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Commission permanente des Affaires municipales
Projet de loi no 84 Loi constituant
la Commission de transport de la rive sud de
Montréal
Séance du jeudi 19 août 1971
(Quatorze heures dix minutes)
M. LEDUC (président de la commission permanente des Affaires
municipales): A l'ordre, messieurs !
On a distribué des documents aux membres de la commission et aux
représentants des différents organismes qui vont, cet
après-midi, faire valoir leurs idées, leurs opinions quant au
projet de loi 84 constituant la Commission de transport de la rive sud de
Montréal. Un certain nombre de personnes ont manifesté leur
intention de faire des représentations verbales en plus du
mémoire que certaines d'entre elles ont présenté. Alors je
voudrais lire la liste de ceux qui nous ont fait connaître leur intention
de participer aux discussions cet après-midi. Si, par hasard, d'autres
personnes que je n'ai pas nommées sont présentes, à ce
moment-là j'apprécierais qu'on se lève, qu'on s'identifie
et qu'on mentionne qu'on a l'intention de participer aux discussions.
M. Paul-H. Savard, gérant municipal, parlera au nom des
municipalités ou villes de Saint-Hubert, Brossard, Greenfield Park,
Lemoyne, Notre-Dame et Saint-Lambert.
M. le maire Robidas, au nom de la ville de Longueuil.
M. le maire Langlois, au nom de la ville de Boucherville.
Me Raymond, au nom de la Commission de transport de la communauté
urbaine de Montréal.
Me Lacoste, au nom de Chambly Transport.
Me Delorme, au nom de l'Association du transport écolier du
Québec, Inc.
M. Albert Leblanc, au nom de l'Association des propriétaires de
Longueuil.
M. Laberge ou son représentant, au nom de la
Fédération des travailleurs du Québec.
Est-ce qu'il y a des gens qui ont l'intention de participer au
débat et qui n'ont pas été nommés?
M. MERCIER: M. le Président, je n'ai peut-être pas
l'intention d'y participer, simplement de m'identifier comme étant Jean
Mercier, avocat de la Communauté urbaine de Montréal.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. MERCIER: A l'occasion, simplement "a watching brief" disons...
M. LE PRESIDENT: Merci, Me Mercier. Est-ce qu'il y a d'autres
personnes?
UNE VOIX: M. le Président, une modification à ce que vous
avez dit. Vous avez dit les villes de Saint-Hubert, Brossard. Il s'agit de
Saint-Lambert, Brossard, Greenfield Park, Lemoyne et Notre-Dame, qui auront
deux représentants, M. Gaston Dubeau et M. André Bourbeau, au
lieu de M. Paul Savard.
M. LE PRESIDENT: Alors la ville de Saint-Hubert ne fait pas partie de ce
groupe-là.
M. BOILEAU: Adolphe Boileau, de Saint-Hubert.
M. LE PRESIDENT: On ajoute votre nom après Boucherville, M. le
maire Boileau.
M. BOILEAU: Merci.
UNE VOIX: Saint-Hubert et Laflèche.
M. LE PRESIDENT: Et Laflèche. Alors, messieurs, comme le
rôle d'un président c'est d'être impartial et surtout pas
impliqué directement ou indirectement dans un projet de loi qui est
étudié, je tire gentiment ma révérence pour
demander à mon collègue, le député de
Trois-Rivières, M. Bacon, de bien vouloir présider la
séance de cet après-midi.
M. LE PRESIDENT (Bacon): Alors, M. Gaston Dubeau, représentant
des villes de Brossard, Greenfield Park, Lemoyne, Saint-Lambert et
Notre-Dame.
Brossard, Greenfield Park, Lemoyne,
Saint-Lambert et Notre-Dame
M. DUBEAU: M. le Président, MM. les membres de la commission,
messieurs. Comme porte-parole des cinq villes de la communauté
municipale proposée de la rive sud, en l'occurrence Notre-Dame, Lemoyne,
Greenfield Park, Saint-Lambert et Brossard, il nous fait plaisir, cet
après-midi, d'attirer votre attention sur le fait que les cinq villes
précitées qui, entre parenthèses, sont situées
entre les ponts Champlain et Jacques-Cartier, demandent de considérer
notre position pour les raisons suivantes.
Au début, nous avons fait parvenir à M. le ministre une
résolution de chacun de nos conseils, résolution qui a
été adoptée à l'unanimité. J'aimeraisvous
lire cette résolution. "Attendu que la majorité des citoyens des
cinq municipalités désireuses de former une communauté
municipale requièrent des services de transport pour se rendre à
leur travail à Montréal; "Attendu que la majorité des gens
des cinq villes utiliseront les ponts; "Attendu qu'il y a peu de demandes pour
le transport intermunicipal entre les diverses villes de la rive sud; "Attendu
que la CTCUM possède l'organisa-
tion administrative voulue pour "opérer" un système de
transport en commun; "Attendu qu'elle peut entretenir les véhicules
nécessaires à un système de transport en commun; "Attendu
que la formation d'une commission de transport sur la rive sud serait une
duplication de l'administration de la CTCUM et ce aux frais des contribuables
de la rive sud; "Attendu que la majeure partie du territoire de la
communauté municipale proposée des cinq villes est à une
distance de moins de cinq milles du centre de Montréal;
Il a été proposé et accepté à
l'unanimité qu'une demande soit faite au ministre des Affaires
municipales du Québec pour recommander à la CTCUMde desservir les
citoyens de ladite communauté municipale sur une base identique à
celle de la communauté urbaine de Montréal ou, sinon, en tant que
filiale de la CTCUM."
Deuxième raison, nous de la communauté proposée, ne
connaissons pas les coûts d'une communauté, d'une commission
autonome, dis-je, ce qui nous effraie plus particulièrement. En plus, le
dédoublement de tarifs pour les usagers ainsi que la part du
déficit, parce qu'il est admis dans le bill 84, à l'article 61,
qu'il y aura déficit, devront être à la charge de chacun
des citoyens qui sont déjà plus que suffisamment taxés. En
plus, nous ne voyons aucune nécessité immédiate de
transport intermunicipal sur la rive sud, mais plutôt pour notre
transport à nous, citoyens, vers Montréal.
Nous voulons conserver notre position qui prévaut depuis toujours
sur la rive sud, soit l'affiliation à la CTCUM. Maintenant, j'aimerais
demander à M. André Bourbeau d'apporter les solutions
proposées par notre communauté. Merci.
M. BOURBEAU: M. le Président, mon collègue vient
d'exprimer la position de cinq municipalités qui, en principe, ne sont
pas d'accord sur l'esprit du projet de loi 84, qui est de créer une
commission de transport autonome sur la rive sud de Montréal. Il faut
bien remarquer qu'il y a un problème de transport sur la rive sud de
Montréal, nous ne le nions pas, mais le problème n'est pas
tellement un problème de transport de ville à ville ou de
transport que je qualifierais d'horizontal sur la rive sud, mais bien
plutôt un problème de transport rive sud-Montréal et
Montréal-rive sud.
L'étude et les conclusions du rapport Lacasse, qui a
étudié le transport en commun sur la rive sud de Montréal,
ont établi que le transport en commun sur la rive sud se fait dans une
direction rive sud-Montréal et Montréal-rive sud dans une
proportion d'au-delà de 80 p.c, on parle même de peut-être
85 p.c. C'est donc dire qu'il y a très peu de demandes pour du transport
de ville à ville sur la rive sud. Et comme le projet de loi se propose
de créer une commission municipale pour desservir les différentes
villes de la rive sud, nous mettons en doute ce projet, nous pensons que ce
projet de loi ne répondrait pas exactement aux besoins de la rive
sud.
Nous ne faisons pas que nous opposer au projet de loi, nous avons
également une solution, car il ne faut pas être
négatif.
Nous avons eu plusieurs rencontres avec les représentants des
cinq municipalités concernées. Il faut remarquer que nous formons
cinq des neuf municipalités visées par la loi; c'est donc dire
que nous représentons une partie importante du territoire et de la
population. Originalement, nous en sommes venus à la conclusion que la
meilleure solution consisterait à prolonger, sur la rive sud, les
services de la Commission de transport de Montréal.
Toutefois, après avoir et c'est là le sens des
résolutions que nous avons votées pris connaissance de
certains faits nouveaux, des opinions d'autres villes et des désirs de
certaines personnes élues, nous serions prêts à proposer un
compromis, une solution qui satisferait entièrement les villes que j'ai
l'honneur de représenter et qui, probablement, pourrait obtenir un
consensus sur la rive sud. Cette solution n'est pas nouvelle; elle était
d'ailleurs retenue, par le rapport Lacasse, comme la principale recommandation
de ce rapport. Il s'agirait de créer un organisme qu'on l'appelle
commission de transport, organisme semi-autonome ou filiale, enfin, le nom n'a
pas d'importance qui pourrait être composé de
représentants des municipalités d'une part et d'une
administration autonome, peut-être, d'autre part, mais qui, au lieu de
mettre sur pied un système de transport en commun autonome sur la rive
sud, avec tout ce que cela peut impliquer de dépenses ou de frais, de
salaires et de dédoublement de dépenses, d'investissements, qui
serait plutôt chargé de négocier avec la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal un contrat
général de transport qui pourrait être établi selon
un barème autobus-heure.
La Commission de transport de Montréal possède, je crois,
des chiffres très précis sur les coûts des autobus de sorte
que la rive sud pourrait être desservie par cette filiale ou cette
commission semi-autonome de la même façon que si elle avait son
propre système de transport en commun. On pourrait, de cette
façon, mettre au point un réseau de base qui communiquerait entre
toutes les villes de la rive sud et qui mènerait les usagers à
Montréal selon des tracés qui pourraient être
négociés avec la Commission de transport de Montréal.
Ce contrat, au début, serait assez simple et ne prévoirait
qu'un réseau de base.
Ce réseau, étant donné qu'il utiliserait les
artères les plus achalandées, pourrait probablement
s'autofinancer. Toute municipalité qui désirerait ajouter
à ce réseau de base des lignes de transport additionnelles
à l'intérieur de son territoire pourrait demander et obtenir du
service additionnel et paierait, en conséquence, selon le taux de base
établi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je demande qu'il y
ait un peu d'ordre et de silence, afin d'écouter ceux qui ont des
opinions à émettre.
M. BOURBEAU: Alors, la solution que nous proposons est une commission
qui pourrait être une commission autonome mais qui ne serait pas
chargée de mettre sur pied un système mais plutôt de
négocier un contrat avec la Commission de transport de Montréal.
C'est un réseau de base simple, qui utiliserait les principales
artères et qui pourrait conséquemment s'autofinancer, quitte pour
chaque ville à ajouter, selon ses besoins, des lignes additionnelles et
les coûts ainsi occasionnés seraient chargés à
chaque ville.
Maintenant, un point nous apparaît essentiel dans la mise au point
de ce système, c'est l'utilisation des ponts qui relient la rive sud
à la ville de Montréal. En effet, il est illusoire de penser que
des citoyens qui demeurent présentement dans des villes aussi
éloignées du métro que Brossard ou Greenfield Park ou
Saint-Lambert vont se rendre au métro de Longueuil pour traverser
à Montréal et revenir ensuite vers l'ouest. On ferait faire
à ces gens des tracés qui n'ont pas d'allure et qui prendraient
un temps fou. Les gens de la rive sud veulent se rendre à
Montréal dans une très grande proportion, mais ils veulent s'y
rendre directement. C'est pourquoi nous insistons beaucoup pour que le
système de transport qui sera mis en vigueur utilise les ponts, le pont
Champlain, le pont Victoria et peut-être aussi le pont Jacques-Cartier,
quoique, à l'égard du pont Jacques-Cartier, il y ait
déjà le métro qui est tout près.
Je présume que les gens qui demeurent à Boucherville
voudraient peut-être aussi utiliser le pont Hippolyte-Lafontaine, mais ce
problème ne me concerne pas tout à fait personnellement.
L'avantage d'utiliser les ponts pour le réseau de transport que
nous mettrions sur pied serait double. Il y aurait un avantage pour les
usagers, qui n'auraient pas à débourser un deuxième
billet, qui pourraient se rendre directement dans le bas de la ville de
Montréal à partir de leur municipalité respective, et nous
croyons également que l'usage des ponts diminuerait la circulation
automobile sur les ponts. Si vous avez 40 ou 50 personnes dans un autobus,
voilà probablement 25 ou 30 automobiles qui n'auront pas à se
rendre à Montréal. En conséquence, on pourrait
décongestionner les ponts et on pourrait également,
décongestionner les terrains de stationnement dans le bas de la ville de
Montréal.
Encore une fois, nous insistons sur le fait qu'il ne faut pas axer tout
le transport en commun sur le métro, étant donné que, dans
certaines municipalités, entre autres, dans celles que nous
représentons, les usagers ne veulent pas, en très grande partie,
se rendre au métro à cause des parcours et du temps
supplémentaire que ce détour occasionnerait.
La solution que nous proposons, nous croyons qu'elle est logique
étant donné que la Commission de transport de Montréal est
déjà sur la rive sud, qu'elle a déjà, à
Longueuil, un système de transport et qu'elle connaît le milieu.
Elle a déjà même le métro à Longueuil. Nous
ne demandons donc pas à la Commission de transport de Montréal
d'envahir des régions inconnues. Egalement, nous croyons qu'il y a un
avantage additionnel à procéder de cette façon, c'est que
la Commission de transport de Montréal a une très vaste
expérience dans le domaine du transport, ce que nous n'avons pas sur la
rive sud. Elle a un pouvoir d'achat de beaucoup supérieur à celui
que pourrait avoir une commission autonome. Quand on achète des autobus,
si on en achète 200, je présume que ça coûte moins
cher que si on en achète quinze. Le même chose pour les
pièces, la même chose pour l'entretien, la même chose
évidemment, pour tous les frais d'administration. Il ne fait donc aucun
doute que ce système serait beaucoup moins dispendieux.
M. le Président, je vais terminer ici. Permettez-moi de souligner
que le point de vue économique est celui qui nous préoccupe le
plus. C'est l'argument le plus important que nous pouvons apporter pour
justifier notre solution.
La solution que nous proposons ne requerrait aucun investissement de la
part des municipalités de la rive sud. Ces investissements seraient
faits par la Commission de transport de Montréal qui nous en ferait
évidemment défrayer le coût dans le taux horaire. Les
municipalités de la rive sud ne peuvent pas se permettre, à
l'heure actuelle, d'encourir des dépenses d'investissement de capital et
des déficits.
La situation financière des municipalités de la rive sud
n'est pas des plus roses, non pas que nous soyons sur le bord de la faillite,
mais, quand même, ce sont des municipalités qui pour la plupart,
sont en pleine expansion et qui ont à investir énormément
d'argent pour assurer leur développement.
Vous me permettrez de citer au texte le ministre des Affaires
municipales qui, les 7 et 8 juin derniers, lors d'une séance de cette
commission, alors qu'on lui demandait quel était le taux qu'on trouvait
raisonnable en ce qui concerne le service de la dette d'une municipalité
par rapport à son budget, déclarait: "Le pourcentage
d'endettement normalement ne devrait pas dépasser d'environ 35 p.c. le
service de la dette sur le budget." Un peu plus tard, il déclarait: "On
me demande là quel est le taux maximum tolérable. Cela ne doit
pas dépasser 35 p.c."
Un peu plus tard, il déclarait: Lorsqu'une municipalité
arrive avec un service, sa dette de 35 p.c. atteint un point critique. Quand on
arrive à 35 p.c, c'est le temps de mettre le frein.
M. le Président, j'aimerais vous faire part de certains chiffres
qui sont probablement de
nature à faire réfléchir la commission avant de
prendre une décision qui engagerait les municipalités de la rive
sud dans des dépenses. Nous avons consulté les statistiques
émises par la province le Service des statistiques les
denières statistiques disponibles étant celles de l'année
1969. Il est à prévoir que les chiffres ne seront pas meilleurs
pour l'année 1970, surtout si on tient compte de l'augmentation des taux
d'intérêt.
M. le Président, les statistiques démontrent que sur huit
municipalités il y en a neuf, en fait, prévues dans le
projet de loi, mais une municipalité a moins de 5,000 habitants et les
statistiques ne reflètent pas les chiffres pour cette
municipalité, celle de Notre-Dame-de la rive sud dont les statistiques
sont disponibles, cinq d'entre elles ont un service de la dette qui
excède 45 p.c, et la moyenne générale que nous avons faite
en prenant, d'une part, le service de la dette de toutes les
municipalités et, d'autre part, le budget de toutes les
municipalités est une moyenne de 44.7 p.c. pour toutes les
municipalités de la rive sud.
C'est donc dire que chaque fois qu'une municipalité de la rive
sud, en moyenne, perçoit $1, elle en dépense 44.7 p.c. pour le
service de sa dette. M. le Président, nous prétendons qu'avec des
chiffres comme ceux-là et compte tenu de la déclaration du
ministre des Affaires municipales, que nous ne mettons pas en doute nous
connaissons sa compétence, nous avons entièrement confiance en
son jugement à ce sujet il serait pénible de demander aux
municipalités de la rive sud de réinvestir.
M. le Président, permettez-moi de profiter de l'occasion pour
féliciter le ministère des Affaires municipales pour l'excellent
travail qu'il fait depuis quelques mois et pour le soin qu'il apporte à
la solution des problèmes des municipalités en
général.
Je ferme la parenthèse, M. le Président, pour vous dire
que nous ne croyons pas qu'il soit possible d'augmenter le déficit des
municipalités. Comme le disait si bien un grand poète: "La plus
belle femme du monde ne donne que ce qu'elle a." Et moi, je vous dis que les
municipalités de la rive sud ne peuvent pas payer davantage que ce
qu'elles perçoivent de leurs contribuables, et elles perçoivent
dans le moment des contribuables le maximum de ce qu'on peut percevoir. Il
serait illusoire de penser qu'elles peuvent débourser davantage. Je vous
remercie.
M. LE PRESIDENT: Merci, monsieur. La parole est maintenant au ministre
des Affaires municipales.
M. TESSIER: M. le Président, j'aimerais poser quelques questions
à Me Bourbeau.
D'abord, la CTCUM dessert déjà une partie ou certaines
municipalités de la rive sud. Est-ce que vous pourriez décrire
quel est le réseau de la CTCUM dans les municipalités de la rive
sud? Quelles sont les municipalités qui sont desservies en
totalité ou en partie?
M. BOURBEAU: M. le ministre, je pense que les représentants de
Longueuil seraient beaucoup mieux placés que moi pour vous
répondre, mais je pense pouvoir vous dire qu'à l'heure actuelle
la CTCUM dessert uniquement une partie du territoire de la ville de Longueuil
et non pas tout le territoire de la ville de Longueuil. Evidemment, il y a
également le métro qui a une bouche à Longueuil
même, le long du fleuve.
M. TESSIER: Mais, à part le métro, est-ce qu'il y a un
service d'autobus entre Longueuil et Montréal pour les ponts?
M. BOURBEAU: Oui, dans le moment, la CTCUM fait du transport entre
Longueuil et Montréal via le pont Jacques-Cartier, si je ne m'abuse, on
me corrigera si je me trompe. Je pense bien que Chambly Transport fait
également du transport en commun via le pont Champlain et le pont
Victoria aussi, je pense.
M. TESSIER: Est-ce que Saint-Lambert est desservie par la CTCUM?
M. BOURBEAU: Non, pas Saint-Lambert, de même que toutes les
municipalités que nous représentons. Aucune municipalité
de la rive sud n'est desservie par la CTCUM, sauf Longueuil.
M. TESSIER: Est-ce qu'il y a des négociations qui ont
déjà été entreprises avec la CTCUM, suivant la
proposition que vous venez de faire?
M. BOURBEAU: Je m'excuse, M. le ministre, je n'ai pas compris la
question.
M. TESSIER: Est-ce qu'il y a déjà eu des
négociations d'entreprises soit par les municipalités ou par
quelques municipalités de la rive sud ou la CTCUM?
M. BOURBEAU: Oui, M. le ministre. A quelques reprises, les
municipalités de la rive sud se sont adressées au
président de la Communauté urbaine de Montréal. Je sais
que M. Lacasse, l'expert qui a fait l'étude du transport en commun, est
allé rencontrer M. Saulnier au nom des municipalités. M. Saulnier
a refusé la demande qui lui a été faite. Je sais que le
maire Robidas de Longueuil est allé également rencontrer M.
Saulnier dans le même but et il n'a pas été possible
d'obtenir non plus un consentement de la part du président de la
Communauté urbaine de Montréal. Il a carrément
refusé.
M. TESSIER: Vous suggérez dernière question
la création d'un organisme qui pourrait se charger de faire telle
négociation
avec la CTCUM. Comment voyez-vous la création d'un tel organisme?
Est-ce que ce serait par une loi spéciale du gouvernement? De quelle
manière suggérez-vous la création de cet organisme?
M. BOURBEAU: Je crois que la meilleure façon serait probablement
de créer par loi un organisme. On pourrait même procéder de
la même façon que l'on procède actuellement pour le bill
84: créer un organisme qui pourrait peut-être s'appeler la
Commission de transport de la rive sud, si cela peut faire plaisir à
quelqu'un. La grosse différence avec ce qui est proposé dans le
moment, c'est qu'au lieu de confier à cet organisme le mandat de mettre
sur pied la grosse machine, la grosse commission de transport avec tout ce que
ça implique de dépenses, le mandat de cet organisme serait de
négocier un contrat avec la Commission de transport de Montréal,
ce qui est d'ailleurs la solution proposée par le rapport Lacasse comme
étant la meilleure. Si vous me le permettez, M. le ministre, j'aimerais
vous citer seulement une phrase du rapport Lacasse, qui dit ceci: "Notre texte
laisse entrevoir que la mise sur pied d'une telle filiale M. Lacasse
appelait cela une filiale demeure la solution la plus avantageuse, nous
le croyons sincèrement." En page 35 de son rapport, il dit: "Pour deux
motifs principaux, cette dernière solution, la filiale, nous parait
préférable à la première" La première,
c'était la commission de transport autonome, du genre de celle que le
bill 84 propose.
Nous pensons que ce contrat-là pourrait être
négocié de gré à gré entre, d'une part,
l'organisme que vous créeriez et, d'autre part, la commission des
transports de Montréal. Les villes de la rive sud sauraient exactement,
au départ, le coût, on aurait un tarif autobus-heure, et si une
municipalité veut ajouter au réseau, elle saura au départ
ce que ça coûtera de plus, et si elle veut diminuer du
réseau, elle saura également ce qu'elle pourra
économiser.
M. TESSIER: Maintenant, Me Bourbeau, croyez-vous qu'il serait possible,
sans le recours à une loi spéciale, que les municipalités
de la rive sud puissent mettre sur pied une commission intermunicipale de
transport qui pourrait engager les négociations?
M. BOURBEAU: Tout est possible, M. le ministre, sauf qu'à ce jour
il a été parfois assez ardu d'obtenir un concensus sur la rive
sud entre les diverses municipalités. Nous avons tenté, il y a
quelques mois, de mettre sur pied un projet de communauté municipale, le
projet a échoué, il est possible que la même chose arrive
au sujet de la commission de transport. Je ne prétends pas que les
autres municipalités de la rive sud vont endosser notre projet, il est
possible que quelqu'un vienne après moi ici tantôt prôner
exactement le contraire. Alors, il est assez difficile de répondre
à cette question-là.
S'il arrivait que tous les représentants des villes de la rive
sud qui vont se faire entendre cet après-midi étaient d'accord
avec nous, à ce moment-là, il est possible que l'on puisse, de
gré à gré, former cet organisme-là. Je ne peux pas
parler avant d'avoir entendu l'opinion des autres municipalités.
M. LEDUC: M. Bourbeau, tantôt vous avez mentionné les
discussions qui avaient eu lieu entre la commission de transport, la
communauté urbaine de Montréal et notre groupe. Vous
référez-vous à des discussions qui ont eu lieu avant la
rencontre entre M. Lacasse et M. Saulnier ou si ce sont des discussions qui ont
eu lieu plus récemment entre votre groupe de quatre ou cinq
municipalités qui sont allées tâter le pouls de la
Commission de transport de la communauté urbaine de Montréal?
M. BOURBEAU: Je n'ai pas dit que notre groupe avait consulté,
j'ai dit qu'à ma connaissance il y a eu deux consultations, une par M.
Lacasse, vous êtes au courant, il avait été mandaté
par les villes de la rive sud, il y a quelques mois...
M. LEDUC: D'accord.
M. BOURBEAU: ... et je sais que M. le maire de Longueuil
également y est allé à titre personnel et a essuyé
le même refus de la part du président de la Communauté
urbaine de Montréal. Il est ici, alors je présume qu'il pourra
vous donner plus de renseignements quand son tour sera venu de parler.
M. LEDUC: Merci. Tantôt, dans le cours de votre exposé,
vous avez parlé de la question des déficits. J'imagine que,
lorsque vous en êtes venu à la conclusion, votre groupe, de
collaborer, peu importe à quel niveau, avec la Commission de transport
de la communauté urbaine de Montréal, vous avez aussi
pensé aux implications financières d'une association entre un
transport sur la rive sud et la Commission des transports de la
communauté urbaine de Montréal. Je vais vous donner un exemple;
en 1975, il est prévu que l'exploitation du métro et des autobus
aura un déficit d'environ $36 millions. Si les sept ou huit
municipalités de la rive sud étaient associées de quelque
manière que ce soit avec la Commission de transport de la
communauté urbaine de Montréal, cela voudrait dire que la part
que ces municipalités-là auraient à payer avant qu'un
autobus sorte et qu'un homme travaille représente à peu
près $2,500,000. Et ces chiffres-là avaient été
mentionnés lorsque M. Lacasse et j'imagine que le maire de
Saint-Lambert qui était à cette réunion-là a fait
un rapport très détaillé de cette rencontre que nous avons
eue le 18 mars avec M. Lacasse avait expliqué quelle était
la
situation financière, les avantages et les désavantages de
cette association-là.
M. BOURBEAU: M. le Président, le maire de Saint-Lambert nous a
fait un rapport très complet de la réunion. Je tiens à
vous faire remarquer que la solution que nous proposons n'est pas d'être
partie intégrante du système de la Commission de transport de
Montréal. D'ailleurs le rapport Lacasse le stipule. Nous serions une
filiale complètement indépendante, un organisme
complètement indépendant qui n'aurait aucune attache avec la
Commission de transport de Montréal. La Commission de transport de
Montréal aurait un contrat fixe vis-à-vis de nous. Nous paierions
tant par autobus-heure et je pense que les chiffres qui ont été
cités à plusieurs occasions sont de l'ordre de $12 ou $12.50
autobus-heure. Ces chiffres-là sont disponibles.
Je pense que même Chambly Transport, à un moment
donné, avait fait une offre aux municipalités pour fournir un
service à ce taux-là. D'ailleurs, le rapport Lacasse dit
très bien que nous aurons une comptabilité séparée.
Il n'est pas question de devenir membre de plein droit de la Communauté
urbaine de Montréal en ce qui a trait au transport, comme c'est le cas
pour Longueuil dans le moment. Ce serait un contrat général qui
serait donné, avec comptabilité séparée et nous
paierions tant par autobus, selon un tarif qui satisferait toutes les
parties.
M. LEDUC: D'accord, M. Bourbeau. J'aurai d'autres questions à
vous poser tantôt, lorsqu'on aura entendu, je l'espère, le
représentant de la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal. La seule remarque désagréable
je la qualifie tout de suite en partant que je vais faire, c'est que je
regrette que, pendant près de trois ans, les municipalités de la
rive sud aient remis sur le gouvernement l'odieux d'une décision
concernant un transport en commun sur la rive sud. Lorsque le gouvernement
présente un projet de loi qui est un peu comme de la glaise qu'on
pourrait mouler comme on voudra, on arrive avec une solution, mais, en fait, il
n'a eu aucune négociation avant cette solution à savoir si la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal est
intéressée à le faire. Est-ce qu'elle veut le faire? Cela
implique quoi comme dépense financière?
C'est une idée qui est sûrement très valable et qui,
fort probablement, sera la solution qu'on utilisera pour le transport en commun
sur la rive sud, mais je pense qu'il aurait pu y avoir d'autres discussions que
celles qui ont eu lieu avant où, dans ces deux cas-là, M.
Saulnier a dit: Non, il n'en est pas question. Alors, on revient avec quelque
chose; on veut créer un organisme. Je suis bien d'accord qu'on
crée tous les organismes qu'il faudra, mais à la suite de la
décision qui sera prise aujourd'hui, demain ou après-demain,
quand la commission aura fini de siéger, il faudra que les conseils
municipaux, les maires et les conseillers, se rendent compte que la
décision qui aura été prise aura été la leur
et l'odieux du retard, s'il y en a un à résoudre ce
problème de transport en commun là, sera la responsabilité
des municipalités et non pas celle du gouvernement.
M. BOURBEAU: M. le député, je tiens à vous dire que
votre but et le nôtre sont identiques. Nous tentons, tous les deux, de
résoudre le problème du transport sur la rive sud. Votre bonne
foi et la nôtre ne sont pas mises en cause. Ce n'est pas nouveau. Pour
autant que la ville de Saint-Lambert dont je fais partie est concernée,
notre position n'a jamais changé au cours des années. Si on
consulte les archives, il y a des années et des années que nous
prônons une solution qui n'est pas une commission de transport sur la
rive sud, mais qui se rattache à Montréal. D'autres
municipalités de la rive sud, depuis très longtemps
également, prônent cette solution-là. Le rapport Lacasse
également l'a prônée et soyez assurés qu'il y a
très peu de nuances entre ce que vous, vous proposez et ce que nous,
nous proposons.
Ce que nous proposons, ça pourrait être une commission de
transport. Le bill 84 pourrait être adopté avec la commission de
transport telle quelle. Mais, au lieu d'imposer aux gens de la rive sud
l'obligation de mettre sur pied la grosse machine avec tout ce que ça
implique de dépenses, nous pensons qu'on serait peut-être mieux de
commencer par un contrat. Maintenant, nous ne demandons pas la charité
à la Commission de transport de Montréal. Nous ne tenons pas
à ce que des déficits additionnels soient encourus par la
Commission de transport de Montréal. Nous sommes prêts à
payer chaque sou de ce que ça coûtera pour avoir du transport sur
la rive sud.
Nous croyons que la Commission de transport de Montréal est
beaucoup mieux équipée que nous ne le sommes pour acheter, pour
administrer, pour prévoir. Avec l'expérience qu'elle
possède et les économies qu'on pourrait réaliser en
centralisant la comptabilité et l'administration, nous pensons qu'en
définitive ce sont les citoyens de la rive sud qui en
bénéficieront, sans pour autant que ça coûte un sou
de plus aux gens de la ville de Montréal et de la Communauté
urbaine de Montréal.
M. LEDUC: Alors, si je comprends bien, M. Bourbeau c'est ma
dernière remarque ce que vous proposez dans un certain sens, un
sens très large, c'est d'utiliser les pouvoirs que l'Assemblée
nationale a donnés aux municipalités de subventionner le
transport en commun sur un territoire à la suite des presssions qui
avaient été faites, si ma mémoire est bonne, à la
fin de 1967 ou de 1968, justement par des municipalités de la rive sud.
M. Lussier qui était ministre des Affaires municipales dans le temps
avait fait adopter une loi permettant aux municipalités de subventionner
des déficits d'exploitation. Vous, au lieu de subventionner
l'entreprise privée, vous allez subventionner d'une autre
façon le transport en commun sur la rive sud en utilisant plutôt
la Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal
que ce qui existe là, en trouvant un mécanisme où le droit
acquis qu'on doit respecter pour les transporteurs qui sont sur la rive sud
actuellement sera compensé d'une façon ou d'une autre.
M. BOURBEAU: Exactement et la solution que nous proposons aura
l'avantage de permettre à chaque municipalité d'établir ce
qu'elle veut en matière de transports. Il y aura le réseau de
base, mais, si les municipalités en veulent plus, si elles veulent faire
desservir plus de rues, elles le demanderont et on le leur accordera moyennant
paiement d'une somme additionnelle.
M. LEDUC: Au point de vue du transport dans la municipalité, je
pense que vous allez admettre que le bill 84 le prévoit aussi.
M. BOURBEAU: Oui, bien sûr.
M. LEDUC: Il y a des territoires, des routes qui peuvent être
desservies à la demande d'une municipalité et c'est payé
par la municipalité.
M. BOURBEAU: Oui, certainement. M. LEDUC: D'accord. Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je poserai quelques questions à
M. Bourbeau. D'abord, les propositions que M. Bourbeau nous présentait
tantôt, est-ce que ce sont des propositions acceptées par les cinq
villes, actuellement?
M. BOURBEAU: Oui, M. le Président, nous avons
déposé à la commission des résolutions
certifiées par chaque ville à cet effet.
M. LEGER: Pourriez-vous me répéter le nom des villes car
je ne les ai pas pris tantôt? Vous avez Saint-Lambert, Greenfield
Park...
M. BOURBEAU: Brossard... M. LEGER: Brossard.
M. BOURBEAU: ...Greenfield Park, Lemoyne et Notre-Dame.
M. LEGER: Merci. Maintenant, M. Bourbeau, vous avez dit tantôt que
le courant de la circulation était beaucoup plus axé de la rive
sud vers Montréal, à un degré de 80 à 85 p.c, que
dans le sens est-ouest, entre les villes. Est-ce que vous voulez dire par
là qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un système pour les
besoins des 15 p.c. à 20 p.c. qui resteraient dans le sens
est-ouest?
M BOURBEAU: Disons que, si on en avait les moyens, on pourrait faire
passer un autobus dans chaque rue, mais si on commence par les
priorités, il est évident le rapport Lacasse, en page 11,
le dit bien que les priorités devraient aller dans un sens
nord-sud, étant donné que le rapport Lacasse dit qu'il faut
conclure que 81.6 p.c. des usagers du transport en commun ont Montréal
comme point d'origine ou de destination. Le rapport fait allusion au fait que
cela pourrait même être plus élevé.
Il est évident qu'il y a un certain transport horizontal qui peut
exister. On ne nie pas qu'il peut y avoir certaines gens qui veulent se
déplacer de Brossard à Boucherville, mais les gens qui demeurent
sur la rive sud savent qu'il n'y a à peu près aucune circulation
dans ce sens-là. Par contre, il y a certaines personnes qui, à
l'heure actuelle, vont en métro. Forcément, on doit aller en
métro à moins de se servir de Chambly Transport, mais le service
de Chambly Transport ne sied pas à tout le monde quant aux routes, etc.
Si le service était excellent et si on se servait beaucoup des ponts, il
y a une foule de gens qui préféreraient énormément
se rendre à Montréal en passant directement par les ponts
plutôt que d'aller faire un crochet de quatre, cinq ou six milles via le
métro de Longueuil.
Le système que nous proposons n'aurait pas pour effet de ne pas
donner de transport horizontal rive sud-rive sud. Il y aurait quand même
un certain transport parce que les autobus ne peuvent pas aller uniquement en
direction nord-sud, mais il est évident que l'accent serait mis sur la
circulation entre rive sud-Montréal et Montréal-rive sud.
M. LEGER: Pourriez-vous me dire, M. Bourbeau, si, actuellement, il y a
un certain service dans chacune des neuf villes concernées par ce
projet? Y a-t-il des villes qui n'ont aucun service d'autobus actuellement?
M. BOURBEAU: A ma connaissance, il y a un certain service dans toutes
les municipalités.
M. LEGER : Toutes les municipalités en ont. M. BOURBEAU: Un
certain, mais enfin...
M. LEGER: Il semble que la base de votre argumentation pour proposer cet
amendement ou ce changement de projet provient, d'une part, du fait que le
courant de la circulation est vers Montréal et, d'autre part, vous
semblez dire que ce serait un dédoublement des dépenses
d'investissement. Est-ce que vous êtes au courant qu'en 1968, à
l'occasion de la grève des autobus de Chambly Transport, M. Saulnier
avait déclaré qu'il n'était absolument pas
intéressé à donner un service d'autobus, à
contri-
buer à un service d'autobus pour cette rive et qu'il se
retirerait volontiers de cet engagement qu'il avait dans la partie où on
desservait la rive sud?
M. BOURBEAU: Je suis au courant que M. Saulnier n'est pas tellement
intéressé à fournir du service de transport sur la rive
sud. Je l'ai dit tantôt: nous avons essuyé refus sur refus. Nous
ne demandons pas à M. Saulnier de nous donner quoi que ce soit, nous
sommes prêts à payer la pleine valeur des services. Tout ce que
nous disons, c'est que cela va coûter moins cher à la Commission
de transport de Montréal de nous donner un service équivalent
à cause des arguments que j'ai énoncés tantôt.
M. LEGER: Vous avez fait des études pour déterminer que le
coût que vous paieriez par contrat avec la Communauté urbaine de
Montréal serait quand même inférieur aux dépenses
qu'occasionnerait votre propre service dans une communauté urbaine de
transport? Vous avez fait une étude là-dessus?
M. BOURBEAU: M. Lacasse a fait une étude et je pense qu'à
l'heure actuelle personne ni le gouvernement ni nous n'a en main
les chiffres qui peuvent nous permettre d'affirmer avec certitude ce que cela
va coûter. Personne ne le sait. Je vous prierais de poser votre question
au ministre des Affaires municipales.
Je ne pense pas que les chiffres soient plus précis que ce que le
rapport Lacasse nous dit. Nous pensons seulement que le gros bon sens nous
permet de croire que, si on confie des services à la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal, ce serait moins
dispendieux. Je pense que c'est le gros bon sens que, si nous devons mettre sur
pied nous-mêmes la commission de transport, avec tout ce que cela
occasionne de frais et de dédoublement de frais parce qu'il
faudrait nommer un commissaire ou des commissaires à salaire, des
employés, avoir un système de comptabilité,
aménager des garages, acheter des autobus, assumer l'entretien, payer
les ingénieurs, etc., nous n'avons pas le pouvoir d'achat de
Montréal alors que Montréal peut probablement assurer tout
cela avec ses services existants et avec l'expérience qu'elle a
déjà acquise.
M. LEGER: Une dernière question, M. le Président. Je
reviens au chiffre de 80 p.c. ou de 85 p.c. de courant qui va vers
Montréal. Est-ce que, quand même, vous ne voyez pas qu'un service
qui inclurait aussi une meilleure décentralisation, c'est-à-dire
un service à l'intérieur de la rive sud, serait un facteur de
développement local des municipalités, parce qu'un service de
transport aide énormément une municipalité à
développer son commerce, sa promotion industrielle, etc? Est-ce que vous
ne pensez pas que ce facteur devrait être considéré
aussi?
M. BOURBEAU: C'est possible, nous ne prétendons pas qu'il ne
doive y avoir aucun service de transport sur la rive sud, que ce soit un
service horizontal ou parallèle. Il est certain que le système
que nous proposons aurait... J'ai parlé tantôt d'un réseau
de base. Ce réseau de base devrait être horizontal et vertical,
mais il est sûr qu'il y aurait un certain service sur la rive sud et il
est sûr aussi que la rive sud en aurait besoin éventuellement pour
se développer. Mais n'oublions pas que, contrairement à la ville
de Laval, nous n'avons pas une municipalité, nous en avons neuf, et que
nos municipalités sont tellement rapprochées du centre ville de
Montréal que la majorité des gens de chez nous travaillent
à Montréal, contrairement à la ville de Laval, qui est
très éloignée du centre-ville.
Le rapport Lacasse a prouvé que les municipalités de la
rive sud sont plus rapprochées du centre-ville de Montréal qu'une
foule de municipalités de l'île de Montréal, telles que
Saint-Laurent, Saint-Léonard et un très grand nombre de villes.
Nous sommes pratiquement dans le bas de la ville de Montréal.
M. LE PRESIDENT: Le député de Missisquoi.
M. BERTRAND: M. le Président, nous entendrons le
représentant de cinq municipalités. Il formule une proposition
qui peut avoir, comme le notait le député du comté,
beaucoup de sens, excepté qu'on veut faire un mariage, et il semble bien
qu'il n'y ait pas de mariage d'amour. Est-ce qu'il y a possibilité
d'avoir un mariage de raison? Il y a des gens qui représentent la CTCUM.
Quant à moi, j'aimerais les entendre pour connaître les raisons du
refus, parce qu'il semble y avoir eu un refus qui a été
opposé au maire Robidas et à d'autres représentants qui
ont fait des démarches auprès du président de la CUM.
M. BERTHIAUME: M. le Président, avant de passer à la
CTCUM, j'aurais eu quelques questions à poser au notaire Bourbeau,
concernant les problèmes qui sont discutés.
M. LE PRESIDENT: Le député de Napierville-Laprairie.
M. BERTHIAUME: Je pense que Me Raymond doit revenir tantôt. Il y a
un amendement qu'il propose au bill 84 et je pense qu'on pourrait
peut-être, à ce moment-là, revenir sur les questions pour
faire le lien avec les propos de M. Bourbeau.
M. LE PRESIDENT: Disons que le député de
Napierville-Laprairie peut procéder à ses questions et
après cela, le représentant de la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal. Le député de
Napierville-Laprairie.
M. BERTHIAUME: M. le Président, je suis moi-même
très vivement intéressé par le projet de loi 84,
étant donné qu'il y a deux des municipalités
concernées dans le groupe de cinq, représentées par le
notaire Bourbeau, qui sont dans mon comté, soit Brassard et
Notre-Dame-du- Sacré-Coeur.
J'aimerais poser quelques questions, le plus brièvement possible,
pour peut-être faire ressortir mon désaccord avec mon
collègue de Taillon, concernant des propos qu'il a lui-même
qualifiés de désagréables tantôt.
Notaire Bourbeau, pourriez-vous nous décrire brièvement ce
qu'on pourrait appeler la vocation municipale des cinq municipalités que
vous représentez? J'entends par là, soit la vocation
industrielle, la vocation résidentielle, la vocation de ville dortoir,
ou une vocation mixte? Quelle est la vocation actuelle des municipalités
que vous représentez?
M. BOURBEAU: Bien, je pense qu'on peut dire que les cinq
municipalités que nous représentons sont des municipalités
à vocation résidentielle en très grande partie. J'ai dit
tantôt que la majorité des gens travaillent à
Montréal, ce sont donc des gens qui viennent dormir sur la rive sud. A
ma connaissance, il n'y a qu'une des cinq villes en question qui possède
un parc industriel, la ville de Brossard, et je pense que ce parc n'en est
qu'à ses débuts. Il est certain que c'est une zone
résidentielle dans une très très forte proportion.
M. BERTHIAUME: Je ne reviendrai pas sur la question du pont Champlain,
et de son accès vers Montréal, pour les gens de la rive sud,
surtout cette partie sud, si on veut, de la rive sud.
Par contre, j'aimerais revenir très brièvement sur la
nécessité, quand on parle du problème du transport sur la
rive sud, d'un transport intramunicipal, soit à l'intérieur de
chacune des villes dont il est question. Est-ce que, pour vous, ça
représente un problème aujourd'hui de circuler à
l'intérieur de la ville de Brossard ou de Saint-Lambert ou de Greenfield
Park?
M. BOURBEAU: Je peux dire honnêtement que le problème de
transport de municipalité à municipalité est un
problème très minime. La question a déjà
été posée par le ministre des Affaires municipales aux
maires de la rive sud lors d'une réunion. C'est la réponse qu'il
a eue et j'appuie entièrement cette réponse-là.
M. BERTHIAUME: Maintenant...
M. BOURBEAU: Je ne prétends pas qu'il n'y a pas de
problème de transport, mais ce n'est pas un problème très
important. C'est un problème disons secondaire. Ce n'est pas une
priorité.
M. BERTHIAUME: Si on instituait une commission de transport qui serait
principalement axée sur les besoins de la rive sud, sans
nécessairement négliger les besoins de transport vers
Montréal, mais qui serait quand même principalement axée
sur la rive sud elle-même, comme l'a suggéré le
député de Lafontaine en prévoyant le développement
économique, croyez-vous qu'à ce moment-là la vocation des
municipalités qui nous intéressent à l'heure actuelle en
serait modifiée?
Dans l'affirmative, est-ce que ça répondrait aux
désirs et aux besoins de la population qui y réside
actuellement?
M. BOURBEAU: Votre question est: si on créait une commission
autonome?
M. BERTHIAUME: Si on favorisait le transport sur la rive sud même,
par exemple si on favorisait le transport vers Longueuil et vers les complexes
industriels de Longueuil, est-ce que ça aurait pour effet de changer la
vocation municipale de Brossard, Saint-Lambert, Greenfield Park,
Notre-Dame-du-Sacré-Coeur et Lemoyne?
M. BOURBEAU: Il s'agirait d'abord de savoir si les gens sont
intéressés à changer la vocation, premièrement,
parce qu'une large partie de notre population travaille à
Montréal et, à ce que je sache, elle est très heureuse d'y
travailler. Maintenant, si on veut vraiment faire de la rive sud une seule
municipalité qui puisse vivre, survivre et fonctionner sans
Montréal, il est évident que, si on investit
énormément d'argent et qu'on crée des industries, qu'on
crée du travail pour les gens de chez nous, les gens vont travailler
chez nous. Mais je pense que, dans le moment, il y a un besoin énorme
pour le transport des gens à Montréal. Tout dépend de ce
qu'on veut faire. Si on veut répondre à un besoin, il faut amener
les gens à Montréal. Si on veut créer des marchés
nouveaux, si on veut aller au-devant du transport, on peut investir
énormément. A ce moment, on va dépenser
énormément d'argent et peut-être que, dans vingt ans, on
aura réussi à changer la tendance. Mais est-ce que ce ne seraient
pas des dépenses qui ne seraient pas prioritaires et qu'on ne peut pas
se permettre?
M. BERTHIAUME: Je crois comprendre qu'il serait préjudiciable aux
citoyens et aux contribuables actuels de ces municipalités.
M. BOURBEAU: Bien, ce serait un très gros...
M. BERTHIAUME: Le niveau économique des gens qui y
résident à l'heure actuelle et l'origine de ces gens-là
sont tels qu'ils n'ont pas à travailler dans les usines, de façon
générale, ou les manufactures de Longueuil ou de Candiac, vers le
sud. Ce sont des gens qui sont employés de bureau dans la région
de Montréal, Verdun,
Pointe-Saint-Charles et tout ce coin-là. Ai-je raison?
M. BOURBEAU: Tout est relatif. On ne peut pas parler en termes d'absolu.
Je ne peux pas vous dire que tous les gens de la rive sud travaillent dans la
ville de Montréal...
M. BERTHIAUME: La majorité.
M. BOURBEAU: ... mais je pense que, honnêtement, et le
rapport Lacasse le confirme à l'heure actuelle, la très
grande majorité des gens de la rive sud travaillent à
Montréal, ils sont heureux d'y travailler et veulent s'y rendre. Si on
veut investir des millions et des millions pour les faire travailler ailleurs,
je n'ai pas d'objection, mais c'est nous qui allons payer, et dans le moment je
ne pense pas qu'on ait les moyens de payer pour ça, c'est un luxe qu'on
ne peut pas s'offrir.
M. BERTHIAUME: Un dernier aspect que je voudrais explorer. Est-ce qu'on
peut dire qu'essentiellement, compte tenu du service qu'il y a à l'heure
actuelle, le problème no 1 du transport dans les cinq
municipalités que vous représentez en est un de correspondance
avec les autobus de Montréal? Autrement dit, si dans l'hypothèse
où on aurait une commission de transport sur la rive sud qui pourrait se
rendre à Montréal via le pont Champlain et aussi vers le
métro de Longueuil, mais quand même en proportion beaucoup
moindre, qu'elle soit autonome ou non, l'essentiel serait d'établir une
entente ou un contrat quelconque avec la CTCUM pour que les gens qui montent
à Brossard, par exemple, et qui veulent correspondre à la Place
Bonaventure puissent le faire sans coût additionnel, et le prix qu'on
devra payer à la CTCUM pour un tel service pourrait être
réparti de cette façon sur toute la population des cinq villes
concernées.
On pourrait augmenter aussi le volume étant donné que le
coût du stationnement dans le centre-ville est très
élevé. J'ai travaillé moi-même à Place
Ville-Marie pendant plusieurs années, ça coûte $40 par mois
pour stationner à cet endroit.
M. BOURBEAU: C'est $50 maintenant.
M. BERTHIAUME: Si on considère cela, les gens qui, eux, ont
à stationner à Place Ville-Marie, qui n'y sortent pas de la
journée, seraient très heureux d'avoir un service adéquat
entre les municipalités dont on parle et Montréal, quitte
à payer $50, même $100 par année ou $200 par année.
Cela reviendrait moins cher.
M. BOURBEAU: C'est sûr.
M. BERTHIAUME: S'il était possible d'établir une entente
comme celle que je décris, avec la Commission de transport de
Montréal, est-ce que, à ce moment-là, ça ne
résoudrait pas le problème numéro 1 du transport sur la
rive sud en ce qui nous concerne?
M. BOURBEAU: C'est ce que nous pensons. Nous pensons que, s'il y a moyen
de s'entendre avec Montréal, ce serait la solution idéale. Non
pas seulement pour nos cinq municipalités mais pour toutes les
municipalités de la rive sud.
M. BERTHIAUME: Enfin, pour le peu de transport intermunicipal qu'il peut
y avoir sur la rive sud, compte tenu des dispositions prévues dans le
projet de loi 23 qui, on l'espère, sera adopté à
l'automne, concernant le transport écolier et le mariage qui peut
être fait entre le transport écolier et le transport en commun, en
ce qui concerne les ménagères, par exemple, qui veulent circuler
à l'intérieur de la région, soit pour se rendre au centre
commercial Portobello, au Miracle Mart, au train de Saint-Lambert ou même
peut-être au métro de Longueuil pour aller magasiner chez Dupuis
ou chez Eaton et tout, les dispositions du projet de loi 23 permettront au
transporteur écolier de faire une espèce de "shuttle service" en
divers endroits de la rive-sud. D'accord, c'est un service qu'on pourrait
appeler dégradé mais quand même suffisant pour
répondre aux besoins, compte tenu aussi de la capacité de payer
de la population. Est-ce que j'ai raison d'affirmer cela?
M. BOURBEAU: C'est assez difficile de répondre à cette
question parce que, d'abord, le projet de loi 23, je n'en ai pas entendu parler
personnellement, et nous n'avons pas fait une étude du problème
du transport écolier nous-mêmes. Je ne pense pas que je puisse
répondre à cette question. Mais il est probable qu'on pourrait
intégrer le transport écolier au système ou, selon le
projet de loi 23, ce sera fait d'une façon différente. Je ne suis
pas en mesure de répondre à cette question.
M. BERTHIAUME: Je vous remercie.
M. LEGER: M. le Président, me permettez-vous une question
à M. Bourbeau?
Pour revenir à l'article du développement de cette
région par un meilleur service de transport, ce qui n'est pas le
cas encore et à votre proposition d'entente et de contrat avec la
Communauté urbaine de Montréal visant à vous donner un
service, vous tenez pour acquis, au début, que vous tiendriez compte du
15 p.c. à 20 p.c. de circulation qui se fait sur la rive sud. Mais si,
par hasard, les villes de la banlieue s'aperçoivent qu'elles ont besoin
d'une augmentation de service de transport sur la rive sud uniquement, pour
développer cette région qu'on espère voir
s'améliorer bientôt, à ce moment-là, vous êtes
obligé de dépendre d'une décision de la Communauté
urbaine de Montréal, de la commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal, en ce sens qu'il faudrait
continuellement renégocier des changements de transport, une
augmentation de tarif possible.
Je fais un parallèle peut-être entre cette situation et
celle qu'on voit à travers le monde entier où on doit
dépendre des étrangers pour s'assurer son propre bien-être,
comme actuellement, au Québec, on semble dépendre tellement des
capitaux américains pour faire une politique provinciale. Une
décision d'un étranger qui pense beaucoup plus à son
bien-être qu'à l'intérêt de ses partenaires
extérieurs, on en voit les conséquences aujourd'hui. Je suis
convaincu que la commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal n'aurait pas comme première préoccupation de
vérifier s'il n'y aurait pas moyen d'augmenter ses services sur la rive
sud. Si vous aviez vous-même votre propre commission de transport qui
serait dirigée par des gens qui ont eu intérêt
immédiat au développement de votre région, est-ce que vous
ne pensez pas qu'il serait préférable d'avoir votre propre
contrôle que de dépendre d'un organisme étranger qui n'a
pas les mêmes intérêts prioritaires que vous?
M. BOURBEAU: Nous allons acheter... M. TESSIER: Etranger...
M. LEGER: Etranger, de l'autre côté du fleuve.
M. TESSIER: ... un CTCUR étranger.
M. BOURBEAU: Ce que nous proposons...
M. LEGER: Ce ne sont pas les mêmes priorités à
Montréal que sur la rive sud.
M. BOURBEAU: Nous proposons de payer tant par autobus-heure. Or, la
commission de transport de Montréal va nous vendre du temps. Nous
voulons dix autobus, on va en mettre dix à notre service et nous allons
payer. C'est facile de savoir le prix que ça coûte, il y a des
statistiques. C'est nous qui allons déterminer où nous voulons
les autobus. Cela n'a aucune importance pour la Commission de transport de
Montréal. Si nous les voulons tous dans le même quartier et que
nous payons pour cela, je ne vois pas comment se pose le problème parce
que la commission de transport de Montréal n'aura absolument aucune
décision à prendre en ce qui concerne les routes. Nous allons les
consulter, nous allons demander leur opinion, les conseils de leurs experts,
etc.
Mais si, à un moment donné, nous voulons changer des
tracés, nous allons payer tant par mille ou tant par autobus-heure. Il
n'y a aucune raison pour que la Commission de transport de Montréal
s'oppose ou prenne des décisions qui ne nous favorisent pas. Elle va
nous louer un service dont le taux comprend non seulement l'autobus mais les
frais d'administration, le service de la dette de nos autobus à nous
etc.
M. LEGER: Vous n'avez pas tout à fait saisi le sens de ma
question. Ce que je voulais vous faire remarquer, c'est que, selon le premier
contrat que vous transigiez avec la Communauté urbaine de
Montréal, il va être entendu qu'à ce moment précis,
vous allez lui demander les services que vous calculez actuellement comme
essentiels, à ce stade-ci, stade comme disait le
député de Chicoutimi. Mais à mesure que cela progresse,
les préoccupations des villes de la rive sud sont
déterminées par elles-mêmes. A mesure que les besoins
évoluent, la Commission de transport de la rive sud verrait à
apporter des améliorations. Tandis que là, vous devriez revoir
chaque fois la Commission de transport de Montréal pour lui dire:
Pourriez-vous mettre un peu plus de service ou augmenter le nombre d'autobus
dans telle région? Pourriez-vous dans trois mois au plus tard augmenter
à telle place? Et toujours renégocier, alors que la Commission de
transport de Montréal a ses propres préoccupations chez elle et
qu'elle ne peut pas continuellement vérifier dans votre région
quels sont les besoins, quel est le développement continuel, ce que vous
avez comme politique municipale de promotion industrielle et économique.
Vous laissez cela tout simplement à une autre commission, en tenant pour
acquis qu'elle veut bien le faire.
M. BOURBEAU: Pas du tout, pas du tout. Notre président, directeur
général ou commissaire, qui pourrait être nommé par
le gouvernement, n'aura que cela à faire, il n'aura absolument que cela
à faire. Il n'aura aucune administration à faire. Il n'aura
absolument rien d'autre à faire que de continuellement revoir les
lignes, renégocier de nouvelles lignes, ajouter, enlever. Ce n'est pas
tellement compliqué. Une journée, on avise Montréal qu'on
ne veut plus de service sur telle ligne et que l'autobus passe ailleurs. C'est
facile à calculer, des autobus. Il y a dix ou vingt autobus sur la route
qui travaillent pendant dix heures, cela fait tant par jour. Cela n'a
absolument aucune espèce d'importance qu'on les fasse passer par un pont
ou par un autre; à la fin de la journée, les autobus ont parcouru
tant de milles ou bien tant d'autobus ont travaillé pendant tant
d'heures. Nous allons déterminer où nous les voulons, nous allons
déterminer quand nous en voulons et on va nous charger un taux. Le taux
monterait probablement d'année en année, puisque le coût de
la vie monte. Il y a des statistiques qui existent partout dans le monde sur le
coût d'un autobus-heure. Je pense que cela ne crée aucun
problème. On aura quelqu'un qui ne fera que cela. Le conseil des
représentants des municipalités fera régulièrement
rapport et demandera des changements. Au fur et à mesure que la rive sud
va se développer, on ajoutera des nouvelles routes, on
ajoutera de nouveaux autobus et on paiera plus cher.
M. LEGER: Alors, selon vous, ce n'est pas un problème. Mon autre
question concerne l'autre solution. Supposons que c'est le bill 84 qui est
adopté, soit tel quel ou avec certains amendements. Est-ce que vous avez
eu l'occasion d'étudier l'article 12, qui détermine la
façon de voter qui permet une majorité à condition d'avoir
50 p.c. des villes autres que Longueuil et qui met un peu la ville de Longueuil
en minorité? Est-ce que vous êtes d'accord sur cet article?
M. BOURBEAU: M. le Président, étant donné que nous
rejetons le principe même du projet de loi 84, il est bien évident
que nous n'avons pas étudié cet article.
M. LEGER: Avez-vous étudié le projet de loi 84?
M. BOURBEAU: Toutefois, s'il arrivait que la commission décide de
maintenir le bill 84 dans sa forme actuelle, nous demandons respectueusement
d'avoir l'occasion de revenir devant la commission afin de faire valoir notre
point de vue à ce moment-là, parce que nous ne sommes pas
préparés à donner notre opinion sur le bill 84. Nous
n'avons pas fait d'étude sur le bill 84, étant donné que
nous trouvons que son principe même ne devrait pas être
appliqué. Mais si vous maintenez le bill 84, nous sollicitons
l'autorisation de revenir pour faire valoir notre point de vue.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on entend maintenant le représentant
de la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal?
Commission de transport de la
communauté urbaine de Montréal
M. BERTRAND: J'ai lu le rapport, quant à moi.
M. RAYMOND: Messieurs, mon nom est Gaétan Raymond, avocat. Je
suis le procureur de la Commission de transport de Montréal. Evidemment,
nous venions ici en acceptant le principe du bill. On vient de le remettre
complètement en cause. Nous sommes subordonnés à la
juridiction de la Communauté urbaine de Montréal. On a
parlé de négociations possibles entre les villes de la rive sud
et la Commission de transport de Montréal. Il faut dire que si,
d'après notre interlocuteur de tout à l'heure, il y a eu des
démarches auprès du président de la Commission de
transport de la communauté urbaine de Montréal, sa réponse
a été négative. Si l'on veut remonter pour connaf-tre les
raisons de ce refus, évidemment, il faudrait probablement aller les
demander au président lui-même, qui est la personne
concernée.
Pour notre part, pour autant que la Commission de transport est
concernée, nous pouvons vous dire qu'à l'heure actuelle le
service, à Longueuil et un peu à Jacques-Cartier, est
déficitaire de $500,000. C'est déjà une des raisons pour
lesquelles il pourrait difficilement y avoir entente avec les
municipalités de la rive sud. Il y a une deuxième
difficulté. C'est qu'il y aurait nécessairement double tarif avec
des autobus portant la même couleur, ayant les mêmes apparences
extérieures. Comment la population réagirait-elle ou
accepterait-elle ce double tarif en ayant l'impression de faire affaire avec le
même système de transport?
Une autre remarque que nous pouvons faire est la suivante: Si on parle
de location de temps, évidemment, étant donné la faible
densité de population sur la rive sud par rapport à
Montréal, il y a une question de coûts à établir. Si
les coûts fixés par la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal devenaient prohibitifs pour la
rive sud, ces municipalités seraient encore obligées de revenir
devant vous pour obtenir un système d'organisation de leur propre
transport.
Il y a d'autres complications qui surviennent. Par exemple, il faudrait
évaleur les effets sur les coûts de la convention collective de
Chambly Transport qui se trouverait nécessairement impliquée dans
les circonstances, dont les membres sont rattachés à la FTQ,
alors que les employés de la CTCUM ont une convention collective avec la
CSN. Maintenant, il y a un autre problème peut-être un peu plus
complexe. C'est que ce que nous pourrions recevoir d'une main de la part du
ministère des Affaires municipales nous pourrions peut-être le
voir gruger par le ministère des Transports avec son bill no 23.
Alors, ce n'est pas une question facile à résoudre et nous
ne pouvons certainement pas, cet après-midi, improviser sur une solution
de cette envergure.
J'ai d'autres observations à vous faire; je ne sais pas si vous
avez des questions sur ce sujet là, mais j'estime que nous avons fait
nos observations.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il des questions de la part des membres de la
commission?
M. BERTRAND: Je n'ai pas de question à vous poser, étant
donné que vous passez le problème avec raison, je pense
au président de la CUM, M. Saulnier, qui est celui qui a fait
connaître son refus à ceux qui l'on rencontré,
premièrement. Par contre...
M. TESSIER: Les négociations devraient plutôt se faire avec
le président de la CTCUM et non pas avec le président de la
CUM.
M. BERTRAND: C'est ça. Alors, il s'agit, à
ce moment-là, d'une décision de principe. Si le
président de la CTCUM qui est ici, M. L'Allier...
M. TESSIER: Je ne sais pas s'il est ici.
M. BERTRAND: ... peut se faire entendre en utilisant toute la
liberté qui lui appartient et nous exprimer son point de vue, il sera en
meilleure posture pour nous faire connaître le point de vue de
l'organisme qu'il dirige.
M. L'ALLIER: Je pense que je peux dire que, dans la situation actuelle,
la Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal
est d'avis qu'elle ne devrait pas continuer à donner le service dans
Longueuil.
La raison est que, depuis plusieurs années, les gens que nous
desservons dans Longueuil et en partie dans l'ancienne ville de Jacques-Cartier
qui est le nouveau Longueuil ont occasionné des déficits
d'exploitation importants sur le territoire parce que nous avons probablement
donné plus de services que nous n'aurions dû en donner, eu
égard aux revenus que nous pouvions anticiper.
D'un autre côté, la Commission de transport est toujours
soucieuse de donner satisfaction à ses clients et c'est ce que nous
avons fait dans le passé.
Je pense que je suis heureux d'être consulté. D'un autre
côté, je n'ai pas eu le temps de consulter mon avocat et je ne
suis pas absolument sûr que nous avons le dernier mot à dire. Je
pense que nous ne pourrions pas conclure d'entente avec les
municipalités de la rive sud sans l'autorisation du comité
exécutif de la CUM.
M. BERTRAND: Sans un changement à votre charte qui pourrait
être accordé par présentation d'une loi de la CTCUM ou d'un
projet de loi émanant directement du gouvernement.
M. L'ALLIER: Je pense que c'est exact.
M. TESSIER: J'aimerais savoir une chose, M. L'Allier. Me Bourbeau, tout
à l'heure, a exposé que les cinq municipalités qu'il
représente étaient prêtes à payer les
déficits.
Les municipalités étaient prêtes à
subventionner, si vous voulez, et à répartir entre elles les
déficits d'exploitation. Dans ce cas, est-ce qu'il y aurait
réellement une raison sérieuse pour la CTCUM de refuser de donner
le service?
M. L'ALLIER: M. le ministre, je ne sais pas si je fais erreur, mais j'ai
eu nettement l'impression que M. Bourbeau, qui a parlé
antérieurement, ne considérait pas du tout que les
municipalités en question avaient les moyens de payer les
déficits dont on a parlé.
M. TESSIER: Bien oui, il était question que le coût
d'exploitation...
M. BURNS: Il n'a pas parlé de déficit. Il a parlé
justement du contraire.
M. TESSIER: ... soit défrayé par les usagers de la rive
sud en ce qui concerne le service de la rive sud. Mais si j'ai bien compris, il
a dit que tout de même il y aurait là une économie
substantielle, étant donné les structures qui existent
déjà avec votre organisme, telles que comptabilité,
entretien, etc., etc. C'est là-dessus qu'on pourrait épargner
peut-être des centaines de milliers de dollars.
M. L'ALLIER: Sans doute, il y aurait peut-être certains avantages,
mais je serais fort étonné que les avantages soient dans les
centaines de milliers de dollars, M. le ministre. En fait...
M. TESSIER: Est-ce que vous avez des objections de principe à
étudier cette question en collaboration avec les municipalités de
la rive sud?
M. L'ALLIER: M. le ministre, si cela nous est demandé, nous
serons heureux de le faire, mais je dois dire que les municipalités de
la rive sud, je pense, sont déjà au courant des faits. Il y a
déjà trois ans j'étais allé moi-même
rencontrer plusieurs des maires des municipalités de la rive sud et je
leur avais exposé notre problème. Je leur avais indiqué
les raisons pour lesquelles la Commission de transport ne se croyait pas
justifiée de continuer indéfiniment un service déficitaire
de cette nature puisqu'une partie importante du déficit encouru sur la
rive sud serait payée par les municipalités de l'île de
Montréal que nous desservons.
M. TESSIER: ... actuellement, avec le système actuel, mais il
peut y avoir tout de même des négociations avec une nouvelle
entente par laquelle tous les déficits d'exploitation de la rive sud
seraient défrayés par les contribuables de la rive sud.
M. L'ALLIER: S'il y avait une situation comme ça, personnellement
je n'aurais pas objection à en faire l'étude.
M. TESSIER: Je vous remercie, M. L'Allier.
M. LEDUC: M. L'Allier, si je comprends bien, le territoire que vous
desservez actuellement sur la rive sud est une faible partie de la ville de
Longueuil qui, je pense sans trop me tromper, représente à peu
près le tiers du territoire de la nouvelle ville de Longueuil.
M. L'ALLIER: Je n'ai pas de chiffres sur la superficie...
M. LEDUC: Acceptons le principe que les chiffres sont assez
approximatifs, assez près. En 1969, vous avez transporté un peu
plus de six
millions de passagers sur un territoire d'à peu près
1,600,000 milles que vous avez parcourus et vous avez mentionné
tantôt que cette opération vous coûtait, en déficit,
par année, à peu près $500,000. Est-ce que j'ai bien
compris?
M. L'ALLIER: C'est exact.
M. LEDUC: Ce qui veut dire que le territoire des cinq
municipalités, qui représente beaucoup plus en territoire,
représente une clientèle qui va exclusivement du
côté de Montréal, représente une clientèle
qui possède plus d'automobiles, si on fait l'étude des gens qui
utilisent l'automobile ou l'autobus, qui a plus d'automobiles que les autres,
ce qui me porte à dire que vous aurez, à ce moment-là, une
possibilité de déficit beaucoup plus considérable, parce
qu'à Saint-Lambert, en principe, les gens vont se promener en automobile
plutôt qu'en autobus, à Greenfield Park, c'est la même
chose. A Lemoyne, il y a en a possiblement moins.
Alors, si on prend les chiffres de 1969, si on compare les territoires,
il y a un déficit de $500,000 avec une possibilité de moins
d'usagers, ce qui veut dire que le déficit pourrait être, dans le
territoire des cinq municipalités, plus élevé que
$500,000. Je ne vous fais pas dire oui, parce que je ne veux pas vous engager
dans les chiffres que j'avance, mais je pense que ce serait peut-être
assez sérieux pour qu'une étude soit faite de ce
côté avant de pousser plus loin la possibilité d'acheter ou
de louer les services de la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal.
M. L'ALLIER: Je ne sais pas si je dois répondre de quelque
façon.
M. LEDUC: Non, non, parce que j'ai avancé des chiffres, M.
L'Allier, sur lesquels, peut-être, vous serez d'accord ou pas d'accord.
Je ne voudrais pas vous engager dans des réponses là-dessus.
M. LE PRESIDENT: Un instant. Avant de donner la parole à M.
Laberge, est-ce qu'il y a des membres de la commission qui auraient d'autres
questions? Me Raymond.
M. RAYMOND: Je voudrais signaler que je n'ai pas terminé mon
intervention. J'avais terminé sur cette question-là et je voulais
donner une chance aux membres de cette assemblée d'intervenir.
M. LE PRESIDENT: Continuez.
M. RAYMOND: Bon. Je voudrais passer aux autres observations. Si le
principe du bill est accepté et qu'il y a lieu d'étudier le bill
dans son ensemble, la Commission de transport a deux amendements à
proposer. Un papillon est censé vous avoir été
distribué. La Commission de transport propose les articles 93-a et
93-b.
M. TESSIER: M. le Président, si je comprends bien, aujourd'hui,
il n'est pas question d'étudier le texte du bill, mais uniquement le
principe.
M. RAYMOND: Dans ce cas-là, j'ai terminé mon
intervention.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les membres de la commission auraient
d'autres interventions à faire? M. Laberge.
M. LABERGE: M. le Président, je dois admettre que je me trouve
placé dans une étrange situation. Pour une des rares fois, on
était venu pour appuyer le gouvernement dans l'adoption d'un projet de
loi et on s'aperçoit que le gouvernement semble vouloir saborder son
projet de loi. Cela nous semble drôle en maudit.
M. TESSIER: M. le Président, je proteste contre cette affirmation
tout à fait fausse.
M. LABERGE: J'ai dit: Il semble.
M. TESSIER: Non, il n'est pas question même de "semble". Ecoutez,
c'est sérieux, cette affaire-là! Nous avons un projet de loi et
nous avons voulu, avant la deuxième lecture, apporter ce projet devant
cette commission afin d'entendre les représentations. Nous voulons avoir
une discussion tout à fait objective et un dialogue objectif sur la
question.
M. LABERGE: Je suis bien heureux de voir que j'étais dans
l'erreur. J'en suis très heureux. Nous continuerons d'appuyer le projet
de loi. Je vais juste dire deux mots sur la dernière question qui a
été soulevée, parce que je pense qu'elle est d'importance
majeure.
Je suis un citoyen de Montréal et nous, à Montréal,
je ne sais pas si vous le savez, mais des taxes, nous en avons pas mal
soupé comme c'est là. Je pense que vous n'avez pas le droit
même de penser à imposer, de façon permanente et continue,
une responsabilité que les citoyens de Montréal n'ont quand
même pas. C'est la responsabilité des communautés de la
rive sud et il est temps, je pense, qu'elles prennent leurs
responsabilités. C'est un problème qui trafne depuis toujours et
il me semble que c'est seulement une tactique pour retarder, encore une fois,
la solution définitive de ce problème-là.
Vous le savez, vous avez eu à faire faire face, de l'autre
côté de la table, à ce problème-là, en 1968.
Nous sommes pris encore dans la même situation. Il y a quand même
une limite à imposer aux chauffeurs de ces autobus-là des
sacrifices épouvantables qu'ils font d'ailleurs depuis des années
afin d'essayer, tant bien que mal, de donner un service qui n'est pas
adéquat à la population.
J'ai écouté, avec énormément
d'intérêt, Me
Bourbeau qui semble être un expert sur les taux de stationnement
à Place Ville-Marie, mais ce n'est pas tout à fait ce genre de
gars-là qui prennent les autobus. Quand on dit qu'il n'y a pas beaucoup
de transport d'une municipalité de la rive sud à une autre, je
pense qu'on fait erreur. Nos chauffeurs d'autobus nous disent qu'il y a
à peu près 30 p.c. du transport qui se fait d'une
municipalité à l'autre. Le pourcentage serait sensiblement
augmenté s'il y avait un service adéquat, ce qui n'est pas le cas
présentement. Cela fait une maudite différence.
Bien sûr, à l'heure des travaillants, le matin et le soir,
la circulation se fait sud-nord et nord-sud, d'accord. Mais, en dehors des
heures des travaillants, il y a quand même toute la population de ces
municipalités-là: les femmes qui veulent aller magasiner et les
enfants. Je ne parle pas du transport d'écoliers, quand je parle des 30
p.c; je parle du transport régulier et normal. Ce chiffre de 30 p.c,
c'est du transport qui se fait sur la rive sud et cela, encore une fois, parce
que le service n'est pas adéquat.
Je pense que, pour une fois, on a un bill qui va régler le
problème et qu'on n'a pas le droit d'hésiter. Si les
municipalités de la rive sud avaient voulu négocier avec la
Commission de transport de Montréal pour combler le déficit
accumulé au cours des années, elles auraient pu le faire. Elles
n'étaient pas obligées d'attendre que le bill 84 soit
présenté; elles auraient pu le faire bien avant.
Encore une fois, je pense que c'est une tactique pour retarder ce qui
aurait dû être fait il y a fort longtemps.
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais simplement faire la
remarque suivante. Le gouvernement est parfaitement conscient du
problème qui existe au sujet du transport en commun sur la rive sud de
Montréal. Il ne s'agit aucunement de retarder la solution de ce
problème. D'autre part, je crois que nous devons en arriver à la
meilleure solution possible.
Or, il n'y a pas une seule solution. La preuve, c'est qu'une commission,
la commission Lacasse, a enquêté pendant plusieurs mois. Elle a
produit un rapport détaillé avec des recommandations bien
spécifiques. Dans ce rapport, justement, on recommande diverses
solutions. Pour démontrer que le gouvernement est conscient, nous avons
déposé à l'Assemblée nationale, avant l'ajournement
pour les vacances d'été, le bill 84, précisément
pour permettre d'entendre des représentations, afin qu'à la
reprise de la session, à l'automne, nous puissions arriver avec un
projet de loi définitif et une solution définitive.
Alors, je veux que ce soit bien clair que le gouvernement est conscient
et qu'il entend prendre ses responsabilités et trouver les solutions le
plus rapidement possible.
M. LABERGE: Nous applaudissons de tout coeur à cette
déclaration. Nous aurons une intervention à faire à notre
tour.
M. TESSIER: Parfait.
M. LE PRESIDENT: La ville de Longueuil.
Ville de Longueuil
M. ROBIDAS: M. le Président, messieurs les membres de la
commission parlementaire, mes collègues de la rive sud, je suis
très heureux, aujourd'hui, de représenter la ville de Longueuil,
au nom de son conseil et de sa population. La délégation qui
m'accompagne est composée de deux membres du conseil, du directeur
général et du conseiller juridique.
Les remarques que je vais vous faire au sujet du bill 84, naturellement,
sont limitées au territoire de la ville de Longueuil, car je n'ai
reçu aucun mandat d'aucune autre municipalité pour me
prononcer.
La ville de Longueuil, comme vous le savez, est composée de
près de 107,000 âmes présentement. Elle couvre un peu plus
de 50 p.c. du territoire urbanisé de la rive sud. Elle est
occupée par une population à revenu modeste et par des personnes
qui n'ont pas toutes des automobiles. Elles doivent naturellement utiliser pour
se rendre au travail, le matin et le soir, le transport en commun. Lorsqu'elles
veulent se rendre à l'hôpital Charles-Lemoyne, par exemple, elles
peuvent même difficilement se servir du transport en commun. Pour votre
information, l'hôpital Charles-Lemoyne n'est pas dans Longueuil. Beaucoup
de citoyens, par commodité, parce que c'est presque impossible de se
rendre à l'hôpital Charles-Lemoyne, se rendent à
l'hôpital Saint-Luc ou à l'hôpital Notre-Dame à
Montréal. Je pense que, lorsqu'on veut développer de façon
normale une collectivité urbaine, il faut la doter des
équipements et il faut aussi que les gens puissent y avoir
accès.
Peut-être que, pour d'autres municipalités, ce n'est pas
important le transport en commun, mais pour nous, à Longueuil, je dois
vous dire, messieurs, que c'est important. C'est aussi important que de fournir
les services d'eau et d'égout, de rues, de pavage, de trottoirs ou
d'éclairage municipal et de parcs.
Dans Longueuil, traditionnellement, et ceci depuis 1932, je pense,
à l'ouverture du pont Jacques-Cartier... Nous avons le
bénéfice d'être servis par la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal maintenant. A l'origine, la ville
de Longueuil avait négocié une entente avec l'ancienne compagnie
de transport de Montréal et nous payions la différence du
coût du billet. Vous vous souviendrez que ce billet n'avait pas de
correspondance. C'était un billet fixe et il y avait même la
partie Montréal-Sud qui était moindre que celle de Longueuil.
Ceci pour vous dire que l'expérience que nous avons eue avec la
Commission de transport de Montréal et la communauté urbaine
était excellente jusqu'alors.
Le fait que, à l'abolition des péages sur les ponts, on
ait uniformé les billets et placé une correspondance a
créé de cette même manière le déficit qui a
été mentionné tantôt. Naturellement, ce
déficit est interprété par la Communauté urbaine de
Montréal comme un déficit, parce que nous sommes
étrangers, si on veut, à la loi elle-même, sauf pour le
transport. C'est l'interprétation en tout cas que donnent le conseil
exécutif et, à sa tête, M. Saulnier.
Par conséquent, on considère que le service qui est
donné dans Longueuil présentement, et qui est très bien
pour le territoire couvert, mais qui, naturellement, ne nous donne pas justice
pour les deux tiers de la ville qui ne sont pas couverts, est
déficitaire. Il est déficitaire, parce qu'on interprète
que seul le billet payé le matin est comptabilisé comme un revenu
et on comptabilise naturellement les autres billets payés dans le
métro ou dans les autres circuits d'autobus à Montréal
comme un revenu pour le transport dans l'île de Montréal.
Alors, il est bien évident que, pour l'administration des
transports, il serait désirable qu'on se limite aux bouches du
métro et là, naturellement, le métro serait très
rentable. Mais il faut quand même que les gens puissent avoir
accès au métro à des conditions qui conviennent aux
budgets les plus modestes C'est un peu notre préoccupation lorsque nous
abordons le sujet du bill 84.
Le bill 84 tel que présenté ne nous satisfait pas, bien
sûr. Voilà pourquoi nous avons fait rédiger un texte dont
vous avez copie, je pense, et qui, pour chacun des articles, a
été modifié selon notre optique. Bien sûr, comme
nous l'avons dit au début, nous n'avons pas de mandat pour parler au nom
des autres municipalités; voilà pourquoi nous disons que puisque
d'autres municipalités ne semblent pas intéressées au
transport, nous sommes intéressés et que, par conséquent,
vous devriez au minimum nous accorder le droit d'organiser le transport au sein
de notre propre ville. Si d'autres municipalités jugent, maintenant ou
un peu plus tard, qu'il serait désirable pour elles de se joindre
à nous, la porte est toujours toute grande ouverte.
Maintenant, les conditions qui sont cependant posées sine qua non
sont les suivantes. C'est qu'au départ la ville ou les villes
concernées contribuent le capital initial et sollicitent naturellement
des deux gouvernements supérieurs une aide financière pour que
cette contribution ne pèse pas trop lourdement sur nos budgets. Disons
que c'est la première condition. Lorsqu'il sera question d'exproprier ou
de payer un dédommagement aux compagnies existantes, une autre condition
sine qua non, c'est qu'on ne paie que la valeur réelle des
équipements. Je pense qu'il est juste que les équipements, tels
qu'ils existent, moins la dépréciation, soient payés. Mais
nous nous refusons catégoriquement, et je voudrais que ce soit bien
compris, à payer pour du capital-actions qui, dans bien des cas, n'a pas
la même valeur que le capital déprécié,
c'est-à-dire les équipements dépréciés. Par
conséquent, c'est une deuxième condition que nous posons.
La troisième est que ce ne soit pas une affaire de politique
municipale. Nous voulons un professionnel du transport. Nous ne voulons pas
voir deux ou trois commissaires nommés par l'un ou par l'autre avec tout
ce que ça comporte de tirage de ficelles. Nous voulons que le
président et directeur général soit un homme de transport,
un technicien, qui serait nommé par vous, messieurs, avec toutes les
chances qu'il y a que ce soit un homme compétent et surtout
indépendant.
Nous voulons que ce monsieur, à qui nous ferons pleine et
entière confiance, possède d'abord, à l'aide d'une
étude que nous suggérons avant d'amorcer naturellement le travail
d'organisation, un dossier technique lui permettant de bâtir dès
le début une série de lignes de communications sur les grandes
artères et qu'il établisse un tarif que nous suggérons,
par exemple, à $0.25, et qui conduirait à divers endroits, mais
plus particulièrement à la bouche du métro à
Longueuil.
Nous souhaitons qu'une entente intervienne pour que nos citoyens
désirant traverser à Montréal puissent, selon les
recommandations du rapport Lacasse-Poisson, acheter un carnet de
correspondance, par exemple, à dix correspondances pour $1,
c'est-à-dire qu'ils pourraient présentement, pour le même
tarif que nous payons sur la rive sud, bénéficier d'un ensemble
de transport bien intégré et qui, selon nous et selon MM. Lacasse
et Poisson, serait rentable, sans même qu'il soit besoin que les
municipalités aient à défrayer le déficit de cette
dite commission.
Disons que c'est le fondement, à peu près, de cette
proposition.
Nous avons inclus un article également l'article 16
qui dit que le président directeur général, s'il le juge
à propos, pourrait demander des soumissions aux transporteurs existants,
qui peuvent être les compagnies privées existantes ou une
compagnie publique, pour obtenir d'eux un prix à l'heure ou au mille
pour, en quelque sorte, donner le service qui est maintenant requis par la
population.
De cette manière, comme le mentionnait le notaire Bourbeau, la
première expérience ne serait pas celle d'acheter des
véhicules qui ne correspondraient peut-être pas aux besoins des
lignes de transport. Je m'explique: dans la rue Sainte-Catherine, à
Montréal, d'immenses véhicules peuvent circuler et voyager
complets à peu près en tout temps. Dans nos rues, surtout sur nos
lignes intérieures, il existe des véhicules de la Commission de
transport qui circulent actuellement et qui reçoivent bien peu de
voyageurs. J'ai personnellement écrit à quelques reprises aux
autorités de la Commission de transport pour leur signaler que sur
certaines lignes nous avions remarqué qu'il y avait bien
peu de voyageurs et que, en ce qui nous concerne, nous, nous ne croyions
pas qu'il était justifié de poursuivre de telles lignes.
Par conséquent, il ne s'agit pas pour nous de dire: Nous voulons
voir circuler de gros autobus dans nos rues. Nous voulons que le service
d'autobus soit un service souple, qui s'adapte aux besoins du territoire
lui-même. Par exemple, lorsque vous entrez dans un territoire urbain
comme le nôtre où il y a, si vous voulez, sur la
périphérie une urbanisation moins dense c'est-à-dire des
maisons unifamiliales distribuées selon des plans d'urbanisme nouveaux,
sur un territoire beaucoup plus grand, nous ne voulons pas que les autobus
circulent dans toutes les rues. Nous voulons qu'il choisissent des axes, des
endroits où les gens pourront marcher une minute ou deux pour se rendre
à l'autobus pour réduire, en quelque sorte, le nombre de milles
à parcourir dans la ville et en même temps rendre plus accessible
le prix du tarif autobus.
En général, c'est un peu ce que comporte notre position.
Je pense n'avoir oublié aucune des clauses qui apparaissent dans le
petit feuillet que vous avez. Il y a également les notes explicatives
qui peuvent vous aider à en prendre connaissance.
Si vous avez des questions je serai très heureux d'y
répondre.
M. LEGER: Je voudrais simplement demander si cet organisme que vous
proposez serait un organisme privé ou s'il relèverait soit de la
ville de Longueuil ou du gouvernement?
M. ROBIDAS: C'est un organisme qui va relever du gouvernement, mais du
type de la communauté urbaine ou un peu comme l'ancienne Commission de
transport de Montréal était organisée où les
municpalités qui en font partie sont consultées une fois par
année lorsque le budget est préparé.
M. LEGER: Est-ce que leur budget devrait être approuvé par
les villes qui auraient à débourser ou si c'est la commission
municipale qui verrait à ce qu'il n'y ait pas de mauvaise
administration?
M. ROBIDAS: Si on s'en tient au texte même, ici, le budget devrait
être également approuvé par le ministre des Affaires
municipales et la Commission municipale de Québec. Par
conséquent, si le président directeur général
réussit à donner un service sans qu'il y ait de contribution des
municipalités, il ne se pose aucun problème pour obtenir
l'adoption d'un tel budget. Toutefois, si, pour une raison ou pour une autre,
il s'agit d'une contribution des municipalités, c'est là que se
pose le problème de l'adoption d'un budget. Voilà pourquoi nous
croyons que les municipalités membres devraient d'abord s'engager, une
fois que le budget est adopté, à contribuer à ce
budget.
J'ai présidé, pendant quelques années, la
Commission intermunicipale de la rive sud et je dois vous dire que tant que les
maires se rencontrent sur le plan social il n'existe aucun problème. Il
en existe le jour où il faut faire partager une contribution entre les
villes et il arrive même parfois qu'après l'approbation des maires
les conseils refusent de contribuer. Voilà pourquoi la sanction de la
loi doit exister, c'est-à-dire qu'il doit y avoir un mécanisme
d'adoption du budget un peu comme celui de la Communauté urbaine de
Montréal. Si, par exemple, le 15 décembre les
municipalités n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le budget,
automatiquement il est adopté. Effectivement, les municipalités
paient la contribution. Sinon, on risque de se rendre bien loin dans le temps
avant qu'une décision ne soit prise.
M. LEGER: Vous voulez dire par là avant qu'un budget soit
adopté. Mais au cours de l'année, s'il survient des
déficits parce qu'il y a eu des impondérables, à ce
moment-là quelle serait la formule des responsabilités de chacune
des municipalités concernant le paiement de ce déficit?
M. ROBIDAS: Il n'y aurait aucune dépense si notre texte
était accepté tel quel additionnelle au budget admise par
les municipalités. Si le président directeur
général prévoit ou constate qu'il y aura déficit
parce qu'il y a une nouvelle négociation, par exemple, de convention
collective de travail imprévue, il lui appartient de convoquer les
municipalités, de faire adopter un budget additionnel et à ce
moment-là ce budget devient force de loi. Si toutefois il y a des
difficultés, la loi pourrait prévoir l'adoption automatique d'un
tel budget.
M. LEGER: Mais chaque ville a quand même dans le projet de
loi qu'on a actuellement je voyais qu'on avait établi le vote selon la
population, soit un vote par mille habitants, ce qui équivalait à
peu près à 216 votes, répartis ainsi: 100 pour Longueuil,
19 à Boucherville, 19 à Brossard. Est-ce que vous prendriez un
système analogue ou celui-là pour répartir la base de
responsabilité des villes?
M. ROBIDAS: Disons que l'expérience acquise à la
communauté urbaine de Montréal est quand même
appréciable. Vous avez maintenant deux années complètes
d'exploitation. Le vote du 1 par 1,000 s'est avéré logique dans
les circonstances. Je pense que c'est difficile de faire mieux que cela. Je
pense que, lorsque vous représentez 107,000 de population, il est normal
que vous ayez 107 votes. S'il y en a qui représentent 3,000, il y aura 3
votes. S'il y en a qui en représentent 36, il y aura 36 votes. On verra
au total.
M. LEGER: Est-ce que, tel que l'article 25 le proposait, vous êtes
d'accord avec le genre de vote qui vous donne quand même une
minorité à l'intérieur de cela?
M. ROBIDAS: Naturellement nous ne sommes pas d'accord et nous l'avons
dit à plusieurs reprises. Je pense que les petites municipalités
craignent tout le temps la grande municipalité; les petites craignent la
grande. Il va de soi qu'une municipalité comme Longueuil, qui est au
centre du problème, doit prendre des initiatives, et surtout lorsqu'elle
est mieux équipée que d'autres, il est normal qu'elle fasse
bénéficier les municipalités environnantes de la
qualité de ses services. Or pour arriver à cet état de
choses, il faut qu'elle puisse avoir une voix suffisante au chapitre pour, en
quelque sorte, doser ses engagements. A titre d'exemple, voyez-vous les villes
environnantes condamner la ville centrale à fournir des services qu'elle
ne peut pas fournir? C'est arrivé déjà et cela cause des
préjudices très sérieux. Par conséquent, nous
souhaitons que soit respectée cette règle qui est admise par la
Communauté urbaine de Montréal, à savoir le vote par 1,000
de population.
M. LEGER: Est-ce que cela veut dire que le texte que vous nous avez fait
parvenir équivaut à présenter une série
d'amendements au bill 84, tel quel, ou à présenter un autre
projet de loi tel que vous le présentez ici?
M. ROBIDAS: Non, c'est le bill 84 tel que présenté que
nous voudrions faire modifier.
M. LEDUC: M. Robidas, au sujet de votre parc industriel, est-ce
qu'actuellement le service de transport en commun est bon?
M. ROBIDAS: Il est tellement mauvais que nombre d'industries qui,
présentement, souhaiteraient s'y installer, sont contraintes soit d'y
établir des parcs de stationnement de 1 place d'automobile par nouvel
employé, soit tout simplement de s'en aller ailleurs, parce que le
service d'autobus actuel pour le parc industriel n'est pas bon. On a
mentionné tantôt que le citoyen d'autres villes n'était pas
intéressé au transport.
Il y a quand même à Longueuil une population
intéressante qui vient de l'extérieur pour travailler, pour y
vivre, pour gagner sa vie. Ces gens-là se plaignent présentement
qu'ils n'ont pas de moyens de communication pour se rendre chez nous. Par
conséquent, je crois que si la réussite doit être une
entité urbaine unifiée, il faut qu'elle ait également un
réseau de transport unifié. Tantôt on a mentionné
que 30 p.c. des gens circulent par autobus. Pour vous donner un exemple, dans
le réseau actuel, une personne qui partirait du quartier extrême
sud de notre ville pour se rendre à l'hôpital Charles-Lemoyne, une
distance qui couvre à peu près moins de 3/4 de mille, doit
prendre trois ou quatre autobus actuellement et cela lui coûte un ou deux
billets, soit un billet de $0.25 et un billet de $0.35 et cela lui prend une
heure et demie pour se rendre à l'hôpital Charles-Lemoyne. C'est
certain que s'il n'y a que 30 p.c. des gens qui circulent entre les villes,
c'est parce que c'est loin d'être favorable.
Je pense que ces trois quarts de mille, on aurait tôt fait de les
marcher à pied plutôt que de prendre un autobus qui fait le tour
de la ville. C'est ça le problème présentement. Ce n'est
pas pour rien que nous avons attaqué le sujet à l'intention de
nos citoyens. Une autre remarque que je souhaiterais faire également,
c'est que nous avons reçu des statistiques précises de la
Société centrale d'hypothèques et de logement et d'autres
propriétaires de maisons de rapport. Elles nous disent que, sur les
lignes d'autobus de la Commission de transport de Montréal, on obtient
jusqu'à 20 p.c. de plus de loyer mensuel en valeur qu'un logement
identique et que le taux de non-location peut aller jusqu'à 40 p.c. dans
les zones où il n'y a pas de transport adéquat.
Il est bien évident que, si vous demandez aux gens qui ont
acheté un bungalow et qui ont une automobile, ils vont vous dire: Moi,
je n'ai pas de problème de transport, je pars tous les matins avec mon
auto et je reviens tous les soirs. Mais la femme qui veut sortir faire les
courses, on n'y pense pas et on ne pense pas non plus aux enfants qui doivent
sortir à l'occasion pour se rendre à diverses activités.
On oublie aussi qu'il faut parfois qu'ils se rendent à l'hôpital,
pas lui, mais les autres membres de la famille.
Je pense donc qu'il y a un certain égoisme à ce
niveau-là et il nous appartient à nous d'intervenir,
particulièrement à Longueuil, qui sommes touchés parce que
la population de notre ville, je l'ai dit tantôt, a un revenu
peut-être plus modeste que celui d'autres villes environnantes. A cause
de cela, nous devons donner à ces gens-là les moyens de se
véhiculer et aussi d'occuper les maisons qui ont été
construites. Actuellement, en effet, nous avons le plus fort taux de
construction dans la ville et, à défaut d'avoir un service de
transport adéquat, il y a des zones complètes qui vont voir se
freiner leur développement.
Par conséquent, le conseil de Longueuil pose un geste positif
dans le sens du transport. Même si ça devait coûter
éventuellement quelques sous, c'est un investissement qui est
très valable, très justifiable.
M. LEDUC: Merci, M. Robidas.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le maire de la ville de Longueuil.
Je demanderais maintenant les représentants de la ville de
Boucherville.
Ville de Boucherville
M. LANGLOIS: M. le Président, M. le ministre des Affaires
municipales M. Tessier, j'aimerais saluer mon député, M.
le ministre Cournoyer MM. les députés, messieurs, mon nom
est Clovis Langlois, maire de la ville de
Boucherville. Je suis accompagné ici de deux de mes
collègues, MM. Provost et Létoumeau.
Vous avez devant vous le rapport, c'est-à-dire ce que nous avons
cru pouvoir constituer certaines corrections au bill 84, à cette loi qui
permettrait enfin aux municipalités de la rive sud d'avoir l'outil
nécessaire pour créer une commission de transport.
Je suis, comme je le dis, représentant de Boucherville. Vous
connaissez sans doute cette ville, qui est située à
l'extrémité sud du pont-tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine, face
à Montréal, voisine de la ville de Longueuil; nous sommes
près de 20,000 habitants. Il y a à peine dix ans nous
n'étions que 6,000 ou 7,000, et je crois que, si nous voulons penser
à continuer de grandir, c'est justement ce qu'il nous faut, le transport
en commun. Je crois aussi qu'au point de vue de l'administration municipale, je
veux respecter mes collègues des cinq villes qui ont
présenté le rapport, que nous avons des dettes que nous avons
consolidées, et qui sont assez élevées, mais je crois
justement que, si nous voulons que ces dettes diminuent au lieu d'être de
40 p.c. 45 p.c. 47 p.c. 50 p.c. 52 p.c, ça arrivera, à mon sens,
quand nous aurons des maisons multi-familiales peuplées par des gens qui
ont justement besoin de transport en commun. Je crois que nous avons, toutes
les villes de la rive sud, capitalisé énormément dans le
but justement de grandir, de recevoir plus de population.
Ce qui, à mon sens, a empêché justement cette
construction ou ces gens de venir sur notre territoire, c'est d'abord le
coût. Nous avons, dans à peu près toutes les villes, un
certain transport qui n'est pas adéquat, mais il y a aussi le coût
qui est trop élevé. Il y a aussi le manque de bons services.
Là, je veux dire que si par hasard nous avions un bon transport à
un prix raisonnable... Je prends l'exemple chez nous. On a parlé d'un
centre civique dont je suis très orgueilleux. Cela a coûté
des sous, c'est bien vrai. On n'en a pas parlé, mais, nous avons
construit à Boucherville une conduite d'eau de 24 pouces nous
achetons l'eau de la ville de Longueuil cela a coûté
$400,000. Nous avons construit un réservoir pour conserver cette eau.
Cela a coûté encore $400,000. Tout ça pour vous dire que
si, aujourd'hui, on bâtissait, disons, 500 maisons à logements
dans Boucherville, qu'est-ce qu'il en coûterait de plus au point de vue
de la capitalisation? A mon sens, zéro. Je suis prêt, la ville est
prête à recevoir 25,000 à 30,000 âmes et nous n'avons
pas de capitalisation à faire.
Nous aurions peut-être un ou deux employés à
l'administration, un ou deux employés à la Voirie, mais pas de
capitalisation et ma dette consolidée, qui est aujourd'hui de 45 ou de
46 pourrait se réduire à 42 ou 43. C'est justement là
notre problème, à mon avis. Et ça, je crois qu'on peut le
prouver en tout temps.
Maintenant, messieurs, mes collègues et moi-même, ainsi que
le bureau de nos conseil- lers juridiques, le bureau de Lacroix, Hébert,
Bélanger, et nos offficiers, nous avons passé quatre heures pour
regarder très sérieusement le bill. Nous avons ici quelques
modifications. Si vous me le permettez, M. le Président, je ferai
lecture je ne crois pas que ce soit très long de ce
mémoire et des quelques observations que nous faisons à la loi
présentée actuellement.
Messieurs, depuis plus de dix ans, les municipalités de la rive
sud se sont rencontrées à maintes reprises dans un organisme qui
s'appelait la Commission intermunicipale de la rive sud, afin de trouver des
solutions communes à des problèmes communs, dont le transport en
commun, sujet qui a attiré plus régulièrement l'attention
des représentants des différentes municipalités.
L'organisation du transport en commun est, dans notre opinion, une des
clés de voûte de tout le développement du territoire de la
rive sud et ce, plus particulièrement, dans un développement
industriel valable pour les municipalités et leurs
administrés.
Ce développement industriel est vital pour nos
municipalités et assure un mieux-être à toute la
population. Le transport en commun permet aux citoyens de surmonter la distance
qui a toujours constitué une barrière au développement
social et culturel des hommes de même que leurs progrès
économiques.
Il suffit d'une grève dans le transport public pour constater
l'impact qu'une telle organisation peut avoir dans la vie de tous les jours et
démontrer jusque dans quelle mesure toute la population profite du
transport communautaire et ce plus ou moins directement. La ville de
Boucherville juge que le projet de loi no 84 est opportun pour satisfaire aux
besoins de la rive sud et nous satisfait pour l'ensemble de ce projet.
L'étude qu'il nous a été possible de faire, bien que
sommaire, nous permet de vous faire les recommandations suivantes:
Le tarif: Que l'article 48 du projet de loi soit modifié pour
prévoir que les tarifs devront être uniformes sur tout le
territoire. Tel que le mentionnait le mémoire de la ville de
Québec, au comité d'étude sur le transport en commun dans
la région métropolitaine de Québec: "Toutes les
difficultés du transport en commun sont là et il est impossible
pour les usagers du transport en commun d'assumer seuls le coût de ce
service qui entraîne la désaffection et partant, une baisse de
revenus consécutive à la perte d'achalandage et l'augmentation du
tarif chargée à l'usager." Dans l'application d'un tarif
uniforme, il y a l'application du principe de justice distributive qui ne peut
être ignoré dans une société du XXe
siècle.
Le budget: Le 4e paragraphe de l'article 55 devrait, pour nous,
être modifié pour dire qu'un conseil municipal peut en appeler
auprès de la Commission municipale de ce budget si le budget n'a pas
été adopté avant le 15 décembre, tel que
mentionné au paragraphe précédent. Ceci remplacerait les
trois membres du conseil de la Commission du transport de la rive sud
qui peuvent, suivant la loi, s'adresser à la Commission
municipale.
Le 6e paragraphe devrait être modifié pour se lire: Elle
peut confirmer le budget ou le modifier, en rayant les mots: "Elle ne peut,
cependant, modifier le budget que si elle est convaincue qu'il comporte un
préjudice sérieux pour les contribuables."
Les membres de la Commission municipale de Québec sont des gens
responsables et qui se doivent de surveiller le bien général des
contribuables des différentes municipalités.
Pourquoi leur imposer par la loi une condition qui est excessivement
difficile à évaluer?
Le déficit: La répartition du déficit entre les
municipalités suivant les critères mentionnés à
l'article 62 devrait pouvoir faire l'objet d'appels à la Commission
municipale par une ou plusieurs des municipalités concernées.
Emprunt: L'article 66 devrait être modifié pour
prévoir que les règlements d'emprunt de la commission sont
décrétés sur approbation du conseil et que la lecture d'un
tel règlement devrait être précédée d'un avis
de dix jours.
Nous sommes d'opinion que le conseil se doit de pouvoir discuter et
approuver les règlements d'emprunt nécessaires à
l'opération de la Commission de transport puisqu'il y va de toutes les
implications financières de la commission. Par contre, les
modalités de l'emprunt à être fixées suivant
l'article 67 devraient être la responsabilité de la commission
seulement.
La signature des obligations: L'article 71 devrait prévoir que le
président et le secrétaire signent les obligations.
L'article 72 devrait permettre l'utilisation du fac-similé de la
signature du président et du secrétaire sur telles
obligations.
Le transport des écoliers: Nous croyons que les contrats de
transport d'écoliers prévus au paragraphe 3 de l'article 76 ne
devraient pas faire l'objet de contrats facultatifs entre la commission et les
commissions scolaires, mais devraient être inclus au service
régulier de la commission de transport et ce à tarif uniforme
spécial pour les écoliers, tel que le mentionnait le rapport sur
le transport en commun de la rive sud préparé par MM. Lacasse et
Poisson. "Seule, l'intégration de ces services, en particulier celle du
transport des écoliers, peut assurer à l'entreprise une
période plus longue de rentabilité. Si elle n'est pas faite, il
s'ensuivra une hausse du tarif du transport, une diminution du service et
enfin, un déficit chronique qu'il faudra combler à même le
revenu des taxes des contribuables."
Infraction: Le troisième paragraphe devrait être
corrigé pour dire: "Cependant dans le cas de récidive dans les
douze mois de la date de la dernière offense" au lieu de dire: "la
première offense."
Cour municipale: L'article 81 devrait mentionner toute cour ayant
juridiction sur le territoire, et ceci dans l'optique de la réforme des
tribunaux que le gouvernement du Québec est à opérer.
Subsides: L'organisation d'un transport commun adéquat
répondant aux besoins de la population est bénéfique, non
seulement aux territoires ainsi desservis mais également
bénéfique aux territoires de toute la province.
La croissance des usagers du transport en commun amène une
diminution des véhicules automobiles en circulation dans le
réseau routier concerné. Suivant le tableau no 1, dans le
mémoire de la ville de Québec, les autoroutes urbaines offrent
une capacité, par piste de roulement, de 2,000 véhicules à
l'heure et une capacité pratique de 4,000 personnes à l'heure,
alors que le service de transport en commun permettrait une capacité
pratique d'environ 12,000 à 18,000 personnes.
Ceci démontre l'importance économique que peut avoir
l'organisation d'un transport en commun sur un réseau routier,
permettant à la province de réaliserdes économies
substantielles de capitalisation et d'administration dudit réseau
routier sous sa juridiction.
De plus, si le service de transport en commun est utilisé par les
étudiants fréquentant nos divers niveaux scolaires, le
trésor provincial sera appelé à verser des subsides
inférieurs aux commissions scolaires, tant locales que
régionales, si celles-ci n'ont pas à octroyer de contrats pour le
transport de leurs écoliers.
En conséquence, messieurs cette partie est très
importante nous sommes d'opinion qu'il ne serait que juste et
raisonnable que le gouvernement du Québec contribue pour 50 p.c. des
frais de capitalisation et d'immobilisation encourus par la Commission de
transport de la rive sud au cours des cinq premières années
d'opération.
Voilà, messieurs, brièvement les quelques modifications
mineures que la ville de Boucher-ville juge opportun de suggérer
à la commission parlementaire à être apportées au
projet de loi présenté sous le bill 84 et ce dans le plus grand
intérêt des contribuables de la rive sud.
Vous remerciant de l'attention que vous porterez à nos demandes,
nous demeurons, bien à vous, Clovis Langlois, maire et
représentant de la ville de Boucherville. Merci, messieurs, d'avoir bien
voulu m'écouter. Si vous avez des questions, j'aimerais...
M. TESSIER: Moi, je n'ai pas de question, M. le Président. Je
tiens à remercier le maire de Boucherville de son exposé et
l'assurer que nous tiendrons compte des différentes suggestions qui ont
été faites dans son mémoire.
M. LEDUC: M. Langlois, votre parc industriel, est-ce qu'il serait en
meilleure santé s'il y avait un bon système de communication, de
transport ou est-ce qu'il est en excellente santé parce qu'il y a un bon
système de transport?
M. LANGLOIS: M. le député, vous touchez un point assez
crucial, parce que si j'avais apporté une copie de lettre... Je suis
à négocier
avec une industrie présentement et j'ai dû, pour tenter de
la convaincre, l'assurer que nous aurions un transport en commun, parce que la
compagnie est au courant de ce projet de loi. Vous savez, les industriels, tant
qu'ils ne voient pas tout comme nous, d'ailleurs, quand c'est quelque
chose qu'on ne peut pas palper et voir ils ne croient pas.
Alors, nous avons pris sur nous, imaginez, la ville de Boucherville
évidemment, si nous avons l'autorisation de la Régie des
transports d'assurer, suivant une dépense quelconque, un
transport en commun entre le parc industriel de Boucherville et le métro
de Longueuil. Ce qui veut dire qu'il est certain que nous souffrons
énormément de ne pas avoir les industries. Encore une fois, on
parle de capitalisation. Si cette industrie s'établissait chez nous ce
serait un investissement de $1,500,000. Cela veut dire quoi, en revenus? Cela
veut dire exactement, scolaire et municipal ensemble, de $40,000 à
$50,000 de revenus, pour coûter quoi de plus à la
municipalité? Je me le demande. Ces $40,000 à $50,000 et le
million et demi que j'ajouterais à mon évaluation actuelle, bien,
c'est par là que peut-être je diminuerais ma dette
consolidée qui, au lieu d'être 46 ou 47, tomberait peut-être
à 44.8. C'est là que je dois, pour vous répondre je
ne sais pas si je suis clair vous dire que c'est assurément
essentiel. C'est toujours la première question qu'on nous pose lorsqu'on
vient nous voir pour parler d'industrie. Pour le transport en commun, qu'est-ce
que vous entendez faire? Quand allez-vous entrevoir un transport en commun?
M. LEDUC: Merci, M. Langlois.
M. BERTHIAUME: Je m'excuse, M. Langlois. On a un peu le même
problème chez nous concernant le parc industriel. Maintenant, j'aimerais
certainement avoir vos réactions à des commentaires qui m'ont
été faits par des gens de Brossard concernant ce problème,
et c'est la même réaction qu'ils obtiennent des industriels qui
pourraient venir s'y installer.
D'accord que le parc industriel de Brossard, à l'heure actuelle,
est vide. Il n'y a rien dedans. Pourtant, le terrain n'est pas cher compte tenu
des conditions qu'offre la municipalité, mais on se demande et je
transmets, disons, ces observations pour vos commentaires si le
problème du transport en commun dans la région peut
réellement régler le problème. Je ne connais pas
très très bien la ville de Boucherville. J'y passe de temps en
temps, mais je ne suis pas de Boucherville. A Brossard, à Saint-Lambert
et dans cette région, si on regarde les revenus des gens qui y sont
installés, comme je le disais tantôt, il est très peu
probable que ces gens travailleraient dans les parcs industriels qu'on pourrait
installer à Brossard et je me demande si, à Boucherville, ce ne
sera pas quelque chose de semblable. Je pose la question pour comprendre un peu
mieux, disons, à l'autre bout, si vous voulez, de la rive sud...
M. LANGLOIS: Est-ce que vous voulez tenter de savoir les secrets que
j'utilise pour avoir des industriels chez nous? Voici, M. le
député, sérieusement, c'est que oui, je dirais...
Evidemment, vous me dites que cela réglerait toute l'affaire
industrielle et que c'est pourquoi nous n'avons pas plus d'industries. Je ne
suis pas prêt à dire cela. Qu'on fasse ce que l'on voudra, il y a
toujours quelque chose qui manque. La perfection, on m'a toujours appris que
c'était difficile à atteindre. Par contre, je dois vous dire que
je crois que c'est une des raisons majeures, aussi bien à Brossard,
comme vous dites, que je respecte. J'ai siégé, comme vous savez,
depuis vingt ans, sur la rive sud, au conseil. J'ai fréquenté
tous les maires qui y sont passés et je crois que cela a toujours
été un des problèmes. Je peux vous dire que j'ai
déjà perdu à Boucherville un industriel qui demandait 200
personnes à salaire moyen, de simples ouvriers et justement, il n'est
pas venu parce qu'il craignait de ne pouvoir trouver les employés parce
qu'il n'y avait pas moyen, justement, de les amener là. Il s'est
établi sur l'île de Montréal.
M. BERTHIAUME: Oui, sur l'île de Montréal...
M. LANGLOIS: Je ne sais pas si je réponds à votre question
mais assurément, à mon sens, cela aiderait
énormément pour les parcs industriels parce que nous avons le
terrain, nous sommes à proximité de Montréal, comme vous
le savez. Pourquoi n'avons-nous pas d'industries chez nous? Dites-moi
pourquoi?
On a les services, on a les routes, on a tout ce qu'il faut, mais on n'a
pas le transport en commun et c'est un des grands problèmes. Ce n'est
pas le seul, cependant.
M. BERTHIAUME: Quelle proportion de votre population est
ouvrière?
M. LANGLOIS: Je vous remercie de me remettre un peu sur la piste. Tout
à l'heure, je vous écoutais, ainsi que mes collègues des
cinq villes. Moi, j'ai toujours appris qu'administrer, c'est planifier. Je suis
d'accord avec vous que, présentement, les 20,000 âmes qu'il y a
à Boucherville n'ont peut-être pas un besoin immédiat de
transport. Mais, si je prévois un peu pour cinq, dix, quinze ans, je
sais que ce sera bénéfique pour ces personnes et leurs enfants,
dès maintenant, de penser à grandir, parce que la roue est partie
sur la rive sud. Or, quand c'est parti, ça ne s'arrête pas
facilement. Si on l'arrête, on en souffre comme présentement.
Justement j'y reviens encore une fois si on veut continuer
à avoir de la construction et de l'industrie sur la rive sud, bien qu'on
n'en souffre peut-être pas nécessairement dans le moment et que la
population actuelle n'en souffre peut-être pas énormément,
si on veut attirer la population qui pourrait nous aider
présentement, il faut le transport en commun. Je ne sais pas si
je réponds à votre question.
M. BERTHIAUME: Je comprends très bien votre point de vue
là-dessus. Je comprends Longueuil encore plus, par exemple, parce que,
comme le disait le maire Robidas tantôt, ce sont des gens à revenu
modeste. Ils ont réellement un problème sérieux et ils
doivent y voir. Je suis d'accord là-dessus.
Mais je reviens sur ce que je disais tantôt: Si on veut changer le
caractère résidentiel actuel soit de Brossard, de Saint-Lambert
ou de Boucherville également, je n'ai pas d'objection au principe, mais
je me posais la question: Est-ce que les gens qui y sont résidants
à l'heure actuelle et qui y sont venus à cause de son
caractère consentent à faire un changement?
Par exemple, si à l'heure actuelle la moyenne de salaire est de
$12,000, disons je prends un chiffre en l'air et si, dans vingt
ans, la moyenne de salaire reste à $12,000, compte tenu de l'inflation
et de tout ça, à ce moment-là, on a changé le
caractère, ce qui n'est pas nécessairement mauvais. Je ne suis
pas opposé à ça en principe, mais il faut se rendre
compte, quand même, de l'effet de nos gestes si nous voulons stimuler le
caractère industriel de nos villes. Je pense que les gens qui y sont et
les conseils municipaux doivent se poser la question: Est-ce que c'est
ça que nos gens veulent?
M. LABERGE: On ne veut pas gâter la ville avec les
travailleurs!
M. BERTHIAUME: Remarquez bien que je ne porte pas de jugement.
M. LABERGE: Cela salirait la place s'il y avait des travailleurs!
M. BURNS: Cela va salir la place!
M. LANGLOIS: Ce que vous voulez dire, M. Berthiaume, c'est que,
plusieurs villes voisines de Montréal ont eu un développement
formidable des années 1962 à 1967 et même dans votre
comté. Vous avez sans doute remarqué que, depuis 1967, cela a
diminué énormément le bungalow à $15,000. Le
bungalow de $15,000 dans le temps, aujourd'hui, il coûte $25,000. Ce que
je veux dire par là, c'est qu'aujourd'hui on ne peut pas s'attendre
à une grande évolution de la construction parce que ce n'est plus
à la portée d'assez de gens; c'est trop dispendieux.
Alors, qu'est-ce qu'on a à faire? Je ne sais pas, moi; je vois
ça comme ça. Il faut se retourner et tenter de fournir des
maisons à un prix abordable. Je reviens encore à la maison
multifamiliale, parce que c'est insensé de croire qu'on peut faire une
ville avec uniquement des bungalows de $25,000, $30,000 ou $40,000. Je crois
que ça prend un mélange de "multi" et d'industriel dans une ville
si on veut vivre, si on ne veut pas être étouffé.
Là, encore, je veux bien respecter les gens qui sont partis
d'ailleurs pour venir demeurer à Boucherville et qui ont leur maison de
$25,000. Ce sont des gens qui présentement ne souffrent pas du
transport. C'est vrai qu'ils n'en souffrent pas. Mais, en même temps, il
faut qu'ils pensent que, s'ils veulent continuer à demander et à
vouloir tous les services qu'ils exigent de nous, les administrateurs, s'ils
n'ont pas l'aide d'autres personnes, ça va coûter cher et
ça va forcer pour payer à quelque part. Je pense bien que vous me
donnerez raison là-dessus, M. Berthiaume.
Si à Longueuil, dans les trois dernières années
cette année, c'est repris un peu chez nous on a eu une
baisse de la construction vous avez un point sur la rive sud où
cela a continué quand même c'est parce que la commission de
transport y a un service d'autobus à un prix raisonnable. Je pense bien
que je ne me trompe pas en affirmant cela. Pour ce qui est des autres villes de
la rive sud, la construction a ralenti, a diminué. Le seul point qui a
grouillé c'est celui où c'était possible d'avoir des
moyens de transport à un prix raisonnable.
M. BERTHIAUME : Je vous remercie.
M. SEGUIN: Ne pensez-vous pas que c'est le changement de gouvernement
qui aurait pu faire le changement?
M. LANGLOIS: Mon cher M. le député, je n'ai pas saisi tout
à fait votre question, le changement de gouvernement qui...
M. SEGUIN: Vous ne pensez pas que cela peut avoir influencé un
peu le retard qu'il y a eu en 1966?
M. LANGLOIS: Cela, écoutez... M. SEGUIN: Quel article?
M. LANGLOIS: On ne sait jamais, M. Séguin. On ne sait jamais. Je
n'ai pas employé tout cela encore. Il peut arriver des coincidences dans
la vie, il y en a qui sont heureuses, d'autres qui sont malheureuses.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez simplement constaté, M. le
maire, qu'il y a plus de chômeurs qu'il y en avait.
M. LE PRESIDENT: Modérez vos transports. Comme il n'y a pas de
question de la part des députés, nous vous remercions, M.
Langlois.
M. LANGLOIS: Merci, M. le Président, messieurs, au nom de mes
collègues et des membres de mon conseil. Et là-dessus, je dois
dire que ce rapport est tout à fait unanime de la part des sept membres
du conseil chez nous ainsi que de nos conseillers juridiques. Merci encore,
mes-
sieurs, d'avoir bien voulu m'entendre. Au revoir.
M. LE PRESIDENT: Maintenant, la parole est au représentant de
Saint-Hubert et de Laflèche, M. Boileau.
Saint-Hubert et Laflèche
M. BOILEAU: M. le Président, messieurs les députés,
je représente actuellement les villes de Saint-Hubert et de
Laflèche qui comprennent une très grande partie du territoire
à desservir par la Commission de transport. Je représente une
population d'environ 40,000 habitants.
Je crois que ce qui a été mentionné à
plusieurs reprises et souligné par le maire de Boucherville, en partie
par le maire de Longueuil, sont des points auxquels il faut se rattacher.
J'entendais l'exposé du représentant de Saint-Lambert: en 1968,
Saint-Lambert, Jacques-Cartier, Saint-Hubert ont adressé une demande et
même des résolutions avaient été adoptées
pour demander un bill privé créant la Commission de transport sur
la rive sud. Les services de Me Brissette avaient été requis. Or,
dès 1968, nous étions conscients du problème du transport
en commun pour le développement économique de la rive sud. Je
crois que c'est le point critique, le point essentiel pour le
développement économique de la rive sud. Je crois qu'il est temps
que les municipalités ou les représentants municipaux de la rive
sud prennent, dans leurs propres mains, leur destinée et leur propre
développement économique.
Il faudrait éviter, comme le mentionnait M. Laberge, d'apporter
ou d'essayer d'apporter des faits nouveaux pour retarder la mise en place de ce
transport. L'étude Lacasse-Poisson est venue justement à la suite
des démarches faites par Saint-Lambert, Jacques-Cartier et Saint-Hubert
en 1968. Nous avons besoin du transport en commun, non seulement au point de
vue industriel mais autant au point de vue commercial. Les riverains, les
habitants de la rive sud, ont toujours été dirigés vers
Montréal. L'économie de la rive sud a toujours été
dirigée vers la grande ville de Montréal et, indirectement, nous
avons perdu beaucoup de revenus provenant de la taxe de vente.
Il est plus facile, dans la très grande partie du territoire de
la rive sud, de se déplacer vers Montréal que sur la rive sud.
Alors, les ménagères, les familles vont prendre les moyens de
communication pour se rendre à Montréal magasiner et les
commerçants de la rive sud en souffrent et, indirectement, les
muncicipalités perdent un montant assez considérable en taxe de
vente.
Si on prend les suggestions car il faut étudier au complet
soumises tantôt de retenir les services de la CTCUM, si on
remarque dans le rapport de M. Lacasse, le coût horaire de cette
commission est plus dispendieux que le coût des compagnies privées
desservant actuellement la rive sud.
Si tel avait été le désir des municipalités
de subventionner des compagnies privées, à ce moment-là,
on aurait pu le faire dès 1968. Si ma mémoire est bonne, je crois
que le coût horaire de la Commission de transport de Montréal
était de $12.50 l'heure et je crois que pour Chambly Transport,
c'était environ $10 l'heure. Pour les muncipalités ce serait
quand même moins coûteux de subventionner l'entreprise
privée, mais je ne crois pas que ce soit là une solution finale
au problème que nous connaissons sur la rive sud.
Tantôt il a été questionde parcs industriels. A
Saint-Hubert, nous avons vécu l'expérience. Nous avons perdu des
compagnies assez importantes, justement à cause du transport en commun.
Nous comptons actuellement dans notre territoire environ 57 industries, dont 35
dans nos parcs industriels. Ce ne sont pas des industries de très grande
importance peut-être, mais nous en avons perdu d'assez importantes. Le
point a été soulevé et le point critique a
été la Commission de transport. Je crois et j'endosse ce que M.
Langlois mentionnait. Nous sommes en faveur de la formation d'une commission de
transport autonome sur la rive sud, quitte à modifier nous avons
sûrement quelques petites suggestions à apporter pour faire
modifier le bill mais je crois à l'idée que la rive sud a
besoin d'un seul réseau pour toute la rive sud et d'une commission de
transport autonome. Je vous remercie de m'avoir écouté; s'il y a
des questions, je suis à votre disposition.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Boileau. Est-ce que les membres de la
commission auraient des questions à poser au représentant de
Saint-Hubert et Laflèche?
M. LEDUC: Oui, M. le Président. Votre parc industriel, M. le
maire, est-ce qu'il est en bonne santé? Est-ce que vous avez des
problèmes de transport? Comment se développe-t-il face au
transport en commun?
M. BOILEAU: Nous avons, comme je le mentionnais tantôt, de gros
problèmes. Nous avons assurément perdu des industries à
cause du manque de transport en commun, non seulement au niveau du parc
industriel, mais on en discutait tantôt même au
niveau du personnel. Nous avons des employés qui viennent des villes de
Lemoyne, Saint-Lambert; le seul moyen de communication à leur
disposition est la voiture. Les constructeurs, comme le mentionnait M. Langlois
tantôt, avant de vendre une maison, doivent s'assurer que l'acheteur a
une voiture. C'est un problème qui englobe tout le développement
de la rive sud, résidentiel et industriel. Nous avons deux parcs
industriels. Avec les moyens que nous avons, nous sommes encore chanceux
d'avoir attiré des industries. Mais surtout pour l'industrie
d'envergure, c'est un problème, le transport en commun, qui
empêche le développement industriel.
M. LEDUC: Merci.
M. LE PRESIDENT: Très bien, merci. La Commission de transport de
la Communauté urbaine de Montréal. Est-ce que vous avez quelque
chose à ajouter, Me Raymond?
M. RAYMOND: Je n'ai rien à ajouter, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Très bien. Chambly Transport.
Chambly Transport
M. LACOSTE: M. le Président, messieurs les ministres, je me nomme
Roger Lacoste. Je suis le procureur de Chambly Transport et je suis
accompagné par M. Charles Sénécal, président de
Chambly Transport, et de ses deux fils, Claude et Roger Sénécal.
Les problèmes du transport sur la rive sud, la compagnie Chambly
Transport les connaît, car M. Sénécal exploite sa compagnie
dans ces villes depuis 1946. M. Sénécal a toujours
été et est encore disposé à coopérer au
progrès dans toute la mesure du possible. Mais il s'agit d'une
entreprise privée et il lui est impossible d'assumer des déficits
de l'ordre dont il a été question pour la Commission de Transport
de Montréal sur le territoire de Longueuil.
Aussi, mes remarques se borneront à la prise de possession de la
compagnie Chambly Transport, si la commission est formée, et nous sommes
d'avis que l'article 39 du bill est incomplet. Il faudrait bien
déterminer ce qu'il advient au cas où il y aura entente ou
expropriation de la compagnie Chambly Transport. Nous proposons d'adopter un
texte semblable à celui qui a déjà été
inclus dans le bill de la Communauté urbaine de Québec et qui se
lit dans le papillon que je vous ai fait passer: "La commission de transport ne
peut exploiter aucun service de transport en commun dans le territoire
actuellement desservi par Chambly Transport Inc, sans acquérir de
gré à gré ou par expropriation le capital-actions ou les
biens meubles et immeubles de cette entreprise de transport desservant le
territoire auquel la commission de transport établit son service."
Je désire noter que le maire Robidas a proposé dans son
mémoire un amendement semblable pour inclure le nom de Chambly
Transport, mais la compagnie Chambly Transport n'est pas d'accord sur le texte
proposé par le maire de Longueuil.
Ce sont les seules remarques que j'avais à faire et au nom de la
compagnie, je vous remercie pour votre bonne attention.
M. LE PRESIDENT: Pas de question de la part des membres de la
commission? Merci, Me Lacoste. L'Association du transport écolier du
Québec Inc., section Chambly, Me Pierre Delorme.
Association du transport écolier du
Québec
M. DELORME: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés. L'Association du transport écolier est une
association qui groupe différents transporteurs d'écoliers de
toute la province. Elle est divisée en sections et l'une de ces sections
s'appelle la section Chambly. Celle-ci est composée d'environ quatorze
transporteurs d'écoliers qui font tout le transport scolaire de cette
région. Le bill 84, créant la Commission de transport de la rive
sud, engloberait six de nos membres, soit les compagnies Riverin Transport,
Transport Chartrand, les Autobus Boucherville, les Autobus Saint-Hubert,
Chambly Transport, qui fait, avec certains de ses autobus, du transport
scolaire, et Autobus Baillargeon limitée.
Etant donné les pouvoirs qui sont donnés à la
Commission de transport de la rive sud et elle a les pouvoirs
d'étendre son service elle pourrait donc aussi étendre son
service aux quatorze autres entreprises de transport.
Après avoir entendu les remarques des gens qui m'ont
précédé à ce micro, j'ai surtout retenu les
remarques du maire de la ville de Longueuil, qui reprochait à la
Commission de transport de la communauté urbaine de Montréal de
ne pas effectuer un service adéquat, c'est-à-dire adapté
aux besoins du territoire.
Actuellement, le service de transport scolaire est le seul service qui
soit vraiment adapté aux besoins de ses usagers, soit les
étudiants. Le service de transport scolaire est qualifié par les
directeurs du transport et le responsable du transport de la région de
la régionale Chambly comme un service sécuritaire, efficace et
adéquat. Je vous demande donc aujourd'hui pourquoi vous voulez enlever
ce transport-là et le donner à une organisation qui est à
former, qui n'est pas encore formée, à une organisation qui ne
connaît pas toutes ses routes, à une organisation dont on ne sait
si elle devra être centralisée vis-à-vis des passagers qui
iront vers la ville de Montréal ou des étudiants. On a dit dans
nos discussions aujourd'hui que les usagers du service de transport ne
voudraient pas faire un crochet par le métro si on peut passer par un
pont. Est-ce que ces mêmes usagers accepteraient de faire un crochet par
une école pour se rendre à un pont? Est-ce que les
étudiants accepteraient de faire un crochet par le métro pour se
rendre à une école? Actuellement, sur le territoire de la
régionale de Chambly, les étudiants ne restent pas dans un
autobus plus que 20 minutes. Or, si vous intégrez tout le système
de transport scolaire au transport public, vous demanderez probablement
à certains étudiants de rester dans l'autobus une heure ou une
heure et quart. Aussi peut-être, leur demanderez-vous de faire certaines
correspondances? Où ferez-vous ces correspondances? Est-ce que les
endroits de ces correspondances seront sécuritaires pour les enfants
comme ils le sont aujourd'hui?
Est-ce que vous aurez des autobus aménagés pour les
enfants comme les autobus le sont aujourd'hui? Est-ce que vous aurez un service
adéquat pour les enfants? Mon opinion est que vous n'aurez pas de
service adéquat pour les enfants et qu'au bout de deux ou trois ans vous
reviendrez au système de transport actuel. Vous demanderez à la
Commission de transport d'effectuer le transport comme on l'effectue
déjà aujourd'hui.
Je pense que vous devrez vous servir de notre expérience dans le
transport scolaire et utiliser le service que nous vous offrons actuellement.
Le service que nous vous offrons actuellement est le système de
transport le moins dispendieux. Dans le mémoire que nous vous avons
remis nous vous fournissons des statistiques. Nous arrivons à une
moyenne par passage de $0.20. C'est beaucoup moins qu'à la Commission de
transport de Montréal. Le coût actuellement à la Commission
de transport de Montréal pour faire circuler ses autobus est rendu
à environ $13.35 l'heure. Je voudrais corriger ici le
représentant des cinq municipalités qui avait dit que ce
coût était de $12.50. Il était de $12.50 en 1969; il est
rendu à environ $13.35 l'heure.
Nous offrons un service qui coûte en moyenne $7.64 l'heure, ce qui
est beaucoup moindre, ce qui est presque la moitié du coût actuel
et les compagnies de transport scolaire n'arrivent pas avec des
déficits.
Enfin, le service de transport scolaire a été
étudié pour les élèves. Il y a eu, au
ministère de l'Education, des services qui ont étudié le
système de transport scolaire pour le rendre le plus sécuritaire
possible pour les enfants et aussi pour ne pas nuire à la santé
des enfants. C'est pour ça qu'aujourd'hui on arrive à une
durée très courte dans l'autobus. Comment un service de transport
en commun pourra-t-il donner le même résultat auprès des
enfants? Je vous le demande.
Avant d'adopter une loi comme le bill 84, qui prévoit que la
Commission de transport pourra englober tout le transport scolaire, il faudrait
peut-être réfléchir à cette question à
laquelle personne n'a jamais réfléchi. M. Lacasse dans son
rapport nous dit: Il faudrait intégrer le transport scolaire. Il ne nous
donne pas les raisons pour lesquelles on intégrerait le transport
scolaire. Il ne nous dit pas non plus quels seraient les impératifs de
ce transport. En fait, il n'étudie même pas ce qu'est le transport
scolaire.
Le transport scolaire est aujourd'hui effectué par des
spécialistes de ce transport et on se voit dans l'obligation de vous
demander de le maintenir tel quel. Vous avez un service efficace, excellent,
sécuritaire; maintenez-le donc! Si vous ne le maintenez pas, vous allez
revenir quand même, d'ici deux ou trois ans, à ce même
service, parce que le service est étudié en fonction des usagers
qui sont des étudiants et il est impossible de mélanger les
étudiants avec des adultes. Vous ne pourrez pas obtenir le même
service. Vous ne pourrez pas assurer aux enfants le service qu'on leur assure
actuellement.
Dans le rapport que je vous ai soumis, j'ai énuméré
une série de questions en page 4 auxquelles je vous demanderais de
répondre avant d'adopter le bill 84 tel quel. Les enfants actuellement
ont une place assise dans un autobus. Pouvez-vous leur assurer ça? Il y
a onze questions qui sont les plus importantes. Il y en a quand même
d'autres qui pourraient venir. Je ne veux pas les énumérer toutes
ici, mais je vous demanderais aussi de considérer ces
questions-là.
Enfin, pour ne pas prendre trop de temps, je vous demanderais aussi de
regarder l'étude statistique qui prouve les coûts du transport
scolaire, ce sont les coûts les plus bas dans le domaine du transport
actuellement. Si vous en venez à la conclusion que, pour le bien du
public, c'est mieux d'avoir un transport intégré, ce dont je
doute parce qu'on ne pourra pas totalement intégrer le transport, il
faudra maintenir le même service de transport scolaire, là
où il est actuellement ou, au moins, exproprier les compagnies qui font
ce transport depuis quinze ans.
Les chiffres ont déjà été fournis sur nos
études du bill 23. En 15 ans, le transport scolaire est devenu quinze
fois plus gros. Si vous mettez ça en pourcentage, ça veut dire
que le transport scolaire a augmenté en moyenne de 100 p.c. par
année. Vous avez demandé à ces entrepreneurs-là de
faire du transport scolaire. Tous les ans, vous leur avez demandé d'en
faire plus. Aujourd'hui, au moins, expropriez les services qu'ils ont
bâtis, que vous leur avez demandé de bâtir.
Enfin, peut-être pour nous assurer la continuation de notre
service, puisque c'est ce que nous désirons, plutôt que d'avoir le
paragraphe 3 de l'article 76 tel qu'il est et d'offrir le transport à la
Commission de transport avant de l'offrir aux transporteurs, pourquoi ne pas
l'offrir aux deux en même temps, toujours par le système des
soumissions que plusieurs semblent vouloir maintenir, quoique nous nous y
opposions, nous? Nous sommes convaincus que par le système des
soumissions les transporteurs actuels auront toujours le transport scolaire
dans dix, quinze ou vingt ans parce qu'ils ont réussi à assurer
un transport sécuritaire. Ils ont l'expérience et ils ont les
coûts les plus bas dans le transport, ce en quoi aucune commission ne
pourra jamais rivaliser avec nous.
Dans notre mémoire, il y a d'autres remarques qui concernent
surtout certains articles du bill. J'ai mon confrère ici, Me Rivest, du
bureau d'Adrien Paquette. Si vous êtes intéressés à
entendre des remarques sur les articles, il pourrait s'adresser à
vous.
M. RIVEST: M. le Président, j'ai entendu les remarques que vous
avez faites à l'occasion du
mémoire que devait présenter mon confrère, Me
Raymond. C'est pour cette raison...
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, mon cher maître, mais avant de vous
laisser la parole, je tiens à vous faire remarquer quand même que
nous sommes à discuter surtout le principe du bill plutôt que les
articles du bill. Il faudrait essayer de faire attention, autant que possible,
pour garder les démarcations sinon je serai obligé de vous
rappeler à l'ordre.
M. RIVEST: Les remarques que j'avais à faire s'inscrivent dans la
critique précise de deux articles.
M. LE PRESIDENT: Si les membres de la commission n'ont pas d'objection.
J'aimerais demander leur consentement auparavant parce que nous sommes quand
même sur le principe du bill.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Rivest, à la page 11 de votre
mémoire, en ce qui concerne les articles 80 et 81...
M. RIVEST: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...est-ce que ce sont simplement des
observations générales, est-ce que vous voulez simplement nous
rappeler ce qui est déjà inscrit ici dans votre mémoire et
dont vous nous demandez de tenir compte ou si vous avez des explications
additionnelles à nous fournir?
M. RIVEST: Nous demandions, dans ces recommandations que vous citez
à la page 11, la modification totale des articles 80 et 81. Nous allons
même plus loin que cela; nous demandons l'abolition de l'article 80 et de
l'article 81 pour les motifs énoncés plus avant dans le rapport,
qui sont les nombreux autres recours employés par la Communauté
urbaine de Montréal qui se sert de l'article 313-1 reproduit par
l'article 73-1 du bill 84.
Les recommandations qui sont citées à la fin sont
explicitées plus avant dans le rapport, mais sont à l'effet
d'abolir plus précisément les articles 80 et 81 tels qu'ils sont
décrits dans le bill 84.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. BURNS: ...qu'il n'y ait pas de possibilité d'infraction au
règlement, c'est cela?
M. RIVEST: On recommande que ce soit référé, par le
bill 23 qui a déjà été présenté,
à la Commission de transport puisque maintenant il existe, avec les
articles 80 et 81 décrits dans le bill 84, un cinquième recours
contre le transporteur qui commet une infraction. C'est dans cette
ligne-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais poser une question au ministre,
ici. Nous avons ce mémoire de l'Association du transport écolier
du Québec Inc. Ce n'est pas la première fois que nous avons le
plaisir d'entendre les représentants de cette association par les
diverses sections qui en font partie. Le transport d'écoliers est un
problème très particulier: c'est un cas spécifique du
problème global des transports. Est-ce que le ministre pourrait nous
dire s'il a consulté son collègue, le ministre des Transports,
afin de voir dans quelle mesure ce projet de loi 84 est conciliable avec les
propositions du projet de loi 23 en ce qui concerne le cas du transport
écolier?
M. TESSIER: Je n'ai eu aucune consultation avec mon collègue le
ministre des Transports en ce qui concerne le bill 84, mais nous avons eu,
évidemment, des échanges au sujet du principe de
l'intégration du transport des écoliers aux services de transport
en commun. Evidemment, il y a eu la Commission des transports de la
Communauté urbaine de l'Outaouais, il y a eu celle de la
Communauté urbaine de Montréal et il y en a eu une autre, qui a
été créée dernièrement, mais pas pour le
bill 84 en particulier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le ministre, en ce qui nous
concerne, nous tenons à vous faire savoir et à faire savoir aux
représentants de l'Association du transport écolier du
Québec, section Chambly, que nous entendons bien examiner la loi 84 en
fonction de la loi 23, en donnant naturellement préséance
à la loi 23, qui est une loi-cadre, sur la loi 84 qui règle un
cas d'espèce, c'est-à-dire le problème du transport sur la
rive sud de Montréal.
M. TESSIER: Parfaitement d'accord.
M. BURNS: J'aurais une question à poser à l'un ou l'autre
des deux procureurs. Sur un de vos deux tableaux, vous avez une série de
statistiques. Est-ce que je vous ai bien compris que sur la rive sud, il y a
quelque huit ou neuf compagnies?
M. DELORME: Sur la rive sud, dans le territoire de la commission
scolaire régionale de Chambly, un peu aussi à l'extérieur,
il y a 14 compagnies. Sur le territoire défini par le bill 84 de la
commission de transport, il y a six compagnies.
M. BURNS: Six compagnies. Alors, vous nous fournissez des statistiques
concernant quatre compagnies et vous arrivez au coût moyen de $0.20 le
passage. Est-ce que les autres statistiques ne sont pas disponibles ou est-ce
que cela peut faire varier le coût?
M. DELORME: Cela ne devrait pas varier et j'explique pourquoi justement
il était très diffi-
cile de tenir les statistiques de deux autres compagnies. L'une de ces
compagnies est Chambly Transport qui fait du transport en commun mais qui n'a
qu'une comptabilité. Alors, on ne pouvait pas arriver avec des chiffres
exacts. On a plutôt décidé de ne pas inclure Chambly
Transport. Cela a été la même question pour Baillargeon
Transport qui fait du transport avec ses autobus scolaires dans une autre
régionale et qui dirige là encore les mêmes autobus
à des coûts différents.
Alors, on ne pouvait pas arriver avec des statistiques exactes. Pour ne
pas fausser nos statistiques, on s'est dit: On va arriver avec des statistiques
exactes, donc quatre compagnies sur six. Par contre, ces compagnies
représentent 240 autobus, alors que les deux autres en tout
représentent 40 autobus. Alors, disons que c'est 1/6 de la proportion.
Je ne pense pas que cela puisse changer tellement les chiffres.
M. BURNS: Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, Mes Delorme et Rivest. Maintenant, l'Association
des propriétaires de Longueuil. M. Albert Leblanc.
Association des propriétaires de
Longueuil
M. LEBLANC: Un instant, s'il vous plaît.
M. le Président, M. le ministre des Affaires municipales,
messieurs les commissaires, mesdames et messieurs.
Je suis le président de l'Association des propriétaires de
Longueuil et comme tel, je n'ai aucun intérêt politique, aucun
intérêt financier ou aucun désir de domination sur aucune
ville de la rive sud.
Par conséquent, nous avons tenté d'établir un
mémoire aussi objectif que possible. A l'instar des cinq villes qui ont
été présentées au début, c'est-à-dire
Brossard, Greenfield Park, Lemoyne, Notre-Dame et Saint-Lambert, notre
association en est venue à la conclusion que la meilleure solution pour
le transport en commun sur la rive sud de Montréal est justement la
création d'une filiale de la CTCUM, ou d'une commission de transport
semi-autonome.
Afin de vous éclairer sur quelques points que M. Bourbeau aurait
pu oublier, je voudrais vous lire notre mémoire.
Considérant que l'Assemblée nationale du Québec a
adopté en première lecture le bill 84, constituant la Commission
de transport sur la rive sud de Montréal, l'Association des
propriétaires de Longueuil demande au gouvernement du Québec de
prendre en considération tous les éléments de nature
à retarder, voire même à rejeter le projet de loi en
deuxième et troisième lectures. Nous tenterons donc, dans ce
mémoire, de prouver au gouvernement du Québec que la solution
idéale pour résoudre le problème du transport en commun
sur la rive sud n'est justement pas la création d'une commission de
transport autonome.
Il va de soi que certains hommes politiques auraient
intérêt à ce que la rive sud se dote d'une telle commission
de transport afin de favoriser la création de la future
communauté municipale. Cependant, nous sommes convaincus que cette
entreprise n'est pas la plus avantageuse tant du point de vue financier que du
point de vue de l'efficacité du service et de l'administration.
Outre les pouvoirs abusifs inclus dans le bill 84, les citoyens de
Longueuil considèrent qu'ils ont des droits acquis à la CTCUM et
que ces droits devraient être respectés. Nous croyons que la
création d'une commission de transport autonome aura pour
résultat de cloisonner la rive sud au détriment des contribuables
de Longueuil. Quelqu'un a dit tout à l'heure que, si on créait
une commission qui aurait accès aux ponts, c'est-à-dire qui
aurait Montréal comme point d'origine ou de convergence, ceci nuirait
peut-être au développement de la rive sud.
Notre avis à nous est tout à fait contraire. Nous croyons
que la clientèle, justement, est à Montréal et, s'il y a
un moyen d'aller la chercher, il faudrait s'arranger pour que le transport en
commun nous donne cette facilité.
La création d'une commission de transport autonome forcera les
autobus à traverser les ponts de la rive sud, ce qui nécessitera
des heures supplémentaires considérables et des frais
additionnels de près de $1 million par année pour se priver du
métro.
L'argument principal qui milite en faveur de la création d'une
telle commission est basé sur le fait que Longueuil n'aura plus à
participer au déficit de la CTCUM ni à l'amortissement de la
dette du métro. Or, la part de Longueuil pour 1969 se chiffre par
$300,000 alors que les états financiers de la ville pour 1970 montrent
une participation de l'ordre de $136,000. Cependant, il en coûtera
environ $1 million par année seulement pour traverser les ponts. Donc,
au point de vue de la rentabilité, le fait que nous ne voulions plus
participer au déficit de la CTCUM et à la dette du métro
ne tient plus. Sans compter que ceux qui devront quand même prendre le
métro auront à payer un deuxième billet soit pour se
rendre à Montréal et pour revenir sur la rive sud soit, une fois
rendus à Montréal, pour aller à leur travail.
Le métro de Longueuil attire environ 10,500,000 passagers par
année, soit un peu plus de 80 p.c. de toute la clientèle du
transport en commun sur la rive sud. Il est à noter que 4,500,000
d'usagers se servent de la même correspondance des autobus de la CTCUM
qui desservent actuellement une partie de la ville de Longueuil. Par contre, 3
millions d'usagers du transport en commun doivent payer un double billet pour
utiliser le métro; ce sont ceux qui sont desservis par Chambly Transport
et par Métropolitain Sud.
En plus, 3 millions d'usagers du métro sont amenés par
automobile. La création de la commission de transport autonome privera
ces
4,500,000 usagers du métro de leurs droits acquis car ils devront
payer un deuxième billet ou se rendre à Montréal via les
ponts par autobus, ce qui occasionnera sûrement des retards et la
nécessité pour la majorité de prendre un autre billet
d'autobus ou de métro une fois rendus à Montréal.
Il me semble donc plus logique de faire en sorte que les 3 millions
d'usagers du transport en commun qui n'ont actuellement pas droit au
métro avec la même correspondance puissent le faire, d'autant plus
qu'ils économiseraient plus de $1 million par année en billets
d'autobus.
Comme il y a actuellement plus de trois millions de personnes qui se
rendent au métro par automobile il nous semble évident que
l'organisation d'un système de transport qui aurait le métro de
Longueuil comme point de convergence attirerait une proportion de ces
automobilistes qui préféreraient laisser leur automobile à
la maison, d'où amélioration de la circulation et diminution de
la pollution dans les villes de la rive sud.
De plus, comme la création de la commission de transport autonome
obligera les autobus à emprunter les ponts, ceci contribuera à
augmenter les embouteillages sur les ponts et le service auquel s'attendent les
usagers ne sera pas aussi efficace.
Il est certainement permis de prévoir que les déficits de
cette commission de transport seront beaucoup supérieurs au montant que
nous devons payer actuellement à celui de la CTCUM. De plus,
l'acquisition des entreprises existantes, des droits de la CTCUM et d'autobus
neufs nécessitera des dépenses de capital que nous estimons
à près de $5 millions, même si dans le rapport Lacasse on
disait $2.5 millions. Connaissant la façon dont on administre nos
villes, il est à prévoir au moins $1 million de gaspillage plus
l'acquisition des droits de la CTM, plus les autres dépenses de frais,
d'honoraires d'avocats et tout ce que vous voulez. Il est donc raisonnable de
dire $5 millions.
Au point de vue de la grande majorité des usagers de la rive sud,
il apparaît clairement que la solution la plus avantageuse serait
l'intégration complète au réseau de la CTCUM. Cette
solution leur permettrait de se déplacer vers Montréal ou de
Montréal vers la rive sud moyennant le prix d'un seul passage. Il y en a
partout du gaspillage dans la politique, monsieur. Excusez, je ne suis pas
politicien.
En plus, comme les autobus devraient quand même emprunter les
ponts, le coût d'exploitation serait environ le même que pour la
commission de transport autonome, ceci en supposant qu'on prolonge les services
de la CTCUM et en supposant aussi que la rive sud trouverait les
compétences égales à celles de la CTCUM.
La solution qui permettrait d'économiser sur le coût
d'exploitation et qui, en même temps, établirait le centre de
décision sur la rive sud, serait la création d'une commission
semi-auto- nome, filiale de la CTCUM, s'appuyant sur le principe de la
convergence vers le métro. Cela n'empêcherait pas quand même
de mettre quelques autobus à certains ponts comme Bou-cherville ou
à Brossard.
La création d'une commission autonome ne peut pas être
rentable et les contribuables devront combler les déficits par des
augmentations de taxes.
Avec la création de cette filiale, nous croyons que la rive sud
ne devrait plus participer au déficit de la CTCUM dans son ensemble.
Plutôt, nous suggérons une comptabilité complètement
séparée qui permettrait d'établir les revenus et
dépenses de notre filiale sur la rive sud. Les déficits, s'il y
en a, seraient alors absorbés en entier par les contribuables de la rive
sud.
La Communauté urbaine de Montréal n aurait ainsi pas
d'arguments économiques pour s'opposer au projet. Par contre comme la
clientèle du métro de Longueuil augmenterait sensiblement et que
la CTCUM en bénéficierait grandement, notre participation
à l'amortissement de la dette du métro pourrait être
révisée, voire même abolie également. Car la
création d'une commission de transport autonome ferait perdre des
revenus au métro de l'ordre de $1 million par année alors qu'avec
la succursale la clientèle augmenterait.
Les citoyens de la rive sud de Montréal et ceux de Longueuil en
particulier ont des droits acquis à la CTCUM et ils ne veulent pas les
perdre. De plus, une commission de transport autonome coûtera très
cher et les services ne seront pas aussi efficaces pour les usagers du
métro, parce qu'ils devront, au lieu de prendre le métro, prendre
les ponts et arriver en retard au travail. Par conséquent, l'Association
des propriétaires de Longueuil est contre une telle commission et se
prononce en faveur de la création d'une commission de transport
semi-autonome, filiale de la CTCUM, avec un centre de décision sur la
rive sud.
La solution que nous proposons a un triple avantage:
Elle permet aux autorités de la rive sud d'exercer un
contrôle sur le transport en commun sur leur territoire;
Elle permet de faire épargner aux usagers et aux contribuables
environ $1 million par année en frais d'exploitation pour l'utilisation
des ponts seulement;
Elle permet aux usagers du transport en commun d'être
assurés d'un service rapide et efficace tout en conservant leurs droits
acquis à la CTCUM.
En ce qui concerne les avantages pour la CTCUM, ils se résument
en une clientèle accrue pour le métro de Longueuil sans avoir
à participer au déficit de la succursale de la rive sud.
Les chiffres qu'on a pris là-dedans ont été
extraits du rapport Lacasse. Je les ai vérifiés. Si vous avez des
questions ou si vous doutez des
chiffres qui sont là, je suis prêt à vous
répondre là-dessus.
M. LEDUC: En prenant ces chiffres, M. Leblanc, qui ont été
pris dans le rapport Lacasse, je voudrais que vous nous expliquiez les $5
millions et nous disiez où le commentaire au sujet de la mauvaise
administration municipale se retrouve dans le rapport Lacasse.
M. LEBLANC: Il n'y a pas de commentaire sur une mauvaise administration
municipale.
M. LEDUC: Vous parliez de $1 million tantôt, quand le rapport
Lacasse mentionne $2.5 millions, vous avez dit $1 million parce qu'on sait
comment c'est administré.
M. LEBLANC: Oui, parce que M. Lacasse a omis...
M. LEDUC: Une minute, vous avez dit tantôt... vous faites des
affirmations qui sont gratuites. Remarquez bien que ça coûte cher
dans votre mémoire, mais c'est gratuit, ce que vous dites. Vous avez dit
tantôt qu'il fallait ajouter $1 million quand on sait comment c'est
administré. Alors, je voudrais que vous me définissiez ce
million, où l'avez-vous trouvé et qui va en
bénéficier?
M. LEBLANC: La dette de la ville de Longueuil, en particulier, est de 50
p.c. du budget. Le taux normal, selon le ministre des Affaires municipales, est
de 35 p.c; selon certains comptables, c'est 20 p.c. Est-ce que c'est une bonne
administration? Cela répond à votre question, je pense.
M. LEDUC: Cela devient, M. Leblanc, un jugement de valeur. Je regrette.
Vous avez sûrement fait un travail considérable pour
préparer le mémoire, je pense qu'on doit féliciter les
membres de votre comité d'étude qui ont travaillé avec
vous pour le préparer. Cependant, il y a certains chiffres sur lesquels
quand même, je me pose des questions.
M. LEBLANC: C'était $2.5 millions plus les droits de la
CTCUM.
M. LEDUC: Les droits de la CTM, M. Leblanc, si vous aviez
étudié bien à fond, vous auriez constaté qu'on
pouvait les acquérir pour $1.
M. LEBLANC: Bon! Les garages municipaux.
M. LEDUC: Il y a combien de garages municipaux qui appartiennent
à la CTM sur la rive sud? Et ça devient quoi, à ce
moment-là? Est-ce un actif pour une commission de transport sur la rive
sud?
M. LEBLANC: Il faut les acheter de toute façon.
M. LEDUC: Oui, mais est-ce que ça devient un actif? Est-ce que
vous avez une valeur pour ça?
M. LEBLANC: Cela devient un actif. Je vous dis que ça ne
coûte pas $2,500,000. Je vous dis que ça coûte $5 millions
environ, lorsqu'on aura calculé tous les coûts.
M. LEDUC: C'est votre opinion. Maintenant, dans votre première
page, vous dites, à un moment donné: "Nous croyons que la
création d'une commission de transport autonome aura pour
résultats de cloisonner la rive sud au détriment des
contribuables." Qu'est-ce que ça veut dire cloisonner la rive sud?
Comment cloisonnez-vous la rive sud avec une commission de transport
autonome?
M. LEBLANC: Je l'ai expliqué tout à l'heure. Au lieu de
fermer la rive sud à Montréal, on devrait plutôt essayer de
l'ouvrir vers Montréal. Justement, au lieu d'empêcher nos gens
d'aller acheter à Montréal, ce qui n'arrivera jamais, on devrait
plutôt essayer d'attirer la clientèle de Montréal vers la
rive sud en ayant un bon système de transport en commun.
M. LEDUC: Alors, vous n'avez pas de problème. Quand j'irai
rencontrer l'Association des propriétaires de Longueuil, vous ne me
demanderez jamais de faire des pressions pour avoir une meilleure distribution
de la taxe de vente. Vous allez dire: On va les transporter à
Montréal et ils vont aller dépenser à Montréal et
que le diable emporte la redistribution de la taxe de vente !
M. LEBLANC: Je n'ai jamais dit ça, M. Leduc.
M. LEDUC: Bien, vous voulez qu'on les envoie vers Montréal au
lieu de les garder sur la rive sud?
M. LEBLANC: Laissez-les comme ça; vous ne les empêcherez
pas de le faire de toute façon. Essayez d'attirer les clients de
Montréal. C'est ce que je vous dis, moi.
M. LEDUC: Qu'est-ce qui dans le bill 84 fait qu'on n'attire pas les gens
de Montréal ou qu'on les attire?
M. LEBLANC: Vous les forcez à payer un deuxième billet
d'autobus pour venir à Longueuil.
M. LEDUC: Et ça, ça empêche les gens de voyager
entre les deux rives?
M. LEBLANC: Evidemment. Moi, je prends
mon automobile pour aller au travail. Je ne travaille pas à la
Place Ville-Marie; cela me coûte $1 par jour. S'il y avait un
système adéquat à ma porte, je laisserais mon auto
à la maison pour ménager $1 par jour.
M. LEDUC: "La création d'une commission de transport autonome
ferait perdre des revenus au métro de l'ordre de $1 million par
année." Ou est-ce que vous avez pris ça dans le rapport
Lacasse?
M. LEBLANC: Dans le rapport Lacasse, monsieur.
M. LEDUC: Où ça?
M. LEBLANC: En page 20 du rapport Lacasse, le sommaire: "Cela
représenterait donc pour la CTCUM une perte de l'ordre de $1 million."
Nous croyons que justement les avantages ne sont pas seulement pour la rive
sud, mais aussi pour la CTCUM.
M. LEDUC : A votre comité, est-ce que vous avez eu l'occasion
d'étudier quelle pourrait être, avec une association avec la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal, la
partie du déficit que la ville de Lon-gueuil ou les autres
municipalités auraient à assumer pour le fonctionnement du
métro et des autobus en 1975 et en 1980? Au début, tantôt,
j'ai mentionné qu'en 1975, s'il y avait une association directe avec la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal,
nous aurions, sur la rive sud, à assumer un déficit de $2
millions et demi et de probablement pas tout à fait $4 millions en 1980.
Cela c'est avant je répète ce que j'ai dit tantôt
qu'un seul autobus ait fait 1/10 de mille, avant qu'un homme ait
travaillé une demi-heure par année. En dehors du déficit
possible, probable qu'il pourrait y avoir à l'exploitation d'un
système comme celui que vous proposez, pensez-vous qu'on ait les moyens
sur la rive sud, en plus de ça, de payer $2 millions et demi?
M. LEBLANC : Non, justement. Ce que nous proposons dans notre
mémoire, si vous l'avez lu, c'est écrit que nous ne payons plus
les déficits de la CTCUM globalement. Nous nous occupons de notre
déficit, de notre succursale sur la rive sud.
M. LEDUC: Quelle a été la réaction de la CTCUM,
lorsque votre comité d'étude l'a rencontrée, à la
proposition que vous nous faites aujourd'hui?
M. LEBLANC: Nous n'avons pas communiqué officiellement avec
eux.
M. LEDUC: Officieusement, qu'est-ce que vous avez fait?
M. LEBLANC : Officieusement, en ce qui concerne les déficits de
$500,000 qu'on a mentionnés tout à l'heure, sur la rive sud de
Longueuil, on m'a dit qu'il n'y avait aucun moyen d'établir le
déficit possible sur la rive sud, même si on prétendait que
ce n'était pas rentable.
M. LEDUC: Vous dites qu'il n'y a pas moyen d'établir le
déficit?
M. LEBLANC: Enfin, j'ai parlé à quelqu'un d'assez
important de la ville de Montréal qui m'a dit que ce n'était pas
possible, qu'il n'y avait pas de comptabilité séparée, que
c'étaient des estimations.
M. LEDUC: Alors, je vous ferai parvenir une copie d'un magnifique
document qui s'appelle "Le transport public, un bond en avant," avec quelques
explications; vous aurez la réponse.
M. LE PRESIDENT: Alors, nous vous remercions, M. Leblanc.
M. SEGUIN: M. le Président, un commentaire pour revenir sur ce
que vous avez dit tout à l'heure, M. Leblanc. Vous sembliez
étonné, par exemple, que la ville de Longueuil emploie
près de 50 p.c. de ses revenus pour le service de la dette,
capitalisation, structure, construction, etc. Vous avez souligné ensuite
que le ministre avait dit que la norme serait 35 p.c. Vous savez sans doute,
avec l'expérience que vous avez de la chose publique, puisque vous
êtes président d'une ligue de propriétaires, que, dans une
ville qui est en pleine voie de progression et de développement, les
dépenses, les coûts, la capitalisation doivent
nécessairement venir bien avant les revenus. Alors, c'est un signe
d'excellente santé, à mon point de vue, qu'une
municipalité en plein développement ait une proportion de 50 p.c.
Je me demande pourquoi vous apportez une critique, quand le maire nous a dit
que sa ville était une des villes les plus progressives, une des villes
qui se développaient le plus rapidement.
Je pense qu'on pourrait dire la même chose pour Boucherville. Le
maire de Boucherville, s'il n'a pas dit, a insinué au moins la
"même chose. Si ces municipalités j'exprime une opinion
pour avoir vos commentaires par la suite par la voie de leur magistrat
ou de leur maire arrivaient ici au Parlement, à l'Assemblée
nationale ou devant la commission et qu'elles disaient qu'elles administrent
à 35 p.c. ou 25 p.c, ce serait très difficile à croire. Ce
ne serait pas un signe de gaspillage, mais il y aurait des cachettes quelque
part, je vous l'assure, parce qu'on ne peut pas se développer et ne pas
dépenser d'argent avant que les revenus commencent à entrer.
M. LEBLANC: Lorsque j'ai dit la mauvaise administration, j'ai
parlé de la mauvaise administration de certaines villes. Je ne pense pas
au conseil actuel de n'importe quelle ville.
M. SEGUIN: Vous étiez étonné des 50 p.c.
M. LEBLANC: J'en suis étonné parce que, justement, on nous
annonce chaque année de nouveaux projets, de nouveaux
développements on a $50 millions d'évaluation cette
année et, l'année d'après, il y a une autre
augmentation de taxes. Nous sommes rendus à un taux exorbitant de taxes;
je pense que nous sommes la ville la plus taxée de la province de
Québec. C'est bien beau d'avoir des investissements, mais il faut quand
même penser à l'immédiat. Dans 50 ans, pour un
économiste, c'est quelque chose de bien, mais, dans l'immédiat,
c'est le propriétaire qui en souffre et qui ne peut pas payer ses
taxes.
M. SEGUIN: C'est relatif aux services que nous avons. Si c'est la ville
la plus taxée, comme vous le dites, naturellement vous devez avoir les
meilleurs services.
M. LEBLANC: Nous ne les avons pas, monsieur.
M. SEGUIN: Cela, c'est un commentaire.
M. LEBLANC: Vous en avez une preuve avec le transport en commun.
M. SEGUIN: Mais vous acceptez que 50 p.c. soit normal pour
Longueuil.
M. LEBLANC: Je l'accepte, mais je ne dis pas que c'est normal; c'est
trop élevé pour le montant de taxes qu'on va chercher.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): On vous remercie, monsieur, de votre
exposé. Maintenant, je demanderais à M. Laberge s'il a autre
chose à ajouter aux commentaires qu'il a bien voulu nous faire
tantôt.
Fédération des travailleurs du
Québec
M. LABERGE: Oui, M. le Président. Je serai assez bref, surtout
que nous sommes revenus de notre surprise du début et qu'apparemment le
gouvernement veut appuyer son projet de loi que nous approuvons dans son
ensemble de tout coeur.
Nous n'avons pas voulu formuler d'amendements aux différents
articles pour la bonne raison que nous voulions discuter beaucoup plus du
principe du projet de loi que des articles. C'est pourquoi je limiterai mes
remarques, justement, à l'ensemble, à ce qui est visé par
le bill 84.
Je ne veux pas prêter de motifs à quelques
municipalités de la rive sud et à l'Association des
propriétaires de Longueuil, mais, pour moi, leur geste d'aujourd'hui ne
peut être interprété que comme une tentative pour retarder,
encore une fois, un règlement définitif de ce problème
crucial sur la rive sud. C'est bien beau de parler des gars qui voyagent en
automobile et qui épargneraient de l'argent s'ils avaient un meilleur
transport, mais que dire des milliers de travailleurs à Longueuil qui
n'en n'ont pas, de transport? Il y a là des gars qui sont obligés
de faire des milles l'hiver, je tiens à vous dire que ce n'est
pas drôle parce qu'il n'y a pas de transport et qu'ils n'ont pas
de voiture.
Ce n'est pas une question de ménager $1 par jour, ils n'ont pas
de voiture. Le problème du transport en commun sur la rive sud est un
problème qui date de fort longtemps, puis je pense qu'il est temps qu'on
le règle. Toutes les "mautadites" négociations dont on parle avec
la Commission de transport de Montréal ou la Commission de la
municipalité urbaine de Montréal, s'il avait été
possible de les faire, on aurait pu les faire avant. Là on en est rendu
à un point, je pense, où il faut trancher dans le vif du
problème, et je pense qu'il est temps que sur la rive sud il y ait une
commission de transport pour donner un véritable service aux citoyens,
même dans la municipalité de Boucherville. Le maire en a
parlé tantôt, il aurait pu vous donner plus de détails.
Un de mes frères demeure là, il a un assez bon revenu,
mais quand il est parti travailler avec sa voiture, sa femme et ses enfants
n'ont pas de moyen de transport. Et à ce moment-là s'ils veulent
aller magasiner ou s'ils veulent participer à des activités
sportives, culturelles ou autres, c'est soit prendre un taxi ou marcher un
maudit bon bout pour essayer de se trouver un autobus de la Provincial
transport ou autres. C'est une situation qui ne peut pas durer plus
longtemps.
Le bill 84 dans son ensemble, encore une fois, nous l'approuvons.
Toutefois, il me semble que la protection que l'on a voulu accorder, dans le
bill, aux travailleurs de Chambly Transport ne me semble pas assez
adéquate, du moins il me semble qu'on a laissé une porte
entrouverte. Moi, je ne dis pas que ç'a été fait par
exprès, mais on dit: S'il y a acquisition, à ce moment-là,
l'article du code du travail protégeant les travailleurs va s'appliquer,
mais s'il n'y a pas acquisition, on ne sait pas ce qui va arriver aux gens.
Je pense que le gouvernement devrait reviser cet article-là pour
s'assurer que les gars seront réellement protégés. On a
quand même des chauffeurs d'autobus là-dedans dont l'âge est
assez avancé; il y a plusieurs chauffeurs d'autobus de plus de 45 et
même de 50 ans. S'il fallait qu'on ne leur accorde pas cette
protection-là, ce sont des gars qui se retrouveraient sur nos bras
demain avec des responsabilités de placement assez limités. Il y
a des chauffeurs d'autobus qui travaillent au transport sur la rive sud depuis
au-delà de trente ans. On a même des pionniers, avant même
que la compagnie Chambly existe on avait des gars qui faisaient du transport
sur la rive sud.
Mais je pense que tout le monde va vous le dire, c'est un
problème qu'on ne peut plus
endurer. Actuellement, encore de nos travailleurs ont certainement fait
preuve de bonne foi puis de patience angélique, puisque depuis le 25 mai
ils ont acquis le droit de grève, mais ils ne l'ont pas faite justement
dans l'espoir que le gouvernement tranche la question une fois pour toutes puis
règle ce problème-là, parce qu'on sait fort bien que le
régler avec la compagnie privée, c'est impossible. Le
propriétaire a agi de bonne foi, il nous a ouvert ses livres, nous
l'avons appris, il ne peut pas faire plus.
C'est le même problème qu'on a eu en 1968. En 1968 on a
quand même, encore une fois, patienté. On a accepté un
règlement qui n'était pas satisfaisant, mais qui permettait au
gouvernement d'étudier la situation pour apporter une solution
finale.
Bien je regrette qu'il y ait tellement de municipalités qui s'y
opposent. J'ai participé à des réunions, moi, sur la rive
sud, puis à ce moment-là tout le monde semblait être en
faveur, parce qu'il y avait un problème. On avait des gars en
grève, et à ce moment-là c'est drôle qu'ils nous
disaient que le fait qu'il n'y avait pas de transport les dérangeait.
Là apparemment ça ne les dérange plus. Moi, je pense que
ç'a assez duré. Le gouvernement doit trancher la question. Il
faut qu'il y ait une communauté, une commission de transport pour la
rive sud et que ce n'est pas encore à Montréal à continuer
plus longtemps à défrayer une partie du transport de la
population de la rive sud, avec toute la sympathie que l'on peut avoir pour la
population de la rive sud.
Je pense que c'est à elle de se donner un transport
adéquat. La Commission urbaine de Montréal n'est pas
placée pour le faire de toute façon. Elle donne un service
peut-être adéquat dans la région qu'elle dessert, mais tout
le reste de la rive sud a un transport qui est loin d'être
adéquat.
Encore une fois, le nombre de passagers augmenterait très
certainement si on avait un transport adéquat. On a parlé un peu
du transport écolier tantôt, et la seule raison pourquoi je vais
en parler, c'est qu'on a quand même à peu près quinze ou
seize chauffeurs d'autobus, chez Chambly Transport, qui font du transport
écolier. Evidemment, on voudrait bien que ces gars soient
protégés aussi. Je n'ai pas les statistiques que nous ont
données les représentants de l'Association de transport
écolier, mais apparemment, cela coûte à peu près
$0.20 pour le transport d'un écolier. Je sais qu'à
Montréal, cela coûte $0.08 et 1/3. Vous disiez que vous aviez le
coût le plus bas et à Montréal, cela coûte $0.08 et
1/3 pour un écolier.
UNE VOIX: Qui paie le déficit?
M. LABERGE: Oui, ... il se paie un déficit, mais c'est cela, le
service. C'est la différence. Le service de transport est aussi
essentiel qu'un service d'incendie, qu'un service de police, qu'un service
d'eau, qu'un service de voirie. C'est la responsabilité de toute la
citoyenneté d'une municipalité ou d'une région.
Encore une fois, à Montréal cela coûte $0.08 et 1/3
et je pense qu'on peut dire que le transport est aussi sécuritaire
qu'ailleurs. Nous, encore une fois, ce qui nous intéresse davantage, ce
sont les gars là-dedans, c'est de régler le problème du
transport de toute la population de la rive sud. Il y a des milliers et des
milliers de travailleurs qui demeurent sur la rive sud et cela fait des
années que l'on fait toutes sortes de représentations pour
essayer de régler ce problème.
Aujourd'hui, alors que le gouvernement semble décidé
à trancher cette question une fois pour toutes, je ne sais pas tout
à fait pourquoi, mais on a trois ou quatre municipalités et une
association de propriétaires je ne sais pas si elle est
représentative ou non qui viennent s'opposer et faire une autre
suggestion pour essayer de retarder l'adoption du projet de loi.
J'espère que la commission parlementaire va recommander au gouvernement
de l'adopter dès le début de la prochaine session et de
créer une commission de transport sur la rive sud.
M. BOURBEAU: M. le Président, j'aimerais quand même que la
commission soit à même d'avoir une bonne idée de la
représentativité des gens qui se sont adressés ici. J'ai
beaucoup de respect pour le président de la Fédération des
travailleurs du Québec, mais on doit quand même se rendre compte
que des chauffeurs d'autobus, les gens que M. Laberge représente, il y
en a à peu près une centaine sur la rive sud.
M. LABERGE: 127.
M. BOURBEAU: Bon, 127 personnes représentées par M.
Laberge. Nous représentons cinq municipalités, nous avons
été élus, les conseils municipaux, pour représenter
nos gens. Nous sommes près d'eux, nous les consultons tous les jours,
nous représentons environ une population de 50,000 personnes ou 50,000
âmes, comme dirait le maire de Longueuil. Je pense qu'il faut
évaluer le poids des arguments et quand on parle pour 127 personnes, il
ne faut tout de même pas essayer de tout chambarder.
Maintenant, tantôt...
M. LABERGE: Maintenant, M. le Président, si vous me permettez.
Evidemment, on ne parle pas que pour 127 personnes. Il y a 127 chauffeurs
directement impliqués. Maintenant, parmi les citoyens qui vous
élisent, nous représentons, au bas mot, 50,000 à 65,000
travailleurs sur la rive sud. Je pense que le maire de Longueuil et le maire de
Boucherville pourront vérifier cela.
M. BOURBEAU: Je pense que nous aussi, nous les représentons.
M. LABERGE: Des membres, sur la rive sud, on en a à peu
près 50,000 à 65,000. C'était juste pour qu'il me respecte
un peu plus, c'est tout.
M. BOURBEAU: Soit dit en passant, j'ai beaucoup de respect pour le
président de la Fédération des travailleurs. Je voudrais
simplement souligner à la commission qu'il y a des chiffres qui ont
été avancés ici tantôt, encore par mon ami, M.
Laberge, et qui n'ont aucun fondement. M. Laberge a dit que ces chauffeurs
l'avisent que 30 p.c. de la circulation se fait d'une ville à
l'autre.
Eh bien, moi, je vous dis que le rapport Lacasse, préparé
par deux experts qui y ont passé beaucoup de temps, qui ont fait des
enquêtes, déclare textuellement, en arrondissant les chiffres: "On
constate d'abord que sur 10,730,000 passagers du transport par autobus sur la
rive sud, moins de 2 millions voyagent à l'intérieur des limites
de la rive sud, soit environ 18.4 p.c. Ce chiffre pourrait même tomber
à moins de 15 p.c. si l'on incluait dans le calcul les 3,100,000
passagers qui utilisent le métro à partir du parc de Longueuil."
Alors qui a raison? Est-ce que c'est l'expert qui a passé deux ans et
qui est qualifié...
M. LABERGE: Les deux.
M. BOURBEAU: ... ou les chauffeurs d'autobus de M. Laberge?
M. LABERGE: Oui, je pense que les deux ont raison. Si vous me permettez,
je pense que les deux ont raison. Lorsque j'ai mentionné le chiffre de
30 p.c, je n'ai pas inclus, bien sûr, le transport qui est fait par la
Commission de transport de Montréal. On a parlé du transport qui
était fait par Chambly Transport, représenté par nos gars
qui transportent de 10,000 à 12,000 passagers par jour. Bien, s'il y a
des gars qui le savent, il me semble que c'est bien eux; ils doivent savoir un
peu de quelle façon le transport se fait. Alors, je n'ai pas voulu
mettre en doute les chiffres des experts...
M. BOURBEAU: Les seuls chiffres disponibles disent que c'est 15 p.c.
à 18 p.c. pour le transport d'une ville à l'autre sur la rive
sud. Pour ma part, j'aime autant me fier à ces chiffres.
M. TESSIER: Alors, M. le Président, moi je crois qu'il n'y a pas
lieu d'ouvrir un débat entre les participants. Les membres de la
commission sont ici pour entendre les opinions très objectivement et en
tenir compte. C'est à nous, ensuite, à peser les arguments et
à prendre les décisions appropriées. Alors, je
suggérerais qu'on mette fin à ce débat.
UNE VOIX: D'accord.
M. LE PRESDIIENT: Juste une question du député de
Napierville-Laprairie.
M. BERTHIAUME: Une question à M. Laberge. La raison pour cela,
c'est que M. Laberge a laissé entendre qu'il y avait des gens qui
s'opposaient au règlement du problème de transport sur la rive
sud. Cela s'est dit cet après-midi. J'aimerais qu'il dise qui a
parlé de ne pas régler le problème de transport sur la
rive sud.
M. LABERGE: J'ai dit qu'il nous semblait, à nous, que les
suggestions qui étaient faites n'étaient que pour retarder une
solution définitive au problème. Si vous me permettez, ce n'est
quand même pas la première fois qu'il y avait une suggestion de
faite de négocier avec la Commission de transport de Montréal
pour le transport sur la rive sud. Pour autant que je me souvienne, cela fait
au moins quinze ans qu'on en parle. Bien, pourquoi revenir, au moment de
l'adoption d'un bill pour créer une commission de transport sur la rive
sud, avec quelque chose qui se discute depuis quinze ans?
M. TESSIER: Bien, voici...
M. BERTHIAUME: Mais vous, vous croyez qu'eux ne veulent pas
régler le problème?
M. LABERGE: Bien, évidemment, je n'ai pas à parler pour
eux, je parle pour moi.
M. BERTHIAUME: C'est votre opinion. M. LABERGE: C'est mon opinion
à moi.
M. BERTHIAUME: D'accord, c'est tout ce que je voulais savoir.
M. TESSIER: Mais à ce sujet-là, M. le Président,
justement, j'aimerais faire une remarque sur ce que M. Laberge a dit tout
à l'heure, à l'effet que les négociations avec la CTCUM
auraient pour effet de retarder.
Eh bien, je puis assurer M. Laberge que, de toute façon, la loi
ne peut pas être présentée en deuxième lecture avant
la reprise de la session le 26 octobre. D'autre part, nous avons
décidé en principe, tout à l'heure, de revenir,
après l'adoption en deuxième lecture, vous entendre de nouveau si
vous avez d'autres représentations à faire, parce qu'il va
sûrement y avoir des amendements. On va sûrement tenir compte de
certaines suggestions qui ont été faites cet après-midi et
qui sont contenues dans les mémoires.
Alors, nous allons rédiger un nouveau texte tout probablement en
tenant compte de certaines de ces représentations. Il y a eu
d'excellentes suggestions qui ont été faites sur certains points
par le maire Robidas de Longueuil. Il y en a d'autres, également, qui
ont été faites.
Lorsque nous aurons le texte définitif en deuxième
lecture, nous reviendrons devant la commission parlementaire au cours du mois
de novembre. C'est bien le désir du gouvernement, de toute façon,
de voir cette loi adoptée avant la prorogation de la présente
session.
M. LABERGE: Si vous me permettez, votre souci démocratique vous
honore, mais encore une fois, c'est un problème qui presse. On a toute
une population qui attend depuis fort longtemps.
M. TESSIER: Justement, c'est ce dont je veux vous assurer. Je suis
d'accord avec vous à 100 p.c. à l'effet qu'il y a un
problème qui est là, qui est urgent, et il faut le régler.
Il a suffisamment traîné. Mais ce que je veux préciser,
c'est que, s'il y a des négociations qui sont entreprises avec la CTCUM
d'ailleurs, le président, M. l'Allier, a déclaré
tout à l'heure qu'il était parfaitement d'accord à
entreprendre des négociations cela ne prendra pas des mois et des
années. Tout cela peut se mener en dedans de deux ou trois semaines, un
mois au maximum. Si on commence au cours des prochains jours, il n'y aura aucun
retard. Ce que je veux vous assurer, M. Laberge, c'est qu'on peut entreprendre
ces négociations afin d'explorer et c'est là mon
idée toutes les possibilités, toutes les solutions
possibles. Je ne vous dis pas que c'est la meilleure, celle qui est
proposée par les cinq municipalités de la rive sud.
Mais je dis que c'est une solution qui apparaît d'ailleurs comme
une des recommandations du rapport Lacasse. Nous ne pouvons pas rejeter cette
recommandation du revers de la main. Je crois que, à ce
moment-là, nous manquerions à notre devoir en tant
qu'administrateurs de la chose publique. Et c'est mon intention, je vais vous
le dire tout de suite, dès ce soir, à l'ajournement, d'envoyer
une lettre immédiatement aux neuf municipalités concernées
leur demandant de me nommer un représentant d'ici huit jours pour faire
partie d'une commission ad hoc de négociation avec la
CTCUM, qui devra me faire rapport avant la reprise de la session.
Nous aurons, par conséquent, exploré pendant ce
temps-là cette solution et ceci ne retardera pas, d'autre part,
l'étude et l'examen des différents mémoires, les
décisions qui pourront être prises d'apporter certains
amendements. En somme, c'est ce que je voulais vous dire au sujet du fait que
vous sembliez appréhender que de telles négociations puissent
retarder l'adoption de la loi.
M. LABERGE: M. le ministre, avec tout le respect que je vous dois,
surtout si les négociations semblent bien s'acheminer, il ne faudrait
pas oublier un petit détail qui a quand même son importance. C'est
que tous les citoyens de l'île de Montréal qui paient pour la
Commission de transport vont avoir quelque chose à dire là-dedans
aussi, j'espère. Et c'est là que ça va taper.
M. TESSIER: Voici, il s'agit, si je comprends bien, de négocier
une entente par laquelle tous les frais en ce qui concerne l'exploitation d'un
service de transport en commun dans les municipalités de la rive sud
seraient absorbés exclusivement par la population de la rive sud. Alors,
la population de la Communauté urbaine de Montréal ne pourrait
être affectée en aucune manière.
C'est comme ça que je vois comment les négociations
devraient être entreprises.
M. LE PRESIDENT: Au nom de la commission, je remercie tous les
participants qui ont apporté leurs suggestions, leurs remarques. Les
travaux de la commission sont ajournés sine die, ou plutôt au 9
septembre.
M. TESSIER: Pas sur le bill 84.
M. LE PRESIDENT: Les travaux porteront sur la Loi de
l'évaluation. Nous ajournons au 9 septembre.
(Fin de la séance: 17 h 18)