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Commission permanente de l'Agriculture et de la
Colonisation
Projet de loi no 64 Loi du syndicalisme
agricole
Séance du mardi 16 novembre 1971
(Seize heures dix-sept minutes)
M. OSTIGUY (président de la commission permanente de
l'Agriculture et de la Colonisation): A l'ordre, messieurs!
Je déclare la séance ouverte. Je donne la parole
immédiatement au ministre de l'Agriculture.
Discussion générale
M. TOUPIN: M. le Président, lors de la dernière
réunion de la commission parlementaire, il avait été
convenu que la commission cesserait de recevoir des mémoires de la part
des associations qui désiraient en présenter. Il avait en
même temps été convenu que la commission se
réunirait à nouveau pour permettre à l'ensemble des
membres de donner leur opinion sur ce qui fut dit par ceux qui ont fait des
représentations ou sur le contexte général du projet de
loi.
Si j'ai bien compris l'esprit dans lequel nous avions discuté
à ce moment-là, il ne s'agissait pas, je pense, d'étudier
le projet de loi article par article, mais plutôt de donner l'occasion
aux membres et aux partis de l'Opposition de donner leur point de vue
général sur le projet de loi et sur les présentations qui
ont été faites jusqu'à maintenant à l'endroit de ce
projet de loi.
Je ne sais pas si cela convient à tous ceux qui sont ici
présents autour de la table, mais si ma mémoire est
fidèle, c'est ce sur quoi nous nous étions entendus lors de la
dernière réunion de la commission.
M. VINCENT: Oui, oui! M. le Président, c'est exactement cela. Il
n'est pas question de discuter le projet de loi article par article parce que
nous sommes seulement en première lecture. C'est
déféré en commission pour retourner...
M. TOUPIN: Je voulais éviter, en le disant, l'étude
article par article.
M. VINCENT: Il reste quand même qu'à l'intérieur, il
faut discuter les grandes lignes du principe et des modalités.
M. TOUPIN: D'accord.
M. VINCENT: Le ministre peut continuer.
M. TOUPIN: Maintenant, ceux qui ont des points de vue à exprimer
sur l'ensemble de la question peuvent le faire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, quand vous avez cédé
la parole au ministre de l'Agriculture, nous avons cru, du moins de ce
côté-ci, que le ministre profiterait de la circonstance pour nous
dire ce que son ministère, ce que le gouvernement entend faire avec ce
bill. Nous savons, M. le Président, que le projet de loi no 64 sur le
syndicalisme agricole a été déféré à
la commission parlementaire de l'Agriculture le 7 juillet 1971 et qu'au cours
d'une période de près de deux mois, ce projet de loi a eu
l'occasion d'être discuté, étudié par les
organisations agricoles et par les organisations paraagricoles.
Le ministre a certainement eu l'occasion, au cours de cette
période, de recevoir des propos, des commentaires à
l'extérieur des cadres de la commission parlementaire.
Enfin, le 2 septembre, après presque deux mois je le
répète que cette législation fut
déférée à la commission, nous avons eu une
première séance de la commission parlementaire. Trois semaines
plus tard, c'est-à-dire le 23 septembre, nous avions une autre
réunion et, le 30 septembre, nous en avions une troisième.
Et, si on se rappelle, au cours de ces trois réunions de la
commission parlementaire d'ailleurs tous les membres de la commission
sont favorables au principe d'un projet de loi sur le syndicalisme agricole
nous avons entendu des personnes lire des mémoires, nous avons
également entendu des commentaires où tous se disaient favorables
au principe. Mais tous, sans exception, ont critiqué
sévèrement les modalités du bill 64.
D'abord l'UCC premier organisme n'accepte pas les
modalités du bill 64, même si elle en désire ardemment le
principe. Elle a fait une première proposition qui, par la suite, a
été discutée à son congrès
général. Elle a changé sa première proposition pour
en arriver à une seconde, qui je le dis tout de suite est
valable, qui aurait dû, à mon sens, dès le début des
travaux aujourd'hui, être analysée par le ministre de
l'Agriculture.
Par la suite, tous les autres organismes ont également
critiqué sévèrement certains aspects du projet de loi sur
le syndicalisme agricole. Et ce qui me surprend aujourd'hui, c'est
qu'après un mois et demi, soit depuis le 30 septembre jusqu'au 16
novembre 1971 pendant un mois et demi alors que le ministre et
ses conseillers ont eu le temps de disséquer tous les mémoires,
le ministre ne nous arrive pas cet après-midi et ne nous dise pas
clairement quels sont les changements qu'il envisage dans ce projet de loi,
quelles sont les modalités qu'il entend continuer à
défendre et quelles sont les autres modalités qu'il entend faire
disparaître de ce projet de loi.
Nous le réaffirmons, M. le Président, en ce qui nous
concerne, nous de l'Unité-Québec, nous sommes favorables au
principe du projet
de loi sur le syndicalisme agricole. Si ce projet de loi revient en
Chambre, nous sommes prêts à voter pour en deuxième
lecture, mais nous affirmons tout de suite que nous serons dans l'obligation de
voter contre le projet de loi en troisième lecture, s'il contient les
modalités que nous pouvons lire présentement.
Là, je pose des questions au ministre. D'abord, est-ce que le
ministre a trouvé une meilleure définition du terme agriculteur?
Deuxièmement, puisque ce projet de loi est devant l'Assemblée
nationale ou devant la commission parlementaire depuis le 7 juillet,
c'est-à-dire depuis cinq mois, est-ce que la liste des producteurs dont
il est fait mention dans le projet de loi est sur le point d'être
complétée?
Cette liste de producteurs est une condition sine qua non à la
mise en place de structures permettant à la profession d'entrer dans un
cadre syndical. Si, pendant cinq mois, le ministre n'a même pas
commencé à faire préparer une liste primaire, comment
voulez-vous, M. le Président je le dis devant les membres de la
commission que l'Assemblée nationale vote un projet de loi
incluant cette définition du mot producteur et une liste
éventuelle qui sera préparée quand, on ne le sait pas?
C'est ma deuxième question: Est-ce que la liste des producteurs est
assez avancée pour nous permettre de savoir approximativement combien de
producteurs il y a dans la province de Québec, combien de temps il
faudra pour corriger cette liste, la mettre à jour et procéder
à l'autre mécanisme qui est prévu, soit celui de la
consultation ou de l'accréditation?
Ma troisième question est la suivante: Afin d'éviter des
discussions longues et laborieuses, quels sont les changements que le ministre
a l'intention de proposer à l'intérieur des mécanismes
prévus dans cette loi?
J'ai dit, tout à l'heure, que nous étions favorables au
principe de la Loi sur le syndicalisme agricole. Je le répète,
nous sommes contre les mécanismes contenus dans la loi,
c'est-à-dire que nous sommes contre le fait qu'il y ait une, deux ou
trois consultations.
Nous sommes d'avis qu'une seule consultation est suffisante et que cette
consultation donne la preuve évidente au gouvernement que la profession
veut la Loi du syndicalisme agricole. Qu'on lui donne les formes qu'on veut,
mais avec une seule cotisation. Je m'explique, et ce sera ma quatrième
question. Une consultation, cela peut se faire de bien des façons. On a
mentionné dans la loi trois référendums,
c'est-à-dire un référendum pour savoir si l'association
pouvait être accréditée, un autre, à
l'intérieur du premier, pour savoir si l'association pouvait être
accréditée, un autre, à l'intérieur du premier,
pour savoir si les cultivateurs acceptaient d'être cotisés, qu'on
prélève leurs cotisations à la source, et une
troisième consultation est prévue à savoir, s'il y avait
une augmentation des cotisations, si le producteur est favorable oui ou
non.
Donc, ce projet de loi renferme trois consultations, ce qu'on ne voit
nulle part ailleurs, dans aucune autre loi de syndicalisme. Si on respecte
l'économie des lois ouvrières, des lois qui permettent à
des syndicats de s'organiser, on voudra, comme nous de notre côté,
une seule consultation afin de savoir si la profession, si les agriculteurs
veulent une association réellement représentative de leurs
intérêts dans toute la province, une association qui satisfasse
à toutes les normes d'une association qui se veut représentative
de tous les agriculteurs sans exception. Cette consultation peut prendre
différentes formes.
Premièrement, cette consultation je pose la question au
ministre, très sérieusement est-ce que le ministre l'a
analysée, est-ce qu'il l'a étudiée? Si oui, quelles sont
ses vues? Est-ce acceptable? Premièrement, s'il y a 60,000 agriculteurs
dans la province de Québec sur cette liste qu'on ne connaît
pas, le député de Saint-Maurice a demandé, le 2 septembre,
si le travail était commencé par l'entremise des bureaux
régionaux on dit, dans le projet de loi, que 60 p.c. des 60,000
des cultivateurs votent. Cela veut dire qu'il y en aurait au moins 36,000 qui
voteraient. Deuxièmement, qu'il y ait au moins 60 p.c. des 36,000 qui
disent oui.
Cela veut dire que, dans l'économie de cette législation
ainsi présentée, 21,400 producteurs du Québec diraient oui
et obligeraient les 60,000 à payer une cotisation obligatoire.
Tous ceux qui se sont présentés devant nous ont dit que
cela n'avait aucun sens, que ce n'était qu'une minorité
d'agriculteurs, 21,400 si on prend le chiffre exposé en partant
du quotient 60,000 qui diraient oui et qui obligeraient les 60,000
à se prononcer.
Donc, n'y aurait-il pas lieu le ministre l'a-t-il analysé?
d'en arriver à cette liste éventuelle qui doit
certainement être prête parce que voilà cinq mois qu'on en
parle? S'il y a 60,000 agriculteurs, qu'on ait une majorité absolue de
30,000 agriculteurs plus 1. Si c'est 60,000 qui se prononcent
catégoriquement par voie de consultation, que ce soit par une carte
d'adhésion signée indiquant bien qu'ils se prononcent pour...
qu'il y en ait 30,001 qui disent: Oui, nous voulons le syndicalisme agricole. A
ce moment-là, nous serions certains qu'avec 30,001 personnes sur une
liste éventuelle de 60,000 nous aurions la majorité. Ce serait la
majorité simple, mais la majorité des producteurs qui se
prononcerait. C'est une alternative intéressante, valable, qui est
beaucoup mieux que le mécanisme proposé dans le projet de loi no
64. C'est ma quatrième question.
Ma cinquième question est la suivante: Advenant que le ministre,
et nous lui donnons presque un chèque en blanc parce qu'il peut repartir
de cette commission et nous dire qu'il prend tout ça en
considération, qu'il reviendra dans X semaines, X mois et nous arriver
avec une législation contenant d'autres mécanismes... Si, par
exemple, le ministre a de bonnes raisons
ce dont nous doutons de croire qu'il est impossible d'en
arriver à ce que 30,001 cultivateurs se prononcent ouvertement, d'une
façon ou d'une autre, par une carte signée de leur main, nous
informant qu'ils sont prêts à aller vers le syndicalisme agricole,
le ministre a-t-il pensé, parce que nous savons que cette Loi du
syndicalisme agricole a pour premier objectif de permettre le financement d'une
organisation provinciale qui se dévoue depuis plusieurs années
afin de représenter les agriculteurs du Québec...
Quelle est cette organisation provinciale reconnue présentement
dans les faits? Il n'est pas nécessaire de faire une grande consultation
populaire pour le savoir. Si cette association provinciale est le porte-parole
des agriculteurs du Québec, est-ce encore la mode, en 1971, de faire du
porte à porte pour prélever des cotisations? Le ministre a dit,
en 1970, que cela n'avait plus d'allure.
M. TOUPIN: C'est encore vrai.
M. VINCENT: Il dit que c'est encore vrai. Il vient de l'affirmer. Donc,
si le ministre, en réponse à ma première question, me dit:
Nous n'avons pas trouvé de nouveau terme pour définir le
producteur, c'est non; si, à ma deuxième question, il dit: La
liste des producteurs, non, elle n'est pas prête; si, à la
troisième, où j'ai demandé s'il y avait des changements
à la loi sur le mécanisme de consultation, il dit non; si
à la cinquième, il dit : Je ne veux absolument pas entendre
parler de cartes signées par 30,001 membres; c'est encore non, cela veut
dire, un, deux, trois, quatre non. Il va falloir en déduire quelque
chose, à ce moment-là.
J'espère que le ministre va dire oui à la première,
oui à la deuxième, oui à la troisième, oui à
la quatrième question et il n'y aura plus de problème.
Mais, j'appréhende qu'il dise non à ces quatre questions.
Le ministre nous dit que c'est ridicule de faire du porte-à-porte pour
prélever des cotisations syndicales. Est-ce que le ministre ne pourrait
par prévoir, si c'est "non" aux quatre premières questions, une
alternative afin que les agriculteurs, qui sont prêts à oeuvrer
à l'intérieur d'une association dès le 1er janvier 1972,
soient cotisés à la source, par une petite législation
très simple? Cela s'est fait, d'ailleurs, je pense, en Alberta,
même sans loi. On cotise à la source immédiatement. Est-ce
que ce ne serait pas possible, si c'est "non" aux quatre premières
questions, que, dès le 1er janvier 1972, toute personne dans la province
de Québec qui vend un produit agricole puisse être cotisée
à la source pour une somme de $15? Cela voudrait dire que les 72,000
personnes qui vendent des produits agricoles seraient cotisées à
la source pour un montant de $15.
Mais, comme il n'y a pas de loi, et qu'on ne veut pas qu'on fasse encore
du porte-à-porte continuellement comme cela se fait depuis de trop
nombreuses années, qu'on permette à ceux qui ne veulent pour
aucune considération, être cotisés à la source sans
législation de se désengager par lettre écrite de leur
main, signée devant témoin, adressée à l'acheteur
de leurs produits. On leur donnerait jusqu'au 31 mars pour le faire. Est-ce que
ce ne serait pas une solution logique si la réponse est non aux quatre
premières questions? Pendant ce temps, le ministre pourrait
confectionner ses listes, définir le terme producteur, penser à
un nouveau mécanisme, se demander pourquoi l'on ne fait pas la
même chose en ce qui concerne le syndicalisme agricole que pour les
ouvriers, à qui on demande 50 p.c. plus 1 d'adhésions afin de les
reconnaître. Est-ce que cela ne serait pas une première
étape à franchir afin que, dès 1972, une organisation
provinciale puisse recevoir des cotisations déduites à la source?
Automatiquement, 72,000 personnes, le 1er janvier, pourraient être
cotisées de $15 à la source et on donnerait trois mois à
ceux qui désireraient se désengager, c'est-à-dire jusqu'au
31 mars. Si on regarde les statistiques, ceux qui se désengagent ne
dépassent jamais 10 p.c. Cela donnera le temps au ministre, comme il l'a
dit, d'apporter des amendements à la Loi des marchés agricoles et
d'apporter d'autres lois telles que celle sur le crédit agricole qu'il
nous annonce depuis quelques mois. Ce sont ces questions auxquelles j'aimerais
avoir une réponse du ministre. Je peux les lui résumer: 1- le
terme agriculteur. 2- la liste des producteurs. 3- les principaux amendements
à la loi. 4- 30,001 cultivateurs sur une liste possible de 60,000,
c'est-à-dire 50 p.c. des agriculteurs plus 1 qui se prononceraient, par
écrit, en signant une carte d'adhésion; ceci signifierait, si on
faisait un calcul, sur une liste de 60,000, que c'est comme si on exigeait 75
p.c. des agriculteurs soient dans l'obligation de voter et les deux tiers
soient dans l'obligation de dire oui. Donc, c'est encore plus difficile que le
mécanisme qu'il y a dans la loi. D'un autre côté, cela peut
permettre certains contacts chez les agriculteurs.
Avant de continuer, M. le Président, si vous me le permettez, je
demanderais au ministre de répondre à ces cinq questions,
toujours en tenant compte qu'en ce qui nous concerne nous sommes favorables,
mais nous n'acceptons pas et nous n'accepterons pas ce projet de loi tel que
rédigé. Est-ce que le ministre pourrait répondre à
ces cinq questions?
M. TOUPIN: Voici, M. le Président.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, sur une question de
procédure. Est-ce qu'il ne serait pas mieux de donner l'occasion aux
représentants de tous les partis d'exposer leurs points de vue, leurs
prises de position avant que le ministre ne réponde et n'engage la
discussion avec le député de Nicolet?
M. LE PRESIDENT: Je pense qu'il serait préférable que
chaque parti expose ses idées et que le ministre réponde au fur
et à mesure que s'engagera la discussion.
M. le ministre de l'Agriculture.
M. TOUPIN: Rapidement, M. le Président, ce n'est pas parce que je
ne veux pas répondre aux questions du député de Nicolet.
Ce n'est pas parce que j'ai un oui ou un non à l'esprit en ce qui
concerne les questions qu'il a posées. L'essentiel du but de la
commission était d'entendre les propos de ceux qui s'intéressent
à ce projet de loi, de leur permettre de faire des suggestions ou de
proposer les amendements qu'ils jugeaient bon de proposer. C'était
là l'essentiel de la réunion en commission parlementaire.
M. VINCENT: Nous proposerons des amendements en comité.
M. TOUPIN: Vous me posez cinq questions. Je vais vous les retourner. Que
pensez-vous de ces cinq questions? C'est ce que j'aimerais savoir ce que vous
pensez, vous, des cinq questions que vous posez.
M. VINCENT: Ce que j'en pense, moi. Je vais répondre tout de
suite.
M. TOUPIN: Si vous avez une réponse à la première
question, nous aimerions la connaître. Si vous avez une réponse
à la deuxième question, nous aimerions la connaître. Et si
vous avez une réponse à la troisième question, nous
aimerions la connaître. Poser des questions, c'est facile.
M. VINCENT: D'accord, M. le Président. Le ministre m'a
posé la question...
M. TOUPIN: Je vais terminer, M. le Président. C'est donc le but
de la commission parlementaire d'entendre ceux qui ont des idées et qui
veulent émettre des suggestions.
M. PAUL: Alors pourquoi siégeons-nous cet après-midi?
M. TOUPIN: C'est le but. La dernière fois que nous nous sommes
réunis, nous nous étions entendus sur cette question, que chaque
membre de la commission viendrait analyser l'ensemble du projet de loi à
la lumière des mémoires qui ont été
présentés et à la lumière de l'étude qu'ils
feraient du projet de loi. Je comprenais bien qu'à ce moment-là
les députés n'avaient pas eu suffisamment le temps de
l'étudier. C'est pour cela que je considérais qu'il était
normal que la commission se réunisse pour les entendre sur l'ensemble
des points soulevés par ceux qui ont soumis des mémoires et
à partir également des réflexions qu'ils ont pu faire
autour du projet de loi.
Quant aux opinions que le gouvernement a sur le projet de loi, c'est
clair. Je l'ai déclaré au congrès de l'UCC. Il n'est pas
question, pour le moment, de retirer le projet de loi. Il n'est absolument pas
question de retirer le projet de loi. Au contraire, il est question d'en
accélérer la marche.
Ce que le gouvernement entend proposer je ne le cacherai pas
ce sont des amendements. Le moment venu, il fera connaître les
amendements qu'il aura à proposer à l'Opposition. Normalement,
cela se fait lors de la deuxième lecture.
M. PAUL: En comité plénier.
M. TOUPIN: En comité plénier. Dans le discours de
présentation de la deuxième lecture, on peut également
faire valoir, si on veut, certains amendements dans un projet de loi ou on peut
le faire en comité plénier. A ce moment-là, le
gouvernement fera valoir ses points. C'est la raison pour laquelle, une fois
les travaux de cette commission, qui siège aujourd'hui, terminés,
tout de suite après, nous accélérerons le processus et
nous irons de l'avant.
Tout ce que je voulais, aujourd'hui c'est vous-mêmes qui
m'en avez fait la suggestion, comme membres de la commission c'est vous
donner l'occasion de vous exprimer avant d'aller en deuxième lecture et
en comité plénier.
M. VINCENT: Donc, M. le Président, je vais répondre. Le
ministre me demande des réponses aux cinq questions que je lui ai
posées.
M. DUMONT: M. le Président, le député de
Sainte-Marie, tout à l'heure, a proposé que chaque parti fasse
ses commentaires. Si le député de Nicolet a posé cinq
questions et qu'il a obtenu ses réponses, je pense que les autres aussi
devraient maintenant donner leurs impressions et poser des questions, quitte
à revenir, par la suite, au député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, je n'ai pas obtenu de
réponse. Le ministre m'a reposé les mêmes questions. M. le
Président, de quelle façon puis-je répondre au ministre,
à la première question que je lui ai posée, à
savoir: Est-ce qu'on a mieux défini le terme agriculteur?
M. TOUPIN: Avez-vous une suggestion à me faire
là-dessus?
M. VINCENT: M. le Président, je pose la question suivante...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que nous pourrions revenir sur la
question de procédure?
M. VINCENT: Dans une autre commission
parlementaire, on a dit qu'il y avait eu une réunion entre le
ministre de l'Agriculture et le ministre des Affaires municipales et qu'on
était arrivé à une meilleure définition. Est-ce que
le ministre l'a faite sienne? C'est ça que nous voulons savoir.
Deuxièmement, est-ce que moi je puis répondre au ministre,
quand je lui pose la question: A-t-on commencé à fabriquer les
listes des producteurs? Je ne suis pas en mesure de répondre de ce qui
se passe au ministère de l'Agriculture. Ce n'est pas à moi de le
faire.
M. TOUPIN: Je pense que la question...
M. VINCENT: Troisième question, s'il y a des changements majeurs
qui seront apportés au projet de loi actuel; ce n'est pas à moi
de répondre à ça. La quatrième question que j'ai
posée...
M. TOUPIN: C'était la seule à laquelle je devais
répondre.
M. VINCENT: ... est-ce que le ministre est prêt à
considérer une suggestion valable, acceptable,
intéressante...
M. TOUPIN: Oui, certainement.
M. VINCENT: ... 50 p.c. plus un des agriculteurs, qui à mon sens
est beaucoup plus logique que ce qui existe dans l'hallucination actuelle?
M. TOUPIN: C'est ça que nous voulons, que vous nous fassiez des
suggestions.
M. VINCENT: Et, cinquième question, advenant...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, sur une question de
procédure à la commission. Je reviens encore sur les arguments
que je donnais au début. Le député de Nicolet pose des
questions au ministre et celui-ci demande au député de Nicolet de
lui répondre. Il dit: Vous me posez des questions, mais vous ne me
donnez pas de solutions, vous ne me dites pas ce que vous vous en pensez.
Nous, nous avons préparé un mémoire. J'ai pris la
peine de l'écrire et de le soumettre aux membres de la commission.
M. DEMERS: Vous n'êtes pas méchant.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je me demande ce que j'ai dit de
drôle.
M. BACON: Nous n'avons pas dit nécessairement que nous rions de
ce que vous disiez.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'ai dit que nous avions un texte. Nous
faisons des recommandations au ministre et nous lui disons pourquoi nous
faisons telle recommandation.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je tiens encore à procéder
comme ceci. Que chaque représentant des partis qui sont ici exprime son
point de vue et après le ministre pourra répondre à leurs
questions ou exprimer son point de vue.
M. LE PRESIDENT: Le chef de l'Opposition officielle.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si vous continuez à...
M. LE PRESIDENT: On y reviendra.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... nous allons nous en aller, nous n'avons
rien à faire ici.
M. LOUBIER: Si vous me permettez, M. le Président, sur le point
soulevé par le député; je suis d'accord sur la demande
qu'il vient de formuler à l'effet que chaque parti puisse s'exprimer et
que par la suite on revienne à une foule de questions. Mais je
demanderais aux représentants de tous les partis la permission de
greffer aux questions de M. Vincent une remarque d'ordre général
et, si j'ai l'accord de mes collègues des autres partis, quant à
moi ce sera mon intervention que je greffe sur celle de M. Vincent.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela ne sera pas trop long?
M. LOUBIER: Non, deux minutes. Sauf que je ne veux pas donner mon accord
à la demande du député et, d'autre part, profiter de cette
mesure gentille pour arracher la permission des autres membres des
différents partis. Mais je voudrais tout simplement savoir si on consent
à me permettre de greffer tout simplement une question à celles
déjà posées par le député de Nicolet.
M. GIASSON: Non, mais après que nous aurons entendu les
représentations de chacun des autres partis de l'autre côté
de la table, si vous voulez revenir, vous reviendrez.
M. VINCENT: A ce moment-là ce n'est pas compliqué, je vais
avoir la parole; je peux la garder tant et aussi longtemps que...
M. PAUL: M. le Président, je crois que...
M. LE PRESIDENT: Il va falloir que nous limitions le temps. Il faut
quand même permettre aux autres partis de s'exprimer.
M. PAUL: Est-ce que vous permettez que je vous dise un mot avant...
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. PAUL: ... que vous prononciez votre jugement à la Salomon,
sans cidre?
Il a toujours été conforme aux us et coutumes que le chef
d'un parti politique ait priorité sur tout autre député
dans les débats, dans les discussions d'une commission parlementaire. Le
chef de l'Opposition officielle demande tout simplement le privilège
d'être reconnu pour greffer une question à celles qui ont
déjà été posées par le député
de Nicolet. Je me demande en vertu de quel principe nouveau vous mettriez de
côté l'article 1, 5e, de nos règlements.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais quand même faire remarquer...
M. DUMONT: M. le Président, avant de rendre votre jugement, le
député de Nicolet avait pris la parole avant que le chef de
l'Opposition arrive et nous avions demandé que tous les partis puissent
donner leur point de vue. J'appuie en ce sens la demande du
député de Sainte-Marie.
M. LOUBIER: Si vous permettez, sur le point invoqué, M. le
Président, je regrette, je devais prendre la parole au début,
mais j'ai été retenu à mon bureau. C'est la raison...
M. DUMONT: Nous autres aussi. M. GIASSON: Vous n'étiez pas
là.
M. LE PRESIDENT: M. le chef de l'Opposition, vous admettrez qu'au
début de la séance vous n'étiez pas présent. Le
député de Nicolet a pris la parole. Je dois maintenant donner la
parole au représentant du Ralliement créditiste. Le
député de Lobtinière.
M. LOUBIER: Je remercie mes collègues de ce consensus.
M. BELAND: Quant à ce qui nous concerne relativement à ce
projet de loi qui nous a été présenté il y a un
certain temps déjà pour lequel il y a eu quelques séances
parlementaires où on a entendu une certaine quantité de
mémoires au sujet duquel nous devions par la suite nous réunir
eh bien, cela n'a été qu'aujourd'hui que nous ayons pu
nous réunir à nouveau pour connaître l'optique,
peut-être, de chaque parti politique ou encore d'autres observations de
députés, il est entendu que de l'ensemble du bill se
dégagent deux principes complètement distincts qui sont
l'opposé l'un de l'autre.
Il y a d'abord le premier. Il est entendu que la reconnaissance du
syndicalisme agricole au Québec est une chose bien
déterminée; c'est une chose qu'à mon sens nous n'aurions
même pas la possibilité de discuter. Cela devrait être une
chose acquise et acquise depuis longtemps. Donc, c'est clair, c'est net, nous
sommes assuré- ment pour une loi de reconnaissance du syndicalisme
agricole au Québec. Mais, par contre, il y a un autre principe à
l'intérieur du même bill qui a fait l'objet, entre autres, d'une
déclaration de notre part lors d'un caucus à Saint-Jean-Port-Joli
à l'effet que nous étions tout simplement pour un
référendum. Nous n'avions pas précisé, loin de
là. Alors, le référendum, c'était tout simplement
sur l'acceptation ou pas du bill 64 non pas du syndicalisme agricole au
Québec, non à cause de la quantité d'intrigues
qu'il y a à l'intérieur. C'est clair.
M. DEMERS: C'est très clair.
M. BELAND: En ce qui concerne les intrigues à l'intérieur,
je me permettrai d'en citer une. Je pourrais en citer plusieurs, mais je me
permettrai d'en citer une, car on y voit à un moment donné, comme
définition du mot producteur, une personne engagée dans la
production d'un produit agricole sauf une personne qui exploite la forêt,
sauf quand elle exploite la partie boisée de sa ferme.
Or, le ministre sait certainement que le deuxième "sauf" annule
le premier. Cela veut dire ceci, en pratique: en ce qui concerne les
producteurs de bois sur lot privé ou à l'intérieur de
boisés privés qui, jusqu'à présent, ont
exploité démesurément, ont chambardé le
marché du bois au Québec ceux-là expressément sont
laissés de côté. Il y a celui qui achète, soit le
lot au complet plus le bois qu'il y a dessus ou encore seulement la coupe de
bois, coupe entièrement et revend le lot pour une bagatelle sans
être obligé d'acquitter le montant normalement donné
à l'organisme qui s'appelle tout simplement l'Office de producteurs de
bois.
C'est un différend qui a chambardé une possibilité
normale d'écoulement du bois au Québec. J'ai exppliqué
brièvement l'une des intrigues. Je ne sais si elle a été
agencée intentionnellement ou pas. Il reste un fait, c'est qu'elle est
à l'intérieur du bill 64 et on n'a eu encore aucun amendement,
proposé par le ministre lui-même, pour changer quoi que ce soit
à cet article précis. Il y a encore d'autres intrigues, à
d'autres endroits, que je n'énumérerai pas immédiatement,
mais qui sont là.
Il aurait été très intéressant, aujourd'hui
je dis ceci pour demeurer dans la généralité
si nous avions pu, lors de cette commission parlementaire où seulement
les députés ont droit au chapitre, droit de parole, avoir
dès maintenant les amendements proposés par le ministre ou que le
ministre a l'intention de proposer. A partir de cela, on aurait pu, il me
semble, bâtir quelque chose de bien précis. Présentement,
on est obligé de naviguer dans le vague parce qu'on ne sait pas si nous
allons travailler, par exemple, pendant trois quarts d'heure ou une heure sur
un article donné que le ministre a déjà l'intention
d'amender. On ne le sait pas.
C'est pour cela que c'est présentement assez
difficile d'aller de l'avant à l'intérieur de la
discussion spécifique sur le bill 64 tel que présenté
parce que, justement, on n'a pas ces amendements-là qui sont
censés nous être proposés. De façon
générale, pour demeurer dans le contexte exact, il est entendu
que nous ne devons pas, en 1971, continuer d'envisager une collecte de
cotisation à la mitaine. Par contre, il faudrait absolument être
capable d'en arriver à une définition exacte ou approximative
tout au moins de ce que peut être ou de ce que devra être le
premier acheteur, quelles seront ses obligations.
Le producteur même, qui est-il? Qui peut être
considéré comme producteur? Rien n'est défini encore, dans
aucun bill, dans la province de Québec alors que, dans d'autres
provinces le mot "producteur" est défini. Le ministre semble surpris; il
n'a qu'à regarder les définitions à l'intérieur des
lois agricoles dans d'autres provinces. Je vais aller plus loin. Il s'agit de
l'Ontario où le mot "producteur" est défini.
M. TOUPIN: Cela dépend des lois.
M. BELAND: Je n'ai pas ici, c'est entendu, la loi devant moi, mais le
mot "producteur" est défini. Je n'analyserais pas ou je ne ferais
même pas de commentaire si la définition était exacte,
selon ce qu'elle devrait être, dans la province de Québec.
M. TOUPIN: Donnez-nous la source, le projet de loi, etc. Peut-être
qu'à partir de là cela pourra nous inspirer, si toutefois cela
devient nécessaire.
M. BELAND: Je crois que même si ce sont les ministres qui peuvent
agencer tous les bills, l'observation du ministre est quelque peu
déplacée. Si un parti d'Opposition est obligé de fournir
la documentation nécessaire pour renseigner le ministre sur les bills
qu'il aura à faire préparer par ses adjoints, c'est assez
extraordinaire, quand même.
M. TOUPIN: M. le Président, on affirme des choses. On dit qu'on a
trouvé quelque part une définition magique. J'aimerais bien
l'avoir, cette définition-là. Si on ne sait pas où on la
prend et si on ne sait pas où aller, pourquoi la citer? C'est clair,
cela.
M. BELAND: M. le ministre, je crois que je vais accepter le défi
et je vais me procurer ledit bill en question. Je le fournirai au ministre afin
qu'il puisse s'en inspirer.
Même si ce sont les ministres qui ont la possibilité
d'agencer tous les bills, l'observation du ministre est quelque peu
déplacée si un parti de l'Opposition est obligé de fournir
la documentation nécessaire pour renseigner le ministre sur les bills
qu'il fera préparer par ses adjoints. C'est quand même assez
extraordinaire!
M. TOUPIN: M. le Président, on affirme des choses. On dit qu'on a
trouvé quelque part une définition magique. Je voudrais bien
l'avoir, cette définition. Si on ne sait pas où elle est,
pourquoi la cite-t-on?
M. BELAND: M. le Président, je crois que je vais accepter le
défi du ministre et me procurer le bill en question.
M. TOUPIN: D'accord.
M. BELAND: Je le ferai parvenir au ministre afin qu'il puisse s'en
inspirer.
M. TOUPIN: Bien sûr.
M. BELAND: Je pense que je vais prendre cette initiative afin que le
ministre soit réellement en mesure d'aller de l'avant dans le domaine
agricole.
Je disais qu'il fallait absolument, à mon sens, savoir ce que
pouvait être la définition logique, au Québec, du mot
producteur et également de l'acheteur éventuel. Qui seront-ils?
Parce qu'on ne peut pas copier intégralement ce qui peut se passer au
niveau des cotisations syndicales dans les autres sphères
d'activités, soit dans le monde ouvrier ou à l'intérieur
d'autres professions, vu que la profession agricole, en elle-même, est
tout à fait à part des autres professions, dans le sens des
possibilités d'application du syndicalisme.
Une loi bien spécifique à l'agriculture en ce domaine
nécessite que l'on examine de très près la cotisation chez
des personnes qui peuvent être, en même temps, et l'employeur et
l'employé. Cela, on ne peut pas le nier. Il peut être aussi, en
même temps, le vendeur de son propre produit.
Je termine avec ceci, M. le Président: A mon sens, il aurait
fallu une loi très simple reconnaissant la profession ou le syndicalisme
agricole au Québec. Cela aurait été une loi en peu de
mots, de quelques pages 8 1/2 X 11, quelque chose de compréhensible, qui
ne nous lierait pas indûment et sans recours, comme on le voit à
quelques endroits dans le bill où on enlève toute
possibilité de revenir contre des personnes ou contre des
décisions prises par elles. Je veux parler des membres de la
régie.
Il est entendu que les membres de la régie sont des personnes
à qui nous devons faire entière confiance. Par contre,
étant donné l'ensemble des bills qui nous sont
présentés, nous devons absolument tenir compte du fait qu'il y a
une certaine continuité dans un agencement donné qui fait en
sorte que le gouvernement, par ricochet, nous enlève continuellement,
jusqu'à un certain point cela se dessine dans plusieurs bills
la possibilité de légiférer.
Donc, le député, au lieu de légiférer
vis-à-vis de telle chose donnée, transfère ses pouvoirs
à
un autre organisme. Les députés, en transférant
leurs pouvoirs, doivent accepter la responsabilité du pouvoir ainsi
transféré, et ceci est très lourd.
Je ne vois pas la possibilité que nous acceptions sans mot dire
de telles choses, sans savoir exactement où nous allons. Cela va
très loin sur certains aspects du bill 64 que nous avons devant nous
présentement et qui font l'objet de tant de discussions. Nous ne
devrions même pas avoir la possibilité de discuter pour ou contre
le syndicalisme agricole au Québec, tellement ce devrait être une
chose acquise.
Ce sont continuellement des agencements qui mêlent tout le
monde.
Il devient ainsi très difficile pour le législateur de
voir ou de deviner jusqu'à quel point il sera responsable tantôt
des positions qu'il aura prises, que ce soit pour et au nom d'un parti
donné ou en son nom personnel. Cela va aussi loin que ça.
En ce qui nous concerne, je terminerai là mes observations,
quitte à entendre l'autre parti d'Opposition. J'aimerais aussi entendre
des députés du côté ministériel nous dire ce
qu'ils pensent des aspects les plus discutables du bill.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, nous avons
rédigé un texte afin d'être très clairs sur la
position du Parti québécois sur le bill 64. Il ne s'agit pas pour
moi de faire du "par-coeur" et de l'à-peu-près ou de poser des
questions au ministre. Il s'agit tout simplement dans ce texte de vous exposer
en cinq points la position du Parti québécois.
Si vous me permettez, je lirai ce texte. Ce ne sera pas plus long que
les observations des autres membres de la commission. Je demande au ministre de
prendre en considération nos recommandations.
Donc, à la suite, d'une part, des représentations faites
devant la commission parlementaire de l'Agriculture et de la Colonisation et,
d'autre part, d'une consultation menée auprès de ses membres, le
Parti québécois est en mesure d'exprimer au sujet du bill 64 une
position en cinq points:
M. VINCENT: M. le Président, si vous me le permettez: Est-ce que
le député de Sainte-Marie se référait à
quelque membre de la commission quand il a affirmé que, eux, en ce qui
les concernait, ils ne voulaient pas faire de "parcoeur" sur cette
question-là?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie); Non, non! J'ai dit que nous avons
préféré mettre nos positions dans un texte, afin
d'être bien clairs. Je n'ai fait allusion à personne.
M. VINCENT: Ah! d'accord. Il faudrait quand même être
très délicat, parce qu'en commission ou en Chambre, si on va
jusqu'au fin fond des règlements,...
M. DEMERS: D'après l'article 285...
M. VINCENT: Ce n'est pas censé être lu; mais, on peut se
servir de notes.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour votre information, je n'ai pas fait
allusion aux déclarations du député.
M. VINCENT: Non, non! Je veux simplement souligner cela au
député...
M. DEMERS: Des notes copieuses et copiées.
M. GIASSON: Il a dit qu'il n'irait pas au-delà de ses notes.
M. VINCENT: Non, mais je voudrais simplement... Pardon?
M. GIASSON: Il a des notes très généreuses et il
s'engage à ne pas aller au-delà.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, non! Je n'ai fait allusion aux
déclarations de personne.
M. VINCENT: Je ne voudrais pas que le député de
Sainte-Marie mentionne par là que les autres partis politiques auraient
dû préparer un texte.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pas du tout.
M. VINCENT: Parce que, si nous sommes en commission...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous pouvez prendre ma parole. Je n'ai pas
fait allusion aux observations des autres membres de la commission.
Je peux tout simplement dire par coeur ce qu'il y a dans le texte. Cela
va être aussi long. J'ai préféré mettre cela dans un
texte, afin que ce soit plus explicite et plus clair. J'ai pensé
à moi.
La première recommandation, c'est qu'une seule association
syndicale devant représenter tous les producteurs agricoles du
Québec soit accréditée;
Deuxièmement, cette association doit avoir le pouvoir de
percevoir à la source une cotisation universelle et obligatoire;
Troisièmement, l'idée de tenir un référendum
relativement aux questions de l'accréditation et de la cotisation
perçue à la source doit être rejetée; nous proposons
plutôt de substituer à ce mécanisme exceptionnel un
mécanisme reconnu et expérimenté à maintes reprises
dans le monde ouvrier: celui où l'accréditation est
accordée sur une preuve de représentativité
basée sur l'adhésion de la majorité des
agriculteurs (50 p.c. plus un). Pour des motifs que nous exposerons plus loin,
ce mécanisme devrait également s'appliquer à la perception
de la cotisation à la source.
Quatrième recommandation. La loi devrait également
prévoir un processus clair de révocation définissant de
façon précise quand et comment une association
accréditée peut être remplacée par une autre. Par
exemple, à tous les trois ans, une période de 90 jours pourrait
être prévue pendant laquelle une nouvelle association pourrait
être accréditée dans la mesure où elle ferait la
preuve qu'elle représente la majorité des producteurs agricoles,
à défaut de quoi l'association en place se verrait accorder le
prolongement de son accréditation pour trois autres années. On
ferait ainsi disparaître l'ambiguité de l'article 20 qui
confère à la Régie des marchés agricoles un pouvoir
de révocation totalement arbitraire.
Cinquièmement, enfin, la décision de changer le montant de
la cotisation annuelle devrait être laissée à
l'assemblée générale des membres de l'association
accréditée.
Maintenant, passons à l'accréditation d'une seule
association. Plusieurs associations qui ont comparu devant la commission se
sont opposées au principe du syndicalisme unique avec cotisation
obligatoire; le Conseil du patronat, l'Association des jardiniers
maraîchers ainsi que le Conseil de l'alimentation du Québec ont,
tour à tour, exprimé de sérieuses réserves à
l'idée que soit accréditée une seule association. Les
raisons invoquées tiennent à la fois au caractère
présumément non démocratique de l'accréditation par
voie de référendum d'une organisation opérant à
partir du sommet et à l'impossibilité où se trouverait une
association générale de représenter adéquatement
les intérêts propres à chacun des groupes de producteurs.
Selon les dirigeants de ces groupements, seule l'accréditation de
syndicats de base regroupant des producteurs d'une même
spécialité serait à la fois démocratique et
véritablement représentative de la complexité du milieu
agricole. En effet, on préconise un modèle de syndicalisme
agricole qui soit exactement semblable aux structures traditionnelles du monde
ouvrier.
Les arguments ayant trait au caractère non démocratique du
projet de loi ont particulièrement retenu notre attention; à ce
sujet, notre suggestion de remplacer le processus de référendum
par celui d'une preuve de représentativité devrait, de l'avis
même des organismes interrogés, assurer que l'association
accréditée le soit de façon démocratique,
c'est-à-dire selon le voeu d'une majorité réelle des
producteurs impliqués.
Quant aux réserves exprimées relativement à
l'accréditation d'un organisme syndical structuré par le sommet,
nous reconnaissons qu'il s'agit d'une forme relativement nouvelle de
syndicalisme qui s'éloigne du modèle classique du syndicalisme
ouvrier. Nous voulons souligner cependant que la chose n'est pas sans
précédent. Ainsi, dans le domaine de la construction et dans les
domaines public et parapublic, la loi a reconnu et même imposé une
représentation syndicale à l'échelon le plus
élevé. Cette pratique deviendra d'ailleurs de plus en plus
fréquente à mesure qu'on instituera la négociation
sectorielle. Il faut donc se garder d'être dogmatique à cet
égard.
En fait, le syndicalisme agricole doit être mis sur pied avant
tout pour réaliser deux objectifs majeurs. En premier lieu, celui de
représenter les intérêts de l'ensemble des producteurs
auprès des gouvernements, des organismes paragouvernementaux et autres
institutions agissant à un niveau national, et, en second lieu, de voir
à coordonner les politiques des différents groupes de
producteurs. Seul un organisme unique à l'échelle du
Québec peut être efficace et remplir ce rôle d'interlocuteur
valable. Il est illusoire de penser que plusieurs groupes morcelés
puissent représenter et défendre solidement les
intérêts des producteurs agricoles auprès d'interlocuteurs
aussi puissants que les gouvernements ou les grandes entreprises
monopolistiques. En fait, il est nécessaire de créer une forme de
syndicalisme qui soit adaptée à un milieu où
l'interdépendance des secteurs est aussi poussée et où
l'action des gouvernements, au Québec comme ailleurs, est aussi
importante.
De plus, l'agriculteur n'est pas l'employé d'un patron face
à qui il doit se regrouper; la cellule de base naturelle de l'usine
n'existe pas; pas plus, d'ailleurs, que le but précis du syndicat
d'usine qui est celui de conclure avec le patron une convention collective.
L'agriculteur doit de plus en plus débattre ses intérêts
autour d'une table où les interlocuteurs sont à la fois plus
nombreux, plus puissants et surtout plus unifiés. Pour répondre
à ces exigences, seul un organisme unique regroupant tous les
agriculteurs peut offrir la contrepartie aux groupes déjà en
place et avec qui l'agriculteur doit négocier son sort.
Même si les arguments ayant trait au particularisme des
différents groupes de producteurs nous semblent fondés, nous
croyons qu'il existe dans le projet de loi ainsi que dans la Loi des
marchés agricoles suffisamment d'organismes pour représenter et
gérer adéquatement les intérêts particuliers des
groupes spécialisés, qu'il s'agisse des syndicats ou
fédérations spécialisés prévus par le bill
64 ou des offices de producteurs chargés de l'administration des plans
conjoints. Cet ensemble d'organismes devrait permettre aux producteurs
spécialisés d'identifier leurs besoins propres et de
défendre leurs intérêts particuliers.
Ces organismes ont une autonomie financière assurée soit
par la quote-part qui leur reviendra de la cotisation syndicale ou soit par les
frais administratifs retenus lors de la commercialisation des produits mis en
marché par le plan conjoint.
Il appartiendra aux producteurs de surveiller
leur office de production de façon que les contrôles de
production et les politiques de mise en marché de leurs produits soient
établis dans le sens de leurs besoins. De la même façon,
ils pourront exercer une influence constante sur les syndicats et
fédérations prévus dans le bill 64. Le mécanisme de
désaffiliation d'une fédération prévu dans le bill
64 constitue une soupape de sécurité, un instrument de
contestation qui pourrait, à la limite, ou bien remettre
complètement en question la légitimité de l'organisme
central et susciter la venue d'une association concurrente ou, à un
degré moindre, faire des pressions sur l'organisme central pour qu'il
tienne mieux compte des intérêts de tous les groupes de
producteurs.
Aussi, il nous semble que les arguments présentés contre
un syndicalisme structuré à partir du sommet, tout en ayant un
certain mérite, ne font d'aucune façon contrepoids à la
nécessité et aux avantages de la mise sur pied d'un organisme
unique vraiment efficace. 2. La cotisation obligatoire, universelle et
perçue à la source.
Le bill 64, en permettant que l'association accréditée
puisse percevoir une cotisation à la source, assure la mise en place du
seul mécanisme de financement qui puisse rendre efficace le
fonctionnement de l'organisme syndical. L'idée d'un syndicalisme
sérieux, qui soit financé sur une base de volontariat, nous
semble aussi illusoire que le fait de préconiser la mise sur pied de
gouvernements sans prévoir un mécanisme d'imposition obligatoire.
D'autre part, il nous semble juste et normal que tous les producteurs
contribuent au financement d'un organisme dont les effets
bénéfiques ne peuvent que profiter à l'ensemble de la
classe agricole. En ce sens, nous ne pouvons accepter, pour des motifs
d'efficacité et de justice, la proposition de la Coopérative
fédérée, préconisant une cotisation à la
source sur une base volontaire, pas plus que, pour des raisons relevant de la
nature même du syndicalisme, nous n'acceptons la proposition des
jardiniers maraîchers à l'effet d'exempter les producteurs membres
de fédérations non affiliées à l'association
accréditée. 3. Une preuve de représentativité
plutôt qu'un référendum.
Tous les organismes qui ont fait des représentations devant la
commission ont exprimé des réserves sérieuses quant
à l'idée d'utiliser le référendum comme
mécanisme de consultation. Pour l'UCC, ce mécanisme est trop
rigide et peut être une source de confusion dans la mesure où deux
questions liées entre elles sont posées. Pour les autres
organismes, le type de référendum prévu au bill 64 ne
donne aucune garantie que le résultat final exprimera le désir
d'une majorité réelle de producteurs.
Les raisons qui nous incitent à rejeter l'idée de tenir un
double référendum sont nombreuses: la confusion engendrée
par le fait de poser simultanément deux questions risque de fausser le
choix; la possibilité d'une faible participation au vote peut facilement
fausser ou, du moins, rendre fort discutable le résultat du vote; ce
genre de consultation de type électoral peut favoriser la cabale et la
démagogie, en plus d'exiger une organisation onéreuse pour l'Etat
et pour l'organisme recherchant l'accréditation.
Nous devons également rejeter la proposition intermédiaire
qui prévoirait une formule mixte de consultation: une preuve de
représentativité pour l'accréditation et la tenue d'un
référendum sur la question de la cotisation à la source.
Nous croyons qu'il serait illogique d'utiliser un mécanisme de
consultation moins rigoureux dans le cas de la cotisation à la source
que pour l'accréditation.
En raison du caractère universel et obligatoire d'une cotisation
à la source, il nous apparaît essentiel, encore plus que dans le
premier cas, que la consultation exprime avec certitude l'avis majoritaire des
agriculteurs plutôt qu'une pluralité de ceux qui auront pu se
prévaloir de leur droit de vote.
Nous désirons également souligner que, même dans le
domaine industriel, il y a des exemples d'une cotisation rendue obligatoire par
l'effet de la loi. C'est, par exemple, le cas de l'industrie de la construction
et la chose sera de plus en plus fréquente avec le progrès de la
négociation sectorielle.
Pour toutes ces raisons, nous suggérons que
l'accréditation et le pouvoir de perception à la source soient
accordés sur une preuve de représentativité basée
sur l'adhésion, par carte de membre, de la majorité des
agriculteurs inscrits sur une liste établie par la Régie des
marchés agricoles. On évite ainsi toute confusion sur la nature
du choix à faire en plus d'assurer que le résultat, dans un cas
comme dans l'autre, sera véritablement le choix d'une majorité
des producteurs. Cette formule offre également l'avantage de rallier la
grande majorité, sinon la totalité, des organismes qui se sont
présentés devant la commission parlementaire.
Quatrième recommandation, la révocation et le remplacement
de l'association. L'article 20 du projet de loi prévoit un
mécanisme de révocation ambigu qui confère à la
Régie des marchés agricoles un pouvoir tout à fait
arbitraire. Quand la régie doit-elle révoquer
l'accréditation? Comment doit-elle le faire? A partir de quels
critères? Rien n'est précisé.
A la limite, l'association pourrait être révoquée
tous les six mois à la suite de référendums; à
l'autre extrême, la régie pourrait conférer à la
première association accréditée un monopole assuré
à tout jamais.
Pour éviter de confier à la régie un tel pouvoir
discrétionnaire, il est essentiel de prévoir un mécanisme
de remplacement d'une association par une autre qui soit systématique.
Ainsi, toute accréditation devrait être valide pour une
période fixe, disons de trois ans. Vers la fin de cette
accréditation, une période de maraudage serait prévue
disons 90 jours au cours de laquelle une autre association
pourrait
rechercher l'appui de la majorité des producteurs. Dans le cas
où aucun autre organisme n'aurait fourni cette preuve, l'association en
place se verrait automatiquement accréditée pour les trois
années suivantes.
Ce processus aurait pour principaux avantages d'éviter que des
décisions arbitraires soient prises par la Régie des
marchés agricoles, d'éviter qu'une association
accréditée soit continuellement remise en question,
d'établir un cadre qui assure une certaine continuité à
l'association en place, tout en permettant à d'autres organismes de se
structurer et de contester la représentativité de l'association
en place.
Cinquième recommandation, changement du montant de la cotisation.
Notre dernière proposition vise à modifier l'article 35 du projet
de loi. Nous croyons que l'exigence de tenir un référendum
auprès de l'ensemble des producteurs dans le seul but de
déterminer si oui ou non il y aura augmentation des cotisations ou
contributions est excessive.
En raison du coût élevé qu'elles impliquent, ces
consultations générales devraient être
réservées aux seules questions majeures. Nous croyons
également qu'un tel procédé aurait pour effet de rendre
inutilement rigide le processus de décision. Les dispositions de
l'article 11 portant sur la confection de la liste des producteurs, les
délais et autres modalités ne sont pas de nature à
permettre qu'une décision relativement rapide puisse être prise
lorsque le besoin s'en fera sentir.
De plus, il nous semble important que l'assemblée
générale des membres soit le véritable centre de
décision au sein de l'association accréditée. Nous croyons
que cette participation active des membres à la direction de
l'association exige, au minimum, que des décisions du type de celle qui
concerne le montant des cotisations soient du ressort de l'assemblée
générale.
Plus particulièrement, toute décision d'accroître
les cotisations et contributions devrait être prise par une
majorité des deux tiers de l'assemblée. De plus, toute
augmentation devrait être ratifiée par la Régie des
marchés agricoles.
En conclusion, nous croyons que ces cinq propositions constituent
l'essence d'un syndicalisme qui soit à la fois adapté au milieu
agricole tout en demeurant démocratique et surtout facile d'application.
En ce sens, nous entendons appuyer par nos deux premières propositions
le principe du bill 64 relativement, d'une part, au regroupement de tous les
professionnels de l'agriculture à l'intérieur d'un seul organisme
agricole et, d'autre part, à la mise sur pied d'un mécanisme de
financement à la source. Nous croyons que ces éléments du
projet de loi 64 doivent demeurer parce qu'ils constituent ce cadre
spécial du syndicalisme qui seul convient à l'agriculture.
Toutefois, nous sommes convaincus qu'il existe des dangers
sérieux à vouloir étendre la nouveauté et le
particularisme à autre chose qu'au cadre et au contenu d'un syndicalisme
agricole. En d'autres mots, nous croyons que, s'il faut adapter le cadre
syndical aux besoins agricoles, il serait de beaucoup préférable
d'établir des mécanismes de mise en place, de révocation
et de financement semblables à ceux qui existent dans le syndicalisme
ouvrier.
En ce sens, nos 3e, 4e et 5e propositions devraient apporter des
améliorations au bill 64, en rendant ce dernier plus
démocratique, moins arbitraire et surtout plus facile d'application.
Maintenant, une seule remarque à la fin: Four ce qui est de la
définition du mot producteur, nous sommes actuellement à
étudier cet article du projet de loi et probablement qu'à
l'Assemblée nationale nous proposerons une nouvelle définition au
ministre, lors de la discussion en comité plénier. Merci.
M. LE PRESIDENT: Le chef de l'Opposition officielle.
M. LOUBIER: M. le Président, je voudrais, tout d'abord,
féliciter le député de Nicolet d'avoir, dès le
départ, exprimé en cinq points très précis les
points d'interrogation qui menacent de devenir des points de suspension quasi
éternels quant à l'application de cette loi, si on n'y
répond pas aujourd'hui. Je tiens également à
féliciter le député de Sainte-Marie parce qu'il a
élaboré justement sur les points qui avaient été
présentés par le député de Nicolet et que cela a
été fait de façon très sérieuse.
Je voudrais tout simplement, M. le Président, ajouter quelques
mots à ce qui s'est dit antérieurement. J'ai la crainte que le
projet de loi, que l'on va soumettre fort probablement d'ici quelques semaines
à l'attention de la Chambre, ne donne naissance à un
bébé mort-né. Et je m'explique. On a dit, tout à
l'heure, que ce n'était pas le projet de loi de l'UCC, mais celui du
gouvernement, ce qui est en partie vrai, mais qui n'est peut-être pas une
affirmation des plus réalistes.
L'on sait que ce projet de loi va consacrer la création d'un
syndicalisme agricole. Ce syndicalisme agricole sera sous la coupe, sous
l'animation, sous la responsabilité de l'UCC. Partant de là, si
les conclusions ou les modifications ou l'absence de modifications au projet de
loi ne correspondent pas au mandat accordé d'une façon
très précise aux dirigeants de l'UCC, je me pose tout simplement
la question suivante: Qui animera, qui aura la responsabilité et qui, en
fait, s'occupera du syndicalisme agricole au Québec? Sans aller dans un
accès et dire qu'il faudrait aveuglément obéir à
tQutes les recommandations faites par l'UCC, je dis tout simplement, M. le
Président, qu'il est important et essentiel que le gouvernement
écoute ces revendications et tâche, au moins, de répondre
au mandat reçu par les dirigeants de l'UCC.
J'ai ici la confirmation de ce mandat qui est
le suivant. C'est M. Allain, le président général,
qui, par télégramme aujourd'hui, me dit ceci: "En réponse
à la question posée par vous, ce matin, concernant le mandat des
dirigeants de l'UCC relativement aux modifications à être
apportées au bill 64, je vous confirme que la direction de l'UCC
retournera devant l'assemblée générale si les amendements
requis ne sont pas apportés. Au nombre des amendements essentiels
figurent l'utilisation d'une carte d'adhésion pour établir la
preuve de représentativité et le droit de cotiser à la
source, ainsi que celui de recevoir des contributions. Sur ce sujet, les
congrès régionaux et le congrès général sont
catégoriques. Stop. Ils réaffirment également les autres
positions défendues par l'UCC devant la commission parlementaire. Albert
Allain, président général de l'Union catholique des
cultivateurs."
Alors, M. le Président, j'ai vérifié auprès
des personnes responsables de l'UCC, et on me dit que le mandat est absolu et
très rigide de la part des membres de l'UCC.
Si le ministre ne fait pas connaître immédiatement les
modifications qu'il veut apporter, si le ministre ne se prononce pas quant aux
mécanismes qui sont suggérés par voie de
référendum ou encore aux positions qu'il a prises concernant
d'autres sujets importants, si le ministre ne fait pas connaître
aujourd'hui véritablement dans quelle perspective il apportera ses
modifications, on risque de se retrouver avec une Loi du syndicalisme agricole
qui sera refusée par l'UCC et qui, à mon sens, va apporter un
paquet de désillusions, de frustrations parce que le gouvernement, en
temps utile, n'aura pas fait connaître sa position d'une façon
claire et précise, n'aura pas manifesté son désir de
répondre aux revendications qu'on a faites.
Je me demande ce qui va se passer, d'autant plus qu'il est vraisemblable
que la session se terminera peut-être d'ici deux ou trois semaines.
Partant de là, le premier ministre, semble-t-il, convoquerait la
nouvelle session vers la fin du mois de février. L'UCC, si on ne
répond pas aux demandes qu'elle a faites, devra convoquer un
congrès général, ce qui implique tout de suite un
délai de dix jours, je pense, seulement pour la convocation de ce
congrès. J'ai nettement l'impression qu'il y aurait alors une
possibilité ce serait dramatique, mais cela peut arriver
que l'UCC ne puisse pas accepter la responsabilité de ce syndicalisme
agricole.
Je pense que ce serait extrêmement dommageable et
préjudiciable aux intérêts des cultivateurs. Cela ne
répondrait sûrement pas aux bonnes intentions qu'a le ministre de
vouloir implanter le plus rapidement possible ce syndicalisme agricole au
Québec. J'ai été désemparé d'entendre, tout
à l'heure, le ministre dire que la liste des producteurs était
loin d'être complétée. Je me demande si elle est
commencée, cette liste.
M. TOUPIN: Je n'ai pas dit cela, je ne pense pas.
M. LOUBIER: J'ai entendu cela par mon haut-parleur, en haut. C'est le
député de Nicolet qui en avait fait mention.
M. TOUPIN: C'est le député de Nicolet qui l'a dit.
M. LOUBIER: Partant de là, s'il est vrai si le ministre
veut répondre que la confection de cette liste n'a même pas
débuté, cela veut dire qu'encore là ce peut être
six, huit, dix ou douze mois pendant lesquels on devra attendre pour en arriver
à ce que ce regroupement soit réaliste, afin de donner
véritablement l'impact que l'on veut à ce syndicat agricole. Si
le ministre ne veut pas répondre à cette question, encore
là j'ai l'impression qu'on va se rammasser avec une Loi du syndicalisme
agricole qui ne sera pas applicable, et qui, littéralement si
vous me permettez l'expression n'aura pas preneur pour les
responsabilités et le rayonnement de ce syndicat.
Le ministre devrait faire un effort, le ministre devrait oublier toute
idée de stratégie pour faire en sorte, dans un éclairage
de franchise et de véritable dialogue, que l'on sache aujourd'hui
même quelles sont ses intentions vis-à-vis des
représentations faites par l'UCC, quelles sont également ses
intentions face aux suggestions faites par le député de Nicolet,
faites par le député de Lotbinière, faites par le
député de Sainte-Marie. Autrement, la réunion de ce jour
n'a plus aucun sens. Le ministre s'est montré bon prince en
écoutant les revendications, en écoutant les questions
soulevées, mais il s'est montré tellement bon prince qu'il en a
perdu la parole et que ça ne donne aucun sens à la réunion
d'aujourd'hui. Je pense qu'on en arrive à une séance fantoche qui
ne sert que de couverture ou de paravent pour camoufler ou faire en sorte qu'on
ne sache pas trop dans quel secteur on s'oriente, quel mécanisme on aura
et de quelle façon les modifications seront apportées.
M. le Président, ce sont les remarques que je voulais faire en
toute bonne grâce au ministre. Je lui demanderais de déchirer le
voile de ce silence mystérieux et de nous dire véritablement
quelles intentions l'animent face aux interrogations posées et face aux
suggestions soumises cet après-midi par les trois députés
qui représentaient les trois partis de l'Opposition.
M. TOUPIN: M. le Président, je pense que...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Allez-vous déchirer le voile?
M. TOUPIN: C'est parce qu'il y en a qui parlent et qui sont, eux aussi,
voilés et je voudrais bien savoir ce qu'il y a sous ce voile.
Premièrement, le but de la commission d'aujourd'hui et je
n'invente rien, les membres de la commission le savent était
qu'on se réunisse une fois pour que je puisse entendre les suggestions
des partis de l'Opposition, et c'est le député de Nicolet
lui-même qui a fait cette suggestion.
M. LAURIN: M. le Président, c'est moi qui ai fait cette
suggestion.
M. TOUPIN : Le chef parlementaire du Parti québécois dit
que c'est lui. Si elle vient de lui, son parti a été
réaliste et a donné suite à sa suggestion parce que l'on a
fait une proposition, dans un mémoire, qui donne l'opinion de ce parti
sur le projet de loi. Nous connaissons maintenant ce que pense du projet de loi
le parti québécois, et déjà nous avons un pas de
fait dans le cadre de cette commission aujourd'hui.
En ce qui concerne l'UCC et ses congrès, évidemment le
chef de l'Opposition aujourd'hui se lie presque avec les recommandations de
l'UCC.
M. LOUBIER: M. le Président, je pense que, même en
commission, sur un point de règlement, on n'a pas le droit de
prêter d'intention ou de motif à un député,
même si, en l'occurrence, c'est le chef de l'Opposition.
M. TOUPIN: Je le sais.
M. LOUBIER: J'ai dit simplement et je le répète
pour que le ministre ne parte pas sur une fausse voie que le ministre
devrait répondre aux revendications faites par l'UCC, qu'il devrait
faire connaître ses intentions quant à ces recommandations et
quant aux interrogations soumises par les députés qui ont pris la
parole aujourd'hui.
M. TOUPIN: M. le Président, le chef de l'Opposition en fait
presque une condition parce qu'à un moment donné il soutient que
si l'on ne donne pas suite de façon intégrale aux revendications
du congrès de l'UCC ce projet de loi deviendra inutile, inapplicable et
presque impossible...
M. LOUBIER: Non, M. le Président,...
M. TOUPIN: ... il a même dit qu'il ne trouverait pas preneur.
M. LOUBIER: M. le Président, il faut tout de même
être honnête...
M. TOUPIN: Je le suis.
M. LOUBIER : J'ai dit que ce serait dramatique si ce projet de loi,
étant adopté, ne trouvait pas preneur; c'est ce qu'il faudrait
éviter.
M. TOUPIN: D'accord. Nous sommes d'accord sur ce point. Que le
congrès de l'UCC demande des amendements, c'est son droit, et je ne
pense pas que quiconque, membre de cette commission, puisse empêcher les
membres de l'UCC en congrès de formuler des résolutions et de
faire des suggestions relatives au projet de loi actuel ou relatives aux autres
questions. Je ne pense pas que ce soit ce seul sujet qui ait été
discuté au congrès. Plusieurs autres sujets ont été
discutés et ces résolutions vont probablement nous parvenir. Je
suis au courant de plusieurs d'entre elles parce que j'ai été
quelque temps au congrès avec eux et des questions m'ont
été posées, notamment une sur le syndicalisme agricole. Je
leur ai répondu que la commission parlementaire se réunirait dans
le plus bref délai, tel que demandé, et que, par la suite, on
porterait le projet en deuxième et en troisième lectures. Je suis
allé plus loin que ça, je leur ai dit que des amendements
seraient apportés mais que je ne pouvais pas, pour le moment, les
dévoiler parce qu'il fallait d'abord que je les présente à
l'Assemblée nationale et qu'ils soient discutés dans le cadre
d'une commission parlementaire ou d'un comité plénier. C'est ce
que j'ai dit au congrès de l'UCC lorsque j'y suis allé et
l'ensemble des membres, des représentants du congrès me
semblaient, du moins en partie, d'accord sur cette position que j'ai prise.
M. PAUL: M. le Président,...
M. TOUPIN: Cela ne veut pas dire pour autant que nous allons ignorer
tout ce qui fut suggéré par l'UCC comme amendements, ni que nous
allons ignorer tout ce qui fut suggéré par le Parti
québécois, ni ignorer totalement ce qui fut dit par le Ralliement
créditiste, mais je ne pourrai retenir que très peu de choses
parce qu'on n'a pas fait de suggestion concrète, on n'a pas fait valoir
son point de vue d'une façon claire. A-t-on peur de dire ce qu'on pense
du projet de loi 64?
Nous donnerons notre opinion, le moment venu. Les amendements que nous
apporterons, nous les ferons voir clairement. Si le Ralliement
créditiste veut des amendements au projet de loi, des vrais, s'il veut
vraiment apporter des suggestions, c'est le temps. Vous nous dites très
souvent que vous n'avez pas l'occasion de participer à
l'élaboration des projets de loi, aux discussions des projets de loi.
Nous avons tout un après-midi pour vous entendre là-dessus. Nous
n'attendons que cela, vos suggestions, et vous ne nous en faites pas.
Vous citez certains articles. Vous portez certains jugements sur
certains articles, mais vous ne nous présentez rien d'articulé.
Vous ne nous présentez rien qui soit de nature à nous aider
vraiment à bâtir ce projet de loi, dans le sens que vous le
voulez.
M. ROY (Beauce): Est-ce que vous me permettez une question?
M. TOUPIN: C'est la raison pour laquelle nous avons réuni la
commission parlementaire. Nous vivons dans un régime
démocratique. Moi, j'y crois à cela et je crois que les partis
d'Opposition peuvent faire valoir leurs points de vue. Nous nous sommes
réunis aujourd'hui pour ça. Mais qu'est-ce que nous avons comme
suggestions? Faites-nous en des suggestions, et nous en tiendrons compte.
L'UCC, au moins, nous a fait des suggestions concrètes, claires. Nous
savons à quoi nous en tenir sur sa position. Nous savons maintenant
à quoi nous en tenir sur la position du Parti québécois.
Mais j'aimerais bien savoir à quoi m'en tenir sur la position du
Ralliement créditiste, comme j'aimerais savoir à quoi m'en tenir
en ce qui concerne la position d'Unité-Québec. J'aimerais savoir
exactement ce que vous voulez changer dans le projet de loi. Est-ce que vous
voulez qu'on adopte en entier les propositions de l'UCC? Si c'est ça,
bien, dites-le.
M. LOUBIER: On va vous le dire tout de suite.
M. TOUPIN: Dites-le carrément. Si ce n'est pas cela,
dites-le-nous aussi.
M. LOUBIER: On nous pose des questions, M. le Président. Je pense
que nous devons répondre.
M. TOUPIN: Et nous, après, nous prendrons nos
responsabilités et les amendements que nous voudrons apporter, nous les
apporterons.
M. LOUBIER: M. le Président, on a posé une question. J'y
réponds. Premièrement, le député de Nicolet a fait,
sous forme d'interrogation, quatre suggestions.
M. TOUPIN: J'aimerais qu'il les articule un peu plus. Je n'ai pas vu,
là-dedans, de suggestions.
M. LOUBIER: Il va le faire. Deuxièmement, notre ami de
Sainte-Marie a, je l'ai dit tout à l'heure, élaboré
davantage les points qu'avait soumis le député de Nicolet.
M. TOUPIN: Il y a eu consultation avant? M. LOUBIER: Non.
M. TOUPIN: Alors, est-ce que vous prenez comme position celle du Parti
québécois? Est-ce que je peux considérer le mémoire
du député de Sainte-Marie comme étant votre position? Si
c'est là votre position, il faudra nous le dire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
Je voudrais qu'on y aille à tour de rôle. Un instant! C'est
que le député de Bourget a demandé la parole avant. Alors,
on revient à lui. Le député de Bourget.
M. LAURIN: Pour notre part, M. le Président, nous
déplorerions que le débat s'engage dans une impasse. Nous nous
sommes réunis ici, aujourd'hui, pour exposer les idées, les
suggestions, les recommandations des divers partis, à la suite d'une
demande que nous avons faite il y a déjà plusieurs semaines. Nous
avons eu le temps de préparer nos recommandations.
Je reconnais que l'Union catholique des cultivateurs est l'organisme
probablement le plus intéressé à ce projet de loi.
D'ailleurs, on nous l'a fait sentir depuis plusieurs mois par les
assemblées générales qu'elle a tenues, les marches qu'elle
a faites, ses représentations à l'Assemblée nationale. Je
reconnais à l'Union catholique des cultivateurs le droit d'utiliser les
moyens qu'elle juge les plus opportuns pour faire valoir son point de vue
auprès du législateur. C'est tout à fait normal. Mais, une
fois que le projet de loi est entre les mains du législateur, c'est le
devoir, la besogne, la fonction du législateur de
légiférer. Une fois que la loi sera adoptée, il n'est
aucun corps public, de quelque importance qu'il soit, qui ne doive s'y plier.
Cela est tout à fait dans la règle de la démocratie.
Je pense qu'il reste simplement au gouvernement à s'assurer que
les conditions de réalisation d'un projet de loi, par exemple, le statut
d'un organisme comme celui de l'UCC ou les conditions
d'éligibilité, de représentativité soient rendues
pratiques par la confection d'une liste, par exemple. Je crois que la
responsabilité du législateur s'arrête là. Je pense
le ministre assez responsable pour voir à ce que son ministère
lui fournisse, en temps et lieu, les instruments qui lui permettront
d'appliquer ce projet de loi.
Je verrais assez mal, pour ma part, que, cet après-midi, on
s'engage dans la discussion des positions de l'UCC. Il me semblerait de
beaucoup préférable que les partis politiques, qui sont venus ici
pour exprimer leurs opinions et leurs recommandations, les expriment avec tous
les moyens qu'ils ont à leur disposition. Ce sera au ministre ensuite,
soit immédiatement ou un peu plus tard, d'exprimer ce qu'il en pense en
tenant compte des positions des partis aussi bien que de celles- de tous les
autres corps publics qui sont venus s'exprimer ici à la barre de
l'assemblée.
M. TOUPIN: C'est, d'ailleurs, dans cet esprit que nous l'avions
envisagé au moment où nous avons terminé la
dernière réunion parlementaire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, j'ai écouté, avec
beaucoup d'intérêt, les remarques des députés de
Nicolet, de Lotbinière et de Sainte-Marie. Je crois, nonobstant ce que
pense le ministre, que d'excellentes recommandations lui ont été
faites. Le ministre semble tout surpris que nous n'arrivions pas, cet
après-midi, avec des amendements précis. C'est lui-même
qui, en dehors de cette Chambre, a déclaré qu'il avait des
amendements à présenter. On peut pardonner au ministre son manque
d'expérience du travail des commissions parlementaires. Je vais lui dire
comment cela se passe et lui citer des exemples.
Actuellement, nous étudions le projet de loi no 48, Loi sur
l'évaluation foncière. Le ministre responsable, M. Tessier,
entend les mémoires et, au fur et à mesure que des objections ou
des amendements sont apportés, nous propose des amendements qu'il entend
faire ratifier par le comité plénier de l'Assemblée
nationale. Mon collègue, le député de Nicolet, a
mentionné tout à l'heure que, dans le cours de ses remarques, le
ministre Tessier avait parlé d'une consultation avec le ministre de
l'Agriculture quant à la définition du terme agriculteur. Le
ministre a semblé assommé par cette déclaration du
député de Nicolet. Alors, j'inviterais le ministre à lire
les propos que nous pouvons retrouver dans l'étude du projet de loi no
48, spécialement les délibérations des 2 et 3 novembre.
Là, le ministre verra l'opinion de son collègue du
ministère des Affaires municipales sur la définition du terme
agriculteur.
Nous avons eu l'étude du projet de loi no 45 devant la commission
parlementaire. Le ministre responsable du projet de loi, le ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives, a
suggéré, durant tout le cours des discussions, des amendements
à ce projet de loi, qui, finalement, ont été
étudiés par le comité plénier de la Chambre.
Lorsque nous avons étudié le projet de loi no 70, Loi des
petites créances, le ministre de la Justice, au cours de la
présentation des mémoires, nous a fait part des amendements qu'il
apporterait à son projet de loi. C'est de là que la discussion
s'est élevée et des échanges ont pris place. Le ministre a
pu présenter une loi avec des amendements qui ont été
étudiés ici et ratifiés par le comité
plénier de la Chambre.
Lorsque nous avons présenté le projet de loi no 19
concernant l'heure d'ouverture et de fermeture des magasins, nous avons fait
une étude complète de cette loi. Nous n'avons pas eu peur,
à ce moment-là, de demander aux membres de la commission:
Qu'est-ce que vous penseriez de tel amendement dans le projet de loi? Nous
aurions cru, cet après-midi, que le ministre serait venu avec des
amendements bien précis en tenant compte des différents
mémoires qui ont été présentés. Il
connaissait et il a eu l'occasion de connaître le point de vue des
différents partis et de ses propres députés sur le projet
de loi. Que le ministre ne nous reproche pas, à nous de ne pas vouloir
faire son ouvrage à lui. C'est au ministre de nous présenter le
projet de loi amendé. C'est son devoir de nous faire part des
amendements dont il a parlé à l'extérieur de la Chambre.
C'est le temps aujourd'hui de les apporter. Je vois le ministre...
M. TOUPIN: M. le Président, je n'ai jamais parlé
d'amendements en dehors de la Chambre.
M. PAUL: Le ministre...
M. VINCENT: Vous venez de l'affirmer.
M. TOUPIN: J'ai dit que j'apporterais des amendements...
M. VINCENT: Au dernier congrès de l'UCC.
M. PAUL: Au dernier congrès de l'UCC, vous avez dit que des
amendements seraient proposés.
M. TOUPIN: Le député de Maskinongé se
méprend. Si le député de Maskinongé veut dire que
j'ai fait une déclaration à savoir que j'apporterais des
amendements, je pense qu'il est dans la ligne de pensée.
M. PAUL: C'est ce que j'ai dit. M. DEMERS: C'est en plein cela.
M. TOUPIN : Mais, s'il semble soutenir que j'ai déclaré
que tel amendement serait apporté, c'est une autre chose.
M. PAUL: Je sais que vous n'avez pas fait comme votre collègue,
le ministre de l'Education. Le ministre de l'Education, lui, est allé
plus loin que vous. Il a été moins prudent que vous. H
récoltera ce qu'il a semé. Mais, vous, vous avez
été prudent. Vous n'avez pas par particularisé les
amendements que vous vouliez apporter. Vous avez dit: Il faut attendre la
réunion en commission parlementaire. C'est le temps. Apportez-nous votre
chef-d'oeuvre. Accouchez des amendements qui s'imposent dans ce projet de loi.
Nous sommes prêts à les étudier et à les amender.
Ensuite, nous ferons rapport à la Chambre. Nous serons alors en mesure
de tenir compte de certaines recommandations... Pardon? Le ministre n'est pas
fort dans les accouchements. Il est plutôt fort dans les omelettes !
M. TOUPIN: De qui parlez-vous?
M. PAUL: Du ministre de l'Agriculture, mon bon ami, mon quasi
voisin.
M. TOUPIN: Le député de Maskinongé est
spécialiste en procédure parlementaire mais...
M. PAUL: Oui. D'ailleurs, vous n'avez pas fini. Vous allez voir cela
quand vous allez arriver avec vos amendements en haut. Vous avez besoin
d'être prêt.
M. TOUPIN: ... il ne l'est pas du tout en médecine.
M. PAUL: Pardon?
M. TOUPIN: Il ne l'est pas du tout en médecine.
M. PAUL: Excepté que je n'ai jamais eu l'idée de me
présenter candidat libéral comme vous avez eu l'intention de vous
présenter candidat de l'Union Nationale, le 12 février 1970, au
restaurant Miss Louiseville, alors que vous m'avez demandé si on vous
accepterait comme candidat de l'Union Nationale.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! M. TOUPIN: M. le
Président...
UNE VOIX: C'est hors d'ordre, M. le Président.
M. PAUL: Je dis, M. le Président...
M. TOUPIN: C'est très simple, cette question.
UNE VOIX: Qu'avez-vous répondu?
M. PAUL: Je lui ai dit: Monsieur, vous n'êtes pas assez valable
pour nous.
M. TOUPIN: C'est très simple, cette question. C'est qu'on me
courait après.
M. PAUL: Je dis, M. le Président, que le ministre devrait
aujourd'hui nous apporter des amendements.
M. TOUPIN: On me courait après. Ils se cherchaient un ministre de
l'Agriculture.
M. PAUL: Vous devriez nous apporter les amendements. Nous vous
attendons. Nous sommes prêts à tenir compte des revendications et
des représentations qui ont été faites ici, devant la
commission parlementaire. Ce n'est pas à nous de faire la loi. C'est
à vous de nous présenter les modifications que vous envisagez. De
ces amendements, nous verrons quels sont ceux que nous jugeons acceptables, que
nous voudrions voir acceptés par la bergerie des 72. Ensuite, nous
verrons si ce projet de loi implique des principes nouveaux et si nous devons
appuyer ou non, en troisième lecture, comme l'a si bien exposé
mon collègue, ce projet de loi.
M. TOUPIN: M. le Président, ce que j'aurais aimé du
député de Maskinongé, ce n'est pas de nous exposer
l'historique et la théorie de la procédure des commissions
parlementaires. Ce que j'aurais voulu qu'il m'apporte, ce sont ses opinions
à lui sur le projet de loi. C'est pour cela que nous sommes
réunis aujourd'hui.
M. PAUL: Ce n'est pas la place, ici. Nous attendons les
vôtres.
M. TOUPIN: Qu'il nous les apporte, ses opinions.
M. PAUL: Nous avons les nôtres. Cela va durer assez longtemps que
vous en aurez assez.
M. TOUPIN: Avez-vous peur de vous compromettre, de dire ce que vous
pensez du projet de loi? Alors, dites-le !
M. PAUL: Apportez-nous vos amendements.
M. VINCENT: M. le Président, nonobstant que vous ayez
mentionné que les autres députés auraient la parole avant
moi, c'est que tout à l'heure le ministre de l'Agriculture a
mentionné que nous n'avions pas émis la position
d'Unité-Québec, en ce qui concerne le projet de loi sur le
syndicalisme agricole.
M. TOUPIN: Cela c'est dit, en tout cas.
M. VINCENT: A ce moment-ci, le ministre revient sur cette question. Je
voudrais très clairement lui dire quelle est la position que j'ai
adoptée, dès le début, au nom de mon groupe.
Premièrement, nous sommes pour le principe. Nous voterons pour le
projet de loi en deuxième lecture. Deuxièmement, nous ne pouvons
accepter les mécanismes tel que décrits dans le bill 64.
M. TOUPIN: Lesquels proposez-vous?
M. VINCENT: Si ces mécanismes demeurent ce qu'ils sont, nous
voterons contre le projet de loi en troisième lecture. Est-ce clair?
M. TOUPIN: Si vous voulez voter pour, lesquels
préconisez-vous?
M. VINCENT: J'y arrive. Troisièmement, ce que j'ai proposé
au quatrième point; une consultation par des cartes signées de 50
p.c. plus un. Avant que nous nous prononcions, nous aurions aimé que le
ministre réponde à cela d'abord. Je pense que c'est important.
Comme je l'ai dit aux autres commissions parlementaires, inutile d'avoir un
projet de loi qui serait voté par l'Assemblée nationale, qui
serait déposé sur la table du greffier, qui serait dans les
statuts de la province de Québec, si le projet de loi n'entre pas en
application.
Quand bien même on opterait, comme nous l'avons fait, nous
d'Unité-Québec, pour 50 p.c. plus un des agriculteurs qui sont
sur une liste, si cette liste-là n'est jamais faite si elle n'est pas
prête, cela servira à quoi? Nous aurions aimé, avant que
nous discutions, que le ministre nous réponde. C'est la raison pour
laquelle j'ai voulu intervenir dès le début, pour permettre
d'éclairer les membres de la commission. D'abord, est-ce qu'on a
décidé de garder la même définition du terme
agriculteur? Je pense que c'était une question préalable, parce
que le ministre des Affaires municipales nous avait
affirmé qu'ensemble, le ministre de l'Agriculture et le ministre
des Affaires municipales, avaient trouvé une nouvelle définition.
Donc, nous voulions être éclairés sur ce
sujet-là.
Deuxièmement, nous voulions savoir et c'était
tellement facile de répondre si la liste des producteurs au
Québec est en voie d'être terminée. Est-ce qu'on est
avancé? Est-ce que, dans quinze jours, dans trois semaines, dans un
mois, dans deux mois, cette liste sera prête à être
corrigée, vérifiée pour pouvoir procéder, par la
suite, à une consultation comme on l'a exprimé, de 50 p.c. des
agriculteurs plus un?
Troisièmement, avant de parler hypothétiquement sur un
projet de loi, ce qui, à notre sens, est ridicule on pose deux
questions sur le premier référendum: Est-ce qu'on est pour
l'accréditation? Est-ce qu'on est pour la cotisation obligatoire? Et, en
plus de ça, dans le mécanisme actuel, on dit que, si on veut
augmenter la cotisation, on est obligé de retourner encore en
consultation populaire nous aurions aimé avoir des
éclaircissements du ministre sur ces trois points-là. Cela aurait
tellement été facile, par la suite, si le ministre nous avait
dit: Voici ce qui arrive en ce qui concerne le mot producteur. Voici ce qui
arrive en ce qui concerne la liste des producteurs, et voici ce qui arrive en
ce qui concerne les changements.
Partant de là, je disais ceci: On a discuté devant la
commission parlementaire les mémoires qu'on nous a
présentés. Personne n'approuve le mécanisme de
consultation tel que stipulé dans le bill 64. Pour les uns, ce n'est pas
à jour; pour d'autres, ce n'est pas réellement
représentatif, le 60/60: 60 p.c. d'un quotient hypothétique de
60,000, ça fait 36,000 et 60 p.c. de 36,000, ça fait 21,400 qui
diraient oui et les 60,000 seraient obligés de payer.
Nous avons dit, en ce qui nous concerne, nous ici d'ailleurs,
nous avons été appuyés par le député de
Sainte-Marie qui a présenté son mémoire avant ou
après; je ne l'ai pas lu, nous ne nous sommes même pas
consultés sur cette question; nous ne nous sommes pas parlé de la
Loi du syndicalisme agricole que les 50 p.c. plus un, il faut quand
même qu'ils soient trouvés sur une liste de noms.
Si le ministre nous dit: C'est bien malheureux, la liste de noms va
être prête seulement au mois de septembre l'an prochain; il est
impossible de réaliser cette liste et d'avoir cette consultation avant
le mois de septembre 1972 ou avant le début de 1973, c'est là que
je dis au ministre: Arrivons...
M. TOUPIN: Avez-vous une suggestion?
M. VINCENT: ... avec une solution immédiatement. Non, non si le
ministre n'est pas capable de nous confirmer, il ne sert à rien de faire
des suggestions si c'est applicable seulement dans deux ou trois ans. On la
fait, la suggestion. Est-ce que le ministre nous dit que c'est applicable
immédiatement? Est-ce qu'il a une liste immédiatement ?
M. TOUPIN: Je l'ai donnée...
M. VINCENT: Bon, s'il dit non, s'il répond non à ces
questions, je dis qu'il faut penser qu'en 1971 et le ministre l'a
confirmé il est ridicule de ramasser les cotisations de porte en
porte. Je dis que si c'est absolument impossible, suivant les réponses
que le ministre nous donnera, nous allons lui suggérer encore plus que
ça, nous irons plus loin. Que dès le 1er janvier 1972, il passe
une très courte loi disant que toute personne qui vend un produit
agricole au Québec est cotisée à la source pour un montant
de $15. Il y en a à peu près 72,000 qui vendent des produits
agricoles au Québec qui seraient cotisés à la source pour
un montant de $15. Mais, comme il n'y a pas de loi obligatoire, qu'on leur
permette de se désengager sur une période de trois mois. A ce
moment-là, s'il y en a 5,000, 6,000 ou 10,000 qui se désengagent,
il y en a 62,000 qui paieront leur cotisation à la source, ce qui
permettra à l'UCC de se financer, ce qui permettra à l'organisme
agricole d'aller de l'avant sans avoir à faire ce qu'on faisait il y a
30 ou 35 ans et qui n'existe nulle part. Ce ne sont pas des suggestions,
ça?
Ce sont des suggestions valables. Je répète encore dans
les mêmes mots, dans les mêmes termes ce que j'ai dit au
début, M. le Président. Si le ministre voulait comprendre
simplement, nous dire qu'il accepte les 50 p.c. plus 1, ou qu'il les
refuse...
M. DEMERS: Il faudra lui écrire.
M. VINCENT: S'il dit qu'il les accepte, on va lui poser une autre
question: A quel moment les listes seront-elles prêtes, à quel
moment la loi sera-t-elle en application, à quel moment est-on d'accord
pour qu'il n'y ait qu'un seul organisme. Je l'ai dit d'ailleurs, qu'il n'y
avait qu'un seul organisme sur le plan provincial qui est reconnu dans les
faits à l'heure actuelle comme étant représentatif de tous
les agriculteurs au Québec: l'UCC.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais rappeler au député de Nicolet
qu'il répète la même chose qu'il a dite au début, et
je dois donner la parole au...
M. VINCENT: Bien, excusez-moi, M. le Président. Non, M. le
Président, absolument pas.
M. PAUL: Il a droit à une heure.
M. VINCENT: J'ai la parole et j'ai le droit de parler une heure sur
chaque article. Une heure, d'accord?
Quand bien même ce serait la même chose, ce n'est pas
à vous de juger, je répète au
ministre. Ce n'est pas à vous de juger, non, M. le
Président! Demeurons dans nos oignons. Donc, M. le Président, le
ministre veut avoir des suggestions, des suggestions valables? Eh bien, je
crois qu'on lui en fait, des suggestions. Ce qu'il faut, c'est avoir
immédiatement une formule qui va permettre le financement d'une
organisation provinciale.
Ce n'est pas dans un an, dans deux ou trois ans; il nous faut cela
immédiatement. Il y a des prérequis à cela, une liste,
définition des producteurs. Ces prérequis, si le ministre nous
dit qu'il n'est pas capable de les rencontrer d'ici six, huit ou dix mois,
alors qu'on ira chercher 50 p.c. plus un des membres sur cette liste, qu'on
leur fera signer une carte d'adhésion, il faut qu'on trouve une formule
intermédiaire. L'Unité-Québec propose la formule
intermédiaire qui permettrait, dès le 1er janvier 1972, à
toutes les personnes qui vendent des produits agricoles d'être
cotisées à la source, de se désengager dans les trois
mois. Cela permettra, en définitive, d'empêcher que se
perpétue ce régime de cotisations qu'on va chercher de porte en
porte à tous les ans. C'est la position officielle
d'Unité-Québec.
Ce ne sont pas des suggestions valables? Cela fait un mois et demi que
nous avons siégé à la commission parlementaire de
l'Agriculture, la dernière fois, c'était le 30 septembre. Cela
fait un mois et demi exactement. La seule question élémentaire
que je veux poser au ministre je ne parlerai plus d'ici l'heure du lunch
parce qu'il ne reste que deux minutes est celle-ci: Où en est la
fabrication des listes des producteurs agricoles au Québec? C'est la
seule question que je pose au ministre.
M. TOUPIN: M. le Président, c'est très simple de
répondre à cette question. Je pensais que le député
de Nicolet avait sa réponse. S'il y a nécessité de faire
une liste à la suite du projet de loi...
M. VINCENT: Ah!
M. TOUPIN: ... il est bien évident que cela va se faire.
M. VINCENT: M. le Président, nous n'avons plus rien à
dire.
M. TOUPIN: Cela va de soi.
M. VINCENT: Le ministre n'était pas sérieux lorsqu'il a
présenté la loi.
M. TOUPIN: Ce n'est même pas essentiel que l'on discute de cette
question tout de suite.
M. PAUL: Vous allez prendre cela où?
M. TOUPIN : Il n'est même pas nécessaire qu'on discute tout
de suite cette question-là.
M. PAUL: Sur quoi allez-vous vous baser pour établir le nombre de
cultivateurs ou de producteurs?
M. DEMERS: Si vous ne prenez pas de liste, quoi d'autre? Comment
allons-nous déterminer le nombre de cultivateurs dans la province de
Québec?
M. TOUPIN: Qui a dit qu'il n'y aurait pas de liste de faite?
M. PAUL: On vous demande si vous avez commencé à en
faire.
M. TOUPIN: On vous dit que ce n'est pas essentiel pour le moment. Si le
projet de loi est accepté, avec les amendements qu'on proposera à
la suite de suggestions que vous nous faites, dans l'application du projet de
loi on les rédigera et on les fera, les listes, on s'arrangera pour les
faire en conformité avec le projet de loi.
M. VINCENT: Cela va prendre combien de temps à faire les
listes?
M. TOUPIN: Je ne le sais pas, moi.
M. VINCENT: 50 p.c. plus un d'une liste donnée, à quel
moment sera-t-on en mesure de vérifier 50 p.c. plus un d'une liste? Il
faut commencer par une liste.
M. TOUPIN: Quand la liste sera faite.
M. VINCENT: A quel moment la liste sera-t-elle faite?
M. DEMERS: Comment allez-vous établir un
référendum...
M. TOUPIN: Quand le temps sera venu de le faire.
M. DEMERS: ... si vous n'avez pas de liste?
M. ROY (Beauce): Quand le temps sera-t-il venu?
M. TOUPIN: Qui a soutenu qu'il n'y aurait pas de liste de faite?
M. DEMERS: On vous demande s'il y en a une d'amorcée.
M. TOUPIN: Actuellement, la seule liste qu'il y a au ministère,
le député de Nicolet le sait, c'est celle qui existait avant; il
n'existe pas d'autres listes, sauf celles que l'on retrouve au niveau des plans
conjoints, qui se font de jour en jour et de semaine en semaine, pour des
groupes de producteurs. Mais il n'y a pas de liste officielle de faite au
gouvernement concer-
nant le nombre d'agriculteurs au Québec, est-ce que c'en est un
ou pas? Il n'y a pas de telle liste.
M. DEMERS: Le ministre accepterait-il une suggestion? Il en demandait
tantôt. Je vais lui en donner une. J'ai demandé, il y a un mois et
demi, s'il était possible, par l'entremise des bureaux régionaux,
de demander que l'on fasse l'inventaire des vrais cultivateurs. Que l'on
commence.
M. TOUPIN: Ce n'est pas impossible.
M. VINCENT: On va commencer au mois de juillet?
M. TOUPIN: On peut se servir des bureaux régionaux ou d'autres
mécanismes pour établir ces listes.
M. DEMERS: Nous allons poser des questions en Chambre.
M. TOUPIN: C'est très simple; si le projet de loi est
adopté et, s'il y est prévu qu'une liste sera dressée,
elle sera dressée.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): La séance est suspendue jusqu'à
vingt heures.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aimerais avoir une directive.
Ce soir, faut-il demander la parole à la présidence pour parler
ou si n'importe qui parle n'importe quand?
M. LE PRESIDENT: Toujours à la présidence.
M. ROY (Beauce): Toujours à la présidence? Alors,
j'espère que vous allez faire appliquer le règlement, ce
soir.
M. LE PRESIDENT: Oui. (Suspension de la séance à 18
heures)
Reprise de la séance à 20 h 10
M. OSTIGUY (Président de la commission permanente de
l'Agriculture et de la Colonisation): A l'ordre, messieurs!
La parole avait été donnée au député
de Beauce.
M. ROY (Beauce): Merci, M. le Président. A la suite de la
séance de la commission parlementaire de cet après-midi qui a
duré près de deux heures, je me permettrai de faire une
réflexion au début de cette soirée.
On s'interroge pour savoir si le gouvernement est sérieux et si
le ministère de l'Agriculture est sérieux, à la
façon dont il a agi au cours de cette séance de la commission
parlementaire. On se souvient que le gouvernement a demandé
l'ajournement des travaux de la Chambre, cet après-midi, pour permettre
la convocation de la commission parlementaire de l'Agriculture afin
d'étudier le projet de loi no 64, alors que cette motion a
été débattue en Chambre juste avant la clôture du
congrès de l'Union catholique des cultivateurs.
Aujourd'hui, on vient à la commission parlementaire pour
écouter les amendements que le ministre aurait dû nous proposer,
après les nombreux mémoires qui ont été
présentés ici. Mais le ministre semble vouloir remettre ses
responsabilités entièrement sur le dos de l'Opposition, comme si
c'était à l'Opposition qu'incombe la responsabilité de
rédiger le projet de loi ou d'en présenter un autre à la
place.
Je dis qu'il est du devoir du gouvernement de prendre ses
responsabilités, de nous présenter ses amendements et alors, nous
pourrons faire nos remarques, faire nos observations. Que le ministre veuille
bien consulter l'Opposition, nous en sommes fort heureux. Nous
l'apprécions d'autant plus que nous avons demandé d'être
consultés plus souvent avant de présenter d'autres projets de
loi. Mais de là à convoquer la commission parlementaire
uniquement pour consulter l'Opposition, je dis que cela manque tout de
même de sérieux.
Un mémoire a été présenté, des
recommandations ont été faites par un groupement politique. Le
député de Lotbinière a très bien expliqué la
position de notre groupement. Le député de Nicolet aussi, au nom
de l'Opposition officielle. Le député de Nicolet, dans son
intervention avant le souper, a parlé d'une courte loi, exactement dans
le sens du député de Lotbinière. Il nous est permis de
nous poser une question à ce stade-ci. Je me demande si le projet de loi
répond exactement à ce que les agriculteurs attendent. On peut se
poser des questions là-dessus, surtout à la suite des
mémoires qui nous ont été présentés.
Mais, je pense qu'à la suite de la commission parlementaire
d'aujourd'hui, les agriculteurs avaient hâte que cette commission
parlementaire soit convoquée pour savoir et connaître les
intentions du gouvernement. Nous avons de
bonnes raisons de croire que nous ne connaîtrons pas les
intentions du gouvernement et que nous ne serons pas plus avancés, ce
soir, lorsque la commission va ajourner que nous ne l'étions cet
après-midi vers quatre heures.
Je blâme le gouvernement de ne pas en dire plus et de vouloir en
faire porter l'odieux à l'Opposition. Il est à se demander si le
gouvernement n'a pas des intérêts à protéger et s'il
ne se trouve pas royalement mal pris. Autrement dit, le gouvernement serait
dans une impasse à la suite de ce projet de loi et il ne sait pas
où se diriger. Nous pouvons nous poser la question assez
sérieusement.
Deux autres observations, M. le Président, en ce qui a trait
à différentes définitions contenues dans le projet de loi.
La loi parle de référendum. Nous avions parlé, nous, au
début, d'organiser un référendum pour consulter la classe
agricole. Le Parti québécois a présenté un
mémoire, cet après-midi, en disant de faire signer une carte
d'adhésion à 50 p.c. des membres plus un et d'avoir le droit
à l'accréditation comme d'autres mouvements. Peu importe que nous
procédions par référendums multiples, par
référendum simple ou par cartes d'adhésion, il va falloir
que les listes soient faites. Il va falloir savoir qui va faire les listes et
en vertu de quels critères les personnes seront mises sur les listes.
Qui va-t-on inclure sur les listes? Je pense que c'est extrêmement
important.
Est-ce que l'on va inclure sur la liste, par exemple, un marchand qui
aurait une petite ferme et qui décide de vendre dix à quinze
cordes de bois par année? Est-ce qu'on va inclure sur les listes un
commerçant qui garde huit à dix animaux de boucherie pour en
vendre deux ou trois tous les ans? Est-ce qu'on va inclure, comme producteur
agricole pouvant être sur les listes et ayant son mot à dire, un
journalier ou un travailleur dans l'industrie de la construction qui est
propriétaire d'une érablière, au même titre qu'un
agriculteur professionnel? Je pense que l'impasse dans laquelle le gouvernement
se trouve se situe justement sur le point: Qui va-t-on inclure sur les listes?
Quelles sont les personnes que l'on va considérer comme producteurs
agricoles? Tant et aussi longtemps que l'on n'aura pas défini ces points
précis, à savoir qui sera sur les listes et en vertu de quels
critères, je pense que tout le reste ne sert à rien, nous
n'avancerons pas. Il va être assez difficile d'avancer.
Je pourrais même donner un autre exemple. Est-ce que l'on va
inclure sur les listes, par exemple, un notaire, un avocat ou un médecin
qui a une ferme sur laquelle il a construit un chalet et qui, chaque
année, fait couper un peu de bois ou encore se lance dans une petite
production donnée dans un certain secteur pour aller chercher quelques
petits revenus? Est-ce qu'on va le considérer au même titre que
l'agriculteur?
Alors, je pense qu'il va falloir sérieusement s'attaquer à
ce problème et commencer par définir qui est un agriculteur et en
vertu de quels critères, justement, nous allons le définir, de
façon que ce ne soit pas les non-agriculteurs qui soient en
majorité pour décider et disposer de la classe agricole.
M. TOUPIN: Avez-vous une définition à proposer concernant
l'agriculture? Est-ce que vous palabrez là-dessus?
M. ROY (Beauce): Est-ce que le gouvernement est à ce point
à court d'idées qu'il est obligé de nous le demander? Si
le gouvernement nous le demande, comme l'a dit le député de
Lotbinière, nous nous mettrons à la tâche et nous
suggérerons une bonne définition au ministre. Mais je pensais que
le gouvernement nous arriverait aujourd'hui avec quelque chose de positif dans
ce sens-lâ.
M. TOUPIN: C'est le contraire.
M. ROY (Beauce): Le gouvernement n'est pas plus avancé. Alors, de
ce côté-là, nous acceptons la demande du ministre, nous
allons faire une proposition objective.
M. TOUPIN: Très bien. Formidable.
M. ROY (Beauce): Lorsqu'on parle de la déduction à la
source, de façon â éviter la perception des cotisations des
agriculteurs, il faudrait se poser d'autres questions: Qui va percevoir?
Où? Comment? Vous savez, M. le ministre, et les autres membres de la
commission le savent également, des agriculteurs ont huit ou dix sortes
de produits, ils vendent dans huit ou dix domaines différents. Vous avez
des agriculteurs qui sont en même temps producteurs d'oeufs, producteurs
de porcs, producteurs laitiers, producteurs de bois, producteurs de produits de
l'érable, producteurs de légumes, de patates, de betteraves, etc.
Est-ce que dans chaque secteur, là où il va vendre dans
différentes maisons, le producteur va être obligé de payer
une cotisation à chaque endroit, payer huit, dix, douze cotisations par
année avant de pouvoir se faire remettre le trop-perçu à
la fin de l'année et peut-être même un an et demi
après?
Il va falloir trouver un autre mécanisme. J'aurais cru
sincèrement que le ministre de l'Agriculture, avec ses conseillers,
aurait pu nous donner quelque chose d'assez positif.
M. le Président, ce sont les observations que j'avais à
faire. Je pense que l'on devrait se pencher sérieusement sur ces deux
points: Qui va percevoir la cotisation et qui va-t-on considérer comme
un producteur agricole? Dès qu'on se sera entendu sur ces deux choses,
je pense qu'on va dissiper énormément de doutes,
d'inquiétudes chez la classe agricole et on pourra réellement
avancer de ce côté. Je puis assurer le ministre et les
agriculteurs que nous sommes ici pour prendre l'intérêt de la
classe agricole et
que nous entendons défendre les droits de cette classe dans ce
domaine.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, mes commentaires seront très
brefs. D'abord, je réalise, comme vous tous, que nous sommes ici pour
tenir le temps et remplacer une loi qui boitait un peu en haut. Nous sommes
descendus en bas globalement pour tenir le "slack" comme on dit en langage plus
prosaïque.
Je dois vous dire que j'ai, à la suggestion du ministre,
trouvé ce qu'on pourrait appeler une définition d'un producteur,
d'un producteur-agriculteur: qu'on ait pour lui les mêmes exigences qu'on
impose pour qualifier quelqu'un à l'Office du crédit agricole
pour obtenir un prêt.
Je pense que si cela a rendu service et qu'on a fait disparaître
ainsi tous les cultivateurs amateurs et les gens qui gardent une vache et
demie, deux vaches et trois quarts et pas plus, on pourrait, en se
prévalant de cette politique suivie par l'Office du crédit
agricole, qualifier un agriculteur. Ce ne serait peut-être pas parfait
dans le sens des exigences de tout le monde, mais si on n'a jamais eu de
récrimination de la part de l'UCC sur la qualification exigée par
l'Office du crédit agricole d'un cultivateur, je ne vois pas pourquoi
elle viendrait réagir dans ce sens lorsqu'on veut embarquer des
cultivateurs dans le syndicalisme agricole.
Le syndicalisme agricole est une mesure qui doit être faite pour
les vrais cultivateurs. Il est impérieux comme tout le monde l'a
dit ici à cette commission que ce ne soit pas les amateurs et les
"gentlemen farmers" qui viennent dicter aux agriculteurs les vrais, ceux
qui vivent essentiellement de leur terre et du produit de leur terre les
politiques à suivre et à définir.
Il est bien évident que sans liste il n'y a pas de
référendum. Le ministre a un peu de difficulté à
démarrer dans ce sens. Il y a un mois et demi je lui avais
demandé s'il y aurait possibilité de faire préparer une
liste des vrais cultivateurs, des cultivateurs bona fide, des cultivateurs qui
sont qualifiés, comme je l'avais dit dans le temps, en passant par les
bureaux régionaux qui, je crois, sont placés à la pointe
de l'information dans les différentes régions économiques
de la province. Il y aurait possibilité de trouver là dans un
avenir très rapide, et sans que cela nécessite une organisation
compliquée, le nom des vrais cultivateurs. Je crois, pour ma part, que
dans trois semaines on peut relever, en se servant de ces bureaux
régionaux, la liste des cultivateurs réels, efficaces qui sont
suf fragants de ces bureaux régionaux.
Pour ce qui est du référendum, j'abonde dans le sens de la
théorie du député de Nicolet : 50 p.c. plus 1, ne pas
faire d'exception pour la classe agricole, accorder les mêmes qualifica-
tions, exiger les critères imposés pour la reconnaissance
syndicale et l'accréditation de tous les corps syndiqués.
Je crois que ce sont des suggestions constructives. Je ne sais pas si
elles rencontreront les désirs, les options du gouvernement. Pour notre
part, nous de l'Opposition officielle, nous avons fait valoir nos idées
et je suis autorisé à dire au ministre que nous allons rester
bien calmement assis sur nos chaises, aussi longtemps que durera cette
déclamation qu'on nous a obligés à subir depuis que nous
sommes ici.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Agriculture.
M. TOUPIN: J'aimerais poser une question au député de
Saint-Maurice. Est-ce que la définition que vous donnez de l'agriculteur
à partir de celle contenue dans la Loi du crédit agricole, c'est
la position officielle de votre parti, de l'Unité-Québec?
M. DEMERS: C'est une suggestion que nous faisons...
M. TOUPIN: C'est une suggestion.
M. DEMERS: ... pas plus officielle que les définitions que vous
nous avez données en ne nous en donnant pas.
M. TOUPIN: C'est une suggestion de votre parti que la
définition...
M. DEMERS: Nous avons consulté M. Tessier là-dessus; il a
bien défini ça tantôt. On a dit que ceux qui savaient
définir étaient des dieux; vous en avez plusieurs dans votre
parti. M. le Président, je référerais le ministre aux
délibérations du 2 novembre 1971, alors que M. Tessier
répondait à M. Couture de l'UCC et lui disait ceci: "Je dois
ajouter que cette définition a été rédigée
après consultations, avec le ministère de l'Agriculture et
également de l'UCC.
Je crois, M. Couture, que vous étiez présent lors de cette
réunion, il y a quelques jours, et vous étiez d'accord sur cet
amendement? "Voilà, M. le Président, un endroit où le
ministre peut se référer pour obtenir une définition. Elle
est dans le sens de celle que je viens d'élaborer.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, je continuerai les observations que
j'ai faites cet après-midi, mais je pense que je fais mieux
immédiatement de clarifier notre position, vis-à-vis, par
exemple, du point qui vient d'être invoqué relativement au
crédit agricole. La façon de voir les choses du
député de Saint-Maurice, n'est pas tout à fait la
même que la nôtre.
Nous ne pouvons accepter sa définition parce que cela
élimine automatiquement une
certaine quantité d'agriculteurs qui, présentement, ne
sont pas acceptés en vertu des prêts agricoles et qu'il ne faut
absolument pas laisser de côté. Ceci précise notre
position. On ne peut pas se baser là-dessus comme barème
principal. Par contre, si on regardait en quoi s'exerce le droit d'association,
comme principe premier? Je pense qu'il faut automatiquement partir de
là. Je présume que le ministre lui-même est parti de
là. Je tiens quand même à énumérer certains
barèmes de base.
Il y a d'abord le respect de l'individu, à l'intérieur de
l'association où il est appelé à être membre.
Ensuite, son développement personnel et professionnel. Cela doit
également lui procurer des avantages individuels et sociaux. De prime
abord, cela doit favoriser l'harmonie entre les diverses associations ou les
divers syndicats. Là, on entre dans une autre sphère. Cela doit
normaliser aussi les relations entre les classes sociales mais toujours en vue
du bien commun. Si on part de ces principes de base généraux, je
pense qu'on arrive non pas à n'importe quoi, mais à la
reconnaissance soit, par exemple, une reconnaissance de corporatisme agricole
ou encore de quelque autre chose du genre ou d'autres associations.
A la suite de quoi, de façon pratique, de quelle façon
doit-on reconnaître qui est membre? On ne le sait pas. C'est un peu
bafouillant parce qu'on ne sait pas qui est producteur et qui ne l'est pas, qui
sera l'acheteur ou qui ne le sera pas; c'est assez difficile. Par contre, il y
a peut-être une autre issue par où le ministre peut sortir pour en
arriver à une possibilité pratique pour, en définitive,
l'agriculteur ou le producteur. Appelons-le comme cela, si vous voulez. Le but
visé, celui qui doit passer en tout premier lieu, c'est donner à
l'agriculteur ou au producteur ce qu'il attend des législateurs que nous
sommes.
Or, comme carte d'adhésion, des suggestions ont été
faites, soit par le député de Nicolet ou par le
député de Sainte-Marie; mais, puisque nous sommes à
l'ère des cartes, bientôt l'ouvrier ou le cultivateur aura besoin,
en plus de sa boîte à lunch, d'une boîte pour transporter
les cartes tellement il en aura. Pour simplifier, pour arriver à quelque
chose de possible, il y a la carte sociale que nous portons tous, qui comporte
neuf numéros; cette carte sociale, en plus...
M. TOUPIN: C'est un numéro avec neuf chiffres.
M. BELAND: Le ministre dit que, justement, elle porte un numéro
avec neuf chiffres, mais ça revient passablement au même, nous ne
sommes plus des personnes mais des numéros.
M. PAUL: Dans les deux cas, c'est neuf.
M. BELAND: Nous pourrions peut-être, c'est une suggestion, adapter
à cette même carte une annexe qui pourrait compter un autre
numéro qui représenterait, par exemple, le numéro de la
production donnée.
Nous nous enlisons dans la définition de
spécialités. Chaque spécialité, automatiquement,
aura besoin d'un numéro bien spécifique. Si, sur la carte, au
lieu d'être marqué, comme pour l'honorable député de
Saint-Maurice, M. X, médecin vétérinaire, MV, que ce soit
inscrit pour M. le député de Huntingdon, M. Fraser, producteur
agricole ou producteur professionnel et que le numéro de la principale
spécialité de sa profession agricole soit indiqué. Un tel
travail pourrait être fait, ce qui éliminerait automatiquement le
déchiffrement assez difficile par référendum.
Cela éliminerait en même temps les chicanes de famille
entre mêmes producteurs et, également, coopérateurs. Nous
ne sommes quand même pas dans un pays ou une province où il
n'existe qu'une possibilité ou qu'un acheteur pour les produits.
S'il n'y avait qu'un acheteur, soit la coopérative, là, ce
serait très facile de dire: l'acheteur. Pour tous les producteurs, peu
importe dans quelle spécialité, l'acheteur, ce serait la
coopérative. Ce serait très simple. Mais nous ne sommes pas dans
un tel pays et nous ne sommes pas voués à cela.
Il y a une certaine quantité, pour ne pas dire une très
grande kyrielle d'acheteurs, coopératives ou entreprises privées.
A quel niveau se situe l'acheteur? Comment s'appelle-t-il? Comment devra-t-il
s'appeler? Qui représentera-t-il? Qui devra percevoir le paiement de la
fameuse carte dont il a été fait mention cet après-midi,
de même qu'à une autre séance il y a quelque temps
déjà?
Je pense que cela vaudrait la peine, réellement, de regarder cet
aspect, pour voir si nous ne trouverions pas un moyen je ne dirai
certainement pas une fin, non d'atteindre la fin envisagée dans
le domaine de la reconnaissance de la profession agricole, pour servir le plus
possible les personnes qui vont être à l'intérieur de la
profession et sur lesquelles nous devons nous appuyer d'abord.
Il a été dit, cet après-midi, que l'on doit penser
en haut lieu pour descendre le cadre au niveau du producteur ensuite. Moi, je
prends l'affaire tout simplement à l'inverse. Si on bâtit un cadre
donné à partir du haut jusqu'en bas, c'est voué à
l'échec à plus ou moins brève échéance. Mais
si on part, en l'occurence concernant le besoin des agriculteurs, du bas en
montant, il y a certainement possibilité d'arriver à quelque
chose de palpable, qui peut être réellement bon pour les
agriculteurs.
Je me demande si on ne devrait pas envisager quelque chose de ce genre.
C'est une simple hypothèse que j'émets. Par contre, j'ai
relevé le défi du ministre, cet après-midi. Je vais lui
procurer quelque chose concernant la définition d'un producteur. Il va
l'avoir très, très prochainement. C'est entendu qu'en l'espace
d'une
couple d'heures, moi, je n'ai pas à mon service toute la kyrielle
d'employés qui sont au service du ministre. Cela me prend, il va sans
dire, plus de temps pour répondre au ministre que cela devrait prendre
au ministre pour nous répondre à nous, députés de
l'Opposition.
DES VOIX: C'est vrai.
M. BELAND: Je termine pour le moment je dis bien pour le moment
mes observations là-dessus. J'y reviendrai plus tard.
M. LE PRESIDENT: Le député de Wolfe.
M. LAVOIE (Wolfe): J'ai entendu quelques députés parler de
la définition du terme agriculteur. Le député de
Saint-Maurice a parlé du terme agriculteur en considération du
même mot qui est employé par l'Office du crédit agricole.
J'ai entendu la définition du mot agriculteur qui a été
donnée par le ministre des Affaires municipales. Maintenant, il y a une
autre définition du mot agriculteur qui est employé dans le sens
du ministère de l'Education, lorsqu'il s'agit d'une ristourne de la taxe
scolaire.
Quand on rembourse 35 p.c., on exige que la personne ait quinze acres de
terre seulement, je crois. Alors, c'est une autre vue du terme agriculteur.
Est-ce que je suis exact en disant cela?
M. FRASER: Douze acres. M. LAVOIE (Wolfe): Douze acres de terre. M.
PAUL: Douze acres ou quinze arpents. M. TOUPIN: C'est dix ou quinze.
M. LAVOIE (Wolfe): Dix ou quinze acres. Voici ce qui en est pour les
agriculteurs, au point de vue de la taxe scolaire. Pour signer une carte
d'adhésion, peut-être que le mot agriculteur pourrait être
employé dans le même sens aussi, s'il l'est au point de vue du
remboursement scolaire. Alors, cela devient assez compliqué.
M. FRASER: Si un gars a un poulailler qui vaut $25,000 sur deux acres,
il produit pas mal avec ses poules, mais il n'a pas beaucoup de terrain. Il est
producteur quand même.
M. DEMERS: Il y a plusieurs personnes qui ont quinze acres ou quinze
arpents ou douze et où il n'y a aucune culture. Si on se prévaut
de la définition qu'apporte le député de Wolfe, je pense
que cela va donner libre cours à un certain arbitrage parce que, dans
mon comté, il y a beaucoup... Je n'ai pas demandé la permission
à part cela.
M. LE PRESIDENT: Prenez un micro, monsieur, pour l'enregistrement.
M. DEMERS: Il faut demander la permission avant de le dire?
M. LE PRESIDENT: Non, non! Ce n'est que pour l'enregistrement, M. le
député.
M. DEMERS: Dans mon comté et dans les comtés où il
y a des paroisses rurales, il est bien évident que nous avons un paquet
de gens qui demeurent sur des terrains assez grands, qui obtiennent une
ristourne au point de vue scolaire et qui ne sont pas plus cultivateurs que
Noé dans l'arche.
M. LAVOIE (Wolfe): Tout de même, la définition de
cultivateur au sens de la loi du ministère de l'Education...
M. DEMERS: Je comprends mais cela ne veut pas dire qu'elle est bien.
M. LAVOIE (Wolfe): Non, d'accord, mais c'est une des définitions
quand même. J'aimerais demander au ministre, moi, s'il y aurait
possibilité d'avoir la définiton du mot agriculteur dans chaque
Législature des provinces et celle du gouvernement du Canada. Est-ce
qu'il y aurait moyen d'avoir la définition de chaque province, à
savoir ce qu'elles entendent par agriculteur?
M. TOUPIN: C'est aussi varié que les législations qui
s'adressent à l'agriculture. Le gouvernement fédéral
définit présentement l'agriculteur comme étant celui dont
le revenu peut atteindre $50 par année. C'est la définition
générale que le gouvernement fédéral a donné
de l'agriculteur.
M. VINCENT: Qui vend plus de $50.
M. TOUPIN: Qui vend pour plus de $50 de produits agricoles par
année. Quand vous revenez au Québec, vous avez une
définition dans la Loi du crédit agricole qui elle a
été pensée en fonction d'une loi bien précise
qu'est la Loi du crédit agricole.
Par exemple, je fais une réflexion très simple. Supposons
que nous nous attardons à définir un agriculteur comme
étant celui, comme nous le retrouvons dans la Loi du crédit
agricole, qui retire de sa ferme au moins la moitié de ses revenus et
celui dont l'activité consacrée à son travail
représente la moitié sur sa ferme. Cela devient extrêmement
difficile.
M. LAVOIE (Wolfe): Dans la définition du crédit agricole,
il faut que son principal revenu soit l'agriculture.
M. TOUPIN: C'est 50 p.c. de son revenu et dont la principale occupation
est l'agriculture. Mais nous présumons que c'est à peu
près 50-50. S'il va chercher 50 p.c. de ses revenus en agriculture, cela
peut représenter à peu près 50 p.c. de son travail sur la
ferme ou à peu près.
Mais cela devient extrêmement difficile de s'appuyer
là-dessus, sur une définition pratique et définitive de
l'agriculteur. J'apporte un cas. L'un fait $10,000 par année, l'autre
$15,000, l'autre $20,000, l'autre $30,000. Donc, celui qui fait $30,000 par
année, pour qu'il puisse être défini comme
agriculteur...
M. VINCENT: Us doivent être rares ceux-là.
M. TOUPIN: Il y en a plusieurs dont les revenus, actuellement,
dépassent $40,000 ou $35,000.
M. VINCENT: Brut.
M. TOUPIN: Brut, bien sûr.
M. VINCENT: Ce n'est pas la même chose.
M. TOUPIN: Bien sûr. Je pense que c'est la définition que
nous retrouvons dans la Loi du crédit agricole. Cela devient
extrêmement complexe. C'est qu'on va laisser de côté
à un moment donné de vrais agriculteurs, parce que le revenu de
50 p.c. qu'on exige nous force nécessairement à les mettre de
côté. Si vous prenez un autre barème, 25 p.c, vous avez le
même phénomène. Si vous prenez le système d'acrage,
vous avez le même phénomène. Qu'allons-nous faire de toutes
les productions sans sol? Qu'allons-nous faire du gars qui a une porcherie sur
trois arpents de terre? Qu'allons-nous faire du gars qui a un poulailler sur
quatre arpents de terre? C'est bien beau parler de définition, c'est
pour ça que je vous demandais si vous aviez des définitons qui
correspondent un peu plus à la réalité...
M. PAUL: Vous, en avez-vous une?
M. DEMERS: Est-ce que vous en auriez-une, par hasard?
M. VINCENT: Non, mais, M. le Président...
M. TOUPIN: ... et qui nous permettraient de
réfléchir...
M. FRASER : Celui qui travaille dans une banque et qui a une terre qui
produit $50,000 de produits agricoles, est-ce qu'il n'aurait pas le droit
d'être dans un syndicat même s'il a $2 millions à la
banque?
M. DEMERS: Vous'êtes dans les cas d'exception.
M. FRASER: Non, non.
M. DEMERS: Voyons donc. $2 millions à la banque, c'est rare, au
Canada. Vous ne restez pas dans la même province que nous autres.
M. FRASER: C'est un exemple.
M. DEMERS: Oui, je comprends.
M. FRASER: J'ai un gars dans mon comté qui fait l'élevage
de 1,200 boeufs. Il a cultivé 575 arpents de maïs pour mettre dans
des silos, puis lorsqu'il a demandé à faire du drainage
souterrain, on lui a répondu qu'il n'était pas
éligible.
M. TOUPIN: A cause de la définition qui est donnée...
M. FRASER: Il n'était pas éligible, il n'était pas
cultivateur.
M. TOUPIN: ... qui est une définition pour la ferme moyenne.
Alors il faut reprendre bien des définitions...
M. FRASER: Même s'il a cultivé 575 arpents de maïs
pour mettre dans les silos.
M. VINCENT: Si vous me permettez, M. le Président...
M. DEMERS: Ce n'était pas sa principale occupation.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, dois-je prendre la
parole ou attendre que vous me la donniez?
M. DEMERS: Prenez-la.
M. VINCENT: Juste une question, si le député me le
permet.
M. DEMERS: N'attendez pas qu'on vous la donne.
M. VINCENT: Juste une couple de questions.
M. DEMERS: D'abord, vous n'avez pas l'habitude d'attendre.
M. VINCENT: Je pense que cela va aider le député de
Sainte-Marie. Le député de Wolfe vient d'ouvrir un volet nouveau
en posant une question au ministre. Je pense que ce serait intéressant
si le ministre demandait à ses fonctionnaires de nous préparer
les définitions des termes "producteur" et "agriculteur" telles qu'elles
existent dans les différentes lois du gouvernement provincial. Je pense
que ce serait intéressant pour les membres de la commission qu'on
prépare cette liste. Par exemple, on pourrait mentionner qu'en vertu de
la Loi du crédit agricole, la définition est la suivante; qu'en
vertu de la Loi de l'amélioration des fermes, la définition est
la suivante; qu'en vertu de la Loi de la mise en marché, la
définition est la suivante.
M. TOUPIN: M. le Président...
M. VINCENT: Au lieu que chaque membre de la commission fasse des
recherches dans les statuts, on pourrait faire faire...
M. TOUPIN: Bien oui, c'est ça, ces lois sont publiques, vous
pouvez toujours les consulter...
M. VINCENT: C'est entendu, M. le Président.
M. TOUPIN: Je pense que chaque député de l'Opposition peut
assez rapidement et facilement aller chercher ces définitions.
M. VINCENT: Bien oui, mais écoutez...
M. PAUL: Si vous n'êtes pas capable de la faire la loi, dites-nous
le.
M. TOUPIN: Non, ce n'est pas ça. J'essaie de répondre
à une question du député de Nicolet.
M. VINCENT: Bien, je trouve ça quand même logique la
question ou la suggestion faite par le député de Wolfe.
M. TOUPIN: Oui, je suis bien d'accord, mais vous nous forcez à
donner une définition.
M. VINCENT: Non, mais je voulais...
M. TOUPIN : On va vous la donner. On en a mis une dans la loi. Vous
n'êtes pas d'accord sur celle-là, alors donnez-nous-en une. Il y
en a une dans la loi.
M. VINCENT: Si le ministre était sérieux, quand on fait
une suggestion, comme vient de le faire le député de Wolfe, le
ministre pourrait dire: J'ai 2,500 fonctionnaires qui travaillent au
ministère, la suggestion a du sens, je prends la suggestion du
député de Wolfe. Je trouve qu'elle a du sens et je n'y avais pas
pensé avant, mais c'est du choc des idées que peuvent surgir des
suggestions qui se tiennent. On pourrait demander aux fonctionnaires du
ministère de l'Agriculture de nous préparer les douze ou quinze
définitions du mot agriculteur qui existent dans les lois provinciales.
Partant de ça, on sait que la définition à tel endroit,
c'est telle chose; au drainage, c'est telle autre définition. Je pense
que ça donnerait un nouvel éclaircissement et ça
permettrait aux membres de la commission, à la deuxième lecture
en Chambre, de faire des suggestions qui seront plus valables que celles que
nous avons présentement.
Je pense que c'est une demande bien légitime, et j'appuie le
député de Wolfe. Cela nous permettrait de travailler sur un
document. D'ailleurs, le ministre aurait pu le faire, surtout qu'on en a
discuté les 2, 23 et 30 septembre, mais la suggestion n'a pas
été faite.
M. FRASER: Je m'excuse. Puis-je vous suggérer quelque chose?
Donnez des définitions saines et ouvertes de façon à ne
pas faire une chicane avec une personne qui fait de l'agriculture et qui serait
empêchée de le faire.
M. VINCENT: Non, je pose cette question parce que le ministre est au
courant que, récemment, le ministère des Transports a
écrit à certains agriculteurs...
M. FRASER: Oui, oui!
M. VINCENT: ... qui ont été refusés en vertu de la
Loi de l'amélioration des fermes. On leur a dit: En vertu de la Loi de
l'amélioration des fermes, mon cher monsieur, vous n'êtes pas
considéré comme agriculteur, donc le ministère des
Transports vous oblige à laisser de côté votre plaque
d'immatriculation d'automobile comme cultivateur pour prendre une nouvelle
plaque d'enregistrement de commerçant.
M. FRASER: Parce qu'ils étaient incorporés. M. VINCENT:
Alors, ça pose un problème. M. FRASER: La chose est en
suspens...
M. LEDUC: M. le Président, si vous me permettez. Au-delà
des définitions, je pense, parce que les définitions, elles sont
peut-être excellentes...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je ne vous la demande plus. Après je
prends la parole.
M. LEDUC: L'intervention du député de Wolfe au niveau des
définitions est probablement excellente, mais je pense qu'on peut
trouver des définitions à l'intérieur du ministère
des Affaires municipales quant à l'évaluation municipale.
UNE VOIX: Oui, oui.
M. LEDUC: On peut en trouver peut-être, à
l'intérieur du ministère des Transports quant à ce que le
député de Nicolet vient de mentionner, et à
l'intérieur du ministère de l'Agriculture ou d'autres
ministères peut-être.
Là, je ne veux pas m'engager en tant que membre du gouvernement
provincial quant à la décision que le ministre prendra sur la
définition du cultivateur. Ce n'est pas du tout le but de mon
intervention. Le seul commentaire que je voudrais faire est celui-ci: Peu
importe la définition qu'on donnera du cultivateur, nous avons devant
nous un projet de loi du syndicalisme agricole. Je n'ai pas la
prétention de connaître ça à fond, loin de
là. Chez moi, j'ai à peine une quarantaine de jardiniers
maraîchers qui ne sont pas tout à fait d'accord, en principe, sur
le projet de loi présenté par le ministre de l'Agriculture auquel
nous avons à faire face actuellement.
Cependant, je commence, à la suite de
discussions que j'ai eues avec le ministre, à me poser
sérieusement des questions. A la lumière des interventions que
les députés de l'Opposition et les députés
ministériels pourront faire, je me demande sérieusement si le
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation ne devrait pas
s'embarquer j'emploie le terme s'embarquer sciemment dans une
espèce de campagne d'éducation pour expliquer ce que
représente le syndicalisme agricole, à une condition, cependant
c'est une question que je me pose que ça n'aide pas
à régler un problème quant à l'UCC, mais bien
à régler des problèmes auxquels ont à faire face
des cultivateurs. Peu importe la culture à laquelle ils s'adonnent
actuellement, que ce soit des agriculteurs, des jardiniers maraîchers, ou
des gens qui cultivent des pommes de terre, que vraiment on rende service
à la classe agricole et qu'on leur laisse, jusqu'à un certain
point, un libre choix.
Je pense que les questions posées actuellement sont valables.
D'un autre côté, je m'interroge très sérieusement
sur la possibilité que le gouvernement peu importe ce qui arrive
au niveau du ministère des Communications entreprenne une
campagne pour expliquer ce qu'est vraiment la Loi du syndicalisme agricole.
M. le Président, il est probable que ça ne vous influence
pas tellement. Je sais que les jardiniers maraîchers de ma région
ne sont pas tellement favorables en principe à la Loi du syndicalisme
agricole, mais je dois vous dire qu'après avoir causé avec le
ministre, il m'a ébranlé sérieusement sur la valeur de
cette loi. Je suis porté aujourd'hui à être d'accord,
même s'il y a un mois je ne l'étais pas.
Pourquoi suis-je d'accord aujourd'hui? C'est parce que j'ai
été informé par le ministre, par d'autres membres de son
cabinet, et par d'autres collègues qui m'ont appris ce que
c'était. A la suite de ces renseignements, je me permets de
suggérer à la commission et au ministre qu'on essaie un peu de
renseigner les gens sur ce qu'implique exactement cette loi au niveau du
syndicalisme agricole, pour que les cultivateurs, qui aujourd'hui dans le
comté de Taillon sont totalement contre cette législation,
puissent, à un moment donné, y voir quelque chose de valable qui
pourra leur rendre service. C'est le seul but que j'ai en faisant
l'intervention que je fais. Ce n'est pas pour rendre service à l'UCC ou
à quelque autre organisme que ce soit, mais c'est beaucoup plus pour
rendre service aux quarante jardiniers maraîchers du comté de
Taillon. Peut-être que ça pourra rendre service aussi à
d'autres cultivateurs du Québec.
J'ai l'impression peut-être que je suis mal dirigé
là-dessus que le gouvernement devrait dire à la population
je m'excuse d'employer cet exemple aussi honnêtement aussi
franchement et aussi directement ce que le ministre m'a dit au niveau du
syndicalisme agricole et qui a fait, d'une façon très positive
que le député de Taillon a changé d'idée à
ce point de vue là, et que lui qui était il y a un mois contre,
est aujourd'hui pour.
Je pense que ce serait une bonne idée de renseigner la population
et la classe agricole à ce niveau-là. C'est tout ce que j'avais
à dire. Je vous remercie et j'imagine que le député de
Sainte-Marie, qui a les deux bras en l'air et qui fait des grimaces, pourrait
peut-être avoir la parole à ce moment-ci.
M. LE PRESIDENT: Le député de L'Islet.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'ai demandé la parole bien
avant.
M. GIASSON: M. le Président, j'ai demandé à prendre
à la parole après le député de Sainte-Marie.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. PAUL: On a un président partisan.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, lorsque nous nous
sommes réunis en commission parlementaire, je pense que tous les partis
représentés à la commission, les quatre partis
étaient d'accord sur le principe du syndicalisme agricole. Je pense
qu'on ne doit pas mettre ça en cause. Deuxièmement, le rôle
des membres de la commission était d'écouter les mémoires
des organismes concernés, d'écouter leurs représentations
et leurs recommandations. Ensuite, le rôle des membres de la commission,
des membres des partis de l'Opposition était d'arriver à la
séance d'aujourd'hui avec des recommandations, des propositions, des
solutions de rechange.
Nous sommes d'accord sur le principe du syndicalisme agricole; nous ne
sommes pas d'accord sur le mécanisme de la loi, le fonctionnement, le
référendum, l'accréditation, enfin sur une foule
d'articles. Je pense que c'est à nous, les membres de l'Opposition,
d'arriver en commission et de dire au ministre: Voici ce que nous nous
proposons. C'est ce qu'a fait le Parti Québécois. Il ne faut pas
avoir peur. Il faut arrêter de patiner et ne pas avoir peur de se
mouiller les pieds là-dedans. On est pour ou on est contre. Si on est
pour, si on est contre certains articles, qu'on propose des solutions de
rechange. Depuis cet après-midi, je vois des membres des deux autres
partis qui critiquent le projet de loi, qui critiquent des articles du projet
de loi, mais qui ne proposent rien comme solution de rechange... M. le
Président, j'invoque le règlement, je ne parle pas de vous.
M. LEDUC: M. le Président, j'invoque le règlement. J'ai
bien l'impression, à tort ou à raison là, je
voudrais bien qualifier mon intervention, M. le Président que le
député de Sainte-Marie, représentant d'un parti dont le
nom m'échappe, ne doit pas, de quelque
façon que ce soit, attribuer aux deux autres partis des
intentions qu'ils n'ont pas manifestées au cours des séances de
la commission.
J'ai eu l'occasion de lire certaines représentations qui ont
été faites cet après-midi et je dois dire en toute
honnêteté et...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous parlez comme un père.
M. LEDUC: ...honnêteté très personnelle que les
représentations qui ont été faites par les partis de
l'Opposition ont été très constructives. Je pense qu'il
n'est pas juste de la part du Parti québécois d'accuser les
représentants du Ralliement créditiste ou
d'Unité-Québec de ne vouloir que démolir quelque chose. Je
pense qu'ils ont amené quelque chose de positif, quitte à ce que
le gouvernement l'accepte ou non, mais c'était quand même positif,
ce qui s'est passé depuis cet après-midi. Le représentant
du Parti québécois n'a pas le droit de faire le commentaire qu'il
a fait il y a quelques minutes.
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Islet.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que je peux continuer? Non, non, je
n'avais pas fini.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. ROY (Beauce): J'aimerais rétablir les faits, M. le
Président, je pense que c'est notre droit. On nous accuse de n'avoir
rien proposé puis on a présenté un mémoire à
un moment donné, disant: Bien, voici, nous, nous sommes pour le
syndicalisme agricole, nous sommes pour la retenue syndicale obligatoire puis
pour un syndicat unique. Je ne l'ai pas nié. Si on veut parler du
mémoire du Parti québécois, je vais lui prouver en deux
minutes qu'il s'est mouillé les pieds. Il les a tellement bien
mouillés qu'il y a trois contradictions là-dedans. Il se
contredit à trois endroits dans ses recommandations, la preuve que ce
n'est pas facile.
Alors, nous avons voulu prendre une position objective, peut-être
pas la position rentable électoralement. Nous voulons penser aux
agriculteurs. Nous voulons être sérieux dans ce que nous avons
à dire et nous voulons justement, M. le Président, qu'on prenne
la part des agriculteurs là-dedans et qu'on ne parle pas seulement de
principes pour parler de principes. Le principe de la loi, on n'en discute pas.
On est tous d'accord sur le principe de la loi, mais seulement il n'y a pas que
le principe de la loi. Qu'est-ce qu'elle va donner aux agriculteurs? C'est
là-dessus qu'on s'interroge.
M. LEDUC: M. le Président, c'est malheureux, mais je suis
d'accord...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'avais pas fini.
M. LEDUC: ...pour la première fois de ma vie avec le
député de Beauce. Cela me fait bien de la peine, mais il a
raison.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, je n'avais pas fini
lorsque le député de Taillon a pris la parole. Naturellement, il
m'a accusé de toutes sortes de choses; le député de
Taillon s'est permis de me faire la leçon...
M. LEDUC: Il avait raison. Il avait parfaitement raison.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Remarquez bien que je ne le prends
pas...
M. LEDUC: Défendez votre idée, mais n'accusez pas les
autres partis.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je dis que le rôle des
députés des partis de l'Opposition à ce moment-ci,
à la commission parlementaire, c'est de proposer des solutions, de faire
des recommandations.
Je pense que cet après midi on a posé des questions sur la
loi mais on n'a pas proposé de solutions, on n'a pas pris position.
M. LEDUC: Le député de Sainte-Marie n'était pas
présent à un moment donné, sûrement, parce qu'il y a
eu des choses très constructives, des idées qui ont
été amenées. Le ministre était aussi présent
pendant ce temps-là.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le député de Taillon est
arrivé ce soir et a demandé: Est-ce que le député
va lire tout son mémoire? J'ai été obligé de lui
dire que je l'avais lu cet après-midi. Moi, j'étais
présent cet après-midi et il ne l'était pas.
M. LEDUC: Pardon, M. le Président.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous ne savez pas ce qui s'est
passé.
M. LEDUC: Je regrette, j'ai été présent, sinon
physiquement constamment. Je sais ce qui s'est fait depuis quatre heures et
vingt cet après-midi à la commission de l'Agriculture.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le député de Nicolet a
posé des questions.
M. LEDUC: Ce n'est pas nécessaire d'être ici assis pour
savoir ce qui se passe.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Laissez-les
donc faire, ils sont capables de se défendre. Laissez-les donc
faire, vous vous défendrez quand je vous attaquerai.
M. LEDUC: Ce n'est pas une question de défendre l'Opposition ou
non, c'est une question d'honnêteté.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je dis que le député de
Nicolet a posé des questions au ministre de l'Agriculture, de même
que le député de Saint-Maurice et le député de
Lotbinière, et on ne propose rien comme solution de rechange. Je le
redis encore.
M. DEMERS: M. le Président, j'interviens.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On placote...
M. DEMERS: Nous n'avons pas fait préparer nos textes par des
scripteurs.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le député de
Lotbinière...
M. DEMERS: Il n'a même pas été capable de lire
décemment, cet après-midi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... nous parle de cartes et il nous propose
un autre système de cartes qui est à peu près ce qu'il y a
de plus fou au monde.
M. LEDUC: C'est votre opinion à vous, cela ne veut pas dire que
c'est fou.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Faire de la politique avec le mémoire
que nous avons préparé, c'est faux. On prend
l'intérêt des cultivateurs et, dans le syndicalisme, je m'y
connais peut-être plus que vous. Je prends l'intérêt des
producteurs agricoles du Québec. Ne venez pas me dire que je fais de
l'électoralisme. Ce sont de fausses accusations.
M. LEDUC: M. le Président, je soulève une question de
privilège. Le député de Sainte-Marie vient de dire qu'il
connaît probablement le syndicalisme agricole plus que moi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'ai pas dit le syndicalisme agricole,
j'ai dit le syndicalisme tout court.
M. LEDUC: Le syndicalisme tout court. Je ne contesterai pas cette
prétention. Quant à moi, indépendamment du syndicalisme
quel qu'il soit,...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous avez dit vous-même que vous ne
connaissiez pas cela.
M. LEDUC: ... il y a des intérêts...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous l'avez dit, vous-même.
M.LEDUC: ...en jeu et ce sont ceux-là qui sont plus importants
que quelque syndicalisme que ce soit. Quant à moi, la classe agricole,
peu importe comment on la qualifie, c'est un élément qui, au
point de vue économique, est dangereusement important pour nous. C'est
cet élément que je voudrais aider, dans la mesure où je
peux y contribuer, avec les partis de l'Opposition et connaissant la
volonté très évidente du ministre de collaborer de ce
côté en vue de construire quelque chose, peu importe si le
député de Saint-Maurice donne l'impression qu'on est en train
d'employer l'encensoir. A un moment donné...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): De Saint-Maurice ou de Sainte-Marie?
M. LEDUC: ... il faut s'arrêter. Saint-Maurice parce que
Sainte-Marie c'est...
UNE VOIX: Il est mêlé.
M. LEDUC: ... j'allais dire que ce n'est pas grand-chose, mais je n'ai
pas le droit de le dire. Peu importe, au-dessus de toute la partisanerie
politique, il y a un intérêt commun: protéger la
société agricole. Croyez-moi aujourd'hui je peux en parler
en connaissance de cause je sais que le ministre de l'Agriculture et de
la Colonisation a à peu près ce seul objectif: protéger
cette classe agricole.
Je regrette, mais je dois dire que le député de
Sainte-Marie, malgré toute la bonne volonté qu'il a,
l'expérience qu'il pourrait avoir au niveau du syndicalisme quel qu'il
soit,...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous allez me faire pleurer.
M. LEDUC: ... ne semble pas comprendre vraiment la situation à
laquelle nous avons à faire face.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il va me faire pleurer.
M. LEDUC: Que je sache, c'est moi qui ai la parole, M. le
Président. Il ne semble pas comprendre la situation à laquelle
nous avons à faire face.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je suis tellement sensible que ça me
touche.
M. LEDUC: Si ça vous touche, arrangez-vous donc pour que
ça vous touche au point de vous fermer les lèvres et de me
laisser terminer.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, un point d'ordre. Le
député de Taillon a dit tantôt que je lance des
accusations. Lui, il me lance des accusation en pleine face depuis à peu
près une demi-heure. Est-ce que je dois le laisser faire? On m'accuse de
faire de l'électoralisme , et je n'en fais pas.
M. LEDUC: J'ai tout simplement dit: Peu importe l'expérience
syndicale que le député de Sainte-Marie peut avoir. J'ai alors
reconnu son expérience syndicale, quelle qu'elle soit.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous trouvez cela, drôle les
député créditistes?
M. LEDUC: Peu importe ce qu'elle est, grande ou petite, mais j'ai
l'impression qu'elle est petite.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, je vous prie de
demander au ministre de l'Agriculture si j'ai collaboré à
l'étude du bill 64. J'ai toujours collaboré au projet de loi du
gouvernement.
Voulez-vous me laisser tranquille...
M. DUMONT: Oui, mais je veux voir...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... et vous en aller a Mégantic?
M. DUMONT: ... ce qui se passe.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Ils ont peur!
M. DUMONT: On se rend compte qu'il a envie de tirer sur tout le
monde.
M. TREMBLAY(Sainte-Marie): J'ai collaboré avec le ministre de
l'Agriculture à chaque séance de la commission, et je collabore
encore. Même en dehors de l'Assemblée nationale, je le consulte et
je lui parle de nos projets. Je veux rendre le projet de loi aussi fonctionnel
que possible et je refuse votre affirmation quand vous dites que je fais de
l'électoralisme. Quand je voudrai faire de l'électoralisme...
M. LEDUC: M. le Président, je n'ai jamais dit que le
député de Sainte-Marie faisait de l'électoralisme. La
seule chose que je vais dire...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que je pourrais...
M. LEDUC: Un instant, M. le Président, si vous me le permettez;
une phrase et je me tais. Devant la naiveté du député de
Sainte-Marie, je me tais.
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Islet. UNE VOIX:
C'était le temps.
M. GIASSON: Il semble bien, à la suite des discussions que nous
avons depuis plusieurs minutes, qu'il serait compliqué de définir
le producteur agricole au Québec. Jusqu'à maintenant, il ne
semble pas que chacun ait apporté des suggestions ou tenté de
donner une définition...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Nous en avons donné, mais ça
n'a rien donné.
M. GIASSON: Bien humblement, je proposerais à la commission une
définition qui ne vaut peut-être pas, mais, tout de même,
vous me permettrez de la soumettre. Que diriez-vous de la définition
suivante: un producteur agricole est l'individu, la corporation, la
société ou la coopérative qui, au Québec, retire un
minimum de $500 de revenu net d'une activité soit de culture,
d'élevage, d'horticulture, d'aviculture, d'apiculture, de sylviculture,
enfin de tout ce qui est culture?
UNE VOIX: Pisciculture.
M. GIASSON: Pisci? Non, sylviculture; je laisserais la pisciculture en
dehors du syndicalisme agricole. La nomenclature de toutes les
spécialités agricoles que nous avons au Québec.
M. DEMERS: "Pétaque" culture.
M. GIASSON: Quitte, après cela, à laisser à la
Régie des marchés agricoles, qui a des pouvoirs par le projet de
loi, le soin de procéder à un référendum, de
dresser des listes, de permettre aux producteurs agricoles de faire rajouter ou
radier leur nom, toujours en fonction de la définition que
prévoit la loi. Il me paraît que ce pourrait être une des
formules de définition du mot producteur agricole dans le présent
projet de loi. Maintenant, si des gens voient des objections ou pensent que
ça peut apporter des problèmes dans l'application pratique d'un
référendum, en supposant que le référendum reste
inclus dans la loi, j'aimerais bien avoir les commentaires des membres de la
commission face à un projet de définition du producteur
agricole.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, pour préciser davantage,
lorsque j'ai parlé tantôt de cartes descriptives, très
spécifiques, pour éliminer une certaine quantité de
référendums ou de choses du genre, j'ai voulu apporter un
élément nouveau afin que le producteur ne paie qu'une fois.
Alors, si le député de Sainte-Marie est dans les patates
c'est le cas de le dire je précise davantage mon idée.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'aime autant être dans les patates
que dans le Crédit social.
M. DUMONT: Commence par écouter. Ecoute, tu vas mieux
comprendre.
M. BELAND: Je voudrais rectifier une autre affirmation qui a
été faite. A plusieurs reprises, on a dit que nous étions
contre le syndicalisme; c'est archifaux. Je tenais à le préciser
parce que le syndicalisme a été, pour une foule d'ouvriers, de
cultivateurs ou d'autres membres d'autres professions, une planche de salut,
parce qu'il y a dans la province de Québec une certaine quantité
de personnes qui étaient dangereusement lésées dans leurs
droits. Nous sommes en faveur du syndicalisme, là où il doit
être.
En ce qui concerne une autre chose qui a été
avancée quant à la délimitation de producteurs, je ne
ferai qu'une remarque étant donné que je vais produire quelque
chose à une séance ultérieure. Cela est assez difficile,
de prime abord, sans aller au fond des choses, parce qu'on ne peut même
pas refuser le ou les producteurs qui n'auront qu'une acre de terre.
Je pense aux producteurs maraîchers, aux floriculteurs ou à
d'autres cultures très spécifiques à l'intérieur
d'une serre. J'entendais tantôt l'honorable député de
Huntingdon parler de millions de dollars pour un producteur donné ou de
quelques cent mille dollars. Mais, disons que pour le producteur qui va
produire à l'intérieur d'une serre un légume donné
ou autre chose, il peut y avoir un revenu très appréciable. Cela
ne peut que lui prendre peut-être une demi-acre de terre, sa maison
comprise.
On ne peut réellement pas dire que cela va être à
partir de douze acres ou trois acres ou deux arpents ou quelque chose du genre.
J'irai peut-être un peu plus loin même, tellement je trouve, sur un
autre aspect, le bill absolument inadéquat.
A mon sens, sous un autre aspect, le gouvernement semble vouloir
contrôler les cultivateurs par l'intermédiaire de la régie.
Il ne le faut pas. Les conséquences de pouvoir illimité de
décision, ce sont des conséquences qui peuvent être
arbitraires ou discrétionnaires. Mais que ce soit d'une façon ou
d'une autre, il faut faire bien attention sur cette allée qui peut
être très glissante. Une conséquence directe de
l'imprévision du gouvernement, dans le projet de loi, c'est de doter la
régie de normes et de limites à l'intérieur desquelles
elle devrait se limiter pour rendre ses décisions ou administrer la Loi
du syndicalisme agricole.
Il peut y avoir un autre accroc grave aux droits les plus fondamentaux
des contribuables. C'est d'autant plus grave que cette loi sera opposée
à une classe qui ne possède pas tout le temps nécessaire
et dont plusieurs éléments n'ont physiquement ni le temps ni
l'argent nécessaires pour voir adéquatement à la
progression de leurs intérêts.
On vient de citer un personnage qui peut être l'instigateur de
quelque chose de précis en matière de philosophie, mais je ne
pense absolu- ment pas à des écrits du genre. Je pense à
quelque chose de logique et de façon légale.
C'est entendu que nous ne disposons pas, et je l'ai dit au ministre
tantôt, de la kyrielle d'excellents conseillers que le ministre peut
avoir; par contre, que l'honorable député de L'Islet prononce un
nom, je pense que c'est contraire au règlement. Que nous prenions nos
sources d'information là où il se doit, je pense que c'est du
ressort de chaque parti politique et nous avons droit aux nôtres. J'y
reviendrai, M. le Président.
M. PAUL: Non, non, continuez! Videz-vous tout de suite!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le député de L'Islet a raison,
ce n'est pas du Louis Even, c'est du Gilberte Côté.
M. DEMERS: Un autre blasphème.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Agriculture et de la Colonisation.
M. TOUPIN: M. le Président, j'ai l'impression que les
députés, membres de la commission, ont eu l'occasion de donner
leurs points de vue, du moins à cette étape-ci de l'étude
du projet de loi. Certaines suggestions sont venues de presque tous les partis.
Les unes plus articulées que les autres; les autres, prises dans des
lois déjà existantes mais qui, au premier abord, ne
m'apparaissent pas du tout coller à la réalité du
syndicalisme agricole. Du reste, chaque parti a eu l'occasion, tout au moins,
de s'exprimer clairement avant que nous abordions l'étude du projet de
loi en deuxième lecture, article par article.
A partir des mémoires de ceux qui sont venus faire certaines
représentations lors des audiences publiques et à partir
également des quelques suggestions qui nous viennent de l'Opposition,
tout ce que je puis dire, pour le moment, c'est que certains amendements seront
apportés au projet de loi au moment où nous le porterons en
deuxième lecture. J'espère bien que ces amendements que nous
proposerons seront de nature à rallier l'ensemble des
députés de l'Assemblée nationale.
Le problème, peut-être le plus crucial, auquel nous aurons
à faire face je ne pense pas être le seul à avoir
à faire face à ce problème-là c'est celui de
la définition du producteur. Cela nous apparaît évident
que, plus on cherche une définition, plus on s'embourbe dans toutes
sortes de définitions qui ne débouchent presque nulle part. Cela
nous apparaît assez clair, en tout cas, que la définition que nous
avons mise dans le projet de loi no 64 touche tous les agriculteurs
susceptibles d'être touchés. Elle touche, au fond, l'agriculture
et c'est ce que le projet de loi cherche à atteindre, et l'agriculture
et l'ensemble des agriculteurs.
Donc, je ne veux pas être plus long, M. le
Président. Comme je le disais, nous aurons des amendements
à apporter et nous les proposerons lorsque nous présenterons le
projet de loi en deuxième lecture.
M. LE PRESIDENT: Le député de Nicolet.
M. VINCENT: Juste deux mots, M. le Président. Nous regrettons
sincèrement que le ministre nous informe seulement du fait que certains
amendements seront apportés à la législation avant la
deuxième lecture, et qu'il nous dise simplement que ces amendements
devront rallier l'ensemble de l'Opposition ou l'ensemble des parlementaires. Ce
que nous aurions aimé, comme l'a dit le chef de l'Opposition officielle,
c'est que le ministre dévoile aujourd'hui, peut-être pas dans les
détails, mais en substance quels seront les amendements. Ainsi, nous
serions prêts à voir revenir une législation qui
contiendrait d'autres mécanismes que le bill 64 tel que nous l'avons
devant nous présentement.
Cependant, nous croyons avoir fait notre devoir. Nous avons
écouté les représentations des corps
intermédiaires, nous avons fait des suggestions et confirmé que
nous acceptions le principe. En deuxième lecture, nous y serons
favorables, mais nous sommes contre les mécanismes. Nous avons fait
certaines suggestions qui méritent, j'en suis certain, d'être
retenues pour qu'ainsi nous ayons un projet de loi sur le syndicalisme
agricole.
Maintenant, le ministre a mentionné qu'il était content
que les différents partis politiques se soient exprimés. Je
remarque qu'il y a quelques députés de la majorité qui se
sont exprimés. Je les remercie. Je les en félicite. Nous aurions
dû avoir plus de députés de l'autre côté qui,
comme les députés de LTslet et de Taillon, auraient donné
leur point de vue. Ils auraient, en même temps, renforcé le
ministre qui se sent un peu égaré...
M. LEDUC: Non, non, non! M. le Président, je regrette, mais le
député de Nicolet ne doit pas dire que le ministre se sent
égaré. Si le député de L'Islet et le
député de Taillon ont parlé...
M. DEMERS: Il ne se sent pas...
M. LEDUC: ...il y en a beaucoup d'autres aussi qui auraient pu le
faire...
M. DEMERS: ...vous avez raison.
M. LEDUC: ...mais ils sont actuellement à la commission
parlementaire de l'Education.
M. DEMERS: M. le Président, je donne raison au
député de Taillon.
M. LEDUC: Alors, il ne faut pas sauter aux conclusions. Le ministre se
sent très bien épaulé...
M. DEMERS: Il ne se sent pas.
M. LEDUC: ...par l'équipe qu'il a derrière lui. Je pense,
M. le Président, que c'est essentiel que cela se sache.
M. VINCENT: Laissez-moi terminer.
M. LEDUC: Même si un, deux ou trois députés ont
parlé, le ministre a l'appui de son équipe.
M. PELLETIER: Nous n'avons aucune objection à donner notre
opinion.
M. VINCENT: Je termine, M. le Président, en disant ceci: Le
ministre se sent quelque peu égaré.
M. LEDUC: Non, non!
M. VINCENT: Mais, il aurait certainement beaucoup plus de doigté,
beaucoup plus d'enthousiasme s'il recevait l'appui de ses propres
députés...
M. LEDUC: Il l'a.
M. VINCENT: ...avec des suggestions comme celles qu'a faites tout
à l'heure, le député de L'Islet. C'est simplement cela que
je voulais dire.
M. LEDUC: Il a notre appui.
M. TOUPIN: Une question de privilège.
M. LEDUC: Est-ce qu'il faut que les 71 autres parlent...
M. TOUPIN: Sur une question de privilège...
M. LEDUC: ...pour donner leur appui au ministre? Nous lui faisons
confiance. Nous le savons, nous en avons parlé, et nous sommes
d'accord.
M. TOUPIN: ...il restait une minute au député de Nicolet
pour nous faire une suggestion qui avait du bon sens et il a encore
trouvé le moyen de nous dire des conneries.
M. VINCENT: Pardon?
M. LE PRESIDENT: Le député de Kamou-raska.
M. TOUPIN: Il vous restait une minute pour nous faire une suggestion qui
avait du bon sens et vous avez encore trouvé le moyen de tout dire, sauf
nous faire des suggestions qui soient constructives.
M. PELLETIER: Je n'ai aucune objection à donner mon opinion
concernant le syndicalisme agricole.
M. LEDUC: Le ministre de l'Agriculture sait où il va avec son
projet de loi.
M. PELLETIER: Si vous croyez que c'est nécessaire que chaque
député...
M. VINCENT: M. le Président, si le ministre sait où il va
avec son projet de loi, quels sont...
M. PELLETIER: Est-ce que j'ai la parole ou non?
M. VINCENT: ...en substance, les principaux amendements?
UNE VOIX: Non, ce n'est pas nécessaire.
M. TOUPIN: Les amendements, nous les donnerons au moment où nous
présenterons le bill en deuxième lecture. Mais, quand je vais
vous les présenter, ils seront clairs et précis.
M. VINCENT: Cela donne la réponse.
M. TOUPIN: Je ne me référerai pas à cinq ou six
définitions vieillottes, dépassées et parfois
même...
M. LEDUC: Cela va être positif. M. TOUPIN: ... inapplicables.
M. LE PRESIDENT: Le député de Kamouraska.
M. PELLETIER: En réponse au député de Nicolet, je
dois dire que je n'ai aucune objection à donner mon opinion concernant
la Loi du syndicalisme agricole. Je sais que ça aborde certains
problèmes majeurs dans cette loi, par contre, à cette table,
aujourd'hui, de discussion, de suggestions, il me fait plaisir quand même
de donner mon opinion concernant ce projet de loi.
Disons qu'en principe, dans le projet de loi, il devrait être
inscrit que tout agriculteur doit posséder un permis pour être
réellement agriculteur avec des normes définies dans ce projet de
loi. Il me semble que ce serait logique, étant donné que certains
producteurs n'ont pas le volume de production requis pour être dans un
plan conjoint, pour être définis. Les discussions qui vont
être faites à cette table vont peut-être m'éclairer
pour pouvoir prendre position.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-marie): M. le Président, juste une
observation. Nous avons fait cinq recommandations concernant le projet de loi,
recommandations d'amendements. Maintenant, je peux affirmer au ministre que
lorsque nous étudierons le projet de loi en comité
plénier, mon parti aura une suggestion à faire pour la
définition du mot producteur. Il s'agira d'en discuter. Je ne dis pas
que ce sera la formule idéale, mais cela vous surprendra, vous n'avez
pas fini d'avoir des surprises.
Nous préparons présentement un amendement au mot
producteur pour définir qui va devenir un producteur ou ne sera pas
inclus dans le projet de loi. Nous aurons cela en comité
plénier.
UNE VOIX: Cela va être bon. C'est le temps de vous préparer
à ça.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais une question à
poser à l'honorable ministre. Je ne veux pas prolonger le débat,
au contraire, mais je pense que les agriculteurs du Québec sont en droit
de connaître à l'heure actuelle les intentions du
gouvernement.
Le ministre vient de nous dire que des amendements seront
présentés. Est-ce que le ministre pourrait nous dire quand la loi
sera étudiée en deuxième lecture devant la Chambre? Je
pense que c'est ce que les agriculteurs du Québec ont hâte de
savoir, et je pense que c'était une des raisons majeures qui ont
incité le ministre de l'Agriculture à convoquer la commission
parlementaire aujourd'hui.
Est-ce que le ministre peut répondre à cette question:
Est-ce que le projet de loi va être étudié en
deuxième lecture dans le mois novembre, dans la première
quinzaine de décembre, à la fin ou après les
Fêtes?
M. LEDUC: Aussitôt que possible.
M. TOUPIN: Evidemment la deuxième lecture va venir dans... je ne
peux pas dire autre chose que dans le plus bref délai; je ne peux pas
vous fixer une date précise, le 30 novembre, le 18, le 15, le 20, le 25.
Il est certain que si je suis capable de le passer en deuxième lecture
avant la fin de novembre, je vais le faire avant la fin de novembre. Mais si je
peux le faire dans dix jours, je le ferai dans dix jours. Je ne vois pas quel
intérêt ça peut avoir que de savoir la date où le
projet de loi sera présenté en deuxième lecture. Ce qui
est important, c'est qu'il soit présenté en deuxième
lecture.
M. ROY (Beauce): Les agriculteurs du Québec, M. le
Président, veulent savoir quand le gouvernement va procéder.
Alors, si le ministre nous dit que le projet de loi va être
étudié en deuxième lecture...
M. TOUPIN: Les agriculteurs du Québec, sur ce point, sont
très bien informés.
M. ROY (Beauce): Ils ne sont pas informés parce qu'on nous
appelle, et vous savez ce qui a été discuté au
congrès général de l'UCC.
M. TOUPIN: Je suis allé les rencontrer, je suis bien aise d'en
parler.
M. ROY (Beauce): Vous êtes allé les rencontrer.
M. TOUPIN: J'ai discuté une heure avec eux et je leur ai dit
exactement ce que je vous dis, qu'il serait présenté en
deuxième et en troisième lectures avec certains amendements et
tous ont été d'accord avec moi.
M. ROY (Beauce): En temps opportun, est-ce que ce sera en 1971 ou en
1972?
M. LEDUC: M. le Président, je pense que le ministre...
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'ai posé la question au
ministre. Le député de Taillon répondra lorsque je lui
poserai des questions.
M. LEDUC: Certainement.
M. ROY (Beauce): Ma question, je l'ai posée à l'honorable
ministre. Ce que nous voulons savoir aujourd'hui, c'est si la commission
parlementaire a été convoquée pour quelque chose et quand
le projet de loi va-t-il être étudié devant la Chambre? En
1971 ou en 1972?
M. TOUPIN : La commission parlementaire a été
convoquée pour entendre les suggestions des députés, des
membres de l'Assemblée, de l'Opposition en particulier.
M. LEDUC: Parfait.
M. TOUPIN: Et il me semble qu'on doit d'abord s'attarder sur des
suggestions concrètes plutôt que d'essayer d'arracher une date. Le
projet de loi a déjà été présenté en
première lecture, il le sera en deuxième et il le sera en
troisième.
M. ROY (Beauce): Quand?
M. TOUPIN : Et tout ce que nous espérons, nous, c'est qu'il le
soit dans le plus bref délai. Nos objectifs sont très clairs. Si
c'est possible de le présenter en deuxième et en troisième
lectures en novembre, il le sera. Si ce n'est possible qu'en décembre,
il le sera en décembre.
M. ROY (Beauce): Maintenant, M. le Président, est-ce qu'on peut
connaître les objectifs du gouvernement, et est-ce que dans...
M. TOUPIN: Les objectifs du gouvernement sont très clairs, c'est
d'être efficace et de répondre aux besoins de la population en
général.
M. ROY (Beauce): Je ne veux pas engager de débat
là-dessus. Ce que je veux savoir, c'est si c'est l'intention du
gouvernement de faire étudier son projet de loi en deuxième et en
troisième lectures avant les Fêtes, c'est-à-dire en
1971.
M. TOUPIN: Probablement avant les Fêtes. M. ROY (Beauce):
Probablement.
M. TOUPIN: C'est dans nos objectifs de tenter de le déposer en
deuxième et en troisième lectures avant la fin de la session,
c'est bien évident.
M. VINCENT: Peut-être que la question est trop difficile pour
obtenir une réponse bien précise en ce qui concerne la
deuxième ou la troisième lecture, mais est-ce que le ministre
pourrait nous dire d'abord à quel moment le bill 64 reviendra devant la
Chambre? C'est parce que vous savez qu'il est possible qu'on révoque la
première lecture, qu'on revienne avec un autre projet de loi, s'il y a
des amendements...
M. TOUPIN: Pourquoi?
M. VINCENT: Si c'est une nouvelle rédaction.
M. DEMERS: On ne sait jamais.
M. TOUPIN: Si j'ai bien compris, tous sont d'accord sur le principe.
M. DEMERS: Il ne s'agit pas que nous soyons d'accord, c'est vous
autres...
M. TOUPIN: Si le principe est accepté, la première lecture
est réglée.
M. VINCENT: La première lecture, elle est réglée
avec le bill tel qu'il est rédigé.
M. TOUPIN: C'est ça.
M. VINCENT: Le ministre nous dit qu'il y aura des amendements. D'accord.
A ce moment-là, je pense bien qu'il va falloir revenir devant la Chambre
la semaine prochaine ou dans quinze jours pour révoquer la
première lecture, remplacer ce texte par un autre texte. Ce sera encore
le même principe, mais, plus simple.
M. TOUPIN: Je ne le pense pas.
M. VINCENT: Je ne parle pas de Ta deuxième lecture. A quel moment
pourrons-nous voir la nouvelle rédaction?
M. TOUPIN: Lorsque nous le porterons en deuxième lecture, nous
apporterons nos amendements, et nous les proposerons.
M. VINCENT: Il faut avoir la rédaction avant.
M. TOUPIN: La rédaction, vous l'aurez, il n'y a pas de
problème. Vous l'avez toujours eue, d'ailleurs.
M. DEMERS: On ne vient pas d'écrire un chapitre nouveau dans le
règlement.
M. LEDUC: M. le Président, beaucoup de commentaires on
été faits au cours des dernières minutes quant à la
révocation possible de ce projet de loi ou des amendements, etc. Je
pense que le ministre a été très honnête dans les
commentaires qu'il a faits tantôt en disant qu'il ne savait pas
exactement à quel moment le projet de loi serait présenté.
Je pense qu'on ne peut pas lui en faire reproche. Qu'il veuille apporter des
amendements je crois que c'est une admission honnête aussi de la part du
ministre. Si j'ai bien compris ce qui s'est dit, je crois que l'intention la
plus profonde du ministre est de le ramener le plus rapidement possible, mais
il faut quand même regarder ce qu'on a au feuilleton.
Est-ce que ce sera le 23 novembre ou le 7 décembre? Cela n'a pas
vraiment d'importance pour autant que le ministre veut présenter cette
législation. Je crois qu'on doit lui rendre hommage, face à sa
sincérité et son honnêteté vis-à-vis de ce
problème qu'est le syndicalisme agricole.
M. DEMERS: M. le Président, je voudrais apporter une motion de
félicitations à l'endroit du député de Taillon.
Franchement, s'il n'était pas venu ce soir! ... Il vient de nous
renseigner sur la procédure parlementaire. Il nous a dit: Si ce n'est
pas le 23, ce sera le 27 ; si ce n'est pas le 27, ce sera le 30; si ce n'est
pas le 30, ce sera le 4. Ce sera une date.
Nous sommes fixés, nous le savons, nous ne nous posons plus de
questions et nous le remercions.
M. LEDUC: Je crois M. le Président, que je suis prêt
à seconder cette motion.
M. LE PRESIDENT: Qui a appuyé la motion du député
de Saint-Maurice?
M. ROY (Beauce): Je suis d'accord avec le député de
Saint-Maurice pour dire que le député de Taillon nous a appris
une chose: c'est que le ministre suit la politique de son gouvernement,
c'est-à-dire qu'il ne prend pas position. Nous avons au moins appris
ça.
M. TOUPIN: M. le Président, j'invoque le règlement. Ce
sont des balivernes, purement et simplement. C'est tout ce qu'on peut dire au
fond dans certains partis de l'Opposition. Très peu de choses
constructives. Evidemment, on pourrait en apporter, de ces exemples de
suggestions constructives qu'on nous fait. Je n'ose pas les apporter au fond
parce que cela m'apparaît vraiment le mot est trop fort, mais je
le dis quand même trop ridicule de répéter parfois
certaines suggestions qui nous sont faites de la part de certains partis de
l'Opposition.
Le gouvernement actuel a pleinement joué son rôle dans
l'agriculture. Si vous voulez savoir vraiment ce que pensent les agriculteurs,
allez voir les vrais agriculteurs et arrêtez de mettre sur le dos de
l'agriculture tous les autres problèmes sociaux que rencontre le milieu
rural. Allez les voir, les problèmes agricoles, allez discuter avec les
vrais agriculteurs, allez voir les producteurs de lait de ce temps-ci comment
ils se comportent.
M. DEMERS: Heureux.
M. TOUPIN: Vous allez vous rendre compte au fond que le ministère
de l'Agriculture fait son travail. Si on s'en tenait à cette sorte
d'actions ou de déclarations plus ou moins mêlées, non pas
d'humour, parce que dans certains partis ça n'existe pas... Il reste que
les gestes posés jusqu'à maintenant ont été
essentiellement positifs.
La Loi du syndicalisme agricole, d'ailleurs, on n'en parle pas depuis
1970, depuis quand en parle-t-on?
M. PAUL: La preuve c'est qu'on n'avance pas.
M. LEDUC: Le député de Maskinongé dit qu'on
n'avance pas mais on avance. On avance d'une façon très
constructive et positive.
M. DEMERS: Oui, on avance moins vite qu'autrefois quand ils ne savaient
pas où ils allaient.
M. LEDUC: Là, on sait où on s'en va.
M. BELAND: Les producteurs avancent vers la faillite.
M. LEDUC: Non, non! C'est prêter des intentions aux
producteurs.
M. LE PRESIDENT: Je remercie les membres de la commission parlementaire
et la séance est ajournée sine die.
(Fin de la séance à 21 h 26)