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Étude des projets de loi nos 34, 42, 27 et
25
(Douze heures dix)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre,
Messieurs!
La commission des affaires intergouvernementales est réunie pour
étudier les projets de loi 34, 42, 25, 27, et pour entendre des groupes
qui ont été convoqués par l'Assemblée nationale
relativement au projet de loi 27. Compte tenu que des groupes ne seront ici que
cet après-midi, nous les entendrons lors de la reprise des travaux
à 15 heures.
Entre-temps, nous allons étudier les projets de loi 34, 42 et 25
article par article.
Les membres de cette commission sont M. Bertrand (Vanier)
remplacé par M. Rancourt (Saint-François); M. Biron
(Lotbinière) remplacé par M. Goulet (Bellechasse); M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Forget (Saint-Laurent), M. Godin (Mercier),
M. Guay (Taschereau)...
M. Paquette: Remplacé par Paquette (Rosemont).
Le Président (M. Jolivet): ... remplacé par M.
Paquette (Rosemont); Mme Leblanc (Îles-de-la-Madeleine), M. Levesque
(Bonaventure), M. Morin (Louis-Hébert).
M. Ciaccia: Je viens remplacer...
Le Président (M. Jolivet): M. Levesque (Bonaventure)? M.
Ciaccia (Mont-Royal) remplace M. Levesque (Bonaventure).
M. Perron: Je remplace Denise Leblanc.
Le Président (M. Jolivet): Mme Leblanc
(Îles-de-la-Madeleine) remplacée par M. Perron (Duplessis).
J'aurais besoin d'un rapporteur pour cette commission. M. Perron
(Duplessis).
Sur le projet de loi no 34, M. le ministre.
Projet de loi no 34
M. Morin (Louis-Hébert): II y a quelques modifications que
nous voulons apporter au projet de loi 34.
M. Ciaccia: Avez-vous l'intention d'entendre des parties qui ont
exprimé le désir de faire certaines représentations, avant
le début de l'étude des projets de loi article par article, ou
voulez-vous entendre les groupes sur certains projets de loi
spécifiques?
M. Morin (Louis-Hébert): Nous avons l'intention d'entendre
des groupes sur un projet de loi spécifique, soit le projet de loi no
27, Loi consti- tuant la Société Makivik, mais cela viendrait
après que nous aurons étudié, si vous êtes d'accord,
article par article les trois autres projets de loi que vous avez
mentionnés tout à l'heure.
Le Président (M. Jolivet): Cela va, M. le
député de Mont-Royal?
M. Ciaccia: Je suppose que...
Le Président (M. Jolivet): La convocation est faite pour
le projet de loi 27.
M. Ciaccia: Très bien. Je voulais seulement être
assuré que les groupes n'avaient pas demandé à être
entendus sur les autres projets de loi.
Le Président (M. Jolivet): Le projet de loi 34 est
à nouveau appelé. L'article 1.
M. Morin (Louis-Hébert): À l'article 1, il y a une
modification qui est proposée et c'est celle-ci: Insérer dans la
troisième ligne du paragraphe d), avant le mot "ainsi", ce qui suit:
"jusqu'à la constitution d'une telle bande en corporation, tel que
prévu au chapitre 9 de la convention, et par la suite de tous les
membres de cette corporation".
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a des
intervenants sur cet amendement?
M. Ciaccia: Un instant. M. le Président. Avant les mots
"ainsi...
M. Morin (Louis-Hébert): Avant le mot "ainsi" dans le
paragraphe d), à la troisième ligne, au sens de la Loi sur les
Indiens, etc., jusqu'à la constitution d'une telle bande.
M. Goulet: Adopté, M. le Président. M.Ciaccia: Alors, cela voudrait dire...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Sur les Indiens, la définition de la
communauté crie est reliée à la constitution d'une bande
en corporation, d'après le chapitre 9.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
M. Ciaccia: II n'y avait pas de définition de la
communauté crie dans le projet de loi indépendante de la
constitution en corporation?
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, pour les
besoins...
M. Morin (Louis-Hébert): M. Levesque, qui est au
dossier.
Le Président (M. Jolivet): Vous parlez au nom
du ministre. Approchez donc votre micro pour qu'on puisse vous
comprendre convenablement. Il n'y a pas de problème. (12 h 15)
M. Morin (Louis-Hébert): Alors, la définition de
communauté n'existe qu'aux fins de ce projet de loi no 34. Cela
élargit la notion de bande, tel que prévu à la convention
Au début il n'y avait que la notion de bande au sens de la Loi sur les
Indiens, mais le chapitre 9 de la convention prévoit que cette bande
doit être incorporée en vertu d'une loi fédérale, le
"Cree Act". Cette incorporation va élargir la notion de bande au sens
traditionnel, c'est-à-dire qu'elle va comprendre tous les
bénéficiaires de la Convention de la Baie James. C'est pour
respecter cela qu'on élargit la notion de bande. Cela nous permet
d'autres amendements de concordance. Après cela, quand il sera question
de communautés cries...
M. Ciaccia: Vous ne vous limitez pas, ou vous n'acceptez pas, ou
vous n'adoptez pas la définition de "communauté" telle
qu'écrite au chapitre I, à l'article 1.8 ou 1.7.
M. Morin (Louis-Hébert): Pas dans le cadre de ce projet de
loi. Dans le cadre du projet de loi 25, on l'a fait, mais dans le cadre de ce
projet de loi, on avait besoin de cette définition.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Ciaccia: Un instant, je vais regarder au chapitre 9, M. le
Président.
M. Morin (Louis-Hébert): Au chapitre 3, vous avez une
définition spécifique de communauté crie qui n'est pas la
même que celle prévue à l'article 1.7.
M. Ciaccia: Est-ce que cela veut dire, si je comprends bien le
but de l'article du projet de loi 34, de confier l'administration, de permettre
provisoirement de délimiter les territoires afin de permettre
l'application de la convention sur ces territoires, est-ce que cela voudrait
dire que la définition de communauté crie sera d'après une
définition donnée par une loi du Québec? Est-ce que
ça pourrait être différent de la définition de
communauté telle qu'écrite dans la loi sur les Indiens?
M. Morin (Louis-Hébert): Dans le cadre de ce projet de
loi, ce serait différent si le fédéral ne fait pas ce
qu'il y a de prévu au chapitre 9. Mais s'il fait ce qui est écrit
au chapitre 9, il n'y aura pas de problème.
M. Ciaccia: La seule chose dont je voudrais m assurer, c'est
qu'il n'y ait pas de distinction, par le fait que c'est un acte du
Québec qui va créer la corporation, qu'il pourra y avoir comme
membres de cette corporation, les membres d'une communauté crie,
d'après la loi sur les Indiens.
Autrement dit, si la loi qui va créer la corporation, qui va
définir les membres de cette corporation, ne prend pas les mêmes
critères que la loi sur les Indiens, ça se pourrait qu'il y ait
certains Indiens qui sont acceptés comme Indiens, qui font partie d'une
communauté crie à l'article 1.8, mais qui ne feront pas partie,
qui ne seront pas membres de la corporation, si la définition est
différente.
M. Morin (Louis-Hébert): Pour les fins de ce projet de
loi, on dit que c'est avec la bande élargie, avec l'amendement qu'on
apporte, jusqu'à la constitution de la bande en corporation. Mais si on
prend l'administration régionale crie, on dit que c'est une
collectivité de tous les Cris inscrits sur les listes des
bénéficiaires. Ce sont tous les bénéficiaires qui
sont la communauté.
Le chapitre 9 de la convention, le chapitre fédéral, dit
que l'appartenance corporative doit être élargie afin d'inclure
tous les bénéficiaires.
M. Ciaccia: Au chapitre 9.0.1a, n'est-ce pas? Oui, cela inclut
tous les Cris.
Une voix: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'amendement
à l'article 1 est adopté. Est-ce que l'article 1 amendé
est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Article 2.
M. Ciaccia: Juste une question. La définition de
communauté inuit, à l'article 1e, il n'y a pas de problème
dans cette définition. Cela inclut tous ceux qui sont membres de la
communauté inuit, d'après la convention.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est la définition du
chapitre 3.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 2 est
adopté. L'article 3 est-il adopté?
M. Ciaccia: Vous parlez, à l'article 3, de la
délimitation des terres. Est-ce que je pourrais demander pourquoi vous
avez procédé par un projet de loi qui est de nature provisoire
plutôt que d'avoir le projet de loi final sur la délimitation des
territoires? Je crois que quant aux Cris, c'était pas mal complet, la
description des terres, à l'article 1, paragraphes a) et b). Elles ont
été incluses dans la convention. Cela a complété
cet aspect de la convention.
M. Morin (Louis-Hébert): En ce qui concerne la
description, les arrêtés que le gouvernement fait adopter, en
vertu de 4, pour délimiter les terres, vont reprendre le chapitre 4 de
la convention en ce qui concerne les Cris de la baie James. À l'ar-
ticle 3, on annonce que les terres sont divisées et
délimitées, conformément à la Loi des terres. On a
eu des petits problèmes avec le projet de loi no 29. C'est pour cela que
dans les autres projets, quand on parle de ces terres, on dit: Les terres
prévues à l'article 3, par exemple, dans le cas de
l'administration régionale crie. C'est pour éviter, dans chaque
projet, d'avoir à délimiter les terres pour les fins de chacun
des projets, c'est pour permettre, s'il y a des remplacements de terres...
M. Ciaccia: Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): ... d'être plus souple et
de ne pas avoir à revenir à l'Assemblée nationale pour
changer les définitions ou changer les descriptions.
Le Président (M. Jolivet): L'article 3 est-il
adopté?
M. Goulet: Pour la délimitation de ces terres, M. le
Président, les catégories ont-elles été
définies après consultation avec les deux groupes? Est-ce que
cela a été accepté unanimement par les deux groupes ou,
dans certains cas, a-t-on dû imposer...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est pour répondre
justement aux demandes qui nous ont été formulées.
M. Goulet: Les deux groupes étaient-ils unanimes?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est textuel dans la
convention.
M. Goulet: C'est dans la convention et les deux groupes
étaient unanimes.
M. Ciaccia: C'est dans l'article...
M. Morin (Louis-Hébert): Ils ont signé la
convention; je n'étais pas là, à ce moment-là.
M. Goulet: Ils ont signé la convention; d'accord.
M. Ciaccia: Ce sera l'article 3 qui créera ou qui donnera
l'effet législatif à la création de l'article 1a, qui
permettra que la juridiction fédérale s'applique à
l'article 1a et, par conséquent, à la loi sur les Indiens.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est par l'amendement suivant
qu'on apporte à l'article 4 qu'on va permettre le transfert des terres
au fédéral pour l'application de...
M. Ciaccia: Oui, très bien.
Le Président (M. Jolivet): Article 3, adopté.
Article 4, amendement.
M. Morin (Louis-Hébert): À l'article 4, il y a un
amendement, c'est-à-dire un alinéa supplémentaire à
la fin qui serait le suivant: "Le gouvernement peut, aux conditions qu'il
détermine, transférer à titre provisoire au gouvernement
du Canada la régie et l'administration des terres là
délimitées en vertu du premier alinéa pour l'usage et le
bénéfice exclusif des bénéficiaires cris."
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Quand vous dites "le gouvernement peut, aux
conditions qu'il détermine" que voulez-vous dire exactement?
M. Morin (Louis-Hébert): Rencontrer les...
M. Ciaccia: Vous transférez à titre provisoire la
régie et l'administration des terres de l'article 1a. Je voudrais une
explication sur les termes "aux conditions qu'il détermine".
M. Morin (Louis-Hébert): M. Ciaccia, étant
donné que c'est provisoire, que la Loi des terres ne sera adoptée
qu'à l'automne, il faut que le lieutenant-gouverneur donne des
conditions qui rendent vraiment efficace ce qu'on veut faire,
c'est-à-dire que la loi sur les Indiens s'applique. C'est pour cela
qu'en mettant "aux conditions" on peut vérifier exactement à
quelles conditions cela va pouvoir s'appliquer dans le détail,
étant donné que l'affaire n'est pas finale.
Deux genres de conditions qui vont paraître dans
l'arrêté en conseil, les conditions usuelles de transfert des
terres au gouvernement fédéral qui apparaissent dans tous les
arrêtés en conseil du même genre. Un autre groupe de
conditions va faire référence à la convention en ce qui a
trait surtout au chapitre V qui concerne le régime des terres,
c'est-à-dire les questions d'accès et ces choses. Cela va
apparaître dans l'arrêté en conseil.
M. Ciaccia: Au lieu de donner des pouvoirs aussi larges, de dire
aux conditions qu'ils déterminent, est-ce que ce ne serait pas
préférable de dire que ces conditions doivent être en
conformité pour permettre l'application de la convention, qu'elles ne
doivent aller à l'encontre d'aucun des termes et conditions de
l'entente? Je sais que c'est l'intention, mais je me demande si, en
spécifiant d'une façon aussi large, aux conditions qu'ils
déterminent, cela ne permettrait pas au gouvernement, d'une façon
provisoire, jusqu'à ce qu'il introduise le projet de loi qui va
déterminer, qui va rendre finale cette allocation de terres... Est-ce
que vous ne pourriez pas mettre quelques conditions qui puissent retarder
l'application de la convention qui ne donne pas aux autochtones le pouvoir
nécessaire?
M. Morin (Louis-Hébert): Le problème auquel on fait
face, c'est que c'est un transfert provisoire pour permettre l'application de
la Loi sur les
Indiens en attendant que toutes les pièces législatives
donnant suite à la convention soient en place. Ce n'est pas dans notre
intention d'aller à l'encontre de la convention. Il est possible, parce
que le...
M. Ciaccia: Non, je sais que ce n'est pas l'intention.
M. Morin (Louis-Hébert): ... transfert est provisoire,
qu'on ne puisse pas répondre à toutes les conditions de la
convention. Je ne le sais pas. Déjà, on dit: La régie et
l'administration. La convention disait: La régie et l'administration et
le contrôle des terres. Ce qui a été convenu avec les Cris,
à titre provisoire, cela a été de permettre l'application
de la Loi sur les Indiens. C'était cet automne.
M. Ciaccia: II n'y a pas de date limite à laquelle vous
vous engagiez...
M. Morin (Louis-Hébert): Tous les
arrêtés...
M. Ciaccia: ... à mettre fin à cet aspect
provisoire et à le rendre final?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela pourrait être une
condition.
Ces arrêtés prendront fin lorsque la Loi sur les terres
sera adoptée.
Cet automne.
M. Ciaccia: Vous n'avez pas d'objection à
transférer, même si certaines parties des terres de
catégorie 1 A sont sous la juridiction fédérale.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne pense pas que je sois
obligé de faire de commentaires là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Ciaccia: Vous pouvez toujours dire que c'est pour donner effet
à la convention qui a été signée...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, d'accord. M. Ciaccia:
... avant le 15 novembre 1976.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela. C'est
déjà prévu. C'est une conséquence à laquelle
nous nous soumettons.
Le Président (M. Jolivet): L'amendement est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que l'article, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
M. Goulet: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Article 5, amendement.
M. Morin (Louis-Hébert): II s'agit de remplacer l'article
5 par le suivant. Je le lis: "Ont droit d'invoquer les droits,
privilèges et avantages que leur reconnaît la loi, à titre
de bénéficiaires cris ou bénéficiaires inuit, les
personnes qui sont, conformément à la présente section,
admissibles à l'inscription ou inscrites à titre de
bénéficiaires cris ou de bénéficiaires inuit".
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Oui, je remarque que vous avez changé
l'article 5 pour donner un droit absolu à ceux qui veulent invoquer
leurs droits, les bénéficiaires, pour qu'ils aient le droit
absolu d'invoquer leurs droits d'après l'entente. Je suis en accord avec
l'amendement.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est plus clair, d'ailleurs.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Amendement
adopté.
L'article 5 amendé est adopté. Article 6?
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a pas d'amendement?
Le Président (M. Jolivet): Non. M. le député
de Mont-Royal, avez-vous des...
M. Ciaccia: Non, je crois que l'article 6 reproduit...
M. Morin (Louis-Hébert): ... exactement l'entente.
M. Ciaccia: ... exactement les critères
d'admissibilité à la convention.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 7,
amendement?
M. Morin (Louis-Hébert): Article 7: II s'agit de
retrancher, dans les deuxième, troisième et quatrième
lignes, les mots: "... et a droit aux avantages qui en découlent comme
membres de l'une des communautés cries". Donc, on retranche ces mots que
je viens de lire dans les deuxième, troisième et quatrième
lignes de l'article 7.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal?
M. Ciaccia: Un instant, M. le Président! Quel est le but
exact de retrancher ces mots?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est déjà
couvert
par l'article 5 et par les autres lois. C'est une question de
redondance. (12 h 30)
C'est une redondance qu'on nous a demandé d'enlever.
M. Ciaccia: C'est superfétatoire, c'est ça, le
mot?
M. Morin (Louis-Hébert): Superfétatoire, c'est
ça. C'est bien.
M. Ciaccia: Superfétatoire.
Le Président (M. Jolivet): Superfétatoire. Donc,
l'amendement est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 7 amendé est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Article 8?
M. Morin (Louis-Hébert): Dans l'article 8, dans la
deuxième ligne du paragraphe c), il s'agirait de remplacer, entre les
nombres 6 et 7, le mot "et " par le mot "ou"; article 8, deuxième ligne
du paragraphe c). C'est "article 6 ou 7 " au lieu d'"articles 6 et 7".
Le Président (M. Jolivet): Adopté? Amendement
adopté. L'article amendé est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Amendement à l'article
9.
M. Morin (Louis-Hébert): À l'article 9, il faut
remplacer, dans la première ligne du paragraphe a), le mot
"était" par le mot "étant". C'est une question de grammaire.
Le Président (M. Jolivet): L'amendement est adopté?
L'article amendé est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Article 10, amendement.
M. Morin (Louis-Hébert): À l'article 10, on ajoute
un alinéa qui est le suivant: "Quiconque est d'ascendance inuit
né ou résidant habituellement dans la partie de l'île de
Killiniq située dans le Territoire du Nord-Ouest et réputé
né ou résidant habituellement au Québec aux fins de la
présente loi".
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: II y avait une provision, je crois, dans le...
M. Morin (Louis-Hébert): En faisant la rédaction du
projet de loi, cela avait été oublié et cela a
été remis.
Le Président (M. Jolivet): L'article amendé,
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 11, amendement.
M. Morin (Louis-Hébert): À l'article 11, à
la deuxième ligne, au paragraphe c): Remplacer entre les nombres 9 et
10, le mot "et" par le mot "ou". C'est le même genre de modification que
tout à l'heure.
Le Président (M. Jolivet): L'amendement est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article amendé est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 12, amendement.
M. Morin (Louis-Hébert): À l'article 12, remplacer
la quatrième ligne du premier alinéa par ce qui suit: "Des
avantages que lui accorde, à titre de bénéficiaire, toute
loi visée à l'article 5." C'est donc dans la quatrième
ligne du premier alinéa.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Un instant...
M. Morin (Louis-Hébert): C'était une concordance?
C'est une modification de concordance, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): L'amendement est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article amendé est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 13, il n'y a pas
d'amendement. Est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 14,
amendement.
M. Morin (Louis-Hébert): L'amendement est le suivant: II
s'agit d'insérer dans la première ligne, après le mot
"loi", les mots "est celle d'une personne mineure et", ce qui veut dire qu'on
lirait ceci: "L'adoption prévue à la présente loi est
celle d'une personne mineure et se fait conformément aux lois d'adoption
en vigueur ". Etc.
Le Président (M. Jolivet): L'amendement est adopté?
L'article amendé est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): À l'article 15, il n'y a
pas d'amendement. Est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 16, amendement.
M. Morin (Louis-Hébert): L'amendement est le suivant:
Remplacer dans la troisième ligne du premier alinéa de l'article
16, les mots "des bénéficiaires cris et des
bénéficiaires inuit ' par les mots "des personnes ayant droit
d'être inscrites à titre de bénéficiaires cris ou de
bénéficiaires inuit".
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'amendement est
adopté et l'article 16 également. L'article 17, il n'y a pas
d'amendement. Est-ce qu'il est adopté?
M. Ciaccia: Un instant...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: On donne le droit de retirer le nom... Dans la
convention, est-ce qu'on avait prévu qui devait être en charge de
pourvoir à l'inscription des bénéficiaires? C'est quelque
chose qui a été discuté avec les parties et elles ont
convenu que ce soit une personne nommée par le ministère des
Affaires sociales.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, cela a été
fait au registre de la population, les gens sont équipés pour
faire toutes ces choses-là.
Le Président (M. Jolivet): L'article 17 est
adopté?
M. Goulet: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Bellechasse.
M. Goulet: C'est-à-dire que même quelqu'un qui est
reconnu cri ou inuit, selon qu'il satisfait tous les critères... Si on
revient à l'article 13, cela veut dire que si le conseil se
réunit et ne veut plus reconnaître cette personne, il en avise
simplement le secrétaire général qui doit le mettre sur la
liste ou l'enlever de la liste.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est le moyen qui est
prévu pour les communautés de nous indiquer qui fait partie de
leur communauté.
M. Goulet: Quelqu'un peut être sur la liste, à un
moment donné, et si, une fois le conseil réuni, la
majorité décide que cette personne ne devrait plus faire partie
du groupe des Cris ou des Inuit, à ce moment-là, le
secrétaire général est obligé de
Ienlever de la liste, pour différentes raisons. Quelqu'un est
banni, par exemple. Non? Qui dit au secrétaire général de
l'inscrire ou de l'enlever?
M. Morin (Louis-Hébert): II l'inscrit ou il
l'enlève selon ce qui a été décidé avant au
point de vue du droit qu'il a à être bénéficiaire ou
à ne pas l'être. Une fois la décision prise, en vertu de
l'article 13, le secrétaire général le note dans son
registre.
Il y a un droit d'appel, mais la communauté ne peut pas exclure
quelqu'un des bénéfices de la convention de son propre chef. Pour
être bénéficiaire, il faut respecter les critères
mentionnés aux articles 6, 7 et suivants.
M. Goulet: À ce moment-là, avec les articles 13 et
15, je ne vois pas pourquoi on a l'article 17. Il faut croire qu'il y avait une
raison particulière.
M. Morin (Louis-Hébert): II peut y avoir eu une erreur. Si
l'erreur est fondée en droit, le secrétaire fait la correction en
conséquence sur son registre.
II faut avoir épuisé les recours devant la loi. Ce
n'était peut-être pas nécessaire de le mentionner, mais je
pense que dans la convention c'était mentionné.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal, vous avez des questions sur l'article 17?
M. Ciaccia: À l'article 17 je me demande quel est l'effet
juridique de ce droit que le secrétaire général peut avoir
d'ajouter ou de retirer le nom. On dit qu'il ne contenait pas ce droit, mais
s'il le retire par erreur...
M. Paquette: II y a un droit d'appel dans la section V.
M. Ciaccia: Est-ce que le droit d'appel s'applique aussi au
secrétaire général? Oui, à l'article 24. D'accord.
Très bien.
Le Président (M. Jolivet): L'article 17 est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Article 18, amendement.
M. Morin (Louis-Hébert): Remplacer les paragraphes 3 et 4
par les suivants: "Le paragraphe 3 serait le suivant: Tout
bénéficiaire cri, membre d'une bande indienne crie visée
à l'article 1d, se fait inscrire dans la communauté crie dont
fait partie cette bande". Est-ce que je continue, M. le Président, avec
l'autre amendement?
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Article 18,4: "Tout
bénéficiaire cri, non visé par le paragraphe 3, se fait
inscrire dans la communauté crie dont il est reconnu faire partie et,
à défaut, dans la communauté crie dans laquelle l'un de
ses parents est inscrit. Dans ce dernier cas. le choix de la communauté
crie appartient à la personne qui a la garde légale ou de fait de
ce bénéficiaire, si ce dernier est mineur ou au
bénéficiaire lui-même s'il a atteint l'âge de
dix-huit ans"
Le Président (M. Jolivet): Pour les besoins du journal des
Débats, nous allons prendre les amendements un par un. D'abord
l'amendement no 3.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Amendement no 4
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 18 amendé
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): À l'article 19, il n'y a
pas d'amendement. M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je voudrais revenir sur
l'article 18. J'aurais simplement une question sur le paragraphe 5 On mentionne
que "tout bénéficiaire cri, issu de parents membres de
communautés cries différentes, est inscrit dans la
communauté crie de son père". Est-ce que cela ne peut pas
être embêtant, à un moment donné, dépendant
des... J'imagine qu'il peut y avoir une personne crie qui a ses attaches
ailleurs.
M. Goulet: ... changer.
M. Paquette: C'est pour les enfants mineurs?
M. Goulet: À 18 ans, il peut changer.
M. Morin (Louis-Hébert): Le premier alinéa
s'applique aux enfants mineurs. À sa majorité, le
bénéficiaire choisit sa communauté.
M. Paquette: Supposons qu'un enfant cri, mineur, demeure avec sa
mère, dans le cas où les deux parents sont de communauté
différente.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais c'est la
communauté de son père...
M. Ciaccia: On vient d'avoir une cause à Caughnawaga,
justement. Une personne réputée indienne, d'après la loi
sur les Indiens n'est pas reconnue telle parce qu'on ne peut identifier le
père. Tout va selon la lignée du père. Alors, si on ne
peut pas identifier le père, ça veut dire qu'il est exclu de la
communauté, même s'il est Indien. C'est une cause qui vient
d'être plaidée à la réserve de Caughnawaga. Cela
cause certains problèmes.
M. Morin (Louis-Hébert): Ici, ça ne lui
enlèverait pas son droit de bénéficiaire. On aurait un
problème pour l'inscrire sur une liste de communauté.
M. Paquette: Est-ce qu'on pourrait...
M. Ciaccia: II pourrait aller de communauté en
communauté, un no man's land...
M. Paquette: Est-ce qu'on pourrait...
M. Ciaccia:... cette personne pourrait avoir de la
difficulté à se trouver une communauté.
M. Paquette: Est-ce qu'on pourrait résumer l'importance de
l'appartenance à une communauté plutôt qu'une autre?
L'important est d'être inscrit comme bénéficiaire, mais
est-ce que cela a des implications sur d'autres projets de loi au niveau du
vote et de la vie sociale en général? J'imagine que oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est ça. Pour
certains projets comme l'administration régionale crie, les membres de
la communauté votent sur certaines questions. Possiblement, si les
entités légales ça vaut pour les Cris et les Inuit
font des distributions d'argent aux communautés au prorata des
membres, les plus grosses communautés recevront éventuellement
plus d'argent. Ce sont des hypothèses. Cela va dépendre de ce
qu'elles vont décider.
M. Paquette: Pourquoi ne pas permettre au secrétaire
général d'inscrire au besoin un bénéficiaire mineur
dans une autre communauté à la demande de quelqu'un qui pourrait
être sa mère ou une autre personne avec laquelle ce mineur vit ou
est en contact?
M. Ciaccia: Les communautés ne veulent pas ça, les
Cris ne veulent pas ça. Ils veulent rester... Les communautés ne
le veulent pas de la façon que vous le dites. Elles veulent se conformer
aux us et coutumes qui existent maintenant et qui sont contenues dans la loi
sur les Indiens. Cela donne effet à ce principe de la reconnaissance par
l'entremise du père.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: L'homme et la femme, l'époux et l'épouse
peuvent être membres de deux communautés différentes. Ils
peuvent demander d'être admis par l'une des deux communautés, mais
il faut que l'autre communauté accepte. Si elle n'accepte pas, ils
demeurent chacun dans leur communauté. Il me semble que c'est...
M. Morin (Louis-Hébert): Sur des listes, physiquement, ce
n'est pas nécessairement la même chose. Au point de vue des listes
de communauté, il est possible d'être inscrit à deux
communautés, mais pas...
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: II faudrait éviter d'essayer de
réglementer certaines des coutumes que les Cris ont maintenant. Ils sont
satisfaits de cette définition et cette façon de définir
les membres de communauté. Si on allait au-delà de ça, on
se substituerait à eux et ça pourrait leur causer certains
problèmes.
M. Paquette: Je suis parfaitement d'accord avec le principe que
vous venez d'énoncer, particulièrement sur la question d'inscrire
l'enfant dans la communauté de son père, si c'est la coutume. Ce
n'est pas à nous de décider cela, même s'il peut y avoir
d'autres coutumes dans le sud. Il faut respecter les coutumes des Indiens, des
Inuit. C'est le principe de base.
M. Goulet: Je voulais dire que...
M. Paquette: Je voulais simplement mettre en évidence le
fait qu'il peut y avoir problème s'il est fréquent, s'il arrive
qu'un mineur, pour une raison ou une autre et cela doit se
présenter; si cela ne se présente pas, il n'y a pas de
problème... Si le père est décédé ou
inconnu, est-ce qu'il est possible qu'un mineur demeure dans la
communauté de sa mère ou dans une autre communauté?
M. Ciaccia: Je pense que c'est la communauté qui va le
décider. S'il est décédé, elle va savoir
d'où était le père. Ce n'est pas cela le
problème.
M. Paquette: Ici, on dit qu'il va être inscrit à la
communauté de son père. C'est impératif.
M. Ciaccia: Oui.
M. Paquette: On ne laisse pas la communauté crie
décider.
M. Ciaccia: Non. C'est elle qui a demandé cela. Elle ne
décide pas parce qu'elle a décidé d'avance qu'il serait
inscrit à la communauté de son père. Elle veut maintenir
cette coutume.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Juste une dernière question. L'époux et
l'épouse peuvent être bénéficiaires de deux
communautés différentes?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est-à-dire qu'ils sont
bénéficiaires de la convention et qu'ils sont inscrits sur la
liste de deux communautés différentes.
M. Goulet: Les enfants sont bénéficiaires de la
communauté du père?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Goulet: Oui. Ils ne peuvent pas choisir?
M. Morin (Louis-Hébert): Ils choisissent quand ils sont
majeurs. (12 h 45)
M. Goulet: Oui, mais lorsqu'ils sont mineurs, d'office ils sont
bénéficiaires de la communauté du père.
D'accord.
M. Ciaccia: Pour certains membres de l'auditoire qui sont de la
communauté crie, mais qui ne comprennent pas la langue officielle, je
voudrais expliquer, pour m'assurer que c'est vraiment en conformité avec
leurs coutumes...
M. Morin (Louis-Hébert): II faudrait les avertir que vous
leur parlez.
M. Ciaccia: We were discussing one of the articles of bill 44
concerning the provisional transfer of lands and also the admissibility of the
beneficiaries. In article 18, there is a provision which has come up for
discussion about the question of children whose parents... the inscription of
children as beneficiaries being defined, being allocated, and being members of
the community of the father.
The question was raised: Why should this provision be worded or
stipulated in that fashion? What would happen if the father is deceased or if
the father may be unknown? What happens if the parents of the child are from
different communities? The answer that l gave to these questions was that it is
my understanding that this is the part of the customs and the desire of the
Crees to define it in that way and that you are satisfied whit that
provision.
The "appartenance", the membership of a minor will be determined
according to the desires of the community which is in accordance with the
community of the father of the minor. If there is any problem as to that
interpretation, l would like to hear from any of the members who are present so
that, if necessary, we may suggest amendments or accept it as it is worded.
Could we ask Chief Billy Diamond if he wants to make any comments on
that?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont avant, s'il vous plaît! Un instant!
M. Paquette: Sir, I raise this question because I suppose there
might be a few cases where the father is unknown, and right now, there are no
provisions in article 18 to that respect. If the father is unknown, you cannot
determine in what community the child will be put on the membership list. This
is the problem I raise. I agree with Mr Ciaccia that we must respect the
customs of the Cree people and give a kind of preference to the father's
community for the inscription of the children. But what happens in these cases
that I mentioned?
Le Président (M. Jolivet): Oui, monsieur.
M. Diamond (Billy): Mr Chairman, there are numerous questions in
respect to some of the customs about the children to be enrolled as
beneficiaries to the James Bay and Northern Québec Agreement. Part of
the purpose of the agreement is to encourage native people to continue to
practice their traditional way of life and to continue to practice their
customs, and when this was brought up during the negotiations and as we were
implementing this section III of the James Bay Agreement during the
transitional period, the community is the body that decides how people are to
be enrolled but children remain with their father's community, the father is
the line which many children follow.
For example, in my community, even though I am living outside that
community, I still follow my father's line and I would remain with my father's
community. My children would remain with the community that my father had
chosen. So this is Dart of the custom, and if the father is unknown, many
times, the community chooses or more or less adopts that child who has not got
a father, so the community is the deciding body. This is part of our
custom.
We would feel much more comfortable if this section remained the way it
is now as written in article 18 paragraph 5.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Just one last question. The problem is that right
now in article 18, there is no mention of this custom you just mentioned, that
when the child has no father that is known, he is adopted by the community.
Right now, the article does not mention this thing, should it mention it or let
it go like that?
Le Président (M. Jolivet): Mr Diamond.
M. Diamond: Mr Chairman, if you read the article 18, paragraph 4,
it states that the choice of the Cree community is at the option of the person
having the legal or de facto custody of that beneficiary, if a minor, or at his
option if he has reached the age of eighteen. So, again, it goes back to the
community and many times this has happened before. This is one of the reasons
why we were very careful in reaching this sort of agreement during the
negotiations. l would like to reiterate that we are still comfortable with the
way it has been worded now.
Le Président (M. Jolivet): D'accord.
M. Paquette: l would like to add that l am satisfied with the
explanation, and l think that if the Cree people agree on this, the way it is
formulated now, we will adopt it like it is.
M. Ciaccia: Satisfied.
Le Président (M. Jolivet): Article 18 amendé,
adopté. À l'article 19, il n'y a pas d'amendement.
Adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): À l'article 20, il n'y a
pas d'amendement. Adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): À l'article 21, il y a
un amendement.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président...
M. Ciaccia: Je voudrais que le ministre lise l'amendement qu'il
propose à l'article 21.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est exactement ce que je vais
faire, M. le député. Mes chers amis, mesdames et messieurs, je
demanderais la compréhension et la collaboration de tout le monde. Je
vais lire un amendement dans lequel il y a une expression en cri et une autre
en inuttituuit et, bien que je parle l'anglais et le français et que
j'aie étudié d'autres langues, je ne suis pas très
compétent dans celle que j'ai devant moi. Alors, je demande votre
indulgence. L'article 21 se verrait ajouter l'alinéa suivant: "Elle
il s'agit, à ce moment, d'une commission d'appel peut
être désignée en cri sous le nom de "Tipsinheegashout
Tebascungeshoo", et en inuttituuit, sous le nom de "Quebecmi Nunalituqait
Qinugiaqanivininganut Katimayingit". C'est cela?
M. Ciaccia: Vous parlez comme un vrai autochtone.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que...
M. Morin (Louis-Hébert): Je peux répéter si
vous voulez.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
M. Morin (Louis-Hébert): Avec un effort comme
celui-là, j'espère qu'il n'y aura pas de difficulté.
M. Goulet: Répétez sans regarder la feuille.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que l'article 21 tel
qu'amendé est adopté?
M. Ciaccia: Adopté. Mais cela soulève une question
non pas spécifiquement sur cet article. Est-ce que ça veut dire,
puisque vous faites une exception à l'article 21 en accordant le droit
de désigner cet organisme en cri et en inuttituuit, est-ce que ça
veut dire que tous les autres organismes, à moins qu'il n'y ait une
stipulation spécifique, n'ont pas le droit de donner leur nom dans leur
propre langue? Il me semble que ce n'était pas l'intention.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas l'intention non
plus, M. Ciaccia. Seulement, il y a eu des demandes précises de faites
dans certains cas, qui étaient sans doute jugées plus importantes
par eux, et cela a été mis dedans. S'il y a d'autres choses
qu'ils veulent avoir...
M. Ciaccia: Je me demande...
M. Morin (Louis-Hébert): Chaque fois qu'ils l'ont
demandé, on l'a fait.
M. Ciaccia: Je me demande s'il faudrait faire un amendement
général à la loi 101, mais je ne soulèverai pas
ça à ce stade-ci.
Le Président (M. Jolivet): Article 22, il n'y a pas
d'amendement. Est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 23, il n'y a pas
d'amendement. Est-ce qu'il est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): À l'article 24, il y a
un amendement.
M. Morin (Louis-Hébert): II s'agit d'ajouter
l'alinéa suivant à l'article 24: "Le successeur du conseil de
l'une des bandes cries est, dès sa création, le conseil de l'une
des corporations prévues au chapitre 9 de la convention et le successeur
d'un conseil communautaire inuit est, dès sa création, le conseil
d'une corporation foncière inuit constituée par la loi concernant
le régime des terres dans le territoire de la baie James et du
Nouveau-Québec (1978, chapitre... etc."
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté. Vous faites référence au
projet de loi no 29, mais ce n'est pas...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il n'est pas
adopté.
M. Ciaccia: Est-ce que le projet de loi no 29 a
été...
M. Morin (Louis-Hébert): A-t-il été
adopté? M. Ciaccia: II a été
déposé.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'a pas été
déposé...
M. Ciaccia: II n'a pas été
déposé...
M. Morin (Louis-Hébert): Ces un de ceux qui viennent
à l'automne?
M. Ciaccia: Je me demande c'est une question
législative si on peut faire référence à un
projet de loi qui n'a pas été présenté à
l'Assemblée nationale. Normalement, on ne se réfère pas
aux lois qui n'ont pas été présentées à
l'Assemblée nationale.
M. Paquette: On pourrait peut-être garder la partie qui
concerne les Cris, puisqu'on se réfère au chapitre 9 de la
convention, et attendre en ce qui concerne le reste de l'amendement.
M. Morin (Louis-Hébert): Alors, on va laisser tomber et
alinéa et on le reprendra, pour modifier cette loi-ci, dans le projet de
loi no 29, lorsqu'il sera lui-même...
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'amendement est
retiré?
M. Ciaccia: Mais non! Pas tout l'amendement.
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas l'a-
mendement?
M. Ciaccia: Non, vous ne retirez pas tout l'amendement.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah bon! C'est seulement... C'est
quoi?
M. Ciaccia: Est-ce que vous retirez seulement la
référence...
M. Morin (Louis-Hébert): Ah! la
référence...
Le Président (M. Jolivet): Insérez ici le
numéro du chapitre du projet de loi no 29. C'est cette
référence qu'il faut...
M. Ciaccia: Un instant!
Le Président (M. Jolivet): Oui...
M. Goulet: C'est un projet, même s'il n'est pas
déposé.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
M. Ciaccia: Je me demande seulement si c'est
une technique législative, si vos conseillers juridiques ne
voient pas de problème... C'est la première fois que je vois une
référence à un projet de loi qui n'a pas été
déposé.
M. Morin (Louis-Hébert): ... au projet de loi 29...
M. Goulet: On parle du projet de loi, on ne parle pas de la
loi.
M. Ciaccia: Un projet de loi, pour qu'il soit projet de loi, il
faut qu'il soit déposé en Chambre; il ne peut l'être avant
d'être déposé en Chambre.
M. Paquette: M. le Président, personnellement, je
préférerais attendre d'avoir ce projet pour... Je ne sais pas
s'il y a un caractère d'urgence à cet amendement...
Le Président (M. Jolivet): Avant d'aller plus loin, vous
devriez revenir à l'article 3, vous l'avez déjà
accepté.
M. Paquette: On devrait y revenir...
M. Morin (Louis-Hébert): Cela a été
accepté dans une autre loi hier.
Le Président (M. Jolivet): C'est la même chose
à l'article 4. Il y a des références à
l'intérieur de tout...
M. Goulet: M. le Président, si on se réfère
aux lois que nous avons adoptées hier soir et celles que nous adopterons
aujourd'hui, le dernier article dit toujours: La présente loi entrera en
vigueur à la date qui sera fixée par proclamation du
gouvernement. Hier, on nous a dit: Ces lois entreront en vigueur quand la loi
27 sera adoptée. À ce moment-là, on parle d'un
projet...
M. Morin (Louis-Hébert): La loi 34...
M. Goulet: 34.
M. Ciaccia: Non, non, non. ... on n'a pas eu ce problème
jusqu'à ce projet de loi-ci. Dans les autres projets de loi, on fait
référence à d'autres projets de loi qui ont
déjà été déposés à
l'Assemblée. C'est la première fois...
Le Président (M. Jolivet): Vous avez la même chose
à l'article 13. Vous avez des références à
l'intérieur du projet au projet de loi 29.
M. Ciaccia: Je ne veux pas en faire une question de
procédure, je veux simplement soulever la question. Je vais laisser les
conseillers juridiques du gouvernement trancher.
Le Président (M. Jolivet): L'amendement est adopté.
L'article 24 amendé est adopté également?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Simplement pour les besoins de
la cause, étant donné qu'on termine, est-ce que vous voulez
qu'on...
M. Ciaccia: Est-ce qu'on pourrait, avec le consentement,
continuer encore quelques minutes pour terminer...
Le Président (M. Jolivet): ... pour terminer. C'est ce que
je voulais vous demander.
M. Ciaccia: Oui, d'accord.
Le Président (M. Jolivet): Donc, un consentement pour
terminer le projet de loi. À l'article 25, il n'y a pas d'amendement.
Est-ce qu'il est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): À l'article 26, il n'y a
pas d'amendement. Est-ce qu'il est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): À l'article 27, il n'y a
pas d'amendement. Est-ce qu'il est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): À l'article 28, il n'y a
pas d'amendement non plus. Est-ce qu'il est adopté?
M. Ciaccia: À l'article 28, M. le Président, est-ce
qu'il serait possible d'ajouter un deuxième alinéa pour que les
organismes je n'en fais pas une motion formelle tout de suite, je
voudrais demander l'avis du ministre, l'opinion du ministre
possédant un nom cri ou inuit ou pouvant être
désignés en cri ou en inuttituuit peuvent utiliser la
transcription syllabique de leur nom. C'est une demande qui a été
formulée par les représentants des autochtones. Est-ce que vous
auriez une objection à inclure cet amendement? (1 heure)
M. Morin (Louis-Hébert): N'étant pas juriste
moi-même, je me demande dans quelle mesure, bien que je comprenne
très bien la motivation que vous avez, cette modification aurait des
effets sur d'autres lois du gouvernement Je ne sais pas. Je pense que la
pratique va régler le problème de toute façon. C'est un
amendement qu'il faudrait étudier plus à fond.
M. Ciaccia: Parce qu'il y avait déjà une allusion
dans la convention, dans les organismes de municipalités qui voulaient
utiliser leur langue et tout, mais...
M. Morin (Louis-Hébert): II va falloir, à un moment
donné, dans l'optique de ce que vous proposez, regarder d'une
façon un peu générale,
en relation avec la loi 101 et la question des raisons sociales, la
réglementation. Mais jusqu'à présent, chaque fois qu'ils
l'ont demandé, cela a été accordé justement dans
l'esprit de la convention.
M. Ciaccia: Est-ce que cela aiderait votre préoccupation
si au lieu de dire seulement "peuvent utiliser la transcription syllabique de
leur nom", peuvent utiliser "en plus" la transcription syllabique de leur nom.
Alors, s'il y a des lois de portée générale qui
s'appliquent à eux, ils doivent se conformer, mais en plus ils peuvent
utiliser la transcription syllabique. Je ne pense pas que ce serait trop
demander.
M. Morin (Louis-Hébert): Quant au syllabique, les Cris
nous ont dit, M. Ciaccia, que dans certaines occasions, pour certaines
annonces, etc., les gens ne le lisent pas. C'est une autre sorte
d'écriture qu'il faut, soit l'anglais, soit l'écriture romaine
pour dire les sons cris. Je ne dis pas que c'est final, mais cela vaut la peine
d'être étudié avec eux et de voir ce qui devrait être
fait.
Pour trouver une solution dans une ouverture d'esprit, je ne sais pas si
ce matin on peut rapidement, sans vérification supplémentaire,
accepter immédiatement votre proposition dont, encore une fois, je
comprends la motivation avec laquelle je suis moralement d'accord
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que l'article 28 est
adopté?
M. Ciaccia: Est-ce que le ministre voudrait s'engager à
étudier...
M. Morin (Louis-Hébert): Ah oui, ça...
M. Ciaccia: ... cet amendement. C'est vrai que la raison pour
laquelle ça irait bien à l'article 28...
M. Morin (Louis-Hébert): Voyez-vous, ça pourrait se
faire par une autre loi, ce que vous mentionnez, et on pourrait certainement
l'étudier. Moi, je serais intéressé à voir plus
clair là-dedans.
M. Ciaccia: Parce que c'est un droit que vous leur accordez, ce
n'est pas une obligation, ça n'enlève pas l'obligation de se
conformer aux autres lois nécessairement mais en plus, ils auront le
droit d'avoir la transcription de leur nom.
M. Morin (Louis-Hébert): . c'était la Commission de
géographie auparavant, mais la loi 101 a changé le nom. On est en
train de réviser tous les noms inuit des villages, toutes les places, on
a beaucoup de discussion à faire avec les Inuit sur toute cette
question. On va éventuellement en arriver à un accord sur tous
ces noms. Ce sera peut-être là l'occasion, lorsqu'il faudra
modifier les lois, tout ça, d'insérer cette disposition.
M. Ciaccia: Ce n'est pas en anglais, que je demande, c'est en
cri, en inuttituuit, leur langue autochtone.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, les noms inuit. M.
Paquette: À cela, on est d'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): On est d'accord, seulement, je
pense que ce ne serait peut-être pas l'endroit ici, étant
donné ce qui vient d'être mentionné, de le décider
subitement.
M. Ciaccia: J'ai toujours eu cette expérience, pas avec
vous, M. le ministre, mais je me fais toujours dire que le gouvernement est
d'accord. Quelquefois, on soulève des points auxquels le gouvernement ne
peut pas dire non. Il dit qu'il est d'accord, mais on ne veut pas l'inclure
dans la loi. Je trouve toujours ça curieux
M. Morin (Louis-Hébert): On l'a fait dans un cas ici et
monsieur vient de mentionner qu'il y a un groupe de travail, ou je ne sais pas,
une commission quelconque qui est justement en train de regarder davantage ce
genre de questions.
M. Ciaccia: Pour ne pas retarder l'adoption de ce projet de loi,
M. le Président, je vais prendre la parole du ministre qu'il y a un
groupe...
M. Morin (Louis-Hébert): il faudrait regarder
ça.
M. Ciaccia: ... qui étudie le problème et qu'ils
vont en venir à un solution convenable et acceptable des autochtones,
couvrant ce point spécifique.
M. Morin (Louis-Hébert): Écoutez, moi, je peux vous
dire que je suis d'accord avec cette démarche, je ne vois pas
d'objection...
M. Ciaccia: C'est naturel, vous ne pouvez pas être
contre.
M. Morin (Louis-Hébert): On ne veut pas être contre
et personne est contre
Le Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Morin (Louis-Hébert): Personne n'est contre.
M. Ciaccia: Personne est contre, mais on n'est pas pour.
Le Président (M. Jolivet): L'article 28 tel
qu'écrit est-il...
M. Morin (Louis-Hébert): Je m'excuse, j'ai dit que
j'étais pour, moralement pour, et que je pense que ça ne devrait
pas être réglé dans le cadre de la loi que nous
étudions ce matin, mais selon une autre méthode qui est celle qui
a été mentionnée. Il est sûr qu'il n'y a personne
qui s'oppose à ça.
Le Président (M. Jolivet): Donc, on convient que l'article
tel qu'inscrit au projet de loi, l'article 28 est adopté.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ça.
Le Président (M. Jolivet): L'article 29 reviendra tout
à l'heure en discussion à l'article 31. Entre-temps, nous avons
deux nouveaux articles, le nouvel article 29 d'abord, M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Le nouvel article 29. Je le lis.
"Toute personne inscrite à titre de bénéficiaire en vertu
des articles 9, 10 et 11 du règlement visé à l'article 26
est réputée bénéficiaire cri au sens de la
présente loi et toute personne ainsi inscrite en vertu des articles 12,
13 et 14 est réputée bénéficiaire inuit."
M. Ciaccia: Est-ce qu'on pourrait donner une petite
explication?
M. Morin (Louis-Hébert): Avant, il existait un
règlement sur l'admissibilité, règlement qu'on porte
maintenant au niveau d'une loi. C'est pour assurer la transition entre ce qui a
été fait en vertu du règlement et ce qui va maintenant
être fait en vertu de cette loi.
L'article 29 assure que toutes les personnes qui sont déjà
inscrites on ne recommencera pas le travail sont
déjà des bénéficiaires cris ou des
bénéficiaires inuit.
L'article 30, c'est la même chose. On assure que les poursuites
d'appel, les poursuites intentées à la commission d'appel vont
continuer en vertu de cette loi.
M. Ciaccia: Un autre bon précédent, M. le
Président; on prend les règlements et on les traduit en lois, au
lieu de faire une loi et de faire les règlements par la suite. On prend
ces règlements et on les statue afin que les gens qui sont
impliqués et qui sont affectés puissent savoir exactement ce que
sont leurs droits. Je ne peux pas m'opposer à cela. Je pense que c'est
une pratique que le gouvernement pourrait adopter et transposer dans plusieurs
de ses autres lois où il fait des lois-cadres et où on a les
règlements plus tard. C'est très bien. C'est un bon exemple.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous n'avez pas tellement
à vous plaindre de moi parce que ce sont les seules lois que j'ai
présentées depuis que je suis là.
M. Ciaccia: Je ne me plains pas de vous.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que le nouvel article 29
est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Article 30. C'est un nouvel
article.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est un nouvel article 30 que je
lis: "Tout appel interjeté devant la commission d'appel par/pour les
autochtones du Québec en vertu du règlement visé à
l'article 26 doit être continué devant la commission d'appel
prévue à l'article 21 et doit être instruit en vertu de la
section V de la présente loi."
Le Président (M. Jolivet): Adopté? M. Ciaccia:
Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Le nouvel
article 31 qui est l'ancien article 29. "La présente loi entrera en
vigueur à la date qui sera fixée par proclamation du
gouvernement." Cet article est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Avant que nous nous quittions,
j'aurais un petit message à vous transmettre. Il y a quatre associations
qui, normalement, devraient être ici. Nous pourrions commencer par le
projet de loi 27 et par l'audition des groupes à quinze heures cet
après-midi.
Le Conseil de la coopération du Québec, qui n'a pas
été invité, voudrait déposer un document. Est-ce
qu'on a le consentement de la commission?
M. Ciaccia: Consentement. Des voix: Consentement.
Le Président (M. Jolivet): J'aimerais ensuite vous inviter
à discuter, à l'heure du dîner, de la possibilité de
déterminer le temps des intervenants au cours de
l'après-midi.
M. Ciaccia: Très bien.
Le Président (M. Jolivet): Le projet de loi no 34 tel
qu'amendé est adopté et le rapporteur fera rapport à
l'Assemblée nationale.
Le commission suspend ses travaux jusqu'à quinze heures.
(Suspension de la séance à 13 h 9)
Reprise de la séance à 15 h 17
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, mesdames et
messieurs!
La commission des affaires intergouvernementales est réunie pour
étudier les projets de loi 34 qui a été
adopté ce matin 42, 25 et 27 et pour entendre des groupes qui
veulent parler sur le projet de loi 27.
Les membres de cette commission sont: M. Bertrand (Vanier)
remplacé par M. Rancourt (Saint-François); M. Biron
(Lotbinière) remplacé par M. Goulet (Bellechasse); M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes)...
Une voix: On n'a pas ajourné.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, c'est
vrai. On n'a pas ajourné, on a suspendu. Vous avez raison.
Les membres sont les mêmes que ce matin. Il y a M. Jean-Paul
Bordeleau qui, avec un accord, pourrait remplacer M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes). Êtes-vous d'accord?
M. Goulet: C'est comprenable.
Le Président (M. Jolivet): M. Bordeleau (Abitibi-Est).
Les groupes qui se feront entendre sont d'abord la
Fédération des coopératives du Nouveau-Québec, la
Caisse populaire de Povungnituk, le Conseil communautaire de Povungnituk,
l'Association des Inuit Tungavingat Nunamini, le Northern Quebec Inuit
Association et le Conseil de la coopération du Québec. C'est dans
l'ordre où nous les entendrons, la première association
étant donc je lui demande de s'approcher la
Fédération des coopératives du Nouveau-Québec.
Vous pouvez vous installer à la table où il y a des
micros.
MM. Paulussie Kasudlvak, Paulussie Napartuk, Thomassie Tulugak, nous
sommes prêts à vous entendre.
Fédération des coopératives du
Nouveau-Québec
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas (Georges): Paulussie dit qu'il voudrait que tous ceux
qui sont rassemblés ici, les Inuit comme les membres de la commission,
soient conscients qu'ils sont très reconnaissants qu'on leur ait
donné la chance de parler, de dire leur pensée au nom des
coopératives et de la Fédération des coopératives
du Nouveau-Québec.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Paulussie demande que les paroles qu'ils vont
prononcer, vous essayiez de les évaluer à leur juste valeur,
parce que, dit-il, ils ont mis tout l'effort dont leur corps et leur âme
sont capables pour mettre cela devant vous.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Paulussie commence en disant que les Inuit du
Nouveau-Québec sont aussi différents des autres habitants du
Québec que les Québécois sont différents des autres
habitants du Canada.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: II dit: Nous avons notre propre culture et notre
propre langue et nous y tenons.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Vous, les Québécois, vous faites des
efforts pour assurer la survivance de votre langue et de votre culture et vous
faites des efforts pour améliorer la gouverne de votre pays, afin de
vous assurer un meilleur avenir.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Nous aussi dit-il, nous aussi, Inuit, nous avons les
mêmes buts que vous.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Nous aussi, dit-il, Inuit, avons les mêmes buts
que vous. Nous aussi voulons sauvegarder notre langue et notre culture et nous
voulons refaire l'organisation de notre pays afin d'assurer un meilleur avenir
pour nos enfants. C'est pour cela que, depuis presque 20 ans, nous faisons des
efforts continus dans ce sens par le truchement de nos coopératives.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Nous croyons que les Inuit ne réussiront
à assurer un véritable développement et à
alléger le poids de ce qui les écrase qu'en se donnant les moyens
de gagner leur vie par leurs propres efforts.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Pour nous, avoir des coopératives signifie
ceci. C'est le meilleur outil pour assurer le développement de
l'ensemble de notre société.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Que certains individus réussissent à
devenir propriétaires n'est pas suffisant si le reste des Inuit et notre
pays même ne se développent pas en même temps.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Vous, les Québécois, qui avez
déjà été écrasés, devez facilement
comprendre ce que nous disons quand nous disons que nous voulons
développer notre pays, notre culture et notre société.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: II répète encore que vous autres,
Québécois, êtes dans une situation très
privilégiée pour ressentir ce que les Inuit ressentent quand ils
disent vouloir atteindre ces buts-là.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Mais en ce moment même le gouvernement du
Québec veut nous imposer des lois que nous ne voulons pas.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Ces lois que vous avez devant vous vont contribuer
à la destruction de notre culture.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: À un certain moment donné dans le
passé, les Inuit avaient donné leur approbation à la
convention de la baie James d'où découlent ces lois que vous
étudiez présentement, mais ils ont donné leur approbation
sans vraiment en connaître les implications fondamentales.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Au fur et à mesure que nous prenons
connaissance de ces implications, nous nous rendons compte que si, dans le
temps, au moment de la signature, nous avions su ces implications, nous
n'aurions jamais donné cette approbation.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Nous avons récemment appris, par exemple, que
tout le système légal québécois allait
dorénavant s'appliquer à notre société.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Nous avons aussi appris que tout le système
scolaire québécois contrôlé par le ministère
de l'Éducation va être appliqué à nos enfants.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Nous avons aussi appris que tout un système
gouvernemental, lui aussi sous le contrôle du gouvernement du
Québec, allait être établi chez nous.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Quoique toutes ces choses qu'on vient de mentionner
puissent paraître justes et raisonnables pour la plupart des
Québécois, elles vont contribuer, nous sommes sûrs,
à la destruction de notre culture.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Monsieur répète encore que c'est
très clair dans leur tête que si ces structures, ces lois sont
appliquées, la culture des Inuit va être minée.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Durant toutes ces années, l'idée
sous-jacente à toute notre action dans les coopératives fut la
suivante.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Notre fédération, nous ne la
considérons pas comme une simple fédération.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue). M. Filotas: Nos
coopératives non plus, nous ne les considérons pas comme de
simples coopératives. (15 h 30)
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Ce ne sont pas de simples machines à faire de
l'argent. Nous les considérons plutôt comme les outils
nécessaires au développement de toute notre
société.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: C'est parce que nos coopératives et notre
fédération représentent cela dans notre vie que nous y
avons mis 20 ans d'efforts, afin de nourrir le sens de l'effort et de la
persévérance chez tous les Inuit.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Depuis un certain temps, le mouvement
coopératif représente la force la plus déterminante dans
notre milieu.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: C'est en travaillant dans nos coopératives que
nous avons appris à nous servir du processus démocratique, le
processus électoral, et à prendre des décisions en groupe
concernant les nouvelles façons de gagner notre vie.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: C'est en travaillant à nos coopératives
que nous avons appris l'importance de planifier notre avenir et c'est aussi en
travaillant à nos coopératives que nous avons appris à
combiner des éléments de l'ancien avec des éléments
du nouveau. Comme par exemple, des exigences du principe de partage, avec les
exigences d'une économie basée sur l'argent. Il doit donc
être évident que les coopératives ont été la
principale force motrice dans l'évolution des Inuit. Le
développement du mouvement coopératif au Nouveau-Québec a
toujours été basé sur la combinaison de la
compétence des Inuit avec les ressources de notre pays. Mais le
gouvernement du Canada, le gouvernement du Québec et la Northern Quebec
Inuit Association ont récemment fait des arrangements concernant
justement l'utilisation de ces ressources.
En dépit de ces décisions, de ces arrangements à
nous tous, nous n'avons jamais été consultés. Comme vous
le savez sûrement déjà, cette Convention de la Baie James
et du Nord québécois a été conclue il y a quelque
temps. Certains de nos villages sont d'accord avec cette convention tandis que
d'autres ne l'ont jamais acceptée. Cependant, nous de la
fédération, nous regroupons les coopératives de tous les
villages, tant ceux qui l'acceptent que ceux qui ne l'acceptent pas.
Nous-mêmes, nous nous rendons compte que certains aspects de cette
convention présentent de véritables dangers pour ce que nous
essayons de bâtir.
M. Kasudlvak: (S exprime dans sa langue).
M. Pilotas: Nous voulons que nos paroles à ce sujet ne
soient pas mises en doute. Même si les sommes d'argent offertes en guise
de compensation par la convention sont considérées par d'autres
comme une solution possible à notre développement, nous sommes
convaincus que cette manne ne servira qu'à miner le sens de
l'autodétermination si difficilement acquis à travers les
années.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: De plus, nous craignons qu'en dépit des
précautions qu'on voudrait prendre ces compensations ne servent
qu'à réduire le champ d'activité de nos
coopératives à l'avantage de ceux qui ne recherchent que le
profit. La création de toutes sortes d'organismes prévus par la
convention nous inquiète aussi. La nature même de ces organismes
rendra inévitable chez nous l'incohérence bureaucratique qui
existe déjà au sud. Il nous paraît absurde que tant
d'énergie, de compétence et d'argent soient gaspillés de
cette façon, compte tenu de notre population peu nombreuse. Et,
pourtant, cela fait 20 ans que les coopératives s'acharnent à
assurer un développement cohérent de tous les secteurs de la
société inuit.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Et, même si quelques Inuit devenaient les
dirigeants de ces organismes prévus par la convention, ceci ne serait
pas mieux. Est-il moins douloureux de se faire mordre par un chien brun
plutôt que par un chien blanc?
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: À notre avis, il n'y aura de véritable
développement que si tous les Inuit peuvent ensemble se bâtir un
avenir dans lequel ils pourront se reconnaître et sans être
obligés de mimer les gestes, les coutumes et les lois qui ne leur
appartiennent pas.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Nous sommes très conscients de certaines
pratiques courantes chez vous dans le sud. Quand des projets importants de
législation sont sur le tapis, votre gouvernement ne procède
jamais en cachette. On s'efforce plutôt de rendre publics ces projets
autant que possible afin d'assurer que le plus grand nombre de gens possible en
entendent parler. Ceci dans le but de faire participer les citoyens, de faire
connaître les visées de ces projets et d'en corriger les
lacunes.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Les législateurs chez vous ne produisent pas
ce projet de loi tout seuls, mais sous l'incitation et avec la consultation des
per- sonnes concernées et le concours d'experts sur les sujets en
question.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: C'est ainsi seulement que le législateur peut
assurer que le projet de loi pourra satisfaire les besoins du plus grand nombre
de citoyens possible.
M. Kasudlvak: (S exprime dans sa langue).
M. Filotas: Nous savons que c'est pour cela que les projets de
loi importants chez vous sont soumis à l'étude de commissions
parlementaires.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: C'est pour cela qu'au mois d'avril dernier, nous
avons demandé au ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières, Mme Payette, de soumettre à une
commission parlementaire l'étude du projet de loi constituant la
corporation Makivik. À ce moment-là, nous pensions que cette loi,
comme d'ailleurs les autres lois découlant de la convention, ne serait
présentée que beaucoup plus tard cette année. Mais,
surprise, elle fut soumise à la fin du mois dernier.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Nous sommes ici devant vous aujourd'hui
bousculés par les événements et sans avoir eu la chance de
consulter les gens que nous représentons, car il faut savoir que ce
temps-ci de l'année, le printemps, est le plus propice à la
chasse et à la pêche et que les Inuit quittent en masse leurs
villages. Donc, même si nous avions eu l'argent nécessaire pour
effectuer une tournée éclair des villages du
Nouveau-Québec, nous n'aurions pu avoir qu'une très faible
proportion de nos membres.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Nous avons essayé d'étudier le projet
de loi 27. Nous avons essayé de le comprendre et nous devons noter ici
qu'aucune version en langue inuit n'existe de cette loi à ce jour. Nous
avons donc regardé le chapitre 27 de la convention, chapitre qui est
à la base de cette loi et, pour nous, cela n'a aucun sens.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: II existe de ce chapitre 27 de la convention une
version esquimaude, mais cette version présente des erreurs dont
certaines indiquent même le contraire de l'original. Nous voulons
continuer en ajoutant que, même s'il n'y avait pas d'erreurs dans ces
traductions, cela nous resterait incompréhensible, car cela ne vient pas
des Inuit. (15 h 45)
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Nous voudrions vous demander, à vous qui
êtes des Blancs, combien d'entre vous pourraient dire bien comprendre le
monde des placements, des obligations, et toutes ces choses mentionnées
au chapitre 27.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Et on voudrait vous poser une autre question: Combien
d'entre vous, les blancs, voudriez baser votre avenir sur de telles choses sans
les avoir bien comprises au préalable?
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Ceci peut se faire, c'est-à-dire se baser sur
des choses qu'on ne comprend pas, mais seulement en suivant quelqu'un qui s'y
connaît mieux que nous, et en le suivant comme un enfant. Mais nous, les
Inuit, ne voulons pas baser notre avenir là-dessus. Nous ne voulons pas
être développés par en haut, nous voulons avancer dans ce
que nous pourrions quotidiennement nous reconnaître.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Nous considérons que ce projet de loi est
lourd de conséquences, car ses effets seront ressentis partout chez
nous. Et cela fait pourtant vingt ans que nous avons travaillé au
développement de tous les membres de notre société et de
tout notre territoire, et tout cela sans penser aux profits.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Afin de ne pas perdre ce à quoi nous sommes si
difficilement parvenus, c'est-à-dire le sens de
l'autodétermination, la persévérance et nos
coopératives, nous voulons pouvoir évaluer l'impact qu'aura cette
corporation sur notre développement.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Notre conviction est la suivante, ce projet de loi
que vous avez devant vous va détruire notre culture et l'objet de tous
nos efforts, c'est-à-dire les coopératives, au
Nouveau-Québec.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Ces sommes d'argent qui ont été
reçues en guise de compensation pour les ressources de notre territoire
et de nos droits vont être utilisées par une petite poignée
de gens qui ne comprennent absolument rien aux véritables besoins
économiques des Inuit et qui ne comprennent non plus comment ces sommes
d'argent pourraient être utilisées à l'avantage des Inuit
au lieu de miner ce qui a été bâti jusqu'à
maintenant.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Nous voulons être bien compris lorsque nous
parlons ainsi. Nous ne voulons pas prétendre que nous savons mieux
même si certains d'entre nous sommes impliqués dans le mouvement
coopératif depuis le tout début. Nous savons suffisamment de
choses pour nous méfier des dangers qui nous guettent. Nous connaissons
notre peuple suffisamment pour bien savoir que, si l'on vote cette loi sans
d'autres discussions, sans d'autres consultations et sans amendements, les
méfaits qui surgiront vont dépasser de beaucoup le bien qu'on
voudrait pourtant souhaiter aux Inuit.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Pour continuer d'impliquer et de motiver tous les
Inuit dans le développement véritable de leur territoire afin
qu'ils participent à l'élaboration de leur devenir, nous vous
demandons de reporter cette loi à plus tard, soit à l'automne ou
à l'hiver prochain, afin de nous permettre de discuter entre nous quant
à la voie que doit prendre notre développement. Nous vous
demandons aussi la possibilité de revenir ici devant vous afin de vous
faire part des conclusions de cette consultation que nous voulons mener.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Pour réaliser cette consultation à la
base, nous vous demandons aussi une aide financière afin de nous
permettre, à nous aussi, de voyager dans les villages du Nord afin de
consulter les gens que nous représentons et aussi de nous permettre,
à nous aussi, encore une fois, de retenir les services d'un conseiller
juridique qui pourrait nous expliquer non seulement d'une façon
impartiale les implications juridiques de cette convention pour le Mouvement
coopératif du Nord québécois, mais aussi le jeu de
coulisse qui se passe si souvent dans le processus de la
législation.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Nous voulons, nous aussi, avoir l'occasion de
consulter des experts afin que nous puissions, nous aussi, aller informer nos
gens, dans le Nord, d'une façon un peu plus intelligente et moins au
pif.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Merci de votre
présentation. Pour le moment, j'aurais ici une question à vous
poser, à la suite des remarques qui viennent d'être
présentées. Vous pourriez traduire?
M. Filotas: (S'exprime dans sa langue).
M. Morin (Louis-Hébert): Le problème semble
être, d'une part, que Makivik va recevoir des
sommes importantes d'argent et que, à cause de cette venue
substantielle de fonds, les coopératives sont en danger. Alors, on
comprend évidemment cette inquiétude qui peut se manifester. Ce
que je me demande, c'est dans quelle mesure Makivik, qui serait
contrôlée quand même par les Inuit, voudrait détruire
les coopératives.
M. Filotas: (S'exprime en inuttituuit).
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue). (16 heures)
M. Filotas: En réponse à votre question, Paulussie
dit que justement c'est une des choses qu'ils ont essayé
d'étudier en étudiant la loi, en étudiant le chapitre de
la convention qui fonde cette affaire, premièrement, il
répète qu'il n'existe pas une version en langue inuit de cette
loi, mais, d'après ce qu'ils peuvent voir, il est clair que c'est une
chose étrangère qui ne vient pas des Inuit. C'est justement parce
qu'ils veulent avoir plus de temps pour en mieux comprendre les dangers ou les
bienfaits qu'ils voudraient avoir la chance de l'étudier avec les autres
en profondeur.
M. Morin (Louis-Hébert): Je comprends que vous n'avez pas
la version en inuit de la loi, mais vous avez quand même la version en
inuit de la convention. Ce texte reprend cette convention et cela, vous l'avez
depuis très longtemps.
M. Filotas: Paulussie répond à votre question en
disant que, premièrement, ce n'est pas tout à fait comme cela que
les choses se sont passées. Cela ne fait pas très longtemps
qu'ils ont une copie en langue inuit de la convention. La convention a
été signée à un moment où il n'y avait pas
une traduction complète. Un sommaire en langue inuit est venu quelque
temps avant la consultation, le processus de consultation, et la version
intégrale en langue inuit ne leur a été remise que
très récemment. De plus, il voudrait ajouter ceci, en se prenant
lui-même comme exemple. Il dit que lui-même, dans le temps, avait
été un de ceux qui avaient donné leur approbation à
cette convention. Il avait donné son approbation parce qu'il est
allé avec la majorité du monde. C'est comme cela que les Inuit se
reconnaissent entre eux. C'est comme cela que le consensus, à ce moment,
se faisait. Même si, à ce moment, il se rendait compte qu'il
aurait dû faire plus d'efforts pour comprendre les choses, il n'avait pas
les moyens de le faire. C'est maintenant, au fur et à mesure que ces
informations deviennent disponibles, qu'il se rend compte de son erreur.
Le Président (M. Jolivet): Juste une minute. Votre voisin
de gauche.
M. Napartuk: (S'exprime dans sa langue)
M. Filotas: Paulussie Napartuk dit que les choses, les mots qui
viennent de vous être lus, de vous être présentés
sont vrais. On voudrait que vous les preniez à leur juste valeur. Il est
vrai qu'il y a des gens qui ont donné leur approbation, d'autres ne
l'ont pas donnée. Il y a des gens qui comprennent, il y a des gens qui
ne comprennent pas. Il faudrait, si on veut ou si on souhaite vraiment un
véritable développement pour les Inuit, leur donner la chance de
tous comprendre ensemble dans quelle direction ils vont.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Paulussie dit que la seule façon juste de
procéder, c'est de donner la chance aux partisans de l'association comme
aux dissidents, à chacun, une chance égale d'étudier les
implications de cette loi pour qu'on en finisse une fois pour toutes avec des
arguments, des chicanes de surface pour que, finalement les Inuit puissent se
mettre à table pour parler des choses sur lesquelles vont
s'établir les fondements de leur développement.
M. Morin (Louis-Hébert): Une dernière question. Je
voudrais savoir quelque chose. Est-ce que c'est à la convention
elle-même que vous vous en prenez? En somme, est-ce que vous la remettez
en cause, la convention qui a déjà été
signée, ou si c'est à des parties de cette loi que vous adressez
votre attention? Est-ce que ce sont des modifications à cette loi qui ne
mettent pas en cause la convention ou si c'est la convention elle-même
qu'il vous intéresse de remettre en cause? Je crois que c'est important
qu'on situe le débat.
M. Filotas: (S'exprime dans la langue inuit). Une voix: II
n'y a pas de réponse.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a pas de
réponse?
M. Filotas: Elle s'en vient.
M. Tulugak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Thomassie répond à votre question en
disant ceci: II voudrait parler avec toute son essence inuit, et il dit ne pas
être gêné de dire quelque chose que tous les Inuit du
Nouveau-Québec voudraient dire. Il va dire ces choses pour les oreilles
de toutes les personnes rassemblées ici dans cette salle. C'est cela
qu'il veut dire. En écoutant votre question, quand vous demandez
à quoi en voulez-vous? Il dit: Nous autres on en veut au fait qu'il y a
des lois qui vont régir, qui vont régimenter l'avenir des
Esquimaux, les lois qui sont adoptées sans que les gens comprennent,
sans que les gens comprennent ce que l'avenir leur réserve. Aussi
longtemps que cette ignorance va persister, les Inuit vont ne faire que se
battre entre eux autres à tout jamais.
M. Tulugak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Tom continue en disant que, durant sa vie, il a connu
beaucoup de lois. Il a connu les lois qui ont été transmises
durant son enfance par ses parents, il a connu ces lois qui étaient
la
base de la culture de la société inuit. Maintenant, il est
clair qu'avec cette entente, cette convention une foule de nouvelles lois, une
foule de nouvelles coutumes, d'organismes, de procédures vont être
imposés. C'est pour cela qu'il dit que, si tous les Inuit au
Nouveau-Québec ne comprennent pas vraiment ce qui va se passer, de quoi
il s'agit, ce sera la chicane pour l'éternité.
M. Tulugak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Tom aussi continue en disant qu'il croit que le sens
de ses paroles va être bien compris par les gens ici, surtout par les
gens qui forment le nouveau gouvernement, car, dit-il, aux dernières
élections et même avant la période électorale, ils
ont eu beaucoup de messages, ils ont lu et entendu beaucoup de
déclarations de la part de ce groupe-là quant au respect qu'on
voulait accorder aux autochtones, quant à la sympathie qu'on leur
accordait en tant que peuple qui, comme les Québécois, avait
été écrasé, dont les coutumes avaient
été minées par d'autres.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Est-ce que vous vous
souvenez d'une commission parlementaire au mois de novembre 1975 à
laquelle participaient quelques-uns de nos invités d'aujourd'hui?
Certainement, le monsieur qui agit en tant qu'interprète, M. Filotas,
était là. Il a été question, à ce
moment-là, de consultations. Est-ce que vous vous souvenez de cette
commission?
M. Filotas: À qui posez-vous la question? À eux
autres ou à moi?
M. Ciaccia: À eux autres, aux invités. M.
Filotas: (S'exprime en langue inuit). M. Kasudlvak: (S'exprime dans
sa langue).
M. Filotas: Paulussie répond à votre question en
disant que oui, il s'en souvient et que même il ne l'oubliera jamais. (16
h 15)
M. Ciaccia: S'il s'en souvient bien et vous vous en souvenez
bien, la commission avait été appelée avant la signature
de la convention et, à ce moment-là, les représentations
avaient été faites pour qu'il y ait plus de consultation avant la
signature de la convention. Est-ce que vous vous souvenez de cela aussi?
M. Filotas: (S'exprime en langue inuit). M. Kasudlvak:
(S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Oui, Paulussie dit qu'il se souvient très bien
de tout cela.
M. Ciaccia: Des représentations avaient été
faites par votre groupe et je peux dire que c'était directement à
la suite de vos interventions... On a exigé, avant que la convention
soit signée, qu'il y ait consultation dans les communautés inuit
et les communautés cries et on avait même inclus, dans l'entente,
que dans les quatre mois suivant la signature de la convention, elle devait
être soumise aux Cris et aux Inuit à des fins de consultation et
de confirmation, et ce d'une façon qui soit acceptable au gouvernement
fédéral du Canada. À la suite de cela, je crois que les
consultations ont eu lieu. Je vais arrêter là pour que vous
puissiez traduire, et je continuerai après.
M. Filotas: Avant de traduire, je voudrais quand même
placer un petit mot pour dissiper une certaine confusion possible. Vous m'avez
dit que c'était, à ce moment-là, la commission
parlementaire, sous l'incitation de notre groupe.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne sais pas là si
M. Filotas agit comme traducteur ou comme témoin. Je voudrais
établir sa qualité. Je crois qu'on avait fait la même chose
au mois de novembre 1975. Oui, tu te souviens de l'histoire?
M. Filotas: Oui, c'est la même histoire.
M. Ciaccia: Puisqu'on est ici pour entendre les autochtones, que
c'est une entente qui affecte les autochtones, j'aurais
préféré, M. le Président, avoir la réponse
des autochtones. Plus tard, si on veut demander à M. Filotas de donner
ses impressions et son opinion sur l'entente, je n'aurais pas d'objection, mais
pour le moment je préférerais avoir l'opinion des gens qui sont
directement impliqués.
M. Filotas: On pourrait faire venir le père Steinman pour
agir en qualité d'interprète impartial si vous voulez.
M. Ciaccia: Non, je n'ai pas attaqué, M. le
Président, je n'ai pas attaqué du tout la façon dont il
traduisait. Non, la seule chose que j'ai demandée, c'est s'il donnait sa
réponse à titre personnel ou s'il voudrait traduire, s'il aurait
la bonté, l'amabilité de traduire ma question.
M. Filotas: Ce n'était pas une réponse,
c'était une note pour dissiper certaine confusion qui me semblait
impliquée ou insinuée par votre question. Ce n'était pas
une réponse à votre question.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
vous avez raison, il est là comme interprète.
M. Ciaccia: S'il est là comme interprète, on ne
veut pas recommencer les problèmes du mois de novembre 1975. Est-ce
à mon tour?
M. Filotas: Est-ce que je traduis votre question comme telle?
M. Ciaccia: Non. Suite à la commission parlementaire,
est-ce que les consultations ont eu lieu?
M. Filotas: Je vais recommencer au tout début. Je vais
essayer de répéter votre question pour qu'on ne se trompe pas.
Vous avez dit qu'en 1975, au moment de la commission parlementaire, on avait
insisté et, paraît-il, c'était en réponse aux
exigences de notre groupe pour qu'il y ait des consultations dans les
quatre mois qui suivraient la signature de la convention, qu'il y ait des
consultations avant l'acception finale de la convention. Est-ce bien cela?
M. Ciaccia: Grosso modo, c'est cela.
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Paulussie répond à votre question en
disant que oui, il y eu des Inuit qui ont demandé que cela se fasse
ainsi, mais qu'à ce moment-là la Fédération des
coopératives n'était impliquée d'aucune façon que
ce soit dans les questions de la convention et qu'à ce moment-là
les Inuit ont essayé, avec les moyens qu'ils avaient en main, de
comprendre et de prendre une décision. C'est seulement récemment,
au fur et à mesure que tous les documents sont devenus disponibles en
langue inuit, que les gens, les directeurs de la Fédération des
coopératives ont commencé à se rendre compte petit
à petit de certaines choses.
Il continue en disant que, même si certains textes existent en
langue inuit, c'est beau d'exister en inuit, mais cela ne colle à aucune
réalité que les gens peuvent comprendre facilement. C'est pour
cela qu'ils sont devant vous aujourd'hui pour vous demander que les Inuit du
Nouveau-Québec aient la chance d'étudier cette question qui est
si importante afin qu'ils puissent construire leur avenir.
M. Ciaccia: Je voudrais comprendre. Est-ce la question de la loi
no 27 qui crée la Société Makivik, est-ce
spécifiquement cette loi qu'ils voudraient davantage étudier?
M. Filotas: (Parle en langue inuit).
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: II répond à votre question de la
façon suivante: II dit que la loi no 27 n'est qu'un chapitre d'un tout.
Il est évident qu'il va falloir qu'on étudie le contenu de ce
chapitre, de cette loi. dans le contexte de l'ensemble de la convention. Il
continue en ajoutant que, depuis quelque temps, dans nos voyages dans le Nord,
dans nos contacts avec différents usages, il nous est devenu de plus en
plus clair que de plus en plus de gens, représentés par la
Northern Quebec Inuit Association, ne comprennent pas la convention de la Baie
James.
M. Ciaccia: Combien de personnes votre association
représente-t-elle?
M. Filotas: (Parle en langue inuit).
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Notre fédération représente onze
associations coopératives.
M. Ciaccia: Combien de personnes, approximativement, en font
partie?
M. Filotas: (Parle en langue inuit).
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue). (16 h 30)
M. Filotas: Paulussie répond à votre question
ainsi. Il dit que la réponse à cela est dans le texte. La
fédération représente des coopératives des
associations coopératives et non des individus. Elle représente
des coopératives dans des villages fidèles à la NQIA et
elle représente aussi des coopératives qui se trouvent dans des
villages qui sont dissidents.
Il continue en répétant qu'il est devenu de plus en plus
clair que de plus en plus de gens n'ont pas compris la convention. Il voudrait
se servir de lui-même et d'autres comme lui comme exemple de ce qu'il
dit. Dans le temps, nous avons participé. Nous avons donné notre
accord à cette convention, parce que nous n'avons pas vraiment compris
de quoi il s'agit. Depuis ce temps, dans notre fonction comme responsables,
comme directeurs de nos coopératives, comme directeurs de nos
fédérations, nous avons eu à essayer de
démêler le contenu de l'entente pour voir comment cela allait
affecter nos opérations. Nous nous rendons compte que ce n'est pas
facile; c'est encore moins facile pour des gens qui ne sont pas dans
l'administration quotidienne des coopératives, et c'est pour cela qu'on
voudrait que les gens aient la chance de comprendre de quoi il s'agit.
M. Ciaccia: Je pense que vous avez fait les mêmes
représentations en 1975. La raison pour laquelle vous vouliez la
consultation, c'est parce que vous vouliez avoir l'occasion d'étudier
l'entente. Puisqu'on est ici pour étudier seulement le projet de loi 27,
est-ce que vous pourriez me dire ceci? La création de cette
société a pour objectif de lutter contre la pauvreté, de
promouvoir le bien-être des Inuit et le perfectionnement de leurs
institutions, de développer les communautés inuit et de
perfectionner leurs moyens d'action et les institutions qui leur sont
reliées. Elle reçoit certaines sommes d'argent qui seront
administrées par la société qui sera gérée
entièrement par les Inuit, qui va avoir des représentants de
chaque communauté. Comment la création d'une telle
société pourrait-elle aller à l'encontre des objectifs que
vous avez dans votre coopérative?
Vous pouvez vous-mêmes élire des membres et participer
à cette société. La société n'est
limitée à aucun groupe, elle est pour tous les Inuit.
M. Filotas: (S'exprime en langue inuit). M. Kasudlvak:
(S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Paulussie dit qu'ils ont essayé ces derniers
temps d'étudier les documents qui étaient disponibles sur la loi
27, qu'ils ont essayé de comprendre ce que tous ces mots voulaient dire.
Il y a certaines choses qu'ils ont comprises, d'autres choses qu'ils n'ont pas
comprises. Ils se rendent compte, par exemple, que la façon
d'opérer de cette corporation n'est pas du tout la même que celle
des coopératives où quand même, après 20 ans
d'efforts, les gens ont appris, ont su maîtriser une certaine
façon de s'entendre entre eux, de régir leur affaire, de
contrôler les dépenses, de voir à faire ce qu'il y a
à faire, et ce dans le but non seulement d'assurer le
développement par argent, c'est-à-dire pécuniaire des
Inuit, mais aussi pour développer le sens de l'effort, l'éthique
de l'effort, si on peut dire.
Il continue en disant qu'on a essayé de comprendre quelle sera la
façon d'agir de ce Makivik. Et nous sommes rendus à la conclusion
que nous n'avons pas compris. C'est pour cela qu'on voudrait avoir du temps
pour qu'on puisse s'asseoir avec du monde qui s'y connaisse, avec notre monde
aussi et surtout pour qu'on puisse comprendre ensemble comment cette chose
pourrait fonctionner. Donc, dit-il, je ne peux pas répondre à
votre question parce que je ne sais pas si cela va nuire ou si cela va aider.
Je veux savoir et c'est pour cela que nous vous demandons l'occasion, le temps
d'étudier cette loi.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. D'après ce qu'on
nous a dit des coopératives dans le Nord, lorsqu'on emploie le mot
"coopérative", ce n'est pas tout à fait comme dans le Sud. La
coopérative là-bas, si je vois bien, c'est une institution. C'est
beaucoup plus que nos coopératives à nous autres. Maintenant,
vous avez dit tantôt que vous n'avez pas été
consultés ou à peu près pas. Vous avez dit
également - j'essaie d'employer vos mots - qu'il y a des villages qui
acceptaient et qu'il y a des villages qui n'acceptaient pas. D'abord, vous
représentez tous les villages, si j'ai bien compris. Je voudrais savoir
combien de villages acceptent la convention comme telle et combien ne
l'acceptent pas, ne la comprennent ou la remettent en question.
M. Filotas: (S'exprime dans la langue inuit).
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Tulugak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: L'intervention de Thomassie, c'est en réponse
à M. Ciaccia. Vous avez posé une question tout à l'heure
à Paulussie en disant qu'ici on étudiait le projet de loi no 27
et que vous vouliez poser certaines questions là-dessus.
Il répond à cela. Il dit: Vous, vous dites que c'est juste
le projet de loi no 27 qui est en cause ici. Lui, il dit que, pour
lui-même et pour les Inuit, ce n'est pas juste le projet de loi no 27, ce
n'est pas juste la corporation Makivik qui est en cause; c'est toute leur
culture, leur société. C'est tout le contenu de cette
épaisse brique de la convention, toutes ces choses qui touchent
l'ensemble, y compris le chapitre 27, de la société esquimaude.
Il ajoute que lui-même vient de Povungnituk. Les gens à
Povungnituk ont fait des efforts pour comprendre le contenu de l'entente et ses
implications et il sait très bien que, partout à travers le
Nouveau-Québec, les Inuit n'ont pas vraiment compris toutes les
implications de cette convention.
Aussi longtemps qu'il y a cette incompréhension, il va y avoir
non seulement des chicanes, des conflits, des frictions entre Inuit, mais aussi
entre les Inuit et la société extérieure, et les Blancs.
Cela va durer aussi longtemps que les gens ne comprendront pas, ne
maîtriseront pas ce qui se passe.
M. Ciaccia: Un instant. Comme c'était une réponse
à une question que j'avais posée, j'aurais un bref commentaire.
Ce sont les mêmes représentations qui nous ont été
faites en 1974 et en 1975 et c'est pour cela que nous avons insisté pour
avoir la consultation. Nous avons transigé à cette époque
l'entente avec les Inuit. Peut-être que vous n'êtes pas d'accord
sur leur opinion, mais les gens avec qui nous avons négocié
l'entente qui est en vigueur par le chapitre 46 des Lois de 1976, ont
insisté, eux, en disant que, parce qu'ils voulaient avoir des
protections pour leur culture et leur avenir, ils avaient besoin des
dispositions qui sont dans cette entente. (16 h 45)
À la commission parlementaire, vous aviez même
souligné que cela faisait longtemps que vous vouliez... À la page
6043, vous dites vous-même, en parlant au nom des invités: "II y
avait eu un temps où les Inuit du Nouveau-Québec avaient
déjà considéré l'importance de se faire un
gouvernement régional", l'importance de gérer, administrer leurs
propres affaires. C'est dans ce but que l'entente qui n'a pas
été imposée a été
négociée à la demande des Inuit. Il y a eu consultation
dans tous les villages d'Inuit; c'est pour cela qu'on a fait une commission
parlementaire avant que l'entente soit signée. Elle a été
approuvée majoritairement. Et la consultation dont vous parlez, que vous
avez exigée en 1975, vous avez admis même, en 1975, qu'il y en
avait eu, a continué.
La majorité des Inuit a accepté cette entente et les lois
ont été votées en conséquence. Ce n'est pas quelque
chose qui a été imposé. Je peux comprendre que, parfois,
il peut y avoir des dissidents qui ne voient pas la chose de la même
façon que la majorité, mais pour un gouvernement qui
s'efforçait de trouver un règlement, il était difficile
d'aller à l'encontre de ce que la majorité voulait. C'est pour
cela qu'il y a eu des protections dans l'entente, des consultations et des
moyens pour permettre aux Inuit eux-mêmes de prendre les
décisions.
Ce sont toutes des choses que je répète. Ce que vous dites
maintenant d'après les invités vous l'avez dit
aussi en 1975. Ce que je vous dis, je
l'avais dit en 1975. C'est la même chose. On semble tourner en
rond.
M. Filotas: (S'exprime en langue inuit). M. Napartuk:
(S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Paulussie ici voudrait répondre encore
à la question de M Ciaccia tantôt. Vous avez demandé si les
gens ici se souvenaient de la commission parlementaire de 1975. Paulussie dit
qu'il s'en souvient très bien: non seulement il se souvient de la
commission parlementaire, mais il était présent à la
signature de la convention. Il avait donné son accord à cela, il
avait participé à cela, du bord, comme partisan de l'association.
C'est clair qu'à ce moment-là les Inuit du Nouveau-Québec
n'avaient pas compris le vrai sens et les vraies implications des contenus de
la convention. On avait à l'association, dit-il, des employés,
des blancs, des avocats qui s'y connaissaient et qui essayaient de nous
expliquer, mais, entre les explications et la compréhension, il y a
quand même une différence. Il ajoute que ce n'est que
dernièrement encore, au fur et à mesure que les textes deviennent
disponibles et que le monde a la chance de regarder, de lire, de relire, d'y
penser, d'en discuter, qu'il arrive à comprendre les vraies implications
de la convention
Les gens du Povungnituk. ajoute Paulussie, cela fait longtemps qu'ils
font cela; ils ont été les premiers à faire cela. Il y a
encore beaucoup de monde aujourd'hui qui ne le fait pas, mais, ne vous
inquiétez pas, cela ne tardera pas à venir, le monde va finir
à la longue par comprendre.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse. Je ne voudrais pas vous empêcher de parler, mais je pense
qu'on a encore cinq groupes à entendre; il reste une heure avant souper
et une heure après souper. Donc je voudrais que vous teniez compte de
cela.
M. Goulet: M. le Président, jusqu'ici ce n'est pas moi qui
ai allongé les débats.
Le Président (M. Jolivet): Non, non, non, ce n'est pas de
vous que je parle c'est de l'ensemble de la commission.
M. Goulet: J'avais posé une question, j'en aurais
peut-être une autre courte, mais on n'a pas répondu à ma
première. J'en aurais une autre très courte, c'est-à-dire
en deux volets; après cela, je laisserai la parole à d'autres. Je
ne sais pas si je dois répéter; est-ce que je dois reformuler ma
question, M. le Président? C'est parce qu'on a dit tantôt que la
coopérative représentait tous les villages; c'est bien cela? Il y
a des villages qui étaient pour accepter la convention telle qu'elle,
d'autres voulaient la remettre en question. Alors combien sont pour, combien
sont contre?
M. Filotas: (S'exprime en langue inuit).
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Napartuk: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Paulussie dit qu'il ne pourrait pas répondre
à votre question parce qu'il ne sait plus combien sont pour et combien
sont contre. La situation est devenue telle que les gens ne se déclarent
plus d'un bord ou de l'autre, mais ils veulent en savoir plus.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: On n'est pas plus avancé, M. le
Président. Suite à la commission parlementaire de 1975, la
traduction de la convention, si j'ai bien compris, a été
reçue par étapes. Même si tous les documents ont
été traduits je voudrais savoir deux choses quand
avez-vous reçu les documents ou quand ont-ils été traduits
en inuit de façon à ce que les gens du milieu puissent en prendre
connaissance?
M. Filotas: Quelle est la dernière partie de votre
question?
M. Goulet: Quand les documents ont-ils été traduits
de façon à ce qu'on puisse les transmettre aux gens du milieu
afin qu'ils puissent en prendre connaissance? Quand ces documents ont-ils
été disponibles pour la population là-bas?
M. Filotas: (S'exprime en langue inuit). Le Président
(M. Jolivet): Qui va répondre? M. Goulet: À peu
près, seulement, monsieur... M. Napartuk: (S'exprime dans sa
langue).
M. Filotas: Paulussie répond à votre question en
disant que la version intégrale, la version en langue inuit de la
convention de la baie James, ils l'ont eue au mois de février 1978.
M. Goulet: Si je comprends bien, on a dit tantôt qu'en 1975
vous êtes venus je n'étais pas à cette commission
et on a dit ici à cette table qu'en 1975 vous aviez
invoqué à peu près les mêmes arguments que ceux que
vous invoquez actuellement. Vous dites que même si cela a
été traduit en inuit, il y a des gens qui ne comprennent pas les
mots qui sont là-dedans. De combien de temps pensez-vous que le peuple
inuit aurait besoin, vous ou les coopératives, pour vulgariser ces
textes de façon que la population les comprenne, de façon
à consulter la population, revenir ici, et là, ne pas nous
arriver avec les mêmes arguments? Ce n'est pas une offre que je fais, je
parle en mon nom, c'est seulement pour savoir de combien de temps on aurait
besoin pour vulgariser ces documents, consulter la population quand elle sera
revenue de la pêche et de la chasse et
ensuite nous dire ce que la population en général en
pense.
M. Filotas: (S'exprime en langue inuit).
M. Napartuk: (S'exprime dans sa langue).
(17 heures)
M. Filotas: Paulussie dit c'est peut-être un mauvais
exemple, mais il va se prendre lui-même en exemple que, s'il avait
à se préparer, cela lui prendrait la vie entière.
M. Goulet: Écoutez, là!
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse une dernière question. M. le député de
Bellechasse, une autre question?
M. Goulet: M. le Président, c'est parce que j'aurais
aimé être ici lorsque ces gens reviendront. La dernière
question que je pose au ministre est celle-ci. J'aimerais qu'elle soit
traduite. Quelle serait l'implication si on remettait l'adoption de ces projets
de loi au mois d'octobre ou novembre, tel que nous l'ont demandé ces
gens au début? On parlait de l'automne, du mois d'octobre. Quelles
seraient les implications si on reportait l'adoption de ce projet de loi en
octobre ou novembre?
M. Filotas: Vous voulez que je traduise? M. Goulet:
Oui.
M. Filotas: Vous lui posez la question. (Parle en langue
inuit).
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Nous sommes ici pour
étudier le projet de loi no 27. Tout à l'heure, j'ai, à
dessein, demandé si les gens qui nous visitaient aujourd'hui voulaient
remettre en cause la convention ou remettre en cause la loi ou des parties de
la loi. Je dois dire que le processus que nous avons entrepris ne doit pas
remettre en cause la convention qui a été signée. Cela
créerait peut-être encore plus de problèmes que cela
n'apporterait de solutions. Cependant, s'il y a une commission parlementaire,
c'est pour écouter ceux qui viennent nous voir, pour connaître
leur avis concernant la loi elle-même et pour voir s'il n'y a pas moyen,
à l'intérieur du paramètre dans lequel on est,
d'améliorer cette loi pour qu'elle corresponde davantage aux besoins de
la population à laquelle elle s'applique et qu'elle puisse lui donner
les instruments voulus. Nous écoutons maintenant un groupe. Tout
à l'heure, il y a d'autres groupes qui vont venir. C'est un peu pour
cela qu'il faudrait peut-être trouver le moyen de les écouter
aussi. Notre objectif aujourd'hui, tous ensemble, c'est de voir ce qu'on peut
faire dans cette loi qui pourrait correspondre à vos aspirations que
nous comprenons, mais qui, d'autre part, ne mettrait pas en cause la
convention. Je pense qu'on doit honnêtement le dire.
M. Goulet: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Juste une minute. Le temps de
permettre à l'interprète de...
M. Goulet: Juste une seconde, si vous me le permettez. Il n'est
pas question de remettre en cause la convention, mais de reporter l'adoption du
projet de loi au mois d'octobre ou novembre.
M. Morin (Louis-Hébert): La réponse se trouve dans
ce que j'ai dit jusqu'à maintenant. Si je n'ai pas été
assez explicite, d'accord. Si un report à la suite de la rencontre
d'aujourd'hui paraît essentiel, d'accord on va l'examiner, on va voir si
c'est possible. On va voir ce qu'on va proposer. J'attends que les autres aient
parlé. Cependant, cela ne peut pas conduire à une remise en cause
de la convention. C'est cela que je veux dire.
M. Filotas: (Parle en langue inuit).
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je vais essayer de faire
rapidement, par des questions courtes. Pour ma propre gouverne et, je pense
bien, pour les membres de la commission, j'aimerais savoir si les projets de
loi qui sont actuellement devant nous ont tous été traduits en
langue inuit et si vous les possédez.
M. Filotas: (S'exprime en langue inuit). M. Napartuk:
(S'exprime dans sa langue). M. Filotas: (S'exprime en langue inuit).
M. Napartuk: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Paulussie dit que c'est au mois de mars de cette
année, lors de l'assemblée annuelle des directeurs de la
Fédération des coopératives du Nouveau-Québec,
qu'il a entendu dire pour la première fois qu'on projetait, à
l'Assemblée nationale, de voter la Loi constituant la
Société Makivik. On ne savait pas quand. Il continue en disant:
Dès qu'on a entendu dire cela, nous sommes venus ici rencontrer un des
ministres. Nous avons remis une demande écrite lui demandant la tenue
d'une commission parlementaire sur cette chose-là. Et, dit-il, ce matin,
quand on est arrivés ici, dans cette pièce même, nous avons
entendu dire qu'une autre loi avait été votée en vitesse
en commission parlementaire hier soir même, projet de loi dont nous
n'avons pas de copie. Donc, nous n'étions pas au courant qu'elle
était pour être présentée.
Thomassie finit en rajoutant que ni l'un ni l'autre des projets de loi
n'ont été traduits en langue inuit.
M. Roy: Je demanderais à M. le Président la
permission de poser une question. Cela donnera le temps de traduire la question
pour que nos invi-
tés puissent la connaître. J'aimerais demander au ministre
parrain de ces projets de loi s'il est possible, et dans combien de temps, de
fournir à ces gens qui sont directement concernés par ces projets
de loi une traduction dans leur langue pour qu'ils puissent en prendre
connaissance, pour qu'ils puissent se consulter, pour qu'ils puissent, avec les
officiers de leur fédération, en examiner la portée, les
implications. Je pense, M. le Président, qu'il y a
énormément d'inquiétudes, et pour cause, compte tenu du
fait qu'on est en quelque sorte placé devant un fait accompli.
M. Filotas: (S'exprime en langue inuit).
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, voici
deux choses. La première, c'est qu'il y a quand même eu une
consultation qui a été conduite dans le passé par la NQIA.
Je pense que tout à l'heure il vont nous parler et on pourra poser des
questions là-dessus. M s'agit de savoir si la consultation a
été vraiment faite à partir de la convention que vous
avez, qui elle, même si c'est plus récent, a été
quand même disponible en inuit. La deuxième chose, c'est que les
lois qui sont adoptées ou qui sont soumises présentement sont des
lois qui sont seulement des applications de cette convention. Il ne s'agit pas
de quelque chose qui soit totalement nouveau. Avant de répondre à
la question qui m'est posée, à savoir si la traduction peut
être disponible et tout, j'aimerais bien savoir quel a été
le type de discussion et de contact qui se sont produits par l'entremise de la
NQIA, qui était l'interlocuteur pour la convention au moment où
cette convention a été élaborée.
M. Roy: Est-ce que c'est possible pour le ministère d'en
faire la traduction? Les gens des coopératives, les gens de cette
société auront à vivre avec la loi.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est possible, peut-être
pas par mon ministère. Je n'ai pas de service pour cela. C'est
certainement possible, mais, encore une fois, j'aimerais attendre, voir ce qui
va se dire tout à l'heure pour en arriver à une réponse
plus nette là-dessus. Je pense que c'est souhaitable, si c'est cela
qu'on veut que je dise.
M. Roy: On peut permettre de traduire la réponse du
ministre, pour l'information de ces gens. J'aurai une autre question à
poser.
M. Filotas: (S'exprime en langue inuit). M. Morin
(Louis-Hébert): Voilà.
M. Roy: Sur ce point, M. le Président, j'aurai des
remarques à faire, mais je ne veux pas prendre le temps de la
commission. Je me réserverai mon droit de parole à
l'Assemblée nationale là-dessus concernant la tenure des lois, la
façon dont certains articles ont été rédigés
et certains paragraphes. Je ne veux pas en faire un débat technique cet
après-midi ici, ce n'est pas la place.
On aimerait avoir le temps de mieux comprendre ce qui est
très légitime, d'ailleurs la portée des lois. Si
l'étude et l'adoption de ces lois à l'Assemblée nationale
étaient reportées à l'automne, à la fin de
l'année, cela pourrait-il donner satisfaction après avoir pu en
prendre connaissance, évidemment, et avoir eu le temps de les examiner
avec les dirigeants de vos coopératives, avec vos officiers? Est-ce que
cela pourrait vous donner satisfaction? Je ne parle pas d'un maximum de
satisfaction, mais au moins un minimum de satisfaction.
M. Filotas: (S'exprime en langue inuit). Une voix: Vous
parlez juste de cette...
M. Roy: Je parle de toutes les lois. (17 h 15)
M. Filotas: (S'exprime dans la langue inuit).
M. Tulugak: (S'exprime dans sa langue):
M. Filotas: Thomassie répond encore à votre
question et il dit que ce serait la seule chose juste à faire, qu'il est
d'accord sur cela. Il dit: Nous venons de vous dire que les gens dans le Nord
ne comprennent pas les vraies implications et qu'il faut vraiment leur donner
une chance qu'ils comprennent sur quoi va être basé leur
avenir.
M. Roy: Je m'excuse, M. le Président, est-ce qu'il y a des
dangers? Évidemment, il y a toute une convention à appliquer, il
y a sûrement des avantages à cette convention, sinon elle n'aurait
pas été signée, mais y aurait-il des risques, y aurait-il
des implications sérieuses s'il devait y avoir un retard de quelques
mois à l'adoption des lois?
M. Filotas: (S'exprime en langue inuit). M. Tulugak:
(S'exprime dans sa langue). M. Filotas: (S'exprime en langue inuit).
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: La seule chose qui pourrait être dangereuse
dans le report comment on dit cela le report...
M. Roy: Le report de l'adoption.
M. Filotas: ... des lois c'est si c'est remis pour une
période de temps trop courte. Il dit: Tout l'après-midi nous
avons été ici pour vous expliquer que les gens ont besoin d'avoir
la chance de comprendre, il faudrait leur laisser suffisamment de temps pour
qu'ils puissent vraiment comprendre.
M. Roy: Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais d'abord dire
à nos invités que leurs propos d'ouverture soulèvent des
résonances, chez celui qui vous parle en tout cas. Nous sommes
extrêmement sympathiques à leur demande, et aussi au respect de
leurs aspirations et de leur mode de vie.
D'autre part, on nous affirme qu'il n'y a pas eu suffisamment de
consultations face à ces projets de loi. On nous a dit que la copie de
la convention est parvenue, en tout cas à certaines des personnes qui
sont ici, au mois de mars de cette année et qu'il n'y a pas de
traduction des projets de loi en leur langue, ce qui fait en sorte qu'ils n'ont
pas pu prendre connaissance des dispositions des projets de loi.
Étant donné que la fédération, à ce
qu'on nous a dit tantôt, regroupe onze villages mais qu'il y a aussi des
divergences d'opinions qui ont été mentionnées et qu'il y
aurait, semble-t-il, parmi ces onze villages, trois villages qui seraient
dissidents de l'association NQIA, j'aimerais demander aux gens de la
Fédération des coopératives, qui regroupe tous les
villages... On comprendrait que dans les trois villages dissidents,
peut-être à cause justement de cette dissidence, il n'y ait pas eu
de consultation. Je ne dis pas que c'est acceptable, je ne me prononce pas
là-dessus. Je dis que ce serait compréhensible.
Puisque vous regroupez des représentants des autres villages qui
sont regroupés dans la NQIA, pourriez-vous nous dire quel genre de
consultations il y a eu dans ces huit villages? Est-ce que la majorité
des habitants de ces huit villages a reçu copie au moins, a pu consulter
l'entente de la Baie James en langue inuit? Y a-t-il eu des réunions? Y
a-t-il eu des assemblées? Quel genre de consultations y a-t-il eu
exactement et vers quelle période autour d'une part, de la convention
et, d'autre part, des projets de loi dans les huit villages qui sont
regroupés sous l'association NQIA? Il y a quatorze villages,
d'accord.
M. Filotas: (Parle en langue inuit).
M. Kasudlvak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Paulussie dit qu'il peut dire ceci: II vient d'un
village dissident et, durant le temps des négociations, à mesure
qu'on se rapprochait de la signature de la convention, il semble que toute la
journée, toute la nuit, on ne parlait que de cela. On entendait parler
de la convention et de ce qu'il y avait dans la convention. Après la
signature de l'entente, tout cela a arrêté. Il me semble que
quasiment un an a passé sans qu'on entende parler d'absolument rien. Ce
qu'il y a de drôle, c'est que, durant le temps où on en parlait,
où on en entendait parler, on avait laissé de côté
la traduction des textes et c'est seulement récemment qu'on a eu une
version intégrale de la convention en langue inuit.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je n'ai que deux mises
au point à faire, je n'ai pas de question pour le moment, ni au
ministre, ni au groupe. Je voudrais, premièrement, relever ce qui a
été mentionné par le député de Mont-Royal,
soit que M. Filotas était strictement traducteur, et cela a
été endossé par le président. À titre
d'information, M. Filotas fait partie de la Fédération des
coopératives du Nouveau-Québec, alors je pense qu'il a autant le
droit de dire ce qu'il a à dire et de faire ses commentaires que tout le
monde, je pense. La deuxième...
M. Ciaccia: J'invoque le règlement.
Le Président (M. Jolivet): Une question de
règlement.
M. Ciaccia: Pour qu'il n'y ait pas de mauvaise
interprétation, je n'ai aucunement contesté le droit de M.
Filotas...
M. Perron: Disons que c'est une mise au point que je
faisais...
M. Ciaccia: ... La seule mise au point que je voulais faire c'est
que quand je posais la question aux invités, je voulais avoir une
réponse des invités, que si M. Filotas voulait se faire poser
lui, des questions, ou voulait faire, lui, des représentations, il
était libre de le faire. Je voulais clarifier, spécialement pour
le journal des Débats, en quelle qualité il agissait quand je
posais des questions aux invités, s'il agissait comme témoin
principal ou bien comme interprète.
M. Perron: M. le Président...
M. Ciaccia: C'est la seule mise au point. Je ne voulais
aucunement mettre en doute soit l'intégrité, soit les intentions,
soit la qualité ou la capacité de M. Filotas.
M. Perron: La deuxième mise au point que je voudrais
faire, M. le Président, c'est qu'on n'a pas mentionné le nombre
de membres qui font partie de la fédération ou des
coopératives. Cela a été demandé, mais il n'y a pas
eu de réponse, je pense. On me corrigera. Le nombre peut varier, c'est
un minimum de 1500 membres et un maximum de 1800. Ce sont les deux choses que
j'avais à dire, M. le Président, merci.
Le Président (M. Jolivet): Oui, monsieur.
M. Filotas: J'aimerais, comme j'ai essayé de le faire tout
à l'heure, dissiper certaines choses qui, peut-être, mènent
à confusion. Peut-être que ce que j'ai à dire va aider a
mieux comprendre ce que d'autres groupes auront à dire. M. Ciaccia, en
premier, et M. je ne sais pas votre nom, le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Goulet.
M. Filotas: À plusieurs reprises, vous avez fait des
références, à la commission parlementaire de 1975, au
monde de la fédération ici, et vous avez dit: C'est la même
chose que vous avez dite en 1974, c'est la même chose que vous avez dite
en 1975, ce sont encore les mêmes affaires. C'est à votre
incitation qu'on a insisté pour qu'il y ait consultation et
référendum dans le Nord, alors je voudrais faire certaines
précisions à ce sujet.
Moi j'étais bel et bien là, à cette commission
parlementaire, avant la signature de l'entente finale. Il y avait, comme groupe
d'autochtones à cette commission, la Northern Quebec Inuit Association,
il y avait le grand conseil des Cris, il y avait un individu de Povungnituk,
village dissident qui a eu la chance de parler, il y avait un bonhomme, je
crois, de Saglouc qui était dans l'auditoire, mais qui n'a pas
parlé. Là, ma mémoire me laisse un peu, il y avait
peut-être aussi un bonhomme de Ivujivik. Jamais à ce
moment-là...
M. Ciaccia: II y avait aussi l'avocat, le représentant
juridique du groupe dissident, M. Claude Melançon.
M. Filotas: Oui, il était employé du groupe. Donc
je parle du groupe et non des employés. Je me souviens bien que
l'Association des Indiens du Québec avait demandé la parole et
elle a été déboutée. Alors c'étaient les
seuls groupes: la NQIA, le grand conseil des Cris, il y avait le pauvre
bonhomme tout seul, Simiuni Sivuarapik, qu'il s'appelait, de Povungnituk.
Jamais, jamais la Fédération des coopératives ne fut
présente à cette commission parlementaire. Alors, quand on dit:
Vous avez dit ceci en 1974, ce n'est pas ce monde-ci. Ce n'est pas ce
groupe-ci. Il peut y avoir du monde qui était là, qui appartenait
à ce mouvement de dissidence-là, mais il y avait en même
temps du monde qui appartenait au mouvement de fidélité à
l'NKQIA aussi.
La Fédération des coopératives n'était pas
là. Alors les interventions qui ont été faites ont
été faites par d'autres individus, par d'autres groupements et
non par la fédération. C'est la première fois que la
fédération se prononce sur le contenu, sur le sujet de la
Convention de la Baie James et du Nord québécois. (17 h 30)
Le Président (M. Jolivet): Nous vous remercions, mais je
pense qu'il restait une dernière intervention de M. Thomassie
Tulugak.
M. Tulugak: (S'exprime dans sa langue).
M. Filotas: Thomassie veut faire une dernière
intervention. Il sait qu'il y a plusieurs personnes qui veulent parler aussi et
il adresse son intervention directement à M. Ciaccia, parce que M.
Ciaccia, au début de l'après-midi, avait remarqué: Vous
répétez toujours la même chose que vous avez
répétée dans le temps. Il voudrait vous donner ses
paroles, vous les remettre de personne à personne pour que vous ne les
oubliiez jamais. Thomassie dit: C'est vrai qu'on dit la même chose qu'on
a dite dans ce temps-là et on va continuer de dire la même chose
parce que c'est la vérité et on va continuer d'exiger ce qu'on
exige, aussi longtemps que nos confrères, que tous les Inuit n'auront
pas compris ce qui se passe. Présentement je me sers de la langue de mon
grand-père, de ma grand-mère et de mes autres ancêtres,
mais je vous parle comme un il n'y a pas d'expression comme cela en
français "fellow Quebecker". En dépit du fait qu'on a des
langues différentes, je vous parle comme un "fellow Quebecker" pour que
vous nous aidiez à arriver à une solution par laquelle chacun de
nos groupes va pouvoir se développer, sans que ni l'un ni l'autre
n'essaient de s'écraser ou de se nuire. C'est cela qu'on demande, c'est
cela qu'on voudrait que vous compreniez; on voudrait que la chance soit
donnée aux Inuit de mieux comprendre ce qui se passe avec eux. C'est
pour cela qu'on demande que ces lois soient reportées.
Le Président (M. Jolivet): Nous vous remercions.
Caisse populaire de Povungnituk
J'inviterais le représentant de la Caisse populaire de
Povungnituk, M. Thomassie Qinnuajuak. M. Qinnuajuak.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Premièrement, je voudrais m identifier.
Je suis M. Thomassie Qinnuajuak, un membre du bureau de direction de la Caisse
populaire de Povungnituk. Je suis délégué par le bureau de
direction de la Caisse populaire de Povungnituk pour les représenter
à cette commission.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Sans plus de préambule, je commence
à vous expliquer les raisons de ma venue ici. D'abord, je tiens à
ce que tout le monde sache que nous avons à Povungnituk une banque qui
est une caisse populaire. C'est assez drôle à dire en
français, mais c'est une institution qui s'occupe d'argent qui est une
caisse populaire.
M. Qinnuajuak: (S'exprime en sa langue).
M. Michaud (Yves): Au début de notre caisse populaire,
nous avons dû y mettre beaucoup d'effort, beaucoup du nôtre, de
notre propre effort pour la lancer. Jusqu'à aujourd'hui, elle continue
à évoluer.
M. Qinnuajuak: (S'exprime en sa langue).
M. Michaud (Yves): Notre caisse populaire a été
fondée le 24 septembre 1962.
M. Qinnuajuak: (S'exprime en sa langue).
M. Michaud (Yves): Le bureau de direction de la caisse populaire
est composé seulement d'Inuit de Povungnituk.
M. Qinnuajuak: (S'exprime en sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous sommes huit directeurs. Nous sommes aussi
trois Inuit au comité de surveillance, huit au bureau de direction et
trois au comité de crédit.
M. Qinnuajuak: (S'exprime en sa langue).
M. Michaud (Yves): Au début de la caisse populaire, le
seul argent qui faisait partie de notre banque, c'était de l'argent qui
venait de nos propres poches.
M. Qinnuajuak: (S'exprime en sa langue).
M. Michaud (Yves): Au début, nous étions
très peu. Tranquillement, les membres ont augmenté et les gens
ont commencé à utiliser la caisse populaire pour déposer
de l'argent. Finalement, un premier organisme est devenu membre. Il s'agit de
la Coop de Povungnituk.
M. Qinnuajuak: (S'exprime en sa langue).
M. Michaud (Yves): Ceci pour raconter les débuts de la
caisse populaire.
M. Qinnuajuak: (S'exprime en sa langue).
M. Michaud (Yves): Cette caisse populaire est plus qu'une banque
pour nous. Pour nous, c'est une école où on apprend à
s'occuper de nos fonds et de l'argent.
M. Qinnuajuak: (S'exprime en sa langue)
M. Michaud (Yves): Aujourd'hui, nous avons appris beaucoup
concernant la direction de la caisse populaire et aussi la direction
d'organismes financiers en général. Aujourd'hui, notre caisse
populaire fonctionne.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): De plus, notre caisse populaire a aidé
au départ d'autres organismes en leur fournissant des fonds et en les
aidant financièrement, et elle le fera sûrement encore dans
l'avenir.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): On vient tout juste de prendre connaissance de
la loi 27. Nous savons qu'il est question de fonds et d'argent, de placement,
etc., de toutes ces choses dont on s'occupe à la Caisse populaire de
Povungnituk. Nous ne savons pas encore comment cette loi va déranger ou
aider notre caisse populaire.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Notre caisse populaire, même si elle
existe depuis longtemps, même si elle appartient complètement aux
Inuit, même si elle est un organisme qui appartient aux Inuit, n'a jamais
été approchée sur les questions de développement
économique lors de la négociation de l'entente de la Baie James.
Lorsque les questions de développement ont été
discutées à l'entente, notre caisse populaire, qui est un
organisme qui nous appartient et qui existe depuis longtemps, n'a jamais
été approchée et consultée de quelque façon
que ce soit.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Ceux qui ont négocié l'entente
de la Baie James ont simplement, de leur côté, en ignorant la
caisse populaire, mis sur pied un organisme qui a comme fonction de promouvoir
le développement économique du Nouveau-Québec, une
fonction semblable à notre caisse populaire.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): II vous apparaîtra très clair et
très normal que l'on veuille d'abord bien comprendre tout le sens de
cette loi et de cet organisme Makivik en fonction du travail que l'on accomplit
à la caisse populaire.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Les membres de la Caisse populaire de
Povungnituk sont au nombre de 672. Ils sont composés principalement
d'Inuit de Povungnituk, mais aussi d'Inuit d'autres communautés du
Nouveau-Québec, de même que de personnes venant du sud.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Quatre coopératives sont membres de
notre caisse populaire.
Le Président (M. Jolivet): Monsieur, on me demande si on
peut poser les questions en anglais ou si on doit les poser et que vous allez
faire la traduction. Est-ce que M. Thomassie comprend l'anglais ou le
français?
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue). M. Michaud (Yves):
Je ne comprends pas.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est un peu le même
problème que celui de tout à l'heure que je voudrais reprendre.
Il va y avoir des sommes considérables qui vont être
versées. Vous laissez entendre que cela remet en cause votre caisse
populaire. Je voudrais savoir deux choses. La première: J'aimerais
comprendre en quoi cela les met en cause. Nous sommes obligés
d'appliquer l'entente. Deuxièmement, qu'est-ce qu'on pourrait faire
d'autre qui ne mettrait pas en cause la caisse populaire. (17 h 45)
M. Michaud (Yves): (S'exprime en langue inuit).
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): On a des craintes à ce sujet ici. Les
développements économiques qu'on a mis sur pied tranquillement
via notre caisse populaire, on les a mis tranquillement et lentement. De
l'autre côté, les sommes très élevées qu'on
voit apparaître via Makivik, on a des craintes. Mais on ne sait pas
exactement comment ces choses vont nous nuire ou nous aider. C'est pour cela
qu'on veut avoir la chance d'étudier plus longuement la loi 27 afin de
justement comprendre ces choses. On ne comprend pas comment encore ceci peut
nous nuire ou nous aider. On vous demande cette chance.
M. Morin (Louis-Hébert): Précision. Si on ne
procède pas de la façon dont on procède dans l'application
de l'entente, on peut faire quoi d'autre? Est-ce qu'il y a une suggestion?
Là vous dites que vous voudriez étudier plus longuement. C'est
cela. Est-ce qu'il y a une suggestion concrète pour éviter le
problème?
M. Michaud (Yves): Pour éviter le problème, on
suggère d'étudier plus longuement.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, le problème que cela
pose par rapport à la caisse populaire. D'accord. En somme, là
essentiellement, vous avez des craintes en ce qui concerne l'avenir. Vous ne
savez pas encore dans quelle mesure ce qui s'en vient va mettre en cause la
caisse populaire. Par conséquent, vous n'avez donc pas de solution
à proposer. Vous aimeriez réfléchir davantage. C'est
cela?
M. Michaud (Yves): (S'exprime dans la langue inuit).
Oui, c'est exactement ce que je veux, ce que j'essaie d'exprimer
ici.
M. Morin (Louis-Hébert): Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je sympathise et comprend
quelques-unes des préoccupations que notre invité a. Je regrette
que les objectifs de la société tels que contenus dans le projet
de loi ne semblent pas lui avoir été expliqués par ceux
qui agissaient au nom des Inuit et qui ont fait la consultation dans toutes les
communautés.
M. Michaud (Yves): (S'exprime dans la langue inuit).
M. Ciaccia: En plus, le projet de loi no 27, qui reproduit un des
chapitres de la convention, n'est pas pour nuire aux activités
existantes dans les différentes communautés. Plutôt,
l'objectif était d'aider les Inuit et leurs institutions, soit les
institutions traditionnelles, soit les nouvelles institutions
économiques que les Inuit eux-mêmes auraient pu créer.
M. Michaud (Yves): (S'exprime dans la langue inuit).
M. Ciaccia: Je voudrais seulement attirer l'attention de notre
invité sur deux aspects de cette loi. Premièrement, l'objectif de
la société qui est entre autres de développer les
communautés inuit et de perfectionner leurs moyens d'action et les
institutions qui leur sont reliées.
Deuxièmement, je voudrais attirer l'attention de notre
invité sur le fait que cette société sera
entièrement gérée par les Inuit et que la
communauté de Povungnituk, par exemple, peut élire un membre au
conseil d'administration de la société et pourrait utiliser
je vais parler plus lentement les actifs de cette
société pour les buts de la communauté de Povungnituk et
aussi pour les buts de la caisse populaire que notre invité
représente.
M. Michaud (Yves): Est-ce que je pourrais souligner quelque
chose? Quelqu'un était censé m'aider pour interpréter du
français à l'esquimau, que j'avais préparé depuis
le début et je n'ai pas trouvé la personne quand je suis
arrivé. Je pense que je pourrais faire un meilleur travail si cette
personne était ici. C'était...
M. Ciaccia: Parle-t-il anglais ou est-ce le même
problème?
M. Michaud (Yves): C'est le même problème. C'est
beaucoup plus facile de l'inuit au français. M. Georges Filotas pourrait
peut-être m'aider s'il acceptait... Il n'est pas ici non plus.
Je fais faire la partie que vous venez de dire, je l'ai prise en note.
Je vais traduire la partie que vous venez de dire. (S'exprime en langue
inuit).
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Ce sont toutes ces questions qu'on veut
justement mieux comprendre et qu'on voudrait avoir le temps d'étudier.
Justement, tout ce que vous nous dites, c'est pour cela qu'on a besoin de temps
pour étudier cette chose-là.
Le Président (M. Jolivet): II est 18 heures actuellement.
Est-ce que vous pensez avoir le temps de terminer? On pourrait prendre une
dizaine de minutes additionnelles.
M. Ciaccia: Consentement.
Le Président (M. Jolivet): Consentement. M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: Monsieur a dit que la caisse populaire qu'il
représente a quatre coopératives qui en sont membres. Est-ce que
ce sont des coopératives qui représentent des villages dissi-
dents, les quatre coopératives? On a dit tantôt que, sur 14
villages, il y en avait trois ou quatre ou quelques-uns qui étaient
dissidents; on ne savait pas trop. Ici, on a dit trois, mais l'autre groupe a
dit: On ne le sait plus maintenant. Est-ce que les quatre coopératives
qui sont là représentent des villages dissidents?
M. Michaud (Yves): (S'exprime en langue inuit). M.
Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Ce ne sont pas toutes les coopératives
membres qui viennent des villages dissidents.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Trois coops qui sont membres de la caisse
populaire de Povungnituk viennent des villages dissidents et une coop vient
d'un village non dissident.
M. Goulet: Une dernière question, si vous me permettez.
Sur le territoire des 14 villages, est-ce la seule institution bancaire qu'il y
a sur place ou s'il y a d'autres caisses populaires ou banques à
l'intérieur de ces 14 villages?
M. Michaud (Yves): (S'exprime en langue inuit).
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): II y a deux institutions bancaires, une caisse
populaire et une banque.
M. Goulet: Cela fait quatre...
M. Michaud (Yves): Une. Il y a une banque et une caisse
populaire.
M. Goulet: Etant donné que ces gens ne sont pas ici, n'ont
pas tenu à se faire entendre, doit-on conclure qu'ils sont en faveur de
la convention telle que rédigée? Vous n'êtes pas
obligé de me répondre... Mais étant donné que ces
caisses populaires ne sont pas représentées... Ah bon! Il y a
seulement une caisse populaire, celle représentée par monsieur
et, en plus, il y a une banque, c'est cela? D'accord.
Une dernière question, et celle-là c'est vraiment la
dernière. De combien de temps monsieur pense-t-il que les membres de la
caisse populaire auraient besoin je pose la même question que j'ai
posée à l'autre groupe pour vulgariser la convention
auprès des membres ou les projets de loi, de façon que les gens
les comprennent très bien et puissent se prononcer? De combien de temps,
d'après lui, auraient-ils besoin? Tantôt on nous a dit toute une
vie, mais j'espère avoir une autre réponse. (18 heures)
M. Michaud (Yves): (S'exprime en langue inuit).
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Je pourrais répondre plus clairement
à cette question après avoir jasé plus longuement avec les
membres de la Caisse populaire de Povungnituk.
M. Goulet: À peu près, je veux dire six mois, trois
mois.
M. Michaud (Yves): (S'exprime en langue inuit).
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Non. Il m'est très difficile de donner
des dates précises sur cela. Cela prendrait un bon bout de temps, mais
ma connaissance de la loi no 27, au point où j'en suis, ne me permet pas
de donner des probabilités.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions des membres? S'il n'y en a pas d'autres, je vous remercie. On se
revoit à 20 heures ce soir. Je demande aux groupes qui ont à
intervenir ce soir ainsi qu'aux membres de la commission d'être
très ponctuels parce qu'il nous reste encore quatre groupes avant
l'étude article par article des trois autres projets de loi. Suspension
jusqu'à 20 heures.
(Suspension des travaux à 18 h 3)
(Reprise de la séance à 20 h 10)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, mesdames et
messieurs!
La commission des affaires intergouvernementales est réunie
à nouveau pour étudier les projets de loi, tel que défini
lors de la réunion du début avec les membres qui sont les
mêmes pour ce soir. Nous avions dit, lors de la suspension de la
séance cet après-midi, à 18 heures, que nous avions
encore, si on regarde le temps, jusqu'à 21 h 30 pour entendre les
groupes qui sont assignés, au nombre de quatre actuellement, compte tenu
que nous devons absolument, avant la fin de la soirée, à minuit
au plus tard, avoir terminé l'étude de ces trois projets de
loi.
Je fais donc un ajout aux intervenants. De consentement unanime, M. de
Belleval (Charles-bourg) remplace M. Couture (Saint-Henri).
J'appelle le Conseil communautaire de Povungnituk. M. Asarak Qinnuajuak.
Vous avez la parole, monsieur.
Conseil communautaire de Povungnituk
M. Qinnuajuak (Asarak): (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Merci. Je suis le président du Conseil
communautaire de la communauté de Povungnituk. J'essaierai de ne pas
parler long-
temps et je parlerai de choses qui viennent de la communauté de
Povungnituk.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Je vais relever un historique court à
partir de 1971, c'est-à-dire de la création de l'Association des
Inuit du Nouveau-Québec, jusqu'à aujourd'hui.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): C'est en 1971, lors d'une réunion
à Inoucdjouac, que fut fondée l'Association des Inuit du
Nouveau-Québec.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Dans les débuts de l'Association des
Inuit du Nouveau-Québec, je tiens à vous faire remarquer que les
communautés de Saglouc, Ivujivik et Povungnituk faisaient partie de
cette association, elles étaient membres de cette association.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Plus tard, avec l'arrivée du projet de
la baie James, les Indiens de cette région ont demandé l'appui de
l'Association des Inuit afin de s'opposer à ce projet. (20 h 15)
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): À la suite de cela, durant le cours des
procédures légales, l'association nous fit signer une
procuration.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Cette procuration devait, selon les
explications fournies, permettre à l'Association des Inuit d'appuyer les
Indiens dans leurs démarches contre le projet de la baie James.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Cette procuration a été
signée en mars 1974.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Cette procuration, qui était
supposée permettre à l'association d'appuyer les Indiens dans
leurs procédures légales, quelle ne fut pas notre surprise de
nous apercevoir qu'elle leur permettrait de négocier les questions
territoriales.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Encore un peu plus tard, le 15 novembre 1974,
l'Association des Inuit signait une entente de principe concernant notre
territoire que nous n'avions encore jamais vue.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): La première fois que nous avons lu le
texte de cette entente, c'est à la suite d'une traduction d'un article
de journal par le Père Simons en décembre 1974.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Lorsque nous avons eu cette traduction, nous
nous sommes mis à l'étude de cette entente de principe.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous étions en désaccord sur
plusieurs points de cette entente de principe. C'est pourquoi nous avons
demandé au bureau de direction de l'Association des Inuit de venir et de
tenir une réunion avec nous à Povungnituk.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Tous les changements que nous voulions voir en
cette entente, de même que des points que nous voulions voir enlever ont
été mentionnés, et aucun ne fut accepté par
l'Association des Inuit.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): On a suggéré des points, des
façons de procéder, des changements à apporter à
l'entente, mais aucun de ces points qui étaient en accord avec notre
opinion ne fut accepté par l'Association des Inuit.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Lorsque nous avons compris qu'il n'y avait
aucun moyen de faire respecter, de faire entendre notre opinion, nous avons
décidé de retirer nos procurations données auparavant
à l'Association des Inuit par des procédures légales.
(S'exprime en langue inuit).
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): En février 1975.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): À partir de ce moment, vu que nous
n'étions plus représentés par l'association, toutes les
opinions qu'on a émises semblaient avoir perdu leur valeur. Les gens ne
voulaient plus nous écouter.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): À ce moment et durant toute
l'année 1975, même si nous ne faisions pas partie de l'Association
des Inuit, nous avons continué à faire valoir notre point de vue
et essayé de faire faire les changements qu'on voulait voir à
l'entente.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Durant la période où nous
étions encore à refuser l'entente de principe et aussi alors que
nous refusions que l'entente finale de la Baie James fut signée, le 11
novembre 1975 l'entente finale fut signée par l'Association des Inuit du
Nouveau-Québec.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Suivant la signature de cette entente, un
référendum fut organisé. Nous avons alors
décidé, avant le référendum, d'organiser une
tournée d'information dans le Nouveau-Québec.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous voulions exprimer clairement à
chacune des communautés tous les points sur lesquels nous
n'étions pas d'accord.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Mais nous n'avions pas encore terminé
notre tournée lors que le référendum eut lieu dans les
communautés. Nous n'avions pas encore eu la possibilité de
terminer cette tournée.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): À cause de cela, à cause du vote
qui a eu lieu, nous n'avons pas pu terminer la tournée.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): À la suite de cela, comme nous
n'étions pas d'accord avec l'entente de la Baie James, à la suite
de la façon dont s'était déroulé le
référendum, nous avons décidé de ne pas participer
à ce référendum, de refuser de voter, et nous avons
signé une pétition, ou une déclaration plutôt; nous
avons signé une déclaration sur laquelle étaient
écrites les raisons pour lesquelles nous ne participions pas au
référendum.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous tenons à vous faire remarquer que,
même si l'entente de la Baie James a été signée en
novembre 1975, la première copie du texte intégral traduit en
esquimau de cette entente ne nous est parvenue qu'en février 1978.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Cette entente est à la base même
de la loi 27.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): À ce moment-là, nous avions
quand même auparavant eu un résumé de l'entente.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous voulons que cette loi no 27 soit
retardée à l'automne à cause du fait que le texte
intégral nous est arrivé pour la première fois en
février 1978.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous voulons comprendre très bien toute
la portée de la loi 27, car nous considérons qu'elle peut avoir
des conséquences importantes, graves pour les Inuit.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous voulons que cette loi soit
reportée afin de pouvoir en faire une étude complète.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous savons, par exemple, que les Indiens et
les Inuit recevront ensemble $225 millions.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous savons que ces $225 millions seront
partagés entre les Inuit et les Cris.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Comme il y a moins d'Inuit que de Cris dans le
Québec, les Inuit auront moins d'argent que les Cris.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): L'argent sera distribué
proportionnellement au nombre des Inuit et des Cris.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Dans le décompte des Inuit pour faire
le partage proportionnel des sommes d'argent, les communautés de
Povungnituk, de Saglouc et d'Ivujivik sont incluses.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Ceci, même si le gouvernement et
l'association des Inuit savent très bien que ces trois
communautés n'ont jamais signé l'entente de la Baie James et
n'ont jamais participé à aucun vote de confirmation concernant
cette entente.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue). M. Michaud (Yves):
Même si on n'a pas signé
cette entente, malgré tout cela, le gouvernement continue
à considérer les gens de Povungnituk, Saglouc et Ivujivik comme
membres bénéficiaires de cette entente. C'est tout comme si on
nous forçait à manger de la nourriture empoisonnée.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Vous devez aussi savoir que cette loi 27 aura
des conséquences très importantes sur le développement
futur de notre territoire.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): On n'a jamais encore eu la possibilité
de comprendre toute la teneur de cette loi.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Et pour cause, nous n'avons encore jamais eu
un texte de cette loi en langue inuit.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous savons très bien que ce
gouvernement n'accepterait pas une loi qui ne serait écrite qu'en
eskimau sans d'abord avoir la possibilité d'avoir une traduction
française ou anglaise. (20 h 30)
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): En pensant à tout cela, il semble que
nous soyons seulement un jouet dans les mains du gouvernement.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Je voudrais vous parler un petit peu encore
sur la question, par exemple, du référendum concernant
l'indépendance du Québec.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Depuis longtemps, ici au gouvernement, on
parle de référendum pour l'indépendance du Québec,
on parle de lois pour tenir ce référendum, de règlements,
de toutes sortes de mesures et de la façon dont va se faire ce
référendum.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Prenons un exemple. Ceux qui veulent se
séparer du Québec pourraient avoir le droit de dépenser
$10 dans leur campagne et ceux qui ne veulent pas se séparer pourraient
avoir aussi le droit de dépenser la même somme dans leur campagne.
C'est un exemple de loi dont on a parlé.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): En fait, ces règlements pour le
référendum tentent de donner à chacune des parties la
chance d'exprimer clairement, avec la même force, son opinion, de sorte
que les gens pourront voter en tenant compte de leur vraie opinion.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous avons eu un référendum au
Nouveau-Québec concernant l'entente de la Baie James.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): La partie qui était en faveur de
l'entente de la Baie James, l'Association des Inuit du Nouveau-Québec,
avait énormément d'argent.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Ceux qui ne voulaient pas l'entente n'avaient
pas d'argent et on n'avait pas de personnel pour nous aider, faire
connaître notre point de vue.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Je ne pense pas que ce soit ce qu'on pourrait
appeler un référendum selon la conception d'une
démocratie.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Disons, par exemple, qu'on est même
allé jusqu'à empêcher des gens de téléphoner
à une autre communauté durant ce référendum.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Disons aussi que nous avons
préparé des bandes magnétiques pour faire connaître
notre point de vue et envoyer à toutes les autres communautés.
À certains endroits, les bandes magnétiques ont disparu, ont
été prises et enlevées pour que les gens ne les
écoutent pas.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): C'est qu'on ne voulait pas que les gens
connaissent notre point de vue.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Pour ajouter à cela, nous avons aussi
organisé une tournée à un moment donné pour faire
connaître notre point de vue juste avant le référendum.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Alors que la tournée étant
encore en cours, alors que la tournée n'était pas
terminée, le vote a eu lieu. Pour nous autres, ce n'est pas cela une
démocratie.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): L'Association des Inuit de même que les
gouvernements ne nous ont pas donné les possibilités de faire
connaître notre point de vue, ne nous ont pas permis de faire
connaître notre point de vue.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Pour terminer, je tiens à ajouter
encore que la loi 27 devrait être reportée à l'automne pour
qu'on puisse en faire l'étude.
M. Qinnuajuak: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Je vous remercie beaucoup. Maintenant,
j'aimerais laisser la possibilité à notre avocat d'adresser la
parole, s'il le désire.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que vous voulez vous
identifier, s'il vous plaît.
M. Sheppard: Claude-Armand Sheppard, avocat à
Montréal. M. le Président, j'essaierai d'être aussi bref
que possible, dans le but d'essayer de vous convaincre d'accorder ce qui me
semble une demande très simple, très normale, très
légitime et dont je m'étonne qu'elle puisse surprendre qui que ce
soit. C'est simplement la demande que vous adressent les gens dont la
destinée comme société va être affectée
radicalement par cette loi d'avoir l'occasion, je ne dirais même pas de
l'étudier ou de la disséquer, mais de la lire. Je me demande en
vertu de quelle conception de la démocratie ou de la liberté ou
de la dignité d'un peuple on peut imposer à des gens, même
avec les meilleures intentions du monde, une loi qu'ils n'ont pas lue, qui leur
est proposée à la dernière minute. Ils sont
arrivés, en tous les cas, quant à mes clients, après douze
heures d'avion, hier. J'ai une journée d'avance sur eux.
Personnellement, je n'ai pu avoir un texte complet ou à jour de la loi.
Tout ce qu'ils vous disent c'est: Cette loi 27 qui va devenir finalement notre
constitution interne et administrer nos biens, notre avenir, nos
intérêts, nous aimerions l'étudier. Nous aimerions voir ce
qu'il y a dedans. Nous aimerions la comparer à ce contrat dont on parle
tellement et que nous n'avons pas obtenu avant deux ou trois ans après
sa signature. C'est le minimum, je pense, de décence d'accorder cette
demande. Je me demande quelle urgence, d'ailleurs, il peut y avoir pour qu'on
ne retarde pas de quelques mois pour permettre aux intéressés
d'examiner ce projet de loi.
J'ai eu l'occasion, je vous le dis, de parcourir le texte qui a
circulé. J'avoue que je suis profane en la matière, mais je
constate et j'essaierai d'être concret certaines
dispositions dans ce projet de loi qui, si j'étais Inuit et que mon sort
allait être décidé par cela, me porteraient à
m'interroger. Au moins, si j'étais représentant des Inuit venus
ici à Québec, j'aimerais avoir l'opinion de mes collègues,
de mes concitoyens.
Je ne vais pas vous faire une analyse complète de la loi, mais un
exemple qui est frappant, c'est qu'aux articles 29 et 31 on prévoit que
les Inuit ont un droit de vote, mais, à l'instar d'une sorte de
société capitaliste qui opère par actions, on permet aux
Inuit d'aliéner leur vote en le donnant par procuration à
quelqu'un. C'est comme si, demain, le gouvernement du Québec, en
prévision du référendum, permettait aux gens de
déléguer leur droit de vote à leur avocat, au
représentant d'une association, au secrétaire de la
Saint-Jean-Baptiste ou peut-être à leur association de
comté.
C'est peut-être bon, c'est peut-être mauvais; c'est
peut-être légitime, c'est peut-être illégitime. Tout
ce que ces gens vous disent il me semble que c'est la décence
élémentaire et ce n'est nulle part dans le contrat c'est:
Nous aimerions en parler à nos gens. Ils sont peut-être d'accord,
ils ne sont peut-être pas d'accord. On n'est pas venu ici pour s'opposer
à ces lois, mais pour vous demander le droit de vous faire des
représentations informées. Autrement, je vous le dis brutalement,
cette séance est une comédie, parce que mes clients et ceux que
vous avez entendus auparavant n'ont pas eu le temps non seulement
d'étudier ce que vous leur demandez de discuter devant vous, mais de
consulter leurs concitoyens.
À la lecture des transcriptions des auditions parlementaires
antérieures et à l'audition des questions qui ont
été posées ici aujourd'hui préalablement, ce qui me
frappe, c'est que personne n'a l'air de comprendre la différence entre
la conception que se font les Inuit de la démocratie et celle que nous
nous en faisons. Nous avons l'habitude de la démocratie
représentative où nous déléguons à des
députés ou à des représentants ou à des
ministres des pouvoirs qu'ils exercent à bon ou à mauvais
escient, mais, enfin, ils prennent des responsabilités. Dans la
société inuit, tout se passe par un consensus qui est
développé dans des consultations générales. Je peux
vous dire que mon mandat d'avocat pour être ici a fait l'objet de
séances communautaires. On a choisi l'avocat, on a discuté de ses
honoraires. C'est peut-être un signe de méfiance, mais enfin c'est
une conception de la démocratie.
M. de Belleval: Pas de méfiance, de prudence.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, ne
risquez pas d'allonger le débat, parce que je tiens à vous
avertir que je ne veux pas enlever aucun droit de parole, mais qu'au nom de la
demande des gens il nous reste encore beaucoup de travail et on aimerait
accélérer les travaux un peu, si c'était possible.
Continuez.
M. Sheppard: Je pourrais vous donner un autre exemple d'une
disposition qui, elle non plus, n'apparaît pas dans la convention, qui
est peut-être bonne, qui est peut-être mauvaise; c'est le quorum.
Les gens qui m'ont parlé, les groupes que je représente et qui
représentent au moins un tiers de ce peuple ne sont pas d'accord sur un
quorum de 15%. Ils vont peut-être changer d'idée après
avoir parlé à leurs concitoyens. Mais il y a une quantité
d'éléments qui me sautent à la figure,
qui frappent mes clients et leurs conseillers. Tout ce qu'ils vous
disent, c'est: Cette loi, nous la voyons pour la première fois je
suis sûr que l'autre association soi disant majoritaire est dans la
même situation et personne des intéressés n'a lu
cette loi, n'a eu l'occasion de l'étudier et surtout de la voir dans sa
langue.
Je vous fais une prédiction. Si vous n'ajournez pas et vous ne
témoignez pas d'un certain respect pour cette demande légitime,
ce ne sont pas trois villages dissidents que vous allez avoir dans six mois,
mais quatorze villages dissidents. (20 h 45)
Le Président (M. Jolivet): Merci. Est-ce qu'il y a des
questions de la part de M. le ministre, d'abord?
M. Morin (Louis-Hébert): Une seule question rapide parce
que nous allons continuer tout à l'heure à parler à
d'autres personnes comme nous avons fait cet après-midi.
Vous dites, maître, que la consultation, les échanges et la
connaissance de tout cela, concernant tous ces projets, sont insuffisants. En
somme, c'est une nouveauté, alors que, quand même, la convention
existe depuis déjà longtemps, qu'elle a déjà
été discutée et qu'il y a déjà eu des
contacts dans la région relativement à cette convention.
Aujourd'hui, nous appliquons, en somme, par des projets de loi, une
convention signée par un autre gouvernement. Vous affirmez donc qu'il
n'y a pas eu de précautions suffisantes de prises quant aux aspirations
d'un certain nombre de personnes.
M. Sheppard: M. le ministre, je ne vous parle pas de la
convention dans le sens où mes clients vous en ont parlé. Je
tiens pour acquis que la convention a été signée et je
n'entre pas dans le débat de la convention. Je vous ai cité deux
exemples je pourrais vous en citer une demi-douzaine d'autres de
dispositions dans ce projet de loi qui n'apparaissent pas dans la convention
l'étoffe qui s'y ajoute mais qui sont fondamentales.
Même si mes clients avaient une connaissance professionnelle de cette
convention, est-ce que ce n'est pas le minimum pour eux de pouvoir examiner les
lois d'application? Est-ce que toute autre communauté accepterait qu'on
lui dise: Ne vous inquiétez pas; c'est dans l'esprit de la convention.
C'est peut-être vrai. Ils vous diront peut-être la même
chose. Tout ce qu'ils vous demandent, ce sont quelques mois, pour des raisons
pratiques, pour l'examiner, pour l'étudier?
Rappelez-vous que la Fédération des coopératives
qui est venue vous voir n'est pas une coopérative dissidente. C'est
l'organisme économique de tous les Inuit. On n'est pas seuls.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Premièrement,
je voudrais remercier le Conseil communau- taire de Povungnituk de sa
présentation ainsi que des représentations de son procureur.
Puisque nous devons entendre d'autres mémoires, je
préférerais attendre à la fin avant de faire certaines
affirmations ou poser certaines questions. Il y a d'autres groupes qui doivent
être entendues et il y a d'autres représentations qui vont
démontrer que les séances communautaires ont eu lieu, que ce
n'est pas la première fois qu'on voit les prévisions qui sont
contenues dans le projet de loi 27. Au lieu de prendre tout le temps sur des
questions spécifiques, je préférerais attendre. Encore une
fois, je veux remercier nos invités des représentations qu'ils
nous ont faites.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, mon intervention est dans le
même sens que celle du député de Mont-Royal. J'ai pris note
de quelques questions, mais lorsque nous aurons entendu les autres groupes
intervenants, étant donné que ces gens-là sont dans la
salle, si je juge opportun de poser une question, j'y reviendrai à la
fin également. J'aimerais d'abord entendre les autres groupes.
Peut-être nos questions auront-elles des réponses?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je ne veux pas briser les ententes qui ont
été prises entre mes différents collègues, mais
j'aurais une question à poser. Je l'ai d'ailleurs posée et je me
propose de la reposer ce soir au cours de ces audiences.
Me Sheppard, si le projet de loi devait être retardé
à l'automne, par hypothèse, vous qui avez examiné le
dossier de la convention comme telle, la Convention de la Baie James, qui
êtes au courant des engagements du gouvernement, des sommes d'argent
impliquées, est-ce que cela aurait des conséquences
négatives si nous décidions de reporter l'adoption de ces projets
de loi à l'automne, c'est-à-dire de le retarder de cinq à
six mois?
M. Sheppard: Moi, je n'en vois aucune. J'ai posé la
même question aux personnes qui m'ont consulté. Ces personnes n'en
voient aucune. D'ailleurs, on n'a pas témoigné d'une diligence
exceptionnelle jusqu'à présent, et on ne demande pas une
éternité. Si c'était remis au début de l'automne,
cela permettrait à tout le monde d'être consulté et de
faire des représentations à l'Assemblée, à cette
commission en connaissance de cause. Mais je ne suis au courant d'absolument
aucune conséquence fâcheuse et certainement d'aucune qui
pèserait dans la balance avec la destinée d'un peuple.
M. Roy: Vous nous avez dit tout à l'heure, si j'ai bien
compris, que vous avez pris connaissance du projet de loi 27, en arrivant ici,
je pense, en arrivant ici hier.
M. Sheppard: Non, hier. Mais moi j'habite Montréal et,
étant avocat, j'ai des moyens d'obtenir des renseignements. Mais mes
clients sont arrivés hier, sont arrivés en soirée
précédente, après avoir voyagé toute la
journée.
M. Roy: En ce qui a trait aux autres projets de loi, vous en avez
pris connaissance en même temps hier?
M. Sheppard: En diagonale et j'ai appris qu'il y en avait un
d'ailleurs sur lequel il est trop tard pour faire des représentations.
Mais je ne peux pas rendre justice à mes clients, parce que ce
volumineux texte de la convention, je l'ai parcouru en diagonale pour faire des
comparaisons et je l'ai en français.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? Nous remercions le groupe qui est venu, c'est-à-dire le
Conseil communautaire de Povungnituk. Nous demandons à la Northern
Quebec Inuit Association de se présenter ici, M. Zebedee Nungak.
M. Nungak: Mr Chairman, l would want to ask a preliminary
question. To our understanding, there is another party who has stated a wish to
appear before this commission. Since the Northern Quebec Inuit Association did
not initiate or ask for this hearing, l feel it is most proper if the rest of
the parties have their first say, so that we can answer to any comments they
have made. Can we get a clarification on that first, Sir?
Association des Inuit Tungavingat Nunamini
Le Président (M. Jolivet): Donc, nous allons entendre
plutôt, si vous le désirez dans ce sens, l'Association des Inuit
Tungavingat Nunamini MM. Thomassie Qumaq et Quppak Tayaraq.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Mon nom est Thomassie Qumaq. Je suis
résident de Povungnituk et vice-président de l'Association Inuit
Tungavingat Nunamini.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Celui à côté de moi est
président, c'est mon patron et il me demande de parler le premier.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous vous remercions de nous donner l'occasion
de nous adresser à cette commission pour exprimer nos points de vue et
opinions.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Notre association fut fondée en 1975
pour les raisons suivantes.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Une entente avait été
signée, malgré notre consentement, et aussi malgré notre
pleine connaissance de l'entente, même si on en avait entendu parler
à plusieurs reprises. L'entente a été signée
à Montréal.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): L'entente de principe qui avait
été signée la première avait été
signée sans qu'on en entende parler et sans même qu'on nous
consulte auparavant.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): À ce moment-là, lors de
l'entente de principe, nous croyions que l'Association des Inuit travaillait
pour le bien des Inuit, travaillait pour ce que les Inuit voulaient, et nous
avons été très surpris d'apprendre qu'ils voulaient signer
une entente de principe.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous croyions qu'ils allaient travailler selon
le désir des Inuit et leur façon de faire. Au lieu de cela, ils
ont signé une entente à Montréal sur la question des
Inuit.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): C'est après s'être rendu compte
que l'association ne représentait pas les Inuit dans le sens qu'ils
voulaient être représentés que nous avons dû mettre
sur pied un autre organisme qui serait basé sur les valeurs qui
étaient les nôtres.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Par exemple, au lieu d'une élection par
délégué, notre président et notre
vice-président sont élus au suffrage universel, même si les
autres directeurs sont élus par chacune des communautés.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue). (21 heures)
M. Michaud (Yves): De cette façon, nous étions plus
assurés que l'association fonctionnerait dans la ligne de pensée
et dans la façon de faire des Inuit.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Par exemple, comme point de départ de
notre association, nous voulions...
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): ... contrôler par nous-mêmes notre
développement social, culturel et tous les points de notre vie.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous ne voulions rejeter aucun de nos droits
concernant notre vie traditionnelle, nos terres.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Cette association n'était pas pour se
chicaner avec les autres organismes; c'était pour nous
représenter. Par exemple, ce n'était pas pour commencer une
chicane contre les coopératives ou contre d'autres organismes.
C'était pour nous représenter.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous n'avions pas l'intention, non plus, de
faire de l'argent avec cela.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): C'est notre association, c'est le groupe qui
nous représente pour toutes les choses des Inuit dissidents à
l'entente.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous ne voulions pas, non plus, d'histoire
comme des cartes de membres.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): On n'est pas bien riche dans l'association. On
a seulement deux employés, plutôt volontaires. On s'est fait
donner une petite salle quelque part.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous ne sommes jamais, non plus, allés
quêter de l'argent au gouvernement pour l'organisme qui nous
représentait. Nous dépensons de notre propre poche.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): La raison pour cela, c'est qu'on veut que
l'organisme qui nous représente le fasse réellement. C'est pour
cela qu'on le finance nous-mêmes et qu'on ne va pas chercher de l'argent
ailleurs. On le fait vivre nous-mêmes, parce qu'on veut qu'il nous
représente vraiment.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): On n'a pas d'argent. Donc, on ne peut pas se
promener partout pour faire connaître notre point de vue aux gens.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous, les Inuit, nous ne voulons pas
être dirigés, écrasés par les autres. Nos terres,
notre culture et notre façon de vivre ne sont pas les mêmes. Par
exemple, nous n'avons pas d'arbres et il fait froid. Nous ne voulons quand
même pas être écrasés par les autres.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous avons entendu parler de la loi 27 il y a
quelques jours seulement. Nous n'avons pas eu beaucoup de temps pour nous
préparer. Nous en connaissions un peu le sens par l'entente.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Comme on ne comprend pas cette loi, on ne sait
pas exactement de quelle façon elle va influencer notre
développement, notre vie.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Nous savons très bien, par exemple,
qu'elle aura une très grande importance sur le développement
futur de notre territoire. Nous comprenons qu'elle aura de très grandes
conséquences et ceci nous inquiète pour notre avenir. On ne
comprend pas exactement quel sera le sens et quel sera le genre de
conséquence elle aura.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): On sait que la loi 27 n'est pas la seule,
qu'il y en a beaucoup d'autres qui ont découlé et qui vont
découler de l'entente, comme la loi 23 et d'autres lois que nous n'avons
pas eu la chance d'étudier et qu'on n'aura peut-être pas la chance
d'étudier. On veut avoir la chance d'étudier ces lois, parce
qu'elles nous concernent directement.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): J'ai terminé, en ce qui concerne mon
premier sujet, mais j'ai aussi un autre sujet très court dont je veux
vous parler.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Les 27, 28 et 29 mai 1977, j'étais
délégué au congrès du Parti québécois
pour le comté de Duplessis.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): J'ai participé au comité qui
s'occupait des Affaires étrangères et amérindiennes.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Les résolutions qui ont
été présentées à ce comité
étaient nombreuses. Certaines ont été acceptées et
certaines ont été refusées.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Je me rappelle, entre autres, très bien
d'une proposition qui disait: II devrait y avoir un secrétariat pour
s'occuper des affaires amérindiennes au gouvernement du
Québec.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Cette résolution a été
refusée par tous les membres unanimement dans le comité.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Même si cette résolution a
été refusée par les membres du Parti
québécois, le gouvernement québécois a formé
un secrétariat qui s'appelle SAGMAI et qui a comme patron M. Éric
Gourdeau.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): On n'est pas d'accord du tout avec ce
secrétariat, cette façon de faire aussi.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): On pense que les résolutions prises au
congrès du parti devraient être suivies par le gouvernement.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Avec ce secrétariat, il nous semble que
le gouvernement du Québec fonctionne exactement de la même
façon que le gouvernement d'Ottawa avec son ministère des
Affaires indiennes.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): De la même façon, ce
secrétariat du gouvernement du Québec agira comme un père,
comme un papa pour les Inuit, comme celui d'Ottawa.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): On peut très bien s'adresser
directement sans intermédiaire au gouvernement du Québec pour les
choses qui concernent les Inuit.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): Je voudrais que cette résolution prise
au congrès soit suivie par le gouvernement qui relève ou qui est
rattaché au parti qui avait tenu ce congrès.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): J'ai encore un autre commentaire à
faire à la suite des représentations qui ont été
faites par les gens de la fédération.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue). (21 h 15)
M. Michaud (Yves): Je voudrais répondre à une
question ou à un commentaire que M. Ciaccia a fait plus tôt
concernant le fait que la société Makivik aura des Inuit comme
directeurs et seulement des Inuit comme directeurs.
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): II me semble que ce commentaire n'a pas de
sens, parce que ce n'est pas parce que ce seront tous des Inuit qui seront au
comité qu'il n'y aura pas de gens qui vont s'opposer. Chez les
Américains et dans les autres gouvernements du monde, ils ont leur
propre gouvernement, ce sont leurs propres personnes qui les dirigent et il a
toujours de l'opposition et il y a du désaccord. Est-ce qu'on serait les
seuls à ne pas avoir de désaccord?
M. Qumaq: (S'exprime dans sa langue).
M. Michaud (Yves): C'est ce que je voulais dire, je vous remercie
de m'avoir entendu.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre avez-vous des
questions?
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense que je
préférerais personnellement attendre. Je vous remercie d'ailleurs
de votre intervention, je vous le dis bien sincèrement. Je reconnais
dans ce que vous dites une série d'arguments qui ont été
mentionnés par d'autres groupes qui vous ont
précédés. Il semble donc y avoir un même souci, mais
je préférerais attendre de voir l'ensemble pour peut-être
poser d'autres questions. J'attendrais à plus tard.
M. Michaud (Yves): (S'exprime dans la langue inuit).
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président, à mon tour je
voudrais remercier les représentants de l'Association ITN et je prends
note de leurs représentations. Puisqu'il y a un autre groupe à
être entendu, je préférerais attendre et retenir mes
commentaires ou les quelques questions que je pourrais avoir après que
tous les groupes auront été entendus.
M. Michaud (Yves): (S'exprime en langue inuit).
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Pas de questions pour l'instant, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, simplement un bref
commentaire sur la dernière remarque du porte-parole concernant le
congrès du Parti québécois. J'ai cru sentir que celui-ci
se sentait un peu comme certains militants à la suite de la
résolution sur l'avortement.
J'aimerais simplement lui dire que la différence c'est que la
résolution dont il parle avait été votée par
l'atelier, mais n'avait pas été votée par le
congrès. Ceci dit, je respecte leur opinion sur le sujet, ce
n'était nullement pour critiquer leur intervention à ce
sujet.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Northern Quebec Inuit
Association. M. Zebedee Nungak.
Northern Quebec Inuit Association
M. Nungak (Zebedee): (S'exprime dans sa langue).
Thank you very much, Mr Chairman. We came here with the intention of
listening to what the other groups have to say about us and about the bill
which is before you. We did not come here with a prepared text or a
presentation. Instead, intending to listen to what was said and to determine
whether there was a need for clarification or whether there were comments that
need to be given by us in answer to what was said this afternoon.
In order to properly handle this, I have with me Mary Simon, who is the
secretary to the Board of NQIA on my left; Tommy Cain who is one of the Board's
directors, from Leaf Bay; and Kakiniq Naluijuk, who is an employee of the
Northern Quebec Inuit Association dealing with Makivik affairs.
(S'exprime dans sa langue).
First of all, I want to reaffirm the basic purpose of the Northern
Quebec Inuit Association. After having heard the various complaints and
comments made by the people who spoke today, I have to say that the purpose of
the organization of this Northern Quebec Inuit Association is not to degrade
the Inuit, is not to cripple the ability of the Inuit and generally not to get
into activities that will not benefit the Inuit. Therefore, it is an
organization which was formed for the furtherance and advancement of Inuit
rights and Inuit affairs. I just want to make that clear, although it should
not have to be said, in the light of what was said today about what we have
allegedly done and what harm we have allegedly caused to certain of our people
in Northern Quebec.
(S'exprime dans sa langue).
The first comment we want to get into is the fact that all throughout
these various presentations today, what we consider to be the basic trust of
the opposition groups complaints was the fact that there was no consultation,
there was no information given to these people and there was not enough done to
properly involve and inform the Inuit for living in the communities which these
organizations presented to you today. On this comment, l will have Mr Tommy
Cain elaborating an explanation.
M. Cain (Tommy): (S'exprime dans sa langue).
M. Nungak: First of all, in regard to statements made by the
other groups today about the fact that the association did not let certain
people know, did not consult with certain members of the Inuit population, l
would like to confirm that this is not true. This is not entirely true that we
have had certain undertakings to inform all the people which we thought should
be informed. We have done our best in this manner to inform and to consult with
all Inuit people. So, the fact that we were accused today of not informing and
not involving certain people is not true.
M. Cain: (S'exprime dans sa langue).
M. Nungak: One of the main complaints about not being informed
today was the fact that an inuttituuit translation of the agreement not having
been made available. In fact, we had provided, to the best of our ability, a
summarized version which to our knowledge contained all of the basic
principles, all of the basic ingredients that are contained in the agreement.
Therefore, with that first version which was summarized, people if they had
paid any attention should have caught the basic and the main points contained
in the agreement.
(21 h 30)
After a certain time, we issued, as was stated today, another fully and
completed translation of the agreement. Certain people said today that they
were not informed and that they did not know the contents as if they had not
been given the opportunity in the first version to be informed and to know what
basically was in the agreement. It is to us not exactly the way it was.
M. Cain: (S'exprime dans sa langue).
M. Nungak: We are certain and we can say with all confidence that
the majority of the Inuit are aware of the contents of the agreement and know
what is stipulated and involved. We, therefore, cannot say that major portion
of the Inuit population does not understand and has no understanding of what is
contained in the agreement. We say this knowing that we have made all efforts,
coming to the communities to insure that people were aware of what was said in
the agreement.
M. Cain: (S'exprime dans sa langue).
M. Nungak: Kakiniq Naluijuk, from Saglouc, employee of the
Northern Quebec Inuit Association dealing with Nakivik Corporation affairs,
states that in specific reference to the bill before you today, bill 27
concerning Makivik Corporation, the staff of the Northern Quebec Inuit
Association who is dealing with this matter have
sent English and Inuttituuit copies of the draft bill which would
legislate Makivik into law. Therefore it cannot be said that documents of this
nature have not been provided. They have also conducted two trips covering all
the communities to explain the contents of the draft and also they have sent
one document in writing explaining what was in the draft of Makivik.
M. Naluijuk: (S'exprime dans sa langue).
M. Nungak: All of those 15 communities which he says have been
sent copies of the Makivik draft, 13 of those 15 have appointed each a person
to represent the community on the interim board or the initial board of the
Makivik Corporation. The only two communities that have not appointed a member
to this interim board are Povungnituk and Ivujivik.
M. Naluijuk: (S'exprime dans sa langue).
M. Nungak: Having stated that the majority of the communities
have appointed an interim board member to Makivik, it cannot be said that the
situation on this particular issue is not entirely ignored or not known. It is
a fact that the majority of the communities have a good enough knowledge of the
purposes of Makivik Corporation to have appointed a member. Perhaps, they may
have been cases where in communities they have not digested every single thing
but generally we feel that the corporation in its objects have been
explained.
M. Naluijuk: (S'exprime dans sa langue).
M. Nungak: The only thing that could possibly he not known and
not understood is specific areas of business ventures and money making
activities that Makivik Corporation is going to initiate. This is the only area
where people might not have a full understanding of a full knowledge, aside
from the fact that there has already been a company set up, Air Inuit Limited
under this Makivik Corporation.
M. Maluijuk: (S'exprime dans sa langue).
M. Nungak: The fact that this corporation is named Makivik,
which, translated, generates a meaning of progress or of "furtherment" should
also make it understood because in the language of the region it should be
understood that this shows the nature of the corporation, the fact that it is
set up for the "furtherment" and advancement of Inuit in every way.
Mme Simon (Mary): (S'exprime en langue inuit).
M. Nungak: Mary Simon further emphasizes that the association was
formed originally to further the cause of the Inuit in general. Although, as
stated earlier, this should be emphasized again. She says that the agreement
has been in existence for three years. It was signed in 1975. She has no doubt
whatsoever about the fact that there were enough consultations and information
given about it before and after the fact of the agreement. Therefore, she has
no doubt, whatsoever, that there was adequate consultation involved in the
period before and in the period after since the agreement has been signed.
She also says that there was a vote on a referendum, as stated before,
taken on the matter and an overwhelming majority of those who cast ballots
voted in favour of the agreement. She says that the agreement was ratified by
the voters by a margin of about 95% of votes cast.
Mme Simon (Mary): (S'exprime dans sa langue).
M. Nungak: The Government of Québec also passed bill 32
into law in June of 1976. This bill was giving legal affect to the agreement.
In that bill, there is a paragraph stating that the Government has a
responsibility to ensure that the contents of the agreement are legislated and
made into law. She just wants to remind the Government that is has the legal
responsibility and legal duty to ensure that the portions of the agreement that
need to be legislated are the responsibility of the Government. The Government
should and must carry out its duty in that area.
Mme Simon (Mary): (S'exprime dans sa langue).
(21 h 45)
M. Nungak: Since under the agreement there are structures and
bodies created for the development, the progress and the administration of
various things and activities in the region, this particular bill which would
legally effect the turn over of compensation money to the Makivik Corporation
should be viewed with a great importance because things have to go on and there
are certain business ventures and developments that the Inuit themselves are
going to want to go ahead with in the near future. And if the carrying of this
bill is delayed, then this is going to hold up the funds in trust and the Inuit
will be prejudiced by the fact that this money which is rightfully there
through this bill is not in their hands as the result of delay in
Legislation.
Mme Simon (Mary): (S'exprime dans sa langue).
M. Nungak: She says she cannot see, in listening to some people
today, how some of these people had never heard of bill 27 and its contents and
had just recently come upon it. It is of public knowledge that the contents of
this bill are containing the agreement under section 27, dealing with the
Makivik Corporation. And since the signing up to this date, we have tried to
ensure that the contents and the make up of the bill 27 before you today is
still the same, basically the same section that was negotiated in the
agreement. She says she has a hard time believing
the people who state that they have just recently come upon bill 27 and
what it says as if it had never been around anywhere.
(S'exprime dans sa langue). l would like to clarify also one of the main
points that was brought up today about whether certain of these groups are
opposed just to this section or to the whole agreement. One of the parties said
that they were opposed to the whole agreement, which makes a difference between
opposing this section and opposing everything in the agreement. To my
knowledge, the Northern Quebec Inuit Association was criticized, then parted
from not only for one section of it but for two basic principles contained in
the agreement which these groups claimed they could not live with. One of these
were the surrender of rights, the surrender clause and the other one was a
categorizing of land into square mile areas, designated land areas.
They told us at that time that these two principles were forever
unacceptable and, therefore, anything else into the agreement did not matter.
Now, l cannot understand today whether the delay of this one part of what is
considered an unacceptable agreement is going to do any good for these people
who claim that they have been bypassed. l cannot grasp their logic of opposing
one part or asking for delay of one part when, in fact, these groups are
completely opposed to the whole package.
Mme Simon (Mary): (S'exprime dans sa langue).
M. Nungak: In the three years that have elapsed since the signing
of the agreement and today, we still consider ourselves the representative of
the majority, since the majority of the communities and the populations in them
have never retracted their support or their delegation of power to the
association.
So, we are here acting as a representative organization, representing
the interest of the majority of Inuit.
(S'exprime dans sa langue). l also want to clarify the number of
communities and which ones are represented by whom. It was stated earlier by
the Federation of Co-ops that they are representing eleven members, eleven
communities. Out of the communities in Northern Quebec, there are three
communities that do not have co-ops which are members of the Federation. These
are Koartak, Leaf Bay and Aupaluk. During the negotiations, we have also
represented two extra communities: Fort George, the Inuit of Fort George, and
the Inuit of Port Burwell. So there are five communities that are affected by
whatever happens to this bill that are not represented by the people who were
in front of you today asking for a delay.
M. Nungak: (S'exprime en sa langue). l would also like to clarify
something that was said today about the fact that Makivik Corporation is a
foreign entity or a body that is not native to the Inuit culture or the Inuit
ways. If this statement is going to be taken seriously, l would have to point
out the fact that one of the groups that intervened today came under the name
of a Caisse populaire de Povungnituk. This was a good example of how the Inuit
as an ethnic group can run a so-called foreign entity, a corporate structure
which is not of their own design and do well at it. By the same token, we
envisage Makivik as a corporation which will be run by the Inuit for the Inuit
and although the corporate structure might not have been an invention of ours,
we believe, through the example of the Caisse populaire and other ventures,
that it can be run well, it can be run properly and it can be run to be
beneficial to the Inuit population in general. (22 heures)
Mme Simon (Mary): (S'exprime dans sa langue).
M. Nungak: Also to clarify an earlier statement made today, about
people not being aware of the purposes of Makivik, besides the fact that there
have been consultations and there are people appointed from each community to
represent their community of the Board of the Makivik Corporation, l want to
point out that this was possible only after the communities were made fully
aware of the intentions and of the purposes of Makivik, otherwise, we would
have been unduly fooling people into getting into things that they did not
understand.
As an example she points out that the member of the interim board for
Makivik from the community of Wakeham Bay is also a board member of the
Federation of Co-ops and this particular person and every other who have been
appointed to the initial board could not have been appointed or have accepted
this position without knowing the full consequences of who they will be
representing and for what reasons.
Mme Simon (Mary): (S'exprime dans sa langue).
M. Nungak: l would also like to state that the members of the
communities of Povungnituk and Ivujivik, in their statements today, have
complained about not being informed and not being consulted. This is partly
their own fault, because there had been times when we have wanted to make trips
to all of the communities but because of their disagreement with the agreement
that was signed by us, they did not, they had not wanted us to go their
communities to hold our meetings. So if they have not been informed, it is
partly through their fault in not following information to be given in their
communities.
(S'exprime dans sa langue). l also want to remind everybody concerned
that although most of the criticism has been heaped on the Northern Quebec
Inuit Association for allegedly not informing people and so forth, there are
other parties to the agreement such as the Grand Council of the Crees of
Quebec, the
provincial Government and its corporations, the government of Canada who
are all signatories to the agreement. During negotiations, there were times
when the Inuit party, which was us, had to accept things that were totally
unacceptable to our way of thinking. And l would point to the surrender clause
and the categorizing of land into marked areas. But there were these points
where we lost out right and we were criticized by our people. And in fact
several of sur people left the association not wishing to be represented any
more. So although we have received all this pressure, we have done our best to
insure that some kind of agreement where by the governments and ourselves can
coexist is insured. l remind the Government again of its responsibility in this
area and of the fact that the legislation is expected, not only because we are
expecting it, but because it has been stated in the agreement that it is due,
and although our mandate is to make sure that it does come, if it does not, we
have no way of knowing how our people, that we represent, are going the treat
us or what they are going to institute to do something about the lack of
legislation.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Merci, M. le
Président.
Thank you for your statement. l would like to ask you a few short
questions so that l get a better idea of the whole problem. It seems to me that
you said that the law was basically the same as what is in the convention, so l
want you to specify now that it is what you said.
M. Nungak: Yes, l did say that. l am sorry. l do not know why l
have to repeat it, l said it already.
M. Morin (Louis-Hébert): It is just a matter of fact that
l want to check. You dealt with the problem of delaying the law until, let's
say, next fall, as it was requested today by the people who came previously. l
am not making a proposal here. l am just assuming a situation so that we find
out what are the consequences of it. Supposing that there would be a delay,
could you explain to me what would be the practical results, the practical
inconveniences that this would bring you, or the practical advantages that it
would bring you, if any?
M. Nungak: The practical disadvantage that quickly comes to mind
is the fact that we have formed our airline "Air Inuit Limited" which has been
financed with the expectation that this Makivik would be legislated and that
monies for this company and for the operation of it would be made available.
This is a major concern of ours at this moment; if the legislation is delayed,
we have no way of guaranteeing the financial sources that we have started this
company with. This is the first business venture which is under the sponsorship
of the contemplated money. l am just bringing you this one thing. There are
others if you want to hear them.
M. Morin: On this point that you just raised, you already own
that Air Plane Company?
M. Nungak: For the technical aspects, I would have to refer to my
lawyer to explain the technical details as to what is involved exactly, but
aside from those facts, the basic thing is this: this airline was formed with
money that is forthcoming from the agreement. If it is not legislated, we
cannot be guaranteed of further financial ressources.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont, sur la même question.
M. Paquette: Si M. le ministre me le permet. I will ask my
question in English in order not to have a translation. Does it mean that you
have borrowed money on the money that is due to you by the James Bay Agreement
to buy this airplane? Do you own all of it or part of it? Why is it impossible,
if you borrowed money, to still keep this loan for another six months? For
example, suppose we would... (22 h 15)
M. Nungak: Yes, we have borrowed money from the bank on the
strength of the forthcoming legislation for Makivik. This Airline is running on
borrowed funds but it is owned outright by the Company Air Inuit Limited which,
when everything, when all the corporate structures are settled, will be a
subsidiary of the parent corporation. We had borrowed it on the strength of the
money forthcoming and, if this legislation is delayed, we have no guarantee
whatsoever from the bank that it will continue to finance the operation.
Also, to clarify the picture and to clarify any question as to why we
could not have started the company after we got the money, well, there was a
certain time when the licence in question was being reviewed by the Canadian
Transport Commission and we could not, later on, till the money came, intervene
in a business venture which, we thought, was highly beneficial for us.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Morin (Claude): Yes, I would like to go to another question
now. Talking about the consultation that took place, I think that you said that
you tried to get in touch with the people, the communities that preceded you
today, and that you were not successful. Have I understood you well?
M. Nungak: Yes, you have understood me well but I have to clarify
this. It is pertaining to their opposition to the agreement, as I said, on the
point of surrender of rights and categorizing of land which had caused them to
split and not be represented by us again. Ever since that time, the relations
and the communications between the association and this group have not been
good.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Morin (Claude): Another point. One of the criticisms that we
heard today was that this incoming money would change the whole pattern of the
cooperative network in Northern Quebec. Do you see any danger to that
effect?
M. Nungak: (S'exprime dans sa langue).
In answer to your question, l cannot try to foresee what kind of
business ventures the board of directors of Makivik Corporation would approve
which would or would not affect the operation of the Co-op Federation, but
taking into consideration that both of these bodies are run by Inuit and their
board of directors are fully ethnic Inuit, l would not contemplate any action
by the future board of Makivik to quash or to try to undermine the operation of
another ethnic Huron organization. Of course, l can only guess at this answer
but it is going to be up to the policy of the future board members to decide
this.
M. Morin (Louis-Hébert): My last question. If we look at
article 36 in the law concerning the transitional period provisions, it is
stated here that in the provisional board of directors there would be six
representatives appointed by your association. In order to foster better
relations, if it is needed, between all the communities, would you mind that
those six members be appointed differently? l mean, would you mind if there
were people coming from the Fédération des coopératives du
Nord québécois?
M. Nungak: You are asking me a question which, first of all,
would have to be settled internally by the people who are designated as being
able to appoint. It would also have to be settled internally between members of
the federation of whoever, whatever other organization there may be desiring a
seat. l really could not answer the questions satisfactorily. It would have to
be an internal matter between Inuit, between these corporations.
M. Morin (Louis-Hébert): l am not sure that this is only
an internal matter. l think that it is something that is in the raw now and
that does not necessarily have to be taken to for that type of internal
discussion. l am just trying to find out ways of improving the type of
representation that there is in that article 36 in the provisional board of
directors.
M. Nungak: Mr Minister, we basically would have no problem with
the principle of allowing and giving seats to people who we know are concerned
and so forth. The principle to us, it is OK. But it would have to be settled
internally. We could offer seats to people but they may not want to take them.
That would be the only hang-up.
M. Morin (Louis-Hébert): OK. Thank you.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Just a very few short
question, I just want to reestablish. I think you have said some of these
things but I just want to make it quite clear. Did you consult with the
different communities which respected the whole agreement and did you consult
specifically with the provisions of Chapter 27 which is now Bill 27? Did you do
both?
M. Nungak: (S'exprime dans sa langue).
I would say that the question has been answered mostly already by
Kakiniq and by Tommy Cain, stating that we had conversations about the whole
agreement in all of the communities. Plus employees in charge of Makivik
Corporation Affairs have done some trips to the communities and have passed
information. The only area where this may not be true is in the communities
which did not allow or did not want our representatives to speak on these
matters.
M. Ciaccia: I think there were fourteen communities that signed
the agreement. Let us put it another way: there are fourteen communities
affected by the agreement. How many of these communities the NQIA represented
of the fourteen, and how many of them do you still represent?
M. Nungak: Officially, we represent eleven, but we include Fort
George, not as a full-Pledged community but to represent the interests of the
Inuit population there. We also represent a minority portion of the population
of Saglouc, officially.
M. Ciaccia: Saglouc is one of the three communities that are
dissidents.
M. Nungak: Yes, Saglouc...
M. Ciaccia: And you represent, you say, part of Saglouc. So, in
other words, Saglouc is not entirely dissident.
M. Nungak: No, the majority of people are represented by ITN, in
Saglouc, but the remainders are represented by the NQIA.
M. Ciaccia: What would be the population that you represent out
of those eleven and a half communities, out of the fourteen; how many people,
how many Inuit people that are represented?
M. Nungak: This is getting into very approximate figures, but,
from quick figuring, we would say we represent around 3700, or thereabouts,
people.
M. Ciaccia: So, you represent 3700, out of a possible,
approximately, 4500 people?
M. Nungak: 4600.
M. Ciaccia: 4600. So, the eleven and a half
communities that you represent, that you represented to sign the
agreement and that you still represent today, comprise approximately 3700
people out of a total population of 4600. (22 h 30)
M. Nungak: Yes.
(S'exprime dans sa langue).
I would not want to put a strict statement on that but I can make this
confirmed. I can confirm the fact that we do represent the majority of the
population of the communities in Northern Quebec.
M. Ciaccia: Did you ever invite the cooperatives to discuss their
participation?
M. Nungak: (S'exprime dans sa langue).
There have been agreements, in the upper most levels of the authority in
each organization, that there should be invitations between the two groups
whenever there are major subjects to be discussed. To my knowledge, this
understanding has never been used to the full extent. Although I cannot say we
have never met them, I would say that the meetings we had with them could have
been more numerous.
M. Ciaccia: But you did have some meetings with the co-ops?
M. Nungak: Yes, there have been meetings.
M. Ciaccia: Je voulais...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Ciaccia: Je voulais... Je vais attendre que le ministre...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Ciaccia: Un instant. J'ai posé certaines questions. I
will say it in English. I asked certain questions just to clarify some of the
statements that were said this afternoon. Perhaps I should have prefaced my
questions with the following remarks but I did not wish to do so. And that it
is. We are not here to reopen the agreement. So the reason why I asked these
questions is not because I think that the agreement should be changed, that the
bill 27 should be changed; it was negotiated, we did all this in 1974 and in
1975. But this is done in a spirit of co-operation trying to get as much
information for the clarification of the government as possible. In a way, I am
a little disappointed and I deplore the fact that we have to place these people
we will be forced now before another cross examination because it
was a very difficult negotiation. It took two years and here we are June
I am even losing track of the time 21. You know we always say that we
want to do everything possible for the natives and we want to cooperate with
them, but we seem to be putting them through another third degree. Knowing the
background of the negotiations, I find that it is a little unfortunate that we
have to put these people through this kind of grilling.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. I would like to corne
back to Air Inuit Limited and I have some questions to Mr Nungak. Could you
tell the commission when you made the application for the permit concerning Air
Inuit Limited, because I have further questions to ask? Would you tell the
commission when you applied for the permit?
M. Nungak: In November 1976.
M. Perron: And when did you get it? When did you get the
permit?
M. Nungak: In June 1977.
M. Perron: In June 1977. Could you tell me how much money was
borrowed from the bank? You were talking about money a while ago there, could
you tell me how much?
M. Nungak: Just a minute.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je ne voudrais pas faire une question de
règlement, ce n'est pas mon intention de faire de la procédure,
mais je voudrais seulement signaler au député de Duplessis qu'il
y a des stipulations dans l'entente de la Baie James de 1975, qui sont
reproduites intégralement dans le projet de loi 27 et qui donnent
l'administration et le contrôle de cette société aux Inuit.
Il y a le droit pour le gouvernement du Québec et le gouvernement du
Canada de nommer certains représentants au...
M. Perron: Vous parlez de la loi 27.
M. Ciaccia: Non, je parle de l'entente, je ne parle pas de la loi
27. Je parle de la loi...
M. Perron: De l'entente.
M. Paquette: M. le Président...
M. Ciaccia: Non, je n'en fais pas une question de
procédure...
M. Perron: Non, c'est parce que Air Inuit a été
mentionnée, M. le député de Mont-Royal c'est la raison
pour laquelle...
M. Paquette: Si vous permettez, je pense que mon collègue
pose cette question parce que cela a été mentionné comme
obstacle au report de la commission. Ce n'est pas pour remettre en question
quelque entente que ce soit.
M. Ciaccia: Non, très bien, c'est juste...
M. Paquette: On ne fera pas de procédure
là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): Cela va, M. le
député.
M. Perron: C'est la raison pour laquelle je posais la question,
ce n'était pas dans le but...
M. Ciaccia: Ah! vous ne questionnez pas dans le but de dire:
Bien, ils n'avaient pas le droit d'après l'entente...
M. Perron: Non. Non. Ce n'est aucunement dans ce
but-là.
M. Paquette: De toute façon, pour votre
problème...
M. Godin: M. le député de Mont-Royal, il n'y a pas
de problème, il y a un président ici.
M. Ciaccia: Non, non, très bien.
Le Président (M. Jolivet): Cela va. M. Nungak.
M. Nungak: Yes. We have borrowed in the area of $2 million
dollars specifically for this airline. l do not know what this questioning is
leading up to, but l would like to emphasize to the honourable Mr Perron that
this airline is the first step and the first venture and it is of great
not only in business terms, but in psychological terms importance to the
Inuit communities specially in the Ungava Bay.
M. Perron: Mr Nungak, if l did ask a question, it is not because
l had intentions of discussing the acts you made, it is only because l wanted
some informations regarding the fact that you said it was a disadvantage for
the commission to be postponed to fall instead of ruling on the law tonight or
tomorrow or the day after tomorrow. That is why l did ask the question. Could
you tell me in which name, was it by the NQIA, or which organization borrowed
the money from the bank? That is another question, that is the last.
M. Nungak: Can you excuse me for about half a minute while l will
get all this technical information.
M. Perron: That is right, O.K.
Le Président (M. Jolivet): M. Nungak.
M. Nungak: Thank you, Mr Chairman. The money was borrowed by Air
Inuit Limited, which is a separately, detached incorporated company, on the
strength of the money that was expected from Makivik Corporation. Incidentally,
the application for the airline was supported by the Québec Government
at the time of the hearings for it.
M. Perron: Thank you for the answers, Mr Nungak.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Mr Nungak, when did you get a copy of bill 27?
M. Nungak: Well, we have had so many drafts of bill 27.
M. Godin: I mean the actual version of bill 27. When did you get
the copy of that?
M. Nungak: You mean as it is written? M.Godin: As
it is before this commission?
M. Nungak: I am sorry, I would not be able to give you an exact
date, but it has been within the last two weeks.
M. Godin: Is there any translation of that in inuttituuit?
M. Nungak: Non. Not of this bill as it is.
M. Godin: Are you in total agreement with one and every article
of that bill as it is?
M. Nungak: That is a very tough question! I would have to say
yes.
M. Godin: Do you think it would be good to consult your people
about the contents of that bill?
M. Nungak: You mean of the bill as a bill, not as a draft, not as
a Makivik...
M. Godin: As a bill.
M. Nungak: To my understanding and I have been involved in
this quite deeply the contents of this bill are the contents of the
section 27 of the agreement. Now, there could be strictly procedure of legal
type of revisions, but the basic contents of section 27 of the agreement, to my
understanding, is bill 27 before us today. If I am wrong, I could be corrected,
but that is my understanding.
M. Godin: I am not taking sides with NQIA or the other groups,
but, at first sight, it would seem to me a good thing that your people could
get a copy of that bill in their own language and discuss it with you. Were
there any measures taken to insure that they were consulted about the previous
draft of that bill or in any other manner?
M. Nungak: Yes, I think that it was answered by Mr Naluijuk, a
statement that he had given translated copies of the draft to the 15
communities. It was a negotiated text that was translated, distributed and
discussed with the responsible authorities in each community by a
representative. (22 h 45)
M. Godin: Since the previous financial organizations you had in
the Inuit community were rather based on the cooperative system, do you not
think it would be more suited to their ways of seeing business and finance
operations, if it was still another cooperative instead of a corporation, does
it not pose a problem to you? You think you could adapt to the corporation as
easily as you have adapted to the cooperative?
M. Nungak: Of course. No question about that.
M. Godin: So, it does not pose any problem in your mind?
M. Nungak: Not that I foresee. My conscience is clear on
that.
M. Godin: Thank you.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
Le Président (M. Jolivet): Je ne sais pas. Je pense que le
député de Rosemont avait une question.
M. Paquette: M. le Président, très
brièvement. I would like to ask my question to Mr Nungak. Does he agree
with the problems that were put forth by Mr Sheppard who was accompanying the
previous group, for example, on some of the new things that are in bill 27
compared to the James Bay Agreement? I believe that the James Bay Agreement is
there. It has been passed by the previous governments on the federal and the
provincial levels. We have to take it into account. We have to respect the
previous agreement of the provincial government. There are differences. I have
chapter 27 of the James Bay Agreement and I compare it with bill 27 that is now
before this commission. For example, Mr Sheppard mentioned, and I also noticed
it comparing the two bills, that there is the possibility at the corporation to
have a vote by procuration. I do not know if it is the English word for it.
M. Nungak: Proxy.
M. Paquette: How is it?
M. Nungak: Proxy.
M. Paquette: By proxy. That is right. This is not in the James
Bay Agreement. Another thing that is not in the James Bay Agreement is the
question of quorums. There are a couple of other things. Do you agree with
these... Have you studied it? Did you consult your people on it? Do you agree
with these things?
M. Nungak: I cannot say that I have consulted with my people on
every single little detail that has been instituted in the three years since
the signing of the agreement. The kind of changes that the gentleman previously
had pointed out and the ones that you are pointing out to me now were, to our
understanding, procedures and steps that were filling in the holes that may
have been left by the agreement itself. We have not detected anything that is
substantially altering the basic intentions and objects of this legislation. l
admit that l may not have gone back every time a period or a word was changed,
but l still say that l am satisfied that the consultations taken on this Bill
have been adequate.
M. Paquette: l agree that bill 27 respects the James Bay
Agreement. Everything that is in the James Bay Agreement is in the law. l will
take again this example of voting by proxy. We have a very notorious example of
how this can be used with the Sun Life case where many people objected to the
moving of the Sun Life to Toronto. Even if a significant portion of the
shareholders did not agree with the transfer, they could not because the
administrators of the company took the precaution to gather many votes by
proxy. The individual shareholders could not do anything about it. How do you
react to that? This poses for me, personally, a problem when l look at that
bill.
M. Nungak: Well, l can answer that by saying that the cost of
meetings is very high, in the North, at the moment. We cannot hop into our cars
on the week-end to attend meetings. This is one of the big things that have
concerned us in being able to conduct business. It may not be the most proper
and it may not be the most satisfactory to everybody, but it is a corporate
practice which we are willing to get used to and run to the best of our
ability.
M. Paquette: Another article that gives me a problem is article
8d. Well, it is not really a problem but it is a difference between the James
Bay Agreement and bill 27. In article 8d, it is said that the corporation must
reimburse all the expenses that were engaged by the Northern Quebec Inuit
Association for the benefit of the Inuit.
Was this put there in view mostly of the problem of Air Inuit you
mentioned before? Are there other obligations that the Northern Quebec Inuit
Association has taken that could be covered by this article and that would have
to be assumed by the Makivik Corporation?
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît! J'entends difficilement.
M. Nungak: Which article? M. Paquette: Article 8d.
M. Nungak: Article 8d. l think the important phrase there is:
"... at its discretion". It does not have to. It is not a strict requirement.
It is open ended. The Northern Quebec Inuit Association, in
this regard, has spent money to finance building of houses in Fort Chimo
for the staff of NQIA which will eventually be turned over to other agencies
and to build an office. So, we have ensured that whatever expenses were
incurred for these purposes are for good reasons and not just for spending
away.
M. Paquette: Anyway, I think that the people of the corporation
will have to judge of that because they can agree or not. Another thing. I was
told that the NQIA has bought an airplane to consult people and go from place
to place. Is it one of the things that could be covered by article 8d?
M. Nungak: Yes.
M. Paquette: A last question. I do not want to be too long. You
have talked about the temporary administration council of the future Makivik
Corporation that was put on. You said that there were thirteen villages that
named representatives out of the fifteen that exist. How were these people
named? Were they named by the village council?
M. Nungak: Yes. The majority of them were named by the village
council in consultation with the general population. In one place, the person
was elected at a local general election. All the rest were appointed by the
local council.
M. Paquette: According to the law I have here these people will
have to be reelected. They will have to be named again because article 36,1
think, says that there is a temporary council that must be formed at the moment
the present law is voted and enacted by the government. I suppose they will
have to be named again by the same kind of process.
M. Nungak: Well, the initial board at the moment has not had its
first meeting as yet. At its first meeting it will decide on the date and
procedure for election of a permanent board, which will eventually take the
actual seats, not on a temporary basis.
M. Paquette: Thank you.
Le Président (M. Joli vet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais seulement,
très brièvement, porter à l'attention du gouvernement
certains faits qui sont pertinents aux auditions de ce soir et à
l'étude, article par article, que nous ferons des différents
projets tantôt. Premièrement, concernant quelques-unes des
questions du député de Rosemont quant à la question de
procuration, quant au remboursement de certains fonds à la NQIA, je
crois qu'on pourrait, lors de l'étude article par article, aborder ces
sujets. Il faut comprendre les raisons pour lesquelles ces articles ont
été inclus. Quant à la question du NQIA, c'est une
compagnie, une société qui a des dettes envers les gouvernements
et il va falloir qu'elle rembourse cela. Le point que je voudrais faire, M. le
Président, est celui-ci et je crois que c'est très important.
Nous semblons avoir glissé dans un terrain que je
considérerais un peu dangereux dans ce sens qu'on semble discuter le
mérite de l'entente du mois de novembre 1975. Je sais que ce n'est pas
l'intention du ministre. Le ministre l'a dit.
M. Paquette: De la loi. M. Ciaccia: Mais la loi...
M. Paquette: Les exemples que j'ai donnés concernaient les
différences entre l'entente et la loi.
M. Ciaccia: Je ne me référais pas à vos
remarques spécifiquement, pour cela.
M. Paquette: Ah bon!
M. Ciaccia: Je me référais à l'ensemble des
discussions depuis cet après-midi. Je voudrais porter à votre
attention, M. le Président, que quand la commission parlementaire a
siégé au mois de novembre 1975 et je le dis en toute
sincérité parce que je crois que le même esprit doit
prévaloir ce soir et à la troisième lecture des projets de
loi il n'y avait aucun esprit de partisanerie des deux
côtés de la table. J'avais même adressé des
félicitations au présent ministre de l'Éducation,
Jacques-Yvan Morin, qui avait le dossier pour l'Opposition officielle à
ce moment. La raison pour laquelle je fais cette remarque c'est que les
dissidents qui sont venus aujourd'hui, à qui vous avez accordé le
droit d'audition et j'étais entièrement d'accord
seulement pour l'étude du projet de loi 27, pas pour remettre en
question toute l'entente, ont soulevé certaines questions de
partisanerie. Je ne veux pas m'étendre là-dessus. Quand ils ont
parlé de résolutions qu'ils ont apportées au Parti
québécois et que le gouvernement est obligé d'en tenir
compte... J'espère et j'ai confiance que le ministre va écarter
et éviter toute question de partisanerie ici et qu'il va s'en tenir
à l'esprit de cette entente qui avait deux objectifs:
premièrement, répondre à certaines
nécessités des autochtones; deuxièmement, aussi satisfaire
certaines exigences du gouvernement du Québec pour l'ensemble du
territoire, pour chacun de nous, pour l'avenir de ce territoire. Il n'y a rien
qui s'est produit ce soir qui devrait, pour aucune raison, donner lieu à
une remise en question des projets de loi; sur certaines modalités, on
peut s'assurer. On fait l'étude article par article. Rien ne devrait
remettre en question les droits qui ont été accordés dans
cette entente. (23 heures)
C'est vrai que les autochtones n'ont pas eu tout ce qu'ils ont
demandé. Les discussions que j'ai entendues cet après-midi, ce
sont les mêmes discussions politiques qui ont eu lieu en novembre
1975. Il y a un petit groupe, je reconnais qu'il y a un certain
problème et je ne veux pas amoindrir les problèmes qui existent
à Povungnituk, à Ivujivik et partiellement à Saglouc, je
ne veux pas les écarter, je ne dis pas qu'ils ne devraient pas
être résolus, mais une chose est claire et importante, c'est que
nous, de la commission, nous ne devons pas nous substituer aux décisions
de ce peuple et de ces gens.
C'est quelque chose d'important, un principe très important. Nos
derniers invités représentent au moins 80% de la population
affectée par l'entente. Je crois que c'est important d'en tenir compte.
J'espère, M. le ministre, que vous avez été assez
éclairé par les différentes interventions et par les faits
que M. Nungak et que les représentants de la NQIA nous ont donnés
quant à la consultation. Je note même qu'il a
répété et que ses collègues ont dit que le projet
de loi, naturellement, n'a pas été traduit en inuttituuit, ce
n'est pas différent de tout autre projet de loi. Personne n'a le projet
de loi avant qu'il soit déposé à l'Assemblée
nationale. Mais ce qu'il a dit, c'est que les copies, les textes
négociés entre le gouvernement et les représentants des
autochtones, ont été traduits au fur et à mesure qu'ils
étaient négociés et ont été
distribués dans les quinze communautés.
J'ai trouvé aussi un peu curieuses certaines
représentations et je veux les porter à votre attention. Quand
les dissidents de Povungnituk nous ont fait des représentations, ils
nous ont dit qu'ils n'avaient pas eu le temps de consulter, ils n'avaient pas
eu le temps de lire l'entente. J'ai trouvé curieuses leurs remarques
quant au contenu du projet de loi no 92 ce matin ou hier matin, ce matin
à minuit et demi plutôt, nous en finissions l'étude article
par article et le représentant des dissidents et les dissidents
eux-mêmes parce que le représentant faisait la traduction
seulement nous ont fait part du contenu du projet de loi no 92. Je
trouve difficile de croire qu'ils peuvent être au courant du projet de
loi no 92 qui n'a pas encore été adopté en
troisième lecture et dont ils ne connaissent pas le contenu...
M. Godin: M. le Président, question de
règlement.
M. Ciaccia: Non, M. le Président, c'est important.
M. Godin: Question de règlement.
M. Ciaccia: Ils ne connaissent pas le contenu.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
député, il y a une question de règlement.
M. Godin: Je ne pense pas qu'un député ici puisse
mettre en cause un témoignage fait par un invité devant cette
commission.
M. Ciaccia: Non, je ne le mets pas en cause.
M. Godin: Je pense que le député de Mont-Royal met
en cause des affirmations et la bonne foi de certains groupes qui sont venus
ici. Je ne pense pas que cela entre dans les prérogatives de cette
commission, M. le Président.
M. Ciaccia: Non, M. le Président.
M. Godin: Parce que là, on ouvrirait la porte à des
abus qui pourraient devenir gênants.
M. Ciaccia: Je ne mets pas en cause, mais je voudrais seulement
souligner l'importance des affirmations de nos derniers invités.
Savez-vous que pour ceux qui s'occupent de cette entente pour la
première fois, vous pouvez seulement soulever certaines questions? Les
négociations, les discussions ont été très
pénibles, pas nécessairement pour moi, mais pour ces gens. Cela a
été très difficile.
Quand on leur a demandé d'éteindre leurs droits sur tout
ce territoire, c'était une décision qui faisait appel à
leurs sentiments. Je ne voudrais pas, à chaque fois qu'il y aura un
projet de loi, qu'on refasse le procès. C'est pénible de les
placer dans cette position. Je pense qu'on l'a déjà fait le
procès, on a eu une commission parlementaire et le Parti
québécois qui était l'Opposition officielle à ce
moment n'a pas agi d'une façon partisane. En terminant, M. le
Président, j'espère que ce même esprit va se continuer dans
l'étude des différents projets de loi qui sont devant nous pour
mettre en application certains des chapitres de l'entente de la baie James.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je pense que le
député de Mont-Royal dénature un peu les faits quand il
parle de partisanerie. J'ai entendu comme lui un participant mentionner le
Parti québécois, s'adressant au gouvernement dans le cadre de son
argumentation. Quant à cela, on pourrait se mettre à dire qu'il y
a de la partisanerie des deux côtés. Mais je suis d'accord avec le
député de Mont-Royal, il ne faut pas qu'il y ait de partisanerie
de la part des membres de cette commission.
On constate qu'il y a une dissidence dans la communauté inuit; le
fait n'est pas nouveau, il est connu, il est public. Il y a des dissidences
dans toutes les communautés de toute façon. Il y en a dans la
société québécoise dans son ensemble et il y en a
dans la société canadienne. C'est une chose normale.
Là où je marche moins, M. le Président, c'est quand
le député de Mont-Royal nous affirme que l'un des groupes
représente 80% quand on a entendu les représentants de la
Fédération des coopératives ce matin qui regroupe de 1500
à 1800 personnes réparties dans onze villages. Je ne voudrais
mettre en doute la représentativité de personne, d'aucune
association, simplement pour contester un peu ce chiffre de 80%; je n'ai pas
l'impression que c'est cela. De toute façon, cela ne
nous regarde pas. L'important, c'est qu'il y a divergence d'opinion.
Quand un des participants a référé au projet de loi
92, il l'a fait pour expliquer que dans le projet de loi 92, lorsqu'il y aura
le référendum sur l'avenir constitutionnel du Québec, les
deux côtés, les deux comités auront chances égales,
auront les mêmes moyens, pourront se déplacer également,
pourront consulter pas consulter également mais
communiquer également avec la population.
Je constate, M. le Président, avec toutes les
représentations qui nous ont été faites que tel n'est pas
le cas dans le projet qui nous concerne actuellement. Il ne s'agit pas de
remettre en question l'entente de la Baie James; on est pris avec, elle a
été passée non pas par un gouvernement libéral,
mais par deux gouvernements libéraux c'est encore pire. Et, en
tant que gouvernement provincial, on doit donner suite à l'entente de la
Baie James et toute disposition qui se trouve dans l'entente et qui se
retrouvera dans le projet de loi, je pense que nous devrons l'accepter.
Cependant, il y a beaucoup de différence entre le projet de loi 27
ce n'est peut-être pas le cas des autres projets de loi et
l'entente. Après une comparaison rapide, j'en ai déjà
numéroté cinq ou six; il y en a probablement d'autres.
M. le Président, devant ce fait, il me semble indiqué, non
pas parce qu'il s'agit de trancher entre deux groupes, de dire qu'un tel est
plus représentatif que tel autre, que c'est à eux de
régler leurs problèmes, de faire leurs représentations et
à cette commission et à l'Assemblée nationale d'adopter un
projet de loi qui respecte le mieux possible, compte tenu de la situation,
compte tenu des divergences, la volonté du peuple inuit. Ce n'est pas
à nous de leur imposer ce qu'on veut; je suis parfaitement d'accord
là-dessus.
Mais il faut leur donner chance égale de s'informer et c'est
évident que, dans ce cas, l'une des parties dispose d'un avion, de
fonds, a pu faire des consultations, a déjà mis sur pied un
conseil provisoire de la corporation. M. le Président, il me semble que,
si on retardait de cinq ou six mois... C'est cela le projet de loi. Cela
réglerait d'abord la question avec les Cris; les Cris pourraient
être assurés de voir l'application rapide de l'entente.
Nous pourrions donner le temps à tous les groupes
impliqués les villages de la NQIA, les villages dissidents, la
Fédération des coopératives de vraiment s'informer,
lire le projet de loi à tête reposée au cours de
l'été et qu'à l'automne je serais d'accord avec
cela à la condition que cette consultation puisse se faire nous
prenions une décision définitive sur le projet de loi.
M. Ciaccia: M. le Président, s'il vous plaît!
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse. Je ne voudrais pas
qu'on engage un débat. Il reste un groupe qui nous a dit qu'il avait dix
minutes à nous demander. Mais je voudrais qu'on n'engage pas un
débat, qu'on puisse terminer avec les intervenants qui sont devant nous
ce soir. On pourra reprendre ce débat dont vous avez commencé
à discuter au moment de l'étude du projet de loi
lui-même.
M. Ciaccia: Très brièvement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Très
brièvement. Je voudrais seulement porter à l'attention du
député de Rosemont que quand on parle d'informer les groupes
peut-être n'est-il pas au courant de cela l'information a
déjà été faite avant l'achat de cet avion.
M. Paquette: Oui, sur l'entente.
M. Ciaccia: Sur l'entente. Le projet de loi reproduit l'entente
sujette à certaines modifications techniques parce que les deux points
que vous avez soulevés ne sont pas des points majeurs. Quand on parle de
projet de loi, ce ne sont pas tous les citoyens qui savent tout ce qui est
contenu dans le projet de loi. Mais je voulais aussi...
M. Paquette: M. le Président...
M. Ciaccia: ... vous référer... Un instant.
M. Paquette: ... il y a la composition du conseil
d'administration quand même qui n'était pas dans l'entente.
M. Ciaccia: Mais le conseil... Oui, mais. M. Paquette:
Oui, c'est important.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Ciaccia: Ne m'interrompez donc pas. Un instant!
M. Paquette: II y en a d'autres.
M. Ciaccia: Oui. La composition du conseil d'administration et M.
Nungak nous a fait part du fait que les textes qui avaient été
négociés entre les représentants du gouvernement et les
représentants autochtones avaient circulé en inuttituuit dans les
quinze communautés. Je voudrais aussi vous référer
à la commission parlementaire du mois de novembre 1975 où la
question de l'information avait été soulevée à ce
moment-là. Cela fait deux ans et demi de cela. À la page 6045,
à la demande de M. Jacques-Yvan Morin, à savoir s'il y avait eu
consultation, M. Filotas qui faisait l'interprète il ne
répondait pas pour lui-même disait. Pour l'entente de
principe, c'est non il n'y avait pas eu d'information il n'y a
pas eu suffisamment de consultation. Je cite: "Vous compren-
drez qu'au moment où les gens à Povungnituk ont
commencé à chialer, l'association, elle, a été
obligée de changer la façon de procéder. Là, il y a
eu des sessions d'information. Il faut admettre que cela allait beaucoup plus
loin que ce que l'association avait fait avant de signer l'entente de
principe." Plus tard, il dit: "On a aussi à la page 6046
demandé, on a essayé de démontrer je fais une
parenthèse, il parle de l'association les bons points de
l'entente, du contenu de ce qu'on négociait en leur disant: C'est la
seule chose, les bonnes choses qu'on peut prendre à ce moment." Alors,
la question d'information et de consultation, je pense qu'il faut aussi prendre
non seulement la bonne foi de M. Nungak mais aussi les affirmations. Je crois
que cela a été fait et quand vous dites qu'on peut accepter le
projet de loi pour les Cris et pas pour les Inuit, je ne vous suis plus. Il y a
une entente et ces gens ont été solidaires. Je ne peux pas
accepter qu'on va légiférer pour un groupe et pas pour l'autre.
On va le faire pour tous ou on ne le fera pas du tout. C'est la position que je
vais prendre sur le projet de loi. Ce n'est pas seulement la question de Air
Inuit; il y a la question de faire démarrer, complètement, tout
ce processus de développement et de mise en application de l'entente.
Cela fait trois ans que ces gens attendent, pour leur dire: On va attendre un
autre deux mois? Ils se sont toujours fait dire cela: Attendez, on a un
problème ici, on a un problème là. Écoutez, le
temps est venu de prendre nos décisions. L'entente a été
signée; ils le veulent et on va la mettre en application; et on va le
faire pour tous les groupes en même temps.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions à M. Nungak? Il n'y en a pas d'autres. Je vous remercie de
votre participation. Thank you.
M. Nungak: Thank you very much.
NI. Ciaccia: Thank you very much.
Conseil de la coopération du
Québec
Le Président (M. Jolivet): Je demande le Conseil de la
coopération du Québec. Tel qu'on s'est entendu, c'est un
dépôt d'un document avec une présentation. M. Gilles
Arès, accompagné de M. Raymond Brûlotte et de M. Jean
Cloutier.
Excusez-moi d'avoir à vous bousculer, peut-être, mais on
s'est parlé et compte tenu du phénomène que, normalement,
la commission doit ajourner ses travaux à minuit, je vous demanderais
d'être le plus bref possible, s'il vous plaît.
M. Arès (Gilles): Autrement dit, M. le Président,
le Conseil de la coopération a plus que dix minutes pour
présenter son point de vue.
Alors, M. le Président, madame et messieurs les ministres,
messieurs les députés, le Conseil de la coopération du
Québec regroupe 22 organismes membres qui sont soit des
fédérations de coopératives ou de caisses d'épargne
et de crédit, soit des institutions financières d'envergure
provinciale. Il représente donc, indirectement, les 4 000 000 de
coopérateurs du Québec et est reconnu comme le porte-parole du
mouvement coopératif québécois, tant auprès des
autorités québécoises que des mouvements
coopératifs étrangers. Le Conseil de la coopération du
Québec est fortement préoccupé par le développement
du mouvement coopératif inuk dont il reconnaît la valeur et
l'importance pour le peuple inuit. (23 h 15)
Par le passé, nous avons collaboré avec les
coopérateurs inuit et soutenu la fondation de la
Fédération des coopératives du Nouveau-Québec, en
1967. Dernièrement, nous participions, avec le ministère des
Richesses naturelles, le ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières et la
Fédération des coopératives du Nouveau-Québec
à un comité mixte chargé d'élaborer les principes
directeurs d'une politique gouvernementale en regard du développement
des coopératives du Nouveau-Québec.
Nous désirons aujourd'hui manifester l'appui du mouvement
coopératif québécois à la Fédération
des coopératives du Nouveau-Québec et au peuple inuit et unir
notre voix aux leurs pour réclamer du gouvernement du Québec que
soit reporté à plus tard l'adoption du projet de loi no 27,
constituant la société Makivik, dont l'objet est de recevoir et
d'administrer l'indemnité qui sera versée aux Inuit en vertu de
la Convention de la Baie James et du Nord québécois et qui
constituera la partie autochtone aux termes de ladite convention.
Les coopératives telles que nous les connaissons aujourd'hui sont
apparues dans le Nouveau-Québec vers le milieu des années
cinquante. Nées autant par réaction à l'action ou à
l'inaction des gouvernements que par nécessité économique
pour les Esquimaux, les coopératives ont constitué, pour le
peuple inuit, des instruments de protection, de défense et de
développement, tant au plan culturel et politique qu'au plan
économique. Depuis 20 ans, les coopératives s'acharnent à
assurer un développement cohérent de tous les secteurs de la
société inuk. Elles ont constitué l'outil
privilégié par lequel les Inuit se sont pris en main, suite
à l'ébranlement que subissaient les institutions traditionnelles
sous les pressions de la société occidentale.
Par les coopératives, les Inuit ont pu résister à
la dépendance et se rendre responsables, pour une bonne part, de leur
situation économique. La coopérative est, parmi les moyens de
survie qui sont à la portée des autochtones du Nord du
Québec, le mécanisme qui s'est révélé le
plus efficace. Grâce à la formule coopérative, les Inuit
ont pris graduellement en main les fonctions jusqu'alors assumées par
des organisations commerciales du sud et dont ils ne faisaient pas partie. Ce
fut le cas, notamment, pour la production et la distribution des sculptures et
produits d'art et d'artisanat et pour l'approvisionnement en
général des communautés nordiques. Mais ce pourrait
l'être également pour de nombreuses autres activités
économiques.
Le directeur du Secrétariat des activités gouvernementales
en milieu amérindien et inuit déclarait d'ailleurs à une
journaliste: "Cette formule me semble être la plus favorable pour
permettre aux autochtones nordiques d'évoluer à
l'intérieur de notre économie, dans le prolongement de leur
culture... Si l'on veut développer des capacités de gestion,
certaines qualités d'épargne ou de prévision etc., et si
l'on veut utiliser des formules ou des institutions qui vont favoriser cette
évolution, c'est nettement la coopérative qui est
indiquée, indépendamment des mérites intrinsèques
que l'on pourrait départager entre le système privé et la
coopérative".
Le Peuple inuit n'est pas opposé au changement. Les inuit veulent
que "chaque Inuk soit quelqu'un en évolution, mais qui reste
maître de son évolution". Dans ce sens, les coopératives
ont constitué le canal par lequel les Inuit ont intégré la
civilisation occidentale, tout en contrôlant collectivement ses
modalités d'installation chez eux.
Les coopératives inuit sont administrées et
dirigées par des autochtones. Ce sont ces administrateurs locaux qui
détiennent le pouvoir de décision au sein de leur
fédération qui fut jusqu'à il y a quelques années
le principal représentant de l'ensemble des autochtones auprès
des autorités gouvernementales. Force nous est de reconnaître que
le mouvement coopératif a été et demeure encore
aujourd'hui le seul outil de développement dirigé
entièrement par le peuple inuit et voué à son
épanouissement.
Le gouvernement du Québec, dans son livre blanc sur la politique
culturelle au Québec, énonçait la position suivante:
"Dès maintenant des principes lourds de conséquences peuvent
être posés. Le premier est une mise en garde que le gouvernement
du Québec se formule à lui-même. On doit rejeter toute
tentative de définir l'avenir des autochtones à leur place. Il
revient d'abord à ses collectivités de décider de leur
développement. Ce qui, bien entendu, suppose de leur part de libres
débats sur leur statut social et culturel.
Ce premier principe en appelle naturellement un deuxième, positif
celui-là. Sous prétexte que l'on respecte leur autonomie, les
autochtones du Québec ne doivent pas être abandonnés
à leurs seules ressources, car cela impliquerait qu'on laisse influer
sans entraves sur leur destin des forces économiques et culturelles
souvent aliénantes.
Citoyens du Québec, les autochtones doivent pouvoir compter sur
l'appui de l'État du Québec. Cette conciliation entre le premier
et le deuxième principe s'appuie sur un troisième principe: Ne
pouvant survivre et s'épanouir qu'à partir de leur
originalité profonde, les cultures autochtones ont la
responsabilité d'inventer les institutions, les stratégies qui
conviennent à leur propre développement. C'est à susciter
ce retour aux sources, à aider même financièrement cette
inventivité, que le gouvernement veut d'abord s'employer.
Nous espérons que ce principe de respect des cultures autochtones
et que cette attitude d'écoute à leur endroit, tels
qu'exprimés dans le livre blanc, détermineront la position du
gouvernement sur la question qui nous préoccupe aujourd'hui. Le Conseil
de la coopération du Québec collabore, par ailleurs,
quotidiennement, avec plusieurs ministères, sur des dossiers de
développement coopératif. Les principes de base qui ont
guidé notre action ont toujours été le respect de
l'autonomie des coopératives et la consultation.
Nous offrons aujourd'hui au gouvernement du Québec notre
collaboration en ce qui concerne le dossier inuit, mais nous tenons à ce
que ces principes soient respectés.
L'intention du gouvernement du Québec semble être de faire
adopter le projet de loi no 27 par l'Assemblée nationale avant la
clôture de la présente session. Ce projet de loi, qui est l'une
des pièces législatives majeures découlant de la
Convention de la Baie James et du Nord québécois, est
également l'un des projets qui suscite le plus d'inquiétude dans
les onze coopératives affiliées à la
fédération, lesquelles regroupent 1839 coopérateurs inuit
la population adulte dans ces onze villages est d'environ 2500
personnes. Le mouvement coopératif inuk considère en effet que ce
projet de loi, de même que d'autres aspects de la convention,
présentent de véritables dangers pour le développement et
la survie même des coopératives dans le Nouveau-Québec.
Le comité exécutif de la Fédération des
coopératives du Nouveau-Québec déclarait au gouvernement
du Québec, en avril dernier, que "même si les argents offerts en
guise de compensation par la convention sont considérés par
d'autres comme une solution possible à notre développement, nous
sommes convaincus que cette manne ne servira qu'à miner le sens de
l'autodétermination si difficilement acquis à travers les
années. De plus, nous craignons qu'en dépit des
précautions qu'on voudrait prendre, ces compensations ne servent
qu'à réduire le champ d'activité de nos
coopératives à l'avantage de ceux qui ne recherchent que le
profit."
Pendant vingt ans, les coopératives ont travaillé pour
l'épanouissement des membres de leurs communautés et le
développement de leur collectivité, sans penser au profit. Afin
de ne pas perdre ce à quoi ils sont difficilement parvenus, les
coopérateurs inuit veulent avoir l'opportunité d'évaluer
l'impact qu'aura la société Makivik sur le développement
de leur mouvement. Car ce qui est sous-jacent à toute cette question,
c'est le type de développement qui prendra forme au Nord: les
coopératives veulent un développement qui s'appuie sur la base et
repose sur la responsabilité des Inuit, non un développement
fondé sur le simple placement de capitaux et qui serait
générateur d'une plus grande dépendance.
Mais les coopératives ont besoin d'un délai, d'abord pour
informer leurs membres du contenu de la convention et du projet de loi no 27
la version et inuttituuit de la convention n'est disponible que depuis
quelques mois, même si sa signature remonte à novembre 1975
et pour faire en sorte d'impliquer et de motiver tous les Inuit du
Nouveau-Québec dans le développement de leur territoire et
l'élaboration de leur devenir.
Comme à cette période de l'année une forte
proportion de la population inuit à quitté les villages pour les
camps de chasse et de pêche, toute consultation est impensable. Respecter
les cultures, c'est tenir compte de ce fait. De même, toute
élaboration de suggestion est irréalisable avant la clôture
de la session. La tenue à la hâte d'une commission parlementaire
ne constitue pas, à notre avis, la manifestation d'un souci de
consultation démocratique.
Le gouvernement du Québec oubliera-t-il le rôle qu'ont
joué les coopératives dans le Nouveau-Québec?
Ignorera-t-il que la Fédération des coopératives du
Nouveau-Québec regroupe des coopérateurs de toutes les tendances
et que si ces derniers font front commun dans leur requête pour obtenir
un délai, c'est que la question à débattre est d'une
importance primordiale?
Le gouvernement aurait tout avantage à permettre aux Inuit de
tenir chez eux un débat sur la question du type de développement
qu'ils veulent connaître sur leur territoire. Il respecterait ainsi la
spécificité de la culture inuk et y gagnerait beaucoup sur le
plan de l'amitié des Inuit. Et cette réflexion doit se faire
avant que des gestes lourds de conséquence n'aient été
posés. La démocratie, l'équilibre du développement
au Nouveau-Québec et l'unité du Québec ne s'en porteront
que mieux.
Le gouvernement doit être conscient, enfin, que ce sont les Inuit
eux-mêmes qui réclament cette période de réflexion
et de consultation non pour remettre en cause la Convention de la Baie James
mais pour s'assurer qu'ils pourront en absorber l'impact et demeurer Inuk.
C'est au nom des 4 millions de coopérateurs du Québec que
le Conseil de la coopération vous demande de retarder l'adoption du
projet de loi 27 qui comporte des dangers certains pour la survie des
coopératives du Nouveau-Québec. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le ministre,
avez-vous des questions?
M. Morin (Claude): J'en ai une seule et je ne voudrais pas faire
de débat à l'heure qu'il est. Je voudrais simplement signaler une
chose qui m'a frappé. Je vous remercie de votre présentation,
monsieur. Je voudrais préciser. Au bas de la page 10, vous dites: "Le
gouvernement doit être conscient, enfin, que ce sont les Inuit
eux-mêmes qui réclament cette période de réflexion
et de consultation. " Quand vous dites: "Les Inuit," j'ai l'impression, tout en
respectant leur opinion, que ce sont "des Inuit" et non pas "les Inuit". On
vient d'entendre, justement avant vous, une association qui en
représente quand même un certain nombre et qui est tout à
fait d'avis contraire.
Je voulais seulement signaler cela. Ce n'est pas du tout pour en faire
un débat. C'est pour relever, je pense bien, un passage de ce document
que vous avez eu l'amabilité de nous remettre.
Le Président (M. Jolivet): M. Arès.
M. Arès: Si vous me le permettez, M. le ministre,
c'était tout simplement pour faire état que ce ne sont pas les
Blancs du Sud qui demandent au gouvernement d'être conscients que ce
projet de loi aurait tout intérêt à être
reporté. Si vous me permettez de faire une suggestion aux membres de
cette commission, le Conseil de la coopération, souhaiterait du moins
que, premièrement, ce projet de loi soit reporté et que le
ministre des Coopératives, Mme Payette, prenne un mandat pour favoriser
la consultation dans le Nord du Québec pour faire en sorte que tous les
Inuit soient consultés sur le projet de loi 27 et que, finalement, on en
arrive à formuler un projet de loi qui respecte à la fois les
valeurs, les traditions, les us et coutumes des Inuit.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Brièvement, M. le Président. Je veux
remercier le Conseil de la coopération du Québec pour son
mémoire. Naturellement, quant au grand nombre de propos que vous avez
tenus au sujet de l'exploitation et de l'avenir des coopératives, je ne
soulèverai pas de débat sur cela. La seule question que je me
pose, quant au projet de loi actuel et à l'entente, c'est que j'ai
l'impression que certaines de vos représentations semblent mettre en
question l'entente de la Baie James, non seulement le projet de loi, parce que
le projet de loi, c'est seulement pour donner l'effet. C'est là que je
vous trouve un peu plus difficile à suivre. J'aurais
préféré que vous ayez convaincu le NQIA et les onze
communautés qui ne sont pas dissidentes ou qui sont pour le projet de
loi, que vous les ayez convaincues et que vous ayez dit: On veut ces
changements et on veut changer la convention. Alors, à ce
moment-là, j'aurais trouvé moins de problèmes dans votre
mémoire.
M. Arès: M. le député, je ne pense pas que
notre mémoire remette en cause la Convention de la Baie James.
Cependant, après une analyse très rapide qu'on a faite tout
dernièrement du projet de loi 27, nous pourrions peut-être
expliciter certains points qui portent sûrement à des
interrogations. Par exemple, des points qui ont déjà
été mentionnés, en particulier, l'article 8d où on
retrouve un article de loi qui est rétroactif, où on voit que les
dépenses, je ne sais pas si cela implique aussi les dépenses des
avocats engagés par la NQIA, des dépenses déjà
payées d'avance. Je ne sais pas si c'est une habitude de faire des lois
rétroactives... (23 h 30)
Le Président (M. Jolivet): M. Arès, je m'excuse de
vous déranger. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, je ne
voudrais pas vous bousculer, mais on est dans des impératifs en termes
de commission. J'aimerais que vous abrégiez, s'il vous plaît.
M. Arès: Bien. Simplement, je vais prendre deux points, M.
le Président. Dans l'article 36, il
n'est nullement question des coopératives et je me demande
justement à quelle place, à l'intérieur de ces
dispositions transitoires, on retrouve des coopératives. Je me demande
pourquoi on donne une telle place, une telle prépondérance
à la NQIA. Sans remettre en question, disons, l'honorabilité de
ces gens, la bonne foi de ces gens, j'ai entendu dire que la NQIA avait
été créée, était née d'une subvention
du gouvernement fédéral. C'est un peu comme si on donnait aux
bénéficiaires d'un projet PIL ici le droit de représenter
une région du Québec. Je ne comprends pas, je comprends
difficilement la prépondérance de la NQIA à
l'intérieur d'une telle disposition.
D'autre part, le fait qu'il soit tellement présent au niveau de
ce comité fait en sorte que les règlements, qui ne sont pas
définis, seront définis en totalité ou en grande partie
par ces gens. D'autre part, lorsqu'on arrive à l'article 41, on
s'aperçoit que, bien avant, même si ce n'est pas indiqué
clairement, que la société Makivik a deux fonctions: une fonction
administrative, une fonction fiduciaire et une fonction politique. À ce
moment, on crée une société qui ressemble un peu à
un petit Power Corporation et là on lui demande de représenter le
peuple inuit. Est-ce que nous, Québécois, on accepterait que
Power Corporation représente le peuple québécois? C'est
une question que je vous pose.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président. Depuis ce matin que je suis
assis ici. Tout le monde représente tout le monde. C'est probablement
vrai. À la page 8 de votre rapport, vous dites que sur 2500 personnes
adultes, 1839 font partie de la coopérative représentée
par ceux qui sont venus avant vous, c'est-à-dire le groupe que vous
appuyez. Un autre groupe nous a dit qu'il parlait au nom de au moins 80% du
peuple là-bas. Vous autres vous dites 74%. J'imagine que
là-dedans il doit y avoir du monde qui serait de trop. Parmi vos 1839,
combien y en a-t-il qui peuvent être dissidents? Sont-ils tous des
dissidents ou s'il y en a un faible pourcentage? C'est seulement ma
question.
M. Arès: Disons que je ne suis pas un expert au niveau des
dissidences et au niveau des gens qui sont favorables au projet de loi. Tout ce
que je sais, c'est qu'actuellement les Inuit ne veulent pas s'impliquer avant
d'être consultés, parce que je voudrais faire
référence à la page 14. Je voudrais poser une autre
question aussi à cette commission. Il y en a combien parmi les membres
de cette commission qui comprennent le jargon des comptables? J'aimerais que
vous vous référiez à l'article 6, paragraphe i), où
là on dit: "D'une corporation garantie par cette corporation lorsque les
gains de la corporation durant une période de cinq années
terminées moins d'une année avant la date de leur placement en
fiducie ont été égaux en totalité à au moins
dix fois et en chacune des quatre quelconque des cinq années ont
été égaux à au moins une fois et demie. "
On pourrait continuer indéfiniment comme cela. Cela m'a pris cinq
ans avant de devenir un expert comptable et je n'arrive pas à comprendre
ce maudit texte. Je m'excuse. Je n'utilise pas toujours un langage
international dans le feu de la discussion. Cela m'a pris cinq ans avant de
comprendre la terminologie des comptables et je n'arrive pas à
comprendre ce texte à moins de m'y absorber pendant cinq heures de
temps. Comment voulez-vous que les Inuit comprennent cela à moins que
des gens passent trois semaines à leur transposer cela dans des termes
bien concrets parce que le langage des Inuit cela se comprend
différemment du langage utilisé au Québec. Il se comprend
à peu près pareil, disons, au langage utilisé par les
bûcherons du Québec quand ils en ont plein le dos.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Dans toutes ces
discussions que nous avons eues aujourd'hui, il y a, je pense, trois
éléments auxquels nous devons nous référer. Il y a
d'abord pour la commission parlementaire l'obligation de respecter la
convention qui a été signée entre les parties. Il y a dans
cette convention des dispositions qui visent à créer une
société qui aurait l'administration des sommes d'argent, la
gestion des affaires, en quelque sorte, qui regroupent et qui couvrent à
peu près toutes les activités économiques de la
société des Inuit.
Troisièmement, je pense que c'est là qu'est le point
fondamental, il y a l'utilisation des fonds et l'orientation de leur
développement futur. Je pense que le gros problème est là.
J'ai cru comprendre que le mouvement coopératif ne se sentait pas
impliqué, se sentait mis de côté dans ce rôle qu'il a
joué depuis une vingtaine d'années et qu'il a très bien
joué d'ailleurs; il ne voit pas comment il pourrait jouer ce rôle
dans l'avenir. Je ne sais pas si j'ai bien compris, M. le Président,
mais il me semble que le gros problème est là, c'est un
problème fondamental, parce que je comprends ce que dit le
député de Mont-Royal, il y a le respect de la convention, il y a
l'administration des sommes d'argent, la gestion des affaires
économiques. Mais il ne faut pas se limiter, à mon avis, et je
pense qu'on faillirait à nos responsabilités en nous limitant
à ces deux seuls points. Il faut faire en sorte que dans le milieu, dans
leur milieu respectif, il y ait suffisamment de gens impliqués pour
qu'eux-mêmes soient les artisans les plus impliqués de leur
devenir collectif.
J'aimerais poser une question au ministre et peut-être au
représentant du Conseil supérieur de la coopération.
D'ailleurs, je vous remercie pour votre mémoire. Votre mémoire
est très à point, et je pense qu'il apporte un éclairage,
une dimension à nos débats qui mérite d'être
retenue. J'aimerais savoir comment le gouvernement prévoit, dans
l'application de la convention, dans le respect des clauses de la convention,
pouvoir tenir compte de cette dimension en adoptant un projet de loi aussi
rapidement; il nous reste exactement 25 minutes
avant d'adopter tous les projets de loi, les étudier article par
article. Je me demande comment on va faire.
J'aimerais demander au ministre s'il a une suggestion à faire, et
j'aimerais demander aussi à M. Arès s'il a une suggestion
à nous faire, une recommandation particulière à nous faire
à ce moment-ci.
Le Président (M. Jolivet): M. Arès.
M. Arès: Je crois que j'ai déjà fait une
suggestion pour qu'on puisse respecter les valeurs, les traditions, les us et
coutumes des Inuit. J'ai demandé que le projet de loi soit
reporté et qu'on accorde un mandat au ministère des
Coopératives pour qu'il puisse s'assurer qu'une véritable
consultation soit faite, non seulement chez les coopérateurs, mais chez
tout le peuple inuit. D'autre part, je pense que les coopérateurs du
Nouveau-Québec, si on parvient à leur transmettre des documents
qu'ils vont finalement comprendre... Parce que le petit exemple que j'ai
donné de la page 14, on pourrait en reprendre de semblables à
plusieurs endroits dans le projet de loi no 27. Il va falloir des gens qui
connaissent très bien la culture inuit pour transposer
concrètement ce que nous voulons exprimer par ce projet de loi. Ensuite
de cela, il va falloir prendre le temps nécessaire pour faire une
véritable consultation. Si le ministère des Coopératives
croit que le Conseil de la coopération pourrait aider dans ce domaine,
comme nous l'avons fait, disons, au début de la coopération dans
le Nord du Québec, nous sommes prêts à collaborer avec le
gouvernement pour favoriser cette consultation.
M. Roy: Telle que la loi est rédigée, j'aurais
énormément de commentaires à faire. D'ailleurs, je vous
comprends, j'ai lu ces articles, puis j'inviterais le ministre aussi et mes
collègues de la commission à lire l'article 4 et je me
permettrais tout simplement d'en citer une partie parce que nous sommes quand
même limités dans le temps. "La société est une
corporation à but non lucratif et sans capital-actions régie,
sous réserve des dispositions de la présente loi, par la
troisième partie de la Loi des compagnies (Statuts refondus, 1964,
chapitre 271) telle qu'elle existe à la date de l'entrée en
vigueur de la présente loi, sauf que l'énumération
à l'article 220 de ladite loi des articles qui ne s'appliquent pas
à la société est la suivante: les articles 1 à 17
et 23 à 27, le paragraphe q) de l'article 29, les articles 34 à
40, 42 à 73, 76 à 79, 81, les trois premiers paragraphes de
l'article 83, les articles 84 et 85, le paragraphe 3e de l'article 86, les
sous-paragraphes a) et b) du paragraphe 2 de l'article 88, les articles 89
à 91, les sous-paragraphes j) et k) du paragraphe 3e...
M. le Président, j'ai regardé ce projet de loi...
Le Président (M. Jolivet): M. le député, ne
commencez pas l'étude article par article cependant.
M. Roy: Non, je ne commence pas l'étude article par
article. D'ailleurs, je le voudrais et je ne le pourrais pas. Je ne le pourrais
pas parce que je vous garantis que demain matin, je commencerais
peut-être à avoir une lueur, avec la lueur du jour, mais ce ne
serait pas une certitude.
Je suis étonné. C'est un peu une remarque que j'ai
à faire à ce moment-ci. Je trouve que ce projet de loi, tel que
rédigé à l'heure actuelle, comporte des difficultés
énormes de compréhension et d'entendement. Je pense qu'on aurait
dû et on aurait sûrement pu être beaucoup plus clair dans la
rédaction du projet de loi. Même si nous sommes familiers avec les
techniques législatives, il n'en demeure pas moins qu'il faut songer
à ceux à qui la loi s'applique, à ceux qui devront vivre
avec cette loi et à ceux que la loi concerne.
Alors, si j'avais...
M. Brulotte (Raymond): M. le Président... Le
Président (M. Jolivet): M. Brulotte. M.Roy: Oui,
parfait.
M. Brulotte: Toute la journée, on a posé une
question à laquelle on a trouvé difficilement une réponse:
c'était en quoi la société Makivik peut faire tort aux
coopératives. La réponse nous a été donnée,
en partie, de façon très importante par les représentants
de la NQIA lorsqu'ils nous ont fait part des engagements actuellement qui
étaient pris: Air Inuit, les maisons qui ont été
bâties pour les employés. C'est une pratique qui est assez rare
dans les coopératives.
Si c'est cela l'usage de l'indemnité qui sera versée aux
Inuit, c'est dans ce sens-là que c'est dangereux pour les
coopératives. Il faut d'abord penser que les coopératives ont
été présentes dans le Nouveau-Québec avant
même le gouvernement du Québec; elles ont été
bâties à force de bras, à force d'efforts gratuits. Je
pense que ces millions qui vont se déverser dans le Sud, c'est justement
tout ce qui va briser les efforts des coopérateurs.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Un mot seulement. Tantôt le
représentant de la Fédération des coopératives
ainsi que mon ami, le député de Beauce-Sud, lisaient des passages
de cette loi qui sont difficiles à lire et même amusants. Je pense
qu'on peut faire la même chose dans des lois qui touchent de très
près tous les citoyens du Québec; elles s'appellent les lois de
l'impôt et aussi, par exemple, les lois concernant les fonds de retraite.
Il y a des paragraphes aussi incompréhensibles dans ces cas-là
qu'il y en a ici et je suis le premier à le reconnaître. Je veux
dire que ce n'est pas particulier à cette loi; c'est dans toutes les
lois où il est question de sujets d'ordre administratif comme
ceux-là.
Maintenant, une autre remarque, rapidement. Il ne faut jamais oublier
que cette société Makivik en tout cas, l'entité
à laquelle on pense maintenant dont on a dit tantôt qu'elle
était une
sorte de Power Corporation... On s'étonne que ce soit tel pouvoir
et que, d'autre part, la Northern Quebec Inuit Association ait le mandat qui
est là. Écoutez! Ce sont des situations que nous avons à
traiter pour la bonne raison que dans un cas, c'est l'entente qui s'applique et
qui est notre paramètre, notre limite on est obligé de la
respecter et dans l'autre cas, la société a
été jusqu'à maintenant c'est-à-dire la
Northern Quebec Inuit Association l'organisme qui a
négocié là-bas, sur place, et aussi avec les instances
gouvernementales de part et d'autre. On ne peut pas effacer cela du jour au
lendemain; c'est un fait acquis. Peu importe ce qu'on pense de l'association en
question.
Le Président (M. Jolivet): Merci. En terminant.
M. Arès: J'ai deux remarques. Une qui s'adresse à
M. Morin sur la question de la clarté de certains articles du projet de
loi no 27. Sans être un constitutionnaliste, M. Morin, cela
représente pour les Inuit un morceau de leur constitution. D'autre part,
je voudrais vous dire que certaines lois qui s'adressent
particulièrement aux citoyens ordinaires, les coopérateurs, sont
écrites dans un langage beaucoup plus clair, beaucoup plus concis. Je
prends, pour exemple, la Loi des associations coopératives qui a
été faite pour être lue par des gens ordinaires et non pas
par des spécialistes ou par des consultants auxquels ils devront se
référer en toute dépendance des citoyens bien
ordinaires.
D'autre part, je voudrais demander aux membres de cette commission, qui
sont des Québécois s'ils accepteraient, comme
Québécois, d'être consultés uniquement en anglais.
Après toutes les discussions et tous les débats qu'il y a eus sur
le projet de loi no 101, il m'apparaît qu'il nous faut respecter au
maximum les valeurs, les traditions, les us et coutumes d'un peuple qui, en
majorité, ne parle ni anglais, ni français. C'est ce que j'avais
à dire, M. le Président. (22 h 45)
Le Président (M. Jolivet): Merci. Nous allons passer
maintenant à l'étude du projet de loi no 42.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... il est minuit moins quart. Je ne sais pas quelle
est l'intention du gouvernement; nous avons trois projets de loi, je crois, 27,
25 et 42. Puisque nous venons de finir les auditions sur le projet de loi no
27, serait-il possible de procéder, article par article, à
l'étude du projet de loi no 27, tel qu'est notre mandat, le mandat qui a
été confié à cette commission par un ordre de la
Chambre. Je suis prêt à donner mon consentement pour que la
commission siège après minuit, pour nous permettre de terminer
nos travaux sur les projets de loi nos 27, 25 et 42.
Le Président (M. Jolivet): Quant à moi, je n'ai
aucune objection à ce que vous donniez un consentement mutuel ici,
autour de la table. Je dois vous dire que ce matin on avait
débuté par le projet de loi no 34 et j'avais annoncé qu'on
étudierait les projets de loi 34, 42, 25 et 27, en ligne, tel que je les
avais numérotés. D'une façon ou d'une autre, quant
à moi, je pense qu'on devrait passer le projet de loi no 42, ensuite 25
et terminer par le 27, à moins que vous en décidiez
autrement.
M. Morin (Louis-Hébert): Je préfère cela,
j'aimerais mieux.
M. Paquette: M. le Président... Le Président (M.
Jolivet): Oui.
M. Paquette: ... quant au consentement pour prolonger
après minuit, étant donné la complexité de ce
projet de loi no 27, je pense qu'on n'aurait pas assez de toute la nuit pour
l'étudier. Il m'apparaît inutile de continuer après minuit,
M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'on peut avoir un
consentement pour passer les projets de loi nos 42 et 25 qui ne semblent
pas...
M. Paquette: Certainement, M. le Président.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne crois pas qu'on puisse
terminer l'étude des projets de loi 42 et 25 avant minuit, parce que
pour le projet de loi no 25, peut-être qu'il y en a qui vont avoir des
interventions. S'il n'y a pas le consentement pour siéger après
minuit, je pense que le seul projet de loi que nous allons pouvoir
étudier article par article sera le no 42.
Le Président (M. Jolivet): II y aurait consentement,
à ce que j'ai cru comprendre, à étudier les projets de loi
nos 42 et 25, quitte à demander un ordre de la Chambre pour le projet de
loi no 27.
M. Paquette: Certainement, M. le Président, cela risque
d'aller beaucoup plus rapidement parce qu'il ne semble pas y avoir de
problème sur ces deux projets de loi.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Roy: II y a consentement de ma part, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce qu'on peut suspendre pour deux minutes, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): Avec plaisir. Suspension de
deux minutes.
(Suspension à 23 h 48)
(Reprise à 23 h 56)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît, si vous voulez avoir votre consentement avant minuit, sinon je
devrai ajourner.
Il y a une proposition qui est à l'effet d'étudier les
projets de loi 42, 25 et qu'ensuite on ajourne, de telle sorte qu'on aurait un
avis de la Chambre pour continuer sur le projet de loi 27, probablement au
cours de la journée de demain.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je ne peux pas accepter cette proposition
d'étudier seulement les projets de loi nos 42 et 25 et de laisser en
suspens le projet de loi no 27. À part toutes les autres raisons sur
lesquelles je ne m'étendrai pas, parce que j'ai essayé, au cours
de cette commission parlementaire, d'expliquer certains des problèmes,
il y a un aspect très technique, très important et je pense que
les gens qui sont soucieux du mouvement coopératif ne le prennent pas en
considération, c'est qu'on ne peut pas diviser la compensation. Il y a
une entente. La compensation est globale et, si on adopte un projet de loi pour
la compensation aux Cris, on doit absolument adopter le projet de loi
simultanément pour la compensation aux Inuit. On ne peut diviser et si
vous voulez entendre les représentants pour confirmer cette opinion, il
y a des représentants des Cris ici. Je serais consentant à les
entendre, mais je ne donne pas mon consentement pour aller après minuit
ce soir.
Le Président (M. Jolivet): Donc, n'ayant pas le
consentement pour aller après minuit, nous serons obligés
d'ajourner à minuit, à moins que M. le ministre ait autre chose
à ajouter.
M. Ciaccia: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, j'ai compris, c'est dans
le sens où vous dites: Si on n'étudie que le 42 et le 25. Si on
étudie le 42, le 25 et le 27, vous êtes disposé
à...
M. Ciaccia: Non, si on commence par le 27, le 42... Ce n'est pas
du chantage, j'ai entendu quelqu'un dire ici que c'était du
chantage.
M. le Président, ils ne sont pas au courant des
difficultés d'adopter l'un sans l'autre. Je vous en prie, ne faisons pas
de partisanerie.
M. Paquette: Quelles sont les difficultés?
M. Ciaccia: Je serais prêt à donner mon
consentement...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, à
l'ordre!
M. Ciaccia: Je serais prêt à donner mon con-
sentement si on étudie 27 et qu'on procède avec les autres
projets de loi subséquemment, autrement, M. le Président, je dois
retirer mon consentement.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre. M. Morin
(Louis-Hébert): D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Y a-t-il des personnes qui
s'opposent à ce consentement? Le consentement serait à l'effet
d'étudier 27, 42, 25.
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, un député de
l'Union Nationale a parlé de chantage quant à l'attitude du
député de Mont-Royal. Je n'emploierai pas ce mot, mais je dirais
que sa base est bien mince pour refuser son consentement. Ce que le
député de Mont-Royal est en train de faire, c'est de grossir le
problème alors qu'on pourrait régler...
Le Président (M. Jolivet): Excusez-moi, M. le
député de Rosemont, le consentement ne demande pas un
débat. Je veux savoir s'il y a consentement ou non. S'il y a
consentement, nous procédons et vous pourrez ensuite faire toute
l'argumentation que vous voudrez sur le projet de loi. Est-ce qu'il y a
consentement pour qu'on continue, après minuit, l'étude des
projets de loi 27, 42 et 25? Consentement?
M. Goulet: Pourquoi le projet de loi no 27 d'abord, M. le
Président?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela, on pourrait faire les
autres quand même.
M. Goulet: Ce matin, vous avez donné l'ordre
d'étudier les projets de loi 42, 25 et 27.
M. Ciaccia: M. le Président...
M. Morin (Louis-Hébert): Est-ce parce que vous avez peur
qu'on n'étudie pas l'autre?
M. Ciaccia: Exactement. Non, écoutez, pourquoi ne pas
commencer par le projet de loi no 27? M. le Président, il y a trop de
problèmes dont les membres de cette commission ne semblent pas
être au courant. (Minuit)
M. Godin: N'est pas fixé par la Chambre?
Le Président (M. Jolivet): Non, en fait, nous avions
à étudier... J'ai dit tout à l'heure que j'avais
appelé les projets de loi de la façon suivante: 34, 42, 25 et 27,
en disant que nous nous entendions, à partir de 15 heures, les gens qui
étaient convoqués... D'une façon ou d'une autre, on me
dit: Que ce soit n'importe quel ordre, nous étudions tous les trois
cette nuit s'il y a consentement. Est-ce qu'il y a consentement?
M. Paquette: M. le Président, est-ce que vous avez
précisé l'ordre? Cela m'apparaît important. J'ai bien dit
tantôt que le projet de loi no 27 était suffisamment complexe.
Le Président (M. Jolivet): J'ai compris, M. le
député, sauf que votre proposition n'a pas été
acceptée; il n'y avait pas consentement, donc je n'en discute plus.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne veux pas que le projet
de loi no 27 soit le dernier à être étudié.
M. Morin (Louis-Hébert): Mettons-le au milieu.
M. Ciaccia: 42, 27 et 25.
Le Président (M. Jolivet): Cela va? Consentement?
M. Ciaccia: D'accord. 42, 27 et 25.
Projet de loi no 42
Le Président (M. Jolivet): Le projet de loi no 42, article
1. M. le ministre.
M. Ciaccia: Alors, consentement, 42, 27 et 25.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a pas d'amendement
à l'article 1.
Le Président (M. Jolivet): Le projet de loi no 42;
l'article 1 est-il adopté?
M. Ciaccia: Un instant, M. le Président, je voudrais
prendre ma copie.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Est-ce que l'article
1 est adopté?
M. Ciaccia: Une petite minute, M. le Président, je
serai...
Le Président (M. Jolivet): L'article 1 est-il
adopté? Adopté?
Une voix: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 2
est-il adopté?
Une voix: Adopté.
M. Ciaccia: Je vous ferais remarquer, M. le Président, que
les articles 1 et 2 reproduisent intégralement les articles qui
étaient contenus dans le projet de loi 32 et qui font partie du chapitre
46 des lois de 1976 qui, elles, donnaient l'effet, approuvaient, mettaient en
vigueur et déclaraient valide l'entente de la Baie James. Alors, les
articles 1 et 2 de ce projet de loi reproduisent ces mêmes stipulations
pour donner effet à la convention du Nord-Est québécois
qui est la convention qui a été signée avec les Naskapis.
Alors, l'article 2 est adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 2 est adopté.
L'article 3 est-il adopté?
M. de Belleval: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Cela va!
M. de Belleval: Cela va. L'article 3 est adopté.
M. Ciaccia: L'article 3, M. le Président. Un instant, s'il
vous plaît! Y a-t-il d'autres députés qui ont des
commentaires à faire sur ces différents articles?
M. Bordeleau: Sur le projet de loi 42, pas moi.
M. Ciaccia: Ils ne sont pas préoccupés par
l'ensemble...
Le Président (M. Jolivet): Cela va bien. Donc, l'article 3
est-il adopté?
M. Perron: De toute façon, il y a eu consultation,
partout, sur celle-là. Cela s'est passé à Schefferville,
pour votre information. Il n'y a pas eu de problèmes.
M. Ciaccia: II y a eu la même consultation, M. le
député de Duplessis, qu'il y a eu sur l'entente de la Baie
James.
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Vous aurez la chance de tout dire, tout à l'heure. M. le
député.
M. Ciaccia: Oui, à l'article 30, M. le Président,
qui donne effet aussi, qui permet au gouvernement d'approuver et de mettre en
vigueur la convention, je voudrais apporter à votre attention que les
termes et conditions de la convention de la Baie James, que certains groupes
semblent mettre en doute, ont été considérés
tellement acceptables par les autres groupements, par exemple, les Naskapis,
qu'ils ont accepté et demandé intégralement d'avoir les
mêmes droits et privilèges qui sont contenus dans l'entente de la
convention de la Baie James. Ils n'ont pas mis en question les termes et
conditions de cette entente. Ils les ont seulement modifiés pour
s'appliquer spécifiquement à leurs régions. Alors, pour
répondre à certains commentaires, à certaines
inquiétudes de certains députés, je pourrais leur signaler
ce fait que l'entente a été voulue telle qu'elle, parce qu'ils
considèrent qu'elle satisfait les besoins des autochtones et elle leur
accorde certains droits et privilèges qu'ils voulaient et qu'ils auront
suite à l'entente et suite au projet de loi 42.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 4?
M. de Belleval: Adopté.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Article 4?
M. de Belleval: Adopté.
M. Ciaccia: L'article 4 a été adopté.
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Article 5 est-il
adopté?
M. de Belleval: Adopté.
M. Ciaccia: Je voudrais seulement signaler que les deniers
auxquels fait référence l'article 5 ont été
établis proportionnellement aux Naskapis sur les mêmes bases que
l'entente de la Convention de la baie James, avec les mêmes
entités légales, avec les mêmes termes et conditions et
cela à la demande des Naskapis, à la demande de leurs
représentants et l'article 5 stipule la même chose que ce qui est
contenu dans le projet de loi no 32. Alors l'article 5, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Article 5, adopté.
Article 6, est-il adopté?
M. de Belleval: Adopté.
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Donc, le projet de loi no 42
est adopté sans aucun amendement. Nous arrivons au projet de loi no 27.
Est-ce qu'il y a une demande de suspension pour quelques minutes?
M. Morin (Louis-Hébert): Elle est finie, cette loi?
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est seulement un point que j'ai
à clarifier.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Suspension de
quelques minutes.
(Suspension à 0 h 9)
(Reprise à 0 h 10)
Projet de loi no 27
Le Président (M. Jolivet): Le projet de loi no 27 est
appelé; l'article 1, il y a un amendement. Les amendements vont vous
être distribués.
À l'article 1, l'amendement est d'insérer après le
paragraphe c) le suivant: "d) Inuit: les bénéficiaires inuit aux
termes de la Loi concernant les autochtones, Cris et Inuit, 1978, chapitre,
insérer ici le numéro du chapitre du projet de loi no 34".
Le paragraphe d) devient alors le paragraphe e). Est-ce que l'amendement
est accepté?
M. Ciaccia: Accepté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que l'article 1 tel
qu'amendé est accepté?
M. Ciaccia: Accepté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Article 2, M. le ministre.
M. de Belleval: Article 2, il n'y a pas d'amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Article 2, accepté?
M. Ciaccia: Accepté.
Le Président (M. Jolivet): Article 3.
M. Ciaccia: Adopté.
M. Paquette: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Un instant, est-ce que M. le
député de Mont-Royal a quelque chose à dire sur l'article
3?
M. Ciaccia: Non, pas pour le moment.
Le Président (M. Jolivet): D'accord, M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais simplement faire
une remarque, un commentaire sur l'article 3. C'est une des seules lois, et je
comprends que cela découle de l'entente, et pour cette raison nous
allons devoir à contrecoeur l'accepter, mais c'est une des rares lois
qui définit l'appartenance à une société sur des
termes ethniques, sur une base ethnique. Je vous rappelle, M. le
Président, que lors de l'étude de la loi 101, on avait
refusé toute référence ethnique et je voudrais simplement
mettre en évidence cette conséquence de l'entente de la Baie
James qui crée un précédent. Malheureusement, c'est la
responsabilité du gouvernement provincial antérieur et du
gouvernement fédéral qui ont accepté cette entente, et
nous sommes obligés d'accepter cet article.
Le Président (M. Jolivet): L'article 3 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Je voudrais simplement souligner...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... que ce n'est pas seulement pour le projet de loi
no 27, mais c'est aussi pour le projet de loi pour les Cris.
M. Paquette: Je suis d'accord que cela se retrouve dans les
autres projets de loi.
M. Ciaccia: Bien, il n'y avait pas d'autres moyens, M. le
Président, d'allouer aux Cris l'indemnisation. On n'était pas
pour dire: On va donner $225 millions aux Québécois et que tout
le monde aille les chercher. Est-ce que le député de Rosemont
pourrait nous trouver une autre formule où on peut donner
l'indemnisation à certaines personnes sans les nommer ces
bénéficiaires? Voyons.
M. Paquette: M. le Président, je ne répondrai pas
à cette question, cela ouvrirait tout le débat de fond sur la
nature de l'entente de la Baie James. Ce n'est pas inscrit dans le contexte de
l'autodétermination du peuple inuit.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): L'article 4. Il y a un
amendement que je vous lis: Remplacer les deux premières lignes par ce
qui suit: "4. La société est une association à but non
lucratif sans capital-actions et sans gains pécuniaires pour ses
membres. Elle est régie sous réserve des dispositions de la..."
Remplacer les quatre dernières lignes par ce qui suit: "articles 89
à 91 les paragraphes j) et k) du paragraphe 3 de l'article 95, l'article
99, le paragraphe 2 de l'article 100, les sous-paragraphes d) et e) du
paragraphe 1 et le paragraphe 2 de l'article 101 et les articles 117 et 119."
Est-ce que l'amendement à l'article 4 est adopté?
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Est-ce que
l'article 4 amendé est adopté?
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président. (0 h 15)
Le Président (M. Jolivet): Adopté. À
l'article 5, il y a un amendement. Retrancher dans les deux dernières
lignes du paragraphe c les mots "et les institutions qui leur sont
reliées". L'amendement est-il adopté au paragraphe c?
M. Ciaccia: Un instant, M. le Président. Le
Président (M. Jolivet): Cela va. M. Ciaccia: Adopté,
M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 5
amendé est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): L'article 6; il n'y a pas
d'amendement. Est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): L'article 7; il n'y a pas
d'amendement. Est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): L'article 8; il y a un
amendement que je vous lis.
M. de Belleval: Un instant, M. le Président. Le
Président (M. Jolivet): Oui.
M. de Belleval: J'aimerais demander une suspension d'une minute
sur l'article 8.
Le Président (M. Jolivet): 8. M. Ciaccia:
Très bien.
Le Président (M. Jolivet): Suspension accordée.
Article 8; voici les amendements que je vous lis. Remplacer les
paragraphes c) et d) par ce qui suit: "c) sous réserve des articles 10
et 11, conserver, administrer, investir, réinvestir, distribuer et
utiliser comme elle le juge à propos, i) tous les revenus
découlant du placement de l'indemnité susdite; ii) toute partie
de l'indemnité susdite dont la mise de côté ou le transfert
n'a pas été fait aux termes des paragraphes a) et b); iii) toute
partie destinée aux bénéficiaires inuit de leur
indemnité prévue à l'article 25.2 de la convention; iv)
tous ses autres fonds; v) après expiration des périodes
mentionnées aux paragraphes a) et b) de l'article 7, toute partie de
l'indemnité dont il est question; d) si elle le juge opportun, utiliser
son actif pour rembourser les obligations contractées ou payer les
dépenses engagées avant la date de l'entrée en vigueur de
la présente loi par la Northern Quebec Inuit Association, au
bénéfice général des Inuit."
L'amendement est-il adopté?
M. Paquette: M. le Président, j'ai une question au
ministre concernant l'article 8d. J'aimerais que le ministre nous explique pour
quelles raisons cet article a été inclus et est-ce que la partie
du paragraphe concernant "au bénéfice général des
inuit " a un sens précis ou si c'est là simplement pour qualifier
le début du paragraphe "Si elle le juge opportun, utiliser son
actif..."?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela va poser des...
M. Paquette: Autrement dit, est-ce que, en droit, on pourrait
évoquer la fin de l'article pour dire: Telle dépense de la
corporation, tel transfert
ou telle couverture, plutôt, d'obligations contractées par
la NQIA n'est pas au bénéfice général des Inuit;
donc, contester une éventuelle décision en ce sens de la
corporation Makivik?
Le Président (M. Jolivet): Monsieur.
M. Morin (Louis-Hébert): Je m'excuse de ne pas être
capable de répondre à la question dans ce sens-là et
donner une opinion légale sur...
M. Paquette: C'est une opinion légale que je...
M. Morin (Louis-Hébert): Je peux expliquer le contexte de
l'article...
M. Paquette: D'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): ...et par la suite
peut-être qu'un juriste pourra vous expliquer l'opinion
légale.
M. Paquette: D'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): Le gouvernement, lorsque la
convention a été signée, a décidé de
consulter à fond les Inuit et les Cris de la Baie James dans la
préparation de la loi et dans la mise en place de tout ce qu'il fallait
faire pour appliquer la Convention de la Baie James. Le but de l'article 8d,
c'est qu'il y a des sommes qui ont été dépensées
par la NQIA pour mettre en place la Convention de la Baie James, et elle pense
que ces sommes sont au bénéfice général des Inuit,
et ces sommes pourraient peut-être leur être remboursées, vu
que ce n'était pas spécifiquement prévu comme tel dans la
convention.
Alors, lors de la consultation et disons-le des
négociations entourant ce projet de loi, il y a eu un article de
proposé qui visait à obliger la société Makivik
à rembourser NQIA, ce à quoi on n'a pas consenti. On a dit: Tout
ce qu'on peut faire dans le projet de loi, c'est de donner une ouverture, si la
société juge que vous avez fait des dépenses pour
lesquelles vous n'auriez pas été remboursés,
dépenses au bénéfice général des Inuit.
Étant donné que la société Makivik devait venir au
moins un an avant, elle pourrait décider de vous rembourser certaines
dépenses; c'est juste donner une ouverture, si elle le juge opportun; ce
n'est pas une obligation, ce sera un cas à juger. Maintenant, est-ce
qu'on pourrait plaider, au bénéfice général des
Inuit, que cela n'a pas été payé? Là, il faudrait
que je laisse un juriste...
M. Ciaccia: Je n'ai pas suivi la dernière phrase que vous
avez dite. Si...
M. Paquette: Je pourrais peut-être répéter ma
question pour le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: La deuxième partie, pas la
première.
M. Paquette: Ma question est la suivante:
Supposons que le conseil d'administration de la société
Makivik juge opportun et se prévaut de l'article 8d pour rembourser
certaines dépenses engagées par le NQIA; donc il se dit d'accord
que c'était au bénéfice général des Inuit.
Est-ce qu'une telle décision pourrait être contestée par
quelqu'un qui prétendrait que ce n'était pas au
bénéfice général des Inuit?
M. Ciaccia: Pour vous répondre, je pense que,
premièrement, pour que les dépenses soient remboursées,
pour que les obligations contractées soient remboursées, il faut
qu'elles aient été au bénéfice
général des Inuit. Il découle de cela que si, par exemple,
la société décidait de rembourser une certaine
dépense qui n'a pas été au bénéfice des
Inuit, n'importe quel bénéficiaire pourrait contester cette
décision, parce que l'obligation est claire que la société
ne peut rembourser que ce type de dépense, pas toutes les
dépenses, mais celles au bénéfice général
des Inuit. C'est mon opinion que cela pourrait certainement être
contesté.
M. Paquette: Je remercie le député de Mont-Royal de
son opinion, M. le Président. Vous comprendrez que c'est
extrêmement important parce qu'il pourrait y avoir, étant
donné les divergences d'opinions qu'on a entendues, certaines
contestations, à l'occasion. Je ne sais pas s'il y a un légiste
qui pourrait confirmer cet avis?
Le Président (M. Jolivet): La réponse, M. le
député, est oui.
M. Paquette: D'accord, je vous remercie, M. le Président.
Cela enlève toutes mes réserves, quant à cet article.
Le Président (M. Jolivet): L'amendement à l'article
8 est-il adopté?
M. Ciaccia: Je veux juste, pour l'information du
député de Rosemont... Y a-t-il des sommes dues au gouvernement
provincial par la NQIA?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, lors de la création
de la société Makivik, il y a un prêt qui a
été fait à la Northern Quebec Inuit Association qui doit
être remboursé en même temps que nous versons les sommes
à la société Makivik, tel que prévu dans la
convention. Cet article pourrait peut-être servir à combler la
différence, si la NQIA ne remettait pas le tout. Cela dépend de
la façon dont les papiers sont faits.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que l'article 8
amendé est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): À l'article 9, il n'y a
pas d'amendement; est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 10, il
n'y a pas d'amendement, est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. À
l'article 11, il y a un amendement que je vous lis. Remplacer cet article par
le suivant: "La société et les entités légales
visées aux articles 7 ou 8 ne peuvent distribuer leur actif de quelque
manière que ce soit à tout individu en tant qu'entité
distincte de la communauté, ni lui verser de dividendes, lui faire de
donations ou autrement l'avantager à même leur actif". Est-ce que
cet amendement est accepté?
M. Paquette: Un commentaire. J'aimerais dire que ceci referme une
porte, c'est une amélioration du projet de loi, à mon avis, parce
que l'article 11 laissait la porte ouverte, bien qu'étant relativement
restreinte, à la possibilité de distribuer des fonds à des
individus dans le cas où on jugerait que ceux-ci apportent de l'aide aux
communautés inuit, ce qui est toujours très difficile à
déterminer. Je pense que l'amendement du ministre referme la porte
à ce sujet.
M. Ciaccia: M. le Président, c'est la façon dont
j'interprète l'amendement. C'est aussi en accord avec les principes de
l'entente. Les principes de l'entente n'étaient pas de donner des
indemnisations aux individus, mais plutôt pour le bénéfice
des communautés.
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'article 11
amendé est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 12
est-il adopté? Il n'y a pas d'amendement.
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 13, il
n'y a pas d'amendement, est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Je ne le
répéterai pas, mais d'ici l'article 36 il n'y a aucun amendement.
L'article 14 est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 15
est-il adopté?
M. Ciaccia: À l'article 15, avez-vous un amendement?
Le Président (M. Jolivet): Non, c'est dans les annexes, M.
le député.
M. Ciaccia: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Quant aux annexes aux
paragraphes 10, 11, 12, cela viendra plus tard. Cela va?
M. Ciaccia: Cela marche.
Le Président (M. Jolivet): L'article 15 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 16
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Est-ce que
l'article 17 est adopté? Oui, M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: J'ai une question au ministre sur cet article. On
parle de trois représentants nommés après consultation des
autres membres du conseil par les autorités gouvernementales, soit deux
par le gouvernement du Québec et un par le ministre des Affaires
indiennes et du Nord canadien. Ces représentants ont le statut de
membres du conseil. Ils ne sont pas rémunérés. Et on peut
étendre le mandat jusqu'en 1987 à certaines conditions. C'est
assez particulier. Je comprends que c'est peut-être dû à
l'importance des sommes impliquées parce que je compare cela à
d'autres organismes et généralement, les
délégués du gouvernement, par exemple, au Conseil scolaire
de l'île de Montréal, qui ont un statut d'observateurs et, bien
sûr, je n'irai pas jusqu'à dire que ceci compromet la gestion de
la société par les Inuit qui seront très largement
majoritaires. J'aimerais peut-être qu'on nous donne quelques explications
à ce sujet.
M. Ciaccia: M. Le Président...
M. Paquette: J'avais posé la question au ministre. Je
pense que les fonctionnaires peuvent répondre.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est le texte de la convention
qui a été repris ici. Pourquoi cette clause est-elle là.
Peut-être que ce serait plus facile pour M. Ciaccia d'y
répondre.
M. Ciaccia: Est-ce que vous me permettriez de vous donner les
explications que moi je pense, pour cet article?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal. Il demande cela aux négociateurs.
M. Ciaccia: Cet article, M. le Président, est un compromis
d'un principe que le gouvernement fédéral je crois que
cela va plaire au député de Rosemont qui avait et que
peut-être, vis-à-vis des autochtones et qu'il a encore, je ne le
sais pas
qui avait une attitude très paternaliste. Il exigeait un droit de
veto sur les sommes versées à l'entité
légale...
M. Paquette: Cela ressemble à notre proposition
constitutionnelle qu'ils viennent de faire connaître à
l'égard du Québec.
M. Ciaccia: Je vous explique comment nous sommes arrivés
à l'article 17, connaissant les problèmes et connaissant les
objectifs de l'entente qui était de donner la gérance aux
autochtones pour qu'eux-mêmes prennent les décisions quitte
à faire des erreurs comme nous tous en avons déjà faites
et en ferons. (0 h 30)
Mais c'était leur argent et c'était leur décision.
Je me suis opposé catégoriquement à donner un droit de
veto au gouvernement fédéral. Le gouvernement du Québec,
curieusement, qui, lui, payait la plus grande partie de ces sommes, n'avait pas
demandé de droit de veto. Alors, je n'étais pas pour accepter que
le gouvernement en ait.
Alors, le compromis auquel nous en étions arrivés,
c'était qu'il y ait un représentant du gouvernement
fédéral au conseil d'administration parce que ce dernier disait
qu'il avait une obligation fiduciaire envers les autochtones. Pour remplir
cette obligation fiduciaire, il a un membre siégeant au conseil
d'administration. Mais puisque le Québec versait la plus grande partie
des sommes, j'ai exigé que la représentation du Québec
soit plus grande que celle du gouvernement fédéral. C'est de
cette façon que nous en sommes venus à cette entente.
Le Président (M. Jolivet): L'article 17 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 18
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 19
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 20,
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 21
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 22
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 23
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 24
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Rosemont.
M. Paquette: ... à l'article 24 et cela va se
présenter de nouveau à quelques autres articles j'aimerais
qu'on m'explique pourquoi le quorum aux assemblées du conseil il
s'agit du conseil de la société ici est constitué
d'au moins la majorité de ses membres élus ou nommés,
représentant au moins la majorité des communautés inuit
qui ont élu des représentants au conseil. Qu'est-ce qui a
amené à déterminer ce quorum? On pourrait le juger trop
haut par rapport à d'autres critères et trop bas par rapport
peut-être à la situation qui prévaut dans le Nord du
Québec. C'est une question au ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Disons que la question du quorum,
comme on peut s'en douter, a fait l'objet de nombreuses discussions aux tables
de travail, pour donner suite au projet de loi. L'idée qu'on veut faire
ressortir, on n'a pas été capable d'en arriver à un
chiffre; un quorum, c'est toujours discutable, le nombre de personnes. Ce qu'on
a voulu garantir, c'est qu'il y avait la majorité des membres
élus ou nommés au conseil et pour éviter, par exemple...
Comme vous le savez, il y a six membres qui sont élus à
l'assemblée générale; si les six membres de
l'assemblée générale sont de Fort Chimo, ils pourraient
simplement faire une réunion à Fort Chimo et ils auraient le
quorum. On voulait être certain qu'à chaque conseil, en plus
d'avoir la majorité, il y aurait au moins une majorité de
communautés représentées. C'est pour être certain
que toutes les communautés sont là à chaque conseil. Sans
cela, si le quorum est de six et il y a six représentants de Fort Chimo,
ils tiennent une réunion à Fort Chimo aussi souvent qu'ils le
veulent et les autres communautés ne sont pas
représentées. C'est ce que nous avons essayé de
sauvegarder, une majorité de membres et une majorité de
communautés.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, pourquoi, par exemple, ne
pourrait-on pas dire, au lieu de "Le quorum aux assemblées du conseil
est constitué d'au moins la majorité de ses membres élus
ou nommés représentant au moins...", "au moins les deux tiers"?
À ce moment-là, c'est beaucoup plus représentatif, surtout
qu'il y a des fonds qui sont passablement manoeuvrés à un certain
moment.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous soulevez un problème
important. Il y a un petit problème que je voudrais souligner je
ne veux pas faire la défense de ce texte qui est un texte de
négociation. Compte tenu de la situation dans le Nord, si vous faites un
quorum trop élevé, il est fort possible qu'à cause d'une
simple tempête de neige ou n'importe quoi il y a des
périodes de l'année où les avions ne peuvent pas
décoller vous n'ayez jamais quorum pour tenir un conseil. C'est
très difficile de tenir des réunions dans le Nord. Il faut faire
attention de ne pas trop hausser le quorum.
M. Ciaccia: C'est une question d'ordre pratique.
M. Paquette: Je pense comprendre la préoccupation de mon
collègue de Duplessis, M. le Président. Si on dit "une
majorité des membres élus et aussi une majorité des
communautés inuit qui ont élu des représentants au
conseil", il se pourrait que les représentants des communautés
seraient en minorité. Est-ce que c'est exact?
M. Morin (Louis-Hébert): Non...
M. Paquette: En certaines occasions.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce sont les mêmes
erreurs...
M. Paquette: Je donne un exemple: S'il y a quatorze ou quinze
communautés qui envoient des représentants, il faut qu'il y en
ait sept qui soient là. Il y a six membres de la Northern Quebec Inuit
Association, trois représentants du gouvernement; cela, c'est pour le
conseil provisoire.
M. Ciaccia: Provisoire, cela va durer seulement une
année.
M. Morin (Louis-Hébert): Le conseil permanent va avoir,
admettons, quatorze membres nommés, quatorze membres représentant
les communautés d'élus et six membres élus par
l'assemblée générale annuelle. Les membres de
l'assemblée générale annuelle sont toujours en
minorité au conseil.
M. Paquette: Ce n'est pas le cas au conseil provisoire, mais ce
sera le cas au conseil permanent.
M. Perron: Un instant...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Est-ce qu'on ne pourrait pas lire l'article 24 comme
ceci? Je ne voudrais pas faire un débat ou quoi que ce soit... "Le
quorum aux assemblées du conseil est constitué d'au moins la
majorité de ses membres élus ou nommés,
représentant au moins les deux tiers des communautés inuit."
M. Ciaccia: Moi non plus, je ne veux pas faire un débat,
mais je pense qu'il y a des problèmes d'ordre pratique dont il faut
tenir compte pour s'assurer que ce conseil puisse se réunir. Je crois
bien que vous avez voyagé dans ces endroits et vous devez les
connaître un peu... Je me souviens que, quand je suis allé faire
de la consultation à Saglouc, cela m'a pris trois jours, je suis
resté pris à Saglouc pendant trois jours. Si dans certains cas,
certaines communautés peuvent se rendre et d'autres ne le peuvent pas,
vous rendez encore plus difficile l'administration. Je crois personnellement
que la façon dont c'est rédigé protège les
communautés puisqu'on exige une majorité. Elles vont certainement
vouloir toutes y être; ce sera seulement dans le cas où elles ne
pourront pas se rendre. Je pense que cela rendrait plus pratique
l'application...
M. Perron: Si j'exprime cela, c'est parce qu'il me semble qu'il y
aurait sûrement lieu, au moins, que les deux tiers des communautés
inuit soient représentés. Le conseil d'administration ne se
réunit pas à tous les dimanches, même le provisoire; ce
sera probablement une fois par mois; il faut que les avis soient donnés
sept jours à l'avance, ainsi de suite.
M. Paquette: M. le Président...
M. Morin (Louis-Hébert): Si vous me permettez, je crois
qu'au début, il va y avoir de nombreuses réunions avec des
coûts assez extraordinaires.
M. Ciaccia: Ah oui! Au début, ce sont des réunions
et cela va coûter cher de les faire.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais ajouter aux
arguments du député de Duplessis le fait qu'évidemment,
comme dans toute corporation, les membres élus vont travailler sur des
dossiers préparés par des permanents, des fonctionnaires qui vont
être engagés par la société, comme dans toute
corporation, et c'est normal. Sauf que là, on a un problème
supplémentaire qui a été exprimé par à peu
près tous les représentants et même par les
représentants de la Northern Quebec Inuit Association qui même,
sur des questions relativement simples, étaient obligés de
consulter leur conseiller juridique. À ce moment-là, je signale
qu'il ne serait pas mauvais qu'il y ait plus de représentants inuit,
surtout au début.
M. Ciaccia: Je n'aurais pas d'objection, si...
M. Paquette: Si le député de Mont-Royal est
d'accord, cela aiderait au fonctionnement.
M. Ciaccia: Non, je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'amendement
apporté par le député de Duplessis serait: Après le
mot "représentant", ajouter les mots
"d'au moins les deux tiers des communautés." Est-ce que j'ai bien
compris?
M. Perron: C'est exact, M. le Président. M. Morin
(Louis-Hébert): Je m'excuse...
Le Président (M. Jolivet): Je vais relire pour être
sûr qu'on ne se trompe pas.
M. Morin (Louis-Hébert): "Représentant au moins les
deux tiers", tout simplement... vous avez un "d" qui...
M. Perron: C'est cela. "Représentant au moins les deux
tiers des communautés inuit."
Le Président (M. Jolivet): Je relis, pour être
sûr qu'on ne se trompe pas: "Le quorum aux assemblées du conseil
est constitué d'au moins la majorité de ses membres élus
ou nommés, représentant au moins les deux tiers des
communautés inuit qui ont élu des représentants au
conseil." L'article 24 tel qu'amendé est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 25 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 26 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 27 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 28 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 29 est-il
adopté?
M. Paquette: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Mon collègue de Duplessis avait
demandé la parole.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Là, la question que je me pose, c'est lorsque
dans le dernier alinéa de l'article 29, on remarque que chacun d'eux ne
dispose que d'un vote jusque-là, je suis d'accord et peut
voter en personne ou par procuration. C'est là-dessus que je ne suis pas
tout à fait d'accord. D'accord qu'il y a le contexte nordique, le
contexte d'éloignement où on pourrait permettre aux membres de
voter par procuration. Je pense qu'à ce moment, il y aurait
peut-être lieu de mettre obligatoirement en personne. Surtout qu'on a
monté le quorum à deux tiers en ce qui a trait aux
communautés inuit.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que vous avez une
réponse à donner.
M. Perron: Je voudrais savoir pourquoi on ne pourrait pas mettre
cela comme cela?
M. Morin (Louis-Hébert): Le vote par procuration a
été demandé par les Inuit tout simplement pour les raisons
que vous avez soulignées, c'est-à-dire que vu le contexte
nordique il leur semblait préférable de permettre le vote par
procuration aux élections.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Je comprends le contexte d'éloignement, mais
j'aimerais souligner aux membres de la commission, M. le Président, que
cet article 29 s'applique lors des élections du représentant
d'une communauté au conseil. Ce sont donc les membres d'une même
communauté qui sont en train d'élire leurs représentants.
Une communauté ce n'est pas grand, c'est 20, 25 familles, règle
générale; il y en a de plus grosses, de plus importantes, mais
elles ne sont pas éloignées les unes des autres, elles peuvent
même se rencontrer à pied. Je ne vois pas ce que le vote par
procuration qui est une pratique détestable vient faire ici. Je le
comprendrais peut-être dans d'autres contextes.
M. Goulet: C'est parce que souvent le gars...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: ... si vous me permettez, part à la pêche
ou à la chasse pendant trois semaines là-bas.
M. Paquette: M. le Président, je vous signale d'autre part
que le quorum aux élections est de 15%, alors je ne pense pas que cela
empêche de tenir des élections; quelqu'un qui
préfère aller à la pêche lorsqu'il y a des
élections, comme partout ailleurs, il cède son droit de vote.
M. Goulet: Non.
M. Ciaccia: II n'est pas question de préférer
d'aller à la pêche, c'est leur mode de vie.
M. Paquette: Je sais que c'est une question de travail, je suis
bien conscient de cela. Je ne
veux pas insinuer... je dis simplement que quelqu'un qui, lors d'une
élection dans le sud, est obligé d'être absent de son
travail, il ne peut pas voter. On pourrait peut-être prévoir des
bureaux avancés ou je ne sais pas, il y aurait peut-être d'autres
mécanismes, mais le vote par procuration, je n'en vois pas
l'utilité dans cet article.
M. Ciaccia: Je dois admettre que vous commenciez à me
convaincre du bien-fondé de vos préoccupations quant à la
question de procuration jusqu'à ce que le député de
Bellechasse m'ait fait me rappeler que plusieurs de ces gens pouvaient
être en dehors de leur communauté, pas pour vacances mais pour les
fins de leur poursuite traditionnelle du gibier. Si vous enlevez la
procuration, vous leur enlevez des droits à ces personnes. Il va falloir
qu'ils prennent une décision ou ils vont aller travailler, continuer
leur mode de vie traditionnel, ou il va falloir qu'ils restent pour s'assurer
qu'ils peuvent voter. En leur donnant le droit de voter par procuration, ils
peuvent faire les deux. Ils peuvent aller à leur chasse et pêche
normales et ils peuvent s'assurer de donner la procuration à une
personne en qui ils ont confiance.
Il ne faut pas prendre les problèmes de Sun Life et les
transposer dans le Nord. Je sais que la question de procuration vous
préoccupe, moi aussi. J'aurais préféré, quant
à Sun Life, que les gens eussent été obligés, non
seulement d'aller voter personnellement, mais d'avoir l'assemblée
à Montréal à leur siège social. Il ne faudra pas
pénaliser le pauvre trappeur du Nord, parce que Sun Life a abusé
des droits de procuration. (0 h 45)
M. Paquette: M. le Président, je suis d'accord qu'il
faille tenir compte du mode de vie particulier des Inuit. Je suis même
assez réticent à l'entente de la Baie James pour ces raisons
justement, M. le Président, à tout le principe de l'entente. On
est pris avec; il s'agit de l'appliquer. Alors, le député de
Mont-Royal n'a pas besoin de me convaincre là-dessus.
Je voudrais simplement lui souligner que l'article 27 donne 90 jours
avant la tenue de l'assemblée générale pour tenir une
élection. On ose espérer qu'au niveau de chaque communauté
les gens tiendront compte de périodes où les gens sont plus
absents, sont à la pêche pour leur travail et choisiront une
journée qui fera l'affaire de la communauté. Ce ne sont pas des
communautés importantes, M. le Président; je pense que cela varie
de quelles sont les populations? Enfin, cela me semble possible de le
faire dans une période de 90 jours, de choisir un moment et même
possiblement d'installer une procédure de simili-bureau avancée,
pour permettre aux gens de voter à des moments différents.
M. Ciaccia: Catégorie 2, par exemple, représente 60
000 milles carrés et ils ont le droit de chasser et pêcher sur
tout le territoire. Tout le territoire mesure 400 000 milles carrés.
Comment allez-vous installer des bureaux de scrutin sur 400 000 milles
carrés? Je dirais que 90 jours, ça ne répond pas
nécessairement au problème parce qu'il y a des gens qui partent
spécialement dans certains endroits pour quatre, cinq et
six mois. Ils retournent à leur communauté après cinq ou
six mois. Ils partent parfois en famille. C'est leur façon de chasser et
pêcher. Si on enlève cela, on enlève à ces individus
le droit de s'exprimer. Je ne voudrais pas faire cela.
M. Paquette: M. le Président, je comprends ces
préoccupations et je pense qu'il faut trouver le moyen de les concilier
avec un autre principe qui est le suivant. Pour permettre plus de
flexibilité pour le vote, on pourrait favoriser une pratique; cela
pourrait devenir une coutume dans certaines communautés que la
majorité des gens vote par procuration et le pouvoir serait entre les
mains de cinq, six ou dix personnes. Il ne faut pas oublier cela non plus.
M. Ciaccia: Quelqu'un a-t-il une autre suggestion pour concilier
les deux problèmes?
Le Président (M. Jolivet): M. François
Lévesque a quelque chose à vous proposer.
M. Morin (Louis-Hébert): Si vous me le permettez, je ne
suis pas en mesure de vous soumettre l'amendement précis tout de suite,
mais ce qu'on pourrait faire... Je peux vous donner l'idée
peut-être. On pourrait ajouter à la fin quelque chose comme cela:
"Un membre habilité à voter peut agir à titre de
fondé de pouvoir et un tel membre ne peut détenir plus de dix
procurations. " On limiterait le nombre des procurations qu'un membre pourrait
avoir dans ses poches.
M. Paquette: C'est intéressant. C'est intéressant
comme amendement.
M. Ciaccia: Cela répondrait certainement aux
préoccupations du député de Rosemont...
M. Paquette: Exactement.
M. Ciaccia: Cela permettrait à mon individu qui s'en
va...
M. Paquette: C'est cela.
M. Ciaccia: ... pour six mois de s'exprimer et avoir le droit de
vote.
Le Président (M. Jolivet): Donc, pourriez-vous le
répéter pour que je puisse l'écrire, s'il vous
plaît? "Seul un membre habilité à voter peut agir à
titre de fondé de pouvoir...
M. Morin (Louis-Hébert): Si vous me le permettez, M. le
Président, je pense que...
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): ... je
préférerais...
Le Président (M. Jolivet): Oui, donc...
M. Paquette: De même que l'article 31 qui pose le
même problème.
M. Perron: L'article 31.
M. Paquette: Par concordance.
Le Président (M. Jolivet): Et vous avez l'article 33?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, en effet.
Le Président (M. Jolivet): Donc, les articles 29, 31 et 33
sont suspendus et on y reviendra à la fin. L'article 30 est-il...
M. Ciaccia: Quels articles sont suspendus?
Le Président (M. Jolivet): Les articles 29, 31 et 33.
L'article 30 est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 32 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 34
est-il adopté?
M. Ciaccia: Pouvez-vous nous donner une minute?
Le Président (M. Jolivet): On peut suspendre quelques
moments. Il y a suspension pour quelques minutes.
L'article 34 est-il adopté? M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Un instant, M. le Président, je veux juste
regarder quelque chose.
Est-ce que cela concerne strictement les assemblées
générales dans les villages inuit ou si cela comprend une
assemblée générale...
M. Ciaccia: À quel article?
Le Président (M. Jolivet): Article 34.
M. Perron: Article 34.
M. Morin (Louis-Hébert): Quelle est la question?
Le Président (M. Jolivet): Voulez-vous
répéter votre question, M. le député, pour le
bénéfice...
M. Perron: Lorsqu'on parle de l'assemblée
générale des membres, est-ce que ce sont les membres de tous les
villages ou strictement d'un village donné?
M. Ciaccia: Je pense que de la façon que je le lis...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est seulement d'un village
donné.
M. Perron: C'est seulement d'un village?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. "De membres majeurs
personnellement présents et reconnus "... Ah! Un instant!
M. Ciaccia: C'est l'assemblée générale de
tous les membres...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, de tous les membres de la
société, pardon.
M. Ciaccia: Section VI. Les assemblées
générales des membres.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Paquette: M. le Président, on a à cet article un
problème qui est analogue je ne dis pas semblable à
celui qu'on a affronté précédemment. L'article demande que
l'assemblée générale soit constituée de 35 membres,
ce qui ne m'apparaît pas beaucoup premier problème. Si je
comprends bien, ce sont tous les Inuit qui sont conviés à ces
assemblées générales comme c'est défini dans
l'entente de la Baie James, c'est-à-dire une possibilité
théorique très théorique je l'admets de 4500
personnes environ...
M. Ciaccia: Parmi ces 4500, il y a des petits enfants et des...
Ce ne sont pas tous des adultes. Eux aussi ils font des "petits".
M. Paquette: D'accord, ce sont les adultes qui ont... Alors on
peut mettre combien? Vous régleriez pour combien, M. le
député?
M. Goulet: 2500.
Une voix: C'est ce qu'on a donné tout à
l'heure.
M, Paquette: Bon, d'accord, mettons 2500 adultes ayant droit de
vote; je pense que c'est raisonnable à première vue, enfin,
mettons 2000. On a un quorum qui est seulement de 35 membres. Je comprends
qu'il y a des problèmes de distance parce que les personnes viennent de
plusieurs communautés. D'autre part, on dit: Représentant au
moins la majorité des communautés. Il ne faut pas oublier que ces
assemblées générales sont souveraines, dirigent le conseil
d'administration et élisent trois membres du conseil permanent.
Je me demande si on ne devrait pas demander, comme on l'a fait à
l'autre article, qu'au moins les deux tiers des communautés soient
représentés, et peut-être pourrait-on augmenter
légèrement le quorum au-delà de 35 membres.
M. Morin (Louis-Hébert): Évidemment, pour les
assemblées générales des membres, peut-on s'imaginer, de
la façon que cela a été négocié, que c'est
la question de la réalité qui veut qu'ordinairement, lorsqu'il y
a des assemblées comme celle-là, avec deux ou trois membres par
communauté, ce soit une assemblée qui soit fructueuse et qui
puisse produire quelque chose? C'est ce qui se fait ordinairement à
cause des distances qui sont considérables et à cause du prix que
cela peut coûter. Si c'est dans un endroit qui est plus populeux
probablement que cela va se déménager d'une place à
l'autre, cela n'est pas du tout impossible dans cette place, il va y
avoir plus de monde, il va en venir deux, trois ou quatre des autres
communautés. Normalement, quand il y a des assemblées comme
celles-là, qui cherchent à regrouper de la population, c'est
difficile de mettre plus de trois ou quatre personnes parce que cela
coûte trop cher, ce sont des milles et des milles de distance.
M. Ciaccia: Quand vous parlez de trop cher, on a eu des
assemblées de deux ou trois jours qui ont coûté $60 000 au
gouvernement. Le gouvernement payait; tout le monde voulait y aller.
M. Paquette: Ce n'était pas $60 000 par année?
M. Ciaccia: Pour une assemblée.
M. Paquette: Par année.
M. Ciaccia: Non, ils vont en avoir plus.
M. Paquette: On parle d'une assemblée
générale annuelle, mais il peut y en avoir plus, je suis
d'accord. Moi, ce qui m'inquiète, c'est l'assemblée annuelle
où on élit les membres.
M. Ciaccia: II peut y en avoir plus. Je crois que dans les
coutumes, les gens qui vont y aller vont être représentatifs de la
communauté; je ne pense pas que ce soient tellement les 35 qui devraient
vous préoccuper. Peut-être, au lieu de mettre "majorité",
vous devriez ajouter "les deux tiers", pour que ce soit la même chose que
l'autre.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que cet amendement
serait accepté?
M. Perron: D'accord pour les deux tiers de la communauté
Inuit.
Le Président (M. Jolivet): Donc: "Ce quorum est
constitué de 35 membres représentant au moins les deux tiers des
communautés inuit qui ont élu des représentants au
conseil." Adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
M. Perron: Puis-je dire en passant, M. le Président,
qu'avec cet amendement, je pense qu'on va permettre de grossir un peu le
quorum.
On peut le laisser à 35, mais il peut se grossir
automatiquement.
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'article 34
amendé est adopté. L'article 35 est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 36. M.
le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a une modification à
l'article 36. À la huitième ligne, après la phrase "quinze
communautés inuit existantes", on aurait ceci, si vous voulez le prendre
en note: "deux membres peuvent être nommés par la NQIA, quatre
membres peuvent être nommés par la Fédération des
coopératives, etc. et trois autres représentants sont
nommés conformément à l'article 17."
On barre à partir de "six représentants"...
Le Président (M. Jolivet): On enlève le "six" et on
le remplace par "deux".
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, deux représentants
peuvent être nommés...
Le Président (M. Jolivet): ... deux représentants
peuvent être nommés.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela, par la Northern
Quebec Inuit Association.
Le Président (M. Jolivet): Virgule, quatre... M. Morin
(Louis-Hébert): par... M. Perron: ... par la
fédération... M. Ciaccia: Un instant...
Le Président (M. Jolivet): Les coopératives
du...
M. Ciaccia: Oui.
M. Perron: La Fédération des coopératives du
Nouveau-Québec, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Et trois autres
représentants, conformément à l'article 17.
M. Perron: C'est cela.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que je peux relire pour
qu'on s'entende bien, pour être sûr que le texte est aussi... en
français? Après le mot "existantes", on place: "deux
représentants peuvent être nommés par la Northern Quebec
Inuit Association, quatre par la Fédération des
coopératives du Nouveau-Québec et trois autres
représentants conformément à l'article 17". Est-ce que
vous voulez inscrire à chaque fois "peuvent être nommés"
dans tous les cas?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, sauf le dernier, "les trois
autres..."
Le Président (M. Jolivet): Donc, on va reprendre le
texte.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a deux "peuvent".
Le Président (M. Jolivet): En fait, il y a... et le reste,
c'est sont nommés.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, les trois sont
nommés.
Le Président (M. Jolivet): Je reprends pour être
sûr qu'on est bien correct: "deux représentants peuvent être
nommés par la Northern Quebec Inuit Association, quatre peuvent
être nommés par la Fédération des
coopératives du Nouveau-Québec et trois autres
représentants sont nommés conformément à l'article
17". C'est bien cela?
M. Paquette: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Cet amendement est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 36 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Tout est correct? L'article
37.
M. Rancourt: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Un instant, juste le temps de
réécrire mon... Est-ce que c'est sur l'article 37, M. le
député de Saint-François?
M. Rancourt: Oui, c'est sur l'article 37. Le Président
(M. Jolivet): Allez-y.
M. Rancourt: Je vois ici que c'est indiqué: "d'une banque
à charte canadienne", mais il existe des caisses dans le nord du
Québec, pourquoi ne pas ajouter "caisse", "ou d'une caisse "? (1
heure)
M. Paquette: II peut recueillir, M. le Président, ce genre
de dépôt de l'indemnité dont on parle à l'article 25
de la convention.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, M. le Président.
Donc, on a quand même...
M. Paquette: ... trop libéral, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): À quel endroit
placerons-nous... "d'une banque à charte cana- dienne il n'y a
pas de virgule ou une caisse d'épargne ou de crédit".
Revenons au texte pour être sûr qu'on s'entend bien: "Dépose
la partie de l'indemnité visée à l'article 25.1 de la
convention et destinée aux Inuit, auprès d'une banque à
charte canadienne ou on devrait, je pense, écrire de nouveau
"auprès" auprès d'une caisse d'épargne et de
crédit faisant affaires au Québec..." Cela va?
Donc, l'article amendé est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 38
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 39
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 40
est-il adopté?
Une voix: Un instant!
Le Président (M. Jolivet): Excusez-moi.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 41
est-il adopté?
M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 42
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté. M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 43
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté. M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 44
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté. M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Les annexes que vous avez, je
pense qu'on vote en bloc, cependant, il y aurait des amendements. D'abord, au
paragra-
phe 10). Est-ce que l'amendement au paragraphe 10) est
adopté?
M. Paquette: M. le Président, avant qu'on commence cela,
j'aimerais simplement dire qu'on aurait pu passer deux semaines
là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): Est-il adopté quand
même?
M. Paquette: Je voudrais simplement savoir si on reproduit ici ce
qu'on avait dans les annexes du chapitre 27? C'est textuel ou s'il y a des
modifications?
M. Morin (Louis-Hébert): Les modifications, vous les avez
justement en amendement; dans le chapitre 27, on disait, par exemple, si on
prend le paragraphe 10): "iii) le total des placements de la
société en vertu des présentes dans quelque partie de
bien-fonds ou de toute tenure à bail ne dépasse pas deux pour
cent de la valeur comptable de l'actif total de la société".
C'est textuel du chapitre 27. On apporte un amendement afin de montrer que ce
qu'on voulait viser c'est l'obligation qui est faite à la
société Makivik de placer ses montants d'argent
conformément à cette annexe, c'est de placer l'indemnité
conformément à l'annexe. Si elle reçoit d'autres fonds ou
d'autres sources, elle n'est pas obligée de les placer dans les
placements prévus à l'annexe. C'est la raison des amendements
qu'on apporte aujourd'hui.
M. Paquette: Si je comprends bien, vous avez repris, dans le
projet de loi, le texte intégral de la convention et les amendements
sont des modifications qui...
M. Morin (Louis-Hébert): Pour tenir compte de la
réalité...
M. Paquette: D'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): ... en fait, la
société peut recevoir d'autres fonds que l'indemnité.
M. Paquette: Merci.
Le Président (M. Jolivet): L'amendement au paragraphe 6),
qui se lit au sous-paragraphe iii), remplacer dans la quatrième ligne
les mots "de l'actif total de la société" par les mots "de la
partie de l'actif total de la société afférente à
l'indemnité", est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): La...
M. Ciaccia: C'était pour souligner que c'est le même
amendement dans tous les autres paragraphes.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Le paragraphe 10),
amendé, est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Le paragraphe 11), c'est le
même amendement, est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que le paragraphe 11),
amendé, est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'amendement au paragraphe 14)
se lit: insérer dans la neuvième ligne, après le mot
"obligations", une virgule. Est-ce adopté? Le paragraphe amendé
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Au paragraphe 15), il y a un
amendement qui est le même que celui qu'on avait lu tout à
l'heure. Est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Le paragraphe 15) amendé
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Le paragraphe 16); même
amendement. Est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Le paragraphe 16) amendé
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Même chose pour
l'amendement au paragraphe 19). Est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Le paragraphe 19) amendé
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'annexe est-elle
adoptée?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Nous revenons aux articles en
suspens; les articles 29, 31 et 33. Les amendements, s'il vous plaît?
M. Ciaccia: Quelqu'un les a-t-il préparés? Le
Président (M. Jolivet): Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): II s'agirait d'ajouter à
l'article 29 un second alinéa qui se lirait comme suit: ...
Le Président (M. Jolivet): Rapprochez-vous, s'il vous
plaît, qu'on vous entende bien.
M. Ciaccia: Pour qu'on l'entende.
Le Président (M. Jolivet): L'article 29
M. Morin (Louis-Hébert): On pourrait ajouter un second
alinéa à l'article 29 qui se lirait comme suit: "Aux fins de
l'application de la présente loi, nul ne peut détenir plus de dix
procurations ". Tout simplement.
M. Paquette: Cela couvrira en même temps les articles 31 et
33.
M. Morin (Louis-Hébert): Au lieu de faire trois
amendements. Cela évite la renumérotation en le mettant comme
cela.
Le Président (M. Jolivet): Ce nouvel alinéa est-il
adopté?
M. Paquette: M. le Président, je pense que cela tient
compte des deux principes: respecter les modes de travail si je puis
dire de la communauté inuit et en même temps s'assurer
qu'il n'y a pas un contrôle indu des élections par un petit
groupe.
M. Ciaccia: Pourriez-vous relire l'amendement que vous avez lu
afin que les représentants, les autochtones puissent l'entendre?
M. Morin (Louis-Hébert): II s'agit d'insérer
à l'article 29 un second alinéa qui se lirait comme suit: "Aux
fins de l'application de la présente loi, nul ne peut détenir
plus de dix procurations".
M. Ciaccia: Le but de cet amendement, encore une fois... S'il
écoutent, ils vont entendre; s'ils n'écoutent pas, ils
n'entendront pas.
Dites-lui donc d'écouter au lieu de lire.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! Un
instant; nous allons relire un nouvel alinéa à l'article 29: "Aux
fins de l'application de la présente loi, nul ne peut détenir
plus de dix procurations". Il n'a pas écouté. C'est M.
Lemieux?
M. Ciaccia: Accepté.
Le Président (M. Jolivet): Accepté. L'article 29,
tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 31. Il y a un nouvel
amendement à l'article 31.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il n'est pas
nécessaire de faire d'amendement aux autres articles.
M. Ciaccia: Non. On n'a pas besoin d'amendement aux articles 31
et 33.
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'article 31 est-il
adopté? Oui.
M. Godin: Peut-on savoir les raisons, de la part du conseiller du
ministre, pour lesquelles il y a le 15%?
M. Morin (Louis-Hébert): Encore là, cela a
été l'objet de négociations avec les autochtones. On a
choisi 15% en espérant qu'eux-mêmes allaient hausser le quorum
puisque l'article 26 de la loi prévoit qu'ils peuvent, par
règlement, hausser le quorum aux élections. Pas le quorum,
excusez; dans le cas d'élections, on parle plutôt de...
M. Paquette: À quel article trouve-t-on...?
M. Godin: Cela n'ouvre-t-il pas la porte à la convocation
d'une assemblée dans des périodes, évidemment, où
les villages sont vides?
Une voix: À des élections.
M. Godin: À des élections, pardon.
M. Ciaccia: Normalement, quand on parle d'élections, il
n'y a jamais de minimum. On a mis ce minimum pour donner une certaine
protection. Quand vous faites une élection dans une municipalité
ou dans un comté...
M. Paquette: Non, dans une commission scolaire.
M. Godin: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 31 est adopté.
L'article 33 est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Le projet de loi no 27, avec
amendements, est-il adopté?
M. Paquette: Une simple remarque pour terminer. J'aimerais dire
à tous les intervenants que ce projet de loi, nous devions l'adopter
à partir des ententes conclues par les précédents
gouvernements. Nous n'avons pas eu le temps d'étudier tous les
détails, nous avons refermé quelques portes, je pense que la
commission a fait un bon travail et j'aimerais souligner à tous les
intervenants qui se sont présentés qu'un projet de loi peut
toujours subir des amendements. Si, à un moment donné, au cours
de son application, un groupe ou l'autre s'apercevait qu'il y avait un mauvais
fonctionnement du projet de loi, on pourrait toujours y apporter des
amendements. Cela a quand même l'avantage de permettre, le plus
rapidement possible, l'application de l'enten-
te de la Baie James; même si on n'est pas d'accord avec le fond,
ce sont quand même des sommes qui reviennent au peuple inuit. Il pourra
en disposer plus rapidement, de cette façon.
Ce qui ne veut pas dire qu'il n'est pas nécessaire de continuer
la consultation et les contacts, avec les gens du Nouveau-Québec.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, je voudrais
premièrement remercier tous les intervenants qui se sont
présentés à cette commission, en exprimant, cependant,
certaines réticences que j'avais à ce qu'on passe à
travers l'étude du projet de loi 27 aujourd'hui, et où je me
posais sérieusement des questions quant à l'avenir des
coopératives et de la Fédération des coopératives
du Nouveau-Québec. Je pense qu'il y a lieu de demander à tous
ceux qui ont participé, de regarder attentivement ce projet de loi, et
aussi les autres qui ont été adoptés en commission
parlementaire hier. Je leur recommande fortement de bien les étudier et,
si possible, d'apporter des amendements ou de recommander des amendements
nécessaires pour le bon fonctionnement de ce que vraiment, dans tout
cela, les inuit veulent pour eux.
C'est très important, je pense, qu'on travaille main dans la main
avec le Conseil de la coopération du Québec pour voir si les
impacts de cette loi ne pourraient pas nuire aux coopératives
plutôt que de les aider. C'est ce que j'avais à dire, M. le
Président, et j'espère que les recommandations seront suivies
à la lettre pour que ces gens puissent vraiment participer,
peut-être dans un avenir rapproché, à des amendements
à certaines lois qui pourraient les favoriser plutôt que de les
défavoriser. C'est tout, M. le Président.
M. Ciaccia: Brièvement, je veux également remercier
les intervenants. Quand vous dites que cela a été signé
par le gouvernement précédent, avec l'appui unanime de
l'Opposition officielle, je vous référerais aux remarques du
député de Sauvé. On a examiné l'entente, et
c'était unanime. Comme vous le dites, cela peut être amendé
dans l'avenir; s'il y a des changements à faire, on les fera.
Le Président (M. Jolivet): Le projet de loi no 25. Je vous
suggérerais...
M. Perron: M. le Président, question de règlement.
Est-ce qu'on a adopté le projet de loi 27?
Le Président (M. Jolivet): Oui, monsieur. M. Perron:
Tel qu'amendé.
Projet de loi no 25
Le Président (M. Jolivet): Le projet de loi no 25, on
pourrait vous suggérer une forme...
M. Ciaccia: Est-ce qu'on peut ajourner?
Le Président (M. Jolivet): ... qui serait la suivante:
d'accepter l'ensemble des amendements comme faisant partie intégrante du
projet de loi no 25, de telle sorte qu'on pourrait l'adopter en bloc.
M. Ciaccia: M. le Président, les amendements que le
ministre a déposés m'ont été fournis avant la
séance de ce soir et je n'aurais aucune objection à ce qu'ils
fassent partie du projet de loi globalement. Nous sommes prêts à
les adopter.
Le Président (M. Jolivet): Les amendements, au complet,
sont adoptés comme faisant partie intégrante du projet de loi tel
que présenté par le ministre. L'article 1 est-il
adopté?
M. Morin (Louis-Hébert): Pourquoi ne pas adopter tout le
cahier d'un coup?
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que vous avez des...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il commence...
Le Président (M. Jolivet): Je pose la question suivante:
Est-ce que l'article 1... on va y aller tranquillement... les articles 1
à 113, avec les amendements qui viennent d'être adoptés
sont-ils adoptés? (1 h 15)
M. Bordeleau: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le
député.
M. Bordeleau: C'est seulement une question d'information.
À l'article 5, on dit: "L'Administration régionale crie a son
siège social à l'intérieur des terres de la
catégorie 1 "... Est-ce que cela veut dire peut-être que M.
le député de Mont-Royal va pouvoir me répondre, cela a
dû être négocié comme cela essentiellement que
le siège social doit se situer dans un des huit villages cris? Oui?
M. Ciaccia: À quel article? M. Bordeleau: À
l'article 5. M. Ciaccia: Je pense que oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Les terres de la catégorie
1 comprennent 1A et 1B. C'est dans un des huit villages.
Le Président (M. Jolivet): Donc les articles... Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je voulais seulement...
Le Président (M. Jolivet): Vous voulez que je le demande
encore?
M. Ciaccia: Non, vous l'avez dit une fois.
Le Président (M. Jolivet): D'accord, cela va. Pour
être sûr qu'on ne s'est pas trompé, les articles 1 à
113 avec les amendements que nous avions acceptés sont-ils
adoptés?
M. Bordeleau: M. le Président. Le Président (M.
Jolivet): Oui.
M. Bordeleau: Une autre petite question. À l'article 58,
on dit: "Jusqu'au 31 octobre 1987, le Bureau de l'indemnité comprend
deux représentants nommés par le gouvernement..." tout
simplement. Je me demande si ce n'est pas le gouvernement du Québec et
s'il n'y aurait pas fallu l'ajouter à ce moment?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est toujours le gouvernement du
Québec quand c'est "gouvernement".
M. Bordeleau: Ah bon! Si je me réfère à la
loi des Inuit, dans le projet de loi no 27, à l'article 17, on dit: Le
gouvernement du Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): On s'est trompé. On aurait
dû dire "gouvernement".
Le Président (M. Jolivet): Cela va?
M. Bordeleau: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'annexe est-elle
adoptée avec les amendements qui se réfèrent à
l'article 9 ii)? Adopté.
Le projet de loi no 25 tel qu'amendé est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Je clos donc les
travaux de cette commission et je les ajourne sine die.
(Fin de la séance à 1 h 18)