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Etude du projet de loi no 2
(Vingt heures vingt-six minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires culturelles est de nouveau réunie pour
étudier article par article le projet de loi no 2, Loi constituant
l'Institut québécois de recherche sur la culture.
Les membres de la commission sont: M. Alfred (Papineau), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. O'Neill (Chauveau) remplace M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes); M. Godin (Mercier), M. Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Guay
(Taschereau), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M.
Laurin (Bourget) remplace M. Vaugeois (Trois-Rivières).
Les internvenants sont: M. Beauséjour (Iberville), M. Bertrand
(Vanier), M. Brochu (Richmond), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Laplante
(Bourassa), M. Morin (Sauvé), M. Samson (Rouyn-Noranda), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier).
Constitution et composition de l'institut
A l'ajournement de la dernière séance, nous en
étions à un amendement à l'article 12,
présenté par le député de D'Arcy McGee.
L'amendement se lisait comme suit: "Le secrétaire ainsi que tout autre
employé requis pour les opérations de l'institut sont
nommés et rémunérés suivant la Loi sur la fonction
publique (1978, C-15). L'institut peut toutefois, pour exécution de ses
travaux, retenir les services de chercheurs et d'experts à titre
d'employés ou autrement."
J'avais reçu l'amendement, M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Laurin: II s'était même exprimé, je crois.
Si vous voulez reprendre votre argumentation...
M. Goldbloom: M. le Président, je dirai tout simplement
que nous avons offert la thèse que la notion de chercheur de l'institut
devrait être écartée et que les chercheurs devraient
être des personnes engagées à titre d'experts, de
contractuels. Je n'irai pas plus loin, m'étant déjà
exprimé là-dessus. Si le ministre veut accepter l'amendement, je
m'en réjouirai, tout en faisant mon infarctus. S'il n'est pas
disposé à l'accepter, vous direz qu'il est rejeté sur
division.
M. Laurin: M. le Président, si nous acceptions cet
amendement, ceci voudrait dire qu'il n'est pas du tout clair qui nommerait le
secrétaire et l'employé, parce que l'institut
n'apparaîtrait plus dans l'article 12. D'autre part, comme il est dit que
le secrétaire ainsi que tout autre employé seraient nommés
et rémunérés suivant la Loi sur la fonction publique, on a
tout lieu de croire que le secrétaire et les autres employés
seraient des fonctionnaires. Ce serait contraire à l'esprit du projet de
loi. Nous avons dit que nous voulions rendre l'institut le plus autonome
possible. Une des caractéristiques de l'autonomie, c'est de laisser cet
organisme aller chercher les employés dont il a besoin où il le
veut, en les rémunérant, bien sûr, selon les conditions du
marché.
Donc, aussi bien pour éviter l'augmentation du nombre des
fonctionnaires, dont on dénonce souvent le nombre trop grand, que pour
sauvegarder les caractéristiques d'autonomie que l'on veut conserver
à l'institut, il nous semble que la formulation du projet de loi, telle
qu'elle apparaît au projet de loi, nous semble supérieure à
l'amendement qui nous est proposé, et c'est donc avec beaucoup de regret
que je me vois obligé de ne pas accepter cet amendement.
M. Guay: La santé du député de D'Arcy McGee
est encore sauvée.
M. Goldbloom: Encore une fois. (20 h 30)
Le Président (M. Boucher): Protéger la
santé... Est-ce que l'amendement est... Est-ce que vous êtes
prêts à voter sur l'amendement?
M. Fontaine: M. le Président, avez-vous nommé les
membres de la commission au début de la séance?
Le Président (M. Boucher): Oui.
M. Fontaine: Est-ce que vous pourriez me faire remplacer
quelqu'un?
Le Président (M. Boucher): Vous remplacez monsieur...
M. Guay: Mme Lavoie-Roux.
Le Président (M. Boucher): Mme Lavoie-Roux.
M. Goldbloom: Un instant!
M. Fontaine: Je ne pense pas qu'elle accepterait.
Le Président (M. Boucher): C'est le seul membre que
l'Union Nationale possède à la commission.
M. Fontaine: Mme Lavoie-Roux, je ne pense pas qu'elle soit membre
de l'Union Nationale, à venir jusqu'à maintenant.
M. Goldbloom: Non.
Le Président (M. Boucher): C'est M. Le Moignan
(Gaspé).
M. Fontaine: D'accord, quoiqu'on l'accepterait peut-être,
avec certaines considérations.
Le Président (M. Boucher): M. Fontaine (Nicolet-Yamaska),
remplace...
M. Brassard: M.Le Moignan, n'est-il pas membre du Parti
communiste?
Le Président (M. Boucher): ... M. Le Moignan
(Gaspé). C'est justement. J'avais gardé l'impression qui avait
été donnée en Chambre cet après-midi concernant sa
question de privilège.
Alors, l'amendement est-il adopté?
M. Laurin: Rejeté sur division.
Le Président (M. Boucher): Rejeté sur division.
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 12 est
adopté?
M. Laurin: Adopté, M. le Président, sur
division.
M. Goldbloom: Oui, adopté sur division. Le
Président (M. Boucher): Article 13? M. Goldbloom:
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska, l'article 13 est-il adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 14?
M. Goldbloom: M. le Président, pour le
bénéfice de mon collègue de Nicolet-Yamaska, j'aimerais
dire que ces articles sont des articles que l'on retrouve dans de nombreuses
lois et il n'y a pas de raison de s'y opposer. Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 14 adopté?
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Article 15 adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 15 adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 16 adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
M. Fontaine: Oui.
Le Président (M. Boucher): Article 17 adopté?
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président, avec un seul
commentaire. C'est que, dans d'autres lois que nous avons pu examiner, les
employés de l'organisme n'ont pas été
spécifiquement assujettis à ces critères de conflits
d'intérêts. C'est, dans une certaine mesure, une nouveauté
à laquelle je n'ai quand même pas d'objection, d'autant plus qu'il
est indiqué que les employés seraient assujettis au premier
alinéa, dans les cas prévus par règlement, je trouve que
c'est tout à fait raisonnable.
M. Laurin: En raison du caractère même de certains
employés qui sont des chercheurs et qui peuvent continuer à
travailler dans une université. C'est pour rendre la condition tout
à fait imperméable.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Article 18.
M. Goldbloom: A l'article 18, M. le Président, là
aussi, en faisant la comparaison avec des lois qui figurent déjà
parmi nos statuts, on doit constater que, dans bien des cas, les
règlements adoptés par l'organisme en question n'entrent en
vigueur qu'après l'approbation du gouvernement.
J'ai devant moi un texte d'amendement dans ce sens, mais, avant de le
présenter, j'aimerais tout simplement demander au ministre de nous
indiquer pour quelles raisons il a décidé d'affranchir l'institut
de cette approbation de ses règlements.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Laurin: Je dirais que c'est presque pour répondre aux
désirs ou aux voeux que l'Opposition nous a souvent manifesté au
cours du débat, c'est-à-dire pour assurer une plus grande
autonomie, une plus grande liberté d'action à l'institut. La
seule condition à laquelle nous soumettions l'approbation de ces
règlements, au fond, c'est l'opinion publique, par la publication dans
la Gazette officielle.
En somme, si l'institut exagérait dans la confection de ses
règlements, de façon qu'on puisse signaler des abus, nous
laissons, au fond, au public le soin de réagir. Le gouvernement,
conscient qu'il est de ne vouloir s'ingérer en aucune façon dans
l'administration même de l'institut ou dans l'élaboration de son
plan de recherche, ne veut pas intervenir autrement.
C'est donc pour assurer une plus grande autonomie à
l'institut.
M. Goldbloom: M. le Président, il y a d'autres
éléments d'autonomie que j'aurais préféré
retrouver dans le projet de loi.
En ce qui concerne l'approbation des règlements, je ne
m'inquiéterais pas outre mesure de ce que pourrait faire l'institut en
question. Je m'interroge sur l'opportunité de créer ce qui
pourrait être un précédent. Je n'ai pas été
en mesure d'examiner toutes les lois qui existent,
mais il me semble que c'est plutôt la tradition de soumettre
à l'approbation du gouvernement les règlements des organismes
para-gouvernementaux, mais je n'insisterai pas davantage, M. le
Président, je ne présenterai pas de motion formelle
d'amendement.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de D'Arcy McGee. M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je n'ai pas de commentaire, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): L'article 18 est-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): J'appelle l'article 19.
M. Goldbloom: Adopté.
Fonctions et pouvoirs de l'institut
Le Président (M. Boucher): Adopté. J'appelle
l'article 20.
M. Goldbloom: A l'article 20, nous arrivons à la section
intitulée "Fonctions et pouvoirs de l'institut". Donc, nous avons
à nous pencher sur cette question du rôle de l'institut par
rapport aux commandites qui lui seraient envoyées. J'aimerais proposer
un amendement assez simple quant à sa phraséologie, mais qui,
à mon sens, est important quant à son contenu.
L'article se lit comme suit: "L'institut a pour objets, en vue de
contribuer au développement culturel du Québec, d'effectuer,
d'encourager et de soutenir des recherches et des études sur les divers
aspects des phénomènes culturels". J'aimerais proposer
l'amendement suivant: que l'article 20 soit modifié en remplaçant
dans la deuxième ligne le mot "d'effectuer" par les mots "de faire
effectuer". L'article amendé se lirait comme suit: "L'institut a pour
objets, en vue de contribuer au développement culturel du Québec,
de faire effectuer, d'encourager et de soutenir des recherches et des
études sur les divers aspects des phénomènes
culturels".
Je ne ferai pas de long argument là-dessus. Déjà,
en deuxième lecture, nous avons exprimé notre inquiétude
devant l'obligation imposée à l'institut par le gouvernement,
celle d'effectuer tous les projets de recherches demandés par le
gouvernement lui-même, laissant à l'état facultatif la
réponse de l'institut à toute autre demande qui serait
formulée. C'est dans ce sens que je propose que l'institut soit
chargé de faire effectuer des recherches au lieu de les effectuer
lui-même.
Le Président (M. Boucher): L'amendement me paraît
recevable et je le reçois. Sur le fond, M. le ministre?
M. Laurin: M. le Président, il me paraît difficile,
pour ne pas dire impossible, d'accepter cet amendement. Il est bien sûr
que l'institut, parmi ses autres fonctions, ainsi qu'en atteste l'article 21,
aura pour mission de promouvoir cette collaboration, cette concertation des
chercheurs qui travaillent dans les universités, au gouvernement ou
ailleurs, dans le domaine de la culture. Il aurait certes aussi pour
tâche de créer des services de documentation, d'information et de
mettre toutes ces ressources accumulées à la disposition des
chercheurs. Il pourra aussi le faire en réunissant des chercheurs pour
des fins spécifiques à l'occasion de colloques et de
séminaires.
Par ailleurs, il nous paraît également essentiel que cet
institut puisse également effectuer des recherches. D'ailleurs, le
rapport Frégault mentionnait déjà que la recherche devrait
être la préoccupation dominante de l'institut dont on
préconisait la création, recherche qui devrait être
diversifiée selon plusieurs objectifs et les exigences du
développement culturel de notre collectivité. Si nous
créons un institut, si nous le dotons d'un conseil d'administration
composé de chercheurs, si nous prévoyons l'engagement
d'employés qui seraient des chercheurs, il serait quand même assez
illogique, pour ne pas dire aberrant, d'interdire à ces chercheurs de
faire de la recherche et de les limiter simplement à la fonction de
compiler ou de réunir de la documentation.
Si l'institut engage ces chercheurs, c'est précisément en
vertu de leurs qualités, en vertu de leurs états de service, en
vertu des recherches qu'ils ont déjà effectuées, en vue de
leur permettre de continuer ce travail dans la ligne de leurs travaux
antérieurs. C'est là le but premier que poursuit l'institut, les
autres buts étant accessoires. D'ailleurs, nous l'avons dit dans la
politique du développement culturel et je l'ai affirmé de nouveau
dans le discours de deuxième Icture, le gouvernement n'a pu, dans la
première ébauche qu'il a faite d'une politique de
développement culturel, toucher tous les sujets qu'il aurait dû ou
pu toucher.
Nous étions très conscients de ces limitations, de ces
lacunes, de ces insuffisances, et si nous avons quand même
procédé, c'est parce que nous savions qu'en créant un
institut de recherche, il serait possible, dans un proche avenir, ou un avenir
pas trop lointain, de compléter ce travail, en demandant à des
chercheurs spécialisés de se réunir, de faire un plan
concerté d'élaboration de futures recherches, et, en même
temps, de faire effectuer ces recherches par des chercheurs triés sur le
volet, en fonction de leurs réalisations antérieures.
Il nous apparaît donc que non seulement le but premier de
l'institut est de faire lui-même ses recherches, dans le prolongement de
la politique de développement culturel, mais que c'est là son
rôle le plus essentiel et dont la société a le plus besoin.
Il nous apparaît donc impossible de renoncer à ce but premier,
fondamental, de l'institut et, en l'occurrence, je me vois obligé,
à mon grand regret, encore une fois, de rejeter cet amendement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. N'étant pas un
expert dans le domaine et étant nouveau à l'étude de ce
projet de loi, je ne voudrais pas être désagréable à
mon confrère du Parti libéral. Cependant, à plusieurs
commissions parlementaires et, entre autres à la commission
parlementaire des engagements financiers où je siège
régulièrement, j'ai souvent eu l'occasion de faire remarquer aux
représentants du gouvernement que nous sommes favorables à ce que
le gouvernement utilise le plus possible les meilleurs éléments
de son personnel de la fonction publique, plutôt que d'essayer de faire
faire son travail par des gens de l'extérieur. On sait qu'il y a
beaucoup de personnes, dans la fonction publique, qu'on appelle des
"tablettes", qui sont sur les tablettes, et qu'on n'utilise pas.
Je pense que ce serait ici la meilleure façon, en gardant le
texte de l'article 20 tel quel, d'utiliser le personnel de la fonction
publique, pour effectuer lui-même le travail de recherche pour
l'institut; aussi je ne pourrai malheureusement pas appuyer la motion
d'amendement de mon collègue.
Cependant, peut-être que l'on pourrait en arriver à une
entente si on ajoutait sans en faire une motion formelle "ou de
faire effectuer"; cela permettrait, dans certains cas, de pouvoir faire
effectuer des études par d'autres spécialistes que les
fonctionnaires de l'institut. C'est tout simplement une suggestion; je n'en
fais pas une motion de sous-amendement, M. le Président. Si ça
peut être acceptable, tant mieux; sinon, je voterai contre la motion du
député de D'Arcy McGee.
M. Laurin: L'idée que véhicule le
député de Nicolet est déjà incluse dans le
libellé de l'article. Quand on dit, par exemple, encourager et soutenir,
ça pourrait inclure l'idée qu'avance le député de
Nicolet. Je ne voudrais pas que nos textes de loi soient encombrés de
pétitions de principe ou de tautologies. Donc, il me semble qu'on
pourrait se contenter de ce mot qui couvre l'idée que vous soutenez. (20
h 45)
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, l'amendement que j'ai
proposé à la commission exprime une divergence de philosophie
entre le gouvernement et l'Opposition officielle. Je ne veux pas minimiser
à mes propres yeux la valeur de l'amendement que j'ai proposé en
disant que c'est pour être conséquent avec moi-même, avec le
débat que nous avons fait en deuxième lecture, que je me suis
senti obligé de proposer cet amendement. Le ministre n'est pas
disposé à l'accepter. Il me répugna de faire plusieurs
fois la même argumentation, M. le Président. Je crois vous avoir
entendu dire que l'amendement est rejeté sur division et que l'article
est adopté sur division.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est rejeté
sur division et l'article 20, adopté sur divi- sion. L'article 21 ; M.
le député de Papineau, vous avez quelque chose à
ajouter?
M. Alfred: Excusez-moi, j'étais assuré que le
député de D'Arcy McGee était d'accord avec un tel article.
Je suis surpris qu'il ne soit pas d'accord.
M. Laurin: Mais j'ai bien compris ce que le député
a dit.
Le Président (M. Boucher): C'est à cause de
l'amendement, M. le député de Papineau. L'article 21.
M. Alfred: Adopté.
M. Goldbloom: II y a un nouveau ministre à la commission,
M. le Président?
M. Laurin: Un apprenti ministre.
M. Goldbloom: Ne soyez pas pressé, quand même.
M. Alfred: Bien non, mon tour viendra. M. Laurin:
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article 22. M.
le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je n'ai pas d'objection au
texte de l'article 22 tel que rédigé. J'ai quand même
trouvé dans la loi constitutive de l'Institut national de
productivité une restriction additionnelle, c'est-à-dire que
l'institut de la productivité ne peut, sans l'autorisation du
gouvernement, conclure avec toute personne tout autre contrat l'engageant pour
plus de deux ans. C'est une précaution prise dans certains cas pour
éviter que des organismes paragouvernementaux ne s'engagent pour de trop
longues périodes.
Avant de proposer un amendement formel à cet égard,
j'aimerais demander au ministre s'il s'est penché sur cette
considération et s'il a intentionnellement rejeté cette clause
que l'on aurait pu inclure dans l'article 22.
M. Laurin: Effectivement, c'est une solution que nous avons
considérée. Vous pensez bien qu'en rédigeant cet article,
nous nous sommes référés aux lois analogues pour en
établir les dispositions en concordance avec le projet que nous
rédigions. Nous sommes précisément arrivés à
comparer cette loi avec celle créant l'Institut de productivité.
Il faut dire ici que même si ce sont là deux instituts, il demeure
que les objets que poursuivent ces deux instituts sont différents et que
même si les principes coïncident, les modalités
d'exécution ou d'application doivent participer à des fins ou
objets différents que poursuivent chacun des instituts.
Je pense qu'il est assez évident par le livre blanc sur la
politique du développement culturel et par mon discours de
deuxième lecture qu'un des buts de cet institut nous venons
d'ailleurs de le rappeler est de poursuivre des études
à
long terme, du moins parmi les études ou les recherches que
poursuivra cet institut, il y en aura qui seront des études à
long terme. Je pense, par exemple, aux recherches que nous pourrions mener sur
la nature de la culture québécoise dans toutes les
diversités qu'elle possède. Je pense, par exemple, à
l'accès aux divers biens culturels, avec toutes les enquêtes que
cela peut nécessiter, avec toutes les études qu'on pourra faire
sur ces enquêtes. Je pense aux modes d'accès à la culture
selon les classes sociales. Je pourrais continuer indéfiniment. Donc,
nous ne voulons pas lier les mains de l'institut, mais il demeure possible que
dans l'élaboration de sa problématique ou de sa planification,
l'institut confie à un certain nombre de chercheurs des études
à long terme ou prévoie un projet où seront menées
des études à long terme en concertation, d'une part à
l'institut, et d'autre part dans certaines universités, ce qui pourrait
nécessiter la conclusion d'accords. C'est précisément en
fonction de la durée possible, assez longue de certaines de ces
recherches que nous n'avons pas voulu limiter l'institut en lui imposant un
cadre trop étroit, un carcan trop rigide qui l'obligerait à
renouveler ses contrats.
Vous me demandiez la raison pour laquelle nous n'avions pas cru opportun
de limiter, à l'instar de l'Institut de productivité, les
pouvoirs de l'institut, je vous donne la réponse.
M. Goldbloom: M. le Président, je ne présenterai
pas de motion formelle d'amendement. J'accepte les explications du ministre,
tout en souhaitant que parmi les projets de recherche à long terme que
poursuivra l'institut, sera une étude sur la longévité
politique des gens les plus cultivés au Québec, les
députés.
M. Laurin: C'est un excellent sujet. Je ne manquerai pas de le
proposer à l'institut.
M. Goldbloom: Merci.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 22 est
adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 23?
M. Goldbloom: M. le Président, nous venons, il y a
quelques minutes, d'étudier l'article 20. J'avais proposé un
amendement. Par cet amendement, j'aurais voulu que les mots "d'effectuer"
soient remplacés par les mots "de faire effectuer". Dans son
argumentation à l'appui de sa décision de rejeter l'amendement,
le ministre a dit: Faire effectuer des recherches, c'est déjà
englobé dans le libellé de l'article, qui parle d'encourager et
de soutenir des recherches.
Voici que nous arrivons à l'article 23, où il y a deux
interdictions, même trois, si vous voulez, trois interdictions qui sont
imposées à l'institut. L'article se lit comme suit: "L'institut
ne peut acquérir des actions d'une autre corporation, ni exploiter des
entreprises commerciales. Il ne peut accorder des prêts, des dons ou des
subventions."
M. le Président, j'aimerais vous suggérer ceci. C'est que
si nous acceptons l'interprétation donnée par le ministre
à l'article 20, c'est-à-dire que l'institut pourra, en vertu de
l'article 20 qui définit son mandat global, non seulement effectuer des
projets de recherche, mais les encourager et les soutenir quand ces projets
sont entrepris par d'autres personnes, cet encouragement, ce soutien serait
drôlement limité si l'institut n'avait pas le pouvoir d'accorder
des prêts, des dons et des subventions. Pour cette raison, M. le
Président, j'aimerais proposer que la deuxième phrase de
l'article soit biffée et, à cet effet, j'ai une motion
d'amendement qui vous demanderait de biffer tous les mots après le mot
"commerciales", afin que l'article amendé se lise comme suit:
"L'institut ne peut acquérir des actions d'une corporation ou exploiter
des entreprises commerciales."
M. le Président, vous m'excuserez. Je constate qu'il y a une
faute de frappe ici. J'ai dit "ou exploiter", mais je vois que le texte se lit
"ni exploiter des entreprises commerciales". Je me permets de faire cette
correction à la main; je vous prie de la faire sur votre copie.
M. Brassard: La deuxième phrase... M. Alfred: On
bifferait quoi?
M. Goldbloom: On bifferait les mots "II ne peut accorder des
prêts, des dons ou des subventions". En biffant cette phrase, on
permettrait à l'institut d'accorder des prêts, des dons et des
subventions.
Le Président (M. Boucher): La motion du
député de D'Arcy McGee est à l'effet de modifier l'article
23 en retranchant, dans les deuxième et troisième lignes, tous
les mots après le mot "commerciales".
M. Laurin: En rédigeant le projet de loi, M. le
Président, nous avons évidemment pensé à cette
possibilité...
Le Président (M. Boucher): Je reçois l'amendement,
M. le ministre.
M. Laurin: ... nous avons évidemment envisagé cette
possibilité. Mais nous l'avons éliminée, parce que nous
n'entendons pas encourager la confusion des rôles. Nous voulons confier
un mandat très précis à cet institut, le soutenir,
l'encourager à effectuer des recherches pour des buts, des objectifs
très précis, des recherches sur la culture. Nous n'avons pas
voulu élargir indûment ces objectifs en y ajoutant d'autres qui ne
paraissaient pas essentiels.
D'autant plus, M. le Président, que cette tâche de
prêter, de subventionner ou d'accorder des
dons à des organismes relève et a toujours relevé
jusqu'ici des ministères gouvernementaux proprement dits. Nous savons,
par exemple, que le ministère de l'Education distribue chaque
année des millions de dollars à des universités ou
à d'autres organismes de recherche non universitaires, pour effectuer
des recherches dans quelque domaine que ce soit. On a sûrement entendu
parler du programme FCAC, qui a été instauré en 1970 et
qui a certes beaucoup aidé au développement de la recherche dans
tous les domaines de l'université. Il y a d'autres ministères qui
le font aussi, il y a le ministère des Affaires sociales, qui distribue
lui aussi des millions de dollars par année à des organismes,
hôpitaux, instituts de toutes sortes qui poursuivent des recherches. Il y
a le ministère de l'Agriculture, le ministère des Terres et
Forêts.
Nous avons voulu garder cette fonction subvention au ministère,
comme cela est le cas actuellement. La même chose pour les prêts,
d'autant plus que ces prêts ne nous semblent pas nécessaires. Si
vraiment l'éventualité d'un prêt pouvait se
présenter, l'institut a une façon tout à fait originale et
personnelle de régler le problème, en ce sens que, si cela lui
paraît opportun, elle peut entreprendre des démarches avec tel ou
tel ministère du gouvernement ou avec telle ou telle université,
ou tel ou tel institut de recherche et offrir, à cette
université, à cet organisme ou à des chercheurs qui y
travaillent, un contrat à temps partiel ou à temps plein pour une
durée plus ou moins longue, en vertu duquel ce chercheur viendrait
travailler à l'institut pour la période requise.
Donc, il nous semble que la formule comporte toute la souplesse
désirable, peut parfaitement, avec les moyens qu'on lui donne, aller
dans le sens des considérations que nous fait le député de
D'Arcy McGee et, en même temps, évite tout risque de confusion des
rôles, ainsi que pourrait le faire l'amendement, si nous l'adoptions.
Donc, d'un côté, nous ne limitons en rien l'action de
l'Institut de recherche sur la culture, en même temps nous gardons la
situation actuelle, telle qu'elle existe et telle qu'elle fonctionne, avec
toute la clarté et l'efficacité désirable.
Si nous rejetons cet amendement, M. le Président, c'est qu'il ne
nous apparaît pas opportun, il ne nous apparaît pas s'imposer.
M. Goldbloom: M. le Président, vous aurez remarqué
que les interventions du ministre sont beaucoup plus longues que les miennes;
j'accuse le ministre d'obstruction systématique!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee, il y a de grosses chances que vous sortiez d'ici en bonne
santé ce soir.
M. Laurin: Je vais penser sérieusement à cette
accusation, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): L'amendement du
député de D'Arcy McGee est-il adopté?
M. Laurin: Rejeté sur division.
M. Goldbloom: Rejeté sur division? D'accord.
Le Président (M. Boucher): L'article 23 est adopté
sur division?
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président, je n'ai pas
d'objection vraiment.
Le Président (M. Boucher): L'article 24?
M. Goldbloom: Non, M. le Président, je m'excuse, l'article
24 n'est pas encore adopté et je voudrais invoquer l'autonomie que le
ministre voudrait, selon ses propres dires, accorder à l'institut. (21
heures)
Je trouve difficilement conciliables le deuxième alinéa de
l'article 24 et cette notion d'autonomie. On sait c'est un sujet qui a
été discuté assez longuement que l'institut est
obligé d'exécuter les commandes placées par le
gouvernement, mais, quand d'autres personnes lui en adressent les demandes,
l'institut n'est pas obligé de répondre favorablement à
ces requêtes.
Voici que l'institut se trouve davantage restreint dans sa
liberté de manoeuvre parce que, suivant le deuxième alinéa
de l'article 24, l'institut ne pourra accepter des dons, legs, subventions ou
autres contributions auxquels sont attachées des charges ou des
conditions, si ce n'est du gouvernement du Québec, ses ministères
ou organismes, sans l'autorisation du gouvernement.
Je sais, M. le Président, avant que le ministre ne s'ouvre la
bouche, qu'il va nous dire que l'autorisation du gouvernement sera
accordée avec l'esprit le plus généreux possible et que ce
ne serait pas pour des raisons insignifiantes que le gouvernement refuserait
à l'institut la permission d'accepter des dons, des legs, des
subventions ou d'autres contributions. Quand même, la
générosité du ministre actuel pourrait être
remplacée un jour par la mesquinerie d'un autre ministre. La
générosité dont se vante le gouvernement actuel pourrait
un jour être remplacée par la mesquinerie d'un autre
gouvernement...
M. Alfred: ... continuerait.
M. Goldbloom: Personnellement, je suis imbu d'un esprit de
générosité à toute épreuve, mais il y en a
d'autres qui pourraient un jour, par malheur, succéder au ministre
actuel et qui n'auraient pas cet esprit de générosité
à toute épreuve.
M. Brassard: Si l'Opposition officielle redevenait le
gouvernement, par exemple.
M. Alfred: ... voulez-vous le dire?
M. Goldbloom: Par exemple, et si j'avais l'honneur d'être
ministre...
M. Alfred: ... des Affaires culturelles.
M. Goldbloom: ... des Affaires culturelles, je serais de cette
générosité à toute épreuve...
M. Alfred: Donc, à ce moment-là, il n'y a pas de
problème.
M. Goldbloom: Vous pouvez compter là-dessus. Je donnerais
même des subventions dans le comté de Lac-Saint-Jean.
M. Alfred: Papineau, Papineau. M. Goldbloom: J'irais
jusque-là...
M. Fontaine: Vous l'étiez d'ailleurs déjà
pas mal quand vous étiez ministre des Affaires municipales.
M. Goldbloom: N'est-ce pas?
Sérieusement, j'aimerais proposer que le deuxième
alinéa soit biffé et que l'institut soit libre, sans
l'autorisation du gouvernement, d'accepter les dons et les autres contributions
que des personnes ou des organismes bienveillants voudraient bien lui offrir. A
cette fin, je propose la motion suivante: Que l'article 24 soit modifié
en retranchant le deuxième alinéa.
Le Président (M. Boucher): La motion d'amendement à
l'article 24: Que l'article 24 soit modifié en retranchant le
deuxième alinéa. L'amendement est reçu. M. le
ministre.
M. Laurin: M. le Président, il est vrai que, par cet
article... Vous m'écoutez?
M. Goldbloom: Je vous écoute, oui...
M. Laurin: II est vrai que, par cet article...
M. Goldbloom: ... avec le sourire aux lèvres, mais pas
nécessairement avec la joie au coeur.
M. Laurin: ... le gouvernement limite quelque peu les pouvoirs de
l'institut, mais c'est dans l'intérêt de l'institut. C'est pour
éviter à l'institut des conflits intérieurs, pour lui
éviter des déchirements, des discussions inutiles, au fond, qui
pourraient divertir, d'une certaine façon, les énergies qu'il
doit entièrement orienter dans la poursuite de ses objectifs, car, en
effet, dans les dons que l'institut pourrait éventuellement recevoir de
la part de fondations ou de la part d'individus particulièrement
fortunés.
Il pourrait se glisser des conditions justement, soit qu'elles ne
correspondent pas aux objectifs de l'institut, soit aux fins qu'il poursuit ou
encore il pourrait se trouver des conditions qui dépassent ou qui ne
concordent pas avec les pouvoirs et les objectifs que la loi assigne à
l'institut. Ou encore, il pourrait se trouver des conditions dont le conseil
d'administration ne pourrait pas juger d'une certaine façon, puisqu'il
serait pris entre, d'une part, le goût d'accepter l'intérêt
et, d'autre part, les contraintes que lui assigne la loi.
Je ne doute pas que lorsque ces dons éventuels sont faits
à l'institut, le gouvernement qui doit les approuver les approuvera dans
la plus grande partie, le plus souvent, mais il peut quand même se
trouver des cas où le gouvernement, par son pouvoir d'approbation, peut
éviter au conseil d'administration, des discussions qui pourraient le
mettre dans une situation difficile. Encore une fois, dans la majorité
des cas, je suis convaincu qu'il ne sera pas nécessaire que le
gouvernement approuve ces contributions, puisque ceux qui les feront tiendront
compte des objets et des pouvoirs attribués par la loi à
l'institut.
Mais s'il est nécessaire que le gouvernement donne son
approbation, dans le cas de contribution assortie de conditions, c'est bien de
celle-là que parle l'article, c'est parce qu'il faut qu'un tiers, en
l'occurrence le gouvernement, s'assure de la concordance de ces conditions avec
les objectifs poursuivis par l'institut. Il paraît impossible que dans
ces cas, l'institut soit à la fois juge et partie.
C'est donc pour ces raisons que nous avons libellé l'article tel
qu'il apparaît et que je me vois obligé, dans
l'intérêt même des activités ultérieures de
l'institut, de ne pas accepter l'amendement du député.
M. Goldbloom: C'est ce que l'on dit à un enfant quand il
ne veut pas prendre son médicament; on lui dit: C'est pour ton bien.
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: ... est-ce que je comprends bien l'article si je dis
que l'institut pourra accepter des dons, legs, subventions ou autres
contributions auxquelles sont attachées des charges, conditions,
lorsqu'il aura l'autorisation du gouvernement, mais que le gouvernement du
Québec, ses ministères ou autres organismes pourront verser de
telles subventions avec charges ou conditions et, bien sûr, sans
autorisation?
M. Laurin: Oui, évidemment, vous comprenez bien. Je pense
qu'on ne peut pas interdire à un organisme créé par le
gouvernement, d'accepter des dons, legs ou subventions qui lui viennent de ce
même gouvernement.
M. Fontaine: Quel est l'intérêt d'accorder des
subventions à l'institut, si on se reporte à l'article 26
où il y a des montants qui sont autorisés...
M. Laurin: Nous ne sommes pas encore arrivés à cet
article, M. le Président. Je pense que la façon normale, usuelle,
habituelle, de subventionner un institut, c'est par des crédits que nous
lui donnons. C'est bien sûr et c'est ce que nous faisons. Mais il peut
arriver des circonstances extraordinaires où le gouvernement pourrait
juger utile d'ailleurs l'article 25 va nous introduire dans ce sujet
que l'institut effectue des recherches sur un problème
particulièrement urgent qui se pose et, à ce moment-là, il
faudrait procéder autrement que par la voie des crédits
statutaires.
Ce qui sera rarement le cas, mais comme vous le savez, dans un projet de
loi, il faut essayer de prévoir toute éventualité.
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que la motion du
député de D'Arcy McGee, à l'article 24, est
adoptée?
M. Godlbloom: M. le Président, je dois vous expliquer la
vraie raison pour laquelle j'ai proposé cet amendement. La nuit
dernière, j'ai eu un cauchemar et, dans mon rêve, j'étais
devenu soudainement riche et j'offrais un don à l'institut pour la
poursuite d'un projet de recherche sur les bienfaits culturels de l'adoption,
le 21 décembre 1972, de la Loi sur la qualité de l'environnement
et le ministre a dit non!
M. Laurin: Vous vous trahissez, M. le député, parce
que, comme vous le savez, les rêves sont toujours la réalisation
d'un désir. Donc, c'est que vous n'espériez pas que votre projet
soit adopté.
M. Goldbloom: Est-ce que je vous ai entendu dire "sur division",
M. le Président?
Le Président (M. Boucher): Rejeté sur division.
L'article 24 est adopté. Sur division?
M. Goldbloom: Oui, sur division, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Sur division. Article 25.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais proposer qu'un
alinéa soit ajouté à cet article. On constate que
l'institut est chargé d'exécuter les mandats du gouvernement et
que chaque mandat doit être déposé devant
l'Assemblée nationale dans les quinze jours de son approbation, mais,
après cela, il n'y a aucune exigence. J'aimerais proposer que soit
ajouté l'alinéa suivant: "L'institut doit publier, sans
délai, les résultats de tout mandat spécifique qui lui est
confié en vertu des alinéas précédents."
Il me semble, M. le Président, si c'est un mandat gouvernemental,
en particulier, et si le mandat lui-même est déposé devant
l'Assemblée nationale, qu'il serait normal que les résultats de
ce travail deviennent également un document public. C'est dans ce sens
que je suggère que la loi exige la publication des résultats de
l'exécution de tout mandat.
Le Président (M. Boucher): La motion d'amendement à
l'article 25 se lit comme suit: Que l'article 25 soit modifié, en
ajoutant, après le deuxième alinéa, l'alinéa
suivant: "L'institut doit publier, sans délai, les résultats de
tout mandat spécifique qui lui est confié, en vertu des
alinéas précédents. "
La motion me paraît recevable. Je la reçois. M. le
ministre.
M. Laurin: M. le Président, à la grande surprise du
député de D'Arcy McGee...
M. Goldbloom: Est-ce que le défibrilateur est
prêt?
M. Laurin: Je serais prêt à considérer cet
amendement donc, le défibrilateur ne sera pas nécessaire
dans la mesure où le député accepterait que nous
retranchions de son amendement les mots "sans délai", ce qui laisse
quand même l'obligation, et à la condition qu'il accepte un
léger changement de formulation qui ne changera pas le sens.
Par exemple, "L'Institut doit publier les résultats de toute
recherche qui lui est confiée, en vertu d'un mandat spécifique
qui lui est confié." De toute façon, en changeant la formulation,
c'est simplement une affaire de formulation.
M. Goldbloom: Alors "de toute recherche qui lui est
confiée..."
M. Laurin: Par mandat du ministre.
Le Président (M. Boucher): C'est un sous-amendement
à l'amendement du député de D'Arcy McGee qui
retrancherait, après les mots "les résultats..."
M. Laurin: En somme, cela se lirait comme suit: "L'institut doit
publier les résultats de toute recherche qui lui est confiée par
le ministre, en vertu des alinéas précédents."
Le Président (M. Boucher): Le sous-amendement, c'est de
retrancher les mots "sans délai" et d'ajouter, après le mot
"résultats", les mots "de toute recherche...
M. Laurin: De toute recherche qui lui est confiée...
Le Président (M. Boucher): Qui lui est confiée par
mandat du ministre...
M. Laurin: Par le ministre, en vertu de l'alinéa
précédent. On peut éliminer le mot mandat, puisqu'il
apparaît dans l'alinéa précédent.
M. Goldbloom: En vertu des alinéas
précédents, n'est-ce pas? Au pluriel.
M. Laurin: Bien non, il n'y en a qu'un.
Le Président (M. Boucher): Des alinéas
précédents. ... par mandat du ministre, en vertu des
alinéas précédents.
Pour être bien clair, l'article 25 serait amendé en
ajoutant, après le deuxième alinéa: "L'institut doit
publier les résultats de toute recherche qui lui est confiée par
mandat du ministre, en vertu des alinéas précédents. (21 h
15)
M. Fontaine: M. le Président, j'aurais une question
à poser, si vous me le permettez: Quand on dit "l'institut doit
publier", est-ce qu'on ne se-
rait pas mieux de spécifier à quel endroit on devrait le
publier? Dans la Gazette officielle ou...
M. Goldbloom: Je ne pense pas que la Gazette officielle soit le
véhicule normal. Ce serait un document que le ministre pourrait rendre
public ou déposer en Chambre. M. le Président, tout ce que je
peux dire, c'est que j'espère que le ministre du Travail est dans la
bâtisse; j'aimerais mieux être soigné par lui, n'en
déplaise au ministre.
Le Président (M. Boucher): C'est une demi-crise.
M. Fontaine: II n'a pas sauvé les deux derniers, par
exemple.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Laurin: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 25, adopté tel
qu'amendé?
M. Goldbloom: Adopté.
Dispositions financières
Le Président (M. Boucher): L'article 26. M. Laurin:
On n'a pas beaucoup de choix.
M. Goldbloom: M. le Président, il n'y a quand même
pas, si je comprends bien le libellé de l'article, une obligation
imposée au ministre de déposer devant l'Assemblée
nationale les autorisations qui sont données. Est-ce que je me trompe ou
est-ce que c'est une décision prise sciemment, comme on dit, par le
gouvernement?
M. Laurin: Oui, sciemment.
M. Fontaine: Cela va faire partie des crédits du ministre
qui sera chargé de l'application de la loi?
M. Laurin: Oui, étant donné que les sommes sont
incluses, sont écrites.
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président,
adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté, l'article
27.
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 28.
M. Goldbloom: M. le Président, je ne veux pas faire
prolonger indûment les travaux de la commission, mais j'aimerais que le
ministre nous explique, en deux ou trois mots, l'utilité de cet
article.
M. Laurin: C'est un article traditionnel également, que
nous avons répété à l'instar des autres lois
similaires. Si cela va sans dire, cela va encore mieux en le disant, comme
disait Vauvenargues.
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président.
Dispositions diverses
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article29.
M. Goldbloom: Pourquoi le 31 mars au lieu du 31 décembre?
Nous sommes...
M. Laurin: Parce que nous voulons que l'exercice corresponde
à la date de terminaison du budget du gouvernement.
M. Goldbloom: Ce qui veut dire cependant que normalement, rendu
à la période de l'année où l'on examine les
crédits des ministères, on n'a pas toujours les bilans des
organismes qui ont terminé leur année le 31 mars. Ce n'est pas
plus grave que cela, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais propoer un
article 29a à être inséré entre les articles
29 et 30, évidemment qui se lirait comme suit: "L'institut doit,
chaque année, transmettre au ministre chargé de l'application de
la présente loi, à la date que ce dernier prescrit, son budget
pour l'exercice financier suivant. Ce budget est sans effet, tant qu'il n'est
approuvé par le ministre". Un deuxième alinéa: "Le
gouvernement peut démettre tout membre de l'institut qui acquiesce
à une dépense non prévue par le budget de l'institut sauf
à une dépense qui n'excède pas les revenus de l'institut
non prévus au budget."
M. le Président, c'est une précaution qui est prise dans
certains autres cas; je l'offre comme proposition.
M. Laurin: C'est au nom de l'autonomie de l'institut que je ne
croirais pas utile ou judicieux d'accepter cet amendement. Encore une fois,
nous avons voulu, par les articles précédents, indiquer
l'enveloppe budgétaire dont l'institut pouvait disposer, mais, une fois
cette enveloppe budgétaire accordée, nous avons voulu le laisser
entièrement libre de définir, à l'intérieur de
cette enveloppe budgétaire, les postes qu'il peut juger utiles, ainsi
que lui laisser toute latitude pour la disposition des montants que lui confie
le gouvernement.
En somme, nous voulons justement, en raison du caractère de
l'institut et en vertu de la qualité des membres du conseil
d'administration qui le constituera, lui donner un témoignage de
confiance absolue, quant aux modalités qu'il entend prendre pour la
poursuite des objectifs de l'institut. Nous avons l'impression qu'adopter cet
amendement serait non pas un manque de confiance,
mais une sorte de contrainte ou un début de réticence
à l'endroit de cet institut à qui nous entendons, encore une
fois, accorder, sinon la bride sur le cou, du moins toute la liberté et
l'aisance nécessaires pour la poursuite de ses objectifs.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aurais
préféré que le ministre accorde à l'institut une
liberté d'action sur un autre plan. S'il veut l'accorder sur ce plan, je
suis prêt à accepter que vous déclariez l'amendement
rejeté sur division.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est rejeté
sur division. L'article 30, adopté sur division?
M. Goldbloom: Non, ce que je vous ai proposé...
M. Fontaine: C'est un article...
M. Goldbloom: ... était l'article 29a qui a
été rejeté sur division.
Le Président (M. Boucher): C'était l'article 29a.
Nous sommes à l'article 30.
M. Goldbloom: A l'article 30, j'aimerais tout simplement
suggérer que soit ajouté à cet article un alinéa
qui se trouve dans la loi constitutive de l'Institut nationale de
productivité, où l'on a essentiellement le même texte, mais
où il y a en outre un deuxième alinéa qui se lit comme
suit: L'institut doit, en outre, fournir au ministre tout renseignement qu'il
requiert sur ses opérations. Je fais cette proposition. Je n'ai pas
l'intention d'argumenter plus longtemps là-dessus.
Le Président (M. Boucher): L'amendement à l'article
30 se lit comme suit: Que l'article 30 soit modifié en ajoutant,
à la fin, l'alinéa suivant: "L'institut doit en outre fournir au
ministre tout renseignement qu'il requiert sur ses opérations." Motion
reçue.
M. Laurin: Encore une fois, nous avions considéré
le libellé de l'article analogue contenu dans la loi sur l'Institut de
productivité, mais nous avons pensé qu'il était possible
d'améliorer la formulation qui apparaissait dans cette loi. Là
aussi, il nous semblait qu'il y avait une certaine tautologie dans cet article
que vient de nous lire le député de D'Arcy McGee. Nous pensons en
effet que, lorsque nous disons que le rapport doit contenir tous les
renseignements que le ministre peut prescrire, cela inclut évidemment
tout renseignement pris sur une base individuelle que le ministre pourrait
juger opportun d'avoir en main. Il nous semble que la dernière phrase de
l'article contient, en principe, le renseignement auquel le
député peut penser.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais offrir
l'hypothèse suivante: Le rapport de l'institut le ministre
prétend que ce rapport contiendrait tous les renseignements
nécessaires et utiles paraît une fois par année. Il
y a, pendant la majeure partie de l'année, une période
quotidienne de questions à l'Assemblée nationale. Le
député de Nicolet-Yamaska pourrait poser une question au ministre
au sujet des activités de l'institut et le ministre pourrait se trouver
dans l'obligation de répondre: Je ne possède pas ce renseignement
et je ne le posséderai que d'ici X nombre de mois, quand le rapport de
l'institut sera déposé, et encore, M. le Président, il se
pourrait que le rapport ne contienne pas le renseignement demandé.
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: ... je vous avais fait signe que je voulais prendre
la parole justement pour abonder dans le sens...
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le
député!
M. Fontaine: ... du propos du député de D'Arcy
McGee. Je prétends qu'au cours de l'année, durant l'année,
le ministre pourrait avoir besoin de certains renseignements auprès de
l'institut et alors la loi ne lui permettrait pas de le faire. Je comprends
qu'il pourrait toujours les demander et je suppose que l'institut les lui
fournirait. Mais advenant le cas où il y aurait une certaine
réticence de la part de l'institut, il serait en droit de les lui
refuser.
M. Laurin: Oui, ça ne m'apparaît pas
véritablement essentiel, mais si les membres de l'Opposition veulent des
garanties supplémentaires, s'ils tablent sur une certaine
réticence de l'institut, pourtant mandataire du gouvernement, à
fournir des renseignements que lui demanderait le ministre responsable de
l'application de la loi, je peux dire que je n'aurais pas d'objections
fondamentales à accepter une pareille addition.
M. Goldbloom: C'est, dans une certaine mesure, M. le
Président, un cas de trop fort ne casse pas.
M. Laurin: Vous croyez que ça se justifie. M. Fontaine:
Les hommes étant ce qu'ils sont.
M. Alfred: Là où il y a des hommes, il y a de
"l'hommerie".
M. Brassard: M. le Président, je trouve étonnant,
de la part de l'Opposition officielle, un tel amendement. Au début des
travaux de cette commission, elle s'était fait le défenseur
acharné de l'autonomie de l'institut. Ces gens examinaient le projet de
loi pour déceler les moindres ingérences gouvernementales dans
les travaux de l'institut...
M. Alfred: C'est de la prudence.
M. Brassard: Voilà qu'ils proposent des amendements qui
vont exactement dans ce sens-là. C'est étonnant. Il y aurait un
changement de cap, du côté de l'Opposition officielle
peut-être? Un réalignement de ses vues sur le projet?
M. Alfred: M. le Président, pourrait-on appeler ça,
du côté de l'Opposition, de la prudence?
M. Goldbloom: M. le Président, je dois répondre au
député de Lac-Saint-Jean que ce n'est pas du tout le cas, au
contraire. Si l'on a voulu que l'institut se voit accorder une plus grande
liberté d'action, ce n'est pas du tout pour empêcher que l'opinion
publique et notamment les députés de l'Assemblée nationale
ne puissent obtenir des renseignements là-dessus; au contraire. Dans
toute la mesure que l'on accorde une liberté plus large, on doit assurer
la disponibilité des renseignements sur l'exercice de cette
liberté par l'intermédiaire de la seule personne qui peut,
à l'Assemblée nationale, répondre pour les
activités de l'institut, et c'est le ministre responsable.
Je trouve que c'est parfaitement concordant avec la thèse de
l'autonomie de l'institut.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement du
député de D'Arcy McGee est adopté?
M. Laurin: M. le Président, plus j'y pense, plus j'ai
l'impression que ça pourrait être vu comme une sorte de pression
politique de la part du gouvernement ou de l'Assemblée nationale sur des
recherches qu'effectue l'institut. L'objet de l'institut est tellement
spécifié c'est des recherches et, une fois qu'il a
reçu le mandat de faire ses recherches ou qu'il a fait son plan de
recherches et qu'il les poursuit selon le plan qu'il s'est donné, il me
semble que ça pourrait être considéré comme du
harcèlement de mauvaise venue, une intervention quelconque du
gouvernement à cet égard.
M. Goldbloom: Je suis donc obligé de demander au ministre
pourquoi son gouvernement a-t-il voulu ainsi harceler l'Institut national de
productivité. (21 h 30)
M. Laurin: Parce que, dans le domaine de la productivité,
si l'on veut, les esprits sont moins sensibles, les sujets sont moins
explosifs, les conflits idéologiques sont moins nombreux, moins
fréquents, en somme l'épiderme est moins sensible. C'est pour
protéger la sensibilité des épider-mes des chercheurs en
matière de culture que je préférerais que le gouvernement
adopte une attitude très circonspecte en la matière et, comme on
le dit souvent, que la femme de César soit au-dessus de tout
soupçon d'intervention.
M. Goldbloom: M. le Président, pour une fois, en toute
candeur, je trouve l'argumentation du ministre peu convaincante, parce que,
justement, s'il s'agit de sujets qui peuvent provoquer des réactions,
les réactions vont sûrement appeler des questions. Si le ministre,
devant l'Assemblée nationale, est obligé, à
répétition, de dire: Je n'ai pas de réponse à
donner, parce que je n'ose pas intervenir auprès de l'institut, de
crainte d'être taxé d'ingérence politique, ce ne sera
certainement pas une façon d'aérer un débat délicat
devant l'opinion publique.
Je crois que le ministre devrait encore une fois repenser son attitude
et, cette fois-ci même si cela ferait deux fois non seulement dans
une seule soirée, mais dans une seule année accepter cet
amendement également.
M. Laurin: De toute façon, ceci ne saurait se produire un
très grand nombre de fois, puisque, dans l'hypothèse, par
exemple, où un député de l'Opposition questionnerait,
à quelques reprises, le ministre chargé de l'application de la
loi sur les activités de l'institut, je pense que l'attention du
ministre responsable serait suffisamment éveillée pour que, dans
les prescriptions annuelles qu'il envoie à l'institut pour la
rédaction de son rapport, il fasse sûrement état des
représentations qui lui ont été faites et qui peuvent
correspondre à des inquiétudes de la part d'une fraction
importante de l'opinion. Alors, les prescriptions du ministre tenant compte de
ces représentations, l'institut n'aurait d'autre choix, dans son rapport
annuel, que d'y faire droit.
M. Goldbloom: Sauf, M. le Président, que ce qui va se
produire, dans ce cas, c'est que le ministre va déposer un certain jour
le rapport annuel de l'institut. Les députés de l'Opposition ou
même des députés ministériels prendront connaissance
de ce rapport et y trouveront des lacunes et poseront des questions, mais le
ministre répondra: Je regrette, il faudra que vous attendiez une
année pour que, dans le rapport annuel de l'an prochain, votre question
trouve sa réponse.
M. Laurin: Je ferai remarquer au député que les
moyens que posséderait l'Opposition ou le parti ministériel pour
s'enquérir des activités de l'institut ou pour les suivre ne
consistent pas simplement dans la production d'un rapport annuel, puisque, dans
les articles que nous avons précédemment adoptés, il est
bien dit que l'institut va publier les résultats de ses
recherches...
M. O'Neill: Et les déposer.
M. Laurin: ... et déposer les mandats également.
Donc, il y a d'autres moyens, pour l'Opposition, de se rendre compte des
activités de l'institut et, le cas échéant, pour poser des
questions que peuvent lui suggérer les recherches effectuées ou
les recherches en cours.
M. Goldbloom: M. le Président, le ministre serait-il
prêt à prendre l'engagement suivant: Que lors de la défense
de ses crédits, il amènera le
président de l'institut pour que les députés
puissent poser des questions sur les activités de l'organisme?
M. Laurin: Là, je ne connais pas les... Je pourrais me
tourner vers mon collègue, peut-être aurait-il une
réponse?
M. O'Neill: Cela pose une difficulté technique qui est la
suivante: à ce moment-là, le président de l'institut,
quand il va répondre, sa réponse va toujours être inscrite
au nom du ministre. C'est le problème que nous avions à
Radio-Québec. C'est pour ça qu'on a...
M. Goldbloom: M. le Président...
M. O'Neill: ... décidé d'utiliser la formule de la
comparution devant une commission parlementaire, pour que le gouvernement ne
soit pas obligé d'entériner, par exemple, tous les propos de la
direction de Radio-Québec. Vous vous rappelez? Nous avons eu ce
problème l'an dernier et nous l'évitons cette année par la
commission parlementaire. Dans l'enregistrement, à ce moment-là,
on l'inscrit comme si c'était le ministre qui parlait...
Une Voix: M. le Président...
M. O'Neill: ... je pense que vous auriez à faire face
à la même difficulté.
Le Président (M. Boucher): Si le ministre ne veut pas que
le Président d'une société d'Etat ou d'un organisme parle
en son nom, à ce moment-là, dans le journal des Débats,
c'est inscrit au nom du... Mais si le ministre laisse parler en son nom la
personne...
M. O'Neill: Oui, mais c'est ça. S'il laisse parler la
personne, c'est inscrit au nom du ministre.
Le Président (M. Boucher): Lorsqu'il s'agit d'un
fonctionnaire, par exemple...
M. O'Neill: Pour Radio-Québec, on a eu ce
problème-là...
Le Président (M. Boucher): Lorsqu'il s'agit d'un
fonctionnaire.
M. Laurin: L'engagement que je pourrais prendre, ce serait
effectivement pour le principe. Je pense que je ne peux pas disserter les
modalités pour le moment, mais je suis d'accord avec vous que tout
organisme financé par les fonds publics en vertu d'une loi dont un
ministre est responsable de l'application doit répondre à
l'opinion publique à un moment donné de ses activités. Sur
ce principe-là, je n'ai aucune objection. Donc, je suis bien prêt
à prendre l'engagement en principe que, par exemple, lorsque le ministre
sera chargé de l'application de la présente loi et je ne
sais pas lequel éventuellement, il devra répondre des
activités de l'institut et, s'il juge opportun de se faire accompagner
par le président, ceci me semblerait tout à fait normal.
M. Goldbloom: Je suis heureux que le ministre ait accepté
le principe de la disponibilité du porte-parole de l'institut à
un moment raisonnable pour répondre aux questions des
députés, soit directement, soit par l'intermédiaire du
ministre. Je voudrais faire le commentaire suivant: le ministre des
Communications a certainement raison quand il dit que, jusqu'aux toutes
récentes années, c'était la tradition invariable que si un
fonctionnaire ou un président d'organisme paragouvernementai
était invité à prendre la parole devant une commission
parlementaire lors du débat sur les crédits, ses paroles
étaient inscrites au journal des Débats comme ayant
été prononcées par le ministre; ce qui donnait lieu
à des choses invraisemblables, si, par exemple, le président d'un
organisme disait: J'ai parlé avec le ministre et le ministre m'a dit
telle chose. C'est ridicule que de telles paroles soient inscrites au nom du
ministre.
Plus récemment, nous avons eu tendance à être plus
souples à cet égard et prévoir que, par une
décision de la commission parlementaire, la personne en question puisse
parler en son nom et que ses paroles soient inscrites de cette
façon.
Je pense que nous avons atteint une compréhension
réciproque, un consensus.
Le Président (M. Boucher): L'amendement du
député de D'Arcy McGee à l'article 30 est
rejeté.
M. Goldbloom: Dans les circonstances, vu le consensus auquel nous
sommes arrivés, je suis prêt à retirer la proposition
d'amendement.
Le Président (M. Boucher): L'article 30 est-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 31.
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 32. M. Goldbloom:
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
33.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai, avant l'article 33,
une toute dernière proposition d'amendement. C'est maintenant le
ministre qui va faire un infarctus. Je voudrais proposer un ariicle 32a qui se
lirait comme suit: "Le ministre chargé de l'application de la
présente loi doit, après cinq ans d'existence de l'institut,
effectuer une analyse coûts/bénéfices pour s'assurer que la
présente loi rencontre bien les objectifs définis à
l'article 20.'
Je pense que le texte s'explique par lui-même, je ne ferai pas
d'autre argumentation.
M. Brassard: Cet amendement est proposé à la suite
d'un entretien avec la Chambre de commerce du Québec, elle...
M. Goldbloom: Non, c'est...
M. Brassard: ... propose, dans son mémoire, une
révision à tous les cinq ans des programmes gouvernementaux;
non?
M. Goldbloom: M. le Président, la réponse est non,
ces textes d'amendement étaient déjà prêts quand la
commission parlementaire s'est réunie la dernière fois.
Le Président (M. Boucher): La motion est pour ajouter un
article après l'article 32, l'article 32a: "Le ministre chargé de
l'application de la présente loi doit, après cinq ans d'existence
de l'institut, effectuer une analyse coûts-bénéfices pour
s'assurer que la présente loi répond bien aux objectifs
définis à l'article 20." Je reçois l'amendement.
M. Laurin: M. le Président, j'aurais accepté avec
plaisir l'amendement du député de D'Arcy McGee si, dans son
exposé initial, au moins, il m'avait fourni la méthodologie qui
va nous permettre d'effectuer cette analyse
coûts-bénéfices. Car, en des matières aussi
intangibles, immatérielles, impondérables que celles-là,
je pense que les hommes de sciences n'ont pas encore trouvé, du moins
à ma connaissance, la méthodologie appropriée. Comme je
veux laisser justement continuer les chercheurs explorer de nouvelles
méthodes d'évaluation, je vais attendre, avec la permission du
député de D'Arcy McGee, qu'on me fournisse les instruments
scientifiques suffisants avant d'adopter son amendement.
M. Goldbloom: M. le Président, est-ce que ce sera le
premier mandat que le ministre donnera à l'institut?
M. Laurin: C'est bien possible.
M. Goldbloom: M. le Président, je n'insisterai pas
davantage sur cette motion d'amendement, mais vous aurez compris que j'ai
accordé une certaine importance à l'idée en question.
M. Laurin: Je retiens l'idée.
Le Président (M. Boucher): Amendement rejeté...
M. Laurin: Retiré.
Le Président (M. Boucher): Retiré. Article...
M. Laurin: Mais retenu par le ministre, quant à son
principe.
Le Président (M. Boucher): Article 33, adopté?
M. Goldbloom: Avec la question bien simple, M. le
Président: Pourquoi ne désigne-t-on pas précisément
dans la loi le ministre responsable?
M. Laurin: Parce que notre réflexion n'est pas encore
terminée là-dessus.
M. Goldbloom: L'indécision du gouvernement me
renverse.
M. Laurin: M. le Président, c'est simplement que ce
gouvernement abomine l'improvisation.
Le Président (M. Boucher): Article 34.
M. Goldbloom: M. le Président, là aussi, il faut
que je pose une question. Dans le cas de l'Institut national de
productivité, le régime est différent. C'est le
Régime de retraite des fonctionnaires qui s'applique dans le cas de
l'Institut national de productivité et c'est le RREGOP qui s'applique
dans le cas de l'Institut de recherche sur la culture.
Je ne voudrais pas embarquer le ministre dans une discussion très
technique. Je soulève la question, peut-être qu'elle trouvera une
réponse un jour. Il y a deux régimes. Comment choisit-on entre
les deux? Je n'en sais rien.
M. Laurin: Je retiens votre suggestion et soyez sûr que je
m'en entretiendrai avec le ministre responsable.
Le Président (M. Boucher): Article 34, adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 35.
Une Voix: Adopté.
M. Goldbloom: M. le Président, je vous demande une
directive. J'aurais le droit de parler durant 20 minutes sur cet article,
n'est-ce pas? Si je proposais une motion d'amendement, est-ce que j'aurais
droit à une autre période de 20 minutes? Et si nous
dépassions minuit, est-ce vrai que nous reviendrons lundi matin?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee, on peut continuer jusqu'à minuit, si vous voulez. On peut
se rendre à minuit, pour ce soir.
M. Laurin: Nous franchirons le pont une fois arrivés
à la rivière.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 35 est
adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Le projet de loi no 2, Loi
constituant l'Institut québécois de recherche
sur la culture est donc adopté, avec amendements.
M. Laurin: Et avec les remerciements du ministre qui l'a
présenté, aux deux Oppositions; il les remercie de leur
collaboration.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Je prie le rapporteur de la
commission de faire rapport à l'Assemblée nationale, au nom des
membres de la commission. Je vous remercie de votre collaboration. La
commission ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 21 h 46