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Etude des crédits du ministère des
Affaires intergouvernementales
(Quinze heures cinq minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires intergouvernementales est réunie pour
entreprendre l'étude des crédits budgétaires du
ministère des Affaires intergouvernementales.
Les membres de la commission sont: M. Bertrand (Vanier), M. Biron
(Lotbinière), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Forget
(Saint-Laurent), M. Godin (Mercier), M. Guay (Taschereau), Mme Leblanc
(Iles-de-la-Madeleine), M. Levesque (Bonaventure), M. Morin
(Louis-Hébert).
Les intervenants sont: M. Brochu (Richmond), M. Charbonneau
(Verchères), M. Couture (Saint-Henri), M. Garneau (Jean-Talon), M.
Johnson (Anjou), M. Morin (Sauvé), M. Rancourt (Saint-François),
M. Raynauld (Outremont), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Je vous proposerais comme rapporteur le député de
Taschereau.
M. Levesque (Bonaventure): II est adjoint parlementaire.
Le Président (M. Marcoux): II ne peut pas être
rapporteur?
M. Levesque (Bonaventure): Je ne sais pas. Il l'a
été la dernière fois.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Outremont, acceptez-vous d'être rapporteur?
M. Morin (Louis-Hébert): Faites donc cela, vous serez plus
utile ainsi.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Outremont sera rapporteur des travaux de notre commission.
M. Raynauld: Très bien.
M. Guay: Cela implique que vous soyez présent en Chambre
le jour où le rapport est remis.
M. Levesque (Bonaventure): II est toujours présent en
Chambre.
Remarques préliminaires
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre, votre
exposé d'ouverture.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, merci
beaucoup de me donner l'occasion de prendre la parole. Je voudrais d'abord dire
bonjour à mon vis-à-vis et lui faire remarquer qu'il a devant lui
deux de ses anciens sous-ministres et qu'ils sont tous les deux heureux de le
revoir aujourd'hui, dans des rôles différents.
Quant à l'exposé préliminaire, je ne sais pas, je
peux toujours en faire un, mais cela irait peut-être plus vite si je n'en
faisais pas. Je vais demander le conseil de mes amis de l'Opposition. S'ils
veulent absolument que je fasse un exposé, je vais en faire un, s'ils
veulent aller plus vite, je n'en ferai pas.
M. Levesque (Bonaventure): Nous n'avons pas d objection,
sûrement, à entendre le ministre. Je peux en profiter
immédiatement pour dire ma satisfaction de revoir d'anciens
collaborateurs avec lesquels j'ai eu beaucoup de plaisir à travailler.
Ce n est pas limitatif. Il y a évidemment les deux sous-ministres dont
on vient de signaler la présence, mais il y a également plusieurs
de leurs collaborateurs et collaboratrices autour de ces tables que je voudrais
saluer bien amicalement.
M. Morin (Louis-Hébert): On est un peu en famille.
M. Levesque (Bonaventure): Quelles que soient d ailleurs les
critiques que nous pourrions formuler au cours de ces assises, qu'on sache bien
qu'il n'y a rien de personnel dans notre attitude.
M. Morin (Louis-Hébert): Ces critiques s'adresseront
seulement au ministre, c'est cela?
M. Levesque (Bonaventure): Non, il n'y a que
I'intérêt public qui nous guide et si c'est le ministre qui doit
écoper, c'est simplement en vertu de l'ordre constitutionnel qui fait
que le ministre est responsable devant la Chambre et ses commissions.
Cela dit, malgré tout le plaisir que nous aurions d entendre le
ministre, nous pourrions peut-être commencer immédiatement
l'étude des crédits, afin d aller au coeur des questions.
Connaissant le ministre depuis quelques années, j'ai I'impression que
ses remarques d'ouverture seraient d'une généralité
inattaquable.
M. Morin (Louis-Hébert): Inattaquable certainement. Quant
aux généralités, je suis en cela l'exemple des ministres
qui m'ont précédé.
Rapport annuel
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je voudrais,
comme je l'ai fait en Chambre ce matin, souligner le progrès "notable"
qui a été réalisé dans la présentation du
rapport annuel. En effet, on se rappellera que, l'an dernier, le ministre nous
avait remis, pour considération et pour nous aider dans I'étude
des crédits, le rapport annuel au moment même du début des
séances de la commission parlementaire. Cette année, grâce
à une préoccupation que je ne tiens pas à qualifier, le
ministre
bien connu par son attitude étapiste, par I'attitude de petits
pas du gouvernement, a décidé de nous présenter ce rapport
annuel quatre heures avant le début des séances de la
commission.
M. Morin (Louis-Hébert): ...
M. Levesque (Bonaventure): Je dois donc dire que, dans un an, le
ministre s'est amélioré de quatre heures.
Je tiens cependant à rappeler au ministre, au cas ou il penserait
que, lorsqu'il dit quelque chose, ce n'est pas noté de ce
côté-ci, qu'il s'était implicitement engagé, l'an
dernier, à faire ce dépôt de rapport beaucoup plus
tôt, mais je comprends aussi qu'il n'est pas lui-même toujours
responsable de l'impression, des difficultés techniques; sa bonne
volonté n'est pas, à ce moment-ci, mise en doute. Cependant, il
pourrait sans doute nous rassurer quant à l'avenir, et je suis convaincu
que, s'il a pu gagner quatre heures dans un an, d ici I an prochain, il pourra
indiquer un progrès qu'il voudrait davantage la peine de noter.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, je ne
connais pas trop les règlements ici. Quand ai-je le droit
d'intervenir?
M. Levesque (Bonaventure): Après ma première
question.
M. Morin (Louis-Hébert): Mais là...
M. Levesque (Bonaventure): On a tenu compte de votre désir
de ne pas avoir de remarques préliminaires.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais je ne voulais pas que
d'autres en fassent à ma place.
M. Levesque (Bonaventure): Ceci étant dit, ce n est
même pas un préambule, parce qu'il s'agissait simplement de noter
le dépôt du rapport annuel et simplement d'illustrer la diligence
du ministre.
M. le Président, nous avons, comme... Si on peut commencer...
Le Président (M. Marcoux): Avant d aborder chaque
programme, y a-t-il des questions générales ?
M. Levesque (Bonaventure): Non, on ne veut pas de questions
générales, M. le Président. On a décidé de
procéder avec la plus grande efficacité...
Le Président (M. Marcoux): Programmes?
M. Morin (Louis-Hébert): II ne faudrait pas que le
président nous retarde.
Le Président (M. Marcoux): On va appeler le programme
1.
M. Biron: M. le Président...
M. Levesque (Bonaventure): Je m'imagine que toutes nos questions
vont pouvoir résider à ! intérieur...
M. Biron: M. le Président...
M. Levesque (Bonaventure): Excusez-moi. ... vont pouvoir
résider à l'intérieur... Mais si le député
de Lotbinière, chef de l'Union Nationale...
Le Président (M. Marcoux): Ce que j'avais compris
tantôt, c'est qu'il n'y avait pas d'exposé d'ouverture...
M. Levesque (Bonaventure): Oui...
Le Président (M. Marcoux): ... il n'y avait pas de
réplique d'ouverture...
M. Levesque (Bonaventure): Oui, mais si le chef de l'Union
Nationale veut faire...
Le Président (M. Marcoux): ... et on peut procéder
à des questions générales quand même.
M. Levesque (Bonaventure): ... une intervention de cette nature,
à ce moment-là, je retire mon consentement et je recommence des
remarques générales. Mais si le chef de I'Union Nationale accepte
qu'on commence immédiatement...
M. Biron: Non, j'aurais quelques questions
générales avant, pas tellement en tant que remarques
générales, mais des questions générales...
M. Morin (Louis-Hébert): Bon! On est aussi bien...
M. Biron: ... sur l'orientation du ministère et,
après ça, ça va peut-être aller plus vite.
M. Morin (Louis-Hébert): Allons-y tout de suite!
M. Levesque (Bonaventure): Dans ce cas-là, M. le
Président...
Le Président (M. Marcoux): Non, mais je pense qu'à
l'étude de tous les crédits, on distingue deux choses. Il y a des
exposés d'ouverture; ensuite, il y a des questions
générales; ensuite, on aborde les programmes.
M. Levesque (Bonaventure): Dans ce cas-là, M. le
Président, je vais me prévaloir de cette tradition et je vais
poser la première question si le chef de I'Union Nationale n'a pas
d'objection.
M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bonaventure, chef parlementaire.
M. Levesque (Bonaventure): ... ma première question au
ministre des Affaires intergouvernementales est celle-ci, et je pense bien que
c'est
dans les attributions mêmes et du ministère et du ministre.
Le ministre voudra sans doute cela, c'est en pleine actualité
nous donner ses commentaires sur les propositions constitutionnelles qui
viennent d'être déposées par le gouvernement
fédéral.
Propositions constitutionnelles du gouvernement
fédéral
M. Morin (Louis-Hébert): Bon! M. Lévesque en a
déjà parlé trois fois, le premier ministre. Je pense bien
qu'on ne s'attend pas que j'arrive avec des innovations doctrinales qui
feraient qu'il y aurait des divergences. Alors, d'une part... C'est sûr
que ce que M. Lévesque a dit est la résultante d'une discussion
que nous avons eue ensemble quant à ces propositions. Je vais ajouter
cependant un élément qui est peut-être passé
davantage sous silence.
Je vais me situer, si vous voulez, pour les fins de l'exposé
très bref que je vais faire, sur un plan fédéraliste
proprement dit. Je l'ai été assez longtemps pour m'en
souvenir.
Alors, je pense que, pour un fédéraliste sincère
il y en a...
M. Levesque (Bonaventure): Plus que vous pensez.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je suis en train de faire
une grande phrase et, si on me mêle dans mes virgules, je ne serai pas
capable de la finir.
M. Raynauld: Plus qu'il n'en voudrait.
M. Levesque (Bonaventure): Plus qu'il n'en voudrait.
M. Raynauld: Plus qu'il n'en voudrait. (15 h 15)
M. Morin (Louis-Hébert): Si on se place du point de vue
d'un fédéraliste sincère, je pense que les propositions du
premier ministre du Canada sont extrêmement décevantes. Je ne dis
pas cela pour faire de la politique, je le dis parce qu'il y a un certain
nombre de faits qui nous permettent d'avancer une telle opinion.
D'abord, il n'y a vraiment aucun effort de créativité ou
d'imagination dans ces propositions auon nous a soumises. Ce qui est là
a déjà été dit plusieurs fois dans le passé
et on n'a même pas changé la forme dans laauelle ces choses ont
été dites. On aurait pu faire un effort de ce côté.
Quant à faire de la cosmétique politique, on aurait pu être
un peu plus professionnel.
Deuxièmement, je compare le texte qu'on a devant nous aujourd'hui
au document qui nous avait été soumis à la
conférence de Victoria. Il y a des similitudes troublantes. J'ai
l'impression qu'on recule par rapport à ce qui avait été
soumis à l'époque parce que cette fois-ci, bien qu'on nous
l'annonce pour l'avenir et c'est ma troisième critique, mon
troisième commentaire il n'y a aucune espèce d'allusion le
moindrement précise à la répartition des pouvoirs entre
les provinces et le gouvernement fédéral.
Quatrièmement, on sait que l'élection du Parti
québécois a créé, au Canada, une sorte
d'état de choc. Il y a un tas de monde qui ne s'attendait pas que cela
arrive, y compris nous, dans une certaine mesure, et qui a été,
pour cette raison, propulsé dans une sorte de réflexion rapide
sur l'avenir du Canada et l'avenir du Québec. De telle sorte qu'on a pu
dire.qu il y avait, au Canada, un peu à la suite de notre
élection et à la suite du fait qu'un tas de problèmes
n'avaient pas été résolus sur le plan constitutionnel, un
état de crise qui a provoqué, dans le reste du Canada, je ne sais
combien de séminaires, de colloques, de comités d'étude,
d'organisations qui ont commencé à se réunir les fins de
semaine pour penser à la nature du Canada, à la nature du
fédéralisme et à la nature du Québec.
En plus de cela, il y a une commission royale d'enquête
fédérale, qui s'appelle Pepin-Robarts. Toutes les associations un
peu partout font, de temps à autre, des recommandations quant à
ce qu'on appelle le problème constitutionnel. C'est une appellation
impropre, à mon avis, parce que c'est un problème politique et
pas strictement constitutionnel dans le sens juridique du terme.
Alors que tout cela se passe du côté fédéral,
on arrive avec des voeux pieux. C'est à peu près comme si, nous,
quand on décidera d'aller plus avant dans la notion de
souveraineté-association, on arrivait avec une sorte de document de 25
pages dans lequel on dirait, par un résumé de quelques pages, que
la souveraineté-association vise à rendre le monde meilleur et
plus heureux et à réaliser l'harmonie entre les hommes. On aurait
raison de nous dire que c'est un peu niaiseux comme description.
Je n'appliquerai pas cette appellation ou ce qualificatif aux
propositions fédérales, mais je me contenterai de dire qu'elles
ne sont vraiment pas imaginatives. Si j'étais fédéraliste
convaincu, je serais déçu de mon gouvernement
fédéral. Je me contenterais ou me consolerais en me disant qu'il
y a quelqu'un à Québec qui a pensé à
élaborer une troisième voie et je me dirais que peut-être
lui va arriver, un de ces jours, avec des propositions un peu plus stimulantes.
J'attendais ce jour béni où, par un effort d'imagination
absolument surprenant, on en arriverait, à Québec même,
dans les formations politiques existantes qui cherchent une troisième
voie, à définir une approche un peu plus adaptée, toujours
du point de vue fédéraliste au problème de l'heure.
C'est ce que je dirais sur ce sujet, M. le Président. Je pourrais
ajouter un tas d'autres choses, mais ce serait prolonger la discussion pour
rien.
M. Raynauld: II a appliqué un programme d'étapes.
Vous devriez être fiers! C'est un programme étapiste.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais il faut que les
étapes conduisent quelque part. C'est la première règle de
ceux qui pensent à délimiter, à
déterminer un certain nombre d'étapes à franchir
avant d'arriver à un certain but. Actuellement, les étapes dont
on est témoin du côté fédéral me paraissent
davantage régressives qu'autre chose.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce aue le ministre si j'ai
bien compris a dit que dans le document qu'il a eu l'occasion
d'étudier dans ce document des propositions constitutionnelles du
premier ministre fédéral, M. Trudeau, est-ce qu'il a dit qu'il
n'y avait vu aucune allusion à la répartition des pouvoirs parce
que...
M. Morin (Louis-Hébert): J'en ai vu une et elle est
troublante.
M. Levesque (Bonaventure): ... M. le Président, je vais
citer, simplement pour le bénéfice du ministre, un petit passage;
il y en a probablement d'autres, mais... Je vois, par exemple: "II est
néanmoins possible de clarifier le partage des pouvoirs pour que les
citoyens sachent mieux qui doit faire quoi, sans pour autant emprisonner l'un
ou l'autre ordre de gouvernement dans quelque carcan constitutionnel. Dans
cette perspective, il faudra donc chercher a supprimer les chevauchements et
les doubles emplois qui n'ont pas leur raison d'être."
M. Morin (Louis-Hébert): II y a M. Pearson qui,
déjà, disait cela.
M. Levesque (Bonaventure): Un peu plus loin, on voit: "La
révision de la répartition des compétences
législatives entre les deux ordres de gouvernement sera la pièce
de résistance de cette phase". Lorsque le ministre dit qu'il n'y a
aucune allusion a la répartition des pouvoirs, n'exagere-t-il pas a ce
moment-là ou a-t-il escamote ces parties, à mon sens importantes,
de ce document?
M. Morin (Louis-Hébert): Absolument pas. Je rappelle pas
cela une allusion, peut-être une illusion, si vous voulez, qu'il y ait
quelque chose de nouveau, mais ce n'est vraiment pas une addition à ce
qu'on savait déjà. Il y a quelque chose de troublant dans ce
genre d'allusion, si vous voulez vraiment qu'il y en ait une; c'est de voir un
petit peu plus loin dans le texte ou or, parle d'une combinaison judicieuse de
modifications constitutionnelles et où on dit qu'il peut y avoir des
échanges, en quelque sorte, entre gouvernements. En quelque sorte, on va
peut-être nous proposer, éventuellement, certains pouvoirs qui
viendraient d'Ottawa vers le Québec ou les provinces, en même
temps que nous en donnerions qui viendraient du Québec vers Ottawa. Cela
ne nous paraît pas être la façon de résoudre le
problème alors que, depuis des années vous avez, M. le
chef de I Opposition, vous-même participé à cette
élaboration nous avons comme position au Québec celle qui
consiste a vouloir acquérir de façon claire, au niveau du Quebec,
des pouvoirs qui sont actuellement exercés par le gouvernement
fédéral. Mais il n'a jamais été question d'en
transférer de ceux que nous avons vers le gouvernement
fédéral.
Si vous considérez que c'est une allusion valable. je trouve cela
davantage inquiétant qu'autre chose.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, est-ce que le
ministre, qui semble endosser sans aucune hésitation la position du
premier ministre, incluant évidemment sa réaction émotive
et partisane alors même qu'il n'avait pas lu le document, est d'accord
que le ministère des Affaires intergouvemementales, s'il est un des
ministères d'un gouvernement qui se voulait, pour être élu,
un bon et vrai gouvernement provincial, qui se specialise dans les
études, devrait avoir comme préoccupation, de faire une
étude plus en profondeur de ce document qui intéresse
sûrement tous les citoyens du Carada? Si j en juge par les
réactions de divers éditorialistes aujourd'hui je songe en
particulier à ceux du Devoir, du Star, de la Presse de Montreal, et
d'autres ne pense-t-il pas qu'il y aurait lieu d'étudier plus en
profondeur ce document ou, à cause de son option indépendantiste.
doit-il rejeter complètement toute proposition qui vient du
fédéral dans le domaine constitutionnel?
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais dire deux choses
la-dessus. La première, c'est que. personnellement, en tant que ministre
des Affaires intergouvernementales, je ne peux jamais oublier le fait qu'il y a
peut-être une quinzaine d'années au moment où je
vous parle de près ou de loin, que je suis dans le domaine des
relations intergouvemementales et dans le domaine constitu-tionnel. Sans me
donner aucune qualité que je n'aurais pas, je pense qu'étant
donne cette expé- rience, cela ne nous prend pas beaucoup de mois
d'étude pour nous rendre compte de la portée absente dans
ce cas de propositions cons- tituonnelles qui nous sont soumises. Je
mentirais si je disais que j'ai besoin, pour m'en rendre compte, d'une longue
étude, ce n'est pas le cas. C'est la première remarque que je
fais.
La deuxième chose, c'est qu'il ne faut pas être hypocrite
non plus; notre option politique ne se situe pas par rapport à une
révision du système fédéral tel qu'il est
maintenant, mais par rapport à une transformation du système
politique du Canada. Il ne faudra quand même pas faire croire au monde
qu'il suffit qu'à un moment donné, on nous donne un document
plein de voeux pieux pour que cela nous fasse "tripper" et changer notre
option, alors que personne ne nous croirait dans la population du Québec
si on disait que tel était le cas. C'est pour cela que je réponds
que ce n'est pas cela qui va nous faire changer d'avis, puis-qu'au contraire je
retrouve là-dedans la confirmation de la tendance constante du
côté fédéral de définir le
fédéralisme selon une méthode qui est orthodoxe du point
de vue d'Ottawa mais qui, à mon avis, est loin de correspondre aux
besoins de l'ensemble des provinces et, à ce moment-là, je ne
parle même pas du Québec en particulier, je le
situe encore sur un plan très fédéraliste et
même très conservateur à cet égard.
Or, pour ces deux raisons, on n'a pas besoin d'étude de
très longue portée pour mesurer la valeur de ce document. Je ne
dis pas que ceux qui l'ont écrit ne pensent pas avoir fait un bel
effort, peut-être, mais il reste qu'en ce qui nous concerne il n'y a
vraiment rien là qui puisse nous perturber quant à l'option que
nous avons lucidement prise à un moment donné.
M. Levesque (Bonaventure): Nous aurons, M. le Président,
quant à nous, à donner nos commentaires, comme parti politique
à ce document, et j'espère que cela sera au cours de cette
semaine. Je n'ai donc pas de préjugé...
M. Morin (Louis-Hébert): ... vous n'êtes pas
sûr de cela...
M. Levesque (Bonaventure): ... dans le sens, du moins, de ceux
que l'on voit chez le ministre des Affaires intergouvemementales.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce ne sont pas des
préjugés...
M. Levesque (Bonaventure): En effet, lui-même, accepte de
dire et avoue que justement à cause de l'expérience qu'il a eue
et comme haut fonctionnaire et comme membre du gouvernement, il ne veut pas
attacher, ou prêter foi aux intentions exprimées dans ces
propositions constitutionnelles. Cela ne l'intéresse pas; il a eu son
expérience et il ne veut plus suivre les règles du jeu.
M. Morin (Louis-Hébert): On veut les changer, M. le
Président. On suit les règles du jeu, on l'a dit, et nous nous
conformons aux façons d'agir dans le système tel qu'il existe
maintenant. Et je pense, qu'à cet égard là, tout le monde
doit reconnaître que nous sommes très respectueux des
règles du jeu et même quand on propose d'ailleurs c'est une
chose que je voulais mentionner des façons d'agir qui nous
paraissent tout à fait fédéralistes, par exemple les
accords de réciprocité qu'on a proposés aux autres
provinces, par rapport à notre attitude dans la taxe de vente, par
rapport aussi à un tas d'autres choses, du côté
fédéral on s'acharne à croire qu'il s'agit de positions
séparatistes, de telle sorte, qu'on est en train de fausser même
le sens du régime fédéral dans lequel on est. Cela, nous,
nous ne l'avons pas fait.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je continue.
Le ministre a mentionné, à un moment donné, que ce qu'ils
voulaient, lui et son gouvernement, c'était de changer le système
politique au Canada. Est-ce que c'est une nouvelle façon étapiste
d'approcher le problème parce que lorsqu'on entend le ministre des
Finances parler, il parle, lui, qu'il veut l'indépendance du
Québec purement et simplement. Lorsqu'on entend un autre
député qui va faire un tour en dehors du Québec ou
le premier ministre eux font des grands discours sur la
préoccupation qu'ils ont de ne pas rupturer, si l'on veut, le pays. On
entend ensuite la version plutôt officielle, celle qui semble être
rattachée au ministre des Affaires intergouvernementales, qui est une
sorte de nouveau Canada, sans être le Canada, une sorte de
souveraineté très nuancée dans le sens que lui aussi ne
veut pas briser quoi que ce soit, il veut demeurer dans les meilleurs
sentiments entre Canadiens et il vient dire: il nous faut un nouveau
système politique au Canada. Qu'est-ce qu'il veut dire par cela?
M. Morin (Louis-Hébert): Ce que je veux dire par là
et je ne pense pas que cela demande une longue étude non plus, c'est
que, lorsqu'on propose la souveraineté-association cela
représente un sérieux changement à la structure politique
du Canada, tel qu'on le connaît maintenant. C'est cela que j'ai dit et je
ne voudrais pas que, s'il a manqué un mot dans ma phrase ou s'il y a eu
une intonation qui a semblé de travers au leader parlementaire du Parti
libéral, je ne voudrais pas qu'on en déduise toutes sortes de
conclusions hâtives. Je partage à cet égard les mêmes
vues que les autres. Je veux être clair sur ce
côté-là.
Maintenant, il y a une chose, et je vais profiter de l'occasion pour en
parler...
M. Levesque (Bonaventure): ... alors, si on me permet,
immédiatement. Le ministre des Affaires intergouvernementales, que j'ai
devant moi, partage...
M. Morin (Louis-Hébert):... c'est d'en arriver à un
régime...
M. Levesque (Bonaventure): ... vous avez parlé des
autres... partage les vues du ministre des Finances, par exemple, qui dit: II
faut procéder à l'indépendance du Québec purement
et simplement. C'est ce qu'il nous a dit.
M. Morin (Louis-Hébert): Le ministre des Finances, et le
ministre des Affaires intergouvemementales, et le premier ministre, et le
ministre du Tourisme, et le ministre du Développement régional,
et le ministre des Consommateurs, enfin, etc. partagent tous l'idée
qu'il faut réaliser, pour le Québec, la
souveraineté-association. (15 h 30)
M. Levesque (Bonaventure): Non, M. Pari-zeau ne parle pas de
cela!
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas parce que, à
un moment donné, je parle d autre chose et que je ne parle pas de la
souveraineté-association pendant la journée qu il faudrait
conclure que j'ai abandonné cette option. Il ne faudrait quand
même pas charrier.
M. levesque (Bonaventure): Je ne parlais pas du ministre que j'ai
devant moi, je parlais du ministre des Finances.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a des moments ou je fais du
bricolage à la maison, cela ne veut
pas dire que j'ai abandonné la vie politique. Cela
dépend...
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre des Finances a bien dit et
il a répété qu'il était pour I'indépendance
du Québec, avec une monnaie séparée, une monnaie
québécoise, etc., coupant tous les liens.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, ce n'est pas ce qu' il a
dit. Je ne voudrais pas qu'on commence à faire le procès de ce
que tous les autres ont dit à I'Assemblée nationale. Vous savez
comme moi qu'il se dit beaucoup de choses... Puis-je enlever mon maudit
veston?
M. Levesque (Bonaventure): ... liens pour en rétablir de
nouveaux. Enfin, c'est ce que j'ai compris.
M. Guay: Non, ce n est pas ce qu il a dit.
M. Alfred: Vous charriez.
Une Voix: II fait trop chaud ici.
M. Levesque (Bonaventure): Qu est-ce qu il a dit? On va le lui
demander, on va le faire venir.
M. Guay: Le ministre des Finances? Il a dit que, dans I
hypothèse de I' association, la question de I'union monétaire
allait être soulevée, que, quant à lui. il pensait, compte
tenu des fluctuations récentes du système monétaire
international, qu'il serait extrêmement difficile d en arriver à
une union monétaire avec le Canada, mais qu'il ne I'excluait pas et que
de toute façon cela faisait partie des négociations à
venir sur l'association avec le Canada. Cela me semble assez clair.
M. Levesque (Bonaventure): Mais il a dit. à maintes
reprises, qu'il était pour I'indépendance politique du
Québec.
M. Alfred: La souveraineté politique!
M. Morin (Louis-Hébert): La souveraineté
politique.
M. Levesque (Bonaventure): Mais il a moins peur du mot
indépendance que vous!
M. Morin (Louis-Hébert): Non, ce n est pas une question de
peur, c'est une question de vocabulaire.
M. Levesque (Bonaventure): C est une question d'intoxication de
l'opinion.
M. Guay: ... fédéralisme renouvelé.
M. Morin (Louis-Hébert): A-t-on le droit, dans ces
commissions je ne le sais pas, je n'y viens pas souvent de poser
des questions à nos amis?
M. Levesque (Bonaventure): Après qu on aura terminé
nos questions, il me fera plaisir de répondre aux vôtres.
M. Morin (Louis-Hébert): Parce que je me demande ce qu'est
le fédéralisme renouvelé, la troisième voie,
etc.?
M. Levesque (Bonaventure): Sûrement, et vous allez en
entendre parler.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je ne veux pas seulement en
entendre parler, je veux savoir de quoi il s'agit.
M. Levesque (Bonaventure): II s'agit, premièrement, de
voir à demeurer Canadiens, Québécois à
I'intérieur du Canada...
M. Morin (Louis-Hébert): Bon, il y a quelque chose.
M. Levesque (Bonaventure): ... pas votre patente a vous autres
qui veut tout simplement, comme le disait I'un de nos grands comédiens,
un Québec indépendant dans un Canada uni et fort.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai entendu quelque chose qui
ressemble à cela.
M. Guay: Claude Ryan dit exactement cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pensais qu'il faisait des
blagues cette journée-là. Mais, comme je ne le connais pas comme
humoriste, je me suis dit: Cela doit être sérieux.
M. Levesque (Bonaventure): Alors. M. le Président...
M. Morin (Louis-Hébert): Bon, revenons à...
M. Guay: Mais cela, est-ce du fédéralisme
renouvele?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est dans quelle voie?
M. Levesque (Bonaventure): Nous allons vous faire connaître
nos commentaires dans...
M. Charron: La voie de service.
M. Levesque (Bonaventure): ...un temps relativement court: au
cours de la présente semaine, j'espère. J'espère que vous
en prendrez note.
M. Morin (Louis-Hébert): ... jusqu'à trois
semaines.
M. Guay: II y a un amendement de Claude Ryan qui s'en vient
là-dessus!
M. Raynauld: M. le Président, ce qui me surprend, c'est
qu'on a devant nous... Est-ce...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que c'est sur le
même sujet?
M. Levesque (Bonaventure): Le même sujet. M. Biron:
Sur le même sujet.
Le Président (M. Marcoux): M. le chef de I'Union
Nationale.
M. Biron: J'espère que le ministre ne s'en va pas.
M. Morin (Louis-Hébert): En tout cas, je l'ai pris, moi.
Il n'y a rien comme l'innovation.
M. Guay: Les réformes parlementaires.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne vois pas pourquoi, si tout
le monde meurt de chaleur, on ne s'organiserait pas pour discuter
intelligemment tout en étant à I'aise.
M. Biron: Sur le même sujet, M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne parlais pas de toi,
voyons!
M. Biron: Vous nous avez parlé tout à l'heure de ce
que vous avez dit être les propositions du fédéral, mais ce
que je qualifie, moi, de propositions Trudeau ou de propositions du Parti
libéral fédéral, qui, en fait, ne vont pas aussi loin que
les propositions des premiers ministres conservateurs réunis à
Kingston, I'été dernier. Alors, déjà, on voit qu'au
niveau fédéral, on a des options différentes en fonction
des partis politiques. Donc, on ne peut pas qualifier ces propositions du
fédéral de définitives.
Quand même, le mandat que vous avez reçu le 15 novembre
1976, c'est d'être un vrai gouvernement du Québec. A travers cela,
vous aviez, à travers votre programme, l'article qui dit que vous alliez
organiser un référendum sur l'indépendance, sur la
souveraineté-association pour le Québec. Mais, a travers le
mandat que vous avez reçu et à partir du statu quo actuel, ou
à peu près, ou de formules présentées par le Parti
libéral fédéral, il y a plusieurs autres options possibles
jusqu'à l'éventuelle séparation complète ou
indépendance complète; il y a peut-être, un peu moins loin,
la souveraineté-association. Mais est-ce que le gouvernement du
Québec et vous en particulier ne jugez pas que par votre mandat
reçu le 15 novembre il y a obligation d'étudier non seulement une
formule politique préconisée par le Parti
québécois, mais aussi d'autres formules possibles de
fédéralisme renouvelé? Je juge que votre mandat, c'est
à travers toutes ces formules où il y a des fonctionnaires
politiques qui doivent être au service d'un parti politique, mais il y a
des fonctionnaires du gouvernement qui doivent être au service du
gouvernement; donc, de toute la population du Québec en
général. A travers cette poopulation du Québec en
général, il y en a plusieurs qui croient à une formule qui
ne va pas aussi loin que la formule de l'indépendance, mais qui va
certainement plus loin que la formule d'un autre parti politique au niveau
fédéral, Parti libéral fédéral.
Ma question est la suivante: Etudiez-vous, à I'heure actuelle,
d'autres formules que celle de l'indépendance ou de la
souveraineté-association? Si oui, quelles sont ces formules? Si non,
pourquoi les fonctionnaires au service de la population du Québec
n'étudient-ils pas d'autres formules qui seraient réalistes et
qui répondraient aux besoins et aux aspirations légitimes de la
population du Québec?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela fait je ne sais combien
d'années, que je ne sais pas combien de gens au Québec, je ne
sais pas combien de fois, étudient toutes sortes de formules. On n'a
aucune objection, d'ailleurs, on le fait dans le cadre des études sur I
association économique, à examiner diverses formules
d'organisation gouvernementale dont certaines, on le sait très bien,
même en commençant à les étudier, qu'on ne les
appliquera jamais ici et qu'on ne les proposera pas. C'est sûr que de ce
côté-là, quand arrive un document comme celui-là ou
que n'importe quelle autre proposition fédérale arrive, on est
quand même tout à fait disposé à les regarder,
à les examiner et à porter un jugement en ce qui les
concerne.
D'un autre côté, je ne veux pas faire croire des choses aux
gens. Personnellement c'est la même chose dans l'ensemble du
gouvernement ce n'est pas notre option politique. Imaginons I'inverse:
supposons qu'on arrive avec un document qui propose notre option en
détail une chose comme celle-là et qu'au Parlement
fédéral on lui dit: Oui, mais avez-vous regardé cela?
Peut-être que la formule est là. Ces gens vont vous dire qu'ils
n'y croient pas. Je les comprendrais. S'ils commençaient à nous
dire que cela a bien du bon sens notre affaire ce qui probablement peut
arriver un jour, mais s'ils nous disaient cela au point de départ
à ce moment-là, je mettrais peut-être en doute leur
sincérité. Je pense que la population du Québec sait
quelle est notre option politique; elle s'attend de nous que nous la lui
proposions; c'est ce que nous allons faire.
Il y a une chose évidente dans notre démarche
actuellement; nous allons proposer tout cela à la population du
Québec qui aura à se prononcer par un référendum.
C'est cela notre trajectoire. On ne la changera pas parce qu'elle n'a jamais
été essayée jusqu'à maintenant et on pense, au
contraire, qu'elle renferme des possibilités énormes de solutions
au problème québécois, au problème canadien, parce
que c'est la formule de l'avenir.
Alors, on n'est pas obstiné et stupide au point de ne même
pas lire ce qui nous arriverait d'Ottawa, je l'ai lu ce document; je l'ai lu
hier après-midi quand j'étais à Whitefield aux Etats-Unis.
Je le sais. J'ai tout lu et c'est très bien. J'ai trouvé
là je l'ai dit tantôt bien sincèrement
même pas ce que j'avais vu en 1967, 1968, 1969,
1971 dans les propositions fédérales. Je l'ai dit
tantôt.
M. Biron: Est-ce que vous avez dit tout à l'heure. M. le
ministre, que, si la proposition du Quebec était acceptée au
point de départ par le gouvernement fédéral, vous seriez
bien surpris? Est-ce que cela sous-entend que la formule que vous
préconisez est à l'extrême, mais qu'il y aura lieu de
négocier en cours de route pour avoir une formule moins
extrémiste ou moins excessive?
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas cela que j'ai dit.
J'ai dit que, si à partir d'un de nos documents dans lequel on
exposerait toute notre proposition, on entendait dire le lendemain matin que le
federal vient de se rendre compte que c'est la solution et, Mon Dieu-Seigneur!,
qu'ils regrettent donc de ne pas y avoir pensé avant, on regarderait
deux fois pour être bien sûr qu'ils ne sont pas en train de nous
jouer un tour, parce que ce serait assez curieux. Parce que ce n'est pas leur
option politique pour le moment. Ce n est que cela que j'ai voulu dire: il n'y
a pas de sous-entendu. Je commence à m'inquiéter, parce que
chaque fois que je dis quelque chose, on regarde les notes au bas de mes
phrases pour voir s'il n'y a pas des allusions, des significations obscures.
C'est simplement cela que j'ai dit.
M. Biron: Dans ce cas-la, cela voudrait dire, par contre, que,
s'il y a une conférence fédérale-provinciale pour essayer
de discuter ou d'étudier une nouvelle constitution canadienne, il y aura
une réponse négative de la part du Parti québé-cois
se refusant à négocier une nouvelle constitution canadienne avec
les autres provinces canadiennes et avec le gouvernement
fédéral.
M. Morin (Louis-Hébert): Comment se fait-il aue toutes ces
suggestions fédérales qui nous arrivent maintenant, même si
elles n'ont rien de très stimulant, arrivent aujourd'hui, alors qu'elles
auraient pu être formulées il y a bien longtemps. Comment se
fait-il, vu qu'il n'y a rien de nouveau, que ce n'est pas arrivé il y a
un an, deux ans, trois ans, quatre ans ou cinq ans?
M. Raynauld: ... vous l'avez dit tout à I'heure, de 1968
à 1971. Elle est venue en 1968 et en 1971.
M. Morin (Louis-Hébert): Justement, pourquoi est-ce que
cela n'a pas été repris? Comment se fait-il que cela nous arrive
aujourd'hui comme la découverte des temps modernes, la découverte
du siècle, si vous voulez...
M. Raynauld: En 1971, cela n'a pas marché.
M. Morin (Louis-Hébert): ... avec rien de nouveau et que
soudainement cela devrait être la solution? Est-ce qu'il n'y a pas une
sorte de synchronisation? Est-ce que du côté fédéral
on ne se rend pas compte, après des années, qu'on aurait dû
le faire? Si on avait fait cela de la même façon qu'on le fait
aujourd'hui, il y a dix ou quinze ans, peut-être que la situation
politique aurait évolué, je ne le sais pas.
Cela me fait penser à la vieille phrase d'André
Laurendeau, dont on parle ces jours-ci: Trop peu trop tard. Très
honnêtement, je pense que c'est trop peu trop tard. Personnellement, cela
ne m'intéresse pas comme base de discussion, puisque ce serait tromper
la population du Québec que de lui faire croire qu'il y a vraiment
là des solutions au problème actuel de l'existence de deux
nations au Canada.
Le chef de l'Union Nationale le sait très bien, puisque c'est son
parti qui a d'abord proposé cette notion. Je ne veux pas qu'on fasse
croire au monde des choses qui n'existent pas. C'est justement ce qu'ont fait
trop souvent les partis politiques dans le passé. Je ne veux accuser
personne en particulier, c'est une constatation générale que je
fais. C est peut-être normal quand on est en politique que les partis se
comportent de cette façon-là, mais je voudrais autant que
possible qu'on ne retombe pas dans de vieilles ornières. Il y a la
tentation bien simple de dire: II y a peut-être quelque chose
là-dedans, et de se forcer pour trouver, en examinant cela à la
quatrième décimale, une nuance qui n'y était pas avant,
que des perspectives brillantes sont ouvertes au peuple du Québec. Je ne
veux pas jouer ce jeu-là.
M. Biron: Ma question était claire, M. le ministre. Vous
n'y avez pas répondu. Est-ce que oui...
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai oublié en cours de
route.
M. Biron: ... ou non il y aura négociation de la part du
Parti québécois avant le référendum pour un
fédéralisme renouvelé, si le gouvernement du Québec
est invité par le gouvernement fédéral et les autres
provinces canadiennes à négocier un fédéralisme
renouvelé? Est-ce qu'il y aura négociation, oui ou non. avant le
référendum de la part du Parti québécois?
M. Morin (Louis-Hébert): Nous avons été
élus, entre autres choses, pour faire le référendum et on
a dit clairement à la population du Québec qu'on allait lui
soumettre une proposition sur laquelle elle aurait à se prononcer. On ne
veut pas, en cours de route, avoir l'air de "divertir" notre mandat
électoral pour faire croire à la population du Québec
qu'on a soudainement trouvé autre chose qu'on n'avait pas imaginé
qui existait avant.
D'un autre côté, on n'est quand même pas pour ne pas
parler à nos voisins et à ceux qui sont autour de nous.
Actuellement, au moment où je vous parle, on négocie
d'ailleurs, je vous en donnerai la liste tantôt à longueur
de journée des ententes avec le gouvernement fédéral
même dans le régime actuel, ce qui veut dire qu'on est
disposé à parler aux autres. Mais entreprendre une discussion
constitutionnelle sérieuse sur ces bases-là, la réponse
est non. Ce ne serait pas
sérieux de nore part. Très honnêtement, ce ne serait
pas sérieux. Je ne le ferai pas personnellement.
M. Levesque (Bonaventure): Pour reprendre une question du chef de
l'Union Nationale, il me semble que c'était bien clair lorsqu'il
évoquait votre mandat. Vous avez un mandat. C'est vous-même
et je parle à vous, M. le Président, en parlant du ministre des
Affaires intergouvernementales... C'est lui-même qui, alors qu'il
était candidat dans Louis-Hébert, pendant la campagne
électorale, qui a précédé le 15 novembre 1976,
c'est lui, M. le Président, qui était le père de
l'éta-pisme. C'est lui qui a vendu d'après tous les
rapports que nous en avons il a peut-être eu des collaborateurs,
mais c'est son genre, c'est lui qui a vendu I'idée à son
parti...
M. Morin (Louis-Hébert): Est-ce que c'était une
bonne idée ou non?
M. Levesque (Bonaventure): Pour le Parti auébécois,
cela a l'air que cela a marché, mais cela peut être une vue
à court terme.
M. Morin (Louis-Hébert): Attendez, on va en avoir d'autres
bonnes idées.
M. Raynauld: Assumez-en les conséquences, par exemple.
M. Charron: Pour nous autres, cela a marché; pour vous
autres, cela a marché un peu moins.
M. Raynauld: Vous êtes enferrés
là-dedans.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ce que je dis.
c'est que c'est le ministre lui-même qui était alors
député de Louis-Hébert, durant la campagne
électorale...
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'étais pas
député, j'étais candidat.
M. Levesque (Bonaventure): ... qui a vendu cette idée,
à vous comme aux autres que j'ai en face de moi. de faire en sorte que
la population soit bien informée sur le fait qu'il n'était pas
question, dans le vote du 15 novembre 1976, d'élire autre chose qu'un
bon et vrai gouvernement provincial, respectueux...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est exact!
M. Levesque (Bonaventure): Oui, mais laissez-moi terminer.
M. Morin (Louis-Hébert): Virgule, parce qu'il y a une
virgule, j'attends le reste de la phrase.
M. Levesque (Louis-Hébert): ... de l'ordre constitutionnel
présent...
M. Morin (Louis-Hébert): Virgule! Un
référendum.
M. Levesque (Bonaventure): ... qui ferait, par la suite, un
référendum au cours du mandat pour poser la question d'ordre
constitutionnel.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela. Alors, c'est ce qu'on
fait. (15 h 45)
M. Levesque (Bonaventure): Mais on demande au ministre
présentement: Pourquoi rejette-t-il du revers de la main des
propositions d'ordre constitutionnel qui sont faites et qui s'adressent
justement à tous les gouvernements, dont le gouvernement du
Québec, celui qui est responsable de l'étude de ces dossiers? On
n'a qu'à consulter le rapport et la loi organique du ministère et
on s aperçoit que c'est une fonction...
M. Morin (Louis-Hébert): Excellente loi d'ailleurs que
vous avez adoptée vous-même, je vous en félicite.
M. Levesque (Bonaventure): C est une fonction spécifique
du ministre et du ministère des Affaires intergouvernementales que
d'étudier ce document; c'est une fonction spécifique du ministre
et du ministère des Affaires intergouvernementales que de
préparer diverses options dans l'intérêt des
Québécois, pas dans l'intérêt du Parti
québécois, mais dans l'intérêt des
Québécois. Les collaborateurs du ministre, les fonctionnaires du
ministère des Affaires intergouvernementales devraient être
à I'oeuvre présentement sur ce document, sur d autres options,
afin de préparer la conférence fédérale-provinciale
de l'automne, mais, en même temps, simplement pour s'acquitter de
l'obligation qu'il a ou qu'ils ont, ce ministre et ce ministère, de
s'attaquer aux questions constitutionnelles, d'avoir des options prêtes
et de ne pas être au service d'un parti qui a mis en veilleuse sa propre
option politique avant les élections.
Donc, tenant compte du mandat reçu, comment se fait-il que le
ministre vient de répondre de la façon dont il vient de le faire
au chef de l'Union Nationale? Comment peut-il concilier son attitude
d'aujourd'hui avec le mandat qu'il a reçu de la population?
M. Morin (Louis-Hébert): A cause, M. le Président,
de principes de logique élémentaire. Ecoutez, je ne voudrais pas
jouer au fou, je ne dis ça à personne en particulier, c'est
exact, vous avez décrit exactement le genre de mandat qu'on a eu, je
suis d accord, vous avez ajouté une autre chose avec laquelle je suis
également d accord, c'est qu'il y aura un référendum sur
la question. C'est ce que nous faisons, c'est ce que nous allons proposer aux
gens. S ils veulent, c est correct, s'ils ne veulent pas, c'est correct aussi,
ce sont eux qui vont décider.
Mais d'ici à ce que cette étape, puisque vous aimez
beaucoup ce mot, ait été franchie, on ne serait pas logiques avec
nous-mêmes et moi, personnellement, je ne serais pas correct ni à
I'aise dans ma peau, si on procédait autrement, parce que ce qui nous a
été proposé par le
gouvernement fédéral et que nous étudions je
ne voudrais pas que vous pensiez qu'on ne s'en est pas occupé
n'est pas pour nous quelque chose qui démontre de la part du
gouvernement fédéral ou du Parti libéral
fédéral une option qui vaille la peine pour partir des
négociations constitutionnelles et qui conduirait à une
transformation comme celle que nous souhaitons dans le régime politique
qui nous gère maintenant.
Je voudrais ajouter ceci: En vertu de quel raisonnement, est-ce la
proposition du gouvernement du Canada, donc bonne, et non pas celle du Parti
libéral fédéral, mais en vertu de quoi, lorsque nous
parlons de souveraineté-association, est-ce la proposition d'un parti
seulement? Si notre position est la proposition d'un parti, d accord, mais
ça aussi, ça doit être la proposition d'un parti, comme le
disait justement le chef de l'Union Nationale tantôt. Je ne voudrais pas
qu'on applique deux poids deux mesures ici.
Cela me fait penser quand on voit certains titres: Le premier ministre
du Canada a dit telle chose, et quand il s'agit de nous: Le gouvernement du
Parti québécois. Bien, un instant! C'est le gouvernement
légitime, dans les deux cas, et je n'aime pas ce genre de distinction
que ce que nous faisons est nécessairement partisan et ce que les autres
font est nécessairement désintéressé sur le plan
partisan. Cela, ce n'est pas vrai.
Alors, on étudie ça on a regardé ça, il y a
des choses là-dedans qui confirment que ça ne va pas très
loin, je l'ai dit tantôt, on ne changera pas notre optique pour
ça, on va procéder vers le référendum et je ne vous
dirai pas plus que ça aujourd hui, n'essayez pas de me faire
découvrir de nouvelles avenues que je n'ai pas, à mon avis en
tout cas, décelées dans ce document qui nous a été
soumis avec fracas hier et un peu moins de fracas vendredi dernier dans un
journal de Montréal.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, justement, par
ce que le ministre vient de dire, lorsqu'il mentionne que, lorsque c'est un
document fédéral, on parle du gouvernement; lorsqu'il s'agit du
gouvernement du Québec, on parle du gouvernement du Parti
québécois. Il vient de confirmer exactement ce qui découle
de la question du chef de l'Union Nationale et de ma question
additionnelle.
C'est justement parce que le Parti québécois, dans sa
campagne électorale, a sollicité un mandat d'une telle
façon, que lorsqu'il agit comme il vient de le dire, il ne respecte pas
ce mandat.
Ce que l'on demande justement au ministre des Affaires
intergouvemementales, c'est d'agir selon le mandat qu'il a reçu et
là, on dira: C'est le gouvernement du Québec. Si le ministre des
Affaires intergouvernementales, en toute responsabilité, disait: Nous ne
fermons pas la porte sur aucune option constitutionnelle, chaque option
constitutionnelle doit être étudiée à son
mérite et nous n'allons pas, dans l'exercice de nos fonctions,
présumer d'un "oui" au référendum...
Autrement dit, M. le Président, dans l'hypo- thèse d'un
"non" a la proposition du gouvernement du Parti québécois, dans
l'hypothèse d un "non" à sa proposition, est-ce que cela veut
dire qu'il aura passé de 1976 à 1979 ou je ne sais quoi, en ne
faisant pas son travail de bon ministre des Affaires intergouvernementales du
Québec, dont la loi précise les fonctions, les attributions, le
rôle, les responsabilités? Cela veut dire que pendant au moins
trois ans, le ministère des Affaires intergouvernementales aura
été écarté des préoccupations des
Québécois relativement aux questions constitutionnelles,
Québécois qui ne sont pas des séparatistes, qui sont
encore des citoyens du Québec, contribuables.
Nous disons qu'avec le mandat reçu par le gouvernement actuel, il
n est pas question, à mon sens, dans les travaux poursuivis par le
ministre et le ministère des Affaires intergouvemementales, de
présumer d'une volonté populaire qui n'existe pas. Je vous fais
une prédiction: Si vous avez une question claire et précise
relativement à l'indépendance du Québec, la réponse
à cette question ne sera pas de la nature de celle que désire le
ministre. Dans cette hypothèse, qu est-ce que vous aurez fait pendant
trois ans, relativement au mandat que vous avez reçu?
M. Morin (Louis-Hébert): Attendons de voir le
résultat.
M. Levesque (Bonaventure): Vous êtes payé pour faire
autre chose.
M. Morin (Louis-Hébert): Si on a une question claire et
précise comme celle-là, je pense que la réponse va
être positive, au contraire.
Vous avez dit deux choses. D'abord, vous avez dit le mot
"séparatiste". Cela m'a fait penser que pendant toute la campagne
électorale, il y avait des grands posters partout qui disaient "Non au
séparatisme". Je trouve cela curieux. Vous avez fait toute une campagne
électorale pour dire...
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant. Vous avez fait toute
une campagne...
M. Levesque (Bonaventure): Question d'ordre, de règlement
et de privilège, M. le Président. Les trois. Je veux être
sûr d'en avoir une.
Le ministre sait qu'il a reçu des directives, peut-être de
lui-même, de ne plus employer le mot "séparatiste".
M. Morin (Louis-Hébert): C est un mot que vous, de
l'Opposition, utilisez pour...
M. Levesque (Bonaventure): Ni indépendance", ni l'un ni
l'autre.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a pas de directive nulle
part, voyons donc. C'est une question de sens commun.
M. Levesque (Bonaventure): Je vais vous en montrer.
M. Morin (Louis-Hébert): Des directives de ne pas utiliser
le mot "séparatiste"?
M. Levesque (Bonaventure): Ni "indépendance".
M. Morin (Louis-Hébert): Vous en aviez eu de les utiliser
tout le temps. Vous souvenez-vous de cela?
Toute la campagne électorale a porté, du côté
de nos opposants actuels, sur la motion de "non aux séparatistes". On a
dit à la population du Québec: Faites bien attention de voter
pour eux autres, c'est l'abomination de la désolation politique qui va
arriver. Les gens ont quand même voté pour nous.
Et tout à coup, le lendemain de l'élection, ce
n'était plus cela du tout. Non, jamais de la vie, ce ne sont pas des
séparatistes je reprends votre expression c'est en fait
seulement un beau et bon gouvernement. C'est cela que les gars ont dit qu'ils
seraient.
D'accord. Je ne voudrais pas que vous oubliiez le genre de campagne
électorale qui a précédé notre élection. Si
les gens ne se doutent pas, dans la population du Québec, qu'on a une
vue des choses, sur le plan politique, qui diffère de la vôtre, je
ne comprends plus rien et je ne sais pas pourquoi j'ai été
élu, à partir de ce moment-là.
Deuxièmement, vous faites une hypothèse quand vous dites
qu'on va avoir un "non " à la question référendaire. Je
vais en faire une autre, hypothèse. Supposons que j'arrivais
aujourd'hui, ou que M. Lévesque était arrivé hier et qu'il
aurait dit: Oui, on vient d'avoir un document, c'est le "fun", les gars, il y a
quelque chose là-dedans. Il n'y a plus d'options qui sont
refusées par le gouvernement du Québec, on va regarder tout
cela.
Savez-vous ce que vous feriez aujourd'hui? Vous seriez en train de nous
dire: Vous avez abandonné votre option politique, vous êtes des
hypocrites, vous voulez vous accrocher au pouvoir, etc. et vous auriez toute
une autre argumentation, toute prête, pour montrer que, de toute
façon, qu'on fasse ce qu'on voudra, ou qu'on fasse ce qu'on peut, on a
toujours tort, parce qu'on est le gouvernement et vous avez toujours raison
parce que vous êtes l'Opposition. Et je vous avoue que, quelquefois,
c'est I inverse qui arrive. C'est cela le jeu politique. C'est pour cela,
tantôt, que je disais qu'il ne fallait pas jouer au fou. Je voudrais
qu'on dépasse cela.
Nous avons une option. On a un référendum à faire,
on va le faire. Si je vous annonçais aujourd'hui qu'étant
donné cela, on ne fait plus de référendum, ce serait une
conférence de presse de votre chef à Montréal qui dirait:
C'est effrayant ce qui se passe; ils sont en train de trahir les espoirs
placés dans ce gouvernement et dans ce parti par des
Québécois qui s'attendaient à mieux. On aurait tout un
chiard. Donc, on ne change pas d'op- tion; on garde la même. On le dit
honnêtement au monde. Une personne le moindrement honnête va se
rendre compte aussi qu'il n'y a rien là-dedans, dans ce document rouge
et blanc. Je n'ai pas d'autres choses à ajouter.
Le Président (M. Marcoux): M. le chef de l'Union
Nationale, ensuite M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: C'était dans le prolongement.
M. Biron: Le même genre de question, la même chose.
Comment le ministre, dans ce cas-là, peut-il concilier le fait qu'il y a
des fonctionnaires au service de toute la population qui travaillent tout
simplement à définir une option d'un parti politique qu'est
l'option de l'indépendance du Québec, alors qu'à mon point
de vue...
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant! On est encore en
train de se mêler. Je vais dire une chose une fois pour toutes, cela fait
quatorze fois que je le répète. Il n'y a pas de fonctionnaire du
ministère et il n'y en a pas dans le gouvernement du Québec au
niveau du fonctionnarisme qui sont en train de définir, ni la
stratégie référendaire, ni l'approche du gouvernement, ni
les éléments de notre action politique. C'est une question que
nous réservons au Conseil des ministres. Si vous ne me croyez pas, vous
demanderez à ceux qui sont derrière moi. C'est le mandat qu'ils
ont eu. On leur a dit: Nous voulons faire une association économique
avec le Canada, selon notre programme. Il y a des choses à
étudier là-dedans. Vous allez les étudier. Ils ont dit:
Oui, très bien. Mais ce ne sont pas eux qui vont déterminer
l'option politique du gouvernement ni la façon de la mettre en
oeuvre.
J'ai été beaucoup plus "précautionneux"
là-dessus que nos amis d'Ottawa. Ils sortent des papiers
préparés par des fonctionnaires. Un instant! je vais en trouver
un. Ici, par exemple, j'ai tout cela. Je vous annonce cela. Je vous en donne la
primeur. J'ai ici 18 documents qui seront distribués par le gouvernement
fédéral, préparés par le gouvernement du Canada, et
donc par des fonctionnaires qui sont plus ou moins l'apologie du statu quo.
Vous les avez ici ces quinze. C'est une sorte de "preview " que j'ai eue. Cela
m'est arrivé comme cela, par hasard. Il n'y a pas de fonctionnaires qui
font cela au gouvernement du Québec.
Il va falloir cesser je ne dis pas cela à la suite de ce
que vient de mentionner précisément le chef de l'Union Nationale.
Un instant! je n'ai pas fini ma phrase.
M. Raynauld: Les études que vous faites ne sont pas faites
par des fonctionnaires?
M. Morin (Louis-Hébert): On va en parler tantôt de
cela. On va démystifier les affaires, et les talents d'économiste
de M. Raynauld vont pouvoir s'exercer à loisir parce qu'il y a beaucoup
de formules économiques là-dedans. Il va avoir un "fun"
vert à un moment donné quand ce sera publié.
Finissons ce que j'étais en train de dire.
Il n'y a pas de fonctionnaires à qui on a confié ce genre
de tâche politique et je veux être clair là-dessus. C'est
une tâche qui revient au gouvernement du Québec. Quand je vois
faire ce qui se passe du côté fédéral, quand je les
vois organiser des colloques une autre affaire que j'ai ici, un instant!
avec la fonction publique si je peux le retrouver, je vais vous
le montrer; il y a tellement de papiers ici; je l'ai un colloque
organisé par la fonction publique fédérale. Commission de
la fonction publique. C'est adressé à une région du
Pacifique, du Canada. C'est un débat sur l'unité canadienne, les
13, 14 et 15 juin, en Colombie-Britannique. Là, il y a un tas de
personnes qui viennent parler de l'unité canadienne. Je n'ai pas besoin
de vous dire que cela ressemble passablement au papier blanc et rouge qui est
là. C'est: The pacific region of Canada and the Canadian unity issue. "
Commission de la fonction publique. Le symbole rouge et blanc qui est là
c'est... Ce sont toutes des choses qu'ils font au niveau fédéral.
Nous autres, on est probablement trop scrupuleux, je vais vous le dire bien
franchement. Avoir su tout cela, j'aurais peut-être pris une autre
attitude. J'aurais dû m'en douter d'ailleurs. Je ne me méfie pas
assez des gens; c'est cela mon problème. En tout cas! Tout cela pour
dire je reprends votre question qu'il n'y a pas de fonctionnaires
qui font ce genre de travail, M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Pourquoi, dans ce cas, les fonctionnaires du
ministère des Affaires intergouvernementales ne travaillent-ils pas sur
une formule de fédéralisme renouvelé? Pourquoi avez-vous
dit tout à l'heure que vous vous refuseriez à toute discussion
pour un fédéralisme renouvelé en profondeur?
M. Morin (Louis-Hébert): Parce que... Je vais vous dire,
M. le chef de l'Union Nationale que, du temps de M. Daniel Johnson, tous ces
travaux avaient été faits. Ils sont encore dans les dossiers du
ministère. Si on avait une attitude qui était celle d'un
fédéralisme renouvelé, tout est déjà
prêt, tout a déjà été soumis au gouvernement
fédéral. Je peux même vous donner les dates, je ne les ai
pas ici, mais c'est moi-même qui l'ai soumis au gouvernement
fédéral, en 1968 ou 1969. J'ai continué quand le
gouvernement a changé, en 1970, à soumettre des propositions.
Elles sont dans nos dossiers. Tout cela a déjà été
fait. Il faut quand même arrêter de penser à une chose,
comme s'il suffisait de se mettre à étudier au niveau du
gouvernement pour, à un moment donné, trouver une formule magique
de renouvellement du fédéralisme. On a déjà tout
cela. Cela a été publié. Il y a des rapports de commission
royale d'enquête qui ont été faits. Il y aurait des choses
à faire, qui auraient pu être faites sur le partage des pouvoirs
dans les années 1967, 1968, 1969, 1970. Si elles avaient
été faites, je ne serais peut-être pas ici aujourd'hui.
Cela n'a pas été fait. Là, on ne recommencera pas
cela.
Toutes ces études, on n'a pas besoin de demander aux gens de les
faire aujourd'hui; elles sont là. On a des dossiers, on a des
bibliothèques entières, dans les voûtes du
ministère, de documents constitutionnels et autres des années
passées qui sont encore plus valables et de loin, que celui qu'on a ici,
qui nous est arrivé hier comme découverte ultime de la part du
gouvernement fédéral. (16 heures)
M. Biron: M. le Président, ma dernière question sur
ce sujet. Tout à l'heure, le ministre m'a dit: Non, nous ne
négocierons pas sur la base de ce document. Est-ce que cela sous-entend
que s il y avait un autre document produit par d'autres partis politiques ou
par un autre gouvernement federal éventuellement, est-ce que cela
sous-entend que, sur la base d'autres documents, une autre base, le ministre
serait prêt à négocier, quoique sur celle-là, il n
est pas prêt à négocier?
M. Morin (Louis-Hébert): Une autre base, ce serait
laquelle? Si c est la souveraineté-association, je vais m en aller
là cet après-midi en ayant le regret de vous laisser ici
continuer la réunion tout seul. Cela n arrivera pas. Si vous voulez me
faire dire: Est-ce qu'il va arriver quelque chose du côté federal
dans I'optique fédérale actuelle, ou un petit peu
modifiée, qui va faire qu on va abandonner notre option? La
réponse est non. Encore une fois, il ne faut pas rire du monde.
Je suis ici pour une chose, c est pour transformer tout ce régime
politique dans lequel on est actuellement. On est tous là pour cela.
Pour mon collègue ici, c est la même chose, et les
députés. Je ne vois pas ce qui peut arriver maintenant dans cette
optique fédérale qui nous ferait changer d'avis. Si soudainement,
on changeait d'approche, du côté fédéral, et qu on
avait une formule qui ressemble a la souveraineté-association, là
on irait voir avec plaisir et avec ouverture d'esprit. D'ailleurs, cette
ouverture, on l'a toujours. On examine leurs propositions, mais iI n'y a rien
là-dedans qui nous ébranle dans nos convictions profondes.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Avez-vous terminé? Je voulais poursuivre dans
la même voie, parce qu'il me semble qu il y a un certain dialogue de
sourds sur ce sujet. Je voudrais être bien clair. Je pense bien qu'on ne
demande pas au gouvernement de faire rire de lui. On ne lui demande pas non
plus de jouer au fou. Il y a une chose, par exemple, qui me semble claire,
c'est que ce gouvernement, à I'heure actuelle, au Québec, ne l'a
pas reçu, le mandat de négocier la séparation du
Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis bien d'accord
la-dessus.
M. Raynauld: Est-ce clair, cela?
M. Morin (Louis-Hébert): C est bien sûr que c'est
clair.
M. Raynauld: Le gouvernement fédéral a le mandat de
défendre I'unité canadienne. C'est une différence
politique qui est fondamentale.
M. Morin (Louis-Hébert): Quand l'a-t-il eu? M.
Raynauld: II l'a depuis toujours. M. Morin (Louis-Hébert):
Ah!
M. Raynauld: C'est évident qu'il l'a depuis toujours. Il
l'a à chaque élection. Il se fait renouveler cela à chaque
élection.
M. Morin (Louis-Hébert): Depuis une couple d'années
après le commencement de l'éternité.
M. Raynauld: C'est vous qui avez décidé que ce ne
soit pas le mandat. Ce n est pas nous qui avons décidé cela.
C'est le Parti québécois qui a décidé qu'il ne
demandait pas le mandat, qu'il le demanderait plus tard. C'est clair aussi,
cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est cela.
M. Raynauld: Aussi longtemps que le référendum n'a
pas été tenu, à ce moment quelle est la position du
gouvernement du Québec, sinon celle d'un gouvernement provincial qui
travaille pour les intérêts de la province de Québec et des
Québécois.
M. Morin (Louis-Hébert): Je constate que vous aimez le mot
"province".
M. Raynauld: On est clair aussi là-dessus? M. Morin
(Louis-Hébert): Oui.
M. Raynauld: Le ministre lui-même a dit, à plusieurs
reprises, qu'en tant que gouvernement provincial et jusqu'au moment où
il recevrait le mandat par un référendum de faire autrement,
qu'il essaierait d obtenir tout ce qu'il pouvait dans les intérêts
du Québec. Vous êtes d'accord aussi? On a dit: Justement, on
négocie des ententes tous les jours, on reçoit de l'argent du
gouvernement fédéral, on est très heureux de le recevoir,
même si on ne le dit pas...
M. Morin (Louis-Hébert): On n'en reçoit pas
assez.
M. Raynauld: ... on signe des ententes. M. Guay: ...
M. Morin (Louis-Hébert): Ils le disent à notre
place.
M. Raynauld: C'est toujours notre argent qu on va chercher au
fédéral, c'est évident.
M. Charron: II nous manque encore $186 millions.
M. Raynauld: Bien sûr, c'est toujours notre argent.
M. Morin (Louis-Hébert): $226 millions.
M. Raynauld: Si on essayait de faire des additions, on
s'apercevrait que ce n'est pas le cas, mais c'est toujours notre argent.
M. Guay: On en a fait justement.
M. Raynauld: Même en admettant que ce soit notre argent, il
reste qu'à l'heure actuelle, il y a une proposition qui est faite, une
proposition qui, aux yeux du gouvernement du Parti québécois,
n'est pas une proposition acceptable. Je le comprends que ce ne soit pas une
proposition acceptable du point de vue du parti, mais du point de vue du
gouvernement du Québec, aussi longtemps que ce gouvernement n'a pas
reçu le mandat de négocier autre chose, à ce moment,
est-ce qu'il a le droit, comme gouvernement du Québec, de dire: Ce
projet ne nous intéresse en aucune façon, ne nous
intéresse pas parce que ce n'est pas notre option. C'est ce que je
n'accepte pas. J'accepterais que le gouvernement du Québec nous dise: Ce
n'est peut-être pas un bon point de départ de négociation,
ce n'est peut-être pas le genre de proposition qui serait dans les
intérêts du Québec d avoir, à l'heure
actuelle...
M. Morin (Louis-Hébert): C est bon, ce que vous dites.
M. Raynauld: J'accepterais ça. Mais je n'accepte pas qu'on
dise que, parce que ce n'est pas l'option du Parti québécois... A
ce moment-là, on ne va pas jouer au fou et on ne va pas se mettre
à négocier là-dessus.
M. Morin (Louis-Hébert): Bien non...
M. Raynauld: Cela, c'est inacceptable, à mon avis.
A ce moment-là moi-même je ne l'admets pas
même en prenant le point de vue que le ministre nous a exposé sur
ce projet, je vous dis qu'il n'y a pas grand chose dedans. Il n'y a rien
dedans.
M. Guay: II n'y a rien là.
M. Raynauld: Bon! En admettant ça, si on suit cette
logique, ça veut dire, à ce moment-là, qu'il y a des
choses d'ouvertes sur le plan de la négociation avec les provinces.
C'est ça qu'est ce document. C'est un document qui dit: Nous allons
procéder dans certaines matières qui relèvent
exclusivement du gouvernement fédéral, après consultation
des provinces et nous allons, pour le reste, négocier avec les
provinces. Ce serait ridicule de présenter, dans un document, les
positions que le gouvernement peut avoir, de la même façon qu'on
ne s'attend pas que le gouvernement du Québec mette sur papier, à
l'heure ac-
tuelle, le partage des pouvoirs qu'il voudrait voir dans la
souveraineté-association. Vous avez toujours refusé de le
présenter. Cela fait un an et demi qu'on vous le demande. On demande
tous les jours, à peu près, à l'Assemblée
nationale, de préciser ce qu'est la souveraineté-association.
Qu'est-ce aue cela veut dire? Dites-nous donc comment le Canadien national va
être divisé? Dites-nous donc quels vont être les transferts
des institutions? Comment elles vont être dirigées,
gérées, ces institutions? Dites-nous donc quelle est la
portée exacte de la souveraineté-association, qu'est-ce que vous
allez laisser au fédéral, qu'est-ce que vous allez conserver au
niveau provincial?
M. Morin (Louis-Hébert): On l'a déjà
dit.
M. Raynauld: Les institutions communes, même si ce n'est
pas le fédéral, à ce moment-là, dans le concept de
souveraineté-association, ont-elles un sens? Et d'ailleurs, chaque fois
qu'on dit ça, nous, et qu'on vous prend au sérieux, vous nous
dites toujours: Heu! l'association? Ne parlons pas de ça. On ne laissera
rien.
M. Morin (Louis-Hébert): Voyons donc! Voyons donc! Quand
a-t-on dit ça? Voyons donc!
M. Raynauld: C'est exactement comme ça aue vous venez de
réagir. Je vous parle d'institutions communes et vous nous dites:
Heu!
M. Morin (Louis-Hébert): Non, ce n'est pas ça. Je
parlais de ce que vous aviez dit avant, au sujet du gouvernement
fédéral. Les institutions communes, on est d'accord pour
ça.
M. Raynauld: Quoiqu'il en soit, M. le Président...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais il y a une distinction
importante. Vous avez toujours... Pas vous, mais enfin... Dans le débat,
actuellement, et depuis des années, il y a une confusion terrible qui s
est établie sur une équivalence qui n'est pas réelle entre
gouvernement fédéral et Canada. Réfléchissez donc
à ça deux secondes, je n'entrerai pas là-dedans
maintenant, mais c'est énorme, ce que ça peut vouloir dire sur le
plan concret, cette distinction que je veux faire.
Si nous autres, d'un côté, nous voulons faire cesser la
domination fédérale, donc celle du gouvernement
fédéral, ça ne veut pas dire pour autant qu'on est en
chicane avec le Canada et avec les citoyens des autres provinces avec lesquels
on peut très bien collaborer. Là, il y a une ouverture. Votre
imagination, faites-la travailler là-dessus. Vous allez voir que c'est
précieux, précis et lourd de conséquences.
M. Raynauld: Oui, il n'y a pas seulement le Parti
québécois qui a réfléchi à ces choses.
J'avais déjà vu cette distinction-là quelque part,
oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Je viens de la faire, moi.
M. Raynauld: Bon! Entre le gouvernement fédéral et
le Canada...
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne pensais pas que d autres
l'avaient faite. J'aimerais ça avoir les références. C'est
toujours commode d'avoir des autorités pour s'appuyer. Donc, on
disait?
M. Raynauld: D'ailleurs, j'ai trouvé très amusant,
dans votre rapport annuel c'est seulement une digression que le
premier chapitre soit intitulé: Les affaires canadiennes, relations
fédérales-provinciales. Dans une perspective d'étapes, je
m'attends que, l'année prochaine, il n'y aura plus relations
fédérales-provinciales "en sous-titre: il n'y aura que les
affaires canadiennes."
M. Morin (Louis-Hébert): Voyons donc! Allons donc!
M. Guay: Allons donc!
M. Raynauld: Allons donc, oui! D'accord, pour revenir...
M. Morin (Louis-Hébert): Alors, on disait?
M. Raynauld: ... à mon sujet. J'essayais de montrer qu il
serait surprenant que le gouvernement fédéral arrive, à
l'heure actuelle, avec un document mettant noir sur blanc les positions sur le
partage des pouvoirs qu'il entendait voir à l'avenir, de la même
façon qu'il serait surprenant que le gouvernement du Parti
québécois nous dise avant de commencer quelles seront les
institutions communes, quelles seront les institutions indépendantes. Je
pense que c'est dans cette perspective qu'il faut voir le document.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est un tuyau que je t'ai
donné.
M. Raynauld: De la même façon, cependant, au on ne
demande pas au gouvernement du Québec, à Iheure actuelle, de
mettre toutes ses cartes sur la table, de la même façon il faut
envisager ce document dans cette perspective-là. Je trouve surprenant
qu'après quelques heures, quelques jours, le gouvernement du
Québec ait déjà décidé que ça ne
valait pas la peine.
M. Morin (Louis-Hébert): II y en a qui pennent trois
jours, d'autres trois semaines.
M. Raynauld: Cela ne valait même pas la peine et. à
ce moment-là, ma réaction à ça, c'est que je pense
que vous avez failli à votre propre mandat...
Une Voix: On va le voir nous-mêmes...
M. Raynauld: ... que vous avez demandé, que vous avez
obtenu de la part de la population, qui était celui d'agir au nom de
tous les Québécois jusqu'au moment du référendum.
Là, vous rece-
vrez votre mandat pour négocier la
souveraineté-association, mais d'ici là, vous n'avez pas
reçu ce mandat, et c'est pour cela que je trouve cette position
inacceptable.
M. Charron: M. le Président, j'écoutais les
interventions, en particulier celles du chef de l'Opposition et du
député d'Outremont. Je me rappelle une intervention faite
à l'Assemblée, je ne me rappelle plus par qui ni à quel
moment, dans toutes ces années, qui m'avait frappé, à
l'époque. C'était cette affirmation que le gouvernement du
Québec, qu'il soit formé par n'importe quel parti politique
il y en a eu au moins trois qui ont possédé les
rênes du pouvoir provincial depuis 1867 ici... Une fois qu'ils habitent
le pouvoir, ces gens sont comme habités par un esprit de revendication,
un esprit de réclamation d'oxygène, un esprit de contestation, il
faut le dire, à des degrés plus ou moins élevés,
mais il n'y a jamais eu dans l'histoire du Québec, du moins qui se soit
senti à l'aise, un gouvernement provincial québécois qui
exprime une satisfaction, qui soit prêt à laisser tomber des
morceaux de pouvoir arrachés de peine et de misère en 1867.
Même lorsqu'ils étaient plus traditionalistes dans l'Opposition,
on dirait qu'ils sont transformés quand ils arrivent au pouvoir. C'est
tout à leur honneur d'ailleurs, quels que soient les partis politiques.
Cela explique une chose, c'est que nous sommes, comme gouvernement provincial,
dans une drôle de position, à la tête d'une majorité,
dans le cadre d'un gouvernement qui est étonnamment minoritaire dans la
constitution canadienne actuelle.
On a beau être favorable, comme mes amis d'en face le sont,
parfois jusqu'à la veulerie, au régime actuel, il reste qu'il y a
une énergie soudaine qui arrive lorsqu'on est aux rênes des
affaires québécoises. On n'a pas le droit d'abandonner les
affaires québécoises. Le plus bel exemple que j'aie vécu
je n'ai pas l'ancienneté du député de Bonaventure
pour pouvoir en parler depuis les neuf ans que je suis ici, c'est un des
gouvernements les plus mous qu'on ait eus dans l'histoire, celui auquel a
appartenu le député de Bonaventure qui était
présidé par Robert Bourassa, qui était un des plus mal
pris d'ailleurs...
M. Raynauld: ... mais les secteurs mous.
M. Charron:... parce qu'il s'était fait élire dans
une presque soumision au régime fédéral et qui a, en 1971
il était à peine âgé d'une année et
quelques mois presque à rebours, on le sentait, mais il a senti
en même temps qu'il n'avait pas le choix de le faire, opposé un
non catégorique à Victoria.
C'était particulièrement symbolique de voir que même
soumis, même traditionnellement plus ancré sur les adversaires
intérieurs que les yeux tournés vers le danger qu'il courait
perpétuellement de la part du gouvernement fédéral, il
avait trouvé cette énergie.
Aujourd'hui, je me dis: Même les amis d'en face reviendraient, par
les hasards des choses, aux affaires de l'Etat...
M. Guay: Cela me surprendrait. C'est hypothétique.
M. Charron:... et reprendraient, et seraient aujourd'hui soumis
devant leur cahier de propositions, le temps d'agir... Je suis convaincu
et d'ailleurs, j'ai hâte d'entendre la conférence de presse de
leur chef, qui prend toujours une quinzaine ou une vingtaine de jours à
réagir, comme on le sait très bien, sur l'actualité,
analyser...
M. Levesque (Bonaventure): Un instant! Cela a été
déposé quand?
M. Charron: C'est publié depuis vendredi. A la page 9 de
la Presse, vendredi après-midi.
M. Levesque (Bonaventure): Non, pas publié. Quand est-ce
que cela a été déposé?
M. Charron: Hier après-midi.
M. Levesque (Bonaventure): Bon!
M. Guay: C'est publié et connu depuis vendredi.
M. Charron: Mais vous avez réagi ce matin, si j'ai bien
compris. Et si je comprends bien ce que vous dites cet après-midi, il y
a là sujet satisfaisant pour entamer des discussions.
M. Levesque (Bonaventure): J'ai réagi à la
réaction du premier ministre.
M. Charron: Faites attention que votre chef ne vous
désavoue très prochainement, parce qu'il "éditorialise"
à l'heure où on se parle. Il est peut-être en train de
s'apercevoir...
M. Morin (Louis-Hébert): II risque de faire des...
M. Charron: ... s'il repense à tout ce qu'il a
écrit depuis 1964 sur le minimum de réouverture de
négociation, lui qui a soutenu le non de Victoria, lui qui a
exigé, à l'époque de M. Johnson, et qui a soutenu M.
Johnson au moment des conférences
fédérales-provinciales... Il écrivait à cette
époque, Ryan, au moment où vous étiez ici. Je pense que
s'il est fidèle à ses écrits, il serait en train de se
dire comme nous que tout volontaire qu'il soit à rouvrir des
négociations, il n'y a pas là base de départ et qu'il y a
moyen, comme Québécois, d'exiger que la base soit plus solide. Ce
n'est pas en replâtrant le sénat...
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre n'aurait pas objection
à ce que je fasse une petite précision. Ce matin, lorsque j'ai
posé des questions au premier ministre, je me suis bien gardé de
formuler des commentaires sur les propositions du gouvernement de M. Trudeau.
(16 h 15)
M. Charron: Mais, à moins que j'aie mal entendu.
M. Levesque (Bonaventure): Dans les questions que nous posons
présentement...
M. Charron: D'accord.
M. Levesque (Bonaventure): ... au ministre si vous voulez
y répondre, tant mieux nous voulons savoir quelle est la
réaction ou quels sont les commentaires du ministre et quel est le
rôle du ministère parce que nous étudions les
crédits du ministère vis-à-vis de ce document.
M. Charron: D'accord.
M. Levesque (Bonaventure): Nous ferons, au cours de la semaine,
connaître notre propre position.
M. Charron: Ce que j'ai senti chez le chef de l'Opposition, ce
matin toutefois, c'est dommage que le climat
préréférendaire oblige le Parti libéral du
Québec à parfois retenir des positions beaucoup moins
élevées qu'il aurait s'il était au pouvoir. Il faut le
reconnaître, parce que vous êtes mieux que cela en
général. Vous l'avez été à Victoria.
M. Raynauld: C'est extraordinaire; on n'a pas encore dit un
mot.
Une Voix: On n'a pas dit un mot.
M. Charron: Vous l'avez été un certain nombre de
fois. Ce qui vous donnait de l'âme à l'époque, c'est que
vous étiez le gouvernement du Québec; lorsque vous retombez Parti
libéral, vous êtes mauditement succursale et votre jupon
dépasse du début à la fin de vos positions
constitutionnelles.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous ai dit à un moment
donné...
M. Levesque (Bonaventure): C'est la façon dont vous
réagissez à notre position sur la taxe de vente.
M. Charron: Ce matin...
M. Levesque (Bonaventure): Vous étiez bien contents
d'avoir l'unanimité.
M. Charron: ... le chef de l'Opposition je prends son
opinion, M. le Président, en disant qu'il s'est bien gardé, son
chef ne sétant pas encore prononcé et mesurant pendant quelques
jours les données qui sont nouvelles sur le contenu du cahier.
Mais j'étais assis auprès du premier ministre ce matin lorsqu'il
demandait: Est-ce que c'est insignifiant, telle mesure, telle mesure? Est-ce
que c'est insignifiant? A moins d'être soi-même insignifiant, je
pense que le chef de l'Opposition...
M. Levesque (Bonaventure): Je ne vous ai jamais traité
d'insignifiant.
M. Charron: ... reprochait au chef du gouvernement...
M. Levesque (Bonaventure): Loin de moi l'idée.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas cela qu il a dit,
voyons!
M. Charron: Je pense que le chef de I'Opposition, dans le ton de
sa question et même la formulation de sa question, reprochait au chef du
gouvernement d'avoir déjà une idée d'insignifiance. Il
était prêt à considérer comme peut-être
valable le fait prêt à considérer comme
peut-être valables, c'est du moins ce que je sentais dans sa question
s'il avait partagé l'avis du chef du gouvernement, il ne l'aurait
pas questionné de cette façon, il n'était pas de cet avis,
il sentait peut-être valables un certain nombre de points: le
replâtrage du Sénat, le rafistolage de la Cour suprême, des
choses que lui-même, membre d'un gouvernement je ne parle
même pas de celui de Robert Bourassa, je parle de celui de Jean Lesage
des 1961, dès 1963, disait: D'accord, cela va de soi.
ç'aurait même dû être fait depuis un certain temps,
mais on est à l'heure du partage du pouvoir. Et tout ce qu'il y a comme
partage des pouvoirs on a dit cela en 1963 et tout ce qu'en 1978
il y a dans le partage des pouvoirs, c'est d'évoquer la
possibilité qu'il y en ait un et d'évoquer même la
possibilité qu'il y en ait un dans les deux sens.
Si vous trouvez cela satisfaisant à ce jour de penser qu'il y a
des pouvoirs de ceux qu'on a soumis ici à l'Assemblée nationale
du Québec, je vous prierais de me les nommer, pour que vous puissiez
sentir que c est une base de négociation de départ. Quels sont
les pouvoirs actuellement entre les mains de cette Assemblée nationale
du Québec que vous seriez prêt a marchander actuellement, si on
prend le sens de l'appel qui nous est lancé dans ce document pour un
certain nombre d'autres pouvoirs qui pourraient nous être remis qui
appartiennent actuellement au gouvernement fédérai? Y en
a-t-il...
M. Morin (Louis-Hébert): Je serais curieux de le
savoir.
M. Charron: ... dans ceux que nous avons étudiés en
commission, dans les crédits...
M. Morin (Louis-Hébert): Je serais curieux.
M. Charron: ... ministère par ministère, que vous
êtes prêt à dire au chapitre de l'immigration, au chapitre
de l'éducation, au chapitre de l'économie...
M. Raynauld: Je vais vous en donner un.
M. Charron: A n'importe quel chapitre. M. Raynauld: Je
vais vous en donner un.
M. Charron: Parce que je vous ai connu pendant six ans...
M. Raynauld: Je vais vous en donner un.
M. Charron: ... à une époque où, au chapitre
des communications, à tout autre chapitre, au chapitre des affaires
sociales j'ai été critique des affaires sociales pour
l'Opposition et j'ai assisté à des départs du ministre des
Affaires sociales pour faire des conférences à Ottawa où
il allait revendiquer plus de pouvoirs. Pendant les six ans où je vous
ai observés, je ne vous ai jamais sentis prêts à offrir un
morceau de pouvoir actuellement détenu par la province de Québec
j'emploie les mots "la province du Québec" vers le
gouvernement fédéral. C'est ce qu'on appelle à ce sujet,
un troc de pouvoirs, et vous nous dites aujourd'hui que, maintenant que vous
n'êtes plus aux affaires de l'Etat, maintenant que vous êtes devenu
dépendant du gouvernement fédéral en vue de votre
sauvegarde pour le référendum, vous êtes prêts
à dire qu'il s'agit là d'une base de négociations au
départ. Si, aujourd'hui, vous étiez le gouvernement du
Québec, vous diriez que, dès le départ, il y a une seule
négociation qui soit soutenable: ce sont les pouvoirs du
fédéral vers les autorités provinciales.
Mais il n est aucunement question, il faudrait que l'Assemblée
nationale du Québec soit unanime dès aujourd'hui à dire
comme première réaction à ce document qui a
été déposé qu'il n'est aucunement question qu'une
parcelle de pouvoir que nous pouvons détenir en économie, en
culture ou dans le domaine social du Québec nous quitte, quitte cette
Assemblée aujourd'hui, pour s en aller vers le pouvoir
fédéral. Il me semble que, dès 1963, M. Lesage faisait ces
demandes. Lors-qu'il proposait et qu'il a obtenu I'"opting out", c'était
déjà dans le sens de pouvoir se garder de lemprise
fédérale mais, en aucun temps, de concéder... Où
est-il rendu?
Je termine, M. le Président, en parlant de cette fameuse question
de mandat que nous pouvons avoir, je le dis au chef de l'Union Nationale, il a
pris une position claire ce matin, au contraire de ses collègues de
I'Opposition. C'est au moins un mandat sur lequel le député de
Bonaventure conviendra avec nous, d'accord, on n'a peut-être pas le
mandat de faire l'indépendance du Québec, nous en convenons. Nous
avons pris le mandat d'être un bon gouvernement du Québec. Nous
n'avons pas le mandat de faire l'indépendance du Québec sans
référendum. C'est vrai. Nous avons le mandat d être un bon
gouvernement du Québec, nous avons tâché de l'être et
nous allons tâcher de continuer de l'être pendant le temps que nous
sommes au pouvoir.
Nous avons le mandat d'organiser un référendum, c'est
vrai, mais, attention, nous ne nous sommes pas transformés en
président d'élections lorsque nous avons pris le pouvoir. Nous
avons le mandat d organiser un référendum, les citoyens savent
très bien que nous allons avoir également une position dans ce
référendum. Nous ne sommes pas des organisateurs de
référendums, en disant que nous allons nous contenter de
l'exercice démocratique du pouvoir, sans avoir une option dans les deux,
les trois ou les quatre qui pourront être mises sur la table devant les
Québécois. Et, si, au moins il y a un mandat sur lequel
I'Assemblée devrait s entendre et que le gouvernement
possède actuellement, c'est de ne pas reculer sur le passé...
M. Morin (Louis-Hébert): Seriez-vous d'accord avec
cela?
M. Charron: ... êtes-vous d accord que nous ne reculons
pas? Et, qu'autrement dit, à la suite des positions prises par M.
Lesage, par M. Johnson, par M. Bourassa, à Victoria, il n y a pas eu de
discussion constitutionnelle, l'un et lautre ne voulant plus en avoir dans leur
intérêt électoral, ni M. Trudeau, ni M. Bourassa. Mais
êtes-vous d'accord pour dire que nous ne reculons pas et que lorsqu'on
procède à un échange de pouvoirs dans les deux sens,
dès le départ, que l'on soit fédéraliste ou
indépendantiste québécois, c'est une autre chose que de
penser au référendum. Mais, dès le départ,
unanimement, comme sur la taxe de vente, I'Assemblée nationale du
Québec peut dire:
II n'en est pas question. Le Québec a besoin de plus
d'oxygène. Ce qui fait notre différence, c'est que nous sommes
ici et que vous êtes là, actuellement, et que nous avons
changé de place il y a dix-huit ou dix-neuf mois. Ce qui fait la
différence, c'est que nous ne nous entendons pas sur le degré d
ouverture ou le degré d oxygène que nous réclamons. Nous,
nous demandons celui d'un peuple normal. Celui que 212 peuples au monde ont
déjà obtenu. Vous dites que nous n'en avons pas besoin de tant
que cela pour vivre, c'est votre option. Vous la décrirez devant les
Québécois. Chacun dira le degré de pouvoir dont on a
besoin. Mais, il y a une chose dont, entre Québécois, nous sommes
certains, assurés aujourd'hui, c est que nous n'avons certainement pas
besoin de moins que ce que nous avons actuellement comme pouvoirs, et moins que
ce que nos gouvernements, à force de bras, à bout de bras,
à travers des énergies, des négociaions, des parades, des
démonstrations, des manifestations qui ont parfois entraîné
même des tournants violents, ont pu gagner à travers les 150
années d'histoires récentes. Il n'est pas question de
I'abandonner.
Quand un document se contente sur le sujet fondamental qui met en
question la vie du pays auquel nous appartenons aujourd hui, d'un mauvais
partage de pouvoirs qui date d une centaine d années, se contente de
dire dans un document qui s'appelle Le temps d'agir que partage de pouvoirs,
oui, il y en aura un, un peu plus tard et dans les deux sens, on peut dire,
rapidement, sans manquer de respect a personne: Vous vous adressez à de
mauvais interlocuteurs, vous ne nous
avez pas compris, et de dire à M. Trudeau: Pour vous, ce n est
plus le temps d agir, c est, manifestement, le temps de partir.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je veux tout
simplement m inscrire en faux et pour un instant, tout simplement sur un
article, si vous me le permettez contre un élément de la
sortie du ministre délégué au Haut-Commissariat à
la jeunesse, aux loisirs et aux sports, lorsqu'il dit que vous êtes
là et si nous sommes ici, c'est et il continue en parlant des 200
pays, autrement dit, à cause de I'option indépendantiste du
gouvernement. Cette affirmation implicite nous ramène sûrement au
tout début de notre discussion et c'est justement ce contre quoi on
s'est élevé, c'est justement parce que ce n est pas le mandat du
Parti québécois ou du gouvernement actuel de vouloir avoir un
pays indépendant. Vous n'avez pas ce mandat. Quand même vous
feriez des beaux discours à I'emporte-pièce, vous n'avez pas ce
mandat. Mettez-vous-le donc dans la tête.
M. Morin (Louis-Hébert): On va l'avoir. On est d'accord
là-dessus. Je viens de le dire.
M. Levesque (Bonaventure): Arrêtez de faire des discours
"nationaleux" comme cela.
M. Charron: Je pose une question au chef de I'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Vous passez à côté
de la vérité. La vérité, c'est que le peuple du
Québec ne vous a jamais donné ce mandat. Allez le chercher dans
un referendum. Posez la question clairement...
M. Charron: ... je vais vous poser une autre question. Est-ce
qu'on a le mandat d abandonner des pouvoirs actuellement détenus par le
gouvernement du Quebec?
M. Levesque (Bonaventure): Vous avez le mandat de négocier
de nouveaux pouvoirs...
M. Charron: Oui, de nouveaux pouvoirs. Une Voix:
Très bien.
M. Charron: Mais est-ce qu'on a le mandat de négocier des
pouvoirs qui peuvent aller dans les deux sens?
M. Levesque (Bonaventure): Allez négocier. Vous avez les
pouvoirs et la responsabilité d'un gouvernement qui a été
élu avec le mandat d'être un bon et vrai gouvernement provincial,
et un bon et vrai gouvernement provincial est un chien de garde
vis-à-vis des droits du Québec. C'est cela votre job.
M. Charron: Si dans une...
M. Levesque (Bonaventure): Lorsque vous avez un document comme
cela, ne dites pas sim- plement: On ne le lit même pas, cela ne nous
intéresse pas, cela ne correspond pas à notre option.
Des Voix: On n'a pas dit cela, on n'a pas dit cela.
M. Levesque (Bonaventure): Je dis que, comme gouvernement, vous
n'avez pas le droit de faire cela. Ce que vous avez le droit de faire
cependant, c'est de prendre ce document, de l'analyser et de réagir, en
disant: Ce n'est pas assez, ou ce n'est pas ci, ce n'est pas cela. D'accord.
Mais vous n'avez pas le droit de dire simplement: Nous allons nous attacher
simplement à l'option du Parti québécois, alors que, comme
gouvernement, vous n'avez jamais eu ce mandat.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous autres, est-ce que vous
trouvez cela bon, cette affaire?
M. Levesque (Bonaventure): On vous le dira et cela ne prendra pas
de temps.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous n'avez pas une idée
approximative?
Une Voix: On vous le dira.
M. Levesque (Bonaventure): On ne le dira pas par une phrase.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non, il va y avoir des
nuances, je suis sûr de cela.
M. Levesque (Bonaventure): On va sûrement l'analyser.
Une Voix: On va l'analyser...
M. Levesque (Bonaventure): On est en train de l'analyser. Vous le
saurez bientôt...
M. Charron: II va y avoir un éditorial
là-dessus.
M. Levesque (Bonaventure): Mais quant à vous...
M. Morin (Louis-Hébert): II y a quand même des
choses déjà claires, toutes les...
M. Levesque (Bonaventure): Vous niez...
M. Morin (Louis-Hébert): ... positions prises dans le
passé.
M. Levesque (Bonaventure): ... le propre mandat que vous avez
reçu.
M. Morin (Louis-Hébert): Voyons donc!
M. Levesque (Bonaventure): Vous n'avez jamais reçu le
mandat de séparer le Québec du reste du Canada.
M. Charron: D'accord.
M. Raynauld: C'est cela que vous ne comprenez pas.
M. Guay: M. le Président, il y a une limite...
M. Levesque (Bonaventure): Vous venez de parler des 200 pays qui
sont indépendants, etc. voyons donc!
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: II y a une différence fondamentale, M. le
Président, entre ce que le chef de l'Opposition dit et ce qu'on fait. On
n'a peut-être pas reçu le mandat de faire l'indépendance du
Québec, on en convient, mais on n'a pas non plus reçu le mandat
d'abandonner les pouvoirs québécois...
M. Levesque (Bonaventure): Non, non.
M. Guay: ... et c'est exactement ce que proposent ces 28 pages de
broue. C'est littéralement cela.
M. Morin (Louis-Hébert): On n'a pas le mandat de faire la
dépendance du Québec, d'un autre côté. C'est ce que
vous avez l'air de nous proposer.
M. Guay: Dans les questions et les interventions du chef de
l'Opposition, et surtout du député d'Outremont, quand on nous dit
qu'on n'est pas un bon et vrai gouvernement provincial, comme on appelle cela,
parce qu'on ne veut pas s'embarquer dans ce processus de marchandage de
pouvoirs qui fait qu'on abandonnerait...
M. Levesque (Bonaventure): Ce n'est pas ce qu'il a dit.
M. Guay: Bien oui, je m'excuse, c'est ce qu'il a dit.
M. Levesque (Bonaventure): II a dit et je pense qu'il
pourrait le répéter s'il le voulait que c'est le devoir du
gouvernement actuel d'analyser toutes les propositions constitutionnelles,
toutes.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ce que nous avons fait.
M. Guay: Cela a été lu.
M. Levesque (Bonaventure): Ce n'est pas cela que vous avez fait.
Vous avez...
M. Guay: Voyons donc! M. le Président, le document a
été lu. C'est 28 pages...
M. Raynauld: Vous ne l'avez même pas lu. Vous avez dit que
cela ne valait rien.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela ne prend pas trois jours
à...
M. Guay: ... de principes pieux qui parlent de la
maternité, du bien et qui disent qu'on est contre le vice. Quand on
enlève tout cela, la broue, en d'autres mots, ce qui reste de concret se
résume à peu près à une page, et encore là
il n'y a rien, ce n'est pas compliqué; cela ne prend pas trois jours et
cela ne prend pas 37 jours pour en arriver à la décision ferme et
irrévocable qu'il n'y a rien là; il n'y a rien, ce n'est pas
compliqué. Au bout d'une demi-heure, on se rend compte qu'il n'y a rien,
que c'est effectivement, comme le dit le premier ministre, insignifiant. C'est
peut-être préélectoral pour M. Trudeau, mais ce n'est pas
autre chose que cela.
Je m'étonne de l'attitude du chef de l'Opposition parce que, par
ses questions, il semble embarquer ou il semble avoir, comme cheval de
bataille, un document dans lequel il n'y a rien. Il me semble que si le chef de
l'Opposition veut faire une bataille d'ordre constitutionnel, qu'il choisisse
un meilleur document que cette série d'insignifiances qu'il y a
là-dedans.
M. Levesque (Bonaventure): Je vais répondre
immédiatement au député de Taschereau.
M. Morin (Louis-Hébert): Si j'étais à votre
place, je ne prendrais pas cela.
M. Levesque (Bonaventure): Je vais me rapporter au rapport annuel
1976-1977 du ministère des Affaires intergouvernementales, qui est sous
la responsabilité d'un M. Claude Morin...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, qu'est-ce qu'il a fait?
M. Levesque (Bonaventure): ... ministre des Affaires
intergouvernementales, M. le Président.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah!
M. Levesque (Bonaventure): Je lis, à la page 5 de son
rapport, que la direction des affaires institutionnelles a suivi les
différentes discussions constitutionnelles qui ont eu lieu au
sujet...
M. Morin (Louis-Hébert): Bon, cela aurait...
M. Levesque (Bonaventure): ... du rapatriement et de la
modification de la constitution canadienne.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela, vous l'avez votre
réponse.
M. Levesque (Bonaventure): Vous l'avez dit que vous faisiez cela.
Un peu plus loin, à la page 6, vous dites: "Le ministère des
Affaires intergouvernementales a effectué les recherches juridiques
appropriées pour permettre au gouvernement du Québec de prendre
position".
M. Morin (Louis-Hébert): Certainement.
M. Levesque (Bonaventure): Ce qu'on vient de nous dire, c'est que
cela prend une demi-heure pour cela. Lorsque vous avez eu une autre proposition
que vous évoquez dans votre rapport annuel, vous avez mis vos
fonctionnaires au travail et vous dites que vous avez effectué les
recherches juridiques appropriées pour permettre au gouvernement du
Québec de prendre position. Si vous avez fait cela, d'accord. Pourquoi
ne faites-vous pas la même chose dans ce cas-là?
M. Morin (Louis-Hébert): Parce que c'est
déjà fait. Cela ressemble tellement à ce qui s'est dit
dans le passé qu'on n'a qu'à aller fouiller dans nos papiers.
Deuxièmement, vous ne me ferez pas croire que vous trouvez quelque chose
de flamboyant là-dedans. Si c'est cela, dites-le moi tout de suite,
parce que, moi, j'ai déjà été...
M. Levesque (Bonaventure): Je dis que, quelle que soit la valeur
du document, il mérite d'être étudié.
M. Guay: II l'a été.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est cela. J'ai fait cela
sur le gazon hier après-midi à Whitefield. J'ai tout vu...
M. Levesque (Bonaventure): Où sont les travaux des
fonctionnaires qui ont été mis à contribution au
ministère des Affaires intergouvernementales sur le document?
M. Morin (Louis-Hébert): Si vous voulez absolument qu'on
mobilise du monde pour regarder cela, quand cela ressemble déjà
à ce qui a été fait dans le passé, quand,
déjà, dans le résumé qu'il y avait vendredi dernier
dans La Presse, on s'est rendu compte tout de suite qu'il n'y avait pas
grand-chose, si vous voulez qu'on fasse travailler du monde
là-dessus...
M. Levesque (Bonaventure): Comment expliquez-vous, dans ce
cas-là...
M. Morin (Louis-Hébert):... ne venez pas nous dire
après qu'on fait perdre le temps aux fonctionnaires qui sont
payés par les deniers publics. (16 h 30)
M. Levesque (Bonaventure): Comment expliquez-vous d'abord la
réaction des éditorialistes que j'évoquais tout à
l'heure, au Devoir, à la Presse de Montréal, au Star?
M. Morin (Louis-Hébert): Ils réagissent plus vite
que d'autres.
M. Levesque (Bonaventure): Pardon?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a des éditorialistes
qui réagissent moins vite et d'autres plus vite. Que voulez-vous que je
vous dise?
M. Levesque (Bonaventure): Mais pourquoi ne pensez-vous pas qu'il
y a quelque chose qui vaut la peine d'être étudié un
peu?
M. Morin (Louis-Hébert): Où cela? Dites-nous
où.
M. Levesque (Bonaventure): Non? On vous le dira.
M. Guay: Ce matin, à l'émission...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, Marc Lalonde, ce matin,
avez-vous écouté cela?
M. Guay: Non, j'ai entendu Trudeau à la place.
M. Levesque (Bonaventure): On est entré dans le
potins.
M. Morin (Louis-Hébert): M. Lalonde ne sera pas content de
savoir que vous qualifiez son émission de potin. Cela ne me fait
rien.
M. Levesque (Bonaventure): Je ne parle pas de M. Lalonde, pour
qui j'ai beaucoup de respect...
M. Guay: C'est votre problème.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est bon d'en trouver un de
temps en temps.
M. Levesque (Bonaventure): Mais je parle du potinage du ministre
des Affaires intergouvernementales, du député de Taschereau:
Avez-vous écouté ici? Avez-vous vu cela?
M.Guay: Je ne vous demande pas si vous l'avez
écouté. Je vous dis que j'ai écouté ce matin
'Présent ", et cela a commencé par une déclaration de
Pierre Elliott Trudeau qui disait qu'il était prêt à
négocier le partage des pouvoirs sur une base fonctionnelle.
M. Levesque (Bonaventure): Racontez-nous cela.
M. Guay: Sa fameuse théorie du fonctionnalisme, qu'on
connaît depuis l'époque de Cité libre. Il n'y a rien de
nouveau sous le soleil.
On s'imaginait que cette déclaration de M. Trudeau était
une déclaration qui avait été faite à la Chambre
des communes hier, en rapport avec le dépôt de ce document; pas du
tout, elle a été faite il y a dix ans, au moment de son
élection au Parti libéral, en 1968. De 1968 à 1978, il ne
s'est rien passé. Cela n'a pas avancé d'un iota, il n'a pas
évolué d'un pouce.
M. Raynauld: Pas plus qu'avec la souveraineté-association.
Il ne s'est rien passé depuis 1968.
M. Guay: On le sait déjà, c'est un document
politique. Cela ne donne rien de mettre des fonctionnaires, qui sont
payés très cher, à l'étude d'un document qui, en
une demi-heure, se résume assez rapidement. Il n'y a rien là.
Je trouve étonnant que le chef de l'Opposition prenne autant de
temps à essayer de défendre un document qui se défend fort
mal.
M. Levesque (Bonaventure): Je m'inscris en faux encore une fois
contre ces genres d'insinuations qui sont extrêmement superficielles et
injustes. Ce que j'essaie de faire, c'est de savoir ce qui se passe au
ministère des Affaires intergouvernementales. Je n'ai pas à
défendre un document plutôt que l'autre. On va poser des questions
dans quelques instants sur les autres études qui se font au
ministère des Affaires intergouvernementales. Il s'agit d'un document
très actuel qui vient d'être déposé et je pense que
c'était normal que l'on pose la question au ministre et au
ministère dont l'attribution principale et essentielle est
d'étudier les rapports et de favoriser les relations entre le
Québec et les autres partenaires de la confédération et le
gouvernement central.
Voici un document dont tous les journaux parlent dans le pays, qui fait
l'actualité partout et je demande au ministre ce qu'il en fait. Il dit:
On ne s'occupe pas de cela; on a autre chose à faire.
M. Morin (Louis-Hébert): Non je n'ai pas dit cela. Je vais
vous dire quelque chose.
M. Levesque (Bonaventure): Vous avez dit: Ce ne sera... une
demi-heure, et on met cela de côté. Le premier ministre dit: C'est
insignifiant, on ne s'en occupe pas.
Même le premier ministre a réagi avant même d'avoir
le document.
M. Guay: Vous trouvez donc, par conséquent, qu'il y a
quelque chose dedans.
M. Levesque (Bonaventure): Je trouve que c'est une
responsabilité...
M. Guay: Oui, le député d'Outremont trouve qu'il y
a quelque chose dedans.
M. Levesque (Bonaventure): ... du gouvernement du Québec,
avec le mandat qu'il a, de le regarder de près. C'est ce que je dis.
M. Guay: Cela a été fait.
M. Levesque (Bonaventure): Mais non, cela n'a pas
été fait.
M. Guay: Oui, cela a été fait. Le gouvernement est
formé du Conseil des ministres. Le ministre responsable l'a
regardé. Le premier ministre l'a regardé.
M. Levesque (Bonaventure): II n'y a même pas eu une
séance du cabinet.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, à
l'ordre!
M. Guay: Pourrais-je répondre? Il y a des choses plus
importantes que cela.
M. Levesque (Bonaventure): Ah! Bon!
M. Guay: Qu'un document comme cela, c'est bien sûr. Voyons
donc! Ecoutez, un gouvernement qui agit de façon responsable n'a pas de
séance du cabinet à passer à étudier une affaire de
28 pages où il n'y a rien dedans.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord. Vous dites que vous ne
voulez même pas soumettre cela au cabinet. C'est correct.
M. Raynauld: C'est cela.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'a pas dit qu'il ne
soumettait pas cela au cabinet.
M. Guay: Je ne suis pas membre du Conseil des ministres. Je dis
qu'un cabinet qui passerait toute une séance du cabinet, qui dure une
journée, à étudier 28 pages dans lesquelles il n'y a rien,
il perdrait à la fois son temps, et le temps et l'argent des
contribuables.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous seriez les premiers à
nous critiquer.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
Une Voix: C'est bien cela. C'est bien cela. On comprend.
M. Levesque (Bonaventure): L'avenir constitutionnel.
M. Morin (Louis-Hébert): Je voudrais dire quelque chose
ici.
M. Levesque (Bonaventure): Cela ne vaut pas la peine d'avoir une
séance du cabinet sur l'avenir constitutionnel des
Québécois, des Canadiens, non?
M. Guay: Si c'est cela l'avenir constitutionnel!
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, cela
m'intéresse cette discussion, pourrais-je intervenir?
M. Morin (Louis-Hébert): On n'entreprendra pas au
ministère d'études en comité très longues
là-dessus. C'est un petit document dont on connaît le contenu et
je pense que, rapidement, on peut s'en faire une idée, d'autant plus que
vendredi dernier M. Robert Normand, sous-ministre, a rencontré, durant
deux heures M. Paul Tellier, à la demande de ce dernier qui est venu lui
expliquer à Montréal la portée de ce document et lui
annoncer que ce serait rendu public hier. Donc, nous avons déjà
des renseignements sur ce document qui date de vendredi dernier. M. Normand m'a
fait un rapport complet de cette conversation et c'est significatif, à
mon sens, que ce soit M. Tellier lui-même qui ait été
chargé de cette démarche délicate. Je voulais mentionner
cela pour rassurer le chef de l'Opposition que nous avons quand
même mis une certaine énergie à comprendre la
portée de cette réédition moderne de la bible selon "saint
Ottawa".
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre a parlé
au premier ministre de cette rencontre?
M. Morin (Louis-Hébert): Bien sûr.
M. Levesque (Bonaventure): A quel moment?
M. Morin (Louis-Hébert): Ah! bien là, on va tomber
dans le potinage.
M. Levesque (Bonaventure): Ah bon! Potinage, c'est un mot dont on
peut se servir à l'occasion.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a des moments où
c'est moins bon qu'à d'autres.
Le Président (M. Marcoux): Toujours sur le même
sujet?
M. Levesque (Bonaventure): Une autre question.
Une Voix: Sur un autre sujet, moi aussi.
Le Président (M. Marcoux): Sur le même sujet, M. le
chef parlementaire.
Etudes Bonin
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre pourrait nous
faire part des études qu'on appelle les études Bonin?
M. Charron: On va les déposer.
M. Levesque (Bonaventure): C'est merveilleux. Votre collaborateur
et ministre du Haut-Commissariat était prêt, il s'est
retourné, disant que le gouvernement est prêt à les
déposer immédiatement.
M. Raynauld: C'est parce que c'est le ministre des sports.
M. Morin (Louis-Hébert): M. Bonin est ici avec nous. J'ai
ici, qui va vous être distribué, un document dans lequel vous
trouverez une liste des études que nous faisons actuellement au
ministère et le titre de ce document, c'est: Etudes sur l'association
économique Québec-Canada sous la direction de Bernard Bonin.
M. Levesque (Bonaventure): C'est le résumé de
l'entrevue du ministre avec la presse de Montréal...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, c'est l'entrevue qui est le
résumé de ceci.
M. Levesque (Bonaventure): C'est l'entrevue qui est le
résumé de ça.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ça.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre a jugé...
M. Morin (Louis-Hébert): La semaine dernière, la
presse était dans une veine de résumés; alors...
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre a
préféré cette façon de communiquer l'information,
alors qu'il était à trois jours de l'étude de ses
crédits.
M. Morin (Louis-Hébert): II faudrait quand même
s'entendre. Vous dites, quelquefois, que je ne vais pas assez vite; je suis
allé trop vite, maintenant?
M. Levesque (Bonaventure): Non, je pose simplement la question.
Vous avez jugé à propos de le faire de cette façon
plutôt qu'à la commission.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, là, vous avez des
détails qui n'étaient évidemment pas dans le journal.
Je vais donner quelques mots d'explication pour que tout le monde
comprenne un certain nombre de choses. Il y a, dans ces études, des
études de diverses natures. Il y a cinq catégories. Il y a
d'abord des études sur certaines expériences
étrangères d'association économique; il y en a onze. Donc,
vous avez la liste complète. Il y a ensuite des études sur des
questions financières, trois de ces études sont
mentionnées. Vous avez des études sur les relations
économiques du Québec avec l'extérieur, trois grandes
études à cet égard. Vous avez des études sur
certains mécanismes du fédéralisme actuel; il y en a deux.
Vous avez aussi, je reviendrai à ce sujet tantôt, certains
dossiers pour fins de négociations courantes et ultérieures
auxquels M. Bonin et d'autres ont participé et qui, à cause de
leur nature je suis sûr, d'ailleurs, que le chef de l'Opposition,
qui a été ministre lui-même, ne demanderait pas la
publication ne seront pas publiés à cause justement de
leur nature de documents devant servir à la négociation
Québec-Ottawa.
Je veux dire une chose pour qu'une fois pour toutes, on finisse par
comprendre que nous n'avons pas demandé à Bernard Bonin de faire
la stratégie de la souveraineté-association, ni la
stratégie du référendum. Nous lui avons dit
essentiellement ceci j'ai une note à cet égard et c est
moi qui lui en ai parlé que je voulais qu'il fasse, avec
d'autres, une série de travaux sur diverses formules d'associations
possibles, à l'exclusion de l'union politique fédérale qui
est celle qu'on a maintenant, en tenant pour acquis que I'association
économique était recherchée entre le Québec et le
Canada.
C'était ça, les paramètres de son travail. Je
n'ai pas demandé, en quelque sorte, de faire la politique
économique d'un Québec souverain, ni dans quel sens il devrait
agir une fois la souveraineté faite. Ce n'est pas ça que j'avais
demandé.
Je n'ai pas demandé non plus si la souveraineté
était une bonne ou une mauvaise chose, ni si le
fédéralisme l'était. Je n'ai pas non plus demandé
de travailler dans l'hypothèse d'une souveraineté qui ne serait
pas accompagnée d'association, comme si c'était une option que
nous recherchions. C'est un travail d'ordre technique et je suis très
heureux que M. Bonin, qui était à l'époque sous-ministre
adjoint au ministère de l'Immigration et qui est devenu sous-ministre
adjoint à mon ministère, accepte de faire ces études.
Dans aucun de ces travaux, vous ne verrez... Je le dis, certains vont
peut-être le regretter parce qu'on s'attendait peut-être à
autre chose, mais si on s'attendait à autre chose, c'est parce qu'on n'a
jamais compris ce que j'ai dit il y a à peu près un an, lors de
l'étude des crédits du ministère. Il n'y a pas,
là-dedans, d'éléments de définition de la
stratégie politique du Québec. Cela n'était pas le mandat
qu'on avait confié à M. Bernard Bonin et aux autres.
Vous avez, là-dedans, le type des études, les personnes
qui les ont faites, leur adresse ainsi que les honoraires versés. Vous
avez aussi le statut de l'étude, c'est-à-dire est-ce qu'elle est
terminée, quand sera-t-elle publiée, etc. Vous avez tout cela.
C'est, en quelque sorte, notre programme de publication, si je peux m'exprimer
ainsi.
Cela, c'est pour les quatre premières séries
d'études. Je peux vous les laisser regarder et si vous avez des
questions à poser, ne vous gênez pas. Quand il n'y a pas
d'honoraires d'inscrits, c'est que ce sont des employés du
ministère.
M. Levesque (Bonaventure): J'aurais une question à poser,
M. le Président, avant qu'on parle du reste. Vous avez, à la
dernière page, "en outre, mais ne peuvent être publiés
divers dossiers pour fins de négociation courante et ultérieure
". Est-ce que le ministre pourrait me donner des explications additionnelles
là-dessus?
M. Morin (Louis-Hébert): Certainement. Vous savez...
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que cela a été
confié au même comité?
M. Morin (Louis-Hébert): Pas toujours. M. Bonin n'a pas
fait que la supervision de ces études dans le ministère. Il a
travaillé aussi et c'est normal à la constitution
de dossiers fédéraux-provinciaux, lesquels découlaient en
droite ligne de ce que vous aviez, M. le leader parlementaire de l'Opposition,
commencé, au moment où vous étiez ministre des Affaires
intergouvernementales. C'était la constitution de dossiers sur divers
domaines, pour nous aider dans la négociation courante
Québec-Ottawa.
M. Bonin a travaillé là-dessus. Il y a plusieurs de ces
dossiers. Ceux-là, nous n'avons pas l'inten- tion de les rendre publics
et j'espère bien que personne ne va nous les demander parce que ce ne
serait vraiment pas dans les formes.
Il s'agit des dossiers normaux, courants, du ministère...
M. Levesque (Bonaventure): Ultérieurs.
M. Morin (Louis-Hébert): ... sur l'influence de la
politique fédérale, par exemple, en matière de transport;
comment peut-on corriger cela? Quand il y a une entente qu'on signe, on regarde
l'impact que cela peut avoir et on peut se servir de ces dossiers.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que c'est ce qu'on appelait, de
mon temps, le bilan?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela. On l'a
transformé et on en a fait des dossiers sectoriels, exactement. C'est
à partir de cela.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre pourrait peut-être
réfléchir à certains de ses collègues du cabinet
qui étaient dans l'Opposition, le député de Sauvé
en particulier...
M. Morin (Louis-Hébert): Je sais ce que vous allez dire,
j'ai une réponse de prête.
M. Levesque (Bonaventure): ... qui m'a talonné sans cesse
pour que je dépose justement, devant cette commission, les divers
dossiers pour fins de négociation courante et ultérieure, qu'on
appelait le bilan. Le ministre vient d'admettre que c'était la
même chose, que c'était le bilan.
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas dit que
c'était la même chose, j'ai dit "tiré de". Il y a une
nuance importante et c'est cela, ma réponse. Je vais attendre que vous
finissiez votre question.
M. Levesque (Bonaventure): Non, c'est exactement la même
chose...
M. Morin (Louis-Hébert): Voyons donc!
M. Levesque (Bonaventure): ... et lorsque le ministre a dit tout
à l'heure, au cours de ses remarques, et je prends la parole du
ministre: celui qui dirigeait le ministère autrefois va comprendre
pourquoi je ne dépose pas ces dossiers. Je pense qu'à ce
moment-là, il m'indiquait que pour les mêmes raisons que
j'invoquais dans le temps, il n'a pas l'intention et je comprends fort
bien, ce n'est pas parce que je m'oppose...
M. Morin (Louis-Hébert): Ne vous avancez pas trop, parce
que j'ai une réponse à faire.
M. Levesque (Bonaventure): Faites-la.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce qui avait été
préparé et que M. Arthur Tremblay, qui était sous-ministre
à l'époque, m'a donné, et qui avait été
continué sous la direction de M. François Cloutier
après que vous eussiez quitté le ministère, était
une série de feuilles montrant l'état des dossiers, quasiment
dans un ordre chronologique. A tel moment, on a envoyé telle lettre, on
a reçu telle réponse, on a envoyé telle autre chose, il y
a eu telle réunion, etc.
M. Levesque (Bonaventure): II y avait plus que cela. Il y avait
le fond de chaque...
M. Morin (Louis-Hébert): Ce qu'on m'a donné, c'est
cela.
M. Levesque (Bonaventure): II y avait le fond de chaque question
aussi.
M. Morin (Louis-Hébert): II y avait une description.
M. Levesque (Bonaventure): II y avait le contentieux.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela. Je pense que cela
aurait pu être rendu public. Je le pense bien.
M. Levesque (Bonaventure): Un instant! N'allez pas dire des
choses comme cela, avec toute votre responsabilité et votre
expérience. N'allez pas dire cela, autrement, je dirais que vous
êtes en train de vous prostituer.
M. Morin (Louis-Hébert): Voyons donc! Qu'est-ce que c'est
cela?
M. Levesque (Bonaventure): Voyons! Pour les mêmes raisons,
vous ne voulez pas... Si c'est le cas, déposez cela tout de suite.
Déposez cela, c est la même chose.
M. Morin (Louis-Hébert): J'étais en train
d'élaborer une réponse et on m'interrompt en plein milieu.
Comment voulez-vous qu'on comprenne I'ensemble? Donc, il y avait un tas de
dossiers quand je suis arrivé, sous forme de résumé, dans
un document qui avait à peu près 700 pages. Cela avait
été commencé dans votre temps, continué avec M.
Cloutier, terminé avec moi. Très bien. (16 h 45)
On s'est dit: C'est une sorte de résumé non dynamique. Il
avait été fait comme cela, d'ailleurs ce n'est pas un
blâme que je fais par rapport à qui que ce soit que nous
voudrions aue nous nous le rendions dynamique. C'est-à-dire qu'on va
prendre tout cela, qu'on va le compléter et qu'on va en faire davantage
et, dedans, on va aller beaucoup plus loin dans l'analyse politique pas
dans le sens partisan du terme, mais fédérale provinciale
et c'est cela que nous avons fait. Ce qui existe maintenant comme dossier nous
sert pour les négociations courantes. Celles-là je ne peux pas
les rendre publiques, parce que ce serait une bénédiction pour le
gouvernement fédéral de voir exactement... Je pense que vous ne
me demanderez pas cela.
L'autre série que j'ai eue quand je suis arrivé... cela
n'aurait rien cassé qu'on la rende publique, sauf que je ne suis pas
sûr que cela aurait intéressé la collectivité
québécoise tellement à cause de la forme que cela avait.
Ce n'est pas une cri-tiaue aue je fais. Ce n'était pas fait comme cela.
On l'a faite autrement. M. Bonin et d'autres ont travaillé
là-dedans. Il y a à peu près une trentaine de ces
dossiers, n'est-ce pas, Bernard? 25, d'accord. Ce ne sont pas des secrets
d'Etat. Je pense bien que M. Lalonde ne sera pas fâché de les
voir, mais je ne vois pas pourquoi je lui ferais plaisir. Je ne pense pas que
vous allez me demander de rendre cela public. Vous l'aimez bien, mais pas
à ce point-là.
M. Levesque (Bonaventure): C'est-à-dire que, si je
comprends bien le ministre, c'est qu'il a pris ce bilan...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Levesque (Bonaventure): ... pour en faire des dossiers
noirs...
M. Morin (Louis-Hébert): Absolument pas.
M. Levesque (Bonaventure): ... qu'il refuse à ce moment-ci
de déposer, parce qu'il veut les déposer selon une certaine
stratégie.
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Levesque (Bonaventure): Voyons, c'est clair comme de l'eau de
roche.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est clair, mais on ne regarde
pas la même réalité, parce que ce n'est pas cela.
Jean-Claude Rivest vous dit que ce n'est pas cela.
M. Levesque (Bonaventure): Non, mais il était
prêt... Je ne dis pas qu'il se moque de vous. Il est en train de vous
imiter.
M. Morin (Louis-Hébert): On s'en parlera à nouveau
après... Où en étions-nous?
M. Levesque (Bonaventure): On ne fait pas de grief au ministre de
ne pas déposer...
M. Morin (Louis-Hébert): Je l'espère.
M. Levesque (Bonaventure): ... les documents, mais je n'aimerais
pas les voir revenir sous une autre forme qu'on appelle les dossiers noirs,
parce qu'à ce moment-là, il les déposera selon une
certaine stratégie, à un moment qu'il jugera opportun. C'est l'un
ou l'autre.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est sûr...
M. Levesque (Bonaventure): Ou bien c'est d'intérêt
public ou cela ne l'est pas. Si c'est prêt et si c'est
d'intérêt public, déposez-les. Si c'est simplement pour les
noircir, mais là c'est une autre chose.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est intéressant en
maudit, mais je ne sais pas si c'est d'intérêt public. Je n'ai
jamais trop compris ces nuances, mais, chose certaine...
M. Levesque (Bonaventure): Vous comprenez. Un homme intelligent
comme le ministre des Affaires intergouvernementales...
M. Morin (Louis-Hébert): Merci, c'est très gentil
qu'on reconnaisse cela. C'est noté. J'espère que c'est
noté....
M. Levesque (Bonaventure): Tout le monde sait cela.
M. Morin (Louis-Hébert): ... parce que mon humilité
naturelle, ma modestie naturelle est toujours mise à forte contribution
dans ces cas-là.
M. Levesque (Bonaventure): On veut simplement qu'il utilise son
intelligence selon le mandat qu'il a reçu par son gouvernement.
M. Morin (Louis-Hébert): On ne recommence pas cela? Un
instant! ce n'est pas fini. Ce que je veux vous dire, c'est que tout cela... Je
vais vous surprendre, les études faites dont vous avez la liste, vous
avez les prix, les études qui ne sont pas rendues publiques et dans
lesquelles on a quand même été obligé d'avoir, dans
certains cas, certains experts de l'extérieur, cela coûte au grand
total... J'avais mon chiffre, je ne l'ai plus. Attendez un peu, je l'ai
noté ici. Je vais vous dire cela. J'aimerais qu'on compare cela
seulement au prix... seulement de la moitié... de la commission
Pepin-Robarts.
M. Raynauld: Si c'est moins que celle-là, cela coûte
moins cher.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est $375 000, en comptant le
salaire de Bernard Bonin et la moitié de celui d'autres personnes qui
ont travaillé sur ce sujet. $375 000, cela comprend le salaire de
Bernard Bonin, cela comprend la moitié du salaire d'autres
fonctionnaires. Si on enlève cela, c'est autour... Je ne voudrais pas
révéler le salaire de tous et chacun, mais, en tout cas, c'est
moins de loin que pour les études fédérales. C'est pour
rien, à toutes fins utiles, c'est une aubaine.
Une Voix: C'est cela.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais poser quelques
questions...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est le grand mystère des
études!
M. Levesque (Bonaventure): Non, on a d'autres questions.
M. Morin (Louis-Hébert): En tout cas, on va
démystifier cela aussi.
M. Levesque (Bonaventure): On n'acceptera pas cela comme
cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Voyons donc.
M. Levesque (Bonaventure): On veut en savoir plus.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord, allons-y.
M. Raynauld: Je voudrais savoir en particulier si dans les
études sur les relations économiques du Québec avec
l'extérieur, qui sont toujours présentées avec les pays
Scandinaves d'une part, la CEE et les Etats-Unis de l'autre, il y a aussi une
étude qui porte seulement sur l'intégration économique du
Québec et le reste du Canada.
M. Morin (Louis-Hébert): Exactement, il y en a une.
M. Raynauld: Là, elle est...
M. Morin (Louis-Hébert): II y en a deux, je suis en train
de vous induire en erreur.
M. Raynauld: ... incorporée dans celle-ci.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, elles ne sont pas
là-dedans, dans l'autre liste malheureusement.
M. Raynauld: Vous avez une autre liste?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. Voici ce qu'il y a dans ces
études. C'est une analyse des relations économiques entre le
Québec et le reste du Canada. Il y a deux études: une qui a
été confiée à l'Ecole des hautes études
commerciales et à un personnel de cette école. Je peux vous
donner les noms, mais je pense que ce n'est pas nécessaire. L'autre
étude qui a été confiée au Bureau de la statistique
du Québec est un ensemble de données statistiques. Je pourrais
peut-être demander à M. Bernard Bonin de la décrire un peu,
parce que je ne l'ai pas ici devant moi, c'est trop gros à apporter.
Après cela, je vous dirai la nature de cette étude et la raison
pour laquelle je pense que tout le monde sera d'accord on ne la
rend pas publique.
Il y a deux analyses: Une qui a été faite par le Bureau de
la statistique qui utilise le tableau des relations interindustrielles du
Québec et le tableau de Statistique Canada qui cherche à mesurer,
en somme, les effets de modification de marché dans une hypothèse
de changement de la relation. La deuxième, c'est une analyse qui a
été confiée, comme le ministre l'a dit, à trois
personnes de l'Ecole des hautes études commerciales et à une
quatrième personne du département d'économique de
l'Université de Montréal. Cette étude a comme
différence avec la première... La premiè-
re si vous me permettez de revenir là-dessus
cherche à mesurer les effets directs et indirects de la modification,
tenant compte des effets sur les autres provinces, ce qu'on appelle de la
rétroaction, à partir du modèle canadien, mais en ne
supposant aucune réaction des entrepreneurs. On cherche purement des
statistiques pour mesurer ce qui se passerait.
La seconde étude, celle de HEC et de l'Université de
Montréal, fait une hypothèse de plus de comportement des
entrepreneurs, c'est-à-dire qu'elle suppose que les entrepreneurs
absorberaient le coût de la protection tarifaire actuelle qui leur est
accordée dans le régime actuel; en somme, pour voir... Au lieu de
se laisser purement et simplement chasser du marché je suppose
qu'ils réagissent de cette façon on essaie de voir quels
sont les effets de la modification.
C'est une sorte d'immense tableau d'"input-output ", si je peux
m'adresser ainsi à l'économiste brillant qui est devant moi; je
parle de M. Raynauld.
M. Raynauld: Ah oui? Je pensais que vous parliez de...
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'il y a d'autres
études comme celles-là qui ne sont pas sur la liste, la liste que
vous nous avez donnée?
M. Morin (Louis-Hébert): Les autres, ce sont des
dossiers...
M. Levesque (Bonaventure): Non, c'est parce que le
député d'Outremont pose une question et la réponse du
ministre, c'est: Un instant, on a une autre liste.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai dit tantôt qu'il y
avait des études qui étaient des dossiers de négociations
courantes. Ainsi, on sait, par exemple, à cause de ces études,
quel est l'impact de la taxe de vente baissée de 8% à 0% par
rapport à un impact de 8% à 5%. C'est ce genre d'étude qui
nous le dit. Ce sont des instruments de travail du gouvernement pour
l'élaboration de ses politiques. On n'a pas jugé opportun de les
rendre publiques à cause de leur nature, pas plus que le gouvernement
fédéral va rendre les siennes publiques, pas plus que les autres
provinces...
M. Levesque (Bonaventure): Lorsque le ministre parle d'une
étude qui a été confiée à l'Ecole des hautes
études commerciales, à ce moment, il doit y avoir un coût
attaché à cette étude?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, il y a un coût.
M. Levesque (Bonaventure): II n'est pas dans notre liste?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il n'est pas dans votre
liste, il est dans l'autre. C'est ce que je vous ai dit.
M. Levesque (Bonaventure): Avez-vous une liste que vous gardez et
une liste que vous donnez?
M. Morin (Louis-Hébert): II y en a une que je vous ai
donnée, et il y a l'autre qui est la liste de nos travaux internes.
Seulement, je l'ai pour ma gouverne.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que ce sont des travaux
internes lorsqu'il y a des honoraires affectés aux travaux?
M. Morin (Louis-Hébert): Là, vous ne me ferez quand
même pas croire que dans tous les gouvernements du monde, il n'y a pas,
à ce moment donné, quelqu'un qui confie un travail à
l'extérieur pour des fins internes. C'est ce qu'on a fait. Cela s'est
fait dans le passé aussi. Il n'y en a pratiquement pas. Pour la plupart
des cas, des études ont été faites dans les
ministères par des fonctionnaires, sauf dans certains cas où on a
demandé des spécialistes de l'extérieur pour
compléter des séries de travaux. C'est essentiellement cela.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre aurait
objection à nous donner des noms d'auteurs ou de consultants qui
auraient été retenus dans ce sens?
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a aucun problème.
Ce sont des noms de personnes que vous allez connaître, parce que je ne
sais même pas quelle est leur appartenance politique.
M. Levesque (Bonaventure): II n'est pas question, pour
nous...
M. Morin (Louis-Hébert): Pour l'Ecole des hautes
études commerciales, il y a trois professeurs, M. Léon Courville,
M. Alain Van Peepersson et M. Carmine Nappi qui a écrit dans le Devoir,
il n'y a pas très longtemps; ensuite, M. Marcel G. Dagenais, du
département des sciences économiques de l'Université de
Montréal, et M. Michel Bastien, l'assistant de M. Dagenais.
Ensuite, au Bureau de la statistique du Québec, il y a M. Tadek
Matuszewski. Je pense que c'est le directeur de ces études. Vous le
connaissez?
M. Raynauld: Je le connais bien, oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah! M. Réal Marshall, du
Bureau de la statistique du Québec, Mme Violette Couillard, de
Québec, Mme Carole De Blois, M. Denis Gagnon, Mlle Ginette McNeil. Il y
en a deux de Sainte-Foy là-dedans, deux de Québec, deux qui sont
de mon comté, mais je n'ai aucune notion de leur appartenance politique.
Voilà! Est-ce qu'il y a d'autre chose que vous voulez savoir? Avez-vous
d'autres questions?
M. Raynauld: C'est parce qu'il y avait...
M. Levesque (Bonaventure): Le titre des sujets, est-ce qu'on
pourrait l'avoir?
M. Morin (Louis-Hébert): Les sujets? C'est ce que M. Bonin
vient de vous donner.
Le premier titre, c'est l'analyse des effets de modification dans les
rapports commerciaux entre le Québec et le reste du Canada, n'est-ce
pas? Le deuxième titre, c'est La structure et l'évolution des
échanges entre le Québec et le reste du Canada, les deux
études tenant compte de deux hypothèses différentes,
telles que définies par M. Bonin.
M. Raynauld: Dans la conférence de presse, cela a
été présenté comme si c'étaient des
études différentes. Je ne sais pas si elles sont
incorporées dans l'autre, mais une qui m'a intrigué...
M. Morin (Louis-Hébert): Ce sont deux études
différentes...
M. Raynauld: ... c'est l'analyse des effets de modération
dans les rapports commerciaux...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est une erreur de frappe,
ça...
M. Raynauld: Ah! C'est une erreur.
M. Morin (Louis-Hébert): Moi aussi, je me suis
demandé ce que ça voulait dire...
M. Raynauld: Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): ... et j'avais envie
d'écrire une lettre formelle de protestation à la presse.
Après ça, je me suis dit que je voulais garder mes bonnes
relations avec le monde des communications... Je ne l'ai pas fait.
M. Raynauld: Alors, qu'est-ce que c'est, le vrai mot?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je pense que c'est une
erreur de frappe.
M. Raynauld: II n'y a pas de modération, qu'est-ce que
c'est?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est brillant, ça! C'est
"modification ".
Une Voix: Pardon?
M. Morin (Louis-Hébert): Modification:
M-o-d-i-f-i-c-a-t-i-o-n.
M. Raynauld: Ah! Les modifications. Cela, c est l'étude
que vous venez de mentionner, je suppose.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ça, oui. M.
Raynauld: Ah bon!
M. Morin (Louis-Hébert): Elles étaient dans la
liste que le journal avait.
M. Raynauld: Et les exemples vers l'Irlande et Israël, c'est
dans les études financières?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ça. Elles vont
être rendues publiques, celles-là.
On a demandé à des gens de regarder ce qui s était
fait ailleurs. Il y a trois études différentes par des personnes
qui ont des approches différentes qui vont être publiées
ensemble normalement à la fin de l'été.
Il y en a une qui n'est pas terminée du tout là-dedans, et
les autres... Cela ne sert à rien de les publier
séparément. On va attendre que ce soit fait.
Maintenant, il y a quelque chose d'autre que je n'avais jamais
annoncé, mais que j'ai décidé qu'on publierait, et
ça, c'est assez intéressant. C'est à la page 3 du document
que j'ai distribué, en bas, les conséquences des chevauchements
administratifs dans le fédéralisme canadien.
Cela, c'est un sujet qui m'a toujours préoccupé, moi, et
il n'y avait vraiment rien... Là encore, je ne veux pas critiquer mes
prédécesseurs, d'ailleurs, j'ai été le
sous-ministre de ce ministère pendant huit ans et demi et j'aurais bien
pu faire ça, donc, je me critique du même coup.
J'ai voulu mesurer un peu la quantité de chevauchement qu'il peut
y avoir entre Québec et Ottawa, dans les divers programmes. Par exemple,
Des programmes de pêcheries, il y en a à Ottawa. Des programmes
d'Indiens, il y en a à Ottawa. Des programmes sociaux, il y en a
à Ottawa. Il ne faut jamais oublier que, sur 25 ministères de
part et d'autre, il y en a 23 d'Ottawa dont on a un peu le correspondant
à Québec et 24 de Québec qui ont leur correspondant
à Ottawa. C'est sûr qu'il y a des chevauchements.
Mais quand je dis chevauchement, ici, scientifiquement, il faut faire
attention. Cela ne veut pas nécessairement dire toujours double emploi,
mais ça veut dire une chose évidente, c'est que les deux
gouvernements sont présents en même temps dans des sphères
au moins contiguës d'activités, ce qui a comme effet de
coûter cher, ce qui a comme effet de mêler le monde et ce qui a
comme effet d'empêcher une cohérence qu'on pourrait souhaiter
reconnaître dans les activités gouvernementales, tant
fédérales que québécoises.
J'ai eu une première version de cette étude, qui est en
train de se terminer cette semaine. J'espère pouvoir la publier... Je ne
voudrais pas donner de date, pour qu'on ne commence pas à me courir
après et qu'il y ait des questions en Chambre pour demander comment il
se fait que ce ne soit pas encore sorti, si on cache quelque chose.
Mais j'aimerais, si c'était possible, la publier avant le
début de l'été, ce qui veut dire bientôt, mais
ça ne dépend pas de moi, dans ce cas-là, ça
dépend vraiment de ceux qui sont en train de la réviser.
La conclusion est assez étonnante, quant au nombre de
chevauchements entre Québec et Ottawa. Je pense que le monde sera
surpris. Moi, je ne m'attendais pas qu'il y en ait autant. Je ne veux pas
donner de chiffres, parce qu'il y a des révisions qui se font. Mais vous
aurez dans le document un pourcentage... Mettons sur 100% des activités
gouvernementales québécoises, il y en a x% qui sont
chevauchées par Ottawa. Vous aurez le pourcentage de ça.
M. Levesque (Bonaventure): II y a déjà une
information je pense que c'est la Presse qui publie ça le
ministre a déjà donné une conférence
là-dessus ou a permis une fuite, ou quoi?
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas donné de
conférence. J'ai donné suite à une demande d'entrevue. Il
n'y a pas de mystère là-dedans.
M. Levesque (Bonaventure): Alors, il semble qu'on soit assez au
courant, dans cet article, des cas de chevauchements dont...
M. Morin (Louis-Hébert): La Presse a donné quelques
exemples, effectivement.
Oui, ce sont de bons exemples que vous avez là-dedans.
M. Levesque (Bonaventure): Peut-être que le ministre n'aura
pas objection à déposer ce document, s'il l'a...
M. Morin (Louis-Hébert): Cela ne me fait rien de
déposer un article de journal.
M. Levesque (Bonaventure): Non, mais le document lui-même,
parce qu'il indique ici qu'il va le faire, de toute façon, très
prochainement...
M. Morin (Louis-Hébert): Bien oui, mais je viens de vous
dire que je veux publier cette étude. Je ne l'avais pas annoncée.
C'est comme un cadeau inattendu. Le monde devrait être content.
M. Levesque (Bonaventure): Non, mais à quel moment le
ministre pense-t-il... (17 heures)
M. Morin (Louis-Hébert): Aussitôt que j'en serai
capable. J'espère la rendre publique la semaine prochaine, mais cela ne
dépend pas de moi. On est en train d'en faire la dernière
révision et je ne voudrais pas que cela arrive trop tard. Je voudrais
que cela arrive avant la fin de la session pour vous donner une date.
Honnêtement, je ne suis pas sûr que cela va être prêt
à ce moment-là, mais au moindre moment, la moindre
possibilité que j'aurai, je vais vous en envoyer une copie
recommandée avec plaisir. Vous allez l'avoir pour vos vacances. Cela me
fera plaisir de vous la faire parvenir avec une copie pour votre chef, etc.,
pour qu'il se pénètre bien de cela. Il a hâte de voir ces
études. Je pensais que son idée était faite sur le
fédéralisme, mais en tout cas, on va lui donner cela.
M. Raynauld: M. le Président, dans le document qu'il y a
ici...
M. Morin (Louis-Hébert): II en parle de chevauchement, il
nous confirme, là vous voyez...
M. Raynauld: Justement, c'est une des choses qui auraient pu vous
intéresser. Ils font la même chose que vous.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, on fait des études.
Mon Dieu, je viens de penser à cela. Vous avez justement une
étude qui porte seulement sur un demi-paragraphe.
M. Raynauld: C'est cela, il y a quelque chose
d'intéressant dans le document.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a quelques parties où
il y a une critique du système fédéral que j'ai
trouvée bien amusante, là-dedans. Remarquez qu'on n'insiste pas
beaucoup. Je n'ai pas voulu être méchant, tantôt, je n'ai
pas fait ressortir cela. C'est ma grandeur d'âme habituelle qui me joue
des tours.
M. Raynauld: Toujours sur le même sujet, sur cette
étude-là, sur le chevauchement, est-ce que c'est une étude
analytique ou purement descriptive.
M. Morin (Louis-Hébert): Qu'est-ce que cela veut dire?
M. Raynauld: Cela veut dire que si elle est analytique, cela va
un peu plus loin que de dire: Voici, il y a du chevauchement ici, il y a du
chevauchement là.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai demandé de me mesurer
la quantité de chevauchements qu'il y avait. Si on a besoin d'aller plus
loin on va y aller, sauf que je ne voudrais pas me faire critiquer parce qu'on
fait trop d'études. D'accord, on s'entend? Si je continue, vous allez me
féliciter?
M. Raynauld: Cela dépendra de ce qu'il y a dedans, de la
sorte d'analyse que vous allez faire, Si elle est objective...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je pense qu'elle va
être significative et très intéressante. Il y a une chose
que j'aurais voulu qu'on mesure, mais ce n'est pas faisable. J'aurais tellement
voulu savoir combien coûtait le chevauchement. Là, on m'a dit que
pour connaître cela, il faudrait connaître le pourcentage du temps
que M. le comptable X, dans tel ministère à Ottawa ou à
Québec, prend dans son travail habituel qui s'applique à la
partie chevauchante de son activité, par rapport à l'autre
gouvernement. On n'est pas capable de mesurer cela.
M. Raynauld: Cela aurait été fort
intéressant. C'est un peu le même problème quand on dit
que
l'école privée coûte quelque chose par rapport
à l'école publique. C'est le même problème ici. Il y
a un chevauchement, mais si la clientèle, par manque de chevauchement,
devait être desservie au complet de toute façon, à ce
moment-là, il se peut que ce soit des chevauchements gratuits sur le
plan du coût.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela m'a l'air trop savant pour
que je m'embarque là-dedans. Attendez que l'étude...
M. Raynauld: Si vous devez placer dans un centre de placement,
vous avez 100 personnes à placer par semaine, il y a deux centres de
placement et vous en placez seulement 50 dans les deux centres de placement,
cela revient à dire qu'il se pourrait que cela ne coûte ni moins
cher, ni plus cher d'en avoir un seul que d'en avoir deux. Comprenez-vous?
C'est cela que je veux dire.
M. Morin (Louis-Hébert): Etes-vous en train de commencer
tranquillement à essayer de démontrer la possibilité qu'il
n'y aurait peut-être pas de chevauchement? Est-ce que c'est cela?
M. Raynauld: Non, j'essaie simplement de confirmer ce que vous
venez de dire que cela aurait été important de savoir si cela
coûtait quelque chose ces chevauchements.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, cela coûte quelque
chose, c'est marqué dans le cahier, mais ce n'est pas cela que j'ai
dit...
M. Raynauld: Vous ne le savez pas.
M. Morin (Louis-Hébert): ... que j'aurais voulu
connaître le chiffre exact du coût de ce chevauchement-là.
Ce n'est pas possible de le savoir avec exactitude. On pourrait le savoir avec
exactitude, mais cela va faire des histoires de comptes nationaux qui
mêlent tout le monde. D'accord? Alors, je n'ai pas voulu qu'on s'embarque
là-dedans. Cependant, ils sont en mesure, avec ce qu'ils ont fait, de
nous donner une indication et nous démontrer que cela coûte
quelque chose. Si cela ne suffit pas, je serai très heureux, dans la
mesure où c'est faisable scientifiquement, de correspondre d'avance aux
désirs que j'anticipe de la part du député d'aller plus
loin dans ces études, à condition qu'on ne vienne pas me dire
qu'on perd trop de temps à faire des études.
M. Biron: M. le Président, une question bien
précise sur le chevauchement, maintenant qu'on sait qu'on a à peu
près 150 à 200 dédoublements de programmes, est-ce que le
ministre est prêt à discuter avec le gouvernement
fédéral pour éliminer certains de ces chevauchements. On
sait que sur ce point précis, sans négocier une nouvelle
constitution canadienne, le gouvernement fédéral est prêt
à éliminer certains ministères à Ottawa. Est-ce que
le ministre est prêt à en discuter?
Quelles sont ses actions et quand va-t-il commencer à
discuter?
M. Morin (Louis-Hébert): Une réponse
catégorique, oui. On est en train de le faire maintenant dans le domaine
des affaires urbaines où le ministre des Affaires municipales demande
d'avoir des "block grants" plutôt que d'avoir du taponnage de
fonctionnarisme de part et d'autre. Alors, c'est commencé. C'est une de
nos positions habituelles, courantes, constantes, normales et connues, que nous
demandons chaque fois qu'on en a l'occasion, l'élimination de ces
chevauchements-là. On n'est pas particulièrement
écoutés cependant. Si on avait l'appui de tout le monde, je pense
qu'on ne serait pas plus écoutés, mais ce serait plus
intéressant.
M. Biron: Est-ce que le ministre croit pouvoir en venir à
une conclusion dans certains de ces chevauchements à 10% ou à
50%, en tout cas, est-ce qu'on peut avoir à peu près un ordre de
grandeur de ce qui pourrait s'éliminer finalement et sauver des taxes
aux contribuables québécois et canadiens?
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais faire un arrangement avec
vous; je n'ai pas le texte devant moi et je pense que ça va
intéresser les gens de l'examiner. Je ne voudrais pas qu'on recommence
à discuter aujourd'hui d'un document qui est dans sa phase ultra-finale
ou terminale, selon l'expression qui vous va, et je suis prêt à
reprendre cette discussion à un autre moment. Mais je ne voudrais pas
m'embarquer là-dedans aujourd'hui, je voudrais qu'on regarde ça.
Bien sûr, c'est fait pour ça, c'est fait pour la consommation
publique. Si les gens des partis ont des suggestions à faire, ça
me fera plaisir de les écouter. Si vous voulez absolument qu'on en
parle, on va en parler davantage, mais je n'ai pas le texte.
M. Biron: Ce n'est pas une question d'en parler, c'est une
question d'entreprendre des étapes pour améliorer le
fonctionnement du gouvernement ou que ça coûte meilleur
marché à Québec et Ottawa, parce qu'on paie des taxes aux
deux endroits, jusqu'à présent.
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis d'accord.
M. Raynauld: J'avais une petite question sur les pays
Scandinaves, les relations économiques Canada-Québec et les pays
Scandinaves. Est-ce que c'est vraiment ça le sujet de l'étude ou
si ce sont les relations entre le Canada, le Québec et les pays
Scandinaves?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Raynauld: II n'y a pas beaucoup de relations
économiques.
M. Morin (Louis-Hébert): On ne sait jamais. Cela ferait
une petite étude.
M. Raynauld: Pardon?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela ferait une petite
étude.
Avez-vous des suggestions d'études à faire?
M. Raynauld: J'en aurais, oui, sur les économies
d'échelle au Canada, dans l'administration publique. Cela aurait
été important d'étudier ça pour savoir si
c'était avantageux d'avoir un système fédéral.
M. Morin (Louis-Hébert): D'avoir un système
fédéral? Comment se fait-il que vous mettiez ça en doute?
Pourquoi mettez-vous le système fédéral en doute?
M. Raynauld: Je ne le mets pas en doute, c'est comme votre
étude.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais, là, il faut
faire attention à la logique strictement économique. Vous savez,
je ne sais pas quel savant ou philosophe disait ça: Je suis bien
placé pour en parler parce que j'en suis un. Alignez tous les
économistes du monde un à côté de l'autre, vous
n'arriverez pas à la longueur d'une conclusion. C'est Bernard Shaw qui
disait ça, alors, j'en parle avec beaucoup de liberté,
étant économiste moi-même.
Il faut faire attention aux raisonnements strictement
économiques, parce qu'on peut finir par trouver qu'il faudrait abolir le
gouvernement fédéral et annexer le Canada aux Etats-Unis.
M. Raynauld: Moi, je n'ai pas peur du tout de l'analyse
économique. Je prendrais le risque, même avec les options que
j'ai.
M. Morin (Louis-Hébert): Même avec les options...
Cela, c'est amusant de vous entendre dire ça. Vous prendriez le risque
de faire des analyses économiques, même avec l'option que vous
avez.
M. Raynauld: Ouais, je prendrais le risque... M. Morin
(Louis-Hébert): C'est riche comme...
M. Raynauld: Je pense que vous seriez peut-être
surpris.
M. Morin (Louis-Hébert): En tout cas.
M. Raynauld: Cela suffit comme questions en ce qui me
concerne.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
questions d'ordre général? Sur le même sujet ou sur un
autre sujet?
Relations internationales
M. Biron: Sur un autre sujet. Je voudrais connaître la
philosophie du ministère ou du ministre, ses politiques et ses objectifs
en ce qui regarde non plus les affaires fédérales-provinciales,
mais interprovinciales et internationales en particulier, surtout le
Québec à l'étranger, la philosophie
générale, avant qu'on étudie les coûts des maisons
du Québec, tout ça. Quelles sont les relations que le
Québec entend mener à l'étranger, surtout quel genre de
relations, quel genre d'objectifs précis? Est-ce que ce sont beaucoup
plus des objectifs culturels, ou si le ministère a tendance à
s'orienter beaucoup plus vers des objectifs économiques? Pour
éclairer ma question, je pense à la maison du Québec
à Atlanta, comparé à d'autres maisons comme la maison du
Québec à Paris, celle de Londres ou celles que nous voulons
éventuellement avoir en Afrique francophone?
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord, M. le Président.
J'ai oublié de dire quelque chose, je ne voudrais pas induire qui que ce
soit en erreur, mais j'ai un petit renseignement que je voulais ajouter tout
à l'heure dans mon exposé sur le sujet qui précède.
Quand M. Bonin a commencé ses études, on lui a demandé de
faire un schéma général des formes d'associations
économiques pour guider les chercheurs, et je ne l'ai pas
mentionné dans la liste. C'était le "pattern" à suivre
pour les divers chercheurs parce qu'il y a toutes sortes de formes
d'association économique.
Il y a eu un article dans le Devoir, avec cette même
définition, je ne me souviens pas de la date. C'est par quel auteur?
C'est justement par un de ceux qu'on a retenus, M. Carmine Nappi et je ne me
souviens pas de la date dans le Devoir. Je vous mentionne ça parce que
c'est arrivé à peu près au même moment.
Bon! Qu'est-ce qu'on disait? Les objectifs économiaues de
l'action internationale du Québec. C est un sujet qui est vaste. Je ne
sais pas par où commencer. Je vais dire une chose, je me souviens
je ne sais pas qui était au pouvoir à ce moment-là
que l'Opposition avait posé une question et j'avais été un
peu amené à donner une réponse, car, quelquefois, je
donnais des réponses. Il m est arrivé d'en donner contre le Parti
québécois à l'époque où j'étais
sous-ministre en 1970/71. On fait ce qu'on peut, hein?
On avait demandé au gouvernement ce que rapporte exactement, sur
le plan économique, telle délégation; je ne me souviens
plus si c'était celle de Paris ou de New-York. Et mon
prédécesseur s'en souviendra, on ne peut pas, en toute
honnêteté, apporter une réponse catégorique à
une question comme celle-là. La meilleure explication ou comparaison que
j'avais pu imaginer à l'époque pour répondre à la
question et c'était un peu trivial, si vous voulez, mais c'est
à peu près celle-ci si vous demandez combien fait vendre
de bouteilles de Coke telle annonce de Coke au coin de telles rues, la
compagnie ne peut pas vous le dire. Mais ce que la compagnie peut vous dire,
c'est que, s'il n'y a pas d'annonce de Coke, le Coke ne se vendra pas.
Si vous me parlez de la délégation qu'on a ouverte
à Atlanta il n'y a pas longtemps et que vous me demandez ce qu'est
l'apport économique de cette délégation, la
réponse, je ne la sais pas, en ce qui concerne cela
précisément. Mais je sais que si on n'est pas présents,
comme Québécois, à
l'étranger, il y a des occasions qu'on va manquer. C'est la
réponse générale que je donnerai.
Quant à l'action internationale du Québec qui ne date pas
du gouvernement actuel et que le gouvernement actuel ne fait que continuer
à cet égard on a la même attitude que les
gouvernements qui nous ont précédé, avec peut-être
un peu plus d'imagination, semant, de la sorte, un peu plus d'inquiétude
du côté de nos amis fédéraux; cela a
créé de l'emploi à Ottawa: ils ont engagé du monde
seulement pour nous surveiller cette action je vais dire des
généralités, vraiment, je ne serai pas nouveau elle
a un objectif d'ordre économique, c'est évident, un objectif
d'ordre culturel en même temps, et un objectif d'ordre politique.
Economique: on veut avoir des contrats de l'étranger et il faut
expliquer ce qu'est le Québec à l'étranger et ce qu'on a
comme richesses; on fait la même chose que les autres ont fait avant.
Donc, de ce côté, on n'a pas tellement innové. Mais on a
cela comme objectif. C'est particulièrement le cas de la
délégation d'Atlanta et d'à peu près toutes les
délégations qu'on a aux Etats-Unis, sauf Lafayette qui, elle, a
un but plus culturel, évidemment, parce que ce n'est pas dans cette
région des Etats-Unis qu'il y a le plus d'entreprises et le plus
d'industrialisation.
Il y a un objectif culturel aussi. Nous, depuis les années
soixante, on pense que le Québec doit s'ouvrir au monde, doit savoir ce
qui se passe ailleurs. Les délégations sont un instrument majeur
de pénétration à cet égard, de diffusion et de
connaissances.
Quant à l'objectif politique parce qu'il y en a un, et
qu'il y en avait un sous les gouvernements antérieurs aussi, n'essayons
pas de cacher cette réalité nous voulons faire
connaître le Québec tel qu'il est, et je dirais plus
particulièrement depuis le 15 novembre parce que, souvent, certains de
nos objectifs ont été mal perçus. J'ai moi-même fait
beaucoup de voyages par exemple aux Etats-Unis, beaucoup plus que ceux que j'ai
annoncés publiquement. Je dis cela à l'intention de mes amis
journalistes qui, quelquefois, regrettent que je ne le dise pas, comme si
c'étaient des secrets d'Etat. Ce ne sont pas des secrets d'Etat; c'est
une manie que j'ai de ne pas toujours parler de cela.
Nous avons voulu expliquer aux Américains des choses qui sont, au
fond, très élémentaires, mais qu'on s'est aperçu
qu'ils ne connaisaient pas: par exemple, la proportion de population
francophone au Québec, l'importance de la population francophone au
Canada, la nature industrialisée de l'économie
québécoise beaucoup pensent qu'on est encore dans une
sorte d'économie agricole ou para-agricole l'importance de nos
échanges, l'électricité, enfin tout cela.
Ce sont des choses que faisaient les autres mais qui, à cause du
fait que nous avons été élus le 15 novembre, sont devenues
d'une plus grande importance dans notre message. Il y a trois objectifs: Le
politique, l'économique et le culturel. Aucun de ceux-là n'est
jamais négligé.
Je dois dire cependant que selon les endroits où nous sommes, il
va y avoir un motif ou un objectif qui sera davantage privilégié
qu'un autre. C'est sûr que vous n'aurez pas le même objectif pour
la délégation du Québec à Londres que pour celle du
Québec à Milan, ou à Lafayette, ou à
Haïti.
M. Biron: Je voudrais juste réexpliciter un peu
plus...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, allez-y.
M. Biron: ... pour les dernières explications que je veux
avoir, parce que dans le résumé des crédits, on nous dit
que le Québec envisage possiblement l'ouverture de nouvelles
délégations à l'extérieur. On a dit que votre
ministère a dépensé S1 million additionnel, affecté
à un programme d'information des milieux d'affaires américains.
Si je voulais faire une caricature de ma question, je dirais, est-ce que
c'était pour préparer l'entrée du Québec à
l'ONU qu'on veut employer des fonctionnaires genre Michaud, pour voyager
à travers le monde, ou si on veut, de l'autre côté, agir
plus comme un gouvernement provincial et stimuler l'économie au
Québec? C'est pour cela que j'ai mentionné tout à l'heure
la maison du Québec à Atlanta qui, à mon point de vue, est
plus d'ordre économique ou d'ordre culturel; c'est beaucoup plus comme
stimulation économique que pour faire de la politique avec des
fonctionnaires comme Michaud et autres. (17 h 15)
M. Morin (Louis-Hébert): Là, on va faire des
nuances. On a le droit, nous autres aussi. Ce n'est pas un privilège
réservé au chef du Parti libéral. Je voulais seulement
dire cela en passant...
M. Levesque (Bonaventure): On a compris.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela va? J'ai toujours dit et je
répète aujourd'hui que notre action actuelle ne vise pas et ne
visera jamais, dans la mesure où j'aurai à m'en occuper, à
faire faire par d'autres gouvernements ou d'autres peuples ce que nous devons
faire nous-mêmes; ce qui veut dire clairement ceci: Nous n'avons pas
l'intention de demander à qui que ce soit au monde de prendre parti
maintenant pour la souveraineté du Québec. Nous n'avons jamais
demandé cela à aucun gouvernement et, personnellement, je suis
convaincu que personne ne va le demander et moi, je ne le demanderai jamais.
C'est contraire à notre approche et ce serait même humiliant.
Par conséquent, notre action internationale ne vise pas à
obtenir maintenant l'appui de gouvernements étrangers pour la
souveraineté du Québec. Cependant, d'autre part, il va de soi
que, si nous sommes mieux connus, mieux perçus, mieux compris, le jour
où cela arrivera, c'est sûr que cela aura été utile
de faire cette action aujourd'hui. Alors, on s'entend. Ce n'est pas ce que nous
cherchons maintenant, mais, d'un autre côté, mieux on est connu,
plus ce sera facile de voir cela se produire au moment où les
Québécois eux-
mêmes auront pris leur décision et au moment ou les
discussions avec le gouvernement central auront été
complétées. Ce n'est pas cela que nous cherchons maintenant.
Je vais vous dire une autre chose. Prenez le cas des Nations Unies; on
aurait beau envoyer des fonctionnaires dans les corridors des Nations Unies,
les Nations Unies reconnaissent les pays souverains et le Québec n'en
est pas encore un. On aurait beau avoir 14 fonctionnaires là-bas ou 200
personnes pour faire reconnaître le Québec, cela ne ferait pas
reconnaître le Québec parce que ce ne sont pas les règles
du jeu international. Je n'ai aucune illusion de ce côté. Je ne
voudrais pas que quelqu'un en ait, ni non plus qu'on parte de notre action
internationale pour en déduire que nous faisons porter par les citoyens
les frais d'une diplomatie prématurée. C'est très
clair.
M. Biron: Si j'ai bien compris, les ouvertures de maisons du
Québec à l'avenir seront orientées beaucoup plus vers des
priorités ou des objectifs d'ordre économiques que
politiques.
M. Morin (Louis-Hébert): Je dirais que, si on avait
à choisir entre les deux... Remarquez que ce qui est économique
est politique et ce qui est politique est économique, dans bien des cas.
Je vais généraliser. Je dirais que ces délégations
à être ouvertes, dans la mesure où le gouvernement
fédéral va nous laisser faire, parce que j'aurais un grand
commentaire à faire là-dessus, vont être orientées
par les besoins du Québec, d'abord et avant tout. Je veux dire par
là que parfois on a des suggestions pour ouvrir des
délégations dans divers pays du monde. Je vais vous donner un
cas; on n'a jamais eu de suggestion dans ce cas, dans ce sens, mais supposons
que quelqu'un nous dirait: II faudrait absolument avoir une
délégation du Québec à Djakarta en
Indonésie, je serais le premier à dire: Un instant, je pense
qu'il n'y a peut-être pas un besoin flagrant. Si on me dit: Vous devriez
être présents en Amérique du Sud, je vais dire: Ah! Il y a
peut-être quelque chose là. Ou davantage en Europe, je dirais oui.
C'est vraiment le besoin québécois qui nous guide et pas autre
chose, le besoin pouvant être économique, et c'est surtout ce
qu'il est, mais parfois culturel et parfois politique, mais,
gé-ralement, ces trois sont ensemble.
M. Biron: Est-ce qu'au cours de la présente année,
on peut s'attendre à une plus grande collaboration entre le gouvernement
du Québec et le gouvernement canadien vis-à-vis des maisons du
Québec à l'étranger, c'est-à-dire qu'on pourrait
profiter de la présence d'une ambassade canadienne quelque part pour
économiser des frais, ou si on ne peut pas s'attendre à une telle
collaboration au cours de la présente année?
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais vous raconter quelque
chose.
M. Biron: Je pense en particulier à Abidjan ou à la
Côte-d'Ivoire, ou quelque chose comme cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, je vais vous raconter
quelque chose. Quand j'étais, l'autre jour, en Europe pour aller dans
trois pays, en Grande-Bretagne, en France et en Belgique, je me trouvais sur
place quand le gouvernement du Québec a décidé d'envoyer
un représentant aux funérailles de M. Aldo Moro en Italie.
Evidemment, c'est moi qu'on a choisi j'étais à
côté et nous avons fait une chose que nous n'avons jamais
faite jusqu'à maintenant. Nous avons demandé que moi, le ministre
des Affaires intergouvernementales du Québec, fasse partie de la
délégation fédérale qui allait aux
funérailles. On nous a dit je voudrais être corrigé
si je me trompe, parce que je n'ai pas apporté tout ça avec moi
c'est malheureusement impossible, le gouvernement italien n'ayant que
trois places réservées pour le gouvernement du Canada, et ces
trois places étant prises par M. Roberts, secrétaire d'Etat,
l'autre par l'ambassadeur du Canada en Italie et la troisième place par
l'ambassadeur du Canada au Vatican. Donc, il n'y avait pas de place pour moi,
parce qu'il n'y en avait que trois.
On avait demandé que j'y sois parce que je n'avais pas du tout
l'intention de faire un chiard diplomatique quelconque ou un "sparage" sur le
plan international. Ce n'était pas les circonstances qui se
prêtaient à ça; je pense que tout le monde est d'accord
là-dessus.
M. Levesque (Bonaventure): Qui est-ce "on avait
demandé"?
M. Morin (Louis-Hébert): Le ministère. M. Normand
ici, a demandé au ministère fédéral...
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre a dit: On m'avait
demandé d'être présent.
M. Morin (Louis-Hébert): M. Levesque. Qu'est-ce qu'il y
a?
M. Levesque (Bonaventure): Non, je voulais savoir.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai dévoilé un
secret d'Etat?
Alors, voici ce qui est arrivé... Non, mais je me sers de cet
exemple et vous allez voir...
Alors, très bien, ils ne veulent pas que je sois dans la
délégation fédérale. D'accord! Alors, on me trouve,
par les services du gouvernement italien, une bonne place dans l'église;
j'étais très bien placé, au cinquième rang, pas
loin du Pape, parfait! Cependant, je découvre qu'il y a quatre
représentants, quand j'arrive là-bas, du gouvernement
fédéral. Les trois que j'ai mentionnés et un autre qui est
arrivé le matin même, qui s'appelle M. Prud'homme,
président du caucus des députés libéraux à
Ottawa, que j'ai vu là soudainement sur place. Alors qu'il n'y avait que
trois places, il y en avait quatre soudainement. Est-ce que c'est parce qu'on a
déménagé là, je ne veux pas tomber dans les
subtilités du protocole l'ambassadeur
du Canada au Vatican pour l'envoyer ailleurs et que, vu qu'il y avait un
trou, on a dit: On va faire venir Prudhomme, je ne le sais pas.
Toujours est-il c'est ça, la conclusion nous avons
demandé, très docilement, de faire partie d'une
délégation fédérale, on nous a
séparés de la délégation fédérale.
C'est-à-dire que le gouvernement fédéral n'a pas
été intelligent, entre nous. Il aurait dû sauter sur
l'occasion et nous embarrasser, m'intégrer dans la
délégation fédérale et après ça, nous
dire: Vous avez déjà accepté de l'être dans des
délégations fédérales, comment cela se fait-il que
vous ne voulez pas l'être dans d'autres cas? Ce sont eux-mêmes qui
nous ont sortis. Très bien! On va s'en souvenir dans d'autres
occasions.
Tout ça pour vous mentionner que, actuellement, du
côté fédéral, il y a une psychose maladive en ce qui
concerne les actions internationales du Québec. Il y a une surveillance
de tous les instants. On envoie quelqu'un je ne suis même pas au
courant comme ministre à New York pour faire Dieu sait quoi! Il y
a un bonhomme du ministère de M. Charron, l'autre jour, je pense, qui y
est allé et cela a bien inquiété Ottawa. On a pensé
que c'était un émissaire qu'on envoyait aux Nations Unies, alors
que tout ce qu'il allait faire, si je me souviens bien, c'était de
présenter les livres... Oui, il y avait des livres qui ont
été préparés à la suite des jeux Olympiques
sur la santé physique. On voulait les diffuser à New York. Alors,
brave fonctionnaire, il y est allé, mais cela a inquiété
bien gros nos amis fédéraux. Moi, je ne le savais même
pas.
Alors, ce que je veux dire, c'est que, du côté
fédéral, il y a une telle suspicion, qu'on nous a accusés,
lorsqu'on a parlé d'ouvrir une délégation à Dakar,
alors qu'en Afrique, il y a des centaines de Québécois dont
personne ne s'occupe directement au gouvernement du Québec, on nous a
dit: On ne veut pas que le Québec soit présent là, parce
qu'ils vont faire de la propagande séparatiste en Afrique.
Imaginez-vous s'il y a un tas de monde là-bas qui va participer
au référendum. Je comprends! Il y a 50 pays en Afrique.
Imaginez-vous que tout ce monde-là va venir ici. C'est ridicule!
Il y a, du côté fédéral, une telle suspicion,
que je suis obligé de répondre à votre question,
même si j'ai pris un grand détour, que je souhaiterais beaucoup
que les relations s'améliorent, parce qu'on n'a pas l'intention de faire
de la propagande séparatiste à l'étranger; les
fonctionnaires le savent et ont instruction de ne pas le faire. Mais le
gouvernement fédéral en est persuadé, en
conséquence de quoi? Je n'ai pas l'impression que leur ouverture
d'esprit sera telle au cours de l'année qu'on sera en mesure de
multiplier les délégations du Québec à
l'étranger. Encore que nous allons faire des démarches dans ce
sens-là, parce qu'il y a des besoins québécois sur
lesquels, je pense, tout le monde est d'accord, et qui font qu'on devrait
être davantage présent, surtout là dans le monde où
il y a un tas de Québécois qui sont coopérants pour divers
gouvernements, tant celui du Québec que celui d'Ottawa.
M. Biron: A travers les besoins québécois à
l'extérieur, justement, est-ce qu'il n'y aurait pas dans la zone des
pétrodollars, en particulier, où là, en plus de faire
certains emprunts pour le Québec, on peut aussi faire des ventes
extraordinaires pour des entreprises québécoises? Est-ce que le
gouvernement du Québec a sa philosophie là-dessus, d'abord, pour
un besoin de capitaux, sa philosophie pour vendre des produits du Québec
et aussi sa philosophie pour faire de la politique québécoise? Et
n'y aurait-il pas lieu justement de faire un effort supplémentaire avec
des ambassades canadiennes dans ces pays pour assurer au moins une
présence minimale du Québec dans chacun de ces pays où on
sait que le Québec pourrait en profiter pleinement? D'ailleurs, je pense
que c'est l'ex-premier ministre du Québec, M. Bourassa, qui est
allé faire une visite dans plusieurs de ces pays. Cela a rapporté
quelque chose finalement au Québec, même si cela a pris un peu de
temps. Il y aurait peut-être lieu d'intensifier ce travail. Je demande
quelle est la politique du gouvernement vis-à-vis des pays du
pétrodollar.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous parlez du voyage de M.
Bourassa en Iran, d'accord. C'est sûr que cela a rapporté...
D'ailleurs, il y a un contrat qui a été signé la semaine
dernière à la suite de cela. On n'a jamais prétendu que
c'est nous-mêmes qui avions négocié tout cela, sauf que
nous avons suivi le dossier et que nous l'avons conduit à sa limite
ultime.
M. Levesque (Bonaventure): Cela n'a pas créé 1000
emplois au Québec?
M. Morin (Louis-Hébert): 1100, oui M. Levesque
(Bonaventure): 1100. M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Levesque (Bonaventure): Bravo à M. Bourassa.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne voulais pas faire de la
politique avec cela, je viens de dire que cela a été
commencé par l'autre gouvernement.
M. Levesque (Bonaventure): Vous ne pouvez pas m'empêcher
d'avoir un petit mot, un bon mot pour M. Bourassa. C'est le Parti
libéral.
M. Guay: Ce n'est pas nous qui reléguons M. Bourassa aux
oubliettes de l'histoire.
M. Morin (Louis-Hébert): D'ailleurs, je l'ai vu, il n'y a
pas longtemps, il était en bonne forme, gentil et ça allait.
M. Biron: M. le Président, je ferais remarquer au chef de
l'Opposition officielle...
M. Morin (Louis-Hébert): On a parlé du
Marché commun européen. Il m'a donné de bonnes
idées d'ailleurs.
M. Biron: ... que cela prend le chef de l'Union Nationale et un
ministre péquiste pour parler des bienfaits de l'ancien chef
libéral au Québec.
M. Guay: Ce ne sont pas eux qui vont en parler.
M. Levesque (Bonaventure): Je pense que je n'ai pas de
leçon à recevoir d'un côté ou de l'autre, sur mon
comportement envers M. Bourassa dans le passé, dans le présent et
pour l'avenir. Il n'y a pas de problème de ce côté.
M. Alfred: A l'avenir...
M. Levesque (Bonaventure): Je pense que, sans choquer personne,
je puis souligner ce que mon ami le chef de l'Union Nationale et mon ami le
ministre des Affaires intergouvernementales ont eux-mêmes souligné
et je pense que, dans un souci d'objectivité et dans un sens de
collaboration, je devais continuer de souligner, et surtout ce qui
m'impressionnait davantage et je pense ce qui avait été
escamoté, c'est le nombre d'emplois pour les Québécois,
parce que tout ce qu'on fait ici, c'est pour aider les Québécois.
Quand on aide les Québécois, je pense que c'est important de le
souligner.
M. Morin (Louis-Hébert): On ne l'a pas escamoté, on
a fait un communiqué de presse que j'ai approuvé vendredi dernier
pour dire qu'il y avait 1100 emplois. Je voulais être bien sûr que
c'était vrai et je l'ai fait vérifier. C'est nous qui l'avons
donc annoncé, cela a paru samedi ou lundi.
M. Levesque (Bonaventure): Je n'ai pas vu le nom de M. Bourassa
dans le communiqué.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela, à ce
moment-là, il va falloir parler de John A. Macdonald chaque fois qu'il
se passe quelque chose.
M. Levesque (Bonaventure): Non, c'est parce que cela arrive
souvent, quand on parle de la baie James, que vous avez tellement combattue.
Aujourd'hui, il y a là plus de 10 000 ou 12 000 emplois.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, se
pourrait-il qu'on soit en dehors du sujet?
M. Levesque (Bonaventure): D'accord. Aidez-moi, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): J'ai essayé de vous
ramener aux directions générales à l'étranger.
M. Morin (Louis-Hébert): On va retourner au Moyen-Orient.
Vous avez parfaitement raison, M. le chef de l'Union Nationale, de
signaler...
Le Président (M. Marcoux): La question était
toujours l'action internationale.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous voulez essayer de me couper
ma phrase? Vous avez raison, M. le chef de l'Union Nationale, de signaler que
les pays arabes constituent une partie du monde d'une importance capitale pour
le Québec. Il y a une chose cependant que je voudrais préciser.
Vous dites de procéder par les ambassades canadiennes pour que la
présence du Québec soit davantage marquée. Je vous dis
d'avance que procéder par les ambassades canadiennes pour que la
présence québécoise soit marquée, c'est une
entreprise vouée à l'insuccès total et définitif.
S'il y a quelque chose à quoi s'emploient les ambassades canadiennes,
c'est de faire en sorte que surtout on ne parle pas du Québec comme tel,
sous prétexte que le Canada, c'est un beau et grand pays et qu'il y a
des ethnies peut-être, mais qu'il n'y a pas à l'intérieur
de cela des distinctions telles que cela vaille la peine de signaler qu'une
partie s'appelle le Québec et une autre l'Ontario. Il y a une sorte
d'"anonymité', si vous voulez, de "bon aloi " que le gouvernement
fédéral semble avoir comme politique à cet égard,
mais, pour ce qui est des pays arabes, on a pensé y aller et je vais
vous dire franchement c'est une remarque que je vais faire avec candeur,
d'ailleurs, je fais toujours des remarques candides, je ne cache jamais rien
je vous dis franchement ce que j'en pense, je vais vous dire franchement
que c'est à cause de vous autres...
M. Levesque (Bonaventure): Non, c'est parce qu'on est un peu
parents aujourd'hui, parce que j'ai été qualifié un peu
dans le même sens par le premier ministre ce matin.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a des fois où c'est
une qualité et des fois un défaut.
Je vais vous dire qu'on a regardé le cas des pays arabes. On
aurait pu établir une délégation du Québec
là-bas, j'imagine, ou enfin avoir des représentants du
Québec, mais je ne vous cacherai pas que, dans ces pays, il y a deux
facteurs qui nous ont un peu fait hésiter.
Le premier, c'est la concurrence absolument incroyable pour les divers
contrats qui sont fournis des pays entre eux, c'est-à-dire, il y a
les... Enfin, je ne mettrai pas tous les pays du monde, mais à peu
près tous les pays du monde savent qu'il y a des contrats qui se donnent
par des gens qui ont de l'argent. Tout le monde veut y être. On ne serait
pas seul. Il y a une énorme concurrence.
Le deuxième, et là, c'est à cause des partis
d'Opposition que j'ai moi-même hésité, je vous le dis bien
franchement, le coût d'installation des Québécois dans ces
pays est absolument incroyable, et pas seulement des Québécois,
mais de n'importe qui. Les hôtels, enfin le coût de la vie ne
correspond en rien à ce qui existe ailleurs. C'est au-delà de
tout ce qu'on pourrait imaginer, de telle sorte que si j'étais
arrivé avec un projet de délégation la-bas, sans assurance
de succès, encore une fois, à cause de la concurrence, cela
aurait pu coûter des centaines et des centaines de milliers de dollars,
sans rien rapporter, et on se
serait fait chialer par les partis d'Opposition parce qu'on l'a fait.
Alors, pour le moment, on n'a pas donné suite à cela. C'est un
projet qu'on continue à examiner. Je vous réponds très
franchement que c'est important. On devrait peut-être y être. Le
risque est énorme que cela ne donne rien, parce qu'on n'est pas tout
seul, même d'autres grands pays ne réussissent pas. Quand on veut
investir là-dedans, cela prend des sommes énormes
d'énergie et du personnel et on n'a pas tout cela. Il n'y a pas beaucoup
de pays qui l'ont, de telle sorte qu'il faudra peut-être le faire, et je
pense que ce n'est pas à rejeter, mais, pour le moment, on n'est pas
allé plus loin.
M. Levesque (Bonaventure): Vous avez eu $4 500 000 pour
Tricofil.
M. Morin (Louis-Hébert): Qu'est-ce que cela vient faire
dans la conversation?
M. Levesque (Bonaventure): Cela me fait penser.
M. Biron: Est-ce que, vis-à-vis de ces pays en
particulier...
M. Levesque (Bonaventure): Ces 1000 ou 1100 emplois, comment
est-ce que cela a coûté à l'Iran?
M. Morin (Louis-Hébert): Là, écoutez. Je ne
parle pas de contrats qui étaient sûrs ou qui étaient
possibles, parce que, quand M. Bourassa y est allé je ne voudrais
pas refaire l'histoire il y avait une probabilité assez forte que
ce genre de contrat marcherait. N'est-ce pas?
M. Levesque (Bonaventure): Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord, c'est une chose. Tandis
que, dans le cas dont on parle, c'est vraiment de la prospection un petit peu
à l'aveuglette et je pense que... J'ai peut-être eu tort, on
aurait peut-être dû y aller de l'avant, mais cela aurait pris pas
mal plus d'argent peut-être qu'on n'en avait pas de disponible à
ce moment.
M. Biron: Mais, vis-à-vis de ces pays en particulier, pour
certains besoins de capitaux que le Québec peut avoir, est-ce le
ministère des Finances directement qui fait les études, les
approches nécessaires ou si, quand même, le ministère des
Affaires intergouvernementales agit au début pour faire les
premières approches.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai un principe de vie
administrative qui est que tous les ministères qui peuvent s'occuper
eux-mêmes de leurs sujets, et cela c'est tous, doivent le faire. Je
préfère cette façon d'agir, plutôt que de le
confier, parce que cela ralentit le processus, à d'autres instances, ne
serait-ce que pour respecter des formes.
Cela veut dire, en français, ceci. Le ministère des
Finances procède par lui-même et nous sommes au courant de ses
démarches dans ces pays.
M. Biron: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'essayer de faire des
démarches pour plusieurs ministères ensemble, à la fois
les Finances, l'Industrie et le Commerce, les Affaires culturelles,
l'Education, quitte après cela à laisser compléter les
problèmes particuliers par chacun des ministères? Est-ce qu'il
n'y aurait pas une économie pour le Québec ou s'il n'y en aurait
pas du tout?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela dépend. Ce qu'on ne
peut pas faire, c'est envoyer des missions d'exploration. Je m'en rends compte
et c'est mon expérience que, quand on entreprend des missions, par
exemple dans le domaine économique, il faut quasiment savoir d'avance
que cela va marcher. Si vous arrivez là-bas sans entrevue, sans
rendez-vous, sans projets précis qui ont déjà
été discutés par d'autres ou qui ont déjà
fait l'objet d'échanges par lettre, vous n'avez pas beaucoup de chance
d'arriver à des résultats concrets, de telle sorte que, si on
envoie des gens seulement pour voir s'il y a quelque chose à faire, on
ne fait que perdre l'argent des contribuables.
M. Biron: C'est justement ce que je vous dis, je voudrais qu'un
ministère fasse les approches nécessaires pour ne pas perdre
l'argent des contribuables. Si on voit qu'il y a des possibilités de
réussite, le ministère concerné envoie alors sa
délégation et règle le problème. C'est le sens de
ma question. Je voudrais savoir si c'est le ministère des Affaires
intergouvernementales qui s'en occupe en premier ou si chaque ministère
est libre de faire ce qu'il veut.
M. Morin (Louis-Hébert): Le ministère des Affaires
intergouvernementales, en vertu d'une loi magnifique adoptée par
l'ancien gouvernement et dont je le félicite encore, je l'ai fait
l'année passée, cela deux fois aujourd'hui, il faut rendre
à César ce qui appartient à César et à
Gérard ce qui appartient à Gérard.
M. Levesque (Bonaventure): Redde Caesari quae sunt Caesaris, et
quae sunt Dei Deo.
M. Morin (Louis-Hébert): La loi du ministère fait
en sorte qu'aucune initiative fédérale-provinciale ou
internationale, c'est-à-dire intergouvernementale, ne peut être
prise par aucun ministère du gouvernement du Québec sans que nous
ayons été mêlés à la discussion et sans que
nous en ayons, si vous voulez, connu tous les tenants et aboutissants, de telle
sorte qu'il n'y a rien qui peut se faire sans la participation directe du
ministère. Sauf que, pour prendre un cas, par exemple, le cas de la taxe
de vente, qui n'a rien à voir avec les relations internationales, c'est
un cas dont nous nous sommes occupés très directement, et comme
M. Parizeau est le ministre des Finances, je ne voyais pas pourquoi il n'en
aurait pas parlé au gouvernement fédéral. Il ne faut pas
bureaucratiser le gouvernement plus qu'il ne l'est déjà. M.
Tardif, par exemple, s'occupe des questions de logement avec son
collègue fédéral, c'est sûr que nous sommes au
courant, que nous suivons cela.
Je suis au courant de tout cela, mais je ne le fais pas moi-même
parce qu'il peut le faire, sauf que nous coordonnons l'ensemble.
Le Président (M. Marcoux): Avez-vous d'autres questions
générales?
M. Raynauld: Oui, d'autres questions générales dans
le domaine des affaires internationales.
M. Morin (Louis-Hébert): On pourrait approuver le budget.
Ce serait...
Le Président (M. Marcoux): Cela ira plus vite, de toute
façon, à la fin.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord.
Le Président (M. Marcoux): C'est du temps de gagné
pour la fin.
M. Raynauld: C'est possible qu'on fasse cela de cette
façon.
M. Levesque (Bonaventure): Prenez l'expérience du
président; il est ici plus souvent que nous.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Une bonne partie des activités de la province
de Québec à l'étranger sont en liaison, sauf erreur, avec
l'ACDI. Pourrais-je poser une question assez générale pour
permettre au ministre de nous faire un peu le bilan des relations avec l'ACDI
en fonction des opérations à l'étranger? Il y a des
protocoles d'entente, m'a-t-on dit, entre l'ACDI et le gouvernement du
Québec. Quelle est la nature des programmes?
M. Levesque (Bonaventure): II serait intéressant de savoir
s'il y a eu une augmentation des activités. Est-ce le statu quo? Y
a-t-il eu des diminutions? Y a-t-il eu des changements depuis que la
présidence n'est plus occupée par M. Paul-Gérin Lajoie,
etc.?
M. Morin (Louis-Hébert): Bon! Je vais vous parler de cela.
J'ai été le premier à l'époque à proposer
c'était en 1969, quand M. Masse était ministre une
collaboration avec l'ACDI, c'est-à-dire qu'il y aurait, entre le
ministère et l'Agence canadienne de développement international,
en quelque sorte ce que je pourrais appeler des contrats de services. Elle
fournirait le budget, nous le personnel, l'expertise et nous serions les
maîtres d'oeuvre d'une opération étrangère
financée par le gouvernement fédéral.
Cette pratique, qui a commencé pour le Maroc en 1969 dans un
projet de développement régional, a été poursuivie
dans plusieurs autres domaines. Je vais demander à Richard Pouliot, qui
est sous-ministre adjoint aux relations internationales et à la
coopération internationale, de vous donner des précisions quant
au volume d'entreprises de cette nature.
Pour répondre spécifiquement à la question, M. le
Président, nous avons à l'heure actuelle avec I'ACDI cinq
ententes de coopération dans des domaines divers. Cela va des services
de santé de base au Sénégal...
M. Levesque (Bonaventure): Combien? M. Morin
(Louis-Hébert): Cinq ententes... Une Voix: Cinq.
M. Morin (Louis-Hébert): Cinq sur des projets
spécifiques, puisque jusqu'ici nous avons travaillé avec l'ACDI
sur la base de projets spécifiques. Ces cinq ententes sont en phase de
réalisation à différents degrés; elles sont rendues
à différentes étapes. Elles ont soulevé, par le
passé, et elles soulèvent encore un certain nombre de
problèmes d application sur le terrain, mais ces problèmes sont
en train d'être résolus entre l'ACDI et nous.
Pour l'avenir, nous avons commencé des consultations avec l'ACDI,
il y a un certain nombre de mois, et plus récemment, le 31 mars dernier,
nous avons eu une réunion à Ottawa une dernière
s'est déroulée hier à Québec de façon
à entreprendre avec l'ACDI l'étude des modalités de
développement de notre coopération et de la participation du
ministère dans les nouveaux pro-' grammes de l'ACDI à
l'étranger.
Par ailleurs, nous avons également discuté avec l'ACDI de
l'implantation d'un nouveau mécanisme de consultation qui remplacerait
les ententes spécifiques que nous avons par une entente beaucoup plus
globale et de l'introduction au niveau des ententes d'un mécanisme de
consultation permanent entre l'ACDI et nous.
En ce qui concerne le principe du mécanisme de consultation,
l'ACDI a accepté hier l'idée de l'établissement d'un
comité conjoint à un niveau élevé pour discuter de
l'ensemble de l'évolution de nos relations avec l'Agence canadienne.
Vous allez être contents de constater qu'il y a des collaborations
parfois, sauf qu'on pourrait un peu plus, à létranger, lorsqu'on
y est, indiquer à ceux avec qui nous travaillons là-bas que les
coopérants qui sont présents sur place viennent du
Québec.
M. Raynauld: Pour rendre ce compte rendu un peu plus concret,
pourriez-vous nous dire I objet de certaines de ces ententes que vous avez
déjà? Elles portent sur...
M. Morin (Louis-Hébert): De mémoire, il y a une
entente avec le fédéral concernant l'établissement d'un
centre polytechnique universitaire au Bénin, l'entente sur le CAFRAD,
qui est une école d administration publique au Maroc, une entente dans
le secteur de l'inventaire des ressources forestières au Zaïre, une
entente dans le secteur
hôtelier et, enfin, la cinquième, de mémoire je ne
me souviens... Enfin, le service de santé de base au
Sénégal, j'en ai déjà parlé. Puis,
évidemment, le CPR Maroc; d'accord, le collège politique et
universitaire...
M. Levesque (Bonaventure): Sur le plan des budgets, y a-t-il des
changements depuis deux ou trois ans?
M. Morin (Louis-Hébert): Que voulez-vous dire?
M. Levesque (Bonaventure): ... en plus ou en moins... Est-ce
qu'il y a une augmentation ou une diminution d'activité?
M. Morin (Louis-Hébert): Dans le cadre de ces
programmes...
M. Levesque (Bonaventure): ... dans le cadre des ententes... Il y
a des gens qui ont une certaine permanence au ministère. Il y a au moins
des dossiers.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est parce qu'on n était
pas là. C'est pour cela que c'est compliqué.
Evidemment, dans le cadre de ces projets, M. le Président, comme
il s'agit de projets qui ont fait l'objet d'ententes il y a déjà
un certain temps, la hausse si hausse il y a est une hausse qui
tient compte de la hausse normale des coûts de réalisation de ces
projets. Ce que nous reprochons à l'ACDI depuis un certain temps, c'est
le fait qu'il n'y a pas eu, dans un passé tout à fait
récent, l'élaboration ou la conception en commun de nouveaux
projets, d'où les discussions qui ont été amorcées
il y a quelques mois sur cette question.
M. Raynauld: J'avais entendu dire qu'il y avait également
des collaborations très étroites en ce qui concerne, par exemple,
les coopérants ou l'assistance technique. Cela n'est pas
mentionné parmi vos ententes. Est-ce que cela veut dire que cela ne fait
pas partie d'une entente particulière, ou est-ce autre chose?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, évidemment, en dehors
de ces ententes qui touchent des programmes conjoints de développement,
il y a, disons, une collaboration qui se fait sur le terrain en fonction de
projets spécifiques de coopération, mais ils ne font pas l'objet
d'ententes spécifiques entre l'ACDI et le ministère.
M. Raynauld: Est-ce exact que, lorsqu'il s'agit d'envoyer un
Québécois comme coopérant en Afrique, pour un projet de
l'ACDI, on consulte obligatoirement le gouvernement du Québec, ou est-ce
que cela s applique seulement dans l'enseignement?
M. Morin (Louis-Hébert): Dans l'ensemble, le gouvernement
du Québec est consulté pour le secteur de l'enseignement. Dans
les autres cas, c'est très inégal.
C'est tellement inégal, d'ailleurs, que l'ancien gouvernement
avait jugé opportun dans le changement de lois dont j'ai
parlé tantôt de faire en sorte qu'aucune entreprise
parapublique québécoise ne puisse entreprendre avec le
gouvernement fédéral des initiatives d'ordre intergouvernemental
sans l'approbation explicite du ministère, de telle sorte,
jusqu'à maintenant, le gouvernement fédéral pourrait
systématiquement nous sauter par-dessus et faire directement affaires
avec des institutions et des organismes québécois, ce qui n'est
plus le cas maintenant.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'on a complété
par arrêté en conseil la liste des institutions prévues par
un des articles ou une des dispositions du projet de loi?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, il me semble qu'on avait eu
une discussion avec les universités à ce sujet. Non, on n'a pas
eu tellement de développement.
Nous avons entamé, depuis un certain temps, une étude de
toutes les ressources disponibles en matière de développement
cela inclut, en fait, ce secteur dans l'espoir de mettre tout
cela sur ordinateur, pour nous permettre d'être en mesure de mieux cerner
nos objectifs et d'évaluer nos programmes en matière de
coopération.
M. Levesque (Bonaventure): J'insiste, si on veut, auprès
du ministre parce que, tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas
complété ce travail, tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas
incorporé dans un arrêté en conseil les institutions que
l'on avait prévues dans le projet de loi pour lequel j'ai reçu
deux fois des félicitations aujourd'hui, on n'aura pas réellement
réalisé tous les objectifs prévus par la loi.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, je suis d'accord avec vous.
Ce sont des discussions souvent délicates à faire avec les
institutions qui peuvent craindre une diminution possible de leur autonomie
administrative. Je pense, par exemple, aux universités, mais le fait est
que l'objectif du ministère, c'est justement d'utiliser la loi à
sa pleine capacité.
M. Raynauld: Mais, en vertu d'ententes de ce genre, justement,
est-ce que cela impliquerait que les professeurs d'université, par
exemple, ne pourraient pas aller dans un pays étranger sans l'accord du
gouvernement du Québec, pour un projet particulier d'aide
extérieure?
M. Morin (Louis-Hébert): En fait, c'est ce que cela
voudrait dire effectivement. Par exemple, ceux qui vont je ne sais pas
au Sri Lanka, ceux qui sont invités comme experts au Sri Lanka,
en tant que professeurs d'université, j'entends, à ce
moment-là...
M. Raynauld: II aurait fallu que j'aie la permission du
gouvernement du Québec? (17 h 45)
M. Morin (Louis-Hébert): Non, c'est parce que vous n'y
êtes pas allé en tant que professeur d'université, en tant
que député, et là c'est le président de
l'Assemblée nationale qui a l'air de vous avoir laissé aller,
alors...
M. Raynauld: II a fallu que je demande la permission mais...
M. Morin (Louis-Hébert): Bon, alors...
M. Raynauld: ... même là, je voudrais savoir s'il
est exact qu'il faudrait que je demande la permission si j'étais
professeur d'université?
M. Morin (Louis-Hébert): II ne faudrait pas poser le
problème de cette façon. Cela devient du tatillonnage
administratif. C'est une question de politique générale. Le
gouvernement du Québec a des ressources propres et des ressources, par
ailleurs qui sont au Québec et qu'il finance lui-même par les
fonds publics, dont les universités. Nous ne voudrions pas, pour vous
donner un exemple concret, qu'une faculté d'agriculture où il y a
X professeurs soit, pendant six mois, privée de ses professeurs parce
que tout le monde est rendu dans un projet quelconque en Afrique ou en Asie.
Pour éviter cela, le gouvernement du Québec a son mot à
dire dans le genre d'ententes qui peuvent intervenir entre une faculté
universitaire et le gouvernement fédéral, et pourrait même
l'interdire.
M. Raynauld: Vous ne trouvez pas cela excessif, comme ancien
professeur d'université, que le gouvernement du Québec se
substitue à l'administration d'une université, à toute la
structure administrative et vienne porter un jugement sur le fait de savoir si
un professeur d'université pourrait quitter pour une période de
trois semaines, et aller dans un pays étranger...
M. Morin (Louis-Hébert): Moi, cela ne me fait rien, si
vous voulez critiquer la loi...
M. Raynauld: ... et c'est le gouvernement du Québec qui va
décider cela.
M. Morin (Louis-Hébert):... il faudrait que vous vous
adressiez à votre voisin de droite.
M. Levesque (Bonaventure): C'est justement... Nous avions
prévu que chaque cas serait étudié et que dès qu'on
arrive à une conclusion on puisse passer un arrêté en
conseil. On savait que c'était un exercice assez délicat. Nous
pensions que nous pourrions en discuter avec les intéressés et
arriver à des ententes que nous pourrions incorporer dans les
arrêtés en conseil. Mais je vois que cela n'a pas
été fait.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela, il ne s'agit pas
d'empêcher un professeur d'aller dans une mission pour une courte
durée, on n'est quand même pas tatillon à ce point, mais il
s'agit, par exemple, de voir ce qui se passe quand des ressources humaines
québécoises sont prêtées pour de longues
périodes, c'est-à-dire deux ans, dans certains cas quatre ans,
à d'autres pays. A ce moment-là, je pense que, comme le
gouvernement du Québec finance directement ou indirectement ces
entreprises, il n'est pas du tout inopportun qu'il s'y intéresse.
M. Raynauld: Moi, je trouve cela extraordinaire.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais vous dire bien
franchement, j'ai été, dans certaines périodes de ma vie,
fonctionnaire; dans d'autres périodes, professeur; avant d'être
fonctionnaire, j'étais professeur; je suis maintenant ministre; je vais
redevenir professeur un de ces jours; ma notion de liberté
académique varie selon les époques.
M. Levesque (Bonaventure): Parlant de projet de loi, est-ce que
le ministre... Oui.
M. Biron: Sur le même sujet, M. le ministre, une question
sur les ententes ACDI-gouvernement du Québec, par exemple, pour la
construction d'une université ou d'une école, quels sont les
mécanismes que votre ministère a, maintenant, pour être
sûr que le Québec, ou les entreprises du Québec, les
bureaux d'ingénieurs, les bureaux d'architectes du Québec
puissent en profiter pleinement? D'abord, est-ce qu'on a des mécanismes
et, s'il n'y en a pas, qu attend-on pour en mettre? Ce serait important que, si
le gouvernement...
M. Morin (Louis-Hébert): On n'a pas de...
M. Biron: ...du Québec participe à un tel projet,
on puisse en faire profiter l'économie du Québec ou les
spécialistes du Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): Je dois vous dire que c'est une
de nos préoccupations profondes, celle-là, que des entreprises
québécoises bénéficient de I'aide extérieure
qui provient du Canada ou du Québec. Pour moi, cela a été
depuis longtemps une préoccupation que j'ai eue; nous l'avons encore
maintenant. Je dois dire cependant ceci, c'est que nous n'avons pas,
actuellement parce que c'est à Ottawa de budget massif, de
contrats ou d'aide extérieure ils sont à Ottawa de
telle sorte que nous ne pouvons pas nous-mêmes intervenir autant que nous
le voudrions dans l'octroi des contrats qui peuvent intervenir pour que des
Québécois les obtiennent. Mais on me signale que nous sommes en
train de terminer un inventaire des entrepreneurs et des maisons
québécoises, de telle sorte qu'on pourra les mettre sur des
listes soumissionnaires possibles. Nous sommes abonnés aussi à un
service qui vient justement des pays arabes et qui fait, chaque semaine, je
pense, la liste des soumissions qui sont offertes par ces pays, de telle sorte
que des entreprises québécoises puissent être au courant et
présenter des soumissions.
M. Biron: Vous savez particulièrement qu'il y a
quelque chose qu'on peut exporter facilement du Québec, c'est nos
connaissances et notre expérience dans la construction, nos
ingénieurs, nos bureaux d'architectes, tout cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Certainement.
M. Biron: Je pense que si le gouvernement du Québec
fournit certains professeurs à certaines écoles là-bas, au
moins on devrait avoir notre mot à dire aussi pour fournir des
connaissances nécessaires sur la construction et la planification de ces
mêmes écoles. Cela ne coûte pas cher aux
Québécois d'exporter cela; ce sont des revenus
considérables.
M. Morin (Louis-Hébert): Ecoutez. On va s'entendre
facilement là-dessus. Nous souhaiterions au plus haut point qu'il y ait
de plus en plus de Québécois qui bénéficient des
échanges internationaux qui ont lieu. Mais on a toujours eu un peu
tendance à être, parfois par votre faute, parfois par celle des
structures, comme Québécois, à être en dehors des
canaux, non seulement de décisions, mais de soumissions pour ces
contrats. C'est ce qu'on essaie de corriger. C'est pour cela qu'on a tellement
de relation avec des représentants étrangers qui peuvent venir
nous visiter pour leur faire connaître ce qu'on a et pour les
intéresser à s'adresser à des Québécois pour
obtenir des services qui ne sont peut-être pas disponibles ailleurs ou
qui sont disponibles de façon moins efficace ailleurs. C'est sûr
que c'est une préoccupation qu'on a.
M. Biron: J'aurais maintenant une autre question sur un autre
sujet. Ce sera très bref.
Le Président (M. Marcoux): Sur un autre sujet, M. le chef
de l'Union Nationale. Votre nom s'ajoute.
M. Levesque (Bonaventure): J'aurais simplement une question bien
brève et je m'excuse auprès du chef de l'Union Nationale.
Qu'advient-il du projet de loi sur les privilèges et immunités
diplomatiques?
M. Morin (Louis-Hébert): On l'a encore. Ce n'est pas une
de nos priorités actuelles.
M. Levesque (Bonaventure): C'est pourtant une question qui
revenait à brûle-pourpoint et qui intéressait
particulièrement le vice-premier ministre et le ministre de l'Education,
alors chef de l'Opposition.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui...
M. Levesque (Bonaventure): ... qui me pressait de déposer
le projet de loi et qui, pendant, non pas seulement des minutes mais
peut-être des heures, je ne le sais pas je me rappelle que
c'était long en tout cas il fallait absolument avoir ce projet de
loi, autrement le Québec ne pouvait pas être ce qu'il est et ce
qu'il doit être, etc. C'était ce projet de loi sur les
privilèges et immunités diplomatiques, et là, il y avait
une question de principe, etc., et une urgence, une urgence, M. le
Président.
M. Morin (Louis-Hébert): II faudrait que je lui en
parle.
M. Levesque (Bonaventure): Vous allez lui en parler ce soir. Vous
allez dîner avec lui, en tête à tête.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non, il n'est pas ici
actuellement, il est ailleurs.
M. Levesque (Bonaventure): Ah bon!
M. Morin (Louis-Hébert): C'est bien possible qu'on le
présente au cours de la prochaine session. Il faudra nous aider à
cette époque-là et si je suis assuré d avance de votre
collaboration, il y a bien des chances qu'on prenne le même projet que
celui que vous aviez, cela va aller vite.
M. Levesque (Bonaventure): Ce projet était prêt.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, il est tout prêt, je
le sais.
M. Levesque (Bonaventure): II y avait seulement un article un peu
controversé qui restait... et nous avions trouvé la solution.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est-à-dire qu'il
n'était pas controversé par vous. C'était Ottawa qui vous
avait fait des remarques.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, mais comment cela se fait-il
qu'avec vous autres, vous êtes si fins, vous avez toutes les solutions,
et cela fait déjà deux ans de cela.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est parce qu on a
procédé autrement.
M. Levesque (Bonaventure): Vous n'avez rien fait. Vous n'avez
rien changé.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah bon! C'est cela! Cela y est!
Il me semblait qu'il fallait finir sur une note politique. On n'a rien
changé.
M. Levesque (Bonaventure): Voyons donc! S'il vous
plaît!
M. Morin (Louis-Hébert): Bien alors, arrêtez de nous
blâmer à tout bout de champ de ne pas respecter notre mandat.
M. Levesque (Bonaventure): Dans ce cas-là, vous n'avez
rien changé.
M. Guay: Le chef de l'Opposition veut dire que les affaires
intergouvernementales sous son
mandat se limitaient aux privilèges et immunités
diplomatiques.
M. Levesque (Bonaventure): Non, mais c'était un projet de
loi que nous avions déposé.
M. Morin (Louis-Hébert): J'aimerais tellement cela que
vous vous mettiez, vous, comme parti d'Opposition, à nous houspiller
pour qu'on aille plus vite et plus loin. J'aimerais que vous fassiez cela.
M. Raynauld: C'est ce qu'il fait.
M. Morin: C'est la première fois que cela arrive.
M. Levesque (Bonaventure): Ce qu'on veut c'est...
Une Voix: Sur un sujet fondamental.
M. Morin (Louis-Hébert): Tantôt on a eu une heure et
demie de discussion sur le fait qu'on faisait trop de choses qu'on n'aurait pas
dû faire et qu'on se trompait sur le sens de notre mandat.
M. Levesque (Bonaventure): Non, il ne faudrait pas que le
ministre soit sous l'impression qu'on a dit qu'il faisait trop de choses. On a
dit qu'il manquait au mandat...
M. Morin (Louis-Hébert): Cela ne se faisait pas bien,
c'est cela?
M. Levesque (Bonaventure): ... reçu de la population.
C'est cela.
M. Morin (Louis-Hébert): On a eu le mandat d'avoir une loi
sur les privilèges et immunités diplomatiques. C'est cela que je
comprends?
M. Levesque (Bonaventure): Non, de continuer dans le sens d'un
bon et vrai gouvernement...
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord.
M. Levesque (Bonaventure): Si je tiens compte des remarques de
l'ancien chef de l'Opposition, je dois dire que cela devait faire partie du
programme.
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis d'accord avec vous pour
le faire, à la condition que s'il y a un bordel avec le gouvernement
fédéral, vous allez être d'accord avec nous.
M. Levesque (Bonaventure): Un instant! Vous prendrez vos
responsabilités. Quand il y avait un bordel pour nous, vous ne nous
aidiez pas beaucoup.
M. Guay: On se défile. M. Raynauld: Non.
M. Biron: Seulement une question avant de terminer avant
l'ajournement du souper...
Le Président (M. Marcoux): A 20 heures, c'est à la
salle 81-A.
M. Morin (Louis-Hébert): Est-ce qu'il va faire un peu
moins chaud qu'ici, parce que cela n'a pas de maudit bon sens?
M. Biron: Le ministre des Affaires intergouvernementales a
été probablement le ministre qui a voyagé le plus à
l'extérieur du Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est exact.
M. Biron: Je voudrais connaître la perception qu'on a de
l'extérieur du Québec, et spécialement du milieu
américain où je sais que vous êtes allé à
plusieurs reprises, vis-à-vis de la loi 101, en particulier. C'est
important, lorsque vous faites des approches vis-à-vis des gens pour
venir au Québec, s'installer à Québec ou collaborer avec
les Québécois. Quelle est, honnêtement, l'approche de ces
gens de l'extérieur du Québec ou leur perception?
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais vous le dire. Pour
beaucoup d'Américains qui sont de bonne foi, la langue anglaise, c'est
la langue parfaite. Ils ne comprennent pas qu'a priori, nous autres, en
Amérique du Nord je vais vous dire tantôt pourquoi ils ne
comprennent pas cela on ne se mette pas tous résolument du jour
au lendemain à parler l'anglais. Par conséquent, tout mouvement
qui ne tient pas pour acquis, au point de départ, que l'anglais est la
langue que Dieu parlait, à ce moment, a l'air suspect. On ne comprend
pas pourquoi on refuse les bénéfices de la langue anglaise pour
s'en tenir à ce qui, pour certains d'entre eux en tout cas, est une
sorte de dialecte gentil, romantique, mais qui n'est plus de mise dans le monde
moderne, c'est-à-dire la langue française.
Au point de départ et je suis très clair
là-dessus il y a une incompréhension, du côté
des Américains, en ce qui concerne l'intérêt que nous
avons, nous, en ce qui a trait à la langue française. Quand cette
incompréhension, naturelle chez eux c'est un
phénomène américain et je pense bien qu'on pourrait
trouver des comportements du même genre dans d'autres pays, mais
là vous me parlez des Etats-Unis, je vous en parle; ce qui
n'empêche pas les Américains d'être très gentils et
très civilisés et tout au départ, se complique par
la perception que certains d'entre eux ont eue que nous voulions, purement et
simplement, abolir l'anglais au Québec et qu'ils tiennent, par ailleurs,
pour acquis que nous parlions déjà ou étions en train de
nous "anglifier" et que nous sommes un peu comme des Louisianais du
Québec, du Canada. Ils en concluent qu'il s'agit un peu pour nous d'une
entreprise similaire à celle des Irlandais ou des Juifs qui ont, dans le
premier cas, rétabli le
gaélique et, dans l'autre cas, l'hébreu. Donc, il y a une
incompréhension de ce côté.
Cela veut dire que j'ai eu beaucoup de questions, surtout au
début, moins maintenant, sur nos objectifs quant à la langue
anglaise et quant à la langue française. D'autant plus qu'il y
avait une mauvaise perception de nous, à la suite de certains articles
de journaux qu'ils ont lus, émanant notamment de Toronto, où on
était décrit en termes que même le chef de l'Union
Nationale aurait été d'accord pour reconnaître comme
étant, pour le moins, outrés.
Il y avait une énorme côte à remonter de ce
côté-là. Il a fallu d'abord leur expliquer qu'on
n'était pas des Louisianais. Deuxièmement, que la langue
française était une langue qu'on n'était pas les seuls
à parler au monde. Troisièmement, que c'était une
population assez abondante, quand même, que celle du Québec, et
qui s'était établie au Canada, si vous voulez, bien avant...
Peut-être pas avant les Indiens ni les Eskimaux, mais avant tous les
autres Européens qui sont venus par la suite.
Je dois dire aujourd'hui qu'il y a une meilleure perception de ce
côté-là. D'abord, ils ont compris qu'on ne veut pas abolir
l'anglais. Ils sont étonnés parce qu'ils voient souvent plusieurs
ministres qui sont bilingues et ils en ont conclu qu'on était des
exceptions et qu'on voulait que ceux qui nous succéderaient dans
l'avenir ne connaissent pas un mot d'anglais. Ils conçoivent au
contraire, maintenant, depuis qu'on leur a parlé, que nous sommes
parfaitement d'accord pour que les Québécois connaissent deux
langues et, s'ils en connaissaient quinze, ce serait encore mieux, mais ce
n'est pas un objectif réalisable.
Ils connaissent mieux aussi la nature de notre projet politique. Pendant
longtemps, ils ont compris qu'on voulait isoler le Québec pour en faire
un Etat en pleine autarcie, c'est-à-dire ne faisant aucun commerce avec
l'extérieur et totalement replié sur lui-même, une sorte de
République française du XVIIe siècle ou, si vous voulez,
une sorte même de monarchie, ou une future colonie française.
Alors, tout ça est en train de disparaître et la perception que
les Américains ont du Québec est maintenant beaucoup plus
sympathique, beaucoup plus positive et beaucoup plus conforme à la
réalité.
Je m'empresse de dire que ce n'est pas seulement à cause de ma
présence là-bas, parce que je n'aurais pas été
capable de provoquer ça tout seul, même si je suis allé
souvent aux Etats-Unis. C'est parce qu'on s'est informé davantage et que
maintenant, mon Dieu! on se rend compte qu'on est civilisé, qu'on est
quand même un Etat avancé et qu'on n'a pas d'objectifs aussi
invraisemblables que ceux qu'on nous avait attribués au point de
départ.
M. Biron: Ma dernière question: Est-ce que le fait de
dépenser $1 million de plus cette année, aux Etats-Unis, a pu
aider à ce que les implications négatives temporaires
s'évanouissent?
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai fait moi-même une
étude de la revue de presse américaine qu'on a. Je pense que,
déjà, les choses sont en train de changer. Je ne vous dirai pas
que tout le monde aux Etats-Unis est d'accord avec ce qu'on veut faire. Il ne
faut quand même pas charrier. Mais je vais vous dire ceci: Quand on a
fini de leur expliquer, l'impression qu'on a dans les regards de ces
gens-là, c'est à peu près celle-ci, que je pourrais
résumer en anglais: Well, he may be wrong, but, on the other hand, he
might have something there in what he said.
Il y a un intérêt nouveau qui est créé. Il y
a une acceptation plus marquée de la différence que nous
représentons, et je pense qu'il y a une amélioration. Maintenant,
il y a encore énormément à faire et c'est causé en
bonne partie par le fait qu'antérieurement, il n'y avait pas eu
d'efforts de diffusion de ce qu'était vraiment le Québec aux
Etats-Unis et nous avons décidé, nous autres, en priorité,
de nous atteler à cette tâche.
Je vous demanderais d'arrêter parce que j'ai une émission
de télévision qu'il faut que j'aille faire.
Le Président (M. Marcoux): La commission des affaires
intergouvernementales suspend ses travaux jusqu'à 20 heures et les
travaux reprendront à la salle 81-A.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 13
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, messieurs!
La commission des affaires intergouvernementales reprend l'étude
des crédits budgétaires du ministère des Affaires
intergouvernementales. Est-ce qu'il y a d'autres questions
générales avant de commencer l'étude des programmes?
M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: Merci, M. le Président. Je pense bien qu'il
serait possible de considérer les questions que j'ai à l'esprit,
autant que les questions spécifiques qu'on pourrait voir à
l'occasion des programmes, comme des questions générales.
Avant de terminer le domaine international qu'on avait abordé cet
après-midi, j'aurais une dernière question à poser
là-dessus. C'est à propos de la politique du gouvernement du
Québec, dans le cadre de la politique commerciale canadienne.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce est allé à
Genève il y a quelques semaines...
M. Morin (Louis-Hébert): Moi, je n'ai pas
été à Genève.
M. Raynauld: J'ai dit le ministre de l'Industrie et du Commerce.
Avez-vous changé de ministère?
M. Morin (Louis-Hébert): Non. Je n'avais pas compris.
C'est juste une question de précision.
M. Raynauld: Le ministre de l'Industrie et du Commerce est
allé à Genève il y a quelques semaines. Je voudrais savoir
s'il y a eu une politique définie quant aux objectifs que poursuit le
gouvernement du Québec en matière de politique commerciale,
quelle sorte de position il essaie de tenir auprès du gouvernement
fédéral, en matière de politique commerciale, et quelles
sont les représentations qui sont faites, à l'heure actuelle,
dans ce domaine.
M. Morin (Louis-Hébert): Pour ce qui est de la politique
qu'on essaie de suivre, c'est celle qui évitera le plus possible que les
modifications relatives aux tarifs n'aient d'effets négatifs en ce qui
concerne la structure industrielle, donc, les emplois au Québec. Il
s'agit, comme vous le savez, par ailleurs, de discussions qui vont souvent du
moyen terme au très long terme. Par conséquent, il n'y a pas de
stratégie nouvelle et intéressante d'élaborée. Une
des raisons pour lesquelles le ministre de l'Industrie et du Commerce s'est
rendu là-bas, c'est justement pour que, à son retour, on puisse
mieux connaître la problématique, ce qui n'était pas le cas
avant, parce qu'on était davantage éloigné de ces centres
de décisions.
En outre, je voudrais ajouter, au cas où ce ne serait pas connu,
que nous avons un fonctionnaire qui est à Genève en permanence
pour suivre les discussions du GATT et qui nous tient
régulièrement au courant de ce qui se passe.
M. Raynauld: M. le Président, j'avais demandé quels
étaient les éléments de la politique
québécoise. C'est cela qu'il m'intéresserait de
savoir.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas normalement au
ministère des Affaires intergouvernementales de déterminer cela.
Cela appartient beaucoup plus au ministère de l'Industrie et du
Commerce. Il ne faudrait pas se tromper de ministère.
M. Raynauld: Le ministre de l'Industrie et du Commerce a soumis
ses crédits. Je les ai examinés il y a dix ou quinze jours. Le
ministre m'a dit que, quant à lui, son affaire était très
sectorielle.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela. On a toujours un
problème de ce côté-là. Il va falloir recommencer
l'année prochaine et s'entendre pour...
M. Raynauld: Lui n'a pas donné de politique?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, pas encore. M. Raynauld:
II n'en a pas donné.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai donné les
éléments. Il s'agit de ne pas se faire avoir dans le cours de la
négociation.
M. Raynauld: C'est une politique un peu générale,
n'est-ce pas?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais cest mieux que
rien.
M. Raynauld: C'est mieux que rien, mais j'aimerais savoir ce que
le gouvernement du Québec a comme politique. Grand Dieu, après
cela on dira: Le gouvernement fédéral n'a pas appliqué la
politique qu'on voulait avoir.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Raynauld: C'est certain qu'on va le dire après que cela
sera fait, mais avant que ce soit fait, serait-il au moins possible de savoir
ce que vous poursuivez comme objectif et que vous ne disiez pas simplement que
vous voulez qu'aucun tarif ne baisse? Si c'est cela ou si on veut simplement
que les tarifs augmentent, j'aimerais le savoir. Si vous acceptez que certains
tarifs baissent, il serait bon de savoir quelle position vous prendrez
vis-à-vis de cette libéralisation des échanges. Si on est
au GATT à l'heure actuelle pour discuter, c'est pour libéraliser
les échanges autant que possible? Ce n'est pas pour les rendre encore
plus...
Une Voix: Restrictifs.
M. Raynauld: C'est cela, plus restrictifs qu'auparavant.
Lorsqu'on demande que les tarifs soient maintenus, on s'attend que le pays qui
fait une proposition comme celle-là offre des contreparties. Je voudrais
savoir quelles sont les contreparties que vous êtes disposés
à offrir, pas dans les détails, je ne suis pas sans savoir que
cela pourrait affecter les négociations, mais au moins d'une
façon générale. Quelle sorte de problématique
avez-vous, quelle sorte d'approche avez-vous? Je n'ai pas été
capable de le savoir.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais demander à M.
Pouliot de compléter, mais il va de soi que nous ne sommes pas contre la
libéralisation des échanges. C'est un mot difficile à
prononcer, étant donné sa racine.
M. Raynauld: Vous ne le prononcez pas souvent, n'est-ce pas?
M. Morin (Louis-Hébert): ... mais cette
libéralisation des échanges doit quand même se faire de
telle sorte que nos industries, plus particulièrement dans les secteurs
qu'on qualifie de mous, ne soient pas désavantagées
au-delà de ce qui est normal d'attendre d'un mouvement de
libéralisation. C'est le principe de base et on l'a toujours suivi. Je
demanderais à M. Pouliot de compléter, lui qui a suivi plus
particulièrement ces discussions.
C'est assez difficile, M. le Président, de répondre
techniquement à l'ensemble des questions qui sont touchées, que
ce soit sur le plan des négociations tarifaires ou sur la plan des
barrières non tarifaires. Toutefois, je me permettrai de dire, que nous
avons entrepris non pas dans ce ministère, mais au ministère de
l'Industrie et du Commerce en collaboration avec nous une
série d'études sur les implications des offres faites de part et
d'autre, soit principalement des offres
canadiennes et des offres de la Communauté économique
européenne, y compris des offres américaines. De façon
générale, les résultats que nous en avons et ce que nous
en savons, puisque tout cela est fait de façon assez confidentielle,
pour les raisons que vous avez mentionnées il semble que dans l'ensemble
ce soit assez satisfaisant du moins en termes d'offres faites, je pense surtout
à l'offre américaine. Que cette off re corresponde en gros aux
objectifs que nous nous étions fixés, bien sûr, dans le
contexte général que le ministre décrivait.
Ailleurs, j'ajoute la chose suivante. Nous avons eu sur ce plan, dans le
passé comme dans le présent, des contacts très
étroits avec le gouvernement fédéral. La raison pour
laquelle nous avons quelqu'un à Genève, c'est pour nous permettre
de suivre de près, en accord avec les négociateurs canadiens,
l'évolution de ces négociations.
M. Raynauld: Cela va, oui.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
questions générales?
M. Raynauld: J'ai terminé mes questions sur les affaires
internationales. Maintenant, est-ce qu'on continue les questions
fédérales? Il y a toute la partie relations
interprovinciales.
Le Président (M. Marcoux): C'est la méthode la plus
simple, celle que je favorise, en tant que président.
M. Morin (Louis-Hébert): A condition que cela ne retarde
rien.
Le Président (M. Marcoux): Non, je vous en...
M. Raynauld: On le sait seulement rendu à la fin, quand on
adopte tous les articles d'un coup.
Le Président (M. Marcoux): Croyez-en mon
expérience. Cela accélère plutôt que cela
décélère les choses. M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, dans le domaine des
relations...
M. Godin: M. le Président, c'est sur le même sujet
qu'on va oublier aux portes, avant qu'on passe à l'autre...
Le Président (M. Marcoux): D'accord.
M. Godin: Est-ce que la politique du Québec ne
consisterait pas à assurer le maintien de l'emploi dans les secteurs qui
sont menacés, en gros, et qu'on s'informe...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ce que cela comporte, de
façon immédiatement visible et normale, oui.
M. Godin: Donc, si elle n'est pas définie dans un
écrit, elle est là dans la pratique.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. Où est-ce que vous
voulez en venir, M. le député?
M. Godin: Evidemment, c'était seulement pour
préciser, parce qu'il semblait y avoir un porte-parole beaucoup plus du
fédéral que des intérêts du Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ce que je remarque chez
notre collègue. Il y a toujours un lien quand il s'agit...
M. Godin: Vous avez remarqué cela, vous aussi?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, j'ai remarqué cela.
Il est toujours d'avance prêt à défendre quoi que ce soit
qui semblerait être une mise en demeure de la part du gouvernement du
Québec par rapport au gouvernement fédéral. Je ne sais
pas, il y a un souci de...
M. Raynauld: M. le Président, je m'insurge...
M. Morin (Louis-Hébert): ... protectionnisme politique qui
m'inquiète. Quand on parle de commerce international...
M. Raynauld: Je m'insurge contre cette interprétation.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, on n'a visé personne,
en particulier, on parle en général.
M. Alfred: Tant mieux.
M. Raynauld: Même en général, je m'insurge
contre cette interprétation, parce que je suis un de ceux qui ont
toujours défendu l'idée que les gouvernements provinciaux
devaient exprimer au gouvernement fédéral le genre de politiques
que le gouvernement fédéral devait avoir dans le domaine du
commerce international...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est un souci qui vous honore,
M. le député.
M. Raynauld: ... parce que ces politiques commerciales ont des
effets régionaux et structurels qui sont déterminants, et j'ai
toujours défendu cette idée. Dans ce cas-ci, je pense que vous
êtes complètement à côté de la voie. Je ne
veux pas du tout défendre les intérêts du gouvernement
fédéral dans cette affaire, bien au contraire. Je pensais
exclusivement...
M. Morin (Louis-Hébert): Vous êtes contre les
intérêts du gouvernement fédéral.
M. Raynauld:... aux intérêts des
Québécois.
M. Guay: C'est de la consultation qu'il est question.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est ça. C'est bien,
ce livre. Il faudra revenir à ça.
M. Alfred: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Sur le même sujet?
M. Alfred: Je suis sûr que le député
d'Outremont l'a bien fait quand il était président à
Ottawa. Probablement qu'il y a essayé de défendre le
Québec, mais il n'a pas réussi.
M. Morin (Louis-Hébert): II a eu un passage
remarqué là-bas.
M. Alfred: Oui, très remarqué.
M. Morin (Louis-Hébert): Ils le regrettent, d'ailleurs.
Ils regrettent qu'il soit parti.
Le Président (M. Marcoux): On va revenir aux remarques
d'ordre général du député d'Outremont.
M. Raynauld: Oui, parce que le député de Papineau,
visiblement, n'a jamais lu un rapport du conseil économique.
M. Alfred: D'après les questions que vous posez en
Chambre, je m'en rends compte.
M. Raynauld: Vous devriez les lire, avant de faire des
accusations.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela étant dit...
M. Raynauld: Ceci étant dit, je voulais passer aux
affaires interprovinciales ou aux relations canadiennes.
M. Morin (Louis-Hébert): Où en est-on?
M. Raynauld: J'ai suivi les grandes divisions...
M. Morin (Louis-Hébert): Cela va, d'accord, Cela
correspond...
M. Raynauld: Oui, qui sont là...
M. Morin (Louis-Hébert): Cela va, parfait!
M. Raynauld: Bon! Si vous n'avez pas d'objection...
Coopération interprovinciale
M. Morin (Louis-Hébert): Coopération
interprovinciale, élément 2 du programme 1.
M. Raynauld: C'est ça.
M. Morin (Louis-Hébert): On n'a pas encore approuvé
le premier.
M. Raynauld: Comme on est dans des questions
générales, je voulais demander au ministre, M. le
Président, s'il pouvait faire le point sur les ententes qui ont
été négociées, qui sont à négocier ou
qui sont conclues avec les autres provinces, en particulier avec le Manitoba,
à la suite de sa visite célèbre de l'année
dernière. Quels sont les accords de réciprocité qui ont
été signés, s'il y en a? Je pourrais en ajouter d'autres,
mais je laisse au ministre le soin de...
M. Morin (Louis-Hébert): Les accords de
réciprocité, on en aurait peut-être signé
quelques-uns, conformément, d'ailleurs, aux souhaits du premier ministre
actuel du Canada dans son livre qui s'appelle "Le fédéralisme et
la société canadienne-française ". Il y a une mention de
la nécessité dans laquelle on se trouve, nous autres, et à
laquelle on devrait répondre de signer des accords de
réciprocité, notamment en matière d'éducation, avec
les autres provinces. Mais, le même premier ministre du Canada s'est
empressé de dire, l'année passée, aux autres provinces du
Canada que ces accords devraient être honnis et ne devraient pas recevoir
de suite, de telle sorte que l'impact de cette déclaration aidant, il
n'y en a pas encore de ces accords de réciprocité, mais nous
sommes toujours disposés nous l'avons d'ailleurs
répété à y arriver. C'est une question qui
fait partie non pas du contentieux, mais du dossier interprovincial courant. A
la prochaine occasion, on va revenir à la charge avec cela parce que
cela nous semble être la voie du bon sens et du réalisme.
Aiors, il n'y a pas d'accord de réciprocité sur le plan de
I éducation, notamment en ce qui concerne la langue, qui ont
été signés entre le Québec et d'autres provinces au
moment ou on parle.
M. Raynauld: Y a-t-il d'autres ententes avec le Manitoba en
particulier?
M. Morin (Louis-Hébert): On a reçu justement
aujourd'hui tiens, j'y pense une lettre de...
M. Raynauld: Vous avez préparé votre
présentation; c'est quelque chose de terrible.
M. Morin (Louis-Hébert): Pardon?
M. Raynauld: Vous avez bien préparé votre
présentation cet après-midi.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, c est le hasard. Non, il ne
faut pas m'accorder plus de mérite que j'en ai. Quand j'aurai du
mérite, je vous le dirai pour que tout le monde le sache. Dans ce
cas-là, c'est le hasard qui a fait que ce matin j'ai reçu une
lettre du ministre je pense de l'Education ou de quelqu'un du
personnel du bureau du premier ministre du Manitoba me disant qu'à la
suite d une lettre que j avais écrite pas longtemps après son
élection, à ce nouveau gouvernement, maintenant on donnait suite
à ladite lettre et on nous donnait deux noms de personnes avec qui nous
devrions
être en contact pour aller plus loin dans la voie d'accords
possibles avec le Manitoba. Cette lettre est arrivée à mon
bureau; elle doit être quelque part entre deux bureaux; cela arrive il y
a un tas de bureaux au gouvernement. Mais il y aura une suite prochaine de
donnée à cette lettre. Elle est arrivée ce matin. Alors,
on est très à jour.
M. Raynauld: Alors...
M. Morin (Louis-Hébert): Malheureusement, si j'avais su
que l'on me poserait cette question, je me serais fait un devoir d'apporter
ladite lettre, mais je l'ai oubliée.
M. Raynauld: Mais dans les...
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne savais pas que le
député était aussi intéressé.
M. Raynauld: Plus généralement, plus
généralement...
M. Morin (Louis-Hébert): L'année prochaine, je le
saurai.
M. Raynauld: ... quels sont les objectifs que le ministre
poursuit, M. le Président, dans les relations interprovinciales?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a des objectifs qu on
poursuit et d'autres qu'on ne cherche pas à poursuivre. Ceux qu'on ne
cherche pas à poursuivre tiennent au fait que les autres provinces du
Canada cela fait partie un peu de la mythologie de la coopération
interprovinciale n'ont vraiment pas, quant au fédéralisme
canadien, des vues qui ressemblent aux nôtres, sauf exception. Aucune
d'entre elles n'a jusqu'à maintenant proposé de changements
constitutionnels majeurs comme ceux que nous avons nous-mêmes
envisagés depuis plusieurs années et plus particulièrement
maintenant où nous envisageons davantage qu'une modification dans les
agents de transformation.
Alors, je ne crois pas qu'on doive compter sur iapport ou l'appui des
autres provinces du Canada pour modifier le système dans lequel on est.
Alors, nous ne cherchons pas illusoirement à obtenir l'appui d'autres
provinces à cet égard.
Par ailleurs, nous pensons qu'il peut y avoir des domaines
d'intérêt commun dans le domaine de l'éducation, par
exemple, celui des affaires culturelles, celui des communications, celui du
transport, celui de la justice. Il y en a une série, où des
contacts utiles peuvent être développés entre provinces et
on en a donné la preuve récemment avec l'Ontario où, pour
une série de sujets, on a découvert que, sans mettre en cause le
système, il y avait moyen de s'entendre, et la réunion a eu lieu
il y a deux semaines. Vous l'avez vu dans les journaux.
Il y a une coopération intelligente qui existe notamment entre le
Québec et l'Ontario à cet égard. L'Ontario étant la
province la plus voisine avec le Nouveau-Brunswick, c'est un petit peu normal
et les relations sont très bonnes quant au domaine que nous examinons et
que nous regardons avec eux. Mais on ne compte pas sur les autres provinces
pour établir des fronts communs contre le gouvernement
fédéral parce qu'il n'y a aucun exemple de front commun
fédéral-provincial, à ma connaissance, qui ait vraiment
subsisté au Canada, dans le fédéralisme actuel, et qui ait
contribué à la modification majeure des attitudes
fédérales. Ce n'est jamais arrivé dans aucun domaine. Ce
qui veut dire qu'il y a une mythologie qui existe, celle qui consisterait
à croire qu'en s'entendant avec les autres provinces, on va
réussir à faire bouger le gouvernement fédéral. Je
n'y crois tout simplement pas.
M. Raynauld: M. le Président, je ne pensais pas
nécessairement à ce genre d'opération. Je voulais savoir
dans quelle mesure il y a des éléments de coopération qui
existent à l'heure actuelle et dans quels domaines. Par exemple, avec
l'Ontario, est-ce que le problème des travailleurs de la construction a
avancé?
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai écrit aujourd'hui
même, vous ne pouvez pas tomber plus à point, à mon
collègue, le ministre du Travail et de la Main-d'oeuvre, M. Johnson,
pour lui dire qu'à la suite de notre conversation avec les
représentants de l'Ontario, il devrait se mettre rapidement en contact,
ce qu'il a déjà d'ailleurs commencé à faire, avec
le ministre ontarien correspondant, pour résoudre les problèmes
des travailleurs qui, du côté ontarien, travaillent au
Québec et, du côté québécois, travaillent en
Ontario. (20 h 30)
J'en ai écrit une, à propos, au ministre des Richesses
naturelles sur les frontières entre le Québec et l'Ontario et une
troisième à M. Duhaime, ministre du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche, sur une entente entre le Québec et l'Ontario pour une
sorte de "package deal" dans le domaine du tourisme. Alors, le "follow up", le
suivi, pour parler comme on parle maintenant dans la fonction publique du
Québec, de la réunion qu'on a eue en Ontario récemment est
maintenant en voie d'être assuré. Tout va bien. Je ne sais pas ce
que cela va donner, mais cela marche bien, administrativement.
M. Raynauld: Est-ce qu'il y a des discussions sur la politique
d'achats?
M. Morin (Louis-Hébert): II y en a eu... On va en reparler
à Régina au mois d'août prochain. Dans la deuxième
semaine, il y a une conférence interprovinciale des premiers ministres.
Il en a été question avec l'Ontario la dernière fois,
c'est-à-dire il y a deux semaines quand j'y suis allé, et d'un
commun accord on a été enclins à penser que la question
devrait être élaborée avec tous les premiers ministres
justement à Régina.
Mais il y a une hypocrisie pancanadienne sur les politiques d'achats.
Alors, si vous voulez qu'on
en parle, on va en parler. Nous autres, on est plus explicites que les
autres, alors, cela nous crée plus de problèmes. Notre
défaut est d'être trop évident.
M. Godin: La transparence.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ça. Vous savez, ce
n'est pas toujours utile la transparence.
M. Raynauld: Eh oui, on dit toujours ça! Est-ce qu'il y a
toujours des discussions sur "les" taxes de vente?
M. Morin (Louis-Hébert): Actuellement, non. M.
Raynauld: Avec l'Ontario.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est un problème qui nous
semble résolu.
M. Raynauld: Je veux dire avec l'Ontario, pas avec le
fédéral.
M. Morin (Louis-Hébert): Avec le
fédéral?
M. Raynauld: Non, avec l'Ontario, pas avec le
fédéral.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, j'ai vu M. McKeough, le
ministre des Finances et des Affaires intergouvernementales de l'Ontario,
I'autre jour. On n'en a pas vraiment parlé, pour être franc avec
vous. Je pense qu'il trouvait qu'on s'était bien comporté. Il ne
l'a pas dit, mais c'est l'impression que je déduis de son attitude
générale.
M. Alfred: Vous permettez, monsieur? Mais pourquoi en
parlerait-on, puisque Darcy McKeough lui-même qui a conseillé
à M. Chrétien de faire ce qu'il a fait et que M. Trudeau a pris
pour le Canada et l'Ontario? Il n'a pas intérêt à en parler
avec nous autres. Qu'est-ce que vous en pensez, M. le député
d'Outremont?
M. Raynauld: Ce serait trop long de vous l'expliquer. Il pourrait
y avoir des intérêts à discuter.
M. Morin (Louis-Hébert): Si je comprends bien, on a
été de travers quelque part, je ne sais pas où.
M. Raynauld: Non, je n'ai pas dit ça. Est-ce que j'ai dit
ça? Je n'ai pas dit ça.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah bon, d'accord! M. Raynauld:
Je n'ai pas dit ça.
M. Morin (Louis-Hébert): Donc, on a très bien
fait.
M. Raynauld: Non, je n'irais pas jusqu'à dire
ça.
M. Godin: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Sur le même sujet? Le
député de Mercier.
M. Godin: Exactement sur le même sujet. M. le
Président, dans la mesure où la formule Chrétien,
d'après ce qu'on a lu dans les journaux et ailleurs, était plus
avantageuse pour l'Ontario que pour le Québec, est-ce qu'il n'aurait pas
pris l'initiative de nous suggérer de l'appliquer, parce que cela aurait
été avantageux pour lui?
M. Morin (Louis-Hébert): L'Ontario? M. Godin:
Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il n'en a jamais
parlé.
M. Godin: Pas un mot.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, pas dans ce sens-là,
non. C'est venu par personne interposée, pour ainsi dire.
Mme Leblanc: ... arrogance.
M. Godin: Donc, rien directement.
M. Morin (Louis-Hébert): L'Ontario nous aurait
suggéré de faire ça? Non. Non.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, dans les relations
fédérales-provinciales je vais maintenant poser quelques
questions.
M. Biron: M. le Président, j'aurais une question sur les
relations interprovinciales, pour terminer, quant à moi.
Depuis la déclaration à Edmonton du ministre Ouellet
recommandant aux provinces de ne pas appuyer le Québec, comme j'ai pu
comprendre, de n'appuyer aucune des propositions du Québec, est-ce que
vous avez perçu une plus grande difficulté à
négocier directement avec les autres provinces canadiennes, ou si le
fait que l'Ontario ait appuyé le Québec sur les problèmes
des municipalités immédiatement après, cela découle
concrètement de la position des provinces canadiennes comme telles?
M. Morin (Louis-Hébert): M. Ouellet est, je pense bien, ce
ministre fédéral qui, lorsque la Providence a distribué
à chaque être humain la politesse et le jugement, était
absent, parce qu'il n'a pas eu une part qui semble particulièrement
évidente de ces deux qualités.
M. Ouellet, par ses déclarations, a contribué à
cristalliser encore ce dont je parlais cet après-midi,
c'est-à-dire ce sentiment que lorsque nous
posons, nous, au Québec, des gestes fédéralistes,
conformément à ce que nous avons adopté comme politique
d'ici le référendum, c'est-à-dire
d'accélérer l'autonomie du Québec et de la
préserver, M. Ouellet n'aide pas à la solution facile et
adéquate des problèmes.
Cela étant dit, au moment où je vous parle, je vais
être honnête avec vous, je n'ai pas eu de contact à cet
égard avec le ministre des Affaires municipales depuis quelques jours.
Il y a quand même plusieurs dossiers qu'il faut suivre et
celui-là, tout en le suivant, je n'en ai pas de nouvelles
quotidiennement. Je n'ai pas l'impression que l'attitude de M. Ouellet ait
modifié quoi que ce soit de la part des autres provinces. Cela a eu plus
d'impact dans les média des communications au Québec que cela
n'en a eu dans l'ensemble du Canada.
Il commence à être connu, il a une
crédibilité plutôt réduite. Je n'ai pas l'impression
qu'il ait eu un grand impact. Mais je n'ai pas de détails
récents.
M. Biron: Mais au niveau de la coopération
interprovinciale, vous pourriez avoir de la difficulté dans la
coopération, dans les négociations interprovinciales?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a toujours des emmerdeurs
fédéraux qui viennent, quand les choses vont bien, compliquer
lesdites choses, parce que leur conception du fédéralisme est
telle que si on n'assure pas partout la primauté, la
prépondérance du gouvernement central, un peu le gouvernement
père de famille au Canada, à ce moment-là, ils
interviennent.
Ce que je peux dire, c'est qu'il n'a pas empêché une
réunion qui va avoir lieu ces jours-ci, qui a lieu demain, je pense, des
ministres des Affaires municipales à Toronto. En fait, elle a eu lieu
hier, mais je n'en ai pas de nouvelles au moment où je vous parle. Mais,
carrément, ce genre de monde n'aide pas à la solution des
problèmes qui affectent la population. Ils ne font que nourrir des
préjugés antiquébécois et moi, je trouve
particulièrement désolant, mais particulièrement conforme
au système dans lequel on est, que ceux qui font ce genre de job sale,
ce sont des Canadiens français inféodés, pour utiliser une
expression qui a fait fortune à un moment donné, à un
establishment et qui seront heureux le jour où le Québec sera
définitivement soumis et écrasé.
Alors, M. Ouellet est le protagoniste, le chevalier de la
dépendance le plus évident actuellement. Il n'a même pas la
qualité d'être sympathique à l'ensemble de la population.
On peut en parler, comme cela, allègrement. Il reste qu'il n'aide pas
à la solution des problèmes.
M. Biron: Est-ce que, depuis un an, vous avez eu plus de
difficultés à négocier de la coopération
interprovinciale et y a-t-il eu une accélération de cette
coopération interprovinciale pour avoir au moins plus de personnel
enclin à travailler dans ce genre de coopération?
M. Morin (Louis-Hébert): Je dirais qu'au début, on
a eu plus de difficultés que maintenant. Quand je dis au début,
je veux dire ça fait 16 ou 18 mois qu'on est là que dans
les 12 premiers mois, on a eu plus de difficultés par rapport aux autres
provinces qu'on en a maintenant, à cause d'un phénomène
d'incompréhension, un phénomène de surprise. A part cela,
le fédéral n'aidait pas, pour être très clair. Je
pense qu'il faut le mentionner, parce qu'il y avait toutes sortes
d'émissaires qui allaient les avertir contre les
hérétiques qui avaient pris le pouvoir au Québec
accidentellement et dont le sort serait scellé à la prochaine
élection.
En d'autres termes, on leur a dit: II y a eu un accident politique
temporaire. Les Québécois sont plus intelligents que d'avoir
voté pour des gens comme cela. Il y en a qui ont été un
peu victimes de cette façon de présenter les choses. Je le dis
vraiment au-delà de toute partisannerie politique. Mais, maintenant,
elles nous connaissent un peu davantage et je pense qu'il est fort significatif
à cet égard que, par exemple, le premier ministre de l'Ontario,
qui n'est quand même pas la dernière province venue, ait pris une
journée entière, la dernière fois, lorsqu'on est
allé à Toronto, pour la passer avec nous, pour faire le tour
d'à peu près tout le dossier Québec-Ontario et s'est
comporté d'une façon civilisée par rapport à nous,
parce que le reste du Canada, au niveau des gouvernements provinciaux, se rend
bien compte qu'on est un gouvernement civilisé et des gens
civilisés et on en revient peut-être de ces condamnations globales
émanant des milieux fédéralistes apeurés. Il y a,
de ce côté-là, une amélioration.
Je ne vous dirais pas que tout le monde est nécessairement
d'accord avec ce que nous allons proposer et que, parce que ce sont des
provinces, elles sont d'accord avec les aspirations d'une autre province qu'est
le Québec, je ne dirais pas cela, mais il y a plus d'ouverture.
Je n'ai pas de preuves tangibles de cela, c'est une question d'attitude.
Je pense que cela va mieux, je pense que cela va mieux partout, sur le plan
extérieur, que ce soit des gouvernements d'autres provinces, de la part
du gouvernement américain ou de la part des gouvernements d'autres
pays.
Ce n'est peut-être pas grâce à un effort particulier
de notre part, même si on n'a quand même pas laissé aller,
c'est peut-être grâce aussi, en particulier, au fait que les gens
se sont davantage informés, mais en tout cas! On n'a pas
d'hostilité, comme il y en avait, latente avant.
M. Biron: Si vous n'avez pas plus de difficultés depuis
quelques mois en tout cas, comment expliquez-vous que votre budget, au niveau
de la coopération interprovinciale, ait augmenté de 300%? Si vous
m'aviez dit que vous aviez plus de difficultés ou plus de
coopération...
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais vous expliquer en quoi
cela consiste.
M. Biron: ... j'aurais certainement compris rapidement, mais j'ai
de la difficulté à concilier ce que vous venez de dire et votre
budget.
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis d'accord. L'augmentation
du budget des relations interprovinciales, celui que vous venez de me
mentionner, est notamment attribuable à un fait qui est une
nouveauté, c'est que nous avons mis de côté, cette
année, aux fins de budget... On va avoir bientôt une entente
à cet égard, parce qu'on en a discuté assez
sérieusement avec elles... On a l'intention de mettre de l'avant un
programme assez complet, quoique modeste, étant donné nos moyens,
de coopération avec les minorités francophones hors
Québec.
Nous avons demandé, lors d'un discours que j'ai fait d'abord
à Winnipeg, l'année passée, et, par la suite, il y a eu
beaucoup de rencontres, aux minorités francophones hors Québec de
nous faire connaître leurs priorités, de nous présenter
leurs demandes et nous leur avons dit: Nous n'allons pas nous, le gouvernement
du Québec, d'une part, vous laisser tomber et nous n'allons pas nous, le
gouvernement du Québec, d'autre part, vous imposer des priorités
qui ne seraient pas les vôtres. Vous allez nous dire ce que vous voulez
faire et on va essayer, dans la mesure de nos moyens financiers, de vous aider
à les réaliser. Or, l'augmentation du budget je n'ai pas
tout à fait les chiffres devant moi est causée
essentiellement par l'accroissement des programmes à cet égard,
c'est-à-dire la coopération avec les francophones hors
Québec que j'ai encore vus, d'ailleurs, la semaine dernière, que
j'ai rencontrés très fréquemment. Nous aurons probablement
quelque chose d'ici quelques semaines, qui ne sera peut-être pas
spectaculaire, mais qui va démontrer, pour la première fois, une
volonté peut-être encore plus systématique que celle qui a
pu exister dans des gouvernements antérieurs. Je ne parle pas depuis
quelques années, parce qu'il n'y avait plus de programme à cet
égard, mais je parle des années 1965 à 1970, par rapport
aux minorités francophones des autres provinces. L'augmentation du
budget vient de cela.
M. Biron: Je remarque, M. le ministre, qu'il y a sept personnes
de plus et un budget de communications passablement élevé, de
services passablement élevés bien sûr, il faut tenir
compte des traitements et autres rémunérations et des
paiements de transfert pour un montant de $450 000 alors que, l'an dernier,
nous avions $110 000. Cela veut dire que cette coopération
interprovinciale a augmenté son budget d'une façon
considérable. Si c'est une coopération avec les francophones hors
Québec, c'est cela que je voudrais savoir. Donc, il n'y a pas plus de
coopération interprovinciale avec les autres provinces canadiennes, mais
bien avec certaines personnes, certains membres de la fédération
canadienne, mais à l'intérieur de chacune des provinces, qui
sont, en particulier, des francophones hors Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a deux choses. C'est exact
que la masse d'augmentation à cet élément provient de
l'effort que nous allons faire pour les associations de francophones hors
Québec. Il n'y a pas de secret là-dessus. Je dois cependant dire
qu'avec l'Ontario, je me souviens avoir moi-même signé une entente
au mois de décembre dernier, je pense, quant à un programme
d'échange de fonctionnaires. Donc, il y a des nouveautés en
matière de coopération au niveau gouvernement à
gouvernement. La masse de l'augmentation, c'est vraiment vers les francophones
hors Québec. Avec le Nouveau-Brunswick. on est plus actif qu'on ne
l'était auparavant, parce que l'entente qu'on avait signée en
1969 était relativement dormante. Je me souviens d'avoir fait des
démarches à mon niveau et au niveau des fonctionnaires pour
qu'avec le Nouveau-Brunswick. on remette un peu de vie dans cet accord
signé en 1969 par M. Bertrand, à l'époque, et M.
Robi-chaud, qui était premier ministre du Nouveau-Brunswick.
M. Biron: Donc, cette coopération est beaucoup plus
d'ordre linguistique et culturelle que d'ordre économique.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est-à-dire qu'on pense,
nous autres, qu'on a une sorte de responsabilité que je qualifierais de
morale par rapport aux francophones hors du Québec. On a toujours dit
que, s'il y avait un gouvernement séparatiste à Québec
je prends des termes de nos amis de l'Opposition on les
laisserait tomber. Au contraire, je pense que, non seulement on ne les laisse
pas tomber, mais que, depuis que nous avons été élus, ils
sont pas mal plus considérés malgré tout que ce
n'était le cas avant, et cela leur a donné de l'assurance. Ils
sont si je me permets l'expression peut-être un peu, sans
vouloir leur attribuer d'intentions ni entrer dans leur analyse je ne
voudrais pas leur attribuer des idées qu'ils n'ont peut-être pas
j'ai comme l'impression qu'ils sont un peu fiers de ce que les
Québécois ont fait et que cela ne leur nuit pas. Au contraire,
ils sont devenus intéressants. Au lieu d'avoir été
"droppés", si vous voulez, dans l'attention, ils sont devenus, au
contraire, une partie de la population à laquelle, maintenant, on
accorde un peu plus de souci et d'attention que ce n'était le cas avant.
Alors, la masse de l'augmentation, ce sont les francophones hors Québec.
(20 h 45)
M. Biron: Seulement pour finir ma dernière question sur le
sujet, est-ce que...
M. Morin (Louis-Hébert): Votre collègue à
droite a l'air d'avoir des choses à redire; on va attendre.
M. Biron: Est-ce qu'il y a des gestes concrets que vous avez
posés au cours de l'année vis-à-vis des francophones hors
Québec ou que vous vous proposez de poser au cours de la prochaine
année et dont vous pouvez nous faire part, en plus de
nous dire que c'est sûr que vous vous en occupez?
M. Morin (Louis-Hébert): Certainement. Nous allons, d'ici
quelques semaines et même très peu de semaines avoir tout un
programme de coopération avec eux qui va être
complété et que je vais signer aujourd'hui ou demain pour
soumission au Conseil du trésor. C'est de l'ordre de quel montant? C'est
de l'ordre de $261 000 pour diverses demandes qu'ils nous ont faites allant de
$10 000 pour telle province à $40 000 pour une autre, en passant par $16
000 pour une troisième. Alors, il y a toute une série de projets
que ces derniers nous ont soumis, que nous allons subventionner. C'est soumis
au Conseil du trésor. Je ne vois pas pourquoi le Conseil du
trésor refuserait. J'espère que non, parce que je ne comprendrais
rien, si c'était le cas. Mais aussitôt que c'est
complété, on a un accord avec eux. Ce ne sont pas des sommes
immenses, mais c'est la première fois qu'on les laisse choisir
eux-mêmes leurs priorités et qu'on les finance.
M. Biron: Est-ce que, si ce sont des sommes qui...
M. Morin (Louis-Hébert): Modestes.
M. Biron: ... modestes, bien sûr, mais qui vont aller
possiblement dans le domaine éducatif ou quelque chose comme ça,
est-ce qu'il y a des problèmes avec les autres gouvernements des
provinces canadiennes dans ce domaine...
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Biron: ... ou si vous avez consulté les autres
gouvernements avant de poser des gestes?
M. Morin (Louis-Hébert): Avant de poser les gestes
précis que nous allons poser, non, puisque ce n'était pas
nécessaire, étant donné que notre position, telle que je
l'ai exprimée à Winnipeg, je ne me souviens pas trop quand, au
mois d'avril l'année passée, était très claire
à cet égard. Nous ne sommes pas politiquement responsables des
minorités francophones des autres provinces. Ce sont leurs gouvernements
provinciaux qui en sont responsables. Ce n'est pas à nous de
déterminer leur avenir.
C'est très clair que nous n'allons pas nous substituer à
elles et nous n'allons pas intervenir... On ne veut pas de colonies du
Québec à l'extérieur du Québec. C'est ça que
je veux dire très clairement, et je l'ai d'ailleurs mentionné
à cette époque. Je ne vois pas en quoi les gouvernements des
autres provinces auraient quoi que ce soit à rouspéter à
cet égard. C'est peut-être possible que le gouvernement
fédéral voit ça d'un oeil biaisé, ce qui ne
m'étonnerait pas, quoi que nous fassions ou que nous ne fassions pas,
ça va être le cas. Mais, vraiment, il n'y a rien... D'ailleurs,
vous verrez quand les projets sortiront publiquement qu'il n'y a rien de
très séditieux dans ce que nous allons leur proposer. Ce sont
eux-mêmes, ces gens-là, qui ont déterminé leurs
priorités.
M. Biron: Je veux m'assurer que les juridictions des provinces
soient respectées...
M. Morin (Louis-Hébert): Ah, parfaitement!
M. Biron: ... parce que j'imagine la réaction du
gouvernement du Québec si les autres provinces canadiennes donnaient des
subventions dans le domaine de l'éducation...
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez...
M. Biron: ... à la minorité anglophone au
Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez parfaitement raison de
soulever le problème. Il y a, évidemment, le gouvernement
fédéral qui voulait donner des subventions aux "minorités
anglophones au Québec dont les droits étaient", comme tout le
monde le sait, "totalement menacés et à la veille d'être
enfouis à cause d'une action gouvernementale québécoise
absolument inadmissible" entre guillemets, tout ça,
j'espère alors, non, de ce côté-là, je ne
vois vraiment pas... Si ça retrousse quelque part, ils vont nous le dire
et on s'arrangera. Mais je ne vois vraiment pas en quoi il y aurait quoi que ce
soit qui choquerait qui que ce soit. On a pris des précautions à
cet égard.
M. Biron: Quelle serait la réaction du Québec
à une subvention venant du gouvernement de l'Ontario pour la
minorité anglophone au Québec?
M. Morin (Louis-Hébert): On trouverait ça bizarre,
parce que la minorité anglophone au Québec est plus à
l'aise que pas mal de majorités anglophones à I extérieur
du Québec. Alors, on penserait que ce serait une sorte de subvention
à l'abondance. On ne verrait pas trop pourquoi ce serait le cas.
M. Raynauld: II n'y a pas de pauvres chez les anglophones au
Québec, il n'y a pas de pauvres.
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas dit qu'il n'y avait
pas de pauvres. J'ai dit que, globalement, ils étaient plus à
l'aise que les autres à l'extérieur. Ce n'est pas moi qui le
démontre, ce sont des travaux qui viennent peut-être bien du
Conseil économique du Canada, sinon...
M. Raynauld: ...
M. Morin (Louis-Hébert): ... de la commission BB à
l'époque.
M. Raynauld: C'est extraordinaire d'entendre de telles
choses.
M. Guay: La Fédération des francophones hors
Québec, l'autre jour, quand elle a publié son
dossier, qui a fait si peu de bruit dans la presse anglophone du Canada,
alors que s'il avait fallu que ce soit l'inverse, les minorités
anglophones...
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense qu'on a fait
parvenir...
M. Guay: A ce moment-là... démontré, dans le
dossier, que la minorité anglophone du Québec était plus
à l'aise que n'importe quelle majorité anglophone hors
Québec, ailleurs au Canada.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de pauvres, mais il faut quand
même faire la part des choses.
M. Alfred: M. le Président, c'est évident. Je pense
que le député d'Outremont a lu cela d'ailleurs.
M. Morin (Louis-Hébert): On va vous envoyer un document
qui vient des francophones hors Québec qui s'appelle "Deux poids, deux
mesures". Ce sera une méditation...
M. Raynauld: En tout cas, je ne peux pas ne pas faire de remarque
sur l'analyse que le ministre vient de faire à propos de l'aide et de
l'intérêt que ce gouvernement porte aux minorités
francophones hors Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): Certainement.
M. Raynauld: Je ne peux m'empêcher de relever que cette
problématique est absolument fausse...
M. Alfred: Qu'est-ce qui est faux dedans?
M. Raynauld: ... comme si le fait de modifier complètement
le régime politique du pays n'avait aucun impact sur ces
minorités hors Québec...
M. Morin (Louis-Hébert): On n'a pas dit cela; on a dit que
notre élection les avait aidées.
M. Raynauld: ... et que leur donner $500 000 était un
substitut valable. Parlons-en aux francophones du Nouveau-Brunswick, par
exemple.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez raison.
M. Raynauld: Mais ce que ce gouvernement propose comme
régime va sauver les minorités en hors Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez raison. Tout le monde
sait que le régime fédéral pendant 110 ans les a
empêchées totalement de s'assimiler. Tout le monde est au courant
de cela et jusqu'à maintenant, s'il y a eu assimilation, cela
dépend évidemment de nous. Comme tout le monde le sait, le
régime fédéral...
M. Raynauld: II en reste, en tout cas. Il en reste. M. Morin
(Louis-Hébert): II en reste, mais ils ont l'air de trouver qu'ils ne
sont pas beaucoup et ce sont eux-mêmes qui le disent.
M. Alfred: M. le Président, d'ailleurs, l'attitude de M.
Davis l'autre jour... Je suis sûr que l'attitude de M. Davis a
été applaudie chaleureusement par le député
d'Outremont.
M. Guay: Ce que je ne comprends pas, M. le député
d'Outremont, c'est en quoi ce que l'on propose mettrait en danger les
minorités francophones.
M. Raynauld: C'est la problématique...
M. Guay: J'avoue que cela ne m'apparaît pas très
clair.
M. Raynauld: ... que le ministre vient de faire. Vous l'entendez
tellement souvent que vous ne vous apercevez même plus de
l'énormité de l'analyse qu'il fait. Je ne suis pas contre le fait
que le gouvernement du Québec donne de l'argent, quoique lorsque vous
dites: Nous, nous allons donner de l'argent aux autres et ce ne seront pas des
colonies, mais si d'autres donnaient de l'argent à des gens qui sont au
Québec, on aurait vraiment des objections sérieuses...
M. Alfred: Ce n'est pas cela qui a été dit.
Mme Leblanc: Expliquez l'énormité de l'analyse.
Une Voix: Franchement!
M. Raynauld: Oui, c'est cela qu'on a dit. On a dit que, comme les
anglophones étaient relativement riches au Québec...
M. Alfred: Ce qui est démontré par des
études.
M. Raynauld: ... si une autre province pense à aider cette
minorité anglophone au Québec, parce qu'elle est prospère
et plus prospère que les minorités francophones des autres
provinces...
Une Voix: C'est Outremont qui...
M. Raynauld: ... cela est inacceptable, mais c'est
accepté...
M. Alfred: Non, ce sont les francophones du Québec.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! A l'ordre, M. le
député de Papineau!
M. Alfred: La minorité anglophone d'ici est plus riche que
les francophones d'ici.
Mme Leblanc: ...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau! A l'ordre! A l'ordre! La parole est au député
d'Outremont.
M. Morin (Louis-Hébert): Est-ce que je dois... Non.
Le Président (M. Marcoux): Non, la parole est au
député d'Outremont.
M. Raynauld: Mon point principal n'est pas celui-là; mon
point principal porte non pas sur le geste qui est posé, la
décision qui est prise d'aider les minorités francophones des
autres provinces, mais sur la problématique que le ministre vient de
donner, qu'il a présentée comme étant un substitut valable
à la position que son parti a prise quant aux arrangements
constitutionnels dans ce pays.
M. Morin (Louis-Hébert): Ecoutez! M. le
Président...
M. Raynauld: Je dis là-dessus, si vous me permettez de
terminer...
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous permets n'importe quoi,
mais je vais intervenir après.
M. Raynauld: Je n'ai pas d'objection.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez besoin!
M. Raynauld: C'est la liberté ici, j'espère,
encore.
M. Morin (Louis-Hébert): Qu'est-ce que c'est que cela?
M. Raynauld: Si je peux terminer. Je dis que les minorités
francophones hors Québec sont beaucoup plus affectées et beaucoup
plus menacées de disparition si la province de Québec se
sépare du reste du Canada qu'elles ne le sont à
l'Intérieur du système fédéral et que ce n'est pas
$500 000 qui vont dédouaner le gouvernement du Parti
québécois vis-à-vis des minorités francophones hors
Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a une chose évidente
au point de départ: La survie des minorités francophones
dépend de la volonté de survivre de ces minorités
francophones; cela va de soi, premièrement. Deuxièmement, ce
n'est pas le régime fédéral jusqu'à maintenant qui
les a empêchées de s'assimiler, bien au contraire.
Troisièmement, c'est un fait, et vous pouvez le leur demander, que
depuis qu'on a été élu, tout le monde s'occupe davantage
d'elles et elles-mêmes, ces minorités, sont devenues à
cause de cela en partie mais à cause d'elles aussi plus
dynamiques. On en a des preuves tous les jours.
Jusqu'à maintenant, le fait que nous soyons ici a aidé ces
Canadiens français dans les autres provinces à se faire valoir,
à se faire remarquer et peut-être dans certains cas à
espérer avoir un peu de justice.
Alors, je pense que c'est positif jusqu'à maintenant. Si c'est
positif jusqu'à maintenant, je ne vois pas en vertu de quel
raisonnement, compte tenu de l'expérience fédéraliste
jusqu à maintenant qui ne les a pas empêchées de se faire
assimiler, on déduirait nécessairement que l'expérience de
l'avenir est négative. Une fois qu'on aura établi la
souveraineté-association, vous pouvez bien vous imaginer facilement
qu'on aura, dans l'entente qui existera entre le Québec et le Canada,
des dispositions relatives aux minorités francophones à
l'extérieur du Québec, comme peut-être il y en aura
vis-à-vis des minorités anglophones au Québec. J'ajoute
une affaire. Il y a deux provinces au Canada qui ont déjà
voté des lois dont le titre était: "An Act to Abolish the French
Language". C'était l'Ontario et c'était le Manitoba. Cela s'est
fait dans le régime fédéral au tournant du siècle.
Alors, nous autres, nous n'avons jamais pensé à la moitié
du commencement de cela au Québec avec la loi 101 et on s'est fait
davantage "blasté" par tout le monde, parce qu'on essayait un peu de
rétablir une situation qui était devenue, au Québec,
dangereuse, même en ce qui nous concerne, dans certains coins du
Québec. Jusqu'à maintenant, l'expérience a
été positive.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Est-ce que le député d'Outremont serait
d'accord pour dire que si on regarde d'autres minorités
françaises ailleurs dans le monde, sur les minorités
françaises de Suisse et de Belgique se portent d'autant mieux qu'elles
sont collées sur un pays qui s'appelle la France et que s'il n'y avait
pas la France, si par exemple il y avait autre chose, qui ne parlait pas
français à la place ae la France, qu'il n'y aurait pas de
minorité française viable et valable en Belgique et en
Suisse?
M. Raynauld: Là, on touche l'essentiel du problème.
Je ne sais pas si vous avez vu déjà la différence entre
les Suisses qui s'appuient sur la France et des minorités du
Nouveau-Brunswick qui s'appuieraient sur le Québec. Juste à
regarder les tailles relatives et la situation géographique, c'est le
jour et la nuit.
M. Guay: En quoi?
M. Raynauld: Parce qu'il y a six millions de Canadiens
français sur un continent de 250 millions.
M. Guay: On parle du Canada, dans un pays de 22 millions.
M. Raynauld: Là, vous m'apportez un exemple où il y
a une grosse masse de francophones, qui est la France, à
côté d'une petite minorité qui en Suisse ou en Belgique et
qui effectivement s'appuie sur le pays qui s'appelle la France. Mais cela ne
peut pas être le cas ici. C'est bien cela qui est le fond du
problème qu'on a ici, c'est qu'on est dans une situation
géographique où, qu'on aime cela ou qu'on n'aime pas cela...
M. Morin (Louis-Hébert): On est trop petit. On est
condamné à être niaiseux.
M. Raynauld: ... et indépendamment de la politique qu'on
peut avoir, c'est un fait dont il faut tenir compte. Qu'on ne vienne pas me
dire que la minorité du Nouveau-Brunswick va être dans la
situation d'une minorité en Suisse par rapport à la France.
Franchement, ce n'est pas cela le problème.
M. Alfred: M. le Président, est-ce que vous permettez une
question?
M. Raynauld: La grande différence c'est que toute la
province de Québec est une petite minorité dans le continent.
C'est toute la province de Québec. Là, vous m'apportez un exemple
où on a une grosse masse de 52 millions de personnes qui parlent
français en France et qui vont effectivement nourrir des petites
minorités autour.
M. Guay: ... c'est la France...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, j'ai l'impression que le
député d'Outremont oublie une simple réalité. Si on
prend les minorités francophones hors Québec, les plus
importantes sont effectivement collées sur le Québec,
c'est-à-dire les Acadiens et les Franco-Ontariens. Pour ce qui est des
autres minorités francophones hors Québec, ce sont parmi les
groupes francophones hors Québec les plus faibles. Mais les exemples que
donnait le député de Taschereau concernant la Suisse
française ou la Wallonie, finalement, avec la France, pourraient se
prendre également avec L'Acadie et les Franco-Ontariens. Pour ce qui est
de l'exemple que vous avez extrapolé en disant: Vous avez une masse
d'anglophones en Amérique du Nord et "une petite" gang de Canadiens
français ou de Québécois francophones ici au Québec
et d'essayer de comparer cela avec l'Europe, en Europe il n'y a pas deux
groupes linguistiques, il y en a plus que deux. L'important, finalement, c'est
de s'en rendre compte. Je pense que votre chef est d'accord avec cela, qu'il y
a deux nations au Canada et je pense qu'il va peut-être falloir, à
un moment donné, s'en rendre compte. Cela ne fait pas plaisir à
M. Trudeau, et à un certain nombre d'individus, mais il va falloir qu'on
se rende compte qu'à partir de cela...
Le Président (M. Marcoux): Oui, M. le député
de Verchères, continuez.
M. Charbonneau: ... il y a des choses importantes,
c'est-à-dire que chacune des nations doit avoir un territoire national,
doit avoir un foyer, une patrie sur laquelle elle s'appuie si elle veut
continuer d'exister et si elle veut également que ces groupes
minoritaires qui sont issus d'elle puissent également survivre. Il ne
faut pas oublier une chose, cela part des Acadiens, tous les francophones hors
Québec viennent du Québec. Ils sont partis du Québec, ce
sont des Québécois d'origine et dans ce sens... Je vous parle des
Acadiens, je sais que vous n'écoutez pas, mais à part les
Acadiens, tous les francophones hors Québec viennent du Québec.
Ils sont issus du Québec, il y en a 800 000 qui sont partis en moins
d'un siècle à peu près. (21 heures)
M. Raynauld: Puis?
M. Charbonneau: Cela veut dire une chose, que leur foyer
national, leur territoire national, c'est le Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): M. Lesage a dit ça
d'ailleurs. Etes-vous contre ce que M. Lesage a dit? Etes-vous contre le fait
qu'on aide les minorités des autres provinces qui nous le demandent?
C'est ce que je veux savoir.
M. Raynauld: Je ne suis pas contre...
M. Morin (Louis-Hébert): Vous n'aimez pas ça?
M. Raynauld: ... mais je ne veux pas...
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! A l'ordre!
D'abord...
M. Raynauld: Je ne suis pas contre, je l'ai dit, mais...
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse, M. le
député d'Outremont...
M. Raynauld: II m'a posé une question.
Le Président (M. Marcoux): ... il y a eu une
interférence, ça reviendra plus tard. Dans l'ordre, M. le
député de Taschereau, M. le député de Papineau
ensuite. Cela va? M. le député de Papineau, ça va?
M. Alfred: J'allais dire une phrase. Si on suit le raisonnement
du député d'Outremont, on dirait que, d'ici quelques
années, les Québécois s'assimileront à la
communauté anglophone. Si on suit ce raisonnement qu'il a émis
tout à l'heure...
M. Guay: Je prends ce droit de parole que vous m'avez
concédé, pour poser une question au député
d'Outremont, parce que cela m'intrigue profondément. Le parallèle
avec l'Europe, paraît-il, n'est pas bon. Je reconnais que dans tout
parallèle, il y a des nuances à faire, quoiqu'il m'apparaisse
néanmoins valable. Je ne vois pas très bien en quoi un
Québec souverain et pleinement en possession de sa capacité de
développement culturel, économique et social ne serait pas un
poumon pour l'Acadie française et pour l'Ontario français, de la
même façon que la France, de façon analogue, si on veut,
l'est pour la Wallonie et la Suisse française.
Cela étant, et ça, la démonstration n'a pas
été faite, c'est ce qui m'intrigue, vous soutenez depuis
tantôt que le fédéralisme est, au contraire, la solution
à ça. Historiquement, il a été
démontré et le ministre a fait référence
tantôt à quelques dates tragiques et sombres de la façon
dont le fédéralisme a défendu le français ailleurs
au Canada en quoi le fait d'être dans la fédération,
de devoir aller quêter ou revendiquer nos droits culturels ou nos budgets
culturels, en plus de notre développement économique à un
gouvernement d'Ottawa, rend les minorités françaises du
Nouveau-Brunswick et de l'Ontario dans une position plus secure que ce ne
serait le cas si nous étions, nous, au Québec, en pleine
maîtrise de notre développement et pouvant justement contribuer le
plus naturellement du monde, comme un poumon qui respire de l'oxygène,
à la santé et à la survie culturelle de ces groupes qui
sont collés sur nos frontières?
M. Raynauld: La réponse à cette question, M. le
Président, je pense qu'elle est très simple. Je pense que c'est
parce qu'il y avait une densité francophone considérable au
Québec qu'il y a encore des minorités francophones dans les
autres provinces. C'est pour ça.
M. Guay: A partir de là, est-ce que...
M. Raynauld: C'est à cause du fait qu'on avait un
régime fédéral qui permettait à ces francophones du
Québec de renverser des décisions qui ont été
prises dans le passé et qui étaient contre les
intérêts des francophones, cela a été aussi à
cause...
M. Guay: Un cas, un cas, un cas.
M. Charron: Donnez-moi un cas.
M. Alfred: Un cas.
M. Morin (Louis-Hébert): Donnez-moi un cas.
M. Raynauld: Un seul cas, bien quoi.
M. Charron: Nos succès au Manitoba.
M. Guay: En Ontario. Le FRIL, l'Acadie.
M. Alfred: L'Ontario.
M. Charron: Les écoles françaises de l'Ontario en
1917.
M. Raynauld: Ces choses ont été corrigées...
M. Guay: Quand?
M. Raynauld: ... en Ontario, il y a des écoles
françaises...
M. Alfred: Allons donc, mais allons donc!
Lisez donc les rapports, mon cher collègue. 33% seulement des
Franco-Ontariens parlent encore français. Allons donc! Allons donc! Mais
il faut la vérité, quand même, pour tout le monde.
M. Charron: M. le Président, j'ai envie de demander au
député d'Outremont...
M. Raynauld: M. le député, ce n'est pas moi qui
suis le ministre, c'est lui qui est là.
M. Charron: Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Tu t'es embarqué avec des
affaires...
M. Charron: C'est ça.
M. Raynauld: C'est nous qui posons les questions d'habitude
et...
M. Charron: J'ai entendu le député d'Outremont, M.
le Président, sur un projet de loi qui avait été
déféré à une commission dont il est membre, il y a
quelques jours, présenter un amendement pour supprimer le mot "national"
de l'Institut national de productivité. D'ailleurs, la loi vient
d'être sanctionnée par le lieutenant-gouverneur il y a quelques
minutes...
M. Morin (Louis-Hébert): Tu as manqué ton coup.
M. Raynauld: Vous ne m'annoncez rien.
M. Charron: ... et celui-ci voulait supprimer le mot "national".
Comme il a d'ailleurs, à un moment donné, présenté
un amendement pour la Société nationale de l'amiante, cela
l'achalait le mot "national", il a demandé un amendement pour le
supprimer, mais la commission a eu un réflexe différent du sien.
Son collègue de même acabit, le député de
Saint-Laurent, a proposé que le 24 juin soit la fête du
Québec et non pas la fête nationale du Québec.
J'écoutais ça venant d'hommes diplômés,
chromés de diplômes...
Mme Leblanc: La Ligue Nationale.
M. Guay: L'Union Provinciale. Les provinciaux, on ne les a
pas.
M. Charron: Je me suis sérieusement demandé, c'est
peut-être l'occasion d'entamer les crédits proprement dits, M. le
Président, si la pensée constitutionnelle, j'ai presque envie de
dire l'estime qu'il a pour le fait français, en employant le vocabulaire
fédéraliste, le fait français du Canada, ce qu'on appelle
le peuple québécois, si la pensée constitutionnelle du
député d'Outremont atteignait le niveau de celle de John-George
Diefenbaker et s'il reconnaissait l'existence de deux nations dans ce pays dont
il se pourfend d'être le défenseur actuellement.
Est-ce qu'il existe deux nations au Canada? J'ai l'impression
d'être en 1961, M. le Président, en posant cette question. Mais j
essaie de rejoindre le député d Outremont. Est-ce qu'il y a deux
nations au Canada? Pourquoi vous offusquez-vous chaque fois que nous voulons
dire, dans un titre, comme cette Assemblée dont vous êtes membre,
dont vous avez cherché à être membre et dont vous
êtes devenu membre, qui a déjà décidé, il y a
une dizaine d'années, sous un gouvernement très différent
du nôtre, mais avec l'appui unanime de l'Assemblée, je pense, de
s'appeler Assemblée nationale?
Est-ce que vous croyez que nous formons une nation?
M. Raynauld: II y a deux nations au Canada, sur le plan
sociologique, sur le plan économique, sur le plan social.
Mme Leblanc: Culturel.
M. Charron: Quelles sont-elles?
M. Raynauld: Culturel. Francophones et anglophones. Lorsqu'on
arrive sur un plan constitutionnel et politique, à ce moment-là,
c'est discutable, parce que, sur le plan politique et constitutionnel, on
n'emploie pas le mot de la même façon.
Mme Leblanc: La politique, c est quoi?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est quoi? Il faut que tu le
dises. Est-ce qu'il y a deux nations au Canada ou s'il n'y en a pas deux? C'est
ce qu'il a demandé.
M. Raynauld: C'est sur cela que j'ai répondu. Vous n'avez
pas entendu?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, j'ai
écouté.
M. Raynauld: J'ai dit qu'il y en avait deux sur le plan
économique, sur le plan social, sur le plan sociologique et
culturel.
M. Charron: C'est quoi, une nation sur le plan économique,
vous qui êtes bardé de diplômes encore une fois,
là-dessus? C'est quoi une nation sur le plan économique, qui
n'existerait pas sur le plan politique? Vous dites qu'il y en a une sur le plan
sociologique, il y en a une sur le plan économique. Je voudrais bien
voir ce qu'est une nation qui existe sur le plan économique, sans
qu'elle n'existe sur le plan politique.
M. Raynauld: C'est parce que, sur le plan économique, il y
a des réseaux d'information, il y a un univers qui existe et la langue,
c'est le principal obstacle qui existe entre cette société ou
cette nation, parce que, pour moi, la nation, comme je l'ai employée,
c'est la société. C'est cela le vrai mot.
M. Charron: Mais pourquoi appelez-vous la langue un obstacle?
M. Guay: C est quoi un obstacle?
M. Raynauld: C est parce qu'une langue, c'est un moyen de
communication.
M. Charron: Cela ne devrait pas être un obstacle.
M. Raynauld: Si ce n'est pas la même langue que celle du
voisin, cela représente un obstacle. Mais quand j'ai dit obstacle, j'ai
dit en même temps que c'est aussi un élément de
cohésion. Et c est cela qui fait une société. La langue
est un des premiers éléments de cohésion, de formation
d'une société et c'est pour cela que je dis qu'il y a deux
sociétés au Canada.
M. Charron: II y a deux nations?
M. Raynauld: II y a deux sociétés, il y a deux
nations, sauf que...
M. Charron: C'est déjà plus loin que Diefenba-
ker.
M. Raynauld: C'est déjà un peu plus loin. Sauf que,
lorsqu'on arrive sur le plan politique et constitutionnel, à ce
moment-là, je dis que c'est discutable.
M. Morin (Louis-Hébert): Pourquoi?
M. Raynauld: Parce que, sur un plan politique, on ne
définit pas des nations en fonction de communautés, de
sociétés, au sens sociologique, on définit cela en
d'autres termes.
M. Charron: Quels termes? Mme Leblanc: Quels termes?
Le Président (M. Marcoux): Un instant! Il faudrait qu on
revienne aux minorités... Sauf les apparences, on était dedans,
tout en n'étant pas dedans.
M. Morin (Louis-Hébert): II y en a qui sont à
côté complètement.
Le Président (M. Marcoux): Je laissais aller la discussion
parce que nous sommes partis des minorités et cela supposait des choix.
Cela concernait le budget.
M. Morin (Louis-Hébert): Tu vas te caler encore plus.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais revenir...
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais revenir au
sujet.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est du masochisme, en fait.
M. Raynauld: Je voudrais demander au ministre s'il pourrait nous
faire état, en particulier, de décisions de la Cour suprême
du Canada qui ont pu avoir des incidences constitutionnelles importantes au
Québec, en tout cas, des impacts importants au Québec...
M. Morin (Louis-Hébert): Ha! Il ne peut pas mieux
tomber.
M. Raynauld: ... un peu nous faire une revue de la situation. Je
pense que cela est bien dans le sujet.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. Et vous ne pouvez pas mieux
tomber à part cela, parce qu'il y a une affaire que j'ai oublié
de dire cet après-midi. On a une longue étude de je ne sais
combien de pages, qu'on a fait faire, que je vais rendre publique
également, sur la Cour suprême du Canada, et qui démontre
une chose. C'est que, quand même on aurait la majorité des juges
provenant du Québec, formés au droit civil et à tout ce
qu'on veut ce sont des choses que je ne connais pas, je ne suis pas
avocat, ce n'est pas un défaut que j'ai c'est que l'attitude de
la Cour suprême vient, non pas du fait que les Québécois
sont en minorité à l'intérieur, mais que cette Cour
suprême a à interpréter une constitution qui est
centralisatrice. Le défaut vient donc, non pas de la forme ou de la
composition de la Cour suprême, d'après cette étude que je
résume il y a des nuances que je n'ai pas mais de la
constitution canadienne qui nous régit et qui, elle, est
centralisatrice. En conséquence, le défaut est bien plus dans la
constitution que dans la Cour suprême, quoiqu'il soit là
aussi.
Je n'ai pas d'exemple plus précis à donner, mais je
voulais quand même donner en substance une des conclusions de
l'étude dont nous allons rendre avec plaisir les résultats
publics prochainement.
M. Raynauld: Y a-t-il des décisions majeures qui sont
attendues à l'heure actuelle de la Cour suprême et qui
intéressent particulièrement le Québec?
Une Voix: Cela doit. Des Voix: Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): La commission Kea-ble, oui, bien
sûr.
Une Voix: C'est la Cour suprême, cela?
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne sais pas, mais cela va
finir par y rebondir.
M. Morin (Louis-Hébert): Veuillez vous asseoir ici, parce
que je ne suis pas au courant...
M. Charbonneau: II y a une autre étude, je crois aussi,
d'une décision concernant des poursuites en matière de
stupéfiants.
M. Morin (Louis-Hébert): Tenez-vous à avoir une
réponse à cette question?
M. Raynauld: C'est parce que, dans une revue, les principales
activités d'un ministère comme celui des Affaires
intergouvernementales, c'est important de faire le point sur la question.
M. Morin (Louis-Hébert): Je comprend. C'est sûr que
c'est capital, je pense à cela tous les soirs en me couchant.
On tient à jour un tableau des principales causes qui sont venues
devant nos tribunaux au niveau inférieur et même au niveau d'appel
de la Cour suprême qui ont des implications constitutionnelles, de pair
avec le ministère de la Justice; on suit cela de très
près.
Vous parliez de causes récentes. Il y a eu la cause de la
commission Keable qui a été entendue il n'y a pas tellement
longtemps. Encore la semaine dernière, il y avait une cause de l'Alberta
dans laquelle le Québec est intervenu au niveau de la Cour suprême
afin de déterminer si l'administration de la justice ou le pouvoir de
poursuite en matière de stupéfiants relevait des procureurs
généraux des provinces ou pouvait être partagé avec
le Procureur général du Canada. La cause a été
entendue, les jugements ne sont pas sortis. Mais on a un tableau qui suit
constamment l'évolution des causes au niveau des divers tribunaux qui
ont des impacts constitutionnels.
Est-ce que cela répond à votre question?
M. Raynauld: Je ne suis pas un spécialiste de ces
questions. Je vais laisser l'appréciation à des collègues
qui liront le résultat des débats.
M. Morin (Louis-Hébert): Mon Dieu, est-ce une menace, une
annonce ou quoi? Qu'est-ce que c'est? Cela a l'air...
M. Raynauld: Je ne connais rien là-dedans.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela paraît.
M. Raynauld: Le ministre dit bien qu'il n'est pas au courant. Il
le dit.
M. Morin (Louis-Hébert): Oisons donc qu'on va s'entendre,
on ne connaît pas cela ni l'un, ni l'autre. D'accord?
M. Raynauld: Bon.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord, on est kif-kif. Trouvez
donc quelque chose que vous connaissez et on va continuer de discuter.
Ententes fiscales
M. Raynauld: Oui, les ententes fiscales. M. Morin
(Louis-Hébert): Oui.
M. Raynauld: II y a de nouvelles ententes qui ont
été signées le 31 mars 1977.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
M. Raynauld: Le ministre pourrait-il nous faire état de
ces ententes, nous dire un peu combien d'argent est impliqué
là-dedans et est-ce qu'il est satisfait de ces ententes?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, effectivement. Mais
malheureusement vous avez manqué l'occasion qui vous a été
donnée aux crédits du ministère des Finances. Ce sont les
gens du ministère des Finances qui auraient pu vous en parler davantage
que nous. Selon une vieille méthode de discussion relativement aux
crédits du ministère des Affaires intergouvernementales, c'est la
raison pour laquelle on vient pratiquement en dernier, de même que le
Conseil exécutif, pour que vous ayez l'occasion de discuter des
questions sectorielles avec les ministères précédents. A
cet égard, on ne s'est pas préparé
particulièrement.
Mais, si vous voulez, je peux m'engager à vous faire parvenir, si
vous ne l'avez pas déjà il ne faudrait pas
répéter ce que les autres ministères ont
déjà discuté l'état de la question pour ce
qui concerne les ententes fiscales.
M. Raynauld: II y a une entente qui vient d'être
signée sur les services sociaux. On en a parlé aux Affaires
sociales aussi, je suppose?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela ne m'étonnerait pas
que ce soit arrivé.
M. Raynauld: Alors, je n'ai plus de questions.
Le Président (M. Marcoux): S'il n'y a plus de questions
générales, peut-on aborder le programme 1 ? Programme 1, Affaires
fédérales-provinciales et interprovinciales.
Affaires fédérales-provinciales et
interprovinciales
M. Morin (Louis-Hébert): Je propose que ce soit
adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Biron: M. le Président, dans les relations
fédérales-provinciales, il y a des ententes-cadres, je suppose,
qui sont négociées par le ministère des Affaires
intergouvernementales, des ententes-cadres auxiliaires avec le gouvernement
fédéral. Pourrais-je avoir les principales ententes ou les plus
importantes à incidence économique qui ont été
signées au cours des derniers mois? (21 h 15)
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, on va
faire beaucoup mieux. J'ai ici un dossier. Si vous permettez, je voudrais
distribuer aux gens qui sont ici le document que j'ai l'intention de
déposer, dans lequel il y a, effectivement, la liste des ententes
intergouvernementales conclues par le gouvernement du Québec, au cours
de l'exercice financier 1977/78. Vous avez toute la liste. Si vous voulez, je
vais vous la donner maintenant. Vous avez non seulement cela, mais vous avez eu
cet après-midi le rapport annuel du ministère, la liste des
ententes, le calendrier des conférences intergouvernementales, la liste
des principales activités de la direction du protocole, le régime
d'emplois des fonctionnaires du gouvernement en poste dans une
délégation ou un bureau du Québec à
l'extérieur, et certains documents administratifs comme l'organigramme,
le tableau d'effectifs au 1er avril 1978, le tableau comparatif des effectifs
à l'étranger 1977/78 et la prévision pour Tannée
qui vient, le tableau comparatif des crédits pour les deux années
en cause et le tableau d'évolution des dépenses du
ministère des Affaires intergouvernementales. J'ai tout un ensemble de
prêts que j'ai l'insigne honneur de vous faire transmettre à
l'instant même, immédiatement, au moment où je vous parle.
Vous aurez la liste des ententes que vous réclamez. Est-ce qu'on
l'a?
M. Biron: Maintenant qu'on a la liste des ententes que nous
réclamons, est-ce qu'il y a d autres ententes qui sont en voie de
négociation ou seront signées prochainement? Je sais qu'il se
signe chaque semaine de ces ententes, mais est-ce qu'il y en a d'importantes
que vous pourrez nous mentionner, principalement au point de vue
économique?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a une série d
ententes fiscales qui peuvent intervenir après la conférence des
ministres des Finances du début de juillet. On a fait un effort
particulier pour en signer plusieurs. J'ai passé mon temps... J'ai
quasiment des crampes dans les doigts à en signer. D'ailleurs, vous
allez voir que c'est assez impressionnant comme activités
intergouvernementales. Il n'y en a pas de catastrophiquement importantes, si je
peux m'exprimer ainsi, pour les semaines qui viennent. Il y a la formation
professionnelle, mais elle a été renouvelée pour un an. Il
n'y en a pas d'autres à part de cela qui viennent prochainement.
M. Biron: Rapidement, je vois qu'il y en a peut-être 50 ou
60 dans votre liste, en comptant bien rapidement. Est-ce qu'il y a d'autres
bons coups comme cela? Il a des fois que cela ne fonctionne pas, le
fédéralisme...
M. Morin (Louis-Hébert): Ce ne sont pas
nécessairement de bons coups. Il y a des fois qu'on est "poigné"
pour signer. Qu'est-ce que vous voulez que je fasse?
M. Biron: Parfois, cela ne fonctionne pas, le
fédéralisme, il faut critiquer, bien sûr, mais il y a
des fois où cela fonctionne. C'est pour cela que je dois vous
féliciter quand même pour avoir...
Mme Leblanc: Quand cela?
M. Biron: La preuve, c'est le ministre qui vient de la
déposer, qu'il y a une soixantaine d'ententes, bien rapidement, comme
cela, je dois tout simplement vous féliciter, M. le ministre,
là-dessus, et savoir s'il y a d'autres bons coups qui s'en viennent. Je
pense que cela mérite d'être mentionné. Peut-être
qu'on a des bons négociateurs de ce côté de la table et que
cela fait en sorte, finalement, qu'on peut s'entendre quelque part.
M. Morin (Louis-Hébert): II ne faudrait quand même
pas tirer des conclusions hâtives. Ce n'est pas parce qu'il y a beaucoup
d'ententes que cela va nécessairement bien. Je pense que tout le monde
serait d'accord là-dessus. Ce n'est pas nécessairement parce
qu'il y a beaucoup d'ententes qu'on est toujours satisfait. Je voudrais finir
de parler, et, après cela, vous ferez des commentaires, pertinents ou
non. Troisièmement, je voudrais ajouter, et c'est justement à
l'adresse de mon honorable ami, le député d'Outremont, qu'en
application de la politique que nous avons décidé de suivre comme
gouvernement, comme bon et vrai gouvernement, comme vous vous acharnez à
dire que nous le sommes, et je suis d'accord avec vous pour reconnaître
que nous le sommes, nous respectons les règles du jeu du système
actuel. C'est la résultante dans la liste d'ententes que vous avez. On
ne se traîne pas les pieds pour les ententes. On va chercher tout
l'argent qui nous revient. On ne s'inquiète pas. On sait que le
gouvernement fédéral, chaque fois qu'il y a une entente, va se
faire un point d'honneur et un point politique d'en dévoiler la teneur,
l'ampleur, la portée et les conséquences auprès de la
population reconnaissante du Québec. Il y en a beaucoup. Il n'y en a pas
de terriblement importantes qui s'en viennent prochainement, que je sache.
M. Biron: Maintenant, il y a une autre question sur d'autres
ententes interprovinciales, à la suite de la conférence au New
Hampshire, entre les premiers ministres des provinces canadiennes et les
gouverneurs des Etats de la Nouvelle-Angleterre. Est-ce qu'il y a des gestes
concrets qui seront posés par les gouvernements qui étaient
représentés là, et principalement, avec les provinces de
l'Est?
M. Morin (Louis-Hébert): On l'espère bien. Il y a
eu une proposition qui a été faite par le premier ministre, dont
je n'ai pas le texte ici. J'ai simplement oublié de l'apporter, mais
elle est dans le journal aujourd'hui, ce n'est pas un secret d'Etat, sur les
questions relatives au pétrole. On a une surcapacité au
Québec. On a déjà des raffineries. Les Etats de l'Est
américain ont besoin de pétrole raffiné. Les raffineries
aux Etats-Unis sont dans l'Etat du New Jersey, c'est-à-dire beaucoup
plus loin que les nôtres le sont de ces Etats, sans compter les provinces
maritimes. Alors, on s'est dit qu'il y a peut-être du pétrole
qu'on pourrait raffiner ici pour le leur retourner. Cela a eu l'air de frapper
les gens de là-bas comme étant une proposition émanant du
bon sens le plus élémentaire, d'où une résolution
dont je n'ai pas le texte, encore une fois, mais qui vise justement à
concrétiser cette sorte de collaboration entre ces diverses provinces et
Etats.
Maintenant, qu'est-ce que ça va donner concrètement, au
moment où je vous parle? Ecoutez! On vient de décider hier que
cela aurait du bon sens. Ce n'est pas parce que le Québec trouve que
quelque chose a du bon sens que le gouvernement fédéral va avoir
la même opinion. Alors on attend, mais tout le monde est commis
les onze gouvernements qui étaient là à trouver que
c'était une idée qui avait de l'allure.
M. Biron: D'accord. Il y a le prétrole; je pense que c'est
une idée...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ça.
M. Biron: ... qui a de l'allure. L'électricité
aussi...
M. Morin (Louis-Hébert): II y a de...
M. Biron: ... qu'on peut vendre aux Etats de la
Nouvelle-Angleterre...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est exact.
M. Biron: ... mais qu'on peut peut-être vendre à la
Nouvelle-Ecosse, à l'Ile-du-Prince-Edouard ou à Terre-Neuve.
M. Morin (Louis-Hébert): Elles avaient l'air
intéressées.
M. Biron: Est-ce qu'il y a d'autres ententes possibles ou
d'autres commerces qu'on peut faire avec ces gens-là?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, il y a une série de
mini-ententes à cause de leur nature un peu concrète et terre
à terre, mais quand même importante. On me rappelle qu'il y a des
ententes possibles sur la lutte à la tordeuse de bourgeons. D'un autre
côté, on s'est dit hier: Peut-être qu'elles sont en train de
mourir toutes seules, les tordeu-ses de bourgeons, parce que le "peak " de
l'attaque concertée contre le continent nord-américain a eu lieu
en 1975. Alors, cela a l'air de s'en aller tout seul. En tout cas, on s'entend
pour trouver que c'est mauvais et on va les tuer.
Ensuite, une entente possible, bien que pas encore
déterminée, d'échanges de fonctionnaires entre les Etats
et les provinces. Je dis possibles, mais non encore déterminées,
parce qu'on ne voudrait pas qu'il se crée entre les deux une structure
bureaucratique destinée à favoriser des échanges sans que
lesdits échanges aient lieu. Alors, on fait attention, mais disons que
le principe a été reconnu.
Entente, à part ça, sur quoi? Le tourisme, ah oui! Un
projet très intéressant. Des trajets historiques de tourisme, qui
touchent autant la Nouvelle-Angleterre que le Québec, pourraient
être vendus à des grossistes en tourisme qui favoriseraient des
déplacements d'Américains vers le Québec et inversement,
des Québécois vers les Etats-Unis.
On a parlé aussi de l'assurance automobile. Ce n'est pas une
entente proprement dite, mais c'était important de faire connaître
à ce monde-là que le régime d'assurance automobile
là, je ne veux pas commencer de discussion sur le fond de l'assurance
automobile; disons que je raconte des faits que ce régime
améliore quand même une situation qui était moins bonne
avant. On leur a expliqué que, contrairement à certaines craintes
que ces gens-là pouvaient avoir, ils étaient mieux
protégés au Québec maintenant qu'ils ne l'étaient
avant, selon l'ancien système. On leur a expliqué ça. On
leur a distribué des papiers et ils ont eu l'air de trouver que cela
avait de l'allure.
Maintenant, ce n'est pas une entente. On est disposé parce qu'un
Etat, le Massachusetts, a une sorte de régime partiel de "no fault "
comme le nôtre. Alors, le gouverneur m'a dit qu'il était
intéressé à savoir un peu ce qu'on faisait au
Québec et il va peut-être y avoir des rencontres entre
fonctionnaires.
C'est ça. Tout ça hier matin et ce matin.
M. Raynauld: M. le Président, j'avais des questions un peu
plus particulières...
Le Président (M. Marcoux): Sur l'élément 1:
Relations fédérales-provinciales et interprovinciales?
M. Raynauld: Oui.
Le Président (M. Marcoux): C'est sur le programme?
M. Raynauld: Oui, sur le programme.
M. Morin (Louis-Hébert): II faut que ce soit dans le
sujet.
M. Raynauld: Oui, je pense. Si ce n'est pas dans le sujet, le
président pourra toujours me corriger.
Je voulais avoir des informations sur la suite qui a été
donnée aux conférences et sur l'absence de conférence sur
les banques.
M. Morin (Louis-Hébert): Sur les?
M. Raynauld: Les banques. Il y a eu une conférence
fédérale-provinciale des premiers ministres qui n'est pas revenue
sur la Loi des banques. Il y a une révision de la Loi des banques; il y
avait eu une position commune des provinces en 1976 ou 1977 et je voudrais
savoir s'il s'est produit quelque chose depuis ce temps-là.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord, vous allez avoir une
réponse.
C'est simplement qu'il y a eu une position commune des provinces contre
certains aspects de la nouvelle Loi des banques ou des modifications
substantielles à la Loi des banques qui avait été
déposée à Ottawa par le gouvernement
fédéral.
Depuis lors, il y a à peine quelques semaines, le gouvernement
fédéral a annoncé une nouvelle politique à cet
égard. Il a décidé d'enlever de son projet de loi
certaines dispositions qui pouvaient être particulièrement mal
perçues et avoir des effets nocifs sur nos caisses populaires ou nos
caisses d'économie, nos caisses d'établissement, etc. J'ai cru
comprendre, si ma mémoire est bonne, que ces amendements avaient
été relativement bien accueillis par les milieux
concernés.
Les nouvelles propositions fédérales font l'objet
d'études présentement au ministère en coopération
avec le ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières ainsi qu'avec le ministère des Finances, afin de
savoir quelle position finale nous allons prendre quant aux nouvelles
propositions fédérales.
M. Raynauld: Merci. Sur le plan de l'énergie, qui est
l'élément suivant dans le rapport annuel du ministère, la
dernière décision prise au sujet de l'énergie, du prix du
pétrole, a été la hausse de $4 dans le prix du
pétrole, répartie sur deux ans. Je voudrais savoir si on est
rendu au prix international, s'il y a encore une subvention dont le
Québec bénéficie à l'heure actuelle au titre du
prix du pétrole ou si c'est terminé.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense qu'on n'a pas encore
atteint le niveau du prix international, mais qu'on est en train de s'en
rapprocher par la mise en application du programme qui avait été
arrêté d'un commun accord entre le gouvernement
fédéral et les provinces il y a quelque temps. Si ma
mémoire est bonne, on n'en est pas encore rendu au prix
international.
M. Raynauld: II faudrait arrêter en 1978 ou en 1980?
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne me souviens de la date
à laquelle cela se termine, mais je pense qu'on n'est pas encore
arrivé.
M. Raynauld: Quelle est la somme que le gouvernement du
Québec reçoit cette année à ce sujet?
M. Morin (Louis-Hébert): Ce sont des questions qu'il
aurait fallu poser au moment des transferts intergouvernementaux aux
crédits du ministère des Finances. On se répartit la
tâche; on n'est quand même pas pour prendre l'ensemble des
responsabilités de l'Etat québécois et discuter cela ici
ce soir.
M. Raynauld: Si ce n'est pas pertinent, pourquoi en parlez-vous
dans le rapport annuel?
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas dit que ce
n'était pas pertinent. Je dis qu'il y a une répartition
des fonctions entre ministères et ce n'est pas nous qui
administrons les sommes qui sont ainsi versées. C'est sûr que si
vous voulez des renseignements adéquats, complets, définitifs,
ultimes et clairs à ce sujet, on va vous les faire parvenir avec un
plaisir évident dans la journée de demain. Mais je veux dire
qu'on n'a pas vraiment apporté l'ensemble des activités
gouvernementales ici.
M. Raynauld: Comme question précise, quelle est la
somme...
M. Morin (Louis-Hébert): D'ailleurs, c'est dans le budget
du gouvernement du Québec.
M. Raynauld: ... qui, au titre de l'harmonisation je
suppose, c'est de la façon dont on appelle cela des prix du
pétrole.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
M. Raynauld: A ma connaissance, ce n'est pas dans le discours du
budget ni dans les crédits; je ne l'y ai pas vu.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est dans les revenus du
gouvernement du Québec. C'est nécessairement dans les
revenus.
M. Raynauld: Maintenant, dans le développement
régional, y a-t-il des développement depuis... On dit ici, dans
le rapport annuel, qu'à la suite de la rencontre de deux ministres, le
ministre québécois et le ministre fédéral, en 1978,
le gouvernement du Québec a soumis des propositions de $501 millions sur
quatre ans. Je voudrais avoir un peu de détails sur cette proposition et
ce qu'il en est advenu, si c'est possible.
M. Morin (Louis-Hébert): Sur laquelle?
M. Raynauld: Sur la proposition de $501 millions qui a
été faite dans le cadre du développement régional,
je suppose, puisque c'est dans ce chapitre-là.
M. Morin (Louis-Hébert): Le ministère d'Etat au
développement régional.
M. Raynauld: Elle aurait été faire le 18
février 1978.
M. Morin (Louis-Hébert): Puis-je vous dire une chose
à ce sujet? En vertu d'une entente entre les ministères, je ne
sais pas si vous êtes dans ce comité-là mais quand
arriveront les crédits de l'OPDQ, c'est l'endroit parfait pour poser la
question. C'est lui qui utilise ces sommes. Ce n'est pas parce qu'on veut
esquiver la question; c'est parce que c'est lui qui va y répondre.
A toutes fins utiles, tout le gouvernement du Québec passe par
notre ministère. Il ne faut pas nous donner plus d'importance qu'on en
a; il faut bien reconnaître les choses telles qu'elles sont. D'un autre
côté, on ne peut quand même pas être responsable de
l'administration de sommes qui sont affectées à des fins
précises et relevant de la responsabilité de divers
ministères. Tout ce que vous avez ici dans le rapport annuel, vous
remarquerez que cela comporte un ou deux paragraphes au maximum par sujet qui,
eux-mêmes, sont pratiquement pour des ministères complets. Alors,
ce ne sont que des allusions faites à des activités
gouvernementales. C'est une sorte de "bird's eye view" des relations
intergouvernementales dans ce secteur. On n'a pas voulu aller dans tous les
détails. On veut garder ici ce qui est spécifique au
ministère et dont nous sommes les seuls à pouvoir discuter. Cela
vaut pour l'ensemble des activités que vous avez, sauf une, qui est
l'Office franco-québécois pour la jeunesse, qu'il va falloir
aborder, parce que celle-là est immédiatement reliée au
ministère. (21 h 30)
Sur l'habitation, puisque vous regardez cela, vous savez qu'il y a une
conférence au moment où on se parle ou au cours des jours qui
viennent. C'est une question importante et M. Tardif, en Chambre, a fait une
évaluation des positions québécoises. De l'administration
de la justice, on attend toujours les sommes fédérales pour
l'administration de la Sûreté du Québec, ce que nous
n'avons pas reçu, parce que nous n'avons pas la Gendarmerie royale,
enfin, nous n'avons pas d'une certaine façon la Gendarmerie royale du
Canada au Québec.
M. Guay: On l'a quand même.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
de...
M. Raynauld: Sur ce dernier point, M. le Président, j'ai
cru comprendre qu'il y avait eu un développement de ce
côté-là. Est-ce que vous n'avez pas eu l'appui de la
province d'Ontario sur ce sujet-là?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela fait longtemps qu'on a
l'appui de l'Ontario qui est exactement, à cet égard-là...
M. le sous-ministre, qui était anciennement sous-ministre de la Justice,
est extraordi-nairement bien placé pour parler de l'appui de l'Ontario;
effectivement, c'est la même situation en Ontario et au Québec. Le
fédéral nous doit pas mal d'argent. C'est injuste, cette
situation. Je suis sûr que vous êtes d'accord avec moi
là-dessus. Qui ne dit mot consent.
M. Raynauld: You cannot have your cake and eat it too.
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant, c'est une
réclamation de l'ancien ministre de la Justice...
M. Raynauld: Je le sais.
M. Morin (Louis-Hébert): ... qui, pour autant que je
sache, a été un bout de temps dans le parti auquel vous
appartenez maintenant.
M. Raynauld: Je serais bien d'accord là-dessus, à
condition que si c'est le gouvernement
fédéral qui paie, c'est le gouvernement
fédéral qui va prendre tes décisions.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah bon! C'est cela. En
somme...
M. Raynauld: C'est cela le problème. C'est cela le
contentieux, je suppose.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, c'est pas cela le
problème, c'est un remboursement pour des choses qu'on fait
nous-mêmes.
M. Guay: L'"opting out", cela remonte à un certain nombre
d'années, mais cela a déjà existé.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela veut dire, à ce
moment-là, que le gouvernement fédéral devrait se
mêler de choses qui ne le regardent pas sous prétexte qu'il a
accaparé des sommes qui ne lui revenaient pas.
M. Raynauld: De la même façon que le Québec
veut absolument avoir une présence internationale.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais on le fait à
l'intérieur de nos domaines de compétence en respectant
scrupuleusement les attributions fédérales en cette
matière. On ne s'entend pas toujours sur ce qui est attribution
fédérale, d'accord, mais...
M. Raynauld: Non, parce que c'est là qu'est tout le
problème. En tout cas, je n'ai plus de questions.
Le Président (M. Marcoux): M. le chef de l'Union
Nationale? Alors, programme 1, élément 1; élément
1, adopté?
M. Biron: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Elément 2,
adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Affaires internationales
Le Président (M. Marcoux): Programme 2, affaires
internationales. Deux éléments, relations internationales et
coopération internationale.
M. Morin (Louis-Hébert): Dans les relations
internationales, il s'agit là des bureaux et délégations
que nous avons à l'étranger, de même que des
activités reliées à cela et, dans la coopération
internationale, il s'agit de programmes d'échange, notamment avec
l'étranger. Un des programmes de coopération internationale
important est l'Office franco-québécois pour la jeunesse.
Le Président (M. Marcoux): Cela sera au programme 3.
M. Morin (Louis-Hébert): Je le mentionne pour qu'on ne se
mêle pas les pieds. Il va venir après.
Le Président (M. Marcoux): M. le chef de l'Union
nationale.
M. Biron: Je voudrais savoir du ministre le bilan, si c'est
possible, rapidement quand même, maison par maison, du Québec
à l'étranger. Quelles sont celles qui sont rodées et qui
fonctionnent à son goût et quelles sont celles qui, quand
même, on encore besoin d'un certain rodage?
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais vous répondre
franchement là-dessus; je pense que je ne répondrai pas à
la question et je vais vous dire pourquoi.
M. Biron: Vous allez me répondre que vous ne
répondrez pas.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je vais vous dire pourquoi.
Je pense que tout le monde va être d'accord. Si je me mets à dire:
La maison ou la délégation du Québec qu'on a à tel
endroit marche admirablement; l'autre ne vaut rien, ce n'est pas
particulièrement stimulant et motivant pour le monde qui est là.
J'aime autant qu'on règle, et c'est normal, les problèmes
administratifs du ministère à l'intérieur du
ministère, plutôt que d'en faire état publiquement, et je
n'aimerais pas distribuer des prix ou, au contraire, des blâmes ici et
là. Il y a des choses qui vont parfaitement bien, comme dans n'importe
quelle organisation, et des choses qui vont moins bien, encore que, dans
l'ensemble, je pense que le ministère est passablement efficace. Mais il
peut y avoir des bureaux ou des délégations qui, étant
plus nouveaux ou encore ayant peut-être été moins suivis
pour diverses raisons que d'autres, ou plus loin, ne correspondent pas
exactement à ce que nous souhaiterions, mais j'aimerais mieux ne pas le
dire publiquement. Je pense que vous allez être d'accord sur cela. Si
jamais on fait des choses terribles ou qu'on a une négligence
caractérisée, je suis certain que votre sens du devoir public va
nous rappeler à l'ordre et que vous nous le ferez savoir à cette
époque-là, mais, pour le moment, il n'y a aucun drame nulle part,
que nous sachions. S'il y en a, on n'est pas au courant.
M. Biron: Est-ce qu'il y a eu des changements d'orientation dans
certaines délégations depuis que vous êtes là?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a eu des changements de
personnel en maudit, en tout cas.
M. Biron: Est-ce que les changements de personnel se sont
traduits par un changement d'orientation ou est-ce que c'est une
volonté, de la part du ministère, de changer l'orientation de
certaines maisons qui étaient peut-être, dans le passé,
trop orientées sur la culture, et vous avez
voulu les orienter sur l'économie ou le marketing ou quelque
chose comme ça?
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas
nécessairement mauvais, la culture^ce n'est pas nécessairement
bon, le marketing. Il y a des nuances à faire. On a voulu,
essentiellement, tenir compte du fait que les Québécois, par les
ministères, dépensaient plusieurs centaines de milliers et
même de millions de dollars là-dedans et on a voulu que ce soit le
plus efficace possible. On a établi une politique que nous suivons et en
vertu de laquelle le personnel ne reste pas de façon permanente à
l'étranger. On a donc été amené, à cause de
ça, au moment où je suis arrivé au ministère, dans
les mois qui ont suivi, à rapatrier au Québec des gens qui
avaient été, pendant très longtemps à
l'étranger, peut-être même dans certains cas pendant trop
longtemps, et pour leur bien même, d'ailleurs, il fallait le faire.
Alors, il y a une politique de mutation, il y a une politique aussi de
rodage. Cela ne date pas de nous, ça date quand même des
gouvernements antérieurs, c'est tout un métier que les relations
internationales et nous sommes en train de l'apprendre ensemble,
tranquillement, au Québec. Il est sûr qu'on ne peut pas avoir, je
ne voudrais pas qu'on l'ait d'ailleurs, comme nous sommes une province, un
réseau complet, à toutes fins utiles, de miniambassades dans
l'ensemble de l'humanité. Ce n'est pas notre objectif. Seulement, on
veut que celles que nous avons correspondent le mieux aux besoins
québécois.
Parfois, comme je l'ai dit cet après-midi, ce sera sur la culture
que sera l'accent et parfois, ce sera le... Je vais donner un exemple concret.
A Atlanta, en Géorgie, on ne s'attend pas que le
délégué du Québec fasse un immense effort culturel.
Ce n'est pas son rôle, cela va de soi, ce n'est pas l'endroit pour
ça. Par ailleurs, c'est curieux, au Japon, il peut y avoir un
intérêt culturel plus marqué qu'à Atlanta ou qu'en
France. Cela n'exclut pas le reste. Cela dépend un peu, c'est une
panoplie d'instruments pour le Québec et on les adapte au pays où
nous sommes pour en retirer le plus d'avantages possible pour les
Québécois.
Je me rends compte qu'en vous répondant comme ça, ce sont
plutôt des réponses générales et vagues, mais c'est
vraiment notre préoccupation. Parfois, on est content de ce que ces gens
font et, quelquefois, je suis moins content. Mais je n'aimerais pas distribuer
des médailles, des images, des anges, des petits diables, des
étoiles rouges ou des étoiles dorées publiquement. Je
pense que vous êtes d'accord.
M. Biron: A travers l'orientation que vous donnez à nos
délégations à l'extérieur, est-ce qu'il y aura une
certaine revalorisation pour les industries culturelles
québécoises? On l'a vu, en particulier dans le livre blanc sur la
culture, c'est un point qui m'a frappé...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ça.
M. Biron: ... où on voulait que ça devienne
rentable, la culture.
M. Morin (Louis-Hébert): Très important. Il y a
beaucoup à faire de ce côté, du côté des
disques, des livres, des chansons, des arts, tout ça, qui a
été je ne dirais pas négligé, mais moins
remarqué dans le passé que nous avons l'intention de faire. C'est
véritablement une industrie, une multitude de petites entreprises qui
méritent absolument d'être encouragées et, là, je
dois dire que nos délégations ont comme mandat de mettre de
l'avant les industries culturelles québécoises et, très
curieusement, notamment aux Etats-Unis, parce qu'ils sont plus proches de nous
et que c'est peut-être plus facile à faire.
Mais je réponds carrément oui à votre question.
M. Biron: Maintenant, quels sont les critères de
nomination ou de choix des représentants du Québec à
l'étranger?
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis content que vous me
posiez cette question et j'ai hâte qu'il en arrive une autre sur le
patronage, on va tout régler ensemble. Essentiellement, un
critère, la compétence, et, dans certains cas, parce que c'est
quand même important, l'expérience. C'est véritablement
ça qui, dans l'ensemble du ministère, a guidé nos
nominations. Je pense que, dans la très grande majorité des cas,
les choix que nous avons faits ont correspondu à nos attentes.
Je dois aussi reconnaître que c'est normal dans n'importe quelle
organisation et ce n'est pas nécessairement parfait partout, mais si je
vous disais que c'est parfait partout, vous auriez des raisons de mettre en
doute ma parole, parce qu'il n'y a rien de parfait partout, mais, dans
l'ensemble, c'est essentiellement la compétence et l'adéquation
entre la personne et le milieu où elle doit s'insérer. Il y a des
gens qu'on va envoyer avec aisance, je ne sais pas, dans des villes
américaines, qu'on n'enverra pas en Belgique ou au Japon, et
inversement.
Ce n'est pas facile. Je vous avoue que, quand il s'agit de
découvrir qui doit faire quoi et où, il y a bien des
possibilités qu'on se trompe, mais, jusqu'à maintenant, notre
moyenne au bâton n'est pas mal, même très bien.
M. Biron: Est-ce qu'à travers vos critères de
compétence, il y a aussi l'acceptation de la philosophie politique du
Parti québécois?
M. Morin (Louis-Hébert): A aucun moment, on n'a jamais
posé cette question à qui que ce soit de nos
délégués, de nos représentants à
l'étranger. On ne demande à aucun d'entre eux de diffuser
l'idéologie dans le sens politique du terme du
gouvernement. Mais on leur demande, par exemple, de représenter le
gouvernement du Québec tel qu'il est et que, lorsqu'on leur pose des
questions sur ce que nous sommes, de répondre d'une façon qui ne
soit pas négative. Ils sont nos ambassadeurs dans le sens le plus large
du terme et on s'attend que leur intervention à l'étranger soit
bénéfique pour le gouvernement du Québec, donc, pour le
Québec en général.
Ils n'ont pas de tâche partisane, ils ont une tâche
politique, carrément, comme d'ailleurs ont une tâche politique les
représentants de n'importe quel pays à l'étranger. J'ai
même dit, pour tout de suite préciser, que la vue des
représentants du Québec à l'étranger qui
consisterait à croire que M. X, Mme Y ou M. Z s'occupent de questions
seulement techniques et qu'ils ne répondent pas à des questions
politiques, cette façon de voir les choses, cette vue de la
réalité est une vue faussée, parce qu'ils ont un
rôle politique à l'étranger, mais politique dans le sens le
plus élevé du terme, pas dans le sens partisan.
Alors, le représentant du Québec qui est à Chicago
ou à Tokyo on a seize bureaux à qui on pose des
questions sur la politique québécoise en matière de langue
ou sur n'importe quelle autre politique, sur le livre blanc qui vient de
sortir, sur l'amiante ou sur Dieu sait quoi, est obligé, pour faire son
devoir, de répondre adéquatement et de répondre à
la question que les gens lui posent. Il ne fait pas son devoir s'il
répond que ces questions sont d'ordre politique et qu'elles ne
relèvent pas de lui. A ce moment-là, il n'accomplit pas sa
fonction.
On le leur a dit. Je le leur ai dit carrément la première
fois que je les ai vus l'année passée, au mois de janvier. Je
m'attendais qu'ils remplissent une fonction politique, mais pas une fonction
partisane.
M. Biron: Est-ce que vos représentants à
l'étranger sont assurés de leur emploi? Est-ce qu'ils sont
à contrat pour un an, deux ans ou trois ans ou sont-ils
véritablement membres de la fonction publique
québécoise?
M. Morin (Louis-Hébert): Les délégués
généraux sont nommés; il y en a quatre. On a quinze ou
seize bureaux à l'étranger. Il y a quatre
délégations générales, il y a quatre
délégués généraux qui, eux, sont
nommés par arrêtés en conseil. Comme vous le savez, celui
qui était en Belgique, M. Deschamps, a été nommé en
France; on a pris un fonctionnaire du Québec, qui était
déjà un employé permanent, pour le nommer à
Londres, M. Loiselle; M. Patry a été pendant des années
sous-ministre de l'Immigration et est maintenant en Belgique; et M. Bergeron,
qui est délégué général du Québec
à New York, était sous-ministre adjoint au ministère de
l'Industrie et du Commerce. C'étaient déjà des gens qui
étaient dans la machine ici. Nous n'avons pas, jusqu'à
maintenant, choisi de personnes à l'extérieur de la fonction
publique du Québec pour ces postes. J'ai voulu, dans la mesure du
possible, aller chercher du monde ici plutôt que de découvrir des
génies importés venant de divers milieux à
l'extérieur de la fonction publique du Québec.
Ces quatre-là sont nommés par arrêtés en
conseil. Les autres, ce sont des fonctionnaires du gouvernement du
Québec, qui partent pour trois ans, qui reviennent et qui retombent dans
leur ministère. Il y en a peut-être ici qui ont déjà
été à I'étranger.
C'est cela. De temps en temps, on a besoin de personnel recruté
localement, comme on l'appelle. Au lieu de faire venir une secrétaire ou
un chauffeur du Québec, de lui payer des allocations pour s en aller
là-bas, un voyage, sa famille et un tas de complications, on emploie
quelqu'un localement au salaire versé à l'endroit où il se
trouve, ce qui est beaucoup plus économique.
M. Biron: Sans garantie d'emploi? Sans faire partie de la
fonction publique québécoise?
M. Morin (Louis-Hébert): Là, c'est un contrat. Il y
a un cas où c'est un délégué, ce n'est pas un
délégué général. Je le mentionne quand
même. Les autres, ce sont des délégués. Je reviens
aux patrons des délégations.
Les délégués généraux, il y en a
quatre, soit à Paris, Londres, Bruxelles et New York. Les autres sont
des délégués du Québec. Ce sont tous des
fonctionnaires. Il y en a un qui est à contrat. C'est M. Moorse qui est
à Atlanta, qui était autrefois à notre bureau de Toronto,
qui est à la veille de prendre sa retraite et qui a accepté de
travailler pour nous pendant une période que j'oublie comme contractuel.
Celui qui l'a remplacé à Toronto est l'ancien directeur
général des relations fédérales-provinciales de
notre ministère; donc, un autre fonctionnaire.
M. Biron: Est-ce que ces représentants à
I'étranger ont droit à des dépenses illimitées ou
les dépenses sont-elles contrôlées jusqu'à un
certain point par le ministère à Québec?
M. Morin (Louis-Hébert): On vous a distribué un peu
en prévision de cette question le règlement. C'est le dernier
document que vous avez. Le titre exact est: Le règlement applicable aux
fonctionnaires du Québec à l'étranger.
Ils n'ont certainement pas droit à un compte de dépenses
illimitées. En tout cas, vous pourrez leur en parler la prochaine fois
que vous les verrez. Ils ont plutôt l'impression d'avoir droit à
un compte de dépenses très limitées.
M. Biron: Si vous avez fait un règlement, est-ce que c'est
parce qu'il y avait eu des abus dans le passé?
M. Morin (Louis-Hébert): Non. Vous savez, un gouvernement,
n'importe quel au monde, sa première ambition, c'est de faire des
règlements. Il faut toujours se méfier. Les gouvernements en font
trop. (21 h 45)
Dans ces cas-là, il en fallait. On a une série, comme
celle que vous avez, où vous allez retrouver à peu près
toutes les situations possibles. Malgré cela, il doit y en avoir qui ne
sont pas prévues. On ne les connaît pas. On fera d'autres
règlements pour celles qui manqueront. Ne vous inquiétez pas, il
y a des gens pour cela.
M. Biron: A travers vos dépenses maintenant, vous avez une
augmentation de $1 400 000 à la catégorie Services,
éléments 1 et 2 ensemble, et
vous avez une diminution à la catégorie Fournitures, de
S630 000. Y a-t-il des explications ou des changements?
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez, dans votre dossier,
une série d'explications. Peut-être que celle-là n'y est
pas, mais on va vérifier.
Le deuxième document que vous avez je pense, comporte les
explications quant aux hausses. On va vous répondre. Quelle est la
question?
M. Biron: Si vous nous aviez donné le dossier hier, on
aurait peut-être pu prendre connaissance de cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Hier, j'étais sur le gazon
de l'hôtel à Whitefield.
Pour les affaires internationales, aux deux éléments mis
ensemble à la catégorie Services, pour 1977/78, il y avait $5 149
000; pour 1978/79, il y a $6 570 000, pour une variation de $1 420 000 qui est
due aux facteurs suivants: embauche de recrutés locaux, pour S425 200,
contractuels ACDI, S935 800 ces contractuels ACDI nous sont
remboursés cependant par l'ACDI à 15% des dépenses que
nous faisons, mais ce n'est pas comptabilisé comme revenus au
ministère des Affaires intergouvernementales, c'est versé au
fonds consolidé du Revenu, mais, lorsqu'on fait la dépense, il
faut quand même avoir un poste budgétaire à cette fin
d'autres contrats de services, $59 300.
M. Biron: A l'autre catégorie, Fournitures, c'est un gain.
J'apprécie quand même cela, mais vous avez diminué de S630
000.
M. Morin (Louis-Hébert): Exactement.
M. Biron: C'est un montant énorme de diminution. Y a-t-il
une raison?
M. Morin (Louis-Hébert): II y en a deux, une diminution
d'abord de $105 000 qui est un ajustement pour tenir compte du niveau des
dépenses de l'année dernière. En d'autres termes, on avait
budgétisé trop l'année passée par rapport aux
dépenses réelles de sorte qu'on s'est repris cette année
en tentant de s'ajuster au niveau normal de la dépense. Il y a
également une réduction de S525 000 qui est due aux achats de
fournitures dans le cadre de projets ACDI-MAI, la facturation directe à
l'ACDI, contrairement aux années antérieures. Auparavant, pour
ces fournitures, on facturait le ministère et ensuite on se faisait
rembourser par l'ACDI. Présentement, pour ces fournitures, il y a une
facturation directement à l'ACDI. C'est ce qui explique la diminution du
montant.
En somme, quand il y a des diminutions de dépenses dans les
gouvernements, c'est parce que ou bien il y a un accident ou une erreur
antérieure qu'on vient de corriger. Je n'ai pas encore beaucoup
d'exemples d'autres sources d'économie.
M. Biron: Je remarque aussi que votre personnel a augmenté
de 21 personnes.
M. Morin (Louis-Hébert): Presque rien. Non, il n'a pas
augmenté, il est prévu. On va expliquer cela. Ce sont des postes
prévus et on vous dira exactement où c'est. Vous avez une liste
d'ailleurs, si je ne me trompe pas. Non, ils n'en ont pas.
On va quand même vous... Quelle est la question? L'augmentation de
21 postes...
M. Biron: $1 600 000 pour 21 personnes.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord.
Il y a eu des crédits additionnels qui nous ont été
accordés pour l'ouverture de maisons, éventuellement en Afrique
et possiblement en Amérique du Sud, de sorte que les postes qui sont
prévus au budget pour le prochain exercice financier sont en vue
d'être affectés, en partie, dans ces maisons-là.
Comme on a un succès boeuf pour l'ouverture d'une maison en
Afrique, ou d'une délégation, le personnel nouveau n'a pas
été employé et il ne le sera pas vite, d'après ce
qu'on peut voir.
M. Biron: Y avait-il un pays de déterminé en
Amérique du Sud?
M. Morin (Louis-Hébert): On est en train de regarder cela.
Si vous avez des suggestions à nous faire... C'était un continent
qu'on avait un peu négligé dans le passé, qui est quand
même plein d'avenir. Il y a des populations croissantes et il y a des
pays là-dedans, quand même, qui sont en voie d'industrialisation
rapide. On a tout avantage à être présent. On regarde
actuellement où ce serait le plus commode d'être, mais je ne peux
pas dire, il n'y a pas de décision qui a été prise quant
à un pays quelconque. Si vous avez des suggestions à nous faire,
on va les écouter. Des fois, par intuition, cela peut être
intéressant de voir quelles sont vos conclusions. Si vous trouvez que
cela n'a pas de bon sens d'être nulle part, on aime autant le savoir tout
de suite, mais on pense, nous autres, qu'il y a quelque chose à faire de
ce côté-là.
M. Biron: Vos 21 personnes, cela comprend les deux
délégations?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, plus un certain nombre
d'autres postes qui sont distribués un peu partout à travers les
délégations. Il y a, par exemple, des agents d'information, des
conseillers en immigration et des conseillers économiques
également. C'est cet ensemble qui fait cette augmentation de
personnel.
Quant à l'augmentation des crédits elle est fonction,
évidemment du nombre de postes qui sont augmentés. En plus, elle
est fonction également des allocations que doit payer le
ministère des Affaires intergouvernementales lorsque d'autres
ministères envoient des fonctionnaires à l'étranger.
Maintenant, il y a des gens de prévus là-dedans pour les
Etats-Unis, dans le cadre de cette opération qui vise à
nous faire mieux con naître là-bas, dans les 29 dont on parle. Il
y a cinq postes pour cela.
M. Raynauld: Je vous remercie. Vous avez $500 000 au budget pour
cela?
M. Morin (Louis-Hébert): On a même plus que cela. On
a $500 000 à ce poste et on a $500 000 aux Communications. On a $1
million en tout. Maintenant, ils sont répartis en deux postes.
Une Voix: Deux autres programmes.
M. Morin (Louis-Hébert): Deux programmes, à cause
des raisons administratives. Dans un cas, c'est du personnel, dans l'autre,
c'est de l'information. Si ce n'est pas assez, dites-le nous et on va en mettre
davantage.
M. Raynauld: M. le Président, est-ce que je pourrais
ajouter quelques questions sur ce sujet? Quelle est la politique du
ministère relativement aux organismes internationaux, tels que...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est en faveur.
M. Raynauld: ... l'UNESCO? Qu'est-ce que vous y faites?
M. Morin (Louis-Hébert): Qu'est-ce que vous voulez dire
par les organisations internationales, parce que, là...
M. Raynauld: II y a toute une série d'organismes
internationaux.
M. Morin (Louis-Hébert): II y en a une dont on est membre,
l'Agence de coopération culturelle et technique.
M. Raynauld: Oui, il y a cette agence. M. Morin
(Louis-Hébert): C'est cela.
M. Raynauld: Ensuite, vous avez un représentant permanent
auprès de l'UNESCO?
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Raynauld: Non. Ou un observateur?
M. Morin (Louis-Hébert): Si vous me donnez un coup de main
pour convaincre le fédéral qu'on en ait un, mais on n'en a pas.
On a des gens à l'Agence de coopération culturelle et technique,
par exemple, parce qu'on en est membre comme gouvernement participant.
M. Raynauld: II se fait du travail auprès de l'UNESCO,
non?
M. Morin (Louis-Hébert): Du travail auprès de
l'UNESCO, si vous voulez nous suggérer des menées
séditieuses, faites bien attention.
M. Raynauld: Absolument pas. Qu'est-ce que c'est que cette
histoire? Chaque fois que je pose une question, vous vous imaginez que j'en ai
50 autres en arrière. Je n'en ai pas. Je demande quelle est l'attitude
du gouvernement du Québec vis-à-vis de l'UNESCO. Vous
n'êtes pas obligé de supposer que je veux vous accuser de
sédition.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais il faut parfois se
méfier.
M. Raynauld: Je n'ai jamais vu être sur la défensive
autant que cela.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est effrayant, c'est parce que
plus j'avance, plus je deviens inquiet.
M. Raynauld: Vous allez finir par me faire croire que c'est vrai
que c'est cela que vous avez envie de faire.
M. Morin (Louis-Hébert): Je comprends. On a des espions
dans l'univers entier, avec un organisme qui s'occupe...
M. Guay: Non, blague à part... M. Raynauld: C'est
justement.
M. Guay: Un organisme qui s'occupe d'éducation, on devrait
en être membre.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais ce n'est pas le cas
maintenant. On a un morceau du ministère. Vous avez l'organigramme du
ministère, et je pense qu'on va partir de là. Où est
l'organigramme du ministère? Dans le rapport annuel? Je vais vous
indiquer quelque chose d'important. On va regarder la structure, et, ensuite,
je demanderai à M. Pouliot de parler du contenu de notre action de ce
côté. Dans l'organigramme que vous avez, vous avez en dessous
trois postes de sous-ministres adjoints: II y a M. Bernard Bonin, dont on a
parlé cet après-midi, M. Pierre Lefrançois, qui est ici,
qui s'occupe des relations fédérales-provinciales, et vous avez
M. Richard Pouliot, qui est avec nous aussi. Vous avez là-dedans une
direction, dans la colonne du centre, vous avez la direction
générale des relations internationales, et, en bas, la direction
des organisations internationales, c'est-à-dire que nous avons des gens
qui, à temps plein, suivent les activités des organisations
internationales pour le compte du gouvernement du Québec et voient
à ce que nous ayons des représentants lorsqu'il y a des missions
qui sont organisées, par exemple par le gouvernement
fédéral, pour participer aux activités de ces
organisations. On pourrait peut-être demander à M. Pouliot, si
vous voulez avoir des réponses plus complètes, de vous dire
quelles sortes d'activités de contenu nous conduisons par rapport aux
organisations internationales. Je pense que cela va répondre à
votre question.
Je rappelle qu'il y a une organisation dont nous sommes membre, comme
gouvernement
participant, l'Agence de coopération culturelle et technique.
M. le Président, d'une façon générale, nous
avons, dans le passé comme d'ailleurs dans le présent,
participé à énormément d'activités des
organisations internationales. Il faudrait évidemment faire beaucoup de
distinctions selon les niveaux, la nature et la dimension des organisations
internationales, vous avez parlé de l'UNESCO. Je ne voudrais pas
nécessairement commencer par l'UNESCO, mais si on fait une revue rapide,
pour ce qui est des organisations internationales de type régional, le
Québec participe, comme vous le savez, à la réalisation de
l'accord-cadre Canada-CEE depuis que nous avons obtenu, de la part du
gouvernement fédéral, la possibilité de participation aux
sous-comités. En début d'année nous avons depuis ce
temps-là travaillé avec un certain nombre de ministères
à la définition de certaines politiques québécoises
dans le contexte de cet accord-cadre signé en 1975.
Par ailleurs, pour ce qui est de la CCT, comme vous le savez, comme le
ministre le mentionnait, étant donné notre statut de gouvernement
participant nous avons non seulement du personnel affecté à la
CCT, mais également nous participons à toute une série de
programmes qui seront réalisés sous l'égide de la CCT.
Pour ce qui est de l'UNESCO, comme d'ailleurs d'un ensemble je ne
veux pas passer en revue tous les organismes internationaux de
façon générale, notre politique est à la fois une
politique d'information et de présence. Information dans la mesure
où il y a possibilité d'obtenir de ces organismes des
informations quant aux travaux qui sont réalisés sous
l'égide de ces organismes, également présence dans le
mesure où ces organismes organisent un certain nombre
d'activités, colloques, séminaires, conférences
générales. Généralement, nous essayons dans toute
la mesure du possible lorsque nous le pouvons, d'y déléguer
quelqu'un du gouvernement du Québec. Dans le cadre de
délégations canadiennes ou à l'extérieur de
celles-ci, c'est le cas de l'UNESCO par exemple, auxquelles nous participons
à plusieurs séminaires et très souvent avec la
complicité active du gouvernement fédéral.
Dans d'autres domaines, puisque vous parliez de l'UNESCO, nous
administrons un petit programme de bourses de l'UNESCO déjà
depuis un certain nombre d'années mais, de façon
générale évidemment il faudrait, pour être beaucoup
plus précis, passer en revue chacune des organisations internationales,
parce que je pourrais dire la même chose de l'OIT et de toutes une
série d'organismes.
Je termine en disant la chose suivante. Nous avons essayé, dans
la mesure du possible, depuis un certain temps, de déterminer un certain
nombre d'axes de concentration de nos actions au niveau des organisations
internationales et proposé d'axer nos priorités en fonction
d'abord de la CCT, bien sûr, puisque nous y participons, de l'UNESCO,
parce que sur le plan de la culture et de l'éducation, c'est un domaine
qui nous semble extrêmement important, du Commonwealth, où nous
avons déjà, dans le passé comme dans le présent,
agi à divers niveaux et de façon peut-être un peu plus
modeste, dans le cadre de certaines activités reliées aux actions
et aux opérations de l'Organisation des Nations Unies, notamment tout ce
qui tourne autour des agences spécialisées sectoriellement, par
exemple, l'Agence internationale de l'énergie, etc.
M. Raynauld: Bon, merci beaucoup! Cela va.
Le Président (M. Marcoux): Elément 1, Relations
internationales, adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Elément 2,
Coopération internationale, adopté?
M. Biron: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Le programme 2 est
adopté.
M. le ministre nous propose de passer immédiatement au programme
4, avant de faire l'Office...
M. Morin (Louis-Hébert): On fera venir M. Charron
après.
Le Président (M. Marcoux):
...Franco-québécois. Est-ce qu'il y a consentement?
Gestion interne et soutien
Programme 4, Gestion interne et soutien. Il y a trois
éléments: Direction, Soutien administratif et Service du
protocole.
M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: Je n'ai aucune question
Le Président (M. Marcoux): Aucune question. M. le chef de
l'Union Nationale.
M. Biron: Oui, au service du protocole, est-ce qu'il y a des
projets spéciaux pour la présente année fiscale? Est-ce
qu'on attend de la grande visite, autrement dit, ou s'il y a des visites aussi
à l'extérieur du Québec, des grandes visites de
préparées?
M. Morin (Louis-Hébert): Le Québec est actuellement
un territoire très fréquenté. Vous verrez, par la liste
que nous avons préparée, que nous avons eu une quantité de
visiteurs éminents, qui sont venus nous voir. Pour ma part, j'en ai
reçu énormément. Je pense que c'est une fonction qui est
appelée, avec le temps, à prendre de l'ampleur, étant
donné l'importance, je dirais même internationale, que prend le
Québec.
Vous me demandez s'il y a de la grande visite. Je ne sais pas au juste
ce que vous avez en tête, qui peut venir. J'aimerais peut-être plus
de précision, afin de ne pas répondre à côté
de la question.
M. Biron: Des chefs d'Etats, ou si on a prévu justement
beaucoup ou plusieurs chefs d'Etats qui viendraient au Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): On ne peut pas les
prévoir. Il y en a un ou deux qu'on peut prévoir. Je vais vous
donner un exemple. Mais on ne peut pas d'avance, c'est une des choses qui ne
dépendent pas vraiment de notre volonté, combien de ministre ou
de représentants étrangers vont vouloir visiter le Québec.
Nous le savons, très souvent, à la dernière minute et nous
avons à nous ajuster en conséquence. (22 heures)
Cependant, il est entendu, d'après les accords qui ont
été élaborés entre la France et le Québec,
que le premier ministre de la France devrait normalement nous rendre visite
cette année à la suite du voyage que M. Lévesque a fait en
France l'an dernier. Je ne connais pas encore la date, mais je pense que c'est
en automne, à moins que, évidemment, il y ait des
éléments qui perturbent la chronologie possible. De toute
façon, c'est une visite qui est attendue et nous savons normalement qu
elle devrait se faire.
Je n'en vois pas d'autres pour le moment.
Une chose un peu amusante est arrivée. Parce qu'il y avait des
élections fédérales de prévues pour un moment
très précis, c'est-à-dire en juin ou juillet, le
gouvernement fédéral, depuis déjà plusieurs mois
six à peu près a mis une sorte de frein aux visites
possibles de visiteurs importants en provenance de l'étranger, de telle
sorte que, pour le moment, nous en avons beaucoup moins que d'habitude parce
que tout le monde savait qu'il y aurait des élections; elles
étaient prévues et elles avaient été
annoncées d'ailleurs dans les dépêches diplomatiques du
gouvernement fédéral pour éviter que ne viennent, au
moment des élections fédérales, certains visiteurs.
Evidemment, la programmation protocolaire est légèrement
perturbée à cause du fait que les élections ont
elles-mêmes été modifiées à la suite de
perturbations internes, de telle sorte qu'on est dans une période de
creux relatif sur le plan protocolaire, si je peux m'exprimer ainsi.
Mais je suis convaincu que cela recommencera aussitôt que la
situation canadienne se sera clarifiée.
M. Biron: Lorsque des ministres ou le premier ministre du
Québec voyagent à l'étranger, est-ce que le service du
protocole s'en occupe activement au début, avant la visite et durant la
visite?
M. Morin (Louis-Hébert): Vous parlez des visites qui se
font à l'extérieur...
M. Biron: A l'extérieur.
M. Morin (Louis-Hébert): Supposons que moi... Parce que le
premier ministre du Québec a fait un voyage de cette nature,
c'est-à-dire celui qu'il a fait en France au mois de novembre; il est
allé aux Etats-Unis également, mais ce n'étaient pas des
visites du même genre que celle qu'il a faite en France. Il y a des
consultations ici, avec le service du protocole, mais c'est le service du
protocole, le cas échéant, des pays étrangers qui nous
prend en charge. Alors, de la même façon que le protocole, ici,
prend en charge les visiteurs étrangers, de la même façon,
nous-mêmes, comme visiteurs à I'étranger, sommes pris en
charge par les services administratifs des autres gouvernements.
Alors, quand une visite de ce genre se fait à I'extérieur
par un ministre québécois, elle est préparée par le
ministère en cause et par notre direction générale des
relations internationales au ministère avec, le cas
échéant quand cela se présente les conseils
de notre service du protocole ici dont M. Jacques Vallée est le
directeur et qui m'accompagne ce soir.
Normalement, ce sont les pays étrangers qui s'occupent de nous
dans ces cas-là.
M. Biron: Alors, cela résume quand même que le gros
des dépenses du service du protocole est pour des visiteurs
étrangers qui viennent au Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est sûr. C'est
essentiellement cela.
M. Biron: D'accord. J'ai encore une question. Je vois aue le
nombre de personnes, d'employés permanents, a augmenté de dix. Je
voudrais savoir la raison exacte.
M. Morin (Louis-Hébert): Où cela?
M. Biron: Dans la gestion interne et soutien.
M. Morin (Louis-Hébert): Soutien? Je pensais aue
c'était au protocole.
M. Biron: Non, en tout. Deuxièmement...
M. Morin (Louis-Hébert): Vous êtes au courant de
cela?
M. Biron:... on a une augmentation considérable, dans la
catégorie "services", de S178 000 à $590 000.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela. C est ce ou on vous
disait tantôt. Un instant, que je retrouve ma feuille. Ce sont les
Etats-Unis? C'est le montant de $500 000 dont je vous parlais tantôt pour
les communications. Combien y a-t-il pour les Etats-Unis? Attends un peu, on va
démêler cela. $360 000 pour les communications; c'est cela: pour
des réceptions des visiteurs étrangers, $51 700, au protocole. Ce
oui fait S411 700.
M. Biron: J'ai $590 000 au total.
M. Morin (Louis-Hébert): C est cela. $178 000 en 1977/78:
donc une augmentation de $411 700. Des $411 700, il y a $51 700 pour le
protocole, à cause des prévisions pour l'année, mais
là, encore une fois, on ne sait pas ce aui va se passer aux
élections fédérales: on a quand même mis $51 700 et
$360 000...
M. Biron: Pour économiser, on va suggérer de
retarder les élections fédérales.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce ne sont pas de grosses
économies, vous savez.
M. Guay: De toute façon, on n'a pas besoin de leur faire
la suggestion...
M. Biron: Les S360 000...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, ils s'en occupent
eux-mêmes. Alors, $360 000, c'est pour un programme de communications aux
Etats-Unis.
M. Biron: Des communications publicitaires.
M. Morin (Louis-Hébert): D'information, relations
publiques, communications publicitaires et... c'est le $1 million dont on
parlait tantôt, dont une partie sert à du personnel, mais ce sont
des programmes de communication dans lesquels il n'y a pas de personnel.
M. Biron: Cela va.
Le Président (M. Marcoux): Elément 1,
adopté.
M. Guay: Une question.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Je ne me souviens plus si c'est à
l'Assemblée nationale ou aux relations interparlementaires, au service
du protocole, au gouvernement, où on se plaignait, il n'y a pas si
longtemps, que le fédéral, dans sa politique de
coopération constante avec le Québec, garrochait parce que
c'est un peu cela les invités à la dernière minute
vers Québec, préférablement le vendredi en fin
d'après-midi de façon que les gens ne soient pas là ou
qu'il soit difficile de trouver du monde pour les rencontrer.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est arrivé et cela
arrive encore des fois.
M. Guay: Ce n'est pas réglé.
M. Morin (Louis-Hébert): Savoir qu'un visiteur important
nous arrive par l'avion qui vient directement d'Ottawa en fin
d'après-midi le vendredi, il arrive pour la fin de semaine à
Québec et il repart le dimanche soir ou le lundi matin vers
Montréal ou ailleurs; ce qui veut dire qu'il visite la capitale du
Québec en fin de semaine alors que les ministres sont partis chacun chez
lui et qu'on a des difficultés matérielles pour organiser avec
eux des visites valables sur le plan du contenu. C'est arrivé. C'est une
vieille pratique, c'est un vieux truc fédéral...
M. Guay: Qui continue.
M. Morin (Louis-Hébert): Qui continue à l'occasion,
c'est sûr, c'est bien évident, parce qu'ils peuvent dire par la
suite qu'ils ont envoyé ces visiteurs au Québec, bien que la
substance de leur voyage à Québec a été
relativement diminuée du fait que leur séjour s'est produit ici
pendant les fins de semaine où il n'y avait pas suffisamment de monde
pour vraiment s'en occuper.
M. Biron: C'est peut-être plus plaisant passer une fin de
semaine à Québec qu'à Ottawa.
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis bien d'accord,
seulement...
M. Guay: Sûrement.
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis entièrement
d'accord, c'est une vérité évidente, mais il reste
néanmoins que sur le plan du contenu ce n'est pas facile pour
nous...
M. Guay: M. le député d'Outremont peut nous en
parler.
M. Morin (Louis-Hébert): ... parce que les fonctionnaires
ne sont pas là, les ministres ne sont pas là, les
députés ne sont pas là. Ce sont des problèmes que
cela nous cause. Il faut mobiliser du monde pour s'en occuper et c'est le genre
de petits trucs fédéraux qui sont courants et qui ne datent pas
de la présence au pouvoir du gouvernement actuel. Je dis cela avant que
mon ami, le député d'Outremont, commence à trouver des
choses là qui n'y sont pas.
Le Président (M. Marcoux): Elément 1,
adopté. M. Biron: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Elément 2, soutien
administratif, adopté.
M. Biron: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Service du protocole,
élément 3, adopté?
M. Biron: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Le programme 4, gestion interne
et soutien, est adopté.
Office franco-québécois pour la
jeunesse
Nous revenons au programme 3, Off ice franco-québécois
pour la jeunesse, qui comporte deux éléments,
l'élément recrutement et préparation des stagiaires
québécois et l'élément préparation du stage,
accueil et encadrement des stagiaires français.
M. Morin (Louis-Hébert): En vertu d'une entente qui existe
entre mon ministère ou moi-même et le ministre
délégué au Haut-Commissariat à la jeunes-
se, aux loisirs et aux sports, l'Office franco-québécois
est géré, dirigé, orienté et sous sa juridiction,
de telle sorte que je lui cède la parole de même qu'à ses
fonctionnaires.
M. Charron: M. le Président, s'assoit à
côté de moi à l'instant le secrétaire
général de l'Office franco-québécois, M. Pierre
Bernier.
Je suis disposé, évidemment, à discuter quelques
minutes avec mes collègues, de deux remarques tout à fait
courtes, préliminaires. D'une part, vous le savez, l'Office
franco-québécois pour la jeunesse célèbre cette
année son dixième anniversaire. C'est le plus vieil organisme de
coopération internationale, je dois dire, qui existe. Cet anniversaire
qui a été principalement marqué par le fait que les deux
premiers ministres de la France et du Québec ont marqué la
séance du conseil d'administration en novembre dernier à Paris,
nous permet de rappeler que, dans ses dix années d'existence, l'office a
permis à quelques 30 000 jeunes Français et
Québécois, comme le disait le général De Gaulle,
des Français de part et d'autre de l'Atlantique
d'ailleurs, le général, ancien président de la France,
à qui nous devons l'existence de l'office en grande partie de se
connaître mutuellement, de s'échanger...
J'ajoute une deuxième note importante. Rares sont les organismes
offrant pareil service culturel à leurs concitoyens, organismes
internationaux, qui ont au bout de dix années la réputation de
l'Office franco-québécois. Ni du côté
français, ni du côté québécois et cela, sous
la responsabilité de trois ou quatre ministres je crois que je
suis le quatrième à assumer la présidence du conseil
d'administration; la tradition a voulu que ce soit le ministre de la Jeunesse
de chacun des deux pays qui en ait la présidence aucune attaque,
j'ai presque envie de dire aucun reproche de favoritisme, de partisanerie,
d'intervention politique, appelons cela comme on doit l'appeler, de patronage,
n'a entaché la gestion du côté québécois ni
de mon collègue français actuel et de ceux qui l'ont
précédé.
C'est assez exceptionnel et c'est dû à une structure
très étanche que l'un et l'autre gouvernement, celui de M.
Johnson en 1968 et celui du général de Gaulle à la
même époque, ont mise en place, qui n'a presque pas connu
d'altération, pas du tout, à moins que je me trompe, qui fait que
je puisse aujourd'hui me présenter devant vous en disant que je n'ai
qu'une intention, c'est de bonifier davantage, si c'est possible, la
réputation de l'Office franco-québécois, et continuer une
onzième, une douzième, une treizième année
d'échanges avec la partie française.
Je signale en conclusion, M. le Président, que ces
crédits, si la commission accepte de nous les voter, seront les
bienvenus, puisque c'est dans deux semaines, les 26 et 27 juin, que
j'accueillerai avec plaisir, à Montréal, dans le plus beau
comté de la province, mon collègue...
M. Raynauld: Pas besoin de le nommer.
M. Charron: ... français, M. Soisson, pour une
séance régulière du conseil d'administration de l'Office
franco-québécois. M. Soisson vient d'être nommé au
lendemain des élections françaises. C'est la première fois
que je le rencontrerai. Déjà, c'est la séance
d'évaluation des programmes que nous sommes appelés à
faire. Je suis sûr qu'en l'accueillant, je transmettrai toute
l'hospitalité que les membres de la commission veulent bien lui
offrir.
Le Président (M. Marcoux): Le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, comme il s'agit
essentiellement d'organiser des stages dans les deux directions, entre la
France et le Québec, je pense que la question importante est de savoir
quelle sorte de stages ont été organisés. Je suis certain
que l'office doit avoir une distribution par la nature des stages qui ont
été organisés au cours de l'année et de ceux qui
doivent être organisés à l'avenir. Je sais
également, M. le Président, qu'il n'y a pas tellement longtemps
le ministre, à I'Assemblée nationale, nous a donné les
procédures qui étaient suivies dans le cas du choix des
stagiaires.
Ce que j'avais retenu de ce court débat qui avait eu lieu
à ce moment-là, c'était surtout d'où venait
l'initiative. C'est la question qui m'est restée. D où vient
l'initiative de choisir la nature du stage? Si c'est un stage en matière
de sport ou si c'est un stage en matière de culture proprement dite, au
sens étroit du terme, que ce soit le théâtre, la musique,
je pense que ce serait bon de voir un peu ce genre de questions. Encore une
fois, ce que | aimerais savoir, c'est la nature des stages qui ont
été organisés l'an passé et ceux qui sont
proposés pour l'année qui vient.
M. Charron: Cela me fait plaisir, M. le Président. En
réponse au député d'Outremont, pour tous les membres de la
commission, voici les perspectives 1978. On est au début de la saison d
échanges. Le nombre et la nature des stages... les catégories
apparaîtront peut-être un peu vagues aux députés.
Volontiers, avec l'aide du secrétaire général, j'essaierai
de préciser, mais voici comment nous décrivons l'éventail
que nous pouvons présenter: 15% de nos stages cette année
devraient se faire dans le secteur industriel agro-alimentaire (218
Québécois). Le nombre total est de 1500. C est le nombre retenu
du côté français comme du côté
québécois; 17% de nos stages, donc 248 |eunes
Québécois devraient accomplir un stage en France sous le cadre de
l'industrie et de la technologie; 19,9% de nos stages, soit 279 leunes
Québécois devraient faire un stage sous le cadre des services; 5%
de nos stages, soit 80 stagiaires, en éducation; 16,8%, 233 stagiaires
dans le cadre des affaires sociales; 6,6%, 94 stagiaires dans le cadre des
loisirs socio-culturels; 8,5%. 129 stagiaires dans le cadre de sport et
plein-air; 5,4%, 78 stagiaires dans le cadre des arts; 3,2%, 45 stagiaires dans
le cadre du syndicalisme. Donc, 1410 stagiaires; si on y ajoute les 90
chargés de mission
qui encadrent les délégations, nous atteignons le nombre
1500 stagiaires pour 1978, ce qui est le plancher, le minimum que les deux
gouvernements avaient décidé de retrouver, après que
i'in-flation je l'avais expliqué l'année dernière,
je le rappelle les coûts de transport en particulier, nous aient
obligés à baisser jusqu'à 1200 ou 1300. L'augmentation
budgétaire que vous avez cette année nous permet de retrouver ce
qui a été considéré comme le plancher minimal,
surtout pour un pays de 50 millions d'habitants, si on veut que le terme
d'échange ait un sens un tant soit peu réaliste. (22 h 15)
Autrement dit, en contingents, la mission économique prend 54,8%
des stagiaires, la mission sociale prend 18,7%, la mission éducative et
culturelle, 26,8%.
L'autre sujet que soulevait le député d'Outremont, la
confection des stages. Le conseil d'administration, comme celui qui va se
réunir dans quelques jours à Montréal, est appelé
à tracer les grandes lignes générales. D'une part, c'est
toujours le cas de la session d'été, faire l'évaluation du
programme en cours, et lors de l'autre séance, celle qui a
habituellement lieu en France, c'est d'abord le budget de l'office et les
décisions qui tiennent lieu de l'évaluation pour la prochaine
année. Je rappelle que le conseil d'administration est formé
paritairement de Français et de Québécois. J'ai, pour ma
part, retenu tous ceux qui étaient en place, sauf trois que j'ai
remplacés parce que leur mandat venait à expiration. Du
côté français, il y a eu très peu de changements
également. Ce sont des gens qui sont là depuis la création
de l'office, je pense, depuis dix ans, et qui assurent une stabilité. On
s'occupe du renouveau également.
Par la suite, nous faisons une publication des grandes lignes
générales, des missions, dans laquelle nous invitons les gens,
Québécois et Français, et notre revue Le Stagiaire est
abondamment diffusée dans tous les milieux possibles et
intéressés, commissions scolaires, réseau collégial
d'enseignement, universités, etc.
Quiconque âgé de 35 ans et moins prend connaissance de
cette revue où on dit, à la dernière page: "Qui peut
participer aux stages de l'Office franco-québécois ", peut nous
présenter un projet. Nous avons, d'une part, un comité de
sélection formé de gens issus des milieux les plus
renseignés, avec des compétences bien supérieures à
celles de celui qui vous parle, dans plusieurs domaines et qui reconnaissent,
premièrement, le bien-fondé ou non du projet de stage. Est-ce que
c'est un stage qui atteint les objectifs énoncés, qui cadre dans
les objectifs énoncés par le conseil d'administration?
Si tel est le cas, si le comité de sélection se prononce
de cette façon, alors cela va de soi un peu tout le monde en
conviendra le parrain du stage est, d'office, accepté comme
étant un des membres de la délégation. Il a eu
l'idée d'aller vérifier en France, par exemple, lorsqu'on parlait
des échanges au niveau scientifique, ce qui se fait dans tel ou tel
secteur.
Le projet étant accepté comme tel, annonce est faite
désormais par la même revue que le stage a été
reconnu et que tous les Québécois et les
Québécoises de 35 ans et moins, prenant connaissance du stage,
avec un nombre limité de 20, 25, 15, cela dépend du stage,
postulent. Là, un nouveau jury se réunit, cette fois pour les
candidatures dans le cadre du stage. Il y a donc un comité de
sélection des projets comme tels. Une fois qu'il est reconnu, il y a un
certain délai, avec des annonces. On laisse entrer les candidatures et,
après un certain temps, si le député veut d'autres
détails très précis, après un certain nombre de
jours, en tout cas, où l'annonce a été faite et
distribuée on ferme les candidatures, on réunit le jury, le jury
prend le nombre de candidatures et fait une espèce de classement et,
selon le nombre de places qu'on a réservées, les vingt premiers
se font téléphoner, reçoivent une communication de
l'office leur disant: Vous avez postulé pour être un des
stagiaires de ce stage, vous avez été retenu.
Il y a des réunions préparatoires, au Québec,
avant, d'abord pour que ces jeunes se connaissent, échangent. Certains
viennent de régions tout à fait différentes. Ils font part
de leurs connaissances dans le domaine des arts ou n'importe où
ailleurs. Ils sont, par la suite, accueillis en France, par nos partenaires
français. L'inverse, c'est la même chose, quand nous accueillons
les partenaires français.
M. Raynauld: Existe-t-il des statistiques sur le nombre de
personnes qui se portent candidats aux différents stages? Combien y en
a-t-il, en général, pour un stage typique de candidats par
rapport au nombre de personnes qui sont effectivement choisies?
M. Charron: Si vous me permettez de donner une précision,
j'ai ce nombre de projets de stages et ce nombre de candidats aux stages par la
suite, dans les deux phases que j'ai mentionnées. En 1977, M. le
Président, l'année qui s'est écoulée, nous avons
reçu 285 projets de stages émanant des Québécois
uniquement, je pense. C'est la statistique québécoise, je ne sais
pas ce qui est arrivé de l'autre côté. Nous en avons
réalisé 83 sur ces 285. Certains sont rejetés parce qu'ils
sont non réalistes, non faisables. Ils ont de bonnes idées, mais
ils ont toujours... D'autres ne le sont pas, faute de budget, purement et
simplement, ce qui veut dire qu'on a retenu 29% des projets de stages qui nous
ont été présentés, ce qui était la meilleure
année de l'office, avec ce pourcentage, même s'il semble
très petit, sur les quatre dernières années de
performance. Les années auparavant, c'était 24%, 20%, 27%.
Les 83 stages, si je prends l'exemple de 1977, ont donné lieu
à 3200 candidatures. Cela fait beaucoup. L'office a une
réputation. Il est connu maintenant, évidemment.
Là-dessus, 1350 stagiaires ont été
sélectionnés par les jurys, dans le cadre de ces 83 stages, soit
42%. C'est quand même une bonne statistique et une bonne performance; 42%
des jeunes qui postulent pour être stagiaires en France, dans le cadre
d'un projet
comme ceux que j'ai énumérés tantôt ont
effectué le stage.
M. Raynauld: 3200 candidatures. M. Charron: 1350... M.
Raynauld: Acceptés. M. Charron: ... acceptés. M.
Raynauld: 3200.
M. Guay: Sur le même sujet, si vous me permettez
c'est parce que nous passons pardessus l'épaule du ministre je
remarquais que l'année 1975, dans les deux tableaux, a marqué un
sommet ou un... Je me demandais s'il y avait une raison au fait que 1975 avait
été une si bonne année.
M. Charron: Non, c'est un sommet dans le nombre de candidatures
reçues. Pour reprendre la question du député d'Outremont,
on avait reçu, par exemple cela a été
l'année record 419 projets de stages et, forcément, ayant
retenu 86 de ces projets, on a eu un nombre de 3432 candidatures je
parle de 1975; c'était M. L'Allier qui était président du
conseil d'administration de l'office, à l'époque dans le
cadre de ces stages, mais c'était l'année où vraiment, les
budgets de l'office étant gelés, les coûts de transport
grugeant davantage, c'est l'année ou il nous a fallu n'accueillir que
1343 stagiaires contrairement aux 1500, ce qui est le plancher dont je parlais
tantôt. C'est donc la plus faible proportion des dernières
années, seulement 39%. C'est ce qu'ont mis, à ce
moment-là, les deux gouvernements, avec la lenteur que cela prend de
part et d'autre de l'Atlantique pour réévaluer le budget, ce qui
a principalement été fait l'année dernière
seulement.
M. Raynauld: M. le Président, évidemment ce sont
des questions d'appréciation, mais je ne trouve pas qu'il y a beaucoup
de candidatures pour le nombre de gens qui sont acceptés. C'est
près de la moitié, dans le fond, qui sont acceptés. Est-ce
qu'il y a des restrictions sévères pour qu'il y ait aussi peu de
candidatures? Je ne trouve pas cela, à première vue... On dit: Un
stage d'un mois en France. Il me semble que c'est attrayant. Il me semble qu'il
y a beaucoup de gens qui devraient postuler ce genre de chose, mais qu'il y ait
seulement 3200 candidatures, je trouve que ce n'est pas beaucoup.
M. Charron: En fait, si vous me le permettez, effectivement, il y
a des restrictions. Il y a, bien sûr, une fourchette d'âge qui, au
départ, impose une restriction, puisque nos stages s'adressent
exclusivement aux gens qui ont entre 18 et 35 ans, et, dans certains cas,
d'ailleurs, la limite d'âge s'arrête à 30 ans. La
restriction, peut-être majeure qui joue, se rapporte essentiellement aux
thèmes du stage et, par conséquent, aux critères d'ac-
cessibilité propres aux stages. C'est-à-dire qu'à partir
du moment où on met, par exemple, un accent très fort du
côté et c'est finalement ce que nous indiquaient les
chiffres mentionnés par le ministre tout à l'heure des
stages à caractère économique, automatiquement, si on veut
éviter une hétérogénéité vraiment
abusive à l'intérieur du groupe qui pourrait rendre le travail et
l'étude extrêmement difficiles, on est obligé de refermer
un peu les critères d'accessibilité pour véritablement
aller chercher ou attirer l'attention de ceux oui sont les plus susceptibles de
s'intéresser au sujet du stage et qui ont, par ailleurs, une
expérience, puisque, il ne faut jamais le perdre de vue, 80% à
85% de nos stagiaires sont des travailleurs, et non pas des
étudiants.
Or, sur des thèmes aussi précis que travaux de
béton, industries des boissons, géologie appliquée, les
media communautaires dans un autre domaine, celui des services, les
municipalités et I'habitat, on est obligé de définir un
nombre de critères d'accessibilité qui mentionnent souvent des
aspects comme le nombre d'années d'expérience, un profil de
formation, le nombre d'années ou le niveau d'engagement à
l'intérieur d'associations ou de groupements. Cela détermine et
cela délimite un peu le bassin susceptible d'être
intéressé par le sujet, même s'il peut arriver,
évidemment, qu'il y ait beaucoup de gens qui ont un intérêt
plus large, mais moins structuré, moins basé sur une
expérience.
M. Raynauld: Est-ce que vous êtes satisfait, vous, en tant
que secrétaire, du nombre de candidatures que suscite un programme comme
celui-là? Evidemment, le danger qui court, c'est que, pour certains
stages, si vous avez cela, au total, 3200 candidatures, il y ait certains
stages où vous avez dû accepter 90% des gens qui se sont
présentés?
M. Charron: Effectivement, il y a eu des stages prenons
sur des questions de génie nucléaire où on n'a
même pas pu atteindre totalement I'effectif souhaité,
c'est-à-dire qu'on s'est limité à 18 ou 19 sur 20 ou 21
candidats souhaités. Au niveau de la satisfaction, si vous voulez, je
dois me référer à une opinion, à une
évaluation faite par le conseil d'administration à cet
égard, qui est un peu articulée autour du thème suivant:
II est important de garder un rythme de croisière qui soit de l'ordre
d'environ une acceptation sur deux candidatures, pouvant aller jusqu'à
un sur trois, mais d'éviter de dépasser, autant que faire se
peut, cette proportion, pour deux raisons majeures: la première, c'est
pour éviter de se retrouver dans un contexte où, en termes
d'accessibilité, on pourrait se retrouver avec un nombre
extrêmement important de personnes, parce que des critères d
accessibilité ont été définis de façon trop
large, on se retrouvait avec des gens qui considéraient que l'office est
un organisme qui n'est pas parfaitement accessible, alors que, dans les faits,
au fond, ce qui aurait pu le rendre accessible à ces gens, eût
été un sujet de stage différent de celui retenu.
II y a beaucoup de gens oui s'intéressent à des questions
liées, par exemple, à la création et à la
production de meubles ou à la rénovation de meubles anciens, mais
il y a différents degrés d'intérêt et
différents degrés d'expérience. Si on avait des
critères d'accessibilité trop larges, il y aurait
énormément de gens qui pourraient s'y retrouver ou se sentir
visés et, par le fait même, on se retrouverait dans un contexte
où on écarterait, par définition, puisque le jury
tenterait de former le groupe le plus homogène possible, toute une
série de personnes qui, au fond, auraient réagi à des
attentes ou auraient formulé des attentes qui n'auraient pas pu
être satisfaites. (22 h 30)
D'autre part, et c'est la mesure qui a été prise par le
conseil d'administration, il souhaite qu'il y ait une très grande
diversité, année après année, et ça devient
même, à un moment donné, un critère pour les jurys
chargés de retenir les sujets de stages, une très grande
diversité et, autant que faire se peut, ne jamais retenir un même
sujet de stage s'il a déjà fait l'objet d'un séjour dans
l'autre communauté au cours des trois dernières années et
même dans certains secteurs, comme celui des affaires sociales, cela peut
aller à quatre ou cinq ans, parce que c'est un secteur relativement
restreint quand même en termes de champ d'activité.
De cette façon-là, il y a une espèce d'arrosage et
d'éclairage qui se fait et qui permet, au fil des années, de
rendre l'office accessible à une masse de population quand même
assez importante en France et au Québec, sans pour autant créer
des ententes qui ne pourraient être satisfaites, mais qui pourraient se
refléter au niveau des statistiques par des chiffres beaucoup plus
importants que ceux qu'on vous a fournis tout à l'heure.
M. le Président, je voudrais compléter brièvement
la réponse du secrétaire général, en rappelant deux
choses qui sautent aux yeux. Le bassin de candidatures devrait-il augmenter par
un assouplissement de nos critères? Il reste que ça ne ferait
davantage de déçus, puisque le budget ne nous permettra pas de
dépasser 1500 réponses positives et la France étant dans
l'incapacité, du côté français, comme nous sommes
pour le moment d'accueillir plus de 1500 Français à
l'année. Cela a été déjà une tâche
très préoccupante pour le secrétaire général
et son équipe.
Deuxièmement, je craindrais que tout en voulant bien diffuser
davantage la publicité, si c'est là le souci, pour que plus de
gens soient au courant de ces stages, on ne fera jamais assez d'efforts dans ce
sens-là, même si on s'est amélioré
considérablement là-dessus. Je craindrais qu'un assouplissement
des critères conduise l'office au précipice qui l'a guetté
depuis ses dix années d'existence et parfois même à
l'interprétation très irréaliste qu'on en a faite, qu'il
s'agissait d'un office de tourisme à bas prix, parce que c'est
effectivement à prix réduit pour un stagiaire que d'y aller, et
qu'il suffisait d'avoir un vague intérêt, par exemple, à
une question en regardant ça et en disant: Dans quel gang je pourrais
bien me mettre pour aller passer trois semaines en France, quitte à les
lâcher en cours de route et à suivre plus ou moins attentivement
les sessions d'étude? On a toujours voulu éviter ça. Du
côté français d'ailleurs on insiste à bon droit
beaucoup dans ce caractère-là également et il n'y aura pas
de relâchement. C'est vraiment un organisme culturel et éducatif.
Ce n'est pas une agence de voyages à bas prix.
On ne néglige pas le fait que, pour plusieurs de ces jeunes
je ne sais plus la statistique il s'agit du premier séjour
en France, donc, le caractère d'être à l'étranger et
de tourisme existe. Une enquête faite auprès des anciens
stagiaires ou des gens retournant nous disaient par exemple, on en a
tenu compte on s'est senti un petit peu trop encadrés. On s'est
senti un petit peu trop à l'école. Certains nous disaient, dans
une certaine proportion, en tout cas, au point qu'on en tienne note importante:
Ecoutez! On a été pendant trois semaines vraiment amené
d'un groupe à l'autre. On a rencontré des scientifiques; on a
rencontré des ci et des ça. On aurait voulu, le soir, quand on
était à Bordeaux, quand on était à Lyon,
peut-être avoir le temps d'aller bambocher un peu et tout ça.
D'autant plus qu'ils sont jeunes, il faut bien se le rappeler aussi, et que
c'est tout à fait normal qu'il en aient le désir d'assouplir un
peu le cadre, mais le cadre demeure toujours éducatif. Plusieurs d'entre
eux bénéficient, une fois qu'il reviennent à leur travail,
85% d'entre eux sont des travailleurs, d'une expérience technique
acquise en France, en plus d'un heureux séjour, sans doute.
M. Raynauld: Vous n'avez pas mentionné... Est-ce qu'il y a
un coût, pour ces gens-là? Je vois dans la revue ici le
coût: $335? Cela veut dire que c'est ce qu'ils ont à supporter
eux-mêmes?
M. Charron: C'est exact.
M. Raynauld: Ils supportent des dépenses quand
même.
M. Charron: Oui.
M. Raynauld: Ce n'est pas gratuit entièrement? M.
Charron: Pour à peu près 30%.
M. Raynauld: C'est quand même une autre restriction qui
s'impose. Je l'ai déjà entendu, avec un programme comme
celui-là, vous avez parlé du danger inverse que ça
devienne une espèce d'agence touristique, le danger inverse, c'est celui
où on dit: C'est toujours les mêmes. Ce ne sont que des petites
chapelles. Ce sont tous des gens qui se connaissent. Ils se lancent dans les
stages ici et les stages là, parce qu'il arrive qu'il y a des gens qui
connaissent mieux ça que d'autres. Evidemment, le problème,
à ce moment-là, c'est de bien s'assurer que vous rejoignez les
gens probablement avec une revue comme celle-là, il n'y a pas de doute
que vous faites des efforts de ce côté-là. Ce danger est
aussi à éviter. Je l'ai entendu, mais il est vrai que
c'était un milieu étudiant.
M. Charron: Pour caricaturer ce que soulève à bon
droit le député d'Outremont, le nombre d'abonnés aux
stages de l'Office franco-québécois est très faible. En
1977, 74% des stagiaires en étaient était-ce à leur
premier voyage en France ou un voyage dans le cadre de l'office?
M. Morin (Louis-Hébert): Leur premier voyage en
France.
M. Charron: 74% des stagiaires en étaient à leur
premier voyage en France; 16% en étaient à leur deuxième
voyage en France et 8% en étaient à leur troisième voyage
en France. Pas toujours sous les auspices de l'office; il faut bien le
comprendre. On essayait de savoir, justement pour agrémenter le voyage,
la proportion de gens qui y allaient pour la première fois. Quel est le
nombre de gens qui ont effectué deux stages de l'Office
franco-québécois? Y en-a-t-il plusieurs?
A mon avis, on n'a pas de chiffres précis à ce sujet, mais
cela ne dépasse pas 4% à 5% pour la raison suivante: d'une part,
les gens, une fois qu'ils ont fait un stage, par exemple, cette année,
doivent attendre quatre ans avant de revenir et de représenter une
candidature et de la voir comme possiblement acceptée et, d'autre part,
à cause de la limite supérieure que nous avons en termes de
tranches d'âge, il y a un flux qui se produit et le taux de
récidive dans le cadre de l'office est extrêmement
limité.
Du côté français si je peux vous l'indiquer
des jeunes Français que nous avons accueillis l'année
dernière, 94,28% en étaient à leur premier séjour
au Québec.
Le Président (M. Marcoux): M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Biron: M. le Président, je voudrais savoir si, au point
de vue du choix du genre de stages qu'on fait là-bas, il y a eu des
changements dans les orientations au cours des dernières
années.
M. Charron: II y a eu la modification que, chaque année,
le conseil d'administration est légitimé d'apporter. Il ne s'agit
pas de comment dire?...
M. Biron: Je devrais peut-être expliciter ma question.
M. Charron: Oui.
M. Biron: Vous nous avez dit 54,8% dans le domaine
économique, 18% dans le domaine social, 26% dans les domaines de
l'éducation et de la culture. Est-ce que cela a changé ou si le
pourcentage s'est maintenu au cours des dix années ou à peu
près?
M. Charron: II y a eu un virement qui s'est amorcé dans
les années 1971 et 1972. A partir du moment où, après une
étude, on s'est rendu compte que, finalement, les étudiants
avaient po- tentiellement, sinon concrètement, beaucoup plus de chances
de vivre une expérience à l'étranger que les travailleurs,
à partir du moment où on a inversé les proportions et
qu'on a voulu atteindre un pourcentage de 80% de personnes déjà
engagées sur le marché du travail, la dimension économique
a pris carrément le dessus. Et, de fait, en 1978, on atteint un sommet;
jusqu'à maintenant, on se situait toujours plutôt au niveau de 45%
à 46% de nos stages. Cette année on dépasse 50%. C'est la
moitié maintenant.
M. Biron: Le ministre, qui me connaît bien, doit bien
savoir pourquoi je suis heureux de voir que, quand même, on augmente dans
le domaine économique.
M. Charron: Et il y en a dans les petite et moyenne entreprises
d'ailleurs.
M. Guay: Très réconfortant.
M. Biron: Je vois qu'il y a certainement une liaison
école-travail. Mais est-ce qu'on a des résultats des gens qui
sont allés là-bas et qui sont maintenant au travail? Est-ce
qu'ils peuvent profiter pleinement de leur stage qui a fait
véritablement la vraie liaison entre l'école française du
Québec ou l'école-travail et revenir au
travail-Québec?
M. Charron: La question que vous soulevez est justement un des
grands thèmes du prochain conseil d'administration, qui est celui du
suivi et des suites au stage. Les secrétaires généraux ont
préparé un certain nombre de projets visant à permettre
à l'office de s'équiper pour connaître les suites d'une
façon exhaustive. Jusqu'à maintenant, on en a une vision, disons,
plutôt épisodique ou sporadique, compte tenu du fait qu'on n'a
jamais eu les moyens d'investir dans la suite au séjour.
Deuxièmement, nos recommandations visent aussi à s'équiper
pour faciliter la réalisation d'un certain nombre de suites.
Ceci étant dit et donc situé sous un angle de perspective,
il n'en demeure pas moins qu'il y a toute une série de
réalisations qui ont découlé réalisations
même très concrètes dans certains cas de nos
activités et de nos stages dans le passé, soit sous l'angle d'un
des objectifs poursuivis par l'office, qui est le rapprochement entre les
populations française et québécoise; On pense à la
mise en place d'associations franco-québécoises, par exemple,
pour des géologues, et c'est le tout nouveau produit découlant de
deux stages réalisés l'un en 1976 et l'autre en 1977, soit au
niveau même des thèmes de stages.
Les plus beaux exemples ou ceux qui frappent le plus se situent au
niveau, par exemple, de la télévision communautaire où il
y a eu des coproductions. On en a également dans le secteur des sports
et du plein-air où il y a eu la préparation de documents
d'enseignement de certaines disciplines sportives dans un cadre
franco-québécois.
Au plan de l'entreprise, nous nous sommes orientés depuis deux
ans vers la réalisation de cer-
tains stages qui visent justement à permettre ou à mener
à l'identification possible ou éventuelle de secteurs de
coproduction, sinon de fabrication sous licence. Non pas que l'office
considère que son rôle premier est de réaliser
concrètement ou de mener concrètement à la
réalisation de ces choses, mais, surtout dans des domaines comme
l'agro-alirnentaire et celui de l'industrie et de la technologie, nous pensons
que dans le cadre d'un de nos stages, dans ces secteurs, c'est le moment tout
à fait propice, sinon exceptionnel de faire un premier tour d'horizon
à des coûts qui ne sont finalement pas très
élevés.
Dans un deuxième temps, nous avons entrepris, et cela s'est
très bien passé, des démarches avec ce que nous appelons
les structures ministérielles de coopération, de façon que
la relève puisse être prise par ces organismes qui sont mieux
structurés, mieux équipés pour mener à bonne fin.
Sans faire de commerciaux, je vous dirai que vous mangez probablement une
marque de fromage qui, justement, est maintenant produite sous licence ici,
mais qui, à l'origine, a été identifiée comme un
champ possible de fabrication sous licence grâce à un stage de
l'office.
Vous voyez, c'est dans cet esprit-là que nous intervenons sans
jamais avoir l'ambition qu'à la suite d'un stage de trois ou six
semaines, si un groupe français vient, il y ait des accords qui en
découlent immédiatement, mais plutôt sous l'angle, dans ces
secteurs, de faire un petit peu de dé-broussailiage, d'exploration et
éventuellement de mener à d'autres réalisations plus
concrètes. A ce moment-là, ce sont d'autres instances qui s'en
occupent.
M. Biron: Si le Québec investit cette année $1 697
000, est-ce que cela veut dire que la France investit elle aussi autant?
M. Charron: La même chose.
M. Biron: C'est moitié, moitié. Je constate que si
on a ce budget-là, cela veut dire qu'il y a $200 000 d'administration ou
quelque chose comme cela. Il nous reste peut-être $1 500 000 pour faire
voyager les jeunes. Donc, cela veut dire que pour chaque personne ou chaque
stagiaire, c'est un coût moyen de $1000 pour l'office.
M. Charron: Oui. Un stagiaire franco-québécois,
c'est $729, c'est-à-dire que pour l'envoi d'un Québécois
là-bas et l'accueil d'un Français, le coût moyen est de
l'ordre de $729 en fonction des chiffres qu'on retrouve ici.
Oui, c'est cela. Moyens humains: $230.90; moyens logistiques et
techniques: $447, et l'administration: $51. Ce qui nous fait un coût
d'environ $729.
M. Biron: Est-ce que vous donnez tout simplement un chèque
à ces jeunes en leur disant: Nous te donnons $750 ou $1000 pour aller
là-bas ou est-ce l'office qui s'occupe de faire les réservations,
de payer les voyages, de louer les hôtels, les restaurants? Tout est
loué d'avance?
M. Charron: C'est cela. Il doit nous donner le montant qui est
inscrit au bas du stage que citait le député tout à
l'heure, plus son argent de poche pendant le séjour. C'est à sa
guise, mais pour le reste tout est organisé par la partie
française. Exactement comme quand ils viennent ici et que nous
décidons, par exemple, de faire visiter le secteur des pâtes et
papiers à quelques stagiaires français, quelques-unes de nos
usines, de nos industries. C'est nous qui faisons les réservations en
Mauricie, au Saguenay-Lac-Saint-Jean ou n'importe où ailleurs.
L'encadrement est assuré totalement par le personnel
québécois.
M. Biron: Au point de vue de l'administration plus simple de
l'office, je voudrais savoir les dépenses que vous faites, si vous
achetez des voyages comme ça. Est-ce que vous achetez ça
d'agences de voyages ou si vous achetez ça directement de transporteurs
aériens ou de voyages nolisés?
M. Charron: L'Office réalise ou assume ce qu'on est
convenu d'appeler une régie directe, de A à Z.
C'est-à-dire que c'est nous qui, dans un premier temps, préparons
les stagiaires et ce sont même les stagiaires eux-mêmes qui,
à toutes fins pratiques, avec l'aide d'un expert français quand
il s'agit de Québécois vers la France, bâtissent le
détail de leur programme. Une fois que cela a été
établi, donc les contenus, la section de Paris est chargée
d'organiser, sur un plan logistique et technique, la réalisation de
l'activité. (22 h 45)
Au plan des transports internationaux, évidemment, nous utilisons
les deux compagnies nationales. Au point de vue terrestre,
l'hébergement, tout ça, évidemment, c'est l'office
à Paris qui négocie avec les réseaux d'hôtels ou
encore avec des transporteurs terrestres, de façon à pouvoir en
arriver au moindre coût possible, à la réalisation des
objectifs, tout en gardant un standard de qualité sur lequel,
annuellement, nous revenons pour bien nous assurer qu'on ne s'est pas
retrouvé dans des situations incroyables au point de vue logistique, de
l'hébergement et de la nourriture.
Donc, le stagiaire, tout ce qu'il reçoit en argent de notre part,
une fois qu'il est en France, ce sont des indemnités de repas à
raison de, cette année, en 1978, $9 par jour. Tout le reste est
organisé par l'office et il y a, avec chacun des groupes, un conseiller
de séjour.
M. Biron: C'est la même chose pour les stagiaires
français qui viennent ici, c'est l'office qui s'occupe de choisir les
endroits où ils vont demeurer, tout ça.
M. Charron: Exact.
M. Biron: C'est fait par l'office.
M. Charron: C'est fait directement par l'office.
M. Biron: Est-ce que l'office paie des commissions à
certaines agences de voyages ou si
c'est I'office qui fait directement ses réservations aux
hôtels, aux restaurants, aux compagnies de transport?
M. Charron: Cela a toujours été I'office qui,
directement, a fait ces opérations, sans jamais passer par des
intermédiaires. D'autre part, nos commissaires aux comptes,
annuellement, vérifient la validité et la justification de toutes
nos dépenses, non seulement en fonction des régimes
nord-americains de contrôle, mais également en fonction des
régimes européens et français en particulier, ce qui les
amène à s'intéresser et à s'inquiéter non
seulement de la rectitude des opérations, mais également du
bien-fondé des opérations, compte tenu des lois françaises
dans ce domaine.
Or, quand nous faisons affaires dans des centres comme Montréal
et Québec, nous le faisons toujours en termes d'hébergement, par
exemple, sur la base de soumissions qui nous amènent a faire des choix
en fonction des préoccupations qu'on a, mais, autant que faire se peut,
je l'avoue bien franchement, nous utilisons les centres d'hébergement
qui sont rattachés à des institutions scolaires ou
universitaires.
M. Biron: C'est très important; étant donné
qu'il y a deux pays concernés, il faut véritablement que votre
organisation, au point de vue de la comptabilité, soit parfaite à
tout point de vue. Cela veut dire que vous essayez d'économiser partout
pour que ça coûte le meilleur marché possible. Alors, il
n'y a pas d'intermédiaires qui vont prendre un profit, parce que vous
faites voyager passablement de personnes avec un peu plus de $1 million par
année. Si vous commencez à payer 7.5% ou 10% pour les agences de
voyages...
M. Charron: Exact.
M. Biron: D'accord, cela complète mes questions.
M. Guay: Une petite question...
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Taschereau.
M. Guay: Une petite question, M. le Président. On a
mentionné tantôt qu'il en coûtait $335 par
Québécois qui fait un voyage dans le cadre de l'office. Le
problème, c'est que, selon l'endroit d'où on vient du
Québec, on n'est pas nécessairement sur un pied
d'égalité, en ce sens que quelqu'un qui viendrait d'une
région éloignée du Québec. Côte-Nord,
Gaspésie, Abitibi, je comprends qu'il y a des autobus, mais cela
s'ajoute à ses frais, et ce sont des frais de plus en plus
élevés.
Est-ce que, d'une part, on a fait un relevé, à l'office,
de la provenance et des projets qui sont soumis et des candidatures, en termes
de régions. D'autre part, est-ce qu'on a une façon de venir en
aide ou de compenser, ou de s'assurer, en d'au- tres mots, que les jeunes qui
peuvent bénéficier de ces stages, sont, en fait, sur un pied
d'égalité, au départ, quel que soit l'endroit du
Québec d'où ils viennent. Ce serait encore plus le cas pour
quelqu'un qui viendrait des Iles-de-la-Madeleine.
Mme Leblanc: C'est encore surprenant. Il y a un projet qui est
mis de l'avant dans le moment, pour les Iles-de-la-Madeleine. C'est
l'aménagement des Iles-de-la-Madeleine.
M. Charron: Encore une fois, prenons 1977, oui est la
dernière année de l'office, M. le Président. 8,65% de nos
stagiaires venaient du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, alors que
cette région représente 3,6% de la population du Québec.
On est donc supérieur à la moyenne. Les Cantons de l'Est, qui
représentent la même proportion de la population du Québec,
ont compté pour 15% de nos stagiaires. La Côte-Nord, 2,3%,
Montréal. 57%, la Mauricie, 6%, le Nord-Ouest, 2,3%, lOutaouais, 2,08%,
Québec 20,6%, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, à peu près
5%.
M. Guay: ...
M. Charron: Je ne veux pas embêter tout le monde avec les
chiffres, mais si je regarde les chiffres que j'ai devant moi et, à
première vue, si je regarde le tableau des cinq dernières
années de I'office, la répartition régionale est à
peu près, à toutes fins pratiques, la même, d'une
région à I'autre. Ça va?
Il y aurait peut-être un autre point. Très rapidement. Je
ne voudrais pas retenir la commission. Pour revenir au deuxième
élément de la question à I'égard de la
disparité, en ce qui concerne les gens oui viennent de régions
plus éloignées.
M. Guay: ...
M. Charron: Non, parce que nous avons une mesure qui vise
à rembourser jusqu'à 80% des frais de déplacement. Les 80%
s'appliquent à ceux oui sont dans les régions les plus
excentriques, les frais de déplacement, soit pour participer à
des réunions de préparation, soit pour se rendre à
Montréal le jour du départ, ou pour retourner chez eux.
Un dernier point, M. le Président. L'année
dernière, nous avons innové en nous ouvrant davantage, à
une catégorie de population qui avait été
écartée de l'office sans raison, à mon avis, même si
cela nous a demandé un effort logistique supplémentaire. Il y a
eu trois stages pour les personnes handicapées du Québec
l'année dernière. Elles peuvent désormais postuler de
plein droit, à n'importe quel stage ou à peu près. Nous
entendons leur faciliter la tâche pour n'écarter aucun jeune
Québécois ou Québécoise de 18 à 35 ans, de
cette possibilité culturelle d'un séjour en France.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que
l'élément 1 est adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que
l'élément 2 est adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Le programme 3 est
adopté.
Les crédits budgétaires du ministère des Affaires
intergouvernementales sont-ils adoptés?
Des Voix: Adopté.
M. Biron: M. le Président, avant de terminer, je voudrais
tout simplement remercier les deux ministres qui ont participé à
nos délibérations aujourd'hui, de même que tous les
fonctionnaires du ministère des Affaires intergouvernementales et de
l'Office franco-québécois.
Je pense qu'on a travaillé un peu dans les crédits du
ministère et que les ministres ont répondu avec
énormément de franchise à nos questions, je suis fier de
voir cette présence du Québec, surtout la
légitimité de la présence du Québec sur la
scène canadienne, sur la scène internationale, se
concrétiser partout dans les domaines de cette juridiction, bien
sûr, mais j'encourage les ministres et les fonctionnaires à
continuer d'assurer la qualité de la présence du Québec et
l'identité du Québec partout à l'extérieur de notre
province.
Mme Leblanc: Le député d'Outremont est-il
d'accord?
M. Raynauld: Je voulais m'associer au chef de I'Union Nationale
pour remercier les ministres et les fonctionnaires du ministère qui ont
pris du temps pour nous entendre et répondre à nos questions. Je
souhaite bonne chance à tout le monde.
Mme Leblanc: ...
Le Président (M. Marcoux): Les crédits du
ministère des Affaires intergouvernementales...
M. Guay: Au moins, il est logique jusqu'au bout.
Le Président (M. Marcoux):... sont-ils adoptés?
M. Charron: Adopté. M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): La commission des affaires
intergouvernementales a complété l'étude des
crédits budgétaires du ministère des Affaires
intergouvernementales.
La commission prie le député d'Outremont de faire rapport
à l'Assemblée nationale que notre commission a
complété ses travaux.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 53)