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Étude du projet de loi no 51
(Dix heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Boucher): La commission permanente des
affaires culturelles est réunie pour étudier article par article
le projet de loi no 51, Loi sur le développement des entreprises
québécoises dans le domaine du livre. Les membres de la
commission sont: M. Marquis (Matapédia) remplace M. Alfred (Papineau);
M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Proulx
(Saint-Jean) remplace M. Godin (Mercier); M. Rivest (Jean-Talon) remplace M.
Goldbloom (D'Arcy McGee); M. Fallu (Terrebonne) remplace M. Guay (Taschereau);
Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. le Moignan (Gaspé), M. Vaugeois
(Trois-Rivières). Les intervenants: M. Beauséjour (Iberville), M.
Bertrand (Vanier), M. Brochu (Richmond), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M.
Laplante (Bourassa), M. Laurin (Bourget), M. Morin (Sauvé), M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier).
À la dernière séance, nous avions adopté
l'article 1. Nous en étions à l'article 2.
M. le ministre.
M. Vaugeois: J'ai besoin de quelques minutes.
M. Rivest: Aussi bien en profiter, M. le Président. En
relisant les notes de la première séance de la commission
parlementaire, j'ai constaté que malheureusement on avait oublié
de commenter les élections partielles; on peut peut-être le faire
ce matin.
M. Vaugeois: Non, j'aurais mieux que cela pour le
député de Jean-Talon. Il y a un article du Soleil qu'il pourrait
peut-être commenter.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. Rivest: Est-ce que c'est grave de dater par un projet?
Non.
M. Vaugeois: C'est grave. Je pense qu'il faut
décréter l'état d'urgence.
M. de Bellefeuille: ... à l'invitation du
député de Jean-Talon, je pense que nous devons féliciter
le Parti libéral du Québec d'avoir...
M. Vaugeois: Allez donc! Vous parlez mieux que moi.
M. de Bellefeuille: ... élu un bon péquiste dans le
comté de Maisonneuve.
M. Rivest: Mon cher, on a écrit des livres sur les
convertis du 20e siècle.
M. Brassard: Je ne sais pas s'il est bon, mais il est membre en
règle, M. le Président.
M. Rivest: Est-ce qu'il est encore en règle? M.
Brassard: Oui, jusqu'en 1980.
M. Rivest: Quelqu'un qui est en règle avec le PQ, est-ce
que c'est avantageux?
M. Brassard: Est-ce que l'article 1 avait été
adopté?
Dispositions générales (suite)
Le Président (M. Boucher): L'article 1 avait
été adopté...
M. Rivest: Non, pas de précipitation, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): ... avec un amendement;
à la suite du mot "aide", on ajoutait le mot "financière".
M. Le Moignan: Les définitions?
Le Président (M. Boucher): On avait suspendu les
définitions.
M. Le Moignan: Vous lirez l'article dans le Soleil d'hier; c'est
un très bel article.
M. Vaugeois: On peut montrer les définitions qu'on a
préparées.
M. Rivest: Là on donne une définition du ministre
que je trouve pour le moins...
M. Vaugeois: Je voudrais savoir si M. Noppen est membre du Parti
libéral.
M. Rivest: II faut le surveiller, il faut y voir de
près.
M. Vaugeois: Heureusement que les hôpitaux sont
fermés...
M. Rivest: M. le Président...
Une voix: M. le Président, il est
indéfinissable.
M. Rivest: Non, il en a une définition. Par la 138 ou la
20?
M. Vaugeois: Je suis venu par la 138. C'est une glace,
épouvantable. Je n'ai jamais vu cela. Presque tout le long...
Une voix: On parle de température.
M. Vaugeois: M. le Président, je vous remets une
proposition du nouvel article 1 pour donner des définitions. Je me rends
ainsi à une sugges-
tion faite par l'Opposition d'avoir une loi qui, au début,
définit quelques termes. Comme je l'ai rappelé la dernière
fois, dans les avant-projets de règlements qui ont circulé
d'ailleurs parmi les membres de cette commission et également dans les
milieux consultés, nous avions déjà des
définitions. Nous avons retenu les principales. Nos collaborateurs se
sont parlé et il semblerait que les définitions qui sont
proposées dans ce nouvel article 1 reprennent les thèmes
principaux qui pourraient être définis avec profit. Chacun des
membres a sa copie des règlements. Je propose qu'on les
considère, M. le Président...
M. Le Moignan: Ce serait sage de les intercaler à cet
endroit.
M. Vaugeois:... si tout le monde est d'accord.
M. Rivest: Je comprends que la définition du mot "aide"
pose au ministre des difficultés particulières.
M. Vaugeois: Ce n'est pas nécessaire de donner tous les
mots qui sont dans le dictionnaire. L'aide, c'est déjà au
dictionnaire.
M. Rivest: C'est parce que certains mots du dictionnaire que vous
avez utilisés dans votre projet de loi, ce sont ceux qui
m'intéressent en particulier.
M. Vaugeois: Si on dit l'article 1, qui va devenir l'article 2,
"l'aide financière", je pense qu'on n'a pas à définir
cela. De même que je ne vois pas la nécessité qu'on
définisse "financière".
M. Rivest: Non, non. J'aurais une remarque, toujours dans la
même veine, en espérant obtenir une réponse.
M. Vaugeois: Est-ce que les commentaires sur les élections
partielles sont terminés, M. le Président?
Le Président (M. Boucher): Non, on n'avait pas
commencé.
M. Le Moignan: Cela va venir au compte-gouttes.
M. Vaugeois: On serait aussi bien de régler cela une fois
pour toutes. D'après ce que j'ai pu lire dans les journaux, apparemment,
la candidate du Parti libéral dans Prévost aurait gagné,
même si elle avait porté l'étiquette péquiste. Dans
Maisonneuve, c'est un vote de protestation qui continue. Dans Beauce-Sud,
apparemment on a fait des gains remarquables. Au fond, c'est une victoire.
M. Le Moignan: On était convaincu de toutes ces
choses.
M. Rivest: Vous devriez communiquer avec M. Clark pour lui
fournir ce genre d'explications.
M. Brassard: On revient à la bonne vieille époque
des victoires morales.
M. Rivest: J'ai fait des calculs rapides et à ce
rythme-là avec les élections partielles, le Parti libéral
va être reporté au pouvoir le 19 mars 1991. Alors, que le ministre
prévoie en conséquence.
M. Vaugeois: Comment, on est pris jusqu'en 1991!
M. Rivest: Seulement sur les élections partielles.
M. Vaugeois: Ah! J'espère que les hôpitaux vont
ouvrir au plus vite.
Le Président (M. Boucher): Ceci étant dit, on peut
continuer.
M. Rivest: C'est fini déjà.
M. Vaugeois: Je pense toujours à M. Noppen.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que je peux vous
déranger?
M. Le Moignan: Le ministre serait-il indisposé?
M. Vaugeois: Peut-être à force de lire le
Soleil.
M. Rivest: Ah, une attaque basse contre la presse!
M. Vaugeois: Non, contre le Soleil. D'accord. Alors, je propose
l'article 1...
M. Rivest: Juste une question, avant que vous le lisiez.
Librairie, tel que défini, il ne risque pas d'y avoir des
problèmes avec les points de vente?
M. Vaugeois: Librairie n'est pas définie.
M. Rivest: Libraire, pardon, avec points de vente parce qu'ils ne
sont pas agréés?
M. Vaugeois: Un point de vente peut être admissible
à l'agrément comme libraire, s'il veut se définir comme
libraire et s'il veut se rendre admissible. On n'empêche personne de
vendre des jouets, de vendre des cigarettes. Cela dépend de l'importance
qu'il accorde à la vente des livres; c'est à lui de se
définir comme libraire.
M. Rivest: Le problème, c'est parce que vous dites: "Une
personne dont l'activité principale ou accessoire", ce qui pourrait
couvrir un point de vente. Dans les règlements, les points de vente sont
spécifiquement exclus.
M. Vaugeois: À ce moment, c'est un choix que le
commerçant fait. Par exemple, dans un grand magasin de Québec, il
peut avoir une
librairie si on se conforme pour une partie aux exigences de
l'agrément. Il n'y a rien d'incompatible là-dedans. Cela ne vous
gêne pas?
Des voix: Non, non.
M. Vaugeois: Au sens de la loi, tout au moins. Remarquez qu'on a
l'autre problème, à l'inverse. Il y a des gens qui se disent
libraires et qui ne vendent pas de livres.
Une voix: Est-ce qu'un tabagiste pourrait être
agréé?
M. Vaugeois: Oui, oui. Par ailleurs, il y a des libraires qui
peuvent ne pas être agréés parce qu'ils ne vendent pas de
livres. Il y a beaucoup de commerces qui portent le nom de "librairie" et qui
vendent si peu de livres qu'ils ne peuvent pas être
"agréables".
M. Rivest: Le ministre vivra avec sa définition!
M. Vaugeois: Moi, j'aurais préféré qu'on ne
le définisse pas au début de la loi. À partir du moment
où il faut des définitions, on est conscient qu'on n'aura pas des
définitions absolument impeccables, mais on peut très bien vivre
avec ces définitions.
Le Président (M. Boucher): Si j'ai bien compris, M. le
député de Jean-Talon, vous retirez votre amendement?
M. Rivest: Vous m'en demandez beaucoup. Oui.
Le Président (M. Boucher): La proposition de
définition du ministre devient l'article 1. Est-il adopté? Est-ce
que l'article 1, proposé par le ministre, est adopté?
M. Rivest: Est-ce qu'on l'a lu, M. le Président?
Le Président (M. Boucher): Le nouvel article 1, ce sont
les définitions.
M. Rivest: Même s'il est long, c'est pour les fins du
journal des Débats; les gens voudront peut-être savoir quelle a
été la dernière trouvaille du ministre.
M. Le Moignan: Quand ils recevront le projet de loi, ils vont le
lire. (10 h 30)
M. Vaugeois: L'article 1 : Dans la présente loi et les
règlements, à moins que le contexte n'indique un sens
différent, on entend par: 1. "contrôle": a) le droit de
propriété direct ou indirect en tant que véritable
propriétaire sur les titres d'une personne admissible à
l'agrément ou la maîtrise sur ces titres, que ce soit une action,
une obligation, une débenture ou un titre de créance; b) le
pouvoir de décision sur les titres d'une personne admissible à
l'agrément; c) un droit ou un pouvoir donnant à une personne,
à ses ayants droit ou à une personne liée à
celle-ci au sens de la Loi sur les impôts (L.R.Q., c.l-3), la
véritable propriété de la personne admissible, sa
maîtrise ou le contrôle effectif de l'administrateur ou des
activités, que ce droit ou ce pouvoir s'exerce par un contrat de gestion
ou autrement; 2. "distributeur": une personne, y compris un éditeur, un
commissionnaire ou un autre intermédiaire, dont l'activité
principale ou accessoire au Québec, à titre exclusif ou à
quelque autre titre, est le commerce, la diffusion ou le transport de livres
auprès d'une librairie ou d'un point de vente; 3. "éditeur": une
personne dont l'activité principale ou accessoire au Québec est
le choix et la production d'un manuscrit ou d'un texte sous forme de livre, sa
diffusion et sa mise en vente; 4. "libraire": une personne dont
l'activité principale ou accessoire est la vente au public de livres au
Québec; 5. "livre": a) les publications non périodiques
imprimées comptant au moins 48 pages de textes ou d'illustrations ou les
deux, pages de couverture non comprises, assemblées par quelque
procédé que ce soit; b)les publications non périodiques
imprimées qui sont des recueils de poésie comptant au moins 32
pages de textes ou d'illustrations ou les deux, pages de couverture non
comprises; c) les publications non périodiques imprimées,
destinées aux enfants, comptant au moins 16 pages de textes ou
d'illustrations, ou les deux, ou sous forme de bande dessinée avec ou
sans texte, sous couverture brochée ou cartonnée; d) les
publications non périodiques imprimées, présentées
sous forme de bande dessinée pour adultes, d'au moins 16 pages, avec
textes, sous couverture brochée ou cartonnée; e) les publications
non périodiques imprimées, traitant uniquement de musique,
brochées ou cartonnées, ainsi que les méthodes
instrumentales ou les partitions musicales, quel que soit le nombre de pages;
f) les publications en série, soit les publications conformes à
l'un des paragraphes a) à e) comprenant plusieurs parties ou des volumes
publiés successivement sous un titre commun durant une période
indéterminée mais non nécessairement à intervalles
réguliers; mais à l'exclusion du manuel scolaire."
Le Président (M. Boucher): Est-ce que ce nouvel article 1
est adopté?
M. Rivest: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. La
numérotation des articles pourra se faire à la fin.
M. Vaugeois: On se comprend bien, M. le Président.
Même si vous dites qu'on va numéroter correctement
après...
Le Président (M. Boucher): À la fin.
M. Vaugeois: ... l'article suivant a été
amendé, n'est-ce pas? Pour qu'on soit bien sûr, c'est devenu
"l'aide financière que peut accorder, suivant la loi..." D'accord.
M. Rivest: Financière n'est pas définie. Le
Président (M. Boucher): Article 2? M. Vaugeois: II n'y a
rien.
Le Président (M. Boucher): On en avait discuté
à la dernière réunion. On était sur le point de
l'adopter, je pense.
M. Rivest: L'article 2? M. le Président, étant
donné que le manuel scolaire est exclu de la portée de l'article
2, le ministre aurait-il objection à ce qu'on le précise dans
l'article et non seulement dans les règlements?
M. Vaugeois: Voulez-vous répéter cela?
M. Rivest: Le manuel scolaire ne fait pas l'objet de la
procédure d'agrément. Tel qu'on lit l'article 2, je pense qu'un
texte juridique doit dire ce qu'il entend dire et je comprends que l'exclusion
a été faite au niveau de la réglementation. J'ai ici un
amendement - je ne le présente pas formellement, je veux avoir l'opinion
du ministre afin d'exclure de la portée de l'article 2 le manuel
scolaire, c'est-à-dire en spéficiant qu'après le mot
"livres ", tel que mentionné dans l'article 2, on ajouterait tout
simplement les mots "autres que les manuels scolaires".
M. Vaugeois: Avec le jeu des définitions qu'on vient
d'accepter, on l'a exclu. On a défini livre" à l'exclusion du
manuel scolaire.
M. Rivest: Oui, d'accord. La même disposition irait-elle
pour ce qui est des institutions universitaires? Je pourrais avoir un
amendement qui ajouterait, après le mot "annexe", les mots "à
l'exclusion des institutions universitaires, de leurs écoles, de leurs
instituts et de leurs constituantes".
M. Vaugeois: Oui. Remarquez que c'est notre intention d'exclure
les universités, à moins que les universités ne souhaitent
être touchées par la loi.
Comme il reste encore beaucoup de choses à venir pour
l'application de cette loi, je ne voudrais pas que dans la loi même on
les ait exclues parce qu'elles ont manifesté, pour l'instant, le
désir d'être exclues; mais elles ne savaient pas, à ce
moment-là, ce qui allait accompagner la loi en termes de programmes. Si,
parce qu'elles ont été réticentes dans un premier temps,
nous les excluons, ce serait compliqué de revenir sur cette
décision après. Au niveau des règlements, c'est
évidemment plus facile et cela ne veut pas dire qu'on va le faire en
cachette. On a une procédure nouvelle pour modifier les
règlements.
Je dois rappeler là-dessus qu'au niveau des bibliothèques
publiques, on a rendu publique une proposition d'aide au développement
qui chemine actuellement à l'intérieur du gouvernement pour
recevoir les approbations officielles.
Dans le cas du réseau scolaire j'inclus les
universités on est moins avancé parce que c'est lié
à la revue de programmes. Mais on s'en vient et je pense que l'adjoint
parlementaire du ministre de l'Education pourra d'ailleurs nous en donner une
petite idée sans nécessairement dévoiler ce qui est dans
la revue de programmes. Il reste qu'on est en train de procéder à
une révision très systématique des budgets d'acquisition
pour les bibliothèques scolaires. Ce sera nouveau et passablement
intéressant. Quand ce sera connu, je me demande si les
universités ne voudront pas en être également. J'aimerais
que l'adjoint parlementaire du ministre de l'Education commente cet
aspect-là.
M. Fallu: Je dirai simplement deux choses, dans deux directions
différentes. Quand on regarde les budgets d'acquisition dans le domaine
scolaire depuis 1970 ou 1971, on s'aperçoit que les budgets ont
été très considérables parce qu'il y a eu beaucoup
de budgets de rattrapage, notamment dans les CEGEP et dans les polyvalentes.
Les universités avaient déjà fait du rattrapage assez
massif à la fin des années soixante et au tout début des
années soixante-dix. Notamment, le Conseil des arts avait
été d'une générosité assez
considérable. Puis, on a donc eu cette chute des achats dans les
polyvalentes puisque ces plans de redressement étaient faits. Toutefois,
les budgets continuaient, mais on arrive à un second problème:
c'est celui de la non-utilisation des budgets dans les commissions scolaires.
Les budgets sont alloués per capita et on sait fort bien que je
ne voudrais pas dire de grossièretés une grande partie de
ces budgets ne sont pas consacrés à l'achat de volumes, ou que
l'utilisation de ces fonds n'est pas faite en vue d'entretenir ou d'utiliser la
bibliothèque à bon escient.
Donc, le plan d'action, d'une part, va prévoir une relance des
outils pédagogiques dont fait partie la bibliothèque et,
également, on va lancer un nouveau programme du fait que les
commissions scolaires étaient peut-être vraiment coincées,
c'est peut-être pour cela qu'elles ont utilisé ainsi ces fonds
d'un certain nombre de millions de dollars, dès que le Conseil du
trésor les aura approuvés, dans le paysage pour qu'on puisse
vraiment utiliser des montants importants pour l'acquisition de livres dans nos
bibliothèques scolaires.
M. Vaugeois: Vous nous permettrez peut-être, M. le
Président, qu'on ajoute que les universités ont à faire
face à des problèmes multiples à cet égard;
d'abord, leurs budgets d'acquisition ont littéralement fondu ces
dernières années; leurs budgets de fonctionnement se ressentent,
bien sûr, de l'augmentation de certaines charges comme les salaires, par
exemple, et le personnel s'est maintenu à un niveau tel que dans une
université comme celle de Montréal, il en coûte
facilement $100 pour acheter un livre et cela, en dehors du prix du
livre. Alors, on fait face, dans ces institutions, à des
problèmes absolument effarants. Il n'est pas dit que notre
révision des budgets d'acquisition, comme vient de le dire le
député de Terrebonne, ne les amènera pas à vouloir
se coller sur nos programmes.
M. Fallu: Ajoutons à cela d'ailleurs que les
universités vivent peut-être un peu en vase clos, au moment des
achats. Elles se sont bâti de petits empires dans chacune des
universités, notamment pour la recherche, le catalogage, etc. on
ne veut quand même pas porter de jugement, ce sont des résultats
historiques alors qu'à l'élémentaire et au
secondaire, les bibliothèques - même celles de CEGEP ont
bénéficié de la centrale des bibliothèques comme
ressource considérable pour non seulement le procédé
d'achat mais également le procédé de catalogage. Ce qui
fait qu'il en coûte trois fois moins cher à un CEGEP ou à
une institution secondaire pour acheter un volume et le mettre sur sa tablette,
qu'au niveau universitaire, même beaucoup moins que trois fois moins
cher. Dans les revues de programmes, dans les nouvelles orientations qu'on est
en train de prendre au ministère de l'Education, on est en train de
regarder aussi comment stimuler davantage la Centrale des bibliothèques
du fait de l'accroissement, entre autres, des achats dans les
municipalités, du fait de l'accroissement des achats dans les CEGEP,
dans les polyvalentes. Il faut aider également la Centrale des
bibliothèques à mieux jouer un rôle d'appui à partir
de maintenant.
M. Rivest: D'accord. M. Vaugeois: Cela va?
M. Fallu: Je vous signalerai, entre autres, qu'à la
Centrale des bibliothèques, les gens étaient mal
payés.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Vaugeois: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article 3.
M. Vaugeois: Cela ne devrait pas faire de problèmes, M. le
Président.
M. Rivest: Vous pensez cela? Moi aussi. Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article 4.
M. Vaugeois: J'ai une nouvelle rédaction à vous
proposer, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): L'article 4 du projet de loi no
51 est remplacé par le suivant: "Toute personne qui fait la distribution
de livres au Québec doit, aux fins d'un calcul de leur prix de vente, se
conformer aux remises et tabelles déterminées par
règlement du gouvernement."
Cela ne change pas la rédaction qu'on avait sous les yeux, mais
cela clarifie, c'est plus précis. Cela répond aussi à une
inquiétude qui s'est manifestée lors de la présentation
des mémoires, car les éditeurs québécois
craignaient que, par un biais ou par un autre, on n'en arrive à fixer le
prix de vente de leurs livres. Cet article de la loi ne permet pas d'en arriver
à des prix conseillés par le gouvernement qui, après avoir
scruté attentivement le coût de fabrication, pourrait dire: Ce
livre devra se vendre tel prix. Il n'est pas question de cela. Evidemment,
lorsque nous parlons de tabelles, nous visons le livre importé. (10 h
45)
M. Rivest: Justement, là-dessus, comme, je pense, les
distributeurs l'avaient suggéré, ne serait-il pas
préférable de le dire dans l'article qu'on vise les livres
importés?
M. Vaugeois: On ne peut pas parler de ta-belle pour les livres
d'ici. Le terme "tabelle" ne peut s'appliquer qu'à un livre dont le prix
est d'abord fixé en monnaie étrangère. D'ailleurs, je peux
vous dire je pense qu'on peut dire cela en commission parlementaire
qu'en vue de l'application de ce projet de loi il y a des pourparlers
qui se poursuivent avec l'association des distributeurs. Alors qu'au
départ on considérait comme très complexe, très
difficile d'aboutir à des ententes, on y arrive maintenant assez
rapidement. Les pourparlers avec l'association des distributeurs vont bon
train. On a déjà établi, par exemple, une tabelle maximale
qui pourrait être appliquée pour tous les livres. Dès les
premières rencontres, l'association propose des tabelles maximales.
Cela va être très intéressant pour nos distributeurs
et pour le public en général parce que, pour la première
fois, à ma connaissance et je pense que cela ne s'était
jamais fait on en vient à remettre en question les remises
consenties par les éditeurs français à nos distributeurs.
Comme les distributeurs au Québec avaient la possibilité avec les
anciennes lois de marquer les livres au prix qu'ils voulaient et, donc, de
prendre les pourcentages qu'ils voulaient, on se préoccupait peu du prix
qu'on payait les livres, parce qu'on le multipliait comme on voulait. Avec ces
nouvelles dispositions, le distributeur a tout intérêt à
négocier une bonne remise de son éditeur français. Il y en
a qui le faisaient. Il y en a qui, apparemment, ne le faisaient pas, ce qui est
un peu étonnant. Il semblerait que finalement on voulait tellement tel
fonds qu'on ne négociait pas vraiment des remises intéressantes.
Cela pourrait expliquer, d'ailleurs, une certaine nervosité qu'on a
sentie en France ou en Belgique. C'est que les éditeurs français
ont compris que leurs distributeurs au Québec seraient peut-être
un petit peu plus attentifs aux remises consenties.
M. Rivest: Est-ce que le ministre a également
réfléchi à la remarque des distributeurs au sujet de la
possibilité que les règlements s'appliquent aux commissaires en
chambre qui font la distribution postale et qui sont en dehors des circuits de
distribution?
M. Vaugeois: Les clubs de livres, toutes les commandes par la
poste, les librairies postales sont exclus par règlement.
M. Rivest: Par les règlements, donc.
M. Vaugeois: Si on regarde les conditions d'admissibilité
avec une place de vente dans un endroit d'affaires, cela exclut automatiquement
ces gens qui sont dans des endroits non commerciaux où ils peuvent ne
fonctionner que par la poste.
M. Rivest: Enfin là-dessus, je ne sais pas si le
ministre a demandé à ses conseillers juridiques des avis
les distributeurs avaient soulevé un point au titre de la
constitutionnalité de l'article 4, dans le sens qu'il s'agit d'une
intervention de la Législature du Québec dans le domaine d'un
commerce qui déborde les frontières de la province, étant
donné que ce sont des livres importés, que c'est du commerce
international, donc qui ressort de la juridiction de l'autorité
fédérale. Est-ce que le ministre a pris quelque précaution
juridique que ce soit à ce titre?
M. Vaugeois: Effectivement, cela a été
revérifié. Une des explications ou un des commentaires qu'on m'a
faits j'en donne lecture c'est qu'on insiste sur la remarque
suivante: Le mode de calcul du prix de vente ne consiste ni à fixer le
prix de vente, ni à limiter la circulation des biens, ni à
restreindre les pratiques commerciales, mais à déterminer les
remises et tabelles servant à calculer le prix de vente. Il semble bien
que d'aucune façon on ne puisse être gêné par cette
intervention ici.
M. Rivest: Alors, dans la mesure où le ministre a pris
ses...
Le Président (M. Boucher): Amendement à l'article
4, adopté. L'article 4 est adopté tel qu'amendé.
Conseil consultatif de la lecture et du livre
Article 5.
M. Vaugeois: M. le Président, même si nous nous
apprêtons un peu plus loin à modifier passablement le rôle
du Conseil consultatif de la lecture et du livre, nous ne croyons pas
nécessaire de modifier sa composition.
Je me permettrai un petit commentaire, peut-être, pendant que
l'Opposition fouille dans ses papiers. Je crois que cela va être une
amélioration assez intéressante que de faire évoluer le
comité consultatif de l'ancienne loi vers ce conseil élargi, avec
une préoccupation non seulement de commercialisation du livre, mais
également une préoccupation de soutien et de développement
de la lecture. Les bibliothécaires en particulier et sans doute les
auteurs vont se sentir beaucoup plus à l'aise dans ce nouveau
conseil.
M. Rivest: II n'y a pas, dans la constitution du conseil, de
précision dans le projet de loi quant à la possibilité ou
enfin quant au partage, si vous voulez, des places entres les éditeurs,
les libraires, etc. Est-ce que ce serait trop alourdir le texte? Je comprends
que le ministre veut essayer sans doute d'établir un juste
équilibre entre les différents intervenants, mais au moins est-ce
qu'il peut donner cette assurance?
M. Vaugeois: Bien sûr. D'ailleurs, pour qu'un conseil comme
cela soit efficace, il faut qu'il existe une espèce de consensus quant
à sa composition. Si le conseil recevait une participation
disproportionnée d'un secteur par rapport à un autre, il n'aurait
plus tellement son sens. La composition d'un tel conseil doit être
menée à partir de consultations très serrées. C'est
là qu'il prend sa crédibilité.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 6.
M. Vaugeois: Là aussi, M. le Président, pour nous,
c'est tel que présenté. Cela touche le mandat des membres du
conseil.
M. Rivest: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 7. Il y
a un amendement.
M. Vaugeois: Oui. Là, c'est un véritable
amendement. Je vais le lire d'abord. "Le conseil a pour fonctions de donner son
avis et de soumettre des recommandations au ministre, à la demande de ce
dernier ou de sa propre initiative, sur toute question relative à la
lecture, au livre et à l'application de la présente loi et des
règlements. "Le ministre soumet à l'avis du conseil les projets
de règlement visés dans la présente loi. "Le conseil peut,
dans l'exercice de ses fonctions: 1° solliciter des opinions, recevoir et
entendre les requêtes et suggestions des individus et groupes sur toute
question concernant les projets de règlement, la lecture et le livre;
2° faire effectuer les études et les recherches jugées utiles
ou nécessaires à l'accomplissement de ces tâches. "Le
ministre dépose l'avis du conseil concernant les projets de
règlement devant l'Assemblée
nationale dans les trente jours de sa réception par le ministre."
Je bifferais les mots "par le ministre" ici.
M. Rivest: Pourquoi?
M. Vaugeois: C'est une redondance, je pense.
M. Rivest: Le ministre est redondant?
M. Vaugeois: Oui. "Le ministre dépose l'avis du conseil
concernant les projets de règlement devant l'Assemblée nationale
dans les trente jours de sa réception si elle est en session, sinon le
dépôt se fait dans les trente jours de l'ouverture de la session
suivante ou, selon le cas, dans les quinze jours de la reprise de ses
travaux."
Si vous me le permettez, M. le Président, j'aimerais rappeler
encore une fois l'esprit de ce nouvel article 7. On nous avait fait remarquer,
en commission parlementaire, au moment de la réception des
mémoires et je pense que c'est une préoccupation que
partageait l'Opposition et qui a été la mienne aussi que
comme nous sommes face à une loi qui a l'allure d'une loi-cadre
c'est plutôt une loi-cadre et qu'il n'est pas possible ni
souhaitable de l'alourdir, comme les règlements prennent une certaine
importance et qu'ils peuvent être modifiés sans, bien sûr,
l'avis des membres de l'Assemblée nationale, sans que l'Assemblée
nationale en soit saisie, nous avons cru opportun de faire jouer un rôle
accru au conseil. Ce que précise cette nouvelle rédaction, c'est
d'abord que les premiers règlements seront soumis à l'attention
du conseil; donc, on ne pourra pas les compléter à notre guise.
La rédaction finale des règlements sera proposée au
conseil et, si nécessaire, le conseil pourra décider, de sa
propre initiative, d'entendre à nouveau les gens de la profession, les
milieux concernés.
Dans le cas contraire, à supposer que les projets de
règlements restent à peu près substantiellement ce qu'on a
déjà présenté au milieu concerné, toute
modification à ces règlements qui pourrait être
proposée par le ministre ou ses fonctionnaires pourra faire l'objet
d'une consultation. L'avis du conseil sera rendu public par le ministre
lui-même dans des délais raisonnables. Je pense qu'il ne convient
pas d'alourdir les travaux de l'Assemblée nationale, mais il s'agit
quand même de s'assurer que des règlements qui ont cette
importance ne puissent pas être modifiés sans recourir à
des audiences publiques et sans en saisir les milieux concernés pour
qu'ils puissent s'exprimer.
M. Le Moignan: Ce qui veut dire que le ministre devra les
déposer, s'il y a des changements, au conseil d'abord avant que l'avis
ne soit donné à l'Assemblée nationale.
M. Vaugeois: Oui et ce serait au Conseil de juger, en faisant des
consultations ou de sa propre initiative, s'il y a lieu d'entendre des gens, de
demander des délais, etc. C'est une procédure qui nous vient un
peu de l'expérience vécue avec la Loi sur les biens culturels
où nous avons donné à la Commission des biens culturels un
peu ce rôle maintenant, et ça fonctionne bien.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, bien sûr, on va endosser
les remarques du ministre, tout en signalant au passage qu'il est quand
même regrettable qu'un tel Conseil de la lecture et du livre soit
constitué à l'intérieur d'un projet de loi qui a des
ambitions beaucoup plus limitées, dans la mesure où il s'inscrit
uniquement dans la perspective de la dimension commerciale du livre; le projet
de loi porte là-dessus. On aurait préféré, comme on
l'a signalé, que ça s'inscrive dans un autre cadre qui serait
celui de l'élaboration d'une politique du livre et de la lecture. Par
contre, autant commencer par un commencement, et c'en est un. Dans ce sens, je
pense que ça peut être extrêmement utile au ministre,
l'activité de ce conseil, éventuellement dans
l'élaboration de sa politique du livre et de la lecture.
Deuxièmement, on doit se réjouir qu'étant
donné le poids considérable que comporte, dans le cadre de cette
loi, le pouvoir réglementaire je pense que c'est l'intention du
ministre, au titre de la nouvelle rédaction qu'il propose à
l'article 7 l'exercice de ce pouvoir réglementaire fasse l'objet
d'une consultation ou d'une recherche d'expertise de la part des gens du
milieu. À ce titre, certainement que l'amendement du ministre
répond aux demandes de nombreux intervenants au niveau de la commission
parlementaire; à celles-là mêmes aussi qu'on a pu faire du
côté de l'Opposition quant aux inquiétudes qu'on avait au
niveau du pouvoir réglementaire et, en particulier, à celles du
député de Gaspé, qui en a fait son cheval de bataille.
M. Vaugeois: M. le Président, pendant que le
député de Gaspé mûrit son intervention, je rappelle
au député de Jean-Talon que, pour nous, ce projet de loi n'a de
sens que dans la mesure où nos autres programmes prennent forme. Je
pense à un programme d'aide au développement des
bibliothèques publiques, dont l'essentiel est déjà connu,
parce que nous l'avons présenté, sous forme d'hypothèse,
mais c'est tout de même une hypothèse qui a toutes les chances de
trouver sa confirmation dans les programmes de 1980. Il y a également
notre intervention au niveau des budgets d'acquisition en milieu scolaire, pour
les bibliothèques scolaires. Là, je pense qu'on vient de franchir
une étape drôlement importante. D'ailleurs déjà les
effets se font sentir. À Boucherville on précise un projet de
bibliothèque; le maire de Québec, hier, rendait public son projet
de bibliothèque à Québec; les projets se précisent
du côté de Montréal. J'avais une communication, ces jours
derniers, avec le maire de Charlesbourg qui me disait qu'il terminait une
consultation auprès de sa population; 85% des gens de Charlesbourg
sou-
haitent avoir une bibliothèque et 75% des gens disent qu'ils sont
prêts à payer quelque chose de supplémentaire pour avoir
une bibliothèque.
M. Rivest: J'ai lu ça dans le Soleil, un excellent journal
que le ministre connaît bien.
M. Fallu: Je voudrais ajouter Blainville, Boisbriand, Lorraine,
Rosemère... (11 heures)
M. Vaugeois: Est-ce dans votre comté, par hasard?
M. Fallu: Dans le comté de Terrebonne. M. Vaugeois:
Oui, mais...
M. Rivest: N'est-ce pas dans le comté de Prévost?
Non?
M. Fallu: Prévost fut jadis dans le comté de
Terrebonne.
M. Vaugeois: Je pense que le député de
Jean-Talon...
M. Rivest: Vous avez l'air de le regretter.
M. Vaugeois: ... connaît mieux les limites de
Beauce-Sud.
M. Rivest: Oui, effectivement. Et je dois dire que les
inquiétudes qu'a soulevées ce projet, justement, se sont
répercutées dans Beauce-Sud.
M. Vaugeois: Dans Beauce-Sud.
M. Rivest: Dans votre exégèse des causes de votre
déconfiture, vous verrez ce projet de loi.
M. Vaugeois: Dans Beauce-Sud.
M. Rivest: Par contre, j'aurais dû être honnête
et, si le ministre m'avait transmis ses amendements avant, je suis sûr
que cela aurait amélioré la performance du candidat
péquiste de Beauce-Sud, parce que le ministre améliore
considérablement ce projet de loi.
M. Vaugeois: Merci, M. le député de Jean-Talon.
M. Le Moignan: Je pense qu'il faut admirer au moins la souplesse
du ministre qui a tenu compte de nos revendications surtout en deuxième
lecture.
M. Rivest: Est-ce qu'on doit nous féliciter ou le
féliciter?
M. Le Moignan: Non. Il est tellement souple que ce serait
peut-être bon de le féliciter.
M. Vaugeois: J'en suis heureux!
M. Le Moignan: Non, non. Ce ne sont pas tous les ministres qui
ont la même souplesse. C'est pour cette raison que c'est important de le
souligner.
M. Vaugeois: Le député de Gaspé
accepterait-il de parler avec M. Noppen?
M. Le Moignan: Je n'ai pas encore lu l'article. Le Soleil arrive
en retard chez nous.
Le Président (M. Boucher): L'amendement à l'article
7 est-il adopté?
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): L'article 7 est adopté
tel qu'amendé. Article 8?
M. Vaugeois: L'article 8, c'est la même
rédaction.
Le Président (M. Boucher): Article 8, adopté,
article 9?
M. Vaugeois: Insistez-vous pour parler de votre proposition
d'amendement, M. le député de Jean-Talon?
M. Rivest: Oui.
M. Vaugeois: Oui, c'est très bon. Je trouve cela
très bon. Si vous voulez donner lecture de votre nouvel article.
M. Rivest: M. le Président, je propose que l'article 9
soit modifié en remplaçant dans la deuxième ligne les mots
"aux délibérations" par les mots "à toute
délibération et à toute décision". C'est simplement
une précision qui couvre davantage l'objet du projet de loi
d'éviter les conflits d'intérêts.
M. Vaugeois: On l'a dit comme cela pour la loi de la SODIC?
M. Rivest: Oui.
M. Vaugeois: Oui?
M. Rivest: Oui. C'est le même texte.
Le Président (M. Boucher): L'amendement du
député de Jean-Talon est-il adopté?
M. Vaugeois: C'est bon, M. le Président. Le
Président (M. Boucher): Adopté? M. Le Moignan:
Oui.
M. Rivest: Là-dessus, il y a une inquiétude que
j'ai non pas en tant que professionnel du commerce du livre, mais j'ai
trouvé, lors des
auditions, que beaucoup de personnes et cela s'appliquait
peut-être aussi au niveau de l'article 5 changeaient
allègrement de chapeau au fil des mémoires. Tantôt, ils
parlaient comme éditeurs, tantôt comme libraires, tantôt
comme distributeurs. Je signale cela ici. Je ne sais si cela a pu avoir quelque
résonance dans le cadre de l'article 9 au titre de
l'intérêt personnel qui est beaucoup plus un intérêt
financier qu'autre chose. Egalement, dans la composition du conseil
consultatif, il faudra bien s'assurer que les gens qui représentent les
libraires soient de véritables libraires parce que ces gens sont d'une
mobilité absolument remarquable.
M. Vaugeois: Ce sont des entreprises qui sont
intégrées à la verticale.
M. Rivest: Oui et elles s'étirent allègrement
à l'horizontale.
M. Vaugeois: Vous avez raison. On trouve la même chose du
côté du cinéma et dans d'autres domaines, à
l'université même.
M. Rivest: Oui?
Le Président (M. Boucher): L'article 9 est-il
adopté tel qu'amendé?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 10?
M. Le Moignan: J'aurais un amendement à proposer, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Gaspé.
M. Le Moignan: Le ministre a peut-être quelque chose
à ajouter avant?
M. Vaugeois: Non, cela va. Est-ce qu'on l'a, votre
amendement?
M. Le Moignan: Oui, il s'en vient. Il est en route.
Le Président (M. Boucher): Pourriez-vous nous faire
parvenir l'original?
M. Le Moignan: Si on prend l'article 10, il s'agit ici de
l'autonomie du Conseil consultatif de la lecture et du livre. Ce que nous
voulons suggérer, c'est de biffer le dernier paragraphe parce
qu'à ce moment-là on se demande quel est le rôle du
ministre dans la régie interne de ce comité consultatif. "Tout
règlement visé dans le premier alinéa entre en vigueur
dès son approbation par le ministre." S'agit-il d'une
délégation du pouvoir du conseil?
M. Vaugeois: D'accord.
M. Le Moignan: Je pense qu'on pourrait simplement biffer cet
article.
M. Vaugeois: Oui. Est-ce que le député me
permet?
M. Le Moignan: Oui.
M. Vaugeois: Je comprends l'intention du député de
Gaspé, sauf que si le dernier paragraphe n'y était pas, on
pourrait avoir un problème de taille. On ne peut créer des
comités sans s'assurer qu'ils puissent fonctionner. Il y a donc
là une implication budgétaire et c'est là qu'il est
nécessaire de faire intervenir le ministre.
M. Le Moignan: Ce qui n'est peut-être pas clair dans votre
article, c'est surtout l'aspect budgétaire.
M. Vaugeois: C'est cela. À un moment donné, quand
cela coûte de l'argent, le ministre est obligé de l'autoriser et
il a lui-même besoin des autorisations, comme on dit, dans notre jargon,
du lieutenant-gouverneur, pour la loi et, évidemment, de
compatibilité avec son budget pour autoriser des nouveaux
comités. Sauf que tout cela est public; c'est là
l'intérêt de la nouvelle formule.
M. Rivest: D'ailleurs, je pense que c'est la formule usuelle qui
est utilisée dans les projets de loi qui créent des organismes
analogues à celui du conseil consultatif.
M. Le Moignan: Si le ministre a raison, M. le Président,
ainsi que les autres membres, je suis forcé de m'incliner.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous retirez votre
amendement?
M. Le Moignan: Oui, je ne tiens pas à faire une bataille
pour le plaisir de la chose si...
M. Rivest: II n'y a pas de mal à...
Le Président (M. Boucher): Plutôt que de...
M. Le Moignan:... c'est plus sage de le retirer.
Le Président (M. Boucher):... prendre le vote.
M. Rivest: On pourrait peut-être prendre le vote
enregistré, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Vous voulez un vote
enregistré?
M. Rivest: Ce serait le temps, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): J'ai compris que le
député de Gaspé n'exigeait pas le vote.
M. Le Moignan: Non, étant donné que nous sommes
minoritaires dans le moment.
Le Président (M. Boucher): L'article 10 est-il
adopté?
M. Brassard: Vous voulez attendre à un autre moment?
M. Le Moignan: Une autre séance.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
M. Vaugeois: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Boucher): L'article 11? M. Rivest:
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
12?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
13?
M. Le Moignan: Ils ne sont pas
rémunérés.
M. Rivest: L'article 13?
Le Président (M. Boucher): Oui.
M. Rivest: Pourquoi le président n'est-il pas
rémunéré alors que, dans les autres organismes du genre,
il l'est?
M. Vaugeois: Est-ce qu'il l'est toujours? Par exemple, je vais
avoir à nommer un nouveau président à Radio-Québec.
Non.
M. Rivest: Non?
M. Vaugeois: Pas le président. C'est la même
formule. Il y a des allocations de présence. Je serais curieux de
vérifier dans le cas du président de l'Institut
québécois du cinéma. D'après moi, ce sont des
allocations de présence aussi.
M. Rivest: C'est une bonne chose qu'il soit sur le même
pied.
M. Vaugeois: Donc, que les autres ne soient pas
nécessairement rémunérés.
M. Rivest: C'est cela. Donc, il ne le sera pas.
Une voix: II y en a qui le sont et d'autres qui ne le sont
pas.
M. Le Moignan: II va être moins zélé.
M. Rivest: Oui.
Une voix: Pas nécessairement.
M. Rivest: Vous allez trouver des volontaires facilement?
M. Vaugeois: C'est tellement intéressant, M. le
Président! Écoutez! S'associer au développement de la
lecture dans un pays donné, c'est passionnant.
M. Le Moignan: Tout le monde désire ce
poste-là.
M. Rivest: Oui, des candidats défaits...
Le Président (M. Boucher): L'article 13 est-il
adopté?
M. Vaugeois: Est-ce que je peux rappeler au député
de Jean-Talon que j'ai déjà été président de
ce comité? J'ai passé mon tour.
M. Le Moignan: Est-ce que cela fonctionnait bien?
M. Vaugeois: C'était pas mal. J'avais été
nommé par un ministre libéral.
M. Rivest: Est-ce que cela était trop payant? C'est pour
cette raison que vous l'avez rendu à titre...
M. Vaugeois: Je n'ai jamais touché un sou, M. le
Président.
M. Rivest: Non?
M. Vaugeois: Non.
M. Rivest: Non, certain?
M. Vaugeois: Même pas d'allocations de présence.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
14?
Délivrance de l'agrément
M. Vaugeois: II ne nous est venu aucune proposition
d'amendement.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Un instant.
M. Vaugeois: Mon collègue de Terrebonne, qui a
frayé avec les Belges et les Français, cela va?
M. Fallu: Ces Belges qui nous avaient promis de longues
épîtres qui ne nous sont jamais parvenues.
M. Rivest: M. le ministre, justement, vous savez qu'au sein de
l'Agence de coopération culturelle et technique, il y a, semble-t-il, un
document qui se promène allègrement probablement pas rendu
encore entre les mains de notre ami, M. Dan DicKo qui concerne le
commerce du livre et, entre autres, tout le problè-
me du livre français, du livre belge au Québec et dans
l'ensemble de la communauté francophone. On devait effectivement, comme
le signale le député de Terrebonne, nous faire parvenir ce
document qui est entre les mains des instances de l'agence de
coopération. Il faudrait bien que les représentants du
Québec au sein de l'agence de coopération s'informent de ce
dossier parce que ce serait très important.
M. Fallu: Si M. le député de Jean-Talon me le
permet, j'aimerais rectifier ce dont il s'agit. Je ne crois pas qu'il s'agisse
d'un document de l'Agence de coopération culturelle et technique mais
plutôt d'une résolution qui émane de la réunion
générale annuelle de l'AIPLF à Libreville à
l'automne 1978. Je pense que c'est de cela dont il s'agirait plutôt que
d'un document circulant à l'intérieur de l'agence. Ce qui circule
à l'intérieur de l'agence, ce sont des ententes, d'ailleurs, qui
existent déjà relativement aux livres scientifiques, aux manuels
scolaires de niveau universitaire, avec toute une série d'accords
relatifs à des réductions accordées aux étudiants
universitaires, soit dit en passant.
M. Vaugeois: II y a beaucoup de choses pour les livres techniques
aussi.
M. Fallu: Oui.
M. Rivest: C'est exact, mais ce serait peut-être
intéressant que le ministre puisse, avec son projet de loi, étant
donné tout ce que cela a soulevé dans le monde du livre, faire en
sorte que les décisions ou les initiatives de l'agence... à tout
le moins que le Québec fasse des représentations qui soient
conformes à son projet de loi, parce que cela risque, à un moment
donné, de causer certains petits problèmes.
M. Fallu: J'aimerais d'ailleurs, M. le Président, me
solidariser avec mon collègue de Jean-Talon. Du fait que nous sommes
tous les deux membres de l'exécutif de la section AIPLF nous nous sommes
entendus pour faire pression sur ce que nous appelons en langage
châtié "nos exécutifs respectifs" en l'occurrence,
il s'agit du Conseil des ministres du Québec pour promouvoir au
fond la mise en oeuvre des ententes sur lesquelles les parlementaires de
Parlement à Parlement se sont entendus dans le domaine du livre. Il
faudrait peut-être, mais dans d'autres circonstances sans doute, cher
collègue si vous permettez que je l'appelle ainsi, M. le
Président faire parvenir nos remarques au ministre des Affaires
culturelles.
M. Vaugeois: D'ailleurs, on est servi par les circonstances parce
qu'on a comme délégué général à
Bruxelles l'ancien secrétaire général de l'agence et comme
délégué général à Paris un ancien
représentant du gouvernement du Québec à l'agence. Je
pense que le deuxième a siégé au moins pendant quatre
ans...
M. Rivest: Son nom déjà?
M. Vaugeois: ... au conseil d'administration. C'est un ancien
député libéral, M. Michaud.
M. Le Moignan: Ce n'est pas une nouvelle.
M. Vaugeois: Tous les deux sont en contact avec l'agence et en
correspondance avec nous.
M. Rivest: M. Michaud? M. Le Moignan: II a bien dit ancien
libéral. M. Vaugeois: Ancien député libéral.
Une voix: Ancien candidat péquiste.
M. Le Moignan: Est-ce qu'il a encore sa carte de membre du Parti
libéral?
M. Rivest: Probablement. Une voix: Ils les donnent,
eux.
M. Rivest: Ce n'est pas particulièrement M. Michaud, mais
il y a quelqu'un au gouvernement qui m'a déjà dit que sa devise
n'était pas "Je me souviens", mais "On ne sait jamais".
M. Vaugeois: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Article 14, adopté.
M. Rivest: À l'article 14, sur les normes et conditions
je comprends que dans le règlement il y en a certaines ce
n'est pas utile d'en mentionner quelques-unes parce que la seule que vous
retenez est celle de la propriété, n'est-ce pas?
M. Vaugeois: À toutes fins utiles. C'est la principale. Il
y en a d'autres.
M. Rivest: La principale? Je ne l'avais pas remarqué.
M. Vaugeois: II y aura l'adresse et autre chose.
M. Le Moignan: Ce n'est pas indiqué.
M. Vaugeois: On y vient tout de suite avec l'article 15, M. le
Président. (11 h 15)
M. Rivest: On est à l'article 15, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): 14. M. Rivest: 14
encore, oui.
Le Président (M. Boucher): L'article 14 est-il
adopté?
M. Vaugeois: Article 14, adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 15?
M. Vaugeois: II faut se le dire, M. le Président, c'est un
des articles les plus importants du projet de loi. Pour nous, cet article est
venu à la suite de nombreuses consultations et après avoir revu
les innombrables mémoires qui ont été adressés aux
différents ministres des Affaires culturelles au cours des
dernières années. Je pense qu'on rejoint là, d'ailleurs,
des intentions des gouvernements précédents. Le gouvernement de
l'Union Nationale y a déjà songé, le gouvernement
libéral y a déjà songé et je pense que c'est tout
simplement un signe des temps. Tout a évolué de telle
façon qu'aujourd'hui une telle disposition est non seulement encore
souhaitée, mais devient maintenant possible. L'élément le
plus nouveau, il faut peut-être le dire, c'est notre proposition de
soustraire le manuel scolaire à l'application de la présente loi,
ce qui fait que nos partenaires étrangers se rallient à cette
disposition. J'admets que, si nous avions maintenu des exigences pour
l'ensemble du livre comprenant le manuel scolaire, cela aurait peut-être
été un petit peu odieux ou un peu irréaliste. Mais en
excluant les manuels scolaires et en réservant la portée de cette
loi pour le secteur des bibliothèques publiques et des
bibliothèques scolaires, cela change passablement les choses et chacun
s'est mis d'accord à quelques exceptions près. Il y a
peut-être une entreprise qui a fait valoir des points de vue
différents, mais à laquelle nous donnerons un délai
suffisant pour s'ajuster. Si on tient à en parler, je peux être
plus explicite là-dessus; sinon, je n'insiste pas.
M. Le Moignan: Je voudrais demander une précision au
ministre. On dit: "Une personne physique est admissible à
l'agrément si elle est de citoyenneté canadienne et
domiciliée au Québec." Supposons un professeur de
citoyenneté française ou belge qui déjà participe;
est-ce que cela entre dans le cadre de cet article ou si on le trouve plus
loin?
M. Vaugeois: Cela viendra quelque part. On a prévu cela.
Je ne me rappelle plus à quel article. C'est prévu dans les
règlements. Un professeur français pourrait siéger
à un conseil d'administration.
M. Le Moignan: Si c'est un Français ou un autre, c'est
prévu.
M. Vaugeois: C'est prévu.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 15 est
adopté? M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Comme première remarque sur l'article 15, je
voudrais obtenir les commentaires du ministre sur le mémoire de
l'Association des bibliothécaires du Québec. Je lis un court
extrait du mémoire parce que cela m'apparaît extrêmement
important; quant à moi, c'est cela qui fait l'objet de ma grande
inquiétude. En tout cas, peu importent les télégrammes qui
viendront, la préoccupation était là. Je la signale parce
que je trouve que c'est pertinent. On parle de l'article et on dit: "En
diminuant les exigences de qualités d'agrément des libraires, que
ce soit au niveau des services et de l'équipement bibliographique, ce
projet de loi rejoint la majorité des librairies
québécoises, bien sûr, mais ne permettra pas aux
bibliothèques publiques, sans doute de s'appuyer sur un
réseau valable de librairies pour remplir pleinement leur rôle.
D'autre part, ce projet de loi peut mettre en péril l'existence de
certaines librairies spécialisées qui répondent à
des besoins précis, mais pour qui il serait difficile de se conformer
aux normes. L'édiction de normes concernant ces librairies devrait se
concrétiser dans les plus brefs délais et tenir compte des
difficultés d'approvisionnement pour certaines catégories
d'ouvrages. "Nous aurions c'est là-dessus que j'attire
l'attention du ministre beaucoup préféré un projet
de loi se rapprochant davantage des recommandations de l'étude Drouin et
Paquin, à savoir accorder aux libraires qui ont démontré
leur capacité de fournir de façon professionnelle le public
consommateur le privilège d'approvisionner en livres les institutions
subventionnées, et ce en tenant compte d'une réorientation du
secteur de la librairie tel que défini dans cette étude: un
réseau commercial axé sur la rentabilité maximale de la
vente de livres de grande diffusion à écoulement rapide, un
réseau professionnel représenté par des librairies
agréées et axé vers un niveau de service
élevé aux acheteurs individuels et aux institutions
subventionnées." Donc, il y a une ou deux préoccupations
essentielles auxquelles, j'imagine, le ministre a déjà
pensé. Bien sûr, la qualité des services qui seraient
fournis aux bibliothèques publiques, à la suite de
l'impossibilité dans laquelle ces bibliothèques seront de
s'approvisionner auprès de libraires qui ne seraient pas
agréés, donc une préoccupation de qualité,
premièrement.
Deuxièmement, une préoccupation et les conséquences
de la décision du ministre au titre de certaines librairies
spécialisées, ce qui ne veut pas dire que... Je sais que le
ministre va me dire que les librairies à 100% québécoises
peuvent prendre la relève. Sans doute, il leur faudra peut-être un
certain temps; elles aussi devront s'ajuster, bien sûr, mais il reste que
je pense que sur le marché tel qu'il est actuellement peu importe
ce qu'on peut avoir comme opinion sur le caractère dominant de certaines
entreprises étrangères ou mixtes il y a, en
québécisant à 100% la propriété, un risque
de frapper, enfin de diminuer pour un certain temps ou de créer
certainement des problèmes au titre de la qualité des services
qui seront offerts, en particulier aux bibliothèques publiques.
Là-dessus, j'aimerais bien entendre le ministre. Quelle est son
évaluation, si cette préoccupation de l'Association des
bibliothèques publiques s'est rendue à lui?
M. Vaugeois: Oui. C'est un peu ce qu'on disait tout à
l'heure, à partir de l'intervention du député de
Terrebonne, l'adjoint parlementaire du ministre de l'Education, quand il
faisait référence au fonctionnement des bibliothèques
universitaires, en particulier. À la suite de ces représentations
des bibliothécaires, on a apporté une modification majeure
à nos exigences. Les bibliothèques universitaires seront
invitées, bien sûr, à aller dans le sens des
recommandations de l'esprit de la loi, mais n'y seront pas tenues. De telle
façon que là où cela pouvait soulever le plus de
problèmes, c'est-à-dire au niveau universitaire, ces institutions
pourront acheter leurs livres où elles le voudront, comme elles le
voudront, mais elles seront invitées, bien sûr, à se
rapprocher le plus possible de l'esprit de la loi.
Pour les autres niveaux, il ne semblait pas que les mêmes
problèmes pouvaient se poser. Je peux vous avouer une chose: Si nous
avons rejoint les préoccupations des bibliothécaires sur ce
point, c'est que nous avons réalisé que les procédures
d'acquisition en milieu universitaire étaient à ce point lourdes
et bureaucratisées qu'on s'est dit que si à un bout
c'était si compliqué et si coûteux, cela ne pouvait manquer
à l'autre bout d'être également coûteux. S'il en
coûte près de $100 pour prévoir l'acquisition d'un livre,
procéder à l'acquisition d'un livre, c'est qu'il y a là
des exigences telles qu'on peut se demander combien il en coûte au
libraire pour répondre à de telles commandes.
Donc, on s'est rendu compte qu'il n'y avait d'intérêt pour
personne là-dessus d'être trop précis, trop ferme, alors
nous avons écarté les bibliothèques universitaires. Quant
aux bibliothèques de CEGEP qui pourraient se retrouver
momentanément devant la même difficulté, pour certains
ouvrages très spécialisés, nous avons introduit un
assouplissement qui va permettre aux bibliothèques de CEGEP de
s'approvisionner éventuellement en dehors de leur région, parce
que généralement elles doivent faire affaires avec des libraires
agréés dans la région. Donc pour les CEGEP, il y aura
possibilité d'aller à l'extérieur de la région pour
des ouvrages spécialisées. Là, on va faire confiance aux
gens.
De toute façon, disons que l'intention et l'esprit de la loi, ce
n'est pas de viser d'abord ces livres qui constituent une part très
restreinte du marché. Pour le reste, je pense bien que les
inquiétudes des bibliothécaires ne tiendraient plus et seraient
assez difficilement recevables par l'ensemble de la profession. On a vu, au
moment de notre commission parlementaire, les réactions très
vives des milieux de la librairie qui acceptent mal de se faire dire qu'ils ne
peuvent pas faire le travail correctement.
Vous me permettrez un dernier commentaire, M. le Président. Nous
sommes en contact constant avec le milieu concerné par cette loi. Ces
jours derniers, une importante maison de Montréal se plaignait au
ministère de ce qu'une commande importante d'une grande institution de
la région montréalaise ait été adressée
à une librairie de propriété étrangère qui a
partie liée avec un distributeur. C'est une commande qui frisait les
$300 000. Or, le libraire en question a envoyé la quasi-totalité
de la commande à la maison de distribution à laquelle il est
relié. Je ne sais pas si on me suit bien, mais cela crée une
situation absolument invraisemblable. Une bibliothèque importante, qui a
un achat de $300 000 à faire, le destine à une librairie de
propriété étrangère qui a partie liée avec
un distributeur. La commande se divise à peu près comme suit: $40
000 ou $50 000 vont chez un distributeur québécois, de fonds
québécois, et le reste s'en va directement chez le distributeur
étranger, un seul distributeur étranger. Il n'est pas dit que les
autres maisons d'édition n'ont pas des livres valables et que les autres
éditeurs québécois n'ont pas des livres valables.
Je vous assure que ces dispositions sont drôlement importantes. Je
ne veux pas, ce matin, nommer les institutions, mais cette librairie passe pour
être une des librairies compétentes, justement, et elle passe pour
être capable d'approvisionner correctement les bibliothécaires les
plus exigeants. Or, devant une commande comme celle-là, qui est une
commande libre, on dit au libraire: Vous connaissez un peu notre fonds,
voulez-vous nous en donner pour $300 000? On a passé toutes nos
commandes des livres dont on avait besoin et il nous reste $300 000 pour nos
acquisitions; voulez-vous nous en envoyer pour $300 000? La librairie se tourne
vers un distributeur québécois, qui est important, et lui dit:
Voulez-vous nous en donner pour $40 000 ou $50 000? Elle prend le reste de la
commande et l'envoie au distributeur qui est de la même entreprise et se
fait livrer pour environ $200 000 de livres. C'est absolument inacceptable! Ce
sont des situations qui existent. Et on nous dit, après cela, que cette
librairie est très compétente et qu'elle peut trouver les livres
les plus rares. Cette fois-là, elle ne s'est pas forcée!
Je pense qu'il y a toutes sortes de situations aussi concrètes
que celle-là qu'il faut éliminer. Comme le disait le
député de Jean-Talon au début, d'ailleurs
c'était l'une de ses remarques et je suis d'accord avec cela il
faut que, dans ce commerce, on en vienne à faire jouer à chacun
son rôle et éviter que les entreprises n'aient trop partie
liée avec les voisins, en tout cas, pour ne pas nous mener à des
situations comme celle que je viens de décrire.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Par exemple, le conseil consultatif a
déjà fait une recommandation au titre de la
propriété qui, je pense, se situait à 51%. Est-ce
exact?
M. Vaugeois: Je ne sais pas quand.
M. Rivest: En mars 1977 au ministre, M. O'Neill.
M. Vaugeois: Tout le monde m'en parle derrière moi!
M. Rivest: Pouvez-vous m'en parler à moi? (11 h 30)
M. Vaugeois: C'est le même scénario que celui qu'on
a vécu au début des années soixante-dix. Apparemment, on
avait parlé de 80%. Après cela, il y a des représentations
qui se sont faites de la part d'un des membres du comité consultatif qui
était en train de faire des affaires avec une maison française et
qui a voulu non pas se conformer à la loi, mais, s'arranger pour que la
loi soit conforme à sa situation. C'est aussi simple que cela. Le plus
cocasse de l'affaire, si on me permet, sans être méchant, c'est
que cet individu, fort respectable et fort compétent dans le domaine du
livre, a été un des principaux porte-parole des associations
pendant des années pour réclamer une propriété
québécoise accrue.
M. Rivest: II reste qu'au moment où, pour parler
spécifiquement du cas...
M. Vaugeois: Est-ce que je pourrais ajouter, M. le
Président, que le Comité consultatif du livre actuel appuie non
seulement ce point en particulier mais l'ensemble du projet de loi? D'ailleurs,
je pourrais faire l'étalage ce matin des télégrammes
reçus de la profession et des bibliothécaires en particulier,
suite surtout aux ajustements qu'on a apportés et à la suite
également du programme d'intervention au niveau de la lecture ou des
budgets d'acquisition qu'on a rendu public. Ce ne sont pas seulement des
télégrammes d'appui que nous avons reçus, mais des
télégrammes absolument enthousiastes; les gens sont très
contents de l'évolution des choses. Là-dessus, au niveau
québécois, l'appui est unanime.
Maintenant, il reste le cas d'une entreprise précise et on peut
la nommer, d'ailleurs; c'est Dussault-Garneau qui aura à s'ajuster. Mais
pour Dussault-Garneau, le fait de pouvoir avoir accès aux manuels
scolaires, qui est un marché très important pour cette maison,
particulièrement pour le partenaire Garneau et pour la maison Hachette,
cela compense amplement un manque à gagner momentané du
côté des livres de bibliothèque. Encore qu'il est à
prévoir, et je le souhaite et je l'ai souvent exprimé
à M. Dussault que ce réseau peut être scindé
pour laisser certaines de ses maisons reprendre une propriété
québécoise afin de continuer à servir le marché des
bibliothèques. Je pense que c'est ce qui serait souhaitable et c'est ce
que le milieu souhaite.
M. Rivest: Etant donné le mémoire de M. Dussault,
les représentations qu'il a faites...
M. Vaugeois: Oui.
M. Rivest: ... l'importance même de l'apport que M.
Dussault a quand même fourni au développement de tout le commerce
du livre au Québec, étant donné que c'est un cas
particulier, évidemment c'est un peu...
M. Vaugeois: Un peu délicat.
M. Rivest: ... gênant, mais, finalement, c'est un cas
particulier qui est tellement important dans le domaine du livre au
Québec et surtout étant donné aussi ce que M. Dussault a
dit ici à la commission parlementaire, soit qu'au moment où il a
fait la transaction avec Hachette, il l'a faite dans le cadre des lois qui
existaient. Là-dessus, je pense bien qu'on ne peut mettre en cause,
d'aucune façon, sa bonne foi. Il y avait des conditions qui lui
étaient personnelles pour faire une telle transaction. Les lois le
permettaient, la réglementation le permettait. C'est une transaction
extrêmement importante qu'il a faite et, quelque temps après,
arrive un projet de loi qui remet largement en cause, fondamentalement
même en cause la décision qu'il avait prise pour ses fins
propres.
La loi, évidemment, ne peut pas avoir pour objet de plaire
à M. Dussault ou à quelque autre personne, quels que soient les
mérites respectifs de ces personnes; c'est une loi qui est
d'intérêt public et le ministre a souligné les raisons qui
amenaient le gouvernement à prendre cette décision, raisons qui,
sans doute, étaient très largement et sans doute avec
raison appuyées par le monde du livre.
Je voudrais savoir ce que le ministre peut faire pour permettre à
cette maison spécifique, la maison de M. Dussault, de s'ajuster. Est-ce
qu'il y a des programmes que le ministre peut utiliser pour éviter qu'un
tel projet de loi, pour une personne en particulier on parle dans ce
cadre ne comporte une injustice qui serait quand même assez
grave?
M. Vaugeois: Je vous signale en passant, comme information, que
d'après les chiffres que M. Dussault a fournis à nos services, il
y a à peu près 10% de son chiffre d'affaires qui sera
éventuellement touché dans deux ans, après le moratoire
qui est prévu dans les règlements.
M. Rivest: Selon les chiffres mêmes de M. Dussault?
M. Vaugeois: Oui. Donc, entre le moment où on a
annoncé nos intentions, avec tout le processus législatif et le
temps que nous mettrons à aller au bout de ce projet de loi et tout,
nous calculons que M. Dussault aura eu un délai d'à peu
près trois ans pour s'ajuster. Déjà, nous avons
demandé aux gens de la Société de développement des
industries culturelles d'entrer en contact avec M. Dussault. Eventuellement, la
Société de développement des industries culturelles
pourrait faire ce qu'elle doit faire selon son mandat, c'est-à-dire
aider des entreprises comme celle qui est concernée avec les librairies
Dussault et aider les propriétaires par la SODIC, l'une ou l'autre des
librairies qui pourraient être plus concernées par le
marché du livre de bibliothèque. Si on voulait être plus
précis, il suffirait, par exemple, qu'une librairie comme celle de
Garneau, rue Buade, se détache du réseau et il n'y aurait plus de
problème
pour la région de Québec. Il suffirait qu'il y en ait une
à Montréal, la librairie Dussault de la rue Saint-Laurent, par
exemple, qui se détacherait du réseau et, là aussi, il n'y
aurait plus de problème.
D'ailleurs, si on s'en remet aux propos mêmes tenus par M.
Dussault et ses partenaires, c'est très difficile de faire fonctionner
sur la même base des librairies de grandes surfaces, des librairies de
centres commerciaux, par exemple, et une librairie comme celle de la rue
Saint-Laurent qui a une vocation tout à fait différente.
Déjà, le réseau Dussault-Garneau doit s'ajuster à
des fonctions qui sont passablement différentes et qui tiennent
tantôt de la vente au détail et de la consommation de masse et
tantôt du livre plus spécialisé, du livre de
bibliothèque. C'est déjà un mariage qui est difficile.
Je ne veux pas parler en leur nom mais après toutes les
conversations qu'on a eues, il semblerait qu'aux yeux de certains
administrateurs de ce regroupement ce sera presque une bonne affaire ce qu'on
va les amener à faire, c'est-à-dire distinguer à
l'intérieur du grand réseau Dussault-Garneau deux genres de
librairies qui peuvent mal fonctionner à partir de la même
structure. Leur expérience a déjà démontré
cela. Les chiffres que M. Dussault nous a confiés
d'ailleurs les amenaient déjà à fermer des
librairies du réseau, des librairies qui survivaient auparavant et qui,
du fait du mariage, se défendaient de moins en moins bien. Il y en a au
moins une, à ma connaissance, qui est déjà fermée
et il y en a d'autres qu'on avait l'intention de fermer. À mon avis, on
est beaucoup mieux de faire ce que Fides a déjà fait, par
exemple, ou ce que... Je ne me rappelle plus quelle maison a déjà
fait la même chose. On a déjà vu ces réseaux se
développer et, soudainement, constatant que c'était une mauvaise
affaire, se replier sur un grand centre. Fides, par exemple, a vendu à
des intérêts locaux la plupart de ses librairies de réseau.
Il y a des fois où c'est préférable de procéder
comme cela, mais dans sa formule actuelle, ce qui est sorti de la fusion
Dussault-Garneau a besoin d'ajustements de toute façon. Ce qui est
très important pour cet ensemble, c'est d'avoir comme on l'a dit
libéralisé le manuel scolaire. J'avoue que si nous
n'avions pas fait cela, on leur aurait créé une situation
très délicate, mais en libéralisant le manuel scolaire, je
pense qu'on rend tous les ajustements possibles. Encore une fois, on a fait
savoir à M. Dussault qu'on était tout à fait à sa
disposition pour faire intervenir une société comme la
Société de développement des industries culturelles. Je
sais que des contacts ont déjà été établis,
mais M. Dussault peut vouloir procéder autrement. Je n'en sais rien.
M. Le Moignan: Si je comprends bien, la maison Dussault est
propriétaire de toutes les actions de la maison Garneau?
M. Vaugeois: Non. Elle est majoritaire à 51%,
d'après les informations que nous avons. Nous n'avons pas fait de
vérifications là-dessus. C'est ce que M. Dussault lui-même
nous a dit. Ce qui s'est passé, c'est que comme on le sait
les librairies Dussault appartenaient aux frères Dussault et les
librairies Garneau, à partir de Garneau sur la rue Buade, ici, sont
passées entre les mains de Hachette, et Hachette avait comme partenaire
la SGF. À Montréal, le CEC est passé entre les mains de
Hachette après la mort de M. Nadeau et il y a eu un rapprochement entre
le CEC et Garneau. Il y a des librairies du CEC qui se sont ajoutées aux
librairies Garneau. Il y a eu des jeux de va-et-vient de copropriétaires
et, au bout de tout cela, il y a eu un rapprochement entre le réseau
Dussault et le réseau Garneau. Ils ont considéré, au
moment de leur rapprochement, que les deux réseaux valaient à peu
près l'équivalent, de telle façon qu'en fusionnant et en
échangeant des actions, Dussault devenait propriétaire à
51% de l'ensemble Dussault-Garneau, et Garneau, qui est surtout la
propriété de Hachette, devenait actionnaire à 49%.
Cela demanderait des nuances, ce que je résume là, mais
c'est, en gros, le tableau actuel. Garneau s'était surtout
spécialisée dans les grandes surfaces, à l'exception
surtout de la librairie de la rue Buade à Québec. Les autres
librairies du réseau Garneau sont principalement des librairies de
grande surface, de centre d'achat, comme à Sainte-Foy et à Place
Desjardins à Montréal. C'était le type de librairie qu'ils
cherchaient à développer et que Hachette aime développer
ici, alors que Dussault, qui était très près de la Loi du
livre, qui a joué un rôle important à l'époque et
qui la connaissait bien, considérait plus avantageux d'être
présent là où il y avait des marchés
protégés, en région et dans les grandes villes, là
où les marchés institutionnels étaient
protégés.
Cela devient très difficile de faire fonctionner ensemble ces
deux types de librairies, les unes étant axées sur la vente au
détail, autant que possible là où il passe le plus de
gens, les autres étant dans des endroits plus discrets où il
passe moins de gens, mais où les surfaces coûtent moins cher. On
peut faire un étalage comme sur la rue Saint-Laurent, au deuxième
étage, pour inviter les bibliothécaires à venir bouquiner,
etc. Ce n'est pas la même base de fonctionnement. Déjà,
indépendamment de notre loi, je pense que cela posait des
problèmes d'ajustement. Notre loi va les amener à distinguer, je
crois, deux types de librairies et, éventuellement, amener les
librairies qui sont davantage tournées vers la vente aux institutions
à redevenir propriété québécoise à
100%, ce qu'elles étaient auparavant et ce qu'elles peuvent fort bien
redevenir.
M. Le Moignan: En résumé, Hachette s'est
infiltrée un peu dans notre réseau. Est-ce que c'est la
même chose pour Flammarion?
M. Vaugeois: Un petit peu. Dans le cas de Flammarion, c'est un
peu par accident. Par exemple, Flammarion s'était toujours
concentrée sur une librairie à Montréal, une excellente
librairie de Montréal. Lorsque le réseau Daigneault Plus et
Scorpion a été en difficultés c'est cela?
financières, au point qu'il a fait faillite, cela a
été racheté par Flammarion qui est devenue, à ce
moment-là, à la tête de combien? cinq ou
six...
Une voix: Six.
M. Vaugeois: ... librairies. La même possibilité
existe, je l'ai fait savoir à M. Sivry, le représentant de
Flammarion, quand il est venu en commission parlementaire, il n'y a rien qui
empêche la librairie Flammarion la première, la vraie de
vraie de devenir propriété québécoise pour
se conformer à la loi parce qu'il y a du personnel de cette maison qui
vit maintenant au Canada. Je pense qu'il y en a qui ont la citoyenneté
canadienne d'ailleurs. Mais on m'a dit que le fils de Flammarion rentrait. En
tout cas, là aussi il y a des ajustements possibles.
M. Rivest: Quelle est la...
M. Vaugeois: Ce sont les deux cas. On vient de toucher là
les deux cas délicats.
M. Rivest: Oui, c'est cela. Quelle est la réaction du
ministre quand je comprends, encore une fois, les objectifs dans
le mémoire, par exemple, de Flammarion, on dit que le projet de loi no
51 équivaut à une expropriation et cause des dommages
considérables?
M. Vaugeois: Je ne vois pas comment on peut dire cela.
Écoutez! On sait ce qu'elle fait comme affaires et le gros de ses
activités est protégé; il est favorisé. C'est
l'ensemble du commerce du livre qui va profiter de notre loi, y compris ceux
qui sont à propriété étrangère. Il n'y a pas
de doute là-dessus. Ils vont être extrêmement gagnants. Une
maison comme Flammarion il ne faut pas oublier que Flammarion, c'est
aussi Socadis. Or, Socadis, avec les programmes que nous mettons au point pour
le développement des bibliothèques publiques et des
bibliothèques scolaires, va faire des affaires absolument sans
précédent au Québec. Je fais la prédiction
suivante: actuellement, apparemment 12,5% des exportations françaises
viennent au Québec. C'est ce qu'on m'a dit. Je suis à peu
près certain que le temps de le dire, ce pourcentage va augmenter,
très rapidement, et de façon très significative. Cela ne
peut pas faire autrement. On ne peut pas vous donner des chiffres aujourd'hui
parce qu'il faut attendre les étapes du Conseil du trésor, etc.
Mais la progression des budgets d'acquisition des bibliothèques
scolaires va être quelque chose. Cela ne s'est jamais fait. Les budgets
étaient stagnants. On a découvert des situations absolument
aberrantes dans des CEGEP et dans des polyvalentes où il n'y avait plus
de budgets d'acquisition. Des budgets de $500 000 pour faire fonctionner une
bibliothèque et, finalement, il ne reste plus rien pour acheter des
livres. À ce point, d'ailleurs, que dans des petites villes du
Québec où il y a des bibliothèques municipales qui ont de
l'allure et il y a des belles grandes bibliothèques dans les
CEGEP les étudiants désertent les
bibliothèques des CEGEP parce qu'elles sont le plus souvent
fermées qu'ouvertes et, deuxièmement, parce qu'elles n'ont plus
de nouveaux livres. (11 h 45)
Or, nous avons provoqué une révision des budgets
d'acquisition de ces institutions. Ce n'est pas nécessairement la
librairie de détail de Socadis qui va les vendre, mais c'est quand
même le distributeur Socadis qui va les vendre à la librairie de
détail et c'est quand même le fonds Flammarion, le fonds Gallimard
et les fonds qui sont véhiculés ici par Socadis qui vont en
profiter. On ne le sait pas au juste, les chiffres sont un peu vagues
là-dessus mais, à l'oeil, on peut dire que les quatre
cinquièmes des livres qui se vendent au Québec sont des livres
qui viennent de l'étranger. Si on multiplie par cinq les budgets
d'acquisition des bibliothèques, ce ne seront pas nécessairement
des maisons étrangères qui vont les vendre au détail, mais
ce sont quand même les fonds étrangers qui vont en tirer profit.
C'est effectivement tout le contraire. Ces entreprises vont faire des affaires
sans précédent au Québec et on est content de cela parce
que notre objectif, c'est qu'il se vende plus de livres, qu'il se lise plus de
livres et que les livres soient plus accessibles et à de meilleurs
prix.
Je viens de mentionner Socadis. Puisqu'on en parle de façon aussi
directe, dans le cas de Socadis, c'est une maison de distribution qui
pratiquait des tabelles raisonnables mais qui souffrait de voir les autres
pratiquer des tabelles excessives parce que cela nuisait à l'ensemble du
commerce du livre. Les budgets d'acquisition ne sont pas indéfiniment
extensibles. Si des livres importants se vendent à des prix excessifs,
c'est autant d'argent de moins pour les autres.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 15 est
adopté?
M. Vaugeois: On me dit ici c'est peut-être une
information intéressante - que Flammarion a choisi de se
spécialiser pas dans tout mais entre autres dans la
section des livres de poche. Elle a même ouvert une
"pochethèque".
M. Rivest: Pardon?
M. Vaugeois: Des livres de poche. Il y a une section de livres de
poche. Deuxièmement, le livre d'enfant et, troisièmement, le
livre universitaire. Elle en est venue à développer beaucoup la
vente aux institutions d'enseignement supérieur. Vous aurez noté
qu'avec nos propositions les institutions d'enseignement supérieur
resteront libres de s'approvisionner là où elles le voudront.
Donc, Flammarion est fort peu touchée comme librairie de
détail et est extrêmement gagnante comme distributeur.
Extrêmement gagnante, et cela compense bien des fois! Et encore la
possibilité existe pour cette librairie de détail qui peut se
sentir concernée parce que ce n'est pas vrai du réseau. Le
réseau Scorpion et Daigneault Plus
autrefois il y en a une qui est aux Terrasses Eaton et l'autre
dans un centre commercial sont des librairies qui n'ont rien à
faire avec les commandes institutionnelles. Cela ne les intéresse pas;
elles ne les prennent pas. Ce n'est pas intéressant pour ces
institutions. Ce qui les intéresse, dans le cas de cette partie du
réseau, c'est la vente au détail. Pour les librairies principales
comme la librairie Flammarion qui est à côté de la Place
Ville-Marie, la question peut se poser si elles ne veulent rien manquer, ne
rien perdre. Elles auront à s'ajuster au niveau de la
propriété.
M. Rivest: Pourquoi auront-elles à s'ajuster au niveau de
la propriété? Pourquoi le ministre a-t-il choisi un délai
de deux ans alors qu'il semble en tout cas, d'après le
mémoire de Flammarion en particulier et aussi, je pense, des remarques
de M. Dussault que ce délai leur paraisse un peu court? On a
parlé dans le mémoire de Flammarion de cinq ans.
M. Vaugeois: Effectivement, on a regardé cela. On en a
reparlé avec les gens concernés. Compte tenu du fait qu'il
s'écoulera à peu près un an pendant lequel on discutera de
tout cela et qu'on cheminera à travers les mémoires, les
commissions parlementaires et tout et qu'il y aura la mise au point des
règlements et la sanction, on pense que cela donnera un bon délai
de trois ans aux entreprises. On pense que c'est suffisant. Elles ont
souhaité idéalement cinq ans. Nous avons proposé deux ans.
On s'en va à toutes fins utiles vers trois ans. Je pense que c'est bien
raisonnable.
M. Rivest: Le ministre a fait son choix. Une dernière
dimension du problème qui est une dimension qui concerne les relations
France-Québec: Est-ce que le ministre a pris toutes les assurances
nécessaires de ce côté? Est-ce qu'il a prévenu les
autorités gouvernementales françaises de la portée de son
projet de loi? Quelles ont été les réactions? Est-ce que
c'est à ce niveau que se serait décidée la question de la
libéralisation du manuel scolaire?
M. Vaugeois: La libéralisation du manuel scolaire est
notre proposition.
M. Rivest: II n'en a pas été question avec les
autorités du gouvernement français?
M. Vaugeois: Absolument. Quand elles nous ont demandé de
l'information, on leur a expliqué ce point aussi qui était un
point important pour elles. Mais c'est notre proposition.
Je le répète, du côté français ou
belge, mais du côté français surtout, il y a eu des
échanges qui venaient de demandes d'information de la part de la partie
française, et je peux le rappeler encore une fois au
député, M. Barre nous en avait parlé lors d'une visite de
M. Morin à l'occasion d'un entretien auquel j'assistais et, à ce
moment, on avait pris même comme exemple son livre sur
l'économique et on avait référé au prix de vente
ici. M. Barre trouvait cela absolument renversant. Après cela, il en a
été question quand M. Barre est venu ici. On a fait une table
ronde. On a passé en revue tous les dossiers de coopération.
Là encore, c'étaient des demandes d'information et M. Barre a
été tout à fait satisfait des informations fournies. Il y
a eu M. Lecat, le ministre de la Culture et des Communications de France, que
j'ai vu à une couple de reprises. Là encore, ce furent des
échanges très rapides. M. Lecat n'avait pas l'air du tout
inquiété par nos projets. Au contraire, ce qui inquiétait
les Français, c'étaient beaucoup plus leurs problèmes
à eux du prix net. D'ailleurs, ils ne sont pas tout à fait sortis
encore des difficultés de leur nouvelle pratique commerciale qui
tiennent à l'intervention du ministre du Commerce chez eux. Ils ont bien
plus de problèmes chez eux, finalement, avec leur pratique de prix que
chez nous. Au niveau des fonctionnaires, il y a eu des échanges de
correspondance. L'ancien délégué général, M.
Deschamps, et le nouveau, M. Michaud, à l'occasion de leur rencontre de
travail, en ont reparlé. J'ai ici une lettre en date du 14 novembre que,
je pense bien, je pourrais déposer, qui est signée du
sous-ministre des Affaires intergouvernementales et qui est adressée
à M. Vaurs, avec lequel j'ai eu moi-même des entretiens
d'ailleurs. Nos explications nous ont toujours donné l'impression de
rassurer tout à fait la partie française parce que ce qui n'a
peut-être pas été compris au départ, c'est la
signification réelle de notre intervention en termes de lois et en
termes de nouveaux programmes. On se rend compte que plus il y aura de
librairies au Québec, plus il y en aura en région, plus il y en
aura partout, plus le livre sera accessible, plus ce sera finalement leurs
livres qui seront d'abord accessibles et qui se vendront au Québec.
C'est cela au fond qu'on souhaite et nous autres aussi. Nos
intérêts là-dessus sont les mêmes.
M. Rivest: Du côté de Hachette en particulier?
M. Vaugeois: Écoutez, j'ai presque envie d'être un
petit peu indiscret. Le député de Jean-Talon a des contacts plus
étroits que moi auprès de la maison Hachette à
Montréal. Je pense bien que s'il y avait eu matière à
s'inquiéter aujourd'hui il se ferait le défenseur de ce point de
vue. Il le connaît...
M. Rivest: M. le Président, j'avoue que je n'ai jamais
parlé à quiconque chez Hachette. Je n'ai pas de contact. Je n'ai
parlé à personne de chez Hachette.
M. Vaugeois: D'accord. En tout cas, nous autres on en a eu des
contacts. Non seulement cela ne les inquiète pas, mais, pour ceux qui
m'ont parlé, j'ai eu l'impression que cela les arrangeait.
M. Rivest: Le ministre ne s'inquiète de personne, mais il
y a sûrement quelqu'un qui s'est inquiété quelque part
parce que si on regarde les
mémoires qui sont loin d'être d'un enthousiasme aussi
débordant que le ministre veut le voir, c'est l'Union internationale des
éditeurs...
M. Vaugeois: Vous avez une prise de position publique de
Hachette?
M. Rivest: Pardon?
M. Vaugeois: Avez-vous une prise de position publique de
Hachette?
M. Rivest: Par l'intermédiaire du mémoire de
Dussault, j'imagine qu'en tant qu'associée minoritaire, Hachette
a...
M. Vaugeois: Dussault parlait en son nom. M. Rivest: Oui?
M. Vaugeois: Oui.
M. Rivest: II y a eu le mémoire qui a été
présenté par monsieur... Comment s'appelle-t-il?
M. Vaugeois: Lui a eu sa réponse par le président
du Conseil supérieur du livre.
M. Rivest: II reste qu'il y a quand même une
inquiétude, non?
M. Vaugeois: Oui, mais les explications qu'on donne les
rassurent.
M. Rivest: Eh bien! C'est écrit dans le journal des
Débats, j'espère qu'on va lire cela.
M. Vaugeois: Non seulement cela les rassure, mais c'est bon pour
eux. Ils vont vendre plus de livres.
M. Rivest: Le paternalisme d'Etat!
M. Vaugeois: Non, on va pouvoir lire partout au Québec
plus de livres en langue française qu'auparavant.
M. Rivest: Je serais d'accord avec le ministre... Enfin, je pense
que c'est à peu près tout le monde... C'est que son
critère de la propriété, comme si c'était une
solution miracle... Tout ce que le ministre dit, ce qu'il veut faire et ce
qu'il fait effectivement pour développer le commerce du livre, le
critère de la propriété, ce n'est pas le critère
absolu. Il aurait pu en trouver d'autres. Avez-vous songé à
d'autres critères?
M. Vaugeois: Bien sûr! Cela fait quinze ans que le
monde...
M. Rivest: Au lieu de vous inscrire paresseusement dans la
foulée des anciens gouvernements, un peu d'imagination, il me semble que
cela n'aurait pas nui, non?
M. Vaugeois: J'en fais l'aveu, M. le Président. Nous avons
été paresseux.
M. Rivest: M. le Président, sur cet aveu, je voudrais dire
un mot sévère sur le dernier alinéa de l'article 15. Je
trouve que c'est tout à fait bizarre et à tout le moins
inacceptable, lorsqu'on voit que, de l'avis du ministre, caprice de Sa
Majesté, la personne morale n'est pas l'objet d'un contrôle direct
ou indirect par une ou plusieurs personnes qui ne sont pas admissibles à
l'agrément. Sur quelle base le ministre va-t-il se fonder pour donner
son avis? En vertu de quelle espèce d'autorité morale ou
d'autorité pseudo-morale le ministre va-t-il déterminer
qu'à son avis, sans aucune espèce de balise, une maison fait
l'objet d'un contrôle non seulement direct, mais indirect? On aurait
été à peine surpris si le ministre avait mis dans son
article je pense que cela correspondrait bien à l'esprit
d'un contrôle direct, indirect ou même apparent. Vous auriez pu
ajouter cela quant à y être. Comment allez-vous appliquer cet
article? D'autant plus que cet article, sauf erreur, fait encourir les
sanctions prévues au projet de loi et, "de l'avis du ministre", vous ne
trouvez pas cela un peu abusif comme formulation, comme pouvoir? Question.
M. Vaugeois: J'aimerais cela que le député passe
toute sa sévérité d'un coup. Voulez-vous aussi aborder ce
qui sera dit à l'article 18, qui revient au même, et ce qui est
à l'article 31, parce que c'est toujours la même question?
J'aimerais bien pouvoir rayer le paragraphe "c", mais on ne peut pas,
parce qu'il faut quand même aller au-delà des façades,
comme le disait un de mes conseillers, pour pouvoir percer le voile corporatif,
ce qui est...
M. Rivest: Ce n'est pas un ministre des Affaires culturelles. Le
ministre se transforme en inquisiteur.
M. Vaugeois: Non, il s'agit de prendre ses
responsabilités. Il faut que le ministre, apprenant la
réalité, puisse intervenir. Je pense que cela ne servirait
à rien de se donner une pseudo-loi et qu'on ne puisse pas se donner les
moyens d'agir. C'est une précaution qui est absolument
nécessaire, il n'y a pas moyen d'en sortir. Qu'est-ce que vous voulez?
Les structures des corporations sont ainsi faites qu'une façade ne
révèle pas nécessairement la réalité. Il
s'agit juste de regarder l'affaire Boulin en France, je ne sais pas si vous
avez regardé cela. C'est absolument effarant. Ce qui s'est produit dans
l'affaire Boulin, on est toujours à la merci de cela. On n'est jamais
tellement capable de savoir facilement, en tout cas, qui est réellement
propriétaire d'une entreprise. Cela va être encore davantage vrai
quand on va appliquer la nouvelle loi sur les corporations. Je ne sais pas si
vous êtes au courant de l'annexe 1A, qui s'en vient avec la nouvelle Loi
des corporations, qui va faire que nos...
M. Rivest: Les corporations.
M. Vaugeois: ... corporations incorporées selon les lois
du Québec, cela va ressembler un peu aux facilités
d'incorporation qu'il y avait à Ottawa.
M. Rivest: Là, c'est mieux.
M. Vaugeois: On peut s'incorporer...
M. Rivest: S'ils ont cela à Ottawa, c'est mieux.
M. Vaugeois: On se rapproche d'Ottawa, M. le
député.
Alors un individu... Avant, c'était trois; aujourd'hui, un
individu peut s'incorporer pour n'importe quelles fins. D'ailleurs, quand cet
individu s'incorpore, où est le capital, à qui appartient le
capital? Allez-y donc voir. Il faut parfois faire une enquête pour le
savoir. Le jour où l'enquête révèle que le
propriétaire apparent n'est pas le propriétaire réel, il
faut quand même se donner des moyens d'intervenir. On est dans
l'exception, là.
M. Rivest: Toute une! C'est la première fois que je vois
cela dans un projet de loi.
M. Vaugeois: II était grand temps. D'ailleurs, on me dit
que ce n'est pas vrai, que cela existe ailleurs.
À part cela, arrêtez donc, parce que dans les lois...
M. Rivest: Donnez-moi donc un cas.
M. Vaugeois: ... fédérales... Moi, je ne veux pas
retarder les travaux de cette commission, mais je pourrais donner rendez-vous
au député de Jean-Talon. J'ai moi-même demandé qu'on
me rassure là-dessus et on m'a montré, par exemple, les lois et
les règlements de FIRA à Ottawa, et on va beaucoup plus loin que
nous autres.
M. Rivest: Oui, en quoi? Un exemple.
M. Vaugeois: Dans ce pouvoir d'enquête, on va beaucoup plus
loin.
M. Rivest: Donnez-moi un exemple. Vous faites une affirmation,
donnez-moi un exemple.
M. Vaugeois: On le fait constamment. C'est la raison d'être
de FIRA de contrôler la propriété des entreprises, de la
vérifier. FIRA est là pour cela. Point n'est besoin d'avoir un
cas, c'est la pratique générale, FIRA fait cela et c'est cela son
rôle.
M. Rivest: Oui, c'est cela. Mais, "de l'avis du ministre".
M. Vaugeois: Je comprends, c'est pour cela qu'on a des
ministres.
M. Rivest: Puis, il n'y a personne qui va surveiller cela, c'est
comme cela.
M. Vaugeois: Voyons donc, tout cela va se faire publiquement.
Je vous ferai remarquer qu'en plus, il y a des droits d'appel possibles,
si quelqu'un...
M. Rivest: Ce serait la décision du ministre à ce
titre.
M. Vaugeois: C'est quoi, l'article, à ce moment? (12
heures)
M. Rivest: II faudrait le dire parce que, à mon avis, cela
ne correspondait pas à la section V. N'oubliez pas que ce ne sont pas
des motifs d'apparence ou je ne sais pas quoi sur lesquels il y a un
contrôle, ce sont des motifs de fait ou de droit pour fonder l'appel en
Cour provinciale.
M. Vaugeois: En vertu de l'article 15c), c'est le fardeau de la
preuve qui est renversé. Il va falloir que le demandeur démontre
au ministre qu'il se conforme à 15a) ou à 15b). Si le ministre
n'est pas satisfait, il pourra se baser sur un motif de fait ou de droit pour
dire qu'il n'accorde pas d'agrément. La personne concernée
pourrait toujours faire des recours extraordinaires en Cour supérieure,
ou elle pourrait se présenter pour faire l'appel ici, dans les trente
jours, en Cour provinciale en disant que les motifs de fait le ministre,
pour qu'il motive sa décision, doit demander l'avis du conseil
consultatif - parce que ce sont des motifs de fait, de préhension, sont
manifestement erronés. Le demandeur en question va présenter sa
preuve, il va justifier s'il est propriétaire ou pas soit au niveau des
types des actions, soit au niveau d'un contrat de gestion comme cela se fait
dans le milieu de l'industrie du livre.
M. Rivest: D'accord.
M. Le Moignan: Cela prenait un autre avocat pour le
convaincre.
M. Vaugeois: Merci. Ah! Il demande des honoraires!
M. Rivest: Vous le nommerez membre du conseil consultatif, cela
va régler son cas. Le ministre parlait de FIRA. À l'article 2 de
FIRA, la loi fédérale, il y a...
M. Vaugeois: Ah! Vous connaissiez le cas de FIRA!
M. Rivest: Certainement... une page où, à
l'alinéa 2, on donne les facteurs devant être pris en
considération lors de l'appréciation d'une décision au
titre de la propriété. Il y a cinq balises pour essayer de voir
aux titres de la création d'emploi, de la productivité, de la
concurrence, du cadre des politiques générales, etc. Au moins, il
y a des critères. Je ne veux pas qu'on reprenne ces critères.
J'aime autant que ce soit le ministre qui me réponde.
M. Vaugeois: Dans le cadre de l'application de la loi FIRA, il y
a deux règlements. Il y en a un où il y a des nomenclatures de
critères.
M. Rivest: C'est dans la loi, là.
M. Vaugeois: Oui, mais il y a aussi un autre domaine
d'application où on y va par le contrôle par bloc d'actions. On
dit: On n'accordera pas l'autorisation pour une nouvelle entreprise ici ou pour
l'acquisition d'une entreprise selon des blocs d'actions, soit une entreprise
cotée en Bourse, non cotée, publique, privée, des blocs de
20%, des blocs de 5%; parfois, on va même aux composantes des 20%
à savoir s'il y a un autre actionnaire qui possède 10% à
l'intérieur des 20%. Même indépendamment de cela, à
l'intérieur de la loi, indépendamment du pouvoir d'intervention
de l'agence de tamisage, il y a des pouvoirs de contrôle, de
discrétion ministérielle et du gouvernement.
M. Rivest: C'est l'agence qui fait cela et non le ministre.
M. Vaugeois: Je n'ai pas terminé, M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: C'est l'agence. Un instant, je veux juste
compléter.
M. Vaugeois: J'ai encore quelque chose à dire.
M. Rivest: C'est l'agence qui fait cela je suis d'accord
avec ce que vient de dire monsieur ce n'est pas le ministre.
Deuxièmement, ces critères font qu'il y a des balises d'incluses
dans la loi tandis que là on a un petit texte prosaïque qui est
d'ailleurs placé je ne prête pas d'intentions au ministre
au bas de la page.
M. Vaugeois: Est-ce que le caractère serait plus petit,
par hasard?
M. Rivest: Je ne sais pas, je vais regarder.
M. Le Moignan: Le ministre commence à avoir chaud!
M. Vaugeois: Les buts des deux lois sont complètement
différents. Dans le cas de FIRA, ils ne veulent pas empêcher toute
propriété étrangère, donc, ils ouvrent des portes
comme celles que vous avez mentionnées. Par exemple, cela peut
créer des emplois, on peut faire des exceptions. Ici, c'est uniquement
pour déterminer qui aura accès à une situation
privilégiée dans le domaine de la librairie ou aura droit
à des subventions de la part du gouvernement. C'est complètement
différent.
M. Rivest: Je serais d'accord avec vous s'il n'y avait pas le
paragraphe 5 de l'article 37.
M. Vaugeois: Là, il va y avoir des changements, par
exemple.
M. Le Moignan: Tiens, vous y pensez, là! M. Vaugeois:
Oui.
M. Rivest: Au point de vue législatif, je ne trouve pas
cela correct. Deuxièmement, c'est que cela laisse au ministre, qui va
être l'objet de toutes sortes surtout quand on le regarde avec
l'article 37; on reviendra à l'article 37.5 de pressions... Il y a
une discrétion, il n'y a aucun critère; il me semble qu'on aurait
pu se forcer pour évoquer certaines circonstances ou ce qu'on vise au
juste. Qu'est-ce que vous visez exactement par cela? Comment entendez-vous,
pratiquement, exercer les pouvoirs que vous demandez à l'article 15c)?
Dans quels cas allez-vous faire cela? Lorsque quelqu'un, sur la foi d'un
papotage, va arriver et dire: Untel, c'est ceci, c'est cela? Après cela,
je vous signale que c'est "et". Le lien est dans tous les cas, une personne
morale... C'est cumulatif entre a), b) et c).
M. Vaugeois: Absolument, oui.
M. Rivest: Dans tous les cas, vous allez porter un jugement de
valeur. Parfois, vous n'aurez pas toutes les informations nécessaires
pour prendre cette décision et vous allez prendre de mauvaises
décisions. Vous allez laisser aller des choses parce que vous ne serez
pas informé.
M. Vaugeois: L'article qui donne le pouvoir d'enquête vise
précisément la question de la propriété.
M. Rivest: C'est quel article?
M. Vaugeois: L'avis du ministre va être basé sur des
enquêtes, sur des études qui auront été faites du
cas particulier. Il y aura peut-être trois ou quatre
cas-problèmes, au maximum, sur lesquels le ministre aura les pouvoirs
qu'il s'est donnés de faire faire enquête par des gens
spécialisés dans le domaine et ce sera sur ces rapports que le
ministre formera son avis. Ce sera un avis éclairé et non pas sur
la foi de papotages. Des rumeurs, dans le milieu, il y en a beaucoup qui
circulent. Mais on s'est donné, justement, des moyens et l'article qui
touche la question de l'enquête était précisément
là pour la question de la propriété qui est la plus
difficile à déceler du point de vue pratique.
M. Rivest: Mais voyez comment les problèmes vont se poser.
Au début de nos travaux, lorsqu'on a demandé au ministre certains
chiffres au titre de la propriété étrangère, par
exemple, pour les distributeurs, sauf erreur, le ministre a dit qu'il y avait
sept cas qui étaient incertains. Il y avait 73 distributeurs au
Québec, 46 Québécois, 20 étrangers et sept cas
incertains. Va arriver le problème:
Comment allez-vous exercer les pouvoirs qui vous sont
conférés à l'article 15c), combiné avec l'article
31 et avec l'article 37.5?
M. Vaugeois: Là, vous parlez des distributeurs.
M. Rivest: Cela peut être les libraires. M. Vaugeois:
Non, non, ce n'est pas...
M. Rivest: Chez les éditeurs, il y a des cas
incertains.
M. Vaugeois: Non, non.
M. Rivest: Vous avez vous-même admis qu'il y avait des cas
incertains.
M. Vaugeois: Non, non.
M. Rivest: Comment allez-vous rendre une décision
juste?
M. Vaugeois: C'est fort...
M. Rivest: Sans critère, sans balise, sans contrôle,
sans avis de quiconque! Vous allez prendre la responsabilité sur
vous.
M. Vaugeois: Du côté des distributeurs, M. le
député, j'ai indiqué qu'il y avait un certain nombre de
distributeurs à propos desquels on n'avait pas vraiment d'information.
Cela s'explique par le fait que les distributeurs n'étaient pas
admissibles à une forme d'agrément. Donc, la question ne se
posait même pas. C'est seulement parce qu'on sait des choses sur le
commerce du livre qu'on a un peu d'information sur la situation des
distributeurs.
Dans le cas des libraires, on a une meilleure information et on pourrait
être beaucoup plus précis dans le cas de la
propriété des librairies agréées ou des librairies
qui ont demandé l'agrément. Sauf qu'actuellement il y a quelques
cas qui ont pu se présenter à propos desquels on était
assez démunis parce que la loi actuelle ne nous permet pas de faire un
minimum de vérifications. C'est ce qu'on m'a demandé d'inclure
dans la nouvelle loi. Bien sûr, les fonctionnaires du ministère
qui auront à veiller à l'application de ces lois sont très
préoccupés par ce genre de moyen, mais je vous rappellerai que,
même si certains porte-parole ont fait des gorges chaudes sur l'article
31, par exemple, personne ne voulait le voir disparaître. Si vous voulez
vous rappeler les interventions, j'ai demandé qu'on me propose d'autres
moyens. Par tempérament je ne suis pas tellement porté sur les
enquêtes.
M. Rivest: Pas par tempérament, mais par
législation, vous l'êtes drôlement.
M. Vaugeois: Oui, parce que je n'ai pas d'autres... Si on veut me
proposer d'autres moyens, je veux bien les considérer. Mais ni ceux qui
sont venus me présenter des mémoires, ni l'Opposition ne me
donnent d'autres moyens de s'assurer qu'on pourra faire respecter la loi. Il
n'y a rien d'odieux là-dedans. Écoutez...
M. Rivest: La confiance?
M. Vaugeois: Non, ce n'est pas la confiance, c'est la
responsabilité. Je pense qu'il va être très délicat
pour quelque ministre que ce soit de se servir abusivement des articles 15, 18
ou 31. Je suis convaincu que les hommes politiques, étant ce qu'ils
sont, vont même utiliser peut-être trop peu souvent ce genre de
disposition.
Le seul fait que ça existe, à mon avis, constitue pour les
entreprises qui voudraient tricher, une lumière qui s'allume et qui leur
suggère d'être très correctes sur ce plan.
Je pense qu'on a tout intérêt à avoir ce genre de
clignotant. Il n'y a pas un ministre des Affaires culturelles avec les
tempéraments qui conviennent aux ministres des Affaires culturelles
qui va se réjouir et se vautrer dans ce genre de
dispositions.
M. Rivest: Oui, mais si, un jour, le ministre des Affaires
culturelles était très émotif...
M. Vaugeois: C'est à peu près incompatible avec le
tempérament qui sied à un ministre des Affaires culturelles digne
de ce nom.
M. Rivest: Si, un jour, un ministre des Affaires culturelles est
très émotif.
M. Vaugeois: Ils le sont tous. M. Rivest: Mais,
prochainement...
M. Vaugeois: Vous parlez de ceux qui... On donne le
député de Jean-Talon pour un futur ministre des Affaires
culturelles. L'élection de Prévost a changé un peu...
M. Rivest: Vous n'avez pas...
M. Vaugeois: ... les données de la trajectoire du
député de Jean-Talon.
M. Rivest: Oui. Me faites-vous déjà ministre de
l'Agriculture, à cause de ma participation dans Beauce-Sud? Tous les
agriculteurs ont voté contre le gouvernement. Tous.
M. Vaugeois: Tous, n'est-ce pas?
M. Rivest: Tous, de l'avis du député de Jean-Talon,
au sens de l'article 15c).
M. Vaugeois: Voyez-vous, malgré la loi, on n'ira pas
vérifier.
M. Rivest: Oui. N'avez-vous pas pensé vous donner le
conseil consultatif ou quelqu'un pour vous aider?
M. Vaugeois: Non. M. Rivest: Non?
M. Vaugeois: II ne veut pas. Justement, la profession nous a
demandé et nous avons...
M. Rivest: Je comprends qu'elle ne veut pas, remarquez bien.
M. Vaugeois: On a corrigé une disposition dans le mandat
du conseil consultatif en lui enlevant le soin d'appliquer la loi dans ce genre
de dispositions, parce qu'on entre dans l'information d'entreprises et comme,
au conseil consultatif, il y a des partenaires et des concurrents qui y
siègent, ils ne tiennent pas du tout à ce que leurs concurrents
soient au courant de leur chiffre d'affaires et de la nature de leurs affaires.
C'est légitime comme demande. Donc, cela reste une responsabilité
interne, cette affaire, et la profession n'accepterait pas que le conseil
consultatif soit composé de concurrents. Ce serait vraiment abusif. S'il
y a quelqu'un qui est impartial là-dedans, au fond, c'est encore le
ministre. S'il y a quelqu'un qui est intéressé, dans le mauvais
sens du terme, ce pourraient être les membres du conseil consultatif.
M. Rivest: Aux articles 15c) et 31, etc., le ministre va faire
des pérégrinations dans l'administration interne de certaines
entreprises pour exercer ses pouvoirs.
M. Vaugeois: Oui. Là-dessus...
M. Rivest: Seulement une question, une précision.
N'avez-vous pas pensé à la confidentialité, parce que vous
allez recueillir toutes sortes de renseignements dans l'exercice de tels
pouvoirs? Y a-t-il des garanties au titre de la confidentialité?
M. Vaugeois: Oui. J'en ai vu quelque part, je ne sais pas
à quel article, c'est à l'article 35. Lorsque c'est fait au
niveau des fonctionnaires, il y a des serments d'office qui sont toujours en
application en vertu de la Loi de la fonction publique.
M. Rivest: Ah! J'ai confiance aux fonctionnaires.
M. Vaugeois: Les autres, c'est dans le cadre de l'article 35.
C'est dans le cadre de l'application et de l'exécution de la loi et des
règlements. Ce que je peux dire tout de suite, M. le Président
on va y venir tout à l'heure c'est qu'à l'article
31, j'avais souhaité qu'on dise cela autrement. Ce sont des experts du
comité de législation qui m'ont prié d'en rester à
cette formule pour des fins de cohérence, et pour être compatible
avec d'autres lois qui prévoient les mêmes choses. Au niveau de
l'article 15c), ce qu'on peut ajouter aussi, c'est que, dans le cadre de
l'application de la Loi de l'agrément des libraires, actuellement, on a
exactement le même problème au niveau de la
propriété sur les 50%, et on a essayé de jouer avec les
mécanismes qu'on avait prévus, par exemple, dans le Code de
procédure civile, la preuve sur affidavit. On nous produit des
affidavits, mais on...
M. Rivest: Pardon?
M. Vaugeois: Les articles 15c) et 18c) nous sont demandés
par les associations qui ont fait des représentations. Tout le monde
aurait aimé une autre façon de le faire, mais c'est, je pense, la
façon qui convient. Autrement, on renonce à avoir des
gouvernements.
M. Rivest: Ou on renonce à la liberté de
commerce.
M. Vaugeois: La liberté de commerce existe avec notre
projet de loi.
M. Rivest: Oui?
M. Vaugeois: Bien sûr, c'est fondé
là-dessus.
M. Rivest: Bon! Pauvre ministre.
Le Président (M. Boucher): L'article 15 est-il
adopté?
M. Rivest: On a essayé de rendre service au ministre. Sur
division, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Sur division.
M. Rivest: Des pouvoirs absolument abusifs.
Le Président (M. Boucher): L'article 16?
M. Vaugeois: À l'article 16, cela va, M. le
Président? Si on veut finir à 12 h 30.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Vaugeois: L'article 16, cela va. À l'article 17, j'ai
une nouvelle formulation.
Le Président (M. Boucher): II y a un amendement à
l'article 17.
M. Vaugeois: Oui. J'espère que ma rédaction est
toujours bonne. Lavez-vous M. le Président?
Le Président (M. Boucher): Oui.
M. Vaugeois: Voulez-vous le lire?
(12 h 15)
Le Président (M. Boucher): L'article 17 du projet de loi
no 51 est remplacé par le suivant: "Le ministre doit, avant de
décider d'une demande d'agrément, prendre l'avis du conseil. La
demande d'avis est présentée par le fonctionnaire membre du
conseil désigné par le ministre. Le conseil n'a pas accès
aux renseignements confidentiels soumis avec la demande d'agrément et il
doit s'en reporter à ce sujet au rapport du fonctionnaire visé
dans le premier alinéa."
M. Vaugeois: C'est à la demande des associations qui sont
venues nous rencontrer. Cela a été dit en commission
parlementaire.
M. Rivest: D'accord, M. le Président.
M. Vaugeois: Cela correspond à votre préoccupation
de tout à l'heure.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 17 est adopté
tel qu'amendé. L'article 18?
M. Vaugeois: II n'y a pas de modification.
M. Rivest: Est-ce que le ministre pourrait me donner quelques
explications sur les dangers que peut comporter la rédaction de
l'article 18c)?
M. Vaugeois: Est-ce qu'on pourrait l'enlever? D'accord, on peut
l'enlever, M. le Président.
M. Rivest: Et à l'article 15 également, M. le
Président.
M. Vaugeois: Non.
M. Rivest: Non? Excusez.
Le Président (M. Boucher): Un instant.
M. Rivest: On a gagné cela.
Le Président (M. Boucher): On pourrait amender l'article
18 en biffant le paragraphe c).
M. Rivest: Mais je me méfie toujours quand le ministre
enlève un article comme celui-ci. Où ce pouvoir se retrouve-t-il
dans la loi?
M. Vaugeois: À l'article 15c).
Le Président (M. Boucher): L'article 18...
M. Rivest: Sur division, M. le Président.
M. Vaugeois: Voyons donc! C'est votre proposition.
Le Président (M. Boucher): L'amendement...
M. Rivest: Dans une saine logique parce que le même pouvoir
se retrouve à l'article 15c).
M. Vaugeois: Un instant! Par exemple! Si vous proposez un
amendement avec lequel vous n'êtes pas d'accord! Faites-vous une
idée.
M. Rivest: Cela n'est pas permis?
M. Vaugeois: M. le Président, je renonce. Est-ce que vous
proposez un amendement?
M. Rivest: M. le député de Gaspé,
sauvez-nous.
M. Vaugeois: Ne vous occupez pas de cela.
M. Le Moignan: Non, le député de Jean-Talon, dans
ses contradictions, dit que le ministre a trop de pouvoirs et, ensuite, qu'il
n'a pas assez de pouvoirs. Là, il voudrait que je propose. Alors, je
vais le laisser proposer.
M. Rivest: M. le Président, nous allons supprimer, faire
la proposition de supprimer le paragraphe c) de l'article 18.
M. Vaugeois: Nous sommes d'accord avec l'Opposition, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'amendement du
député de Jean-Talon est adopté.
M. Le Moignan: Sans référence à l'article
15.
Le Président (M. Boucher): L'article 18 est adopté
tel qu'amendé. L'article 19?
M. Vaugeois: Cela va. Les articles 20 et 21 ne posent pas de
problème.
M. Rivest: Attendez! Le rouleau compresseur du ministre va
vite.
M. Le Moignan: Mais l'article 18 est réglé.
M. Rivest: Est-ce que la rédaction de l'article 19: "Le
ministre peut assujettir la délivrance d'un agrément aux
conditions déterminées par règlement"... veut dire que le
ministre n'a pas nécessairement l'intention de réglementer la
délivrance d'un agrément et qu'il ne sait pas au juste ce qu'il
veut faire avec cela? Est-ce qu'il pourrait y avoir des délivrances
d'agrément qui pourraient être fournies sans qu'il y ait quelque
règlement que ce soit?
M. Vaugeois: Non, ce que cela veut dire, c'est que, lorsque vous
déposez une demande d'agrément, vous devez vous conformer aux
conditions prévues à l'article 16. Une fois que l'agrément
est délivré, il peut être assujetti à des conditions
mais ces conditions sont presque automatiques. Elles sont prévues dans
les règlements sous le dépôt du rapport annuel ou de
certaines statistiques annuelles.
M. Rivest: Pourquoi "le peut" discrétionnaire? Si c'est
prévu dans le règlement, est-ce que ce n'est pas une
obligation?
M. Vaugeois: C'est la discrétion parce que les
avant-projets de règlement ont été déposés
avec le projet de loi. Il aurait pu y en avoir ou pas, mais ils y sont
actuellement.
M. Rivest: Très bien.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
20.
M. Vaugeois: L'article 20 rejoint d'autres préoccupations
qui se manifestent ailleurs. On essaie de simplifier partout où c'est
possible. D'ailleurs, les libraires reçoivent maintenant non plus des
formulaires très compliqués à remplir mais on leur envoie
une formule très simple où ils sont déjà
identifiés et où on leur demande tout simplement: Est-ce qu'il y
a des changements depuis la dernière déclaration? Alors, c'est
dans cet esprit de simplifier le plus possible les procédures.
M. Rivest: Le caractère permanent de l'agrément
vous a été demandé?
M. Vaugeois: Même pas, c'est notre initiative. Nous
cherchons dans tous nos programmes à simplifier les procédures,
à simplifier les questionnaires pour ne pas demander chaque année
les mêmes informations. S'il n'y a pas eu de changement, il n'y a pas eu
de changement. S'il y a des changements, on veut en être saisi. Je pense
que tout le monde est conscient qu'il faut faire cela. Alors, on a fait le
nettoyage de notre propre initiative dans nos programmes.
M. Rivest: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
21.
M. Vaugeois: Cela ne pose pas de problème, je pense.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Vaugeois: C'est dans la logique de l'article 20.
M. Rivest: La façon dont il est rédigé peut
constituer sur le plan technique une infraction à la loi. Est-ce qu'il
n'y aurait pas possibilité, à moins qu'on puisse le faire par...
Il ne faudrait quand même pas que quelqu'un qui retarde, par exemple, de
fournir les renseignements soit placé devant une infraction technique
à la loi. Est-ce qu'il n'y aurait pas un délai ou une formulation
comme: "doit au préalable informer par écrit dans un délai
raisonnable", ou quelque chose comme cela? Je ne sais pas.
M. Vaugeois: Ce serait pire si on écrivait cela.
M. Rivest: Mettez un délai fixe, peut-être de quinze
jours, si vous voulez, parce que sans cela, aussitôt que le changement se
produit, techniquement, en fait, la personne commet une infraction à la
loi.
M. Vaugeois: Voulez-vous qu'on vous commente cela, M. le
député?
M. Rivest: Pardon? Oui.
M. Vaugeois: "Au préalable", c'est important, parce que
cela nous permet de savoir à l'avance le vent de transaction avec les
entreprises étrangères; cela nous permet, à ce moment, de
pouvoir intervenir avec les moyens qu'on s'est donnés comme la SODIC. En
fin de compte, un des points de vue de cette loi, c'est d'avoir le plus
possible d'entreprises québécoises solides. Si on sait au
préalable que des transferts d'actions ou des changements de
propriété doivent se faire, cela nous permet d'intervenir, pas
pour les empêcher de force, mais au moins pour proposer un choix
d'options.
On a des cas précis. Dernièrement encore, il y a une
maison montréalaise qui nous a fait savoir qu'elle avait des
propositions d'achat de maisons étrangères, deux maisons
américaines en particulier. Là il fallait que le ministère
de l'Industrie et du Commerce et d'autres donnent des autorisations. On a mis
cette maison en contact avec la Société de développement
des industries culturelles. On a trouvé du financement. On a
trouvé des partenaires québécois et cette maison est
restée propriété québécoise.
M. Rivest: Ce qui est resté l'objet... M. Vaugeois:
C'est positif...
M. Rivest: Oui, je l'avais... Oui, c'est positif, mais "doit", il
y a une obligation au préalable. C'est quand cela, "au
préalable"? C'est cela, mon...
M. Vaugeois: Sujet.
M. Rivest: Est-ce que c'est quand il en est simplement question
de la transaction ou bien quand on est sur le point de signer?
M. Vaugeois: Vous êtes d'accord, M. le
député?
M. Rivest: Sérieusement, je trouve que cet article aurait
dû exister depuis fort longtemps. Cela aurait évité
à des entreprises québécoises de s'engager dans des
transactions avec les étrangers alors que ce n'était
peut-être pas dans les lois, mais dans la philosophie, dans la politique
du ministère des Affaires culturelles on aurait pu dire: On
n'aime pas cela. À ce moment, au moins, les libraires
québécois, ou enfin les gens qui sont dans le commerce du livre,
les libraires, les éditeurs, etc., l'auraient su. Sur ce plan, je trouve
cela très positif. La seule chose, c'est purement technique, c'est
qu'"au préalable", c'est quand, "au préalable"? Quand on en
parle?
M. Vaugeois: Au fond, c'est que vous voudriez qu'on aille plus
loin et qu'on soit plus précis dans le préalable. Si on met un
délai après que la transaction a eu lieu, à ce moment,
l'entreprise ne se conforme plus à l'article 15 sur la
propriété. On voudrait, à la limite, qu'on dise...
M. Rivest: Parce que cela peut constituer une infraction
technique.
M. Vaugeois: Au moins quinze jours, au moins un mois...
M. Rivest: Avant la signature, avant la conclusion.
M. Vaugeois: Je pense, M. le député, qu'on marque
déjà un progrès. On doit avoir une information. On est
moins rigide et, là, vous nous permettez de rester le moins rigide
possible. Tout peut arriver. Il ne faudrait pas une référence
à l'article 21 qui nous permette d'attraper l'entreprise en disant: Vous
n'avez pas respecté le délai légal. Si on met un
délai, cela devient un délai légal. Je trouve qu'il faut
être le moins rigide possible. C'est déjà pas mal que de le
demander.
M. Rivest: L'inconvénient, ce serait que la personne
appelle au ministère des Affaires culturelles ou envoie un
télégramme...
M. Vaugeois: Et dire: Demain, je fais une transaction.
M. Rivest: ... pour aviser que non seulement dans
l'après-midi... Mais si elle fait cela, elle serait conforme à la
loi, si elle fait cela et qu'elle sait très bien que cela risque de lui
occasionner des problèmes, je pense bien que personne de responsable ne
va procéder de cette façon, elle va informer dans les
délais. Les gens savent maintenant que l'obligation est là, ils
vont fonctionner avec.
M. Vaugeois: C'est cela. Le Président (M. Boucher):
Adopté. Article 22.
Annulation ou suspension de l'agrément
M. Vaugeois: Pour nous, il n'y a pas de modification. Je pense
que l'Opposition a un petit amendement à l'article 22.
M. Rivest: C'est au sujet de "modifier les conditions".
M. Vaugeois: Est-ce que vous y tenez à cette
modification?
M. Rivest: C'est ce qu'on me dit... M. Vaugeois: Allez-y
donc!
M. Rivest: C'est que, ou bien les gens respectent les conditions,
ou ils ne les respectent pas. Pourquoi modifier, donner un pouvoir au ministre
de modifier les conditions en cours de route?
M. Vaugeois: Si vous y tenez, on peut effectivement modifier cet
article.
M. Rivest: Ce serait une très grande victoire morale.
Le Président (M. Boucher): Alors l'amendement du
député de Jean-Talon sera...
M. Rivest: Oui, il faut que je le présente.
Le Président (M. Boucher): ... que le premier
alinéa de l'article 22 soit modifié en retranchant, à la
deuxième ligne, les mots "ou en modifier les conditions".
L'alinéa amendé se lirait comme suit: "Le ministre peut annuler
ou suspendre un agrément si le titulaire..."
M. Vaugeois: On me donne des cas où cela aurait pu
être utile, mais ce n'est pas majeur. Si cela peut donner une victoire
morale à l'Opposition, ce sera un échange de victoire morale.
Le Président (M. Boucher): Amendement adopté.
Article 22, adopté tel qu'amendé. Article 23.
M. Vaugeois: II faudrait être concordant avec l'article
22.
M. Rivest: Que l'article 23 soit modifié en ajoutant, dans
la première ligne, après le mot "annulation", le mot "ou;" et en
retranchant, à la deuxième ligne, les mots "ou de toute
modification".
M. Vaugeois: Cela se lirait comment?
M. Rivest: L'article amendé se lirait comme suit: "23. Le
ministre doit, avant de décider de l'annulation ou de la suspension de
l'agrément, donner à la personne en cause l'occasion d'être
entendue et prendre l'avis du conseil."
M. Vaugeois: Cela me va, M. le Président. C'est logique
avec ce qu'on a fait à l'article 22.
M. Rivest: Une question au ministre: Comment cette personne
sera-t-elle entendue? Est-ce que ce sera vraiment le ministre ou une autre
personne? Quelle sera la procédure? Est-ce que ce sera sur
rendez-vous?
M. Vaugeois: En règle générale, ce sont les
règles de justice naturelle qui existent. Donc, il y a un avis d'au
moins trois jours ou cinq jours francs qui est adressé à la
personne qui est convoquée et qui vient devant la personne qui peut
être soit le ministre ou, selon ce qui sera prévu à
l'article 30, s'il y a délégation de pouvoirs, le directeur du
livre ou une autre personne autorisée. C'est assez nouveau d'ailleurs,
c'est l'application des règles de justice naturelle, si vous voulez, au
niveau administratif.
M. Rivest: Les principes. Vous rappelez-vous les maximes latines?
Audi alteram partem. Et l'autre, quelle était-elle
déjà?
M. Vaugeois: Delegatus non potest delegare.
M. Rivest: Non, ce n'est pas de justice naturelle, ça. Je
ne me le rappelle plus. Il y a un nommé Smith, M. le ministre, qui a
écrit un excellent volume là-dessus, je vous le conseille
pour
vos temps libres. Malheureusement, c'est un volume étranger.
Alors, il ne pourra plus circuler au Québec avec le projet de loi.
Le Président (M. Boucher): L'amendement du
député de Jean-Talon est-il adopté?
M. Vaugeois: Avez-vous lu l'Angoisse du roi Salomon, M. le
député?
M. Rivest: Non, moi, je lis les choses...
M. Vaugeois: Cela ne serait peut-être pas mal.
M. Rivest: L'Angoisse? C'est par qui?
M. Vaugeois: Je vous vois en chauffeur de taxi, vous.
M. Rivest: L'Angoisse de?
M. Vaugeois: L'Angoisse du roi Salomon, par Emile Ajar.
M. Rivest: Ajar.
M. Vaugeois: Non, vous ne l'avez pas lu? Avez-vous lu les Grandes
Marées, de Jacques Poulin?
M. Rivest: Non plus.
M. Vaugeois: Non? C'est à lire de votre part.
M. Rivest: Oui?
M. Vaugeois: Oui. Avez-vous lu aussi Souvenirs obscurs d'un juif
polonais né en France, de Pierre Goldman? Ce serait à lire de
votre part. Vous qui avez vécu les événements d'octobre
1970, je pense que ce serait utile.
M. Rivest: Moi, je ne les ai pas vécus.
M. Vaugeois: Est-ce que Au plaisir de Dieu vous dit quelque
chose?
M. Rivest: Oui, oui. (12 h 30)
M. Vaugeois: Vous l'avez lu?
M. Rivest: Oui.
M. Vaugeois: Avez-vous aimé ça?
M. Rivest: Non.
M. Vaugeois: Pourtant, ça tire à droite!
M. Rivest: Oh! Comme parti de droite, avec les
déclarations antisyndicales que vous faites en ce moment,
franchement!
Le Président (M. Boucher): Revenez au sujet, messieurs,
nous devons suspendre nos travaux à 12 h 30. L'amendement du
député de Jean-Talon à l'article...
M. Vaugeois: Le sondage CROP n'avait pas été
complété et j'avais deux ou trois questions à poser sur
les habitudes de lecture.
Le Président (M. Boucher): L'amendement à l'article
23 du député de Jean-Talon est-il adopté?
M. Vaugeois: Oui.
Le Président (M. Boucher): Article 23, adopté tel
qu'amendé.
M. Rivest: Article 24.
Le Président (M. Boucher): Article 24, adopté.
M. Rivest: Article 25.
Appel à la Cour provinciale
Le Président (M. Boucher): Article 25.
M. Rivest: À l'article 25, pourquoi...
M. Le Moignan: On va revenir de toute façon.
M. Rivest: Est-ce qu'on peut... Ce ne serait pas très
long, à moins que vous n'ayez un caucus.
M. Vaugeois: Moi aussi, je n'ai pas grand-chose. Non, je peux
continuer encore un quart d'heure. Je pense qu'on peut finir.
M. Le Moignan: J'ai un caucus à 13 heures.
M. Vaugeois: À 13 heures?
M. Rivest: À quelle heure? 13 heures?
M. Vaugeois: On aura terminé.
M. Rivest: Est-ce qu'il y a encore quelqu'un à votre
caucus?
M. Le Moignan: Plus que jamais. On a la qualité.
M. Rivest: Le député de Terrebonne peut s'absenter
sur d'autre chose, on ne mettra pas en danger.
M. Le Moignan: Avez-vous l'intention de terminer le projet de
loi?
M. Vaugeois: Je pense qu'on peut.
M. Rivest: On peut, parce que les autres parties sont
plutôt techniques.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on suspend ou si on
continue?
M. Vaugeois: On peut continuer, M. le Président.
M. Rivest: On peut continuer.
Le Président (M. Boucher): Etant donné que cela se
terminera à 13 heures et que le secrétariat doit déposer
le rapport à l'Assemblée nationale cet après-midi, il ne
sera pas capable de le faire. Il m'informe qu'il ne sera pas capable de le
faire.
M. Rivest: II n'y a pas...
M. Vaugeois: On peut le déposer un autre jour.
M. Rivest: Un autre jour, ce n'est pas dramatique.
M. Vaugeois: D'accord?
M. Rivest: C'est une loi, d'ailleurs, qui n'est pas tellement
importante.
M. Vaugeois: On va essayer, jusqu'à 13 heures.
M. Rivest: Si vous nous le demandez, on va le faire pour
vous.
M. Le Moignan: Pour autant que le ministre accepte mes deux
amendements.
M. Rivest: On peut continuer.
M. Vaugeois: Alors, allons-y un par un. Article 25.
M. Rivest: Article 25.
Le Président (M. Boucher): Alors, article 25,
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Rivest: Pourquoi, M. le Président, raccourcir le
délai de 90 jours à 30 jours? Dans la loi actuelle, c'est 90
jours et, maintenant, c'est 30 jours.
M. Vaugeois: Chez nous, il y a une tendance à raccourcir
les délais au niveau des appels en Cour provinciale. On voit très
souvent, présentement, quinze jours; c'est purement technique.
Deuxièmement, on l'a raccourci pour un autre motif, entre autres, et je
vais donner un exemple, dans le cas d'un libraire dont la demande est
refusée ou dont l'agrément est annulé. Tant que l'appel
n'est pas fait, la décision du ministre prévaut. Alors, si vous
voulez le mettre à 90 jours, on peut le faire, mais, finalement, c'est
lui que cela pénalise, parce que, plus vite il peut aller devant la
cour, la cour peut rendre non exécutoire la décision du ministre,
s'il y a une demande à cet effet.
M. Rivest: Très bien, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 26.
Une voix: Cela va.
M. Vaugeois: II n'y a rien avant l'article 30, je pense.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 27?
Adopté. Article 28? Adopté. Article 29? Adopté. Article
30.
Administration
M. Vaugeois: À l'article 30, peut-être l'Union
Nationale...
M. Le Moignan: À l'article 30, on a un amendement. Il
s'agit...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gaspé, auriez-vous la copie originale de votre amendement?
M. Le Moignan: Oui, M. le Président, le secrétaire
l'a, là-bas.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'amendement du
député de Gaspé: "Que l'article 30 soit modifié en
ajoutant, après le mot "gouvernement", à la fin de la
troisième ligne, les mots suivants: "Tout document émis en vertu
du présent article doit être déposé devant
l'Assemblée nationale, si elle est en session, dans les quinze jours de
la désignation d'une personne par le gouvernement. Si cette
désignation est faite alors que l'Assemblée nationale ne
siège pas, le document doit être déposé devant elle
dans les quinze jours de l'ouverture de la session suivante ou, suivant le cas,
dans les quinze jours de la reprise des travaux."
M. Le Moignan: Oui. J'aurais pu vous donner une brève
explication. Il s'agit d'un pouvoir de délégation,
délégation complète ou délégation partielle.
Deuxièmement, quand vous dites "à toute personne
désignée par le gouvernement", cela peut être quelqu'un qui
n'est pas du tout membre du gouvernement. Cela peut être n'importe qui.
C'est "toute personne" que vous avez là-dedans. Ici, quand on regarde
cela, on peut trouver cela dans la loi de certaines sociétés
d'Etat, par exemple, la Société nationale de l'amiante, à
l'article 18, où on peut rejoindre quelque chose qui ressemble à
ce que vous avez ici. À l'article 18, quand on parle des pouvoirs du
ministre, on dit: "Le ministre des Richesses naturelles peut, dans le cadre des
responsabilités et pouvoirs qui lui sont confiés, émettre
des directives portant sur les objectifs et orientations de la
société dans l'exécution des fonctions qui lui sont
confiées par la loi." Plus tard, au troisième paragraphe: "Toute
directive émise en vertu du présent article doit être
déposée devant l'Assemblée nationale, si elle est en
session..." d'après les mêmes termes qui se continuent à ce
qu'on avait ajouté. C'est pris du chapitre 42 de la loi.
M. Rivest: "Toute personne", c'est la formule usuelle, mais c'est
bizarre. Cela peut vouloir dire quelqu'un qui est en dehors de la fonction
publique.
M. Vaugeois: Oui, mais cela correspond aux nouvelles lois qui ont
été adoptées. La plupart des ministères d'ailleurs,
depuis une couple d'années, ont présenté des lois pour
préciser le pouvoir de délégation, de signature, et...
M. Rivest: Oui, c'est cela.
M. Vaugeois: ... cela se fait à plusieurs niveaux dans
l'administration publique.
M. Rivest: D'habitude, c'était au niveau des
sous-ministres. Ils étaient désignés nommément.
M. Vaugeois: Oui, mais c'est parce que les lois font que les
sous-ministres et les directeurs généraux peuvent
déléguer et cela se fait en escalier.
M. Le Moignan: Où cela se termine-t-il? M. Rivest:
Cela se termine...
M. Le Moignan: La fin de la délégation, quand c'est
usé complètement, cela se termine.
M. Vaugeois: Je pense qu'il est difficile d'aller plus loin que
P. 3.
M. Rivest: Un peu plus de pouvoir.
M. Vaugeois: L'objectif visé à l'article 30 n'est
pas une délégation de signature, mais de pouvoirs. Cela a
été fait aussi pour rendre l'application de la loi soit au niveau
du directeur du livre qui est en contact immédiat avec les entreprises,
soit aussi on en avait parlé dans nos rencontres avec les
entreprises qu'il peut advenir un jour où les entreprises
agréées ou les normes d'agrément correspondent à
celles des associations professionnelles et que les associations
professionnelles aient un mot à dire au niveau de l'agrément ou
soient tellement conformes ou moulées au projet de loi qu'elles puissent
être responsables de certains secteurs de l'application de la loi.
L'article 30 permettrait cela, pas seulement au niveau d'un fonctionnaire ou
d'un sous-ministre, mais cela pourrait aller à un autre niveau.
M. Rivest: Quant à moi, à moins que... Juste une
dernière précision et ensuite je passerai la parole à mon
collègue de Gaspé. On va savoir comment telle personne a
été désignée pour exercer les pouvoirs. Est-ce que
cela est publié quelque part?
M. Vaugeois: À toute personne désignée par
le gouvernement'. La liste préalable sera déterminée par
le gouvernement par un arrêté en conseil ou...
M. Rivest: Est-ce que cela sera publié dans la Gazette
officielle ou quelque chose comme cela?
M. Vaugeois: Non.
M. Rivest: Non. À qui va-t-on dire cela pour ne pas que
les gens se mettent à tourner dans le ministère, surtout si vous
arrivez à nommer quelqu'un du milieu? Il faudra le savoir. En tout
cas...
M. Vaugeois: On peut toujours dire: "Le ministre peut
déléguer, après en avoir informé le Conseil
consultatif de la lecture et du livre, par écrit et dans la mesure qu'il
indique, les pouvoirs que lui confère la présente loi."
M. Rivest: Ou ajouter un autre alinéa et dire: "Le
ministre informe le Conseil consultatif du livre et de la lecture de la
personne à qui il a délégué ses pouvoirs."
M. Vaugeois: D'accord. Voulez-vous qu'on fasse rédiger
cela correctement?
M. Rivest: Oui, faites rédiger un article.
M. Le Moignan: Oui, parce que là...
M. Vaugeois: Cela va satisfaire à votre...
M. Le Moignan: Mes inquiétudes disparaîtraient
à ce moment-là. Je pense que cela préciserait aussi.
Le Président (M. Boucher): On suspend l'étude de
l'article 30.
M. Vaugeois: D'accord.
Le Président (M. Boucher): L'article 31 ?
M. Le Moignan: À l'article 31, on avait un amendement et
je pense que vous l'avez en main, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Que l'article 31 soit
modifié en ajoutant au début du deuxième alinéa les
mots suivants: "avec l'autorisation d'un juge de la Cour supérieure et
aux conditions qu'il fixe", et en remplaçant le mot "il" par les mots
"le ministre". L'article ainsi modifié se lirait comme suit: "Avec
l'autorisation d'un juge de la Cour supérieure et aux conditions qu'il
fixe, le ministre peut autoriser ces personnes à..."
M. Le Moignan: Pour cet amendement, on s'est inspiré de la
Loi régissant le financement des partis politiques. On avait
donné une première version. Finalement, dans une deuxième
version, la version de la réimpression, la version finale, on disait:
"Avec l'autorisation d'un juge de la Cour supérieure et aux conditions
qu'il fixe. " Ici, cela donne encore au ministre les pouvoirs extraordinaires
qui peuvent être toujours inquiétants. C'est toujours le ministre
qui désigne. Si on revient à
l'article 19 de ce projet de loi réimprimé, cela ajoute
beaucoup plus de souplesse. Si on a un juge, on sait qu'il n'y a pas de
manipulation. C'est tout un article qui a une fonction policière
très dangereuse.
M. Rivest: Dans le précédent que cite le
député de Gaspé, est-ce que c'est un juge de la Cour
supérieure?
M. Le Moignan: Nous étions devant un juge de la Cour
supérieure, selon l'article de la loi.
M. Rivest: J'avais des doutes entre la Cour supérieure et
la Cour provinciale. Etant donné toutes les inquiétudes qui ont
été soulevées autour de l'article 31, c'est un pouvoir
le ministre en est bien conscient très sérieux. Je
me demande si la suggestion du député de Gaspé... Au fond,
à partir du moment où le ministre va pénétrer aux
heures normales de bureau, va enquêter, etc., va désigner une
personne pour avoir accès à tous les renseignements, c'est un
pouvoir judiciaire, c'est un pouvoir d'enquête. Je me demande si cela ne
serait pas... Sauf, évidemment, que pendant qu'il va faire sa
requête, la personne qui va être l'objet de l'enquête risque
d'être informée.
M. Vaugeois: M. le Président, je suis sensible aux
remarques qui sont formulées, mais j'ai l'impression qu'avec la
proposition qui est faite, on n'améliore pas les choses, on les aggrave
même parce que, si on en reste à la formulation actuelle, cela
reste un geste administratif et on ne va pas chercher des
éléments de preuve, on ne donne pas un caractère
pénal ou criminel à la démarche, tandis que si on fait
intervenir un juge, à mon avis, on change le caractère purement
administratif de l'enquête et on lui donne un caractère
j'ose dire plus dramatique. Je ne serais pas d'accord avec l'amendement
proposé...
M. Le Moignan: Quelles seront les personnes qui vont surveiller,
d'abord?
M. Vaugeois: ... d'autant plus que j'en ai débattu avec
les gens du comité de législation et ce sont eux qui m'ont
demandé cela; ils m'ont fait valoir beaucoup d'arguments et de cas de
concordance avec d'autres articles dans d'autres lois qui visent des fins
semblables. Je pense qu'on est mieux d'en rester à cette
rédaction. Dans le sens même des remarques formulées par
l'Opposition, je pense que cette rédaction est plus douce que celle
qu'on pourrait avoir. Je pourrais ajouter que, lorsqu'on a rédigé
cet article, on s'était quand même rendu compte de sa
portée. C'est pourquoi, par rapport à la clause usuelle, on le
retrouve dans beaucoup de lois où il y a l'intérêt des
consommateurs qui est mis en cause, parce que, quand même, cela vise
l'acheteur ici. Donc, par rapport à la clause usuelle qui dit qu'on
pourrait entrer en tout temps, on a modifié cet article pour dire que
c'était aux heures normales de bureau et, ce qui est nouveau, en
présence d'une personne qui est sur les lieux, pour éviter
finalement qu'on n'ait, sans droit, à fouiller dans n'importe quoi et
ceci strictement dans le cadre d'application de la loi.
On donne ici une liste de lois où la même formule ou
à peu près se retrouve: Loi sur les assurances, loi de la
protection de l'environnement, Loi sur la protection du consommateur, Loi de la
conservation de la faune, Loi des permis d'alcool, Loi sur les loteries,
courses et appareils de divertissement.
M. Le Moignan: Parce que dans l'autre projet de loi, dans la
première version, on disait: Le directeur général et toute
personne qu'il désigne par écrit ont accès à tout
moment aux documents. Alors, ils ont eu des remords de conscience puisqu'ils
ont reformulé une nouvelle version.
M. Vaugeois: Mais êtes-vous d'accord que si on fait
intervenir un juge de la Cour supérieure, on donne un caractère
plus...
M. Le Moignan: Peut-être trop... M. Rivest: Dans la
loi électorale...
M. Le Moignan: Oui, mais cela peut s'appliquer. Ce qui
était sage ici...
M. Rivest: Je comprends pourquoi ils l'ont mis. C'est à
cause de ce qui était survenu dans les partis politiques.
M. Le Moignan: Moi, c'est simplement pour empêcher le
ministre de se mordre les pouces un jour et de dire: Pourquoi ne pas l'avoir
dit à ce moment-là? C'est juste pour cela.
M. Vaugeois: J'aimerais mieux qu'on garde le caractère
administratif, qui n'a rien à voir avec une preuve qu'on prépare
et une démarche au judiciaire.
En lisant votre proposition, cela nous fait beaucoup penser au Code
criminel, où on obtenait des mandats pour aller perquisitionner,
etc.
Cela va dans le sens contraire de votre préoccupation, M. le
député.
M. Le Moignan: En face d'un juriste, je suis un peu perdu.
M. Vaugeois: Là, vous êtes même en face de
deux juristes!
M. Le Moignan: Deux juristes? C'est pire! M. Rivest: Et
ils sont d'accord!
Le Président (M. Boucher): Si j'ai bien compris, M. le
député de Gaspé, vous retirez votre amendement.
M. Le Moignan: Je retire tout, comme vous le voyez.
M. Rivest: Et le ministre, sur l'ensemble de l'article 31, a
semblé, étant donné qu'il garde le même texte, ne
pas être trop ému de toutes les remarques qui ont
été faites par les mémoires des intervenants à la
commission parlementaire sur le caractère dangereux d'un tel article.
(12 h 45)
M. Vaugeois: J'ai été très ému. J'ai
étudié cela, je l'ai fait étudier. J'ai demandé
davantage d'information. J'en ai discuté avec les membres du
comité de législation. C'est devant l'avalanche de cas qui se
trouvent ailleurs dans les lois que j'ai reconnu que c'était la
meilleure formulation possible, dans les circonstances. Mais, en soi, ce n'est
pas un article drôle, mais c'est un article nécessaire. À
mon avis, tel qu'il est présenté, il est correct, il est
respectueux des gens, il n'a pas de caractère dramatique, il garde un
caractère administratif. La profession, finalement,
préfère cette formule à n'importe quelle autre. Ce qui est
important, par ailleurs, c'est l'article 35: ce que nous pouvons apprendre,
à l'occasion de toutes ces démarches, garde un caractère
confidentiel.
M. Rivest: Si cela ne garde pas un caractère confidentiel,
quelles sont les sanctions?
M. Vaugeois: C'est toujours la même chose. Si le
gouvernement ne respecte pas ses lois, quelles sont les sanctions?
M. Rivest: Vous le faites constamment dans le domaine des
relations de travail; la loi 45, vous l'avez violée à de
multiples reprises.
M. Vaugeois: Règlement, M. le Président.
M. Rivest: Quant à moi, pour reprendre la
préoccupation du député de Gaspé et celles
formulées par l'ensemble des mémoires et celle-là
même dont s'inspire une grande philosophie libérale, je voterai
contre ce projet de loi. L'article 31, sur division.
M. Vaugeois: Pourquoi allez-vous voter contre? C'est nouveau?
Le Président (M. Boucher): L'article 31 est adopté
sur division.
M. Rivest: On pourrait demander un vote enregistré.
Une voix: Vote enregistré.
M. Rivest: Non, non.
Le Président (M. Boucher): Article 32.
M. Vaugeois: Cela va.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 33,
adopté? Adopté. Article 34, adopté. Article 35,
adopté?
M. Rivest: Article 35.
M. Vaugeois: M. le Président, avant de passer... Article
35, cela va, avant de tourner la page?
M. Rivest: Non, non.
À l'article 35, c'est parce que l'article prévoit que dans
l'application et l'exécution de la présente loi et des
règlements un renseignement obtenu par le ministre est confidentiel et
ne peut être communiqué ou accessible à une personne qui
n'y a pas légalement droit, si ce n'est avec l'autorisation de la
personne concernée ou dans tout autre cas prévu par
règlement du gouvernement. Qu'est-ce que cela vise? On avait l'intention
de supprimer ce dernier bout de phrase. Cela va être confidentiel
à moins qu'on ne décide que ce ne soit pas confidentiel.
Je signale au ministre que dans la Loi des services de santé et
des services sociaux il y a des pouvoirs analogues. Il y a cinq, six,
peut-être sept ou huit articles sur la façon de prévoir les
cas sur la confidentialité et on est très très
précis. C'est quand même très important, on est dans le
domaine du commerce, de la concurrence et de tout ce que vous voulez.
M. Vaugeois: Vous voudriez qu'on change cela par le cas
prévu à l'article 308 du Code de procédure civile.
Le Président (M. Boucher): Voici l'amendement du
député de Jean-Talon à l'article 35: Que le premier
alinéa de l'article 35 soit modifié en remplaçant dans les
cinquième et sixième lignes les mots "tout autre cas prévu
par règlement du gouvernement" par les mots "le cas prévu
à l'article 308 du Code de procédure civile". L'alinéa
amendé se lirait comme suit: "Un renseignement obtenu par le ministre
dans l'application et l'exécution de la présente loi et des
règlements est confidentiel et ne peut être communiqué ou
accessible à une personne qui n'y a pas légalement droit, si ce
n'est avec l'autorisation de la personne concernée ou dans le cas
prévu à l'article 308 du Code de procédure civile. "
M. Vaugeois: Est-ce que je peux lire l'article 308, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): Oui.
M. Vaugeois: "... de même ne peut être contraint de
divulguer ce qui lui a été révélé dans
l'existence de ses fonctions le fonctionnaire de l'État, si le juge est
d'avis, pour les raisons exposées dans la déclaration
assermentée du ministre ou du sous-ministre de qui relève le
témoin, que la divulgation serait contraire à l'ordre public
(Elizabeth II)."
Le premier alinéa de l'article 35, de la manière qu'il se
lit, suit actuellement la tendance au niveau de la législation de
prévoir d'autres cas qui peuvent émaner de règlements. Par
rapport aux
règlements qu'on a, nous, en vertu de cette loi, il n'y a aucun
cas de prévu actuellement. Quant à votre amendement, le fait
d'inclure "si ce n'est avec l'autorisation de la personne concernée",
cela va. Ou dans le cas prévu à l'article 308 du Code de
procédure civile", d'après moi, il me semble que cela n'ajoute
absolument rien parce que, qu'on le modifie ou pas, l'article 308 continue
à s'appliquer à cause de la spécificité de cette
disposition.
M. Rivest: L'article 308 s'inscrit dans le cadre d'un
débat judiciaire. C'est quand un fonctionnaire est appelé
à témoigner.
M. Vaugeois: C'est la raison pour laquelle on disait: Si on ne
prévoit pas les cas prévus par règlement, ce qu'on voit
d'habitude aussi à ce genre d'article, c'est soit sur autorisation de la
personne autorisée, soit dans des cas prévus par la loi, soit
dans le cas d'un ordre émanant d'un tribunal.
M. Rivest: Je comprends que, pour des fins statistiques et
autres, c'est prévu spécifiquement au deuxième
alinéa, mais cela laisse les gens qui communiquent des informations
complètement à la merci du gouvernement qui peut trouver un cas
où il peut dévoiler une information qui aurait été
de nature confidentielle.
M. Vaugeois: C'est à cause de...
M. Rivest: À un moment donné, il peut donner une
information et, trois mois après, on découvre un cas, cette
information part et on dit: On a fait un règlement, on avait le droit de
dire cela.
M. Vaugeois: Remarquez encore que les règlements ne
pourront pas être tripotés comme cela, ce sera bien connu.
M. Rivest: Ces règlements seront assujettis à
l'avis du conseil consultatif.
M. Vaugeois: Oui, en vertu de l'article 7. Avant même
qu'ils soient arrêtés, ils auront été vus par le
conseil.
M. Rivest: Encore là, proposez un amendement et le
gouvernement le bat.
M. Vaugeois: Je n'aime pas cela.
M. Rivest: Voilà, M. le Président.
M. Vaugeois: Article 36.
M. Rivest: II y a juste le ministre qui va voter!
Le Président (M. Boucher): Amendement rejeté.
M. Rivest: On n'a pas le droit de vote là-dessus.
Le Président (M. Boucher): Alors, article 35,
adopté?
M. Rivest: À moins qu'on ne vote. Le député
de Gaspé va s'abstenir, M. le Président, et vous allez pouvoir
voter.
Le Président (M. Boucher): Article 35, adopté?
M. Rivest: Article 35, adopté avec beaucoup... Le
Président (M. Boucher): Article 36. M. Rivest: Sur division,
l'article 35.
Le Président (M. Boucher): Sur division, l'article 35 est
adopté.
Article 36, adopté?
M. Rivest: Attendez! "Renseignements nécessaires à
l'application et à l'exécution de la présente loi";
"renseignements", cela veut dire quoi? C'est large. Est-ce que cela veut
dire... Le ministère du Revenu est excepté, je viens de le
voir.
M. Vaugeois: Oui. Le cadre d'application de l'article 36 est
prévu dans le règlement no 4, où l'institution acheteuse
doit produire annuellement un rapport qui nous dira quel crédit elle a
reçu pour les fins d'acquisition et quelle acquisition elle a faite.
M. Rivest: D'accord.
Réglementation
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 37, il y
a un amendement. L'amendement proposé à l'article 37 du projet de
loi no 51 est celui-ci: L'article 37 est remplacé par le suivant: "En
outre des autres pouvoirs prévus par la présente loi, le
gouvernement peut, par règlement, sur la recommandation du ministre qui
prend l'avis du conseil: 1° définir ce que la présente loi
entend par livre, édition, éditeur, distributeur, distribution,
libraire, librairie, contrôle, remise et tabelles; 2°
déterminer la forme et la teneur des documents que doivent transmettre
ceux qui demandent l'agrément; 3° déterminer les
activités, occupations ou professions incompatibles avec celles
qu'exerce la personne admissible à l'agrément; "4° dispenser
une catégorie de personnes, d'entreprises ou d'activités de
l'application totale ou partielle de la présente loi et des
règlements; "5° établir des régions et, le cas
échéant, prescrire aux fins de l'application de la
présente loi et des règlements des normes, conditions et
modalités pour chacune d'elles."
M. Vaugeois: II va falloir, M. le Président, étant
donné ce qu'on a accepté à l'article 1, modifier le
1°. Finalement, il reste seulement "remise et tabelles".
M. Rivest: C'est cela. M. Vaugeois: D'accord.
M. Rivest: D'accord.
Le Président (M. Boucher): On enlèverait, au
premier paragraphe...
M. Rivest: "Livre, édition...
M. Vaugeois: Ce que la présente loi entend par "remise et
tabelles".
Le Président (M. Boucher): ... livre, édition...
M. Rivest: ... éditeur, distributeur...
Le Président (M. Boucher): ... éditeur,
distributeur, distribution, libraire, librairie, contrôle. On laisse
"remise et tabelles".
M. Vaugeois: Comme, dans nos définitions, on dit:
"à l'exclusion du manuel scolaire" et on ne le définit pas, donc
il faudrait le garder ici. Il faudrait donc dire: "définir ce que la
présente loi entend par manuel scolaire, remise et tabelles".
M. Rivest: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Après, est-ce
qu'on...
M. Vaugeois: Comme cela...
Le Président (M. Boucher):... ajoute avant ou après
"manuel scolaire"?
M. Vaugeois: Avant, je pense.
Le Président (M. Boucher): Avant, "manuel scolaire".
M. Rivest: Cela va? Troisième paragraphe, c'est large:
"déterminer les activités, occupations ou professions
incompatibles avec celles qu'exerce la personne admissible à
l'agrément." Cela veut dire que la personne qui va avoir
l'agrément, il va falloir qu'elle se conforme dans ses activités,
occupations et professions qui pourraient être incompatibles. Que
visez-vous exactement? Que cherchez-vous par cela? C'est fort, cela!
M. Vaugeois: Cette disposition existe déjà dans la
Loi sur l'agrément des libraires et de cette disposition...
M. Rivest: C'est une loi libérale, ce n'est pas
nécessairement bon.
M. Vaugeois: Les règlements ont été faits en
1971. Le fait de prévoir cette disposition nous permettrait, à
partir de la Loi sur l'agrément des libraires, d'aller dans le champ de
l'édition et de la distribution et de prévoir les cas de conflits
d'intérêts, lesquels sont prévus actuellement dans les
avant-projets de règlements. Par exemple, au niveau de l'acquisition, il
y a des libraires qui ne pourraient pas vendre aux institutions
subventionnées où ils siègent, soit au conseil
d'administration, ou dont ils sont gérants ou pour éviter
certains conflits d'intérêts entre l'éditeur-distributeur
et le distributeur-libraire. Ces cas sont prévus dans les
règlements actuels, mais c'est au niveau des conflits
d'intérêts et surtout au niveau de l'application de la politique
d'acquisition.
M. Rivest: Evidemment, on comprend les objectifs, mais, quand on
regarde ce qu'on a vu à l'article 15c), on voit à cet article,
déterminer les activités, article 37, 3e alinéa,
après cela, au paragraphe 4, globalement, dispenser une
catégorie. Tout cela, combiné ensemble, fait que tout le domaine
du commerce du livre, finalement, va être à la merci d'une
très grande discrétion ministérielle. On va pouvoir...
M. Vaugeois: Mais non! Là, on est seulement dans le cas
des entreprises qui ont demandé l'agrément.
M. Rivest: Oui, c'est...
M. Vaugeois: Oui. Le plus grand nombre n'est pas concerné
par l'agrément. On peut déjà prévoir que la
plupart, l'énorme majorité des distributeurs ne seront pas
intéressés. Les éditeurs, oui, parce que les programmes
d'aide sont importants, mais les éditeurs québécois, la
majorité des éditeurs qui vendent des livres au Québec ne
seront pas concernés non plus et, du côté des points de
vente, c'est vrai également.
M. Rivest: On ne peut pas faire un grand débat
là-dessus, mais le poids de tout cela, c'est que les gens qui vont
demander et obtenir l'agrément vont être drôlement à
la merci du ministère des Affaires culturelles ou du ministre.
M. Vaugeois: Pas du tout. Ils vont être subordonnés
à des règlements qu'ils vont pouvoir eux-mêmes discuter et
modifier, le cas échéant, parce que c'est le regroupement de ces
professionnels qui va composer le conseil consultatif et ce seront eux qui
donneront les règlements. Si vous voulez mon avis là-dessus,
d'ailleurs, les gens de la profession nous ont demandé une loi beaucoup
plus protectionniste et beaucoup plus interventionniste que celle que nous
avons devant nous. Nous avons cherché à ne pas intervenir
inutilement.
M. Rivest: D'abord, c'est noté dans les mémoires.
Au contraire, c'est que les éditeurs et les libraires
québécois voulaient la loi, bien sûr, mais ils ne voulaient
pas avoir les inconvénients de la loi. Ces
inconvénients-là étaient justement dans l'exercice du
pouvoir. Il y a toutes les belles...
M. Vaugeois: Oui, mais la grande différence... M.
Rivest: ... phrases...
M. Vaugeois: ... c'est quand on remet ces pouvoirs-là au
conseil consultatif. C'est la grande nouveauté.
M. Rivest: Oui. Globalement, c'est évident que cela
fournit une précaution, c'est une prudence. C'est bon.
M. Vaugeois: Oui, je trouve que c'est bon.
M. Rivest: Mon recherchiste est très sceptique face au
pouvoir réglementaire. Il changera d'avis quand il ira du
côté du gouvernement.
M. Vaugeois: J'en doute.
M. Rivest: Alors, nous allons voter...
M. Vaugeois: Comme cela n'est pas pour demain, M. le
Président...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que... M. Rivest:
... sur division à l'article 37.
Le Président (M. Boucher): Sur division, l'amendement
à l'article 37.
M. Rivest: D'accord.
M. Le Moignan: J'avais un amendement, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le
député.
M. Le Moignan: Mais, étant donné qu'il y a un
nouvel article 37...
Le Président (M. Boucher): Vous le retirez. M. Le
Moignan: ... je pense qu'il est éclipsé.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'amendement est
retiré.
M. Le Moignan: J'en avais un à l'article 38, mais il y a
un nouvel article 38.
Le Président (M. Boucher): L'article 37 est adopté
tel qu'amendé.
M. Rivest: J'aimerais faire une remarque sur le paragraphe 6.
Cela sera joyeux aussi, établir des régions, les gens vont se
retrouver dans les mauvaises régions.
M. Vaugeois: J'améliore ce qui... M. Rivest:
Très bien.
Le Président (M. Boucher): L'article 37 est adopté
tel qu'amendé, sur division.
M. Vaugeois: L'article 38.
Le Président (M. Boucher): L'article 38?
M. Rivest: C'est une nouvelle rédaction?
M. Vaugeois: C'est une nouvelle rédaction. Cela va, M. le
Président, pour l'article 38?
Le Président (M. Boucher): Je vais lire la nouvelle
rédaction de 38. "L'article 38 du projet de loi no 51 est
remplacé par le suivant: "Le gouvernement doit publier à la
Gazette officielle du Québec le projet de règlement avec avis
qu'il sera adopté à l'expiration d'un délai de 30 jours.
Le règlement entre en vigueur le jour de la publication à la
Gazette officielle du Québec d'un avis signalant qu'il a
été adopté par le gouvernement ou, en cas de modification
par ce dernier, de son texte définitif ou à une date
ultérieure fixée dans l'avis ou dans le texte définitif.
"
M. Rivest: Adopté, cela correspond à ma
préoccupation.
Le Président (M. Boucher): L'article 38 adopté tel
qu'amendé? Article 39.
M. Vaugeois: Cela va aussi, je pense.
Infractions et peines
M. Rivest: Pour l'article 39, ça va, à condition
que le gouvernement ne fasse pas comme il a fait pour les lois 23 et 253, soit
accorder la remise de peine et que, trois ans après, il revienne pour
appliquer des sanctions, par une contradiction flagrante, celle-là
même qu'il a faite sur la Baie James et à d'autres occasions.
M. Le Moignan: Ce n'est pas une remise de peine, en fait, c'est
une absolution collective! Sans pénitence!
M. Rivest: Quand vous donnez l'absolution, M. le curé,
vous donnez une pénitence, si ma mémoire est fidèle.
M. Vaugeois: L'article 40, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): L'article 39 est
adopté?
M. Rivest: Adopté. (13 heures)
Le Président (M. Boucher): Je vous ferai remarquer qu'il
est 13 heures.
M. Rivest: On pourra revenir.
M. Vaugeois: Voulez-vous que je relise l'article 40, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): Vous voulez continuer?
M. Vaugeois: C'est de la concordance, M. le Président.
M. Rivest: Oui, c'est fini, on n'a plus d'amendement.
M. Vaugeois: Alors, je vais lire l'article 40, M. le
Président. D'accord?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Vaugeois: "Lorsqu'une corporation, association c'est la
nouvelle proposition société, institution ou organisme
assujetti à la présente loi ou à un règlement
commet une infraction, un administrateur, un membre, un associé, un
employé, un fonctionnaire ou un représentant de cette
corporation, association, société, institution ou organisme qui a
prescrit ou autorisé l'accomplissement de l'infraction ou qui y a
consenti ou participé est réputé partie à
l'infraction et est passible de la même peine que celle prévue
pour celui qui l'a commise". On me dit que c'est une disposition usuelle, M. le
Président.
M. Le Moignan: C'est une loi de 1970.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est-il
adopté?
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): L'article 40 est adopté
tel qu'amendé.
M. Vaugeois: Je pense qu'il n'y a pas de problème à
l'article 41.
M. Rivest: Adopté.
M. Vaugeois: Cela va pour l'article 41?
M. Rivest: Pourquoi $200?
M. Vaugeois: Je dirai cela après. M. Le Moignan:
Pourquoi pas $300?
M. Vaugeois: Alors, cela va pour l'article 41 ? Une voix:
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
42.
M. Vaugeois: II y a une petite modification à l'article
42. On ajoute l'alinéa suivant à l'article 42: "Une telle
poursuite doit être intentée dans un délai de deux ans
après la commission de l'infraction".
M. Rivest: Pourquoi deux ans?
M. Le Moignan: Pour leur donner le temps de s'enfuir.
M. Vaugeois: Sinon il n'y a aucun délai de poursuite et on
peut poursuivre... Au fond, c'est pour protéger les gens. Cela va?
Le Président (M. Boucher): L'amendement est-il
adopté?
M. Rivest: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 42 est adopté
tel qu'amendé. L'article 43.
Dispositions transitoires et finales
M. Rivest: Là, on peut au moins rendre hommage à
l'ancienne loi en la voyant disparaître.
M. Vaugeois: La présente loi remplace la Loi de
l'agrément des libraires (1965, 1re session, chapitre 21) sous
réserve de l'article 45. Effectivement, on peut rendre hommage à
nos précurseurs.
M. Rivest: C'est quoi l'article 45? M. Vaugeois: II s'en
vient.
Le Président (M. Boucher): Amendement adopté?
M. Vaugeois: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 43 est adopté
tel qu'amendé.
M. Vaugeois: À l'article 44, il n'y a pas de
problème, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): L'article 44 est adopté.
Amendement à l'article 45.
M. Vaugeois: J'ai donc une nouvelle rédaction de l'article
45: "Tout certificat d'agrément délivré en vertu de la Loi
de l'agrément des libraires demeure en vigueur jusqu'au 31 octobre 1980
ou, si une demande d'agrément a été remplie,
jusqu'à ce que le ministre délivre ou refuse de délivrer
un agrément en vertu de la présente loi, à moins que le
certificat ne soit suspendu ou annulé en vertu de la section IIIA de la
Loi de l'agrément des libraires".
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Vaugeois: Etant donné notre calendrier de travaux, je
pense qu'il faut avoir cette précaution.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est adopté.
L'article 45 est adopté tel qu'amendé. L'article 46.
M. Vaugeois: Cela va. Des voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
47.
M. Vaugeois: L'article 47 est adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
48.
M. Vaugeois: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
49.
M. Rivest: À l'article 48, j'espère que le ministre
utilisera ce pouvoir dans les plus brefs délais, c'est-à-dire
élaborer une politique...
M. Vaugeois: Bien sûr.
M. Rivest: Pour le journal des Débats...
M. Vaugeois: Si le député de Jean-Talon
commençait à lire les journaux, il verrait qu'on est
déjà en marche.
M. Rivest: J'ai lu le Soleil ce matin et cela "taponne".
Le Président (M. Boucher): L'article 48 est adopté.
L'article 49 est adopté. L'article 50, adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 51, adopté.
L'article 52, adopté.
M. Vaugeois: II faut revenir à l'article 30, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): II faut revenir à
l'article 30 et il faut adopter l'annexe. L'annexe est-elle adoptée?
M. Vaugeois: Oui, mais au paragraphe a), compte tenu de
l'adoption de la loi no 125, il faut dire présentement, je crois,
municipalité régionale de comté.
Le Président (M. Boucher): II s'agirait d'ajouter à
municipalité le mot "régionale".
M. Rivest: Celle loi a-t-elle été
sanctionnée? La troisième lecture...
M. Vaugeois: C'est une concordance au niveau des termes. Une
municipalité régionale de comté... Est-ce qu'on ne peut
pas avoir aussi des municipalités de comté? D'accord. Cela
va.
Le Président (M. Boucher): Cet amendement est
adopté. L'annexe est adoptée telle qu'amendée.
M. Rivest: Les universités ne sont pas incluses?
M. Vaugeois: Non. Et on revient à l'article 30, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): L'article 30.
M. Vaugeois: L'article 30 se lirait comme suit: "Le ministre peut
déléguer, par écrit et dans la mesure qu'il indique, les
pouvoirs que lui confèrent la présente loi et les
règlements à toute personne désignée par le
gouvernement." Et on ajouterait l'alinéa suivant: "Le ministre donne
avis au conseil de tout acte de délégation émis en vertu
du premier alinéa." Et le conseil est défini. Quand on dit le
conseil, on dit nécessairement le conseil consultatif.
M. le Président, il y a deux choses à faire encore
apparemment. Premièrement, il faut faire une motion pour ajuster nos
numéros.
M. Rivest: Motion débattable, M. le Président?
Le Président (M. Boucher): À l'article 30,
l'amendement est-il adopté?
M. Vaugeois: Oui.
Le Président (M. Boucher): L'article 30 est adopté
tel qu'amendé. L'annexe aussi, nous l'avons adoptée. Par la
suite, il y aurait lieu de renuméroter le projet de loi en tenant compte
du nouvel article 1 pour les définitions.
M. Vaugeois: Donc, on décale tous les autres de un. Il y a
au moins deux articles qui renvoient à d'autres articles aussi. Donc,
ils vont être modifiés et il faudra faire les modifications.
Le Président (M. Boucher): Alors, il y aurait
décalage d'un numéro par article.
Il y a une autre motion où on demande de remplacer dans le
présent projet de loi les références aux dispositions
législatives abrogées par la mise en vigueur des lois refondues
du Québec, par des références aux dispositions
correspondantes de ces lois refondues.
M. Rivest: Vous avez compris tout cela, M. le ministre?
M. Vaugeois: Oui.
M. Rivest: C'est extraordinaire!
Le Président (M. Boucher): Est-ce que la motion est
adoptée?
Le projet de loi no 51 est donc adopté.
M. Vaugeois: Ce sont les sortes de dispositions qu'on pourrait
avoir après la souveraineté-association, pour toutes les lois
fédérales.
Le Président (M. Boucher): Je prierais le rapporteur d'en
faire rapport à l'Assemblée nationale au nom des membres de la
commission.
M. Vaugeois: M. le Président, je remercie l'Opposition de
sa collaboration. Je pense que, grâce à sa participation et
à celle de mes collègues, on a, si c'était possible,
amélioré le projet de loi.
Une voix: Fera-t-on rapport cet après-midi? M.
Vaugeois: Non, non.
M. Rivest: Cela a été possible à quelques
occasions, mais, n'eût été l'obstination du ministre, cela
aurait été encore meilleur.
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 8)