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(Vingt heures vingt minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): La commission entreprend
maintenant ses travaux afin de poursuivre l'étude du projet de loi 9,
Loi abolissant le Conseil de la faune,
M. le ministre, avez-vous des remarques préliminaires à
faire?
M. Picotte: M. le Président, j'ai eu l'occasion de
préciser, en deuxième lecture, les raisons qui nous ont
amenés à modifier ta loi de la faune et qui amènent
évidemment ce projet de loi 9, Loi abolissant le Conseil de la faune.
J'ai donné abondamment d'explications et je suis disposé à
répondre à des questions, si nécessaire.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Dubuc, avez-vous des remarques préliminaires
à faire?
Remarques préliminaires
M. Desbiens: Est-ce que le ministre a l'intention de retirer son
projet de loi?
M. Picotte: Au contraire, j'ai l'intention que l'Assemblée
nationale l'adopte dans les meilleurs délais.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: Le projet de loi 9, c'est peut-être le record
en brièveté comme projet de loi. Ce n'est sûrement pas en
longueur. L'objet est très limité dans sa facture. Il abroge tout
simplement une section III de ta Loi sur le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, c'est-à-dire le Conseil de la faune.
J'ai eu l'occasion d'exprimer, Iors de l'étude du principe de la
loi, les raisons qui font douter de la sagesse de cette décision,
surtout à partir des raisons que le ministre invoque en disant que c'est
une rationalisation des dépenses qui, évidemment, sont loin
d'être visibles au départ, quand on sait que cet unique Conseil de
la faune a déjà été remplacé par trois
organismes créés par le ministre, c'est-à-dire la table de
concertation et deux comités "aviseurs".
C'est assez difficile de pouvoir envisager ou constater qu'il y aura
là une économie au budget, même si, comme l'a dit le
ministre dans son intervention lors de l'étude du principe, les membres
nommés à la table de concertation et aux comités
"aviseurs" sont des bénévoles. Il y a d'ailleurs, devant le
Conseil des ministres, actuellement, une recommandation voulant que l'on paie
les bénévoles, ou un certain nombre d'entre eux, qui agissent
dans ces comités gouvernementaux. La deuxième raison
invoquée par le ministre est que cela fera quelque chose de moins lourd.
C'est aussi difficile de vérifier et de voir comment ces trois
structures, qui en remplacent une, pourront créer quelque chose qui soit
moins lourd pour le ministre.
Le ministre dit dans son intervention: Le Conseil de la faune a
été instauré par l'ancien gouvernement. Les membres ont
été nommés. C'était le choix du ministre.
Concernant la table de concertation, le ministre a fait ses choix,
c'est-à-dire qu'il a choisi des organismes, mais ils étaient
libres d'envoyer le représentant qu'ils jugeaient le plus apte à
siéger à la table de concertation. Par ailleurs, à cette
table de concertation, il reste que les deux comités-conseils, dont les
membres ont été nommés par le ministre à partir,
selon ce qu'il nous a dit, de tournées qu'il a faites du Québec
et des gens qui ont manifesté leur intention et leur volonté d'y
participer... il reste que pour l'un ou l'autre de ces trois organismes, te
ministre pourrait même dans un cas comme dans l'autre modifier leur
composition, puisque maintenant cela reste absolument arbitraire, à la
volonté du ministre. Si les membres de la tabte de concertation ou ceux
des comités-conseils ne font pas l'affaire du ministre ou d'un ministre,
si ia structure reste toujours la même, évidemment, ils sont
beaucoup plus sujets et beaucoup plus rapidement à faire l'objet d'un
remplacement. Alors, quand il nous dît que c'était l'humeur du
ministre qui menait cela avant, je pense que cela l'est encore davantage avec
un organisme qui n'est pas inscrit comme tel dans la Loi sur te
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche mais un organisme
tout à fait discrétionnaire du ministre lui-même du Loisir,
de la Chasse et de ta Pêche.
Je sais, sauf erreur, que la table de concertation - c'est sans doute
à peu près la même chose dans tous les organismes
gouvernementaux de ce type - a été créée en 1968.
Pardon, ce n'est pas la table de
concertation, c'est le Conseil de la faune qui a été
créé en 1968. De 1968 à aujourd'hui, ce conseil avait
connu bien des ministres. En 1968, c'était sous l'Union Nationale. Alors
sous le gouvernement de l'Union Nationale, sous le gouvernement du Parti
libéral, sous le gouvernement du Parti québécois, quand on
fait un peu l'historique du Conseil de la faune, on constate qu'il y a eu des
hauts et des bas. Il y a des ministres qui s'en sont servi ou qui ont
donné plus d'importance au Conseil de la faune que d'autres. Pour
certains, c'était bien visible, ils lui ont donné beaucoup moins
d'importance. Il reste que c'était toujours un organisme très
officiel de consultation qui pouvait donner des avis à tous les
ministres qui se sont succédé au ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche. Je ne sais pas dans quelle mesure la table de
concerta tien... Bien sûr que les organismes représentés
à la table de concertation sont des organismes très
représentatifs aussi, c'est évident, sauf que je ne vois pas dans
quelle mesure ils feront mieux ou plus.
Il y a une chose qui m'inquiète particulièrement dans
cela, c'est que de plus en plus, je pense qu'il y a un éveil de la part
des gouvernements, des ministères et de la population à la
polyvalence de la forêt. On a étudié la loi 150 sur la
forêt. On est en train d'étudier justement la loi 102 sur les
terres publiques et on a étudié, l'hiver dernier, la loi 153 sur
la faune. Entre autres, lors de l'audition des mémoires sur la
forêt, par exemple, un des thèmes majeurs évoqués
par plusieurs organismes a été l'utilisation de la ressource
forêt, de la ressource bois, de la ressource ligneuse, de la
matière ligneuse. Plusieurs organismes ont fait part de leur
intérêt dans l'aménagement de la forêt. On veut que
l'on tienne compte non seulement de la matière ligneuse mais aussi de ce
qui est un apport important, le loisir, c'est-à-dire la chasse et la
pêche, dont les habitats fauniques et l'environnement. Ce qui nous
concerne ici, c'est particulièrement la faune pour la chasse, la
pêche ainsi que pour le piégeage.
On a fait beaucoup de cas à cette commission, à laquelle
j'ai assisté, alors que l'on a entendu beaucoup de mémoires, et
c'est revenu constamment dans une foule de mémoires, de cette crainte,
de cet intérêt bien sûr, mais de cette crainte aussi qu'on
manque de coordination entre les ministères. Je pense que le ministre
est quand même conscient de cela. Son ministère a participé
à ce qu'on appelle le guide forestier avec l'Environnement, je pense,
alors il est bien évident que le ministre est conscient de cela. Mais
j'attire quand même ici son attention...
Il y a aussi l'environnement qui entre en ligne de compte, à sa
table de concertation. Il a formé une table de concertation qui regroupe
- cela est très bien en soi - tous les organismes qui ont un
intérêt marqué et qui jouent un rôle important au
Québec dans l'utilisation et la conservation des richesses du patrimoine
faunique. C'est bien sûr qu'on est d'accord avec cela, mais il a
éliminé ce que son prédécesseur avait fait. Et je
ne suis pas sûr du tout que ce soit une bonne chose. Parce que,
même si les organismes comme les MRC... On sait que l'environnement, le
schéma d'aménagement des MRC touche nécessairement des
territoires fauniques, touche nécessairement du territoire forestier,
etc., donc, les municipalités et les MRC ont nécessairement un
intérêt et un devoir presque, cela semble dans leurs
prérogatives de faire un schéma d'aménagement, donc il
touche à cela... Il les a éliminés de sa table de
concertation. Il a éliminé aussi les autochtones des MRC. Il est
sûrement aussi conscient qu'il y a une nécessité d'entente
sur l'utilisation de la ressource faunique et l'attribution de territoires,
même quand viendra le temps d'établir et de mettre en oeuvre sa
politique de pourvoirie, ce sont des groupes qui ne peuvent pas être
négligés et avec lesquels il faut absolument négocier et
dont il faut tenir compte dans la prise de décision.
Quant à l'industrie forestière, je l'ai dit tantôt,
quand on a étudié la loi 150, évidemment, c'est la
forêt qui est le refuge de la faune animale et les lacs sont
situés en forêt aussi. Même les orqanismes comme les
industries forestières, on avait trouvé que c'était
positif, cela représentait un élément positif. Rien
sûr que les industries forestières n'ont pas toujours
été - peut-être le sont-elles plus aujourd'hui -
conscientes de la nécessité de sauveqarder le patrimoine faunique
et les habitats fauniques et de respecter davantage l'environnement. Elles sont
de plus en plus sensibilisées à cet aspect. Il est bien sûr
que, fondamentalement, leur objectif n'est pas la chasse, la pêche ou les
habitats fauniques, mais le fait de récolter la matière ligneuse
et de l'utiliser à des fins industrielles, mais il reste quand
même que c'est important que l'industrie forestière se trouve
obligée de côtoyer justement des organismes qui ont pour objectif
le respect de l'utilisation de la faune, le respect de l'environnement et le
respect aussi des habitats fauniques. C'était peut-être une
façon, en les intégrant au Conseil de la faune, comme cela
existait, comme cela avait été mis sur pied en tout cas dans les
derniers temps du gouvernement précédent, d'obliger au moins les
industries forestières à prendre conscience de ce qui se passe et
à prendre conscience qu'elles ne sont pas les seules à agir en
forêt et à utiliser cette richesse qui n'est pas seulement la
matière ligneuse, mais qui est aussi la chasse, la pêche, le
plein-air, la
fourrure aussi, donc, par voie de conséquence, le tourisme. Tout
ça ensemble représente aussi le Québec et sans doute que
ça représentera de plus en plus un élément
économique important.
C'est pourquoi, M. le Président, d'une part, on ne voyait pas la
nécessité d'éliminer le Conseil de la faune pour le
remplacer - je répète les trois arguments - premièrement,
par trois organismes. Donc, on ne voit pas d'économie budgétaire
à l'intérieur de ça, comme le ministre semble vouloir le
faire valoir.
Deuxièmement, les membres de ces trois nouveaux organismes,
comités-conseils et table de concertation, à tout le moins, ne
sont pas plus indépendants vis-à-vis du ministre que pouvait
l'être un Conseil de la faune dont les membres, une fois nommés,
au moins, se trouvaient à être indépendants du ministre
pour la durée de leur mandat, à tout le moins, alors que,
présentement, c'est complètement discrétionnaire de la
part du ministre.
Troisièmement, ce qui me paraît aussi important, c'est
qu'on a éloigné du Conseil de la faune, maintenant, la table de
concertation et les comités "aviseurs". On a éloigné des
éléments, encore une fois, qui ne sont pas directement
intéressés par la chasse, la pêche, la faune, en
général, mais avec lesquels il est important et nécessaire
de communiquer pour leur faire prendre conscience et leur montrer que toute la
richesse du patrimoine faunique au Québec constitue aussi, comme la
matière ligneuse, une richesse qu'il est absolument important de
protéger et qu'il est possible de protéger, tout en ne nuisant
pas au développement de l'industrie forestière; tous ceux qui
sont intéressés à la pêche et à la chasse,
les MRC pour les schémas d'aménagement, les autochtones avec qui
on est obligé de travailler constamment, entre autres, en ce qui
concerne la suite de nos ententes de la Baie-James, les conventionnés,
comme on les appelle, et aussi à l'extérieur, dans certains cas,
dans le nord du Lac-Saint-Jean, par exemple, les réserves à
castors.
On sait que, là, il y a des conflits possibles - c'est le moins
qu'on puisse dire -d'utilisation de territoires entre les trappeurs blancs et
autochtones. Ces gens se retrouvaient au Conseil de la faune, tous
réunis ensemble. Alors ils pouvaient se parler, comme on dit,
directement, voir ensemble les problèmes et essayer ensemble de les
résoudre.
On a éliminé tout ce qui n'était pas chasse et
pêche. Le ministre aura quand même à veiller ou à
faire prendre conscience et il devra faire cas des autres organismes qu'il a
éliminés et qui ont un point de vue à exprimer, qu'il le
veuille ou non, et dont il devra tenir compte aussi, dans une large mesure.
Finalement, j'ai l'impression que c'est plutôt une
opération politique, purement et simplement, que cette abolition du
Conseil de la faune et son remplacement par trois autres organismes.
Évidemment, on n'est pas d'accord avec le fait d'accepter ce projet de
loi. Ce sont les éléments que j'avais mentionnés au
ministre en deuxième lecture et que je lui rappelle ici. Dans sa
réplique, il n'a pas apporté d'autres éléments qui
permettent davantage de nous convaincre du bien-fondé de cette
décision. Nous maintenons notre point de vue. Je vous remercie, M. le
Président. Cela complète donc mes vingt minutes.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Dubuc. Est-ce qu'il y a d'autres remarques? M. le
ministre?
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Oui. J'aimerais peut-être faire quelques
remarques à la suite de ce que vient de dire mon collègue, le
député de Dubuc. Dans un premier temps, pour démystifier
ce qu'il appelle trois organismes dans un, car je sais qu'il l'a
souligné lors de l'étude du projet de loi en deuxième
lecture. Il faut se dire ceci: La table de concertation, elle, remplace le
Conseil de la faune. C'est la table de concertation qui joue le rôle du
Conseil de la faune. Les deux organismes-conseils, ce n'est pas sorcier et
c'est facile à démystifier. Auparavant, ce qui se passait au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, quand il
était question de réglementation et que le ministre voulait
modifier des réglementations, il le faisait de façon
unilatérale. Il consultait ses fonctionnaires et il disait: Voici, je
change telle réglementation. Je modifie la réqle-mentation du
piégeage. Je modifie la réqle-mentation de la pêche ou de
la chasse. Je décide que dans telle zone, étant donné
qu'il y a rareté du cheptel ou que le cheptel est en danger,
désormais, on enlèvera trois permis pour un orignal au lieu de
deux, ou quatre permis au lieu de deux.
C'étaient les décisions unilatérales du ministre
avec ses fonctionnaires. Voici ce que j'ai réalisé après
quelques semaines, non pas quelques mois, mais bien quelques semaines en poste
à ce ministère: chaque fois qu'on prenait des décisions
semblables, il se trouvait toujours un paquet de chasseurs et de pêcheurs
sur le terrain qui nous disaient: Ce n'est pas ce que vous auriez dû
faire. Vous n'auriez pas dû enlever quatre permis pour un orignal. Vous
auriez dû permettre une accessibilité moins forte ou vous auriez
dû permettre telle chose plutôt que telle autre. Après
quelques semaines seulement en poste à ce ministère, je me suis
dit que les gens semblent avoir de bonnes idées. Les gens semblent
être
capables de nous dire les choses qu'ils vivent sur le terrain.
Souventefois, cela venait en conflit dans les discussions qu'on avait avec nos
fonctionnaires. J'ai réalisé que parfois les gens nous donnaient
des solutions qui étaient difficilement applicables. Je parle des gens
du milieu, les chasseurs, les pêcheurs. C'était difficilement
applicable.
J'ai aussi parfois réalisé que nos fonctionnaires, n'ayant
pas été sur les lieux mêmes, n'étant pas
nécessairement des coureurs de bois de par leur formation, nous
proposaient des choses qui n'étaient pas tout à fait
réalistes, dans certains cas. Ce que j'ai voulu faire, c'est
qu'après avoir entendu de multiples plaintes à cet effet, j'ai
dit: Parfait. On va former deux comités-conseils. Un premier
comité-conseil de la pêche composé de pêcheurs et
présidé d'ailleurs par un gars que tout le monde connaît,
M. Peter White, qui est un expert en la matière. Ce
comité-conseil a été créé pour qu'il nous
dise: Voici, dans telle réserve, il faut procéder à un
réaménagement quelconque de la réglementation. Qu'est-ce
que vous nous suggérez? Là, ils travaillent de concert avec les
fonctionnaires pour en arriver à une solution plus acceptable pour les
pêcheurs.
C'est la même chose pour les chasseurs et les "piégeurs" ou
les trappeurs. Souventefois, je me faisais dire dans mes sorties, par des
trappeurs: Vous savez, à votre ministère, les gens
décident de donner des unités de piégeage, des permis pour
un an. Les gens me disaient que c'est la plus mauvaise affaire qu'on ne pouvait
pas faire. Je leur demandais? Comment ça? Parce que le gars qui a un
territoire pour un an, lui, ne se soucie pas de ce qui va se passer dans deux,
trois ou quatre ans sur ce territoire. Ce qui l'intéresse, c'est d'aller
chercher toute la fourrure qu'il peut aller chercher dans ce territoire. S'il
n'y en a plus l'année prochaine, il s'en balance parce qu'il n'est plus
là. (20 h 45)
C'est pour dire qu'il serait préférable d'avoir des
terrains de piégeage qui seraient sur un "long shot", soit huit ou neuf
ans. Ce sont deux théories qui s'affrontaient. Quand j'ai formé
un comité-conseil, j'y ai nommé des trappeurs et des chasseurs.
Je leur ai demandé: Comme réglementation, qu'est-ce que vous nous
suggérez? Ce n'est pas sorcier. Autrement dit, c'est d'essayer
finalement d'aller chercher des gens du milieu. Cela n'a pas été
pour remplacer le Conseil de la faune. Enlevez-vous ça de ta tête,
si jamais c'est ce que vous avez à l'esprit. Les deux
comités-conseils n'ont rien à voir avec le remplacement du
Conseil de la faune. C'est seulement un ministre qui a décidé
démocratiquement de faire partager des décisions par les gens qui
courent les bois, des gens qui vont à la chasse ou à la
pêche ou qui vont trapper. Cela nous a permis d'avoir pas mal moins de
plaintes au ministère, pas mal moins de lettres ouvertes partout pour
dire que le ministère ne sait pas faire ce que les gens veulent avoir.
Parce qu'ils sont là et qu'ils le décident, parce qu'ils sont
avec nous pour le décider, parce qu'ils participent avec les
fonctionnaires, quand on a besoin que des fonctionnaires s'ajoutent à
ces discussions, à comprendre le pourquoi d'une décision.
Pourquoi ne pouvons-nous pas aller dans tel sens? Les fonctionnaires acceptent
que parfois on peut considérer deux théories, mêlées
l'une à l'autre, pour que les gens soient plus satisfaits sur le
territoire. C'est juste ça. II n'y a pas d'autres choses. Ce sont les
deux comités-conseils.
Cela n'a rien à voir avec l'abolition du Conseil de la faune.
C'est une façon démocratique pour le ministre d'aller prendre
l'avis de ceux qui chassent, pêchent et trappent. Je me vanterai toujours
d'avoir créé des comités-conseils comme ceux-là,
parce qu'enfin, au lieu que les décisions se prennent au 17e
étage du 150, boulevard Saint-Cyrille, les décisions se prennent
par les gens du milieu. Et il faut en prendre des décisions. Même
s'il y a encore des gens qui sont insatisfaits de nos décisions, au
moins, ils comprennent le pourquoi de ces décisions. Souventefois, et
vous le remarquerez - je défie le député de Dubuc de me
démontrer le contraire - il ne se passait pas une semaine, sous les
anciens régimes et pas uniquement sous le vôtre, depuis des
années - ce n'est pas une question de politique -sans que la
Fédération québécoise de la faune écrive une
lettre ouverte dans le journal blâmant le ministre de tous les
péchés d'Israël. Moi, j'ai procédé autrement.
J'ai dit à la Fédération québécoise de la
faune: Qui, vous avez des bonnes idées, vous autres. Parfait! Parce que
c'est ce que nous voulons avoir, nous autres, des bonnes idées. Avec
votre façon d'avoir des bonnes idées, venez vous asseoir avec
nous autres. Venez participer aux décisions.
Quand on a fait la campaqne d'éducation contre le braconnage, mes
fonctionnaires avaient préparé une campagne d'éducation,
unilatéralement. Quand on a montré cela aux gens de la
Fédération québécoise de la faune, ils ont dit:
Cela n'a pas de bon sens. Ce sont des gars qui sont déconnectés
de la réalité qui font une campagne comme celle-là. On a
dit: Oui? Assoyez-vous avec nous autres et on va en faire une. Vous Êtes
bons vous autres là-dedans, dans l'éducation, on va en faire une.
Ils nous ont été d'un précieux secours. Ils se sont assis
au ministère et ils l'ont faîte avec nous. Je ne me blâmerai
jamais, je ne le pense pas, et je vais toujours me vanter de faire participer
un organisme comme la Fédération québécoise de la
faune dans tout ce que nous avons à discuter. Ah! Ils
commencent à trouver ça "tough" un peu parce qu'ils sont
au ministère cinq jours par semaine. Mais ce n'est pas mon
problème, ça. Moi aussi, je suis là cinq jours par
semaine. Ils participent aux décisions. Alors, ce sont Ies
comités-conseils. Autrement dit, les comités-conseils, le
ministre a décidé de les sortir du 17e étage, de les
sortir de la bureaucratie, d'enlever cela des mains de seulement trois ou
quatre personnes pour faire décider les gens du milieu. Alors,
ça, ces deux comités-conseils, jusqu'ici, ce n'est pas
sorcier.
La table de concertation, elle, je peux en glisser quelques mots pour
répondre justement au député de Dubuc. J'ai
décidé de faire une table de concertation avec les organismes que
j'ai mentionnés la semaine dernière, à l'Assemblée
nationale, et je vais les répéter: la Fédération
québécoise de la faune, la FAPEL-Faune, l'Union
québécoise de la conservation de la nature, l'Association des
trappeurs indépendants du Québec, l'Association des pourvoyeurs
du Québec, la Fédération des gestionnaires de ZEC et la
Fédération québécoise du saumon de
l'Atlantique.
Si j'ai décidé que c'étaient ces gens qui devaient
composer la table de concertation, c'est pour une raison bien simple. Je suis
loin d'être de l'avis du député de Dubuc. Je trouve que
c'était profondément injuste la façon dont le Conseil de
la faune était constitué. Il ne faut pas se surprendre qu'on ait
eu des batailles à tout casser. Prenons l'exemple de la Baie
Lavallière, cela va sans doute dire quelque chose aux oreilles du
député de Dubuc, lui qui est ici depuis au moins une dizaine
d'années. Qu'il se rappelle les grosses batailles de la Baie
Lavallière, qu'il se rappelle les batailles épouvantables que se
sont livrées ses collègues de la faune et ceux de l'agriculture,
qu'il se rappelle cela et il va s'apercevoir que la plupart du temps, les gens
qui subissaient toujours le contrecoup de la politique du plus fort,
c'est-à-dire dans le temps c'était la politique de l'agriculture,
c'étaient toujours les gens de la faune. Cela faisait des batailles
rangées dans toutes nos régions, la saisie de tracteurs. Je me
souviendrai qu'un de ses collègues à lui avait fait saisir des
tracteurs d'agriculteurs et cela s'en allait en cour. C'était une
bataille rangée tout le temps et il n'y avait rien de surprenant
à cela, il y avait bien plus de monde au Conseil de la faune pour
conseiller le ministre de la faune, qui était en dehors de la faune, que
des gens de la faune. Il y avait l'UMRCQ et il y avait l'UPA, les forestiers et
un tas de monde, toutes sortes de gens et presque pas de gens de la faune. Je
trouvais cela profondément aberrant; un ministre de la faune doit se
faire conseiller par les gens de la faune et un ministre de l'agriculture, vous
n'avez jamais vu M. Garon se faire conseiller par des gens de la faune ou par
des gens des municipalités ou par des gens de... M. Garon se faisait
conseiller par des gens de l'UPA. C'était tout à fait normal,
parce que l'UPA est un organisme institué pour conseiller le ministre
dans le domaine de l'agriculture. Il y a des gens qui sont destinés
à conseiller le ministre dans le domaine de la faune et ce sont
ceux-là qui doivent avoir priorité. Ce qui ne nous empêche
pas, cela est clair, net et précis, et cela a été
expérimenté à une ou deux reprises, que quand il arrive un
contentieux avec l'agriculture, nous invitons l'UPA à participer aux
discussions de la table de concertation, uniquement dans un problème
agricole, non pas venir nous dire à longueur d'année: Vous
devriez faire telle chose dans la faune. Cela ne les regarde pas, ce n'est pas
de leurs affaires, je ne veux même pas les voir là. Je suis un
ministre de la faune qui doit se faire conseiller par les gens de la faune. La
journée où il y aura moins de gens de ta faune et plus de
l'extérieur, je me poserai de sérieuses questions sur la
volonté du ministre à garantir et à défendre les
droits qui lui ont été dévolus lorsqu'il a
prêté son serment de ministre. II s'agit de défendre les
gens de la faune, c'est pourquoi j'ai voulu que tous ces orqanismes-là
sortent. Cela ne veut pas dire cependant qu'on ne doit pas les mettre à
contribution. Chaque fois qu'on aura besoin de parler avec l'UMRCQ, qu'on aura
besoin de parler avec l'Union des municipalités du Québec, qu'on
aura besoin de parler avec l'UPA, qu'on aura besoin de parler avec les
autochtones, et Dieu sait qu'on en règle des dossiers avec les
autochtones, on est en train de régler les dossiers que vous aviez mis
en marche, mais que vous n'aviez pas réglés, c'est presque
signé, c'est une question de jours... On a parlé aux autochtones,
ils n'ont pas besoin d'être assis dans un comité pour parler de
cela. Mais quand les autochtones ont quelque chose à dire sur la faune,
on les invite et on dit: Venez vous asseoir avec nous autres. Parce que cela
n'est pas encadré, ce n'est pas final. On est assez intelligent et c'est
cela qu'on veut faire, on veut aller chercher l'appui des gens dont on a besoin
dans les circonstances. Quand on discute de problèmes agricoles et qu'il
y a un contentieux entre l'agriculture et le ministère de la faune, on
dit aux gens de l'UPA, vous êtes les bienvenus, on vous invite et on veut
que vous soyez avec nous autres parce qu'il y a un contentieux et on voudrait
qu'on s'entende, qu'an se parle et qu'on décide. C'est cela que les gens
font.
Quant à moi, j'étais profondément inquiet de
constater qu'il y avait plus de gens de l'extérieur de la faune que des
gens de la faune au Conseil de la faune. Alors, c'est bien évident que
le ministre de la faune risquait de se faire passer des sapins,
comme il s'en est fait passer d'ailleurs dans le passé, vous le
savez très bien, et on ne ramènera pas cela sur le tapis. Cela a
été assez douloureux comme cela pour tout le monde qu'un ministre
soit omniprésent et qu'il bouscule tout le monde à gauche et
à droite, de par sa grosseur et sa force. Je regrette, mais on ne veut
plus connaître cela. Le député de Dubuc en a fait allusion
tantôt quand il nous a dit: Bien, le ministre de la faune a
participé à la préparation du guide forestier, oui
effectivement. Cela, non plus, ne s'est pas vu depuis que le gouvernement est
gouverenement. Préparer un guide forestier avec trois ministres
concernés: le ministre de l'Environnement, le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche et le ministre délégué aux
Forêts. On a fait regarder cela par notre table de concertation, pour
nous faire des recommandations et on en est arrivé à
établir un guide qui fait que, maintenant, on ne peut plus faire de
coupe à blanc dans nos forêts.
On protège nos pourvoiries, on protège ce qu'il y a
là-dedans, parce qu'il y a eu une concertation du milieu. Mais, avant
d'aller comme ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche accepter un
guide avec mes deux autres collègues, j'ai demandé à ma
table de concertation ce qu'elle en pensait.
S'il y avait eu toute sorte de monde là-dessus à part des
gens de la faune, il n'y aurait pas eu intérêt à me
proposer des choses pour protéger la faune. Ce n'est pas fermé,
ça, la table de concertation. Quand on a besoin de faire participer
d'autres groupes, que ce soient des autochtones, l'Union des
municipalités, l'UMRCQ, des forestiers, ça nous fait plaisir de
les inviter, mais uniquement quand il y a un contentieux à
régler.
Quand il n'y a pas de contentieux à régler, qu'ils nous
laissent nous occuper de la faune. On est assez grand pour s'occuper de
ça tout seul. Quant aux organismes, je voudrais, encore une fois, leur
rendre hommage. Parce que les sept organismes que j'ai soulignés
tantôt, non seulement ça ne coûte pas un cent au
ministère, mais ce sont les fédérations mêmes qui
décident de défrayer les coûts, s'il y a des coûts
à défrayer de transport ou quoique que ce soit, parce qu'elles
disent: C'est notre part qu'on doit faire pour que la faune grandisse au
Québec.
À la table de concertation, en plus, ce sont les
fédérations, les unions ou les associations - dans le cas,
c'était une association, une union ou une fédération -qui
s'occupent de ça. Alors, M. le Président, ce n'est pas uniquement
une question d'économie. Bravo, si cela en est une, parce que les 100
000 $ que ça coûte de moins, qui étaient prévus pour
ça et que ça coûte en moins à l'État, je vous
assure que quand le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche . va mettre 100 000 $ quelque part, que ce soit dans
l'ensemencement de poissons, que ce soit du côté du saumon de
l'Atlantique, que ce soit du côté d'un PADEL, que ce soit du
côté des loisirs, dans la faune en général, les 100
000 $ sont bienvenus n'importe où. Et on arrive aux mêmes
résultats et à des meilleurs résultats avec cette
formule-là.
Alors, bravo à l'économie! De plus, tant mieux si un
ministre, une fois pour toutes, en espérant que ses successeurs en
feront autant, a décidé de ne plus décider tout seul au
dix-septième étage et que ce soit le peuple maintenant qui
décide. Bravoi Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, le ministre en met
passablement. Le président du Conseil de la faune, tel que...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc, je m'excuse. À ce moment-ci, je pense que les deux
côtés ont utilisé leur droit de parole de vingt minutes.
Nous devrions passer, à ce moment-ci, à l'étude du projet
de loi article par article. Alors, ça me prendrait un consentement si on
veut continuer dans les remarques préliminaires avec une limite de
temps.
M. Desbiens: Je peux bien attendre à l'article 1.
M. Pïcotte: Je pense que, M. le Président, le
député de Dubuc a quelques remarques à faire. On
pourrait...
M. Desbiens: Je pense que mes questions, que je les pose ici ou
là, ça va revenir au même.
Le Président (M. Saint-Roch): Vu qu'il y a consentement,
M. le député de Dubuc, vous pouvez poursuivre.
Discussion générale
M. Desbiens: Tout ce que le ministre vient de dire ici, je suis
d'accord avec lui. L'histoire de dire qu'il faut faire appel aux gens qui sont
dans le milieu, parce qu'ils ont parfois une vision différente de celle
des fonctionnaires, encore, ce n'est pas le cas de tous les fonctionnaires, il
y a beaucoup de fonctionnaires qui vont dans le milieu, surtout à la
chasse et à la pêche, il y en a plusieurs qui vont à la
chasse et à la pêche, mais s'attaquer au Conseil de la faune, tel
qu'il existait, pour dire que c'est parce que ce n'était pas
dirigé par des chasseurs ou des pêcheurs, ça ne marche pas,
son affaire.
Le 25 septembre, la Gazette officielle du 16 octobre 1985, c'est
à un mois et demi de l'élection que les membres du Conseil de la
faune, l'UPA et tout ça, c'est là que c'est entré en
vigueur, à ma connaissance, sauf erreur. C'est la première fois
que ça a existé comme tel et qu'on a vu apparaître un
représentant de l'université, un représentant de l'UPA, un
représentant de l'Union des municipalités et ainsi de suite.
Ils n'ont donc pas eu le temps d'agir et ce qui s'est fait - ou ne s'est
pas fait ou s'est mal fait ou s'est bien fait, je ne sais pas - ne
dépend pas de l'existence â l'intérieur du Conseil de la
faune, de ces catégories de citoyens ou de ces catégories de
groupements. (21 heures)
Le guide forestier, je veux bien qu'il s'en félicite, mais je
voudrais bien qu'il donne une partie de ce mérite au gouvernement
précédent; cela faisait deux ans qu'il était en gestation.
Encore là, bien sûr, c'est une bonne chose, je l'ai dit
d'ailleurs, c'est nécessaire. Aujourd'hui, on ne peut plus passer
è côté d'une concertation entre des ministères comme
l'Environnement, le Loisir, Chasse et Pêche et la Forêt. À
mon avis, pour faire un bon travail et assurer une bonne et saine gestion de
toutes nos ressources sur le terrain, cela prend absolument une concertation
entre ces ministères.
Je disais au ministre de l'Énergie, relativement au projet de loi
102, qu'il ne prévoit aucun responsable. Je ne sais pas si vous avez eu
l'occasion d'en discuter. Ni le ministre de l'Environnement, ni le ministre du
Loisir, ni le ministre de l'Énergie, ni le ministre
délégué aux Forêts, personne n'est responsable;
chacun va continuer d'avoir son ghetto et de faire son job. Cela va
certainement causer des problèmes à un moment donné, s'il
n'y a pas quelqu'un qui a au moins l'autorité de faire une concertation
avec tout ce monde. Ce n'est pas dans te projet de loi actuel, mais je le
mentionne en passant.
Donc, si l'on veut avoir une utilisation concertée et une bonne
gestion afin d'obtenir le meilleur rendement possible de nos ressources, je ne
vois pas comment on pourra y arriver sans, de plus en plus, une bonne
coordination. C'est pour cela que le guide forestier est un très bon
élément. C'est un bon pas, mais je ne crois pas que ce soit ta
fin du monde non plus. Je pense que c'est un excellent début de
concertation entre des ministères, mais il faut justement poursuivre
dans ce sens.
Maintenant, ses comités-conseils, il aurait très bien pu
les former à partir du Conseil de la faune. Il n'y a rien
là-dedans qui empêchait le ministre de se donner des
comités aviseurs et d'aller chercher, comme il le dit, des gens sur le
terrain qui vivent la chasse, la pêche, le piégeage et tout cela
et qui voient les difficultés quotidiennes que l'on peut rencontrer. Il1
n'y a rien dans le conseil de la faune qui empêchait de faire une
sous-commission ou je ne sais quoi parce qu'à l'article 23, on dit: "Le
conseil est chargé d'étudier les meilleurs moyens de
résoudre les problèmes." Les meilleurs moyens de résoudre
les problèmes aurait pu être de former un comité aviseur
qui lui dise quoi faire pour ses règlements de chasse et de pêche.
Il n'y a rien là qui empêchait le ministre d'agir. Il s'agissait
de demander au conseil de se former un comité aviseur qui aille chercher
sur le terrain des gens et des idées qui soient les plus pratiques
possible. Cela ne me convainc donc pas de la nécessité d'abolir
le Conseil de la faune. Si, à la rigueur, à partir du conseil de
la faune, comme il existe, il n'y avait pas vraiment cette possibilité,
je ne vois pas comment il aurait pu être empêché d'avoir des
aviseurs spéciaux pour des situations spéciales. Il aurait suffi
qu'il modifie la loi en conséquence.
Je pense que c'est à peu près ce qu'on voulait souligner.
Je crois avoir fait le tour de l'ensemble de la question. Le ministre dit qu'il
va économiser 100 000 $, c'est l'avenir qui le dira, surtout avec la
nouvelle politique soumise au Conseil des ministres qui s'en vient, de payer
200 $ par jour, 100 $ pour une demi-journée et les dépenses
afférentes aux bénévoles du gouvernement qui vont
participer aux comités. Voilà, M. le Président, je vous
remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: J'ai fait le tour, en tout cas.
Le Président (M. Saint-Roch): M. te ministre.
M. Picotte; Quelques mots, M. le Président, pour dire au
député de Dubuc que s'il avait fait son survol historique au
complet, il se serait rendu compte que pendant environ trois ans, si ce n'est
quatre, le Conseil de la faune a été complètement inactif.
Des ministres ont oublié de nommer des membres du Conseil de ta faune.
Il n'y avait pas de président. C'est pour cela qu'on n'aimait pas ce
Conseil de la faune; on voulait qu'il conseille le ministre.
Vous savez, j'ai pris tout un risque en mettant une table de
concertation à la place du Conseil de la faune parce que cela tire pas
mal fort. Vous voyez le nombre de personnes qui font partie de la
Fédération québécoise de la faune, le nombre de
personnes qui font partie de la Fédération du saumon de
l'Atlantique. Demain matin, si je
laissais la table de concertation inactive autant de temps que mes
prédécesseurs l'ont fait pour le Conseil de la faune, sans nommer
de président et sans faire de réunion, sur tout le territoire du
Québec, je me ferais scalper sur la place publique. Les gens me
critiqueraient à longueur de journée. Auparavant, il n'y avait
pas de problème, le Conseil de la faune, c'était une affaire du
ministre. C'était réglé par le ministre, c'était
lui qui contrôlait tout. Quand il ne nommait pas de monde, ce
n'était pas plus grave que cela. C'est pour cela qu'il a
été trois, quatre ans inopérant. Si vous aviez fait votre
survol historique, vous vous seriez rendu compte de cela. On va ajouter ceci:
c'est vrai que, le 25 octobre, cela a sûrement aidé que l'on mette
cela en marche. Évidemment, il y avait une élection qui s'en
venait en 1985, cela a sûrement aidé qu'on mette le Conseil de la
faune en marche. Malgré tout cela, il y a eu au moins trois à
quatre réunions au Conseil de la faune et les recommandations que les
gens nous ont faites... Pas de possibilité de faire de consensus parce
que des organismes à intérêts trop diversifiés y
participaient. Pas capable de faire un consensus parce que, quand les gens de
la faune voulaient quelque chose, les gens de l'agriculture disaient: Non, nous
autres, on ne s'associe pas à cela. Quand les gens de l'UPA voulaient
avoir quelque chose, c'étaient les forestiers et quand c'étaient
les forestiers, c'était un autre groupe qui était contre cela.
Donc, dans la courte histoire, entre le 25 octobre jusqu'au moment où on
est arrivé au pouvoir, où il y a eu trois, quatre
réunions: impossible de faire des consensus parce que des
intérêts trop diversifiés. M. le Président, vous
voyez ma sagesse de faire une table de concertation.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
M. Desbiens: Très rapidement. Le ministre dit que je n'ai
pas fait mon survol historique, mais je pense que c'est lui qui ne m'a pas
écouté comme il le faut. J'ai dit que, depuis 1968, justement, le
Conseil de la faune a eu des hauts et des bas.
M. Picotte: C'est plus qu'un bas, cela. Des voix: Ha! Ha!
Ha!
M. Desbiens: Évidemment, il y a peut-être eu des
gros torts par bout. Cela ne me surprend pas que le ministre dise enfin: Le
Conseil de la faune, tel que nouvellement constitué, avec tous les
organismes nouveaux qui entraient en contact et qui arrivaient chacun de leur
coin avec des idées préconçues - en tout cas - favorables
à leurs objectifs comme groupe, ne s'entendent pas immédiatement;
le contraire aurait été suprenant, surtout quand il y a des
intérêts qui ne sont pas toujours convergents ou, au contraire,
opposés. Je ne sais pas, il me semble que cela aurait valu la peine de
continuer l'expérience, de la vérifier et d'aller plus loin. Si
ce n'est pas cette formule... Je suis d'accord que le ministre est
peut-être bien conseillé par une table de concertation et deux
comités "aviseurs"; je ne nie pas cela. Je veux dire que, dans
l'utilisation de la ressource et de toutes les sortes de ressources qui se
retrouvent sur le territoire, il y a sûrement nécessité de
concertation pour que ce soit bien fait et profitable à tous les groupes
et à la population. C'est pour cela qu'on ne pourra jamais vraiment
dire, et le ministre non plus, même s'il avance cela...
Il a constaté les premiers balbutiements de ce nouveau Conseil de
la faune qui ont été difficiles; c'est possible et même
probable, je n'ai pas de peine à le croire. Si on avait vécu
l'expérience plus loin, peut-être que, justement, l'UPA aurait pu
finir par s'apercevoir qu'aux habitats fauniques, il y avait quelque chose
d'important. Les forestiers, ainsi de suite, tous les groupes divergents
auraient pu le constater et le faire savoir, dans leur milieu particulier
propre, et faire valoir le point de vue de ceux qui, dans le cas
présent, ont à coeur le développement de la ressource
faunique. En tout cas, ce n'est pas ce que le qouvernement et le ministre ont
décidé. C'est l'avenir qui dira jusqu'à quel point j'avais
raison. C'est un choix. Il n'y a pas d'autres événements.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Dubuc. J'appelle maintenant l'article 1. Est-ce qu'il y
a des commentaires concernant l'article 1?
Adoption M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Desbiens: On ne discutera pas sur la forme du verbe
"abroger".
Des voix; Ha! Ha!
Le Président (M- Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article ?.. Est-ce que l'article 2 est adopté?
M. Desbiens: II y en a deux?
Une voix: Oui, c'est la journée de...
Des voix: Ha! Ha!
M. Desbiens: Adopté.
Le Préaident (M. Saint-Roch): Est-ce que le titre du
projet de loi est adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble du
projet de loi 9, Loi abolissant le Conseil de la faune, est
adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur ce, je remercie les
membres de la commission de l'excellence du débat et de leurs
propos.
M. Picotte: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission ajourne
maintenant ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 12)