans. On ne fait pas un musée comme cela, on
n'agrandit pas un musée comme cela, c'est très compliqué.
Les grands musées de ce monde ont mis 8, 10, 12 ans à se faire.
On en reparlera probablement tout à l'heure, ou à l'occasion de
l'étude des crédits là-dessus. Il faut des plans. Cela n'a
jamais été considéré comme très important;
de temps en temps, on en avait, on en héritait, on s'en occupait et,
après cela, silence! On constate aujourd'hui un déficit
fantastique du Québec sur le plan de ces équipements. Ce sont des
équipements, à mon avis, qui sont essentiels pour justifier les
milliards que nous mettons dans l'éducation. Je prétends que
ça ne vaut pas grand-chose d'investir autant d'argent dans
l'éducation, si l'éducation arrête quand l'école se
termine.
Mme Lavoie-Roux: Vous arrivez à un autre problème,
la collaboration entre vos deux ministères, c'est joliment
important.
M. Vaugeois: On en reparlera. Pour justifier les sommes
considérables que nous investissons dans l'éducation, il faut des
moyens, des institutions d'éducation permanente. Pour moi,
l'éducation permanente n'est pas le retour à l'école, ce
sont des institutions comme les bibliothèques et comme les
musées. Du côté du patrimoine, je fais souvent allusion,
moi-même, aux égouts et aux aqueducs. On a avec nous un ancien
ministre des Affaires municipales qui va drôlement comprendre ce que je
vais dire.
L'important, est-ce que c'est de sauver une vieille maison, de sauver un
bâtiment intéressant et de laisser se dégrader le quartier,
de laisser partir les gens et de laisser briser en même temps l'ensemble
rural? Le scénario des dernières années, c'est la
dégradation du milieu urbain et cette dégradation est
elle-même cause de la dégradation du milieu rural. Nos ensembles
ruraux se dégradent et nos ensembles urbains également. Tout cela
veut dire des investissements toujours plus considérables pour rejoindre
la ville qui s'éloigne de la ville.
Ce que nous proposons pendant que tout cela se passe, c'est de dire:
Cette maison, on va la restaurer et on va se la remettre sous les yeux comme
elle était au XVIIIe siècle. La seule fonction qu'on avait
trouvée, ces dernières années, à la restauration du
patrimoine, c'était la fonction de contemplation ou l'ampleur des
musées. Vous serez d'accord pour qu'on s'interroge là-dessus et
que, comme ministère des Affaires culturelles, on travaille avec le
ministère des Affaires municipales, avec le ministère de
l'Agriculture, le ministère des Travaux publics, etc., pour que le
gouvernement ait des politiques de localisation, par exemple, des
édifices publics, pour que la ville recommence à se construire en
ville, et que notre bâtiment restauré ne soit pas isolé
dans un quartier qui se dégrade.
Ecoutez, je ne veux pas allonger là-dessus, mais c'est comme cela
que nous voyons notre fonction actuellement et non pas dans l'autosatisfaction,
le plaisir qu'on se donne à restaurer une maison du XVIIIe siècle
qu'on a trouvée quelque part dans un quartier que tout le monde
fuyait.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec cela, M. le ministre, mais
il reste qu'on entre dans l'approche que votre ministère veut prendre
et, comme vous le dites, on s'entend. Mais il reste que cela ne répond
pas à la question de base: Comment développe-t-on ces services?
Quelles sont les ressources que l'on met à leur disposition? Parce que
cela demande des ressources; on peut les rationaliser, les rendre les plus
fructueuses possible, mais il y a quand même au départ un besoin
de ressources.
M. Vaugeois: Sur le patrimoine, par exemple, sauf un monument
exceptionnel, il y a bien sûr quelques monuments exceptionnels, quelques
bâ-
timents très importants qui échappent à cette
approche et pour lesquels il faut garder des budgets pour les restaurer comme
on le faisait ces dernières années. Mais la vraie façon de
sauver l'essentiel de notre patrimoine bâti, c'est de lui redonner une
raison d'être aujourd'hui, une fonction, compte tenu de nos besoins
d'aujourd'hui. La meilleure façon de condamner le patrimoine, c'est de
le réserver à la contemplation et de le mettre un peu en sursis
de mort. Nous prétendons actuellement que la façon de sauver le
patrimoine, c'est de le réinsérer dans la vie quotidienne, lui
redonner une fonction pour les hommes d'aujourd'hui et ceux de demain. C'est ce
que nous cherchons à faire et non pas avec des budgets comme ceux qu'on
dégage au ministère des Affaires culturelles. Ce sont des
fonctions qui justifient le réaménagement des lieux, le recyclage
etc. A Boston et à Toronto, ces derniers temps, j'ai vu des exemples
concrets de ce que je dis là.
Mme Lavoie-Roux: Boston...
M. Vaugeois: A Boston en particulier. On a inventé un mot
nouveau. On ne parle plus de restauration, on parle de recyclage. On rend
à la vie d'aujourd'hui des bâtiments anciens. On réhabilite
la ville. Il y a des expériences extraordinaires qui se font autour de
nous, je pense qu'il est grand temps qu'on sache les regarder et s'en
inspirer.
Le Président (M. Blank): M. le député de
D'Arcy McGee.
Mme Lavoie-Roux: Mais cela leur coûte des sous de les
recycler.
Le Président (M. Blank): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je dois réagir
d'ailleurs, le ministre m'a invité à le faire en ce
qui concerne le rôle des municipalités dans ce grand portrait. Je
dois réagir parce que le ministre se défend comme il le peut
contre les attaques de l'Opposition, et c'est son rôle de le faire. Il
n'est pas ici pour ne pas se défendre.
Il nous dit: II y a des explications qui ne paraissent pas, qui ne sont
pas nécessairement très claires quand on examine les chiffres. Il
faut regarder à travers les chiffres et il faut voir comment la culture
recevra son appui pour que la population puisse en bénéficier. En
nous disant cela, il nous dit: II faudra que le milieu assume ses
responsabilités.
S'il s'était contenté de dire cela, il aurait
été difficile d'aller plus loin dans le débat. Mais il a
choisi d'impliquer précisément les municipalités. Il a
dit: Les municipalités jouiront dorénavant de ressources
additionnelles avec le transfert de l'assiette de la taxe foncière
scolaire. Pour cette raison, il ne faudra pas nécessairement trouver aux
crédits du ministère des Affaires culturelles les ressources qui
seront affectées aux activités culturelles. Je voudrais avancer
deux hypothèses et demander au ministre comment il agirait si ces
hypothèses devaient se confirmer dans les faits. (16 h 45)
Posons d'abord l'hypothèse que la ville de Montréal
continue d'exploiter la bibliothèque en face du parc Lafontaine et qu'il
y ait des bibliothèques municipales dans Pointe-aux-Trembles,
Montréal-Est, Saint-Léonard, Anjou, Montréal-Nord. Il est
inconcevable que nous ayons six bibliothèques identiques avec des
ressources identiques. Il serait à prévoir que celle de
Montréal continue d'être la plus importante et d'avoir le plus
grand nombre de livres. Le citoyen de Pointe-aux-Trembles, par exemple,
devrait, dans toute la mesure du possible, avoir accès à toutes
les ressources des bibliothèques du Québec. On devrait donc
avancer l'hypothèse que le citoyen de Pointe-aux-Trembles, ne trouvant
pas à la bibliothèque municipale de sa ville, le livre qu'il
cherche, mais apprenant que ce livre se trouve dans la collection de la
bibliothèque de Montréal, puisse l'obtenir au moyen d'une
communication structurée.
Comment déterminerait-on la responsabilité
financière de Pointe-aux-Trembles par rapport au fait que
Montréal devrait quand même payer des locaux plus importants, un
plus vaste personnel, une protection plus serrée contre l'incendie, une
protection policière plus élaborée, et tout cela?
S'il n'y avait pas entente entre les villes, comment le ministre
agirait-il, si, à un moment donné, la ville de Montréal
cela pourrait se produire un peu n'importe où à
Québec, cela s'est déjà produit au Québec
disait: Nous sommes fatigués de fournir des services culturels, des
services de loisirs et autres aux municipalités environnantes sans
recevoir de compensation. Il y a des municipalités qui ont émis
des cartes d'identité à leurs citoyens et ont refusé de
prêter des livres aux citoyens des municipalités avoisinantes qui
ne détenaient pas une telle carte.
Deuxième hypothèse, M. le Président, en corollaire.
Sur l'île de Montréal, il y a des ressources culturelles
importantes et tous les citoyens de l'agglomération, y compris la ville
de Laval, la rive sud, l'Est et l'Ouest, tous ces citoyens profitent de
l'existence de la Place des Arts, des grandes bibliothèques, des
musées. Tant et aussi longtemps que c'est le ministère des
Affaires culturelles qui fait figurer parmi ses crédits l'appui
financier nécessaire pour que fonctionnent et continuent d'exister ces
ressources, le problème ne se pose pas. Mais si le ministre dit aux
municipalités qu'elles doivent contribuer et si, sur les 29
municipalités de l'île de Montréal, il y en a 15 qui
acceptent de contribuer et 14 qui refusent, comment le ministre agirait-il?
Est-ce qu'il dirait, le cas échéant: Les citoyens des 14
municipalités qui ont refusé seront exclus de la Place des Arts,
des musées et des bibliothèques?
M. le Président, il me semble qu'il y a un danger de
fonctionnement boiteux, si les municipalités sont chargées de
cette responsabilité au nom d'une collectivité qui doit
nécessairement, dans le cas des grandes villes, dépasser leur
frontière.
Le Président (M. Blank): Le député de...
M. Vaugeois: J'aimerais réagir à ce que vient de
dire le député de D'Arcy McGee. Sur le premier point, vous avez
posé un problème très concret et je pense que vous avez
raison, il se pose. Avant que vous arriviez, M. le député, nous
avons retenu le principe d'une mission à Toronto, pour les membres de
cette commission. A Toronto, ma surprise fut grande quand on m'a donné
comme premier exemple d'une véritable collaboration intermunicipale pour
les six municipalités qui composent l'agglomération de Toronto,
celui de la bibliothèque métropolitaine de Toronto.
Les six municipalités concernées se sont entendues pour se
doter collectivement de cette magnifique institution de plus de 364 000 pieds
carrés. C'est quelque chose de phénoménal. Cela veut donc
dire que la collaboration intermunicipale peut exister pour de grands projets
comme celui-là. Actuellement, à Montréal, nous sommes
à étudier un projet de regroupement de la Bibliothèque
municipale de Montréal, la principale, avec la Bibliothèque
nationale du Québec. Nous espérons d'ailleurs, dans les prochains
mois, progresser assez bien avec ce projet.
Et je reviens à Toronto. En même temps que vous avez cette
magnifique bibliothèque centrale, il existe à peu près 80
bibliothèques, soit de quartier, soit de petite municipalité,
dans l'agglomération torontoise. C'est quand même quelque chose!
Et la grande bibliothèque est une bibliothèque de
référence pour ses usagers et une bibliothèque de
prêt pour les 80 bibliothèques de l'agglomération. Nous
pouvons penser, à Montréal, à un modèle semblable,
c'est-à-dire une grande bibliothèque et un réseau de
bibliothèques de petite municipalité ou de bibliothèques
de quartier pour Montréal même.
Pour progresser vers un tel objectif, nous avons, cette année, au
grand étonnement de plusieurs représentants de Montréal,
d'ailleurs, repris une vieille demande des bibliothèques de
l'agglomération montréalaise, qui cherchaient depuis longtemps
à se raccorder les unes aux autres. Et nous avons autorisé un
petit budget qui leur permet actuellement d'être raccordées par
télex et de favoriser le prêt interbibliothèque.
Et là-dessus, les bibliothécaires ne sont pas mesquins, de
même que les conseils municipaux. Ils savent qu'au total, cela profite
finalement à tout le monde et que cela ne doit pas se calculer à
l'unité.
Il existe donc actuellement des modèles qui nous permettent de
croire que de tels défis ne sont pas impossibles à relever. Pour
autant, cela ne veut pas dire que le problème que vous avez
soulevé n'est pas réel, parce que nous avons
énormément d'exemples de municipalités, où une
municipalité de banlieue, ou une municipalité voisine de la
principale, prend l'habitude de se fier sur la principale pour offrir les
services. C'est un phénomène qui tient même au
phénomène de la ville de banlieue. La ville de banlieue, par
définition, c'est souvent un lieu d'évasion fiscale, un lieu
où on échappe aux problèmes, aux coûts des services,
mais, en même temps, on rentre dans la grande ville pour aller chercher
les services. Il y a quelque chose d'assez fantastique dans ce
phénomène, en plus de tous les effets que j'ai signalés
tout à l'heure trop rapidement sur la dégradation de la ville
même et la dégradation du milieu rural en parallèle.
C'est un défi qui se pose au ministère. On
développe actuellement des modèles pour y faire face. Exemple:
Dans une municipalité, il y a un centre culturel. La municipalité
nous dit: Nous ne sommes plus capables de supporter ce centre culturel seuls,
d'autant plus que nous savons maintenant que 61% des usagers de ce centre
culturel viennent de l'extérieur de notre municipalité. J'ai un
cas concret, je n'invente rien. Je cite un cas concret actuellement, dans un
coin du Québec.
Réponse: Nous travaillons avec les municipalités qui
fournissent les 61%, pour leur faire prendre conscience de cela. Et là,
on est en train de progresser. Les municipalités signent avec nous des
accords, actuellement, qui prévoient un cheminement d'à peu
près cinq années pendant lesquelles nous contribuerons d'une
façon plus significative au titre de telle municipalité qui
n'avait jamais contribué, puis elle fait une première apparition.
Puis, pendant cinq ans, nous allons nous retirer et ces municipalités
vont participer. Du jour au lendemain, nous ne pouvons pas leur demander de
payer ce que cela coûte. Elles avaient pris l'habitude de s'abstraire de
ce genre de problème.
Mais à partir du moment où on discute avec les
municipalités, on fait prendre conscience aux gens de la
réalité et la pression s'exerce aussi de la part des citoyens qui
apprécient ces services. C'est faux de penser que les citoyens
n'apprécient pas les services culturels, les équipements
culturels. Ils en profitent et, finalement, quand ils considèrent tout,
ils sont prêts à faire leur part. Nous ne
désespérons absolument pas de progresser de ce
côté-là. Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de
difficulté. Comme nous sommes conscients que, du jour au lendemain, les
choses ne peuvent pas se faire, du côté des bibliothèques,
par exemple, nous allons maintenir un des rares programmes qui va amener un
ministère à traiter avec une municipalité, malgré
la révision de la fiscalité municipale. Par exemple, notre
programme pour les bibliothèques publiques va être maintenu, parce
que, du jour au lendemain, on ne s'attendrait pas à ce que les
municipalités reconnaissent avoir hérité de sommes qui
nous dispenseraient de rester présents.
Nous signons actuellement des ententes avec les municipalités qui
sont concernées par des arrondissements historiques. Je le fais en tout
cas avec enthousiasme. Je peux vous dire que les préjugés qu'on
entretient contre les maires et les conseils municipaux me paraissent sans
fondement. Les maires et les conseils municipaux ont été soumis
ces dernières années à la pression de ce qu'on a
appelé les "développeurs" et à une mode qui a amené
les gens vers la banlieue. Ils ont
cédé à cette mode et ils ont suivi avec les
coûts, avec les investissements qui étaient nécessaires
pour raccorder ces gens à la ville et aux services existant dans la
ville. Je pense que la pression, maintenant, va s'estomper et qu'on va à
nouveau chercher à défendre la qualité de la vie dans la
ville.
Je pense que les maires et les conseillers municipaux sont là
pour donner aux citoyens ce que les citoyens demandent. C'est notre rôle,
comme gouvernement, non pas de nous substituer à l'action des citoyens
ou des conseils municipaux, mais de diminuer la pression qui s'exerçait
depuis quelques années sur les conseils municipaux, pour assurer le
service de la police, pour faire des égouts et des aqueducs, pour
assurer le déneigement, etc. C'est le rôle des budgets des
municipalités, mais les maires sont comme nous, les conseillers
municipaux sont comme nous, ils veulent donner aux citoyens ce que les citoyens
attendent et parfois les citoyens sont, pour une question de mode, soumis aux
pressions comme en ce qui a trait au développement en banlieue,
amenés à peut-être oublier des choses importantes, cela.
C'est une question d'éducation populaire et de dialogue, et,
là-dessus, je ne suis pas optimiste pour demain matin, mais optimiste
dans un avenir raisonnable.
M. Goldbloom: M. le Président, je me permets un seul et
bref commentaire en réponse à ce que le ministre vient de dire.
Je suis certain qu'en disant que des personnes peuvent avoir des
préjugés à l'endroit des maires et conseillers des
municipalités, il ne visait pas celui qui vous parle et qui,
après tout, a travaillé avec ces élus locaux pendant de
nombreuses années. Le fait demeure que, dans la mesure où le
ministre dit: L'appui financier à la culture ne doit pas
nécessairement se retrouver dans les crédits de mon
ministère, mais devrait se trouver dans les budgets des
municipalités, il substitue dans cette même mesure entre 1500 et
1600 centres de décision à un seul centre. Et si l'on accorde aux
élus municipaux le droit de choisir, d'appuyer financièrement la
culture, on leur accorde également la liberté de dire non.
Le dernier élément de mon commentaire, c'est que, dans la
réforme de la fiscalité municipale, les élus municipaux
ont réclamé des ressources additionnelles, mais ce n'était
pas nécessairement pour assumer des responsabilités
additionnelles. Leurs protestations, depuis des années, ont
été: Les taxes foncières sont trop élevées,
nous avons besoin de ressources additionnelles afin de pouvoir diminuer le
fardeau supporté par le contribuable foncier. Si l'on dit: Oui, la
réforme de la fiscalité est maintenant chose faite avec le budget
de cette année, mais si l'on ajoute, si chaque ministère ajoute,
en invoquant cette réforme de la fiscalité, des fardeaux
additionnels, les municipalités vont refuser quelque part. Elles
n'accepteront pas tous les fardeaux additionnels. Le résultat sera que
les citoyens seront moins bien servis.
Le Président (M. Blank): Je pense que...
M. Vaugeois: M. le Président, juste là-dessus, ce
ne sera pas long.
Le Président (M. Blank): On va mettre un terme à ce
débat, sinon...
M. Vaugeois: Les programmes que nous avions avec les
municipalités, nous les maintenons, nous ne les transférons pas
aux municipalités; cela, il faut que ce soit bien clair. Pour le reste,
nous espérons, avec nos actions, faire en sorte que les dépenses
qui étaient celles des dernières années, qui ont
gonflé les budgets des municipalités, qui ont consisté en
travaux, qui ont étiré les villes, qui les ont étendues,
qui leur ont enlevé leur caractère urbain, le caractère
qui convient à une ville, dans la mesure où on va contribuer
à cela, je pense qu'ils vont retrouver à l'intérieur de
leur budget actuel des sommes nouvelles.
Je parle à l'ancien ministre des Affaires municipales, je n'ai
pas besoin de faire de grands dessins, je tiens à donner un exemple
concret. Une ville comme celle que j'habite, Trois-Rivières, qui a perdu
une partie de sa population ces dernières années, a aujourd'hui
une surface équipée de services trois fois plus grande qu'il y a
quinze ans; c'est cela qui a coûté cher aux municipalités,
ce n'est pas le secteur des Affaires culturelles. (17 heures)
La ville de Montréal fait face au même
phénomène. Ce n'est pas la Place des Arts qui coûte cher
à la ville de Montréal. C'est le fait que Montréal est
trois fois trop grand pour la population qui y est encore. Il faut freiner
cette espèce d'étalement urbain qui ,a miné les finances
de nos villes. On s'entend donc sur le premier point. Nous ne
transférons pas des responsabilités aux municipalités
à partir de ce que nous faisons déjà.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Gaspé, sur ce débat général.
M. Le Moignan: Oui, dans ce débat général,
cela m'évitera de reprendre cette question dans le particulier. On
pourra peut-être épargner du temps. J'écoutais avec
beaucoup d'intérêt un dialogue entre le ministre et l'ancien
ministre des Affaires municipales. Evidemment, vous avez abordé le
problème des grands centres et des grandes villes. Je n'ai pas
l'intention de reprendre tout le problème rural. Je vais peut-être
faire certaines petites suggestions en passant.
Vous avez parlé des centres anglophones. C'est vrai qu'ils ont
des bibliothèques. Vous l'avez remarqué peut-être au
Québec comme en Ontario et ailleurs. Etant donné que le ministre
a dit que, dans son budget, il fallait l'action des citoyens, l'action des
municipalités... On sait que, si on sort des grands centres, les
municipalités actuellement ne sont même pas capables de
bâtir de systèmes
d'égouts et d'aqueduc. Elles n'embarqueront pas dans un
système de bibliothèques. Il y a un fait. Si vous voulez
intéresser le citoyen... Il se fait beaucoup de publicité au
gouvernement. Peut-être que votre ministère n'en a pas
abusé, je ne sais pas. Il y a une éducation à faire
on le verra en cours de route du côté de la culture, du
livre, des bibliothèques et le reste. On peut inviter les gens à
patiner, à aller jouer dehors, les inviter à rester à
l'intérieur, à lire un roman et à lire d'autres choses du
genre.
Maintenant, vous avez remarqué, chez les anglophones, pourquoi
ils ont tellement de belles bibliothèques et de beaux musées.
C'est qu'il y a beaucoup de fondations: la fondation Rockefeller et le reste. A
Montréal, vous avez la fondation Stewart McDonald, la fondation
Jean-Louis Léves-que. Est-ce que c'est le rôle des citoyens de
faire appel à beaucoup de grandes compagnies québécoises,
qu'elles soient anglophones ou francophones? Je pense, à ce moment, que
ces compagnies qui dépensent tellement pour le sport, que ce soit
Molson, Labatt ou O'Keefe, ces mêmes compagnies n'ont peut-être
jamais été invitées à détourner quelques
millions dans le domaine culturel, au lieu simplement d'annoncer. On pourrait
le faire tout en diminuant la publicité du côté culturel si
celle-ci provient de Molson ou d'une compagnie du genre. Je pense que ce serait
une idée à retenir.
M. Vaugeois: Ce que je peux vous dire là-dessus, et
l'occasion se présente pour moi de le dire publiquement, c'est que nous
avons demandé à M. Guy Beaulne, qui rentrait d'un poste de
conseiller culturel à Paris, qui est l'ancien directeur du Grand
Théâtre, d'essayer de relever un défi tout à fait
nouveau chez nous, celui d'explorer le genre de questions que vous venez
d'indiquer et de prendre contact avec la grande entreprise, les grandes
fondations pour essayer de les intéresser aux activités
culturelles. Guy Beaulne a accepté, en relation avec la Direction
générale des arts et des lettres, de se consacrer à ce
genre d'activités pendant plusieurs mois pour essayer de voir quelle
pourrait être la contribution chez nous des entreprises et des milieux
d'affaires au soutien de nos entreprises culturelles, dans l'esprit de ce que
nous avons discuté tout à l'heure.
Guy Beaulne a pris du service à ce titre depuis à peu
près un mois. Je l'ai rencontré hier soir au Grand
Théâtre et il me soulignait que ses premiers contacts sont
encourageants. Les gens sont un peu étonnés, parce que ce n'est
pas dans notre mentalité de le faire. Nous avons autour de nous des
modèles à cet égard. Vous avez fait allusion
vous-même à ce qui se passait aux Etats-Unis ou en Ontario. J'ai
posé des questions, par exemple, sur le début des
bibliothèques publiques en Ontario, et il y a un grand philanthrope,
dont malheureusement j'oublie le nom, mais j'aimerais le rappeler aujourd'hui.
C'est un philanthrope ontarien qui a, à un moment donné, dans sa
vie, décidé de consacrer une partie de sa fortune à la
construction de bibliothèques publiques, ce qui fait qu'il y en a 80
dans l'agglomération de Toronto aujourd'hui. Une majorité de ces
bibliothèques viennent de l'époque de cet homme qui y a
consacré une partie de sa fortune. Je ne dis pas qu'il faut que l'Etat
s'en lave les mains et se retire de ce genre de plan, mais, d'un autre
côté, associer le milieu d'affaires à nos projets, je pense
que c'est nécessaire. D'ailleurs, les gens en viennent à demander
tout au gouvernement et n'apprécient plus rien de toute
façon.
Je tiens à dire deux petites choses pendant que je les ai
à l'esprit. Vous savez que, quand les bibliothèques sont
là, quand elles sont relativement bien organisées, elles ont
beaucoup de succès. Le taux de progression de fréquentation de
nos bibliothèques publiques, moyennement organisées, est de
l'ordre de 20%, même plus près de 24% actuellement. Cela
étonne tout le monde. Les maires des municipalités n'en
reviennent pas de la popularité qu'acquiert leur
bibliothèque.
Je ne l'ai pas dit tout à l'heure, mais vous m'en donnez
l'occasion maintenant. Nous n'avons pas vraiment de budget de publicité
au ministère. Nous avons coupé ce genre de chose. Nous n'avons
pas de revue que nous finançons au ministère. Il y avait un
projet quand je suis arrivé. Nous continuons de l'étudier. Nous
n'y avons pas donné suite. Nous avons coupé
énormément dans nos budgets de publication. Vous n'avez pas
souligné l'allure fort simple du rapport annuel que j'ai eu l'occasion
de déposer, mais je lui ai donné l'allure la plus simple possible
et, l'an prochain, on appliquera une formule encore plus modeste. Seulement sur
des points comme ça, nous avons récupéré des sommes
significatives. Nous avions des budgets de publication assez
élevés, nous considérons que ce n'est pas au
ministère à faire ce genre de travail et nous retournons à
l'entreprise privée les manuscrits que nous avons, qui sortent de nos
services, en leur disant: C'est votre métier d'éditer,
éditez; le ministère n'a pas à se substituer à
votre travail à cet égard. Nous devons permettre aux
éditeurs de se développer, nous n'avons pas à nous
substituer à l'activité des éditeurs. C'est
étonnant ce qu'on peut récupérer comme sommes d'argent
dans de petits gestes comme ceux-là, ici et là. Je ne vous dis
pas que nous allons retrouver là toute la marge de manoeuvre dont nous
avons besoin pour prendre l'expansion que nous souhaitons, mais il fallait
d'abord commencer par là je crois.
M. Le Moignan: J'apporte un dernier point, M. le
Président. On parle de bibliothèques, de régions
éloignées. J'ai déjà exprimé ce désir
en commission parlementaire, et de l'éducation et des affaires
culturelles, d'utiliser les bibliothèques de CEGEP, dans les endroits
où il n'y a pas de bibliothèque municipale. Je me demande si le
problème a déjà été étudié
à fond. Quand je pense à la ville de Gaspé pour
vous donner un exemple concret il y a une très belle
bibliothèque au CEGEP et il n'y a pas de bibliothèque municipale.
A deux reprises j'ai attiré l'attention, soit du ministre des Affaires
culturelles ou de celui de l'Educa-
tion. Il y aurait certainement un travail à faire
là-dedans. Je ne sais pas si le ministre des Affaires culturelles, qui a
déclaré dernièrement qu'on avait payé $100 millions
en valiums...
M. Vaugeois: C'est-à-dire $100 millions en pilules et $16
millions en valiums; ça, je ne le prends pas!
M. Le Moignan: En tout cas, il y avait les $100 millions. Vous
avez peut-être déploré le fait qu'il n'y avait pas assez
d'argent qui allait dans le domaine...
Mme La voie-Roux: On va être méchant; c'est
l'inquiétude de la population vis-à-vis du gouvernement.
M. Vaugeois: Est-ce que cette phrase a été
enregistrée?
M. Le Moignan: Je reviens sur ce dernier point. Si on peut faire
des ententes avec les collèges, avec les polyvalentes pour les
équipements sportifs, pourquoi n'en ferait-on pas pour les
bibliothèques?
M. Vaugeois: C'est exact. Mme Lavoie-Roux: ...
M. Le Moignan: Les contribuables seraient prêts à
verser un abonnement annuel ou mensuel au collège pour développer
davantage la bibliothèque je sais que, dans notre milieu, les
gens seraient prêts pour avoir un service sur place.
Quand vous avez parlé de patrimoine, de recycler... d'accord,
parce que je sais que cela se fait à la Maison Le Boutillier où,
au lieu de laisser un monument là, les organismes locaux l'emploient
peut-être pas à cent pour cent dans le moment je
sais que c'est en complète organisation.
Le Président (M. Blank): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est une question qui a été
posée l'an dernier au ministre des Affaires culturelles et qui peut
s'associer à la suggestion du député de Gaspé.
Quand on discutait des musées, on avait parlé de la
possibilité d'une déduction sur le plan fiscal pour les dons qui
seraient faits aux musées. La même chose pourrait valoir pour les
bibliothèques. Je ne me souviens pas qu'il ait été
question de ce propos au moment du discours du budget. Je pense que c'est au
moins la troisième année qu'on en parle; si on en parle
maintenant, M. le Président, vous verrez qu'on n'en parlera pas
tantôt, parce que cela revient chaque année.
Où en êtes-vous là-dedans? Je regarde les tout
petits musées je ne discute pas de la valeur du musée en
soi si vous allez dans les Cantons de l'Est, si vous allez à
Stanstead, si vous allez à
Beebe, les citoyens ont leur musée et, finalement, ce sont ces
derniers qui ont donné. Nous semblons avoir la mentalité qu'il
faut tout léguer à nos enfants, quand on n'en aura plus,
peut-être léguerons-nous aux musées. Mais il y a une
mentalité à créer et peut-être qu'une incitation
pourrait être faite sur le plan fiscal. C'est la troisième
année que j'apporte cette suggestion; je voudrais savoir où on en
est au gouvernement dans cette réflexion. Cela ne coûterait
peut-être pas tellement cher au gouvernement; je comprends qu'il va
peut-être moins retirer sur le plan des successions, mais...
M. Vaugeois: Madame, deux choses. D'abord, à force
d'étudier cette question, je découvre qu'il y a des choses qui se
font déjà. Il y a un programme qui se fait par les musées,
sauf que la définition du musée est assez étroite; il faut
que le musée soit associé aux musées nationaux, ce qui
fait que le Musée du Québec, par exemple, a ce statut de
musée qui peut émettre des reçus pour des oeuvres qui lui
sont données. Le Musée d'art contemporain, à
Montréal, a également ce statut pour fins d'impôt, et
probablement le Musée des Beaux-Arts.
C'est bien loin de ce que vous venez de proposer. Je vais
peut-être vous amuser un peu en vous disant que si vous vouliez,
aujourd'hui, me reprocher de ne pas avoir abouti dans mes démarches
d'utilisation de moyens fiscaux pour soutenir certains secteurs culturels,
ça pourrait être vrai pour la restauration de maisons
classées, par exemple. Il me semble qu'on pourrait inciter les gens,
comme ça se fait en France, entre autres, à prendre des
bâtiments intéressants on appelle cela des monuments
et à les restaurer pour fins de logement avec possibilité de
déductions d'impôt. On ferait un bon coup. Si vous voulez me
reprocher cela aujourd'hui, je suis prêt à le prendre. Je regrette
de ne pas avoir progressé suffisamment.
J'ai eu l'occasion d'en discuter avec le ministre des Finances. Vous
vous souviendrez que, lors du sommet sur les industries culturelles, il avait,
au moment de sa conférence, évoqué quatre façons
d'intervenir dans le secteur culturel. Il y avait son saupoudrage, ses
"giddy-giddy", comme il disait. Après cela, il y avait les moyens
d'évasion fiscale. Il a semblé lui-même les retenir avec
intérêt, à ce moment-là. Nous étions en
décembre. Je n'ai pas eu le temps, parce que les budgets su
préparent quand même de longue main, je n'ai pas pu réussir
vraiment de ce côté-là. Je ne dis pas que je vais
réussir, mais je peux vous dire que j'ai eu de la part du ministre des
Finances une écoute attentive à ce genre de proposition.
Lui-même l'a évoqué publiquement et, aujourd'hui, je
confesse que je n'ai pas progressé comme je l'aurais voulu.
Autant, tout à l'heure, je me suis défendu sur la
progression budgétaire, parce que le but de ma vie n'est pas de grossir
le budget des Affaires culturelles sans me poser de questions, autant
j'aimerais bien, rapidement, arriver à utiliser...
Mme Lavoie-Roux: Qu'on pose la question au ministre, en
Chambre.
M. Vaugeois: En passant, il n'y a pas grand-chose qui vous
inquiète aux Affaires culturelles, si j'en juge par les questions que
vous posez à la semaine longue à l'Assemblée nationale.
Cela me satisfait, ça me démontre que l'administration de ce
ministère est entre bonnes mains.
Le Président (M. Blank): Je n'ai pas le droit
d'intervenir, mais je pose une question.
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas eu une réponse satisfaisante
au mont Saint-Louis, mais ça ne fait rien, on y reviendra.
M. Vaugeois: Remarquez que si nous n'avons pas abouti du
côté des moyens d'évasion fiscale, la question a
été étudiée, j'ai réussi à provoquer
la formation d'un comité mixte avec le ministère du Revenu, plus
exactement, qui m'a remis un rapport que j'ai lu dernièrement, où
on a réussi à compiler à peu près tout ce qui se
fait ailleurs, à compiler des petites choses qui se font ici, mais,
là-dessus, on n'a pas donné un rapport dont j'aie
été satisfait. Je dois reprendre cette question avec mon
collègue du Revenu et des Finances parce que je crois que c'est un moyen
important. Je crois davantage à ce moyen qu'à celui des
subventions.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je vais reposer la question l'an
prochain, M. le ministre?
M. Vaugeois: Remarquez qu'il y a deux... Comme je veux quand
même ménager l'avenir, si on joue les subventions, on ne peut pas
tout jouer en même temps. Il est possible que, l'an prochain, on se soit
rendu compte que c'est encore mieux de jouer les subventions. Mais si on ne
joue pas les subventions, il faut avoir autre chose et l'autre chose, c'est
l'abri fiscal.
Le Président (M. Blank): J'appelle maintenant le programme
1, Livres et autres imprimés. Elément 1, Aide à la
fabrication et à la vente de livres.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse
auprès de mon collègue, je n'ai pas fini la première page
sur le budget, la page générale. Est-ce que vous me permettez
encore quelques questions?
Est-ce que M. le ministre pourrait nous ventiler dans l'augmentation du
budget, ce qui est d'ordre salarial, ce qui est d'ordre administratif, ce qui
est attribuable à l'inflation et à l'indexation et ce qui peut
être consacré à des programmes nouveaux et quels sont ces
programmes?
M. Vaugeois: Est-ce qu'on a cela entre les mains?
Une Voix: Si vous nous donnez cinq minutes, on va vous... (17 h
15)
Mme Lavoie-Roux: Bon. Je vais lui poser une autre question en
attendant. Il apparaît que le ministère aurait
périmé $1 987 800 cela ressemble à mes questions de
l'an dernier, M. le ministre. De ce montant, environ $500 000, ou
peut-être plus près de $400 000, auraient été
périmés à la rubrique "Aide à la création de
bibliothèques municipales". Avec la limite des budgets que vous avez, ou
enfin les budgets limités que vous avez, est-ce qu'on pourrait essayer
de nous ventiler j'en ai un pour les bibliothèques municipales
où ces montants ont été périmés.
L'explication...
M. Vaugeois: De mémoire, je pourrais vous donner des
éléments d'explication, mais vous vous doutez bien que cela a
été surveillé d'ailleurs, puisque vous aimez faire des
comparaisons, vous pourriez déjà comparer les données de
cette année avec les crédits périmés du
ministère les années précédentes.
Mme Lavoie-Roux: C'était aussi $2 millions, je
pense...
M. Vaugeois: C'était $5,5 millions l'année
précédente.
Mme Lavoie-Roux: On vous avait averti que vous en périmiez
trop pour...
M. Vaugeois: Oui, là-dessus, j'aurais
apprécié...
Mme Lavoie-Roux: ... un ministère pauvre.
M. Vaugeois:... comme premier commentaire, avant la question, un
petit coup de chapeau.
Mme Lavoie-Roux: Un petit coup de chapeau, M. le ministre.
M. Vaugeois: Je prends le coup de chapeau et je peux vous
dire...
Mme Lavoie-Roux: Quelqu'un suggère que ce soit une
tuque.
M. Vaugeois: Une tuque? Non, une casquette, mes petites filles
aiment mieux les casquettes, les calottes, comme disent mes filles.
Un de mes collaborateurs va vous donner plus de précisions tout
à l'heure, mais il y a des explications assez extraordinaires. Ainsi, on
arrive en fin d'exercice budgétaire avec un projet de restauration. Il y
a une maison que je ne nommerai pas et qu'on veut restaurer. Tout le monde a
envie de se faire plaisir en restaurant cette maison, qui est très
belle. C'est $325 000 dollars. Alors, le CT, comme on dit en jargon
administratif, se promène et se retrouve au Conseil du trésor
à la fin de février. Les questions sont posées et il
arrive à la fin de mars. Finalement, le Conseil du trésor nous
dit avec beaucoup d'à propos: On est d'accord, mais versez donc ce
montant au rythme des travaux qui se feront. On vient de périmer $325
000. A la fin, on a périmé des montants assez
importants pour des raisons comme celle-là, des choses qui ont
été autorisées au Conseil du trésor dans les
derniers jours de mars, mais avec une approche différente que je ne
conteste pas, je suis d'accord avec ce genre de commentaires. Je n'ai pas
été assez averti quand cela m'a passé entre les mains, je
n'avais pas prévu ce genre de situation, on apprend, mais il est
à peu près impossible d'arriver à tout dépenser. En
fait, il ne faudrait plus rien engager en janvier, février et mars, pour
ne pas avoir de crédits périmés. C'est qu'à un
moment donné, on engage des montants qui s'avèrent trop
élevés, compte tenu de ce qui serait effectivement
dépensé. On me dit d'ailleurs que nos chiffres donnent $1 600 000
et j'aimerais demander à M. Rivest de nous donner sa ventilation. Cela
m'intéresse autant que vous.
M. de Bellefeuille: Son nom vous rassurera sûrement.
Mme Lavoie-Roux: Bonjour, M. Rivest.
M. Vaugeois: On a plein de libéraux au ministère.
Même le ministre a l'esprit libéral.
Je n'ai malheureusement pas la répartition des crédits
périmés de 1978/79 pour tous les éléments et tous
les programmes. Mais, au total, c'est $1 650 000, composés à peu
près du tiers de crédits vraiment pas engagés et des deux
tiers des crédits non liquidés, c'est-à-dire de contrats
qui se sont déroulés à un rythme plus lent que
prévu, qu'on n'a donc pas pu liquider. Selon les secteurs, cela
représente $350 000 au patrimoine, c'est surtout là la question
des contrats...
Mme Lavoie-Roux: Oui, ce que vous avez apporté.
M. Vaugeois: $500 000 aux arts d'interprétation, au
programme 5, c'est-à-dire tout le programme. Une grosse partie venait
des salaires dans les conservatoires, encore une fois, où on
préfère prendre des réserves plus optimistes,
généreuses ou conservatrices, et $800 000 dans le reste du
ministère. Si on compare cela à l'année dernière,
on avait $5 500 000 en 1977/78. Je pense donc qu'on peut dire qu'on a un
certain progrès et surtout...
Mme Lavoie-Roux: Cela doit être le résultat de vos
efforts de rationalisation administrative, M. le ministre.
M. Vaugeois: Je voudrais le croire, madame.
Mme Lavoie-Roux: Je suis prête à vous le
concéder. Mais il est quand même inquiétant.
Il y a un crédit, à la page 35. Le budget pour l'aide
à la création de bibliothèques municipales était de
$700 000. Il y a un surplus, des crédits périmés pour $415
000. Tout à l'heure, le ministre a dit: "On n'a pas de plan de
développement de bibliothèques." Est-ce parce que vous n'avez pas
eu de demandes ou...
M. Vaugeois: On a même eu des retours d'argent, croyez-le
ou non. Il y a une municipalité en particulier, qui me revient à
l'esprit, qui nous a retourné sa subvention parce que nos subventions
sont assorties d'un certain nombre de conditions et la municipalité a
dit: Nous ne sommes pas capables de suivre actuellement. Il y a des
municipalités qui se retrouvent dans toutes sortes de situations que je
ne veux pas décrire, mais qui font que, momentanément, elles ne
peuvent pas remplir les obligations liées à une subvention.
Alors, on a eu des retours.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous seriez capable...
M. Vaugeois: Mais mon sous-ministre... On ne nommera pas les
municipalités, mais...
Mme Lavoie-Roux:... de mémoire de dire quel est le type de
conditions que les municipalités ont des difficultés à
accepter dans ces cas-là?
M. Vaugeois: Dans ce cas précis, je ne pourrais pas vous
dire. Je l'ai déjà su, mais la réalité que vous
portez à notre attention s'explique facilement et ça nous a
permis de vérifier l'insuffisance du caractère incitatif de notre
programme. En réalité, on contribue pour à peu près
20% à 25% au coût de fonctionnement des bibliothèques
publiques. On est arrivé à croire, d'après les
témoignages qui nous sont rendus par les administrateurs de ces
bibliothèques publiques, que c'est insuffisant. On pense qu'il va
falloir hausser substantiellement la proportion de notre contribution à
leurs dépenses totales de fonctionnement.
D'autre part, les $700 000 qui étaient au budget pour des
dépenses réelles de $300 000 n'ont pas été perdus
ou versés au fonds consolidé de l'Etat. On a su bien avant que
l'année fiscale soit terminée que l'effet incitatif de notre
programme ne trouverait pas preneur au degré qu'on avait
espéré; donc, cela a été viré. On l'a
utilisé à d'autres fins en cours d'année.
J'ajoute encore que, d'après ce que j'ai pu observer par rapport
à mon point de comparaison qui est l'Ontario, nous sommes à peu
près au même niveau de participation, de contribution, de la part
du gouvernement du Québec, quant à l'effort demandé aux
municipalités. C'est, en fait, aux alentours de 23% et c'est comparable
à l'effort fait par les municipalités en Ontario.
Là où la différence est considérable, c'est
dans les dépenses d'immobilisation et c'est là qu'il va falloir
trouver des solutions.
Mme Lavoie-Roux: II y a probablement une moins longue tradition
aussi...
M. Vaugeois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: L'autre ventilation pour...
M. Vaugeois: On a un tableau complet qui donne la
répartition des traitements, autres rému-
nérations, autres dépenses, capital, transfert, par
programme et par élément. Je peux vous dire que l'indexation des
traitements a été de 8% et que celle des autres
rémunérations a été de 6,5%; au total, on pourrait
établir une médiane à peu près à 7%.
Autrement dit, les chiffres qui apparaissent au chapitre "traitements et autres
rémunérations" sont indexés de 7% par rapport à
ceux de l'an dernier et représentent donc une augmentation fictive de 7%
dans le budget du ministère.
Si vous voulez avoir une idée de ce que cela répercute sur
l'ensemble, les traitements et autres rémunérations
représentent 32,7% du budget du ministère pour l'année qui
vient. Il y a donc 7% de ces 32,7% qui s'y retrouve au chapitre de l'indexation
des traitements et autres rémunérations.
Mme Lavoie-Roux: C'est beaucoup plus que les $211 000
d'augmentation du budget.
M. Vaugeois: Les $211 000 d'augmentation du budget
résultent d'une lecture comptable qui ne traduit pas la
réalité de deux choses qui sont absolument identiques. On prenait
en compte, dans le premier élément de comparaison, des sommes non
récurrentes ou des sommes qui ont été ajoutées en
cours d'année au titre de crédits additionnels.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Vaugeois: En réalité, la marge de manoeuvre est
de beaucoup supérieure à $211 000.
Mme Lavoie-Roux: Oui, parce que vous en avez des sommes
qui...
M. Vaugeois: Parce qu'il y a du non récurrent dans
l'enveloppe de...
Mme Lavoie-Roux: Oui, absolument.
M. Vaugeois: ... base de 1977/78 qui ne revient pas à ce
titre, mais qui revient au titre de l'amélioration de programmes, tant
et si bien que les fins pour lesquelles le non récurrent de 1977/78
avait été affecté, n'étant pas reconduites en
1978/79 on se retrouve avec une marge de manoeuvre quand même
considérable.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous pouvez nous dire à ce
moment, quel est ce montant qui devient presque de l'argent neuf, parce que ce
n'est pas affecté à des dépenses...
M. Vaugeois: II est à peu près de l'ordre de $6
millions.
Mme Lavoie-Roux: A peu près de l'ordre de $6 millions. A
quel programme...
M. Vaugeois: Prioritairement, nous l'avons affecté
à la direction des arrondissements de la Direction
générale du patrimoine. C'est le volet incitatif, auprès
des municipalités. On l'a affecté également à
l'indexation de l'enveloppe de base du Musée des Beaux-Arts de
Montréal. On l'a affecté à l'accroissement de nos
activités art d'interprétation, mais dans l'optique de la
régionalisation, c'est-à-dire en faisant abstraction des grands
organismes culturels que l'on subventionne quasi par abonnement. On l'a
affecté également à l'aide aux bibliothèques
publiques. On retrouve, dans notre enveloppe de base 1979/80, $1 300 000 de
plus que dans l'enveloppe de base 1977/78.
D'autre part, on retrouve également au titre des provisions qui
vont découler de la Loi du livre, aide aux libraires et à
l'école des métiers d'art, qui représente, d'ailleurs, un
montant substantiel, $300 000, et l'aide à la création.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez parlé d'une indexation du
Musée des Beaux-Arts. Est-ce que vous avez prévu une indexation
qui, je suis certaine, représenterait moins de dollars, pour les autres
musées? Ou est-ce strictement... par exemple, le Musée d'art
contemporain; c'est un autre grand. Prenons les plus petits, prenons les petits
musées dans les... est-ce qu'il y a de l'indexation prévue?
M. Vaugeois: II y a l'indexation de notre contribution aux
coûts de fonctionnement des musées privés, dans l'ensemble.
Mais, évidemment...
Mme Lavoie-Roux: De l'ordre de combien?
M. Vaugeois: Exactement ce que je vous disais pour les
traitements et autres rémunérations, 8%...
Mme Lavoie-Roux: Une moyenne de 7%?
M. Vaugeois: Une moyenne de 7% à peu près. Mme
Lavoie-Roux: Pour tous les musées?
M. Vaugeois: Pour tous les musées privés, pas les
nôtres. C'est-à-dire quant aux nôtres, les musées
d'Etat, les traitements et autres rémunérations s'appliquent
parce que les gens sont fonctionnaires.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais du point de vue de l'entretien, des
nouvelles acquisitions, il n'y a rien?
M. Vaugeois: On préférerait y revenir tout à
l'heure, si vous voulez.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, je vous laisse faire. Merci.
M. Vaugeois: Mais là, j'ai identifié les points
majeurs qui correspondent, au fond, à des programmes importants
nouveaux, ou intensification d'activité.
Mme La voie-Roux: D'accord. Je ne parle plus.
Livres et autres imprimés
Le Président (M. Blank): Programme 1,
élément 1 : Aide à la publication et à la vente du
livre.
M. Goldbloom: M. le Président, un des
éléments du programme du ministère en ce qui concerne
l'encouragement à la vente du livre et à la lecture a
été une subvention de 50% à la publicité faite dans
les hebdomadaires régionaux du Québec pour la vente du livre
québécois. Cette subvention existe-t-elle toujours?
M. Vaugeois: Une subvention aux libraires, avez-vous dit?
M. Goldbloom: Une subvention à la publicité faite
dans les hebdos régionaux en faveur de la vente du livre
québécois.
M. Vaugeois: Je vais demander à un de mes collaborateurs
de me renseigner là-dessus. Je ne croirais pas que le programme comme
tel... on a un autre programme sur la commercialisation. Cela
m'étonnerait qu'il ait été maintenu comme il existait l'an
dernier, parce que l'on a cherché à développer
plutôt un programme par lequel l'éditeur, ou le libraire,
était libre des moyens de publicité. Alors, je sais que le
Conseil des arts a gardé un programme par lequel il paie une partie des
annonces parues dans certains journaux. J'ai beau regarder, je ne trouve rien.
(17 h 30)
En réalité, on ajoute 10% à notre masse
d'intervention, aide à la promotion, sans être obligés de
l'utiliser d'une façon ou de l'autre, une indexation de 10% de notre
pouvoir d'intervention.
La question du député de D'Arcy McGee est plus
précise que cela. Il veut savoir si le programme de publicité que
nous avions, qui paraissait dans les hebdos, a été maintenu. Oui,
on avait cela l'an dernier. Il avait une sous-question à cela, parce
qu'il y a un libraire de Québec qui avait annoncé dans un journal
du PQ.
M. Goldbloom: Voilà! Quelle honte! Mme Lavoie-Roux:
...
M. Vaugeois: En tout cas, vous admettrez une chose, ce n'est pas
un programme qu'on surveille de très près, parce que tous ceux
qui sont ici se posent la question, avant de vous dire non. Dans mon esprit, ce
programme a été...
Il fait partie d'un programme plus général, plus global,
non spécifié en matière de modalité.
Le directeur général des arts et des lettres me confirme
que tout nous porte à croire que ce programme n'a pas survécu,
parce qu'il était lié à une opération de promotion
à la lecture. La subvention, je vous le rappellerai, avait
été versée à l'Association des libraires, qui
administrait le programme pour nous.
M. Goldbloom: II n'y a pas longtemps, le ministre a
été l'invité d'honneur au Salon international du livre et
il a fait miroiter dans son discours de nouveaux programmes d'aide à la
librairie et à la distribution. Le ministre est-il prêt
aujourd'hui à expliciter...
M. Vaugeois: Ce que nous avons à l'esprit actuellement se
trouve dans le livre blanc sur le développement culturel.
Essentiellement, cela procède des préoccupations suivantes:
essayer d'abolir la distance, par exemple. Comment faire pour abolir la
distance? C'est une subvention au transport, ou encore une subvention qui
compense pour la communication téléphonique dans les
régions excentriques. Cela devrait normalement donner des petites
subventions qui vont se localiser à ce titre pour compenser pour la
distance. L'idée était la suivante: le libraire de Chicoutimi,
par exemple, ne devrait pas avoir à faire des frais plus
élevés pour commander ses livres que celui de Montréal et,
de la même façon, ne devrait pas avoir non plus des frais plus
élevés pour recevoir ses livres. Alors, il y a des formules
d'incitation au groupage. On n'est pas satisfait. On a un problème plus
global de ce côté, c'est celui de la distribution en
général. On est à étudier les formules qui se sont
développées dans d'autres pays, comme en France, par exemple,
avec les messageries, parce qu'un territoire grand comme le nôtre nous
oblige vraiment à trouver des formules où on pourrait regrouper
ce qui doit être distribué. Les lois actuelles nous
empêchent de faire cela. Par exemple je vais parler très
clairement les camions de l'Agence de distribution populaire ne peuvent
amener à Chicoutimi ou dans les différentes régions du
Québec autre chose que le produit du propriétaire du camion. Elle
a un excellent réseau de distribution mais on ne peut pas l'utiliser,
parce que les lois font qu'on n'a pas le droit de faire cela. En même
temps qu'on a introduit des petits programmes de subventions au transport et
à la communication, on cherche à réévaluer tout le
problème des messageries.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais faire un
commentaire d'ordre personnel. Le seul avantage et le seul plaisir de
siéger dans l'Opposition, c'est que l'on a le temps de lire, ce que l'on
n'a pas quand on assume les responsabilités d'un ministère. A
cause de ce temps relativement libre, je me trouve assez souvent dans les
librairies de Montréal, notamment. Je suis frappé par les prix
élevés des livres.
Sans vouloir introduire un élément linguistique trop
important dans cette discussion, j'ai l'impression que l'on paie un peu moins
cher les livres comparables en anglais. Je me demande, M. le Président,
dans quelle mesure le ministre croit pouvoir faire diminuer les prix pour
justement rendre le livre plus accessible.
Il est évident que l'on peut acheter certains livres dans une
reliure très modeste, qui ne coûte pas très cher, mais il y
a quand même des livres d'une qualité particulière et d'un
intérêt particulier
qui ne peuvent être reproduits sous cette forme et à de
tels prix. Il me semble que l'on ne devrait pas se limiter, on ne devrait pas
agir de façon à limiter les gens à revenu moyen à
des livres qui sont reliés modestement et qui ne comportent pas la
qualité d'illustrations et de dessins que l'on peut trouver dans des
livres qui coûtent beaucoup plus cher.
M. Vaugeois: Un commentaire général, si vous me le
permettez, sur la question du prix des livres. Il semble bien je n'ai
pas d'étude que les livres, finalement, coûtent moins cher
qu'à peu près tout ce qu'on peut consommer du côté
culturel ou du côté sportif. Si on regarde, par exemple, le prix
d'admission au cinéma, au spectacle, à la joute de hockey ou de
baseball. Finalement, on peut établir aussi le prix que nous coûte
une heure de télévision c'est difficile à calculer,
mais il y a des gens qui l'ont calculé. Même si vous ne regardez
jamais la télévision, l'heure de télévision vous
coûte quelque chose, si c'est le réseau d'Etat, vous savez
pourquoi, si c'est la télévision privée, vous savez qu'on
finit par la payer, par le prix des objets qu'on consomme, qui tient compte des
budgets de publicité et la publicité à la
télévision en particulier, cela a monté en flèche.
Cela nous coûte très cher, qu'on regarde la
télévision ou qu'on ne la regarde pas. Au moins, dans le cas des
livres, il y a une consolation, c'est qu'on ne paie que les livres qu'on
achète.
Si on compare l'augmentation du prix des livres avec l'augmentation du
prix des entrées au spectacle, des entrées aux joutes sportives,
des entrées partout, du temps de la télévision,
finalement, ce serait ce qui a le moins augmenté ces dernières
années.
Ce qui nous trompe un peu, à ce moment-ci, c'est que le livre
français le livre importé de France a subi une
hausse qui est beaucoup plus attribuable à l'évolution des taux
de changes qu'à l'augmentation du prix réel du livre. En
même temps que le dollar canadien avait tendance à fléchir,
le franc, lui, se portait assez bien, de telle façon que, seulement au
niveau du taux de change, la tabelle pratiquée actuellement par les
distributeurs a pu passer de 28 à 38, ce qui, tout de suite, explique
une bonne partie de l'augmentation, peut-être temporaire, si les taux de
change se corrigeaient.
Nos éditeurs, ici, se demandent s'ils ne devraient pas
réagir et faire ce qu'on a fait pendant la guerre, par exemple,
c'est-à-dire rééditer au Québec des ouvrages,
plutôt que de les importer. Il n'est pas dit que ce ne serait pas
avantageux de le faire.
Vous avez raison, par ailleurs, de souligner
indépendamment de ce que je viens d'expliquer que, en
général, le livre anglais est moins cher que le livre
français et ça...
M. Goldbloom: Question de l'importance du marché?
M. Vaugeois: Question de l'importance du marché, et il y a
aussi un phénomène de dumping qui joue au Québec, comme
ça joue d'ailleurs dans les grandes capitales américaines. A New
York, on trouve énormément de soldes. C'est une façon de
faire des éditeurs américains, le gros tirage, on essaie la
vente, si ça marche bien, on réimprime, si ça ne marche
pas, on solde. Il y a énormément de livres qui arrivent dans nos
librairies à partir de ce phénomène, qui est plus fort aux
Etats-Unis qu'en France.
Il y a l'autre phénomène aussi, c'est que, aux Etats-Unis,
dès qu'un livre de première édition, dans une
édition assez luxueuse, marche, on le met tout de suite en livre de
poche, en "paperback", alors qu'en France, on mettrait des années avant
de le mettre dans une collection de poche. Encore que, actuellement, on assiste
à une prolifération de collections de poche en Europe. La plupart
des maisons d'édition européennes, maintenant, ont leur
collection de poche, tous les titres imaginables s'y trouvent. Cela contribue
à réduire le prix du livre. Il nous arrive dans une forme moins
sophistiquée, mais tout aussi convenable.
Est-ce que je peux ajouter que, malgré les hausses du prix du
livre, ce qui est indéniable, le chiffre d'affaires des libraires est en
progression à peu près comparable à ce que j'ai
donné comme chiffres tout à l'heure pour les
bibliothèques?
La lecture est un phénomène qui se
généralise, qui se développe au Québec, comme,
d'ailleurs, dans plusieurs autres pays du monde occidental.
M. Goldbloom: M. le Président, il y a un
élément de la réponse du ministre que je trouve moins
convaincant que les autres et c'est le tout premier. Il a tracé, en
quelque sorte, les courbes d'augmentation du prix d'un événement
sportif, d'un livre, d'un film et il a dit: Le livre n'a pas augmenté
plus rapidement que les autres divertissements que l'on peut trouver. Le fait
demeure, M. le Président, qu'en termes du montant à
dépenser, si l'on veut aller au cinéma, c'est $3.75; deux
personnes, $7.50. Si, par exemple, on va je prends au hasard un exemple
pertinent voir le film Moulin Rouge avec José Ferrer et ayant vu
le film, ayant payé $7.50 et, peut-être, parce que c'est un
vieux film, on peut trouver un théâtre où le prix
d'entrée n'est que $2.25 si l'on prend goût aux oeuvres de
Toulouse-Lautrec, on se dirige vers une librairie et veut acheter un recueil
des oeuvres de Toulouse-Lautrec, on n'en trouvera pas en bas de $50 et
peut-être, dans certains cas, à près de $100.
Il me semble que, si l'on veut ouvrir la culture à une
clientèle plus grande, plus nombreuse, c'est un découragement,
parce que l'on voit le film, on se le rappelle un certain temps; deux ou trois
années plus tard, on a de la difficulté à se rappeler ce
que l'on a vu. Mais si l'on a un livre à la maison que l'on peut
feuilleter à volonté, bien, Toulouse-Lautrec est là, dans
la maison, et c'est un investissement qui, sur le plan culturel, vaut
certainement plus que le fait d'avoir vu le film une fois. L'obstacle du prix
demeure. Je sais que le ministre
n'est pas en mesure de manipuler une baguette magique et de faire tomber
les prix des livres, mais je voulais souligner le problème qui existe,
quant à la dissémination véritable de la culture.
Le Président (M. Blank): M. le député des
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Seulement une toute petite phrase pour
proposer au député de D'Arcy McGee d'aller à la
bibliothèque consulter des albums où on trouve des reproductions
des oeuvres de Toulouse-Lautrec. Cela ne coûte rien.
Le Président (M. Blank): Le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, je ne sais si ma question
est prématurée, mais, face à ce malaise
général, à cette situation un peu endémique dans
laquelle se trouve le livre au Québec, est-ce qu'il est
prématuré de demander au ministre si son projet de loi sur le
livre est en évolution? Est-ce qu'il est prêt? Est-ce qu'il va
être déposé bientôt?
M. Vaugeois: II est prêt. Je souligne d'ailleurs la
présence dans cette salle d'un des responsables de ce projet de loi, Me
Roussel, qui a fort bien travaillé dans des conditions pas toujours
faciles, parce qu'il a beaucoup de choses à faire, et là, il se
cache, il est modeste. Notre problème, actuellement, est finalement
d'ordre administratif et il y a des étapes à franchir qu'il faut
respecter. Dans le milieu, on est allé chercher ce qui m'est apparu
comme un consensus raisonnable. (17 h 45)
Je vous avouerai que, sans dévoiler trop de choses, il y a un
point qui demeure très important et qui serait peut-être le seul
à nous retarder un peu, c'est l'avenir du manuel scolaire. Vous avez vu
dans les documents du ministre de l'Education la place qu'on voudrait donner au
manuel scolaire à l'avenir. On a parlé d'un manuel au moins par
discipline et par niveau. C'est donc dire que l'avenir du manuel scolaire peut
être assez important et on ne peut pas isoler l'avenir de
l'éditeur tout court ou du domaine du livre en général de
ce qui va se passer du côté du manuel scolaire.
Or, l'approche que nous avons développée vous
l'avez vu par les journaux je ne vous dévoile rien à ce
moment-ci, cela a été dit très nettement dans les
consultations avec les milieux du livre, toute notre politique du livre
concerne les livres à l'exception des manuels scolaires. Nous avons
sorti de la politique du livre le manuel scolaire. Vous connaissez la politique
actuelle, vous savez que le manuel scolaire ne peut se vendre aux institutions,
que par le biais du libraire agréé. Alors, notre projet cette
année, a été de libéraliser la vente du manuel
scolaire. On croit que notre approche se défend et le milieu en
général l'accepte. Mais la question se pose: Quel avenir
réserve-t-on au manuel scolaire? Je vous avoue que ce sont les derniers
points que nous avons évalués avec le ministère de
l'Education, qui fait que nous retenons peut-être certaines étapes
actuellement, parce qu'on est à peu près prêt à
aller jusqu'à la fin des étapes à prévoir.
Je ne suis pas allé au Conseil des ministres encore, mais nous
l'avons abondamment étudié au comité ministériel de
développement culturel.
M. Le Moignan: Sans vouloir entrer dans tous vos secrets, vous
avez parlé d'isolement de l'éditeur. Est-il question de la
protection de l'auteur dans ce projet sur le livre?
M. Vaugeois: On a étudié mille et une façons
de protéger l'auteur. Celle que l'on va probablement retenir, ce sera de
donner les moyens à l'Union des écrivains de défendre les
intérêts de ses membres. Je pense que c'est davantage leur
responsabilité... Il y a deux partenaires à un contrat
d'édition et je pense que la meilleure façon c'est de donner
à chacun des deux partenaires les moyens de faire respecter son contrat.
Après avoir pensé à toutes sortes de formules, celle qu'on
va sans doute retenir, c'est de donner les moyens à l'association qui
regroupe les auteurs de faire respecter les droits de ses membres.
M. Le Moignan: Le député de D'Arcy McGee a
mentionné le coût prohibitif dans certains cas, non seulement des
livres français, mais même des livres québécois. On
est un peu surpris parfois à cet égard. Certains livres
atteignent un tirage très élevé, qui se vendent
très cher. Par contre, à côté, on se demande
pourquoi un autre livre qui est peut-être spécialisé, va se
vendre, je ne veux pas discuter ce point, mais je voudrais toucher cet aspect.
Est-ce que votre ministère prévoit des subventions pour la
traduction? Je sais qu'il y a des livres québécois qui ont connu
ici une grande publicité et qui ont été traduits soit en
anglais, soit en d'autres langues. Est-ce fait par les éditeurs ou
est-ce que le gouvernement a une politique pour encourager la diffusion d'un
roman, par exemple, québécois, qui décrit très bien
un aspect de notre vie?
M. Vaugeois: Pendant des années on s'est tenu à
l'écart des programmes de traduction et le Conseil des arts avait des
budgets importants pour aider à la traduction du français
à l'anglais ou de l'anglais au français.
Cela nous a tenus un peu à l'écart de ce genre de
programme, mais on s'est rendu compte qu'on se privait d'intervenir
peut-être dans un secteur important. A la suggestion de l'ancien
président de l'UNEQ en particulier, Jacques Godbout, et de quelques
autres, on s'est mis à étudier la possibilité de traduire
certains de nos ouvrages dans des langues autres que l'anglais. Cela aurait
d'ailleurs le double avantage si on traduisait "II n'y a pas de pays sans
grand-père", de Roch Carrier, roman que j'ai beaucoup aimé en
italien et en différentes autres langues qui sont d'ailleurs celles de
groupes culturels québécois, ça pourrait en même
temps nous permettre de leur donner dans leur langue d'origine des ouvrages
québécois et
également ça nous préparerait peut-être
à des opérations d'exportation intéressantes. C'est
actuellement à l'étude au ministère.
M. Le Moignan: J'aurais une dernière question. On a
mentionné tout à l'heure le fait d'essayer de stimuler la
population à la lecture. Est-ce dans l'intention du ministre d'amorcer
ou d'organiser une politique de promotion provinciale, par exemple? Vous avez
dit avoir dépensé très peu pour la publicité, vous
avez peut-être discontinué, mais n'y aurait-il pas un effort
à faire dans ce sens-là ou est-ce prévu chez vous, non
seulement dans les écoles, ça irait évidemment dans les
écoles avec le ministère de l'Education?
M. Vaugeois: D'abord, au niveau des éditeurs, on a des
programmes qui amènent l'éditeur à trouver des moyens
nouveaux de publicité, ça finit par jouer sur la lecture. On a
également des programmes avec les bibliothèques publiques pour
toutes sortes de formules de promotion de la lecture, d'incitation à la
lecture. On veut vraiment retenir tout ce qu'on pourrait appeler la
publicité à la télévision et à la radio. On
voudrait jouer davantage cette carte-là.
Vous vous souviendrez peut-être que, l'an dernier, je
m'étais donné comme tâche d'essayer de convaincre les
média électroniques de faire davantage de place à la
lecture. Cela reste extrêmement difficile; j'en ai discuté avec
bien des gens à une réunion des ministres de la culture en
Alberta. On en a établi une espèce de front commun. On a
essayé une offensive vis-à-vis des grandes sociétés
responsables. L'idée fait son chemin et je continue à
espérer qu'on pourra réussir à obtenir de la part de la
télévision en particulier, qu'elle s'intéresse davantage
aux livres. Je considère que le phénomène de la lecture
est extrêmement important pour le progrès d'une
société et on sait que, quand la télévision joue
son rôle à cet égard, les effets sont importants, mais
c'est une entreprise de longue haleine.
En 1979, nous allons faire un effort particulier sur la
littérature de jeunesse, en termes de publicité. Nous aurons des
budgets au niveau des bibliothèques et des éditeurs pour les
aider à faire la promotion du livre pour enfants.
M. Le Moignan: Les stations privées de radio et de
télévision qui passent une émission, soit une fois par
semaine où on fait une espèce de... est-ce qu'ils
reçoivent des subventions du gouvernement ou est-ce qu'ils le font
suivant leur initiative personnelle?
M. Vaugeois: II y a un programme du Conseil des arts pour des
pages qui sont préparées pour les hebdos et les stations de
radio. On ne parle pas de pages dans le cas des postes de radio, ce sont des
entrevues qui sont préparées, qui sont envoyées sous forme
de cassette à des postes de radio. Je m'explique mieux: le Conseil des
arts subventionne un groupe actuellement qui prépare des recensions de
livres québécois. Ces recen- sions sont préparées
sous forme de pages montées ou de cassettes et sont envoyées aux
hebdos ou aux postes de radio qui veulent participer au programme.
M. Le Moignan: Je crois que les maisons d'édition
j'ai un cas en tête envoient directement les dernières
publications aux stations de TV et c'est l'animateur qui, lui-même...
M. Vaugeois: Les deux se font.
M. Le Moignan: J'aurais une dernière question: c'est une
recommandation du Conseil du statut de la femme. Je pourrais vous la lire pour
avoir votre opinion.
M. Vaugeois: Allez-y donc.
Mme Lavoie-Roux: Vous me volez ma question.
M. Le Moignan: "Que le ministère de l'Education, le
ministère des Affaires culturelles et le Haut-Commissariat à la
Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports les trois subventionnent et
soutiennent les actions, c'est-à-dire recherche et production de livres
pour enfants, de théâtres, de disques et de jouets et le reste,
qui visent à présenter des modèles et à fournir des
instruments d'apprentissage qui désexisent les rôles sociaux".
C'était votre question, Mme le député?
Mme Lavoie-Roux: Cela faisait partie de... je trouvais que
j'avais assez d'ouvrage à faire avec le ministre de l'Education à
ce sujet.
M. Le Moignan: Cela serait bon d'avoir la réaction du
ministre des Affaires culturelles à ce moment.
M. Vaugeois: Je vais vous répondre bien franchement et je
ne voudrais pas avoir l'air de parler du fond de la question. Quand nous avons
étudié, avec soin d'ailleurs, les recommandations du Conseil du
statut de la femme, nous nous sommes arrêtés à cette
recommandation. J'ai demandé qu'on ne la retienne pas au
ministère, pour une raison toute simple, c'est que nous avons mis des
années à nous sortir d'une évaluation subjective des
manuscrits et des activités d'édition. Pour moi, le meilleur des
motifs ne devrait pas nous ramener en arrière à cet égard.
Le contenu des oeuvres publiées, des programmes d'édition ne nous
concerne pas. Cela concerne les éditeurs et les auteurs. Je ne voudrais
pas que, pour la meilleure des causes, nous revenions à des programmes
discrétionnaires. J'ai discuté de cela avec les
représentants du Conseil du statut de la femme qui se sont rapidement
ralliés à cet argument. La meilleure des causes ne devrait pas
ramener des gouvernements à des interventions dans des contenus et je
sais que l'Opposition est très sensible à tout ce que nous
faisons du côté de l'information. J'espère que cette fois,
elle
reconnaîtra que nous avons cherché à être
prudents et à évoluer dans le sens de programmes plus
normalisés, plus objectifs et qui n'ouvrent pas la porte à une
intervention sur les contenus quels qu'ils soient.
M. Le Moignan: J'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Blank): Dans ce cas-là, nous
allons suspendre notre séance. L'horloge n'est pas exacte. Il est
présentement 17 heures. Nous suspendons nos travaux jusqu'à 20
heures.
Suspension de la séance à 17 h 56
Reprise de la séance à 20 h 05
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons continuer le travail de la commission des affaires culturelles qui
étudie les crédits budgétaires de ce ministère.
Nous sommes rendus... M. le député de Gaspé, est-ce que
vous avez quelque chose à dire?
M. Goldbloom: Je peux reprendre là où nous
étions. Le ministre est probablement au courant de certaines objections
formulées par des écrivains en ce qui concerne l'appui financier
du gouvernement à la Foire internationale du livre de Montréal et
au Salon international du livre de Québec. Il y a cinq écrivains
qui ont rendu public leur point de vue et qui ont dit que ces salons du livre
constituent, je cite leur propre phrase, ce n'est pas la mienne: "un lobbying
économique". Ils ont recommandé au ministre de substituer,
à l'appui financier du ministère à ces salons, un appui
à un organisme comme Radio-Québec, par exemple, afin qu'il y ait
des émissions d'information littéraire. Le ministre est-il
disposé à commenter le point de vue de ces écrivains?
M. Vaugeois: Est-ce que je pourrais vous demander d'être
plus précis? Parce que vous parlez de quelque chose qui est nouveau pour
moi.
M. Goldbloom: C'est un article du Soleil du vendredi 27 avril
intitulé: Les écrivains veulent plus d'une émission
littéraire à la télé que du salon annuel.
M. Vaugeois: Remarquez que je n'avais pas lu cela et que c'est
nouveau pour moi. Mais je pense que je serais assez d'accord avec une partie du
point de vue que vous venez de résumer. Nous aussi, on pense que la
meilleure façon de rejoindre les lecteurs, c'est d'utiliser la
télévision. Nous sommes prêts, à ce moment-ci,
à mettre un effort financier sur une publicité qui utilise la
télévision. Je pense qu'il n'est pas nécessaire de rayer
l'un pour faire l'autre.
Le Salon du livre de Québec, comme les salons du livre
régionaux sont d'excellents véhi- cules, à notre avis,
pour rejoindre les gens; les éditeurs sont là, ils sont en
contact, pour la seule fois de leur vie avec les gens qui s'intéressent
à leurs livres. L'éditeur, normalement, n'est pas en contact
direct avec sa clientèle, il est en contact avec un distributeur, ce qui
est assez froid, alors, à l'occasion du salon, il sent davantage les
lecteurs, leur intérêt et inversement pour les lecteurs, ils sont
en contact avec celui qui fabrique les livres, celui qui les conçoit,
celui qui fait produire les auteurs.
Les auteurs sont là également, il y a des activités
d'animation intéressante. Les salons deviennent des
événements, avec un petit budget; parce que notre subvention au
Salon du livre de Québec est de l'ordre de $80 000. Si on voulait
prendre ce montant et lui demander de donner autant d'effets en allant à
la télévision, on n'aurait pas grand-chose. Pour avoir un impact
à la télévision, il faut utiliser des sommes beaucoup plus
considérables. Or, la tenue d'un salon, il faut dire que les salons
régionaux nous coûtent de $8000 à $10 000, fait que la
radio et la télévision régionales couvrent
l'événement, elles reviennent à la charge, la presse en
fait écho, des milliers de gens se déplacent.
Il faut quand même reconnaître que quand 100 000 personnes
se déplacent pour un événement, c'est parce que ça
correspond à un certain intérêt. Un événement
comme celui-là qui déplace 100 000 personnes, ça
correspond à quelque chose. Cela rejoint une des préoccupations
des auteurs qui sont là. Mais quand ils disent qu'ils veulent plus d'une
émission littéraire que d'un salon annuel, j'aurais envie de dire
comme eux; moi aussi, j'aimerais mieux, si j'avais à choisir, une
émission littéraire qu'un salon annuel. Mais je ne gagne rien en
faisant disparaître le salon annuel. Ce n'est pas l'un ou l'autre que
j'ai à choisir.' L'émission littéraire, on ne la
contrôle pas. Je vous rappelais cet après-midi que j'ai bien
essayé, tout au cours de l'année, de convaincre nos
interlocuteurs fédéraux surtout, y compris le secrétaire
d'Etat, M. Roberts, que j'avais vu, et il était d'accord, en principe.
Cela n'a rien donné. Je suis revenu à la charge à Edmonton
avec les ministres de la culture, on a adopté une résolution
unanime là-dessus.
C'est une idée qui fait son bonhomme de chemin, elle est
maintenant rendue chez les auteurs.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais passer à
une autre question. Le ministre se rappellera peut-être d'avoir
reçu une lettre de la part d'un militant péquiste du nom de
Jean-Claude Lapierre. La seule façon que j'ai de savoir que c'est un
militant péquiste, c'est qu'il signe sa lettre, Jean-Claude Lapierre, un
libraire péquiste de Verdun. Ce n'est pas cela qui est important, parce
que le contenu de sa lettre soulève deux problèmes qui me
paraissent très réels.
Il dit, en somme, qu'il y a, au Québec, une loi sur les heures
d'ouverture et de fermeture des magasins. Cette loi ne fait que très peu
d'excep-
tions. Il y a les petites entreprises familiales qui peuvent
dépasser les heures d'ouverture et de fermeture imposées par la
loi, mais tel n'est pas le cas pour les libraires, les librairies.
Le deuxième problème qu'il soulève, c'est la
concurrence entre les librairies et les tabagies, les magasins de toutes sortes
qui ont des rayons de livres, livres format de poche, normalement.
Il dit, en somme: Si vous voulez encourager la lecture, il faudra songer
à permettre aux librairies d'avoir des heures d'ouverture plus longues
et il faudra songer à privilégier les librairies en ce qui
concerne la vente des livres.
M. le Président, je n'ai aucune idée de la proportion du
chiffre d'affaires d'une tabagie qui peut être représentée
par la vente des livres. J'ai l'impression et ce n'est qu'une impression
personnelle que cette proportion ne doit pas être très
importante. Je ne veux pas être injuste à l'endroit des tabagies,
mais il me semble que le bien commun exige de la part du ministre il en
a parlé lui-même d'ailleurs une politique de la lecture et
que cette politique de la lecture devrait privilégier les librairies en
ce qui concerne la vente des livres.
M. Vaugeois: C'est un vieux problème qui est posé,
avec la concurrence des tabagies et des librairies. Disons que quand on le pose
sous l'angle des heures d'ouverture et de fermeture, tout le monde comprendra
les griefs du libraire. C'est quand même un peu choquant d'avoir à
côté de soi un tabagiste qui peut rester ouvert jusqu'à 11
heures le soir, si ce n'est pas toute la nuit, et ouvrir le dimanche, alors que
le libraire est généralement tenu, par la nature de son commerce,
de respecter les heures d'ouverture et de fermeture réglementaires de la
ville où il se trouve.
Est-ce que cela affecte vraiment le libraire? Est-ce que le fait de
vendre des livres en tabagie, y compris à des heures où le
libraire n'est pas ouvert, cela affecte vraiment le libraire? C'est une
question qui n'a jamais été résolue et beaucoup de gens
pensent que la vente rapide et courte qui se fait en tabagie profite finalement
au libraire, parce que souvent un livre part bien grâce au fait qu'il est
présent partout et, de toute façon, le tabaconiste ne le gardera
pas longtemps. Le tabaconiste ne le garde que pour la première vente.
Après, d'autres nouveautés arrivent et les livres de quelques
semaines disparaissent de la tabagie. Si le livre est bien parti, après,
il profite au libraire, mais il reste qu'il peut y avoir des libraires qui
voudraient profiter d'heures d'ouverture plus souples. (20 h 15)
II y a deux façons pour eux d'y arriver, c'est ou bien de vendre
des cigarettes, M. le Président, ou encore d'espérer une nouvelle
réglementation. Plusieurs ont choisi de vendre des cigarettes et, de
cette façon, la loi leur permet d'être à la fois un tabagie
et une librairie. Mais, nous, au ministère, nous avons
considéré qu'il y avait peut-être lieu de soutenir le point
de vue d'un libraire comme celui auquel vous avez fait référence.
Nous avons communiqué avec le ministère de l'Industrie et du
Commerce à cet égard pour essayer de provoquer une
révision de cette réglementation.
La réponse que je viens de vous faire vous montre que nous ne
croyons pas à des modifications très prochaines. Nous avons voulu
alerter encore une fois le ministère de l'Industrie et du Commerce
à ce sujet. Nous ne pensons pas que l'avenir de la librairie soit
lié à cette question. Même à certains moments, on
pense que le fait de trouver les livres en librairie profite à
l'ensemble du livre. Cela m'étonnerait que, de la part de l'Opposition,
on nous suggère de restreindre la vente des livres aux librairies
agréées, ce qui serait vraiment, je pense, une façon un
peu bizarre d'essayer de rendre le livre plus accessible, si on voulait
l'interdire à peu près à 1000 postes de vente au
Québec. Je le sais, ce n'était pas là le propos du
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Non, à condition, M. le Président,
que le libraire puisse gagner sa vie...
M. Vaugeois: C'est cela, mais ce sera toujours difficile.
M. Goldbloom: ... malgré la concurrence. Ce qui
m'amène à une autre question.
Le ministre est sûrement au courant du désir de certains
libraires, surtout ceux qui ont de petits magasins dans les diverses
régions du Québec, de pouvoir vendre les manuels scolaires aux
commissions scolaires.
Il a, par contre, été question à un certain moment
de permettre aux commissions scolaires de faire affaires directement avec les
éditeurs, ce qui enlèverait aux libraires un certain potentiel de
marché. Le ministre est-il en mesure de prendre position
là-dessus? A-t-il décidé de quelle façon il
voudrait voir se faire la vente des manuels scolaires?
M. Vaugeois: L'hypothèse que nous retenons actuellement,
c'est je ne sais pas s'il faut dire "libérer" ou
"libéraliser" de rendre libre la vente des manuels scolaires, ce
qui voudrait dire que les commissions scolaires pourraient s'approvisionner
chez le libraire, agréé ou non, ou directement chez le
distributeur ou l'éditeur. C'est notre hypothèse actuelle, ce qui
enlève un marché important à certains libraires, mais nous
offrons aux libraires agréés une compensation en leur
réservant le marché des bibliothèques publiques comme
celui des bibliothèques qui sont en milieu d'enseignement et nous
ramenons la pratique du prix payé au prix marqué, ce qui remet
aux libraires une marge intéressante. Comme nous nous apprêtons
également... C'est parce que les éléments se tiennent. Si
nous allons dans ce sens, il y aura également la dimension de la
propriété québécoise, ce qui veut dire que les
libraires auxquels vous avez fait référence retrouveraient
là un marché fort important. Il n'est pas dit qu'ils perdraient
nécessairement le marché du manuel scolaire, mais ils en
retrouveraient un d'une bonne importance. C'est notre hypothèse
actuelle.
M. Goldbloom: M. le Président, quant à moi, j'ai
épuisé les questions que je voulais poser sur le premier
élément du premier programme. Il se peut quand même que ma
collègue de L'Acadie veuille en poser à ce sujet. Par la suite,
j'en aurai une ou deux sur l'élément 2.
M. Vaugeois: Est-ce que je peux en profiter, sur cet
élément, pour faire part d'une précision que mes
collaborateurs me signalaient tout à l'heure?
Quand on a été interrogé sur le budget des
bibliothèques et le faible montant qui avait été
dépensé, premièrement, nous avons précisé
que cela avait été affecté ailleurs, mais ailleurs, c'est
le plus souvent les BCP. Nous en avons profité pour
accélérer le programme d'implantation des BCP et améliorer
le budget d'acquisition de celles qui existent.
M. Goldbloom: M. le Président, je profite de ce
complément de réponse de la part du ministre pour lui poser
justement une question sur les BCP. Pourrait-il nous indiquer combien il y en a
actuellement au Québec?
M. Vaugeois: Je pense qu'il y en a huit et la neuvième va
ouvrir d'ici la fin de l'année 1979.
M. Goldbloom: Serait-il en mesure de nous fournir, pas
nécessairement...
M. Vaugeois: Oui.
M. Goldbloom: ... séance tenante, une liste avec le budget
de chacune?
M. Vaugeois: D'accord. M. Goldbloom: Merci.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: C'est simplement une observation, M. le
Président. Dans les régions où les libraires sont aussi
rares que les mouches en janvier, je crois que les tabagies nous rendent un
immense service, parce qu'il n'y aurait pas moyen de nous procurer des livres
autrement. Maintenant, pour ce qui concerne l'élément no 1 du
programme, je crois avoir gratté le fond de mes casseroles avant le
dîner. Je n'ai rien à ajouter.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais essayer
d'être très brève dans mes questions. Je veux d'abord
soulever le problème de la bibliothèque de la Législature.
Je l'avais soulevé l'an dernier et nous compatissions tous les deux,
mais j'ai l'impression qu'il n'y a absolument rien eu de fait, on continue
d'éparpiller la bibliothèque et je ne suis pas sûre que la
situation ne se détériore pas au lieu de s'améliorer.
Alors, si mon sentiment est faux, qu'on me rassure. Sinon, qu'est-ce qu'on
entend faire?
M. Vaugeois: C'est bien celle de la Législature dont vous
parlez? Je pense que notre embarras tient lieu de réponse. Comme elle
relève de l'Assemblée nationale, pour l'instant...
Mme Lavoie-Roux: Bon! De toute façon, si vous pouviez
conjuguer vos réflexions, parce que j'ai l'impression que ça fait
partie du patrimoine, ne serait-ce qu'à ce titre, même si l'on
fait abstraction à sa valeur de bibliothèque comme telle.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Blank): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: ... tout en rappelant, comme le ministre
vient de le faire, que la question relève du président de
l'Assemblée nationale, je voudrais me déclarer tout à fait
solidaire du député de L'Acadie. Je pense qu'il y a là un
problème réel. Il y a des éléments patrimoniaux, il
y a de vieilles collections, auxquelles on ne porte peut-être pas le soin
qu'elles méritent et, dans le lieu qui convient, la commission de
l'Assemblée nationale ou quelqu'autre instance de l'Assemblée
nationale, j'épaulerai volontiers les efforts du député de
L'Acadie pour trouver une solution à ces problèmes.
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous faire part que j'avais
communiqué par écrit, officiellement, avec le conservateur de la
bibliothèque qui m'a dit: Si jamais on décidait de faire quelque
chose, je vous avertirai parce qu'on peut vouloir faire quelque chose, mais
qu'est-ce qu'on fera, c'est une autre question. A tout événement,
je n'ai pas eu d'autres nouvelles, alors j'ai conclu que tout était au
point mort.
Une deuxième question touchant les bibliothèques
c'est une vieille obsession que j'ai qu'arrive-t-il à la
bibliothèque, pour la nième fois, de la CECM? Egalement, c'est ma
nième, nième, nième...
M. Vaugeois: C'est votre question annuelle.
Mme Lavoie-Roux: Quand il se sera passé quelque chose, je
ne la poserai plus. Il faudrait peut-être une réponse nouvelle, M.
le ministre.
M. de Bellefeuille: Vous ne voulez pas retourner devant le
public?
Mme Lavoie-Roux: Non, maintenant, je suis recyclée.
M. Vaugeois: Nous nous en sommes occupés pendant de
nombreux mois, en particulier avec les autorités de la ville de
Montréal et, en particulier, de la bibliothèque de la ville de
Montréal et, également, même l'UQAM, de telle sorte qu'on
arrive à trouver des solutions pour cette bibliothèque, toutes
les hypothèses ont été émises, mais il y avait
l'implication des autorités de la ville de
Montréal dans le dossier. Pour l'instant, je ne peux pas dire
où elles en sont avec ce dossier.
Mme Lavoie-Roux: Je sais que M. Cartier est très sensible
à ce problème, mais il reste que c'est encore au point mort
depuis le temps où j'ai fait un mini-débat sur la question en
1976.
Mon autre question si elle a été posée,
dites-moi simplement qu'elle l'a été et je lirai le journal des
Débats touche la politique de lecture. L'an dernier, on avait
dépensé un certain montant en publicité pour faire de la
sensibilisation. D'abord, quel a été le montant
dépensé? A-ton fait une évaluation de l'opération?
Une deuxième question se rattachant au même sujet: Cette
année, dans un des communiqués des affaires culturelles, j'ai vu
qu'on avait de nouveau alloué un certain montant de l'ordre
là, je peux me tromper de $25 000 sous une autre forme, mais pour
les mêmes fins; cette fois, je pense que c'était à
l'intérieur des bibliothèques municipales elles-mêmes. Je
voudrais savoir si, dans le premier cas, il y a eu une évaluation de
l'opération? Est-ce que ça donne quelque chose? Pour la
deuxième opération, j'imagine que c'est trop tôt pour faire
une semblable évaluation.
On peut continuer de mettre des sous, mais avec les inquiétudes
et les préoccupations du ministre qui veut tout bien rationaliser,
est-ce qu'il évalue ces opérations?
M. Vaugeois: La première fois, on a engagé un
montant global d'environ $100 000, à quelques dollars près. Il y
a eu une évaluation, elle a été faite
immédiatement, d'ailleurs, dans les semaines qui ont suivi. Elle devait
être portée par écrit, je ne sais pas si cela a
été fait, mais je sais que dans les semaines qui ont suivi, la
décision a été prise de ne pas répéter
l'expérience sous la même forme. Je pense que j'avais fait
allusion à cela, d'ailleurs, l'an dernier au moment de l'étude
des crédits.
Mme Lavoie-Roux: L'évaluation n'avait pas
été faite à ce moment-là.
M. Vaugeois: Non, mais j'avais déjà le sentiment
que nous ne reprendrions pas de la même façon. Ce que nous
retenons, pour l'instant, c'est l'animation par les bibliothèques, et je
pense que c'est une somme de $50 000 qui est réservée...
Mme Lavoie-Roux: C'était plus modeste.
M. Vaugeois:... pour les activités d'animation en
bibliothèque.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y aurait moyen d'avoir copie de la
première évaluation qui a été faite?
M. Vaugeois: Est-ce qu'elle a été portée par
écrit? Je sais qu'on a eu une bonne séance de travail, j'y
participais, sur les premiers $100 000. Mais comme on n'a pas jugé bon
de le reconduire, de toute façon, peut-être que les gens n'ont pas
jugé utile de le noter par écrit. Le directeur
général me fait signe qu'à sa connaissance, il n'y a pas
eu d'évaluation écrite.
Mme Lavoie-Roux: Et sur ces nouvelles sommes qu'on investit pour
de la sensibilisation et de l'animation, est-ce qu'il y aura une
évaluation de faite?
M. Vaugeois: L'an dernier, ce programme d'animation a
commencé très tard, ce qui fait qu'il y a un peu plus de vingt
bibliothèques qui s'en sont prévalues. Cette année, on
intègre cette possibilité à leur budget et
l'opération devrait être beaucoup plus large à travers le
Québec, puisqu'elle va pouvoir se dérouler sur douze mois et non
pas sur les derniers mois de l'année comme c'est arrivé l'an
dernier.
Mme Lavoie-Roux: Ce que vous proposez, c'est sur une année
complète? Je comprends qu'il y a eu un ordre peut-être de se
restreindre à quelques mois d'opération, mais est-ce qu'on peut
espérer qu'au budget de l'an prochain on aura une évaluation de
ce type d'opération?
M. Vaugeois: On doit l'avoir actuellement, on pourrait même
vous fournir la liste des projets qui ont été
réalisés l'an dernier par les bibliothèques au niveau de
l'animation et de la lecture.
Mme Lavoie-Roux: De nouveau, je voudrais demander au ministre
quels efforts conjoints sont faits entre son ministère et le
ministère de l'Education pour tout ce problème de sensibilisation
des jeunes à la lecture et d'animation? Vous y avez peut-être
répondu, je ne le sais pas.
M. Vaugeois: Oui, mais M. Cartier pourrait être plus
explicite, parce qu'on a un nombre exceptionnel de programmes actuellement,
à cause de l'année de l'enfant. Mais des opérations de
long terme...
Mme Lavoie-Roux: II n'y en a pas.
M. Vaugeois: Non, il y en a. Mais cela arrive à l'occasion
d'événements particuliers. Je vais donner un exemple qu'on a
traité ces derniers jours. Il y a une bibliothèque municipale qui
a passé au feu, il y a quelques semaines. On a trouvé un nouveau
local et nous allons utiliser, pour la période d'été, des
livres qui viennent des bibliothèques scolaires. Cela sera
peut-être le début d'une collaboration entre les
bibliothèques scolaires et les bibliothèques municipales. Il y a
du cas par cas comme cela. Il y a dans le nord de Montréal, dans le
comté de Bourassa, une expérience d'utilisation, d'ouverture de
bibliothèques scolaires aux jeunes durant l'été. Il y a le
CEGEP de Trois-Rivières également qui vient de voir sa surface
agrandie à 35 000 pieds carrés: et qui va s'ouvrir officiellement
à la population, également.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse de vous interrompre, c'est pour ne
pas prendre trop de temps. Ce genre d'expérience existe
déjà et depuis un
certain nombre d'années. Je pense que l'école
Evangéline à Montréal, etc.
M. Vaugeois: Oui, mais cela ne devient pas...
Mme La voie-Roux: Oui, mais je veux dire du point de vue
de...
M. Vaugeois: ... l'incitation à la lecture. Mme
Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: M. Cartier, pourriez-vous donner une idée des
programmes qu'on a?
Madame posait la question avec le ministère de l'Education, il y
a une chose, par exemple, qui se fait, c'est un concours à travers
toutes les écoles, concours de création littéraire ou de
critique de textes à un niveau assez peu élevé. Nous
travaillons en coopération avec le ministère de l'Education
à l'élaboration de ces programmes conjoints du ministère
de l'Education et du ministère des Affaires culturelles. Il y a
également toute l'opération actuelle qui se poursuit, que vous
avez peut-être vue à la télévision pour favoriser et
développer la lecture chez les jeunes, à l'occasion de
l'année internationale de l'enfant. Nous sommes impliqués, il y a
des troupes de théâtre, il y a de l'affichage. Ces troupes vont
dans les écoles illustrer par des pièces de théâtre
et des personnages les personnages mêmes de notre littérature
québécoise pour enfants. C'est une très vaste
opération. En plus, il y a une diffusion massive à travers toutes
les bibliothèques de livres québécois pour la
jeunesse.
Mme Lavoie-Roux: Dernière remarque, j'avais soulevé
l'an dernier la question des libraires agréés et je pense que la
politique n'a pas été modifiée quant à l'achat par
les commissions scolaires des livres, tant manuels scolaires que livres de
bibliothèque. J'avais souligné que ceci pénalisait
budgétairement les institutions scolaires. Je pense que cela a
été prouvé, hors de tout doute, depuis
déjà... Cela aussi, c'est une question de 1976, mais vous n'y
étiez pas. (20 h 30)
Je veux de nouveau lui faire remarquer que la non-indexation des
dépenses du ministère de l'Education, la hausse et l'inflation du
coût des livres ont comme résultat que les efforts que votre
ministère peut déployer sont, d'une certaine façon, je ne
dirais pas annulés, mais ne sont pas appuyés d'une façon
adéquate par les institutions scolaires.
J'attire de nouveau votre attention là-dessus, je comprends que
le ministre des Finances dit: Le chauffage monte et je ne m'en occupe pas et
l'électricité monte et je fais comme si ça n'existait pas.
Il y a aussi le prix des livres qui monte et, finalement, c'est une situation
qui dure depuis plusieurs années. Peut-être que ce que vous faites
d'une main a beaucoup moins de valeur parce que, de l'autre main, on n'y met
pas les mêmes efforts.
M. Vaugeois: On a abordé un peu cette question tout
à l'heure, Mme le député, en votre absence; je reviendrai
sur l'essentiel. L'hypothèse sur laquelle nous travaillons actuellement,
dans le cadre de la révision de la politique du livre, rendrait libre
l'acquisition des manuels scolaires par les institutions, les commissions
scolaires par exemple. Donc, ce que vous déplorez n'existerait plus. Les
commissions scolaires pourraient acheter leurs livres directement du
distributeur ou de l'éditeur.
Par ailleurs, pour maintenir aux libraires un marché qui leur
permet de survivre, dans le sens de la préoccupation du
député de D'Arcy McGee, on leur réserve le marché
des bibliothèques, non seulement des bibliothèques publiques,
mais des biliothèques scolaires, des bibliothèques d'institution,
en invitant tout le monde à pratiquer le prix régulier, alors
qu'actuellement, il y a une remise de 15%. Cela amènerait le
ministère des Affaires culturelles à intervenir dans les budgets
d'acquisition des bibliothèques scolaires comme des bibliothèques
municipales, parce que nous voudrions maintenir leur pouvoir d'achat.
Là, on a fait une petite découverte. Ce n'était pas
une découverte pour tout le monde, mais, pour nous, c'en était
une. C'était la diminution progressive, mais sûre des budgets
d'acquisition des bibliothèques des institutions. C'est assez
extraordinaire de voir que de bonnes bibliothèques, bien
équipées, avec un bon personnel, voient baisser leur budget
d'acquisition année après année.
Mme Lavoie-Roux: Je suis contente que vous vous en soyez
aperçu; je vous l'avais signalé l'an dernier, il y a deux ans
aussi.
M. Vaugeois: Là, on s'en est aperçu avec des
chiffres bien concrets et des chiffres qui frisent le ridicule, dans bien' des
cas. C'est un effet que nous n'avions pas prévu dans notre
révision de la politique du livre, mais ça pourrait nous amener
à cerner cette déficience et, comme ministère des Affaires
culturelles, malgré notre petitesse, d'intervenir auprès des
budgets d'acquisition.
Ceci étant dit, je ne veux pas faire un débat avec
ça et je viens de vous dire quelle est notre approche avec la nouvelle
politique du livre et on vient de rejoindre une de vos préoccupations
majeures que vous avez rappelée encore cette année. Mais je me
permets, je me dois, je me sens obligé de dire que, d'après nous
au ministère des Affaires culturelles, nous sommes prêts à
le faire mais que d'après nous, le retrait du manuel scoiaire de
l'ensemble de la politique du livre signifiera rapidement des manuels plus
chers pour les institutions. Parce qu'il y a une situation de monopole qui peut
en découler. C'est ce que nous disons actuellement au ministère
de l'Education: Voyez attentivement les effets possibles. On est prêt
à se retirer, c'est notre hypothèse de travail. Donc, on n'est
plus intéressé par ça, sauf qu'on pense qu'on se doit
d'alerter les institutions et le ministère de l'Education sur des
conséquences
qui n'ont jamais été prévues par les commissions
scolaires, parce que la seule chose qu'elles notaient, c'était les 15%
qu'elles devaient donner aux libraires.
Mme Lavoie-Roux: II y avait aussi la possibilité de
procéder par soumission, ce qu'elles n'avaient plus.
M. Vaugeois: Sauf que, dans le manuel scolaire, c'est souvent un
produit unique. La soumission, ça ne veut rien dire.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas...
M. Vaugeois: Le libraire pouvait soumissionner, mais
l'éditeur est à l'origine d'un produit unique, il vend au prix
qu'il veut.
Mme Lavoie-Roux: II y avait de la concurrence quand même.
En tout cas, merci.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, avant de me
prévaloir de mon droit de parole, je voudrais vous demander une
directive, parce que le député de Saint-Louis a
présenté à l'Assemblée nationale un projet de loi
visant à interdire de fumer dans lès endroits publics et la
directive que je vous demande, M. le Président, c'est à savoir si
le salon rouge est un endroit public.
Le Président (M. Blank): Je vais vous donner ma
définition. De l'autre côté de la table, c'est public; ici,
c'est réservé aux députés et aux fonctionnaires,
c'est un endroit privé.
M. Vaugeois: Est-ce que je peux vous demander de
transmettre...
M. de Bellefeuille: Cela dit...
Mme Lavoie-Roux: Et surtout avec vos cigares.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais revenir
sur cette question à laquelle le député de l'Acadie a fait
allusion: la question des programmes d'animation dans les bibliothèques.
Comme chaque député, je suppose que je ne fais pas exception
à la règle, je suis porté à m'en
référer à ce qui se passe dans mon comté. Je
constate, par exemple, qu'à Saint-Eustache, qui est la ville principale
de mon comté, il y a une bibliothèque publique, qui est une
excellente bibliothèque publique, à laquelle la
municipalité fait une contribution qu'on pourrait considérer
comme une contribution modèle. C'est une bibliothèque bien
montée, à laquelle la municipalité fait comme je l'ai dit,
une contribution importante, ce qui lui donne droit à des subventions
appréciables de la part du ministère des Affaires
culturelles.
Mais l'observation assez commune qui a été faite à
Saint-Eustache, par les citoyens et aussi par les journalistes locaux, c'est
qu'il y a beaucoup d'activités dans cette bibliothèque, autour de
la section des enfants. Et il y a de l'animation qui se fait, à
l'initiative des enseignants.
Mais pour ce qui est des jeunes et des adultes, il se passe fort peu de
choses du point de vue de l'animation de la bibliothèque. Le ministre
nous a habitués, depuis déjà quelques mois, à nous
comparer à des modèles extérieurs, comme le modèle
ontarien. Et étant moi-même franco-onta-rien de naissance, je me
souviens fort bien de ce que sont, à Ottawa, les bibliothèques
municipales, enfin la bibliothèque municipale partagée en
plusieurs succursales, où il y avait déjà, quand
j'étais écolier et jeune homme, des programmes d'animation. Et je
constate qu'aujourd'hui, à Saint-Eustache, pour les adultes, il n'y a
pas de programme d'animation. Et je crains qu'il soit extrêmement
difficile, pour ne pas dire impossible, pour la bibliothèque de
Saint-Eustache, d'inventer à elle seule un programme d'animation. Il me
semble qu'un programme d'animation, à la bibliothèque de
Saint-Eustache, pourrait se développer si cela existait dns un certain
nombre d'autres bibliothèques, s'il y avait un réseau, s'il y
avait des expositions itinérantes, s'il y avait toutes sortes de choses
qui faisaient le circuit des bibliothèques publiques.
Ces choses-là n'existent guère que je sache. Et quant
à l'existence de ce type de programme d'animation des
bibliothèques publiques, je m'interroge aussi, M. le Président
et j'espère que M. le ministre écoute aussi sur le
rôle de la bibliothèque nationale, par rapport à ces
programmes d'animation. La bibliothèque nationale elle-même,
à Montréal, a un programme d'animation. Mais il
m'apparaîtrait... D'abord, je ne suis pas sûr si ce programme
d'animation de la bibliothèque nationale est en expansion ou en
contraction. Je l'ignore. Mais je n'ai pas l'impression, de toute façon,
que ce programme d'animation de la bibliothèque nationale a des
retombées dans les bibliothèques locales.
Je demande au ministre si on ne pourrait pas concevoir un
développement des programmes d'animation des bibliothèques, qui
reposerait, en bonne partie, sur des initiatives qui seraient prises par la
bibliothèque nationale, qui concevrait des éléments
importants de ce programme et qui pourrait en faire profiter, à tour de
rôle, un grand nombre de bibliothèques locales comme celle de
Saint-Eustache, où il y a beaucoup d'enfants, mais malheureusement,
beaucoup trop peu d'adultes.
M. Vaugeois: Le propos que vient de développer le
député de Deux-Montagnes m'intéressait au point d'ailleurs
que je sondais, séance tenante, le directeur général des
arts et des lettres qui, comme tout le monde le sait, est un
bibliothécaire de grande réputation. J'étais curieux de
lui demander carrément sa position vis-à-vis de l'animation pour
adultes, parce qu'assez curieusement, j'ai rencontré à cet
égard de la résistance chez certains bibliothécaires
professionnels qui
me diront: Attention! ne confondons pas les rôles, une
bibliothèque, ce n'est pas ce que vous pensez. Ils sont prêts
à faire des concessions pour les jeunes, mais ils ne sont pas
prêts à avoir la même attitude pour les adultes. A la
Bibliothèque nationale, j'ai parfois eu ce genre de
réflexion-là. Malgré cela, je pense que le sentiment qui
prévaut à la BN, c'est que l'animation est importante et qu'elle
prend une place toujours plus grande. Est-ce que cela pourrait aller
jusqu'à devenir le coeur d'activités qui pourraient devenir des
occasions d'animation dans les bibliothèques ailleurs au Québec?
Cela peut être étudié. C'est une chose que nous notons.
Nous savons, par ailleurs, qu'il y a des bibliothèques où
l'animation est extraordinaire: à Brossard, je pense que c'est aussi le
cas à Verdun, à Saint-Léonard, ici à Sainte-Foy. Il
y a des bibliothèques qui font des choses étonnantes. Il y en a
qui ne le font pas et, parfois, je me demande si ce n'est pas un peu
fondé sur les préjugés et les attitudes du
bibliothécaire, du directeur de la bibliothèque, parce que j'ai
le sentiment qu'il y en a qui n'aiment pas beaucoup développer cet
aspect-là.
Au ministère, nous croyons que la bibliothèque, c'est le
lieu de réunion par excellence, c'est le lieu d'activités
culturelles par excellence, ce sera le seul qui se trouve dans une petite
municipalité. Ce qui est souhaitable, au fond, c'est que l'animation
culturelle soit spontanée, qu'elle ne soit pas toujours provoquée
par des éléments extérieurs. Justement, à Toronto,
j'étais toujours ravi de voir le lieu de réunion naturel que peut
devenir la bibliothèque. Tout en étant favorable à des
choses provoquées, je trouve que ce qui est encore mieux, c'est ce qui
sort du milieu et qui vient naturellement et les gens se sentent chez eux dans
leur bibliothèque.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je retiens ce que
vient de dire le ministre que, de la part des bibliothécaires, il peut y
avoir une certaine résistance. Or, cette résistance peut
justement avoir pour effet pratique de bloquer ce qui pourrait exister comme
initiatives locales, alors que s'il y avait un programme d'ensemble, un
programme qui serait mis sur pied, encouragé par le gouvernement,
à ce moment-là, le ou la bibliothécaire, au plan local,
aurait beaucoup plus de chances d'être pris dans le mouvement. A ce
moment-là, les portes de la bibliothèque étant ouvertes
à des activités d'animation qui soient autre chose que de
permettre aux gens de venir emprunter des livres, cela ouvrirait en même
temps la porte à des activités d'inspiration locale. Autrement
dit, il me semble qu'un programme mis sur pied par le ministère pourrait
surmonter, mieux que toute autre chose, les réticences des
bibliothécaires dont le ministre a parlé.
M. Vaugeois: C'est très juste et nous en faisons notre
profit, mais il faut se rappeler l'image de la bibliothèque où on
garde le silence, où ne parle jamais, où on avance sur la pointe
des pieds, où on chuchote sa question au comptoir, etc. Il faut quand
même admettre que, pour certains bibliothécaires, c'est un
drôle de changement que de parler dans la bibliothèque ou
même d'amener un ensemble musical, mais on en est là et le
changement de mentalité se fait.
M. de Bellefeuille: M. le Président, est-ce que je
pourrais profiter du fait que vous m'avez accordé la parole pour aborder
une autre question à propos des bibliothèques? Il s'agit d'une
question particulière, il s'agit de la Bibliothèque polonaise de
Montréal. Il existe, à Montréal, un grand nombre de
bibliothèques dont des bibliothèques que, dans notre parlé
courant, nous serions portés à appeler ethniques. Ma femme est
d'origine polonaise et, par conséquent, elle est très au courant
de ce qui se passe dans la collectivité polonaise de la région de
Montréal et elle me tient au courant. (20 h 45)
Alors, la bibliothèque polonaise de Montréal vit
grâce à un financement, pour revenir à notre parler
populaire, du type broche à foin. Elle reçoit des subventions
indirectes de l'Université McGill, en ce sens que l'Université
McGill la loge. Elle reçoit des subventions du Congrès polonais
canadien. Elle reçoit peut-être, je n'en suis pas sûr, une
certaine aide de la part de la ville de Montréal. En grapillant à
droite et à gauche, elle a réussi à se constituer, au fil
des années, et à survivre. Vu les augmentations de coût, vu
toutes sortes de circonstances, elle se trouve aujourd'hui dans une situation
assez critique où elle a besoin d'aide à court terme.
Jusqu'à maintenant, elle s'est passée de l'aide directe du
gouvernement du Québec. Ce problème a été
présenté, M. le ministre, à vos fonctionnaires. Ceux-ci
ont évoqué la possibilité de la création à
Montréal d'une bibliothèque interethnique à laquelle cette
bibliothèque polonaise, avec un certain nombre d'autres, pourrait
être rattachée.
Je n'ai pas du tout l'intention de m'opposer à ce projet d'une
bibliothèque interethnique à Montréal, qui a
peut-être une grande valeur, mais je crois constater que la mise de
l'avant de ce projet ne peut pas dans l'immédiat répondre aux
problèmes immédiats de la bibliothèque polonaise de
Montréal. Je sais que l'actuel gouvernement veut systématiser les
subventions, veut les astreindre à des normes, que l'actuel gouvernement
n'aime pas faire des subventions discrétionnaires je sais tout
cela mais, quoi qu'il en soit, nos lois prévoient toujours pour
un certain nombre de ministres une certaine marge de discrétion qui
existe toujours. A l'intérieur de cette marge de discrétion, je
voudrais demander au ministre s'il ne lui serait pas possible vu que les
besoins dont il s'agit sont minimaux, ils se chiffrent seulement à
quelques milliers de dollars de se prévaloir de ce qui lui reste
de pouvoirs discrétionnaires pour venir en aide à la
bibliothèque polonaise de Montréal dans la période
intermédiaire entre la situation actuelle et une solution globale qui
viendra plus tard, mais qui n'est pas immédiate.
M. Vaugeois: La réponse, c'est oui. Nous sommes d'ailleurs
déjà en contact avec les gens qui sont les porte-parole de cette
bibliothèque. Effectivement, l'essentiel de nos efforts se porte vers
une solution de long terme. A cet égard j'ai l'air de me
répéter ce que j'ai vu à Toronto me paraît
être la façon de faire. Au dernier étage, à Toronto,
il y a toute une section réservée à des livres dans
d'autres langues que la langue anglaise. C'est la seule section d'ailleurs
où il y a des prêts directs. La bibliothèque de Toronto, la
grande bibliothèque métropolitaine, c'est une bibliothèque
de référence pour consultation sur place ou encore pour
prêts inter-bibliothèques, sauf pour la section en langue
étrangère, où, là, l'accès direct est
possible et où le prêt est possible Cela me paraît
être un bon modèle. J'ai retrouvé une formule semblable
à Boston. A Montréal, nous allons vers une formule qui ressemble
à celle-là. Nous allons même jusqu'à songer à
l'intégration de la BN ou de la BM dans un même complexe, avec une
section importante pour des livres dans d'autres langues. Vous avez raison, M.
le député, de vous inquiéter d'ici là du sort de la
bibliothèque polonaise. C'est un problème auquel nous portons
attention et de façon fort sympathique.
Le directeur général des arts et des lettres m'a
passé un petit bout de papier qui m'amène à faire une
remarque sur une question antérieure, qui vous intéressait, M. le
député de Deux-Montagnes. Nous organisons actuellement des stages
à l'intention des bibliothécaires dans le but de les sensibiliser
à des formules comme celle que vous avez suggérée et de
créer parmi eux une émulation en les amenant à
s'échanger les expériences faites par les uns et par les
autres.
Le Président (M. Blank): On va entendre la
bibliothèque de Sherbrooke maintenant.
M. Gosselin: Pas précisément, sauf pour signaler
qu'on a une BCP qui a démarré, il y a déjà quelques
mois, les résultats sont très intéressants et l'animation
auprès des municipalités dans les Cantons de l'Est se fait et de
plus en plus de municipalités s'y joignent. Mais je voudrais raccrocher
mon intervention à la discussion de tout à l'heure sur
l'animation pour les adultes dans les bibliothèques publiques.
D'une part, je suis ravi de constater, dans certaines
bibliothèques, tout le travail d'animation qui se fait au niveau des
enfants et je trouve que c'est déjà une excellente approche pour
amener les parents, d'une manière plus régulière, à
la bibliothèque. Je le fais moi-même et, pour la famille, c'est
devenu dorénavant un rituel. C'est une excellente habitude que je
n'avais pas, ni mon épouse, et qu'on prend de plus en plus.
Il y a un champ d'intérêt, je pense, qui mériterait
particulièrement d'être développé dans les
bibliothèques publiques pour adultes. Ce sont toutes les questions
rattachées à l'éducation des enfants et toute les
publications qui s'adressent particulièrement à la population
féminine, la clientèle de la ménagère, de
l'éducatrice au foyer.
Je remarque qu'il y a énormément d'échange et qu'il
y a un intérêt de plus en plus soutenu, un peu dans tous les
milieux, par la naissance de groupes féminins organisés et aussi
par des lieux d'échange de plus en plus nombreux qui se multiplient sur
la question de l'éducation des enfants, diverses publications sur les
relations humaines ou autres qui font partie du courant d'épanouissement
féminin qu'on connaît actuellement.
Je voudrais presque en faire une suggestion, si ce n'est pas un lieu
marqué, parce que je suis certain que, dans la plupart des milieux et
notamment chez moi, à Sherbrooke, ça susciterait sûrement,
de la part des organismes familiaux et de la part des regroupements
féminins, un intérêt très vif si on leur demandait
de collaborer à un plan d'animation pour les adultes dans les
bibliothèques, notamment rattaché à la clientèle
féminine.
Mme Lavoie-Roux: Cela se fait déjà dans les
musées.
Le Président (M. Blank): Merci. Est-ce que le programme 1
est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Blank): Adopté. Programme 2,
sauvegarde et mise en valeur des biens culturels.
Sauvegarde et mise en valeur des biens
culturels
M. Goldbloom: M. le Président, à
l'élément 1, je voudrais demander au ministre où il en est
dans la préparation d'une loi-cadre sur les archives.
M. Vaugeois: J'ai actuellement un projet de loi qui est
prêt, mais que je me dois d'étudier avec certains organismes
centraux parce que nous posons le problème du préarchivage, et
donc des archives qui se trouvent dans les différents ministères.
En gros, les dossiers s'accumulent. A un moment donné, on les envoie
dans les entrepôts. Puis, on veut nettoyer les entrepôts.
Là, il s'agit de savoir ce qu'on peut jeter et ce qu'on doit garder et,
ces derniers temps, il s'était développé une
préoccupation au Conseil du trésor qui avait amené la
formation d'un groupe de travail rattaché au Conseil du trésor
qui se préoccupait du préarchivage. Or, notre projet de loi
avance des solutions pour le préarchivage et on est à discuter
tout ça avec le Trésor et aussi avec les Travaux publics qui
fournissent les espaces, qui fournissaient une certaine expertise. Ce n'est pas
l'aspect le plus important du projet de loi, mais c'est un des aspects qui nous
obligent actuellement à discuter avec certains organismes au
gouvernement. Mais pour l'essentiel, notre projet de loi est prêt
à être étudié par le Conseil des ministres. Nous
attendons donc les avis techniques de ces organismes. Il a déjà
été vu par le comité ministériel de
développement culturel. Je pense qu'il a soulevé beaucoup
d'intérêt auprès de mes collègues. C'est
une démarche importante qu'il est maintenant urgent de faire.
M. Goldbloom: M. le Président, outre les archives
publiques, il y a certaines archives privées. Le projet de loi
touchera-t-il les ressources privées également?
M. Vaugeois: Oui. Nous allons nous préoccuper des archives
privées, mais dans le respect de leur caractère privé,
c'est-à-dire que nous allons offrir un certain nombre d'avantages aux
gens qui ont des archives privées, mais il n'y aura pas d'intervention
législative qui va viser ou limiter les droits des propriétaires,
à l'exception, bien sûr, d'une intervention par la Loi des biens
culturels.
Si la Loi des biens culturels nous amenait à classer un fonds
privé, alors là, les mécanismes prévus jouent. Je
ne le dis pas gratuitement, parce que, nous venons de créer un
précédent ces jours derniers en envoyant deux avis d'intention de
classer des fonds privés. L'un concerne la famille Boucher, vous
connaissez Pierre Boucher, le gouverneur de Trois-Rivières dont la
descendance a fourni au Québec des premiers ministres, des
évê-ques, des fondatrices de communautés religieuses, c'est
une des plus belles familles au Québec. Nous avons également un
avis d'intention de classer le fonds Hart, le fonds de la famille Hart; c'est,
pour moi, le fonds le plus riche en Amérique du Nord pour l'histoire des
Juifs nord-américains. Ce fonds est conservé aux archives Pierre
Boucher c'est assez curieux qu'il en soit ainsi de
Trois-Rivières. Nous pensons que même si ce fonds a un
caractère privé, qu'il appartient à une institution
privée, il est d'un intérêt tel que nous nous devons de le
protéger. Nous voulons poser ce geste pour protéger le fonds Hart
et, en même temps, cela nous permet d'aider l'institution à en
prendre soin, à améliorer l'index, les inventaires, la protection
sur microfilm, ainsi de suite.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai une dernière
question à ce sujet. L'automne dernier, le conservateur des archives
nationales faisait une tournée de consultation. J'aimerais savoir si
cette tournée est terminée et s'il y a des documents qui peuvent
être rendus publics ou mis à la disposition des membres de cette
commission parlementaire.
M. Vaugeois: M. le député, cette tournée
avait surtout comme objectif de faire connaître, d'une part, les
dispositions de la Loi sur les biens culturels en ce qui concerne les archives
privées, justement, et également de faire connaître
l'intention du ministère de commencer une action en vue de la mise en
application de cette loi dans le domaine des archives. C'est dans le cadre de
cette opération que nous avons procédé à une
tournée de sept régions à travers le Québec, au
cours de laquelle il nous a été donné de rencontrer
plusieurs propriétaires d'archives, soit des individus, des organismes,
des municipalités, des institu- tions religieuses et des institutions
d'enseignement.
Au cours de cette tournée, nous avons distribué un
document schématique que je pourrai vous transmettre qui présente
les dispositions de la Loi sur les biens culturels.
M. Goldbloom: M. le Président, je n'ai pas d'autre
question sur l'élément 1.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Gaspé. (21 heures)
M. Le Moignan: Sur le même sujet, M. le Président,
et en relation avec ce que monsieur vient de dire, je ne sais pas si vous
faites allusion à un programme de recherche qui a été
effectué il y a trois ou quatre ans par l'Université du
Québec à Rimouski. Cela n'est peut-être pas dans le cadre
du gouvernement du Québec. Je sais qu'on a reçu une subvention et
qu'on a fait une inspection, une vérification sommaire des archives, par
exemple, de la Société historique de la Gaspésie. Le but
était de se rendre compte de la richesse des archives qu'on ne voulait
pas rapatrier à Rimouski et de couvrir la province avec le temps. Je
pense que c'est un organisme qui relève...
M. Vaugeois: C'est cela, c'est le projet qui est relié
à la mise en application de la loi. En vue de mettre en oeuvre des
mesures de protection, il nous faut d'abord procéder à un
inventaire le plus systématique possible de l'ensemble des fonds
d'archives qui se trouvent sur le territoire québécois. Au cours
de l'année qui vient de s'achever, grâce à des subventions
accordées à des organismes dans les régions, grâce
également à la mise en oeuvre de projets subventionnés par
le gouvernement fédéral par "Canada au travail" ou "Jeunesse
Canada au travail", nous avons pu mettre à l'oeuvre 34
hommes-année de travail dans ce secteur et nous avons
procédé à l'inventaire d'au-delà de 6800 fonds
d'archives à travers le Québec. C'est un programme qui va
s'échelonner sur plusieurs années, mais le travail est
déjà en fort bonne marche, comme vous le constatez.
M. Le Moignan: J'imagine que cela va prendre des dizaines et des
dizaines d'années, mais est-ce que c'est possible de rêver ou
d'entrevoir un fichier central qui un jour serait à Québec?
Supposons les archives de la Société historique du Saguenay qui
sont très riches, comme vous le savez. On peut conserver là-bas
des documents qui concernent la Beauce, la Mauricie ou le Saguenay. On peut
avoir à Gaspé des documents très importants qu'on peut
considérer également et qu'il n'en existe qu'une copie, qu'un
manuscrit. Est-ce que c'est un peu cela votre intention? Si un chercheur veut
trouver quelque chose, il dit: Va à Gaspé, va à
Trois-Rivières, va à Chicoutimi et tu vas trouver là telle
ou telle chose. C'est un peu dans le sens...
M. Vaugeois: C'est cela. Notre plan de développement
prévoit cette année l'utilisation de l'informatique aux archives
nationales. C'est un début. Cet outil nous servira, non pas seulement
à dresser l'inventaire des collections et des fonds d'archives qui se
trouvent aux archives nationales dans nos différents centres
régionaux, mais on veut y inclure également tout ce qui aura
été inventorié dans chacune des régions.
M. Le Moignan: En parlant d'archives, les anciens journaux du
Québec, cela fait partie de vos archives.
M. Vaugeois: C'est plutôt le domaine de la
bibliothèque nationale.
M. Le Moignan: La bibliothèque nationale, qui
relève de l'Assemblée nationale.
M. Vaugeois: Elle relève de notre ministère.
M. Le Moignan: Je me demande si vous avez tous les journaux. Il
n'y avait pas de loi anciennement qui obligeait comme aujourd'hui les
éditeurs, les auteurs à déposer deux copies. Mais est-ce
qu'il y a des collections de journaux d'il y a cinquante ans qui dorment chez
les imprimeurs, que vous n'auriez pas? Est-ce que vous travaillez dans ce sens
là?
M. Vaugeois: Je sais que la bibliothèque nationale
travaille dans ce sens en faisant des acquisitions rétrospectives
lorsque des originaux sont disponibles, mais elle procède aussi au
microfilmage de certaines collections et peut ainsi tâcher de
compléter la collection de journaux qu'elle possède
déjà.
M. Le Moignan: Dernière question, il y a un nommé
Raymond Denault, je crois, de Montréal que j'ai rencontré
à quelques reprises qui fait beaucoup de microfilmage. Est-ce qu'il
travaille en relation avec le ministère? C'est une société
indépendante.
M. Vaugeois: II arrive parfois qu'il travaille, mais dans ce
domaine nous procédons par soumission et lorsqu'il soumissionne il
arrive parfois qu'il obtienne un contrat. Dans d'autres cas, ce sont d'autres
soumissionnaires, évidemment.
M. Le Moignan: Mais je sais...
M. Vaugeois: C'est une entreprise privée.
M. Le Moignan: Dans bien des cas, il le fait à ses frais
personnels quand il sait qu'il y a une collection dans tel ou tel endroit et
peut-être qu'il vous informe après coup qu'il a fait des
découvertes.
M. Vaugeois: Oui.
Le Président (M. Blank): Elément 1, adopté?
Elément 2?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Sites et biens historiques et
archéologiques
Le Président (M. Blank): Conservation des sites et des
biens historiques et archéologiques.
Mme Lavoie-Roux: Cela va être très bref. J'aimerais
que le ministre nous dépose ce que l'on retrouve en page 53, toute la
liste des programmes qui ont été couverts par OSE. Là, on
l'a d'une façon très générale, quatre
bibliothèques centrales de prêts, sept musées, etc. Est-ce
qu'on pourrait avoir la liste complète avec les montants? Où se
trouvent ces bibliothèques et musées? Je voudrais aussi faire
lecture d'un petit paragraphe...
M. Vaugeois: Je m'excuse, vous voulez les détails...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: ... des huit bibliothèques, des sept
musées et centres d'exposition...
Mme Lavoie-Roux: Et le montant pour chacun.
M. Vaugeois: ... des 46 monuments et des 26 immeubles...
Mme Lavoie-Roux: Et le nombre d'emplois créés pour
chacun.
M. Vaugeois: Est-ce que monsieur le directeur
général est capable de donner cela? Y compris les emplois
créés? Oui, d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais simplement lire un petit paragraphe
d'un article paru dans le Soleil, qui faisait allusion à la
dernière tranche des subventions accordées par le
ministère des Affaires culturelles dans le cadre du programme OSE. Il
est de Martine Corriveault ce commentaire: ... "déjà la liste
publiée à la fin de novembre dernier suscitait des
interrogations. On pouvait se demander dans quelle mesure un tour de chant de
Michel Louvain au Mexique pouvait amener une relance économique ou
créer des emplois au Québec. Cela pouvait peut-être
permettre au bureau d'impresarios ou à l'agence responsable de tels
spectacles de se payer une secrétaire ou un bureau."
Enfin, est-ce qu'il y a une explication au choix qui a été
fait? D'abord, est-ce que c'est exact? Est-ce qu'il y a de l'argent qui a
été affecté à des spectacles pour des artistes,
individuellement, dans le programme OSE?
M. Vaugeois: C'est bien compliqué. Ce qui est
arrivé, c'est qu'on avait un programme spécial qui nous
permettait d'intervenir au niveau du disque et du spectacle pour la production
et la diffusion. Parmi les projets de diffusion qui nous ont
été
proposés, il y en a un certain nombre qui comportaient la
tournée de spectacles à l'extérieur du Québec.
Mme Lavoie-Roux: Et même en Europe aussi,
paraît-il.
M. Vaugeois: Et même en Europe. Or, nous avions un jury qui
a été constitué avec les gens du milieu et qui a retenu un
certain nombre de projets de tournées. Les gens du milieu ont
été d'accord, mais il y a des critiques, comme Mme Corriveault,
qui ont été étonnés de l'octroi de telles
subventions. Je dois dire que nous avons travaillé avec les gens du
milieu, ils ont apprécié ce programme et on n'a pas eu vraiment
de critiques du milieu. Il y a une journaliste comme elle qui était
étonnée un peu de voir qu'il y avait disons $26 000 pour
permettre à tel artiste, ce n'est peut-être pas Ginette Reno, mais
cela aurait pu être Ginette Reno...
Mme Lavoie-Roux: II y a apparemment Michel Louvain qui est
allé au Mexique.
M. Vaugeois: C'est toujours le même principe. J'ai eu un
jour à défendre sur les ondes de la radio, à
Montréal, un voyage qui avait été payé à
Diane Dufresne en Europe. On ne se demande même pas si on aime ou si on
n'aime pas Diane Dufresne. La question n'est pas là. Ne me demandez pas
si j'aime ou si je n'aime pas Michel Louvain. Ce qui est important, c'est que
c'est un spectacle, c'est une entreprise et quant à nous, nous traitons
la demande à ce titre. Je peux vous assurer, entre autres, que la
tournée que Diane Dufresne a faite en Europe a été un
grand succès. Pour être bête et méchant,
c'était un bon placement. Je n'aime pas dire des choses comme
celles-là, il ne s'agit pas de porter un jugement sur l'artiste, c'est
une affaire. Les disques de nos interprètes et de nos compositeurs
québécois se vendent bien actuellement et se vendent bien
à la suite de la réussite de ces spectacles. Cela a l'air curieux
de le dire, mais il faut le dire, parce que les gens n'ont pas l'air de le
comprendre, ça crée des emplois au Québec, parce que tous
les gens qui entourent ces artistes, y compris ceux qui fabriquent leurs
disques et qui servent aux enregistrements, ce sont des Québécois
qui travaillent.
On est en train de faire une percée actuellement du
côté du monde du disque et du spectacle, on a un trou dans la
structure, c'est le pressage du disque, et ça va être une des
premières commandes qu'on va donner à la SDIC, mais, pour le
reste, nos gens travaillent dans ce milieu. Quand on permet à des
artistes de faire des percées à l'étranger, ça se
répercute sur la situation de l'emploi chez nous.
Mme Lavoie-Roux: On va avoir tous ces chiffres dans la liste que
vous allez nous remettre...
M. Vaugeois: On va vous donner tout ça. Pour un
détail complémentaire, je me souviens qu'un des critères
que le jury avait retenus aux fins de distribution de subventions pour la
promotion hors Québec était que pour les artistes en
tournée, leur tournée devait être liée à la
production récente d'un disque ou d'une vidéocassette.
Mme Lavoie-Roux: Des questions très brèves.
Qu'advient-il du couvent des soeurs de la Congrégation de Notre-Dame,
à Sainte-Anne-de-la-Péra-de, qui doit être vendu, selon un
article du Nouvelliste en date du 7 avril 1979? Je suis sûr que le
ministre lit ça. Qu'arrive-t-il des représentations qui ont
été faites au sujet de la vente ou de la transformation de ce
couvent en hôtel?
M. Vaugeois: De quel couvent s'agit-il?
Mme Lavoie-Roux: Le couvent des soeurs de la Congrégation,
à Notre-Dame-de-la-Pérade.
M. Vaugeois: Ah, à Sainte-Anne-de-la-Pérade.
Ecoutez, le député de Champlain est justement là. Je vais
lui demander de faire un commentaire, mais, dans le cas de
Sainte-Anne-de-la-Pérade, assez curieusement, notre macro-inventaire du
patrimoine bâti n'a pas encore été fait, de telle
façon que Sainte-Anne-de-la-Pérade, qui regorge de maisons
intéressantes, n'en a pas de classées actuellement.
Nous sommes à étudier un contrat avec la
société d'histoire locale, pour faire le macro-inventaire de
Sainte-Anne et de la région immédiate. Ce n'est pas parce que le
macro-inventaire n'est pas fait, qu'il n'y a pas de classement de fait que nous
ne nous intéressons pas aux bâtiments qui sont là. Le
couvent est un des bâtiments qui nous intéressent. Mais il
appartient aux religieuses et il y a des rumeurs qui veulent qu'il soit vendu.
Je demanderais au député de Champlain de nous livrer ses
commentaires.
M. Gagnon: Vous avez fait le point. C'est un fait qu'il y a des
rumeurs qui veulent que le couvent doit être vendu. Mais il y a aussi la
société historique, comme l'a mentionné le ministre, qui
fait un travail pour essayer de conserver le couvent. Cela fait partie de tout
le patrimoine de Sainte-Anne et on a un projet qui devrait avoir à
protéger ces maisons.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, est-ce que le ministère
des Affaires culturelles n'a pas la responsabilité de faire l'inventaire
du patrimoine?
M. Vaugeois: Oui, absolument, mais, curieusement... Je ne
recommencerai pas l'histoire de l'inventaire, vous savez un peu comment cela
fonctionne, on ne peut pas le faire partout en même temps. Une
région qui a été totalement ignorée, jusqu'à
maintenant, c'est la région du comté de Champlain. On n'a pas
touché du tout le comté de Champlain. Et plutôt que
d'arriver avec la façon traditionnelle, nous allons, autant que
possible, utiliser les sociétés locales. C'est une nouvelle
approche que nous prenons, soit dit en passant. Nous diminuons les subventions,
mais
nous multiplions les contrats avec les sociétés
locales.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le Président. Mais je
voudrais rappeler au ministre que je veux bien que ce soit une participation de
la société d'histoire locale, mais...
M. Vaugeois: Elle est très dynamique, n'est-ce pas?
Mme Lavoie-Roux: Je suis bien d'accord sur son dynamisme. Mais il
était aussi censé y en avoir à Montréal pour le
Mont Saint-Louis, du dynamisme. Et, dans la nuit de vendredi à samedi
dernier, on n'a pas démoli la partie qui chambranlait, qui était
dangereuse, mais on a démoli une partie de l'édifice principal,
alors qu'on en avait averti le ministre lui-même, en Chambre, le mercredi
précédent. Et on complétait cette démolition le
vendredi. Est-ce qu'il y a eu un autre geste de posé? Est-ce qu'il est
présentement classé?
M. Vaugeois: Tout ce qui se fait au Mont Saint-Louis a
été fait en concertation avec les différents partenaires
concernés, y compris des gens de chez nous.
Mme Lavoie-Roux: Même la démolition de la nuit de
vendredi dernier?
M. Vaugeois: Oui. Nos gens du bureau de Montréal ont
été au courant de toutes ces péripéties. Ce sont
des questions techniques, mais vous connaissez la situation du mur de
soutènement qui menaçait le CEGEP à l'arrière.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais cela, c'était à
l'arrière.
M. Vaugeois: Apparemment, on avait le même genre de
pression qui s'exerçait sur le mur du côté de la rue et on
ne pouvait conserver l'aile est sans faire des frais très
élevés, qui étaient disproportionnés par rapport
à l'intérêt de l'aile est. Nos gens ont convenu qu'il
valait mieux procéder à cette démolition, pour sauver le
corps principal du bâtiment qui retient notre attention.
Maintenant que tout cela a été fait, ce que nous
attendons, ce que j'attends pour agir, c'est que les deux groupes qui me
donnent des avis en ces matières, c'est-à-dire la Direction
générale du patrimoine et la Commission des biens culturels, se
mettent d'accord. Il y a actuellement une diver-qence de vues à
l'intérieur de la commission puis entre la commission et la DGP. Je vous
dis cela en deux minutes.
On m'a recommandé, d'une part, de procéder au classement.
J'hésite à le faire. Là-dessus, j'ai eu de bons
éclairages de mes gens de la DGP. Nous n'avons pas
d'intérêt à classer un monument qui appartient à des
pouvoirs publics. Il suffit de procéder par acte de reconnaissance. Il
semble qu'actuellement, pour la Commission des biens culturels, comme il y a
beaucoup de nouveaux membres, ce serait une situation qui leur est un peu
nouvelle. Pour protéger le bâtiment, il n'est pas
nécessaire d'aller au classement, la reconnaissance suffit. Si nous
allons au classement, c'est que le ministère s'oblige à faire des
frais qui ne sont pas nécessaires lorsqu'un autre organisme public est
impliqué. On serait quand même un peu bête de
procéder de cette façon.
Mme Lavoie-Roux: Souvent, on ne s'entend pas; les choses se
démolissent entre deux, en attendant qu'on s'entende.
Ma dernière question, M. le Président, parce qu'on a
convenu qu'on irait rapidement. A la page 40 de votre rapport, vous
parlez...
M. Gagnon: Juste un instant. Vous avez parlé du vieux
couvent de Sainte-Anne-de-la-Pérade...
Mme Lavoie-Roux: Je voulais m'assurer que, pendant tout le temps
de la concertation, on ne démolisse pas.
M. Gagnon: Je voudrais juste ajouter à ce que M. le
ministre a dit, lorsqu'il a mentionné que rien n'avait été
fait dans le comté de Champlain. Je pense qu'il a voulu parler des
années antérieures. Actuellement, il y a beaucoup de dossiers,
dans le comté de Champlain, qui font l'objet d'étude. (21 h
15)
Je voudrais soulever un dossier sur lequel on a travaillé
extrêmement fort, c'est, par exemple, le vieux presbytère de
Batiscan qui, actuellement, est meublé avec les meubles d'antan, etc. Il
y a beaucoup de travail qui a été fait. Seulement, c'est un
comté qui a assurément été négligé
sur le plan du patrimoine et il y a beaucoup de dossiers actuellement qui vont
de l'avant. C'était presque une question de priyilège que je
voulais soulever pour replacer les faits pour que les gens ne croient pas que
je n'avais rien fait dans le comté pour ces maisons historiques.
Mme Lavoie-Roux: Dernière question, page 40. Vous signalez
que, suite à l'adoption de la loi no 4, il y a des préparations
de réglementation en vertu desquelles des ententes ont été
conclues entre les municipalités. Pourriez-vous déposer cette
réglementation?
M. Vaugeois: Excusez-moi, le député de D'Arcy McGee
vient de m'envoyer une note invraisemblable.
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce qu'elle dit?
M. Vaugeois: Incroyable.
M. Goldbloom: Je vais la lire.
M. Vaugeois: Suis-je autorisé à la lire.
Mme Lavoie-Roux: On pourrait demander de ne pas
l'enregistrer.
M. Vaugeois: Je vais la faire circuler, cela vous suffira. Elle
vaut, je pense, un coup d'oeil. Vous voulez avoir le texte des ententes?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: D'accord. Je vous remercie, Mme le
député, d'attirer notre attention sur cette partie du document
que nous vous avons remis. Là, on a l'exemple de quelque chose qui ne
coûte pas cher et qui aura pour effet, je pense, de multiplier les
partenaires dans la sauvegarde du patrimoine. Nous sommes en train de conclure
des ententes avec toutes les municipalités concernées par un
arrondissement historique. Soit qu'elles ont sur leur territoire un
arrondissement, soit qu'elles soient elles-mêmes, comme
municipalité, partie d'un arrondissement, comme à l'île
d'Orléans. Nous pouvons déposer toutes ces ententes qui ont
été signées et nous pouvons également, au fur et
à mesure que les autres seront signées, vous les acheminer.
Mme Lavoie-Roux: Merci. Dernière toute petite question. Au
château de Ramesay, apparemment, on a vendu une collection de
médailles. Je ne sais pas si elles étaient militaires ou d'autre
nature. Elles sont parties pour Ottawa. Sans aucun doute qu'elles vont
être bien gardées et on dit qu'elles reviendront se promener au
Québec. Mais, cela m'a fort étonnée. C'est un entrefilet
que j'ai vu dans les journaux la semaine dernière ou il y a dix jours.
Est-ce que vous êtes au courant? Comment se fait-il que... Le
château de Ramesay a un statut privé, je suppose?
M. Vaugeois: Oui, mais il appartient à la
municipalité.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous avez vu cela dans les journaux?
C'est extraordinaire.
M. Vaugeois: Mais nous ne sommes pas nerveux, vous savez. Quand
Ottawa s'intéresse à certaines pièces de nos collections,
on est assez ravi.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: On trouve d'ailleurs qu'il pourrait venir en
chercher un peu plus.
Le Président (M. Blank): Le député de
Deux-Montagnes.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais, sérieusement, je pense...
Pourriez-vous vérifier à votre ministère, pour voir
exactement ce qui s'est passé? J'ai la coupure quelque part, je peux
vous l'envoyer même. J'aime bien que cela aille se promener à
Ottawa, mais ce qui est au Québec, il faudrait au moins le garder
ici.
M. Vaugeois: Etes-vous si sûre que cela? Vous faites
référence à une mainmise des musées nationaux sur
la collection du Château de Ramesay.
Mme Lavoie-Roux: Oui et c'est une collection de médailles.
J'ai dit: Est-ce que ce sont des médailles militaires ou d'autre nature?
Mais elles sont du château de Ramesay.
M. Vaugeois: En tout cas, on pourra débattre cela à
un autre moment.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Je pensais que vous étiez au
courant, que vous étiez pour me donner de longues explications. Merci,
M. le ministre.
M. Vaugeois: Ah non!
Le Président (M. Blank): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voulais dire au
ministre qu'en ce qui concerne le comté de Deux-Montagnes, du point de
vue des biens patrimoniaux, les questions se présentent bien. Il y a,
par exemple, le cas de l'église de Saint-Eustache dont le
caractère historique est bien connu où l'on a fait
déjà certains travaux de réparation urgente avec l'aide du
ministère, une aide technique et financière, mais où des
travaux beaucoup plus importants sont indispensables, mais je n'ai aucune
demande particulière à faire au ministre à ce sujet, sauf
que de lui demander de s'assurer que le dossier continue de cheminer
normalement, comme je crois que c'est le cas à l'heure actuelle. Les
demandes voulues ont été faites, je crois qu'elles cheminent
normalement.
Il y a, par ailleurs, les bois polychromes du calvaire d'Oka sur
lesquels, pour faire écho à ce que disait Mme le
député de L'Acadie, le gouvernement d'Ottawa a fait main basse,
peut-être en toute légalité, mais il a quand même
fait main basse dessus. Le ministère a accordé une subvention
à un groupe local de Saint-Eustache pour faire des copies fidèles
de ces bois polychromes, mais j'espère que le ministre garde à
l'esprit la possibilité, à la fois de récupérer ces
bois polychromes un jour et d'améliorer la protection dont jouissent les
chapelles du calvaire d'Oka où ces bois polychromes, à l'origine,
étaient situés. Puisque la protection, à l'heure actuelle,
est insuffisante, il y a eu, au cours des années, de nombreux incidents
de vandalisme. Malheureusement, cela continue. Il y a encore eu
récemment des actes de vandalisme portés contre ces chapelles qui
sont très anciennes elles sont du XVIIIe siècle et
qui sont un élément important non seulement du patrimoine du
comté, mais du patrimoine de l'ensemble du Québec.
Par ailleurs, j'ai demandé à la Société
d'histoire de Deux-Montagnes de s'occuper de demander au ministre de classer un
certain nombre de monuments du comté de Deux-Montagnes qui ne sont pas
encore classés, depuis la maison des Sulpiciens qui est située
à l'entrée du monastère
des Cisterciens, généralement connu comme la trappe d'Oka,
en passant par la trappe d'Oka elle-même jusqu'à la maison
Basile-Routhier à Saint-Placide, y compris un certain nombre d'autres
maisons historiques. J'informe le ministre qu'il va, dans des délais
assez courts, j'espère, recevoir cette demande de la
Société d'histoire de Deux-Montagnes pour le classement de ces
bâtiments et maisons.
M. Vaugeois: Je suis ravi de ce que j'entends. Est-ce que je peux
demander au député d'inciter la société, si ce
n'est déjà fait, à nous fournir un maximum de
renseignements, sinon, nous sommes prêts à faire avec la
Société historique la recherche nécessaire, parce que ce
qui arrive actuellement, c'est que le macro-inventaire, M. le
député D'Arcy McGee,...
Mme Lavoie-Roux: ... le député de D'Arcy McGee, je
ne le savais pas...
M. Vaugeois: II le savait?
Mme Lavoie-Roux: ... avec son français impeccable.
M. Vaugeois: Le macro-inventaire n'a pas touché non plus
votre région. Nous cherchons actuellement, pour accélérer
le rythme du travail, à impliquer des groupes locaux. Ce que j'ai dit
tout à l'heure pour Sainte-Anne-de-la-Pérade peut être
aussi vrai pour votre région.
Mme Lavoie-Roux: Mais le...
M. de Bellefeuille: Finalement, avec votre permission, je
voudrais poser au ministre une question que le député de
Kamouraska-Témiscouata m'a prié de poser. Je ne connais pas le
dossier, mais c'est mon collègue, le député de
Kamouraska-Témiscouata, qui m'a prié de demander au ministre s'il
y a des crédits qui ont été réservés pour
réparer le presbytère de la Rivière Ouelle, qui est un
monument récemment classé. On m'informe que Mgr Lévesque,
qui est l'évêque de La Pocatière, est d'accord avec le
projet de rendre à ce presbytère sa vocation initiale. On peut
considérer que c'est une forme de recyclage, puisque le recyclage peut
tout aussi bien consister à revenir à la vocation initiale qui a
trouvé une autre vocation. Si ce presbytère trouve une vocation
qui, en l'occurrence, serait celle d'être presbytère, est-ce que
le ministre pourrait réserver des crédits pour la
réparation de ce presbytère? Deuxième question: Est-ce que
les travaux procèdent pour l'établissement de l'aire de
protection de 500 pieds autour de ce monument récemment
classé?
M. Vaugeois: La réponse, c'est oui, deux fois, sauf que,
pour les aires de protection, on a un retard, qu'on rattrape progressivement.
On ne peut pas commencer par faire les aires de protection des derniers
édifices qu'on a classés. On essaie de se rattraper dans un
calendrier très lent. Mais ça s'améliore beaucoup,
d'ailleurs.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Oui, M. le ministre, tandis qu'on est à ce
volet, je dois signaler que la région des Cantons de l'Est se distingue
des autres régions en regard du patrimoine d'une manière telle
qu'il est difficile d'appliquer les mêmes critères
intégralement que pour l'ensemble du patrimoine québécois.
Notre patrimoine est très typique d'une époque toute
récente et est unique dans ce sens-là au Québec. Parfois,
on se plaint j'ignore jusqu'à quel point c'est fondé
qu'il y a moins d'attention au ministère des Affaires culturelles
sur le classement de monuments historiques typiques à la région
des Cantons de l'Est témoignant notamment de toute la culture anglaise
de l'époque coloniale, du passage des Loyalistes et notamment, il y a
certains villages typiques comme Georgeville, qui mériterait
d'être classé lui-même comme village. Je remercie le
ministre d'avoir communiqué à tous les députés
l'année dernière ou il y a quelques mois, je pense, cet automne,
les Cahiers du patrimoine. J'ai trouvé cette revue très
intéressante, très stimulante. Je me suis permis de la
communiquer à une dizaine de regroupements de ma région, les
sociétés d'histoire, de regroupement touristique et autres, pour
les amener à prendre conscience, avec moi, parce que j'en ai
déjà pris conscience, du volume comparatif de monuments
classés historiques dans la région des Cantons de l'Est par
rapport aux autres régions.
Effectivement, c'est assez mince, et j'ignore jusqu'à quel point
il n'y aurait pas une attention toute spéciale à apporter
à l'inventaire du patrimoine régional dans les Cantons de l'Est,
en regard de l'héritage vraiment unique et vraiment intéressant
qui est là et qui est tout à fait ignoré, je regrette de
le dire. On a, dans le coin de Barnston, en partant de Stanstead, Rock Island,
qui étaient les voies de transit principalement empruntées par
les populations migrantes, d'anciens relais de diligences, d'anciennes maisons
qui servaient de relais de diligences et qui faisaient la route jusqu'à
Barnston, et c'est ignoré. Même le voisinage ignore ces
emplacements et, souvent, il y a là des richesses patrimoniales qui
s'effritent, qui se détériorent. Je pense qu'il faudrait une
attention toute particulière, sous forme d'une commandite
spéciale ou autre, pour faire le point sur le patrimoine régional
des Cantons de l'Est et on pourrait compter là-dessus sur une excellente
collaboration des groupes préoccupés d'histoire régionale.
Il y a notamment, un certain nombre de sociétés anglophones, il y
a, autour de l'Université Bishop actuellement, un grand courant de
préoccupation sur la revigoration du patrimoine régional.
D'ailleurs, vous avez reçu, M. le ministre, une invitation à
participer à un événement quelque part en juin. Je
regrette que vous ne puissiez en être. J'espère qu'on pourra quand
même amener un représentant du gouvernement. Donc, il y a la
"Heritage Foundation", notamment, à l'Université Bishop, qui se
préoccupe de ces questions, la Société d'histoire de
Sherbrooke, le Conseil de la culture et, également, les mouvements
orientés sur le tou-
risme régional, parce qu'on sent vraiment qu'il y a là une
mine, mal exploitée, qui mérite d'être beaucoup mieux
utilisée.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, pour rejoindre
l'intervention du député de Sherbrooke, est-ce que vous examinez
la possibilité de conserver apparemment, il en restait neuf au
Québec; j'en ai vu une qui s'est écroulée, il doit en
rester huit et il y en a une autre qui est en train de s'écrouler, il va
en rester sept les granges circulaires qui étaient originaires,
je pense, de la région de Philadelphie... Elles n'étaient pas
originaires, mais c'était un modèle qui avait été
importé de la région de Philadelphie et qui, enfin... Je vous dis
qu'il en reste cinq ou six, c'est tout. Il faudrait au moins en conserver une.
(21 h 30)
M. Gosselin: D'ailleurs, il y a eu une recherche effectuée
par le ministère des Affaires culturelles, l'année
dernière, sur les granges rondes, et c'est vraiment fantastique, surtout
dans le bout de Barnston.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, mais elle s'est
écroulée, celle près de Barnston.
M. Gosselin: II en reste quelques-unes, il faudrait les
sauver.
M. Vaugeois: Je me rends compte qu'il y a des
députés de l'Opposition qui pourront se recycler facilement vers
les Affaires culturelles.
Le Président (M. Blank): ...
M. Vaugeois: II y a beaucoup de choses dans ce que vient de dire
le député de Sherbrooke; on a pris bonne note de ses propos. Dans
le cas de sa région, le macro-inventaire est fait et il nous a
amenés à découvrir des choses qui avaient
été oubliées jusqu'à maintenant. C'est certain que
des avis d'intention pourront suivre, encore que les résultats que nous
donne cette démarche d'inventaire nous amènent à constater
qu'il y a peut-être deux types de bâtiments, au départ: il y
a un bâtiment d'intérêt national et un bâtiment
d'intérêt régional.
Nous envisageons, à ce moment-ci, de rejoindre encore là
des experts ailleurs, et d'amener des gouvernements locaux ou régionaux
à nous suivre sur la voie du classement, de la reconnaissance ou de la
désignation et à prendre en charge, éventuellement, des
bâtiments qui ont un intérêt important, mais davantage sur
un plan régional. Je me permets, pendant que le député de
Sherbrooke est là, d'ajouter qu'il y a un autre genre de dossier qui se
présente et il y a un beau cas dans le comté de Sherbrooke, c'est
la Paton qui est une usine désaffectée et qui pourrait devenir un
excellent exemple de recyclage et de nouvelle utilisation.
Je pense qu'il faut maintenant savoir jouer, grosso modo, à ces
trois niveaux: un cas de recyclage pur et simple, comme il convient avec un
entrepôt ou une usine; un cas de classement avec une approche
régionale; ou un cas de classement, de reconnaissance avec une approche
nationale. Dans les trois cas, il ne faut pas dissocier la conservation de la
fonction. On l'entend un peu partout dans le monde, maintenant: C'est la
fonction qui sauve le bâtiment, qui sauve le patrimoine.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, cela va être
très bref, je ne voudrais pas parler de tous les macro-inventaires.
Mme Lavoie-Roux: ... Gaspésie.
M. Le Moignan: En Gaspésie. Je ne voudrais pas
m'arrêter à des cas spécifiques. J'ai un doute, M. le
Président, et je crois que le ministre pourrait me répondre. Je
crois que le ministre est allé à Paspébiac, l'an dernier;
vous n'auriez pas déclaré les établissements Robin, qui
datent peut-être de 200, 250 ans et plus, monuments historiques?
Mme Lavoie-Roux: II est allé là au moment de la
campagne de financement du Parti québécois.
M. Le Moignan: Cela n'a pas coïncidé avec...
Mme Lavoie-Roux: Cela ne devrait pas coïncider.
M. Le Moignan: Est-ce que les Etablissements Robin sont
classés monuments historiques? Vous étiez là en même
temps?
M. Vaugeois: Merci, M. le député. Je vois qu'on a
des alliés qui ne se manifestent pas toujours. J'avais l'occasion
d'aller dans le comté de Bonaventure, effectivement, pendant la campagne
de financement. Je n'y suis pas allé, mais j'irai avant la fin du mois
de mai, comme je compte également aller dans le comté de
Gaspé. Il semble qu'il y ait des difficultés pour prévoir
au même moment la visite dans le comté de Gaspé, mais mon
voyage dans le comté de Bonaventure reste au programme et ce sera
très prochainement; je pense que ce sera dans deux ou trois semaines.
Entre autres, j'y vais pour considérer tout le dossier de
Paspébiac. J'avais eu l'avis des membres de la commission qui sont
allés pendant la campagne de financement. Je tiens à le
répéter aujourd'hui, je n'y suis pas allé, je n'ai fait ni
l'un ni l'autre en même temps, je n'ai fait aucune des deux
activités qui ont fait beaucoup de bruit.
J'ajoute encore, d'ailleurs, que les journalistes, parfois, nous jouent
des tours. C'est vrai je le sais maintenant que tout le monde
n'avait pas été prévenu du report de ma mission
là-bas, mais les principaux organisateurs avaient été
prévenus. Malheureusement, tout le monde ne l'avait pas
été et cela a créé une espèce d'imbroglio.
Là-dessus, j'aimerais bien qu'on le note, je n'ai pas fait les deux
activités en même temps, je n'en a fait aucune.
M. Le Moignan: Ce que je voulais savoir, c'est si votre
ministère est intéressé aux établissements de
Paspébiac qui sont à peu près les plus vieux de la
Gaspésie.
M. Vaugeois: Absolument.
M. Le Moignan: Ma deuxième question. Je vois, au niveau de
la conservation des sites et biens historiques et archéologiques, une
diminution de $3 200 000 à peu près. Est-ce à dire qu'il y
a moins de sites à classer ou avez-vous fait du rattrapage?
M. Vaugeois: On a fait du rattrapage effectivement durant
l'année. Cela a été l'année la plus intense au
titre de la restauration. Je pense qu'on en a peut-être fait plus durant
l'année que depuis le début de l'existence de ce
ministère. Mais cette année, nous sentons le besoin de porter nos
soins surtout vers les arrondissements. Cela rejoint les propos que je tenais
cet après-midi. On se rend compte que c'est bien gentil de restaurer un
moulin, un bâtiment, un manoir ou autre, mais il ne faut pas
négliger l'ensemble. Or, nous faisons porter nos efforts actuellement
sur les ententes avec les municipalités qui ont des arrondissements et
nous avons déplacé plus de $1 million. Malgré tout,
voyez-vous, on récupère de l'argent à des endroits, on a
déplacé $1 million vers les arrondissements. Cela va nous
permettre de faire des actions très significatives sur des
ensembles.
Le Président (M. Blank): Le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, le ministre a parlé des
arrondissements historiques, or le premier de tous les arrondissements
historiques du Québec, celui du Vieux-Québec, se trouve dans la
circonscription de Taschereau. J'aurais un certain nombre de questions à
lui poser.
Mais avant de traiter de l'arrondissement historique du
Vieux-Québec si on peut déborder un peu à
l'extérieur provisoirement, il y a deux immeubles qui posent un
problème, l'un, quant à son état, et l'autre, quant
à sa vocation. J'aimerais savoir du ministre où en sont rendus
ces dossiers. L'un est la maison Krieghoff située tout près
d'ici, sur la Grande-Allée, qui est classée monument historique
et qui est en état de dégradation sinon avancée, en tout
cas qui se dégrade à coup sûr. Il s'agit de passer devant
pour le constater. D'ailleurs le Soleil a souligné la chose fort
pertinemment l'autre jour. La galerie est en train de disparaître. La
maison est fermée depuis un très grand nombre d'années. Je
me demandais si on avait des projets afin de faire en sorte qu'un monument
historique ne devienne pas une ruine, pour des fins archéologiques, un
bon matin.
M. Vaugeois: Cela fait un bon bout de temps que les gens du
ministère se préoccupent du sort de la maison Krieghoff et, suite
à l'article paru dans le journal, je me suis inquiété
moi-même de l'état du dossier. Il semble que les
propriétaires de la maison aient refusé de vendre à des
acheteurs possibles qui ont été dénichés par les
services du ministère et qui auraient été prêts
à faire non seulement une restauration, mais une mise en valeur de la
maison Krieghoff. Donc les propriétaires ont refusé de vendre,
refusent de louer et refusent, en fait, toute proposition.
M. Guay: II s'agit de St-Brigid's Home, si je ne m'abuse.
M. Vaugeois: Oui. Bien je crois que c'est une espèce de
communauté...
M. Guay: Qui est à côté là?
M. Vaugeois: Oui, oui qui est à côté. J'ai
demandé que l'on reprenne les démarches. Les propriétaires
ne veulent pas vendre à ceux qui auraient voulu acheter, ils ne veulent
pas louer. Ecoutez, ils sont quand même propriétaires. A la
limite, bien sûr, on peut aller jusqu'à l'expropriation. Mais
avant d'aller aussi loin, on essaie de s'entendre avec les
propriétaires. J'ai demandé à nos services de reprendre
les discussions et d'essayer de voir pourquoi ils refusent toute proposition.
La vérité, c'est qu'ils auraient peut-être voulu
démolir purement et simplement.
M. Guay: Mais si jamais, au bout des discussions, il
s'avérait que la position des propriétaires demeure la même
et qu'on aurait un monument historique qui s'en va à l'abandon, est-ce
que le ministre a l'intention de laisser les propriétaires se
prévaloir du droit absolu de propriété, ou si
l'intérêt historique l'emporterait?
M. Vaugeois: Ecoutez, j'hérite de cette maison
classée. Je ne remets pas en question le classement. Il faut aller dans
la logique du geste posé et la logique, à défaut de
s'entendre, c'est d'acquérir en recourant à la loi.
M. Guay: L'autre immeuble qui est devenu la
propriété des Affaires culturelles, on se demande encore à
quoi il va servir. C'est le manoir Catara-qui, à Sillery. Je me
demandais si le ministre avait des précisions à nous donner quant
à l'avenir de cet immeuble et du parc qui l'entoure, qui est immense et
qui ne sert guère à des fins publiques à l'heure
actuelle.
M. Vaugeois: II ne m'appartient pas de dévoiler certains
projets, je peux vous dire que le ministère des Travaux publics a
maintenant des projets précis pour le domaine de Cataraqui. Nous en
sommes propriétaires, nous venons d'ailleurs de débourser des
sommes importantes pour compléter l'acquisition. Nous avions
également, de notre côté, des projets intéressants
qui tournent autour de l'idée d'un centre d'animation scientifique et il
y a eu beaucoup de pourparlers ces derniers mois avec les organismes
concernés, la ville de Sillery est intéressée à la
formule, les or-
ganismes de loisir scientifique sont intéressés. En fait,
on allait vers un certain consensus de ces divers partenaires, mais,
parallèlement, le ministère des Travaux publics avait son projet.
Nos fonctionnaires sont en train de comparer les deux projets. Je ne sais pas
encore ce que ça va donner. Je pense que les deux projets, de toute
façon, vont assurer au domaine de Cataraqui un avenir
intéressant. Je ne peux pas dire, à ce moment-ci, lequel des deux
projets va l'emporter et il ne m'appartient pas non plus de dévoiler le
projet des Travaux publics, qui est fort intéressant.
M. Guay: Pour revenir à l'arrondissement historique du
Vieux-Québec, je n'ai pas constaté, depuis un an, de changement
marqué, du moins il ne m'en vient pas à l'esprit quant à
l'état de l'arrondissement historique, quant à l'avancement du
dossier dans l'arrondissement concerné. En d'autres mots, le moins qu'on
puisse dire, c'est que les choses semblent stagner, à l'exception
peut-être de l' évolution des griefs des locataires de la Place
Royale, que j'ai rencontrés à maintes reprises avec les
fonctionnaires des Affaires culturelles et les représentants du cabinet
du ministre. A ce sujet, je vais quand même signaler la
disponibilité des fonctionnaires du ministère pour tenter de
régler des problèmes très concrets posés par des
constructions parfois de qualité douteuse faites sous d'autres
gouvernements, mais qui semblent être en voie de règlement par
recours juridique.
Pour le reste de l'arrondissement, j'avoue que je ne peux pas dire que
les choses ont avancé dans ce quartier de ma circonscription, comme
elles ont peut-être avancé dans d'autres, qui ne sont pas des
arrondissements historiques. Plus précisément, on me dit, je ne
sais si c'est exact, que dans l'arrondissement historique de
Trois-Rivières, on est en train de confectionner un plan directeur. Il
est, depuis fort longtemps, question de quelque chose dans l'arrondissement du
Vieux-Québec, est-ce que ce sera un plan directeur, un plan de
sauvegarde et de mise en valeur, un schéma d'aménagement,
appellons-le comme on voudra, sauf que ça fait au moins huit ou neuf ans
qu'il en est question. Il n'y a toujours rien.
Je me demandais si le ministre, étant donné sa
récente déclaration à savoir que, dorénavant, on
allait porter plus d'attention aux arrondissements historiques, quels
étaient les projets qu'il avait en ce qui a trait au
Vieux-Québec?
M. Vaugeois: II y a une entente qui est prête avec la ville
de Québec, disons que le Conseil du trésor m'a
suggéré un certain nombre d'éléments qui obligent
la ville de Québec à voter une résolution, ce qui a
peut-être été fait ces jours derniers, mais j'attends que
la ville ait posé le geste officiel qui va le rendre apte à la
signature du protocole. Ce protocole va prévoir justement l'engagement
d'un personnel spécifique à l'Hôtel de ville de
Québec pour l'ensemble de la question patrimoniale et de
l'arrondissement en particulier.
Il va se passer à peu près le même cheminement que
vous venez de donner pour Trois-Riviè- res. C'est plus avancé
à Québec qu'à Trois-Rivières, soit dit en passant.
Mais il arrive à Trois-Rivières qu'une firme d'urbanistes avait
beaucoup étudié la question du port et que les deux soient assez
reliées. Donc, cela va se faire assez rapidement.
Dans le cas de la ville de Québec, je ne voudrais pas enlever au
maire de Québec certaines primeurs; la signature du protocole, c'est
dans une semaine ou deux, j'attends le signal de sa part. La démarche va
se préciser et le rôle de la ville de Québec va se
préciser grâce à ce protocole. (21 h 45)
Mais, plus concrètement, et pour la partie dont nous sommes
propriétaires, c'est-à-dire la Place Royale et ses limites
immédiates, nous avons prévu nous rendre sur le terrain. C'est
prévu pour la semaine prochaine, je pense. Nous avions l'intention de
vous inviter, M. le député de Taschereau, à vous joindre
à nous, parce que nous comptons, séance tenante, prendre un
certain nombre de décisions qui vont découler du colloque sur la
Place Royale. Nous sommes prêts maintenant, nous avons des choses
précises à proposer sur tel et tel bâtiments. Je pense que
les choses vont repartir. Cela va être pour les bâtiments dont nous
sommes propriétaires. Pour l'ensemble de l'arrondissement, la ville de
Québec va avoir les moyens de se donner des règlements et un plan
qui correspondraient à ses préoccupations et aux nôtres.
Tout cela, c'est dans le sens de la Loi sur les biens culturels.
M. Guay: II y a également un immeuble qui est depuis
longtemps barricadé ce n'est pas un reproche que je veux faire au
ministère des Affaires culturelles, on peut le faire aussi au
ministère des Travaux publics, on peut le faire sous tous les
gouvernements, cela semble être inévitable aux gouvernements que
lorsqu'on se porte acquéreur d'un immeuble, il faut d'abord le
barricader avant de pouvoir le réutiliser, la réutilisation, le
recyclage ou l'idée même d'en arriver à une idée
précise de ce qu'on va en faire prend du temps.
Mais, celui-là, je pense qu'il date du début des
années soixante. C'est une maison dont j'ignore le nom, mais qui est rue
Saint-Pierre.
M. Vaugeois: C'est la maison Estèbe.
M. Guay: C'est celle-là, exactement. Elle est là,
elle est immense, par ses volumes extérieurs. On a un problème de
logement dans le centre-ville. Il y a des terrains vacants dans l'endroit qui a
subi un bombardement et il ne se passe rien depuis.
M. Vaugeois: On vient de régler cela. C'est une
très vieille histoire qui traînait depuis des années. Un
architecte qui avait été engagé, contestait les honoraires
qu'il avait eus et, aussi longtemps qu'on n'avait pas réglé cela,
il tenait ses plans, etc. On vient de régler cela et les choses vont
repartir pour la maison Estèbe. Les idées ont
changé. Et, pour ma part, je ne suis pas partisan de la
restauration de la maison Estèbe comme on l'a fait à la Place
Royale.
M. Guay: Non, bien sûr.
M. Vaugeois: Je veux qu'on l'utilise et qu'on l'utilise en
fonction du plan d'ensemble que nous sommes à mettre au point avec la
ville de Québec. Vous avez raison de souligner que le vide s'est fait
autour de cette maison et qu'il ne faut pas laisser cela comme cela.
M. Guay: L'initiative, pour ce qui est de boucher le vide...
M. Vaugeois: C'est à la ville de Québec.
M. Guay: Les terrains aux alentours appartiennent à la
ville?
M. Vaugeois: Les terrains appartiennent à la ville de
Québec.
M. Guay: Et pour ce qui est de la maison Estèbe, est-ce
qu'on trouve...
M. Vaugeois: Elle nous appartient.
M. Guay: ... sans faire de la restauration du type Place Poyale,
je suis entièrement d'accord avec vous.
M. Vaugeois: C'est drôle que vous me posiez cette question,
parce que j'ai suggéré au groupe de travail qui
s'intéresse au domaine Cataraqui de regarder pour voir si la proposition
des travaux publics pour Cataraqui ne pourrait pas mieux s'appliquer à
la maison Estèbe.
Le Président (M. Blank): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais faire un
commentaire sur le déroulement de nos travaux et je veux faire en
même temps une offre de collaboration. Si nous sommes ici les seuls
députés à travailler ce soir, c'est parce que nous sommes
sincèrement intéressés aux affaires culturelles et
à notre patrimoine. Nous connaissons tous des immeubles
intéressants au sujet desquels nous aimerions poser des questions au
ministre et, pour vider ces nombreux dossiers, il nous faudrait deux ou trois
jours, probablement, de séances. Pourtant, je suis informé qu'il
y a des membres de cette commission qui seront dans l'impossibilité
d'être ici demain.
Je voudrais vous suggérer ceci, M. le Président: Quant
à nous, de l'Opposition officielle, nous serions disposés
à nous limiter à cinq questions seulement, deux de la part du
député de L'Acadie et trois de ma part, de façon à
permettre que nous terminions l'étude des crédits dans les
prochaines minutes.
M. Guay: M. le Président, j'avais seulement une
dernière question à poser au ministre, si le député
n'a pas d'objection, parce que, connaissant le comté de D'Arcy McGee, je
sais qu'il y a moins d'immeubles patrimoniaux dans ce comté que dans
celui de Taschereau; si le député permet... Cela n'enlève
rien à sa beauté, absolument rien.
M. Goldbloom: Le ministre classera-t-il la maison natale de
chacun des membres de l'Assemblée nationale?
M. Guay: M. le Président, cela risquerait d'être
long, c'est compliqué à trouver dans certains cas.
Mme Lavoie-Roux: La mienne a 225 ans.
M. Guay: Non, tout simplement une dernière question. Il
s'agit de ce projet qui a parfois fonctionné, qui a été
retiré et qui semble être réactualisé, le Morrin
College dans le Vieux-Québec, la vieille prison.
Mme Lavoie-Roux: Oui, on a posé cela, il y a deux ans, ces
questions-là.
M. Guay: C'est que, sous l'ancien gouvernement...
M. Goldbloom: Ne commencez pas, ne commencez pas.
M. Guay: Non.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait trois ans qu'on les pose.
M. Guay: Ce n'est pas une critique. Mme Lavoie-Roux:
...
M. Guay: Pour une fois que je parle de l'ancien gouvernement sans
le critiquer, laissez-moi faire.
Mme Lavoie-Roux: Oui, on devrait souligner cela.
M. Guay: C'est parce que cela ne passe pas souvent et cela risque
de ne pas repasser. Mais il avait été question d'acheter le
Morrin College qui est à vendre depuis fort longtemps.
Mme Lavoie-Roux: On pourrait...
M. Guay: Cela va vous coûter cher, semble-t-il.
Après cela, le projet a été retiré, parce
qu'apparemment, on ne savait pas très bien ce qu'on en ferait.
Là, le projet serait, semble-t-il, réactualisé, mais je ne
suis pas certain qu'avec les crédits du ministère pour cette
année, on trouve le financement nécessaire et je me demandais si,
par le fait même, on avait une idée de ce qu'on en ferait, le cas
échéant.
M. Vaugeois: Nous ne manquons pas d'argent, mais d'idées.
Les idées venant, l'argent va venir. C'est une parenthèse. Pour
le Morrin College, ce n'est pas une question d'argent, sérieusement.
Nous avons demandé aux Travaux publics de reconsidérer les
décisions prises jadis et notre intention, ce serait de suggérer
une acquisition et un recyclage par une société non
gouvernementale. Nous avons un modèle à l'esprit. Nous avons pris
contact en fait, je pense que je peux le dire avec la
Société historique de Québec qui songe à se doter
d'une société immobilière ou d'une fondation qui pourrait
recevoir le bâtiment et en assurer la restauration. On a des idées
extraordinaires pour l'avenir du Morrin College qui tournent autour de la
question patrimoniale et de l'animation historique. Je fais seulement le
mentionner à titre d'indice. Les gens qui acquièrent de vieilles
maisons, qui font de la restauration sont toujours à la recherche de
maquettes, de travaux, d'études qui ont pu être faits sur la
restauration et qui les guideraient dans leurs propres travaux de
restauration.
Alors, le Morrin College pourrait devenir un lieu de regroupement de
sociétés historiques, sociétés de
généalogie, etc., et en même temps, devenir une
espèce d'institut du patrimoine, regroupant ces sociétés
et, en même temps, offrant aux gens qui ont des maisons et qui les
restaurent un lieu de consultation et de référence. Mais ce n'est
pas le gouvernement, ni les Travaux publics qui restaureraient, ce serait cette
société immobilière, création de la
Société historique de Québec. Il y a là tout un
modèle nouveau qui se met en place. Le fait qu'on ait plus ou moins de
crédit ne joue absolument pas. Nous jouons avec les partenaires
gouvernementaux que nous avons. Il y a des crédits pour les bonnes
idées.
Le Président (M. Blank): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Je vais sauter un programme. Est-ce
qu'on adopte le programme 2?
M. Vaugeois: On l'adopte.
Le Président (M. Blank): On l'adopte. Programme 2,
adopté.
M. Vaugeois: C'est un bon programme.
Gestion interne et soutien
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, je ne sais pas si je vais aller du
3 au 4, mais mes questions seront brèves. M. le ministre peut-il nous
dire ou nous donner une autre liste, cela va faire quelques listes à
préparer pour les fonctionnaires? On sait que dans son cabinet, il y a
deux femmes qui sont secrétaires particulières adjointes. Elles
brillent par leur absence.
M. Vaugeois: Elles brillent, madame!
Mme Lavoie-Roux: Pourrait-on nous donner une liste des directeurs
de service et du personnel de cadre au ministère et nous donner la
proportion des femmes qui s'y trouvent?
M. Vaugeois: Oui, on peut vous donner ces listes, mais j'aime
autant vous le dire tout de suite. L'héritage n'était pas
très intéressant pour les femmes. Les dernières
nominations ont eu tendance... J'aimerais quand même insister
là-dessus, parce que toutes nos dernières nominations
c'est un hasard, en fait, mais un hasard heureux, parce que cela peut nous
amener vers un équilibre que nous recherchons nous ont permis de
nommer des femmes à la direction des communications, de la danse et
l'aide à la création. Il arrive que nos dernières
nominations permettent à des femmes d'accéder à des postes
de direction.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Tant mieux, je me souviens de celle qui a
été nommée responsable de la danse. Il semble que les
femmes soient bonnes dans les communications. Je vois que cela semble
être la tendance de ce gouvernement.
M. Vaugeois: C'était la première que nous
nommions.
Mme Lavoie-Roux: A tout événement, l'excuse du
ministre, à savoir qu'il y avait eu un héritage douloureux, il
faut quand même qu'il reconnaisse qu'il y a eu passablement de
nominations depuis le changement de gouvernement au ministère des
Affaires culturelles et qu'on n'y avait pas accordé une place...
M. Vaugeois: C'est vrai. On me donne un autre exemple. A la
Commission des biens culturels, je pense qu'il y a un nombre à peu
près égal d'hommes et de femmes; il y a la
vice-présidente... Il y a une préoccupation au
ministère...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Vaugeois:... d'égalité des chances,
c'est-à-dire autant pour les hommes que pour les femmes.
Arts d'interprétation
Mme Lavoie-Roux: L'autre question quej'avais, c'est un
problème un peu plus délicat. Je l'ai abordé à
l'Assemblée nationale. C'est le contenu québécois ou les
directives directives est peut-être un mot fort en tout cas
l'incitation, peut-être un peu trop incitative je m'excuse de la
redondance que l'on fait auprès, par exemple... Le meilleur
exemple que j'ai en tête, c'est celui du spectacle d'Eddy Toussaint,
où on a dit que le contenu québécois, qui venait comme
directive je l'ai cité en Chambre, je m'excuse auprès des
fonctionnaires des bonzes du minis-
tère qui, depuis 1976, finalement, semblaient parfois soumettre
la qualité des spectacles à la question du contenu
québécois des programmes... On l'a eu à l'occasion... On
l'a eu dernièrement pour les ballets canadiens. On l'a eu pour... Ces
remarques reviennent de plus en plus fréquemment et je voudrais savoir
quelle est la politique du ministre touchant ce contenu québécois
et jusqu'à quel point il peut être utilisé, par exemple,
comme critère, pour accorder ou ne pas accorder une assistance
financière quelconque ou une subvention quelconque, parce que je pense
que là, c'est un problème qui est soulevé par le monde
artistique qui se dit: Jusqu'à quel point, le gouvernement va-t-il aller
dans ce domaine? C'est tout ce problème que je voudrais aborder avec le
ministre. On n'a pas le temps d'y aller en profondeur, mais on peut au moins
signaler ce danger ou cette tendance, peut-être plus qu'un danger, qui
parfois ne semble pas justifiée ou appropriée et qui,
apparemment, viendrait de certaines directives de votre ministère.
M. Vaugeois: Ecoutez, effectivement, c'est une question qui
serait assez longue...
Mme La voie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: ... et ce serait important, je pense, qu'on en
discute à un moment donné. Je vais vous donner rapidement trois
cas différents. Dans les orchestres symphoniques, l'Orchestre
symphonique de Montréal et celui de Québec, c'est vrai que nous
demandons aux orchestres d'avoir un recrutement qui tienne davantage compte des
ressources québécoises. On n'est pas allé jusqu'au
contingentement, mais on a forcé, par des groupes de travail, les
responsables du recrutement à tenir davantage compte des jeunes qui
sortent de nos institutions, de nos conservatoires, d'autant plus maintenant
qu'il y a l'Orchestre des jeunes et que ceux-ci ont cette chance
d'acquérir de l'expérience symphonique et tout. C'est un premier
cas où il peut y avoir une forme de contingentement qui amène nos
institutions à tenir compte de nos jeunes. Le cas auquel vous faites
peut-être davantage référence...
Mme Lavoie-Roux: C'est le contenu des programmes.
M. Vaugeois:... c'est le cas du théâtre. Notre
programme de subventions tient compte du nombre de créations de
pièces, je ne sais pas, d'ailleurs, si on dit québécoises
ou canadiennes...
Mme Lavoie-Roux: Québécoises.
M. Vaugeois: Québécoises. Je sais que la compagnie
Jean Duceppe, l'an dernier, a pu présenter une traduction.
L'idée, c'est de la création. C'est un débat en soi.
D'abord, les exigences ne sont pas les mêmes, si on joue une pièce
qui a déjà été montée tant de fois ou si on
joue une pièce qui est nouvelle, où il y a un effort de
création à soutenir. Les subventions en tiennent compte; je pense
que ce sont des critères objectifs.
Quand on privilégie la création québécoise,
évidemment, on sert les intérêts des créateurs et
des auteurs québécois. C'est quand même payant de voir une
de ses pièces jouée et si nos auteurs ne sont jamais
joués, il y a un manque à gagner pour eux. On pense que nos
subventions doivent essayer de rejoindre le plus grand nombre possible. Si la
subvention à la troupe de théâtre peut servir en même
temps à l'auteur, tant mieux, parce qu'il ne faut pas oublier que la
troupe qui joue un auteur parisien paie des droits à l'auteur parisien.
S'il y a moyen de les amener à jouer des auteurs
québécois, il y a des retombées pour nos créateurs
et nos auteurs, c'est vrai non seulement pour l'auteur, mais pour les metteurs
en scène, pour les gens des décors, etc. Est-ce qu'on va trop
loin dans ces normes? Elles sont mathématiques, elles sont objectives,
elles ont été surtout développées du
côté du théâtre.
Mme Lavoie-Roux: Et de la danse, apparemment.
M. Vaugeois: Du côté de la danse, ce n'est pas
développé comme du côté du théâtre.
C'est un peu du cas par cas qu'on a fait et, dans l'appréciation d'une
troupe, on tenait compte d'un certain nombre d'éléments comme,
entre autres, les créations québécoises. Je vous rejoins
parfaitement dans le cas de la danse. Autant le cas du théâtre se
défend, dans le cas de la danse, ça demande à être
articulé, ce n'est pas clair actuellement. Cela a joué en faveur
d'Eddy Toussaint, mais ça a joué contre les Ballets Jazz. Je suis
le premier à m'en inquiéter. (22 heures)
Mme Lavoie-Roux: C'est surtout de la façon dont ça
peut... Je suis avec vous. Il faut qu'on encourage les Québécois,
la créativité, nos créateurs. Là-dessus, pas de
chicane. D'un autre côté, il ne faut pas que cela devienne une
condition sine qua non et absolue qui soit une entrave à la
création. Je vais faire une comparaison et les gens vont s'imaginer que
je veux faire une chasse aux sorcières, ce n'est pas du tout mon
idée, mais c'est parce que je l'ai vécu ou que je l'ai vu. Si
vous regardez, par exemple, en Chine, après la l' évolution
culturelle, on a imposé aux gens un type absolu du côté de
la danse, du côté du théâtre, du côté du
spectacle. Finalement, vous avez tué la création artistique ou la
qualité de la création artistique. Cela n'est pas du tout... Je
vois que le député de Taschereau sourit. Vous trouvez la
comparaison, mais...
M. Guay: De l'Ouganda jusqu'à la Chine, cela commence
à être pas mal exagéré, il me semble, comme
parallèle.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, ce que je veux dire, c'est qu'à
un moment donné, on peut, avec un peu trop de dirigisme ou d'insistance,
com-
promettre la qualité de la créativité. C'est ce que
je veux dire. J'admets avec vous que je ne voulais pas faire une comparaison
d'égal à égal, mais c'est le genre de choses qui peut se
produire. Je pense qu'il faut être extrêmement prudent. Autant il
faut accorder de l'appui et encourager la création de nos artistes,
autant il faut être prudent et mesurer le genre d'exigences qu'on a, pour
ne pas arriver à un moment où la qualité devient soumise
à ce genre d'exigences. C'est le point que je veux faire.
M. Guay: Si le député me le permet, sans vouloir
faire de débat. C'est parce qu'il y a une différence fondamentale
entre le dirigisme imposé, pour des raisons idéologiques en plus
de cela, et le fait de stimuler la créativité. La
créativité, par définition, est le contraire du
dirigisme.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais si la mesure est trop excessive, c'est
à ce moment que cela n'est plus un objectif louable en soi; on peut,
sans même en être conscient, tomber dans une espèce de
dirigisme ou dans quelque chose qui peut ressembler à du dirigisme.
M. Vaugeois: C'est pour le théâtre qu'on s'entend
et, d'ailleurs, on demande à une troupe subventionnée d'avoir une
création sur quatre ou cinq productions pendant l'année. Du
côté de la danse, ce ne sont pas des critères
arrêtés. L'imbroglio vient du fait que le Conseil des arts,
vis-à-vis de la danse, a des programmes dont on ne saisit pas
très bien les paramètres et cela nous amène à
réagir. Parce que souvent, nos subventions perdent leur signification si
le Conseil des arts se retire. Je reconnais qu'il y a, dans le domaine de la
danse, une certaine confusion. Entre autres arguments, on a
évoqué celui des créations québécoises pour
dire: Eux, on les subventionne et eux, on ne peut pas les subventionner. Mme
Renauld qui vient d'arriver au ministère a comme mandat de nous
proposer, dans les prochains mois, une politique de la danse. Puisque l'on
discute de crédits, nous avons convenu que, pour la danse, nous irions
en budget supplémentaire, dès qu'on aurait des
éléments de politique suffisamment clairs. Le budget de la danse,
pour l'instant, ne bouge à peu près pas. Il bouge d'à peu
près $30 000, je pense. On part de $590 000 à $620 000, en
arrondissant les chiffres. C'est temporaire et, au moment des crédits
supplémentaires, j'ai déjà convenu avec... D'ailleurs,
cela n'est pas vrai seulement pour la danse. Au fur et à mesure que
notre évaluation actuelle va progresser, il y a plusieurs secteurs qui
devraient, au moment des crédits supplémentaires, profiter du
travail qu'on s'est imposé nous-mêmes à ce moment et qui ne
devrait pas pénaliser les artistes, les troupes, les créateurs,
etc.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
Le Président (M. Blank): Le député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, puisque nous parlions, il y
a quelques instants, de l'Orchestre symphonique de Montréal, j'aimerais
poser une question à trois volets. Le ministre a parlé du
recrutement, du désir collectif d'encourager les Québécois
à devenir membre d'un orchestre de cette qualité. Je voudrais
d'abord lui demander si cette notion dont on entend parler depuis quelque
temps, de la création d'un comité pour faire les auditions des
aspirants musiciens, comité dont le directeur artistique de l'orchestre
serait membre, mais serait un seul membre avec une seule voix sur un total de
neuf, est une politique gouvernementale ou si ce n'est qu'une idée qui a
été lancée et qui pourrait peut-être faire l'objet
de discussions patronales-ouvrières.
Deuxièmement, je voudrais lui demander si cette politique
pourrait mettre en danger les emplois de ceux qui sont aujourd'hui membres de
l'orchestre.
Troisièmement, je voudrais qu'il dise quelques mots sur la
situation financière de l'Orchestre symphonique de Montréal.
M. Vaugeois: Je pense que le mieux, c'est de demander à M.
Vallerand de faire le point surtout sur la question du comité. Il y a
des éléments assez techniques.
Il y a eu, au cours du printemps et de l'été dernier, des
négociations entre les membres du service de la musique et la direction
de l'Orchestre symphonique de Montréal, aux termes desquelles
l'Orchestre symphonique de Montréal a proposé lui-même un
plan d'intégration de musiciens québécois en son sein.
Cela pourrait paraître étonnant, mais nous n'avons jamais
réagi officiellement au plan qui nous a été proposé
par l'Orchestre symphonique de Montréal; officieusement, oui;
officiellement, non. Nous préférions, en un premier temps, ne pas
avoir à engager des pourparlers sur ce qu'on appelait tout à
l'heure des quotas. Il nous semblait que c'était un peu
inapproprié. Vous faites allusion à des comités
d'audition. Il y a des comités d'audition, et, actuellement les
comités d'audition fonctionnent de la façon suivante. Il y a
d'abord un concours local, un concours national et un concours
international.
Si les candidats qui se présentent, en provenance de
Montréal ou du Québec, sont jugés compétents
dès cette première étape, il n'y a pas de concours
national au sens canadien du terme. M est gelé. Le candidat est retenu
immédiatement. Si les candidats du Québec ne sont pas retenus,
ils peuvent quand même se représenter au concours national qui est
alors ouvert à tous les musiciens du Canada. Et si aucun candidat n'est
jugé compétent à cette deuxième étape, il y
a un concours international auquel les jeunes Américains,
diplômés des écoles de musique et des conservatoires
américains ont accès, ainsi que des Européens.
Et, encore là, les étudiants qui sortent de nos
conservatoires peuvent encore se présenter une troisième fois au
concours international, on dépit
du fait qu'ils aient été éliminés ou qu'ils
aient pu être éliminés aux deux étapes
précédentes.
Si ma mémoire est fidèle, le concours a lieu
derrière rideau, c'est-à-dire que les juges ne voient pas les
candidats, ils les entendent seulement. Je crois que le président du
jury a droit de veto sur les avis de ses collègues, le président
étant, au fond, le directeur artistique de l'orchestre,
c'est-à-dire le chef d'orchestre.
Je ne sais pas si c'est écrit de cette façon, mais je sais
qu'en pratique, cela pourrait être le cas. Nous n'avons pas exigé
que l'orchestre révise cette façon de procéder. Nous nous
sommes simplement entendus avec eux sur un objectif de moyen terme,
c'est-à-dire que, d'ici cinq ans, on obtienne une proportion qui soit
l'équivalent d'à peu près 50% de jeunes finissants
ils peuvent ne pas être très jeunes non plus de nos
conservatoires et de nos écoles de musique, et 50% qui viennent des
écoles du Canada, des Etats-Unis ou d'Europe.
C'est à peu près la moyenne, d'ailleurs, que l'orchestre a
respectée au cours des derniers 18 mois, de sorte qu'il ne nous est pas
paru nécessaire de hausser le ton ou de s'engager dans une
polémique extrêmement délicate. Les dirigeants de
l'orchestre nous ont assurés et nous ont convaincus, d'ailleurs, de
leurs bonnes intentions, du sérieux de leurs intentions à cet
égard.
Nous n'avons jamais demandé, que je sache et M. Cartier
pourrait peut-être infirmer la chose si tel était le cas
à l'Orchestre symphonique de Montréal d'anéantir le
pouvoir dont dispose le directeur artistique quant au jugement à porter
sur la performance de chacun des candidats. Je ne me souviens pas qu'on ait
jamais demandé cela. Enfin, cela m'étonnerait
énormément. Les choses en sont là.
Autrement dit, je crois qu'on peut le dire, nous nous sommes entendus
pour l'instant officieusement avec les responsables de l'Orchestre symphonique
de Montréal pour faire l'expérience de poursuivre des objectifs
communs. Les dirigeants de l'orchestre comprennent le point de vue du
ministère de faire en sorte que cet orchestre soit davantage
représentatif de nos talents locaux. Ils ne remettent pas en cause cet
objectif et, de notre côté, nous n'avons pas l'intention et nous
n'avions pas l'intention de leur imposer une façon de procéder
qui les lierait à jamais sur chaque cas particulier, parce que nous
sommes parfaitement conscients que, d'abord, la planification des besoins de
l'orchestre ne peut pas se faire rationnellement, les départs sont
imprévisibles. Il y a un taux de roulement des musiciens de l'orchestre
qui est prévisible en valeur absolue, mais on ne peut pas identifier
à l'avance si ce sera un violoniste, si ce sera un corniste, si ce sera
un trompettiste, c'est la vie de chaque année qui le
révèle à toutes fins utiles.
Etant donné l'inégalité des forces, par ailleurs,
de nos secteurs dans les écoles de musique professionnelle, il
était très difficile de fixer des quotas comme, par exemple de
dire: Vous allez recruter 75% de vos besoins en cordes ici et 25% de vos
besoins en vents ailleurs, même si, en pratique, il peut y avoir des
disparités dans les niveaux de formation ou dans la qualité de la
formation dans nos écoles d'ici, il reste que, à toutes fins
utiles, il n'est pas possible de prévoir, dans un délai de cinq
ans, de quel type d'instrumentistes nous aurons besoin. C'est une sorte de
"gentlemen's agreement" qui semble porter fruit parce qu'effectivement, si on
se réfère aux postes qui ont été comblés au
cours des 18 derniers mois, il y a 50% de Québécois qui ont
obtenu ces postes.
Quant à votre question sur l'état des finances de l'OSM,
à ma connaissance, les finances sont en un très bon état,
mieux que jamais auparavant. La campagne de souscription en cours
présentement rapporte des dividendes au-delà des espoirs de ceux
qui l'ont orgaisée. Ils n'ont pas de déficit de fonctionnement
substantiel pour l'année qui vient de se terminer. Nous avons convenu
avec eux, comme pour l'Orchestre symphonique de Québec, que nous allions
procéder à une indexation des traitements qui ne couvre pas
cependant la totalité de ce qu'ils ont consenti au syndicat lors des
dernières négociations.
Je ne veux pas dire par là que la situation financière de
l'Orchestre symphonique de Montréal est tout à fait
réjouissante, mais, si on la compare à celle qui prévalait
il y a trois ans et il y a quatre ans, je crois que ces gens affichent une
sérénité qui est tout autre.
Mme La voie-Roux: Est-ce qu'il n'est pas question que, justement,
à cause des difficultés qu'ils éprouvent, les
matinées symphoniques soient menacées de disparaître?
M. Vaugeois: On ne m'a pas avisé de cela.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais, en tout cas... Si cela peut vous
intéresser, je ne sais pas si le député de D'Arcy McGee
avait eu vent de cela, je m'excuse, mais je pense que cela vaudrait la peine de
s'informer, parce que les matinées symphoniques me semblent...
M. Vaugeois: Elles restent dans leur programmation 1979/1980;
dans celle qui a été rendue publique, il y a un mois, on les
retrouve.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être. Je pense que c'est
extrêmement difficile pour eux.
M. Goldbloom: On a déjà vu des engagements
annulés après avoir été annoncés quelques
mois auparavant. Et je ne parle pas nécessairement de l'Orchestre
symphonique de Montréal en disant cela, mais divers orchestres, à
cause de difficultés financières, ont été
obligés de décommander des engagements donnés. La
réponse de M. Vallerand est élaborée et je vais m'en
contenter.
J'aimerais maintenant que le ministre nous parle brièvement de la
situation financière du Musée des Beaux-Arts de
Montréal.
Musée des Beaux-Arts
M. Vaugeois: Cela va être moins élaboré. Je
pense qu'après des efforts de résorption du déficit,
après avoir un peu clarifié la situation avec d'autres
partenaires, comme le gouvernement fédéral, après l'effort
que les membres du musée pouvaient faire, on est arrivé à
un niveau de subventions qui est bon. Je pense que c'est très exactement
$1 900 000, ou $1 907 000, ou quelque chose comme cela. Cela frise les $2
millions. J'ai lu dans les journaux des commentaires du directeur du
Musée des Beaux-Arts qui se dit très heureux de l'effort
financier que consent le ministère. On vient de m'indiquer le dernier
montant qui a été arrêté; il est de l'ordre de $2
165 000. C'est donc un peu plus de $2 millions. (21 h 15)
Jean Trudel, le directeur du musée, se dit heureux de cet effort
du ministère qui est absolument incomparable avec les contributions qui
viennent d'ailleurs. C'est une masse d'argent importante. Je pense que c'est
susceptible de permettre au musée de se développer correctement.
Vous avez vu par les journaux qu'il existe, malgré cela, une certaine
tension actuellement à l'intérieur du musée.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: Nous nous refusons à intervenir dans la
gestion et le fonctionnement de ce musée. C'est un musée
privé. Bien sûr, nous le soutenons financièrement de
façon très importante. Il a plus d'argent, d'ailleurs, que nos
propres musées d'Etat, mais il est d'une autre importance et nous
reconnaissons cette importance. Nous lui reconnaissons son caractère
privé et nous n'entendons pas modifier ce caractère, parce que
ça permet à ce musée de se bien développer à
ce moment-ci et nous pensons que la structure en place doit se manifester et
prendre les décisions qu'elle juge appropriées. Le conseil
d'administration est là.
Nous sommes sur le point de nommer douze nouveaux membres, parce que
d'après les ententes, le gouvernement désigne douze membres et
l'assemblée générale des membres du musée
désigne quatorze membres. Ils sont donc en majorité. Nos membres
sont bien avertis qu'ils ne sont pas là pour représenter le
gouvernement, défendre notre point de vue ou quoi que ce soit. Ils sont
là pour composer avec les autres membres du conseil d'administration et
prendre les intérêts du musée. Nous pensons qu'une
institution de cette nature doit respecter ses cadres supérieurs. Le
directeur du musée doit avoir la confiance du conseil d'administration
et plusieurs décisions lui appartiennent. Je ne vois pas le ministre des
Affaires culturelles intervenir au niveau du choix des expositions et
intervenir au niveau du comité des acquisitions, etc.
Que les membres du conseil d'administration manifestent leur point de
vue, bien sûr, mais je pense que ça doit se jouer à
l'intérieur de l'institution et nous nous refusons à aller plus
loin à ce moment-ci, encore que, par ailleurs, nous sommes conscients
que nous avons des responsabilités quant à la
complémentarité des orientations que se donnent nos grands
musées et, à cet égard, nous avons un groupe de travail
qui réunit des gens du Musée des Beaux-Arts, des gens du
Musée d'art contemporain, du Musée du Québec et des
musées privés et ces gens-là se concertent maintenant de
plus en plus quant à leurs plans de développement, quant à
leurs programmes d'acquisition. Je peux vous dire que je compte rendre public
d'ici l'automne un document portant sur le plan de développement des
musées du Québec. Nous travaillons là-dessus et
j'espère pouvoir rendre public un tel document d'ici l'automne et, d'ici
quelques jours, je rendrai public un document de réflexion sur le
développement du Musée du Québec.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, sur cette question du
Musée des Beaux-Arts de Montréal, je ne peux que féliciter
le ministre de sa magnanime prudence et de la sobriété de ses
propos.
N'étant que député, je ne suis peut-être pas
tenu aux mêmes exigences. Il s'agit d'un dossier auquel j'ai
été mêlé à l'époque où
j'étais adjoint parlementaire du ministre des Affaires culturelles au
moment où le titulaire de ce ministère était le
député de Chauveau. Il y a eu, récemment, au sein du
conseil d'administration du Musée des Beaux-Arts de Montréal,
quatre démissions, celles de Mme Hélène
Pelletier-Baillargeon, de M. Léo Dorais, de Mme Marcelle Ferron et de M.
Gilles Hénault, qui sont quatre personnalités importantes
hautement reconnues pour leur compétence sous plusieurs aspects des
arts.
Ces démissions ont été motivées
principalement par ce qui semblait être un manque d'autorité
réel du conseil d'administration sur la conduite des affaires du
musée. Or, il y a deux ans, au moment où ces personnes ont
été nommées au sein du conseil d'administration,
c'était là le principal problème. Ce conseil
d'administration, dirigé par une clique à laquelle je
reprocherais une espèce de sirupeuse arrogance, ne fonctionnait pas
comme un véritable conseil d'administration. Les réunions avaient
lieu à peu près sans ordre du jour, on n'en tenait pas de
procès-verbal sérieux; à ce moment-là, le ministre
des Affaires culturelles, par le choix prudent, judicieux qu'il a fait des
personnes qu'il nommait au sein de ce conseil, a voulu faire en sorte que ce
genre de problème interne puisse se régler.
Or, les quatre démissions dont je viens de faire état
tendent à montrer que ces problèmes essentiels ne sont à
peu près pas réglés. Cela me paraît grave. Je ne
demande pas au ministre d'appuyer mes propos. Je les prends tout à fait
à mon compte, mais cela me paraît grave.
Le ministre a parlé d'un effort de coordination entre les
rôles de plusieurs musées. Dans sa prudence, le ministre n'a pas
expliqué pourquoi cet
effort de coordination est nécessaire; moi, beaucoup plus
imprudent, je vais affirmer qu'une des raisons pour lesquelles cet effort de
coordination est nécessaire, c'est que la clique dirigeante du
Musée des Beaux-Arts de Montréal pratique une politique qui vise
en particulier à faire une concurrence absolument indue au Musée
d'art contemporain, profitant en partie du fait que le Musée d'art
contemporain est situé dans un secteur de Montréal qui a
été très négligé dans le plan d'urbanisme,
d'ailleurs inexistant, de la ville de Montréal: la Cité du havre.
Le Musée d'art contemporain a du mal à établir une
clientèle, à maintenir une clientèle et le Musée
des Beaux-Arts profite de cette situation pour lui faire une concurrence
indue.
On pourrait en dire beaucoup plus long sur le Musée des
Beaux-Arts de Montréal. Je n'ai pas l'intention d'en dire beaucoup plus
long. Je me contenterai de dire que les dirigeants de ce musée n'ont pas
fait la preuve qu'ils méritent notre confiance.
Par exemple, ils ont fait, à grands frais, une rénovation
du musée dont deux des effets prévus ont été,
premièrement, de réduire les surfaces d'exposition;
deuxièmement, de condamner la grande porte, qui était un des
charmes de ce musée. Je pense que ces gens n'ont pas
mérité notre confiance. Je veux bien accepter la proposition du
ministre qui nous dit que c'est à eux de régler les
problèmes. Mais je tiens à marquer mon scepticisme. Je tiens
à dire que ces gens, s'ils comptent continuer de recevoir plus d'argent
que tout autre musée au Québec, devront en toute conscience
modifier fondamentalement leur comportement et s'inscrire dans une politique
d'ensemble qui ne soit pas fondée sur une conception
étriquée du rôle du Musée des Beaux-Arts de
Montréal, sur une concurrence injuste et indue envers le Musée
d'art contemporain, mais qui accepte que désormais le Musée des
Beaux-Arts de Montréal soit dirigé non pas par une clique mais
dirigé effectivement par son conseil d'administration.
M. Vaugeois: Ecoutez, je ne voudrais pas être long, on a
convenu d'accélérer nos travaux, mais...
Le Président (M. Blank): On est dans
l'illégalité depuis vingt ou vingt-cinq minutes.
M. Vaugeois: Oui, mais je pense que l'on est maître de
notre temps. On n'en fera pas une polémique. Le député a
soulevé des points qui sont très importants. Je dois dire, pour
rassurer les gens ici présents, que j'ai rencontré les gens de
l'ancienne administration. J'ai rencontré le groupe des
démissionnaires. J'ai contacté des tas de gens qui accepteront un
mandat au Musée des Beaux-Arts. J'ai rencontré des membres du
personnel du musée. Je dois dire que techniquement, en tout cas,
plutôt qu'une démission, les quatre personnes n'ont pas
souhaité un renouvellement de mandat. Au moment où elles ont
démissionné elles n'étaient plus membres... leur mandat
était expiré. Je respecte leur point de vue. On pourrait
débattre longuement.
Je vais vous dire l'essentiel. Le grand reproche qu'on fait à des
conservateurs du Musée des Beaux-Arts, c'est d'avoir un mauvais choix
d'exposition, on a dénoncé une exposition en particulier. Bien!
Je ne me prononce pas là-dessus. On dit que le Musée des
Beaux-Arts fait une concurrence déloyale au Musée d'art
contemporain, c'est plus important. D'autant plus que, malgré la
faiblesse de nos crédits que vous souleviez, Mme le député
de L'Acadie, vous reconnaîtrez que, de temps en temps, on a réussi
à trouver pas mal d'argent. Dans le cas du Musée des Beaux-Arts,
pour la première fois depuis bien longtemps, il a une somme qui
correspond à ses besoins qui a été évaluée
avec ses représentants; à toutes fins utiles, on a doublé
la subvention. Elle est passée de $1 million à peu près
à $2 millions et plus. On a donc vraiment fait le ménage chez
nous, parce que même si, comme vous le disiez au début, on a
augmenté de $211 000, il reste qu'on dégage des millions, on les
a quand même pris quelque part.
Là, on a trouvé $1 million de plus pour le Musée
des Beaux-Arts. Je suis d'accord avec le député de
Deux-Montagnes, nous ne pourrions accepter qu'avec notre argent, ce
musée fasse une concurrence déloyale à nos institutions.
Or, il arrive que la directrice du Musée d'art contemporain me dise,
pour sa part, qu'elle a d'excellents rapports avec son homologue du
Musée des Beaux-Arts, qu'ils s'entendent quant à la coordination
de leurs expositions, qu'ils s'entendent quant à leur programme
d'acquisition.
Le problème du Musée d'art contemporain est
essentiellement sa localisation et vous avez eu raison de le souligner. Alors,
je pense que la solution est à notre niveau, ce que nous devons
envisager le plus vite possible est une relocalisation du Musée d'art
contemporain.
Mme Lavoie-Roux: Je suis donc contente. On avait eu un petit
argument là-dessus l'an dernier, vous n'étiez pas d'accord avec
moi.
M. Vaugeois: Oui, nous avons maintenant un plan prêt, je le
rendrai public, il est maintenant prêt. Je peux même vous le dire
ce soir, on est presque entre nous à cette heure-ci, notre plan
prévoit sa relocalisation sur le quadrilatère de la Place des
Arts. Ce serait toujours dans votre comté, M. le Président...
M. Le Moignan: C'est pour ça qu'il a la
présidence.
M. Vaugeois: Oui, c'est pour ça qu'il a la
présidence de la commission des affaires culturelles, tout est dans son
comté. Alors, ce serait à l'angle des rues...
Le Président (M. Blank): Jeanne-Mance et
Sainte-Catherine.
M. Vaugeois: Non, pas Sainte-Catherine, mais Maisonneuve...
Le Président (M. Blank): Maisonneuve et Jeanne-Mance.
M. Vaugeois: On a un document là-dessus. Ecoutez, ce qui
est important, c'est quand même le témoignage de la directrice du
Musée d'art contemporain. Les gens disent: Attention, le Musée
des Beaux-Arts fait une concurrence déloyale, elle est directrice de son
musée et dit: Non, ça va, on s'entend, on se parle, on se
concerte. Sur le choix des artistes pour les expositions, ça... Je pense
que ce n'est pas de la responsabilité d'un conseil d'administration. Je
pense qu'un conseil d'administration désigne les conservateurs,
désigne le conservateur en chef d'un musée et, après
ça, il faut respecter le mandat qu'on lui confie. Si on n'est pas
content de sa façon de faire, c'est à l'expiration de son mandat
qu'il doit rendre des comptes. On ne peut pas demander à quelqu'un qu'on
place à la tête d'une institution de rendre quotidiennement des
comptes à un conseil d'administration, surtout dans ces matières
qui sont si délicates.
Je respecte les propos du député de Deux-Montagnes, je
respecte le point de vue des administrateurs qui ont fait cette lettre. Je dis
seulement qu'il me semble qu'un ministre des Affaires culturelles ne doit pas
s'ingérer dans ces matières et doit s'efforcer plutôt de
mettre autour de la table les personnes concernées. C'est ce que nous
faisons. Ces personnes se réunissent et semblent s'entendre. De toute
façon, nous reconnaissons notre responsabilité. C'est à
nous à améliorer la situation du Musée d'art contemporain.
Et c'est un peu comme tout à l'heure, on n'aura pas des émissions
de télévision, si on fait sauter le Salon du livre de
Québec.
On n'améliorera pas le sort du Musée d'art contemporain en
réduisant les activités du musée des Beaux-Arts. Notre
problème à nous, c'est de maintenir cette institution de
qualité à un niveau raisonnable et faire en sorte que nos propres
institutions puissent se rattraper. C'est le sens de la proposition du
début. Il faut une opération de sensibilisation de nos gens pour
que les musées aient une autre image et que les deniers publics
puissent, dans quelques années, être disponibles pour nos
musées.
Mais, pour l'instant, ce n'est pas un problème de budget. On n'a
pas de plans, on n'a rien. On a quelques vagues idées. On a un
héritage, du côté des musées, qui est regrettable,
et personne autour de la table n'est responsable de cela. On a
été à l'écart des grands courants du
développement muséologique. Et on n'a rien de comparable ici
à ce qu'on retrouve chez les provinces voisines. C'est la situation.
C'est un défi que nous devons relever ensemble et nous mettre à
l'ouvrage. Je dis que les querelles entre les musées qui existent ne
régleront rien. Ce qu'il faut, c'est que la collectivité et
l'Etat prennent leurs responsabilités à cet égard et
donnent à chacune de nos institutions les moyens de se
développer.
Le Président (M. Blank): M. le député de
D'Arcy McGee. (22 h 30)
M. Goldbloom: M. le Président, je suis heureux que le
ministre ait fourni au député de Deux-Montagnes la réponse
qu'il vient de faire, parce que, malgré l'heure tardive, je ne me sens
pas capable de laisser passer les remarques du député de
Deux-Montagnes sans réagir.
Il a parlé essentiellement de trois éléments. Il a
parlé de certaines politiques administratives qui pourraient inclure une
apparence de concurrence déloyale à l'endroit notamment du
Musée d'art contemporain. Je pense que le ministre a fourni une
réponse à ce point de vue.
Il a condamné en quelque sorte la rénovation
effectuée. Il trouve que le jugement appliqué à cette
rénovation a laissé à désirer. Il n'est pas
d'accord; il n'est pas seul.
Certains critiques qui ont visité le musée le soir de sa
réouverture ont écrit des choses qui n'étaient pas
positives. Il ne me semble pas, cependant, que l'on doive porter sur l'effort
des membres du conseil d'administration un jugement sévère,
simplement parce que l'on est en désaccord avec certaines
décisions d'ordre architectural ou même artistique.
Là où je trouve ses remarques graves, c'est là
où il parle d'une clique qui, à toutes fins utiles c'est
le sens même du mot exclurait la majorité des membres du
conseil d'administration de la prise des décisions et effectuerait cette
prise de décisions par le moyen de caucus et par le moyen
d'assemblées du conseil mal dirigées, avec une mauvaise tenue des
procès-verbaux, etc.
Je n'oserais pas dire que je connais les membres du conseil sortant,
mais j'en connais quelques-uns. Je connais leur sincérité et leur
dévouement. Sans les nommer individuellement, il me semble que je dois
quand même les défendre contre cette condamnation globale faite
par le député de Deux-Montagnes et dire que je suis convaincu
qu'il y a, parmi les membres du conseil sortant, des gens qui n'ont pas eu
d'autres pensées que le bien du musée et le bien de la culture au
Québec.
Je pense que le ministre, par une réponse pondérée,
a remis les choses à leur place et que le fait que nous aurons
très bientôt, si je comprends bien, un nouveau conseil
d'administration, avec douze membres triés sur le volet et nommés
par le ministre et quatorze qui seront nommés par les membres,
l'assemblée des membres, devra nous mener à une nouvelle
ère où les problèmes ne se présenteront pas.
Je dis en terminant, M. le Président, que, même si je
trouve difficilement acceptable l'intensité, le globalisme de la
condamnation du député de Deux-Montagnes, je pense que le fait
qu'il se soit exprimé de cette façon constituera une mise en
garde pour nous qui devons surveiller de l'extérieur les actions de ce
conseil d'adminis-
tration et pour les nouveaux membres qui, d'ici peu de temps, en
assumeront la responsabilité.
M. Vaugeois: M. le Président, j'aimerais dire deux choses.
Avant de réviser les subventions à la hausse, comme nous l'avons
fait, nous avons suivi l'administration du Musée des Beaux-Arts de
très près pendant plus d'un an. Effectivement, il y avait un
certain nombre de choses à corriger, ce qui est normal, mais nous avons
eu un administrateur délégué sur place pendant un bon bout
de temps. Il y a eu un programme de résorption du déficit et nous
avons lieu de croire, à ce moment, que l'administration sera plus
rigoureuse et davantage respectueuse d'un certain nombre de critères,
parce qu'autant notre effort est grand à ce moment, autant notre
position pourrait changer si les engagements pris ne sont pas
respectés.
Le député de Deux-Montagnes a souligné des
problèmes architecturaux. Ils sont réels. Dans les nominations
que nous nous apprêtons à faire, d'ailleurs, nous avons tenu
compte de ce défi qui se pose aux administrateurs du Musée des
Beaux-Arts. Malheureusement, dans l'agrandissement de ce musée, il y a
un certain nombre de précautions qui n'ont pas été prises,
il faut le dire. Je le dis d'autant plus sincèrement que c'est le genre
de problème que j'ai actuellement avec le Musée du Québec.
Je me rends compte que ce n'est pas facile de passer à l'action dans
l'agrandissement d'un musée. Il nous faut un programme scientifique et
un programme architectural très précis, sinon les architectes
font des choses intéressantes, mais lorsqu'il s'agit de ramener les
collections à l'intérieur du musée et les expositions, on
se rend compte qu'on ne s'était pas compris et il arrive des choses
aussi saugrenues que la porte principale ne peut plus servir au Musée
des Beaux-Arts.
C'est fantastique. Cet exemple que le député vient de
donner, amènera sans doute l'indulgence des gens autour de cette table,
leur indulgence à l'endroit de nos délais quant à
l'agrandissement du Musée du Québec. C'est le même genre de
problème qui se pose pour nous. Nous ne voulons pas
répéter ce genre d'erreurs, il faut donc y mettre le temps.
Là-bas, on n'a peut-être pas mis suffisamment de temps.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, je voudrais rendre hommage
à ma dévouée collaboratrice de gauche, qui s'est
évertuée à faire des recherches...
Mme Lavoie-Roux:... à Washington.
M. Le Moignan: ... très sérieuses, à tel
point qu'elle m'a préparé des questions pour les deux prochaines
années à venir.
M. Goldbloom: Y aurait-il des gens de gauche dans l'Union
Nationale?
M. Le Moignan: II y a des gens de gauche, comme des gens de
droite.
Je ne voudrais pas épuiser toutes les questions que j'ai ce soir,
il m'en resterait une dizaine de pages, mais je sais qu'on va siéger au
moins deux autres années sous ce gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: Une seule autre!
M. Le Moignan: Non, je sais, de très bonne source, que
ça va aller en 1981.
Mme Lavoie-Roux: C'est vrai que vous avez formé une...
M. Goldbloom: Au rythme où vont les élections
partielles, ils ne dureront pas longtemps.
Mme Lavoie-Roux: ... coalition depuis les élections de
lundi soir dernier.
M. Le Moignan: Non, ne mêlez pas la politique...
Le Président (M. Blank): ... question! M. Le Moignan:
... avec la culture.
Mme Lavoie-Roux: C'est vous qui parlez d'élections.
M. Le Moignan: Non, vous m'avez poussé jusque
là.
Le Président (M. Blank): A l'ordre, monsieur et
madame!
M. Le Moignan: Je voudrais poser une question au ministre.
J'avais tout ce problème du Musée des Beaux-Arts qui a
été abordé. Je n'ai pas besoin d'y toucher, l'an prochain,
ce ne sera pas réglé, on y reviendra.
Conseils régionaux de la culture
Maintenant, une question qui m'intéresse, c'est au sujet des
bureaux régionaux de la culture. Je ne voudrais pas que le ministre me
fasse une longue dissertation. Quel est leur rôle, un peu dans le
concret, dans la pratique, leurs responsabilités, par exemple, au niveau
des décisions? Est-ce que ça existe ou est-ce qu'ils sont
là simplement par apparat, ou bien est-ce que ces bureaux
régionaux jouent un rôle?
M. Vaugeois: Est-ce que vous parlez des bureaux ou des
conseils?
M. Le Moignan: Des conseils régionaux de la culture. Il y
en a à peu près un par territoire...
M. Vaugeois: D'accord. C'est qu'il y a deux organismes. Il y a
les bureaux, qui sont la projection du ministère ou la présence
du ministère dans les
régions, qui sont une forme de décentralisation, si vous
voulez, et, à ce côté, il y a les conseils régionaux
qui sont une émanation du milieu et qui sont là pour nous
éclairer sur les besoins du milieu, mais, en même temps, qui sont
là pour faire de l'animation auprès du milieu. Ce sont des
fonctions bien différentes. Les uns, donc, partent du ministère
vers les régions; les autres partent des régions vers le
ministère.
Votre question, c'est donc le rôle des conseils régionaux
de la culture. Je vais demander à M. Vallerand de faire le point, parce
qu'il n'a pas été suffisant de les créer, il faut aussi,
si vous voulez, apprendre à travailler avec les conseils.
M. Le Moignan: Oui, il y a les conseils, il y a les
bureaux...
M. Vaugeois: Oui.
M. Le Moignan: ... parce que je vois qu'il y a une hausse de
crédits de prévue, je crois cette année pour
ça.
M. Vaugeois: Vous voulez une réponse de combien de
minutes?
M. Le Moignan: Pas trop longue. Ce que l'on conçoit bien
s'énonce clairement.
M. Vaugeois: Je vais être très succinct. Au point de
départ, le ministère a signé des protocoles avec les
conseils de la culture en vertu desquels, essentiellement, ces derniers
devaient s'engager à entreprendre un plan de développement de ce
qui leur paraissait être leurs caractéristiques ou leurs besoins
en matière de culture et d'en négocier, à toutes fins
utiles, la mise en application avec le ministère.
En réalité, pour la plupart des conseils qui
étaient créés quasi tout de go, se lancer dans la
préparation d'un plan de développement, c'était fort
complexe. Peu d'entre eux étaient capables de s'accommoder, compte tenu
de leur impatience naturelle, du temps que cela allait prendre et des
délais qui leur paraissaient être imposés par une
opération semblable. Plusieurs ont manifesté le désir non
pas de travailler à la fabrication ou à la préparation de
plans de développement culturel régionaux, mais de disposer
immédiatement, enfin dans les plus brefs délais, d'un pouvoir
décisionnel quant à l'affectation des crédits qui sont de
facto consacrés au développement de la culture dans chacune des
régions.
Nous avons entamé des pourparlers globaux avec tous les conseils
régionaux de la culture pour en arriver à nous entendre avec la
majorité d'entre eux, neuf sur dix, sur un modèle de
collaboration qui est d'ailleurs en marche depuis quelques semaines et qui a
pour effet précis, au cours de l'exercice 1979/80, de les associer au
processus de prise de décision quant au choix des priorités de
développement culturel régional. Il est donc trop tôt pour
porter un jugement sur le succès de cette entente très
précise, mais je dirai qu'elle ne porte Das sur l'ensemble de
l'enveloppe du ministère, mais sur la partie du budget des arts
d'interprétation, théâtre, musique, danse, chanson, qui est
dépensée dans chacune des régions, exception faite de la
ville de Montréal, pour laquelle il n'y a pas de conseil de la
culture.
Nous avons pris la base historique, les sommes affectées à
ces fins pour chacune des régions et, au lieu de procéder
unilatéralement à leur ventilation plus ou moins empirique entre
chacune des disciplines concernées et d'en justifier le geste en
référence à nos propres normes et nos propres
critères, nous avons consenti et nous avons cru opportun, voire
très intéressant pour l'harmonie du développement
culturel, d'associer les conseils de la culture à ce que j'appellerais
un choix global par région.
Autrement dit, les conseils de la culture, en ce qui a trait aux arts
d'interprétation, ont à donner des avis que nous nous engageons
à prendre en compte, quant à l'importance de la ventilation des
enveloppes qui leur sont consenties, la ventilation par discipline. Bien
sûr, l'avantage pour chacun de ces conseils, c'est de pouvoir faire part
du caractère relatif de priorité régionale. Il n'est pas
exclus du tout que nous étendions progressivement ce type de
collaboration à d'autres secteurs que celui des arts
d'interprétation, mais nous allons attendre de voir comment
l'expérience en cours cette année va se dérouler. Nous
avons tout lieu de croire d'ailleurs le directeur des bureaux
régionaux que j'aperçois ici pourrait en témoigner
que l'expérience est particulièrement bien enclenchée.
Vous savez de toute évidence que dans les circonstances, étant
donné la loi du ministère, nous ne pouvons pas remettre le
pouvoir de dépenser à des organismes consultatifs. Les grands
objectifs de décentralisation ne pourront être atteints que le
jour où nous remettrons le pouvoir de dépenser aux organismes
élus démocratiquement, c'est-à-dire au suffrage universel.
Les partenaires privilégiés dans le domaine du patrimoine sont
les conseils municipaux. Disons que pour l'instant nos partenaires
privilégiés, en ce qui a trait au développement des arts
d'interprétation en région, sont les conseils régionaux de
la culture.
Voilà, j'ai essayé d'être bref. Je pourrais vous
entretenir de cela pendant de longues heures, étant donné les
longues heures qu'on y a mises nous-mêmes. Mais l'essentiel tient
à ce que je viens de dire.
Mme La voie-Roux: M. le Président, si le
député de Gaspé me le permet, je me demande si cela ne
ferait pas un beau débat du vendredi. J'ai un article devant moi
je ne connais pas l'auteur du Soleil...
M. Vaugeois: La date? Juste avant que l'on ne parvienne à
s'entendre sur une forme de collaboration.
Mme Lavoie-Roux: Le 3 février 1979. M. Vaugeois: La
tour de Babel.
Mme La voie-Roux: II est extrêmement sévère,
mais, même si vous arriviez à un protocole et à vous
entendre sur le champ qui serait couvert, le domaine d'activité
soulève beaucoup d'autres questions. Mais enfin c'est hors... (22 h
45)
Le Président (M. Blank): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Le Moignan: Je garde toutes mes questions pour l'an prochain,
suite à votre très bel exposé, étant donné
que vous...
M. Vaugeois: Vraiment on se fera un plaisir de commenter
l'expérience en cours parce qu'à nos yeux...
M. Le Moignan: On aura votre expérience.
M. Vaugeois: ...c'est une voie absolument positive que de
s'engager dans un processus de partage de responsabilités et
d'acquisition par le ministère, directement, sans prisme
déformant, de la connaissance que les gens des régions ont de
leur propre besoin.
M. Le Moignan: C'est le résultat de cette
expérience qui, l'an prochain, va certainement nous
intéresser.
Le Président (M. Blank): M. le député de
D'Arcy McGee, votre dernière question'.
M. Goldbloom: Ma dernière demande au ministre, M. le
Président, c'est qu'il nous parle brièvement de l'Opéra du
Québec. J'ai gardé cette question pour la fin. Oui, mon
péché mignon, c'est de chanter l'opéra. Je voulais dire au
ministre que si pour faire revivre l'Opéra du Québec, il a besoin
d'artistes qui accepteraient de chanter sans cachet, il y en a un ici à
cette table.
M. Vaugeois: Je pense qu'il est paru assez de choses dans les
journaux pour que je n'aie pas besoin d'être très long. Nous
avons, au cours des derniers mois, considéré plusieurs
hypothèses qui vont de la compagnie d'Etat à la compagnie
privée, en passant par des subventions qui toucheraient tantôt la
Société d'Aubigny, tantôt la Place des Arts, tantôt
le MAALQ, le Mouvement d'action pour l'art lyrique, et qui permettraient aux
uns et aux autres de monter une production à l'occasion.
L'hypothèse que nous retenons, qui serait étudiée
très prochainement par le Comité ministériel du
développement culturel implique la Place des Arts, amènerait la
Place des arts à être responsable de la relance de l'opéra,
avec un directeur général qui serait celui de la Place des
Arts.
Soit dit en passant, M. Lamarche ne nous a rien demandé. C'est
nous qui lui avons demandé s'il était prêt à
reprendre du service à ce titre. Ses locaux, ses effectifs, son
infrastructure, son expérience serait à la disposition de
l'Opéra du Québec; pour nous, c'est une économie
importante. Deuxièmement, il y a aussi des garanties de qualité
qui paraissent tout aussi importantes. Par ailleurs, nous serions prêts
si je réussis dans ma démarche actuelle, très
prochainement, à désigner un directeur artistique. Je pense
d'ailleurs que le choix que nous avons à l'esprit pourrait rapprocher
les parties et réduire la méfiance que j'ai rencontrée
chez différents partenaires concernés.
Notre projet prévoierait que ce directeur artistique pourrait,
dès l'automne prochain, organiser des tournées de
théâtre lyrique au Québec, et préparer des choses
pour qu'à la saison 1980/81, il puisse y avoir trois productions
à Montréal, avec sept repre'sentations chacune, que
l'année suivante, il puisse y en avoir quatre à Montréal,
toujours avec sept représentations et trois productions à
Québec, avec trois représentations.
Cela nous amènerait des déficits, au début, de
l'ordre de $800 000 et après deux ans, de l'ordre de $1 900 000. Nous
avons abordé ces questions avec les gens du Conseil des arts d'Ottawa
qui semblent prêts à faire leur part, encore qu'on ne soit pas
certain de ce qu'ils feraient. Mais apparemment, ils devraient au moins faire
autant qu'avec le Canadian Opera.
La ville de Montréal, jusqu'à maintenant,
s'intéresse à la relance de l'opéra, mais n'a pas pris
d'engagement précis. Notre gros défi, c'est de rapprocher les
partenaires dont nous avons besoin pour procéder à la relance de
l'opéra. Et les partenaires dont nous avons besoin, c'est la Place des
Arts, c'est le Mouvement d'action pour l'art lyrique.
Je dois dire que les sorties publiques des derniers jours ont
été bénéfiques, parce que cela nous a permis de
constater que nos appuis à ce plan, que je viens rapidement d'esquisser,
étaient peut-être plus nombreux qu'on ne le croyait. Et sans dire
que le MAALQ lui-même est divisé, déchiré, je dois
dire que plusieurs membres du MAALQ nous ont fait savoir maintenant que ce qui
leur importait, c'était la relance de l'opéra, qu'à bien
des égards, ce que nous avions annoncé leur semblait
réunir l'essentiel et qu'on pouvait compter éventuellement sur un
rapprochement. Je ne sais pas comment il va se faire, à quel rythme il
va se faire, mais pour le favoriser, nous avons prévu un comité
conseil, auprès de la direction de l'opéra. La nomination du
directeur artistique et la formation du comité conseil, devraient
être d'autres éléments qui devraient rapprocher les
partenaires.
Il y a beaucoup de choses que je pourrais ajouter, M. Vallerand
également. Mais ce n'est pas le temps d'entrer dans trop de
détails. Tout ce que je vous dis, c'est pour vous manifester notre
volonté de procéder à la relance de l'opéra dans
les plus brefs délais, avec les moyens qu'il faut. Mais nous ne pouvons
le faire contre des partenaires que nous jugeons essentiels à la
qualité de la relance. Et cette qualité passe, à notre
avis, par l'implication du MAALQ autant que par l'implication de la Place des
Arts.
Nous aurions voulu trouver une formule qui aurait été, au
départ, sans problème, mais il arrive qu'il y a un
héritage qui a laissé quelques
blessures. Il y a des postes qui sont convoités, il faut le dire
aussi. Cela joue dans les opinions qui s'expriment. J'ai pris publiquement la
défense des gens de la Place des Arts et je le fais et je le
répète ce soir parce que c'est l'ancien gouvernement qui a
été responsable de tout cela ce soir, je me porte à
la défense de ce qui s'est passé entre 1970 et 1975 et je juge
injuste la position publique prise par les gens du MAALQ à l'endroit de
Gérard Lamarche.
Je l'ai fait publiquement, je le refais ce soir, et, en autant que je
suis concerné, il a la confiance du ministre des Affaires culturelles et
notre programme de relance passe par un rôle important pour son
institution et, également, pour les gens du MAALQ. Nous pensons qu'il y
a moyen de rapprocher les parties. Nous avons besoin de tous ces partenaires
pour réussir.
M. Goldbloom: M. le Président, je suis heureux d'entendre
le ministre dire que M. Gérard Lamarche a sa confiance, parce qu'il la
mérite.
Le Président (M. Blank): Mme le député de
L'Acadie, vous avez une question?
Mme Lavoie-Roux: Deux petites questions. Elles seront courtes, si
on répond rapidement. La semaine du patrimoine, quand sera-t-elle tenue?
Est-ce qu'elle sera tenue durant l'année scolaire ou après
l'année scolaire?
M. Vaugeois: Elle sera tenue durant l'année scolaire. Les
dates qui ont été considérées sont celles du 21 au
27 octobre.
Mme Lavoie-Roux: Deuxième question. A l'automne qui
vient?
M. Vaugeois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Deuxième question. Est-ce que
vous-même ou votre sous-ministre avez des réactions à la
place qui est faite aux arts dans le plan d'action du ministère de
l'Education?
M. Vaugeois: Vous regardez mon sous-ministre, vous attendez une
réponse de sa part.
Je vous promets d'être absolument bref. Je suis en pourparlers
incessants avec mon collègue de l'Education et un des membres du cabinet
de M. Morin sur la question de l'enseignement des arts et plus
particulièrement de l'enseignement de la musique.
Mme Payette: Parce qu'elle semblait tomber dans la...
M. Vaugeois: "Incessants", qu'est-ce que cela veut dire, M. le
sous-ministre? J'ai dit: "incessants". Oui.
Je voulais dire qui ne cessent pas, des pourparlers continuels.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, très sérieusement,
c'est que les arts, à ce moment-là, cela devient très
large avec un temps extrêmement restreint. Plus de personnes...
M. Vaugeois: Je dois vous dire qu'on s'intéresse d'abord
et avant tout à la formation professionnelle, étant donné
évidemment notre mission historique, qui est celle d'assumer la
responsabilité de la gestion des conservatoires de musique et d'art
dramatique. Nous sommes conscients, par ailleurs, qu'il y a une "interface"
entre la formation professionnelle et la formation générale. Nous
n'avons pas de prétention à assumer une responsabilité
directe au niveau de la formation générale, cela dépasse
de toute évidence le cadre du mandat qui est confié aux Affaires
culturelles...
Mme Lavoie-Roux: D'accord, mais vous êtes la conscience des
arts.
M. Vaugeois: ... mais nous entendons bien être la
conscience des arts, si vous me permettez de vous citer, d'une part. D'autre
part, je note chez mes partenaires de l'Education davantage peut-être que
l'an dernier où vous me posiez la question un vif intérêt
pour écouter ce qu'on a à dire et, à titre peut-être
d'expérience de collaboration, nous avons réussi à nous
entendre avec le ministère de l'Education sur ce que j'appellerais la
caution d'une formule nouvelle qui prendra forme à l'Université
de Sherbrooke pour ce qui a trait à la formation universitaire et
à la formation professionnelle à tous les niveaux. On compte que
cette expérience contribuera à briser cette espèce de
dilemme dans lequel on a toujours été enfermé à
savoir que l'exclusivité des prétentions devait coller à
l'exclusivité des ministères.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le sous-ministre.
Le Président (M. Blank): Merci. Je déclare les
programmes 2. 3, 4 et 5 adoptés. Tous les crédits sont
adoptés.
M. Le Moignan: Sans notre consentement.
Le Président (M. Blank): Oui, avec le consensus de la
commission. Les crédits sont adoptés.
M. Vaugeois: J'ai oublié de répondre je sais
que c'est fini à une de vos trois questions concernant l'OSM, la
troisième quant aux postes qui seraient susceptibles d'être perdus
par ceux qui les occupent. C'est impossible. L'entente que nous avons
négociée avec l'OSM ne porte que sur les postes qui deviennent
vacants et non pas sur l'ensemble des postes.
Fin de la séance à 22 h 55