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(Onze heures cinquante-deux minutes)
Le Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Compte tenu qu'il y a quorum je déclare ouverte la
séance de la commission permanente de l'aménagement et des
équipements.
Je rappelle le mandat de l'Assemblée nationale: il s'agit de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 86, Loi modifiant la Loi sur la qualité de l'environnement. De
même, j'informe les membres que l'étude détaillée du
projet de loi 76 a été déférée à la
commission de l'aménagement et des équipements qui
l'étudiera demain seulement.
Nous constatons la présence des membres: Mme Bacon (Chomedey), M.
Beauséjour (Iberville), M. Fallu (Groulx), M. Le Blanc
(Montmagny-L'Islet), M. Rocheleau (Hull), M. Ouellette (Beauce-Sud). Est-ce que
le secrétaire peut nous faire part des remplacements à cette
commission? M. Ouellette (Beauce-Nord), je m'excuse.
Le Secrétaire: Mme Juneau (Johnson) est remplacée
par M. Gagnon (Champlain). M. Vaillancourt (Orford) et M. Saintonge (Laprairie)
sont également présents.
Le Président (M. Bissonnet): Nous procédons
à l'étude article par article du projet de loi 86. Est-ce que le
ministre a des remarques préliminaires à faire à ce
moment-ci de l'étude de ce projet de loi? M. le ministre.
Exposés préliminaires M. Adrien
Ouellette
M. Ouellette: Je vous remercie, M. le Président.
Très rapidement, j'aimerais rappeler que ce projet de loi, qui modifie
la Loi sur la qualité de l'environnement, a pour objet d'apporter un
certain nombre de corrections à divers articles puisque l'application
après un certain nombre d'années, nous commande d'apporter des
précisions ou de préciser des pouvoirs qui sont
conférés tantôt au ministre, tantôt au
sous-ministre.
Certaines autres modifications sont de nature purement technique et ont
pour but de faciliter l'administration de cette loi. C'est le cas, notamment,
de la modification qui permettra au sous-ministre, lors d'une demande
d'approbation de taux pour l'exploitation d'un système d'aqueduc ou
d'égout, de modifier ces taux, contrairement à ce que lui
permettait la loi avant les amendements.
C'est aussi le cas de la modification qui oblige celui qui demande un
certificat pour l'établissement ou la modification d'un système
de gestion de déchets à fournir désormais, au moment de
cette demande, un certificat attestant que son projet ne contrevient à
aucun règlement municipal.
C'est enfin le cas d'une autre modification qui fera en sorte
qu'à l'égard des taux exigés par l'exploitant d'un lieu
d'élimination des déchets le sous-ministre pourra, sur demande,
établir des taux fixes ou des taux minima ou maxima. Il pourra aussi,
pour des motifs d'intérêt public, refuser de fixer des taux,
auquel cas il pourra y avoir appel de ce refus. En outre, le montant des
amendes qui peuvent être imposées au cas de déversement
illégal de déchets a été augmenté.
Enfin, ce projet de loi fait en sorte que, lorsque le ministre fait
exécuter une chose aux frais d'une personne qui refuse ou néglige
de la faire alors qu'elle en a reçu l'ordre en vertu de la loi, toute
somme due au gouvernement à cet égard constituera une
créance privilégiée sur les biens meubles et immeubles de
cette personne, prenant rang immédiatement après les frais de
justice.
Essentiellement, le point le plus important de ce projet de loi sur la
qualité de l'environnement vise à permettre
l'établissement d'un système de consignation et de créer
un organisme responsable de sa gestion. Voilà, très rapidement,
les buts de cette loi.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Merci, M. le Président. Je ne reviendrai pas
sur tout le discours que j'ai prononcé à l'Assemblée
nationale concernant le projet de loi 86. J'aimerais quand même ce matin,
avant de commencer l'étude article par article, réclamer à
nouveau du ministre le dépôt des projets de règlement.
À mes yeux, cela est un des éléments les plus importants
en ce qui concerne le système de consignation auquel on fait
référence dans la loi. Sans réglementation, ce sera
très difficile pour
nous de faire l'étude de ce projet de loi article par article, ne
sachant pas dans quelle avenue nous nous engageons, bien souvent, en donnant
notre accord sur un article en particulier.
M. le Président, il nous faudrait aussi connaître davantage
cette notion de récupération, qu'elle soit explicitée. On
voudrait encore savoir ce matin ce qu'impliquera toute cette opération
de récupération; les modalités, par exemple, ou les
conditions. Si la réglementation était déposée en
même temps, il serait beaucoup plus facile pour nous de juger de la
valeur des différents articles qui nous sont présentés
dans le projet de loi. Je dois dire que j'associe un peu ce projet de loi au
projet de loi 48. On considère, en tout cas, que cette démarche
est effectuée d'une mauvaise façon et nous aimerions -
j'espère qu'on aura l'occasion de le faire ce matin -connaître
plus de détails sur les ententes qui devront être
entérinées entre les compagnies, par exemple, et le
ministère.
Quant à la composition de l'organisme qui sera chargé de
percevoir, d'administrer les consignes - j'ai déjà eu l'occasion
de dire cela au ministre et je le répète encore ce matin parce
que, pour moi, c'est très important - il faut vraiment en savoir plus
long avant d'aller plus loin dans l'étude des différents
articles. Est-ce qu'on retrouvera vraiment les détails de tout cela dans
les règlements? J'espère que le ministre pourra nous
répondre tantôt; sinon, on voudrait connaître les
étapes du travail de cet organisme.
Quant à nous, qui prônons la qualité de la vie, nous
croyons que le gouvernement doit respecter les étapes à suivre
dans un processus législatif. Dans le cas du projet de loi 86 - je
reviens au projet de loi 48 - nous aurions aimé que le ministre nous
soumette au préalable son projet de règlement, s'il en a
déjà un de prêt, qu'il nous livre les détails, les
modalités et les conditions de chacun des articles. C'est assez
difficile pour nous, encore une fois, de porter un jugement de valeur sur
chacun des articles sans connaître les détails ou les conditions
des différents règlements.
Nous pourrions aussi réclamer des audiences publiques sur un tel
sujet. Je ne pense pas que cela ait eu lieu. Le ministre va me dire - je le
sais d'avance - qu'il a fait un sommet sur le recyclage, la
récupération, mais ce n'est pas suffisant. Certaines
municipalités, certains genres de commerces sont impliqués dans
ce processus auquel cette loi 86 les initiera. Ils sont
intéressés à ce type d'activité et devraient
sûrement être consultés.
Je m'interroge aussi à savoir avec qui le ministre a
négocié, parce qu'il a mentionné à plusieurs
reprises les négociations qui avaient eu lieu avec un certain milieu.
J'aimerais bien qu'il nous dise ce matin, en cours de route, avec quels
organismes ou quels secteurs de ce milieu il a négocié en
particulier. Certaines personnes disent qu'elles ont participé à
la rédaction d'un tel projet de loi. J'aimerais savoir ce matin du
ministre qui a participé à la rédaction de ce projet de
loi si c'est un secteur en particulier? Il serait dommage que d'autres n'aient
pas été impliqués dans la rédaction d'un tel projet
de loi qui en est un d'envergure. Je ne le minimise pas, au contraire. Je pense
qu'il est très important pour le milieu. 11 me semble que l'association
des brasseurs, qui est une section importante, a toujours maintenu certains
principes de base auprès du ministère de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme et du ministère de l'Environnement. On sait que cette
association a défendu le système de consignation qui, selon elle,
était inacceptable à cause d'une certaine portée
discriminatoire envers les fabricants de bière, envers les fabricants de
boissons gazeuses par rapport aux autres. Elle mentionnait le jus; elle
mentionnait le vin. Le ministre nous fait souvent des rapports de ce qui se
passe aux États-Unis. Selon moi, on ne devrait pas analyser notre
situation par rapport à la situation américaine, qui est loin
d'être la même. Les habitudes des consommateurs ne sont pas les
mêmes; les habitudes de vie ne sont pas les mêmes. C'est un peu
comme si on regardait des pommes et des oranges et on disait qu'elles sont
pareilles. Ce n'est pas du tout la même chose. On pense que toute mesure
discriminatoire à l'égard de la canette pourrait entraîner
la disparition de la canette à plus ou moins long terme. Il faudra
être très prudent et très sage - c'est pour cela que
j'aurais aimé avoir la réglementation - dans cet effort du
gouvernement pour implanter ce contenant qui a l'avantage d'utiliser un
matériau du Québec.
Je crois que l'établissement d'une consigne empêche souvent
des projets de recyclage multiproduits englobant tous les contenants
recyclables: les vieux journaux, les déchets récupérables.
J'aimerais que le ministre nous parle d'un dossier qui a été
préparé sur ce qu'on appelait la Société d'aide
à la collecte sélective, la SACS. Je me demande si le ministre a
considéré un deuxième SACS au lieu de tout ce projet de
loi 86. Cela aurait peut-être été un peu plus simple et
moins dangereux, quant à l'application de ce projet de loi. Il est
difficile d'imaginer que le processus de remboursement de la consigne puisse se
faire sans passer par l'épicier ou le dépanneur. Nos indications
démontrent qu'un grand nombre d'entre eux pourraient ne pas être
intéressés à faire partie de ce grand mouvement que veut
promouvoir le ministre.
On n'a qu'à penser aux grandes chaînes d'alimentation.
L'automne dernier, lors de la présentation de son budget, le
ministre des Finances avait donné le choix entre la consigne et le
paiement d'un droit. Est-ce que ce nouveau projet de loi enlèverait ce
droit, ce choix qui avait été donné aux brasseurs? Est-ce
que la consigne ne suppose pas le désir ou le besoin de demeurer
propriétaire d'un contenant? Or, la canette, une fois le produit
consommé, n'est d'aucune valeur pour le fabricant de boissons gazeuses.
Il faudrait peut-être analyser de plus près ces différentes
remarques. Je pense que le ministre devrait en tenir compte au moment où
on étudiera le projet de loi article par article.
Qu'arrivera-t-il, au surplus, du fonds d'une consigne volontaire? Ce
sont des questions auxquelles on n'a pas encore eu de réponses. Durant
les premières semaines -peut-être qu'avec la
réglementation, on arrivera à en savoir davantage d'implantation
d'un tel système de consignation, quel procédé sera
utilisé pour ne pas rembourser la consigne des canettes sur lesquelles
il n'y a pas eu de consigne? Je pense qu'il va falloir que le ministre nous en
dise davantage. De quelle façon tout cela sera-t-il exploité?
Est-ce que c'est dans la réglementation? Est-ce que cela est à
venir? Est-ce que le ministre va aussi loin que de vouloir régir le tout
par décret? Il nous dit que la réglementation n'est pas
énorme par rapport à ce projet de loi. Je pense qu'il faudra
apporter un éclairage là-dessus, parce qu'on ne l'a pas
précisée au cours des différentes discussions et des
différents discours qui ont été prononcés.
Quant au système de récupération, chaque fabricant
ayant la responsabilité de négocier une entente avec le
ministère de l'Environnement, il est possible qu'on se retrouve avec
autant de systèmes de récupération qu'il y a de fabricants
ce qui, malheureusement, je pense, entraînerait la
nécessité de trier à un stade ou à un autre. Selon
moi aussi, le projet de loi 86 peut être discriminatoire envers les
brasseries, les fabricants de boissons gazeuses, en les forçant à
mettre sur pied un système de récupération pour certains
de leurs emballages. À plus long terme, ce projet de loi, donnera-t-il
une autorité sans limite sur tout empaquetage? Est-ce que c'est le
début de ce mouvement que veut commencer le ministre. Est-ce qu'il veut
arriver à moyen terme, peut-être, ou même à long
terme, à donner une autorité sans limite à tout
empaquetage qui sera sur les étagères de nos épiceries,
par exemple, ou de nos magasins d'alimentation? Et si c'est cela, il faudrait
être bien conscient de ce que cela implique, parce que c'est d'une grande
importance. Quelqu'un qui aurait, par exemple, des emballages de gâteaux
pourrait-il demander un certain dédommagement pour avoir la consigne de
la récupération? Cela ne se termine pas là, il n'y a pas
de fin à cela.
Je pense que le fameux projet SACS avait quand même l'avantage
d'impliquer des groupements communautaires, des organisations de recyclage qui
sont toujours à la recherche de fonds pour financer leurs
différentes activités. Il ne faut pas minimiser cela non plus,
quand on veut faire partie d'un mouvement qui, pour moi, a une grande
importance. Si l'on n'en a pas connu, il ne faudrait quand même pas
minimiser ce mouvement vers lequel on se dirige aujourd'hui. Il y a aussi, au
Québec, un manque d'expérience dans la mise sur pied d'un
système de récupération de contenants uniservices. On ne
peut pas transférer aveuglément - et je reviens à cela -
le système américain, car le profil du consommateur
québécois est tout à fait différent du profil du
consommateur américain. Cela aussi est d'une grande importance et il
faudra le regarder de plus près au moment de l'étude article par
article.
Je sais que mon temps file, M. le Président, mais je n'ai pas
encore terminé. Il y a quand même la situation actuelle des
détaillants en alimentation. On nous a fait valoir que le projet de loi
86 va à l'encontre des réalités du marché
agro-alimentaire et risque, d'après eux - j'aimerais que le ministre
nous donne son opinion - d'ajouter à la déstabilisation de
l'économie québécoise. Les détaillants qui seront
astreints à une série de règlements qu'on ne connaît
pas n'ont ni le goût ni les moyens d'assumer cela. Ils sont
déjà confrontés à une série de normes qui
sous-tendent la loi provinciale sur les aliments. C'est relié à
la propreté des lieux, par exemple, à la qualité des
aliments, à l'entreposage des aliments et des boissons; on parle des
boissons gazeuses, de la bière et du vin. Ces détaillants doivent
aussi répondre à plusieurs conditions d'hygiène et
être aptes à assurer la qualité des aliments.
Est-ce que, dans la réglementation, le ministre va nous expliquer
de quelle façon ou quelles conditions, quelles normes s'adresseront
particulièrement à certains territoires? On n'a qu'à
penser au grand territoire de Montréal, le territoire de Québec,
le territoire de l'Outaouais, qui sont immenses. Il s'agira d'assurer la
qualité des conditions d'hygiène et la qualité des
aliments. Ils sont aussi tenus, ces détaillants, de répondre
à d'autres normes reliées aux conditions de travail des
employés, au traitement des viandes, à l'entreposage des aliments
ou à la propreté des comptoirs. Je pense que personne ne s'oppose
à cette réglementation des normes de propreté; bien au
contraire, dans la mesure où elle ne devient pas abusive. Il semble que
ce ne soit
pas le cas du projet de loi 86. Il faudrait presque - je n'en fais pas
une motion, M. le Président - que le ministre nous explique au fur et
à mesure sa réglementation, s'il l'a déjà, parce
qu'on ne peut vraiment pas savoir. Que penser de la réaction du milieu
qui ne sait pas non plus où il s'en va? Je n'ai pas l'impression,
même si le ministre me dit qu'il a négocié avec un grand
nombre de personnes et qu'il en a vu beaucoup, que tout le monde sait où
il va en ce moment. Il y en a peut-être qui ont été
oubliés en cours de route.
Il faudra voir aussi, quand on pense aux canettes qui seront
apportées au magasin, dans quel état elles seront, de quelle
façon elles seront transportées. Est-ce par camion? Est-ce dans
des sacs de papier, de plastique? Qui les rapportera? Ce sont des questions
qu'il faut se poser ce matin, avant l'adoption des articles. Qu'adviendra-t-il
aussi des canettes écrasées qui ne sont pas toutes en bon
état et des autres à partir desquelles un traitement sera
difficilement applicable? Il y a des canettes qui contiennent du sirop qui
pourrait couler, par exemple, attirant des inconvénients comme les
mauvaises odeurs. Cela peut aller jusqu'aux fourmis, la vermine, etc., si cela
est gardé trop longtemps dans des petites consignes.
Je pense que le ministre doit sûrement être conscient de ces
problèmes. Quel système mettra-t-on sur pied pour entreposer ces
types de déchets et aux frais de qui? Ce sera aux frais du
détaillant ou aux frais du consommateur? Ce sont aussi des questions
importantes et j'espère que la réglementation nous apportera des
réponses. Est-ce que le ministère de l'Environnement a aussi en
sa possession des études sur le sujet et, plus spécialement, sur
la faisabilité des différents projets? J'aimerais que le ministre
nous le dise aussi.
En ce qui a trait aux permis qui seront délivrés par le
ministère de l'Industrie et du Commerce, nous aimerions aussi en savoir
plus long sur la réglementation à venir. Un détaillant
comme Provigo - je vous donne un exemple - produit déjà des
canettes pour ses propres besoins. Il n'a jamais été question de
les recycler, à cause des coûts et des risques pour la
santé de la population. Ce projet de loi amènera peut-être
les détaillants à abandonner leur production de canettes et
à s'en remettre au marché existant. Est-ce cela que le
ministère de l'Environnement désire? Ce sont aussi des questions
qu'on se pose ce matin. Les détaillants et les consommateurs sont, en
quelque sorte, captifs d'un système de production dont les conditions
auront été déterminées par le gouvernement et dont
nous ignorons les détails. M. le Président, c'est une raison de
plus pour connaître ce matin la réglementation.
Ces remarques, il fallait qu'elles soient faites. Je pense que les
détaillants en alimentation veulent en savoir plus long quant aux
conditions nouvelles qu'on leur fera à la suite de l'adoption de la loi:
Le partage des responsabilités sociales, les responsabilités
financières d'un tel projet, les intentions du ministre quant à
la volonté d'étendre ce système à venir sur
d'autres contenants uniservice, les modes d'application d'une telle loi, comme
la question des dépôts des déchets par exemple. Pourquoi
n'y aurait-il pas une sorte de dépôt central des contenants
pouvant être traités, comme cela existe en Alberta? Je ne sais pas
si le ministre a aussi regardé du côté de l'Europe, comme
font plusieurs de ses collègues et voir que, dans certains pays, dans
les petites municipalités, il y a des endroits où les gens vont
porter leurs déchets eux-mêmes sans recevoir leur 0,05 $ par
canette, par conscience individuelle, conscience d'une meilleure protection de
la qualité de l'environnement. Ce ne sont pas ces 0,05 $ qui vont faire
la différence si l'on veut instaurer au Québec une conscience
individuelle de la protection de l'environnement. Ce seront peut-être des
éléments. Est-ce qu'on a pensé à tout cela quand on
a préparé le projet de loi 86, quand on regarde
l'expérience européenne? C'est important de regarder davantage.
À la lumière de l'étude des différents projets de
loi on reviendra sûrement à ces différents sujets.
J'aimerais bien que le ministre, s'il était possible, nous fasse
connaître à mesure la réglementation qui doit
sûrement être prête, parce qu'on ne peut pas préparer
un tel projet de loi sans avoir une réglementation adéquate qui
soit là et qui attende. Encore une fois, je fais un dernier appel au
ministre de l'Environnement afin qu'il dépose cette
réglementation en même temps qu'on fera l'étude du projet
de loi article par article.
Le Président (M. Bissonnet): Article 1 du projet de loi
86. Est-ce que d'autres députés ont des remarques à
apporter à cette commission?
M. le député de Hull.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: Je vous remercie, M. le Président. J'avais
l'impression, de prime abord, que seul le ministre et la responsable du dossier
pour l'Opposition pouvaient faire un énoncé. Si vous me le
permettez, il me fera plaisir...
Le Président (M. Bissonnet): Je vous le permettrai avec le
consentement des membres présents.
M. Tremblay: M. le Président, si vous me le permettez,
n'importe quel membre
peut faire un...
Le Président (M. Bissonnet): Parfait, M. le
député de Chambly. M. le député de Hull vous avez
la parole.
M. Rocheleau: Étant donné que le
député de Chambly a béni cette commission et ses
intervenants, je me permettrai de me poser plusieurs questions à la
suite de la lecture du projet de loi. Il est bien évident que
l'Opposition, plus particulièrement par sa responsable du dossier, la
députée de Chomedey, a posé des questions au ministre de
l'Environnement. On a traité et on traite beaucoup, M. le
Président, de toutes les formes de consultation que doit prendre un
gouvernement face à des modifications, à de nouvelles lois. J'ai
sûrement quelques questions à poser au ministre. (12 h 15)
Je souhaiterais, avant de commencer l'étude article par article,
que le ministre puisse nous indiquer, en ce qui a trait aux
municipalités qui ont, dans plusieurs cas, à réglementer,
plus particulièrement en ce qui a trait au recyclage des déchets,
si on a tenu compte de leur autonomie, de quelle façon on s'y est pris,
s'il y a eu consultation avec les municipalités, ou avec l'Union des
municipalités du Québec, ou l'Union des municipalités
régionales de comté. Les municipalités, dans plusieurs
cas, sont responsables de la cueillette des ordures ménagères. On
ne semble pas connaître de quelle façon ces firmes, qui sont
retenues soit par contrats, par soumissions ou autrement, pourront discerner ce
qui est un déchet recyclable ou récupérable et un
déchet d'ordure ménagère, autres que ceux stipulés
dans la loi.
J'aimerais connaître, de la part du ministre, le genre de
consultations qui se sont poursuivies, tenant compte du fait que plusieurs
compagnies importantes du Québec semblent se poser plusieurs questions;
elles semblent être assez perplexes face à l'application de cette
loi. Mme la députée de Chomedey a, à plusieurs reprises au
cours de son intervention en deuxième lecture, demandé au
ministre d'être plus explicite sur l'organisme qui serait
créé, d'une part, et, d'autre part, sur la réglementation
qui va suivre et qui n'est pas encore disponible pour cette commission.
Ce sont des éléments très importants au niveau des
coûts. De quelle façon cela peut engendrer des augmentations de
coûts, tant pour l'entreprise, pour le distributeur que pour le
consommateur; et quel coût cela pourra engendrer aux municipalités
si on pousse plus loin la réglementation? On sait que le
ministère de l'Environnement a les tentacules assez longs et peut
s'imposer à peu près à tous les niveaux. De quelle
façon a-t-on traité avec les municipalités au niveau de
cette récupération la question des contenants recyclables? Quelle
part le ministère de l'Environnement, dans la répartition de cet
ensemble de monnaie, le fait que cela va se monnayer comme les bouteilles de
bière ou d'eau gazeuse vides... De quelle façon
s'apprête-t-on à monnayer?
Je pense qu'il est important de regarder tout cet ensemble d'ordre
d'hygiène. On sait que le recyclage de ces canettes peut engendrer des
coûts importants à l'entreprise, au dépanneur du coin,
Provigo, Steinberg, IGA et tous les autres qui seront tenus de faire une
certaine forme de récupération. Les consommateurs vont vouloir
aller vendre ces canettes quelque part. On n'explique pas si c'est un
dépôt central à l'intérieur de chacune des
municipalités, des villages, des paroisses ou des rangs. On ne
connaît pas au juste de quelle façon le gouvernement va vouloir
procéder par son ministère de l'Environnement, plus
particulièrement par son ministre.
Quand je parlais tantôt d'hygiène, il y a un
élément très important, quand on sait que les
détaillants sont assujettis à des normes d'hygiène
très strictes de la part du gouvernement. Ces contenants
métalliques ou en aluminium devront être entreposés dans
une pièce. Si on regarde la question des bouteilles de verre qui sont
rapportées au détaillant, ce dernier les retourne au fabricant,
on sait qu'il y a quand même un intermédiaire important. On sait
qu'aujourd'hui, la location au pied carré d'édifice ou
d'entrepôt pour des fins semblables est très coûteuse.
J'aimerais savoir si le ministre a eu l'occasion d'en discuter avec les
associations de détaillants, avec les associations de consommateurs,
aussi, et avec le public en général.
Je notais tantôt l'aspect de l'hygiène. Ces contenants
métalliques ou d'aluminium qui pourraient éventuellement
être recyclés, il faudra les garder une certaine période
avant que la compagnie, le fabricant les reprenne. Sachant que ce sont des
contenants ouverts dans lesquels il reste certaines matières qui tendent
à se défaire, à se déformer et qui laissent des
senteurs désagréables, dans certains cas, j'aimerais savoir de
quelle façon on va s'organiser pour faire en sorte que tout cela suive
une espèce de cheminement.
Le ministre n'a aucunement indiqué, jusqu'à maintenant, de
quelle façon il allait procéder dans tout cela. Je me pose de
sérieuses questions sur cet ensemble de règlements qui vont
suivre pour lesquels il n'y a aucune disponibilité aujourd'hui et pour
lesquels on demande à l'Opposition, à toutes fins utiles, de
donner un chèque en blanc au gouvernement, plus particulièrement
au ministre de l'Environnement qui tient énormément à
adopter cette loi pour l'entrer dans le club sacré des passe-droits
à
l'Assemblée nationale. Une voix: ...
M. Rocheleau: Oui, c'est toujours une première. Le
ministre semble avoir tellement hâte d'adopter sa première loi que
je ne voudrais pas que l'on répète aujourd'hui ce qui s'est
produit au moment de l'adoption d'une autre loi, il y a à peine quelques
mois, la loi 43 sur les pourboires dans le domaine de la restauration et pour
laquelle le gouvernement est obligé de reculer aujourd'hui. On
préférerait qu'une loi soit adoptée, que nous puissions,
avec le ministre, analyser l'ensemble de la réglementation, qu'on puisse
apporter les correctifs qui s'imposent afin de guider le ministre dans la bonne
voie et l'empêcher de commettre des erreurs pour lesquelles nous devrons
apporter des amendements dans les prochaines semaines ou dans les prochains
mois.
Je pense que ce gouvernement devrait apprendre de l'expérience
passée que l'Opposition est tout à fait justifiée
d'interroger le ministre et d'obtenir toutes les réponses non seulement
pour le bénéfice de l'Opposition, mais pour le
bénéfice de l'ensemble de la population du Québec, les
consommateurs du Québec, ceux qui sont en affaires au Québec et
pour lesquels on réglemente de plus en plus. On les oblige même,
dans quelques cas, à fermer leurs portes et, dans d'autres, à
cause des coûts élevés, à déclarer des
faillites importantes.
Une autre question que je peux me poser est la suivante: Est-ce que le
ministre voudrait arriver à son congrès de fin de semaine et
lancer le cri de la victoire de l'environnement au Québec et dire qu'il
a maintenant sous le bras sa loi sur l'environnement pour le recyclage des
canettes de bière et de boissons gazeuses, que le gouvernement s'occupe
de l'environnement? C'est une autre question qu'on peut se poser. À cet
effet, je m'interroge à savoir si le ministre ne devrait pas prendre
tout le temps dont cette commission dispose pour analyser ce projet de loi
article par article et nous produire les règlements qui nous
permettraient de savoir si cette loi doit être adoptée dans
l'immédiat ou si, plutôt, on ne devrait pas suggérer au
ministre de retourner faire ses devoirs, de retourner à la consultation
et d'aller plus en profondeur pour voir s'il n'y a pas des senteurs qui
pourraient s'en dégager.
M. le Président, selon les réponses que pourra me donner
le ministre de l'Environnement à plusieurs des questions que je viens de
poser, j'aurai peut-être en complément, si vous me le permettez,
l'occasion de revenir sur certains points si les précisions ne sont pas
celles que je souhaiterais entendre.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui désirent prendre la parole en cette phase
préliminaire?
Article 1?
M. Rocheleau: M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Oui, M. le
député de Hull.
M. Rocheleau: Est-ce que le ministre pourrait m'indiquer...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Hull, j'ai demandé s'il y avait d'autres députés qui
voulaient intervenir. Est-ce qu'il y a d'autres députés qui
voudraient intervenir? M. le ministre, est-ce que vous voulez intervenir?
M. Adrien Ouellette (réplique)
M. Ouellette: Oui, je serais intéressé au moins
à répondre...
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre, vous avez le
droit de parole.
M. Ouellette: ...à une partie des questions qui m'ont
été posées, en tenant compte du fait qu'on va revenir
article par article pour donner plus de précisions, à moins qu'on
veuille procéder par questions et réponses rapides.
Les interrogations qui ont été exprimées par
l'Opposition portent sur deux aspects de la loi, ceux dont j'ai parlé
hier en Chambre, à savoir la fameuse canette d'aluminium et les
organismes chargés de sa récupération, et un
deuxième volet également fort important, celui de la
récupération recyclage. Ce sont deux choses très
différentes qui n'ont rien à voir l'une avec l'autre.
Pour répondre à une partie des interrogations qui sont
probablement fondées de la part de l'Opposition en ce qui concerne la
canette d'aluminium, il faut prendre le tableau complet de la situation
actuelle et voir de quelle façon il sera modifié à cause
de l'entrée en marché de cette canette d'aluminium. D'abord,
j'aimerais dire que ce projet de loi vise uniquement deux types de contenu. On
parle de canette d'aluminium pour la bière et de canette d'aluminium
pour les boissons gazeuses. Ces deux produits sont déjà
abondamment répandus sur le marché québécois depuis
plusieurs années. Il existe, heureusement, un système qui est
né, il y a plusieurs années, uniquement de l'entreprise
privée qui voit justement à ce que les contenants de ces deux
contenus soient récupérés et réutilisés.
De quelle façon cela fonctionne? C'est fort simple.
L'embouteilleur de bière ou de boisson gazeuse, au moment où il
livre sa
marchandise soit au distributeur régional, ou au
détaillant, perçoit une consigne de ceux-ci. Le détaillant
vend sa marchandise au client qui verse une consigne. Lorsque j'étais
jeune, c'était deux cents et, aujourd'hui, c'est quinze cents de
consigne, pour une bouteille de six onces de boisson gazeuse. Le consommateur,
lorsqu'il rapporte sa bouteille de bière ou de boisson gazeuse, se voit
rembourser sa consigne: et l'épicier, lorsqu'il retourne cette bouteille
à son fournisseur se voit également rembourser cette consigne.
C'est un système qui a donné des résultats remarquables et
qui nous permet d'afficher avec fierté un record mondial en ce qui
regarde le Québec, puisque ce système - je le
répète - n'a pas été conçu par le
gouvernement, il est né de lui-même par intérêt, sans
doute, des différents usagers. Il garantit un retour de 98% de ces
contenants. Donc, beaucoup moins de contenants qu'on retrouve dans les
dépotoirs, jadis, ou encore dans les centres d'enfouissement sanitaire
aujourd'hui. Il est économiquement viable puisque la même
bouteille sert en moyenne 17 fois. Donc, au lieu de répéter 17
bouteilles on utilise 17 fois la même.
Ce que nous voulons faire de la canette d'aluminium, c'est exactement la
même chose et autant que possible - je le souhaite ardemment - que cela
se fasse en dehors de toute procédure gouvernementale, comme c'est le
cas pour la bouteille de verre. Donc, on a devant nous, non pas un, mais deux
projets de loi. Un premier projet de loi, qui relève du ministère
de l'Environnement, vise à palier les difficultés qu'on pourrait
avoir si jamais des ententes privées ne se réalisaient pas. Un
autre projet de loi sera débattu par mon collègue de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme et vise à préciser ce que devrait
contenir les ententes à intervenir entre les distributeurs de boissons
gazeuses et de bière. Donc, il faut distinguer ces deux projets de loi.
(12 h 30)
Quant à savoir pourquoi on agit ainsi, je vais vous le dire. La
venue de la canette d'aluminium pose des problèmes, comporte des
avantages et aussi des désavantages. Les avantages, le consommateur en
trouvera sans doute, puisque ce sont des contenants qui prennent moins de
place, qui sont plus légers. Il y a aussi des avantages
économiques, puisque ces canettes seront fabriquées au
Québec par deux grandes compagnies de la région de
Montréal qui sont déjà prêtes à les produire,
ce sont: Continental Can et American Can, à ma connaissance. Donc, il y
a des avantages, on en convient et on ne voudrait pas les perdre puisque,
éventuellement, la canette d'aluminium du Québec pourrait envahir
les marchés voisins, américain et ontarien, notamment, et
multiplier les emplois au Québec. Donc, à partir de ces seuls
faits, je pense qu'on ne peut pas être totalement contre la venue de
cette canette d'aluminium.
Mais c'est aussi une menace, une double menace. Une menace à
l'environnement puisque la canette d'aluminium jetée dans un ruisseau,
dans un lac ou ailleurs dans le paysage constitue un danger à long
terme, puisque c'est un matériau qui ne se dégrade à peu
près jamais. Il faudrait des siècles avant que la canette en
vienne à disparaître. Je pense qu'en conscience, le
ministère de l'Environnement se doit de faire en sorte qu'on la retrouve
le moins possible dans le paysage.
C'est aussi une menace économique pour les distributeurs
régionaux qui ne seraient pas équipés pour faire
l'embouteillage ou "l'encanettage", si vous me permettez l'expression. C'est
donc dire que les grands fabricants, les franchiseurs, les propriétaires
des grandes compagnies, que ce soit Coke, Seven-Up, Pepsi ou les grandes
compagnies de bière, pourraient se permettre de faire de l'embouteillage
ou de la mise en canette à Montréal ou à
l'extérieur du Québec et se contenter d'envahir nos
marchés en évitant les distributeurs régionaux. Donc, cela
menacerait des emplois en région et nous n'y tenons pas du tout.
À partir de ces quatre éléments, nous nous sommes
dit: Nous allons faire en sorte que la menace environnementale soit
palliée à partir d'une structure existante et qui a fait ses
preuves, celle de la consigne. C'est pourquoi nous prévoyons
établir une consigne sur chacune des canettes d'aluminium contenant de
la boisson gazeuse ou de la bière de façon que le consommateur
soit intéressé à la rapporter à l'épicier
qui la remettra à son distributeur régional pour se faire
rembourser la consigne et celui-ci pourra en disposer à partir de la
valeur intrinsèque de cette canette vide.
Je ne pense pas que cela pose de problèmes d'hygiène plus
graves que la bouteille. Que ce soit une canette d'aluminium ou une bouteille
de verre, lorsqu'elle a contenu de la bière, les deux présentent
des dangers d'odeur. L'avantage que trouveront cependant les épiciers,
c'est qu'au lieu d'avoir à faire un tri entre les bouteilles de
bière, les bouteilles de Seven-Up, les bouteilles de Pepsi, les
bouteilles de Coke, il n'y aura plus de tri nécessaire puisque chaque
canette est standardisée et qu'elles sont toutes vouées à
la démolition, c'est-à-dire au déchiquetage pour fins de
refusion et fabrication de lingots d'aluminium qui serviront à leur tour
à fabriquer des canettes neuves. Même à ce niveau, il y a
beaucoup moins d'inconvénients pour l'épicier puisque,
premièrement, il n'y a pas de tri; deuxièmement, il n'a pas
à se soucier de la qualité de la canette. Est-elle
écrasée ou non? Cela ne change rien, puisqu'elle est
appelée à être déchiquetée. À
ce niveau, c'est encore un avantage pour ceux qui auront à la
manipuler.
Je répète, il y a deux systèmes de prévus.
L'un qui s'appuie sur des ententes, l'autre qui s'appuie sur une loi. Nous
favorisons la voie des ententes puisque c'est totalement privé et
à l'extérieur du gouvernement; l'autre devra nous forcer à
mettre en place un organisme de gestion de la consigne à
caractère gouvernemental.
On me parle aussi des négociations qu'on a pu faire.
Évidemment, les négociations dont on parle se sont faites dans le
cadre du système extragouvernemental, cela a nécessairement
impliqué l'Association des embouteilleurs du Québec,
l'Association des brasseurs, le groupe des franchiseurs et le groupe des
distributeurs locaux, c'est-à-dire l'Association des épiciers,
pour nous assurer qu'il soit possible de faire en sorte que chacun des
intervenants s'entende sur une formulation et qu'on puisse établir le
système privé complètement à l'extérieur du
gouvernement.
Ce matin même, au moment où je vous parle, les
négociations ont encore cours, je crois, à l'hôtel Loews Le
Concorde ici à Québec. Tous ces gens sont réunis de
façon à accélérer les négociations pour ne
pas avoir à appliquer la loi 86, mais plutôt profiter de ce qui
est contenu dans la loi 87 du ministère de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme qui vise exactement à mettre en place le système
privé dont je vous parle. Donc, de ce côté-là, il
n'y a aucun problème, tous les intéressés ont
été impliqués dans ces discussions. Nous attendons le
résultat des négociations pour qu'on puisse signer,
conformément à ce qui est prévu à la loi 87, une
entente entre le ministère de l'Environnement et tous ceux qui ont un
rôle à jouer dans la mise en marché de ces canettes de
façon a éviter le système gouvernemental. Voilà
pour la canette.
M. le député de Hull pose des questions sur la
récupération et le recyclage et s'inquiète à savoir
si les municipalités ont été vues. Oui, elles l'ont
été à plusieurs niveaux. D'abord, j'ai eu l'occasion de le
mentionner hier, il y a eu un sommet qui a regroupé tous les
intervenants intéressés au secteur de la
récupération et du recyclage. Au cours de ce sommet, l'Union des
municipalités du Québec était présente, l'Union des
municipalités régionales de comté. La Communauté
urbaine de Montréal et ses représentants nous ont fait valoir une
chose que nous avons retenue: la propriété des déchets
domestiques est vraiment municipale. La gestion des déchets, c'est
municipal et nous n'avons pas du tout envie de lui enlever ce pouvoir. Les
municipalités se sont montrées intéressées à
la mise en place d'un système de récupération, de
recyclage avec leur participation puisque cela leur appartient et qu'elles ont
vu là une occasion rêvée de diminuer le volume et la
variété des déchets à être enfouis, ce qui
représente pour elles des économies au niveau de l'enfouissement
qui est de leur responsabilité.
À la suite de ce sommet, il a été convenu de mettre
des tables de négociation, ce qui se fait présentement pour
élaborer une méthode de tri à la source, de cueillette
sélective, de récupération régionale et de remise
en marché ou encore de recyclage, avant la remise en marché. Ce
processus est loin d'être terminé et les municipalités sont
absolument présentes à ces tables. Elles vont défendre
leurs intérêts, car il y a intérêt pour elles. Elles
nous l'ont dit. Il n'est pas de notre intention de forcer les citoyens à
faire la récupération et le tri à la source. Il n'est pas
non plus de notre intention de forcer les municipalités à faire
de la collecte sélective. Il n'est pas non plus de notre intention de
forcer la mise en place de récupérateurs régionaux. Nous
pensons qu'il y a là suffisamment de matière positive pour que
chacun des intervenants y trouve son intérêt du citoyen
jusqu'à l'industrie du recyclage.
Par exemple, si on applique cela au papier journal, le citoyen qui
collaborerait à la demande de sa municipalité à la
séparation à la source du papier journal verrait là des
économies directes puisque le lieu d'enfouissement sanitaire serait
utilisable beaucoup plus longtemps. Déjà là, il y a des
économies. La municipalité aussi y voit des économies,
puisque c'est elle qui a à gérer ces lieux d'enfouissement
sanitaire. Les compagnies de papier sont intéressées à
toucher de la fibre recyclée de bonne qualité et les
intermédiaires, soit les groupes de récupération
régionaux de même que l'usine de transformation de ce papier, y
voient aussi des intérêts. Donc, si tous les
éléments de la chaîne y trouvent leur intérêt,
je ne pense pas qu'il soit nécessaire à quelque gouvernement que
ce soit de forcer la main à quiconque, puisque chacun va y aller y
voyant des intérêts comme ce fut le cas de la mise en place de la
consigne, il y a plusieurs années. Ce n'est pas pour rien que
l'industrie de la boisson gazeuse et de la bière a décidé
de mettre des consignes, elle voulait récupérer ses bouteilles
parce qu'elle y voyait une méthode économique. L'environnement
s'en est mieux porté. Le souci premier n'était pas
environnemental. La compagnie Coca-Cola ou l'embouteilleur régional de
Coca-Cola trouve un intérêt certain à
récupérer sa bouteille plutôt que de la jeter et d'en
acheter une nouvelle. S'il avait agi ainsi, il aurait été
obligé de vendre son produit un peu plus cher pour compenser pour la
perte de l'achat d'une bouteille neuve. Donc, c'est le même principe
partout.
Dans la mesure où chacun y voit son intérêt, le
système fonctionne. Ce sera au coordonnateur de ce système,
c'est-à-dire le gouvernement, par l'intermédiaire du
ministère de l'Environnement, de s'assurer que chacun y trouve vraiment
son intérêt. C'est ce qu'on a prévu dans le projet de loi
87 du ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, c'est-à-dire
fixer un certain nombre de balises pour s'assurer que chacun y trouve un
système équitable.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Chambly.
Questions et réponses
M. Tremblay: Je pense que la procédure qu'on prend ce
matin, visant à clarifier globalement certaines interrogations des
membres de la commission est intéressante. Elle a soulevé
certaines questions de la part de mes collègues de l'Opposition. J'ai
deux questions qui me viennent à l'esprit.
Vous avez parlé des désavantages de la canette et des
avantages de la bouteille consignable. En ce qui concerne la canette, vous avez
parlé des désavantages si la loi n'existe pas. J'aimerais que
vous nous parliez des désavantages si le projet de loi 86 était
adopté. S'il y a des désavantages, quels sont-ils?
Ma deuxième question: Vous avez dit qu'il y avait,
présentement, une réunion des embouteilleurs. Ces derniers
tentent de s'entendre sur une méthode pour recycler les canettes, en
tout cas, sur un prix de consigne ou quelques règlements du genre. Je
voudrais savoir pourquoi on n'attend pas, pour adopter cette loi, que ces gens
se soient entendus ou tout au moins que l'on sache qu'ils ne se sont pas
entendus ou qu'ils ne peuvent s'entendre? Tant qu'il y a de la vie, il y a de
l'espoir; tant qu'il y a de la négociation, il y a de l'espoir qu'on
n'ait pas à adopter une loi et que la loi du marché joue.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Ouellette: Je vais essayer de répondre aux deux
questions. Quels seraient les désavantages si la loi n'était pas
adoptée? Est-ce que j'ai bien compris?
Une voix: Avec la loi 86.
M. Tremblay: Non, les désavantages avec la loi. Il doit y
avoir des désavantages. La vie n'est jamais toute rose.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Ouellette: Vous savez, c'est une question d'opinion
personnelle. J'ai toujours favorisé les ententes entre les individus qui
se font en dehors de toute forme de contrainte, qu'elle soit légale ou
réglementaire. Étant donné qu'il existe un système
qui fonctionne à merveille à l'extérieur des lois et des
règlements, je souhaite que celui-ci se répète pour la
canette d'aluminium. C'est pourquoi on a favorisé les
négociations entre les différents intervenants, afin qu'ils en
viennent à ce genre d'ententes qui auraient pour effet d'harmoniser
chacun des intervenants et de leur procurer des avantages certains.
Si jamais ces ententes échouaient ou que ces négociations
ne conduisaient pas à des ententes, il n'en demeure pas moins que la
canette d'aluminium va devoir apparaître puisque les usines sont
construites, les fabricants sont prêts à la mettre en
marché. Mais il y a un inconvénient environnemental majeur. C'est
pourquoi nous avons prévu, dans le projet de loi 86, une structure
gouvernementale, qui va minimiser cet inconvénient environnemental en
obligeant la mise en place d'une consigne et en favorisant le retour des
canettes par un cheminement identique, mais sous contrainte gouvernementale,
avec un fonds gouvernemental de gestion de la consigne.
Donc, le seul inconvénient que je verrais, à toutes fins
utiles, dans l'obligation qui nous serait faite d'appliquer la loi 86, c'est
une question d'esprit. Au lieu d'assister à l'harmonisation entre
différents intervenants, nous serions forcés de les obliger
à s'harmoniser de façon à assurer le retour de la canette
par la consigne. C'est le seul élément.
Le Président (M. Bissonnet): Avec consentement, M. le
député de Chambly.
M. Tremblay: Ils ont consenti.
Le Président (M. Bissonnet): Avec consentement.
M. Tremblay: Mais qu'est-ce qui vous fait croire que,
présentement, ils ne s'entendront pas, M. le ministre?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Ouellette: J'ai grand espoir que les négociations qui
ont cours présentement vont déboucher sur une entente. Mais nous
devons faire preuve de prudence, parce qu'il n'est pas du tout de l'intention
du ministère de l'Environnement de laisser pénétrer la
canette sur nos marchés sans qu'on ait l'assurance qu'elle soit
récupérée. On évalue une possibilité de 1
200 000 000 de canettes en un an. Si nous étions un an en
présence d'un vide juridique ou de l'absence d'une
structure de retour, déjà là l'environnement s'en
trouverait dégradé de façon remarquable.
Le projet de loi 86 prévoit la mise en place d'une structure
rapide d'application pour nous assurer que cette canette ne viendra pas
perturber l'environnement, même durant un an.
M. Tremblay: Je vous remercie.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey, très brièvement, car il ne vous reste qu'une minute
et demie. (12 h 45)
Mme Bacon: Il ne me reste pas beaucoup de temps, vous m'avez dit
qu'il me restait une minute, M. le Président. Je reviens encore au
groupe privilégié qui a participé de très
près avec le ministre à la rédaction de ce projet de loi
et à ceux qui ont été moins privilégiés, qui
y ont moins participé. Mes questions vont amener des réponses,
des oui ou des non, M. le Président, cela va être rapide. Est-ce
que l'Association des détaillants en alimentation a participé de
très près à la rédaction de ce projet de loi?
M. Ouellette: L'Association des détaillants a
été en contact avec l'Association des embouteilleurs et des
brasseurs par l'entremise de Mme Pageau-Goyette et, tout au long des
négociations qui se sont faites en dehors du gouvernement -je le
répète - cette association a dû être impliquée
dans les discussions...
Mme Bacon: ...a dû être...
M. Ouellette: ...à différents niveaux. Bien, je
n'étais pas partie à ces négociations.
Mme Bacon: À quel niveau, au niveau de la
rédaction?
M. Ouellette: Les contacts ont été établis
avec l'association tout au long du processus de négociation qui
s'étale maintenant depuis quelques mois.
Mme Bacon: L'Association des épiciers unis?
M. Ouellette: Elle est sans doute membre de l'Association des
détaillants qui a pris part aux négociations avec l'Association
des brasseurs et...
Mme Bacon: Le Conseil québécois du commerce de
détail?
M. Ouellette: Je ne saurais vous dire, je ne sais pas.
Mme Bacon: Vous n'avez jamais rencontré ces groupes ou ils
n'ont jamais fait partie d'une table de concertation?
M. Ouellette: On me dit qu'il y a quatre représentants du
monde du détail. C'est à ce niveau que se fait le harnachement,
au niveau des négociations qui sont privées, je le
répète; ce ne sont pas des négociations
gouvernementales.
Mme Bacon: J'entendais une remarque du côté
gouvernemental, on parle du sommet, mais, est-ce qu'au sommet on a
expliqué ce projet de loi 86 qu'on voulait faire?
M. Ouellette: Au sommet, on a expliqué ce projet de loi 86
dans sa version "récupération recyclage" mais, nous avons pris
bien soin de ne pas associer la canette d'aluminium en précisant que
nous voulions la traiter séparément. Si vous me le permettez,
juste un petit détail: tout à l'heure, quelqu'un faisait allusion
au projet SACS, je pense que c'est vous Mme la députée de
Chomedey. Le projet SACS n'a pas été retenu justement parce qu'il
prévoyait que la canette d'aluminium se retrouve dans les déchets
et que c'est à partir de cela qu'on devait la récupérer.
Comme le taux de récupération nous apparaissait très
faible, nous avons voulu l'extraire des ordures ménagères pour en
faire un contenant comparable au contenant de verre, c'est-à-dire que
par un système de consigne, il revienne chez l'épicier et au
recyclage.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre envisagerait de revoir tout ce
plan de travail qui a été mis de l'avant avec le projet SACS?
M. Ouellette: Disons qu'une fois la canette d'aluminium
réglée, le projet SACS nous convient tout à fait.
Mme Bacon: Vous n'avez pas d'objection?
M. Ouellette: Absolument pas. Mais cela devra se faire dans le
respect de l'autonomie municipale, hein! J'ai bien dit qu'il n'est pas question
que le ministère de l'Environnement se mette le nez dans cela autrement
que pour faire de la conciliation. Il ne faudrait pas que l'entreprise
privée prenne notre place et bousille l'autonomie municipale.
Mme Bacon: Dernière question, M. le Président, je
vais rapidement. Est-ce que le ministre sait que, par exemple, au niveau de la
bière, je vais commencer en 1980, il se vendait 9,4% en grosses
bouteilles, 85,2% en petites bouteilles et 5,4% en canettes; en 1981, 10% en
grosses bouteilles, 85% en petites bouteilles et 5% en canettes; en
1982, 11,2% en grosses bouteilles, 84,21% en petites et 4,7% en
canettes; et en 1983, 11,1% en grosses bouteilles, 84,2% en petites bouteilles
et encore 4,7% en canettes. Quand on regarde l'écart entre les
bouteilles qui sont achetées par les consommateurs et les canettes qui
sont achetées par les consommateurs, c'est à se demander si,
quand on va au stade, à la pêche ou à la chasse et qu'on
apporte en canettes cette bière... est-ce que le ministre ne
considère pas que cette bière est vendue beaucoup plus en
bouteilles qu'en canettes?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Ouellette: Et c'est heureux qu'il en soit ainsi. Le
ministère de l'Environnement ne favorise pas nécessairement le
remplacement des bouteilles par les canettes d'aluminium. Ce n'est pas
là son rôle; ce serait plutôt un rôle de commerce. Ce
que dit le ministère de l'Environnement, c'est qu'il y a un risque que
le nombre de canettes augmente et que nous perdions nos acquis
environnementaux, qui sont un retour de 98% de nos bouteilles. Alors, nous
voulons tout simplement mettre en place une structure qui va faire en sorte
que, si jamais la proportion de canettes devait augmenter cela ne viendrait pas
détériorer l'environnement, mais au contraire on pourrait la
récupérer au même titre que la bouteille, ce qui veut dire
qu'au niveau environnemental il n'y aurait pas de dommage additionnel.
Mme Bacon: Est-ce que cela va être dans les
règlements ce que vient de nous dire le ministre ou si... Encore une
fois, on ne connaît pas la réglementation.
M. Ouellette: Dans les négociations qui ont cours
actuellement avec l'Association des brasseurs et des embouteilleurs sont
présents, bien sûr, les gens des régions. Ces gens n'ont
pas intérêt à ce que la canette augmente en nombre puisque
cette canette serait remplie à Montréal ou à Toronto, ce
qui ferait qu'il y aurait moins de bouteilles à être remplies en
région. Donc, dans les ententes il y a des quotas de prévus qui
vont limiter le nombre de canettes qui devront de toute façon être
vendues à partir des distributeurs régionaux. Donc, c'est dans
les ententes qu'on prévoit, ces quotas, pour respecter à peu
près la proportion actuelle.
Le Président (M. Bissonnet): Avec consentement, Mme la
députée de Chomedey.
Mme Bacon: Excusez-moi une dernière question. Est-ce que
le ministre peut déposer un projet d'entente puisque c'est
déjà fait?
M. Ouellette: Il s'agit de discussions vraiment privées
où le ministère de l'Environnement est présent, mais il
est là uniquement à titre de concerteur, si vous voulez, ou
d'animateur. Il s'agit donc de documents vraiment privés que se passent
des associations d'embouteilleurs, de brasseurs, les épiciers, les
franchiseurs, etc. Je ne peux pas comme membre du gouvernement déposer
ces documents. Ils seront rendus publics le jour où il y aura eu une
entente et où cette entente sera signée par le ministère
de l'Environnement.
Mme Bacon: Mais vous leur donnez votre
bénédiction?
M. Ouellette: C'est-à-dire qu'avant de signer cette
entente je vais évaluer ce qu'il y a dedans. S'il y a des choses
contraires à l'environnement, ou bien on reprendra les
négociations ou bien on refusera de signer et on appliquera la loi
86.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre reviendra à
l'Assemblée nationale avec ces ententes? Est-ce qu'il pourra en faire le
dépôt à ce moment?
M. Ouellette: Je n'y vois pas d'objection a priori.
J'évaluerai. De toute façon c'est public à ce moment.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, je veux tout simplement
revenir à ma collègue de Chomedey, qui a fait certains
énoncés concernant le pourcentage de ce qui était
consommé dans la grosse bouteille, dans la petite bouteille, et dans la
canette. Si l'on tient compte que la canette tient pour environ 5% de la
consommation de bière faite au Québec et qu'environ 75% de la
vente de la canette se fait durant la période estivale, jusqu'à
la période de chasse, ce qui est préoccupant quand on parle de
l'environnement c'est qu'on se dit: Les gens laissent traîner leur
canette en forêt, sur le bord des lacs, dans les cours d'eau etc. Je
pense qu'on ne conteste pas cet élément, mais on pourrait dire la
même chose du chasseur ou du pêcheur qui consomme en grand
pourcentage des aliments en canette. Il mange en forêt ou consomme ses
repas en forêt: les boîtes de sardines, de jambon, de Kam, de Paris
Pâté, les fèves au lard Clark, etc., cela aussi ce sont des
déchets et des ordures qui peuvent éventuellement polluer. Pour
le bénéfice du ministre, je reviens à la petite
entreprise, la PME, et je constate que dernièrement dans l'industrie de
la bière, si on prend cet exemple, on est à changer les
contenants. Qu'on prenne la Miller, qu'on prenne la Labatt 50 qui a un
bouchon
dévissable, qu'on prenne La Laurentide qui vient d'en adopter un
autre, les brasseries O'Keefe, Molson et Labatt changent leur contenant. On
sait le problème que cela crée aux détaillants.
Déjà on mettait toutes les bouteilles dans une caisse, si la
caisse appartenait à Molson ou à O'Keefe ou à Labatt, les
vendeurs reprenaient leurs caisses indépendamment des bouteilles qui
étaient contenues à l'intérieur de ces caisses.
C'étaient toutes des bouteilles pareilles. Mais aujourd'hui on doit
faire la distribution des différentes marques de bière parce que
les différentes marques de bière ont des bouteilles
différentes. Ce n'est plus comme avant alors qu'on ramenait aux
brasseries O'Keefe, Labatt ou Molson des bouteilles vides et qu'on retrouvait
à l'intérieur des caisses des bouteilles de bière Labatt,
O'Keefe, Golden, etc., toutes les sortes imaginables sur le marché.
Aujourd'hui, on doit répartir cela parmi les fabricants. C'est un
élément du coût.
M. le Président, l'autre élément du coût, et
où je m'interroge, c'est que si on rend plus difficile la vente de la
canette parce qu'il va y avoir des coûts, les compagnies Molson, O'Keefe
ou Labatt ne sont pas pour récupérer uniquement leurs propres
canettes; elles vont récupérer les canettes qui sont là.
Va-t-il y avoir une récupération de faite par une agence
organisée? Est-ce que ce seront des mouvements comme les scouts, les
louvetaux, les guides qui vont faire cette récupération ou si
c'est le ministre qui va se promener avec son gros camion en région pour
faire la récupération?
Ce sont tous des points relativement importants. Quand on prend la
canette, c'est un élément, on s'attaque au champagne du pauvre.
Si on touche à la boîte de sardines, si on touche à tous
les autres contenants qui sont aussi nocifs pour l'environnement, je pense que
les marchés d'alimentation sont également
préoccupés par les contenants que devront utiliser tous ces
fabricants. À ce moment, on pourrait pousser loin la discussion que nous
avons et pour toucher à un marché qui équivaut à 5%
de la vente d'un produit, c'est qu'on peut apporter des coûts aux
consommateurs qui feront en sorte que le consommateur reviendra à la
bouteille et le ministre pourra, à ce moment, dire: La bouteille est
peut-être moins nocive au niveau de l'environnement que la canette, mais
cela n'aura pas nécessairement réglé le problème
dans ce sens.
L'autre jour, à l'Assemblée nationale, en deuxième
lecture, on se posait la question à savoir si tout cela n'était
pas davantage un manque d'éducation de ceux qui laissent périr et
polluer nos lacs, nos forêts et l'environnement ou si on ne devrait pas
plutôt mettre l'accent sur l'éducation, en commençant par
le primaire et le secondaire et peut-être même les cégeps et
les universités, pour que la qualité de vie que prône la
députée de Chomedey... Elle voudrait éventuellement voir
une charte de la qualité de la vie qui fasse en sorte de commencer
l'éducation, en bas âge, pour que les gens conscients de
l'environnement en tiennent compte à tout moment. La pollution se fait
davantage dans nos forêts, nos lacs, nos rivières, nos cours d'eau
par ces objets qu'on laisse traîner partout.
On n'a pas eu du tout la réglementation qui pourrait sortir du
contexte de la canette de bière et pour l'ensemble des entreprises
intéressées, à moins que l'on tente de favoriser
uniquement un groupe de gens qui souhaiteraient voir cela, et que par la suite
on aurait les problèmes qui pourraient survenir au niveau des
coûts aux consommateurs. C'est la raison pour laquelle je me dis et je
suis très conscient du fait... Je pense que Mme la députée
de Chomedey en est très consciente aussi; elle a même
poussé à plusieurs occasions le ministre à faire en sorte
d'avoir une réglementation dans le sens de protéger
l'environnement, d'avoir des règlements que tout le monde connaît
avant d'adopter une loi. C'est bien beau d'adopter une loi et par la suite de
laisser le ministre s'amuser avec les règlements. Pourquoi le ministre
ne nous apporte-t-ii pas en même temps les règlements? Pourquoi
l'entreprise privée, les municipalités et tous ceux qui en sont
préoccupés ne peuvent-ils pas prendre connaissance de la
réglementation? Souvent la réglementation prend un pouce
d'épaisseur alors que la loi prend peut-être un huitième de
pouce, si on y va à la page.
C'est là tout l'argument que faisait valoir, en deuxième
lecture, la députée de Chomedey. On parle de créer un
organisme, mais...
Le Président (M. Bissonnet): Si vous voulez conclure, M.
le député de Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. On parle de
créer un organisme, mais cet organisme on ne le connaît pas non
plus; on ne sait pas ce qu'il va faire; on ne connaît pas sa composition;
on ne sait pas quel sera son mandat, et tout cela. Je pense que ce sont des
préoccupations constructives pour les fins de la discussion que nous
avons à cette commission parlementaire avant que nous ne commencions
l'étude article par article.
Le Président (M. Bissonnet): Le député
d'Orford et le député de Chambly ont également
demandé le droit de parole. Comme il est 13 heures, nous suspendons les
travaux de cette commission. Ils reprendront à 15 heures
précises.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise de la séance à 15 h 12)
Le Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il vous
plaît:
La commission permanente de l'aménagement et des
équipements poursuit le mandat que l'Assemblée nationale lui a
donné ce matin, soit d'étudier article par article le projet de
loi 86. La parole est au député d'Orford.
Je demanderais avant au ministre s'il a des réponses aux
questions posées par le député de Hull avant la
suspension.
M. Ouellette: Oui, M. le Président, j'aurais certaines
réponses aux questions du député de Hull, la
première portant sur la réglementation. L'Opposition
s'inquiète beaucoup du fait qu'on n'ait pas déposé de
réglementation au moment où on a déposé le projet
de loi. La raison est fort simple, c'est qu'il n'y a pas de
réglementation pour l'ensemble du projet de loi, sauf sur un point qui
touche la consigne ou la consignation de la canette d'aluminium dans
l'hypothèse où ce qui est prévu au projet de loi 87 ne se
réaliserait pas, c'est-à-dire qu'il n'y aurait pas d'entente
entre les différents intervenants, gestionnaires de la canette, si vous
me permettez l'expression, c'est-à-dire les franchiseurs, les
distributeurs régionaux et les distributeurs locaux. S'il y a des
ententes, il s'agira d'une structure extragouvernementale. Il n'y aura donc ni
loi spécifique là-dessus, sauf quelques éléments
dans une loi du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, ni
réglementation nécessairement. Qu'est-ce qui tiendra lieu de
réglementation? C'est tout simplement le contenu des ententes. On
assiste à des discussions qui ont cours actuellement entre les
différents intervenants qui essaient de concilier leurs
intérêts, et c'est dans l'entente qu'on va retrouver les
éléments indispensables à chacun d'eux pour
réaliser leurs objectifs propres. Ce sont donc ces ententes qui
tiendront lieu de réglementation. Ce n'est pas un
phénomène nouveau. Depuis plusieurs années, ce
système existe dans le cas des bouteilles de verre, pour la bière
et les boissons gazeuses. Il y a déjà eu des ententes entre les
différents intervenants au cours des années récentes.
Aujourd'hui, nous assistons à des négociations qui visent
à les reconduire avec un volet nouveau, celui de la consignation de la
canette d'aluminium.
Dans le cas où ces ententes ne se réaliseraient pas, c'est
donc la loi 86 qui s'appliquerait et, à ce moment-là, bien
sûr, il faudrait mettre sur pied une réglementation dont les
grandes lignes seraient les suivantes: d'abord, le règlement aurait pour
objet dans un premier temps de préciser les catégories de
contenants assujettis à une consigne. C'est déterminé
d'avance. On sait qu'on parle de canettes d'aluminium dans le secteur des
bières et des boissons gazeuses. Ce premier élément est
déjà connu.
Deuxièmement, la réglementation devrait fixer le montant
de la consigne et indiquer les personnes chargées de la percevoir. Cette
information est déjà connue. M. Parizeau y a fait
carrément allusion dans un minibudget l'automne dernier et il fixe
à 0,05 $ le montant de la consigne. Quant aux personnes qui seraient
chargées de la percevoir, c'est le fonds ou le groupe de gestion qui
serait une structure légère comptant peu de gens, qui seraient
sans doute des salariés de l'État et dont la seule mission serait
de jouer le rôle d'intermédiaires ou de fiduciaires,
c'est-à-dire de recevoir les consignes et de voir à leur
remboursement.
Un troisième élément apparaîtrait à
cette réglementation qui viserait les modalités de remboursement
de la consigne. Évidemment, il n'y a rien de malin là-dedans. Le
fonds va recevoir l'argent et va devoir rembourser un montant d'argent
égal à 0,05 $ fois le nombre de canettes ainsi
récupérées. Il faudra quand même établir des
modalités à l'intérieur de cela mais qui n'ont rien de
sorcier puisque ce sont des choses déjà existantes dans plusieurs
secteurs.
Finalement, le règlement devrait fixer les modalités de
transmission des consignes au fonds. À quel niveau d'intervention les
0,05 $ par canette seraient-ils perçus? Est-ce que cela serait chez le
fabriquant, est-ce que cela serait chez le premier utilisateur que sont les
embouteilleurs de bière ou de boissons gazeuses? Est-ce que cela serait
au niveau régional? Cela restera à être
déterminé. En ce qui me concerne, je vois très bien cela
au niveau régional.
Alors, ce sont à peu près les grandes lignes que devrait
contenir un règlement attaché au volet consignation de la canette
d'aluminium dans le projet de loi 86.
M. Vaillancourt: J'aimerais poser au ministre quelques questions.
Des questions ont été posées par mes collègues
avant moi, mais il en reste encore quelques-unes qui sont restées un peu
sans réponse.
Premièrement, est-ce que les canettes d'aluminium vont remplacer
toutes les canettes existantes présentement pour la bière ou pour
les boissons gazeuses? Quel nom portera l'organisme qui devra surveiller
l'application de la loi? Pour combien de personnes ce nouvel organisme à
la suite de la loi 86 va-t-il créer de l'emploi?
M. Ouellette: À la première question: Est-ce que la
canette d'aluminium va être appelée à remplacer
entièrement la canette d'acier, la canette de bimétal qui existe
déjà? C'est la loi du marché qui va fixer ce remplacement
ou non.
M. Vaillancourt: L'autre ne sera pas interdite.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Ouellette: Le but du projet de loi n'est pas d'interdire la
canette d'acier ou la canette de bimétal existante; par contre, la loi
vise ces canettes existantes en termes de mise en place de la consigne. On peut
toujours faire de la spéculation et prétendre que, très
rapidement, la canette d'aluminium qui sera fabriquée au Québec
remplacera rapidement la canette d'acier et pour plusieurs raisons. D'abord, on
aura en main un produit québécois et les entreprises qui
décideront d'opter pour la canette d'aluminium devront rapidement mettre
au rancart la canette d'acier, parce que les équipements de mise en
contenant devraient être doublés à ce moment-là, ce
qui n'est pas l'intérêt de l'embouteilleur. Donc, on peut
présumer que la canette d'aluminium remplacera rapidement la canette
d'acier.
La deuxième question portait sur...
M. Vaillancourt: Quel sera le nom de l'organisme qui aura la
surveillance ou la mise en application du projet de loi 86?
M. Ouellette: Là encore, il y a deux cas possibles. S'il
s'agit d'un organisme privé, son nom sera prévu dans les ententes
à intervenir entre les différents groupes actuellement en
négociation. S'il s'agit d'un organisme gouvernemental, le nom sera
déterminé par le Conseil des ministres. Il n'y a rien
d'arrêté à ce niveau pour l'instant. Ce sera un fonds.
M. Vaillancourt: Ce n'est pas encore déterminé.
Vous n'en êtes pas encore là. Est-ce que cela va créer
plusieurs emplois?
M. Ouellette: Le moins possible, parce que si jamais on est
obligé, au niveau gouvernemental, de mettre en place cet organisme, je
l'ai dit, ce sera un organisme léger, multipartite, si possible, pour
que tout le monde soit représenté et qui visera à des
économies de salaire, évidemment, parce qu'il ne faudrait pas
qu'une partie importante du surplus de l'argent accumulés à la
suite du non-remboursement des consignes, puisqu'une partie des canettes ne
sera peut-être récupérée serve à entretenir
un organisme lourd et coûteux; au contraire, on souhaite que ces fonds
soient réutilisés pour des fins de publicité, de promotion
et de développement d'organismes environnementaux.
M. Vaillancourt: Est-ce que, avec la nouvelle canette en
aluminium, le prix de la bière ou des liqueurs douces sera à peu
près le même qu'en bouteille ou est-ce que le prix sera plus
élevé que celui que nous avons maintenant avec les
bouteilles?
M. Ouellette: M. le Président, ce que je peux dire au
député, c'est que la consigne, comme telle, ne fera pas augmenter
le coût de la canette, sinon sur une base temporaire, puisqu'elle est
remboursable aux consommateurs. Maintenant, le fait que Coca-Cola, Seven-Up ou
quelques compagnies de bière décident d'opter pour la canette
d'aluminium, cela peut avoir un effet sur le coût, mais c'est une
décision qui relève entièrement du distributeur de ces
produits, ce n'est pas du tout une décision gouvernementale.
Il faut dire également que la consigne, loin d'augmenter le
coût, va plutôt le faire réduire puisque le gouvernement
s'est engagé soit à porter de 0,02 $ à 0,05 $ la taxe ou
encore de l'éliminer si jamais une consigne était
implantée. Donc, déjà, le consommateur court la chance de
trouver une diminution de coût de l'ordre de 0,02 $ l'unité.
M. Vaillancourt: Cela relève du ministère des Finances. Je
pense que cela a été annoncé dans le discours sur le
budget.
M. Ouellette: C'est cela.
M. Vaillancourt: Ou il y a une loi qui a été
adoptée, je ne m'en souviens pas...
M. Ouellette: En novembre dernier, je pense.
M. Vaillancourt: ...indiquant qu'il allait y avoir une
réduction, graduellement. Merci.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Chambly, vous aviez demandé la parole ce matin?
M. Tremblay: Oui, M. le Président. Ce matin, lorsque nous
avons commencé les délibérations de cette commission,
j'étais de ceux qui avaient découvert qu'il y avait des questions
à poser au ministre. J'en ai posé quelques-unes. Là, je
constate et je le constatais même avant la période du dîner,
c'est que l'Opposition est pour la vertu, c'est-à-dire la qualité
de la vie. Mais, plus tard, elle ne veut pas adopter les lois aptes à
faire en sorte qu'on ait cette qualité de vie.
Là, il serait temps de commencer à regarder cela,
dès l'article 1, à commencer l'étude du projet de loi,
article par article, afin de savoir si chacun des articles fait ou ne fait pas
l'affaire. Le mandat de la commission, c'est d'étudier article par
article le projet de loi 86. S'il y a des articles que les membres de la
commission, majoritairement, ne désirent pas retenir, on
pourra les rejeter, et si on veut les retenir, on les retiendra.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Chambly, nous sommes actuellement à la phase préliminaire de ce
projet de loi. Je cède maintenant la parole au député de
Champlain.
M. Gagnon: Merci, M. le Président.
M. Tremblay: C'est parce qu'il y a un principe d'alternance. Je
pense que vous devriez donner la parole à un de vos
collègues.
Le Président (M. Bissonnet): Écoutez, comme
président de cette assemblée, je note les noms des
députés qui m'ont demandé la parole. Après vous,
c'était le député de Champlain. Après, ce sera la
députée de Chomedey s'il y a consentement des membres de cette
commission.
Une voix: C'est très bien, M. le Président.
M. Tremblay: C'est-à-dire qu'il y a une longue tradition
dans cette enceinte...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Champlain, vous avez la parole.
M. Gagnon: M. le Président...
M. Tremblay: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): Une question de
règlement, M. le député de Chambly.
M. Tremblay: Je voudrais vous inciter à la prudence dans
votre décision, parce qu'il y a une longue tradition dans cette Chambre
qui veut que les droits d'intervention viennent, d'une part, d'un
député ministériel et, par la suite, d'un
député de l'Opposition. Dans le cas présent, vous
comprendrez que je suis intéressé d'entendre mon collègue
de Champlain faire son intervention, mais je pense que, en toute justice, il
faudrait céder la parole à un membre de l'Opposition, qui a
demandé la parole d'ailleurs, j'en ai été
témoin.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Chambly, je crois que je peux rendre ma décision sur votre
interprétation. C'est que, compte tenu que le seul député
qui m'a demandé la parole après vous, c'est le
député de Champlain, je dois donc lui céder la parole. Il
y a effectivement Mme la députée de Chomedey qui m'a aussi
demandé la parole, mais je devrai, avant de la lui céder, avoir
un consentement de cette commission, compte tenu qu'elle a utilisé ses
20 minutes.
M. le député de Champlain, vous avez la parole.
M. Gagnon: M. le Président, je ne voudrais pas...
M. Tremblay: Très bonne décision, M. le
Président!
M. Gagnon: ...déplaire à mon collègue de
Chambly. Mais la plus longue tradition, c'est celle que vous avez. Après
avoir fait le premier tour de piste, où, normalement, on va d'un
côté à l'autre de la table, quand on étudie un
projet de loi en commission parlementaire, c'est effectivement le
député qui demande la parole le premier.
Le Président (M. Bissonnet): Vous avez raison, M. le
député de Champlain. Je sais que vous avez une très vaste
expérience dans la présidence des commissions et je me fie
également à votre jugement.
M. Gagnon: Vous pourriez probablement qualifier les propos que je
vais tenir d'antiréglementaires. Je ne pense pas qu'ils s'appliquent au
projet de loi qu'on veut étudier article par article. Le
député de Hull, cet avant-midi, a soulevé un point qui
m'inquiète, moi aussi, lorsqu'il a mentionné qu'on retrouve
énormément de pollution dans la forêt, en période de
chasse, de pêche et ainsi de suite. On y retrouve
énormément de canettes et de bouteilles.
Cela m'a fait penser de demander au ministre - évidemment, ce
n'est pas dans le présent projet de loi - s'il avait quelque chose
à l'étude, par exemple, avec son collègue du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, pour essayer
d'enrayer cette pollution désagréable et fort dangereuse. On sait
que la pollution causée en forêt par les déchets qu'on y
laisse, que ce soient des canettes ou des bouteilles parfois non recyclables,
en plus d'être désagréable et de causer souvent un grave
préjudice à l'environnement est peut-être à la
source de bien des feux de forêt. Je voulais savoir si le ministre avait
songé, avec son collègue du ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, à essayer de mettre sur pied un programme
d'incitation, un programme d'éducation ou un programme de
publicité et d'information qui permettrait de tenter d'enrayer cette
pollution qu'on retrouve dans nos endroits de villégiature.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Ouellette: Oui, très rapidement. Je remercie le
député de Champlain qui revient sur les propos du
député de Hull, propos
auxquels je n'avais pas eu l'occasion de répondre. Il me demande
si on a prévu une formule quelconque pour diminuer, sinon
éliminer complètement les dépôts de déchets
sauvages en forêt, en bordure des lacs, de la part des chasseurs, des
pêcheurs et des villégiateurs en général.
Actuellement, il se laisse énormément de canettes d'acier
ou de bouteilles à usage unique - on pense au "plasti-shield", une
bouteille à bouchon qui visse - qui ne sont consignées ni l'une
ni l'autre. Le fait qu'elles ne soient pas consignées n'incite pas les
consommateurs, à moins d'avoir une éducation valable, à
rapporter ces contenants. Ils préfèrent plutôt les laisser
en bordure des lacs ou les jeter carrément au fond du lac. En
remplaçant ces canettes d'acier non consignées par des canettes
d'aluminium consignées, nous voyons là une incitation
intéressante qui fera peut-être qu'on réduira une partie
importante du dépôt de ces déchets sauvages.
Il faut faire remarquer aussi que le projet de loi vise à
consigner également tous les contenants de bière et de boisson
gazeuse à remplissage unique ou à usage unique, de façon
qu'on les rapporte pour répondre à ce problème de plus en
plus important, non seulement au Québec, mais dans toutes les
régions de l'Amérique du Nord. Je pense, en toute
honnêteté, tel que le soulignait d'ailleurs ce matin le
député de Hull, que la véritable formule pour
résoudre l'ensemble de ce problème, c'est encore
l'éducation.
Le ministère de l'Environnement en est très conscient,
puisqu'il a, avec la collaboration du ministère de l'Éducation,
instauré des cours à caractère environnemental, au niveau
primaire et au niveau secondaire, et se propose d'aller beaucoup plus loin au
niveau collégial, par exemple, de façon que, de plus en plus, nos
citoyens soient sensibilisés à la protection de l'environnement
et aient un comportement de nature environnemental acceptable.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Champlain.
M. Gaagnon: Effectivement, la loi qu'on adopte... Finalement, mes
propos n'étaient pas tellement antiréglementaires...
Une voix: Pas du tout.
M. Gagnon: ...parce que cela pourrait aider à enrayer le
fléau qu'est cette pollution en forêt. On parle de programmes de
création d'emplois, on parle d'essayer d'intéresser les jeunes
à des programmes populaires, à des projets de création
d'emplois, qui pourraient être créés par des organismes.
N'y aurait-il pas lieu, pour nettoyer la forêt et, par la suite, pour
inciter les gens à revenir avec leurs déchets plutôt que de
les laisser en forêt, de penser à instaurer des programmes de
création d'emplois qui nous permettraient de nettoyer la forêt et,
par la suite, de continuer l'éducation aux entrées de la
forêt grâce aux organismes comme les zones d'exploitation
contrôlée, les ZEC, les PAC, etc. En collaboration avec ces
organismes, est-ce qu'il n'y aurait pas quelque chose qu'on pourrait penser
dans ce sens? (15 h 30)
M. Ouellette: Oui, par le passé, nous avons
disposé, à l'Environnement, de certaines sommes d'argent pour
créer des emplois. Ces emplois ont été offerts à
des groupes, notamment, qui souhaitaient procéder, dans certains cas,
à du nettoyage de lieux qui ont été contaminés par
des déchets sauvages. Cette année, nous disposerons de l'ordre de
500 nouveaux emplois temporaires qui seront financés à même
ces programmes. Tous les groupes intéressés à faire une
demande en ce sens verront leur demande prise en considération. C'est un
moyen, évidemment, de faire une certaine forme de rattrapage qu'il nous
faut faire malgré la venue de cette loi. Cette loi va améliorer
l'avenir, mais ne récupérera pas nécessairement le
passé. C'est par des moyens comme cela qu'on peut y arriver.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chomedey m'a dit qu'elle aurait d'autres questions
à poser au ministre. Est-ce qu'il y a consentement afin de permettre
à la députée de Chomedey de poser quelques questions avant
l'étude, article par article, du projet de loi 86? Mme la
députée de Chomedey, je vous cède la parole avec
consentement.
M. Tremblay: Est-ce qu'on a donné le consentement?
M. Ouellette: Oui, oui, je l'ai donné.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement? Merci. Mme la députée de Chomedey.
Mme Bacon: J'exhorterais peut-être le député
de Chambly à avoir la même patience et le même respect pour
l'Opposition que le ministre peut en témoigner aujourd'hui.
M. Tremblay: Mme la députée, c'était
seulement que j'avais compris qu'on avait donné le consentement et moi,
je n'avais pas encore donné mon consentement, je tenais à le
donner.
Le Président (M. Bissonnet): Très bien, M. le
député de Chambly. Nous allons bien...
Mme Bacon: Vous êtes bien gentil, M. le
député de Chambly.
Le Président (M. Bissonnet): La présidence a
reconnu votre consentement et je cède la parole à la
députée de Chomedey.
Mme Bacon: Merci, M. le Président. Le ministre comprendra
qu'avant de commencer l'adoption des articles il y a encore des zones grises.
Pour moi, il y a un manque de transparence dans ce projet de loi. Cela me
chicote un peu de travailler là-dessus. J'aimerais quand même
poser certaines questions au ministre, suivant ce qu'il nous a dit concernant
la réglementation. Quand il nous parle de structures
extragouvernementales, à un moment donné, on a l'impression que
c'est l'entreprise privée qui contrôle, à un certain
moment, c'est le gouvernement qui décide, et c'est cela qui n'est pas
compréhensible. Je ne sais pas si ce sont les explications ou la
façon de les recevoir qui fait en sorte qu'on comprend mal le
privé par rapport au public. Vous parlez de projets d'entente. On dit:
on ne peut pas déposer les projets d'entente parce que c'est
privé. Mais cela sera quand même public un jour ou l'autre. Je
pense que c'est normal pour l'Opposition de vouloir savoir où on s'en
va. Vous parlez aussi de catégories de contenants. Est-ce que cela va
s'étendre à tout ce qui est contenant d'alimentation? Est-ce que
c'est un projet à long terme? Est-ce qu'on va aller aussi loin - je
reviens encore à ce qu'on disait ce matin - que les jus, par exemple,
les contenants, l'emballage des gâteaux; on n'a qu'à penser aux
gâteaux, dans n'importe quel domaine de l'alimentation, est-ce que vous
allez vous étendre jusque là? Vous revenez, quant aux consignes,
sur la réglementation des consignes, en nous parlant d'un organisme qui
va chapeauter tout cela. Combien de personnes allez-vous avoir dans cet
organisme? On n'est pas capable de le savoir, M. le ministre.
M. le Président, j'aimerais aussi savoir de qui relèveront
ces personnes qui seront là, parce que c'est tantôt le
privé, tantôt le public. Encore une fois, est-ce qu'il y aura une
direction générale du ministère de l'Environnement qui
sera responsable de cet organisme? Est-ce que cet organisme relèvera
directement du ministre? Est-ce que cela restera strictement privé,
à ce moment-là? Comment les fonds pourront-ils s'en aller ensuite
au fonds consolidé de la province? C'est tout cela qui n'est pas clair
dans les explications que nous recevons.
Le ministre nous a aussi parlé du remboursement; quand on parle
de 0,05 $ aux consommateurs, du remboursement aux distributeurs, il y a des
modalités à établir pour le remboursement. Vous dites que
ces modalités sont une responsabilité régionale. Mais qui
va assumer ces responsabilités? Qui va établir les
modalités? Cela aussi n'est pas clair. On ne sait pas où on s'en
va.
La réglementation qui peut modifier, j'ai l'impression, une
réglementation déjà existante, est-ce que c'est tout
à fait une nouvelle réglementation? Dans cela aussi, si on ne
modifie quelque chose qui existe, il y a quand même une
réglementation nouvelle qui va nous être présentée.
Encore une fois, M. le Président, je dois déplorer qu'on n'ait
pas cette réglementation en main pour étudier le projet de loi.
Vous trouvez que j'en dit trop, M. le ministre. J'ai juste une autre remarque.
C'est très bref, parce qu'après on commence l'article 1.
M. Ouellette: Quitte à vous laisser du temps
après... C'est que...
Mme Bacon: Vous parlez d'un fonds qui sera administré par
l'organisme et qui pourrait, vous l'avez mentionné au cours de votre
discours en deuxième lecture, servir à des fonds de recherche que
vous vous faites fort d'aller chercher au Conseil du trésor, dans les
fonds de la province. Qui va décider si c'est un pouvoir
discrétionnaire du ministre qui sera exercé, évidemment
par le biais de son sous-ministre? Ces subventions seront attribuées
à des groupes déjà existants. Je n'ai qu'à nommer
FAPEL, par exemple, qui fait un travail extraordinaire au niveau de la
protection des lacs. Est-ce que FAPEL aurait droit à des montants
supplémentaires? On sait qu'il vous en demande souvent, M. le ministre.
Est-ce que des organismes comme FAPEL bénéficieraient de
cela?
Avant de commencer l'étude de la loi article par article, ce sont
là toutes des questions qu'il me semble nécessaire de poser au
ministre, pour que nous soyons en mesure de mieux évaluer les
différents articles de ce projet de loi. C'est tout.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Ouellette: J'ai environ quatre sujets. Je vais essayer de
faire vite. Madame nous mentionne que cela manque un peu de transparence. Je
pourrais me défendre en disant qu'on passe du verre à l'aluminium
et que l'aluminium est moins transparent, mais ce ne serait pas une
réponse tout à fait conforme à ses désirs.
En fait, il y a des ententes qui sont en négociation au moment
même où on se parle. C'est la fin des négociations, parce
qu'elles durent depuis plusieurs mois. Elles mettent à l'épreuve,
si vous me permettez l'expression, tous les intervenants du domaine de la mise
en marché de liquides, c'est-à-dire les boissons gazeuses et la
bière, en canette d'aluminium. Cela veut dire les franchiseurs, donc les
propriétaires des grandes compagnies, comme Coca-Cola, Seven-Up, Pepsi,
etc., qu'on retrouve généralement à
Toronto. Cela veut aussi dire les distributeurs régionaux de
chacune de ces compagnies et cela veut aussi dire ceux qui seront
appelés à percevoir la consigne auprès des consommateurs,
donc les distributeurs locaux, les épiciers, par exemple.
Je ne peux pas rendre public le résultat des négociations
qui ont lieu depuis un certain nombre de mois. Je pense que cela serait trahir
la confiance de ces gens-là. C'est eux qui seront appelés
à le rendre public lorsque les ententes auront fait l'objet d'un
consensus auquel, d'ailleurs, le ministère de l'Environnement devra
être partie.
On s'interroge aussi sur les catégories de contenants. On parle
toujours de canettes d'aluminium, de boissons gazeuses et de bière
seulement. La Loi sur la qualité de l'environnement, qui a
été votée il y a plusieurs années, prévoyait
déjà donner au ministre de l'Environnement le pouvoir
d'étendre les contenants visés par consigne à peu
près à tout ce qu'il y a de contenants en général.
Cela peut aller jusqu'aux gâteaux, jusqu'aux jus, jusqu'au lait, etc.
Donc, on n'a pas besoin de modifier cela. Tout ce qu'on cherche à faire
dans cette loi-là, c'est de préciser l'ancienne loi pour lui
donner un peu plus de clarté. On trouvait cela à l'alinéa
j. La loi permet de "prescrire le paiement d'un dépôt à
l'achat de tout bien contenu dans toute catégorie de contenants ou
d'emballages désignée comme retournables et déterminer le
montant et les conditions de ce dépôt." C'était à
l'article 70 de la Loi sur la qualité de l'environnement.
Ici on précise qu'il s'agit de bière et de boissons
gazeuses seulement, ce qui n'exclut pas qu'éventuellement notre
gouvernement ou d'autres gouvernements en viennent à viser d'autres
contenants, pour les jus, le lait, etc., mais, pour l'instant, on ne touche pas
à cela.
On me demande combien de gens formeront l'organisme. S'il s'agit de
l'organisme qui sera mis au monde à l'intérieur des ententes, au
cours des dernières discussions dont j'ai eu connaissance, on parlait
d'une douzaine de personnes, c'est-à-dire des représentants des
franchiseurs, des représentants de l'Association des brasseurs, des
représentants de l'Association des distributeurs de boissons gazeuses,
des représentants aussi de détaillants et des
représentants du ministère de l'Environnement. Quant aux
règles de fonctionnement de cet organisme, c'est un organisme à
but non lucratif, dont le seul but est de gérer le fonds qui n'est pas
gouvernemental et d'affecter les sommes d'argent qui resteront à des
fins environnementales. C'est donc cet organisme qui dira si FAPEL a droit
à certaines sommes d'argent pour effectuer certaines tâches bien
précises. Ce sera vraiment de la juridiction interne à
l'organisme et qui ne sera pas gouvernementale, mais où le
ministère de l'Environnement va être présent, aura son mot
à dire, bien sûr et de façon importante.
Enfin, je pense que j'ai répondu aux points les plus importants.
C'est une corporation à but non lucratif; si c'est un organisme
gouvernemental maintenant, ce sera toujours une corporation à but non
lucratif, à structure légère; peu de gens, dont le
rôle sera plus limité que celui prévu à l'organisme
privé. Son rôle se limitera à recevoir les consignes,
à payer sa propre administration et à verser le résidu au
fonds consolidé du Québec, ce qui signifie que, dans un tel cas,
le ministre de l'Environnement, s'il veut récupérer les sommes
ainsi versées au fonds consolidé, devra s'adresser au
gouvernement pour se faire allouer des montants d'argent. Voilà pourquoi
je préfère la formule privée, parce que, là, je
suis certain que tout le résidu ira à des fins environnementales,
sans qu'on ait à faire la demande à qui que ce soit. C'est
pourquoi je favorise la formule privée d'emblée.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt: Je me demande si le ministre était
réellement prêt à présenter une telle loi,
étant donné qu'il n'est pas encore au courant de la
manière que cette loi sera administrée. Il n'a pas prévu
un peu longtemps d'avance au moins un schéma de règlement qui
pourrait nous donner beaucoup plus de renseignements lors de l'étude du
projet de loi en question.
Je pense que, réellement, le ministre ne semble pas trop savoir
où il va avec cette loi, car, ordinairement, lorsque l'on
présente une loi, les règlements sont en préparation, si
vous voulez, depuis un bon bout de temps, même avant l'étude
article par article. Il arrive assez souvent que les règlements soient
déposés en même temps; cela nous aide beaucoup à
étudier la loi, à savoir quelle sera la portée de la loi;
mais le ministre ne semble pas savoir quel nom la loi portera, qui administrera
les consignes de cette loi. Cela me surprend beaucoup.
Est-ce que le ministre peut me dire s'il y aura des amendes
prévues pour faire respecter cette loi?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Vaillancourt: Et puis, disons que je vais lui poser une autre
question tandis que j'ai la parole. Quand s'attend-il de mettre en application
la loi en question?
M. Ouellette: M. le Président,
rapidement, je voudrais contrer les propos du député
d'Orford, lorsqu'il dit que le ministre n'a pas l'air de savoir où il
va. Je vais lui montrer que je sais où je vais. Je sais qu'il faisait
allusion à la réglementation.
J'ai mentionné quatre éléments qui devraient
être contenus dans la réglementation, dans l'hypothèse
où, les ententes n'ayant pas réussi, on doive appliquer la loi
86.
Premièrement, préciser les catégories de
contenants. Je l'ai dit, ce sont tous les contenants de bière et de
boissons gazeuses à usage unique, cela veut dire le "plasti-shield" les
canettes d'aluminium, les canettes actuelles en bimétal, qui contiennent
de la bière ou des boissons gazeuses. Donc le premier
élément, l'on sait où on va, on sait ce que l'on vise.
Deuxièmement, fixer le montant de la consigne et indiquer les
personnes chargées de la percevoir. On le sait très bien, on a
même fixé cette consigne à 0,05 $. Il y a
déjà un certain temps que c'est rendu public. Indiquer les
personnes chargées de la percevoir. C'est le comité gestionnaire
du fonds, qui sera un fonds sans but lucratif, je l'ai mentionné tout
à l'heure, une corporation sans but lucratif avec un minimum d'individus
siégeant à cet organisme.
Troisièmement, établir les modalités de
remboursement des consignes. Nous sommes rendus dans la très fine
plomberie, on sait très bien que si le consommateur, au moment où
il achète une canette de Seven-Up, et se voit forcé de payer 0,05
$, c'est en rapportant sa canette chez le vendeur qu'il se verra rembourser ses
0,05 $. Cela montera dans la chaîne de traitement et, dans le mesure
où l'on déciderait, par exemple, et je pense que c'est ce que
nous ferons, cela méritera d'autres discussions avec les
"privés", parce qu'il faut respecter leur point de vue là-dessus,
cela irait jusqu'au palier régional, eh bien, le distributeur
régional se fait donner 0,05 $ par l'épicier, qui se fait donner
0,05 $ par le consommateur, qui se voit rembourser 0,05 $ par l'épicier,
qui se fait rembourser 0,05 $ par le régional. C'est donc le
régional qui serait chargé de recevoir la première
consigne et de la verser au fonds de gestion de cette consigne.
Ce qui peut se produire serait que l'on décide d'imposer la
consigne à partir du national, donc un palier plus haut. Selon les
discussions auxquelles j'ai participé, selon l'évaluation que je
peux faire des points de vue des "privés" dans ce secteur, j'ai
nettement l'impression que cela descendra au niveau régional pour
raccourcir la chaîne de traitement et éliminer des intervenants
qui ne seraient pas absolument indispensables. (15 h 45)
Finalement, fixer les modalités de transmission des consignes au
fonds. À ce moment, les régionaux reçoivent la consigne de
leurs distributeurs locaux et versent par chèque, j'imagine, au fonds
l'équivalent en argent tout simplement. Les quatre points de la
réglementation, nous les avons bien à l'esprit et nous savons
très bien où nous allons.
Il y avait une autre question du député qui
m'échappe pour l'instant.
M. Vaillancourt: Quand le ministre s'attend-il de mettre en
application ladite loi?
M. Ouellette: Le 15 juillet est la date qui nous vient à
l'esprit. Il faut donner le temps à l'organisation de se mettre en
place. J'ose espérer qu'au 15 juillet, que ce soit la structure
privée ou gouvernementale, nous serons prêts à laisser
entrer la canette d'aluminium avec consigne.
Le Président (M. Bissonnet): Nous allons commencer
l'étude...
M. Ouellette: Cela, c'est pour les boissons gazeuses. Pour la
bière, cela ira au 1er septembre.
M. Vaillancourt: Cela va être par étapes?
Le Président (M. Bissonnet): Nous allons commencer... M.
le député d'Orford.
M. Vaillancourt: M. le Président, tandis que j'ai le droit
de parole, le ministre parlait des 0,05 $ au niveau régional, à
différents autres niveaux; est-ce que cela veut dire que ce sera 0,05 $
plus 0,05 $ plus 0,05 $ la canette ou si c'est 0,05 $ en tout?
M. Ouellette: C'est 0,05 $ en tout.
M. Vaillancourt: II va y avoir probablement, comme il existe dans
certains États américains, celui qui la ramasse un peu partout
à 0,02 $; à un niveau plus élevé, il y a un autre
cent et, pour finir, ils ont un autre cent ou un cent et demi.
M. Ouellette: C'est 0,05 $, stable. Voici comment cela peut se
produire. Le distributeur Coca-Cola, région de Québec, par
exemple, met en circulation une canette remplie de Coca-Cola, il la vend
à un détaillant, il obtient de ce détaillant 0,05 $. Le
détaillant vend ladite canette à un consommateur. Il
perçoit 0,05 $ du consommateur et il est ainsi remboursé de la
consigne. Le consommateur boit sa canette et la ramène à
l'épicerie. Il se voit donc remettre les 0,05 $. Il est donc
remboursé. L'épicier retourne la canette au distributeur
régional et obtient à nouveau les 0,05 $ du
fonds. Entre les deux, il faut prévoir une structure qui va
permettre de regrouper toutes ces canettes pour qu'il n'y ait pas de tri, on
n'aura pas besoin de faire de tri, que ce soit de la bière, du
Coca-Cola, du Seven-Up ou de l'orangeade, cela ne change rien, c'est la
même canette.
M. Vaillancourt: Pour autant que ce soit en aluminium.
M. Ouellette: C'est cela. La canette sera propriété
du distributeur régional, qui pourra en disposer à sa guise,
c'est-à-dire qu'il pourrait, par exemple, remettre l'ensemble des
canettes récupérées à un groupe régional de
récupération, qui en disposerait chez le fondeur d'aluminium.
Donc, tout le monde a été remboursé de ses 0,05 $ dans ce
cycle et le récupérateur régional trouve son profit en
vendant la canette au fondeur. Cette canette a une valeur résiduaire de
l'ordre de 0,015 $, ce qui veut dire 900 $ la tonne. Donc, lui aussi trouve un
profit à faire la cueillette régionale en vendant le tout au
fondeur, qui en refait de l'aluminium qu'il revend au fabricant de
canettes.
M. Vaillancourt: Cela veut dire qu'il paierait 0,05 $ et il
vendrait 0,015 $ de plus que les 0,05 $ au fondeur.
M. Ouellette: Je reprends mon processus. L'embouteilleur
régional qui a vendu 100 000 canettes a reçu 100 000 fois 0,05 $,
cette somme s'en va directement au fonds. Il se fait rembourser par l'ensemble
de ses vendeurs régionaux, qui se font rembourser par l'ensemble des
consommateurs régionaux, qui se font rembourser eux aussi par
l'épicier et celui-ci est remboursé par le distributeur
régional, qui se fait rembourser par le fonds.
M. Vaillancourt: Cela arrive à zéro.
M. Ouellette: C'est cela. C'est neutralisé
complètement. En fin de processus, il va rester deux choses. Il va
rester une partie du fonds, puisque toutes les canettes ne reviendront pas.
Donc, une partie des 0,05 $ ne sera pas remboursée parce que la canette
est soit dans les vidanges, soit dans le fond d'un lac. On ne
récompensera personne pour cela. Donc, il va rester une partie du fonds.
Dans l'hypothèse du consommateur privé, cette partie va servir
à payer l'administration de l'organisme et consacrer de l'argent
à des fins environnementales.
La canette s'étant accumulée chez un
récupérateur régional va se retrouver chez le fondeur
à raison de 0,015 $ ou de 0,012 $ ou 0,011 $, cela va dépendre
des négociations qu'ils feront avec les acquéreurs fondeurs et
c'est là qu'il va trouver son profit. Donc, la consigne, c'est un cycle
complet et la disposition de l'ensemble des canettes chez le fondeur, c'est un
autre cycle à sens unique qui voit à rémunérer le
récupérateur régional. Et là, je verrais cela d'un
bon oeil, ce sont les distributeurs régionaux qui décideront,
mais cela peut être un revenu intéressant pour les groupes de
récupération qui existent déjà en région, et
il y en a au moins 30.
Le Président (M. Bissonnet): Nous procédons
à l'article... Avez-vous d'autres questions?
Mme Bacon: Je reviendrai sur ce sujet, parce que je pense en
fonction du consommateur, qui va un jour payer un peu plus cher sa canette de
boisson ou de bière. C'est ce qui m'inquiète aussi.
M. Ouellette: C'est une question qu'il faudrait poser aux
utilisateurs de ces canettes. Ce n'est pas le gouvernement qui va dire à
Coca-Cola: vous devez prendre des canettes d'aluminium. C'est le choix de
Coca-Cola.
Mme Bacon: Mais ce sont des effets de votre politique qui peuvent
amener une augmentation du coût pour le consommateur.
M. Ouellette: Le seul écart de coût peut être
entre le coût d'une canette d'acier et d'une canette d'aluminium.
M. Tremblay: Cela serait-il acquitté par le consommateur
ou par la qualité de la vie?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
Mme Bacon: II me semble qu'un ne va pas sans l'autre, M. le
député de Chambly.
M. Ouellette: Notre loi instaure 0,05 $ et il y a remboursement
au consommateur, s'il rapporte sa canette. Donc, il n'y a pas d'augmentation de
coût à ce niveau-là. Par contre, si la canette d'aluminium
vaut 0,16 $ alors que la canette d'acier en valait 0,10 $, c'est sûr que
le consommateur va payer 0,06 $ de plus. Mais, ces 0,06 $, c'est la
décision de Coca-Cola et non celle du gouvernement.
Mme Bacon: De toute façon, M. le Président, je n'ai
pas de leçon à recevoir sur la qualité de la vie de la
part du député de Chambly.
Étude détaillée
Le Président (M. Bissonnet): Nous procédons
à l'étude article par article.
J'appelle l'article 1. M. le ministre, avez-vous des commentaires
à apporter sur l'article 1?
Définitions
M. Ouellette: L'article 1 vise tout simplement à
préciser dans sa définition le mot "système de gestion des
déchets", et celui-ci comprend également le mot "recyclage". Au
moment où la Loi sur la qualité de l'environnement a
été rédigée, la notion de recyclage n'existait pas.
Alors, on veut l'ajouter à la notion "traitement des déchets
domestiques". C'est une question de modernisation.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Bacon: II est évident qu'en vertu de l'ancien
système, on parlait de récupération. Ici on ajoute une
notion nouvelle, la notion de recyclage. On a l'impression qu'on tente de
séparer les deux notions "récupération" et "recyclage",
alors que, dans les faits, l'un ne va pas sans l'autre. Le principal
problème au Québec, c'est la récupération, ce n'est
pas le recyclage. Je pense que la récupération est un des grands
problèmes au Québec. Alors qu'il y a une absence de politique
dans ce domaine, on tente d'intégrer des mots aux termes nouveaux. Il y
a une absence, et je le redis encore une fois, de réglementation
précise sur tout ce sujet. Est-ce qu'on a l'intention de
réglementer ces notions nouvelles?
M. Ouellette: Je peux répondre? Mme Bacon: Oui,
c'est ma question.
M. Ouellette: Non, pas du tout. C'est sûr que de la
récupération et du recyclage, il s'en est fait depuis toujours au
Québec. Par exemple, on avait ce qu'on appelait vulgairement les cours
de "scrap". C'était quoi? C'était tout simplement des gens qui
s'intéressaient à récupérer le vieux métal
pour fins de revente. À la suite de la revente, l'acquéreur fond
ce métal et, ce faisant, il le recycle.
Dans la Loi sur la qualité de l'environnement, telle qu'elle
existait, cette notion ne faisait pas partie de la chaîne de traitement
des déchets. Alors, nous ajoutons ce mot pour moderniser notre loi. La
même chose se faisait du côté du papier et du verre. En
somme, il y a déjà une infrastructure intéressante au
Québec, mais elle était détachée de la chaîne
de traitement des déchets parce que, à l'époque où
la loi a été rédigée - je pense que c'est autour de
1979 - cette notion n'existait pas. Comme on entend la
généraliser, on veut la rattacher à la chaîne de
traitement tout simplement.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Bacon: À ce moment-là, est-ce que l'article 1
est vraiment d'une grande utilité? Si on n'a pas l'intention de
réglementer des notions nouvelles, par exemple, a-t-on vraiment besoin
de l'article 1?
M. Ouellette: C'est purement technique et de cohérence.
Dans les faits, le recyclage n'est pas détaché de la chaîne
de traitement, alors, aussi bien le traduire comme tel dans la loi. Cela ne
change strictement rien, sauf que cela fait une forme de cohérence dans
ce secteur.
Le Président (M. Bissonnet): Y a-t-il d'autres remarques
des députés sur l'article 1? M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, je voudrais savoir
du ministre si, en ajoutant le mot "recyclage", cela étend les
possibilités à des transformations de déchets - cela peut
aussi bien être des déchets de table et des choses comme cela - en
compost.
M. Ouellette: Le fait d'introduire le mot "recyclage" dans la loi
générale ne change rien à la structure existante. Ce n'est
que pour une question d'ordre technique que nous l'incluons, puisque cela fait
maintenant de plus en plus partie dans l'esprit des gens de cette chaîne
de traitement. Cela ne veut pas dire qu'on va mettre nécessairement en
place des organismes et qu'ils vont faire une opération de plus, tel le
recyclage. Mais on veut tout simplement démontrer que, lorsqu'on parle
de traitement des déchets, cela comprend non seulement la cueillette,
l'enfouissement sanitaire, le tri à la source ou ci ou cela, mais que
cela inclut également le recyclage, qui est le débouché de
l'avenir dans le domaine de la cueillette des ordures
ménagères.
Le Président (M. Bissonnet): Y a-t-il d'autres remarques
des députés? Est-ce que l'article 1 est adopté?
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
Vous avez un amendement?
M. Ouellette: M. le Président, j'ai un papillon, c'est un
ajout.
Le Président (M. Bissonnet): Oui, un papillon. M. le
ministre, vous avez la parole.
Fonctions et pouvoirs du ministre
M. Ouellette: Ce papillon se lirait comme suit: L'article 2 de
cette loi est modifié par l'addition après le paragraphe h du
suivant, le paragraphe i: "Conclure une entente avec toute personne ou
municipalité afin de faciliter l'exécution de la présente
loi, notamment à des fins de récupération et de
recyclage."
Ce que le ministre cherche en incluant cet ajout, c'est d'avoir le
pouvoir très clair de procéder à des ententes avec les
municipalités ou avec des individus aux fins de mettre en place une
chaîne de traitement incluant le recyclage.
Le Président (M. Bissonnet): L'amendement que vous
ajoutez, l'article 1,1, est re-cevable et je reçois l'amendement.
Mme la députée de Chomedey, si vous le voulez, de
même que les membres de la commission, vous pouvez prendre connaissance
du document.
M. Vaillancourt: M. le Président, ce n'était pas
dans la loi?
Mme Bacon: Non, non.
M. Vaillancourt: Selon l'article 70, vous avez les pouvoirs de
faire des règlements.
M. Ouellette: Ce n'est pas la même chose.
M. Vaillancourt: Ce n'est pas la même chose?
M. Ouellette: Là, ce n'est pas un règlement qu'on
veut faire, c'est passer des ententes avec les intervenants, qu'ils soient
privés ou municipaux; tout simplement, c'est une clarification en
somme.
M. Vaillancourt: Ce que je veux dire, selon l'article 70, vous
avez le pouvoir de faire des règlements et, dans vos règlements,
vous avez le pouvoir d'y mettre cela.
M. Ouellette: Oui, mais cela s'appelle toujours, loi,
règlement, coercition, tordage de bras. Or, nous voulons apporter une
notion tout à fait différente qui va vers celle du gentleman's
agreement c'est-à-dire qu'on puisse s'entendre sans
réglementation nécessairement et passer de telles ententes sans
avoir à casser les bras de qui que ce soit. On respecte beaucoup
l'autonomie municipale notamment.
M. Vaillancourt: Ce qui veut dire que, si c'est dans la loi, il
n'y aura pas de marchandage, c'est la loi.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Ouellette: C'est cela, c'est tout simplement le pouvoir de
passer des ententes avec les intervenants plutôt que d'appliquer la loi
unilatéralement. Il y a plusieurs municipalités qui, au sommet et
par la suite, nous ont manifesté le désir de faire des choses.
Elles nous ont demandé notre collaboration; on veut avoir le pouvoir de
signer des ententes avec ces municipalités pour qu'on puisse, main dans
la main et tout en respectant leur juridiction, les aider à
réaliser leurs voeux.
M. Vaillancourt: Je ne suis pas contre cet amendement, mais je
dis que vous pouviez vous donner les mêmes pouvoirs avec l'article 70
dans vos règlements.
M. Ouellette: On me signale ici qu'on ne peut pas, par voie
réglementaire, se donner le pouvoir de passer des ententes. Il faut
vraiment modifier la loi comme telle.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Bacon: Merci, M. le Président. Est-ce que le ministre
voit une possibilité de dérogation à la loi sur certains
éléments venant par exemple des municipalités? Est-ce que
le ministre - je reviens encore à ma demande - a un projet d'entente qui
peut être présenté ou entériné par les
municipalités ou des personnes avec le ministère? Est-ce que
cette entente - comme on ne sait pas ce que c'est, vous nous demandez de vous
donner un chèque en blanc encore - sera publiée dans la Gazette
officielle afin que quelqu'un sache ce que c'est cette entente?
M. Ouellette: Pour bien saisir l'importance de cet ajout, on sait
qu'actuellement il y a des négociations qui ont lieu avec les
intervenants dans le domaine de la bière et des boissons gazeuses. Cela
va déboucher sur des ententes. Dans le projet de loi 87, qui sera
à l'étude ce soir, en Chambre, il est précisé que
le ministre de l'Industrie et du Commerce accorde des permis à des
organismes qui ont conclu des ententes avec le ministère de
l'Environnement. En d'autres mots, si, aujourd'hui, au Concorde, on en vient
à une entente, cette entente devra être entérinée
par le ministre de l'Environnement. C'est en vertu de l'article 1 qu'on pourra
le faire. À la suite de cela, le ministre de l'Industrie et du Commerce
pourra émettre un permis à ces gens pour agir dans le secteur.
Voilà pourquoi on veut avoir de façon très concrète
le pouvoir de passer des ententes. (16 heures)
Le Président (M. Bissonnet): Y a-t-il
d'autres remarques à ajouter sur l'amendement à l'article
1.1 du projet de loi 86? Pour les fins du journal des Débats, la
proposition se lit ainsi: L'article 1.1 est ajouté et se lit comme suit:
"L'article 2 de cette loi est modifié par l'addition après le
paragraphe h du suivant: "i Conclure une entente avec toute personne ou
municipalité afin de faciliter l'exécution de la présente
loi, notamment à des fins de récupération et de
recyclage." L'amendement est-il adopté?
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 2? M. le ministre,
avez-vous des commentaires à faire sur l'article 2?
Qualité de l'eau et gestion des eaux
usées
M. Ouellette: M. le Président, cet article vise à
permettre au sous-ministre de l'Environnement d'exiger des modifications des
plans et devis lorsqu'il est saisi d'une demande d'autorisation en vertu de
l'article 32 de la Loi concernant les réseaux d'aqueduc et
d'égout.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey, avez-vous des remarques à faire sur l'article 2?
Mme Bacon: Non.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 2 est-il
adopté?
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 2 est adopté
sur division. Article 3? M. le ministre.
M. Gagnon: M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: J'aimerais savoir pourquoi l'article est adopté
sur division. Est-ce que le principe de la loi...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Champlain, dès que...
M. Gagnon: Je sais que c'est une question qui ne se pose pas,
mais je vous la pose quand même. Je trouve cela curieux qu'on adopte ces
articles sur division.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Champlain, votre argumentation n'est pas recevable. C'est le privilège
de l'Opposition de dire si elle accepte l'article comme tel ou sur division.
Elle a manifesté l'intention que ce soit sur division et le
président adopte ces articles sur division.
Si Mme la députée de Chomedey veut ajouter quelque chose,
elle peut bien le faire, si elle le désire.
Mme Bacon: Cela m'amuse de voir que le gouvernement pose des
questions à l'Opposition, M. le Président. Tout ce que je peux
dire, c'est que la série de questions que j'ai posées au ministre
et le fait d'avoir dit que, pour moi, c'est un manque flagrant de transparence
doit donner la réponse au député de Champlain. Je ne peux
pas adopter les articles.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, on revient à
l'article 3. M. le ministre.
M. Ouellette: Avant de passer à l'article 3, me
permettez-vous d'apporter une précision sur l'article 2?
Le Président (M. Bissonnet): Certainement, avec
consentement, M. le ministre.
M. Ouellette: La loi actuelle dit que le sous-ministre de
l'Environnement peut approuver ou refuser d'approuver les plans et devis qui
lui sont soumis pour des travaux d'aqueduc et d'égout. En somme, la loi
telle qu'elle existe ne donne pas au sous-ministre de latitude autre que de
dire oui ou non. Il ne peut pas se permettre de faire des suggestions à
l'effet de modifier les plans et devis pour qu'ils soient plus
économiques, etc. L'article 2, tel qu'énoncé ici, permet
au sous-ministre non pas seulement de dire oui ou non, mais de dire: Oui,
à la condition que vous fassiez telle modification.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Bacon: M. le Président, il y a toute une
différence entre dire oui et non.
M. Ouellette: Je comprends, mais si on apporte des plans et devis
pour des travaux de 5 000 000 $ et qu'à l'intérieur de ces
travaux il y a un élément qui est inacceptable au sous-ministre
de l'Environnement, il va dire non et on reprend tous les plans et devis.
Alors, on veut ouvrir la loi pour lui permettre de dire: Si vous faisiez telle
modification à vos plans et devis sur un détail, on pourrait les
approuver et faire filer les travaux plus rapidement.
Mme Bacon: C'est le sous-ministre qui va mener le
ministère à ce moment-là. C'est ce qui m'inquiète.
Vous donnez énormément de pouvoir à votre
sous-ministre.
M. Ouellette: Je regrette, mais il n'y a pas un seul ministre sur
la terre qui aurait le temps de regarder les plans et devis techniques de 350
ou 400 contrats qui lui sont soumis par année.
Mme Bacon: Qui établit les normes des plans et devis?
M. Ouellette: Les normes existent déjà au
ministère de l'Environnement. Il suffit de vérifier si les plans
et devis sont conformes à ces normes. Si le sous-ministre se contente de
dire: Je refuse vos plans, sans dire même pourquoi, tel que le lui permet
la loi, on risque de tourner en rond très longtemps. Cela s'est produit.
Donc, on dit au sous-ministre: Désormais, dites non, mais dites pourquoi
vous dites non et dites ce qu'il faudrait faire pour être capable de dire
oui.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Bacon: M. le Président, que fait le ministre du
rôle des corporations professionnelles dans tout cela?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Ouellette: Quant au rôle des corporations
professionnelles, si on pense aux ingénieurs civils, par exemple, qui
travaillent sur les réseaux d'aqueduc et d'égout, ils peuvent
très bien prévoir un réseau d'aqueduc et d'égout
qui ait trois fois le volume nécessaire, ce qui triple le coût des
travaux et ce qui augmente aussi le revenu de ces gens-là parce qu'ils
marchent "cost plus". Le rôle du ministère de l'Environnement est
donc de s'assurer que les plans et devis qui lui sont soumis répondent
aux besoins réels des populations tout en minimisant le plus possible
les coûts. Il se peut très bien que le sous-ministre puisse dire:
Nous n'acceptons pas vos plans parce que les volumes des tuyaux sont trop
grands par rapport aux besoins de la population à desservir; nous vous
recommandons donc, au lieu de mettre un 14 pouces "high pressive", de vous
contenter d'un 8 pouces fonte ductile par exemple.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre est en train de nous dire qu'il
n'a pas confiance au rôle des corporations professionnelles?
M. Ouellette: Non, je leur fait tout à fait confiance mais
est-ce que la vertu est également distribuée et que l'erreur est
absente chez les corporations professionnelles? Je pense que non.
Mme Bacon: Est-ce que l'erreur est absente aux décisions
du sous-ministre?
M. Ouellette: II faut qu'on joue un rôle de protecteur des
citoyens, aussi, au niveau des coûts. Cela s'est déjà vu
des plans et devis qui coûtaient quatorze fois le prix. On a connu
ça à Montréal il n'y a pas tellement d'années. S'il
y avait eu un organisme de surveillance qui avait dit: Écoutez, si vous
vous alignez vers tels plans et devis ça va coûter 1 000 000 000 $
de déficit, on aurait épargné 1 000 000 000 $.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 2 est-il
adopté? Sur division. J'appelle maintenant l'article 3. Est-ce qu'il y a
des commentaires sur l'article 3? Est-ce que l'article 3 est adopté?
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 3 est adopté
sur division. J'appelle maintenant l'article 4. Est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'article 4?
Mme Bacon: Oui, M. le Président. Est-ce que le ministre en
a, M. le Président?
Le Président (M. Bissonnet): S'il n'en a pas, je vous
cède immédiatement la parole.
M. Ouellette: Enfin, cette modification vise à permettre
au sous-ministre, lorsqu'il est saisi, en vertu de l'article 32.9 de la loi,
d'une demande d'approbation de taux de la part d'un exploitant d'un
système d'aqueduc et d'égout, d'apporter des modifications lors
de cette approbation. Cela ressemble étrangement à l'autre,
à l'article 2. Le sous-ministre se voit faire une demande d'approbation
de tarif. Ou bien il l'accepte, ou bien il le rejette. Il n'a pas le pouvoir
actuellement de suggérer un tarif qui pourrait être quelque part
entre les deux, entre le minimum et le maximum. Aujourd'hui, le sous-ministre
pourra dire: Je n'accepte pas votre tarification; cependant, je vous
suggère de me présenter une demande allant dans ce sens, et il
pourra l'approuver immédiatement, si le cas se produit.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Bacon: À l'article 4, M. le Président, qui fixe
vraiment les taux? Est-ce que c'est le sous-ministre? Est-ce que c'est la
réglementation qu'on ne connaît pas? Pourquoi ne pas nous dire si
c'est le ministre qui va fixer les taux en question?
M. Ouellette: Les taux sont proposés par l'exploitant et
des auditions sont tenues. Â la suite de ces auditions, une
recommandation est faite au sous-ministre qui, lui, les approuve. S'il n'est
pas d'accord
avec la recommandation qui lui est faite, il lui sera maintenant
possible de faire une contreproposition modifiant la proposition qui lui est
faite aux fins d'ajuster le tarif conformément aux besoins de
l'exploitant.
Mme Bacon: Alors, la réglementation ne fixera pas les
taux?
M. Ouellette: Non. Il faut remarquer ici qu'on parle uniquement
des réseaux privés, parce que les municipalités fixent
leurs taux elles-mêmes.
Mme Bacon: D'accord.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: M. le Président, Mme la députée
de Chomedey vient de mentionner qu'on ne connaît pas la
réglementation. Je pense qu'en ce qui concerne l'article 4, qui fait
référence à l'article 32.9, ce n'est pas nouveau, c'est
une réglementation qui est connue. Je pense que, pour tous les
propriétaires de réseaux privés, actuellement, ce n'est
pas nouveau, c'est un article qui est tout simplement modifié,
connaissent cette réglementation, ça se fait depuis longtemps.
Vous n'êtes pas d'accord avec cela?
Mme Bacon: M. le Président, le député de
Champlain a dû comprendre, cela fait tant de fois que je le demande, ou
c'est parce qu'il ne veut pas le comprendre. Cela fait tellement de fois que je
demande la réglementation de ce projet de loi. C'est ça que nous
n'avons pas.
M. Gagnon: Si vous me permettez, Mme la députée, ce
que je trouve dommage, c'est qu'après avoir...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Champlain, vous avez la parole.
M. Gagnon: Après avoir manifesté ma
préoccupation pour l'environnement en général,
personnellement, ça me fait mal de voir que des membres de la
commission, sur des articles aussi fondamentaux en ce qui concerne la
protection de l'environnement -peu importe de quel côté on se
trouve, on adopte des articles de fond, comme ça - ont des
réserves. Que ce soit adopté sur division, j'ai de la
difficulté à l'accepter. Ce n'est pas à moi à
m'imposer, bien sûr, mais, lorsqu'on dit qu'il faut sensibiliser
l'opinion publique, il faut faire tout ce qu'on peut comme gouvernement pour
faire en sorte que la population prenne ses responsabilités quand on
voit qu'une loi de base comme ça est adoptée sur division...
C'est la remarque que je fais.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre, vous avez des
remarques à faire?
M. Ouellette: Pour la bonne compréhension de tout le
monde, il faudrait préciser ici qu'il s'agit d'un projet de loi à
caractère omnibus, qui vient modifier un certain nombre d'articles de la
Loi sur la qualité de l'environnement, donc qui n'entraîne pas de
réglementation, elle existe, cette réglementation. On vient
simplement préciser des articles de la loi dont la réglementation
existe déjà. Un seul volet peut faire l'objet d'une
réglementation, c'est le volet de la consignation des contenants
à usage unique. J'en ai parlé tout à l'heure.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Bacon: M. le Président, le ministre me permettra de
lui redire que ce sont quand même des modifications majeures. Je ne pense
pas qu'il faille banaliser le projet de loi qu'il nous présente pour
avoir l'acceptation de l'Opposition. Je redirai au député de
Champlain qu'il fait son travail d'adjoint parlementaire du ministre et qu'il
se doit d'apporter son appui au ministre, je n'ai rien contre cela, mais il
devrait comprendre, lui qui dit que cela lui fait de la peine, combien je
souffre d'avoir un tel projet de loi devant moi aujourd'hui.
M. Gagnon: Vous avez l'air tellement souffrante
présentement!
Mme Bacon: Je pense qu'il va sûrement comprendre l'attitude
du parti de l'Opposition. Il va comprendre qu'on aimerait davantage être
au courant de tout ce qui a été fait, ententes,
négociations et tout. On nous parle d'ententes, on n'a pas de texte. On
nous parle de négociations, on ne sait plus trop avec qui ceci ou cela a
été négocié. En tout cas, je n'ai pas à me
défendre. Je veux juste lui faire remarquer combien je souffre et qu'il
n'utilise surtout pas cela en fin de semaine au cours de son congrès,
parce qu'on pourra lui répondre là-dessus.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division.
M. Gagnon: Même si vous ne vouliez pas vous
défendre, votre défense est quand même faible.
Mme Bacon: Mais non! Mais non! Si peu!
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaîtï
M. le député de Champlain. J'appelle maintenant l'article 5. M.
le ministre, avez-vous des commentaires à formuler sur l'article 5?
M. Ouellette: J'ai plus que des commentaires, M. le
Président, puisque j'ai une modification à apporter à cet
article qui dirait ceci: - il y a le libellé existant...
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que vous avez
l'amendement pour les membres de cette commission?
M. Ouellette: Vous en avez des copies.
Le Président (M. Bissonnet): Si vous en aviez d'autres, M.
le ministre, peut-être pourriez-vous les déposer en même
temps pour que les membres de cette commission puissent les avoir et
peut-être regarder d'avance, si c'est possible, lesdits amendements pour
qu'ils puissent être plus prêts à en discuter lorsque cela
arrivera?
M. Ouellette: Alors, il y avait déjà une
première modification qui était proposée dans le projet de
loi, qui est l'article 0.1 qui se lisait ainsi: "Établir les devoirs,
droits et obligations des abonnés d'un système d'aqueduc ou
d'égout exploité par une municipalité lorsque la
santé publique l'exige." Nous ajouterions l'article 0.2 qui dirait:
"établir des catégories d'abonnés ou d'exploitants."
Le Président (M. Bissonnet): II s'agit, M. le ministre,
d'ajouter un amendement à l'article 5 en ajoutant l'article 0.2
après le deuxièmement: "établir des catégories
d'abonnés ou d'exploitants."
M. Ouellette: C'est cela.
Le Président (M. Bissonnet): Le reste de l'amendement qui
a été distribué aux membres de cette commission est le
même texte qu'on retrouve dans le projet de loi tel qu'il a
été imprimé.
M. Ouellette: C'est cela.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que des
députés ont des remarques a formuler sur cet amendement? Mme la
députée de Chomedey.
Mme Bacon: Peut-être une question, M. le Président.
Est-ce que l'article 10d3 du règlement sur l'eau potable ne contient pas
déjà cette mention? Est-ce qu'on s'est basé sur la
qualité de l'eau potable? Est-ce que c'est vraiment utile de
l'insérer dans cette loi-ci?
M. Ouellette: Oui, dans le règlement sur l'eau potable, il
existe déjà une catégorisation de certains immeubles. Cela
vise notamment par exemple un hôtel qui serait alimenté par un
réseau privé ou par un puits et qui ne serait pas en mesure, pour
des raisons très précises, d'offrir une eau potable. Il se doit
notamment d'indiquer, par exemple, auprès de chacune de ses
chantepleures, que l'eau qui y est déversée est temporairement
non potable. C'est ce qu'on appelle catégorisation.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a d'autres
remarques des membres de cette commission?
Mme Bacon: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Pour les fins du journal des
Débats, l'article 5 est modifié par l'amendement suivant:
L'article 46 de cette loi est modifié: "1° par le remplacement, dans
la deuxième ligne du paragraphe "n" du premier alinéa, du nombre
"32.8" par le nombre "32.9". "2° par l'insertion, après le
paragraphe "o" du suivant: "établir les devoirs, droits et obligations
des abonnés et des exploitants d'un système d'aqueduc et
d'égout exploité par une municipalité lorsque la
santé publique l'exige. "établir des catégories
d'abonnés ou d'exploitants."
Est-ce que l'amendement est adopté?
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division.
Est-ce que l'article 5 tel qu'amendé est adopté?
Mme Bacon: Toujours sur division.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 5 est
adopté, tel qu'amendé, sur division.
J'appelle l'article 6? Est-ce qu'il y a des remarques, M. le ministre,
au niveau de l'article 6? (16 h 15)
Assainissement de l'atmosphère
M. Ouellette: On ajouterait à l'article existant:
"Lorsqu'il rend une ordonnance en vertu du présent article, le ministre
peut également invoquer des motifs qui permettent de rendre une
ordonnance en vertu de l'article 25". Cela vise à prévoir comme
motifs additionnels à l'émission d'une ordonnance en vertu de
l'article 49.1 de la
loi, ceux qui sont déjà prévus à l'article
25 ce cette même loi.
Le Président (M. Bissonnet): Y a-t-il des remarques des
membres de la commission?
Mme Bacon: II y aurait peut-être...
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Bacon: Je serais tentée de demander au ministre quels
seraient les motifs additionnels qui pourraient être invoqués?
M. Ouellette: La loi actuelle prévoyait que le
sous-ministre ou le ministre... Je m'excuse parce qu'il y a deux
éléments là-dedans: la loi actuelle prévoyait que
le sous-ministre pouvait émettre une ordonnance à l'endroit d'un
pollueur québécois dont les effets se retrouvaient sur le
territoire étranger, mais elle ne prévoyait pas qu'il puisse
intervenir au nom des résidents du territoire d'origine du pollueur.
Ainsi, par exemple, je pense à une entreprise qui aurait
été à la frontière du Québec près du
Nouveau-Brunswick, et que cette industrie aurait pollué, le
sous-ministre pouvait émettre une ordonnance à l'entreprise en
tenant pour acquis que les victimes étaient du côté du
Nouveau-Brunswick. Comme il est de notoriété publique que les
gens touchés par cette cause de pollution pouvaient se trouver
également sur le territoire québécois, on permet au
ministre d'émettre une ordonnance à partir du fait que les
Québécois sont pollués eux aussi.
M. Vaillancourt: M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt: M. le Président, à cet article,
étant donné que vous augmentez les pouvoirs d'une ordonnance,
est-ce que cela s'applique pour une municipalité qui veut faire entrer
un système d'égout dans un endroit donné même si les
résidents de cet endroit ne veulent pas l'accepter parce qu'ils ne
veulent pas le payer? Est-ce que cela peut, par ordonnance, leur être
imposer?
M. Ouellette: Ici, nous sommes uniquement dans le domaine de la
pollution atmosphérique. Cela ne touche pas la pollution des eaux.
Le Président (M. Bissonnet): Y a-t-il d'autres remarques
des membres de cette commission sur l'article 6? Est-ce que cet article est
adopté?
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 6 est adopté
sur division. J'appelle l'article 7. M. le ministre, avez-vous des remarques
sur cet article?
Gestion des déchets
M. Ouellette: Mon Dieu! Cette modification vise à exiger,
dès le stade de la demande, un certificat en vertu de l'article 54 de la
loi, une attestation de conformité à la réglementation
municipale. En d'autres termes, on exige ce certificat plus tôt dans le
processus pour éviter des dépenses inutiles. Autrefois, cela
venait beaucoup plus tard et la personne qui faisait cette demande pouvait se
la voir refuser alors qu'elle avait déjà exécuté
des travaux.
Mme Bacon: Je n'ai pas de question, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 7 est adopté
sur division. J'appelle l'article 8. M. le ministre, avez-vous des remarques
sur cet article? Est-ce que l'article 8 est adopté?
Mme Bacon: J'ai des remarques, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Bacon: L'article 8, à mon sens, pourrait, quand on le
lit, constituer une mesure de chantage. Par exemple, un exploitant pourrait se
voir enlever son permis après six mois d'activité, je me demande
si le ministre n'a pas déjà mentionné cela, alors qu'il
aurait investi quand même dans des installations. J'aimerais savoir quels
sont les critères de renouvellement. On veut également savoir les
raisons d'un renouvellement en deçà d'une période de cinq
ans par exemple. On veut savoir aussi si on offrira des garanties à un
gestionnaire avant qu'il n'investisse dans ces projets. Je pense que, quand on
se retourne vers des gestionnaires, ils vont vouloir avoir de meilleures
garanties. S'ils doivent répondre à des critères, est-ce
qu'on va le leur dire à l'avance? Est-ce qu'on va le leur faire savoir?
Est-ce que cela va être bien clair quand on va leur présenter un
tel contrat?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Ouellette: Dans la ioi actuelle, on avait prévu
l'émission d'un permis pour cinq ans et, après
vérification, on m'a informé que l'esprit du législateur
à l'époque était de permettre à une personne qui
investit une somme d'argent importante dans l'établissement d'un lieu
d'enfouissement sanitaire devait jouir d'un minimum de cinq ans de permis pour
être sûre de rentabiliser ses investissements.
Lorsque vient le temps de renouveler -et l'article ici parle bien de
renouvellement - il se peut que la même personne fasse une demande de
renouvellement et qu'on soit obligé de lui émettre un permis pour
cinq ans alors que nous savons que la durée utile de ce lieu
d'enfouissement n'est que de trois ans. Donc, la modification à la loi
donne un peu plus de souplesse au sous-ministre et au ministre pour
émettre de nouveau ce permis pour la durée de vie utile du lieu
d'enfouissement en question. Je dois signaler, pour rassurer Mme la
députée de Chomedey, que cette décision du
ministère de l'Environnement, on peut en appeler, c'est-à-dire
qu'on peut aller en appel si jamais on n'est pas satisfait de la période
qui serait fixée au moment du renouvellement du permis.
Mme Bacon: De quelle façon peut-on aller en appel?
M. Ouellette: C'est devant la Commission municipale que la
personne peut faire appel.
Mme Bacon: Est-ce que cela est bien expliqué et qu'on
donne toutes les informations aux gens à qui on donne un contrat de cinq
ans, par exemple? Quand on pense à des garanties?
M. Ouellette: Oui, sûrement.
Mme Bacon: Oui, on lui dira que s'il n'est pas satisfait des
décisions qu'il peut revenir en appel et on lui fera connaître
dans quel cas il peut le faire.
M. Ouellette: C'est cela.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre. Est-ce qu'il
y a d'autres remarques des membres de cette commission sur l'article 8 de ce
projet de loi? Est-ce que l'article 8 est adopté?
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 8 est adopté
sur division.
J'appelle l'article 9. Y a-t-il des remarques au niveau de l'article
9?
Est-ce que l'article 9 est adopté? Cela me prendrait un
consentement des membres...
Mme Bacon: J'aimerais ajouter, Mme la députée de
Mégantic-Compton, M. le Président, pour remplacer M. Ciaccia,
député de Mont-Royal, si les membres y consentent?
Le Président (M. Bissonnet): ...de la commission pour
accepter comme membre la députée de Mégantic-Compton. Je
crois qu'il y a consentement.
M. le député de Chambly.
M. Tremblay: Pour le remplacer, ne pourrait-on pas en prendre un
qui n'est pas là?
Le Président (M. Bissonnet): Elle remplace le
député de Mont-Royal, M. Ciaccia.
Mme Bacon: J'ai demandé qu'elle remplace le
député de Mont-Royal, M. Ciaccia.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, II y a consentement.
Mme la députée de Mégantic-Compton, vous avez la parole,
sur l'article 9.
Mme Bélanger: M. le ministre, faut-il déduire de
cet article, que le ministre peut exempter n'importe quelle municipalité
des règlements déjà existants, par exemple, le lieu
d'élimination, ou le ministre peut-il abroger tout règlements sur
le système de gestion de déchets?
M. Ouellette: Non, ce n'est pas cela du tout. Nous
remplaçons le mot "usine", lieu où l'usine est projetée,
par le mot "système de gestion des déchets", et c'est par
concordance avec les articles 54 et 55 de la loi, c'est-à-dire qu'on
remplace l'ancienne expression "lieu où l'usine est projetée pour
y inclure toute la chaîne de traitement des déchets domestiques
allant de la cueillette jusqu'au recyclage. Il faut dire que, tout à
l'heure, on a modifié un article de la loi pour inclure dans le
système de gestion le mot "recyclage" et c'est par concordance avec cet
article.
Le Président (M. Bissonnet): Y a-t-il d'autres remarques
sur l'article 9? Mme la députée de Chomedey.
Mme Bacon: M. le Président, est-ce que ce pouvoir de
libéraliser la loi, ce n'est pas un peu un pouvoir à outrance au
fond? Est-ce que tous ces pouvoirs sont donnés au ministre? Est-ce qu'il
peut aller aussi loin dans une libéralisation de la loi? Est-ce que
c'est normal?
M. Ouellette: Ce sont des pouvoirs existants au nom de la
salubrité publique.
Mme Bacon: Ce ne sont pas de nouveaux pouvoirs?
M. Ouellette: C'est cela. Non, pas du tout, on ne fait que
changer un terme par un autre. On prend un terme plus moderne tout simplement,
on ne donne pas de pouvoir additionnel.
Mme Bacon: Merci.
Le Président (M. Bissonnet): Y a-t-il d'autres remarques
à l'article 9? Est-ce que l'article 9 est adopté?
Mme Bacon: Adopté sur division.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 9 est adopté
sur division. J'appelle l'article 10. Est-ce que vous avez des commentaires sur
l'article 10?
M. Ouellette: M. le Président, on se contente tout
simplement de remplacer le mot "directive" par le mot "ordonnance".
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey, cela va-t-il?
Mme Bacon: Je n'ai aucun commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): II n'y a pas de
commentaire.
Est-ce que l'article 10 est adopté?
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 10 est
adopté sur division.
J'appelle l'article 11.
Est-ce que vous avez des remarques à l'article 11, M. le
ministre?
M. Ouellette: Cet article vise à prévoir le pouvoir
du ministre d'ordonner en vertu de l'article 60 de la loi la fermeture d'un
système de gestion de déchets. Là encore, c'est pour des
raisons de salubrité publique.
Le Président (M. Bissonnet): Y a-t-il des remarques, M. le
député d'Orford?
M. Vaillancourt: À l'article 11, ici, on doit distinguer
deux notions précises. Premièrement, en cas de suspension des
activités, on prévoit une indemnisation dans le cas des permis
d'exploitation et, dans le deuxième cas, des certificats d'acquisition.
On ne prévoit pas d'indemnisation. Est-ce qu'on retrouve ces
motifs...
M. Ouellette: Les motifs qui pourraient amener le ministre
à la fermeture d'un système de gestion de déchets sont des
motifs d'ordre sanitaire, donc qui visent la santé publique, ou encore
que le lieu en question soit comblé. Il n'y a pas d'indemnisation
possible. Ou bien le type change sa méthode de gestion
conformément à nos demandes, il s'y conforme et on n'a pas de
problème, ou bien il n'y a pas d'alternative dans l'autre cas. Ou bien
son lieu est plein et il le ferme, ou bien il ne l'est pas et il continue
à l'exploiter conformément à nos règlements. Il n'y
a pas d'indemnisation possible dans ces cas.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt: D'après l'article, le ministre peut, aux
conditions qu'il détermine. Est-ce que ça veut dire que les
municipalités n'ont pas de pouvoirs?
M. Ouellette: Êtes-vous à l'article 10 ou à
l'article 11?
M. Vaillancourt: À l'article 11. L'article 10 a
été adopté.
M. Ouellette: Le ministre reçoit une plainte, il fait donc
enquête pour voir le bien-fondé de cette plainte et, si
l'enquête nous démontre qu'il n'y a pas respect de nos
règlements, il peut, pour une des raisons que je viens d'évoquer,
voir à la fermeture du lieu. Tout cela est conforme à nos
règlements existants.
M. Vaillancourt: Mais la municipalité n'a rien à
dire dans l'application de cela?
M. Ouellette: Au cours de l'enquête, elle peut très
bien faire valoir son point de vue.
M. Vaillancourt: Mais elle n'a pas de décision à
prendre?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Ouellette: Je demande qu'on vérifie pour voir si cette
décision du sous-ministre ou du ministre peut faire l'objet d'un appel.
Je prétends qu'au cours de l'enquête, la municipalité, si
elle est gestionnaire de ce lieu, peut sans doute faire valoir son point de
vue.
M. Vaillancourt: II peut y avoir un appel. Est-ce qu'il y a des
indemnités versées dans certains cas?
M. Ouellette: Non, si l'enquête nous révèle
qu'il y a mauvaise gestion ou qu'il y a un lieu rempli, il n'y a pas
d'indemnité possible.
M. Vaillancourt: S'il y a une bonne
gestion, après enquête, et s'il y a eu des frais encourus,
est-ce qu'une indemnité est versée?
M. Ouellette: II n'y a pas de frais encourus, puisque
l'enquête est faite par le ministère. S'il n'y a pas mauvaise
gestion, il n'y a pas fermeture; donc, il n'y a ni indemnité, ni plainte
possible de la part du gestionnaire.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Bacon: À l'article 64, on indique: "À
défaut d'entente, le montant de cette indemnité est établi
par la Régie des services publics." Est-ce que ça tombe ou si
ça reste dans la loi?
M. Ouellette: À quel niveau?
Mme Bacon: À l'article 64 de la loi actuelle.
M. Ouellette: Cela demeure. Mme Bacon: Cela demeure. M.
Ouellette: Oui.
Mme Bacon: Est-ce que ça demeurerait dans le cas des
permis d'exploitation - je reprends ce que mon collègue disait - et des
certificats d'acquisition? Pour les deux? À l'article 64?
M. Ouellette: L'article 64 n'est nullement modifié.
Mme Bacon: Cela ne change pas du tout. Cela va.
Le Président (M. Bissonnet): Nous en sommes maintenant
à l'étude de l'article 11. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
des membres de cette commission à l'article 11? Est-ce que l'article 11
est adopté?
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 11 est
adopté sur division. J'appelle maintenant l'article 12. Est-ce qu'il y a
des remarques sur l'article 12, M. le ministre?
M. Ouellette: L'article 12, qui devient 64.1, vise à
préciser que le pouvoir du sous-ministre, en vertu de l'article 64.1 de
la loi, comporte celui de fixer des taux minima et maxima ou des taux fixes et
de permettre ainsi au sous-ministre, lorsque l'intérêt public
l'exige, de refuser de fixer des taux d'élimination des déchets.
Autrement dit, on donne une certaine souplesse, un peu à l'image de ce
qu'on traitait tout à l'heure, à savoir que le sous-ministre
puisse avoir le pouvoir de fixer un minimum et un maximum sans pour autant
avoir à fixer un taux fixe quelque part entre les deux, mais tout en lui
en gardant le pouvoir.
Mme Bacon: M. le Président, est-ce que ça implique
la disparition de la notion des taux séparés? L'ancienne loi,
à l'article 64.1, nous parle de taux séparés. Est-ce que
ça implique la disparition de cette notion? Ne bougez pas, on va dire
quel est le numéro.
M. Ouellette: La notion de taux séparés à
laquelle vous faites allusion demeure.
Mme Bacon: Elle demeure. M. Ouellette: Oui.
Mme Bacon: Cela ne disparaît pas. D'accord.
Le Président (M. Bissonnet): D'autres remarques sur
l'article 12?
Mme Bacon: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il est
adopté?
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 12 est
adopté sur division. J'appelle l'article 13. Est-ce qu'il y a des
remarques, M. le ministre?
M. Ouellette: Voilà l'article par excellence, M. le
Président, puisqu'il vise à permettre au gouvernement de
désigner un organisme chargé de gérer les consignes et
d'utiliser les surplus pour la conservation des ressources.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey. (16 h 30)
Mme Bacon: II me reste encore des questions, M. le
Président, il m'en restera longtemps. J'aimerais savoir du ministre
pourquoi les taux ne seraient pas fixés par règlement? On vient
de parler des taux à l'article 12. Pourquoi ces taux ne seraient-ils pas
fixés par règlement et pourquoi nommer un organisme? Est-ce que
cet organisme serait mandaté pour assurer la surveillance d'un
règlement éventuel? C'est ce qu'on aimerait savoir, M. le
ministre.
M. Ouellette: Je m'excuse, M. le Président. Il ne faut pas
confondre l'article 12, qui touche les lieux d'enfouissement sanitaire, et
l'article 13 qui verse dans un chapitre complètement
différent.
Mme Bacon: Non, c'est toujours à l'article 13.
M. Ouellette: Donc, il n'y a pas de taux à l'article 13.
La question que vous me posez est la suivante: Comment cet organisme sera-t-il
formé? Je pense y avoir répondu en parlant du secteur
privé. On a parlé d'une douzaine de membres, chacun
représentant des intervenants allant du "franchiseur" jusqu'au
détaillant. Ces gens-là seront payés, évidemment,
par jetons de présence. Il n'y a donc pas de salaire, à
proprement parler, affecté à ces gens-là. Si on prend la
formule gouvernementale, ce sera précisé dans un règlement
dont j'ai donné les quatre grandes balises tout à l'heure.
Mme Bacon: Je reviens encore à ma question au ministre.
Quand le ministre nous dit qu'il y aura peu de monde, cela veut dire
combien?
M. Ouellette: Seigneurl c'est tout le débat de "peut" et
"doit", mais là c'est un autre "peu"!
Mme Bacon: Non, ce n'est pas tout à fait la même
chose, M. le ministre.
M. Ouellette: Vraiment, c'est le minimum de gens possible. Ce
sera certainement inférieur à douze puisque, dans le secteur
privé, on prévoyait douze, mais ce sera sûrement
inférieur à douze. Ce sera plus près de cinq que de douze.
Je ne peux pas me couler carrément dans le béton parce qu'il se
peut très bien que certains autres ministères soient
intéressés, notamment, celui de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme ou celui du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. On nommera
autant d'individus qu'il en faut pour représenter chacun des organismes
intéressés.
Mme Bacon: Le maximum, c'est combien? Douze?
M. Ouellette: Ce seront des fonctionnaires. Ce sera
sûrement un maximum de douze, oui.
Mme Bacon: Nommés par le Conseil des ministres?
M. Ouellette: Oui, et ce seront des fonctionnaires et des
représentants de certains organismes qui seront payés sous forme
de jetons de présence.
Mme Bacon: Nommés aussi par le Conseil des ministres.
M. Ouellette: Oui.
Mme Bacon: Est-ce que le fait de créer un tel organisme
n'aurait pas pour effet d'éviter de passer par l'Assemblée
nationale, parce que ce sera le Conseil des ministres qui nommera ces
dirigeants de l'organisme? En fait, vous évitez de passer totalement par
l'Assemblée nationale.
M. Ouellette: Le fait de passer par l'Assemblée nationale,
c'est quand même très très exceptionnel. Il y a quelques
organismes qui doivent y passer; par exemple, le financement des partis
politiques passe par l'Assemblée nationale, le Protecteur du citoyen
aussi. Il y a deux ou trois organismes qui passent par là. L'ensemble
des autres organismes passe uniquement par le gouvernement.
Mme Bacon: La seule façon de vérifier
l'administration d'un tel organisme sera à l'occasion de l'étude
des crédits, si je comprends bien.
M. Ouellette: Oui, il faut dire que cet organisme devra
présenter ses états financiers; il devra également
présenter son budget pour l'année à venir et le faire
approuver.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt: M. le Président, l'organisme
créé pour l'administration de cette loi-là sera-t-il un
peu semblable à celui de la récupération du bois, REXFOR,
avec un président, un vice-président, des commissaires et des
personnes y siégeant.
M. Ouellette: Ce sera sûrement beaucoup moins large que
cela, puisque son rôle va se limiter à recevoir la consigne
perçue au niveau régional, à rembourser la consigne au
niveau régional et à gérer une partie du résidu de
ce remboursement pour ses fins et verser le reste au fonds consolidé du
Québec. C'est quelque chose de vraiment très léger comme
organisme.
M. Vaillancourt: Vous n'avez pas encore le portrait exact de
l'organisme en question?
M. Ouellette: Non.
M. Vaillancourt: Est-ce qu'il va falloir engager quelqu'un avec
autorité, comme un président, un vice-président de ce
petit comité restreint auquel vont s'ajouter des personnes un petit peu
partout dans la province? Je suppose qu'il va y avoir des inspecteurs, car
quelqu'un va surveiller l'administration en vue de la
récupération.
M. Ouellette: Oui, mais cela demeure une structure quand
même très légère: un
président, un vice-président et quelques membres d'un
conseil d'administration. Il n'est pas question d'élargir cela.
M. Vaillancourt: Découlant de ce conseil d'administration,
il va probablement y avoir des inspecteurs en province. Cela ne peut pas
s'administrer de Québec ou de Montréal.
M. Ouellette: Le ministère du Revenu sera appelé
à jouer un rôle là-dedans, puisqu'il s'agira de fonds
publics, donc de perception de sommes à être versées au
fonds consolidé. Il ne sera pas nécessaire d'équiper
forcément ce comité de tout le réseau d'inspecteurs qui
est déjà disponible au ministère du Revenu.
M. Vaillancourt: Cela veut dire que les mêmes inspecteurs
qui sont actuellement à l'emploi du ministère du Revenu seront
mandatés par cette loi pour la faire respecter.
M. Ouellette: C'est cela, c'est le scénario habituel.
Mme Bacon: M. le Président, j'aurais une question à
poser au ministre. Y a-t-il une obligation légale de retourner le
surplus au fonds consolidé? Est-ce à cause d'une obligation
légale laissée à cet organisme?
M. Ouellette: C'est pratique courante.
Mme Bacon: Ce n'est pas une société d'État,
à ce moment-là.
M. Ouellette: C'est pratique courante que d'agir ainsi, mais
c'est quand même une décision politique. Il faut remarquer que,
pour mettre en place cette structure, le ministre des Finances a
sacrifié une partie de ses revenus. Il élimine la taxe qui
était de 0,02 $, devant être portée à 0,05 $ au
cours des prochains mois. Évidemment, il va se rembourser en partie de
ce crédit qu'il nous accorde. Là où il devient
généreux, à mon avis, c'est en permettant que cette taxe
éliminée ne soit jamais remboursée dans ses coffres dans
la mesure où il y a entente et l'établissement d'un réseau
complètement privé, ce que je privilégie à tour de
bras.
Mme Bacon: Mais le ministre est en train de nous donner
drôlement raison. J'aimerais que le député de Champlain
écoute bien ses explications. Il dit: Le ministre des Finances perd
certaines sommes; il doit les récupérer d'une autre façon,
par le biais du retour au fonds consolidé. Comment pouvez-vous ensuite
aller chercher d'autres fonds pour la recherche? C'est ce que vous m'avez
déjà dit dans des discours. Comment pouvez-vous compter sur ces
fonds, puisqu'ils seront récupérés, et d'emblée,
par le ministre des Finances?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
Mme Bacon: ...pour penser recevoir des fonds additionnels, si
c'est gardé?
M. Ouellette: Vous retrouverez une partie de votre réponse
dans le texte de loi lui-même. On dit, à la fin du paragraphe:
"Les revenus et les surplus provenant de l'administration de ces consignes sont
affectés au paiement des dépenses effectuées pour le
fonctionnement de l'organisme." Donc, une partie de ces revenus sera
affectée à la gestion de l'organisme et à la
réalisation de son programme d'activités, c'est-à-dire que
l'organisme va proposer des activités pour l'année à venir
et ces activités vont être à caractère
environnemental. Déjà là, on va s'assurer qu'une partie
importante du résidu soit affectée au même titre que le
ferait l'organisme privé. Ce sont les activités.
Le solde. Une fois que les salaires sont payés, une fois que les
activités à caractère gouvernemental sont
réalisées, il y a un solde, et ce solde sera versé chaque
année au fonds consolidé selon les conditions et les
modalités fixées par le gouvernement.
Je voudrais apporter un élément additionnel dont je n'ai
pas encore parlé; je pense que c'est important que je le fasse. Dans
l'hypothèse où il y aurait 1 200 000 000 $ de canettes à
0,05 $, cela assurerait un revenu, en première année, de 60 000
000 $. De ces 60 000 000 $, si 50% des canettes étaient
récupérées, 30 000 000 $ retourneraient au consommateur.
Il reste donc un résidu de 30 000 000 $. C'est donc à même
ce résidu que devra se financer l'organisme, prévoir une
série d'activités et verser le reste au fonds consolidé.
Son l'objectif n'est pas de grossir les fonds de cet organisme. Au contraire,
idéalement, je souhaiterais que les fonds tombent à zéro,
parce que l'objectif qu'on poursuit avec notre projet de loi, c'est de faire en
sorte que la canette soit récupérée le plus possible. Si
on la récupère à 100%, il n'y a plus de revenus. Bravo!
Tous les consommateurs sont remboursés et l'environnement est
parfaitement protégé. Comme l'objectif prévu par le
gouvernement est de 50% la première année, de 50% la
deuxième et de 90% la troisième, après trois ans, cet
organisme va jouir de fonds beaucoup moins importants et il y a de fortes
chances que le Conseil du trésor, enfin que le fonds consolidé ne
touche plus un seul cent dès la troisième année.
Mme Bacon: La société idéale, la situation
idéale, tout le monde tend vers
cela, M. le Président. M. Ouellette: Oui.
Mme Bacon: Avant d'y arriver, il va y avoir, je pense, des
échelons à franchir. Cela peut prendre plus de temps qu'on ne
l'imagine. Vous parlez d'activités. Le ministère de
l'Environnement a des activités aussi. Quel type d'activités
trouvera-t-on sous le parapluie de cet organisme? Est-ce que ce sont des
activités administratives? Est-ce que ce sont des activités de
recherche? Est-ce que ce sont des activités intégrées aux
programmes déjà existants du ministère? Ce n'est pas
clair, M. le ministre.
M. Ouellette: Je peux vous donner les grandes lignes, encore une
fois. Il y a la promotion, l'éducation, la protection des ressources,
enfin tous les objectifs qui sont poursuivis par les groupes environnementaux
qui travaillent depuis un certain nombre d'années sur le territoire du
Québec. Évidemment, nos préoccupations vont être
environnementales. On n'a pas du tout l'intention de prendre ce fonds et de
s'en servir pour financer le ministère de l'Environnement. Nous voulons
plutôt que cela serve à tous les intervenants dans le milieu
québécois qui se préoccupent d'environnement; cela leur
fera une source de revenus additionnelle. Quant à entrer dans le
détail, je vous ferai remarquer que ce sera précisément le
rôle de ce comité gestionnaire du fonds que d'affecter au meilleur
de ses connaissances les résidus de cette consigne.
Mme Bacon: Est-ce que ces activités seront
intégrées aux programmes déjà existants du
ministère? N'y a-t-il pas un danger de dédoublement ou si on va
le faire strictement en complémentarité avec ce qui existe
déjà au ministère? En plus de cela, quels sont les
mécanismes de coordination? Je pense que le ministre doit nous
éclairer davantage là-dessus. Des mécanismes de
coordination doivent être envisagés pour qu'il n'y ait pas de
dédoublement ou une orgie de dépenses sans que ce soit fait
à bon escient.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Ouellette: On a deux garanties pour éviter le
dédoublement. D'abord, le programme d'activités de cet organisme
devra être approuvé par le Conseil des ministres.
Deuxièmement, ce groupe réunira des gens du ministère de
l'Environnement. Donc, on a deux garanties très fermes; enfin, on a deux
moyens très efficaces pour éviter le dédoublement. On va
sûrement aller plutôt dans le sens de la bonification de ce qui
existe, plutôt que le dédoublement qui serait une perte de temps
et d'argent, finalement.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: M. le ministre, lorsqu'on lit cet article, on parle
des dépenses effectuées pour le fonctionnement de l'organisme et
pour la réalisation de son programme d'activités. On dit: "et le
solde sera versé à chaque année au fonds
consolidé." Évidemment, lorsque le ministre dit espérer
qu'il n'ait pas d'argent, cela voudrait dire que personne ne perdrait et
l'Environnement serait épargné, de ce côté. S'il y a
des sommes d'argent, est-ce que le ministre aurait l'intention de demander
qu'on mette en marche des activités dans le sens de ce qu'il a dit
tantôt, la promotion, l'éducation, pour faire en sorte que,
finalement, il n'y ait pas de somme à retourner - sans qu'on gaspille de
l'argent - au fonds consolidé, mais que ces sommes servent
réellement à la promotion de la protection de
l'environnement?
M. Ouellette: C'est un peu la première partie de ma
dernière réponse qui répond à cela, en ce sens que
l'organisme devra soumettre au Conseil des ministres une programmation pour
l'année. Cette programmation prévoira ce que vous venez
d'énoncer. S'il y a résidu, je pense que le ministre de
l'Environnement sera très bien placé pour se présenter au
comité des priorités en demandant des fonds additionnels pour les
affecter à la bonne marche des organismes existants, puisqu'il pourra
dire: On vous a soumis un résidu de 1 000 000 $, on aimerait bien
pouvoir en jouir. Il faut dire qu'on aura déjà profité
largement du résidu qui aura été affecté au
programme d'activités.
Mme Bacon: II y a juste...
Le Président (M. Bissonnet): Cela va? Oui, M. le
député de Champlain.
M. Gagnon: Je voulais savoir si c'est réellement
l'intention du ministre de faire en sorte que ces résidus servent
à la protection de l'environnement avant d'être retournés
au fonds consolidé.
M. Ouellette: C'est textuel dans la loi.
Le Président (M. Bissonnet): Cela va, M. le
député de Champlain? Mme la députée de
Chomedey.
Mme Bacon: J'aurais une question qui va peut-être sembler
naïve au ministre. Qui pousse cette idée? Qui a poussé
l'idée d'un organisme? Est-ce que c'est le ministre ou si cela vient du
milieu ou de groupes, de
groupements? De qui vient cette idée?
M. Ouellette: Qui, le premier, en a eu l'idée? Je ne
saurais le dire avec précision, mais cette idée a surgi au cours
de discussions que j'ai eues avec mes fonctionnaires responsables de ce
secteur. C'est une idée qui a été retenue à
l'unanimité des intervenants privés. On leur a fait cette
proposition de résidu, donc, de gestion de ce résidu à des
fins environnementales, et cela a été accepté à
l'unanimité. C'est un peu l'idée de tout le monde qui a fait
consensus rapidement.
Mme Bacon: Poussée par le sous-ministre?
M. Ouellette: Pas nécessairement, parce qu'à
l'époque je me demande si le sous-ministre actuel était en
poste.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
d'Orford. (16 h 45)
M. Vaillancourt: M. le Président, l'article 13, paragraphe
69.3, dit: "Le gouvernement peut nommer une personne pour inspecter les livres
et registres de l'organisme et lui confier les pouvoirs prévus aux
articles 119 et 120." Qui sont les personnes qui seront nommées pour
inspecter? Est-ce que ce sont des firmes de comptables
agréés?
M. Ouellette: La pratique qui existe au gouvernement dans ce
domaine va majoritairement en faveur du Vérificateur
général, qui est généralement désigné
pour faire cette vérification des livres. Cela pourrait être
aussi, comme c'est le cas dans certains organismes, une firme privée.
Mais la tendance va nettement en faveur du Vérificateur
général.
M. Vaillancourt: Cela peut être une firme privée ou
le Vérificateur général.
M. Ouellette: C'est ça, et c'est une décision du
Conseil des ministres.
M. Vaillancourt: Si c'est une firme privée, est-ce que
c'est sur la recommandation de l'organisme, est-ce que c'est fait par le
ministre lui-même ou si ça fait partie des pouvoirs que vous
donnez au sous-ministre de faire les recommandations?
M. Ouellette: En général, l'organisme fait des
recommandations, mais je peux vous dire, sans présumer des
décisions du Conseil des ministres, qu'il y a de très fortes
chances, presque toutes les chances sont que cela revienne au
Vérificateur général.
M. Vaillancourt: Ou que les recommandations soient faites au
Conseil des ministres par le ministre.
M. Ouellette: Oui, mais, selon l'expérience que j'ai du
Conseil des ministres, il y a de fortes chances que ça aille au
Vérificateur général, ce qui m'apparaît normal,
d'ailleurs.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que l'article 13 est
adopté?
Mme Bacon: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 13 est
adopté sur division.
Mme Bacon: C'est ça.
Le Président (M. Bissonnet): Article 14. Avez-vous des
remarques, M. le ministre, sur l'article 14?
M. Vaillancourt: On l'a adopté sur division étant
donné qu'on n'est pas tout à fait satisfait, puisqu'on ne sait
pas quelle sorte d'organisme il y aura, si ce sera le gouvernement ou....
M. Ouellette: Vous voudriez avoir les noms, les adresses et les
numéros de téléphone des membres.
Mme Bacon: L'allégeance aussi, les contrats...
Le Président (M. Bissonnet): Je
répète...
M. Ouellette: L'allégeance? Ah! mon Dieu!
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. Ouellette: Pourvu qu'on ne calque pas le gouvernement
fédéral, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 13 est
adopté sur division. J'appelle l'article 14. Est-ce qu'il y a des
remarques, M. le ministre?
M. Ouellette: Cet article est là pour expliquer les
pouvoirs réglementaires relatifs aux contenants et emballages, au
système de consignation ainsi que de récupération et de
recyclage.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Bacon: Est-ce qu'il existe des règlements en vertu de
l'article 70 de la loi actuelle?
M. Ouellette: Non, il n'y en a pas actuellement.
Mme Bacon: II n'y en a aucun. Il semble que le terme de
récupération, la prescription du terme de
récupération serait, à mon sens, bien large à
l'article 14. Est-ce qu'il y a des modalités ou des conditions
rattachées à ce terme de récupération? J'irais plus
loin en demandant jusqu'où ira cette prescription. Est-ce qu'on
interdira, par exemple, de jeter les ordures ménagères? Est-ce
qu'on peut aller aussi loin que cela?
M. Ouellette: II faut remarquer que cet article se limite aux
contenants et emballages. On ne sort pas du domaine des contenants et
emballages. Les ordures ménagères, si vous pensez aux restants de
viande, aux bouillons de boeuf ou aux pelures de banane, on ne touche pas
à cela. On ne parle que de contenants.
Mme Bacon: En fait, il semble que c'est un départ et qu'on
pourrait éventuellement aller plus loin dans d'autres questions
d'emballage, si on revient à nos discussions précédentes.
Est-ce que ça n'irait pas jusque-là, à un moment
donné?
M. Ouellette: Personne ne peut prévoir l'avenir avec
exactitude, mais nous avons, pour employer l'expression populaire, des
croûtes à manger avant d'aller beaucoup plus loin. Il faut mettre
en place tout le système relié à la
récupération et au recyclage et ça passe, bien sûr,
par l'éducation auprès des citoyens pour les amener à
faire le tri à la source, persuader les municipalités de faire la
collecte sélective, s'assurer de l'ardeur de nos groupes
régionaux de récupération, développer les
marchés pour fins de recyclage. Il y a énormément de
boulot devant nous, et c'est pourquoi, au sommet, nous nous sommes
limités à deux types d'ordures ménagères à
récupérer et à recycler. Nous nous sommes limités
au papier fin et papier journal et aussi au verre. Nous avons même exclu
la canette d'aluminium, désirant plutôt la traiter sur la base de
ce qui fonctionne déjà à merveille, c'est-à-dire la
bouteille de verre pour les boissons gazeuses et la bière.
Progressivement, il serait souhaitable ou bien qu'on développe
des entreprises de fabrication de compost, par exemple, pour le reste des
ordures ménagères, ou qu'on aille encore plus loin vers la
récupération des plastiques, de certains métaux ou de
certaines autres choses économiquement intéressantes qu'on
retrouve dans nos ordures ménagères.
Le Président (M. Bissonnet): D'autres remarques, Mme la
députée de Chomedey?
Mme Bacon: Est-ce qu'il y aura des règlements pour
l'article 14? On dit qu'il n'y en a aucun à l'article 70. Est-ce qu'on
en prévoit pour l'article 14?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Ouellette: C'est précisément là qu'il
peut y avoir des règlements dont j'ai donné les quatre grandes
lignes de pensée tout à l'heure.
Mme Bacon: Est-ce qu'il y a un projet d'écrit à ce
moment-ci?
M. Ouellette: On est présentement à préparer
ce projet. On attend de voir le résultat des négociations qui ont
cours avec le privé pour nous en inspirer. Je souhaite toujours que le
privé s'entende pour qu'on n'ait pas à aller de ce
côté-là, pour toutes les raisons que j'ai données
à aujourd'hui. On va s'inspirer, de toute façon, de l'état
d'avancement des négociations dans le secteur privé pour
bâtir un règlement qui s'en approche le plus possible.
Mme Bacon: Qui tient compte des souhaits du ministre et
j'aimerais cela que le député de Champlain vous écoute
bien et il comprendra ma division.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt: M. le Président, selon l'article 14, qui
amende l'article 70 de la loi, est-ce que les règlements que vous pouvez
passer découlant de cette loi peuvent permettre la réglementation
complète de tous les genres de récipients au point de vue de la
bière, des boissons douces, tous les récipients qui existent
comme les canettes à saumon, les canettes de jus de tomate ou autres?
Est-ce que cela peut réglementer tout cela pour que, dans la province,
on ait des canettes -uniformes pour telle et telle chose en aluminium ou bien
si vous pouvez aller jusque-là...
M. Ouellette: Le but n'est pas de...
M. Vaillancourt: ...pour avoir une uniformité
complète dans la province pour tout genre de contenants?
M. Ouellette: Je répète, M. le Président,
que le but de ce projet de loi n'est pas d'inciter les distributeurs de
boissons gazeuses et de bière à utiliser de façon massive
l'aluminium. C'est plutôt l'inverse, non pas de les dissuader non plus,
mais de protéger des risques environnementaux ou de nous protéger
contre ces risques.
Théoriquement, on pourrait aller jusqu'à consigner les
boîtes de sardines, les boîtes de jus de tomate, les boîtes
de conserve de toute nature. Ce n'est pas un élément nouveau
puisque ce pouvoir théorique existait déjà dans l'ancienne
loi. Un gouvernement serait tout à fait malhabile d'essayer d'embrasser
tous les domaines. Qui trop embrasse mal étreint, dit-on. C'est pourquoi
on a concentré nos efforts sur la canette d'aluminium limitée
à la bière et aux boissons gazeuses. Rien n'exclut que, dans deux
ans, par exemple, on voie apparaître des boîtes de jus de tomate en
aluminium. Dans notre projet de loi, elles ne sont pas visées. Nous
avons le pouvoir théorique, un jour, de les ajouter.
M. Vaillancourt: Par des règlements?
M. Ouellette: C'est cela. Notre intention est d'embrasser un peu
moins large et d'embrasser un peu mieux pour résoudre le
problème. C'est quand même dans la boisson gazeuse et les
bières que la très grande quantité de l'aluminium va se
retrouver. C'est contre cela qu'on veut se protéger.
M. Vaillancourt: Pour ce qui peut traîner sur le bord des
routes, c'est surtout cela.
M. Ouellette: C'est non biodégradable et cela peut vivre
quelques siècles avant de disparaître, si jamais cela
disparaît.
M. Vaillancourt: Si je comprends bien cette loi-là, c'est
un peu pour favoriser la vente de l'aluminium au détriment de
l'acier.
M. Ouellette: Ce n'est pas le ministère de l'Environnement
qui a couru après cette canette d'aluminium. Il l'a vue venir comme tout
le monde. Il a vu que cela susciterait un certain intérêt. Le
réflexe du ministère de l'Environnement a été de se
dire qu'il faut se prémunir contre les dangers qu'il comporte tout en se
réjouissant des avantages économiques qu'il va également
apporter. Au lieu de se buter et de dire non à la canette d'aluminium,
on a dit oui à la canette d'aluminium mais on va prendre les
précautions pour nous assurer que les inconvénients soient
vraiment mineurs.
M. Vaillancourt: Quels sont les faits dans l'économie en
général que cela peut occasionner en mettant sur le marché
des canettes d'aluminium au lieu des canettes en acier au point de vue du
fabricant, au point de vue du fournisseur? Actuellement, l'acier est fourni par
quelle compagnie? Ensuite, cela sera fourni par des compagnies d'aluminium.
Qu'est-ce qui va arriver au marché des fournisseurs de métal
actuellement? Est-ce que vous avez une étude qui a été
faite pour connaître l'implication de cette nouvelle loi que nous sommes
en train d'étudier dans le moment?
M. Ouellette: C'est une question qu'il faudrait poser au
ministre...
M. Vaillancourt: Vous savez, il y a des implications qui vont
être immenses si nous réalisons, comme vous le disiez tout
à l'heure, qu'il y aura des milliards de canettes en aluminium de mises
sur le marché, cela veut dire des tonnes et des tonnes de métal,
de fer de moins pour une compagnie comme Dosco, qui est actuellement en
déficit, elle va être encore bien plus en déficit, si c'est
elle qui fournit le métal en question.
M. Ouellette: Je suis loin d'être certain que c'est elle
qui le fournit, parce que les canettes utilisées actuellement au
Québec sont fabriquées à l'extérieur du
Québec, donc, il n'y a pas de retombées négatives au
remplacement de l'acier par l'aluminium. Par contre, quand je parle de 1 200
000 000 de canettes c'est uniquement pour la consommation
québécoise. Il n'y a rien qui exclut qu'une fois le
procédé en marche, les deux usines qui sont actuellement
construites à Montréal ne chercheront pas à
pénétrer le marché américain et le marché
ontarien en particulier. Ce qui veut dire qu'il y a là des promesses
drôlement intéressantes de développement économique
et de création d'emplois au Québec dans ce seul secteur de la
bière et de la boisson gazeuse.
Quant à savoir quelles seront les retombées
précises, c'est une question qu'il faudrait poser au ministre de
l'Industrie et du Commerce, de qui relève ce dossier de construction et
de mise en place des usines.
M. Vaillancourt: Vous n'avez pas ces informations dans le
moment?
M. Ouellette: Non, c'est au débat sur la loi 87 avec M.
Biron qu'on pourra avoir ces détails.
M. Vaillancourt: Est-ce que les fabricants de canettes en acier
actuellement fabriqueront les canettes en aluminium ou bien si ce sont d'autres
industries ou d'autres manufactures qui feront cela?
M. Ouellette: Les deux entreprises qui se sont lancées
dans la canette d'aluminium sont à ma connaissance - je ne voudrais pas
faire erreur - Continental Can, à Montréal, et American Can, qui
est également à Montréal. Est-ce que ces entreprises
fabriquaient de la canette d'acier préalablement? Je ne pense pas. Je
pense plutôt que la canette d'acier était plutôt
fabriquée en Ontario. Il y en avait peut-être
une certaine partie au Québec, cela n'affecte pas le
marché puisque ces usines vont passer à l'aluminium et ils vont
remplacer leur fabrication d'acier par de l'aluminium, mais elles vont pouvoir
élargir leur marché en pénétrant d'abord
entièrement le marché québécois et par la suite les
marchés des États voisins ou des provinces voisines.
M. Vaillancourt: Cela veut dire que cela va affecter plutôt
les manufacturiers des autres provinces et non les manufacturiers du
Québec. Cela va créer ici deux manufactures additionnelles...
M. Ouellette: C'est cela.
M. Vaillancourt: ...pour fabriquer les canettes en aluminium.
M. Ouellette: Oui.
M. Vaillancourt: Cela va créer combien d'emplois, ces deux
nouveaux fabricants de canettes? Avez-vous des études sur cela?
M. Ouellette: Le ministre de l'Industrie et du Commerce a toutes
ces études en main. On a plus que des études, les usines sont
construites et on sait exactement la main-d'oeuvre que cela va engager pour
répondre aux besoins immédiats. Maintenant, il y a des
prospectives de développement que je n'ai pas en tête, c'est
plutôt mon collègue de l'Industrie et du Commerce qui les a. Il
pourra vous répondre au moment de l'étude de la loi 87 sur
chacune de ces questions.
Le Président (M. Bissonnet): Le
député...
M. Vaillancourt: La loi 87.
M. Ouellette: Oui, qui est la soeur jumelle de 86, quant à
son volet canette d'aluminium. Nous, on s'occupe de la consignation. M. Biron
s'occupe plutôt de répondre aux demandes des distributeurs,
surtout des distributeurs régionaux. Il s'est préoccupé de
tout le volet industriel relié à cela.
M. Vaillancourt: Est-ce que vous avez eu des répercussions
de la part des manufacturiers de canettes actuellement, là où
sont fabriquées les canettes, des provinces?
M. Ouellette: Non.
M. Vaillancourt: Vous n'en avez eu aucune?
M. Ouellette: Sur le territoire québécois, à
supposer que Continental et American Can fabriquaient de l'acier, elles n'ont
aucune réticence à passer à l'aluminium, puisque c'est
leur choix. On n'a aucune remarque négative de leur part. Je pense que
le débat a lieu en Ontario. Les fabricants ontariens de canettes
d'acier, voyant venir la canette d'aluminium au Québec, ne sont pas
très heureux puisque, désormais, cela sera fabriqué chez
nous plutôt que chez eux. J'imagine que le tout le lobby de l'acier en
Ontario voit venir la canette d'aluminium avec beaucoup
d'inquiétude.
Mme Bacon: Une dernière question avant de passer à
l'article 15. Est-ce qu'au moment de l'étude de ce projet de loi
à l'intérieur du ministère, lors des travaux qui ont
été faits par les avocats du ministère ou les
fonctionnaires du ministère, a-t-on travaillé en étroite
collaboration avec le ministère de l'Industrie et du Commerce? Est-ce
qu'il y a déjà eu des rencontres? Est-ce qu'il y a eu une
participation active de la part du ministère et des consultations entre
les deux ministres?
M. Ouellette: Tout au long des négociations qui durent
depuis presque un an et demi, le ministère de l'Industrie et du Commerce
et le ministère de l'Environnement étaient intimement liés
auprès des franchiseurs, auprès des embouteilleurs, et
auprès même des épiciers.
Mme Bacon: Pour la rédaction de la loi 86 aussi?
M. Ouellette: Oui.
Le Président (M. Bissonnet): Avez-vous d'autres questions,
Mme la députée?
Mme Bacon: Non.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Champlain. (17 heures)
M. Gagnon: Par rapport aux questions que le député
d'Orford a posées en ce qui concerne la récupération
d'emplois ou la perte d'emplois, compte tenu qu'on passe de l'acier à
l'aluminium, juste pour donner une information additionnelle, je sais que la
compagnie Reynolds, au Cap-de-la-Madeleine, depuis que l'on utilise la feuille
d'aluminium pour la fabrication de canettes... J'ai eu l'occasion de visiter
cette compagnie - ce n'est probablement pas la seule qui fabrique des feuilles
d'aluminium pour cela - et de voir le nombre d'emplois créés ou
récupérés. C'est certainement intéressant sur le
plan économique en ce qui concerne ma région, surtout, et en ce
qui concerne l'ensemble du Québec. Ce sont des produits qui sont
maintenant fabriqués chez nous alors qu'ils étaient
fabriqués à l'extérieur auparavant.
Mme Bacon: Ce sera excellent pour la réélection du
député de Champlain.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a d'autres
remarques?
M. Gagnon: Si cela peut donner de bons effets de ce
côté-là, je ne les refuserai pas.
Mme Bacon: Vous ne refusez jamais cela.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît! M. le
député de Chambly. Est-ce que l'article 14 est adopté?
M. Gagnon: Permettez-moi, M. le Président. Le
député d'Orford a dit: si Pechiney ne ramasse pas tout, Pechiney
ne fabriquera pas ce produit-là, un produit qui est fait
spécifiquement par Reynolds.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que l'article 14 est
adopté?
M. Vaillancourt: J'aurais une question à poser au
ministre.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt: Est-ce que le ministre peut me dire combien
coûte une canette d'aluminium?
M. Ouellette: Je vous donne les chiffres de mémoire - je
ne l'avance même pas, parce que c'est trop loin dans le temps, je n'ose
m'aventurer sur cette question délicate. Je vais cependant vous donner
une autre réponse. M. Biron pourra probablement répondre à
cette question du coût unitaire.
Il y a un autre élément très intéressant.
Les canettes, une fois récupérées, vont être
déchiquetées et refondues. Il y a un coût d'énergie,
il y a une économie d'énergie de 70% au moment de cette
opération-là; c'est très important. Le fait de refondre de
l'aluminium existant fait en sorte qu'on n'a pas besoin de produits chimiques -
cela devient donc moins polluant - et c'est un produit quasi
éternellement recyclable. Cela devient donc fort intéressant pour
tout le monde. Cela crée des emplois au Québec, parce qu'il y a
des refondeurs d'aluminium et si on leur apporte un marché aussi
impressionnant que 1 200 000 000 de canettes par année, leur chiffre
d'affaires va drôlement augmenter.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre peut nous dire le montant des
économies d'énergie qui seront réalisées?
M. Ouellette: Non, ce sont toutes des questions relevant du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme plutôt que de
celui de l'Environnement.
M. Vaillancourt: Est-ce qu'on pourrait demander au ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme de venir à la commission?
M. Ouellette: On pourrait le lui demander, mais vous aurez
l'occasion de lui poser toutes ces questions lors de l'étude du projet
de loi 87, qui porte exactement sur le même sujet.
M. Vaillancourt: On aurait eu moins de questions à poser
lors de l'étude de son projet de loi.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que l'article 14 est
adopté?
Mme Bacon: Adopté sur division.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 14 est
adopté sur division. J'appelle l'article 15. Il y a un amendement qui
est proposé.
M. le ministre.
Droit d'appel
M. Ouellette: L'article 15, avec ou sans papillon, il y en aura
un, vise à prévoir l'appel de la décision du sous-ministre
de modifier les taux en vertu de l'article 32.9, donc, prévoir l'appel
de la décision du sous-ministre refusant de fixer les taux en vertu de
l'article 64.1.
Le papillon est très clair dans son deuxième volet. Il
vise à insérer entre le deuxième et le troisième
alinéa du suivant: "Dans le cas où le sous-ministre approuve des
taux avec modification en vertu de l'article 329, l'exploitant - et c'est cela
qui est important - peut en appeler devant la Commission municipale."
On précise tout simplement l'individu ou le groupe qui pourra
faire appel devant la Commission municipale.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Bacon: Une seule question, M. le Président. Quels sont
les délais d'appel? On parle de possibilité d'appel.
M. Ouellette: Pour être entendu ou pour faire la
demande?
Mme Bacon: Les deux: la demande et être entendu. Il va
sûrement y avoir des délais.
M. Ouellette: II peut y avoir des délais variant d'un
à trois mois, selon la façon d'agir de cette commission.
Mme Bacon: Pour être entendu?
M. Ouellette: Oui.
Mme Bacon: Et pour faire l'appel?
M. Ouellette: Aussitôt le refus avoué, la personne
qui se sent lésée peut faire appel immédiatement.
Mme Bacon: Combien de temps a-t-elle pour le faire?
M. Ouellette: II faut vérifier dans la
réglementation.
Mme Bacon: Vous voyez comme la réglementation est
importante.
M. Ouellette: Quinze jours.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt: Dans le papillon d'amendement que le ministre a
déposé, il est dit: "II en est de même dans tous les cas
où le sous-ministre refuse d'accorder ou révoque un certificat
d'autorisation." Je me pose une question. Pourquoi le ministre donne-t-il des
pouvoirs exclusivement au sous-ministre dans cette loi et que le ministre n'est
pas inclus? Au lieu que ce soit le sous-ministre seulement, pourquoi ne
dirions-nous pas le ministre ou le sous-ministre?
M. Ouellette: C'est purement administratif. Là on ne
modifie pas la loi. La loi était comme cela avant qu'on apporte les
modifications et on ne change pas cette pratique qui veut que ce soit le
sous-ministre.
M. Vaillancourt: N'oubliez pas qu'avec une telle formulation de
la loi, vous enlevez énormément de pouvoirs au ministre, qui est
un élu plutôt que d'être un fonctionnaire, à moins
qu'au début de la loi, vous ayez les pouvoirs qui ne sont pas dans cette
loi, je ne le sais pas.
M. Ouellette: On ne modifie pas la loi, elle est comme cela
actuellement. Il y a un équilibre assuré par le fait que la
personne se sentant en désaccord avec la décision rendue par le
sous-ministre peut faire appel auprès d'un tribunal administratif ou
quasi judiciaire qu'est la Commission municipale. Donc, l'équilibre est
rétabli, si jamais quelqu'un se sent lésé.
M. Vaillancourt: Mais c'est assez rare qu'il y ait une loi qui
donne des pouvoirs exclusifs à un sous-ministre. C'est ce que je
comprends mal.
M. Ouellette: Ah non, c'est très courant.
M. Vaillancourt: Dans la majorité des lois qu'on adopte,
le ministre ou le sous-ministre a le pouvoir.
M. Ouellette: C'est très fréquent lorsqu'il s'agit
de décisions strictement administratives qui consistent à
appliquer des lois et des règlements clairement établis pour que
les hauts fonctionnaires soient en autorité de prendre des
décisions, sinon le pauvre ministre ne dormirait pas de la semaine,
parce qu'il y a énormément de dossiers qui vont lui être
présentés.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt: Mais, si le sous-ministre refuse d'accorder ou
révoque un certificat d'autorisation, il y a un moyen de recours pour
réviser la décision du sous-ministre?
M. Ouellette: C'est devant la Commission municipale que cela se
fait.
M. Vaillancourt: C'est la Commission municipale qui fait la
révision?
M. Ouellette: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Merci, M. le Président. Vous avez
répondu, M. le ministre, que le droit d'appel était de quinze
jours après la décision du sous-ministre.
M. Ouellette: Cela me paraît un peu court.
M. Gagnon: Est-ce normal ou y a-t-il quelque chose de
changé? Un droit d'appel de quinze jours est tout de même
relativement court.
M. Ouellette: C'est dans la loi actuelle, qui est en vigueur
depuis 1972.
M. Gagnon: Cela ne crée pas d'inconvénients?
M. Ouellette: Non. Cela me permettrait peut-être de
taquiner le député d'Orford en lui disant que c'est une loi qui a
été votée par le Parti libéral.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît, la
pertinence du débat.
Mme Bacon: La Loi sur la qualité de l'environnement? Cela
fait longtemps qu'on
sait cela.
M. Ouellette: C'est pour cela qu'on l'adopte sur division.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaîtî
S'il vous plaît!
Mme Bacon: Vous vous en servez toujours d'ailleurs.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît:
Mme Bacon: M. le Président, l'occasion est trop belle.
Donnez-moi au moins la parole pour deux secondes.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Bacon: Je trouve que la Loi sur la qualité de
l'environnement votée par un gouvernement libéral sert
drôlement bien au gouvernement péquiste. Il ne fait que quelques
amendements, mais il n'a jamais transformé complètement cette
loi.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Ouellette: M. le Président, je n'apporterai pas la
liste des modifications qu'on a faites à cette loi.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaîti
L'article 15...
Mme Bacon: Vous parlez de la Loi sur les pourboires?
Le Président (M. Bissonnet): Avez-vous terminé, M.
le député de Champlain?
M. Gagnon: Je veux dire que je suis d'accord avec Mme la
députée de Chomedey, ce qui a été voté par
le Parti libéral, à condition de l'améliorer, nous sert
bien.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. Ouellette: Ne soyons pas méchants.
Le Président (M. Bissonnet): L'amendement proposé
à l'article 5 est-il adopté?
Une voix: Adopté. Une voix:L'article
15.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 15, je
m'excuse.
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
Pour les fins du journal des Débats, je vais lire l'article 15 tel
qu'amendé. "L'article 96 de cette loi est modifié 1° par le
remplacement du deuxième alinéa par le suivant: "II en est de
même dans tous les cas où le sous-ministre refuse d'accorder ou
révoque un certificat d'autorisation, un certificat, une autorisation,
une approbation, une permission ou un permis, fixe à moins de cinq ans
de la durée du renouvellement d'un permis en vertu de l'article 55,
exige une modification à une demande qui lui est faite, refuse de
renouveler ou suspend un permis, fixe ou répartit des coûts et des
frais et détermine une indemnité en vertu de l'article 61, refuse
de fixer des taux en vertu de l'article 64.1 ou signifie une
dénégation de conformité à l'initiateur d'un
projet." 2° Par l'insertion entre le deuxième et le troisième
alinéa du suivant: "Dans le cas où le sous-ministre approuve des
taux avec modification en vertu de l'article 32.9, l'exploitant peut en appeler
devant la Commission municipale."
L'article 15, tel qu'amendé, est-il adopté?
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
J'appelle maintenant l'article 16.
Sanctions
M. Ouellette: L'article 16 vise tout simplement à
augmenter le montant d'une amende dans le cas de déversement
illégal de déchets. Donc, on passe de 25 $... En fait, le texte
de la loi est assez clair.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a des
remarques sur cet article? Mme la députée de Chomedey.
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 16 est
adopté sur division.
M. Vaillancourt: Une minute!
Le Président (M. Bissonnet): Nous revenons à
l'étude de l'article 16. M. le député d'Orford.
M. Ouellette: Après adoption.
M. Vaillancourt: À l'article 16...
Mme Bacon: II est adopté.
M. Ouellette: Ce n'est pas grave.
M. Vaillancourt: II n'est pas adopté; je
n'ai pas dit oui. Il faut que ce soit unanime.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît! M. le
député d'Orford! M. le député d'Orford, posez vos
questions.
M. Vaillancourt: Au moins 25 $ d'amende, pour une personne,
qu'est-ce que cela veut dire au juste? Quelle sorte d'infraction une personne
peut-elle faire pour avoir une amende de 25 $ à payer?
M. Ouellette: Quelqu'un qui jette une canette d'aluminium,
d'acier ou de bimétal ou n'importe quoi, n'importe quel déchet
dans un fossé, peut être passible d'une amende de 25 $.
M. Vaillancourt: Sur le bord de la route, des endroits comme
cela?
M. Ouellette: Oui, c'est cela.
M. Vaillancourt: Mais il y a une loi du ministère des
Transports, je pense, qui dit qu'on doit payer une amende de 200 $ si on jette
quelque chose sur le bord de la route.
M. Ouellette: C'est d'au plus 200 $. M. Vaillancourt:
Est-ce en plus ou... M. Ouellette: On change le maximum.
M. Vaillancourt: ...est-ce qu'au lieu de 200 $, ce sera 25 $
à l'avenir par cette loi?
M. Ouellette: Non, la loi a toujours été de 25 $
à 200 $. Elle est portée de 25 $ à beaucoup plus, mais il
faut dire que la variété des infractions est immense. Cela peut
être une simple canette qu'on jette ou un cendrier qu'on vide au bord
d'une route et cela peut être aussi le déversement d'une fosse
à purin en entier. Cela peut être aussi le déversement de
déchets toxiques dans un cours d'eau. C'est la raison pour laquelle on
en a prévu toute une gamme allant de frais modestes pour les gestes
moins conséquents à des amendes beaucoup plus
élevées pour des gestes beaucoup plus graves.
M. Vaillancourt: Mais cela s'applique seulement aux canettes.
Cela ne s'applique pas aux papiers, aux paquets de cigarettes.
M. Ouellette: Cela s'applique à n'importe quoi, n'importe
quel objet qui est jeté?
M. Vaillancourt: Cela s'applique à n'importe quoi.
M. Ouellette: Le célèbre "do not litter"
américain.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 16 est-il
adopté?
Une voix: Adopté, M. le Président. Mme Bacon:
Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 16 est
adopté sur division. J'appelle maintenant l'article 17. Est-ce que
l'article 17 est adopté? MM. les députés, avez-vous des
remarques sur l'article 17?
M. Ouellette: C'est une simple reformulation de l'article 109.1
de la loi actuelle.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que l'article... Mme
la députée de Chomedey.
Mme Bacon: Une seule question. Le ministre veut-il faire en sorte
de ne pas avoir à passer par l'Assemblée nationale, par exemple?
Est-ce pour cela qu'il procède par réglementation?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Ouellette: Non, tout ce qui est là est
déjà dans la loi de 1972.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Bacon: Est-ce que le gouvernement peut diminuer ou augmenter
une amende qui serait prévue, par exemple, par l'article 106?
M. Ouellette: Non. C'est précisé dans la loi. Il
pourrait, par règlement, appliquer des amendes spécifiques. Il
pourrait le faire.
Mme Bacon: Sans passer par l'Assemblée nationale?
M. Ouellette: Mais quand même toujours dans le cadre de la
loi.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que l'article 17 est
adopté?
Mme Bacon: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 17 est
adopté sur division. J'appelle maintenant l'article 18. Y a-t-il des
remarques, M. le ministre, sur l'article 18?
M. Ouellette: Je veux simplement dire que cet article vise
à indiquer clairement -enfin, voilà de la clarté pour Mme
la députée de Chomedey - que le délai de prescription des
infractions à la loi est un
délai de deux ans.
Le Président (M. Bissonnet): Y a-t-il d'autres remarques
des députés sur l'article 18? Est-ce que l'article... M. le
député d'Orford.
M. Vaillancourt: C'était quoi avant cela?
M. Ouellette: C'était ambigu tout simplement. Même
si c'était la volonté du législateur en 1972, nous
clarifions la volonté du législateur en précisant que
c'est bien deux ans.
Mme Bacon: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 18 est-il
adopté?
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté, sur division.
J'appelle maintenant l'article 19. L'article 19 est-il adopté? Y a-t-il
des remarques?
Mme Bacon: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 19 est
adopté sur division. J'appelle maintenant l'article 20. Y a-t-il des
remarques à l'article 20? L'article 20 est-il adopté? Y a-t-il
des remarques des députés sur l'article 20?
Mme Bacon: Non, je n'ai pas de remarque ni de question, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 20 est-il
adopté?
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 20 est
adopté sur division. J'appelle maintenant l'article 21. Est-ce que
l'article 21 est adopté?
Dispositions générales
M. Ouellette: Concordance.
Le Président (M. Bissonnet): Y a-t-il des remarques sur
l'article 21?
Mme Bacon: Non, aucune remarque. Sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 21 est
adopté sur division. J'appelle maintenant l'article 22. Y a-t-il des
remarques sur l'article 22? L'article 22 est-il adopté?
Mme Bacon: Un instant, M. le Président:
M. Vaillancourt: J'avais une question à poser concernant
l'article 21.
M. Ouellette: Ah!
Le Président (M. Bissonnet): Avec le consentement des
membres de la commission, nous revenons à l'article 21. Le
député d'Orford a la parole.
M. Vaillancourt: Vous allez vite. On n'a pas le temps de lire les
articles. Au deuxième paragraphe, c'est inscrit...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député,
je suis là. Vous n'avez qu'à me faire signe si vous voulez
parler, et cela va me faire plaisir de vous accorder la parole.
M. Vaillancourt: C'est inscrit: "Tel inspecteur ou fonctionnaire
doit, s'il en est requis, exhiber un certificat attestant sa qualité et
portant la signature du ministre ou du sous-ministre."
M. Ouellette: C'est déjà dans la loi actuelle. (17
h 15)
M. Vaillancourt: Comment cela se fait-il que vous ajoutiez le
ministre à celle-là?
M. Ouellette: II ne faudrait pas laisser croire que le ministre
n'a pas tellement de pouvoirs dans la Loi sur la qualité de
l'environnement. Un certain nombre de ses pouvoirs ont été
attribués au sous-ministre, mais le ministre demeure le grand
responsable de l'application de cette loi. Dans certains cas, on précise
que le sous-ministre peut le faire et, dans certains cas, que les deux peuvent
le faire.
M. Vaillancourt: Cela n'y était pas dans le...
M. Ouellette: Oui, c'était rédigé
ainsi...
M. Vaillancourt: Si elle y était pourquoi apportez-vous
cet amendement?
M. Ouellette: On l'a modifié par concordance, à la
troisième ligne, en vertu de l'article 69.3. C'est simplement par
concordance.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que l'article 21, M.
le député d'Orford est adopté?
M. Vaillancourt: Adopté.
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
J'appelle maintenant l'article... Je déclare l'article 21 adopté
sur division. J'appelle maintenant l'article 22? Est-ce que l'article 22 est
adopté?
Mme Bacon: J'aurais seulement des commentaires.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey, s'il vous plaît!
Mme Bacon: Est-ce que le ministre pourrait nous confirmer, en
vertu de la présente loi, si une autorisation doit être
donnée en ce qui a trait aux plans et devis, et non sur les
modalités d'opération? Est-ce que la nouvelle loi crée une
nouvelle obligation en ce sens que l'autorisation portera sur le mode de
gestion et aussi sur le mode d'opération, ou si j'ai mal saisi cet
article?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Ouellette: M. le Président, cette modification vise
à étendre les obligations du détenteur d'une autorisation
du respect de l'ensemble des termes et conditions mentionnés dans son
certificat. Autrement dit, lorsqu'un promoteur se présente avec des
plans et devis, il se peut que le sous-ministre les accepte, mais avec
certaines modifications ou à certaines conditions. Par exemple, on
pourrait nous présenter des plans et devis d'interception et de
traitement des eaux usées, et une des conditions à
l'émission du certificat de la part du sous-ministre serait de dire:
Oui, nous sommes d'accord avec vos plans et devis, mais nous voulons être
certains que votre interception ne sera pas mise en marche tant et aussi
longtemps que le traitement ne sera pas lui-même mis en marche pour
éviter, par exemple, de se retrouver dans la situation où on se
retrouve à Montréal actuellement, où on est pris à
déverser des eaux usées sans traitement parce que l'usine
n'arrivera que deux ans plus tard. C'est tout simplement pour forcer le
propriétaire ou le récepteur ou le titulaire de ce certificat
à se conformer aux exigences qui seront prescrites par le
sous-ministre.
Mme Bacon: Si le...
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Bacon: Oui, M. le Président. Si l'autorisation n'est
pas donnée, est-ce qu'il y a un pouvoir d'appel?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Ouellette: Oui.
Mme Bacon: À la Commission municipale?
M. Ouellette: Toujours à la Commission municipale.
Mme Bacon: C'est ça.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a d'autres
remarques sur l'article 23?
Mme Bacon: Non, cela va, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que l'article 23 est
adopté?
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division.
Mme Bacon: Article 22, si cela ne vous fait rien.
Le Président (M. Bissonnet): Article 22, je m'excuse.
Est-ce que l'article 22 est adopté? Adopté sur division.
J'appelle maintenant l'article 23? Avez-vous des remarques, M. le ministre, sur
l'article 23?
M. Ouellette: II vise à expliciter le pouvoir du
gouvernement de modifier lors de l'adoption un projet de règlement
publié à la Gazette officielle du Québec.
Le Président (M. Bissonnet): Remarques des
députés sur l'article 23? Est-ce que l'article 23 est
adopté?
Mme la députée de Chomedey, sur l'article 23?
Mme Bacon: Oui, M. le Président. D'après cet
article 23, s'il y a modification des taux, par exemple, il ne serait
peut-être pas tenu de la publier à nouveau dans la Gazette
officielle, s'il y a beaucoup de changements? C'est cela que je comprends. Oui,
la modification de taux, est-ce qu'il ne serait pas tenu de la publier à
nouveau dans la Gazette officielle, par exemple, s'il y a beaucoup de
changements?
M. Ouellette: Ici, on parle bien d'un règlement alors que
les taux ne sont pas dans les règlements. De toute façon, les
règlements au ministère de l'Environnement subissent une
prépublication et ensuite une publication finale.
Mme Bacon: Alors...
M. Ouellette: C'est toujours la prépublication et le
délai de 60 jours puis la publication finale.
Mme Bacon: S'il y a modification, par exemple, enlevons les taux,
est-ce que cela doit être publié à nouveau dans la Gazette
officielle?
M. Ouellette: Oui, dans sa version finale.
Mme Bacon: Seulement dans la version finale, on ne revient pas
à plusieurs reprises.
M. Ouellette: Non.
Le Président (M. Bissonnet): D'autres remarques sur
l'article 23?
Mme Bacon: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 23 est-il
adopté?
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 23 est
adopté sur division. J'appelle maintenant l'article 24.
Mme Bacon: M. le Président, je n'ai aucun commentaire.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Bacon: Aucun commentaire.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 24 est-il
adopté?
M. Ouellette: Adopté. Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
J'appelle l'article 25.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 25 est-il
adopté?
Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
J'appelle maintenant l'article 26. Le projet de loi entre en vigueur le jour de
sa sanction. L'article 26 est-il adopté?
Mme Bacon: On a parlé...
Le Président (M. Bissonnet): Un instant! Je n'ai pas
terminé. L'article 26 est-il adopté?
Mme Bacon: ...tantôt de deux dates. Dans cet article 26, on
dit: La présente loi entre en vigueur et il faudrait insérer les
dates. On a parlé du 15 juillet et du 1er septembre. Indique-t-on dans
la loi même les deux dates?
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey, pour répondre à votre question, le ministre nous a
informés qu'il voudrait mettre ces programmes en oeuvre pour telle date,
mais ce n'est pas une garantie.
M. Ouellette: Alors, la loi entre en vigueur le jour de sa
sanction. Quand je vous ai parlé du 15 juillet, c'est la
réglementation découlant de cette loi, le volet consignation de
la canette d'aluminium, qui entrera en vigueur.
Mme Bacon: Mais, est-ce que la loi entrera en vigueur
après ou avant?
M. Ouellette: Elle entrera en vigueur dès sa sanction.
M. Vaillancourt: Est-ce que le ministre va...
Mme Bacon: Je n'ai pas terminé, mon cher
collègue.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Bacon: Cela ne me semble pas acceptable. Je ne peux pas voter
cela, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Ouellette: La loi entre en vigueur le jour de sa sanction. Si
jamais il n'y a pas entente dans le cas des canettes, nous aurons dû,
d'ici au 15 juillet, mettre en place notre réglementation pour
prévoir l'application de cette loi.
Mme Bacon: Mais, s'il n'y a pas entente, le ministre va y aller
d'une façon unilatérale?
M. Ouellette: Oui, mais en s'inspirant très largement de
ce qui aura été discuté au cours des négociations
qui ont présentement cours.
Mme Bacon: Si les intervenants du milieu refusaient
complètement, n'acceptaient pas du tout, qu'est-ce qui arrive?
M. Ouellette: À ce moment-là, ils ne respecteraient
pas la loi.
Mme Bacon: Quelles sont les pénalités?
M. Ouellette: II faudrait prendre les sanctions.
Mme Bacon: II faudrait que vous preniez des sanctions?
M. Ouellette: Elles sont prévues dans la loi
générale.
Mme Bacon: Dans la loi générale. Abstention, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): II n'y a pas d'autres
remarques sur l'article 26? Alors, l'article 26 est adopté sur
division?
Le titre du projet de loi, Loi modifiant la Loi sur la qualité de
l'environnement, est-il adopté?
M. Ouellette: Adopté. Mme Bacon: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
La renumérotation du projet de loi, compte tenu de l'article 1.1,
est-elle adoptée? Il s'agit de rénuméroter les
articles?
M. Ouellette: Adopté.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté. Le projet de
loi, tel qu'amendé dans son ensemble, est-il adopté?
Mme Bacon: Sur division. J'ai une dernière remarque
à faire.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Bacon: J'aimerais dire combien je regrette de ne pas pouvoir
adopter une telle loi. Je reviens encore au manque de limpidité et de
transparence de ce projet de loi. La dernière réponse concernant
l'article 26 me donne entièrement raison, je pense, M. le
Président. Je regrette d'avoir à m'abstenir de voter un tel
projet de loi.
Le Président (M. Bissonnet): Le projet de loi, Loi
modifiant la Loi sur la qualité de l'environnement est donc
adopté sur division, tel qu'amendé. Je demanderais au
président de la commission de l'aménagement et des
équipements de faire rapport à l'Assemblée nationale dans
les plus brefs délais.
Je remercie tous les membres de la commission de leur collaboration pour
m'avoir bien aidé dans mon travail. Merci beaucoup.
La commission est ajournée sine die.
(Fin de la séance à 17 h 24)