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Etude des crédits du ministère des
Affaires culturelles
(Quinze heures quatorze minutes)
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, messieurs!
La commission des affaires culturelles entreprend l'étude des
crédits budgétaires du ministère du même nom pour
l'année 1980-1981.
Les membres de cette commission sont: M. Alfred (Papineau), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Fallu (Terrebonne),
M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Le Moignan (Gaspé), M. Proulx
(Saint-Jean), M. Rivest (Jean-Talon), M. Vaugeois (Trois-Rivières).
Peuvent aussi intervenir: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Bordeleau
(Abitibi-Est), M. Brochu (Richmond), Mme Chaput-Rolland (Prévost), M.
Guay (Taschereau), M. Laplante (Bourassa), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M.
Lefebvre (Viau) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Y a-t-il une suggestion pour un rapporteur pour cette commission?
M. Fallu: Je propose M. Brassard (Lac-Saint-Jean).
Le Président (M. Laberge): Le député de
Lac-Saint-Jean, M. Brassard est proposé comme rapporteur.
M. Rivest: D'accord.
Le Président (M. Laberge): C'est accepté. M.
Brassard (Lac-Saint-Jean) sera rapporteur de cette commission.
M. Le Moignan: De quoi parlez-vous?
Le Président (M. Laberge): Avant l'étude programme
par programme des crédits de ce ministère, le ministre a-t-il une
déclaration préliminaire à faire?
Remarques préliminaires M. Denis
Vaugeois
M. Vaugeois: M. le Président, le mot "déclaration"
est trop fort, mais j'aimerais faire ressortir un certain nombre
d'éléments avant d'aborder comme telle l'étude des
crédits du ministère des Affaires culturelles. Quelques faits
saillants d'abord: en 1980-1981, le budget du ministère des Affaires
culturelles connaîtra, par rapport à 1979-1980, une augmentation
de 27,8%, ce pourcentage d'augmentation incluant une hausse substantielle de $3
500 000 à peu près de crédits permanents pour la Place des
Arts. Mais, indépendamment de ce montant un peu spécial qui tient
surtout de la réforme de la fiscalité municipale, il n'en reste
pas moins que le budget des
Affaires culturelles fait un bond assez exceptionnel cette
année.
Si on compare l'augmentation de cette année au niveau des
crédits votés, par rapport à ce qui avait
été le cas pour 1977-1978 à 1979-1980, on constatera que,
pour ces deux années, l'augmentation a été, dans un
premier temps, de 8,7% et, dans un deuxième temps, de 5,1%. Il faut
dire, par ailleurs, que le ministère des Affaires culturelles avait eu
une augmentation, je pense, qu'on peut qualifier de spectaculaire au moment du
premier budget du gouvernement actuel.
En effet, le budget du ministère des Affaires culturelles, entre
1976-1977 et 1977-1978, avait augmenté de 38%. L'année suivante,
le budget s'était maintenu à un niveau de progression beaucoup
plus modeste, soit de 8,7%; l'année suivante, de 5,1%; cette
année, c'est à nouveau un bond en avant de 27,8%. Ajoutons qu'au
cours de la même période, cependant, au cours de la période
que nous avons terminée au 31 mars, comme l'année
précédente, les augmentations des budgets votés doivent
être revues à la lumière des augmentations de budget en
cours d'année. En effet, cela correspond à ma présence au
ministère, la période où j'ai été titulaire
au ministère des Affaires culturelles. J'ai appris à vivre avec
des augmentations relativement modestes, mais en ayant à l'esprit les
possibilités d'augmentation de budget en cours d'année, de telle
façon que si on regarde les chiffres de façon concrète, le
budget de 1978-1979 avait été voté au niveau de $64 000
000, et le budget, en fin d'exercice, était passé à $70
000 000. La même chose en 1979-1980, on avait démarré avec
un budget de $67 500 000 et on a terminé l'année avec un budget
augmenté à $73 000 000, le même phénomène
s'était donc produit durant les deux années. Il tient
principalement à des transferts de crédits en provenance de
l'OPDQ. Ce sera, à d'autres moments, des appels au fonds de
suppléance, et enfin, à d'autres moments, du budget
supplémentaire.
Ce qui n'est pas comptabilisé, c'est l'utilisation de programmes
de certains autres ministères sans transfert de budgets. On n'a pas fait
cet exercice, mais seulement pour vous donner un exemple: dans l'exercice qui
vient de se terminer, seulement au titre du programme OSE, et pour le volet
PUE, et plus particulièrement, la section OSE-Arts, on a engagé
dans ce programme pour plus de $7 000 000. Bien sûr, ces $7 000 000
n'apparaissent pas dans les budgets du ministère des Affaires
culturelles, ni les budgets votés, ni les budgets augmentés.
C'est de l'argent qui reste entre les mains des ministères responsables
du programme, sans transfert aux Affaires culturelles. Dans le cas de OSE-Arts,
il y aurait une exception à faire, cependant, étant donné
qu'on a eu un transfert d'à peu près $300 000 pour administrer
nous-mêmes un programme spécial "Design de l'environnement" dont
on aura l'occasion de reparler.
Le ministère des Affaires culturelles reste relativement jeune.
En 1961-1962, il disposait de
crédits au montant de $3 200 000, ce qui représentait
à peine plus d'un tiers de 1% du total des dépenses
gouvernementales. Au cours de ses vingt premières années
d'existence, période pendant laquelle le ministère des Affaires
culturelles évoluait vers une certaine maturité, son budget a
presque toujours progressé plus rapidement que celui de l'ensemble du
gouvernement. J'ai fait sortir, d'ailleurs, ce tableau. Si c'est un document
qui intéresse mes amis, il me fera plaisir d'en déposer une
copie. Je n'en donnerai pas lecture ici. Mais on constate, par exemple, qu'au
cours des quatre dernières années, c'est-à-dire depuis
1976-1977 jusqu'au budget de cette année, le budget des Affaires
culturelles budget voté a plus que doublé.
L'augmentation est de 102%. Je donne les chiffres réels.
En 1976-1977, le budget des Affaires culturelles est de $42 789 900 et,
cette année, nous sommes en face d'une proposition de budget de $86 305
500. Pendant ce temps-là, le budget du gouvernement passait de $9 745
000 000 à $17 150 000 000. Vous avez là une augmentation
d'à peu près 75%. On se rend donc compte que la progression du
budget du ministère des Affaires culturelles, au cours des
dernières années, a quand même été plus
importante que l'augmentation du budget du gouvernement.
C'est assez intéressant de voir l'évolution du budget du
gouvernement par rapport à l'évolution du budget du
ministère des Affaires culturelles. C'est un document que je pourrais
faire circuler si...
M. Rivest: Quelle est la proportion du budget des Affaires
culturelles et même des dépenses d'ordre culturel par rapport au
budget global? Est-ce que ça se situe toujours à 0,5%?
M. Vaugeois: Oui, je vais venir à ça aussi. On
avait donc démarré, en 1961-1962, avec 36% des dépenses
totales de l'Etat ou du gouvernement 0,36% on est passé,
à certains moments, par exemple avec la première année de
l'Union Nationale cela a été notre meilleure année
à 0,56%. Il faut dire qu'après ça, ça s'est
dégradé drôlement. On est même retourné, en
1972-1973, à 0,36%. Actuellement, avec le gouvernement actuel, on est
remonté à 0,50%. Cette année, avec notre proposition de
budget, on est à 0,50%.
M. Le Moignan: Vous approchez de l'Union Nationale.
M. Rivest: Est-ce que vous savez que le fédéral
dépense 2,2% de son budget pour les affaires culturelles?
M. Vaugeois: Oui, on aura l'occasion d'y revenir. C'est ce qui
déséquilibre tout, d'ailleurs. C'est l'intervention
budgétaire du gouvernement fédéral. Si on prenait un
gouvernement normal, j'entends un gouvernement souverain...
M. Rivest: Ah! ça, on n'a pas le droit. C'est fini,
ça!
M. Vaugeois: Si on faisait des comparaisons. M. Rivest:
Terminé!
M. Vaugeois: ... un gouvernement souverain, surtout dans le
domaine culturel, le député de Jean-Talon ne devrait pas avoir
peur d'un langage comme celui-là; il a suivi à la trace,
fidèlement, un premier ministre qui se "pétait" les bretelles
avec la souveraineté culturelle.
Si on avait la souveraineté culturelle, on pourrait
espérer un budget consacré aux Affaires culturelles d'au moins 1%
ou même 2%, d'après les normes suggérées par
l'UNESCO. On est à 0,5%, c'est-à-dire 1/2%, mais le gouvernement
fédéral dépense des sommes qu'on ne réussit pas
d'ailleurs à connaître très bien, mais qui nous situent
quelque part entre 1% et 2% pour les sommes consacrées au secteur
culturel.
Il s'agit de voir maintenant comment c'est dépensé. Si on
veut voir sous forme de tableau la croissance comparée des budgets du
ministère des Affaires culturelles et de l'Etat, le taux de croissance
du budget du ministère des Affaires culturelles de 1961-1962 à
1965-1966 avait été de 138%, alors que le taux de croissance du
budget du gouvernement pour la même période avait
été de 102%. Le taux de croissance pour 1965-1966 à
1970-1971 a été, pour le ministère des Affaires
culturelles, de 119%. Et, pendant cette période, justement, le
gouvernement avait eu une progression plus élevée, un taux de
124%. Cela correspond à la période de l'Union Nationale. Donc, le
taux de croissance du budget de l'Etat, pendant cette période-là,
avait été plus élevé pour l'Etat que pour le
ministère des Affaires culturelles.
De 1970-1971 à 1975-1976, alors qu'on revient avec le
gouvernement Bourassa, le taux de croissance du budget des Affaires culturelles
revient à 124%, comparativement à 105% pour l'ensemble du
gouvernement et, de 1975-1976 jusqu'à aujourd'hui, le taux de croissance
du budget des Affaires culturelles passe à 129%, alors que le taux de
croissance du budget du gouvernement est de 109%.
Jusqu'en 1976-1977, plusieurs changements structurels d'importance sont
survenus, par exemple: intensification du patrimoine en 1972-1973 et en
1973-1974; départ de la Direction générale du
cinéma et de l'audio-visuel; départ de l'Office de la langue
française, ainsi de suite, de telle façon que l'évolution
du budget, année par année, témoigne de ces facteurs, et,
conséquemment, rend presque impossible l'établissement de
comparaisons vraiment valides.
Depuis 1977-1978, depuis deux ans, deux ans et demi, les facteurs
d'évolution sont mieux cernés. Des bonds majeurs ont
été réalisés en 1977-1978 par l'addition de $15 000
000 au titre des priorités et des activités nouvelles. En
1980-1981, une addition totale de $18 700 000, comprenant $9 200 000 aux
priorités, apparaît dans nos budgets, dont $3 600 000 pour la
Place des Arts $5 900 000 en ajustements divers dont $3 500 000 pour les
traitements et autres rémunérations et, enfin, $500 000 pour les
arts d'interprétation. On
aura l'occasion de détailler cela un peu mieux tout à
l'heure, mais ces remarques sont là pour indiquer qu'actuellement on
peut suivre du comparable. Il n'y a pas d'arrivées de nouveaux services
ou des départs de services qui viennent un peu fausser l'impression qui
se dégage des chiffres.
Un point sur lequel j'aimerais attirer l'attention des membres de cette
commission, c'est la structure de nos activités. Par le mécanisme
des priorités, la croissance budgétaire des dernières
années a permis d'influer sur la structure des activités du
ministère des Affaires culturelles. L'augmentation des crédits de
transfert a été privilégiée afin de permettre
l'expansion d'activités culturelles pour lesquelles l'Etat cherche moins
un domaine exclusif que des partenaires dans le milieu. Qu'est-ce que ça
donne concrètement? Pendant que le budget du ministère doublait,
ses crédits de transfert passaient de $19 110 000 à $46 167 000,
soit une augmentation de 142% aux crédits de transfert. Leur part dans
le budget total du ministère, au cours de la même période,
passe de 44,7% à 53,5%. C'est peut-être de cela dont je suis le
plus fier.
On s'était donné comme orientation, comme
préoccupation, comme mot d'ordre, de faire progresser les crédits
de transfert plus rapidement que les crédits de fonctionnement. Quand je
suis arrivé au ministère, j'avais constaté que les
crédits affectés au fonctionnement étaient plus importants
que les crédits de transfert et j'avais demandé au sous-ministre
et aux directeurs généraux de tout faire pour renverser cet
ordre-là, de faire en sorte, si possible, que nos crédits de
fonctionnement soient inférieurs à nos crédits de
transfert. On peut dire, après deux ans et demi, que cela a
été réalisé et de façon très
significative, puisque, je le répète, la part des crédits
de transfert, dans le budget total du ministère, au cours des trois ou
quatre dernières années, est passée de 44,7% à
53,5%.
Les secteurs livres, art de l'environnement visuel et patrimoine ont
connu la plus forte augmentation de leurs crédits de transfert. J'ai ici
un tableau qui nous montre révolution de la part des crédits de
transfert dans le budget du ministère des Affaires culturelles. J'en
donne lecture. En 1976-1977, les crédits de transfert occupent donc
44,7% de notre budget. En 1977-1978, légère augmentation à
45,6%. En 1978-1979, 1979-1980, on réussit à s'installer à
51% et cette année, avec notre proposition de budget, nous sommes
à 53,5%. Malgré que les salaires aient augmenté,
malgré l'inflation, malgré le fait que normalement le
fonctionnement du ministère aurait des chances d'être passablement
plus coûteux, on réussit à dégager une part toujours
plus grande de notre budget total pour le transfert, les subventions. Des
catégories de dépenses subissent une baisse dans leur part
relative pendant cette période. Les immobilisations et
équipements passent de 9,3% à 3,9% le fonctionnement passe de 46%
à 42,6%. Dans le fonctionnement, il convient de distinguer les
institutions nationales des dépenses de fonctionnement propres au
ministère.
Le ministère est directement responsable, en effet, des
conservatoires, de deux musées, de la Bibliothèque nationale et
des Archives nationales. Ces dépenses de réseaux constituaient
23,6% de l'ensemble du budget en 1977-1978; en 1980-1981, leur part relative
aura légèrement fléchi avec un pourcentage de 21,4%. C'est
une autre de mes préoccupations maintenant, la part du budget qui passe
au fonctionnement devrait normalement aller davantage à nos institutions
plutôt qu'au fonctionnement propre du ministère. (15 h 30)
Donc, si je suis relativement heureux de constater qu'après trois
ans on a réussi vraiment à faire augmenter sensiblement la part
des budgets de transfert, il reste qu'on n'a pas réussi la même
performance à l'intérieur du budget de fonctionnement. Je me
répète, pour le budget de fonctionnement, ce que je souhaite,
c'est qu'une part toujours plus grande aille à nos institutions et qu'on
réalise des diminutions importantes au niveau du fonctionnement propre
du ministère. Cela doit se refléter, bien sûr,
principalement au niveau des effectifs. Autrement dit, je serais tout à
fait heureux de voir augmenter de façon significative les effectifs, par
exemple, de nos musées, nos effectifs des archives, les effectifs de la
Bibliothèque nationale, des conservatoires.
Mais je ne vois pas que l'effectif régulier du ministère
ait à augmenter de façon notable.
La gestion du ministère et l'effectif. L'évolution de la
structure d'activité dans les crédits de transfert a permis au
ministère de rentabiliser davantage l'utilisation de son personnel.
L'effectif permanent du ministère était de 837 en 1976-1977, il
sera de 927 en 1980-1981, soit une croissance de 10,8%. De plus, il convient de
signaler que cette croissance s'est faite aussi en faveur des institutions
nationales dont les effectifs passeront de 495 à 513, de 1978-1979
à 1980-1981.
Par ailleurs, de 1976-1977 à 1980-1981, la masse salariale aura
été haussée de 85% comparativement à 102% pour le
budget total du ministère. Les traitements représenteront 29,8%
des crédits en 1980-1981 contre 32,5% en 1976-1977. On voit donc que
l'évolution est dans le bon sens. J'ai des chiffres beaucoup plus
détaillés sur la répartition des effectifs dans nos
réseaux d'institutions par rapport à notre effectif au
ministère. Je pourrais déposer ce document également.
Lors de la défense des crédits de l'année
1979-1980, il avait été annoncé un ensemble de mesures
dont la réalisation était jugée importante; un an plus
tard, il faut constater que le taux de réalisation me paraît
raisonnablement élevé. Cela témoigne, je pense, du
sérieux de nos engagements pris l'an dernier et au cours des mois qui
avaient précédé.
Rappelons les réalisations les plus significatives. On aura
l'occasion d'y revenir pendant l'étude des crédits article par
article. L'accroissement de l'aide aux bibliothèques et la
révision de la politique d'aide à la création de
bibliothèques.
C'est d'ailleurs notre priorité numéro 1. C'est
peut-être là où les progrès ont été
les plus
significatifs. Je tiendrai à votre disposition l'évolution
des choses au cours des dernières semaines, puisque, depuis plusieurs
semaines, nous vivons un blitz organisé visant à sensibiliser
toutes les municipalités de 5000 habitants et plus à notre
programme.
Egalement, nous avons mis au point une aide accrue aux librairies, aux
libraires agréés, surtout au titre des communications et du
transport.
Du côté du patrimoine, nous avons réorienté,
d'une façon assez significative, les types de restaurations auxquels
nous nous sommes livrés par le passé. Autrement dit, on est
passé de la restauration de type exemplaire, la restauration
authentique, à un type de restauration qui se veut davantage utilitaire
et davantage fonctionnelle. Nous nous sommes de plus en plus
préoccupés de la réutilisation du bâtiment ancien.
Et là, nous essayons de rejoindre les préoccupations d'autres
ministères, comme celui des Affaires municipales et de l'OPDQ. Nous
avons plusieurs projets communs avec d'autres ministères. C'est
d'ailleurs une caractéristique de notre évolution des
dernières années, des derniers mois en particulier. Cela se
reflète dans le budget. C'est pour cela d'ailleurs que nos budgets
augmentent entre ce qui a été voté et le budget
réel de la fin de l'exercice. On sait travailler avec d'autres
ministères et souvent réaliser certains de nos projets avec les
autres.
Egalement du côté du patrimoine, nous avons poussé
l'implication des pouvoirs locaux un peu dans le prolongement de la nouvelle
Loi sur les biens culturels et cela donne plusieurs ententes signées et
plusieurs qui sont sur le point d'être signées. Je pourrai aussi
en donner la ventilation.
Du côté des musées, il y a une progression
étonnante du côté de l'aide aux musées
privés, qui est assez spectaculaire. Je pense que le gouvernement du
Québec fait plus pour les musées privés que quelque Etat
que ce soit dans le monde. Je ne connais pas d'Etat dans le monde dont l'effort
est plus considérable. J'en connais, par exemple, qui font de meilleurs
efforts pour leurs musées d'Etat. C'est peut-être là que
nous tirons le plus de la patte. Et c'est là où nos efforts
devront être les plus grands au cours des prochaines années. Le
Québec marque un retard effarant du côté de ses
institutions muséologiques, comme d'ailleurs du côté des
institutions que sont les bibliothèques. On peut dire que la
réflexion est amorcée, mais on ne peut pas dire que les questions
sont réglées.
Donc, du côté des musées privés, le bilan est
recevable. Il va falloir maintenant s'attendre que l'entreprise privée,
le milieu comme tel, attache une attention plus grande à ces
musées. Nous faisons un effort particulier dans le cas du Musée
des Beaux-Arts, mais nous avons à faire davantage du côté
des deux musées d'Etat, encore que je ferai remarquer que cette
année nous rétablissons la situation du Musée d'art
contemporain. Nous lui dégageons des budgets d'acquisition significatifs
et nous augmentons légèrement son personnel. Il y a donc pour le
Musée d'art contemporain un redémarrage, grâce au budget de
cette année.
Quant au Musée du Québec, on aura, d'ici à quelques
semaines, des éléments à dévoiler quant à
l'agrandissement de ce musée. On en reparlera, si vous voulez, au moment
de l'étude de cette partie de nos crédits. Nous avons reçu
également au cours de l'année un rapport important sur le
Musée de la Science et de la Technologie. On aura l'occasion d'y
revenir.
Du côté des arts d'interprétation, plusieurs actions
ont été menées, la plus spectaculaire étant sans
doute la relance de l'Opéra. Malgré les hésitations du
gouvernement fédéral, on a quand même réussi
à prendre le départ.
Enfin, un des programmes qui aura été le plus important,
bien qu'il ait fait peu de bruit, c'est le programme OSE-Arts. Je l'ai dit tout
à l'heure, par le biais du programme OSE-Arts, nous avons engagé,
sur deux années budgétaires, plus de $7 000 000 en
création d'emplois dans le milieu culturel. On aura l'occasion, je pense
bien, d'y revenir aussi.
On est particulièrement fier du volet "Design de l'environnement"
pour lequel une cinquantaine de projets ont été retenus. Si ces
projets devaient trouver leur aboutissement en production industrielle, ce
serait de tous les programmes du gouvernement, en termes de création
d'emplois, les plus significatifs et les moins coûteux. Il suffit
qu'à un moment donné un projet de designer, par exemple, soit
retenu au niveau de la production pour que ce soit le déclenchement
d'une opération extrêmement intéressante. On en a cinquante
qui sont en cours. Il s'agit d'espérer qu'un ou deux aillent en
production. Remarquez que les membres du jury, des gens très
compétents comme Julien Hébert, Jean Ouellet et Madeleine
Ar-bour, considèrent que plusieurs projets ont des chances d'être
mis en production.
Enfin, si on prend les priorités budgétaires pour
1980-1981, elles se regroupent sous trois têtes de chapitres: d'abord, le
soutien aux intervenants locaux et régionaux. Le ministère
poursuivra ses efforts à l'égard du réseau des
bibliothèques publiques pour lequel les crédits auront
doublé depuis 1977-1978. A l'amélioration de la qualité
des services s'ajoute une préoccupation accrue pour la création
de nouvelles bibliothèques. Les crédits additionnels pour la
création de nouvelles bibliothèques et l'amélioration des
bibliothèques existantes atteindront $1 865 000. A cet égard, je
dois dire que ce sont des sommes temporaires, parce que nous avons mis au point
un programme qu'on a rendu public, pour l'instant, mais, au fur et à
mesure des réactions des municipalités et des projets
précis des municipalités, nos crédits seront
ajustés. On démarre donc avec un montant plus ou moins important,
mais nous sommes prêts à faire face aux demandes.
J'en profite pour résumer un peu comment fonctionne ce programme.
Selon les espaces des locaux réaménagés ou construits, la
subvention du ministère est plus ou moins élevée. Le
deuxième critère, c'est selon qu'on restaure un bâtiment ou
qu'on en construit un nouveau. Si la proposition d'une municipalité
situe sa bibliothèque, en
termes de surface, à moins de 40% de notre norme et qu'il s'agit
d'un édifice à rénover, nous paierons 50% des coûts.
Si c'est un édifice nouveau, nous paierons 35% des coûts. Si la
proposition de la municipalité l'amène quelque part entre 40% et
59% de la norme, en termes de surface, compte tenu de sa population, dans un
cas de rénovation, nous paierons jusqu'à 60% et, dans un cas de
construction nouvelle, nous paierons jusqu'à 50%.
Dans le cas d'une municipalité qui a un projet qui nous
amène à plus de 60% de la norme par exemple, pour une vile
comme Trois-Rivières, qui compte quelque 50 000 habitants, la norme est
de 35 000 pieds carrés de plancher de bibliothèque et qui
accepterait de révover un bâtiment, elle pourrait recevoir
jusqu'à 75% de subvention à la construction et, si c'est une
construction nouvelle, 65%. On verra qu'avec un programme comme
celui-là, qui vise les quelque 150 municipalités de 5000
habitants et plus, il y a des chances que les sommes nécessaires soient
beaucoup plus élevées que celles inscrites au budget. L'entente
est établie avec les autorités gouvernementales pour que nous
puissions, au moment d'un budget supplémentaire, aller chercher les
sommes nécessaires. On ne demande pas mieux que d'avoir du succès
avec ce plan que nous voulons quinquennal et qui a comme objectif d'amener
toutes les municipalités de plus de 5000 habitants au Québec,
à se doter d'une bibliothèque raisonnable. Ce programme est bon
pour les municipalités qui ont déjà des
bibliothèques qui pourraient être améliorées,
agrandies, et il est bon évidemment pour les municipalités qui
n'ont toujours pas de bibliothèque publique.
A l'égard du patrimoine bâti, le ministère cherchera
l'implication de ses partenaires municipaux et gouvernementaux, tout en
soutenant de nouveaux types de restauration. Un accroissement de 35% des
crédits devrait hausser suffisamment l'apport du ministère. Les
Archives nationales poursuivront l'implantation de leur réseau
régional et elles pourront compter sur des ressources humaines
additionnelles. On aura l'occasion de détailler cela aussi, mais il y a
déjà là une opération remarquable du
côté de la régionalisation des archives et de leur
installation à Québec et, dans un proche avenir, je
l'espère, à Montréal où nous avons tout de
même des locaux convenables, mais temporaires.
Le ministère poursuivra, en outre, ses efforts à
l'égard de la régionalisation et de la gestion des programmes des
arts de la scène et, particulièrement, d'accessibilité
à la scène.
Vis-à-vis des grands organismes, le ministère consentira
un accroissement du budget de la Bibliothèque nationale applicable
principalement aux acquisitions, où nous traînions un peu de
l'arrière. Le Musée d'art contemporain se verra, comme je le
disais tout à l'heure, pourvu d'un budget d'acquisition accru. Cette
fois, on lui ajoute $165 000. Le Musée d'art contemporain pourra
augmenter son personnel de quelque sept postes permanents. Pour sa part, le
Musée du Québec doublera le nombre de ses salles d'expo- sition;
sans faire de bruit, mais grâce au départ des Archives nationales,
nous doublons la surface d'exposition du Musée du Québec tout de
suite. Au cours de cet été, semaine après semaine, nous
récupérons les espaces au fur et à mesure que les Travaux
publics terminent les travaux de rafraîchissement des salles, de telle
façon que, déjà, nous avons doublé les salles
d'exposition, les faisant passer de trois à six. Egalement, le Centre de
conservation et de restauration recevra $283 000 et sept postes additionnels
pour assurer son démarrage.
Du côté des équipements culturels, en plus des
bibliothèques dont il a déjà été question,
deux secteurs retiendront particulièrement l'attention: les
musées privés, outils de conservation du patrimoine mobilier, se
verront consacrer $2 400 000.
La restauration des monuments historiques appartenant au
ministère sera, je l'espère, accélérée,
maintenant que nous avons un plan d'intervention assez bien articulé.
Donc, à la Place Royale même, ça devrait signifier $2 000
000 et, à Terrebonne, quelque chose comme $378 000. Là aussi, je
pense que le programme se déroule bien maintenant.
Enfin, il y aurait encore beaucoup à faire sur la voie du
développement culturel et de la rationalisation de la gestion au
ministère. Le ministère prend de plus en plus conscience qu'il ne
pourra pas seul tout accomplir. Heureusement, il devient chaque jour plus
évident que les autres niveaux d'intervention prennent conscience de
leurs possibilités à cet égard, que ce soient des
citoyens, des entreprises privées, des organismes à but non
lucratif, des municipalités et autres corporations publiques ou, enfin,
des intervenants gouvernementaux. Le ministère des Affaires culturelles
a plus qu'avant, je crois, conscience d'avoir des partenaires engagés,
responsables et compétents.
C'est peut-être là le virage majeur du ministère des
Affaires culturelles au cours des deux ou trois dernières années.
J'en avais fait, pour ma part, une préoccupation constante, et je pense
que nous avons réussi à rendre le ministère des Affaires
culturelles présent aux autres ministères, à la plupart
des autres ministères, depuis le ministère des Transports, le
ministère des Affaires municipales, le ministère de l'Education
ou certaines sociétés d'Etat qui en étaient un peu
éloignées comme l'Hydro-Québec, la Société
d'énergie de la Baie James et plusieurs autres sociétés.
Par exemple, à la période des Fêtes, c'était le
Crédit agricole, je crois, qui faisait un calendrier magnifique en
utilisant nos collections du Musée du Québec, et ainsi de suite.
On se rend compte qu'un peu partout, on met à contribution des
programmes réguliers du gouvernement et de ses régies pour
soutenir l'action culturelle. (15 h 45)
A cet égard, le ministère des Affaires culturelles du
Québec devrait réaliser des progrès substantiels au
chapitre de la décentralisation, tout en s'ajustant au mouvement
d'ensemble autour de la loi 125.
Un des niveaux privilégiés sera sûrement et, de plus
en plus, la municipalité, soit la municipalité traditionnelle,
celle à laquelle on est habitué, ou une nouvelle
municipalité régionale, notamment vis-à-vis des
équipements culturels communautaires. A cet égard, on continue de
souhaiter un rapprochement toujours plus grand entre les municipalités
et les commissions scolaires.
Tous les partenaires identifiés plus haut sont susceptibles de
participer au délestage, par exemple, du parc immobilier du MAC. Je sais
qu'on a apporté ici une maquette du séminaire de Nicolet. C'est
un exemple parmi de très nombreux exemples où la
responsabilité est collective. Il n'appartient pas au ministère
des Affaires culturelles de récupérer tous les vieux
bâtiments. On aura l'occasion d'en reparler. Je pense que c'est une
responsabilité qui se situe à différents paliers, au
palier de l'institution concernée, au niveau municipal et ainsi de
suite. On aura l'occasion d'en reparler et j'ai l'impression qu'il y a un petit
numéro qui est prêt à cet égard.
Face aux organismes subventionnés, il faudra envisager une
accentuation de l'approche transfert, sorte de politique du faire faire dans le
cadre de laquelle le ministère des Affaires culturelles devra offrir des
politiques de financement incita-trices appuyées sur des
mécanismes garantissant une saine gestion. Avec ses partenaires
gouvernementaux, le ministère des Affaires culturelles devra, d'une
part, chercher à clarifier le partage des responsabilités,
d'autre part, accentuer les entreprises où ses partenaires participent
au développement culturel, comme dans le cas d'OSE-Arts, par exemple, ou
le fonds de développement régional. Mais, déjà, je
dois dire que nous sommes grandement satisfaits de la collaboration
reçue d'à peu près tous les organismes gouvernementaux.
C'est peut-être j'insiste là-dessus la plus grande
occasion de satisfaction que nous puissions avoir outre les augmentations de
nos budgets, outre l'amélioration de nos programmes, outre les efforts
de normalisation qui ont donné leurs résultats.
Si je devais terminer sur une note un peu sombre, là où il
n'y a plus de collaboration du tout, ou à peu près pas, en tout
cas, et je la cherche, c'est avec le gouvernement fédéral.
Là, cela s'est dégradé. Je ne sais pas d'ailleurs
pourquoi. Les sommes d'argent sont, apparemment, de plus en plus
considérables et on ne sait pas où elles vont. La consultation
est réduite au minimum et ce n'est pas que nous ne la cherchions pas.
Dans le cas de l'Opéra de Montréal, nous avons très
rapidement annoncé nos couleurs en termes budgétaires et,
après avoir fait une très bonne étude du budget des
opéras, avoir établi le coût de production pour chaque
production, par représentation et, après avoir calculé un
taux d'occupation raisonnable, etc., nous avons estimé que
l'opéra, pour fonctionner, avait besoin de tel niveau de subvention.
Nous avons établi notre contribution à $640 000 en
espérant du gouvernement fédéral une contribution
d'environ $250 000, étant donné ce que le gouvernement
fédéral fait déjà en semblables situations pour
d'autres opéras au Canada.
Aujourd'hui, je n'ai toujours pas l'assurance que le gouvernement
fédéral fera l'équivalent de ce qu'il fait ailleurs au
Canada. Le fédéral a avancé un montant de $160 000 environ
en disant qu'il pourrait y en avoir plus s'il y en avait un petit peu plus de
l'entreprise privée ou Dieu sait quoi. Or, déjà, ces
conditions, nous les avions posées. Nous avions calculé une
moyenne intervention pour permettre aux administrateurs de l'opéra
d'avoir le minimum pour fonctionner et en les incitant à aller chercher
des contributions à l'extérieur. L'attitude du gouvernement
fédéral est un peu décourageante pour les administrateurs
de l'Opéra et, pour nous, elle nous dissuade totalement de mettre les
cartes sur la table pour aider tout le monde.
Ce qui est le plus troublant, c'est qu'il semble y avoir un passage des
budgets du Conseil des arts du Canada vers le Secrétariat d'Etat. Je ne
suis pas certain que les budgets soient mieux administrés dans un
conseil des arts que dans un ministère. Je pense que l'évolution
de nos administrations publiques, les mécanismes parlementaires comme
celui qui nous réunit aujourd'hui font que les deniers publics sont de
mieux en mieux gérés, où qu'ils soient
gérés. Je ne pense pas que le fait que les budgets de transfert
soient maintenus dans des ministères les mette davantage à la
merci de l'arbitraire et de l'intervention partisane.
Mais il ne semble pas qu'au gouvernement fédéral, ni au
Conseil des Arts, ni au Secrétariat d'Etat, on ait cherché, ces
dernières années, à faire ce que nous avons fait à
Québec, un effort de normalisation.
Nous en sommes rendus maintenant à la situation suivante. C'est
qu'ici, nous n'avons pas de conseil des arts. Plusieurs prétendent que
nous devrions en avoir un et c'est un projet qu'on n'a jamais abandonné,
qui devra être étudié au mérite. Et il est possible,
d'ailleurs, qu'il y ait des développements à cet égard,
mais nous avons au moins pris nos responsabilités en termes de
normalisation; nos critères sont plus précis, nos normes sont
plus précises et nos budgets de transfert sont rigoureusement
administrés.
Pendant que cet effort a été fait à Québec,
nous ne voyons pas l'équivalent au Conseil des Arts du Canada et nous
savons que des sommes importantes vont maintenant au Secrétariat d'Etat.
Alors qu'au Conseil des Arts, nous avons une vague idée des
critères et des normes, au Secrétariat d'Etat, on n'en a plus. Je
donnerai des exemples concrets tout à l'heure, lorsque nous
étudierons les différents programmes des crédits, mais
certains programmes n'ont plus de sens du tout dans cette situation. Par
exemple, nous avons voté, l'an dernier, alors que l'Assemblée
nationale du Québec a travaillé pendant des semaines ainsi que
notre commission parlementaire, un projet de loi dans le domaine du livre. Or,
cette loi veut reconnaître les responsabilités de chacun des
partenaires. Après un an et demi, on n'est pas beaucoup plus
avancé parce qu'on ne sait toujours pas comment l'autre, qui a des
millions dans ce domaine, veut se comporter.
Je serai plus précis dans les heures qui viennent, mais
déjà je veux indiquer qu'on peut se féliciter de la
collaboration reçue de différents partenaires du ministère
des Affaires culturelles, ce qui est fort heureux en termes d'évolution.
On a dit, dans le livre blanc que feuillette actuellement le
député de Jean-Talon, que tout était un peu dans la
culture. La culture, ce n'est pas que les livres et les musées, a-t-on
déjà dit, la façon de vivre, la manière de vivre
d'un peuple fondent un peu sa culture. Si c'était vrai en termes de
définition, il fallait que cela se traduise également dans une
implication de tous les ministères. C'est ce qui est en train de se
réaliser et de façon extrêmement satisfaisante.
Mais, pendant le même temps, pendant que ce progrès
s'accomplit, dans le domaine culturel, les interventions de l'autre
gouvernement se font plus bizarres, plus troublantes et plus difficiles pour
nous étant donné que la concertation n'est pas du type que nous
souhaiterions. A cet égard, nous ne désarmons pas, sauf qu'il
convient, je pense, à l'occasion d'une défense des crédits
comme celle-là, de poser certains problèmes et je dois dire que
maintenant, dans les prochaines semaines, nos efforts devront viser à
une concertation plus étroite, plus grande avec nos partenaires
fédéraux. Autrement, nous sommes conscients de la limite de nos
interventions. Si on ne réussit pas à avoir cette collaboration,
tous les efforts que nous faisons deviennent un peu dérisoires. Ils se
perdent, je pense, dans l'avalanche qui vient d'à côté.
Peut-être qu'on peut considérer, à ce moment-ci, que mes
propos sont extrêmes; on verra quand je donnerai les chiffres que j'ai
été extrêmement modéré dans mes propos. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jean-Talon, avant d'étudier les crédits
programme par programme, est-ce que vous avez certaines remarques ou
questions?
M. Rivest: Oui.
Le Président (M. Laberge): Alors, allez-y. M.
Jean-Claude Rivest
M. Rivest: Je prends acte des explications d'ordre
budgétaire et administratif, et aussi des priorités
arrêtées par le ministère des Affaires culturelles, en
somme ce que le ministre vient de nous résumer et qu'il nous avait,
d'ailleurs, déjà transmis dans le document d'appui à la
défense de ses crédits. Comme remarque d'introductiorr, je
voudrais d'abord dire au ministre qu'étant donné l'espace
relativement réduit dans lequel on doit situer cette étude des
crédits, sur le plan proprement de l'administration du ministère
à l'occasion des crédits cette année, j'entends, quant
à moi, et sans préjuger des interventions des autres membres de
la commission, surtout axer l'étude des crédits au titre des
biens culturels, de la conservation du patrimoine culturel, etc., surtout dans
la suite du septième rapport de la Commission des biens culturels. C'est
le premier élément sur lequel on voudrait peut-être mettre
davantage l'accent cette année en ce qui a trait à l'Opposition
officielle. Deuxièmement, bien sûr, une attention
particulière à certains dossiers qui ont été dans
l'actualité. Je pense en particulier aux musées, aux
bibliothèques, à l'opéra, enfin à une série
de dossiers. Troisièmement, au titre des institutions aussi nouvellement
créées, soit la Société de développement des
industries culturelles, l'Institut de recherche. En gros, c'est l'approche
qu'on veut prendre cette année.
Donc, après quelques remarques générales on va
insister davantage on est obligé de choisir, étant
donné qu'on doit finir ce soir à minuit sur le patrimoine,
la conversation des biens culturels, dans la suite du 7e rapport de la
Commission des biens culturels, plus un certain nombre de dossiers, le livre,
les bibliothèques, le suivi aux fondés politiques auxquels
d'ailleurs s'est déjà référé le
ministre.
Comme remarque d'introduction générale, il y a deux
éléments, et le premier auquel je dois me référer,
ce sont les remarques de fin d'introduction du ministre au titre des rapports
entre le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral
dans le domaine culturel. Cela fait, bien sûr, bien des années.
L'histoire de ces relations est complexe dans la mesure où le
gouvernement fédéral a, dans le passé, pris position sur
le terrain culturel, en partie à cause d'un manque
d'intérêt du milieu québécois pour les questions
culturelles. Je me réfère ici à l'époque d'il y a
quinze ans ou vingt ans. Le fédéral n'a cessé depuis de
développer ses programmes dans le domaine culturel, alors même que
le Québec, au moment de la création du ministère des
Affaires culturelles et dans tout ce qui a suivi, ainsi qu'en raison même
de l'intérêt des Québécois, a tenté
d'affirmer l'identité culturelle propre à la
société québécoise.
C'est sûr qu'il y a, dans le domaine des relations
fédérales-provinciales, un contentieux extrêmement lourd au
titre du développement culturel de la société
québécoise, partie intégrante d'un pays qui s'appelle le
Canada. Là-dessus, le ministre y a référé, je sais
tous les inconvénients, enfin peut-être pas tous, mais je connais
les inconvénients d'ordre administratif que cela peut
entraîner.
Par ailleurs, je suis de ceux qui pensent qu'il serait temps je
pense que la conjoncture politique fait que, de toute manière, il va
falloir y arriver qu'on essaie, dans le contexte, dans le cadre
politique précis dans lequel le gouvernement du Québec doit
désormais s'inscrire, de mettre l'ensemble du dossier culturel sur la
table.
Dans cette perspective, diverses orientations d'avenir sont connues. Il
y a toute une série de travaux. Ne serait-ce que ce qui existe de toutes
les conférences fédérales-provinciales au titre de la
révision constitutionnelle, il y a une documentation et des approches
extrêmement significatives dans ce domaine. Je pense en particulier au
texte de l'entente ou de la quasi-entente qui avait
été réalisée par les premiers ministres des
provinces en 1976, à la suite des conférences de Toronto et
d'Edmonton. Il y avait une formule de renouvellement du
fédéralisme qui donnait certainement une manière de
régler les problèmes de relations entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement des provinces, en l'occurrence le
gouvernement du Québec, au titre de la priorité
législative dans le domaine des affaires culturelles.
Cette entente est toujours sur la table. Le contexte politique
présent fait que le présent gouvernement doit, à tout le
moins même si je sais que ça ne relève pas
directement du ministre, mais c'est une position qui concerne le ministre des
Affaires intergouvernementales et sans doute le premier ministre tout
prochainement, sans préjuger de ce qui se passe en ce moment à
Ottawa, mettre sur la table une série de propositions précises au
titre du renouvellement du fédéralisme et en particulier dans le
domaine culturel.
Donc, il y a une proposition dont la base utile serait le consensus
d'Edmonton. Je pense que le gouvernement fédéral a un certain
rôle dans le domaine culturel dans la perspective d'un pays tel qu'on le
connaît qui est le Canada. Il a une certaine responsabilité en
regard du développement culturel. Tout en reconnaissant un rôle au
gouvernement fédéral dans le domaine culturel, il y a des
institutions éprouvées, qu'on pense à Radio-Canada,
l'Office national du film, aux musées nationaux, au Conseil des arts,
enfin les institutions fédérales qu'on connaît. (16
heures)
On doit essayer de regarder l'action de ces institutions
fédérales, non pas dans une perspective de les faire
disparaître, mais bien plutôt dans la perspective d'ajouter aux
moyens, aux ressources et au dynamisme culturel considérables du
Québec la part que peut constituer et que doit continuer de constituer
le gouvernement fédéral, le Canada, en tant que pays. Et sur la
base de 1976, sur le plan administratif, parce que la majeure partie des
problèmes sérieux auxquels a référé le
ministre sont dans l'ordre administratif, il faudrait trouver une formule
et je pense que le consensus de 1976 en avait évoqué une
qui permette aux provinces d'être d'abord les premiers et
en particulier au Québec maîtres d'oeuvre de la politique
de développement culturel. Et je trouve que c'est important pour des
raisons que l'on connaît, mais, en même temps, il faudrait
aménager, avec le gouvernement fédéral, une technique
constitutionnelle d'intégration de l'activité du gouvernement
fédéral avec celle du Québec. En particulier, je pense que
l'élément déterminant c'est d'aller dans le sens du
respect des priorités. Je pense que les priorités d'ordre
culturel doivent être définies par le Québec. Et il faut
s'assurer que, dans l'ordre constitutionnel, dans l'ordre administratif et
législatif, le gouvernement fédéral, dans les actions
qu'il devra continuer de mener, respecte ces priorités.
Et la difficulté qu'on a connue dans le passé, que le
ministre actuel connaît, et que ses prédécesseurs ont
connue, c'est qu'en procédant à la pièce, sans
référence organique ou constitutionnelle, on en arrive
effectivement, comme il l'a signalé dans le cas de l'Opéra de
Montréal, à des blocages, des retards ou des délais
inutiles. Si on avait une formule stable, une formule uniforme pour l'ensemble
des programmes culturels, je pense que bien des problèmes de nature
ponctuelle ou de nature particulière, enfin qui ont trait à des
dossiers particuliers, pourraient trouver des solutions avantageuses, autant
pour le Québec que pour le reste du Canada.
C'est dans cette perspective que je demande au ministre des Affaires
culturelles, au gouvernement et au ministre des Affaires intergouvernementales
entre autres, puisque la conjoncture politique et constitutionnelle du
Québec les y oblige plus que moralement, de mettre sur la table
l'ensemble du dossier. On n'aura probablement pas le temps d'en discuter
à l'occasion des crédits. Mais il faudrait mettre au plus
tôt sur la table l'ensemble du dossier. L'expérience fut
malheureuse à certains égards, c'est sûr, mais elle
comporte également beaucoup d'aspects positifs, parce que le rôle
du gouvernement fédéral n'est pas simplement négatif dans
l'ordre de la promotion de la culture, même de la culture
québécoise en tant que telle. Il y a des institutions qui ont
fait leur preuve et qui ont aidé considérablement au
progrès de la langue et de la culture françaises au Québec
et au Canada; c'est ce à quoi on croit.
D'autres formules ont été mises de l'avant, que celles
auxquelles se réfère le ministre, en parlant du consensus
d'Edmonton de 1976. Il y a eu la prise de position de la commission
constitutionnelle du Parti libéral du Québec qui est là
aussi comme élément de solution. Il y a aussi les commentaires
assez clairs de la commission Pépin-Robarts. D'autres formules sont
envisageables. A tort ou à raison, quelles que soient les convictions
profondes sur le plan du devenir politique du Québec, il reste que,
comme gouvernement et comme ministre des Affaires culturelles, le gouvernement
présent et le ministre en particulier sont placés dans une
dialectique très précise qui est celle de chercher, dans le
domaine culturel également, à faire avancer le dossier tel qu'il
est, par la volonté majoritaire des Québécois, ce qu'on
appelle le renouvellement du fédéralisme.
Je ne sais pas si le ministre serait en mesure de nous indiquer les
intentions du gouvernement à cet égard, mais elles sont
là.
M. Vaugeois: Est-ce que le député me permettrait
une question?
M. Rivest: Oui.
M. Vaugeois: Vous avez fait référence au livre
beige indirectement en faisant allusion aux grandes institutions canadiennes.
Vous avez fait allusion au consensus d'Edmonton et certains autres
éléments qui pourraient être intéressants comme
points de référence. Mais est-ce que vous pourriez me citer un
texte que je pourrais lire sur la souveraineté culturelle telle que
préconisée pendant six ans par M. Bourassa?
M. Rivest: Effectivement, j'avais prévu la question du
ministre.
M. Vaugsois: J'ai appelé M. Bourassa et il ne s'en
souvient pas lui-même.
M. Rivest: Je pense que le ministre se réfère
spécifiquement à la définition, sans doute l'une des plus
exhaustives qu'ait données à l'époque M. Bourassa, au
colloque organisé par le Parti libéral du Québec au
Mont-Gabriel, au mois d'août 1975. Je donne quelques extraits du passage.
Je ne veux pas citer le texte de M. Bourassa, parce qu'il pourrait être
entaché de fédéralisme...
Une Voix: Rentable.
M. Rivest:... mais je vais donner simplement...
M. Vaugeois: Est-ce que tout marche bien pour enregistrer cela?
Cela sera important, parce que cela a peut-être été la
seule fois où il s'est exprimé là-dessus.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre, je vous assure
que les micros fonctionnent.
Une Voix: C'était bon.
M. Rivest: Voici ce qu'en disait M. Michel Roy, journaliste au
Devoir, à l'époque: Je lis simplement une chose, pour montrer que
jamais, au titre de la souveraineté culturelle, il n'a été
dans l'idée de M. Bourassa d'exclure toute espèce de
présence du gouvernement fédéral...
M. Vaugeois: J'espère bien.
M. Rivest: ... dans le domaine culturel. Je cite M. Michel Roy,
dans le Devoir: "A entendre le discours prononcé par M. Bourassa, au
Mont-Gabriel, et à prendre connaissance des explications qu'il a
données par la suite en conférence de presse, on peut conclure
que le premier ministre veut obtenir non pas la souveraineté culturelle
au sens juridique, etc., mais plutôt des garanties inscrites dans la
constitution à l'égard des droits culturels d'une
collectivité. On pourrait reprendre ici l'expression
"sécurité culturelle", étant entendu qu'il ne s'agit pas
pour le Québec d'interdire aux institutions culturelles
fédérales, au Conseil des Arts, à Radio-Canada, etc., de
subventionner la création, de soutenir des initiatives artistiques,
d'octroyer des bourses, etc." Ce que M. Bourassa demandait à
l'époque... D'ailleurs, il ne s'est pas contredit, dans ce
sens-là, dans la mesure où, comme chef du gouvernement, il a
concouru au consensus d'Edmonton de 1976, quelques semaines ou quelques mois
avant le verdict du 15 novembre 1976.
Il y a, peu importent les modalités ou les imprécisions
des formules du passé, une certaine continuité...
M. Vaugeois: Ce n'est pas moi qui l'ai écrit, M. le
Président, n'est-ce pas?
M. Rivest: S'il y a une continuité historique que le
ministre évoque, dans le domaine culturel, je pensé qu'il y en a
une et c'est celle qui, tout en reconnaissant au gouvernement
fédéral un rôle dans le domaine culturel, un rôle
nécessaire, eu égard à sa responsabilité
générale à l'endroit du pays qui s'appelle le Canada... Il
reste que, ce que je disais tantôt, l'essentiel de la démarche que
devrait suivre, que doit suivre et que va nécessairement suivre, du
moins si on s'en fie aux déclarations officielles du premier ministre
depuis un certain 20 mai 1980, le gouvernement du Québec, c'est qu'il
devra s'inscrire d'emblée, quelles que soient ses convictions profondes
qu'il doit aujourd'hui mettre entre parenthèses, dans la suite de cette
démarche qui vise le ministre...
M. Vaugeois: C'est bien cela qu'on essaie de faire; on essaie de
la situer, par exemple.
M. Rivest: Oui, mais à une condition, par exemple. On peut
prendre dossier par dossier, etc., pour essayer de dramatiser, enfin
peut-être pas pour dramatiser, mais pour essayer d'illustrer des
situations absolument inacceptables qui existent en ce moment dans le
fonctionnement du fédéralisme et, en particulier, dans le domaine
culturel, mais ce faisant, ce que je demande au ministre, ce n'est pas de
cacher cela, ce n'est pas de les ignorer, parce que je les connais, et les
Québécois les connaissent de toute manière, et les gens
qui travaillent dans le monde des arts, des lettres ou de la culture les
connaissent, ces inconvénients ils sont réels mais
c'est de les situer non pas dans une perspective uniquement négative
pour tirer de chacun des dossiers certainement qu'ils peuvent être
nombreux qui ne vont pas à notre goût, de tirer
nécessairement, ce n'est l'objet de mon propos cet après-midi,
des arguments pour indiquer que l'on doit sortir du régime
fédéral, chose qui peut être faite, mais dans un tout autre
contexte auquel le gouvernement s'est malheureusement livré depuis son
élection de 1976 jusqu'au moment du référendum.
Maintenant, le contexte, la réalité des choses la plus objective
possible, c'est ce que le gouvernement a dit qu'il ferait. Je demande
aujourd'hui au ministre qui le transmettra à qui de droit il ne
le fera sans doute pas cet après-midi de faire pression sur le
Conseil des ministres et sur le gouvernement pour que l'ensemble du dossier, du
contentieux, dans le domaine culturel soit mis sur la table pour ce qui est et
que, par la suite, on s'inspire de tous les travaux, de toutes les idées
qui ont circulé, de la continuité historique du Québec
à laquelle on se réfère beaucoup dans le domaine culturel
et qui s'exprimait sur diverses modalités les gens de l'Union
Nationale et d'autres formations politiques ont sans doute leurs vues.
Mais toujours cette continuité, il ne faut pas l'oublier, s'est
exprimée dans le cadre du fédéralisme, jamais en dehors,
sauf l'option véhiculée par le Parti québécois.
Mettant le dossier sur la table, l'ensemble du contentieux,
deuxièmement, essayons de dégager
et de traduire maintenant, puisqu'on est rendu la, un suivi des formules
qui ont été évoquées dans le passé il
y a plusieurs formules, j'ai parlé de celle du Parti libéral du
Québec, de celle de l'Union Nationale qui est également au
dossier, de celle des partis politiques fédéralistes du
Québec et de celle évoquée par la commission
Pepin-Robarts, au consensus de 1976 essayons de traduire pour
qu'effectivement la chose puisse débloquer.
Une chose que je regrette, c'est qu'à ma connaissance, sans doute
le ministre des Affaires culturelles, ou son prédécesseur, depuis
trois ans a connu un certain nombre de difficultés à ce titre, la
seule chose que je demande je comprends qu'il y avait un contexte
politique qui s'y prêtait peu... Il y a eu effectivement, dans un domaine
paraculturel qui a une importance très grande pour l'avenir de la langue
et de la culture françaises au Québec et au Canada, un ministre
du gouvernement actuel qui, conscient des difficultés qu'il vivait dans
son secteur, n'a pas attendu la réforme, que la révision
constitutionnelle puisse déboucher sur quelque chose de concret, mais,
connaissant les difficultés proprement administratives qui se posaient,
il est parti, il est allé à Ottawa, il a rencontré son
homologue je ne sais pas si c'est à Ottawa ou à
Québec, peu importe et il en est arrivé à une
entente je parle de l'entente Couture-Cullen dans le domaine de
l'immigration qui, à mon avis je pense que c'est
également l'avis du gouvernement va très bien dans le sens
d'un accord, d'une façon pour le gouvernement fédéral et
les gouvernements des provinces, en particulier du Québec, de mener et
de conduire dans l'ordre culturel, dans l'ordre de l'identité et de la
sécurité culturelle des Québécois, au titre de
l'immigration, un arrangement qui sauve, qui protège et qui, même,
valorise l'essentiel des revendications légitimes dans le domaine
culturel.
Le ministre Couture a pris l'initiative d'aller voir son
collègue, et ils se sont entendus. Cette entente Cullen-Couture, dans le
domaine de l'immigration, même si elle n'a pas de consécration
constitutionnelle, il reste que je suis convaincu que la nature même de
cette entente peut constituer un élément de base et de solution
valable pour tout le reste du contentieux culturel qui existe. Cette entente,
sans remettre en cause les initiatives et la responsabilité du
gouvernement fédéral dans le domaine culturel, sauvegarde une
chose essentielle, qui est notre préoccupation majeure à nous qui
sommes d'avis que le Québec doit rester à l'intérieur du
Canada et qu'il y a moyen de renouveler le fédéralisme pour
satisfaire aux revendications légitimes du Québec. Il y a
là, dans l'entente Couture, une façon concrète,
précise, de respecter ce qui est capital pour l'avenir du Québec
dans le domaine de l'immigration. On peut faire l'analogie avec le domaine
culturel, c'est-à-dire cette priorité que le Québec
définisse ses besoins culturels propres et spécifiques et ses
besoins culturels propres et spécifiques tels que définis par le
Québec, qui ne sont jamais d'une nature gratuite parce qu'ils
correspondent au vécu culturel du Québec.
Je suis convaincu qu'à peu près dans tous les dossiers le
contentieux qui existe entre Québec et Ottawa dans le domaine culturel
entre les institutions fédérales et les institutions
québécoises au niveau des politiques fédérales et
québécoises, il y a toujours moyen, il y a un point de
rattachement qui peut faire en sorte que l'action de l'un et de l'autre soit
complémentaire. Sur la base de l'entente Cullen-Couture, je suis
convaincu que, si on regardait de près ce modèle, cela pourrait
être une solution d'avenir intéressante, d'autant plus que cette
solution Cullen-Couture, dans le domaine de l'immigration, s'inscrit
d'emblée et exprime, à mon avis, l'essentiel de la
continuité historique de la démarche du Québec, à
laquelle on s'est référé dans le domaine culturel comme
dans les autres.
Peut-être que le ministre pourra me faire des commentaires, mais
je tenais, au début des travaux de cette commission, compte tenu du
contexte politique, à l'exprimer de la façon dont je l'ai
exprimé. Sans doute, ceux qui se situent, à bon droit, les
membres de la commission, dans la perspective de la souveraineté
politique du Québec ne sont pas d'accord avec une telle démarche.
(16 h 15)
Mais le contexte il ne s'agit pas de faire le procès du
fédéralisme ou d'essayer de dire que le fédéralisme
n'est pas la voie de l'avenir du Québec et la conjoncture
politique du Québec, au lendemain du référendum,
commandent au gouvernement de respecter la volonté majoritaire des
Québécois qui a indiqué au gouvernement que le travail
à venir devait se faire dans la perspective du renouvellement du
fédéralisme, quelles que soient, encore une fois, la valeur ou la
sincérité des options et les orientations des membres de la
commission ou des Québécois, aussi, qui ne partagent pas cette
vue. La conjoncture nous invite à nous situer dans cette perspective et
je demande simplement au ministre de le faire et de respecter, comme le chef du
gouvernement, comme le premier ministre a indiqué qu'il le ferait, mais
de le faire avec des dossiers clairement établis, avec des formules...
Si les formules du passé ne conviennent pas au gouvernement, qu'il en
trouve d'autres et qu'il présente les intérêts. Ces
intérêts sont sérieux. Ce sont des intérêts
vitaux pour la société québécoise et je demande au
gouvernement de le faire sérieusement. C'est la première
remarque.
La deuxième remarque que je voudrais faire, c'est que je...
Le Président (M. Laberge): Ecoutez, je me pose une
question...
M. Rivest: J'ai cinq minutes. La deuxième n'est pas
longue.
Le Président (M. Laberge): ... sur le règlement,
parce que vous avez déjà parlé 21 minutes. Je me demande
si...
M. Rivest: J'ai cinq minutes encore, pour les remarques
d'introduction. Ensuite, je passerai la parole...
Le Président (M. Laberge): Cela va.
M. Rivest: La deuxième remarque que je voudrais faire
je le fais simplement c'est que je trouve que le livre blanc sur
le développement culturel, qui a été publié en juin
1978, on est à deux ans du livre blanc... Il y a certaines choses qui
ont été faites dans la suite du livre blanc. Je regrette, cet
après-midi, que le ministre, même dans ses déclarations
publiques, d'une façon générale je pense qu'on peut
lui faire ce reproche ne reprenne pas ou ne réajuste pas le tir
au titre des orientations fondamentales du livre blanc.
On a l'impression même les commentaires du ministre cet
après-midi que le ministre semble privilégier beaucoup
certains dossiers. Il parle beaucoup des bibliothèques. Il parle
beaucoup des musées. Il parle beaucoup du livre, etc. Il semble
procéder beaucoup plus par une approche sectorielle. Je suis convaincu
que ce n'est pas ça, mais j'aimerais, soit au moment de l'étude
des crédits, ou ultérieurement, dans les déclarations que
le ministre fera, qu'il revienne, de temps à autre, au livre blanc sur
le développement culturel pour nous dire s'il continue de s'inspirer de
la philosophie de base qu'on y trouvait ou si, sur certains points majeurs, le
gouvernement ou le ministère a modifié ses orientations de
fond.
On se rappelle que, dans le domaine des arts et des lettres, le livre
blanc avait des propositions je me réfère surtout au
deuxième tome extrêmement concrètes au titre des
droits d'auteur, de la formation, des arts de l'interprétation
on parlait de la danse en particulier au titre de la Commission
des arts et des lettres, au titre de la diversification que le gouvernement
voulait apporter pour l'aide aux créateurs, dans le domaine des
industries culturelles plus spécifiques, le livre, le disque, le
cinéma, l'artisanat la Société de
dévoppement culturel est maintenant là; par exemple, on parle de
la diversification des réseaux de vente et aussi au titre de la
diffusion des biens culturels. Le ministre n'en parle pas beaucoup. Ce sont
tous les problèmes, enfin, tous les besoins surtout qui existent dans le
domaine du livre, du disque, de l'artisanat, dans le domaine de la musique
également. Le patrimoine, j'ai l'intention d'y revenir.
Le livre blanc, indépendamment des réserves que nous avons
manifestées et que nous maintenons au titre de la philosophie de base
qui inspirait le livre blanc, il reste qu'il y avait là un effort
d'élargissement considérable des programmes d'aide et de
développement culturel du Québec. Certains éléments
de ces programmes ont déjà connu une concrétisation par
les actions du ministre depuis deux ans. On aimerait qu'il y revienne, de temps
à autre, pour nous situer ça dans une perspective plus
générale, parce qu'il a tendance à procéder d'une
manière, comme dirait un ancien sous-ministre devenu sénateur,
peut-être trop ponctuelle. On perd la perspective d'ensemble du
ministère.
Il y avait donc un élargissement de l'ensemble des programmes qui
a été consigné au livre blanc et il y avait aussi une
affaire qui était importante. Il y avait une espèce
d'approfondissement également de l'action culturelle au niveau du livre
blanc, un approfondissement qui se marquait... Là-dessus, c'est vrai,
quand il a parlé des... Le ministre l'a évoqué cet
après-midi quand il a parlé des crédits de transfert,
etc., de la participation du milieu. Je pense que le ministère,
là-dessus, semble à tout le moins respecter la philosophie du
livre blanc.
Mais il y avait également, au titre de l'approfondissement des
programmes culturels, de leur élargissement, beaucoup plus de
programmes, beaucoup plus d'initiatives. On aimerait que le ministre nous
reparle de certaines initiatives pour voir si c'est encore l'intention du
gouvernement et également d'y introduire cette dimension. C'est que, au
niveau du développement culturel du Québec, c'est difficile de
procéder comme si le Québec était une
société absolument monolithique, non seulement sur le plan
culturel, il y a des actions également. Il y a quand même, au
niveau des minorités, le livre blanc en parlait au niveau des
minorités, minorité de langue anglaise, minorité
néo-québécoise, minorité au niveau des
Amérindiens et des Inuit également, différenciation de la
politique culturelle. Cela, on ne le sent pas beaucoup dans le comportement du
ministère des Affaires culturelles.
Il y a une clientèle pour le domaine des arts et des lettres qui
a été évoquée et chiffrée dans le sondage du
ministère au titre du comportement culturel des Québécois.
Mais quelles sont les priorités du gouvernement au titre des initiatives
d'ordre culturel face aux différents milieux économiques du
Québec?
Il y a des gens qui sont plus favorisés que d'autres, dont le
passé, la culture ou le niveau de bien-être en font des
consommateurs plus près de consommer les biens culturels que la
société produit. Est-ce que c'est une préoccupation du
ministre de faire en sorte que les politiques de développement culturel
au niveau du ministère des Affaires culturelles rejoignent davantage les
gens qui, pour toutes sortes de raisons, psychologiques,
socio-économiques, ont un blocage face à leur
accessibilité, au fond, à l'ensemble de la production culturelle
du Québec?
On ne sent pas dans la démarche du ministre une très
grande préoccupation au niveau également des
différentiations. Dans le livre blanc, on en parlait, les besoins
culturels des Québécois sont également
différenciés au niveau non seulement du milieu
socio-économique, mais de l'âge et même du sexe finalement.
J'aimerais entendre le ministre se prononcer sur ses véritables
priorités là-dessus, sur le suivi du livre blanc. Quand je parle
de philosophie, c'est cela que je voudrais que le ministre essaie de nous
indiquer.
J'ai parlé trop longtemps, je m'en excuse. J'ai d'autres sujets
à traiter avec le ministre, mais je pense qu'on peut convenir
peut-être d'engager une discussion, mais au niveau des programmes. Comme
je vous le dis, je vais mettre l'accent sur le patrimoine cette année.
Après cela, au niveau des éléments, un ou deux, on pourra
passer plus vite, en tout cas, quant à moi.
M. Vaugeois: M. le Président, je ne regrette pas d'avoir
autorisé le député à prolonger un petit peu ses
propos. Cela lui a donné l'occasion de faire l'apologie du livre blanc
sur le développement culturel.
M. Rivest: Non, j'ai bien noté les réserves
d'approche qui ont été signalées. Mais, quand même,
ce que j'ai voulu dire, M. le Président,...
M. Vaugeois: C'est bon, ne revenez pas en arrière, M. le
député.
M. Rivest: ... c'est qu'il y a des choses où le ministre
semble complètement se distancer; il pourrait le faire d'une
façon administrative, budgétaire. Ses interventions de ce matin
le démontraient très bien.
M. Vaugeois: On a écrit le livre blanc, on ne va pas le
récrire tous les ans.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Gaspé.
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: M. le Président. Avec beaucoup d'estime,
d'appréciation pour le ministère des Affaires culturelles et un
peu aussi pour son titulaire, je comprends que, dans ses remarques
préliminaires, il est difficile de toucher tous les aspects, tous les
sujets. Je ne veux rien minimiser. Mais, un peu comme le ministre, tout
à l'heure, il y a des choses qui me tiennent plus à coeur,
peut-être des domaines où j'ai eu l'occasion d'oeuvrer, dans le
passé, et quand je regarde le ministère des Affaires culturelles,
dans son ensemble, je pense un peu à l'ensemble aussi de la population,
à l'immense travail qui a été accompli quand on sait qu'il
y a à peu près 18 ans que nous avons un ministre des Affaires
culturelles. C'est peut-être la chose qu'on déplorait le plus
avant cela de voir que nous étions tellement en retard sur les autres
provinces et surtout sur les autres pays.
Mais, quand on regarde le budget qui était de $3 000 000 à
peu près à l'époque, je comprends que certains ministres
aient quitté le cabinet en claquant la porte, parce qu'on ne leur
donnait pas les sommes nécessaires pour bien diriger leur
ministère. Depuis ce temps-là, on peut tout de même avouer
qu'il y a eu un immense progrès d'accompli. Il y a tellement de points
importants, de points intéressants qu'on peut regarder dans quelques
heures pour les crédits des Affaires culturelles que je vais laisser de
côté des chiffres. des statistiques ou des choses qui sont faciles
à découvrir pour en venir à certains principes qui sont
tellement importants si l'on veut continuer de faire l'éducation de
notre peuple, qui est loin d'être terminée dans certains domaines
qui nous touchent à coeur.
Evidemment, on a parlé d'art, de cinéma, de danse, de
ballet, de bibliothèques, de musées, d'artisanat, et on sait que
l'artisanat, c'est une industrie très importante et on en avait
d'ailleurs discuté au mini-sommet sur les industries culturelles.
Mais il y a certains points, M. le Président, où je
voudrais m'arrêter de façon spéciale. Le ministre a
parlé de musées, de bibliothèques, il a parlé
d'archives, de sociétés historiques, de patrimoine, de biens
culturels. Je voudrais, à partir de ces points, parler peut-être
davantage et faire ressortir le rôle des initiatives locales dans de
nombreux domaines. Peut-être qu'au moment où le gouver-ement
n'avait pas pris en main ou n'avait peut-être pas compris la
nécessité de nous lancer dans l'aventure culturelle heureusement
que nous avions des individus, des groupes ou des sociétés. Je ne
peux pas toutes les nommer, mais je pense à l'une, entre autres, la
Société historique du Saguenay, pour vous citer un exemple, qui
existe déjà depuis passablement d'années. C'est
peut-être une des plus vieilles au Québec et j'ai eu l'occasion
d'y aller en 1960-1961 alors que je songeais moi-même à la
fondation de la Société d'histoire de la Gaspésie. J'avais
déjà découvert, avec Mgr Victor Tremblay, une mine, une
richesse incroyable d'archives, de documents que ce monsieur avait
sauvés, avait préservés, un travail qu'il accomplissait,
je crois, depuis une trentaine d'années.
Je l'ai déploré pour notre région. Quand je dis
notre région, cela peut aussi rejoindre peut-être cinquante
régions, où des gens ont mis sur pied, soit avant, soit
après nous, des initiatives semblables. Je crois que le ministère
des Affaires culturelles y travaille déjà, puisqu'on parlera tout
à l'heure de musées, mais je pense que nos sociétés
d'histoire locales ont contribué énormément au
réveil de la population. On n'a peut-être pas atteint les buts que
l'on se proposait, parce qu'il y a eu tellement de gaspillage, il y a eu
tellement de documents il y en a encore qui sont détruits,
pas simplement par des gens qui n'ont pas la formation ou l'éducation,
mais, ce qui est plus criminel, ce sont des types qui sont au service de
compagnies, de commissions scolaires, de municipalités, j'oserais
même dire de fabriques, qui ont détruit, qui ont vilipendé,
qui n'ont jamais compris la valeur de tous ces documents qui constituent pour
nous les plus riches témoins du passé, que ce soient des
documents écrits, que ce soient des manuscrits ou encore que ce soit de
l'antiquité comme on en voit encore dans des camions qui circulent,
malheureusement, dans certains endroits de la province.
C'est peut-être difficile pour le gouvernement de voter une loi
à ce sujet, mais, si c'était possible... Nous avons
été envahis dans notre ré-
gion, je sais que ça été la même chose sur la
Côte-Nord. On nous dépouille de tout ce qui est ancien. On offre
des prix dérisoires et, quand on va à Montréal, à
certains endroits, on voit tout de même la différence qu'il y a
entre le prix de l'acquisition et le prix de vente, que ce soient des rouets ou
beaucoup d'autres choses. Je l'ai constaté de visu à plusieurs
reprises.
Il y a les musées d'Etat, le ministre en a parlé. On
entrera peut-être plus tard là-dedans. Il y a aussi beaucoup de
musées qui sont des musées privés. Ce sont toujours des
musées qui sont dus à l'initiative de deux ou trois citoyens qui
ont mis sur pied un petit musée qu'ils ont réussi à
sauvegarder dans leur milieu, dans leur paroisse. Je pense à
Paspébiac, à Bonaventure. Il y a de nombreuses années, Mme
Barrette, je pense, avait commencé, à l'occasion d'un centenaire,
mais cela avait été un réveil. Je pense au musée
que le ministre connaît très bien, le musée de
Gaspé, qui remplit sa véritable fonction de musée, qui est
à la fois un véritable musée éducatif, puisque,
dans un premier temps, il y a là une tranche de toute l'histoire de la
Gaspésie qui est résumée, qui est condensée
là-dedans et qui sert beaucoup à nos jeunes, nos étudiants
qui viennent sur place se familiariser un peu avec l'histoire de notre
passé.
C'est un aspect, c'est un point, je pense, qu'il est important de
souligner et, sans oublier les sociétés d'histoire locales qui se
plaignent et qui, à différentes reprises, demandent au
gouvernement de l'aide, des subventions... (16 h 30)
Je pense que j'étais avec le ministre actuel c'est l'an
dernier ou il y a deux ans à Laval, lors d'un congrès de
la fédération. Le ministre a été à
même de constater le dévouement qu'il y a là-dedans et,
surtout, je pense qu'on doit leur rendre justice pour cette sauvegarde du
patrimoine qu'ils ont déjà commencé à effectuer
avant même que les différents gouvernements s'impliquent
réellement.
En plus des musées, il y a eu dernièrement, je pense, un
congrès à Pointe-au-Pic où tous les musées de la
province se sont réunis et ont exprimé leurs doléances et
ont imploré l'Etat de leur aider davantage. J'ai lu un petit extrait
dans un journal; je n'étais pas présent, je n'ai pas eu de compte
rendu de la réunion, mais je sais que le gouvernement s'est
déjà impliqué. Il y a une politique de muséologie
qui est sortie également. Ce sont des points très importants pour
un ministère qui veut essayer de sauvegarder notre patrimoine, qui veut
essayer de garder ce qui fait l'âme de notre peuple ici au
Québec.
Dans un deuxième temps, on a parlé l'an dernier, en
commission parlementaire, de l'implantation des bibliothèques, en
commission parlementaire de l'éducation également. Il y a un
projet qui circulait il y en a peut-être d'autres dans la province
d'utiliser la bibliothèque du CEGEP de Gaspé comme
bibliothèque publique. L'idée semblait vouloir germer ou se
développer. Je ne sais pas du tout si les choses ont progressé
depuis ce temps. J'écoutais récemment Radio-Gas- pésie; on
mentionnait cette possibilité d'agrandissement de la bibliothèque
du CEGEP et de l'auditorium du CEGEP.
Maintenant, peut-être que les officiers du ministère sont
au courant, il y avait eu des pourparlers depuis l'an dernier, mais j'ai une
lettre du ministre, c'est signé de sa main, du mois de juin 1979. Il me
disait ceci, en parlant de ce projet. La municipalité, la ville de
Gaspé, le CEGEP semblaient d'accord et le ministère de
l'Education avait manifesté aussi son assentiment au projet, mais depuis
presque un an rien n'a bougé. Peut-être que ça bouge; c'est
pour ça que je pose la question pour qu'on en parle quand on arrivera au
sujet des bibliothèques publiques. On pourrait économiser
énormément d'argent quand on connaît la richesse de nos
bibliothèques de CEGEP. Le public y contracte des emprunts de livres; le
CEGEP est assez ouvert, mais ils fonctionnent dans une espèce
d'illégalité. Ils doivent peut-être desservir d'abord leur
clientèle et peut-être n'ont-ils pas le personnel pour pouvoir
répondre aux demandes du public.
Tant mieux, j'ai constaté qu'on le faisait, ça se fait
dans d'autres CEGEP, mais je pense que, dans certains coins, le gouvernement
pourrait économiser beaucoup d'argent. Le ministre me disait à ce
moment-là: "Soyez assuré que nous évaluerons avec soin les
possibilités concrètes d'une telle extension de ces services
culturels en faveur des citoyens de Gaspé, compte tenu des besoins du
CEGEP lui-même et que nous voudrons, par la suite, examiner avec toutes
les parties impliquées les diverses solutions envisageables."
C'est au mois de juin l'an passé; peut-être y a-t-il eu des
études faites à ce moment-là. Peut-être que, quand
le ministre y répondra plus tard, il pourra aussi nous en parler. Le
ministre pourrait nous dire aussi, quand on a parlé l'an dernier de
cette loi...
Pardon? C'est un nouveau sujet, tant mieux. On ne veut pas en perdre, on
veut simplement augmenter notre nombre. On en a beaucoup, c'est surprenant,
depuis le 3 mars.
M. de Bellefeuille: Je me demande ce que le journal des
Débats va comprendre dans ça.
M. Le Moignan: M. le ministre pourrait nous parler du projet
qu'il avait mentionné l'an passé non seulement à
Gaspé, mais pour l'ensemble de la province, l'implantation de vos
bibliothèques municipales avec votre nouvelle loi. Quand je parle de
Gaspé, vous savez, je n'en fais pas le nombril du monde; je vous donne
un exemple concret qui peut se trouver dans des régions
éloignées. C'est pour ça que ce qui se fait ailleurs de
beau, de bon, de meilleur que chez nous peut nous intéresser aussi pour
nous inspirer.
On avait déjà mentionné des bibliothèques de
prêt, je sais qu'il y en a une chez nous, il y en a peut-être
d'autres ailleurs.
M. Vaugeois: Partout maintenant.
M. Le Moignan: J'aimerais savoir quels sont les services
véritables que l'on rend à la population compte tenu des
distances. Vous devez avoir des sous-centres de ces choses-là; je ne
sais pas s'ils sont nombreux, mais il me semble qu'on n'en entend pas tellement
parler. C'est peut-être l'aspect que je voulais soulever, quand on parle
d'information, de publicité.
Le ministère des Affaires culturelles a certainement des budgets,
non seulement pour les bibliothèques, mais pour la sauvegarde du
patrimoine. Je voudrais que le gouvernement ne se gêne pas de ce
côté-là. Personnellement, je n'ai pas l'intention de le
critiquer, il lance des invitations répétées à la
population pour la sauvegarde du patrimoine. Quand je parle de sauvegarde du
patrimoine, je parle de documents, de livres, d'antiquités, de
compagnies qui ferment leurs portes, de gens qui détruisent des vieilles
maisons, qui ne sont pas du tout au courant qu'il y a là des richesses
à sauvegarder. Je crois que le ministère a un immense rôle
à jouer de ce côté-là.
M. Proulx: Pour les archives de l'Union Nationale, cela aurait
une très grande valeur. Au point de vue historique.
M. Le Moignan: Pour les archives de l'Union Nationale, cela
aurait une très grande valeur, parce qu'on retrouverait le nom du
député de Saint-Jean là-dedans.
Des Voix: Le crabe! Le panier de crabesl
M. Le Moignan: Le panier de crabes, on l'a conservé.
M. Proulx: Au point de vue historique, tous vos dossiers,
à l'heure actuelle, il faudrait garder cela absolument.
M. Le Moignan: M. le député de Saint-Jean, on va
sortir cela un jour. Il y a de très belles pages. C'est pour cela que
j'en arrive à parler d'archives. Le panier de crabes va être
là-dedans.
Au sujet des archives, le ministère des Affaires culturelles a
envoyé des ambassadeurs en province, à droite et à gauche.
J'ai entendu des échos de leur passage dans le Bas-du-Fleuve, en
Gaspésie. Je n'étais malheureusement pas sur place. Je suis
intéressé à cette question parce que, lorsque j'ai
parlé des différents centres tout à l'heure, j'ai
donné l'exemple de la Société historique du Saguenay. Il
se peut fort bien que cette société historique ait des documents
rares, précieux, qui concernent la Gaspésie, et dont nous
ignorons totalement l'existence, comme nous avons trouvé chez nous des
documents très intéressants qui concernaient plutôt la
Société historique des Aca-diens de Moncton. C'étaient des
manuscrits qui avaient toute leur valeur là-bas, qui en avaient
peut-être moins dans la région immédiate de
Gaspé.
Quand vous étudiez votre centre d'archives, il y a un
sous-centre, un centre régional, à Rimouski, qui rejoint l'Est du
Québec. Nous avons des archives chez nous, comme il y en a dans d'autres
centres, naturellement. Mais je me demande si c'est votre intention, un jour,
puisque vous avez des spécialistes qui se rendront sur place pour former
d'autres jeunes, si nous avons à Gaspé des renseignements, un
manuscrit ou quelque chose de nature à intéresser des
Trifluviens, que les gens de Trois-Rivières sachent très bien que
tel document, on peut le retrouver à Gaspé, par exemple.
Je pense que c'est très important. J'en ai des preuves et cela me
bouleverse un peu de voir qu'il y a des documents ailleurs. Je me dis: C'est
chez nous que cela devrait être. Cela ne devrait pas être au Bic,
cela ne devrait pas être à Trois-Pistoles. Cela devrait être
chez nous.
Je comprends que c'est peut-être une grande aventure, mais pour la
sauvegarde du patrimoine, et en même temps aussi pour aider tous ceux qui
s'intéressent à l'histoire régionale, comme les ouvriers
dans ce champ se font de plus en plus nombreux, je pense que c'est avec un
centre d'archives, une technologie très bien rodée, à
point, que l'on peut épargner énormément de temps et de
travail.
Si on a cette espèce de fichier je ne sais pas s'il serait
central, étant donné qu'à Québec on est en train de
s'organiser de façon plus que convenable je pense que si vous
avez des ramifications à travers tout le Québec, dans des
domaines qui nous tiennent à coeur un peu, les différentes
sociétés d'histoire, avec leurs revues d'histoire
également, qui sont assez nombreuses encore au Québec et qui ont
fait un extrême travail pour l'éveil de notre population, si on
met cela tout ensemble, je comprends que le ministère des Affaires
culturelles ne dépense pas d'argent en vain.
Je reviens encore sur cette idée qui serait peut-être bonne
je ne sais pas par quels moyens de lancer un S.O.S. à tous
ceux qui détruisent impunément. J'ai peut-être la maladie
des documents, mais je pense que ce serait bon, parce qu'on en récolte
quelquefois, on voyage, on s'arrête à des endroits et les gens
nous donnent des choses qu'ils s'apprêtent à détruire, des
collections qui sont introuvables, des collections qui valent très cher
si on est forcé de les acheter. C'est peut-être un des aspects
intéressants à part tout ce qui concerne l'industrie du
livre.
Quand vous avez adopté votre Loi sur le développement des
industries culturelles, depuis ce temps-là, le ministre pourrait
peut-être nous dire un peu ce qui a été accompli
là-dedans, de quelle façon on a évolué, si nos
artistes, nos artisans en ont profité. Beaucoup de discussions ont eu
lieu, il y avait même un peu de controverse dans certains ateliers. A ce
moment-là, ce n'était peut-être pas si mauvais;
c'était peut-être une invitation aussi au gouvernement à
prendre en main les éléments les plus sérieux.
Le ministre a parlé de la loi 51, loi sur l'industrie du livre.
Si je comprends bien, cette loi n'a pas encore été
promulguée, je pense, pour mille raisons que je ne connais pas trop.
Des
avant-projets de règlements avaient été soumis
à ce moment-là, trois ou quatre avec le projet de loi que nous
avons adopté, je pense, à la session d'automne, peut-être
au mois de novembre ou au mois de décembre. Il reste encore des choses
dans la loi 51 au sujet de nos libraires. On avait parlé de la Librairie
Hachette-Garneau-Dussault, des intérêts étrangers, des
intérêts québécois. J'aimerais que le ministre nous
dise également, à la suite des nombreux mémoires que nous
avions entendus à ce moment-là, de quelle façon les choses
se sont ajustées pour toutes les personnes concernées par la loi
51, que ce soit l'écrivain, l'éditeur, le distributeur, etc. On
peut répondre à cela à l'occasion de l'étude des
crédits pour chacun des ministères en question ou
peut-être, pour gagner du temps à ce moment-ci, le ministre
peut-il nous donner un peu le genre de politiques générales, les
points qui se sont développés, les politiques qu'il a
préparées ou qui ont réussi à voir le jour depuis
cette époque?
M. le Président, je pourrais parler de beaucoup d'autres sujets,
mais je pense qu'en cours de route, quand nous procéderons à
l'étude programme par programme, nous pourrons revenir sur des questions
de détails plus particulières.
Le Président (M. Laberge): Je vous remercie, M. le
député de Gaspé. M. le député de Terrebonne,
vous aviez demandé la parole.
M. Elie Fallu
M. Fallu: M. le Président, on a eu tout à l'heure
un rappel de la souveraineté culturelle par le député de
Jean-Talon. Je voudrais, au départ, réévoquer cette
souveraineté culturelle telle que je pouvais la relire en cette fin de
semaine dans le dossier qui était dans mon classeur, intitulé
"Denis Hardy, souveraineté culturelle", puisque mon
prédécesseur au siège de Terrebonne avait
été le champion de la souveraineté culturelle. Cela me
rappelait d'assez mauvais souvenirs et d'entendre aujourd'hui cette
référence à la souveraineté culturelle comme base
de négociation dans la réforme de la constitution me laisse un
peu perplexe.
J'aimerais à ce titre, d'ailleurs, demander très
concrètement au ministre, fort des expériences de cette
souveraineté culturelle, telle qu'il l'a vécue comme Trifluvien,
d'une part, ou telle qu'il la vit maintenant comme ministre des Affaires
culturelles, un peu l'évaluation de ce qu'ont été ces
politiques dites de souveraineté culturelle. Je me permets au
départ de rappeler les grandes lignes, comme l'a fait d'ailleurs tout
à l'heure de façon synoptique le député de
Jean-Talon. La souveraineté culturelle, c'est donc le Québec qui
définit ses priorités et Ottawa qui devient maître
d'oeuvre.
Deux dossiers, entre autres, au Québec ont fait l'objet d'une
telle démarche, les Vieilles forges, à Trois-Rivières, et
le Parc de l'artillerie, à Québec. J'aimerais connaître de
la part du ministre l'évaluation qu'il fait de ces deux dossiers en
rapport avec le débat constitutionnel qui est maintenant en cours.
Deuxième série de questions. Il nous arrive
présentement, M. le Président, que le Québec n'a
virtuellement pas d'Opposition à la Chambre des communes d'Ottawa pour,
au moment des crédits qui seront bientôt étudiés,
questionner le gouvernement fédéral actuel sur ses politiques
culturelles qui ont des rapports directs avec l'activité culturelle du
gouvernement fédéral sur le territoire national du Québec.
J'aimerais, si vous permettez, par une série de questions je
demanderais au ministre d'ailleurs d'en prendre note, parce que j'aimerais bien
avoir les réponses les plus précises possible savoir un
peu l'impact ou les méthodes des politiques culturelles sur le
Québec. (16 h 45)
Ma première question: Quels sont les montants
dépensés sur le territoire national du Québec par le
gouvernement fédéral dans le domaine culturel pendant la
dernière année? Qu'a fait le Secrétariat d'Etat, dont le
titulaire est mon propre député fédéral, des
résidus de Loto-Canada, puisqu'on a dit que les résidus devaient
servir au développement culturel? De mémoire, je crois qu'il
restait un fonds de quelque $12 000 000. Est-ce que, depuis qu'il est
lui-même titulaire, le gouvernement fédéral s'est
immiscé dans de nouveaux dossiers culturels ou, encore, s'il a mis
l'accent sur l'un ou l'autre des dossiers dans lesquels il était
déjà présent? Quelles sont les ententes intervenues entre
le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral
durant la dernière année, et, s'il y en a eu, pour quel montant?
Y a-t-il eu, en contrepartie, refus de signer des ententes proposées par
le gouvernement du Québec, et, éventuellement, à propos de
quels dossiers? Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que cela complète
vos questions, M. le député? M. le ministre.
M. Denis Vaugeois
M. Vaugeois: M. le Président, cela me fait pas mal de
stock. Le député de Jean-Talon, qui fait l'apologie du livre
blanc, le député de Gaspé, chef de l'Union Nationale, qui
pose des questions pertinentes, en particulier sur le cas de la
bibliothèque de Gaspé, comme illustration du cas des
bibliothèques publiques et des ententes possibles avec les
bibliothèques des institutions scolaires. J'aimerais qu'on y revienne au
moment précis de l'étude des crédits. D'ailleurs, vous
avez posé beaucoup de questions. J'aimerais mieux qu'on les reprenne au
fur et à mesure qu'elles se présenteront lors de l'étude
des crédits.
J'ai pris note par écrit des questions posées par mon
collègue de Terrebonne. Malheureusement, je ne suis pas capable de
répondre à toutes ces questions avec précision
aujourd'hui. J'en a pris bonne note. Comme lui, je souhaiterais que quelqu'un
les repose à Ottawa, parce que, autrement on n'aura jamais les
réponses. C'est comme la publicité fédérale pendant
la campagne référendaire. Il n'y a qu'eux qui peuvent nous
dire
combien cela a coûté, et personne ne les oblige à le
dire, ils ne le diront jamais. Ce sera camouflé quelque part. Pour les
questions que vous avez posées, j'ai ici une note sur le domaine de
l'édition, qui peut peut-être nous donner un point de comparaison.
Vous avez fait référence au cas du Parc de l'artillerie ou des
Vieilles forges. Soit dit en passant, j'ai toujours apprécié le
travail de Parcs Canada aux Vieilles forges. J'ai moins apprécié,
par exemple, le troc qui avait été fait quand on a
échangé ni plus ni moins la Pointe du moulin pour le site des
Vieilles forges, le gouvernement du Québec se rendant responsable de la
mise en valeur de la Pointe du moulin dans Vaudreuil, et le gouvernement
fédéral se rendant responsable de la mise en valeur des Vieilles
forges. Comme échange, cela faisait dur un peu, mais, en tout cas, c'est
un héritage.
Il reste que, maintenant, les gens de Parcs Canada font un bon travail
de mise en valeur, malgré certaines contraintes qu'ils ont
reçues, parce qu'ils avaient un beau programme de mise en valeur et on
les a forcés par des mouvements de pression à corriger leur
projet, pour un moins bon, mais, en tout cas, c'est une chose. On croit savoir
qu'au total le gouvernement fédéral a plus de fonctionnaires au
Québec dans le domaine du patrimoine que le gouvernement du
Québec n'en a. J'ai derrière moi le directeur
général du patrimoine, je ne sais pas si c'est son impression
aussi. Il peut hocher la tête dans un sens ou l'autre. Je pense qu'il y
en a 150 à Parcs Canada à Trois-Rivières.
L'été, il y a plus de 100 fonctionnaires fédéraux
sur le site des Vieilles forges, et il y a plusieurs sites comme
celui-là.
Il faudrait le savoir un jour, mais il semble bien qu'il y ait plus de
fonctionnaires fédéraux, même dans les périodes
creuses, au Québec pour s'occuper du patrimoine qu'il y en a dans les
meilleurs moments au gouvernement du Québec même, mais les budgets
sont dans la même proportion. La grosse différence, c'est que les
interventions ne sont absolument pas de la même nature. Le gouvernement
fédéral se choisit des petits coins et il fait des interventions
majeures, alors que le gouvernement du Québec se considère
responsable de l'ensemble du patrimoine, à l'exception de ces petits
coins que le gouvernement fédéral a acquis et dans lesquels il
fait des interventions majeures. Donc, du côté du patrimoine, on
le sait à peu près, mais on ne le sait pas de façon
précise.
Du côté du livre, je le sais parce que, là, je suis
obligé d'agir et la loi nous donne un certain nombre de balises. J'avais
fait sortir des chiffres. Cela ne répondra pas tout à fait
à votre question, mon cher collègue, mais, tout de même,
écoutez ça; pour l'année 1979-1980, le ministère
des Affaires culturelles disposait, pour l'aide à l'édition, en
termes de subventions, d'un budget de transfert, de $868 200. Cela s'est
distribué comme ceci: l'aide à la publication, à la
littérature générale, $220 000; à la
littérature de jeunesse, $72 400; aux grands travaux d'érudition,
$204 500 l'assuran-ce-édition ne nous a coûté que
$10 000, malheu- reusement, en un sens, parce que je trouve que les gens
n'utilisent pas assez ce programme l'aide aux périodiques, $361
300. Au total, donc, le gouvernement du Québec, par le biais du
ministère des Affaires culturelles, dispose de $868 200 pour l'aide
à l'édition. Pendant ce temps-là, le Conseil des arts
disposait pour le Québec d'une somme de $1 029 157.
NI. Rivest: Un million?
L'activité fédérale dans le
domaine culturel
M. Vaugeois: $1 029 157 qui avaient été
distribués de la façon suivante: les subventions par titre, $22
797... On sait que le Conseil des arts n'aime pas beaucoup verser des
subventions par titre. En général, il ne le fait pas.
M. Rivest: Par titre, ça veut dire quoi?
M. Vaugeois: C'est pour aider à publier un livre. Un
éditeur se présente avec un projet de livre et on l'aide à
éditer ce livre.
M. Rivest: D'accord.
M. Vaugeois: En général, il ne le fait pas. Mais il
faut croire qu'il le fait parfois, parce qu'il y a $22 000 comme ça.
Les subventions globales: cela, c'est la façon de faire
habituelle du Conseil des arts du Canada. On aide globalement un éditeur
sur la base de son programme.
M. Rivest: Peu importe le type de...
M. Vaugeois: D'ouvrage. C'est plutôt fondé sur les
prévisions de vente que présente l'éditeur. S'il arrive
avec un programme d'édition pour l'année qui risque d'être
déficitaire, normalement le Conseil des arts intervient pour
éponger une partie du déficit.
Il aurait, comme ça, affecté $654 700 en subventions
globales.
M. Fallu: Avez-vous des détails, M. le ministre, sur la
répartition des subventions globales?
M. Vaugeois: Les subventions globales? Non, mais je vais y
revenir tout à l'heure, je vais vous donner les chiffres
généraux.
L'aide aux périodiques, $351 660, ce qui devrait nous donner $1
029 157 pour le Conseil des arts.
Maintenant, je vous ai dit tout à l'heure dans mon exposé
initial qu'on assistait, à Ottawa, à un glissement des sommes du
Conseil des arts vers le Secrétariat d'Etat, ce qui est assez troublaht,
parce qu'à partir du moment où le Conseil des arts s'est
donné une structure à l'abri, disait-on, des politiciens, on se
rend compte que, de plus en plus, il y a un glissement vers le
Secrétariat d'Etat. Les gens du Conseil des arts, d'ailleurs, se
plai-
gnent amèrement d'avoir peu de crédits, d'en avoir
proportionnellement moins. Ils n'ont pas les augmentations qu'ils demandent,
etc., tandis que le Secrétariat d'Etat, lui, voit son argent
augmenter.
Dans le domaine du livre, alors que, normalement, c'est un mandat qui
est confié au Conseil des arts, le Secrétariat d'Etat aurait
dépensé $1 723 267.72. C'est assez fantastique. Finalement...
M. Rivest: Combien?
M. Vaugeois: $1 723 267.72. Cela veut dire que, finalement...
M. Rivest: D'accord.
M. Vaugeois:... le Conseil des arts du Canada et le
ministère des Affaires culturelles, ensemble, curieusement, tout d'un
coup, auraient disposé d'à peu près le même montant
que le Secrétariat d'Etat à lui seul, alors qu'il n'est pas
supposé avoir de programme pour l'aide à l'édition. Nous,
ça fait des années qu'on essaie de s'ajuster tant bien que mal
avec le Conseil des arts. Il a un programme de subventions globales, on a un
programme de subventions par titre. C'est à peu près comme
ça. On fait quelque chose qu'il ne fait pas; il fait quelque chose qu'on
ne fait pas. Tout d'un coup nous arrive $1 723 000 du Secrétariat d'Etat
sous le titre "aide à la commercialisation".
On a cherché à savoir. Il semblerait que 21
éditeurs québécois se soient partagé cette somme.
Moi, je calcule ça, cela fait une moyenne de $82 000 par
éditeur.
M. Brassard: Avez-vous la liste?
M. Vaugeois: Non, je n'ai pas la liste. Je n'en sais rien. Je
sais seulement ce que je vous donne là.
Les subventions globales, en général, on réussit
à les avoir, parce qu'on a appris à travailler avec le Conseil
des arts du Canada. On réussit, tant bien que mal, souvent un peu en
retard, à savoir combien il a donné d'argent en termes de
subventions globales. Nous nous ajustons un petit peu et, lui, s'ajuste.
Je ne me plaindrais pas aujourd'hui de la collaboration qu'on a avec les
gens du Conseil des arts du Canada. On réussit à échanger
de l'information, parce qu'on comprend que ni eux ni nous ne pouvons
fonctionner si on ne se parle pas et si on n'échange pas un minimum de
renseignements, quand bien même ce ne serait que pour s'assurer que nos
programmes sont complémentaires.
On arrive au Secrétariat d'Etat, "flang". Ce qui est curieux,
c'est qu'on a essayé de savoir, par ailleurs, ce qu'ils avaient fait de
l'argent des loteries, parce que les conservateurs nous avaient dit: On va vous
remettre les loteries, il reste de l'argent, on va distribuer cela au secteur
culturel. On l'a demandé évidemment à David MacDonald, on
a dit: Comment allez-vous nous donner cela? Mais il est disparu avant d'avoir
pu répondre à notre question. Est-ce que c'est l'argent qui vient
des loteries? Je ne le sais pas. On ne le sait pas. Comme vous, j'aimerais bien
que quelqu'un pose la question à Ottawa.
M. Rivest: Est-ce que le ministre me permet une question? Je n'ai
pas d'hésitation à m'inscrire dans... Je trouve que cet exemple
donné dans le domaine du livre illustre la difficulté du
problème qu'on connaît dans le domaine culturel, du
fédéralisme et tout cela dans l'état actuel des choses. Je
ne sais pas comment... Sans doute qu'il y a eu des rencontres. Moi, ce qui
m'apparaît important, pour commenter un peu la réponse du ministre
et lui poser une question, c'est si le ministère des Affaires
culturelles a $868 000 de disponibles cette année pour le livre.
M. Vaugeois: L'an dernier cela.
M. Rivest: L'an dernier, oui. Le fédéral a $1 000
000 au niveau du Conseil des arts et il s'est ajouté $1 700 000 au
niveau du Secrétariat d'Etat. C'est la difficulté. Je ne trouve
pas cela acceptable que le ministère des Affaires culturelles
procède de son côté et que le Conseil des arts et le
Secrétariat d'Etat procèdent du leur. Ce que je trouve
acceptable, c'est qu'au total il y ait près de $3 000 000 disponibles
pour le développement de l'édition. Je trouve cela très
bien parce que le milieu a besoin de cela. Ce que j'ai essayé de dire
dans mon intervention, et sans égard aux considérations
politiques, ce que j'ai demandé au ministre finalement c'est: Est-il
impossible, en supposant qu'on prenne pour hypothèse qu'il puisse
exister de la bonne foi des deux côtés et j'accepte les
considérations d'ordre politique que le Québec et
ce que je veux dire en me référant à l'entente
d'Edmonton... Le ministre a pris la peine de nous donner la ventilation des
sommes et cela est intéressant, parce qu'au niveau des publications
générales le ministère, donne à tel type
d'activités le quart de ses $800 000, au niveau de la jeunesse, $72 000;
au niveau de l'érudition, $240 000 et au niveau des périodiques,
$300 000.
Donc, là, il y a des choix politiques prioritaires. Vous
privilégiez davantage les périodiques par rapport à
l'édition, selon vos priorités propres. Est-il absolument
inconcevable que le ministère des Affaires culturelles prépare
son dossier et dise: Nous, on est le premier maître d'oeuvre de la
politique de développement culturel du Québec? Et vos sommes au
Conseil des arts, vos sommes au Secrétariat d'Etat, on aimerait cela que
vous puissiez, non pas vous-mêmes définir les priorités en
y allant à tous azimuts, mais que vous puissiez intégrer les
initiatives que vous faites dans le domaine du livre à ce qui nous
apparaît, à nous, les priorités, les besoins
spécifiques propres du Québec dans le domaine du livre.
Administrativement parlant, peu importe la mauvaise foi ou la bonne foi
des autres, il me semble parce que le gouvernement fédéral
n'a
pas intérêt à aller contre les besoins ou les
priorités... Si les besoins et les priorités du Québec
sont bien définis, parce que c'est à nous autres de les
définir, comment se fait-il qu'il soit impossible de convaincre les
interlocuteurs fédéraux que, au niveau du Conseil des arts ou au
niveau du secrétariat, leurs initiatives financières puissent
coupler ou s'ajuster ou s'arrimer aux priorités spécifiques du
Québec telles que définies par... Et je sais que
constitutionnellement parlant actuellement, il n'y a pas moyen de faire cela
parce qu'il n'y a pas de point de référence. C'est le pouvoir de
dépenses qui y va à tous azimuts. Mais serait-il possible de
concevoir une formule qui puisse respecter cela? Je me suis
référé, tantôt, dans mes remarques,
spécifiquement au domaine de l'immigration qui reçoit quand
même ici, dans le livre blanc du ministre d'Etat au Développement
culturel... On constate avec l'entente Cullen-Couture, qui est un vieux
contentieux dans le domaine de l'immigration je pourrais le citer, mais
enfin que les besoins spécifiques du Québec en
matière d'immigration sont respectés par cette entente. (17
heures)
C'est la première préoccupation. Comment se fait-il que ce
soit impossible? Est-ce de la mauvaise foi? Si c'est de la mauvaise foi,
franchement, je n'ai pas de réponse à la mauvaise foi, mais il me
semble, par hypothèse, que le gouvernement fédéral ne peut
pas ne pas être sensible à quelqu'un qui viendrait lui dire: Vous
avez de l'argent, voici les priorités. Cet argent, de toute
façon, ce sont nos impôts, on y a droit, ce ne sont pas des
cadeaux que le gouvernement fédéral nous fait. Pourquoi ne
serait-il pas possible de respecter cela? Cela s'est fait dans d'autres
domaines.
Je pose la question au ministre. Mon deuxième commentaire est
dans les politiques gouvernementales, c'est important de demander
si on doit sortir le gouvernement fédéral de tout le champ
culturel et demander un "opting out". Je ne le sais pas. Je pense que le
gouvernement fédéral peut avoir une responsabilité
générale dans ma perspective. Je ne demande pas à mes
collègues qui ne sont pas d'accord de l'endosser mais c'est même
la perspective actuelle du gouvernement, dans la perspective du renouvellement
du fédéralisme, est-ce qu'il n'est pas possible d'en arriver
à ce type d'arrangement? Deuxièmement, passons aux gens de
l'édition, les auteurs, les éditeurs, etc. Mon collègue de
Terrebonne a posé la question et le ministre a établi que le
fédéral dépense plus d'argent. C'est assez
étonnant, convenons-en, mais, d'un autre côté c'est
malheureux sur le plan de la coordination des politiques pour ces
gens-là, sur le plan de la langue et de la culture comme telles, sur le
plan du livre, cet argent est disponible et il y a des livres qui sont
imprimés, il y a des auteurs qui sont publiés et il y a des
auteurs qui sont édités avec cet argent. Le député
demandait des précisions au ministre. Je dis: Pourquoi ne mettez-vous
pas sur la table l'ensemble du contentieux? On avait commencé du temps
d'Arthur Tremblay. On n'a plus revu cela, mais le ministère des Affaires
intergouvemementales a dit que c'étaient des dossiers internes. On peut
utiliser pour ou contre l'un ou l'autre des événements des
relations fédérales-provinciales mais mettons sur la table
l'ensemble, donnons les chiffres, comme le député de Terrebonne
l'a demandé, et je trouve qu'il a parfaitement raison de les demander,
surtout que le ministre nous donne un très bon exemple en disant: C'est
cela les priorités. On est allé à Ottawa avec un dossier
spécifique, pour prendre cet exemple-là, on a pris les
priorités dans le domaine de l'édition, sur les
périodiques, ou ce sont les livres d'érudition ou les livres de
la jeunesse. On a demandé au gouvernement fédéral, au
niveau du Conseil des Arts et au niveau du Secrétariat d'Etat, l'argent
disponible pour aller de pair avec ces priorités. La première
question est celle-ci: Administrativement, est-ce pensable d'en arriver
à cela? Si c'est absolument impensable administrativement, vivons avec
les inconvénients qu'on connaît en ce moment, attendons de voir si
vraiment cela peut donner quelque chose, la révision constitutionnelle,
et rejoignons le document, l'entente de 1976 où on parlait de
législation provinciale prioritaire garantie par la constitution dans le
domaine des arts et de la culture, et cela voudrait dire... Si on y arrive, en
comprenant le scepticisme que peuvent avoir mes honorables amis d'en face, si
jamais on y arrive, le futur ministre des Affaires culturelles aura une base
constitutionnelle sur laquelle s'appuyer pour que les interventions du
gouvernement fédéral, l'argent disponible dans le domaine
culturel et là on parle dans le domaine de l'édition
ce soit vraiment garanti constitutionnellement et que les
priorités propres du Québec soient respectées. Est-ce
inconcevable? Avez-vous fait des démarches, etc., dans le domaine de
l'édition? On ne pourra pas reprendre 50 dossiers, c'est bien sûr,
mais reprenons celui-là puisque vous vous y êtes
référé.
M. Fallu: Avant que le ministre ne réponde, pourrais-je
poser un supplément de question?
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: Pourrait-on également concevoir, par ailleurs,
en contrepartie, qu'une révision constitutionnelle donne au
Québec l'exclusivité de la capacité de
légiférer et de dépenser dans ce domaine et qu'une
conférence des ministres des Affaires culturelles planifie,
détermine les grandes orientations à travers le demi-continent,
un peu, par exemple, comme ce qui se fait à la conférence des
ministres de l'Education pour ne prendre qu'un exemple, les programmes qui
trouvent une certaine unification à travers le Canada mais alors que
chacune des provinces reste souveraine dans ses législations et dans ses
dépenses?
M. Rivest: Très bon. C'est cela. Autrement dit, une
structure. Je n'ai pas d'objection.
M. Vaugeois: Je remercie mes deux collègues. Je pense bien
que je n'étonnerai personne en disant que ce qui est
suggéré a déjà été tenté
et
amorcé par l'actuel gouvernement et je pense que cela avait
été essayé par les gouvernements
précédents.
Je ne remonterai pas très loin. A St. Andrews, Ça remonte
à peine à quelques mois, l'automne dernier, c'est le
Québec qui a pris l'initiative de proposer aux ministres de la culture
des autres provinces d'établir un certain nombre de positions face au
gouvernement fédéral, son représentant étant
attendu le lendemain; à ce moment-là, c'était le ministre
conservateur, MacDonald.
Au fond, on n'est pas allé très loin pour faire
l'unanimité au niveau des provinces, on a fait valoir une
priorité des provinces en matière culturelle. Le
fédéral avait le droit d'intervenir, mais en respectant, ou en
reconnaissant, tout au moins, les priorités définies par les
provinces. On ne l'empêchait pas de dépenser, mais on voulait
qu'il nous consulte avant de dépenser, on voulait qu'il tienne compte de
nous. L'idée n'était pas d'affirmer la position du Québec,
c'était de dégager une position qui puisse convenir à
toutes les provinces. C'est le Québec qui a piloté une position
qui a fait l'unanimité au niveau des provinces. Donc, on n'est pas
allé très loin, on est allé à peu près
à ce niveau.
M. Rivest: Au niveau de la consultation.
M. Vaugeois: Est-ce que le gouvernement fédéral est
prêt à accepter que les provinces puissent définir leurs
priorités? Est-ce que le gouvernement fédéral est
prêt à reconnaître l'ordre des priorités
établi par les provinces? Tout en reconnaissant au fédéral
le droit de dépenser en matière culturelle, est-ce que le
fédéral accepterait de nous en informer, autant que possible, de
tenir compte de nos priorités, etc.? On a dégagé, à
St. Andrews, une position commune au niveau des provinces.
A ce moment-là, sur place, M. MacDonald n'a même pas voulu
s'engager. Lui-même c'est mon impression personnelle avait
l'air de vouloir s'engager dans ce sens-là. Il l'avait tellement
répété en campagne électorale et pendant qu'il
était critique de l'Opposition qu'il était assez malvenu de ne
pas être d'accord avec ce qu'on lui demandait. On lui demandait moins que
ce qu'il était prêt à donner. Les thèmes de la
campagne des conservateurs, dans la bouche de Clark et de MacDonald, avaient
été de reconnaître que le secteur culturel était de
compétence provinciale, quasi de façon exclusive. On ne lui
demandait même pas ça, on lui demandait seulement de
reconnaître qu'on avait le droit de définir un certain nombre de
priorités et que le gouvernement fédéral pouvait en tenir
compte. Mais on sentait une profonde réticence au niveau des
fonctionnaires, réticence qui se manifeste à peu près de
la même façon, je l'ai vécu ces jours derniers, au niveau
des communications. C'est un autre dossier. Mais il reste quand même que
cette position, on l'a tentée, on n'était pas les premiers
à le faire. J'ai travaillé aux Affaires intergouvernementales et
j'ai vu cette position élaborée, je l'ai vue défendue dans
différentes conférences fédérales-provinciales et
ça ne me gênait pas, comme membre d'un gouvernement qui souhaitait
une formule de souveraineté-association, mais qui n'en était pas
rendu là, entre-temps, de tenter ce genre d'étape. Cela n'a pas
donné de grands résultats.
Quand les conservateurs nous ont annoncé qu'ils étaient
prêts à nous retourner les loteries, qu'il y avait de l'argent qui
restait, on a communiqué avec eux; il y a eu des appels
téléphoniques, des messages qui ont été
échangés, que j'ai réitérés après le
changement de gouvernement... On avait su par les journaux qu'il y aurait de
l'argent pour l'édition, des millions pour l'édition. Alors, on
leur a demandé: Est-ce que c'est le même argent que celui qu'on
est supposé nous rendre? Est-ce qu'on pourrait être
consulté, est-ce qu'on aurait le droit de dire notre mot? Parce qu'on a
des programmes qu'on a de la difficulté à soutenir et, si on peut
avoir accès à ces millions, ça nous aiderait.
On n'a jamais eu de réponse. On ne sait même pas, il n'y a
personne qui va nous dire officiellement que l'argent a été
dépensé. Moi, en tout cas, je ne l'ai pas su. J'essaie de le
savoir. Mon sous-ministre me fait signe qu'il ne le sait pas non plus.
Pourtant, on le demande. Est-ce que ces millions sont encore disponibles ou
s'ils ont été dépensés? On ne le sait pas. Sauf que
le monde de l'édition est petit et on sait qu'il a circulé des
sommes énormes chez un petit groupe d'éditeurs. Remarquez que
c'est très embarrassant pour nous, parce qu'à ce moment-ci on
évalue les demandes des éditeurs. Il est possible que des
éditeurs qui nous ont demandé, il y a quelques semaines, une aide
de $28 000 pour éditer trois titres aient reçu entre-temps $100
000 et $200 000 comme subvention globale, inconditionnelle, surprise de la part
du Secrétariat d'Etat.
On devient ridicule et, si on compte nos sous pour retirer un peu
à l'un, pour donner à l'autre et que cet autre a eu un don du
ciel de cet ordre... On m'a même raconté que certains
éditeurs à Montréal étaient allés chercher
$250 000 en subventions spéciales. C'est ce qui circule dans le milieu.
Je n'ai pas pu vérifier, et j'aime autant ne pas aller trop loin, parce
que ça sent vraiment mauvais. Ce n'est pas n'importe quel éditeur
qui a eu ce montant, c'est un éditeur qui aurait rendu des services
récents à l'occasion d'événements récents.
Si on en est rendu là, c'est décourageant.
Les propositions du député de Jean-Talon sont positives,
elles ne sont pas neuves. Je pense que le gouvernement auquel il a
participé de 1970 à 1976 a essayé de telles approches. Je
peux l'assurer que moi, comme ministre des Affaires culturelles, je l'ai
essayé à chaque réunion que j'ai eue avec mes
collègues. J'ai même, après le 20 mai, pris le premier
avion que j'ai pu pour aller à Toronto pour refaire le point avec mon
collègue de la culture en Ontario, qui se plaint encore beaucoup plus
que moi de cela. Et j'en ai profité pour rencontrer mon collègue
des Communications sur le même plan, avec la même approche.
Ecoutez, j'étais indépendantiste depuis des années.
Cela ne m'a pas empêché d'essayer tout ce qu'il y avait moyen de
faire de façon loyale en termes de réforme constitutionnelle. Je
suis encore capable de le faire, et je suis prêt à le faire. Et
c'est cela qu'on va faire. C'est cela qui est maintenant la voie balisée
pour nous autres. On va travailler dans ce sens-là.
Mais ce qui est un peu désolant... Je vais prendre un exemple
concret avec la démarche du député de Terrebonne à
Ottawa. Le premier discours, au niveau des communications, il dit en gros que
le système unique, c'est discutable et qu'il y a moyen de regarder cela.
Le deuxième discours, il est encore prêt à le regarder,
mais il est moins précis. Et le troisième discours, il n'en parle
plus.
Il y a des fois où je me demande si la résistance n'est
pas plus forte au niveau des fonctionnaires à Ottawa qu'au niveau des
hommes politiques. Quand je discute de ces choses-là avec mes
collègues des autres provinces, on fait l'unanimité sur un
minimum et c'est assez rapide. Et souvent même ils sont plus farouches
que moi. Eux autres, ils sont fédéralistes. Alors, ils veulent
que le fédéralisme fonctionne. Moi, j'y crois moins qu'eux
autres. Au départ, je suis peut-être un peu moins naïf ou un
peu sceptique et je ne suis pas sûr que cela va marcher si facilement,
mais je suis prêt à l'essayer. Leur déception est beaucoup
plus grande que la mienne parce que moi, je n'étais pas très
optimiste. Je voulais bien, mais je n'étais pas très optimiste
tandis qu'eux autres ils y croyaient et ils y croient toujours. Leur
déception est forcément beaucoup plus grande.
On me dit que le député en question à Ottawa n'est
pas député de Terrebonne, mais député de
Blainville-Deux-Montagnes. Il s'agit de M. Fox, de toute façon. M. Fox,
donc, a annoncé des couleurs, moins intéressantes que celles de
David MacDonald, mais tout de même qui ouvraient la voie à une
discussion dans le sens d'une espèce de reconnaissance des droits des
provinces en matière culturelle, particulièrement dans le domaine
des communications.
Après quelques semaines, ce n'est plus tellement lui qui a l'air
de parler. Et on sent encore se profiler les ombres des deux mêmes
fonctionnaires à Ottawa, qui n'ont jamais voulu entendre parler de cela
et qui semblent progressivement récupérer un peu le pouvoir. Je
le dis brutalement, parce que, à un moment donné, il va falloir
savoir qui est responsable. Est-ce que c'est un homme politique ou si c'est une
espèce d'establishment bien ancré qui défend son
pouvoir?
J'ajouterai ceci. Il se prépare actuellement à Ottawa une
autre manoeuvre assez bizarre. On nous dit et ce sont encore les
journaux qui nous l'apprennent qu'il y a des secteurs du
Secrétariat d'Etat qui sont sur le point d'être confiés au
ministère des Communications. Quand c'est Radio-Canada, cela ne
m'étonne pas trop. Mais quand ce sont les archives publiques et
certaines institutions qui, d'après le livre beige, devraient rester
responsabilité fédérale... Com- ment appelez-vous cela,
cette chambre commune? Le Conseil fédéral. Ces institutions qui,
d'après le livre beige, pourraient relever d'un conseil
fédéral, ont l'air de vouloir passer sous la
responsabilité du ministre des Communications à Ottawa. Je n'y
comprends plus rien.
Là-dessus, peut-être que mon collègue de Jean-Talon
aurait de l'information privilégiée. Moi, je commence à me
demander ce qui se passe là-bas. Mais je sais une chose, en tout cas:
concrètement, je n'ai jamais eu tant de mal à bien gérer
nos programmes, parce qu'il arrive de l'argent à partir de normes qui
n'ont jamais été établies. Cet argent, on ne sait
même pas, d'ailleurs, où il va. C'est la première fois que
cela nous arrive, parce que, en général, on réussit
à savoir combien nos troupes de danse reçoivent d'argent, combien
nos troupes de théâtre reçoivent d'argent. Et nos
programmes cherchent à être complémentaires.
Et je le dis, avec le Conseil des arts du Canada, on avait appris
à travailler. Peut-être qu'on s'ajustait toujours avec un an de
retard, mais on s'ajustait, avec un an de retard. Là, on ne le sait
plus. Du côté de la danse, c'est très difficile de mettre
au point nos politiques. On me fait le reproche de ne pas aller aussi vite
qu'on le voudrait dans l'application du livre blanc sur le développement
culturel. Je comprends. A certains niveaux, on n'est pas capable, malgré
tous nos efforts, de connaître les règles du jeu.
Dans le cas de la danse, c'est notre problème à ce
moment-ci. On y reviendra, j'espère, quand on étudiera les
crédits pour les arts d'interprétation.
Dans le domaine du théâtre, c'est la même affaire.
Malgré nos crédits très importants, il faut une
contrepartie et il faut s'ajuster. (17 h 15)
Pour le domaine que nous avons abordé de façon plus
spécifique, on a une loi du livre. On a balisé. On a dit qui
devait faire quoi et que chacun devait pouvoir gagner sa vie avec cela, mais il
arrive soudainement, par un programme non prévu, non annoncé dont
les critères ne sont pas connus, dont les bénéficiaires ne
sont pas connus... J'aimerais d'ailleurs qu'on dise qui a reçu cet
argent. J'aimerais également qu'on me dise si cet argent est l'argent
des loteries ou autres sommes, etc. C'est dans ce décor-là qu'il
faut travailler. Je vous assure que, maintenant qu'il faut travailler dans une
perspective d'après le 20 mai, là, c'est le genre de questions
qu'il faut poser. On avait mis publiquement un peu de côté ces
questions-là. Je n'avais pas fait d'esclandre après St. Andrews.
On a essayé. On s'est même fait les hôtes de nos
collègues des autres provinces ici à Québec, pour un
groupe de travail sur la question fiscale. On a reçu tout le monde. On
était de bonne foi, même avant le 20 mai. J'ai essayé ici
à Québec et j'avais invité mes collègues des autres
provinces à venir étudier une question spécifique qui
découlait de St. Andrews. Croyez bien qu'on va pouvoir continuer dans
cette voie-là, mais, là, il va falloir poser publiquement les
problèmes. On nous a invité à le faire, c'est ce que nous
devons faire effectivement.
M. Rivest: Seulement un petit commentaire, parce que je ne veux
pas qu'on passe tout le temps des crédits sur les relations
fédérales-provinciales. Disons que je comprends les remarques du
ministre. Quand il parle des fonctionnaires, je ne veux pas que cela
s'applique...
M. Vaugeois: Non, je n'ai pas couru de risque, j'ai pris des
fonctionnaires fédéralistes.
M. Rivest: II ne prend pas d'expansion, lui? Le nouveau
sous-ministre actuel, c'est reconnu...
M. Vaugeois: Je les ai recrutés dans l'ancienne
équipe de Bourassa et de Bertrand.
M. Rivest: Faites attention, il prend de l'expansion, par
définition. La seule chose, c'est que, dans le domaine culturel, je
pense que le ministre peut avoir...
M. Vaugeois: Comptez sur notre collaboration.
M. Rivest: II y a une histoire aussi dans ce sens-là
où on a réussi à passer à l'intérieur... Que
ce soit le Régime de rentes, des allocations familiales j'ai
préféré une entente sur l'immigration on pourrait
parler de toutes les ententes fédérales-provinciales au titre du
développement où cette notion-là de respect de
priorités a passé la rampe. Il y avait des résistances. Je
me rappelle quand M. Bienvenue y est allé pour la première fois
avec l'affaire de l'immigration qui a précédé l'entente de
Cullen, c'était le problème. C'étaient les fonctionnaires
fédéraux qui... Les Affaires urbaines ont finalement disparu.
M. Vaugeois: M. le député me permettrait-il une
remarque? Je ne voudrais pas généraliser au niveau des
fonctionnaires.
M. Rivest: Non.
M. Vaugeois: Par exemple, au Secrétariat d'Etat et au
ministère des Communications, il y a deux tendances très nettes
chez les fonctionnaires. Il y en a qui sont prêts à
considérer une délégation vers les provinces. Je pourrais
les nommer d'ailleurs; on les connaît. Il y en a qui ne veulent rien
savoir de cela.
M. Rivest: C'est cela. Ce que je veux savoir, c'est si le
ministre je termine là-dessus, quant à moi, sur cette
partie des relations fédérales-provinciales va
préparer un... Je ne veux pas avoir un dossier noir, ou un dossier beige
ou un dossier je ne sais pas comment...
M. Vaugeois: Beige, certainement pas.
M. Rivest: Trouvez une couleur qui ne prêtera pas à
controverse, mais donnez-nous le portrait de ce qui a été fait
sur le plan des négociations, des initiatives et formulez vos
propositions pour qu'on puisse en juger. C'est tout ce que je voulais
demander.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: J'aurais une petite question à poser. Sans
parler de souveraineté-association, je pense qu'on est passablement tous
d'accord ici pour dire que le domaine culturel, cela relève passablement
du Québec. Je ne parle pas des heures, des jours ou des semaines
à venir. Cela devrait être l'intention du ministre d'en arriver,
avec les autres ministres d'Ottawa, à définir ce qui est vraiment
québécois une fois pour toutes, dans le système actuel.
Que le Québécois exige ce qui lui appartient. On devrait
s'entendre sur les impôts, sur le partage des ressources.
M. Vaugeois: Là, le bordel est pris à Ottawa.
M. Le Moignan: Je pense que cette affaire est importante. Si
c'est seulement...
M. Vaugeois: Ils se chicanent entre eux autres. Ils ont
créé le Conseil des arts du Canada. Ils lui ont demandé de
faire des interventions dans le domaine des arts, etc.
Après cela, le Secrétariat d'Etat a commencé
à avoir ses petites interventions qui sont de plus en plus importantes
au point d'être, dans le domaine de l'édition, par exemple, plus
importantes que celles du Conseil des arts.
Là, il y a des choses qui s'en vont maintenant au
ministère des Communications à Ottawa. Inutile de vous dire que
la tension est grande. Les gens du Conseil des arts ont bien plus de raisons de
se plaindre que nous encore, parce qu'ils n'ont plus de marge de manoeuvre pour
soutenir leur programme.
M. Le Moignan: Vous parlez des fonctionnaires qui ont tellement
de rôles, qui sont tellement puissants. Tout de même...
M. Vaugeois: A Ottawa.
M. Le Moignan: A Ottawa, ah! Non, je suis toujours à
Ottawa, mais il reste qu'à un niveau plus élevé ces
fonctionnaires... Entre ministres, vous autres, vous vous parlez, mais va venir
un moment où il va falloir en arriver à une entente. Si vous
dites que cela se complique, que c'est large le Secrétariat d'Etat, que
c'est Radio-Canada, que c'est un peu tout le monde, j'imagine que vous allez
donner un coup de barre là-dedans. On va vous appuyer là-dedans;
on va vous aider.
M. Rivest: Devenez-le M. Castonguay des Affaires culturelles, il
n'y aura pas de problème.
M. Vaugeois: il y a déjà une certaine ressemblance,
me dit-on.
M. Le Moignan: Au physique, oui.
M. Vaugeois: Au physique et au moral.
M. Rivest: ... On peut aborder les programmes. J'ai quelques
petites questions spécifiques, à moins que d'autres
collègues aient des questions sur...
M. Vaugeois: Pour ne pas frustrer mon collègue de
Terrebonne, je dirai qu'il les a formulées à haute voix. Ses
questions sont publiques. J'aimerais bien que quelqu'un les ait entendues,
grâce aux communications que le fédéral s'est
attribuées, à partir de l'article 92.10. C'est la meilleure de
toutes, les télégraphes. Les télégraphes sont de
compétence fédérale.
M. Rivest: Oui, c'est la constitution.
M. Vaugeois: Est-ce que c'est toujours de compétence
fédérale, les télégraphes et toutes les formes de
télégraphes?
M. Rivest: II va falloir que vous la lisiez... Il va falloir que
vous commenciez par la lire, la constitution, étant donné
que...
M. Vaugeois: Je l'ai apprise par coeur. Je lis aussi dans la
constitution que ce sont les télégraphes quand cela sert à
communiquer entre les provinces.
M. Rivest: Oui.
M. Brassard: Ceux que vous avez passés le 20 mai, est-ce
qu'ils étaient...
M. Vaugeois: Au fond, ma question, c'était...
M. Rivest: Est-ce que cela va comporter l'annulation du
référendum? Est-ce qu'on nous en promet un deuxième,
non?
M. Vaugeois: Un deuxième...
M. Rivest: On ne les a pas passés dans les provinces.
M. Vaugeois: Les questions...
M. Rivest: Non plus qu'autrement... Il faut que ce soit dans le
journal des Débats.
M. Vaugeois: Les questions du député de Terrebonne
sont posées. Je souhaite qu'elles aient des réponses. J'ajouterai
ma question précise: J'aimerais que, publiquement, on nous dise quels
sont ces 21 éditeurs québécois pour qu'on puisse ajuster
nos propres évaluations de demandes. C'est le moins qu'on puisse
demander. On avait généralement ce genre de renseignements du
Conseil des arts. Est-ce qu'on ne pourrait pas l'espérer du
Secrétariat d'Etat? Je le demande pour l'édition. Au fond, on le
demande pour la danse, on le demande pour le théâtre, on le
demande pour la musique, on le demande pour tout le monde.
M. Rivest: Je comprends de notre discussion que vous allez rendre
publics l'ensemble des dossiers au titre des relations
fédérales-provinciales dans le domaine culturel.
M. Vaugeois: On va même rendre publics à nouveau les
rapports que nous avons de St. Andrews. Si vous voulez, on partira de
là. Puisqu'on va quitter les généralités, je vais
demander parce que je ne l'ai jamais demandé et je ne l'ai jamais
eu à l'Opposition de s'intéresser un peu au secteur
culturel. Elle s'intéresse au secteur culturel une fois par année
à la défense des crédits. En dehors de cela, jamais une
question en Chambre; c'est comme si ce secteur n'existait pas. J'aimerais bien
qu'à partir de maintenant, puisque cela a l'air de les
intéresser, dans une perspective d'un renouvellement du
fédéralisme, ils nous questionnent de temps en temps...
M. Le Moignan: J'en causais jadis!
M. Vaugeois: ... et qu'ils nous obligent à une meilleure
performance, le cas échéant.
M. Rivest: On a été distraits par le
référendum!
M. Vaugeois: Je n'ai jamais eu en Chambre une question en
matière culturelle. Tout ce que j'ai de vous autres, c'est le genre
d'interventions au moment des engagements financiers, alors que vous couvrez de
ridicule une mesure qu'on vient de prendre pour l'acquisition de la maison
Massé.
M. Rivest: Le ministre est très injuste. Au moment de la
législation...
M. Vaugeois: Vous vous êtes mis ensemble, les
députés libéraux et les députés de l'Union
Nationale, pour ridiculiser l'acquisition d'une maison historique. J'aimerais
que vous ayez un peu de discipline dans vos rangs.
M. Le Moignan: Pas l'Union Nationale, écoutez!
M. Vaugeois: Oui.
M. Le Moignan: Quand cela?
M. Vaugeois: Le dénommé député de
Saint-Hyacinthe s'est marré, coincé entre deux
députés libéraux.
M. Le Moignan: II ne m'avait pas consulté à ce
moment.
M. Vaugeois: Non. J'espère qu'il sera
sévèrement semoncé.
M. Rivest: II faut être juste. Le député de
Gaspé, je ne pense pas qu'il ait été chef... Vous
n'étiez pas chef à ce moment. C'était M. Biron qui
était chef. Alors, vous voyez comment cela pouvait se passer.
M. Vaugeois: Dans le cas des deux députés
libéraux, je sais que cela ne donnerait rien.
M. Le Moignan: Non, ce n'était pas moi qui étais
là.
M. Rivest: C'était Biron, c'est cela. C'est votre
"gang".
M. Vaugeois: J'évoque une des rares interventions de
l'Opposition en matière culturelle. Elle remonte à la semaine
dernière, alors que tout ce qu'on trouve à dire, c'est de se
marrer devant l'acquisition d'une maison historique de Saint-Denis. Ils se sont
mis à trois pour le faire. Si c'est le genre d'interventions que font
les gens de l'Opposition en matière culturelle, je ne suis pas
très optimiste pour les semaines à venir.
M. Rivest: Le ministre ne nous aurait pas félicités
au moment de l'étude de sa propre loi, la loi 51!
M. Vaugeois: Votre collaboration là-dessus! Après
cela, votre vigilance laisse à désirer.
M. Rivest: La vigilance a été distraite par le
référendum. Qu'est-ce que vous voulez? On a eu les mêmes
vices que vous.
M. Vaugeois: Non, on a été à l'action,
fidèles et constants.
M. Le Moignan: J'aurais une dernière question à
poser au ministre, une question d'ordre général. S'il ne peut pas
me répondre tout de suite, il n'est pas obligé. M. Gérard
Frigon a photographié... D'ailleurs, les bibliothèques sont
populaires.
M. Rivest: Oui, je vois la photographie. Je ne sais pas si c'est
la reproduction, mais...
M. Le Moignan: Non, c'est l'article qui est intéressant,
c'est-à-dire la citation que je voudrais qu'on approfondisse en fonction
toujours, comme on a dit, de certains événements.
M. Vaugeois: Vous voulez un agrandissement.
M. Le Moignan: Non, je dis que la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean est une des régions où la population lit
le plus au Québec. Cela m'étonne. Je voudrais qu'on
m'explique.
M. Fallu: Ils sont informés.
M. Brassard: Cela explique le résultat du
référendum.
M. Le Moignan: Non, c'est souligné...
M. Vaugeois: Merci, M. le député. Vous faites la
preuve que ce sondage ou cette enquête peut révéler
beaucoup plus qu'elle n'a révélé jusqu'à
maintenant, malgré ce qu'on a pu dire.
M. Le Moignan: Non, je ne fais pas d'allusion.
M. Brassard: Vous devriez dire ça au chef du Parti
libéral. Il n'a pas la même opinion.
M. Le Moignan: Je dis que je suis heureux de voir... Je me dis
que, si on lit à 90%, ce serait un modèle à
suggérer aux autres régions. C'est comme ça que je le
vois.
M. Vaugeois: Mais remarquez qu'en général la
population québécoise lit plus que la moyenne du monde
occidental.
M. Le Moignan: C'est vrai?
M. Vaugeois: Oui.
M. Le Moignan: Tant mieux!
M. Rivest: J'ai deux petites questions d'ordre
général...
Le Président (M. Laberge): D'ordre
général?
M. Rivest: ... avant qu'on passe à l'examen des
crédits.
Le Président (M. Laberge): Parfait.
Accès à la culture
M. Rivest: La première question, c'est que j'ai
signalé tantôt que vous avez fait un sondage. Etait-ce CROP ou
IQOP?
M. Vaugeois: Lequel?
M. Rivest: Le sondage sur le comportement culturel des
Québécois.
M. Vaugeois: M. Bennett, c'était... Une Voix: Je
l'ai ici.
M. Vaugeois: II y a même un spécialiste de ce
sondage dans la salle. Comme André Garon n'est pas là, je vais
demander à Paul Bennett. C'était IQOP, n'est-ce pas?
Une Voix: C'était CROP. M. Vaugeois: C'est
CROP.
M. Rivest: Bon! J'en ai signalé tantôt dans mes
remarques... A l'Education, on a fait également des sondages sur le plan
de l'accessibilité à la culture. Je ne veux pas un grand
discours. Je
veux simplement voir les initiatives précises. Il y a des
blocages. A l'Education, on a fait des études de ce type. Il y a des
blocages qui empêchent les jeunes de passer du secteur secondaire au
secteur collégial, du secteur collégial au secteur universitaire,
blocages d'ordre psychologique, socio-économique, enfin, qui peuvent
être de tous ordres. Dans le domaine de l'accessibilité à
la culture, étant donné les caractéristiques qui nous ont
été fournies par le sondage que vous avez fait, en particulier
dans les milieux défavorisés, ou, enfin, dont le niveau
socio-économique est moins élevé que la moyenne, si vous
voulez, est-ce qu'il y a des initiatives ou des préoccupations, de la
part du ministère des Affaires culturelles, pour faciliter
l'accès des Québécois, en particulier de ceux qui sont
peut-être moins bien préparés, à la culture, aux
activités culturelles? Brièvement, je ne veux pas faire un...
M. Vaugeois: D'accord. Cela va être bref. Au fond, quand le
député de Jean-Talon nous pose des questions sur les suites que
nous donnons au livre blanc, je comprends maintenant qu'il pose ce genre de
question, parce que, de toute évidence, un certain nombre de gestes que
nous avons posés n'ont pas été mis en relation avec les
objectifs que nous poursuivons.
Tout, finalement, tient à la question que vient de poser le
député de Jean-Talon. Nos politiques se développent
toujours, entre autres préoccupations au titre de
l'accessibilité. Quand, par exemple, nous avons élargi et
complété le réseau des BCP, c'était l'accès
à la lecture. Quand nous développons notre réseau des
bibliothèques publiques, c'est l'accès à la lecture. Quand
nous régionalisons et soutenons en région les musées et
les musées privés et que nous nous préoccupons d'en
soutenir là où il n'y en a pas, même chose, accès
aux musées, qui sont des lieux d'éducation populaire et
permanente.
La même chose se fait au niveau de Radio-Québec avec la
régionalisation de Radio-Québec, tant au niveau des
comités permanents régionaux qu'au niveau de la diffusion par
antenne en région.
Les théâtres d'été, pour prendre un autre
extrême, existent dans différentes régions. Dans certaines
régions, il y en a plusieurs. Dans certaines régions, il n'y en a
pas. Nous avons nous-même pris l'initiative de provoquer l'apparition de
théâtres d'été là où il n'y en avait
pas.
On a un programme d'équipements culturels. Par exemple, nous
avons vérifié les équipements disponibles dans chacune des
capitales régionales ou sous-régionales. Nous avons un programme
qui favorise l'installation, la transformation, le cas échéant,
d'équipements existants ou, encore, la création
d'équipements pour permettre les tournées au niveau de la danse,
du théâtre, etc.
Au fond, tous nos programmes sont toujours évalués sous
l'angle de votre question, c'est-à-dire l'accès.
M. Rivest: Bon! D'accord.
M. Vaugeois: La même chose pour les métiers d'art,
par exemple. Il y a des corporations en région, ainsi de suite. On s'est
même donné un chien de garde en région par les Conseils
régionaux de la culture, qui sont là, entre autres, pour nous
aider à réaliser cet objectif que nous nous sommes
donné.
Maintenant, tout ça est sous l'angle non pas de la culture
d'élite. On a des programmes qui répondent à cette vieille
approche, qui est toujours valable, mais, à côté de cette
vieille approche toujours valable, qui vise plutôt des activités
plus élitiques, on a nous les privilégions ce que
nous appelons nos lieux d'éducation populaire et permanente, ce qui
vient justifier l'école ou ce qui vient prendre le relais de
l'école et qui vient, d'ailleurs, compléter certaines autres
initiatives qui ne sont pas de la responsabilité des Affaires
culturelles, mais qui jouent un rôle absolument essentiel dans le sens de
l'attraction, comme Radio-Québec, par exemple.
Tout ça est assez étroitement coordonné, converge
vers des objectifs très précis d'éducation populaire et
permanente. Je n'en ferai pas la liste à ce moment-ci, mais j'insiste
là-dessus. C'est finalement la préoccupation constante que nous
avons quand nous réévaluons nos programmes, quand nous les
ajustons. (17 h 30)
M. Rivest: Sur le plan, disons, horizontal, je vois qu'il y a
cette préoccupation-là. Maintenant, verticalement, sur le plan
des clientèles spécifiques dans le domaine de la culture, par
exemple, les jeunes, les personnes âgées, les milieux
défavorisés, est-ce qu'il y a des programmes, des accents
spécifiques? Est-ce que cette dimension-là préoccupe le
ministère? On parle des théâtres d'été, par
exemple. Je sais qu'avec les clubs de l'âge d'or, etc., il y a une grosse
clientèle pour les théâtres d'été. Est-ce que
ce type d'initiative... Pour les jeunes, on avait tantôt le domaine de
l'édition. Est-ce qu'il y a des initiatives? Est-ce que, vraiment, c'est
une préoccupation constante sur le plan des clientèles
spécifiques, pas uniquement sur le plan horizontal, sur le plan du
territoire ou de l'accès physique, mais sur le plan qualitatif, si vous
voulez?
M. Vaugeois: Là, c'est moins évident. C'est selon
les programmes. Il n'y a pas de constante, si vous voulez. Selon les
programmes, on est conscient que, par exemple, au niveau de la lecture
publique, il y a un effort à faire pour la jeunesse. Pour d'autres types
d'activités, on est conscient qu'une autre clientèle pourrait
être visée. Là, c'est davantage fonction des
programmes.
M. Rivest: Ce que je veux...
M. Vaugeois: Mais je ne peux pas vous dire qu'il y a, à
cet égard, une...
M. Rivest: Ce que je veux dire...
M. Vaugeois: ... des clientèles cibles.
M. Rivest: Quand vous donnez une subvention à un
organisme, une institution quelconque, est-ce que dans ces subventions vous
pouvez indiquer à l'organisme ou développer des programmes, comme
il en existe, par exemple, dans le domaine des loisirs ou je ne sais pas quoi,
est-ce que vous exigez de l'organisme en question qu'il accorde tel pourcentage
de sa production qui s'adresse à telle clientèle ou qu'il
facilite l'accès, disons, qu'il donne des réductions, par
exemple, dans le domaine des orchestres symphoniques? Est-ce que vous demandez
à ces grandes institutions de favoriser l'accès, de faire des
arrangements avec les commissions scolaires pour que les jeunes aillent
à un concert symphonique? Dites-vous: Si vous faites tel type de
programmes, tel ordre de subvention vous sera octroyé? Est-ce que cela
existe? Est-ce que vous allez jusque-là?
M. Vaugeois: II y a plusieurs programmes où il y a ce
genre de préoccupation qui se manifeste mais cela peut prendre...
M. Rivest: Ce n'est pas systématique.
M. Vaugeois: ... des formes à l'infini. Ce n'est pas
systématique.
M. Rivest: Dernière question, quant à moi, sur le
plan général.
M. Vaugeois: Cela va de soi, mais il y a peut-être un
effort systématique que nous faisons, cela se traduit par
l'égalité des chances, si vous voulez, à tous
égards. C'est peut-être ce qui revient de façon plus
constante dans nos programmes. En dehors de cela, il n'y a pas de
clientèle particulière.
M. Rivest: Le ministère des Affaires culturelles, face aux
autres ministères, par exemple, la création du ministère
du Loisir, le socio-culturel, la division qui a été faite, est-ce
qu'elle convient? On nous a dit, pour être très francs, au moment
de l'étude des crédits du ministère du Loisir, que le
ministère des Affaires culturelles, c'étaient des professionnels
et le ministère du Loisir, des amateurs. Vrai ou faux? Je suis
porté à croire le ministre du Loisir. Il y a les coupures
tranchantes, mais est-ce qu'il ne faudrait pas nuancer cela? Selon votre point
de vue?
M. Vaugeois: Que le ministre responsable du Loisir l'ait dit, je
le crois volontiers, mais je pense qu'il aurait pu ajouter, si vous l'aviez
questionne davantage, que ce n'était pas une distinction qui
était suffisante et qu'il fallait aller au-delà de cette
distinction. Par exemple, dans le domaine du théâtre...
M. Rivest: J'ai bien essayé. Il n'est pas jasant, ce
ministre-là.
M. Vaugeois: ... il ne suffit pas de dire théâtre
amateur pour déplacer le théâtre.
M. Rivest: On a soulevé spécifiquement ce
problème-là.
M. Vaugeois: Ce problème est posé au niveau des
fonctionnaires de nos deux ministères qui travaillent actuellement
à aller au-delà de ces définitions un petit peu
simplistes. Cela ne résiste pas...
M. Rivest: Y a-t-il un protocole d'entente qui a
été fait à la suite de la création du
ministère du Loisir, quelque chose qu'on pourrait avoir?
M. Vaugeois: II y en a eu.
M. Rivest: Oui?
M. Vaugeois: Et tout le socio-culturel...
M. Rivest: Est-ce public?
M. Vaugeois: Non, peut-être pas un protocole en bonne et
due forme, mais il y a eu un transfert de fait vers le haut-commissariat de
tout le socioculturel avec le budget d'intervention qui était, à
ce moment-là, de $1 300 000. Mais ça n'a rien réglé
cette affaire.
M. Rivest: Ah bon! vous allez un peu plus loin que votre
collègue!
M. Vaugeois: Remarquez que c'est toujours dans les
héritages reçus, faites attention à vous.
M. Rivest: C'est un vieux contentieux, je me suis moi-même
bagarré sans succès et à l'occasion...
M. Vaugeois: On a été lancé sur une mauvaise
piste. Il aurait fallu prendre le pouvoir en 1973.
M. Rivest: C'est ce qui a fait que le cinéma est
resté là où vous savez.
M. Vaugeois: On s'en occupe bien du cinéma.
M. Rivest: Deuxième sous-question, elle touche
l'exportation des biens culturels. Le ministère de l'Industrie et du
Commerce me semble y aller allègrement de ce côté.
M. Vaugeois: Oui.
M. Rivest: Le ministère des Affaires culturelles voit-il
cela d'un bon oeil ou ne croit-il pas qu'il pourrait faire mieux qu.e le
ministère de l'Industrie et du Commerce? Cela s'appelle le service... Je
ne me rappelle plus. Il relève du ministère de l'Industrie et du
Commerce et il s'occupe de la vente et de la diffusion des biens culturels
à l'étranger: le disque, le cinéma, etc. Cela
relève de l'Industrie et du Commerce. Votre sous-ministre, avec son
expérience, ne vous a pas suggéré une expansion
territoriale de bon aloi. Le sous-ministre vous regarde, l'air
désespéré.
M. Vaugeois: II a un peu peur de ma réponse. Il m'en a
suggéré une. Je pense bien que vous savez assez de choses que je
n'ai pas besoin de répéter. D'abord, j'aimerais rappeler que de
1970 à 1974, à titre de directeur général des
relations internationales, j'ai fait passer le nombre de bureaux du
Québec à l'étranger de 4 à 18 et la dimension
particulière qui était favorisée à l'époque
était la dimension économique. Le premier ministre d'alors aimait
beaucoup l'importation des capitaux, mais, en contrepartie, il y en avait aussi
qui favorisaient l'exportation. Je pense qu'on cherchait toujours un
équilibre quand on ouvrait de nouveaux bureaux, qu'on élargissait
les mandats de certains bureaux existants, un équilibre entre l'accueil
de capitaux étrangers et l'exportation de produits
québécois. Là où on a peut-être un peu
tardé à avoir une bonne performance, c'est dans l'exportation de
nos biens culturels.
M. Rivest: On me dit que cela va très bien depuis quelque
temps.
M. Vaugeois: Le changement de gouvernement a eu cet avantage de
nous faire profiter des services d'un ancien conseiller de M. Bourassa...
M. Rivest: Pour cela, vous êtes bien meilleurs à
l'étranger qu'au Québec, c'est sûr.
M. Vaugeois: ... mais disons que, dès qu'il s'agit d'une
action comme celle-là à l'étranger, dans le cadre
constitutionnel qui est le nôtre, avec les limites de notre action
à l'étranger, avec les relations à établir entre
plusieurs ministères, parce qu'il y a le ministère des Affaires
intergouvemementales qui garde ses responsabilités, le ministère
de l'Industrie et du Commerce qui a ses responsabilités sur le plan
commercial et le ministère qui est concerné par les
clientèles en cause, celles qui produisent des biens culturels, tout
cela a mis un certain temps, je pense, à s'ajuster. On avait, dans
certains secteurs, des habitudes; par exemple, pour les salons du livre
à l'étranger, il y avait une expertise, il y avait des
années qu'on le faisait et cela ne s'est pas développé
trop mal. Pour les produits d'artisanat, il y avait eu des initiatives de
prises prématurément. Par exemple, ces gens-là ignoraient
que nous n'en sommes même pas à fournir notre propre marché
de l'artisanat. Nos travaux actuels et nos efforts actuels nous ont permis
à peu près de fournir 50% de notre propre marché. Or, le
problème de l'artisanat, ce n'est pas de trouver des marchés
à l'extérieur, c'est de soutenir la formation et le
perfectionnement de nos artisans pour les rendre d'abord capables de fournir
notre propre marché, qui est évalué à quelque $150
000 000 et on vendrait à peu près pour $75 000 000 de notre
production ici au Québec. Soit dit en passant, notre trentaine de salons
des métiers d'art fait de bonnes affaires chaque année et vit
sans subvention, ce qui est une bonne illustration de ce que je dis. Donc, ces
gens-là qui cherchaient des marchés étrangers ne savaient
pas tout le temps quelle était la vraie situation.
C'est vrai qu'on peut vouloir vendre nos livres, nos films, nos disques,
mais dans le cas de l'artisanat notre première responsabilité,
c'est d'améliorer nos cadres de formation de l'artisan et de travailler
mieux notre marché interne. Je pourrais expliquer cela longuement, mais
je donne cela comme exemple, tout cela nous a amené à souhaiter
une meilleure concertation et il y a maintenant, depuis quelques semaines, un
comité qui siège et qui réunit je pense même
que c'est au niveau des sous-ministres le sous-ministre de l'Industrie
et du Commerce, ou un de ses représentants, le sous-ministre des
Affaires intergouvernementales, ou un de ses représentants, et le
sous-ministre des Affaires culturelles. Il y a eu un bon déblocage de ce
côté-là, mais pas toujours en conformité avec la
situation interne. Je prends l'exemple du livre par rapport au produit
d'artisanat, ce qui était bon pour le livre ne l'était pas pour
le produit d'artisanat où il fallait mettre d'abord la priorité
sur la formation de nos artisans, leur perfectionnement, etc.
Accords France-Québec
M. Rivest: Une autre dernière question sur les
généralités. Dites-moi deux mots des accords
France-Québec.
M. Vaugeois: Qu'est-ce que vous voulez savoir au juste?
M. Rivest: II y a eu des échos récents; dans le
domaine de l'éducation, il y avait des diminutions considérables
au sujet du personnel enseignant dans les échanges et le premier
ministre doit y aller, je pense que c'est à l'automne, en France. Est-ce
que vous êtes satisfait, en deux mots, au ministère, du
fonctionnement des accords France-Québec dans le domaine culturel ou si
vous avez de nouveaux projets?
M. Vaugeois: Je l'ai voulu un peu comme cela et je
considère qu'au cours des deux ou trois dernières années
on a un peu marqué le pas du côté des échanges dans
le domaine culturel. J'avais proposé à mes proches collaborateurs
au ministère de se donner comme priorité une action au
Québec, à partir du livre blanc justement. Je pense que notre
bilan est bon au niveau québécois, on n'a pas fait tout ce qu'il
fallait faire, il y a encore beaucoup de choses à faire, mais je pense
que notre bilan est bon, on a une bonne pénétration en
région, tous les secteurs ont été touchés. Il y a
beaucoup de progrès à faire dans chaque secteur, mais on ne peut
pas dire qu'on a oublié des secteurs, leur impulsion a été
profonde et, je pense, importante dans nos différents programmes.
On le verra mieux quand on les prendra point par point. On s'est
donné aussi les moyens financiers d'une action plus poussée,
mais, ce faisant, on a peu gardé l'erre d'aller pour les échanges
franco-québécois. Justement, parce que je suis assez content de
ce qu'on a fait ces dernières années, au niveau
québécois, j'ai moi-
même voulu rencontrer les délégués
français quand ils sont venus il y a quelques semaines.
Ma proposition a été de reprendre nos secteurs
prioritaires en regard de leurs secteurs prioritaires, de leurs politiques de
développement culturel en regard de la nôtre et de confronter un
peu ces secteurs prioritaires ou ces politiques d'ensemble pour reprendre un
nouveau type d'échanges entre la France et le Québec qui seraient
un peu sur le modèle de ce qui s'était fait au début de la
coopération franco-québécoise dans d'autres secteurs.
Cela a eu l'air de répondre aux désirs de nos amis
français. C'est donc dire que la coopération
franco-québécoise en matière culturelle est susceptible de
prendre un certain virage au cours des prochains mois, non pas en termes de
rniltiplica-tion d'actions, parce que je n'ai pas voulu que la réflexion
se fasse au niveau des moyens, ce que font souvent les stages, les missions,
ainsi de suite, mais plutôt en termes de politique réciproque des
deux gouvernements.
M. Rivest: Est-ce que...
M. Vaugeois: Maintenant, je dis encore une chose, quand vous
dites qu'il y a eu réduction d'échanges dans un domaine comme
celui des professeurs, ça tombe bien, c'est moi qui ai lancé ce
programme en 1968, ce n'était pas un programme qui devait durer
indéfiniment. Il y avait des objectifs au programme et, une fois les
objectifs atteints, je pense que c'est excellent de savoir progressivement, pas
brutalement, faire profiter éventuellement les mêmes
clientèles des échanges, mais par d'autres programmes.
Là-dessus, on arrive donc à cette étape que nous
avons proposée.
M. Rivest: Est-ce que la commission mixte ne se réunit pas
en juin? Normalement, est-ce que ce n'est pas en juin?
M. Vaugeois: Elle s'est réunie il y a un mois à peu
près.
M. Rivest: II y a un mois. Il a été question... au
fond, c'est une espèce de plus grande complémentarité au
niveau des politiques...
M. Vaugeois: Oui.
M. Rivest: ... et des orientations de fond. Est-ce qu'au voyage
du premier ministre à l'automne on ne peut pas s'attendre que ça
puisse être concrétisé?
M. Vaugeois: Cela ne nécessite pas de...
M. Rivest: II n'y aura rien de neuf ou de spectaculaire que vous
envisagez?
M. Vaugeois: Non. Je pense que c'est au niveau des ministres que
ça va se passer surtout, parce que nous sommes quand même porteurs
de nos politiques. Par exemple, on n'a jamais vraiment exploité avec nos
amis français le jeu qu'il y a dans le livre blanc sur le
développement culturel. C'est le genre d'exercice qu'il faudrait faire.
Eux-mêmes ont et mon collègue M. Lecat a des politiques
extrêmement intéressantes du côté des arts
d'interprétation, du côté des musées, ainsi de
suite. On a besoin de leurs expériences dans ce domaine, on a
nous-mêmes réussi des bons coups d'ailleurs. Je pense qu'il faut
toujours voir ça dans une perspective d'échanges, mais
d'échanges qui tiennent compte de nos priorités et de nos
politiques, tandis que, depuis quelques années, les échanges
s'étaient un peu faits sur la base des moyens mis à la
disposition de la coopération.
M. Rivest: Vous n'avez pas reçu de lettre de
félicitations de la part des Français sur la loi 51?
M. Vaugeois: On s'est très bien entendu avec les milieux
politiques français quant à la loi 51 ; les problèmes
étaient, comme vous le savez, localisés à un endroit
précis et sont en train de se résoudre de la façon que
nous avions entrevue. (17 h 45)
M. Rivest: J'ai vu cela, ces jours derniers.
M. Vaugeois: Et nous ne serons pas absents au niveau des
solutions. Autant le ministère que la Société de
développement des industries culturelles vont soutenir les entreprises
québécoises qui veulent s'ajuster à la suite de la
loi.
M. Rivest: Dernière question générale. C'est
vraiment la dernière. On peut peut-être régler rapidement
le dossier de la Société de développement des industries
culturelles. Est-ce que le ministre pourrait nous dresser sommairement un bilan
des treize ou quatorze mois d'exercice de la société, en regard
des objectifs de la Loi, des moyens? Est-ce qu'il y a des choses qui vous
apparaissent, au niveau des objectifs généraux...?
Deuxièmement, l'article 24 autorise le ministre, comme suit: Le ministre
des Affaires culturelles peut, dans le cadre des responsabilités et
pouvoirs qui lui sont confiés, émettre des directives portant sur
les objectifs et les orientations de la société. Est-ce que vous
avez utilisé ce pouvoir? Est-ce que vous comptez l'utiliser? Est-ce que
vous êtes satisfait actuellement de la société?
M. Vaugeois: Si je me souviens bien, c'est au moment d'une lettre
confirmant la nomination du président que j'ai donné un certain
nombre de préoccupations. Depuis, je ne suis pas intervenu de cette
manière et j'attends le premier rapport de la société pour
en faire une évaluation. Pour l'instant, je suis surtout
préoccupé de respecter l'autonomie de cette
société. Nous verrons ensemble, à la lumière du
premier rapport, quel est le bilan à faire. Pour l'instant, je suis
totalement satisfait du fonctionnement de la société. Il y a une
bonne équipe qui la compose, c'est une équipe
légère. Ces gens-là se sont donné des moyens
nécessaires, mais modestes-. Pour l'instant, les gens du milieu semblent
apprécier les services rendus par la
société. La loi les oblige rarement à venir au
niveau du ministre. Je pense que c'est arrivé une ou deux fois depuis le
début et je suis allé dans le sens de leurs recommandations. Je
calcule fondamental le caractère d'autonomie qui leur permettra de
donner un bon rendement et j'ai voulu respecter cette autonomie.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, à l'occasion de
rencontres dans le cadre du comité mixte avec mon collègue de
Jean-Talon, Assemblée nationale du Québec et Conseil culturel
francophone de Belgique, les parlementaires et... La dernière,
c'était aux Communications.
M. Rivest: C'est vrai.
M. Fallu: D'ailleurs, cela a eu des effets. Nous pourrons en
parler aux Communications.
M. Rivest: Nous ne voyageons pas pour rien.
M. Fallu: Nos collègues parlementaires et également
les éditeurs belges nous avaient fait part de leur désir de voir
un accord de coédition se signer entre le Québec et la Belgique
dans le cadre de l'accord-cadre, un accord assez similaire à celui qui
existe entre le Québec et la France. Est-ce qu'il y a eu des
démarches précises, de part et d'autre, à cet effet? Ou
est-ce que le Québec désire exprimer une volonté d'arriver
à un accord ou, pour le moins, de faire quelques prospectives dans ce
domaine?
M. Vaugeois: Oui. J'ai vu ce rapport. Je ne pourrais pas faire le
point à l'instant même. Mais peut-être qu'en revenant ce
soir à huit heures je pourrais essayer de voir ce qui s'est
passé. C'est le cas de le dire parce que j'étais là quand
s'est signé l'accord culturel belgo-canadien, je connais par
expérience ce qui est arrivé à M. Tremblay et autres, j'ai
vécu cela intensément. Je sais aussi que cela a toujours
été très difficile de donner des suites à l'accord
culturel. Il a fallu finalement imaginer la sous-commission
belgo-québécoise, mais qui fonctionne sous le parapluie
fédéral. Autrement dit, elle fonctionne quand il pleut.
M. Rivest: On a fonctionné sous des parapluies sans trop
s'en plaindre récemment.
M. Vaugeois: Le bilan? Le bilan?
M. Rivest: 60% contre 40%. Le parapluie du non, vous ne vous le
rappelez pas?
M. Vaugeois: Mais il a plu aussi.
M. Rivest: Mon collègue était un illustre
protégé du parapluie du non.
M. Vaugeois: Oui, votre collègue est très
content.
M. Rivest: Regardez comme il s'en est bien sorti.
M. Vaugeois: C'est cela, un chat qui a attrapé la
pluie.
M. Rivest: Non, on a fait la souveraineté-association.
M. Le Moignan: Je suis sorti honorablement.
M. Rivest: L'Union Nationale était souveraine, mais
associée.
M. Vaugeois: Cela, c'est...
M. Le Moignan: Pour combien de temps?
M. Rivest: Cela n'a pas duré longtemps. Cela ne peut pas
marcher la souveraineté-association, vous devriez le savoir.
M. Vaugeois: Si vous me le permettez, j'essaierai ce soir, quand
même, de voir s'il y a eu quelque chose de concret d'amorcé. J'en
douterais.
Le Président (M. Laberge): Sur ce, voulez-vous...
M. Vaugeois: Amorcer l'étude des crédits article
par article?
Le Président (M. Laberge): A moins que vous ne vouliez
suspendre pour reprendre à 20 heures. C'est votre choix.
M. Vaugeois: D'accord. J'ai fait distribuer deux types de
documents, les annexes, 1, 2, 3, 4. je pense.
M. Rivest: J'avais étalé toutes mes feuilles; je
m'apprêtais à les lire.
M. Vaugeois: Après cela, je vous ai fait distribuer aussi
un autre document. Il ne faudrait pas partir en peur avec l'autre document.
C'est sous toute réserve, parce qu'il est daté du 30 avril.
Beaucoup de choses se sont produites depuis le 30 avril, mais cela fait le
point sur le dossier des bibliothèques publiques. C'est tellement
schématisé que cela peut être un peu trompeur, mais cela
vous donne quand même une idée de notre façon d'aborder le
dossier des bibliothèques publiques. Mes sous-ministres ont
accepté en mai, fin d'avril et début mai, de parcourir le
Québec. Ils sont allés à peu près partout et ils
ont expliqué aux gens la nature de notre programme. Je peux vous dire
que moi-même j'ai probablement rencontré, depuis deux ans, 90% des
maires du Québec sur ce sujet-là. Je pourrai revenir un peu plus
tard, par exemple, sur ma rencontre avec le maire Pidgeon, de Gaspé.
J'ai vu, je pense, à peu près tous les maires sur la question de
leur bibliothèque. Nous reprendrons cela ce soir, mais, là, vous
voyez que de façon très systématique nous suivons la
situation
pour chacune des municipalités de plus de 5000 habitants. Pour
les municipalités de moins de 5000 habitants, c'est par le biais des
BCP. Là aussi, on aura des choses à dire.
Le Président (M. Laberge): Sur ce, messieurs, la
commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 17 h 51
Reprise de la séance à 20 h 15
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires culturelles reprend ses travaux concernant
l'étude des crédits budgétaires pour l'année
1980-1981. Après la discussion préliminaire que nous avons eue,
je crois qu'il est maintenant temps d'appeler le programme 1. Est-ce que vous
désirez étudier les divers éléments
séparément ou les trois en bloc? Séparément? Alors,
j'appelle l'élément 1, aide à la publication et à
la vente du livre.
Livres et autres imprimés
M. Rivest: Première question sur l'élément
1, peut-être que c'est à ce moment qu'il faut la soulever. A quand
la politique de la lecture?
M. Vaugeois: La question est posée? M. Rivest:
Oui.
M. Vaugeois: On y est. On est dedans. L'essentiel de notre
politique, à cet égard, la politique de la lecture, c'est
l'accessibilité aux livres par le développement des BCP, par le
développement des bibliothèques publiques. Par l'accroissement
des budgets d'acquisition de ces différentes institutions, on rend le
livre accessible.
M. Rivest: Est-ce que la politique de la lecture, dans l'esprit
du ministre...
M. Vaugeois: Maintenant, je pourrais...
M. Rivest:... se limite à une politique du livre? Il me
semble qu'il lui avait donné antérieurement une définition
beaucoup plus large que cela.
M. Vaugeois: Je pourrais ajouter encore qu'on essaie
d'intéresser différents media à la connaissance du livre.
Actuellement, on a un petit peu de succès avec Radio-Québec.
Radio-Québec accepte de faire une certaine place au livre. On en a
beaucoup moins avec Radio-Canada. Télémétropole, à
certains moments, bouge de façon intéressante. On
considère que le refus général de la
télévision d'accorder une place au livre, de faire la promotion
à la lecture, de soutenir la lecture empêche les gens d'avoir
vraiment accès au moyen de diffusion le moins censuré. C'est
probablement le livre qui est le moins censuré. C'est également
le livre qui est également le moins autocensuré. C'est vraiment
le lieu d'information et de documentation qui a le plus de valeur, à
moyen terme. Le livre respecte le cheminement individuel, le rythme du lecteur,
répond aux questions qui se sont posées à la suite d'un
éveil à partir d'une émission de radio ou de
télévision. Le silence de la télévision, en
particulier, vis-à-vis du livre, à mon avis, est assez grave,
mais on ne peut pas avoir de politique de lecture complète si on n'a pas
le soutien de ces media. Pour nous autres, pour l'essentiel, c'est de permettre
l'édition d'abord, et, deuxièmement, d'en favoriser la diffusion,
de le rendre accessible. Je pense que nos programmes satisfont actuellement
à ces exigences. Quand je parle lecture, je ne pense pas
nécessairement au livre, mais à l'imprimé en
général, ce qui comprend également les périodiques,
bien sûr.
M. Rivest: Est-ce que c'est l'intention du ministère,
à un moment ou à un autre, d'intégrer, dans un document
cohérent et exhaustif, les différents éléments de
la politique de la lecture? Il me semble que le ministre avait
déjà évoqué cette possibilité, sauf erreur.
Ou est-ce que ce projet est abandonné ou si le ministre, maintenant,
entend plutôt procéder comme me laisse croire la réponse
qu'il vient de me fournir, c'est-à-dire d'une façon
empirique?
M. Vaugeois: Non, c'est plus que ça. On a des partenaires
pour développer la lecture au Québec. On a des partenaires qui
nous sont nécessaires. On a une recherche de partenaires à faire.
Je pense bien qu'actuellement j'en ai identifié au niveau des media.
J'en ai identifié au niveau des municipalités. Il nous faut
également travailler avec le ministère de l'Education, c'est
sûr. On a des réunions intensives actuellement avec le
ministère de l'Education. Il y a un phénomène de lecture
qui touche beaucoup au travail que peut faire l'école tant au niveau de
l'enseignement que des facilités qui sont données au niveau de
l'école.
Egalement, on a toutes sortes de programmes qui s'élaborent pour
rendre l'ouvrage accessible à différents types de lecteurs, soit
les non-voyants, soit ceux qui ont des problèmes de vision...
M. Rivest: J'ai vu qu'il y avait douze publications... Combien de
publications pour les non-voyants, douze?
M. Vaugeois: Non, attention! C'est que...
M. Rivest: J'ai vu le chiffre quelque part, je ne sais
où.
M. Vaugeois: Oui, mais on est peut-être quand même en
avance sur bien des pays à cet égard.
M. Rivest: Oui?
M. Vaugeois: Evidemment, il y a beaucoup de choses qui sont au
niveau de la recherche, mais on est en train de mettre au point des outils qui
devraient nous permettre de relever un défi important pour rendre le
livre accessible aux non-voyants ou aux semi-voyants. Mais, évidemment,
ce n'est pas pour demain les résultats totaux.
M. Rivest: D'accord. Le livre blanc sur le développement
culturel mentionnait six éléments de base, au niveau de la
politique du livre. Je les rappelle brièvement. Le premier,
c'était l'instauration du système d'agrément, auquel la
loi 51 a répondu.
Deuxièmement, c'était une nouvelle réglementation
sur la propriété québécoise, qui tiendra compte des
particularités de l'édition, etc., avec les tabelles et tout
ça; on en a amplement discuté. Troisièmement, la
création des coopératives, à savoir deux
coopératives québécoises sur l'approvisionnement et la
distribution; l'autre, la collection du livre de poche. Quatrièmement,
l'intervention de l'Etat au niveau des communications et du transport, que le
ministre a évoquée brièvement; la publicité et
l'incitation à la lecture, des programmes qu'on connaît au
ministère. Cinquièmement, un programme spécial au
succès et à l'exportation. Et, sixièmement, une loi
québécoise sur la propriété intellectuelle.
Alors, pour les éléments qui sont en route, il y a
certaines mesures du ministère qui ont donné suite à ces
éléments de base de la politique du livre, entre autres
l'agrément, même la propriété, je suppose, dans une
certaine mesure, via la loi 51. Les coopératives, où est-ce que
ça en est?
M. Vaugeois: Bon.
M. Rivest: Les droits d'auteur, la propriété
intellectuelle, ça, le ministre de l'Education nous en a parlé
lors des crédits de l'Education. Il nous a dit que ça arriverait
sous peu. En tout cas, le succès et l'aide au succès et à
l'exportation aussi, j'aimerais entendre le ministre là-dessus.
M. Vaugeois: Sur tous ces points-là, c'est ce qui nous a
guidés dans la préparation de la loi 51 et dans la poursuite de
certains travaux. Vous venez de le souligner. Quant à l'agrément,
propriété québécoise et tout, le jeu des tabelles,
tout cela se trouve soit dans la loi, soit dans les règlements qui
accompagnent la loi. Quant à la création de coopératives,
il y en a eu une ou l'équivalent qui a été
organisée au niveau de la diffusion et de la distribution.
M. Rivest: Une?
M. Vaugeois: Oui, au niveau des petits éditeurs
québécois. Il y a maintenant une douzaine d'éditeurs. On a
démarré avec six, il y a des gens qui viennent s'ajouter. Cela
s'appelle exactement les Messageries littéraires. En
abrégé, les Messageries littéraires.
Après cela, quant à la question d'une coopérative
au niveau du livre de poche, on en a fait la proposition aux professionnels du
livre. Il n'y a pas eu de réactions favorables suffisamment
générales pour qu'on y donne suite à court terme.
M. Rivest: Ah bon.
M. Vaugeois: L'Association des éditeurs était
intéressée, mais les porte-parole officiels de l'association
avaient des réserves. On ne sait plus si c'était au nom de leur
maison ou au nom de l'association.
M. Rivest: Quel est...?
M. Vaugeois: Attendez un peu, M. le Président, cela a
été repris avec les Français, parce qu'on pourrait le
faire sur une base franco-québécoise. Je m'expliquerai tout
à l'heure là-dessus, si vous le voulez, parce que je trouve cela
intéressant.
Aux communications et transports, on a un programme en place qui
règle cela. Pour la publicité, l'incitation à la lecture,
également, on a un très bon programme de soutien à
l'action de publicité et de promotion des éditeurs. C'est un
programme qui marche très bien, qui soulève de
l'intérêt chez nos éditeurs. L'incitation à la
lecture, on l'a réalisée en bonne partie par la multiplication
des salons du livre. Là aussi, ça se déroule bien.
Remarquez que les salons ne sont pas tous individuellement des succès
mais collectivement, je pense que la formule rejoint énormément
de gens. La prime au succès que nous avions évoquée dans
le livre blanc, c'est éventuellement la base de la refonte de notre
programme d'aide à l'édition. Mais cela se fait progressivement
et on y va par étapes.
On est parti de la lecture des manuscrits et on s'en va à un
programme qui tiendra davantage compte du rythme de vente des éditeurs.
Quant à la propriété intellectuelle, on a eu raison de
vous souligner que nos travaux sont terminés à cet égard.
Le comité ministériel de développement culturel a
travaillé là-dessus au cours des dernières semaines et,
normalement, la rédaction doit être terminée très
prochainement. Il est grand temps, d'ailleurs, parce que la situation continue
à se dégrader de ce côté-là. La piraterie
continue. On bafoue le droit de propriété des auteurs...
M. Rivest: En particulier venant des institutions comme les
collèges, avec SADA et tout cela.
M. Vaugeois: Je pense qu'on peut bien le reconnaître
publiquement. Du côté des documents audio-visuels en particulier,
on ne peut pas s'attendre à une très grosse production au
Québec. Les institutions copient de façon éhontée
la production qui est faite. A ce rythme, on n'aura jamais de production
originale. Les producteurs ne peuvent pas vivre, les auteurs ne peuvent pas
vivre, les documents circulent à profusion, mais souvent les services
audio-visuels ne se contentent que de faire cela, reproduire ce qui a
été créé par d'autres
sans respecter le moindrement la propriété intellectuelle.
C'est un très gros problème pour le ministère des Affaires
culturelles, parce que nos gens, nos clientèles, ce sont en bonne partie
des créateurs, des gens qui produisent, sauf qu'ils pourraient
normalement vivre de leur production, si on respecte leurs droits d'auteur. Le
ministère des Affaires culturelles est l'allié des
créateurs, des gens qui produisent, sauf qu'ils pourraient normalement
vivre de leur production, si on respecte leurs droits d'auteur. Le
ministère des Affaires culturelles est l'allié des
créateurs à cet égard et je peux vous dire que nous
défendons ce point de vue au comité ministériel.
M. Rivest: Là-dessus, c'est une impression personnelle,
mais au moment de l'étude des crédits du ministère de
l'Education, évidemment, le ministre de l'Education est responsable des
institutions d'enseignement, donc d'essayer son penchant naturel est
d'expliquer l'attitude... Il a plutôt cherché, au moment de
l'étude des crédits, à plus ou moins regretter que la SAOA
ait eu recours aux tribunaux pour régler cela alors qu'on a fait
établir que depuis fort longtemps le gouvernement du Québec
était au courant de ce problème particulier. Je suis bien content
d'entendre ces propos du ministre des Affaires culturelles, je suppose qu'il a
fait cet arbitrage au niveau du comité interministériel,
là où on a parlé de ce problème. Je suis bien
content d'entendre le ministre des Affaires culturelles dire que son premier
penchant il ne s'agit pas d'un parti pris, était plutôt de
protéger les droits des créateurs dans ce domaine. J'imagine
qu'autant le ministre de l'Education que lui, face à la position du
gouvernement sur la propriété intellectuelle, ils ont
évalué les préjugés ministériels normaux des
uns et des autres pour en arriver à une politique qui puisse être
applicable et qui puisse être pratique.
M. Vaugeois: II n'y a pas de divergence de vues au comité
ministériel. Le ministre de l'Education, bien avant qu'on ne soit
là, a souvent profité de chaque occasion pour rappeler aux
institutions qu'on doit respecter le droit d'auteur. Il y a eu rappel sur
rappel, on nous a montré quantité de directives émanant du
sous-ministre de l'Education, parfois du ministre de l'Education aux
institutions, mais le degré d'autonomie des institutions fait en sorte
que, ces institutions peuvent prendre des initiatives que nous n'approuverons
pas nécessairement.
C'est un très vieux problème, cette affaire du droit
d'auteur. A ce moment-ci, je pense que notre énoncé de politique,
dans le document sur la propriété intellectuelle devrait nous
aider à progresser. Là encore, je ne veux pas charrier sur
Ottawa, mais Ottawa a étudié la question il y a quelques
années et, finalement, les deux coauteurs du mémoire n'ont
même pas réussi à s'entendre.
M. Rivest: Figurez-vous, pour être très franc avec
vous, que j'ai trouvé, sur ce point précis, que le livre beige
était étrangement silencieux. C'est un oubli très grave du
livre beige et, avant que vous ne le signaliez vous-même, je voudrais
vous en informer, au cas où vous ne l'auriez pas noté.
M. Vaugeois: Vous êtes dans la tradition britannique, avec
votre livre beige, parce qu'en général, du côté
anglais, on attache peu d'importance aux droits d'auteur; c'est plutôt
dans la mentalité française qu'on a tendance à respecter
la création, c'est probablement là qu'elle est concentrée
d'ailleurs.
M. Rivest: C'est en route. Il y a un dernier
élément...
M. Vaugeois: Vous ne voulez pas qu'on parle de la
coopérative ou du groupe qui pourrait s'occuper du livre de poche?
M. Rivest: Excusez. Oui, je veux... Le ministre m'a promis
d'autres explications là-dessus. La question que je voulais poser
là-dessus, à la suite des commentaires que le ministre a
commencé à faire, c'est: Quelle est la raison raisonnante qui
empêche il y a une raison principale quelque part les
milieux concernés d'aller vraiment de l'avant de ce côté?
En deux mots.
M. Vaugeois: Les éditeurs sont assez jaloux de leur fonds
d'édition et la collection de poche que nous avons
préconisée suppose que les éditeurs mettent ensemble leurs
meilleurs titres, leurs meilleurs vendeurs, parce qu'une collection aurait des
chances de bien démarrer en réunissant au moins une centaine de
titres. Cela veut donc dire que nos principales maisons d'édition
devraient renoncer à travailler isolément leurs meilleurs titres
et à les voir travailler collectivement. Ils ne renoncent pas à
leurs droits, ils pourraient même faire l'objet d'indemnités
intéressantes au départ, mais on n'a pas réussi à
les rallier, chacun ayant plutôt l'impression qu'ils peuvent fort bien
mener leur collection de poche.
Depuis qu'on a lancé l'idée, la plupart des
éditeurs ont lancé leur collection de poche, alors ils font
l'expérience, séparément, de la formule. Ce qu'on pense,
c'est que, d'ici un an ou deux, ils conviendront de mettre ensemble ces efforts
isolés qui portent beaucoup moins en étant isolés. (20
h30)
On a demandé aux Français comment ils réagiraient
devant une approche commune, l'idée étant de mettre en poche ou
en format populaire des ouvrages scientifiques français. Vous savez sans
doute qu'il y a un programme, né il y a quelques années, de
subventions aux livres français à caractère technique et
universitaire. On subventionne à l'achat pour un montant de 30%. Il y a
des livres qui sont sur une liste reconnue et, dès que l'acheteur est un
étudiant du niveau universitaire ou collégial, il profite d'une
remise de 30% qui est remboursée aux libraires.
On se rend compte que ce programme, avec les années, en est rendu
à nous coûter plus de $500 000, et c'est toujours à
recommencer parce que les ouvrages sont réédités et sont
toujours plus chers. Finalement, les 30% ne servent pas à grand-chose.
Notre proposition serait d'utiliser ces $500 000 pour mettre en format
populaire les principaux titres de cette collection et en faire une collection
de poche tant de romans que d'ouvrages scientifiques destinés en
particulier à l'enseignement collégial et universitaire.
Les Français, qui ont développé beaucoup leurs
collections de poche ces dernières années, hésitent
souvent à mettre certains titres en poche parce qu'il y a des frais et
que le marché reste limité. En mettant leur marché et le
nôtre ensemble, ils sont d'accord qu'il y aurait lieu de
s'intéresser à d'autres titres.
On en est là, et je pense que cette année il y a des
chances que, indépendamment de la réponse des éditeurs
privés, on assiste à des développements importants du
côté des ouvrages scientifiques et techniques, pour leur
apparition en format à prix populaire.
Je pense que ce serait un bon pas de franchi devant l'offensive toujours
grandissante du livre de langue anglaise dans certains départements de
CEGEP et d'université; on a perdu du terrain ces dernières
années au lieu d'en regagner.
M. Rivest: Au moment de l'étude de la loi no 51,
l'infatigable député de Terrebonne, qui est de tous les combats
dans le domaine culturel, nous avait élégamment et d'une
façon remarquable parlé du manuel scolaire qui est resté
en plan dans le cadre de la loi no 51. Même le député de
Terrebonne nous avait promis cette chose et disait que nous aurions dû
l'avoir au moment où on se parlait l'an dernier je ne voudrais
pas mal interpréter ses propos. Comme je sais qu'il travaille ou qu'il a
travaillé à cet élément de la politique du livre,
ce qui est quand même important, compte tenu de tout le contexte de la
loi 51, je voudrais que le ministre ou le député de Terrebonne
nous dise ce qu'il en est à ce jour.
M. Vaugeois: Pour le manuel scolaire?
M. Rivest: Oui. Le député de Terrebonne a l'air
inquiet de la réponse que le ministre va nous donner. Vous pouvez vous
consulter.
M. Fallu: II n'y en a qu'un seul qui peut parler au nom du
gouvernement.
M. Rivest: Ah oui! mais, parfois, vous le faites tellement bien.
Vous devriez être ministre.
M. Fallu: C'est un mauvais conseil...
M. Vaugeois: Aux Affaires culturelles, en tout cas, il serait
certainement bon.
Une Voix: Ah oui!
Une Voix: Oui.
M. Vaugeois: D'ailleurs, c'est la caractéristique des
députés du Parti québécois. Je pense qu'on a autant
d'éventuels bons ministres des Affaires culturelles qu'on a de
députés.
M. Rivest: Oui. sur le culturel.
Une Voix: Tout le monde aux Affaires culturelles!
M. Vaugeois: II faudrait d'ailleurs en passer quelques-uns
à l'Opposition.
M. Le Moignan: C'est pour cela qu'ils ne restent pas
longtemps.
M. Rivest: C'est pour cela qu'il y a une circulation tellement
grande dans le domaine. Non, mais sur...
M. Vaugeois: Je pense que c'est glissant, n'est-ce pas?
M. Rivest: Pardon?
M. Vaugeois: Comme dirait le ministre des Affaires
intergouvernementales, vous venez de nous projeter un océan de pelures
de banane.
M. Rivest: Le chef de l'Opposition a parlé d'une pente
savonneuse. Il parlait de la souveraineté-association, à ce
moment-là. Mais, mon manuel scolaire?
M. Vaugeois: II est très bon, ton chef, dans les
savons.
M. Rivest: Oh!
M. Le Moignan: C'est grave!
M. Fallu: C'est pour cela qu'il a perdu cinq
députés, récemment?
M. Rivest: Le député de Gaspé devrait
défendre le président du Comité des
Québécois pour le non.
M. Le Moignan: Est-ce que notre contrat ne se terminait pas le 20
mai?
M. Vaugeois: Oui, une fois la besogne faite. M. Rivest:
L'association.
M. Vaugeois: Avez-vous un candidat dans Trois-Rivières? Me
promettez-vous d'avoir un candidat dans Trois-Rivières?
M. Le Moignan: L'Union Nationale? Oui, le berceau de notre parti,
voyons.
M. Vaugeois: J'espère bien, parce que M. Duplessis m'a
demandé cela l'autre jour.
M. Rivest: Avec la baisse de la natalité, les berceaux de
votre parti, mon cher collgue et néanmoins ami...
M. Le Moignan: ... on va être ailleurs dans la
province.
M. Rivest: A l'ordre, M. le Président! A l'ordre!
M. Vaugeois: On est, M. le Président, toujours en
discussion avec te ministère de l'Education à cet égard.
Pour cette année, il y a un moratoire sur l'application de la loi, en ce
sens que, pour cette année, la loi ne s'appliquera pas; les manuels
scolaires devront être achetés auprès du libraire
agréé, comme par le passé, étant donné que
nous n'avons pas pu, dans les délais que nous avions, mettre au point
les nouveaux budgets pour les bibliothèques scolaires.
Dans les circonstances, notre proposition au ministère de
l'Education, c'est le statu quo pour cette année, le manuel scolaire
devant être acheté auprès du libraire agréé
aux mêmes conditions que par le passé.
M. Rivest: Pourquoi n'avez-vous pas pu mettre les budgets dont
vous venez de parler à la disposition des commissions scolaires?
M. Vaugeois: Des raisons techniques, je ne sais trop. Je pense
qu'il y a plusieurs petites raisons qui s'additionnent. Entre autres, le fait
de la réforme de la fiscalité municipale amène les
commissions scolaires à avoir leurs marges maximales de 6% et, pour que
ces 6% prennent tout leur sens, il faut laisser aux commissions scolaires le
maximum d'autonomie.
Donc, il faut qu'elles puissent affecter ces montants selon leurs
priorités, selon leurs choix. On ne pouvait pas leur demander de les
affecter en priorité sur ces fameux 15% de remise du livre de
bibliothèque qui demande à être compensé pour la
majoration passée sur le manuel scolaire. Etant donné que tous
ces calculs ne pouvaient pas être faits, étant donné que
l'autonomie toujours grandissante des commissions scolaires, à cet
égard, du moins, était une chose encore plus importante, compte
tenu de la réforme de la fiscalité municipale, il y a des
ajustements qui ne pouvaient pas être faits dans les délais qu'on
avait.
M. Rivest: Est-ce que vous nous la promettez pour l'an
prochain?
M. Vaugeois: On a une proposition de prête aux Affaires
culturelles. On serait même prêts, éventuellement, à
la mettre en action dès l'automne. Comme cela fait l'objet de
discussions et d'évaluations, on ne pouvait pas prendre de chance
à ce moment et on a préféré être prudents et
surseoir à l'application de cette partie de la loi quant aux manuels
scolaires, d'autant plus qu'au fond c'est notre meilleure arme dans la
discussion.
M. Rivest: Est-ce que l'adjoint parlementaire du ministre de
l'Education concourt avec la prudence ministérielle du
député de Trois-Rivières?
M. Fallu: C'est mon point de vue et celui du ministre dont je
suis l'adjoint.
M. Rivest: Ah! Vous êtes complices de ce retard au niveau
de la politique.
M. Fallu: J'en parle, parce qu'il n'est pas sûr que...
M. Rivest: Au niveau des entreprises dans le domaine du livre
ce délai que le ministre nous explique, mettons qu'il n'a pas pu
procéder autrement, admettons cela étant donné
l'importance du manuel scolaire, le fait de retarder encore, cela peut avoir un
certain nombre de conséquences. Je pense surtout aux entreprises qui ont
dû s'accommoder de la loi 51 et qui gardaient...
M. Vaugeois: Non, cela arrange tout le monde. Cela ne gêne
pas, au contraire.
M. Rivest: Oui?
M. Fallu: Si M. le ministre me le permet...
M. Vaugeois: Oui, allez-y, une seconde.
M. Fallu: ... il arrive même que cela fasse provisoirement
l'affaire de certains qui s'étaient spécialisés dans le
manuel scolaire et qui avaient le titre de libraires agréés, mais
qui, au fond, ne faisaient aucune vente au comptoir. Il y en avait comme cela
dans le réseau, des camouflés, qui n'étaient d'aucune
utilité publique. Ils s'étaient bâti des monopoles sur le
manuel scolaire. Evidemment, ces gens, c'était leur mort certaine, et
à très brève échéance, sans même avoir
le temps d'évaluer le moyen de sous-louer leur bail de supposés
libraires ou de se recycler carrément.
M. Vaugeois: II y a un libraire de Montréal qui a
posé son problème sur la place publique; il posait le
problème du manuel scolaire vendu à l'unité.
Là-dessus, pour nous autres, la question est très claire. Le
manuel scolaire, à partir du moment où il est vendu à
l'unité, devrait être vendu selon les mêmes règles
que n'importe quel ouvrage, c'est-à-dire faire l'objet des mêmes
remises et ainsi de suite. Il n'y a pas 25 solutions pour régler le cas
du manuel scolaire à l'unité. Dès que le manuel scolaire
passe par le détaillant qui est libraire, à notre avis, il doit
suivre les règles de tous les livres qui passent entre les mains du
libraire. Notre loi et les règlements visent à amener chaque
professionnel du livre à jouer son rôle. Dès qu'un
rôle est joué au niveau du détail, les marges doivent
être les mêmes, quelle que soit la nature du livre ou le type du
livre. En tout cas, il y a un
minimum en deçà duquel le libraire ne doit pas aller sans
courir à sa perte.
M. Rivest: Je veux parler un peu des salons du livre. Dans
d'autres secteurs d'activité gouvernementale, on remarque, au niveau du
gouvernement, ces initiatives de promotion d'un secteur ou l'autre je
pense au domaine des loisirs, par exemple, avec les fêtes populaires et
tout ça l'envergure qu'a prise cette manifestation, le domaine
des salons du livre, qui est un phénomène, en tout cas,
relativement récent, du moins dans les dimensions que les salons du
livre ont prises récemment. Il y a un effort, dans d'autres secteurs du
gouvernement, de cohérence, à un moment donné, de ce type
d'activité, parce que le Salon du livre de Montréal pousse et
obtient une subvention une année; celui de Québec pousse de son
côté et obtient une subvention, tout le monde fait un peu
je ne sais pas si ça existe au niveau des salons du livre de
shopping, comme on l'appelle, entre les différents services
gouvernementaux. Donc, il y a une nécessité de cohérence
de l'action gouvernementale devant des initiatives aussi hautement valables que
les salons du livre.
J'ai noté, dans les notes que le ministre nous a remises pour
l'étude des crédits, que le ministère entend
réviser et réévaluer son attitude face aux salons du
livre. Est-ce que le ministre pourrait nous donner quelques
éléments de l'attitude qu'il entend prendre pour l'avenir,
même s'il ne peut pas, sans doute, nous annoncer les orientations
définitives? Je sais que le ministre entend continuer d'appuyer
non seulement le ministre, mais le gouvernement les salons du livre,
mais dans quel sens les efforts de réévaluation et de
révision des attitudes du ministère à ce titre?
Deuxièmement, est-ce qu'il y a, dans ce domaine comme dans
d'autres, du shopping qui puisse se faire entre différents autres
services gouvernementaux?
M. Vaugeois: Le premier point qu'il est important de souligner,
je suis bien d'accord avec vous sur le shopping auquel peuvent se livrer
certains promoteurs de ce genre. J'ai, d'ailleurs, le problème aux
Communications avec le Festival du film du monde, qui est un dossier
très chaud actuellement. Les responsables du festival allaient à
quatre ou cinq ministères grignoter ici tant d'argent, là tant
d'argent. Déjà, le ministère des Communications avait
été reconnu, à l'intérieur du gouvernement, comme
l'interlocuteur gouvernemental attitré pour ce genre
d'événements et, en général, le ministère
des Communications se préoccupe de tout ce qui est exposition. On
enclenche actuellement un processus d'évaluation générale
pour les expositions.
Pour les salons du livre, l'essentiel du travail d'évaluation est
fait. Il reste qu'on avait hérité, à cet égard, de
formules extrêmement diverses, en particulier la Foire du livre de
Montréal, par rapport au Salon du livre de Québec, par rapport
à certaines initiatives qui avaient lieu en région.
On a, sans normaliser tellement notre programme, quand même
balisé nos subventions et incité les régions qui n'avaient
pas de salon du livre à en tenir, mais il reste un effort à faire
non pas d'uniformisation nécessairement, mais de mise au point de
critères suffisamment communs à l'ensemble des salons.
Je pense que, là-dessus, on a fait un bon bout de chemin, mais on
est conscient qu'il y a une évaluation à faire encore. Il y a des
salons du livre qui se tiennent à des mauvaises dates. Il y a des
chevauchements. Il y a aussi souvent des frais trop élevés de
participation qui sont demandés aux participants. Il y a encore un
certain travail de concertation à faire avec Ottawa qui, parfois, va
favoriser la participation des auteurs à des salons du livre.
M. Rivest: Est-ce qu'Ottawa collabore aux salons?
M. Vaugeois: Pas aux salons du livre comme tels, sauf ceux de
Québec et de Montréal. Pas Montréal? Québec, c'est
marginal. C'est de quel montant? $8000, comparativement à combien de
notre part? $80 000? $87 000.
Voyez-vous? Alors, c'est assez marginal. Mais ils peuvent contribuer en
termes de participation. Par exemple, je ne sais pas si ce programme marche
encore mais, il y a un an ou deux, ils subventionnaient les éditeurs qui
envoyaient des auteurs aux salons du livre. Est-ce que ça marche
encore?
Ce n'est pas tellement utilisé à ces fins.
En fait, c'est, en gros, l'évaluation à laquelle on
continue de se livrer pour essayer d'avoir le maximum de rendement avec ces
formules de salons du livre. Soit dit en passant, la formule est bonne, parce
qu'en termes de publicité, dès qu'un salon se tient, on obtient
la complicité et la collaboration des media dans une région
donnée, et la subvention qu'on accorde aux promoteurs d'un salon est
largement décuplée par l'intérêt que ça
provoque et la collaboration qu'on obtient des media. Il faut quand même
que tout ça soit équilibré. Souvent, les éditeurs
se plaindront que les conditions financières qu'on leur fait sont
disproportionnées par rapport aux résultats qu'ils peuvent
attendre du salon. C'est pour cela que notre travail d'évaluation est
loin d'être terminé. (20 h 45)
M. Rivest: Dans le domaine du livre, le ministre, cet
après-midi, nous a donné la ventilation de ses quelque $800 000
entre les périodiques, l'aide à l'édition, etc., qui
donnent l'ordre des priorités ou des objectifs de la politique du
ministre; enfin, parce qu'il y a des budgets d'attachés à cela,
si vous en donnez plus à... Est-ce que vous pouvez à
l'intérieur de cela, vraiment... Est-ce que vous en avez, d'abord, un
ordre de priorités dans le domaine de l'aide à l'édition,
par exemple?
M. Vaugeois: Oui, mais...
M. Rivest: Est-ce que cette priorité se traduit par la
ventilation des sommes d'argent ou bien si
c'est le volume de la demande dans un secteur qui fait qu'il y en a un?
Est-ce qu'il y a vraiment un ordre de priorités dans cette grille que
vous nous avez établie sur les sommes disponibles dans le domaine du
livre ou si c'est l'effet des programmes existants ou si c'est plutôt
l'inertie traditionnelle qui fait qu'on en donne plus à tel type
d'édition que tel autre? Est-ce que vous êtes l'initiateur de
nouveaux programmes? Est-ce que vous avez des priorités fermes?
M. Vaugeois: Oui, par exemple, je pense... M. Rivest:
Oui?
M. Fallu: Est-ce que je pourrais compléter la
question?
Le Président (M. Laberge): A l'ordre s'il vous
plaît.
M. Fallu: Est-ce que, en l'occurrence, le ministre, dès
qu'il aura les renseignements venant de ce budget du Secrétariat
d'Etat...
M. Vaugeois: On ne les aura pas. M. Fallu: On ne les aura
pas?
M. Rivest: Vous avez la liste des institutions qui les ont
eues?
M. Vaugeois: Les subventions d'Ottawa?
M. Rivest: Alors, je peux vous la fournir, je l'ai ici.
M. Fallu: Est-il vrai que...?
M. Rivest: Je pourrais même vous obtenir les montants si le
ministre... Demain, si les crédits se prolongent, je vous promets que je
vais vous obtenir les montants.
M. Fallu: Est-il vrai que quelqu'un dont le nom est très
célèbre au comité du non a reçu un quart de
million?
M. Rivest: Deux ou trois millions de non sont tous très
célèbres. Je ne sais pas duquel en particulier le
député veut parler.
M. Vaugeois: Est-ce que vous êtes en train de nous dire que
ceux qui ont eu des subventions spéciales sont ceux du non?
M. Rivest: Ce n'était pas dans le dossier que vous avez
rendu public. Dans le dossier incomplet sur la publicité
fédérale, non?
M. Fallu: Non, c'est sa femme, sans doute, qui y était.
Est-ce que le ministre va tenter de tenir compte, si jamais il a le
détail de ces sommes par société, justement, pour cette
année en cours notamment, pour fins d'évaluation, des sommes
reçues comme cela, un peu sur le pouce, récemment, de la part du
Secrétaire d'Etat?
M. Rivest: II y a des critères à ce sujet pour
répondre à la question du député. Des
critères d'excellence, en particulier dans le domaine littéraire.
Le nom dont il parle a une performance qui devrait faire l'envie de l'ensemble
du monde de l'édition, surtout, d'ailleurs, pour les éditions
littéraires québécoises.
M. Vaugeois: Ne me faites pas rire.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Vaugeois: La ventilation que j'ai donnée pour notre
budget d'aide à l'édition ne reflète pas nos
priorités, parce que, là comme ailleurs, il y a un
héritage et il y a des transitions. Je pense que, quand je suis
arrivé au ministère des Affaires culturelles il n'y avait pas de
programme spécifique pour la littérature de la jeunesse, par
exemple. Or, cela est nouveau. Il n'y avait pas d'aide spécifique
à la littérature de la jeunesse. Puis, il n'y avait pas vraiment
d'éditeurs qui faisaient de l'édition pour les jeunes. Il y en
avait eu, mais c'était faible; de qualité, mais insuffisant.
Alors, l'apparition d'un programme dans ce secteur a amené les
éditeurs à s'intéresser davantage à
développer de l'édition pour les jeunes, mais on en est encore
à des démarrages. Donc, nos $70 000 dans ce secteur ne sont pas
représentatifs de l'importance qu'on attache à ce secteur, sauf
que c'est en train de naître.
Pour la littérature générale, c'est
également un secteur que nous privilégions, la littérature
générale, l'essai et le roman québécois, mais,
là encore, c'est compte tenu de nos moyens, et on a beaucoup d'argent
qui est accaparé par certains projets de grands travaux qui continuent.
Il y a des engagements qui ont été pris il y a quelques
années, alors nous respectons ces engagements du gouvernement. On
trouve, dans ces grands travaux, le Dictionnaire des auteurs, qui est un
excellent projet mais qui nous bouffe une partie importante de nos sommes. On
aimerait bien, éventuellement, pouvoir améliorer nos sommes du
côté de l'aide à l'édition, littérature
générale, l'aide à l'édition, littérature de
jeunesse, et réduire la proportion qui va aux grands travaux, par
exemple.
Pas parce qu'on est contre ces grands travaux, mais on pense que ce
serait davantage la responsabilité d'autres organismes, peut-être
même du ministère de l'Education.
La plupart de ces grands travaux sont édités par le milieu
universitaire. D'ailleurs, on vient de voir, il y a quelques jours, le
ministère de l'Education rendre publiques des subventions assez
appréciables d'aide à l'éducation pour le milieu
universitaire. Je voyais passer des montants de $150 000 à peu
près pour les presses de Laval, les presses de Montréal.
M. Rivest: Est-ce que la cohérence...
M. Vaugeois: On pense que ce serait plutôt à ce
genre de programmes de prendre le relai pour les grands travaux, le
ministère des Affaires culturelles se réservant plutôt pour
la littérature générale, pour la littérature de
jeunesse, pour les périodiques de grande diffusion et ainsi de
suite.
M. Rivest: Est-ce que la cohérence entre le
ministère de l'Education et le ministère des Affaires culturelles
à ce titre est satisfaisante? Est-ce qu'il y aurait...
M. Vaugeois: On a une collaboration qui s'est amorcée avec
le ministère de l'Education. Dans certains cas de projets de grands
travaux, au lieu de les prendre complètement à notre charge, il y
a maintenant une action conjointe des Affaires culturelles et de l'Education.
C'est une étape. C'est ce qui a été fait, par exemple,
pour l'édition critique des oeuvres de Groulx, alors que le Dictionnaire
des auteurs, je pense qu'on l'a pris totalement à notre charge, au
début en tout cas, et maintenant l'Education participe. Pour Groulx,
dès le départ, il y a eu collaboration de l'Education.
M. Rivest: Mon collègue de Terrebonne avait une
question.
M. Vaugeois: Mais est-ce que vous pourriez nous donner la liste
des éditeurs qui ont reçu des faveurs du
fédéral?
M. Rivest: Je ne sais pas comment le ministre est ministre
des Communications l'agence Telbec, vous connaissez, a publié la
liste le 14 mars. Evidemment, vous aviez des activités autres...
M. Vaugeois: Le 14 mars.
M. Rivest: Le 14 mars elle a donné la liste de toutes les
maisons d'édition canadiennes qui ont reçu des subventions du
secrétaire d'Etat. Je remarque d'ailleurs que Boréal Express
Ltée est inclus dans...
M. Vaugeois: Est-ce qu'on a le montant?
M. Rivest: Non, on n'a pas les montants, mais je pourrais
peut-être vous les procurer.
M. Vaugeois: Vous n'avez pas à rigoler. Quand je
m'occupais du Boréal Express j'avais eu des appels
téléphoniques d'Ottawa nous disant: Vous devriez nous demander
des subventions, vous faites du beau travail.
M. Rivest: J'ai donné cet exemple-là parce que je
trouve que le Secrétariat d'Etat peut aider les maisons d'édition
qui satisfont à des critères d'excellence.
M. Vaugeois: N'allez pas trop loin, parce que dans l'intervention
du Secrétariat d'Etat plusieurs maisons subventionnées sont des
maisons qui, en général, ne sont pas admissibles à nos
subventions, parce qu'elles ne se livrent pas au type d'édition que nous
subventionnons.
M. Rivest: La liste est là. Vous avez même des
maisons d'édition de Vancouver, de Toronto, de Calgary, de Saskatoon, si
cela vous intéresse.
M. Vaugeois: Remarquez qu'au fond on sera porté à
se réjouir de ce que nos éditeurs aient profité de la
manne fédérale, mais ce qu'on dit c'est que ce n'est pas une
façon de développer une politique du livre.
M. Rivest: C'est cela, on en a parlé.
M. Vaugeois: Cela n'est pas très sérieux.
M. Rivest: Non.
M. Vaugeois: Cela fait beaucoup d'argent, mais quand vous
êtes éditeur et je l'ai été et que
vous avez budgétisé de façon extrêmement
serrée pour passer à travers votre année comme c'est
toujours le problème chaque année et que vous recevez un gros
montant d'argent, à l'improviste, que vous n'avez pas pu prévoir,
que vous n'avez pas pu planifier, ce n'est pas ce qu'il y a de mieux.
Evidemment, on ne crache pas sur l'argent quand on est dans ce
métier-là, mais il reste que ce qu'on veut c'est de
connaître les règles du jeu, connaître les subventions et
les normes d'accès aux subventions.
M. Rivest: On en a parlé après-midi sur les
façons d'en arriver là.
M. Vaugeois: Je pense que c'est même méprisant pour
la profession de penser que les gens vont, comme cela, se prêter à
ce petit jeu du père Noël. Ce n'est pas une façon d'aider la
profession.
M. Rivest: Cela ne veut pas dire, nécessairement, que cet
argent est mal dépensé. Il y a quand même des livres qui
sont publiés, qui sont édités avec cet argent qui ne le
seraient pas si cet argent-là n'était pas là.
M. Vaugeois: Ce n'est pas si sûr que ça dans le cas
présent.
M. Rivest: Maintenant, il y a un problème de
cohérence entre les ordres de priorités dont on a parlé
après-midi. On convient que c'est un problème majeur, mais il
reste que sur le terrain des choses se font et c'est cela qui est important.
Cela ne nuit pas à la langue et à la culture
française.
M. Vaugeois: Je ferais un pari là-dessus. Il y a des
éditeurs là-dedans qui n'ont absolument pas profité de ces
subventions pour payer leurs auteurs ou pour payer leurs imprimeurs.
Après trois mois ils sont probablement au même point et les
auteurs sont toujours en train de courir leurs droits d'auteur et les
imprimeurs en train de courir leurs paiements également.
M. Rivest: II y a le Conseil des Arts pour les aider. J'avais une
dernière question sur le livre. Je m'excuse. Dussault-Garneau, vous
savez qu'ils ont annoncé, je pense que c'était dans les journaux
de fin de semaine, que Hachette se retirait ou se retirerai et ils entendent,
d'après ce qu'ils ont indiqué, s'adresser au ministère,
à SODIC plutôt; est-ce que le ministre est au courant des derniers
développements dans ce dossier ou est-ce qu'il laissera les choses aller
du côté de SODIC selon les normes, les critères, etc.?
M. Vaugeois: Absolument. L'année dernière, quand
cette question avait été soulevée en commission
parlementaire, au moment de l'étude de la loi 51, M. Dussault
était venu faire des représentations pour sa maison et on avait
eu des discussions privées aussi. C'est un peu ce que nous avions
évoqué. On avait évoqué qu'éventuellement le
partenaire Hachette pourrait se retirer pour la partie du réseau qui
semblait avoir besoin du marché institutionnel. Là, on apprend
que la maison Hachette aurait envie de se retirer de l'ensemble du
réseau Dussault-Garneau. A mon avis, il resterait un problème
à étudier, c'est-à-dire l'orientation des librairies qui
composent ce réseau. Tous les éditeurs pourraient parler de
façon très éloquente du travail que fait ce réseau
pour la promotion de leurs ouvrages.
La transaction qui est à l'horizon règle une partie de la
question; à mon avis, ça ne règle pas toute la question.
De. toute façon, la Société de développement des
industries culturelles est là pour aider éventuellement un
propriétaire québécois à racheter, dans un cas
comme celui-là, les actions détenues par un partenaire
étranger aux fins de se conformer à certaines exigences de la loi
no 51, pour profiter d'un marché institutionnel, parce que la loi no 51
permet à n'importe qui de faire le métier de libraire ou
d'éditeur et, pour profiter de nos subventions ou de notre marché
institutionnel, il y a cette condition de la propriété
québécoise. Il arriverait donc, éventuellement, dans le
cas de Dussault-Garneau, un peu ce que nous avions prévu, sinon
souhaité. Je sais que le gouvernement fédéral
s'intéresse également à cette transaction et il est
possible à cet égard, je serais bien d'accord qu'il
vienne à la rescousse, parce que ce serait de l'argent probablement
mieux placé que dans d'autres cas.
M. Rivest: Cela, il faut voir. M. Vaugeois: Pardon?
M. Rivest: Vous parlez de l'argent du Secrétariat
d'Etat?
M. Vaugeois: Eventuellement, oui.
M. Rivest: Vous ne connaissez pas les montants et vous portez un
jugement de valeur.
M. Vaugeois: Je les connais.
M. Rivest: Bien non, vous ne les connaissez pas, les montants du
Secrétariat d'Etat donnés aux éditeurs.
M. Vaugeois: Dans le cas du dossier Dussault-Garneau, je les
connais.
M. Le Moignan: Je voudrais revenir à une question...
M. Vaugeois: Pour conclure là-dessus, la
Société de développement des industries culturelles a son
mandat, son autonomie. Je sais que le dossier est à L'étude
à la Société et je m'attendrais à avoir un rapport
m'indiquant qu'on a avancé ou garanti un prêt pour faciliter la
transaction. Au total, c'est une bonne chose, tout ça. C'est un effet de
la loi no 51. Espérons que tout se complétera bien.
M. Le Moignan: Pour terminer avec la loi no 51, nous avons
mentionné cet après-midi que cette loi qui a été
adoptée à l'Assemblée nationale n'est pas encore
promulguée, si ma mémoire est bonne.
M. Vaugeois: La loi est sanctionnée, ce sont les
règlements qui ne sont pas...
M. Le Moignan: Ce sont les règlements... Est-ce que les
règlements sont...
M. Vaugeois: Ils sont prêts.
M. Le Moignan: Vous indiquez qu'au cours de l'exercice 1980-1981
il y aurait publication des règlements. Est-ce que vous allez
reconsulter les principaux intéressés, que ce soit le Conseil
supérieur du livre ou l'Association québécoise des
presses, ceux qui nous ont déjà soumis des mémoires ou qui
avaient des réticences vis-à-vis des avant-projets de
règlements dont nous avions discuté à ce moment-là
en commission parlementaire?
M. Vaugeois: Les règlements ont été mis au
point à la satisfaction des associations et du milieu du livre. Cela a
déjà été fait. Ce qui nous retient actuellement,
c'est beaucoup plus le genre de problème qu'on a évoqué
tout à l'heure quant à l'avenir du manuel scolaire. Aussi
longtemps qu'on n'aura pas réglé vraiment cette question, la
question des acquisitions des livres de bibliothèque avec le jeu des
remises... C'est nous qui attendons pour officialiser les règlements,
parce qu'ils sont prêts, à quelques détails près, et
ils ont été mis au point avec la profession.
M. Le Moignan: Vous avez rencontré les principaux
intervenants et ils sont d'accord...
M. Vaugeois: Oui, oui. On s'est mis d'accord. On me dit qu'il y a
des points où l'unanimité ne sera jamais faite, parce que celui
qui vend voudrait
vendre aux meilleures conditions et celui qui achète veut acheter
aux meilleures conditions. Alors, il y a des compromis de faits à
différents endroits, mais les règlements sont au point,
après consultation très large du milieu.
Ce qui nous retient, c'est la question du livre de bibliothèque
et du livre scolaire.
M. Le Moignan: Très bien.
Le Président (M. Laberge): Autre question sur
l'élément 1 du programme 1?
M. Vaugeois: Si vous me permettez, avant de terminer
là-dessus, la meilleure aide à l'édition serait
éventuellement l'expansion des budgets d'acquisition des
bibliothèques scolaires comme des bibliothèques publiques.
Là, c'est le marché qui joue. Le reste, les subventions, c'est
artificiel. Quand on peut jouer au niveau du marché, on joue à
long terme et l'essentiel des interventions dans le domaine du livre, à
mon avis, est là, développer des habitudes de lecture et
accroître les budgets d'acquisition des institutions. (21 heures)
Bibliothèques publiques
Le Président (M. Laberge): L'élément 1
est-il adopté? Adopté. Elément 2. Développement
d'un réseau de bibliothèques publiques. Y a-t-il d'autres
questions à part ce qui a été dit cet
après-midi?
M. Rivest: Oui. Les bibliothèques publiques sont la
priorité numéro un, nous dit le ministre.
M. Vaugeois: Vous avez le document que j'ai fait distribuer. Cela
donne un peu une idée de la situation. Je pourrais peut-être en
profiter pour faire le point sur le cas de Gaspé.
M. Le Moignan: Oui, parce que je vois ici que vous mentionnez:
Les municipalités sans bibliothèque, pour le moment, ne
manifestent pas l'intention d'en créer une prochainement. Vous vous
souvenez de la conversation avec le maire Pidgeon, de Gaspé, quand vous
êtes venu l'an dernier. Il était question d'utiliser la
bibliothèque du CEGEP. C'est la question que j'ai posée cet
après-midi.
M. Vaugeois: C'est un des rares cas, je dois vous le dire
franchement, où on pense qu'il y a une solution de court terme et sans
doute une entente entre la municipalité et le CEGEP. C'est une solution
provisoire. A moyen terme, on pense que, là comme ailleurs, il faut
chercher à bien développer la bibliothèque du CEGEP pour'
les besoins du CEGEP, des étudiants et des professeurs, et,
parallèlement, en venir à développer une
bibliothèque publique pour les besoins de la collectivité.
Soit dit en passant, les étudiants sont aussi des clients de la
bibliothèque publique, des clients éventuels de la
bibliothèque publique, pendant qu'ils sont étudiants et,
inversement, le public peut avoir envie et avoir besoin d'avoir accès
à la bibliothèque du CEGEP. Il faut donc favoriser l'un et
l'autre.
A court terme, on peut souhaiter, étant donné le
caractère spécial de la situation qui prévaut à
Gaspé, qu'il y ait une entente entre le CEGEP et la ville. Mais cela ne
règle pas le problème d'une bibliothèque publique à
moyen terme. Cela ne fait que régler à court terme une situation,
en donnant accès à une population à une
bibliothèque d'institution qui a déjà probablement tout le
mal à fournir aux besoins de l'institution et qui ne peut pas vraiment
prétendre, avec le même budget, fournir aux deux
clientèles. Et là, c'est un domaine où il n'y a pas
d'économie d'échelle véritablement possible.
Un autre élément de solution pour Gaspé et qui
semble être appliqué actuellement, c'est une entente
spéciale avec la BCP. Etant donné que la population de
Gaspé est de l'ordre de 16 000 habitants, normalement, elle n'est pas
supposée faire affaires avec la BCP, qui est réservée aux
municipalités de 5000 habitants et moins.
M. Le Moignan: Si vous regardez le district, cela a
peut-être 90 milles de longueur.
M. Vaugeois: Comme me l'a fait valoir le maire Pidgeon, c'est
pour des raisons comme celle-là qu'on a accepté d'aider à
l'utilisation de solutions provisoires, entente spéciale avec la BCP,
entente spéciale avec le CEGEP. Mais, dans notre esprit, cela restera
des solutions provisoires. Les vraies solutions, c'est un bon
développement des bibliothèques des institutions. Et là,
il y a beaucoup de chemin à faire. A côté de cela, le
développement des bibliothèques publiques, il y a du chemin
à faire là aussi.
Mais que, de temps en temps, pour régler temporairement un
problème, il y ait une entente entre une municipalité et une
institution scolaire, dans certains cas, on est d'accord. Mais on ne pense pas
régler de cette façon les problèmes.
M. Le Moignan: Mais, au point de vue économique, est-ce
qu'il n'y aurait pas moyen... En termes de ministère de l'Education, de
bibliothèques municipales, etc., étant donné qu'il y a
déjà un bon noyau, il suffirait d'un agrandissement, le fait
d'aller construire une nouvelle bibliothèque, avec tout ce que cela peut
impliquer...
M. Vaugeois: On a des données là-dessus qui sont
très éloquentes. On prend par exemple les bibliothèques de
nos CEGEP et les bibliothèques de nos universités. Sur le strict
plan de la bibliothèque de CEGEP ou d'université, elles sont
généralement pauvres, comparativement aux bibliothèques de
même niveau de la province d'Ontario, par exemple.
Je pense qu'elles en ont déjà en termes de
rattrapage, pour leurs fins propres pour longtemps. A côté
de cela, si vous prenez les bibliothèques publiques, on tire encore plus
de l'arrière par rapport au reste de l'Amérique.
Nous, on pense que chercher à régler en même temps
les deux, c'est en prendre trop grand. Ce que nous souhaitons, c'est que nos
bibliothèques publiques puissent se mettre en place
et se développer, et que nos bibliothèques
institutionnelles puissent se développer également, quitte
à ce que les bibliothèques publiques puissent s'ouvrir à
ces clientèles et également que les bibliothèques des
institutions soient ouvertes au public.
Ce que nous favorisons, ce sont des horaires pour les
bibliothèques d'université ou de CEGEP, qui permettent
l'accès au public, éventuellement, des politiques d'acquisition
également qui soient intéressantes pour le public, mais penser
régler le problème des besoins du public par ces
bibliothèques, c'est rêver en couleur, ces bibliothèques
ont déjà tellement à faire pour rattraper le niveau des
bibliothèques de l'Ontario, par exemple.
M. Le Moignan: Mais quand on regarde Thet-ford Mines et Joliette,
qui ont des populations assez semblables à celle de Gaspé et que
c'est indiqué: "Entente avec les CEGEP", est-ce que ce sont des ententes
provisoires?
M. Vaugeois: C'est cela, elles peuvent vivre un certain temps
comme cela.
M. Le Moignan: II n'y a rien de permanent là-dedans?
M. Vaugeois: C'est cela, c'est un réalisme qui nous anime
dans ces cas-là. On dit: Si cela peut régler temporairement,
c'est mieux que rien, mais c'est seulement mieux que rien, par exemple.
M. Le Moignan: Je vous demandais aussi cet après-midi si,
depuis l'adoption de votre loi, il y a eu l'implantation de plusieurs
bibliothèques. Je ne sais pas si le sous-ministre s'en souvient, mais il
disait, je ne sais pas si c'est à Cap-des-Rosiers ou à
L'Anse-aux-Griffons, qu'il y avait un projet de maison de bibliothèque
et d'installations. Est-ce que cela a fonctionné?
M. Vaugeois: Vous avez la liste des municipalités qui ont
déjà réagi à notre programme.
M. Le Moignan: Je ne les vois pas, celles-là.
M. Vaugeois: Oui, à la première page:
Créations certaines ou très probables en 1980. Vous avez une
liste de municipalités qui ont réagi à nos propositions.
Là où il y a un X, c'est qu'elles ont déjà
demandé une aide, elles sont donc en train de démarrer.
Dans la deuxième série, il y a des études en cours
qui pourraient amener des projets concrets en 1981, mais il ne faut pas
s'alarmer. La liste de municipalités que vous avez à C n'ont pas
réagi pour l'instant. Quelques-unes ont des solutions temporaires. C'est
un plan de cinq ans qu'on a. On ne peut pas, dès la première
année, s'attendre que tout le monde démarre.mais je peux vous
dire que, dans toutes les municipalités, il y a de
l'intérêt pour notre programme, dans toutes les
municipalités que j'ai visitées. Mais, dans le cas de
Gaspé, par exemple, c'est qu'on a des priorités d'un autre ordre.
Etant donné le développement linéaire de Gaspé, on
a des problèmes fantastiques de services à cette population qui
est répartie sur une très grande distance. Les budgets municipaux
ne sont pas si gros que cela. Il y a des priorités du genre du
déneigement, des services d'aqueduc ou d'égouts. Les budgets
municipaux passent là d'abord et, après cela, ils passeront
à la lecture. Que voulez-vous? On se résigne devant cela, mais on
ne fait que se résigner.
M. Le Moignan: Je vous comprends, c'est du temporaire.
M. Rivest: Sur le plan...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: ...
M. Vaugeois: Vous savez une chose, c'est que, finalement, une
tempête de neige de plus ou de moins dans ces municipalités est
finalement plus importante que le budget que nous souhaitons pour une
bibliothèque publique.
M. Le Moignan: Et l'inondation du mois de mai...
M. Vaugeois: On est à la merci de... En tout cas!
M. Le Moignan: Vous en avez assez pour faire une
bibliothèque avec le budget des inondations.
M. Vaugeois: Pour amener l'exemple de chez moi, à
Trois-Rivières, une tempête de neige de plus ou de moins, c'est
finalement un budget plus important que le service des loisirs et le service
culturel.
M. Rivest: Le ministre a-t-il songé justement
là-dessus à la formule employée par son collègue ou
enfin qui sera employée, parce que ce n'est pas encore en place,
proposée dans le livre blanc du monde du loisir, dans lequel justement
il y a des dispositions prises au niveau des formules d'aide à donner
aux municipalités qui font en sorte qu'une municipalité, pour la
création de son service du loisir, ne pourrait pas diminuer je
dis cela sous toute réserve son budget affecté au loisir
pour le transférer à une urgence qui arrive, aux problèmes
de l'aqueduc et des égouts? Autrement dit, il y a, dans la façon
dont le gouvernement donne son aide aux municipalités, au titre du
loisir, des formules qui assurent qu'effectivement les budgets alloués
au loisir ne sont pas transférables à d'autres types
d'activités, parce que, comme probablement les loisirs, les
bibliothèques et tout cela, cela arrive en fin de compte et, quand des
besoins premiers arrivent, les municipalités reportent à plus
tard. N'y a-t-il pas des moyens, dans l'action du gouvernement, de mettre un
frein à ce genre de...
M. Vaugeois: Pour nous, si vous me permettez, M. le
Président, le problème était à l'inverse; on avait
tellement de ces conditions avec nos programmes anciens que cela
empêchait une majorité de municipalités de
s'intéresser à nos programmes d'aide au soutien des
bibliothèques publiques. Ce qu'on e fait avec la révision de
notre programme, c'est qu'on a soulagé ces exigences, notre objectif
étant d'amener les municipalités à s'associer à
notre démarche avec moins de contraintes qu'avant, mais il reste quand
même que nous n'aidons pas une municipalité qui n'offre pas les
garanties minimales pour l'existence d'un service de bibliothèque
publique. On contribue dans une proportion et la municipalité contribue
dans une proportion. Si la municipalité ne fait pas sa part, nous ne
faisons rien, c'est entendu. Notre tendance a été de rendre nos
programmes plus souples, plus légers, plus faciles d'application, mais,
pour autant, il reste quand même qu'on s'assure que la
municipalité fait sa part.
M. Rivest: Dans le plan quinquennal de développement des
bibliothèques publiques, plan qui s'échelonne sur plusieurs
années, cela va de soi, que le ministre a rendu public en septembre 1979
ou quelque part par là, dans son discours...
M. Vaugeois: A ce moment, je n'ai fait qu'énoncer des
hypothèses.
M. Rivest: C'est cela.
M. Vaugeois: II a été officiel en décembre,
au moment où le Trésor l'a accepté.
M. Rivest: Ce que je veux, c'est simplement un commentaire
rapide, je ne veux pas qu'on prenne cela... Le ministre nous a distribué
un état...
M. Vaugeois: Provisoire.
M. Rivest: ... provisoire des progrès. Tantôt,
j'aurai seulement une question particulière sur la région de
Québec. Il y avait cinq ou six éléments majeurs à
l'intérieur de ce programme. Il y avait un programme au niveau de la
publicité, un programme conjoint de publicité, construction et
agrandissement, aide aux études préliminaires, programme d'aide
au fonctionnement, programme d'aide à l'engagement de
bibliothécaires, à l'acquisition de documents. Est-ce que, sans
porter un jugement de valeur global sur le plan, la mise en route du plan a
permis au ministre de dégager que certains éléments
charnières, les éléments que je viens de mentionner, de
son programme pouvaient devoir subir certains ajustements à
l'épreuve de sa mise en application ou si le plan reste absolument ce
qu'il est? Est-ce que, par exemple, le ministre a constaté des
problèmes particuliers au niveau de l'engagement des
bibliothécaires face à son plan ou si, au niveau de l'acquisition
des documents, il semble se poser des situations particulières?
Autrement dit, je voudrais que le ministre me donne évidemment,
c'est une politique qui est récente à l'expérience,
quels sont les points forts de sa politique et les points qui soulèvent
peut-être davantage de difficultés avec les municipalités?
Rapidement.
M. Vaugeois: Dans notre dernière démarche au
Conseil du trésor, et à la suggestion du Conseil du trésor
on a été d'accord avec le Conseil du trésor
nous avons cherché à simplifier notre programme. Vous avez raison
de dire qu'il y avait au départ six points d'identifiés. On les a
ramenés à trois, vraiment fondamentaux, qui touchent les
acquisitions, le fonctionnement et la construction, ou l'agrandissement ou la
rénovation. Alors, premièrement, ce sont les locaux;
deuxièmement, le fonctionnement; troisièmement, les acquisitions
de livres; pour le reste, on pense qu'on peut autofinancer les études de
maintes et maintes façons. Dans des cas particuliers, il y a des tas de
choses qu'on peut faire avec une municipalité sans nécessairement
avoir un programme spécial. Pour la publicité, c'est la
même chose. Déjà, la publicité, on l'a faite en
publiant notre brochure. Les sous-ministres se sont promenés dans tout
le Québec; les media ont bien couvert la tournée des
sous-ministres, partout cela a été bien reçu. On a
décidé de jouer à partir de nos ressources humaines
plutôt qu'à partir d'un programme de publicité
traditionnel.
Du côté des bibliothécaires, on a assoupli un petit
peu nos exigences. De toute façon, je pense qu'on n'aurait pas
été prêts à satisfaire nous-mêmes, en termes
de ressources humaines, à toutes les exigences qui étaient
posées. On s'est donc concentré sur trois mesures. Les
échos que j'ai de la tournée faite par les quatre sous-ministres
les quatre sous-ministres ont participé à ce premier blitz
c'est que, dans un premier temps, cela semble répondre aux
attentes du milieu municipal. Maintenant, quand on aura deux ans de faits, on
verra que, pour aller chercher les derniers, ceux qui résisteront
à l'attrait de ce programme, il faudra peut-être ajouter quelque
chose ou réviser quelque chose, mais, pour l'instant, il semble que cela
corresponde aux attentes du milieu municipal.
Je pense d'ailleurs que les municipalités en
général, les maires et leur conseil étaient prêts
à cela, attendaient un petit coup de pouce de l'Etat. Je crois qu'on
arrive au bon moment, au lendemain de la réforme de la fiscalité
municipale, alors que des marges nouvelles ont été
dégagées pour les municipalités. On arrive avec des
propositions extrêmement alléchantes. Souvent, d'ailleurs, on
vient soutenir des projets de revitalisation d'un centre-ville, par exemple.
C'est ce qui va se produire à Chicoutimi. On arrive au bon moment avec
notre programme.
M. Rivest: J'aurais une question particulière. La centrale
du prêt, la BCP à Québec, région 03, est-ce que ce
dossier a progressé? Je vois qu'il est en possibilité en
1981.
M. Vaugeois: Non, la BCP de Québec a été
crsss...
M. Rivest: Physiquement?
M. Vaugeois: Oui, elle existe. Ses locaux sont là. Le
problème de la BCP de Québec, c'est le même
problème...
M. Rivest: La construction?
M. Vaugeois: ... que celui de toutes les nouvelles BCP. Ces BCP
ont un budget pour s'installer, pour acheter leurs livres et pour commencer
à rayonner, sauf que les demandes sont telles, dans les petites
municipalités, qu'aucune BCP nouvelle n'a les moyens de répondre
aux demandes, au rythme où entrent les demandes. (21 h 15)
Là, il y a des ajustements nécessaires. Les ajustements ne
sont pas bien compliqués à trouver: ou bien nous faisons un
effort encore accru pour financer les BCP ou bien on demande aux petites
municipalités de faire un effort accru, ou on va quelque part entre les
deux. Mais on pense actuellement que les petites municipalités devront,
tôt ou tard, être appelées à faire un effort accru,
parce qu'actuellement elles contribuent beaucoup moins que les
municipalités de 5000 habitants et plus. En gros, une
municipalité de 5000 habitants et plus, ça contribue au moins
pour 50% et même un peu plus, tandis que les petites municipalités
de 5000 habitants et moins, d'après le programme des BCP, contribuent
pour 15%. Cest 15% correspondent, très souvent, à du
bénévolat, à de la fourniture de locaux et ainsi de suite.
Il y a parfois quasiment même des injustices de créées. En
effet si vous êtes dans une ville principale dans une région, vous
avez, autour de la ville principale, des petites villes de banlieue, mettons,
de 3000 ou 4000 habitants. Si vous êtes dans la banlieue, vous avez
accès à une BCP sans que ça vous coûte quelque chose
et, si vous êtes dans la ville principale, pour avoir votre
bibliothèque publique, il faut payer 50%, sinon 60% des coûts de
fonctionnement. Cela nous paraît être une anomalie et,
éventuellement, il faudra tendre à rapprocher notre niveau d'aide
dans les deux cas pour les rendre davantage comparables.
M. Rivest: J'ai deux dernières questions sur les
bibliothèques. La bibliothèque de la Législature, je sais
que ça relève plutôt de la responsabilité du
président de l'Assemblée nationale, mais le ministère des
Affaires culturelles a sûrement un intérêt dans cela. Au
cours de l'étude des crédits antérieurs on a
soulevé souvent les problèmes de la bibliothèque de la
Législature, de sa réorientation, etc. Est-ce que vous avez des
choses nouvelles à ce sujet?
M. Vaugeois: Non, c'est toujours la même réponse,
avec peut-être un élément nouveau. C'est
qu'éventuellement nous allons faire jouer à la
Bibliothèque nationale un rôle de leadership dans l'organisation
et le fonctionnement des bibliothèques publiques. Il conviendrait sans
doute qu'un jour ou l'autre une bibliothèque donne le ton au
Québec et c'est probablement le rôle qu'on va demander à la
Bibliothèque nationale de jouer.
M. Rivest: Oui, parce que, dans les documents que le ministre
nous a distribués pour préparer les crédits au niveau de
la Bibliothèque nationale je suis content qu'il dise ça
on nous parle beaucoup du feu et de Longueuil, mais pas beaucoup des
orientations futures de la Bibliothèque nationale et j'allais lui poser
la question à la suite de la question que je lui posais sur la
bibliothèque de la Législature.
M. Vaugeois: Pour la Bibliothèque nationale de
Montréal, le problème comme le dirait mon collègue de
l'Agriculture, est "ben" simple. Il faut leur donner de meilleurs
équipements, de meilleurs espaces. On a pas mal progressé dans ce
domaine-là. Je ne suis pas prêt à donner les
éléments de solution, mais je peux vous dire qu'on a pas mal
progressé quant aux solutions possibles pour l'avenir de la
Bibliothèque nationale.
M. Rivest: Une petite dernière... Ah! Excusez!
Le Président (M. Laberge): Le député de
Terrebonne avait une question, je pense, sur l'élément 2.
M. Fallu: Non, continuez.
M. Rivest: Non, c'est un élément d'information,
parce que la mise en route de la politique des bibliothèques publiques
est très importante et il est peut-être trop tôt pour en
juger. J'ai pris acte de la décision du ministre et du Conseil du
trésor au titre du regroupement des éléments du plan
quinquennal dont le ministre nous a parlé. Est-ce qu'il y a des
documents qu'on pourrait avoir à ce titre-là? Par exemple,
à la suite de la tournée des sous-ministres, est-ce qu'un rapport
a été transmis au ministre? Est-ce qu'il y aurait des
inconvénients à ce qu'on l'ait? C'est un document de régie
interne, j'en conviens volontiers. Deuxièmement, au niveau du
regroupement en question, qui a été approuvé par le
Conseil du trésor, est-ce que ce document peut nous être
disponible?
M. Vaugeois: C'est disponible. D'ailleurs, c'est un document
public. Je vais demander qu'on nous envoie des copies du document, en
conformité avec les règles convenues avec le trésor.
Maintenant, j'ai répondu tout à l'heure au
député de Gaspé en faisant beaucoup de réserves
quant aux solutions à moyen terme qu'offrait un mariage
bibliothèque d'institution et bibliothèque publique. Je ne dirais
pas la même chose pour deux bibliothèques publiques qui voudraient
joindre leurs efforts. J'ai des exemples à l'esprit:
Trois-Rivières-Ouest et Trois-Rivières peuvent
éventuellement développer ensemble leurs bibliothèques
publiques.
Dernièrement, je rencontrais le maire de Sorel et le maire de
Tracy et, éventuellement, il serait possible pour Tracy et Sorel de
développer ensemble une bibliothèque publique ou une
bibliothèque principale avec des bibliothèques de quartier.
J'aimerais peut-être que mon sous-ministre, M. Frigon, commente en
quelques mots des réactions obtenues quand il a fait la tournée
avec ses collègues. Il pourrait peut-être vous donner une
idée des résultats qu'on obtient. Si ça vous
intéresse, je peux, bien sûr, rendre disponibles les rapports qui
me sont faits par les sous-ministres sur leur tournée et les suites
données à leur tournée. Ce sont des documents qui...
M. Rivest: La raison pour laquelle j'ai posé la question,
c'est surtout pour les députés dans les différentes
régions, les différentes municipalités qui doivent
discuter, dans le travail quotidien. C'est un des dossiers qu'ils ont, et s'ils
avaient cela en main pour pouvoir discuter avec les autorités
municipales, ce serait peut-être utile.
M. Vaugeois: Je peux vous dire qu'on le fait très souvent.
Evidemment, vous le sentez peut-être moins à Québec mais,
habituellement, en région, les députés sont mis à
contribution, selon lés rapports qui nous viennent de la tournée
des sous-ministres. M. Frigon, voulez-vous commenter?
Je pense que la tournée qu'on a faite dans les différentes
régions de la province nous a amenés à peu près le
même type de réactions, partout où cela a apporté le
même type de bénéfice. Beaucoup de municipalités
avaient déjà, dans leurs tiroirs, des projets de
bibliothèques publiques. L'absence d'une aide financière vraiment
significative jusqu'ici n'avait pas permis de les sortir de ces
tiroirs-là. Nous sommes arrivés à l'aide. Ils avaient
déjà pris connaissance du plan de développement des
bibliothèques publiques. Notre tournée a contribué
à leur fournir des renseignements supplémentaires. Les maires de
ces municipalités, dont vous avez une partie de la liste ici, ont dit:
Oui, on s'embarque, cela vaut vraiment la peine, c'est véritablement
bénéfique pour la municipalité.
Le deuxième effet de notre tournée a été que
les municipalités qui, elles, n'avaient pas encore de projets de
bibliothèque publique ont commencé sérieusement à
songer à en mettre au point, de telle sorte qu'il'y a déjà
des municipalités qui ont commandé des études, qui ont
commandé des plans pour diverses raisons, soit, à un moment
donné, par émulation dans une région entre une
municipalité et une autre, pour ne pas avoir l'air plus folle que la
municipalité voisine. A un moment, elles ont dit: II faut faire quelque
chose. Cela a eu cet effet-là.
Le troisième effet, je pense, a été par la
couverture que nous ont donnée les media de sensibiliser les populations
locales aux avantages d'une bibliothèque dans leur municipalité.
Cela a peut-être contribué, jusqu'à un certain point,
à faire une espèce de pression sur les édiles municipaux
pour les amener, peut-être, à passer de la velléité
à la volonté véritablement d'avoir une
bibliothèque.
En gros, ce sont à peu près les effets que nous avons
retenus de la visite que nous avons faite dans les municipalités.
M. Rivest: D'ailleurs, à ce titre, le bilan provisoire, la
liste des municipalités par catégories, disons, à
première vue, tout en prenant le document avec réserve, comme le
ministre l'a indiqué, c'est qu'il y a pas mal de chemin de fait.
M. Vaugeois: Oui, beaucoup.
M. Rivest: Alors, on félicite les sous-ministres.
Le Président (M. Laberge): On prend acte. M. le
député de Terrebonne.
M. Fallu: M. le président, pendant que se
préparaient ces grandes politiques, notamment à travers le livre
blanc ou encore les politiques de développement d'un réseau de
bibliothèques, politiques du livre, il y avait deux mesures qui avaient
été mises sur pied, l'une en 1977, si j'ai bonne mémoire,
et l'autre en 1978. La première, qui était une rectification,
devrais-je dire, ou un amendement aux règlements de financement des
bibliothèques, visait à aider l'implantation^Jes
bibliothèques. J'aimerais connaître un peu le bilan des
réalisations subséquentes à ces subventions de
démarrage des bibliothèques. Est-ce que cela a eu vraiment une
valeur incitative?
Ma deuxième question a trait au programme d'animation à la
lecture qui a été créé, si j'ai bonne souvenance,
à travers le budget de 1978. Et, à ce propos, je voudrais mettre
une certaine insistance sur ce programme, parce que, même si les
crédits sont plus ou moins restreints, devrais-je dire, parce que les
bibliothèques n'ont finalement que des montants peut-être pas
dérisoires mais très faibles, toutefois, l'animation qui en
découle a une signification qui est très apparente à
l'intérieur même des bibliothèques. Je crois que ce
programme pourrait être renforcé. Très certainement qu'au
moment du développement d'un réseau il va être
étendu, mais je dis bien, renforcé pour qu'on puisse allouer
peut-être plus de crédits pour que l'animation à la lecture
se fasse dans les bibliothèques.
M. Rivest: Quand le ministre parlait de regrouper, quand il
parlait du fonctionnement, est-ce que cela recoupe la préoccupation du
député?
M. Vaugeois: Oui. Effectivement, pour répondre à la
question en deux points, le programme qui avait été
esquissé il y a une couple d'années n'avait pas donné tout
à fait les résultats qu'on espérait. C'est pour cela qu'on
a complété notre programme, on l'a rendu plus incitatif. On
intervient, par exemple, au niveau de la construction ou du recyclage d'un
bâtiment. Quant à l'animation à l'intérieur d'une
bibliothèque, effectivement, on a développé nos programmes
et les bibliothé-
caires répondent bien à cette ouverture. La
bibliothèque devient de plus en plus un lieu d'activités
culturelles. Même, si je voulais être un petit peu malin, je dirais
que cela risquerait de devenir, éventuellement, un problème,
parce que dans certains endroits la demande devient très forte pour
acheter autre chose que des livres. C'est le cas, par exemple, des BCP qui
voudraient être pourvoyeurs de biens culturels au sens large. Bien
sûr, a priori on n'est pas contre, mais la bibliothèque est
d'abord le lieu où on trouve des imprimés avant d'être un
lieu où on trouve des jeux ou des oeuvres d'art ou des disques. On n'est
absolument pas opposé au développement des bibliothèques
dans ces directions, mais pas commencer par cela. L'animation, dans certains
endroits, va tellement bien que cela pourrait devenir des lieux d'animation
culturel, point.
M. Rivest: Quant à moi, l'élément 2,
où est-ce qu'on était?
Le Président (M. Laberge): On était à
l'élément 2, développement du réseau. C'est
adopté? Adopté. Elément 3, qui concerne la
Bibliothèque nationale.
M. Rivest: Non, ça va.
Le Président (M. Laberge): Cela va, pas de question?
Alors, adopté. Donc, le programme 1 est adopté. Programme 2.
Sauvegarde et mise en valeur des biens culturels. Des questions?
Sauvegarde et mise en valeur des biens
culturels
M. Rivest: On peut passer à l'élément 1.
Le Président (M. Laberge): Si vous voulez.
M. Rivest: A l'élément 1 j'ai une petite question,
en fait deux questions simplement. Les promesses du ministre au titre du plan
quinquennal auquel on met la dernière touche; deux, le projet de loi
qu'on nous annonce, sauf erreur, était dans le dernier discours
inaugural ou il sera dans le prochain.
M. Vaugeois: Non, il y est.
M. Rivest: De toute façon, il n'aura pas été
réalisé, s'il était dans le discours inaugural.
M. Vaugeois: Non, c'est prêt.
M. Rivest: C'est prêt, alors j'imagine que cela viendra
à la session d'automne, oui?
M. Vaugeois: Oui.
M. Rivest: Troisièmement, je ne sais trop ou, le ministre
a dit au Soleil, le 5 juin 1980, qu'il y a des archives publiques et il y a des
archives privées. Est-ce que le projet de loi va couvrir cela
également? On parle souvent des archives privées; je pense que le
ministre, nommément, a mentionné...
M. Vaugeois: Les archives des hommes politiques.
M. Rivest: Je ne sais pas si le ministre est en mesure de nous
dire comment il entend procéder. C'est peut-être
prématuré. Alors, le plan quinquennal, où en est-il rendu?
Deuxièmement, le projet de loi, quel est son état? Est-ce que les
crédits au Conseil du trésor, et tout cela, ont franchi toute la
filière? Le plan quinquennal 1980-1985.
M. Vaugeois: II semble bien que le plan quinquennal qui est un
document qui circule actuellement à l'intérieur du gouvernement
est assez lié au projet de loi sur les archives. D'ailleurs, si je me
souviens bien, avec un des projets de loi sur les archives on nous avait
demandé nos intentions quant au développement des archives comme
institutions. C'est à ce moment-là qu'on avait mis au point le
plan quinquennal de développement des archives. Les deux documents
cheminent à peu près ensemble. Je pense qu'il conviendra de
rendre public le plan quinquennal en même temps qu'on pourrait
déposer le projet de loi sur les archives. Quant au projet de loi sur
les archives, il fait une nette distinction entre archives publiques et
archives privées. Il se voudra davantage incitatif au niveau des
archives privées. Le document, également, sera prudent quant aux
archives des institutions des différents réseaux. L'important
c'est d'établir un premier cadre de conservation et de normes
d'accessibilité du document. On prétend que nous sommes
maintenant prêts à répondre au défi d'une telle loi
avec les institutions qu'on a mises en place. Il y a beaucoup d'ajustements
à faire à l'interne. C'est ce que nous avons fait ces derniers
mois, beaucoup de négociations et de discussions avec certains
organismes centraux comme les Travaux publics, qui sont responsables de
l'entreposage des documents qui sont en préarchivage, ou encore avec le
Conseil du trésor, bien sûr.
Je considère que c'était la dernière grande
réforme qu'il convenait de faire au niveau gouvernemental; on a
touché la préparation des budgets, les effectifs, etc.
Maintenant, il y a la gestion documentaire qui n'avait pas été
abordée de front. Notre projet de loi permet de franchir cette
dernière étape des grandes réformes qu'on attendait d'un
Etat moderne comme celui du Québec. On est à peu près
prêt, sauf que les circonstances ont fait qu'on n'a pu déposer ce
projet de loi avant la fin de la présente session. Je ne vois pas ce qui
pourrait empêcher qu'on le dépose à la prochaine
session.
Je parle très souvent dans mes interventions publiques,
d'ailleurs, d'un tel projet de loi prévoyant l'accès à
l'information gouvernementale; je pense que ce sont deux projets de loi qui se
compléteront bien. Au sujet de ma petite déclaration sur les
archives des hommes publics, des
hommes politiques, je pense qu'il ne faudrait pas faire trop de
distinction entre archives publiques et archives privées ou documents
publics et documents privés, parce que mon point de vue, c'est que quand
on agit comme homme public, surtout au niveau ministériel, une bonne
partie de nos documents sont du domaine public, et là, il peut y avoir
prescription. C'est ce que prévoira le projet de loi.
Mais on constate tristement que nous avons, aux archives publiques, aux
archives du Québec, des documents sur à peu près 5% des
hommes politiques qui sont passés au Parlement depuis 1792. C'est un
assez triste record. Evidemment, faire l'histoire des institutions, faire
l'histoire politique du Québec, du personnel politique devient
extrêmement difficile, aléatoire, dans les circonstances. On a
vraiment des documents sur deux premiers ministres, par exemple, sur
Honoré Mercier et Taschereau, c'est à peu près tout. Les
autres premiers ministres n'ont pas laissé à l'Etat de documents.
Il y a les archives de Duplessis qui seront éventuellement
récupérées, qui sont entre les mains des amis de Duplessis
à Trois-Rivières; elles iront peut-être dans des archives
privées au séminaire. C'est mieux que rien. On a des ententes
d'ailleurs avec les archives privées, on en a avec les archives du
séminaire Saint-Joseph à Trois-Rivières.
M. Le Moignan: ... émises, dans le passé, par le
gouvernement?
M. Vaugeois: Non, justement, on n'a pas d'instrument pour
favoriser ça.
M. Le Moignan: Vous avez l'intention d'en émettre?
M. Vaugeois: Absolument. Et la réticence tient souvent au
fait... On ne souhaite pas que ces documents soient, un jour, publics, mais
c'est trop bête. Les pays européens ont tous maintenant des lois
là-dessus. Les documents de la dernière guerre deviennent
publics, après des prescriptions de 30 ans ou 40 ans, ça
dépend des pays. C'est important. Le Vatican même a fait des
règles qui font que ça dépend; je pense qu'il faut
attendre tant de papes avant de rendre les documents publics, mais le Vatican
rend publiques ses archives. Ici, on ne les conserve pas de façon
systématique, on n'a pas de règles de prescription, tout se passe
selon la bonne volonté, le bon désir du conservateur qui,
évidemment, n'offre pas de garantie suffisante pour rassurer l'homme
politique qui pourrait avoir envie de confier ses documents aux archives.
On a hérité, aux Archives nationales du Québec, par
exemple, du fonds Papineau, sans trop savoir à quel moment on pourrait
le rendre accessible aux chercheurs. C'est tout ça qu'il faut
régulariser. Quand les règles seront établies, on
rassurera les gens. Je suis partisan de prescriptions de 90 ans, s'il faut. Ce
sera conservé et, un jour, ce sera accessible.
M. Le Moignan: Je pense qu'il y a des nuances à apporter.
Si nous, comme députés, avons des dossiers, ils ne sont pas tous
dignes de passer à l'histoire, mais si on travaille...
M. Rivest: Parlez pour vous.
M. Le Moignan: Je parle au nom de tous les députés.
Cela peut être un gars qui se casse une jambe et veut poursuivre une
municipalité ou le gouvernement. Mais on peut travailler à un
projet qui se concrétise en cours de route, ça peut avoir une
valeur, soit pour l'histoire locale ou d'une région donnée. Des
choses comme ça. Je pense qu'au dernier Parlement il y a un seul
député, je crois que c'est à Québec que j'ai vu
ça dans un journal, qui avait remis des archives. Donc, tous les autres
qui ont quitté après de nombreuses années n'ont rien
laissé du tout. Je pense que ce serait urgent d'apporter au moins des
précisions sur ces choses historiques.
M. Vaugeois: Vous pouvez compter là-dessus. Notre projet
de loi prévoit déjà des mesures et des dispositions qui
vont nous permettre de distinguer ce genre de données et on favorisera
toujours la conservation de certains documents en région. C'est pour
ça qu'on a régionalisé nos archives. Vous savez, on est
maintenant drôlement équipé, partout en région. Il
manque Sept-lles, mais ça va se faire cette année.
M. Le Moignan: J'ai posé une question cet
après-midi, il serait intéressant de savoir ceci, dans cette
tournée, au point de vue des archives. Je ne parle pas des archives
publiques d'Etat, il y a les archives des collèges et des anciens
séminaires qui sont devenus les CEGEP, il y avait tout de même des
trésors dans les collèges très anciens. J'espère
qu'on n'a pas détruit ces choses-là. Je ne sais pas comment cela
fonctionne.
M. Vaugeois: Remarquez que cela pourrait arriver parce que nos
lois sont absolument déficientes.
M. Le Moignan: Je trouve cela un peu regrettable, parce qu'il y a
de vieux collèges, de vieilles maisons d'éducation.
M. Vaugeois: Mais, en général, ces fonds sont
connus de nos archivistes. Il y a des ententes le plus souvent qui sont
conclues entre ces institutions et les Archives nationales du Québec,
mais il pourrait arriver que ces choses nous échappent, c'est
sûr.
M. Le Moignan: Mais, à travers tout le Québec,
à droite et à gauche, il y a des compagnies également qui
existent depuis 100 et 200 ans. Est-ce que vous êtes en contact avec tout
ce monde-là?
M. Vaugeois: Pardon?
M. Le Moignan: Est-ce qu'elles sont sensibilisées? Il y a
beaucoup de compagnies qui fonctionnent depuis longtemps.
M. Vaugeois: Oui, on a même un archiviste. Je ne sais pas
si cela marche encore actuellement, mais on a eu pendant un certain temps un
archiviste qui a d'ailleurs été prêté par
Trois-Rivières pour faire les compagnies, pour inciter les plus
vieilles compagnies à éventuellement céder leur fonds aux
Archives nationales du Québec. C'est la même chose avec les
municipalités. Par exemple, à Trois-Rivières, quand on a
ouvert les nouvelles archives régionales, la première à
confier son fonds a été la municipalité de
Trois-Rivières.
On me signale ici, et je trouve cela très intéressant, que
certains fonds sont d'ailleurs retournés dans les capitales
régionales. Par exemple, le fonds Dubuc est retourné à
Chicoutimi en 1979. Le fonds du père Pacifique, un capucin, est
retourné à Rimouski. Il était de la réserve de
Restigouche. Le fonds Jomphe, le fameux poète de Havre-Saint-Pierre,
verra ses documents retourner à Sept-lles dès que le
dépôt régional sera prêt. Cela correspond à de
grandes attentes des gens en région et cela facilite les recherches en
région.
M. Le Moignan: C'est la raison pour laquelle les documents du
père Pacifique seraient à Rimouski plutôt qu'à
Montréal ou ailleurs.
M. Vaugeois: C'est cela.
M. Rivest: Le directeur des archives a fait une tournée de
consultations là-dessus. Est-ce qu'il a remis un rapport au ministre?
Est-ce qu'au moment de l'étude de la loi on pourra prendre connaissance
de ce rapport?
M. Vaugeois: Vous voulez dire en région?
M. Rivest: Oui. Il y a eu consultation de différentes...
au moment du projet de loi.
M. Vaugeois: Si rapport écrit il y a ce sera
disponible.
M. Rivest: Etant donné l'importance, je pense que cela a
l'air secondaire dans tout le paquet, mais les archives, c'est important.
M. Vaugeois: C'est fondamental.
M. Rivest: C'est ce que je crois également. Ce que je
voudrais demander au ministre, c'est qu'au moment où on arrivera
à l'étude du projet de loi, d'abord, ce rapport, si le ministre
peut le rendre public, étant donné que ce sera la dernière
expertise présente, s'il y avait moyen de l'avoir. Deuxièmement,
s'il y avait moyen également que le ministre puisse déposer,
avant les premières étapes de l'adoption du projet de loi sur les
archives, le plan quinquennal, de manière qu'on puisse situer les
dispositions législatives et le cadre législatif particulier dans
une vision plus large que comportera nécessairement le plan quinquennal
et qu'on puisse apprécier la valeur relative du projet de loi face aux
intentions qui peuvent déborder le cadre de la loi au titre des Archives
nationales.
M. Vaugeois: Ce que vous venez de dire est noté. Je le
fais remarquer aux gens qui m'accompagnent.
M. Rivest: J'ai vu des hochements de tête derrière
vous qui me laissent sceptique.
M. Vaugeois: Je leur ai demandé de ne pas avoir de
réactions pendant que vous parliez. C'est comme au poker,
méfiez-vous des hochements de tête, ils indiquent le contraire de
la pensée.
M. Le Moignan: Mais les archivistes qui font le tour de la
province, est-ce qu'ils ont des moyens ou encore des paroles d'encouragement
pour tes nombreuses sociétés d'histoire locales qui
représentent combien dans la province?
M. Vaugeois: Cela varie toujours, ce genre de
société.
M. Le Moignan: II y en a qui sont plus actives que d'autres.
M. Vaugeois: On a une formule de contrat avec les
sociétés historiques en région. On leur demandera de
participer à des inventaires, etc. On travaille de plus en plus avec les
sociétés, on subventionne la Fédération des
sociétés historiques. Il y a deux cas d'exception qui sont faits,
un cas d'exception pour le Conseil des monuments et sites historiques et la
Fédération des sociétés d'histoire qui
reçoivent une aide comme telle. Mais, à part cela, les
sociétés ne sont pas aidées au titre du fonctionnement,
elles sont aidées au titre de projets ou de contrats.
M. Rivest: J'ai une dernière question à poser.
M. Vaugeois: D'ailleurs, on me signale que les archives
régionales, justement, soutiennent notre travail dans ce sens-là,
parce que ces gens travaillent de plus près avec les
sociétés d'histoire locales.
Le Président (M. Laberge): ...
M. Rivest: J'ai une dernière question à poser.
Evidemment, j'imagine je ne voudrais pas que le ministre me fasse un
discours épouvantable; je lui ouvre la porte, parce que c'est sans doute
une des dimensions importantes que les Archives nationales dans le sens
canadien du terme...
M. Vaugeois: Cela n'existe pas. A Ottawa, on parle d'Archives
publiques, je m'excuse.
M. Rivest: Publiques, en tout cas, peu importe! J'imagine qu'il y
a peut-être des documents, des pièces... Le ministre parle
d'envoyer en région,
à l'intérieur du Québec, des archives nationales
dans le sens québécois. J'imagine d'ailleurs qu'au niveau du
ministère, sans dépouiller pour autant les Archives publiques du
Canada, parce que je pense qu'elles ont un intérêt à avoir
des choses qui sont du Québec, il y aurait peut-être certains
types de documents ou certains types d'archives qui auraient davantage leur
place au niveau du Québec.
M. Fallu: C'est de remettre en cause l'entente difficilement
négociée en 1868 à propos des Archives de l'Union.
M. Rivest: En effet.
M. Fallu: Parce que déjà le Canada a subi une
division, une séparation, une sécession, puisqu'il était
déjà unitaire, entre le Haut-Canada et le Bas-Canada. Par la
suite, il a fallu diviser la bibliothèque, les archives et le
procès pour ainsi dire a duré quand même quelques
années. Cela a été tranché en 1868 ou 1869, mais
jamais à la satisfaction du Bas-Canada.
Une Voix: Oh oui! nous autres, nous étions le
Bas-Canada.
M. Vaugeois: Je suis très intéressé par les
propos que vient de tenir le député de Jean-Talon et les
explications savantes de mon collègue d'université, le
député de Terrebonne, qui a appris mieux que moi à
l'université, soit-dit en passant. Effectivement, les Archives publiques
du Canada, qui sont des archives bien organisées, sont également
des archives qui ont une certaine tendance à la centralisation. Je
trouve que le point de vue du député de Jean-Talon devrait
être entendu à Ottawa, parce qu'il y a lieu, je crois, de
retourner vers certaines parties du Canada des archives qui ont beaucoup
d'intérêt pour ces parties. Ce que nous faisons à
l'intérieur du Québec, il me semble qu'Ottawa pourrait le faire,
mais, si vous me permettez, votre question cache un autre problème. Il
arrive très souvent que des gens qui ont des documents importants
cherchent à provoquer une surenchère entre les Archives publiques
du Canada et les Archives nationales du Québec. Là-dessus, je
dois dire que les avis sont partagés à Québec. Souvent,
l'archiviste aura tendance à plaider fortement pour qu'on ne laisse pas
partir tel document pour Ottawa, étant donné sa nature. Pour
l'instant, je suis plutôt réservé là-dessus; je
trouve qu'il ne faut pas faire le jeu de la surenchère. Je me dis
toujours que des administrateurs sages à Ottawa devraient, pour fins de
recherche, pour favoriser la recherche, laisser en région et laisser
dans les capitales des différentes provinces les documents qui ont une
pertinence plus grande pour ces parties-là.
La politique des Archives publiques du Canada, c'est d'amener à
Ottawa le plus possible, surtout quand c'est susceptible d'avoir un
intérêt national. C'est toujours leur même critère,
mais cela ramasse tous les bons documents.
M. Rivest: Est-ce qu'effectivement il y a une liste de documents
que le gouvernement du Québec estimerait devoir être situés
à Québec au lieu d'Ottawa...
M. Vaugeois: Pauvre vous.
M. Rivest: ... ou si les déclarations du ministre
s'appuient sur des généralités?
M. Vaugeois: On n'en sort pas facilement. M. Rivest: Y
a-t-il un inventaire de cela?
M. Vaugeois: C'est bien connu. Ce qu'a dit le
député de Terrebonne tout à l'heure est très juste.
On a eu des discussions qui n'ont jamais été terminées
d'ailleurs, en 1968. J'ai lu les comptes rendus des premières
réunions du Conseil des ministres. (21 h 45)
On avait à se partager les meubles, on avait à se partager
des locaux, parce qu'il y avait une distribution de fonctions et de
responsabilités qui faisait que... Il ne faut pas oublier que, la
veille, il y avait le gouvernement du Canada Uni, il y avait un seul
gouvernement pour tout. Après le 1er juillet 1867, théoriquement,
il y avait des choses qui étaient de compétence
fédérale et des choses qui étaient de compétence
provinciale. On n'a jamais vraiment clarifié cela. Il y a beaucoup de
zones qui sont restées grises. Par exemple, beaucoup de papiers, des
archives de la Nouvelle-France, des archives coloniales, sont allés
à Ottawa. Aujourd'hui, tout cela est absolument mélangé.
Je pense bien qu'il n'y a jamais eu de retour véritable vers
Québec de documents qui avaient été amenés à
Ottawa à cette époque.
M. Rivest: Est-ce qu'on en a demandé d'une façon
formelle? Non?
M. Vaugeois: Non, ce qu'on fait, c'est qu'on provoque des
échanges de microfilms. Ce que le gouvernement canadien a
favorisé pendant longtemps, il envoyait à Paris un archiviste du
Dominion, comme on disait, comme on en a envoyé à Londres, pour
faire de la transcription. Il y a beaucoup de fonds d'archives à Ottawa
qui sont finalement des transcriptions de fonds importants conservés
à Paris ou à Londres. Je crois savoir que le plus qu'on a fait
à cet égard, c'est du microfilm ou des échanges de
microfilms.
M. Le Moignan: Quand vous parlez d'envoyer des archives un peu
partout en province, avez-vous...
M. Vaugeois: Non, on retourne le fonds.
M. Le Moignan: Oui, mais avez-vous toujours de bonnes garanties
de protection à l'épreuve du feu... C'est cela qui est triste
parfois.
M. Vaugeois: Oui. Les conditions de conservation en région
ne sont pas aussi bonnes qu'à
Québec, mais elles offrent des garanties raisonnables. Je vous
invite d'ailleurs à visiter les centres d'archives qu'on a en
région et à visiter le nouvel édifice des Archives
à Québec. Cela va être une visite très
intéressante pour vous autres. Je pense que nous avons maintenant les
archives les plus modernes, les mieux organisées que je connaisse. J'en
ai fait pas mal et je n'en connais pas d'aussi modernes. Les Archives publiques
du Canada sont bien organisées, elles offrent de grands avantages aux
chercheurs, mais cela n'a pas la qualité de ce que nous avons maintenant
à Québec, parce que nos archives sont en même temps
fondées sur un réseau régional. Cette année, on va
mettre en place, par le jeu de la téléinformatique, et on va
interrelier progressivement nos dépôts d'archives. C'est
fantastique pour le chercheur. Ce réseau d'archives qu'on est en train
de mettre en place va être à la fine pointe de tous les
développements en archivistique que nous connaissons. J'ai visité
les archives aux Etats-Unis, on est en train de les doubler, les archives
européennes que je connaisse également. Je pense qu'on a beaucoup
de mérite à cet égard. J'en profite pour rendre hommage
à l'équipe des archives qui, au cours des dernières
années, a su faire des progrès importants. Comme le ministre
actuel des Affaires culturelles est un historien, il est très fier de
voir ce développement de son ministère. Je n'en parle pas trop
souvent par pudeur, mais, aujourd'hui, vous m'en donnez l'occasion et je peux
envisager une retraite dorée dans des archives bien organisées,
contribuant au progrès de la science.
M. Rivest: C'est la raison pour laquelle je vous ai induit en la
tentation.
M. Le Moignan: Vous avez de l'espace, vous êtes bons pour
de nombreuses années. C'est un nouvel édifice qui a
été inauguré il y a quelques jours.
M. Vaugeois: Oui, c'est un beau cas de recyclage. On a repris la
chapelle du campus, la chapelle du grand séminaire. Allez voir cela,
c'est absolument sensationnel! C'est un très beau cas de collaboration
avec les Travaux publics, à part cela.
M. Le Moignan: Est-ce que vos archives qui étaient au
Musée du Québec vont être transférées aussi?
C'est déjà fait, c'est déjà
déménagé?
M. Vaugeois: Tout est déménagé. Au moment du
déménagement, tout était inventorié sur une
nouvelle base. Tous les documents ont été mis sur informatique.
Quand vous les demandez maintenant, vous avez le code de la fiche. C'est
parfaitement organisé.
Le Président (M. Laberge): A l'élément 1 du
programme, est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. Vaugeois: D'ailleurs, je dois le dire, contrairement à
ce qui a été dit dans les journaux, il y a des journaux qui ont
dit qu'il y avait eu des coupures de personnel aux Archives du Québec,
c'est faux, c'est l'institution qui a eu la plus grosse augmentation de
personnel de toutes nos institutions aux Affaires culturelles. Il y a eu des
postes nouveaux pour les Archives et il y a eu des ponctions ailleurs dans le
ministère pour doter les Archives d'un personnel additionnel.
M. Le Moignan: La section généalogique qui est ici,
pas trop loin, est-ce que c'est transféré aussi là-bas
ou...
M. Vaugeois: Oui.
M. Le Moignan: Tout est rendu au même endroit?
M. Vaugeois: Oui. Il y a d'ailleurs une salle d'exposition
à part cela à l'entrée des Archives. Il faut voir
cela.
M. Rivest: M. le ministre, seulement une dernière
question. Que devrait-il se passer ou que doit-il se passer d'ici le 20 juin
dans le domaine des archives, selon la déclaration que vous avez faite
au début du mois? Vous avez déclaré, d'après le
journal Le Soleil, je cite le ministre... Est-ce vous ou le ministre de la
Justice? Non, c'est vous. "Il va se passer quelque chose dans les semaines
à venir laisse entendre M. Vaugeois mais pas avant le 20
juin". Vous avez dit ça lors de l'inauguration de la maison des
Archives.
M. Vaugeois: C'est ça. C'est ce que j'ai dit. M.
Rivest: Qu'est-ce que c'est qui... M. Vaugeois: Pas avant le 20
juin. M. Rivest: Très bien!
Le Président (M. Laberge): Elément 1,
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté.
L'élément 2 concerne la conservation des sites et des biens
historiques et archéologiques.
M. Rivest: Oui.
Le Président (M. Laberge): Y a-t-il des questions?
M. Rivest: En effet! M. Vaugeois: Ah! M. Rivest:
Bon!
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Jean-Talon, M. le député de Deux-Montagnes et M. le
député de Terrebonne.
M. Rivest: Par où vais-je commencer?
M. Le Moignan: ... et-ce qu'il y a de nouveaux sites historiques
intéressants qui ont été découverts
récemment ou si vous travaillez toujours sur les mêmes sites?
Est-ce qu'il y a tellement de sites je parle en province d'assez
grande valeur?
M. Vaugeois: Non, pas des sites historiques comme tels, mais il y
a continuellement des maisons, des édifices, des ensembles qui font
l'objet d'avis d'intention de classement. Il y en a à peu près
toutes les semaines. Il faut dire que la Commission des biens culturels fait un
travail absolument extraordnaire. On y reviendra un petit peu plus loin, mais
je peux le dire à ce moment-ci. La commission fait un travail
extraordinaire actuellement, grâce à la nouvelle loi et à
un fonctionnement qu'on a réussi à mettre au point. La commission
se déplace beaucoup, va en région, écoute les gens, et les
travaux de classement profitent non seulement du macro-inventaire, mais
profitent surtout du travail d'animation et d'audiences que fait la Commission
des biens culturels. Il y en a sans arrêt, continuellement. Ce ne sont
pas des sites historiques comme tels. Ce sont surtout des ensembles
architecturaux qui font l'objet d'avis d'intention de classement.
Dans le cas de votre région, il y a un avis d'intention qui vous
intéresse particulièrement. C'est le cas du site de
Paspébiac, où on progresse bien. On s'est entendu avec le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Il y a des choses
qui se font actuellement. Il y a enfin des décisions qui ont
été prises. Il y aura une mise en valeur du site, mais dans le
respect des bâtiments et de leur localisation. Il y avait eu, à un
moment donné, des intentions de regrouper les bâtiments sur un
petit coin du banc de Paspébiac. On a réussi à faire
valoir notre point de vue et on va respecter les bâtiments. On va les
recycler ou les restaurer, selon le cas, mais dans le respect de leur
localisation. C'est un projet qui, je pense, promet beaucoup.
M. Le Moignan: Parce que, des sites historiques anciens, vous
n'en avez pas tellement, que ce soit là ou ailleurs dans la
province.
M. Vaugeois: II y en a beaucoup.
M. Le Moignan: Je ne parle pas de la ville de
Québec...
M. Vaugeois: Par exemple, je pourrais vous donner la liste de
toutes les ententes qu'on a faites avec les municipalités. On en a dix
ou douze actuellement. Dans certains cas, ça reconnaissait un
arrondissement historique et, dans d'autres cas, cela a été
l'occasion de mieux cerner un arrondissement historique, d'en préciser
un. Je pense au village minier, par exemple, en Abitibi. Dans le cas du Vieux
Montréal, on est en train de réévaluer l'arrondissement
historique du Vieux Montréal. Tout n'a pas été dit de ce
côté-là.
Boucherville, la même chose. A peu près partout,
actuellement, il y a une réévaluation des arrondissements
historiques, des précisions sont apportées, etc.
M. Le Moignan: Parce que vous aviez un archéologue,
René Lévesque il ne faut pas le confondra avec l'autre
dont on n'entend plus parler tellement, mais il avait fait des
découvertes, je pense, sur la Côte-Nord...
M. Vaugeois: Oui.
M. Le Moignan:... des vieux sites. Ces choses existent
toujours?
M. Vaugeois: Oui. Ecoutez, du côté des sites
archéologiques, on en a au moins 2000 d'inventoriés. Ce qui nous
a joué de vilains tours ces dernières années, c'est que ce
service a joué aux pompiers. C'est devenu une caserne de pompiers. Les
gens répondent à la sonnerie. La sonnerie vient des travaux de la
Baie James, des constructions d'autoroutes. Finalement, on néglige les
sites les plus importants pour aller aux sites les plus menacés. On est
en train de réagir à ça, d'ailleurs, au ministère.
Quant à moi, j'ai demandé qu'on arrête de réagir aux
sites les plus menacés et qu'on consacre nos efforts aux sites les plus
importants. Il s'agit de s'ajuster, parce qu'il ne fallait quand même pas
prendre le risque de négliger totalement les sites menacés. Ce
n'est pas comme ça qu'on va vraiment progresser. Mais il y a
déjà un inventaire général des sites
archéologiques qui est fait et qui nous montre la grande richesse
archéologique du Québec. On a malheureusement peu
d'archéologues formés pour l'archéologie
amérindienne ou l'archéologie historique. On a fait l'an dernier
un colloque dont c'était un des thèmes. Notre grand désir,
c'est de voir l'université former des gens plus pour
l'archéologie d'ici que pour l'archéologie
méditerranéenne.
Actuellement, à l'Université Laval, par exemple, on forme
des archéologues pour la Méditerranée et on n'en forme pas
pour le Québec. Je vais vous donner un cas précis: à
Trois-Rivières, on a un site historique qui est identifié dans le
vieux Trois-Rivières et c'est urgent de faire des travaux là
avant de faire d'autres travaux, comme cela a été le cas à
Place Royale. Alors, il y a un musée d'archéologie et il y a, au
moins un professeur d'archéologie. Le professeur d'archéologie
est spécialisé en archéologie classique et le musée
est spécialisé en archéologie amérindienne et le
site exige un chercheur en archéologie historique. Vous voyez le
genre.
M. Rivest: Je pense que c'est un peu dans le sens de mes
commentaires. Je sais qu'au cours de la dernière année le
ministre a indiqué dans son document d'appui qu'il avait
réalisé certains exploits budgétaires au titre des
crédits supplémentaires et du fonds de développement
régional de l'OPDQ pour les sites historiques. J'imagine que
c'est sans doute dû à l'aspect pompier peut-être,
à un moment donné, certains dossiers sont arrivés et il a
fallu trouver des fonds nécessaires. Probablement que c'est
l'explication de ces exploits budgétaires que vous avez
réalisés en cours d'année?
M. Vaugeois: Non, pas toujours.
M. Rivest: Non, pas toujours, en tout cas.
M. Vaugeois: Des exploits budgétaires ce sont vos mots,
mais dans le cas des budgets votés et qui augmentent en cours
d'année de quelque chose comme 10%, cela est dû à des
projets mis au point conjointement avec d'autres ou, encore, à des
projets qui ont été précisés en cours
d'année, qui ont permis d'aller en budget supplémentaire ou au
fonds du suppléance.
Au-delà de cela, il y a des opérations faites avec
d'autres, ce qui n'implique pas des transferts de budgets, par exemple, avec
Hydro-Québec, avec le ministère des Transports, avec la
Société d'énergie de la baie James et, là, on
amène nos partenaires à payer une bonne partie de la note. Je ne
vous cacherai pas que mon objectif à moi, c'est de considérer que
ces ministères ou ces organismes, ces sociétés-là
sont responsables du respect du patrimoine. Je colle cela, d'ailleurs, à
une politique du 1% qu'on cherche à développer. Le 1%, on l'a
fait valoir aux Travaux publics, on l'a fait valoir au ministère de
l'Education, aux Affaires sociales, à la Société
d'habitation du Québec, mais pourquoi pas, également, au
ministère des Transports? Et je peux vous dire, à cet
égard, que le ministre actuel des Transports, comme son
prédécesseur, est absolument acquis à l'application du 1%.
Quelle forme prendra le 1% au niveau des autoroutes? Si on peut faire des
belles autoroutes, tant mieux, mais cela peut être au niveau d'une halte
routière, au niveau du respect d'un site archéologique. Ce 1%, je
le préconise au niveau d'Hydro-Québec, au niveau de la
Société d'énergie de la baie James et de toutes les
grandes sociétés d'Etat qui sont impliquées dans des
travaux publics. Ce sera, tantôt, au niveau d'un site, tantôt au
niveau d'une architecture, tantôt au niveau d'un aménagement, mais
nous essayons de rendre contagieux le 1% auprès de tous nos
partenaires.
M. Rivest: Le ministre a donné des éléments
de réponse, mais je voudrais lui poser la question peut-être d'une
façon un peu plus générale. Effectivement, la
préoccupation de la société québécoise ou du
gouvernement québécois quant aux sites historiques ou aux biens
historiques et archéologiques est relativement récente. Je pense
qu'on peut dire cela: C'est relativement récent, le fait que l'on
s'intéresse à ces questions. Effectivement, la loi de base, c'est
la Loi sur les biens culturels de 1972. Au moment où la Loi sur les
biens culturels a été adoptée, il y avait peut-être,
sans doute, des actions particulières. Une des données de base,
un des changements peut-être importants qui se sont produits dans ce
domaine spécifique, c'est que cela s'est compliqué davantage.
C'est que, dans le cadre restreint de la Loi sur les biens culturels, il a
fallu, à cause du développement des politiques en particulier
gouvernementales situer cela dans le domaine de l'environnement qui a
été un domaine aussi qui s'est ouvert, dans le domaine de
l'urbanisme, par exemple, etc.
Le ministre me dit: Face aux différentes instances
gouvernementales ou paragouvernementales, il y a une attitude, au fond, qui est
nouvelle. Au niveau de la législation sur le plan des moyens dont
dispose le ministère des Affaires culturelles pour atteindre les
objectifs de la loi de 1972, on fait face, par exemple, au zonage agricole, aux
préoccupations d'urbanisme, aux nouveaux pouvoirs qu'on donne sur
l'aménagement aux instances décentralisées je pense
à la loi Léon'ard enfin il y a tout un paquet de nouvelles
lois qui placent maintenant la Loi sur les biens culturels sur l'aspect des
sites dans des perspectives beaucoup plus larges. (22 heures)
Est-ce que cela pose des problèmes? Le ministre a
évoqué certains protocoles d'entente qui pouvaient exister.
Est-ce qu'on doit aller jusqu'à leur donner un aspect formel? Est-ce que
les intervenants dans le domaine ont besoin de nouveaux pouvoirs pour affirmer
la primauté de la conservation des sites historiques, etc.? Par contre,
vous mentionnez le ministère des Transports, nommément,
probablement le ministère de l'Agriculture, par les activités de
zonage agricole qui peuvent avoir une dimension, l'urbanisme avec la loi du
ministre d'Etat à l'Aménagement du territoire,
quatrièmement, la Société d'énergie de la Baie
James, vous en avez parlé, cela couvre un territoire particulier,
Hydro-Québec dont ma collègue, le député de
L'Acadie, m'a demandé d'entretenir le ministre de façon
particulière, le plan de développement d'Hydro-Québec qui
risque de passer des lignes un peu partout. Enfin, il y a un ensemble de
problèmes. Est-ce qu'actuellement les moyens dont dispose le ministre
des Affaires culturelles, sur le fond de la question, lui paraissent
suffisants? Et deuxièmement, si les moyens lui paraissent suffisants,
est-ce que la priorité du ministère des Affaires culturelles...
Là-dessus, le ministre disait tantôt qu'il y a des actions de
pompier qu'il est obligé de faire. Si le ministre, d'une façon
formelle et engagée, mettait l'accent sur la signature de protocoles
d'entente entre les différents intervenants qui ont chacun leur
dimension pour intégrer la fonction urbanisme, la fonction
environnement, la fonction protection et valorisation des sites historiques et
archéologiques, quel serait le sentiment du ministère ou du
ministre, au moment où on se parle, sur cette question de fond?
M. Vaugeois: M. le Président, j'aime beaucoup la question
du député de Jean-Talon. D'ailleurs, s'il voulait se rendre
disponible, je pense que le gouvernement serait d'accord pour le nommer
à la Commission des biens culturels.
C'est en plein le genre de question qu'il faut se poser. Pendant
plusieurs années, la Loi sur les biens culturels a porté à
peu près seule un ensemble de préoccupations en termes
d'aménagements, en termes parfois de protection de terres arables, etc.
Il ne faut pas se le cacher. A l'île d'Orléans, en particulier, il
y avait, pendant un temps, à peu près une loi qui tenait
l'ensemble, c'était la Loi sur les biens culturels. Il y avait
d'ailleurs une pression telle sur le ministère des Affaires culturelles
que cela a joué de vilains tours à mes
prédécesseurs. On dénonçait la Loi sur les biens
culturels parce qu'effectivement, reconnaissons-le, par le biais de cette loi,
on avait tendance, parfois, à faire de l'aménagement ou à
faire de la protection de terres arables. Dieu merci, la loi que vous venez
d'évoquer est enfin venue et la Loi sur les biens culturels peut
maintenant retrouver sa vrai place et jouer aux fins pour lesquelles on avait
jadis voté cette loi. On apprend à vivre avec les autres lois et
je peux vous dire que les autres lois apparaissent pour nous comme des
alliées, mais aussi des occasions et des invitations à la
concertation, à l'élaboration de politiques communes.
M. Rivest: Là-dessus, est-ce que vous me permettez une
question?
M. Vaugeois: Dans d'autres lois, comme, par exemple, la Loi sur
l'environnement... C'est à notre demande d'ailleurs que la Loi sur
l'environnement précise un certain nombre de choses au niveau des sites
historiques ou des sites archéologiques. C'était bon qu'on trouve
dans d'autres lois ce genre de préoccupation, mais on en est maintenant
à une situation beaucoup plus claire que celle qui prévalait
lorsqu'on a fait voter cette fameuse loi en 1972, même lorsque je l'ai
fait modifier en juin 1978. Parce qu'en juin 1978 j'étais encore seul
avec ma loi. Mais heureusement, pas longtemps après, sont
arrivées la Loi sur la protection du territoire agricole, la Loi sur
l'aménagement, la Loi sur l'environnement, etc. Là, au moins, la
Loi sur les biens culturels peut jouer son rôle.
M. Rivest: Je suis d'accord avec le ministre que cette dimension
a compté. Je suis surtout d'accord sur le fait que la Loi sur les biens
culturels faisait de l'aménagement, faisait même de l'urbanisme,
faisait de la protection et cela causait un paquet de problèmes. A part
l'incidence, et même plus que l'incidence, parce que, comme l'a
indiqué le ministre, il y a des dispositions législatives, des
lois qui sont venues après qui émanaient presque directement du
ministère des Affaires culturelles je suis d'accord sur cela au
niveau de la Loi sur l'environnement il se pose des problèmes. Le
ministre a évoqué que ceux qui travaillent dans le secteur font
fonction de pompiers. Je dis cela comme ça sans trop savoir, mais je le
mets sous la forme interrogative. C'est sans doute parce qu'il n'y a encore
rien, malgré tout cela, malgré les progrès qui ont
été faits, au niveau de la loi, pour intégrer les
différentes fonctions. Existe-t-il un lieu, dans le gouver- nement, je
pense surtout au niveau des ministres d'Etat ou de la structure au niveau du
Conseil exécutif? Est-ce qu'il y a un lieu d'arbitrage lorsqu'il arrive
des problèmes importants? Exemple concret, le plan de
développement d'Hydro-Québec, qui construit toutes sortes de
trucs un peu partout, dans l'exécution normale de son mandat. Au niveau
des biens culturels Dieu sait qu'il y a une dimension d'environnement
dans le problème d'Hydro-Québec, on connaît les
problèmes que les lignes de transmission ont occasionnés, il y a
un problème d'urbanisme à quelle place précise, au
niveau du gouvernement, se font ces arbitrages? Est-ce qu'on examine le plan de
développement d'Hydro-Québec, dans cette perspective, quelque
part dans le gouvernement? On pourrait prendre d'autres exemples, les
initiatives du ministère des Transports; le ministre a mentionné
les autoroutes qui risquent de briser plus des sites naturels ou
archéologiques.
Y a-t-il une place, quelque part, où les arbitrages se font,
où les gens ont une vision générale des choses?
M. Vaugeois: Ecoutez, encore là, on a un bon filon. La
question est extrêmement pertinente et on est au niveau de choses qui
sont en marche. Des lois nouvelles sont venues et des questions nouvelles se
posent, comme celles que vous posez. Avant, les problèmes ne se posaient
pas, il y avait un lieu, un point de chute, c'était d'ailleurs
généralement chez le ministre des Affaires culturelles, pour
toutes sortes de choses.
Maintenant, il y a différents points de chute, selon l'angle sous
lequel est posé le problème. Donc, ça pourrait être
le ministre de l'Agriculture, tantôt le ministre de l'Environnement,
tantôt le ministre des Affaires culturelles et d'autres parfois. Selon le
cas, chaque ministre a son instance pour écouter les gens, entendre des
mémoires et provoquer la concertation interministérielle. Mais
les avenues pour demain sont probablement dans la loi de l'aménagement
présentée par le ministre d'Etat à l'Aménagement.
C'est un point de vue assez personnel que j'évoque là, parce que
tous les choix ne sont pas faits à ce moment-ci, mais je prévois
bien que les municipalités régionales pourront être
responsables de leurs plans d'aménagement et responsables de
données comme celles que vous venez d'évoquer.
On n'a pas encore, bien sûr, tranché ce genre de questions.
Les avenues sont ouvertes maintenant, mais vous posez là une question
extrêmement pertinente et il va falloir, progressivement, trouver les
lieux de décision et d'arbitrage pour ce genre de problèmes.
Notre intention est de décentraliser et de s'appuyer sur les
municipalités régionales en particulier.
M. Rivest: Là-dessus, les...
M. Vaugeois: Mais ce n'est pas une décision prise, c'est
une avenue qui est ouverte.
M. Rivest: Là-dessus, les ententes que vous avez
évoquées, même si c'est modeste, ce sont
quand même des ententes extrêmement importantes; j'en ai vu
cinq ou six qui me paraissaient très significatives.
M. Vaugeois: On en a maintenant signé avec toutes les
municipalités qui sont concernées par un arrondissement
historique. Sauf Percé, mais c'est un arrondissement naturel.
M. Rivest: L'inventaire des sites; vous dites qu'au Québec
il y a peut-être 1000 sites d'intérêt. Est-ce que ça
existe quelque part...
M. Vaugeois: Oui.
M. Rivest: ... et est-ce qu'il y a une certaine classification de
ces sites? Il y a des sites qui sont plus prioritaires que d'autres. Excusez
mon ignorance, je pose la question, ça existe?
M. Vaugeois: Cela existe. M. Rivest: C'est disponible?
M. Vaugeois: J'ai fait envoyer d'ailleurs aux
députés l'année dernière, un répertoire de
tous les bâtiments classés.
M. Rivest: Mais je parle des sites surtout, laissons les
bâtiments de côté.
M. Vaugeois: On a des documents qui sont moins diffusés
parce que plus techniques, par exemple pour l'inventaire des sites
archéologiques; c'est très technique, mais on a ce genre de
documents.
M. Rivest: Là-dessus, est-ce qu'il y a un ordre de
priorités ferme?
M. Vaugeois: Le dernier en date, sur les sites
archéologiques, a tout au plus un an. Donc, on peut...
M. Rivest: Est-ce qu'il y a un ordre de priorités ferme
là-dessus?
M. Vaugeois: Non. Pas vraiment. C'est d'ailleurs là...
M. Rivest: Est-ce que ce serait utile de l'avoir?
M. Vaugeois: Oui quand même, parce qu'ils sont
inventoriés, il y a une certaine description donnée. Les sites
ont été établis à la suite d'un inventaire rapide,
on continue à en faire faire, on en a sur la Côte-Nord qui se
précisent cette année, mais c'est là... C'est ça
qui m'amenait à dire tout à l'heure que je trouvais un peu
regrettable, à certains moments, que notre service d'archéologie
joue aux pompiers. Ce que j'aimerais voir faire à notre service
d'archéologie, c'est beaucoup plus ce genre de travail en vue d'amorcer
une vraie politique d'intervention sur les sites archéologiques. Mais,
là, on est entraîné quasiment à répon- dre
aux commandes de différents organismes qui, au moins, maintenant,
hésitent avant d'ignorer un site, mais ils ont le réflexe de
s'adresser à nous alors qu'éventuellement je dis que les grands
ministères, les grandes sociétés d'Etat devront avoir
leurs propres spécialistes pour faire ce genre de travail, comme ils
l'ont pour le reste.
M. Rivest: Sur ce point, si effectivement cela existait, on
pourrait dire: Telle chose, on n'y touche pas, c'est prioritaire, c'est
très important, au lieu d'attendre, le ministère ou le.service,
qu'on lui transmette des projets parce qu'Hydro-Qué-bec ou le
.ministère des Transports"''a plus ou moins bonne conscience face
à un type de projet de développement. Si cela existait d'une
façon saine mais pas absolument bloquée parce qu'il peut y
avoir d'autres priorités, bien sûr, dans le gouvernement au
moins Hydro-Québec, quand elle préparerait son programme de
développement, ou le ministère des Transports, quand il
préparerait son plan de développement d'autoroutes ou de
constructtion de routes, sauraient d'avance. Ce serait un document qu'ils
auraient disant que tel coin, c'est bien "de valeur", mais il ne faut pas
passer par là, au lieu de ne pas le savoir et d'y aller après
coup. Alors pour le programme de développement du ministère des
Transports ou HydroQuébec ou d'autres instances que j'ignore qui peuvent
intervenir, s'il existait un ordre de priorités ferme, là-dessus
peut-être que le ministère des Affaires culturelles, le service en
question, jouerait moins au pompier parce que déjà les autres
intervenants dans le paysage c'est ce dont on parle sauraient
d'avance que pour certains coins c'est "touchez-y pas".
Ma sous-question là-dessus est la suivante: Est-ce que le
ministère, dans le cadre de la loi actuelle, aurait le pouvoir juridique
de donner un certain poids aux priorités fermes qu'il définirait
au niveau des sites historiques et archéologiques?
M. Vaugeois: Oui. La loi est très forte. Un site retenu,
un site identifié peut être protégé par la Loi sur
les biens culturels. On a déjà ce genre d'outils qu'on met
à la disposition des grandes sociétés. Mais notre
inventaire a besoin d'être raffiné, les sites ont besoin
d'être évalués et malheureusement nos équipes, je le
répète, ont été plutôt
réquisitionnées pour fouiller les sites que pour en
établir l'importance et mettre au point notre politique d'intervention.
Mais il reste quand même qu'on met déjà à la
disposition des grandes sociétés ce genre d'instruments que vous
évoquez. Ce n'est peut-être pas aussi précis qu'on le
voudrait. Mais on a les moyens juridiques de protéger nos sites. La loi
est aussi bonne que nécessaire. Ce ne serait pas utile d'avoir une loi
qui irait plus loin que celle que nous avons actuellement.
M. Rivest: Et sur ce voeu d'établir des priorités
fermes que je vous ai signalées vous semblez assez bien
disposé là-dessus qui puissent être
communiquées aux intervenants...
M. Vaugeois: C'est déjà le cas. M. Rivest:
C'est déjà le cas? M. Vaugeois: Oui.
M. Fallu: Pour l'intelligence du député de
Jean-Talon fort un peu des spécialités que nous
possédons j'aimerais dire simplement ceci. Si le ministère
a joué au pompier, il arrive quelquefois que...
M. Vaugeois: Excusez-moi. C'est un service que j'ai
identifié à cet égard et c'est le service de
l'archéologie.
M. Fallu: C'est à ce propos. Il arrive souvent que ce sont
les travaux eux-mêmes qui font découvrir les sites qui doivent
être rapidement identifiés, quelquefois exploités et
même vidés de leur contenu, par mesure de sauvegarde de
dernière instance. Souvent, en milieu urbain, par exemple, c'est
à l'occasion de travaux qu'on découvre une voûte, un appui
de murailles, ou encore à l'occasion de la construction d'une route
qu'on découvre un site de campement amérindien, un
cimetière amérindien ou quelque site que ce soit.
A ce moment-là, le service d'archéologie doit jouer au
pompier, mais pas nécessairement parce que les sites n'ont pas
été placés par ordre d'importance ou encore n'ont pas
été divulgués au public.
M. de Bellefeuille: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Deux-Montagnes, vous m'aviez demandé la parole.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais demander
au ministre où en est la question de la restauration du moulin de la
Chevrotière à Des-chambault. H y a eu à ce propos une
situation assez curieuse où un organisme gouvernemental est intervenu
pour faire obstacle à des travaux de restauration entrepris par la
municipalité avec l'aide du ministère des Affaires culturelles.
(22 h 15)
II s'agit de l'Office de la construction du Québec qui, il y a
plusieurs mois, avait exprimé certaines objections aux modalités
d'engagement de certains travailleurs qui, pour le compte de la
municipalité, participaient aux travaux de la restauration du Moulin de
la Chevrotière. Je crois comprendre qu'un accord est intervenu et que
cette difficulté a été aplanie. C'est là-dessus que
je voulais interroger le ministre.
M. Vaugeois: Effectivement, le projet de restauration du Moulin
de la Chevrotière est un très beau projet; le bâtiment est
extrêmement intéressant. La municipalité de Deschambault
est une belle municipalité. Elle regroupe des gens dynamiques, des gens
très impliqués dans la conservation de leur patrimoine. C'est
vraiment extraor- dinaire de voir ce milieu-là. Le village
lui-même est très beau et mérite d'être
protégé. A la sortie du village, vous avez donc ce vieux moulin
qui était dans un état pitoyable et que les gens de la place ont
voulu remettre en état. La municipalité elle-même s'est
impliquée et a mis à contribution sa propre main-d'oeuvre.
Là, l'OCQ est intervenu, parce qu'on n'avait pas eu recours, selon les
règles, à des gens sur les listes de l'OCQ. Les poursuites
envisagées je ne sais pas s'il y en a eu d'intentées, mais
des poursuites ont été envisagées par l'OCQ ont
finalement été abandonnées devant le fait qu'il s'agissait
d'une municipalité qui avait entrepris les travaux, devant la nature des
travaux également entrepris. Etant donné qu'on avait eu recours
à des employés de la municipalité et peut-être
à cause d'autres raisons dont je ne me souviens pas, on a
abandonné les poursuites. Remarquez que cela a réglé le
cas de Deschambault. Pour nous autres, cela ne règle pas tous les cas,
parce que, de plus en plus, il va falloir trouver des façons de
permettre des chantiers de cette nature, sans nécessairement avoir
recours à des ouvriers spécialisés inexistants, parce
qu'il y a un type de spécialité qui n'existait pas et qui va se
développer progressivement à mesure que des exemples comme
Deschambault vont se multiplier. Mais c'est le genre de problème que
j'ai souvent abordé avec le ministre du Travail et je sais que, quand il
a revu la question des artisans, cela a été évoqué,
parce qu'il y a une confusion dans le terme "artisan" pour le milieu du monde
du travail. Quand on pense aux artisans, nous autres, on pense à deux
types d'artisans, soit l'artisan de métiers d'art, soit le praticien des
métiers traditionnels, tandis que c'est une autre définition
qu'on a au ministère du Travail, on pense au petit entrepreneur qui fait
des choses à son compte.
Pour le succès de nos chantiers de restauration, de recyclage, de
réhabilitation de bâtiments anciens, etc., on fait valoir qu'il va
falloir étudier des avenues nouvelles.
A Deschambault, cela s'est réglé. J'en profite d'ailleurs
pour dire que l'OCQ a montré une bonne compréhension dans ce
cas-là.
Par ailleurs, je dois vous dire, si cela vous intéresse, que les
travaux se poursuivent cet été à Deschambault et que, pour
l'instant, la vocation est toujours maintenue. Nous voulons en faire un lieu
d'apprentissage des métiers traditionnels du bois, du fer, de la pierre.
Eventuellement, cela pourrait être un des lieux rattachés à
l'Ecole nationale des métiers d'art. Tout cela n'est pas encore assez
précis; nous attendons un rapport prochainement sur l'Ecole nationale
des métiers d'art. Est-ce que le Moulin de la Chevrotière en sera
une constituante? C'est à voir, mais, en tout cas, pour l'instant, nous
progressons raisonnablement avec ce projet.
M. de Bellefeuille: Est-il exact, M. le ministre, que ce
cas-là s'inscrit dans la distinction que vous avez faite dans vos
remarques préliminaires entre la restauration exemplaire et un autre
type de
restauration? Je ne me souviens pas du mot que vous avez employé
à ce moment-là. Là, plutôt que d'employer des
méthodes très coûteuses qui auraient consisté
à presque tout démolir pour rebâtir, on fait de la
restauration...
M. Fallu: Utilitaire.
M. de Bellefeuille: ... beaucoup moins coûteuse, beaucoup
plus utilitaire en utilisant les artisans locaux plutôt que de faire
appel principalement à des batteries d'experts qui sont très
coûteux et, en même temps, avec l'implication de la
localité, l'implication de la municipalité, l'implication de la
Société du moulin de Deschambault, je crois, et il y a là
en quelque sorte valeur d'exemple, valeur d'expérience pratique qui
pourrait s'appliquer à un certain nombre d'autres cas de
restauration.
M. Vaugeois: Je pense que ce qui a fait surtout le
différence, cela a été le fait que la municipalité
s'est impliquée, avait pris en main les travaux. La nature des travaux
a, semble-t-il, également fait un peu la différence, mais,
là, il y a une frontière tellement mince entre des cas de
recyclage, des cas de restauration par rapport à des cas d'entretien ou
de réparations. Quand finissent des réparations dans un cas comme
cela? Quand commencent des travaux de recyclage ou de restauration? C'est une
frontière bien mince.
Dans le cas de Deschambault, le moulin était là, il
s'agissait de le remettre en état. Donc, on peut interpréter cela
comme étant des travaux de réparation. Ce n'était pas du
tout le cas de la restauration du type de la Place Royale, il y a quelques
années, alors qu'on refaisait le bâtiment, on le
démolissait quasiment pour le refaire, ce qui était un cas de
restauration authentique. On rendait le bâtiment dans un état
qu'il avait peut-être déjà eu. On pourrait se poser la
question, dans le cas de Terrebonne. Qu'est-ce qu'on fait à Terrebonne,
à ce compte? Est-ce que c'est de la réparation? Je pense que sur
certains bâtiments, selon ce qu'on vient de dire, cela tiendrait plus de
la réparation que de la restauration, mais tout cela, ce sont des
notions nouvelles et, compte tenu des règlements en vigueur, il va
falloir fouiller cela un petit peu.
M. Rivest: Dans la même veine des frontières, de
définitions, vous avez parlé de la Place Royale, mais, à
côté de la Place Royale, il semble que les gens de ce qu'on
appelle le Petit-Champlain font face à toute une série de
difficultés avec le ministère des Affaires culturelles quant aux
initiatives que ces gens prennent. Pour un profane comme moi qui passe de temps
à autre dans ce coin et qui s'y arrête à l'occasion, je
trouve cela très bien ce que ces gens font.
M. Vaugeois: Je suis de votre avis. Je trouve cela
également très bien. Le ministère, d'ailleurs, a soutenu
les efforts des promoteurs du Petit-
Champlain. Eventuellement, nous songeons à les impliquer dans le
recyclage ou la réparation je fais attention aux mots de
bâtiments qui sont contigus à la section qu'ils possèdent
maintenant. On a des stocks de bâtiments à la Place Royale qu'on
veut rendre à l'entreprise privée. Ceux qui pourraient nous aider
à compléter nos travaux là-bas, ce sont justement les
promoteurs du Petit-Champlain. Effectivement, de temps en temps, les promoteurs
du Petit-Champlain je le sais se plaignent de certaines relations
qu'ils ont avec les fonctionnaires des Affaires culturelles. Je pense que cela
finit toujours par s'arranger. Evidemment...
M. Rivest: Parfois, ils font plus que se plaindre. Ils y vont
allègrement.
M. Vaugeois: Je connais assez bien M. Jerry Paris pour dire que
c'est un peu sa façon de traiter un dossier. Il est très
dynamique, c'est un homme très entreprenant. Je lui rends hommage. Il
fallait beaucoup d'audace pour se lancer dans le projet du Petit-Champlain. La
volonté politique, c'est de l'aider et d'aider les promoteurs du
Petit-Champlain.
M. Rivest: C'est la volonté administrative
également, oui?
M. Vaugeois: C'est cela. Les fonctionnaires sont responsables
d'un certain nombre de règles, de règlements et de normes. Dans
l'application, c'est moins facile que d'exprimer une volonté politique.
Je peux toujours passer en coup de vent et dire: Salut, vous faites de belles
choses, bravo! On va vous aider.
M. Rivest: Vous faites cela souvent!
M. Vaugeois: Oui, mais les fonctionnaires sont pris avec
l'obligation de traduire cela dans la réalité.
M. Rivest: Est-ce que, à ce moment ce n'est pas votre
rôle de ministre de revenir et, une fois que vous avez tiré votre
chapeau à certaines initiatives qui sont peut-être...
M. Vaugeois: Qu'est-ce que vous dites?
M. Rivest: J'ai dit: Une fois que vous avez tiré aussi
allègrement et sans doute de bonne foi votre chapeau à certaines
initiatives que vous voyez sur le terrain...
M. Vaugeois: Non.
M. Rivest: ... est-ce que votre responsabilité n'est pas,
une fois de retour au ministère, de demander à vos collaborateurs
d'ajuster en conséquence et, vous-même, de vous faire une
idée sur les vices des lois ou même des règlements et de
placer les commandes de façon que les lois et les règlements en
question puissent accueillir les
coups de chapeau que vous distribuez à gauche et à droite
sur des initiatives qui ont cours sur le terrain?
M. Vaugeois: Vous excitez mes fonctionnaires, M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: Ce n'est pas mauvais.
M. Vaugeois: C'est, en effet, très bon. Ce que vous venez
d'exprimer est fait, vous ne vous en doutiez pas. C'est comme cela que cela se
passe.
M. Rivest: C'est fait? M. Vaugeois: C'est fait.
M. Rivest: Qu'est-ce que vous avez fait, en deux mots?
M. Vaugeois: Dans ce cas, il y a eu subvention selon les normes
habituelles. On a déjà mis au point une révision de
certains projets pour continuer à aider les promoteurs du
Petit-Champlain, indépendamment, d'ailleurs, des intentions que nous
avons de les associer à la "restauration" entre guillemets, de certains
stocks de bâtiments que nous avons autour de la Place Royale.
M. Rivest: D'accord. J'ai...
M. Vaugeois: Vous verrez, d'ailleurs ce n'est pas dans
votre comté, je ne pense pas.
M. Rivest: C'était juste à côté.
Maintenant, ça s'est éloigné dans la mesure où,
malheureusement, on m'a dépouillé du Cap-Blanc.
M. Vaugeois: Bon! En tout cas...
M. Rivest: Par contre, ce qui reste dans mon comté
vous voulez que je vous en parle les constructions qui vont se faire au
chemin du Foulon et qui sont devant les tribunaux, alors que j'ai de mes
électeurs... Vous avez émis un drôle de permis pour le
chemin du Foulon, la construction domiciliaire étagée qui va se
faire à même la falaise, à quelques pas du tas de sable, du
fameux tas de terre dont le cas n'est toujours pas réglé sous le
nouveau gouvernement. L'ancien gouvernement ne l'avait pas réglé,
j'en conviens volontiers. Mais le nouveau gouvernement... Mais que se
passe-t-il de ce point...
M. Vaugeois: Oui, vous nous avez laissé, encore là,
un drôle d'héritage. Ce sera réglé avant que vous
repreniez le pouvoir, je peux vous dire ça.
M. Rivest: Pardon?
M. Vaugeois: Ce sera réglé avant que vous repreniez
le pouvoir.
M. Rivest: Mon Dieu! il va...
M. Vaugeois: Et on n'est pas pressé!
M. Rivest: Vous m'excuserez, on va vous suspendre, M. le
Président, il doit y avoir des grues, en ce moment, qui...
Non, mais mon petit dossier, construction domiciliaire, pourquoi
avez-vous émis un permis comme ça?
M. Vaugeois: C'est nous qui avons émis un permis?
M. Rivest: Oui. Le Petit-Champlain, vous allez construire des
étages de maisons, de résidences assez luxueuses,
étagées dans la falaise. La falaise, c'est un site naturel, un
site historique même. Comment cela se fait-il que le ministère des
Affaires culturelles ait permis ça? Je ne parle pas de la partie
légale qui est devant les tribunaux, qui concerne le règlement
d'urbanisme, etc., de la ville de Sillery, et tout ça.
M. Vaugeois: Je ne suis pas assez au courant pour vous
répondre. On me dit, à l'oreille, que tout ça était
conforme au règlement en vigueur.
M. Rivest: C'était peut-être conforme au
règlement en vigueur, mais c'est vraiment dommage, et je
m'interroge...
M. Vaugeois: Je n'en suis pas si sûr.
M. Rivest:... sur la façon dont le ministère des
Affaires culturelles assume ses responsabilités dans ce dossier
précis.
M. Vaugeois: Ecoutez, on ne peut pas être parfaits.
M. Rivest: Vous n'êtes pas parfaits, mais qu'est-ce que
vous allez faire pour corriger ça lorsque je plaide, comme d'autres,
d'ailleurs, pour la préservation de ce site important? Est-ce que cela a
de l'allure, objectivement, d'aller construire des maisons
étagées à même la falaise, le long du chemin du
Foulon? Oui ou non, c'est ça que je veux savoir.
M. Vaugeois: Je vais vous répondre par la bouche de mon
directeur général du Patrimoine. Au salaire qu'il gagne, il va
lui falloir faire sa part.
Avoir su que vous étiez pour parler de celui-là, j'aurais
apporté le cas avec moi, parce que je n'ai pas les dates en
tête.
M. Rivest: Moi non plus, d'ailleurs.
M. Vaugeois: On en émet au-delà de 1000 par
année. Dans ce cas-là, je sais qu'il y a eu plusieurs discussions
entre la ville et nous, en ce qui concerne l'émission du permis. On
avait regardé les conditions qui satisfaisaient la ville et, de notre
côté, nous avons même rencontré des architectes qui
habitent pas loin, qui travaillaient auprès de la ville. Après en
avoir discuté avec la ville à maintes
reprises, on a convenu de donner le permis, parce que ça ne
paraissait pas catastrophique dans les circonstances. Vous savez, pour ne pas
donner un permis à quelqu'un, il faut avoir des raisons très
fortes quand, au plan municipal, cela peut se faire.
M. Rivest: Est-ce que le ministère peut-être
que le ministre pourrait répondre...
M. Vaugeois: Est-ce qu'ils sont dans un arrondissement?
Ils sont dans un arrondissement, oui.
M. Rivest: Est-ce que le ministère, à ce
moment-là, a tenu compte du fait qu'il y a quand même des gens qui
résident dans le quartier? Quant à moi, ma seule
préoccupation je ne veux pas prendre le temps de la commission
c'est qu'il y a des gens qui résident dans le quartier, dans des
maisons qu'ils rénovent, des maisons vraiment belles, qui sont
importantes et je pense que ce sont des maisons historiques, enfin, qui ont
certainement une... et qui se voient... Les gens ont protesté et
continuent de protester, je pense, auprès du ministère. Il y a de
la correspondance qui a été adressée au ministère
et on a mis bien des délais. Je ne sais même pas si, au moment
où je vous parle, on a fourni vraiment des explications. Elargissons le
cas: Est-ce que, d'une façon générale, vous avez
parlé avec la ville de Sillery? Le plan d'aménagement de la ville
de Sillery n'est pas encore terminé. On ne sait pas ce que ça va
donner dans ce coin-là. Il y a eu des représentations des
citoyens, des résidents de la place, qui sont préoccupés
de cette chose, parce qu'ils demeurent là, parce qu'ils habitent des
maisons qui ont une valeur historique. Quant à moi, je trouve, en tout
cas, surprenant en principe, je vous dis ma position qu'il y ait
des maisons modernes étagées, en jouant sur les
règlements, en faisant des cages qui ont l'air des étages, enfin,
sur le plan architectural, il y a un paquet de détails, mais construire
des résidences domiciliaires à même la falaise, je trouve
que c'est aller un peu loin. Là-dessus, vraiment, je ne comprends pas le
ministère des Affaires culturelles de ne pas protéger la falaise.
Je pense que c'est important.
Deuxièmement, pourquoi n'a-t-on pas tenu compte des
représentations des gens qui restent là? Quand il s'agit d'un
site naturel, quand il y a des gens qui habitent le quartier, est-ce qu'on
tient compte de ça aussi?
M. Vaugeois: Avez-vous quelque chose à ajouter? (22 h
30)
II y a eu quand même, dans ce cas-là, comme vous le savez,
au moins une rencontre suscitée par la municipalité et les gens
se sont expliqués. Je pense que les craintes que vous mentionnez
étaient beaucoup plus grandes au début qu'à la fin, quand
tout le monde a pu prendre connaissance, à la fin, des arguments des
deux côtés. Je ne vous dis pas qu'il n'en reste pas, mais remar-
quez que, même autour de la maison des Jésuites, dans ce
secteur-là, on contribue aussi beaucoup sur le plan des maisons
anciennes parce qu'il en reste un grand nombre d'intéressantes.
Cependant, tel n'était pas le cas pour la construction neuve.
Mais, après discussion, on a convenu de le donner. Remarquez qu'on ne
peut pas établir cela au plan mathématique, mais, d'un autre
côté, après avoir pesé le pour et le contre,
après, comme je vous le dis, en avoir parlé longuement avec la
municipalité, après avoir entendu les gens, on a convenu de le
donner.
M. Rivest: En tout cas...
M. Vaugeois: J'aimerais ajouter quelque chose là-dessus.
C'est évident que tout cela est extrêmement complexe. Mais, quand
les règlements d'une municipalité permettent tel genre de
construction, on devient extrêmement attentif à ce
moment-là aux demandes d'un entrepreneur parce qu'on est conscient de
l'importance de la décision qu'on va prendre. Et on cherche le plus
possible à coller aux règlements municipaux et plutôt
à faire évoluer les règlements municipaux pour assurer la
protection des sites et des arrondissements historiques.
Il faut bien comprendre que, dans notre esprit, un arrondissement
historique ne signifie pas qu'aucune construction ne pourrait s'y faire. Au
contraire, des constructions nouvelles ne peuvent se faire dans un
arrondissement que dans le respect d'un certain nombre de normes et de
critères et, dans ces cas-là, souvent... Ecoutez bien ce que je
vais dire: la qualité de l'arrondissement tient à une certaine
densification de l'arrondissement. Dans la mesure où l'arrondissement a
perdu sa population et continue de perdre sa population, l'arrondissement est
vraiment menacé. Parce que, pire que des constructions nouvelles, c'est
l'abandon, c'est la désertion d'un quartier.
Pour nous, il y a une recherche d'équilibre entre des
constructions nouvelles et des lots vacants qui font que le quartier ne peut
pas se défendre et ne peut pas se donner les services normaux. Les
populations qui sont là, qui ont restauré de belles maisons, qui
les entretiennent à grands frais, avec beaucoup d'amour, ne sont pas
mieux servies si l'essentiel du quartier a perdu sa population et,
conséquemment, si les services sont disparus. Cela est la pire plaie, le
pire problème qui peut atteindre un quartier intéressant comme
celui-là. Alors, si cela peut contribuer à
rééquilibrer un peu la population, si tout cela se fait dans le
respect des lieux... Respect des lieux ne veut pas dire qu'il ne se passe rien,
qu'on ne construit plus. Pour nous, tout cela doit s'équilibrer.
M. Rivest: Je ne suis pas d'accord avec la décision du
ministère, je tiens à le dire. Pourquoi je ne suis pas d'accord?
C'est que des résidences modernes, étagées dans la
falaise, sur le chemin du Foulon, je trouve cela invraisemblable.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Terrebonne, maintenant.
M. Vaugeois: M. le Président, on va clore
là-dessus, mais je vais envoyer au député de Jean-Talon un
des derniers numéros parus d'une revue européenne, qui s'appelle
"Monuments historiques", et il verra comment les Européens
procèdent dans les vieux quartiers, dans les centre-ville et dans leurs
arrondissements historiques. C'est que la règle, maintenant, en Europe,
c'est d'utiliser les espaces et d'intégrer le bâtiment nouveau
dans des ensembles anciens. La solution à cela n'est pas le refus de
construire, le refus d'utiliser les espaces, c'est de le faire en harmonie avec
ce qui existe déjà. Et c'est possible. Il y a, un peu partout en
Europe, d'excellents exemples de cela, il y en a maintenant, sous nos yeux, en
Amérique du Nord et notre objectif, ce n'est pas d'empêcher les
constructions, c'est d'amener les gens à faire ce genre de construction
en harmonie avec ce qui existe déjà. C'est là qu'il faut
aller. Ce n'est pas en vidant nos villes qu'on va régler nos
problèmes, ce n'est pas en étalant davantage nos villes, mais
c'est en éduquant les gens et nos professionnels de ce secteur pour des
aménagements équilibrés et pour des constructions
nouvelles qui respectent les ensembles anciens.
Je suis sérieux quand je vous offre ce numéro-là.
Vous verrez qu'on peut réussir des choses extraordinaires en respectant
des lieux, en respectant des ensembles. Ce n'est absolument pas une solution
que de dire: Nous refusons tout permis. Au contraire, on contribue très
souvent à la dégradation du milieu urbain, quand on est trop
sévère pour la revitalisation des centre-ville et des vieux
quartiers. Cela ne règle rien que de dire non.
M. Rivest: Je ne veux pas avoir le dernier mot avec vous.
M. Vaugeois: Je répète, M. le Président, que
cela ne règle rien de dire non.
Une Voix: C'est sûr.
M. Rivest: Je ne veux pas avoir le dernier mot, mais le chemin du
Foulon, pour ceux qui le connaissent, étant donné le tissu
urbain, etc., je pense que cela s'applique moins. Deuxièmement, quant
aux constructions à même la falaise, avec les aménagements,
les concepteurs du projet l'ont modifié à la suite des pressions,
mais cela vraiment... En tout cas.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: On n'aura pas le temps de tout passer, j'ai un paquet
de cas.
Le Président (M. Laberge): Non, c'est cela. Si vous tenez
à avoir le dernier mot et que chacun ait sa chance, cela va faire une
heure. Alors, je voudrais donner la parole...
M. Rivest: Là-dedans, c'est dans mon comté, je
voudrais avoir le dernier mot, certain.
Le Président (M. Laberge): Je vous comprends très
bien. Je voudrais donner la parole au député de Terrebonne.
M. Vaugeois: Jusqu'à ce que vous le perdiez. M. Fallu:
Eventuel. M. Rivest: Pardon?
M. Fallu: Dans son futur éventuel comté. C'est un
futurible, à ce qu'on doit croire.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Terrebonne, votre question, si vous voulez.
M. Fallu: J'ai deux remarques à faire. La première
a trait à la question du service d'archéologie. Le ministre, tout
à l'heure, a signalé et j'ai pris la remarque au nom du
ministère de l'Education les problèmes de formation du
personnel. Ces problèmes se situent à deux niveaux et je prends
acte, à savoir à l'université et également,
éventuellement, au niveau du CEGEP pour la formation des techniciens en
archéologie. Je voudrais toutefois dire ceci au ministre,
collègue de date...
M. Vaugeois: On a fait de l'archéologie ensemble.
M. Fallu: Oui. ... sur l'action qu'il a entreprise au
ministère. Je voudrais lui rendre hommage ce soir et c'est
gratuit; ce n'est pas déjà orchestré en lui disant
qu'il a, je crois, trouvé des formules, pour ce qui a trait à un
dossier très précis, celui de l'île du Moulin à
Terrebonne, qui font qu'on en arrive à une forme de restauration ou
d'aménagement qui tienne compte non seulement des bâtiments, mais
surtout des usagers et des usages. Tout cela s'est fait notamment par le bureau
régional. Alors, un coup de chapeau, d'abord, au bureau régional
qui a vraiment collé aux désirs de la population, qui a
été très près des gens, en consultation constante.
Je me souviens que le ministre, de passage à Terrebonne, il y a deux
ans, quelques jours à peine après avoir pris le siège du
ministère, avait dit au bureau régional: Vos vrais "boss"
dorénavant, c'est le comité promoteur de citoyens. Le bureau
régional et le ministère ont vraiment travaillé dans ce
sens pour faire en sorte que les futurs usagers, c'est-à-dire les
citoyens de Terrebonne, retrouvent des usages, mais des usages tels qu'ils les
perçoivent selon l'expression même de leurs propres besoins. C'est
nouveau dans l'approche du ministère des Affaires culturelles et je
tenais à manifester mon approbation ici ce soir publiquement.
On sait, d'autre part, que le chantier de l'île du Moulin à
Terrebonne est le deuxième en importance au Québec dans le
domaine de la restauration. Cette année, des crédits de l'ordre
de
$378 000 y seront affectés. Je voudrais rappeler, toutefois, que
ces travaux se font dans le cadre d'une entente de l'OPDQ
négociée il y a déjà plus d'un an et demi,
près de deux ans maintenant, et qui est de l'ordre de $1 700 000
environ. C'est un fait qu'à cause de tergiversations et de
problèmes de chantiers il y a eu des longueurs pendant une bonne
année. On ne se les rappellera pas entre nous. Actuellement, il semble
que tout soit bien parti, mais j'aimerais demander au ministre de faire
connaître à la population les intentions à moyen terme pour
la réalisation de l'ensemble du chantier, au moins pour
l'exécution de l'entente fédérale-provinciale intervenue.
Oui, le gouvernement du Québec en a négocié depuis trois
ans et demi pour environ $1 200 000 000, contrairement à $350 000 000
pendant les six ans du gouvernement Bourassa.
Bref, je voudrais que le ministre publie un échéancier des
travaux à venir, parce qu'on a l'impression que tout se fait à la
pièce, pour le moment. Qu'on sache où on s'en va pour qu'on
prenne possession, le plus tôt possible, de ces bâtiments, d'autant
plus que la municipalité est résolue à participer à
ces aménagements, notamment par la création d'un bâtiment
qui a été prévu, qui doit se réaliser très
prochainement parce qu'une entente est intervenue.
Donc, la population étant là, ayant défini ses
besoins, je pense qu'il faudrait maintenant hâter la réalisation
et faire connaître un échéancier.
M. Vaugeois: Je remercie le député de sa
collaboration dans le dossier, de la pertinence de ses questions. Je peux lui
dire qu'effectivement tout n'a pas toujours été facile à
l'île du Moulin, mais le site et surtout la proximité du site par
rapport au centre-ville, l'intérêt de l'ensemble justifiaient
largement les efforts que le ministère, que le gouvernement a pu y
apporter.
Maintenant, vous manifestez des désirs très précis
quant à l'échéancier qui nous attend; c'est bien
noté et, dans les prochaines semaines, nous essaierons de rendre public
l'échéancier retenu au ministère, pour la finition des
travaux à l'île du Moulin, et tout ce que ça comporte,
parce que je sais qu'il y avait des actions projetées sur le cours
d'eau; cela a été fait, je crois. On tiendra également
compte des actions des autres ministères qui touchent la mise en valeur
du site de l'île du Moulin.
M. Rivest: Dans le domaine de la restauration, il a
été question, dans les crédits antérieurs, par les
années passées, du recours à la fiscalité.
M. Vaugeois: Oui.
M. Rivest: J'ai une déclaration du ministre en regard de
la fiscalité municipale, mais il pourrait y avoir un autre type de
fiscalité pour aider les gens. Est-ce que le ministre a fait des
représentations précises au niveau, d'une part, du ministre des
Finances, sur ce moyen qu'on pourrait avoir, pour aider les gens qui sont
propriétaires de maisons, de biens intéressants, comme des
déductions fiscales? Le ministre a, par ailleurs, déclaré
au mois d'août l'été dernier que pour encourager la
restauration urbaine, particulièrement dans les arrondissements
historiques, je cite le Devoir du 11 août 1979: "Les municipalités
devraient imposer une taxe au rendement sur les anciens immeubles
restaurés et recyclés à une nouvelle vocation plutôt
qu'un impôt foncier sur la pleine valeur de l'édifice."
Je ne veux pas faire tout un plat de ça, mais est-ce que le
recours à la fiscalité dans le domaine de la restauration
apparaît toujours au ministre comme étant une avenue
intéressante et, si oui, est-ce qu'on peut s'attendre à des
développements significatifs dans ce domaine?
M. Vaugeois: J'ai récidivé sur ce thème il y
a à peu près dix jours devant les architectes réunis ici
à Québec, au congrès international, sous le thème
de La réhabilitation, la conservation, la mise en valeur des
bâtiments anciens. Je continue de croire que, si les gouvernements ne
sont pas très actifs dans le domaine, on ne fera que retarder une
échéance inévitable mais, plus on attend, plus ça
va coûter cher, plus ça va être compliqué et plus
notre milieu va s'être dégradé.
Parmi les moyens, je pense que les gouvernements ont la
responsabilité de faire des acquisitions, d'acquérir ce qui n'est
pas utilisé: les terrains vagues, ce qui est à l'abandon, les
bâtiments à l'abandon. Il faut acheter, acquérir, faire des
stocks, faire des banques de lots, de terrains, de bâtiments, ainsi de
suite. Il faut les offrir à de bonnes conditions à l'entreprise
privée. Deuxième mesure, il faut également assurer du
financement à des conditions avantageuses pour les entrepreneurs qui
veulent bien s'intéresser à la réhabilitation de ces lots,
de ces ensembles. Plus que ça, je crois que si nous n'avons pas des
mesures fiscales incitatives et ça peut être la taxe au
rendement, ça peut être la taxe étalée dans le
temps, il y a différentes mesures possibles, mais s'il n'y a pas
d'incitation fiscale, je crois qu'on s'enlève un moyen très
important.
Ce n'est peut-être pas nécessaire de réunir ces
trois niveaux de moyens, mais je les préconise tous les trois. Je pense
qu'il y a là un caractère d'urgence et, si on ne fait pas
ça, on ne réussira rien de significatif. (22 h 45)
On continuera d'investir dans l'élargissement des boulevards,
dans la démolition de belles avenues, etc.
Je pense que cela ne mène nulle part ailleurs qu'en dehors des
villes. Ce plaidoyer, je l'ai fait à quelques reprises à
l'intérieur du gouvernement. Dans un premier temps, il fallait mettre au
point la réforme de la fiscalité municipale. C'était une
étape préalable qui reposait sur deux grands principes:
l'exclusivité de la taxe foncière pour les municipalités
et l'intégrité de la taxe foncière.
Or, ce que je préconise remet en cause l'intégrité,
ou du moins la reporte dans le temps. C'est ce que nous discutons actuellement.
Je peux
vous dire que j'ai des discussions très précises
actuellement avec le ministre d'Etat à l'Aménagement. Nous avons
même mis au point un mémoire commun sur cette question et nous
espérons, dans les prochaines semaines, en saisir nos collègues.
Nous en sommes rendus là, mais je peux vous dire que je n'abandonne
absolument pas les idées déjà émises à cet
égard. Je n'ai rien inventé. Ce qui se fait ailleurs se fait
à partir de ce genre de moyens. Et ailleurs, cela s'appelle Boston, cela
s'appelle plusieurs villes américaines. Je pense que nous devons nous
aussi comprendre qu'il y aura, en réunissant ces moyens, des
économies importantes de faites à moyen terme.
Le choix à faire au fond est celui-ci: Est-ce qu'on renonce
à tirer des revenus d'un terrain vague dans le centre-ville? Est-ce
qu'on renonce à tirer des revenus d'un entrepôt
désaffecté ou d'un bâtiment désaffecté? Ou
est-ce qu'on préfère le voir être recyclé, un
terrain reconstruit, quitte à attendre un peu pour avoir le plein
rendement des taxes sur cet édifice? Je pense qu'on est mieux d'attendre
cinq ans pour avoir le plein rendement et savoir qu'on aura un plein rendement
de taxes, plutôt que d'avoir toujours devant soi un élément
qui dégrade le tissu urbain, qui brise le tissu urbain.
M. Rivest: Cela va, quant à moi.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que le programme
2...
M. Rivest: II y a ma pièce de résistance qui vient
et qui émane du septième rapport de la Commission des biens
culturels.
M. Vaugeois: Mon sous-ministre me rappelle un point
extrêmement important là-dessus. Nos lois sont ainsi faites
actuellement qu'il est plus avantageux pour un propriétaire de
bâtiment ancien de démolir que de restaurer ou de recycler. Il y a
absolument une urgence de réviser nos lois à cet égard
parce que, actuellement, on incite à la démolition.
M. Rivest: Me faisant en cela l'interprète de la
députée de L'Acadie, qui a souventefois attiré l'attention
du ministre sur cette dimension du problème, nous lui
réitérons...
M. Vaugeois: Votre appui.
M. Rivest: ... dans la mesure où cela peut avoir, aux yeux
du gouvernement, quelque raison-nance que ce soit, l'appui de l'Opposition
officielle à ce sujet.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Jean-Talon, si j'ai bien compris, vous pensiez à la Commission des biens
culturels?
M. Rivest: Non, pas à la commission comme telle. Je parle
d'un document de la Commission des biens culturels pour parler de
l'élément dont on discute. On pourrait en parler fort longtemps,
M. le ministre, mais, dans le septième rapport de la Commission des
biens culturels, on faisait état, avec raison, des groupes de travail
qui ont été mis sur pied en 1978, pour la plupart, où il y
avait des éléments critiques sévères, mais sans
doute dynamiques, sur l'action du ministère des Affaires culturelles, au
titre de la conservation et de la préservation du patrimoine.
Nommément, j'aimerais savoir le suivi et les échos qui ont
été reçus au ministère des Affaires culturelles du
rapport du groupe de travail sur les biens mobiliers. Vous vous rappelez les
recommandations, je pourrais les rappeler au ministre, le deuxième
rapport sur les biens immobiliers, le groupe de travail sur les biens
immobiliers, sur les arrondissements, qui était particulièrement
sévère, où on parlait du manque de suivi de la politique
du ministère, etc., et sur les audiences ou requêtes,
c'était assez marginal, et sur les politiques et programmes aussi, un
groupe de travail.
Malheureusement, étant donné que le temps presse, il y a
toute une série de constats, de faits, de propositions qui ont
été formulés par des groupes de travail de la Commission
des biens culturels à la direction pertinente du ministère, des
jugements, à l'occasion, sévères, sur l'attitude du
ministère des Affaires culturelles à ce titre.
Je voudrais avoir les commentaires généraux du ministre
pour nous indiquer ce qui a été fait pour corriger le diagnostic
qui avait été posé par les groupes de travail mis sur pied
par la Commission des biens culturels.
M. Vaugeois: II y a tout d'abord un certain nombre
d'éléments qui ont été soulevés qui
rejoignent une question posée précédemment par le
député de Jean-Talon quant au fait que la Loi sur les biens
culturels n'est plus seule pour un certain nombre d'interventions.
Pour le patrimoine mobilier, il est évident qu'on marquait du
retard. D'ailleurs, demain, je rendrai public le rapport de la commission
Lapal-me qui va rappeler finalement le même genre de problème.
Sans doute que M. Lapalme, comme président de cette Commission des biens
culturels, a retrouvé un certain nombre d'éléments et de
points qu'il avait maintes et maintes fois soulignés. En rendant le
rapport public demain, j'aurai l'occasion de faire un petit relevé de
certaines mesures déjà prises au ministère des Affaires
culturelles pour pallier ces lacunes.
M. Rivest: C'est une conférence de presse?
M. Vaugeois: C'est-à-dire que je me mettrai à la
disposition de la presse, à la suite du dépôt que je ferai
en Chambre, demain, du rapport Lapalme, sur la disparition de certains biens
culturels de la maison Estèbe et de la collection Coverdale.
M. Rivest: Juste une parenthèse, un mot sur effectivement
la disparition des biens culturels. Où en êtes-vous
là-dessus?
M. Vaugeois: C'est cela, je vais déposer le rapport
demain.
M. Rivest: Ah! demain!
M. Vaugeois: Oui, en Chambre.
M. Rivest: Ah bon! d'accord, parfait!
M. Vaugeois: Egalement, ce genre de remarque de la Commission des
biens culturels nous a amenés à une restructuration de la
Direction générale du patrimoine. Là, je ne ferai pas la
grande présentation; l'essentiel est dans le document qu'on vous a
présenté. L'organigramme que vous avez entre les mains est le
nouvel organigramme. Cela favorise, je pense, la démarche autour de la
nature des interventions qu'on attend de la Direction générale du
patrimoine. Nous misons beaucoup sur cette nouvelle structure pour
répondre mieux au genre de problèmes soulevés, entre
autres, dans le rapport que vous avez cité.
M. Rivest: Quelques éléments, brièvement,
par exemple, sur le rapport du groupe de travail sur les biens immobiliers.
Qu'est-ce qui a été fait, par exemple, quand le groupe a
constaté que les critères présidant au choix des biens
à reconnaître ou à classer sont encore flottants? Est-ce
que cela pose encore des difficultés dans le domaine?
M. Vaugeois: Ah oui!
M. Rivest: Y a-t-il des interventions particulières que
vous envisagez pour essayer de rendre cela un peu plus consistant?
M. Vaugeois: Oui, c'est sûr. Notre travail devra se faire,
entre autres, au niveau des inventaires, mais c'est peut-être le secteur
où nous marquons le plus de retard. Mais, actuellement, la
réorganisation de la Direction du patrimoine devrait nous permettre
d'améliorer le rendement de nos équipes, parce que les
équipes sont reconstituées au niveau de la nature de nos
obligations, plutôt qu'au niveau des affinités professionnelles.
Nos équipes étaient souvent réunies en termes
d'affinités professionnelles, tandis que la nouvelle structure place les
gens ensemble au niveau de la nature de leurs fonctions et de leur mandat.
M. Rivest: D'accord.
M. Vaugeois: Par exemple, on a toute une équipe au titre
de l'inventaire mobilier et immobilier. On va enfin démarrer.
M. Rivest: D'accord. Quand on signalait, toujours dans le
même ordre, entre autres, un des aspects, je pense, qui étaient
peut-être importants... Je cite le rapport: Dans l'ensemble, il a
été constaté un manque de suite dans les politiques
d'intervention. Certains bâtiments sont classés; d'autres sont
reconnus; beaucoup sont simple- ment rejetés. Aucun document
écrit ou aucune archive, au fond, des décisions du
ministère à ce titre n'expliquait ou ne justifiait, aux yeux de
la Commission des biens culturels, les décisions et ne pouvait permettre
de porter un jugement. Est-ce que vous songez à améliorer la
façon dont vous procédiez à cet égard?
M. Vaugeois: Cela a déjà été
drôlement amélioré. Le problème qu'on a maintenant,
c'est de savoir si on doit maintenir la reconnaissance ou le classement sur
certains bâtiments qui, aujourd'hui, ne seraient plus classés ou
reconnus, à la lumière des critères qu'on a
précisés.
M. Rivest: Quand vous décidez d'abandonner un projet qui
vous est soumis, de ne pas en tenir compte, c'est une décision que le
ministère prend, mais personne ne sait pourquoi, personne ne le sait
souvent. Est-ce que ce n'est pas...
M. Vaugeois: Qu'est-ce que vous demandez?
M. Rivest: Disons que vous retenez certains projets soit de
classement ou autrement.
M. Vaugeois: Oui.
M. Rivest: II y en a d'autres que vous rejetez simplement parce
qu'à leur face même ils vous paraissent à vous au niveau du
ministère comme n'étant pas des projets... Personne ne sait cela.
Il n'y a aucun document, aucune chose.
M. Vaugeois: Oui, maintenant, il y a quelque chose de nouveau.
Quand le ministre rend une décision, il ne peut pas rendre une
décision sans avoir reçu un avis de la Commission des biens
culturels. Au moment où il rend sa décision, il rend public
l'avis reçu de la Commission des biens culturels. Or, si sa
décision n'est pas en conformité avec l'avis reçu de la
commission, logiquement, il doit justifier sa décision. S'il va dans le
même sens que la commission, l'avis de la commission est
déjà justifié, la justification s'y trouve, mais, s'il ne
va pas dans le même sens, le ministre a le réflexe de justifier sa
décision. C'est un nouveau type de fonctionnement. On vient juste de
commencer. Les critiques de la commission sont antérieures à
notre fonctionnement actuel.
M. Rivest: Oui, c'est cela. Je veux savoir ce qui a
été fait. Est-ce que la Direction générale du
patrimoine prend maintenant l'initiative dans cela au lieu de simplement s'en
remettre aux demandes qui lui sont adressées?
M. Vaugeois: Ce n'est pas tout à fait le cas encore. C'est
quand le macro-inventaire aura été complété qu'on
va pouvoir vraiment avoir l'initiative dans les activités de
classement.
M. Rivest: A ce moment, c'est quand même un point
fondamental, dans le sens que c'est le ministère qui est le premier
gardien du patrimoine
culturel du Québec. Si la procédure ou la démarche
ou la pratique suivie fait en sorte qu'on réagit simplement lorsqu'une
demande est adressée, c'est un drôle de leadership.
M. Vaugeois: Si vous voulez mon avis, on part de loin, mais on
arrive là. D'une part, la Direction générale du patrimoine
s'est donné un outil, et, d'autre part, la Commission des biens
culturels circule au Québec. Remarquez que c'est nouveau, parce
qu'autrefois elle siégeait quasiment à huis clos pas
quasiment, elle siégeait à huis clos et personne n'avait
jamais entendu parler de la commission. Aujourd'hui, la commission va partout
en région, reçoit les groupes, les écoute, prend
connaissance de la perception que les citoyens ont de leur patrimoine. La
commission fait continuellement ses recommandations quant à
l'intérêt des patrimoines locaux et régionaux. C'est le
jour et la nuit par rapport à il y a deux ans. Pour autant, tout est
loin d'être réglé, mais, au moins, on a drôlement
progressé.
M. Rivest: Je change de groupe de travail pour essayer de faire
vite. Au titre des arrondissements, l'une des recommandations majeures qui
avait été commentée d'ailleurs par les observateurs dans
le domaine c'était en vertu de la Loi sur les biens culturels ou
de la Loi sur la protection du patrimoine culturel et naturel le
lieutenant-gouverneur en conseil pouvait établir, pour chaque
arrondissement historique ou naturel, un plan de sauvegarde et de mise en
valeur. Or, leur groupe de travail constatait que malgré les
recommandations répétées de la Commission des biens
culturels dans ce sens depuis trois ans évidemment, le groupe de
travail parlait de l'an dernier probablement, en 1978 ou en 1979 il a
reçu toujours une fin de non-recevoir là-dessus.
M. Vaugeois: Oui. On peut dire maintenant que ces choses sont
passablement réglées. D'abord, il y avait un problème de
communication entre la Direction du patrimoine et la Commission des biens
culturels. Deuxièmement, la Commission des biens culturels n'avait pas
situé ses remarques dans le cadre des nouvelles lois en cours. Je pense
que cela s'est passablement tassé depuis. A l'époque, les
remarques étaient pertinentes, encore qu'à mon avis on aurait
davantage pu tenir compte des autres lois qui s'en venaient, mais on ne l'a pas
fait. Maintenant, tout cela se tasse pas mal. Il y a une chose qui est
très importante pour nous, c'est qu'il y a différents niveaux de
qualité, si je peux me permettre, différents niveaux d'importance
du patrimoine. Il y a des éléments qui sont
d'intérêt national et il y a des éléments qui sont
d'intérêt local. On pense que le niveau municipal ou le niveau
local doit assurer la protection d'une partie de son patrimoine local.
Jusqu'à maintenant, on a trop compté uniquement sur le
ministère des Affaires culturelles. Le but de nos ententes avec les
municipalités, c'est justement de les amener à
s'intéresser à leur patrimoine local et municipal et d'avoir
leurs plans d'aménagement, leurs plans de protection, leurs plans de
mise en valeur. Je ne pense pas que des fonctionnaires à Québec,
ou même les membres de la Commission des biens culturels, puissent
assurer des bons plans de protection et de mise en valeur d'un patrimoine
local. C'était gentil de la part de la commission de nous alerter
là-dessus, mais je crois que c'est faire fausse route, si on pense
pouvoir s'appuyer pour la protection du patrimoine sur 150 fonctionnaires
à Québec. On est beaucoup mieux de s'appuyer sur les citoyens et
sur les niveaux de responsabilité qui sont près du patrimoine. A
cet égard, on peut dire qu'on a accompli un chemin important en deux
ans, parce que la plupart des municipalités maintenant, même
parfois des conseils de comté et, éventuellement, les
municipalités régionales on le sent vont
s'impliquer dans la protection de leur patrimoine. Nous allons leur aider
à le faire. (23 heures)
M. Rivest: Bon! d'accord. On verra de toute façon ce que
la Commission de biens culturels...
M. Vaugeois: ... nous recommandera cette année.
M. Rivest: ... dira dans son prochain rapport. On pourra prendre
la mesure des progrès réalisés. Mais je pense que
c'était plus que... Je suis convaincu que ce n'est pas ce que le
ministre pense des propositions de la Commission des biens culturels...
M. Vaugeois: II aurait fallu faire un plan de protection, par
exemple, de l'île d'Orléans...
M. Rivest: ... c'est plus que gentil. Je pense qu'il avait une
préoccupation dans les travaux de groupes de travail pour vraiment
amener le ministère à assumer un leadership un peu plus dynamique
à ce titre-là. C'est sûr que la responsabilité qui
est maintenant assumée de plus en plus, et qui le sera sans doute
davantage par des instances locales, peut être un instrument qui
permettra de rejoindre les ambitions et les préoccupations qui ont
été exprimées par les groupes de travail de la Commission
des biens culturels. De cela, j'en conviens volontiers.
M. Vaugeois: En tout cas, si ça vous intéresse, M.
le Président, j'invite le député de Jean-Talon à
aller voir le Vieux Montréal. Il va voir qu'il y a des arrondissements
où cela a bougé...
M. Rivest: Je voudrais que vous me parliez... Oui, le Vieux
Montréal. ... de l'île d'Orléans.
M. Vaugeois: Oui.
M. Rivest: Où en êtes-vous?
M. Vaugeois: A l'île d'Orléans...
M. Rivest: Parce que la commission, en 1978, sur l'île
d'Orléans et le projet de Percé, parlait d'abandon, etc.
M. Vaugeois: Non, la commission avait un vieux rêve. Elle
rêvait d'un plan d'aménagement, un plan de protection, un plan de
mise en valeur, un plan fantastique pour l'île d'Orléans. Or,
l'île d'Orléans, c'est un milieu de vie également, et il y
a là des municipalités. On s'est appuyé sur les
municipalités pour mettre au point des schémas
d'aménagement des noyaux municipaux. C'est maintenant fait, et avec tout
ça d'ailleurs, nous sommes devenus des alliés des
municipalités de l'île d'Orléans pour définir le
territoire agricole et pour préparer des plans d'aménagement. On
travaille avec le conseil de comté. On travaille avec les
municipalités de l'île. Je peux vous dire que sur ce plan le
ministère n'a pas établi arbitrairement un plan
d'aménagement de l'île, mais, de concert avec les
municipalités de l'île et le conseil de comté, il a fait un
chemin passablement intéressant.
Il faut dire que notre principal allié ce n'est pas parce
qu'on a été tellement meilleur que d'autres c'est qu'il y
a eu de nouvelles lois et, entre autres, la loi sur la protection des terres
arables a amené les gens à collaborer à des schémas
d'aménagement organisés autour des noyaux existants.
M. Rivest: Et, à ce jour.
M. Vaugeois: Mais on ne pouvait pas faire des plans dans
l'abstrait.
M. Rivest: ... où en sont ces plans, d'une façon
précise, au niveau de l'île d'Orléans?
M. Vaugeois: Je pense qu'ils en sont maintenant... Est-ce qu'ils
guident maintenant notre octroi de permis?
Au moins cinq des six municipalités du comté de
Montmorency à l'île d'Orléans en sont au niveau du zonage
et du lotissement. C'est presque terminé en termes de
réglementation. Les plans d'urbanisme sont faits. Il reste la
réglementation de construction, ce qu'elles sont en train de faire. Mais
présentement, elles travaillent avec aussi l'avantage d'avoir un
architecte et un inspecteur au niveau du comté, financés par des
partenaires, par les Affaires municipales, et on peut mettre déjà
beaucoup plus d'accent sur la mise en valeur de l'île d'Orléans
qu'uniquement sur le contrôle réglementaire.
On devrait, au cours des prochains mois, avoir des
réglementations qui soient autorisables par le ministère des
Affaires culturelles pour qu'on puisse se consacrer, avec le comté et
les municipalités, à la mise en valeur.
M. Rivest: D'accord. J'ai...
M. Vaugeois: Est-ce que je peux en profiter pour souligner le
travail de gens comme Bernard Ouimet qui, avant d'être directeur
général, a été directeur des arrondissements
historiques et naturels, puis lever mon chapeau pour le travail extraordinaire
mené dans un endroit comme l'île d'Orléans? Il faut dire
qu'il y a trois ans seulement il n'avait pas la partie facile, parce
qu'à part la Loi sur les biens culturels il n'y avait rien. Je
rappellerai d'ailleurs aux représentants de l'Opposition qu'ils ne nous
ont pas tellement aidés pour ces lois-là.
M. Rivest: Pourquoi?
M. Vaugeois: Vous avez généralement voté,
à chaque fois, contre ces lois-là.
M. Rivest: Je n'étais pas là, moi.
M. Vaugeois: La loi sur l'aménagement, la loi sur la
protection des terres arables, ce sont toutes des lois contre lesquelles vous
avez voté.
Une Voix: La loi no 4, on l'a appuyée...
M. Rivest: Après la commission, je vous donnerai mon
opinion personnelle, étant donné... Oui, c'est vrai, il
paraît que la loi no 4... Heureusement que vous avez eu la collaboration
dynamique et extrêmement positive... Il a rendu hommage à la
Direction du patrimoine; je pourrais peut-être en faire autant pour mon
recherchiste qui fut excellent à l'époque.
M. Vaugeois: A l'époque.
M. Rivest: Non, encore aujourd'hui. J'ai deux ou trois petites
choses. La collection Birks, où en est-ce rendu?
M. Vaugeois: A Toronto.
M. Rivest: Avez-vous abandonné? On disait dans les
journaux que vous étiez prêts à négocier.
M. Vaugeois: C'est ça. On est prêt à
négocier.
M. Rivest: II n'y a pas de nouveau depuis le mois de janvier?
M. Vaugeois: Non.
M. Rivest: Eh bien!
Le Président (M. Laberge): Elément deux.
M. Rivest: Maison Krieghoff?
M. Vaugeois: Elle est classée.
M. Rivest: Classée et un journal disait:
Abandonnée.
M. Vaugeois: C'est vrai.
M. Rivest: C'est vrai, vous n'avez pas de remords.
M. Vaugeois: Honte aux propriétaires de la maison
Krieghoff.
M. Rivest: Mon Dieu, vous réglez cela allègrement,
vous.
M. Vaugeois: Qu'est-ce que vous voulez que je dise de plus?
M. Rivest: Ça arrête là.
M. Vaugeois: On a fait à peu près toutes les
propositions imaginables aux propriétaires de la maison Krieghoff.
M. Rivest: Le dossier est fermé comme cela, aux Affaires
culturelles.
M. Vaugeois: On a fait à peu près toutes les
propositions imaginables, et je peux même dire qu'un ancien
collègue du député de Jean-Talon, M. Castonguay, au nom de
son entreprise, a fait des propositions extrêmement intéressantes
de restauration et de mise en valeur de la maison Krieghoff, et les
propriétaires n'ont rien voulu savoir. Nous, on est sur le point
maintenant de prendre des démarches judiciaires pour régler la
question.
M. Rivest: Le séminaire de Nicolet?
M. Vaugeois: Bien, c'est cela, il a passé au feu.
M. Rivest: Vous ne faites rien, vous laissez ça
là?
M. Vaugeois: Nous, on le protège pour ce qui est en
reste.
M. Rivest: Pardon?
M. Vaugeois: On le protège. Il est classé.
M. Rivest: On voit ce que cela donne, justement. C'est
l'illustration. C'est classé, voyez-vous. Est-ce que cela veut dire que
le dossier est fermé au ministère?
M. Vaugeois: Pas du tout. Nous autres, on va s'assurer que, le
jour où on va restaurer le bâtiment, on va le fajre dans le
respect de cet ensemble. On a déjà, d'ailleurs, très
clairement indiqué aux Travaux publics ce que, à notre avis, il
faudrait faire et je pense qu'on s'est mis d'accord avec les Travaux publics.
La question est qu'on ne reconstruira pas pour le plaisir de construire ou le
plaisir des yeux des gens qui passent par là. Ce qui va justifier les
travaux, c'est la fonction, l'utilisation de ce bâtiment. Comme vous le
savez, ce bâtiment est occupé par l'Institut de police et c'est
selon les besoins que définira l'Institut de police que les travaux
s'entreprendront. On en est là. Ce que nous faisons actuellement, c'est
essayer de faire le minimum pour que la structure qui est abîmée
par l'incendie ne se détériore pas. J'admets qu'on aurait pu
faire peut-être plus vite et mieux, mais c'est un incendie qui s'est
déclaré sous l'ancien gouvernement. On n'a pas pu contrôler
cela. On a hérité d'un bâtiment abîmé. Mais,
je peux vous dire que, depuis qu'on est là, on a fait progresser le
dossier en travaillant avec le ministère de la Justice et le
ministère des Travaux publics.
Maintenant, c'est quand les besoins seront clairement établis que
nous entreprendrons des travaux.
M. Rivest: La maison Blanchet, Cap-Rouge?
M. Vaugeois: Là aussi, vous le savez sans doute, la
restauration de la maison Blanchet s'est faite grâce à des fonds
publics. Il aurait fallu également contribuer selon le niveau que peut
tirer la municipalité d'une transaction pour que la municipalité
accepte de garder la maison Blanchet. C'était un peu beaucoup. Nous
avons quand même essayé mais cela a été
refusé par des instances autres que celles du ministère des
Affaires culturelles, des instances gouvernementales autres. Nous nous sommes
rendus aux arguments qu'on nous présentait alors et nous avons
plutôt offert notre collaboration à un groupe de citoyens qui
cherchent à faire l'acquisition de la maison Blanchet. Nous leur
souhaitons sincèrement de réussir. Leur démarche est
bonne. Nous avons d'ailleurs contribué à la souscription publique
et nous souhaitons que le tout aboutisse de façon à garder dans
le patrimoine municipal et le bien public, le bien communautaire, cette maison
qui est merveilleusement située à côté d'un site
historique.
M. Rivest: Le ministre a signé l'entente avec...
M. Vaugeois: Cap-Rouge?
M. Rivest: Non, Longueuil.
M. Vaugeois: Oui.
M. Rivest: Oui. Il y avait...
M. Vaugeois: Je dois dire d'ailleurs que le maire de Longueuil
siège à la Commission des biens culturels.
M. Rivest: Le maire de Longueuil qui est monsieur?
M. Vaugeois: Je pense que son nom est M. Robidas.
M. Rivest: Ah bon. La chapelle du Bon Pasteur? Québec.
Vous n'êtes pas au courant? Je veux aller vite, mais...
M. Vaugeois: Y a-t-il un problème?
M. Rivest: Pardon. Oui, il y a un problème.
M. Vaugeois: II ne faut pas croire tout ce que vous lisez dans
les journaux.
M. Rivest: Ce n'est pas dans les journaux. Figurez-vous que...
Attendez, qu'est-ce que c'est? En tout cas, vous n'avez pas de
problème?
Arthabaska? L'arrondissement historique d'Arthabaska?
M. Vaugeois: Ne confondons pas. Arthabaska. Il s'agit de l'avenir
de la maison Suzor-Côté. Ma position là-dessus est claire.
Nous allons nous conformer aux volontés de la municipalité. Le
sort de la maison Suzor-Côté est entre les mains du conseil
municipal d'Arthabaska.
M. Rivest: Vous n'avez pas d'autres préoccupations que
cela? Vous vous en lavez les mains.
M. Vaugeois: Non. Nous souhaitons que la municipalité
souhaite la conservation.
M. Rivest: C'est dans la théorie de l'autonomie
municipale?
M. Vaugeois: Voilà! C'est une maison intéressante
et, malheureusement, ce qui était le plus intéressant,
c'était l'atelier qui a déjà été
détruit.
M. Rivest: Pour ce qui est de la ville de Laval, vous avez
signé...?
M. Vaugeois: Une entente également avec la ville de
Laval.
M. Rivest: Le presbytère de Rivière-Ouelle? M.
Vaugeois: Je pense que cela va bien.
M. Rivest: Où est-ce que cela en est rendu? Aux
dernières nouvelles, c'était au mois de janvier...
M. Vaugeois: C'est un beau presbytère, on en souhaite la
conservation. Le curé l'a quitté, par exemple. Il voulait un
petit presbytère moderne. Nous, on souhaite la conservation du vieux
presbytère. C'est un magnifique bâtiment.
M. Rivest: II y en aurait beaucoup d'autres. Je termine par un
qui est dans mon comté, Cataraqui.
M. Vaugeois: On a un excellent projet que je ne peux
dévoiler ce soir. Faites-nous confiance.
M. Rivest: Pourquoi?
M. Vaugeois: Ce n'est pas le temps, mais on est prêt. On
est prêt à agir.
M. Rivest: Donnez-moi une date. M. Vaugeois: Ah! cet
été.
M. Rivest: II y en aurait probablement beaucoup d'autres, mais
que voulez-vous? Le temps presse et le ministre répond rapidement.
Sauf erreur...
Le Président (M. Laberge): Elément 2,
adopté. Elément 3, Commission des biens culturels, vous avez
posé des questions? Adopté.
M. Rivest: J'aurais juste une dernière question. Sur Place
Royale, il y a un mandat qui a été confié à M.
Lapalme, je pense...
M. Vaugeois: C'est toujours la même réponse. Le
rapport va être rendu public demain.
M. Rivest: Mon Dieu! Il y a un piège, M. le
Président, et je dois protester au nom des membres de la commission. Le
ministre, au lieu d'annoncer des éléments de politique
très importants, pour ne pas s'exposer à la critique de
l'Opposition après cela, il reprochera à l'Opposition de
ne pas s'intéresser aux affaires culturelles va rendre publiques
cinq ou six politiques demain, au lendemain de l'étude des
crédits des Affaires culturelles. Il y a une conspiration contre les
droits de la commission, et je tiens à protester avec
véhémence contre l'attitude du ministre.
Comment se fait-il que vous fassiez cela au lendemain de l'étude
des crédits?
M. Vaugeois: On voulait le faire avant, sauf qu'avant cela n'a
pas été techniquement possible à cause des horaires
perturbés par les événements que vous savez. On devait
aujourd'hui déposer le rapport et il n'y a pas eu de Chambre
aujourd'hui.
M. Rivest: Cela prouve une autre chose qu'on démontre de
plus en plus, c'est que l'exercice référendaire auquel on s'est
livré a complètement paralysé l'administration
gouvernementale depuis six mois.
M. Vaugeois: Elle a été lourdement perturbée
par vos amis d'Ottawa. Je suis d'accord.
M. Rivest: Comment? Ils sont devenus vos amis. La population vous
a ordonné d'avoir des relations d'amitié dans le cadre du
renouvellement du fédéralisme.
M. Vaugeois: Ne confondons pas amis et interlocuteurs.
Le Président (M. Laberge): Sans prendre part au
débat, je pense que la Chambre devait siéger originellement
aujourd'hui.
M. Rivest: Pardon?
Le Président (M. Laberge): La Chambre devait siéger
originellement aujourd'hui.
M. Vaugeois: Et ce document devait être rendu public
à ce moment-là.
M. Rivest: II y a eu un piège. On est tombé
dedans.
Le Président (M. Laberge): Le programme 2 est-il
adopté?
M. Vaugeois: D'accord, le programme 2 est adopté.
Programme 3?
Le Président (M. Laberge): Oui, adopté. Programme
3.
M. Rivest: Approuvé avec beaucoup d'incitation pour que la
Direction générale du patrimoine relève le défi,
comme je peux convenir qu'elle a commencé à le faire depuis un
certain temps. Mais on souhaiterait que ce soit davantage consistant,
cohérent et expéditif, et en même temps qu'elle assume le
leadership, qu'elle prenne l'initiative de la protection du patrimoine, des
biens du patrimoine culturel.
M. Vaugeois: M. le Président, je suis tout
étonné de l'intérêt soudain de l'Opposition pour le
patrimoine, mais en tout cas.
M. Rivest: Vous n'en êtes pas à un étonnement
près.
M. Vaugeois: Et j'aimerais bien que le député de
Jean-Talon parle à ses deux collègues qui vont aux engagements
financiers pour qu'ils arrêtent de rire de nos affaires.
Le Président (M. Laberge): Le programme 3...
M. Rivest: M. le Président, je pense qu'il y a une
question de règlement qu'il faut soulever. Le député de
Trois-Rivières et ministre des Communications et des Affaires
culturelles n'a pas le droit d'imputer des motifs aux membres de la commission
qui participent à une autre commission que la nôtre.
Le Président (M. Laberge): Le programme 3, Gestion interne
et soutien, est-il adopté?
Gestion interne et soutien
M. Vaugeois: Approuvé, M. le Président.
M. Rivest: Est-ce que le ministre a pris connaissance des
constatations du Vérificateur général sur la gestion de
son ministère? (23 h 15)
M. Vaugeois: Pas de blague, hein. Oui monsieur. D'ailleurs, je
vous ferai remarquer que je pense qu'à peu près le seul
ministère qui s'en tire avec 100%, c'est le ministère des
Communications. Aux Affaires culturelles, on a un petit problème de
tableau. Je pense, M. le Président, qu'on s'en tire pas trop mal, il y a
une lacune grave, c'est quant aux contrôles qui étaient
exercés traditionnellement sur les oeuvres d'art qui étaient
confiées à certaines délégations à
l'étranger. Nous avons à regretter, entre autres, la disparition
d'une toile importante de Clarence Gagnon qui s'intitule le Château
gaillard; cette pièce est disparue. Elle était conservée
à Londres, elle est disparue.
De toute façon, nous avions déjà pris...
M. Rivest: J'avais lu à Paris et cela m'a
inquiété; j'ai vu que c'était à Londres.
M. Vaugeois: C'était à Londres. Nous avions
d'ailleurs déjà révisé toutes nos politiques
à cet égard, les contrôles sont sur une autre base, sont
beaucoup plus rigoureux. Je pense bien que c'est le genre d'incidents qui ne
devraient pas se reproduire, nos contrôles sur notre collection
étaient insuffisants, la preuve a été faite dans ce
cas-là. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que cela se
produit, je pense.
M. Rivest: Sur la gestion et le soutien.
M. Vaugeois: J'ai une discussion, M. le Président, avec
mon sous-ministre.
M. Rivest: Vous avez un sous-ministre qui, sur le plan
administratif, a une longue expérience.
M. Vaugeois: Je voudrais souligner, en passant, que la solution
de facilité serait de ne plus laisser sortir les oeuvres, mais je m'y
refuse parce que je constate qu'il y a autant de vols dans les musées
que dans les délégations. A ce compte-là, je regrette tout
autant la disparition d'un bronze qui était au Musée du
Québec que l'oeuvre d'art qui était quelque part à
Londres. Ce n'est pas une solution que de ne pas laisser sortir, on s'en fait
voler dans les musées.
M. Rivest: Gestion et soutien. Les gens concernés
prendront connaissance de la dernière déclaration du ministre...
mais ce n'est pas un objet de musée, le petit unifolié, c'est un
objet d'avenir.
Les conseils régionaux de la culture, avec vos bureaux
régionaux...
M. Vaugeois: Oui.
M. Rivest: Vous dites ça sur un ton qui... Je vous
demandais, les conseils régionaux de la culture, est-ce que vous avez
une attitude définitive sur la valeur, le rôle de ces conseils
régionaux?
M. Vaugeois: Définitive, non. C'est une formule
transitoire. Actuellement, nous travaillons bien avec les conseils; je pense
que, de part et d'autre, les relations je le crois, en tout cas
sont bonnes. Maintenant, ce ne sont pas des organismes qui sont dans leur forme
définitive, certainement pas. Nous devrons tenir compte de la mise en
place de certaines structures régionales dans le prolongement de la loi
125, par exemple, mais, pour l'instant et pour un court terme, les conseils
fonctionnent bien et rendent de grands services au ministère. Ils nous
ont grandement aidé dans nos opérations de régionalisation
et ils ne sont pas remis en question.
Ils le seront éventuellement, en même temps qu'un mouvement
plus général de régionalisation. Ils le savent, le feu
n'est pas...
M. Rivest: ... un peu certains...
M. Vaugeois: Non, non. M. Rivest: Non.
M. Vaugeois: De toute façon, tout ça va se faire en
étroite consultation, avec le temps qu'il faut.
M. Rivest: Avant, sur les conseils régionaux...
allez-y...
M. de Bellefeuille: A propos des conseils régionaux de la
culture, M. le Président, le ministre est sûrement au courant d'un
problème particulier au sujet des conseils régionaux de la
culture Laurentides et Lanaudière. Dans les projets originaux du
ministère, ça devait constituer un seul conseil régional
et les gens des deux sous-régions qui composent la grande région
Laurenti-des-Lanaudière ont décidé, ont
réclamé la constitution de deux conseils distincts, ce qui fut
fait.
A l'époque, le ministère a partagé le budget entre
ces deux nouveaux conseils, sur la base de la population de chacune des
sous-régions, ce qui fait que chacun de ces deux conseils
régionaux a une fraction de budget. Je sais que le conseil
régional des Laurentides, qui concerne mon comté, se plaint
amèrement de cette situation. Cela fait un conseil régional qui a
un budget très inférieur à celui des autres conseils
régionaux de la culture. Il a commencé à faire des
demandes vigoureuses auprès du ministre et auprès des
députés de la région des Laurentides.
Je me demande si le ministre pourrait envisager une augmentation du
budget du Conseil régional de la culture des Laurentides et sans doute
aussi de celui de Lanaudière pour les mettre sur une base comparable
à ceux des autres conseils régionaux.
M. Vaugeois: M. le Président, je comprends le
député de Deux-Montagnes de soulever la question et je lui en
sais gré. Je me rappelle qu'il y a là justification de ce que
j'ai dit précédemment. Nous sommes dans une formule transitoire
et un jour nous aurons des conseils de la culture qui colleront aux
régions et aux sous-régions le plus près possible, et ce,
en conformité avec les régions qui se dégageront de la loi
no 125. D'ici là, il y a des situations un peu boiteuses, et le
député de Deux-Montagnes vient d'en évoquer une. C'est
déjà une grande concession que nous avons faite de permettre le
fonctionnement de deux entités distinctes. Au moment où cela
avait été autorisé, cela l'avait été
quasiment à rencontre des recommandations que les fonctionnaires me
faisaient, justement parce qu'ils prévoyaient le genre de revendications
qui sont formulées aujourd'hui.
J'avais demandé à l'époque aux gens qui faisaient
ce genre de revendications s'ils étaient prêts à vivre
comme deux conseils distincts, mais à partir de l'enveloppe
établie pour l'ensemble de la région. C'est ce qui avait
été accepté. Je continue à demander aux deux
groupes en présence de vivre encore selon la formule établie,
autrement il faudrait revenir à la formule initialement proposée
par le ministère et le Conseil du trésor, c'est-à-dire un
conseil de la culture pour Laurentides-Lanau-dière. A ce
moment-là, ces gens auraient l'enveloppe normale prévue pour leur
région administrative.
S'ils préfèrent vivre et fonctionner selon la formule
actuelle, je pense qu'il faut accepter le partage financier actuel. Mon
sous-ministre, qui a suivi le dossier, aurait peut-être quelque chose
à ajouter.
Ce que je voudrais ajouter c'est que, contrairement aux
prétentions de ces deux conseils de la culture actuellement, ils n'ont
pas un demi-budget. Si nous leur donnions un budget total ou un budget complet
comme ils le veulent, ils auraient effectivement un double budget. Si l'on
compare ces deux conseils de la culture avec n'importe quel autre conseil de la
culture, ils ont le même bassin de population, les mêmes distances
et souvent des distances très inférieures. Ils ont le même
nombre d'organismes et ils ont le même budget pour répondre
à ce même bassin de population, ce même nombre d'organismes
et pour couvrir ces distances.
Si on leur donnait le budget qu'on donne aux autres conseils de la
culture, à chacun de ces deux demi-conseils, ils auraient effectivement,
par rapport aux autres, le double du budget. Le budget qu'ils ont actuellement
est en tout point comparable au budget qu'on donne aux autres conseils de la
culture. On pourrait, à ce moment-là, avoir aussi une subdivision
au conseil de la culture pour la région de Rimouski, un autre conseil de
la culture pour une autre partie de la Gaspésie, et on pourrait se
retrouver dans des situations aussi inextricables que celle-là.
L'autre raison pour laquelle nous ne faisons pas de changement, c'est
qu'il y a en marche des instruments de régionalisation qui nous
amèneront peut-être à réviser tout le
mécanisme que nous avons mis au point. La loi no 125, la
possibilité de conseils de comté et je ne sais quoi nous
amèneront éventuellement à repenser la formule que nous
avons actuellement.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais signaler
au sous-ministre que sa démonstration mathématique omet un
facteur, celui des frais fixes de chaque conseil régional de la culture.
Il y a un directeur général et un petit personnel. Ce sont des
frais incompressibles. Ils sont là, quelle que soit l'étendue de
la région, quel que soit le nombre d'intervenants, quelles que soient
les distances à l'intérieur de la région. Il y a des frais
qui sont incompressibles à partir du moment où l'on a deux
conseils distincts.
Mais je retiens de ce qu'ont dit le ministre et le sous-ministre qu'il y
a quand même, à moyen terme sinon à très court
terme, la perspective d'une normalisation de la situation dans le cadre de la
nouvelle régionalisation qui découlera de la mise en application
de la loi 125.
Une Voix: C'est cela, oui.
M. Rivest: Pour enchaîner, je...
M. Vaugeois: Si vous permettez, je pense d'ailleurs que,
d'après les derniers contacts que j'ai eus avec les porte-parole des
deux conseils, on est conscient de tout cela et que leur collaboration est
acquise pour la consultation et le déroulement des
opérations.
M. Rivest: L'an dernier, sauf erreur, dans le document d'appui
des crédits du ministère des Affaires culturelles, au sujet des
conseils régionaux de la culture, le ministre avait évoqué
la possibilité d'une expérience pilote de cogestion avec les
conseils régionaux au titre de l'aide financière accordée
aux organismes régionaux de musique, de théâtre, de danse
et de diffusion des spectacles. Cette expérience a-t-elle
été mise sur pied? Si oui, est-elle concluante?
M. Vaugeois: Cette expérience a été mise sur
pied. Elle a été suffisamment concluante pour que nous
l'etendions à d'autres secteurs.
M. Rivest: Dans quelles régions? A-t-elle
été mise sur pied dans toutes les régions?
M. Vaugeois: Dans toutes les régions et ce sont les
conseils régionaux de la culture qui, au niveau des arts de la
scène, ont défini les besoins de la région, ont
établi les priorités. Leurs besoins, leurs priorités ont
ensuite fait l'objet d'une certaine négociation avec le ministère
pour qu'il y ait des ajustements, ce qui s'est fait, et, cette année, on
l'a étendue à d'autres secteurs que simplement le secteur des
arts de la scène.
M. Rivest: Les conseils régionaux ont rencontré, en
cours d'année, les membres de l'Assemblé nationale. Enfin, je
pense que cela s'est fait d'une façon systématique. Cela s'est
fait ici dans la région de Québec. Par exemple, pour prendre la
région de Québec où le conseil régional a un
territoire immense qui va de Thetford Mines à Charlevoix, probablement,
etc., Québec étant ce qu'elle est, pourvue de grandes
institutions culturelles, les conseils régionaux m'ont semblé
indiquer que des éléments extrêmement importants, dans des
milieux urbains j'imagine que c'est probablement le même
problème à Montréal; pensons au Grand Théâtre
ou à la Place des Arts de la politique ou de la dynamique
culturelle, leur échappaient. Avez-vous eu des échos de cette
préoccupation-là?
M. Vaugeois: Ils ne sont pas revenus avec ce genre de
préoccupations.
M. Rivest: Ils l'ont déjà eue.
M. Vaugeois: Ils l'ont déjà eue, mais je pense
qu'à ce stade-ci l'expérience que nous vivons avec les conseils
de la culture ne nous permet pas encore d'aller aussi loin que cela. Ce serait
vraiment prématuré que de s'engager là-dedans. Nous
commençons simplement à toucher les résultats de notre
expérience vécue au point de vue
accessibilité-scène.
M. Rivest: J'ai une dernière question à poser
je pense que c'est la dernière au titre du rapport de la
condition féminine. Je pense immédiatement au ministre d'Etat.
Elle avait adressé au ministère des Affaires culturelles le
rapport Egalité et indépendance. Elle avait adressé au
ministère des Affaires culturelles une série de recommandations
que j'ai ici. Il y en a une trentaine. Je voudrais savoir si le ministre d'Etat
à la Condition féminine a décerné récemment
un certificat de mérite au ministère des Affaires culturelles au
titre de la condition féminine. Entre autres, je voudrais que le
ministre nous indique, au niveau du personnel supérieur de son
ministère, quel est le partage actuel entre les hommes et les femmes et,
après cela, que le ministre m'indique le suivi qui a été
donné, au niveau de la définition de la politique culturelle
les recommandations du rapport allaient assez loin au rapport de
la condition féminine dans non seulement la structure administrative du
ministère, mais dans l'élaboration des politiques culturelles
afin de réduire ou d'éliminer si possible toute forme de
discrimination directe ou indirecte. (23 h 30)
M. Vaugeois: II y a beaucoup de choses qu'on pourrait dire
là-dessus. J'aime mieux ne pas trop élaborer. On a pris
très au sérieux cet échange que nous avons eu avec les
autorités concernées. Nous en tenons compte quotidiennement, de
toutes les façons possibles. Encore que je tiens à dire que les
nominations qu'on a pu faire ces derniers temps pourraient laisser croire que
ces préoccupations nous ont dirigés vers des nominations qui ont
favorisé des femmes, je m'en voudrais de laisser croire de telles
choses. Les circonstances nous ont permis, effectivement, ces derniers temps de
nommer plusieurs femmes à des postes clés au ministère des
Affaires culturelles, mais c'est parce que ces femmes étaient
d'excellentes candidates. Dieu merci, les circonstances nous ont permis de
faire ces nominations mais elles ont été basées sur la
compétence des personnes en cause. Je le dis au premier chef pour le
sous-ministre adjoint qui est derrière moi, Mme Martin, qui est à
la planification, mais c'est vrai pour plusieurs autres femmes qui ont
été nommées à des postes importants au cours des
derniers mois. Je pense que le ministère des Affaires culturelles est
actuellement un des ministères qui comptent le plus de femmes à
des postes de direction. C'est heureux qu'il en soit ainsi, mais c'est
basé, encore une fois, sur la compétence de ces personnes.
Nous invitons les organismes que nous subventionnons, les organismes qui
relèvent de nous à se préoccuper constamment de ce que
nous appelons l'égalité des chances. D'ailleurs, dans notre
secteur, il y a des milieux de travail qui avantagent nettement la femme et qui
ont l'air difficiles d'accès pour les hommes. Assez curieu-
sèment, cette politique d'égalité des chances
pourrait nous amener, à certains moments, à donner des chances
aux hommes plutôt qu'aux femmes. C'est le cas dans le milieu du
théâtre, à certains moments, dans le milieu des
bibliothèques, à certains autres. Quoi qu'il en soit,
constamment, il y a rappel à ce sujet dans nos échanges avec nos
diverses clientèles. Maintenant, il y a des choses que nous avons
refusé de faire, encore que je pense que ce n'était pas dans les
correspondances que vous évoquez. Nous nous refusons à tout geste
de censure et de dirigisme quant aux manuscrits qui sont reçus, quant
aux pièces de théâtre qui sont subventionnées et
ainsi de suite.
M. Rivest: Les bourses, entre autres.
M. Vaugeois: Non, là-dessus, le mérite continue
pour nous autres d'être le critère décisif. Il reste
que...
M. Rivest: Est-ce que cela veut dire...
M. Vaugeois:... dans les secteurs où nous travaillons, les
femmes sont nombreuses et les mérites des femmes sont grands, de telle
façon que le résultat est qu'avec un petit peu d'attention et de
vigilance les résultats sont très éloquents.
M. Rivest: La dernière remarque du ministre, est-ce que
cela veut dire que, dans l'esprit du ministre des Affaires culturelles, au
titre des politiques il y avait toute une série de propositions,
il n'y a pas seulement les postes au niveau des arts, des lettres ou,
enfin, des éléments de politique, du contenu, des bourses, il n'y
aurait pas de discrimination à l'endroit des femmes?
M. Vaugeois: J'ai dit que, s'il y en avait à certains
endroits, c'était à l'endroit des hommes. Cela nous
préoccupe tout autant, remarquez.
M. Rivest: Espérons que le ministre d'Etat à la
Condition féminine aura suffisamment de travail pour ne pas relire la
dernière déclaration du ministre.
M. Vaugeois: Je souhaite au ministre d'Etat à la Condition
féminine autant de succès dans les autres ministères qu'il
y en a aux Affaires culturelles.
M. Rivest: Franchement je vais vous donner mon opinion
personnelle aussi brutalement je trouve que vous avez l'air de prendre
cela de haut et que vous rejetez allégrement je ne veux pas les
citer en raison de l'heure les quelque trente éléments de
politique qui étaient contenus dans le document du ministre d'Etat
à la Condition féminine, Egalité et indépendance,
qui demandait au ministère des Affaires culturelles de prendre des
moyens de redressement de la considération qui était
donnée aux femmes. Je comprends que le ministre rejette ces
éléments.
M. Vaugeois: Pas du tout. On n'a pas besoin là-dessus de
se faire faire la leçon par qui que ce soit.
M. Rivest: Y compris le ministre d'Etat à la Condition
féminine?
M. Vaugeois: C'est le genre de responsabilités auxquelles
on a déjà fait face. Je pense que l'image que présentait
et que continue de présenter le ministère montre que nous sommes
préoccupés depuis fort longtemps par ces questions.
M. Rivest: Oui, mais le diagnostic posé par votre
collègue...
M. Vaugeois: Pas du tout.
M. Rivest: ... est tout à fait dans le sens contraire.
M. Vaugeois: Pas du tout.
M. Rivest: Ecoutez, je vais donner quelques exemples. Que le
ministère des Affaires culturelles s'engage à mettre à la
disposition des troupes de théâtre un fonds spécial dont
les normes d'accessibilité tiendraient compte des critères
suivants: emploi d'une majorité de comédiennes dans la
production; mise en scène par une femme; oeuvres d'un auteur
féminin; oeuvres qui tiennent compte de l'évolution du rôle
social de la femme.
Deuxièmement, instituer un concours d'art dramatique
répondant aux mêmes critères...
M. Vaugeois: C'étaient des propositions. Tout cela a
été étudié.
M. Rivest: Oui, mais si le rapport de votre collègue
signale cela c'est juste un élément il y en a
plusieurs autres c'est sans doute parce qu'il existe un problème.
Le ministre a l'air de dire: II n'y a pas de problème sur le plan de
l'égalité des chances entre les hommes et les femmes dans le
contenu des politiques.
M. Vaugeois: J'ai dit qu'il y en avait... M. Rivest: II y
en a un sûrement.
M. Vaugeois: II y en avait peut-être un justement.
M. Rivest: Pourquoi n'y en aurait-il pas dans le domaine culturel
alors qu'il y en a partout? Pourquoi tous les ministres? Vous êtes un
original, M. le ministre.
M. Vaugeois: Parce que dans...
M. Rivest: J'ai fait plusieurs études de crédits,
et vous êtes le premier ministre qui envoie allègrement je ne sais
où le ministre d'Etat à la Condition féminine. Tous vos
collègues ont au moins pris la précaution de dire que...
M. Vaugeois: Oui, M. le Président, je...
M. Rivest: Laissez-moi terminer! Remarquer que j'étais
aussi sceptique...
M. Vaugeois: C'est peut-être parce qu'ils se sentaient un
peu coupables, ce qui n'est pas mon cas.
M. Rivest: Oui, mais le diagnostic posé par votre
collègue vous rend coupable à plusieurs chefs...
M. Vaugeois: Ce n'est pas un diagnostic que vous me dites
là. Ce sont des recommandations déjà faites.
M. Rivest: Oui, mais c'est pour corriger une situation. Ce ne
sont pas des recommandations faites en l'air.
M. Vaugeois: Pas du tout. Dans le cas présent, pensez-vous
qu'on a attendu ces directives pour permettre à des femmes de faire
carrière dans le théâtre? Voyons donc!
M. Rivest: Pauvre Mme Payette! Enfin, je lui communiquerai
personnellement les propos du ministre.
M. Vaugeois: En tout cas, là-dessus, je pense que notre
performance est bonne. Je suis l'un des rares ministres à pouvoir
compter un sous-ministre féminin. J'ai un directeur de cabinet qui est
également une femme, et je pourrais, comme ça, vous endormir
cette nuit en vous citant toutes les femmes autour de moi qui ont des postes de
responsabilité.
M. Rivest: Ce n'est pas de ça dont il s'agit. Il s'agit de
ça en partie...
M. Vaugeois: Mais de là à faire jouer... Voyons
donc!
M. Rivest: ... mais il s'agit des éléments de
politique. Il y a quelque 15 ou 20 éléments de politique...
M. Vaugeois: 20 éléments.
M. Rivest: 20 éléments, pardon... où le
rapport sur la condition féminine a identifié des situations qui
étaient discriminatoires à l'endroit des femmes.
M. Vaugeois: Non, ce n'est pas vrai.
M. Rivest: A tout le moins, des mesures de correction...
M. Vaugeois: Non, vous n'avez pas compris.
M. Rivest: ... des situations qui existaient. D'accord, on va
prendre une demi-heure et je vais vous les citer. On va en citer tant qu'il ne
réagira pas. Je renonce à en citer, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Vous êtes toujours au
programme 3?
M. Vaugeois: M. le Président, quant à moi, je suis
prêt à terminer, mais je mets au défi le
député de Jean-Talon de trouver un ministère où la
performance est meilleure que celui des Affaires culturelles relativement
à ces questions.
M. Rivest: II y a le ministère de la Condition
féminine.
M. Vaugeois: Vas-y voir!
M. Rivest: Je cesse le combat, parce que je crois que je vais
faire appel...
M. Vaugeois: Pour moi, je parle au nom de l'égalité
des chances.
M. Rivest: On va peut-être suspendre cet
élément, si vous voulez, M. le Président, et je vais
inviter le ministre d'Etat à la Condition féminine à venir
m'appuyer demain lorsque nous poursuivrons l'étude.
Le Président (M. Laberge): A quel élément
était-ce? Parce que ce n'était pas...
M. Rivest: Vous aurez la députée de Dorion
elle-même, en personne, demain matin.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que vous adoptez le
programme 3?
M. Vaugeois: Cela nous donnera l'occasion de recevoir des
félicitations.
M. Rivest: Je vais adopter sous réserve de la
communication que j'aurai avec le ministre d'Etat à la Condition
féminine.
Le Président (M. Laberge): Sous réserve. Alors,
éléments 1 et 2, adopté; programme 3, adopté.
Programme 4: Arts de l'environnement visuel.
M. Rivest: Attendez, je suis au programme 3. M. Vaugeois:
Adopté.
M. de Bellefeuille: M. le Président... M. Rivest:
Un instant, là!
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Terrebonne a une question déjà prête, je crois.
M. de Bellefeuille: ... pendant que nos collègues de
l'Opposition examinent leurs documents...
M. Vaugeois: Je m'excuse, M. le Président, mais je viens
de me retourner et je viens de voir le directeur général des
conservatoires. Quand je pense au nombre de femmes qui occupent des postes
clés dans ce domaine, là encore, il peut toujours venir avec son
ministre d'Etat, mon collègue de Jean-Talon.
S'il y a quelque chose, moi, je plaide pour les hommes.
Le Président (M. Laberge): Alors, on est au programme
4.
Arts de l'environnement visuel
M. de Beliefeuille: Oui, M. le Président, à
propos...
Le Président (M. Laberge): Arts de l'environnement visuel.
M. le député...
M. de Bellefeuille:... du programme 4, je voudrais interroger le
ministre à propos du Musée d'art contemporain. Depuis quelque
temps, il y a des rumeurs selon lesquelles le gouvernement envisagerait de
déménager le Musée d'art contemporain.
Il est actuellement situé dans la Cité du Havre, à
Montréal, et on songerait à un nouvel emplacement qui serait dans
le centre-ville de Montréal, probablement aux environs de la Place des
Arts. On a vu dans les journaux que le ministre entretenait des doutes, c'est
du moins ce que les journaux ont rapporté, à tort ou à
raison, et j'aimerais que le ministre fasse le point là-dessus. Mais
pour vider mon sac tout de suite, pour ne pas revenir après, parce que
j'imagine que mes collègues de l'Opposition auront aussi des questions
à poser sur ce programme, je vais dire ce que j'ai à l'esprit. Le
Musée d'art contemporain, dans son emplacement actuel, est un des rares
éléments d'activité dans ce secteur relativement nouveau
de la ville de Montréal. Tout le secteur qui a été ouvert
à l'occasion de l'exposition de 1967, secteur composé de la
Cité du Havre, de l'île Sainte-Hélène et de
l'île Notre-Dame. C'est un secteur qui, depuis l'exposition a
été négligé, en ce sens qu'il ne joue pas vraiment
le rôle qui avait été prévu. Lorsque le plan
directeur de l'Expo a été mis au point, l'idée
était non seulement d'aménager un terrain qui conviendrait aux
fins de l'exposition universelle, mais aussi d'ouvrir une porte sur le fleuve,
pour les Montréalais, de rompre cette espèce de barrière
qu'il y avait entre les Montréalais et le fleuve et, alors, cet
emplacement, dans deux îles et une jetée, la Cité du Havre,
devrait prolonger le tissu urbain de Montréal jusque dans le milieu du
fleuve.
Après l'exposition, la ville de Montréal n'a pas pris les
dispositions qu'il aurait fallu pour continuer la mise en valeur de ces
terrains-là. Ce qui fait que le Musée d'art contemporain est en
quelque sorte isolé dans une partie de la ville où les transports
en commun sont insuffisants, dans une partie de la ville où il n'y a pas
régulièrement d'autres attractions pour les citoyens afin de les
amener visiter la Cité du Havre. Alors, il me semble que le sort de
l'édifice actuel du Musée d'art contemporain doit reposer sur les
perspectives de débloquement de la Cité du Havre et de l'ensemble
des anciens terrains de l'exposition. Il faudrait convaincre toutes les
autorités compétentes, y compris celles de la ville de
Montréal, d'améliorer, par exemple, les transports en commun, de
prendre un certain nombre d'autres dispositions pour augmenter les
activités qu'il y a dans ce secteur-là; d'ailleurs il y a des
dispositions dans ce sens, comme les Floralies internationales qui doivent
être permanentes; c'est sûrement un élément
d'activité dans ce secteur qui peut figurer au tableau.
Si on envisage un certain nombre de mesures dans ce sens, il me semble
qu'on pourrait songer à laisser le Musée d'art contemporain dans
son emplacement actuel, quitte à doter l'édifice actuel du
musée d'une annexe ou d'un pavillon annexe qui lui permettrait
d'installer les services qui, à l'heure actuelle, sont mal logés,
puisque l'édifice est trop exigu.
C'est dans ce sens-là que je voudrais dire au ministre que, si on
envisage l'ensemble du développement de ce secteur de Montréal,
il faudrait hésiter beaucoup avant de déménager le
Musée d'art contemporain qui pourrait jouer, à l'avenir, un
rôle beaucoup plus important qu'il n'a pu le faire jusqu'à
maintenant dans la mise en valeur de cette partie-là de la ville de
Montréal.
M. Vaugeois: M. le Président, on me permettra de dire que
je suis d'accord avec ce que vient ae dire le député de
Deux-Montagnes. Cette année, nous avons convenu d'augmenter les moyens
du Musée d'art contemporain, quelle que soit l'issue des
évaluations qui se font actuellement. Ce musée avait besoin d'un
meilleur budget d'acquisitions, entre autres, ne serait-ce que pour soutenir un
peu la concurrence que lui fait maintenant le Musée des Beaux-Arts, que
nous avons doté beaucoup mieux depuis deux ans. Au niveau de l'effectif
également, un peu de rattrapage vis-à-vis du Musée d'art
contemporain. (23 h 45)
Maintenant, il y a cette question de la localisation. Là, il y a
deux avenues possibles. Celle qu'a évoquée correctement et avec
beaucoup d'à-propos le député de Deux-Montagnes et
également nous avons une autre solution, c'est une relocalisation dans
le centre-ville de Montréal. Nous avons des maquettes de prêtes
à cet effet, mais tout dépend finalement de ce que peut faire la
ville de Montréal en termes de transport, mais également aussi en
termes de revitalisation d'un secteur qui se situe entre l'édifice de la
CIL, à l'angle de l'autoroute Bonaventure et du boulevard Dorchester, et
l'ancien canal Lachine.
Alors, dans la mesure où ce secteur de Montréal, qu'on
appelle le secteur des Récollets, pourrait faire l'objet d'une
revitalisation, de travaux importants, le Musée d'art contemporain se
trouverait à sept minutes de marche à peu près
d'une bouche de métro. Mais, actuellement, on comprend que
personne n'ose faire cette distance à pied, étant donné
que c'est un quartier désaffecté, à peu près
livré à l'abandon, étant donné les anciens
entrepôts abandonnés, les cours de triage
désaffectées, mais c'est un secteur où le gouvernement
prend maintenant un certain nombre d'initiatives. Un des effets de l'entente
qu'on a signée avec la ville de Montréal a été de
faire commencer des travaux importants dans ce secteur. Il y a des travaux, par
exemple, au coin de McGill, à la vieille caserne des pompiers; les
soeurs Grises ont commencé leurs travaux à l'ancien
hôpital; le gouvernement fédéral nous en annonce depuis
longtemps à Pointe-Callières.
Il est possible que tout ça mis ensemble, ça provoque une
intervention significative au secteur des Récollets, ce qui aurait un
effet important sur le Musée d'art contemporain, puisque ça le
rapprocherait aussi curieux que ça puisse paraître
du tissu urbain normal, des transports en commun existant déjà.
Tout ça est évalué très attentivement par notre
ministère et on est prêt à réagir: ou bien à
consolider le musée là où il est, ou bien à le
déménager dans le centre-ville. On a des plans de prêts
pour ça aussi.
Le Président (M. Laberge): Autres questions?
M. Rivest: Oui, M. le Président. Je sais que c'est
complètement illégal, mais j'ai oublié tantôt de
poser la question au ministre sur les biens. Le projet du ministère de
l'Education... Il a parlé des soeurs et ça m'a rappelé les
soeurs de la Congrégation de Notre-Dame au coin d'Atwater et Sherbrooke,
qui est la maison mère des soeurs de la Congrégation de
Notre-Dame, et il est question que le ministère de l'Education y loge
des étudiants du CEGEP Dawson. Cela impliquera un
réaménagement de sept édifices, je ne sais pas, mais qui
seraient, m'a-t-on dit, classés. Est-ce que c'est exact?
M. Vaugeois: Cela revient au même dans un cas comme
ça. C'est un bâtiment à protéger. Là-dessus,
je vais rassurer le député de Jean-Talon. C'est clair qu'une
intervention comme celle-là, qui a été portée
à notre connaissance, ne se fera que dans le respect de l'ensemble et la
meilleure façon, d'après nous, de sauver un ensemble de
bâtiments comme ceux-là...
M. Rivest: ... vous connaissez le secteur.
M. Vaugeois: Oui, c'est de lui trouver une nouvelle fonction. La
pire des choses qui peuvent arriver, c'est que ce bâtiment soit
laissé à l'abandon. Là, il se dégrade. Tandis que,
si on lui trouve une nouvelle fonction, il s'agit de faire attention pour
ménager l'ensemble, l'environnement et on pense que tout ça peut
être fait.
Le Président (M. Laberge): Alors, ça
complète maintenant. Au programme 4, éléments 1 et 2,
autres questions?
M. Rivest: 1.
Le Président (M. Laberge): Elément 1.
M. Rivest: 2, parler un peu des musées. Vous avez au moins
réussi, pour les musées dans la région de Québec,
avec... Je vais y revenir. J'ai quelques questions à
l'élément 1.
Le Président (M. Laberge): 1 est... D'accord, parfait.
M. Rivest: Non, j'ai quelques questions, mais, comme
introduction, je trouve que vous avez presque réussi à battre
l'aventure du Colisée avec vos histoires de musées. Mais j'y
reviendrai à l'élément 2.
Elément 1, amélioration de l'environnement visuel. La
politique du 1%. Vous indiquez votre satisfaction, à savoir que cette
politique s'est étendue au niveau des affaires sociales et de
l'habitation. Combien de ministères... Quel est le bilan
là-dessus, au niveau des institutions gouvernementales?
M. Vaugeois: Ce n'est pas complet actuellement. C'est pour
ça qu'on n'a rien rendu public de façon générale,
parce qu'on travaille à partir des plans d'équipement des
ministères et c'est par la persuasion et la bonne foi réciproque
qu'on arrive à marquer des coups, parce que mes partenaires des autres
ministères sont absolument solidaires de ce qu'on essaie de faire
à ce niveau-là, sauf qu'il reste beaucoup de choses à
mettre au point avec le Conseil du trésor, avec les organismes centraux.
Donc, à la pièce, on le fait. Vous voyez dans les journaux,
actuellement, des concours, régulièrement, pour recruter les
artistes qui seront appelés à contribuer.
Mais l'ensemble de la politique n'est pas tout à fait au point,
c'est une question de semaines et ça toucherait, dans un premier temps,
l'Education, les Affaires sociales et la Société d'habitation du
Québec.
M. Rivest: Vous ne pourriez pas mettre aussi à
contribution les organismes gouvernementaux autres que les
ministères?
M. Vaugeois: Oui. Eventuellement, nous travaillerons avec
Hydro-Québec, la Société d'énergie de la baie
James, ainsi de suite. J'espère qu'ils ne liront pas le
procès-verbal pour ne pas être effarouchés; on a des
projets dans leur direction également.
M. Rivest: II y a tout un potentiel dans ce domaine-là.
Deuxièmement, cette politique s'applique uniquement aux travaux de
construction. Est-ce que vous envisageriez de l'étendre aux baux de
location?
M. Vaugeois: II n'y a rien qui empêche ça. M.
Rivest: Vous pourriez le faire.
M. Vaugeois: D'autant plus que notre approche n'est pas
maintenant de décorer; c'est d'intégrer le 1% à l'ensemble
architectural.
M. Rivest: Egalement les arts plastiques, vous parliez des
ateliers collectifs, quel est le jugement du ministre sur cette forme de
développement ou d'aide aux arts plastiques?
M. Vaugeois: Du côté des arts plastiques, nos
interventions ont été lentes mais, maintenant, on a
favorisé le regroupement des artistes, on a des interlocuteurs, on
chemine avec eux. Je pense qu'il y a des bons coups qui ont été
faits, mais on est loin d'une politique complète du côté
des arts plastiques. Par exemple, on est à la recherche de formules
d'intervention qui seraient souhaitées pour le développement des
galeries d'art, tout lieu de diffusion des arts. On en est aux balbutiements,
mais il y a des choses qui s'amorcent. Il faut dire que ces
établissements n'étaient même pas regroupés en
association; c'est en train de se faire. Dans la mesure où on a des
partenaires, on peut mieux évaluer les propositions qu'on pourrait
faire. C'est que, lorsqu'on n'a pas de partenaires dans le milieu, on peut
toujours avancer des projets, mais je ne suis pas sûr que c'est ce qu'il
faut. Cela se met au point maintenant.
M. Rivest: Le monde de l'artisanat?
M. Vaugeois: Vous savez, les meilleurs programmes qu'on peut
mettre au point pour les arts plastiques, les arts visuels, ce sont des choses
comme la politique du 1%; c'est vraiment là que tout
débloque.
M. Rivest: Mais la politique du ministère ne peut quand
même pas se résumer à son 1%.
M. Vaugeois: Oui et non. C'est parce que la meilleure chose est
encore le gagne-pain normal de l'artiste, par sa contribution aux ensembles,
à ce qui se fait. C'est bien mieux que des programmes artificiels de
soutien et de subvention.
M. Rivest: Vous parlez des autres programmes du ministère
des Affaires culturelles?
M. Vaugeois: Parfois, oui, malheureusement, on est
condamné à maintenir leur existence en attendant que la
société supporte ces institutions, certains groupes de
créateurs. Souvent, c'est un rôle de suppléance qu'on
joue.
M. Rivest: L'artisanat?
M. Vaugeois: L'artisanat, on en a parlé un peu ce midi. On
a mis au monde des formules qui permettaient le regroupement des artisans. Les
artisans cherchent à définir leurs critères pour savoir
qui est un artisan, qui ne l'est pas vraiment.
M. Rivest: Est-ce que cela a progressé, cette
définition...
M. Vaugeois: C'est à chacun à faire ce travail,
ça marche. Une de leurs meilleures initiatives, c'est leur salon qui
fonctionne bien et qui devient très intéressant, sur le plan
financier, pour les artisans. Tout n'est pas dit avec cette formule, il y a
beaucoup de choses qui peuvent se développer à partir de
là. Dans le cas du secteur des métiers d'art, en deux ou trois
ans, on a fait des progrès extraordinaires, entre autres, justement en
récupération de notre marché. On est parti de presque
rien, à 50%, et je pense qu'au rythme où nous travaillons et avec
la qualité des artisans que nous avons, on s'en va vers les 100% ou
presque.
M. Rivest: Est-ce qu'il n'y avait pas un problème
je vous dis ça de mémoire l'Agence de coopération
technique et culturelle des pays francophones n'avait pas un projet de centrale
artisanale?
M. Vaugeois: Ils ont fermé ça. M. Rivest:
Fini.
M. Vaugeois: Je pense que c'est fini partout, en tout cas, c'est
fini à Montréal. A Paris, il y a peut-être encore un
dépôt, mais...
M. Rivest: Vous parlez de OSE-Arts, dans le domaine, la direction
des arts, de l'environnement visuel. Quelle est la nature exacte du programme?
Vous parlez de $5 000 000. Ce n'est pas le seul élément. Le
programme total OSE-Arts est de combien?
M. Vaugeois: C'est-à-dire que c'est un des
éléments du programme PUE, le programme d'intégration des
jeunes à l'emploi. PUE avait un budget total de $20 millions.
C'était premier arrivé premier servi, grosso modo. On est
arrivé vite et massivement. L'idée était de favoriser
l'intégration des jeunes du secteur culturel dans le monde du travail.
En gros, il fallait être un jeune sans travail, soit sur
l'assurance-chômage ou l'assistance sociale, et trouver du travail. Et il
y avait subvention à l'employeur.
Dans le cas des jeunes qui étaient du secteur culturel, la
subvention pouvait aller chercher jusqu'à 75% du salaire, jusqu'à
un plafond de $12 000. Evidemment, le programme a été
extrêmement populaire et en un rien de temps, on a grugé plus que
notre part de ces $20 000 000. Nous sommes maintenant à sec. Nous sommes
en révision du budget.
M. Rivest: J'ai une dernière question...
Le Président (M. Laberge): Je m'excuse, avant de
prolonger. Compte tenu de l'heure, j'aimerais savoir si vous avez l'intention
de terminer ce soir l'étude ou si vous croyez revenir demain pour
terminer le programme 4 et étudier le programme 5.
M. Rivest: On ne pourra pas, M. le Président.
M. Vaugeois: Quant à moi, il n'y a pas tellement de
questions à poser. Il reste les arts d'interprétation.
M. Rivest: Je voudrais vous parler des musées.
Le Président (M. Laberge): Ah bon!
M. Fallu: M. le Président, j'aimerais que vous nous
précisiez si l'ordre de la Chambre s'étendait jusqu'à
demain matin dix heures ou s'il était précisé que nos
travaux devaient s'arrêter à minuit.
Le Président (M. Laberge): Je n'ai pas pu vérifier.
Cet après-midi, je n'avais pas l'information exacte et je n'ai pas pu
vérifier ce soir, la vice-présidente ayant quitté.
M. Rivest: D'accord. On va faire un effort. M. le
Président, si on peut se rendre à minuit vingt ou minuit
vingt-cinq, on pourrait peut-être terminer l'ensemble des
crédits.
M. Vaugeois: Consentement, M. le Président.
M. Rivest: La question que je voulais ajouter sur OSE-Arts, le
programme OSE qui est le programme d'intégration des jeunes, comment se
fait-il que c'est simplement limité au domaine des arts, de
l'environnement visuel, que vous appelez? Est-ce qu'il y a d'autres programmes?
Par exemple, les jeunes qui font du théâtre y ont-ils accès
également?
M. Vaugeois: Oui. La seule chose, c'est qu'on a tiré de ce
programme une matière à expérience pour travailleurs
autonomes. Ce que je vous ai décrit, cela suppose la relation
employé-employeur. Nous, on subventionnait l'employeur. On a voulu en
même temps faire une expérience pour les travailleurs autonomes,
c'est-à-dire jeunes travailleurs culturels, sans employeur. Il
s'agissait de trouver un secteur où on peut travailler, gagner
éventuellement de l'argent, sans avoir un employeur. On a
identifié le design, l'idée étant d'amener des jeunes
à créer, à mettre au point un projet et sous
réserve de l'acceptation de leur projet, être subventionnés
pour le mettre au point, bâtir le prototype, les plans, etc.
Cela a pris la forme d'un concours, le concours a été
tenu, le jury formé, comme je l'ai dit tout à l'heure, de
Madeleine Arbour, Jean Ouellette et Julien Hébert. Il y a eu 49 projets
retenus. Ces 49 jeunes ont donc actuellement un montant d'argent qui leur
permet de réaliser leur maquette, leur prototype et leur dessin.
Et là, nous allons nous-mêmes offrir à l'entreprise
ces différents projets dans l'espoir qu'un projet ou plusieurs pourront
être retenus par l'entreprise, pour être mis en production.
Le jeune a donc gagné sa vie comme travailleur autonome. Mais les
projets retenus sont susceptibles d'enclencher tout un processus de production
industrielle. Si on réussit à faire accepter un ou deux projets
par l'entreprise, c'est absolument merveilleux à ce moment-là
parce que vous avez vraiment de la création d'emploi qui en
découle.
Mais notre objectif était d'abord de faire une expérience
de travailleur culturel autonome.
Pour tout le reste de OSE-Arts, les jeunes peuvent venir de n'importe
quelle discipline. J'ajouterai d'ailleurs que, ou bien le jeune avait un profil
culturel et l'entreprise était une entreprise habituelle par
exemple, on pouvait être un dessinateur dans un moulin à papier
ou encore on pouvait être un administrateur dans une entreprise de
théâtre.
L'entreprise pouvait avoir le caractère culturel et le jeune
avoir une formation non culturelle, ou l'inverse. Je peux vous dire qu'on a eu
un succès extraordinaire. Mais le problème est que le fonds de
$20 000 000 est réalimenté par ce qu'on enlève à
l'assistance sociale. Or, dans le secteur culturel, on a enlevé peu de
choses à l'assistance sociale, parce que la plupart des jeunes qui ont
des diplômes dans le domaine culturel réussissent quand même
à travailler, même si ce n'est pas dans le domaine culturel.
(Minuit)
Finalement, on a créé des problèmes au programme
parce qu'il avait été prévu qu'à peu près la
moitié des clients viendraient des listes d'assistance sociale et cela
n'a pas été le cas avec nos jeunes.
M. Le Moignan: Question additionnelle, M. le ministre. Je pense
à un jeune de ma région, c'est un artisan, qui avait un programme
d'approuvé, je pense que c'est dans le cadre de PUE, c'est
peut-être un travail de main-d'oeuvre, mais il est maintenant
paralysé parce qu'il ne reste plus d'argent.
M. Vaugeois: Cela devrait débloquer d'une semaine à
l'autre. On est au Trésor, actuellement, et on essaie d'avoir des fonds
additionnels.
M. Le Moignan: II a une entreprise qui a été
approuvée à l'échelle provinciale pour des portes
d'armoire, je ne sais pas trop, assez originales, et ça marchait
très bien. Comme cela, il y a des espoirs pour lui.
M. Vaugeois: Oui.
Le Président (M. Laberge): Autres questions?
M. Rivest: L'enseignement des arts?
M. Vaugeois: II y a un comité qui, à nouveau, a
été reformé avec le ministère...
M. Rivest: Oui, mais cela fait des siècles qu'il
existe.
M. Vaugeois: ... de l'Education. Je le sais. On me dit qu'il y a
un rapport d'annoncé pour le 12 juin.
M. Rivest: Le 12 juin?
M. Vaugeois: C'est ce qu'on vient de me dire.
M. Rivest: Vous allez le rendre public?
M. Vaugeois: Selon ma politique habituelle, le plus tôt
possible.
M. Rivest: Oui, selon votre politique habituelle, au lendemain de
l'étude des crédits.
M. Vaugeois: J'entends rire derrière moi.
M. Rivest: Oui, j'interprète ces rires comme étant
la preuve qu'il y a eu conspiration. Si vous connaissiez le sous-ministre comme
je le connais...
M. Vaugeois: Elément 1, approuvé? M. Rivest:
Oui.
Le Président (M. Laberge): Elément 1,
adopté?
M. Rivest: Adopté, oui, c'est cela.
Le Président (M. Laberge): Elément 2.
M. Rivest: Elément 2. Avant de l'aborder, vous savez
qu'à l'élément 2, il y a eu une mission culturelle, dont
on a fait tout un plat, de la commission parlementaire qui s'est rendue
à Toronto étudier la situation des musées. Quelle suite
concrète a été donnée à cette
expédition parlementaire? De notre côté, je dois dire que
nous avons eu un rapport de notre délégué, M. Fernand
Lalonde, rapport exhaustif, et nous y avons donné suite. Maintenant, au
niveau du gouvernement, qu'est-ce que cela a donné? Est-ce que, d'abord,
M. Godin, le député de Mercier, a déposé son
rapport auprès du ministre et est-ce que le ministre en a pris
connaissance?
M. Vaugeois: II y a un projet de rapport qui est prêt. On
me dit qu'il y a un projet de rapport qui se promène d'un endroit
à l'autre.
M. Rivest: C'est tragique, M. le ministre. M. Vaugeois:
Non.
M. Rivest: Le président de l'Assemblée nationale
lui-même est venu présider la Commission des affaires culturelles
pour...
M. Vaugeois: Je pense que c'était excellent.
C'était un précédent, une initiative intéressante
pour une commission parlementaire.
M. Le Moignan: Un travail très sérieux.
M. Vaugeois: Le premier résultat a été
atteint. C'était un travail de sensibilisation, une opération de
sensibilisation, de bonne publicité à certains de nos projets. Je
pense que cet objectif-là a déjà été
atteint.
Le Président (M. Laberge): Alors, y a-t-il d'autres
questions sur le développement...
M. Rivest: Oui, je voudrais que le ministre puisse
s'étendre quelque peu sur les aléas et les
péripéties qui ont probablement marqué le ministre au
sujet du Musée de Québec et sur les garanties nouvelles qu'il
serait en mesure de nous fournir sur le plan de la préoccupation qu'on a
eue dans le milieu au titre de la conservation de la personnalité d'un
musée d'art par rapport à un musée de l'homme ici. Je sais
que le ministre, à la suite de nombreuses péripéties,
comme je l'indiquais, a tranché la poire en deux, enfin, je ne sais pas
s'il l'a vraiment tranchée en deux. Dans le milieu, on prête
encore au ministre l'intention d'interpréter sa déclaration qu'il
voulait régler le problème comme étant un recul purement
stratégique.
Je voudrais d'une part, comme question spécifique, demander au
ministre si sur le contenu, pour simplifier le problème en raison de
l'heure, ses orientations sont fermes, s'il est en mesure de nous les clarifier
ce soir.
Deuxièmement, sur le plan des aménagements physiques du
Musée du Québec, où en est rendu le dossier? Est-ce que
les commandes ont été placées sur le plan physique des
changements qui seront apportés au Musée du Québec et
est-ce que cela a entraîné des changements au niveau de
l'aménagement purement physique, comme je l'indique, du musée?
Où en est rendu le dossier du musée?
M. Vaugeois: D'ici quelques jours, on devrait voir sortir des
appels d'offres, parce que, effectivement, à la suite de cette
décision, on a dû reprendre le collier, mettre au point de
nouveaux plans. Cela est fait maintenant. Cela a été mis au
point, vérifié avec les Travaux publics. C'est à
l'étude au Conseil du trésor. C'est une question de jours,
maintenant.
J'ai eu l'occasion de m'expliquer récemment dans une entrevue que
j'ai donnée à des journalistes d'un petit journal qui s'appelle
Spirale je pourrais envoyer cela au député de Jean-Talon
je m'explique un peu, dans cette entrevue, sur ce qui s'est
passé. Effectivement, ce n'est pas un repli ou un recul
stratégique, c'est un recul réel et je pense que les mots sont
importants. C'est un recul parce que je continue de croire que notre
proposition initiale était bonne et, d'ailleurs, je crois me souvenir
que la plupart des intervenants dans le débat s'accordaient à
dire que le projet de musée de l'homme est un projet intéressant.
Ce qu'on regrettait, quand on regrettait quelque chose parce qu'il y
avait quand même des gens qui étaient d'accord sur le projet
c'était que ce musée de l'homme soit projeté sur
les lieux du Musée du Québec. C'était le hic de l'affaire.
C'était probablement une erreur de notre part que de
sous-estimer l'attachement que certaines personnes pouvaient avoir au
Musée du Québec dans la forme dans laquelle il s'était
développé au cours des dernières années.
Première erreur, donc, de ma part.
Deuxième erreur, je pense que j'ai été faible dans
la présentation du projet et, aujourd'hui, je suis obligé
d'accepter ce recul réel, parce que, pour moi, il s'agit d'un recul
réel. Nous avons quand même retenu une formule de compromis qui a
rallié les gens du milieu et qui m'amène quand même
à poursuivre le projet bien que je le trouve moins intéressant,
mais à poursuivre le projet et à faire tout ce qui est possible
pour en assurer la réalisation. Cela prend la forme, maintenant, d'un
musée qui sera agrandi, qui réunira un bâtiment existant,
celui du musée actuel, et la prison voisine, avec des raccordements qui
seront à la discrétion des architectes, mais dans le respect de
nos plans et devis. Nous nous en allons vers un Musée du Québec
qui aura trois grands volets: un volet ethnographique, un volet arts et un
volet centre d'exposition. Donc, ce sera un lieu qui pourra recevoir de grandes
expositions internationales qui circulent, ainsi de suite.
Cela fait quand même un musée extrêmement
intéressant et nous ménageons l'avenir en ce sens que nous
prévoyons que, de plus en plus, en vivant, cette institution pourra
amener les trois parties, les trois sections à vivre ensemble et
à s'échanger des services et ainsi de suite. Mais j'ai
renoncé, j'en ai fait mon deuil et je répète ce que je
viens de dire. Je calcule que c'est ma faute; je n'ai pas été
correct, je n'ai pas été assez habile dans le projet, mais je
pense que si j'avais pu défendre correctement un projet de musée
global et interdisciplinaire, j'aurais rendu service au Québec. Je n'ai
pas su le faire et, malheureusement, sur des questions qui n'avaient rien
à voir avec le projet lui-même, mais tout simplement par un
accident de parcours qui était la localisation du musée
projeté, on a été obligé de réviser notre
position. Je me suis mal expliqué. On a compris qu'on voulait fermer un
musée d'art pour en faire un musée ethnographique ou
anthropologique. Ce n'était pas cela.
Si c'était à refaire aujourd'hui, je m'y prendrais
autement, mais c'est trop tard. Je le dis sur ce ton-là avec
l'humilité dont je suis rarement capable. Je le regrette vraiment pour
les Québécois, mais ce n'est pas un drame, parce que nous allons
quand même avoir un très beau Musée du Québec et,
avec les années, peut-être que ce musée saura
évoluer vers une bonne harmonie entre les trois grandes sections.
C'est clair que nous avons renoncé et vraiment renoncé,
parce que les réaménagements qui ont été faits
rendent la chose impossible. Nous avons renoncé au musée global
et interdisciplinaire. Ce sera pour une autre fois. J'ai fait circuler dans le
monde entier notre concept, j'ai eu des témoignages d'un peu partout
dans le monde, particulièrement d'Europe et des Etats-Unis, et partout,
on surveillait notre démarche, on considérait qu'étant
ici, dans un pays jeune, on pouvait peut- être relever ce genre de
défi. Notre projet intéressait beaucoup de spécialistes en
muséologie; malheureusement, notre absence de tradition en
muséologie nous a rendus un peu vulnérables et démunis
devant la réaction négative de certains éléments.
C'est une réaction bien intentionnée, parce qu'elle s'appuyait,
au fond, sur la défense d'une institution existante. C'était
notre erreur de ne pas avoir prévu ce genre de réaction.
M. Rivest: Deux questions. La première je m'excuse,
le ministre l'a peut-être indiqué sur le plan de la
démarche pour l'aménagement physique, où est-ce que cela
est rendu?
M. Vaugeois: On est prêt à aller en appel d'offres
dans quelques jours.
M. Rivest: Et au niveau du Conseil du trésor... M.
Vaugeois: C'est rendu là.
M. Rivest: C'est rendu là. Les budgets ne sont pas...
Est-ce que les crédits étalés, c'est toujours 1985?
M. Vaugeois: Non. En termes de crédits, on a en banque,
soi-disant $30 000 000. Cela veut dire que quand on est prêt, ils seront
débloqués.
M. Rivest: La date de l'échéancier de
réalisation physique, vous avez parlé de 1985...
M. Vaugeois: On rendra public l'échéancier, parce
qu'il a été corrigé. On va essayer de réaliser nos
travaux, sans fermer le musée. Mais là, je pense qu'il va
finalement fermer un peu, à un moment donné;
l'échéancier a été révisé et
j'aimerais mieux le rendre public quand on rendra publics nos documents.
M. Rivest: Deuxièmement, sur la structure administrative
où en dépit des déclarations du ministre et de ce qu'il
vient de réitérer, persistait un certain scepticisme dans un
certain milieu, au niveau du fait que la structure administrative était
intégrée, est-ce que le ministre maintient je parle au
niveau du directeur sa prise de position?
M. Vaugeois: Ecoutez, là, il n'y a pas moyen de faire
autrement. On n'est pas pour avoir trois cafétérias, ainsi de
suite. Il y a une direction unique et, chose curieuse, j'ai proposé que
le directeur du musée soit recruté parmi les historiens de l'art,
parce que c'étaient ces derniers qui étaient méfiants.
Finalement, le milieu me dit que ce n'est pas ce qu'il faut faire, il faut
ouvrir. Le concours va se faire au vu et au su du milieu et il n'y aura
même pas ce genre d'exigence. Je l'ai proposé pour rassurer les
gens du milieu artistique et on m'a dit qu'il ne fallait pas aller
jusque-là.
Je pense que les dernières craintes sont tombées et nous
sommes très sincères dans la révision de notre projet et
on ne peut plus retourner
en arrière, on ne peut pas revenir à ce musée qui
avait été projeté. Je le regrette d'ailleurs, je suis
drôlement sincère, je le regrette. Il ne s'agit pas de faire, de
façon détournée, ce qu'on avait projeté de faire.
On fait notre deuil de ce genre de musée, je dis que c'est regrettable,
quant à moi, mais les gens se sont exprimés, on a eu notre
comité qui a évalué les choses et on s'est tourné
vers un projet différent mais quand même intéressant.
M. Rivest: Une dernière question. Il y a eu, au cours des
dernières années, des préoccupations au titre de la
protection ou de la conservation des collections existantes. Quel est
l'état du dossier là-dessus? Est-ce que cela a
été... on parlait des conditions dans lesquelles certaines
collections étaient gardées.
M. Vaugeois: J'ai parlé de ça un peu ce matin. On a
maintenant un service de restauration et ainsi de suite.
M. Rivest: Cela veut dire qu'il n'y a pas de collection en
danger...
M. Vaugeois: Non, nos entrepôts sont...
M. Rivest: Cela a été corrigé, les
entrepôts, bon.
M. Vaugeois: Absolument, on a de nouveaux entrepôts.
M. Rivest: II y a un rapport du groupe de travail sur les
musées scientifiques.
M. Vaugeois: Oui.
M. Rivest: Ce rapport a été transmis au ministre,
mais il n'a pas été rendu public.
M. Vaugeois: Oui, il a été rendu public par M.
Séguin lui-même, en présence du sous-ministre adjoint au
musée, M. Beaudin.
M. Rivest: Ah bon, excusez-moi. Sur le Musée d'art
contemporain, on a parlé de son emplacement, j'ai crû comprendre
les inquiétudes sur l'avenir du Musée d'art contemporain. Est-ce
que c'est l'intention du gouvernement...
M. Vaugeois: Ce qui est arrivé, depuis deux ans, on avait
doté généreusement ou de façon très
significative, le Musée des Beaux-Arts et on avait créé
sur le Musée d'art contemporain une pression nouvelle. Cette
année, indépendamment des problèmes de localisation ou
d'emplacement, on a décidé de redonner au Musée d'art
contemporain des moyens pour avoir un budget d'acquisition raisonnable, modeste
encore, mais raisonnable, et un effectif accru. Cela a été
fait.
M. Rivest: II est là pour rester, le Musée d'art
contemporain.
M. Vaugeois: Absolument. Non seulement pour rester, mais pour se
développer de façon importante.
M. Rivest: Les musées privés, le ministre en a
parlé antérieurement. Pour moi, en ce qui concerne les
musées... (0 h 15)
Arts d'interprétation
Le Président (M. Laberge): L'élément 2 est
adopté. Programme 4, adopté. Programme 5, Arts
d'interprétation. Deux éléments. Elément 1:
Enseignement des arts d'interprétation. Est-ce que cet
élément 1 est adopté? M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: J'aurais trois questions sur les deux programmes, sur
les deux éléments.
Le Président (M. Laberge): On peut les prendre tous les
deux en même temps.
M. Fallu: D'abord sur le second. J'aimerais avoir un peu le bilan
du programme "Accessibilité-Scène". C'était parti
d'expériences vécues des gens en région, notamment
à Carleton, il y a quelques années, grâce à des
subventions d'appoint. Et finalement, cela a fait un programme comme tel. Il
semble qu'en région, du moins chez nous, c'est en train de se mettre en
marche sous forme de mobilisation générale. Je trouve cela
passablement intéressant, mais je n'ai pas tellement d'échos de
ce qui se passe ailleurs. J'aimerais un peu savoir de quoi retourne tout
cela.
Il y a une deuxième question à ce deuxième
élément. C'est la question des chorales. Jadis, on s'adressait au
ministère des Affaires culturelles pour subventionner les chorales. Or,
maintenant, on nous laisse entendre que les chorales c'est du loisir.
J'aimerais qu'au CMPDC, entre autres, on puisse bien faire la
répartition de ces dossiers, au moins la liquidation des
ambiguïtés entre le ministère du Loisir et le
ministère des Affaires culturelles, pour penser au développement
des chorales. Les chorales sont chez nous une valeur culturelle extraordinaire.
C'est peut-être du domaine des loisirs, j'en conviens, mais il faut
trouver le moyen de donner quelque appui à ces citoyens
bénévoles qui développent à même leurs
loisirs non seulement des chorales, mais des alliances chorales
régionales, avec des manifestations régionales fort
imposantes.
Je ne sais trop si les Affaires culturelles vont reprendre cela, mais
actuellement, on se trouve dans une sorte de vide administratif.
Enfin, à l'élément 2, la question de
l'opéra. Il y a actuellement au Canada cinq opéras: Vancouver,
Edmonton, Calgary, Winnipeg et Toronto. Le Québec n'en a toujours pas.
C'est un drame historique qu'on a vécu avec des rebondissements et il
semble qu'il y ait un nouveau départ qui s'amène assez
modestement, à peu près au niveau
de Winnipeg, de Calgary ou de Vancouver, alors que Toronto et Edmonton
ont des troupes qui, au niveau des productions ou des représentations,
atteignent des résultats assez remarquables annuellement.
Modestement, donc, on songe à démarrer avec trois
productions à Montréal et 21 représentations. Le
problème central dans ce dossier, c'est la question du financement. Que
je sache, on n'a aucune assurance actuellement que la ville de Montréal
participe au financement direct de l'opéra, d'une part.
D'autre part, à ce qu'on lit dans les journaux, du moins
c'est au fond le centre de maquestion on n'a aucune assurance
présentement que le Conseil des arts ou le Secrétariat d'Etat
fédéral subventionne l'Opéra du Québec.
J'aimerais savoir, tant pour la ville de Montréal que pour le
Secrétariat d'Etat, où en sont ces intentions de financement,
parce que si le Québec doit se charger de l'ensemble du financement, ce
sera fort lourd, d'autant plus que le niveau de prise en charge que projette
déjà le ministère est déjà, par rapport au
pourcentage de financement que j'ai cru remarquer dans les autres villes du
Canada, relativement élevé par rapport aux contributions des
provinces pour ce qui a trait à ces diverses troupes d'opéra.
M. Vaugeois: Je vais d'abord prendre une partie de la question et
je demanderai à un de mes collègues d'ajouter quelque chose tout
à l'heure. Sur la question de l'opéra, je peux vous donner ici un
tableau des budgets comparés des différentes compagnies
d'opéra. Vous avez fort bien résumé la situation dans
votre question, c'est un fait qu'avec l'effort que nous allons faire, nous
allons nous situer derrière Toronto, derrière Edmonton, mais,
tout de même, c'est la relance de l'opéra et on démarre
à nouveau avec trois productions, sept représentations. Il est
prévu d'augmenter le nombre de productions et, possiblement, le nombre
de représentations.
Ce qui est frappant dans tout cela, c'est que dans le cas, par exemple,
de Vancouver, la province accorde $141 000 et le Conseil des Arts du Canada
$176 000. Dans le cas de Toronto, la province fournit $400 000 et le Conseil
des Arts du Canada $700 000. Dans le cas de Winnipeg, la province fournit $59
000 et le Conseil des Arts $75 000, et dans le cas du projet de relance que
nous avons, notre intention serait de fournir $640 000 et on s'attendrait que
le Conseil des Arts fasse un bout de chemin avec au moins $225 000 ou $250 000.
Donc, dans le cas du Québec, la contribution du gouvernement provincial
serait le double de ce qui vient du Conseil des Arts, ce qui est le contraire
dans les autres cas. Même dans ce cas, on n'a pas l'assurance de ce
plancher quant à la contribution du Conseil des Arts. Je ne le sais
pas.
M. Rivest: II ne vous a pas donné d'explication.
M. Vaugeois: Non, il a essayé de... Ce serait très
long, mais, ce qu'on a voulu, c'est donner les moyens aux responsables de
l'opéra de financer le minimum et d'aller chercher, par une performance
accrue, un taux d'aide d'au-delà de 80% et une contribution du
privé pour enrichir leurs moyens. Mais cela voulait dire que nous, nous
mettions notre contribution sur la table sans discuter. Cela devrait être
la même chose pour le Conseil des Arts. Il a décidé de
mettre moins et de dire: Dans la mesure où vous irez en chercher du
privé, on en ajoutera, ce qui démolissait absolument tout notre
scénario. Là, on est en négociation et les gens de
l'opéra, M. Delorme en particulier, essaient de convaincre les gens
d'Ottawa de changer leur position et de faire la contribution minimale qu'on
attend d'eux.
M. Rivest: Les négociations à ce titre-là,
les démarches plutôt, ne sont pas terminées? La
réponse d'Ottawa, ce n'est pas non?
M. Vaugeois: Non, mais c'est la responsabilité des gens de
Montréal, de M. Jean-Claude Delorme en tant que président de la
corporation qui a été constituée.
La ville de Montréal est libre de faire ce qu'elle veut. Nous
n'avons pas fait de chantage avec la ville de Montréal. On n'a pas mis
de conditions sur la table, on a seulement donné les moyens à
l'opéra de repartir et on s'attend bien que la ville de Montréal
fasse sa part. D'autant plus que c'est nous qui avons proposé que cela
redevienne l'Opéra de Montréal, ce serait impensable que la ville
de Montréal ne fasse pas sa part, mais cela reste à discuter
entre la ville de Montréal et les responsables de l'opéra.
Notre contribution, telle que calculée, et la contribution
minimale d'Ottawa de $225 000 donnent les moyens à l'opéra de
démarrer, de fonctionner. Tout ce qui se situera au-dessus des 80%
d'occupation, toute économie réalisée dans les coûts
de production de chaque production et de chaque représentation et tout
ce qui viendra de l'entreprise privée seront des moyens accrus qui
seront donnés à la corporation pour faire une plus grosse
production, etc. Nos chiffres sont fondés sur des moyennes à
partir des expériences faites ailleurs. On n'a pas été
mesquin, on a mis ce qu'il fallait.
C'est la situation actuellement. On n'est pas en plein drame, de toute
façon, parce que la corporation a les moyens de démarrer cette
saison, mais c'est bien embêtant de voir, à ce moment-ci, que la
contribution fédérale n'est pas mieux établie, mais
ça se peut que ce soit réglé aujourd'hui et que je ne le
sache pas, parce que les négociations ont repris de façon
très intense entre les membres de la corporation et les gens
d'Ottawa.
Pour l'autre questio n que...
M. Rivest: Est-ce qu'on pourrait vider la question de
l'opéra?
M. Vaugeois: Oui.
M. Rivest: J'ai deux ou trois petits éléments. Au
moment de l'annonce du répertoire, il y a eu, dans les milieux
intéressés, certaines critiques qui ont été
adressées, entre autres, on disait qu'il y avait une dominante italienne
trop forte.
M. Vaugeois: Non, le directeur artistique a pleine autonomie.
M. Rivest: C'est lui, c'est cela que je voulais vous faire
dire.
M. Vaugeois: C'est son choix. M. Rivest: M. Jeannotte.
M. Vaugeois: M. Jeannotte. Je pense que c'est vrai que c'est un
choix un peu traditionnel, mais ce qu'on lui demande, ce n'est pas d'avoir la
première saison le choix le plus fulgurant et le plus audacieux, c'est
de relancer l'opéra sur une bonne base. Je pense que son choix est
judicieux. De toute façon, les conditions de son engagement posent comme
premier principe que c'est lui le directeur artistique, ce n'est pas le
ministre des Affaires culturelles et ce ne sont pas les critiques de la presse
non plus. Là-dessus, c'est réglé.
M. Rivest: Mais ils peuvent émettre légitimement
leur avis?
M. Vaugeois: Oui, l'un et l'autre, sauf que la façon dont
M. Gingras l'a fait manquait pour le moins d'élégance.
M. Rivest: Deuxième élément,
évidemment, c'est l'Opéra de Montréal. Dans le domaine de
l'opéra, une notion avait été développée par
le ministère des Affaires culturelles qui était coiffée ou
nommée ou désignée sous le vocable "l'axe
Montréal-Québec". Je sais que pour les autres régions, il
y a l'opéra de chambre, qui semble bien aller, malgré que ce ne
soit pas un opéra, mais cela va pour ce programme. Mais pour
Québec?
M. Vaugeois: A Québec, on a favorisé des
productions. Cela continue de donner des résultats extrêmement
intéressants. Cela reste une formule temporaire, parce
qu'éventuellement on aimerait répéter à
Québec à peu près le scénario qu'on a
réalisé à Montréal. Les difficultés sont
autres, étant donné les capacités de la salle, etc. Pour
l'instant, on favorise donc des productions à Québec. Il y en a
deux cette année. Il y a quand même de l'opéra à
Québec. Cela ne va pas trop mal. C'est une solution transitoire, une
solution qu'on voudrait plus définitive qui ressemblerait à ce
qu'on a fait à Montréal. Tout cela est assez...
M. Rivest: Avec une unité administrative distincte pour
Québec.
M. Vaugeois: Distincte. On souhaiterait, évidemment,
beaucoup de collaboration entre les deux pour l'échange de costumes, de
décors, et
Dieu sait quoi. De toute façon, même Montréal
actuellement a des politiques d'échange au niveau des décors avec
certaines autres maisons en Amérique, mais tout cela est sous toute
réserve.
M. Rivest: Ce sont les étapes de la relance. Pouvez-vous
identifier les étapes prochaines? Vous venez de nous indiquer pour
Québec...
M. Vaugeois: Pour Montréal?
M. Rivest: Non, pour l'opéra au Québec. Il s'agit
de la relance de l'opéra...
M. Vaugeois: C'est cela. La première étape,
évidemment, c'est Montréal, cet automne. C'est également
un soutien maintenu aux gens de Québec, à Aubigny, en
particulier, pour continuer ce qu'ils réussissent bien, et
jusqu'à ce qu'on ait mis au point une formule plus définitive
pour Québec. En attendant, l'opéra de chambre continue à
tourner. Radio-Québec devrait s'associer à ce qui se fait
à Montréal, et aussi à ce qui se fait à
Québec, pour radiodiffuser, et ainsi de suite. C'est le jour et la nuit
par rapport à la situation dans laquelle on était il y a un an,
au niveau de l'art lyrique.
Pour l'autre question, précédemment, il y avait
"Accessibilité-Scène". Je vais demander à M. Cantin de
s'avancer et de résumer le programme en une couple de minutes.
Le programme "Accessibilité-Scène" a été
créé au début de l'année 1978. Il vise à
permettre la diffusion d'un ensemble de manifestations dans le secteur des-
arts d'interprétation partout, dans toutes les régions du
Québec. En 1977, on consacrait environ $100 000 au ministère de
la diffusion de manifestations dans le secteur des arts
d'interprétation. Cette année, on va y consacrer au-delà
de $1 000 000. Ces manifestations pourront être accessibles à la
population des différentes communautés dans toutes les
régions du Québec. Ces populations auront accès à
des spectacles d'artistes locaux, régionaux ou de réputation
nationale ou internationale.
M. Rivest: Le ministre nous a parlé, son
prédécesseur également, d'une loi-cadre sur les
conservatoires, d'une relance des conservatoires. Est-ce que c'est toujours
dans l'ordre des promesses?
M. Vaugeois: Oui, c'est-à-dire que ce n'est pas une
promesse. C'est un vieux besoin qui est ressenti dans le milieu. La Loi des
conservatoires est peut-être l'une des plus vieilles qu'on traîne,
aux Affaires culturelles. Elle date de 1942. Il n'y a pas d'urgence. Les
choses, depuis deux ans, se sont assez bien tassées de ce
côté grâce en particulier à la contribution de M.
Victor Bouchard qui a accepté de jouer un rôle déterminant
au niveau des conservatoires. Nos conservatoires ont bien fonctionné,
ces derniers temps. On a des directeurs compétents partout. Cela va
bien, sauf
qu'évidemment, on est avec une vieille loi. Il y a des
ajustements nécessaires. (10 h 30)
On n'est pas dans un climat d'urgence. On avait, nous, fait des
propositions aux gens des conservatoires, il y a un an et demi ou deux ans; ils
avaient plus ou moins bien réagi. On a préféré
consolider les conservatoires existants. On a amélioré leur
condition matérielle partout. Les conservatoires maintenant ont des
locaux fort convenables partout au Québec. Beaucoup des problèmes
existants ont été réglés de façon
très concrète. Maintenant, la loi est vétuste. Des
ajustements sont nécessaires et ils vont se faire dans un processus de
consultation avec les gens des conservatoires. Soit dit en passant, il y aura
deux postes de directeur qui vont être renouvelés ces jours-ci, et
fidèles à notre politique d'égalité des chances, il
y aura un homme et une femme, comme par hasard.
M. Rivest: Je note que c'est au lendemain de l'étude des
crédits. Par contre, au niveau des conservatoires, il va peut-être
y avoir plus de problèmes que le ministre semble vouloir le dire ce
soir, puisque, sauf erreur, il y a un comité qui a été mis
sur pied au ministère sur l'avenir des conservatoires. C'est donc qu'il
y a des problèmes.
M. Vaugeois: Non, c'est qu'ils ont de l'avenir.
M. Rivest: Oui. Est-ce que ce comité a commencé
à siéger? Est-ce qu'il y a des rapports préliminaires ou
un rapport définitif qui a été produit?
M. Vaugeois: Le rapport est déjà entré, M.
le député de Jean-Talon, et on est à l'étudier.
M. Rivest: Pourriez-vous le rendre public?
M. Vaugeois: II sera rendu public, comme tout ce que je
reçois comme rapports.
M. Rivest: Demain, au lendemain des crédits. Juste une
chose...
Le Président (M. Laberge): Vous aviez demandé
quelques minutes?
M. Rivest: II reste quelques questions. Le Président
(M. Laberge): Allez! M. Rivest: C'est quand même... M.
Vaugeois: Important.
M. Rivest: C'est dommage qu'on doive passer vite sur cette
partie. On a peut-être exagéré sur d'autres domaines, mais
en tout cas. L'enseignement privé des arts, est-ce qu'il existe? Est-ce
que, dans le cadre de la nouvelle politique que nous promet le gouvernement
depuis je ne sais combien de temps je parle du ministère de
l'Edu- cation cet élément de l'enseignement privé
dans le domaine artistique est inclus? Je parle de la politique que devrait
nous annoncer, sans doute au cours des cinq ou dix prochaines années, le
ministre de l'Education, étant donné que ça fait plus de
quatre ans qu'il la promet. Je signale au ministre que, dans le programme du
Parti québécois, on propose la disparition, sur une
période de cinq ans, de toute espèce d'enseignement privé.
C'est peut-être une affaire qu'il faudra revoir.
M. Vaugeois: J'inviterais le député de Jean-Talon
à relire le programme du parti; on ne recommande pas ça. On parle
d'intégration.
M. Rivest: Ah bien!
M. Vaugeois: Ce n'est pas pareil du tout.
M. Rivest: Non, je dois dire pour être juste, que le
programme dit ce que je viens de dire. Par ailleurs, le premier ministre a
déclaré qu'il ne fallait pas tenir compte de cet
élément du programme du Parti québécois.
M. Vaugeois: Le programme du parti ne parle jamais de la
disparition des écoles privées sur une période de cinq
ans.
M. Rivest: Oui!
M. Vaugeois: Non!
M. Rivest: Oui!
M. Vaugeois: Non, pas du tout!
M. Fallu: Non!
M. Rivest: L'intégration au secteur public.
M. Fallu: Ce n'est pas la disparition.
M. Vaugeois: Votre recherchiste vient de nous le dire à
l'oreille.
M. Rivest: L'intégration au secteur public, ça
revient à la même chose, franchement.
M. Vaugeois: Non.
M. Fallu: Non, ce n'est pas pareil du tout. Vous connaissez
ça, des écoles associées?
M. Rivest: II est trop tard, M. le ministre.
M. Vaugeois: Maintenant, je pourrais quand même ajouter
que, indépendamment de ce qui s'en vient de ce
côté-là, déjà, nous avons plusieurs
institutions privées qui profitent de nos programmes de subventions et
qui ont une performance exceptionnelle. Je tiens à le dire. Nos
écoles de musique en particulier et ainsi de suite. Je n'en finirais pas
d'énumérer des initiatives privées que
nous favorisons, que nous soutenons et qui ont déjà tout
leur mérite au niveau de l'enseignement de la musique ou des arts
d'interprétation en général.
M. Fallu: M. le Président?
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Terrebonne.
M. Rivest: Bon!
M. Le Moignan: Alors, maintenez vos subventions.
M. Fallu: Je ne voudrais pas quitter cette question avant d'avoir
sollicité, de la part du ministre des Affaires culturelles, son appui
pour qu'il nous aide à déterminer, au ministère du Loisir
qui a pris la suite de certains dossiers des Affaires culturelles, notamment
les harmonies et les chorales...
M. Vaugeois: Voilà!
M. Fallu: ... les programmes de subventions, parce que ces
organismes ont été transférés, mais les subventions
n'ont malheureusement pas suivi. Je crois qu'il nous faudrait ensemble voir un
peu ce qui avait été fait dans le passé au niveau des
masses budgétaires et également au niveau des sélections
et aider notre collègue du ministère du Loisir à
établir des programmes qui soient convenables.
M. Vaugeois: Je remercie, M. le Président, le
député de Terrebonne. Il l'avait souligné tout à
l'heure et je l'avais oublié. Mais, effectivement, il y a eu un partage
un peu bizarre de fait. Les choeurs resteraient chez nous, les chorales sont
allées au haut-commissariat; les orchestres sym-phoniques sont
restés chez nous et les orchestres harmoniques sont allés au
haut-commissariat.
J'ai pris moi-même d'ailleurs la liberté d'aller l'an
dernier au festival des harmonies, à Granby. Il faut bien marquer
l'intérêt du ministère des Affaires culturelles aux
harmonies. D'ailleurs, j'avais un fonctionnaire qui est ici ce soir, M.
Langevin, qui avait donné de son temps pour être des jurys
constitués à cette occasion. Les harmonies font un travail
merveilleux actuellement. Elles sont très importantes et je suis
parfaitement d'accord avec les préoccupations du député de
Terrebonne. Il faut clarifier la question entre le ministère du Loisir
et le ministère des Affaires culturelles quant aux chorales et aux
harmonies. Nous sommes dans une situation un peu bizarre. Cela tient à
une situation dont personne n'est responsable. Il me semble que, prochainement,
cela devrait faire l'objet d'une réévaluation et
déjà mon sous-ministre a commencé, avec son
collègue du Loisir, à faire un peu le point sur la zone grise
qu'il y a entre nos deux ministères, pour ce qu'on appelle le
socioculturel en général.
Vous venez de toucher du doigt, peut-être avec les chorales et les
harmonies, les deux groupes les plus importants à l'égard
desquels, si nous ne faisons pas attention, nous serons injustes à la
longue.
M. Rivest: Est-ce que, dans la même veine...
M. Vaugeois: Mais il faudrait faire attention. Il reste quand
même que le ministère du Loisir intervient budgétairement
pour soutenir plusieurs harmonies, plusieurs chorales, mais c'est loin de ce
que...
M. Fallu: Mais justement, d'une politique qui est une forme
d'intégration...
M. Vaugeois: C'est vrai.
M. Fallu:... de telle sorte que, chez moi, je ne sais pas s'il en
va de même un peu partout, où il y a de très nombreuses
harmonies, de très nombreuses chorales, je dois soutenir ces mouvements
par le biais des subventions hors normes de comté, il en reste d'autant
moins pour faire autre chose.
M. Vaugeois: On fait tous la même chose. Je fais la
même chose dans mon propre comté.
M. Rivest: Là-dessus, je veux simplement signaler que le
changement... Souvent, les gens tournent en rond et ne savent pas exactement
où s'adresser; à ce titre, parce que le ministre apporte des
précisions que je n'ai pas pu obtenir à l'étude des
crédits du ministère du Loisir, j'ai parlé du
théâtre amateur, est-ce que c'est vrai que le ministère des
Affaires culturelles se désintéresse maintenant
complètement de cela?
M. Vaugeois: Non, pas du tout.
M. Rivest: Votre collègue nous a dit, enfin, nous a
laissé entendre, à tout le moins, je ne veux pas
l'interpréter mal, le contraire de ce que vous nous indiquez. Il nous a
dit que sa division, c'était: professionnels, Affaires culturelles;
amateurs, Loisir. Est-ce cela le transfert du socioculturel?
M. Vaugeois: Je pense que c'est un petit peu plus
compliqué que cela.
M. Rivest: En tout cas.
M. Vaugeois: On peut peut-être résumer cela. Le
problème est que, dès qu'on quitte Montréal et
Québec, le théâtre devient du théâtre amateur
en ce sens que personne ne peut gagner sa vie dans le théâtre.
Mais on connaît quand même, nous, l'existence de 105 troupes de
théâtre en région, où on fait du
théâtre extrêmement valable, mais qui ne peut être
qualifié de professionnel parce que les bassins de population et le
contexte ne permettent pas à ces troupes de vivre du
théâtre.
M. Rivest: Dans les milieux concernés, l'espèce de
hiatus qui semble exister, cela va donner lieu à une joyeuse confusion.
Et vraiment, autant
les députés, plaidons pour nous un instant, mais surtout
les organismes concernés, il va y avoir vraiment de
l'ambiguïté. J'ai même demandé au ministre, à
ce moment-là, si, non seulement au niveau ministériel... Il m'a
dit que ça allait très bien, que c'était cela, la division
au niveau des ministres, mais je suis allé plus loin. J'ai pris la
précaution d'indiquer... Parce que je connais la nature de ces
problèmes, ce n'est jamais facile et c'est un vieux contentieux, de
toute manière, qui existe au sein du gouvernement du Québec
presque depuis la fondation du haut-commissariat. Et j'ai pris la
précaution de demander au ministre si, au niveau de la filière
administrative, c'est-à-dire de la fonction publique, tous les arrimages
avaient bien été faits. J'ai cru comprendre encore une
fois, je ne veux pas l'interpréter mal j'ai cru comprendre de sa
réponse que tel était le cas, c'est-à-dire que tout
était réglé, enfin l'essentiel était
réglé et je constate, ce soir, qu'il y a encore bien des zones
floues à régler.
M. Vaugeois: Là-dessus, je prends notre part de
responsabilité. On est coupable nous-même, aux Affaires
culturelles. A certains moment, parce qu'il y a des gens qui n'avaient pas
tellement apprécié les critères mis en place et le passage
d'une certaine clientèle au haut-commissariat, on a eu des
réponses un petit peu trop rapides aux Affaires culturelles, du genre
de: Cela n'est plus de notre compétence. On l'a fait peut-être
sans trop de nuances et, du côté du haut-commissariat, il y a eu
un petit peu de va-et-vient également. Maintenant que le
haut-commissariat s'est transformé en ministère du Loisir, avec
un mandat plus précis et une autonomie de gestion que ce groupe n'avait
pas auparavant, je pense que, maintenant, il convient vraiment, avec le
ministère du Loisir, d'arrêter les limites du secteur qu'il a
à couvrir et du secteur que nous avons à couvrir.
M. Lessard a proposé de façon bien correcte une
façon de voir qui avait été énoncée à
l'époque, mais, à l'expérience et dans le quotidien, cela
ne résiste pas. Prenons seulement l'exemple du théâtre. Le
théâtre est amateur dès qu'il se fait en région et
il n'est pas dit que ce n'est pas du théâtre qui réponde
aux mêmes normes et aux mêmes critères de
qualité.
M. Rivest: Est-ce que, dans cette perspective, il ne serait pas
utile qu'au plus tôt, mais vraiment dans les délais les plus
courts, on puisse dans ce dossier en arriver à un protocole d'entente
écrit entre les ministères concernés de façon
à... Il y a la cohérence administrative, mais ma
préoccupation rejoint celle du député de Terrebonne. Les
intéressés, dans les secteurs concernés, sont
complètement dans le vague et ce qui va se produire administrativement
va avoir des inconvénients. Il va y avoir ce qu'on appelle dans le
langage courant le shopping entre les deux ministères et le shopping
n'est pas toujours payant. C'est-à-dire que souvent les intervenants ou
les intéressés ne trouvent preneur nulle part parce qu'on les
renvoie de Charybde en Scylla.
M. Vaugeois: II faut quand même dire que c'est
l'exception.
M. Rivest: C'est bien Charybde?
M. Vaugeois: Ils sauront le traduire correctement à
l'enregistrement. C'est quand même l'exception. En général,
ces groupes-là ont quand même gardé un ministère de
tutelle, un ministère qui se rend responsable d'eux. Je suis d'accord
avec vous, il y a eu une certaine confusion, mais je tiens à dire que le
ministère chez nous n'a pas laissé tomber le théâtre
amateur, au contraire.
M. Rivest: Le ministre l'a clairement affirmé. J'ai
posé la question, étant donné que, comme je le lui ai dit,
j'étais un ancien membre de l'ACTA... Est-ce que ça s'appelle
encore l'ACTA?
M. Vaugeois: Je le sais. Mon collègue du Loisir avait
à l'esprit à ce moment-là un dossier précis, qui
est d'ailleurs au Conseil du trésor demain matin, et c'est pour ce
dossier précis qu'il répondait.
M. Rivest: On a malheureusement peu parlé de
théâtre. Avez-vous reçu M. Duceppe récemment, est-ce
que toutes ses appréhensions sont... Je parle de M. Duceppe, parce que
c'est lui qui s'est... Mais je sais qu'il évoque simplement les
problèmes du milieu du théâtre. Est-ce que, de ce
côté-là, les perspectives sont intéressantes?
M. Vaugeois: On est à réviser complètement
notre programme d'aide au théâtre institutionnel. Il y a une
réunion de prévue le 24 juillet prochain. J'ai un nouveau
directeur du service du théâtre, qui est une femme et qui m'a
déjà préparé un rapport après avoir fait la
tournée des groupes. Tout cela est évaluer actuellement et va
faire l'objet d'une réunion avec les gens du théâtre
institutionnel le 24 juillet. C'est pour vous dire que tout cela est bien en
marche. Notre problème, là comme avec la danse, c'est
plutôt...
M. Rivest: Est-ce qu'on a la dernière liste des
subventions aux théâtres? L'avez-vous déposée? Les
théâtres subventionnés?
M. Vaugeois: Cela va être dans le rapport annuel, comme
d'habitude.
M. Rivest: Les orchestres?
M. Vaugeois: Les Orchestres de Montréal et de
Québec sont dans la situation que vous connaissez. Ce qui est nouveau,
c'est que nous avons favorisé, depuis deux ans, des orchestres
symphoniques régionaux. Là, on en a quatre ou cinq? Je le
répète devant le micro, nous avons quatre orchestres seniors en
région et cinq juniors.
M. Rivest: Et, de ce côté-là, cela...
M. Vaugeois: C'est un phénomène nouveau, cela
répond bien, ça marche très bien. Mettons
cela à côté de l'Orchestre des jeunes, et, vraiment,
je pense que, là aussi, on a fait de bons progrès.
M. Rivest: Deux petites choses. La danse?
M. Vaugeois: Pour la danse, on a une politique qui
s'élabore. Notre gros problème, c'est l'absence de politique au
Conseil des Arts du Canada. Nous le pressons d'établir un minimum
d'éléments pour pouvoir nous ajuster, parce qu'on a beaucoup de
difficulté à soutenir nos compagnies. Il y en a plusieurs et il
reste qu'elles sont toutes de qualité et les contributions d'un seul
gouvernement ne suffisent pas. On tient toujours compte de ce que l'autre
gouvernement s'apprête à faire et là il y a un
problème de coordination. J'aurai ces jours-ci à annoncer des
éléments intéressants, entre autres pour les Grands
Ballets et le milieu de la danse en général, mais c'est nouveau,
on a engagé l'an dernier une femme pour s'occuper de la danse, et
après...
M. Rivest: Le ministre devient répétitif. Je vais
regretter que l'annonce de cette politique, au niveau de la danse, survienne au
lendemain des crédits.
M. Fallu: Sans compter, M. le ministre, les efforts que fait
également le ministère de l'Education dans ce domaine.
M. Rivest: On dirait que vous avez du remords de ce que vous avez
dit sur votre collègue à la Condition féminine. En fin
d'étude des crédits, le remords vous gagne, ou la crainte.
Probablement la crainte. (0 h 45)
M. Vaugeois: Mon collègue de Jean-Talon commence à
comprendre que notre bilan là-dessus est drôlement
intéressant, mais je tiens à dire une chose, c'est que les
nominations de femmes, chez nous, sont fondées sur la compétence.
Mais il y en a plusieurs.
M. Rivest: M. le Président, comme tout commence et tout
finit par une chanson, la chanson.
M. Vaugeois: Ah! la chanson! Qu'est-ce qu'on peut dire?
Balbutiements de politiques.
Dans le domaine de la chanson, nous ne pouvons intervenir de la
même façon que nous pourrions le faire pour une compagnie de
théâtre, une compagnie de ballet, ainsi de suite. Nous allons
plutôt chercher à intervenir dans l'infrastructure de la diffusion
pour permettre un marché aux chansonniers, particulièrement en
collaboration étroite avec la Société
québécoise de développement des industries culturelles.
Par contre, au ministère, les initiatives que nous avons se retrouvent
au niveau du Festival de la chanson de Granby et d'un ensemble de festivals
régionaux de la chanson qui permettent de découvrir de nouveaux
talents régionaux et de mettre à la disposition de ces jeunes
artistes, dans le cadre de ces festivals, des ateliers de formation.
Alors, la politique de la chanson pourrait se résumer à
cela; par ailleurs, il sera peut-être possible d'envisager, dans le cadre
d'un plan d'équipement culturel que le ministère est en train
d'élaborer, une place qui pourrait être faite à un
réseau de boîtes à chansons. Cela est de l'ordre des
hypothèses qui sont sur la table, à l'heure actuelle, au
ministère, mais c'est une chose que nous considérons à
l'heure actuelle.
Une question qu'on ne m'a pas posée, M. le Président, mais
on pourrait peut-être conclure avec ça, les crédits
périmés du ministère en 1977-1978 étaient de
l'ordre de $5 545 700; les crédits périmés du
ministère en 1978-1979 étaient de l'ordre de $2 107 300; les
crédits périmés du ministère en 1979-1980
étaient de l'ordre de $1 546 900. Dans le cas de 1978-1979, 1979-1980,
une partie des crédits qui allaient être périmés ont
été appliqués au déficit de la Place des Arts, de
telle façon que nos crédits périmés, pour
1978-1979, sont de $941 800.
M. Rivest: Vous l'aviez d'ailleurs noté dans le document
explicatif, c'est pour cela que je ne l'ai pas signalé, c'est pour
éviter de blesser la modestie...
M. Vaugeois: Vous auriez pu nous rendre hommage.
M. Rivest: ... du ministre, mais je l'avais très bien vu
dans le document que vous nous aviez si aimablement transmis.
M. Vaugeois: Là, je le prends mal, M. le Président.
C'était l'occasion de rendre hommage à la bonne administration du
ministre et de son équipe...
M. Rivest: Le ministre est modeste, je ne voudrais pas heurter sa
modestie.
M. Vaugeois: Je trouve que, pour mes collaborateurs, vous avez
manqué une bonne chance de leur rendre hommage avec moi.
M. Rivest: M. le Président, en terminant, je voudrais
remercier le ministre ainsi que ses collaborateurs et les membres de la
commission d'avoir été aussi patients face à nos
questions.
M. Vaugeois: Merci, M. le Président, je remercie mes
collègues du côté ministériel qui, comme d'habitude,
ont manifesté beaucoup d'intérêt pour les questions
culturelles et, avec ravissement, je constate que l'Opposition commence
également à s'intéresser sérieusement aux questions
culturelles.
M. Le Moignan: L'Opposition a fait un excellent travail.
Le Président (M. Laberge): Je veux vous remercier et
remercier les employés du journal des Débats.
M. Vaugeois: Le programme 3 est approuvé, malgré
les réserves du député de Jean-Talon tout à
l'heure.
Le Président (M. Laberge): Le programme 5 est
adopté aussi avec ses deux éléments. Je veux remercier
aussi les employés du journal des Débats qui ont consenti trois
quarts d'heure de plus que prévu et sur ce...
M. Vaugeois: Sans rémunération additionnelle.
Le Président (M. Laberge): Cela, je ne le sais pas, mais
de toute façon en prolongeant leur fatigue, je voudrais les remercier en
votre nom et j'ajourne les travaux de cette commission sine die.
Fin de la séance à 0 h 49