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Étude du projet de loi no 2
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît.
La commission permanente des affaires culturelles est réunie pour
étudier, article par article, le projet de loi 2, Loi constituant
l'Institut québécois de recherche sur la culture.
Les membres de cette commission sont M. Alfred (Papineau), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Godin (Mercier), M.
Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Guay (Taschereau), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M.
Le Moignan (Gaspé); M. Laurin (Bourget) remplace M. Vaugeois
(Trois-Rivières).
Les intervenants sont M. Beauséjour (Iberville), M. Bertrand
(Vanier), M. Brochu (Richmond), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Laplante
(Bourassa), M. Morin (Sauvé), M. Samson (Rouyn-Noranda), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier).
À l'ajournement, nous en étions toujours à la
motion de M. le député de D'Arcy McGee. M. le
député de D'Arcy McGee, vous aviez la parole.
Motion pour convoquer le Conseil des
universités (suite)
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. Je voudrais
résumer rapidement le raisonnement qui nous a amenés à
présenter cette motion. Nous avons devant nous un projet de loi qui
propose la création d'un organisme qui n'existe pas présentement.
Nous avons dit, en deuxième lecture et à nouveau au cours du
débat sur cette motion, que nous avons nettement l'impression qu'il
s'agit d'un organisme qui serait notamment au service du gouvernement.
M. le Président, il ne faudra pas que le gouvernement se prenne
pour la collectivité. Il ne faudra pas que le gouvernement prenne ses
intérêts pour ceux de la collectivité. Nous avons, au sein
de cette collectivité, des institutions créées, dans la
plupart des cas il y a longtemps, qui poursuivent un travail semblable à
celui qui est proposé pour l'éventuel Institut de recherche sur
la culture.
Ces institutions, notamment les universités, ont engagé
des personnes compétentes qui se mettent à leur service, chaque
institution étant autonome, étant consacrée à la
recherche de la vérité, à la recherche d'une meilleure
connaissance de nous-mêmes et de notre société.
Malgré le fait que les universités reçoivent la majeure
partie de leur appui financier de l'État, elles ont une autonomie qui
leur est conservée et qui est un des principes les plus fondamentaux,
les plus solidement enracinés, d'une société comme la
nôtre.
Non seulement préférons-nous l'autonomie intellectuelle
des universités au dirigisme possible de l'État, mais aussi nous
nous inquiétons quant à la perte possible, par les
universités et par d'autres institutions de haut savoir, d'un personnel
qualifié qui fait autre chose que simplement de la recherche, qui fait
de la recherche et qui fait autre chose également. C'est pour cette
raison que nous avons proposé que les porte-parole du milieu
universitaire soient amenés devant cette commission pour qu'ils puissent
s'exprimer librement, publiquement, sur l'opportunité de procéder
à l'adoption de ce projet de loi tel que rédigé.
M. le Président, le ministre nous a dit que des consultations ont
déjà eu lieu, que les personnes que nous aimerions convoquer ont
déjà été impliquées dans une discussion
autour de ce projet de loi. Le nom de M. Germain Gauthier a été
mentionné et le ministre nous a affirmé que M. Gauthier a
été consulté et que M. Gauthier est d'accord sur le
contenu, sur le principe et sur les modalités de ce projet de loi. M. le
Président, j'aimerais être assuré, par le genre de
déclaration solennelle que fait un député de son
siège, que M. Gauthier a été consulté sur le texte
actuel du projet de loi no 2, que cette consultation ne s'est pas
limitée à l'idée générale de la loi, avec
quelques modalités générales, et que la consultation n'a
pas porté davantage, par exemple, sur le rapport Frégault et sur
le livre blanc de l'ancien ministre Jean-Paul L'Allier.
Le ministre nous a dit que le milieu a été consulté
par moyen de conversations poursuivies par des personnes autorisées. Je
présume, M. le Président, que ce mot "autorisées" fait
allusion à des membres de l'équipe qui entoure le ministre, soit
des membres du personnel de son cabinet, soit de hauts fonctionnaires. Je suis
loin d'être le premier à souligner devant une commission
parlementaire de l'Assemblée nationale qu'il y a une différence
entre les personnes autorisées et les personnes élues. Combien de
fois ai-je entendu le député de Bourget, aujourd'hui ministre
d'État au développement culturel et ses collègues qui ont
siégé avec lui dans l'Opposition, faire cette distinction et dire
à ceux qui étaient ministres à l'époque: Cela ne
suffit pas, cela ne nous satisfait pas.
La différence entre une personne autorisée et une personne
élue est une différence fondamentale. Les conversations qui ont
lieu privément ne valent pas des conversations qui peuvent avoir lieu
publiquement. Quand un ministre autorise des fonctionnaires ou des membres de
son personnel de cabinet à poursuivre des discussions avec les
porte-parole d'un milieu donné, et même que le ministre
lui-même rencontre privément de tels porte-parole, ce fait
empêche les autres élus et, notamment, ceux de l'Opposition de
participer à ce dialogue, de poser des questions, de suggérer
à ces personnes des inconvénients je n'utilise pas un mot
plus fort que ces personnes n'auraient pas remarqués dans le
projet de loi et que le ministre et ses représentants n'auraient pas
soulignés à l'attention de ces personnes.
Or, c'est dans ce sens et c'est dans cet esprit que nous avons
proposé que le Conseil des universités soit consulté
publiquement, de façon à
permettre à tous ceux qui doivent se prononcer sur ce projet de
loi, et cela veut dire tous les députés membres de cette
commission, de participer à une discussion ouverte et libre et de
demander à ceux dont l'appui est invoqué par le ministre:
Avez-vous tenu compte de tous les éléments? Avez-vous
pensé à telle chose qui pourrait peut-être modifier votre
opinion et diluer votre appui?
Cela n'est pas une proposition exorbitante. C'est une proposition fort
raisonnable. Ce n'est pas une proposition dilatoire, parce que nous sommes
d'accord pour que ce projet de loi subisse toutes les procédures
nécessaires pour son adoption avant l'ajournement de
l'été. Mais le temps est à notre disposition pour inviter
des personnes qui pourront éclairer notre lanterne et ensuite revenir
à l'étude du projet de loi et procéder, avec cet
éclairage meilleur, à son adoption.
Voilà, M. le Président, les commentaires que je voulais
faire à la défense de la motion que j'ai eu l'honneur de
présenter.
Le Président (M. Boucher): Merci M. le
député de D'Arcy McGee. M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, je vais m'inspirer de la
formule bien connue du député de Mégantic-Compton,
très brièvement bien sûr, cela va se terminer. Nous avons
déjà passé quelques heures à discuter de cette
motion. Je suis d'accord avec le député de D'Arcy McGee sur
certains points: que le Conseil des universités se fasse entendre, que
l'Institut national de la recherche scientifique se fasse entendre, que
beaucoup d'autres organismes puissent également venir comparaître;
je pense que personne n'y a d'objections. En ce moment, je crois que nous
sommes en train de revivre un peu certains moments de la loi 101. Nous avions
convoqué certains organismes à des dates que nous avions
déterminées du côté de l'Opposition et ces dates ne
s'avéraient pas toujours les meilleures.
Quand nous avons étudié le projet de loi en Chambre, en
deuxième lecture, je m'étonne un peu que les membres de
l'Opposition officielle n'aient pas formulé le voeu, à ce
moment-là, que certains organismes, soit les universités
je n'ai aucune objection, bien entendu, à ce qu'on entende les
universités ou à ce que d'autres groupes puissent
être entendus avant même le début des travaux en commission
parlementaire. On nous suggère une date, le 5 juin à 15 heures.
Le Conseil des universités a-t-il été consulté? Ces
gens seront-ils disponibles le 5 juin? Si on les consultait, peut-être
auraient-ils une autre date à nous suggérer, peut-être le 5
juillet.
Je comprends les intentions de mes collègues, cela part d'un
très bon naturel, mais si on continue d'étudier cette motion, on
peut sortir beaucoup d'arguments pour faire valoir le rôle des
universités. Quand on regarde le livre vert de M. L'Allier, je comprends
que le projet de loi actuel ne peut pas être une réplique ou
délaisse certains aspects peut-être très positifs du
rapport l'Allier, mais le gouvernement actuel a voulu faire son projet de loi,
j'imagine, après consultation. Peut-être tout le monde n'a-t-il
pas été consulté, ce qui est tout à fait
impossible. Je crois qu'après deux ou trois heures, on peut encore
délibérer je ne peux pas brimer les droits de personne
d'ici midi ou 13 heures et prendre un vote à ce
moment-là.
Personnellement, je crois que l'Opposition officielle a d'autres
amendements. Nous avons des amendements sur les articles de loi tel quels et je
proposerais qu'on passe au vote cette motion.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Gaspé. M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, il est tout à
fait regrettable que le ministre ne soit pas décidé à
accepter notre motion. Si on lit le rapport Frégault, surtout au
chapitre 6, Institutions, structures et organisation, pourtant on dit que... Je
suis assuré que si M. Frégault pouvait s'expliquer, il nous
dirait lui aussi que ce rapport a été fait et
rédigé après maintes consultations avec le milieu.
Pourtant, on voit à ce chapitre des différences fondamentales
entre le projet de loi et la teneur du rapport Frégault, au chapitre 6.
Si on lit, à la page 186, on dit que les universités
contribueraient d'après le rapport Frégault
à l'orientation de l'institut tant par le rôle qu'elles joueraient
dans la nomination d'un membre du conseil d'administration que par leur
participation à la commission consultative et leur accord sur le
détachement de certains professeurs.
On voit tout de suite là qu'il y a une différence qu'on ne
peut pas escamoter. On peut continuer à la page 187, on y dit, au
deuxième paragraphe: "Si elle décide de l'établir
en parlant de l'institut la puissance publique devra faire plus que
poser un geste, elle devra lui procurer les moyens de remplir ses fonctions;
cela s'entend des moyens matériels correspondant aux
nécessités exactement évaluées de son
fonctionnement; cela s'entend aussi de sa liberté." On voit ici le
décalage. (10 h 30)
Comment l'institut pourrait-il être libre si le conseil
d'administration est nommé d'autorité par le gouvernement? La loi
dit simplement: Après consultation, ce qui est bien flou et peut
être interprété de bien des façons. Toujours dans le
rapport Frégault, à la page 188, on dit, au deuxième
paragraphe: L'institut est d'abord au service de la communauté
nationale. Par ses recherches, ses diagnostics et ses avis, il devra apporter
son concours à l'État en matière de planification, de
développement et de révision de la politique culturelle. Ici, on
dit que l'institut devra apporter son concours à l'État. Dans le
projet de loi, c'est tout à fait le contraire. On dit: L'institut doit
exécuter tout mandat spécifique que lui confie le ministre. Je
pourrais, M. le Président, continuer ainsi et presque à toutes
les pages on voit que la teneur du projet de loi est en complète
contradiction avec le rapport Frégault, du moins en ce qui regarde
les
structures et l'organisation de l'institut. Je me demande, M. le
Président, pourquoi le ministre s'oppose à ce que nous entendions
les universitaires puisqu'ils ont certainement été
consultés par le ministre et par M. Frégault et qu'on arrive
à des conclusions tout à fait différentes, il me semble
que le public a le droit de savoir qui dit l'entière
vérité dans ses déclarations. Est-il possible que le
Conseil des universités ait conseillé le ministre et M.
Frégault d'une façon tout à fait opposée?
De toute façon, M. le Président, nous savons pertinemment,
après l'expérience de la loi 101, qu'il n'est pas facile de faire
bouger le ministre et de le sensibiliser aux arguments de l'Opposition. Alors,
c'est sans grand espoir que je fais une critique de ce projet de loi. Tout de
même, je crois, M. le Président, que le ministre devra apprendre
et qu'il devrait constater, par ses activités passées, que ce
n'est pas une façon d'agir que la population accepte. Elle a
déjà eu, très récemment, l'occasion de passer le
message, cette population, et je dois, M. le Président, dire au ministre
que si ce gouvernement ne change pas ses politiques ou cette façon de
toujours agir d'autorité et d'imposer partout son autorité et sa
domination, il aura dans l'avenir aussi d'autres réactions de la
population qui saura bien protéger la liberté des gens et la
liberté des instituts tels que celui que ce projet de loi veut bien
créer.
M. Laurin: M. le Président, je souscris entièrement
aux propos du député de Gaspé qui sont marqués au
coin du bon sens et du réalisme, d'autant plus que, comme j'ai
déjà eu l'occasion de le dire, cette consultation qu'on nous
demande a déjà été faite. Près de 50
mémoires ont été adressés au comité
Frégault, à la suite desquels le comité Frégault a
recommandé un institut de recherche sur la culture qui, malgré ce
qu'on en dit du côté de l'Opposition, est repris substantiellement
par le présent projet de loi. Bien sûr, j'ai entendu tous les
discours de l'Opposition officielle libérale et j'ai eu l'impression
d'entendre à nouveau tous les discours de deuxième lecture. On
s'est promené d'un article à l'autre avec toujours la même
crainte, la même appréhension de dirigisme et d'interventionnisme
étatique, de perte d'autonomie. Je pense bien que la suite de nos
discussions prouvera qu'il n'en est rien, que l'Institut de recherche sur la
culture sera doté d'une très large autonomie et pourra
parfaitement, en toute liberté d'esprit, selon les plus traditionnels
critères de la liberté académique, pousser ses recherches
sur toutes les facettes et les dimensions de la culture. Je me vois donc
obligé de répéter, à la fin de cette discussion,
que nous voterons contre l'amendement du député de D'Arcy
McGee.
Le Président (M. Boucher): Merci M. le ministre. M. le
député de Jean-Talon, je m'excuse M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Seulement une question au ministre, simplement une
question.
Le Président (M. Boucher): Non, mais c'est simplement pour
mentionner que vous êtes membre intervenant...
M. Rivest: Intervenant.
Le Président (M. Boucher): Vous savez qu'au début
de la commission...
M. Rivest: Je suis modeste.
Le Président (M. Boucher):... je n'ai pas mentionné
votre nom, vous remplacez Mme Lavoie-Roux.
M. Rivest: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Alors vous êtes
membre.
M. Rivest: Oui. J'ai demandé au ministre, en fin de
séance l'autre soir, quelle était la raison...
M. Alfred: Cela n'est pas régulier, mon cher. Cela n'est
pas régulier. Il ne peut pas être membre. Il faut le consentement
de tout le monde.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a consentement
pour que...
M. Alfred: Non.
Le Président (M. Boucher):... M. le député
de Jean-Talon remplace Mme Lavoie-Roux?
M. Alfred: Ma réponse est non. Je m'y oppose.
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas consentement.
M. Alfred: Bien, j'ai dit non.
M. Rivest: Qu'est-ce qui se passe? Est-ce que je peux poser ma
question?
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas consentement, M.
le député de Jean-Talon...
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): ... étant donné
qu'au début de la commission votre nom n'a été
mentionné ni dans les intervenants, ni dans les membres.
M. Lalonde: M. le Président, question de directive.
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Est-ce que, premièrement, je suis intervenant
ou membre?
Le Président (M. Boucher): Vous êtes
intervenant.
M. Lalonde: Merci M. le Président.
M. Rivest: Moi, je n'existe pas.
Le Président (M. Boucher): Pardon?
M. Rivest: Je n'existe pas au sens du règlement?
Le Président (M. Boucher): II faut que votre nom soit
mentionné au début de la réunion.
M. Lalonde: Oui, mais il arrive. C'est une question de directive
que je veux vous poser.
Le Président (M. Boucher): Si les membres sont d'accord,
par la suite, pour faire des changements à l'ordre des membres et des
intevenants, on les fait.
Une voix: La semaine prochaine...
M. de Bellefeuille: M. le Président, sur cette demande de
directive, je ne sais pas si elle a été faite...
M. Lalonde: J'essaie de la faire, mais on m'interrompt. On
commence à peine, il y a vingt minutes, les travaux de cette commission.
Je me demande si vous ne pourriez pas faire preuve de leadership
présidentiel en interprétant qu'on est au début. À
moins que les gens d'en face veuillent absolument bâillonner le
député de Jean-Talon qu'ils n'ont pas réussi à
faire battre aux dernières élections, même s'ils sont venus
travailler d'arra-che-pied. J'en connais un, le député de
Taschereau que j'ai rencontré à plusieurs reprises, qui a
essuyé une défaite lamentable dans Jean-Talon. Si c'est leur
façon de laver la honte de la défaite...
M. de Bellefeuille: La demande de directive porte sur
l'élection de Jean-Talon, M. le Président?
M. Lalonde: On s'aperçoit qu'on ne peut pas en parler de
Jean-Talon.
M. Guay: Sur la demande de directive...
M. Rivest: M. le Président, est-ce que vous voulez
entendre le témoin?
M. Guay: M. le Président...
M. Rivest: Le témoin n'a pas le droit de se faire entendre
dans ce débat? Curieux règlement, M. le Président.
M. Guay: Très brièvement, M. le Président,
je peux vous dire que la majorité du député de Jean-Talon
aurait été beaucoup plus forte si l'ancien Solliciteur
général du gouvernement Bourassa n'était pas venu
prêter une main faible dans Jean-Talon.
Cela étant, je pense que nous n'avons pas d'objection de ce
côté-ci. Tout au contraire, les propos du député de
Jean-Talon sont toujours amusants à défaut d'être
sérieux. Nous n'avons aucune objection à ce qu'il soit
intervenant.
Le Président (M. Boucher): II y a consentement?
M. Alfred: Oui, intervenant.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon, comme membre vous remplacez Mme Lavoie-Roux.
M. Alfred: Comme intervenant.
M. Lalonde: II faut qu'il remplace Mme Lavoie-Roux.
Le Président (M. Boucher): II faut faire un remplacement
à moins que vous acceptiez un autre changement.
M. Goldbloom: M. le Président, est-ce que je peux, par
votre intermédiaire, demander à ces aimables messieurs en face ce
qu'ils veulent? Nous avons déjà deux intervenants. Est-ce que
c'est un droit de parole additionnel qu'ils sont prêts à accorder
au député de Jean-Talon, en suggérant que ce
député de Jean-Talon soit considéré comme
intervenant? Accepteraient-ils alors qu'un des intervenants actuels, soit le
député de Marguerite-Bourgeoys, soit le député de
Jacques-Cartier, soit promu membre à la place de Mme le
député de L'Acadie qui devait être ici et qui a
été retardée?
Le Président (M. Boucher): II y a consentement. M. le
député de Jean-Talon vous avez la parole.
M. Rivest: Oui.
M. Lalonde: Sur la liberté de l'institut de recherche cela
ne sera pas fort.
M. Rivest: J'ai presque oublié ma question.
M. de Bellefeuille: Une lourde perte.
Une voix: Qu'il passe la parole à son voisin.
M. Rivest: Non, ma question, je voulais demander au ministre
en deux mots simplement pourquoi tient-il à la
rédaction je ne veux pas parler d'un article de façon
précise mais au principe d'une nomination des membres de
l'institut par le gouvernement sans aucune espèce d'obligation
légale ou morale d'élargir ses horizons. Pourquoi tient-il
exactement à cette rédaction?
M. Laurin: M. le Président, on y reviendra quand on
discutera de l'article en question.
M. Rivest: Je n'aurais jamais dû être intervenant
pour avoir de telles réponses, M. le Prési-
dent. Je pensais qu'ils m'accorderaient un privilège parce qu'on
ne leur pose plus de questions.
Le Président (M. Boucher): ...
M. Guay: Finissez d'en débattre et, après cela, on
verra à cela.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on est prêt
à passer au vote tel que demandé par M. le député
de Gaspé.
M. Goldbloom: M. le Président, est-ce qu'il me reste une
minute pour un dernier commentaire?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee, vous avez une minute, au plus.
M. Goldbloom: M. le Président, je fais un seul
commentaire. Le ministre affirme que l'institut jouira d'une très grande
autonomie, d'une liberté académique, suivant les principes et les
traditions. Mais, M. le Président, vous savez comme moi, et le ministre
sait comme moi que ce qui compte, ce n'est pas la déclaration du
ministre, c'est le texte du projet de loi et le texte ne confirme pas la
déclaration que vient de faire le ministre il y a quelques instants.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de D'Arcy McGee. Est-ce qu'on est prêt à
passer au vote?
M. Alfred (Papineau)?
M. Alfred: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Goldbloom (D'Arcy
McGee)?
M. Goldbloom: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. Guay (Taschereau)?
M. Guay: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Rivest (Jean-Talon)?
M. Rivest: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Le Moignan
(Gaspé)?
M. Le Moignan: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Laurin (Bourget)?
M. Laurin: Contre.
Le Président (M. Boucher): La motion est rejetée, 5
contre 2.
M. Lalonde: L'Union Nationale continue.
M. Rivest: Cela perdure...
Le Président (M. Boucher): Ceci étant dit...
M. Le Moignan: M. le Président, la liberté. Vous
perdez du temps pour rien et vous le savez.
M. Lalonde: ...
Le Président (M. Boucher): Ceci étant dit...
M. Lalonde: Ils ont des instincts suicidaires, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher):... est-ce que nous pouvons
appeler l'article 1 du projet de loi?
M. Le Moignan: Vous allez avoir d'autres amendements tout
à l'heure.
M. Goldbloom: Liberté, que de crimes ont été
commis en ton nom!
M. Le Moignan: Quand vous apporterez un amendement, nous serons
en faveur.
Constitution et composition de l'institut
Le Président (M. Boucher): Article 1, M. le ministre.
M. Laurin: Je n'ai rien d'autre à ajouter, M. le
Président.
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Très brièvement, nous nous
interrogeons sur l'opportunité de donner à cet organisme le nom
"Institut"; mais ayant exprimé ce doute je constate que le
député de Taschereau n'est pas d'accord avec le fait que
j'exprime des doutes un institut, à mon sens...
M. Guay: M. le Président, je soulève une question
de règlement. Je n'ai absolument émis aucune espèce de
commentaire, je n'ai en aucune façon interrompu le député
de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Mais, avec un...
M. Guay: Qu'il ait des doutes, je trouve cela plein de sagesse,
qu'il les poursuive...
M. Rivest: Parce que, généralement...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Rivest: ... sont plus éloquents que vos propos.
M. Goldbloom: ... un visage éloquent, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président...
Une voix: Cette façon de nous voir nous fait plaisir.
M. Goldbloom: Quant à nous, quand on parle d'un institut,
on parle d'un organisme qui jouit justement d'une autonomie plus large et plus
précise que celle prévue par ce projet de loi pour l'organisme en
question. Ayant fait ce commentaire, M. le Président, je suis prêt
à accepter l'adoption de l'article 1.
Le Président (M. Boucher): L'article 1 est-il
adopté?
M. Rivest: Un élément d'information. Je sais qu'il
y a eu, au niveau de la commission ou de la réforme administrative au
gouvernement, plusieurs préoccupations sur l'emploi des termes
"commission, régie, institut, office", enfin, tout ce qu'on a comme...
Est-ce qu'au niveau du comité législatif, le ministre a eu
certains commentaires à ce sujet, au sujet du choix du mot
"institut"?
M. Laurin: Non, M. le Président. M. Rivest: Non?
M. Laurin: ...
Le Président (M. Boucher): L'article 1 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 2.
M. Laurin: Je n'ai pas de commentaires, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee?
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président... Le
Président (M. Boucher): Adopté?
M. Goldbloom: ... avec le seul commentaire que c'est la
reproduction textuelle de l'article 2 de la Loi constituant l'Institut national
de productivité, mais la nature de ces deux organismes n'est pas
absolument identique. Quand même, M. le Président, nous acceptons
l'article.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 3. (10 h
45)
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 4.
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 5?
M. Goldbloom: À l'article 5, M. le Président,
j'aurai des commentaires à faire. Nous lisons le texte, nous
voyons...
M. Laurin: Le député de D'Arcy McGee me permettrait
peut-être quelques mots d'explications sur la façon dont nous
entendons procéder pour nommer ces membres.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, avec plaisir. La
courtoisie entre médecins est toujours de rigueur.
M. Laurin: Peut-être que cela diminuerait à l'avance
ou la teneur ou l'intensité de ses objections.
M. Goldbloom: Ne comptez pas là-dessus, à moins que
vous n'ayez des amendements textuels.
M. Laurin: Nous entendons procéder, comme nous
procédons d'ailleurs dans tous les cas similaires, par une consultation
très large auprès de tous les milieux intéressés.
Par exemple, avant que le gouvernement ne fasse son choix, nous avons
l'intention, comme on y a fait allusion tout à l'heure, de
procéder à la confection de listes de noms fournis par les
milieux intéressés. Par exemple, nous avons l'intention de
demander l'avis de tous les recteurs d'universités, y compris ceux des
constituantes de l'Université du Québec; nous avons l'intention
de nous adresser au Conseil des universités, à l'Institut
national de la recherche scientifique. Nous avons l'intention aussi de nous
adresser à tous les vice-recteurs à l'enseignement et à la
recherche. Nous nous adresserons à tous les professeurs chercheurs dans
les divers domaines de la culture, que ce soit dans le secteur des sciences
humaines, dans le secteur des sciences sociales et, à cet égard,
nous procéderons à une très large consultation.
Nous avons identifié tous ces professeurs chercheurs et il est
bien évident que nous les consulterons sur les candidats qui, selon eux,
paraissent les plus aptes à occuper ces postes. Nous nous adresserons
également aux directeurs d'une vingtaine de centres de recherche dont
ceux qui sont les plus connus, évidemment, l'Institut supérieur
en sciences humaines de Laval, le Centre de recherche en droit public de
l'Université de Montréal, les divers centres de recherche qui
s'occupent de questions nordiques de langues et de civilisation
amérindienne. Nous nous adresserons au Centre de recherche en
développement économique de l'Université de
Montréal, à l'INRS-urbanisa-
tion, à l'INRS-éducation et à tous les autres corps
et organismes qui poussent actuellement les recherches dans ces divers
domaines. Nous nous adresserons également à tous les doyens des
facultés de sciences sociales et ainsi de suite.
En somme, nous avons déjà identifié tous ceux qui
travaillent dans ce domaine. Il n'y aura "no stone unturned" comme on dit en
anglais. Nous nous adresserons, en somme, à tous ceux qui, dans le
passé, dans le présent, se sont intéressés ou
s'intéressent à chacune des facettes ou des dimensions de la
culture, afin d'avoir leurs avis, leurs commentaires et leurs suggestions.
C'est sur la base de ces listes que le gouvernement procédera pour la
nomination de ses membres, exactement comme nous le faisons d'ailleurs, comme
tous les gouvernements l'ont fait, y compris celui qui nous a
précédés, pour ces nominations.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai maintenant la parole.
Je m'étonne, en passant, je suis convaincu que le parrain de la loi 101
pourra, avec un peu d'effort, trouver un équivalent français pour
"no stone unterned".
M. Laurin: Mais vous connaissez depuis longtemps mon amour pour
la langue et la littérature anglaise.
M. Goldbloom: Ah! Voilà.
M. Laurin: It is true, my friend.
M. Lalonde: I am touched.
M. Goldbloom: M. le Président, sur l'article 5, j'ai
toujours pris l'attitude que, quand un ministre fait une déclaration,
c'est un engagement. C'est en ce sens que j'ai toujours essayé de me
comporter quand j'avais de telles responsabilités. Le fait demeure quand
même que nous avons devant nous un texte de loi et que la
déclaration publique du ministre actuel pourra un jour échapper
à l'attention de l'un de ses successeurs. Pourtant, le texte de loi
demeurera. C'est pour cette raison que nous devons nous pencher sur le texte
plutôt que sur la déclaration du ministre, sans souloir être
désobligeant à l'endroit du ministre, sans mettre en doute sa
parole, tout au contraire.
Je suis de toute évidence heureux de connaître les
intentions précises du ministre quant à la nature de cette
consultation. Mais il y a une différence entre consulter des gens et
obtenir de leur part des recommandations précises. Consulter n'engage
pas. On peut écouter des gens et les remercier de leur avis, puisque ces
consultations, comme celles qui ont précédé le
débat sur ce projet de loi, auront sûrement lieu privément
entre le ministre ou ses représentants et les personnes
intéressées. L'opinion publique risquera de ne pas être au
courant des résultats de ces consultations et sera saisie un jour, tout
simmplement, d'une décision gouvernementale de nommer neuf
personnes.
Il nous semblerait préférable, M. le Président, que
le gouvernement s'engage à solliciter, obtenir et rendre publiques des
recommandations. Il nous semblerait préférable également
que le gouvernement permette à certains organismes d'être
identifiés dans la loi et d'être tenus par la loi de fournir leurs
recommandations. Je reviens au Conseil des universités. Cet organisme
existe depuis de nombreuses années et a connu à certains moments
quelques difficultés, quelques frictions internes, mais a survécu
à ces moments de friction pour fonctionner aujourd'hui au nom de
l'intérêt commun de la communauté universitaire.
Il y a d'autres organismes qui mériteraient d'être
consultés d'une façon particulière et d'être
appelés à fournir des recommandations. Je pense, par exemple, au
Conseil supérieur de l'éducation. C'est un organisme qui existe
depuis la fondation du ministère de l'Éducation, en 1964 ou
à peu près, et qui fonctionne comme critique du gouvernement,
comme conscience du gouvernement, comme catalyseur de beaucoup d'actions dans
le domaine de l'éducation. Il nous semblerait désirable que le
Conseil supérieur de l'éducation soit identifié
nommément dans le texte de la loi et se voit attribuer le droit de faire
des recommandations quant au choix des membres de l'éventuel Institut de
recherche sur la culture.
En troisième lieu, M. le Président, et vous le savez, il y
a, au Québec, des conseils de la culture. Ces conseils ont
été constitués pour accomplir une tâche importante;
et le gouvernement se propose aujourd'hui de nommer lui-même les neuf
membres de l'éventuel institut après consultation des
milieux intéressés, d'accord, mais sans se lier le moindrement
quant à ces consultations, sans permettre à ces organismes qui
sont l'émanation du milieu régional de s'exprimer et de formuler
des recommandations cela ne nous semble pas raisonnable, cela nous
semble exagéré.
Nous ne contestons pas le droit du gouvernement de poser le geste ultime
de nomination, cela se fait dans la majorité des cas, je pense. Pour que
la loi trouve son application, il faudra que le gouvernement pose des gestes,
et des gestes de nomination sont des gestes normaux. Mais quant à la
façon proposée de procéder, aussi bien laisser de
côté l'allusion à la consultation et dire carrément:
Le gouvernement nommera qui il veut.
C'est pour ces raisons, M. le Président, que j'aimerais proposer
un amendement à l'article 5. Cette motion d'amendement se lit comme
suit: Que le premier alinéa de l'article 5 soit modifié en
remplaçant, dans les deuxième et troisième lignes, tous
les mots après le mot "gouvernement", par les mots "sur recommandation
du Conseil des universités, du Conseil supérieur de
l'éducation et de la majorité des conseils de la culture."
L'alinéa amendé se lirait comme suit: "L'institut est
formé de neuf membres nommés par le gouvernement sur
recommandation du Conseil des universités,
du Conseil supérieur de l'éducation et de la
majorité des conseils de la culture."
M. Laurin: J'aimerais permettre aux membres de l'Opposition de
s'exprimer sur cet amendement pendant que j'y pense.
M. Lalonde: J'aurais une question à poser au
député de D'Arcy McGee, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Est-ce que le deuxième alinéa resterait
tel quel dans son amendement?
M. Goldbloom: Non, M. le Président. M. Lalonde:
Donc...
Le Président (M. Boucher): Le deuxième
alinéa: "Au moins trois des membres sont nommés par les
chercheurs de l'institut..."
M. Lalonde: Est-ce qu'il tomberait, celui-là?
M. Goldbloom: Non, M. le Président, parce que la motion se
lit comme suit, en partie: ... tous les mots après le gouvernement;
donc, cela comprend le deuxième alinéa.
M. Lalonde: Merci.
M. Goldbloom: Je m'excuse, M. le Président, je constate
que j'ai fait une erreur technique parce que la motion d'amendement fait
allusion seulement au premier alinéa. Avec votre permission, M. le
Président...
M. de Bellefeuille: ... conseiller le député,
peut-être.
M. Rivest: ...
M. Goldbloom: ... pour clarifier la situation, j'aimerais vous
faire part de mon intention de proposer ultérieurement, par une autre
motion, que le deuxième alinéa soit retranché.
Le Président (M. Boucher): Ne pourriez-vous pas le faire
tout de suite?
M. Goldbloom: II me semble, M. le Président, je ne...
Le Président (M. Boucher): S'il y a consentement des
membres, on peut le faire tout de suite.
M. Goldbloom: M. le Président, je ne voudrais pas me
substituer à votre autorité, mais il me semble, respectueusement,
que vous auriez quand même de la difficulté à traiter de
deux motions d'amendement en même temps.
Le Président (M. Boucher): Je serais peut-être
prêt, à ce moment-ci, à entendre des opinions sur la
recevabilité de la motion.
M. Lalonde: Sur la recevabilité, vous voulez entendre des
opinions?
Le Président (M. Boucher): Oui.
M. Lalonde: Je vais vous donner un précédent.
Le Président (M. Boucher): Pour éclairer ma
lanterne.
M. Lalonde: Je vais vous donner un précédent, le
projet de loi 40, l'an dernier, la Loi des tribunaux judiciaires. Un amendement
a été apporté; il faudrait relire la transcription pour
savoir l'origine de l'amendement, je n'ai pas lu cela. (11 heures)
L'amendement a été apporté exactement dans le
même sens à l'article 255 où on a enlevé les mots
"après consultation" et où on les a remplacés par les mots
"sur recommandation". Il s'agit donc, de toute évidence, d'une
modalité de nomination qui n'affecte pas le principe de la
création, qui a déjà été adopté en
deuxième lecture de cet article 5 qui a trait à la formation de
l'institut par la nomination de neuf membres. À savoir si c'est
après consultation ou si c'est sur recommandation, c'est une
modalité qui peut facilement être changée par amendement au
niveau de l'étude article par article. Conséquemment, je vous
soumets que l'amendement est parfaitement recevable.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, quant à la
recevabilité de la motion d'amendement, je voudrais tout simplement
attirer votre attention sur l'article 70 de notre règlement qui se lit
comme suit: "Un amendement doit se rapporter directement au sujet de la motion
proposée et ne peut avoir que les objets suivants: retrancher, ajouter
des mots ou les remplacer par d'autres. Il est irrecevable si son effet est
d'écarter la question principale sur laquelle il a été
proposé et il en est de même d'un sous-amendement par rapport
à un amendement."
Or, M. le Président, je soutiens respectueusement que
l'amendement se rapporte directement au sujet, n'a pour objet que de retrancher
des mots et de les remplacer par d'autres et n'écarte pas la question
principale.
M. Laurin: N'étant pas un expert dans ce domaine, le seul
commentaire qui me vient à l'esprit c'est qu'en remplaçant le mot
"consultation" par "recommandation", il est bien évident que le sens de
l'article est changé en ce sens que le gouvernement, par une
recommandation, est lié et est obligé de nommer la personne
recomman-
dée, alors que le sens premier de l'article, évidemment,
avec le mot "consultation", le gouvernement garde sûrement une attitude
beaucoup plus grande pour nommer les membres de quelque organisme que ce
soit.
M. Goldbloom: M. le Président, le ministre a parfaitement
raison quant à la portée de l'amendement...
M. Lalonde: II faut que cela fasse quelque chose un
amendement.
M. Goldbloom: Cette portée ne rend pas l'amendement
irrecevable. Il y a des centaines et des centaines de
précédents.
M. Laurin: Lesquels? C'est beaucoup.
M. Lalonde: II faut que l'amendement change quelque chose, sans
cela il n'est pas recevable.
M. Goldbloom: Si vous dites: Citez-moi un cas, je vais vous
tuer.
M. Lalonde: Oui, c'est cela. C'est exactement le changement.
M. Laurin: Est-ce qu'on peut passer au vote?
Des voix: Le président est en train de
délibérer.
Le Président (M. Boucher): Je délibère avec
moi-même.
M. Lalonde: L'inquiétude qui vous triture, M. le
Président.
M. Le Moignan: Le Président a besoin de calme.
M. Lalonde: Quel article ou quel est le bout de l'article qui
vous...
Le Président (M. Boucher): Justement, c'est le fait que
l'amendement semble écarter la question principale à savoir que
la consultation et la nomination c'est...
M. Rivest: La question principale, M. le Président si vous
me permettez, c'est le pouvoir de nomination et le fait de procéder par
la voie d'une obligation légale de consultation ou d'exercer ce pouvoir
de nomination sur la base d'une recommandation, c'est strictement une
modalité du principe. Cela a déjà été
établi, je pense, à de très nombreuses reprises devant les
commissions parlementaires.
Le Président (M. Boucher): La question principale c'est
que la nomination des membres se fasse par consultation...
M. Rivest: C'est cela.
Le Président (M. Boucher): ... ou par recommandation.
C'est la question principale qui reste. Alors je reçois
l'amendement.
M. Rivest: C'est simplement une modalité. M. Goldbloom:
Un bon président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee, sur le fond.
M. Goldbloom: J'ai déjà plaidé sur le fond,
M. le Président. Je laisserai à mes collègues...
M. Saint-Germain: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier. Est-ce qu'il y a des intervenants sur le fond?
M. Le Moignan: Oui, je vais y aller, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: D'abord, je voudrais faire une distinction au
sujet de la motion présentée par le député de
D'Arcy McGee. L'institut est formé de neuf membres nommés par le
gouvernement sur recommandation. Si cela peut consoler le député
de Marguerite-Bourgeoys, je suis d'accord avec l'Opposition officielle sur
l'idée d'une recommandation, parce qu'autrement quand on regarde les
mots "après consultation", il reste toujours le petit point
inquiétant, à savoir que le gouvernement puisse avoir une
latitude très grande dans ce domaine et qu'il ne soit pas lié par
la consultation.
Quand il s'agit des autres aspects qui sont précis dans la
motion, on insiste sur le Conseil des universités, le Conseil
supérieur de l'éducation et sur la majorité des conseils
de la culture, mais ici j'ai certains doutes. Après avoir
écouté l'énumération faite par le ministre, quand
on parle des milieux intéressés, je n'ai pas noté,
évidemment, tout ce que le ministre a mentionné, mais il a
parlé du Conseil des universités, il a parlé de
l'institut, il a parlé des conseils de la culture. Je ne sais pas s'il a
mentionné l'éducation.
M. Laurin: Oui.
M. Le Moignan: Alors, c'est pour cela que je serais très
favorable à l'idée et je crois que sur recommandation cela donne
une plus grande latitude à tous ces milieux de déléguer
peut-être ceux qui seraient les meilleurs porte-parole au sein de
l'institut. Ma crainte, encore une fois, c'est que le gouvernement,
après consultation, à ce moment-là, peut nommer qui il
veut, mais si la recommandation vient de tous les milieux
intéressés, il n'y a aucun doute que cela n'élimine pas la
consultation encore avec le gouvernement, mais je croirais que l'article serait
bonifié si on avait cette recommandation. Ensuite je verrais bien
cette
consultation que le gouvernement, le ministre, ayant entendu les parties
intéressées... Je crois que je ne me limiterais pas aux trois qui
sont indiqués dans la motion, mais je prendrais le large éventail
indiqué par le ministre qui englobe ce qui est
déjà-là et beaucoup d'autres en plus. Je maintiens ma
réserve et j'approuve cette idée de recommandation.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je crois que si on
acceptait cette motion qu'on concourrait à augmenter le prestige, la
liberté d'action et la liberté tout court de l'institut. Il va
sans dire que si cet institut devient il n'est même pas
nécessaire d'aller jusque-là si l'institut donne
l'apparence d'être soumis au gouvernement et de faire des études
cela pourrait aller jusqu'au point où l'institut pourra
pratiquement exclusivement... on n'a aucune garantie que l'institut ne
sera pas simplement obligé de faire des études qui seront
exclusivement commandées par le gouvernement. De toute façon, si
cet institut donne l'image qu'il est dépendant du gouvernement, il
perdra certainement sa crédibilité et deviendra, dans les mains
d'un futur gouvernement ou du gouvernement présent il pourrait
devenir un instrument de propagande, un instrument qui pourra simplement
étudier les thèses que le gouvernement lui soumettra et qui fera
des rapports appuyant les façons de voir et les priorités du
gouvernement.
Je crois que tout ceci sera extrêmement dommageable pour le
développement futur de l'institut. Il ne faudrait pas être assez
naïf pour croire que la population tombera aisément dans le
panneau. Elle verra le jeu. Ce sera de l'argent dépensé
absolument inutilement. On aura d'ailleurs, dans de telles conditions, bien
souvent de la difficulté à motiver les meilleurs recherchistes,
ceux qui sont indépendants, ceux qui veulent simplement que la
vérité apparaisse. On pourra même aller jusqu'à
avoir de la difficulté à voir ces gens-là collaborer.
Au niveau du gouvernement, des sommes de plus en plus
considérables sont dépensées toujours soi-disant pour
informer la population de ses droits, des diverses politiques gouvernementales,
ainsi de suite. Déjà, le gouvernement a fait face à des
accusations en bien ou en mal, et on prétend même prouver, dans
certains milieux, que le gouvernement se sert des fonds publics en vue de sa
propre promotion. Dans cette ligne de pensée il me semble que, par la
teneur de l'article 5 tel que rédigé, il est très possible
que si un ministre voulait se servir de l'institut pour satisfaire des
ambitions personnelles ou des ambitions de son parti ou de son gouvernement, il
aurait absolument toute la liberté de le faire subtilement. Jamais il
n'admettra qu'il a nommé un ami personnel à l'institut, jamais il
n'admettra qu'il a simplement nommé quelqu'un qui voit les choses comme
il les voit et qui accepte facilement les principes que le ministre accepte,
ainsi de suite.
Cette façon de nommer les membres de l'institut à
l'article 5 ne passera pas, M. le Président. Il faut arrêter de
prendre la population du Québec pour des gens naïfs, des gens qui
acceptent tout facilement et qui se foutent d'avoir quelques millions en plus
ou en moins donnés à l'institut en vue de promouvoir un travail
de recherche dans une ambiance ou une atmosphère où les gens ne
seront pas entièrement libres. Cela ne passera pas, M. le
Président; la population le saura, la population se sensibilisera
à cette façon de voir du ministre.
Le ministre peut bien nous donner cette longue liste de consultation. On
sait, par expérience, lorsque dans une loi on parle simplement, comme
à l'article 5, de consultation, qu'est-ce que cela veut
réellement dire? Cela veut dire, en fait, qu'un ministre a le droit,
s'il le veut bien, de nommer à peu près qui il veut, même
contre les intérêts publics. C'est cela, en fait, que cela veut
dire. Pourquoi essayer de donner aux mots un autre sens que le sens qu'ils ont
en réalité? Si le ministre est sérieux, il ne peut pas
faire autrement que de modifier profondément le procédé de
nomination qu'il a à l'article 5; s'il n'est pas sérieux, il se
fera accuser de vouloir dominer l'institut et ce sera dommageable pour
l'institut qui sera grandement handicapé à l'avenir.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais vous faire
remarquer que le but de cette motion d'amendement est non seulement
d'établir un mécanisme plus formel de recommandation et de le
substituer à la simple consultation la consultation
élaborée, mais, quand même, une consultation mais
également de faire disparaître une distinction, que fait l'article
5 tel que rédigé actuellement, entre les cinq membres que
nommerait le gouvernement après consultation et les quatre autres qu'il
nommerait sans consultation de qui que ce soit. Cela, c'est un point.
Deuxièmement, j'aimerais faire deux citations pertinentes. J'ai
devant moi la Loi sur le cinéma un domaine connexe
sanctionnée le 19 juin 1975. Je voudrais en citer quatre articles qui
sont les quatre premiers de la section II intitulée "Organisation et
fonctionnement de l'institut".
L'article 53: "L'institut est formé de sept membres nommés
par le lieutenant-gouverneur en conseil conformément à la
présente section." "Conformément à la présente
section" est explicité par les articles qui suivent. (11 h 15)
L'article 54: "Le ministre reconnaît aux conditions qu'il
détermine l'association la plus représentative dans chacun des
cinq secteurs cinématographiques suivants: la production, la
réalisation, les artisans, la distribution et l'exploitation. Il
demande, par écrit, à chacune des associations reconnues de lui
soumettre dans un délai de 30 jours les noms de trois candidats
représentatifs de son secteur."
L'article 55: "Le ministre choisit à même les noms qui lui
sont soumis, pour chaque secteur, un nom qu'il recommande à la
nomination du lieutenant-gouverneur en conseil. Faute par une association de
fournir dans les délais prévus les noms qu'elle propose pour son
secteur ou en l'absence d'une association représentative dans un secteur
donné, le ministre choisit lui-même la personne qu'il juge
représentative dans le milieu et la recommande à la nomination du
lieutenant-gouverneur en conseil".
L'article 56: "Dès que le lieutenant-gouverneur en conseil a fait
les cinq nominations prévues ci-dessus, le ministre consulte les membres
ainsi nommés et avec leur acceptation, propose à la nomination du
lieutenant-gouverneur en conseil deux autres membres dont un représente
la clientèle cinématographique québécoise". Fin de
la citation.
M. le Président, vous constatez là un mécanisme
tout à fait différent, mais semblable à ce que nous vous
avons proposé par notre motion d'amendement, et beaucoup moins à
ce qui est proposé par le texte actuel de l'article 5.
Je voudrais faire une deuxième citation. Nous avons
invoqué, de part et d'autre, le rapport Frégault à
plusieurs occasions au cours de ce débat. Je voudrais citer la page 192
de ce rapport où, vers le milieu de la page, on trouve les mots qui
suivent: "Le conseil d'administration est l'instance suprême,
détenteur des pouvoirs de décision. Il compte douze membres. Huit
d'entre eux, dont le président de l'institut, sont nommés par le
gouvernement à partir d'une liste présentée par le Conseil
des universités, l'ACFAS et les Académies du Québec.
Quatre sont cooptés par les huit membres..." fin de la citation.
Là aussi, M. le Président, on voit que le texte qui a
contribué à la conception de ce projet d'institut recommande
essentiellement ce que nous avons recommandé dans notre projet
d'amendement. M. le Président, vous aurez cependant remarqué que
les trois noms proposés par M. Frégault ne sont pas identiques
aux trois noms que j'ai proposés dans notre motion d'amendement. Nous
avons ainsi exprimé une préférence; mais il serait
possible de discuter du choix des organismes, et si le ministre nous dit:
J'accepte votre projet d'amendement mais je préférerais le
Conseil des universités, l'ACFAS et les Académies du
Québec au Conseil des universités, le Conseil supérieur de
l'éducation et les Conseils de la culture, je suis certain que nous
pourrions arriver à une entente là-dessus.
Je voudrais aller plus loin. Vous aurez remarqué que notre projet
d'amendement laisse quand même tomber cette notion de consultation des
milieux intéressés. Si le ministre nous dit qu'il est prêt
à accepter un mécanisme comme celui proposé par le rapport
Frégault, un mécanisme super-posable à celui qui se trouve
dans la Loi du cinéma, mais qu'il voudrait conserver cette notion de
large consultation, nous pourrions envisager un texte combiné qui
pourrait se lire comme suit: L'institut est formé de neuf membres
nommés par le gouvernement après consultation des milieux
intéressés par les recherches sur les phénomènes
culturels et sur recommandation des trois organismes, quatre organismes ou cinq
organismes que voudrait inscrire le ministre à l'éventuel texte
de cet article 5.
Voilà, M. le Président, les considérations que j'ai
voulu vous offrir.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de D'Arcy McGee. M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, dans les remarques
que le député de D'Arcy McGee vient de faire, je voudrais relever
ceci. Il a cité certains articles de la loi sur le cinéma et il
est tombé comme par hasard sur ce qui me semblait être un
défaut de cette loi. Je pense que M. le député
connaît Montesquieu qui conseillait, dans l'Esprit des Lois, de ne pas
trop entrer dans les détails. Je crois justement que la loi sur le
cinéma est trop entrée dans les détails, en sorte que dans
la composition du conseil de l'Institut du cinéma, la loi crée
une situation où les créateurs et artisans du cinéma ne
sont pas majoritaires, ce qui est un défaut de cette loi.
La raison pour laquelle la loi comporte ce défaut, c'est
précisément qu'elle est trop entrée dans les
détails. Je pense qu'il faut se garder de mettre dans des lois des
précisions de telle sorte que l'application de la loi ne correspond plus
au principe ou en est inutilement compliquée. Il vaut mieux en rester
à une méthode plus simple.
M. Goldbloom: M. le Président, me permet-triez-vous de
répondre en une seule phrase au député de Deux-Montagnes?
Il m'a adressé fort gentiment des reproches quant à mon
désir de trop préciser le projet de loi. Il devrait adresser les
mêmes reproches au rapport Frégault.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, j'ai une très
brève intervention. J'ai dit tout à l'heure que j'étais
d'accord avec le député de D'Arcy McGee pour remplacer les mots
"après consultation" par les mots "sur recommandation" mais je constate
que le député vient de lire l'article 5 à peu près
dans son texte intégral et il ajoute "sur recommandation de certains
milieux". À ce moment-là, étant donné que le
député lui-même semble ne pas tenir uniquement au Conseil
des universités, au Conseil supérieur de l'éducation, je
pense que j'ai bien compris dans ce sens, j'aimerais que le ministre nous
précise suite à cette suggestion du député de
D'Arcy McGee, en somme, non pas quel organisme comme tel, il va réserver
mais dans son éventail... À ce moment, je pense que je serais
prêt à accepter l'idée avant de passer au vote; c'est pour
cela que j'aimerais avoir l'opinion du ministre sur la suggestion du
député de D'Arcy McGee, ce qu'il ajoute en somme à votre
paragraphe.
M. Laurin: Je ne sais plus à quoi je me
réfère, à l'amendement tel que je peux le lire devant moi
ou à un amendement à son amendement.
M. Le Moignan: II a commencé...
M. Laurin: II faudrait qu'il...
M. Le Moignan: II l'a amendé un peu...
M. Laurin:... que le député se branche et qu'il
nous dise exactement ce qu'il nous soumet.
M. Goldbloom: J'ai fait une offre de collaboration et de
négociation d'un texte qui serait acceptable de part et d'autre. Si le
ministre veut, en ce sens, faire une contre-proposition, nous pourrions en
discuter facilement. Si c'est l'intention du ministre de rejeter tout projet
d'amendement, qu'il nous le dise pour que nous puissions passer à une
décision sur ce que j'ai proposé.
M. Laurin: Bien, je ne sais pas si quelqu'un d'autre avait
demandé la parole, mais je consentirais parfaitement à m'exprimer
là-dessus tout de suite, si...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon vous aviez demandé la parole.
M. Laurin: ... le député de Jean-Talon n'y voit pas
d'objection.
M. Rivest: Pardon?
M. Laurin: Si le député de Jean-Talon n'y voit pas
d'objection, je suis bien prêt.
M. Rivest: Vous voulez vous exprimer immédiatement sur la
question que vous a posée... D'accord.
M. Laurin: Si vous n'avez pas d'objection.
M. Rivest: D'accord, je verrai par la suite à ce
moment-là.
M. Laurin: Je voudrais d'abord faire quelques remarques sur les
deux exemples que nous apporte le député de D'Arcy McGee. Je
pense que mon collègue a montré que l'exemple de la Loi sur le
cinéma peut ne pas paraître très pertinent à l'objet
ici en considération, d'abord pour les raisons que mon collègue a
apportées, mais aussi pour une autre raison. Lorsque nous avons affaire
à l'industrie du cinéma et le but de la Loi sur le
cinéma est d'aider l'industrie du cinéma nous avons
affaire à des partenaires bien identifiés qui se situent tout le
long d'une chaîne de productions à partir du créateur,
évidemment, en passant par les producteurs, les exploitants de salles de
cinéma et les distributeurs. C'est tellement vrai que tous ces
éléments bien identifiés se regroupent dans des
associations reconnues, qui sont d'ailleurs les seules à oeuvrer dans ce
domaine. Il n'est donc pas difficile pour le gouvernement qui veut aider
l'industrie du cinéma de reconnaître ses partenaires
privilégiés et de les inviter, par la voie de leurs associations,
à siéger à un pareil institut.
Je ferai remarquer au député de D'Arcy McGee que, dans le
domaine de la culture, cela est beaucoup plus vaste puisque la recherche sur la
culture peut porter sur un très grand nombre d'objets qui peuvent
inclure les sciences sociales, les sciences humaines, certaines dimensions des
sciences économiques également et le nombre des intervenants dans
ces divers domaines est extrêmement élevé. Donc, on ne peut
pas comparer d'une façon exacte la situation de ces deux instituts.
Deuxièmement, quand il a parlé du rapport Frégault,
ce rapport parle d'une liste constituée dans le milieu à partir
de laquelle le gouvernement nommerait les membres du conseil d'administration.
Je lui ferai remarquer que ce procédé que suggère le
rapport Frégault est quand même beaucoup moins contraignant que
celui qu'il nous suggère par le mot "recommandation" qui, comme on l'a
dit tout à l'heure quand on discutait de la recevabilité, lie
rigoureusement le gouvernement aux noms qui apparaissent sur cette liste. Donc,
là aussi il y a une différence entre ce que dit le rapport
Frégault et l'amendement du député de D'Arcy McGee.
Par ailleurs, si je regarde l'amendement qui nous est
suggéré et j'ai bien écouté afin
d'éclairer ma lanterne les discours et les représentations de
l'Opposition officielle je dois dire que, à mon grand regret, il
m'apparaît difficile de l'accepter pour deux raisons. La première,
c'est que cet amendement m'apparaît inapplicable. En effet, on parle de
recommandations du Conseil des universités, du Conseil supérieur
de l'éducation et de la majorité des conseils de la culture. S'il
est vrai que le gouvernement est lié par les noms qui apparaissent sur
les recommandations qui lui sont faites, il faudrait spécifier combien
de membres le Conseil des universités pourra recommander au
gouvernement, combien de membres le Conseil supérieur de
l'éducation pourra recommander au gouvernement, combien de membres les
conseils régionaux de la culture pourront recommander au gouvernement et
le problème deviendrait d'autant plus difficile que l'amendement parle
de la majorité des conseils de la culture. Nous ne savons pas lesquels,
il y a huit conseils de la culture. Lesquels devrons-nous consulter? Lesquels
devront faire des recommandations? Combien de membres devront-ils recommander
chacun? Comme le gouvernement ne peut nommer que neuf membres, lesquels le
gouvernement sera-t-il tenu de choisir à même les recommandations
spécifiques qui lui seraient faites par ces organismes?
Cela deviendrait donc extrêmement difficile, pour ne pas dire
impossible, pour Ie gouvernement de choisir les noms recommandés par ces
divers organismes.
Mon autre objection est plus fondamentale. J'ai l'impression que si nous
acceptions l'amendement du député de D'Arcy McGee, nous
limite-
rions beaucoup plus que nous le faisons actuellement le champ de
prospection des membres éventuels de ce conseil d'administration. Comme
je l'ai fait remarquer dans mes remarques liminaires, nous avons l'intention de
procéder à une très large consultation. J'ai
énuméré une quinzaine d'organismes très importants,
je suis d'ailleurs prêt à joindre à cette liste les
additions que me suggère le député de D'Arcy McGee. Je
suis très prêt, par exemple, à compléter ma liste en
y incluant le Conseil supérieur de l'éducation, en y incluant
tous les conseils régionaux de la culture; il y en a huit actuellement
et il y en aura dix bientôt. Je suis même prêt à
inclure d'autres noms comme, par exemple, le Conseil des collègues,
l'ACFAS, et d'autres organismes. Nous n'avons pas fini notre prospection. (11 h
30)
Dans ce domaine de la culture, le champ est tellement vaste, que je ne
voudrais pas me priver, le gouvernement sûrement, ne voudrait pas se
priver, de l'expertise, ou de l'avis, ou des conseils de tous les organismes du
milieu.
Par ailleurs, une autre objection que j'ai à cet amendement, en
plus de la limitation qui s'ensuivrait et peut-être de la pauvreté
plus grande qui pourrait en résulter dans le choix des membres, c'est
que l'Opposition nous recommande une mesure qui va à l'encontre des us
et coutumes qui ont été suivis par tous les gouvernements, y
compris par le gouvernement précédent.
J'aimerais que le député de D'Arcy McGee me cite, dans les
nominations qu'a pu effectuer le gouvernement auquel il a appartenu, des
exemples où le gouvernement était lié à la
recommandation que pouvait lui faire tel ou tel organisme. On sait que pour la
plupart des nominations que les gouvernements effectuent, la tradition est de
demander des suggestions au milieu, à la suite d'une consultation, et
c'est le gouvernement, finalement, qui nomme les membres.
D'ailleurs, j'ai ici deux lois passées sous des gouvernements
antérieurs, par exemple, la charte du Centre de recherche industrielle
du Québec, où il est dit à l'article 4 "Le centre est
formé d'un directeur général et de quatorze autres membres
nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil, après
consultation des organismes les plus représentatifs du monde de la
science et du monde de l'industrie".
Il y a aussi la Loi constituant l'Institut national de
productivité qui a été passée sous notre
gouvernement et qui reprend les mêmes phrases: "L'institut est
formé d'un directeur général et de neuf autres membres
nommés par le gouvernement dont trois après consultation des
organismes les plus représentatifs du monde du travail et trois
après consultation des organismes les plus représentatifs du
monde des affaires."
C'est là une pratique courante dans les gouvernements qui, je
crois, sauvegarde la volonté de participation du gouvernement avec les
milieux intéressés lorsqu'il s'agit de faire siéger,
à des conseils d'administration d'organismes importants, la fleur du
milieu, si l'on peut s'exprimer ainsi.
Et enfin, je suis étonné que le député de
D'Arcy McGee nous propose, en somme, de biffer le deuxième alinéa
en prétextant qu'on éliminerait ainsi la distinction entre la
première catégorie de membres et la deuxième
catégorie de membres. J'espère que je l'ai mal
interprété. Je vois, par son signe de tête, que ce n'est
pas là son intention, et c'est tant mieux.
Mais il reste quand même que si nous avons inclus ce
deuxième alinéa, c'est que nous voulions que le conseil
d'administration ne soit pas constitué que de membres venus de
l'extérieur. Cette mesure s'inscrit sous le signe d'une participation
des chercheurs, des usagers, ou de ceux qui sont mêlés de
près aux opérations, aux activités de l'institut,
justement parce que, même sous les gouvernements antérieurs, on a
vu que cette tendance à la participation aux usagers a commencé
à prévaloir, et nous pensons que c'est une excellente orientation
qu'il faudrait préserver. Et nous pensons qu'aussi bien pour les fins de
l'harmonie au sein de cet institut que pour une meilleure productivité,
il serait tout à fait séant que certains des membres du conseil
d'administration se recrutent à même les chercheurs qui seront
responsables des activités de l'institut.
C'est donc pour cette raison que je me vois obligé de ne pas
accepter l'amendement du député de D'Arcy McGee, tout en
recueillant ses suggestions pour allonger la liste.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, quand on ne veut pas
accepter un amendement, on donne les raisons pour lesquelles on le refuse. Si
l'on dit qu'il y a quand même des éléments
intéressants là-dedans, on cherche une façon de concilier
le point de vue du gouvernement et celui de l'Opposition. Tel n'est pas le cas
et je le regrette.
Je voudrais souligner que c'est peut-être une nuance
le fait d'exiger la soumission de recommandations ne lie pas
nécessairement le gouvernement d'une façon absolue. À cet
égard, je diffère d'interprétation avec le ministre sur ce
que propose le rapport Frégault.
Je vous soumets la considération suivante, M. le
Président. Quand on dit que les nominations se feraient après
consultation, il me semble clair que le gouvernement ne serait point lié
par cette consultation; qu'il écouterait les suggestions et ferait ses
propres choix par la suite, sans être le moindrement lié. Quand on
dit sur recommandation, l'innterprétation que je donne à cela,
c'est que le gouvernement ne serait pas tenu de nommer ces personnes, mais
devrait, à un moment donné, répondre à un organisme
qui a fait des recommandations: Nous regrettons, mais nous ne trouvons pas ces
recommandations acceptables pour diverses raisons. Mais quand on arrive au
texte du rapport Frégault, ce rapport est encore plus précis et
plus contraignant, parce qu'il se lit comme suit: "Le conseil d'administration
est l'instance suprême, détenteur des pouvoirs de décision.
Il compte douze membres. Huit d'entre eux,
dont le président de l'institut, sont nommés par le
gouvernement, à partir d'une liste présentée par le
Conseil des universités, l'ACFAS et les Académies du
Québec. Quatre sont cooptés par les huit premiers membres".
Or, M. le Président, ce texte est clair. Si les trois organismes
mentionnés, les trois personnes morales mentionnées, envoyaient
au gouvernement une liste de huit noms, là le gouvernement n'aurait pas
de choix, suivant ce qu'a proposé le rapport Frégault, il aurait
dû nommer ces huit personnes.
Alors, ce que nous avons proposé est, en quelque sorte,
intermédiaire entre le texte actuel et la recommandation contraignante
du rapport Frégault. M. le Président, puisque le ministre s'est
exprimé de cette façon précise, rejetant ainsi le projet
d'amendement, je suis prêt pour ma part, à ne pas apporter
davantage d'arguments là-dessus, tout en me réservant le droit de
faire d'autres commentaires sur le deuxième alinéa et sur
l'article dans son ensemble avant son adoption éventuelle.
Le Président (M. Boucher): Merci M. le
député de D'Acry McGee. M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M. le député de Gaspé, est-ce que
vous voulez...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon avait davantage la parole.
M. Rivest: Mais, M. le député de Gaspé,
allez-y.
M. Le Moignan: C'est très bref. C'est juste que le
ministre... a retenu... les organismes mentionnés par le
député de Jean-Talon pour allonger sa liste. Pour nous faire
oublier la mauvaise température, est-ce que je pourrais vous
suggérer un autre organisme qui n'est pas mentionné? Ce n'est pas
moi qui l'invente. C'est un titre d'un journal de ce matin, selon le chef de
l'Opposition libérale et ça s'appelle: "L'académie des
pompiers".
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: J'ai écouté, bien sûr, les
remarques du ministre. C'est sûr que dans la formulation du texte de
l'amendement, le ministre peut facilement trouver des choses qui ne sont pas
tout à fait satisfaisantes sur le plan technique. C'est sûr qu'il
y a d'autres organismes, etc., qu'il peut y avoir des difficultés
pratiques évidentes dans l'application de l'amendement tel que
rédigé. Néanmoins, on ne sent pas de la part du ministre
je le regrette vivement une intention de vraiment partager avec
les gens du milieu, si ce n'est des intentions au niveau de la consultation,
chose qu'il fera, sans doute, mais de partager néanmoins dans la
constitution d'un organisme aussi important que l'Institut de recherche de la
culture, son pouvoir de nomination comme cela se fait et s'est
déjà fait dans notre législation dans d'autres cas.
Le ministre a évoqué la Loi de l'Institut du
cinéma. Je prends acte, bien sûr, de l'interprétation qu'il
fait en regard de la nature même des opérations
cinématographiques à l'intérieur du Québec mais je
peux lui dire, ayant moi-même eu l'occasion de participer à cette
rédaction, que n'eût été la réponse que le
gouvernement d'alors avait donnée au milieu du cinéma on aurait
énormément de difficulté à faire fonctionner
l'institut si, d'aventure, le gouvernement s'était donné
d'autorité, en raison même des difficultés des
intérêts divergents dans le milieu des intérêts
souvent économiques, le pouvoir exclusif de nomination et de
désignation des gens de l'industrie du cinéma. Raison de plus,
dès lors qu'il s'agit d'un secteur comme celui de la culture où
il n'y a pas simplement que des intérêts économiques, comme
dans le domaine de l'industrie du cinéma qui peuvent être
divergents, mais là il faut à tout prix s'assurer qu'au niveau
des écoles de pensée, qui sont dans ce milieu très
diverses, qu'on puisse avoir un sain équilibre dans les personnes qui
seront éventuellement membres de l'Institut de recherche sur la culture.
Cet institut ne fera pas simplement que des recherches pour le plaisir de faire
des recherches; ses rapports seront publiés et auront une
résonance très grande. Alors la préoccupation du
député de D'Arcy McGee et des interventions que l'on fait, c'est
précisément celle-là. C'est de s'assurer, à
l'avance, par une constitution qui soit ouverte, que la production de
l'Institut de recherche ne sera pas la production ou le fruit d'une
école de pensée, mais qu'elle représentera bien l'ensemble
des opinions du milieu.
Une des choses également, c'est que le gouvernement doit toujours
se réserver le pouvoir de nomination. La consultation, le ministre
pourra la mener aussi largement qu'il nous dit vouloir la mener. Mais
l'amendement du député de D'Arcy McGee fait simplement valoriser
dans un certain sens, des organismes existants, des institutions exsitantes qui
sont le Conseil des universités, le Conseil supérieur de
l'éducation et les Conseils de la culture. Sans doute, on pourrait en
ajouter. Mais ces conseils, ces organismes n'ont pas été
créés pour rien. Je pense qu'il pourrait être très
utile, au ministre, finalement, dès lors qu'il s'agira de décider
d'une personne plutôt que d'une autre au conseil, d'avoir le soutien et
l'appui d'organismes indépendants comme le Conseil des
universités, le Conseil supérieur de l'éducation et les
Conseils de la culture. Je pense que dans cette préoccupation, il y a
fondamentalement le respect et la valorisation des institutions qu'on a
déjà créées, que l'Assemblée nationale a
déjà créées dans le milieu. Tout en
réservant ou tout en prenant acte des commentaires du ministre sur
peut-être un certain nombre de difficultés pratiques, je regrette
qu'on n'ait pas senti dans la réponse du ministre une volonté
réelle de partager son pouvoir de nomination surtout que ce
gouvernement, comme probablement les autres gouvernements, lorsqu'il s'agit de
nomination, cède tout aussi facilement aux amitiés ou aux
sympathies qu'il peut recevoir dans les milieux. Dans l'ordre culturel, c'est
particuliè-
rement important, dans le contexte présent et pour l'avenir, que
cet institut de recherche ne soit pas l'affaire propre du ministre. Parce que
même dans l'esprit du ministre, peut-être qu'il se dit de bonne foi
qu'il va choisir effectivement les bonnes personnes. Mais le ministre ne sera
peut-être pas toujours là et il pourra entretenir à
l'égard de son successeur ou, éventuellement, lors d'un
changement de gouvernement, les mêmes craintes que celles que nous
exprimons et celles que traduit la motion du député de D'Arcy
McGee. (11 h 45)
Pour l'instant je n'ai pas autre chose, mais j'aurais aimé que le
ministre fasse lui-même, avec l'ensemble des membres de la commission, un
effort d'imagination qu'il aille au-delà d'une volonté ou d'une
promesse sans doute qu'il tiendra de consultation, mais qu'il
puisse donner dans le texte, dans le cadre de la loi, des indications
précises sur une volonté claire du gouvernement de ne pas
s'approprier, comme si c'était sa propriété via son
pouvoir de domination, la définition et la recherche dans le domaine de
la culture québécoise.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Jean-Talon. M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, il me semble que, dans
la déclaration du ministre, il y a là certaines contradictions.
M. le ministre aurait voulu qu'on spécifie dans cet amendement le nombre
de personnes qui seraient recommandées par le Conseil des
universités, le nombre de personnes recommandées par
l'Association canadienne-française et ainsi de suite. Il nous dit que le
gouvernement doit garder toute latitude, toute liberté d'action et
pourtant, il voudrait modifier notre amendement d'une façon qui
limiterait davantage le gouvernement. Je crois que tel que rédigé
il appartiendra au ministre de déterminer le nombre de personnes qui
pourrait venir de ces différents milieux.
Il a parlé aussi sur le fait que l'amendement était
restrictif vis-à-vis des gens qui s'occupent de culture. Il faut tout de
même admettre que la culture concerne à peu près tous les
champs d'activités humaines. On pourrait faire des recherches sur les
religions au Québec, par exemple, toujours en les coordonnant, si vous
voulez, avec les effets culturels de la pratique de certaines religions, et
ainsi de suite. C'est sans limite, pratiquement, ce qui lui fait dire qu'il ne
faut pas limiter trop les consultations.
Il ne faut pas oublier non plus le but de l'institut. Le but de
l'institut c'est la recherche et comme son but est la recherche, cela limite
énormément ceux qui doivent être consultés. S'il y
avait au Québec des recherchistes en nombre suffisant, soit au niveau
universitaire ou autre, le gouvernement n'aurait pas à nous proposer
cette loi. C'est parce que le gouvernement a constaté qu'il y avait
là une lacune et qu'il devait, par ses activités, augmenter le
nombre des recherches et les sujets sur lesquels ces recherches doivent porter.
Alors, du moment que vous limitez l'institut à la recherche, vous
limitez énormément les individus, ou les associations, ou les
corps intermédiaires que vous devez consulter pour en arriver à
ce que les meilleurs chercheurs et les travaux les plus utiles puissent faire
partie de l'institut.
Alors, je ne vois donc pas dans les raisons que le ministre nous a
données des éléments qui pourraient lui permettre
d'emblée de rejeter cette motion, d'autant plus que par la voix de notre
collègue on lui a donné toute latitude de la modifier à
son gré, en autant et c'est là notre préoccupation
qu'on puisse donner à l'institut la plus grande liberté
d'action possible et diminuer à la limite l'influence du gouvernement
sur les activités de cet institut. Mais, M. le Président, puisque
le ministre semble rejeter a priori toute limitation à sa
responsabilité de nomination des membres de l'institut, notre travail
devient tout à fait inutile, mais nous avons voulu tout de même
prévenir les gens concernés, les milieux concernés et la
population des lacunes de ce genre de nominations et des dangers que ces
nominations faites d'autorité puissent marquer le développement
de l'institut d'une façon extrêmement négative.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, si on prend quelques minutes
de plus à débattre cet amendement, c'est qu'il touche au
principal inconvénient, au vice majeur que ce projet de loi contient en
ce qu'il n'assure pas à l'Institut de recherche sur la culture le
caractère d'indépendance et d'autonomie que le ministre semble
nous avoir promis dans son livre blanc en se référant au rapport
de Jean-Paul L'Allier et au rapport Frégault, mais qu'il nous a
enlevé prestement dans la rédaction de son projet de loi et qu'il
nous refuse actuellement pour toues sortes de raisons qui sont plutôt des
prétextes, simplement parce qu'il veut faire de cet institut sa chose;
il veut que ce soit non pas l'Institut québécois de recherche sur
la culture, mais que ce soit l'institut ministériel de recherche sur la
culture. Il faudrait même, à la toute fin, revenir, si le ministre
s'entête comme il le fait actuellement, à l'article 1 pour
changer, dans l'appellation de l'institut, le mot "québécois" par
le mot "ministériel". Effectivement, c'est la chose du ministre, c'est
son extension; cela l'est tellement que lorsqu'on va arriver à un
article, un peu plus loin, qui fait une obligation à l'institut de
remplir les mandats confiés par le ministre avec le consentement du
gouvernement, non seulement ce sera dans sa formation que l'institut sera la
chose du ministre et du gouvernement, mais cela sera même dans son
fonctionnement.
Le ministre a invoqué l'inapplicabilité de l'amendement
proposé par le député de D'Arcy McGee. Il est possible que
l'amendement tel que proposé exige certaines améliorations; c'est
possi-
ble que son libellé ne colle pas très bien à la
réalité. Mais si on pouvait déceler chez le gouvernement,
et chez le ministre en particulier, et chez les députés
ministériels qui sont ici pour améliorer le projet de loi, une
certaine bonne volonté de rejoindre le désir, le souhait de tous
les Québécois, j'en suis sûr, à savoir de ne pas
manquer notre coup avec cet institut de recherche sur la culture, qu'il ne soit
pas mort-né, comme le disait Jean-Paul L'Allier, un institut qui ne soit
pas la chose du gouvernement, qu'on ne gaspille pas les ressources humaines et
les ressources financières des Québécois à tenter
de créer un institut qui ne remplirait pas les conditions essentielles
dans son existence même, mais non. On dit: C'est inapplicable parce que
tel mot fait que quand on va arriver pour nommer les neuf membres, on se
demandera: est-ce qu'on va nommer les neuf qui seraient recommandés par
le Conseil des universités ou les neuf autres qui seraient
recommandés... Alors, là, qu'est-ce qu'on cherche? Au fond, on
cherche la bête noire, on cherche à ne pas s'entendre. Le
député de D'Arcy McGee l'a bien exprimé en réponse
aux interventions du ministre. On n'a vu aucune ouverture de la part du
ministre à rechercher, comme législateur, à donner
à cet institut le minimum d'indépendance et d'autonomie que les
Québécois méritent d'avoir dans leur institut.
C'est cette espèce d'entêtement, M. le Président,
qui a présidé à l'isolement progressif du gouvernement
actuel très clairement exprimé dans les élections
partielles récemment. J'en avais averti le même ministre il y a
quelques mois lors d'autres débats. À ce moment-là, on
pensait que je prêchais dans le désert. Les électeurs
n'oublient pas, eux. Ils voient le ministre s'entêter, ils voient le
ministre et le gouvernement s'entêter et lorsqu'ils parlent, par exemple,
ils parlent fort.
M. Alfred: Pas au Canada.
M. Rivest: M. le Président, je m'excuse auprès de
mon collègue de Marguerite-Bourgeoys, je n'ai pas entendu sa remarque.
Est-ce qu'il est en train de dire que l'élection de Jean-Talon est en
conséquence directe avec l'Institut national de recherche sur la
culture, non?
M. Lalonde: Non, c'est sûrement une victoire personnelle du
candidat libéral. Il ne fait aucun doute là-dessus.
M. Laurin: II parle du Devoir qui dit que ces deux
élections sont des incidents mineurs oubliés maintenant.
M. Lalonde: M. le Président, je disais au
député de Jean-Talon, je peux le répéter pour son
bénéfice, que c'est l'entêtement du gouvernement à
vouloir tout contrôler, à vouloir mettre ses deux gros sabots dans
tous les dossiers, dans toutes les situations, qui fait que la population,
à un moment donné, quand elle a la chance de s'exprimer, lui dit:
Non, chez vous, à la maison. C'est arrivé dans
Jean-Talon, au cas où quelques-uns... Est-ce que le
député de Taschereau s'en souvient? Je sais que le ministre a
vite fait de l'oublier. Il tente de l'oublier. J'ai l'impression qu'il
répète tous les soirs, avant de se coucher...
M. Guay: C'est arrivé au Parti libéral.
M. Lalonde: ... ce n'est pas arrivé, Jean-Talon n'est pas
arrivé, sept fois, la méthode du marteau, et ensuite il peut
dormir sans cauchemar. Il est fort possible que le ministre s'applique à
lui-même certains traitements qu'il a déjà
recommandés à d'autres.
M. Guay: C'est arrivé au Parti libéral dans tout le
Canada.
M. Rivest: Dans le Devoir, justement, il y a le Dr Poisson qui
écrit une chose comme celle-là: Pour beaucoup d'ex-partisans du
Parti québécois, je ne peux pas continuer à appuyer un
gouvernement dont j'attendais plus de droiture et d'honnêteté. Dr
Poisson.
M. Alfred: La pertinence, M. le Président. M. Laurin:
La pertinence, M. le Président.
M. Guay: M. le Président, est-ce que le
député de Marguerite-Bourgeoys...
Le Président (M. Boucher): Je pense qu'on s'engage sur une
voie qui n'est pas nécessairement celle du projet de loi 2.
M. Guay: Est-ce le député de Marguerite-Bourgeoys
considérerait de la part du gouvernement qu'il s'agirait d'une ouverture
d'esprit si on s'engageait à nommer Claude Rouleau et Paul Desrochers au
conseil d'administration de l'institut?
M. Lalonde: Est-ce que le député de Taschereau a
terminé son intervention? On voit, M. le Président, que lorsqu'on
est rempli de panique, on a recours à toutes sortes de petites
manoeuvres dont je ne qualifierai pas le niveau.
M. Alfred: Voulez-vous parler de...
M. Lalonde: J'en reste, M. le Président, à
l'entêtement du gouvernement de tout contrôler. Le ministre a
mentionné quelques lois qui créent des organismes dont les
membres sont nommés après consultation, mais sans vouloir enlever
d'importance objective à ces lois, il faut quand même
reconnaître que l'Institut sur la productivité n'aura pas,
à long terme, l'influence sur la vie des gens ici, au Québec, que
l'Institut de recherche sur la culture aura. On ne peut donc pas comparer les
deux choses. On nous a lancé à la figure l'Institut du
cinéma lors de l'étude en deuxième lecture. Une petite
vérification nous a vite fait comprendre que c'est un exemple fort mal
choisi par les dépu-
tés ministériels. Même l'Institut du cinéma,
dont la portée est beaucoup moins grande, exige, impose au gouvernement,
des contraintes quant à la nomination des membres.
Le ministre nous dit: Cela n'a pas de bon sens. Le gouvernement va
être lié. Oui, c'est justement cela. On veut que le gouvernement
soit lié pour que l'institut ne le soit pas. Dans un débat pas
tellement lointain de juin 1978, où un collègue du ministre
actuel au développement culturel, je parle du ministre de la Justice,
avait proposé dans la création d'un autre organisme dont le
caractère d'indépendance devait être au-dessus de tout
soupçon, le Conseil de la magistrature, le ministre de la Justice avait
proposé, dis-je, qu'un certain nombre de membres soient nommés
après consultation. (12 heures)
J'ai ici ce qui était le projet de loi 40. À l'article
256: "Le conseil de la magistrature est formé de treize membres." Il y
avait des membres qui étaient ex officio, des membres du Conseil de la
magistrature conséquents dans les fonctions qu'ils occupaient comme, par
exemple, juge en chef de la Cour provinciale, juge en chef associé du
Tribunal de la jeunesse, et j'en passe. Il y avait, un peu plus loin, deux
juges choisis parmi les juges de la Cour provinciale, de la Cour des sessions
de la paix audit Tribunal de la jeunesse et nommés après
consultation d'un organisme représentatif des juges de ces cours, deux
avocats nommés après consultation du Barreau de Québec,
deux personnes qui ne sont ni juges, ni avocats, nommées après
consultation du Conseil consultatif de la justice.
Nous nous sommes objectés. On a eu en face de nous un ministre
compréhensif, modeste, un ministre qui ne s'entêtait pas, un
ministre... oui, dans ce cas-ci, il a été
réellement...
M. Alfred: Un bon ministre.
M. Lalonde: ... très ouvert. Il est venu me voir à
mon bureau dans l'après-midi avant l'étude article par article,
à savoir si on consentirait à le faire... on était
à peu près à la dernière journée de la
première partie de la session. Il avait préparé toute une
série d'amendements pour répondre aux interrogations de
l'Opposition exprimées lors de l'étude en deuxième lecture
et, arrivé à l'article 256, il a lui-même proposé de
remplacer les mots "après consultation" par les mots "sur la
recommandation" des mêmes organismes.
M. Rivest: Un excellent ministre. Quel est son nom?
M. Lalonde: C'est le ministre de la Justice. M. Alfred:
C'est un excellent ministre.
M. Rivest: Quel est son nom? Est-ce un péquiste?
M. Lalonde: Oui, le ministre péquiste de la Justice, M.
Marc-André Bédard.
M. Rivest: Ah?
M. Alfred: C'est un excellent ministre.
Une voix: C'est une nette amélioration.
M. Lalonde: Lors de l'étude article par article, je lui ai
demandé quelles étaient ses raisons pour avoir changé,
naturellement, pour avoir accueilli avec beaucoup de plaisir cet amendement. On
voit ici le ministre qui nous dit, à la page B-6028 du journal des
Débats no 150 du 21 juin 1978, commission permanente de la justice: "M.
Bédard: Je puis vous dire très sincèrement que
c'étaient mes intentions premières. Les seules intentions que
j'ai eues étaient mal exprimées par le mot "consultation"
plutôt que par le mot "recommandation". C'est avec grand plaisir que nous
avons donné suite..."
Cela a été la raison invoquée par le ministre. Il
n'avait pas compris, il a réfléchi et il a compris que
"recommandation" et "consultation", ce n'est pas la même chose. Je pense
que le ministre qui est devant nous a dépassé ce stade. Je pense
qu'il a compris la différence entre "consultation" et "recommandation".
Il devrait maintenant simplement reconnaître que l'existence, même
l'autonomie de l'institut de recherche dépendent en grande partie de la
façon dont les membres sont nommés.
J'inviterais donc le ministre responsable au développement
culturel à consulter le ministre de la Justice. Déjà, un
précédent a été créé par la
création du Conseil de la magistrature. On voudrait que l'Institut de
recherche sur la culture soit une pierre précieuse parmi nos organismes,
qu'on le protège comme un joyau parce que son influence sur la vie des
gens sera déterminante; j'en suis convaincu.
M. Guay: ... de l'Opposition.
M. Lalonde: Le ministre, en l'accaparant, réellement lui
enlève tout le caractère, toute l'importance qu'on veut, nous de
ce côté-ci, donner à cette initiative du gouvernement.
Pourtant, combien de fois a-t-on rappelé au gouvernement le danger de
cet entêtement dont il avait fait preuve à plusieurs reprises dans
le passé et qui l'a si mal servi lors des dernières
élections partielles dans Jean-Talon et Argenteuil en particulier. On
voyait, après ces élections, les ministres et les
députés péquistes qui avaient l'air d'être
tombés du ciel, comme si c'était tout à fait
impossible...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Rivest: M. le Président, le comté de Jean-Talon
est un comté très cultivé.
Le Président (M. Boucher): Pourriez-vous me
démontrer la pertinence...
M. Lalonde: M. le Président, sur la pertinence, le
ministre vient d'évoquer la pertinence. Je vous dirai, M. le
Président, que je suis totalement dans
la pertinence du débat. Je reproche au ministre son
entêtement à ne pas accueillir l'amendement de l'Opposition comme
il le devrait. Je lui dis que cet entêtement va le mener à
l'isolement comme c'est arrivé dans Jean-Talon et dans Argenteuil.
Est-ce que dans le vocabulaire péquiste... Je sais qu'on est très
attaché aux mots et à l'usage des mots, on en tue des mots chez
vous, on a tué le mot indépendance, on a tenté de le
remplacer par souveraineté, on a tenté d'occire le mot
séparation. Je sais que de ce côté on s'attache beaucoup
aux mots, un peu moins à ce que cela veut dire, mais cela n'a pas
d'importance parce que, d'après eux, les mots ont beaucoup plus
d'importance, que leur propre sens. Si on accorde autant d'importance à
la forme, on devrait quand même reconnaître que j'ai droit, comme
député de l'Opposition, même si dans le forum
péquiste on a tenté de déchirer la page Jean-Talon et
Argenteuil, cela ne fait quand même pas tellement longtemps, cela ne fait
pas un mois que c'est arrivé, et déjà notre bon docteur
veut nous traiter, veut nous appliquer un traitement de l'oubli: II faut
l'oublier Jean-Talon, il faut l'oublier, je dis que si eux veulent l'oublier,
c'est mon devoir, comme député de l'Opposition officielle, de le
leur rappeler.
M. Rivest: Leurs militants vont le leur rappeler.
M. Lalonde: C'est cela. Leurs militants vont le leur rappeler
d'ailleurs en fin de semaine. Commencez donc déjà à y
penser. Jean-Talon et Argenteuil vous allez en entendre parler toute la fin de
semaine. Commencez à vous préparer. Vos militants ont des choses
à vous dire.
M. Laurin: Justement attendons.
Une voix: Au moins on a des militants, nous.
M. Lalonde: Écoutez la population, écoutez les
députés de l'Opposition qui représentent on vous
l'a dit le 16 novembre, lors de la première session en décembre
1976 60%. Regardez les résultats non seulement de
Notre-Dame-de-Grâce, Jean-Talon et Argenteuil, c'est 60% encore.
Naturellement, cela a changé un peu à l'intérieur des 60%,
mais comme le député de Gaspé est un bon ami à moi,
je ne tournerai pas le fer dans la plaie.
M. Laurin: Pertinence.
M. Le Moignan: Vous voyez bien qu'on vous a aidés.
M. Lalonde: Mais les 60% sont là encore qui disent: Non,
au gouvernement, non à l'entêtement du gouvernement et qu'ils
l'isolent. C'est important et nous n'allons pas céder là-dessus.
Pour nous, la création de l'Institut de recherche sur la culture...
M. Alfred: II a parlé plus de vingt minutes, j'ai
l'impression, M. le Président.
M. Lalonde: Non, M. le Président, j'ai commencé
à moins dix.
Le Président (M. Boucher): Je regrette, M. le
député de Papineau, le temps du député de
Marguerite-Bourgeoys se termine...
M. Alfred: Mais excusez-moi, M. le Président, je voulais
vous dire qu'il était ennuyeux.
Le Président (M. Boucher): ... à 12 h 10. Il a
commencé à 11 h 50.
M. Lalonde: Mais j'ai été interrompu à
plusieurs reprises, M. le Président. Quand on se plaint que j'ai
terminé mon temps, c'est soit qu'on se soit ennuyé ou que cela
fait mal. Mais étant optimiste de nature...
M. Alfred: Non, c'est ennuyeux.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Papineau.
M. Lalonde: ... j'avais pensé que le député
de Papineau ne s'était pas ennuyé.
M. Alfred: Je me suis ennuyé.
M. Lalonde: Mais il écoute, je vais prendre les deux
minutes qu'il me reste M. le Président. Justement, le
député de Papineau semble vouloir réagir un peu, il ouvre
les yeux, il écoute. Peut-être ai-je une chance de le convaincre?
C'est la brèche peut-être. On parlait de la démission du
ministre d'État à la réforme électorale comme
étant la brèche dans l'édifice péquiste. Mais
là, peut-être qu'on va en ouvrir une petite brèche. Le
député de Papineau qui est assis immédiatement à la
droite du ministre a peut-être l'oreille du ministre. Pourquoi le
député de Papineau ne se tourne-t-il pas vers le ministre et ne
lui dit-il pas: Moi, dans mon comté, je suis en danger dans Papineau.
Qu'il lui dise cela. Il le sait, le député de Papineau. Il sait
que les gens de Papineau n'aiment pas l'entêtement du ministre et vont
réagir comme les électeurs de Jean-Talon et d'Argenteuil. Dites
cela trois fois: Jean-Talon, Argenteuil; Jean-Talon, Argenteuil. Que ce soit
une leçon, mais apprenez-la, votre leçon, traduisez-la dans vos
gestes maintenant. Ce n'est pas seulement au conseil général de
la fin de semaine que vous devez écouter les militants, il faut...
M. de Bellefeuille: Au congrès national.
M. Rivest: Un congrès sur les mots.
M. Lalonde: Ah oui, c'est cela.
M. Rivest: Un congrès de vocabulaire.
M. Lalonde: Dans votre congrès de vocabulaire, ce n'est
pas là que vous allez régler le problème, c'est ici, alors
que vous exercez la
fonction qui vous a été confiée comme
député et comme ministre par la population de donner à cet
institut la mesure d'autonomie essentielle afin qu'il soit reconnu par tous les
Québécois comme étant non pas la chose du ministre
ce que vous allez en faire en vous entêtant mais comme
étant un organisme précieux, un organisme qui va
réellement répondre aux attentes de la population. C'est cela
qu'on veut faire par cet amendement, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Taschereau.
M. Guay: Je voudrais seulement dire que j'ai écouté
religieusement les propos de l'ancien Solliciteur général du
gouvernement Bourassa et que je suis assez étonné que lui, de
tous les membres de cet ancien gouvernement, vienne donner des leçons
à quiconque sur l'art de gouverner. Il me semble qu'après sa
performance comme Solliciteur général et l'oubli qu'il a eu de
certains événements que la commission Malouf met maintenant en
évidence comme, par exemple, un certain trafic d'influences qui s'est
exercé sous l'ancien gouvernement et que, comme Solliciteur
général, il aurait dû prendre les mesures, les poursuites
appropriées car c'est lui qui était responsable de
l'administration de la justice, je trouve cela assez étonnant qu'il
vienne nous parler aujourd'hui de l'art de gouverner et nous faire des
leçons. Je trouve d'autant plus étonnant qu'il nous fasse des
leçons sur l'art de gouverner...
M. Rivest: M. le Président, question de règlement,
pertinence du débat. Est-ce que le député parle de
l'entêtement du ministre? C'est cela qui est la pertinence du
débat.
Le Président (M. Boucher): J'allais rappeler au
député de Taschereau que cela ne concerne pas tellement le projet
de loi.
M. Guay: Je dirai très brièvement...
M. Rivest: Je pense que le député enfreint le
règlement, M. le Président. Je regrette pour mon collègue
de Taschereau.
Le Président (M. Boucher): Nous sommes à discuter
de l'amendement proposé par le député de D'Arcy McGee.
M. Guay: II y a des choses qui font mal.
M. Le Moignan: On pourrait peut-être aborder certains
aspects de la culture.
M. Guay: Sait-on jamais! C'est vrai que c'est une oeuvre d'art,
dans un certain sens, le stade olympique, au prix qu'il a coûté.
Il y a des choses qui font mal, effectivement. J'entends le
député de Jean-Talon... son ancien collègue, Paul
Desrochers, cela a l'air de le chatouiller. Mais enfin!
D'autre part, je dirai que pour ce qui est de l'entêtement que
l'ancien Solliciteur général reproche au gouvernement...
M. Rivest: Du ministre.
M. Lalonde: C'est de l'entêtement du ministre dont vous
voulez parler?
M. Guay: ... que cet argument m'ébranle venant d'un membre
de l'Opposition libérale, M. le Président, parce que,
effectivement, s'il y a des gens qui sont passés maîtres dans
l'entêtement, c'est bien le Parti libéral. On en a eu pour preuve
le rejet que le Canada vient de faire d'un gouvernement le plus
entêté de l'histoire de la Confédération et qui a
été relégué aux oubliettes de l'histoire.
M. Rivest: Cela devient impertinent.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Taschereau, essayez de nous parler de l'amendement.
M. Le Moignan: II parle de la culture canadienne.
M. Guay: Le député de Marguerite-Bourgeoys, ancien
Solliciteur général du gouvernement Bourassa a eu tout le loisir
de dire toutes sortes de choses sur toutes sortes de sujets et dès qu'on
commente ce qu'il a dit, on se fait rappeler à l'ordre par des gens
extrêmement nerveux en face. Il y a certaines choses qu'ils ne veulent
pas entendre.
M. Rivest: M. le Président, je regrette, j'invoque le
règlement.
M. Guay: Cela étant, M. le Président, je voulais
simplement faire cette mise au point ce n'est pas nécessaire
d'invoquer le règlement quant aux propos de l'ancien Solliciteur
général du gouvernement Bourassa. Je pense que, maintenant, on
peut sans doute passer au vote sur la motion d'amendement.
M. Lalonde: M. le Président, je voulais soulever une
question de règlement...
M. Guay: Est-ce qu'il n'a pas épuisé ses vingt
minutes, M. le Président?
M. Lalonde: ... à la fin de l'intervention du
député de Taschereau pour ne pas l'interrompre. Il n'y a
tellement rien là, M. le Président, que je ne la soulève
pas.
M. Guay: D'autant plus qu'il a épuisé tout son
temps.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur l'amendement?
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Brièvement, M. le Président, le
ministre a cité deux lois existantes, celle du Centre de recherche
industrielle, si ma mémoire est fidèle, et celle de l'Institut
national de la productivité. J'aimerais lui demander s'il le sait
à brûle-pourpoint, comme cela, sinon nous pourrons le
vérifier si ces deux organismes sont soumis à l'obligation
d'exécuter tout mandat donné par le gouvernement sans
l'obligation d'exécuter les mandats proposés par d'autres
organismes.
M. Laurin: M. le Président, le député peut
lire le projet de loi comme moi, mais pour parler du mandat, je
préfère attendre l'article du projet de loi qui parle de cela
pour qu'on s'explique une fois pour toutes là-dessus.
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président, mais il y a quand
même un lien entre les deux choses...
M. Laurin: On verra bien. (12 h 15)
M. Goldbloom: ... et si nous faisons une opposition à la
nomination des membres par le gouvernement, c'est justement à cause de
ce mandat global qui est accordé dans ce projet de loi à
l'Institut de recherche sur la culture.
M. Laurin: On pourra en discuter.
M. Goldbloom: M. le Président, je termine par une boutade.
Mon collègue de Marguerite-Bourgeoys a fait allusion à quelque
chose dont je n'avais jamais entendu parler auparavant, le forum
péquiste. Je reconnais que le Forum où le Canadien de
Montréal a remporté la coupe Stanley. Est-ce le nom que l'on va
exiger, en retour d'une contribution, pour le Colisée de
Québec?
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les membres sont
prêts à voter sur la motion?
M. Laurin: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee? M. Alfred (Papineau)?
M. Alfred: Très contre.
Le Président (M. Boucher): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Goldbloom (D'Arcy
McGee)?
M. Goldbloom: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. Guay (Taschereau)?
M. Guay: Contre. M. Lalonde: Suicide.
Le Président (M. Boucher): M. Rivest (Jean-Talon)?
M. Rivest: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Le Moignan
(Gaspé)?
M. Le Moignan: Pour. M. Guay: Ah! L'alliance.
Le Président (M. Boucher): M. Laurin (Bourget)?
M. Laurin: Contre.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est rejeté.
Contre: 4 Pour: 3. Est-ce que l'article 5 serait adopté?
M. Goldbloom: M. le Président, je vous avais fait part de
mon intention de proposer un deuxième amendement pour que soit
biffé le deuxième alinéa. Je ne voudrais peut-être
pas aller jusqu'à le proposer de façon formelle, mais je voudrais
attirer l'attention du ministre sur deux choses. D'abord, qu'il n'y a pas de
définition du titre: Chercheur de l'institut. Qu'est-ce que c'est?
M. Laurin: Pardon?
M. Goldbloom: II n'y a pas de définition du titre:
Chercheur de l'institut et pourtant, trois personnes seront choisies parmi ies
chercheurs de l'institut. Est-ce que ce seront des chercheurs contractuels,
donc à temps partiel? Est-ce que ce seront des chercheurs à temps
complet et en exclusivité au service de l'institut? Est-ce qu'un
chercheur de l'institut pourra en même temps conserver un poste
universitaire et travailler à l'université? Finalement, est-ce
qu'un chercheur de l'institut pourra être en même temps un
fonctionnaire? J'aimerais, M. le Président, que le ministre nous donne
des éclaircissements sur cela. J'aurai un deuxième commentaire
après.
M. Laurin: M. le Président, il n'a pas paru utile de
définir le mot chercheur parce qu'un chercheur, c'est celui qui fait des
recherches, évidemment. Comme cet institut de recherche est
centré sur les domaines culturels, évidemment, c'est un chercheur
qui fait des recherches sur la culture. Par ailleurs, et ceci est une
réponse partielle à ce qui a été dit
antérieurement par certains députés, le conseil
d'administration a toute latitude, ainsi qu'on le verra à l'article 18,
pour faire des règlements concernant les catégories de membres ou
l'engagement des chercheurs à temps plein ou à temps partiel
Donc, le conseil d'administration
sera tout à fait autonome pour engager soit des chercheurs
à temps plein, soit à temps partiel.
M. Goldbloom: M. le Président, à cet égard,
je voudrais poursuivre. Le ministre invoque ce deuxième alinéa de
l'article 5 pour dire que c'est le respect d'un principe
développé au cours des récentes années, un principe
suivant lequel les participants à une activité devraient en
même temps partager la responsabilité administrative.
M. le Président, dans certains domaines, l'idée de ce que
l'on pourrait appeler la cogestion a ses attraits et l'on peut se demander, par
exemple, si dans le domaine industriel, une forme de cogestion ne pourrait pas,
un jour, nous aider à diminuer les frictions, voire même les
conflits qui ont tendance à compliquer la vie, non seulement de ceux qui
administrent et de ceux qui oeuvrent dans de tels établissements, mais
aussi de la clientèle de ces établissements; dans bien des cas,
c'est le public en général. Mais quand il s'agit d'un
établissement qui fait, soit de l'enseignement, soit de la recherche, le
contexte est différent.
M. le Président, sans vouloir anticiper sur un débat qui
devra avoir lieu dans les prochains jours, je voudrais citer un exemple que je
trouve inquiétant. Il y a des établissements d'enseignement
où, par définition, dans la loi ou dans la charte de
l'établissement, un certain nombre de membres du personnel enseignant,
mais c'est également le cas du personnel non enseignant, siègent
de droit au conseil d'administration. Je ne me prononce pas pour ou contre la
thèse de la présence de ces personnes au conseil
d'administration, je vous fais part quand même d'une expérience
vécue. C'est que les personnes en question, dans certains cas je
ne fais pas une condamnation globale ayant été
nommées au conseil d'administration, voient leur mandat comme en
étant un à caractère syndical et transforment le conseil
d'administration en table de négociations continues. C'est toujours une
question de problèmes syndicaux ou de griefs syndicaux et c'est au moins
une modification de l'ordre du jour normal d'un tel conseil d'administration
et, au pire, une certaine paralysie de l'action de ce conseil
d'administration.
Je fais ces observations tout en vous disant, encore une fois, que je
n'ai pas l'intention d'aller jusqu'à proposer un amendement formel pour
le retrait de cet alinéa. Je termine par une question au ministre: Quand
il a rédigé ce dernier alinéa, ce deuxième
alinéa de l'article 5, a-t-il pensé à la situation qui
prévaudra au début des activités de l'institut?
C'est-à-dire qu'avant la création de l'institut, il n'y aura pas
de chercheurs de l'institut. Il faudra que l'institut existe pour qu'il ait des
chercheurs. Il me semblerait normal et logique que les chercheurs de l'institut
soient nommés par le conseil d'administration de l'institut. Or, ce
conseil d'administration sera composé de neuf membres avec un quorum de
cinq. Au départ, six seulement pourront siéger, parce que
l'institut n'aura pas été en mesure de fonctionner avant la
nomination de son conseil d'administration et donc, de nommer des chercheurs
et, suivant le texte du deuxième alinéa de l'article 5, au moins
trois des membres du conseil d'administration devront être nommés
parmi les chercheurs. C'est une des raisons qui m'ont fait songer
sérieusement à proposer que soit biffé le deuxième
alinéa, parce que si, à un moment donné, il y a un des six
membres nommés au départ qui tombe malade et qu'un autre est en
voyage, en deuil ou on ne sait pas quoi, l'institut sera paralysé.
J'aimerais demander au ministre s'il a pensé à cet
écueil?
M. Laurin: Je pense qu'il faudrait plutôt parler de
participation à la gestion plutôt que de cogestion. Cogestion
implique une égalité au fond de certaines catégories de
représentants à un conseil d'administration. Quand il ne s'agit
que du tiers des membres, je pense qu'il est plus juste de parler de
participation à la gestion plutôt que de cogestion. Mais encore
une fois, je crois que le principe doit être gardé, même
s'il reste à perfectionner au cours des années qui suivent
à la lumière de nos expériences. Le danger que
soulève le député de D'Arcy McGee, en ce qui concerne le
mandat syndical dont peuvent se croire chargés les représentants
des usagers, peut exister dans certains organismes, surtout, par exemple, dans
les institutions des Affaires sociales ou dans les institutions d'enseignement
où il y a une longue tradition syndicale.
Je ne croirais pas qu'ils puissent se poser dans un avenir très
prochain dans un institut dont les membres, dont le nombre de membres sera
toujours limité. Mais par ailleurs, il ne faudrait pas toujours voir ce
mandat syndical comme un danger, puisque très souvent ce mandat
syndical, supposé en fait, peut véhiculer des aspirations tout
à fait légitimes et extrêmement importantes. Mais de toute
façon, je pense qu'à l'heure actuelle ce serait plutôt un
débat académique de s'engager dans cette direction.
En ce. qui concerne sa dernière question, évidemment, il
faudra attendre que les chercheurs soient nommés par le conseil
d'administration avant qu'ils puissent siéger au conseil
d'administration. Mais il n'y a absolument rien dans le projet de loi qui
interdit au gouvernement de procéder à la nomination de ces
chercheurs au conseil d'administration, selon les mêmes méthodes
que je signalais tout à l'heure, c'est-à-dire la consultation du
conseil d'administration cette fois.
M. Goldbloom: Mais voilà la faiblesse du projet de loi qui
ne défénit pas ce qu'est un chercheur de l'institut. Le
gouvernement pourrait donc se substituer au conseil d'administration au
début des activités de l'institut, nommer trois chercheurs et
déclarer que ce sont des chercheurs de l'institut.
M. Laurin: Non, il faudra attendre que le conseil
d'administration engage des chercheurs et par la suite je peux bien en
prendre l'engagement, comme je l'ai fait tout à l'heure le
gouvernement procédera à la nomination de ces chercheurs au
conseil d'administration dans une
collaboration constante, étroite avec le conseil
d'administration.
M. Goldbloom: Puisque le ministre est en ce moment disposé
à prendre des engagements, je voudrais soulever une dernière
question par rapport à l'article 5. Le gouvernement se réserve le
droit de nommer les neuf membres, dont trois chercheurs de l'institut. Je lui
ai demandé: Est-ce qu'un chercheur de l'institut pourrait être un
fonctionnaire? Il y avait une raison à cette question.
Puisque le ministre a insisté tout le long de ce débat sur
l'autonomie qu'il veut accorder à l'institut, il me semble clair que
dans la proportion où le gouvernement nomme des fonctionnaires au
conseil d'administration, l'autonomie de l'institut sera diminué
d'autant; parce que le fonctionnaire, c'est l'employé du gouvernement,
et il est chargé de mettre en application les décisions
gouvernementales. Est-ce que le ministre est prêt à nous indiquer
aujourd'hui son intention quant à la nomination de fonctionnaires?
A-t-il l'intention d'en nommer? Si oui, jusqu'à concurrence de quel
nombre? Serait-il prêt, si sa première réponse est: Oui,
j'ai l'intention de nommer des fonctionnaires, à s'engager à
limiter ce nombre à deux, comme c'est le cas de l'article 5 de la Loi de
la société de développement des industries culturelles?
(12 h 30)
M. Laurin: Nous ne voulons tellement pas intervenir dans ce
domaine que nous n'avons pas cru opportun d'en parler. Je serais très
étonné que dans la consultation très large à
laquelle nous procéderons, les noms de fonctionnaires soient soumis,
dans ce processus de consultation, au gouvernement pour que le gouvernement
puisse choisir à même les noms des fonctionnaires. Je serais
également très étonné que parmi les chercheurs
qu'engagera l'institut et dont le nombre, à notre avis, sera toujours
assez limité, il se trouve également des fonctionnaires. Ce qui
m'apparaît plus probable, c'est que peut-être, parfois, certains
fonctionnaires pourront être prêtés par un ministère
quelconque ou pourront être engagés sur une base contractuelle
pour la poursuite d'un projet défini.
Encore une fois, il me semble que, étant donné que nous
donnons tous les pouvoirs à l'institut, à l'article 18, pour
faire ses règlements quant aux conditions d'engagement, il me semble
qu'il serait mieux de laisser le conseil d'administration de l'institut
procéder à toutes ces affaires. Si le ministre me demande ce que
j'en pense, il me semble, en effet, qu'il ne devrait pas se retrouver sur ce
conseil d'administration des fonctionnaires de l'État.
M. Goldbloom: Je remercie le ministre de cette
déclaration. Il reconnaîtra toutefois avec moi que le texte de la
loi, une fois adopté, liera ses successeurs, mais la déclaration
qu'il vient de faire ne les liera pas.
Ce disant, M. le Président, si vous voulez déclarer
l'article 5 adopté sur division...
Le Président (M. Boucher): L'article 5 est adopté
sur division.
Une voix: Sur division. M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Étant donné
l'heure, nous devons ajourner sine die.
Fin de la séance à 12 h 32
Reprise de la séance à 16 h 7
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires culturelles est réunie pour
étudier le projet de loi no 2, Loi constituant l'Institut
québécois de recherche sur la culture.
Les membres de la commission sont: M. Alfred (Papineau), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Godin (Mercier), M.
Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Guay (Taschereau), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier) remplace Mme Lavoie-Roux (L'Acadie); M. Le Moignan
(Gaspé), M. Laurin (Bourget) remplace M. Vaugeois
(Trois-Rivières).
Les intervenants sont: M. Beauséjour (Iberville), M. Bertrand
(Vanier), M. Brochu (Richmond), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Laplante
(Bourassa), M. Morin (Sauvé), M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Rivest
(Jean-Talon) remplace M. Saint-Germain (Jacques-Cartier).
À l'ajournement d'à midi, nous en étions à
l'article 6. M. le ministre.
M. Alfred: II n'est pas entré, M. le Président.
Vous avez dit que M. Rivest (Jean-Talon) remplaçait M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier).
Le Président (M. Boucher): M. Rivest (Jean-Talon) remplace
M. Saint-Germain (Jacques-Cartier) comme intervenant et M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier) remplace Mme Lavoie-Roux (L'Acadie) comme membre. M. le
ministre, sur l'article 6.
M. Laurin: J'attends les commentaires de l'Opposition, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je m'empresse de vous
proposer un amendement qui se lit comme suit: Que le premier alinéa de
l'article 6 soit modifié en remplaçant dans la première
ligne les mots "le gouvernement nomme" par les mots "les membres de l'institut
élisent annuellement parmi eux", et en retranchant dans les
première et deuxième lignes tous les mots après le mot
"institut".
L'alinéa amendé se lirait comme suit: "Les membres de
l'institut élisent annuellement parmi eux le président de
l'institut."
N'eût été l'arrivée du député
de Deux-Montagnes, j'aurais demandé le vote immédiatement.
Le Président (M. Boucher): Sans les commentaires du
ministre?
M. Goldbloom: Même sans les commentaires du ministre. Je
n'aurais pas insisté là-dessus.
Le Président (M. Boucher): Que le premier alinéa de
l'article 6 soit modifié en remplaçant dans la première
ligne les mots "le gouvernement nomme" par les mots "les membres de l'institut
élisent annuellement parmi eux", et en retranchant dans les
première et deuxième lignes tous les mots après le mot
"institut".
M. Laurin: M. le Président, étant donné que
l'amendement que nous propose le député de D'Arcy McGee est
repris du texte même du rapport Frégault, il est bien
évident que nous avons considéré cette possibilité
et que nous aurions aimé y souscrire, mais on nous a fait remarquer, et
d'ailleurs, les coutumes et les traditions en ce domaine en font foi,
l'attestent également, que, lorsqu'il s'agit de créer un
organisme public financé à même les fonds publics, il
convient que ce soit le gouvernement qui nomme le président de cet
organisme public. Nous n'innovons pas en la matière, c'est le cas de
tous les autres organismes publics financés à même les
fonds publics.
Ceci d'ailleurs n'entamera en rien l'autonomie de l'organisme, puisque
le président de l'institut sera quand même nommé parmi les
membres de ce dernier qui, eux-mêmes, seront nommés après
la large consultation à laquelle je faisais écho. Je ne crois
donc pas qu'il y ait lieu de retenir l'amendement que nous propose le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom:... je regrette de ne pas être en mesure
d'accepter intégralement ce que vient de dire le ministre et notamment
que, dans tous les cas d'un organisme financé par les deniers publics,
c'est le gouvernement qui en nomme le président. Je veux vous donner non
seulement un exemple qui fait exception à cette règle que le
ministre a voulu établir et qui n'en est pas une.
Je veux vous raconter une expérience personnelle que j'ai
vécue ici à l'Assemblée nationale. Mon collègue de
Jacques-Cartier s'en souviendra, c'était en 1967, je crois, et le
premier ministre du Québec était M. Daniel Johnson, dont le nom a
été mentionné à l'Assemblée nationale cet
après-midi. M. Johnson a présenté un projet de loi
ou son gouvernement l'a présenté pour modifier la
structure de la Commission des écoles catholi- ques de Montréal,
organisme qui sera dorénavant certainement financé largement par
le gouvernement, même si, jusqu'à maintenant, il imposait des
taxes pour se financer.
Vous vous rappellerez, M. le Président, qu'à
l'époque, la Commission des écoles catholiques de Montréal
avait un conseil d'administration composé de sept membres, trois
nommés par l'archevêque de Montréal, et quatre par le
gouvernement. Le projet de loi proposait l'augmentation du nombre de
sièges de sept à neuf, trois qui seraient toujours comblés
par nomination de l'archevêque de Montréal et les six autres par
nomination gouvernementale.
Ce qui était remarquable, M. le Président, c'est que,
jusqu'à ce moment-là, les sept membres du conseil
d'administration de la CECM se réunissaient et choisissaient leurs
propres président et vice-président. Le projet de loi du
gouvernement Johnson a proposé que le gouvernement nomme le
président et le vice-président. Je vous rappelle cela, et je me
le rappelle, parce que c'était la première fois de ma
carrière parlementaire, mais hélas, pas la dernière, que
j'ai siégé sans interruption toute la nuit jusqu'à 7
heures du matin. J'étais dans l'Opposition et mon collègue de
Jacques-Cartier également, à l'époque, et nous avons fait
un "filibuster" contre ce projet de loi. C'est enfin à 7 heures du matin
que le leader parlementaire du gouvernement du temps, à l'époque
député de Champlain et aujourd'hui député de
Johnson, a demandé l'ajournement du débat et, à 15 heures
de l'après-midi, quand la Chambre a été de nouveau
convoquée, il a retiré le projet de loi. (16 h 15)
M. le Président, je suis, pour dire le moins, conséquent
avec moi-même et mon collègue de Jacques-Cartier est, pour dire le
moins, conséquent avec lui-même en nous opposant à ce que
le gouvernement nomme le président de cet organisme et qu'il permette au
conseil d'administration de se réunir une fois choisi... Nous avons
accepté à notre corps défendant l'article 5 sur division,
le mécanisme de nomination des membres de ce conseil est
déjà une chose décidée par cette commission
parlementaire. Il nous semble quand même raisonnable et logique, et
respectueux de l'autonomie que l'on dit vouloir donner à l'institut,
c'est-à-dire de lui permettre de nommer lui-même son
président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je crois que la raison,
basée sur cette soi-disant tradition que des organismes publics
financés par le gouvernement se voient nécessairement imposer,
par le gouvernement, un président, ne peut pas tenir. Le
député de D'Arcy McGee parlait de la commission scolaire de
Montréal. Maintenant que les commissions scolaires seront
financées, en pratique, totalement par le gouvernement, à une
exception près, on n'a pas jugé bon d'imposer d'autorité
un président aux commissions scolaires. On pourrait par-
ler des hôpitaux, c'est la même chose. On pourrait
même parler des universités qui sont pratiquement totalement
financées par les fonds publics. Et le gouvernement ne se mêle pas
de nommer leur président. Et on pourrait, en y pensant, en ajouter
beaucoup à cette liste, d'autant plus qu'ici, les membres sont
nommés totalement par le gouvernement.
Pourquoi faut-il en plus aller jusqu'à nommer son
président d'autorité? Je suppose que, si le gouvernement nomme
des hommes d'autorité pour gérer au jour le jour l'institut, ces
hommes devraient avoir assez de maturité, connaître assez le
milieu pour savoir lequel d'entre eux est le plus à même
d'être président de l'institut.
Je crois que ce qui caractérise le gouvernement actuel, c'est
toujours de croire et de penser qu'il a l'exclusivité de cette
capacité de discerner où est le bien commun. Il me semble qu'on
ne fait jamais confiance aux citoyens, jamais confiance même à
ceux qu'on nomme d'autorité. Je crois que cet article marque davantage
la mainmise que le gouvernement veut nécessairement conserver, et
même dans le moindre détail, sur l'institut.
Et je ne vois vraiment pas comment l'institut pourra se sortir du
sillage du gouvernement et pourra imposer sa crédibilité, pour
que la population puisse croire que le résultat de ses recherches est
crédible et n'a pas été dirigé par le
gouvernement.
Je comprends très mal, je ne vois pas pour quelle raison le
ministre s'obstine à vouloir garder cette mainmise et je suis
assuré que, dans les milieux qui auront à travailler pour le
gouvernement, j'entends en coopération avec l'institut, non pas parce
que je les ai consultés, mais vu que ce sont des hommes libres, vu que
ce sont des hommes formés, vu que ce sont des hommes qui ont une vaste
formation, je suis assuré que ces hommes-là n'aiment pas à
être gouvernés d'autorité. C'est contre leur nature
même et je suis assuré qu'on n'accepte pas facilement cette
façon de procéder dans le milieu culturel, dans le milieu des
chercheurs culturels.
Ce sont là mes craintes, M. le Président, pour la
coopération future des milieux concernés entre l'institut et les
universités. Comment voulez-vous que les universités qui, depuis
toujours, s'acharnent à conserver envers et contre tous leur
liberté universitaire... C'est reconnu dans tout le monde occidental. Il
y a même des pays qui n'acceptent pas notre régime
démocratique, mais qui ont été obligés tout de
même jusqu'à un certain point d'accepter une certaine autonomie du
monde universitaire. Comment voulez-vous que ces universitaires qui vont jouer
un rôle très important dans la formation de l'institut, j'entends
au niveau des recherches, etc... Ces gens-là partiraient de
l'université où ils jouissent d'une liberté absolue et,
lorsqu'ils vont chapeauter, si vous voulez, l'institut, cette liberté en
recherche serait un vain mot? C'est incompréhensible, ce sont les
mêmes gens, ce seront les mêmes personnes qui vont faire ces
études et ces recherches. Cela me semble tout à fait
inadmissible.
M. Alfred: M. le Président, est-ce que le
député me permet une question?
M. Saint-Germain: Ah oui!
M. Alfred: J'ai remarqué, M. le Président, un
certain phallocratisme dans l'intervention du député de
Jacques-Cartier. Je voudrais qu'il me définisse le terme "homme" qu'il a
abondamment employé dans son intervention. Est-ce que ce terme "homme"
se définit au sens philosophique du mot? Quelle est la définition
qu'il donne au mot "homme"? Est-ce qu'il exclut les femmes dans sa
définition?
M. Le Moignan: Non, quand il dit "homme", il embrasse en
même temps toutes les femmes.
M. Alfred: II a surtout dit: des hommes. J'aimerais qu'il me
définisse le concept de "homme" dans son intervention.
M. Saint-Germain: Je pensais que c'était connu de tout le
monde. Je suis surpris que le député me pose une telle
question.
M. Alfred: Parce qu'il a dit: des hommes, M. le
Président.
M. Saint-Germain: Pourquoi? Il faudrait que je dise: les hommes
et les femmes?
M. Alfred: Bien sûr.
M. de Bellefeuille: Bien oui, ce serait plus exact.
M. Saint-Germain: Mon Dieu, Seigneur! allez-y. M. de
Bellefeuille: Ce serait plus exact.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président...
M. Saint-Germain: En déduire que je puis être
antiféministe parce que je ne me sers pas à tout bout de champ du
mot "femme"! Ha! ha! ha! Franchement, vous exagérez!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gaspé.
M. de Bellefeuille: J'espère que le journal des
Débats enregistre les ha! ha! ha!
M. Saint-Germain: J'ai connu des gens d'une politesse tout
à fait exquise avec les femmes, qui n'avaient pas beaucoup d'estime pour
elles, croyez-moi! Ce n'est pas par ces choses qu'on juge si un homme admet ou
non l'égalité entre hommes et femmes.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, pour résumer ce
débat, cela me rappelle l'histoire d'un curé à qui
certaines paroissiennes reprochaient justement le fait de dire en chaire: Mes
biens chers frères, et de ne jamais mentionner le mot "femme". Le
curé avait répondu: Quand je parle des hommes, j'embrasse en
même temps toutes les femmes, au sens du verbe embrasser, qui contient
tout, le tout, je parle de l'humanité. Maintenant, ceci nous
éloigne un peu de notre sujet, j'y reviens.
Il y a un petit point peut-être qui retient mon attention,
après avoir écouté le député de D'Arcy
McGee, ensuite les quelques brèves remarques du ministre. À
première vue, quand on dit que les membres de l'institut élisent
annuellement parmi eux le président de l'institut, il est vrai
qu'à la suite d'une consultation ou après recommandation, tous
les membres qui font partie de l'institut sont donc approuvés par le
gouvernement. Quand on regarde l'alinéa 2 de l'article 6, c'est ici que
cela ne semble pas trop concorder: "Les membres de l'institut désignent,
parmi les membres qui n'exercent pas la fonction de président ou
directeur général, un vice-président ". Je me demande, si
on est capable de désigner un vice-président, pourquoi on ne
pourrait pas désigner le président?
Le ministre me dira que cela pourrait être un sujet de discorde.
On sait que parmi les membres, dont les neuf membres qui seront choisis, il y
aura des forts et des faibles. On peut avoir une personne très
compétente, mais, au moment des élections, c'est un de ceux qui
parlent le plus fort, mais peut-être pas nécessairement le
meilleur qui pourrait être désigné comme président.
C'est un point qui me fait hésiter un petit peu.
Quand on regarde le deuxième paragraphe, si on peut
désigner le vice-président, je me demande pourquoi on ne pourrait
pas, en même temps, désigner le président, étant
donné que tous les membres ont déjà l'approbation, sont
acceptés par le gouvernement, et c'est une des raisons pour lesquelles
j'incline, à ce moment-ci, à voter en faveur de l'amendement qui
nous est proposé.
M. Laurin: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Laurin: ... même en fouillant leur mémoire et
leur expérience, les membres de l'Opposition officielle n'ont pu trouver
que deux exemples qui pourraient prétendument aller à l'appui de
leur thèse. Mais pourtant, ces deux exceptions qu'ils nous signalent
m'apparaissent tout à fait hors de propos. En effet, lorsqu'il s'agit de
la CECM, il s'agit d'une commission scolaire, on a affaire ici à ce
qu'on appelle, dans le jargon habituel, une créature du gouvernement,
c'est-à-dire un véritable gouvernement élu par les
citoyens et il est parfaitement compréhensible, à ce
moment-là, que toute commission scolaire soit en état de choisir
son propre président. D'ailleurs, ce n'est que pour régler un
problème de circonstance, qui s'inscrivait dans l'évolution des
idées à l'époque, que le gouvernement a été
obligé de s'intéresser de près au sort de la CECM à
l'époque. Heureusement, cette étape est passée, et
maintenant, il ne viendrait aucunement à l'idée du gouvernement
d'aller s'introduire dans le mécanisme de nomination des membres de
l'exécutif de la commission scolaire de l'île de
Montréal.
Donc, nous avons affaire à une situation tout à fait
différente. L'Institut de recherche sur la culture n'est pas, à
ce titre-là, une émanation de la volonté des citoyens,
n'est pas un gouvernement local. Il est, au contraire, dans une situation tout
à fait différente puisqu'il est une création du
gouvernement et, encore une fois, comme je le disais tout à l'heure, un
organisme public dont le gouvernement est responsable devant l'opinion
publique, devant l'Assemblée nationale. Encore une fois, c'est la raison
pour laquelle il convenait que le gouvernement nomme le président, qui
est le dépositaire du pouvoir de l'institut, tel qu'il y est
délégué par le gouvernement.
L'autre exemple ne me semble pas davantage à propos, parce que
les universités, comme vous le savez, M. le Président, sont des
institutions privées et non pas des institutions publiques. Elles ont eu
longtemps une charte canonique, d'ailleurs, qui venait de Rome et, même
à partir du moment où cet élément de leur structure
a été modifié, elles ne sont pas devenues des institutions
publiques, elles sont restées des institutions privées, ayant
leur propre charte, ayant même parfois leur propre loi constitutive.
C'est la raison pour laquelle le gouvernement ne croit pas opportun
d'intervenir dans la nomination des membres du conseil d'administration de
l'université, ni dans la nomination de ses officiers. Donc, les deux
exemples qu'on nous apporte ne nous paraissent pas du tout infirmer la position
que nous avons prise.
Par ailleurs, pour répondre à M. le député
de Gaspé, je pense qu'il faut établir une différence entre
le vice-président et le président. Le président est
véritablement celui qui, en vertu du mandat que lui confère le
gouvernement, est chargé de l'autorité nécessaire, du
pouvoir nécessaire pour administrer cet organisme public que constituera
l'Institut de recherche sur la culture, alors que le vice-président
n'est là que pour suppléer, au besoin, en cas d'accident, de
maladie, ou en cas d'absence, aux fonctions qu'exerce habituellement le
président.
Il y a donc une différence très nette, et on le sait
d'ailleurs, dans le langage courant, entre les fonctions d'un président
et celles d'un vice-président.
Une autre des raisons, d'ailleurs, pour lesquelles je ne peux retenir
l'amendement du député de D'Arcy McGee, c'est qu'il a eu la
malencontreuse idée d'introduire dans son amendement l'adverbe
"annuellement", et cela me paraît être un élément
d'instabilité dans le fonctionnement d'un institut, surtout à ses
débuts, et il me semble qu'il faut plutôt envisager, pour les
besoins de la permanence, de la constance, de la continuité, une
certaine période de temps qui permettra, à ceux qui seront
nommés par le gouvernement pour présider aux
destinées de cet organisme, d'asseoir leur action sur des bases plus
solides. (16 h 30)
II me semble donc, pour résumer, M. le Président, que cet
amendement ne peut pas être retenu.
M. Goldbloom: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: J'ai écouté attentivement les raisons
données par le ministre pour justifier son rejet de ce projet
d'amendement. La dernière me paraît je le dis bien
simplement, sans méchanceté inacceptable. Le ministre a
invoqué d'autres raisons pour nous dire qu'il n'est pas disposé
à accepter l'amendement, c'est-à-dire qu'il n'est pas
disposé à permettre au conseil d'administration de l'institut de
choisir son propre président, nonobstant le fait que, contrairement
à certaines autres lois, comme la loi constitutive de l'Institut
national de productivité, le ministre permettra à l'institut de
choisir son propre vice-président. Tel n'était pas le cas de
l'Institut national de productivité. L'article 6 de cette loi
constitutive se lit comme suit: "Le gouvernement nomme le président et
le vice-président de l'institut parmi les membres de ce dernier".
Le ministre, s'il a examiné, dans un souci de concordance, les
autres lois existantes, a vu que l'Institut national de productivité a
et un président et un vice-président nommés par le
gouvernement et il s'est dit: Dans ce cas-ci, celui de l'Institut de recherche
sur la culture, nous permettrons au conseil d'administration de choisir son
vice-président, mais pas son président.
Quand il dit qu'une raison, une dernière, pour rejeter le projet
d'amendement, c'est que le mot "annuellement" y paraît, cela revient
à la discussion que nous avons eue plus tôt dans la
journée, M. le Président. Si l'on veut accepter l'idée
fondamentale, on dit: Je trouve l'idée intéressante, mais le mot
"annuellement" me tracasse, j'aimerais mieux que ce mot soit retranché
et je serais disposé à envisager un texte d'amendement qui me
serait autrement acceptable. Ce n'est pas ce que le ministre nous a dit. Il a
rejeté l'idée fondamentale de l'amendement. Donc, l'allusion au
mot "annuellement" devient superflue parce qu'il a déjà dit qu'il
n'était pas d'accord avec la thèse avancée par
l'Opposition officielle qui a présenté la motion
d'amendement.
M. le Président, puisque je voudrais poursuivre la discussion sur
l'article 7, je suis prêt à cesser mon intervention sur l'article
6 en vous proposant, si personne d'autre ne veut intervenir, que vous le
déclariez adopté sur division.
Le Président (M. Boucher): Alors, désirez-vous
qu'on vote sur l'amendement?
M. de Bellefeuille: Non, adopté sur division.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est...
M. de Bellefeuille: Rejeté.
Le Président (M. Boucher): Rejeté sur division.
M. Le Moignan: Non, j'aurais un amendement à l'article 6,
plus loin.
Le Président (M. Boucher): Pour se prononcer sur
l'amendement, il faut qu'on ait...
M. Le Moignan: D'accord.
Le Président (M. Boucher): ... un amendement devant nous
avant de se prononcer sur l'article 6.
M. Goldbloom: Pour être clair, M. le Président,
j'accepterai que vous déclariez l'amendement rejeté sur
division.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est
rejeté.
M. Goldbloom: J'essuierai mes chaudes larmes entre-temps.
Le Président (M. Boucher): L'article 6, adopté sur
division?
Une voix: Adopté.
M. Le Moignan: À l'article 6, M. le Président,
j'aurais une motion d'amendement.
Le Président (M. Boucher): Sur l'article 6?
M. Le Moignan: Oui, je vais vous l'expliquer. Voici dans quel
sens: Que l'alinéa 3 de l'article 6 soit modifié en ajoutant
après le mot "règlement" les mots suivants: "Tout
règlement adopté en vertu du présent alinéa doit
être déposé devant l'Assemblée nationale par le
ministre responsable dans les quinze jours de son approbation par le
gouvernement. Si l'Assemblée nationale ne siège pas, le
dépôt doit se faire dans les quinze jours de l'ouverture de la
session suivante ou de la reprise de ses travaux, selon le cas".
Tel que modifié, l'alinéa 3 de l'article 6 se lirait
ainsi: "Le président préside les réunions de l'institut et
assume les autres fonctions que l'institut lui assigne par règlement.
Tout règlement adopté en vertu du présent alinéa
doit être déposé devant l'Assemblée nationale par le
ministre responsable dans les quinze jours de son approbation par le
gouvernement. Si l'Assemblée nationale ne siège pas, le
dépôt doit se faire dans les quinze jours de l'ouverture de la
session suivante ou de la reprise de ses travaux, selon le cas".
M. Alfred: M. le Président...
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je m'étonne de
la teneur de cet amendement présenté par le porte-parole de
l'Union Nationale, parce qu'il aurait pour effet de restreindre l'autonomie de
l'institut puisqu'il soumettrait les règlements adoptés par
l'institut à l'approbation du gouvernement, ce qui n'est pas
prévu dans le projet de loi à l'heure actuelle. Quant à
savoir si l'Assemblée nationale devrait prendre connaissance de ces
règlements, je laisserai le ministre commenter cet aspect de
l'amendement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: La raison pour laquelle nous apportons cet
amendement, M. le Président je n'ai pas le texte c'est
parce que je sais que cela s'est présenté déjà dans
d'autres projets de loi et je crois que ceci a été
accepté. Je crois que l'Assemblée nationale a tout de même
un rôle de surveillance et qu'elle doit également être
informée des règlements et des modifications qui peuvent
être apportées au règlement. En apportant cet amendement,
ça ne détruit pas du tout le projet de loi, mais ça permet
à tous les membres de l'Assemblée nationale d'être mieux
informés et ça donne, en même temps, à tous les
membres cette garantie que les règlements qui vont suivre vont permettre
à l'institut également de rendre compte de son mandat de
façon plus exacte et plus claire.
M. de Bellefeuille: M. le Président, est-ce que je peux
vous faire remarquer que M. le député de Gaspé n'a pas
répondu à mes observations à propos des mots "de son
approbation par le gouvernement" qui figurent dans son amendement. C'est
là-dessus que mes observations portaient. C'est une idée nouvelle
qui tend à restreindre l'autonomie de l'institut et qui nous
paraît superflue et non indiquée.
M. Alfred: Même non recevable.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai deux observations
à faire sur cette motion d'amendement du député de
Gaspé. D'abord, une question de forme: le député de
Gaspé nous propose que soient ajoutés, à la fin du
troisième alinéa de l'article 6, les mots suivants: "Tout
règlement adopté en vertu du présent alinéa doit
être déposé devant l'Assemblée nationale, par le
ministre responsable, dans les quinze jours de son approbation par le
gouvernement". Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas à
cet article 6 que l'on prévoit l'approbation de ces règlements
par le gouvernement.
Quand on regarde l'article 18 qui porte là-dessus, j'en fais une
lecture rapide et je ne vois pas d'approbation par le gouvernement de ces
règlements. Donc, pour que la motion d'amendement soit acceptable, il
faudrait qu'elle soit rédigée de façon à ajouter
l'exigence de l'approbation de ces règlements par le gouvernement.
Deuxièmement, il me semblerait que, même si le sens de
l'amendement me plaît d'une façon générale, il
serait plus logique qu'un tel amendement soit introduit, justement au niveau de
l'article 18, non seulement parce que l'article 18 porte
précisément et exclusivement sur la réglementation de
l'institut, mais aussi parce que l'article 6 fait allusion à un
éventail restreint de règlements, seulement ceux qui seraient
adoptés afin d'assigner des responsabilités au président,
tandis qu'à l'article 18, il y a d'autres catégories de
règlements qui sont prévus.
J'aimerais donc suggérer, amicalement à mon
collègue de Gaspé que nous cherchions il y a quand
même onze autres articles à étudier avant d'être
rendus à l'article 18 à rédiger un projet
d'amendement. Je peux vous dire, M. le Président, que nous aurons, de
notre côté, une proposition à faire, sur l'article 18, qui
permettrait d'introduire dans la loi cette notion de publication des
règlements par dépôt devant l'Assemblée
nationale.
M. Laurin: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Laurin: Je souscris entièrement aux remarques de mes
collègues de Deux-Montagnes et de D'Arcy McGee. La raison fondamentale,
au fond, en plus des questions de forme qu'a soulignées le
député de D'Arcy McGee, pour laquelle nous nous opposons à
cet amendement, c'est qu'il nous semble restreindre d'une façon
considérable et sérieuse l'autonomie de cet Institut de recherche
sur la culture.
Dans notre conception de cet institut, nous voulons laisser aux membres
du conseil d'administration de cet institut l'entière liberté et
responsabilité d'édicter les règlements qui leur semblent
appropriés à la conduite de leurs opérations.
Si nous adoptions la solution du député de Gaspé,
nous soumettrions l'approbation de ces règlements à une
étude, à un examen et à une sanction par le gouvernement.
Et là, je pense que nous pourrions être justifiables des reproches
d'interventionnisme ou de dirigisme culturel qu'on pourrait nous faire.
Nous préférons, quant à nous, faire confiance aux
membres du conseil d'administration de l'institut, à la qualité
éminente de chercheurs qu'ils possèdent dans le milieu, à
la conviction qu'ils ont et aux longues habitudes, aux longues traditions de
liberté qu'ils ont dans la poursuite de leur recherche,
antérieurement à la création de cet institut.
Nous leur faisons donc entièrement confiance et nous sommes
assurés d'avance que les règlements qu'ils adopteront seront
parfaitement compatibles avec la mission de cet organisme.
Le Président (M. Boucher): À ce stade-ci, compte
tenu des remarques du député de D'Arcy McGee, il est fait mention
que, lorsqu'on parle de réglementation, alors qu'à l'article 6,
il est question plutôt de la nomination des président et
vice-président, il est plutôt question de nominations que de
règlements. Est-ce que le député de Gaspé
accepterait de retenir son amendement jusqu'à l'article 18?
M. Le Moignan: Je m'incline, M. le Président, devant le
verdict de la majorité.
Le Président (M. Boucher): On pourra revenir à
l'article 18, si vous désirez proposer un amendement, sur la
réglementation. Je pense que c'est à peu près l'article
idéal pour le faire.
M. Le Moignan: L'amendement n'était pas de faire perdre du
temps, comme vous le savez, mais s'il arrive mal à propos, on peut
toujours le garder au frigidaire.
M. Goldbloom: M. le Président, remarquez bien que ce vice
de forme est sûrement le seul vice dont le député de
Gaspé a pu être coupable.
M. Le Moignan: J'en ai d'autres.
M. de Bellefeuille: Non, il vient d'en manifester un autre, la
distraction.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gaspé, est-ce que vous retirez, pour le moment, votre amendement?
M. Le Moignan: Oui, je le retire. Je ne suis pas un têtu.
Je ne suis pas obstiné à ce point.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 6 est
adopté?
M. Goldbloom: Sur division, M. le Président, avec
amertume.
Le Président (M. Boucher): Sur division. Article 7.
Une voix: Adopté?
M. Goldbloom: Non, M. le Président, je m'excuse.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Je voudrais, M. le Président, vous proposer
un amendement à l'article 7 et c'est pour continuer dans la même
ligne de pensée. Cette motion d'amendement se lit comme suit: Que
l'article 7 soit modifié en remplaçant, dans la première
ligne, les mots "Le gouvernement" par les mots "L'institut".
L'article amendé se lirait comme suit: "L'institut nomme un
directeur général parmi les mem- bres de l'institut. Le directeur
général est responsable de l'administration de l'institut dans le
cadre de ses règlements."
M. le Président, je ne ferai pas un long discours pour l'instant
à l'appui de ce projet d'amendement, mais je veux vous dire une chose
bien simple. C'est une répétition d'une opinion que j'ai
déjà émise plusieurs fois au cours de ce débat. Le
ministre déclare à répétition: Nous voulons donner
de l'autonomie à l'institut, M. le Président, quand nous voyons
que le gouvernement en nomme le président, en nomme le directeur
général, en nomme les membres et que sur les neuf membres, il y
en a quatre pour lesquels le gouvernement ne sollicite même pas de
recommandations et en outre que le gouvernement décrète que cet
institut sera obligé de remplir tout mandat spécifique que le
gouvernement lui confierait, tout ce que je peux dire, c'est que c'est une
autonomie fort restreinte, c'est une restriction générale de
l'autonomie de l'institut, nonobstant les belles déclarations du
ministre.
Le ministre, je ne lui fais pas un procès d'intention, je ne dis
pas que ses paroles ne traduisent pas sa véritable pensée, mais
je suggère respectueusement qu'il est un peu dans l'erreur quand il dit
que la loi prévoit une large autonomie pour l'institut et que les
modifications que nous proposons ne sont pas nécessaires, ne sont pas
justifiées, parce que les articles que nous avons examinés
jusqu'à maintenant ne portent pas la moindre atteinte à
l'autonomie de cet institut.
Je soutiens respectueusement, M. le Président, que, si un
institut est véritablement autonome, il choisit, il recommande ou le
milieu recommande au gouvernement les candidats éventuels au poste de
membres du conseil d'administration; le conseil d'administration se
réunit une fois constitué et choisit son président; le
conseil d'administration fait publier une offre d'emploi dans les journaux et
récolte ainsi des candidatures pour le poste de directeur
général; l'institut choisit parmi les candidatures reçues
celle qui lui paraît la plus intéressante et c'est ainsi que
l'institut exerce son autonomie. Mais, M. le Président, nonobstant les
assurances du ministre, il me semble clair que c'est le gouvernement qui va
ériger un organisme dont il aura nommé tous les membres, dont il
aura choisi le président parmi ces membres et dont il aura choisi le
directeur général.
M. le Président, faisons abstraction de l'identité de
l'actuel gouvernement et de l'actuel ministre. Un jour, il y aura
peut-être un ministre qui refusera de nommer une personne dont la couleur
politique sera différente de la sienne. Est-ce que c'est cela le but
visé? Sûrement pas, mais c'est le piège qui existe dans la
rédaction actuelle du projet de loi. C'est pour cette raison que nous ne
pouvons accepter à leur face même les assurances du ministre selon
lesquelles l'autonomie de cet éventuel institut sera parfaite. Elle
sera, à nos yeux, imparfaite.
Si le gouvernement insiste il l'a déjà fait, il a
déjà insisté sur son droit de nommer les membres du
conseil d'administration et sur son droit de
choisir le président parmi les membres de ce conseil
d'administration qu'il laisse au moins au conseil d'administration, s'il
veut dire quelque chose par ses allusions répétées
à l'autonomie, la liberté de choisir son directeur
général. Il me semble qu'il va un peu loin en allant
jusqu'à s'arroger, se garder le droit de nommer le directeur
général.
Je vous offre quelques exemples. Il y a la Société
québécoise d'information juridique où le directeur
général est nommé par la société. Il y a la
Société de développement des industries culturelles. Dans
ce dernier cas, c'est le président du conseil d'administration qui est
en même temps directeur général. C'est un peu plus logique
quand on nomme un PDG, comme on l'appelle dans le langage courant, que le
gouvernement le nomme; mais quand on a un président nommé par le
gouvernement, un conseil d'administration nommé par le gouvernement, il
me semble exagéré d'insister sur le droit gouvernemental de
nommer également le directeur général. Je m'arrête
là pour l'instant.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de D'Arcy McGee. M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, les raisons pour
lesquelles nous allons nous opposer à cet amendement sont
essentiellement les mêmes que celles qui ont fait que nous nous sommes
opposés à l'amendement semblable relatif au poste de
président. Ces raisons se résument à ceci: l'institut est
un organisme public, financé à même les deniers publics,
ces raisons s'appliquent à plus forte raison au choix du directeur
général, puisque le directeur général sera la seule
personnalité travaillant à temps plein à l'institut. Pour
ce qui est des membres, ce sera le seul membre travaillant à temps plein
et rémunéré pour ce travail à temps plein. Comme
l'indique l'article 7, le directeur général est responsable de
l'administration de l'institut dans le cadre de ses règlements. C'est
donc un poste où il convient éminemment que le choix du titulaire
soit fait par le gouvernement.
Le député de D'Arcy McGee a fait allusion à ce que
dans l'avenir, d'autres ministres pourraient faire. Il a évoqué
l'hypothèse où, un ministre refuserait de nommer à cette
fonction une personne qui serait d'une coloration politique différente
de la sienne. Je pense que cette objection du député de D'Arcy
McGee a fort peu de poids, M. le Président, parce qu'il est fondamental,
dans notre régime, que le gouvernement, que chaque membre du Conseil des
ministres est responsable de ses actes et sera toujours jugé par la
population selon ses actes. Si, dans l'avenir, un ministre de quelque
gouvernement que ce soit prenait des décisions qui ne sont pas sages, il
appartiendrait à la population de le juger et de juger le gouvernement
dont il fait partie. C'est un principe bien connu, je suis sûr, du
député de D'Arcy McGee, qui est lui-même ancien ministre.
C'est le principe de la responsabilité ministérielle.
M. Goldbloom: Je l'ai souvent invoqué.
M. de Bellefeuille: Je pense qu'il ne sera pas porté
à mettre en doute le bien-fondé de ce principe.
Pour ce qui est des comparaisons qu'une fois encore le
député de D'Arcy McGee a faites, en mentionnant deux cas, la
Société québécoise d'information juridique et la
Société de développement des industries culturelles,
celles-ci sont toujours intéressantes, mais je doute qu'elles nous
mènent nécessairement à des solutions de sagesse,
puisqu'il n'y a pas deux situations qui soient absolument identiques. La
tentation à laquelle nous invite le député de D'Arcy
McGee, c'est la tentation de l'uniformité, comme si les mêmes
modalités devraient s'appliquer à toutes les lois. Or, je pense
que chacun reconnaîtra que ça ne peut pas s'appliquer. On ne
pourra pas uniformiser toutes les lois, avoir un canevas identique pour toutes
les lois, où on remplirait un certain nombre de blancs pour
rédiger toutes nos lois. Au contraire, chaque loi correspond à
une situation qui fait qu'il faut l'adapter aux besoins de l'objet particulier
de cette loi.
Nous voulons bien faire des comparaisons, mais si nous faisons la somme
des comparaisons, elles militeront sûrement en faveur de ce que le
gouvernement propose. Le député de D'Arcy McGee aura beau
chercher, chercher et chercher des comparaisons qui ne semblent pas appuyer
notre point de vue, il en trouvera toujours un beaucoup plus grand nombre qui,
au contraire, appuieront le point de vue que nous soutenons.
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Tout ce que je peux dire, au ministre et au
député de Deux-Montagnes conjointement, c'est: Entendez-vous!
Dans le cas de l'article précédent, le ministre nous a
cité des exemples où le choix du gouvernement dans ce cas est
identique aux choix faits dans des cas précédents. Le
député de Deux-Montagnes nous dit: L'uniformité n'est pas
nécessaire.
Bon! J'aimerais suggérer ceci, M. le Président: le
gouvernement ayant insisté sur la nomination gouvernementale du
président, des membres de ce conseil d'administration, le directeur
général deviendra, à toutes fins utiles, un fonctionnaire.
Il y a, si l'on veut regarder l'éventail de formules possibles, la
Société de développement industriel, où le
directeur général est nommé suivant la Loi de la fonction
publique, avec publication d'avis de concours, tenue de concours et tout cela.
Il me semblerait plus logique qu'il en soit ainsi, que de dire tout simplement:
Le gouvernement nommera le directeur général.
J'aimerais aussi souligner le fait que le directeur
général n'est pas, suivant ce projet de loi, la seule personne
rémunérée. Il y a également le président qui
est rémunéré, mais le président,
curieusement, n'est pas à temps complet. Il y a le directeur
général qui est à temps complet, par exemple, et je
trouve, M. le Président, qu'il serait préférable que le
gouvernement ne nomme pas le directeur général. J'aimerais mieux
que ce soit l'institut lui-même. (17 heures)
Mais si, en réaction à cette suggestion, le gouvernement
nous disait: La formule adoptée pour la Société de
développement industriel, c'est-à-dire le choix d'un directeur
général par concours, suivant les règles de la fonction
publique, cela me serait acceptable également.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de D'Arcy McGee. M. le ministre.
M. Laurin: Je pense que le député de Deux-Montagnes
a parfaitement fait ressortir les raisons pour lesquelles nous devons nous
opposer à cet amendement et qui sont exactement les mêmes pour
lesquelles nous devions nous opposer à l'amendement
présenté par le même député. Ce qui vaut pour
le président vaut également pour le directeur
général.
Quand le député de Deux-Montagnes souligne le facteur
d'uniformité, il se réfère à des secteurs
différents: le secteur juridique, le secteur du cinéma et non pas
à l'intérieur même de la même loi. Au contraire, il a
bien souligné que le même argument devait être
employé en ce qui concerne le directeur général que le
président. Par ailleurs, M. le Président, je vous fais remarquer
qu'en ce qui concerne le parallèle que le député de D'Arcy
McGee a voulu tracer entre l'Institut de recherche sur la culture et la
Société de développement des industries culturelles, je ne
crois pas que ce parallèle s'applique, puisque, dans le cas de la
Société de développement des industries culturelles, le
gouvernement nommait tous les membres du conseil d'administration, après
consultation, bien sûr, avec les milieux intéressés.
Que l'on veuille assimiler le directeur général à
un fonctionnaire, cela est tout à fait faux, M. le Président. Il
est tellement vrai que le directeur général n'est pas un
fonctionnaire, c'est qu'il est un membre du conseil d'administration,
nommé lui aussi par le gouvernement, après consultation. S'il est
un fonctionnaire, lato sensu, ce n'est peut-être qu'un fonctionnaire de
l'institut et qui n'émarge donc pas du tout à la Loi de la
fonction publique. D'ailleurs, je récuse cette appellation de
fonctionnaire. Le directeur général est un membre à part
entière avec les mêmes droits, les mêmes privilèges,
les mêmes capacités que tous les autres membres du conseil
d'administration. C'est simplement qu'il aura des tâches
particulières, des responsabilités particulières ayant
trait davantage à l'administration quotidienne de l'institut.
Je voudrais enfin faire remarquer au député de D'Arcy
McGee qu'il n'est pas dit du tout dans la loi que le président du
conseil d'administration ne doive pas être à temps plein. Il est
bien possible qu'il le soit. Mais le gouvernement a voulu se réserver la
possibilité que le président du conseil d'administration puisse
ne pas être à temps plein, au cas, par exemple, où il
pourrait s'avérer utile de nommer comme président du conseil
d'administration un universitaire renommé, ayant fait durant de longues
années des recherches dans le domaine de la culture, mais à qui
ces obligations ou ces choix interdisent, pour le moment, une présidence
à temps plein, du fait qu'il veut garder ses autres activités
dans le domaine universitaire. Mais, encore une fois, il n'y a absolument rien
dans le projet de loi qui interdise que le président du conseil
d'administration assume ses fonctions à temps plein.
L'essentiel de l'argumentation a été très bien
résumé par le député de Deux-Montagnes et je pense
qu'aucune des considérations que nous avons entendues par la suite n'ait
pu ébranler la solidité de cette argumentation.
Je concours donc avec son opinion, et je me vois obligé de
rejeter cet amendement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: II est évident que chaque fois que l'on
nomme une personne à une fonction, si l'on ne spécifie pas dans
le texte de loi que cette personne doit exercer cette fonction à temps
complet, cette personne a la liberté de consacrer une partie de son
temps à cette activité et d'autres parties à d'autres
activités; mais cela n'exclut pas la possibilité que cette
personne n'ait pas autre chose à faire et consacre tout son temps
à la fonction prévue dans la loi.
Dire cela, c'est vraiment prononcer une vérité de La
Palice. Mais ce que je trouve étrange, c'est que l'on choisisse le
directeur général parmi les membres de l'institut, que l'on place
au-dessus de lui un président, que l'on dise au directeur
général qu'il devra travailler à temps complet pour
l'institut et que l'on ne dise pas au président qu'il devra
également être à temps complet.
Normalement, ce que l'on fait, M. le Président, c'est ou bien
nommer un président-directeur général, une seule personne,
et charger cette personne de la responsabilité d'être
président d'assemblée et, à mon tour, je vais
utiliser une expression anglaise "chief executive officer", ou bien on
nomme un président avec un conseil d'administration autour de lui et
l'on nomme par la suite, par d'autres mécanismes, un fonctionnaire de
l'organisme, qui est le directeur général et qui est
chargé d'exécuter les directives fournies par le conseil
d'administration, directives qui découlent des politiques
établies par le conseil d'administration; et le directeur
général doit répondre, devant le conseil d'administration,
de l'exécution de son mandat.
Normalement, ce directeur général, étant
l'employé de l'organisme, est présent aux assemblées du
conseil d'administration, mais sans droit de vote. Le directeur
général ne vote pas sur ses propres actions. Il me semble que
l'on pourrait créer une situation un peu embêtante où le
directeur général de l'institut aurait été
chargé de
l'exécution de certains mandats qui découleraient des
politiques établies par le conseil d'administration et des directives
émises par ce conseil d'administration en vertu de ces politiques, et
que les autres membres du conseil d'administration ne seraient pas pleinement
satisfaits du travail du directeur général cela n'est pas
inconnu dans la vie des organismes du secteur public et du secteur privé
et que les membres du conseil d'administration voudraient critiquer
l'action du directeur général. D'abord, il n'y aurait pas moyen
pour ce conseil d'administration de faire ce qu'un conseil d'administration
peut normalement faire, c'est-à-dire tenir une assemblée à
huis clos pour parler du directeur général. Deuxièmement,
il n'y aurait pas moyen d'empêcher ce directeur général non
seulement d'être présent lors de cette discussion, mais de voter.
Il ne me semble pas que ce soit une situation tout à fait normale et
raisonnable que l'on crée par l'article 7.
C'est pour cette raison qu'à y réfléchir, j'irai
même plus loin, et j'aimerais, si vous m'en accordiez la
possibilité, proposer que l'on retranche également les mots
"parmi les membres de l'institut".
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous en faites un
sous-amendement à votre amendement?
M. Goldbloom: Peut-être que la façon la plus simple
serait de demander le consentement des membres de la commission à la
modification du texte que j'ai déposé.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a consentement
à modifier le texte pour qu'après les mots "directeur
général", l'on retranche les mots "parmi les membres de
l'institut"?
M. Goldbloom: C'est cela
M. Laurin: On vous écoute, M. le député.
Le Président (M. Boucher): La proposition d'amendement
pourrait se lire comme suit: "L'institut nomme un directeur
général. Le directeur général est responsable de
l'administration de l'institut dans le cadre de ses règlements."
M. Goldbloom: Si vous voulez, M. le Président, pour
améliorer le français: "L'institut nomme un directeur
général qui est responsable..."
Le Président (M. Boucher): "Qui est responsable de
l'administration de l'institut dans le cadre de ses règlements."
Parfait? C'est toujours le même amendement? Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je crois que par cet
article on boucle la boucle. Le gouvernement nomme d'autorité,
après consultation ce qui ne veut rien dire les membres de
l'institut, il nomme d'autorité le président, il nomme
d'autorité le directeur général et il laisse tout de
même aux membres de l'institut la responsabilité de nommer leur
président, ce qui est en fin de compte, à mon avis, absolument
sans importance, car le vice-président, quelles seront ses fonctions
dans tout ça, quelles seront ses responsabilités? Probablement
qu'il portera un titre et ce sera à peu près tout. Quelle
autorité pourrait-il avoir? Le président est nommé par le
gouvernement quelle autorité morale pourrait-il avoir et
le directeur est aussi nommé par le gouvernement.
Il est vrai qu'il est assez difficile, suivant la formation de cet
institut, de comparer le texte de loi avec les textes qui ont servi à
fonder d'autres sociétés. Si j'ai parlé tout à
l'heure des universités et des commissions scolaires, c'est qu'il
m'avait semblé que dans son argumentation le ministre attachait
beaucoup d'importance au fait que c'était le gouvernement qui payait et
que nécessairement, par ces sommes versées, il avait
autorité sur la formation de l'institut qu'on étudie aujourd'hui.
Il semble qu'il y ait, selon les déclarations ultérieures du
ministre, d'autres considérations qui peuvent être une question de
tradition, comme il l'a expliqué lui-même.
De toute façon, les buts mêmes de l'institut, le travail,
les recherches qu'il devra accomplir, c'est nouveau dans cette province. C'est
très différent des offices ou des autres instituts qu'on a pu
établir dans le passé. Je vais vous donner un exemple bien
pratique. Si cet institut avait comme responsabilité d'étudier
des matières qui dépendent de la science pure, qui sont du
domaine de la recherche technique ou industrielle, on pourrait comprendre. Si
un tel institut était chargé d'étudier la façon de
se servir des déchets, s'il était chargé d'étudier
le développement de nos richesses naturelles, la façon de se
servir des résidus, comme cela a été fait pour les
déchets d'amiante, on pourrait comprendre ça Le gouvernement
paie, il a un but bien précis et ça porte peu à
discussion, pour autant que ces chercheurs arriveront à des
résultats dans des temps raisonnables et qu'ils se déchargeront
de leurs responsabilités.
Mais là il s'agit de la culture. Comme je le disais, l'institut,
en plus, devra nécessairement se charger des mandats spécifiques
que lui donnera le gouvernement. Quels seront ces mandats spécifiques?
Personne ne le sait. On pourra étudier, par exemple, le
développement linguistique, on pourra étudier l'effet de
l'évolution des religions sur le comportement des
Québécois, on pourra étudier l'influence de la
fédération canadienne sur le développement culturel des
Québécois, on pourra étudier l'influence des
écrivains québécois sur le développement culturel
du Québec. Cela concerne à peu près toutes les
activités humaines. (17 h 15)
Dans ce sens-là, cela portera toujours à discussion, quels
que soient les résultats des études. Il y aura toujours du pour
et du contre. Ces règles ne pourront jamais être définies,
ou les constata-
tions qu'on aurait faites, d'une façon finale, admises par tout
le monde. Nous ne sommes pas en sciences pures. On étudie le
comportement des humains.
Si on voulait faire une comparaison, on pourrait peut-être
comparer cela au conseil de presse. Même dans la nouvelle, dans
l'écrit, il y a des discussions. Combien souvent les
députés nous disent-ils: Ce n'est pas ce que j'ai dit. Cela ne
veut pas nécessairement dire que le journaliste n'est pas
crédible. Cela veut dire que le journaliste n'a pas vu les choses, bien
souvent, comme le député les a vues, ou les a dites.
Vous êtes dans un domaine qui portera toujours à
discussion. Vous êtes dans un domaine où les hommes, où les
gouvernements veulent établir leur autorité sur un groupe de
personnes. C'est un moyen qui peut devenir excessivement violent et efficace,
comme une autorité gouvernementale qui aurait un droit de regard sur le
théâtre à Montréal, ou qui pourrait donner des
mandats à certaines troupes, parce qu'elle les subventionne. Cela
deviendrait très sérieux. Je pense qu'on pourrait
considérer cela comme absolument inacceptable. C'est la même chose
pour l'autorité qu'on peut avoir sur la presse, qu'on peut avoir sur les
artistes, en général, sur la radio, sur la
télévision. On accuse, à tort ou à raison,
Radio-Canada d'être dominée par des serviteurs ou des
employés sympathiques au gouvernement. Je ne dis pas que c'est vrai ou
que c'est faux, mais il y a tout de même des accusations. Il y a des gens
qui semblent porter des accusations très sérieuses.
Le citoyen qui est imbu de liberté et qui a toujours une crainte
de perdre sa liberté, son sens critique ou son droit de critiquer les
autorités c'est la base de toute démocratie ne peut
admettre que le gouvernement, d'une telle façon, avec rigueur, quelles
que soient les déclarations du ministre... Si on lit le texte de la loi
et si les mots veulent bien dire ce qu'ils laissent entendre, il me semble
indéniable que c'est la mainmise absolue de l'autorité du
ministre sur cette institution.
Je me demande quelle est la motivation, quel est le but du gouvernement,
en créant un tel institut de recherche dans un domaine comme la culture,
tout en voulant en même temps avoir une complète autorité
vis-à-vis... S'il y a un domaine, s'il y a un champ d'activité
où on devrait laisser les gens libres d'agir, c'est bien lors de
l'établissement d'un institut semblable. Vous aurez, dans ceux qui vont
faire de la recherche, par exemple, l'évolution du théâtre,
pour prendre un sujet qui n'est pas trop litigieux; il y a certainement des
chercheurs compétents qui arriveront à une conclusion. Un autre
chercheur arrivera à une autre conclusion, pas nécessairement
contraire, si les études sont sérieuses, mais il y aura des
différends qui pourront être discutés.
M. Laurin: Question de règlement. Il me semble que nous
sommes très loin du directeur général.
M. Saint-Germain: Non, nous ne sommes pas très loin du
directeur général. C'est le directeur général, en
fin de compte, nommé par le gouvernement, qui va être l'homme le
plus important. C'est très loin du directeur général,
très loin. Si on s'imagine comment cette institution va fonctionner...
Imaginons-nous l'institution demain matin. Les hommes sont nommés et
l'institution commence son travail.
Une voix: Avec personne.
M. Saint-Germain: Non, avec le directeur nommé par le
gouvernement, les membres du conseil d'administration nommés par le
gouvernement, avec des mandats précis donnés par le gouvernement,
et on va admettre que ces gens-là vont être libres, vont
être des hommes libres.
M. Alfred: Des "personnes" libres.
M. Saint-Germain: C'est absolument impossible. C'est tout
à fait inadmissible. Et les Québécois n'accepteront pas
cette façon...
M. de Bellefeuille: On a la liberté qu'on assume.
M. Godin: On est aussi libre que...
M. Saint-Germain: Des lois comme cela reflètent bien
l'esprit d'un gouvernement, elles reflètent très bien l'esprit
d'un gouvernement. Je me demande pourquoi les députés du
gouvernement, qui doivent être près de la population, laissent
leur ministre aller aussi loin que cela.
Si j'étais un député du gouvernement, je
m'opposerais en caucus, et fermement...
M. Guay: Vous n'êtes pas à la veille.
M. Saint-Germain:... à une telle délégation
de pouvoirs.
M. Godin: Puis-je poser une question au député de
Jacques-Cartier? Est-ce que je peux poser une question au député
de Jacques-Cartier?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier, M. le député de Mercier voudrait poser une
question, est-ce que vous acceptez?
M. Saint-Germain: Ah oui!
M. Godin: Est-ce que vous vous opposiez dans le caucus à
ce qui se passait aux Jeux olympiques?
M. Saint-Germain: Non, écoutez, on ne parle pas de Jeux
olympiques. Ce n'est pas avec les Jeux olympiques...
M. Godin: Non, mais vous posez un problème.
M. Saint-Germain: C'est peut-être avec les Jeux olympiques
qu'on va endetter une population...
M. Godin: Vous posez un principe: l'intervention des
députés dans un caucus. Je me demande si...
M. Saint-Germain: ... mais ce n'est pas avec les Jeux olympiques
qu'on va la subjuguer, par exemple, mais, avec des lois comme cela, on peut
subjuguer une population.
M. Godin: Est-ce que vous avez appliqué ce principe dans
d'autres circonstances?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! S'il vous plaît!
M. Guay: M. le Président, je soulève une question
de règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Taschereau, question de règlement.
M. Guay: Je veux sous soumettre, M. le Président, que
c'est très pertinent, ce que dit le député de Mercier,
parce que le député de Jacques-Cartier vient d'évoquer la
façon dont les députés ministériels devraient se
comporter à l'intérieur d'un caucus, du caucus des
députés ministériels, lors de la présentation d'un
projet de loi donné. La question du député de Mercier,
c'était de demander au député de Jacques-Cartier si,
à l'époque où il était député
ministériel, lui, sur les Olympiques, il s'était comporté
de cette façon. Il n'y a pas deux poids, deux mesures, que je sache.
Le Président (M. Boucher): Je vous comprends très
bien, M. le député de Taschereau, mais nous sommes loin de
l'amendement proposé par le député de D'Arcy McGee.
M. Saint-Germain: Premièrement, je n'étais pas
membre du Parti civique, je n'ai pas pu, du moins au début, faire valoir
mes opinions.
M. Guay: Vous étiez membre du Parti libéral. M.
Godin: Du Parti libéral.
Ni. Saint-Germain: Quand cela a été le temps de
donner mes opinions au caucus, le mal était fait depuis longtemps,
très longtemps, et j'ai donné mes opinions, veuillez me
croire.
Une voix: Le mal libéral.
M. de BellefeuilIe: C'est parce que vous aviez perdu le
contrôle des dépenses.
M. Saint-Germain: Je n'accepte pas plus que vous la situation qui
s'est créée, veuillez me croire.
M. Alfred: Question de règlement, M. le
Président.
M. Godin: On aurait aimé vous entendre... Une voix:
Est-ce que c'est terminé?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
député de Papineau, question de règlement.
M. Alfred: Non, d'accord, cela va.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier, est-ce que vous avez terminé?
M. Saint-Germain: Je vais laisser le ministre répondre
à cela.
M. Laurin: M. le Président, l'objection qu'apporte le
député de D'Arcy McGee à son amendement me paraît
encore plus inacceptable que l'amendement qu'il avait d'abord apporté,
en ce sens qu'il nous éloigne encore davantage du principe qui a
présidé à la rédaction de cet article,
c'est-à-dire que l'institut est un organisme public financé
à même les fonds publics et qu'en conséquence le
gouvernement doit nommer les principaux responsables de cet organisme.
Les exemples que nous apporte le député de D'Arcy McGee ne
sont pas très convaincants en ce sens que, dans le secteur privé,
dont il nous parlait et qu'il connaît bien, il y a beaucoup d'exemples de
directeurs généraux de "chief executive officers" comme le
député nous disait, qui siègent en même temps au
conseil d'administration. Dans le secteur public aussi, il y a des exemples,
comme l'Ecole nationale d'administration publique, où le directeur
général siège aussi au conseil d'administration.
D'ailleurs, il n'y a absolument rien qui interdit que la fonction de
président et de directeur général soit assumée par
la même personne. À ce moment-là, évidemment, le
président et le directeur général réunis dans la
même personne seraient vraiment des gens à temps plein. Si nous
parlons de fonctions à temps plein pour le directeur
général, c'est surtout parce qu'il est responsable de la gestion
quotidienne, de la gestion des fonds aussi de l'Institut de recherche sur la
culture.
Ce que nous avons voulu dans cet article, M. le Président, c'est
assez simple, c'est de ne pas fermer de portes, de laisser toute latitude
à l'institut dans les règlements que cet institut peut faire pour
la définition et la précision des fonctions et la conduite des
opérations de l'Institut de recherche sur la culture.
C'est la raison pour laquelle il nous apparaît que cet article est
marqué au coin de la souplesse, au coin de la flexibilité, et
c'est aussi la raison pour laquelle nous voudrions qu'il reste tel quel.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, il ne vous
reste qu'une minute sur l'amendement de M. le député de D'Arcy
McGee
M. Goldbloom: Vraiment, M. le Président? Savez-vous que je
commence à m'inquiéter pour ma santé? Un jour, le ministre
va accepter un amendement, et je vais faire un infarctus.
M. le Président, je voudrais dire tout simplement que je trouve
que c'est mal équilibrer le conseil d'administration que de permettre
que le directeur général soit nommé parmi les membres.
Siéger au conseil d'administration, c'est une chose; être
nommé parmi les membres, c'en est une autre, surtout avec un directeur
général à temps complet. Le poids de cette personne sera
plus considérable que celui du président si le président
n'est pas à temps complet. Je comprends qu'encore une fois, le ministre
nous dise: La loi est rédigée d'une façon qui
n'empêche pas de nommer la même personne à la fois
président et directeur général. Il me semble qu'il aurait
été logique de faire cela dans la loi, plutôt que de
créer deux postes différents et de dire: Peut-être que l'on
nommera la même personne aux deux postes. Ce n'est pas logique.
M. le Président, vous m'avez dit qu'il ne me restait qu'une
minute. Dans notre comptabilité, nous avions trouvé qu'il me
restait plus que cela, mais je n'insiste pas davantage. J'ai tout dit ce que je
voulais dire, sauf que, cette fois, puisque c'est en quelque sorte la
dernière d'une série d'amendements qui concernent la mainmise
gouvernementale, j'aimerais demander un vote enregistré sur le projet
d'amendement que j'ai proposé.
Le Président (M. Boucher): Vote enregistré sur la
motion. M. le député de Papineau?
M. Alfred: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Lac-Saint-Jean? Non. M. le député de Deux-Montagnes?
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mercier?
M. Godin: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee?
M. Goldbloom: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Taschereau?
M. Guay: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier?
M. Saint-Germain: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gaspé?
M. Le Moignan: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre?
M. Laurin: Contre.
Le Président (M. Boucher): La motion est rejetée,
cinq contre trois. Article 7, adopté?
M. Goldbloom: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division. L'article 8?
M. Goldbloom: À l'article 8, pour être
conséquent avec ce que j'ai dit sur l'article précédent,
je voudrais vous suggérer que le président soit également
un membre à temps complet de l'équipe de l'institut. Le projet
d'amendement que je voudrais vous proposer est nettement dans ce sens. Je vous
fais remarquer que je vous suggère une rédaction
différente, tirée de la loi constitutive de l'Institut national
de productivité. À cette fin, je mets sur la table cette motion
d'amendement: Que, l'article 8 soit modifié en remplaçant, dans
la première ligne, le mot "le", par les mots "la qualité de
président et de", et en remplaçant, dans les première et
deuxième lignes, tous les mots après le mot "institut" par les
mots "est incompatible avec l'exercice de toute autre fonction". Cela veut dire
que l'article que je vous propose se lirait comme suit: "La qualité de
président et de directeur général de l'institut est
incompatible avec l'exercice de toute autre fonction."
Le Président (M. Boucher): À l'article 8, on parle
de...
M. de Bellefeuille: Dans votre esprit, c'est synonyme de temps
complet? Dans votre amendement, le libellé...
M. Goldbloom: Oui.
M. Alfred: C'est abstrait. Ce n'est pas cela que cela veut
dire.
M. Goldbloom: Pas dans le vôtre?
M. Alfred: Non.
M. de Bellefeuille: Non.
M. Goldbloom: Mon Dieu! Nous avons un problème de
français!
M. Alfred: Je n'ai rien compris. (17 h 30)
M. de Bellefeuille: Qui a la parole, M. le Président?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. Goldbloom: Prenez-la.
M. Alfred: La recevabilité.
M. de Bellefeuille: Ah bon! Ce n'est pas encore reçu?
Le Président (M. Boucher): Vous pouvez parler sur la
recevabilité, si vous voulez.
M. de Bellefeuille: Ah non, c'est sur le fond.
Le Président (M. Boucher): L'article, tel
qu'amendé, se lirait comme suit: "La qualité de président
et de directeur général de l'institut est incompatible avec
l'exercice de toute autre fonction", alors que l'article 8 se lisait: "Le
directeur général de l'institut exerce ses fonctions à
temps plein."
Est-ce qu'il y a des explications sur la recevabilité, compte
tenu du fait qu'on parle de fonction à temps plein et qu'on amène
un amendement qui parle d'incompatibilité avec l'exercice de toute autre
fonction?
M. Goldbloom: M. le Président, dans mon esprit, c'est une
façon un peu plus élégante, si vous voulez, d'exprimer la
même chose. Si l'on dit que le directeur général doit
exercer ses fonctions à temps plein ou à temps complet, cela veut
dire que sa qualité de directeur général est incompatible
avec l'exercice de toute autre fonction.
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. de Bellefeuille: Est-ce que l'amendement est reçu?
Le Président (M. Boucher): Je le reçois,
étant donné que je viens de comprendre le sens de
l'amendement.
M. de Bellefeuille: Bon! Sur l'amendement... Le
Président (M. Boucher): Oui.
M. de Bellefeuille: ... M. le Président, on pourrait
bêcher ses choux 90% de son temps et ne consacrer à l'institut que
10% de son temps, ce qui n'est pas la même chose que d'être
directeur général à temps complet ou à temps plein.
Bêcher ses choux, ce n'est pas une fonction.
M. Goldbloom: M. le Président, je vous fais remarquer que
je n'ai pas inventé la phraséologie que je viens de proposer. Je
l'ai puisée dans un projet de loi adopté par l'actuel
gouvernement, la Loi constituant l'Institut national de productivité,
où l'article 16 se lit comme suit: "La qualité de directeur
général de l'institut est incompatible avec l'exercice de toute
autre fonction." Or, M. le Président, il me semble que si mon bon ami,
le député de Deux-Montagnes, trouve cette phraséologie
boîteuse, il devrait certainement s'adresser au ministre de l'Industrie
et du Commerce et lui recommander une modification à la Loi constituant
l'Institut national de productivité.
M. de Bellefeuille: Mais pas du tout. Je n'ai pas
décidé, quant à moi, si j'étais opposé
à l'introduction de cette idée dans le projet de loi qui est
devant nous. Ce que je voudrais faire comprendre au député de
D'Arcy McGee, c'est que son libellé ne traduit pas son intention dans la
mesure où je comprends son intention.
Son intention, c'est de faire en sorte que le président et le
directeur général travaillent à l'institut à temps
complet ou à temps plein. Or, je soutiens que le libellé qu'il
nous présente ne dit pas ça, qu'il dit autre chose, qu'il
évoque une autre idée qui est peut-être une idée
valable, qu'il faudra évaluer s'il nous la présente dans un autre
contexte, à savoir si cette fonction est compatible avec d'autres
fonctions qui seraient concomitantes. Ce n'est pas la même
idée.
M. Goldbloom: M. le Président, je soutiens quand
même que l'on parle de fonctions. On ne parle pas de l'emploi du
temps.
M. Saint-Germain: Vous ne voudriez pas qu'on défende
à cette personne de cultiver des choux dans son jardin...
M. de Bellefeuille: Non, mais si elle fait ça tout le
temps ou presque?
M. Saint-Germain: Mais il y aura des règlements, voyons
donc! Pourquoi argumenter sur...
M. de Bellefeuille: Bon! Laissons cela. C'est votre amendement,
je vous le laisse.
M. Laurin: M. le Président, malheureusement, je me vois
encore obligé de rejeter cet amendement pour des raisons très
simples. Au cours du débat de deuxième lecture, on a souvent
émis la crainte ou l'appréhension qu'on puisse diriger, dans un
sens ou l'autre, les orientations de ceux qui feraient partie de cet institut,
alors qu'il nous paraît que, par cet article, nous nous assurons, en
sorte, implicitement, qu'il sera possible à l'Institut de recherche sur
la culture d'être dirigé par un chercheur en exercice, en
activité, qui va continuer de faire de la recherche, même s'il est
président du conseil d'administration de l'Institut de recherche sur la
culture et nous pensons que cet institut devrait effectivement être
dirigé par un chercheur qui a ses lettres de noblesse dans ce secteur,
qui a fait sa marque, dont les publications, les recherches ont acquis une
notoriété certaine et générale. Si on adoptait
l'amendement du député de D'Arcy McGee, on rendrait ça
impossible, on stériliserait ce chercheur du fait qu'on lui confie des
tâches au sein du conseil d'administration de l'institut.
Par ailleurs, on a déploré, au cours du débat de
deuxième lecture aussi, qu'on semblait tenir peu compte des recherches
qui continuent de s'effectuer dans les universités dans le domaine de la
culture. On a craint que les liens entre l'université au sens
d'institution et cet Institut
de recherche sur la culture soient sinon coupés, du moins
atténués ou pas assez nourris, pas assez étoffés,
alors que le but précis de cet article est de faire en sorte qu'on rende
possible le maintien de liens constants, organiques, étoffés
entre l'institut et les universités où il se poursuit de la
recherche. C'est vrai en particulier pour ce qui concerne son président
qui pourrait parfaitement, en vertu de cet article, continuer de mener ses
recherches dans une université, recherches qu'il pu entreprendre depuis
un certain nombre d'années, tout en assumant ses fonctions comme
président de l'institut de recherche, comme coordonnateur de tout un
plan d'ensemble de recherches menées par les chercheurs de l'institut ou
par d'autres chercheurs dans d'autres organismes.
Il me semble que cet article, tel que rédigé, devrait
satisfaire, faire taire, ou calmer les appréhensions ou les peurs dont
l'Opposition officielle a tellement fait état dans son discours de
deuxième lecture et auxquelles font écho, d'ailleurs, plusieurs
des remarques que j'ai entendues depuis le commencement de la discussion de ce
projet de loi article par article.
Donc, M. le Président, malheureusement, nous nous voyons
obligés de rejeter cet amendement au nom même des objectifs que
prétendait défendre l'Opposition officielle dans la discussion de
ce projet de loi et que, bien sûr, non seulement nous partageons, mais
que nous assumons d'une façon encore plus entière et encore plus
convaincue.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, il paraît que je suis
sauvé encore une fois, mais je ne suis quand même pas heureux de
la position prise par le ministre. Voyez-vous, j'ai insisté, en parlant
de l'article précédent, sur l'équilibre des forces
à l'intérieur du conseil d'administration. Vous savez, quand
quelque chose se produit au sein d'un ministère, à n'importe quel
niveau, c'est le ministre qui doit répondre de ce qui a
été fait. C'est le ministre qui est responsable de ce qui a
été fait, même si, dans les circonstances, il n'a
généralement pas eu connaissance lui-même de la commission
d'une faute quelconque. Il en est quand même responsable.
On doit se demander, en ce qui concerne l'Institut de recherche sur la
culture qui sera la principale personne responsable devant le gouvernement
puisque le gouvernement a quand même, nonobstant les assurances du
ministre, une mainmise sur cet institut et devant l'opinion publique.
Est-ce que ce sera le président ou le directeur général?
Normalement, c'est le président. Normalement, le directeur
général est un exécutant qui reçoit ses ordres, ses
directives, ses politiques du conseil d'administration et qui les met à
exécution.
Dans certains cas, où il s'agit d'un travail plutôt
technique, d'une responsabilité plutôt technique, on nomme un
président-directeur général et l'on dit à cette
personne: Vous serez à la fois le principal exécutant et le
principal porte-parole, le président d'assemblée, quand il
s'agira de discuter des politiques à suivre et des directives à
donner. Mais si l'on ne fait pas l'unification de ces deux fonctions, on se
trouve dans une situation où l'on doit bien définir
l'équilibre administratif entre le président et le directeur
général. À notre sens, l'équilibre proposé
par le gouvernement n'est pas normal, n'est pas respectueux des principes
administratifs que l'on trouve dans les organismes de cette nature.
D'ailleurs, si le gouvernement décide un jour de nommer la
même personne aux deux titres, président et directeur
général, cette personne sera à temps complet au service de
l'institut. Parmi les neuf membres du conseil d'administration, il y aura sept
membres ordinaires au lieu de six. Il y aura seulement un
président-directeur général et un vice-président
qui se distingueront des autres par la particularité de leurs fonctions.
M. le Président, il nous semble un moindre mal que le président
soit au moins lui aussi à temps complet pour mieux équilibrer les
rapports de force à l'intérieur de ce conseil d'administration,
d'autant plus je le répète que le directeur
général siégera au conseil d'administration, avec droit de
vote, avec plein droit de discuter de tout sujet qui viendra devant ce conseil
d'administration, là où le directeur général est un
employé, il ou elle, selon le cas ne prend la parole que
sur invitation.
Nous avons perdu les batailles précédentes, mais il
fallait chercher au moins à sauver cette notion de poids et prestige du
président à l'intérieur du conseil d'administration, parce
que, normalement, ce sera le président qui sera appelé à
répondre devant l'opinion publique de toute décision et de toute
action de l'institut.
En ce sens, il ne faudra pas que le président appelé
à répondre devant l'opinion publique, se trouve en
infériorité de poids à l'intérieur de son propre
conseil d'administration par rapport au directeur général.
M. Laurin: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Laurin: ... je suis très étonné de la vue
toute mathématique ou de l'approche toute mathématique des choses
que nous propose le député de D'Arcy McGee. Il s'inquiète
du prestige du président du conseil d'administration par rapport
à celui du directeur général, uniquement sur une base
quantitative, selon le nombre d'heures que chacun consacre aux activités
de l'institut. Je pense que si le leadership du président ne devait
dépendre que du seul nombre d'heures qu'il consacre aux activités
de l'institut, il serait dans une bien piètre position et son
leadership, à bon droit, serait sûrement contesté.
Je ne crois pas que le leadership du président de l'institut
dépendra, d'une façon fondamentale, et dépendra d'abord du
nombre d'heures qu'il
pourra consacrer à l'institut. Je pense que, si le choix de ce
président est bien fait, à partir de la consultation très
large que le gouvernement effectuera, on peut s'attendre que le
président de ce conseil d'administration sera un chercheur dont le
leadership est absolument incontesté en raison leadership
intellectuel et moral de la qualité de ses recherches
antérieures qui pourront s'être étendues sur un très
grand nombre d'années, itinéraire intellectuel qui aurait pu
être marqué par un bon nombre de travaux de recherche, tous
d'excellente qualité. (17 h 45)
Je pense que, quel que soit le nombre d'heures qu'il pourrait consacrer
aux activités de l'institut, si nous avons affaire à un chercheur
qui se distingue par la qualité, le nombre de ses oeuvres au cours des
années antérieures, je n'ai aucune crainte que son leadership
intellectuel ou moral ne puisse s'affirmer avec tout le prestige possible au
sein du conseil d'administration, face à quelque directeur
général que ce soit. J'ai dit face à quelque directeur
général que ce soit, mais, en fait, cela ne se produira pas
puisque tous les membres seront des membres à part entière; il
n'y aura aucun employé là-dedans, le directeur
général aussi sera un membre à part entière du
conseil d'administration.
Je pense bien, si j'en crois les us et coutumes de ce milieu, que ce
leadership du président, non seulement ne sera pas contesté, mais
qu'il fera place et qu'il inspirera une concertation, une collaboration, une
mise en commun des expériences pour le plus grand progrès des
recherches et la meilleure qualité des recherches qui pourront s'y
effectuer.
M. Goldbloom: M. le Président, sans amertume, je voudrais
dire au ministre qu'il a légèrement caricaturé ce que j'ai
dit, en réduisant mes propos à un simple calcul
mathématique. Ce que j'ai voulu lui dire... Il parle d'un chercheur;
disons que ce chercheur est un professeur d'université, siège au
sénat de l'université, dirige son département, est membre
de divers organismes internationaux qui consomment une certaine proportion de
son temps. Sa disponibilité pour l'institut sera donc limitée,
son leadership sera réduit d'autant, en termes de présence, en
termes de pouvoir s'imposer, en termes de pouvoir suivre toutes les
délibérations et toutes les décisions.
Le ministre me dira: Mais on ne choisira pas une personne qui est
déjà trop occupée à faire autre chose. Si c'est sa
réponse, je lui dis, en revanche: Dans ce cas-là, nommez
quelqu'un à temps complet et le problème ne se posera pas. Quand
on nomme une personne qui a déjà d'autres responsabilités,
on court le risque que cette personne consacre une proportion plus importante
de son temps à l'autre activité, à l'autre
responsabilité. Si l'on nomme un président ou un
vice-président de compagnie à la tête d'un institut, est-ce
que ce sera l'institut ou la compagnie qui va prendre la première place
dans ses préoccupations?
M. le Président, ce n'est pas un simple calcul
mathématique, c'est une évaluation de ce qui se passe dans la
vie. Puisque le gouvernement attache beaucoup d'importance à cet
institut, il m'aurait semblé logique qu'il lui attache assez
d'importance pour lui donner un président à temps complet. Le
ministre ne veut pas le faire, très bien. C'est sa décision. Il
sera toujours, comme il l'a dit lui-même, responsable de ses
décisions devant l'opinion publique.
Il nous reconnaftra quand même le droit, et ici à la
commission parlementaire et à l'extérieur de l'Assemblée
nationale, de ne pas être d'accord et de critiquer ses
décisions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, c'est toujours assez
surprenant de voir le genre d'argumentation que le ministre met de l'avant pour
prouver que les avancés de mon collègue ne sont pas positifs. Il
fait, pour réfuter l'article de la loi tel que rédigé,
l'hypothèse que ce sont des hommes parfaits qui vont être
nommés à l'institut.
M. Alfred: Des hommes encore?
M. Saint-Germain: Ce sont des personnes puisque cela fait plaisir
au député, qui vont être parfaites, qualifiées, qui
auront le prestige, la crédibilité établie et que le
président sera cela.
C'est une hypothèse, une simple hypothèse. Peut-être
que cette personne que le ministre va nommer d'autorité, pour lui, cette
personne sera parfaite. Elle ne sera peut-être pas parfaite pour tout le
monde. C'est la même chose pour les autres membres ou pour le directeur.
Il pourra y avoir des conflits de personnalité, d'autres seront
motivés, certaines le seront moins, etc.
Soutenir que le président ne devrait pas être nommé
exclusivement à ces fonctions, parce que...
M. Laurin: Cela, c'est un autre amendement.
M. Saint-Germain: ... ce président sera un homme de
prestige, je crois que cela ne tient absolument pas. Mais si le ministre veut
avoir raison envers et contre tous, il a bien beau le faire.
On sait pratiquement que, lorsqu'on travaille en groupe, on a souvent ce
problème de voir qu'à un moment donné le directeur
responsable de l'exécution des politiques de la direction devient
réellement le spécialiste, parce qu'il met là tout son
temps. Il connaît habituellement l'administration, il connaît le
travail journalier de l'organisation qu'il dirige. Ceux ou celles qui doivent
s'absenter parce que leurs responsabilités n'exigent pas qu'ils soient
là constamment n'ont certainement pas la connaissance du milieu, comme
le directeur peut l'avoir. Quelle que soit la compétence du
président, il pourra advenir qu'il se sente, à ce point de vue,
dans un état d'infériorité. Le directeur lui
décrira bien la situation comme il la
verra, et je ne vois pas un directeur aller décrire ses erreurs
à un conseil d'administration. Pour le directeur, tout va probablement
bien aller. Il serait raisonnable d'avoir, à mon avis, un
président qui, de par son statut, de par son titre de
responsabilité, puisse avoir ses propres vues et sa propre façon
de voir la direction de l'institut. Mais enfin, puisqu'on en est là, le
ministre pourra toujours n'accepter aucun amendement.
M. Laurin: Adopté, M. le Président?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mercier? Est-ce que l'amendement de M. le député de D'Arcy McGee
est adopté?
M. Alfred: Rejeté.
M. Goldbloom: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Rejeté, sur division.
L'amendement est rejeté sur division. L'article 8, adopté?
M. Goldbloom: L'article est adopté sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division. Article 9?
M. Goldbloom: Vous constatez, M. le Président, que
même si nous avons le sentiment de tourner en rond, nous ne voulons pas
empêcher que les choses aillent rondement.
M. Laurin: J'apprécie le sens de l'humour du
député de D'Arcy McGee.
Le Président (M. Boucher): Article 9, adopté?
Des voix: Adopté.
M. Goldbloom: M. le Président, oui, aussi étrange
que cela puisse paraître.
M. Laurin: Adopté. Ah! magnifique! M. Le Moignan:
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 10? Adopté.
Article 11?
M. Le Moignan: Adopté. M. Goldbloom:
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 12?
M. Goldbloom: Cela ne pouvait continuer à ce
rythme-là. Non, j'ai un amendement...
Des voix: Ah non!
Une voix: À l'article 12?
M. Goldbloom: ... à présenter, n'en déplaise
à mes aimables collègues.
M. le Président, il s'agit ici de la nomination du personnel et
plus particulièrement d'un secrétaire. J'aimerais vous proposer
l'amendement suivant: "Que l'article 12 soit modifié en
remplaçant, dans la première ligne du premier alinéa, les
mots: "l'Institut peut nommer un" par le mot "le"; en remplaçant, dans
la deuxième ligne du premier alinéa, les mots "ses
opérations. Il peut" par les mots "les opérations de l'institut
sont nommés et rémunérés suivant la Loi sur la
fonction publique (1978, chapitre 15). L'institut peut toutefois" et en
retranchant le deuxième alinéa. L'article amendé se lirait
donc comme suit: "Le secrétaire ainsi que tout autre employé
requis pour les opérations de l'institut sont nommés et
rémunérés suivant la Loi sur la fonction publique (1978,
chapitre 15). L'institut peut toutefois, pour l'exécution de ses
travaux, retenir les services de chercheurs et d'experts à titre
d'employés ou autrement."
Vous avez remarqué, M. le Président, que nous voulons
proposer que la Loi de la fonction publique s'applique à la nomination
des membres du personnel.
M. Laurin: Je prends un peu de temps, mais c'est parce que je
suis obligé de me référer à d'autres articles
où on traite de la Loi de la fonction publique. Je regarde la
comptabilité possible de l'amendement qu'on nous suggère avec les
autres articles du projet de loi, mais nous parlons de la Loi de la fonction
publique.
M. de Bellefeuille: Je vous suis bien. Un calmant pour le
docteur.
Le Président (M. Boucher): En attendant, M. le
député de D'Arcy McGee, j'aimerais vous entendre sur la
recevabilité, suivant l'article 64, 3e paragraphe.
M. Goldbloom: Ma première réaction à votre
invitation est qu'il s'agit d'une modalité. Vous avez mentionné
l'article 64, paragraphe 3. Je comprends ce que vous voulez dire: Seul un
ministre peut proposer une dépense des deniers publics. Mais je soutiens
respectueusement que si l'institut doit nommer un secrétaire et d'autres
employés, il faudra qu'il les rémunère, et pour les
rémunérer, il faut qu'il reçoive de l'argent. Il me
paraît évident que c'est le gouvernement qui fournira cet argent.
Donc, il me semble que l'on ne change pas la dépense, on ne change pas
la source des fonds. On change seulement les modalités de nomination
parce que l'on dit tout simplement que les modalités de nomination et de
rémunération seraient celles de la fonction publique.
Cela ne veut pas dire que l'on dépenserait davantage. Cela veut
dire tout simplement que l'on procéderait par concours et que les
barèmes, les échelles de rémunération seraient
celles de la fonction publique. Il faudrait déterminer pour
chaque emploi l'équivalence par rapport aux emplois de la
fonction publique et l'on établirait une échelle de traitements
équivalente à ce que prévoit la fonction publique.
Le Président (M. Boucher): Cela rejoindrait le dernier
paragraphe de l'article 64, selon lequel, lorsque ça exprime seulement
une opinion abstraite sur une matière énumérée
ci-dessus... Ce n'est pas nécessairement de chiffres que vous parlez,
à ce moment-ci.
M. Goldbloom: Absolument, M. le Président, quoique, en
toute honnêteté, je ne puisse affirmer que ce soit une notion
abstraite. C'est une notion pas mal concrète d'une échelle de
rémunération puisée dans les répertoires de la
fonction publique et d'un mode de nomination calqué sur ce que fait la
fonction publique également.
M. le Président, je constate qu'il est, à toutes fins
utiles, 18 heures.
M. Laurin: Cela nous donnera l'occasion d'étudier plus
à fond l'amendement que nous soumet le député de D'Arcy
McGee.
Le Président (M. Boucher): Sur la recevabilité, je
le reçois et, sur le fond, nous pourrons en reparler lorsque la
commission siégera à nouveau. Alors...
M. Guay:... une valium pour la prochaine fois, parce qu'on ne
sait jamais, cela pourrait être une première.
M. Goldbloom: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne ses
travaux sine die.
Fin de la séance à 18 heures