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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Fallu): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Chers collègues, Mme la Vice-Présidente, M. le ministre,
je voudrais d'abord vous souhaiter la bienvenue à cette commission pour
l'étude des crédits du ministère des Transports. On sait
que c'est un budget important que nous avons à voter.
Une voix: Constatez le quorum.
Le Président (M. Fallu): Oui, on me le fait remarquer, je
constate d'abord que nous avons quorum. C'est ainsi que nous démarrons
notre commission. Nous avons donc des budgets très importants à
voter, puisqu'il s'agit de 1 651 006 100 $. M. le ministre, nous vous
souhaitons la bienvenue. Nous souhaitons également la bienvenue à
M. Michaud, votre sous-ministre adjoint, et à vos hauts fonctionnaires.
Je sais que, tout à l'heure, vous aurez à nous les
présenter sans doute. Vous savez, M. le ministre, qu'il vous est
loisible d'inviter l'un ou l'autre de ceux qui vous accompagnent à
répondre non pas à votre place, mais en leur nom propre, du
consentement de la commission parlementaire.
Nos travaux dureront ce matin, cet après-midi et nous nous
reverrons demain pour terminer l'étude des crédits. Je pense que
nous aurons peut-être à appeler les programmes dans un ordre
différent de celui qui est inscrit, mais c'est aux formations politiques
de voir avec le ministre quelles sont les disponibilités de chacun
à partir des dossiers. On en informera la présidence en temps et
lieu.
M. le ministre, les règles du jeu de la commission parlementaire
sont un peu différentes de ce que vous avez connu à
l'époque comme ministre d'État à l'Aménagement ou
ministre des Affaires municipales, puisque vous constatez que vous n'êtes
pas membre, maintenant, de la commission, que vous êtes l'invité
de la commission pour l'étude des crédits et que, par ailleurs,
vous avez la parole aussi souvent que vous le désirez. Vous pouvez donc
répondre chaque fois qu'on vous interpelle. Toutefois, afin que les
échanges soient les plus rapides possible, même si les 20 minutes
réglementaires sont toujours là dans notre règlement, je
me permets de vous inviter à être toujours le plus bref possible
et le plus concis. Je sais que vous n'êtes pas un ministre qui fait des
discours de deuxième lecture en commission parlementaire, bien au
contraire; donc, on saura l'apprécier encore une fois. Sur ce, je vous
invite à vous adresser à la commission pour cette
présentation de vos crédits. M. le ministre.
Exposés préliminaires M. Jacques
Léonard
M. Léonard: M. le Président, je vous remercie de
vos bonnes paroles et de votre invitation à venir à cette
commission. Avant de commencer mes notes, je voudrais vous présenter les
gens qui m'accompagnent, un certain nombre, en tout cas, ceux qui ont
travaillé à la préparation de notre visite ici. Alors,
j'ai M. Chiricota qui est directeur du budget, M. André Ouellet,
sous-ministre du transport intermodal, M. Paul Lussier, sous-ministre adjoint
du transport des personnes, M. Jacques Charland qui est sous-ministre adjoint
aux opérations, M. Demers, sous-ministre adjoint au génie, M.
Carrier, qui est sous-ministre adjoint à l'administration, le nouveau
sous-ministre adjoint à l'administration et au transport - je pense
qu'il est entré en fonction ces jours-ci - M. Simard et M.
Côté du service aérien. J'ai aussi M. Boucher de la
programmation, M. Jean-Paul Bonneau qui est directeur à l'entretien, et
des présidents des sociétés du ministère des
Transports: M. Ghislain Leblond qui est président de la
Société québécoise des transports; M. Jacques
Clermont de la Société des traversiers du Québec et Mme
Paradis qui est de la Société des traversiers du Québec;
à mes côtés, mon sous-ministre, M. Pierre Michaud, et mon
chef de cabinet, M. André Bellavance.
M. le Président, avant de passer à l'étude
détaillée des différents programmes du ministère
des Transports, j'énoncerai quelques caractéristiques
générales du budget 1984-1985 et, au préalable,
permettez-moi d'exprimer ma fierté d'avoir été
nommé titulaire de ce ministère. Son importance, autant du point
de vue des ressources financières qu'humaines, démontre l'ampleur
des responsabilités qui m'incombent. Même si le budget total du
ministère des Transports est le cinquième en importance au
gouvernement, il est second au point de vue des ressources humaines et le
premier par
ses dépenses directes en fonctionnement et en immobilisation.
Le budget 1984-1985 se chiffre, comme vous l'avez dit tout à
l'heure, M. le Président, à 1 651 000 000 $ et les ressources
humaines à 11 257 personnes/année dont 8637 employés
permanents et 2620 personnes/année occasionnelles.
Ce budget se réfère à trois missions
gouvernementales et à quatre secteurs de l'activité
économique. Une fois réajusté pour tenir compte du
transfert au ministère de la Justice du contrôle des lois et
règlements de transport, ce budget est en hausse de 3,9% par rapport au
budget voté en 1983-1984. Mais si on inclut au budget de l'an dernier ce
qui a été obtenu pour la relance économique, ce budget
serait quelque peu inférieur à celui de 1983-1984.
Le fait que le budget ne varie pas au total n'implique pas
nécessairement une diminution du niveau des activités. Il est
évident qu'un budget de l'ordre de 1 600 000 000 $ permet de faire des
choix et de l'autofinancement de nouveaux projets si on effectue des
compressions budgétaires judicieuses et si on effectue aussi un
contrôle des dépenses de fonctionnement. Une revue
détaillée des différents programmes du ministère
permettra de connaître ces choix et leur impact sur l'économie du
Québec puisque, il faut le rappeler, le ministère des Transports
est avant tout un ministère à mission économique.
Même si la presque totalité des crédits du programme
de transport terrestre comprend le transport des personnes, le ministère
entend accentuer dès cette année ses efforts dans la
recherche-développement en transport. Ainsi, au colloque-consultation
sur les Voies de l'avenir, qui est un volume qui a paru au cours de
l'année dernière, on a annoncé la création d'une
direction de la recherche directement rattachée au sous-ministre avec un
objectif budgétaire de 1,5% du budget du ministère d'ici cinq
ans, ce qui signifie, en dollars d'aujourd'hui, quelque 35 000 000 $.
Notre but est de rassembler sous un programme intégré les
activités de recherche disséminées à
l'intérieur du ministère et, de concert avec les
universités et les différents milieux de recherche, faire de la
recherche un outil fondamental d'optimisation du système de transport
québécois. Il va de soi que des efforts seront plus
orientés vers l'aide à l'extérieur du ministère, au
moyen d'une politique de subvention, au lieu de recourir à l'engagement
massif de fonctionnaires.
Pour ce qui est du transport des marchandises, notre intervention
portera surtout sur des études et des mémoires, de façon
à favoriser une meilleure réglementation du transport par camion
sous la juridiction du Québec. Les initiatives non réglementaires
viseront aussi à rendre le Québec de plus en plus concurrentiel
et présent sur les marchés extérieurs. Enfin, le
ministère des Transports représentera le Québec à
des audiences fédérales sur le transport ferroviaire.
Les activités prévues au transport en commun totaliseront
369 600 000 $ en 1984-1985, soit une hausse de 7% et, par conséquent,
les crédits consacrés au transport terrestre des personnes, soit
le transport en commun et le transport adapté aux personnes
handicapées, occupent encore une part importante des crédits
totaux du ministère, soit 22,5% de ceux-ci. Les choix et les
stratégies budgétaires confirment principalement notre
volonté d'assurer un contrôle serré de la croissance des
coûts de la contribution gouvernementale au fonctionnement des organismes
publics de transport en commun. Par ailleurs, nous maintenons à un
niveau important les contributions aux investissements dans le transport en
commun afin de soutenir l'effort de relance économique du gouvernement
du Québec. À ces préoccupations majeures s'ajoute aussi la
volonté d'assurer aux élus locaux un plus grand contrôle
sur les activités dans ce même secteur. Enfin, nos efforts visent
à soutenir des initiatives assurant une plus grande
complémentarité entre les modes de transport afin de permettre le
développement de modes alternatifs aux systèmes de transport
conventionnels.
Les coûts du transport en commun, et plus particulièrement
les sommes qui y sont affectées par le gouvernement du Québec et
le ministère des Transports, ont connu une croissance importante au
cours des dernières années. De fait, peu de programmes au sein de
l'administration gouvernementale ont connu un taux de croissance comparable
à celui-ci au cours des cinq dernières années. Cette
situation s'explique notamment par la volonté gouvernementale qui est,
d'une part, d'accorder une nette priorité au transport, en commun par
rapport aux autres modes de transport particulièrement dans les milieux
urbains fortement densifiés, et qui est, d'autre part, d'augmenter la
contribution gouvernementale au transport en commun dans le cadre de la
réforme de la fiscalité municipale.
Ainsi, la politique d'aide au transport en commun adoptée en 1980
s'est notamment traduite par une aide au fonctionnement des organismes publics
de transport en commun basée sur les revenus. Le but est de les inciter
à augmenter l'achalandage par l'utilisation du laissez-passer dans tous
les organismes publics de transport en commun, par l'amélioration des
facilités d'entretien et le rajeunissement des équipements
roulants des organismes publics de transport en
commun, par l'accélération, aussi, de la
réalisation des travaux de prolongement du métro souterrain et,
enfin, par la modernisation des trains de banlieue dans la région de
Montréal.
Toutefois, il nous apparaît maintenant qu'il y aurait lieu de
redresser la tendance des dernières années en vue de
rééquilibrer la participation de chacun des partenaires au
financement du transport en commun. L'approche retenue mettra l'accent sur une
correction graduelle de cette situation afin d'éviter que les usagers,
particulièrement dans la région de Montréal, continuent
d'absorber une part toujours plus petite des coûts de transport en
commun, alors que les gouvernements doivent supporter une part grandissante de
ceux-ci, ainsi que les municipalités. À cette fin, à la
suite des consultations concernant le nouveau cadre financier proposé
pour le financement du transport en commun dans la région de
Montréal, des modifications à la politique d'aide au transport en
commun ont été introduites le 1er janvier dernier afin
de plafonner le niveau des subventions pour le fonctionnement et pour les
laissez-passer, en fonction des contributions des municipalités. De
plus, la subvention spécifique aux laissez-passer a été
ramenée de 110% à 100% du manque à gagner résultant
de la réduction de tarifs accordée aux usagers.
Néanmoins, la contribution gouvernementale au transport en commun
demeurera encore importante en 1984-1985. Ainsi, les subventions au
fonctionnement et aux laissez-passer atteindront près de 170 000 000 $,
alors que les subventions pour le fonctionnement des services de trains de
banlieue dans la région de Montréal atteindront 15 500 000 $ et
que les contributions au service de la dette du métro et aux
immobilisations des organismes publics de transport en commun
représenteront plus de 140 000 000 $. En outre, il importe de signaler
que, malgré les ajustements apportés à la politique d'aide
au transport en commun, les usagers n'auront pas à supporter en 1984 une
hausse importante de tarifs, puisque le ministre des Finances a supprimé
totalement en janvier dernier la surtaxe sur l'essence dans le cas du transport
en commun, pourvu que les tarifs soient ajustés en conséquence.
En outre, j'ai moi-même fait modifier en décembre dernier la Loi
sur la Communauté urbaine de Montréal de façon à
permettre aux autorités locales de garder les surplus de la CTCUM
à la CTCUM.
Par ailleurs, le cadre juridique régissant les services de
transport en commun a subi ces dernières années des modifications
importantes dont une a comporté le transfert vers les élus locaux
de plusieurs des responsabilités ainsi que du pouvoir décisionnel
en matière de services de transport en commun. Ainsi, dès 1978,
la Loi régissant la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Québec fut modifiée afin de remplacer la direction
formée d'un président-directeur général et de
commissaires majoritairement nommés par le gouvernement, par un conseil
d'administration composé d'élus désignés par le
conseil de la Communauté urbaine de Québec. Dans la même
veine, une modification apportée en 1982 à la Loi sur la
Communauté urbaine de Montréal augmenta de façon
très importante les pouvoirs et les contrôles du conseil de la
communauté sur la CTCUM. Ceci permit, notamment, d'éliminer le
processus d'adoption automatique du budget du transport en commun, de
créer une commission permanente des transports et de donner au conseil
de la communauté des pouvoirs accrus en diverses matières, dont
les tarifs. Plus récemment, la Loi sur la Communauté
régionale de l'Outaouais fut modifiée - en fait, en juin 1983 -
à son tour afin de doter celle-ci d'un conseil d'administration
formé d'élus locaux désignés, là aussi, par
le conseil de la communauté. Rappelons également que les
corporations municipales et intermunicipales de transport possèdent
déjà une structure similaire. Les lois régissant les
commissions de transport de la rive sud de Montréal et de Laval
devraient également être modifiées au cours de la
présente année afin d'assurer un plus grand contrôle des
élus municipaux.
Toutefois, l'intervention législative la plus significative aura
été la Loi sur les conseils intermunicipaux de transport dans la
région de Montréal, adoptée en décembre dernier et
qui donne le choix aux municipalités situées à
l'extérieur des territoires juridiques des commissions de transport de
la région de Montréal de s'impliquer ou non en matière de
services de transport, d'y contribuer financièrement si elles le jugent
opportun et de contracter avec le transporteur de leur choix tout en assumant
l'ensemble des responsabilités relatives à l'organisation du
service sur leur territoire. Dans cette optique, la politique d'aide au
transport en commun a également été modifiée afin
de garantir les subventions de transport en commun aux municipalités et
aux futurs conseils intermunicipaux de transport, plutôt qu'aux
commissions de transport qui desservaient ce territoire auparavant. Je crois
que l'ensemble de ces mesures qui s'inscrivent dans la volonté
générale de décentralisation des pouvoirs en faveur des
paliers local et régional assurent désormais un meilleur
contrôle des élus locaux sur l'organisation et le financement des
services de transport en commun. (10 h 30)
D'autre part, le plan de relance annoncé l'automne dernier met
aussi à contribution les investissements publics afin de contribuer
à une croissance soutenue de
l'économie. Dans ce contexte, les immobilisations en transport en
commun constituent un secteur stratégique. Ainsi, nous prévoyons
que les dépenses totalisant 142 000 000 $ pourront être
effectuées au cours des prochains mois dans divers projets afin de
poursuivre l'effort de modernisation des facilités d'entretien,
d'accélérer les travaux de prolongement du métro de
Montréal et de poursuivre la modernisation des services de trains de
banlieue, particulièrement sur la ligne du Canadien Pacifique vers
Rigaud.
Ces investissements porteront sur les projets déjà en
cours dans les centres d'opération de la CTCUM, à la ville de
Saint-Laurent, et dans ceux de la CITF, à Trois-Rivières. Ils
porteront aussi sur un projet de centre d'opération de la CITRSQ, sur la
rive sud de Québec, et sur l'amélioration des installations de la
CTCUQ, de la CMIS et de la CTCRO. Il importe également de souligner
l'apport des achats d'autobus qui sont fabriqués au Québec et qui
permet d'assurer un renouvellement constant des équipements roulants
utilisés par les organismes publics de transport en commun. Enfin,
concernant les prolongements du métro, je vous rappelle que le
gouvernement du Québec a invité la Communauté urbaine de
Montréal à procéder à l'accélération
de tous les contrats prévus sur les tronçons Du
Collège-Côte-Vertu de la ligne 2 et Snowdon-Saint-Michel de la
ligne 5, ainsi que des contrats pour les ateliers d'Youville en vue de
hâter la mise en service de ces équipements.
Enfin, les choix budgétaires du présent exercice financier
confirment la volonté gouvernementale de favoriser le soutien
d'initiatives visant à améliorer la complémentarité
des modes de transport et le développement d'alternatives au
système conventionnel. Ainsi, après avoir procédé
à d'importantes réformes dans le transport scolaire et dans le
taxi, afin d'assouplir la législation et d'alléger la
réglementation, nous entendons soutenir financièrement les
expériences de taxi collectif et contribuer à la promotion du
covoiturage et de certaines formules permettant de fournir des services de
transport collectif à des coûts moindres que ceux qui sont
actuellement pourvus par les services à parcours et à horaires
fixes.
Il importe donc que l'ensemble des intervenants soient mis à
contribution afin d'assurer un contrôle plus serré de la
croissance des coûts et afin de rechercher une plus grande
productivité des ressources déjà consacrées au
transport en commun. Le problème de la qualité des services
à la clientèle devient également central si l'on veut
convertir de nouveaux usagers au transport en commun.
Après une période où il y a eu beaucoup de
construction de grandes infrastructures routières, il faut
considérer les budgets de construction routière en relation avec
celui de la conservation du réseau routier. C'est ce qui explique que
les budgets de construction connaissent une certaine stabilité et
parfois même, en dollars constants, une diminution. Pour 1984-1985, le
budget du programme 3, Construction du réseau routier, se situe à
407 600 000 $ et se compare avec 425 000 000 $ en 1983-1984. Mentionnons
toutefois que, l'année dernière, ce programme avait
bénéficié d'une somme additionnelle de 25 000 000 $ au
chapitre de la relance économique pour le pavage des sorties de
village.
Pour la deuxième année consécutive, les
crédits affectés à la construction d'autoroutes diminuent.
Alors qu'en 1982-1983, 155 000 000 $ étaient consacrés au
développement du réseau autoroutier, cette enveloppe est
passée à 122 600 000 $ en 1983-1984 et sera portée
à 113 500 000 $ pour l'exercice 1984-1985, soit une diminution de 26,8%
depuis deux ans. Les principaux axes étant déjà en place,
l'intervention ministérielle à ce chapitre se limitera à
la finalisation de projets déjà entrepris et en diverses actions
ponctuelles afin d'adapter les équipements à l'évolution
des besoins de déplacement. Parmi ces projets autoroutiers, mentionnons
l'autoroute 40 vers Trois-Rivières, l'autoroute 73 vers
Saint-Joseph-de-Beauce, l'autoroute 50 de Hull à Masson, l'autoroute 70
au Saguenay, l'autoroute 10 en contournement nord de Sherbrooke, l'autoroute
573 dans la région de Québec et le boulevard Ville-Marie à
Montréal.
D'autre part, les besoins de réhabilitation et de reconstruction
du réseau interrégional vont continuer d'être une
préoccupation majeure. Ainsi, un effort soutenu sera consacré
à la réfection d'axes importants, tels la route 132 en
Gaspésie, la route 117 entre l'Abitibi et Montréal, la route 116
dans la région des Bois Francs, la route 138 de Québec vers l'est
et les routes 155 et 157 dans la Mauricie.
Sur le réseau des routes régionales et locales, compte
tenu des besoins grandissants de réhabilitation, le ministère
poursuit ses efforts en vue d'améliorer la qualité des services
et d'assurer un niveau de sécurité adéquat. Ainsi, plus de
162 400 000 $ seront consacrés à ce type d'intervention au cours
de l'exercice 1984-1985, soit un déboursé de 18 100 000 $ ou un
pourcentage de 12,5% supérieur à celui prévu au programme
régulier du ministère, l'an dernier. En somme, ce budget traduit
la primauté accordée à l'amélioration, à la
protection et à la réhabilitation du réseau existant
plutôt qu'à l'expansion de nouvelles infrastructures
routières.
L'impact économique direct du programme 3 est très
marqué, que ce soit
par les contrats que le ministère donne aux constructeurs de
routes, ou par les mandats de surveillance de travaux accordés aux
firmes d'ingénieurs-conseils. L'investissement dans la construction de
routes a donc un double effet, soit de générer des emplois
directs et de favoriser l'activité économique par une
infrastructure routière adéquate.
Affirmer que le budget de conservation est presque au même niveau
que l'an dernier, soit 437 400 000 $ versus 431 600 000 $ mérite nuance.
D'une part, certains travaux de construction imputés au programme 3
contribuent pour beaucoup à la conservation du réseau routier et,
à ce titre, la distinction entre les deux programmes, sans être
arbitraire, est moins rigoureuse qu'à l'époque de la mise en
place initiale du réseau routier québécois. D'autre part,
à la suite des compressions budgétaires, plusieurs mesures
d'amélioration d'efficience ont été implantées. Il
y a par exemple le recours au temps supplémentaire pour l'entretien
l'hiver et les horaires de travail optimalisés, ce qui a permis
d'augmenter la productivité en conséquence et d'offrir une
meilleure qualité des services pour un même budget.
La comparaison du budget de cette année avec celui de 1983-1984
montre une modification à la structure budgétaire. Les
éléments de programme ont été réduits de six
à trois; les quatre éléments opérationnels, soit la
conservation des chaussées et des éléments de confort, la
conservation des structures, la conservation des équipements de
contrôle et de sécurité et l'exploitation l'hiver ont
fusionné pour s'appeler la conservation des infrastructures
routières de transport. Cela ne change rien aux priorités
accordées à chacune des activités ci-haut
mentionnées et cette modification n'a pour but qu'une plus grande
efficacité de la gestion administrative.
Ce changement, ajouté à un réaménagement des
effectifs entre les éléments opérationnels et de soutien
rend, je l'admets, les comparaisons plus difficiles avec le budget de l'an
dernier. Je me ferai toutefois un plaisir, plus tard, de répondre
à vos questions à ce sujet.
Je ne passerai pas en revue toutes les activités de conservation
du réseau routier, les principales étant cependant les couches
d'usure, l'entretien des ponts, la signalisation et l'entretien des routes en
hiver. Toutes ces activités sont effectuées soit en régie
par le personnel du ministère, soit à contrats, soit par des
subventions accordées aux municipalités.
Pour ce qui est de la gestion interne, je n'ai que deux remarques
à faire sur ce budget de 46 500 000 $, en baisse de 33 400 000 $ par
rapport à l'an dernier. Premièrement, cette baisse est due en
grande partie à la non-récurrence d'une somme de 25 000 000 $ qui
avait été accordée l'an dernier au chapitre de l'aide au
réseau municipal au titre de la relance économique.
Deuxièmement, ce budget déborde la gestion interne du
ministère puisqu'une somme de 9 000 000 $ concerne l'administration du
péage de l'ancien Office des autoroutes. Sur ce point, il y a diminution
par rapport à l'an dernier puisque certaines sommes du budget 1983-1984
ont été transférées au ministère des
Finances. Ces deux considérations étant apportées, on peut
affirmer que l'administration du ministère des Transports recquiert les
mêmes ressources que l'an dernier.
Au chapitre du transport scolaire, le budget de 296 400 000 $
bénéficie d'une hausse supérieure à l'indice des
prix du transport. La raison est qu'un certain montant, soit environ 6 000 000
$, avait été retranché du budget 1983-1984 à la
suite de grèves dans le secteur public. La stabilité relative de
ce budget vient de l'application d'un régime de règles
budgétaires mis en place en 1982-1983, lequel régime est
basé sur l'évolution de la clientèle et le taux
d'évolution des prix à la consommation et du transport. Ces
règles budgétaires concernent l'allocation de base, une
allocation supplémentaire, inter-écoles, maternelles, classes
d'accueil, et enfin, une allocation spécifique pour le transport
périodique.
La Direction du transport maritime a pour rôle de concevoir et de
préparer des politiques, des lois et des règlements relatifs au
transport maritime. Elle doit également définir les
critères d'aide aux entreprises exploitant des services de transport
maritime. Enfin, elle doit se préoccuper du développement de ce
secteur tant au niveau des services eux-mêmes que des
infrastructures.
Comme appui dynamique au milieu maritime, les principaux champs
d'activité du ministère se situent principalement dans les
secteurs suivants: Services de traversiers, service de cabotage, construction
d'infrastructures et aide à la relance du transport maritime. Pour ce,
le ministère dispose d'un budget de 28 300 000 $. De ce budget, 24 600
000 $ sont des dépenses de transfert réparties comme suit: La
Société des traversiers du Québec accapare 18 000 000 $
incluant 2 200 000 $ pour le service de la dette établi pour un
traversier; 1 100 000 $ vont à des dessertes privées et 5 500 000
$ sont prévus pour l'aide au cabotage.
Pour ce qui est des immobilisations au montant de 2 100 000 $, il s'agit
du quai de Port-Menier et de l'accès aux traversiers de Québec.
Le solde, soit 1 600 000 $, s'applique aux dépenses internes. On ne peut
passer sous silence l'intervention du ministère dans les dossiers de
transport maritime national et international afin de s'assurer que les
intérêts du Québec soient protégés et,
comme exemple, on peut citer la politique canadienne de cabotage, le
développement des ports du Saint-Laurent.
Lorsqu'on parle du réaménagement budgétaire, il
faut mentionner le transport aérien. Avec un budget de 33 400 000 $, il
s'agit d'une hausse de 10 400 000 $ par rapport à 1983-1984. Tout ce
budget est marqué d'une volonté de rationalisation, de
rentabilisation et d'un meilleur service à la clientèle. Outre
l'entretien et la gestion des aéroports sous la responsabilité du
ministère et exigeant des déboursés de près de 1
500 000 $, le ministère des Transports du Québec entreprendra des
travaux majeurs de construction à Port-Menier et à
Saint-Augustin, pour un total de 5 500 000 $. Pour le développement du
réseau aéroportuaire du Nouveau-Québec, on prévoit
investir 4 000 000 $ dans le cadre de l'accord
fédéral-provincial. De plus, divers autres travaux de moindre
envergure seront aussi exécutés à plusieurs autres
aéroports, pour un total de 1 000 000 $.
Par ailleurs, le gouvernement du Québec continuera d'apporter une
aide financière majeure à divers transporteurs
québécois en vue de défrayer les déficits des
traversées aériennes de l'Île-Verte, de l'île aux
Grues, et de l'Île-d'Entrée et de celui associé au service
aérien offert aux résidents de la moyenne et
Basse-Côte-Nord. De plus, le ministère consacrera plus de 300 000
$ pour financer divers travaux d'amélioration à des
aéroports appartenant aux municipalités et pour contribuer
financièrement à diverses activités d'associations
québécoises oeuvrant dans le domaine du transport aérien.
Finalement, le ministère consacrera près de 20 000 000 $ cette
année pour financer les activités et les engagements de la
Société québécoise des transports.
Le budget de ce programme mérite quelques explications sur la
diminution apparente, en ce qui concerne le transport aérien
gouvernemental. Mentionnons au départ que la mission est toujours la
même, soit le transport exécutif, le transport des malades des
localités éloignées et, enfin, la protection de la
forêt. On retrouve cette année au budget un troisième
élément de programme, soit le fonds renouvelable. Ce fonds
servira à défrayer les dépenses de fonctionnement de
l'élément 1, transport de personnes, et le carburant de
l'élément 2, protection de la forêt. Le montant voté
de 2 984 000 $ constitue une avance de fonds, ou le montant proposé au
moment où on se parle, et les revenus provenant de la tarification du
transport des personnes et de la location de certains avions pour les feux de
forêt serviront à financer les dépenses du service
aérien gouvernemental. Voilà, M. le Président, l'essentiel
des remarques que je voulais formuler aux membres de cette commission et je
vous assure que mon équipe et moi-même sommes à votre
disposition pour répondre à vos questions.
M. Élie Fallu
Le Président (M. Fallu): M. le ministre, nous vous
remercions de ces remarques préliminaires. J'aurais très
rapidement quatre observations. Vous avez fait allusion, au départ, au
programme législatif où vous auriez à présenter,
non seulement en Chambre, mais également en commission parlementaire -
vous avez pour le moins fait référence à cela - une loi
portant sur la CTL. Est-ce que vous pourriez faire état rapidement du
programme législatif pour que les membres de la commission sachent quel
fardeau de tâche les attend dans les prochains mois de la part de votre
ministère parce que nous en avons plusieurs à avoir soin? (10 h
45)
M. Léonard: II y aura d'abord un projet de loi qui va
modifier un certain nombre d'articles dans la loi du ministère qu'on
appelle, comme d'habitude, un projet de loi omnibus, qui va comporter certains
points, une douzaine de points, par lesquels on doit faire face à
différentes situations. Il s'agit de corrections aux lois existantes
pour adapter nos lois. En particulier, aussi, il faut prévoir un pouvoir
de déréglementation donné au gouvermement pour le cas
d'événements spéciaux comme Québec 1534-1984, la
visite du pape, par exemple, afin que les autobus puissent circuler et amener
les gens à Québec. C'est le genre de dispositions qu'il y a
là-dedans.
Deuxièmement, nous entendons apporter des modifications au Code
de la sécurité routière et, donc, à la Loi sur
l'assurance automobile. Je pense qu'il s'agit là de projets assez
importants.
En ce qui concerne la Commission de transport de Laval, il est question
d'un projet de loi privé ou public. Nous en discutons à l'heure
actuelle. La décision n'est pas prise présentement. Par ailleurs,
la ville de Laval a toujours le droit de présenter un projet de loi
privé. Nous pourrons voir avec elle quelle est la meilleure
procédure à suivre en l'occurrence.
Il y a aussi un projet de loi qui concerne la Commission de transport de
la rive sud de Montréal. Les consultations se poursuivent
là-dessus. Je ne pense pas que le projet de loi soit
présenté ce printemps. J'ai rencontré quelques élus
municipaux. Cela peut arriver, mais les probabilités sont maintenant que
ce projet de loi soit présenté à l'automne. Voilà
ce qui est envisagé présentement.
Le Président (M. Fallu): Votre ministère a mis au
point une nouvelle orientation récemment à la suite, notamment,
du
colloque sur les voies de l'avenir. Il y a une affectation progressive
de 1,5% du budget en recherche et développement. Nous aurons l'occasion,
lors de l'étude des crédits, à cet élément
d'avoir des détails plus précis, mais c'est plutôt en
termes d'orientations que j'aurais une question à poser. Quelles sont
les incidences de cette nouvelle politique de recherche et développement
liée, comme vous l'avez dit, à l'entreprise privée par
rapport au développement industriel du Québec à venir? On
sait notamment que l'un de nos principaux fabricants, soit Bombardier, fait
d'énormes efforts actuellement pour compléter sa gamme de
produits. On sait, d'autre part, que les transporteurs aériens veulent
mettre sur pied des mécanismes de gestion du transport par informatique.
Quelles seront donc les incidences sur le développement
économique du Québec de cette recherche et de ce
développement en termes d'orientations nouvelles?
M. Léonard: Je pense effectivement qu'il s'agit d'une
orientation ou d'une réorientation très importante. Je crois
qu'au Québec - en particulier dans la région de Montréal,
mais au Québec en général aussi -le transport a toujours
été une activité économique très importante.
Nous avons été à l'avant-garde d'un bon nombre de
systèmes, d'un bon nombre de choses en transport, en tout cas. Qu'on
pense à la région de Montréal qui est une plaque tournante
du transport dans l'Est de l'Amérique. Je pense bien qu'il s'agit de
développer ce point fort de notre économie. Je crois que, si l'on
veut maintenir une avance et un rôle important, en tout cas, dans ce
secteur, il faut que l'on y mette des fonds pour la recherche.
J'ai eu l'occasion en particulier de visiter tout récemment, par
exemple, le Centre de recherche sur les transports de Montréal qui a
travaillé en relation avec le COTREM. Je puis dire que ces gens ont fait
des travaux très impressionnants dans le domaine du transport des
personnes, par exemple. Je pense que c'est un exemple et qu'il faut être
disposé à mettre des fonds dans le secteur de la recherche pour
être à l'avant-garde du développement du transport.
Si je considère, par exemple, les mandats généraux
qui ont été donnés à la Direction de la recherche,
qui concernent, évidemment, la recherche et le développement et
l'information statistique, ces mandats généraux consistent en
ceci: concevoir, implanter, gérer la politique de recherche et de
développement du ministère des Transports du Québec;
implanter et gérer une politique de répartition des
activités de recherche dans les milieux concernés; gérer
le budget de recherche du ministère; assurer la coordination des
dossiers de recherche et de développement avec les autres intervenants
gouvernementaux et insti- tutionnels; assurer l'organisation de l'information
statistique ministérielle et coordonner cette organisation en fonction
des données produites à l'extérieur; informer les milieux
intéressés des opportunités et des perspectives les plus
prometteuses en recherche et développement; diffuser les
résultats de la recherche; faire, faire faire des recherches; effectuer
des études, la veille technologique et fournir l'expertise dans les
domaines de sa compétence et participer, évidemment, avec les
autres unités administratives du ministère, à la
définition et à la gestion de leurs projets de recherche. On
pourrait développer davantage là-dessus.
Je dirai que notre objectif, c'est de travailler en relation très
étroite, dans ce secteur, avec l'industrie privée, avec les
milieux universitaires, tous les milieux de la recherche, et il s'en fait
d'excellentes là-dessus. C'est de travailler, dans ce secteur, avec
l'industrie, et l'industrie du transport au Québec, c'est important en
termes de fabrication d'automobiles et d'autobus; notamment, tout le secteur de
Bombardier. C'est de travailler avec toutes les boîtes de
génie-conseil. Nous en avons aussi, comme vous le savez, d'excellentes,
cotées dans le monde, donc de réputation internationale. C'est de
travailler aussi avec les autres ministères du gouvernement; il suffit
de penser au ministère de la Science et de la Technologie qui est
particulièrement intéressé à ce secteur et au
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme qui est aussi
intéressé à ce secteur.
Je ne sais pas si mes fonctionnaires veulent ajouter de leur cru
à ce que je viens de dire dans ce secteur.
Le Président (M. Fallu): On pourra revenir sur les
détails au moment de l'étude des éléments de
programme.
Vous avez maintenu au ministère l'une des orientations qui est
relativement récente dans la fonction gouvernementale, qui, de
mémoire, a commencé vers 1972 seulement. Ce sont des subventions,
l'appui au transport urbain, au transport des personnes. On sait que,
toutefois, il y a eu, en termes statistiques, une levée des abscisses et
des ordonnées assez considérable depuis quelques
années.
Sans entrer dans le débat ou quoi que ce soit, puisqu'on note,
dans les crédits de cette année, que le chiffre de l'an dernier
est celui de cette année, est-ce que le ministère dispose ou
est-ce que vous pourriez, au moment où nous ferons l'étude de cet
élément de programme, c'est-à-dire le programme 1,
élément 2, nous fournir l'évolution de l'activité
gouvernementale auprès des commissions de transport depuis un certain
nombre d'années afin que nous puissions voir à quel point
l'évolution s'est
faite et à quel point il y a eu cette augmentation? C'est
maintenant rendu à plus de 22% du budget total alors que,
traditionnellement, le ministère des Transports, c'était le
ministère de la Voirie, comme on disait jadis, alors qu'à
près de 25%, c'est rendu le transport des personnes.
M. Léonard: M. le Président, cela me fera plaisir
de fournir plus de détails, mais je voudrais tout de suite dire ceci. En
1973-1974, au budget du ministère des Transports, à la section
transport en commun, 6 000 000 $ étaient prévus; en 1983-1984,
c'était 365 000 000 $ de prévus. Je pense que, cette
année, c'est 369 600 000 $. Donc, en l'espace de dix ou onze ans, nous
sommes passés de 6 000 000 $ à 370 000 000 $, ce qui marque une
nouvelle préoccupation au sein du ministère des Transports pour
le transport des personnes ou le transport en commun. Au fond, dans le budget,
la proportion est passée de 0,9% à 22,9% en 1983-1984.
Le Président (M. Fallu): D'accord. Ces données
seront disponibles en temps et lieu.
M. Léonard: Oui, nous les tiendrons disponibles aux
membres de la commission au cours de la séance. Cela me fera plaisir de
le faire.
Le Président (M. Fallu): Une dernière remarque de
nature générale. On sait que le problème du taxi au
Québec, plus particulièrement à Montréal, semble
trouver certaines solutions. Les journaux de ce matin font état de la
rencontre d'hier soir des chauffeurs de taxi et des propriétaires de
taxi. Les nouvelles sont, évidemment, assez restreintes puisque,
à cause de l'heure de tombée il semble, d'une part, que la
participation a été massive et que le vote aussi aurait
été massivement favorable, enfin, du moins en ce qui a trait au
principe du rachat. C'est une initiative, on le sait, des propriétaires
eux-mêmes. Mais quelle serait l'assistance que votre ministère
pourrait accorder, en l'occurrence, à ce mouvement de masse qui se
dessine à Montréal?
M. Léonard: M. le Président, ce que j'en sais, au
moment où on se parle, c'est à peu près ce que vous en
savez, ce qu'il y a dans les journaux de ce matin. Effectivement, la
participation au vote a été de 67,5%, à ce qu'on nous dit.
Et le vote favorable au plan de rachat est de 55%. J'attends, pour ma part,
d'avoir les données officielles pour en faire une meilleure analyse et
nous allons poursuivre les consultations là-dessus. Ce que je peux dire
à ce moment, c'est que, dès qu'une décision
définitive sera prise d'aller dans ce sens, puisqu'il s'agit du projet
mis sur pied par les intervenants eux-mêmes, dès que tout cela
sera bien assuré, nous sommes à leur disposition pour modifier,
par exemple, la façon d'octroyer les permis, pour leur permettre d'aller
dans le sens qu'indique le vote des propriétaires de taxis.
On me permettra cependant de dire ceci: II reste quand même qu'il
faut avoir les résultats officiels avant de poser des gestes
définitifs et officiels. Ce que je peux dire, c'est que les
propriétaires de taxi ont toujours notre appui technique
là-dessus, comme ils l'ont eu depuis le début. Nous avons, au
ministère, fourni une somme de 100 000 $ pour les aider à faire
cette consultation, à préparer ce vote, mais à l'origine
il s'agit d'un projet, d'un programme mis en place par les propriétaires
de taxi, avec l'aide de COPEM, à Montréal en particulier. Alors,
nous constatons comme vous ce matin qu'il y a un vote positif à
l'égard du plan de rachat.
Le Président (M. Fallu): Merci. M. le député
de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je voudrais souhaiter
la bienvenue, de la part de l'Opposition, aux membres des différents
ministères et sociétés qui oeuvrent sous la juridiction du
ministère des Transports. Je veux même souhaiter la bienvenue au
ministre dans ses nouvelles fonctions. Il a déjà
été initié aux problèmes du ministère
à l'Assemblée nationale. Il a été obligé de
prendre des dossiers qui sont un peu difficiles. Espérons que nous
aurons des réponses favorables aux problèmes et aux questions que
nous avons portés à votre attention.
J'aurais quelques remarques d'ordre général à
formuler avant que nous commencions à étudier les crédits
alloués à chacun des programmes dans le peu de temps qui nous
reste après l'allocution du ministre et l'intervention du
président. Il est évident qu'avec la réforme parlementaire
il faut s'habituer aux nouvelles règles du jeu. On était
habitué d'avoir le ministre face à face et de se parler d'un peu
plus près. Maintenant, on est plutôt loin. Mais les règles
du jeu ont quelque peu changé.
Le transport joue un rôle moteur dans le développement
économique. Un système adapté de transport des personnes
et des biens a des retombées importantes sur la capacité
concurrentielle de nos entreprises, sur le développement régional
et sur notre industrie touristique. Pour cette raison, l'organisation des
activités de transport a toujours été très
poussée et il faut éliminer l'improvisation et se donner des
règles d'exploitation précises. Parmi ces règles ou
principes d'exploitation, nous en privilégions deux qui nous sont
apparus cruciaux à l'heure où le Québec, secoué par
le changement technologique, recherche de nouvelles options pour assurer son
développement. Les deux grands principes selon lesquels on désire
débattre des politiques actuelles du gouvernement du Québec en
matière de transport dans le cadre de l'étude des crédits
sont les suivants: premièrement, les activités de transport et
leur développement constituent un outil important de
développement économique pour le Québec et ses
régions; deuxièmement, les activités de transport et leur
développement favorisent et doivent favoriser la recherche et
l'application d'une expertise et d'un savoir-faire nouveau afin
d'améliorer la position stratégique du Québec au chapitre
de la vente de ses produits sur les marchés canadiens et internationaux.
En reconnaissant ces deux principes, l'on ne veut pas dire qu'il n'existe
aucune autre règle d'exploitation du transport; il en existe, bien
sûr, plusieurs autres: II faut donner le service aux usagers.
L'étude des crédits nous en révélera bien d'autres,
mais il nous paraît essentiel que les crédits des Transports
soient compatibles, si ce n'est qu'ils ne contredisent pas les deux
règles générales que je viens de donner. (11 heures)
En fait, au cours de la période de l'étude qui va suivre,
nous voulons connaître, pour chaque catégorie de dépenses
publiques de transport sur lesquelles l'on désire se pencher, les
orientations qu'entend poursuivre le gouvernement, afin de faire en sorte que
ces orientations soient mieux connues du public et, finalement, nous voulons
savoir si l'analyse rigoureuse des crédits correspond bien à ces
orientations.
Quant à nous, nous avons déjà
énuméré les deux règles importantes concernant le
développement du transport dont devrait tenir compte le gouvernement du
Québec dans ses orientations présentes. D'après nous, il y
a encore une place trop mince dans les crédits des Transports - nous
allons le démontrer - pour le développement économique du
Québec et de ses régions et pour l'innovation, même si
cette dernière est essentielle à la survie du Québec sur
les marchés extérieurs devenus de plus en plus
concurrentiels.
On assiste, cette année, à une baisse des crédits
du ministère au moment où on entend parler de la relance de
l'économie. Cette tendance à la baisse de l'importance reconnue
au transport par le présent gouvernement n'est pas nouvelle. Depuis sept
ans, le budget du ministère ne cesse de perdre du terrain. De 10,2% des
crédits totaux qu'il était en 1977, il ne représente plus,
pour 1984-1985, que 6,4%. Si on tient compte de l'inflation, on voit qu'il y a
une perte nette dans les sommes qui sont allouées au ministère
des Transports par rapport aux chiffres de l'année dernière. Le
ministère n'a pas rempli entièrement, au cours de ces
années, la mission économique de premier plan qui lui
revient.
On se souviendra que la politique du gouvernement en matière de
transport devait reposer sur deux axes principaux, soit la priorité
à donner au transport en commun et l'utilisation de notre système
de transport comme outil privilégié de développement
régional, le transport en commun. Les interventions gouvernementales
dans ce dossier ont été considérables au cours des
dernières années. Les programmes de financement n'ont
cessé d'augmenter, poursuivant ainsi la politique d'incitation au
transport collectif. Toutefois, les Québécois ne sont
peut-être pas plus prêts à aller plus loin dans cette voie.
Ils tiennent toujours à leur automobile. Le ministre a dû se
rendre à l'évidence. L'ancien ministre des Transports proposait,
l'an dernier, une nouvelle politique qui vise à plafonner la
contribution gouvernementale. À l'heure où la CUM s'apprête
à faire des recommandations concernant le développement du
transport en commun dans Montréal, à partir du rapport Gascon,
qui comporteront des millions de dollars en investissements de la part du
gouvernement du Québec, il est important de se demander si la politique
de financement du transport en commun du gouvernement prévoit d'autres
projets, lesquels bénéficieraient aux autres régions du
Québec. La question qu'on veut poser au gouvernement est celle-ci: Le
gouvernement possède-t-il une véritable politique de financement
du transport en commun articulée sur le développement
économique des régions? Est-ce que le gouvernement entend
maintenir la formule actuelle du financement du transport en commun qui est de
payer, de débourser de l'argent, de financer à 100% les
immobilisations des projets de transport en commun?
Le ministre devra nous démontrer, dans la répartition des
crédits des Transports, l'importance qu'il accorde au
développement du transport pris sous l'angle de la relance des
économies régionales. Le développement de réseaux
régionaux et interrégionaux de transport en commun nous
apparaît comme un deuxième objectif d'une politique de financement
du transport en commun, le premier étant de préserver la
qualité des services du transport en commun dans la région de
Montréal. Il y a eu beaucoup d'efforts financiers importants, mais,
malgré ces efforts financiers importants, la situation du transport
collectif, en particulier dans la région de Montréal, laisse
beaucoup à désirer. On parle beaucoup de l'intégration
tarifaire, mais aucune entente n'a encore été conclue. La
position officielle du gouvernement sur le projet ambitieux du
métro de surface n'est pas encore connue, et ce, malgré
les études, qui ont coûté cher, qui ont été
présentées sur cette question. Quant au prolongement du
métro souterrain, on voudrait connaître encore les intentions
exactes du gouvernement. On voudrait savoir si le ministre actuel favorise le
plan qui avait été étudié, proposé par le
COTREM et mis de l'avant par son prédécesseur, concernant la
construction d'un métro de surface Montréal-Repentigny.
Le transport en commun n'est qu'une dimension du transport. Nous voulons
également nous pencher sur la question du transport ferroviaire,
routier, aérien et maritime. Enfin, nous voulons examiner certains
aspects de l'assurance automobile. Le transport ferroviaire joue un grand
rôle dans la géographie économique du Québec actuel.
Les développements technologiques récents offrent des
possibilités nouvelles dans le domaine du transport interrégional
et régional. Les distances se font de plus en plus courtes. Les
politiques concernant le transport ferroviaire doivent s'adapter aux besoins
nouveaux. Par exemple, il est devenu maintenant possible, du moins
techniquement, pour les personnes vivant dans les régions voisines de
Montréal, de s'y rendre en un temps très court, mais
Montréal ne possède pas encore toutes les infrastructures
nécessaires pour pouvoir être reliée aux autres
régions. Dans ce contexte, il est question de moderniser la ligne de
train Montréal-Deux-Montagnes.
Dans ses remarques préliminaires, le ministre a fait état
et a fait référence à la ligne du Canadien Pacifique vers
Rigaud, mais je pense qu'il a omis de donner des précisions sur la ligne
Montréal-Deux-Montagnes. Une entente est intervenue entre le
gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral, je
pense, en 1981. Pourtant, rien n'a encore été fait depuis ce
temps, sauf des travaux mineurs pour maintenir la ligne dans un bon état
afin de donner au moins un service minimal. Cette ligne a besoin d'être
modernisée. Le gouvernement, je crois, a dépensé une
dizaine de millions de dollars sans qu'il n'y ait aucun progrès
réel au chapitre de son intégration au transport en commun. La
modernisation de cette ligne permettrait éventuellement de relier les
systèmes de transport situés au nord-ouest de Montréal,
notamment les services suburbains, au réseau de transport en commun de
la Communauté urbaine de Montréal. Ceci était vrai en 1981
et reste encore vrai en 1984.
Le gouvernement a remis à mars 1986 la durée de son
programme de modernisation des trains de banlieue. Je crois qu'il y a une somme
de 40 000 000 $ disponible maintenant à cette fin. Originalement, je
crois que la somme qui était disponible était de 70 000 000 $.
J'ai posé une question concernant Montréal-Deux-Montagnes au
présent ministre, il y a quelques semaines, à laquelle il a
répondu que rien n'était à ce moment prévu afin
d'en arriver à utiliser les fonds fédéraux disponibles. Je
crois que le ministre avait mentionné que, pour l'année actuelle,
il prévoyait une dépense de 3 000 000 $ sur cette ligne.
Depuis, la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal a recommandé au Conseil de la CUM, entre autres, qu'un
comité exécutif soit créé afin d'examiner les
possibilités de moderniser la ligne Montréal-Deux-Montagnes.
Cette ligne viendrait compléter les infrastructures de transport en
commun existant pour la partie nord-ouest de l'île de Montréal. La
modernisation de ce tronçon ferroviaire offre des possibilités
d'avenir intéressantes sur le plan de l'intégration des services
de transport suburbain au service urbain de Montréal, du type gare
intermodale, qui pourraient stimuler le développement économique
régional vers lequel on doit tendre dans une politique du transport.
Par ailleurs, la ligne Montréal-Deux-Montagnes offre un champ
d'application de nouvelles technologies et de nouveaux produits qui pourraient
être destinés aux marchés extérieurs. Quand on
discute avec les gens du milieu, ils nous disent que la technologie qui serait
utilisée dans la modernisation de la ligne
Montréal-Deux-Montagnes pourrait être exportée sur les
marchés nord-américains.
Dans le domaine du transport aérien, il y a la question de
Quebecair. Lorsque le gouvernement du Parti québécois
nationalisait Quebecair en 1979, le ministre Bernard Landry parlait alors de la
mission de Quebecair. Or, en peu de temps, on aura investi une centaine de
millions de dollars des contribuables du Québec dans Quebecair et on ne
comprend toujours pas sa mission. Quelle est la vraie mission de Quebecair?
Peut-être que le ministre actuel pourrait nous éclairer sur ce
sujet, d'autant plus que Quebecair s'apprête à offrir des vols
internationaux dans un marché fort compétitif. Nous voulons
connaître les bilans financiers de Quebecair ainsi que les budgets
prévus pour l'année 1984, premièrement, pour ses
activités internationales et, deuxièmement, pour ses
activités domestiques. L'enjeu, je crois, est d'assurer que Quebecair
n'abandonne pas sa mission d'améliorer la qualité de ses services
dans les régions du Québec qu'elle dessert au profit d'une
nouvelle mission internationale qu'elle s'est donnée et, d'après
les informations que nous avons, qui pourrait bénéficier à
d'autres régions du Canada, même si ce sont les
Québécois qui en partageront les frais.
Les actions dans le domaine des transports qui pourraient favoriser
le
développement économique régional démontrent
une faiblesse évidente. Dans le domaine de la conservation et de la
construction du réseau routier comme dans celui du transport
aérien, du transport maritime et du transport des marchandises, il nous
est très difficile de percevoir une ligne directrice qui favoriserait
les régions. Tout au contraire, la construction et la conservation du
réseau routier ont pour ainsi dire été
délaissées par le présent gouvernement. On devait, nous
disait-on, sortir de l'ère des autoroutes pour passer à la
consolidation du réseau existant qui, pour une large part, apparaissait
satisfaisant. On voit qu'on n'a pas continué l'accroisssement des
autoroutes qu'on avait prévu et auquel le gouvernement s'était
engagé. Il y a eu un retard considérable dans la construction de
ces autoroutes, dans leur accroisssement, au détriment des
régions qui sont affectées.
Pour ce qui est des réseaux routiers régional et
interrégional, je n'apprendrai rien au ministre si je lui dis que les
routes du Québec sont dans un piètre état. Les travaux de
conservation et de rénovation nécessaires, s'ils avaient
été effectués, auraient permis un accès plus facile
et plus sécuritaire aux régions, tout en créant de
l'emploi et tout en promouvant le développement régional et,
spécialement, le développement touristique dans plusieurs de ces
régions.
Il y a également la question de l'autoroute 13 qui affecte non
seulement les activités aéroportuaires de Mirabel, mais qui
retarde le développement économique de toute la région de
Mirabel. Quand on pense qu'il y a des infrastructures de 12 000 000 $ dans le
parc industriel de Mirabel et qu'on ne peut s'y rendre parce que l'autoroute 13
n'a pas été prolongée, quand on constate les
problèmes de Bell Helicopter qui a été obligée de
trouver un site près de l'autoroute des Laurentides à cause de
problèmes de zonage agricole et qu'elle n'a pu aller s'établir
sur un site où les infrastructures existaient, parce que l'autoroute 13
n'a pas été prolongée, on se rend compte des dommages
qu'une telle politique peut causer au développement économique du
Québec. Rappelons que le prolongement de l'autoroute 13 fait partie du
programme électoral du gouvernement actuel. Le tracé de cette
route a déjà été fait. Le gouvernement
fédéral met à la disposition du Québec, et ce,
depuis 1976, les sommes nécessaires. Je crois que 30 000 000 $ ont
été mis à la disposition du gouvernement pour le
prolongement de cette autoroute. Je voudrais savoir du ministre quelle est la
politique actuelle du gouvernement du Québec en matière de
transport routier et, plus spécifiquement, quand prévoit-il
commencer les travaux de prolongement de l'autoroute 13? (11 h 15)
Mes derniers commentaires seront reliés à la question de
l'assurance automobile. En 1982-1983, des accidents survenus avec un
véhicule non assuré impliquant des dommages de plus de 250 $ ont
entraîné 4582 suspensions de permis de conduire. Pour
l'année 1983-1984, ce chiffre est censé grimper à 7000. La
suspension du permis de conduire ne représente que l'étape finale
d'un processus assez complexe du contrôle de l'assurance obligatoire. Ce
processus implique des procédures complexes de nature administrative,
judiciaire et policière. On nous raconte que toutes ces
procédures sont nécessaires afin de protéger les
propriétaires de véhicules assurés, des véhicules
non assurés qui représentent environ 5% du parc automobile du
Québec. En plus des suspensions qui comportent des coûts de plus
en plus élevés - frais judiciaires, administratifs, etc. - et qui
ont influencé la hausse au cours des dernières années
l'assurance de base pour les dommages corporels, la régie effectue
annuellement un contrôle auprès de 24 000 propriétaires
d'automobiles pour entamer, en 1982, 43 000 poursuites judiciaires pour
l'utilisation d'un véhicule non assuré. Nous voulons savoir du
ministre combien il en coûte aux Québécois pour le
contrôle de l'assurance obligatoire. Est-ce que le ministre
prévoit étudier d'autres mesures de contrôle? Il y en a
d'autres qui ont été proposées, qui ont été
mises en vigueur, par exemple, dans plusieurs États américains,
précisément pour protéger les propriétaires de
véhicules assurés des propriétaires non
assurés.
L'autre aspect du dossier de l'assurance automobile est celui de
l'augmentation des primes d'assurance automobile. Dans le rapport
d'activité de 1982-1983, le président de la régie
était très satisfait de décrire l'évolution du
régime quand il disait: Sur le plan économique, avec le maintien
à 95 $ la contribution reliée à l'immatriculation pour
deux années supplémentaires, soit jusqu'en 1985, les cotisants
auront subi une seule augmentation de leur prime d'assurance à ce
chapitre en sept ans.
À partir de 1984, la prime d'assurance a augmenté et ce,
en dépit du fait que le coût des indemnités le 28
février 1983 a été révisé à la
baisse, soit 116 200 000 $ de moins que le coût initial qui avait
été déterminé. Autrement dit, quand on avait
établi les primes pour les plaques d'immatriculation, les actuaires
avaient prévu un certain nombre d'accidents, un certain nombre de
décès, un certain montant d'argent qui devrait être
payé par la régie. L'évaluation des actuaires avait
été surestimée et les chiffres actuels ont
été révisés à la baisse. Nous voudrions
savoir, étant donné que ces chiffres ont été
révisés à la baisse, pourquoi le gouvernement s'est vu
dans la situation d'augmenter plutôt que
de diminuer les primes des Québécois pour couvrir cette
assurance des plaques d'immatriculation de la Régie de l'assurance
automobile. Nous voudrions connaître aussi la répartition des
dépenses de l'assurance automobile dans ses différents
secteurs.
En conclusion, M. le Président, j'ai fait un bilan très
partiel de l'action en matière de transport du gouvernement qui nous
parle, depuis son élection, de l'année de l'économie,
mais, malheureusement, on ne voit pas traduits dans les crédits les
aspects vraiment économiques, le développement économique,
ni une philosophie et une politique globales du ministère des Transports
pour le développement économique des régions. On a
l'impression qu'on procède à de l'improvisation: on a une demande
d'une région, on répond, on réduit les crédits
spécialement dans des secteurs très importants; on est
obligé dans d'autres secteurs de combler les déficits dus aux
politiques du gouvernement. Malheureusement, les crédits prévus
pour 1984-1985 accusent une baisse. Non seulement accusent-ils une baisse, mais
des solutions valables pourraient difficilement en découler. Ils
semblent s'inscrire dans le même courant que ceux des années
précédentes. Nous connaissons les lacunes et les demandes des
différentes régions.
Je vois que le ministre est ici, aujourd'hui, à la commission
parlementaire. J'espère qu'à l'heure du lunch il pourra
s'informer auprès du Conseil des ministres et nous donner des
informations sur le dossier des postes à péage sur les
autoroutes, nous donner une indication au moins sur la direction que le
gouvernement entend prendre dans ce dossier.
Dans les crédits, on ne retrouve pas la hausse importante qui
aurait permis un certain rattrapage au chapitre de la conservation du
réseau routier. De même, on ne retrouve que des crédits
relativement modestes pour la prolongation du métro. Là encore,
les intentions du ministre ne sont pas connues. On a des recommandations, nous
avons le rapport Gascon, nous avons les recommandations du comité
spécial de la Commission de transport de Montréal, et nous
voulons savoir quelles sont les intentions du ministre à ce sujet.
Nous verrons chacun des programmes en détail, mais le manque de
politique cohérente du ministère des Transports risque fort,
cette année encore, de n'offrir qu'une contribution très
partielle au développement économique du Québec qui passe
nécessairement par un développement régional important. La
mission de premier plan du ministère en ce domaine ne semble pas
être remplie comme elle devrait l'être de par les montants des
crédits qui nous sont soumis.
M. le Président, si vous le permettez, avant de procéder
aux différents programmes, je voudrais poser quelques questions au
ministre sur des sujets...
Le Président (M. Fallu): Par rapport aux demandes que vous
avez faites, il y avait un certain nombre de questions. Est-ce que vous
voudriez que le ministre vous réponde immédiatement ou si vous
voulez davantage préciser vos questions?
M. Léonard: Je ne pense pas qu'on puisse répondre
en détail à chacune des questions, mais on pourra y revenir.
J'aurais quand même quelques commentaires à faire à la
suite des remarques du député de Mont-Royal, mais rapidement, car
je ne veux pas reprendre les notes que j'avais faites au début. Sur le
détail des questions, nous pourrons y revenir au cours de l'étude
des crédits article par article. Lorsque j'ai mentionné que nous
voulions nous orienter beaucoup vers la recherche et le développement,
c'est que nous voulons préserver justement la capacité
concurrentielle du Québec dans ce secteur et de nos entreprises au
Québec. Sur cela, j'en suis à plein, j'en ai déjà
traité récemment. Par exemple, j'en ai aussi traité
lorsque je suis allé au congrès des camionneurs, jeudi de la
semaine dernière.
Le développement régional, quant à nous, nous en
sommes aussi beaucoup, nous le vivons. Je suis député d'un
comté qui est situé dans une région et, en même
temps, très au fait, je pense, dans la mesure de mes capacités,
des problèmes régionaux à Montréal même.
Montréal, c'est aussi une région du Québec, et une des
grandes régions du Québec. L'étude détaillée
des crédits va le démontrer, mais il reste que nous avons une
préoccupation en termes de développement régional en ce
qui concerne le développement routier. Effectivement, il y a des
régions maintenant qui sont reliées par de grandes autoroutes,
mais il y a aussi le réseau routier régional, à
l'intérieur de chacune des régions, sur lequel nous continuons de
mettre un accent particulier.
M. le député s'interroge toujours sur les objectifs que
nous poursuivons avec Quebecair. Il reste qu'en termes de développement
régional l'action de Quebecair est particulièrement importante
parce que, pour venir à Montréal, si on le fait en voiture, c'est
moins rapide qu'en avion. Alors, Quebecair donne des "facilités"
à des gens des régions éloignées de venir à
Montréal. Donc, c'est une occasion de lier les activités
économiques et sociales des gens et les transports au coeur même
du Québec sur le plan économique. Alors, sur cette recherche et
développement, nous avons multiplié les contacts. J'ai
déjà eu l'occasion depuis cinq semaines de rencontrer des
universitaires, des gens du secteur privé et j'ai rencontré en
particulier les gens de
Bombardier. Sur ce plan, nous avons déjà fait des efforts,
nous entendons faire de plus en plus d'efforts pour maintenir nos
capacités concurrentielles sur les marchés internationaux.
En ce qui concerne le transport en commun, je rappellerai simplement
l'effort financier du Québec. Il y en a un considérable qui a
été fait. On a parlé de la politique du transport en
commun. Je rappelle que nous finançons 75% de toutes les dépenses
d'immobilisation générale et 100% des dépenses pour les
infrastructures lourdes dans le transport en commun, et 100%, c'est le maximum
qu'on puisse faire. On ne peut pas aller au-delà de cela.
En ce qui concerne les subventions à l'exploitation, nous
finançons jusqu'à 40% des revenus et 100% du manque à
gagner pour les réductions de laissez-passer mensuels de façon
à encourager les gens à prendre le transport en commun. Sur la
ligne Deux-Montagnes, le ministère des Transports du Québec a
fait des réparations essentielles et urgentes pour la flotte de trains.
Il a mis 6 800 000 $ depuis et l'accord avec la CUM, en mars 1981,
prévoyait que nous commencions à travailler sur la ligne
Deux-Montagnes après que nous ayons au moins enclenché et
même fait les travaux sur la ligne 6. Donc, nous respectons toujours
l'engagement avec la CUM qui, par ailleurs, n'a pas ou n'aurait pas mis de
fonds dans son budget de 1984-1986 ou dans son programme triennal
d'immobilisation pour la ligne Deux-Montagnes, selon nos renseignements. Donc,
nous attendons aussi la CUM. Des consultations doivent se poursuivre, mais, en
ce qui concerne notre participation au terme de l'accord de 1981, nous sommes
toujours à respecter les termes de cet accord.
Sur la ligne Rigaud, pour parler encore de ces trains, nous
complétons les travaux. Il y a pratiquement 20 000 000 $ à ce
jour qui ont été injectés dans cette ligne. Il y en a
d'autres qui sont en train d'être dépensés et qui sont
encore là maintenant. Alors donc, c'est une implication importante sur
l'intégration tarifaire. Nous la souhaitons toujours, nous y
travaillons, nous encourageons les consultations, les ententes entre les
municipalités, en particulier la rive sud, Laval et les gens de la
CTCUM. Alors, ce que je peux dire, c'est que nous souhaitons qu'il y ait une
accélération de ce dossier, que des rencontres soient suivies de
résultats. Les récentes interventions du président du
comité exécutif de la CUM montrent que nous allons dans le bon
sens et nous espérons conclure très bientôt, tous les
intervenants dans ce secteur, une entente qui va permettre l'intégration
tarifaire.
En termes de transport en commun, il y a aussi eu les comités
interministériels de transport. Au sujet des trains de banlieue, nous y
reviendrons. Sur Quebecair plus spécifiquement, puisqu'on y est revenu,
je rappelle que c'est d'un intérêt de développement des
politiques de transport dans le domaine régional. C'est à la base
de nos intérêts dans Quebecair. Nous poursuivons nos efforts de
rationalisation et de rentabilisation. L'objectif est de rentabiliser Quebecair
et de donner un bon service. Je considère aussi qu'Ottawa peut
être très bien complémentaire et non compétiteur, de
sorte que nous pourrions, en intégrant toutes nos opérations,
donner un meilleur service aux citoyens. Il y a aussi un enjeu
économique. Comme dans d'autres secteurs de l'activité
économique, une entreprise comme Quebecair procure des emplois aux
Québécois et je trouve que c'est un objectif qui vaut la peine
d'être poursuivi, en plus de l'expertise qu'on va acquérir du fait
que nous gardions une telle entreprise. (11 h 30)
En ce qui concerne l'autoroute 13, très rapidement, je pense
qu'il ne faut pas mettre la charrue devant les boeufs. C'est une expression
chère aux Québécois. Je ne pense pas que ce soit la
non-construction pour l'instant de l'autoroute 13 qui fasse qu'il n'y a pas de
développement industriel à Mirabel, mais, au moindre signe qu'il
y aurait du développement industriel, nous nous tenons prêts
à commencer l'autoroute 13. Il ne s'agit pas de construire des
autoroutes qu'on utiliserait peu à l'heure actuelle. Notre position
là-dessus a toujours été la même: nous nous tenons
prêts à faire l'autoroute 13 dès qu'elle sera
nécessaire. C'est là notre position.
Sur la Régie de l'assurance automobile du Québec, je pense
qu'il s'agit de mettre une priorité d'abord, celle de la
sécurité routière. Il y a un comité
ministériel qui fonctionne là-dessus, il y a des campagnes de
promotion qui fonctionnent encore, mais on voudra bien admettre qu'il faut les
accélérer. Il faut travailler avec les citoyens, avec les
associations de citoyens en ce qui concerne la sécurité
routière, par exemple, celle des motocyclistes, et nous apporterons des
amendements législatifs au Code de la sécurité
routière qui devraient nous permettre d'accentuer la
sécurité routière. Je pense que c'est là la
clé. Si on ne veut pas que les primes montent dans le secteur de
l'assurance automobile, il faut et cela signifie qu'il devrait y avoir moins
d'accidents. Cela me paraît évident. Quant aux chiffres qui ont
été mentionnés, un peu plus tard au cours de ces huit
heures, des heures qui restent, nous pourrons y revenir.
En concluant, sur le plan économique, je pense qu'au
ministère des Transports du Québec, c'est une
préoccupation et un des rôles majeurs, le rôle majeur du
ministère des Transports. C'est finalement un des ministères les
plus économiques du gouvernement par ses dépenses directes, par
ses
immobilisations, par les emplois indirects qu'il crée, par les
contrats qu'il donne. Il est à la jonction de toutes sortes
d'activités économiques, et même des activités des
personnes. Je pense bien qu'il joue son rôle de toutes sortes de
façons.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, les sujets que vous avez
soulevés concernant Quebecair, je crois que nous y reviendrons cet
après-midi. Je pense qu'on a fait une entente selon laquelle les gens de
Quebecair...
Le Président (M. Fallu): Nous pourrions appeler le
programme 7 en priorité cet après-midi.
Des voix: Oui. D'accord.
Transports terrestres
M. Ciaccia: Ils ne peuvent pas être ici demain; alors cet
après-midi nous pourrons discuter.
Modernisation des trains de banlieue sur le territoire
de la CUM
Sur la ligne Montréal-Deux-Montagnes, les informations que j'ai
ne semblent pas tout à fait en accord avec les affirmations que vous
nous avez faites. Peut-être pourrait-on essayer de préciser.
En 1981, il y a eu une entente entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec pour la modernisation
des trains de banlieue Rigaud, Deux-Montagnes, Saint-Hilaire. Le gouvernement
fédéral mettait 70 000 000 $ à la disposition du
gouvernement du Québec. Il y avait la question de l'intégration
tarifaire de ces trains de banlieue, etc. Il y avait même le plan qui
avait été mis de l'avant, le plan de Belle val, en 1979, et on
parlait à ce moment de l'intégration tarifaire.
Pourquoi ces 70 000 000 $, n'ont-ils pas été
dépensés? Vous avez mentionné que vous aviez fait des
améliorations à la ligue du Canadien Pacifique vers Rigaud, mais
pour la ligne Montréal-Deux-Montagnes, pourquoi les montants d'argent
qui ont été mis à la disposition du gouvernement n'ont-ils
pas été dépensés pour moderniser cette ligne?
À ma connaissance, selon mes informations - corrigez-moi si je me trompe
- il reste 40 000 000 $ disponibles et qui ne sont pas utilisés à
des fins de modernisation.
M. Léonard: Un des points que j'ai mentionnés tout
à l'heure, c'est qu'il y avait des travaux de réparation
essentiels qu'on devait faire au départ pour permettre aux trains de
circuler. Ceci a été fait et je pense que c'était dans le
cadre de l'accord du départ. Cependant, avant de commencer les travaux
sur les infrastructures lourdes, on devait enclencher la ligne 6. Je pense que
c'était dans les termes de l'accord avec la CUM et dans tout le vaste
accord qui avait été conclu en mars 1981 avec les
municipalités. Il y a des projets sur cela. Cependant, il reste que la
CUM et le gouvernement du Québec ont à s'entendre pour
fonctionner. Je laisserai cependant mon sous-ministre répondre plus
précisément à cette question que vous posez.
M. Lussier (Paul): Merci. Ce qui est arrivé
essentiellement, c'est qu'en mars 1981, dans un premier temps, il y a eu un
accord entre la CUM et le gouvernement du Québec pour moderniser et
intégrer les deux lignes de train de banlieue sur le territoire de la
CUM, soit la ligne vers Deux-Montagnes et la ligne Rigaud. Les deux lignes
n'étaient pas traitées de la même façon dans cet
accord. Il était prévu que la ligne Rigaud serait
modernisée tout simplement comme ligne de train de banlieue, à
même les budgets du ministère des Transports. C'est ce qui est en
train d'être fait. Il y a eu environ 20 000 000 $ de
dépensés jusqu'à maintenant. Les travaux fonctionnent et
sont prévus se terminer en 1986. Ils auront coûté environ
53 000 000 $.
Par ailleurs, dans le même accord avec la CUM, il est prévu
que la ligne Deux-Montagnes sera transformée en métro de surface
dès que l'autre ligne de métro de surface sur le territoire de la
CUM, c'est-à-dire la ligne 6 qui devait aller vers Pointe-aux-Trembles,
sera mise en service prioritairement. En attendant, toujours à
même les budgets du ministère des Transports, la ligne
Deux-Montagnes telle qu'elle existe et qu'elle existait en 1981 sera
sommairement réparée plutôt que modernisée. C'est ce
que le ministère a fait. On a dépensé environ 6 800 000 $
pour réparer le matériel roulant et rendre un peu plus
sécuritaires les gares, les plates-formes qui étaient là.
Ensuite, il y a eu aussi des accords de signés entre la CTCUM et les
chemins de fer pour l'exploitation de ces lignes. Et là, il y a eu des
fréquences plus grandes en termes de services et de réduction de
tarifs par rapport aux tarifs qui existaient auparavant dans l'optique d'une
intégration tarifaire régionale.
Si l'on reste au niveau des immobilisations pour le moment, à la
suite de l'accord avec la CUM, il y a eu un autre accord de signé entre
le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral quant
à une contribution du gouvernement fédéral aux
immobilisations pour la modernisation des trois lignes de la région de
Montréal, c'est-à-dire les deux lignes dont je viens de
parler
qui concernent surtout la CUM et la troisième,
c'est-à-dire la ligne de Saint-Hilaire. Les travaux fonctionnent pour
autant qu'on a des interlocuteurs municipaux, qui, dans le cadre de la
réglementation, ou, si vous voulez, du fonctionnement du transport en
commun au Québec, sont les principaux interlocuteurs; donc, sur la CUM,
on a des interlocuteurs qui fonctionnent jusqu'à un certain point. Sur
la ligne de Saint-Hilaire, il n'y en avait pas jusqu'à récemment
et c'est pour cela que les travaux n'ont pas encore été entrepris
de ce côté, mais, comme le ministre l'a mentionné plus
tôt, la Loi sur les conseils intermunicipaux de transport, adoptée
en décembre dernier, permet justement la création d'une
entité capable de décider et de négocier
l'intégration du train de Saint-Hilaire, si on le choisit.
M. Ciaccia: Vous avez parlé de la transformation de la
ligne en métro de surface et vous avez mentionné le métro
de surface Montréal-Repentigny et Pointe-aux-Trembles. Est-ce que vous
nous dites qu'il n'y aura pas de travaux d'effectués pour moderniser
Montréal-Deux-Montagnes, dans le sens d'en faire un métro de
surface avant que le métro de surface de Pointe-aux-Trembles ne soit
commencé?
M. Lussier: Ce que je dis, c'est que l'accord de 1981 dit que, la
ligne vers Pointe-aux-Trembles et celle vers Deux-Montagnes doivent devenir des
métros de surface. D'accord? Et que celle vers Pointe-aux-Trembles est
prioritaire. Ceci a été...
M. Ciaccia: Quand vous dites: l'entente de 1981, parlez-vous de
l'entente avec le gouvernement fédéral?
M. Lussier: Non, avec la CUM.
M. Ciaccia: Mais l'entente avec le gouvernement
fédéral, en 1981...
M. Lussier: Oui.
M. Ciaccia: II y avait des sommes mises à la disposition
du gouvernement du Québec pour moderniser
Montréal-Deux-Montagnes. Est-ce que la raison pour laquelle elles ne
sont pas utilisées, c'est que vous avez une autre entente avec la
Communauté urbaine de Montréal et que vous ne pouvez pas
moderniser la ligne Montréal-Deux-Montagnes avant la ligne de
Montréal-Pointeaux-Trembles?
M. Lussier: C'est essentiellement ce que je dis. C'est que
l'accord avec la CUM prévoyait qu'on ferait
Montréal-Deux-Montagnes en métro de surface dès que la
partie Montréal-Pointe-aux-Trembles aurait été faite,
respectant ainsi la volonté de la
CUM; puisqu'on ne fait pas la première partie, on se demande ce
qu'on fait avec la deuxième. La question a été
récemment posée à la CUM d'autant plus que la CUM a
éliminé de son programme triennal d'immobilisation tout montant
pour la transformation ou la modernisation de la ligne Deux-Montagnes. On leur
a posé la question: Qu'est-ce que vous voulez que nous fassions avec
cette ligne-là maintenant?
M. Ciaccia: J'ai une...
M. Léonard: M. le Président, est-ce que je peux
intervenir à ce moment-ci? Je pense que tout cela fait l'objet à
l'heure actuelle de consultations avec la CUM. J'ai repris un tour de piste sur
cette question. J'ai rencontré le président de la
Communauté urbaine de Montréal, le maire de Montréal et je
vais aussi continuer de rencontrer les différents intervenants dans ce
dossier. Je pense que nos intentions sont d'en arriver à une solution le
plus rapidement possible. Je sais que par ailleurs, de leur côté,
ils y travaillent.
Vous avez fait allusion tout à l'heure au rapport Gascon. Le
rapport Gascon a été étudié par la Commission
permanente des transports de la Communauté urbaine de Montréal.
Elle a fait elle-même rapport, au moment où on se parle, au
comité exécutif de la Communauté urbaine de
Montréal. Il n'y a pas encore de décision définitive de
prise là-dessus. Par ailleurs, quand vous parlez des 40 000 000 $, il ne
sont pas exclusivement réservés à la voie Deux-Montagnes.
Ils sont pour les trois lignes: Saint-Hilaire, Rigaud et Deux-Montagnes.
M. Ciaccia: Les 70 000 000 $. M. Léonard: Les 70
000 000 $.
M. Ciaccia: Les 70 000 000 $ étaient pour les trois.
M. Léonard: Et aussi les 40 000 000 $.
M. Ciaccia: Maintenant, il reste 40 000 000 $.
M. Léonard: Ce n'est pas spécifié qu'il y a
40 000 000 $ sur la ligne Deux-Montagnes.
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas spécifié, mais ce
n'est pas exclu qu'ils pourraient être utilisés pour
Deux-Montagnes.
M. Léonard: Non, ce n'est pas exclu.
M. Ciaccia: II y a quelque chose ici qui ne me semble pas clair.
Votre prédécesseur ne poussait pas
Montréal-Pointe-aux-Trembles. Il a essayé d'insister
auprès de la
Communauté urbaine de Montréal pour la ligne
Montréal-Repentigny, par le côté nord. Est-ce que vous
partagez le même avis que votre prédécesseur ou si vous
êtes prêt à accepter les recommandations? Le maire de
Montréal et les maires des différentes municipalités qui
étaient impliqués ne voulaient pas de ce projet
Montréal-Repentigny. Il semble avoir été
abandonné.
M. Léonard: Je pense que cela n'est pas exact, M. le
député. Les gens de la CUM, en tout cas, sûrement de la
ville de Montréal, trouvaient prioritaire qu'on fasse une ligne de
transport allant vers Pointe-aux-Trembles. Il a toujours été
question de Pointe-aux-Trembles même si à l'occasion on a aussi
parlé de Repentigny. Repentigny est de l'autre côté de
Rivière-des-Prairies. Il nous semblait que le cas le plus urgent
à régler, ce qui était prioritaire était d'aller
jusqu'à Pointe-aux-Trembles.
M. Ciaccia: Je ne veux pas...
M. Lussier: C'est au prix de cette précision en termes de
priorité à la ligne vers Pointe-aux-Trembles que l'accord de 1981
a pu être conclu avec la CUM, auquel accord la ville de Montréal
s'opposait autrement.
M. Ciaccia: Les 40 000 000 $, le gouvernement
fédéral n'entre pas dans l'affaire de Pointe-aux-Trembles. Il n'a
rien à voir avec cela.
M. Lussier: Exact.
M. Ciaccia: Le gouvernement fédéral a signé
une entente avec le gouvernement du Québec; il met de l'argent à
votre disposition pour faire Montréal-Deux-Montagnes.
M. Lussier: Non, pas Montréal-Deux-Montagnes.
M. Ciaccia: Pour les trois lignes.
M. Lussier: Les trois lignes, dont
Montréal-Deux-Montagnes.
M. Ciaccia: Incluant Montréal-Deux-Montagnes. Le
gouvernement du Québec pourrait décider demain que les 40 000 000
$ qui sont disponibles grâce au gouvernement fédéral, qu'il
les utilise pour la modernisation de Montréal-Deux-Montagnes. Oui ou
non?
M. Lussier: À ce moment-là, il faudrait prendre
l'accord de 1981 et dire qu'il ne tient plus et qu'on fait autre chose.
M. Ciaccia: Quel accord?
M. Lussier: L'accord de la CUM et du gouvernement du
Québec qui était préalable à l'accord avec le
gouvernement fédéral. Il faut bien comprendre que, lorsque
l'accord entre le gouvernement fédéral et le gouvernement du
Québec a été signé, il y avait eu au
préalable un accord entre le gouvernement du Québec et la CUM.
Nous prévoyions faire certaines choses qui étaient contenues dans
cet accord.
M. Ciaccia: Est-ce que vous nous dites que c'est effectivement la
CUM qui a bloqué le développement, la modernisation de
Montréal-Deux-Montagnes?
M. Lussier: Absolument, en ce qui me concerne.
M. Ciaccia: Aujourd'hui, il semble y avoir...
M. Léonard: Juste une précision. Avec le budget de
cette année, sur le trajet Montréal-Deux-Montagnes, ce sera 10
000 000 $ qui auront été injectés: 6 800 000 $ sur les
réparations essentielles et 3 200 000 $ qu'il y a cette année sur
les plans.
M. Ciaccia: Vous nous dites...
M. Léonard: Je ne sais pas si ce sont les plans et
devis.
M. Lussier: Les plans et devis pour le métro de surface.
(11 h 45)
M. Ciaccia: Vous dites que jusqu'à maintenant, c'est la
décision de la CUM et c'est la raison pour laquelle vous n'avez pas
modernisé Montréal-Deux-Montagnes. Si la CUM était
d'accord, est-ce que cela veut dire que vous seriez prêt à
procéder à la modernisation de Montréal-Deux-Montagnes
partiellement avec les fonds fédéraux?
M. Léonard: M. le Président, je pense que c'est
justement de cela dont nous discutons présentement, mais il s'agit d'un
plan de transport qui touche aussi d'autres lignes. Où sont les
priorités du transport en commun à Montréal? Il y a la
desserte de l'est de Montréal où il n'y a pas de transport en
commun rapide et cela apparaît aussi une priorité. Donc, lorsque
nous discutons du transport en commun avec la CUM, nous discutons de l'ensemble
des questions de transport en commun.
M. Ciaccia: Comme je vous le dis, on n'a pas d'objection: Oui, on
veut procéder à Montréal-Deux-Montagnes. Est-ce que vous
êtes prêt à procéder?
M. Léonard: M. le député, un des
considérants dans le dossier, c'est qu'il doit aussi y avoir des
services de transport en commun dans l'est de Montréal et cela est dans
le dossier depuis longtemps. Maintenant, à Deux-Montagnes, nous sommes
aussi intéressés à investir des sommes puisqu'il y a
déjà un train qui circule et qu'il faut le moderniser.
M. Ciaccia: II y a eu un rapport de fait à la commission
de transport en commun - je pense que c'est une commission spéciale qui
a fait un rapport - contenant principalement deux recommandations:
premièrement, la construction en priorité d'une nouvelle ligne de
métro sur pneus, et non fer sur fer, appelée ligne 7, de la
station Pie-IX à la ligne 1, une station située à
l'intersection des rues Langelier et Maurice-Duplessis, et en priorité
également la construction du prolongement de la ligne 5, de Saint-Michel
à la station D'Anjou. Je pense qu'une partie de cela pourrait être
déjà incluse dans les crédits. C'est la première
recommandation.
La deuxième recommandation, c'est de prier le comité
exécutif de constituer un comité afin d'étudier la
modernisation de la ligne 3 dans l'optique d'une piste d'essai favorisant le
développement technologique en vue de l'exportation, et cette ligne 3,
c'est la gare centrale Deux-Montagnes. C'est un rapport fait au conseil par la
commission du transport en commun, par une commission spéciale.
M. Léonard: C'est le rapport de la commission à
l'heure actuelle, mais ce n'est pas décisionnel. Cela signifie que la
CUM elle-même n'a pas arrêté sa décision
là-dessus. Ce rapport ou cette recommandation a été faite,
il me semble, la semaine dernière, il n'y a pas très longtemps,
il y a quelques jours. Le comité exécutif de la CUM est
sûrement en train de l'étudier et nous aussi sommes en train de
l'analyser.
Maintenant, il faut également considérer les coûts
et, finalement, quels services cela rend aux citoyens. Est-ce que la ligne 7
rend vraiment service aux citoyens? Quels seront les coûts d'une telle
ligne? À l'heure actuelle, on en a fait une certaine évaluation.
Quand vous regardez les documents, on parle de 300 000 000 $. Cela
dépend où on se rend: est-ce qu'elle sera moitié
souterraine, moitié en surface et quelle sorte de gabarit on utilisera,
s'il s'agit d'un petit ou d'un grand gabarit. En termes de métro, les
coûts sont très différents.
Par ailleurs, la lecture de ce rapport ne règle pas encore, -
c'est une question qu'on peut se poser - le cas des habitants de
Pointe-aux-Trembles, dans l'extrême est de Pointe-aux-Trembles. On peut
atteindre Pointe-aux-Trembles. Je sais qu'à un moment donné il
avait été question qu'on se rende jusqu'à
Armand-Bombardier, ou à peu près, dans ce coin. Dans la ligne 6,
il y avait une station de métro de surface appelée
Armand-Bombardier. Dans le cas de la ligne 7, est-ce qu'on devra se rendre
jusque-là? Je pense que c'est une autre hypothèse qui a
été mise sur la table et qui est en train d'être
analysée tant par mon ministère que par les gens de la CUM
eux-mêmes.
M. Ciaccia: Est-ce que vous nous dites aujourd'hui que,
malgré qu'il y a des fonds du gouvernement fédéral pour la
modernisation de Montréal-Deux-Montagnes, le gouvernement du
Québec n'est pas prêt à procéder à cette
modernisation avant qu'il y ait eu construction de la ligne jusqu'à
Pointe-aux-Trembles? Autrement dit, avant de moderniser
Montréal-Deux-Montagnes, vous voulez vous assurer que la ligne
Montréal-Pointe-aux-Trembles sera construite ou que la décision
sera prise pour la construction de cette ligne.
M. Léonard: Je pense que là-dessus il n'y a pas
encore de position définitive d'arrêtée. Il reste que dans
l'accord de 1981 c'était cela qui était indiqué. Il reste
toujours des besoins de transport en commun dans l'est de l'île de
Montréal. La CUM elle-même s'est donné un délai pour
finaliser sa position même quant à Deux-Montagnes. Il faut le
constater aussi dans l'évolution du dossier. Il y a des sommes
importantes qui peuvent être dépensées dans les 70 000 000
$ du fédéral, tant sur Rigaud, où il y en a
déjà, tant sur Deux-Montagnes que sur Saint-Hilaire. Les 70 000
000 $ ont été prévus pour les trois lignes. Maintenant,
ceci concerne un accord avec le fédéral. Sur l'est de
Montréal, qui est une priorité du gouvernement, mais qui est une
priorité aussi, je pense, de la CUM, il faut s'entendre sur une ligne et
cela peut avoir un impact d'ailleurs sur la ligne Deux-Montagnes. Je sais que
les premiers projets qu'on avait étudiés, on avait
étudié une ligne 6 qui se rendait jusqu'à Du
Collège, station de métro de la ligne 2, alors que, dans des
projets plus récents, on a étudié une solution de rechange
qui était d'entrer dans le tunnel sous le Mont-Royal.
C'est difficile, je pense, présentement d'arriver à une
décision sur une seule ligne, alors qu'au fond il faut quand même
considérer l'ensemble du système avant de prendre une telle
décision. En ce qui me concerne, je multiplie les échanges avec
les élus qui sont en cause là-dedans. Nous tentons
d'éviter de créer de faux espoirs. Nous allons tenter aussi
d'arriver à une solution très concrète, très
pratique. Je pense que ce qu'il faut viser, c'est à une bonne desserte
des gens. Il faut leur donner un bon service de transport en commun, en
même temps qu'il y a aussi d'autres intérêts
comme celui de l'aménagement général sur
l'île de Montréal qui va être en cause là-dedans et
qui intéresse sûrement les élus. Il y a aussi d'autres
considérations comme celle d'acquérir une bonne expertise du
métro fer sur fer, et je pense que là-dedans il y a des
intérêts économiques pour le Québec comme pour
Montréal elle-même.
Le principe que nous avons présentement, c'est un principe
d'ouverture. Sur quelle ligne les travaux pourraient-ils commencer? Dès
la minute où il y aura des assurances de fournies qu'il y aura un bon
service de transport en commun sur l'île de Montréal, je pense que
nous pourrons choisir, éventuellement, mais encore là les
décisions ne sont pas prises, ni pas la CUM... Le gouvernement avait une
approche jusque-là, qui est encore là, mais qui était
celle du développement de la ligne 6. Nous consultons, nous continuons
à discuter sur ces questions.
M. Ciaccia: C'est vraiment difficile, M. le ministre, d'expliquer
aux usagers, aux éventuels usagers de Montréal-Deux-Montagnes...
Les infrastructures existent. Le service pourrait être
amélioré. Il s'est détérioré depuis
plusieurs années.
Originalement, il y avait environ 30 000 usagers par jour. Cela a
baissé maintenant, je crois, à 10 000 ou 14 000 parce que le
service se détériore, mais c'est un actif: on ne peut pas trouver
ce genre d'infrastructure dans aucune autre ville nord-américaine. C'est
difficile de faire comprendre aux usagers qui sont sur ces lignes et de leur
dire: Écoutez, il y a de l'argent du gouvernement fédéral:
40 000 000 $, 50 000 000 $. On pourrait moderniser et vous donner un service
plus qu'adéquat. Ce faisant, on pourrait même développer
une technologie pour l'exporter en Amérique du Nord, mais on ne le fait
pas parce qu'on n'a pas encore pris une décision sur
Pointe-aux-Trembles. Je ne veux pas enlever le service aux gens de
Pointe-aux-Trembles. Le rapport Gascon préconise une ligne fer sur fer
et il a même donné une estimation de 70 000 000 $. C'est difficile
à expliquer. S'il fallait commencer à nouveau, si
Montréal-Deux-Montagnes n'existait pas ni
Montréal-Pointe-aux-Trembles, les priorités, assurément,
à savoir où vous allez dépenser l'argent... Mais la ligne
existe. Les sommes du gouvernement fédéral sont disponibles.
Comment justifier cela à ces gens-là? L'un n'a rien à voir
avec l'autre, ce sont deux services complètement différents. Un
va dans l'ouest et l'autre va dans l'est. Ce sont deux clientèles
totalement différentes. Comment justifier cette approche?
M. Léonard: M. le Président, je ne pense pas que
l'on puisse dissocier autant que cela une décision par rapport à
l'autre.
Il faudrait quand même qu'on s'entende d'abord sur le plan global.
Je pense bien qu'il y a des hésitations de la part de la CUM à
prendre des décisions définitives, parce qu'il est question de
sommes considérables. C'est 300 000 000 $, la modernisation de
Deux-Montagnes. Peut-être que l'on peut réduire ces coûts,
mais il y a aussi une desserte dans l'est qui manque présentement.
Je dirais une chose quant à la fréquentation parce que je
trouve qu'on a l'air de dire que c'est nous qui avons fait baisser le service
sur le CN-Deux-Montagnes. Je dirai simplement qu'en 1966 - je voudrais au moins
éviter qu'on ait cette confusion - il y avait 34 000 usagers sur le
CN-Deux-Montagnes; il y en avait 6000 en 1981. Depuis que nous l'avons repris,
que nous avons fait les réparations essentielles, il est remonté
à 12 000; donc, il a doublé depuis 1981. C'est donc une
amélioration qui fait que les gens le prennent. Je conçois que ce
n'est pas tout ce qu'il faut faire. Il en reste beaucoup à faire
puisque, quand nous en parlons, nous parlons de 300 000 000 $. Notre objectif,
c'est de remonter à 25 000 ou 30 000, peut-être plus, si possible,
de sorte qu'on évite que les gens aient à prendre leur voiture
pour venir dans le centre-ville de Montréal.
Je ne pense pas que l'on puisse dissocier aussi facilement une
décision de l'autre lorsqu'il s'agit du système de transport de
Montréal. Je répète simplement que j'ai repris mon
bâton de pèlerin dans cette question et je refais le tour des
élus municipaux que j'ai connus à l'époque où nous
avions voté une loi sur la CUM, avec qui j'avais discuté
très longuement. Donc, sur la question du transport en commun, j'ai
repris ce bâton de pèlerin depuis un mois.
M. Ciaccia: Sur cette ligne Montréal...
M. de Bellefeuille: M. le Président, sur le même
point, avec la permission de la commission...
Le Président (M. Fallu): Oui, la commission vous
l'accordera. M. le député de Mont-Royal, alliez-vous passer
à un autre point?
M. Ciaccia: J'allais poser une autre question sur ce
point-là et je comprends qu'il y a un intérêt du
député de Deux-Montagnes. Alors, avant d'aller à l'autre
point, cela me fera grand plaisir de lui céder la parole, avec votre
permission.
Je voudrais juste poser une autre question sur le même sujet.
Est-ce qu'il y a un plan qui aurait été discuté sur la
modernisation de Montréal-Deux-Montagnes avec le gouvernement
fédéral et qui attendrait seulement le consentement de la
CUM? Est-ce que c'est en discussion avec le gouvernement
fédéral ou est-ce que vous avez arrêté tout travail
et que vous attendez la décision de la CUM?
M. Léonard: M. le Président, j'ai rencontré
le ministre des Transports du Canada, M. Axworthy, le 8 mars. Il a
été longuement question des lignes de chemin de fer sur
l'île de Montréal, en particulier de la ligne CN-Deux-Montagnes.
Il a été question du partage des coûts parce que, lorsqu'il
s'agit de 300 000 000 $ sur l'évaluation globale, comme c'est une
propriété du Canadien National, il nous semble que le
gouvernement fédéral devrait prendre beaucoup plus que 40 000 000
$ ou 30 000 000 $, de cet ordre de grandeur, dans un dossier de 300 000 000 $,
puisque, à toutes fins utiles, l'assise du chemin de fer, la
propriété des terrains va demeurer celle du Canadien National.
Avant que nous disions: On va investir 300 000 000 $ sur le terrain d'un autre,
il faudrait quand même voir ce qui en est exactement; on va donc
améliorer ses propres infrastructures. Donc, je pense que le
gouvernement fédéral doit s'impliquer dans un tel dossier, soit
lui-même, soit par le CN. En tout cas, il nous semble important qu'il le
fasse.
Cependant, quand vous dites: de plans et devis d'un projet très
concret, rendu au niveau des plans et devis, non, je ne pense pas qu'il en ait
été question jusque-là. Dans les budgets actuels, nous
avons déjà dépensé 3 800 000 $ sur des
études sur ce corridor. (12 heures)
M. Ciaccia: Sur ces 3 800 000 $, en êtes-vous arrivé
à des propositions? Par exemple, le COTREM avait dépensé,
je ne sais pas combien pour Montréal-Repentigny. Il était
arrivé avec un plan de développement pour
Montréal-Repentigny. Avez-vous l'équivalent avec vos 3 800 000 $
pour Montréal-Deux-Montagnes?
M. Léonard: Non, les études ne sont pas aussi
avancées que celle de Montréal-Pointe-aux-Trembles. C'est bien
sûr que nous avons des projets beaucoup plus détaillés dans
le cas de Pointe-aux-Trembles que sur celui de Deux-Montagnes. Cependant, avec
3 800 000 $, il y a quand même des choses qui ont été
faites, des études quand même assez poussées.
M. Ciaccia: Qu'avez-vous eu pour vos 3 800 000 $?
M. Léonard: Des choses très utiles parce que nous
ne faisons rien d'inutile au ministère des Transports.
M. Ciaccia: Ah! ça, oui. Quand vous dites que vous avez
des études...
M. Léonard: Le sous-ministre Lussier peut
compléter, s'il le désire.
M. Lussier: En fait, ces 3 800 000 $ concernent des travaux
d'avant-projet sur le tronçon potentiellement commun,
c'est-à-dire gare centrale-Côte Vertu, tronçon qui serait
commun si la ligne 6 venait au centre-ville. C'est là-dessus que les
études sont avancées surtout, toujours dans le cadre de l'accord
avec la CUM en 1981. C'est la base même de tous les travaux qui ont
été faits au COTREM, c'est la commande que le COTREM a
reçue.
M. Ciaccia: II doit y avoir un début de plan de
développement.
M. Lussier: II y a un avant-projet assez développé.
Ce sont des plans suffisamment précis pour nous indiquer quels seront
les coûts de construction.
Le Président (M. Fallu): L'article 129... Est-ce que vous
avez terminé?
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Fallu): L'alinéa 2 de l'article
129 de notre nouveau règlement autorise maintenant, à
l'étude des crédits des ministères, tout
député reconnu par le président à prendre la parole
et à questionner le ministre sans autorisation de la commission. J'aime
le signaler parce que c'est nouveau dans notre règlement. Je reconnais
donc le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Au cours des
derniers mois, les usagers du chemin de fer de banlieue
Montréal-Deux-Montagnes ont connu des problèmes graves, surtout
pendant les froids de l'hiver. Les trains étaient fréquemment en
retard, pas de quelques minutes, mais d'une demi-heure, d'une heure, d'une
heure et demie, de deux heures, ce qui, pour les usagers du train, constituait
un problème très grave parce que chacun sait qu'un travailleur ou
une travailleuse qui arrive au bureau ou au lieu de travail une heure, une
heure et demie, deux heures en retard éprouve de ce fait des
difficultés considérables.
J'ai fait des démarches auprès de la direction de la CTCUM
et j'ai reçu une belle réponse m'expliquant que le
matériel était très vétusté, que l'hiver
avait été dur et qu'on faisait tout ce qu'on pouvait pour
corriger le problème. Finalement, c'est le passage de l'hiver qui a
contribué le plus à régler le problème. Je crois
comprendre qu'il y a maintenant moins de retards, et des retards moins graves.
Cependant, l'hiver va revenir, le matériel n'aura pas rajeuni. Je ne
doute pas que la CTCUM et le CN ont fait l'impossible jusqu'à maintenant
pour
maintenir la qualité du service dans des conditions difficiles,
mais les conditions vont rester aussi difficiles. Elles vont même le
devenir plus parce que le matériel roulant de 1923 aura, l'an prochain,
un an de plus. Je ne sais pas si celui de 1923 est le plus vieux, il y en a
peut-être du plus vieux que cela.
Après avoir écouté ce qui s'est dit au cours des
dernières minutes, M. le Président, je me demande quel message je
vais pouvoir apporter à mes électeurs. Ce que mes
électeurs me demandent, c'est une chose très simple: Est-ce que
le gouvernement va moderniser notre chemin de fer? Ayant écouté
ce qui s'est dit ce matin, je ne sais pas quelle réponse je vais pouvoir
apporter à mes électeurs. Est-ce que, oui ou non, le gouvernement
du Québec, parce que c'est de lui qu'il s'agit, va moderniser le train
de banlieue de Montréal-Deux-Montagnes? Je n'ai pas de réponse
à apporter à cela.
Ministre et sous-ministre expliquent toutes sortes de choses
incompréhensibles. On se demande ce qu'on va faire avec la
deuxième ligne parce qu'on n'a pas décidé ce qu'on va
faire avec la première, c'est-à-dire la deuxième - en
l'occurrence, c'est la 3 et la première, c'est la 6. On n'a pas
décidé ce qu'on va faire avec un métro de surface, donc,
on ne peut pas décider ce qu'on va faire avec un autre métro de
surface. Je vous avoue, M. le Président, que la logique véritable
qu'il y a derrière cette affirmation m'échappe
complètement. Je ne vois pas du tout pourquoi il faut qu'une ligne
attende l'autre. J'ai lu toutes sortes de choses dans les journaux, j'ai lu
toutes sortes de rapports indiquant qu'il y a des difficultés à
s'entendre au sujet de la ligne 6. Cela semble évident. Il y a des
tracés différents qui sont proposés et
évalués. Les uns se réclament d'un tracé et les
autres se réclament d'un autre tracé, mais nous qui nous
intéressons non pas à cette ligne, mais à la ligne de
Deux-Montagnes, nous ne comprenons pas pourquoi ces difficultés à
se mettre d'accord par rapport à la ligne 6 rajeuniraient, par exemple,
notre matériel roulant trop vétusté. Je pense que cela n'a
aucun effet de rajeunissement. Le fait qu'on discute de la ligne 6 ne rajeunit
pas le matériel de la ligne 3. Le matériel de la ligne 3 continue
de vieillir et va être de moins en moins utilisable.
Le ministre a pris son bâton de pèlerin. Il entreprend de
convaincre la CUM et la CTCUM; par ailleurs, le sous-ministre nous dit que
c'est la CUM qui a bloqué le réaménagement de la ligne 3,
la ligne Deux-Montagnes. Le ministre prend son bâton de pèlerin
pour convaincre des gens qui ont déjà manifesté l'absence
d'une volonté de régler le problème. Il semble clair que
la seule volonté qui puisse régler le problème, c'est
celle du gouvernement du Québec. Le ministre a fait allusion à
des responsabilités du gouvernement fédéral dans le
dossier. Je ne nie pas qu'il y en ait. Le gouvernement fédéral a
mis de l'argent sur la table. Le Canadien National lui-même a mis de
l'argent sur la table. Peut-être que ces sommes ne sont pas assez
élevées, peut-être qu'il y aurait lieu de discuter de cela.
On n'est pas dans une situation où on peut dire qu'il y a eu refus total
de la part du gouvernement fédéral et de la part du Canadien
National de participer à l'opération de modernisation. Au
contraire, ces deux instances ont annoncé leur intention de participer
par des sommes qui se chiffrent par millions à cette opération de
modernisation.
À travers tout cela, je répète, M. le
Président, que je cherche la réponse que je veux apporter
à mes électeurs qui sont usagers du train de
Montréal-Deux-Montagnes. Je pense que je ne leur dirai pas que le
ministre a pris le bâton de pèlerin, ils arracheraient le
bâton des mains du ministre et me l'enverraient par la tête. Je ne
leur dirai pas que le ministre cherche à convaincre la CUM parce que mes
électeurs savent que la CUM et la CTCUM ont des intérêts
ailleurs que dans ce train de banlieue et ont tendance à favoriser
d'autres solutions que celle-ci. Le ministre nous dit aussi qu'il ne veut pas
susciter de faux espoirs. Alors, est-ce que je vais dire à mes
électeurs: Le ministre ne veut pas susciter chez vous de faux espoirs?
Ils vont me répondre: Effectivement, on n'a pas de faux espoirs, on n'en
a pas d'espoir. Vrai ou faux, on n'en a pas. Depuis 1976, les usagers du chemin
de fer en ont vraiment vu de toutes les couleurs. Le gouvernement du
Québec est intervenu positivement à plusieurs reprises. Il a
comblé le déficit d'exploitation du CN pour satisfaire une
exigence du CN et permettre que le service soit continué, ne soit pas
complètement abandonné. C'est excellent. Le gouvernement du
Québec est intervenu aussi faisant en sorte que l'exploitation de cette
ligne de chemin de fer soit confiée par la CTCUM au Canadien National en
vertu d'un contrat de service. Il y a donc un passé, une intervention du
gouvernement du Québec, mais on n'en est plus là. On en est
à un point que cette vieille mécanique est incapable de tenir le
coup. Un autre hiver et cela va être encore des retards
épouvantables. Évidemment, c'est un cercle vicieux parce que,
lorsqu'il y a des retards épouvantables, les gens prennent leur voiture
ou s'entendent avec un copain de travail ou une copine de travail pour partager
une voiture, avec encombrement des autoroutes, etc. N'est-ce pas, M. le
ministre des Transports? Vous êtes au courant de ce genre de
problème? Mais cela baisse l'achalandage du chemin de fer et alors le
fait que le service soit mauvais éloigne les
usagers. Il va évidemment y avoir des gens qui vont favoriser
d'autres solutions, qui vont vous dire: Ce chemin de fer, il y a peu de gens
qui l'utilisent ou cela n'a pas donné ce qu'on attendait. C'est
d'ailleurs pas mal ce que le CN faisait pendant un certain temps. Il permettait
une telle dégradation du service que les usagers étaient
obligés de trouver autre chose.
M. le Président, la situation, c'est qu'un chemin de fer existe,
et ce qui est important en termes d'aménagement de ce genre-là,
c'est que le terrain soit là. Le ministre parlait du terrain d'un autre,
mais, quel que soit le propriétaire du terrain, il est là le
terrain, il a déjà une emprise, il a déjà tout ce
qu'il faut. C'est le plus important. C'est un service dont, malgré ses
déficiences graves, des usagers par milliers se prévalent encore.
Il y a un potentiel beaucoup plus élevé, non pas en fonction
d'une nouvelle poussée d'urbanisation, mais en fonction de
l'urbanisation qui a déjà été faite, en fonction de
la population déjà installée le long de cette ligne de
chemin de fer et plus particulièrement dans le comté de
Deux-Montagnes.
Je veux bien ne pas susciter de faux espoirs chez mes électeurs,
mais dois-je leur dire: Non, il n'y a pas d'espoir? Est-ce cela le message? La
ligne ne sera pas modernisée? L'hiver prochain, il va encore y avoir des
retards d'un ou deux heures parce qu'on reste avec le même
matériel? Je vous avoue que je ne serai pas très à l'aise
pour rencontrer mes électeurs et leur dire: Non, il n'y a pas de
message, il n'y a pas de décision du gouvernement du Québec
d'aller de l'avant dans la modernisation de cette excellente infrastructure de
transport qui, en termes d'urbanisme et d'aménagement du territoire,
représente un atout extrêmement valable et important. Je connais
des maires qui vont me demander: Où en est-on maintenant? Je vais leur
envoyer le journal des Débats. Ils en feront ce qu'ils voudront, mais
ils ne considéreront pas que c'est suffisant; cela, je le sais. Ils vont
attendre de moi que je fasse plus.
M. le Président, j'essaie de faire plus. J'essaie de dire au
ministre que les électeurs de mon comté ont été
très patients au sujet de ce chemin de fer. Il y a des plans magnifiques
qui ont été annoncés. À deux moments en
particulier, il y a des plans de modernisation et d'intégration de ce
chemin de fer qui ont été annoncés. Alors, les
électeurs de mon comté attendent maintenant la mise à
exécution d'un plan, quel qu'il soit, mais qui comporte un minimum de
modernisation de ce chemin de fer, de sorte qu'on puisse prévoir qu'il
va être mis en état de fonctionner normalement et de donner un bon
service d'une façon stable, qu'on puisse améliorer le service et
discuter avec tous les intéressés de l'intégration
tarifaire qui viendra en son temps, on l'espère, mais dans
l'immédiat il y a beaucoup plus urgent que cela, c'est la
décision de transformer le chemin de fer en métro de surface, de
le moderniser et de le mettre en état. Je ne vois personne d'autre qui
puisse prendre cette décision, sauf le gouvernement du Québec.
Est-ce que je dois passer par votre intermédiaire, M. le
Président?
Le Président (M. Fallu): Je...
M. de Bellefeuille: En tout cas, par votre intermédiaire,
je m'adresse au ministre pour lui dire que c'est cela que mes électeurs
attendent du gouvernement du Québec. Ils aimeraient bien qu'on leur
donne un vrai espoir fondé sur un vrai engagement de passer
bientôt aux actes.
Le Président (M. Fallu): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, je ne suis pas pour
vous dire que rien n'a été fait dans ce dossier du chemin de fer
Deux-Montagnes. Je rappelle encore une fois que 6 800 000 $ ont
été mis pour améliorer et faire des réparations
essentielles au chemin de fer. Je comprends que les infrastructures, que le
député a qualifiées par ailleurs d'excellentes, doivent
être modifiées et améliorées et que tout cela
coûte 300 000 000 $. Donc, c'est un des points à
considérer. Nous avons mis 6 800 000 $ pour faire des travaux de
réparations immédiates. (12 h 15)
D'autre part, je rappelle que sur les trois lignes de chemin de fer,
dont une partie importante va au CN-Deux-Montagnes, nous injectons encore cette
année, au titre des dépenses de fonctionnement, 15 500 000 $.
C'est quand même une marque de bonne volonté envers cette ligne et
les lignes de chemin de fer qui existent autour de Montréal. Je pense
qu'il y a quand même des efforts qui ont été faits alors
qu'il n'y avait rien auparavant. Je tiens à le répéter, il
n'y avait rien. Maintenant, cela nous coûte 15 500 000 $ par
année, en plus des investissements que nous avons mis.
Sur l'autre point: quand une décision sera-t-elle prise, je vais
simplement rappeler qu'il y a plusieurs intervenants au dossier. Il y a d'abord
le gouvernement fédéral, évidemment, ou le CN, il y a la
CUM et il y a le gouvernement du Québec. Je ne pense pas qu'on puisse
dire que la CUM a bloqué le dossier aussi radicalement que cela. Ce que
je pense, c'est qu'à un moment donné, par rapport à un
certain nombre de décisions, elle a préféré
attendre avant d'avancer plus loin là-dessus. Je noterai que pour elle,
pour la CUM comme pour le gouvernement du Québec, et encore dans le cas
des recommandations qui ont été faites par
la commission permanente, la priorité, la recommandation
numéro un, c'est de développer un système de transport en
commun dans l'est.
Je pense qu'il y a de ces priorités et il faut quand même
constater une chose: il y a un chemin de fer qui existe à l'heure
actuelle en direction de Deux-Montagnes, mais il n'y a rien vers l'est de
Montréal. Cela peut expliquer qu'un peu tout le monde jusqu'ici ait mis
la priorité à développer un système, une liaison
plus rapide vers l'est de Montréal, vers le centre. Je pense que ce sont
des considérants qui reviennent sans arrêt lorsque nous discutons
avec les élus municipaux présentement.
En tout cas, on me permettra de voir les différents intervenants
au dossier avant de prendre une décision ou une orientation
là-dessus. Il me semble que c'est le minimum des choses. Je tiens pour
acquis ce qui a déjà été fait dans le dossier. Il y
a quand même eu des travaux qui ont été faits, mais, depuis
que je suis titulaire de ce ministère, depuis cinq semaines, il reste
quand même que j'ai rencontré bon nombre de gens
précisément pour en discuter, à commencer par le ministre
des Transports du Canada.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que je pourrais ajouter quelques autres
éléments? Vous parlez de l'emprise du Canadien National et vous
voulez que le gouvernement fédéral, parce que c'est la
propriété du gouvernement fédéral... Je voudrais
porter à votre attention que la ligne de Pointe-aux-Trembles sera aussi
sous l'emprise du Canadien National. Elle va partir de Honoré-Beaugrand
jusqu'à la soixantième avenue, elle va passer au-dessus de
Hochelaga, l'autoroute 25. Cela va être l'emprise du Canadien National.
Peut-être y avait-il une raison pour votre prédécesseur de
ne pas prendre de décision parce que lui voulait absolument faire la
ligne 6. La ligne 6, c'était de la gare centrale jusqu'à
Repentigny. Évidemment, si cette décision avait été
prise, cela aurait affecté le tunnel Mont-Royal et le
développement possible de Montréal-Deux-Montagnes, mais on ne
parle plus de cela. On n'en parle plus. Personne ne veut la ligne 6. Là,
on parle de la ligne 8. La ligne 8 n'a rien à voir avec
Montréal-Deux-Montagnes ni avec le tunnel Mont-Royal. La ligne 8, pour
aller dans l'est de Pointe-aux-Trembles, commence à la station Radisson.
Alors, l'une n'a vraiment rien à voir avec l'autre. Ce n'est pas encore
construit. Il n'y a rien là, tandis que la ligne
Montréal-Deux-Montagnes existe.
Je voudrais aussi porter à votre attention les
municipalités qui sont desservies par Montréal-Deux-Montagnes. Il
y a la ville de Montréal, Mont-Royal, Saint-Laurent,
Pierrefonds, Roxboro, Dollard-des-Ormeaux, l'Île-Bizard,
Laval-sur-le-Lac, Deux-
Montagnes et Saint-Eustache. C'est exact que les conditions de
l'équipement sont presque dans un état désastreux. Il y a
des wagons, des trains qui ont 50 ans et, apparemment, d'après les
porte-parole du Canadien National, la vie de ces wagons aurait dû
être de 30 ou 35 ans. Ils sont sur le point d'arrêter
complètement de fonctionner.
Quand on voit l'état de cette ligne, quand on voit le potentiel,
quand on voit qu'il y a de l'argent du gouvernement fédéral,
quand on voit que le développement de cette ligne n'a vraiment rien
à voir avec votre ligne de Pointe-aux-Trembles, que ce sont deux
marchés complètement différents, deux différents
types d'usagers, je pense que vous avez raison d'intervenir. Vous avez non
seulement, je crois, l'abandon - votre prédécesseur voulait la
ligne 6 - de cela, mais vous avez une recommandation de la commission du
transport en commun au conseil et cette deuxième recommandation, c'est
de vraiment procéder à la modernisation de cette ligne. Je pense
donc que vous avez tous les éléments: vous avez l'intervention
des usagers, vous avez l'état désastreux ou quasi
désastreux de l'équipement, vous avez la volonté du
Canadien National, vous avez la volonté du gouvernement
fédéral, vous avez des sommes disponibles. Franchement, il n'y a
rien qui vous empêche de prendre une décision. Vous n'avez pas
besoin de décision de la CUM pour dire que les gens de Saint-Eustache et
de Deux-Montagnes vont avoir un service. Je regrette! Je pense que c'est la
responsabilité du gouvernement du Québec d'assurer ce
développement et d'assurer ce service.
Il y a un autre élément: parce que cette ligne n'est pas
utilisée, Via Rail a obtenu la permission d'augmenter son service
passager diesel sur la ligne. Cela veut dire qu'en plein centre de
Montréal, à travers des municipalités comme Saint-Laurent,
Mont-Royal, vous allez voir un train à haute vitesse passager diesel
aller de Montréal à Québec et utiliser cette ligne.
Pourquoi? Parce que rien ne se fait sur la ligne
Montréal-Deux-Montagnes. Je suis persuadé que, si l'on avait
procédé à la modernisation de la ligne
Montréal-Deux-Montagnes, Via Rail n'aurait pas fait de demande ou, si la
demande avait été faite, elle n'aurait pas obtenu la permission.
Cela va causer des problèmes urbains, cela va causer non seulement des
problèmes de pollution, mais des problèmes sécuritaires
parce qu'il passe à travers des endroits populeux. Il y a des enfants,
il y a toute la question sécuritaire et, au lieu de résoudre un
problème avec l'argent, c'est-à-dire que 40 000 000 $ restent
inutilisés, par notre inaction, on crée d'autres
problèmes. Il va falloir apporter d'autres solutions plus
coûteuses dans
l'avenir.
Je crois sincèrement que vous avez tout en main pour pouvoir
prendre une décision. Je suis persuadé qu'avec votre bonne
volonté et vos bonnes relations avec le gouvernement
fédéral vous pouvez le persuader d'augmenter les 40 000 000 $,
s'il en faut un peu plus. Les 300 000 000 $ signifient peut-être un
développement, avec toutes les gares modernes et ainsi de suite,
optimal. Si l'on fait un développement un peu plus modeste, mais
adéquat, en développant la technologie pour les
sociétés qui pourraient en bénéficier telles que
Bombardier, cela ne coûtera peut-être pas 300 000 000 $. On n'a pas
toutes les données, mais je pense qu'on serait même prêts
à intervenir tous ensemble auprès du gouvernement
fédéral en lui disant: 40 000 000 $, ce n'est pas assez. Voici
les besoins de ces gens, voici la situation très difficile et
désastreuse de l'équipement. Je pense que la bonne volonté
et la décision du gouvernement du Québec seraient
décisionnelles parce que c'est trop facile - il y a différents
intérêts - de passer la balle et de dire: Bien, écoutez, la
CUM veut aller à Pointe-aux-Trembles, une autre veut aller à un
autre endroit. Je comprends et je ne blême pas la CUM de vouloir
développer l'emprise du CN sur Pointe-aux-Trembles. Moi aussi, si
j'étais à la CUM... Je pense que les gens de Pointe-aux-Trembles
aussi ont droit à un service, mais l'un n'a rien à voir avec
l'autre. Je pense que cela prend une volonté politique. Si vous preniez
la décision de dire; Écoutez, cela a du bon sens, il y a des
dizaines de milliers...
Un autre aspect qui vous permet d'agir, c'est qu'il y a un rapport de
votre ministère à la suite d'une étude qui a
été faite sur la ligne Montréal-Deux-Montagnes et le
résultat de cette étude, c'est qu'on déplore l'absence de
coordination entre le service d'autobus et le train de banlieue. Autrement dit,
on dit qu'il semble y avoir une compétition. On a mis un système
d'autobus dans toutes les banlieues et, au lieu d'intégrer
Montréal-Deux-Montagnes, on est en compétition. Les
recommandations, c'était d'intégrer le système d'autobus
au train de Montréal-Deux-Montagnes, ce qui ferait épargner. Au
lieu d'un duplicata de services: Montréal-Deux-Montagnes qui
opère et les autobus qui font compétition, avoir un double
service payé par les contribuables, que ce soient votre ministère
et le gouvernement qui fournissent une portion des déficits
opérationnels, au lieu de cela, cela devrait être
intégré, coordonné pour effectuer non seulement de
l'épargne, mais donner un meilleur service.
Je crois sincèrement que, si le gouvernement du Québec
prenait la décision d'aller de l'avant dans la modernisation de
Montréal-Deux-Montagnes, non seulement vous pourriez résoudre le
problème pour l'an prochain qui pourra être encore plus difficile,
mais vous pourriez résoudre un ensemble de problèmes. Cela
forcerait des décisions à être prises qui seraient dans
l'intérêt des usagers. Je suis persuadé qu'à la
longue le tout va coûter moins cher au gouvernement.
Cela serait absolument ridicule de penser d'abandonner une ligne comme
Montréal-Deux-Montagnes. Si on examine cela du point de vue d'une ville
nord-américaine, c'est la seule ville en Amérique du Nord qui a
les avantages d'un tel service, avec toutes les conséquences que cela
peut avoir. Je pense que c'est impensable. Une fois qu'on en vient à la
décision que c'est impensable d'abandonner ce service, plus on retarde,
plus cela va coûter cher, moins il va y avoir d'usagers et plus cela va
coûter aux usagers, aux contribuables. Au lieu des 300 000 000 $ que vous
envisagez maintenant, cela peut coûter encore beaucoup plus que cela.
Je pense, M. le ministre, que vous avez vraiment l'occasion de prendre
une décision. Vous êtes nouvellement arrivé au
ministère. Vous n'êtes pas lié par les déclarations
que vous auriez pu faire quant à la ligne 6 et quant à tous les
autres éléments. Vous pouvez prendre une décision sur les
mérites, sur le fond, et décider que le Québec, avec le
gouvernement fédéral, va aller de l'avant dans la modernisation
de cette ligne.
Le Président (M. Fallu): M. le ministre, il nous reste
exactement trois minutes et elles sont à votre disposition.
M. Léonard: M. le Président, c'est bien
évident qu'arrivé maintenant en 1984 on doit constater que le
dossier vit des délais là-dessus. Je dirais que, si on reparle de
cette ligne Deux-Montagnes, le gouvernement n'a jamais dit qu'il ne voulait pas
faire la modernisation et qu'il voulait laisser tomber cette ligne, loin de
là. Le tout n'a jamais été dit comme cela. Je ne pense pas
non plus que la CUM l'ait fait. Il reste qu'en termes de priorités la
CUM comme le gouvernement avaient convenu en 1981 de développer d'abord
une ligne vers l'est. Je pense que tout le monde avait compris cela à ce
moment-là puisqu'il n'y avait pas de liaison rapide en provenance de
l'est de l'île de Montréal; en deuxième lieu, il y avait la
ligne Deux-Montagnes.
Si je comprends aussi ce qui est ressorti des recommandations du
comité exécutif de la CUM par la commission permanente, c'est
encore la première recommandation de développer l'est et,
ensuite, de considérer la ligne Deux-Montagnes. L'état du dossier
au moment où on se parle, je pense que j'aurai à en discuter dans
les jours et les semaines qui viennent avec les gens de la CUM et les
gens qui habitent l'île de Montréal. Pour nous, nous
n'avons jamais dit nulle part que nous voulions abandonner la modernisation. Au
contraire, ce que nous avons fait, c'est que nous avons mis de l'argent pour au
moins maintenir le service à l'heure actuelle. Finalement, quand on
constate l'achalandage, il a doublé depuis deux ans. Les sommes que nous
y avons mises ont quand même servi à quelque chose.
D'autre part, je comprends qu'on puisse dire: Oui, on va essayer de
limiter les coûts au minimum. J'ai moi-même posé exactement
la même question à mes fonctionnaires: Est-ce qu'il y a moyen de
penser à un projet qui ne coûte pas 300 000 000 $? Cela me
paraît très gros qu'à ce moment-là les contraintes
financières soient moins imperatives. Il reste que commencer un dossier
ou des investissements sur une ligne comme celle du CN avec une perspective de
300 000 000 $ et qu'au maximum on pourrait aller prendre 40 000 000 $ dans les
investissements fédéraux, j'ai quelques hésitations. Quand
on aura épuisé les 40 000 000 $, qu'est-ce qui arrivera en termes
de priorités budgétaires au gouvernement? Cela me paraît
aussi important.
Donc, la question est aussi là: Est-ce qu'il y a moyen de
réduire ces coûts à moins de 300 000 000 $? On m'a dit
qu'on pensait que cela devrait coûter 300 000 000 $ et je n'ai aucune
raison de mettre la parole de mes fonctionnaires en doute là-dessus. Je
ne voudrais pas m'engager dans un dossier en disant simplement: Oui, cela
coûtera seulement 150 000 000 $, alors que cela coûtera en
réalité 300 000 000 $. Je ne veux pas embarquer dans des
problèmes financiers comme on l'a déjà fait ailleurs au
Québec avant l'arrivée du Parti québécois au
pouvoir.
Nous ne voulons pas prendre une décision à la
pièce. Le système du transport en commun à
Montréal, à mon sens, a été retourné de bien
des façons. Il va falloir qu'il y ait des décisions qui
concernent l'ensemble du système de transport. À notre sens, nous
en avions une sur la table en 1981 avec l'accord qu'il y avait eu avec la CUM.
Il reste que nous devons comprendre que la CUM a des hésitations
à l'heure actuelle et il faut prendre à témoin
là-dessus le travail qui a été confié à la
commission de transport et à sa réaction par rapport à
différents dossiers et à différents points de ce
programme.
Je pense que ce que j'ai à faire à ce moment-ci,
étant donné que je reprends ce dossier après plusieurs de
mes prédécesseurs, je vais refaire des rencontres avec tout le
monde. Loin de là, ce n'est pas un dossier fermé, je n'ai jamais
dit cela, absolument pas. La ligne Deux-Montagnes a un dispositif important
dans le réseau de transport en commun à Montréal avec les
points à l'extérieur de l'île de Montréal. Je pense
quand même qu'il faut maintenir cette vue d'ensemble. Le gouvernement -
je termine là-dessus - n'est pas le seul intervenant. Je pense que le
député de Mont-Royal a dit tout à l'heure que le
gouvernement peut décider seul de faire des travaux. Peut-être
bien sur une ligne, mais il reste quand même qu'il faut que cela soit
agencé avec les décisions que prendra la CUM et je ne vois pas
comment on pourrait prendre une décision tout seul alors qu'il y a
beaucoup d'autres décisions qui ont un impact sur le système dans
Montréal. La liaison avec les autobus peut intervenir. Il n'y a rien qui
empêche, à l'heure actuelle, la CTCUM de faire des liaisons et
avec la ligne Rigaud, et avec la ligne Deux-Montagnes. Par ailleurs, je pense
qu'à la minute où on se sera entendu, cela sera sans doute plus
facile de faire intervenir le fédéral dans des liaisons avec
l'est. Il faut donc respecter ce que la CUM peut décider
là-dedans le plus possible. Je ne dis pas qu'il n'y aura pas des
discussions, des compromis à faire. Je suis bien d'accord qu'il faudra
faire des compromis, mais il faut aussi considérer le point de vue de la
CUM et c'est ce à quoi je m'attache présentement.
Le Président (M. Fallu): On vous remercie. Nous devons
maintenant ajourner sine die, mais nous savons d'avance que nous recevrons un
ordre de la Chambre nous autorisant à siéger après la
période des questions.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise de la séance à 16 h 52)
Le Président (M. Fallu): Nous continuons maintenant
l'étude des crédits du ministère des Transports. Je
voudrais d'abord annoncer à cette commission et à vous, M. le
ministre, que les membres ont convenu de privilégier le programme 7,
élément 2, pour le début de nos travaux cet
après-midi. Selon la tradition de notre commission, nous reviendrons aux
autres éléments plus tard, soit en fin de journée ou
demain matin.
Je voudrais simplement rappeler qu'il s'agit, dans le programme 7, des
crédits du transport maritime et aérien et que le programme n'a
d'ailleurs que deux éléments, le premier étant le
transport maritime et le deuxième, le transport aérien.
Vous voulez faire une présentation?
Transport aérien
M. Léonard: Oui, M. le Président. Avant qu'on
commence le transport aérien et l'autre, j'aurais un certain nombre
de
commentaires à faire. Je voudrais d'abord annoncer aujourd'hui,
dans le cadre de l'étude des crédits du ministère, une
série de mesures qui ont été adoptées par la
Société québécoise des transports qui
contrôle maintenant Quebecair, ainsi que par la direction de cette
entreprise, afin de permettre à Quebecair de remplir sa mission dans le
contexte d'une plus grande rentabilité.
Ces mesures sont de trois ordres. D'abord, il y a des mesures
financières qui ont consisté essentiellement à
restructurer financièrement l'entreprise afin d'en assurer la
continuité auprès de ses clients, fournisseurs et
créanciers et de diminuer la charge que représentaient les
intérêts à payer. La plupart des effets de cette
restructuration prennent effet rétroactivement au 1er juillet 1983.
Deuxièmement, il y a les mesures corporatives dont,
principalement, la formation d'un conseil d'administration représentant
toutes les régions desservies par Quebecair et qui regroupe une
compétence technique et d'affaires, la nomination d'un nouveau chef de
direction possédant une solide expérience dans le transport
aérien, acquise à la fois dans le secteur des finances et dans
celui du marketing, le renforcement de l'équipe de direction qui se
compare maintenant avantageusement à celle de toute autre compagnie
aérienne. Le personnel au sol ainsi que le personnel navigant ont, quant
à eux, déjà prouvé leur compétence.
Troisièmement, des mesures de rentabilisation. En ce sens, les
gestes suivants ont été posés ou sont envisagés: la
rationalisation de l'horaire en vue de l'utilisation optimale des appareils et
des équipages - à titre d'exemple, la réduction
prévue de quelque 1900 heures de vol en 1984 permettra à elle
seule l'économie de 1 700 000 $ à Quebecair - la diversification
de l'entreprise et son expansion qui généreront de nouvelles
sources de revenu et, notamment, les vols nolisés au cours des
périodes de la journée, de la semaine ou de l'année, pour
lesquels les avions et leurs équipages sont disponibles, les contrats
d'entretien des avions CL-215 et DC-8 qui, à eux seuls, créeront
95 nouveaux emplois, le contrat d'opération pour le compte de la SEBJ,
la banque d'hébergement à l'occasion des fêtes 1534-1984.
Divers autres projets sont en cours ou à l'étude, dont le
transport, par des avions de type cargo, de marchandises ainsi que du courrier,
notamment dans le Nord du Québec, le développement de services
interlignes ou l'association avec d'autres transporteurs aériens,
etc.
S'ajoute à cela un effort de marketing accru axé, entre
autres choses, sur un meilleur horaire, des tarifs promotionnels et le maintien
d'un service de haute qualité dont un taux de ponctualité des
vols de l'ordre de 90%. On peut donc affirmer que Quebecair constitue
présentement une entreprise bien structurée, tant
financièrement que du point de vue de ses ressources humaines, agressive
et orientée vers la productivité et plus que jamais soucieuse de
fournir des services adéquats sur son réseau et de participer au
développement économique des régions du Québec.
M. le Président, si vous le permettez; j'ai à ma droite M.
Ghislain Leblond, président de la Société
québécoise des transports, ainsi que M. André Ouellet,
sous-ministre au transport intermodal. Tous deux pourront répondre aux
questions.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Mont-Royal?
Quebecair et la Société
québécoise des transports
M. Ciaccia: M. le ministre et M. Leblond, la
Société québécoise des transports a
été formée, je crois, l'année dernière.
Quels sont les relations entre la Société
québécoise des transports, Quebecair et le ministère?
M. Leblond (Ghislain): Entre la Société
québécoise des transports, la SQT, et Quebecair, les liens sont
les suivants: le 20 septembre 1983, la SQT s'est portée acquéreur
de la totalité des actions ordinaires de 1848-7199 Inc., la compagnie de
gestion qui avait été créée le 24 juillet 1981,
qui, elle, à son tour, détient 98% des actions ordinaires de
Quebecair. La SQT contrôle donc entièrement 1848 qui
détient 98% des actions ordinaires de Quebecair.
M. Ciaccia: Mais, en ce qui concerne le gouvernement, j'essaie de
comprendre; il y a un conseil d'administration à Quebecair, je
présume qu'il y a un conseil d'administration à la
Société québécoise des transports.
M. Leblond: C'est exact.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a une duplication? Quelles sont les
responsabilités de chacun envers le ministre? Quelles sont les
responsabilités de chacun en ce qui concerne l'opération de
Quebecair? Est-ce le conseil d'administration de Quebecair qui en est
responsable? Est-ce la Société québécoise des
transports?
M. Léonard: La Société
québécoise des transports relève directement du ministre,
elle répond au ministre et c'est une société qui a un
conseil d'administration dont les actions sont contrôlées
directement par le gouvernement, mais qui possède des
intérêts
dans plus que Quebecair. Il y a Quebecair, Sonamar, Propair et les
Entreprises Bussières.
M. Ciaccia: Est-ce que cela veut dire que maintenant, pour les
opérations de Quebecair, il y a deux responsables: un conseil
d'administration et la Société québécoise des
transports?
M. Léonard: La Société
québécoise des transports détient les actions de
Quebecair.
M. Ciaccia: Oui, mais elle doit avoir un conseil
d'administration.
M. Léonard: Mais elle ne fait pas que du transport
aérien. C'est une société de gestion, alors que Quebecair
est une société aérienne, donc, qui fait des
opérations. La Société québécoise des
transports est une société de gestion.
M. Ciaccia: II me semble que...
M. Léonard: Si on prend un parallèle, la
Société générale de financement du Québec,
la SGF, est une société de gestion et elle a des
intérêts dans plusieurs entreprises, compagnies, corporations au
Québec.
M. Ciaccia: Alors, s'il y a un problème quelconque, une
décision à prendre, vous, comme ministre, à qui vous
adressez-vous? Est-ce que vous vous adressez au conseil d'administration de
Quebecair ou bien si vous vous tournez vers le conseil d'administration de la
Société québécoise des transports? Est-ce que ce
n'est pas un moyen où l'un peut jeter la balle à l'autre, est-ce
que les responsabilités de chacun sont claires?
M. Léonard: C'est très clair. Moi, je m'adresse
à la Société québécoise des transports.
M. Ciaccia: Non pas à...
M. Léonard: Dont le président relève de moi,
comme ministre des Transports.
M. Ciaccia: Jusqu'à ce jour quelles sont les
réalisations de la Société québécoise des
transports par rapport à son mandat? Je ne parle pas seulement du fait
qu'elle a acquis les actions; mais, qu'a-t-elle fait en plus d'avoir acquis les
actions?
M. Léonard: Ces gens ont acquis des intérêts,
à l'heure actuelle, dans quatre entreprises que j'ai
énumérées tout à l'heure. Un de leurs gestes
majeurs a été de faire ce que je viens de décrire, en ce
qui concerne Quebecair, de faire la restructuration financière, de
relancer Quebecair à l'aide du conseil d'administration de Quebecair,
notamment.
M. Ciaccia: La Société québécoise des
transports devait proposer, d'après le communiqué du
ministère des Transports, un plan de développement dans le
domaine du transport. Est-ce que nous pourrions avoir les détails de ce
plan? Quel est le plan et quel rôle Quebecair jouerait-elle dans le plan
de développement qui devait être ou a été
proposé par la Société québécoise des
transports?
M. Léonard: La Société
québécoise des transports fonctionne, disons, depuis le
début de l'automne dernier. Nous avons des éléments, des
orientations; à l'heure actuelle, je ne peux pas dire que tout est
définitif là-dessus, pour une société aussi jeune.
Il reste que je crois qu'elle sera capable de s'acquitter de son mandat sans
aucun problème. Maintenant, si vous voulez que le président soit
un peu plus précis, qu'il dise là où il est en rendu dans
ses travaux, je veux bien lui laisser la parole.
M. Leblond: Merci. Les tâches auxquelles je me suis dévolu
depuis que j'occupe à temps plein le rôle de président de
la Société québécoise des transports,
c'est-à-dire depuis le 1er octobre, la première tâche a
été de restructurer Quebecair financièrement, ce qui a
été une opération longue et laborieuse. Il a fallu de plus
former le conseil d'administration de Quebecair, renouveler l'équipe de
gestion de Quebecair, chose dont nous sommes particulièrement fiers
présentement. L'autre aspect a été de mettre sur pied, au
point de vue organisationnel, la Société québécoise
des transports, créer son propre conseil d'administration, la
créer, trouver des bureaux, acheter du mobilier, etc.
Il faut compter que, pour les ressources humaines, il y avait
moi-même, un adjoint et une secrétaire depuis ce
temps-là.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il existe un plan de
développement?
M. Leblond: Le plan n'existe pas, je n'ai pas eu le temps de le
faire, mais il va être déposé d'ici à l'automne.
C'est mon objectif de le déposer d'ici à l'automne.
M. Ciaccia: En plus d'un président de la
Société québécoise des transports, il y a aussi le
président de Quebecair.
M. Leblond: Exactement. Comme à la
SID, vous avez le président de la SID, le président de
Culinar, le président de la corporation Provost.
M. Ciaccia: Ce que je trouve un peu bizarre, c'est que le
gouvernement ait jugé nécessaire, pour restructurer Quebecair,
qui aurait pu être restructurée, de former une
autre structure. Alors, nous avons maintenant deux structures. Nous
avons la Société québécoise des transports, avec un
président et un conseil d'administration, et un président de
Quebecair, un président et un conseil d'administration. C'est cela?
M. Léonard: M. le Président, je reviens sur ce que
j'ai dit là-dessus: pour la Société
québécoise des transports, il y a quand même d'autres
intérêts, le transport aérien, le transport maritime, le
transport de marchandises. Moi, je pense que...
M. Ciaccia: À Quebecair, c'est la situation. Vous avez un
président et un conseil d'administration: eux, je présume, sont
responsables de la direction et de la rentabilité de Quebecair. Vous
avez également un président de la Société
québécoise des transports, avec un conseil d'administration: eux
aussi sont responsables de la rentabilité et de la direction de
Quebecair.
M. Léonard: M. le Président, je voudrais quand
même revenir, encore une fois, sur le fait que la Société
québécoise des transports est une société de
gestion alors que les sociétés qui relèvent d'elle ou dont
elle détient les actions ou un intérêt sont des
sociétés qui agissent dans le territoire. Son but est de
gérer les investissements du gouvernement dans diverses compagnies de
transport, de contribuer au renforcement et au développement du secteur
des transports. Le député de Mont-Royal devrait être
capable de faire la distinction entre une société de gestion et
une société opérationnelle comme celle dont nous parlons,
comme Quebecair.
M. Ciaccia: Là où je ne peux pas faire la
distinction, c'est lorsqu'on parle de société de gestion. Le
conseil d'administration et son président ont une responsabilité
de gestion de Quebecair. Autrement, je ne sais ce qu'ils font là. La
gestion de Quebecair, normalement, comme toute gestion de compagnie,
réside et demeure dans le conseil d'administration, le président
et les cadres de Quebecair. Vous venez nous dire que, oui, cela existe, mais
qu'il y a une autre compagnie qui a également la responsabilité
de gestion de Quebecair. De la façon que vous l'expliquez, il me semble
y avoir un duplicata; le partage des responsabilités, à mon point
de vue, n'est pas clair. Quand il y aura un déficit, est-ce que le
conseil d'administration dira: Ce n'est pas de notre faute, ce sont les
décisions qui ont été prises par la compagnie de gestion
avec son président et son conseil d'administration? Le président
de la Société québécoise des transports ne
pourra-t-il pas dire: Écoutez, la direction et la gestion de Quebecair
relèvent des décisions du conseil d'administration et de son
président, ce n'est pas de notre faute? S'il y a un déficit, qui
tenez-vous responsable du "bottom line" de Quebecair?
M. Léonard: M. le Président, la
Société québécoise des transports gère des
investissements. Quebecair s'occupe des opérations de Quebecair. Il y a
quand même une distinction majeure.
Lorsqu'on fait un investissement dans une entreprise...
M. Ciaccia: Ce n'est pas ce que le président a dit. Si
vous êtes seulement une "holding company", vous gérez des
investissements et décidez si vous allez vendre, avant, vos
investissements. Vous n'allez pas vous impliquer dans la gestion de
Quebecair.
De la façon - à moins que j'aie mal compris - que le
président de la Société québécoise des
transports l'a expliqué, c'est que les gens ont fait une
restructuration; ils ont reformé le conseil d'administration, une
nouvelle équipe. J'ai l'impression que la Société
québécoise des transports a un rôle plus grand que celui de
"holding", qu'elle détient des parts, qu'elle décide de la vente
ou de l'achat des différentes actions que le gouvernement pourrait avoir
dans différentes sociétés.
M. Leblond: Si vous me permettez, M. le député, ces
gestes mentionnés sont des gestes de propriétaires. Les membres
du conseil d'administration, c'est le propriétaire qui les nomme.
Le président de la compagnie a été choisi et
nommé par le conseil d'administration; c'est un personnage quand
même important dans une filiale - surtout dans la situation où
elle est - de même que son équipe de gestion. J'y ai
participé activement, également.
Effectivement, la différence est que, maintenant, j'en suis
à gérer l'investissement dans Quebecair alors que celle-ci
gère ses opérations.
M. Léonard: D'autre part, je vous ferai remarquer
également que, dans le cas d'autres investissements que détient
la SQT et d'autres qu'elle pourrait détenir à l'avenir, elle
n'est pas nécessairement majoritaire. Dans le cas de Quebecair, elle est
largement majoritaire, quasi le propriétaire exclusif.
Il pourrait se trouver que la Société
québécoise des transports acquière un intérêt
de 20% dans une autre société, ailleurs au Québec, quelle
qu'elle soit, et à ce moment, elle serait quand même tenue
responsable de gérer cet investissement, d'en voir le rendement et de
rendre compte d'un tel investissement.
Dans le cas de Quebecair, c'est un
investissement de presque 100%, qui dépasse 90%. Donc, c'est
normal qu'elle ait un rôle plus actif, qu'elle suive de plus près.
Mais, par ailleurs, la distinction existe toujours entre, comme a dit le
président, les gestes posés comme propriétaire ou les
gestes posés comme gérant. Je souligne en passant que, dans le
cas de Sonamar, par exemple, la part du Québec ou de la
Société québécoise des transports est de 25%
seulement et qu'elle n'est pas majoritaire du tout dans cette entreprise.
M. Ciaccia: Dans une entrevue que votre
prédécesseur avait donnée au journal Le Soleil, on
lit...
Le Président (M. Fallu): Est-ce que cela porte sur la
nature de la société par rapport à Quebecair? Je crois que
le député de Dubuc avait une question sur...
M. Ciaccia: Non, c'est encore...
Le Président (M. Fallu): ...l'organisation de la
société elle-même.
M. Ciaccia: Oui, c'est encore sur cela.
Le Président (M. Fallu): C'est encore sur le même
sujet.
M. Ciaccia: Sur le même sujet, oui, peut-être, si
vous me le permettez. On parle des déficits et on dit: "Enfin, le
gouvernement québécois, qui a déjà injecté
62 600 000 $ dans Quebecair, une compagnie d'aviation dont le déficit
s'est élevé à 21 700 000 $ en 1982, compte bien sur la
nouvelle Société québécoise des transports pour
serrer de très près la gestion de la compagnie aérienne".
Est-ce que vous pouvez nous dire quels gestes la Société
québécoise des transports aurait posés pour arriver
à cet objectif de serrer de très près la gestion de la
compagnie aérienne?
M. Leblond: Les gestes sont ceux d'un actionnaire qui a une
filiale qui perd de l'argent. Il est évident que l'autonomie, je ne sais
pas si elle est moins grande, mais elle est surveillée de plus
près. Le budget préparé pour l'année 1984, cela a
été essentiellement le premier geste; les plans d'action
développés par la société Quebecair ont
été largement analysés en profondeur et ont
été discutés avec l'équipe de direction, d'une
manière intensive et extensive, de façon à évaluer,
en tant qu'actionnaire - en tant que celui qui doit remettre l'argent dans
l'entreprise - si les orientations étaient compatibles avec les vues de
l'actionnaire et si les mesures qui étaient prises étaient celles
qu'on considérait appropriées.
M. Ciaccia: Si on parle d'un plan de rentabilisation pour
Quebecair, sur quoi serait axé ce plan de rentabilisation?
M. Leblond: Le plan de rentabilisation est axé sur les
choses suivantes: la poursuite des gestes qui ont été
posés jusqu'à maintenant, c'est-à-dire restructuration
financière, stabilité de l'entreprise, je pense, un conseil
d'administration qui est d'abord représentatif des régions, qui a
une bonne expérience technique dans l'aviation, une bonne
expérience d'affaires, une équipe de gestion, des mesures du
genre corporatif, des mesures plus strictement et directement
financières. Je pense que la perte opérationnelle que vous
mentionnez pour 1982 est une perte totale de 21 800 000 $, ou 21 700 000 $
selon vos chiffres, mais 21 800 000 $ si on arrondit; de ces 21 800 000 $ en
1982, 21 000 000 $ étaient une perte strictement opérationnelle.
En 1983, la perte totale a été de 16 200 000 $; la perte
opérationnelle, à ce niveau-là, en 1983, a
été de 14 000 000 $, essentiellement parce que le nolisement sur
le Sud a été arrêté et parce que trois Boeing, que
devait supporter Quebecair en 1982, ont été loués avec
profit à Pan-Am pendant une période de temps et ils pourraient
revenir à Quebecair en 1985. (17 h 15)
Des mesures pour réduire les coûts sont toujours à
l'ordre du jour. La première est la rationalisation de l'horaire qui,
comme le mentionnait M. le ministre tout à l'heure, apportera sur une
base "annualisée" une économie de 1 700 000 $; il y a
l'intégration de Régionair à Quebecair qui rapporte une
économie de la même ampleur. Par ailleurs, des mesures de
stimulation des revenus à l'intérieur du réseau sont
possibles. Je pense que la stabilité de l'entreprise et la
ponctualité dont elle fait preuve, 90%, sont de nature à ramener
les clients.
Je souligne ici que, entre 1979 et 1982, l'achalandage sur le
réseau de Quebecair est passé de 600 000 en 1979 à 450
000, soit une baisse de 25%, 150 000 passagers. Au revenu moyen par passager de
100 $, maintenant, cela représente un manque à gagner de l'ordre
de 15 000 000 $. Je pense qu'au niveau de la stimulation des revenus l'horaire
révisé qu'on vient de déposer, qui a pris effet en partie
à compter du 12 mars et qui sera complété le 29 avril,
comporte des éléments susceptibles de satisfaire davantage la
clientèle. Vous me permettrez de citer quelques exemples. Entre
Montréal et Québec, entre autres, un vol à 20 heures a
été rajouté et je pense qu'il comble un trou dans
l'horaire alors qu'avant il était impossible de quitter Montréal
en direction de Québec après 18 h 30. C'était le dernier
vol de Quebecair, cela allait à 22 h 55 pour le vol d'Air Canada.
Également, à compter du 29 avril, le matin, le vol de
Québec à
Montréal, plutôt que d'être à 7 heures, sera
à 8 h 15. Je pense que c'est de nature à stimuler le trafic.
On a aussi ajouté une qualité de service additionnelle
à Sept-îles. Dorénavant, à compter du 29 avril, il y
aura pour Sept-Îles un avion, un jet, qui couchera à
Sept-îles et qui redécollera à 7 heures, ce qui permettra
aux gens de Sept-îles d'être à Québec à 8
heures et à Montréal à 9 heures. Le vol de 8 heures dont
je vous parlais entre Montréal et Québec continue vers
Sept-îles. Donc, les gens peuvent être de retour à
Sept-îles le soir même, à 21 h 30.
L'autre mesure concerne les Îles-de-la-Madeleine. Alors
qu'auparavant il n'y avait qu'un vol à l'heure du midi, il y en aura
deux dorénavant. Un 748, pour employer l'expression du métier,
couche aux Îles-de-la-Madeleine, part le matin et fait connexion avec le
jet à Mont-Joli, si bien que les gens des Îles-de-la-Madeleine
seront donc en mesure de se rendre pour midi dans la métropole. Il y a
un vol à l'heure du midi pour rentrer aux îles et il y en a un
autre le soir pour y rentrer aussi et qui fait connexion à partir de
Mont-Joli vers les îles.
Je pense que ces mesures sont de nature à stimuler les revenus en
parlant du vol additionnel redéployé sur les îles et que
cela nous permettra de mieux concurrencer EPA qui avait quelque chose comme 85%
du marché des îles, parce que les gens trouvaient que
c'était plus court, avant, de passer par Charlottetown. Cela nous permet
aussi de développer le cargo sur l'approvisionnement, à partir de
Mont-Joli sur les Îles-de-la-Madeleine, puisque on peut faire fonctionner
ces deux vols en configuration mixte; le 748 nous donne la flexibilité
cargo-passagers.
Un autre aspect de stimulation du revenu sur le réseau, ce sont
des campagnes de marketing ad hoc pour combler les journées creuses de
l'horaire en fonction d'une publicité et d'une campagne de vente et de
tarification. Durant les fins de semaine, c'est très creux, c'est connu.
On s'en vient avec une échelle de tarification et des promotions comme,
pour les gens de Sept-îles: Passez une fin de semaine à
Montréal pour aller voir les Canadiens ou les Expos ou, à
Québec, pour voir les Nordiques. Je pense qu'il y a moyen de... Est-ce
que je me suis trompé?
M. Léonard: C'est très bien; vous avez de bonnes
idées.
M. Leblond: Un autre aspect qui est absolument essentiel à
Quebecair: une fois qu'on a tout dit cela, on examine, on regarde un
déficit opérationnel de 14 000 000 $. Il n'est pas
réaliste de penser que Quebecair... Oui?
M. Ciaccia: Je m'excuse, je ne veux pas vous interrompre. Nous
sommes très limités, vous ne pouvez pas être ici demain
matin et nous devons suspendre vers 18 heures ou 18 h 30. Est-ce que vous avez
la ventilation du montant du déficit sur les vols nolisés et le
montant du déficit sur les opérations que j'appellerais
régionales au Québec?
M. Leblond: II n'y a pas de déficit sur les vols
nolisés. En 1983, il n'y a pas eu de déficit sur les vols
nolisés.
M. Ciaccia: Le déficit de 21 000 000 $ et le
déficit de 17 000 000 $ ne sont pas sur les vols nolisés?
M. Leblond: En 1982, il y avait un déficit sur le
nolisement parce que Vacances Quebecair n'avait été
exploité que pendant cinq ou six mois. Je peux fournir l'information
tout à l'heure. Je vais demander de me sortir l'information.
M. Ciaccia: D'accord.
M. Leblond: Mais, en 1983, il n'y a pas eu de déficit. Le
nolisement a contribué à subventionner le réseau.
M. Ciaccia: Est-ce que les chiffres que vous me donnez sont
comptabilisés de la même façon qu'ils le sont dans
l'entreprise privée?
M. Leblond: Oui.
M. Ciaccia: La comptabilisation des revenus, des
déficits...
M. Léonard: M. le Président, Quebecair est une
entreprise privée dont le capital-actions est détenu par la
Société québécoise des transports, mais toute la
structure est celle d'une entreprise privée; il y a donc un
vérificateur. Les mêmes règles comptables de l'entreprise
privée s'appliquent à Quebecair.
M. Ciaccia: Ce n'est pas une entreprise privée quand c'est
la propriété, à 98%, du Québec. Pour moi, une
entreprise privée appartient au secteur privé. Quebecair
appartient... Si vous comptabilisez cela de la même façon,
c'était ma question. La réponse est oui.
M. Leblond: Les règles comptables sont restées les
mêmes, il n'y a pas eu de changement.
M. Ciaccia: Vous me donnerez cette information, si vous le
pouvez. Dans un article du Devoir du mois de septembre, on avait cité M.
Ghislain Leblond, vous-même, qui disait que la prochaine équipe de
gestion
devra prendre des mesures draconiennes. Il a évoqué une
importante coupure d'effectifs. Est-ce qu'il y a eu des mises à pied?
Est-ce que vous auriez, pour les cadres, pour les années 1982, 1983 et
1984, le nombre et le salaire global qui sera payé à ce secteur
de l'entreprise?
M. Leblond: 1982, 1983, et 1984? M. Ciaccia: Oui.
M. Leblond: Je n'ai pas cela sous la main.
M. Ciaccia: Est-ce que le ministre pourrait s'engager à
nous les fournir?
M. Léonard: Je dois dire une chose: Oui, je m'engage
à fournir des chiffres, des renseignements dans la mesure où la
position concurrentielle de Quebecair ne sera pas affectée. Je voudrais
simplement mettre cette réserve.
M. Ciaccia: On ne veut pas d'informations confidentielles. On ne
veut pas savoir ce qu'un individu... Je veux simplement connaître
l'enveloppe.
M. Léonard: Je veux simplement limiter mon engagement.
M. Ciaccia: Le nombre de cadres et le paiement global, la masse
salariale des cadres. Est-ce qu'il y a eu des mises à pied?
M. Leblond: II n'y a pas eu de mise à pied. Je dois dire
que j'ai constaté avec grande surprise qu'on citait que j'avais dit
cela.
M. Ciaccia: Pardon?
M. Leblond: J'ai constaté avec grande surprise qu'on
citait que j'avais dit cela. Les mises à pied qu'il y a eu, je les ai
faites quand je suis arrivé à Quebecair, lorsqu'on m'a
désigné volontaire pour m'occuper de ce dossier. C'était
au mois de mai.
M. Ciaccia: C'était un éditorial de Michel
Nadeau.
M. Leblond: Oui, je sais que c'est un éditorial de M.
Nadeau. Je n'en dirai pas plus.
Effectivement, il y a eu des coupures substantielles lorsque je suis
arrivé à Quebecair, au mois de mai 1982. Il n'y a pas eu de
coupures substantielles à partir du mois de septembre 1983. C'est un
éditorial de septembre 1983, je pense, que vous citez.
M. Ciaccia: Un samedi de septembre 1983, oui.
Est-ce que vous pouvez me confirmer ou m'infirmer s'il y a eu une
formation syndicale dans les cadres de Quebecair? Autrement dit, est-ce que
pour la première fois - je ne sais pas si c'est la première fois
à Quebecair, cela serait certainement la première fois si tel est
le cas, et sans doute la première fois dans une compagnie
aérienne - les cadres, la catégorie de cadres, se sont
groupés en syndicat, qu'ils aient demandé une affiliation
à un syndicat? Est-ce que tel est le cas?
M. Leblond: À ma connaissance, c'est au moins la
troisième fois qu'il y a une telle tentative à Quebecair. Il y en
a une présentement.
M. Ciaccia: Vous dites qu'il y avait eu deux autres tentatives
avant?
M. Leblond: À ma connaissance, il y en a eu au moins deux
autres auparavant.
M. Ciaccia: Est-ce qu'elles ont abouti à...
M. Leblond: Non, cela n'a jamais abouti.
M. Ciaccia: Pour la troisième, ici, quel est le
résultat de cette tentative?
M. Leblond: La direction vient d'en être informée.
On avisera en temps et lieu.
M. Ciaccia: Est-ce qu'elles auraient été retenues?
Est-ce qu'elles auraient obtenu une accréditation?
M. Leblond: À ma connaissance, et je pense que les
informations que je possède sont à jour, il y a une demande
d'accréditation de déposée. C'est tout récemment,
soit au cours de la semaine dernière ou il y a dix jours.
M. Ciaccia: À votre connaissance, il n'y a pas eu encore
de réponse, pas encore d'accréditation?
M. Leblond: II y a une demande de déposée, mais il
n'y a pas encore de réponse.
Contrat Quebecair-Fiesta
M. Ciaccia: Sur le contrat de Fiesta dont on a obtenu certaines
informations, encore une fois, on vous cite dans le Devoir en disant que c'est
un contrat très lucratif.
M. Leblond: On me cite dans le Devoir?
M. Ciaccia: Dans le Devoir, le contrat de Fiesta.
M. Leblond: Sur Fiesta? Moi?
M. Léonard: C'est le vice-président au marketing de
Quebecair.
M. Ciaccia: C'est le vice-président au marketing de
Quebecair, excusez-moi.
M. Léonard: Je pense que c'est M. Langlois. Il est
cité au début de l'article et je pense que c'est lui qui a fait
un certain nombre de déclarations à ce sujet.
M. Ciaccia: On dit que c'est un contrat très lucratif dont
tous les risques sont pris par Fiesta et qu'il n'y a aucun risque pris par
Quebecair. Est-ce que cela est exact? Je le souhaite.
M. Léonard: Quebecair est obligée de fournir
l'avion.
M. Ciaccia: C'est dans un article de samedi.
M. Léonard: L'avion transporte les passagers en direction
de l'Europe.
M. Ciaccia: Je sais que l'avion transporte les passagers, ils n'y
vont pas par train, mais est-ce que...
M. Léonard: Quebecair n'a pas pour fonction de remplir
l'avion ou non. L'avion est loué pour tel passage, telle distance ou tel
trajet, disons Toronto-Londres. Que l'avion soit à moitié rempli
ou pas, ou plus, cela est la responsabilité du grossiste en voyages et
non pas la responsabilité de Quebecair. En ce sens, ses revenus sont
assurés, quel que soit le nombre de passagers qu'il y a à
bord.
M. Ciaccia: Cela veut dire qu'il n'y a aucun risque de la part de
Quebecair. (17 h 30)
M. Leblond: Vous me permettez une nuance, M. le ministre? Je
pense qu'il y a les risques d'affaires qu'on a jugés normaux dans cette
opération du DC-8. D'abord, comme vient de le dire M. le ministre,
contrairement à ce que faisait Quebecair auparavant et contrairement
à ce que fait Wardair et Worldways qui ont leur propre agence, leur
propre grossiste, le risque de Quebecair se limite à celui
d'opérateur d'avion, c'est-à-dire que nous, nous louons l'avion
à l'heure et, comme vient de le dire M. le ministre, qu'il y ait 2 ou
250 personnes dans un DC-8, on est payé à l'heure
d'opération.
Ce pourquoi nous avons également jugé qu'il y avait un
risque d'affaires normal ou acceptable pour Quebecair, à ce moment-ci,
c'est à partir des éléments suivants... Je pense que c'est
un dossier chaud qui attire l'attention. Vous me permettrez peut-être
d'élaborer un peu sur l'analyse que nous en avons faite et qui nous a
amenés, effectivement, à consentir à l'opération
d'un DC-8. D'abord, je pense que, dans notre analyse, on a constaté
qu'il y avait au moins deux phénomènes sur le marché qui
étaient positifs à notre égard. On assiste au Canada,
depuis un certain temps, depuis quatre ou cinq ans, à une
intégration verticale, transporteurs et grossistes, c'est-à-dire
que la plupart des gros transporteurs ont leur propre agence, leur propre
grossiste. Cela produit deux choses dans le marché. Les grossistes
indépendants sont soit réduits à agir comme simple agence
de voyages alors qu'ils veulent agir comme grossistes, ou ils doivent se
contenter des heures ou des "slots", pour employer le langage du métier,
que leur laissent les transporteurs intégrés et qui sont beaucoup
moins avantageuses. Cela fait des produits beaucoup moins avantageux. On
constate aussi dans le marché qu'il y a un manque d'avions canadiens. On
dit que c'est très compétitif sur l'Atlantique. On est d'accord
avec cela, mais il y a un manque d'avions canadiens. À preuve, deux
choses: on constate la présence de nombreux transporteurs
étrangers qui viennent desservir le marché canadien: Minerve de
France, Martinair qui est une filiale de British Airways et Aero Mexico qui
vient aussi en hiver. Je pense aussi que la Commission canadienne des
transports a reconnu ce fait, en ce sens qu'elle a accordé un permis
à Nolisair International, entre autres, dans le groupe G; elle a aussi
renouvelé le permis de Quebecair dans le groupe G. La Commission
canadienne des transports a accepté à partir de ce fait. Ce n'est
pas par un pur hasard que, depuis deux ou trois ans, Quebecair a
été sollicitée par plusieurs grossistes
indépendants de façon qu'elle accepte d'opérer, en
priorité sinon en exclusivité, un DC-8 pour eux. Je cite Sol-Vac,
l'an passé, je cite Carousel Tour de Toronto. Un autre
élément qui nous fait croire qu'on peut opérer avec
succès un DC-8, c'est que les principaux compétiteurs n'ont plus
ce genre d'appareils maintenant, sauf Worldways. Tout le monde a, soit des 747
ou des Lockheed 10-11, si bien qu'ils ont des coûts de
propriété lourds à supporter alors que les grossistes
croient qu'un DC-8-63 à 250 passagers c'est l'appareil idéal
puisqu'ils sont capables d'être compétitifs au prix par
siège.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a eu des soumissions demandées
sur ce contrat ou est-ce que cela a été négocié de
gré à gré?
M. Leblond: Non, cela a été négocié
avec Fiesta.
M. Ciaccia: Quel est le profit potentiel et les pertes
potentielles? Quelles sont les
possibilités si tout va bien ou si tout va mal? Quel est le
risque de Quebecair dans ce contrat?
M. Leblond: Écoutez, je pense qu'il y a un risque normal
d'affaires pour Quebecair à cette période-ci.
M. Ciaccia: Alors, l'article du Devoir n'était pas tout
à fait exact, comme ce ne l'était pas quand il vous avait
cité, quand il a dit que c'était un contrat où il n'y
avait absolument aucun risque pour Quebecair.
M. Leblond: Je n'ai jamais... Il a cité...
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas vous, mais il a cité
quelqu'un d'autre. Alors, ce n'est pas exact. Il y a un risque normal
d'affaires.
M. Leblond: II y a un risque normal d'affaires.
M. Ciaccia: Quel pourrait être ce risque?
M. Leblond: Écoutez, j'ai des réticences à
faire des projections, vous comprendrez, publiquement. Je pense qu'il y a assez
de pression sur la direction de Quebecair, présentement.
M. Ciaccia: L'avion, le DC-8, quand a-t-il été
acheté et quel prix a-t-il été payé? Quelles sont
les conditions de l'achat du DC-8?
M. Leblond: Quebecair a dû, finalement, acheter un DC-8
pour se conformer aux exigences de la Commission canadienne des transports.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il a été acheté
spécifiquement pour ce contrat-ci?
M. Leblond: Plus les autres contrats, il y avait des
disponibilités d'heures.
M. Ciaccia: Dans le but d'obtenir d'autres contrats.
M. Leblond: C'est cela.
M. Ciaccia: Mais, initialement, vous l'avez acheté, le
DC-8...
M. Leblond: C'est sur cette base-là. M. Ciaccia:
...pour le contrat Fiesta.
M. Leblond: On avait un "base load", si vous voulez, qui
garantissait ou qui permettait d'espérer de croire, avec des
probabilités acceptables.
M. Ciaccia: Et quel est le prix que vous avez payé?
M. Leblond: Le prix? Cela revient à 67 500 $
américains.
Une voix: 67 000 $.
M. Ciaccia: 67 000 $?
M. Leblond: 67 500 $ US par mois.
M- Ciaccia: Ah, par mois!
M. Leblond: Par mois.
M. Ciaccia: Pour combien de mois? A-t-il été
acheté ou loué?
M. Leblond: Bon. Écoutez, vous me permettrez, il a
été acheté...
M. Ciaccia: Oui.
M. Leblond: ...mais je peux...
M. Ciaccia: Vous le payez 67 000 $ par mois.
M. Leblond: C'est cela. Et je peux garantir à la
commission que, même si c'est un achat, le fardeau et l'engagement
financier, pour Quebecair, sont les mêmes que pour une location.
M. Ciaccia: Alors, vous dites 67 500 $ par mois, US; cela
reviendrait à quel montant, 25% de plus? À peu près 92 000
$ canadiens par mois.
M. Leblond: C'est cela.
M. Ciaccia: Pour combien de mois?
M. Leblond: C'est...
M. Gratton: À perpétuité!
M. Leblond: Pardon?
M. Ciaccia: Mon collègue, le leader, dit "à
perpétuité"!
M. Leblond: Non, ce n'est pas à
perpétuité.
M. Ciaccia: J'espère que non.
M. Leblond: Écoutez, je pense que là nous rentrons
dans des aspects concurrentiels pour Quebecair. Je pense que je peux vous
affirmer - non seulement je pense mais je sais que je peux vous affirmer - que
le prix payé... Le fait qu'on soit obligés d'acheter
représente, pour Quebecair, le même fardeau et le même
engagement que si c'était une
location.
M. Ciaccia: Bien oui, mais la location peut représenter le
même fardeau que si cela était un achat. Cela ne nous dit pas
grand-chose. Comme pour une automobile, quelqu'un qui loue une automobile pour
trois ans, il paie, effectivement, le prix d'achat. Ce n'est pas la location
qui réduit l'engagement financier. Mais, est-ce que vous nous dites que,
pour des raisons confidentielles, vous ne pouvez pas nous dévoiler le
prix total que vous allez payer pour le DC-8?
M. Leblond: Je pense que, pour une fois, Quebecair possède
un avantage concurrentiel et j'aimerais que, pour une fois, elle puisse en
jouir, si possible.
M. Ciaccia: Mais si le contrat a déjà
été signé, en quoi cela pourrait-il lui enlever cet
avantage? Parce que ce sont des fonds publics; nous avons le devoir de demander
en quoi vous perdriez cet avantage si vous dévoiliez les conditions du
contrat qui est déjà signé.
M. Leblond: Écoutez, en tant que parlementaire, je suis
loin de vous nier le droit de connaître les engagements. Mais je pense
que, dans le contexte, je peux vous dire que le comité exécutif
de Quebecair estimait qu'il y avait une probabilité de profits
intéressante avec des probabilités suffisantes et donc, que cela
ne venait pas ajouter à la charge financière du gouvernement, au
contraire. Si on fait des profits, cela vient subventionner la perte sur le
réseau.
M. Ciaccia: Si vous faites des profits. M. Leblond: Si on
fait des profits. M. Ciaccia: Oui.
M. Léonard: Je pense qu'il faut quand même porter
attention à ce que dit le président. On ne peut pas non plus
aller dans tous les détails de chacune des transactions. Je pense que
les gens ont leur façon de traiter les affaires là-dessus. C'est
un peu la même chose que pour le Canadien National qui ne veut pas
déclarer le coût de location de son nouveau siège
social.
M. Ciaccia: Ce n'est pas tout à fait un détail.
C'est un engagement financier dont le gouvernement est directement responsable.
Vous détenez 93% des actions.
M. Léonard: Le président de la
Société québécoise des transports est responsable
du rendement de l'investissement de Quebecair et c'est le conseil
d'administration de
Quebecair qui est responsable de traiter de son administration.
M. Ciaccia: Normalement...
M. Léonard: Je pense qu'on doit...
M. Ciaccia: ...si l'on ne parle pas de ce contrat plus
spécifiquement, de quel ordre de grandeur serait l'achat d'un DC-8?
M. Leblond: 3 800 000 $. M. Ciaccia: Excusezl
M. Leblond: 3 800 000 $.
M. Ciaccia: 3 800 000 $.
M. Leblond: Ils n'en font plus, d'ailleurs.
M. Ciaccia: II n'y en a pas de DC-8 neuf.
M. Leblond: II n'y en a pas de neuf.
M. Ciaccia: II y a 20 ans, ils étaient neufs.
M. Leblond: C'est un...
M. Tremblay: C'est parce que je n'achète pas cela toutes
les semaines. Non, je n'en ai pas acheté la semaine passée.
M. Ciaccia: La raison pour laquelle on pose ces questions -
corrigez-moi s'il peut y avoir une autre interprétation - c'est que
l'hiver dernier, vous aviez mentionné Carousel. Vous n'avez pas
signé avec Carousel?
M. Leblond: Non.
M. Ciaccia: Je me souviens qu'on avait soulevé la
possibilité du contrat avec Carousel et la façon dont nous avions
formulé notre question c'était sous forme d'avertissement au
gouvernement. On avait demandé de s'assurer qu'il y avait des garanties
adéquates. Ce devait être un contrat de 150 000 000 $ et on a
porté à l'attention du gouvernement que, non seulement il n'y
avait pas de garantie -parce que c'était une filiale de Shell Company -
et deuxièmement, on avait demandé au gouvernement de voir les
principaux intéressés qui avaient été
impliqués dans d'autres compagnies où ils avaient effectué
des pertes. On ne veut pas nécessairement s'attribuer le fait que le
contrat n'ait pas été signé, mais c'est en sensibilisant
le public qu'on peut mettre en garde, un peu, contre certains actes le
gouvernement...
M. Leblond: Ecoutezl Je partage vos inquiétudes et vos
préoccupations quant à la saine gestion des fonds qui sont
confiés à Quebecair et à la Société
québécoise des transports. Vous avez peut-être parlé
publiquement. Je n'ai pas vu vos déclarations. Je vous signale que, l'an
passé, il y avait eu le même genre d'exercice qui a eu lieu cette
année avec Carousel, avec Sol-Vac et les tours Mont-Royal, les deux plus
importants grossistes indépendants à Montréal. Le "deal"
avait achoppé pour les mêmes raisons, c'est que nous n'avions pas
de garanties suffisantes, soit bancaires, soit institutionnelles.
M. Ciaccia: Est-ce qu'on pourrait demander au ministre - je n'ai
aucune objection à poser des questions à M. Leblond qui est
président de la Société québécoise des
transports - s'il aurait été possible ou s'il serait encore
possible de poser des questions au président de Quebecair? Est-ce qu'il
y a une raison pour laquelle le président de Quebecair n'est pas
ici?
M. Léonard: Non, nous ne pensions pas, à l'heure
actuelle, faire venir chacun des présidents des entreprises dans
lesquelles la Société québécoise des transports a
des intérêts.
M. Leblond: Je voudrais mentionner également, comme je
vous le disais tout à l'heure, qu'il y a, demain matin, un conseil
d'administration de Quebecair où on adoptera les états financiers
pour l'année 1983 et que ce conseil est précédé,
cet après-midi, d'un dernier comité de vérification pour
recommandations finales demain. C'est donc dire que le président de
Quebecair se devait d'y être cet après-midi.
M. Ciaccia: Est-ce que le conseil se tient à
Montréal ou à Québec?
M. Leblond: À Montréal.
M. Léonard: D'autre part, je voudrais simplement faire
remarquer au député de Mont-Royal que M. Leblond,
président de la Société québécoise des
transports, siège au conseil d'administration de Quebecair et qu'il est
également l'actionnaire majoritaire. (17 h 45)
M. Ciaccia: Je comprends. C'est pourquoi j'essayais d'obtenir des
informations sur les responsabilités. Je comprends que le
président de la Société québécoise des
transports a certaines responsabilités, mais on voulait poser des
questions sur l'opération de Quebecair. S'il y a un président, il
me semble qu'il aurait été plus convenable d'avoir ici le
président de Quebecair pour répondre sur la gestion, la
planification et toutes les questions qu'on aurait pu et qu'on peut avoir
concernant Quebecair.
M. Léonard: Je voudrais poser une question à ce
moment-ci. Doit-on faire venir les présidents de chacune des
sociétés dans lesquelles la Société
québécoise des transports détient des
intérêts?
M. Ciaccia: Écoutez, si le problème...
M. Léonard: M. le Président, de la commission,
peut-être, pourrait nous éclairer sur cela.
Le Président (M. Fallu): J'aimerais faire un point...
M. Léonard: Je sais que nous sommes dans de nouvelles
règles de fonctionnement...
M. Ciaccia: Si l'opération a une envergure et une
importance telles que cela implique des fonds, comme Quebecair, de 70 000 000 $
à ce jour - je pense qu'il y a un engagement de la part du gouvernement
de se rendre à 100 000 000 $ - si vous aviez, dans une autre
société dans laquelle la société
québécoise avait des intérêts, une opération
de cette envergure, je dirais oui. Nous serions dans notre droit d'interroger
le président. On a des fonds assez...
Le Président (M. Fallu): Vous me permettrez une seconde,
s'il vous plaît?
M. Ciaccia: Bien sûr.
Le Président (M. Fallu): Si vous me le permettez, nous
sommes maintenant à l'étude des crédits du
ministère des Transports au programme 7, élément 2.
Effectivement, des transferts sont prévus. Ces transferts
s'opèrent au bénéfice de la Société
québécoise des transports, d'une part. Donc, c'est à ce
titre que le ministre a cru bon d'être accompagné du
président de cette société envers qui les transferts
s'opèrent. Toutefois, dorénavant, notre pouvoir d'initiative de
commission parlementaire non seulement nous autorise, mais nous enjoint de
faire à cette commission l'analyse du fonctionnement de
l'administration, de la gestion et des objectifs d'au moins une des
sociétés, offices, régies, bref, l'un des organismes qui
relèvent de notre commission, c'est-à-dire dont l'un des
ministres invités à cette commission de l'Assemblée
nationale a le pouvoir de répondre.
Il nous faudra bientôt, un de ces jours, nous arrêter dans
ce qu'on appelle dans notre nouveau langage une séance de travail et non
pas une séance de commission, donc une séance publique qui n'est
pas enregistrée, mais pour laquelle un procès-verbal est tenu. Il
faudra nous interroger, comme membres de
la commission, sur la ou les sociétés, offices et
régies que nous voudrons bien entendre au cours de l'année. Mais,
le règlement de l'Assemblée nationale nous fait
déjà un devoir d'en entendre pour le moins une à
l'intérieur de l'année civile qui a commencé il y a
quelques jours.
Donc, je veux simplement faire état que nous pourrons avoir le
loisir, si nous le désirons comme commission, d'interroger plus
spécifiquement l'une ou l'autre des sociétés dont le
ministre des Transports, notamment, se fait le porte-parole auprès de
l'Assemblée nationale, si nous le désirons. Ce n'est pas,
à proprement parler, à travers les crédits que nous avons
à faire ce travail, puisqu'il faut analyser dans les crédits,
certes, les raisons qui amènent le gouvernement à inscrire dans
les crédits budgétaires des montants, en avoir la justification,
c'est tout à fait normal comme procédure; mais, je tenais
à faire ce point d'ordre afin que l'on fasse la distinction entre les
diverses opérations budgétaires que nous avons à
analyser.
M. Léonard: II y a juste une chose, M. le
Président, sur ce point.
Le Président (M. Fallu): Oui, volontiers.
M. Léonard: C'est simplement pour dire que le
président de la Société québécoise des
transports, qui siège au conseil d'administration de Quebecair, il me
semble, a en main les informations; jusqu'ici, il a répondu au
député de Mont-Royal. S'il a d'autres questions, qu'il les pose,
nous pourrons y répondre, dans la mesure où l'on peut y
répondre.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président.
Le Président (M. Fallu): Oui, M. le député
de Bonaventure. J'aimerais signaler, au moment où je donne la parole au
député de Bonaventure, qu'il est le bienvenu à cette
commission puisque les nouveaux articles de notre règlement permettent
dorénavant à tout député non membre d'une
commission, au moment de l'étude des crédits, de s'y
présenter et de plein droit demander la parole.
M. Levesque (Bonaventure): Merci, M. le Président. Je suis
bien d'accord avec la distinction que vous avez faite tout à l'heure,
mais je me demande simplement, à ce moment-ci, comment, si j'avais des
questions à poser sur le service aérien, dans l'Est du
Québec, par exemple: Comment ce service se comporte-t-il, comment se
porte-t-il, quelles sont les raisons qui ont amené des modifications
dans ce service et quels sont les correctifs qui pourraient être
envisagés à court ou moyen terme...? Si je parlais, par exemple,
d'un changement récent sur la capacité d'un avion qui sert
justement pour desservir une région éloignée, comme celle
de la Gaspésie - je songe en particulier à Gaspé,
Bonaventure, vers Mont-Joli - si je veux poser des questions, par exemple, sur
l'absence de vol en fin de semaine pour desservir ces régions-là,
si je voulais poser des questions sur les prix, par exemple, qui sont
chargés aux usagers, autrement dit, si je voulais parler de la politique
de Quebecair relative à une région éloignée, je
serais peut-être en train de parler à quelqu'un qui est membre du
conseil d'administration de Quebecair, mais qui va peut-être me
répondre qu'il n'est pas réellement la personne à qui je
devrais poser ces questions-là? Est-ce que je me trompe en arrivant
à ces conclusions-là?
M. Léonard: Ce que je peux dire, avant de passer la
parole...
Le Président (M. Fallu): Un moment, M. le ministre, s'il
vous plaît! Je crois que c'est moi, parce qu'il s'agit d'une question
essentiellement de règlement, qui dois m'avancer sur le sujet.
À l'étude des crédits, il est prévu que
c'est le ministre qui est notre invité et, donc, c'est au ministre de
répondre, en l'occurrence le ministre est ministre de tutelle, ministre
qui doit répondre pour l'ensemble des activités de son
ministère et des transferts. Il est même prévu dans le
règlement que c'est presque exceptionnel que l'on donne droit de parole
à quelqu'un d'autre que le ministre à cette commission. Il faut
avoir l'unanimité des membres de la commission afin que quelqu'un
d'autre que le ministre puisse s'exprimer à la commission des
crédits. Si un seul membre s'y oppose le ministre ne peut inviter
personne d'autre à parler, non pas à sa place, mais au nom
personnel de l'individu qui parle. Donc, la mécanique de l'étude
des crédits prévoit que les questions s'adressent au ministre.
Vous allez me dire que ce n'est peut-être pas pratique, j'en conviens,
c'est pour cela qu'occasionnellement, et très librement, d'ailleurs, on
laisse ceux que le ministre juge aptes à répondre à sa
place prendre la parole, mais, dans l'esprit de notre règlement, cela
reste un peu exceptionnel, devrais-je dire. C'est un peu comme en Chambre,
quoi! Les questions relatives, par exemple, aux détails que vous avez
soulignés, vous les adressez directement au ministre et c'est lui qui,
le jour même ou le lendemain, doit apporter réponse, car il est
prévu dans la mécanique maintenant de l'examen des
activités de l'État que les commissions parlementaires peuvent
maintenant, de leur propre initiative et obligatoirement, par ailleurs, une
fois par année, interroger sur la gestion de l'un des organismes de
l'État.
C'est plutôt par cette méthode que nous pouvons le faire
plutôt que comme vous le souhaiteriez sans doute l'avoir aujourd'hui. Je
dois tout simplement constater que le ministre a le choix, à la limite
des outils -les outils, c'est-à-dire les gens qui l'accompagnent - et
à la condition expresse que tous les membres de la commission soient
unanimes à les entendre.
M. Levesque (Bonaventure): II n'en reste pas moins, M. le
Président, que des gens attendent des réponses, que nous sommes
justement en train de discuter de sommes considérables injectées
dans Quebecair par le truchement de la Société
québécoise des transports. J'ai posé des questions en
Chambre. Je comprends que le ministre arrive dans son ministère, qu'il
ne peut pas répondre à tous les détails,
particulièrement dans une société privée ou
d'État - j'ai entendu tout à l'heure une certaine discussion
à ce sujet - mais est-ce qu'on peut m'assurer qu'à un moment
donné, si ce n'est pas aujourd'hui...
M. Léonard: M. le Président, qu'il pose ses
questions, qu'il les pose!
M. Levesque (Bonaventure): ...ce sera dans un avenir pas trop
éloigné...
Le Président (M. Fallu): Je veux même vous inviter,
M. le député, à poser immédiatement vos questions
et vous jugerez vous-même ou nous jugerons tous de la nature des
réponses.
M. Levesque (Bonaventure): Je peux très bien le faire.
J'ai d'ailleurs posé ces questions en Chambre.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Mont-Royal...
M. Léonard: Vous vous le rappelez?
Le Président (M. Fallu): J'ai une question de règle
de procédure. M. le député de Mont-Royal...
M. Ciaccia: Non, non.
M. Levesque (Bonaventure): Alors, je vais demander au
ministre...
Le Président (M. Fallu): Je reconnais le
député de Bonaventure.
Transport aérien dans l'Est du
Québec
M. Levesque (Bonaventure): Depuis les dernières
interventions que nous avons eues à l'Assemblée nationale, je
pense que le ministre a dû avoir l'occasion de discuter de ce qui se
passait dans l'Est du Québec quant au transport aérien et quant
à Quebecair. Ce qui nous préoccupe dans la région de la
Gaspésie en particulier, c'est que les services ont été
réduits, que la capacité de l'avion a été
changée, un appareil 748 qui avait une quarantaine de places; il est
maintenant réduit à un avion de treize places, de sorte que -
j'en ai fait l'expérience personnellement à diverses reprises et
encore aujourd'hui - les demandes que nous faisons pour utiliser Quebecair,
pour nous rendre et revenir de ces régions ne peuvent pas être
reçues simplement parce qu'on nous répond: C'est complet.
Alors, est-ce qu'on va demeurer dans cette situation ou est-ce qu'il y
aura des modifications? Pourquoi? Je comprends qu'on répond: Bien, vous
savez, on a une moyenne de sept passagers par jour. C'est une réponse
très facile, qui est celle d'un statisticien, mais pas de quelqu'un qui
est préoccupé d'améliorer le transport en Gaspésie.
Lorsqu'on est en Gaspésie, on sait que le transport est l'une des choses
essentielles pour la vie des gens de là-bas. Or, il y a des jours, par
exemple, comme n'importe où, des périodes de pointe. Bien,
lorsqu'on marche seulement par moyennes, cela veut dire que, lorsqu'on n'a pas
d'avion en fin de semaine - il n'y a pas d'avion, ni le samedi, ni le dimanche,
arrivant ou partant de Bonaventure - une journée comme vendredi, c'est
sûr que c'est complet, et c'est complet une semaine d'avance au moins.
C'est une expérience que j'ai vécue tout récemment. II y a
eu des plaintes également du côté de la Côte-Nord,
elles ont été exprimées en Chambre. D'ailleurs, j'ai eu
une confirmation également qu'il a été très
difficile d'avoir des places à bord de Quebecair pour tout ce qui allait
ou revenait de l'Est récemment, très récemment, encore
lundi.
Dans les circonstances, nous ne pouvons pas ne pas répondre aux
protestations de la population sur ce changement, changement sur la
Côte-Nord, qui est passée d'un BAC-111, ou d'un 737, je ne sais
pas quoi, à un 748. De notre côté, du côté
sud, c'est un 748 qui a cédé sa place - peut-être le
même qui est parti du côté nord - à un avion, un
Beechcraft de treize passagers. Ensuite, il y a eu une réduction de
personnel à l'aéroport de Bonaventure par Quebecair. Maintenant,
il ne reste plus qu'une seule personne pour y assurer le service, à ma
connaissance, d'après ce qu'on me donne comme renseignement. Est-ce que
vous croyez qu'on est justifié de verser 100 000 000 $ à
Quebecair sous prétexte que c'est pour aider les régions
éloignées? Ce n'est peut-être pas vous qui l'avez dit, mais
cela a été dit par les porte-parole gouvernementaux, alors qu'on
voulait justifier ces investissements de la part du gouvernement. Est-ce qu'on
peut dire: Allez-y dans les transferts, si c'est 50 000 000 $, 75 000 000
$,
100 000 000 $, et, si vous en avez besoin d'autres, venez-nous voir,
alors que les régions qui ont le plus besoin de Quebecair et du service
aérien semblent être celles qui ont le plus de difficulté
avec ce service-là? Sans compter que, si la moyenne n'est pas plus
élevée, nous pouvons attribuer cela directement au prix qui est
demandé et si vous voyagez, comme je le fais régulièrement
avec Quebecair, vous vous apercevrez que, lorsque l'on parle d'une moyenne de
sept personnes dans l'avion de treize places, vous trouvez des gens, c'est
souvent treize places qui sont prises et d'autres qui attendent qui n'ont pas
eu de place, mais, lorsque vous regardez la clientèle, vous voyez que ce
sont presque toujours des gens qui se font rembourser leur billet soit par le
gouvernement ou par des institutions, des municipalités ou des MRC, je
ne sais quoi. Les gens qui veulent voyager n'ont pas le moyen de payer entre
Bonaventure et Québec aller et retour, 320 et quelques dollars. C'est
mieux d'aller à Miami, vous allez payer moins cher. Alors que nous
sommes dans l'Est du Québec - je ne dis pas que nous sommes dans l'Ouest
du Québec, vous pouvez aller dans l'Est - c'est dans l'Est du
Québec que tout cela se passe. (18 heures)
Alors, si vous voulez augmenter le nombre de passagers, si vous voulez
réellement rentabiliser un 748, il me semble qu'il faut s'arranger pour
que cela soit disponible au point de vue financier, accessible au point de vue
financier par un plus grand nombre. Je n'insisterai pas davantage, je voulais
faire le point encore une fois. Je me dois de le faire comme
représentant d'un comté qui est dans cette
région-là et où les pouvoirs publics là-bas
s'inquiètent, où la population s'inquiète et où je
pense que vous avez déjà eu la visite de représentants du
milieu qui, également, vous ont fait part de leur inquiétude.
Dans les circonstances, je ne m'attends que vous me donniez toutes les
réponses aujourd'hui. J'aimerais mieux qu'au lieu de parler vous
agissiez, que nous ayons les réponses par des faits, mais je suis bien
prêt, malgré l'heure, M. le Président...
Le Président (M. Fallu): Oui, j'allais vous
informer...
M. Levesque (Bonaventure): Je ne pourrai pas, malheureusement,
être ici à 20 heures, j'ai d'autres occupations, mais
peut-être que l'on pourrait me laisser faire quelques phrases... Ah! on
est même mercredi.
Le Président (M. Fallu): C'est mercredi aujourd'hui, M. le
chef de l'Opposition. Toutefois, je dois constater qu'il est 18 heures et que,
pour poursuivre nos travaux, nous avons besoin d'un consentement. Est-ce que
nous nous fixons un délai?
M. Ciaccia: Maximum d'une demi-heure?
Le Président (M. Fallu): Maximum une demi-heure; donc,
jusqu'à 18 h 30, de consentement. Alors, c'est bien. La
réponse?
M. Léonard: Simplement quelques mots, M. le
Président, parce que je voudrais laisser la parole au président
de la Société québécoise des transports. Je dirai
que dans l'ensemble la direction de Quebecair a poursuivi des objectifs de
rationalisation de son service, de rentabilisation de son service le plus
possible, en même temps qu'elle voulait améliorer le service,
parce que je pense bien qu'elle a pour objectif de poursuivre une politique de
développement. Plus nous aurons de clientèle, plus nous pourrons
augmenter la capacité des appareils, donc améliorer le service.
C'est dans cette optique, je pense, qu'il y a eu des modifications d'horaires.
Maintenant, je veux bien que tout ne soit pas encore parfait, nous pourrons
voir. Je voudrais quand même laisser la chance à M. le
président de la Société québécoise des
transports d'expliquer ce qui a été fait, d'expliquer les motifs
des décisions qui ont été prises.
M. Leblond: En ce qui concerne l'horaire et la diminution des
services en général, ou la rationalisation des services en
général, Quebecair opérait, l'an passé, avec un
coefficient de remplissage de 50%. On a connu, depuis trois ans, une diminution
de trafic de 25%. Au début, on a construit l'horaire et le calibrage des
équipements en prévoyant une diminution générale et
en étudiant, évidemment, point par point une autre diminution.
Alors, on constate avec plaisir que pour la première fois cette
année le trafic remonte. Janvier est supérieur à l'an
passé, février et mars sont supérieurs.
Ceci dit, nous avions, comme vous le disiez, mis un 748 entre
Québec et Sept-îles, le soir, parce que les statistiques de
l'année passée nous révélaient que cela serait une
capacité suffisante. L'histoire récente nous prouve que ce n'est
pas suffisant. On l'a remplacé, effectivement, par un BAC-111. J'aurai
l'occasion d'expliquer aux membres de la commission tout à l'heure que
le 748, qui partait de Québec pour aller à Sept-Îles, le
soir à huit heures, sera remplacé par un BAC à compter du
29 avril, passera la nuit à Sept-îles et reviendra le lendemain
matin, si bien qu'on a, de fait, améliorer grandement la qualité
de la desserte à Sept-
Îles.
Pour ce qui est de l'Est, sur les îles, nous avons ajouté
un deuxième vol, si bien
que quelqu'un qui est aux îles peut partir des îles le matin
à huit heures dix minutes et être à Montréal pour
midi, et repartir le soir de Montréal et rentrer aux îles
directement en faisant une correspondance; le 748 fait une correspondance avec
le jet.
C'est vrai que c'est difficile de sortir de l'Est présentement,
même sur le BAC-111; à cause, principalement, de la reprise
économique générale - vous comprendrez qu'avec les pertes
que subit Quebecair, on ne soit pas particulièrement extravagant dans
les prévisions de trafic - les vols du matin et du soir sont complets.
Très bientôt, dès que la logistique sera assurée -
on en voit la nécessité - on ajoutera un vol le midi qui fera la
boucle Québec-Mont-Joli-Baie-Comeau et retour sur Québec, de
façon à soulager les vols du soir.
Pour ce qui est de votre coin de pays, M. Levesque, Bonaventure, il est
vrai qu'auparavant vous bénéficiiez d'un service de 748. Vous
admettrez aussi avec moi que les statistiques étaient qu'il y avait sept
personnes en moyenne et que, dans 90% des cas, cela ne dépassait pas dix
personnes comme trafic entre Bonaventure et Mont-Joli.
On a, dans la flotte de Quebecair, de petits avions, des Beech 99
à treize places. Le 748 a 48 places. Les coûts d'opération
de ces avions sont évidemment fort différents. Il y en a un qui
est de 1500 $ l'heure et l'autre de 600 $ l'heure. Lorsqu'on a fait l'horaire,
on croyait que treize places, compte tenu de sept places, c'était un
coefficient de remplissage de 50%. Si on veut atteindre quelque chance de
rentabilité ou diminuer notre déficit, ce sont des mesures de ce
genre-là qu'il nous faut appliquer.
On constate présentement, et vous le dites, on est en mesure de
se rendre compte, d'après les réactions des gens et les rapports
qu'on reçoit de nos systèmes de réservation, que, pour
certaines journées, c'est insuffisant. Si bien que ce que nous allons
organiser pour certaines journées, principalement le lundi et le
vendredi pour l'instant, c'est un deuxième vol de Beech 99 entre
Mont-Joli et Bonaventure.
Jusqu'à présent, je pense que notre vitesse de
réaction sur Sept-Îles, par exemple, sur les îles, sur
l'Est, pour sortir les gens où on va ajouter un vol le midi, je pense
que nous sommes quand même attentifs aux gens. On a des membres du
conseil qui sont postés dans chacune des régions. On a un
délai de réaction assez rapide. C'est certainement la
première solution que l'on veut mettre afin d'améliorer le
service, enfin, répondre à la demande, le lundi et le vendredi,
ajouter un autre vol de Beech 99. Si la demande devait croître, nous
ajouterons des fréquences ou nous grossirons la capacité de
l'appareil.
M. Levesque (Bonaventure): Les prix?
M. Leblond: Les prix, sur le réseau d'un
turbo-propulsé - j'oublie la Basse-Côte-Nord qui est
opérée à contrat pour le gouvernement - sur des revenus de
5 000 000 $ l'an passé, la perte était de 3 000 000 $ par des
60%, 0,60 $ dans le dollar, dans la piastre, pour opérer du turbo sur le
réseau turbo-propulsé.
Il y a des mesures telles que celles que je viens de vous annoncer,
c'est-à-dire essayer de mieux calibrer les appareils en fonction de
l'achalandage et du prix d'opération de ces appareils. Je pense que
c'est effectivement très élevé, je le constate avec vous.
À moins que l'on soit prêt à considérer le
système ou la route Bonaventure sur la même base que la
Basse-Côte-Nord - je pense que c'est au ministère à le
considérer - on peut difficilement baisser les prix. À moins que
le gouvernement soit prêt à augmenter les subventions à
Quebecair.
M. Levesque (Bonaventure): On me dit que des
Îles-de-la-Madeleine, qui sont beaucoup plus loin que Bonaventure de
Québec, cela coûte moins cher. Est-ce vrai?
M. Leblond: Cela me surprendrait, M. le député de
Bonaventure, parce que la méthode de tarification de la Commission
canadienne des transports a des mesures contre ce type: plus vous êtes
loin, plus vous payez cher.
M. Levesque (Bonaventure): Vous êtes sûr de cela?
M. Leblond: J'ai dit que cela me surprendrait. Je ne peux pas
vous en assurer, mais cela me surprendrait effectivement.
M. Levesque (Bonaventure): On me dit que c'est peut-être
à cause d'une concurrence que nous aurions aux
Îles-de-la-Madeleine que nous n'avons pas à Bonaventure. Est-ce
que cela pourrait être le cas?
M. Leblond: Cela pourrait être cela aussi, mais la
différence entre EPA et Quebecair était de 6 $, si je me
souviens, l'an passé.
M. Levesque (Bonaventure): Mais, lorsque vous partez de Charlo,
qui est vis-à-vis Bonaventure, en biais, si vous voulez, c'est à
peu près la même distance pour venir à Québec ou
Montréal - prenons Montréal, car EPA va à Montréal
- le prix n'est pas de 6 $ de différence. J'espère que vous allez
avoir l'occasion de vérifier cela aussi.
M. Leblond: Certainement.
M. Levesque (Bonaventure): Merci, monsieur.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Chapleau.
Transport aérien Québec-Ottawa
M. Kehoe: Merci, M. le Président. Alors, le
problème qui existe dans notre région est pas mal
différent de celui qui existe dans l'Est du Québec. Je parle de
l'Ouest du Québec, la région de la Gatineau, d'Ottawa.
Récemment, au mois de décembre, Quebecair a fait une demande pour
modifier son permis afin d'être autorisée à exploiter un
service aérien commercial régulier entre les villes de
Québec et d'Ottawa. Vous vous souviendrez sans doute qu'au mois de juin
1980 Quebecair a inauguré un service entre Québec et Gatineau et,
quelques mois plus tard, à cause du faible taux d'occupation des
sièges sur le F-21, elle a abandonné la ligne. Québec
Aviation a pris cela en main, a commencé à donner le service
entre les villes de Gatineau et de Québec. Durant plusieurs
années, Québec Aviation a sûrement perdu de l'argent;
c'était un avion de seulement quinze places et, initialement, le taux
d'occupation était assez bas. Maintenant, au mois de mars de cette
année, c'était rendu à 1700 passagers, un record. C'est
rendu que le service, entre les villes de Québec et de Gatineau, est pas
mal rentable pour Québec Aviation.
Le problème qui se pose actuellement, c'est que Quebecair, avec
sa demande d'un service entre Québec et Ottawa... Comme vous le savez,
Ottawa et Gatineau, c'est une distance de quelque dix ou douze milles; c'est
quasiment un marché unique, ce sont quasiment les mêmes passagers
pour les deux endroits qui vont soit à Ottawa, soit à Gatineau.
C'est à peu près le même marché. Quebecair propose
de donner ce service avec un avion de 40 places. Québec Aviation, je
dois l'admettre aussi, a fait une demande pour avoir le service entre
Québec et Ottawa, mais avec un 927, avec quelque treize sièges.
La question que je me pose, c'est que Quebecair, qui a déjà
abandonné le service entre Gatineau et Québec, revient pour
faire, à mon sens, une concurrence quasiment déloyale à
Québec Aviation quand elle fait la demande de modifier son permis de
façon à faire le service avec un appareil de plus grande
capacité. Cela va certainement affecter la ligne qu'a Québec
Aviation présentement entre Québec et Gatineau. En même
temps, depuis les sept dernières années, la Société
d'aménagement de l'Outaouais, qui est propriétaire de
l'aéroport de Gatineau, a tout fait pour tenter de vendre
l'aéroport et encourager son usage. Encore une fois, si la demande de
Quebecair est acceptée entre Québec et
Ottawa, cela viendra mettre en péril les efforts faits par la SAO
qui est une propriété de la province de Québec.
Tout cela pour demander au ministre quelle est sa position au sujet de
la demande qui est faite par Quebecair pour obtenir le service entre la ville
de Québec et la ville d'Ottawa. (18 h 15)
M. Léonard: Je sais qu'il y a un bon trafic à
l'heure actuelle entre Gatineau et Québec, notamment parce que beaucoup
de fonctionnaires du gouvernement du Québec utilisent cet appareil,
assurant par là une clientèle intéressante. J'ai
effectivement été mis au courant qu'il y avait une demande de
Quebecair. Je suppose que Quebecair a des raisons pour déposer une telle
demande. Je laisserai M. le président de la Société
québécoise des transports répondre.
M. Leblond: L'objectif de Quebecair est effectivement sur
Québec-Ottawa. Ce n'est pas de déplacer Québec Aviation et
ses Beechcraft 99. Ce que demande Quebecair, c'est de remplacer Air Canada sur
ce segment de route parce que nous pensons qu'à cause de la longueur, du
positionnement et de l'importance de Québec comme noyau de plusieurs
routes pour Quebecair le point Ottawa pourrait être intéressant
pour Quebecair.
Par ailleurs, nous croyons que ce n'est pas de nature à nuire,
à concurrencer Québec Aviation, nous fiant sur les
résultats qu'a effectivement obtenus Québec Aviation, alors
qu'Air Canada offrait le service à côté de Québec
Aviation avec un DC-9. Nous, nous pensons qu'on veut l'opérer avec un
748. Nous pensons que, si Québec Aviation a été capable de
prospérer, de croître, de faire un succès de son
opération Québec-Gatineau, alors qu'elle avait à
côté, soit un DC-9 et parfois un 727 d'Air Canada, nous pensons
qu'avec un 748 nous pouvons vivre, cohabiter avec Québec Aviation sur un
marché conjoint.
M. Kehoe: Québec Aviation a aussi fait une demande pour le
service entre Québec et Ottawa avec un avion beaucoup plus petit, un
treize passagers, si je ne me trompe pas. C'est bien évident qu'à
ce moment-là vous êtes en concurrence avec Québec Aviation,
si les deux ont fait une demande pour le service entre Québec et Ottawa.
Je ne parle pas, pour le moment, de Québec-Gatineau où
Québec Aviation a le service présentement, mais je pose la
question sur le service entre Québec et Ottawa. Québec Aviation a
fait la demande avec un avion beaucoup plus petit; Quebecair a fait la demande
avec un avion beaucoup plus grand et Air Canada a déjà le
service. À ce moment-là, il y aurait trois services. Admettons
que les deux demandes soient accordées, il y aurait trois
transporteurs aériens qui feraient la navette entre Québec
et Ottawa. J'espère, j'imagine que cela va rester, que Québec
Aviation fera le trajet entre Québec et Gatineau.
Vous ne pensez pas qu'à ce moment-là cela devient un
marché... Il y aura trop de services et la concurrence entre les trois
lignes pour Ottawa et celle de Gatineau ferait en sorte que cela serait un
autre -j'étais pour dire désastre financier pour Quebecair - mais
une situation dangereuse d'embarquer encore dans la concurrence avec Air Canada
et de faire une concurrence déloyale envers Québec Aviation.
M. Leblond: Écoutez, il y a au moins deux
éléments que je voudrais porter à votre
considération. D'abord, je veux bien préciser que, nous, si l'on
se présente sur la ligne Ottawa-Québec avec un 748, alors qu'il y
a un DC-9 à côté, c'est évident que Quebecair n'est
pas intéressée. C'est pour cela que je vous disais que Quebecair
veut remplacer, demande de remplacer, à cause de la nature de la route,
Air Canada. Nous pensons qu'avec un 748 il y a moyen de rentabiliser la route,
alors qu'avec un jet on ne pense pas que ce soit possible.
Quant à la concurrence déloyale sur la demande de
Québec Aviation, sur le point Ottawa, je ne peux pas partager votre
avis. Si Québec Aviation était déjà là et
qu'on demandait à la commission de la déplacer, je pense que
j'accepterais votre terme déloyal. Québec Aviation n'est pas
là, Québec Aviation a fait un succès. C'est pris en main.
La direction de Quebecair doit voir à essayer de rentabiliser ses
opérations également.
Une voix: Est-ce que...
M. Kehoe: Juste une dernière question, M. le ministre.
Disons que le permis de Quebecair est changé et qu'elle a le service
entre Québec et Ottawa. Est-ce que le ministre va encourager les
fonctionnaires provinciaux à prendre Quebecair pour se rendre, disons,
à Hull, dans la belle province de Québec? Est-ce que le ministre
va demander qu'ils passent par Ottawa ou est-ce qu'il va les encourager
à passer par Québec Aviation et à aller à
Gatineau?
M. Léonard: On pourrait aussi demander aux fonctionnaires
d'Ottawa de prendre Québec Aviation ou Quebecair.
M. Kehoe: Je ne pose que cette question pour le moment. Je le
demande pour les fonctionnaires provinciaux, premièrement. La question
est là.
M. Léonard: Je n'ai pas encore envisagé cette
question, M. le député.
M. Kehoe: Je pense que c'est important.
M. Léonard: Je pense qu'il s'agit de garder les lignes
rentables dans tout cela. L'objectif que nous visons, c'est la rentabilisation
et l'amélioration du service. Je pense qu'il y a moyen d'y arriver.
Maintenant, il y a une concurrence et il y a aussi un autre intervenant dans le
dossier dont on n'a pas parlé et qui est Nordair. Au fond, il y a une
grande question qui se pose sur la rationalisation des lignes et
l'opéra-tionalisation des lignes dans le Québec à l'heure
actuelle. J'ai eu l'occasion d'aborder cette question avec M. le ministre des
Transports du Canada, M. Axworthy, et j'ai exprimé l'avis du besoin
pressant d'une politique régionale qui vise à rentabiliser des
entreprises à caractéristique régionale comme Nordair,
Quebecair, alors qu'Air Canada peut avoir de grandes lignes, comme tout le
monde sait, mais, au niveau du transport aérien régional, au
moins qu'on rationalise chacune des émissions de permis et des lignes
qui sont opérées là-dessus. Alors, j'aurai l'occasion de
rencontrer M. Axworthy à nouveau précisément sur ce point.
Il n'y a pas encore de date de fixée, mais nous avions convenu de nous
rencontrer le plus tôt possible. Je pense qu'effectivement il y a un
besoin pressant de rationaliser les lignes et l'émission des permis pour
opérer ces lignes.
Je comprends qu'à l'heure actuelle Quebecair, dans un tel
contexte, essaie d'avoir le plus de permis possible pour être en
meilleure position de négociation, si jamais ces choses se produisaient,
ce qui, je pense, devrait arriver le plus tôt possible.
M. Kehoe: En rationalisant cette ligne spécifiquement, le
tort que vous allez faire à Québec Aviation... Le fait que je
déplore, M. le ministre, c'est que Quebecair avait déjà
cette ligne et qu'elle l'a abandonnée à Québec Aviation.
J'imagine qu'elle n'osera pas venir faire une demande pour la ligne entre la
ville de Gatineau et la ville de Québec. À la place, elle fait
une demande pour la ligne Québec-Ottawa. Le fait demeure que cela va
mettre en péril la continuation du service par Québec Aviation,
de la ville de Québec à la ville de Gatineau et également
l'aéroport de Gatineau.
M. Léonard: On pourrait le voir de cette façon. Par
ailleurs, tout à l'heure, je vous expliquais qu'il y a
déjà Air Canada qui opère sur cette ligne et que la
situation ne visait pas à faire intervenir un troisième
personnage ou acteur dans le circuit, mais plutôt à remplacer
quelqu'un qui existait déjà sur une ligne à
caractère strictement régional. C'est ce qui est dans le dossier
présentement. Donc, on ne veut pas amener un troisième
intervenant, mais plutôt
remplacer le deuxième par un autre.
M. Ciaccia: Ouste une dernière question.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Une dernière question. Vous avez
mentionné - je pense qu'il y avait un article dans les journaux
également - que le gouvernement devait acheter le reste des actions de
Quebecair.
M. Léonard: Oui.
M. Ciaccia: Pourquoi? Est-ce qu'un prix a été
établi?
M. Léonard: Oui, si vous permettez, très
rapidement, et M. Leblond pourra compléter. D'abord, il y a trois sortes
d'actions: des actions ordinaires et deux séries d'actions
privilégiées. Les actions privilégiées sont
achetées au pair, donc à la valeur aux livres, et cela ne
présente pas de questions techniques particulières. Les actions
ordinaires seraient achetées, elles, au prix déjà fait aux
autres actionnaires ordinaires: M. Hamel, Expéditex, SID et Provost.
C'est à la demande des actionnaires que ceci a été fait
et, dans la plupart des cas, sauf dans une des séries d'actions
privilégiées, il s'agit d'actions minoritaires. Sur ce plan,
c'est une offre que Quebecair fait aux actionnaires minoritaires. S'ils
l'acceptent, c'est parce qu'ils le voudront, ils ne sont pas obligés de
l'accepter. Par ailleurs, si cela dépassait 90%, nous verrons
après coup ce qu'il adviendra.
M. Ciaccia: Quel est le montant global qui...
M. Leblond: Le montant maximal, si tout le monde se
prévalait, si l'on rachetait à 100%, c'est 462 000 $.
M. Ciaccia: Cela vous donnerait 100% des actions de
Quebecair?
M. Leblond: C'est à la demande de la majorité des
actionnaires qui nous ont contactés, et le gouvernement a
décidé, sur une base d'équité, de leur
offrir...
M. Ciaccia: Mais il n'y a pas d'obligation du gouvernement de
faire cela. Vous le faites volontairement.
M. Leblond: C'est cela.
Le Président (M. Fallu): Le temps d'une dernière
question, M. le député de Chapleau.
M. Kehoe: Juste une dernière question.
Présentement, est-ce que les négociations sont en marche? Est-ce
qu'il y a une négoiation en marche pour l'achat de Québec
Aviation par Quebecair?
M. Leblond: Non.
M. Kehoe: Est-ce qu'il y a déjà eu des
négociations ou a-t-il été question de l'achat, que ce
soit l'équipement, les services ou quoi que ce soit?
M. Leblond: II y a déjà eu des négociations
et je pense que c'était à l'été 1981.
M. Kehoe: Depuis ce temps, il n'a pas été question
pour Quebecair d'acheter les actifs de Québec Aviation?
M. Leblond: Non. Pour un complément de réponse, il
y a déjà eu des discussions plutôt informelles, "off and
on", mais...
M. Kehoe: Elles sont "off" maintenant? M. Leblond: Elles
sont "off" maintenant. M. Kehoe: Depuis 1981?
M. Leblond: Depuis 1981. Depuis l'été 1981, c'est
cela. L'automne 1981.
Le Président (M. Fallu): Avant de mettre fin à nos
travaux pour ce soir, vous me permettrez de remercier, au nom des membres de la
commission, M. Leblond, qui est président de la Société
québécoise des transports, et nous nous donnons rendez-vous ici
même, dans cette salle, au 81 de l'Hôtel du Parlement, demain
matin, le 12 avril, à 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 29)