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(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Fallu): Mme la vice-présidente,
MM. les parlementaires, M. le secrétaire, M. le ministre invité,
en l'absence de quorum, mais, néanmoins, avec le consentement des
membres, débutent ce matin nos travaux sur l'étude des
crédits du ministère de l'Environnement.
Je voudrais simplement rappeler que nous avons des crédits de
l'ordre de 152 069 000 $ à étudiés; cela comprend cinq
programmes: protection du milieu; amélioration du milieu ambiant;
connaissance, c'est-à-dire recherches au ministère; gestion
interne et soutien et les crédits des organismes-conseils.
M. le ministre, nous voulons d'abord vous souhaiter la bienvenue comme
invité à cette commission parlementaire. C'est la première
fois que nous vous accueillons. Vous savez que, par la suite, les occasions ne
manqueront pas, soit à titre de membre de la commission, sans doute,
pour l'étude des projets de loi, ou encore comme invité de
nouveau, notamment très bientôt, au moment de l'étude des
engagements financiers de votre ministère, puisqu'il nous faudra au
moins nous rencontrer quatre fois par année pour les engagements
financiers.
Nous vous souhaitons la bienvenue ainsi qu'à votre sous-ministre
et à votre chef de cabinet, qui sont présents à la table.
Sur ce, nous procédons. Vous connaissez les dispositions de
l'organisation de nos travaux. Nous siégeons ce matin jusqu'à 12
h 30 et, ce soir, à partir de 20 heures, sur ordre de la Chambre, et de
nouveau demain matin, de 10 heures à 12 h 30.
Sans doute, ce matin, la séance sera-t-elle consacrée
à un débat préliminaire sur l'ensemble des programmes et
les orientations du ministère. Vous pouvez prendre la parole aussi
souvent que vous le désirez en réplique à des remarques ou
en réponse à des questions. Néanmoins, pour favoriser le
dialogue entre les membres de la commission et vous-même, on vous demande
simplement, au moment des réponses, de ne pas être trop long.
Je tiens également à vous prévenir que les membres
de la commission admettent volontiers qu'à l'occasion vous passiez la
parole à quelqu'un de votre ministère, soit le sous-ministre ou
l'un des sous-ministres adjoints ou l'un des directeurs de service qui, par
ailleurs, parlent en leur nom personnel. Il ne s'agit pas toutefois de
l'imputabilité complète, mais peut-être d'un début
d'imputabilité à l'Assemblée nationale.
Sur ce, je vous passe la parole. Sans doute avez-vous une
déclaration préliminaire à faire. Par la suite, je
reconnaîtrai ma collègue vice-présidente de la commission,
Mme la députée de Chomedey, qui est le porte-parole officiel de
son groupe parlementaire.
M. le ministre.
Environnement Exposés préliminaires M.
Adrien Ouellette
M. Ouellette: Je vous remercie, M. le Président. Je veux
saluer Mme la vice-présidente et les membres de la commission. Dans un
premier temps, vous me permettrez de présenter certaines des personnes
qui m'accompagnent. Je ne les nommerai pas toutes, parce qu'elles sont fort
nombreuses.
Je voudrais vous présenter, à ma droite, M. Pierre-B.
Meunier, sous-ministre en titre au ministère de l'Environnement; M.
Jean-Pierre Gauthier, sous-ministre adjoint aux opérations centrales -
je les prierais de s'identifier - M. Michel Lamontagne, sous-ministre adjoint
responsable de l'assainissement; Mme Claire Monette, sous-ministre adjoint et
responsable des opérations régionales; M. Jean Piette, directeur
des évaluations, de la conception et des politiques; M. Michel
Bordeleau, directeur des finances et systèmes; M. Louis Bissonnette,
directeur de la programmation budgétaire; M. Marcel Junius,
président du Conseil consultatif de l'environnement; M. Gilles Gagnon,
secrétaire du Conseil consultatif des réserves
écologiques; Mme Jeannine Auger, présidente du Comité
consultatif pour l'environnement de la Baie-James; M. Jean-Yves Babin, le
P.-D.G. de la Société québécoise d'assainissement
des eaux.
Il y a également quelques membres de mon cabinet politique, soit
M. Denis Samson, à ma gauche; il est directeur de mon cabinet; M.
Évariste Normand et M. Robert Boisvert, attachés politiques; M.
Louis Bernier, agent de liaison, qui n'est pas encore arrivé; M. Pierre
Perrault, mon attaché de presse. On me signale que M.
André Beauchamp, président du BAPE, est également
parmi nous.
L'ensemble des crédits budgétaires pour l'exercice
1984-1985 déposés à l'Assemblée nationale par mon
collègue, le ministre délégué à
l'Administration et président du Conseil du trésor, confirme la
priorité accordée depuis déjà quelques
années par le gouvernement du Québec aux questions
environnementales.
En effet, mon ministère disposera d'un budget de 152 069 000 $,
en 1984-1985. Par rapport à l'an dernier, ceci représente une
augmentation de 29 832 000 $, soit 24,4%. Quant aux effectifs, ils
s'établissent à 1306 personnes-années, soit 1066 personnes
permanentes et 240 personnes-années dites occasionnelles.
Les principaux facteurs expliquant cet accroissement significatif du
budget concernent l'assainissement des eaux et la régularisation des
cours d'eau. Les investissements réalisés dans le cadre du
programme d'assainissement entraîneront une augmentation de 17 400 000 $
du service de la dette et, par ailleurs, trois projets majeurs de construction
seront entrepris ou poursuivis au cours de la prochaine année. Il s'agit
des travaux d'endiguement à Richmond, de la construction d'un ouvrage de
régularisation à l'entrée de la rivière des Mille
îles et de la reconstruction du barrage Allard, sur la rivière
Saint-François, qui occasionneront respectivement des
déboursés de 1 700 000 $, 8 000 000 $ et 1 500 000 $, en
1984-1985.
L'évaluation des besoins environnementaux des
Québécois et des Québécoises nous a permis
d'identifier quatre grandes priorités d'intervention: l'assainissement
des eaux, la gestion des déchets dangereux, la
récupération et le recyclage et les précipitations acides.
Nous examinerons ces grands dossiers un à un.
D'abord, le programme d'assainissement des eaux. Des modifications
importantes ont été apportées, au cours des derniers mois,
pour accélérer la réalisation du programme
d'assainissement des eaux. Permettez-moi de vous rappeler quelques-unes des
mesures que nous avons prises. Nous avons d'abord augmenté la
participation financière du gouvernement de 10%, la portant ainsi
à 90%, et ce jusqu'au 31 mars 1986, afin de réduire de
moitié la facture de la municipalité pour les ouvrages
d'assainissement. Nous avons également permis aux municipalités
de diminuer leurs coûts d'énergie pour l'exploitation des usines
de traitement en les faisant bénéficier du tarif grande puissance
d'Hydro-Québec, ce qui abaissera leur facture
d'électricité de 25%. De plus, comme je l'ai déjà
annoncé, les municipalités dont les ouvrages d'épuration
commenceront à fonctionner entre le 1er décembre 1983
et le 31 mars 1987 profiteront de rabais additionnels temporaires pour une
période s'étendant jusqu'à la fin de 1991, ce qui
accordera à ces municipalités un rabais total des tarifs
d'électricité pouvant atteindre 55% en moyenne pour cette
période.
Nous avons introduit la formule des projets clé en main, qui
offre la possibilité à une municipalité de confier
à une entreprise privée ou à la Société
québécoise d'assainissement des eaux un contrat unique de
réalisation des ouvrages d'assainissement comprenant l'ensemble de la
conception, de la construction, du financement et de l'exploitation et ce
conformément aux dispositions contenues dans la convention conclue entre
le ministère et ladite municipalité. Les études
préparatoires, une partie des études ÉPIQ et des
études préliminaires seront confiées à l'entreprise
privée par la Société québécoise
d'assainissement des eaux sous l'appellation d'études d'avant-projets
dont le financement sera assuré à 100% par le gouvernement. (10 h
15)
Enfin, nous avons adopté un nouveau cadre de gestion qui
intègre en partie les mesures énoncées
précédemment et simplifie davantage les règles
administratives des projets. Nous avons ainsi éliminé
l'étape d'autorisation par le Conseil du trésor de l'inscription
à la programmation de réalisation des municipalités de
moins de 10 000 habitants et modifié le mécanisme d'approbation
des projets par le ministère.
Bien que plusieurs des modifications apportées soient
récentes, leurs effets sont déjà perceptibles sur le
rythme de réalisation du programme d'assainissement. Nous avons
signé, au cours de la dernière année, 111 nouvelles
conventions avec des municipalités qui ont permis d'accroître les
investissements prévus à la programmation de 633 000 000 $. Ces
conventions comprennent l'ajout de 71 nouvelles municipalités qui
prévoient des immobilisations de 237 000 000 $ et des addenda
apportés à 40 ententes qui entraîneront des investissements
d'environ 397 000 000 $.
Par ailleurs, nous avons déjà signé, depuis le 1er
avril 1984, 8 nouvelles ententes dont 7 avec les municipalités de la
rive sud de Montréal et une avec la ville de Joliette. Le coût des
travaux prévus, dans le cadre de ces ententes, est de 275 000 000 $.
Actuellement, 193 municipalités sont inscrites à la programmation
de réalisation et 190 ont déjà signé une convention
avec le ministère. La valeur totale des travaux, pour l'ensemble de ces
conventions signées, est de 2 400 000 000 $, soit plus de 50% des
investissements totaux prévus pour l'assainissement urbain. Les
prévisions d'investissements, pour l'année financière
1983-1984, sont d'environ 155 000 000 $, ce qui porte les montants investis
à ce jour à
plus de 967 000 000 $. La contribution du gouvernement du Québec
à ce programme par le service de la dette s'élèvera
à 81 400 000 $ en 1984-1985.
Nous comptons accroître sensiblement les investissements cette
année. Nous avons entrepris les études d'avant-projet comportant
des coûts de 3 500 000 $ dans 160 municipalités et ceci permettra
d'augmenter de façon importante le nombre de conventions signées
et de mises en chantier en 1984-1985. De plus, la Société
québécoise d'assainissement des eaux pourra
accélérer la réalisation des travaux des 110
municipalités qui lui ont confié la maîtrise d'oeuvre de
leurs projets. Par son expertise et son expérience dans la gestion des
projets, la société est en mesure de réduire au minimum
les délais pour la construction des ouvrages. L'excellence de ces
services incite d'ailleurs de plus en plus de municipalités à lui
confier la réalisation de leurs projets plutôt que d'en assurer
elles-mêmes la mise en oeuvre.
La révision du plan d'équipement relatif aux projets
urbains d'assainissement a donné l'occasion de fixer de nouveaux
objectifs d'investissements pour les trois prochaines années. Nous
prévoyons investir 367 000 000 $ en 1984-1985 et 450 000 000 $ au cours
de chacun des deux exercices subséquents.
Je crois que ces objectifs sont réalistes dans la mesure
où l'encadrement du programme permet davantage d'initiatives au
ministère, à la Société québécoise
d'assainissement des eaux, aux municipalités et au secteur privé.
Bien sûr, la collaboration des municipalités quant au respect des
échéanciers prévus pour les travaux est essentielle
à l'atteinte de ces objectifs. L'intérêt manifesté
jusqu'ici par les municipalités à nos mesures
d'accélération du programme nous permet d'être confiants
à ce chapitre.
De plus, la campagne de publicité sous le thème: L'eau,
c'est le temps d'en traiter, actuellement en cours, permet de sensibiliser les
citoyens à l'importance qu'on doit accorder à cette ressource,
compte tenu des problèmes engendrés par sa
détérioration et de la complexité des solutions pour la
restauration.
L'opération eau propre devrait également contribuer
à faire connaître les priorités du ministère dans le
domaine de l'eau. L'objectif général de cette opération
est d'engager les utilisateurs de l'eau: municipalités, industries,
agriculteurs et citoyens qui s'en servent à des fins
récréatives, d'approvisionnement ou de développement et de
les engager, dis-je, dans des actions concrètes visant à
protéger cette ressource.
En ce qui concerne les volets industriel et agricole du programme
d'assainissement, les travaux progressent également à un rythme
accéléré.
Au chapitre de l'assainissement industriel, plus de 900 usines ont
été répertoriées en 1983-1984, portant le total
à 5743. De ce nombre, on estime à 1096 les usines pouvant
constituer des sources de pollution. Parmi celles-ci, 577 ont soit entrepris
des travaux, soit amorcé des négociations pour terminer un
programme et un échéancier de réduction du niveau de
pollution. Quant aux usines de pâtes et papiers inscrites au programme de
modernisation, elles ont réalisé pour plus de 200 000 000 $
d'investissements pour l'assainissement de leurs eaux usées au cours de
la dernière année, ce qui porte les investissements totaux, dans
ce secteur à 502 000 000 $ pour un total prévu de 959 000 000
$.
Quant à la contribution éventuelle du gouvernement
fédéral, les discussions sont amorcées et elles se
poursuivront au cours des prochains mois. Le gouvernement du Québec vise
à obtenir cette participation dans le cadre d'une entente auxiliaire
fédérale-provinciale sur cinq ans et renouvelable.
En matière d'assainissement urbain, nos objectifs sont de
réduire totalement la quote-part de la participation financière
des municipalités au programme. En fonction de la participation
financière du gouvernement du Québec à ce programme et
également des mesures additionnelles d'assistance financière
déjà annoncées, la proposition que nous avons faite au
gouvernement fédéral prévoit une participation qui pourra
varier de 10% à 30% sur les projets d'assainissement urbain.
Également, dans nos propositions visant la participation du
gouvernement fédéral au programme d'assainissement, nous
souhaitons l'établissement d'un programme spécifique à la
dépollution industrielle sous forme de subvention ou de prêt aux
entreprises. Les négociations ont d'autre part été
amorcées avec la compagnie Domtar concernant l'usine de Windsor et avec
la compagnie Les Papiers Cascades pour les usines d'East-Angus et de
Jonquière afin d'élaborer une stratégie visant à
réduire la toxicité des rejets de ces entreprises dans les cours
d'eau. Il en sera également ainsi pour le projet de construction d'usine
de désencrage, à Breakeyville.
Pour ce qui est de l'assainissement agricole, les inventaires sur les
bassins de l'Assomption, la Yamaska et la Chaudière sont à peu
près complétés.
Dans le bassin de l'Assomption, à la fin du mois de janvier, le
ministère de l'Environnement a procédé à une
opération spéciale d'inspection dans les établissements de
145 producteurs de porc. Ceci a permis de constater que 55 d'entre eux
n'étaient pas en conformité avec la réglementation,
ayant
principalement des carences au niveau de la capacité
d'entreposage des fumiers et/ou de la superficie d'épandage requise pour
leur disposition. Avec ces producteurs et plusieurs autres non conformes dans
les autres bassins, le ministère est à discuter de plans
correctifs. Il est bien sûr qu'une telle opération n'a pas permis
de régler dans l'immédiat tous les problèmes de gestion et
de disposition des fumiers dans ces régions à forte concentration
d'élevage. Toutefois, elle met en évidence le problème de
pollution diffuse qui s'y trouve, que ce soit à cause d'épandage
excessif, d'entreprosage inadéquat ou le besoin d'en arriver le plus
rapidement possible à des plans correctifs avec les producteurs pour que
ceux-ci soient conformes au règlement. Nos efforts dans ce secteur pour
la prochaine année porteront sur ces plans correctifs.
Les fonctionnaires de mon ministère sont présentement
à compléter le nouveau règlement relatif à la
prévention de la pollution des eaux par les établissements de
production animale, lequel a fait l'objet de commentaires à la suite de
sa prépublication. L'objectif général poursuivi par ce
nouveau règlement est de permettre un ajustement de la
réglementation dans une perspective qui tient compte de
l'évolution de la gestion des établissements de production
animale et des pratiques modernes d'élevage.
Certains problèmes nécessiteront toutefois des solutions
originales. Dans plusieurs endroits, les surfaces d'épandage disponibles
sont insuffisantes pour absorber tous les fumiers produits. Face à cette
situation, l'objectif est de développer et d'éprouver à
moyen terme des techniques permettant d'améliorer l'efficacité du
traitement des fumiers et d'en diminuer le coût. C'est ainsi que, depuis
1982, mon ministère, en collaboration avec des firmes privées, a
mené des projets de recherche qui ont permis d'obtenir des
résultats intéressants sur des composantes qui peuvent
s'intégrer dans un processus de traitement.
Nous poursuivrons ces projets de recherche au cours de la
présente année. Nous en analyserons les résultats et nous
nous préparons à l'étape ultérieure
d'intégration de ces composantes dans le développement de projets
de recherche appliquée en vue d'optimaliser un processus de
traitement.
Les déchets dangereux. La question des déchets dangereux
demeure une préoccupation constante de mon ministère. Pour faire
face à la problématique des déchets industriels dangereux
au Québec, le ministère de l'Environnement a entrepris depuis
plusieurs mois la réalisation des différentes phases d'un
programme global d'intervention. Ce programme porte sur la production,
l'élimination, l'entreposage et le contrôle du transport des
déchets dangereux, également, sur l'évaluation de la
toxicité des résidus ainsi que sur le recyclage, le
réemploi, la récupération et la réduction de ces
déchets.
Au début de l'automne 1983, j'ai formé un groupe de
travail maintenant connu sous le nom de GERLED, c'est-à-dire le Groupe
d'étude et de restauration des lieux d'élimination des
déchets dangereux, chargé d'inventorier dans toutes les
régions du Québec les lieux ayant reçu des déchets
potentiellement dangereux et de proposer un plan de restauration s'il y a lieu.
Ce groupe aura complété d'ici peu la caractérisation
préliminaire des sites choisis afin de les classifier en termes de
risque pour la santé publique et l'environnement.
Nous avons déjà rendu publique, dans les régions du
Bas-Saint-Laurent, de la Côte-Nord et de l'Outaouais, la liste des sites
potentiellement dangereux, tel que je m'y étais engagé lors de ma
conférence de presse du 28 octobre dernier sur le sujet. Au cours des
prochaines semaines, le groupe d'étude, en collaboration avec les
directions régionales, fera de même pour les autres régions
du Québec.
Pour la prochaine année, nous nous sommes fixé comme
objectif de procéder à la caractérisation exhaustive des
lieux présentant actuellement un potentiel élevé de
risques pour la santé et l'environnement. À partir de ces
renseignements, nous serons en mesure de déterminer le type
d'interventions nécessaires pour corriger la situation,
particulièrement si la santé humaine est menacée. Je
souligne cependant que le gouvernement n'assumera pas seul les coûts de
dépollution, l'agent responsable de la détérioration devra
assumer les coûts des corrections nécessaires.
Depuis la création du groupe, le ministère a
déjà entrepris des interventions pour la restauration de certains
lieux inventoriés. Dès le 1er juin, le ministère
procédera à la restauration du dépotoir de la
carrière Landreville, à Boucherville, pour éliminer les
problèmes de fumée et d'odeurs nauséabondes émanant
de ce lieu. Le ministère a aussi émis une ordonnance à la
compagnie Eldorado Gold Mines, à Duparquet, afin que celle-ci prenne les
mesures nécessaires pour enlever les résidus d'arsenic contenu
dans des réservoirs et pour restaurer les lieux.
Le projet de décontamination de la nappe d'eau souterraine dans
la région de la ville de Mercier est en voie de réalisation. Le
ministère a octroyé, en 1983, à la firme SNC-HMI le
contrat de construction des ouvrages de captage et de traitement des eaux. Une
somme de 2 300 000 $ a déjà été
dépensée et nous prévoyons débourser 1 000 000 $,
en 1984-1985, pour compléter la construction de l'usine et entreprendre
le pompage et le traitement des eaux contaminées. Depuis que le
ministère a
installé des conduites d'aqueduc pour alimenter les
résidents de la région en eau potable, l'enclave de contamination
n'a connu aucune progression, ce qui confirme l'à-propos des mesures
prises pour résoudre le problème.
En matière de prévention, plusieurs interventions ont
été réalisées depuis 1983: l'implantation de
l'usine de traitement des déchets inorganiques dangereux Stablex, mise
en fonction au printemps 1983; le développement et la mise en fonction
à l'automne 1983 d'un système informatisé de
contrôle de la circulation des déchets dangereux; la
réalisation d'un programme d'interventions sur les BPC dans les usines
de filtration du Québec; l'étude de projets pour
l'élimination des déchets organiques et le choix d'un promoteur,
en l'occurrence SERDOQ.
J'aimerais revenir ici sur la question de l'usine de traitement des
déchets inorganiques Stablex. C'est dans le but d'apporter une solution
efficace et sécuritaire à l'élimination des déchets
dangereux tels les acides, les alcalins, les boues de surface, les
résidus de cyanure, d'arsenic, etc., que le ministère de
l'Environnement a autorisé la compagnie Stablex à ouvrir une
usine de traitement.
Depuis sa mise en fonction, en juin 1983, le ministère a
entrepris un programme d'intervention afin de s'assurer que les industries
prennent les mesures nécessaires pour que leurs déchets soient
éliminés adéquatement.
Jusqu'à maintenant, plusieurs actions ontété réalisées. Tout d'abord, à
l'été 1983, le ministère a adressé à plus de
500 industries une lettre leur signalant la possibilité de faire traiter
sécuritairement leurs déchets inorganiques à l'usine de
Blainville et les incitant instamment à ce faire. Par la suite, les
directions régionales du ministère ont visité plusieurs
industries oeuvrant principalement dans le secteur du traitement de surface
pour contrôler sur place la gestion de leurs déchets. (10 h
30)
À la suite de ces interventions, le ministère a
constaté chez certaines industries une réticence à se
conformer aux exigences établies pour l'élimination
sécuritaire de leurs déchets. Constatant que ces interventions
n'avaient pas donné les résultats escomptés, il nous est
alors apparu nécessaire de mettre en place une série de mesures
que nous réaliserons au cours des prochains mois. Elles s'inscrivent
dans un programme d'intervention global qui aura pour objet de répondre
à l'ensemble de la problématique de la production, du transport
et de l'élimination des déchets dangereux au Québec.
L'ensemble de ces mesures vise ultimement à ce que les industries
fassent éliminer leurs déchets d'une façon environne-
mentalement acceptable.
C'est d'ailleurs dans ce contexte que les fonctionnaires de mon
ministère travaillent présentement à compléter le
règlement sur les déchets dangereux que je serai en mesure de
déposer très prochainement au Conseil des ministres.
Dans l'année qui vient de se terminer, nous avons
également travaillé au choix d'une solution de traitement des
déchets organiques dangereux. À cet effet, après analyse
des treize propositions reçues, la firme SERDOQ a été
retenue parce qu'elle présentait le projet le plus adéquat du
point de vue environnemental. Le ministère a émis une directive
en 1983 pour l'étude d'impact et, depuis, plusieurs rencontres
techniques ont eu lieu entre la compagnie et mon ministère. Nous
attendons le dépôt officiel de l'étude d'impact qui
permettra d'entreprendre les autres étapes nécessaires à
la mise en place de l'usine projetée. Deux contrats de service ont
été octroyés afin d'étudier le marché et
l'entreposage des déchets organiques dangereux. Si les résultats
confirment les données préliminaires, le centre de traitement
sera implanté dans les meilleurs délais.
À l'heure actuelle, le ministère poursuit d'autres actions
de prévention en ce qui concerne les déchets organiques. Il
entend compléter au cours de l'été la vérification
des équipements contenant des BPC dans tous les secteurs industriels
où est utilisée cette substance. Il a aussi mis en vigueur une
grille relative aux divers modes d'entreposage et de gestion des BPC et rendra
publique sa stratégie d'inventaire et d'intervention pour
régulariser l'élimination des résidus de pesticides sur
les fermes du Québec.
Par ailleurs, le ministère a formé un groupe de travail
ayant comme mandat d'évaluer la toxicité des résidus
industriels et de préciser les méthodes d'élimination
appropriées selon la toxicité de ces résidus.
La récupération et le recyclage. Je vous ai
mentionné au début de mon exposé que la
récupération et le recyclage seraient une des priorités du
ministère pour les prochaines années. La conférence
sectorielle sur la récupération et le recyclage du papier et du
verre, tenue à Montréal les 28 et 29 février et 1er mars,
est venue, encore une fois, confirmer la volonté du gouvernement
d'orienter en ce sens sa politique en matière de gestion des
déchets. La forte participation à cette conférence est un
indicateur que l'idée de récupérer et de recycler fait son
chemin. J'aimerais souligner la participation de mes collègues
intéressés par ce secteur d'activité. Je pense ici aux
ministres des Affaires municipales, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme,
sans compter la participation du ministère de la Science et
de la Technologie.
Nous travaillerons, au cours des prochains mois, à établir
de nouvelles mesures favorisant la récupération et le recyclage
du papier et du verre. Le choix de ces mesures s'appuie sur les principaux
consensus dégagés lors de la conférence. Le suivi de ce
sommet est déjà assuré très activement par un
secrétariat constitué à cette fin au sein du
ministère.
Le ministère de l'Environnement réalisera un plan
directeur sur l'implantation de la collecte sélective et modifiera la
réglementation sur la gestion des déchets solides afin de
permettre aux municipalités d'intégrer la collecte
sélective au système traditionnel de collecte des déchets.
De plus, tel qu'annoncé lors du sommet, le gouvernement favorisera une
plus grande accessibilité aux fonds d'aide aux entreprises par
l'intermédiaire du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme qui mettra une somme de 10 000 000 $ à la disposition de
l'industrie de la récupération et du recyclage d'ici deux ans,
par le biais de divers programmes d'aide aux entreprises. Également, le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
a décidé de rendre admissibles certains de ses programmes de
création d'emplois qui pourront être utilisés pour le
développement de l'industrie de la récupération et du
recyclage.
Le programme d'aide à la recherche, à la formation et
à l'amélioration de l'industrie de la récupération,
le programme PARFAIR, mis sur pied il y a quelques années est, bien
entendu, maintenu. J'ai annoncé qu'il sera bonifié pour porter
son budget en 1984-1985 à 750 000 $. Une somme de 500 000 $ sera
affectée à l'aide aux immobilisations, 150 000 $ iront à
la recherche et au développement, et environ 100 000 $ serviront
à sensibiliser davantage les communautés à la
récupération et à regrouper efficacement les entreprises
de récupération.
Je vous ai souligné l'an dernier la difficulté qu'il y
avait à implanter une politique de récupération et de
recyclage en période de faible croissance économique. À
l'inverse, lorsque l'activité reprend, il est plus facile d'analyser et
de prévoir la rentabilité de ces investissements. Ainsi, la
décision d'implanter une usine de désencrage du papier journal
ouvre le marché du papier récupéré et permet aux
jeunes entreprises de récupération de rentabiliser leurs
activités dans un avenir rapproché.
Une fois la rentabilité de ces entreprises assurée par la
récupération du papier, il sera possible d'augmenter le volume
récupéré d'autres produits. C'est dans ce sens que je
disais récemment que l'usine de désencrage permettra au
Québec de franchir une étape cruciale dans le domaine de la
récupération et du recyclage au cours des prochaines
années. Nous poursuivons d'ailleurs des études sur la
récupération et le recyclage des plastiques, du caoutchouc et des
métaux ferreux et non ferreux. Ces produits sont susceptibles d'assurer
dans des délais minimaux des revenus additionnels aux
récupérateurs.
Les précipitations acides. L'objectif de combattre le
phénomène des précipitations acides en s'attaquant
à la source du problème, c'est-à-dire aux sources des
contaminants précurseurs, notamment l'anhydride sulfureux, constitue une
priorité ministérielle de tout premier plan.
Comme on le sait, les sources québécoises rejetaient 1 085
000 tonnes métriques d'anhydride sulfureux dans l'atmosphère en
1980. De 1980 à 1984, nous avons réalisé une diminution
d'environ 20% de nos rejets d'anhydride sulfureux au Québec, ce qui
représente une diminution permanente des rejets de l'ordre de 200 000
tonnes métriques par année. Les secteurs ou industries dans
lesquels ont été réalisées ces diminutions sont la
fonderie de cuivre de première fusion de Murdochville, l'aluminerie de
la compagnie Alcan à Arvida, le secteur des pâtes et papiers, le
transport maritime et surtout l'utilisation des combustibles. Dans le cadre de
notre programme d'assainissement de l'air, nous avons effectué une
série d'inspections auprès des utilisateurs d'huile lourde, dont
la combustion constitue la deuxième source québécoise
d'émission d'anhydride sulfureux. Sur les 145 consommateurs
visités, 17 consommaient de l'huile contenant une teneur en soufre
supérieure à la norme réglementaire en vigueur. Les
contrevenants ont été officiellement avisés que toute
récidive mènerait à des sanctions de nature juridique.
Par ailleurs, nous nous sommes engagés dans une
négociation tripartite avec le gouvernement fédéral et la
compagnie Mines Noranda dans le but d'assurer une diminution de 40% des rejets
de la fonderie de cuivre de Noranda par la construction d'une usine d'acide
sulfurique. Nous sommes présentement à élaborer une
stratégie qui porte sur les volets économique, technique et
juridique du plan d'assainissement des rejets de SCL de cette fonderie, et nous
attendons avec intérêt les résultats de l'importante
étude sur l'industrie des métaux non ferreux que le gouvernement
fédéral a entreprise l'an dernier.
Il importe de souligner que 75% des rejets de SCL qui sont à la
source du problème québécois de précipitations
acides proviennent de l'extérieur du Québec. Il convient donc de
nous intéresser de très près aux sources
étrangères de SCL qui confèrent une dimension
interprovinciale et internationale à ce problème. C'est ainsi que
nous continuons, par les études en cours,
d'accumuler les preuves de leurs effets néfastes sur le
territoire québécois. Nous avons augmenté la
qualité et le rendement du réseau des collecteurs de
précipitations. Cette initiative nous a permis de fournir des
estimations de meilleure qualité à l'occasion de notre
participation aux expériences internationales qui ont été
réalisées pour établir la distribution des polluants
transportés dans la haute atmosphère de l'Est de
l'Amérique du Nord. Nous ne ménageons actuellement aucun effort
pour coordonner nos interventions avec les gouvernements voisins afin que les
rejets de SO2 soient diminués sur tout le continent
nord-américain.
Le Québec est aussi partie à l'accord intervenu le 6 mars
dernier entre les ministres de l'Environnement des provinces et du
fédéral à l'effet d'assainir de 50% les rejets d'anhydride
sulfureux provenant de l'Est du Canada, et ce d'ici 1994. Les détails de
la stratégie d'assainissement seront mis au point au cours des prochains
mois et le Québec prendra une part active à ces
négociations.
À cet égard, je voudrais signaler avec fierté la
qualité de nos relations avec l'État de New York dont le
gouverneur et le commissaire à l'environnement partagent avec le premier
ministre du Québec une communauté de vues quant à
l'urgence du problème des précipitations acides et quant à
la nécessité d'assainir les rejets de SO2 et de NO qui
sont à son origine. Je m'en voudrais également de passer sous
silence les initiatives prises par le Québec lors de la dernière
conférence des premiers ministres de l'Est du Canada et des gouverneurs
de la Nouvelle-Angleterre qui, en juin dernier, adopta une résolution
reconnaissant l'objectif de dépôts humides de sulfate de 20
kilogrammes par hectare-année pour les zones modérément
sensibles et enjoignant les gouvernements des États-Unis et du Canada
d'adopter un programme conjoint d'assainissement des sources de pollution
atmosphérique.
La conférence internationale sur les précipitations acides
tenue à Ottawa à la mi-mars et à laquelle j'ai
participé a permis aux gouvernements présents de réaliser
des échanges fructueux d'information, de s'engager plus en avant dans
l'assainissement des émissions de contaminants précurseurs sur
leur territoire et surtout de sensibiliser davantage l'opinion publique locale
et internationale à ce problème. C'est par ce biais, par les
données que nous accumulons et par les mesures d'assainissement et de
concertation intergouvernementale que nous parviendrons, avec les autres pays
victimes, à vaincre les précipitations acides.
Les priorités d'action que je viens de présenter ne
doivent pas minimiser les autres mesures et les programmes
réalisés par mon ministère en 1983-1984 et nouvellement
mis de l'avant en 1984-1985.
Le nombre d'études d'impact et d'études
spécialisées continue d'augmenter. Le ministère a
reçu au cours de la dernière année 37 études
d'impact et a émis 24 avis de conformité. En 1984-1985, au moins
55 projets devraient être soumis au ministère pour fins
d'approbation. Quant aux projets nécessitant des études
spécialisées, leur nombre s'élevait à 56 dont plus
de 50% ont jusqu'à présent été autorisés.
Ces études et ces analyses d'impact permettront certainement
d'éviter des mesures de correction coûteuses dans l'avenir.
Le réseau des réserves écologiques continue de se
développer. Le nombre des réserves constituées a
été porté à onze en 1983-1984 avec l'ajout des
réserves Ernest-Lepage et Ristigouche, toutes deux situées en
Gaspésie. Le ministère compte poursuivre son programme
d'acquisition dans diverses régions du Québec au cours de
1984-1985.
Parallèlement à la constitution du réseau, le
ministère assure la promotion et fournit une aide technique aux
municipalités pour la mise en valeur des espaces verts. Une série
de guides est en préparation notamment sur la gestion de la
végétation urbaine, les modes d'inventaire et l'entretien des
arbres.
En ce qui concerne le contrôle du milieu hydrique, nous nous
sommes fixé comme objectif de satisfaire les besoins de la population
tout en diminuant le plus possible le nombre et l'importance des ouvrages en
milieu hydrique. Nous avons traité depuis un an plus de 475 demandes
relatives à des empiétements et accordé 150 autorisations.
Le programme de détection systématique des empiétements
touchera en 1984-1985 la rive sud du lac Saint-Louis, les rives de la pointe
Vaudreuil-Soulanges et une partie des rives de l'île Perrot.
Le programme de contrôle de la qualité des eaux de
consommation s'est poursuivi. En 1983-1984, 1375 réseaux ou points
d'alimentation en eau potable ont fait l'objet d'une surveillance
bactériologique régulière et un nombre plus restreint de
réseaux, soit 479, a bénéficié d'un contrôle
de la qualité physico-chimique. De ce point de vue, l'eau de
consommation est en général d'excellente qualité. Du point
de vue bactériologique, par contre, la qualité laisse parfois
à désirer. (10 h 45)
Le ministère a émis depuis un an plus de 200 avis
demandant aux citoyens de faire bouillir leur eau. Ce programme fera l'objet de
règles plus précises avec l'entrée en vigueur prochaine du
règlement sur l'eau destinée à la consommation humaine. Un
premier projet a été publié en juillet dernier. Le
Québec innove une fois de plus avec cette mesure puisque aucune des
autres provinces canadiennes ne s'est encore
engagée à adopter un règlement de cette nature.
Plusieurs régions du Québec sont victimes, presque chaque
année, des inondations printanières. Ces accidents naturels sont
contraignants pour la population et aussi très coûteux en termes
de pertes matérielles.
Dans le but de corriger et de prévenir les dommages encourus par
de tels événements, nous avons entrepris depuis quelques
années la construction d'ouvrages de régularisation dont les plus
importants ont été réalisés dans la région
de Montréal. Au cours du dernier exercice, nous avons
réalisé tel que prévu, au coût de 800 000 $, les
travaux de protection contre les inondations sur la rivière
Saint-Charles et la rivière Duberger. Ces travaux ont consisté
dans la construction d'un barrage et d'une estacade afin que les riverains
soient protégés contre les problèmes fréquents
d'inondation dans ce secteur depuis 1970. Les populations riveraines ont
d'ailleurs manifesté leur satisfaction devant l'amélioration de
la situation ce printemps.
La construction d'un barrage à l'entrée de la
rivière des Mille îles a pour objet de limiter les débits
de crue dans cette rivière, diminuant ainsi, pour les riverains, les
risques de dommages par inondation. Les coûts prévus pour les
ouvrages sont de 13 100 000 $; le Québec défraiera 55% des
coûts et le gouvernement fédéral 45% dans le cadre d'une
entente Canada-Québec.
La réalisation des travaux sera étalée sur trois
ans. Les plans et devis relatifs aux contrats de mécanique et de
génie civil du barrage sont complétés et le contrat de
génie civil sera octroyé le mois prochain. La mise en chantier
devrait pouvoir commencer en juillet et nous prévoyons débourser
8 000 000 $ pour ces travaux au cours de l'année 1984-1985.
Des inondations majeures étant survenues en février 1981
et en avril 1982 sur la rivière Saint-François dans la ville de
Richmond, le ministère de l'Environnement, à la suite
d'études hydrauliques, en est arrivé à une solution
permettant de protéger adéquatement les résidents de
Richmond.
La préparation technique du projet est complétée.
Celui-ci consiste en la construction de digues, de murs de soutènement,
d'une station de pompage ainsi que la canalisation d'un ruisseau. L'ensemble
des ouvrages requis coûtera 4 370 000 $ et la facture sera
partagée entre la ville de Richmond et les gouvernements du
Québec et du Canada dans le cadre d'une entente
fédérale-provinciale. Nous avons réservé 1 700 000
$ pour la réalisation de ce projet en 1984-1985.
Nous devons, par ailleurs, maintenir les acquis dans notre lutte contre
les inondations. La structure du barrage Allard sur la rivière
Saint-François ne répond plus aux normes de
sécurité publique et il est essentiel de maintenir cet important
ouvrage de régularisation. Nous avons dépensé 300 000 $ en
1983-1984 afin d'améliorer les facteurs de sécurité de
l'ouvrage et d'entreprendre la préparation des plans et devis en vue de
sa reconstruction. Nous prévoyons dépenser 1 500 000 $ cette
année avec la mise en chantier du projet de construction
évalué à 5 000 000 $.
J'aimerais également souligner que, dans le cadre du programme de
création d'emplois du gouvernement, le ministère de
l'Environnement a obtenu des crédits additionnels de 6 000 000 $ en
1983-1984, ce qui a permis la réalisation de 260 projets
d'amélioration du milieu et l'emploi de 1160 personnes. Nous devrions
avoir encore cette année la possibilité de créer environ
500 nouveaux emplois dans le cadre de ce même programme.
Enfin, en matière d'amélioration des lacs et cours d'eau,
le ministère, par les programmes de la Direction de l'aménagement
des lacs et cours d'eau, supportés par le dynamisme des travailleurs
bénévoles, des associations pour la protection de l'environnement
des lacs, a participé à la dépollution et à la
protection des rives des lacs des régions touristiques et rurales. Nous
avons réalisé au cours de la dernière année des
plans de stabilisation et de régénération des rives d'une
dizaine de lacs et effectué la classification des installations
septiques et la préparation des plans correctifs sur une dizaine
d'autres.
Nous avons également étudié et approuvé les
systèmes de traitement des eaux usées d'une quinzaine
d'établissements publics et commerciaux en bordure des lacs. La
réglementation mise en place dans ce domaine et la formation des
inspecteurs municipaux nous assurent donc que la qualité de ces plans
d'eau sera préservée efficacement.
Les mécanismes institutionnels de consultation sont des outils
précieux pour déterminer les solutions appropriées aux
problèmes environnementaux. Au cours du dernier exercice financier, le
Bureau d'audiences publiques sur l'environnement a permis aux citoyens d'avoir
accès aux dossiers d'étude d'impact de quatorze projets
importants concernant entre autres l'extension du port de Bécancour, le
dragage de la rivière Saint-Charles et la construction de ports de
refuge, le long du fleuve Saint-Laurent. Aucune audience publique n'a
été demandée pour ces projets.
Par contre, le projet de pulvérisation aérienne de
phytocides en milieu forestier et le projet d'interconnexion d'une ligne de
transmission électrique avec la Nouvelle-Angleterre ont fait l'objet
d'audiences publiques au cours desquelles les citoyens ont
pu s'exprimer. De plus, le Bureau d'audiences publiques a fait
enquête sur les problèmes de la gestion des eaux du lac Noir.
Le Conseil consultatif de l'environnement contribue également
à fournir au ministre des avis éclairés sur diverses
questions relatives à la protection de l'environnement. Le conseil vient
de compléter une étude qui vise à jeter les bases d'une
politique de conservation pour le littoral du Québec. Il effectue
actuellement des études sur les résidus industriels et les
fluorures. Il est à compléter l'étude intitulée:
Bilan et perspective environnementale pour souligner le 10e anniversaire du
conseil. Un colloque se tiendra d'ailleurs le 28 avril prochain pour souligner
l'événement.
Enfin, le Conseil consultatif des réserves écologiques
s'est penché sur la protection des écosystèmes, la gestion
des réserves écologiques et la réalisation de nouveaux
projets de réserves. Il se propose en 1984-1985 de soumettre des avis
concernant l'élaboration d'une politique de recherche dans les
réserves écologiques et sur la politique des parcs urbains.
Les crédits additionnels affectés aux projets et aux
programmes que je viens de mentionner laissent dans l'ombre les efforts de
rationalisation qui ont été faits au cours des derniers mois.
Pourtant, à l'instar des autres ministères du gouvernement, le
ministère de l'Environnement a dû se prêter encore cette
année aux exercices de compressions budgétaires. Nous avons
dû prélever 1 464 700 $ sur les budgets des divers programmes du
ministère. Ainsi, tout en minimisant l'impact de ces compressions sur la
qualité des services fournis, nous avons fait des efforts de
rationalisation dans les activités identifées comme moins
prioritaires.
Je voudrais également vous informer que, pour poursuivre et
compléter ce travail de rationalisation, mon ministère a
entrepris au cours de l'exercice 1983-1984 la révision de son plan
d'organisation administrative supérieure. La structure administrative
actuelle date de 1979-1980 et nous avons pu constater qu'elle ne répond
plus pleinement aux besoins nouveaux que nous avons identifiés en termes
de priorités, de services à la population, de planification et
d'amélioration de la performance.
Un premier projet de réorganisation a été
présenté au début du mois de mars à l'ensemble des
cadres et des employés du ministère pour consultation et
commentaires. La proposition finale sera bientôt soumise au Conseil du
trésor pour approbation.
Avant d'amorcer l'étude proprement dite des crédits de
chacun des programmes, j'attire votre attention sur le fait que l'ensemble de
ces ressources humaines et financières sont gérées
à l'intérieur d'une structure budgétaire modifiée.
Ces changements touchent le programme d'assainissement des eaux pour lequel
nous avons créé un élément de programme
spécifique, voulant lui consacrer une importance encore accrue au cours
des prochaines années.
Également, dans une perspective de plus grande autonomie
budgétaire pour les organismes rattachés directement au
ministère de l'Environnement, nous avons choisi de créer un
programme distinct, le programme 5, Organismes-conseils, constitué du
Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, du Conseil consultatif de
l'environnement et du Conseil consultatif des réserves
écologiques.
En me référant aux nombreuses initiatives dont j'ai
parlé au cours de cet exposé et aux investissements qui leur sont
rattachés, je retire une grande fierté d'être à la
tête d'un ministère aussi dynamique. Nous prouvons ainsi à
l'ensemble des Québécois et Québécoises que la
protection et l'amélioration de la qualité de l'environnement
sont non seulement une préoccupation constante du gouvernement, mais
qu'ils constituent également des facteurs favorisant la croissance
économique. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Fallu): M. le ministre, je dois vous
remercier. On ne vous accusera pas d'avoir été trop long,
néanmoins. Ce sont des remarques plus que préliminaires. Sans
doute un tel exposé va-t-il éviter un certain nombre de
questions, mais de cela ne soyez pas assuré, puisque vous savez que
l'environnement est un sujet de préoccupation majeur dans notre
société. Vous n'avez qu'à constater ce matin - un mardi
matin - le grand nombre de parlementaires, membres de la commission, qui sont
à l'oeuvre pour connaître l'intérêt que portent les
parlementaires aux questions environnementales, notamment au moment où,
depuis le Club de Rome, de nouvelles valeurs sont apparues dans notre
société. Pour la réplique, Mme la vice-présidente
et porte-parole de l'Opposition en matière d'environnement.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Merci, M. le Président. Vous vous imaginez bien
que je prendrai tout mon temps pour répondre au ministre, non pas que je
veuille rivaliser avec lui pour le temps qu'il a pris pour sa
déclaration, mais je pense que c'est un sujet, comme vous le dites bien,
M. le Président, très important. Au fur et à mesure que je
surveille de près l'évolution du ministère de
l'Environnement, je me rends aisément compte que c'est une drôle
d'histoire que celle de ce ministère.
Aussi, l'objectif de mes remarques ce matin ne consistera pas
nécessairement à mettre l'actuel ministre de l'Environnement
au banc des accusés. Comme lui, sûrement, je suis bien
consciente qu'il a hérité d'un triste dossier, non pas par la
nature même de la question environnementale, mais davantage à
cause de l'encadrement qui, manifestement, lui a été
imposé par son Conseil des ministres. Cet héritage doit
être d'autant plus dur à supporter que le ministre de
l'Environnement en est rendu à devoir se contenter de parades et de
protocoles d'entente en main, dans tout le Québec, en faisant croire aux
gens que le gouvernement est en avance sur d'autres provinces ou d'autres pays
dans ce vaste domaine qu'est l'environnement. En fait - et je tiens à le
souligner - l'Opposition ne s'en prend pas à la personnalité
même du ministre, mais plutôt au système qui le tient
prisonnier pour faire évoluer cette grande cause qu'est la
qualité de la vie au Québec.
Dans ce contexte, j'ouvre une courte parenthèse pour dire que ses
remarques ainsi que celles de ses collègues, à savoir que les
orientations du Parti libéral du Québec récemment rendues
publiques seraient utopiques, ne m'ont guère surprise. Dans les
conditions et les trois corridors dans lesquels le ministre doit
évoluer, les éléments de politique qui feront partie du
programme libéral lui semblent irréalisables. À propos du
programme d'assainissement des eaux, je crois qu'il faut replacer les choses
dans leur juste perspective. C'est ainsi qu'au mois de février 1980,
l'ancien ministre de l'Environnement a annoncé à grand renfort de
publicité un vaste programme qui totaliserait en fin de compte 4 700 000
000 $ pour mettre fin à la contamination des cours d'eau
québécois. Or, depuis cette date mémorable, des retards
considérables quant à l'application de ce programme ont
été remarqués, principalement à cause de deux
facteurs. D'abord, il est déjà connu qu'il y a eu des querelles
de juridiction au sein des principales structures impliquées dans ce
programme. Pour s'assurer de ces affirmations, le ministre n'aura qu'à
consulter son collègue des Affaires municipales qui, il y a quelques
jours, reconnaissait les carences quant à la mise en place de ce
programme. Nous comprenons fort bien que le ministre actuel n'était pas
impliqué à ce moment-là dans ce dossier, mais le
problème reste entier puisque les réticences à ce
programme sont toujours présentes et que le gouvernement semble
incapable d'apporter une solution permanente.
J'aborde ici le volet clé en main de ce projet. Voilà que,
depuis quelques semaines, le ministre de l'Environnement se promène dans
tout le Québec et semble se complaire à mettre à jour le
nombre de protocoles d'entente signés avec les municipalités.
Pour notre part, nous estimons que, d'entrée de jeu, le programme
clé en main n'a d'autre but que de rendre attrayant un programme
laissé pour compte. Par cette dernière trouvaille, le
gouvernement a cru bon d'augmenter sa quote-part des investissements à
90% dans le cadre du programme d'assainissement des eaux, offre prenant fin le
21 mars 1986. (11 heures)
De plus, le ministre a nié la semaine dernière
l'échec de son ministère relativement à ce programme,
alors que je lui demandais de m'expliquer les raisons d'une restructuration
administrative en profondeur de son ministère, projet qui doit
être approuvé, comme il vient de le dire, par le Conseil du
trésor, en juin, et par le Conseil des ministres.
Je demande au ministre de m'expliquer quelques contradictions entre
l'optimisme dont il fait preuve et la réalité des chiffres. Selon
des renseignements recueillis par notre formation politique, voici les
principaux faits saillants du programme d'assainissement des eaux. Dans le
discours sur le budget prononcé par le ministre des Finances en mars
1983, on avait fixé comme objectif pour l'année financière
1983-1984 des investissements de l'ordre de 328 000 000 $. Or, une compilation
révèle que les dépenses en immobilisations, pour
l'année 1983-1984, atteindront quelque 160 000 000 $. Cette compilation
inclut celles effectuées par les communautés urbaines, la
Société québécoise d'assainissement des eaux, les
municipalités et celles reliées aux études.
Cette différence entre les objectifs et les investissements
réalisés fait en sorte que le gouvernement n'a même pas
atteint 50% de son objectif. De plus, cette même compilation nous indique
que les prévisions d'immobilisation atteindraient 422 600 000 $, au
cours de l'année 1984-1985. Un tel écart entre ces deux
années s'explique par le fait que les investissements non
réalisés, par rapport aux objectifs de 1983-1984 ont
été fixés comme objectifs additionnels pour l'année
1984-1985.
Dans un tel contexte, comment croire qu'à un tel rythme de
croisière, soit 160 000 000 $ d'investissements par année, le
ministère de l'Environnement puisse, en 1984-1985, grimper à 400
000 000 $ sans changement de structure et d'organisation? À cet
égard, je ne saurais mieux résumer les appréhensions du
milieu municipal qu'en citant une récente intervention du
président de l'Union des municipalités du Québec, M.
Francis Dufour, lequel énonçait quelques commentaires sur le
concept même du programme clé en main: "Que, même
subventionnés à 90%, les projets d'épuration
entraînent des dépenses énormes pour les
municipalités, qui doivent assumer la totalité des coûts
d'exploitation des usines. Ces coûts peuvent représenter la
moitié du coût global du projet sur une période de vingt
ans."
Voilà où en est la réflexion du monde
municipal, par, en fin de compte, ce sont les contribuables qui
écoperont de la facture par le biais des taxes municipales. Sur ce
point, le ministre conviendra qu'une telle solution n'est aucunement
souhaitable dans la mesure où il a à coeur leurs
intérêts.
Une autre solution, tout aussi inacceptable, consisterait à
augmenter le service de la dette des municipalités. Or, là
encore, le collègue du ministre, celui du ministère des Affaires
municipales, ne saurait envisager lui aussi de laisser grossir le service de la
dette desdites municipalités, non plus qu'à s'engager à
diminuer cette dette. À leur tour, ces dernières années,
une part importante des budgets municipaux est consacrée au service de
la dette. Il ne saurait donc être question d'augmenter cette part
à moins de couper des services aux contribuables ou de relever leur
compte de taxes.
Conséquemment, je demande, au nom de ma formation politique, au
ministre de l'Environnement de décréter un moratoire sur le
programme d'assainissement des eaux. À ce stade-ci, où
l'échec du programme semble se concrétiser de plus en plus, le
ministre devrait revoir la situation. Nous ajoutons que le ministre ne trouvera
pas, dans le mémo auquel je me référais et signé de
la main du sous-ministre, une réponse à cette
appréhension. C'est ainsi qu'après avoir
décrété un moratoire, le ministre devrait, selon nous, se
fixer les paramètres suivants pour corriger son tir: cesser de forcer
les municipalités à investir dans une telle entreprise, qui
s'avère un échec jusqu'à maintenant; tenir pour acquis que
la pollution urbaine n'est pas la seule et unique source de pollution au
Québec, sauf pour ce qui est des territoires très
urbanisés; tenir compte d'une réalité encore plus brutale,
en ce que les mesures jusqu'ici mises de l'avant concernant la pollution
agricole ne doivent pas se limiter à l'établissement de fosses
à purin. À cet égard, le ministre pourrait peut-être
nous dire le nombre d'usines régionales de purin de porc construites
sous l'administration du présent gouvernement. En effet, depuis la
création du ministère de l'Environnement, notre formation
politique n'a cessé de souligner l'importance d'une cohérence au
niveau interministériel.
C'est ainsi que, dans un secteur d'activités aussi global que
l'environnement, il est parfois inévitable que le ministre soit
confronté à des collègues qui désirent conserver
jalousement leur champ de juridiction. Aussi, le premier ministre doit attendre
de son ministre de l'Environnement qu'il fasse preuve de leadership dans son
dossier pour éviter des gaffes du genre de celle du lac Saint-Pierre. On
se souvient avec quelle fougue le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation a réussi à obtenir des
crédits pour assécher les rives du lac Saint-Pierre, alors que
n'importe quel biologiste nous dirait qu'une telle démarche aurait un
effet nuisible et dangereux pour la faune et les animaux, qui seraient ainsi
privés d'une alimentation essentielle, et qu'on risque, à moyen
et à long termes, de provoquer la disparition d'espèces animales
et végétales. D'ailleurs, le titulaire du ministère de
l'Environnement avait dû participer, avec ses collègues du Conseil
des ministres, à l'analyse des dossiers ainsi qu'aux prises de
décisions afin de ne pas tolérer des investissements aussi
contreproductifs.
Une autre action interministérielle essentielle de la part du
ministre de l'Environnement devrait être tournée vers le
ministère de l'Énergie et des Ressources. Un vrai sens du
leadership n'aurait jamais permis que dure aussi longtemps le débat sur
l'utilisation de produits chimiques et biologiques pour ce qui est des
arrosages aériens des forêts publiques. Mais le plus cynique dans
cette histoire, c'est le ministre de l'Environnement lui-même qui annonce
cette nouvelle dans le cadre du colloque écosanté portant sur
l'utilisation des produits chimiques et toxiques en forêt, en agriculture
et à la maison.
Un autre problème semble surgir dans ce programme du
ministère de l'Énergie et des Ressources. En effet, en plus de la
survie des forêts, voilà que, pour la première fois, des
chercheurs font un lien direct entre les arrosages et une maladie qui frappe
les enfants; il semble acquis, par exemple, que plus on s'approche des zones
d'arrosage, plus on retrouve en grand nombre le syndrome hémolytique
urémique, une maladie qui engendre des problèmes
hémorragiques, en plus d'observer d'autres symptomes comme des cas de
diarrhée et de complications au niveau du cerveau.
On observe enfin que plusieurs enfants risquent de demeurer avec des
séquelles tout au long de leur vie. En 1980, 1981 et 1982, on aurait
ainsi recensé 78 cas d'hémolytique urémique. Ce travail a
été fait par le département de santé communautaire
de Rimouski qui évalue que les risques d'être atteints de cette
maladie sont de l'ordre de 1,86% par 100 000 habitants. À
Rivière-du-Loup, ce risque grimpe à 13,99 pour 100 000 habitants,
c'est-à-dire sept fois plus qu'ailleurs au Québec.
Certes, le dossier des forêts ne date pas d'hier, mais le parti
québécois avait suffisamment critiqué les anciennes
administrations qui, selon lui, auraient gaspillé cette ressource pour
que la population du Québec bénéficie des solutions du
présent gouvernement. Or, force est de constater que les intervenants du
milieu attendent toujours cette solution. À cet effet, nous nous
promettons d'étudier la politique forestière devant être
rendue
publique cette année ou l'an prochain.
Dans ce dossier, nous incitons le gouvernement à agir le plus
vite possible, plus rapidement que dans celui de l'assainissement des eaux, car
tous sont à peu près d'accord sur l'objectif ultime de la
protection de cette richesse. À cet égard, j'emprunterai les
paroles de Michel Jourdan, ingénieur forestier et professeur au
département de géographie de l'Université Laval, lequel
résume bien cet objectif ultime. Je le cite: "C'est ainsi que la
forêt deviendrait source de vie sociale plutôt que
d'aliénation marchande, source de richesse culturelle plutôt que
de domination citadine et source de diversité écologique
plutôt que de gaspillage technologique."
Je crois même que, dans ce secteur d'activité, le ministre
de l'Environnement du Québec pourrait glisser un mot à son
collègue de l'Énergie et des Ressources afin que ce dernier crie
aussi fort pour empêcher la détérioration des forêts
par l'action de son ministère que dans sa façon de s'indigner
contre le gouvernement canadien en ce qui a trait au dossier de reboisement au
Québec.
Mais, avant d'en appeler à une cohérence des actions
devant être menées auprès des autres ministères, il
vaut sûrement la peine de s'arrêter un peu sur le ministère
lui-même. Un exemple précis nous fera comprendre toute
l'importance des enjeux à définir et des incohérences qui
ont présentement cours au ministère de l'Environnement, soit le
cas de l'usine Stablex, située à Blainville.
D'abord, je me dois de relever une incohérence politique. En
effet, le prédécesseur de l'actuel ministre de l'Environnement
avait bousculé passablement de monde au nom de ce projet d'implantation.
Je passe outre au problème du site choisi qui, à l'époque,
avait soulevé la colère de la population de Blainville pour
m'attarder au bien-fondé du projet.
Pour résumer le problème, pendant tant de débats
sur le choix de l'emplacement et pendant tous les débats, on avait omis
de se poser la question fondamentale quant à la viabilité du
projet lui-même. En 1984, après tant de dénonciations et de
défis lancés auprès de la population de Blainville, ainsi
qu'aux dirigeants de petites entreprises du Québec, on apprend avec
consternation que ce lieu d'entreposage de produits chimiques dangereux ne
fonctionne qu'à 10% de sa capacité de production. Bien plus, un
tel constat est attribuable, selon les dirigeants de Stablex, à
l'absence d'une réglementation précise qui oblige les industries
à disposer sécuritairement des produits toxiques inorganiques.
Sur ce point, le ministre me répondra que le ministère de
l'Environnement a adopté des règlements sur la gestion des
déchets dangereux. Ce n'est pas de cela qu'il s'agit ici, mais bien
d'une obligation adressée aux dirigeants d'entreprises de faire appel
à cette usine spécialisée dans la neutralisation de tels
produits.
Cet oubli est d'autant plus condamnable que, d'une part, un tel
règlement est recommandé depuis longtemps et que, d'autre part,
Stablex importe une faible quantité de matière toxique en
provenance des États-Unis et d'autres provinces, comme l'Ontario, qui
n'ont aucun moyen sécuritaire pour disposer de leurs polluants
toxiques.
Donc, à l'incohérence politique s'ajoute
l'incohérence réglementaire, en ce sens qu'il faudrait, selon
nous, cesser de rédiger des projets pour plutôt passer aux
actes.
Enfin, je ne saurais passer sous silence l'attitude de méfiance
entretenue par le gouvernement du Québec à l'endroit des PME
québécoises, parce que l'ancien ministre de l'Environnement
précisait, le 27 mai 1981: "Si le gouvernement a pensé de cette
manière, c'est à cause de l'incurie des industries qui, au cours
des cinq dernières années, n'ont jamais accepté de se
doter elles-mêmes d'outils d'élimination."
Voilà une belle façon de prétendre vouloir faire de
l'entreprise privée un partenaire majeur pour la relance de
l'économie au Québec. Certes la qualité de vie doit
être assurée sur tout le territoire, mais n'appartient-il pas au
gouvernement de faire preuve de responsabilité, de compétence et
de leadership en matière de gestion des déchets dangereux?
L'ancien ministre est allé beaucoup plus loin dans ses
affirmations, mais sans doute ne se doutait-il pas de l'incurie dont
lui-même faisait preuve en n'obligeant pas les industries à
disposer de leurs déchets de manière sécuritaire. C'est
ainsi qu'à propos du programme d'assainissement des eaux, il a dit: "II
ne servirait à rien d'investir 6 000 000 000 $ dans l'assainissement des
eaux si des déversements sauvages et illégaux se poursuivaient et
que la mise en place de mesures de contrôle sévères et
coercitives ne pouvaient à elles seules régler le
problème."
Conséquemment, si l'on poursuit cette dramatique
réalité, on est porté à croire qu'en 1984, 90% des
investissements réalisés par le ministère de
l'Environnement en matière d'assainissement des eaux s'avèrent
inutiles, Stablex n'ayant fonctionné qu'à 10% de sa
capacité de production.
Dans un tel contexte, le ministre actuel de l'Environnement n'a pas de
quoi pavoiser avec ces quelques protocoles d'entente signés, mais dont
les travaux sont en partie non réalisés.
Nous sommes enclins à croire qu'une autre conséquence de
cette incohérence est que le retard du Québec en matière
d'assainissement des eaux est double. (11 h 15)
Premièrement, avant l'entrée en vigueur
de ce programme, tous étaient unanimes à dire que le
Québec accusait déjà un retard considérable.
Deuxièmement, si l'on en croit les déclarations de l'ancien
ministre de l'Environnement à propos de l'obligation devant être
faite aux industries d'assumer la gestion de leurs déchets et
l'utilité d'investir de grosses sommes d'argent dans l'assainissement,
force est de constater que la chaîne s'est rompue. Voilà
crevée une partie du mythe de ce que le ministre des Finances appelait,
à l'époque, l'élément majeur de la relance
économique du Québec.
Ce bref rappel me semblait nécessaire dans la mesure où on
donne une bonne idée de l'état de la situation au sein du
ministère de l'Environnement. Nous disons au ministre que son action ne
doit pas s'inscrire en contradiction avec le développement
économique. Comme je l'ai mentionné devant le sous-comité
des pêches qui a étudié une question tout aussi
controversée que celle des pluies acides, il faut bien se rendre compte
de l'état critique de la situation, bien identifier les actions devant
être menées avec fermeté en matière d'environnement
et conserver une attitude visant à inciter les principaux responsables
de la pollution, qu'ils relèvent d'institutions publiques ou
privées, à devenir des partenaires majeurs voués à
l'amélioration de la qualité de vie au Québec.
Par ailleurs, nous sommes bien conscients de la taille et de la nature
des défis que le ministre de l'Environnement devra relever au cours des
prochains mois. Pour lui, le principal enjeu de toute son action se
précise en posant une question simple en apparence: Le ministre
aura-t-il le temps de renverser la vapeur?
Le ministre semble d'ailleurs vouloir relever ce défi, sachant
qu'il fera une véritable course contre la montre si on en juge
d'après le mémo adressé à tout le personnel du
ministère de l'Environnement, émanant du bureau du sous-ministre
et proposant une réorganisation administrative du ministère de
l'Environnement dont le ministre a fait mention tout à l'heure. Ce
mémo identifie clairement les raisons qui poussent le ministre à
repenser sa structure. Le problème vient du fait qu'une telle
réorganisation ne sera effectuée que pour fonctionner
définitivement au milieu de la décennie des années
quatre-vingt et éloigne d'autant les grands objectifs mis de l'avant en
1979. La direction imposée par le ministre en dit long puisque les
changements proposés touchent les problèmes relevés depuis
deux ou trois ans, à savoir - je cite le mémo
rédigé par le sous-ministre -: "Le ministre de l'Environnement
nous a demandé de nous pencher sur notre structure administrative afin
de voir comment il serait possible d'offrir de nouveaux services en
région, d'améliorer la performance du programme d'assainissement
des eaux et d'accroître l'importance des préoccupations de
planification au sein du ministère."
Cette réorganisation nous éclaire suffisamment pour saisir
l'enjeu auquel je faisais allusion précédemment. C'est ainsi que
le mémo est sans équivoque quant au manque de vision d'ensemble
depuis la création du ministère, et je cite de nouveau:
"L'expérience que nous avons vécue nous amène à
prendre conscience en 1984 du fait que le ministère agit encore trop
souvent en pompier." Plus loin, on ajoute une appréhension maintes fois
exprimée par notre formation politique, et je cite: "En outre, notre
structure nous a permis de constater qu'il est souhaitable de diminuer les
paliers décisionnels entre les fonctionnaires de la base et les
autorités du ministère." Soit dit en passant, le projet que j'ai
récemment rendu public visait, entre autres choses, à
alléger considérablement les paliers décisionnels
aujourd'hui constatés au sein du ministère. Voilà ce qui
m'a étonnée des réactions du ministre et de quelques-uns
de ses collègues lorsqu'ils affirment que son application est
utopique.
Qu'on me permette d'ajouter un dernier commentaire sur la méthode
de travail qui semble prévaloir pour cette opération visant
à réorganiser le ministère. L'échéancier de
travail, identifié en mai 1983 est le début de cette course
contre la montre. Par la suite, il se déroule une série de
réunions de travail pour mettre sur papier un tel projet,
opération qui se terminera en juin 1984. Or, les consultations avec le
personnel du ministère sur la proposition retenue par ce qu'on appelle
le comité de gestion s'échelonnent entre mars et avril 1984. Sur
ce point, je me permettrai simplement de dire qu'avant d'entreprendre des
actions sur des sujets aussi importants que l'assainissement des eaux, les
précipitations acides, la gestion des déchets dangereux, la
récupération et le recyclage, il eût mieux valu voir si les
ressources humaines et matérielles étaient suffisantes avant de
lancer ces troupes dans des missions aussi disparates. Je suis sûre que
vous avez remarqué que trois des objectifs précités, qui
reviennent en tête de liste dans le mémo, concernent justement des
sujets auxquels sont rattachés plusieurs problèmes structurels et
organisationnels depuis la création du ministère. En somme, ce
type de mémo et de projet constitue un aveu sans équivoque de
l'état de la situation. Le ministre n'a pas le choix, il doit donner un
coup de barre. Nous lui conseillons toutefois d'user de prudence car la mise
est suffisamment grande pour l'inciter à bien évaluer chaque
geste qu'il posera dans les prochains mois.
Pour notre part, nous sommes prêts à commencer
l'étude de chacun des programmes en gardant à l'esprit que
l'objectif global du ministère de l'Environnement dépasse
de loin le simple succès du programme d'assainissement des eaux et de
l'établissement de tel ou tel règlement. Nos interrogations
viseront à savoir ce qu'entend faire le gouvernement pour
améliorer la qualité de vie des Québécois.
Le Président (M. Fallu): M. le ministre en
réplique.
M. Adrien Ouellette (réplique)
M. Ouellette: Oui, M. le Président. Je me sens tout
à fait obligé de reprendre certaines affirmations qui viennent
d'être faites par Mme la députée de Chomedey. Je pense
qu'il est important de replacer dans leur véritable contexte certaines
des affirmations qu'elle vient de faire. D'ailleurs, dans certains cas, elles
me paraissent purement et simplement contradictoires. Permettez-moi d'abord
d'aborder le programme d'assainissement des eaux. Mme la députée
mentionne que ce programme a connu un échec dès son
départ. Je pense que ce n'est pas tout à fait cela. Le programme
a connu des lenteurs, au départ et la mission que j'avais, en septembre
1982, était justement d'identifier les causes de ces lenteurs, de
modifier la structure du programme et des organismes qui en avaient la gestion
pour m'assurer que ces lenteurs disparaîtraient au cours de
l'année suivante.
À cet effet, je pense que cela a été connu et est
de notoriété publique, je l'ai répété
à plusieurs reprises, nous avons réexaminé de fond en
comble ce programme. Nous avons constaté des divergences d'opinions
entre la Société québécoise d'assainissement des
eaux et le ministère à l'époque. Nous avons aplani les
difficultés. Nous avons modifié le cadre de gestion. Nous avons
simplifié l'application du programme. Aujourd'hui, c'est vrai que je
peux me promener avec fierté sur tout le territoire
québécois pour, entre autres choses, signer des conventions avec
les municipalités et dire que le programme d'assainissement des eaux a
perdu ses lenteurs anciennes. Mme la députée nous recommande de
mettre en veilleuse le programme d'assainissement des eaux, de faire un
moratoire. Je vous avoue avoir de la difficulté à en croire mes
oreilles puisque, après un an d'efforts de la part du ministère
et de la Société québécoise d'assainissement des
eaux, après avoir éveillé l'intérêt des
municipalités, dont l'absence était justement une des lacunes
dans l'application de ce programme, et au moment même où les
municipalités nous courent après pour signer des conventions et
réaliser des travaux, je ne vois pas comment nous pourrions en venir
à mettre un moratoire sur ce programme.
On n'a qu'à regarder les ententes qui ont été
signées depuis décembre dernier, et on va s'apercevoir
très rapidement que le rythme auquel mon prédécesseur
souhaitait porter ce programme va être atteint au cours de l'année
qui vient et va même être dépassé. L'objectif que M.
Léger a mentionné était 4 700 000 000 $. Jusqu'à
maintenant, nous avons dépassé 50% de cet objectif et nous avons
jusqu'à 1988 pour l'atteindre. À titre d'exemple, vendredi
dernier, on a signé des ententes totalisant 231 000 000 $ avec sept
municipalités de la rive sud. Prochainement, nous signerons avec la
Communauté urbaine de Montréal un protocole d'entente de 640 000
000 $. À ce rythme, l'objectif mis de l'avant par M. Léger sera
atteint, nous en sommes maintenant convaincus. Bien sûr, il a fallu
modifier des choses et, entre autres, il a fallu répondre à deux
objections qui nous venaient du milieu municipal, à savoir le coût
de la facture qui lui était laissé, c'est-à-dire 20%,
prévu au programme de 1978 et les coûts d'exploitation.
Au premier chapitre, nous avons porté à 90% hors
communauté nos subventions. Cela a eu pour effet de réduire de
moitié la facture des municipalités. C'est sûrement quelque
chose qui leur a plu; on n'a qu'à regarder leur réaction à
cette annonce et la précipitation qu'elles ont mise à signer des
protocoles d'entente pour voir que cela les a satisfaites. À la
deuxième critique, qui portait sur les coûts d'exploitation
laissés entièrement aux municipalités, nous avons
proposé, avec la collaboration d'Hydro-Québec, une
réduction de coûts d'électricité de 25% pour
l'ensemble des usines de traitement des eaux usées. C'était un
premier pas fait par Hydro-Québec. Un deuxième pas a
été fait, qui a consisté à ramener ses tarifs
hydroélectriques jusqu'en 1991 au niveau comparable à ce qui est
offert aux grands investisseurs, je pense à Pechiney et Reynolds.
L'effet de cette décision porte à 37,5% les tarifs
hydroélectriques plutôt que l'ancien tarif de 100%, croissant
jusqu'à 75%, en 1991. Coupure globale ou réduction des tarifs:
55%, ce qui laisse un résidu de 45% des coûts de facturation
électrique pour les municipalités. Cette deuxième action
très significative a, bien sûr, amplifié l'engouement des
municipalités qui les porte à vouloir signer le plus rapidement
possible des protocoles d'entente avec le ministère de l'Environnement.
Nous avons apporté toute une série d'autres modifications aux
cadres de gestion, de telle sorte que les effets commencent à se faire
sentir.
Mme la députée de Chomedey, tout à l'heure, a fait
référence à des montants d'argent. Elle nous a dit que
l'objectif pour l'année 1983-1984, était de 328 000 000 $ en
investissements. Cela veut dire des dollars
dépensés concrètement sur le terrain. Elle nous a
rappelé que nous n'atteindrons qu'environ 160 000 000 $; il y a du vrai
là-dedans. L'objectif de 328 000 000 $ ne sera pas atteint, c'est clair.
Il y a des raisons à cela et elles sont nombreuses. La première
raison est heureuse, c'est que la moyenne des coûts connus, au moment de
l'ouverture des soumissions, s'est révélée 16 2/3% plus
bas que prévu. C'est sans doute dû à la conjoncture
économique qui a fait que les entrepreneurs ont
préféré exiger moins d'argent pour réaliser les
travaux afin de s'assurer d'obtenir les contrats. Une économie de 16
2/3% justifie donc une partie de la non-atteinte de l'objectif de 328 000 000
$.
D'autres motifs peuvent également justifier ces 160 000 000 $ qui
seront atteints réellement. D'abord, on se rappelle que les
municipalités n'étaient pas tellement intéressées
à augmenter leur endettement ou à augmenter leurs
dépenses, compte tenu de la conjoncture économique qui
prévalait. Évidemment, la prime d'accélération et
la réduction des coûts d'électricité ont
changé passablement de choses. Un troisième motif -très
valable aussi - est que, lorsqu'on signe une convention avec une
municipalité, il ne faut pas prétendre que les travaux
commenceront le lendemain matin. Au contraire, les dépenses en
début de processus qui vont s'étaler sur deux, trois ou
même quatre ans, dans certains cas, sont minimes et ne portent que sur
des études qui s'étalent tout au long de la première
année. Il est évident que si, en septembre 1982, j'avais
disposé d'une banque de protocoles signés, d'une banque
d'études réalisées, l'efficacité à laquelle
je me réfère aurait pu être ressentie dès la
première d'année d'activité. Ce n'était pas le cas.
Nous avons donc prévu, pour nous assurer qu'en deuxième
année de processus nos objectifs soient atteints, soit la constitution
d'une telle banque. C'est ainsi qu'on a confié à l'entreprise
privée un certain nombre de contrats qui nous ont permis de constituer
cette banque et de nous assurer que, dès la deuxième
année, les travaux concrets sur le terrain se réaliseraient et
que l'argent serait effectivement dépensé. C'est pour cela
qu'aujourd'hui c'est avec beaucoup de confiance, pour ne pas parler de
confiance totale, que je suis assuré, à toutes fins utiles, que
l'objectif de 367 000 000 $ réellement dépensés sera
atteint dès l'année qui commence. Nous porterons à 450 000
000 $ les dépenses concrètes au cours des deux années
subséquentes. Et, puisque nous avons atteint nos objectifs, qui
paraissaient une certaine forme de rêverie aux jeux certains, je ne vois
surtout pas pourquoi on nous demande d'appliquer le moratoire. (11 h 30)
Mme la députée de Chomedey a aussi fait allusion aux
retards. Elle a même dit que le ministre se promenait sur le territoire
du Québec pour essayer de faire croire - ce n'est pas mon genre,
remarquez bien, mais, en tout cas, elle l'a dit - que le Québec avait
pris des longueurs d'avance sur l'ensemble du Canada. En ce qui concerne le
programme d'assainissement des eaux, bien au contraire, j'ai
répété partout que le Québec avait 20 ans de retard
sur la plupart des provinces canadiennes et surtout sur l'Ontario. Selon les
chiffres auxquels on se réfère, en Ontario, on traite entre 90%
et 95% des eaux usées municipales. En septembre 1982, au Québec,
la situation était bien triste, c'était à peine 5%. Donc,
je n'ai jamais prétendu que le Québec marquait des longueurs
d'avance, sur l'Ontario notamment, bien au contraire. Ce que j'ai dit
cependant, c'est que nous allions prendre les mesures nécessaires pour
faire en sorte que, d'ici 1988, nous ayons atteint ce niveau ontarien, de telle
sorte qu'on traite au Québec entre 90% et 95% des eaux usées
municipales. Je peux vous dire qu'à ce jour, en tenant compte des
protocoles signés en date de vendredi dernier, nous serons en mesure
avant 1988 de traiter non pas 5%, mais au-delà de 75% des eaux
usées municipales. Ce qui veut dire qu'en l'espace de trois ou quatre
ans, nous aurons rattrapé le retard et atteint un niveau comparable
à celui du Canada et en particulier à celui de l'Ontario.
Ce que j'ai dit, par contre, dans mes tournées provinciales,
c'est qu'à certains chapitres nous avions plusieurs longueurs d'avance
sur le reste du Canada, mais pas nécessairement dans le programme
d'assainissement des eaux. C'est une chose qui viendra cependant
rapidement.
J'ai parlé de l'avance du Québec, par exemple, dans le
secteur des pluies acides. À ma connaissance, aucune province
canadienne, depuis quatre ans, n'est parvenue à réduire de 20%
ses propres émissions. Si l'Ontario l'avait fait, par exemple, le
Québec s'en porterait beaucoup mieux. Au Québec, nous avons
atteint ce niveau - je le disais tout à l'heure dans mon
préambule - par différentes façons d'agir. Il y a eu tout
le programme biénergie, qui a éliminé une partie de la
consommation de certaines huiles polluantes contenant notamment du soufre. Il y
a eu tout le programme de modernisation de l'entreprise papetière. En
fait, il y a eu une foule d'actions qui ont permis de réduire de
façon permanente de 200 000 tonnes métriques par année les
émissions de SO2 au Québec.
Il nous reste cependant à souhaiter que les États-Unis et
l'Ontario et le Manitoba en fassent autant. À ce chapitre, nous sommes
vraiment en avance sur les autres États nord-américains.
Mme la députée a également fait allusion à
des crédits qui auraient été obtenus par mon
collègue de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation pour
s'attaquer négativement aux rives du lac Saint-Pierre. Je vous avoue
n'avoir jamais vu de tels crédits être affectés à
cette fin précise. Je la réfère plutôt - c'est sans
doute à cela qu'elle a fait allusion - au programme Sol-Plus, qui
pourrait être utilisé à cette fin. Je lui rappellerai que
les terres dont il est question en bordure du lac Saint-Pierre sont des terres
agricoles privées, que les agriculteurs voudraient utiliser à des
fins plus rentables en y installant, entre autres choses, des aboiteaux.
Je lui rappellerai également que mon ministère et celui du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche ont fait front commun pour s'assurer
que de tels gestes ne seraient pas posés par les agriculteurs. Ce
dossier est en cours actuellement et nous veillons au grain, c'est le cas de le
dire, parce que nous nous opposons farouchement à ce que ces terres
humides soient touchées pour des fins agricoles ou autres.
Elle a aussi fait allusion aux 10% de Stablex et nous a reproché
jusqu'à un certain point de l'incohérence de la part du
ministère. C'est vrai que l'usine de Stablex n'est utilisée
qu'à 10%, mais il faudrait peut-être tenir compte d'un certain
nombre de facteurs. La pollution au Québec n'a pas été
inventée le 15 novembre 1976. C'est un phénomène qui nous
afflige depuis le début de l'ère industrielle, en particulier, et
c'est un secteur qui n'a jamais été touché par les
gouvernements précédents ou très peu. Il faut tenir compte
du fait qu'il y a des industries qui ont pris de l'expansion et qu'il y a des
industriels qui ont acquis des habitudes. Parmi ces habitudes, on est
allé jusqu'à faire des déversements sauvages purs et
simples dans les cours d'eau et cela a d'ailleurs déjà fait
l'objet, dans le passé, de lois par lesquelles les gouvernements
obligeaient les citoyens du Québec à déverser directement
dans les rivières leurs ordures ménagères et leurs
déchets industriels. Donc, on revient de très loin.
Ces habitudes, il faut les changer, mais, avant de les changer, il
fallait trouver une alternative à l'habitude acquise dans le
passé. L'une des solutions, c'était justement la mise en place
d'une usine pouvant traiter les déchets inorganiques comme c'est le cas
chez Stablex. Nous nous sommes engagés à ce moment-là
à mettre en place la réglementation nécessaire pour nous
assurer dans un premier temps que cessent les déversements dans les
cours d'eau. Mais, à cette époque, la réglementation
n'allait quand même pas jusqu'à faire ce que nous recommandent
aujourd'hui, entre autres, Mme la députée et le Parti
libéral, c'est-à-dire d'obliger les producteurs de déchets
toxiques organiques à aller nécessairement à l'usine de
Stablex. C'est une méthode qui me rappelle un peu celle qu'on retrouve,
dit-on, en Union soviétique. Je n'ai pas l'intention d'aller
jusque-là.
Dans un premier temps, il nous a fallu nous assurer que ces
déversements sauvages cesseraient et, à ce jour, nous n'avons
absolument pas lieu de croire que de tels déversements se produisent. Il
s'en est produit, bien sûr, de façon accidentelle et ils ont tous
été rendus publics. Rappelons-nous l'accident qui s'est produit
en Gaspésie, le déversement d'acide sulfurique dans une
rivière à saumon et qui en menaçait l'existence. Le
ministère de l'Environnement est intervenu rapidement en collaboration
avec l'industrie en question et les dégâts ont été
minimisés. Aujourd'hui, la rivière à saumon a
retrouvé sa vie normale. Cela s'est produit accidentellement dans
certains cas; ailleurs et, chaque fois, nous sommes intervenus pour minimiser
les dégâts, mais, dans chacun de ces cas, il s'agissait
d'accidents purement et simplement.
J'ai dit que nous allions mettre en place un règlement qui allait
être déposé très prochainement au Conseil des
ministres pour nous assurer que les normes seraient resserrées pour
avoir la certitude que les pollutions causées par l'élimination
de ces produits toxiques ne viennent pas aggraver la situation. Je n'entrerai
pas dans le contenu, parce que je pense que le Conseil des ministres doit
être informé préalablement, mais le Parti libéral se
rendra compte du sérieux de l'activité que nous menons
parallèlement avec l'évaluation de la situation en ce qui
concerne les lieux d'enfouissement qui ont été utilisés au
cours des dernières années et qui risquent d'être dangereux
dans certains cas. Je me suis d'ailleurs engagé lors de l'étude
des crédits, l'an dernier, à rendre publics les lieux dits
supposément dangereux. Le travail est commencé dans trois
régions. Elles connaissent avec précision l'état de ces
lieux et les risques qu'ils peuvent comporter pour l'eau ou pour la
santé des individus.
Un peu plus loin, Mme la députée, qui vient de nous
recommander, à toutes fins utiles, d'agir de façon très
ferme et de forcer les industriels à aller nécessairement chez
Stablex, nous reproche d'être un peu trop durs envers la PME en lui
imposant des exigences trop sévères. Là, il faudrait
peut-être qu'on m'explique cette dichotomie au niveau du raisonnement.
Pourquoi faudrait-il être d'une sévérité quasi
"soviétique" envers certaines industries et montrer un peu plus de
laxisme envers certaines autres industries? Notre activité doit porter
sur l'ensemble des causes de la pollution et elle doit se faire sur une base
d'équité. Nos actions sont conduites selon le contenu de nos
règlements et nous agissons de façon équitable en
permettant aux pollueurs d'ajuster leur comportement de façon
à protéger notre environnement.
Madame a également fait allusion à la réorientation
du ministère et elle s'étonne -elle y voit comme un aveu
d'échec - de cette volonté que j'ai exprimée auprès
de l'administration de mon ministère de voir à ce qu'une
réorientation soit faite. Je la référerai à ses
propres propos que l'on retrouve dans le journal des Débats, propos
qu'elle a tenus lors de l'étude des crédits, l'an dernier. Elle a
dit ceci: "M. le Président, ces quelques exemples démontrent
à quel point il est urgent que le ministère de l'Environnement,
après quatre ans d'existence, repense à son fonctionnement,
repense aussi à sa gestion. Il doit développer des
priorités et ne pas y déroger par la suite." Je pourrais dire que
je me suis inspiré de ces lignes pour procéder à cette
réorientation du ministère. Il n'en est rien. J'ai trouvé
cela tout seul de mon côté, moi aussi.
Il est clair qu'un ministère, après un certain nombre
d'années de fonctionnement, doit rajuster son fonctionnement, compte
tenu de l'évolution de la situation. Dans un premier temps, le
ministère de l'Environnement a dû entreprendre une lutte farouche
contre certains types d'actions qui étaient menées par la
population en général. En d'autres mots, au cours des
premières années d'existence, le ministère de
l'Environnement a dû effectuer nombre de rattrapages, puisque rien ou
à peu près rien n'avait été fait, au cours de la
décennie précédente. C'est donc dire qu'il s'est
attaqué à cette situation, qu'il a réglé un nombre
considérable de problèmes et qu'il a réussi à
changer plusieurs comportements. Après quatre ans, il était
normal qu'il réévalue la situation et qu'il rajuste son
comportement selon les nouvelles données environnementales au
Québec. C'est exactement dans cet esprit, qui avait d'ailleurs
été mentionné par Mme la députée de Chomedey
l'an dernier, que cette réorientation a été entreprise
afin de faire en sorte que le ministère de l'Environnement, comme
l'indiquait le sous-ministre dans son mémo, cesse de jouer au pompier et
se préoccupe davantage de prévention.
Il faut donc, pour atteindre cet objectif, réaffecter nos troupes
qui ont acquis beaucoup d'expérience et d'expertise au cours des quatre
dernières années et reconstruire le ministère de
façon à nous orienter dans cette direction absolument essentielle
si nous voulons démontrer le sérieux de nos préoccupations
environnementales.
C'est là un certain nombre de remarques que j'ai faites et que je
fais, en somme, en réaction aux propos de Mme la députée.
Je voudrais terminer en parlant du domaine de la forêt.
Là aussi, j'ai vu un certain nombre de contradictions dans ses
propos. Elle reproche en somme au ministère de l'Énergie et des
Ressources d'utiliser entre autres choses des produits chimiques pour fins de
pulvérisation, notamment contre la tordeuse des bourgeons de
l'épinette. J'ai cru comprendre qu'elle nous reprochait également
ou qu'elle reprochait au ministère en question l'utilisation de produits
biologiques. Je ne sais pas si j'ai mal compris, mais je pense que nous devons
tous être conscients qu'il y a au Québec une
épidémie de tordeuse des bourgeons de l'épinette qui
affecte grandement nos forêts.
Il faut se rappeler que nos forêts constituent une source d'apport
économique des plus importantes au Québec. Des milliers et des
milliers d'emplois en dépendent. Les scieries, le domaine des
papeteries, la forêt privée, le bois de sciage, etc.,
dépendent de la qualité de notre forêt. On sait que notre
forêt n'est pas invulnérable, même si elle est immense. Des
allocations trop généreuses ont été faites.
Différentes épidémies l'ont menacée, etc. Il est
donc nécessaire que le gestionnaire de la forêt publique,
notamment, s'en préoccupe au plus haut point. Sous le gouvernement
Bourassa, ce ministère a entrepris des programmes de
pulvérisation à l'aide de produits chimiques. Doit-on le lui
reprocher ou ne le doit-on pas? Je n'en sais rien. Chose certaine, ce
ministère a réagi à une situation qui lui a
été donnée et il a pris les moyens qui lui paraissaient
les plus appropriés.
Depuis que le ministère de l'Environnement existe,
c'est-à-dire depuis 1978, il n'a cessé de faire en sorte que le
ministère de l'Énergie et des Ressources change sa méthode
pour en venir à utiliser des produits moins dangereux. Il a lutté
farouchement pour le remplacement des produits chimiques par les produits dits
biologiques, le bacillus thuringiensis notamment. Cette année, par
exemple, en plus de réduire de façon considérable les
superficies pulvérisées, nous les ramenons de 1 200 000 hectares
à 800 000 hectares. Nous porterons à 37,5% l'utilisation de
produits biologiques moins dangereux que les produits chimiques, ce qui
constitue un record mondial. Qu'on ne prétende pas que le
ministère de l'Environnement ne s'est pas préoccupé de
cette situation. (11 h 45)
Pour la première fois, le promoteur a été tenu de
déposer une étude d'impact et de comparaître devant le
Bureau des audiences publiques pour expliquer son projet, permettant aux gens
qui s'y opposaient de faire valoir leur opinion. Qu'en sera-t-il pour l'avenir?
Le ministère de l'Environnement ne cessera pas son combat farouche pour
en venir à minimiser les risques d'utilisation des
produits chimiques pour fins de pulvérisation contre la
tordeuse.
Un autre secteur fort important est marqué d'une grande victoire
soit la décision rendue publique, dans cette même salle, par le
premier ministre, au mois de novembre dernier, à l'effet que
désormais, les phytocides défoliants chimiques dangereux ne
seraient plus utilisés par le ministère de l'Énergie et
des Ressources pour fins de reboisement ou de gestion de son reboisement, ni de
façon aérienne ni de façon terrestre.
J'aimerais aussi rappeler qu'Hydro-Québec, qui utilise ces
phytocides, a retiré après audiences publiques sa demande
d'autorisation pour fins d'utilisation aérienne. Il reste donc deux pas
importants à franchir: en venir à ce qu'Hydro-Québec
n'utilise plus ces produits de façon terrestre et que le
ministère des Transports abandonne également un certain usage
qu'il fait de ces produits chimiques dangereux. Lorsque nous aurons atteint ces
deux paliers, on pourra parler de victoire totale au niveau des
défoliants.
Si on se réfère au rapport du Bureau des audiences
publiques, qui a suivi les audiences sur la pulvérisation, on se
rappelle que le BAPE attribue à la gestion globale de la forêt la
situation plus ou moins intéressante qu'on connaît actuellement et
il recommande que plusieurs actions soient menées, et notamment qu'on
procède à du reboisement. Je terminerai là-dessus, M. le
Président.
Toujours dans cette même salle, le premier ministre a
annoncé au mois de novembre que le Québec allait porter à
300 000 000 le nombre de plants qui seront mis en terre dans nos forêts
d'ici deux ans. C'est là aussi une victoire fort intéressante
pour le ministère de l'Environnement puisque nous sommes conscients que,
dans la mesure où le ministère gestionnaire de la forêt
accélérera son reboisement, il réduira d'autant les
risques de rupture de stock, minimisant donc l'importance de la lutte contre la
tordeuse des bourgeons de l'épinette et donc de l'utilisation de
produits chimiques ou biologiques en termes de pulvérisation.
Je pense que nous avons eu une année des plus fructueuses. Nous
n'avons pas réglé tous les problèmes, nous en convenons,
mais nous nous attaquons, avec un ministère remanié, à des
points très précis et qui sont clairement identifiés pour
atteindre nos objectifs fondamentaux. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Fallu): Mme la députée de
Chomedey et ensuite M. le député de Vimont.
Autres énoncés Mme Lise Bacon
Mme Bacon: M. le Président, j'aimerais avoir quelques
minutes, pour répondre, non pas aussi longuement que le ministre vient
de faire, à ce qu'il vient de dire, mais je voudrais quand même
spécifier que le moratoire que je suggérais concernait le volet
de la clé en main, au niveau du dossier de l'assainissement des
eaux.
Lui-même a parlé de la précipitation avec laquelle
les autorités municipales se sont dirigées vers son
ministère pour bénéficier de ce programme. Je reste encore
sceptique quant à la facture qu'elles auront à assumer. En
même temps, je pense et je maintiens que le ministre ou son entourage ont
mal saisi ce que je disais - que le moratoire ne servirait que pour le volet de
clé en main et non pour tout le programme de l'assainissement des
eaux.
Je ne reviendrai pas sur tout ce que le ministre vient de dire, libre
à lui de critiquer ce que j'ai mentionné à l'égard
de son ministère, on n'est pas ici pour s'envoyer des fleurs. J'aimerais
quand même parler de Stablex; je pense que la seule application de la
réglementation actuelle aurait permis à plusieurs industries
d'utiliser les services de l'usine Stablex. Sans entrer dans tous les
détails et le nombre de projets que lui-même dit avoir
préparés depuis quelques années pour assurer la
rentabilité de Stablex, l'application de la réglementation
actuelle aurait quand même permis, je crois, aux industries d'aller
porter leurs déchets industriels chez Stablex.
Je ne relèverai pas les commentaires "soviétiques" du
ministre, je ne commencerai pas cette guerre; on n'est pas ici pour cela,
d'ailleurs, on est ici pour étudier les crédits du
ministère. Je trouve tout à fait inconvenant de sa part de
l'avoir fait. Quand on dit que les ministres et le gouvernement actuel portent
souvent des jugements sévères face aux industries, ils devraient
aussi agir aussi sévèrement quand vient le temps de faire
appliquer des règlements qui existent ou en faire de nouveaux pour
améliorer les situations.
Je pense que, si on veut porter des jugements sévères sur
des PME ou sur des industries, il faudrait que les actions suivent les paroles.
C'est un peu le sens de ce que j'ai voulu dire dans mon texte.
M. le Président, je ne reviendrai pas sur le reste. Je pense que
l'étude des crédits est justement l'endroit
privilégié pour discuter de tous ces sujets. J'ai l'intention de
le faire programme par programme. Je reviendrai donc au cours de l'étude
des crédits sur différents aspects de ce que le ministre vient de
nous dire. J'aimerais bien qu'on me donne autant de temps qu'on donne
au ministre, M. le Président.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Vimont.
M. Jean-Guy Rodrigue
M. Rodrigue: M. le Président, la précision que
vient d'apporter la députée de Chomedey me rassure un peu, parce
que j'étais un petit peu estomaqué de l'entendre demander au
ministre de décréter un moratoire sur le programme
d'assainissement des eaux. Elle vient de nous préciser que
c'était sur un volet particulier de ce programme-là,
c'est-à-dire le volet clé en main. D'autant plus qu'à
Laval, cette année, grâce au plan de relance du gouvernement du
Québec et à l'accroissement des sommes versées par le
ministère de l'Environnement pour supporter le coût de ce
programme d'assainissement des eaux, nous avons connu une
accélération très rapide du programme d'assainissement des
eaux dans notre municipalité qui, comme vous le savez, est la
deuxième en importance au Québec quant à sa
population.
Laval est une île, bornée au nord par la rivière des
Mille-Îles et au sud par la rivière des Prairies. Elle a connu
dans le passé une vocation touristique importante à cause de la
présence de ses plans d'eau et d'un certain nombre de plages qui
jalonnaient ses rives, plages qui ont dû être fermées
à cause de l'état déplorable de la qualité de l'eau
sur lesdits cours d'eau. Les efforts que le ministère de l'Environnement
a entrepris, en collaboration avec notre municipalité, pour assainir ces
eaux et redonner aux Lavallois l'usage de ces cours d'eau, ont connu une
accélération importante au cours de cette année. Je
craignais un peu, lors du premier énoncé de la
députée, que finalement on remettre tout cela en cause.
En fait, à Laval, on avait prévu faire 17 000 000 $ de
travaux cette année dans le cadre d'une entente qui a été
renouvelée et élargie l'an passé, une entente de 185 000
000 $ s'échelonnant de 1983 jusqu'à 1991.
Avec le plan d'accélération, les travaux sont
portés cette année, c'est-à-dire jusqu'à la fin de
l'exercice budgétaire du gouvernement du Québec au 31 mars 1985,
à 95 000 000 $, ce qui va permettre aussi de gagner beaucoup de temps
sur l'échéancier de réalisation complète du
programme puisque, au lieu de les terminer en 1991 comme il avait
été initialement prévu, nous envisageons maintenant la
possibilité de terminer ces travaux pour 1988, donc de redonner aux
citoyens de Laval et à ceux de la rive nord de la rivière des
Mille-Îles, mais également à tous ceux de
l'agglomération montréalaise qui avaient l'habitude de venir
séjourner à Laval le long des cours d'eau, de leur redonner,
dis-je, un accès à l'utilisation de ces cours d'eau pour des fins
récréatives: baignade, etc.
En fait, M. le Président, il est peut-être juste de la part
de la députée de Chomedey de constater qu'il y a eu quelques
retards et quelques ratés à certaines occasions dans le
programme. Cependant, il faut bien comprendre d'où l'on est parti quand
on veut analyser tout cela. L'héritage que nous avons reçu en
1976 était nul. Nous avions des dossiers qui, à toutes fins
utiles, étaient vides. C'est le gouvernement du Parti
québécois qui, en 1977, s'est attaqué de front à ce
problème et a mis sur pied le ministère de l'Environnement,
lequel a eu pour mission d'élaborer rapidement des programmes
d'assainissement des eaux entre autres.
Ce ministère a été bâti de toutes
pièces à l'époque. Quand on travaille dans du neuf comme
cela, il faut procéder par expérimentation et, de temps en temps,
il faut corriger le tir; c'est ce que le ministère a fait. Je pense que,
de ce côté-là, s'il y a des reproches à adresser, ce
n'est pas à ceux qui se sont attaqués à un problème
qui était crucial au Québec et ont tenté d'y apporter les
solutions, même en faisant quelques erreurs de parcours. S'il y a des
reproches à adresser, c'est bien plus à ceux qui nous avaient
précédés, quels que soient les gouvernements qui nous ont
précédés, et qui avaient laissé pourrir la
situation. Si on veut parler d'incohérence, il m'apparaît que
l'incohérence majeure, c'est là qu'elle se retrouve. Tout en
étant conscients des problèmes, les gouvernements
précédents, en particulier le gouvernement de M. Bourassa, dont
faisait partie Mme la députée de Chomedey à
l'époque, malgré la conscience qu'il avait de ces
problèmes, n'a pas pris les moyens pour en arriver à les
résoudre. Lorsque le gouvernement du Parti québécois est
arrivé en 1976, il a dû s'attaquer à ce problème et
bâtir un ministère de toutes pièces pour apporter des
solutions au problème de l'assainissement des eaux qu'on connaissait
depuis un bon bout de temps.
Dans ce contexte, M. le Président, je pense que les remarques qui
nous sont faites ici, en commission parlementaire, et qui visent à
bonifier et à améliorer le programme d'assainissement, nous
devons les accueillir avec beaucoup d'ouverture d'esprit. Cependant, il faut
savoir que ceux qui prêchent aujourd'hui, lorsqu'ils ont eu l'occasion
d'agir, ne l'ont pas fait, ce qui, quant à moi, place leurs remarques
dans une perspective tout à fait particulière.
M. le Président, j'aimerais demander au ministre de m'indiquer
quelles sont les mesures qui ont été prises et quel est
l'état de la question quant à un des aspects importants qui
avaient été soulignés par son prédécesseur
à l'occasion de l'annonce du
programme d'assainissement des eaux, c'est-à-dire son intention
très nette et très avouée de travailler et de contribuer
à l'émergence et au développement d'une industrie
québécoise de l'assainissement. Non seulement le gouvernement du
Québec, lorsque ces programmes ont été annoncés, se
préoccupait-il de la qualité de nos cours d'eau, mais il s'est
également préoccupé de s'assurer que les travaux qui se
feraient dans le domaine de l'assainissement des eaux qui, au cours des
prochaines années, vont se chiffrer à plusieurs milliards de
dollars, profiteraient à l'industrie québécoise. Il s'est
assuré du même coup que ces travaux permettraient de créer
des emplois au Québec dans le domaine de la fabrication des
équipements qui sont requis pour l'assainissement des eaux, dans le
domaine de l'installation des usines d'épuration dans plusieurs
municipalités, et également pour ce qui est de l'implantation
même de ces équipements, c'est-à-dire les usines
d'épuration de même que les canalisations nécessaires
à la collecte des égouts pour les amener à ces usines.
J'aimerais savoir si, effectivement, c'est toujours votre intention de
poursuivre l'effort entrepris dans cette direction et quels sont les
résultats qu'on peut déceler quant au développement d'une
industrie québécoise de l'assainissement des eaux.
Mme Bacon: M. le Président, avant la réponse du
ministre, est-ce que je dois comprendre que nous sommes rendus au programme 2
ou si nous commençons par le programme 1?
M. Rodrigue: Ce sont des remarques de nature
générale, M. le Président. De la même façon
que le ministre a fait un survol d'ensemble des programmes de son
ministère, de même que Mme la députée de Chomedey,
ma remarque porte sur un élément important du programme
d'assainissement des eaux, mais c'est dans le cadre des remarques
générales que je veux faire à ce stade-ci de nos
délibérations quitte à revenir d'une façon plus
spécifique par la suite quant aux crédits eux-mêmes,
lorsque nous serons rendus à l'étude des programmes et des
différents volets des programmes.
Le Président (M. Fallu): Voulez-vous répondre
rapidement, M. le ministre? Tout de suite ou plus tard?
M. Ouellette: Oui, je remarque la préoccupation du
député quant à l'achat de biens québécois
dans le cadre de la réalisation du programme d'assainissement des eaux.
Nous sommes conscients que près de 6 000 000 000 $ seront
dépensés dans les volets municipaux, les volets industriels et
agricoles, et nous tenons à ce que les retombées positives au
niveau économique se fassent au profit des entreprises
québécoises. Nous appliquons la politique d'achat au
Québec et nous sommes déjà assurés que 94% des
retombées sont québécoises. Nous avons, pour atteindre cet
objectif, sensibilisé les firmes d'ingénieurs-conseils qui sont
appelées à travailler sur les dossiers de chacune des
municipalités. (12 heures)
La Société québécoise d'assainissement des
eaux voit à ce que les retombées soient très
québécoises et nous avons également eu l'aide de
l'Association québécoise des techniques de l'eau pour nous
assurer qu'une bonne promotion serait faite auprès des
municipalités afin de les amener à respecter au maximum cette
politique d'achat et faire en sorte que les retombées soient très
québécoises.
M. Rodrigue: Ces 94%, est-ce qu'ils valent pour l'ensemble des
programmes ou si cela va en particulier pour les équipements,
c'est-à-dire les appareillages?
M. Ouellette: Ces 94% représentent les investissements
québécois dans le programme d'assainissement des eaux
municipales. Cela veut dire les achats d'équipements, tuyauterie,
etc.
Protection du milieu
Le Président (M. Fallu): Nous sommes donc prêts
à appeler le programme no 1, qui porte sur la protection du milieu. Pour
l'intelligence de nos travaux, j'aimerais rappeler que ce programme a trois
éléments: normalisation, contrôle, protection de la nature.
Ce programme vise à prévenir la détérioration du
milieu ambiant par l'énoncé de normes, de rejets, la surveillance
des agents qui affectent le milieu ambiant et la réalisation de mesures
de protection. C'est un programme, comme on peut le remarquer dans la
ventilation des crédits, dont une part importante va au fonctionnement
et au traitement du personnel. C'est donc un programme, je dirais, qui est
presque interne au ministère de telle sorte que les crédits de
transferts sont très limités en l'occurrence. C'est un programme
qui a pour effet de doter, pour ainsi dire, le ministère de
crédits de fonctionnement pour la protection du milieu. Mme la
députée de Chomedey, vous avez des questions à poser?
Mme Bacon: J'ai des questions à poser. Je regrette que le
député de Vimont n'ait pas eu la possibilité de tomber
à bras raccourcis sur la députée de Chomedey en m'ayant
donné mes explications tout à l'heure. Je commence au chapitre
des crédits, le programme no 1. Dans le cahier explicatif des
crédits, on estime à 55 le
nombre de projets qui seront soumis au ministère relativement aux
études d'impact, compte tenu de la reprise économique. Est-ce
qu'il y a une liste de ces 55 projets qui est disponible?
M. Ouellette: Oui, nous avons cette liste.
Mme Bacon: Est-ce qu'on peut apporter un peu plus de
précisions sur ces projets?
M. Ouellette: II faudrait lire la liste pour donner les
explications demandées. Je pourrais faire la nomenclature des 55 projets
comme tels, ce serait très long et très fastidieux. Si vous me
permettez, je peux synthétiser cela...
Mme Bacon: Certaines précisions seraient de mise.
M. Ouellette: ...par grands groupés. Certains projets
touchent des lacs artificiels et des barrages, des digues, des jetées,
l'aménagement de berges, le drainage agricole, le redressement ou le
détournement de cours d'eau, le dragage et le creusage, le remplissage
et le remblayage, l'aménagement de ports ou de quais, de marinas, des
sablières, des gravières, des bancs d'embruns, les
écosystèmes en zone humide, l'aménagement de complexes, de
réseaux routiers, de structures routières de tous genres, des
gares de chemin de fer, des lignes de transmission, etc. Ce sont les volets
à l'intérieur desquels on retrouvera les 55 projets. On
évalue à 55 le nombre de demandes de permis pour réaliser
des travaux sur le territoire québécois au cours de
l'année qui vient.
Mme Bacon: En ce qui a trait au programme d'aide aux
administrations régionales kativik et crie pour les activités
reliées à l'hygiène du milieu, j'aimerais avoir du
ministre une liste des travaux sommaires exécutés durant
l'année 1983-1984 et savoir quels sont ces projets pour 1984-1985.
M. Ouellette: Voulez-vous qu'on vous dépose les
listes?
Mme Bacon: Est-ce que vous les avez?
M. Ouellette: On les a sûrement. On peut vous les
déposer.
Mme Bacon: Quels sont les montants d'argent qui correspondent
à cette liste?
M. Ouellette: On n'a pas ici en main le détail de chacun
des projets. On pourra l'avoir ce soir.
Mme Bacon: Vous l'aurez ce soir?
Depuis quelques années, on fait grand état de la
piètre situation hygiénique de ces régions. L'Opposition
insiste sur le besoin d'augmenter substantiellement l'aide allouée
à ces populations pour empêcher que se répercutent sur la
jeune génération les dangers de maladie ou les problèmes
qui résulteraient du mauvais état du milieu hygiénique. De
quelle manière le ministre entend-il remédier à ce
problème dans son projet de politique de prévention? Est-il
question d'une politique de prévention?
M. Oueliette: Oui. J'ai eu l'occasion, l'an dernier, de visiter
une dizaine de villages cris et inuits et de me rendre compte sur place de la
situation qui prévalait. Dans un premier temps, j'ai remarqué un
très grand souci qu'ont entre autres les Inuits - cela s'applique
également aux Cris quoique la situation diffère, compte tenu de
l'état d'avancement de leur dossier respectif - de tout ce qui s'appelle
protection de l'environnement. C'est d'ailleurs inné chez eux. Les
problèmes majeurs qu'on rencontre sont l'approvisionnement en eau
potable, la disposition des eaux usées et l'élimination des
déchets domestiques de même que la présence d'une
très grande quantité de barils, des 45 gallons, comme on les
appelle traditionnellement.
Nous avons offert des subventions aux différents villages pour
leur permettre de s'équiper de façon convenable de lieux
d'enfouissement sanitaire. Cela a ou aura pour effet au cours des prochaines
années de régler une fois pour toutes l'un des principaux
problèmes qu'ils ont. Au niveau de l'élimination des eaux
usées municipales, on sait qu'ils utilisent une méthode qui n'est
pas idéale, c'est-à-dire - pour employer le langage qu'ils
utilisent là-bas - qu'on utilise des "honey bags?" une technique qui
n'est pas du tout idéale. Nous avons eu des discussions avec le
ministère des Affaires municipales pour conclure une entente entre nos
deux ministères afin d'équiper les villages inuits d'une
méthode beaucoup acceptable qui consiterait à transporter les
eaux usées afin de les traiter dans des usines municipales là
où il n'est pas possible d'installer, malheureusement, des
réseaux d'égout traditionnels, mais c'est par voie de transport
qu'on pourrait atteindre l'objectif de traitement de ces eaux usées.
Ce sont les deux grandes actions qu'on mène du côté
des villages inuits pour les amener à vivre dans des conditions beaucoup
plus hygiéniques que celles qu'ils connaissent actuellement.
Mme Bacon: Les dépenses de transfert allouées sont
d'environ 9 600 000 $. Est-ce qu'il y a une part qui sera allouée aux
régions éloignées?
M. Ouellette: Sûrement, mais j'aimerais faire remarquer que
le ministère de l'Environnement qui est divisé en dix
régions au Québec a une région qui est
spécifiquement affectée au territoire cri et inuit. C'est en fait
- selon ce que j'ai pu vérifier sur place - le ministère qui est
le plus adéquatement représenté dans le Grand-Nord. Nous
avons, sur place, une dizaine de personnes qui informent les Inuits de la
situation, les mettent au courant des programmes qui leur sont offerts et leur
offrent des services techniques sur place. C'est par ce moyen que nous faisons
évoluer la cause environnementale là-bas; cela rejoint
très directement, d'ailleurs, l'hygiène publique. Des montants
d'argent importants sont affectés par le ministère de
l'Environnement dans le territoire inuit et cri du Grand-Nord et du Nord-Ouest
québécois.
Mme Bacon: Est-ce qu'on peut me dire le pourcentage des 9 600 000
$?
M. Ouellette: Les dépenses de transfert qui sont
affectées cette année sont de 99 101 $ pour un total de 200 000 $
à l'administration régionale crie et à l'administration
régionale kativik. Le total est de 200 000 $.
Mme Bacon: 200 000 $? M. Ouellette: Oui.
Mme Bacon: D'accord. Le ministre nous dit qu'en 1983-1984, plus
de 200 avis - on parle au sujet de l'eau potable...
M. Ouellette: Oui.
Mme Bacon: ...de bouillir ont été émis dans
l'ensemble de la population du Québec et qu'entrera en vigueur un
règlement sur les eaux de consommation au cours de la prochaine
année financière c'est dans votre cahier des crédits.
J'aimerais savoir du ministre ce qu'il a fait, entre les projets mis sur
papier, d'un problème d'eau potable comme celui de Valleyfield où
les citoyens furent contraints de s'approvisionner en eau potable pendant six
mois et combien de personnes sont touchées par ce problème?
M. Ouellette: Vous parlez spécifiquement du cas de
Valleyfield?
Mme Bacon: Valleyfield.
M. Ouellette: Je n'ai pas en mémoire les détails
que vous me demandez. Lorsqu'on parle de 200 avis de faire bouillir, ce n'est
pas nécessairement à l'endroit de 200 municipalités
différentes, mais le geste a pu être répété
dans certains cas. Cela ne visait pas uniquement non plus des
municipalités, mais aussi des fournisseurs privés qui
exploitaient des réseaux réduits d'aqueduc. En ce qui concerne
Valleyfield, peut-être qu'on a ici l'information que vous demandez. On me
signale que le problème de Valleyfield était relié au fait
que l'usine de traitement d'eau potable était inadéquate. Les
plans et devis pour la nouvelle usine sont maintenant approuvés et les
travaux vont se réaliser en cours d'année. C'était
dû aussi à la piètre qualité d'eau brute du lac
d'alimentation pour la municipalité.
Mme Bacon: Vous dites que les travaux commenceront dans le
courant de l'année?
M. Ouellette: Oui. On me signale même que les travaux sont
en cours actuellement.
Le boisé Papineau
Mme Bacon: J'aimerais vous amener au sujet - on a beaucoup
parlé de Laval tantôt - je voudrais vous en parler moi aussi - du
boisé Papineau. Dans le dossier du boisé Papineau, tout laisse
croire que les intervenants régionaux doivent parcourir un chemin assez
difficile pour que soit assurée une protection suffisante des espaces
verts et surtout pour éviter un développement économique
anarchique. De plus, il semble clair que, de part et d'autre, on s'entende pour
dire que Laval est insuffisamment pourvu en espaces verts
aménagés à des fins de plein air. Pour appuyer cette
appréhension, on n'a qu'à se référer au projet
d'aménagement soumis en débat public en décembre dernier
par la ville de Laval où l'on pose clairement le problème en
disant que la protection des zones boisées est en nette
régression sous la poussée de l'urbanisation, de l'exploitation
agricole, des lots forestiers et de l'abattage sauvage. (12 h 15)
Enfin, parmi les obstacles à surmonter pour la sauvegarde et la
mise en valeur du boisé Papineau, on cite l'insuffisance des moyens
légaux, l'intervention accessible à une MRC. On cite aussi les
contradictions des lois. On cite la divergence des intérêts
urbains, agricoles et l'importance des sommes qui sont en cause.
De son côté, la ville de Laval s'est dite prête, au
début du mois de mars, à céder environ 300 acres de bois
pourvu que le gouvernement contribue pour la moitié des dépenses.
Dernièrement, on apprenait que les pourparlers entre le MLCP et
l'administration municipale se poursuivaient. Malgré cela, il semble que
l'ACAPAL, l'Association de conservation et d'aménagement de plein air de
Laval semblait résignée à devoir se battre pour limiter
les dégâts. Cette association a déjà fait
connaître des positions sur le sujet. L'ACAPAL vient de mettre en valeur
le potentiel écologique, touristique et même
économique des espaces verts de l'île Jésus. Elle
vient aussi promouvoir les activités de plein air, comme la
randonnée, le ski, la raquette, les activités nautiques,
l'interprétation de la nature, le vélo et le reste. D'ailleurs,
le ministre sait sans doute que le mémoire de cette association s'appuie
sur les principes de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme de 1977
dans laquelle on met l'accent sur la volonté d'accorder une place
toujours plus grande à la protection des espaces verts et la promotion
des loisirs de plein air. L'ACAPAL a ainsi proposé la protection de
certaines zones. Elle suggère à la ville de Laval de penser en
fonction d'investissements à long terme. En plus de la promotion des
activités que je viens de citer, i'ACAPAL suggérerait à la
MRC de Laval de se doter d'une loi sur l'abattage des arbres. J'aimerais savoir
du ministère de l'Environnement son rôle dans ce dossier, s'il a
suivi de près les négociations entre la ville de Laval et le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
M. Ouellette: M. le Président, comme l'indique Mme la
députée de Chomedey, il s'agit d'un dossier qui relève
beaucoup plus du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche,
ce qui né nous a pas interdit, évidemment, de suivre de
près ce dossier qui est au niveau municipal, au niveau de la ville de
Laval, et la direction régionale de Montréal s'est
intéressée aux discussions qui ont eu lieu autour de ce projet,
mais ce n'est pas à proprement parler un dossier qui relève du
ministère de l'Environnement comme tel.
Mme Bacon: Le ministère n'a-t-il pas eu un rôle
à jouer...
M. Ouellette: Je m'excuse.
Mme Bacon: Le ministère n'a-t-il eu aucun rôle
à jouer dans ce dossier?
M. Ouellette: Nous avons un dossier sur le boisé Papineau,
mais notre rôle n'est pas directement de nous impliquer dans ce dossier
comme tel. Cela relève du niveau municipal et il y a le ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui s'y intéresse pour en
faire éventuellement un parc de plein air.
Mme Bacon: Y a-t-il des approbations qui doivent être
données par le ministère de l'Environnement à quelque
niveau que ce soit?
M. Ouellette: En fait, le rôle du ministère de
l'Environnement s'est limité à ce stade-ci à faire des
recommandations auprès de la MRC au moment de la rédaction du
schéma régional d'aménagement et, si vous voulez, on peut
faire le point ce soir pour préciser davantage les actions qui ont
été conduites par le ministère dans ce dossier.
Mme Bacon: Je voudrais revenir là-dessus, M. le
Président. Compte tenu de l'état du dossier, le ministre croit-il
possible que les préoccupations de I'ACAPAL, par exemple, aient une
réponse satisfaisante, à savoir que les MRC planifient le
développement urbain en considérant la qualité de vie de
leurs résidents et en élaborant des aires de loisir, de sport de
plein air, des espaces verts pour le repos, des pistes cyclables et, s'il y a
lieu, une réserve nautique?
M. Ouellette: Ah! Je suis tout à fait d'accord. C'est
d'ailleurs un rôle qui a été dévolu aux MRC, au
moment de la mise en place de la loi 125 et de l'obligation qui leur
était faite de mettre en place un schéma régional
d'aménagement. À cet égard, le ministère de
l'Environnement est présent dans chacun des dossiers pour s'assurer
qu'on tienne compte, dans l'aménagement de ce schéma ou dans la
confection de ce schéma régional d'aménagement, de toutes
les données environnementales possibles et souvent en collaboration avec
le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, puisque la
qualité de la vie et l'usage qu'on fait de cette qualité des
lieux sont intimement liés à l'action du MLCP.
Mme Bacon: Le ministre me dit que, au niveau
interministériel, il n'y a pas eu d'action comme telle.
M. Ouellette: II y a eu des échanges très
importants, très nombreux et en permanence avec les ministères du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche et des Affaires municipales pour nous
assurer que l'action de ces trois ministères gouvernementaux ne serait
pas contradictoire auprès des MRC chargées de réaliser ces
schémas. Il y a eu une concertation gouvernementale pour assurer une
cohérence et s'assurer que les schémas tiendraient compte
à la fois des facteurs récréatifs, environnementaux et des
facteurs de vie communautaire.
Problèmes d'eau potable
Mme Bacon: D'accord. Toujours concernant le dossier sur l'eau
potable, à Jonquière, semble-t-il qu'une nappe d'huile à
la surface de la rivière Chicoutimi, à proximité de la
compagnie Alcan, aurait eu pour conséquence de priver d'eau potable les
travailleurs de cette usine à qui l'on distribue des bouteilles d'eau.
Est-ce que le ministre peut nous dire quel est l'état du dossier en ce
moment et quelle action le
ministère a entreprise?
M. Ouellette: Je regrette, mais Mme la députée
m'apporte des dossiers hautement spécifiques et, malheureusement, il y a
peut-être 2000 ou 3000 de ces dossiers à l'intérieur du
Québec. Il ne m'est pas possible de répondre en détail sur
chacun d'eux, à moins qu'elle m'en donne préavis et que je puisse
obtenir les renseignements.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre peut me dire si ce dossier a
des conséquences sur l'ensemble de la ville de Jonquière - parce
qu'il doit sûrement être au courant du dossier - ou simplement sur
les travailleurs de l'usine?
M. Ouellette: À ma connaissance, c'est un cas qui n'est
pas généralisé à l'ensemble de la ville, mais
possiblement uniquement aux travailleurs de l'usine dont elle parle. Mais je
n'ai pas les renseignements détaillés sur ce dossier.
Mme Bacon: Est-ce que vous les aurez ce soir?
M. Ouellette: Je les aurai ce soir, oui.
Mme Bacon: Très bien. Toujours dans le domaine de l'eau
potable, je veux rapporter un autre cas au ministre. Il semble quand même
bien connaître ses dossiers et il peut me donner certaines
réponses. Si l'on en croit les renseignements du milieu, il paraît
que le centre hospitalier de Gatineau pourrait connaître des
problèmes d'approvisionnement en eau potable cet été. Le
problème est imputable au fait que l'usine du parc Moussette, à
Hull, qui alimente en plus les citoyens de Hull, de Touraine, de
Pointe-Gatineau, ne réponde plus à la demande pendant les
journées chaudes estivales. Est-ce que le ministre a été
saisi du problème? À cela, il peut me répondre.
M. Ouellette: C'est un dossier qui est entre les mains de la
Direction régionale de l'Outaouais et qui n'est pas remonté
jusqu'à moi, à ce jour.
Mme Bacon: Est-ce que vous vous tenez au courant des dossiers
régionaux aussi?
M. Ouellette: Pardon?
Mme Bacon: Est-ce que vous vous tenez au courant des dossiers
régionaux?
M. Ouellette: Je me tiens au courant des dossiers
régionaux mais, à la quantité qui peut se retrouver sur le
territoire québécois, il n'est pas possible à une seule
personne de connaître en détail chacun de ces dossiers, dont
plusieurs d'ailleurs trouvent leur solution au niveau régional et ne
remontent pas nécessairement au niveau central.
Mme Bacon: Vous comprendrez, M. le ministre, que cela a fait
l'objet de grandes manchettes dans les journaux. Je pense bien que le ministre
doit lire aussi les journaux régionaux.
M. Ouellette: Oui.
Mme Bacon: Est-ce que les problèmes d'approvisionnement
devant survenir le 1er juillet prochain pourront recevoir une forme d'aide
quelconque du ministre? Est-ce qu'on lui a suggéré ou
recommandé d'apporter une aide quelconque?
M. Ouellette: Dans de tels cas, l'aide du ministère de
l'Environnement se situe strictement au niveau technique puisque nous ne
disposons d'aucun budget permettant à des municipalités ou
à des institutions isolées de s'équiper en termes
d'approvisionnement en eau potable, c'est une juridiction qui relève du
ministère des Affaires municipales. Nous offrons donc notre aide
technique et nous nous assurons, au moyen d'analyses, par exemple, que l'eau en
question est potable.
Mme Bacon: Dans le mémo du ministère, on lit que
vous voulez augmenter le service en région; est-ce que cela ferait
partie d'un service technique?
M. Ouellette: Certains services actuellement offerts au niveau
central pourront être éventuellement régionalisés,
nous sommes à étudier actuellement le type de services qui
pourraient être éventuellement régionalisés, c'est
l'un des objectifs visés par la POAS.
Mme Bacon: Avec une nouvelle structure, est-ce que le ministre
sera plus au courant de ce qui se passe dans les régions? Est-ce qu'une
ligne de communication sera établie pour rejoindre plus rapidement son
bureau, son cabinet?
M. Ouellette: II y a déjà une ligne de
communication très bien établie entre les régions et le
central. Cependant, je répète que s'il y a 3000 dossiers ou
davantage dans le cadre d'une année fiscale, le ministre n'est pas
nécessairement saisi de chacune des situations; dans la mesure où
on peut régler ces problèmes au niveau régional, la
solution étant trouvée, on n'en parle pas en plus haut lieu.
Par contre, les dossiers qui ne trouvent pas de solution, eux, je vous
l'assure, remontent rapidement chez le ministre, qui a à prendre des
décisions. Un des buts de la régionalisation est justement de
faire en
sorte que le ministère puisse offrir des services le plus
près possible de la population de façon que les problèmes
se règlent sans avoir à interpénétrer l'ensemble de
l'appareillage qui devient fort complexe lorsqu'on le prend dans son
ensemble.
Mme Bacon: Le ministre dit que tout ce qui trouve une solution
reste au niveau régional.
M. Ouellette: C'est-à-dire que...
Mme Bacon: Ce qui ne trouve pas de solution s'en va au
cabinet.
M. Ouellette: ...cela dépend de la gravité de la
situation. Chaque fois qu'un agriculteur est perçu comme un pollueur
pour son voisin, la solution se trouve au niveau régional; cela ne
remonte pas nécessairement jusqu'au ministre.
Usines d'épuration
Mme Bacon: Toujours au sujet de l'eau potable et peut-être
de l'épuration en général, si l'on en croit une
étude qui a été menée en 1979 ou 1980 par le
ministère de l'Environnement, il aurait été
démontré à ce moment-là que 50% des usines ou
étangs d'épuration visités ne fonctionnaient pas de
manière satisfaisante. On n'a qu'à penser à des
problèmes d'entretien et de gardiennage. Ce constat est le fruit d'une
enquête qui a été menée auprès de 116 postes
de traitement situés à l'extérieur des régions qui
étaient alors désignées du programme d'assainissement des
eaux de la région de Montréal.
À partir d'une telle description, est-ce que le ministre entend
aller au-delà de la simple publication d'un règlement et
pourrait-il nous décrire les moyens envisagés pour combler les
lacunes que je viens de citer?
M. Ouellette: J'imagine que vous faites référence
aux usines de traitement des eaux usées existantes et dont une grande
partie sont devenues désuètes ou inopérationelles. C'est
un fait, il y en a eu plusieurs de construites au Québec au cours des
années passées et elles sont tombées en
désuétude, faute d'opération adéquate dans bien des
cas.
Je vous rappellerai qu'à l'intérieur du programme
d'assainissement des eaux, nous introduisons ces dossiers de façon qu'on
puisse moderniser les usines et parallèlement nous nous sommes
assurés que dorénavant les usines construites ou
modernisées, selon le cas, fonctionneront de façon convenable.
C'est pourquoi, après entente avec le ministère de
l'Éducation, nous avons lancé un cours d'opération pour
les opérateurs de ces usines, cours qui est donné à la
Polyvalente
Vaudreuil-Soulanges et qui nous assurera qu'à l'avenir les usines
mises en place, de même que celles qui seront restaurées,
fonctionneront convenablement de façon à en assurer le maximum
d'efficacité.
Mme Bacon: D'accord.
M. Ouellette: On entend récupérer une centaine de
ces usines tombées en désuétude et déjà
plusieurs d'entre elles sont en état de réfection ou l'ont
été tout simplement. Je pense au cas de Lac-Etchemin, dont
l'usine était tombée en désuétude et a fait l'objet
de réparations majeures dans le cadre du programme d'assainissement des
eaux qui est actuellement en parfaite opération.
Mme Bacon: Le 30 mars dernier, le comité des citoyens de
Sainte-Foy, c'est plus près, peut-être que le ministre est au
courant de ce dossier-là...
M. Ouellette: Ah oui.
Mme Bacon: ...se disait impatient de connaître le type
d'étude d'impact que l'organisme métropolitain, la CUQ,
réalisera relativement à l'emplacement choisi pour une usine
d'épuration, de même que ceux envisagés pour une usine de
l'est. Par ailleurs, le ministre de l'Environnement avait
réitéré à ce moment-là son refus d'impliquer
directement son ministère dans le processus. Tout de même, le
comité devait maintenir sa démarche auprès du ministre et
solliciter une rencontre. Est-ce que cette rencontre a eu lieu entre le
ministre et le comité?
M. Ouellette: On fait référence à la mise en
place des deux usines de traitement des eaux usées de la
Communauté urbaine de Québec, l'une d'entre elles, celle de
l'est, devant se situer éventuellement près du bassin Louise et
l'autre, dans la municipalité de Sainte-Foy, à proximité
de Cap-Rouge.
On se rappelle que des citoyens exigeaient ou demandaient à tout
le moins au ministre de l'Environnement de procéder à la
confection d'études d'impact et à la tenue d'audiences publiques
par le Bureau des audiences publiques. À ce moment-là, j'ai
rappelé aux demandeurs que ce genre de travaux n'étaient pas
soumis, en vertu de la loi, à ce genre d'études d'impact,
deuxièmement, que la maîtrise d'oeuvre de ces travaux relevait de
la Communauté urbaine de Québec et que c'était à
elle de prendre ses responsabilités auprès de ses citoyens. J'ai
donc rencontré les représentants de la Communauté urbaine
de Québec pour m'assurer qu'elle satisferait aux demandes posées
par certains citoyens, notamment le comité de relocalisation de l'usine
de l'ouest. Une entente est intervenue à l'amiable entre la
Communauté urbaine de
Québec et le ministre de l'Environnement. Cette entente est dans
le sens qu'une étude d'impact sera réalisée par le
maître d'oeuvre, la Communauté urbaine de Québec, et non
pas par le ministère de l'Environnement, mais que ce dernier mettrait
à la disposition de la communauté toute l'aide technique
nécessaire pour s'assurer que cette étude d'impact sera conforme
aux autres études d'impact exigées dans le cadre de la loi, que
des audiences publiques seraient également tenues par la
Communauté urbaine de Québec, qui se chargerait de mettre en
place un organisme comparable au Bureau des audiences publiques du
Québec et que, par ces deux moyens, satisfaction serait donnée
aux gens qui craignent la venue de cette usine, notamment pour celle de
l'ouest. Je rappellerai également que la communauté a
commandé une étude sur la santé, étude qui a
été faite par le ministère de la santé, le CHUL,
à Sainte-Foy, et qui nous révèle que rien n'est
prévisible au niveau des risques de la santé quant aux
aérosols et aux contaminants qui pourraient être
transportés à proximité de cette usine de traitement des
eaux usées de l'ouest.
Mme Bacon: II est 12 h 30, M. le Président.
Le Président (M. Fallu): Compte tenu de l'heure, nous
devons ajourner nos travaux sine die. Néanmoins, en termes de
préavis, nous savons que l'Assemblée nationale nous donnera
mandat de siéger ce soir, à 20 heures.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise de la séance à 15 h 15)
Aménagement et développement
régional
Le Président (M. Fallu): Mme la vice-présidente,
MM. les parlementaires, M. le secrétaire, M. le ministre notre
invité, nous devons procéder maintenant à l'examen des
crédits budgétaires du Conseil exécutif,
c'est-à-dire le programme 4 inscrit au livre des crédits portant
sur la coordination du développement économique et
régional et les interventions de développement régional et
le programme 5, portant sur l'aménagement et le développement
régional, la consultation et l'administration de l'OPDQ.
Je dois constater que nous avons quorum, sinon consentement, pour
commencer nos travaux. M. le ministre, soyez le bienvenu ainsi que vos
assistants. Vous savez qu'à l'occasion, si vous voulez donner la parole
à l'un ou l'autre de ceux qui vous accompagnent, la commission y
consentira très volontiers. Ils parleront, néanmoins, en leur
propre nom et non au vôtre, comme c'était la tradition jadis. Si
vous êtes prêts à procéder... Vous avez
peut-être une déclaration préliminaire à faire et,
ensuite, nous donnerons la parole au porte-parole de l'Opposition, le
député de Hull.
M. le ministre, nous vous écoutons.
Remarques préliminaires M. François
Gendron
M. Gendron: Madame, messieurs les membres de cette commission, je
voudrais très rapidement procéder, effectivement, à une
courte déclaration préliminaire, mais également profiter
de l'occasion, comme c'était la tradition dans le temps, en tout cas -
à la suite des modifications, je ne suis pas trop certain - pour
présenter au moins les membres qui m'accompagnent ici à cette
table. Au cours de l'après-midi, s'il y a d'autres intervenants qui
doivent se joindre à nous pour répondre à des questions
précises, il me fera plaisir de les présenter. À ma
droite, M. François Lamarche, chef de cabinet, M. Florian Rompré,
coordonnateur du projet Archipel, mon sous-ministre, à ma gauche, M.
André Trudeau, M. Jacques Gagnon, directeur général de
l'Office de planification et de développement du Québec, et M.
Lionel Robert, qui est membre de mon cabinet politique.
M. le Président, avant de passer à l'étude
détaillée des crédits selon la mission qui nous a
été confiée, j'aimerais exposer pendant quelques minutes
les principales activités qui ont marqué l'année
écoulée. Le ministère que je dirige se compose, en fait,
de trois structures, à savoir le Secrétariat à
l'aménagement et à la décentralisation, l'Office de
planification et de développement du Québec, de même que le
secrétariat Archipel. Je présenterai donc les principaux dossiers
qui ont retenu notre attention et sur lesquels il sera important de continuer
à travailler pour l'année 1984.
Je voudrais d'abord préciser que l'année 1983-1984 a
été marquée en matière d'aménagement et de
développement régional par la consultation, la concertation et
l'échange avec les différents partenaires du gouvernement sur des
orientations et des politiques. La prochaine année devrait être
axée davantage sur la mise en oeuvre d'un certain nombre de mesures et
d'éléments de politique dans le domaine du développement
régional, ainsi que sur la poursuite et l'intensification des relations
de dialogue et de concertation avec, bien sûr, les instances municipales,
tant en matière d'aménagement que de décentralisation.
L'aménagement. La quasi-totalité des MRC, soit 90 sur 94,
ont commencé à
préparer leur schéma d'aménagement. À titre
de ministre désigné, j'ai la responsabilité de la
préparation des documents et des avis portant sur les orientations et
les projets du gouvernement en matière d'aménagement.
C'est pourquoi j'ai rendu public, en juin dernier, un document
intitulé Aménager l'avenir. Ce document décrit les grandes
orientations du gouvernement et de ses ministères en matière
d'aménagement; il s'agit d'orientations générales,
communes à toutes les MRC et applicables à l'ensemble du
Québec.
C'est là l'aboutissement d'une démarche visant à
dégager et à regrouper en un même document les objectifs et
les orientations qui déterminent les multiples interventions
gouvernementales sur le territoire. Aménager l'avenir est susceptible
d'être utile non seulement aux MRC, mais également aux divers
intervenants en aménagement, de même qu'à tous ceux que ces
questions intéressent. C'est la première fois qu'un tel document
est publié et il était fort attendu.
Aménager l'avenir a, d'ailleurs, fait l'objet d'un colloque
organisé par la Corporation des urbanistes du Québec, en
collaboration avec le Secrétariat à l'aménagement et
à la décentralisation. Tenu à Montréal en janvier
1984, ce colloque a permis aux personnes et groupes intéressés
par l'aménagement du territoire, à savoir les élus
municipaux, les aménagistes, les urbanistes, les entreprises, les
universitaires et autres, d'approfondir les orientations
générales du gouvernement en ce domaine.
Parallèlement, et de façon complémentaire, nous
avons préparé à l'intention de chaque MRC un document
portant sur les orientations spécifiques et les projets précis
que les ministères entendent poursuivre ou réaliser sur leur
territoire. D'ici la fin d'avril 1984, environ 45 MRC auront reçu ce
document, sans compter les communautés urbaines de Québec et de
Montréal.
De plus, au cours de l'année, nous avons décidé de
maintenir l'option préférable d'aménagement de la
région métropolitaine, tout en l'ajustant quelque peu. Nous avons
aussi effectué une réflexion sur le rôle de la
région de la capitale, et nous avons déposé au sommet
économique de septembre 1983 un document intitulé L'État
du Québec et sa capitale, qui présente un cadre gouvernemental
d'intervention.
Enfin, nous avons préparé une politique de revitalisation
des centres-villes, que j'ai rendue publique ces jours derniers et qui devrait
contribuer à relancer les efforts de tous les intervenants dans
l'amélioration de la qualité de vie de nos concitoyens. En 1984,
nous allons poursuivre l'envoi à chaque MRC des documents d'orientation
gouvernementale. De plus en plus, nous tentons de faire correspondre le
calendrier de préparation de ces documents à
l'échéancier que les MRC se sont donné pour la
préparation de leur schéma d'aménagement.
D'autre part, nous offrons aux MRC la possibilité de les
rencontrer à ce sujet. Plusieurs s'en sont prévalus au cours des
derniers mois et d'autres le feront au cours de l'année. Nous
encourageons les ministères et les MRC à avoir des
échanges sur les orientations et sur les projets d'aménagement,
pour s'assurer que les schémas reflètent le plus possible les
intentions de tous les intervenants.
Enfin, au cours de l'année 1984-1985, des efforts particuliers
seront faits pour sensibiliser les citoyens et les différents groupes
impliqués dans les questions d'aménagement à l'importance
de bien planifier leur territoire de façon que le schéma
d'aménagement de leur MRC tienne compte de leurs
préoccupations.
La décentralisation. L'an dernier, nous avions mis sur pied un
comité d'orientation sur la décentralisation comprenant, outre
mon collègue des Affaires municipales et moi-même, les
présidents des deux unions. Avant de se prononcer sur la forme et les
modalités que pourrait prendre la concertation entre le gouvernement et
les municipalités, les membres du comité ont convenu qu'il leur
serait utile de pouvoir considérer les grandes lignes d'une
éventuelle politique de décentralisation. Le comité
d'orientation a donc constitué un comité technique ayant le
mandat de colliger les suggestions et positions mises de l'avant au cours des
dernières années par chacune des deux unions de
municipalités et par le gouvernement.
Des échangea ont également eu lieu sur la meilleure
façon d'aborder cette vaste question de la décentralisation, qui
concerne non seulement le transfert de fonctions, mais qui touche
également l'ensemble des relations du gouvernement et des
ministères avec le monde municipal. L'ampleur de ces échanges et
leur importance nous ont conduits à reporter à plus tard la tenue
d'une table élargie de concertation, d'abord prévue pour
l'automne 1983.
Parallèlement, nous avons lancé, à la demande de
quelques MRC, des expériences pilotes sur la voirie tertiaire,
c'est-à-dire les routes non numérotées. À ce jour,
quatre MRC sont impliquées: la MRC de Matapédia, la MRC de
Bécancour, la MRC de Roussillon et, prochainement, la MRC de la
Matawinie. Les expériences pilotes ont pour objectif d'établir,
conjointement avec les MRC, les conditions et les étapes d'une
décentralisation de la voirie tertiaire.
Enfin, nous reconnaissons de plus en plus l'importance de tenir avec le
monde municipal une table de concertation sur la décentralisation. Il
existe, en effet, au sein des instances municipales, une confusion qu'il
convient de dissiper entre la régionalisation et la
décentralisation.
Le développement des régions. En juin dernier, j'ai rendu
public un document de consultation sur le développement des
régions, intitulé Le choix des régions,
préparé en étroite collaboration par le Secrétariat
à l'aménagement et l'OPDQ. Le lancement de ce document a
donné le coup d'envoi à une vaste opération de
consultation, au terme de laquelle nous avons reçu quelque 350
mémoires provenant d'individus ou d'organismes. Plus d'une centaine de
ces mémoires ont été soumis par le monde municipal,
au-delà d'une soixantaine par le milieu des affaires, plus d'une
cinquantaine par des organismes régionaux de développement, de
loisir ou de culture et au-delà d'une quarantaine par les secteurs de
l'éducation et des affaires sociales, le reste par une multitude
d'intervenants divers.
J'ai eu l'occasion de rencontrer la majorité des individus ou
organismes qui ont préparé un mémoire puisque j'ai
visité les 14 régions du Québec afin d'y tenir des
audiences publiques dans le cadre d'une vaste tournée de consultation
qui a commencé à la fin de novembre 1983 et qui s'est
terminée au tout début d'avril. Ces audiences ont donné
lieu à un dialogue fructueux avec les différents intervenants
dans chaque région, et les échanges qui en ont
résulté ont été, dans l'ensemble, fort
positifs.
D'ailleurs, la plupart des personnes et groupes qui ont soumis des
mémoires ont clairement manifesté leur accord avec la
nécessité de la concertation au niveau régional, de
même qu'avec les principes et les objectifs exposés dans Le choix
des régions. Les réserves exprimées par certains ont
plutôt porté sur diverses modalités. Ainsi, il semble
clairement admis par tous les partenaires régionaux que le
développement requiert aujourd'hui la recherche de consensus. Les
sommets régionaux à l'intérieur desquels
s'établissent des échanges périodiques et ponctuels
illustrent bien, d'ailleurs, cette nouvelle approche. C'est pourquoi, au cours
de la dernière année, nous avons appuyé les efforts
déployés pour la tenue de sommets dans les régions de la
Mauricie-Bois-Francs et de Drummond et dans la région de Québec.
Nous avons, de plus, donné notre appui à l'organisation de deux
autres sommets régionaux, soit celui du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui se
tiendra prochainement, et celui de l'Estrie.
Cependant, comme j'ai eu l'occasion de le souligner à plusieurs
reprises, le développement des régions exige une concertation qui
doit dépasser le niveau de consensus occasionnels et s'inscrire
plutôt dans un processus continu qui favorise la mise en place d'un
programme d'actions ajusté à l'évolution de la
réalité régionale.
Dans l'avenir, la concertation contribuera à renforcer
l'autonomie régionale, ainsi que les liens entre les organismes et le
gouvernement. C'est le message essentiel du document Le choix des
régions, message qui me semble largement partagé par l'ensemble
des intervenants régionaux.
La tournée de consultation sur Le choix des régions venant
à peine d'être complétée, nous amorçons
présentement l'analyse des différents points de vue
exprimés par les intervenants, tant dans leurs mémoires que lors
des audiences proprement dites. Ceci devrait nous permettre d'ajuster certaines
propositions contenues dans le document et de les traduire
éventuellement en mesures concrètes.
Une fois bien digérés les contenus de cette consultation,
il est possible qu'un projet de loi-cadre sur le développement
régional soit déposé à l'Assemblée
nationale. Si c'était le cas, il est d'ores et déjà de mon
intention de permettre encore une fois aux différents intervenants de
faire entendre leur voix lors d'une commission parlementaire.
D'autres mesures d'ordre administratif ou budgétaire pourront
également être adoptées pour amorcer la mise en oeuvre de
mesures d'appui au développement des régions. En somme,
après la réflexion et la consultation des intervenants, il faudra
passer aux actes et trouver les meilleures façons d'appuyer le dynamisme
de chacune des régions du Québec.
Les activités de l'Office de planification et de
développement. En 1983-1984, l'OPDQ est également intervenu dans
d'autres secteurs d'activité touchant le développement
régional et je voudrais en exposer brièvement quelques-uns. Un
des premiers intervenants, qui est un outil du développement
régional, est le Fonds de développement régional qui a
été créé en 1975 afin de doter le gouvernement du
Québec d'un outil financier spécifiquement consacré au
développement régional. Au cours des années qui ont suivi,
le FDR, parce qu'il est communément appelé ainsi, s'est
affirmé comme un instrument précieux pour appuyer les dynamismes
locaux et régionaux qui se sont manifestés dans l'ensemble des
régions du Québec.
De fait, le FDR, le Fonds de développement régional, a
été amené à appuyer des initiatives visant à
doter les communautés régionales d'équipements collectifs
tant au niveau économique que social, culturel ou autre. En plus
d'offrir l'avantage de réduire certaines disparités
interrégionales, les subventions du FDR ont permis la réalisation
de projets dont les effets structurants au point de vue économique sont
notables.
D'autre part, en raison du caractère non récurrent des
interventions du Fonds de
développement régional, les différents milieux
régionaux ont eu à s'impliquer dans la réalisation et le
bon fonctionnement des projets mis de l'avant. Notons, enfin, que, depuis ses
débuts, le fonds a contribué à créer près de
1500 emplois permanents et 4000 emplois temporaires par l'entremise de quelque
450 projets.
Pour l'exercice financier 1983-1984, des crédits de 20 000 000 $
avaient été prévus au Fonds de développement
régional et un montant additionnel de 5 000 000 $ a été
ajouté dans le cadre du plan de relance. Le gouvernement aura donc
investi 25 000 000 $ dans plus de 150 projets répondant aux besoins de
la population des diverses régions du Québec.
En 1984-1985, le fonds disposera d'une enveloppe de plus de 29 000 000 $
pour continuer à encourager et à soutenir des initiatives issues
du milieu, et qui ne peuvent souvent être financées dans le cadre
des programmes réguliers des divers ministères. Signalons parmi
celles-ci les projets pilotes de contrats de développement avec les
municipalités régionales de comté et la mise en oeuvre de
projets issus des sommets régionaux, que ce soit ceux de
Montréal, Québec, Mauricie-Bois-Francs et bientôt celui du
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Le deuxième volet, les ententes Canada-Québec. L'an
dernier, on évaluait à 165 100 000 $ le solde des investissements
devant être effectués par les ministères maîtres
d'oeuvre dans le cadre des ententes auxiliaires Canada-Québec. Ce
montant était réparti dans différentes ententes touchant
les infrastructures industrielles, le développement forestier, le
développement des transports, le développement agricole, le
développement touristique, la modernisation de l'industrie des
pâtes et papiers et la Société Inter-Port.
On sait que l'entente-cadre, de même que la plupart des ententes
auxiliaires signées avec le gouvernement fédéral ont pris
fin le 31 mars 1984; cependant, l'entente sur la modernisation des pâtes
et papiers et celle sur les infrastructures industrielles ont été
prolongées jusqu'au 30 avril 1984, alors que l'entente sur la
Société Inter-Port l'a été jusqu'au 31 mars
1986.
Toutefois, il faut noter que tous les projets approuvés et
retenus avant le 31 mars 1984 pourront se réaliser au cours de
l'exercice 1984-1985, ce qui permettra au Québec de
récupérer la totalité des montants prévus aux
ententes. À cet effet, des dépenses de l'ordre de 68 100 000 $
seront effectuées dans différents domaines durant cette
période. (15 h 30)
En août dernier, par ailleurs, le Conseil des ministres s'est
prononcé sur la reconduction de l'entente-cadre et des ententes
auxiliaires telles que nous les avons connues jusqu'à ce jour. Par cette
décision, le gouvernement du Québec exprimait clairement sa
volonté de demeurer maître de la planification de son
développement économique, de l'établissement de ses
priorités de développement et de la mise en oeuvre des projets
pouvant faire l'objet d'ententes.
Depuis ce temps, les ministres et les fonctionnaires
québécois ont eu plusieurs rencontres avec les porte-parole du
fédéral. La position du gouvernement reste inchangée sur
les principes, même si nous sommes prêts à certains
accommodements en ce qui a trait aux modalités d'application de
l'entente éventuellement conclue. Nous avons toujours la ferme intention
de négocier des ententes dans tous les secteurs traditionnels du
développement économique au Québec et d'examiner plus
particulièrement ceux qui sont reliés à la science et
à la technologie. Enfin, nous attendons actuellement la réponse
du gouvernement fédéral relativement à la dernière
proposition du gouvernement du Québec quant au renouvellement de
l'entente-cadre.
Le programme expérimental de création d'emplois
communautaires. Avec le PECEC, un programme financé par le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
mais administré par l'Office de planification et de
développement, le gouvernement considère qu'il est essentiel de
continuer à promouvoir la création d'emplois par des programmes
souples qui s'adaptent facilement aux réalités régionales.
Le PECEC se veut un appui au dynamisme des régions par le financement de
projets conçus par des individus et des groupes. Il permet le
démarrage d'entreprises et la consolidation d'unités de
production et de service déjà en place. De plus, le gouvernement
a ajouté au PECEC un volet pour favoriser le développement
d'entreprises mises sur pied par des jeunes. Ces derniers
bénéficieront d'une aide technique d'experts et de gens
d'affaires du milieu pour les appuyer dans le fonctionnement de leur
entreprise.
En 1983-1984, le PECEC a permis de subventionner 494 entreprises pour un
montant total de 32 400 000 $. Cette aide financière a amené des
investissements de 125 600 000 $ dans ces mêmes projets et 6515 emplois
permanents ont ainsi été créés. Pour 1984-1985, un
montant initial de 25 000 000 $ a été accordé au PECEC sur
un budget total possible de 40 000 000 $.
Un autre volet toujours du mandat de l'office, c'est l'aide à la
consultation. En ce qui concerne l'aide à la consultation, l'OPDQ a
versé aux conseils régionaux de développement du
Québec un montant de plus de 1 900 000 $ en subventions de base, ainsi
que 375 000 $ pour le Fonds d'initiative à la concertation,
communément appelé le FIC. Enfin, l'OPDQ a négocié
au cours des derniers mois le cadre de renouvellement
d'une entente avec les conseils régionaux de développement
associés du Québec. Celle-ci est présentement soumise pour
examen au Conseil du trésor et devrait se traduire éventuellement
par une augmentation des subventions reliées au Fonds d'initiative
à la concertation.
Un autre volet, c'est le dossier particulier de la Côte-Nord. En
terminant ce tour d'horizon des principales activités de l'OPDQ, il faut
aussi souligner le travail effectué dans le cadre de la mission
interministérielle de la Basse-Côte-Nord et également dans
le suivi de la commission parlementaire sur l'avenir de Schefferville. Dans ce
dernier cas, l'OPDQ s'est chargé de mettre sur pied un groupe de travail
visant à identifier et maintenir les services essentiels, à
favoriser les projets potentiels de développement économique et
à définir les orientations pour le Nord du Québec.
À cette fin, le groupe de travail a comme dernier mandat de faire toute
recommandation en matière de politique et de stratégie de
développement du milieu nordique.
Un volet également important dans les responsabilités,
c'est le projet Archipel. L'objectif de l'étude de faisabilité du
projet Archipel est de définir un aménagement
intégré des eaux et des rives de l'archipel montréalais et
d'en vérifier la faisabilité technique, économique,
sociale et environnementale. L'année écoulée a
été prioritairement consacrée à des études
techniques sur les volets hydroélectricité et régulation
des eaux, ainsi que l'aménagement des rives.
En 1983-1984, des changements profonds ont dû être
opérés afin de rendre le volet hydroélectricité
économiquement intéressant pour Hydro-Québec et la
société québécoise. Ainsi, il a fallu revoir les
débits turbines, les critères d'évacuation et le plan de
gestion des crues, mettre au point un nouveau concept de centrales sans couvert
de glace à l'amont, déplacer la centrale vers l'aval et utiliser
l'évacuateur existant d'Hydro-Québec en bordure du canal de la
Voie maritime. Ces changements ont été extrêmement
fructueux puisqu'ils ont permis une réduction de 60% du coût du
kilowatt installé. En conséquence, le volet
hydroélectricité du projet approche maintenant du point de vue
économique les meilleures centrales du plan de développement
d'Hydro-Québec.
En ce qui concerne le contrôle des eaux de l'archipel, des
progrès comparables ont été réalisés. Une
réduction légère de l'efficacité du contrôle
des crues, ainsi que l'optimisation des ouvrages ont permis de diminuer
substantiellement les coûts et les impacts par la réduction des
dimensions des ouvrages prévus. Ainsi, comparativement aux
scénarios de 1982, le coût de la variante actuellement la moins
coûteuse représente une réduction d'environ 70%. Son
efficacité en période de crues a diminué d'environ 10% et
le contrôle des basses eaux est moins flexible. Pour la même
efficacité que celle fournie par la variante présentée en
1982, les coûts ont été réduits d'au moins 20%.
Pour ce qui est de l'aménagement des rives, une stratégie
globale a été définie en fonction de deux objectifs:
favoriser l'accès à l'eau et améliorer la qualité
des milieux aquatiques et riverains. Cette stratégie comprend des
aménagements visant la mise en valeur intégrée du loisir
de plein air et du milieu naturel, la restauration de la qualité des
milieux et le développement de la polyvalence dans l'usage des rives.
À cet effet, un plan d'action sur cinq ans est actuellement en
préparation.
Au cours de l'année qui vient de commencer, un effort important
continuera d'être consacré aux études techniques afin de
finaliser la définition du projet, mais la priorité se
déplacera vers les études environnementales. De plus, un
mémoire sera soumis au gouvernement en juin 1984 pour définir un
plan d'action quinquennal détaillé pour l'aménagement des
rives et des cours d'eau, incluant la séquence des opérations
prévues par les différents ministères et les implications
budgétaires.
Par ailleurs, les discussions avec le gouvernement fédéral
et les organismes impliqués se poursuivront en 1984-1985. Les
éléments de négociation comprendront le partage des
coûts de la régulation entre le gouvernement fédéral
et le gouvernement du Québec, l'utilisation de la voie maritime aux fins
d'évacuation en cas d'urgence, les impacts de la gestion des eaux sur
les niveaux dans le port de Montréal, l'utilisation de l'écluse
Sainte-Anne en période de crues.
Compte tenu de l'état d'avancement actuel des études
techniques et environnementales, il sera possible de déposer en
décembre 1985 un rapport de faisabilité comprenant les
études techniques et environnementales de façon à pouvoir
commencer le processus d'audiences publiques peu de temps après le
dépôt du rapport. La décision de réalisation pourra
alors suivre le rapport d'audiences publiques. La mise en oeuvre du projet
nécessiterait, par la suite, la rédaction préalable des
plans et devis définitifs.
En conclusion, je m'en voudrais de ne pas remercier tout le personnel
des différents organismes dont j'ai la responsabilité,
c'est-à-dire le Secrétariat à l'aménagement,
l'OPDQ, de même que le Secrétariat Archipel. Je suis heureux
d'avoir pu compter sur leur étroite collaboration durant les mois
particulièrement chargés que nous venons de passer. Je leur sais
gré des efforts qu'ils continueront à déployer tout au
cours de la présente année afin que nous puissions continuer les
mandats qui sont les nôtres. Merci aux membres de la commission.
M. Élie Fallu
Le Président (M. Fallu): M. le ministre, nous vous
remercions de cette présentation. Vos crédits sont en très
grande partie des crédits de transfert, que ce soit l'OPDQ ou autrement.
Ils ne sont peut-être pas considérables, mais on sait qu'ils sont
fort recherchés dans le milieu par les intervenants régionaux,
municipaux ou encore par les industries. Quant au projet Archipel, il laisse
planer pour tous ceux de la plaine de Montréal un espoir
privilégié. Au-delà de la production
hydroélectrique, c'est le grand rêve, au moment où on fait
de la régularisation des eaux, au moment où on entreprend
vraiment l'assainissement, que nos plans d'eau soient revitalisés,
rendus conformes à l'image qu'on voudrait se faire d'un archipel et
surtout conformes aux usages qu'on en a déjà faits. C'est un
ministère qui est peut-être de petite dimension quant à ses
crédits, mais qui offre de très grands espoirs, du moins pour un
député qui vit dans la région.
Sans plus de commentaires, je demanderais au député de
Hull, qui est le porte-parole de l'Opposition en ce qui a trait au dossier de
l'aménagement et du développement régional, de s'adresser
à la commission pour ses remarques préliminaires.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je voudrais
reprendre certains points de l'énoncé du ministre
délégué à l'Aménagement et au
Développement régional. Nous allons sûrement poser des
questions relatives au projet Archipel, projet qui nous intéresse
énormément, pour savoir si nous aurons les réponses aux
questions qu'on pose depuis quelque temps. Nous allons vouloir traiter du
problème assez particulier de Schefferville et des villes nordiques.
Nous voulons sûrement traiter du document Le choix des régions,
consultation qui vient à peine de se terminer en région. Que ce
soit consultation ou information, on laisse cela à votre
interprétation.
Je voudrais, par contre, apporter certains correctifs à certains
énoncés du ministre, soit dans les différentes
régions, soit par l'entremise des journaux, par l'information qui est
retransmise à la population du Québec. Il est important
d'apporter au début ces correctifs parce que, sans mettre en doute la
crédibilité du ministre, certaines interprétations
commandent d'être corrigées. Entre autres, je fais
référence à un mémoire de l'Union des
municipalités du Québec sur le document de consultation Le choix
des régions - que le ministre a sûrement reçu - daté
de février 1984. Le ministre faisait mention, entre autres, dans une
déclaration, qu'au-delà de certaines modalités le monde
municipal est largement favorable au document de consultation. Tantôt, il
semblait répéter, les mêmes paroles pour l'ensemble des
organismes régionaux. J'espère qu'il n'exclut pas, à
l'intérieur des organismes régionaux, le monde municipal, qui est
un palier de gouvernement fort important et qui, actuellement, semble-t-il, de
par les sondages, est le gouvernement le plus reconnu des citoyens et
citoyennes du Québec.
Je tiens pour le bénéfice de cette commission, à
lire ici textuellement la page 40 du mémoire de l'Union des
municipalités en réponse effectivement à
l'interprétation que donne le ministre d'un consensus largement
favorable au document de consultation: "En présence d'une telle
affirmation, on peut certes s'interroger sur l'objectif poursuivi par la
tournée de consultation. En effet, tant la position des élus
municipaux au colloque de l'UMQ en septembre 1983 que les mémoires
présentés lors de la tournée de consultation infirment
cette conclusion. Conclure que les élus municipaux sont favorables aux
mesures proposées dans le document de consultation ne peut être le
résultat que d'une interprétation biaisée du discours
municipal."
Il serait important de conclure, M. le Président, que le monde
municipal ne partage pas du tout l'opinion que semble dégager le
ministre délégué à l'Aménagement et au
Développement régional de son document Le choix des
régions.
Tenant compte du fait que cette consultation vient à peine de se
terminer et plus particulièrement dans l'une des régions les plus
importantes du Québec, l'Outaouais, j'aimerais noter, pour le
bénéfice de l'ensemble des citoyens du Québec, certaines
confrontations que l'ex-ministre des Affaires municipales a eues avec les
citoyens de certaines régions du Québec, ce qui est la raison
pour laquelle ce ministre a sûrement été
déplacé à une autre fonction. Mais il reste le ministre
délégué à l'Aménagement du territoire. Je me
permets toujours de faire certaines citations, parce que si c'était le
député de Hull qui faisait ces citations ou ces
énoncés, on pourrait dire: C'est cela, c'est un rouge, parce que
c'est un rouge, il n'a pas de crédibilité auprès de la
population du Québec. C'est plutôt le Conseil régional de
développement de l'Outaouais, le 26 septembre 1983, qui disait:
"Léonard et Gendron sont en conflit d'intérêts." À
ce que je sache, M. Gendron est le ministre délégué
à l'Aménagement du territoire et le ministre responsable de la
région no 8, où il est effectivement député de l'un
de ces comtés. (15 h 45)
J'irais peut-être un peu plus loin, parce qu'on se souvient
qu'à l'Assemblée nationale, lorsque j'avais osé
mentionner, dans une
question, au mois de décembre, que le ministre des Affaires
municipales avait posé un geste quelconque malhonnête à
l'égard des gens de l'Outaouais, on m'avait coupé mon droit de
parole, et j'avais été privé de ce droit pour une
journée.
J'aimerais, encore pour le bénéfice des citoyens et des
citoyennes du Québec, reprendre les énoncés du
vice-président national du Parti québécois du
Québec, M. Sylvain Simard, qui nous apprenait hier, effectivement, qu'il
ne se représenterait plus comme vice-président de son parti,
étant donné qu'il avait à choisir entre une "job" à
Ottawa, c'est-à-dire à l'Université d'Ottawa, et sa "job"
comme vice-président national du parti pour lequel, apparemment, il
n'est pas suffisamment bien payé. Mais M. Simard, dans le Droit du 5
mars 1984 - ce n'est pas tellement loin et s'il y a des gens, en tout cas, qui
pensent encore que le Parti québécois est un parti d'avenir, j'en
doute personnellement, - déclarait que le découpage de
l'Outaouais, auquel avait indirectement participé le ministre
délégué à l'Aménagement et au
Développement régional, était du banditisme de grand
chemin. Je vais vous en lire seulement un petit bout, parce qu'on semblait en
pleine confusion d'entendre le vice-président national d'une formation
politique traiter ses collègues et son parti, plus
particulièrement certains ministres, de bandits, à toutes fins
utiles: "Le redécoupage territorial que le gouvernement a imposé
à l'Outaouais s'assimile au banditisme de grand chemin." Ce n'est pas un
dirigeant libéral qui a porté ce jugement sévère,
mais bien le vice-président même du Parti québécois,
M. Sylvain Simard.
M. le Président, je veux simplement vous dire que cela arrive
dans l'Outaouais. Le ministre délégué à
l'Aménagement est venu en Outaouais, il y a quelques jours ou quelques
semaines, et on sait qu'il y a une commission d'enquête, la commission
Robidas, qui a été créée, justement, pour ramasser
les pots cassés du gouvernement et tenter de rafistoler un peu les
problèmes qui ont été créés par certains
ministres. Québec a créé cette commission pour entendre
les intervenants du milieu, mais, pour le ministre délégué
à l'Aménagement, cela ne semblait pas important d'avoir une
certaine enquête ou de faire une certaine étude. Dans le Droit du
7 décembre 1983, le ministre délégué à
l'Aménagement, M. Gendron, mentionnait au sujet du maintien dans sa
forme actuelle de la région 07, qu'il était trop tôt pour
faire une étude, alors que le premier ministre, de son
côté, a commandé une étude assez complète de
l'ensemble des problèmes de l'Outaouais, du découpage, des
organismes de l'Outaouais, le CRD, la SAO, la CRO, et on inclut à
l'intérieur de ceci la Commission de la capitale nationale pour essayer
de lui donner une claque en passant, peut-être. De toute façon, ce
qui est intéressant, c'est que cette commission va commencer à
siéger et à entendre les gens du milieu.
On aurait pensé qu'avec le départ du ministre des Affaires
municipales, M. Léonard, député du comté de
Labelle, on ne souhaitait pas nécessairement le départ
immédiat du ministre délégué à
l'Aménagement, M. Gendron, mais que c'était une victime à
venir. Voici ce qui nous préoccupe aujourd'hui, quand on traite du
"Choix des régions". On aurait pu penser que le ministre
délégué à l'Aménagement et au
Développement régional s'en prenait uniquement à la
région de l'Outaouais, avec un certain appétit qui l'incitait
à accaparer une partie de l'Outaouais, des territoires non
organisés. Mais, par certaines consultations que nous avons avec
certaines autres municipalités et certaines autres régions, je
m'aperçois que le ministre délégué à
l'Aménagement et au Développement régional est en train de
grever une partie de la région 10, c'est-à-dire Chibougamau et
les environs. Cela est d'autant plus surprenant que ce ministre, est-ce qu'on
pourrait dire qu'il est toujours en conflit d'intérêts? Est-ce
que, du fait que la commission Robidas va peut-être soutirer une partie
des territoires non organisés dans la région de
Laurentides-Labelle et dans la Vallée de l'or, le ministre se propose
déjà de récupérer une autre partie d'un autre
territoire qui est limitrophe au sien, c'est-à-dire plus au nord?
Je me permettrai simplement de lire quelques lignes d'une lettre que me
faisait parvenir le maire, M. Jean-Paul Lanctot, de Chibougamau. Il disait:
"Lors des auditions, où tous les représentants s'accordaient sur
l'inclusion de nos municipalités et territoires à la
région 10, avec une limite sud au 49e parallèle, il est
malheureusement apparu évident que l'idée du ministre est faite
et que rien ne pourra la faire changer. En effet, toute l'actuelle
région 10 étant d'accord, du moins, en principe, la région
02, via le CRD, appuyant la région de Chibougamau-Chapais, seule la
région de l'Abitibi s'oppose à cela et préfère voir
annexer à la région 08 les parties qui l'intéressent dans
la région 10. Le ministre semble avoir les mains liées et sa
consultation ressemblait plus à une manoeuvre de démobilisation
d'une volonté d'autonomie régionale, le tout loin des curieux et
des médias d'information".
Je trouve, quand même, surprenant que ce ministre, qui,
pensions-nous, s'attaquait particulièrement à l'Outaouais
québécois, semble s'attaquer à d'autres régions
plus au nord que la sienne. Je pensais que ses appétits étaient
quand même limités à l'Outaouais.
Si le ministre délégué à
l'Aménagement
et au Développement régional avait eu l'occasion, la
semaine dernière, de se déplacer et d'assister au congrès
de l'Union des municipalités du Québec, à Montréal,
où le ministre des Affaires municipales était présent, de
même que son sous-ministre récemment nommé, un ancien maire
de Sherbrooke et un ancien président de l'Union des
municipalités, il ne se serait pas nécessairement convaincu du
fait qu'il fallait arrêter de harceler le monde municipal de la
façon dont on l'a harcelé au cours des dernières
années, avec les nombreuses lois qui ont été
adoptées, avec les documents qu'on lui a fait parvenir, avec les
changements importants que l'on veut faire à l'intérieur des
orientations touchant les gouvernements régionaux.
Tantôt, le ministre disait qu'il ne fallait pas confondre
décentralisation et régionalisation, en disant que certaines
municipalités régionales de comté allaient, dans les
prochaines semaines ou dans les prochains mois, avoir des projets pilotes au
niveau de la voirie tertiaire. Je pense que le monde municipal a bien
indiqué, lors de ses derniers congrès, au gouvernement du
Québec, au ministre des Affaires municipales, qu'il en avait soupe de
toutes ces réformes et qu'il souhaitait pouvoir digérer pendant
quelques années les nombreuses lois et les nombreux règlements
qui ont pu affecter particulièrement ces gouvernements locaux.
J'ose souhaiter et espérer que le ministre, qui nous disait qu'il
devait faire rapport au Conseil des ministres des consultations qu'il avait
effectuées dans tout le Québec, fera rapport à son Conseil
des ministres dans le sens que l'ensemble des intervenants du milieu lui ont
dit que les changements de structures que l'ensemble des régions ont pu
vivre au cours des dernières années commandent un arrêt
quelconque afin de laisser respirer ces gens. Je pense qu'on est à
mettre pas nécessairement à l'image du Québec, mais
à l'image du Parti québécois ou du gouvernement actuel un
paquet de gens qui souhaiteraient être plus familiers avec les organismes
en place actuellement, organismes auxquels on pourrait peut-être
souhaiter apporter certains changements quant à leur vocation ou
à leur orientation, sans pour autant les perturber en leur trouvant de
nouveaux noms et en déplaçant des personnes que l'on ne souhaite
plus voir au sein de ces mêmes organismes.
Cela me permet ici de rappeler une petite citation du ministre Gendron,
à Hull, le vendredi 6 avril dernier: "Sauf une chose qui est largement
critiquée, a ajouté M. Gendron, et qui est le CRCI, l'instance
régionale de concertation privilégiée, dans le document
"Le choix des régions". Le ministre est très conscient que c'est
un organisme qu'il n'a pas pu vendre à l'ensemble du Québec,
à l'ensemble des autres organismes au niveau de la concertation. La
majorité des organismes se sont posé de sérieuses
questions sur le bien-fondé de son document et j'ai l'impression que le
ministre devrait simplement recommander au gouvernement de remettre à
plus tard ces changements que le monde municipal et l'ensemble des organismes
que j'ai pu rencontrer personnellement ne souhaitent pas.
Quand un gouvernement connaît, comme c'est le cas actuellement,
des difficultés à vendre à la population du Québec
ses politiques et ses orientations, quand un gouvernement ne perce plus, quand
un gouvernement n'est plus accepté, selon les sondages qu'a faits ce
gouvernement pour son propre bénéfice, les sondages qu'a faits
son parti, ou les sondages qui sont faits pour le bénéfice du
secteur de l'information par des firmes spécialisées, cela
dénote sans équivoque que le gouvernement est rejeté par
la grande majorité de la population du Québec. Quand un
gouvernement est rejeté de la sorte, il est évident que la
population n'achète plus. La population n'achète plus, parce
qu'elle n'a plus confiance.
Je pense qu'il serait important pour le ministre
délégué à l'Aménagement et au
Développement régional de recommander que ce soit reporté
à un prochain mandat, si ce gouvernement a l'intention d'être
réélu ou pense pouvoir être favorisé de nouveau par
la population. Pour le moment, j'ai drôlement l'impression que ça
ne prend plus et que la population en a, tout simplement, soupe.
Nous pourrions en discuter longuement. Mes collègues ont
énormément de questions à poser sur d'autres sujets assez
particuliers. La semaine dernière, nous avons attiré l'attention
du ministre délégué à l'Aménagement et au
Développement régional sur le dossier de Schefferville. Le
ministre a mentionné qu'il devait, justement, se rendre à
Port-Cartier dans la journée ou les jours qui suivaient pour une
rencontre avec les gens de l'OPDQ, l'Office de planification et de
développement du Québec, pour traiter des problèmes des
villes nordiques qui préoccupent les gens de ce secteur.
Malheureusement, on n'a pas eu les réponses qu'on aurait
souhaitées et je ne sais pas si on va les avoir aujourd'hui.
M. Gendron: J'ai rarement les questions que je souhaite. (16
heures)
M. Rocheleau: On n'a jamais les réponses aux questions que
nous posons. Le ministre est toujours vague dans ses réponses. Il ne
sait jamais ce qu'il a à dire parce qu'il ne sait pas au juste quoi
dire. Alors, il tente toujours de valser d'un bord à l'autre et
là, il prétend que le député de Hull ne sait pas de
quoi il parle, qu'il emploie un langage incohérent...
M. Gendron: On en a un bel exemple.
M. Rocheleau: ...que le député de Hull a un langage
coloré, etc.
M. Tremblay: II se parle tout seul.
M. Rocheleau: M. le député de Chambly!
La Présidente (Mme Bacon): À l'ordre! À
l'ordrel Vous avez une question, M. le député?
M. Rocheleau: Non je souhaiterais simplement qu'il continue ce
qu'il faisait tantôt.
M. Tremblay: Je pense, Mme la Présidente, que cela fait 20
minutes qu'on entend cela.
La Présidente (Mme Bacon): Le ministre a parlé un
peu plus longtemps.
M. Rocheleau: Le ministre délégué à
l'Aménagement et au Développement régional pourrait
peut-être nous parler aujourd'hui de la rencontre que nous avons eue l'an
dernier à Schefferville alors que plusieurs députés
s'étaient déplacés pour rencontrer ces gens qui,
malheureusement, allaient assister à la fermeture de leur ville. Toute
cette belle commission, représentée par un paquet de gens.
C'était impressionnant, dans la salle de la polyvalente, de voir tout ce
monde-là qui venait se préoccuper des gens de Schefferville.
Le ministre, lors de la clôture des interventions, avait
mentionné que, dans les six prochains mois, il y aurait sûrement
des résultats, que des comités seraient mis sur pied,
formés et créés pour tenter de trouver des
diversifications d'éléments qui pourraient entre autres faire en
sorte de maintenir ou de relancer Schefferville. Cela s'est produit aussi
à Port-Cartier l'année précédente, où on
avait rencontré les gens d'ITT, entre autres, qui se plaignaient que
cette usine était fermée depuis un bout de temps à
Port-Cartier et on se demandait si on allait relancer cela.
Encore là, le ministre nous avait dit que, dans les six mois
à venir, on aurait probablement des rapports et qu'on verrait que le
gouvernement aurait des mesures particulières pour faire en sorte
d'activer une certaine forme de relance dans ces villes importantes. Ce qui
nous préoccupe, M. le ministre, c'est que depuis, à part quelques
milliers de dollars pour aider le départ de certains et compenser le
maintien ou l'entretien de certains équipements, on n'ait rien appris de
concret. Les gens des villes nordiques s'inquiètent avec raison de
l'avenir qui leur est réservé. Ils regardent
Schefferville, suivent, malheureusement, avec anxiété le
départ des derniers survivants et se posent de sérieuses
questions à savoir si le gouvernement va tenir compte d'une
planification à court terme, à moyen terme et à long terme
sur la survie des villes nordiques. La ville de Gagnon, entre autres nous fait
des représentations depuis déjà assez longtemps. Ces gens
sont très inquiets du sort qui pourrait leur être
réservé, d'autant plus que le gouvernement et différents
ministres qui ont des préoccupations tant au niveau industriel et
commercial entre autres, semblent être fort vagues dans les
énoncés qu'ils font.
On aimerait que le ministre nous brosse tantôt un petit tableau de
ce qui est arrivé jusqu'à maintenant et nous dire ce qu'il laisse
entrevoir pour l'avenir. Si cela pouvait être aussi clair qu'on le
souhaite pour qu'on puisse en découper de petites cassettes à un
moment donné, les envoyer à ces gens-là et leur dire:
Écoutez ce que le ministre a dit, c'est clair, c'est net, c'est
précis. Attendez-vous, telle journée, telle date, tel mois,
à avoir telle annonce; ce ne seront pas des annonces
répétitives comme au cours de certaines visites des ministres
dans les régions où ils nous annoncent à peu près
la même chose depuis déjà quatre ou cinq ans.
Pour ce qui est de ces villes nordiques et plus particulièrement
de Schefferville, on aimerait avoir certaines indications. Dans les minutes qui
me restent, Mme la Présidente -je reviendrai après, si vous me
permettez -j'aimerais...
M. Tremblay: Vous avez déjà
dépassé...
M. Rocheleau: ...indiquer au ministre que, l'an dernier, nous
avions demandé...
M. Tremblay: Mme la Présidente, je veux simplement que ce
soit bien clair. Il ne vous reste pas de temps, mais nous consentons à
ce que vous parliez un peu plus longtemps.
M. Rocheleau: Écoutez;
La Présidente (Mme Bacon): Est-ce qu'il faudrait que le
député de Hull vous remercie pour votre tolérance?
M. Tremblay: Non. Je ne voudrais pas qu'il croie qu'il n'a
pas...
La Présidente (Mme Bacon): II ne faudrait pas
exagérer.
M. Tremblay: C'est bon de le savoir. Je sais qu'il veut
s'autodiscipliner. C'est pour cela que je veux lui faire remarquer qu'il a
déjà écoulé son temps et que nous allons
tolérer qu'il ait du temps supplémentaire.
La Présidente (Mme Bacon): Sur cette remarque
tolérante, M. le député de Hull, si vous voulez conclure
vos remarques générales.
M. Rocheleau: Écoutez! Je ne peux faire autrement que
remercier le député de Chambly, qui me donne cette assurance de
pouvoir continuer quelques minutes encore.
Pour ce qui est du projet Archipel, l'an dernier, nous avions
demandé - encore là, on a eu des réponses très
vagues de la part du ministre - de nous fournir une liste de l'ensemble des
employés qui sont affectés de près ou de loin à ce
projet. On avait demandé de nous indiquer les montants
dépensés jusqu'à ce jour - étant donné que
c'est la période des crédits, Mme la Présidente, la date,
ce serait aujourd'hui - et de bien vouloir établir les chiffres à
ce jour. Où en sommes-nous rendus dans les dépenses, dans les
études, dans les contrats, soit à l'entreprise privée,
soit au public ou au parapublic, soit par l'entremise d'Hydro-Québec,
soit par l'entremise d'autres ministères, comme le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, le ministère de
l'Environnement? Le fait d'en oublier ne veut pas dire que vous devez oublier
de nous donner les réponses, M. le ministre. Dans l'ensemble, qu'est-ce
que vous avez dépensé jusqu'à présent pour le
projet Archipel? Quand on examine les crédits - on le fera
peut-être tantôt s'il nous reste du temps - il y a des
déplacements, il y a des transferts qui se font. J'aimerais savoir si le
gouvernement a, tout simplement, l'intention de nous indiquer et d'indiquer
à la population du Québec ses intentions fermes concernant le
projet Archipel ou s'il a l'intention de poursuivre au cours des prochaines
années encore des études et des études. Je sais
pertinemment, pour l'avoir lu tantôt ou hier, que M. Gérard Pageau
devait vous remettre une étude au 31 mars 1984. Je ne sais pas si vous
l'avez eue. C'est une étude biologique pour le projet Archipel, au
montant de 23 800 $; estimation du coût, 18 260 $. Je sais qu'on voit
souvent passer de petits contrats comme cela. Je ne sais pas si ce sont des
amis du ministre ou des amis des anciens ministres ou qui que ce soit, mais il
reste qu'on aimerait avoir un portrait global, M. le ministre. À
l'Assemblée nationale, lors de la période des questions, on est
limité à 20 secondes ou 30 secondes pour poser une question. Le
ministre, habituellement, prend deux, trois ou quatre minutes pour
répondre et il ne répond jamais aux questions qu'on pose.
M. Tremblay: Mme la Présidente.
M. Rocheleau: J'aimerais que le ministre puisse être clair,
net et précis.
M. Tremblay: ...question de règlement.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Chambly, sur une question de règlement.
M. Tremblay: Franchement, on n'est pas ici pour juger la
façon dont le président de l'Assemblée nationale
préside l'Assemblée. Si le député de Hull...
M. Rocheleau: Non.
M. Tremblay: ...a quelque chose à dire au président
de l'Assemblée nationale, il pourra le dire à la Chambre quand il
sera là. Cet après-midi, on est en train d'étudier les
crédits du ministère de l'Aménagement et du
Développement régional.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Hull.
M. Gendron: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bacon): Oui, M. le ministre.
M. Gendron: Si vous me le permettez, effectivement, je pense
qu'on pourrait travailler un peu plus sérieusement sans vouloir engager
le député de Hull. Si vous voulez avoir des réponses
précises, il me fera plaisir de vous les donner, parce que,
traditionnellement, c'est l'endroit pour faire un travail de fond, lors de
l'étude des crédits des ministères. Je reprendrai quelques
éléments de son commentaire. Ensuite, comme on l'a toujours fait,
précisément sur une question, je donnerai une réponse
précise, parce que c'est l'exercice auquel on est convié. J'ai
l'intention de le faire sérieusement et je n'ai aucune espèce
d'objection à vous donner toutes les réponses aux questions qui
seront posées, mais qui seront, au minimum, "cernables". Quand on
embrasse l'ensemble du Québec, en mêlant n'importe quoi, comme
vous l'avez fait avec la région 10 que je...
M. Rocheleau: ...recommence encore!
M. Gendron: Non. Je vais commencer bien
précisément...
M. Rocheleau: Mme la Présidente...
M. Gendron: ...sur les commentaires généraux, M. le
député de Hull.
M. Rocheleau: J'étais sur le point de conclure quand le
député de Chambly m'a interrompu.
M. Gendron: D'accord, je croyais que vous aviez terminé.
Allez!
La Présidente (Mme Bacon): Cela faisait partie des
remarques préliminaires.
M. Rocheleau: Le député de Chambly a
commencé en se demandant si j'avais quelque chose à dire au
président de l'Assemblée nationale ou à un autre, mais je
ne me suis pas adressé du tout au président de l'Assemblée
nationale. J'ai simplement dit que, durant la période qui nous
était réservée pour poser des questions en Chambre...
M. Tremblay: C'est comme d'habitude, vous n'avez rien
compris.
M. Rocheleau: ...le ministre ne répondait pas
nécessairement à la question que nous avions posée.
Aujourd'hui, lors de l'étude de ces crédits, cela nous donne plus
de temps et cela permettrait peut-être au ministre de nous donner les
réponses que nous souhaiterions. Mes collègues ont aussi des
questions à poser.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Hull, si vous voulez conclure vos remarques.
M. Rocheleau: Je les conclus là-dessus et je souhaiterais
que le ministre puisse répondre à certaines des questions que
j'ai posées au cours de mon bref énoncé.
La Présidente (Mme Bacon): M. le ministre.
M. François Gendron (réplique)
M. Gendron: Avec une telle conclusion, il n'y aura pas de
problème. Sur l'interprétation que vous avez
évoquée, M. le député de Hull, en faisant
référence au mémoire de l'Union des municipalités
du Québec, que, bien sûr j'ai reçu et qu'on a
apprécié, je voudrais faire juste un commentaire très
précis et vous demander de l'entendre cette fois-ci, ce que je doute que
vous ayez fait. À la page 6 de ma présentation, je vous cite une
phrase et je vous demande juste de l'entendre, vous allez voir que cela va
être différent de ce que vous avez évoqué dans le
sens que ce n'est pas une interprétation. Je parle à partir de
considérations factuelles et ce que j'ai dit, c'est que j'ai eu
l'occasion de rencontrer une multitude d'intervenants - là, je ne
reviendrai pas là-dessus - et que, pour ce qui est des objectifs et des
principes sur la nécessité de meilleurs outils pour que les
intervenants régionaux puissent infléchir davantage l'action du
gouvernement, il y avait un large consensus. C'est cela que j'ai cité
dans l'introduction tantôt, au tout début. J'ai même
précisé "La plupart des personnes et groupes qui ont soumis des
mémoires ont clairement manifesté leur accord - je cite au texte
- avec la nécessité de la concertation au niveau régional,
de même qu'avec les principes et les objectifs exposés dans "Le
choix des régions"; les réserves exprimées par certains
ont plutôt porté sur diverses modalités." Je m'arrête
là.
Je pense que la vérité a ses droits. Ce que j'ai
évoqué tantôt et que je redirais partout dans tout le
Québec, c'est que la tournée de consultation sur "Le choix des
régions" m'a permis de faire la preuve que de plus en plus de
régionaux sont conscients qu'il y a lieu d'avoir une espèce
d'ajustement à la réalité de 1984; les régionaux
veulent marquer davantage, par une plus grande implication, le respect des
dynamismes locaux et du développement des régions. C'est
là-dessus que j'ai dit qu'il y avait un large consensus. Vous êtes
revenu constamment, et c'est votre droit, et c'est le droit également de
l'Union des municipalités... Mais il faut tenir compte du contexte, il
faut remettre dans leur contexte les mémoires où effectivement le
monde municipal a réagi assez rapidement, même
immédiatement, à la suite du dépôt du document "Le
choix des régions", en juin 1984. Il est arrivé, pour combien de
régions, qu'il y avait une différence passablement forte entre le
témoignage que certains porte-parole du monde municipal sont venus faire
lors des audiences et la production de leurs mémoires sur ce même
document de consultation qui s'appelle "Le choix des régions".
Je n'ai jamais affirmé et je ne l'affirmerai pas que le monde
municipal est à 100% d'accord avec la réflexion qui a
été déposée sur la table. C'était un
document de consultation. La plupart des intervenants du monde municipal dans
les régions du Québec sont venus exprimer leurs points de vue en
manifestant des réserves à certains égards, mais c'est
très différent de l'espèce d'interprétation que
vous en avez faite. Un autre commentaire rapide: je sais bien que le maire
Lanctot, qui est possiblement le futur candidat du Parti libéral dans la
région 10, et c'est son droit le plus strict...
M. Rocheleau: Bon, il faut qu'il parte là-dessus!
M. Gendron: Que je parte là-dessus, c'est vous qui avez
parlé de celai
M. Rocheleau: II n'est même pas encore candidat. Attendez
qu'il puisse le devenir, peut-être un jour. Je ne le savais même
pas, avant que vous me l'appreniez.
M. Gendron: D'accord. Vous ne m'avez pas lu au complet la lettre
qu'il vous a écrite, mais je sais qu'il vous a fait part des audiences
que j'ai tenues dans la région 10.
M. Rocheleau: II y a toujours un rouge de mélangé,
là-dedans quelque part.
La Présidente (Mme Bacon): M. le ministre.
M. Gendron: Non, non. Il faut bien convenir qu'il en reste
quelques-uns.
M. Rocheleau: Attendez!
M. Gendron: On est d'accord là-dessus.
La Présidente (Mme Bacon): M. le ministre, si vous voulez
continuer. (16 h 15)
M. Gendron: Soyons sérieux quelques secondes. Ce que je
veux dire, c'est que les audiences de la région 10, se sont
déroulées très convenablement; on y a reçu
effectivement des mémoires de tous les intervenants qui ont fait un bloc
assez homogène - je le reconnais, cela s'est fait -pour revendiquer une
région 10 dans laquelle les populations de Chapais, Chibougamau,
Matagami, Lebel-sur-Quévillon seraient intégrées à
une région 10 plutôt qu'à une région 8. Je n'ai
jamais dit que j'avais entendu autre chose.
Par contre, vous présentiez l'opposition des gens de l'Abitibi
comme si c'était quelque chose que nous n'avions pas à
considérer alors que, traditionnellement, ces intervenants ont toujours
été membres de la région de
l'Abitibi-Témiscamingue. Ce n'est pas un débat aussi ouvert que
celui qui existe dans l'Outaouais depuis une quinzaine d'années,
où votre propre collègue, M. Gratton, en 1973, avait les
mêmes convictions que moi et disait que la région de Labelle avait
plus d'affinités avec la région des Laurentides qu'avec la
région de l'Outaouais. C'était le discours que prêchait, en
1973, votre collègue, le député de Gatineau, M. Gratton,
aujourd'hui leader de l'Opposition en Chambre.
Dans ce sens-là, je pense qu'il était normal que le
débat sur la région d'appartenance dans l'Outaouais donne
l'occasion aux intervenants de traiter de toute cette question, de rediscuter
de toute cette question. Cependant, je n'avais rien à voir avec le
découpage; vous avez toujours semé la confusion et
mêlé les cartes. C'est pourquoi la commission Robidas a la
responsabilité précise de regarder le rôle de plusieurs
structures qui existent sur le territoire de l'Outaouais, mais également
la question de la délimitation et du découpage.
Tout ce que j'ai évoqué dans le document "Le choix des
régions", c'est qu'il y a des MRC qui peuvent tout aussi bien appartenir
à une région de concertation qu'à une autre. Si j'avais
commis un crime aussi grave que vous l'avez laissé entendre à
plusieurs reprises, dans votre langage souvent très haut en couleur,
mais pas tellement exact par rapport aux faits, je vous reprendrais en vous
disant que j'ai rarement vu un voleur recevoir autant d'appuis que moi. Lorsque
je suis allé en audiences dans la région de l'Outaouais, pour un
voleur de territoire, tous ceux que, selon vous, j'aurais volés sont
venus me dire qu'ils étaient parfaitement d'accord pour appartenir
à la région des Laurentides. Les gens de l'Outaouais sont venus
dire cela.
M. Rocheleau: Les gens de l'Outaouais vous ont boycotté;
ils ne sont pas venus.
M. Gendron: S'ils m'ont boycotté, je dirais que le
boycottage a échoué. Premièrement, ils se sont
boycottés eux-mêmes, parce que cela ne me dérangeait pas;
cela me faisait un peu moins long dans votre belle région.
Deuxièmement, il y a eu environ 30 mémoires qui ont
été entendus dans l'Outaouais. Lorsqu'on entend 30
mémoires qui nous disent ce que les gens pensent des points de vue
exprimés dans le document "Le choix des régions", ce n'est pas ce
qu'on peut appeler un vaste boycottage. Tous les intervenants sont venus se
faire entendre. Le monde municipal a fait le choix de ne pas venir se faire
entendre et c'était son droit. Tous les autres intervenants sont venus
se faire entendre.
Pour ce qui est du monde municipal, vous dites: J'ai eu l'occasion, moi,
d'assister. Je pense que vous avez évoqué cela, mais cela n'a pas
d'importance parce que nous étions représentés par des
gens du secrétariat; mon collègue des Affaires municipales
était au dernier congrès de l'Union des municipalités du
Québec... Vous avez affirmé qu'ils m'auraient rappelé - je
vous cite au texte - qu'ils en ont soupé de toutes ces réformes
avec lesquelles, la plupart du temps, ils ne sont pas d'accord. Je voudrais
simplement vous rappeler que certaines réformes ont été
demandées par eux, contrairement à votre affirmation gratuite,
entre autres la réforme de la fiscalité municipale. C'est le
monde municipal qui a demandé la réforme fiscale. Contrairement
à ce que vous avez fait, nous, au lieu de rester assis dessus, on l'a
faite. Au lieu de passer des mois et des années à discourir pour
dire qu'il serait important que le champ fiscal soit occupé par un seul
intervenant majeur, nous avons fait la réforme fiscale, à la
demande des municipalités.
Je suis conscient qu'on a dû faire plusieurs de ces
réformes parce qu'il y avait eu une période d'attentisme de 1970
à 1976 dans le monde municipal. Le monde municipal était en
attente et il ne se passait rien. On a dû prendre les bouchées
doubles et les bouchées triples de 1976 à 1983. Vous n'avez
peut-être pas tort; on a peut-être fait
trop de réformes qui étaient obligatoires, requises,
nécessaires à cause de l'évolution des choses. Ces
gens-là ont un certain rythme de capacité d'absorption et ils
nous ont dit: Écoutez, allez-y un peu mollo - je suis d'accord avec cela
- associez-nous à vos réformes importantes, ce que nous voulons
faire et ce que j'ai fait dans le document "Le choix des régions". Je
n'ai jamais dit que c'était pour demain matin que cette
réforme-là serait en vigueur et qu'elle bousculerait le monde
municipal.
Quand vous avez affirmé que je n'avais pas réussi à
vendre le CRCI, ce n'est pas exact. J'ai très bien réussi
à vendre partout la nécessité d'une table de concertation
au niveau de la grande région de concertation. Tous les intervenants ont
acheté cela; ce qu'ils ont moins acheté, c'est le modèle.
Je pense que cela est normal quand on prend connaissance d'une nouvelle
proposition. Il y a des intervenants qui prétendent que ce n'est
peut-être pas ce qu'il y a de meilleur. Dans ce sens-là, j'ai
manifesté partout que j'étais souple, ouvert, et que nous
prendrions le temps d'expliquer de quoi il s'agissait.
Il y en a plusieurs qui ont eu l'occasion lors des audiences,
d'apprendre ce qu'était véritablement la table proposée.
Ce n'était pas une table bureaucratique, une table de fonctionnaires,
ainsi de suite. J'ai eu l'occasion de donner les précisions qui
s'imposaient et, tranquillement, non pas de vendre, car je n'avais rien
à vendre - mais d'expliquer un document de réflexion,
d'échanger avec des agents du développement qui ont la même
conviction que la mienne, celle que le moment est venu au Québec de
faire plus pour renforcer les régions du Québec.
Schefferville
Vous avez terminé ce que vous avez appelé votre conclusion
par quelques questions. Je voudrais effectivement y répondre, c'est
l'objectif de la séance d'aujourd'hui. Un premier commentaire sur
Schefferville. Encore là, contrairement à votre commentaire, qui
était davantage un discours comme si ces populations s'attendaient
qu'après ce qui leur est arrivé, quand on est une ville
monoindustrielle et qu'on doit subir les difficultés que cela
représente d'être une ville monoindustrielle, nous arriverions
là avec des politiques qui, demain matin, changeraient le visage des
choses, je veux vous dire qu'à la suite de la commission parlementaire
de Schefferville, comme répondants du gouvernement, nous avions
hérité de trois mandats précis. Ce sont des
réponses précises, mais vous ne voulez jamais les entendre. Vous
étiez là lors de la tenue de cette commission parlementaire
où on a pris des engagements précis.
Premièrement, cela a été de résoudre les
problèmes à court terme et l'un des premiers problèmes
à court terme, c'était de dénombrer ceux qui voulaient
demeurer à Schefferville et ceux qui ne voulaient plus demeurer à
Schefferville pour des raisons externes peut-être à leur
volonté propre, mais pour lesquelles on ne pouvait rien. Quand on est
sérieux, c'est la première chose qu'on regarde. On regarde
également, quand on sait le nombre de citoyens qui ont fait le choix
libre de demeurer à Schefferville ou pas, comment on peut assurer les
services essentiels, ce qui a été fait. Pour ce qui est des
services essentiels, c'est une mission accomplie. On a donné la garantie
à ces citoyens qu'ils auront les services essentiels pour continuer
à vivre normalement avec les inconvénients, bien sûr,
qu'une décision telle que la fermeture d'une entreprise, avec un
employeur unique, occasionne.
Le deuxième mandat était de déterminer des
interventions pour créer de l'emploi à court terme pour ceux qui
feraient le choix de demeurer après qu'on leur aurait permis d'exercer
ce choix. On ne peut pas faire cela avant qu'ils aient fait le choix de
demeurer ou de s'en aller. Il fallait savoir combien feraient le choix de
demeurer, en permanence à Schefferville. Le Conseil des ministres a
accepté de favoriser deux secteurs d'activité importants. On peut
bien avoir un beau discours, le mettre sur cassette, disant: Voici ce qui vous
arrive demain matin, cela ne serait pas sérieux. On ne peut pas arriver
demain matin, pour moins de 300 personnes de population blanche, avec un projet
de Bell Helicopter, avec une aluminerie ou des choses comme cela. Des projets
comme ceux-là n'arrivent pas demain matin et il faut rester dans le
contexte de la ville nordique qu'est toujours Schefferville. C'est pour cela
que le Conseil des ministres a accepté de favoriser deux secteurs
d'activité précis: un qui est l'exploration minière dans
la fosse du Labrador; c'est un programme accéléré
d'intervention qui est en cours et pour lequel il y a des crédits, mais
je ne ferai pas les crédits de chaque ministère ici. Cette
opération est concrète, précise. Les gens de Schefferville
ont été avisés des mesures exceptionnelles qu'on va
continuer de faire pour eux. Il en est de même au niveau touristique. On
trouve que le secteur du tourisme, particulièrement du tourisme d'hiver,
mérite d'être fouillé davantage, d'être
concrétisé davantage dans le domaine, par exemple, de pourvoiries
plus spécialisées au niveau du caribou, etc. Pour ce qui de ce
nouvel aspect, de cette nouvelle orientation, nous avons, au niveau de l'Office
de planification et de développement du Québec, l'intention d'y
mettre les ressources
nécessaires en collaboration avec le ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche pour que, le plus rapidement possible, des
mesures concrètes soient offrables dans ces secteurs à la
population de Schefferville. C'est ce qui a été fait.
Par contre, pour le volet plus général, quand vous avez
dit: On vous a posé une question en Chambre et vous ne le saviez pas
trop, je le savais très précisément. Vous mêlez,
comme vous avez l'habitude de le faire. Oui, c'est vrai que ce qui a
été dit en Chambre, c'est clairement qu'il y avait un colloque
sur la nordicité pour dégager ce qu'on appelle une politique
d'aide, de développement pour les secteurs plus nordiques au
Québec, ce qu'on appelle communément une politique nordique, en
milieu nordique. Mais dégager des orientations pour le milieu nordique,
c'est une préoccupation importante, mais ce n'est pas sur le coin de la
table... Oui.
M. Rocheleau: Deviez-vous être présent à
cette assemblée, ce jeudi-là, à Port-Cartier?
M. Gendron: Ce n'était pas à Port-Cartier,
c'était à Sept-Îles.
M. Rocheleau: Sept-Îles.
M. Gendron: Et, en Chambre, oui, j'ai répondu que je
devais être là la semaine qui suivait. Effectivement, quand vous
m'avez posé la question en Chambre, c'était la semaine suivante
que se tenait ce colloque de deux jours. J'étais l'orateur
invité, pour la clôture au dîner du jeudi soir en plus de
m'être engagé à une participation active à ce
colloque des deux jours. Malheureusement, à cause d'examens, pour des
raisons médicales, je n'ai pas pu prendre part à ce colloque.
Mais, comme on travaille en équipe, comme j'ai un adjoint parlementaire
qui vient de cette région, qui connaît très bien le milieu
pour y vivre depuis plusieurs années et être député
du comté de Duplessis, il m'a relevé et le colloque a eu lieu.
Les mêmes ateliers ont travaillé comme prévu et ils ont
dégagé les mêmes orientations. Dans ce sens, je pense que
le colloque aura permis de préciser, par ce groupe de travail
spécialisé, des orientations que nous voulons, comme
gouvernement, prendre. Mais comme on n'a pas toujours pensé, comme votre
gouvernement, avoir la science infuse, on veut consulter les intervenants du
milieu. Effectivement, le groupe de travail devra soumettre son rapport au
cours des prochains mois pour commencer à dégager une politique
en milieu nordique qui tiendra compte de réalités vécues
par des gens qui oeuvrent dans le milieu nordique depuis plusieurs
années.
Pour ce qui est de Schefferville, ce sont exactement ces
choses-là qui se sont passées, mais on ne peut pas, si on veut
être sérieux, dire à pied levé à une
population qui a été très importante et très
dynamique dans un secteur industriel unique, qui était l'industrie du
fer - une mine de fer - et qui, à un moment donné, se voit
complètement écarté du circuit international pour des
raisons de mise en marché: Voici une nouvelle vocation. Vous
étiez monoindustriels. Vous ne l'êtes plus, on a la solution
à tous vos maux. Je pense qu'il faut quand même avoir une
réflexion comme gouvernement sur les problèmes des villes
nordiques. C'est pourquoi on veut une espèce de début de
politique des villes nordiques.
Pour ce qui est du dossier Archipel...
M. Rocheleau: Mais, dans le même ordre d'idées, Mme
la Présidente, vous venez de mentionner que, lors de ce colloque, il y
avait une table de travail et que, dans les prochains mois, on arriverait
probablement à certaines conclusions, à certaines recommandations
ou à un rapport quelconque. Simplement pour le bénéfice de
M. le ministre, en 1980, le rapport Boucher qui avait été
déposé contenait certaines recommandations très
précises et dont on ne semble pas avoir tenu compte. On est rendu en
1984. Or, dans ce rapport, M. Boucher posait plusieurs questions qui semblaient
répondre à plusieurs éléments. On est rendu en 1984
et on n'est pas plus avancé sauf que la fermeture de Schefferville s'est
concrétisée. Il y a des gens des autres villes nordiques qui se
demandent ce qui peut arriver, si le gouvernement ne prend pas certaines
mesures, ou ne fait pas certaines recommandations au niveau de la
diversification des marchés, entre autres. Dans ce sens, j'aimerais que
le ministre soit un peu plus précis.
M. Gendron: D'abord, un commentaire rapide. C'est rare que
j'évite des questions. Vous l'avez dit précisément de
cette façon: Le document Boucher posait plusieurs questions qui
semblaient répondre à quelques éléments. C'est rare
que je voie un document qui pose des questions et qui réponde à
des éléments.
M. Rocheleau: Non. Il se posait des questions, et ce document a
apporté des recommandations très précises, mais que le
gouvernement semble avoir totalement ignorées. Il ne les a pas mises en
pratique depuis le dépôt de ce rapport.
M. Gendron: D'accord. Effectivement, le rapport Boucher faisait
certaines recommandations pour des villes à caractère
monoindustriel; cela relève d'une responsabilité collective de
l'ensemble des agents économiques - et nous en sommes un,
comme intervenant majeur - le gouvernement, l'autre palier de
gouvernement, les agents du milieu, les compagnies privées, les
minières que vous défendez habituellement, de voir à la
diversification d'un milieu. Effectivement, je me rappelle avoir vu des
recommandations très concrètes et précises dans ce sens.
Je pense qu'à partir du moment où certains ministères ou
certains intervenants, par exemple, l'Office de planification et de
développement du Québec, avec peu d'outils et peu de moyens, ont
eu des missions particulières et spécifiques pour tenir compte de
situations particulières, que ce soit la mission de la
Basse-Côte-Nord ou la réflexion que nous sommes en train de faire,
c'est pour aller dans le sens d'une plus grande diversification des villes
à caractère monoindustriel.
Sauf que je tiens à vous dire que la fermeture de Schefferville
et la décision de l'IOC n'ont quand même pas été
annoncées des années d'avance. C'est tellement vrai qu'ils ont
fermé tout de suite l'année même où, au
préalable, ils avaient payé des dividendes. La situation semblait
se replacer. Ce n'est pas quelque chose qui a été planifié
pendant longtemps, spécifiquement pour Schefferville. Vous avez raison,
vous avez tout à fait raison de dire que ce n'est toujours pas facile de
trouver une vocation de remplacement à une communauté de 5000,
6000 ou 7000 de population qui, pendant X temps, a vécu strictement d'un
secteur d'activité. (16 h 30)
C'est pour cela, compte tenu qu'on a maintenant plus des renseignements
- et vous l'avez évoqué dans votre commentaire tantôt -
que, pour ce qui est de la ville de Gagnon, où, effectivement, on n'a
pas d'idée arrêtée de ce qui va se passer, il faut se
prémunir contre certains inconvénients qui sont causés
ainsi aux populations qui vivent sur le territoire, en commençant, avant
que le malheur frappe, à avoir ce que j'appelle des réflexions
qui nous amènent à des problématiques plus
diversifiées d'intervention, que ce soit dans le domaine du tourisme,
que ce soit dans le domaine plus particulier que certaines villes vivent.
Quand on parle de Schefferville, je pense qu'il faut être
conscient que le problème vient beaucoup plus d'une cause externe
à la problématique québécoise, et qui est le
marché du fer. Le marché du fer, au niveau international, a connu
dernièrement des difficultés comme ce n'est pas possible.
À partir du moment où, depuis dix ou douze ans, ces villes
monoindustrielles étaient uniquement dans ce secteur, lorsque le
marché ou les prix du fer s'effritent ou s'effondrent sur le plan
international, il faut effectivement trouver des substituts, mais on ne trouve
pas ces substituts en un tour de main. Je pense que la réflexion qui est
en train d'être faite par l'équipe sur une éventuelle
politique nordique va pouvoir aider à contrer ces
difficultés.
Le projet Archipel
Vous avez terminé avec une ou deux questions sur le projet
Archipel. Vous nous avez demandé s'il y a moyen de faire le point sur
les coûts. Effectivement, je n'ai aucune espèce d'objection
à en parler et on peut même profiter de l'étude des
crédits, aujourd'hui, pour faire le point jusqu'ici. Vous avez
également posé une question sur les contrats et une autre sur le
personnel. Vous avez dit que, l'an passé, vous nous aviez demandé
de vous envoyer la liste du personnel affecté au Secrétariat
Archipel depuis le début. Parce qu'il est coutume de le faire, je vais
vous donner la réponse que, je pense, il y a lieu de vous donner. Si M.
Rompré, coordonnateur du projet, veut ajouter quelque chose, il le fera
tantôt. A ce que je sache et selon les renseignements qu'on m'a
donnés, la liste du personnel vous a déjà
été transmise. On me signale que non. Je vais vérifier et
j'y reviendrai tantôt avec M. Rompré.
Quant aux coûts, jusqu'à maintenant, effectivement, je
pense que c'est du domaine public de faire le point. J'avais eu l'occasion,
contrairement à ce que vous avez affirmé, par exemple, de le
faire d'une façon très claire l'an passé, jusqu'en
1983-1984, parce que j'ai à peu près la même feuille
résumée, et de vous dire que le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche - parce que vous m'avez demandé d'identifier
les ministères très précisément - dans le projet
Archipel, depuis l'année 1980, aura déboursé jusqu'ici, y
incluant les sommes qu'il dépensera en 1984-1985, 4 320 000 $; quant au
ministère de l'Environnement - je pourrai ventiler tout cela
année par année, si vous voulez plus de précisions; de
toute façon, je n'ai aucune espèce d'objection à vous
faire connaître les renseignements que je vous donne et à vous les
reproduire intégralement, parce que c'est du domaine public - depuis
1980 toujours, 1981 et 1982 - parce que, pour les deux premières
années budgétaires, il n'y a pas véritablement eu de
fonctionnement systématique; on a mis les dépenses
budgétaires ensemble pour ces trois années -jusqu'à
aujourd'hui, incluant donc toujours les crédits de 1984-1985, il aura
dépensé 3 400 000 $; le ministère des Affaires municipales
y aura mis 1 400 000 $, toujours en incluant les crédits prévus
pour l'année 1984-1985; le ministère de l'Énergie et des
Ressources y aura mis 100 000 $, et l'OPDQ 211 000 $.
Le Secrétariat Archipel, en y incluant les crédits de
1984-1985 et toujours sur la même base des années 1981 et 1982
ensemble, 1982-1983, 1983-1984 ainsi que l'année en cours,
jusqu'ici, aura dépensé 8 600 000 $, pour un total, à la
fin de l'année 1984-1985, de 18 000 000 $ pour ce qui est de l'ensemble
des intervenants associés au projet Archipel.
Hydro-Québec, parce que c'est aussi un partenaire important, aura
dépensé, toujours en y incluant les crédits de
l'année 1984-1985 - pour Hydro-Québec, cela couvre l'année
complète de 1985, soit 26 000 000 $ - un total de 44 000 000 $. Donc, en
incluant la part du gouvernement et de l'ensemble de ses ministères et
la part d'Hydro-Québec pour l'ensemble du projet depuis le début,
avec les crédits budgétaires de l'année en cours et ceux
de l'année 1985 pour ce qui est d'Hydro-Québec...
M. Rocheleau: Là, c'est rendu à 44 000 000 $?
M. Gendron: Non, ce n'est pas rendu à 44 000 000 $;
actuellement, c'est rendu à... Juste une seconde, M. Rompré.
M. Rompré (Florian): Si on prend le début de
l'année 1984...
M. Rocheleau: Excluant l'année en cours, parce qu'elle
n'est pas dépensée...
M. Rompré: II y avait, à la fin de 1983-1984, au 31
mars 1984, 12 600 000 $ pour le gouvernement.
M. Gendron: Avant les crédits sur lesquels on discute
aujourd'hui, il y avait 12 000 000 $ pour le gouvernement et combien pour
Hydro-Québec?
M. Rompré: Hydro-Québec en était à 13
128 000 $.
M. Gendron: C'est cela, exactement. Le chiffre qu'on avait,
c'était 25 000 000 $ à ce jour, parce que j'exclus les
crédits prévus sur lesquels on a une discussion aujourd'hui. En
incluant les crédits prévus aujourd'hui, cela porte la
participation d'Hydro-Québec, de 13 000 000 $ qu'elle était,
à 11 500 000 $ de plus et la participation du gouvernement à 18
000 000 $.
M. Rompré: II faudrait faire la distinction:
l'année d'Hydro-Québec est une année civile,
c'est-à-dire de janvier à décembre, alors que la
nôtre est différente.
M. Gendron: C'est pour cela que j'ai dit que la part
d'Hydro-Québec comprenait l'année 1985, compte tenu que son
budget s'étend sur une année civile complète.
M. Rocheleau: Si on se reporte à 1980, les ministres du
temps, le ministre de l'Aménagement, M. Léonard, le ministre des
Affaires municipales, M. Tardif, le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, M. Lessard, avaient estimé les études, les
engagements complets à 14 000 000 $, je pense. C'était un
énoncé de politique qu'on avait fait à ce
moment-là, je pense; les trois ministres avaient fait une
déclaration sur l'ensemble du projet Archipel et ses implications, lors
d'une conférence de presse du 4 septembre 1980. On avait parlé
à ce moment du projet d'aménagement des eaux de l'archipel de
Montréal; on donnait une vue d'ensemble du projet, le contenu, les
études et tout. Cela devait totaliser 14 000 000 $ et on se rend compte
qu'aujourd'hui, en 1984, on est rendu beaucoup plus loin que cela et on semble
vouloir commander de nouvelles études.
L'an passé, vous nous avez dit qu'on devait faire de nouvelles
études, que le projet ne satisfaisait plus et venait même en
contradiction avec d'autres études faites antérieurement. Mon
collègue de Marquette voudra sûrement intervenir parce que c'est
dans sa cour et cela l'inquiète.
M. Gendron: M. le député de Hull, il faudrait
peut-être situer cela dans un contexte plus global. D'abord, j'aimerais
bien prendre connaissance davantage du contexte dans lequel vous évoquez
l'espèce d'évaluation qui aurait été faite par mes
collègues en 1980. Je ne peux que vous dire, M. le député
de Hull, qu'il est fort possible que cette évaluation comporte les
chiffres dont pouvait disposer le Secrétariat Archipel en 1979-1980; au
tout début du projet, on n'avait pas du tout une connaissance aussi
précise et exacte de l'ensemble des coûts des quatre
éléments polyvalents intégrés.
Je pense que l'important, M. le député de Hull, c'est
qu'il s'agissait d'un projet d'envergure, multidimensionnel, comportant un
volet hydroélectricité, un volet régulation des eaux, un
volet aménagement des rives, toute la question de la qualité de
l'eau et d'un meilleur accès. Des projets d'à peu près la
même envergure, comportant un seul aspect, qui était la dimension
hydroélectrique, ont couvert des périodes de six, huit et dix
ans. Je vous donne un exemple. Peut-être que vous n'êtes pas au
courant que le projet d'aménagement de la Romaine, pour un rendement de
400 à 800 mégawatts, a exigé douze ans d'études
d'Hydro-Québec et a coûté, dans le temps, 25 000 000 $.
Quand je parle d'un projet comme celui de la Romaine, douze ans et 25 000 000
$, ce n'est pas un projet qui se situe dans le milieu le plus habite du
Québec, où on est en pleine concentration urbaine, où on
est effectivement au niveau d'un projet très polyvalent,
intégré, à buts multiples. Il y a plusieurs objectifs qui
sont véhiculés dans le concept global de la
réalisation du projet Archipel. Je pense que le projet a
effectivement évolué pour se préciser à des points
tels que, contrairement encore à ce que vous avez mentionné, on
ne reprend pas toujours les mêmes études.
Tantôt, vous m'avez dit: L'an passé, vous nous aviez dit
que certaines études vous donneraient des réponses
précises. Bien sûr, si vous avez eu l'occasion d'apprécier
certaines réponses qui ont été données ou certains
articles qui ont été produits là-dessus, cette
année, on est en mesure de vous dire que, pour ce qui est du volet
hydroélectricité, on a des informations dont on ne disposait pas
l'an dernier. Toutes les inquiétudes qu'il y avait pour un bief d'amont
sans couvert de glace, nous ne les avons plus. Hydro-Québec nous dit: II
n'y a pas de problème. On peut effectivement traiter avec des turbines
au fil de l'eau sans aucun problème alors qu'il y a un an elle disait:
Un instant! Il faut regarder comment vont se comporter les glaces dans les
turbines et on va vous dire grâce à une étude
précise: Voici, sur modèle réduit ou ailleurs, comment se
comportent les glaces. Je ne veux pas les faire une par une, mais, à
chaque dépôt de crédits, on a toujours eu l'occasion et on
peut l'avoir de vous dire: On avait commandé telle étude il y a
trois ans, on l'a et on ne l'a pas refaite.
Par contre, sur un projet d'envergure comme cela, tenant compte de
quatre éléments que j'évoquais tantôt, je pense que,
quand on voit des projets qui ont effectivement duré six ans, sept ans,
huit ans ou dix ans d'études - je pourrais vous en citer plusieurs, que
ce soit Grande Baleine, que ce soit la Romaine - avec une seule dimension, qui
était la dimension hydroélectrique, pour conclure à une
faisabilité technique et à une faisabilité
économique, il ne faut pas se surprendre qu'un projet aussi important
que celui-là, qui a commencé avec des canevas assez
serrés, assez précis, autour des années 1980-1981, soit
rendu où il est, quatre ans après et qu'il y ait effectivement
des ajustements quant aux coûts et aux perspectives d'aller plus avant.
C'est la réponse que je dois vous fournir.
La Présidente (Mme Bacon): Y a-t-il d'autres questions, M.
le député de Hull, sur le même sujet?
M. Rocheleau: Pas pour le moment.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Je voudrais poser quelques questions au ministre
délégué à l'Aménagement sur le projet
Archipel. Il vient de nous annoncer que, normalement, au cours de
l'année qui vient, à la fois aux crédits gouvernementaux
et aux crédits de Hydro-Québec, on ajouterait quelque 12 000 000
$ ou 15 000 000 $?
M. Gendron: 11 500 000 $ plus 5 600 000 $.
M. Rochefort: Est-ce qu'on pourrait avoir une idée, sans
entrer dans les détails qui intéressent les seuls
spécialistes, de ce à quoi seront consacrées ces sommes
des différents ministères impliqués et
d'Hydro-Québec? Deuxièmement, et peut-être surtout,
normalement, une fois l'ensemble de ces études, de ces travaux, de ces
recherches réalisé, où on serait rendu dans le cadre du
projet Archipel en termes d'étapes de décisions à prendre
et de concepts attachés ou pas?
M. Gendron: Je pense que ce sont des questions très
pertinentes, parce qu'elles ont un caractère un peu global sur le projet
qui est un projet d'envergure. Vous me demandez, sans verser dans les menus
détails, de préciser comment seront ventilées les sommes
dont on a parlé tantôt comme étant requises pour
l'année budgétaire en cours, 1984-1985. Premièrement, pour
le gros des sommes, Hydro-Québec veut ce qu'on appelle dans le jargon
tester l'hypothèse la plus retenue, qui est une variante, qui est
beaucoup plus précise que jadis, parce qu'on a étudié
différents concepts de variantes et Hydro-Québec s'est
aujourd'hui arrêtée sur un concept de variante très
précis, très défini, pour lequel elle voudrait faire des
vérifications sur modèle réduit, mais un modèle
réduit non distordu, un modèle réduit qui permet de
dégager véritablement des précisions. (16 h 45)
Jusqu'alors, on n'a pas pu dégager ces précisions parce
qu'Hydro-Québec n'a jamais travaillé sur un modèle
réduit, non distordu -je pense que vous savez très bien ce
à quoi je fais référence - qui ne souffre pas de certaines
distorsions, pour pouvoir presque atteindre une exactitude très
élevée et dire: Oui, la variante 18, nous l'avons testée,
nous l'avons éprouvée, et elle confirme les données que
nous avions jusqu'à ce jour quant à sa faisabilité
technique, quant au nombre de mégawatts produits, etc. La grande partie
du budget prévu pour l'année budgétaire en cours,
1984-1985, pour HydroQuébec, c'est cela, c'est l'achat, l'instauration,
l'établissement, la construction du modèle réduit non
distordu.
Quant au volet qui est plus le nôtre et celui des
ministères, le nôtre étant le Secrétariat Archipel
et les différents ministères, je vous ai dit qu'il y avait quatre
dimensions importantes. Il y en a une qu'on a presque terminée et qui
relève d'Hydro-Québec. J'ai expliqué la dernière
partie qui
reste à compléter: c'est la vérification
précise de tout ce qui a été analysé sur le
modèle réduit.
Pour ce qui est du volet de la régulation des eaux, compte tenu
que, pour faire la régulation des eaux, cela nécessite des
exutoires précis et des interventions à certains seuils, il y a
lieu, pour ce qui est du Secrétariat Archipel, de compléter et de
confirmer certaines études biologiques et environnementales. Il y a
également toute la question de l'aménagement des rives.
Sur le modèle réduit, M. Rompré va vous donner des
précisions. Allez-y'.
M. Rompré: II y a une partie importante qui est
représentée par un modèle réduit, également,
pour les exutoires où se situent les ouvrages hydrauliques. C'est
séparé des ouvrages hydroélectriques effectués par
Hydro-Québec. C'est aussi une partie importante.
M. Gendron: M. le député de Gouin demandait, dans
sa question complémentaire: Après avoir précisé un
peu à quel endroit iront les crédits qu'on doit affecter pour
l'année budgétaire en cours, où cela nous conduit-il
exactement, le concept et l'évolution du dossier Archipel? Je pense que
c'est du domaine public de vous dire que, tout récemment, le
Secrétariat Archipel a produit un rapport d'avancement de l'étude
de faisabilité, lequel a été soumis récemment au
comité ministériel Archipel, mais devra être
acheminé, dans les semaines qui suivent, au Conseil des ministres. Le
Conseil des ministres, après avoir pris connaissance des informations
additionnelles que procure le rapport d'avancement de l'étude de
faisabilité, aura à prendre une décision que le
comité ministériel Archipel lui recommande. Je ne peux pas
présumer de la décision du Conseil des ministres, d'ici une
couple de semaines, sur le rapport d'avancement.
Par ailleurs, pour ce qui me concerne, comme parrain de ce dossier et
ministre responsable, je pense qu'en ce qui concerne le comité
ministériel Archipel et celui qui vous parle, on n'a pas de raison,
à ce moment-ci, de ne pas envisager de faire tout ce qui est en mesure
d'être fait pour se rendre jusqu'à la fin des informations qui
nous sont requises pour ce qui est du volet hydroélectricité et
du volet régulation des eaux, de même que des deux autres
dimensions qui sont très importantes quant au plan d'action requis
concernant l'aménagement des berges, l'aménagement des rives, et
tout cet objectif qui a toujours été poursuivi, en tout cas, par
le gouvernement du Québec, de donner un meilleur accès à
l'eau pour la population montréalaise, une eau de meilleure
qualité et plus accessible, avec un concept très
intégré, plus polyvalent, sur l'ensemble du bassin qu'on appelle
le bassin Archipel.
Qu'est-ce que le rapport d'avancement dit? Brièvement, il dit
trois choses. D'abord, il maintient la nécessité d'une
configuration globale du projet, c'est-à-dire ses quatre
éléments. C'est une information utile. On a, pendant un certain
temps, hésité. On se demandait si c'était toujours requis
de le faire globalement. Le rapport d'avancement de l'étude de
faisabilité nous répond oui. Deuxièmement, on veut
être en mesure de déposer un rapport de faisabilité en
décembre 1985 où tous les éléments y seraient: un
rapport d'impact, une étude de l'aspect environnemental, le volet
hydroélectricité, le volet de l'aménagement des rives, le
volet de qualité de l'eau. On dirait alors au gouvernement du
Québec: On a un rapport de faisabilité complet; est-ce qu'on
prend la décision de faire les plans et devis et de faire le projet
Archipel?
M. Rochefort: À l'expiration de l'utilisation des
crédits budgétaires pour lesquels on est réuni ici
aujourd'hui et en même temps de ceux d'Hydro-Québec, on devrait
donc être en mesure d'avoir tous les éléments dans un
rapport global quant à la possibilité de prendre une
décision à savoir si, oui ou non, on va de l'avant dans le projet
Archipel tel que conçu initialement pour l'ensemble des quatre volets
qui faisaient partie des préoccupations premières du projet.
M. Gendron: Comme n'importe quel projet d'envergure comme cela,
M. le député de Gouin, c'est qu'en décembre 1985...
M. Rochefort: On aura les instruments qu'il faut.
M. Gendron: ...on veut, justement, soumettre au Conseil des
ministres ce qu'on appelle un rapport de faisabilité complet, pas un
demi-rapport, pas une étude entre les deux où on aurait fait le
tour. Rappelez-vous, l'an passé ce qui s'est passé ici même
aux crédits. Certains pourraient nous dire: Pourquoi n'avez-vous pas le
rapport de faisabilité complet à ce moment-ci? C'est très
simple. J'avais répondu en Chambre là-dessus. Hydro-Québec
nous disait, entre autres, qu'elle avait besoin de deux hivers pour le
comportement des glaces. Ce n'est pas celui qui vous parle qui a inventé
cela. C'est Hydro-Québec, qui est quand même spécialiste de
ces questions, qui nous dit: On a besoin de deux périodes hivernales
pour avoir quelque chose de très précis sur la façon dont
se comportent les glaces sur un type de centrale avec bief d'amont sans couvert
de glace. J'avais donné cela comme information lors des crédits.
Ce que j'ai dit qui s'en irait au Conseil des ministres
prochainement, c'est un rapport d'étape, un rapport d'avancement
ainsi qu'on l'appelle, pour montrer ce qui se fait et montrer ce sur quoi on a
des réponses et qu'on n'a pas besoin de fouiller davantage.
M. Rochefort: Ce sur quoi les réponses vont venir.
M. Gendron: C'est cela, indiquer également ce qui reste
à faire pour compléter l'ensemble du projet global. On aurait pu
décider, par exemple, il y a un an, de laisser tomber deux volets du
projet et d'y aller uniquement sur l'aménagement des rives, mais cela
n'a pas été la décision, jusqu'à nouvel ordre, au
Conseil des ministres. C'est de conserver le projet dans sa globalité et
son concept original, qui comportaient quatre dimensions, quatre volets, et
c'est dans ce sens qu'on continue l'étude de faisabilité pour
qu'en décembre 1985 on puisse déposer un projet de
faisabilité final. Je vous rappelle qu'en décembre 1985, pour
avoir commencé à peu près au printemps 1980, cela fera
cinq ans pour un projet d'envergure pour lequel on a déjà
parlé de chiffres assez grandioses, qui va effectivement avoir un impact
considérable, si jamais on peut le réaliser, dans le bassin
montréalais, en termes d'emplois, en termes d'environnement, en termes
d'écologie et également en termes de production
hydroélectrique, ce qui n'est quand même pas à
négliger, pour sécuriser le réseau en termes de lignes de
transport, qui peut effectivement développer une technologie nouvelle de
la centrale au fil de l'eau. Ce serait peut-être très
intéressant qu'Hydro-Québec soit le concepteur d'un nouveau
modèle comme celui-là.
Je termine là-dessus en disant: Nous aurions pris au pire cinq
ans à cinq ans et demi pour un projet multidimensionnel, polyvalent dans
une grosse concentration urbaine, alors que des projets comme la Romaine, au
niveau d'Hydro-Québec, ont pris huit ans, neuf ans, dix ans
d'études et n'avaient qu'une seule dimension, la production
d'énergie hydroélectrique, et ce n'était pas dans un
milieu urbanisé. Il n'y a donc pas de drame si terrible que
ça.
M. Rochefort: Juste une dernière question. Est-ce que vous
seriez en mesure de nous faire une présentation rapide de la variante
sur laquelle Hydro-Québec travaille à l'heure où on se
parle et sur laquelle Hydro-Québec compte travailler dans l'année
qui vient? Est-ce que c'est public?
M. Gendron: Actuellement, HydroQuébec, dans le rapport
d'avancement de l'étude de faisabilité, nous dit: Nous autres, on
a atteint une variante qu'on appelle toujours à l'interne la 18. Est-ce
qu'à un moment donné elle ne sera pas baptisée autrement?
Je ne peux pas répondre à cela. Maintenant, les avantages qu'a
cette variante par rapport aux autres, c'est qu'elle est passablement moins
dispendieuse. Elle a beaucoup moins d'impact, en termes de matériaux
à déplacer, d'excavation, tout cela. Elle a moins d'impact
négatif quant à la longueur de certains travaux requis, que ce
soit le canal d'évacuation ou le canal d'entrée. Elle a
l'avantage de se sortir presque totalement de la zone ou de la région de
Kahnawake. Elle a l'avantage de redistribuer le débit des rapides de
Lachine d'une façon moins éparse entre le bras nord et le bras
sud. Pour être capable de le visualiser, il faudrait donner toutes les
précisions; je n'ai pas d'objection, mais je pense que M. Rompré,
qui est coordonnateur, peut donner plus de précisions, mais à
caractère plus technique.
Je pense que c'était plus cela, votre question. Pourquoi s'est-on
arrêté à cette variante? C'est qu'elle est bien moins
dispendieuse. On a éprouvé ce qu'on appelle la faisabilité
technique, ce qui n'était pas le cas des autres variantes. Pour cette
variante, on dit: Oui, on est capable de la faire. Cela ne pose pas de
problème au niveau de la faisabilité technique. Par toutes sortes
d'études ou de rapports coûts-bénéfices, on a dit:
II y a une faisabilité économique par cette variante, ce qui
n'était pas le cas des autres. La faisabilité économique,
vous savez ce que cela veut dire? Les autres variantes présentaient des
coûts exhaustifs au niveau du kilowatt. Je me rappelle, à un
moment donné, que le coût du kilowatt installé a
déjà été dans certaines variantes de 4250 $ alors
qu'on est rendu à peu près à 1600 $ le kilowatt
installé. Quand on compare cela à d'autres projets
hydroélectriques comme celui de La Grande, on n'est plus à deux
pour un, on est rendu à peu près à égalité.
Actuellement, la variante qui est retenue dans le rapport d'avancement est de
8% ou 10% seulement supérieure à celle de La Grande.
M. Rochefort: Mme la Présidente, vous m'avez dit qu'il
s'agissait de ma dernière question, mais la réponse du ministre
m'en a amené une toute dernière. Est-ce que vous êtes en
mesure de nous informer de l'état de la situation du projet Archipel
dans la liste des priorités d'Hydro-Québec? On sait qu'au fur et
à mesure que le projet progresse, qu'on en arrive à conclure
à la faisabilité de ce que vous appelez la variante 18. On sait
qu'un jour le projet Archipel était peut-être en 25e position dans
les priorités d'Hydro. J'imagine que cela a dû monter depuis ce
temps-là. Où cela en est-il rendu?
M. Gendron: Vous faites référence au plan
d'équipement d'Hydro-Québec. Quand on
parle du positionnement d'un projet à HydroQuébec, c'est
faire référence au plan d'équipement. J'ai comparé
cela à La Grande. Tout le monde se rappelle que La Grande est
située dans le plan d'équipement d'Hydro-Québec et est
positionnée aux environs de l'an 2000, mais toujours avec les
critères qu'on connaît aujourd'hui, c'est-à-dire un taux
d'accroissement de la demande de 2,9% et sans ouverture concrète - il y
a des ouvertures sur les marchés extérieurs -pour des contrats
d'exportation. Si, demain matin, on signe un contrat d'exportation, c'est
sûr que les données changent. Sur la base des données que
nous connaissons, un taux de croissance de 2,9% et pas de contrat pour demain
matin, le positionnement de La Grande est aux environs de l'an 2000 dans le
plan d'équipement d'Hydro-Québec. Je vous ai dit qu'en termes de
rentabilité et en termes de comparaison, le projet Archipel est de 8%
à 10% supérieur à celui de La Grande et se situe à
peu près au niveau de La Grande.
M. Rochefort: Pour ce qui est de la diminution radicale des
coûts quant au transport de l'énergie?
M. Gendron: II faut faire attention. Quand on compare, des
projets, on le fait sans tenir compte de ces données.
M. Rompré, est-ce qu'on tient compte du coût de
transport?
M. Rompré: La réponse d'Hydro-Québec
là-dessus est que les coûts de transport sont inclus dans les.
coûts donnés par M. Gendron pour La Grande et dans le cas du
projet Archipel également. Comme on est dans le centre de distribution,
le problème n'est pas...
M. Gendron: À données comparables.
M. Rochefort: Quand on compare les choses à tout point de
vue, il demeure que la variante 18 est de 8% à 10% supérieure en
termes de coûts, à La Grande.
M. Gendron: En termes de coûts à La Grande. Je suis
très honnête en vous disant...
M. Rochefort: Quand vous nous dites...
M. Gendron: Juste un instant. Votre question...
La Présidente (Mme Bacon): Je ne voudrais pas vous brimer
dans votre droit de parole, M. le ministre. Vous pourriez peut-être
essayer de condenser votre réponse.
M. Gendron: D'accord. Je vais condenser très rapidement.
Je voulais seulement dire que le positionnement du projet Archipel dans le plan
d'équipement d'Hydro-Québec n'y est pas. Hydro-Québec n'a
pas... Elle dit qu'elle va le placer à la fin de l'étude de
faisabilité.
M. Rochefort: C'est très juste, ce que vous dites, et
c'est une façon rigoureuse de travailler, mais on sait qu'en même
temps, à partir du moment où la conclusion serait positive, Hydro
a une idée d'où le projet peut se situer dans la liste. Vous nous
le situez en termes d'années...
M. Gendron: Je vous l'ai dit, l'idée, c'est le
deuxième rang.
M. Rochefort: ...aux environs de l'an 2000. Il serait au
deuxième rang.
M. Gendron: II se situe parmi les meilleurs projets, qu'on
appelle les projets d'équipement de base, pour de l'énergie de
base, pour lesquels on a des données, des précisions sur la
faisabilité économique.
M. Rochefort: Je me permets un commentaire, Mme la
Présidente. La dernière fois que j'ai travaillé sur le
projet Archipel, c'était au 24e rang. Je trouve donc que c'est
très positif. Continuez.
M. Gendron: On ne peut pas dire qu'on n'avance pas.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: Merci, Mme la Présidente. Si j'ai bien
compris, vous avez dit que, normalement, en décembre 1985, le
gouvernement du Québec serait en mesure de prendre une décision
plus ou moins finale sur le projet.
M. Gendron: Vous avez bien compris. En décembre 1985, on
entend produire au Conseil des ministres le rapport de faisabilité
complet, comprenant l'ensemble des études et l'ensemble des volets
terminés et de dire au Conseil des ministres: Voici une étude de
faisabilité qui est terminée. Les audiences publiques...
M. Dauphin: A la suite de cela, il y aura des audiences
publiques.
M. Gendron: C'est cela. (17 heures)
M. Dauphin: Je me souviens que, l'an dernier, à la table
de concertation qui se tenait à l'hôtel Méridien, à
Montréal, la région qui me préoccupe parmi les villes du
bassin du lac Saint-Louis, soit Verdun, LaSalle, Lachine, s'était
prononcée de façon catégorique contre le projet et pour
l'intégralité des rapides de Lachine. On a
entendu dire - vous en avez, d'ailleurs, parlé dans vos remarques
préliminaires - il y a environ un mois, à la
télévision et dans les médias, qu'Hydro-Québec
avait un nouveau projet à présenter au gouvernement du
Québec, un projet dont vous avez fait mention tantôt,
c'est-à-dire que, par l'entremise de turbines plus sophistiquées,
cela amoindrirait, si vous me permettez l'expression, l'impact sur les rapides
de Lachine. Vous avez dit également tantôt que l'un des avantages
de ce nouveau volet, c'est qu'au lieu de prévoir une centrale, un
couloir ou des turbines sur la rive sud, ce serait plutôt sur la rive
nord. Si j'ai bien compris ce que vous avez dit tantôt...
M. Gendron: Non, mais on reviendra sur cela. Je n'ai
sûrement pas dit cela, c'est le contraire.
Une voix: C'est une discussion personnelle.
M. Gendron: Non, ce n'est pas une discussion personnelle. La
centrale prévue au fil de l'eau et tout cela, le nouveau concept de la
variante 18 demeure sur la même rive, mais elle est beaucoup plus en aval
que le projet que vous avez peut-être vu. Les cartes le situaient plus
à proximité de l'aqueduc, de la prise d'eau de la ville de
Montréal. Il est plus en aval. Il a réduit
énormément les impacts quant aux matériaux de remblai, aux
déplacements et à tous les canaux requis pour faire un type
d'ouvrage aussi important que l'ouvrage prévu. C'est ce que j'ai dit: II
a réduit les inconvénients majeurs que tous les autres types de
centrales avaient comme impact non seulement sur les rapides de Lachine, mais
quant au positionnement dans le fleuve. Le positionnement de la centrale ou de
l'ouvrage étant différent, de dimensions plus petites, il est
moins "déstructurant".
M. Dauphin: Vous avez dit tantôt, si vous me le permettez,
Mme la Présidente, qu'il manquait encore beaucoup d'études
d'impact, entre autres au niveau environnemental, au niveau du loisir, de la
chasse et de la pêche, au niveau écologique entre autres.
Maintenant, si on vous en fait la démonstration, je présume que
vous ferez, comme gouvernement du Québec, la pesée des
inconvénients. Si Hydro-Québec dit qu'elle peut faire 580
mégawatts - je ne le sais pas - avec cela, mais si, d'un autre
côté, les autres ministères vous disent en bloc qu'au
niveau de la faune et de la flore, ce serait extrêmement destructible -
comme vous le savez, cela constitue l'un des plus beaux sites naturels
d'Amérique du Nord, même le député de Gouin est
d'accord avec moi là-dessus - je présume qu'on va peser le pour
et le contre pour ne pas aller à l'encontre de la logique naturelle des
choses.
M. Gendron: Je suis content que vous posiez la question, M. le
député de Marquette. Effectivement, on ne peut pas, comme
individus responsables ou qui que nous soyons, ne pas regarder un projet
d'envergure comme celui-là dans tous ses éléments. Par
définition, s'il y a des éléments importants, ce sont bien
ceux qu'on appelle les éléments environnementaux, la
qualité du milieu de vie, la qualité de l'eau, puisqu'on
poursuivait ces objectifs au début même du projet Archipel.
Pourquoi a-t-on voulu garder un projet polyvalent, multidimensionnel,
intégré? C'est qu'on croit qu'effectivement le projet a
énormément d'importance, de signification pour le bassin
montréalais et peut-être pour tous les citoyens et citoyennes du
Québec, pour autant qu'il respecte toutes les garanties sur des aspects
d'actualité, qui le seront encore plus demain, comme l'écologie,
comme la nécessité de maintenir un environnement et un milieu
ambiant non défigurants ou "déstructurants." Dans ce sens, il est
clair que le plan de gestion et l'étude de faisabilité devront
tenir compte de l'ensemble de ces éléments.
Dans votre question précise, vous dites: Hydro-Québec peut
bien vous dire que le projet est faisable techniquement et qu'il est
économiquement rentable, mais il y a d'autres considérations qui
vont peut-être vous amener à le voir autrement - vous avez tout
à fait raison - et il y a en particulier les considérations
d'ordre environnemental. C'est pourquoi, à partir d'aujourd'hui,
puisqu'on a réussi à avoir une réponse précise sur
ce que nous n'avions pas l'an dernier, c'est-à-dire la
faisabilité technique et la rentabilité économique de
l'ouvrage sur le plan de l'hydroélectricité, on va fouiller
davantage les autres questions. On va considérer davantage l'aspect
écologique, l'environnement, la garantie de la conservation des habitats
fauniques, du milieu aquatique, etc.
M. Dauphin: Si vous me permettez une brève question pour
terminer, la dernière version du dernier projet d'Hydro-Québec
est-elle publique? Peut-on obtenir copie de cela?
M. Gendron: C'est dans le rapport que j'ai entre les mains, c'est
dans le rapport de devancement ou d'avancement de ce qu'on appelle
l'étude de faisabilité. Je pense que personne ne sera en
désaccord si j'attends au moins de le soumettre à mes
collègues du Conseil des ministres. C'est ce que je vais faire
prochainement. L'arrêt d'une semaine va nous retarder un peu, mais je
vous dis qu'il a été discuté au comité
ministériel Archipel. Celui-ci va faire une recommandation au Conseil
des ministres et, dès que le Conseil des ministres en aura pris
connaissance, je ne verrais pas pourquoi il ne deviendrait pas selon,
bien sûr, la décision qui va être prise, comme n'importe
quel document qui est au Secrétariat Archipel, d'ordre public.
M. Dauphin: D'accord.
M. Rocheleau: Mme la Présidente...
M. Rochefort: Sur autre chose?
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Hull avait demandé la parole avant le député de Gouin.
M. Rocheleau: Sur Archipel. M. Rochefort: D'accord.
M. Rocheleau: M. le ministre, vous comprenez qu'on apprend
souvent, des choses malheureusement, par l'entremise des journaux et pas
nécessairement par l'entreprise du gouvernement ou par l'entremise de
rapports qui nous sont fournis. Il y a quelques années,
Hydro-Québec, entre autres, prévoyait qu'au point de vue de la
rentabilité c'était très dispendieux, d'une part. On a
réexaminé les possibilités du projet, les
différentes façons de le faire, le processus à utiliser,
etc. Par contre, le ministère de l'Environnement s'interrogeait sur
plusieurs aspects et, en même temps, au ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, sur la question de la faune et de la flore, il se
posait encore là énormément de questions. Je comprends
que, jusqu'à ce jour, plusieurs millions de dollars ont
été dépensés pour faire toutes sortes de
recherches, de plans de viabilité, d'études sur l'environnement,
sur les glaces, sur la faune et sur la flore, mais, dans le Devoir du 17
février dernier, Hydro-Québec, dans sa variante, traitait de
80-20%.
M. Gendron: La variante 80? Vous parlez du débit dans les
rapides de Lachine?
M. Rocheleau: Oui, c'est cela, le débit. L'an dernier, en
réponse à une question que ma collègue vous posait
à l'Assemblée nationale - on parlait à ce moment-là
d'un débit de 90-10%, - vous disiez que c'était absolument
impensable et on revenait avec une probabilité d'un débit de
60-40%. Il semble qu'Hydro-Québec préconise ou
préconiserait 80-20% comme possibilité d'utilisation de
débit. À ce moment-là, dans un débit de 80%, est-ce
que, par le fait même - ce sont les préoccupations de mon
collègue de Marquette au niveau de l'environnement, au niveau de la
qualité de vie et ainsi de suite - vous ne détruisez pas, d'une
part, tout cet aspect? Et si c'est le cas, le ministère de
l'Environnement ou le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche ou tous les autres organismes qui pourraient appuyer une position
ou une autre dans ce projet, éventuellement, est-ce que vous
n'êtes pas rendu à ce stade de vous demander si les
différents ministères n'ont pas déjà une
idée préconçue du projet en question, s'ils n'ont pas
suffisamment d'arguments pour dire que cela n'a pas de bon sens qu'on aille
plus loin? Si, d'autre part, vous décidez tout de même d'attendre
et de poursuivre pour aller jusqu'à 1985, car on parle encore quand
même de pratiquement un an et demi avant d'avoir les derniers rapports,
combien d'engagements d'ici ce temps-là cela va-t-il commander de la
part du gouvernement pour poursuivre l'ensemble de ces données?
M. Gendron: Sur la question des débits dans les rapides de
Lachine, oui, je pense que c'est exact. J'ai été
questionné en Chambre et on me demandait: Est-ce exact qu'on est rendu
à une proportion de 90-10%? J'avais répondu qu'à 90-10%,
cela ne nous intéressait pas. Je pense que vous avez raison de rappeler
cela, parce que j'ai effectivement dit cela et je le redirais. Vous parlez de
80-20% ou de 40-60%. Ce n'est pas tellement de cela, je pense, qu'il faut
convenir aujourd'hui. Ce dont il faut convenir aujourd'hui, c'est qu'il n'y a
personne, et pas plus moi que vous, M. le député de Hull, qui
soit intéressé et sûrement pas plus notre gouvernement que
quelque gouvernement que ce soit, à altérer à ce point
tous les aspects dont j'avais traité dans ce temps-là, qui
étaient la valeur biologique des rapides de Lachine, l'aspect
esthétique des rapides de Lachine en termes de ressaut, la hauteur des
chutes et tout cela, toute la valeur historique et ce que cela
représente, ces rapides de Lachine pour les Montréalais qui
connaissent leur coin de pays. Dans ce sens, ce dont il faut nous assurer,
c'est d'un débit qui permette de ne pas altérer à ce point
les quatre éléments que je viens d'évoquer. Ce ne sont pas
mes études. Ce n'est pas François Gendron qui peut décider
cela, mais les ministères qui s'y connaissent et dont c'est la
responsabilité. Nous, effectivement, on leur a demandé de
s'assurer que l'intervention hydroélectrique ne modifie pas tellement ce
que je viens de dire, le débit d'un rapide. Mais l'intervention
hydroélectrique va modifier la répartition des débits
entre les sections du rapide, ce qu'on appelle le bras nord et le bras sud. Je
ne veux pas entrer dans les détails parce qu'il faudrait regarder la
configuration des lieux, etc. Mais il y a une garantie qu'on peut vous donner;
déjà, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche peut nous dire qu'on a la garantie de sauvegarder les habitats
fauniques. Il est important que les habitats soient sauvegardés. Quant
à toute la valeur
biologique des rapides en termes d'oxygénation de l'eau, de
ressauts, etc., on a effectivement des confirmations de conserver ces
aspects.
Est-ce qu'on va les conserver exactement dans le même
"naturalisme", entre guillemets? Je pense que ce serait vous mentir que de
croire cela. On ne peut pas faire une intervention sans changer des choses.
Mais, pour ce qui est des débits, parce que votre question portait
très précisément là-dessus, jusqu'ici, les
études nous disent qu'on pourra garantir des débits moyens
minimaux, hiver comme été. L'important était d'essayer
d'augmenter ces débits garantis par chaque variante
étudiée. Je n'ai pas besoin de vous dire, M. le
député de Hull, que, plus on a raffiné les variantes, plus
on a de garanties fermes de débit minimal. Cela nous prend un
débit minimal dans les rapides de Lachine pour conserver les aspects
dont je viens de traiter. Il va falloir que ce que j'appelle des profils de
restauration des rapides de Lachine soient présentés en donnant
les garanties qu'on vient d'évoquer au niveau de la hauteur des
ressauts, des habitats, de la qualité de l'eau, de l'oxygénation,
etc. On a tout cela, mais, même si je vous disais, M. le
député, que les débits varient d'un mois à l'autre,
que ce ne sont jamais les mêmes, qu'il faut se baser sur des
débits moyens ou, par exemple que, en janvier, le débit moyen
minimum doit être supérieur à 1000 mètres
cubes-seconde et qu'en février, à un moment donné, il
augmente à 1200, en mars, à 1500, en avril, à 2500, on ne
sera pas plus avancé.
Cependant, tout ce que je pense qu'il est important de vous dire, c'est
que, tout autant nous que vous, nous ne sommes absolument pas
intéressés à faire une intervention qui aurait comme
conséquence de faire disparaître les rapides de Lachine, de les
altérer à ce point que le débit serait tellement faible,
qu'on "turbinerait" tellement d'eau dans la centrale qu'il ne resterait plus
assez de débit véhiculé dans les rapides pour avoir la
garantie de conserver ce que vous connaissez des rapides de Lachine.
M. Rocheleau: Oui, je comprends, mais il n'en demeure pas moins
que, dans les études et dans l'ordre d'idées que poursuit le
ministre, il est bien évident que, en tenant compte des débits
à chaque mois, on peut aller aussi loin que de dire que chaque
année les débits de chacun de ces mois changent aussi
dépendamment des neiges, des glaces ou des pluies,
l'été.
M. Gendron: On parlait des débits et là, on est
dans les niveaux d'eau, mais ce n'est pas grave. Ce sont les niveaux qui
changent. Les débits restent pas mal les mêmes. Mais je dis que ce
n'est pas cela que je voulais illustrer. La garantie qu'il faut vous donner -
et je pense que, là-dessus, vous avez raison de l'exiger - est à
savoir si, effectivement, cette nouvelle variante conserve ce qu'on appelle un
débit garanti dans les rapides de Lachine. La réponse est oui.
Nous allons donner un débit garanti pour que, effectivement, les rapides
de Lachine ne soient pas altérés. Mais je ne suis pas assez
technicien pour savoir si ce sera 2000 ou 2500 mètres cubes-seconde. Le
chiffre qu'on a aujourd'hui, c'est qu'en hiver la variante 18 donnerait un
débit garanti de 1000 mètres-cubes seconde et qu'en
été elle donnerait un débit garanti de 1600 mètres
cubes seconde. On a cette information présentement.
M. Rocheleau: L'an passé, et nous la
répétons cette année, la demande de notre formation
politique était de préserver l'intégrité du site,
l'environnement, la qualité de vie. Je pense que vous en êtes
sûrement conscient aussi. Nous souhaiterions d'autant que l'ensemble de
ces études qui semblent s'échelonner... On avait prévu, en
1980, avoir toutes les études et les rapports pour la fin de 1983, je
pense, dans les énoncés politiques qu'on avait faits à
l'époque. Il est bien évident qu'on n'a peut-être pas eu
tous les détails et qu'on a voulu les poursuivre plus en profondeur, au
moins pour certains de ces éléments, et cela va nous amener
à la fin de 1985. (17 h 15)
Une dernière question me préoccupe -on y reviendra
peut-être tantôt - est-ce qu'on a des prévisions
budgétaires jusqu'à la fin de 1985, c'est-à-dire
jusqu'à décembre 1985?
M. Gendron: Oui, je croyais vous les avoir données.
M. Rocheleau: Est-ce ce qui a servi à faire la compilation
des 44 000 000 $ en tout et partout?
M. Gendron: Pour l'année 1984-1985, puisque c'est ce que vous me
demandez, il y a 2 000 000 $ de dépenses prévues par
Hydro-Québec, alors qu'en 1984 il y en a 11 500 000 $. On vous l'a dit
tantôt, le montant était de 11 500 000 $ en 1984 pour
Hydro-Québec et il sera de 2 000 000 $ en 1985, pour un total de 13 500
000 $. Là, je viens de régler le cas d'Hydro-Québec pour
cette année et l'an prochain, parce que vous m'avez demandé s'il
y a moyen de savoir quelles sont les prévisions jusqu'à la fin de
l'étude de faisabilité. Cela va?
Pour ce qui est du gouvernement et du secrétariat, on est
obligé de vous donner les chiffres sur deux ans, parce que je n'ai pas
la même contrainte de l'année budgétaire
d'Hydro-Québec, 1984-1985, c'est 8 500 000 $. C'est 5 700 000 $ plus
3 000 000 $ ou 2 800 000 $. Cela va?
M. Rocheleau: Cela va donner un grand total de...
M. Gendron: 44 000 000 $.
M. Rocheleau: ...44 000 000 $ une fois toutes les études
faites et une fois le rapport...
M. Gendron: ...de faisabilité déposé au
Conseil des ministres.
M. Rocheleau: ...de faisabilité déposé au
Conseil des ministres.
M. Gendron: Oui.
M. Rocheleau: A compter de ce jour-là, il va devoir y
avoir une consultation...
M. Gendron: Des audiences publiques.
M. Rocheleau: ...des audiences publiques.
M. Gendron: Conformément à une loi que vous
connaissez, conformément à la loi de l'environnement, le BAPE,
etc. Il y aura des audiences publiques à la suite de la décision
du Conseil des ministres disant: On a reçu le rapport final de
faisabilité et, comme Conseil des ministres, sur la base de ce qu'on a
reçu, oui, on autorise la tenue d'audiences publiques. Le Conseil des
ministres, sur la base d'un rapport final de faisabilité, peut bien
décider qu'on passe notre tour ou qu'on oublie ce projet pour les
raisons X, Y ou Z. Je ne peux pas dire aujourd'hui ce que le Conseil des
ministres va décider à la réception du rapport de
faisabilité. Quand on reçoit un rapport de faisabilité et
qu'une instance décisionnelle doit prendre une décision, c'est le
Conseil des ministres qui va prendre cette décision.
M. Rocheleau: Merci, nous allons suivre l'évolution du
dossier.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Gouin, sur le même sujet?
M. Rochefort: Merci, je voudrais aborder un autre sujet,
maintenant.
La Présidente (Mme Bacon): Sur un autre sujet?
Ententes Canada-Québec
M. Rochefort: Oui, c'est cela. Cela va? J'aimerais qu'on revienne
un peu sur les ententes. Le ministre y a fait allusion dans son texte, dans ses
notes préliminaires au début des travaux de la commission et
j'aimerais qu'il fasse le point d'une façon un peu précise sur
l'état des négociations avec le fédéral et sur les
prochaines étapes prévues dans le cadre de la négociation
des ententes avec le gouvernement fédéral.
M. Gendron: D'une façon très précise, sur
les ententes, je dois vous rappeler qu'au mois d'août, le 17 août -
je peux me tromper sur la date - le Conseil des ministres a
réaffirmé dans une décision que celui qui vous parle avait
le mandat d'entreprendre des négociations dans les meilleurs
délais avec le porte-parole fédéral pour reconduire les
ententes qui se terminaient le 31 mars 1984, sur la même base que nous
les avons connues, c'est-à-dire une espèce d'entente-cadre
à l'intérieur de laquelle nous pourrions inclure des ententes
dites auxiliaires ou sectorielles, ce que vous connaissez, puisque c'est le
régime que l'on connaît depuis 1974.
Effectivement, on a eu une première rencontre officielle en
septembre ou octobre 1983 alors que M. Johnston, accompagné de M.
Lalonde, nous a informés qu'il n'entendait pas reconduire les ententes
sur la même base que celle que nous avions connue, en expliquant qu'il
préférait dorénavant envisager des ententes de
planification conjointe où chaque gouvernement prendrait une
responsabilité unique à l'intérieur d'un projet conjoint.
Chacun s'entend pour savoir qui fait quoi et le fédéral en
finance une partie; le gouvernement du Québec finance l'autre partie.
Une espèce d'entente-cadre préciserait cette possibilité
que chacun des paliers de gouvernement fasse sa part. Donc, en termes clairs,
c'était demander au gouvernement du Québec de consacrer le
principe d'intervention directe du gouvernement fédéral dans les
orientations de développement du Québec, dans la "priorisation"
des dossiers du Québec et, également, dans ce qu'on a toujours
appelé le droit d'initiative du Québec.
Par contre, c'était la première rencontre
ministérielle. Donc, on a échangé, on a discuté des
perceptions de part et d'autre, on a expliqué le point de vue du
gouvernement du Québec. Mais je vous rappelle que cette rencontre, qui
était la première au niveau ministériel, était
beaucoup plus pour permettre à M. Johnston d'avoir la première
occasion de m'exprimer ses grandes orientations en termes de renouvellement
d'ententes.
À la suite de cette rencontre, il y a eu des dépôts,
au niveau des fonctionnaires, de ce qu'on appelle des projets, des
ébauches d'ententes-cadres de développement économique et
régional. Je vous fais grâce des correctifs. Ils en ont
déposé une qu'on a regardée. On trouvait que certaines
choses ne faisaient pas notre affaire et, sur le plan des fonctionnaires, le
dossier a évolué jusqu'à
une proposition officielle déposée par le gouvernement du
Québec d'une contre-proposition reflétant la décision du
Conseil des ministres, le 19 janvier 1984. Je suis en train de vous dire que,
le 19 janvier 1984, les fonctionnaires du Québec étaient
autorisés à jaser avec les fonctionnaires fédéraux
d'une contre-proposition formelle que le Québec déposait.
Le 14 février 1984, le fédéral a
déposé une autre proposition, toujours au niveau des
fonctionnaires - c'était normal comme cheminement - et, le 22 mars, j'ai
rendu formelle, officielle, la position du gouvernement du Québec
auprès du ministre Johnston. En mars dernier, j'écrivais au
ministre Johnston en disant: Voici la position finale du gouvernement du
Québec en ce qui concerne les ententes. Nous avons eu une rencontre le 2
avril. Il y a eu une rencontre des fonctionnaires le 30 mars 1984 - il y en a
eu plusieurs, mais je ne veux pas être trop long - et, comme je le
disais, le 2 avril, M. Johnston, accompagné de M. Lalonde, et celui qui
vous parle accompagné de M. Parizeau se sont rencontrés. Donc,
c'était la deuxième rencontre ministérielle formelle.
Chacune des parties a fait valoir son point de vue sur l'évolution des
contre-propositions réciproques, toujours au niveau des fonctionnaires,
et la réunion s'est terminée sur une proposition de M. Lalonde
qui serait possiblement à être analysée très
sérieusement par le gouvernement du Québec, mais sur place, alors
que moi, au nom du gouvernement, j'avais transmis formellement à M.
Johnston une position officielle du Québec à laquelle je n'ai
jamais eu de réponse officielle, si ce n'est qu'à cette rencontre
M. Johnston a dit: Sur la base de ce que vous m'avez envoyé, M. Gendron,
il n'y aura pas possibilité d'envisager une signature d'entente. Ce que
je lui avais envoyé, c'était conformément au mandat que le
Conseil des ministres m'avait donné en août dernier, à
savoir qu'il fallait conserver le droit d'initiative et la maîtrise
d'oeuvre.
Lors de cette rencontre, on avait convenu, parce qu'on avait
travaillé sur un texte précis, que M. Lalonde et M. Johnston -
parce que ce sont eux qui nous suggéraient des modifications au texte
qu'on leur avait proposé - nous feraient parvenir les modifications dans
les meilleurs délais. MM. Lalonde et Johnston avaient convenu que nous
aurions cela le ou vers le 15 avril. On les a reçues ce matin. Je ne
peux pas les blâmer. Ce matin, comme d'autres, je n'ai pas eu le temps
d'analyser exactement la proposition qui nous est faite par rapport au texte
dont on avait discuté lors de la rencontre du 2 avril à
Montréal. Cela veut dire que, ces jours-ci, je vais essayer
d'apprécier le texte qui m'a été soumis et de voir
jusqu'à quel point cela entre en conformité avec le mandat que le
Conseil des ministres m'a confié. Une chose est certaine, s'il n'y a pas
trop d'écart entre cette proposition que nous avons reçue ce
matin et les échanges qu'on a eus le 2 avril, je serais prêt
à retourner rapidement au Conseil des ministres et à dire: Est-ce
que, sur cette base-là, vous nous autorisez à conclure une
entente avec le gouvernement canadien?
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Hull.
Augmentation du personnel politique
M. Rocheleau: Merci, Mme la Présidente. Sur un autre
sujet, j'aurais voulu tenir compte plus particulièrement des effectifs
dans votre service au niveau de votre cabinet politique. On est obligé
d'être un peu jaloux, Mme la Présidente, parce que nous sommes
tellement restreints dans notre personnel de recherche, dans notre personnel
politique. Quand on examine le personnel politique qui entoure le ministre,
cela nous fait frémir quelque peu parce qu'on sent qu'on ne nous
gâte pas comparativement aux ministériels.
M. Gendron: Pourtant, vous laissez voir que vous n'êtes pas
du genre à frémir, d'habitude.
M. Rocheleau: Cela nous amène, quand même, à
poser plusieurs questions. Concernant le centre de responsabilités, en
1983, 17 personnes y étaient affectées. En 1984, on constate une
augmentation de trois personnes et une augmentation de frais de 18,2%. Est-ce
que c'est pour des travaux très particuliers? Est-ce qu'il y a des
affectations nouvelles?
M. Gendron: Un instant. On me dit qu'il y a peut-être eu
des erreurs dans les papiers de transmission. Je vais vérifier, parce
que votre question est...
Précisément, M. le député de Hull, vous nous
dites que, l'an dernier, concernant le personnel politique, on en avait
combien?
M. Rocheleau: C'est-à-dire que les traitements concernant
le cabinet politique, en chiffres absolus, c'était 277 000 $
comparativement à 303 000 $ cette année, soit une augmentation de
9,15%. Concernant le centre de responsabilités, aux traitements, le 1er
avril 1983, vous aviez un budget de 814 651 $ pour 17 personnes
affectées à ces postes et, le 29 février 1984, un montant
de 963 132 $ pour 20 personnes. De 17 à 20, cela fait 3 personnes
additionnelles.
M. Gendron: Les trois personnes additionnelles, je ne sais pas
exactement où vous les prenez, mais c'est probablement
dans le document qu'on vous a envoyé. Je m'en doute.
M. Rocheleau: C'est là qu'on l'a pris, effectivement.
M. Gendron: D'accord. Mais est-ce que vous pourriez nous indiquer
à quel endroit précisément? J'aimerais bien m'y
référer. L'explication des trois personnes, c'est qu'il arrive,
dans un cabinet politique, qu'il y a des postes auxquels on a droit et qui ne
sont pas comblés. C'est peut-être cela qui s'est produit pour les
personnes, dans l'enveloppe affectée au cabinet.
M. Rocheleau: Quand on traite de chiffres plus
particulièrement, on s'aperçoit qu'à l'Aménagement
et au Développement régional, consultation et administration,
l'OPDQ, etc., globalement, il y a un peu moins d'employés que l'an
dernier. Le nombre est passé de 183 à 177. Il y a beaucoup moins
d'employés occasionnels pour le budget en cours, leur nombre est
passé de 155 à 25.
M. Gendron: M. le député de Hull, j'en profite pour
corriger cela, parce qu'il y a une erreur. Si votre argumentation est
basée là-dessus, il vaut mieux régler cela tout de suite.
Dans le livre des crédits, parce que c'est là que vous
êtes, à la page 10-6, programme 5, Conseil exécutif, quand
vous dites que le nombre des employés occasionnels est passé
de...
M. Rocheleau: 155 à 25.
M. Gendron: ...155 à 25, il faut régler cela tout
de suite. Je. pourrais vous produire une copie des crédits de l'an
dernier et vous verriez 178 et 60 - et non pas 155; on se suit - et
j'ajouterais le personnel occasionnel de PECEC qui est inclus là-dedans.
Autrement dit, au chiffre de 155, il faut enlever 95 personnes qui sont
affectées à PECEC, le programme expérimental de
création d'emplois communautaires, qui est administré par l'OPDQ,
mais qui est sous la responsabilité du ministre de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu.
M. Rocheleau: II en reste 60.
(17 h 30)
M. Gendron: Non, il en reste 95, c'est-à-dire qu'à
155, si on enlève 95, il reste 60. Cela veut dire que, l'an dernier,
c'était 178-60. Pourquoi ce nombre est-il passé de 60 à
25? Parce que, cette année, dans l'enveloppe du Secrétariat
Archipel, on n'a pas entré... Regardez au Secrétariat à
l'aménagement et à la décentralisation, dans
l'élément 2, toujours dans les crédits, cette
année, il n'y a pas la même chose. Si vous regardez, c'est
passé de 3 040 500, en 1983-1984, à 1 827 600, en 1984-1985. Vous
allez vous poser des questions aussi et dire: Qu'est-ce que c'est? Une
réduction...
M. Rocheleau: C'est transféré ailleurs.
M. Gendron: C'est cela. C'est parce que cela a été
transféré ailleurs et c'est la même chose en termes
d'effectifs. Il n'y a pas de réduction au niveau des employés
occasionnels entre 1984-1985 et 1983-1984, si ce n'est, M. le
député de Hull, la même réduction que tous les
collègues ministériels ont eue, 1% ou 2% de réduction des
effectifs, à la suite de la décision du Conseil du trésor
en février dernier.
M. Rocheleau: Ces transferts qui ont été
occasionnés, est-ce que vous pourriez me les expliquer, me dire pourquoi
on les retrouve? En somme, on les retrouve aux institutions d'enseignement, aux
municipalités, aux organismes sans but lucratif. Cela nous ramène
à la question initiale.
M. Gendron: Juste une minute. La question initiale étant
toujours: Vos objectifs ont diminué considérablement, on ne
comprend pas qu'il y ait une augmentation d'effectifs. Au moins, j'ai
corrigé la prémisse. Il n'y a pas de réduction
d'effectifs. Donc, en principe, je devrais avoir les mêmes effectifs au
cabinet que l'autre année. Vous m'avez dit: Entre cette année et
l'an passé, il y a une différence de trois dans le cabinet
politique en effectifs. C'est bien votre question?
M. Rocheleau: Oui.
M. Gendron: Moi, je vous dis...
M. Rocheleau: En 1983, on en retrouvait 17 et, en 1984, on en
retrouve 20, avec une augmentation de 18,2%.
M. Gendron: L'an passé, vous me dites qu'on en avait 17.
C'est parce qu'entre la liste de 20 et de 17, effectivement, il y a des
contractuels qui ne travaillent plus pour moi et j'ai pris d'autres
contractuels sur des périodes plus courtes. J'ai trois, quatre personnes
qui ont travaillé au cabinet sur des périodes plus courtes qui
sont sur l'exercice budgétaire en cours, mais qui n'ont pas de contrat
annuel. C'est pour cela qu'il y a plus de personnes au cabinet que je n'en
avais l'année passée.
M. Rocheleau: Est-ce qu'il y a des personnes de changées?
Vous dites qu'il y a des contractuels, que vous n'avez plus cette année
que vous aviez l'an passé.
M. Gendron: Je vous donne un exemple, Georges Caron n'est plus
pour moi. Je vois Robert Bellemare, il ne travaille pas pour moi. Il a
déjà travaillé, mais il ne travaille plus pour moi. Oui,
il y a des changements. Ginette Hallé n'est plus pour moi, elle a
déjà été pour moi. Louise Bernard, qui travaillait
à mon cabinet, n'est plus à mon cabinet.
M. Rocheleau: Est-ce que le ministre se propose, au cours de
l'année 1984-1985, de retenir de nouveau plusieurs contractuels? Y
a-t-il une enveloppe budgétaire pour cela, des études ou de la
recherche?
M. Gendron: Tout ce que je peux vous dire, M. le
député de Hull, et vous le savez très bien, c'est que j'ai
une enveloppe comme ministre, comme tous les collègues
ministériels. C'est fixé par le Conseil du trésor. Jamais
je n'ai demandé un dépassement. Jamais je n'ai été
au-delà de mon enveloppe autorisée. Selon l'enveloppe dont je
dispose, c'est ma responsabilité de prendre des décisions, selon
aussi certaines responsabilités qui arrivent dans le temps. À un
moment donné, le document "Le choix des régions", c'est une
responsabilité qui m'a demandé énormément plus de
temps à consacrer aux régions du Québec. Récemment,
cela va figurer aux crédits de l'an prochain, j'ai engagé un
adjoint technique pour s'occuper des responsabilités au niveau de la
région, à l'intérieur de mon enveloppe. N'importe quel
cabinet a cette possibilité pour autant qu'il ne défonce pas son
enveloppe, ce que je n'ai jamais fait et je n'ai jamais demandé un
dépassement de mon enveloppe autorisée. À
l'intérieur de l'enveloppe dont je dispose, j'ai le droit d'avoir les
effectifs qui sont là.
M. Rocheleau: II n'est pas question d'enlever un droit au
ministre. C'est simplement afin de ventiler. On nous dit de parler de vos
crédits, j'aime cela en parler...
M. Gendron: Oui, oui.
M. Rocheleau: ...même si, dans le peu de temps qu'on a, si
on tient compte d'un ensemble de facteurs dont on aime traiter, on ne peut pas
aller plus en profondeur. On n'a pas le temps de traiter de chacun de vos
employés, de chacune des tâches et de chacune des
responsabilités. Cela m'amène à vous poser une question.
Vous retenez parfois des services pour une expertise ou une étude. Par
exemple, vous avez confié à M. Gérard Pageau, le
1er avril 1983, une étude biologique pour le projet Archipel;
vous deviez avoir le rapport le 31 mars 1984. Est-ce que ces études, ces
rapports sont disponibles pour l'Opposition, si on souhaitait les examiner?
M. Gendron: Bien sûr. Ces études sont disponibles au
Secrétariat Archipel.
M. Rocheleau: Je m'intéresse beaucoup à la biologie
et j'aimerais avoir une copie de l'étude.
M. Gendron: Cela me fera plaisir, d'autant plus que c'est une
science douce; cela ne vous nuira pas.
Consultation sur "Le choix des régions"
M. Rocheleau: Cela me permet de relaxer. Dans un autre ordre
d'idées, Mme la Présidente, on a parlé à
bâtons rompus du document "Le choix des régions". Vous avez
mentionné qu'au cours de la tournée que vous avez faite dans tout
le Québec vous aviez rencontré plusieurs intervenants du milieu
et que plusieurs mémoires avaient été
déposés. Cela m'inquiète un peu de voir qu'il y a eu
très peu d'industriels, d'hommes d'affaires qui ont déposé
des mémoires. On retrouve très peu, à l'intérieur
de votre document, une implication directe. On parle des investisseurs; on
parle des investissements; on parle de création d'emplois; on parle des
PME, mais on ne retrouve pas les hommes ou les femmes d'affaires et les
industriels à votre table de concertation proposée.
M. Gendron: Rapidement et un peu pour s'amuser, mais c'est quand
même sérieux, cela me confirme que je ne suis pas toujours
convaincu que vous avez lu le document au complet, parce que...
M. Rocheleau: À la page 31 ou 32...
M. Gendron: Non, écoutez, je retire ma perche, M. le
député de Hull. Lorsque vous me dites qu'on ne les retrouve pas
très nombreux au niveau du CRCI, ils sont aussi nombreux que n'importe
quel autre groupe. Il y a cinq porte-parole par secteur et il y en a cinq
identifiés au monde des affaires. J'ai eu l'occasion de vous dire
très amicalement...
M. Rocheleau: Vous les casez là, mais ils ne sont pas
là. Ils ne semblent pas être présents.
M. Gendron: Mais non, c'est une nouvelle structure qui est
proposée.
M. Rocheleau: Je regarde la structure proposée et je
regarde les structures antérieures. On ne peut quand même pas
attacher quelqu'un et dire: On crée une nouvelle structure et on en
prend un ici, un là et un autre là, de différents
organismes. Il faut quand même qu'il y ait une espèce de
mécanisme volontaire d'appartenance ou de participation.
M. Gendron: Là-dessus, vous avez raison. Je pars d'un
principe généralement établi, c'est l'intérêt
des intervenants dont on parle pour une question comme celle-là. La
première réponse que je dois vous donner, c'est important de vous
dire qu'on a reçu 109 mémoires du milieu municipal.
Êtes-vous au courant que le deuxième groupe dont on a reçu
le plus de mémoires, c'est justement le milieu des affaires, qui a
produit 66 mémoires?
M. Rocheleau: À l'intérieur de cela...
M. Gendron: S'il y a 66 intervenants du milieu des affaires qui
ont produit un mémoire, cela doit dénoter un certain
intérêt. Parmi ces intervenants, il y a les chambres de commerce,
les associations de gens d'affaires, le Conseil du patronat, le Centre des
dirigeants d'entreprises, l'Association des commissariats industriels. Je dis
que, si ces intervenants ont produit, au nom de ce qu'on appelle habituellement
le monde des affaires, un mémoire sur le document "Le choix des
régions", c'est parce qu'ils avaient un certain intérêt
pour les questions qui étaient traitées là-dedans. Dans ce
sens-là, je pense qu'on ne peut pas envisager de concertation
réelle si on ne leur offre pas un siège concret, précis
à la table de concertation. Vous avez raison; je ne peux pas les
attacher et je ne peux pas les forcer à venir siéger
là.
M. Rocheleau: Je comprends que, dans toutes les régions,
vous avez des CRD. Il est bien évident que les CRD ont été
présents et qu'ils représentent tant d'organismes du milieu du
monde des affaires, chambres de commerce, syndicats, municipalités,
ainsi de suite. Je sais pertinemment que les chambres de commerce et
l'Association des gens d'affaires ont été relativement
présentes au niveau du nombre de mémoires qui ont
été présentés, etc. La question que je vous posais,
c'est si, au niveau des entreprises privées comme telles, il y avait eu
une présence assez active, indépendamment des chambres de
commerce qui présentent quand même un mémoire pour
l'ensemble. On sait que, normalement, une chambre de commerce a un conseil
d'administration composé de cinq, six ou sept personnes. Elle
prépare ou fait préparer un mémoire qui répond aux
objectifs multiples d'une région au niveau des investissements, au
niveau des industries, des commerces et tout cela, mais je parle de l'individu
ou de l'entreprise privée du milieu.
M. Gendron: J'ai très bien compris. Vous savez, M. le
député de Hull - vous avez assez d'expérience
là-dedans - que, règle générale, les individus et
l'entreprise privée se donnent effectivement des structures comme
celles-là, qui s'appellent chambre de commerce, Conseil du patronat,
etc. Quand je reçois le Conseil du patronat, j'ai l'impression de parler
à une instance qui est le porte-parole du monde des affaires en termes
d'entreprises. Ce sont eux-mêmes qui sont membres et qui donnent des
mandats à ces instances. Tout comme dans d'autres consultations, ils ont
eu l'impression de faire entendre leur voix à travers ces instances.
M. Rocheleau: Quand on tient compte de cela, Mme la
Présidente, et qu'on remonte un peu dans le passé - c'est assez
intéressant d'en discuter, ce n'est pas une question de confrontation
parce que j'y ai participé moi-même - ce que je trouve assez
difficile d'inculquer dans la mentalité des gens, c'est ceci avec les
changements qu'on a vécus au cours des dernières années
auprès d'organismes du milieu. Allez questionner les gens dans la rue,
dans une région, demandez-leur ce que c'est qu'un CRD et 90% des gens
vont vous dire qu'ils n'ont jamais entendu parler de cela, à l'exception
de ceux qui y sont directement mêlés et de ceux qui en font
directement partie. Un autre point où on peut se poser des questions,
c'est que, dans les mécanismes qui ont existé jusqu'à
maintenant, il n'y a pas d'obligation. J'imagine qu'on respectera toujours
cette forme d'autonomie de chacun des groupes d'y participer ou pas. Mais
même les municipalités n'ont pas toujours été
présentes dans des organismes de concertation semblables. C'est l'une
des questions que je me posais: Comment arriver à créer cet
intérêt particulier de voir tout le monde autour d'une table se
concerter sur des projets d'ensemble, sur des visions ou sur des orientations
quelconques, quand il semble exister une certaine compétition ou une
certaine ambiguïté au niveau de l'appartenance de chacun de ces
groupes à une table de concertation quelconque?
Prenons l'exemple des élus municipaux. On les assoit à la
même table que les représentants syndicaux, les
représentants du monde des affaires, les représentants du milieu
scolaire et autres.
M. Gendron: Finalement, il n'y a aucune ambiguïté.
Ces mêmes intervenants -vous citez entre autres le monde municipal -quand
on leur a demandé de venir participer à des sommets
régionaux pour dégager des orientations à caractère
régional, sont venus de bonne grâce. Eux-mêmes ont
sollicité une place, ce qu'on appelle un siège, pour être
capables de dégager ces orientations. Il n'y a aucune espèce de
confusion à donner une même force de représentation
à chacun des groupes représentés.
M. Rocheleau: S'il y a d'autres questions, je vais revenir
tantôt.
La Présidente (Mme Bacon); M. le député
d'Orford.
M. Gendron: Juste une seconde! Puis-je...
La Présidente (Mme Bacon): Oui.
M. Gendron: ...suspendre une minute...
La Présidente (Mme Bacon): D'accord.
M. Gendron: ...sans suspendre?
La Présidente (Mme Bacon): Les travaux sont suspendus.
(Suspension de la séance à 17 h 45)
(Reprise de la séance à 17 h 47)
La Présidente (Mme Bacon): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député d'Orford.
Subventions fédérales aux centres de
ski
M. Vaillancourt: Merci, Mme la Présidente. Est-ce que le
ministre pourrait me dire où en sont les négociations
actuellement concernant les ententes fédérales-provinciales?
Où en est la négociation sur l'aménagement de canons
à neige qui doivent être subventionnés par le gouvernement
provincial dans les pentes de ski de la région de l'Estrie?
M. Gendron: Rapidement, j'ai eu tantôt, l'occasion de faire
le tour de la question sur l'ensemble du renouvellement des ententes. Tout ce
que je peux vous dire, c'est que - je pense qu'on peut le dire tel que cela
nous a été indiqué - il n'y a pas beaucoup de
possibilité d'envisager la conclusion de quelque entente sectorielle que
ce soit. Je crois que vous faites précisément
référence à l'entente auxiliaire ou sectorielle sur les
infrastructures touristiques.
M. Vaillancourt: C'est cela.
M. Gendron: Sans recevoir formellement une lettre, on nous a fait
toutes sortes de "menaces", entre guillemets, en disant: II est très
difficile d'envisager d'évoluer sur aucune des ententes dites
sectorielles ou auxiliaires, que ce soit sur les infrastructures touristiques
ou sur les infrastructures industrielles ou autres, tant qu'on ne sera pas
allé plus loin dans l'entente-cadre de planification conjointe. En
termes clairs, le fédéral a toujours mis dans le plateau de la
balance que la signature de l'une, qui est l'entente-cadre de planification
conjointe, égalerait, selon lui, l'éventuelle évolution
pour ce qui est des ententes sectorielles. Mais on n'a pas de preuve: on a
peut-être la preuve du contraire. Regardez ce qui vient d'arriver
à mon collègue des Affaires municipales, avec la fameuse entente
qu'on a signée et pour laquelle nous ne nous sommes pas
traîné les pieds au niveau de certains programmes
d'équipements municipaux. M. Roberts nous dit: Je n'ai plus d'argent. Il
n'y a rien qui nous dit que ce ne serait pas la même attitude qu'aurait
le fédéral.
Mais, pour vous donner une réponse concrète, cela fait des
mois et des mois qu'on lui dit qu'on est prêt, en ce qui a trait à
l'infrastructure de l'aménagement de centres de ski, à signer une
entente auxiliaire. On est prêt depuis six ou sept mois. Ottawa n'a pas
apprécié le fait qu'on rende publique une politique de ski, parce
que nous pensions que, comme gouvernement, on ne peut pas aller à la
va-comme-je-te-pousse et dire que, de temps en temps, lui, on le prend,
l'autre, on ne le prend pas, parce qu'il a plus ou moins de retombées
politiques.
Nous avons publié une politique du ski. Nous avons demandé
au gouvernement fédéral d'ajouter un volet à l'entente
auxiliaire actuellement existante. Enfin, elle est terminée depuis le 31
mars, mais cette entente comportait un volet qui s'appelait le
développement touristique. On a dit qu'on allait lui ajouter un volet
spécifique sur le ski alpin, afin de pouvoir donner suite à notre
politique. On n'a toujours pas de réponse. On n'a jamais eu de
réponse formelle, si ce n'est ce que je vous ai dit tantôt, M. le
député d'Orford. Si jamais on signe l'entente-cadre, là,
on verra.
M. Vaillancourt: Est-ce que cela veut dire que les annonces
faites par le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, il y a
environ un an et même il y a environ un mois, un mois et demi, quand il a
annoncé qu'il était censé y avoir des subventions
d'octroyées pour aménager tous les centres de ski - il en a
nommé quatre ou cinq -dans la région de l'Estrie, resteront sans
suite? Ces subventions devaient être versées à la suite
d'une entente fédérale-provinciale. Étant donné
qu'il n'y a pas d'entente entre les deux gouvernements, est-ce que cela veut
dire qu'il n'y aura pas de subventions aux centres de ski que le gouvernement
provincial va marcher seul, sans l'aide du fédéral?
M. Gendron: Le régime bicéphale dans lequel nous
sommes nous conduit à des incongruités comme celle que vous
décrivez. Vous n'avez pas tort, mais ce n'est pas ce que cela veut dire,
pour ce qui est des
annonces du ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche a décidé,
il y a à peu près un mois et demi - bien sûr, on en fait
plus par le biais d'une entente avec l'autre palier de gouvernement que
lorsqu'on est seul - de subventionner certains projets au niveau du
développement des infrastructures de ski, mais uniquement avec les fonds
du Québec. Cela ne veut pas dire que ce qu'il a annoncé ne tient
plus, au contraire. Le ministre Chevrette a pris des engagements dans certains
dossiers de ski; le gouvernement du Québec va y aller avec des sommes
inférieures à ce qu'on avait prévu il y a un an. Quand on
en a parlé, il y a un an, on parlait d'une entente de 50 000 000 $, mais
on n'a jamais reçu un cent des fédéraux sur le dossier du
ski. Ils n'ont jamais voulu accepter d'inclure le volet du ski à
l'entente auxiliaire sur le développement touristique. Ils ont dit: On
regardera cela quand l'entente-cadre sera signée.
M. Vaillancourt: Avez-vous négocié avec le
fédéral ou si ce n'est que de la correspondance qui a
été faite? Y a-t-il eu des rencontres entre les deux ministres
concernant ces négociations ou si c'est seulement de la correspondance
qui a été échangée entre vous et le ministre
fédéral?
M. Gendron: Rapidement, M. le député d'Orford,
encore là, je reviens à ce que j'ai expliqué assez
longuement - en tout cas, selon la présidente de la commission, qui
trouvait qu'on était un peu long - à M. le député
de Gouin. Diverses propositions et contre-propositions ont été
déposées par les fonctionnaires de chacun des paliers de
gouvernement; on a eu une rencontre avec M. Johnston, une rencontre
d'échange et de négociation au niveau ministériel; on a
repris cette rencontre dernièrement; il y a donc eu plus que de la
correspondance. Si j'étalais ici la correspondance qui a
été faite, je ne vous verrais pas, j'en aurais trop épais
devant moi. Au-delà de la correspondance, bien sûr, il y a eu des
échanges entre les fonctionnaires et au niveau ministériel.
M. Vaillancourt: C'est donc dire, en conclusion, qu'actuellement
aucune entente n'est signée et qu'on ne peut attendre des sommes du
fédéral. Les 3 500 000 $ que le ministre du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche a promis, c'est de l'argent du Québec...
M. Gendron: De sa poche.
M. Vaillancourt: ...seulement.
M. Gendron: Du Québec, oui.
M. Vaillancourt: Une autre question dans un autre domaine. Est-ce
que le ministre pourrait nous dire si on a arrêté la date du
sommet économique de l'Estrie qui doit avoir lieu à l'automne
1984?
M. Gendron: La date n'en est pas arrêtée. Je sais
qu'il y a d'importantes décisions à prendre ces jours-ci. Par
contre, la volonté qui nous anime, c'est que l'Estrie puisse
bénéficier d'un sommet de concertation comme d'autres
régions l'ont eu. Je pense qu'un très bon travail a
été fait par l'équipe régionale, par les
intervenants régionaux, qui ont effectivement commencé à
faire ce qu'on appelle communément le travail des tables sectorielles.
Je ne veux pas entrer dans les détails, mais je sais que, ce soir, une
décision importante doit se prendre qui va toujours dans le sens de tout
mettre en oeuvre pour qu'il se tienne cet automne, dans la région de
l'Estrie, un sommet de concertation de tous les agents de développement
économique.
M. Vaillancourt: La date n'est pas arrêtée, mais le
sommet économique de l!Estrie va avoir lieu à l'automne 1984?
M. Gendron: Notre rôle là-dedans, c'est de les aider
financièrement. C'est réglé, la demande d'aide
financière est passée au Conseil des ministres.
Deuxièmement, c'est de leur donner un appui technique au niveau du
secrétariat des conférences socio-économiques et c'est
aussi réglé. Le reste appartient aux gens du milieu.
Quand vous me dites: Pouvez-vous jurer aujourd'hui qu'il va y avoir un
sommet dans l'Estrie, si les intervenants décident, pour toutes sortes
de raisons, qu'il y a incapacité de se concerter, je ne peux pas
présumer, parce que votre question est un peu hypothétique. Je
dis: Ils nous ont demandé de l'aide pour tenir un sommet. On la leur a
donnée. Ils nous ont demandé de leur donner le soutien technique
au niveau du secrétariat des conférences
socio-économiques, on le leur a donné. Le gouvernement du
Québec veut qu'il y ait un sommet dans l'Estrie et le comité a
avancé une date pour la tenue du sommet de concertation dans la
région de l'Estrie. Donc, au moment où je vous parle, tout me
laisse croire qu'il y aura un sommet socio-économique dans la
région de l'Estrie.
M. Vaillancourt: Merci.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, Mme la Présidente. Pour terminer
là où on a commencé avec la question du "Choix des
régions", maintenant que la consultation est terminée à
peu près partout au Québec, est-ce que le ministre
reconnaît qu'il y a des
changements majeurs à apporter à son document de
consultation étant donné l'ensemble des interventions qu'il a
entendues au cours de son périple en province? D'autre part, est-ce
qu'il a un échéancier quelconque sur le dépôt de son
rapport au Conseil des ministres? S'il y a ce dépôt au Conseil des
ministres, est-ce que le ministre anticipe le dépôt d'un projet de
loi qui pourrait engager le nouveau processus de concertation dans les
vocations que se proposent de trouver les organismes du milieu?
M. Gendron: Premièrement, je ferai rapport du
résultat des audiences au Conseil des ministres à la suite de la
consultation sur "Le choix des régions". Je l'ai déjà
indiqué, et il me fait plaisir de le rappeler, j'ai l'intention, d'ici
la période estivale, à la fin de juin, avant même cette
date, de faire rapport au Conseil des ministres de la tenue des audiences dans
toutes les régions du Québec, après avoir entendu
au-delà de 350 mémoires. Je vais faire un rapport de la
façon dont j'ai pu voir les éléments de consensus qui se
sont dégagés et les éléments où il y a eu
moins de consensus qui se sont dégagés. C'est ce qu'on appelle
faire un rapport à la suite d'audiences.
Deuxièmement, est-ce qu'à ce moment-ci je suis en mesure
de préciser s'il y aura un projet de loi ou non? Non, je ne suis pas en
mesure, à ce moment-ci, de préciser si cela va se traduire
nécessairement par un projet de loi, parce que, d'abord, il faut que je
fasse rapport, comme je l'ai mentionné, au Conseil des ministres et,
deuxièmement, je ne suis pas encore complètement convaincu qu'il
faut absolument procéder par un projet de loi.
M. Rocheleau: J'ai une dernière question
d'intérêt régional pour l'Outaouais. À la suite des
audiences que vous avez tenues avec les intervenants du milieu concernant "Le
choix des régions" et où vous avez entendu plusieurs
interventions, plus particulièrement en provenance des gens de
Mont-Laurier, nos voisins du Nord, concernant les municipalités
régionales de comté, le découpage, le problème qui
existe, est-ce que vous avez l'intention de faire des recommandations au
Conseil des ministres ou si vous avez tout simplement l'intention de laisser la
commission Robidas faire ses recommandations et d'accepter les recommandations
qui seront faites par cette commission?
M. Gendron: Ceux qui me connaissent me connaissent comme
quelqu'un qui n'a pas l'habitude de bousiller le travail des autres. À
partir du moment où le même Conseil des ministres, dont je suis
membre, a mandaté une commission pour faire un travail
spécifique, il me semble qu'un minimum de décence nous commande
de respecter le mandat qu'elle a reçu. Par ailleurs, si votre question
allait au-delà, à savoir si, quand la commission Robidas produira
son rapport et fera des recommandations, j'aurai un point de vue à
exprimer, je pense que oui, comme membre d'un Conseil des ministres, pour une
question aussi importante que celle-là, qui est quand même
reliée aux responsabilités que j'exerce au sein du Conseil des
ministres, cela m'amènera sûrement à avoir une opinion. Je
l'exprimerai là où elle doit être exprimée, à
la suite du rapport de la commission Robidas pour ce qui est du
découpage.
La Présidente (Mme Bacon): C'était votre
dernière question, M. le député de Hull?
M. Rocheleau: C'était ma dernière question, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bacon): Le mot de la fin, M. le
ministre?
M. Gendron: Rapidement, je voudrais remercier les membres de
cette commission et indiquer que ce qui va m'animer, comme cela a
été le cas pour l'année dernière, c'est d'essayer
effectivement avec les collègues et aussi avec la collaboration de
l'Opposition de continuer à m'acquitter le mieux possible des
responsabilités qui sont miennes, en essayant peut-être de mettre
un peu plus l'accent sur ce qui m'était et m'est encore très
cher, cette possibilité d'offrir aux régionaux du Québec
de meilleurs outils, de meilleurs instruments pour qu'ils puissent marquer
davantage l'évolution du Québec puisque, de toute façon,
les régions sont toujours des ressources importantes dans le
développement global et polyvalent de l'ensemble du Québec et,
dans ce sens, je pense qu'il faut les développer davantage.
Je voudrais également, en terminant, souhaiter la meilleure des
chances à toutes les MRC qui franchiront une étape de plus en
plus importante dans l'évolution de leur schéma
d'aménagement. On en a parlé en 1983 comme de quelque chose en
train de se faire, mais on va de plus en plus en parler comme quelque chose qui
se fait. Comme c'est une opération très importante pour l'avenir
du Québec d'avoir un développement plus harmonieux, plus
intégré, je souhaite que le plus possible de citoyens et de
citoyennes, dans toutes les municipalités du Québec, s'impliquent
dans la préparation d'un schéma d'aménagement qui puisse
tenir compte de leurs aspirations.
La Présidente (Mme Bacon): Je pense que la meilleure
façon de vous remercier, M. le ministre, c'est d'adopter les
crédits de votre ministère. Programme 4, Coordination
du développement économique et régional et
interventions de développement régional, élément 1,
fonds de développement régional, où les crédits
sont de 29 245 200 $, adopté?
Des voix: Adopté.
M. Rocheleau: Sur division.
La Présidente (Mme Bacon): Élément 2,
provision pour augmenter tout crédit pour la réalisation par le
ministère de projets d'aménagement et de développement
régional, dont le montant est de 100 000 $, adopté?
M. Rocheleau: Sur division aussi.
La Présidente (Mme Bacon): Sur division. Programme 5,
Aménagement et développement régional, consultation et
administration de l'OPDQ, élément 1, cabinet du ministre
délégué à l'Aménagement et au
Développement régional, 566 200 $, adopté?
M. Rocheleau: Sur division.
La Présidente (Mme Bacon): Sur division.
Élément 2, secrétariat à l'aménagement et
à la décentralisation, 1 827 600 $, adopté?
Une voix: Adopté.
M. Rocheleau: Sur division.
La Présidente (Mme Bacon): Élément 3,
direction et soutien administratif 6 736 100 $, adopté?
Une voix: Adopté.
M. Rocheleau: Sur division.
La Présidente (Mme Bacon): Élément 4, aide
à la consultation, 1 935 100 $, adopté?
Une voix: Adopté.
M. Rocheleau: Toujours la même chose, sur division.
La Présidente (Mme Bacon): Les crédits de 11 065
000 $ sont-ils adoptés?
M. Rocheleau: Sur division. Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bacon): La commission suspend ses
travaux jusqu'à ce soir, 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise de la séance à 20 h 7) Environnement
(suite)
Le Président (M. Fallu): À l'ordre!
Nous reprenons nos travaux. La commission parlementaire de
l'aménagement et des équipements continue l'étude des
crédits du ministère de l'Environnement. Nous sommes toujours au
programme 1: Protection du milieu.
J'aimerais simplement vous rappeler, M. le ministre, qu'au moment
où nous nous sommes quittés, vous étiez en train de
répondre à une question et que, ce matin, vous aviez pris
certains engagements envers la commission. Vous deviez apporter quelques
réponses, si ce n'est pas ce soir, ce pourra être demain matin
puisque nous nous revoyons demain.
Protection du milieu Cas de Jonquière et de
Chicoutimi
M. Ouellette: M. le Président, je suis disposé
à donner les réponses à certaines questions qui m'ont
été posées ce matin, notamment en ce qui a trait au
problème de Jonquière et de la tache d'huile sur la
rivière Chicoutimi. C'est un dossier régional, je le
répète. Des informations m'ont été
communiquées cet après-midi, à savoir que la tache d'huile
a été découverte sur la rivière Chicoutimi lors
d'une randonnée en hélicoptère effectuée par le
ministère de l'Environnement. Ayant pris connaissance de l'existence de
cette tache d'huile, on s'est mis à la recherche de sa provenance et on
a découvert qu'elle avait été acheminée sur cette
rivière par un égout pluvial propriété du
ministère des Transports. C'est en remontant le ruisseau qu'on a
découvert que cette tache d'huile originait d'un lieu d'enfouissement et
que c'est un bris à ce lieu qui a fait que la tache d'huile s'est
retrouvée dans la rivière.
La question qui m'était posée était à savoir
si seuls les travailleurs d'une usine d'Arvida étaient menacés
par la présence de cette tache d'huile ou si les citoyens de la ville
l'étaient également. Seuls les travailleurs de l'usine en
question étaient menacés par la présence de cette tache
d'huile car la prise d'eau de cette compagnie est en surface de la
rivière et elle risquait donc de capter la tache d'huile en question. La
prise d'eau de la municipalité étant en profondeur, elle ne
risquait pas du tout d'être affectée par ladite tache d'huile.
Qu'en est-il de la solution finale à apporter à ce
dossier? Le ministère de l'Environnement, division régionale de
Saguenay-Lac-Saint-Jean, est en négociation avec le propriétaire
du lieu d'enfouissement ou du lieu de dépôt pour qu'il effectue
les
corrections. Parallèlement, la compagnie Alcan a manifesté
le désir d'enfouir sa prise d'eau, ce qui la mettrait à l'abri de
la répétition de certains de ces gestes qui peuvent se produire
n'importe quand, c'est évident. J'espère que cela répond
convenablement à la question qui m'avait été posée
sur ce dossier.
L'assainissement des eaux dans le Grand-Nord
Mme la députée m'avait également demandé la
liste des projets devant faire l'objet d'études d'impact aussi bien dans
le Nord que dans le Sud du Québec. J'ai en main la liste de tous ces
projets. Elle me demandait également les coûts associés,
notamment aux projets du Nord. Évidemment, nous n'avons pas ces
coûts; ce sont des coûts connus seulement des promoteurs, nous ne
sommes pas en mesure de fournir le coût rattaché à chacun
de ces projets. Il me fera quand même plaisir de remettre la liste de
tous ces projets que nous prévoyons devoir traiter au cours de
l'année à venir en ce qui concerne les études
d'impact.
Une question m'était aussi posée quant aux 9 000 000 $
devant être dépensés éventuellement dans le
Grand-Nord au chapitre de l'assainissement des eaux. Voici l'ensemble du
tableau. Le ministère des Affaires municipales a un plan
d'investissement global en territoire nordique, où il assume 100% des
coûts pour les infrastructures. Pardon?
M. O'Gallagher: Les Nordiques et les Canadiens!
M. Ouellette: Ah! Aucune allusion aux Canadiens, ils ne jouent
pas ce soir de toute façon.
Mme Bacon: On ne le dérangera pas.
M. Ouellette: On parle bien du territoire nordique
québécois. Donc, 51 000 000 $ doivent être
dépensés par le ministère des Affaires municipales.
Certaines des infrastructures envisagées touchent l'assainissement des
eaux et on évalue à environ 9 000 000 $ les sommes
consacrées à ce chapitre au cours des cinq prochaines
années. À ces investissements, 5 000 000 $, sur trois ou quatre
ans, en ce qui touche l'assainissement des eaux proprement dit, sont
probablement admissibles au programme d'assainissement des eaux. Donc, sur 9
000 000 $, on prévoit que 5 000 000 $ seraient admissibles au programme
d'assainissement des eaux soit pour des usines, de l'interception ou de la
réhabilitation de deux réseaux et 4 000 000 $ ne seraient pas
admissibles à notre programme d'assainissement des eaux et y demeureront
évidemment la responsabilité du ministre des Affaires
municipales.
Les coûts réellement admissibles seront
arrêtés après les études d'avant-projet. On
fonctionne évidemment sur des données préliminaires,
puisque les études détaillées n'ont pas encore
été réalisées. Les quatorze communautés
inuites ont été ajoutées à la demande d'approbation
de la programmation 1984-1985 du programme d'assainissement des eaux qui est
actuellement devant le Conseil du trésor. Aussitôt que la
programmation sera approuvée, les études seront entamées
et nous connaîtrons les coûts réels rattachés
à ces travaux.
On me demandait également quel était, à toutes fins
utiles, le budget affecté à l'ensemble du Nord par le
ministère de l'Environnement. J'ai donné ce matin un montant de
200 000 $ qui était réparti en subventions ou en affectations de
crédits aux comités cris et inuits, c'est-à-dire 81 300 $
et 18 700 $, ce qui donne un total de 200 000 $, mais à cela s'ajoutent
360 000 $ de salaires versés aux membres de la direction du
ministère de l'Environnement pour la région du Grand-Nord, donc,
la région 10. Il y a aussi 300 000 $ affectés aux fonctions et
dépenses de ce personnel pour un total, donc, de 860 000 $ en termes
d'affectation budgétaire aux groupes cris et inuits en salaires et en
dépenses de fonctionnement. À cela s'ajoutent également
330 000 $ pour les frais de secrétariat et les salaires des membres
autochtones des cinq grands comités qu'on retrouve dans le Grand-Nord,
donc, pour un total de 1 203 000 $. Certains coûts s'ajoutent aussi au
niveau des budgets du personnel; ici, il s'agit d'affectation partielle de
personnel du central. On fait une évaluation approximative,
évidemment, du nombre d'heures affectées au Grand-Nord pour un
total de 100 000 $, ce qui signifie que le ministère de l'Environnement
affecte globalement un montant de 1 303 000 $ pour sa direction du Grand-Nord
québécois. Je ne sais pas si cela répond à
l'ensemble des questions qui m'avaient été posées.
J'aimerais ajouter également que j'ai la liste des quatorze villages
cris où on projette, avec le ministère des Affaires municipales,
de procéder à divers travaux, en ce qui nous concerne, pour
l'assainissement des eaux. Je ne me permettrai pas, par respect pour les gens
du journal des Débats, de lire chacun des villages qui sont en
inuttituuit. Je suis prêt à remettre la liste à Mme la
députée de Chomedey. Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Fallu): On vous remercie. M. le
député de Chambly. Je reconnaîtrai le député
de Robert Baldwin. Également, le député d'Orford veut
être reconnu.
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Fallu): J'ai simplement dit: "Le
député d'Orford veut être reconnu."
M. Rochefort: Oui, oui, je suis d'accord. Je veux seulement
savoir si on y va par programme, par élément ou quoi?
Le Président (M. Fallu): Oui, au programme 1. (20 h
15)
La protection du territoire agricole et le
tracé des routes
M. Tremblay: M. le Président, j'aimerais discuter un peu
avec le ministre du problème de l'environnement, qui me préoccupe
et qui préoccupe plusieurs de mes collègues. C'est celui d'une
sorte de concurrence, finalement, entre le ministère de l'Agriculture et
la Commission de protection du territoire agricole. Je vais essayer d'illustrer
le problème comme ceci: pour qu'une route soit élargie, par
exemple, il est nécessaire que le ministère des Transports
obtienne deux autorisations peut-être plus que cela, mais au moins deux -
dans bien des cas, celle du ministère de l'Environnement et celle de la
Commission de protection du territoire agricole. On sait que les deux exigences
sont souvent contradictoires. J'ai un cas à l'esprit, mais j'imagine que
cela se produit aussi ailleurs.
Très souvent, les routes sont construites près d'un cours
d'eau verbalisé qui amène les eaux à la rivière.
Dans ce cas-là, si on fait l'élargissement de la route en
plaçant une partie de la route d'un côté du cours d'eau et
l'autre partie sur l'autre côté du même cours d'eau,
à ce moment-là, on gruge dans le territoire agricole d'une
façon considérable. Là, la Commission de protection du
territoire agricole dit: Vous grugez trop de territoire. D'un autre
côté, si on se sert du cours d'eau pour faire la route et qu'on
canalise le cours d'eau, les gens de l'Environnement, sûrement à
juste titre, trouvent que cela met l'environnement en danger.
Je ne veux pas discuter du bien-fondé des deux décisions.
Je pense qu'il y a des spécialistes dans les deux cas qui agissent en
fonction de leur spécialité. Mais il me semble que, pour
accélérer le développement de ces choses, il y aurait lieu
de trouver un mécanisme qui ferait que, au moment où on
démarre un tel projet, avant même de faire les plans - je ne sais
pas à quelle étape exactement - il serait possible que les gens
du ministère de l'Environnement et ceux de la Commission de protection
du territoire agricole s'assoient avec ceux du ministère des Transports
pour établir quelle sorte de tracé serait le plus acceptable pour
tout le monde. Par la suite, il appartiendrait au ministère des
Transports de justifier ce tracé, comme c'est présentement le
cas, mais en partant d'un tracé dont on sait qu'il a des chances
d'être accepté par tout le monde. J'aimerais avoir votre
réaction là-dessus, connaître votre opinion. Serait-il
possible que votre ministère mette sur pied un comité - je ne
sais pas comment il s'appellerait - pour se pencher sur ces projets avant
même que le tracé soit fait?
M. Ouellette: Le problème que soulève le
député est tout à fait réel; nous sommes
appelés, en tant que députés, à le vivre
quotidiennement ou presque hebdomadairement. Évidemment, dans chacun des
cas, on fait appel à la Commission de protection du territoire agricole
ou au ministère de l'Environnement ou aux particuliers qui sont souvent
dérangés par ces élargissements d'assiettes de rue qui
sont souvent portées de 38,4 pieds ou 36 pieds français vers une
nouvelle assiette qui est généralement de 20 mètres,
depuis quelques années, en tout cas. On s'adresse donc à ces
trois paliers.
La Commission de protection du territoire agricole, comme son nom
l'indique, est chargée de voir à ce que l'action des promoteurs -
dans le cas qui nous intéresse, c'est le ministère des
Transports, mais ce peut être aussi les municipalités, en
l'occurrence - ne soit pas exagérée en termes d'affectation ou de
recul agricole. Je pense que la commission a le devoir d'étudier chacun
des cas et de s'assurer que le projet n'est pas exagérément
négatif à l'endroit de l'agriculture.
Même chose du côté du ministère de
l'Environnement en ce qui a trait à la protection de l'environnement.
Lorsqu'on nous présente des projets qui vont empiéter sur les
cours d'eau, par exemple, nous sommes extrêmement chatouilleux parce que
nous sommes, à l'Environnement, au même titre que la CPTAQ peut
l'être pour le territoire agricole, responsables de la protection des
rives et des cours d'eau. Donc, je pense que, dans les deux cas, il est normal
que l'on doive se soumettre au ministère de l'Environnement et à
la CPTAQ si on veut être certain que les projets, qui sont bons en soi,
tout le monde en convient, ne soient négatifs ni dans un cas ni dans
l'autre.
J'aimerais vous rappeler cependant que, lorsque le ministère des
Transports se propose d'élargir l'assiette de 36 pieds français
à 20 mètres, ces projets ne sont pas soumis aux études
d'impact et aux audiences publiques qui pourraient suivre si le public le
demandait. Par contre, ils sont soumis à l'article 22,
c'est-à-dire que le sous-ministre, avec son personnel compétent,
doit examiner les plans, voir s'il n'y a pas dans ces plans un projet qui
risque d'affecter les rives.
Dans un tel cas, nous nous montrons aussi sévères que peut
l'être la Commission de protection du territoire agricole.
Généralement, les négociations vont bon train et il
est assez rare que des retards soient attribuables au ministère de
l'Environnement quoique je reconnaisse que, dans certains cas, cela s'est
produit et bien malin celui qui pourrait en imputer la cause à qui que
ce soit puisque, souvent, il y a deux ou trois intervenants et ce sont des
échanges de documents entre ces différents intervenants qui
peuvent être responsables des retards imputés, à tort, me
semble-t-il, dans bien des cas en tout cas, au ministère de
l'Environnement comme tel.
M. Tremblay: Mon propos ne visait pas, M. le ministre, à
blâmer qui que ce soit dans ce dossier-là. Je pense que chacun des
groupes rend le service que l'on en attend. À cause des
mécanismes que cela implique, cela crée des retards
considérables et il me semble qu'il y aurait lieu de trouver une
solution à ce problème qui retarde.
Le cas dont je fais mention, qui m'amène à constater ce
problème, n'est pas un cas de route où on élargit
l'assiette de rue uniquement. Il s'agit de faire un boulevard, à toutes
fins utiles, avec une route à deux voies présentement. C'est plus
considérable que de simplement élargir la route et cela demande
des audiences publiques. Par exemple, dans le cas de la construction d'une
nouvelle route, c'est la même chose, je crois que cela demande des
audiences publiques. Ce n'est pas mon intention, de blâmer qui que ce
soit de faire son travail, bien au contraire mais il me semble qu'il y aurait
lieu de prévoir quelque part une sorte de concertation entre les trois
ministères de façon à accélérer les
travaux.
Quand on en est rendu à la confection des quatrièmes plans
pour une même route et que des fonctionnaires du ministère des
Transports ont préparé de l'argumentation pour le
ministère de l'Environnement et pour la CPTAQ, dans bien des cas, c'est
très dispendieux pour le gouvernement en temps de fonctionnaires et,
pendant ce temps-là, les citoyens attendent.
Je me dis, et c'est le but de mon intervention, qu'il y a un
problème qui est causé par le fait que tout le monde fait son
travail comme on lui a demandé de le faire, mais cela cause un
problème additionnel et je cherche la solution qui ferait que l'on
pourrait éviter ce problème tout en conservant les avantages
qu'on reçoit de ces gens-là, qui font leur travail et qui
protègent, d'une part, l'environnement et, d'autre part, le territoire
agricole.
M. Ouellette: M. le Président, M. le député
et chacun des députés autour de cette table ont sans doute
travaillé comme moi dans un certain nombre de dossiers de cette nature.
Il est très facile de prétendre que le retard dans certains
dossiers puisse être attribuable à la Commission de protection du
territoire agricole ou au ministère de l'Environnement, mais,
après sept ans, presque huit ans d'expérience dans ce genre de
dossier, il serait peut-être bon de rappeler la procédure.
Construire une route neuve ou élargir un rang existant, ce n'est
pas une opération spontanée qui se réalise dans les quinze
jours suivant la prise de décision. Au contraire, c'est très long
et cela s'échelonne souvent sur trop d'années, à mon avis.
Mais les procédures sont ainsi faites qu'il faut être patients.
D'abord, il faut que la municipalité s'adresse au district des
transports qui couvre son territoire pour lui demander de préparer un
plan préliminaire. Cela prend quelque mois. Ce plan préliminaire
est ensuite remis entre les mains des autorités municipales pour fins de
discussion avec les propriétaires visés. L'étape suivante
consiste à obtenir de la part de la municipalité,
c'est-à-dire pour la municipalité, de la part des
propriétaires riverains visés, une première signature
d'acceptation de principe. Lorsque cette étape est franchie - cela dure
quelques semaines à tout le moins - le ministère des Transports
se replonge dans la confection des plans dits légaux pour fins
d'expropriation ou d'acquisition par acte notarié. Là encore, il
y a des délais joyeusement longs et qui peuvent dépasser
l'année. Lorsque ces plans légaux sont réalisés, on
procède à l'acquisition des terrains, soit par voie
d'expropriation ou d'entente de gré à gré. La
municipalité touche une subvention de 6000 $ le kilomètre et elle
utilise cet argent pour dédommager les propriétaires riverains.
Lorsque la municipalité a acquis ces terrains-là, le projet est
mis à la programmation budgétaire de l'année suivante. Par
la suite, si les budgets le permettent et si ce projet a été
retenu au niveau régional, on l'installe, enfin on l'incorpore à
la liste des travaux prévus au ministère des Transports et on
réalise les travaux après avoir fait des appels d'offres: le
tout, souvent, s'est étalé sur quatre ou cinq ans.
La petite étape - je dis bien la petite - qu'elle soit
affectée à la Commission de protection du territoire agricole ou
au ministère de l'Environnement, ces deux étapes-là
deviennent des gouttes d'eau dans l'océan, mais elles auront eu au moins
le mérite, l'une et l'autre, de protéger les citoyens aussi bien
au niveau agricole qu'au niveau environnemental. Qu'on puisse souhaiter voir
les étapes raccourcies, j'en conviens. Je suis de ceux qui le croient,
mais je ne pense pas, en toute honnêteté, que ce soit aussi bien
à la CPTAQ, qu'à l'Environnement qu'on va obtenir des
raccourcissements, si vous me permettez l'expression, significatifs au
point de satisfaire les gens qui désireraient qu'aussitôt
l'idée manifestée de réaliser des travaux de cette nature,
ils se réalisent rapidement. Je ne pense pas que ce soit là le
vrai problème. (20 h 30)
M. Tremblay: M. le ministre, vous démontrez votre grande
expérience dans la construction de routes. C'est que votre
carrière politique vous a amené à vous en
préoccuper déjà. Loin de moi l'idée encore une fois
de remettre en question l'importance du ministère de l'Environnement,
des audiences publiques, mais, juste pour élaborer et essayer de
démontrer combien c'est difficile, je pourrai même vous montrer
comment cela peut être long, j'ai vu, récemment, un bout de route
de quatre, cinq kilomètres dont les plans originaux - les premiers -
datent de 1970. Maintenant, on en est rendu à la quatrième
version. Ce qui est frappant, c'est que la version 1984 ressemble beaucoup
à la version 1970. La cause, je crois, c'est que la Commission de
protection du territoire agricole et l'Environnement, à cause du
fonctionnement qu'on a choisi pour y arriver, ne se rencontrent pas. Lorsque
c'est conforme au désir de l'Environnement, cela ne l'est pas à
l'ACPTRQ, et lorsque c'est conforme à l'ACPTRQ, cela ne l'est pas
à l'Environnement. Je me dis: Puisque c'est possible que deux hommes se
rencontrent et discutent, il doit être possible pour deux
ministères de se rencontrer. Ils font partie du même gouvernement.
Qu'ils en viennent - non pas à une entente - à discuter de ces
problèmes en se disant: Cela serait fort probablement acceptable, ce
tracé, compte tenu de telle chose. Ils ont déjà beaucoup
de données sur le problème. Après cela, chacun retourne
faire ses devoirs et veut y aller en profondeur. Quand cela arrive dans les
ministères, ils disent: Oui, on a regardé cela. On regarde cela
quand même avec un oeil un peu plus ouvert, parce qu'on comprend le
problème de l'autre. On ne regarde pas seulement un problème. On
regarde alors tous les problèmes.
M. Ouellette: Je ne crois pas, en toute honnêteté,
que ce soit très fréquent, les situations qu'évoque le
député. Je conviens que cela puisse se produire dans des cas
très particuliers où, par exemple, là j'imagine une
situation, le ministère des Transports proposerait la construction ou
l'élargissement d'une route en bordure d'une rivière et que, pour
atteindre les 20 mètres ou davantage, il se doit, ce ministère,
d'empiéter sur un cours d'eau alors que la solution de rechange
consisterait à empiéter plutôt sur du territoire agricole.
Évidemment, la Commission de protection du territoire agricole va
défendre son territoire agricole farouchement. Elle est bien connue pour
cela. Et le ministère de l'Environnement va aussi défendre
farouchement l'empiétement dans son cours d'eau. Des cas comme cela ne
doivent quand même pas se produire très fréquemment et,
selon l'évaluation que je fais de mon personnel, je sais que ces
personnes sont très ouvertes à en venir à une entente qui
permette le compromis, c'est-à-dire faire en sorte que les travaux
n'affectent de façon significative ni l'environnement, ni l'agriculture.
C'est par la voie de la discussion qu'on trouve le tracé acceptable de
part et d'autre et pour le ministère des Transports également.
Depuis un an et demi, je me souviens avoir vu un de ces cas et cela s'est
finalement réglé au détriment du territoire agricole
puisque la rivière en question avait un écoulement tel que le
ministère des Transports a compris qu'il lui faudrait investir
énormément d'argent pour protéger sa route contre
l'érosion. Finalement, la Commission de protection du territoire
agricole s'est rendue à la décision du ministère des
Transports et a accepté qu'on protège l'environnement
convenablement.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Robert Baldwin.
La ligne des hautes eaux
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. Je voudrais
sensibiliser la commission et le ministre à un problème qu'on
voit assez souvent, moi, comme arpenteur-géomètre, et plusieurs
citoyens qui sont riverains du domaine public. C'est dans le deuxième
paragraphe de l'élément 1, l'élaboration de
méthodes de contrôle relativement à l'environnement. Le
gouvernement prend un intérêt très poussé pour
empêcher et corriger les empiétements; je suis d'accord. Il y a
plusieurs empiétements qui sont évidents. Il y en a d'autres qui
ne sont pas nécessairement des empiétements. Il se pose alors une
question de taille. Comment établir la ligne entre le domaine public et
le domaine privé? Normalement, on appelle cela la ligne des hautes eaux
ordinaires.
Jusqu'à maintenant, cela s'est fait, de façon
unilatérale, par des fonctionnaires de votre ministère. Le
citoyen, lui-même ou par l'entremise de son arpenteur, demande au
ministère de l'Environnement d'établir ou de donner son opinion
sur la position de la ligne des hautes eaux, la ligne de limitative ou
diminutive entre le domaine public et le domaine privé. Un fonctionnaire
arrive sur les lieux; il pose des piquets, dresse un rapport, qui est
déposé à votre ministère. Vous savez comme moi que,
lorsqu'un tel geste a été posé, lorsqu'un tel rapport a
été fait, lorsqu'un tel dossier a été
préparé, le citoyen n'a aucune chance de faire valoir ses droits.
Je pense que tout le monde peut
comprendre que les fonctionnaires vont se serrer les coudes pour
protéger l'opinion de tel ou tel fonctionnaire qui est allé sur
les lieux. D'aucune façon, on ne donne le bénéfice du
doute au propriétaire, on ouvre un dossier. Face à l'appareil
gouvernemental, le citoyen n'a aucune chance de faire valoir ses droits.
Normalement, si vous et moi étions voisins et que nous avions un
problème pour notre ligne separative, nous aurions recours à un
bornage, soit à l'amiable ou judiciaire; tout cela selon une
procédure établie par la loi. Entre individus, cela fonctionne
très bien normalement. Mais quand le citoyen fait face à
l'appareil gouvernemental, toutes les chances sont du côté du
gouvernement. D'abord, mettez-vous à la place d'un citoyen qui est
accusé d'empiétement qui n'est pas évident. Il peut
demander un bornage, mais cela peut prendre des années avec le
gouvernement. Normalement, le temps n'affecte aucunement le gouvernement, mais
le pauvre citoyen, lui, a une vente, une hypothèque et une foule de
choses à entreprendre, il ne peut pas attendre les deux, trois, quatre
ou cinq ans que cela peut prendre pour régler le problème de la
ligne de division entre lui et le secteur public. Il n'a pas les mêmes
ressources non plus. Car les frais d'avocat, d'arpenteur, en plus des frais
découlant de la perte d'une vente éventuelle ou de l'achat
éventuel de parties de terrain, peuvent être discutables et le
prix peut monter. Bien des fois, M. le ministre, je pourrais vous citer des cas
où cela pourrait approcher facilement les 10 000 $ en frais.
Face à l'appareil gouvernemental, le citoyen est
lésé dans ses droits. C'est là un cas pour faire
intervenir le Protecteur du citoyen. Rien n'a été fait. Ce n'est
pas que les fonctionnaires de votre ministère soient injustes, mais ils
ne regardent pas la situation du même oeil; ils ne donnent jamais le
bénéfice du doute au propriétaire riverain, 11 va falloir
trouver un moyen pour lui rendre justice et régler ces
problèmes.
En 1978, on a modifié la Loi sur le régime des eaux -
c'était la loi 78, adoptée en 1978 - pour permettre au ministre
et au citoyen, propriétaire privé, de procéder par acte
bilatéral pour établir la position de cette ligne ou pour
convenir de la position de cette ligne. On attendait tout simplement une
réglementation qui pourrait permettre une procédure ou un
mécanisme pour se rencontrer sur les lieux, pour permettre au citoyen
riverain de faire valoir ses droits, pour permettre aux fonctionnaires du
ministère de faire leur preuve, de faire venir des témoins, et,
si ce n'est pas toujours le même propriétaire qui est là
depuis dix ans, de faire venir l'autre propriétaire qui était
là plusieurs années auparavant. Cela n'a jamais été
mis en marche. Depuis 1978 - on s'en va vers cinq ans maintenant - comme
arpenteur-géomètre je plaide la cause des citoyens, pour qu'ils
aient au moins la chance, l'occasion, le droit de faire valoir leurs droits
dans l'établissement de la ligne de division entre le domaine
privé et le domaine public.
Je sais que ce n'est pas un gros problème, le problème des
pluies acides ou le problème de traitement des égouts, mais c'est
un problème qui affecte le petit citoyen vis-à-vis l'appareil
gouvernemental. Il est très mal compris et je demande aux membres de la
commission d'y penser. Le citoyen, dans ces situations, est très mal
protégé. Il n'a aucune chance de faire valoir ses droits
vis-à-vis de l'appareil gouvernemental. Il n'est pas dans la même
situation qu'avec n'importe quel autre voisin, quand les règles de
procédure sont pareilles pour chaque côté et les
délais et les coûts sont présumément pareils. M. le
ministre, il y a beaucoup de documentation là-dessus. Je sais que vous
n'avez pas eu l'occasion d'approfondir cette question et je ne voudrais pas
vous embarrasser à ce moment-ci avec ce sujet particulier, mais je vous
demanderais de prendre quelque temps, d'ici un mois ou deux, pour regarder ce
problème et j'aimerais avoir l'occasion de vous en parler plus
longuement, si possible.
M. Ouellette: M. le Président, j'ai presque envie de vous
dire que c'est avec plaisir que je vais contredire le député de
Robert Baldwin sur ses dernières affirmations. D'abord, je pense que
c'est un problème important. Comme lui, je peux peut-être essayer
de comparer cela aux pluies acides et dire que cela n'a pas la même
envergure, mais, compte tenu du fait qu'il y a au Québec au-delà
de 1 000 000 de lacs et que les lacs en régions habitées sont
drôlement peuplés, le problème auquel il se
réfère est devenu un problème très important.
Voilà le premier point de divergence que j'ai avec lui, mais, dans le
fond, je suis tout à fait d'accord avec ce qu'il vient d'énoncer.
J'aimerais lui dire que, très prochainement, nous allons publier le
règlement ou faire une prépublication du règlement sur le
régime hydrique et que nous prévoyons apporter une solution au
problème qu'il soulève. J'ai été
sensibilisé, d'ailleurs, à ce problème par une rencontre
que j'ai eue avec certains membres de l'Ordre des
arpenteurs-géomètres et c'est à partir de ces visites que
je me suis intéressé de plus près à ce
problème et que j'ai vu à ce que le règlement soit
modifié afin de préciser le mécanisme de
délimitation entre la propriété publique et la
propriété privée. Donc, ce sera à la Gazette
officielle dans les semaines qui viennent, en prépublication, et il me
fera plaisir à ce moment-là d'entendre les remarques qui nous
seront faites, aussi
bien par l'Ordre des ingénieurs que par certains
propriétaires ou certaines associations de propriétaires de
chalets pour faire en sorte que le règlement vienne clarifier les choses
une fois pour toutes et offrir au citoyen une formule allégée qui
lui évite des dépenses excessives.
Je vois que le député de Robert Baldwin a mis beaucoup
d'emphase dans sa question. Il l'a longuement élaborée et c'est
tout en son honneur. Je ne sais pas s'il souhaiterait que le responsable de ce
dossier au ministère, M. Guy Audet, lui donne une réponse plus
précise. M. Audet est à la table. Il est disposé à
vous expliquer la procédure actuelle et ce vers quoi nous allons tendre
dans le règlement en prépublication prochainement.
M. O'Gallagher: Oui, cela va.
M. Ouellette: Si vous me le permettez, M. le Président, je
passerais la parole à M. Guy Audet. (20 h 45)
M. O'Gallagher: Oui, très bien.
M. Audet (Guy): Le problème qui est soulevé par M.
le député est évidemment une inquiétude pour nous
parce que, dans tout le processus que M. Ouellette mentionnait cet
après-midi de la délimitation systématique qui est
entreprise autour de plusieurs lacs densément peuplés, cela nous
pose précisément un problème à cet effet. C'est
dans ce cadre, d'ailleurs, que nous insistons beaucoup comme technocrates ou
fonctionnaires pour que le nouveau règlement ou le règlement
modifié pour l'application de l'article 2 de la Loi sur le régime
des eaux puisse donner le pouvoir au ministre de convenir de
délimitations justement au niveau de la propriété, entre
le propriétaire riverain et le ministère de l'Environnement, pour
la simple raison que la délimitation de la ligne des hautes eaux
naturelles comme telle est une opération qui est très difficile.
Vous l'avez mentionné, ce n'est évidemment pas toujours au
centimètre près. Cela demande beaucoup de recherche, cela demande
même de rencontrer des gens qui connaissent bien le milieu afin
d'être en mesure de délimiter ou de tracer une ligne où
nous prétendons que c'est la ligne des hautes eaux naturelles
normales.
Il faut dire que, dans le processus de délimitation
systématique que nous faisons actuellement - on l'a fait l'an dernier au
lac Saint-Joseph, on l'a fait l'été dernier au lac Clapham,
près de Thetford-Mines - lorsque des propriétaires riverains ne
sont pas d'accord avec la cartographie de la ligne de propriété
que nous avons indiquée sur les plans et qui identifie tous les
empiétements, ils ont évidemment le droit de contester.
Présentement, si la contestation, comme vous l'avez
mentionné, se rend très loin, cela doit aller évidemment
dans des actions en bornage, ce qui est un processus très lent,
très long et qui entraîne même des frais, non seulement au
propriétaire riverain, mais aussi au gouvernement. C'est dans cette
optique justement qu'on est impatient de voir ou, enfin qu'on espère que
le nouveau règlement de l'application de l'article 2 de la Loi sur le
régime des eaux puisse permettre de régler à l'amiable,
sur le terrain, ces différends qui peuvent se présenter par
rapport à la localisation exacte de la ligne de
propriété.
C'est une opération qui nous tient à coeur actuellement
parce que le ministère de l'Environnement a un programme spécial
pour faire un rattrapage en ce qui a trait à l'occupation du domaine
public, car c'est quand même une richesse qui appartient à la
collectivité québécoise. Il y en a qui paient
présentement. Au ministère, on a quand même plus de 3500
baux où les propriétaires riverains paient une redevance au
gouvernement pour occuper le domaine public. Mais on prétend qu'il y en
a encore environ 15 000 qui occupent le domaine public mais qui ne paient pas.
Alors, cet effort de rattrapage est en cours. Nous prétendons aussi
qu'avec la nouvelle possibilité de s'entendre sur le terrain, lorsqu'il
y a contestation de la ligne de propriété, cela va
accélérer beaucoup le processus, au lieu d'entraîner des
actions en bornage en trop grande quantité.
M. O'Gallagher: Merci. Je suis très heureux de savoir
qu'on peut s'attendre d'avoir une réglementation dans la Gazette
officielle. J'ai bien hâte de la voir.
Le Président (M. Fallu): M. le député
d'Orford, vous avez la parole.
Installations septiques et plans correctifs pour
certains lacs
M. Vaillancourt: Merci, M. le Président. J'ai quelques
questions à poser au ministre concernant le fait que, l'an passé,
il y avait une liste retenue dans la programmation de 1983-1984 du
ministère de l'Environnement. Dans cette liste, il y avait deux lacs de
mon comté, celui d'Orford, qui étaient retenus pour le
relevé d'artificialisation. C'est un mot difficile à prononcer.
Est-ce que cette étude est terminée?
M. Ouellette: De quels lacs parlez-vous?
M. Vaillancourt: Je veux parler du lac Lovering dans la
municipalité du canton de Magog, et du lac Lyster, dans la
municipalité du canton de Barnston.
M. Ouellette: Comme je n'ai pas mémorisé la liste
des lacs, je demande à mes fonctionnaires de me fournir l'information
qui m'est demandée. Le relevé analytique et la classification des
installations septiques et des plans correctifs dans le cas du lac Lyster s'est
réalisé. C'est dans la circonscription d'Orford. Le
deuxième est le lac Lawyer, avez-vous dit?
M. Vaillancourt: Le lac Lovering et le lac Lyster.
M. Ouellette: Je n'ai pas, dans ma liste des travaux
réalisés l'an passé, le lac Lovering; par contre, pour
Lyster, c'est réalisé.
M. Vaillancourt: Le lac Lyster est réalisé?
M. Ouellette: Oui.
M. Vaillancourt: Est-ce qu'il fait partie de la liste des lacs
à l'étude au Conseil du trésor?
M. Ouellette: Vous parlez des lacs qui seront retenus à la
prochaine programmation?
M. Vaillancourt: Non, je veux parler des lacs qui seront
acceptés pour...
M. Ouellette: Le choix des lacs pour le prochain budget n'est pas
encore réalisé; donc, la liste n'a pas encore été
soumise au Conseil du trésor pour l'an prochain, pour l'année
1984.
M. Vaillancourt: Les lacs qui sont à l'étude du
Conseil du trésor font partie de municipalités qui ont des
projets... Est-ce que cela fait partie de cette liste?
M. Ouellette: Non, il faut distinguer entre les
municipalités qui sont inscrites au programme d'assainissement des eaux
et les lacs qui font l'objet d'une acceptation dans le cadre du programme des
lacs et des cours d'eau. Dans le premier cas, celui des municipalités et
de l'assainissement des eaux, la liste est devant le Conseil du trésor;
dans le second cas, les lacs n'ont pas fait l'objet d'un choix à ce
moment-ci, la liste n'est donc pas réalisée et n'a pas encore
été soumise au Conseil du trésor.
M. Vaillancourt: Si le relevé est complété,
en ce qui concerne le lac Lyster, par exemple, est-ce qu'on peut obtenir une
copie de cette étude?
M. Ouellette: Sans doute, oui, ce peut être rendu public
facilement. On peut vous la faire parvenir.
M. Vaillancourt: Je sais que certains en ont reçu une
copie et je me demandais si ce n'était pas possible d'en avoir une.
M. Ouellette: Je prends note de votre demande, M. le
député, et une copie vous sera acheminée dans les plus
brefs délais.
M. Vaillancourt: Merci. Maintenant, est-ce que le ministre a la
liste des projets acceptés pour l'installation d'usines
d'épuration ou d'usines de traitement dans le comté?
M. Ouellette: On procède par bassin et non pas par
circonscription électorale alors, il faudrait que vous me mentionniez
les noms des municipalités; j'ai la liste sous les yeux, elle est fort
volumineuse car il y a au-delà de 300 municipalités qui y
figurent.
M. Vaillancourt: Vous n'avez pas les listes par comté ou
par bassin régional.
M. Ouellette: Je ne pense pas, c'est par bassin de drainage.
M. Vaillancourt: Par bassin de drainage. Dans la région de
Magog et de Rock-Forest, des travaux ont débuté l'an
passé, je pense; j'aimerais savoir où c'en est rendu.
M. Ouellette: Dans le cas de Magog -je vous réponds de
mémoire, car c'est l'un des 300 dossiers actifs dans le domaine de
l'assainissement des eaux - les discussions, l'an dernier, portaient sur la
décision à prendre entre déverser les eaux traitées
dans le petit lac Magog ou contourner le petit lac pour aller directement dans
la rivière Saint-François. Finalement, un consensus s'est
établi avec la municipalité et la décision a
été prise de déverser les eaux usées
traitées dans le petit lac Magog, ce qui a eu pour effet de
réduire considérablement les coûts puisqu'on évitait
le contour de ce petit lac; sauf qu'on a établi une norme de rejet plus
sévère de façon que ces rejets n'affectent pas de
façon négative le petit lac Magog, qui se retrouve en aval de
l'émissaire de cette usine de filtration municipale.
M. Vaillancourt: Merci, c'est ce que je voulais savoir.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Gouin, toujours sur le programme 1.
Contrôle plus rigoureux sur les barrages
privés
M. Rochefort: Oui, M. le Président, effectivement, sur le
programme 1. J'imagine
que ma question doit relever du contrôle, à
l'élément 2.
Je ne veux pas faire état d'une situation personnelle que j'ai
vécue il y a quelques années, mais cela m'inspire une question.
De quelle façon le ministère de l'Environnement intervient-il
dans le cas où quelqu'un, lorsque c'était permis - il a donc
acquis un droit - a construit un barrage privé qui transforme
l'équivalent d'un ruisseau, qui était la décharge d'un
lac... Vous avez l'air...
M. Ouellette: Non, je vous écoute religieusement, vous me
parlez d'un barrage qui aurait été érigé sur un
cours d'eau et faisant de celui-ci un lac plus ou moins grand. Quelle est
l'attitude du ministère de l'Environnement...
M. Rochefort: Non, non, non, je vais terminer ma question. Un
instant!
M. Ouellette: Ah bon! je vous écoute.
M. Rochefort: Je vous voyais les yeux interrogateurs et je me
suis arrêté, mais ma question ne s'arrêtait pas là,
évidemment. Donc, l'effet de ce barrage, c'est que le ruisseau qui
était la décharge du lac anciennement, fait en sorte que cela
devient un plus grand lac. D'accord, on s'entend là-dessus? Donc,
j'imagine qu'il y a toute une faune aquatique qui se développe, etc.,
et, à un moment donné, le propriétaire du barrage
décide qu'il veut nettoyer son lac parce qu'il y a des herbes qui
poussent; ce n'est plus aussi agréable de s'y baigner, il trouve qu'il y
a du trop gros poisson dans son lac, cela peut donc causer des problèmes
à des baigneurs. C'est un fait vécu.
À un moment donné, il décide d'ouvrir les vannes,
le barrage, il laisse tout cela s'écouler pour essayer de faire en sorte
que tout ce qui est là puisse mourir et il pourra repartir à
zéro. Est-ce permis? Est-ce que cela nécessite un permis? Quelles
interventions sont possibles de la part de votre ministère?
J'imagine que ce n'est pas quelque chose d'exceptionnel, ce doit
être une situation qui se produit assez souvent.
M. Ouellette: Effectivement, dans le passé, il y a eu
énormément de ces barrages qui ont été construits
sans autorisation, puisque le ministère de l'Environnement n'existait
pas. Même si la Régie des eaux s'occupait de problèmes de
ce genre, il est arrivé fréquemment que des individus ont
construit de tels ouvrages sans se préoccuper de l'existence de lois et
règlements.
Tout le monde sait que modifier le niveau des eaux sur une
rivière ou sur un lac peut avoir des effets considérables sur la
qualité de l'eau, sur la végétation qu'on retrouve
naturellement autour de ces lacs. C'est donc dire que le ministère de
l'Environnement se préoccupe grandement du contrôle du niveau des
eaux, ce qui signifie que celui qui possède un tel barrage, que ce soit
un individu ou une association, ne peut pas le manipuler sans autorisation
préalable du minisère de l'Environnement. Nous nous montrons
extrêmement sévères parce que nous sommes conscients des
effets négatifs que cela peut avoir en termes d'abaissement ou
d'élévation du niveau de l'eau.
Je vous réfère simplement peut-être au plus
volumineux dossier de cette nature qui est actuellement dans les airs, c'est le
dossier du lac Saint-Jean, qui est aux trois quarts la propriété
de l'Alcan et qui utilise ses niveaux d'eau pour la production
d'hydroélectricité. Cela fait actuellement l'objet d'une
étude d'impact et cela va sûrement faire l'objet d'audiences
publiques puisque énormément de gens sont concernés par la
décision qui devra être prise par l'Alcan. Nous sommes aux aguets
pour nous assurer que la décision qui sera prise sera vraiment la bonne
au niveau environnemental.
M. Rochefort: Donc, ce n'est pas la municipalité qui peut
autoriser une telle opération, c'est nécessairement le
ministère de l'Environnement.
M. Ouellette: C'est une décision qui revient au
ministère de l'Environnement.
M. Rochefort: Mais dans quelle circonstance pouvez-vous accorder
une autorisation pour que quelqu'un procède d'une telle
façon?
M. Ouellette: J'ai peu d'expérience dans des dossiers
précis mais il me semble qu'une telle autorisation peut être
accordée lorsqu'il y a menace d'effondrement de ce barrage qui pourrait,
par exemple, ne plus répondre aux normes de sécurité ou
qu'encore il faille abaisser le niveau de l'eau pour des raisons vraiment
spéciales. On peut imaginer toutes sortes de raisons, évidemment,
je n'en ai pas à l'esprit de façon particulière.
Je reviens sur le fait que nous sommes très
sévères...
M. Rochefort: Ce serait exceptionnel.
M. Ouellette: ...sur l'opération de ce genre de
construction.
M. Rochefort: Qu'est-ce qui arrive avec quelqu'un qui le fait
sans permis, sans autorisation?
M. Ouellette: On me signale que nous ne donnons pas
d'autorisation maintenant pour de nouveaux barrages. On ne fait que respecter
les droits acquis.
M. Rochefort: C'est ce dont je parle. M. Ouellette: Mais
vous me demandez...
M. Rochefort: Pas quelqu'un qui fait un barrage, excusez-moi,
mais quelqu'un qui ouvre les vannes de son barrage et qui n'a pas eu
d'autorisation du ministère, de quoi est-il passible?
M. Ouellette: De poursuites. Je n'ai pas par coeur les
pénalités prévues au règlement mais il est passible
de poursuites judiciaires.
M. Rochefort: II y a une prescription légale de combien de
temps là-dessus pour intenter des poursuites?
M. Ouellette: Je l'ignore. On me signale que c'est deux ans.
M. Rochefort: Merci.
Le Président (M. Fallu): Mme la député de
Chomedey. (21 heures)
Élimination des neiges usées
Mme Bacon: Merci, M. le Président. Au sujet des neiges
usées, le ministre pourrait-il préciser le travail
effectué depuis le mois de janvier dernier relativement aux lignes
directrices pour l'élimination des neiges usées au Québec?
Je pense qu'il a rendu publiques ces lignes directrices dernièrement. Il
était question de fournir plus d'explications aux municipalités
pour l'aménagement, l'exploitation et les modes d'élimination des
neiges usées.
M. Ouellette: II nous est apparu tout à fait conforme
d'intervenir auprès des municipalités afin que celles-ci ne
déposent pas leurs neiges usées dans les cours d'eau,
étant donné que nous étions en pleine opération
d'assainissement des eaux. Laisser les municipalités déposer les
neiges usées qui contiennent souvent des déchets de toute nature
serait contradictoire avec l'action générale qu'on mène en
termes d'assainissement des eaux usées. On a donc émis des lignes
directrices aux municipalités les incitant à se doter de lieux de
dépôt conformes à nos règlements,
c'est-à-dire qui comportent une certaine norme
d'étanchéité de façon que les neiges fondant au
printemps déposent sur place les déchets contenus dans la neige
plutôt que de les jeter littéralement dans les cours d'eau.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre a prévu une
réglementation qui sous-tendrait ces lignes directrices?
M. Ouellette: Pour l'instant, nous nous sommes limités
à l'émission de ces lignes directrices, ce qui n'exclut pas que,
dans un avenir plus ou moins rapproché, on franchisse une étape
additionnelle et qu'on en vienne à rédiger un règlement.
On veut laisser le temps aux municipalités de s'adapter à cette
nouvelle philosophie de façon qu'au moment où l'assainissement
des eaux sera terminé, on puisse garantir aux citoyens qu'aucune cause
majeure de pollution n'est maintenue par l'activité urbaine.
Mme Bacon: Toujours au sujet des neiges usées, bien qu'il
était d'accord avec les nouvelles lignes directrices concernant
l'élimination des neiges usées, le Comité de
l'environnement de Chicoutimi souhaitait la tenue d'audiences publiques sur le
sujet des neiges usées. Entre autres, le comité s'interroge sur
les mécanismes d'application, la date d'entrée en vigueur de ces
dispositions et, dans le milieu, on croit qu'un sous-sol rocailleux et une
topographie montagneuse vont favoriser l'écoulement des neiges fondues
dans les eaux du Saguenay. Est-ce que le ministre a réfléchi
à toute cette question?
M. Ouellette: Cette demande du comité du
Saguenay-Lac-Saint-Jean n'a pas été acceptée. Nous avons
préféré émettre ces lignes directrices, comme je le
disais tout à l'heure, de façon à sensibiliser l'ensemble
des municipalités. Compte tenu qu'il est clair et net que si on continue
à déverser ces neiges usées dans les cours d'eau, il est
de notoriété publique que cela amène évidemment une
cause de pollution qu'on doit combattre, ce que nous demandons aux
municipalités, c'est tout simplement de trouver des lieux de
dépôt qui sont conformes à une certaine norme
d'étanchéité de façon que le sol retienne les
matériaux polluants contenus dans les neiges usées.
Mme Bacon: Est-ce que le comité a donné suite
à sa missive de recourir à des actions judiciaires? Je pense
qu'il y avait eu des menaces de recourir à des actions
judiciaires...
M. Ouellette: À ma connaissance, non.
Mme Bacon: ...pour faire cesser le déversement des neiges
usées. Non?
M. Ouellette: À ma connaissance, de telles
procédures n'ont pas eu lieu.
Mme Bacon: Le ministre refuse tout à fait d'entendre ou de
faire entendre ce comité par le bureau...
M. Ouellette: Ce n'est pas un refus systématique, mais il
m'apparaîtrait plus ou moins exagéré
d'accélérer de façon indue ce
genre de contrainte qu'on pourrait imposer aux municipalités. On
sait que, dans les grandes municipalités, le dépôt de ces
neiges usées représente des budgets fort importants et nous
voulons leur laisser le temps d'identifier des lieux appropriés pour le
dépôt de ces neiges plutôt que de leur lancer par la
tête - vous me permettrez l'expression -des contraintes qui les
forceraient à augmenter de façon sensible leur taxation qui est
déjà très élevée à ce chapitre. Nous
prétendons que les municipalités sont suffisamment responsables
pour prendre connaissance de nos lignes directrices et les appliquer dans les
plus brefs délais.
La CUM et les eaux usées
Mme Bacon: L'Association des biologistes du Québec estime
incomplète, à plusieurs égards, l'étude
menée par le Laboratoire d'hydraulique LaSalle pour le compte de la CUM.
On sait que la Communauté urbaine de Montréal a l'intention de
déverser ses eaux usées directement dans le fleuve à
partir du 1er juin prochain et le ministre a promis, je pense, une
réponse avant cette date. Est-ce que le ministre respectera cet
engagement-là quant à la date?
M. Ouellette: On sait que la Communauté urbaine de
Montréal a manifesté son intention de mettre en activité
son intercepteur du nord de l'île de Montréal et de
procéder au déversement sans traitement des eaux usées
dans le Saint-Laurent à la hauteur de l'île aux Vaches.
Préalablement, la communauté s'était adressée au
ministère de l'Environnement pour obtenir le droit de procéder
à des essais. Cela a été fait l'automne dernier et nous en
sommes venus avec la communauté à un protocole d'entente qui va
dans le sens que nous irons progressivement vers la mise en marche de ces
installations. Nous utiliserons des colorants qui nous permettront de faire une
étude sur les lieux mêmes de ce déversement afin de nous
assurer d'un certain nombre de choses; et, premièrement, que les
municipalités de la rive sud - je pense, par exemple, à Varennes,
Verchères, Contrecoeur, Sorel et Tracy - ne soient pas affectées
au niveau de leurs prises d'eau potable. Nous voulions également
vérifier si des risques permanents d'entraves à l'environnement
pourraient être créés par ce déversement en un point
unique, notamment, en bordure de l'île Sainte-Thérèse.
À cette fin, nous avons convenu avec la Communauté urbaine de
Montréal de confier à Laboratoire d'hydraulique LaSalle le soin
de procéder à cette étude au cours des essais de l'automne
dernier. Le Laboratoire d'hydraulique LaSalle a procédé à
ces études et ont déposé un rapport qui a
été analysé par bien des gens, y compris, bien sûr,
les spécialistes du ministère de l'Environnement. Les
spécialistes du ministère nous disent qu'il n'y a pas de risque
majeur qui puisse découler de la mise en action de ces installations,
selon l'étude conduite par Laboratoire LaSalle.
La Communauté urbaine de Montréal en vient exactement
à la même conclusion, mais j'ai pris connaissance des remarques
qui ont été faites par les riverains de la rive sud, j'ai pris
également connaissance de leurs inquiétudes de même que
celles qui ont été manifestées par l'Association des
biologistes du Québec. J'ai donc rencontré vendredi dernier M.
Paul Desmarais II, président de la Communauté urbaine de
Montréal, pour m'assurer qu'il y avait effectivement non seulement aucun
risque, mais que les citoyens de la rive sud soient convenablement
informés par l'auteur de cette étude. Une rencontre est
prévue dans les jours qui viennent et elle va mettre en présence
les auteurs de l'étude, Laboratoire d'hydraulique LaSalle, les
responsables de la Communauté urbaine de Montréal, le
Comité de citoyens de la rive sud, qui inclut les représentants
municipaux, de même que des représentants de l'Association des
biologistes et peut-être quelques autres personnes qui voudront bien s'y
ajouter.
Le but de cette rencontre est de permettre à chacune des
personnes plus ou moins d'accord avec les résultats de l'étude
d'interroger l'auteur afin de faire préciser dans le détail le
résultat de cette étude. Parallèlement, je me suis entendu
avec le président de la Communauté urbaine de Montréal
à savoir qu'à ce stade-ci je ne voyais pas personnellement et le
ministère de l'Environnement non plus d'objection formelle à la
mise en action en juin prochain. Cependant, comme les citoyens de la rive sud
exigent de connaître davantage de choses, il m'apparaît normal
qu'on procède à cette mise en oeuvre, mais qu'on
répète, le tout étant en oeuvre, le genre d'étude
qui a été conduite au moment des essais. J'ai avoué au
président de la Communauté urbaine de Montréal que si,
après la mise en marche de ces activités, on devait se rendre
compte d'une détérioration de la qualité du Saint-Laurent
de façon permanente, il nous sera possible de mettre fin à ces
activités et attendre purement et simplement que l'usine de traitement
soit en mesure d'utiliser l'émissaire nord de l'île de
Montréal.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre est en train de me dire qu'il
procède à sa propre étude sur le sujet ou qu'il a
demandé à une autre firme de faire une étude? Ou est-ce
qu'il est en accord avec les biologistes qui craignent quand même le
déversement?
M. Ouellette: Évidemment, l'Association
des biologistes manifeste certaines craintes et je pense que la
rencontre dont je parlais, qui se tiendra dans les jours qui viennent,
permettra aux membres de l'association d'interroger plus à fond l'auteur
de l'étude. Il se peut que, dès cette rencontre, tout le monde
soit satisfait et rassuré et qu'on puisse procéder sans
inquiétude à la mise en oeuvre de juin prochain. Mais, là
encore, nous allons faire en sorte qu'un suivi environnemental s'effectue en
permanence pour nous assurer que les essais qui avaient été faits
sur papier ou à l'échelle, il y a quelques mois et suivis des
essais ou des analyses qui ont été faits au moment des essais
soient corroborés par l'observation, une fois que l'ensemble du
réseau de captation des eaux usées sera mis en marche par
l'émissaire de l'île aux Vaches. Nous voulons, à toutes
fins utiles, montrer une très grande prudence. Même si nous sommes
conscients de l'importance de soulager la rivière des Prairies de cet
apport d'eaux non traitées de l'île de Montréal, il ne
faudrait pas qu'on vienne endommager de façon permanente un autre cours
d'eau qui est, bien sûr, de par sa nature, plus apte à recevoir ce
genre d'eaux usées puisqu'il a un débit trente fois
supérieur, mais nous ne voudrions pas causer des problèmes
environnementaux permanents en procédant de cette façon.
Mme Bacon: En ce moment, vous n'envisagez pas de demander
à une autre firme de faire des études? Est-ce que le
ministère fait lui-même des études?
M. Ouellette: C'est le ministère de l'Environnement qui va
prendre en main le suivi de cette mise en opération et nous allons
confier à une firme privée le soin de faire ses observations et
de nous informer au fur et à mesure que les semaines
s'écouleront.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre s'engage à faire
connaître le rapport de cette nouvelle firme ainsi que les études
additionnelles du ministère?
M. Ouellette: Nous voulons jouer très ouvertement dans ce
dossier. Nous comprenons les inquiétudes des gens de la rive sud et nous
tenons à ne rien leur cacher. C'est pourquoi nous les avons
impliqués tout au long du processus à compter des
expériences qui ont été menées l'automne dernier.
Nous entendons procéder de la même façon tout au long des
opérations de juin prochain.
L'eau potable
Mme Bacon: Après avoir étudié quelques cas
où l'eau potable constitue un problème majeur dans les
municipalités, j'aimerais qu'on fasse un petit exercice. À
l'Assemblée nationale, les législateurs ont l'occasion
d'étudier de long en large des principes de loi et, plus tard, en
commission parlementaire on effectue une étude détaillée,
article par article. L'Opposition aimerait procéder à un examen
sommaire, pas aussi détaillé bien sûr qu'une loi, du projet
de règlement publié le 20 juillet 1983 dans la Gazette officielle
et concernant l'eau destinée à la consommation humaine.
Étant donné que notre temps est limité, je demanderais au
ministre une dizaine d'opinions sous forme de courtes questions et portant sur
des articles précis ou sur le principe même du
règlement.
Dans un avis rendu public le 20 juillet, le Conseil consultatif de
l'environnement se disait d'accord pour que les exploitants d'un réseau,
d'un établissement et d'un puits défraient le coût des
analyses bactéréologiques, physiques ou chimiques dans des
laboratoires accrédités. Le conseil recommandait toutefois que
l'excédent d'un coût raisonnable demandé aux petits
exploitants d'un réseau d'aqueduc soit encore assumé par le
ministère de l'Environnement. J'aimerais savoir - c'est ma
première question - la raison pour laquelle il a aboli ce programme
gratuit destiné à encourager la prévention. Est-ce qu'il
s'agit de problèmes avec le Conseil du trésor ou s'il s'agit
d'une décision du ministère de l'Environnement?
M. Ouellette: Le ministère de l'Environnement, comme tous
les autres ministères, s'est vu obligé de réduire ses
coûts de fonctionnement au cours des deux dernières années
budgétaires. Après avoir analysé la situation au niveau
des analyses d'eau potable, je me suis rendu compte que nous affections
énormément d'argent pour offrir gratuitement aux
municipalités le soin d'analyses bactéréologiques ou
physicochimiques dans certains cas. Par contre, je me suis rendu compte assez
rapidement que le ministère de l'Environnement n'allait pas assez loin
au niveau de certains types plus spécialisés de recherche.
J'aurais donc eu le choix de maintenir le programme qui offrait aux
municipalités la gratuité pour les analyses physico-chimiques ou
bactéréologiques et de requérir des crédits
additionnels afin de spécialiser le ministère dans certains types
de recherche. (21 h 15)
Je vous réfère, par exemple, aux recherches
physico-chimiques détaillées. Bien des gens ont l'impression
qu'une analyse physico-chimique peut se faire de façon quasi automatique
en pressant un bouton pour obtenir une analyse très
détaillée de 200, 300 ou 400 paramètres qui sont
indispensables si on veut connaître vraiment la qualité d'une eau
potable. Ce n'est pas tout à fait le cas. Ce sont des analyses
extrêmement complexes, qui requièrent les services de gens
spécialisés, un appareillage sophistiqué. Ce sont des
choses que nous n'avions malheureusement pas en abondance au ministère
de l'Environnement. J'ai donc pris la décision, après avoir
étudié la situation, de retourner aux municipalités le
coût des analyses bactériologiques et physicochimiques et
d'affecter les sommes ainsi économisées à la
spécialisation de nos laboratoires de recherche afin de nous occuper des
cas beaucoup plus sophistiqués. Le ministère a acquis, par
exemple, un spectromètre de masse, qui est un appareil très
sophistiqué, qui nous permet d'analyser un certain nombre de
paramètres simultanément et de découvrir, par exemple, la
présence de certains métaux lourds dans les eaux.
Évidemment, les deux unions municipales n'ont pas instantanément
apprécié notre décision puisqu'elles y ont vu là la
remise de responsabilités aux municipalités sans transfert de
budget. De nombreuses discussions ont eu lieu avec les municipalités et,
finalement, cela s'est aplani lorsqu'elles ont pris connaissance des
coûts qui étaient ainsi transférés aux
municipalités. Je pense que tout le monde est d'accord pour admettre que
la fourniture d'eau potable, donc la responsabilité de cette fourniture,
revient aux propriétaires des réseaux de distribution, qu'ils
soient municipaux ou privés. Il revient donc à ces organismes ou
à ces individus d'assurer que l'eau qu'ils servent à leurs
clients est tout à fait conforme aux normes d'hygiène et de
"potabilité", si vous me permettez l'expression.
Les coûts générés sont, dans les pires cas,
les cas extrêmes, de 1,22 $ par année par tête d'habitant,
ce qui représente environ 55% du coût d'un paquet de cigarettes.
Il ne m'est pas apparu déplacé ou absolument inqualifiable de
remettre aux fournisseurs d'eau la responsabilité d'assumer les
coûts d'analyses physico-chimiques, à raison d'une par
année, et les coûts d'analyses bactériologiques. Ceci nous
permet de libérer certains montants d'argent qui nous permettront de
nous spécialiser davantage dans certains types d'analyses qui, de toute
façon, reviendront aux municipalités en termes de services
gratuits.
Mme Bacon: Le ministre me dit-il qu'il n'a pas tenu compte de la
recommandation du conseil consultatif?
M. Ouellette: La recommandation...
Mme Bacon: Oui, l'a-t-il étudiée,
considérée ou si, simplement, il n'en a pas tenu compte?
M. Ouellette: Évidemment, on a tenu compte des
recommandations du Conseil consultatif de l'environnement dans l'ensemble de
ses recommandations. Elles n'ont pas toutes été retenues, mais
nous nous sommes largement inspirés de ses recommandations au moment de
la prise de décision et de la confection du règlement.
Mme Bacon: Si j'ai bien compris le ministre, il n'entend pas
rétablir la gratuité d'un tel service dans le cadre d'une
politique, par exemple, qui serait une politique future de
prévention.
M. Ouellette: Non.
M. Saintonge: M. le Président, le ministre de
l'Environnement pourrait-il nous informer s'il a eu des discussions à ce
sujet avec son confrère des Affaires municipales, concernant le
transfert du montant d'argent pour les analyses physico-chimiques et
bactériologiques aux municipalités? Le ministre semble dire ici
que la difficulté est aplanie vis-à-vis des municipalités.
On parlait au départ, selon les chiffres qu'on me donnait, de plus de 2
000 000 $. Maintenant, parlant du transfert direct de coût aux
municipalités, en donnant cette responsabilité aux
municipalités, le ministre des Affaires municipales nous a
mentionné que c'était 1 400 000 $ ou 1 200 000 $. L'UMQ
mentionnait 1 800 000 $ globalement.
Quant au principe au niveau des municipalités, je veux savoir si
le ministre a déjà discuté de cette situation avec le
ministre des Affaires municipales.
Deuxièmement, je comprends que le ministre me dise qu'il a besoin
de cette économie d'argent pour investir dans un autre programme, mais,
en agissant de cette façon, est-il conscient qu'il va contre le principe
de la réforme de la fiscalité municipale qui datait de 1979 et
qui était censée apporter une autonomie financière aux
muncipalités, alors qu'on transfère présentement, dans ce
cas, une responsabilité aux municipalités au niveau des
contrôles sans cependant transférer aux municipalités les
revenus nécessaires pour le faire?
M. Ouellette: On peut se chicaner longtemps sur le principe du
transfert d'une responsabilité nouvelle et du non-transfert en
parallèle des budgets affectés à cela. Mon opinion est
très claire là-dessus. C'est et cela a toujours été
la responsabilité du fournisseur d'eau potable d'offrir une eau
convenable. Même si le gouvernement, au cours des récentes
années, a pris à sa charge, par le ministère de
l'Environnement, les coûts reliés aux analyses, cela ne signifie
pas que la responsabilité a été transférée
au gouvernement à ce moment-là. Je pense que, sur la
responsabilité comme telle, tout le monde est d'accord pour dire que
cela relève du fournisseur d'eau, qui retire des taxes des
contribuables ou des citoyens privés, lorsqu'il s'agit d'aqueducs
privés. Je ne vois pas pourquoi le gouvernement du Québec
assumerait seul les coûts d'analyse d'eau potable dans le cas, par
exemple, d'un propriétaire de réseau privé. Ce
raisonnement peut s'étaler aux municipalités. Donc, la
responsabilité a toujours été soit municipale, soit
privée, selon un cas ou l'autre.
Je vous rappellerai qu'il y a plusieurs années - c'est
antérieur aux années soixante - le gouvernement avait
commencé à prendre certaines responsabilités à la
place des municipalités. C'était à l'époque - je
cherche le nom de l'organisme qui existait à ce moment-là - des
unités sanitaires. Les unités sanitaires, tranquillement, avaient
commencé à assumer des responsabilités dans ce secteur,
mais, en retour, exigeaient une taxe, si je me souviens bien, de 0,10 $ par
tête d'habitant par année. Déjà, à cette
époque, le gouvernement reconnaissait qu'il jouait un rôle
à la place des municipalités, mais, se faisant payer, il
reconnaissait que la responsabilité demeurait municipale. Entretemps,
bien sûr, à la suite de la mise en place du gouvernement Lesage,
progressivement, pour des raisons législatives sans doute, le
gouvernement a commencé à assumer seul le coût et,
aujourd'hui, nous croyons qu'il est temps de corriger la situation. Maintenant
que nous avons un règlement, nous pouvons dire aux propriétaires
de réseaux privés et publics: Voici le type d'eau que vous devez
fournir à vos clients et, pour vous assurer que ce type d'eau est
conforme à notre règlement, nous vous obligeons à
procéder à des analyses bactériologiques et
physico-chimiques et cela, à vos frais.
Les frais sont minimes. Dans les cas les plus onéreux - je vous
le répète - c'est 1,22 $ par tête de citoyen par
année et je pense que c'est là rétablir tout simplement
les choses en remettant aux responsables le soin d'assumer les coûts. En
retour, nous nous trouvons, remarquez bien, à affecter cet argent encore
une fois au profit des municipalités puisque nous allons
développer, nous, chez nous, des services plus spécialisés
d'analyse plus sophistiquée qui profiteront directement aux
municipalités qui s'adresseront à nous pour ce genre de
service.
M. Saintonge: Mais le ministre n'a toujours pas répondu
à ma question. On a beau dire que les municipalités ont la
responsabilité d'acheminer l'eau chez les consommateurs, par exemple,
mais, au niveau de la loi, cela a toujours été perçu que
la responsabilité des villes était d'amener l'eau. Au niveau de
la qualité de l'eau, cependant, c'était le ministère qui
en était responsable avec l'analyse des coûts. Actuellement, ma
question était... On modifie sensiblement la façon d'agir en
obligeant la municipalité à assurer la qualité de l'eau et
à faire les tests à cette fin. Le ministre a-t-il discuté
avec son confrère des Affaires municipales de l'impact de son nouveau
règlement par rapport aux municipalités et au transfert fiscal
que cela impose aux municipalités?
M. Ouellette: D'abord, il faudrait peut-être
préciser une chose. Avant même que je n'aie pris cette
décision de transférer les coûts aux municipalités,
comme vous le dites, déjà, un certain nombre de grandes
municipalités au Québec procédaient à leurs frais
à ce genre d'analyse. En fait, 1 926 000 habitants payaient
déjà de leur poche ces coûts d'analyse qui étaient
assumés par leur municipalité. Quant à savoir si j'ai eu
des discussions avec le ministre des Affaires municipales, oui, j'en ai eu et
c'est d'ailleurs lui qui, finalement, a eu la dernière rencontre avec
les deux associations municipales en leur faisant remarquer que la
réforme de la fiscalité municipale leur avait retourné des
sommes d'argent considérables et je pense que, cette année, on
leur transférait un montant additionnel de l'ordre de 37 000 000 $, ce
qui leur permet... Vous me corrigerez. Je vous dis bien que c'est de
mémoire, mais un montant...
M. Saintonge: Cela veut dire qu'on a enlevé 37 000 000 $
aux municipalités par rapport aux subventions de l'année
précédente. On n'a pas donné... En plus, on leur a
enlevé 37 000 000 $.
M. Ouellette: Enfin! Je vous laisse cette discussion entre vous
et le ministre des Affaires municipales, mais je rapporte les propos qu'il m'a
tenus, à savoir qu'on ajoutait cette année un montant substantiel
et que c'est grâce à ces discussions que les deux associations
municipales ont finalement convenu d'accepter que les coûts soient
transférés aux municipalités, compte tenu du fait que nous
affections, nous, à l'Environnement, les sommes d'argent
économisées à des études plus
spécialisées qui profiteront finalement aux
municipalités.
M. Saintonge: Dans la différence des programmes, si je
comprends bien, au niveau du règlement, nous en sommes rendus
actuellement à la troisième version d'un règlement sur
l'eau potable.
M. Ouellette: Je ne sais pas à quelle version. Je sais
qu'on a mis en prépublication une première version qui a
été modifiée à la suite de recommandations qui nous
ont été faites. La version qui sera adoptée sera en fait,
je pense, la deuxième version. C'est la première version
modifiée à la suite des remarques qui nous ont été
faites.
M. Saintonge: Est-ce qu'on dit que la version finale qui devrait
être adoptée est celle du 15 mars? Est-ce bien cela?
M. Ouellette: Celle du 15 mars? Vous faites allusion à
celle qui a été en prépublication à la Gazette
officielle.
M. Saintonge: Je dois vous avouer que je ne l'ai pas vue dans la
Gazette officielle, mais j'ai reçu dernièrement un
règlement daté du 15 mars 1984.
M. Ouellette: C'est la même version, mais qui a
été modifiée à la lumière des remarques qui
nous ont été faites à la suite de sa
prépublication.
M. Saintonge: Est-ce que je me trompe en disant que certaines
modifications concernaient le nombre de contrôles à être
exercés par les municipalités?
M. Ouellette: Effectivement, le nombre de contrôles a
été modifié. On a aussi ajouté des
éléments à la suite des remarques qui nous ont
été faites, notamment par l'Association des biologistes, l'AQTE
et plusieurs associations intéressées à la qualité
de l'eau au Québec. Mais le nombre d'analyses...
M. Saintonge: En tout cas, on diminue le nombre de...
M. Ouellette: ...a été ajusté
également.
M. Saintonge: ...non pas d'examens, mais de tests.
M. Ouellette: Oui. Cela a été réduit
à la demande de l'Union des municipalités régionales de
comté.
M. Saintonge: Est-ce que le ministre peut me dire, s'il accepte
des modifications en moins, pour un coût moindre, en diminuant le nombre
de tests, s'il sacrifie la qualité, à ce moment-là?
M. Ouellette: Non, je ne pense pas qu'on puisse parler de risques
additionnels si on les diminue. Évidemment, nous en avions mis beaucoup
pour nous assurer que le rythme des analyses garantissait une qualité
stable, mais il ne faut pas prétendre que, du jour au lendemain, l'eau
qui peut être fournie par une municipalité passe de très
bonne à très mauvaise. Cela s'étale sur un certain nombre
de jours, voire de semaines. Le nombre des analyses qui est exigé est
suffisant, même après modification, pour nous assurer de la
stabilité de la qualité de l'eau.
Je vous ferai remarquer également que, cette
responsabilité relevant du fournisseur, rien ne lui interdit de
procéder à un plus grand nombre d'analyses que ne l'y oblige le
règlement. J'aimerais également ajouter que ce nombre d'analyses
a été étalé dans le temps de façon à
tenir compte d'un certain nombre de fluctuations dans la qualité des
eaux, selon la température, etc. Lorsqu'une municipalité se voit
obligée d'exiger que ses citoyens fassent bouillir leur eau, à ce
moment-là, le rythme des analyses est augmenté de façon
à pouvoir déterminer la date à laquelle on doit cesser de
faire bouillir l'eau.
M. Saintonge: Dans le dernier règlement, est-ce que le
nombre des analyses qui est exigé sera moins élevé que
celles que le ministère faisait antérieurement?
M. Ouellette: Non. Je ne crois pas. Je peux vous donner le
rythme.
M. Saintonge: Autrement dit, ma question était bien
simple. Le ministère faisait antérieurement des analyses sur la
qualité de l'eau. Vous aviez un premier règlement qui imposait
une norme plus élevée que dans le dernier règlement en
titre actuellement. Dans la variation entre les deux, est-ce qu'on se rapproche
plus de la norme première du ministère dans le premier ou dans le
deuxième cas?
M. Ouellette: II n'y a pas vraiment de diminution. Nous
procédions aux analyses au rythme où les municipalités
nous soumettaient leurs échantillonnages. Il n'y avait pas de
règlement précis établissant un nombre d'analyses par mois
ou par année. Je peux vous donner, si vous voulez, le rythme qui est
prévu au règlement. Cela varie évidemment selon la
clientèle desservie. Une grande municipalité ou un réseau
desservant un grand nombre de citoyens se doit de faire effectuer plus
fréquemment les analyses. Plus la population décroît, plus
le rythme décroît également.
M. Saintonge: Donc, le sentiment que le ministre a perçu
chez les municipalités, à la suite du nouveau règlement
sur l'eau potable ou sur l'eau pour la consommation humaine est indirect. Je
veux dire que le sentiment est indirect dans le sens que les
municipalités ou l'union n'ont pas confirmé au ministre de
l'Environnement lui-même qu'elles étaient d'accord, mais c'est le
ministre des Affaires municipales qui vous aurait confirmé l'accord des
municipalités au transfert des responsabilités financières
aux municipalités. (21 h 30)
M. Ouellette: Le ministre de l'Environnement a eu plusieurs
contacts avec les présidents des deux associations, soit
l'UMQ ou l'UMRCQ, l'Union des municipalités ou l'Union des
municipalités régionales de comté. Les dernières
discussions ont eu lieu avec le ministre des Affaires municipales et les deux
associations ne nous ont pas manifesté de désaccord sur le
principe. Je ne vous dis pas que les unions municipales vont pavoiser, vont
sabler le Champagne, cela ne fait pas leur affaire...
M. Saintonge: Non, sûrement pas. Je voulais savoir si vous
avez eu l'approbation ou l'accord des unions sur la réglementation. Sans
dire qu'elles vont pavoiser, vous avez dit que les unions des
municipalités sont d'accord avec la réglementation. Même
s'il s'agit d'un transfert de responsabilité sans compensation
financière, elles acceptent aujourd'hui le projet de règlement.
Est-ce que cette affirmation a été faite au ministre de
l'Environnement lui-même ou au ministre des Affaires municipales, qui
l'aurait transmise au ministre de l'Environnement?
M. Ouellette: Je vous corrige d'abord en disant qu'il ne s'agit
pas d'un transfert de responsabilité, jamais d'un transfert de
coût. À cet égard, les municipalités ou les unions
municipales vont s'accommoder de cette décision, mais elles ne sont pas
heureuses du principe, cela va de soi. Compte tenu de la faible importance des
coûts impliqués, elles vont accepter malgré...
M. Saintonge: Elles ne vous ont pas manifesté qu'elles
l'acceptaient et vous concluez qu'elles vont l'accepter.
M. Ouellette: Elles m'en ont manifesté leur intention.
Elles acceptent, en somme, le principe, mais elles regrettent le
détournement des coûts à leur endroit,
évidemment.
M. Saintonge: À quand remonte cette acceptation?
M. Ouellette: Les dernières implications remontent
à trois semaines.
M. Saintonge: Donc, il y a trois semaines, vous confirmez que les
municipalités vous ont avisé qu'elles acceptaient le
transfert.
M. Ouellette: Ont-elles le choix? M. Saintonge: Au niveau
du coût.
M. Ouellette: Ont-elles le choix? Nous cessons d'assumer les
coûts, nous disons: La responsabilité vous appartient;
désormais, vous assumerez les coûts. Comme cela représente
des montants minuscules dans la quasi-totalité des cas, elles vont
l'assumer.
M. Saintonge: Je prends note des propos du ministre en lui
indiquant que la version qu'on me donne - en tout cas, cela sera
éclairci - va tout à fait à l'encontre de ses paroles. Les
deux unions des municipalités m'ont confirmé, il y a moins de
deux semaines, quant à l'acceptation de ce principe...
M. Ouellette: Elles n'acceptent pas le principe?
M. Saintonge: ...qu'elles étaient opposées à
l'acceptation d'un tel règlement, qu'elles voulaient faire retirer un
tel règlement et demandaient même que le ministre
reconsidère sa décision. C'était il y a moins de deux
semaines.
M. Ouellette: Je répète que les
municipalités n'acceptent pas le principe, mais elles vont se soumettre
à la décision gouvernementale.
M. Saintonge: Parce qu'elles n'auront pas le choix...
M. Ouellette: C'est clair, elles n'ont pas le choix.
M. Saintonge: ...ce sera fait par loi, par règlement.
Donc, vous utilisez le rouleau compresseur contre les municipalités.
M. Ouellette: Un rouleau compresseur à raison de 0,15 $ ou
0,18 $ par tête de citoyen par année et, dans les cas
extrêmes, de 1,22 $ par tête de citoyen par année, c'est un
rouleau compresseur qui n'est pas très ravageur.
M. Saintonge: Mais cela s'ajoute à beaucoup d'autres
choses. Merci.
Le Président (M. Fallu): Mme la députée de
Chomedey.
Mme Bacon: Toujours au sujet du projet de règlement qui a
été déposé le 20 juillet 1983, le ministre croit-il
que la surveillance de la qualité de l'eau exercée par le
ministère de l'Environnement devrait être étendue à
tous les producteurs? Il semble qu'un rapport antérieur indiquait qu'en
1981 seulement 1300 producteurs sur 2000 subissaient un contrôle
bactériologique et que 116 sur une possibilité de 2000
subissaient un contrôle chimique.
M. Ouellette: J'ai mal saisi le début de la question.
Mme Bacon: Le ministre ne croit-il pas que la surveillance de la
qualité de l'eau qui est exercée par le ministère de
l'Environnement devrait être étendue à tous
les producteurs?
M. Ouellette: À tous les fournisseurs, voulez-vous
dire?
Mme Bacon: Oui.
M. Ouellette: Oui. Le règlement prévoit que chacun
des fournisseurs a un nombre minimal de clients et doit se soumettre au nombre
d'analyses prévu au règlement. Maintenant, je
répète que cela demeure toujours sa responsabilité aussi
bien morale que légale. Le ministère de l'Environnement va
exercer une surveillance sur l'application de ce règlement, mais ce
n'est pas le ministère de l'Environnement qui est responsable des
analyses comme telles, ce sont les propriétaires des réseaux
privés ou les municipalités qui doivent faire procéder aux
analyses pour assurer à leur clientèle une eau acceptable et
conforme à notre règlement.
Mme Bacon: Je réfère le ministre à l'article
9 de ce règlement. Est-ce vraiment sécuritaire de faire bouillir
de l'eau d'aqueduc qui serait polluée cinq minutes plutôt que 20
minutes, ce qu'on considère comme la norme habituellement
acceptable?
M. Ouellette: J'ai déjà eu une réponse fort
heureuse.
Mme Bacon: Vous en avez une autre?
M. Ouellette: II y a des gens qui croient que 20 minutes, c'est
nécessaire, et bien des hommes de science soutiennent qu'une demi-minute
d'ébullition suffit. J'ai déjà entendu dire par quelqu'un:
Assoyez-vous dans l'eau bouillante durant cinq minutes et on s'en reparlera. Ce
n'est pas très sérieux comme réponse, me direz-vous...
Mme Bacon: Non.
M. Ouellette: ...mais il est maintenant de
notoriété, et c'est partagé par les hommes de science, que
cinq minutes de véritable ébullition - je ne parle pas de cinq
minutes entre le moment où on tourne le bouton de la cuisinière
pour l'ouvrir et cinq minutes pour le fermer - c'est accepté comme
étant un temps suffisant pour assurer la disparition des microbes ou des
bactéries qui pourraient s'y trouver.
Mme Bacon: Toujours à l'article 13 du même
règlement, concernant les petits réseaux, est-ce que le ministre
a pensé d'étendre cette directive à tous les petits
réseaux d'aqueduc? Le règlement obligera les seuls exploitants de
réseaux d'aqueduc qui dessertent quinze abonnés au moins. Est-ce
qu'on a pensé à l'étendre à l'ensemble?
M. Ouellette: Oui, M. le Président. Nous avons
pensé à l'étendre à tous, sauf que nous nous sommes
rendu compte à un moment donné que plus le nombre de clients
diminue, plus le coût par client augmente, et c'est normal. Nous avons
limité à quinze le nombre d'usagers pour fixer l'obligation au
propriétaire du réseau privé. Fait à remarquer, il
arrive dans de très nombreux cas au Québec qu'un, deux ou trois
voisins se sont organisé un réseau d'approvisionnement en eau
potable sur un puits commun. Je pense que l'État n'a pas à aller
s'immiscer dans un domaine qui relève exclusivement, me semble-t-il, des
usagers.
Je pense que chaque citoyen est conscient de la nécessité
de boire de l'eau potable et cela devient sa responsabilité personnelle
de s'assurer que l'eau qu'il boit est potable. On n'a pas jugé bon
d'étendre jusqu'aux individus proprement dits cette obligation de faire
bouillir l'eau potable, sachant que c'est leur responsabilité. C'est
leur santé à eux, ils sont suffisamment adultes pour être
conscients de l'importance de s'assurer que leur eau est bonne.
Mme Bacon: Dans le règlement qui sera adopté,
est-ce que le ministre verra également à identifier et à
régir tous les types de rejets dans les eaux de surface ou souterraines?
Est-ce que cela va aller aussi loin que cela?
M. Ouellette: Les types de rejets?
Mme Bacon: Dans les eaux de surface ou souterraines?
M. Ouellette: Je ne saisis pas.
Mme Bacon: Attendez un peu! Je vais vous en poser une autre et je
vais chercher l'article. Je vais revenir à celle-là.
Est-ce que le ministre a l'intention d'adopter quelque mesure que ce
soit conformément à une proposition que l'AQTE lui faisait et
suivant laquelle le règlement devrait être mis à jour d'une
façon triennale ou quinquennale?
M. Ouellette: Oui, cela m'apparaît très important,
puisqu'il ne se passe pas un mois, pour ne pas dire une semaine, sans qu'on
découvre des éléments nouveaux de nature chimique dans
notre nature. Il m'apparaît approprié qu'on puisse
réévaluer de façon quasi annuelle ce règlement,
pour y inclure des paramètres nouveaux, compte tenu des
découvertes qu'on peut faire.
Il y a 20 ans, si on avait procédé à la mise en
place d'un tel règlement, on aurait peut-être tout simplement
ignoré, par exemple, les BPC, alors qu'aujourd'hui on les connaît.
Il y a dix ans, la dioxine était inconnue d'à peu près
tout le monde. À
chaque mois ou à chaque année, on découvre de
nouveaux éléments dans la nature et il nous apparaît
important d'ajuster le règlement pour nous assurer que ces
éléments ne se retrouvent pas dans l'eau de consommation
quotidienne.
Mme Bacon: Je reviens sur l'autre question, M. le
Président, toujours au sujet de l'eau potable. Le ministre doit
sûrement connaître certains de ses dossiers. Alors, je vais lui
parler de Saint-Canut. Un secteur de Saint-Canut est confronté à
de gros problèmes d'eau potable et, dans le milieu, il y a des propos
parfois contradictoires qui ont été tenus sur les
véritables sources des problèmes et aussi des relations et des
changements envisagés. En février dernier, alors qu'on
interrogeait le porte-parole de la compagnie Les Jardins Mirabel, M. Lortie,
sur les motifs ayant poussé cette entreprise à interrompre son
service d'eau en octobre 1982, on soulignait - je vais le citer - "II
s'agissait là de la seule solution pour forcer le ministère de
l'Environnement à intervenir concrètement dans le dossier. L'eau
n'était pas bonne. Il y avait du danger pour la santé." Plus
loin, il ajoutait: "Nous avons soumis différentes solutions au
ministère de l'Environnement, mais cela n'a donné aucun
résultat." J'aimerais avoir la version du ministre dans ce dossier et
surtout j'aimerais qu'il nous fasse état de solutions qu'évoquait
M. Lortie le 22 février dernier.
M. Ouellette: Qu'il s'agisse du cas de Saint-Canut ou tout autre
cas chez les 1550 municipalités du Québec, il ne revient pas au
ministère de l'Environnement de trouver des solutions à
l'alimentation en eau potable des municipalités. C'est une
responsabilité qui relève exclusivement des municipalités.
Ce que fait cependant le ministère de l'Environnement, c'est de
s'assurer que l'eau qui est fournie par lesdites municipalités est de
qualité conforme au règlement qui sera en application avant
longtemps. Nous mettons également nos services techniques à la
disposition des municipalités qui désirent chercher de nouvelles
sources d'approvisionnement. C'est ainsi, par exemple, qu'on a un service qui
s'occupe de la recherche des eaux souterraines, mais la responsabilité
ne revient pas au ministère de l'Environnement. Cependant, nous
approuvons ou nous réprouvons des projets qui nous sont soumis sur une
base de qualité des eaux à être fournies aux
contribuables.
Mme Bacon: Cela va pour le programme 1.
Amélioration du milieu ambiant
Le Président (M. Fallu): Je vais maintenant appeler le
programme 2, si vous le permettez. Il faudrait simplement se rappeler que le
programme 2 est le plus important des programmes du ministère puisque,
sur un budget total de très précisément 152 069 000 $,
à lui seul, le programme 2 en avale 119 394 300 $. Il comporte trois
éléments. Il s'agit donc du programme qui vise à
l'amélioration du milieu ambiant et qui comporte trois
éléments: d'abord, les ouvrages hydrauliques et
l'aménagement des lacs et des cours d'eau; deuxièmement, les
milieux atmosphérique et terrestre, et l'élément 3, le
plus important de tous d'ailleurs, l'assainissement des eaux.
Comme les remarques préliminaires ont été faites
abondamment ce matin, nous allons passer immédiatement aux questions. Je
sais que nous aurons une abondance de questions sur ce programme; je le devine
aux mains qui s'étaient déjà manifestées tout
à l'heure. Mme la députée de Chomedey.
Mme Bacon: Oui, M. le Président. Au sujet des inspecteurs
municipaux, on sait que, dans le cadre du quatrième congrès de
l'Association des inspecteurs municipaux de l'environnement, ils ont eu
certaines critiques à formuler à ce moment. Ils veulent surtout
faire reconnaître par le ministère, vu son rôle, qui est
bien défini, par des règlements en vigueur, la définition
de l'inspecteur municipal de l'environnement qui dit: Un officier
désigné par résolution du conseil et dont la
responsabilité consiste à voir à ce que les
règlements de la municipalité soient dûment
appliqués. Le ministre pourrait-il nous dire s'il était
présent à ce congrès et ce qu'il a retenu de substantiel
de ce congrès? (21 h 45)
M. Ouellette: M. le Président, je n'étais pas
présent à ce congrès. Par contre, j'ai convenu de
rencontrer au retour des vacances de Pâques le président de
l'Association des inspecteurs municipaux de l'environnement afin de clarifier
un certain nombre de choses entre nous. Il m'apparaît que les inspecteurs
municipaux partagent différentes fonctions municipales qui ne sont pas
exclusivement reliées à l'environnement. Certains d'entre eux ont
comme fonction l'application du règlement de construction, par exemple,
le Code national du bâtiment ou autre chose. D'autres vont s'occuper de
l'application du règlement de zonage, du règlement d'urbanisme,
etc., de telle sorte que le rôle de ces personnes est, semble-t-il,
partagé entre différents ministères ou entre
différents champs d'action de différents ministères. Il
m'apparaît urgent de rencontrer le président pour faire le point
là-dessus, parce que cette association nous demande des subventions. Je
n'ai pas d'objection a priori à lui accorder des subventions, mais je
voudrais m'assurer que
le ministère de l'Environnement ne leur verse pas de telles
subventions à lui seul, compte tenu de leur polyvalence, si vous me le
permettez. Je voudrais qu'on précise ensemble les champs d'action pour
faire en sorte qu'une aide leur soit accordée, mais provenant d'autant
de ministères qu'ils ont de responsabilités connexes. Cela va
être fait au retour des vacances de Pâques pour clarifier cette
situation et leur permettre de se développer tel qu'ils le souhaitent et
tel que je le souhaite également.
Mme Bacon: Le ministre parle de subventions. Est-ce que le
ministre a expliqué pourquoi il n'a pas accordé les 20 000 $
demandés? Il a accordé, je pense, 4500 $ à l'association
et l'association en demandait 20 000 $.
M. Ouellette: C'est justement parce que ce n'est pas
clarifié. Il faudrait essayer de déterminer le pourcentage du
temps qu'ils consacrent dans leurs fonctions aux matières
environnementales. On sait qu'ils ont la responsabilité de faire
appliquer le règlement sur les fosses septiques pour les maisons
isolées. C'est clair. On sait que ça prend une partie de leur
temps. Mais quel est le pourcentage de leur temps qui est affecté
à l'application de règlements émanant du ministère
des Affaires municipales ou d'autres ministères? Aussitôt qu'on
aura établi ce partage, il me fera plaisir de contribuer avec un ou deux
de mes collègues à satisfaire à leurs demandes, mais il ne
faut pas que cet argent vienne nécessairement et uniquement du
ministère de l'Environnement. Je ne les boude pas, je veux simplement
clarifier ce point et il me fera plaisir de contribuer au prorata de leur
affectation.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre serait prêt à
accepter une des demandes de l'association celle d'obtenir sa reconnaissance
juridique, par exemple? Je pense que cela a été demandé
par l'association. C'est la même protection que la Loi sur les
cités et villes accorde aux officiers municipaux des centres
urbains?
M. Ouellette: Une reconnaissance... Mme Bacon:
Juridique.
M. Ouellette: ...juridique, dites-vous? A priori, je n'ai aucune
objection, mais il faudrait que j'analyse les conséquences d'un tel
geste.
Mme Bacon: Peut-être qu'ils referont la demande à
une prochaine rencontre.
M. Ouellette: Je pense que c'est un problème qui
relève beaucoup plus du ministère des Affaires municipales
puisque c'est au Code municipal qu'on retrouve ce type de reconnaissance.
Autrement dit, si le partage de leur temps s'effectue entre des
problèmes environnementaux, municipaux ou autres, il faudrait voir
à quel volet on va leur faire cette reconnaissance juridique. C'est
à la suite de la discussion qu'on pourra le déterminer.
Mme Bacon: Est-ce que vous seriez prêt à en faire
une recommandation à vos collègues?
M. Ouellette: Après discussion avec le président,
sans doute.
Assainissement des eaux
Mme Bacon: J'aimerais revenir au programme d'assainissement des
eaux, le programme clé en main, et le programme global d'assainissement
des eaux. Au cours de la commission parlementaire qui portait sur les affaires
municipales, mon collègue du comté de Laprairie a demandé
des informations au sujet du programme clé en main ainsi qu'au sujet du
programme global d'assainissement des eaux, quant au financement de ces
programmes. Le ministre des Affaires municipales nous disait qu'il n'avait pas
reçu de demande de la part des municipalités afin que le
gouvernement contribue non seulement aux coûts de construction, mais
aussi aux coûts d'exploitation des projets mis de l'avant. J'aimerais
savoir du ministre de l'Environnement ce qu'il a à dire à ce
sujet et sur les craintes exprimées par l'Union des municipalités
du Québec depuis quelques semaines. Le ministre doit bien avoir une
idée sur les incidences à moyen et à long terme que de
tels projets peuvent avoir sur les finances municipales. On sait, par ailleurs,
que l'offre du gouvernement prend fin en 1986 - on en a suffisamment
parlé ce matin. Est-ce que le ministre ne croit pas que ce délai
est un peu court? Je reviens là-dessus à cause des importants
engagements que doivent contracter les municipalités puisqu'on parle de
20 ans et plus dans certains cas.
M. Ouellette: M. le Président, je vois trois
éléments dans la question de Mme la députée. Il y a
d'abord le programme clé en main, qui est un élément de
discussion; il y a la prime d'accélération, qui est
limitée dans le temps, et il y a les coûts d'exploitation des
usines qui étaient jadis laissés entièrement aux
municipalités. Je vais séparer ces éléments.
D'abord, le programme en main n'est qu'une formule additionnelle qu'on a
offerte aux municipalités. Anciennement, les municipalités
pouvaient procéder par la voie
traditionnelle, c'est-à-dire confier à une firme
d'ingénieurs-conseils le soin de préparer les plans et devis et
d'être elles-mêmes le maître d'oeuvre au moment de la
réalisation de ces travaux. Une deuxième formule leur
était offerte, c'était la formule de la Société
québécoise d'assainissement des eaux, qui prenait la
responsabilité de la réalisation de ces travaux, de même
que le financement et qui mettait à la disposition des
municipalités l'expertise qui est reconnue à la
société. Nous avons voulu ajouter un élément
nouveau, qui s'appelle le programme clé en main. C'était une
formule qui nous était demandée par certaines
municipalités. Nous avons tenu à dédoubler - si vous me
permettez l'expression - ce type de clé en main, ce type de projet, en
permettant également à la Société
québécoise d'assainissement des eaux d'offrir clé en main.
C'est une demande qui nous avait été faite et nous y avons
acquiescé parce que nous voyions là le moyen
d'accélérer le programme d'assainissement des eaux en
répondant au désir d'un certain nombre de municipalités.
Il a fallu, pour ce faire, modifier certains règlements et certaines
lois du ministère des Affaires municipales. Cela sera fait dans les
semaines qui viennent. C'était exclusivement pour répondre
à la demande municipale.
En ce qui a trait à la prime d'accélération, bien
sûr qu'elle est limitée dans le temps. Elle se termine le 31 mars
1986 et c'était voulu. Nous nous heurtions à une certaine
réticence de plusieurs municipalités qui voyaient les 20% qui
leur étaient dévolus comme étant une facture beaucoup trop
grande. Elles prenaient ce prétexte pour ne pas réaliser les
travaux. Nous avons donc convenu d'affecter une certaine somme d'argent en la
limitant dans le temps pour nous assurer qu'il y aurait véritablement
accélération. Si on ne l'avait pas limitée dans le temps,
rien n'aurait incité les municipalités à réaliser
rapidement les travaux, elles se seraient dit: Bah! Dans cinq, huit ou dix ans,
les mêmes conditions prévaudront et nous attendrons puisque, aussi
longtemps qu'on attend, aussi longtemps on retarde notamment les coûts
d'exploitation. Donc, c'est l'objectif de cette prime
d'accélération limitée dans le temps, c'est-à-dire
de faire en sorte que les municipalités se sentent pressées
d'agir si elles veulent profiter de ces 90% qui redeviendront 80% le 1er avril
1986.
En ce qui a trait au troisième élément, ce sont les
coûts d'exploitation. On se rappelle que les municipalités se
plaignaient aussi des coûts d'exploitation générés
par la mise en place de ces équipements. C'est ainsi qu'on a
discuté fermement avec HydroQuébec et qu'on l'a amenée
à abaisser ses tarifs, d'abord à 75%, pour en arriver au
coût industriel moyen, c'est-à-dire le tarif grande puissance pour
l'ensemble des équipements d'assainissement des eaux municipales.
Dans un deuxième temps, Hydro-Québec a consenti un
deuxième rabais qui, lui aussi, est limité dans le temps, il
s'arrêtera à la fin de 1991, mais il porte à 37,5% pour les
deux premières années les tarifs qui étaient jadis
à 100%. Ces 37,5% seront ramenés progressivement aux 75% qui
représentent la retrouvaille du tarif grande puissance de telle sorte
que, d'ici 1991, les usines connaîtront des tarifs réduits de 55%.
Cela a été la façon dont le gouvernement a répondu
à la demande municipale d'une participation gouvernementale aux
coûts d'exploitation. Les coûts d'énergie sont très
importants dans les coûts d'exploitation. Cette bonification du tarif
hydroélectrique est une contribution, dans certains cas, très
généreuse aux municipalités en termes de coûts
d'exploitation.
Mme Bacon: Est-ce que plusieurs municipalités ont
demandé d'elles-mêmes de faire partie du projet clé en
main? Le ministre peut-il nous donner le nom de ces municipalités, si
elles ne sont pas si nombreuses?
M. Ouellette: Le nombre de municipalités...
Mme Bacon: En fait, c'est demandé, l'établissement
de ce concept.
M. Ouellette: Le nombre de municipalités qui ont fait
cette demande est très limité. Cela se situe en bas d'une dizaine
de municipalités, mais...
Mme Bacon: Peut-on avoir la liste, M. le ministre?
M. Ouellette: On peut vous la fournir. Je ne l'ai pas de
mémoire, évidemment.
Mme Bacon: Exigeaient-elles elles-mêmes le concept de
clé en main ou si c'est le ministère qui intéressait les
municipalités?
M. Ouellette: Non, ce n'est pas le ministère. Des demandes
ou des pressions nous ont été faites par certaines
municipalités et aussi par certaines firmes d'ingénieurs-conseils
qui voyaient dans cette méthode un moyen d'accélération.
Certaines firmes souhaitaient pouvoir s'adresser aux municipalités et
leur offrir un projet global soulageant les municipalités d'un certain
nombre de contraintes, dans le cas des petites municipalités notamment
au niveau de l'expertise locale. Nous avons quand même élargi ce
programme pour le rendre accessible à l'ensemble des
municipalités qui voudraient en profiter. C'est très
facultatif.
Mme Bacon: Le ministre peut-il nous donner une liste des
municipalités et aussi une liste des firmes d'ingénieurs qui
prêchaient pour ce concept?
M. Ouellette: On peut vous fournir... Mme Bacon: Les deux
listes?
M. Ouellette: Oui. Mais, enfin, ce ne sont pas des listes
très impressionnantes, soyez rassurée.
Mme Bacon: Non, non, j'imagine. Une voix: Ce ne sera
pas... M. Ouellette: Non.
Mme Bacon: Le ministre des Affaires municipales nous a aussi fait
part de l'existence d'un service qui était offert par le
ministère de l'Environnement au chapitre du soutien à apporter
aux municipalités qui doivent décider si elles embarquent ou non
dans le programme clé en main. Le ministre pourrait-il préciser
sa pensée sur l'existence du service offert par le ministère de
l'Environnement?
M. Ouellette: Au niveau de l'assainissement des eaux?
Mme Bacon: Oui.
M. Ouellette: Oh, mon Dieu! Nous offrons toute la gamme des
services, c'est-à-dire que, dans un premier temps, lorsque nous
souhaitons qu'une municipalité profite du programme d'assainissement
parce qu'elle se retrouve, par exemple, dans un bassin visé, que ce soit
la Chaudière, la Yamaska ou l'Assomption, un premier contact est
établi auprès de la municipalité par les
spécialistes de notre ministère pour leur expliquer la situation
qui prévaut chez eux et les services qu'on peut leur offrir. Dans un
deuxième temps, ou même simultanément maintenant, la
Société québécoise d'assainissement des eaux fait
de même afin de nous assurer que la municipalité est bien
consciente de la gravité de la situation et de l'ampleur du programme
qui lui est offert en termes de subventions, en termes d'information technique
et en termes d'objectifs de traitement, par exemple. Il n'y a pas de contrainte
qui a été exercée jusqu'à maintenant sur aucune
municipalité. Nous nous contentons de faire de l'information et de
l'incitation par voie de persuasion.
Mme Bacon: Justement, le ministre mentionne l'information. Est-ce
que toutes les municipalités sont au courant de l'existence de services
et des modalités aussi pour avoir recours à ces services? A-t-on
informé ensemble les municipalités au ministère?
M. Ouellette: Nous avons fait beaucoup de publicité qui
visait à informer les municipalités de la situation
écologique et du contenu du programme d'assainissement des eaux. De
très nombreuses municipalités, plusieurs centaines, ont
été visitées par nos fonctionnaires. Je crois bien
aujourd'hui que chacune de nos municipalités qui possède un
réseau d'égout est consciente de l'existence de ce programme et,
au moins dans ses grandes lignes, de son contenu.
Mme Bacon: Vous parlez de publicité ou d'information?
M. Ouellette: II y a eu les deux. Enfin, on sait qu'il y a un
message télévisé où on dit que "L'eau, c'est le
temps d'en traiter", qui est produit actuellement à la
télévision. Mais il faudrait aussi ajouter que, dans la Revue
municipale, le ministère a donné de l'information aux
municipalités et les deux revues des associations municipales
également ont publié beaucoup d'information en rapport avec le
programme d'assainissement des eaux.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre peut nous faire part du travail
qu'il a dû effectuer pour répartir les responsabilités de
façon très claire entre son ministère et la
Société québécoise d'assainissement des eaux? Si
travail il y a, est-ce que ce travail est complété?
M. Ouellette: Oui. En fait, il y a eu énormément de
modifications qui ont été apportées d'abord aux cadres de
gestion comme tels, où on a précisé les rôles de
chacun. Mais le litige qui perdurait entre la société et le
ministère portait, à toutes fins utiles, essentiellement sur le
mot "conception". Nous nous retrouvions parfois dans une situation à peu
près comme celle-ci, non pas dans tous les cas, mais dans certains cas.
On retrouvait des plans sur une table. Autour de ces plans, on pouvait
retrouver jusqu'à quatre firmes d'ingénieurs ou quatre groupes
d'ingénieurs; ceux du ministère de l'Environnement, ceux de la
Société québécoise d'assainissement des eaux, ceux
de la municipalité, lorsqu'elle était de taille suffisante pour
avoir des ingénieurs à son service, et ceux de la firme de
consultants, parce que tous ces gens se sentaient impliqués dans la
conception même du traitement.
Alors, l'opération majeure que j'ai menée entre le
ministère et la société a été celle de
définir une fois pour toutes que la responsabilité du programme
relevait du ministère et que la conception également relevait du
ministère, faisant en sorte que la
société n'ait plus à s'impliquer dans le programme
à ce chapitre. Les choses étant clarifiées aujourd'hui, il
n'y a plus de problème et je pense que c'est la totale harmonie entre le
ministère et la société, à cet égard.
Le Président (M. Fallu): Nous devons, sur ces paroles,
terminer notre sixième séance sur l'étude des
crédits. La séance est ajournée à demain, dix
heures, à la salle 91-A. Toutefois, chers collègues, je dois vous
prévenir que, demain matin, du fait que je dois participer à la
commission de l'Assemblée nationale, vous aurez à vous
désigner un président de séance pour la durée de
mon absence, s'il vous plaît. J'aimais vous en prévenir
immédiatement. Alors, bonne nuit et à demain, dix heures, salle
91-A.
(Fin de la séance à 22 h 1)