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(Quinze heures neuf minutes)
Le Président (M. Blank): À l'ordre, messieurs. La
commission permanente des affaires intergouvernementales est réunie pour
étudier les crédits budgétaires de ce
ministère.
Les membres de la commission sont: M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M. Blouin (Rousseau), M. Charbonneau
(Verchères), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), Mme Harel
(Maisonneuve) remplacée par M. Blais (Terrebonne); M. Kehoe (Chapleau),
M. Marx (D'Arcy McGee), M. Morin (Louis-Hébert), M. Payne (Vachon), M.
Rivest (Jean-Talon), M. Rocheleau (Hull).
Les intervenants sont: M. Beaumier (Nicolet), M. Bourbeau (Laporte), M.
Dauphin (Marquette), M. Fallu (Groulx), M. Gravel (Limoilou), M. Guay
(Taschereau), M. Lincoln (Nelligan), M. Ryan (Argenteuil).
Comme rapporteur, on va nommer le député de Vachon. Est-ce
qu'il parle assez français?
M. de Bellefeuille: ...de proposition, je propose le
député de Vachon, M. le Président.
Le Président (M. Blank): Merci. Adopté? Des
voix: Adopté.
Le Président (M. Blank): Si le ministre veut bien faire sa
déclaration.
Remarques préliminaires M. Claude Morin
M. Morin (Louis-Hébert): Merci, M. le Président. Je
voudrais brièvement faire quelques remarques avant d'aller plus loin.
J'ai essentiellement trois choses à dire. En faisant le point sur ce qui
s'est passé depuis un an, dernier moment où nous nous sommes
rencontrés dans le salon rouge, la première chose à noter,
sur le plan strictement fédéral-provincial - ensuite, je parlerai
du plan international et finalement du plan administratif - est que
l'année a été marquée, tout le monde le sait,
essentiellement, tout de suite après le référendum, par
une sorte de "stampede" constitutionnel proposé et provoqué par
Ottawa, auquel nous avons participé tout l'été dernier.
Cela a été ma façon à moi et à d'autres de
prendre des vacances. Cela a conduit - je ne refais pas l'histoire parce que
j'ai eu l'occasion de la répéter souvent -à la
Conférence fédérale-provinciale des premiers ministres au
début de septembre, laquelle s'est terminée par un échec,
et finalement l'annonce, le 2 octobre dernier, d'une proposition
fédérale qui était, au fond, un coup de force qui a
provoqué l'opposition, d'abord de cinq provinces, ensuite de six, de
sept et finalement de huit qui, depuis ce temps-là, se réunissent
régulièrement et qui continuent à s'opposer à la
teneur de ce coup de force fédéral.
Les provinces ont décidé de soumettre devant trois Cours
d'appel, une au Manitoba, l'autre à Terre-Neuve et l'autre à
Québec, des questions sur ce coup de force fédéral, ce qui
a amené à la longue, malgré ses réticences
initiales, le gouvernement fédéral à se soumettre
lui-même, quant à la légalité de son geste, à
l'examen de la Cour suprême. On attend d'ici prochainement la
décision de la Cour suprême qui portera strictement sur un des
aspects de cette démarche unilatérale fédérale,
c'est-à-dire sa légalité. Cela ne touchera pas la
légitimité du geste fédéral, ni non plus sa
moralité, cela, c'est un autre sujet.
Les huit provinces qui s'opposent au projet fédéral ont
maintenu depuis ce temps et encore la semaine dernière, alors que
j'étais à Winnipeg, un front commun indéfectible, ce qui
est même surprenant, parce que des fronts communs interprovinciaux,
d'après l'expérience que nous en avons, sont plutôt
éphémères, mais celui-là dure et s'est encore
confirmé la semaine dernière. Les provinces maintiennent donc
leur opposition à ce geste fédéral et sont
disposées à prendre, d'abord à Londres et ensuite devant
l'opinion publique au Canada et ailleurs, et au Québec si c'est
nécessaire, selon la décision de la Cour suprême, les
moyens voulus pour bloquer cette démarche fédérale
unilatérale. Je parle de Londres parce qu'il se peut que la
décision de la Cour suprême dise à peu près ceci, si
jamais elle devait être défavorable aux provinces,
c'est-à-dire qu'il appartient au gouvernement britannique de modifier la
constitution du Canada. Si cela appartient au gouvernement britannique, ce qui
serait un peu bizarre, mais quand même, de modifier la constitution du
Canada, il faut que le gouvernement britannique s'attende que nous lui
parlions. C'est de ce côté que se
dirigeront les premiers efforts advenant une décision
négative. Il y a trois familles - au fond, pour qu'on clarifie un peu
les choses -de décisions possibles de la Cour suprême, trois
familles avec un tas de subdivisions possibles. Une première famille,
c'est-à-dire une décision, en gros, favorable aux provinces. Une
autre famille a l'opposé une décision, en gros,
défavorable aux provinces. Et une troisième famille de
décision, c'est-à-dire partager sur tel ou tel sujet et plus
difficile à interpréter peut-être.
Sur le plan fédéral-provincial et plus
particulièrement Québec-Ottawa, devant ce coup de force, nous
avons, l'automne dernier et au début de cette année conduit une
campagne d'information au Québec pour informer la population des enjeux
en cause; ce sont là des sujets sur lesquels nous avons
déjà eu l'occasion de parler à la commission parlementaire
sur la constitution gui avait été télévisée,
- qui avait commencé sans être télévisée,
mais qui avait été télévisée par la suite,
au début de l'année. Alors, je ne veux pas revenir
là-dessus, tout le monde est au courant des faits. En plus de cela, sur
le plan fédéral-provincial - je laisse strictement maintenant le
plan constitutionnel - il y a les dossiers courants et actifs. On y reviendra
probablement au cours de la conversation dans la journée, je n'en dis
pas davantage pour le moment parce qu'ils sont à la fois très
nombreux et très variés. (15 h 15)
Sur le plan international, c'est le deuxième sujet ou la
deuxième série de sujets dont je voulais parler. Il y a eu, il y
a un an à peu près, l'ouverture d'une délégation
générale du Québec à Mexico. C'est le seul
établissement nouveau que nous avons sur le plan international au cours
de cette année. Le Québec a continué, on aura l'occasion
de voir certaines publications que nous diffusons à l'étranger,
cela a été demandé par l'Opposition et il nous fera
plaisir de donner une pochette à tous les députés
présents. Nous avons donc pris toutes les dispositions possibles pour
maintenir la position du Québec à l'extérieur, pour faire
connaître le Québec et son évolution et aussi - c'est
peut-être un changement dans notre politique par rapport à
l'extérieur -pour concrétiser autant que possible et de plus en
plus les relations du Québec avec l'étranger, c'est-à-dire
axer nos actions de telle sorte gu'elles aient les retombées les plus
concrètes possibles. Souvent, cela prend du temps; souvent, cela a des
effets longtemps après gu'on a commencé à agir. On aura
l'occasion, là aussi, de donner des exemples plus tard dans la
conversation. C'est pour cela que je prendrai peu de temps pour en parler
maintenant. Nous accordons, par exemple, beaucoup d'attention aux
retombées que peuvent avoir ces relations sur la petite et la moyenne
entreprise québécoises, ainsi qu'aux techniques
québécoises que nous pouvons mettre au point et qui peuvent
servir ailleurs et qui, si elles sont adoptées ailleurs, comportent des
avantages pour nous, sans négliger, bien sûr, ce qui a
été, traditionnellement pendant plusieurs années, le
domaine des relations du Québec avec l'extérieur,
c'est-à-dire le domaine culturel et le domaine de l'enseignement.
Il y aura d'autres choses que nous pourrons ajouter tout à
l'heure. Je ne fais qu'une brève introduction.
Le troisième palier ou plan dont je veux parler, c'est celui qui
concerne davantage l'administration et plus précisément l'un de
ses aspects, c'est-à-dire les contraintes budgétaires, que nous
vivons présentement, qui nous ont affectés comme
ministères, comme elles ont affecté tous les ministères du
gouvernement du Québec, et qui nous obligent, comme je le disais hier
aux fonctionnaires du ministère, à faire autant sinon davantage
avec des moyens qui n'augmentent pas et qui même, dans certains cas, sont
réduits par rapport aux années antérieures.
Notre budget, cette année, est moindre que celui de l'an dernier
et on aura l'occasion de voir cela aussi. Dans certains domaines, il y a eu des
contractions dont vous pourrez mesurer l'ampleur grâce aux documents gue
nous vous avons transmis, que vous avez maintenant et qui répondent, je
pense, à certaines questions que vous vous posiez l'année
passée et que vous avez posées à tous les
ministères. D'ailleurs, on a même donné un peu plus que ce
vous avez demandé, étant donné notre
générosité naturelle. Il est peut-être possible, au
cours de la discussion... Je vois que le député de Jean-Talon
confirme notre générosité naturelle, un bon point en sa
faveur. Le député de D'Arcy McGee confirme, excellente
disposition d'esprit. J'espère gue vous les conserverez pendant toute la
journée.
M. Rivest: Le temps gue vous finissiez votre petit
laïus.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. J'ai un droit de
répligue, attention! Nous jouons donc dans des contraintes
budgétaires gui nous obligent à faire autant, sinon davantage,
avec moins de moyens matériels, ce qui veut dire qu'on doit se servir
davantage de notre imagination et peut-être sortir de certains sentiers
battus et sortir aussi de certaines idées dites reçues, qui font
qu'on répète d'année en année les mêmes
gestes que les années antérieures. Peut-être faudra-t-il
-c'est ce à quoi j'ai invité le monde à faire, hier, dans
mon ministère - faire preuve, encore plus que par le passé,
d'imagination
pour que nous soyons, tant sur le plan fédéral-provincial
que sur le plan international, plus présents et plus actifs que jamais
comme Québec.
Pour le moment, M. le Président, avec toujours en réserve
le droit de réplique qui m'est imparti en vertu de nos règlements
et compte tenu de ce que va dire maintenant le député de
Jean-Talon, j'arrêterais, pour le moment, mon intervention initiale.
M. Jean-Claude Rivest
M. Rivest: M. le Président, je voudrais d'abord
féliciter le ministre pour sa reconduction à titre de ministre
des Affaires intergouvernementales. À ce jour, le ministre a une longue
carrière, une très longue carrière au sein d'un même
ministère. Cela a des avantages, ça peut avoir des
inconvénients. Je mets immédiatement le ministre en garde contre
une certaine inertie, une certaine habitude de vie au sein d'un même
ministère, à titre de fonctionnaire et à titre de
ministre. Je suis heureux de constater que le ministre, hier, à la
veille des crédits, a réuni ses fonctionnaires pour essayer de
les restimuler, de reprendre contact avec l'ensemble de l'administration du
ministère, ce qui n'est pas une mauvaise chose en soi, d'autant plus que
le ministre a été, depuis de très nombreuses
années, très préoccupé par la question de la
révision constitutionnelle et qu'il y attache la plus grande importance,
sans que tellement de virgules aient été changées,
après quinze ans ou vingt ans, à la constitution canadienne.
Mais, à tous égards, je tiens néanmoins a l'assurer
de la collaboration de l'Opposition et surtout à l'inviter, je le fais
très directement, à confier davantage de responsabilités
à son adjoint parlementaire, de façon que la gestion quotidienne
des dossiers, au sein du ministère des Affaires intergouvernementales,
en particulier dans le domaine des relations
fédérales-provinciales, bien sûr, mais dans le domaine des
relations internationales et de la coopération internationale, où
il y a un paquet de dossiers où - encore là, je le dis sur un ton
mi-sérieux, mi-ironique - je pense que le ministre devrait
peut-être manifester plus de rigueur sur ce plan, quitte à ce
qu'étant donné les très importantes responsabilités
qu'il a au titre de la révision constitutionnelle... Je le comprends,
tous les efforts qu'il doit faire... Il reste qu'il y a un ministère des
Affaires intergouvernementales et que ce ministère a une loi qui est
très exigeante. Cela prend une direction suivie et soutenue à cet
égard.
Deuxième remarque: Dans l'ensemble de l'organigramme, avant de
reprendre, j'ai essentiellement, moi aussi, quatre questions qu'on va discuter
avec le ministre: révision constitutionnelle, relations
fédérales- provinciales, relations et coopération
internationales, et gestion. Ce sont des éléments de programme.
Dans l'organigramme du ministère, au niveau des directions
générales, ou enfin, des directions particulières, quels
sont actuellement les postes qui sont vacants?
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, est-ce
que je dois comprendre que le député de Jean-Talon vient
soudainement de mettre fin à son entrée en matière pour
tout de suite procéder à la discussion du budget?
M. Rivest: C'est l'objet de la réunion, non?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est l'objet de la
réunion, mais je veux savoir si vous avez fini vos remarques
préliminaires.
M. Rivest: Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah bon! Je voudrais juste dire
quelque chose. Le député de Jean-Talon, qui est un de mes bons
amis, vient de me donner des conseils d'ordre moral. Il m'en donnait
déjà à l'époque où il était
participant avec moi à certaines conférences comme celle...
Une voix: Est-ce qu'il a le droit de réplique?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, j'ai le droit de
réplique. Je le savais, c'est pour cela que tantôt j'ai
présenté mon entrée en matière de façon fort
anodine, parce que je savais que j'avais un droit de réplique.
M. Rivest: Je vous ai suivi dans cette voie.
Discussion générale
M. Morin (Louis-Hébert): C'est très bien. Je vais
en venir à la question que vous me posez.
M. Rivest: Vous avez pigé le message que je voulais vous
passer.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. Justement, ce message
consistait à ne pas soulever de trop près certains
problèmes récents, notamment en ce qui concerne le coup de force
fédéral qui est plus embêtant pour nos amis que pour nous;
alors, je n'en parlerai pas. Pour le moment, je n'en dis pas davantage comme
réplique. Je vais tout de suite essayer de répondre aussi
clairement que possible à la question qui m'est posée. J'aurais
dû le mentionner tout à l'heure, je suis accompagné par des
fonctionnaires de
mon ministère qui peuvent nous apporter des compléments
d'information ici.
M. Rivest: Vous avez parlé tantôt de votre
accompagnement, vous allez nous présenter vos collaborateurs.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est justement ce que je
pourrais faire si le député me laissait continuer.
M. Rivest: II en a pour l'après-midi.
M. Morin (Louis-Hébert); Je suis accompagné par le
sous-ministre du ministère, M. Robert Normand, qui est derrière
moi; le sous-ministre associé, M. Claude Roquet, une nouvelle
acquisition du ministère; le directeur général
d'administration, M. Gilbert L'Heureux - je ne sais pas où Gilbert est
rendu - M. Florent Gagné, directeur des relations
fédérales-provinciales; M. Jacques Jolicoeur, notre chef du
protocole, - il y en a un tas d'autres, je ne sais pas si je vais commencer
à nommer tout le monde - le directeur des communications du
ministère, qui est en face, ici, M. Bernard Dagenais, et par d'autres
qu'on aura l'occasion de vous présenter, quand le moment se
présentera, parce que c'est possible qu'ils répondent à
certaines questions auxquelles je n'aurai pas de réponses
immédiates à fournir, parce qu'on ne peut pas tout savoir,
malgré l'effort constant, permanent, quotidien et éternel, en
quelque sorte, qu'on peut consacrer au ministère. Il est bien sûr
que je suis accompagné - je n'avais pas besoin de le mentionner,
puisqu'il était avec moi, a ma droite - par l'adjoint parlementaire du
ministère, M. Pierre de Bellefeuille, député de
Deux-Montagnes, et qui est responsable d'un certain nombre de dossiers dont
l'occasion nous...
M. Rivest: Un excellent adjoint parlementaire!
M. Morin (Louis-Hébert): Un excellent adjoint
parlementaire! Je n'ose pas dire que c'est le meilleur, parce qu'il est humble
et qu'il n'aimerait pas que je le dise, et deuxièmement, comme il y en a
d'autres dans le gouvernement, ce n'est politiquement pas bon de dire que celui
qu'on a est meilleur que les autres. Voilà.
Pour répondre à votre question, si vous prenez
l'organigramme, c'est le premier document qui est dans votre série de
textes, les postes qui sont libres pour le moment à l'intérieur
de l'organigramme: vous avez un poste, en haut, au secrétariat du
ministère où il n'y a personne actuellement comme
secrétaire du ministère, parce que celui qui occupait ce poste,
Pierre Jolin, vient d'être nommé - je l'ai annoncé la
semaine dernière - comme délégué à Los
Angeles. La direction des affaires éducatives et culturelles, dans la
direction des affaires canadiennes, est vacante, de même que celle des
affaires amérindiennes et inuites, toujours dans la direction
générale des affaires canadiennes. D'accord? Dans la direction
générale des affaires internationales, il y a trois postes qui
sont pour le moment libres, la direction des affaires francophones, la
direction France et la direction Afrique. Voila. Il y a d'autres postes
à l'intérieur du ministère qui...
M. Rivest: Est-ce que cela fait longtemps? Est-ce que c'est en
voie, c'est purement dans la machine, je suppose, parce que vous dites que M.
Jolin vient de quitter pour...
M. Morin (Louis-Hébert): M. Jolin a été
nommé la semaine dernière. Le gouvernement a beaucoup
accéléré sa capacité de décision, mais il
n'est pas assez vite pour décider en une semaine du changement dans ce
cas-là, mais c'est prochainement.
M. Rivest: Mais pour les autres, est-ce la même
période? Est-ce vacant depuis une semaine?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, pour les autres, cela fait
plus longtemps que cela. M. Florent Gagné, dont j'ai dit qu'il
était directeur général des affaires canadiennes,
était, jusqu'à ce moment-là, justement directeur des
affaires éducatives et culturelles. Il n'a pas encore été
remplacé dans ce poste.
Une voix: Directeur des affaires éducatives, depuis
quand?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela fait sept ou huit mois.
M. Rivest: Parce que tout le dossier des communications sur le
plan des relations fédérales provinciales relève de
cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Parce qu'on est en train de
refaire la direction générale des affaires canadiennes pour
permettre une meilleure copénétration des diverses directions qui
sont là et, plutôt que de nommer rapidement les gens et de geler
en quelque sorte des structures, on a pensé que le mieux était de
se livrer à une réflexion plus approfondie sur le fonctionnement
de cette direction-là.
M. Rivest: Selon ce que vous dites, cela fait sept mois. Votre
collègue, l'ancien ministre des Communications, a fait état des
difficultés qu'il avait eues à l'étude du dossier des
communications avec le gouvernement fédéral. Quand la direction
est
sans direction depuis sept ou huit mois, cela ne vous agace pas?
M. Morin (Louis-Hébert): Pas du tout, parce que, je le
répète pour la deuxième fois, le directeur de la direction
générale des affaires canadiennes et M. Florent Gagné -qui
est encore là et qui, pour le temps qu'il n'y a personne de nommé
à cette direction des affaires éducatives et culturelles, s'en
occupe - M. Gagné qui a accédé à un poste
différent est quand même disponible pour le ministre des
Communications n'importe quand, de la même façon que le
sous-ministre l'est ainsi que son collègue, moi-même, le ministre,
l'est également.
M. Rivest: Et aux affaires francophones, depuis combien de temps
le poste est-il vacant?
M. Morin (Louis-Hébert): Aux affaires francophones, cela
fait plus longtemps, parce qu'on a eu un concours qui a été tenu
à l'intérieur du ministère et le concours a
été, en vertu de la loi 50, objet, comme cela arrive dans
quelques endroits au gouvernement, d'une contestation, non pas quant au
concours, mais il y a eu une personne qui a estimé qu'elle aurait
dû pouvoir se présenter et elle ne s'était pas
présentée à temps. Par conséquent, il a fallu
soumettre les cas à la Commission de la fonction publique qui a rendu
jugement, il y a quelques jours, selon lequel le concours est valide - c'est
déjà cela d'acquis - sauf qu'il faudra faire une session
particulière de jury avec la personne qui ne s'était pas
présentée au moment où le concours avait eu lieu. Alors,
ce sont des délais administratifs et M. Chapdelaine, qui est l'ancien
délégué général du Québec en France,
s'est occupé de façon intérimaire, et s'en occupe encore
d'ailleurs, des affaires francophones pour l'ensemble du gouvernement...
M. Rivest: L'autre, vous m'aviez dit que, dans les directions
particulières, il y avait l'Afrique?
M. Morin (Louis-Hébert): L'Afrique, là on a un
problème. Il y a beaucoup de problèmes administratifs, mais on
n'en a pas plus qu'ailleurs; on a même une bonne moyenne. Il y a eu un
concours qui doit être refait, à cause d'une contestation en vertu
de la loi 50; il doit être refait. Voilà. (15 h 30)
M. Rivest: J'ai demandé pour l'Afrique. La France, c'est
un problème, l'Afrique...
M. Morin (Louis-Hébert): Lorsque je parlais de francophone
tantôt, j'ai fait erreur parce que j'ai confondu les deux.
Il y a un directeur intérimaire pour les affaires francophones en
remplacement de M.
Tardif, qui a été nommé à Paris. Il y a
toujours des gens intérimaires dans ces directions, de telle sorte
qu'elles ne sont pas vides. Il ne faudrait pas penser qu'il y a des bureaux
vides au gouvernement. Une des caractéristiques de l'administration
publique, c'est que cela tolère mal le vide. C'est une phrase de
philosophie politique que je viens d'énoncer, M. le
député.
M. Rivest: Est-ce que vous pouvez citer la source?
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a pas de source, c'est
l'expérience.
M. Rivest: Les représentants à l'étranqer,
j'ai vu que vous aviez fait quelques nominations. Est-ce qu'il y en a d'autres
qui s'annoncent? Est-ce qu'il y a des gens qui sont en poste qui... On sait
qu'à l'étranger les coutumes font qu'il ne faut pas que les gens
restent trop longtemps en poste. On a déjà eu des
précédents aux Affaires intergouvernementales qui se sont
avérés heureux, sans doute. Je pense au cas de M. Chapdelaine,
à Paris.
Est-ce qu'il y a actuellement des changements prévisibles au
cours de la prochaine année à ce titre-là?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, exactement. En ce qui
concerne deux nominations qui viennent d'être faites, nous avons
nommé quelqu'un la semaine dernière à Los Angeles et aussi
quelqu'un la semaine dernière à Milan. C'est fait.
En ce qui concerne les nouveaux postes qui pourront être
libérés, il est possible que celui de Bruxelles le soit au cours
des prochains mois, parce que nous tenons autant que possible à ce que
nos représentants à l'étranger - je pense que c'est
l'expérience qui nous l'enseigne - ne soient pas trop longtemps
éloignés du Québec, c'est-à-dire, autant que
possible, en moyenne trois ans d'absence à l'extérieur.
Mais il arrivera - et je vais vous donner un cas tout de suite - que
nous devions, pour des circonstances particulières, prolonger la
durée d'une mission d'un de nos représentants. Et le cas que j'ai
en tête est celui très clair, très évident de notre
délégué général à Londres, un
excellent délégué, comme tous nos
délégués d'ailleurs. Il a fait non seulement ses trois
ans, mais il en est rendu pratiquement au terme de sa quatrième
année. Mais à cause de la situation actuelle, parce que nous
avons besoin d'être très présents et très actifs
à Londres, nous lui avons demandé pour le moment de rester. Il
nous rend des services éminents. Nous aviserons, quant à son
avenir, selon ce que nous dira la Cour suprême prochainement ou à
l'automne.
Maintenant, est-ce qu'il y a d'autres
postes? À New York, non. Il y aura Toronto qui reste à
combler parce que le représentant à Toronto, M. François
Lebrun, est maintenant rendu à la SDI, la Société de
développement industriel. C'est un poste à combler,
celui-là.
Il y a Tokyo. On a une difficulté avec Tokyo parce que nous
tenons, autant que possible, à ce que notre représentant parle
japonais. Il n'y a pas des multitudes de personnes qui parlent japonais. Et je
pense bien que le député de Jean-Talon ne se proposera pas
lui-même. Je ne sais pas s'il serait accepté, même s'il
parlait japonais ...
Une voix: Sayonara.
M. Morin (Louis-Hébert): En fait, c'est une politique
générale que nous avons. Je ne dis pas qu'on la réussit
toujours. Mais nous voulons que notre représentant, dans un pays
donné, parle la langue du pays. Cela présente des
difficultés par moments. Cela en présente une très claire
pour le Japon. Cela demande quelqu'un qui soit en même temps capable de
s'exprimer en japonais, qui ait une expérience gouvernementale, une
expérience de relations internationales, qui connaisse
l'Extrême-Orient et accepte d'y aller, bien sûr. Il y a bien des
qens qui ont une des caractéristique dont je vous parle, mais pas toutes
ensemble.
Oui, celui qui agit actuellement comme délégué par
intérim, M. Trahan, fait un excellent travail. Il tient bien le poste,
mais le fait est que nous n'avons personne pour le moment. Nous n'avons pas
comblé ce poste. Quant aux autres, dans toutes nos
représentations, Paris, Londres, Bruxelles, Düsseldorf, Milan,
Tokyo, New York, Chicago, Los Angeles, Dallas, Atlanta, Boston... On en a
trois, comme vous le savez, au Canada même: Toronto, Moncton et Edmonton.
Ce sont, dans le cas de Moncton et d'Edmonton, des gens qui ont
été nommés il n'y a pas terriblement longtemps; par
conséquent, il n'y a pas de problème de ce
côté-là.
M. Marx: Est-ce que le ministre compte ouvrir d'autres bureaux
à l'extérieur?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, pour deux raisons,
peut-être trois même, cela dépend de la façon que je
vais les présenter.
La première, c'est que nous avons un réseau actuellement
qui est assez impressionant, je pense, si vous regardez dans l'organigramme.
Cela vaut la peine que je le mentionne parce que ce n'est pas toujours connu.
Nous avons d'abord trois bureaux au Canada et quinze à
l'extérieur, dont un grand nombre aux Etats-Unis. Mais, en plus de cela,
ce ne sont pas des bureaux qui relèvent toujours de nous parce qu'il y a
des représentants du ministère de l'Immigration qui s'y trouvent.
Nous avons cependant des représentants du Québec à
Hong-Kong pour l'Immigration, à Lisbonne et à Rome, en
Haïti, dans un bureau de tourisme à Washington, et un
représentant en coopération à Abidjan,
Côte-d'Ivoire, de même qu'un représentant au Gabon, qui agit
comme conseiller du ministre de l'Education. Ce ne sont pas des
délégations, les derniers cas que je viens de mentionner, ce sont
des représentants québécois. Nous avons un réseau
qui est quand même élaboré et nous voulons le rendre le
plus efficace possible. Je pense qu'avant d'aller partout dans le monde, faut
d'abord s'assurer de l'efficacité la plus complète possible de ce
réseau de délégations, d'autant plus que parfois une
délégation peut couvrir plusieurs pays comme c'est le cas pour
bien des États qui sont dans la même situation. C'est pas tout le
monde qui peut couvrir l'univers entier, on n'a pas les moyens - ce n'est pas
tous les pays qui en ont les moyens - nous non plus.
La deuxième raison, c'est que nous avons des contraintes
budgétaires. Je pense que cela ne demande pas plus d'explication.
M. Rivest: Au sujet de l'organigramme - à moins que mes
collègues n'aient d'autres questions - cela va.
M. Morin (Louis-Hébert): Je veux finir. La
troisième raison, c'est que, chaque fois qu'on veut établir
à l'étranger une délégation, c'est pratiquement la
croix et la bannière avec Ottawa, et puis un tas de problèmes et
des refus - vous vous souvenez des refus que nous avons essuyés en ce
qui concerne une délégation possible en Afrique francophone,
c'est-à-dire à Dakar - mais c'est encore un projet que nous
avons. Quand vous m'avez demandé si nous voulions ouvrir d'autres
délégations, nous conservons nos anciens projets - mais je veux
dire que nous ne voulons pas nous engager et je ne peux pas vous dire
aujourd'hui que nous songeons à cinq, six ou huit autres
représentations, ce n'est pas le cas - et une des raisons, c'est que
c'est toujours difficile chaque fois qu'on veut le faire parce qu'on a un
bordel avec le gouvernement fédéral chaque fois, et cela finit
par être décourageant; alors on s'est dit qu'on allait agir
à partir de ce que nous avions pour le moment, ce qui n'exclut pas que,
si l'occasion se présente ou si les restrictions budgétaires sont
moindres, nous puissions nous établir ailleurs.
M. Rivest: Cela va pour cela. Pour régler cette question
rapidement, je ne sais pas si le ministre est d'accord, mais essentiellement,
pendant les crédits, je voudrais régler cette question plus
administrative, si vous le voulez, au début, prendre finalement la
division que le ministre a lui-même donnée dans ses remarques,
parler de toute la question de la résolution
fédérale au titre de la révision constitutionnelle.
Deuxièmement, soulever avec le ministre un certain nombre de dossiers
sur les relations fédérales-provinciales et, en particulier,
essayer d'avoir, si le ministre est en mesure de nous les donner, certains
commentaires au titre des arrangements fiscaux, des mesures que le
ministère entend prendre sur certains dossiers majeurs, et finalement
examiner les dossiers de coopération et de relations internationales.
Enfin, c'est un peu les programmes du ministère. On peut s'attacher
à l'élément 1, programme 1, mais on pourrait passer assez
rapidement, si ça convient au ministre de procéder comme
ça.
M. Morin (Louis-Hébert): J'aurais une question d'ordre
méthodologique à poser, cependant, parce qu'on a commencé
directement avec l'organigramme et ça m'a amené à faire
des considérations à cause des questions assez
élaborées en ce qui concerne notre représentation à
l'extérieur. On se trouve, si on procède comme ça,
à couvrir un peu de façon anarchique l'ensemble du sujet de la
journée. Alors, je ne sais pas si vous voulez continuer comme ça.
Je pense que, si on continue à partir de l'organigramme, on va couvrir
tout le ministère et tout ce qu'il fait. Peut-être qu'on est mieux
de procéder autrement.
M. Rivest: Non, si on oublie des questions, vous nous en
suggérerez. Vous connaissez le ministère.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui et j'aurai peut-être
des questions moi aussi.
M. Rivest: Vous connaissez le ministère mieux que nous,
étant donné votre expérience. Je voudrais...
M. Morin (Louis-Hébert): Le député de
Jean-Talon insiste beaucoup sur mon expérience. On dirait qu'il y a une
certaine envie de son côté...
M. Rivest: Non, non. Absolument pas!
M. Morin (Louis-Hébert): Les circonstances ont
épargné au Québec une modification.
M. Rivest: Vous parlez de quoi? Du référendum?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je parle
d'expériences plus récentes.
M. Rivest: Ah! Excusez.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai voulu tantôt
éviter une remarque désobligeante qui était la
suivante...
M. Rivest: Restez pertinent...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais ce que je ne voulais
pas dire, c'est que, l'année passée, quand on s'est réuni,
on était un mois après le référendum; maintenant,
on est à peu près deux mois après les élections.
Alors, les circonstances...
M. Rivest: On pourrait encore avoir des élections
partielles, vous savez.
M. Morin (Louis-Hébert): L'expérience a
démontré que ce n'était pas très concluant.
M. Rivest: Cela dépend. La série pourrait
être plus longue cette fois-ci.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous vous attendez à
beaucoup de démissions? M. le Président, vous qui êtes
absolument non partisan, pourriez-vous le rappeler à l'ordre, s'il vous
plaît?
M. Rivest: M. le Président, il m'assomme puis,
après ça, je n'ai pas le droit de réplique!
Bon, le budget. Vous avez fait votre effort pour votre ami, M. Parizeau,
je suppose, comme tous vos collègues. En termes de coupures, puisque
c'est l'expression dont il s'agit, quel effort particulier avez-vous fait dans
votre ministère? Je ne vous demande pas un exercice comptable, je sais
que vous n'êtes pas tellement porté sur la chose, mais au moins
nous donner les grandes lignes de ce qui vous paraît plus significatif ou
qui vous paraît, sur ce plan-là, d'intérêt
public.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, je pense
que je vais référer le député de Jean-Talon
à un tableau à la page 10 du document qu'on vous a fourni et qui
est très simple - je pense que le député de Jean-Talon va
être capable de le comprendre - qui montre clairement que l'effort de
contrainte budgétaire ou de diminution des augmentations de budget a
été manifeste au ministère des Affaires
intergouvernementales. Nous avions, l'année passée, pour
l'année 1980-1981, un budget d'à peu près 49 000 000 $.
Cette année, notre budget est de 47 372 000 $.
Je dois cependant, si le député veut m'écouter,
dire ceci: une partie de la diminution - parce qu'il ne s'agit pas de
s'imaginer des choses qui n'existent pas -provient du fait qu'on n'a pas
prévu dans le budget de l'année qui vient de montants que nous
avons dû dépenser l'année passée pour faire cette
campagne d'information sur la constitution dont nous avons parlé
à l'occasion. Donc, ce n'est pas là, dans les
47 000 000 $. Par contre... Une voix: ...
M. Morin (Louis-Hébert): Vous l'avez dans votre texte un
peu plus loin; on y reviendra tout à l'heure, si vous voulez, mais je ne
veux pas perdre mon fil. Dans les 47 000 000 $, il y a un montant qui
n'était pas là l'année passée et qui est maintenant
à notre ministère, à peu près 2 000 000 $ dans les
deux cas, qui est un programme concernant des échanges de
médecins qui était au ministère des Affaires sociales et
qui est maintenant chez nous. Ce qui veut dire, au fond, que, même si on
tient compte de l'absence de crédits là-dedans pour les fins
d'information constitutionnelle, il faut aussi tenir compte de l'addition d'un
montant que nous n'avions pas l'année passée, ce qui fait qu'au
total - ces deux montants s'équivalent - il y a une baisse, au
ministère, de 3,2% dans les crédits, ce qui est marqué
là.
Cette diminution des crédits se reflète dans la diminution
de personnel qu'il y a au ministère, où on est passé - je
vais essayer de trouver l'autre tableau, je l'ai ici - de 483
années-personnes à 462. On nous avait demandé une
réduction de personnel, nous l'avons fait, comme les autres
ministères. Je peux même préciser que nous avons eu 1 200
000 $ qui ne nous a pas été accordé, qui a
été réduit sur le projet de budget que nous avions pour
cette année, en plus du reste. Ce qui veut dire qu'on agit pour l'avenir
dans une conjoncture qui, tenant compte de l'inflation, de la hausse des
salaires à cause des conventions collectives, fera que nous aurons moins
de moyens qu'avant pour faire ce que les circonstances vont nous aviser de
faire, c'est-à-dire davantage.
M. Rivest: Vous avez pris la décision de faire en sorte
que le ministère des Affaires intergouvernementales fasse davantage, en
particulier comme je le disais dans le domaine international, ainsi que dans le
domaine que vous appelez au ministère des affaires canadiennes. Sur ce
plan de la gestion du ministère - vous dites avoir rencontré hier
vos fonctionnaires là-dessus -est-ce qu'on peut savoir la nature des
choses que vous vouliez corriger par rapport à ce que le
ministère a fait dans le passé ou ce que vous avez
demandé? Ce n'est pas seulement une affaire de bonnes intentions et de
dire aux gens du ministère: Vous allez travailler plus fort. Est-ce
qu'il y a des mesures concrètes que la direction du ministère,
vous-même ou votre sous-ministre, a proposées comme projet et
comme démarche au ministère des Affaires intergouvernementales et
qui, encore une fois, seraient d'intérêt public?
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas proposé de
projet comme tel, au contraire. J'ai d'ailleurs dit que je n'allais pas
annoncer, hier, quand j'ai vu mon personnel, de nouvelles mesures, ni de
nouvelles spectaculaires. J'ai plutôt insisté sur une
démarche différente qui a deux volets. La première chose,
je l'ai mentionnée tout à l'heure, c'est que, compte tenu du fait
qu'on est soumis, comme les autres ministères, à des restrictions
budgétaires, il faudra, le mieux possible et dans les secteurs les plus
efficaces possible, les plus rentables pour le Québec, utiliser ce que
nous avons comme moyens, c'est-à-dire se servir de tout ce que nous
pouvons avoir ensemble, aussi bien ministre que fonctionnaires, de
l'imagination qui est à notre disposition. Cela, je l'ai dit tout
à l'heure. (15 h 45)
La deuxième chose que j'ai dite, c'est que, chaque fois que nous
réussissons, administrativement, à diminuer certaines
dépenses dans le ministère, que ce soient des dépenses de
personnel, des dépenses de papeterie, des dépenses de
communications téléphoniques ou peu importe, nous pouvons,
à l'intérieur du même budget, faire davantage, par exemple,
en coopération, avec les sommes ainsi épargnées. Alors,
j'ai demandé aux gens d'essayer de trouver des trucs par lesquels on
pourrait être plus efficaces sur le plan administratif, en
dépensant moins et l'argent ainsi économisé pourra servir
à des programmes de coopération ou à des programmes
d'échange ou à des initiatives nouvelles. À la condition
qu'on les dépense, que ca ne devienne pas des crédits
périmés, ce qui ne serait pas particulièrement utile pour
les actions du ministère.
M. Rivest: Vous avez eu combien de crédits
périmés, l'an dernier, au ministère?
M. Morin (Louis-Hébert): On a un tableau, ce serait plus
simple. C'est le dernier tableau qui indique 2 051 000 $ de crédits
périmés.
M. Rivest: Est-ce qu'il y a un poste particulier qui serait
significatif ou si c'est réparti également à
travers...
M. Morin (Louis-Hébert): Regardez le tableau, vous allez
voir tout de suite quels postes sont significatifs. Le poste le plus
significatif, sur 2 051 000 $, est 1 654 000 $ aux affaires internationales,
répartis à peu près comme suit: 500 000 $ à
représentations à l'étranger et l 150 000 $ à
relations et coopération internationales. Ce sont des crédits
périmés.
M. Rivest: Sur le plan de la gestion du ministère, vous
avez pris connaissance du
rapport du Vérificateur général qui a
soulevé un certain nombre de problèmes.
M. Morin (Louis-Hébert): En ce qui concerne le
ministère?
M. Rivest: Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il n'y a pas grand-chose qui
nous a frappés. Il n'y a pas de problème. On n'a pas de
problème au ministère.
M. Rivest: Je vous rappellerais mes remarques initiales. Il y a
deux pages dans le rapport du vérificateur sur le ministère des
Affaires intergouvernementales.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais je les connais. Ce sont
des questions qui sont intéressantes, mais qui ont une importance
plutôt relative par rapport à l'ensemble de l'administration
publique. Ce sont des questions reliées à des
considérations comptables ou à des entrées ou sorties,
rien de particulièrement...
M. Rivest: Vous dites cela d'une façon péjorative,
les considérations comptables.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je n'ai pas à
insulter qui que ce soit qui est comptable, mais je veux dire qu'il ne s'agit
pas de critiques qui ont trait à la gestion du ministère, de
telle sorte qu'on s'apercevrait qu'on a mal administré, et de
façon systématique, les sommes qui nous ont été
confiées par les citoyens par le budget.
M. Rivest: Vous allez rassurer le Vérificateur
général en disant que vous allez quand même tenir compte
des recommandations, même si ce sont des recommandations dites comptables
qui s'adressent à votre ministère.
M. Morin (Louis-Hébert): On fait cela chaque année,
mon cher monsieur, et on manifeste la meilleure volonté du monde
à cet égard. Quand vous voyez une page et demie ou deux pages
d'un document du Vérificateur général qui comporte 260
pages, en ce qui touche le ministère, je pense que vous avez
l'importance relative des remarques en ce qui nous concerne, 2 pages sur
260.
M. Marx: Est-ce que je peux poser une question? Est-ce que le
Vérificateur général vous a déjà
reproché quelque chose qui est reproduit dans le rapport de cette
année?
M. Morin (Louis-Hébert): M. le sous-ministre va vous
expliquer une considération savante en ce qui concerne les remarques du
Vérificateur général.
M. Rivest: Je le trouve un peu sceptique, il est plutôt
légiste, le comptable, M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Chaque année, le
Vérificateur général demande - il fait la même chose
pour chaque ministère - que le service de vérification interne
des ministères relève directement du sous-ministre et non pas du
directeur général de l'administration. Or, comme le
député de Jean-Talon l'a souligné, les capacités
comptables du sous-ministre des Affaires intergouvernementales ne sont pas
évidentes et, conséquemment, il préfère à
cet égard s'en remettre au directeur général de
l'administration qui, lorsqu'il voit des problèmes, s'en
réfère bien sûr au sous-ministre pour obtenir une
décision appropriée. Cela me semble être une façon
plus adéquate de régler le problème que la façon
suggérée par le Vérificateur général. C'est
ce qui fait que, malgré cette explication, le Vérificateur
général chaque année revient avec la même remarque
qui reçoit le même traitement.
M. le Président, puisqu'on en est aux remarques du
Vérificateur général, je voudrais aussi - cela va
intéresser tout le monde - lire à la page 51 de son rapport, les
deux phrases suivantes qui n'ont pas été lues tout à
l'heure par le député de Jean-Talon et qui s'adressent à
nous: "Nous sommes informés - c'est le vérificateur qui parle -
de l'intention du ministère d'apporter les correctifs nécessaires
pour l'implantation d'un contrôle centralisé des inventaires
d'équipement et de matériel dans les délégations du
Québec à l'étranger. Nous encourageons le ministère
a poursuivre l'élaboration d'un tel système de contrôle
déjà amorcé dans une délégation." Je pense
gue cela répond à votre question.
M. Rivest: Le vérificateur dit que c'est
déjà amorcé. Concrètement, quelles mesures
avez-vous prises?
M. Morin (Louis-Hébert): Celle que je viens de vous lire,
c'est-à-dire d'y apporter les correctifs...
M. Rivest: Non, le vérificateur dit que c'est
déjà amorcé. Vous êtes le ministre des Affaires
intergouvernementales, je vous demande quelles mesures concrètes vous
avez prises dans le passé.
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis le ministre des Affaires
intergouvernementales, mais je ne suis pas le contrôleur des
dépenses de la délégation en question.
M. Rivest: Oui, mais pourquoi vous vantez-vous d'une chose?
M. Morin (Louis-Hébert): Parce que je
fais état, mon cher monsieur, justement d'une remarque, que je
pense valable et intéressante en ce qui nous concerne, formulée
par le vérificateur qui dit qu'on fait bien, qu'on devrait continuer
dans cette direction et qu'on a déjà commencé.
M. Rivest: Mais vous ne savez pas ce que vous faites bien?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, on sait ce qu'on fait bien,
je viens de vous le lire, c'est à propos du contrôle de
l'équipement et du matériel dans les délégations du
Québec à l'étranger.
Une voix: Comment?
M. Morin (Louis-Hébert): En appliquant les meilleures
méthodes comptables possibles et connues par la science comptable.
Voilà.
M. Rivest: Mais quand le vérificateur parle de l'absence
de politiques et de normes particulières relatives aux achats et aux
locations d'équipement, avez-vous le même commentaire?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, le ministère a
l'intention d'élaborer des politiques concernant les achats et la
location d'équipement à l'étranger. Il faut que vous
sachiez une chose très importante. Je viens de vous dire tout à
l'heure que nous avons quinze établissements à l'étranger
dans sept ou huit pays. Je n'ai pas besoin de vous dire que les méthodes
d'achat et les méthodes d'approvisionnement, le matériel, en
somme ce dont nous avons besoin varient beaucoup d'un pays à l'autre et
par conséquent, c'est assez difficile d'uniformiser nos façons
d'agir quand on a autant de situations divergentes devant nous. On est
obligé de tenir compte de ces différences d'un endroit à
l'autre, ce qui fait qu'on n'est pas toujours en mesure, et aussi facilement
que le serait un ministère qui n'est situé qu'au Québec,
d'en arriver à la normalisation souhaitée par le
Vérificateur général, sauf que nous faisons des efforts
qui me semblent remarquables pour arriver le mieux possible à
correspondre à ses attentes.
M. Rivest: Honneur au mérite!
M. Morin (Louis-Hébert): Honneur au mérite!
M. Rivest: La révision constitutionnelle, la branche forte
du ministre!
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez fini la révision
comptable?
M. Rivest: Non, on va y revenir à l'occasion, il y a
d'autres éléments qui vont...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, j'aurais pu continuer
à en parler.
M. Rivest: Je vous ai fait faire quelques petites remarques
générales, histoire de vous mettre un peu dans l'esprit des
crédits.
Révision constitutionnelle. Je voudrais avoir un premier
commentaire du ministre, sur le plan politique d'abord, pour qu'on se comprenne
bien. Le gouvernement actuel ou enfin le ministre continue, bien sûr,
même après le référendum, j'imagine, de croire
à l'idée de la souveraineté politique du Québec. Je
pense que, comme je le signalais au ministre, je me suis inquiété
ce matin en demandant au ministre s'il se rappelait la dernière fois
que, personnellement, il a affirmé publiquement qu'il était pour
la souveraineté politique du Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas cela que vous avez
demandé, M. le député...
M. Rivest: Je vous le demande de cette
façon-là.
M. Morin (Louis-Hébert): ... vous avez demandé si
je me souvenais de la dernière fois où j'avais parlé de la
souveraineté du Québec, où j'avais utilisé le mot
"souveraineté". J'ai dit: Oui, hier après-midi, quand j'ai
parlé au personnel de mon ministère. C'est d'ailleurs à ce
moment-là que je vous ai appris que j'avais eu une rencontre avec mon
personnel.
M. Rivest: Est-ce que le ministre des Affaires
intergouvernementales endosse... Je pense que la prise de position de son parti
est claire, c'est le conseil national élargi au mois d'octobre 1980...
Le ministre a évidemment fait état de sa défense de
l'autonomie. C'est une nouvelle notion. Je pense que le ministre lui-même
l'avait fait inclure dans un quelconque conqrès du Parti
québécois, il y a bien des années antérieures. On a
lu, en 1980, cette phrase - je veux simplement établir les balises
politiques dans lesquelles se situe la démarche présente du
gouvernement - à la page 2 d'un document, que le ministre connaît
sans doute, de son parti qui s'adresse non seulement au Parti
québécois, mais également au gouvernement: "Cela signifie
que, pour le Parti québécois comme pour tout gouvernement qui en
est issu, aucune forme d'autonomisme provincial ne peut être
substituée à la souveraineté comme objectif fondamental et
premier." Cette affirmation convient-elle au ministre actuel? Est-ce
officiellement celle du gouvernement? Le gouvernement - c'est une affaire de
parti mais dont le gouvernement est issu - endosse-t-il cette prise de
position?
M. Morin (Louis-Hébert): Certainement, je pense qu'il n'y
aucun problème de ce côté-là. D'ailleurs, on l'a dit
pendant toute la campagne électorale, pendant des mois, et je pense que
le député veut me faire répéter des choses
déjà connues. La réponse est oui à votre
question.
M. Rivest: Et quand, par ailleurs -parce que je cherche à
comprendre - le premier ministre du Québec signe un document - je me
réfère au document du 16 avril - par lequel le premier ministre
et le chef de ce même parti qui, évidemment, croit en la
souveraineté politique du Québec, signe un document avec d'autres
premiers ministres qui, eux, ne croient pas à l'idée de la
souveraineté ou enfin qui croient à l'unité du pays, signe
un document dans lequel le gouvernement, cette-fois là, qui est
souverainiste - le ministre vient de me le rappeler - accepte de s'engager dans
des négociations intensives, je cite: "portant sur le renouvellement de
la constitution pendant les trois prochaines années en ayant recours
à la nouvelle formule d'amendements etc.", qui croire? Si cela marchait,
le renouvellement de la fédération canadienne telle que
signifiée, et si tous les obstacles disparaissaient, est-ce que le chef
du gouvernement du Québec s'engagerait à signer une nouvelle
formule de renouvellement de la fédération canadienne pour
respecter la signature qu'il a donnée sur un document du 16 avril?
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, ce serait
bon que le député de Jean-Talon lise un autre passage de ce
texte-là qui dit que cet accord est valable dans la mesure où il
est accepté aussi par le gouvernement fédéral, et c'est
très bien écrit. Il y a deux conditions, celle-là et une
autre, c'est-à-dire que ce soit accepté par l'Assemblée
nationale ou législative de chaque province concernée. C'est
important de remettre tout dans son contexte. Il s'agit donc d'un projet
émis à l'attention de deux provinces qui sont maintenant des
provinces réfractaires à ce front commun, c'est-à-dire
l'Ontario et le Nouveau-Brunswick, et aussi du gouvernement
fédéral. Alors, cela vaut dans le contexte où cela vaut
pour tout le monde.
Cela m'amène à l'autre question. M. le
député me demande si cela marchait, le fédéralisme
renouvelé...
M. Rivest: Ce que je veux que vous me précisiez, c'est
que, d'une part, le parti qui est le parti ministériel et dont le
gouvernement est issu dit croire, et tout le sens de ses actions s'oriente dans
la voie de la souveraineté politique telle que vous la concevez, que
vous l'avez définie dans le livre blanc Souveraineté-association.
Par ailleurs, en même temps et simultanément, le premier ministre
du Québec signe un document qui ne remet nullement - parce que la
souveraineté politique remet en cause le régime
fédéral - qui, loin de remettre en cause le régime
fédéral canadien, cherche des avenues difficiles et
extrêmement périlleuses - dans les circonstances actuelles, j'en
conviens - des avenues qui vont dans le sens du renouvellement de cette
fédération-là. Comme citoyen, comme
Québécois qui voit aller cela, un gouvernement qui veut la
souveraineté, mais un gouvernement qui dit faire des efforts, et
probablement qu'il en fait en ce moment, pour faire avancer le renouvellement
de la fédération canadienne... Mais, quand on s'engage ainsi dans
la voie où on fait des efforts pour renouveler la
fédération canadienne, il faut qu'on accepte la
conséquence ultime de cette démarche et une des
conséquences ultimes de cette démarche, c'est que, si jamais une
perspective souverainiste, par malheur, cela marchait, cela se trouve à
nier les textes mêmes de la formation politique en question dont
l'engagement et la raison première est celle de la souveraineté.
Je veux savoir quand c'est vrai, qui dit vrai autrement dit, quand c'est la
vraie voie; quand vous dites: C'est la voie de la souveraineté, on
travaille là-dedans, on peut comprendre cela, ou bien, quand c'est la
voie du renouvellement de la fédération canadienne et bien
indépendamment de la résolution fédérale qui
existe, laquelle des deux voies? Le premier ministre du Québec, quand il
fait des déclarations, est-ce qu'il parle en tant que souverainiste ou
en tant que fédéraliste? C'est ce que je veux savoir. (16
heures)
M. Morin (Louis-Hébert): Alors, je vais vous expliquer
cela. Vous me posez un faux problème, je vais vous dire pourquoi.
D'abord, ce geste qui a été posé par le premier ministre
est tout à fait conforme au programme même du Parti
québécois dont vous avez rappelé un élément.
Vous avez parlé d'autonomie. Le programme a justement été
clarifié, je ne me souviens pas exactement à quel congrès,
pour dire: Tant que le régime actuel demeure, notre tâche est de
défendre les droits et les intérêts du Québec et
d'accroître les pouvoirs du Québec à l'intérieur de
ce régime. Ce n'est pas écrit dans ces mots, mais c'est ce que
cela veut dire et c'est dans le programme du Parti québécois.
M. Rivest: Si vous le permettez, M. le ministre...
M. Morin (Louis-Hébert): Le ministre permet, mais il
aimerait bien pouvoir répondre, à un moment donné.
M. Rivest: Oui. Je vais vous laisser tout l'espace. Mais quand
vous dites: Tant que le réqime actuel existe, on va défendre les
droits...
M. Morin (Louis-Hébert): Les citoyens ont juqé
qu'on était bien placés pour faire cela.
Accord signé par le premier ministre
M. Rivest: Mais le premier ministre du Québec - il a
siqné l'accord qui a été publié dans les journaux -
ne fait pas que défendre uniquement les droits du Québec. Il dit
travailler au renouvellement de la fédération canadienne. Donc,
c'est plus que simplement les droits du Québec. Il dit travailler au
renouvellement des institutions, etc., dans lequel le Québec a un
intérêt, j'en conviens. Mais c'était plus que cela. C'est
sur cet hiatus que je vais écouter le ministre religieusement pendant
tout le temps qu'il faut.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, il
faudrait peut-être écouter. Je voudrais bien pouvoir terminer la
réponse. J'ai dit que j'avais trois éléments à vous
donner pour répondre à la question. Vous m'avez laissé
formuler le premier, mais le deuxième, j'y arrivais, et cela
répondait à votre question. Laissez-moi terminer, vous allez
voir.
Ce qu'il a posé comme qeste, M. Lévesque, auquel nous
avons participé et qui a été l'objet de bien des
réunions entre provinces est conforme au programme du Parti
québécois selon lequel, tant que le réqime existe, il
s'agit de défendre les droits et les intérêts du
Québec, ce que nous avons fait là-dedans.
Deuxièmement, tant que ce réqime existe aussi - et c'est
là que la contradiction disparaît - tout ce qui contribue à
améliorer le sort du Québec, à augmenter les pouvoirs du
Québec, à raffermir l'entité québécoise,
tout cela est bon et nous serions mal placés et même incorrects de
le refuser.
Par conséquent, tant que ce réqime existe, tout ce qui
peut améliorer notre situation et tout ce qui peut accroître les
pouvoirs du Québec, non seulement nous souhaitons que cela puisse
arriver, mais nous essayons que cela arrive. Et c'est dans cette perspective
que ce texte a été signé. Fît s'il conduit à
une discussion qui va faire que le Québec va disposer de plus de marge
de manoeuvre et de plus de pouvoirs, très bien. C'est pour cela qu'il
n'y a aucune contradiction.
Vous savez, il ne faut jamais tomber dans ce travers qui consiste
à créer une contradiction où il n'y en a pas, en croyant
par exemple qu'une augmentation des pouvoirs du Québec serait contraire
à l'objectif de la souveraineté-association. Ce n'est pas
contraire, c'est un acompte, par rapport à un objectif ultime qui, lui,
est plus étendu.
Par conséquent, tout effort, tout travail avec qui que ce soit
pour auqmenter les pouvoirs du Québec, dans ce cadre-là, avec la
siqnature qui est là, est parfaitement conforme et ne contredit en rien
l'objectif et les aspirations plus qrandes que nous pouvons avoir.
Cependant, nous avons dit qu'au cours de ce mandat-ci il n'y aurait pas
de référendum sur la souveraineté-association. Cette
question ne sera pas posée à la population et nous avons donc
comme objectif ce que vous avez vous-même siqnalé et auquel nous
avons contribué par notre signature dans ce document.
Vous me demandez finalement si cela marchait, le
fédéralisme renouvelé. C'est une question que vous
êtes très mal placé pour poser. Depuis les dernières
années, toute la démonstration est que non seulement cela ne
marche pas, mais que nous avons à la tête du Canada, maintenant,
quelqu'un dont la raison d'être ou la vie même est orientée
strictement vers le blocage de l'évolution du système
fédéral.
Ceci veut dire que le fédéralisme renouvelé, tant
que nous aurons ce que nous avons à la direction du Canada, devient un
objectif particulièrement difficile à atteindre, sinon
impossible. Et la question ne se pose même pas de savoir si le
fédéralisme renouvelé est possible, parce que, s'il avait
été possible, il aurait déjà été
réalisé l'année passée, à partir du
référendum, puisque cela était une des promesses du
référendum. Vous le savez très bien, cela vous a
coûté assez cher il n'y a pas plus que deux mois, quand on sonqe
que, les Québécois ayant été trompés comme
ils l'ont été par vos amis fédéraux, vous en avez
subi le ressac le 13 avril dernier. Le fédéralisme
renouvelé, dans cette perspective, devient une impossibilité
à cause de la présence à Ottawa de gens qui, non seulement
ne cherchent pas à renouveler le fédéralisme, mais sont en
train, actuellement, de poser des gestes pour même le faire
disparaître ou le transformer en régime unitaire.
Je pense que, dans ces conditions-là, vous êtes très
mal placé pour poser cette question.
M. Rivest: Je comprends tout cela, M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Très bien. C'est
déjà un progrès.
M. Rivest: Ce que je voudrais comprendre, c'est si cette
signature, d'une façon ou d'une autre, endosse le principe du
réqime fédéral?
M. Morin (Louis-Hébert): Cette signature permet au
Québec...
M. Rivest: Le gouvernement du Québec actuel, compte tenu
de toutes ses orientations politiques et de tout ce qui se passe, endosse-t-il
le principe fédéral? Sinon, que fait-il en s'inscrivant dans une
démarche qui mène au renouvellement du fédéralisme
avec ses associés, qui sont les premiers ministres des autres provinces
et qui ne remettent pas en cause le régime fédéral?Est-ce que le ministre des Affaires intergouvernementales et le premier
ministre, signant cela, endossent, oui ou non, le principe
fédéral, sans préjuger de ce qui arrivera comme
référendum ou décision ultime des Québécois
sur l'avenir définitif? En vous inscrivant dans cette démarche,
en signant cela, endossez-vous oui ou non le régime
fédéral?
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'était pas la question
qui était posée, qui n'a d'ailleurs jamais été
posée au premier ministre du Québec, ni même à moi,
au cours des négociations que nous avons eues avec les autres provinces
durant les derniers mois. La question qui se pose est simplement de savoir si,
dans les circonstances actuelles, nous accepterions de nous intégrer
dans une démarche au terme de laquelle il serait possible pour le
Québec, à l'intérieur du système actuel, de
bénéficier de pouvoirs plus étendus, de ressources plus
étendues que celles et ceux qu'il a maintenant. La réponse, c'est
oui dans cette perspective.
M. Rivest: Est-ce que cela implique le régime
fédéral?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela n'implique pas plus le
régime fédéral pour nous...
M. Rivest: Vous n'endossez pas le régime
fédéral actuellement. Oui ou non? C'est cela ma question.
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant, nous constatons le
fait qu'il existe un régime fédéral dans lequel nous
sommes et nous agissons conformément au programme du parti à cet
égard.
M. Rivest: La différence concrète, je vais vous
nommer des gens: M. MacLean, M. Blakeney, M. Peckford, M. Bennett, M. Buchanan,
M. Lyon, M. Louqheed. À votre avis, est-ce que ces gens endossent, oui
ou non, le régime fédéral? M. René Lévesque,
mettez-le à part, si vous le voulez. Est-ce que la démarche qui
est la base de cet accord est la même? La démarche de nature? Ces
personnes, vos associés des autres provinces, croient-ils, au
régime fédéral comme vous y croyez, ou s'ils n'y croient
pas, et que, dans ce cas, ils essaient d'améliorer les droits de leur
province - ce qui est tout à fait légitime - et
qu'éventuellement, cela ne préjuge pas d'une option de
désengagement du reste du Canada? Il y a une différence
fondamentale et j'aimerais que le ministre me réponde à ce sujet,
à savoir où, actuellement, le gouvernement du Québec se
situe, le sens de sa démarche, la signification fondamentale de sa
démarche, comme le disent les attendus...
M. Morin (Louis-Hébert): II faudrait que vous lisiez ce
texte parce que c'est...
M. Rivest: ... que le Canada est un pays développé
et indépendant, doté d'un régime fédéral, et
les autres attendus... En conséquence, les gouvernements actuels
s'engagent, 3. à négocier pour renouveler la constitution. Eux
autres, moi je pense, quand je vois M. Lougheed, M. Peckford et les autres, ils
défendent les intérêts de leur province, comme vous dites
que vous le faites, et cela, libre à vous de l'apprécier, je ne
discute pas de cela. Sauf que je me dis -peut-être que je suis à
côté de la "traque", que le ministre me le dise - que ces gens
acceptent le principe du fédéralisme. Vous vous associez à
ces gens, est-ce que vous endossez le principe du fédéralisme?
Et, encore là, vous pouvez toujours garder en arrière de la
tête qu'un jour, ce sera la souveraineté, etc. C'est cela la
question fondamentale pour la crédibilité même de la
démarche que vous faite en ce moment.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a une chose qui m'a toujours
frappé dans les négociations que nous avons eues avec les autres
provinces, M. le Président, depuis des mois maintenant, et nous n'avons
même pas eu besoin de le leur demander. J'ai comme l'impression qu'elles
préféraient nous avoir comme partenaires plutôt que d'avoir
des représentants d'un autre parti qui aurait pu être élu
au Québec. Vous comprenez cela.
M. Rivest: Cela, on le comprend.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous comprenez cela. C'est
très bien. C'est un autre progrès.
M. Rivest: Répondez à ma question.
M. Morin (Louis-Hébert): Deuxièmement...
M. Rivest: Si le ministre ne peut pas répondre à la
question, on va passer à une autre.
M. Morin (Louis-Hébert): Deuxièmement, ce texte que
vous avez ne
porte que sur un sujet qui s'appelle le rapatriement et l'amendement
constitutionnel est conditionnel à un accord...
M. Rivest: M. le Président, je regrette. Il y a un
engagement formel.
M. Morin (Louis-Hébert):
Troisièmement...
M. Rivest: Question de règlement, M. le Président,
il y a un engagement formel d'entreprendre des négociations pour
renouveler la fédération canadienne. Si vous ne croyez pas au
renouvellement de la fédération canadienne, comment le premier
ministre du Québec peut-il signer un tel document? C'est blanc ou noir.
Ne patinez pas et répondez à la guestion.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, il
faudrait peut-être dire au député de Jean-Talon que, quand
il s'énerve comme ça, il est moins éloquent que quand il
est ironique.
M. Rivest: Bien, vous, c'est quand vous ne vous énervez
pas que vous êtes dangereux. Je voudrais que vous vous énerviez un
peu. Vous ne m'endormirez pas là-dessus; c'est oui ou non?
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis très content de
l'hommage que le député vient de rendre à ma
maîtrise personnelle. C'est très gentil, je n'aurais pas
osé...
M. Rivest: J'ai parlé de votre longue expérience
tantôt et vous avez pris ça avec un grain de sel. C'est un
compliment que je vous faisais.
M. Morin (Louis-Hébert): Merci, c'est très gentil.
Il faudrait que je remarque davantage les compliments que vous me faites.
M. Rivest: Répondez à ma question.
M. Morin (Louis-Hébert): La question?Bien, il
s'agit de parler du bon sujet. Il s'agit d'un accord qui porte uniquement sur
le rapatriement et la formule d'amendement constitutionnel et qui a lieu parce
que nous sommes menacées actuellement, les provinces - et vous devriez
le savoir - par un geste fédéral...
M. Rivest: Vous refusez...
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant, un instant: ... par
un geste fédéral qui met en cause même le principe
fédéral.
M. Rivest: Qui remet en cause le principe fédéral?
Qui ne remet pas en cause...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non, non. Le geste
fédéral met en cause le principe fédéral.
M. Rivest: Cela, c'est de l'argumentation.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas de l'argumentation,
c'est un fait.
M. Rivest: La démarche, quand vous dites que le premier
ministre du Québec s'engage dans des négociations intensives, il
a même un délai, trois ans, pour renouveler la
fédération canadienne. Il me semble que c'est bien
évident.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela a donc bien l'air de vous
rendre mal à l'aise qu'on ait signé ca?
M. Rivest: C'est-à-dire que ça ne me rend pas mal
à l'aise. Je me demande...
M. Morin (Louis-Hébert): Cela vous a embêté,
en tout cas, hein?
M. Rivest: Je me demande où vous vous situez. Je pose les
questions et c'est à vous à répondre.
M. Morin (Louis-Hébert): Est-ce qu'on aurait affaire
à un cryptosouverainiste, par hasard?
M. Rivest: Je me demande si on a affaire à un
cryptoséparatiste, un cryptofédéraliste, dans votre cas.
Je vous demande de le dire clairement, et vous refusez de le dire. Là,
vous faites votre gentil et je me méfie de vous. Répondez
à ma question. Oui ou non? Endossez-vous le régime
fédéral actuellement?
M. Morin (Louis-Hébert): On endosse l'existence actuelle
dans le Canada d'un régime fédéral.
M. Rivest: Pas uniquement l'existence, vous endossez le
renouvellement de la fédération canadienne, c'est marqué
en toutes lettres.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a personne qui a
posé à qui que ce soit de conditions sur son degré de foi,
d'espérance ou de charité envers le régime
fédéral, parce que je dois vous dire que, parmi les signataires
de cet accord, comme d'ailleurs c'est le cas parmi les autres provinces gui ne
l'ont pas signé, il peut y avoir des divergences de vues guant à
telle ou telle façon selon laquelle le régime
fédéral doit fonctionner. Par conséguent, il n'a pas
été question de soumettre qui que ce soit à un
examen, à savoir s'ils étaient suffisamment
chrétiens ou suffisamment instruits...
Une voix: Suffisamment chrétiens, c'est le cas de le
dire!
M. Morin (Louis-Hébert): C'est justement, j'essayais de
faire un jeu de mots, mais ils ne l'ont pas remarqué.
M. Rivest: Je ne vois pas du tout ce que le petit gars de
Shawinigan vient faire dans nos affaires.
M. Morin (Louis-Hébert): Bon, enfin, après quelques
secondes d'attente, le député vient de saisir le calembour.
M. Rivest: Mais ma question?
M. Morin (Louis-Hébert): II s'aqissait strictement d'un
accord devant un coup de force fédéral à partir d'une
situation de fait. Vous savez, quand on est devant un feu, on ne s'interroge
pas sur la qualité de l'eau, on l'éteint.
M. Rivest: Sauf que, par exemple, quand il y a un feu, on
essaie... Savez-vous pourquoi on essaie d'éteindre le feu? C'est pour
essayer de sauver la maison. Or, la maison, actuellement, c'est le
régime fédéral, et vos associés: M. Blakeney, M.
MacLean, M. Peckford, M. Bennett, M. Buchanan, M. Lyon, M. Lougheed, veulent
que le régime fédéral demeure. Je vous pose une petite
question bien simple: L'autre signataire, M. René Lévesque,
veut-il la même chose qu'eux? Oui ou non? C'est ça ma
question.
M. Morin (Louis-Hébert): La question qui se posait
à ce moment-là, c'était de savoir si le Canada demeure ou
le régime fédéral demeure. La question est de savoir si
les provinces demeurent. Il s'agit là d'un geste de représentants
de provinces qui, conscients de la menace qui pèse sur eux et dont vous
n'avez pas été suffisamment conscients, vous autres, au cours des
derniers mois, et j'espère que vous allez...
M. Rivest: M. le Président, je vais passer le
témoin à un autre. J'abandonne, je n'ai pas de réponse,
j'abandonne.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez votre réponse,
je situe ce texte...
M. Rivest: Non, vous refusez de le dire, et c'est ça qui
est la base actuellement de tous les jeux politiques que vous menez dans ce
dossier-là. Vous ne le pourrez pas longtemps. Vous réussissez
peut-être actuellement, mais vous ne pourrez pas longtemps jouer ces deux
cartes-là, soyez-en certains, parce qu'à un moment ou l'autre,
vous allez devoir inventer une nouvelle question référendaire;
à un moment ou l'autre, le choix va être posé. Vous ne
pourrez pas jouer sur les deux tableaux comme vous le faites actuellement.
Choisissez votre terrain et dites-le donc franchement comme votre
collègue, le député de Rosemont, et j'espère qu'il
se trouvera quelques péquistes pour vous le rappeler en fin de
semaine.
J'abandonne le témoin, M. le Président, il ne
répond pas.
M. Morin (Louis-Hébert): Faudrait peut-être que, de
votre côté, vous vous posiez des questions sur vos propres
orientations. Vous savez...
M. Rivest: Figurez-vous que ce ne sont pas nos crédits, ce
sont vos crédits à vous et vous dépensez des fonds publics
pour jouer sur les deux tableaux. Répondez aux questions et dites-le.
Endossez-vous, oui ou non, comme les premiers ministres des autres provinces,
vos associés, le régime fédéral? (16 h 15)
M. Morin (Louis-Hébert): Ce sont nos crédits du
ministère qui sont en cause, ici aujourd'hui...
M. Rivest: Vous dépensez de l'argent avec ça!
M. Morin (Louis-Hébert): C'était votre
crédit qui était en cause, le 13 avril, avec le résultat
qu'on connaît.
M. Rivest: Ce sont des facéties, répondez à
la question précise que je vous pose, oui ou non.
M. Morin (Louis-Hébert): La question précise que
vous me posez s'applique à une tout autre circonstance. Nous avons
signé...
M. Rivest: Ah bien, évidemment.
M. Morin (Louis-Hébert): ...un document qui visait
à défendre les intérêts des provinces et ce n'est
que cela. Cela visait essentiellement le rapatriement et l'amendement
constitutionnel, et c'était conditionnel à l'acceptation de trois
autres gouvernements.
M. Rivest: M. le Président, j'abandonne.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela ne veut pas dire plus que
ça.
M. Marx: M. le Président...
M. Morin (Louis-Hébert): Si vous me montrez un livre,
ça ne veut pas dire qu'on achète toute la
bibliothèque.
M. Rivest: Je vous passe le témoin en vous souhaitant
meilleure chance.
Le Président (M. Blank): Le député de D'Arcy
McGee.
M. Marx: M. le Président, un accord peut être
assimilé à un contrat que les huit premiers ministres ont
signé. On y lit: "en conséquence, le gouvernement du
Québec va s'engager dans des négociations intensives portant sur
le renouvellement de la constitution".
M. Morin (Louis-Hébert): Et non pas du
fédéralisme.
M. Marx: Le renouvellement de la constitution...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ça, il faudrait bien
que vous voyiez ce qui est écrit.
M. Rivest: Attendu que le Canada est un régime
fédéral.
M. Morin (Louis-Hébert): Attendu que le Canada existe,
attendu...
M. Marx: M. le Président, quand le ministre a
parlé, je ne l'ai pas interrompu.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah oui, ah oui, ah oui!
M. Marx: Qu'il soit assez gentil... M. Morin
(Louis-Hébert): Ah oui!
M. Rivest: C'est moi qui vous ai interrompu.
M. Morin (Louis-Hébert): II m'a interrompu, lui aussi.
Le Président (M. Blank): À l'ordre, c'est moi qui
vais décider qui interrompt. Le député de D'Arcy
McGee.
M. Marx: J'imagine que le ministre avait quelque chose à
faire dans la rédaction de cet accord et on voit, dans cet accord,
à l'article 3, que le premier ministre du Québec s'engage
à faire des négociations afin de renouveler la constitution
canadienne. Est-ce qu'il a vraiment voulu dire ça ou s'il a voulu dire
autre chose?
M. Morin (Louis-Hébert): La réponse est très
simple, on est d'accord d'avance avec tout ce qui va améliorer, à
l'intérieur du système actuel, la situation du Québec,
tout ce qui va augmenter ses pouvoirs et ses ressources. C'est aussi simple que
cela. On est d'accord pour le faire n'importe quand, demain matin.
M. Marx: Pour que ça dure longtemps ou seulement une
semaine, deux semaines, un an, un mandat...
M. Morin (Louis-Hébert): Le temps que la population...
M. Rivest: Jusqu'à un sondage?
M. Marx: ...jusqu'à un prochain sondage?
M. Morin (Louis-Hébert): ...le temps que la population
jugera utile que ça dure. Qu'est-ce que vous voulez, on est...
M. Marx: Cela, c'est vraiment...
M. Morin (Louis-Hébert): ...on est... Un instant, vous
avez donné la parole à votre collègue.
M. Marx: Je trouve...
M. Morin (Louis-Hébert): Allez-vous la lui redonner?
M. Marx: ...M. le Président, qu'il y a vraiment une
malhonnêteté dans tout ce débat, on ne met pas toutes les
cartes sur la table. Je dirais que, s'il y avait des citoyens ici, ils ne
comprendraient rien à toute cette discussion, à toute cette
acrobatie verbale du ministre. De toute façon, on peut passer à
autre chose. J'ai eu l'occasion, M. le ministre, de...
M. Morin (Louis-Hébert): Ils ont compris le 13 avril
dernier.
M. Marx: Juste une remarque. J'ai eu l'occasion, il y a quelques
semaines, de rencontrer d'autres fonctionnaires d'autres provinces que le
Québec, des neuf autres provinces. Ils ont discuté de cet accord
et je peux vous dire que ce n'était pas fameux comme accord, mais
même les autres fonctionnaires des autres provinces, qui ont
travaillé à cet accord, ont dit que cela a pas mal
"floppé".
M. Morin (Louis-Hébert): Alors, pourquoi y accordez-vous
tant d'importance?
M. Marx: On n'a pas accordé d'importance à
l'accord, on a accordé de l'importance à l'article 3 où le
premier ministre du Québec s'engage à renouveler la constitution
canadienne avec son homologue à Ottawa.
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant, vous n'accordez pas
d'importance à l'accord, mais à une phrase de l'accord, par
exemple.
M. Marx: Attention.
M. Rivest: Une phrase, un dispositif essentiel de l'accord,
franchement.
M. Marx: M. le Président, puis-je continuer?
Le Président (M. Blank): Ah oui.
M. Marx: Bon. C'était un accord qui a "floppé" et
le ministre peut-il nous dire...
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, question
d'information, il n'a pas, comme il dit, "floppé", il est encore
valable, il est encore proposé au gouvernement fédéral. Je
ne vois pas pourquoi vous dites...
M. Marx: Selon l'opinion des autres fonctionnaires des autres
provinces, cela a "floppé" et le ministre fait partie de ce "floppage",
si vous voulez, c'est ça.
M. Morin (Louis-Hébert): J'aimerais savoir en quoi cela a
"floppé", parce que c'est la première nouvelle que j'en ai.
M. Marx: Je n'ai pas terminé mon intervention. Je
commence, on m'interrompt. Est-ce que vous êtes nerveux devant la
vérité? Est-ce que c'est cela? Parce qu'avant, vous étiez
gentil, on vous a dit que, quand vous étiez gentil, vous n'étiez
pas dangereux.
M. Rivest: II est dangereux.
M. Marx: II est dangereux. Maintenant, il est moins dangereux, il
va peut-être dire la vérité. Le ministre peut-il nous dire
- si le premier ministre a signé cet accord et si c'est accepté -
si le fédéralisme canadien ne marcherait pas ou s'il marcherait
mal si ce n'était pas accepté par toutes les provinces et le
fédéral.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous êtes en train de dire
que, si cet accord est accepté par tout le monde, le
fédéralisme ne fonctionnerait pas?
M. Marx: II ne fonctionnerait pas ou fonctionnerait mal.
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant! Vous avez dit que si
cet accord était accepté par les dix provinces...
M. Marx: J'ai posé la question. Est-ce que le
fédéralisme fonctionnerait mal ou ne fonctionnerait pas du tout
si cet accord était accepté par toutes les provinces et le
fédéral?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est la question que vous avez
posée.
M. Marx: C'est cela. Est-ce que vous avez signé cela pour
cette raison?
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne suis pas sûr que
j'aie compris. Vous avez posé...
M. Marx: Dans l'accord, on prévoit l"'opting out" pour
tout le monde.
M. Morin (Louis-Hébert): Je m'excuse...
M. Marx: On va avoir un système qui n'a pas de sens.
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis très content... Si
vous me permettez, M. le Président, il y a une disposition de cet accord
qui est assez capitale et qui est importante. Je veux prendre une seconde pour
en parler. Dans cet accord, s'il y a une modification constitutionnelle, un
partage de pouvoirs nouveaux qui ferait, par exemple, que le gouvernement
fédéral, de l'accord de X provinces suffisantes en nombre,
pourrait acquérir des responsabilités nouvelles et que nous ne
voudrions pas, nous au Québec, perdre ces responsabilités - par
exemple, supposons que sept provinces du Canada diraient que l'éducation
doit aller à Ottawa et que nous, nous ne voulons pas qu'elle aille
à Ottawa - l'accord nous permet actuellement, c'est fantastique, au
Québec, de dire: Très bien, si vous autres, les autres provinces,
vous voulez confier l'éducation à Ottawa, vous le faites, mais
nous la gardons, cette éducation, au Québec, et, en plus de cela,
nous sommes compensés par des sommes venant d'Ottawa qui seraient
autrement utilisées par Ottawa pour s'acquitter de sa nouvelle
responsabilité constitutionnelle; cela nous permet de ne pas bloquer le
reste du Canada dans son évolution. Je pense que c'est beaucoup moins
rigide que toute autre formule, et cela paraît comporter un avantage
important pour le Québec.
M. Marx: La position de notre formation politique était
toujours, et cela reste, que le Québec doit avoir un veto en ce qui
concerne les modifications constitutionnelles. De là à dire que
toutes les provinces ont besoin d'un veto, c'est une façon de
faire...
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant! Vous dites que la
position de votre parti, c'est que c'est mieux que le Québec ait un
veto.
M. Marx: C'est essentiel que le Québec ait un veto.
M. Morin (Louis-Hébert): Très bien.
Vous rendez-vous compte que, dans cet accord, nous avons atteint un
objectif encore meilleur? D'une part, le Québec est entièrement
protégé, et aucune de ses responsabilités ne va partir
s'il ne veut pas qu'elle parte. Donc, il se protège complètement,
mais, en même temps, il n'empêche pas le reste du Canada
d'évoluer à sa façon. Tandis que vous, avec la position
qui consiste à accorder un droit de veto au Québec sur le reste
du Canada, vous rendez-vous compte que vous mettez le Québec dans la
situation où, quand quelque chose ne lui convient pas, il est
obligé de bloquer le reste du Canada et, à ce moment, nous
finissons, à la longue - si c'est votre formule qui s'applique - par
être ceux qui bloqueront les autres quant à leur évolution,
quant à leur désir d'évoluer dans un sens différent
du nôtre? Nous introduisons, par contre, avec cet accord que nous avons
signé, un élément de flexibilité pas mal plus
valable.
M. Marx: Avec le veto qu'on veut pour le Québec pour tout
changement constitutionnel...
M. Morin (Louis-Hébert): On l'a encore.
M. Marx: ... cela ne rend pas le Québec moins fort qu'avec
l'accord que vous avez signé. Tout ce que cela fait, cela donne un veto
aux dix provinces et cela va empêcher le système de bien
fonctionner... Laissez-moi terminer...
M. Morin (Louis-Hébert): Ah boni Pour que le
système fonctionne bien...
M. Marx: M. le Président, qu'il me laisse parler, ou je
m'en vais.
M. Rivest: Je le connais depuis longtemps!
M. Marx: M. le Président, si les députés
séparatistes - ce n'est pas le ministre ou l'adjoint parlementaire -
comme le député de Verchères, veulent parler, je suis
prêt à leur céder la parole pour qu'ils nous parlent de
fédéralisme renouvelé, surtout le député de
Vachon, le député de Verchères. Je trouve qu'il y a une
solidarité du côté ministériel quand les
députés ne parlent pas et, s'ils commencent à parler, on
va voir s'il y a une solidarité du côté gouvernemental sur
cette question nationale.
Tout ce que je veux dire, c'est que notre formation politique veut un
veto pour le Québec pour protéger les intérêts et
les droits du Québec. C'est sûr. On ne va jamais céder sur
cela, en ce qui concerne la modification de la constitution canadienne. Le
gouvernement actuel du Québec veut faire en sorte que le système
ne fonctionne pas ou que le système fonctionne mal. Dans ce sens, j'ai
l'impression que le gouvernement va signer n'importe quoi avec n'importe qui.
Il peut même être malhonnête en ce qui concerne les documents
qu'il va signer dans le sens qu'il va signer, par exemple, la clause no 3 avec
des réserves -comment puis-je le dire? - mentales que les autres
signataires de cet accord n'ont pas. Je pense que c'est bien connu de toute la
population la raison pour laquelle le Québec a signé cet accord.
Si le ministre ne veut pas faire un aveu aujourd'hui, on le comprend bien.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, il y a
quelque chose qui est parfaitement aberrant dans ce que je viens d'entendre.
Huit provinces du Canada ont signé cela. Le Québec n'a pas
forcé qui que ce soit à signer, mais il a été
d'accord, lui comme les sept autres, pour signer un document. Que fait-il? Il
permet que, s'il y a un amendement qui risque de nous enlever des pouvoirs,
nous refusions de les perdre. Nous ne bloquons pas les autres, mais nous
conservons ce droit de veto en ce qui nous concerne ou en ce qui concerne une
évolution que nous ne voudrions pas, qui réduirait nos pouvoirs,
mais nous n'empêchons pas les autres provinces de céder à
Ottawa ces pouvoirs, si elles le veulent. Les autres sont d'accord avec cela,
on est huit à avoir signé sur dix. C'est quand même assez
remarquable, tandis que le droit de veto dont vous parlez, c'est un droit qui
met le Québec dans la position d'un empêcheur de tourner en rond
par rapport au reste du Canada.
Le député de Jean-Talon a vécu ce qui s'est
passé à Victoria en 1971. On s'est servi du droit de veto en
quelque sorte et cela a pris tout le petit change de celui qui était
premier ministre à l'époque pour le faire. Il ne l'aurait pas
fait souvent et c'est le genre d'arme qu'on utilise une fois quasiment toutes
les générations, tandis que, dans le système que nous
sommes prêts à accepter comme formule d'amendement actuellement,
nous ne bloquons pas les autres, mais nous nous protégeons. Je pense que
c'est la meilleure situation possible.
Une voix: Vous protégez votre option, c'est cela
l'affaire.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, on protège le
Québec.
M. Marx: Le ministre peut-il nous dire s'il n'a jamais eu des
espoirs sérieux que cet accord serait accepté par les dix
provinces et le fédéral, des espoirs sérieux?
M. Morin (Louis-Hébert): On en a huit sur dix qui ont
accepté, c'est déjà une réussite.
M. Rivest: Je n'ai pas réussi, comme je m'y attendais
forcément, à obtenir de la part du ministre la confirmation de ce
qui me paraît une évidence, c'est-à-dire que les sept
autres collègues du premier ministre ne remettent pas en cause le
principe fédéral. Je comprends le ministre de ne pas me
répondre par un oui, dans le sens que la signature du premier ministre
est de la même nature que celle de ses collègues, puisque, dans
les documents de son parti, on lit, à la page 5: "Aucun arrangement
constitutionnel en deçà de la souveraineté-association -
assez curieusement quand on parle de renouveler le fédéralisme -
même s'il peut régler certains problèmes particuliers ne
pourra jamais constituer un cadre suffisant pour l'épanouissement des
Québécois et des Québécoises".
Cela veut dire que le fédéralisme, dans votre esprit, est
en deçà de la souveraineté-association, y compris toute
espèce de formule de renouvellement de la fédération
canadienne et y compris cet engagement signé par le premier ministre du
Québec. Je vous comprends de ne pas dire que cela endosse ou
reconnaît le principe fédéral, sauf que, dans la lettre,
vous vous engagez dans une démarche comme celle-là. Pour essayer
de mesurer davantage la crédibilité qu'on doit accorder à
la signature du premier ministre sur un document comme celui-là, lorsque
le premier ministre du Québec ou le gouvernement s'engage en
conséquence au présent accord ou a convenu de s'engager dans des
négociations intensives portant sur le renouvellement de la constitution
pendant les trois prochaines années, est-ce que, au ministère des
Affaires intergouvernementales, on a commencé à préparer
ces négociations? Sur quelle base? Avec quels documents? Quelles sont
les propositions que vous avez préparées à l'adresse de
vos interlocuteurs au Canada, depuis le 16 avril?
M. Morin (Louis-Hébert): Nous avons déjà
dans nos dossiers - je pense que j'ai eu l'occasion de vous le distribuer lors
d'une commission parlementaire antérieure - un document qui contient les
positions du gouvernement du Québec sur les douze sujets qui
étaient à l'ordre du jour des conférences de
l'année passée au plan constitutionnel. Cela demeure exact, cela
demeure encore vrai. C'est la base à partir de laquelle, si jamais il y
a une renégociation ou une négociation qui recommence, nous
recommencerons nous-mêmes.
M. Rivest: Est-ce que, dans l'esprit du ministre, ces douze
sujets qui émanent en très grande partie de l'initiative
fédérale constituent une base qui lui paraît compatible
avec les intérêts du Québec et d'une nouvelle
définition de la place du Québec au sein de la
fédération canadienne?
(16 h 30)
M. Morin (Louis-Hébert): Si jamais le Québec avait
gain de cause sur les douze sujets, sur huit des douze sujets ou même sur
trois des douze sujets, ce serait une amélioration par rapport à
la situation actuelle, ce serait une sorte d'acompte par rapport aux demandes
que le Québec a formulées depuis pratiquement deux
générations, sauf que je dois dire qu'il y a une chose frappante,
c'est que si vos amis fédéraux avaient vraiment voulu renouveler
le fédéralisme, ils avaient l'occasion unique de le faire
l'été dernier et ils ne l'ont pas fait à la face de tout
le monde; ils ont même préparé un document cynique, secret,
sur lequel on a mis la main, dont l'objectif évident, et on l'a vu dans
le document, était de mettre les provinces dans une situation impossible
et de manipuler les provinces. D'ailleurs cela a embarrassé
sérieusement le gouvernement fédéral quand cela est
sorti.
M. Rivest: Sur les douze sujets, vous avez indiqué que ce
serait un progrès du Québec si jamais on pouvait en arriver
à une entente, à votre avis, si le Québec s'engageait dans
cette voie-là et obtenait tout ce qu'il demande sur les douze sujets
auxquels vous avez référé, est-ce qu'on se rapprocherait
ou s'éloignerait de la réalisation de l'objectif de la
souveraineté?
M. Morin (Louis-Hébert): On s'en rapprocherait dans le
sens où on aurait plus de pouvoirs, ce serait un acompte...
M. Rivest: Alors, en renouvelant le fédéralisme
canadien et que le Québec y trouve son compte sur les douze sujets, on
se rapprocherait de l'idéal de la souveraineté que vous
défendez, par ailleurs. Curieux, Très curieux.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a deux façons de voir
le renouvellement du fédéralisme. Il y a la façon...
M. Rivest: II y a deux façons, mais on ne peut pas les
voir les deux en même temps. C'est ce que j'essaie de vous expliquer.
M. Marx: II danse sur deux mariages en même temps...
M. Morin (Louis-Hébert): Ne vous fâchez pas, c'est
votre voisin de gauche qui est contagieux. Il y a deux façons. Il y a
une façon qui consiste dans le renouvellement du
fédéralisme à faire en sorte que le Québec dipose
de plus de pouvoirs, de plus de ressources, c'est la façon que nous
avons adoptée à l'intérieur du système. Tandis que
celle que vous avez adoptée, vous, selon votre livre vert...
M. Rivest: ...crédits à nous, ce sont vos
crédits à vous.
M. Morin (Louis-Hébert): ...c'est votre crédit qui
est en cause. Dans le livre beige, la façon que vous avez
utilisée pour aborder ce problème de renouvellement du
fédéralisme consiste dans bien des cas a remettre au gouvernement
central des responsabilités qui appartiennent actuellement au
Québec et a faire en sorte que le Québec devienne une province
comme les autres. Alors, cela nous n'acceptons pas cette démarche et si
c'est ce que vous voulez dire par renouvellement du fédéralisme,
non seulement nous ne l'acceptons pas mais il semble bien que les
Québécois eux-mêmes ne l'acceptent pas.
M. Rivest: Je sais ce que vous n'acceptez pas de notre part, mais
je n'arrive pas à savoir ce que vous acceptez...
M. Morin (Louis-Hébert): Nous acceptons toute
amélioration...
M. Rivest: ...et c'est cela qu'est le sens de ma question.
Acceptez-vous le fédéralisme ou si vous acceptez la
souveraineté et quand vous dites les choses qu'on n'accepte pas, vous
avez déchiré vos vêtements sur la place publique lorsque le
chef du Parti libéral a évoqué, il y a trois ou quatre
mois, la possibilité pour le Québec d'accepter le rapatriement
sans avoir obtenu des modificiations substantielles à la constitution,
ce qui n'était certainement pas dans la continuité historique du
Québec, n'est-ce-pas? Vous avez enqueulé le Parti libéral
la-dessus. Or dans l'entente que vous avez signée, M. le ministre, vous
avez fait exactement la même chose, vous avez accepté de rapatrier
la constitution du Canada et vous avez dit que les modifications
constitutionnelles au paragraphe 3 ce serait après. Quand est-ce
horrible? Quand c'est le Parti québécois qui fait une chose ou
quand c'est le Parti libéral? Où est-ce qu'elle est la
consistance sur ce plan-là? Je voudrais bien que vous nous expliquiez
cela. Parce que vous avez voulu signer, toujours la même raison, vous
avez voulu signer ce petit accord, parce que ce petit accord vous donne une
petite crédibilité pour calmer les militants souverainistes et
dire qu'on va s'engager la-dedans, on va gagner du temps et c'est tout cela le
sens de votre démarche, sous le couvert de la défense des droits
et d'un autonomisme duplessiste servi à la moderne et qui maintenant
s'appelle "Faut rester fort." Pour rester fort il faut être honnête
et dire à quelle place on se situe.
M. Morin (Louis-Hébert): Cet accord dont vous parlez
comporte des conditions, c'est la grande différence qu'il y a avec votre
attitude à vous...
M. Rivest: Vous n'êtes pas raisonnable. Moi je n'ai pas
d'objection qu'on fasse le procès de l'Opposition officielle à ce
titre-là, mais on n'a pas de crédits à ce que je
sache...
M. Morin (Louis-Hébert): Cela est vrai.
M. Rivest: ...ce sont les crédits des Affaires
intergouvernementales, alors répondez aux questions.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous me posez une question par
rapport à vous, alors je réponds en tenant compte,
nécessairement, de votre attitude puisque vous avez mis votre attitude
comme sorte d'exemple moral à suivre. Heureusement qu'on ne l'a pas
suivi.
M. Rivest: Formule d'amendement, drôlement.
M. Morin (Louis-Hébert): La grande différence qu'il
y a c'est que votre chef ne demandait aucune espèce de garantie. Il
faisait un cadeau aux autres tandis que nous nous avons une garantie qui est
la-dedans, c'est l'augmentation des pouvoirs du Québec...
M. Rivest: Où cela? S'engager dans des négociations
intensives portant sur le renouvellement de la constitution pendant les trois
prochaines années en ayant recours a la formule d'amendement. Où
est-elle la littérature des pouvoirs accrus pour le Québec? Nulle
part...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela, c'est cela, alors une
modification... M. le Président, le député se laisse
emporter par son éloquence artificielle.
M. Rivest: ...vous n'avez même pas de proposition
constitutionnelle à soumettre, vous n'en avez même pas. Je ne me
laisse pas emporter, je vous dis la vérité telle qu'elle se
présente à la face même du dossier, vous n'avez aucune
proposition. Vous êtes accroché aux douze propositions
fédérales. Il y a cinq ou six mois, vous invoquez la
continuité historique du Québec, vous la trahissez dans ce
document en acceptant une formule d'amendement sans modification
substantielle...
M. Morin (Louis-Hébert): Vous l'avez trahie vous autres
aussi, si c'est cela.
M. Rivest: Vous vous dissociez de la... M. Morin
(Louis-Hébert): Un instant, ce
n'est pas cela que vous avez dit. Vous dites qu'en prenant la position
que nous avons prise, qui correspond exactement à la vôtre -c'est
ce que vous avez dit tantôt - nous venons trahir, selon vous, les
aspirations historiques du Québec ou la continuité historique. Si
nous l'avons fait, nous, c'est ce que vous auriez fait, vous aussi.
M. Rivest: Ce n'est pas une question de savoir cela. Je vous
demande quand êtes-vous sérieux?
M. Morin (Louis-Hébert): Tout le temps.
M. Rivest: Mes trois questions sont les suivantes et je les
rappelle. Première question: Est-ce que vous endossez, oui ou non, le
régime fédéral comme vos collègues?
Deuxièmement, vous vous dissociez de la continuité historique sur
le plan de la formule d'amendement de la constitution et vous acceptez le
rapatriement de la constitution, sans modification constitutionnelle, pourquoi
faites-vous cela? Et troisièmement, quand vous signez un document comme
cela, est-ce que votre signature a autant de valeur et la même
signification, la signature du premier ministre du Québec sur le plan de
l'unité du pays et de l'adhésion au principe du régime
fédéral, que les signatures des six autres premiers ministres des
provinces qui signent un tel document? C'est seulement cela l'objet de mes
questions. Cela fait une demi-heure qu'on en parle, vous avez toujours
refusé. Et je comprends pourquoi vous avez refusé, parce que
votre option, c'est la souveraineté politique et que pour un temps X,
vous refusez de la mettre sur la table et de le dire en toute franchise, comme
certains députés de votre propre parti commencent à vous
le rappeler et à s'inquiéter drôlement de votre
attitude.
M. Morin (Louis-Hébert): La grande différence qu'il
y a entre nos formations politiques, c'est que vous posez une
problématique à propos de ce document qui n'était pas du
tout celle qui s'est posée au moment de la signature.
M. Rivest: La lettre du document.
M. Morin (Louis-Hébert): La lettre, justement. Il faudra
prendre l'esprit du document.
M. Rivest: Ah bon! Maintenant, c'est cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Pas maintenant. C'est vous qui
venez de dire que vous prenez la lettre, moi je prends l'esprit.
M. Rivest: La signature, est-ce que c'est une signature qui est
signée sur l'esprit? Elle est signée sur la lettre.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, justement...
M. Rivest: Les signatures sont là, elles ont autant de
valeur l'une que l'autre.
M. Morin (Louis-Hébert): ...sur l'esprit. Sur la dynamique
que cela représente et pas sur... Ce n'est pas un document statique,
c'est un document dynamique.
M. Rivest: La position du PQ, est-ce que c'est statique ou
dynamique?
M. Morin (Louis-Hébert): Dynamique.
M. Rivest: Dynamique, oui, dans le sens de la
souveraineté. C'est cela que vous ne voulez pas dire.
M. Morin (Louis-Hébert): Bien sûr.
M. Rivest: C'est sûr. À ce moment-là,
qu'est-ce que vaut ce document?
M. Morin (Louis-Hébert): II ne contredit absolument
pas...
M. Rivest: Lequel est le vrai? Choisissez.
M. Morin (Louis-Hébert): Les deux. Celui-là se
situe dans le cadre actuel et celui-là projette vers l'avenir.
M. Rivest: Et vous vous enlignez dans cette direction pour
pouvoir rejoindre celui-là. Très intelligent. C'est cela,
l'affaire.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est l'erreur que vous faites
toujours, de croire qu'il s'agit d'opposer alors qu'il s'agit de
complémentarité.
Le Président (M. Blank): Donnez une chance au
député de Rousseau de parler.
M. Rivest: J'espère qu'il est souverainiste
celui-là.
M. Morin (Louis-Hébert): J'avais quelque chose à
ajouter. Je termine cela avant que le député de Rousseau parle.
La grande différence qu'il y a entre nos attitudes constitutionnelles et
les vôtres, c'est que vous autres, vous êtes disposés
dès maintenant à bloquer l'avenir, tandis que nous, nous pensons
que l'avenir doit être gardé ouvert.
M. Rivest: Nous autres, on n'a pas de crédits aux Affaires
intergouvernementales à défendre, vous, vous en avez.
M. Morin (Louis-Hébert): Alors, pourquoi parlez-vous
toujours de vos positions?
Le Président (M. Blank): M. le député de
Rousseau.
M. Blouin: M. le Président, j'ai l'impression que cette
discussion qui est animée fébrilement par le député
de Jean-Talon tourne autour d'un faux problème.
Je demande au ministre de me corriger si je me trompe. Je vais refaire
très rapidement, en deux minutes, la lecture des
événements qui se sont passés au Québec et qui sont
très importants, depuis un peu plus d'un an.
Premièrement - et je demande encore une fois au ministre de me
corriger si ma lecture des événements n'est pas correcte -le 20
mai 1980, le gouvernement a proposé aux Québécois de
s'engager sur la voie de la souveraineté-association.
Deuxièmement, la réponse des Québécois,
démocratiquement, a été de dire qu'ils ne souhaitaient
pas, pour le moment - c'est ce qu'ils nous ont dit -s'engager sur la voie de la
souveraineté-association.
M. Rivest: ...on amuse les fédéralistes.
M. Blouin: Je demande au député de Jean-Talon de ne
pas m'interrompre, s'il vous plaît et de se calmer un peu. Cela va lui
faire du bien.
Troisièmement, si j'ai bien compris - et je demande encore au
ministre de me dire si j'ai bien saisi les événements - le
gouvernement s'est engagé, à l'intérieur du système
actuel, puisque c'est la volonté démocratique qui s'est
exprimée ainsi, à aller chercher le maximum d'avantages pour le
Québec, ce qui pourrait lui donner le plus de force possible pour rester
fort, disiez-vous, ce qui pourrait lui donner le plus de force possible
à l'intérieur du système actuel.
Juste un commentaire pour terminer. La bonne foi du gouvernement que
semble mettre en cause, de façon un peu partisane..
M. Rivest: Non ce n'est pas notre intention. Question de
règlement. Je n'ai pas remis en cause la bonne foi du ministre, j'ai
posé des questions.
M. Blouin: Alors je m'exprimerai autrement et je rappellerai au
député de Jean-Talon que ce sont des premiers ministres d'autres
provinces du Canada qui ont travaillé avec M. Lévesque au cours
de cette négociation qui, eux, ont affirmé leur bonne foi au
cours de ce débat.
Le Président (M. Blank): Le député de D'Arcy
McGee.
M. Marx: Puis-je poser une question au député de
Rousseau? Est-ce qu'il me permet de lui poser une question?
M. Blouin: Ce ne sont pas mes crédits qui sont en cause;
ce sont ceux du ministre.
M. Rivest: Vous êtes solidaire de votre ministre.
M. Marx: Puis-je vous poser une question, M. le
député de Rousseau?
M. Blouin: Oui, certainement.
M. Marx: Ma question c'est: Est-ce que le député de
Rousseau croit au fédéralisme renouvelé? Est-ce qu'il
croit à la souveraineté, ou est-ce qu'il croit aux deux à
la fois?
M. Blouin: Le député de Rousseau croit à la
démocratie.
M. Marx: M. le Président, puis-je demander au ministre
s'il a dit aux députés quoi dire durant cette commission. Est-ce
qu'il y a censure ministérielle ou...
M. Blouin: Je pourrais ajouter, si vous le permettez que...
M. Morin (Louis-Hébert): On ne s'est même pas
parlé avant cette réunion d'aujourd'hui.
M. Blouin: Je pourrais ajouter aussi que j'endosse ...Je
m'aperçois, M. le député, qu'il y a une grande
cohérence entre les députés ministériels parce que
j'endose complètement ce que dit le ministre au sujet des intentions du
parti et des intentions du gouvernement à l'intérieur du
système actuel.
M. Marx: Donc, le député ne veut pas
répondre à ma question, c'est cela?
M. Blouin: Cela fait une demi-heure qu'il vous répond.
Arrêtez de vous choquer, puis écoutez.
M. Marx: II a peur à "sa job," oui.
M. Charbonneau: Quand les députés de l'Opposition
nous demandent si on endosse le régime fédéral, moi, j'ai
le goût de leur répondre que ce qu'on endosse c'est d'abord un
peuple, le nôtre, dont le Québec est le foyer national, la patrie.
Vous aviez comme slogan référendaire: Le Canada c'est notre pays,
le Québec c'est notre patrie. Or, nous on veut que notre peuple, dans sa
patrie, y contrôle le plus possible et qu'il ait le plus de pouvoir
possible. Et actuellement, les gens ont donné une réponse au
référendum, mais ils n'ont pas dit dans cette réponse
qu'ils voulaient moins de pouvoirs, qu'ils voulaient moins contrôler leur
patrie. Je pense que,
dans ce sens, le ministre a très bien raison, il n'y a aucune
contradiction en respectant le choix référendaire et en se
battant au maximum. C'est ce qu'on va faire pour que le Québec comme
société, le peuple québécois contrôle au
maximum sa patrie, son territoire, son foyer national. C'est ce qu'on va faire,
c'est cela notre objectif. Nous, on voudrait qu'il le contrôle
totalement, mais si dans le contexte actuel on peut le contrôler plus, on
va prendre toutes les occasions pour le faire.
M. Marx: Je vois que l'on peut signer un accord,
c'est-à-dire, entre l'Opposition et les députés
ministériels, parce qu'on est tous d'accord. J'aimerais poser la
même question au député de Verchères que j'ai
posée au député de Rousseau: est-ce qu'il croit au
fédéralisme renouvelé? Est-ce qu'il croit à la
souveraineté? Est-ce qu'il croit aux deux à la fois?
M. Charbonneau: Au peuple québécois. Ce que
j'espère, c'est que le peuple québécois un jour choisisse
l'indépendance du Québec. En attendant, de toute façon, ce
peuple doit faire en sorte que, dans son territoire, dans son foyer national,
il soit le plus possible maître chez lui, autant qu'il a le goût de
l'être.
Le Président (M. Blank): À l'ordre! M. le
député de Vachon.
M. Rivest: Un autre acte de foi. Le peuple et la
démocratie sont joués. Trouvez-en un autre.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président. Je
m'aperçois que le député de Jean-Talon interrompt les
gens.
Le Président (M. Blank): À l'ordre! À
l'ordre! Je n'ai pas commencé. M. le député de Vachon.
M. Payne: M. le Président, je suis dans le contexte du 13
avril et le contexte politique d'aujourd'hui. Ce que je ne comprends pas, je
suis en train de relire encore le rapport Kershaw, c'est que l'Opposition n'a
pas encore compris ce qu'est la constitution du Canada. J'aimerais lire un
paragraphe de son rapport, et je cite: Si souhaitable soit-il de mettre fin
à ce pouvoir du Parlement du Royaume-Uni, il n'est possible d'y mettre
un terme sur le plan constitutionnel qu'à la demande et avec
l'assentiment du Canada." Assentiment du Canada, je reviendrai là-dessus
tout à l'heure. Mais il faisait référence à ce
pouvoir du parlement du Royaume-Uni.
Qu'est-ce que c'est le pouvoir? C'est le pouvoir exclusif du parlement
du Royaume-Uni de modifier les parties fondamentales de la constitution
canadienne qui était conservée depuis 1931. Ma question s'adresse
autant à à l'Opposition qu'au ministre: Pensent-ils qu'il y avait
déjà un assentiment de la part du Canada? Dans le contexte actuel
du Canada, la référence défendue par Me Pratte, le Canada
se compose de deux choses, deux paliers de gouvernement, le palier
fédéral et le palier provincial. Il n'y a pas, à ce jour,
à moins que je ne me trompe M. le ministre, un assentiment du Canada.
S'il y avait une réponse définitive et catégorique pour
aujourd'hui, à ce sujet -qu'il n'y avait pas d'assentiment pour modifier
le statu quo - c'était bien exprimé formellement, en ce qui me
concerne, par les gens de Vachon, le 13 avril dernier.
M. Marx: M. le Président, voudriez-vous expliquer aux
députés ministériels que, dans cette commission, ils n'ont
pas le droit de poser des questions. Ceci dit, j'aimerais rappeler au ministre
et aux députés ministériels que la position
constitutionnelle de l'Opposition, c'est que nous sommes contre toute
modification unilatérale de la constitution canadienne par le
gouvernement fédéral. C'est cela, la réponse à
votre question.
M. Rivest: Autre question, M. le ministre, s'il vous plaît,
après cet intermède. Je voudrais lui... Oui, intéressante,
la démocratie, le peuple et vous c'était quoi déjà?
Le rapport Kershaw!
Je voudrais ramener le ministre à l'entente du 16 avril et lui
demander pourquoi le Québec avait abandonné la position
traditionnelle d'exiger des modifications substantielles à la
constitution. Je vais lui poser directement la question: Pourquoi le
gouvernement du Québec a-t-il abandonné la continuité
historique au titre de l'acceptation du rapatriement de la constitution sans
avoir au préalable obtenu des modifications de substance? Quelle est la
raison qui a amené le gouvernement du Québec à signer
cela?
M. Morin (Louis-Hébert): Trois raisons. La
première, c'est qu'il y a un engagement, dans ce document, à des
discussions qui, c'est ce que nous voulons, conduiraient à une
augmentation des pouvoirs du Québec. La deuxième raison, c'est
que la formule d'amendement retenue est une formule qui nous paraît
avantager le Québec puisqu'elle nous empêche, nous permet, nous
garantit que nous ne perdrons jamais de pouvoirs sans notre propre assentiment.
La troisième raison, c'est qu'il y a maintenant, de la part d'autres
provinces que le Québec, des volontés de changement qui
n'étaient pas présentes, il y a plusieurs années. Je pense
que le contexte n'est plus le même. Cela étant dit, il va de soi,
et je m'empresse de
le dire, qu'une révision constitutionnelle qui consisterait
strictement à rapatrier le vieux papier d'Angleterre et
deuxièmement à avoir une formule d'amendement serait une
modification qui n'aurait aucun caractère pour impressionner l'ensemble
des Québécois, parce que ça ne correspondrait à
rien en ce qui concerne le partage des pouvoirs et ce serait... Non, non.
M. Marx: Bien rapatriez, vous voulez rapatrier avec la
formule.
M. Morin (Louis-Hébert): Avec l'accord... Je viens
d'être interrompu, M. le Président.
M. Marx: M. le ministre, je m'excuse.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, très bien, j'accepte
vos excuses.
Il y a un engagement là-dedans à continuer cette
démarche et je rappelle encore une fois, parce que vous avez
négligé de le dire tout à l'heure, que cet accord doit
être aussi accepté par trois autres gouvernements: celui de deux
provinces -l'Ontario et le Nouveau-Brunswick - et surtout celui du gouvernement
fédéral qui laissera tomber son coup de force. C'est aussi une
des conditions.
M. Rivest: Sur la première raison, le ministre... les deux
raisons sont... les deux dernières m'apparaissent plus raisonnables.
Quant à la première, c'est - à tout le moins à la
face même de l'entente - inexact dans la mesure où il n'y a pas
d'augmentation, il n'y a pas de garantie d'augmentation des pouvoirs du
Québec, contrairement à toute l'information que vous
véhiculez. Il n'y a que l'engagement de négocier, alors il n'y a
pas d'augmentation, mais laissons ça...
M. Morin (Louis-Hébert): Puis-je intervenir
là-dessus?
M. Rivest: Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous venez de dire qu'il n'y a
pas de garantie que les pouvoirs du Québec seraient augmentés.
Cela veut dire que vous pensez, vous, de votre formation politique, qu'il n'y a
pas de chance que le reste du Canada, dans le système actuel, ni le
gouvernement fédéral, acceptent une augmentation des pouvoirs du
Québec. C'est le genre de fédéralisme que vous
préconisez.
M. Rivest: C'est parce que vous affirmez que vous avez
accepté de changer...
M. Morin (Louis-Hébert): De deux choses, l'une: ou vous
pensez ça, ou vous ne le pensez pas!
M. Rivest: Peu importe ce qu'on pense. Pour l'instant, c'est vos
crédits. Vous avez affirmé que vous aviez abandonné la
position traditionnelle du Québec sur le plan de la formule d'amendement
sans modification substantielle dans la constitution parce que dans cette
entente, il y avait des garanties d'accroissement des pouvoirs du
Québec. Pas à la lettre, en tout cas, c'est seulement un
engagement de négocier. En tout cas, ne nous chicanons pas
là-dessus. Je vais aller plus loin, pourquoi avez-vous, dans la formule
d'amendement retenu - je vais revenir à la partie "opting out" qui
comporte la formule d'amendement que le premier ministre du Québec a
signée, en ce qui concerne - on en fait grand état et avec raison
- le tittre de l'article 133, l'espèce de dispense qui est
accordée à l'Ontario? Pourquoi, dans cette entente, en vertu - le
sous-ministre me corrigera si je fais erreur - du jeu des articles 4, mais
surtout de l'article 9, paragraphe c), avez-vous accordé un droit de
veto à l'Ontario pour rendre l'usage du français obligatoire? En
vertu de l'article 9c
M. Morin (Louis-Hébert): On n'a accepté aucun droit
de veto pour l'Ontario en ce qui concernait... un instant.
M. Rivest: Écoutez, une modification... je vais vous lire
l'article pour que ce soit plus clair pour le journal des Débats.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est M. Trudeau qui, se
livrant...
M. Rivest: Trudeau n'est pas partie dans cette entente.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, un instant, il faut quand
même partir du commencement. Vous parlez de l'article 133, de l'Ontario
et du bilinguisme en Ontario. Il faut quand même se rappeler ici qu'il y
a un coup de force qui a été exercé contre les provinces
en général et le Québec en particulier, notamment en
matière de langue, alors que ce même coup de force n'est pas
exercé contre l'Ontario. Cela ne le justifierait pas, mais je remarque
qu'il y a un statut spécial qui est accordé à l'Ontario et
qu'il est exempté du coup de force et de ses conséquences.
Surtout qu'il n'y a aucune obligation qui lui est faite d'augmenter le
français en Ontario. Ce n'est pas nous qui sommes coupables, il ne faut
quand même pas nous rendre coupables d'une situation dont est responsable
votre chef fédéral.
M. Rivest: Ma question concerne l'article 9, M. le ministre. Une
modification à la constitution du Canada relative aux matières
suivantes, ne peut être apportée sans le concours du gouvernement
fédéral, résolutions du Sénat, de la Chambre
des
communes et de l'Assemblée législative de chaque province.
Paragraphe c), usage de la langue anglaise ou française sous
réserve des dispositions de l'article 4 qui s'applique lorsque cette
question ne concerne qu'une province. Même, a fortiori, je pense, pour
dégager le Québec des obligations qui lui sont faites à
l'article 133, vous avez accordé également un droit de veto.
Ma question précise, pour l'instant, pour imposer à
l'Ontario, dans la formule, l'Ontario n'est pas partie à l'entente,
pourquoi avez-vous accordé à l'Ontario un droit de veto, alors
que vous reprochez, par ailleurs, comme nous, dans ce cas-là, à
la résolution fédérale actuelle de ne pas imposer l'usage
du français en Ontario? Pourquoi l'Ontario a-t-elle
bénéficié, dans votre entente, du droit de veto
prévu au paragraphe 9c?
M. Morin (Louis-Hébert): Dans notre entente, il n'a pas
été question de l'Ontario, l'Ontario n'étant pas
présente... un instant.
M. Rivest: ...de langue anglaise dans les provinces. C'est
ça que ça veut dire, c'est ça, la signification.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous parlez de l'Ontario, on
parle des provinces, en général.
M. Rivest: De chaque province. L'Ontario est encore une province,
oui?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Rivest: Enfin, j'ai une réponse claire.
M. Morin (Louis-Hébert): Une province plus égale
que les autres, mais c'est une province.
Il s'agissait, dans ce document-là, non pas du cas de l'Ontario,
mais de protéger le français au Québec. C'est ça
qui était...
M. Rivest: Écoutez, là...
M. Morin (Louis-Hébert): Est-ce que ça veut dire
que vous accepteriez qu'on ne protège plus le français au
Québec, s'il y avait une sorte de disposition qui établirait en
Ontario un bilinguisme artificiel, c'est ça que vous voulez?
M. Rivest: Ce n'est pas ce que nous voulons, c'est ce que vous
avez signé.
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant...
M. Rivest: C'est le premier ministre du Québec qui a
signé un document.
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis obligé de me
référer à des situations...
M. Rivest: Pourquoi, je vous demande pourquoi vous avez
signé ça, répondez-moi?
M. Morin (Louis-Hébert): Vous êtes en train de me
parler du bilinguisme en Ontario.
M. Rivest: Bien, c'est important que l'Ontario reconnaisse le
français. Vous avez accordé, en signant ce document, un droit de
veto à l'Ontario. Pourquoi?
M. Morin (Louis-Hébert): Et si l'Ontario reconnaissait le
français, ça voudrait dire que nous, dans cette perspective, on
devrait, selon vous, abandonner les garanties en ce qui concerne le
français au Québec?
M. Rivest: Je n'ai pas d'opinion à émettre ici, je
vous ai posé la question.
M. Morin (Louis-Hébert): Sauf qu'en posant la question,
vous amenez nécessairement la discussion sur ce plan et vous ne voulez
pas la continuer.
M. Rivest: Changeons de sujet.
M. Morin (Louis-Hébert): Écoutez, il faut
être sérieux.
M. Rivest: Pourquoi avez-vous assujetti, par la même
disposition, l'article 9 et cette fois-là, l'article d)? Vous savez, le
premier ministre du Québec fait, de temps à autre, des
déclarations au sujet de la Cour suprême et de la composition de
la Cour suprême, nommée non-élue, comme il l'a dit dans le
message inaugural - chose assez curieuse d'ailleurs - parce que c'est votre
propre démarche qui a amené à soumettre la
résolution fédérale à la Cour suprême. On
tient pour acquis...
M. Morin (Louis-Hébert): Le gouvernement britannique qui
ne voulait pas donner quelque suite que ce soit à la démarche
fédérale...
M. Rivest: Pourquoi avez-vous...
M. Morin (Louis-Hébert): ...c'est important qu'on sache
ça, historiquement, si son texte n'était pas d'abord soumis
à la Cour suprême du Canada.
M. Rivest: Ma question est, pourquoi avez-vous assujetti la
modification à la composition de la Cour suprême du Canada,
à la règle de l'unanimité? Est-ce qu'il y a eu des
raisons?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, il y en a une, on veut
absolument que le Québec, dans cette situation, ait son mot à
dire.
M. Rivest: Dans ce cas-là, pourquoi ne
l'avez-vous pas assujetti à la formule du droit de veto, de
"l'opting out", la formule, telle que prévue?
M. Morin (Louis-Hébert): Parce que la formule de retrait
ne peut pas s'appliquer aux institutions centrales. Écoutez, comment
voulez-vous que la formule de retrait s'applique, d'une part... Je recommence
mon explication, parce que ça peut être compliqué
autrement. Un instant, vous m'avez posé une question, ne changez pas de
question en cours de route.
M. Rivest: Non, vous en avez une bonne, vous.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, justement, j'ai un bon
sujet. La formule de retrait dont parle cette formule d'amendement avec
laquelle nous sommes d'accord et avec laquelle sont d'accord sept autres
provinces, prévoit qu'une province peut refuser de perdre un pouvoir qui
irait vers Ottawa. Seulement, cela ne s'applique pas aux institutions du
gouvernement central. Québec ne peut pas, dans le système actuel,
se retirer du Sénat, se retirer de la Cour suprême.
M. Rivest: Un seul commentaire: Est-ce que, actuellement, dans la
composition de la Cour suprême, le Québec n'a pas des garanties
particulières sur le nombre de juges? Est-ce que le Québec n'est
pas fondé dans...
M. Morin (Louis-Hébert): II y a trois juges.
M. Rivest: ... la continuité historique que vous invoquiez
jadis et que ce document contredit à bien des égards? Je viens de
vous nommer deux ou trois exemples. On a toujours demandé que le
Québec, soit à l'intérieur d'une section constitutionnelle
ou à l'intérieur de la nomination des juges, ait avantage
à ce que la Cour suprême du Canada reflète la
dualité linguistique et culturelle. Vous avez assujetti cela au veto de
l'Île-du-Prince-Édouard, pour être concret. Vous avez
accepté cela, vous avez signé cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant! II faudrait quand
même s'entendre. Ce document...
M. Rivest: II est signé. Qu'est-ce que vous voulez? Je
n'invente rien, c'est votre document.
M. Morin (Louis-Hébert): ... est un document qui porte -
voulez-vous lire le titre de ce texte, voulez-vous me passer votre document, on
va s'entendre, je l'ai ici:
Accord constitutionnel, projet canadien de rapatriement de la
constitution. C'est là-dessus que cela porte, ce n'est pas une nouvelle
répartition des pouvoirs. Cela n'exclut pas...
M. Rivest: M. le ministre...
M. Morin (Louis-Hébert): ... les discussions. Vous avez
même lu tout à l'heure l'article 3 qui porte sur l'avenir.
Actuellement, au moment où on en est, même sans cet accord, toute
modification dont vous parlait la Cour suprême ou n'importe quoi, est
assujettie à encore plus de règles qu'il n'y en a dans ce
texte.
M. Rivest: Vous faites grand état de ce document, et sans
regarder le titre...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est vous qui en faites
état, je n'en avais pas parlé.
M. Rivest: Vous l'avez signé, et je pense qu'il est
important. Vous avez consacré vos vacances l'été dernier,
j'imagine. Quand il s'agit...
M. Morin (Louis-Hébert): Je m'excuse, ce document a
été conçu ce printemps et non l'été
dernier.
M. Rivest: ... de dire: Voici, on a un "opting out", on va
défendre nos intérêts, notre propriété, etc.,
nos privilèges, toute l'affaire, là, le document a une
très grande valeur.
M. Morin (Louis-Hébert): Tantôt il n'en avait
pas!
M. Rivest: Quand il s'agit des concessions que vous avez faites,
qui sont dérogatoires à la continuité historique que vous
nous avez servie allègrement au cours des dernières
années, voilà que soudainement, on découvre le titre du
document et qu'on en limite la portée. Le document a une valeur
égale, autant sur le plan des intérêts et de la
défense des intérêts du Québec que sur le plan des
concessions. Vous avez fait un compromis qui se situe dans la ligne
fédérale et un compromis qu'ultérieurement, sur certains
aspects - je vous en signale: sur le français, sur la composition de la
Cour suprême, sur la formule d'amendement avant une modification
substantielle - compromis que le chef du gouvernement du Québec a
signé et qu'ultérieurement, l'avenir des négociations
constitutionnelles de renouvellement de la fédération, on pourra
toujours mettre ceci sur le nez du Québec, et la belle continuité
historique dont vous faisiez grand état, a certainement
été, pas d'une façon absolument catastrophique,
modifiée substantiellement sur ces trois
exemples. Je pourrais examiner l'ensemble des dispositions que vous
avez. Je vais en donner un autre, tantôt, après avoir entendu
votre commentaire là-dessus. Quand est-ce vrai?
M. Morin (Louis-Hébert): Justement, j'allais vous poser la
question. Comment qualifiez-vous exactement ce document? Tout à l'heure,
votre collègue a dit...
M. Rivest: Je ne le qualifie pas, je prends la lettre.
M. Morin (Louis-Hébert): ... que c'est un document qui ne
vaut rien, et vous, vous dites qu'il a une énorme importance. Quand vous
vous entendrez là-dessus, on saura de quoi on parle.
M. Rivest: D'abord mon collègue n'a pas dit cela. Prenez
ce que je vous dis. C'est moi qui pose les questions, pour l'instant.
M. Morin (Louis-Hébert): II a dit tantôt que cela ne
valait rien, qu'il a même fait des enquêtes auprès...
M. Rivest: Je ne le qualifie pas le document.
M. Morin (Louis-Hébert): Chaque fois qu'il y a quelqu'un
qui...
M. Rivest: C'est votre tactique habituelle de diviser pour
régner. Vous lisez trop, vous!
M. Morin (Louis-Hébert): Pas du tout. J'essaie de
retrouver.
M. Rivest: Répondez à ma question.
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas besoin de vous
diviser pour régner. C'est déjà fait chez vous.
M. Rivest: As-tu dit cela, je ne suis pas d'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, il a dit cela.
M. Rivest: Tu n'aurais pas dû. Je vous pose...
M. Marx: Question de règlement. Je n'ai pas dit ce que le
ministre a dit que j'ai dit. Qu'il vérifie la transcription, il va voir
qu'il se trompe. Je demande au ministre de retirer ses insinuations.
M. Rivest: Vous voyez? Il n'y a pas de division.
M. Morin (Louis-Hébert): Si j'ai insinué quoi que
ce soit, je le retire, mais si j'ai affirmé la vérité, je
la conserve.
M. Rivest: Une autre question...
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant! Vous me disiez tout
à l'heure que nous avions laissé tomber la continuité
historique. Cela avait l'air d'être un crime effrayant.
M. Rivest: Vous nous aviez reproché cela
allègrement.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez dit que
vous-même, vous aviez laissé tomber. Cela va finir par être
usé comme excuse. J'aime autant entendre votre autre question, parce
qu'il semble que...
M. Rivest: Ma question est sur un autre sujet. C'est un autre
aspect de ce document que le premier ministre du Québec a
signé.
M. Morin (Louis-Hébert): Je répète qu'il
s'agit d'un document qui ne vaut que dans la mesure où un certain nombre
de conditions sont respectées, qui sont écrites dans le texte,
c'est-à-dire que les autres gouvernements soient d'accord, qu'il y ait
une négociation qui continue et que le gouvernement
fédéral laisse tomber son coup de force. Voilà. (17
heures)
M. Rivest: C'est quand il s'agit des concessions que le
Québec a faites là-dessus dans une négociation.
Maintenant, quand il s'agit des points que le Québec prétend
avoir gagnés ou que vous dites avoir gagnés, la formule du
retrait... Prenons comme hypothèse, la formule de l'énergie.
Prenons cela comme hypothèse. Je sais que le Québec a
intérêt que le gouvernement fédéral et le
gouvernement de l'Alberta s'entendent, sur une base administrative ou,
même éventuellement, sur une base constitutionnelle pour nos
approvisionnements en matière de pétrole ou de gaz. Supposons
qu'il y a une entente - concrètement, je veux voir comment votre formule
d'"opting out" va fonctionner - sur les richesses naturelles où il y
aurait une notion d'intérêt général du Canada qui
serait développée sur les richesses naturelles, le Québec
exercerait-il avec avantage, à votre avis, sa formule de retrait pour
dire: Non, nous autres, nous ne participons pas à cela et on veut avoir
une compensation fiscale. Comment, à ce moment-là, pour
régler un problème très concret, comme l'approvisionnement
en gaz et en pétrole, la position de l'article 2 ou 3 de votre accord,
en tout cas le jeu de l'"opting out", cela s'appliquerait-il?
M. Morin (Louis-Hébert): Votre question
supposerait qu'il y ait à ce moment-là acceptation par une
majorité de provinces du Canada de transférer...
M. Rivest: Oui, mais attendez, je m'excuse, le Québec n'a
pas le droit de veto, ce sont sept provinces, 50% de la population. Le
Québec risque de passer dans le beurre à l'intérieur de
cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense que vous n'avez pas
compris l'application de cet article...
M. Rivest: Expliquez-le moi.
M. Morin (Louis-Hébert): ... qui touche le retrait
possible d'une province d'une modification constitutionnelle qui ne lui
conviendrait pas. Je vais vous donner un exemple très simple et vous
l'appliquerez après aux ressources naturelles. Si sept provinces du
Canada représentant 50% de la population disent: On veut un amendement
constitutionnel qui fait que le gouvernement fédéral est
dorénavant responsable de l'éducation. Le Québec dit:
Faites-le, si vous voulez, nous ne voulons pas, nous conservons notre
juridiction en matière d'éducation. Cependant, vous autres, le
reste du Canada, si vous voulez le donner à Ottawa, c'est votre affaire.
Changez la constitution dans ce sens, mais en ce qui nous concerne, cela ne
s'applique pas chez nous, première chose.
Deuxièmement, si les autres provinces, en vous transférant
cette responsabilité, en retirent des avantages financiers, parce que
vous allez payer à leur place l'éducation, très bien, mais
il nous faut une compensation à nous au Québec, parce que nous
gardons l'éducation. C'est cela que cet accord veut dire
essentiellement. Appliquez-le à n'importe quel autre...
M. Rivest: Apportez-le donc votre même raisonnement aux
richesses naturelles en regard de nos besoins en matière de
pétrole et de gaz.
M. Morin (Louis-Hébert): Votre exemple supposerait que
sept provinces du Canada représentant 50% de la population
décident d'accepter que le gouvernement fédéral soit
dorénavant responsable de leurs richesses naturelles. C'est cela que
cela voudrait dire. Cela voudrait dire que l'Alberta dirait: J'accepte que le
gouvernement fédéral ait juridiction sur mes richesses
naturelles. Dans ce cas, je pense que le Québec n'accepterait pas que le
fédéral ait juridiction...
M. Rivest: Je comprends votre enthousiasme sur ce point. Cela ne
préjuge pas de la souveraineté de tout cela...
M. Morin (Louis-Hébert): Cela garde l'avenir ouvert.
M. Rivest: C'est cela, oui, le cap sur l'avenir!
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela qui est très
important, tandis que vous autres, vous êtes disposés à le
fermer maintenant.
M. Rivest: C'est exactement le point que je voulais vous faire
dire...
M. Morin (Louis-Hébert): Garder l'avenir ouvert, je trouve
au contraire qu'on doit s'en vanter.
M. Rivest: Mais au total, disons que...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est très important
qu'une population sache que son gouvernement garde l'avenir ouvert, tandis que,
vous autres, vous voulez l'enfermer.
M. Rivest: Très bien. Mais parlons de Claude Morin avant
1971, lorsqu'il travaillait...
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais parler de Jean-Claude
Rivest avant 1971.
M. Rivest: ... de très bonne foi dans le renouvellement du
fédéralisme. Croyez-vous honnêtement - c'est une opinion,
M. le Président, c'est à l'encontre du règlement, une
opinion d'un expert, indépendamment de l'homme politique, Claude Morin -
qu'une formule d'amendement de ce type, compte tenu du Canada, de la
réalité du Canada sur le plan culturel, sur le plan
économique, les disparités, enfin de tout l'ensemble,
appliquée pendant dix, quinze ou vingt ans, au fil des années,
avec les problèmes qu'un pays comme le Canada connaît où
tout le monde irait "in and out" sur différents sujets, selon ses
intérêts fondamentaux, les intérêts du Québec
ou les intérêts régionaux, est-ce que vous croyez qu'un
régime fédéral sur un pays aussi diversifié que le
Canada peut supporter ou enfin peut vivre sur une telle base?
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis très content de la
question qui est posée. Si vous me permettez, M. le Président, vu
qu'il m'a posé une question personnelle, je vais me
référer à mon expérience personnelle. À deux
moments dans mon expérience personnelle j'ai vécu une situation
où le Québec a exercé son droit de veto: une fois en 1971
et le député de Jean-Talon y était. Je me souviens que le
soir où le cabinet de M. Bourassa a décidé de ne pas
accepter la formule de Victoria, il m'a appelé à mon bureau me
disant: C'est réglé on ne l'accepte pas.
M. Rivest: Qui vous a appelé?
M. Morin (Louis-Hébert): Jean-Claude Rivest m'a
appelé.
M. Rivest: J'avais un bon texte ce soir-là.
M. Morin (Louis-Hébert): Un excellent texte sauf qu'il ne
parlait pas exactement du sujet, mais cela est une autre question.
M. Rivest: Vous y avez consenti.
M. Morin (Louis-Hébert): Compte tenu du gouvernement qu'on
avait à l'époque, M. le député de Jean-Talon va
reconnaître que c'était le plus loin qu'on pouvait aller.
M. Rivest: Abandonnons cela, c'est de l'histoire.
M. Marx: Est-ce que le ministre croyait à la
souveraineté à cette époque?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non.
M. Rivest: Non, le sous-ministre était très loyal,
très intègre et très compétent.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, j'ai assez d'idées
pour en changer.
M. Rivest: On voit cela aujourd'hui. Avez-vous assez
d'idées pour en mener deux en même temps, le
fédéralisme et la souveraineté?
M. Morin (Louis-Hébert): J'en ai plusieurs. Il s'agit
d'accepter qu'en politique il y a des situations dynamiques et des situations
stériles et vous optez toujours pour des situations stériles.
M. Marx: Pas tolérant...
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, je veux
répondre de façon intelligente mais je suis interrompu de
façon non intelligente.
M. Rivest: Là, il y a une question de
règlement.
M. Morin (Louis-Hébert): Sérieusement, en 1971,
j'ai vécu cette expérience-là et en 1965 aussi avec M.
Lesage alors qu'on avait refusé la première formule dite
Fulton-Favreau de rapatriement et d'amendement constitutionnel. Mais j'ai
vécu ces deux fois-là une situation où le Québec
était torturé sachant que par sa décision il bloquait neuf
autres provinces et le gouvernement fédéral dans la voie
où eux voulaient aller. Je suis convaincu, moralement convaincu à
l'expérience, et je suis seul dans cette salle qui l'ait vécu
deux fois, qu'un gouvernement, que ce soit celui du Québec ou un autre,
ne peut pas inconsidérément, constamment et à tout bout de
champ recourir à ce fameux veto parce que c'est une arme ultime. De
sorte que, si le veto que le Québec a à sa disposition, il s'en
sert à tous les deux mois pour bloquer quelque chose que le reste du
Canada veut, cela veut dire qu'il est l'éternel empêcheur de
tourner en rond, qu'il bloque l'évolution des autres et il finit par
être à la longue ostracisé par les autres gouvernements au
Canada. Il fallait trouver une autre formule que celle-là. C'est celle
que nous avons élaborée là-dedans qui a été
suggérée par d'autres provinces. Ce n'est même pas nous qui
y avons pensé. Nous l'avons travaillée, nous l'avons
améliorée et vous l'avez maintenant devant vous.
Je pense qu'elle a l'avantage de ne pas mettre le Québec dans une
situation où il est obligé de tenir tête à
l'ensemble du Canada et d'empêcher leur propre évolution, alors
qu'il peut les laisser aller maintenant dans la direction qu'ils veulent, tout
en sauvegardant, lui, ce qu'il considère être ses droits et ses
responsabilités fondamentales.
Je vais vous signaler une chose qui est importante et qui est
sous-jacente à votre raisonnement. Si vous préférez la
formule où il y a un droit de veto pour le Québec sur l'ensemble
du Canada ou si vous dites plus exactement que cette formule peut conduire
à un Canada où les compétences varient d'une province
à l'autre, si vous craignez cela, cela veut dire que vous rejetez la
formule à laquelle on est arrivé comme compromis, celle qui
permet un droit de retrait. Cela veut donc dire que vous en voulez une autre.
Cela veut dire que, dans votre esprit, le Canada de l'avenir ne serait bon, en
supposant que ce soit le système fédéral qui soit
maintenu, que dans la mesure où on conserve l'uniformité d'une
province à l'autre. C'est contraire à l'enseignement de la
réalité et à l'enseignement des commissions royales
fédérales d'enquête, la dernière étant la
commission Pepin-Robarts.
M. Rivest: Notre livre beige également.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est même contraire
à votre livre beige. Votre continuité historique n'est pas bien
longue.
M. Rivest: Non, on ne croit pas cela. Ne nous imputez pas d'y
croire.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est justement, vous n'y croyez
pas mais attention. C'est le résultat de votre attitude. C'est que si
vous ne permettez pas une formule qui est plus flexible, comme celle que nous
avons maintenant, si vous revenez à l'ancienne formule, ou bien vous
bloquez le reste du Canada, et là vous finissez par avoir l'air
bête par rapport aux autres, ou
bien vous cédez au reste du Canada, et vous perdez des pouvoirs.
C'est cela qui arrive.
M. Marx: Est-ce que le ministre connaît des systèmes
fédéraux où il y a un droit de retrait?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est celui que nous avons
déjà commencé à appliquer ici au Canada, il y a
quelques années, pas sur le plan constitutionnel encore, mais sur le
plan administratif.
M. Marx: Sur le plan constitutionnel est-ce que le ministre
connaît un système fédéral où il y a un droit
de retrait?
M. Morin (Louis-Hébert): On va en parler de cela. Combien
y a-t-il de systèmes fédéraux au monde où vous
avez, à l'intérieur du même État, deux groupes
nationaux, comme nous avons ici, c'est-à-dire un groupe anglophone
majoritaire et un groupe francophone minoritaire? Vous avez l'URSS qui est une
fédération avec Dieu sait combien de nationalités, mais
vous avez l'Allemagne de l'Ouest qui est une fédération avec une
langue, l'Australie avec une langue et bien d'autres pays avec une langue. Il
n'y a pas de situation exactement semblable à celle que nous vivons ici.
Donc il faut inventer. Si vous êtes favorables au
fédéralisme renouvelé, vous devriez vous efforcer
d'inventer un fédéralisme qui tienne compte de cela. Votre livre
beige est passé à côté de cette
affaire-là.
M. Marx: Le ministre n'a pas répondu à ma question,
il a donné une explication sur d'autre chose.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais vous répondre.
Vous me demandez: Est-ce qu'il existe d'autres fédérations au
monde où il y a un droit de retrait? Il existe une chose qui est
absolument importante...
M. Marx: Je peux vous donner un avis, M. le ministre, mais je ne
peux pas vous envoyer une facture. Mais je vais vous donner l'avis. Oui, il y a
beaucoup de systèmes fédéraux où il y a deux
groupes ethniques, des langues différentes; on peut parler de la Russie,
il y a des États africains, il y avait d'autres systèmes
fédéraux autour du monde. Est-ce que le ministre connaît un
système fédéral où il y a le droit de retrait
constitutionnel, en ce qui concerne l'amendement constitutionnel?
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant. Si on n'a pas le
droit de retrait, cela veut dire qu'il faudrait se soumettre à la
volonté majoritaire, en l'occurrence canadienne-anglaise au Canada, pour
perdre des responsabilités?
M. Marx: Vous avez déformé ce que j'ai dit avant.
Avant, nous avons dit que notre position constitutionnelle est que le
Québec ait toujours un droit de veto.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord.
M. Marx: Je pense qu'on peut dire que cela est sacré. Tout
le monde s'entend sur cela. Toutes les formations politiques au
Québec s'entendent sur cette question. Ce n'est pas la même
chose d'avoir un droit de retrait constitutionnel et d'avoir un veto sur un
amendement constitutionnel.
M. Morin (Louis-Hébert): Nous, on croit qu'il y a deux
sociétés au Canada et qu'elles devraient évoluer chacune
à sa façon.
M. Rivest: Cela, c'est la souveraineté-association. Quand
vous m'avez répondu...
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant.
M. Marx: Le ministre a pris une note. Peut-être qu'il a la
réponse maintenant.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a deux
sociétés au Canada et elles doivent évoluer chacune
à sa façon et c'est la liberté de chacune de disposer
d'elle-même comme il lui convient, comme elle l'entend.
Nous pensons que la solution qui consiste à donner un droit de
veto au Québec sur l'ensemble du Canada peut marcher une fois ou deux.
Cela a marché deux fois dans les dernières
générations. Très bien.
Seulement, cela veut dire que vous donnez au Québec la
responsabilité et l'odieux - parce que c'est cela qu'il ne faut jamais
oublier - de bloquer le reste du Canada dans l'évolution qu'il
souhaiterait.
M. Rivest: Ce n'est pas juste le Québec. Les autres
provinces ont des intérêts également.
M. Marx: Est-ce que le ministre a trouvé cela odieux quand
le Québec a bloqué le...
M. Rivest: II n'était pas très heureux.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous pourriez demander à
M. Bourassa s'il a trouvé intéressant de bloquer les autres. Il
s'est dépêché de partir de Victoria parce qu'il avait peur
d'être obligé de leur dire sur place qu'il n'était pas
d'accord.
Le Président (M. Blank): Le député de
Verchères a une question.
M. Charbonneau: Juste une petite remarque, M. le
Président, avant de poser
une question au ministre. Vous vous préoccupez beaucoup... Si le
système fonctionnait pour le reste du Canada, vous êtes
prêts à nous donner le droit de veto, mais, pour le reste, vous
vous interrogez. J'ai l'impression que c'est au reste du Canada à savoir
s'ils forment, ces gens-là, une société, si, dans ce
sens-là, ils veulent se comporter comme un peuple, ou s'ils veulent se
comporter comme différents peuples qui contrôlent chacun une
province, chacun un État provincial. Ce n'est pas à nous à
régler leur problème. C'est à eux à le
régler.
Entre-temps, je voudrais demander ceci au ministre: Est-ce que les
concessions dont parle le député de Jean-Talon, qui ont
amené l'accord, est-ce que ces concessions, s'il en existe, si elles
n'avaient pas été faites, est-ce qu'il y aurait eu accord, d'une
part? Et, deuxièmement, s'il n'y avait pas eu accord, quelles en
auraient été les conséquences sur l'objectif qui semble
être commun des deux côtés de la table, bien que j'en doute,
de maintenir et d'accroître le contrôle des Québécois
sur le Québec? Est-ce qu'il y aurait eu accord s'il n'y avait pas eu ces
concessions? Et quelles auraient été les conséquences d'un
non-accord entre les différentes provinces qui, actuellement, s'opposent
au gouvernement fédéral?
M. Morin (Louis-Hébert): En gros, la conséquence
d'un non-accord, parce que cela se généralise de la façon
suivante, la conséquence de l'inexistence d'un front commun de provinces
contre le coup de force fédéral serait que le coup de force,
à l'heure actuelle, serait probablement réalisé, que le
Québec se trouverait à être rangé pour toujours, ou
presque, au rang de province comme les autres, en ayant perdu les garanties qui
ont fait qu'il a accepté le système fédéral en
1867, c'est-à-dire les garanties sur la langue, notamment, en plus de
vivre dorénavant dans un système où les élus du
peuple perdraient leurs pouvoirs par rapport à des personnes non
élues, c'est-à-dire des juges. Et cela est tout le
problème de la charte des droits dont on n'a pas parlé
jusqu'à maintenant, parce que c'est beaucoup plus dramatique que ce
qu'on a eu justement l'occasion d'expliquer à la population.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Je ne sais pas si le ministre avait
terminé.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Charbonneau: Dans ce cas-là, si le
fédéral avait gagné et si ces conséquences
s'étaient produites, est-ce qu'à votre avis -parce que le
député de Jean-Talon s'est permis de vous demander des avis
d'experts -ces conséquences auraient été beaucoup plus
graves pour les Québécois que les appréhensions que
témoigne le député de Jean-Talon sur l'accord qui est
actuellement signé?
M. Morin (Louis-Hébert): Les conséquences auraient
été beaucoup plus graves pour le Québec que pour n'importe
quelle autre province. Non seulement...
M. Charbonneau: II y en a qui s'interrogent sur ces questions.
Mais peut-être que, si vous les posiez, on ne poserait pas ces questions.
(17 h 15)
M. Rivest: C'est la réponse qui nous inquiète.
M. Charbonneau: Tant mieux, moi aussi.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela a besoin de vous
inquiéter parce que justement le Québec aurait subi beaucoup plus
de dommages de la réalisation de ce coup de force fédéral
que les autres provinces, parce que non seulement dans ses compétences
qui correspondent à celles des autres provinces, il aurait
été affecté, mais en plus de cela en matière de
langue et d'enseignement, il aurait été davantage affecté
que les autres parce qu'on est la seule province de langue française au
Canada.
M. Rivest: Quand le ministre répond à la question
du député de Verchères, lorsqu'il dit que si l'accord
n'avait pas été signé, ce serait déjà fait
le rapatriement et tout l'appareillage fédéral qui
l'accompagne... Cela, permettez d'en douter parce que ce qui a bloqué
pour l'instant, c'est tout le processus judiciaire qui a été
engagé.
M. Morin (Louis-Hébert): Qui a été
engagé pourquoi? C'est cela qu'on doit se poser comme question.
M. Rivest: Votre accord est du 16 avril tandis que le processus
judiciaire a été engagé bien avant cela.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai bien dit tantôt que
s'il n'y avait pas eu l'accord et s'il n'y avait pas eu au-delà de cela
le front commun, je l'ai mentionné, on n'aurait pas réussi
jusqu'à maintenant.
M. Rivest: En tout cas, l'accord, j'ai signalé certains
points, certaines concessions qui brisent la continuité historique.
La Cour suprême, pour passer à cette dimension sur la
résolution fédérale, les plaidoiries... Est-ce que le
ministre a des indications sur le moment où le jugement va survenir?
M. Morin (Louis-Hébert): Aucune indication de vraiment
précise. Il y a une énorme machine à rumeurs qui est en
marche actuellement. Cela peut venir aussi bien la semaine prochaine que dans
l'autre, ou même l'automne prochain, ou même l'été
prochain. Alors, on ne le sait vraiment pas. On ne peut pas le demander non
plus.
M. Rivest: Cette décision de la Cour suprême, il y a
trois hypothèses, je pense que vous y avez...
M. Morin (Louis-Hébert): II y a trois grandes familles de
possibilités.
M. Rivest: C'est cela. Alors, ou ils disent au
fédéral: Très bien, allez-y, ou ils disent: Non, ou ils
disent: Allez-y peut-être pour le rapatriement, mais non pour la charte.
Le ministre des Affaires intergouvernementales s'est rendu à Winnipeg
avec son collègue, le leader parlementaire.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
M. Rivest: On sait une chose qui nous a été
annoncée dans le discours inaugural, à savoir que si la
décision - un peu curieusement parce qu'on a un peu
préjugé que la décision de la Cour suprême serait
négative aux prétentions des provinces -était dans ce
sens, on a parlé d'un moyen, d'un suivi. Je m'intéresse au suivi,
aux prochaines étapes que le ministre et ses collègues
fédéralistes signataires de l'entente du 16 avril ont l'intention
de prendre pour le suivi. Est-ce que le ministre est en mesure, ou si c'est de
la haute stratégie secrète, de nous indiquer ce qu'il arrivera,
selon les hypothèses? Je conçois que le problème
judiciaire ou juridique est un autre aspect politique. Mais quelles sont les
étapes prochaines ou les actions prochaines que le gouvernement du
Québec entend prendre avec ses cosignataires fédéralistes
dans l'entente du 16 avril 1981?
M. Morin (Louis-Hébert): Rappelons ici, avant d'aller plus
loin parce que c'est important de faire la distinction, que le jugement de la
Cour suprême, au fond, va dire s'il était favorable à
Ottawa et va dire: Vous avez le droit, vous, le gouvernement
fédéral, d'envoyer à Londres la résolution que vous
avez. Cela ne veut pas dire que la Cour suprême se prononcerait
nécessairement sur le contenu de cette résolution. On ne le sait
pas, mais c'est une possibilité. En somme, cela veut dire: Vous avez le
droit d'envoyer une lettre à Londres. Mais cela ne détermine pas
si le contenu de la lettre est moral, légitime ou correct. C'est une
autre question. Par conséquent, la légalité est distincte
de la légitimité ou de la moralité.
Cela étant dit, on n'a pas présumé du tout que la
réponse de la Cour suprême serait négative par rapport aux
provinces. Il y a trois possibilités, mais une de celles-là,
c'est que ce soit effectivement négatif par rapport aux provinces. Si
c'est cela - c'est ce que le premier ministre a mentionné dans son
discours inaugural - des gestes seront posés parce que même si,
légalement, Ottawa peut envoyer un papier à Londres, cela ne veut
pas dire qu'on accepte le contenu du papier. M. Peckford en a parlé et
tout le monde d'ailleurs. On a renouvelé, la semaine
dernière...
M. Rivest: Surtout s'intéresser à l'esprit, pas
à la lettre.
M. Morin (Louis-Hébert): ...notre position au contenu de
ce coup de force fédéral. L'Assemblée nationale aura
à se pencher sur la signification de cette décision de la Cour
suprême. Cela veut dire qu'à ce moment-là, il y aura des
positions à prendre. Je ne peux pas savoir lesquelles encore; je ne
connais pas le jugement; je ne sais pas en quels termes il va être
couché. Ensuite, il faudra probablement effectuer des démarches
auprès de Londres. J'ai déjà dit cela, la semaine
dernière, en revenant de Winnipeg. J'ai confirmé que les
provinces étaient désireuses, advenant un jugement négatif
par rapport à nous, d'aller à Londres. À Londres, on a
déjà fait beaucoup de progrès et tellement que M. Joyal,
en revenant de sa mission, l'autre jour, a dit, à Ottawa, qu'il faut
absolument que le fédéral envoie plus de monde. Par
conséquent, je pense qu'en Grande-Bretagne, le problème est
beaucoup mieux compris qu'il l'était...
M. Rivest: Le ministre trouve...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. Nous avons demandé
à Jacques-Yvan Morin de se rendre à Londres avant que le jugement
de la Cour suprême n'intervienne justement pour faire cette distinction,
dont j'ai parlé tantôt, entre la légitimité et la
légalité du geste.
M. Rivest: Qu'est-ce que l'autre Morin est allé faire
à Londres? Pourquoi fallait-il qu'il y aille à ce moment-ci?
M. Morin (Louis-Hébert): Voici, il a été
décidé, entre les provinces, d'accentuer notre action par rapport
à Londres - on en avait parlé d'ailleurs au mois de mars et
c'était ma dernière rencontre avec les provinces avant les
élections, je leur ai dit: Aurevoir, je vous reverrai après les
élections. C'est ce qui est arrivé d'ailleurs...
M. Rivest: Hélas.
M. Morin (Louis-Hébert): Hélas, oui pour vous
autres.
M. Rivest: Vous êtes bien cruels!
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. Vous nous avez aidés
un peu quand M. Ryan est allé dire qu'il n'irait même pas à
la réunion des provinces. Ce n'était pas la découverte du
siècle. Je sais que vous partagez peut-être mon avis, alors je ne
vous demanderai pas de le formuler ouvertement.
Donc, on avait décidé à ce moment-là, au
niveau des provinces de s'activer un peu plus par rapport à Londres
parce que, comme la cause était rendue devant la Cour suprême, il
y avait tendance de la part de certaines provinces de dire: On va attendre ce
que la Cour suprême va dire et après cela on agira. Nous on a dit:
Non, il faut continuer à expliquer aux Britanniques ce qui en est. La
décision de principe a été prise au mois de mars,
d'envoyer des Québécois, des ministres à Londres pour
expliquer ce que je viens de vous dire.
Les élections sont venues et cela a été un
délai évidemment dans notre action londonnienne, et
aussitôt que cela été possible, on a envoyé un
ministre, M. Jacques-Yvan Morin, conformément à cette
décision prise au mois de mars et reconfirmée encore la semaine
dernière.
M. Marx: M. le ministre, j'ai deux questions. La première
question, que j'adresse au ministre: Est-ce que c'est le ministre
lui-même qui a suggéré que ce soit Jacques-Yvan Morin qui
aille à Londres pour le gouvernement?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est une suggestion qui m'a
été transmise par notre délégué à
Londres, qui m'a dit: Comme vous viendrez plus tard, en parlant de
moi-même nécessairement, si la décision est
négative, il serait important d'envoyer quelqu'un tout de suite. On
pouvait penser à un certain nombre de personnes et il a
suggéré, entre autres, M. Jacques-Yvan Morin. J'en ai
parlé à Jacques-Yvan Morin qui s'est montré d'accord. J'en
ai parlé ensuite à M. Lévesque qui a aussi
été d'accord. Un des problèmes était qu'au
même moment où cette mission était envisagée,
c'est-à-dire la semaine dernière, à l'époque, je
devais être à une réunion à Winnipeg; il y a eu un
changement à l'horaire de mon collègue et c'est cette semaine
qu'il est à Londres plutôt que la semaine dernière. Mais
cette semaine, j'ai des crédits, ici, alors de toute façon, je
n'étais pas disponible pour cette mission. C'est moi qui lui ai
demandé d'y aller.
M. Marx: Donc, la suggestion est venue de Londres...
M. Morin (Louis-Hébert): De Londres vers moi, et j'ai
retenu le nom.
M. Marx: De notre délégation à Londres et le
ministre était tout à fait d'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est moi qui ai demandé
à M. Jacques-Yvan Morin d'y aller et je l'ai vu juste avant son
départ, deux fois la semaine dernière, pour...
M. Rivest: Le ministre a évoqué la rencontre qu'il
a eue à Winnipeg. Est-ce qu'il y a des éléments dont vous
pourriez faire rapport?
M. Marx: J'ai une deuxième question.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez été
interrompu par votre collègue, je m'excuse...
M. Marx: Je permets à un député de ma
formation politique de m'interrompre, mais je ne le permets pas aux
députés ministériels, parce qu'un député de
ma formation politique peut compléter une de mes questions.
M. Morin (Louis-Hébert): Puis parfois c'est
nécessaire, oui.
M. Marx: De temps en temps, c'est nécessaire... Disons que
je vous ai déjà expliqué, M. le ministre, notre position
constitutionnelle, selon laquelle nous sommes contre toute modification
unilatérale de la constitution canadienne, mais supposons que la Cour
suprême donne raison au gouvernement fédéral et que durant
une fin de semaine, la constitution canadienne soit ramenée au Canada
avec la charte, disons avant le premier juillet, ou avant le 10 ou le 15
juillet. Quelle serait la position du ministre si tout cela se fait et
qu'est-ce qu'il va faire? A-t-il des projets d'action?
M. Morin (Louis-Hébert): Quand le député de
D'Arcy McGee dit: Si la Cour suprême donne raison à Ottawa, je
voudrais revenir sur l'expression "donner raison". Il ne faut pas induire le
public en erreur. Si la Cour suprême donne raison à Ottawa, on
verra...
M. Marx: ...pour gagner du temps, je veux dire donner raison au
gouvernement fédéral, c'est-à-dire que c'est le feu vert,
que le fédéral peut procéder, comme il entend le faire,
sur tout le projet.
M. Morin (Louis-Hébert): II peut procéder, c'est
ça que ça voudrait dire, donner raison, mais ça ne
signifierait pas que le geste qu'il a le droit de poser est un geste
correct.
M. Marx: Cela, c'est une autre question.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, oui, c'est ça que je
veux dire.
M. Marx: On peut s'entendre...
M. Morin (Louis-Hébert): Vous confirmez ce que je suis en
train de dire.
M. Marx: Je posais la question sur le plan juridique. Supposons
que la Cour suprême donne raison au gouvernement fédéral et
que celui-ci, en fonction de cette décision, demande à Londres
d'adopter le projet fédéral. Supposons que Londres adopte le
projet avant le 15 juillet et une fois que c'est fait, quelle serait la
position du gouvernement du Québec à cette époque?
Après que tout serait fait, que la constitution serait ici, avec la
charte, tout ça, que c'est imposé par le fédéral,
est-ce que le ministre a déjà des projets d'action pour parer une
telle éventualité?
M. Morin (Louis-Hébert): Vous dites avant le 15 juillet,
je ne suis pas sûr que cela arriverait avant le 15 juillet, je ne suis
même pas du tout sûr que ça arriverait.
M. Marx: C'est une supposition...
M. Morin (Louis-Hébert): Si cela arrivait avant le 15
juillet et que la Grande-Bretagne, suivant l'avis donné par le
fédéral, acceptait le coup de force fédéral,
ça voudrait dire un certain nombre de choses que les
Québécois ont besoin de savoir et qui sont très lourdes de
conséquences. Premièrement, ça voudrait dire, supposons,
ce que je viens de vous mentionner, que c'est effectivement le Parlement de
Londres qui change la constitution du Canada. Donc, ce n'est pas vrai que le
Canada est un pays souverain dans cette perspective. C'est donc le gouvernement
britannique qui change la constitution.
Deuxièmement, le changement de la constitution demandé par
Ottawa et accepté dans cette hypothèse par Londres voudrait dire
que le gouvernement fédéral a le droit de changer, à
l'intérieur d'un système soi-disant fédéral, les
compétences des provinces sans leur accord.
Cela voudrait dire, troisièmement, que ce n'est pas vrai, dans
cette perspective, contrairement à ce qu'on nous dit depuis 114 ans,
qu'Ottawa est souverain dans son domaine et que les provinces le sont dans le
leur. Cela devient la destruction automatique et définitive d'un des
arguments des fédéralistes en faveur du système actuel,
c'est-à-dire que le système protège le Québec et
protège les provinces, puisqu'il s'agit de deux ordres de gouvernement
qui ont chacun leur compétence, qui sont indépendants l'un de
l'autre et qu'ils doivent coopérer ensemble. Cela voudrait dire que ce
n'est pas vrai qu'ils sont indépendants l'un de l'autre, ça
voudrait dire que le gouvernement central a autorité sur nos propres
compétences, donc, que le système fédéral n'est pas
celui qu'on pensait qu'il était depuis 114 ans.
Il va falloir que, comme fédéralistes et partisans du
système, vous révisiez vos arguments bien sérieusement, si
c'est ça qui arrive, parce que ça veut dire, à ce
moment-là...
M. Marx: Ce n'est pas ça la question.
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant. Oui, c'est ça
la question.
M. Marx: Non, non. Vous parlez...
M. Morin (Louis-Hébert): Attendez, je vais arriver,
j'arrive...
M. Marx: ...des effets, mais j'ai parlé des projets
d'action.
M. Morin (Louis-Hébert): Bien oui, mais pour parler des
réactions, on peut avoir...
M. Marx: Je connais les effets, je ne suis pas...
M. Morin (Louis-Hébert): Vous les connaissez, mais vous ne
parlez pas souvent des effets. J'en parle, moi, parce qu'il faut que les
citoyens le sachent.
M. Marx: On peut parler des effets, je veux...
M. Payne: Sur un point de règlement.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela voudrait dire, par exemple,
on en parlait tantôt, qu'on n'a jamais...
Le Président (M. Blank): Question de règlement.
M. Payne: Je pense que c'est très important, vraiment,
pour la première fois, on a la possibilité d'entendre le ministre
sur une question de fond. J'implore M. le Président pour que le
député de D'Arcy McGee se taise, s'il vous plaît;
M. Marx: Question de règlement. Ce n'est pas la
première fois que j'entends le ministre parler de cette question. Il
parle de ça...
M. Payne: Laissez-le parler alors.
M. Marx: ...depuis des mois et des semaines. Si vous n'avez pas
lu les journaux, si c'est la première fois que vous entendez
ça...
M. Blais: Alors, pourquoi lui posez-vous la question?
M. Marx: C'est moi qui pose les questions et il ne répond
pas aux questions. Ma question était: Est-ce qu'il a des projets
d'action, si tout ça arrive? Les effets, je comprends ça aussi.
Ce n'est pas ça qu'on veut savoir. On veut savoir quel est votre projet
d'action, si ça arrive.
M. Morin (Louis-Hébert): Justement, vous me parlez de
projets d'action. Pour comprendre ce que peuvent être ces projets
d'action et les évaluer, il faut savoir à quoi s'appliquent les
projets d'action, à quel drame politique ça s'applique, à
quelle catastrophe politique ça s'adresserait. C'est ça que je
suis en train de définir. Je suis en train de vous dire que si cette
décision arrivait et qu'on mette les conditions, dans le sens que vous
avez évoqué dans votre hypothèse, ça voudrait dire
que ça fait 114 ans qu'on se fait dire des erreurs sur le système
fédéral, qu'on se fait convaincre que le système
fédéral est le bon système à partir d'arquments qui
ne sont pas vrais. C'est ce que cela voudrait dire. Cela voudrait dire que les
garanties qu'on est censé avoir, cela n'existe plus, parce que vous
savez que les avocats fédéraux ont dit devant la Cour
suprême que le pouvoir du gouvernement fédéral pouvait
aller jusqu'à et y compris abolir les provinces, abolir l'article 91.
C'est ce que cela veut dire. Ils l'ont dit, vous le savez, vous êtes un
éminent constitutionnaliste avec mon collègue Jacques-Yvan Morin
- il faut que je le dise de temps en temps pour que les gens le sachent comme
il faut, parce qu'il faut que cela paraisse parfois... (17 h 30)
M. Marx: Les avocats du fédéral ont eu tort dans
leur plaidoirie!
M. Morin (Louis-Hébert): Ils l'ont dit...
M. Marx: Le ministre doit savoir que tout se plaide à la
Cour suprême...
M. Morin (Louis-Hébert): Très bien, mais
attention...
M. Marx: ... mais tout ne se gagne pas.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous dites qu'ils ont eu tort
dans leur plaidoirie. Supposons que la Cour suprême donne raison à
cette plaidoirie; cela voudrait dire qu'ils ont raison. On ne changera pas
d'hypothèse en cours de route. Votre savant collègue a
très bien exposé une hypothèse possible et je continue
dans celle-là. La Cour suprême - je l'aime beaucoup cette question
- donne raison sur le plan de la légalité à Ottawa; cela
veut dire, en termes concrets, que tout ce qu'on nous a dit sur le
système fédéral depuis des générations, ce
n'est pas vrai, et qu'on vient d'avoir la vérité
révélée soudainement à la suite d'une
décision de la Cour suprême - c'est ce que cela voudrait dire -
que ce n'est pas vrai que les provinces sont compétentes de façon
souveraine dans leur domaine, que ce n'est pas vrai que le gouvernement
fédéral n'a pas le droit de changer unilatéralement leurs
compétences, que ce n'est pas vrai qu'on a un droit de veto - on en
parlait tantôt -tout cela est faux. C'est ce que cela voudrait dire. Cela
voudrait dire qu'on assisterait à une sorte de révélation
en ce qui concerne le système fédéral au-delà de
tout ce qu'on aurait pu imaginer, même dans nos moments les plus
aberrants d'imagination. Cela veut dire, à ce moment, que toute l'assise
de l'argumentation des fédéralistes et des gens qui disent que le
fédéralisme garantit l'autonomie des provinces devient fausse.
Cela veut dire qu'il n'y a plus de garantie pour l'avenir.
M. Marx: Vous avez un plan d'action, M. le ministre. Votre
adjoint parlementaire a dit, il y a quelques minutes, qu'il y a toujours le
plan d'action Peckford. Est-ce que ce serait votre plan d'action? Est-ce que
vous avez un plan d'action? Est-ce que vous voulez...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, on a beaucoup
réfléchi à cette question.
M. Marx: Voilà. Parlez de vos plans d'action.
M. Morin (Louis-Hébert): Le premier plan d'action est
d'abord d'aller à Londres empêcher que cela arrive.
M. Marx: M. le ministre, je posé une hypothèse.
Parlez dans le cadre de cette hypothèse.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne veux pas répondre
à des questions hypothétiques comme celles-là.
M. Marx: Vous avez fait un discours sur une hypothèse.
Vous avez dit...
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas répondu.
M. Marx: ... que vous avez un plan d'action, que vous avez
réfléchi...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais...
M. Marx: Faites-nous un discours sur vos réflexions.
M. Morin (Louis-Hébert): Le maire Jean
Drapeau, qui a eu un certain succès politique dans sa vie, m'a
donné un conseil à un moment donné, il y a très
longtemps. Il a dit: II ne faut pas répondre à des questions
hypothétiques, parce qu'une question hypothétique qui apporte une
réponse apporte nécessairement une réponse
hypothétique, laquelle resoulève des questions
hypothétiques. On perd complètement le fil de la
réalité.
M. Marx: J'en ai une autre.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est pour cela que je n'ai pas
répondu.
M. Marx: M. le Président, le ministre ne doit pas nous
faire toute cette histoire. S'il ne veut pas répondre aux questions,
qu'il dise qu'il ne veut pas répondre aux questions. On va passer
à d'autres. Ce n'est pas nécessaire qu'il réponde à
chaque question. S'il n'a pas voulu répondre à cette
hypothèse, qu'il nous le dise au début, on passera à
d'autres questions. On ne veut pas l'embarrasser.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ce que je viens de vous
dire.
M. Marx: S'il n'a pas de projet d'action, s'il n'a rien, si ce
sont des réflexions vides, on ne va pas l'embarrasser, ce n'est pas
cela.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a une chose de sûre,
c'est que dans un premier temps le gouvernement du Québec - et
j'espère que vous allez nous aider si cette malheureuse hypothèse
se réalisait, encore que je n'accorde pas une foi absolue à vos
vélléités ultérieures de nous aider - va expliquer
aux Québécois un certain nombre de conséquences que cela
entraîne. Il y a bien du monde qui va les expliquer.
M. Marx: Une dernière question, parce que je vois que vous
ne voulez pas répondre, est-ce que le gouvernement du Québec est
d'accord avec le plan d'action Peckford tel que souligné par votre
adjoint parlementaire?
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais
préciser que je n'ai rien souligné. J'ai signalé au
député l'existence de ce plan tout simplement.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne le connais pas,
malheureusement.
M. Marx: On va prendre deux minutes pour vérifier le
plan...
M. Morin (Louis-Hébert): J'espère que ce n'est pas
celui qui concerne Hydro-Québec?
M. Marx: Est-ce que vous pourrez prendre connaissance du plan
d'action Peckford? On va discuter de cela à 20 heures.
M. Rivest: M. le Président, est-ce que le ministre
accepterait, ou la commission, de faire une courte pause constitutionnelle pour
permettre à mon collègue, le député de Hull,
d'interroger le ministre sur un certain nombre de dossiers concernant la
capitale nationale?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, d'autant plus, je pense,
qu'on avait passablement fait le tour du sujet.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Hull.
L'Outaouais québécois
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. M. le ministre, cela
concerne plus particulièrement l'Outaouais québécois, la
région de la capitale nationale. Si le Québec a donné un
message aux Québécois, l'Outaouais a donné un message au
gouvernement. Je voudrais tenir compte du plan directeur que la ville de Hull
adoptait en 1973 pour son territoire de 10 milles carrés et le
schéma d'aménagement approuvé par la Communauté
régionale de l'Outaouais qui comprend un territoire de 975 milles
carrés et qui couvre l'ensemble des cinq comtés de l'Outaouais.
Ce schéma d'aménagement, adopté en 1978, demandait aux
municipalités d'adopter leur propre plan directeur à
l'intérieur des 18 mois qui suivaient. En septembre 1980, la ville de
Hull adoptait son plan directeur en conformité avec le schéma
d'aménagement. Au cours des quatre dernières années, M. le
ministre, il y a eu, dans la région de la capitale nationale certains
protocoles qui auraient pu être signés d'une façon assez
rapide, permettant certains programmes du gouvernement fédéral,
des programmes à frais partagés avec le gouvernement provincial
ou des programmes permettant la construction de certains équipements.
Certains de ces programmes ont été retardés pour toutes
sortes de raisons que je ne voudrais pas ramener sur le tapis, on les
connaît toutes, mais je voudrais savoir, a l'avenir, si le ministre a
l'intention d'offrir une meilleure collaboration face à certains des
programmes pour l'Outaouais québécois et plus
particulièrement pour la ville de Hull à l'intérieur des
limites de la région de la capitale nationale.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, je
remercie le député de Hull de son intervention. J'avais lu avec
attention... J'étais là d'ailleurs en Chambre le 26 mai,
quand il a présenté son commentaire à la suite du
discours inaugural et j'ai vu qu'il avait l'intention de me parler de la
région de Hull, ce que je suis tout à fait disposé
à faire, mais je voudrais établir au départ, je pense
bien, une distinction assez importante.
Il y a, dans la région de Hull, comme dans n'importe quelle
région du Québec, un certain nombre de dossiers qui sont
importants. Cela va. Il y en a beaucoup d'entre eux, je dirais la plupart, qui
ne concernent absolument pas mon ministère. Je pense que vous le savez.
Je veux dire, si vous avez, par exemple, un problème de voirie, un
problème d'assainissement des eaux, comme d'autres en ont d'ailleurs, ou
de logements pour personnes âgées, je ne sais pas, c'est sûr
qu'à ce moment-là, cela ne relève absolument pas de mon
ministère. Ne relève de mon ministère, en collaboration
avec le ministère sectoriel intéressé, que ce qui met en
cause une participation soit du gouvernement fédéral, soit de la
Commission de la capitale nationale fédérale. Cela élimine
au point de départ, je dirais 80%, même plus des dossiers qui sont
actifs dans la région de Hull, comme cela élimine X% des dossiers
actifs dans d'autres régions. J'admets cependant que la région de
Hull étant plus près d'Ottawa, il y a peut-être un peu plus
de dossiers fédéraux-provinciaux qu'il peut y en avoir pour la
région de Chicoutimi ou de Sherbrooke.
Cela dit, le député me demande si j'accorderais à
la région de Hull et à lui une collaboration plus grande que
celle que la députée précédente avait consentie. Je
pense que la députée précédente non seulement a
consenti beaucoup de son temps et de son énergie à
résoudre des problèmes de Hull, mais je ne voudrais pas que ma
réponse soit interprétée de quelque façon comme
signifiant qu'on va mieux faire maintenant qu'à l'époque
où il y avait un autre député dans le comté. Je
pense que l'ancienne députée du comté a fait un excellent
travail et qu'elle s'est constamment - je me souviens à combien de
reprises elle m'a appelé pour certains cas - occupée de sa
région et d'une façon qui m'a paru -évidemment, je ne vis
pas là et je ne suis pas constamment au courant des problèmes et
des difficultés de la région - tout à fait acceptable.
Cela dit, vous dites qu'il y a eu des retards ou des délais dans
certains dossiers fédéraux-provinciaux. Je dois vous dire qu'il y
en a toujours partout et, très souvent des délais - j'ai
peut-être un cas ici, j'en ai un ici, le Parc linéaire de Hull -
qui dépendent beaucoup plus d'Ottawa que de nous, oui,
sérieusement. J'ai un cas patent ici, en tout cas en ce qui concerne le
Parc linéaire, et il y en a d'autres.
Il faut, dans cela, toujours se rappeler que, la région de Hull
étant près d'Ottawa, il existe, du côté de la
Commission de la capitale nationale et dans le gouvernement
fédéral, et c'est partagé par plusieurs hommes politiques
fédéraux, une vieille notion qui consiste à penser qu'il
serait mieux que Hull fasse partie d'un district fédéral pur et
simple et que Hull soit, à toutes fins utiles, exclu du territoire du
Québec. C'est présent comme politique, comme aspiration et il
faut constamment s'en méfier. Par conséquent, il faut, dans le
cas de certaines décisions relatives à Hull, bien prendre soin
qu'aucune des décisions auxquelles nous en arrivons ne devienne un
précédent pour ultérieurement confirmer que le
gouvernement fédéral a raison de croire que nous acceptons que
Hull devienne un district fédéral. Donc, nous sommes très
précautionneux là-dessus. Mais je ne pense pas, j'ai fait relever
plusieurs dossiers, à moins que le député n'ait des cas
particuliers à me mentionner, qu'il y ait, de façon indue,
j'entends, des délais inacceptables pour la région de Hull. S'il
y en a, et je le dis d'avance, qui nous concernent comme ministère, et
non pas un autre ministère sectoriel, je serais très heureux d'y
voir, mais je pense que, jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu de retard
systématique. Peut-être que là, je contredis des
affirmations que vous avez faites, M. le député, mais je n'ai pas
d'exemple...
M. Rocheleau: ... le ministre des Affaires intergouvernementales,
M. le Président, que les accords concernant la voirie ou les routes au
ministère des Transport, ce n'est sûrement pas le gouvernement
fédéral qui aurait tardé, étant donné que
les montants ou les sommes d'argent qu'on leur...
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas mon ministère
non plus.
M. Rocheleau: Je le sais, M. le ministre, ce n'est pas votre
ministère et je n'ai pas de problème là, en
particulier.
Vous avez mentionné tantôt le Parc linéaire. Cela
faisait partie d'échanges de terrains consentis par la ville de Hull
à la Commission de la capitale nationale et vice versa, la Commission de
la capitale nous échangeait du terrain contre du terrain. Et je dois
vous dire que l'échange, à ce moment-là, était
davantage profitable à la ville parce qu'on remettait à la ville
de Hull beaucoup plus d'acres en superficie que Hull en cédait.
C'était pour la construction d'un Parc linéaire et le ministre
semble être au courant. C'est un sujet qui traîne en longueur
depuis 1977, M. le ministre, et, pour toutes sortes de considérations,
il semble avoir été retardé indûment. H y a un
protocole d'entente...
M. Morin (Louis-Hébert): Cela a été
signé le 20 février 1981.
M. Rocheleau: Alors, le 20 février 1981, il y a un
protocole d'entente qui finalement a été signé,
après pratiquement trois ans et demi d'attente. Je demande au ministre
si, dans des cas similaires, les ententes pouvant favoriser la ville de Hull
pour l'implantation de certains équipements peuvent prendre moins de
temps à être signées et ceci au bénéfice des
gens de Hull et de l'Outaouais.
M. Morin (Louis-Hébert): Nous faisons notre possible pour
que ce soit le plus rapide, sauf que je veux dire d'avance que ce n'est pas
nécessairement parce que c'est proposé par la Commission de la
capitale nationale ou par le gouvernement fédéral qu'on doit
l'accepter les yeux fermés, sans mettre en cause ou sans
réfléchir aux conséquences possibles de ces projets. Nous
allons exercer, en ce qui concerne la région de Hull, la même
célérité que partout ailleurs, mais, autant qu'ailleurs,
nous allons défendre les intérêts de l'ensemble du
Québec est les intérêts de la réqion comme nous les
concevons, sans accepter des plats de lentilles qui pourraient
éventuellement nous priver de choses plus importantes et plus lourdes de
conséquences.
Vous avez ma collaboration tout acquise, comme l'avait d'ailleurs votre
prédécesseur, sauf que ce ce n'est pas parce que quelque chose
vient de la Commission de la capitale nationale qu'on doit se jeter dessus pour
l'accepter automatiquement. Je ne pense pas que ce soit cela que vous
proposiez, mais j'établis cela comme balise de politique en ce qui nous
concerne. Nous allons examiner toujours attentivement et avec une certaine
méfiance, je vous le dis, ce qui vient de la Commission de la capitale
nationale. J'ai moi-même fait partie en 1967, alors que j'étais
sous-ministre, d'un comité tripartite avec l'Ontario et le gouvernement
fédéral sur la région de Hull et la région de la
capitale fédérale d'ailleurs, et je me souviens très bien
à l'époque que des grands plans directeurs d'annexion, il y en
avait. Je les ai vus moi-même physiquement, j'ai vu les cartes qui
englobaient la ville de Hull et même des morceaux environnants. Et cela,
je pense qu'on ne veut pas que cela arrive et on ne le permettrait pas. Mais,
pour n'importe quoi qui est dans le cadre normal des choses, il n'y aura aucun
retard indu de notre côté. Maintenant, c'est souvent le
gouvernement fédéral qui se traîne les pieds, je tiens
à le dire. (17 h 45)
M. Rocheleau: Le ministre doit être au courant que la
Communauté régionale de l'Outaouais avait déposé,
en 1977, un rapport à la Commission Deschatelets-Stewart concernant
l'intégrité du territoire et la planification de l'Outaouais
québécois en tenant compte du plan directeur de la CRO.
Mais ce gue je tiens aussi à souligner au ministre, c'est que
dans les dernières années, il y a guand même eu des jeux
politiques qui se sont faits au détriment de la population de Hull,
tenant compte probablement des options politiques. Les options politiques ne
sont pas les mêmes aujourd'hui dans la région. Je prends note ici,
M. le Président, que le gouvernement du Québec, il y a deux ans,
a acheté une propriété par l'entremise du ministère
des Travaux publics, propriété sur Ses abords du ruisseau de la
Brasserie, uniquement pour bloquer un projet d'aménagement d'un
musée, celui de la science et de la technologie du gouvernement
fédéral, du côté Outaouais québécois,
qui aurait favorisé Huli pour l'implantation d'un équipement
d'au-delà de 35 000 000 $ et, qui nous aurait favorisés d'environ
2 000 000 de touristes par année.
Quand on parle de l'économie, des besoins économiques
d'une municipalité, on doit tenir compte de tous ces avantages et pas
uniquement de satisfactions politiques ou autre. C'est dans cet ordre
d'idées que je tiens à souligner ceci et que je souhaite votre
collaboration pour les mois et les années à venir.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le député de
Hull, vous parlez du ruisseau de la Rrasserie et du musée de la science
et de la technologie. Est-ce que le gouvernement fédéral, qui
voulait les terrains, a déjà proposé un projet
précis en ce qui concerne son musée? Il n'en a jamais
proposé.
M. Rocheleau: À l'intérieur du plan directeur de la
ville de Hull, il y a deux endroits spécifigues réservés,
au point de vue de la planification: un pour le musée de la science et
de la technologie, sur les abords du ruisseau de la Brasserie, rue Montcalm, et
l'autre pour le musée de l'hommme sur les abords de la rivière
des Outaouais, à proximité de la Maison du citoyen et près
de la rue Laurier.
Ce sont des endroits qui sont définis comme possibilité de
construction de ces deux musées dans les prochaines années.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne mets pas cela en cause. Je
veux dire qu'un des problèmes, c'est que le gouvernement
fédéral n'a jamais proposé de projet précis en ce
qui concerne le musée. Mais son action a contribué dans ce
coin-là, vous le savez encore mieux gue moi, à la fermeture
d'entreprises. Il n'y a rien par rapport à ce qui est arrivé. En
somme, on n'a eu que les désavantages d'une politique qui ne s'est pas,
du côté fédéral, manifestée
concrètement jusqu'à maintenant. C'est quoi, ce musée?
Quelle allure aura-t-il? Il n'y a pas de projets qui ont
été soumis. Je ne veux pas retarder la discussion, mais...
M. Rocheleau: M. le Président, certaines fermetures
d'entreprises ont été causées par leur
désuétude; elles ont été acquises par la Commission
de la capitale nationale parce qu'elles étaient à
l'intérieur d'un périmètre tenant compte de la
construction possible de certains équipements comme le musée de
l'homme et le musée de la science et de la technologie.
Je pense qu'il ne faut pas imputer le blâme à la Commission
de la capitale nationale ou au fédéral. Au contraire, on a tenu
compte des aspirations de Hull dans certains domaines, entre autres
l'industrie, et on a permis la relocalisation de certaines de ces usines avec
des subventions d'équilibre quand même assez importantes.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne voudrais pas qu'on prenne
le temps de la commission pour regarder tous les dossiers sectoriels de Hull.
J'en ai une série ici et il y en a qui ne nous concernent absolument
pas.
M. Rivest: C'est votre ministère.
M. Morin (Louis-Hébert): Justement, c'est ce que je suis
en train de dire. Il y en a plusieurs qui ne nous concernent pas.
M. Rivest: Vous devriez savoir toutes ces affaires-là;
c'est cela, le suivi du ministère.
M. Marx: Ce sont des affaires intergouvernementales.
M. Rocheleau: M. le ministre, si vous me le permettez...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, d'accord, mais je voudrais
bien que vos deux collègues, qui interviennent ici sur un sujet qu'ils
ne connaissent manifestement pas, tiennent compte du fait que j'ai exclu
tantôt toute une série de dossiers qui relèvent de
ministères sectoriels. Qu'est-ce que vous voulez, la construction de
routes ne relève pas de mon ministère!
M. Rivest: Dans le rapport annuel, vous vous
référez constamment à ces dossiers. Vous avez des
directions générales...
M. Morin (Louis-Hébert): On ne se réfère pas
au dossier de construction de routes.
M. Rivest: Je vais vous en citer un tas, ce soir, vous allez
voir.
M. Morin (Louis-Hébert): De construction de routes?
Très bien. Cherchez tant que vous le voudrez, vous n'en trouverez pas un
seul.
M. Rocheleau: En ce qui concerne les routes, je tiens à
dire que c'est à frais partagés chez nous; c'est 50%
fédéral, 50% provincial. Les crédits du
fédéral sont là et nous sommes en attente pour la
préparation des plans et devis pour la construction des tronçons
principaux. Mais cela relève du ministère des Transports et je
m'arrangerai un jour pour rencontrer le nouveau ministre des Transports pour en
discuter avec lui.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
M. Rocheleau: Mais ce qui me concerne plus
particulièrement, ce sont certaines parcelles de terrain qui comportent
certains échanges ou certaines ententes ou certains protocoles quant
à certains équipements. Je prends l'exemple du Parc
linéaire, où nous attendons depuis quatre ans.
M. Morin (Louis-Hébert): II a été
signé.
M. Rocheleau: Je trouve que quatre ans, c'est abuser des bonnes
grâces de la population en attente de ces équipements. Ce n'est
pas un reproche que je vous adresse personnellement, je l'adresse à
d'autres, mais je demande diligence étant donné que ça
relève de votre ministère et que parmi vos nombreuses
préoccupations se trouve le petit territoire de la ville de Hull.
Même s'il y a des préoccupations à cause de sa
géographie, à cause de sa situation géographique, il y a
d'autres choses beaucoup plus importantes qui nous préoccupent. La seule
chose que je vous demande, M. le ministre, c'est une participation active et
aussi une collaboration étroite dans la mise sur pied de nos programmes
et de nos plans directeurs.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez cette collaboration
acquise comme votre prédécesseur l'avait, sauf que je veux quand
même mentionner que ce n'est pas parce que le gouvernement
fédéral ou la Commission de la capitale arrive avec un tas
d'argent, ou avec un projet, qu'on doit automatiquement l'accepter, parce
qu'ils ont cela dans la tête ou dans les poches. Il faut voir si
ça convient par rapport à d'autres séries
d'intérêts. J'espère que vous êtes d'accord
là-dessus; si c'est ça, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Rousseau.
M. Blouin: M. le Président, j'aurais une directive
à vous demander. Je crois que le mandat de la commission est d'adopter
les crédits du ministère des Affaires
intergouvernementales, entre autres choses, et j'aimerais savoir
à quel moment nous allons commencer à étudier de
façon précise les crédits du ministère.
Le Président (M. Blank): On a décidé de
faire cela en bloc.
M. Rivest: On ne veut pas mettre le ministre dans un carcan.
C'est un ministre qui...
M. Blouin: Le ministre?
M. Marx: C'est un ministre qui ne tient pas à parler de
chiffres.
M. Morin (Louis-Hébert): On peut en parler n'importe
quand.
M. Blouin: Alors, on commence? J'ai compris qu'on
commençait l'étude des crédits.
M. Marx: C'est un ministre qui est plus fort sur le plan
politique que sur le plan de la comptabilité.
M. Blouin: Bon, parfait.
M. Morin (Louis-Hébert): J'aimerais savoir sur quel plan
vous êtes forts, vous autres.
M. Blouin: Je vous remercie, M. le Président, et je
remercie l'Opposition de sa collaboration.
Le Président (M. Blank): À l'ordre, messieurs!
M. Rivest: Aux élections partielles.
Le Président (M. Blank): L'Office
franco-québécois.
M. Marx: Mais on n'avait pas terminé sur la...
Des voix: Non, on commence!
M. Rivest: On a fait un préambule. Enfin! un vrai
ministre! Bonjour, M. le ministre.
Office franco-québécois pour la
jeunesse
M. Charron: Bonjour, M. le député.
Brièvement, comme à l'accoutumée lors de l'étude de
ces crédits, je m'insère dans les travaux de la commission pour
faire le rapport sur les activités de l'Office
franco-québécois pour la jeunesse de l'année
dernière et surtout les prévisions pour cette année 1981
dont l'année d'activité est déjà assez largement
entamée.
Je viens tout de suite au vif du sujet puisque l'office est maintenant,
après treize ans d'existence, bien connu. Les députés
auront sans doute remarqué, dans la ventilation du budget du
ministère, que l'office n'échappe pas à la règle
budgétaire de l'ensemble du gouvernement cette année. Il a connu
et connaît une diminution de sa subvention gouvernementale de l'ordre de
150 000 $, ce qui représente en pourcentage presque 7,3% de son budget
de l'année dernière.
Lorsque le conseil d'administration, qui est formé comme chacun
le sait à parité de Français et de
Québécois, s'est réuni pour la dernière fois en
décembre dernier, les prévisions à l'époque, des
deux gouvernements et des deux ministres qui sont coprésidents de cet
organisme, augmentaient notre budget de 6,4%. Nous nous étions
quittés sur cet espoir qui ne s'est pas concrétisé dans la
fin des démarches, en particulier du côté gouvernemental
québécois. C'est au contraire, non pas une augmentation de 6,4%
mais une diminution de 7,3% que je dois défendre aujourd'hui, et je ne
cache pas à la commission que cela implique un certain nombre de
réajustements avec la France puisque le principe fondamental de cet
organisme est d'avoir une parité, non seulement sur le nombre de
stagiaires de part et d'autre de l'Atlantique mais également sur la
contribution des gouvernements.
Ce réajustement n'est pas fait pour une raison qui saute aux
yeux, c'est que, encore aujourd'hui, j'ignore exactement qui est mon
vis-à-vis du côté français. Je ne sais pas si, selon
la tradition de l'ancien gouvernement français, le ministre responsable
de la Jeunesse, Loisir et Sports serait Mme Avis ou, si c'est le ministre du
Temps libre, M. André Henri, qui assumera cette fonction, comme on le
laisse entendre. Je le saurai vraisemblablement, quelques jours après
les élections législatives françaises. Mais, je
m'appliquerai, comme il se doit, de réajuster la contribution
française et la contribution québécoise.
Par la suite, il y aura quelque part à l'automne un très
sérieux et très sévère conseil d'administration de
l'office puisque, dans cette nouvelle enveloppe, il faudra bien que le conseil
d'administration voie le sens du développement de l'office et trace le
sens du développement de l'office dans ses nouvelles contingences.
Je termine mon introduction, les seuls mots que je veux dire avant de me
soumettre aux questions des députés, par un mot d'assurance
toutefois, c'est que si nous en sommes venus, le ministre des Finances, le
ministre des Affaires intergouvernementales et moi-même, à
l'idée que l'office pouvait, sans se mettre en péril,
se payer cette diminution de crédits cette année, c'est
que l'office était effectivement en possession d'un supplément ou
plutôt d'un surplus de ses activités. Dans la période
actuelle, le surplus de quelques 255 000 $ que totalisait l'office apparaissait
aux yeux du ministre des Finances et aux yeux de n'importe qui, comme
étant un surplus un peu luxueux, au moment où d'autres organismes
gouvernementaux fonctionnent d'une manière très
serrée.
Ce qui m'amène donc à dire - c'est ce que j'appelais mot
d'assurance - que l'existence de ce surplus nous permet d'absorber la
diminution des subventions gouvernementales cette année, donc, de ne pas
diminuer les services de l'office et d'espérer encore en 1981 - c'est le
programme, et il est déjà en train de se réaliser - que
1410 jeunes Québécois, c'est-à-dire à peu
près 25% de ceux qui ont sollicité de le faire à travers
les différents projets, très exactement 24,8% des jeunes
Québécois qui ont postulé les différents stages
proposés - il y a 60 stages de groupes, 105 stages de petits groupes qui
ont été acceptés par l'office sur les 750 qui ont
été présentés -donc que 1410
Québécois pourront se rendre en France dans ce cadre
d'échanges culturels éducatifs et 1410 Français pourront
venir ici, ce qui est tout près de notre objectif des 1500
habituels.
J'indique tout de suite que le chiffre de 1410 de cette année
nous permettra de dépasser le cap des 20 000 Québécois
qui, par des stages dont 40% sont de nature économique, 25% dans le
secteur social et 25% dans le secteur culturel, plus 10% difficilement
classables, depuis les treize ans d'existence de l'office, auront pu
bénéficier de ce service et presque 20 000 jeunes Français
également.
M. Rivest: M. le Président, je veux simplement signaler,
comme par les années passées, que l'Office
franco-québécois est certainement, dans le domaine de la
coopération, un des programmes qui a fait ses preuves, le ministre vient
de le signaler, et auquel peut-être plus de... Je trouve que c'est un des
programmes, dans la coopération franco-québécoise, qui a
peut-être davantage de signification, parce que quand on fait des
ententes et de la cooopération avec les fonctionnaires ou les gens qui
sont déjà inscrits sur le marché du travail, c'est un
investissement qui est sain en lui-même, surtout que les rapports entre
le Québec et la France sont importants, intrinsèquement. Quand
même, on constate que 20 000 Québécois depuis treize ans,
à raison de 1500 par année, ont eu la chance d'aller en Europe et
d'arriver en France.
Un des aspects signalés souvent par les milieux de jeunesse c'est
que le programme de l'Office franco-québécois permet aux jeunes
non seulement de se rendre en France, mais, pour plusieurs, de poursuivre un
séjour en Europe et avoir des contacts avec d'autres types de
sociétés. Dans ce sens, le programme de l'Office
franco-québécois est intéressant.
Le ministre a évoqué certaines compressions
budgétaires, qui ne sont quand même pas catastrophiques. La seule
chose que je voudrais demander, c'est: Est-ce que vous vous inquiétez de
la proportion étudiants et jeunes travailleurs?
Deuxièmement, de la proportion région? Si oui, le ministre
peut-il me donner un chiffre brièvement? De plus, est-ce que, sur les
programmes et la nature de la coopération, quelque chose de neuf s'en
vient ou que vous avez l'intention de proposer? (18 heures)
M. Charron: Je vais répondre à la deuxième
question, sur la nature des programmes. L'année 1981 est la
deuxième année où nous appliquons une chose qui a
été un peu révolutionnaire à l'intérieur de
l'office, c'est-à-dire que nous acceptons maintenant des beaucoup plus
petits groupes qu'auparavant. L'exigence était de 18 à la fois,
ce qui faisait une caravane dans certains cas et à un si grand nombre
certaines choses devenaient inaccessibles. Nous avons maintenant des stages
individuels dans des matières très restreintes pour un petit
groupe de 10. Cela permet de couvrir un éventail beaucoup plus large de
champs d'intérêts.
Maintenant, quant à la question du profil, j'ai été
surpris en comparant les statistiques de 1979 et 1980 d'apprendre que le
pourcentaqe d'étudiants ne dépasse pas 10%. On n'est même
pas à 9% et l'essentiel du groupe qui voyage maintenant, la grande
majorité vient du secteur du monde du travail.
Quant aux régions, l'éventail représente à
peu près la proportion de citoyens du Québec qui sont
disséminés sur cet immense territoire qui est le nôtre; la
région métropolitaine de l'île de Montréal et sa
périphérie, un peu plus de 50%; la région que le
député représente, qu'il est seul de son groupe à
représenter dans cette Assemblée constitue à peu
près 15,75% de tous les stagiaires.
M. Rivest: Une dernière précision. Le ministre des
Communautés culturelles... Le gouvernement a un programme pour les
communautés culturelles québécoises de jeunes
Québécois francophones; est-ce qu'il y a un effort ou un
intérêt de la part de l'Office franco-québécois pour
faire participer également les Québécois qui appartiennent
à une autre communauté culturelle que la communauté
francophone dans le cadre de ce programme?
M. Charron: Le moins que je puisse dire...
M. Rivest: Ou enfin, si vous ne l'avez pas...
M. Charron: ...cela ne satisfera peut-être pas le
député, mais c'est qu'ils sont loin d'être exclus.
J'imagine que la publicité qu'on fait des différents programmes
s'étend également aux communautés culturelles pour les
inviter à y participer.
M. Rivest: Le programme annoncé par le gouvernement par
son collègue des Communautés culturelles, peut-être que
vous pourriez demander aux dirigeants de l'office de faire un effort pour
intégrer cette dimension au programme qui avait déjà
été annoncé par l'office.
M. Charron: Je transmettrai ce message.
Le Président (M. Blank): Adopté. La commission
suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 03)
(Reprise de la séance à 20 h 14)
Le Président (M. Blank): À l'ordre, messieurs!
C'est la continuation de l'étude des crédits du
ministère des Affaires intergouvernementales.
Je donne la parole au député de Jean-Talon, s'il a une
question.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'en a pas.
Le rapatriement de la constitution
M. Rivest: Oui. M. le ministre, pour compléter la partie
de ce que vous appelez le coup de force fédéral ou des
libéraux fédéraux, comme vous aimez le
répéter, c'est l'art de faire une association directe avec les
libéraux dits provinciaux, je voudrais simplement, en terminant cette
phase malheureuse, demander au ministre... Actuellement, on trouve cela au
hasard des documents répartis à gauche et à droite,
l'opération publicité, consultants, experts, contestations
judiciaires, en termes de crédits, à ce jour, est-ce que vous
pourriez nous fournir le coût des initiatives sur le plan financier, en
rapport avec la résolution fédérale, les voyages à
Londres du vice-premier ministre, etc., voyages nécessaires, par
ailleurs?
M. Morin (Louis-Hébert): Et demandés par moi.
M. Marx: La rumeur veut que vous n'ayez pas été
tellement heureux.
M. Rivest: Non, non.
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis absolument d'accord,
c'est moi qui ai proposé cela. Je ne voudrais pas que le
député de D'Arcy McGee fasse la preuve à toute la
collectivité qu'il manque autant de mémoire, j'ai tout
expliqué cela cet après-midi.
Vous voulez savoir quoi, M. le député de Jean-Talon, vous
qui avez posé la question avant d'être interrompu par votre voisin
de gauche?
Une voix: De gauche. M. Marx: De gauche, oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, Marx, c'est un marxiste
aussi. Quelle est votre question?
M. Rivest: C'est le coût total des opérations, des
engagements sur le plan financier qui ont été pris par le
gouvernement, actuellement, jusqu'à présent.
J'ai une question additionnelle sur la campagne de publicité.
M. Morin (Louis-Hébert): En ce qui concerne l'exercice gui
commence, il n'y a aucun coût ni engagement en ce qui a trait à
quelque campagne d'information que ce soit, puisque nous ne savons pas
exactement ce que l'avenir nous réserve.
Pour ce qui est de 1981...
M. Rivest: Avez-vous des crédits? M. Morin
(Louis-Hébert): Non.
M. Rivest: Vous avez prévu les moyens, mais pas les
crédits.
M. Morin (Louis-Hébert): Nous pensons que, face à
une situation d'urgence, nous aurons, comme cela a été le cas
l'an passé, à établir une démarche en deux
étapes. La première, c'est d'utiliser les crédits que nous
avons au ministère et, la deuxième, s'il nous en manque, de faire
appel au Conseil du trésor pour nous fournir ce qui nous manque.
Je voudrais bien que vous écoutiez quand je donne des
réponses aux questions vaques que vous posez.
En ce qui concerne l'an passé...
M. Rivest: J'écoute votre sous-ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais je pense que vous
n'écoutez pas.
Maintenant que l'Opposition a fini par rétablir une ligne commune
d'action, ce serait peut-être utile que vous vous
référiez
à votre document, j'ai donné cela il y a deux jours, je
pense que vous ne l'avez pas lu, c'est à la page J, onglet J, selon
l'expression que vient de me suggérer le député de D'Arcy
McGee, qui connaît tout, comme tout le monde le sait, vous avez: campagne
d'information, travaux sur la révision constitutionnelle.
M. Rivest: Oui, je suis d'accord, sauf que...
M. Morin (Louis-Hébert); Non, mais avant d'être d'accord,
regardez-le donc.
M. Rivest: Je l'ai vu cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous l'avez vu?
M. Rivest: Mais ce que je veux vous dire, c'est que, quand je
vous demande le total, vous devez trouver cela quelque part, parce que, par
ailleurs, j'ai trouvé dans l'onglet, vous appelez cela comme cela...
M. Morin (Louis-Hébert): Moi, je n'appelle pas cela comme
cela, mais M. Marx, oui.
M. Rivest: ...En tout cas, je ne sais plus si c'est entre A et O,
mais quelque part il y a des contractuels qui sont définis dans un des
onglets comme étant des experts constitutionnels et qui ont reçu
des honoraires comme il se doit, j'imagine. Alors, je voudrais qu'on additionne
ces montants pour qu'on ait le total. En plus, vous avez eu des conseilleurs
juridiques eminents qui ont plaidé la cause du gouvernement du
Québec avec beaucoup de compétence, et je voudrais avoir le total
de cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Je voudrais, pour répondre
à la question du député de Jean-Talon, dire d'abord, qu'en
ce qui concerne l'année 1981-1982, celle qui vient de commencer, il n'y
a pas spécifiquement de prévu dans le budget du ministère
des sommes particulières devant être éventuellement
allouées à des opérations de campagne d'information,
compte tenu du fait, comme je l'ai dit tantôt, qu'on ne sait pas
exactement ce que nous réserve, a) la Cour suprême, b) le
gouvernement fédéral, c) le gouvernement de Londres et d) les
libéraux provinciaux.
Deuxièmement, pour compléter ma réponse, en ce qui
concerne l'an dernier je vous réfère donc à l'onglet J
dans lequel vous trouverez en détail le coût des campagnes
d'information du gouvernement sur le coup de force fédéral.
M. Rivest: Moi, je réfère plus
particulièrement à l'onglet L, là où il y a
d'autres montants que je voudrais...
M. Morin (Louis-Hébert): On va venir à l'onglet L.
Donc, on en arrive maintenant à l'onglet L à propos duquel il
semblerait que vous ayez des questions à poser, et
j'apprécierais...
M. Rivest: Je veux avoir le total parce que tout le monde est
regroupé selon les onglets. Pourriez-vous faire l'addition des onglets
constitutionnels?
M. Morin (Louis-Hébert): Nos onglets ne sont pas jamais
aussi compliqués que ceux des libéraux. Alors, je voudrais vous
mentionner qu'il y a deux ministères qui sont directement
impliqués dans toute cette question de débat constitutionnel, il
y a d'une part le nôtre, et très directement à cause de nos
fonctions, et d'autre part le ministère de la Justice.
En ce qui concerne notre ministère, vous avez a l'onglet L, comme
vous l'avez mentionné et que tout le monde a à sa disposition
comme document, un certain nombre de personnes qui se sont occupées de
nos questions constitutionnelles. Vous avez M. Jules Brière; c'est cela
que vous voulez dire?
M. Rivest: Non, je ne veux pas les noms, je m'intéresse au
montant total.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous les avez de toute
façon quand même vous ne les voudriez pas. Qu'est-ce que vous
voulez savoir?
M. Rivest: Je veux avoir le total des coûts financiers de
l'opération qu'a menée le ministre au cours de la dernière
année. Si vous ne l'avez pas, ce n'est pas nécessaire que l'on
fasse l'addition sur le coin de la table, sauf que si vous pouviez nous la
transmettre ce soir, on est ici pour un certain temps, et, si ce n'est pas
possible de le faire ce soir, dans les prochains jours. Oui ou non?
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant! Nous vous avons fait
déjà les additions nécessaires pour vous éviter un
travail intellectuel rebutant. Vous avez d'abord, d'une part, le coût
total des opérations, comme vous dites, ou, si vous voulez, plus
exactement, de la campagne d'information à l'onglet J. Vous avez
ensuite, à l'autre onglet, la liste des contractuels du
ministère, que vous aviez demandée d'ailleurs, dont certains ont
participé à l'élaboration de la position du Québec
en matière constitutionnelle. Je pense à M. Jules Brière
que vous connaissez bien et qui était conseiller du gouvernement
dès 1970-1971 et qui continue à travailler avec nous. Si vous
voulez savoir ce qu'a coûté par exemple la
lutte en faveur des droits du Québec qui s'est livrée
à Londres par l'intermédiaire de notre délégation
de Londres, on pourra y revenir tout à l'heure. Je ne sais pas sous quel
onglet c'est. Mais si vous voulez savoir ce que par exemple représente
comme déboursé l'obligation à laquelle le gouvernement du
Québec a été d'avoir recours à des experts
juridiques pour défendre ses droits et intérêts,
c'est-à-dire tous les avocats qu'il nous a fallu, cela relève du
ministère de la Justice.
M. Rivest: On ne peut pas savoir cela.
M. Morin (Louis-Hébert): On peut le savoir, mais, je ne le
sais pas, je n'ai pas ici la réponse exacte à cette question.
M. Rivest: D'accord. Très bien. Alors,
publicité.
Une voix:...à l'onglet J.
M. Rivest: Attendez. Je ne m'intéresse pas à
l'onglet pour l'instant.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est là qu'est la
réponse.
M. Rivest: Votre collègue, le ministre...
M. de Bellefeuille: Vous ne parlez pas "onglet"?
M. Rivest: J'ai lu dans les journaux que c'était un
critère pour envoyer les émissaires à Londres. On faisait
état que le vice-premier ministre avait étudié à
Oxford et qu'il avait un meilleur "onglet" que...Mais ce n'est pas de cela que
je vais parler, M. le Président. Je voudrais parler de la campagne de
publicité qui a été menée: "Faut pas se faire
avoir".
M. Morin (Louis-Hébert): Un excellent slogan
d'ailleurs.
M. Rivest: Qui précédait et gui préparait:
"II faut rester fort", n'est-ce pas? J'ai posé cette question à
votre collègue, le ministre des Communications.
M. Morin (Louis-Hébert): Donc, vous avez eu la
réponse et je ne vois pas pourquoi vous reposez la question
maintenant.
M. Rivest: Un instant, un instant; Mais la réponse qui m'a
été donnée m'a quelque peu étonné. Lorsqu'on
m'a informé, au ministère des Communications... je croyais que le
ministère des Communications n'avait pas le mandat de s'occuper de ce
genre de choses. On m'a informé que non, que le ministère des
Communications ne s'était pas occupé du tout de cette campagne de
publicité...
M. Morin (Louis-Hébert): Absolument exact.
M. Rivest: ...qu'il n'avait rien eu à voirlà-dedans et que par décret - qui est venu de je ne sais
où - c'était le ministère des Affaires
intergouvernementales qui avait assumé et pris l'initiative de cette
campagne de publicité. Et ma question... D'abord, est-ce exact?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, compte tenu de l'urgence et
de la gravité de la menace que les libéraux
fédéraux faisaient peser sur le Québec.
M. Rivest: Alors, c'est que le ministère n'avait pas
confiance dans le ministère des Communications.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il y avait une question
d'urgence, et, comme c'était mon ministère qui était le
plus directement impliqué dans la question, il était parfaitement
normal qu'on lui confie le tâche de répliquer.
M. Rivest: Alors, c'est votre ministère, dites-vous? D'une
façon ou de l'autre, parce que quand le gouvernement du Québec
fait une campagne de publicité qui peut être justifiée,
légitime...
M. Morin (Louis-Hébert): ... législative oui.
M. Rivest: ...est-ce que c'est la pratique établie que ce
soit véritablement la filière dite administrative qui s'occupe
exclusivement de ces choses-là et qu'en aucune circonstance, en
particulier dans le choix du thème, du slogan de la campagne, le cabinet
politique du ministère des Affaires intergouvernementales ou du bureau
du premier ministre y ait eu quelque chose à voir?
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne suis pas sûr que je
comprends le sens de la question, mais je sais à quoi veut en venir le
député de Jean-Talon. Premièrement, c'est le
ministère des Affaires intergouvernementales qui est chargé de la
responsabilité de cette campagne d'information des citoyens du
Québec. Deuxièmement, c'est un comité de ministres dont je
faisais partie qui a coordonné l'ensemble de cette campagne
d'information. C'est ce comité des ministres avec des experts qui,
compte tenu de la gravité de la situation, a élaboré la
démarche que nous avons suivie, les messages qui ont été
transmis à la population du Québec et qui sont fondés
d'ailleurs sur des réalités auxquelles ont fait allusion les
avocats du gouvernement fédéral dans leur
déposition devant la Cour suprême et qui ont
confirmé ce que nous avions dit dans cette campagne d'information.
M. Rivest: Très bien. Alors, dans une opération
comme celle-là qui a des ... Je comprends..
M. Morin (Louis-Hébert): C'est quoi la question au
juste?
M. Rivest: La question est la suivante. Vous faites appel,
à ce moment-là, à une firme de publicité, je
suppose?
M. Morin (Louis-Hébert): Nous avons fait appel à
une firme de publicité, Intercommunications.
M. Rivest: Alors, cette firme de publicité vous
suggère différents thèmes. C'est ce qui est
arrivé?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ce qui est arrivé,
sauf que c'est au cours d'une réunion de notre comité de
ministres que le slogan a été trouvé, si c'est cela qui
vous intéresse, et non pas par des suggestions venant soit de la
firme...
M. Rivest: ...
M. Morin (Louis-Hébert): ... - un instant, je
réponds à la question si cela vous intéresse de
connaître la suite - et non par des suggestions directes de la compagnie
ni par des suggestions du cabinet ni de qui que ce soit. C'est dans une
discussion ensemble et de façon collégiale, comme nous agissons
toujours, que nous avons découvert ce slogan qui, semble-t-il
correspondait à l'urgence de la situation.
M. Rivest: Est-ce qu'à cette réunion-là il y
avait du personnel du bureau du premier ministre?
M. Morin (Louis-Hébert): Quelle réunion?
M. Rivest: La réunion des ministres...
M. Morin (Louis-Hébert): On passe notre temps en
réunion.
M. Rivest: ... qui a trouvé le slogan, ceux-là
même qui ont, éventuellement, décidé du slogan
électoral.
M. Morin (Louis-Hébert): Non. Si vous voulez savoir si ce
sont les mêmes personnes, non.
M. Rivest: Non, absolument pas.
M. Morin (Louis-Hébert): Pour autant que je me souvienne,
non. Alors, si...
Une voix: La question est anecdotique.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est parce que je réponds
trop rapidement aux questions.
M. Rivest: M. le Président, pour l'instant, cela suffit.
On va parler maintenant des avantages fiscaux.
M. Morin (Louis-Hébert): Mon Dieu Seigneur! pourquoi on
change si vite?
Une voix: ...
M. Morin (Louis-Hébert): II faut se méfier de lui
quand il pose des questions.
M. Marx: C'est une question simple en parlant de l'anglais.
J'aimerais savoir si le dépliant "Faut pas se faire avoir" a
été publié en anglais.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Marx: II a été pulié en anglais.
M. Morin (Louis-Hébert): II a même été
distribué...
M. Marx: II a été publié... M. Morin
(Louis-Hébert): Oui.
M. Marx: C'est parce que cela n'était pas indiqué
ici.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est parce qu'on n'est
peut-être pas entré dans le détail.
M. Marx: II y avait deux chapitres de publiés en anglais
ou plus.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il y avait... Un instant, il
y en a combien en anglais? 200 000 en anglais.
M. Marx: Ensuite, cela a été distribué de
porte à porte.
M. Morin (Louis-Hébert): De porte à porte. De la
même façon que cela a été distribué en
français, de porte à porte. On vous en enverra une copie, cela va
vous inspirer.
M. Marx: J'aimerais avoir une copie en anglais pour voir si c'est
la même chose dans les deux langues.
M. Morin (Louis-Hébert): Absolument! On est parfaitement
authentique et identique, contrairement à d'autres.
M. Marx: Parfait!
M. Morin (Louis-Hébert): Pourquoi arrêtes-tu de
poser des questions?
Les affaires canadiennes
M. Rivest: Parce que j'ai les réponses que je voulais
avoir pour l'instant. Je voudrais maintenant, si vous voulez, aborder un sujet
plus prosaïque, les affaires canadiennes, comme vous les appelez au
ministère. Un des premiers éléments... j'ai un certain
nombre de dossiers que je voudrais porter à l'attention du ministre pour
avoir certaines précisions. Je pense qu'un des premiers
éléments, si vous voulez qu'on l'aborde pendant un certain temps,
étant donné son importance et que déjà les
trompettes ont commencé de sonner, les trompettes dites politiques, sur
les prochains arrangements fiscaux...
M. Morin (Louis-Hébert): Qu'est-ce que vous voulez
savoir?
M. Rivest: Je veux savoir d'abord où en sont exactement
les travaux. Vous avez crié votre horreur, appréhendant les
prochaines négociations et les accords fiscaux. Je voudrais en premier
lieu savoir où vous en êtes et quelles sont de façon
précise... D'abord, établissez donc, dans le cadre des
arrangements financiers, prenons les gros morceaux, la
péréquation pour l'année en cours, les transferts, les
programmes dits à frais partagés qui sont de moins en moins
partagés... le régime canadien d'assistance publique. Quelle est
la part actuellement du Québec là-dedans? Combien en termes de
millions pour chacun de ces programmes dans l'année financière en
cause?
M. Morin (Louis-Hébert): Je voudrais dire ceci: Comme je
l'ai mentionné l'autre jour à l'Assemblée nationale dans
un discours en réponse à votre distingué chef, il y a
actuellement une tentative fédérale d'enserrer les provinces,
à l'intérieur d'une pince gui est formée de deux
tenailles, la tenaille politique ou constitutionnelle et la tenaille fiscale ou
financière. La tenaille politique, on le sait, il s'agit simplement pour
le gouvernement fédéral de réussir par un truc quelconque
à introduire dans la constitution du Canada une soi-disant charte des
droits pour que de la sorte les pouvoirs des provinces soient limités et
que, par conséquent, il réussisse par ce truc à obtenir
une diminution de la marge de manoeuvre des provinces sans avoir besoin de se
livrer à une longue et laborieuse négociation constitutionnelle
au cours de laquelle il aurait espéré gruger les pouvoirs des
provinces. Donc, la charte des droits, si jamais elle était
acceptée, réussirait à réduire le pouvoirs des
provinces et par conséguent, leur marge de manoeuvre. C'est la tenaille
politigue. (20 h 30)
La tenaille fiscale et financière viendra et sera probablement
très active, très connue et très remarquée par le
public au cours de l'automne prochain, mais il s'agit essentiellement de ceci.
Le gouvernement fédéral, à la suite d'une gestion
difficilement qualifiable des fonds publics au cours de la dernière
génération, en est arrivé à un déficit de 14
000 000 000 $ ou 15 000 000 000 $. Il faut que le gouvernement
fédéral entre dans son argent ou diminue son déficit d'une
façon ou de l'autre et une des façons d'y arriver, c'est de
réduire la portée financière des engagements - qu'ils
soient fiscaux ou financiers strictement - qu'il a à l'égard des
provinces, peu importe quels sont les accords qui sont en cours
actuellement.
Il arrive que nous vivons actuellement, dans le Canada, à
l'intérieur d'un régime d'arrangements guinguennaux en ce qui
concerne la fiscalité, c'est-à-dire que nous terminons
actuellement l'arrangement de 1976 gui vient à échéance en
1982. On en aura en 1982 qui viendra à échéance en 1986,
etc. et cela dure depuis 1956. Au cours de la négociation gui commence
et qui vise à donner l'opinion des provinces sur une loi
fédérale, une loi qui est légale déjà - on
n'a même pas besoin de poser de questions sur la légalité,
elle est légale - qui vise à ce qu'on en arrive, au 1er mars
à peu près de l'année prochaine, à une loi
fédérale sur les accords fiscaux ou les arrangements fiscaux, il
est plus que probable que pendant les mois qui viennent, nous assisterons
à une réduction des versements que le gouvernement
fédéral s'est engagé, il y a des années
déjà, à fournir aux provinces ou même une
réduction du champ fiscal des provinces, ce qui veut dire que, comme le
Québec a environ 6 000 000 000 $ en cause dans ce petit jeu qui
s'appelle les arrangements fiscaux, il suffit que le gouvernement
fédéral serre légèrement la vis sous quelque
prétexte que ce soit pour que nous nous trouvions privés de 500
000 000 $ ou même 1 000 000 000 $ de notre budget actuel. Par
conséquent, la tenaille financière de la pince dont je viens de
vous parler sera plus visible dans les mois qui viennent, mais nous nous
préparons aux néqociations qui auront lieu et le
ministère, avec le ministère des Finances, est directement
impliqué dans ce dossier.
Cependant, ce dossier, comme c'est normal, est confié plus
spécifiquement et plus directement au ministre des Finances du
Québec, M. Parizeau qui, au cours de l'été, après
les réunions de fonctionnaires - ce sera probablement à l'automne
ou à la fin de l'été - aura à participer, comme
ministre, à
des discussions avec le gouvernement fédéral et les autres
provinces. C'est en gros la perspective devant laquelle nous nous trouvons
maintenant.
M. Rivest: Est-ce que c'est véritablement la seule
perspective? D'abord, cette pince que vous décrivez est très
imagée...
M. Morin (Louis-Hébert): Elle est très
réelle.
M. Rivest: ... mais vous conviendrez avec moi qu'elle ne rend pas
complètement compte de l'évolution des finances publiques au
Canada et même de l'évolution à ce titre du
fédéralisme canadien dans la mesure où les chiffres qui
sont généralement évoqués vont... Je pense qu'un
argument tout aussi légitime est que l'évolution du
fédéralisme, du moins sur le plan fiscal, est loin d'avoir
été dans le sens d'un affaiblissement des pouvoirs ou des
responsabilités fiscales des provinces et d'un élargissement de
la puissance financière et fiscale du gouvernement fédéral
en tant que telle. Au contraire, ces 15, 20 ou 25 dernières
années, depuis le début des accords fiscaux, on a plutôt
assisté - c'est le chiffre qu'on avance généralement -
à un renversement, à savoir que le gouvernement
fédéral avait à l'origine 50% ou 55% de la part des
dépenses publiques et cela a été renversé par
l'évolution du fédéralisme. Dans la mesure où les
pouvoirs constitutionnels sont une chose très importante dans la
pratique pour les gens et pour les sociétés dans lesquelles les
gens vivent, les provinces ont vu de plus en plus, dans la
réalité concrète des choses, leur part de l'assiette
fiscale au Canada s'élargir. Cela a été
complètement renversé. Maintenant, ce sont les provinces qui ont
quelque 50% ou 55% de cette part, le fédéral ayant 35%, 40% ou
45%. Sur le plan de l'évolution du fédéralisme, c'est une
chose qu'on doit mentionner.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est peut-être important
que l'on sache de quoi on parle. Êtes-vous en train de dire - auquel cas
ce serait important qu'on le sache - que l'évolution des
dernières années a fait en sorte que les provinces, maintenant,
disposent de beaucoup plus de marge de manoeuvre financière que
c'était le cas avant, oui ou non? Je sais que vous ne répondez
pas aux questions...
M. Rivest: Sur le plan général, quant à la
proportion de l'ensemble des ressources fiscales au Canada, effectivement, les
provinces dans leur totalité, y compris les gouvernements locaux,
disposent davantage...
M. Morin (Louis-Hébert): Que c'était le cas
auparavant.
M. Rivest: ... que c'était le cas dans les années
cinquante, c'a été complètement renversé.
M. Morin (Louis-Hébert): Parfaitement! Est-ce que, en
conséquence, dans votre esprit, ça voudrait dire que les
provinces disposent maintenant de trop ou d'assez de ressources
financières?
M. Rivest: C'était le deuxième volet de mon
commentaire. À part de dire que c'est une pince et qu'il y a un projet
sombre et sournois...
M. Morin (Louis-Hébert): Sournois, oui, mais pas
sombre..!
M. Rivest: Peu importe... de la part du gouvernement
fédéral de vraiment faire très mal aux méchants
pouvoirs provinciaux, en particulier à ceux du Québec, bien
sûr...
M. Morin (Louis-Hébert): Voilà! On ne vous le fait
pas dire.
M. Rivest: Est-ce que cela vous apparaît comme
étant, dans la perspective fédérale dans laquelle nous
nous inscrivons tous autour de la table jusqu'à nouvel ordre, absolument
farfelu ou absolument irresponsable de la part du gouvernement canadien de
chercher... parce que vous avez associé tout ça uniquement
à la soi-disant mauvaise administration du gouvernement
fédéral qui a accumulé des déficits. Est-ce
vraiment la seule dimension qui vous préoccupe? Est-ce que le
gouvernement fédéral ne doit pas, en tant que gouvernement
fédéral, dans un régime fédéral qui est
celui du Canada, entre autres, s'inquiéter de l'évolution de la
fiscalité au Canada? D'autant plus que l'expérience canadienne
sur l'aspect très concret de la lutte aux disparités
régionales, sur l'aspect de la redistribution effective de la richesse,
les objectifs que les différents programmes, soit la
péréquation ou autres choses - en tout cas d'après les
experts, je ne veux pas faire un débat sémantique -n'ont
certainement pas atteints et la position concurrentielle actuellement du Canada
sur le plan économique, par exemple les chiffres de l'OCDA et tout
ça - où le Canada, il y a cinq, dix ou quinze ans était au
quatrième ou cinquième rang et qui maintenant est rendu au
douzième ou treizième rang - est-ce que, comme pays et citoyen de
ce pays, peu importe les ordres de juridiction, le Canada n'est pas en face
d'un problème économique sérieux et un problème
financier qui peuvent apparaître tout à fait légitimes, un
peu comme, d'une façon analogue en ce moment au Québec le
gouvernement du
Québec est obligé de procéder à un certain
nombre de mesures budgétaires qui ne sont pas très
agréables et qui ne sont pas nécessairement faites dans un
mauvais esprit ou de mauvaire foi. Est-ce que cette dimension-là, qui
malheureusement n'apparaissait pas dans vos commentaires initiaux, ceux que
vous avez tenus à l'Assemblée nationale et ceux qui ont
été invoqués, entre autres, par le leader parlementaire
l'autre jour dans le débat, est-ce que ces
considérations-là sont complètement non pertinentes au
débat? Est-ce que le gouvernement du Québec est prêt, en
défendant les intérêts financiers du Québec bien
sûr - comme en ce moment les commissions scolaires, les services
d'accueil, enfin, les gens de l'éducation le font - est-ce
complètement farfelu ou bien si cette dimension-là ne doit pas
être retenue? Est-ce que le gouvernement du Québec, dans sa
démarche actuelle, va en tenir compte, va essayer de faire la part des
choses et ne pas simplement évoquer le spectre d'une espèce de
stratégie épouvantable qui est politique au fond? Est-ce qu'on va
examiner le mérite des dossiers, des chiffres, des affirmations, de la
situation du pays et du fédéralisme sur le plan fiscal?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est intéressant comme
question parce que ca pose une autre question plus fondamentale: la conception
qu'on a de la société canadienne et québécoise. Si
on considère que le Canada est formé d'un gouvernement
fédéral et de dix subdivisions régionales administratives
qui s'appellent des provinces, ce que vous avez posé comme
problématique est parfaitement valable. C'est-à-dire que le
gouvernement fédéral doit se comporter, par rapport aux
subdivisions administratives régionales que seraient les provinces dans
cette perspective, comme un gouvernement qui à un moment donné
dit: Écoutez, on a des problèmes financiers et il va falloir que
tout le monde restreigne ses exubérances financières et par
conséquent vous autres, province X ou vous province Y vous allez
recevoir moins mais on va s'arranger ensemble.
Si la vision du Canada est fondée sur cette sorte de pyramide
politique que serait en haut le gouvernement fédéral dirigeant,
au fond, dix régions, cela peut toujours aller. Dans cette perspective,
je dirais que cette question se pose effectivement, oui. Cela pourrait
très bien être parfaitement correct, dans ces conditions, de dire:
Le gouvernement fédéral a des problèmes, il faudrait lui
donner une chance et arrêter nous-mêmes de dépenser. Sauf
que ce n'est pas ça, la réalité canadienne. C'est qu'il y
a deux sociétés au Canada, réparties elles-mêmes en
dix provinces. Une des sociétés vit dans une province, en
majorité. Or, la vision fédérale des choses fait qu'ils
agissent à partir de la conception du Canada dont je parlais il y a une
seconde, c'est-à-dire un gouvernement central et dix subdivisions
administratives, et nous, nous disons: On a plus, au Québec, qu'une
subdivision administrative d'un État à défendre, on a une
société à défendre.
Dans cette perspective, toute réduction de paiements
fédéraux à laquelle on a été, en quelque
sorte, conduits par suite d'arrangements fiscaux antérieurs ou de
programmes conjoints antérieurs ou de n'importe quoi, mais à
laquelle le gouvernement fédéral nous a incités au cours
des années, au cours des gouvernements antérieurs, à nous
joindre, devient une réduction des moyens d'action d'une des deux
sociétés du Canada. C'est très important et je pense que
c'est un problème sérieux qu'on pose là, ca dépend
de la conception qu'on a du Canada. Si le Canada est une organisation
administrative avec un gouvernement central et dix segments régionaux et
locaux qui sont, au fond, soumis à l'autorité centrale, je pense
que vous auriez raison de poser le problème comme vous le posez et de la
façon dont vous le posez, c'est celle des libéraux
fédéraux.
Mais si vous la posez comme Québécois, membres d'une
société distincte et qui a quand même des problèmes
que les autres n'ont pas, à ce moment-là, la problématique
est fausse. Il s'agit, au fond, autant sur le plan constitutionnel, dont je
parlais tantôt, que sur le plan financier, d'une lutte pour savoir qui
garde le pouvoir de déterminer ce qui se passe dans ladite
société québécoise: est-ce que c'est Ottawa ou si
c'est nous au Québec? Nous au Québec vous comprenant, vous, dans
la mesure où vous voulez faire partie du nous.
M. Rivest: Cette dimension...
M. Morin (Louis-Hébert): Tu n'es pas d'accord, tu
répondras à ton tour.
M. Rivest: ...elle est politique dans le sens large du terme,
dans le sens non péjoratif et je trouve qu'elle a - j'essaie de trouver
le mot - une certaine signification. Vous avez dit que la problématique
exposée était celle des libéraux fédéraux.
Prenons-en une autre.
M. Morin (Louis-Hébert): J'espère que non. C'est ce
que j'ai dit.
M. Rivest: Non, je pose des questions. Je veux savoir où
le gouvernement va. Je me place dans la problématique d'un de vos
associés cosignataires, d'un conservateur albertain qui a signé
l'entente du 16 avril qui bénéficie de richesses naturelles, de
revenus qui donnent une capacité financière à l'Alberta
qui est dans le même pays et qui,
avec vous, endosse le principe du fédéralisme, même
si elle n'accepte pas la résolution fédérale. Il constate
qu'il a des intérêts tout à fait légitimes, des
intérêts de société - non pas à cause de
l'identification culturelle qui lui est particulière, qui lui est
propre, comme vous l'avez soumis, avec raison, pour le Québec - des
intérêts de propriété de ses ressources naturelles
et de sauvegarde de ses responsabilités. Il parle de ces choses avec un
autre de vos associés, un conservateur néo-écossais, qui
est très conscient de ses difficultés de société,
parce qu'il se dit: Je suis dans la Confédération, le type de la
Nouvelle-Écosse, et je constate que ma province a effectivement beaucoup
moins de chances, sur le plan de l'égalité des chances. On sait
que le régime fédéral est supposé se
préoccuper de cette dimension. Il a un problème de
société, lui aussi, mon néo-écossais, et il aborde
ces questions fiscales en se demandant s'il n'y aurait pas moyen, que lui,
néo-écossais, dans sa société de la
Nouvelle-Écosse, puisse, par son adhésion à un pays qui
s'appelle le Canada qui est gouverné par un régime
fédéral, au niveau des accords fiscaux, bénéficier
d'une partie de la richesse de son compatriote canadien de l'Alberta. (20 h
45)
Est-ce que ce type de problème, en termes de développement
et auquel le Québec n'est pas étranger... parce que nous ici, en
dehors de nos problèmes culturels, avons des problèmes de
développement. Si le Canada réussissait ou, enfin, se
préoccupait de cela avec l'arme fiscale qui est loin d'être la
seule pour régler ce genre de problème, mais qui est un
élément important... Est-ce que ce discours, on va le retrouver
dans les préoccupations et les documents que le gouvernement du
Québec va présenter à Ottawa ou si on va strictement s'en
réduire, premièrement, à ce que vous avez
évoqué, c'est-à-dire, une stratégie
fédérale, l'histoire de la thèse, ou deuxièmement,
un argument qui me paraît un peu plus valable, qui est celui du
caractère distinct de la société québécoise?
Est-ce que, comme troisième élément, comme partie de ce
pays jusqu'à nouvel ordre, on va également s'intéresser
sur le plan des avantages fiscaux et que la position du Québec va avoir
des affirmations, des propositions pour essayer, sur le plan fiscal,
d'éliminer ce que le ministre fédéral appelait le dualisme
fiscal et l'évolution de la fiscalité, compte tenu des pouvoirs
des provinces qui ont des ressources pétrolières? Est-ce que ce
type de problème, cette dimension, on va la retrouver dans les documents
et dans les discours surtout du gouvernement du Québec?
M. Morin (Louis-Hébert): Le problème du Canada,
depuis des années qu'on le regarde, c'est qu'il y a une nation ou une
société qui est divisée en neuf provinces, et une qui est
dans une province. C'est là tout le problème par rapport à
la question qu'on discute maintenant. Vous me parlez de la
société néo-écossaise, on aurait pu parler d'une
autre, et je vais en ajouter une autre, la société
saskatchewanaise et la société albertaine et la
société colombio-britannique - je ne sais pas comme on peut
l'appeler -avec tout le respect que je dois à ces gens, qui sont parmi
mes meilleurs amis, par moment...
Une voix: Pour combien de temps?
M. Morin (Louis-Hébert): Tout le temps qu'il faudra.
M. Rivest: Jusqu'au prochain référendum?
M. Morin (Louis-Hébert): Non. Il reste néanmoins
qu'il y a une différence de nature - j'espère que vous allez
reconnaître cela, d'ailleurs des commissions royales organisées
par le gouvernement l'ont dit, donc vous ne pouvez pas faire autrement
qu'être d'accord - entre le régionalisme que ces gens peuvent
manisfester, qui est fort compréhensible et l'existence d'une
société distincte au Québec. Ce qui veut dire que ce n'est
pas parce que le Québec est une province et qu'il y en a neuf autres que
le Québec ou les Québécois perdent leur caractère
de société distincte. Il pourrait très bien n'y avoir que
deux provinces au Canada, le Québec et une autre province dont je ne
connais pas le nom, qui grouperaient les autres, cela peut arriver aussi
théoriquement, de sorte que tout le problème serait très
différent. Un instant, M. le député de...
M. Marx: C'était dans le livre beige, tout cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je sais que ce n'est pas
dans le livre beige, il ne s'est pas rendu jusque-là. La commission
Pepin-Robarts est allée plus loin. La commission Pepin-Robarts
n'étant pas bloquée par des appréhensions dont je n'ose
pas qualifier la nature a quand même reconnu qu'il y avait le
problème régional, le régionalisme, si on peut s'exprimer
ainsi, mais quand même le problème national
québécois dans le sens logique du terme. Quand on arrive aux
arrangements fiscaux, le Québec est, par la force des choses, à
cause du système, réduit au rang de province. On voudrait qu'il
adopte, par rapport à Ottawa, le comportement que les autres provinces
adoptent elles aussi, sauf que nous avons des éléments
particuliers de négociation à faire valoir qu'il est difficile de
faire valoir dans le système présent.
M. Marx: Lesquels?
M. Rivest: Comment cela se traduit-il concrètement? C'est
ce que je veux vous amener à dire.
M. Morin (Louis-Hébert): Je viens de vous le dire. Je vais
vous donner un exemple concret. On a des besoins que les autres n'ont pas.
Pourquoi y a-t-il, dans mon ministère, je ne sais plus combien de
millions je vais vous le dire - quelque 30 000 000 $ pour une
représentation du gouvernement du Québec, ou de l'État
québécois, à l'étranger? Ce sont les
libéraux qui ont commencé cela en 1961, et à
l'époque, vous n'étiez pas encore arrivé.
M. Rivest: ...provinciaux?
M. Morin (Louis-Hébert): Les libéraux provinciaux
qui ont commencé cela à l'époque...
M. Rivest: Est-ce que c'étaient les libéraux
fédéraux qui étaient à...
M. Morin (Louis-Hébert): Les libéraux
fédéraux à Ottawa n'étaient pas
particulièrement réjouis, mais ils ne savaient pas
jusqu'où cela irait. Par conséquent, ils ont laissé aller.
Un instant! Je voudrais bien répondre à la question, M. Marx,
gardez votre question pour tout à l'heure, je suis sûr qu'elle va
être fascinante.
Je prends un exemple relié à mon ministère. On a un
besoin absolument évident - vous y avez consacré deux lignes et
demie dans votre livre beige, donc cela doit être vrai - au fait que nous
avons comme société, à l'intérieur du Canada pour
le moment, besoin de nous défendre nous-mêmes, de nous
représenter nous-mêmes, de nous affirmer nous-mêmes, par nos
propres moyens, à l'extérieur. Cela nous coûte quelque 30
000 000 $ par année. Ce n'est pas grand chose sur 20 000 000 000 $, ce
n'est rien. Néanmoins, on ne sent pas pour la Nouvelle-Ecosse, pour la
Saskatchewan, pour l'Alberta, pour le Manitoba, le même besoin
d'être représentés par une quinzaine de
délégations à l'étranger. Nous avons ce besoin,
nous. Il y a des fonctions que nous devons assumer, parce que nous sommes une
société distincte, que les autres n'ont pas à assumer,
qu'ils peuvent très bien laisser au gouvernement fédéral,
parce que pour les Canadiens anglais - ils ont parfaitement raison de le
considérer ainsi - le gouvernement fédéral, c'est leur
vrai gouvernement national. Quant à nous, il est ici, tout imparfait
qu'il soit, malgré l'Opposition qu'on a à Québec, c'est
quand même le gouvernement national des Québécois.
Alors, nous avons des obligations particulières.
M. Marx: L'Ontario, par exemple...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais je vous donne un
exemple...
M. Marx: ...a aussi des délégations à
l'étranger.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est cela.
M. Marx: Je trouve que c'est important pour le Québec
d'avoir des délégations à l'étranger. Personne ne
conteste cela. Mais j'aimerais avoir d'autres exemples sur ces 34 000 000
$.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous donne un exemple.
M. Marx: Je vous demande de me donner d'autres exemples.
M. Morin (Louis-Hébert): 34 000 000 $...
M. Rivest: Prenez l'assurance-maladie, par exemple, en quoi votre
théorie s'applique-t-elle? Prenons un exemple.
M. Morin (Louis-Hébert): On va prendre le cas du
Régime de rentes du Québec, on va prendre un bon cas...
M. Rivest: Puis deuxièmement...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non, un instant.
M. Rivest: Je veux vous donner une perspective, je vais vous
laisser la parole après, M. le Président, une
précision.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a quelque chose de
remarquable dans les questions que pose le député de Jean-Talon.
Quand il a posé une question et qu'il s'aperçoit que j'ai une
réponse, il change vite.
M. Rivest: C'est évident.
M. Morin (Louis-Hébert): Justement, c'est
évident.
M. Rivest: Parce que votre réponse est de toujours tourner
autour du...
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais parler d'un cas auquel
j'ai été intimement et personnellement mêlé, le
Régime de rentes du Québec.
M. Rivest: ...
M. Morin (Louis-Hébert): Bien oui, mais écoute un
peu, là...
M. Rivest: ...
M. Morin (Louis-Hébert): Je fais l'éducation du
député de Jean-Talon et je peux rester jusqu'à demain
matin, encore que c'est quasiment...
M. Rivest: ... allez-y.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non. Ce que je veux dire, je
n'entrerai pas dans des tas d'exemples, je mentionne seulement le Régime
de rentes du Québec, comme étant un cas tout à fait
particulier. Si on n'avait pas le Régime de rentes du Québec, si
on ne s'était pas battu à l'époque, c'était
à l'époque de M. Lesage, et j'étais là, cela a
été un de mes premiers dossiers, on n'avait pas le Régime
de rentes du Québec...
M. Rivest: ...
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant, on n'avait pas... Je
vais vous donner un exemple. Je sais pourquoi vous avez pris
l'assurance-maladie, je vais vous en donner un autre.
M. Rivest: On a le droit de poser des questions.
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant! Moi, j'ai le droit de
donner les réponses.
M. Rivest: ...
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais revenir à votre
affaire. On n'avait pas la caisse de dépôt du Québec.
M. Rivest: On sait tout cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, cela veut dire que si on ne
s'était pas organisé, si on n'avait pas notre ministère du
Revenu...
M. Marx: ...
M. Morin (Louis-Hébert): Sûrement pas vous, vous
n'étiez pas là, à ce moment-là. Moi, j'y
étais par exemple et lui aussi, il est arrivé pas longtemps
après.
M. Marx: Ce sont les libéraux provinciaux qui ont fait
cela.
M. Morin (Louis-Hébert): ...provinciaux...
M. Marx: Les grandes réformes, c'étaient toujours
les libéraux provinciaux.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce qui est resté, c'est
provinciaux, ce n'est pas libéraux, c'est ce qui est ennuyeux dans le
problème.
M. Rivest: Je veux que le ministre me parle des arrangements
fiscaux.
M. Morin (Louis-Hébert): J'arrive àcela.
M. Rivest: Et cette argumentation, cette histoire de pince...
Une voix: Qui a l'air de vous avoir frappé.
M. Rivest: II y a cet argument de la société
québécoise distincte qui, à bien des égards, peut
se justifier par les délégations. On parle du Régime de
rentes, un paquet d'affaires, on pourrait en trouver d'autres, on pourrait y
donner d'autres réponses.
M. Morin (Louis-Hébert): J'en ai.
M. Rivest: Ce que je veux dire, comment cela se fait-il que cette
question... on a vécu avec les arrangements fiscaux passés,
d'accord?
M. Morin (Louis-Hébert): Bien sûr.
M. Rivest: On a été satisfait à bien des
égards.
M. Morin (Louis-Hébert): M. Lesage a lancé des
ultimatums à Ottawa.
M. Rivest: D'où vient la dramatisation politique qui est
faite, même avant les campagnes, si ce n'est pour la même raison
que ce qu'on disait cet après-midi, si vous voulez que je refasse ma
démonstration entre
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Rivest: ...mes deux documents... la même raison, le
prochain coup, c'est cela que vous avez commencé déjà de
préparer et vous allez vous situer complètement en dehors des
problèmes actuels que vit le pays, qui s'appelle le Canada et que vous
n'aurez aucun égard ou relativement peu d'égard pour l'examen
concret des éléments constitutifs des arrangements fiscaux, que
ce soit la péréquation, les programmes de
l'assurance-hospitalisation, du postsecondaire, de l'assurance-maladie, que ce
soit le régime canadien... je demande au ministre: À part sa
littérature politique et son discours de ses pinces, de ses images,
est-ce que le gouvernement du Québec va au même titre que les
autres gouvernements du Canada et des provinces canadiennes, faire valoir le
mérite des dossiers des engagements fiscaux ou si encore, pour des
raisons politiques, vous allez, comme vous avez déjà
commencé à le faire à mon point de vue, politiser
systématiquement ce dossier et cette
échéance qui s'en vient pour engraisser quelque peu
l'option de la souveraineté que vous ne pouvez pas dire que vous avez
actuellement, mais que vous direz peut-être en fin de semaine que vous
avez, parce que pour l'instant vos associés des autres provinces ne
l'acceptent pas. Est-ce que c'est cela?
Une voix: ...
M. Rivest: Je ne parle pas du fédéral ici, on
n'étudie pas les crédits du fédéral, on
étudie les crédits du ministre.
M. Charbonneau: Ces discussions se font en vase clos, il n'y a
que le Québec qui est concerné.
M. Rivest: M. le Président, il n'a pas le droit de parole.
Je suis très calme, je veux avoir des réponses du ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): La grande différence qu'il
y a par rapport aux négociations fiscales de toutes les dernières
années, et je dis de toutes les dernières années, c'est
que c'est la première fois que l'intention fédérale est
systématiquement annoncée de nous couper 500 000 000 $
M. Rivest: Seulement au Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): En ce qui concerne le
Québec.
M. Rivest: Aux autres, il ne coupe pas.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, aux autres aussi, justement.
C'est ce que je suis en train de vous dire.
M. Rivest: Je pensais qu'il voulait martyriser le
Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): Davantage, oui. Parce que cela
nous affecte dans d'autres choses qui ne sont pas un problème pour les
autres provinces. C'est ce que j'essayais de vous dire tantôt avant
d'être interrompu par votre bouillant voisin de gauche qui a toujours de
la misère à se retenir pour faire des considérations
déplacées.
M. Rivest: Mon voisin n'est pas bouillant.
M. Morin (Louis-Hébert): Pas brillant, je sais.
Bouillant... Ah! pardon. Cette année, on le voit venir depuis quelque
temps, le sens de l'opération que le fédéral est en train
d'amorcer peut, si on n'y voit pas, et avec les autres provinces, se solder par
une perte de 500 000 000 $ pour le Québec; 500 000 000 $ cela commence
à faire du monde.
M. Rivest: Est-ce que vous avez des études
actuellement?
M. Morin (Louis-Hébert): On a tout cela. Cela est
prévu et a même été dit, vous devriez lire la
documentation fédérale.
M. Rivest: Vous l'avez devant vous.
M. Morin (Louis-Hébert): Non pas devant moi, mais, sans
que je le sache, je pourrais vous l'envoyer. Le ministre fédéral
des Finances, M. MacEachen, l'a presque annoncé sans donner les chiffres
que je viens de vous mentionner, mais...
M. Rivest: Est-ce qu'il l'a annoncé?
M. Morin (Louis-Hébert): ...oui parce qu'il a dit
très bien...
M. Rivest: Je vous demande si vous avez des études pour
avancer ce chiffre-là et maintenant c'est juste s'il l'a pas dit...
M. Morin (Louis-Hébert); ...il s'agit de déduire de
ce qu'il a annoncé l'effet que cela pourrait avoir sur le Québec
ces 500 000 000 $, peut-être $700 000 000 $.
M. Rivest: Actuellement, qu'a le gouvernement du Québec
sur les arrangements fiscaux? Quels documents, quelles commandes ont
été placées? Où en êtes-vous? Quel est le
contenu du dossier? Quels sont les éléments? Allez-vous seulement
faire de la politique ou si vous allez examiner le mérite des dossiers
dans une perspective québécoise, bien sûr, et dans une
perspective canadienne dans laquelle vous devez vous situer?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela. Nous allons examiner
le mérite des dossiers.
M. Rivest: Où en êtes-vous?
M. Morin (Louis-Hébert): Deuxièmement, nous en
sommes à une collaboration entre fonctionnaires du ministère des
Finances et ceux de mon ministère. Troisièmement, j'ai eu des
rencontres avec le ministre des Finances. Quatrièmement, il est
évidemment chargé de la négociation plus spécifique
dans ce domaine, comme il est parfaitement normal que ce soit le cas, et nous
attendons la suite des événements. C'est notre organisation. Nous
avons des gens, nous pourrions vous donner les noms tantôt, si cela vous
intéresse, qui sont spécifiquement assignés à ces
tâches de technique préparatoire aux négociations
constitutionnelles.
Cela dit, on ne peut quand même pas
négliger ce qui a déjà été
mentionné par les fédéraux, c'est-à-dire leur
intention évidente de limiter leur participation dans un certain nombre
de programmes conjoints, de limiter les versements de
péréquation, en somme, de limiter la portée des
engagements auxquels ils ont, à toutes fins utiles, à
l'époque, forcé les provinces à adhérer, ce qui
fait qu'ils vont nous laisser avec le bébé et qu'ils vont se
retirer tranquillement de leur côté sous prétexte de
décentralisation ou de quoi que ce soit, mais cela peut nous
coûter 500 000 000 $ ou 700 000 000 $.
M. Rivest: Au niveau de la rencontre des fonctionnaires que le
ministre a évoquée, y a-t-il des documents ou des chiffres que le
ministre pourrait nous fournir? Les fonctionnaires ne sont pas allés
comme cela faire un discours comme le ministre. Est-ce qu'il existe
actuellement des documents préparés par le gouvernement du
Québec à partir de la déclaration de M. MacEachen? Est-ce
qu'on pourrait les avoir à ce moment-ci, peut-être pas ce soir,
mais le ministre peut-il s'engager, au fil des jours et des semaines qui
viendront, parce que ce sera un dossier majeur, à rendre publiques les
données de fait - je ne parle pas de la stratégie du
Québec sur les négociations - de ce dossier de la
renéqociation des accords fiscaux? Aussitôt qu'il y a un document.
Actuellement, par exemple, quelle est la situation précise dans le
budget du Québec? Qu'est-ce que cela apporte? Peut-on avoir cela? Est-ce
disponible? Je sais qu'on peut trouver cela quelque part, mais, au nom du
gouvernement du Québec, allez-vous déposer cela? Quand il y aura
une proposition fédérale ferme, vous engagez-vous à nous
dire: La proposition fédérale est celle-ci. Cela signifie ceci
pour la péréquation, pour les programmes à frais
partagés, pour le régime canadien d'assistance publique, voici ce
que nous demandons? Tout au long du processus de négociation des accords
fiscaux, au niveau de l'Assemblée nationale et au niveau de cette
commission ce soir - pour l'instant, je pense qu'on peut difficilement aller
plus loin que cela - pouvez-vous prendre l'engagement d'associer directement
l'Assemblée nationale, ou les députés, ou l'opinion
publique, dans ce cas-là, à la négociation. On ne devrait
pas se contenter d'une compagne publicitaire. (21 heures)
M. Morin (Louis-Hébert): Le député demande
des renseignements. Ils existent déjà dans les statistiques
officielles publiées par tous les gouvernements. Je peux vous les faire
parvenir, mais...
M. Rivest: Les données de fait, cela va.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela que vous demandez, les
données de fait. Donc, elles existent déjà. La proportion
du budget du gouvernement du Québec qui dépend des types de
versements dont j'ai parlé est déjà connue. Je ne l'ai pas
devant moi, je peux fouiller, mais elle existe dans les statistiques
officielles.
Cependant, on me demande si, au cours de la discussion ou de la
néqociation qui s'en vient, on tiendra le public québécois
et l'Opposition, en toute déférence, au courant. La
réponse est: Absolument oui. J'en ai déjà moi-même
parlé à l'Assemblée nationale en réponse à
votre vénéré chef et je n'avais pas besoin, à ce
moment-là, de parler de négociation fiscale. J'ai commencé
à en parler pour dire: cela s'en vient, et mon collègue, le
ministre des Finances, a lui-même profité de je ne sais trop
quelle circonstance, il n'y a pas longtemps, pour dire qu'il s'en venait des
choses importantes, qui ont énormément d'impact ou qui peuvent en
avoir sur le budget du gouvernement du Québec.
La conséquence de cela, c'est que c'est évident qu'on va
dire à la population et à vous d'abord, en toute
déférence, ce qu'il en est de la négociation. Si vous me
demandez si on va vous donner les mémos internes qu'on se transmet, la
réponse est non, car je ne les vois pas toujours moi-même, de
toute façon. Mais on va vous tenir au courant. On a pris la peine
d'annoncer que cela s'en venait. Pourquoi est-ce que vous pensez...
M. Rivest: Cela ne me surprend pas que vous ne les voyiez pas
vous-même, parfois.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, parce qu'à certains
moments, il s'agit de distinguer...
M. Rivest: Ce n'est pas gentil pour le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne vois pas ce que cette
intervention a à ajouter à l'intelligence de...
M. Rivest: L'affaire est très importante. Je voudrais
m'assurer que d'une façon ou de l'autre, quand vous avez des commissions
parlementaires, à gauche et à droite, avec la
télévision et tout cela, si, étant donné
l'importance de la guestion actuelle, vous prenez l'engagement ici d'associer
l'Assemblée nationale au déroulement de ce processus, pour
éviter que l'Assemblée nationale et que l'opinion publique
canadienne ou québécoise ne se disent: On a tout essayé,
on a tout fait, et voyez comme ils sont méchants. Bang, un sloqan!
D'accord?
M. Morin (Louis-Hébert): À part le bang
et le slogan dont vous venez de parler, il y a une chose qui est
sûre, cela fait deux fois que je vous dis que si nous avons pris, le
ministre des Finances et moi-ême, la précaution, en quelque sorte,
de dire qu'il s'en vient quelque chose d'important au-delà du
débat constitutionnel que nous connaissons maintenant, c'est que,
figurez-vous donc, nous avons l'intention de vous en parler. Si nous avons
l'intention de vous en parler c'est parce qu'on va vous fournir des
chiffres.
M. Rivest: Ne nous faites pas de discours.
M. Morin (Louis-Hébert): II va certainement y avoir des
discours.
M. Rivest: Je ne vous crois pas, moi, quand vous faites un
discours.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous écouterez quand
même, cela pourra vous informer.
M. Charbonneau: C'est ce que vous faites depuis cet
après-midi, vous.
M. Rivest: Tiens, où est-ce qu'il était lui?
M. Blouin: Vous n'avez pas le droit de présumer que le
ministre ne dit pas la vérifié. Je suis un nouveau
député, mais j'ai appris cela. Vous n'avez pas le droit de
présumer que le ministre ne dit pas la vérité.
M. Rivest: Non, il dit toujours la vérité, le
ministre.
M. Blouin: Ce n'est pas cela que vous venez de dire. Je vous
demande de retirer vos paroles.
M. Rivest: Je les retire complètement. Quelles sont les
démarches précises par lesquelles le ministre va actualiser son
engagement?
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'en sais rien. Je ne sais pas
quelles sont les démarches précises. Je vous dis qu'on va vous
tenir au courant, que la population du Québec va être
informée de ce qui se passe et que s'il y a deux ministres du
gouvernement du Québec qui ont pris la peine de le dire, le ministre des
Finances et moi-même, c'est parce qu'on a l'intention d'en parler. Mais
quelle est la démarche qu'on va suivre, je ne le sais pas. Vous voulez
en venir à quoi au juste?
M. Rivest: Attendez, soyez patient.
M. Morin (Louis-Hébert): Qu'on fasse un
référendum sur les amendements fiscaux?
Non.
M. Rivest: II y a eu dans un autre domaine une commission
parlementaire pour un autre problème qui était plus limité
que les engagements... Est-ce que vous accepteriez de faire une commission
parlementaire?
M. Morin (Louis-Hébert): II faudrait demander à mon
collègue le ministre des Finances qui est chargé de ce dossier
sectoriel.
M. Rivest: Maintenant, ce n'est plus vous?
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous ai dit tantôt qu'on
était deux là-dedans.
M. Rivest: Si vous êtes deux, vous pouvez au moins
répondre pour l'autre. Non, c'est vrai. De ce temps-ci, il n'y a aucun
ministre qui parle au nom de M. Parizeau. J'oubliais. C'est vrai.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous pouvez conclure ce que vous
voulez, mais je vous dis que vous allez être tenu au courant, que vous le
vouliez ou non.
M. Rivest: Vous êtes prudent tout à coup face au
ministre des Finances.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne suis pas prudent face au
ministre des Finances. Je suis prudent simplement face à une
réalité...
M. Rivest: Vous avez peur de vous faire couper le museau.
M. Morin (Louis-Hébert): ...gui est que vous me
demandez...
Non, non, de toute façon ce n'est pas lui gui coupe
maintenant.
Vous me demandez guelle va être la démarche gue nous allons
suivre. Je ne peux pas vous dire exactement à quel moment on va
intervenir avec quoi, cela vient de commencer ces négociations au niveau
des fonctionnaires. Les gars commençaient juste à se
connaître.
M. Rivest: Les fonctionnaires sont allés, nar exemple
première guestion - sans mandat...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non, je n'ai pas dit
cela.
M. Rivest: Quel était leur mandat?
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai dit que, de part et d'autre,
la négociation se prépare...
M. Rivest: Quel était leur mandat, les fonctionnaires?
M. Morin (Louis-Hébert): Elle aura lieu à
l'automne.
Le mandat, c'est de se préparer pour avoir la négociation
la plus correcte possible.
M. Rivest: Voyons donc, M. le ministre, vous n'avez pas dit
à vos fonctionnaires, si brillants qu'ils soient - et ils le sont:
Allez-y et préparez-vous, tout cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Rivest: Vous avez une direction ministérielle. C'est
quoi le mandat qui a été confié aux fonctionnaires du
Québec, actuellement?
M. Morin (Louis-Hébert): Le mandat, c'est de voir quelle
sorte de tour ou de coup pendable...
M. Rivest: Bon, c'est justement...
M. Morin (Louis-Hébert): ...les fédéraux
préparent. C'est cela que vous voulez que je vous dise.
M. Rivest: Là, vous faites de la politique.
Répondez donc à la question...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est comme cela que...
M. Rivest: Sur le plan administratif, quel mandat a
été donné?
M. Morin (Louis-Hébert): Vous savez très bien que
ce n'est pas strictement de l'administration dans ces questions. C'est comme si
vous n'aviez aucune mémoire de ce dont vous avez été
témoin à certaines époques.
M. Rivest: Justement, c'est parce que c'est de la mémoire,
je vous connais.
M. Morin (Louis-Hébert): Justement. Il faut quand
même que vous sachiez qu'il ne s'aqit pas strictement de donner des
mandats technocratiques pour que les choses arrivent comme on le veut. Il
s'agit de leur dire exactement: Voici la réalité et voici la
réalité qu'eux perçoivent, comment est-ce que cela peut
nous affecter, compte tenu de nos problèmes à Québec,
compte tenu de l'attitude des autres provinces, faites-nous rapport.
Voilà.
M. Rivest: C'est cela. Là-dedans, toutes ces belles
généralités que vous venez de résumer, il n'y a
rien de concret, de précis que vous pouvez indiquer à l'opinion
publique.
M. Morin (Louis-Hébert): Pour le moment, non. Mais, vous
ne perdez rien pour attendre.
M. Rivest: Combien de temps va-t-on attendre, sans en perdre?
M. Morin (Louis-Hébert): Sans perdre, je ne le sais pas,
mais probablement, j'imagine que cela deviendra plus actuel à la fin de
l'été ou au début de l'automne, septembre ou octobre.
M. Rivest: Et à ce moment, vous allez associer
l'Assemblée nationale et l'opinion publique à la démarche
du gouvernement.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne peux pas vous dire comment
cela va se passer exactement. Mais je sais que les qens vont être
informés de ce qui se passe. Comme on dit toujours ce qui se passe, on
va continuer dans ce cas comme dans les autres.
M. Rivest: Je ne suis pas chanceux dans mes questions.
M. Morin (Louis-Hébert): Rien oui, mais vous ne posez pas
les bonnes questions.
M. Rivest: Tu n'as pas de question? Tu aurais dû en avoir
une.
M. Marx: On a posé toutes les questions qu'on a voulu
poser et on n'a pas de réponse. Qu'on passe à un autre
dossier.
M. Rivest: D'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): On adopte le budget.
M. de Bellefeuille: Programme 1, élément 2.
M. Rivest: Relations fédérales-provinciales.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous m'aviez demandé une
liste. Si vous posez la question, je vais donner la réponse.
Affaires économiques et
financières
M. Rivest: Dans le domaine économique de la direction des
affaires économiques et financières.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
M. Rivest: Vous nous dites dans les notes que vous nous avez
transmises que les principaux dossiers ont été l'industrie de
l'automobile, l'aéronautique, les chantiers maritimes et la question des
mines de sel.
Assez curieusement, il n'y a pas le sommet économique de
Montréal là-dedans, en tout cas, probablement que c'est un
oubli.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas de mon
ministère.
Il est là le sommet économique de Montréal. Je vous
l'ai donné tantôt.
M. Rivest: Je veux voir comment la direction des affaires
économiques, parce qu'il n'y a pas seulement cela, j'imagine, il y a les
ententes de développement. Actuellement, est-ce qu'il y en a? Je
voudrais que vous soyez beaucoup plus explicite que vous ne l'avez
été sur l'ensemble des dossiers.
Prenons, par exemple, un dossier, les accords fiscaux, on en a
parlé. Le développement régional, qu'est-ce que votre
direction des affaires économiques fait?
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, je vais
donner au député de Jean-Talon bien plus qu'il ne demande. Je
vais lui donner la liste complète des dossiers dont s'occupe
actuellement la Direction générale des affaires canadiennes,
c'est-à-dire les dossiers actifs et je viens de lui donner à
l'instant - je lui pardonne de ne pas le savoir sur le coup, pour la bonne
raison qu'il vient, il y a douze secondes, de l'avoir, la liste de
peut-être 25 ou 30 dossiers dont s'occupe notre Direction
générale des affaires canadiennes. Il verra là-dedans,
contrairement à ce qu'il a mentionné tout à l'heure, que
le sommet économique de Montréal en est un et que tous les autres
sujets auxquels il a référé...
M. Rivest: Vous m'avez dit que vous n'étiez pas
là-dedans, il y a deux minutes.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela ne relève pas de mon
ministère.
M. Rivest: Mais il est là-dedans.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, c'est parce que c'est un
sujet qui intéresse le ministère mais ce n'est pas lui qui est
responsable du sommet économique.
M. Rivest: Cela ne relève pas du ministère, mais
cela l'intéresse.
M. Morin (Louis-Hébert): Certainement. Il y a bien des
choses comme cela dans le gouvernement qui nous intéressent, sans
relever de nous.
M. Rivest: Ce que je veux savoir du ministre, c'est que vos
directions générales qui travaillent il y a des qens qui
travaillent là-dedans - je veux connaître, à moins que vous
vouliez... je n'ai pas d'objection à ce que vos gens
répondent...
M. Morin (Louis-Hébert): Certainement parce que...
M. Rïvest: Prenons un exemple qui intéresse à
peu près toutes les régions du Québec. Actuellement, la
direction générale s'intéresse au développement des
affaires économigues et financières, au développement
réqional. Sur quel aspect, quel est le problème, quelles sont les
perspectives? Je regarde le député de
Rouyn-Noranda-Témiscaminque gui me dit que peut-être cela va
être par chez nous.
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas saisi votre question.
Qu'est-ce que vous voulez dire par votre question?
M. Rivest: Sur le développement régional,
actuellement, quels sont les problèmes que vous avez avec le
gouvernement fédéral? Quels sont les éléments de ce
dossier qui préoccupent votre ministère?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a des ententes en
négociation prêtes à être signées, pour vous
donner une réponse partielle, concernant, par exemple, les axes routiers
prioritaires, notamment le développement des transports, les
traversiers-rails Port-Cartier, le développement touristique, le Palais
des congrès de Montréal, les centres de ski, la manifestation
Québec 1534-1984, vous avez déjà entendu parler rie
cela?
M. Rivest: Les voiliers.
M. Morin (Louis-Hébert): Voilà. Le
développement minier...
M. Rivest: Est-ce que le drapeau est réqlé?
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne le sais pas, je n'ai pas
suivi cela.
M. Rivest: Je suis spécialiste là-dedans, j'en ai
réglé plusieurs déjà.
M. Morin (Louis-Hébert): La Société
Inter-Port de Québec... Non, cela fait longtemps que je ne m'occupe pas
de cela.
M. Rivest: Les ententes touristigues, par exemple, c'est
important pour la...
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais vous donner une
réponse générale en ce gui concerne toutes les
ententes...
M. Rivest: Oui, c'est cela gue je crains, d'avoir des
réponses générales. Mais
vos fonctionnaires qui travaillent, ils ne travaillent pas
généralement, ils travaillent à des dossiers.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais justement...
M. Rivest: Et vous êtes ministre de cela, d'accord?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela, je suis ministre, je
suis coordonnateur de l'ensemble de ces questions et c'est ce qu'on fait depuis
plusieurs années, sauf que - je dis cela chaque année - en ce qui
concerne les sujets précis dont il est question à
l'intérieur de chacun de ces dossiers, ils relèvent des
ministères sectoriels. Ce n'est pas nous parce que, autrement - faire
marcher un gouvernement, c'est compliqué - s'il fallait que nous autres,
en plus du Conseil du trésor et d'autres organismes centraux, on
ralentisse la machine administrative, on n'en sortirait pas. Par
conséquent, chaque ministère sectoriel s'occupe de son dossier en
coordination avec nous. Alors, si vous me demandez quel est l'état de la
question en matière de développement réqional, en
matière d'habitation, en matière de télévision
à péage ou n'importe quel des dossiers qui sont là, on
peut toujours vous répondre. On va vous demander quelque temps. Sauf
qu'il s'agit...
M. Rivest: Vous pourrez avoir votre collaborateur.
M. Morin (Louis-Hébert): Mais même là,
qu'est-ce que vous voulez, il y a des dossiers qui sont dans chaque
ministère. Si, nous autres, on s'occupait directement...
M. Rivest: Oui, mais vous ne pouvez pas me dire...
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant!
M. Rivest: ...que le ministère des Affaires
intergouvernementales se résume à une liste comme
celle-là.
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Rivest: Vous n'êtes pas en train de me dire cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce que je vous ai dit - il ne
faudrait quand même pas transformer le sens de mes paroles - c'est que ce
sont les dossiers actifs dans mon ministère...
M. Rivest: Justement...
M. Morin (Louis-Hébert): ...parce que mon ministère
est un ministère qui s'occupe de la coordination des relations
fédérales-provinciales relativement à ces
questions-là. Sauf que la négociation concrète,
quotidienne, matérielle et terre-à-terre de chacun de ces
dossiers relève, comme il se doit, de chacun des ministères
sectoriels qui en est chargé. L'assurance-maladie, qu'est-ce que voulez,
je n'administre pas cela chez nous et je ne le veux pas non plus. La meilleure
façon de bloquer l'ensemble du gouvernement du Québec, ce serait
que nous nous occupions, comme ministère, non seulement, avec les
autres, de la négociation, mais de l'administration de toute cette
liste-là. Je ne veux pas qu'on fasse cela. Je suis absolument
opposé à cela. Ce serait le meilleur moyen d'étouffer
l'administration québécoise que de faire cela.
M. Rivest: Prenons à l'intérieur...
M. Morin (Louis-Hébert): Dans ces
conditions-là...
M. Rivest: ...prenons concrètement. À
l'intérieur de l'élément développement
régional, vous dites qu'il est question d'une entente touristique.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Rivest: Je conçois volontiers que le ministère
des Affaires interqouvernementales n'est pas là pour développer
la politique touristique du Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous savez très bien
cela.
M. Rivest: Sauf que vous avez, sur le plan des relations
fédérales-provinciales cela intéresse votre
ministère - des néqociations avec le fédéral, dans
la mesure que vous avez indiquée. Qu'est-ce que vous faites actuellement
là-dedans? Quels sont les problèmes? Il n'y a pas moyen de savoir
cela? Je parle sur le plan fédéral-provincial, je ne parle sur le
plan du contenu touristique.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a pas
énormément de problèmes.
M. Rivest: C'est quoi le problème?
M. Morin (Louis-Hébert): Le problème, c'est le
même que celui que je mentionnais, cet après-midi, à votre
collègue qui n'est pas là ce soir, le député de
Hull. Chaque fois qu'il se présente un dossier qui concerne le
développement régional, les communications ou le commerce du
matériel, le transport en commun ou les pêcheries, dans chacun de
ces cas-là, on reqarde si les intérêts du Québec
sont sauvegardés. S'ils le sont, on laisse le ministère
fonctionner sans mettre
d'enfarges...
M. Rivest: Le voilà le problème précis que
vous m'aviez signalé, le développement régional, l'entente
du tourisme. Je vous demande, M. le ministre, c'est quoi...
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas dit que c'est un
problème.
M. Rivest: ...le problème que vous avez. Qu'est-ce
que...
M. Morin (Louis-Hébert): Je m'excuse.
M. Rivest: ...votre fonctionnaire fait de ses journées, le
gars qui s'occupe de cela?
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a pas une personne qui
s'occupe strictement de ce dossier.
M. Rivest: Bien, écoutez!
M. Morin (Louis-Hébert): II y a eu d'autres dossiers.
Écoutez! On ne confis pas seulement un dossier à une personne; il
y en a plusieurs. Je n'ai pas dit...
M. Marx: Qu'est-ce que le fonctionnaire a fait cette année
dans ce dossier?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, un instantl Je voudrais
quand même qu'on comprenne. Je n'ai pas dit qu'il y avait un
problème avec le développement touristique. Je vous ai dit qu'il
y a des ententes en négociation dans ces domaines-là.
M. Rivest: Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Bon! Je n'ai pas dit gu'il y
avait des problèmes.
M. Rivest: Où est-ce que c'en est rendu?
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne sais pas où c'en est
rendu ce soir.
M. Rivest: Vous ne le savez pas.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela dépend du
ministère...
M. Rivest: Quand la dernière réunion a-t-elle eu
lieu?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est le genre de questions,
justement, qu'il faut poser...
M. Rivest: Quel est le mandat qui a été
donné à votre fonctionnaire qui est allé participer
à ces réunions?
M. Morin (Louis-Hébert): M. le député...
M. Rivest: Cela ne vous concerne pas comme ministre des Affaires
intergouvernementales? J'ai mon voyage.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela nous concerne mais, M. le
député de Jean-Talon, vous savez très bien - vous vous
retenez de rire d'ailleurs - que ce n'est pas possible de savoir
exactement...
Une voix: Je vais pleurer.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous ne vous retenez pas de rire,
c'est cela.
M. Marx: On veut pleurer.
Le Président (M. Blank): réglementaire.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président.
M. Marx: Question plantée maintenant.
Des voix: Ah!
(21 h 15)
M. de Bellefeuille: Mon collègue de D'Arcy McGee n'est pas
très gentil ce soir. M. le Président, je voudrais, dans la ligne
des questions que pose le député de Jean-Talon, attirer
particulièrement l'attention du ministre sur une des liqnes qui figurent
dans cette liste. C'est dans la deuxième section, "affaires
économiques et financières". La ligne dit "transport
aérien et terrain périphérique à Mirabel." Le
député de Jean-Talon voulait savoir quels sont les
problèmes à propos de cette liste. Je voudrais très
brièvement rappeler quels sont les problèmes qui se posent a
propos du transport aérien et du terrain périphérique
à Mirabel.
M. Marx: Voilà quelqu'un qui est au courant!
M. Rivest: Je pense que je vais m'adresser à lui
maintenant.
M. de Bellefeuille: Plus maintenant. J'interviens sur une
question qui est située géographiquement dans le comté de
votre chef vénéré, le député
d'Argenteuil.
M. Morin (Louis-Hébert): Oh, vénéré,
je ne suis pas sûr!
M. de Bellefeuille: C'est un beau cadeau que j'ai d'ailleurs fait
au député d'Argenteuil parce que...
M. Rivest: Le député de Louis-Hébert m'en a
fait quelques-uns, j'ai failli y laisser ma peau.
M. de Bellefeuille: ... cette partie de
son comté a voté contre lui, mais enfin.
C'est une belle occasion pour le ministre de prouver, en s'occupant de
ce dossier, qu'on ne fait pas de patronaqe, qu'on s'occupe convenablement des
comtés représentés par des députés de
l'Opposition. Les deux grands dossiers relatifs à Mirabel, ce ne sont
pas des dossiers dont l'intérêt est limité au comté
d'Argenteuil, ça touche toute la région et, en un sens, ça
touche toute l'agglomération montréalaise, ça touche par
conséguent tout le Québec.
Le dossier du transport aérien est bloqué à Ottawa.
Au mois d'octobre, M. Francis Fox, gui est ministre à Ottawa et
député de cette région un peu à côté,
Blainville-Deux-Montagnes, a fait une grande déclaration pour dire qu'il
appuyait la recommandation des fonctionnaires du ministère
fédéral des Transports. Ça s'appelle le scénario no
6, ça comporte le transfert de tous les vols de Dorval à Mirabel,
sauf les courts courriers.
Alors les fonctionnaires de Transports Canada avaient expligué
qu'avec le court courrier, avec ce qu'on appelle l'aviation
générale, qui représente plus de la moitié des
départs et des arrivées à Dorval, avec l'école de
pilotage, avec les projets de Canadair, avec les bases d'entretien et
principalement celle d'Air Canada, qui doit demeurer à Dorval de toute
façon, il y a un avenir garanti pour Dorval, même avec le
transfert de tous les vols à Mirabel, sauf le court courrier.
Par ailleurs, Mirabel - je ne raconterai pas toute l'histoire gui a
commencé en 1969, implantation, par une décision d'Ottawa,
contraire à l'avis du gouvernement du Québec...
M. Rivest: J'étais plutôt favorable au site de
Saint-Hyacinthe d'ailleurs.
M. de Bellefeuille: Ah! bon? Drummondville?
M. Rivest: Oui, Drummondville.
M. de Bellefeuille: Alors vous voyez, ça traîne
depuis ce temps, l'aéroport a été bâti, il est
devenu un éléphant blanc et cette situation va s'aggravant. Cette
année, comparé à l'année dernière, il y a
une baisse du trafic aérien d'environ 16%, à Mirabel. Cela
continue à se dégrader, ca continue à s'aggraver.
Or, à l'aéroport de Mirabel, il y a tout ce qu'il faut
pour faire un des aéroports les plus modernes du monde. Il y a des
services de manutention à la marchandise qui sont parmi les meilleurs au
monde et gui ne sont pas utilisés à leur capacité; au
contraire, ils sont de plus en plus sous-utilisés.
Au mois d'octobre, M. Fox avait annoncé gu'il appuyait ce projet.
Les journalistes sont allés voir M. Jean-Luc Pepin, à Ottawa,
ministre des Transports et lui a aussi dit: Non, non, il n'y a rien de
décidé.
Depuis ce temps, ce que M. Pepin fait, à Ottawa, c'est qu'il
commande des études; il a fait faire une étude d'impact, il a
fait faire des études d'analyses de coûts-bénéfices
et, d'étude en étude, il n'y a pas de décision qui se
prend.
Je voudrais demander au ministre de s'entendre avec son collèque
de Transports Canada pour renouveler les pressions sur Ottawa à ce
sujet, car il y a peut-être une certaine latitude...
M. Rivest: Est-ce que le député...
M. de Bellefeuille: Je vais terminer d'abord.
M. Rivest: Non, mais au ministère des Affaires
intergouvernementales, il n'y a rien là-dessus?
M. de Bellefeuille: Oui, il y a des dossiers, il y a des
fonctionnaires qui cherchent à activer la chose, mais j'ai l'impression
que ca va prendre une intervention à un niveau plus élevé
comme celui du ministre des Transports et du ministre des Affaires
intergouvenementales pour convaincre Ottawa d'enfin débloquer ce dossier
pour l'avantage de tout le monde.
M. Rivest: C'est ca gue je veux savoir. Qu'a-t-on au
ministère des Affaires intergouvernementales dans chacun des dossiers?
C'est ce que je veux savoir et il n'y a pas moyen.
M. de Bellefeuille: La deuxième partie, M. le
Président, de cette même ligne, ce sont les terrains
périphérigues. C'est un autre dossier gui pourrit parce qu'Ottawa
ne veut pas bouger. Ottawa a, pour la deuxième fois, fait un tour de
passe-passe en confiant le problème à une société
de la couronne, ce qui n'a absolument rien réglé. Il y a une
dégradation du territoire agricole. Le ministre de l'Agriculture du
Québec, avec le concours du ministre des Affaires intergouvernementales
a, déjà fait des représentations à Ottawa
là-dessus, mais je répète qu'il y a peut-être une
certaine latitude, à force de se heurter la tête sur un mur avec
Ottawa qui refuse de bouqer, mais je prétends qu'il faut quand
même revenir à la charqe...
M. Rivest: Et vous demandez au ministre de le faire.
M. de Bellefeuille: ...et je demande au ministre, de concert avec
le ministre des Transports, dans un cas, et de concert avec
le ministre de l'Agriculture, dans l'autre cas, de prendre des
dispositions pour revenir à la charge au niveau politique le plus
élevé pour essayer de provoquer un déblocage dans ces deux
dossiers.
M. Rivest: Le ministre vient de dire d'accord, mais c'est
exactement ce que je... Qu'allez-vous faire pour répondre à votre
demande? C'est ce que je veux savoir. Qu'est-ce que votre direction des
affaires économiques et financières va faire pour répondre
à la demande de votre collègue, le député de
Deux-Montagnes? Il me semble que vous allez retourner devant vos gens qui sont
à la Mission des affaires économiques et financières, vous
allez leur dire: Comme ministre des Affaires intergouvernementales responsable,
pas de l'aéroport et pas ministre des Transports du Québec, je
vais écrire ou je vais communiquer. Qu'est-ce que vous allez mettre dans
le contenu? C'est ça, une politique de relations
fédérales-provinciales, et vous refusez, à chaque fois,
dans les crédits, de dire quelle est la position. C'est vous qui
êtes le porte-parole, lorsqu'il s'agit d'un dossier de relations
fédérales-provinciales, de tous et chacun, et chaque fois qu'on
étudie les crédits, vous dites: Ah! non, ce sont les ministres
sectoriels. Votre "job", c'est ca, par la Loi sur le ministère des
Affaires intergouvernementales, et il n'y a pas moyen... Je remercie le
député de Deux-Montagnes de m'avoir donné un exemple.
M. de Bellefeuille: M. le Président, c'est ce que le
ministre fait constamment.
M. Rivest: Je vous demande ce qu'il fait, ce que vous allez faire
dans ce cas-là.
M. de Bellefeuille: Oui, mais...
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, je ne
comprends pas pourquoi le député de Jean-Talon s'excite
soudainement.
M. Rivest: Vous ne comprenez jamais quand je m'excite.
M. Morin (Louis-Hébert): Là, je ne vois pas la
raison de l'excitation.
M. Rivest: La raison, c'est que je veux que vous vous occupiez du
ministère. C'est ce que je veux.
M. Morin (Louis-Hébert): Voyons donc! J'ai deux
commentaires à faire en ce qui concerne la suggestion que vous faites de
donner suite à ce que vient de mentionner M. le député de
Deux-Montagnes, adjoint parlementaire. Le premier commentaire, c'est que je
suis sûr que dans nos interventions par rapport aux
fédéraux, on va être plus influent que vous ne l'avez
été vous-même au cours des derniers mois. Et
deuxièmement, nous allons agir exactement de la même façon
ou selon ce qui a été suggéré, c'est-à-dire
que nous allons faire des démarches, les deux ministres ensemble, pour,
dans ce cas-là comme dans tous les autres qui interviennent, faire
valoir le point de vue du Québec.
Cela étant dit, est-ce que le point de vue du Québec sera
écouté? Peut-être plus que si cela avait été
vous qui l'aviez exprimé, mais je ne suis pas sûr quand même
qu'il va l'être tellement, parce que dans tous ces dossiers ou à
peu près, il y a eu des interventions de cette nature qui ont
été faites. On va faire celles-là, mais vous pouvez
prendre n'importe quelle question que vous avez...
M. Rivest: Quelle intervention comptez-vous faire ou avez-vous
faite au sujet -prenons un exemple - des achats fédéraux au
Québec?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est intéressant, parce
que cela touche un problème qui a été dans
l'actualité il n'y a pas très longtemps. Ce ne sont pas
directement les achats fédéraux, c'est-à-dire que cela
fait partie de la catégorie des achats fédéraux, mais
c'est l'impact des dépenses fédérales au Québec,
parce que c'est ce que cela veut dire exactement, ce dossier. Or, on a vu
récemment, en ce qui concerne la recherche scientifique, jusqu'à
quel point le Québec avait été négligé. Je
suis content que vous mentionniez ce sujet et cela rappelle un sujet
d'actualité. Mais que voulez-vous? Cela fait des années que le
Québec a été négligé dans un certain nombre
de domaines, notamment celui de la recherche scientifique. Tout le monde, au
Québec, dit: On n'a pas eu notre part. Mais jusqu'à maintenant,
cela n'a pas bougé beaucoup parce qu'à Ottawa, vous savez qui est
là. Ils n'ont pas été particulièrement
impressionnés par ce que nous avons dit, mais il reste néanmoins
qu'il y a eu une injustice. Il y a des achats de matériel venant
d'Ottawa qui se font dans les diverses provinces du Canada, et d'après
les statistiques que nous avons, il n'est pas absolument assuré - bien
au contraire - que la part normale qui devrait revenir au Québec lui
revient. D'ailleurs, nous avons été les premiers, - vous vous
souvenez peut-être de cela - en 1963 ou 1964, à entreprendre des
études en ce qui concerne la part des dépenses
fédérales au Québec et cela avait été,
à l'époque, très significatif.
M. Rivest: Y a-t-il, de la part du ministère des Affaires
intergouvernementales, de la correspondance là-dessus qui a
été échangée?
M. Morin (Louis-Hébert): Parlant d'achats
fédéraux au Québec, il y a toute la question des avions.
C'est de cela que vous voulez parler?
M. Rivest: Oui, entre autres.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez eu...
M. Rivest: II y a le fameux F-18. Le ministère des
Affaires intergouvernementales a-t-il communiqué avec son correspondant
fédéral? Y a-t-il des fonctionnaires des Affaires
intergouvernementales qui suivent ce dossier par leurs correspondants
fédéraux? C'est cela, il me semble, le ministère des
Affaires intergouvernementales.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais... Un instant!
L'important, c'est que...
M. Rivest: Non? Je ne vous demande pas de me dessiner des avions,
mais...
M. Morin (Louis-Hébert): Très bien. L'important,
c'est que quelqu'un du gouvernement du Québec en autorité parle
aux autorités fédérales relativement à ces
questions. Ce n'est pas nécessairement nous qui le faisons, mais nous
pouvons inciter d'autres à le faire. Je pense, par exemple au
ministère de l'Industrie et du Commerce en ce qui concerne les avions.
Il y a même eu des conférences de presse de l'ancien ministre de
l'Industrie et du Commerce, à la suite des démarches qui ont
été faites, des conférences de presse de l'ancien ministre
de l'Industrie et du Commerce, M. Duhaime, vous vous souvenez de ça,
cela ne fait pas terriblement lonqtemps. Cela veut dire que nous sommes actifs
avec les divers ministres du gouvernement du Québec et les divers
ministères pour que chacun, le cas échéant, fasse les
démarches qui lui conviennent. Mais, ce n'est pas nous-même qui
sommes toujours chargé d'aller directement négocier le dossier.
Il est normal d'ailleurs qu'il en soit ainsi, autrement on remplacerait tous
les ministères du gouvernement du Québec et cela deviendrait non
administrable.
M. Rivest: Prenons un domaine gui vous intéresse
spécifiquement: les chevauchements de juridictions. On sait qu'il y a eu
une étude qui a été faite par le sénateur...
M. Morin (Louis-Hébert): Cela n'a rien donné.
M. Rivest: ...ca n'a rien donné... M. le Président,
c'est le sénateur Tremblay qui avait fait cela et le ministre est en
train de me dire que ca n'a rien donné. Quelles sont les suites qui ont
été données? Il y avait toute une série de... Le
ministère des
Affaires intergouvernementales a-t-il reçu le rapport de M.
Arthur Tremblay? ... On l'a dénoncé, on a crié son horreur
souverainiste...
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président...
M. Rivest: Est-ce que des démarches ont été
faites? Est-ce que le ministère a pris l'initiative de convoquer les
gens du fédéral? Est-ce qu'il y a eu des propositions de faites?
Est-ce qu'on a fait la démonstration aux gens du fédéral:
Voyez, dans tel ou tel domaine, cela coûte tant aux
Québécois et aux Canadiens? Qu'est-ce que vous avez fait avec
cela? C'est un dossier gui est censé être actif.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne comprends pas, M. le
Président, que le député de Jean-Talon pose cette
question. Il doit être au courant qu'il y a une étude très
élaborée qui a été faite à l'époque
par l'École nationale d'administration publique sur toute cette
question...
M. Rivest: L'étude de M. Tremblay, c'est ca?
M. Morin (Louis-Hébert): ...des chevauchements, qui a
été rendue publique d'ailleurs. Je l'ai même fait à
l'occasion d'une conférence de presse. Je répond à votre
question, vous nous demandez ce qu'on a fait. Premièrement, on a
expliqué de quoi...
M. Rivest: Mais, après, êtes-vous restés
assis sur votre étude?
M. Morin (Louis-Hébert): Deuxièmement, après
on a demandé qu'il y ait des réunions
fédérales-provinciales sur ces questions. Il y en a eu cing et
c'est tombé là. Il n'y a jamais eu de convocations de...
M. Rivest: Quand était la dernière?
M. Morin (Louis-Hébert): Ah, ca doit faire combien de
temps? Des mois et même... un an et demi.
M. Rivest: Et vous n'avez jamais rappligué au
fédéral pour lui demander d'étudier ca?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est-à-dire qu'à
l'époque, ce qui semblait être la suggestion d'Ottawa,
c'était des transferts des provinces vers Ottawa pour régler les
problèmes de chevauchement.
M. Rivest: Est-ce que vous avez demandé ... qu'est-ce que
vous allez suggérer pour régler ce problème-là?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il n'y a pas eu
d'intérêt de la part d'Ottawa à continuer ce genre
d'étude.
M. Rivest: Est-ce que le ministre a objection à
déposer les documents et les propositions que le gouvernement du
Québec a faites au fédéral pour éliminer les
chevauchements de juridiction inutiles?
M. Morin (Louis-Hébert): Le document de base a
été déposé et rendu public, c'est celui qui...
M. Rivest: Cela, c'est l'étude de M. Tremblay. Mais, une
fois qu'il y a une étude, est-ce que le ministère des Affaires
intergouvernementales qui commande une étude - il me semble, à
moins que je fasse erreur et que je sois complètement en dehors de la
voie - s'assoit dessus et dit: C'est épouvantable, il y a des
chevauchements puis ne s'en préoccupe pas et laisse ça et ne sait
même pas pendant combien de temps il y a eu des réunions, combien
il y a eu de réunions. Qu'est-ce que vous faites au ministère des
Affaires intergouvernementales pour... Vous devez faire fonctionner le
régime fédéral, c'est votre mandat par la loi. Qu'est-ce
que vous faites? Prenez cet exemple-là, c'est un exemple parfait?
M. Morin (Louis-Hébert): On est bien prêt à
faire fonctionner le régime fédéral, mais le régime
fédéral n'a pas l'air de fonctionner de lui-même. C'est
ça le problème.
M. Rivest: Parce que, quand vous vous assoyez comme ça sur
une étude qui donne toute une argumentation...
M. Morin (Louis-Hébert): Premièrement, on ne
s'assoit pas sur l'étude. On s'en est servi. Nous sommes les premiers,
au gouvernement du Québec, à avoir soulevé ce
problème. On a même commandé une étude
particulière. On peut vous en envoyer une copie demain, ça va
vous rafraîchir la mémoire. Deuxièmement, nous avons
participé à des réunions
fédérales-provinciales...
M. Rivest: Qu'est-ce que vous avez proposé comme
solution?
M. Morin (Louis-Hébert): On a proposé la fin des
chevauchements selon l'étude qui avait été faite.
M. Rivest: Bon, sur quelle base? Exemple? Avez-vous des
documents? Avez-vous des choses? C'est un dossier actif ca. Vous m'avez
présenté ca comme un dossier actif.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous savez bien que vous charriez
légèrement dans cette façon de poser le
problème.
M. Rivest: Je ne charrie pas, j'essaie de savoir ce que vous
faites aux Affaires interqouvernemencales et j'ai de la misère.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous dis qu'il y a eu des
réunions, cinq réunions de fonctionnaires et que, il y a un an et
demi, le gouvernement fédéral n'a pas senti
particulièrement le besoin de reconvoquer cette réunion et
finalement, c'est tombé dans la brume et, que voulez-vous, depuis ce
temps le gouvernement fédéral s'occupe de mijoter un coup de
force contre les provinces et ne s'occupe pas du reste, ni de l'inflation, ni
de chevauchements, ni du problème du chômaqe ou de quoi que ce
soit d'autre. Il y a une lubie qui est partagée par un bonhomme à
Ottawa, une sorte de monument avant qu'il se retire, qui s'appelle un coup de
force unilatéral et tout le reste est tombé en
désuétude, y compris votre grande préoccupation en ce qui
concerne le tatillonnage administratif et les chevauchements
fédéraux-provinciaux. Qu'est-ce que vous voulez...
M. Rivest: Ce préambule étant terminé...
M. Morin (Louis-Hébert): ...si le régime
fédéral ne veut pas fonctionner de lui-même, comment
voulez-vous qu'on le force à fonctionner?
M. Rivest: Qu'est-ce que vous avez fait, quelles sont les
propositions que le Québec a faites pour corriger les
inconvénients du chevauchement?
M. Morin (Louis-Hébert): Nous avons identifié...
Très bien. Nous avons identifié en vue d'une action prioritaire
les domaines suivants: Consommation et corporation, environnement, recherche
agricole, ressources minières au large des côtes, uranium et
industrie nucléaire, habitation et affaires urbaines, justice,
enseignement postsecondaire, pour vous donner une idée des
chevauchements que nous avons identifiés. Cela a été
identifié en 1977-1978. Il v a eu des réunions après et
depuis ce temps-là, on s'occupe à Ottawa exclusivement d'une
chose: construire le monument constitutionnel pour le
vénéré premier ministre du Canada. Que voulez-vous que je
vous dise? Il n'y a rien d'autre qui les intéresse. Il y a une autre
affaire qui les intéresse maintenant, c'est de coincer les provinces
financièrement.
M. Rivest: À quel moment la dernière rencontre
a-t-elle eu lieu?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a un an et demi, ça
fait trois qu'on le dit.
M. Rivest: Un an et demi, et depuis ce temps-là vous
n'avez pas délégué un fonctionnaire, demandé
à un fonctionnaire de la direction des affaires institutionnelles de
communiquer avec Ottawa? De reprendre l'affaire? Cela a toujours
été non?
M. Morin (Louis-Hébert): On a écrit au
fédéral je ne sais pas combien de fois et finalement, qu'est-ce
que vous voulez, si on envoie quelqu'un à Ottawa pour rencontrer
quelqu'un et parler des chevauchements, il ne trouvera personne. (21 h 30)
M. Rivest: Vous vous vantez que vous avez des crédits pour
les relations interprovinciales. Ce dossier, qui a été
initié par le Québec, a-t-il été porté
à l'attention de vos collègues des autres provinces qui vivent
des situations analogues? Est-ce que ce genre d'initiative est incompatible
avec les fonctions du ministre ou du ministère des Affaires
intergouvernementales? Vous n'avez rien fait de ce
côté-là.
M. Morin (Louis-Hébert): À un moment donné,
au Québec et dans les autres provinces, on finit par perdre tout
espoir...
M. Rivest: Je sais que vous ne croyez pas au régime
fédéral.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, ce n'est pas ce que j'ai
dit.
M. Rivest: Que voulez-vous? Vous devez le faire, actuellement, et
vous ne le faites pas.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a personne, à
Ottawa, que ça intéresse actuellement. C'est cela que je suis en
train de vous dire. La seule préoccupation, le fantasme quotidien,
constant, permanent, définitif et unique, c'est le coup de force
fédéral. Il y a deux choses qui intéressent notre...
M. Rivest: Oui, je sais cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous le savez? Pourquoi poser la
question?
M. Rivest: Vous répétez la même chose, c'est
de la politique que vous faites; moi, j'étudie les crédits.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je suis en train de faire
état d'une situation réelle. La seule chose qui intéresse
actuellement nos soi-disant correspondants fédéraux, c'est qu'ils
sont tous "gearés" dans la même orientation, et leur premier
ministre leur a dit que la seule chose qui comptait, c'était
d'introduire dans la constitution une charte des droits qui limiterait les
pouvoirs et les responsabilités des provinces. C'est la seule chose qui
les intéresse. Depuis un an et demi, il n'y a rien d'autre qui les
préoccupe, surtout depuis un an.
M. Rivest: Ils sont venus ici, à Québec faire une
conférence de presse sur le vieux port. C'est quel article de la
constitution? Cela ne les intéresse pas?
M. Morin (Louis-Hébert): Ce sont des
épiphénomènes...
M. Rivest: Ce sont des relations
fédérales-provinciales.
M. Morin (Louis-Hébert): Ils ont fait cette
conférence sur le vieux port trois fois, si je ne me trompe.
M. Rivest: Pourquoi?
M. Morin (Louis-Hébert): Pour faire de la propagande
politique fédérale.
M. Rivest: Je continue sur les chevauchements. Vous n'avez pas
sensibilisé... Je veux savoir ce que vous faites.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela fait combien de fois qu'ils
annoncent Cacouna?
M. Rivest: Vous n'êtes pas encore allé à
Cacouna, d'ailleurs.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela fait combien de fois que les
fédéraux annoncent Gros Cacouna?
M. Rivest: Cela a l'air parti, non?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela a l'air parti,
peut-être dans l'autre sens.
M. Rivest: Sur les chevauchements de juridiction, je ne sais pas
comment je vais faire, mais j'essaie de savoir - et il n'y a jamais moyen de le
savoir - ce que le ministre et le ministère des Affaires
intergouvernementales font? On nous donne des catégories, des types de
dossiers, de rubriques. Chaque année, c'est toujours la même chose
et il n'y a jamais moyen de savoir effectivement quels sont les mandats. Quand
je vous ai parlé des chevauchements, on vous a remis un document qui
donne l'état de la question sur le dossier. Vous pourriez aligner 25
autres dossiers. Que voulez-vous que ca donne à l'Assemblée
nationale de voir des listes comme ça si on n'est même pas capable
de savoir, à l'intérieur de l'étude des crédits,
les mandats, les succès, les insuccès, les
démarches, l'état des dossiers dans chacun des cas. Il me
semble que, puisque c'est la période des crédits, on peut essayer
de savoir cela, et il n'y a jamais moyen de le savoir.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela fait un an et demi qu'Ottawa
ne s'intéresse plus à cela.
M. Rivest: Pour les chevauchements de juridiction, vous avez
d'autres cordes à votre arc. Vous avez les autres provinces,
également, qui vivent des situations analogues. Les avez-vous
sensibilisées?
M. Morin (Louis-Hébert): Tout le monde,
actuellement...
M. Rivest: On dirait que vous êtes intéressé
à bloquer le maximum de choses dans le régime
fédéral et à ne rien régler.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, il y a
une chose très claire, actuellement - je l'ai dit dans quelques
discours, et je vais le répéter - ça fait un an que le
Canada est orienté dans une seule direction, celle qu'a voulu lui
imprimer le premier ministre fédéral, et tout le reste est
tombé relativement en désuétude.
M. Rivest: Les fédéraux font des arrangements
fiscaux aussi.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est le premier
élément de la fin.
M. Rivest: C'est un jugement.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas un jugement, c'est
un fait. Demandez-le-lui, il a vu tous les fonctionnaires du Canada, il a
dû voir votre collègue, les fonctionnaires fédéraux
ont dû le lui dire - comme c'est un bonhomme honnête, il va
confirmer ce que je vais mentionner - que la seule chose qui intéresse
actuellement le gouvernement fédéral et les fonctionnaires
fédéraux, à la suite des ordres, à toutes fins
utiles, qui leur sont donnés sur le plan politique, c'est la
perpétration, si je puis m'exprimer ainsi, de ce coup de force
fédéral contre les provinces. C'est cela qui les
intéresse, c'est leur priorité numéro un et maximale.
Une voix: Cela, c'est vrai.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est vrai, alors, très
bien.
M. Marx: Vous pouvez fermer la Direction générale
des affaires canadiennes, elle n'a rien à faire cette année.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais c'est très
important...
M. Rivest: Pourquoi demandez-vous des crédits pour votre
direction, s'il n'y a rien qui marche.
M. Morin (Louis-Hébert): Pour continuer à lutter
contre le coup de force fédéral.
M. Rivest: Fermez la direction.
M. Marx: Fermez la direction, parce qu'elle n'a rien à
faire.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président...
M. Rivest: Je vais présenter une motion pour
réduire les crédits à 1 $.
M. Marx: Fermez la direction...
M. Morin (Louis-Hébert): II y a deux libéraux qui
se contredisent, je n'aime pas cela, ca me mêle complètement, on
n'est pas habitué.
Votre collèque vient de confirmer...
M. Marx: M. le Président, question de
règlement.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez confirmé que ce
que je disais était vrai. Vous n'avez pas besoin d'invoquer le
rèqlement, c'est tout ce que je voulais savoir.
M. Marx: Le ministre a dit que j'avais confirmé cela. Je
confirme, c'est vrai que tout ce qui intéresse le fédéral
maintenant, c'est de faire adopter son Drojet constitutionnel.
M. Morin (Louis-Hébert): Voilà, très
bien.
M. Marx: Étant donné qu'il ne veut pas parler
d'autre chose, que le ministre ferme sa Direction générale des
affaires canadiennes pour au moins dix mois ou un an...
M. Morin (Louis-Hébert): Non...
M. Marx: ... pour qu'on puisse faire des économies qui
vont diminuer le déficit du Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): Comme suggestion saugrenue, c'est
la meilleure de la soirée jusqu'à maintenant, jusqu'à ce
qu'il en vienne d'autres du député de Jean-Talon.
M. Rivest: On n'arrive pas à savoir ce
que les gens font dans votre ministère.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous dis...
M. Rivest: Ou bien vous ne le savez pas, ou bien les gens ne font
rien, un des deux.
M. Morin (Louis-Hébert): ...parce que cette
année...
M. Marx: ... cette année, parce que le
fédéral ne veut pas discuter de ces sujets.
M. Morin (Louis-Hébert): ... tout le monde, en plus des
dossiers qui peuvent survenir de temps à autre, actuellement, dans
l'ensemble du Canada, et je ne sais pas combien de temps en énergie et
je ne sais pas combien d'argent on a pu dépenser de part et d'autre pour
cela. On est aux prises devant une atteinte sans précédent contre
les droits, les privilèges et les responsabilités des provinces.
C'est la priorité. Le feu est pris dans la baraque. Qu'est-ce que vous
voulez que je vous dise? Il s'aqit de l'éteindre. Cela étant dit,
il y a quand même d'autres dossiers qui sont des dossiers dont nous nous
occupons. Il y en a un qui s'appelle les chevauchements
fédéraux-provinciaux. On a participé à cinq
réunions. Le fédéral ne s'intéresse plus à
cela, parce qu'une fois qu'il aura fait adopter, comme il l'espère, son
coup de force, à ce moment, tout le problème des chevauchements
devient tout à fait secondaire et non pertinent parce qu'à ce
moment il aura réussi à diminuer et à limiter les pouvoirs
des provinces.
M. Rivest: Vous savez bien que ce n'est pas un problème de
même nature que celui-là. Vous savez très bien cela!
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est un problème de
même nature.
M. Rivest: Donc, fermez ce dossier, et ouvrez celui des droits
sous-marins qui est censé être actif. Qu'est-ce que vous faites
là-dedans?
M. Morin (Louis-Hébert): Les droits sous-marins, il n'y a
eu aucune entente possible avec le gouvernement fédéral au cours
des négociations constitutionnelles qui se sont terminées au mois
de septembre dernier. Est-ce que cela répond à votre
question?
M. Rivest: Quelles sont les dernières
représentations que le gouvernement du Québec a faites sur ce
sujet?
M. Morin (Louis-Hébert): Aucune, parce que le gouvernement
fédéral n'est absolument pas intéressé à
discuter de ces sujets.
M. Rivest: Alors, on ferme cela.
M. Morin (Louis-Hébert): II les a rejetés.
M. Rivest: Essaie-toi, je ne réussis pas.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous faites preuve d'une mauvaise
foi innocente.
M. Rivest: On n'a pas grand-réponse. Franchement, pour un
ministre qui défend ses crédits, qui est incapable de nous donner
l'état des dossiers qui sont censés être actifs dans son
ministère, c'est tragique.
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis en train de vous le
donner, l'état des dossiers. En me posant ces questions, vous me donnez
une chance - je l'apprécie beaucoup - de dire jusqu'à quel point
vos amis fédéraux sont en train de torpiller le système
que vous défendez.
M. Rivest: Vous faites de la politique. Arrêtez donc!
M. Marx: Ce ne sont pas nos amis.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce ne sont pas vos amis? Un
instant!
M. Marx: Ce ne sont pas nos amis...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est lui qui a remplacé
Claude Forget à la commission, si je comprends bien. Claude Forget,
l'année passée, nous avait dit qu'il n'y avait eu aucune promesse
de faite aux Québécois au référendum. Lui, dit que
ce ne sont pas vos amis à Ottawa. Pourquoi n'avez-vous pas dit cela
avant l'élection?
M. Marx: II y a une différence entre le Parti
libéral du Québec et le Parti libéral du Canada.
M. Morin (Louis-Hébert): Dites-nous cela vite, parce que
je ne l'ai jamais vue.
M. Marx: Si vous voulez faire des blagues, ce n'est pas l'heure
des blagues, il est 21 h 30.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a rien de drôle
là-dedans.
M. Marx: Le ministre a dit qu'il y a du chevauchement en
matière d'agriculture.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, il y a deux
ministères de l'Agriculture, qu'est-ce que vous voulez que je vous
dise?
M. Marx: C'était dans l'AANR, dans la constitution
originale.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est un chevauchement.
M. Marx: On a voulu cela au début. Qu'est-ce que le
ministre veut réaliser maintenant en ce qui concerne le chevauchement
dans ce domaine?
M. Rivest: Est-ce qu'il a parlé à son
collèque de l'Aqriculture? Est-ce qu'il a donné des mandats aux
conférences? Qu'est-ce qu'il fait? Qu'est-ce que vous faites dans votre
ministère? C'est cela le problème, je pense.
M. Morin (Louis-Hébert): Dans le ministère, comme
dans celui des autres provinces actuellement, du côté
fédéral-provincial, on est occupé à lutter contre
le coup de force fédéral prioritairement.
M. Rivest: II y a d'autres choses que le coup de force.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a d'autres choses, mais
qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? C'est le gouvernement
fédéral...
M. Rivest: Figurez-vous qu'il y a le jour et la nuit, qu'il y a
des saisons, des oiseaux et des fleurs également.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela. Le
député devient poète à ce moment-ci de la
soirée!
M. Rivest: Je suis dans les droits miniers sous-marins.
M. Morin (Louis-Hébert): Les droits miniers sous-marins.
Il faudrait bien que... Ce sont des poissons qu'il y a dans les fonds
sous-marins, au cas où le député de Jean-Talon ne le
saurait pas. Actuellement, le gouvernement fédéral, dans un
certain nombre de dossiers n'est pas intéressé à continuer
le type de discussions que nous avons parce qu'il a entrepris avec les
provinces une bataille à finir.
M. Rivest: Vous dites tous. Lesquelles ne bloquent pas?
Identifiez-en un ou deux? Vous venez de faire une affirmation.
M. Morin (Louis-Hébert): Celui qui ne bloque pas
actuellement est celui dont nous nous occupons, c'est celui du coup de force
fédéral.
M. Marx: M. le Président, le dossier de l'énergie,
qu'est-ce que vous faites...
M. Rivest: II n'y a plus rien qui marche.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est de la faute de vos amis
fédéraux, non ce ne sont plus vos amis, excusez-moi. Vos
frères.
M. Rivest: M. le Président, on va faire une motion pour
réduire le budget de la Direction générale des affaires
canadiennes à
I $. C'est ce qui va arriver, on n'aura plus besoin de cela.
M. Marx: On ne peut pas voter des montants d'argent pour cela, si
on ne fout rien. C'est injuste de demander au peuple de payer pour une
direction qui ne fout rien cette année.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah! J'aimerais que vous soyez
sérieux quand même!
M. Marx: En matière d'énergie, qu'est-ce que vous
faites? Quelle est votre politique en matière d'énergie?
M. Morin (Louis-Hébert): Actuellement, au moment où
on parle - je pense que c'est aujourd'hui même - il y a des
négociations entre l'Alberta et le gouvernement fédéral.
Votre journal La Gazette disait ce matin que tout le monde attendait le
"outcome". Je ne connais pas le "outcome" ce soir, mais nous-mêmes, nous
attendons la même chose, précisément parce que le
débat, que vous le vouliez ou non, se situe actuellement entre deux
gouvernements et les autres attendent pour voir ce qui va se passer,
premièrement.
II faut attendre pour voir ce qui va se passer.
M. Marx: Comme politique interqouvernementale, êtes-vous
d'accord avec toutes les demandes de l'Alberta? Voulez-vous que l'Alberta gagne
sur toute la ligne?
M. Morin (Louis-Hébert): Actuellement, au moment où
on parle, la négociation a lieu.
M. Marx: Oui ou non, je pense que la question est très
simple.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais je suis en train de
vous dire que les demandes de l'Alberta sont en train actuellement d'être
formulées à huis clos avec le gouvernement fédéral
et on ne les connaît pas plus que vous.
M. Marx: Mais des demandes publiques ont déjà
été formulées.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais justement, quelles sont
ses demandes actuellement? Je ne sais pas, elle est en train de
négocier. Ne me demandez pas de me prononcer sur un morceau d'une
négociation qui se déroule à Banff dans un
hôtel.
M. Marx: Étiez-vous d'accord avec ses demandes qui ont
été rendues publiques il y a quelques mois ou quelques
semaines?
M. Morin (Louis-Hébert): Avant de se prononcer
là-dessus, il faut savoir quelles sont ses demandes actuelles et quel
est l'état de la négociation avec le gouvernement
fédéral ou quelle est la position fédérale par
rapport à l'Alberta et inversement. Le gouvernement
fédéral et celui de l'Alberta sont en train de discuter cela
à huis clos dans une chambre d'hôtel à Banff. Si vous avez
entendu les nouvelles hier, c'est cela.
M. Marx: Supposons que l'Alberta demande d'avoir...
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne commencerai pas à
répondre à des questions hypothétiques.
M. Marx: C'est très simple, M. le ministre. Supposons que
l'Alberta demande le prix mondial pour son pétrole, le Québec
va-t-il appuyer une telle position?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela dépend de quelle
façon on atteindrait le prix mondial et à l'intérieur de
quel délai. Cela a déjà été exprimé
par mon collègue de l'Énergie et des Ressources.
M. Marx: Mais vous travaillez dans ce dossier.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela a déjà
été exprimé, la position du gouvernement du Québec
là-dessus, M. le Président, dans des documents publiés par
le ministre de l'Énergie et des Ressources.
M. Marx: Quelle est-elle?
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas les documents ici
à la portée de la main, mais je peux vous les fournir n'importe
guand.
M. Rivest: C'est curieux, toutes sortes de papiers arrivent sur
la table et on dirait que ces papiers tombent du ciel pour le ministre. Chaque
fois gu'on évoque un dossier, il n'est pas au courant. Je trouve cela
très bizarre.
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas dit que je
n'étais pas au courant, je vous dis qu'au moment où on est en
train de discuter, où on est en train de parler ici ce soir, il y a une
discussion à huis clos dans un hôtel de Banff. Que voulez-vous que
je vous dise? On adopte cela.
M. Marx: Y a-t-il sur ce document la politique
énergétique?
M. Morin (Louis-Hébert): Pardon?
M. Marx: Voulez-vous nous lire ce qu'il y a sur ce document?
M. Morin (Louis-Hébert): On est d'accord pour une solution
négociée entre l'Alberta et le...
M. Rivest: Est-ce que le ministre aurait objection... C'est
l'état du dossier, sur le dossier...
M. de Bellefeuille: M. le Président, le
député de Jean-Talon interrompt le député de d'Arcy
McGee.
M. Rivest: Non, c'est seulement une suggestion que je veux faire
sur chacun des dossiers, parce que je constate que cela devient inutile un peu.
Le ministre aurait-il objection à nous donner - la plupart sont
bloqués par le fédéral à cause de papa, ce que vous
avez raconté - sur chacun des dossiers actifs de la Direction
générale des affaires canadiennes, l'état de la situation
qui existe au ministère et dont le ministre prend connaissance au fur et
à mesure qu'on pose les questions pour qu'on puisse la connaître
et la suivre? Dans le domaine des relations, il y a la question
constitutionnelle, le domaine des relations
fédérales-provinciales. Comment voulez-vous que les
députés de l'Assemblée nationale - je comprends les
raisons qu'évoque le ministre -suivent l'évolution des relations
fédérales-provinciales si on est incapable, à
l'intérieur de l'étude des crédits, d'obtenir la moindre
information sur l'état des dossiers que le ministre lui-même nous
dit exister, les quelque trente dossiers qu'il nous a
énumérés? On peut caricaturer et poser toutes sortes de
questions, de sous-questions et faire toutes sortes de commentaires, mais
comment voulez-vous qu'on travaille au niveau de l'Assemblée nationale,
qu'on suive? Il y a l'aspect contitutionnel, mais il y a l'aspect au jour le
jour des relations fédérales-provinciales. C'est une des des
dimensions du mandat du ministre. Le sens des questions que j'ai essayé
de poser sans trop de succès, c'est cela. Si le ministre ne convient pas
de cela, qu'il établisse une procédure quelconque qui va
permettre à l'Assemblée nationale, dans les trois ou quatre
prochaines années - on a un job à faire sur ce plan - de suivre
l'évolution des dossiers des relations
fédérales-provinciales. À ce moment-là, on sera en
mesure d'apprécier qui a tort, que ce soit le fédéral, que
ce soit le gouvernement du Québec ou que ce soit les provinces, et qui a
raison à l'occasion, pour se former une opinion sur les
relations fédérales-provinciales. C'est le sens de la
démarche qu'on a essayé de faire ce soir et qui n'a pas
été concluante malheureusement.
Le ministre peut-il y penser et trouver une formule, s'il ne veut pas
répondre à l'intérieur de l'étude des
crédits? Qu'il trouve une formule, je ne lui demande pas le contentieux,
la stratégie du gouvernement du Québec sur chacun de ces dossiers
- c'est légitime, cela appartient au ministère - mais comment -
on a eu un exposé de l'adjont parlementaire sur le dossier de Mirabel
à la suite de cela - allons-nous nous y prendre? Est-ce qu'on va aller
à la pige à tous les ministres ou y a-t-il un lieu qui s'appelle
le ministère des Affaires intergouvernementales qui peut
s'intéresser à cela? Y a-t-il quelque chose? En tout cas, le
ministre peut-il suggérer quelque chose pour que l'on travaille d'une
façon un peu plus informée qu'on le fait depuis quelques
années dans ce domaine?
M. Morin (Louis-Hébert): II reste que la situation
actuelle entre Québec et Ottawa ou, si vous voulez, entre les provinces
et Ottawa, est quand même influencée quotidiennement et
constamment par l'état de la situation créée à
cause du coup de force fédéral. C'est vraiment, je pense, la
priorité du ministère actuellement, comme de l'ensemble des
gouvernements des provinces d'empêcher que ce coup de force se
réalise, parce que le reste devient ultra-secondaire, si ce coup de
force devient réalité. C'est d'abord et avant tout de cela dont
nous nous occupons.
M. Rivest: L'an passé, il n'y avait pas de coup de force
et on n'a pas eu plus de succès, M. le Président.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous n'avez pas posé de
questions là-dessus.
M. Rivest: Oui, on a essayé encore une fois d'obtenir
cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Rivest: Je n'ai jamais pu traverser le ministre pour rejoindre
ses directions générales. (21 h 45)
M. Morin (Louis-Hébert): Mais le député de
Jean-Talon sait très bien, d'autre part, que chacun des
ministères sectoriels s'occupe de chacun de ses dossiers. Cela fait
combien de fois que je le lui répète. Je ne le sais pas. Mais il
n'a pas l'air de s'en souvenir à chaque fois.
M. Rivest: La prochaine fois, on va étudier les
crédits des Affaires intergouvernementales en faisant le tour de
l'ensemble des crédits et on n'aura pas besoin de convoquer le ministre
ici.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce serait une idée.
M. Rivest: Je sais que c'est ce que le ministre pense et
souhaite. Mais il ne l'aura pas. On va adopter cela en bloc et en vrac. Je
trouve cela épouvantable.
M. Marx: Est-ce qu'on peut adopter cela sur division?
Le Président (M. Blank): Le prochain sujet?
M. Rivest: Les affaires internationales.
Le Président (M. Blank): Les affaires internationales.
Programme 2.
M. Rivest: Je ne sais pas quel programme.
M. de Bellefeuille: On a adopté le premier programme.
M. Rivest: M. le Président, la prochaine année, on
n'aura pas besoin de ce cahier, si le ministre a encore la même
attitude.
M. Morin (Louis-Hébert): On vous en a donné plus
dans le cahier que vous nous en avez demandé.
M. Rivest: Je n'ai pas voulu insister, mais tout le document qui
est préparé, la Direction générale des affaires
culturelles s'occupe de ceci, de cela, a négocié ceci et cela...
Vous allez dire cela tout le long, c'est là-dedans.
M. Morin (Louis-Hébert): Mais oui, vous l'avez, là.
Vous l'avez, on vous l'a écrit.
Le Président (M. Blank): Programme 2.
M. Rivest: Affaires internationales, adopté.
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant. Il y a quelque chose
de pas correct. Nous avons fourni aux députés ici et même
aux journalistes, un document dans lequel tout est décrit, sauf le
président. Je m'excuse. On va vous en donner une copie dorure sur
tranche.
M. Rivest: Quand cela nous dit: La Direction
qénérale des affaires culturelles a communiqué avec le
gouvernement fédéral sur le dossier des communications. Et j'ose
demander - je n'ose pas demander parce que je n'aurai pas de réponse -
qu'est-ce que la direction générale a dit, on me répond:
Je
ne sais pas, demandez au ministre des Communications.
Affaires internationales
Le Président (M. Blank): À l'ordre, monsieur. Ce
programme est déjà adopté. Nous sommes maintenant rendus
au programme 2. Affaires internationales.
M. Morin (Louis-Hébert): Interprétation
malhonnête des réponses que j'ai données.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Jean-Talon sur les affaires internationales.
M. Rivest: Les affaires internationales, le ministre est bon
là-dedans. Les affaires internationales, les 30 000 000 $ des avantages
fiscaux.
M. Morin (Louis-Hébert): Hein?
M. Rivest: Oui, cela coûtait 30 000 000 $ tantôt dans
les avantages fiscaux parce que le Québec assumait sa juridiction.
C'était très important, cela.
Affaires internationales. Le premier ministre du Québec s'est
rendu en Belgique, a signé des ententes avec les communautés
culturelles belges. Où est-ce que cela en est rendu?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela a été
signé au mois de décembre dernier. Il y a eu des élections
depuis ce temps-là. Et comme vous le savez, entre les gouvernements, les
choses ne sont pas aussi rapides qu'on voudrait toujours qu'elles le
soient.
Cependant, il y a eu des missions d'échanqe qui ont
été conduites à la suite de ces accords et c'était,
je voudrais le rappeler, la première fois que le premier ministre du
Québec se rendait en Belgique. C'était une prise de contact qui
était nécessaire depuis longtemps et qui est le point de
départ de relations plus étendues.
Je signale aussi qu'il existe une sous-commission de la commission
Canada-Belgique, une sous-commission Québec-Belgique, qui, elle, se
réunit régulièrement et avec un certain nombre de
programmes d'échange, tant en matière culturelle qu'autres
matières. Je pense que vous avez une liste dans une des annexes.
Je pourrais demander au sous-ministre de vous donner une des suites
qu'il y a eu à cette...
M. Rivest: Ce serait un baume d'entendre le sous-ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne sais pas si le
sous-ministre va être heureux de se faire qualifier de baume. Ce n'est
pas tout le monde qui est nécessairement d'accord sur cela. Je demande
au sous-ministre de nous donner la suite...
M. Rivest: ... le sous-ministre un peu, parce qu'il a
également le sens de la réplique.
M. Morin (Louis-Hébert): Au risque de décevoir
l'Opposition et mon ministre en particulier, je peux dire qu'à la suite
du voyage officiel de M. Lévesgue en décembre dernier en
Belgique, il y a eu un resserrement des liens économiques avec la
Belgigue et particulièrement la Wallonie. Et suite à l'entente
qui est intervenue en Wallonie à ce moment-là, une mission
économique est allée en Belqique au début du mois de mars,
je pense, présidée par Jean Deschamps, secrétaire
général associé au Conseil exécutif et ancien
délégué général du Québec à
Bruxelles, qui était accompagné à ce moment-là de
M. De Coster de SIDBEC, de M. Coulombe de la SGF et d'une brochette de
personnes liées au secteur économique.
Des ententes sont intervenues entre la SGF et un partenaire belge
depuis. Donc, depuis six mois il y a eu des suites concrètes et des
perspectives intéressantes s'esquissent également à
l'horizon.
M. Rivest: Un des aspects du voyage du premier ministre qui m'a
à l'époque un peu inquiété, parce que le premier
ministre n'a pas rencontré le premier ministre de Belqique, je
pense...
M. Morin (Louis-Hébert): II a été
reçu par...
M. Rivest: Ce que je voudrais indiquer, c'est que je sais que le
gouvernement du Québec a mis l'accent sur la communauté
francophone de Belgique, pour des raisons tout à fait évidentes.
Et au moment où nous avions inauguré nos rapports avec la
Belgique en 1972, il y avait un problème politique assez
considérable qui était que les Belges consentaient à
développer des rapports avec le Québec, mais, à
l'époque, on insistait grandement pour associer à cette
coopération, qui était tout à fait informelle - par la
suite, je sais que ça s'est développé, notre
délégation a obtenu un certain statut à Bruxelles -
l'ensemble de la Belgique, c'est-à-dire les deux communautés. Au
dernier voyage du premier ministre... Je le sais, parce que j'ai assisté
à une des rencontres interparlementaires, du côté flamand,
il peut exister une certaine ambiguïté à cet égard.
Est-ce que le ministère se préoccupe de cela?
M. Morin (Louis-Hébert): Vous voulez dire les relations
entre les deux communautés et nos relations avec les deux
communautés?
M. Rivest: Pour des raisons culturelles, si je comprends bien,
est-ce que, face à la communauté néerlandophone de
Belgique, tout a été bien expliqué et compris de part et
d'autre?
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'étais pas
présent en Belgique, étant retenu au Québec à ce
moment à cause justement du coup de force fédéral.
M. Rivest: II n'y a pas de dimension internationale au coup de
force fédéral!
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais ça peut
empêcher la dimension internationale du Québec. C'est d'ailleurs
un de ses objectifs.
Je n'étais pas présent, mais le premier ministre s'est
rendu visiter les deux communautés et il a été
exceptionnellement bien reçu - M. le sous-ministre était
présent, si vous voulez qu'on vous fasse un rapport
détaillé de ça - par la communauté
néerlandophone. C'est parce qu'on a justement pris soin de tenir compte
de cet équilibre. M. le sous-ministre va ajouter un
élément d'information qui peut vous intéresser. Comme vous
tenez à savoir ce qui se passe, on va vous le dire.
Outre la visite qui s'est effectuée également en pays
flamand, il faut dire que la timidité flamande vis-à-vis du
Québec, à laquelle le député de l'Opposition
faisait allusion tout à l'heure, s'est dissipée au cours des
dernières années. La partie néerlandophone participe
étroitement aux délibérations de la sous-commission de
coopération belgo-québécoise. D'ailleurs, des projets ont
été amorcés au cours des dernières années et
sont en voie d'être réalisés, certains même l'ont
été jusqu'à présent.
Nous avons également tenu, à la fin du mois de mars,
à Québec, une session d'évaluation des cinq ans de
coopération avec la Belgique; la partie néerlandophone y
participait et nous avons essayé de déqager des axes de
coopération pour les prochaines années, de sorte qu'il y a lieu
de croire que cette coopération ira en s'intensifiant. Il est bien
évident que, sur un plan culturel, nous avons plus d'affinités
naturelles avec la partie francophone de la Belgique, mais nous ne voulons pas
laisser de côté pour autant la partie néerlandophone, elle
le comprend et elle l'accepte.
Il est même question de fonder au sein de l'Université de
Montréal un chaire d'études néerlandophones en conjonction
avec la partie néerlandophone de la Belgique et avec également
les Pays-Bas, ce qui témoigne de cette ouverture un peu plus grande
désormais vis-à-vis de la partie néerlandophone de la
Belgique.
M. Rivest: Je remercie le sous-ministre. L'accord-cadre
Canada-Belqique et la sous-commission québécoise, je sais que
cela a été extrêmement compliqué à mettre en
place et j'ai moi-même douté à l'occasion que ce soit
réellement possible, mais le sous-ministre vient d'évoquer les
bilans de cinq ans de coopération. Est-ce qu'actuellement, sur ce plan,
il y a des problèmes particuliers où les susceptibilités
des uns et des autres ne semblent pas créer tellement de
problèmes, parce que, d'après le rapport que le sous-ministre
vient de nous faire, en tout cas en ce qui concerne le Canada et la Belgique -
ça semble être bien en route?
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas avec eux qu'on a des
problèmes, c'est surtout avec le fédéral.
M. Rivest: Oui, j'imagine!
M. Morin (Louis-Hébert): II ne faut pas lâcher!
Coopération France-Québec
M. Rivest: Je note que c'est le ministre qui, voyant cette porte,
y est entré; je regrette d'avoir ouvert cette porte. J'aborde maintenant
la guestion de la France, je ne veux pas que le ministre - je sais qu'il se
livre volontiers à ce genre d'exercice - nous fasse tout un aléa
des rapports ou des contacts avec tout ce qui s'est produit en France. Je pense
que cela va peut-être au-delà des changements de gouvernement. Le
premier ministre également est allé en France l'an dernier...
Une voix: Au mois de décembre.
M. Rivest: ...et il y a un certain nombre... D'abord, est-ce
qu'on pourrait avoir le bilan des choses qui ont été mises en
route très concrètement à la suite de la visite du premier
ministre en France? Deuxièmement, peut-on me dire enfin ce que ça
peut vouloir dire, lorsque l'on inscrit dans des communiqués de ses
visites, que désormais nous allons attacher une importance
particulière à la coopération économique avec la
France?
M. Morin (Louis-Hébert): Les 19 et 20 mai dernier, a eu
lieu à Paris une réunion de la Commission permanente de
coopération franco-québécoise qui était, du
côté québécois, présidée par le
sous-ministre. Je pense que cela peut servir de réponse à la
question que vous me posez, si on parle un peu de ce qu'a donné cette
commission, d'une part, et, d'autre part, de ce qu'a donné aussi le
voyaqe du premier ministre depuis qu'il a eu lieu. C'est une nouvelle impulsion
dans une nouvelle direction qui a
été manifestée au mois de décembre dernier
lors d'une rencontre entre M. Barre et M. Lévesque. Il y a
peut-être un élément qui n'a pas été
mentionné et que je mentionne: c'est la seule commission de
coopération entre deux États qui a été maintenue
-quelle date avons-nous dit? - les 19 et 20 mai dernier, à la suite de
l'élection présidentielle en France, les autres ayant
été reportées. C'est peut-être important de le
mentionner.
M. Rivest: D'accord. À cette...
M. Morin (Louis-Hébert): Je voudrais que le sous-ministre
vous donne...
M. Rivest: Juste pour donner un peu... À cette commission,
entre autres, on parlait, dans les notes - c'est cela qui m'a fait un peu
sourire, on a trouvé un nouveau mot maintenant - de l'inflexion de la
coopération vers des buts économiques. On parle, entre autres, du
domaine de la science, de la technoloqie et des industries futures.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
M. Rivest: J'imagine que vous avez mis en route un certain nombre
de choses sur ce plan.
M. Morin (Louis-Hébert): La commission permanente qui a
siégé au mois de mai est une commission qui vise à
déterminer les orientations et les priorités qui serviront de
cadre pour déterminer, au cours de la commission permanente de
l'automne, des projets concrets. Au cours de la commission permanente qui a
siégé récemment, nous avons effectivement continué
à retenir des projets dans les secteurs culturel ou d'éducation,
mais des projets qui, souhaitons-nous, aient une incidence économique.
Par exemple, lorsqu'on échanqe des universitaires, plutôt que
d'échanger des universitaires dans le domaine de la pédagogie, on
va en échanger dans le domaine qui a une incidence ou qui peut
entraîner des répercussions d'ordre économique.
Conséquemment, la coopération
franco-québécoise, depuis la visite de M. Lévesque, avait
été amorcée légèrement auparavant, mais les
deux premiers ministres français et québécois ont
donné une impulsion nouvelle à cette coopération qui
s'oriente nettement, maintenant, vers les secteurs économiques.
Les deux ministres, M. Landry et, je pense, M. Cointat du
côté français, ont signé également en
décembre dernier une entente visant la création de deux centres
de promotion économique franco-québécois, l'un à
Paris et l'autre à Montréal. Effectivement, celui de
Montréal est en voie de voir le jour incessamment. En ce qui concerne
celui de Paris, le directeur a été choisi, des locaux ont
été loués également il y a une semaine ou deux et
les deux devraient commencer leurs activités au plus tard au
début du mois de septembre prochain. En gros, ce sont vraiment les
caractéristiques de la dernière commission permanente qui a
siégé récemment.
M. Rivest: Est-ce que ce sont les seuls nouveaux secteurs qui
sont ajoutés à la coopération ou, enfin, les seuls
nouveaux horizons qui ont été évoqués?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, on a fait état
également, tout à l'heure, du développement de la
coopération dans le secteur scientifique.
M. Rivest: Oui. (22 heures)
M. Morin (Louis-Hébert): Les deux premiers ministres ont
souhaité, lorsqu'ils se sont rencontrés en décembre
dernier, que l'action soit mise vers le développement dans le secteur
scientifique, un des secteurs les plus prometteurs pour l'avenir. C'est ainsi
qu'on en a retenu un certain nombre. La biotechnoloqie, par exemple, verra
à associer des chercheurs de haute qualité en France et au
Québec de façon à pouvoir inventorier les
possibilités dans ces secteurs. En ce qui nous concerne, nous allons
associer étroitement l'Institut Armand-Frappier de Montréal aux
projets qui naîtront.
M. Rivest: Dans le domaine économique, est-ce qu'il y a,
par exemple, du côté des sociétés... Je sais qu'en
Belgique cela a été évoqué - la mission de M.
Deschamps - mais du côté des sociétés d'État
à caractère économique - là, on parle d'identifier
des secteurs, etc., la science et tout cela - est-ce qu'il y a des choses
concrètes qui ont été négociées ou qui sont
en voie de l'être sur le plan des projets?
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense que, sur un plan
concret, on peut faire état d'une annonce que M. Landry avait faite
à l'époque, c'est-à-dire des intentions de Pechiney de
venir s'installer dans le parc industriel de Bécancour. Le tout s'est
réglé lors de la visite de M. Landry à Paris avec M.
Lévesque, mais des contacts avaient déjà été
amorcés par la filiale nord-américaine de Pechiney, qui est
installée à New York, avec notre déléqation
générale là-bas.
M. Rivest: Et à Bécancour, où en est rendu
le projet?
M. Morin (Louis-Hébert): Des options avaient
été prises par Pechiney pour un certain temps, elles ont
été renouvelées depuis indiquant ainsi
l'intérêt de Pechiney; la décision finale de Pechiney n'a
pas été
prise encore, mais nous sommes optimistes étant donné
l'attitude que je viens d'indiquer de la compaqnie Pechiney.
D'autre part, on connaît les relations assez étroites entre
la SGF et la CGE française. Il a été question encore
récemment, cette semaine, dans une déclaration de M. Landry
également, d'une éventuelle installation de Renault-AMC au
Québec.
M. Rivest: Soma II. J'ai vu cela dans les journaux, je ne voulais
pas poser la question, mais, puisque le sous-ministre l'évoque, est-ce
vraiment une possibilité plus que celles que l'on évoque de temps
à autre dans une déclaration publique ou autre chose? Est-ce
vraiment sérieux?
M. Morin (Louis-Hébert); Comme il s'agit d'implantations
industrielles qui ne sont pas encore réalisées, cela devient
très difficile d'en parler de façon concrète. Chose
certaine, cependant, au cours du voyage de M. Lévesque en France, M.
Landry a rencontré les autorités de la régie Renault pour
bien leur rappeler qu'une bonne partie du marché de Renault au Canada se
trouvait au Québec et que l'association nouvelle de Renault à AMC
devait faire en sorte qu'elle ne délaisse pas le marché
québécois parce qu'à ce moment-là elle pourrait
perdre une partie des ventes qui y sont et qu'au contraire elle aurait
intérêt à s'installer davantage au Québec de
façon à développer le marché de la plus petite
voiture qui connaît un regain de popularité considérable
avec la hausse des prix de l'essence présentement au Québec.
M. Rivest: L'agro-alimentaire, qui a fait partie des accords des
dernières années, où en êtes-vous rendus?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a eu des succès
intéressants dans l'agro-alimentaire. Nous avons décidé
depuis guelques années de pilonner vraiment, année après
année, certaines régions de France. Une des régions qui a
été vraiment attaquée en profondeur a été le
Grand Ouest de la France. Nous avons utilisé le secteur agro-alimentaire
particulièrement pour faire des percées intéressantes. Il
y a eu un certain nombre d'accords entre PME dans le secteur agro-alimentaire
québécois et français.
M. Rivest: Auquel, j'imagine, a été associé
le ministère de l'Agriculture?
M. Morin (Louis-Hébert): Tout à fait.
M. Rivest: C'est curieux - je ne parle pas au sous-ministre -
quand il s'agit des relations internationales, on parle allègrement des
sous-dossiers sectoriels, mais, quand il s'agit des relations
fédérales-provinciales, il n'y a pas moyen de rien savoir du
ministère. C'est une parenthèse, M. le Président.
Dans le domaine de l'informatique...
M. Blouin: C'est parce que les milieux internationaux n'ont pas
d'idée fixe.
Une voix: Voilà!
Une voix: Vous venez de Rawdon, vous, n'est-ce pas?
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a personne, ailleurs dans
le monde, qui est préoccupé comme ici du coup de force.
M. Rivest: L'informatique, M. le sous-ministre. Qu'a-t-il
dit?
Une voix: Le coup de force.
M. Rivest: Dans le domaine de l'informatique, un autre dossier
qui avait été évoqué comme étant
prioritaire...
M. Morin (Louis-Hébert): De la
téléinformatique...
M. Rivest: Télé, oui!
M. Morin (Louis-Hébert): ... la télématique,
un instant!
M. Rivest: Oui, allez-y donc.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a eu une réforme
d'Informatech France-Québec qui est devenue Informatech Québec
à laquelle la France continue à participer, cependant. Il y aura
également la création d'un serveur québécois
prochainement, lequel pourra s'alimenter à bon compte auprès des
fournisseurs français pendant les deux ou trois premières
années de démarrage de ce serveur qui sera créé par
le ministère des Communications. Je pense qu'ainsi il pourra y avoir de
meilleures relations entre les banques de données françaises et
les banques de données québécoises pour éviter que
le langage de l'informatigue soit surtout un lanqage anglophone.
Présentement, les grandes sociétés américaines dans
le secteur tentent de monopoliser tout le secteur. Les Français ont fait
des percées intéressantes et, à la suite des accords dont
je viens de faire état, je pense qu'au cours des prochaines
années il y aura des développements intéressants pour nous
là-dedans.
Il y a peut-être une précision qu'il sera utile d'apporter
à la suite d'une remarque faite par le député de
Jean-Talon concernant les dossiers sectoriels. J'aurais dû y penser plus
tôt.
Dans la répartition des crédits du
ministère, on voit exactement la situation. En ce qui concerne
les affaires canadiennes, il n'y a que 9% du budget du ministère qui y
est consacré tandis qu'en ce qui concerne les affaires internationales,
il y a 75% du budget du ministère. La raison est la suivante, si on veut
bien m'écouter.
M. Rivest: ... votre tarte budqétaire, je l'ai vue.
M. Morin (Louis-Hébert): En ce qui concerne les relations
internationales - elle est ici, la tarte - ...
M. Rivest: Oui, je l'ai vue.
M. Morin (Louis-Hébert): ... en ce qui concerne les
affaires canadiennes - cela démontre ce que je disais tout à
l'heure -les activités sont décentralisées. Par exemple,
il ne viendra pas à l'esprit de quiconque que nous administrions au
ministère le programme d'assurance maladie ou d'assurance
hospitalisation.
M. Rivest: Dieu nous en préserve!
M. Morin (Louis-Hébert): Dieu nous en préserve! On
n'est pas intéressés du tout. Donc, les activités sont
décentralisées et notre tâche en est une de coordination.
Sauf que, dans le domaine des relations internationales, à cause des
modifications qui ont été apportées à la loi du
ministère, les activités internationales du gouvernement sont,
dans l'ensemble, effectuées par notre ministère lui-même et
les ministères sectoriels servent à ce moment de
ministères - ressources, mais non de ministères qui sont
eux-mêmes toujours chargés directement a) de la négociation
et b) de l'administration des projets. Je dis cela pour éviter les
malentendus. Je pense que c'est une question qui aurait dû me traverser
l'esprit tout à l'heure. J'aurais dû le mentionner. Je tiens
à dire que cette apparente différence énorme entre la
portion du ministère qui est consacrée aux relations
internationales et celle qui est consacrée aux affaires canadiennes
tient essentiellement au fait que nous nous occupons directement des affaires
internationales avec l'aide d'autres ministères, tandis que dans les
affaires canadiennes les ministères s'occupent de leurs dossiers avec
notre aide. C'est une différence importante à siqnaler.
M. Rivest: Cela n'a rien à voir avec le coup de force
fédéral.
M. Morin (Louis-Hébert): Pas encore, mais je suis
sûr que je vais être capable d'en parler à un moment
donné.
M. Rivest: C'est une des rares réponses où vous ne
l'avez pas évoqué. Dans le domaine de l'éducation et de la
culture, la coopération technique, culturelle, etc., qu'est-ce qu'il y a
de nouveau et d'intéressant actuellement ou à venir dans ce
domaine?
M. Morin (Louis-Hébert): Pour la France?
M. Rivest: Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Dans le secteur de
l'éducation, on essaie d'être beaucoup plus sélectifs qu'on
a pu l'être dans le passé étant donné les nombreux
échanges qui ont eu lieu au cours des dernières années. On
a donc mis l'accent sur des projets intéqrés, surtout ceux qui
ont des retombées à caractère économique. C'est
ainsi qu'un certain nombre de projets impliquant des universitaires, avec des
retombées industrielles éventuelles, ont été
retenus. Il y en a six avec budget qui ont été accordés,
qui font présentement l'objet de démarches concrètes de
part et d'autre. Les secteurs, je peux vous les donner. Vous verrez qu'ils ne
sont pas dans la terminoloqie classique de la coopération
franco-québécoise comme on la connaissait au tout
début.
On parle, par exemple, du développement d'un détecteur de
cavitation érosive sur les turbines hydrauliques, les pompes et les
vannes.
Est-ce qu'on peut demander au député de Jean-Talon de quoi
il s'agit?
M. Rivest: Je vais répondre.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense que le journal des
Débats y pourvoira. On parle également de méthodologie
d'analyse et de contrôle pour la caractérisation et la
valorisation de la biomasse.
M. Rivest: II y a des mots avec les Français! Cela peut
vouloir dire pas autre chose que ce gui existait dans le passé.
M. Morin (Louis-Hébert): On parle également, en
termes un peu plus simples, du développement et de la mise au point d'un
gazogène compact et de la mise au point d'une technologie d'injection de
caoutchouc cellulaire et encore plus compact. Pour rejoindre le domaine
agro-alimentaire, on parle d'un essai du procédé Marcellin de
conservation des pommes dans un local à atmosphère
contrôlée.
M. Rivest: Je vois que la coopération prend des dimensions
absolument étonnantes.
M. Morin (Louis-Hébert): En ce qui concerne les projets
intéqrés dont je parlais dans le secteur de l'éducation,
on donne
priorité cette année aux pêches maritimes, au bois,
aux énergies nouvelles, à l'agro-alimentaire et, à cet
égard, transformation, valorisation et conservation des produits
agricoles ainsi que géologie et mines. Ce sont les projets
intégrés dans ce secteur qui ont été retenus de
façon prioritaire, illustrant ainsi ce que j'indiquais tout à
l'heure, c'est-à-dire qu'on favorise les secteurs, même dans le
secteur de l'éducation, qui ont des retombées à
caractère économique.
M. Rivest: Seulement une affaire, pour conclure, parce que je ne
veux pas prolonger indûment. Dans le domaine de la coopération
France-Québec, de façon générale - je m'adresse au
ministre en particulier - je sais que l'an dernier, sauf erreur, le
ministère a publié un inventaire ou un bilan de l'ensemble de la
coopération franco-québécoise. Je pense que le ministre
est au courant, enfin, j'espère. Un des aspects que je regrette, sur le
plan de la coopération franco-québécoise, c'est qu'on fait
des publications, des envois qui sont toujours des publications au service des
communications du ministère, qui sont toujours des choses quand
même distribuées à des qens relativement
soécialisés ou qui, par leur activité professionnelle ou
autres, s'intéressent de près au dossier de la
coopération, que ce soit dans le domaine économique, dans le
domaine culturel ou dans le domaine de l'éducation.
Une des grandes difficultés - celle-là, politique - de la
coopération franco-québécoise, c'est que, finalement,
à moins que je ne fasse erreur, il y a très peu de
démarches et d'initiatives qui sont prises pour sensibiliser l'opinion
publique québécoise, en général, à
l'importance du dossier de la coopération
franco-québécoise. Il y a des ministres qui vont et viennent,
c'est leur rôle et leur fonction. Mais, par exemple, une chose est
très évidente, je ne sais pas à quand remonte une
intervention du ministre ou d'un ministre - je ne parle pas du ministre actuel
plus que d'un autre - des Affaires intergouvernementales sur une tribune
quelconque, même au niveau de l'Assemblée nationale. Souvent, des
ministres vont parler de choses bien moins consistantes et bien moins
importantes - je pense aux grandes tribunes - pour expliquer à la
population du Québec la signification de la coopération
franco-guébécoise, son importance, ses valeurs et ses faiblesses.
Là-dessus, je trouve qu'il y a un manque considérable pour
valoriser cela auprès de l'opinion publique qui, très souvent,
émet des jugements sommaires. On ne peut pas reprocher à
l'opinion publigue d'avoir ces jugements. Finalement, je trouve qu'au niveau
politigue, le ou les ministres des Affaires intergouvemementales ou les
gouvernements qui se succèdent, ce n'est pas à l'occasion des
crédits non plus, à l'occasion d'une question qui arrive à
gauche et à droite, au fil des jours et des semaines, à
l'Assemblée nationale, gu'on peut informer l'opinion publique
québécoise.
Je pense, par exemple, à l'Office franco-québécois
de la jeunesse. Pourquoi cela passe bien, l'Office
franco-québécois? évidemment, cela s'adresse à la
jeunesse et la clientèle jeunesse est très au fait, par toutes
sortes de démarches. Mais l'opinion publique en général
concernée et impliquée dans le domaine de la coopération
franco-québécoise, on dirait qu'il n'y a pas de volonté
politique ou de manifestation - je parle du niveau politique - pour aller
vendre aux Québécois, leur signifier l'importance de la
coopération franco-québécoise, non seulement au niveau de
l'ensemble du Québec - je parle de tribunes - mais éqalement
d'aller à l'intérieur des régions. Je sais que le ministre
a d'autres occupations pour l'instant, mais il me semble qu'une des
responsabilités du ministre des Affaires intergouvernementales - et cela
presse, je pense, de le faire, surtout que cela fait maintenant dix ou quinze
ans que la coopération est en marche - serait que cet exposé se
fasse. On a fait des tournées régionales ou je ne sais pas quoi.
Il me semble qu'on pourrait faire de ce côté-là beaucoup de
millaqe pour valoriser la coopération franco-québécoise au
lieu d'y aller à la pièce. Je ne sais pas si le ministre saisit
un peu le sens de mon intervention, mais il me semble que ce serait important
de défendre cette dimension, parce que cela fait partie du paysage
politique du Québec. C'est un élément important, parce
que, sur le plan de la francophonie, en particulier de la France, il y a des
raisons de fond qui doivent continuer de témoigner de cette
volonté politique. Mon intervention est de le faire maintenant au niveau
de l'opinion publique, et cela presse de le faire.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, une des
façons d'y arriver - je comprends que le député de
Jean-Talon l'a esguivée vite tout à l'heure - ce serait
peut-être de donner des occasions - parce qu'on n'est guand même
pas pour inventer des moments de discours à l'Assemblée
nationale, alors que ce n'est pas le sujet, sur cette question - à
l'Opposition - et cela m'intéresserait parfois d'y répondre - de
poser des guestions qui traiteraient de ce sujet, comme d'autres sujets gui
relèvent de mon ministère. Cela fait je ne sais pas combien de
temps gue la session est commencée et je n'ai pas encore reçu une
question de l'Opposition sur quoi que ce soit.
M. Rivest: Cela fait trois semaines que la session est
commencée.
M. Morin (Louis-Hébert): Trois semaines? Pas une question
de l'Opposition, ni en ce qui concerne les relations
fédérales-provinciales ni en ce qui concerne les relations
internationales, premièrement. Je pense que, comme Opposition, vous ne
manifestez pas un intérêt particulièrement marqué
par rapport à ces questions. Quand il y a un intérêt, c'est
pour poser des questions classiques sur le nombre de personnes qui faisaient
partie de telle délégation et d'en tirer... Vous êtes
même, vous, M. le député de Jean-Talon, un peu coupable de
cela. L'année dernière, vous avez charrié...
M. Rivest: Donnez-moi un cas.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais vous le donner tout de
suite. Vous avez charrié...
M. Rivest: Un cas!
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant!
M. Marx: M. le ministre, cette semaine, nous sommes dans le
dossier du patronage dans l'environnement. (22 h 15)
M. Morin (Louis-Hébert): Comme il n'y a rien là,
vous pourriez...
M. Marx: Votre tour peut venir aussi. On va voir.
M. Morin (Louis-Hébert): ...poser des questions sur des
choses où il y a quelque chose.
M. Rivest: Je ne suis pas d'accord sur l'Assemblée
nationale, mais plus que l'Assemblée nationale. Allez-y.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais je voudrais en profiter
très candidement et très sereinement pour vous dire que je pense
que la seule question que vous avez posée là-dessus,
l'année passée, c'était pour faire valoir le nombre
impressionnant de personnes qui accompagnaient le premier ministre lors de sa
visite...
M. Rivest: C'est pas moi qui ai posé cette
question-là.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, oui, oui, voyons donc.
M. Rivest: Je suis sûr que ce n'est pas moi.
M. Morin (Louis-Hébert): En tout cas, j'aimerais bien
relever les dossiers. Je serais très curieux de relever les
débats, alors que vous vous êtes servi d'un commentaire d'un
journaliste du matin pour poser une question insidieuse comme vous en avez
parfois...
M. Rivest: C'était le climat électoral, il ne faut
pas...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ça, justement.
Alors, ça confirme ce que je voulais dire. Premièrement, vous
pourriez faire votre part là-dedans. Deuxièmement, je vous ferai
remarquer que je suis intervenu à l'occasion de débats avec
Ottawa concernant, par exemple, la présence du Québec en
matière de francophonie et j'ai même organisé des
conférences de presse, j'ai fait des communiqués de presse et
j'ai fait valoir le point de vue du Québec. Troisièmement, j'ai
participé à des travaux du Centre québécois de
relations internationales où j'ai prononcé des
conférences.
M. Rivest: Je parlais de l'opinion publique. Je suis d'accord
pour l'Assemblée nationale.
M. Morin (Louis-Hébert): Bien oui, mais...
M. Rivest: Sauf que l'espace, quand on pose une question à
l'Assemblée nationale, que voulez-vous, est tout de même
extrêmement limité. Ce n'est pas ça. Le sens de mon
interrogation, c'est que le dossier de la coopération, il y a des
Québécois qui sont impliqués là-dedans, dans bien
des secteurs, l'éducation, la santé, l'économie, etc.;
tout ce qu'on a dit, ça intéresse le développement, c'est
une dimension essentielle. Quand allez-vous profiter d'une tribune, comme
ministre des Affaires intergouvernementales, aller dans les régions;
quand y aura-t-il des ministres qui en parleront?
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis très content
d'entendre ça. Je suis tout à fait ravi parce que c'est la
première fois que j'entends un député libéral
manifester un intérêt - je comprends que l'élection est
passée - sur ce sujet. Vous êtes peut-être le mieux
placé pour le faire et peut-être le plus compréhensif du
sujet, ce dont je vous félicite d'ailleurs. On a fait des voyages en
France ensemble, ce qui peut expliquer des choses, mais je voudrais quand
même me montrer ravi devant tout le monde de votre intérêt
et vous dire que j'espère que, si je me mets à en parler, vous ne
serez pas le premier ou, enfin, vous ne laisserez pas un de vos
collègues me dire qu'au lieu de m'occuper de ces sujets-là, je
devrais m'occuper d'autre chose.
M. Rivest: Vous avez tout le coup de force pour vous occuper.
M. Marx: Vous avez le coup de force fédéral...
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas notre faute. Ce sont
vos amis fédéraux qui font exprès pour nous...
M. Rivest: Là-dessus, est-ce que vous... M. Marx:
...
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis très content de ce
qui se produit. C'est la première fois de ma vie que j'entends
dire...
M. Marx: C'est insultant d'entendre toujours dire que nous sommes
des amis des libéraux fédéraux dans le dossier
constitutionnel.
M. Morin (Louis-Hébert): On en entend des bonnes
aujourd'hui! C'est insultant...
M. Marx: Non, mais c'est nous faire un procès d'intentions
et ce n'est pas juste de votre part, M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai comme l'impression que votre
collègue de Jean-Talon ne s'attendait pas à cette remarque de
votre part et vous vous arrangerez ensemble après. Mais je suis
très content de considérer...
M. Marx: II est tout à fait d'accord.
M. Rivest: Je trouve, M. le Président, que, pour le petit
gars de Shawinigan, ce n'est pas très gentil ce qu'on fait là.
Mais, ce n'est pas ça ma question. Revenez à mon affaire.
Trouvez-vous que cela a de l'allure ou pas?
M. Morin (Louis-Hébert): M. Saint-Pierre Marx ayant
communiqué son avis en ce qui concerne ses amis fédéraux,
je reviens au sujet. C'est la première fois... M. le
député de Jean-Talon!
M. Rivest: Oui, M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est la première fois
qu'un député libéral, à ma connaissance, et
j'aimerais qu'on me dise le contraire, intervient pour dire que c'est une bonne
chose et dire qu'on devrait insister davantage...
M. Rivest: Me voilà rendu avec des fleurs!
M. Blouin: On devrait présenter une motion de
félicitations!
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, parce que ça va
peut-être racheter bien des choses que vous avez dites ou laissé
entendre au cours des années et je suis ravi de ce que vous dites...
M. Blouin: II n'y a pas de consentement!
M. Morin (Louis-Hébert): II ne faudrait pas les
embarrasser, ils vont être obligés de voter contre lui. C'est
très sérieusement que je suis d'accord avec ce que vous dites.
Mais posez-moi donc des questions de temps à autre sur le sujet, j'ai
toujours des réponses de prêtes.
M. Rivest: Ah, c'est justement, si vous n'étiez pas
là, peut-être qu'il y en aurait plus, parce que vos
réponses, on les prend souvent...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non. Si vous les posez, je
vais répondre. Si ce sont d'autres...
M. Rivest: D'accord, on fera cela ensemble.
M. Morin (Louis-Hébert): Bon, d'accord. On s'orqanisera.
On ne dérangera personne.
M. Rivest: On ne dérangera personne. M. le ministre, sur
l'opinion publique, je veux plus que des dépliants - enfin, ce sont des
choses que je ne veux pas sous-estimer, qui ont leur importance - plus que des
clientèles cibles, mais l'opinion publique québécoise dans
son ensemble, avec un bilan de la coopération; dire ce que ça
apporte au développement du Québec, avoir une intervention ou des
dossiers fouillés - ca, je le sais, c'est le bilan - mais pas seulement
ca, combien y a-t-il de personnes qui ont vu ça au Québec, sur
les 6 000 000 de Québécois?
Une voix: J'aimerais répondre à M. Rivest...
M. Rivest: Si vous pouviez l'actualiser, au niveau des
régions, dire, pour la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean: La
coopération donne ça, offre ça, peut offrir ça,
grouillez-vous, trouvez-nous des projets. C'est comme ça que vous allez
enrichir. Quand arrive un voyage du premier ministre, surtout maintenant que
ces voyages sont statutaires, parce que j'ai connu ça, on dit: Houp! il
faut aller en France. Mon Dieu! on fait un appel à tous dans les
ministères; c'est comme ça que ça se passe, vous le savez
très bien. Avez-vous un dossier? Il faut qu'on aille en France; on ne
sait pas ce qui arrive, tout le monde s'énerve, on trouve la... Comment
appelez-vous ça, vos patentes? Bon. On arrive avec ça, on part en
France, on fait le voyage. C'est un peu ça et je ne trouve pas ça
correct. C'est pour ça que je vous dis... En même temps que le
sous-ministre était là... Continuez.
M. Morin (Louis-Hébert): C'était, comme vient de le
dire le député de Jean-Talon, la façon dont ça se
pratiquait...
M. Rivest: Je le dis comme ça, parce que ça se
passait comme ça, parce que je ne trouve pas ça correct.
M. Morin (Louis-Hébert): ...ça se passait de
même, je suis d'accord, je le sais, c'est moi qui m'en occupais et
c'était le député de Jean-Talon à qui je parlais au
bureau du premier ministre à l'époque.
M. Rivest: La panique nous prenait tous les deux, vous vous
rappelez?
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis parfaitement d'accord.
Sauf que...
Le Président (M. Blank): Je pense que le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue veut ajouter quelque
chose.
M. Morin (Louis-Hébert): Sauf que, depuis ce
temps-là, disons que la panique s'est institutionnalisée et,
comme on sait d'avance...
M. Marx: Cela veut dire que ça existe aujourd'hui.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il n'y a plus de panique.
Quand on institutionnalise la panique, il n'y en a plus. Par conséquent,
c'est organisé beaucoup plus systématiquement aujourd'hui. Je ne
voudrais pas anticiper sur la partie du budqet qui concernera l'information,
mais je voulais dire un mot de ça - je peux le dire maintenant, puisque
cela a eu lieu hier - cela a été une des raisons de mon
intervention et de mon allocution auprès des gens du ministère,
qui sont ici d'ailleurs, certains d'entre eux en tout cas, justement, pour
faire connaître à la population... Vous ne pouvez pas mieux
tomber, je suis content de cette soirée; malgré tout ce que vous
m'avez dit toute la journée, vous venez de vous racheter dans les trois
dernières minutes. J'aimerais mieux, si j'étais vous,
arrêter là; je vais garder un bon souvenir de vous.
C'est exactement ce que j'ai dit hier, il faut faire connaître
à la population du Québec ce que donnent nos relations avec
l'extérieur. Je voulais vous apporter, non pas comme preuve, parce qu'on
ne l'a pas encore fait aussi systématiquement qu'on le voudrait, un
effort d'explication du Québec et des Québécois à
l'extérieur et aussi à l'intérieur. Vous l'avez eu...
M. Rivest: Je l'ai vu et c'est ça qui m'a
donné...
M. Morin (Louis-Hébert): J'y ai bien pensé, parce
qu'il vous faut quelque chose pour vous donner des idées.
M. Rivest: ...l'idée de ma question, parce que je trouve
ça très bien. Sauf qu'encore là, les députés
vont recevoir ça, les gens qui sont inscrits, qui s'intéressent
à ça, mais je parle au plan politique, parce que, quand vous
défendez le dossier de la coopération qui, à certains
égards, peut être critiqué et est critiquable, le poids
politique que vous avez pour défendre ça... Si vous n'avez pas
l'opinion publique québécoise qui est consciente de la valeur de
la coopération - je pense qu'il y a une valeur intrinsèque
à la coopération - vous patinez dans le beurre très
souvent. Pas seulement vous personnellement, mais les autres ministres qui ont
essayé de le faire ou de défendre un dossier particulier ou des
trucs comme ça. Il faut que l'opinion publique soit derrière vous
et il faut que le ministère des Affaires intergouvernementales parle au
monde sur ce plan, et pas seulement par des publications
spécialisées. C'est ce qui donne l'ensemble.
Le Président (M. Blank): Le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue essaie de dire quelque chose depuis...
M.
Baril
(Rouyn-Noranda-
Témiscamingue): Cela me surprend de vous entendre parler
au nom des régions, parce que je me rappelle que, le 13 avril, vous
n'avez pas tellement fait élire de députés dans les
régions du Québec. J'aimerais parler un peu de l'impact des
échanges avec la France vis-à-vis des personnes plus
âgées que moi et peut-être dans les différents
secteurs de l'économie. Je dois vous dire que, dans une région
comme l'Abitibi-Témiscamingue, qui a pris un essor économique
assez intéressant, qui a eu des échanges assez nombreux avec la
France, je dois dire que la promotion est excellente. Je pourrai vous remettre,
M. Rivest, tout ce qui s'est passé dans le domaine des médias
régionaux quant aux visites qui se sont faites en France chez certains
industriels ou certains administrateurs régionaux; c'est pour vous dire
que ces personnes sont revenues et ont donné des forums, des
conférences. Lors du dernier congrès du CRD qui a eu lieu en
région, on a déjà fait état de la visite des usines
qui a eu lieu en France.
Là-dessus, M. Rivest, quand vous portez des commentaires
soi-disant pour réveiller l'opinion publique et élaborer une
stratégie de promotion, je dois vous dire qu'actuellement, ca semble
être sensibilisé et répondre pas mal aux aspirations des
gens, en tout cas en ce qui concerne les régions. Si vous voulez que je
vous amène les résultats, vous n'aurez qu'à poser les
questions au ministre et je lui transmettrai les dossiers concernés.
M. Rivest: D'accord. Quelle a été l'action qui a
été menée - effectivement, le député vient
de nous indiquer que, dans la région de l'Abitibi, ce serait fait -
quelle action a été menée, est-ce qu'il y a eu une
politique, une démarche qui a été faite sur ce plan?
M. Morin (Louis-Hébert): Pour prendre l'exemple de la
France, une mission française vient au Québec - le
président me mentionnait ça il y a une seconde; ça me l'a
rappelé - que ce soit dans le cadre de l'Office
franco-québécois de la jeunesse ou que ce soit dans d'autres
cadres, quand il s'agit des régions en dehors des grandes villes comme
Québec et Montréal, elles sont très souvent notées
par le milieu - je pense que le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue vient de le mentionner - et beaucoup plus
visibles que c'est le cas à Québec ou à Montréal,
ce qui est compréhensible par ailleurs, étant donné les
autres nouvelles qui peuvent survenir dans ces milieux, relativement à
d'autres visites ou à Dieu sait quoi. Il n'y a pas de politique
systématique d'information. C'est justement une des choses que je veux
instaurer pendant le deuxième mandat que la population a bien voulu nous
confier. J'en ai parlé hier après-midi, et c'est pour cela que je
suis ravi au-delà de toute expression de cet appui que vous venez
d'accorder à ce voeu que j'exprimais hier devant le personnel du
ministère.
M. Rivest: Cela commence à m'inquiéter. Vous pouvez
le dire.
M. Morin (Louis-Hébert): Non...
M. Rivest: Mon collèque a une question.
Télévision française au
Québec
M. Marx: J'ai une question sur le dossier France-Québec.
Vous faites état de la diffusion de la télévision
française au Québec. Il va sans dire que tout le monde est
heureux au Québec d'avoir la possibilité de voir la
télévision française. Qui a négocié cette
entente? Est-ce le sous-ministre?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est très complexe, c'est
très compliqué.
M. Marx: Si vous voulez, le sous-ministre pourrait...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est cela. Je lui ai
demandé d'en parler. Cela a été très complexe,
parce qu'il y a des réseaux de télédistributeurs au
Québec qui, en France aussi, un certain nombre de fois... On va vous
expliquer cela rapidement. Ce sera plus facile.
Cela s'est fait à trois niveaux du côté
québécois et à un certain nombre de niveaux
également du côté français. Cela a
démarré au sein de la Commission permanente de coopération
franco-québécoise, où nous avons estimé que ce
serait une bonne chose. Notre Conseil des ministres a approuvé le
principe, et les Français ont ensuite tenté de leur
côté de matérialiser l'opération en relation avec
les trois chaînes françaises. Les ayants droit, les auteurs
également ont voulu obtenir leur part du gâteau. Les prix ont
également été discutés. Cela a été un
long processus de négociation auquel, du côté
québécois, nous avons associé le ministère des
Communications, ainsi que Vidéotron ou l'Association des
câblodistributeurs. Une entente a pu être réalisée.
Le début des opérations s'est fait il y a maintenant près
de deux ans. L'entente est pour trois ans. Elle peut être
dénoncée par l'une ou l'autre des parties après deux ans.
Nous saurons donc en septembre prochain si l'entente se reconduira par tacite
reconduction pour une autre année ou si elle sera
dénoncée.
M. Marx: J'aimerais savoir - le sous-ministre peut
répondre si le ministre n'est pas au courant - si on a eu la
coopération du gouvernement fédéral dans ce dossier.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il n'a pas nui, c'est
déjà cela.
M. Marx: C'est cela, la blague! On me répond par une
blaque quand on a une réponse!
M. Morin (Louis-Hébert): M. le sous-ministre va vous
donner une réponse plus technique.
M. Marx: Avec le sous-ministre, on a une réponse, pas une
blague.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est strictement un dossier de
coopération franco-québécoise.
M. Marx: J'ai toujours pensé que la câblovision
était un domaine fédéral et que...
M. Morin (Louis-Hébert): II a fallu que les
câblodistributeurs du Québec fassent une demande au CRTC afin
d'obtenir la permission de réserver une des chaînes pour
Télé-FQ 99, soit une chaîne sur les positions normales de
l'appareil de télévision ou une chaîne sur le
câblosélecteur.
M. Marx: Le sous-ministre vient de confirmer que, dans ce
dossier, on a eu la coopération du gouvernement fédéral ou
d'une agence...
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant!
C'est-à-dire qu'ils n'ont pas nui.
M. Marx: Est-ce qu'on peut parler ou non?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Marx: Arrêtez les blagues, M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce ne sont pas des blagues, c'est
la réalité.
M. Marx: C'est juste pour dire quelques mots; après cela,
vous allez avoir une heure et demie pour répondre, si vous voulez.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah non, je ne répondrai
pas durant une heure et demie, jamais de la vie!
M. Marx: Ce dossier, il aurait été impossible de le
réaliser sans la coopération du gouvernement
fédéral ou d'une agence du gouvernement fédéral.
Est-ce que vous voulez me dire si, oui ou non, vous avez eu cette
coopération du gouvernement fédéral?
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense que je vais
répéter exactement ce que j'ai dit tout à l'heure. Le
gouvernement fédéral n'a pas nui dans ce dossier. C'est
déjà énorme. Deuxièmement, le CRTC a accompli son
office de tribunal, si je peux m'exprimer ainsi. Troisièmement,
j'espère que, parce que le gouvernement fédéral ne nuit
pas à quelque chose, il ne faudra pas commencer à pavoiser au
Québec.
M. Marx: Est-ce que c'est vrai que dans... Ce n'est pas une
question de nuire, parce que la câblovision est du domaine
fédéral, de compétence fédérale. Est-ce que
le ministre est au courant de cela, que la câblovision est de
compétence fédérale? Est-ce qu'il est au courant de
cela?
M. Morin (Louis-Hébert): On a des doutes à ce
sujet.
M. Marx: Est-ce que le ministre a encore des doutes depuis la
dernière décision de la Cour suprême du Canada?
M. Morin (Louis-Hébert): La Cour suprême du Canada,
d'accord.
M. Marx: La dernière décision de la Cour
suprême du Canada donne la compétence en cette matière au
gouvernement fédéral. Est-ce que le ministre est au courant?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, je suis tout à fait
au courant.
M. Marx: Voilà, maintenant, il est au courant. Donc, pour
être capable de faire une entente entre la France et le Québec
dans ce domaine, il faut avoir la coopération du qouvernement
fédéral ou d'une de ses agences. Est-ce qu'on a eu de la
coopération dans ce dossier, oui ou non?
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez eu la réponse
deux fois.
Cela fait deux fois que je réponds. On va formuler ici une
résolution, si vous voulez, de félicitations au gouvernement
fédéral pour ne pas avoir mis d'"enfarge" particulière
dans ce dossier. Si vous voulez qu'on le fasse... C'est l'exception qui
confirme... On peut associer les libéraux... (22 h 30)
M. Rivest: ...
M. Marx: Est-ce que le gouvernement fédéral ou une
de ses agences a jamais refusé d'accorder sa coopération dans un
dossier sur la câblovision?
M. Morin (Louis-Hébert): Si vous voulez dire...
M. Marx: Mais, dans d'autres dossiers...
M. Morin (Louis-Hébert): ... TV-99, non, dans ce cas, on
vient de vous répondre. Si vous parlez en général en ce
qui concerne la câblodistribution, c'est un autre sujet; il y a eu des
emmerdements fédéraux. Je pense que c'est cela, oui, vous le
savez. D'ailleurs, cela a même été discuté
sous...
M. Marx: Mais si nous avons eu des emmerdements ailleurs, cela
prouve qu'on a eu de la coopération ici.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela, l'exception confirme
la règle.
M. Marx: On accepte cela comme un aveu, M. le ministre.
M. Rivest: Dans le renouvellement de cette entente - le
sous-ministre disait cela -je suppose que le gouvernement et la partie
française, enfin surtout le gouvernement du Québec devait se
faire une idée des cotes d'écoute. Est-ce que la dépense
qui a été occasionnée par cette chaîne vous
paraît justifiée sur le plan de l'impact sur l'opinion publique,
oui ou non?
M. Morin (Louis-Hébert): II me semble que cela coûte
très peu cher pour obtenir une chaîne de télévision
de cette qualité.
Une voix: Oui, 500 000 $, un demi-million.
M. Morin (Louis-Hébert): Les coûts sont
de l'ordre de 1 000 000 $ partagés 50-50, de sorte que cela
coûte au Québec environ 500 000 $ ou 600 000 $ pour pouvoir
obtenir cette chaîne.
Quant au degré de pénétration, il n'y a pas eu de
BBM comme tel ou d'enquête approfondie pour déterminer le
degré de pénétration. Il y eu cependant récemment
une étude effectuée par le ministère des Communications
qui nous donne une bonne approximation du degré de
pénétration. C'est bon, sans être sensationnel. Ce n'est
pas aussi écouté que Les tannants du canal 10, bien sûr,
mais, par contre, cela a une bonne pénétration.
M. de Bellefeuille: Ou que les débats de
l'Assemblée nationale.
M. Morin (Louis-Hébert): Si cela peut vous
intéresser de le savoir, c'est accessible à 830 000 foyers, je
crois.
M. Marx: Non, je pense que...
M. Morin (Louis-Hébert): Cela ne veut pas dire que 830 000
foyers reqardent cela en même temps.
M. Rivest: C'est le gouvernement social-démocrate.
M. Marx: C'est d'accord...
M. Morin (Louis-Hébert): Pour répondre à
votre question, depuis que ce poste a été mis en ondes, il est
aussi arrivé au même moment - si vous avez vu, en vivant à
Québec, ce qui s'est passé - que trente postes de
télévision ont été disponibles avec le
télésélecteur, ce qui veut dire qu'il y a une concurrence
non seulement pour les postes classiques, habituels et courants, mais aussi
pour celui-là.
M. Marx: Juste une question d'information. Les 500 000 $ que cela
coûte au Québec, est-ce que c'est le gouvernement du Québec
qui les paie et qui permet à Vidéotron de l'utiliser?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela dépend de l'endroit,
oui.
M. Marx: D'accord. Et c'est la France qui paie cela.
M. Rivest: Est-ce que cela vous apparaît
justifié?
M. Morin (Louis-Hébert): Je comprends, c'est une aubaine
à 500 000 $, un canal de télévision. Si vous en avez un
autre à nous vendre à ce prix-là, on va le prendre.
M. Marx: Est-ce que le câblotéléviseur peut
aussi diffuser la publicité sur la chaîne 99?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il n'y en a pas
présentement, il n'y a aucune publicité.
M. Marx: II n'y en a pas présentement. M. Morin
(Louis-Hébert): Non.
M. Marx: Le ministre ou le sous-ministre sait-il si le
câblotéléviseur a demandé la permission de diffuser
de la publicité pour couvrir le coût des 500 000 45?
M. Morin (Louis-Hébert): À ma connaissance, il n'a
pas fait de demande dans ce sens.
M. Rivest: Sauf qu'en général les
cèblotéléviseurs, comme dit mon collègue, cherchent
à obtenir au Québec de la publicité.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y en a pas actuellement.
M. Rivest: Mais le ministère...
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne veux pas changer de sujet,
mais il y a eu quand même un développement intéressant en
ce qui concerne - je sais que ce n'est pas sur le sujet immédiat du
poste 99 - Radio-Québec et le Nouveau-Brunswick. On n'en a pas
parlé lorsqu'on parlait des affaires canadiennes tout à l'heure,
mais Radio-Québec, maintenant, avec une entente à laquelle j'ai
participé, qui a été signée par mon collègue
des Communications, pénètre au Nouveau-Brunswick. Je vous dis
cela comme cela, "ancillairement". On n'en a pas parlé tantôt,
mais c'est peut-être bon...
Délégation du Québec à
Paris
M. Rivest: Sur la France, avez-vous terminé? La
délégation du Québec à Paris, le
délégué... Je ne vois pas pourquoi le ministre trouve cela
drôle.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne trouve pas cela
drôle, c'est votre sourire que j'ai hâte de...
M. Marx: II y a le déléqué et ses
collaborateurs. Quel est le nombre de personnes actuellement à la
délégation? Mes questions sont sur le
délégué, ses collaborateurs, le budget et l'immeuble.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, gu'est-ce que vous voulez
savoir là-dessus?
M. Rivest: La localisation de l'immeuble, l'achat d'un immeuble,
la vente d'un immeuble.
M. Morin (Louis-Hébert): Sur la rue
Pegolèse.
M. Rivest: Oui, je sais, toujours. N'y aurait-il pas eu un
projet, à un moment donné, dans l'air sur l'achat d'un immeuble,
etc.?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a un projet, mais on n'a pas
acheté d'immeuble.
M. Rivest: Oui, je sais.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a quatre locaux à
Paris présentement. Il y a la déléqation
générale qui est sur la rue Perqolèse et les services
culturels qui sont sur la rue du Bac. Il y a également la
résidence du déléqué, qui est louée, sur
l'avenue Foch et je vous l'ai indiqué...
M. Rivest: On revient dans les années soixante, M. le
ministre. La localisation des services québécois à Paris,
ca devient un peu plus épars; on avait centralisé et là on
décentralise.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela a pris de l'ampleur, vu les
gouvernements successifs.
M. Rivest: Le personnel de la délégation, postes
vacants à la délégation?
M. Morin (Louis-Hébert): On va vous donner tout ca. Je ne
sais pas si vous l'avez dans votre tableau. En tout cas, on les a ici dans
d'autres. Vous l'avez. Vous êtes en train de me poser une question
à laquelle vous avez la réponse.
M. Rivest: Bien, j'aime ca vous voir fouiller un peu avant de
répondre. Vous nous parlez toujours du coup de force, ca change.
M. Morin (Louis-Hébert): On va en parler encore, je vous
inquiétez pas.
M. Rivest: Je sais.
M. Morin (Louis-Hébert): II me semble que vous avez ce
dossier-là en ce qui concerne la délégation à
Paris.
M. Rivest: Vous n'avez pas de projets pour l'immeuble, pendant
que vous cherchez? Non, vous vous satisfaisez de ca. Vous avez abandonné
vos volontés d'achat?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais seulement si...
M. Rivest: La dernière fois, vous nous aviez dit que vous
aviez peur que l'Opposition fasse de la démaqogie avec la question. Je
suppose que vous avez peur de M. Parizeau, cette année.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non. Ce serait encore
plutôt vous autres qui feriez de la démaqogie.
M. Rivest: Pas moi, vous m'avez félicité
tantôt.
M. Morin (Louis-Hébert): Pas vous, non. Mais il y en a
d'autres dans votre gang. Si vous étiez tout seul dans votre gang, vous
seriez bien montrable, mais qu'est-ce que vous voulez?
M. Rivest: Non, ce n'est rien. Donnez-moi le montant, je ne veux
pas prolonqer indûment. Et s'il y a des postes vacants surtout, parce que
parfois il y a des circulations de personnes qui sont intéressantes
à la délégation à Paris.
M. Morin (Louis-Hébert): On va vous dire ça. On a
une liste avec tout le personnel. Un instant, on va répondre à
ca. Bien, vous l'avez ici, pour l'amour du bon Dieu! Vous avez toutes les
délégations du Québec à l'étranger.
M. Rivest: Est-ce qu'il y a augmentation ou diminution à
Paris?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il y a une diminution, si
c'est ça gue vous vouliez savoir.
M. Rivest: Les socialistes sont arrivés?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, c'est bien avant.
L'année passée, il y avait 74 personnes, maintenant il y en a
73.
M. Rivest: Combien? Excusez, je n'ai pas compris, je parlais
à votre chef de cabinet.
M. Morin (Louis-Hébert): Bon, je retiens ça dans
son dossierl Alors, nous avons un délégué
général, comme vous le savez très bien, un conseiller
politique, trois conseillers bientôt...
M. Rivest: Qui a remplacé M. Asselin?
M. Morin (Louis-Hébert): M. Jean Tardif.
M. Rivest: Ah, Jean Tardif.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. Trois conseillers au service
de coopération, cinq conseillers en immigration, un conseiller et deux
attachés au service économique, un
conseiller au service du tourisme, un au service culturel, un au service
d'information et un agent de la sécurité du Québec
à l'administration.
M. Rivest: Bon, c'est ça. Le ministre doit se rendre,
comme il l'a annoncé je pense hier, rencontrer le nouveau ministre des
Affaires extérieures.
M. Morin (Louis-Hébert): Ministre des Relations
extérieures.
M. Rivest: Bon. Francophonie, l'expérience de l'Agence de
coopération culturelle et technique et le projet de commonwealth
francophone de M...
M. Morin (Louis-Hébert): Senghor.
M. Rivest: Là-dessus, quand il y a des coopérations
multilatérales, quelle est votre évaluation du sentiment des
Français, du gouvernement français dès lors qu'il s'agit
de s'inscrire dans une agence? Est-ce qu'a priori, d'après les contacts
que vous avez avec le gouvernement français, le gouvernement
français aime, pour sa coopération en particulier avec l'Afrique,
situer sa coopération sur le plan du développement culturel ou
technique dans des organismes multilatéraux?
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez, en fait, abordé
trois sujets. Vous avez parlé de l'Agence de coopération
culturelle et technique...
M. Rivest: Exemple le commonwealth, mais là-dedans est-ce
que vous croyez que vos correspondants français, qui évidemment
discutent avec vous, on l'a vu autant dans le dossier de l'agence - je vois un
de vos sous-ministres qui connaît bien le dossier - que dans le dossier
du commonwealth... Est-ce que les Français sont enthousiastes pour une
coopération multilatérale avec l'Afrique à laquelle le
Canada et le Québec, ensemble ou séparément, sont
associés?
M. Morin (Louis-Hébert): En fait, vous posez la question
au moment où il va y avoir, où il y a eu un chanqement de
gouvernement en France et c'est justement une des questions à propos
desquelles je voudrais entreprendre des discussions avec le nouveau ministre
français des Relations extérieures. C'est exactement un des
sujets. Pour être très précis, je voudrais savoir dans
quelle mesure le Québec, à cette époque, avec eux,
pourrait participer à des actions avec la France, donc de nature
multilatérale dans ces conditions, dans d'autres pays. C'est une des
questions que je vais poser.
En ce qui concerne l'ancien gouvernement français, nous avions
entrepris des discussions de même nature. Je prends un cas précis,
même si je dérive un peu dans mes réponses. Par exemple, en
ce qui a trait au projet de sommet francophone, plus particulièrement au
projet d'action dans des pays francophones, il est tout à fait
compréhensible qu'au départ il y ait eu des hésitations du
côté de la France en ce qui concerne ce sommet francophone. Mais
je dois dire qu'au cours des deux ou trois dernières années, il y
avait vraiment - je l'ai ressenti moi-même - un intérêt
marqué du côté de la France à ce qu'effectivement le
sommet francophone en question ait lieu. Contrairement à ce que beaucoup
de personnes croyaient, la France y tenait.
M. Rivest: Le sens précis de ma question n'est pas
tellement de cet ordre. Est-ce que vous avez senti chez vos correspondants
français vraiment une volonté, même un enthousiasme
d'inscrire le gouvernement de la France en tant que tel dans un type de
coopération multilatérale, la question Québec-Canada
étant laissée de côté?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est que la France - le
Québec d'ailleurs aussi fait partie de ces organismes - est
déjà très présente dans plusieurs organismes
internationaux et tous ceux qui sont reliés de près ou de loin
à l'Aqence de coopération culturelle et technique. La
réponse à votre question, c'est que la France fait
déjà partie d'organismes multilatéraux.
Vous me demandez: Est-ce qu'ils sont enthousiastes? Je n'ai jamais
posé la question à savoir s'ils étaient enthousiastes ou
non, mais je sais qu'ils sont présents, très actifs et qu'ils
maintiennent par leur participation avec les autres ces organismes auxquels
nous-mêmes nous participons.
M. Rivest: Indépendamment du contentieux
Québec-Canada, par exemple, au sujet du Commonwealth des pays
francophones, le projet de M. Senghor, vous avez la conviction que la France
qui est quand même, dans ces organismes, un partenaire important, quand
il s'aqit de pays francophones, est intéressée d'elle-même
à participer à ce type de coopération?
M. Morin (Louis-Hébert): La réponse est oui.
Vraiment. Je ne sais pas, il y a trois, quatre ou cinq ans ce que cela a
été, mais, au cours des deux ou trois dernières
années, on a senti que oui. Maintenant, il y a un nouveau gouvernement
français, c'est une des questions que je vais traiter avec lui. Mais la
réponse pour l'ancien me semble être clairement oui.
M. Rivest: Et spécifiquement dans le cas du projet de M.
Senghor...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, et
spécifiquement...
M. Rivest: Le projet de M. Senghor, est-ce que cela implique,
d'après les statuts que j'ai vus, il y a quelques mois, seulement de la
coopération culturelle? Est-ce qu'il y a du développement
là-dedans?
M. Morin (Louis-Hébert): Attention, distinguons. Si vous
parlez de l'Agence de coopération culturelle et technique, il y a un
aspect développement, oui. La réponse à la question est
oui, à ce moment-là, il y a un fonds de développement
auquel nous participons dans ce cas.
Dans le cas du sommet francophone, il est impossible de savoir
maintenant exactement quels seraient ces agences, ces organismes, ces branches,
ces services, pour la bonne raison qu'ils n'existent pas encore. La
réponse à la deuxième question ou en ce qui concerne ce
deuxième organisme est nécessairement floue puisqu'il n'existe
pas.
C'est d'ailleurs un des problèmes, la nature de ce sommet ou de
ce Commonwealth des pays francophones. Est-ce que ce serait une vaste
communauté d'ordre culturel ou quelque chose d'autre?
M. Rivest: Je vous arrête parce que j'ai vu une
déclaration de votre part au sujet du contentieux Québec-Ottawa,
où vous affirmiez péremptoirement - et là vous me dites
que vous ne savez pas exactement ce que cela va faire -...
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai une bonne...
M. Rivest: ...qu'à l'encontre de l'argument que vous avait
servi votre homoloque fédéral...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
M. Rivest: ...ah oui, cela concernait les juridictions du
Québec...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
M. Rivest: ...etc., et là vous me dites que vous ne savez
pas exactement ce que cela va faire.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous dis que cela n'existe pas
encore, par conséquent, on ne peut pas savoir exactement quelles seront
ses actions lorsque cela existera.
M. Rivest: Pourquoi disiez-vous à votre homologue
fédéral que cela tombait en plein dans les juridictions des
provinces?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela. Mais étant
donné les travaux préliminaires qui ont été faits,
nous en savions assez pour savoir que nécessairement on discuterait d'un
organisme qui pourrait avoir des types d'action nous intéressant
directement. C'est exactement ce que j'ai dit.
M. Rivest: Ce n'est pas réglé, c'est en plan. Quand
est-ce la dernière communication gui vous a paru significative à
ce plan? Avant le coup de force. (22 h 45)
M. Morin (Louis-Hébert): Sur le sommet, oui. Non, c'est
parce que j'avais la même impression qui vient de m'être
confirmée, la seule fois dont on en a entendu parler officiellement et
ouvertement, c'est effectivement il n'y a pas très longtemps, quand la
France a décidé de ne pas y participer si le Québec n'y
participait pas. Depuis ce temps, nous savons que le sujet peut revenir, parce
que le nouveau président du Sénégal a l'intention d'en
reparler. Il est possible gue...Je vais répondre à votre
question.
M. Rivest: ... vous a semblé déçu que le
sommet n'avance pas à cause de la question québécoise?
M. Morin (Louis-Hébert): Là, il y a un nouveau
gouvernement, je ne peux pas vous dire ce qu'il pense, mais je peux vous dire
que l'ancien ministre des Affaires étrangères de France, M.
François Poncet, tenait à ce que la francophonie s'organise et
tenait justement à ce qu'éventuellement un tel sommet puisse se
réaliser, sauf qu'il ne voulait pas le faire sur le dos du
Québec, c'est évident, on le sait maintenant.
M. Rivest: L'Agence de coopération culturelle et
technigue, où est encore M. Dan Dicko, je crois...
M. Morin (Louis-Hébert): II y a eu une réunion de
cette agence au mois de décembre, à Libreville, je ne sais
pas...
M. Rivest: Est-ce gue le Québec là-dessus...
Lorsgu'on rencontre des gens de pays étrangers, ici, à
Québec ou ailleurs, on entend encore toutes sortes
d'éléments d'insatisfaction sur le fonctionnement actuel de
l'Agence de coopération culturelle et technigue des pays francophones.
Est-ce que le gouvernement du Québec, qui engage du personnel, de
l'argent, des ressources, laisse aller les choses? Avez-vous des sentiments
à ce sujet? Soumettez-vous des propositions? Je ne parle pas de la place
du Québec par rapport au Canada, ça semble assez bien
fonctionner, mais est-ce que vous êtes satisfait, comme
Québécois, de la participation du Canada à cette agence?
Est-ce une agence intéressante, etc.? Est-ce qu'elle atteint ses
objectifs pour les sommes
qui y sont versées?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est sûr que c'est
intéressant. Il faut dire, à propos des sommes qu'on y met, que
le Québec a quand même une participation limitée, compte
tenu de notre importance et de notre richesse relative, c'est de 3% à 5%
de l'ensemble. Mais un des problèmes qui s'est posé à tout
le monde, au Québec aussi, au cours des dernières années -
ce fut une des choses dont on a eu connaissance dès que j'ai
participé moi-même aux travaux de cette agence - c'est
l'importance d'un certain nombre de frais administratifs, par rapport aux
activités de l'agence. Ce fut une grosse question, qui a donné
lieu à une conférence particulière, en plus d'autres
problèmes de structure, qui a eu lieu à Paris au mois de mars
1980, exactement, qui était la suite d'une conférence qui avait
eu lieu à Lomé, au Togo, à la fin de 1979, à
laquelle j'ai participé, qui n'avait pas résolu le
problème. Maintenant, les choses se sont tassées, mais il reste
toujours, dans ces organisations internationales, le danger - d'ailleurs ce
n'est pas la seule organisation à laquelle ça arrive - que les
frais administratifs deviennent trop considérables par rapport aux frais
de programmes et, en somme, aux actions qui peuvent intéresser la
population.
Je dois dire qu'à cet égard, nous sommes assez d'accord
avec le gouvernement fédéral et ses représentants - et
avec beaucoup d'autres d'ailleurs - sur le fait que les frais administratifs
soient contrôlés et raisonnables, par rapport aux autres
opérations plus tangibles de l'organisme.
M. Rivest: Autre dimension - je m'excuse si je passe assez
rapidement - du Québec sur le plan international, par
l'intermédiaire de l'ACDI, vous avez un protocole d'entente avec le
gouvernement fédéral là-dessus.
M. Morin (Louis-Hébert): On en a plusieurs.
M. Rivest: Oui, et j'ai vu l'ensemble des dossiers que vous nous
avez remis. J'ai vu aussi qu'il y avait une diminution prévue des
activités.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ça.
M. Rivest: Pour parler très concrètement, est-ce
que c'est relié directement? Par exemple, quand on regarde une firme
comme Treco, gui va en Algérie, le gouvernement est-il concerné,
en cents et en dollars, en termes de coopération? Est-ce que votre
ministère perçoit, d'une façon ou de l'autre, à
l'intérieur de l'un ou l'autre des programmes? On dirait que parfois
ça passe complètement en dehors des circuits gouvernementaux, les
grosses affaires, et on fait des affaires comme celles que le sous-ministre
nous a mentionnées tantôt.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais justement nous tenons -
je pense que vous allez être d'accord avec nous - à ce que les
entreprises privées, qui peuvent d'elles-mêmes s'organiser pour
trouver leurs propres contrats en dehors du pays, le fassent. Je ne pense pas
qu'elles doivent nécessairement passer par le biais...
M. Rivest: ... là-dessus. Est-ce que vous avez une
idée des actions - vous pourriez avoir les chiffres, j'imagine, d'Ottawa
ou d'ailleurs - privées des Québécois à
l'étranger, par rapport à ce que tous nos programmes, notre
appareillage et nos ministères font. Je vais vous dire mon impression,
parce que très souvent on entend ce commentaire. Sans avoir
regardé les choses de très près, on s'aperçoit gue
les choses importantes, ce n'est pas propre au Québec, remarquez que,
pour le Canada, ça existe probablement aussi, mais malgré que les
accords soient peut-être plus larges à ce titre, très
souvent, la présence des Québécois à
l'étranger court-circuite... Parce qu'il ne semble pas y avoir besoin
des circuits gouvernementaux et il arrive, par l'intermédiaire du
gouvernement canadien, bien sûr, dans notre cas... Mais ça pose
toute une question sur l'efficacité relative de nos structures et de nos
organisations, parce que des fonds publics sont engagés
là-dedans. Maintenant, ce sont les provinces qui ont quelque 50% ou 55%
de cette part. Est-ce que vous avez des chiffres sur cette dimension?
M. Morin (Louis-Hébert): On a vécu une
expérience, je pense que c'est en - je ne me souviens pas de
l'année exacte - 1978, en 1979, où il y avait eu l'annonce, par
le premier ministre fédéral à l'époque, M. Clark,
du déménagement - je vais vous donner un exemple - possible de
l'ambassade du Canada à Jérusalem. Je ne sais pas si vous vous
souvenez de cela. Cela avait créé tout un émoi à
cause des pays arabes qui avaient, à ce moment-là,
manifesté leur désapprobation. On avait été
amenés, à la suite de démarches faites auprès de
nous par des compaqnies, dont je ne veux pas donner les noms, et non des
moindres, à intervenir auprès du gouvernement
fédéral en ce qui concerne sa politique à cet
égard, et nous avions fait des démarches très
précises. Mais nous avions aussi voulu savoir exactement combien,
comment dirais-je, de contrats étaient en cause. C'est
extraordinairement difficile de le savoir parce gue beaucoup d'entreprises ne
tiennent pas à le faire savoir et cela ne fait pas partie des
statistiques officielles. Ce qui veut dire que,
comme réponse à la question: Est-ce que nous savons
exactement combien de contrats sont attribués à tel et tel pays?,
c'est non. Et bien souvent, personne ne le sait parce qu'elles le font
elles-mêmes et même le gouvernement fédéral n'est pas
au courant.
Cependant, je peux vous dire que, classiquement, quand une compagnie a
des difficultés, soit lorsqu'elle est déjà établie
et qu'il y a un problème qui se pose avec un pays où on est
représenté - si vous me parlez, je ne sais pas, du Pakistan, de
l'Indonésie, je ne suis pas sûr, comme on est
représenté, qu'on va en entendre parler encore, que nous sommes
de plus en plus présents dans l'Extrême-Orient - donc, si elle a
des difficultés lorsqu'elle est sur place ou encore lorsqu'elle veut
s'établir quelque part où elle n'a pas accès, elle peut
très bien faire appel à nous et nous sommes tout à fait
disponibles pour donner les coups de main que nous sommes en mesure de donner,
comme elle fait appel également aux services du gouvernement
fédéral. Je ne veux pas donner de cas précis, mais il y a
aussi des entreprises qui ont déjà leur propre réseau, qui
sont déjà établies et qui ont des bureaux dans plusieurs
pays étrangers. Elles n'ont besoin d'aucun gouvernement. Sauf gu'encore
une fois, dès qu'il y a des difficultés, elles ont recours au
gouvernement.
M. Rivest: Prenons un exemple. Je conçois cela et ce n'est
pas une preuve encore. Quand on examine le volume et l'importance de la
dimension du Québec à l'étranger et qu'on n'arrive pas...
Je comprends les difficultés de savoir exactement ce qu'il en est. Ce
sont des gros morceaux et, souvent, cela peut même être plus
important que ce qu'on peut faire et qu'on peut discuter au niveau de
l'Assemblée nationale. Même à l'intérieur du
gouvernement du Québec, prenez le service de la vente et de la promotion
des biens culturels à l'étranger, les cinémas, les
disques, etc., qui relèvent, sauf erreur, du ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, le service de relations
extérieures, enfin...
M. Morin (Louis-Hébert): ...
M. Rivest: II y a des choses quand même
drôlement...
M. Morin (Louis-Hébert): L'Office québécois
du commerce extérieur.
M. Rivest: Oui, c'est cela. Il y a des choses drôlement
intéressantes qui se font là-dessus. Je ne veux pas me faire
d'ennemis, mais le ministère des Affaires intergouvernementales est-il
associé à cela? Je pense à ceux qui ont eu un festival,
celui du livre, du cinéma, les foires du livre aux États-Unis, en
Europe, Starmania, etc. Enfin, il y a un paquet de choses qui se sont faites
juste dans le domaine des biens culturels. On oublie tout le reste,
l'industriel et le manufacturier. Est-ce que le ministère des Affaires
intergouvernementales est associé à cela? Cela me semble
être dérogatoire. Je ne sais même pas si cela est inscrit
dans le cadre des accords de coopération France-Québec ou si cela
court-circuite le ministère.
M. Morin (Louis-Hébert): Le ministère est
très souvent associé à ces opérations. Vous parlez
de foires du livre, par exemple. Je me souviens que moi-même...
M. Rivest: Festival du film.
M. Morin (Louis-Hébert): Festival du film et autres
initiatives. On est très souvent impliqué, le ministère
sectoriel également. Même, je vais ajouter ceci que vous savez
peut-être, c'est que nous faisons partie actuellement, comme
ministère, d'un comité qui, au sein du ministère
d'État au Développement économique, a justement comme
mandat d'étudier plus précisément comment augmenter le
commerce du Québec avec l'extérieur. Nous sommes très
directement reliés. C'est même une suggestion qui vient de notre
ministère en bonne partie et nous y mettons une priorité. Je
parlais encore de ce comité, cet après-midi, avec M. Landry.
Cependant, ce n'est pas nous qui, actuellement, sommes chargés, comme
ministère, du commerce extérieur. C'est le ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme par l'Office guébécois du
commerce extérieur. Sauf que nous sommes très souvent
présents. Je ne sais pas, c'est très embêtant de mentionner
des cas précis, mais je pense à des pays plus difficilement
accessibles comme la Chine. Je peux vous dire qu'aujourd'hui même, je me
suis occupé d'un cas très précis et très terre
à terre - il est très important aussi en ce qui concerne la Chine
- avec le ministre de l'Industrie et aussi avec le ministre d'État au
Développement économique. Donc, nous y sommes très
directements mêlés, sauf que ce n'est pas nous qui faisons les
transactions commerciales.
Maisons du Québec à
l'étranger
M. Rivest: L'an passé, mon collègue de
Saint-Laurent vous avait longuement interrogé - cela m'amène
là - sur les études, la surveillance ou le contrôle que
vous avez sur les Maisons du Québec à l'étranger, sur les
questions que vous devriez vous poser, à savoir si un choix
d'implantations qui, à une époque donnée, vous paraissait
souhaitable pour le Québec puisse devenir moins souhaitable. Est-ce que
vous avez donné suite
aux demandes du député de Saint-Laurent qui vous avait, je
pense, longuement interrogé -vous vous le rappelez sans doute - sur
cette dimension pour que - compte tenu des restrictions budgétaires -
les choix qui n'ont pas été faits dans le passé fassent
que le ministère demeure absolument inerte, résiste à une
certaine demande d'augmentation de personnel ou de création de nouveaux
services, à l'occasion, ou bien en crée lui-même. Qu'est-ce
que vous avez fait, concrètement, sur ce plan? Je parle de la gestion et
de la productivité des sommes d'arqent qui sont dépensées
dans les Maisons du Québec? Sans nommer de cas.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne peux pas vous donner de
noms précis. Je peux vous dire qu'au moment où nous nous parlons,
nous sommes en train de réévaluer, dans le cas d'une de nos
délégations à l'étranger, la décision de la
conserver ou non. Nous sommes en train de discuter avec d'autres
ministères que cela intéresse, parce que nous nous posons des
questions. Il est possible qu'on la conserve, il est possible aussi qu'on la
change de place et il est possible qu'on la ferme. C'est un cas
étudié au moment où je vous parle.
M. Rivest: C'est un cas, il y a peut-être eu des
problèmes particuliers pour cette maison. Mais est-ce que, d'une
façon systématique, vous faites cette évaluation, vous
vous interrogez? Est-ce qu'on peut avoir des documents, des études?
Est-ce que cela pourrait être rendu public? On pourrait dire: Voici, on
en est là.
M. Marx: On a demandé cela l'an dernier et on n'a rien
eu.
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant, là: Si vous le
voulez, on va se livrer, pendant une seconde, à un exercice très
simple et vous allez avoir les réponses. Regardez la liste de ce que
nous avons comme représentation à l'extérieur. Je pense
qu'ensemble, ici, il est très facile de se rendre compte... Non, je ne
donnerai pas la réponse.
Prenons, par exemple, Londres. Est-ce que cela vaut la peine de
conserver ou non la délégation à Londres? Prenons cette
question.
M. Rivest: Ah, oui!
M. Morin (Louis-Hébert): La réponse est
évidemment oui. Si on n'avait pas eu de délégation
à Londres, on serait pas mal plus embêté qu'on l'est
maintenant, vu le coup de force fédéral. J'avais dit que j'en
reparlerais, bon!
M. Rivest: Vous voyez...
M. Morin (Louis-Hébert): Bruxelles.
M. Rivest: ... que M. Trudeau n'a pas fait de coup de force qui
mettait en cause l'Indonésie; il est quand même beau joueur:
M. Morin (Louis-Hébert): On n'a pas de
délégation en Indonésie. S'il y en avait un qui mettait en
cause l'Indonésie, on serait embêté de ne pas avoir de
délégation en Indonésie.
M. Rivest: II a quand même été beau joueur,
il savait que le Québec était fort a Londres; déjà,
il nous donnait un avantage au départ.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, évidemment, c'est
sûr qu'il a pensé à tout cela. C'est très
intéressant de se poser la question. J'ai repensé à la
série de questions que m'avait posées, l'année
passée, votre collèque de Saint-Laurent. Nous avons Paris. Est-ce
que vous pensez qu'on doit ou non conserver une déléqation
à Paris? A priori, comme ca?
M. Marx: C'est évident, il en faut une. M. Morin
(Louis-Hébert): Très bien.
M. Rivest: Non, mais on peut se poser des questions.
M. Morin (Louis-Hébert): Très bien. M. Rivest:
Quels services...
M. Marx: C'est vous qui avez pensé à cela.
M. Rivest: Je voudrais que vous vous les posiez. J'ai
l'impression qu'on ne les a jamais posées. Le député de
Saint-Laurent vous a demandé de vous les poser.
M. Morin (Louis-Hébert): Au lieu de poser des questions
théoriques, je suis en train de poser des questions pratiques et de
faire appel à votre sens commun, y compris celui du député
de D'Arcy McGee. Bruxelles et le Marché commun, est-ce qu'on doit
conserver cela ou non?
M. Marx: Évidemment.
M. Morin (Louis-Hébert): Très bien.
Düsseldorf, Allemagne?
M. Marx: Évidemment.
M. Morin (Louis-Hébert): Bon. Milan, en Italie?
M. Rivest: Oui, vous venez de nommer un nouveau
délégué; franchement, vous avez
sans doute porté un jugement.
M. Morin (Louis-Hébert): Tokyo, au Japon?
Des voix: Ah! Ah! Ah! M. Morin (Louis-Hébert): Un
instant! M. Rivest: Vous n'avez pas trouvé. M. Morin
(Louis-Hébert): Non, mais...
M. Rivest: Là, vous me posez des questions.
M. Morin (Louis-Hébert): ... je suis en train...
M. Rivest: À Milan, vous venez de nommer un
délégué, j'imagine que vous vous êtes posé la
question. Pour Tokyo, vous cherchez un type qui parle japonnais, qui
connaît ça et vous n'en trouvez pas.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le député de
Jean-Talon, je fais exprès parce que je pense que c'est à peu
près temps qu'on se pose ce genre de questions.
M. Rivest: Je veux qu'il y ait des critères.
M. Morin (Louis-Hébert): Justement...
M. Rivest: Ce que je veux, ce n'est pas faire un long
débat là-dessus...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais je vais vous
donner...
M. Rivest: ... je veux que le ministre des Affaires
intergouvernementales - c'était le sens des demandes de mon
collègue de Saint-Laurent - établisse...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais vous me voyez
très bien venir, n'est-ce pas?
M. Rivest: ... des critères, des normes et qu'il ne
procède pas à la pièce. Parce qu'un tel
délégué est plus habile, connaît plus de monde,
pousse, a des amis ici, il obtient son affaire, alors qu'un autre
déléqué se fait dire non, parce qu'il arrive.
M. Morin (Louis-Hébert): Je remarque que le
député de Jean-Talon intervient chaque fois que je commence
à répondre d'une façon qui lui déplaît.
M. Rivest: Vous m'avez félicité tantôt!
M. Morin (Louis-Hébert): Très brièvement, je
suis très sérieux, si je commençais aujourd'hui, si
j'annonçais ce soir qu'on se livre à une profonde analyse pour
savoir si on garde Bruxelles, Londres, Paris, Düsseldorf, qu'est-ce que
vous diriez? Vous diriez: Vous êtes malade, c'est bien sûr qu'il
faut les garder. (23 heures)
M. Rivest: On pourrait garder Londres, Paris.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est parce que je veux
éviter des problèmes inutiles. Quand on fait la liste de ce que
nous avons actuellement comme... Plusieurs ont été ouvertes
d'ailleurs par les libéraux...
M. Rivest: La plupart.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, là on pourrait en
discuter longtemps. New York, est-ce qu'on doit garder la
déléqation à New York? Chicago, Los Angeles, Dallas,
Atlanta, Boston?
M. Rivest: Est-ce que vous vous posez des questions? Je ne
demande pas juste de garder. Je demande quels sont les critères pour
répondre à l'expansion, à la diminution des services, au
changement de la vocation d'une délégation. Est-ce que vous vous
posez ces questions? J'imagine que vous vous les posez. Vous vous les posez
à partir de quels critères? On est complètement dans le
beurre là-dessus.
M. Morin (Louis-Hébert): On se les pose et c'est
même l'un de nos sujets courants de discussion, à savoir si on
augmente ou si on restreint le personnel; d'ailleurs, on le diminue à
bien des endroits à l'étranger, sauf qu'avant même de se
poser ces questions, je voulais d'abord régler une chose en ce qui
concerne la plupart des délégations gu'on a là. Il semble
évident, c'est le sens commun qu'on les garde; est-ce qu'on se pose des
questions sur l'Assemblée nationale du Québec, si on la garde ou
non? Il y a des députés à propos desquels on peut se poser
des questions quant à leur présence, mais, en
général, cela vaut la peine de les qarder.
M. Rivest: Après le coup de force, la question se
pose.
M. Morin (Louis-Hébert): Justement. L'autre question,
à savoir si nous nous posons des questions sur la dimension, la vocation
et tout, quand bien même nous ne nous les poserions pas - ce que nous
faisons, c'est que nous nous les posons - mais quand bien même nous ne
nous les poserions pas, le seul fait que nous vivons actuellement dans une
période de restrictions relatives nous oblige à nous les
poser.
M. Rivest: Au moins M. Parizeau a cela de bon.
M. Marx: Je voudrais vous poser une question, M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Si elle est aussi intelligente
que celle qui vient d'être posée, d'accord.
M. Marx: L'an dernier - une petite question - quand on a fait les
crédits, je pense que ce qu'on a vraiment vu, pour ne pas être
trop compliqué, c'est que je pense qu'on a vu que l'Alberta, par
exemple, fait plus de commerce avec la France que le Québec, en ayant
moins de fonctionnaires à Paris que le Québec en a.
C'était ça l'an dernier. Vous n'avez pas de chiffres. Vous avez
du "staff" partout au monde, mais vous ne savez pas si, avec ce "staff", vous
faites plus d'affaires avec ce pays, que l'Alberta peut en faire avec beaucoup
moins de personnel. Est-ce que vos opérations sont efficaces?
M. Rivest: Celles qui sont dans l'Ouest.
M. Morin (Louis-Hébert): Chaque mois, par exemple, le
déléqué de chacun des bureaux que j'ai mentionné,
fait un rapport. Quotidiennement ou hebdomadairement, nous sommes en contact,
par exemple, avec le ministère de l'Industrie et du Commerce pour nous
poser des questions sur telle ou telle activité, telle ou telle
délégation dans les bureaux que nous avons à
l'étranger. Si vous vous demandez: Avons-nous une grille technocratique,
à la troisième décimale, pour juger avec les points du
fonctionnement d'une délégation et, par conséquent, porter
un jugement sur son existence ou sa disparition?, ma réponse, c'est non
et je ne voudrais pas que cela fonctionne comme ca. Il y a aussi un jugement
politique et un jugement global qu'il faut faire à un moment
donné. Mais nous avons tous les instruments à notre disposition,
actuellement, pour savoir si cela vaut la peine de garder quelque chose, si
cela vaut la peine de donner une nouvelle orientation, si cela vaut la peine
d'augmenter les activités ou de les restreindre.
Nous l'avons actuellement parce que nous ne sommes pas seuls
là-dedans et on a des gens qui font des rapports fréquents.
M. Rivest: Mais quand le député de D'Arcy McGee
vous indique que par exemple l'Alberta fait plus d'affaires avec les
Français, sans avoir une délégation avec toute l'ampleur
qu'on a.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est une affirmation à la
Claude Forget. Je m'excuse.
M. Rivest: M. le Président, question de
règlement.
M. Marx: Je m'excuse. Est-ce que le ministre a des chiffres? On a
demandé des chiffres, on ne les a pas eus.
M. Rivest: M. Pouliot qui est rendu à New York, il avait
l'air très sympathique à notre demande. Vous l'avez envoyé
à New York.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce sont des raisonnements
à la Claude Forget, c'est-à-dire que M. Pouliot était
rendu ici, il a demandé des renseignements, il est rendu à New
York. Donc, s'il est rendu à New York, d'après vous, c'est parce
que vous lui auriez demandé des renseignements.
M. Rivest: On ne sait jamais avec vous.
M. Marx: Le député de Saint-Laurent n'est pas ici
ce soir. Il ne faut pas l'accuser de quoi que ce soit. L'an dernier, on vous a
demandé des chiffres et on n'a rien eu. Cela date d'un an. Est-ce qu'on
peut espérer qu'on va avoir quelque chose l'an prochain? On va vous
donner un an pour vous préparer.
M. Morin (Louis-Hébert): J'aimerais cela que vous soyez
précis. Cela veut dire quoi ce que vous voulez dire, des chiffres?
M. Marx: Cela veut dire...
M. Morin (Louis-Hébert): Je serais très curieux de
savoir, parce que vous allez voir qu'en les posant et en étant
rigoureux, vous allez vous apercevoir que cela ne tient pas debout, selon la
façon dont vous posez le problème. Allez-y.
M. Rivest: Quoi qu'on dise, cela ne tiendra pas debout.
M. Morin (Louis-Hébert): Mais il y a des chances.
Allez-y.
M. Rivest: Faudrait-il le dire? Prenons l'exemple de Paris.
Indépendamment de la dimension politique et culturelle, sur le
plan économique, ne prenons pas toute la maison à Paris, prenons
les services économiques de la Maison du Québec à Paris.
On a un statut. On a tel nombre de personnes. On investit telles ressources. Il
y a tel nombre de missions qui vont de part et d'autre... Cela donne, au bout
de l'année, tant. D'accord? À côté de cela, vous
avez une autre province - qui peut être l'Alberta ou une autre - qui n'a
pas autant d'effectifs, qui ne fonctionne pas sur la même base, qui ne
développe pas ses services économiques de la même
manière, dans le cadre d'un ministère des Affaires
intergouvernementales, et elle obtient des résultats plus
considérables que nous. Quels sont vos critères de comparaison
sur
l'efficacité et la productivité des maisons du
Québec qu'on a à l'étranger sur chacun des plans? En
avez-vous? Si vous n'en avez pas, dites-le. C'est bien dommage si vous n'en
avez pas. Si ce n'est pas possible d'en avoir, dites-nous-le... D'une
façon analogique quand on investit à l'intérieur du
Québec, supposons un réseau d'écoles, etc., on ne fait pas
un investissement dans un immeuble avec du personnel, à tel endroit,
indifféremment. On choisit cela. Il y a des critères. On veut
répondre à des besoins. C'est ce qu'on demande dans l'ensemble du
développement des maisons du Québec. Après quinze ou vingt
ans qu'on est dans ce domaine - et on doit le demeurer, j'en conviens - ce type
de questions doit être posé d'une façon professionnelle et
que l'opinion publique, la commission parlementaire et l'Assemblée
nationale soient saisies de cela. Il y a des critères. C'est le sens de
la question.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord, mais il y a une erreur
de méthodologie que vous faites dans votre présentation. Vous
laissez entendre que la présence du Québec dans un pays doit
être fonction du commerce avec ce pays. Par exemple...
M. Marx: Non, il n'a pas dit cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais attention! Vous le
laissez entendre. C'est ainsi que vous raisonnez.
M. Marx: Non, pas du tout.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord, et...
M. Marx: On ne parle pas du domaine culturel. On parle du domaine
commercial.
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant: Ou encore vous
laissez entendre que notre présence devrait, du fait même qu'elle
existe, augmenter de façon significative le commerce. À combien
d'endroits le Québec vend-il des produits au monde sans avoir de
délégation? Il n'y a pas de relation entre les deux. Je vais vous
donner un cas. Je parlais tantôt de la Chine.
M. Rivest: À quoi cela sert-il d'avoir des services
économiques dans la délégation si cela n'a aucun
impact?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, ce n'est pas ce que j'ai
dit, justement. Prenez, par exemple, - j'en parlais tantôt et je continue
avec ce cas - nos relations avec la Chine. Les Chinois - je ne suis pas un
spécialiste de leur civilisation - n'ont pas les mêmes
façons de procéder que nous, ne se décident pas de la
même façon que nous ni nécessairement aussi rapidement que
nous. Ils ont leur propre cheminement lorsque vient le moment de prendre une
décision. Si on raisonne avec nos critères occidentaux par
rapport à leur façon d'agir - et cela peut s'appliquer aux Arabes
ou à Dieu sait qui - on va arriver à des conclusions qui ne
tiennent pas debout. Ce n'est pas parce qu'on n'a pas, dans un cas, de
résultats immédiats, alors que, dans d'autres cas, on en a qu'il
faudrait laisser tomber. De la même façon, tantôt, on s'est
amusé pendant trois ou cinq minutes à un exercice. J'ai pris sept
ou huit de nos bureaux - la moitié de ceux qu'on a - et vous n'avez pas
été capable de me trouver un cas qui, a priori, vous semblerait
être, évidemment, un de ceux qu'on devrait annuler.
M. Marx: Peut-être qu'on peut réduire le nombre de
fonctionnaires dans une, deux, trois ou quatre délégations.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est déjà
fait.
M. Rivest: ...changer la vocation, c'est ce qui est notre cible.
Pas nécessaire de fermer.
M. Morin (Louis-Hébert): À cause des restrictions
budgétaires, on a été obligé de passer des heures
à se livrer à un exercice qui consiste à dire: II faut
faire des coupures budqétaires. Par conséquent, où
exerce-t-on ces coupures, compte tenu de l'utilité qu'a pour le
Québec tel domaine ou tel secteur d'activités ou tel programme
dans tel pays, étant donné aussi un certain nombre de facteurs?
Nous avons fait cela.
M. Rivest: II n'est jamais question de... On ne peut jamais rien
savoir là-dessus. À un moment donné, on apprend qu'une
maison s'installe à tel endroit. Cela vaut aussi pour les installations
qu'on modifie, quoiqu'on apprenne...
M. Morin (Louis-Hébert): Vous n'apprenez pas cela
souvent.
M. Rivest: On modifie la vocation de telle maison. L'an dernier,
on avait décidé -je pense que c'est à Atlanta ou à
Chicaqo, je ne sais trop - de développer, d'envoyer quelqu'un pour le
tourisme. Très bien. Cela a peut-être bien du sens, mais jamais
nulle part, partout dans les documents, à l'occasion des crédits,
on a l'occasion d'être saisi de cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais ce sont des...
M. Rivest: Vous ne nous le dites jamais. On ne sait jamais sur
quels critères. En Amérique latine, vous êtes
présents. Vous
avez choisi des sites. C'est quoi, les raisons? C'est quoi, les
critères? Au Moyen-Orient...
M. Morin (Louis-Hébert): Au Moyen-Orient?
M. Rivest: Je ne sais pas. Vous n'êtes pas là, mais
pourquoi ne pas y aller?
M. Morin (Louis-Hébert): Ah, bon!
M. Rivest: II y a peut-être 25 raisons qu'un fonctionnaire
pourrait vous inventer pour y aller...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
M. Rivest: ...et il aurait peut-être bien raison.
M. Morin (Louis-Hébert): Si je comprends bien, quand on
est là, il n'est pas sûr qu'on devrait y aller et, quand on n'y
est pas, il est sûr qu'on devrait y être.
M. Rivest: Non, ce n'est pas ce que je veux dire. Vous comprenez
très bien. Je vous demande...
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous dis que...
M. Rivest: ...comme point de référence et de
juqement...
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais vous le donner.
M. Rivest: ...sur quels critères le Québec
s'applique?
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a pas de critères
mécaniques. Pour nous, la technocratie décisionnelle...
M. Marx: Je ne puis pas mettre...
M. Morin (Louis-Hébert): ... dans ces cas est à
éviter. Cependant, lorsqu'il y a une décision à prendre en
ce qui concerne n'importe quel bureau, il y a souvent deux ou trois
ministères en plus du nôtre qui sont impliqués, au moins le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme dans la plupart des
cas, le ministère des Affaires culturelles. Il y a des réunions
entre fonctionnaires pour décider ce qui concerne nos implantations et
les rapports que nous recevons. Ce sont des rapports internes du
ministère. Vous ne vous attendez pas que ce soit rendu public pour votre
satisfaction personnelle. Alors ce sont ceux-là que nous utilisons.
M. Rivest: Dans l'année qui vient de s'écouler,
pour des raisons budgétaires, vous l'avez dit, vous avez dû
réduire certains services. Est-ce que vous avez changé la
vocation de l'une ou l'autre des maisons?
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Rivest: Est-ce que vous avez ajouté de nouveaux
services dans certaines maisons du Québec?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est le contraire qui est
arrivé.
M. Rivest: À cause des coupures budgétaires, cela
est une règle première.
M. Morin (Louis-Hébert): En partie à cause de
cela.
M. Rivest: L'an dernier, quand vous avez
développé... Pourquoi, sur quelle étude avez-vous
aquiescé à une demande d'une maison qui a voulu développer
un service de tourisme? Est-ce que le délégué vous a
demandé cela? Il y a eu des études. Il n'est pas venu à
Québec pour dire: Je voudrais avoir un attaché touristique. Oui,
c'est un bon gars, on va t'en donner un. Est-ce que cela marche comme cela?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais écoutez, un
instant. Cela marchait peut-être comme cela à une certaine
époque, mais ce n'est plus ainsi maintenant.
M. Rivest: Dans le temps que vous étiez sous-ministre,
excusez.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, dans le temps que M.
Rourassa était là.
M. Rivest: Oui, mais vous étiez sous-ministre à
l'époque.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais il était le
premier ministre à l'époque.
M. Marx: Qui a pris ces décisions, le sous-ministre ou le
premier ministre?
M. Morin (Louis-Hébert): Le ministre, c'était lui
qui était le ministre des Affaires intergouvemementales.
M. Rivest: M. Bourassa, le bon qarcon.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, je sais bien, les gens ne
l'ont pas assez apprécié.
M. Rivest: Avez-vous des idées derrière la
tête?
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a pas de critères
technocratiques, automatiques, la réponse est non. Et j'espère
qu'il n'y aura pas de grille à l'intérieur de laquelle on va
insérer des cartes perforées.
M. Rivest: Parce que, dans un pays souverain, quand le
Québec, d'après votre optique... Il y a des raisons quelquefois
de politique étrangère, de politique extérieure qui font
qu'à un moment donné, il y a un gouvernement... Boum, il ferme
une patente à l'étranger et, sur le plan économique,
social et culturel, ce n'est peut-être pas bon, mais il y a des raisons
politiques - on comprend cela - mais le Québec n'a pas...
M. Morin (Louis-Hébert): Le Québec n'a pas
fermé de délégation parce qu'il n'y a pas eu de boum dans
ce genre-là.
M. Rivest: Vous avez ouvert l'Afrique, vous avez essayé
d'ouvrir l'Afrique pour des raisons politiques?
M. Morin (Louis-Hébert): Pour des raisons
évidentes, c'est qu'on a des milliers de Québécois en
Afrique, d'une part, et, d'autre part, il y a la francophonie.
M. Rivest: Oui, vous dites qu'il y a des milliers de
Québécois en Afrique, mais quelquefois cela passe
complètement en dehors des accords de coopération du
gouvernement.
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant. Il y a des
Québécois en Afrique à cause des proqrammes comme
ceux...
M. Rivest: On reviendra l'an prochain, on est là pour
quatre ans.
M. Morin (Louis-Hébert): ...vous êtes là pour
quatre ans, c'est sûr. Encouragez-vous, peut-être pour plus
lonqtemps. J'ai une bonne histoire pour vous autres...
M. Marx: Est-ce que le ministre renonce à une
élection référendaire avant quatre ans?
M. Morin (Louis-Hébert): ...j'ai une mauvaise nouvelle et
une bonne. La mauvaise nouvelle c'est que nous sommes là pour quatre ans
et la bonne nouvelle, c'est que ca fait deux mois que c'est commencé.
Vous la connaissez?
M. Rivest: C'est Michel Paré qui nous l'a
racontée.
M. Morin (Louis-Hébert): Je sais, comme je n'assiste pas
toujours au caucus...
Le Président (M. Blank): C'est adopté.
M. Rivest: Non, non, pas de précipitation.
M. Morin (Louis-Hébert): Je voudrais donner - cela
pourrait vous intéresser parce que cela correspond à ce que
désire le député de D'Arcy McGee - un rapport sur les
activités de la déléqation du Québec à
Tokyo, par exemple, ses fonctions, son rôle et ses réalisations,
note préparée par la direction des affaires d'Asie et
d'Océanie pour la direction recherches et développement.
M. Marx: Finalement, on a quelque chose. Merci, M. le
ministre.
M. Rivest: Si on peut suspendre pour deux minutes, on va prendre
connaissance...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, on ne suspend pas. On
arrête.
M. Marx: Peut-on suspendre jusqu'à...
Le Président (M. Blank): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 2?
M. Rivest: Je regarde seulement la table des matières, je
ne veux pas... Ce genre de choses, c'est exactement ce qu'on veut.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous l'avez, merci.
M. Rivest: Le rôle de la délégation, mais il
faudrait l'avoir périodiquement, parce que ce n'est pas tout de faire
cela pour l'implantation.
M. Morin (Louis-Hébert): Non. M. Rivest: II ne veut
pas?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il n'est pas question de
cela.
M. Rivest: L'an prochain, d'abord.
M. Marx: On va en avoir une par année. On va finir par
avoir...
M. Morin (Louis-Hébert): Ce que j'aime beaucoup...
M. Marx: Quand nous aurons...
M. Rivest: Une par année; on en a pour combien de temps
dans l'Opposition? Combien y en a-t-il?
M. Blouin: ... une par année.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce que j'aime beaucoup du
député de Jean-Talon, c'est qu'il a le sens de l'humour.
Heureusement qu'il ne croit pas à tout ce qu'il dit, parce qu'il serait
inquiet.
M. Rivest: Par chance qu'on a cela avec vous, parce que je vous
jure que cela ferait longtemps que je serais parti.
Le Président (M. Blank): Le programme 2 est-il
adopté?
M. Marx: Non.
M. Morin (Louis-Hébert): Voyons donc!
M. Marx: J'ai une question à poser.
M. Rivest: Nous ne sommes rendus qu'au programme 2.
Le Président (M. Blank): Oui...
M. Rivest: Vous ne suivez pas, M. le Président, on a
couvert bien des champs.
M. Marx: J'ai une question...
M. Morin (Louis-Hébert): II a encore une question.
Détenus québécois au
Pérou
M. Marx: Je ne sais pas si je dois la poser au ministre ou
à son adjoint parlementaire, le député de Deux-Montagnes,
parce que j'ai lu dans le Journal de Québec ce matin que...
M. Morin (Louis-Hébert): II va être content de la
question d'ailleurs, cela fait assez longtemps qu'il veut en parler. (23 h
15)
M. Marx: Quand l'adjoint parlementaire parle, on a des
réponses concrètes, pleines d'informations.
M. Rivest: L'adjoint, il est bien.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est le meilleur adjoint
parlementaire.
M. Rivest: Pour le pire ministre.
Le Président (M. Blank): À l'ordre! Le
député de D'Arcy McGee.
M. Rivest: II faut quand même accorder ce
mérite-là au premier ministre. C'est Jacques-Yvan Morin qu'il
envoie à Londres.
M. Marx: J'ai lu dans le Journal de Québec de ce matin que
l'adjoint parlementaire songe à envoyer au Pérou un
émissaire du Québec pour aider des Québécois qui
sont détenus dans les prisons au Pérou. Est-ce qu'on va le faire
ou si on ne va pas le faire?
M. de Bellefeuille: M. le Président, le mot
"émissaire" est le mot que le journaliste a choisi. Ce dont il s'agit,
pour être plus précis, c'est d'un accompagnateur, parce que la
mission dont il est question n'en est pas une du gouvernement du Québec,
c'est une mission du comité des parents des détenus
québécois au Pérou. Alors, il y a deux
représentants de ce comité des parents qui ont
décidé d'aller là-bas pour chercher à apporter une
aide aux détenus québécois au Pérou au point de vue
humanitaire. Le point de vue humanitaire, cela veut dire principalement de
chercher à voir s'il n'y a pas moyen d'accélérer la marche
de la justice, parce qu'ils sont détenus, au moins dans un certain
nombre de cas, sans que des accusations aient été portées
et dans plusieurs cas depuis assez lontemps.
Le deuxième point de vue est celui des conditions de
détention auxquelles il se rattache peut-être des questions
relatives aux méthodes d'interrogatoire. Il y a ces deux
représentants qui préparent leur mission là-bas et qui ont
demandé au gouvernement, plus particulièrement au
ministère des Affaires intergouvernementales, si une aide pourrait leur
être apportée. Cette aide revêt deux formes:
premièrement, une très modeste aide financière,
essentiellement un billet d'avion et quelques autres frais minimes et
deuxièmement, un accompagnateur. Le principe est convenu, ce sera un
fonctionnaire des Affaires intergouvernementales qui fera certains
préparatifs, qui les accompaqnera et qui pourra aussi faire un certain
suivi.
Cela nous paraît utile, à la fois pour faciliter le
succès de cette mission et pour obtenir des informations de
première main sur cette question qui intéresse,
évidemment, au plus haut point un grand nombre de
Québécois.
Une voix: Dont le petit gars de Shawinigan.
M. Marx: M. le Président, je pense que c'est un but
très louable de vouloir aider des Québécois qui sont en
prison au Pérou. Je félicite l'adjoint parlementaire d'avoir
pensé à aider ces Québécois.
M. de Bellefeuille: Ce n'est pas nécessairement mon
idée à moi. J'appuie l'idée, mais ce n'est pas moi qui y
ai pensé le premier.
M. Marx: Est-ce que c'est le ministre qui y a pensé
à ça?
M. de Bellefeuille: Non, ce sont les représentants du
comité de parents qui y ont pensé d'abord.
M. Marx: Comme je le disais, c'est très louable de vouloir
aider des Québécois qui sont en prison. L'adjoint parlementaire
ou le
ministre doit être au. courant que le droit criminel international
ne relève pas du ministère ou même du Québec. Je me
demande si ce serait habile d'envoyer des émissaires du Québec au
Pérou. Par exemple, il y a des Canadiens qui sont en prison, qui
viennent de toutes les provinces canadiennes. Si chaque province veut envoyer
un émissaire, ce ne sera pas clair pour les Péruviens avec qui
néqocier. Il va y avoir onze négociateurs pour le Canada. Je
pense que ca pourrait être plus simple, pour aider les
Québécois, s'ils ont seulement un négociateur du Canada et
qu'ils ne sont pas mêlés avec des négociateurs qui viennent
de la Colombie britannique, de l'Ontario, du Québec et ainsi de
suite.
C'est mon souci de ne pas rendre les conditions plus difficiles pour les
Québécois, parce qu'on va mêler les cartes.
M. de Bellefeuille: Je pense que la question du
député n'est pas totalement impertinente, c'est-à-dire
qu'elle est relativement pertinente. Il faut éviter de brouiller les
cartes. Il ne s'agit pas du tout d'assumer les responsabilités des
autres; évidemment pas les responsabilités du gouvernement
péruvien, évidemment pas les responsabilités du
gouvernement canadien qui a une ambassade là-bas. Nous avons
déjà communiqué avec des représentants
accrédités du gouvernement péruvien pour faire savoir
à ce gouvernement que nous nous intéressons aux aspects
humanitaires de la question, sans nous interposer dans les processus
judiciaires péruviens. D'autre part, nous avons également
informé le gouvernement canadien de cet intérêt
précis que nous portons à la question.
M. Marx: Vous venez de dire que le but d'envoyer quelqu'un du
Québec, c'était d'accélérer la marche de la
justice. C'est exactement ce que le gouvernement fédéral essaie
de faire. Si on a deux gouvernements qui essaient de faire la même chose,
je pense que cela peut être mêlant pour les Péruviens. Cela
peut nuire plus à nos Québécois que les aider.
M. de Bellefeuille: Je répète qu'il s'agit d'une
modeste petite mission de deux représentants du comité de
parents, avec un accompagnateur fonctionnaire du gouvernement du Québec.
La mission est essentiellement une mission du comité de parents. Les
deux représentants de ce comité, vont communiquer avec
l'ambassade du Canada. Les démarches en vue rie cela auront
déjà été faites. Je n'ai aucune raison de croire
que l'ambassade du Canada au Pérou n'assurera pas toute la coordination
voulue.
M. Marx: Vous savez que les Québécois financent
aussi les ambassades du Canada partout dans le monde et qu'on a droit aux
services des ambassades canadiennes. Est-ce que le gouvernement
fédéral a refusé d'aider ces parents ou est-ce que le
gouvernement aide ces parents?
M. de Bellefeuille: Les renseignements que nous avons
là-dessus viennent des représentants du comité des
parents. Il y a aussi des renseignements qui viennent des journaux, et plus
particulièrement de celui que vous avez cité. Ce sont des
questions que nous aimerions vérifier sur place. Jusqu'ici, nous n'avons
aucune raison de croire que la collaboration voulue ne nous sera pas
acquise.
M. Marx: II y a deux heures, on a parlé des
chevauchements; cela coûte cher, des chevauchements. Je pense que le
gouvernement du Québec ne devrait pas doubler le gouvernement
fédéral dans les domaines qui sont de la juridiction
fédérale et où le fédéral a un rôle
à jouer - comme le député de Deux-Montagnes l'a dit -
où le fédéral a une responsabilité. Je pense que ce
serait une saine politique de laisser le fédéral s'occuper de ses
responsabilités et que le Québec s'occupe des siennes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, c'est bien ce que
nous faisons. Il ne nous appartient pas à nous de décider si ce
comité de parents va envoyer une mission à Lima. C'est le
comité de parents qui décide de le faire. À la demande de
ce comité, nous avons décidé d'apporter une aide
très modeste pour des raisons purement humanitaires.
M. Marx: Est-ce que le gouvernement est prêt à
aider, partout dans le monde, les parents des détenus qui sont des
Québécois? Est-ce une décision ad hoc ou est-ce une
politique du ministère des Affaires intergouvernementales d'aider tous
les parents des Québécois qui sont détenus dans les
prisons à l'étranger?
M. Morin (Louis-Hébert): II ne faut pas tomber dans
l'absurdité. Il y a sûrement des Québécois qui sont
détenus...
M. Marx: Nous ne tombons pas dans l'absurdité, je veux
simplement savoir où vous en êtes.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne peux quand même pas
vous répondre: Oui, la politique du gouvemement du Québec, c'est
d'aider tous les parents des détenus n'importe où au monde pour
n'importe quelle raison...
M. Marx: II s'agit qu'ils soient des
Québécois.
M. Morin (Louis-Hébert): Que ce soient des
Québécois. Il s'agit de voir les conditions de détention,
les raisons de la détention, la durée de la détention et
l'efficacité relative ou réelle des services canadiens qui se
trouvent présents dans ces pays. Il n'y a pas de réponse valable
pour l'ensemble de l'humanité à cet égard. C'est un cas
qui nous a été posé par des citoyens. On s'en occupe. Si
on ne s'en occupait pas, vous diriez qu'on devrait s'en occuper.
M. Marx: Je pense qu'il faut informer la population du
Québec que le gouvernement est prêt à rendre un tel service
aux parents des détenus à l'étranger. Ou est-ce gu'on fait
cela d'une façon ad hoc pour ces parents sans le faire pour les autres?
Il faut avoir une politique ou ne pas avoir une politique.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, vous avez une approche trop
technocratique à cet égard, comme tout à l'heure en ce qui
concerne les délégations. Il y a un cas qui nous a
été posé. On s'en occupe. On n'a pas établi une
politique valable pour l'ensemble de la planète.
M. Marx: Mais supposons que des parents aient des enfants en
prison en Turquie. Je pense qu'il y a des Canadiens en prison en Turquie.
Qu'est-ce qu'on va leur dire? On a fait cela pour les autres au Pérou,
mais, maintenant, on n'a pas de politique. Est-ce qu'on fait cela pour les amis
du qouvernement, du parti? Est-ce qu'on a des critères? Je veux
savoir.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, on s'occupe du neveu de Jean
Chrétien, que voulez-vous que je vous dise?
M. Marx: Je veux savoir s'il y a une politique ou s'il n'y a pas
de politique. La chose la plus dangereuse pour un ministre et pour un
ministère, c'est de prendre des décisions ad hoc et de ne pas
avoir une oolitique. Je pense que c'est évident.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je ne vois pas
pourquoi le...
M. Marx: Est-ce que vous êtes en train de formuler une
politique? On est prêt à attendre une semaine, deux semaines,
trois mois.
M. Morin (Louis-Hébert): On est en train de rendre
service; on est capable de rendre service, c'est aussi simple que cela.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je m'étonne du
côté assez cartésien de l'intervention du
député de D'Arcy McGee...
M. Morin (Louis-Hébert): ... implacable.
M. de Bellefeuille: ... parce qu'il faut quand même un
certain empirisme en ces matières.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. de Bellefeuille: Je pense que le député ne peut
pas nier...
M. Morin (Louis-Hébert): II a été trop
longtemps professeur d'université.
M. de Bellefeuille: ... que le fait qu'il y ait, à l'heure
actuelle, au moins 17 jeunes Québécois qui sont, depuis quelque
temps, dans des prisons du Pérou, dans des conditions absolument
déplorables, a remué l'opinion publique et qu'il faut savoir
réagir à ce fait-là, sans nécessairement formuler
une vaste politique rigoureusement logique que tout Québécois,
n'importe où dans le monde, obtiendra nécessairement la
même intervention. Je le répète, une intervention du
qouvernement.
M. Marx: Pourquoi pas? Le gouvernement fédéral a
déjà une telle politique d'aider chaque détenu canadien
qui se trouve à l'étranqer. Le Québec peut élaborer
une telle politique.
M. de Bellefeuille: Dans la mesure de nos moyens et selon les
circonstances, bien sûr, il y aurait là un élément
de notre politique.
M. Marx: Mais est-ce qu'il y a un élément? Je ne
veux pas que ce soit seulement l'arbitraire. J'aimerais que ce soit une
politigue pour tous les Québécois, que ce ne soit pas seulement
l'arbitraire en choisissant des cas ici et là. Je pense que c'est le
danger.
M. de Bellefeuille: M. le Président, ce n'est pas nous qui
avons choisi le cas. Les circonstances se sont présentées, le cas
nous a été soumis.
M. Marx: Mais supposons que je vous soumette un autre cas la
semaine prochaine.
M. de Bellefeuille: Allez-y, M. le député, si vous
connaissez des Québécois qui sont mal pris à
l'étranger et que vous pensez qu'on devrait faire quelque chose pour les
aider, c'est votre devoir de nous le dire.
M. Marx: Mais est-ce que les reporters qui écoutent
maintenant peuvent diffuser l'information que le Québec a une politique
d'aide aux détenus québécois dans les prisons
à l'étranger?
M. de Bellefeuille: Selon les circonstances, à la mesure
de nos moyens et en collaboration avec les autres pouvoirs publics
intéressés, oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Et en exerçant notre
jugement.
M. Marx: Vous avez donc une politique.
M. Morin (Louis-Hébert): Et en exerçant notre
jugement. M. le Président, connaissant la grande culture du
député de D'Arcy McGee, je sais qu'il connaît la subtile
distinction de Blaise Pascal entre l'esprit de géométrie et
l'esprit de finesse. On applique l'esprit de finesse dans ce cas-là,
c'est-à-dire une sorte de jugement politique, compte tenu des
circonstances.
M. Rivest: M. le Président, j'ai pris connaissance, dans
tous nos palabres ou nos débats sur les délégations, de la
note qui a été préparée par la direction des
affaires d'Asie et d'Océanie sur la Maison du Québec au Japon.
Enfin, je ne veux pas la présenter nécessairement comme un
modèle dans le genre, mais je souhaiterais, lors de l'étude des
crédits, pour ce qui est des Maisons du Québec à
l'étranger, un rapport épousant un peu la structure de cette note
qui a peut-être été préparée ad hoc, je ne
sais trop, pour que non pas l'Opposition, mais l'Assemblée nationale en
tant que telle puisse bénéficier de ce genre de note qui nous
permettrait de regarder les délégations, lors de l'étude
des crédits, d'en parler en connaissance de cause, d'avoir les
sentiments du ministre sur les performances, les projets afin de nous faire une
idée de ce que donne la présence du Québec. Vraiment, je
le signale, en tout cas, pour l'étude des prochains crédits, je
préférerais cela, les quelques phrases qu'on retrouve
là-dedans, au moins pour les maisons du Québec à
l'étranger. (23 h 30)
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président,
très bien, je remercie le député de ce qu'il vient de dire
et je transmets à qui de droit les félicitations qui s'appliquent
dans ce cas-là, mais vous avez le document qu'on vous a remis, dans
lequel, je pense, vous trouvez les réponses aux questions que vous aviez
posées l'année passée plus autre chose. Vous avez aussi,
pour correspondre à ce document, le rapport annuel du ministère.
Il ne faudrait pas laisser croire par votre intervention qu'il n'y a pas de
renseignements sur ce qu'on fait dans le ministère, vous avez je ne sais
combien de pages qui vous ont été remises du rapport annuel. On
n'a jamais été...
M. Rivest: Le rapport annuel...
M. Morin (Louis-Hébert): Qu'est-ce que vous voulez que je
vous dise...
M. Rivest: Non, je ne veux pas qu'on change la texture du
rapport, d'ailleurs il est très très volumineux. C'est bien,
c'est le rapport annuel.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne l'ai pas
déposé encore, il n'est pas imprimé.
M. Rivest: Mais, quand on a demandé cette chose,
c'était important de le faire. En tout cas, l'an prochain,
j'espère qu'on aura des bases comme celes-là qui nous seront
communiquées sur les délégations. J'inviterais d'ailleurs
le ministre à aller plus loin, parce qu'on a fait état
antérieurement - je ne veux pas y revenir - de l'ensemble des dossiers
actifs de la Direction générale des affaires canadiennes et nous
aimerions également avoir sur chacun des dossiers l'état de la
question.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, je pense
que...
M. Rivest: Cela pourrait être utile non seulement pour
l'étude des crédits aux Affaires intergouvemementales, mais
également pour aller plus en profondeur dans l'étude des
crédits sectoriels concernant cette dimension
fédérale-provinciale. Je pense que seul le ministre des Affaires
intergouvernementales peut nous donner cette expertise, parce qu'il a, de par
sa fonction, une vue d'ensemble sur l'évolution des dossiers des
relations fédérales-provinciales et il doit assurer la
cohérence des attitudes. C'est aussi une de ses responsabilités,
pour permettre à un ministre sectoriel de ne pas se tirer dans telle
direction, parce qu'il y a souvent des questions de principe que, de bonne foi,
un ministre sectoriel pourrait conclure avec son homologue
fédéral et cela aurait des conséquences pour tel autre
ministre.
Il me semble que, si on avait cela pour étudier les
crédits des Affaires intergouvernementales, dans un contexte
peut-être plus dégagé, l'an prochain - cette année,
on est quand même limité par le temps - cela pourrait être
très utile à la conduite et à l'examen des crédits.
Autant la tâche du ministre que celle de l'Opposition seraient
facilitées.
Enfin, je prends cet exemple...
M. Morin (Louis-Hébert): En terminant, M. le
Président, je voudrais quand même dire quelque chose. Ce qui vient
d'être mentionné, ne me semble pas exact, du moins certaines de
ces implications. Vous avez devant vous - et c'est un
phénomène
qu'on ait fait cela - le rapport annuel 1980-1981, pas 1979-1980, le
rapport annuel jusqu'à il y a deux mois, d'accord. Là-dedans,
pour parler des affaires canadiennes... Je ne comprenais pas, cet
après-midi, où vous vouliez en venir, car je savais que vous
aviez le rapport du ministère, on vous l'a remis, à vous tous,
vous avez 80 pages sur tous les sujets que vous avez mentionnés. Si vous
l'aviez lu avant...
M. Rivest: Je l'ai tout vu, sauf que cela ne me disait pas plus
que cela. J'ai essayé de savoir quelle était la position du
ministère, par exemple, sur les chevauchements d'un des dossiers actifs.
Le suivi là-dedans, je ne l'ai pas. Je n'ai pas l'information à
savoir que cela a bloqué en 1975, je n'ai pas les démarches que
le ministre a faites, et on pourrait prendre dossier par dossier comme
cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous ai dit que ce
dossier-là était, à toutes fins utiles, inactif depuis un
an et demi à cause de l'attitude fédérale. C'est sûr
qu'on n'en parlera pas dans le rapport de l'année qui vient de finir,
puisqu'il n'en a pas été question. Mais, l'année d'avant,
il en était question.
M. Rivest: On aimerait avoir cela, parce qu'on parle pour
l'année qui vient et ce genre d'affaires... En tout cas, vous verrez
comment il est possible d'ajuster cela, je ne veux pas...
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne trouve pas cela bien, on
vous a remis le rapport depuis... Il y a des années, on était
toujours en retard de quasiment deux ans dans notre rapport annuel. On a
gagné quasiment deux semaines par année; là, on vous le
donne pour l'année qui vient de se terminer. Dans les prochaines
années, on va essayer de vous le donner avant que l'année
commence.
M. Rivest: Disons que j'ai fait ma demande, vous
l'apprécierez pour l'an prochain.
Le Président (M. Blank): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le budqet?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il n'y a plus de questions
sur le budget.
M. Marx: M. le Président, j'aimerais juste appuyer mon
collègue pour vous demander...
Une voix: Oh! enfin, d'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous êtes d'accord,
là, tous les deux.
M. Rivest: On se rencontre toujours.
M. Morin (Louis-Hébert): À la fin! D'accord avec ce
que vous allez dire.
Le Président (M. Blank): Est-ce qu'il y a autre chose?
M. Marx: J'aimerais appuyer mon collègue pour
demander...
M. Morin (Louis-Hébert): On a fini, je pense.
M. Marx: ...qu'on essaie de nous fournir des rapports semblables
l'an prochain et aussi peut-être de faire des études comparatives
avec d'autres provinces, parce que ce serait la seule façon de savoir si
on a une boîte efficace au Québec. Si on ne fait pas
d'études avec d'autres provinces, on ne le saura pas. Ce serait...
M. Morin (Louis-Hébert): Je sais ce que vous voulez
dire.
M. Marx: Je dis cela, M. le ministre, dans un esprit constructif,
ce n'est pas pour vous critiquer, pas du tout.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je sais que vous avez
toujours un esprit constructif.
M. Marx: Je dis cela pour qu'on ait des études gui nous
démontrent l'efficacité de nos délégations et de
nos fonctionnaires à l'étranger. Je pense que ce serait bon pour
les fonctionnaires de savoir quel est leur rendement par rapport au rendement
des fonctionnaires des autres provinces à l'étranqer.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela peut être une bonne
approche, mais, attention, il y a un danger. Je pense qu'on ne peut pas
comparer le Québec aux autres provinces en vertu des commentaires que
j'ai faits précédemment sur les caractéristiques
distinctes du Québec. Il ne faut pas tomber dans ce genre
d'équivalence.
M. Marx: Je pense qu'on peut comparer le représentant
commercial de la Colombie britannique à Tokyo avec son collègue
du Québec à Tokyo.
M. Morin (Louis-Hébert): Dans ce sens, oui.
M. Marx: C'est ce gue je voulais dire. On ne peut pas comparer
des attachés culturels...
M. Morin (Louis-Hébert): On ne sait pas ce qu'ils font,
eux. Ils ne nous le diront pas parce gue, dans une certaine mesure, ils
sine die.
(Fin de la séance à 23 h 37) sont...
M. Marx: Je peux vous assurer, M. le ministre...
M. Morin (Louis-Hébert): Que vous allez intervenir en
notre faveur.
M. Marx: Non, que l'exportation de la Colombie britannique au
Japon est plus...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est évident, il y a 3000
milles de moins entre les deux.
M. Marx: C'est cela, il faut voir...
M. Morin (Louis-Hébert): Je peux vous assurer que les
exportations du Québec et de l'Ontario en Grande-Bretagne sont plus
fortes que celles de la Colombie britannique. On ne peut rien vous cacher.
M. Marx: Est-ce qu'il serait utile d'avoir des études
comparatives pour savoir jusqu'à quel point nos fonctionnaires sont
efficaces? Ce n'est pas pour satisfaire l'Opposition, mais pour satisfaire le
ministre, le ministère et les fonctionnaires qui y travaillent.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord, on va faire un effort
particulier de ce côté-là, encore que je vous ferai
remarquer que vous avez, cette année, un rapport annuel sorti
pratiquement des presses.
M. Marx: Est-ce qu'on peut avoir non pas une promesse, mais un
engaqement du ministre que nous aurons ces études l'an prochain?
M. Morin (Louis-Hébert): Faites bien attention à ce
que vous demandez. Vous me parlez d'études. À un moment
donné, si je dis oui, vous allez dire que j'ai promis des choses que je
n'ai pas promises. Je vous garantis que je vous fournirai l'année
prochaine, comme les autres années, des renseignements pertinents aux
fonctions du ministère.
M. Marx: On va les attendre si vous êtes encore ministre
l'an prochain.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous pouvez gager beaucoup
là-dessus.
Le Président (M. Blank): Les programmes 2 et 4 sont-ils
adoptés?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Blank): Les crédits du
ministère des Affaires intergouvernementales sont adoptés.
Cette commission ajourne ses travaux