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Commission permanente des Affaires municipales
Projet de loi no 48 Loi sur l'évaluation
foncière
Séance du mardi 2 novembre 1971
(Dix heures trois minutes)
M. LEDUC (président de la commission permanente des Affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue à la
troisième séance de la commission parlementaire des Affaires
municipales pour étudier le projet de loi 48: Loi sur
l'évaluation foncière.
Avant d'inviter les représentants des organismes à faire
valoir leurs opinions, je me permets de demander à chacun des
représentants de bien vouloir s'identifier tout d'abord, identifier
l'organisme qu'il représente et faire un résumé du
mémoire qui a été présenté. S'il n'y a pas
eu de mémoire présenté» je leur demanderais de faire
un résumé des positions de l'organisme qu'il représente de
façon à procéder le plus équitablement
possible.
Voici la liste des gens qui ont été convoqués pour
aujourd'hui: l'Union catholique des cultivateurs, le Conseil des producteurs
des pâtes et papier du Québec, le Conseil économique
d'Alma, la Société d'agriculture des comtés de
Jacques-Cartier et Robert-Baldwin, l'Association des banquiers canadiens, la
Société gazifère de Hull, l'Association des
propriétaires d'aqueduc du Québec, le Club des agriculteurs de
Montréal et, à titre personnel, M. Ernest Labelle et M. Carlyle
Gilmour.
J'inviterais, tout d'abord, le représentant de l'Union catholique
des cultivateurs à s'approcher du micro.
Communautés urbaines
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, avant que nous
n'entendions le représentant de l'Union catholique des cultivateurs,
étant donné l'importance des mémoires qui nous ont
été soumis et de ceux qui, éventuellement viendront,
étant donné aussi la confusion qui a subsisté à la
suite de déclarations que l'on a prêtées au ministre des
Affaires municipales, est-ce que le ministre pourrait rapidement faire une
déclaration sur le problème des communautés urbaines? Ce
problème a inquiété l'ensemble des citoyens du
Québec et notamment les communautés urbaines elles-mêmes
étant donné les implications que des changements éventuels
à ces communautés pourraient avoir dans le cas de ce projet
d'évaluation foncière.
M. TESSIER: M. le Président, je considère que cette
question est absolument hors d'ordre. Il n'y a aucune relation entre la
structure municipale, que cela s'appelle communauté urbaine,
communauté municipale ou fusion de municipalités, et la loi-cadre
de l'évaluation municipale qui est une chose tout à fait
différente. J'aurai l'occasion de faire une déclaration lors de
la présentation d'amendements à la Loi des fusions
volontaires.
Je n'ai pas l'intention, aujourd'hui, de faire des déclarations
sur un sujet autre que le bill 48.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici, M. le Président, le ministre ne
peut prétendre que cela soit hors de question puisque nous discutons de
l'évaluation foncière. Des représentants des
communautés urbaines sont déjà venus devant nous et ont
toutes les raisons de s'inquiéter des déclarations faites par le
ministre.
Je veux bien prendre la parole du ministre qui nous indique qu'il fera
en temps et lieu des déclarations utiles. Nous tenons donc pour acquis
que, lorsque le ministre a annoncé la disparition, dans un délai
plus ou moins rapproché, des communautés urbaines, ces
déclarations étaient exactes. Donc la dénégation
qu'a faite le premier ministre étant également exacte, il n'y a
pas entente au sein du gouvernement en ce qui concerne l'avenir des
communutés urbaines.
M. PAUL: M. le Président, je conçois mal l'opinion
émise par le ministre des Affaires municipales à l'effet que le
projet de loi 48 n'aurait pas d'implication dans la structure municipale. Il
conviendra qu'il y en a au moins dans la vie de ces communautés urbaines
parce que l'assiette foncière, l'assiette municipale restent encore la
principale source de revenus de ces communautés urbaines.
Que le ministre ne veuille pas faire de déclaration ce matin,
c'est à son honneur. C'est la première fois qu'il use d'une
prudence de bon aloi. Il aura sûrement besoin de s'entendre avec le
premier ministre et ses collègues du cabinet pour être en mesure
de nous présenter, cette fois, une politique bien définie en ce
qui a trait aux communautés urbaines et la Loi des fusions
volontaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ajoute, M. le Président, que toute
déclaration du ministre sur le système d'évaluation devra
être pensée dans l'optique de la disparition des
communautés urbaines à moins que le ministre ne déclare
qu'il n'a pas annoncé la disparition de ces communautés
urbaines.
M. TESSIER: Je dois simplement dire M. le Président, que toute la
question de la restructuration municipale a été longuement
pensée et discutée avec les membres du cabinet. Nous en sommes
venus à une décision unanime sur la nouvelle politique que le
gouvernement entend mettre de l'avant en ce qui concerne la restruc-
turation municipale y compris les communautés urbaines.
J'aurai l'occasion dans un avenir très proche d'élaborer
davantage sur le sujet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si le ministre me le
permet, je lui ferai observer qu'il a déposé lui-même un
projet de livre blanc dont il a dit il y a quelque temps qu'il
l'écartait. Dans ce livre blanc, il y avait des propositions très
précises sur le financement des municipalités, notamment sur un
régime de subventions aux municipalités. Par conséquent,
toutes les fois que le ministre sera interrogé, les témoins
sauront que le livre blanc a été écarté, que le
régime de subventions qu'on leur avait proposé ne sera pas celui
qui apparaissait au livre blanc et que, d'autre part, ce régime de
subventions ne pourra pas s'appliquer à des organismes qui sont
appelés à disparaître, soit les communautés urbaines
de Montréal, de Québec et de Hull.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, après ces commentaires prudents de
part et d'autre, j'invite maintenant le représentant de l'Union
catholique des cultivateurs à nous présenter le
résumé de son mémoire.
Union catholique des cultivateurs
M. COUTURE: M. le Président; Paul Couture, cultivateur et
vice-président de l'Union catholique des cultivateurs.
Tout d'abord, nous tenons à vous remercier de nous avoir permis
de présenter notre point de vue à la commission parlementaire des
Affaires municipales. Ce qui nous amène ici c'est que nous, comme
agriculteurs, et à cause de notre profession, devons exploiter nos
entreprises sur de grandes étendues. Il y a une anomalie qui s'est
créée et que nous désirons voir corrigée, qui fait
que dans nos milieux le cultivateur paie le double d'un travailleur normal.
Nous attirons votre attention surtout sur la définition du mot
"agriculteur". Au départ, l'UCC s'oppose à la définition
du mot "agriculteur" tel qu'on le trouve dans le projet de loi. La
définition est restrictive parce que nous trouvons que ça va
affecter le petit producteur, le petit cultivateur qui est obligé
d'aller chercher une partie de son revenu à l'extérieur de sa
ferme. Et appliquant cet article de la loi, nous allons le léser
précisément à cause de ce fait et il ne pourra pas
bénéficier des avantages de la loi.
Le législateur ne semble pas s'être rendu compte qu'en
tentant de restreindre la définition du mot agriculteur pour rejoindre
le "gentleman farmer" il lui permet tout simplement de bénéficier
des avantages des exemptions, car on considère que la définition
vise uniquement une personne physique. On peut concevoir qu'un président
de compagnie puisse, avec l'argent dont il dispose, atteindre un degré
de rentabilité de plus de 25 p.c, d'une exploitation agricole. Ainsi, la
définition favorise les grandes exploitations, en plus d'être
assez compliquée pour devoir soulever constamment des conflits, c'est
parce que c'est difficile aussi d'établir le revenu du cultivateur et de
vérifier son revenu, la partie qui vient de l'agriculture, et la partie
qui vient de l'extérieur.
Nous avons vu l'expérience à l'égard de la
présentation du bill 64 où on éprouve les mêmes
difficultés dans la définition. N'est-il pas évident que
c'est le fonds de terre qui devrait être taxé plutôt que
l'individu? On voudrait que la définition s'applique surtout à
l'utilisation de la terre et non à l'individu, parce que l'utilisation
de la terre est en rapport avec la culture. On devrait plutôt
définir dans la loi le fonds de terre, l'exploitation agricole et la
terre en culture quel que soit le terme qui doit être employé. La
définition proposée dans le bill 48 a pour effet de personnaliser
radicalement la loi, ce qui est déjà un non-sens et elle a
surtout comme conséquence d'être, à toutes fins pratiques,
inapplicable.
En voulant, par une définition comme celle-là, rejoindre
le "gentleman farmer" et les grosses compagnies propriétaires
d'exploitations agricoles, on taxe indûment et injustement tous les
petits agriculteurs qui tentent désespérément de
s'arracher à la misère en travaillant plus ou moins
régulièrement à l'extérieur, tout en continuant
d'exploiter leur ferme.
L'Union catholique des cultivateurs considère que la
définition actuelle est impossible à appliquer, en
conséquence, elle propose qu'on fasse une définition plus large
et qu'on dépersonnalise la loi.
L'article 30 nous touche aussi, parce que, dans la définition,
l'Union catholique des cultivateurs ne s'oppose pas à ce que le fonds de
terre soit évalué, mais elle est complètement
opposée à ce que le fonds de terre soit taxé, parce qu'on
considère le fonds de terre comme notre outil de travail, c'est une
nécessité. Nous nous opposons à ce que ce même fonds
de terre qui contribue à notre gagne-pain soit taxé.
La disparition aussi du plafond de $10,000 sur la résidence,
l'évaluation portée à $150 l'arpent, ont pour effet
d'accentuer davantage le déséquilibre dont nous avons
parlé entre l'agriculteur et les autres classes de la
société, et l'union ne peut évidemment accepter non
seulement qu'on perpétue une injustice criante qui a trop longtemps
duré à l'égard de l'agriculteur, mais qu'on tente en plus
de l'accentuer davantage. La seule justice à l'égard de
l'agriculteur est que, comme tout citoyen ou résidant d'un village on ne
taxe que sa résidence et un terrain équivalent. Encore là,
nous ne tenons pas compte du fait que, dans une grande majorité des cas,
l'agriculteur ne bénéficie pas même des services que
fournit la municipalité aux résidants des villes et villages.
Même si nous l'avons mentionné dans l'intro-
duction de ce mémoire, l'agriculteur paie le double de taxe
foncière, mais ses revenus ne sont pas plus élevés et sont
souvent moindres que ceux des autres citoyens. Si tous les autres citoyens
étaient cultivateurs et que les fermes étaient
évaluées en fonction de leur rentabilité
financière, l'impôt foncier équivaudrait à un
impôt sur le revenu et ce serait tout à fait justifiable, mais tel
n'est pas le cas.
Chez nous, des enquêtes ont été faites sur
l'agriculteur, et son revenu, et ça équivaut â 13.5 p.c. de
son revenu. Cette enquête établit que sur une ferme de 120 acres,
qui a un revenu moyen de $1,550, on paie $209 de taxes, ce qui fait un
impôt de 13.5 p.c.
On peut considérer la terre d'un agriculteur comme un
investissement lui permettant de s'assurer un revenu normal au moment de sa
retraite. Sa terre est en quelque sorte son fonds de pension. Si on dit que la
terre est vendue pour fins de spéculation, on a droit à une
rétroactivité qui remonte à cinq ans. Nous
considérons cet article comme injustifiable et les cultivateurs ne
peuvent l'accepter, parce que nous disons que le cultivateur, dans sa nature,
n'a pas pu se créer un fonds de pension, c'est dans sa terre et que la
vente de sa terre équivaut à un fonds de pension. Nous avons
l'exemple de cultivateurs qui ont vendu leur terre il y a cinq, dix ans et qui
sont aujourd'hui dans la misère. Ce sont à peu près les
grandes lignes, M. le Président, que nous voulons vous faire
connaître. S'il y a des questions, je vais tenter d'y répondre. Me
Bastien, qui a travaillé au rapport, pourra aussi m'aider. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Couture. M. le ministre.
M. TESSIER: Je voudrais tout d'abord remercier l'UCC de son
mémoire et faire remarquer à mes collègues de la
commission que l'UCC a été consultée tout
dernièrement. Nous avons apporté ou du moins, nous nous proposons
d'apporter des amendements que nous distribuerons, bien entendu, à tous
les députés, aux deux articles qui ont été
soulignés, soit celui concernant la définition de l'agriculteur,
l'article 1 m), de même que l'article 30.
D'ailleurs, j'avais eu l'occasion, lors de la dernière
séance, je crois, de déclarer que nous étions en train de
préparer une nouvelle rédaction où nous tiendrons compte,
non pas de l'agriculteur lui-même, mais du fonds de terre.
L'amendement que nous proposons, serait le suivant: Remplacer l'article
1 m) par le suivant qui porte le même numéro, mais au lieu de
définir l'agriculteur, nous définissons ce qu'est un terrain
agricole ou boisé.
Alors, un terrain agricole ou boisé serait un terrain
utilisé principalement 1 - à la culture du sol ou à la
production de plantes sous toutes ses formes, incluant la production de plantes
dans des serres; 2- à l'élevage ou l'exploitation d'animaux de
ferme, de volailles, d'abeilles ou d'animaux à fourrure; 3- à
l'exploitation d'un verger, d'une érabliè- re ou d'un
boisé destiné au bois de chauffage ou à subvenir aux
besoins de l'industrie de l'arbre de Noël, des pâtes et papier, du
sciage ou du déroulage.
Je dois ajouter que cette définition a été
rédigée après consultation avec le ministre de
l'Agriculture et également de l'UCC. Je crois, M. Couture, que vous
étiez présent lors de cette réunion, il y a quelques
jours, et que vous étiez d'accord sur cet amendement à être
apporté dans la définition d'une terre agricole.
M. COUTURE: C'est que, comme vous le dites, vous avez inclus dans le
texte ce sur quoi nous avons travaillé, nous. C'est le texte qu'on
avait...
M. TESSIER: Non, non. Je suis bien d'accord là-dessus mais,
depuis ce temps-là, il y a eu la réunion à laquelle je
viens de faire allusion.
M. COUTURE: Merci, M. le ministre.
M. TESSIER: Et vous êtes d'accord sur ce point de vue.
M. COUTURE: Nous sommes d'accord sur ce point de vue.
M. TESSIER: Quant à l'article 30, nous avons également un
projet de nouvelle rédaction sur lequel vous de l'UCC êtes
d'accord et ce nouvel article 30 a également été
rédigé après consultation avec le ministre de
l'Agriculture. Il y a un seul point sur lequel, je crois, vous n'étiez
pas d'accord dans la nouvelle rédaction, c'était la
rétro...
M. COUTURE: La rétroactivité.
M. TESSIER: ... la rétroactivité pour cinq ans.
Maintenant, sur cette question, mon collègue, le ministre de
l'Agriculture, a émis l'opinion entre autres que ceci forcerait d'une
certaine manière les cultivateurs à garder leur terre en culture.
Je ne sais pas ce que vous en pensez...
M. COUTURE: C'est difficile de forcer les cultivateurs.
M. TESSIER: Oui, mais ça pourrait être une incitation.
M. COUTURE: Je pense qu'il y a toujours des cas d'espèce
là-dedans. Je pense qu'une loi est faite pour couvrir l'ensemble. La
majorité des cultivateurs gardent leur terre en culture. C'est tout de
même une exception lorsqu'une terre n'est pas gardée en culture.
Normalement,
l'ensemble des cultivateurs gardent leur terre en culture. C'est
là qu'il est difficile d'avoir une incitation...
M. TESSIER: M. Couture, si la terre n'est pas gardée en culture
et s'il y a une vente qui se fait d'un cultivateur à un autre
cultivateur, il n'y a pas de problème. C'est simplement dans le cas
où la terre serait abandonnée comme terre à culture,
ça veut dire qu'elle va être subdivisée, qu'elle va
être lotie, soit pour l'industrie ou pour la construction domiciliaire.
Alors, il est normal, étant donné que ça va se vendre au
pied carré et à un prix assez élevé, qu'il faut
tout de même empêcher aussi que des gens, comme la chose existe
présentement, spéculent et s'enrichissent à un rythme
parfois assez extraordinaire lorsqu'il y a des développements.
Nous avions prévu dans le texte original, dix ans. Je crois que
nous avons fait là un bon compromis en faveur du cultivateur en
réduisant la rétroactivité à cinq ans.
M. COUTURE: Le cultivateur a eu une réaction lors de nos
congrès. Il y a une grande inquiétude chez le cultivateur
à savoir quand cela s'appliquera. Si je vends ma terre, il y a des
problèmes qui se posent, on revient cinq ans en arrière. Tant que
la terre est en culture, qu'on s'occupe donc de ce qui existe, en
réalité. Lorsqu'il y a de la spéculation, on n'a aucune
objection. Mais, on se demande pourquoi retourner en arrière. Dans le
prix de vente, cela sera toujours le cultivateur qui le supportera parce que
l'acheteur tiendra compte de la rétroactivité. C'est aussi une
mesure qui pourra être inflationniste dont on tiendra compte dans le prix
des terrains. On se dit que, tant que la terre est en culture, pourquoi se
compliquer la vie? Lorsqu'une terre en devient une de spéculation, qu'on
l'attaque. Il n'y a pas de problème. Tant qu'elle est en culture cela
soulève des problèmes. Ceux-ci peuvent être résolus
par cet article de la loi qui nous inquiète énormément. Il
y a eu des réactions à tous nos congrès sur la
rétroactivité. Nous sommes inquiets quand à la
rétroactivité.
M. TESSIER: Nous tiendrons compte de toutes vos inquiétudes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Couture, la nouvelle définition de
l'agriculteur qui se trouvait dans la loi 48, telle que maintenant
formulée par le ministre, vous satisfait entièrement?
M. COUTURE: L'esprit, comme l'a souligné M. le ministre, nous
satisfait parce qu'il est conforme à nos points de vue. Nous voulons
éviter qu'un cultivateur d'une région un peu
défavorisée qui vit sur sa terre et reçoit un revenu et
qui va chercher le complément à l'extérieur soit
traité inadéquatement parce qu'il va chercher une partie de son
revenu sur la terre. La difficulté de l'application, est de
vérifier comment le gars retire 20, 25 ou 30 p.c. de son revenu.
L'application pratique de la loi sera très difficile. C'est très
difficile, pratiquement inapplicable. Comme cultivateur nous sommes dans une
industrie qui est à la merci des intempéries, des prix des
marchés. Prenez l'exemple cette année des productions sans sol.
Le bonhomme n'a pas besoin de travailler beaucoup pour avoir 75 p.c. ou 100
p.c. de son revenu à l'extérieur parce qu'il perd de l'argent.
Lorsque nous l'appliquerons, quel sera le revenu? Cela varie. Une année,
il y a des intempéries, les récoltes sont manquées ou le
type perd sa récolte. Quel sera le critère? On trouve
l'application difficile. C'est quasiment pas applicable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Couture, cette définition du mot
"agriculteur" nous l'avons retrouvée dans plusieurs lois, dans la loi
64, dans la loi 23, de façon moins directe dans la loi 28 et dans le
nouveau projet de loi sur la fiscalité scolaire que le ministre de
l'Education nous a annoncé.
Le ministre pourrait-il nous dire si cette nouvelle définition
qu'il nous a proposée ce matin et dont l'UCC dit qu'elle est, en
principe, satisfaite, est-ce que cette nouvelle définition va se
retrouver également dans les lois où on est obligé de
définir le cultivateur, soit la loi 64, la loi 23, notamment, de biais,
de façon indirecte, la loi 28, et la nouvelle loi sur la
fiscalité scolaire dont on ne connaît pas encore les
principes?
Est-ce qu'il y a eu des consultations entre les quatre
ministères, pour les trois ministères, pour s'entendre sur la
définition que le ministre a proposée ce matin?
M. TESSIER: Il y a eu assurément, M. le Président,
consultation. Je ne pourrais évidemment pas répondre au nom de
mes collègues, à savoir s'ils vont adopter exactement mot
à mot la même définition. Je pense bien qu'il faudrait
poser la question aux intéressés, mais je peux dire qu'il y a eu
consultation et notamment avec le ministre de l'Agriculture.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, c'est quand même
important de le savoir... Au fond, toutes les fois que l'on trouve le mot
"agriculteur" dans les lois que je viens de mentionner, on nous a fait les
mêmes objections.
Alors, le ministre veut appliquer cette définition qu'il nous a
proposée ce matin, peut-être avec des modifications il va y
repenser à la loi 48. Compte tenu des représentations qui
nous ont été faites et qui sont exactement les mêmes, qui
ont toujours été les mêmes, il serait quand même
important qu'il y ait uniformité de cette définition dans la loi
64 notamment, dans la loi 23 et dans la prochaine loi sur la fiscalité
scolaire.
M. TESSIER: M. le Président, si le député de
Chicoutimi me le permet, j'ai déjà eu l'occasion de
déclarer à cette commission que le bill 48, lorsqu'il sera devenu
loi et aura été sanctionné, s'appliquera pour toute
l'évaluation scolaire également. Il n'y aura qu'une seule loi de
l'évaluation.
M. PAUL: Qu'est-ce que vous avez à dire sur la déclaration
de votre collègue?
M. TESSIER: Automatiquement, cela s'appliquera en ce qui concerne le
scolaire, la définition de l'agriculteur telle que mentionnée au
bill 48.
M. PAUL: Alors, qu'est-ce que vous avez à dire au sujet de la
déclaration de votre collègue, le ministre de l'Education, qui
nous a dit qu'il présenterait une loi de fiscalité scolaire? Dans
le cours de vos remarques, tout à l'heure, vous avez mentionné
une consultation avec le ministre de l'Agriculture. Ce n'est qu'à
l'occasion d'un interrogatoire ou des questions posées par mon
collègue le député de Chicoutimi que vous nous avez dit
que des consultations avaient également eu lieu avec le ministre de
l'Education. A toutes fins utiles, est-ce que le ministre peut nous dire qu'il
y a eu véritablement consultation avec son collègue le ministre
de l'Agriculture, et également avec son collègue le ministre de
l'Education, et que la définition non définitive qu'il nous a
donnée ce matin serait également acceptée par ses deux
collègues quant à la profession de cultivateur?
M. TESSIER: Je répète, M. le Président, qu'il y a
eu consultation avec le ministre de l'Agriculture et consultation
définitive quant à la définition que j'ai
donnée de l'article 1 m). Quant aux consultations avec le ministre de
l'Education, il y a eu entente de principe à l'effet que la Loi de
l'évaluation foncière municipale s'appliquerait
intégralement dans le cas des rôles d'évaluation scolaire.
Sur ce point, c'est définitif. Les consultations, tout de même, se
poursuivent actuellement et ne sont pas terminées avec mon
collègue le ministre de l'Education sur d'autres aspects du
problème.
M. PAUL: Si c'est définitif, pourquoi continuez-vous les
consultations?
M. TESSIER: Non, non. C'est définitif sur la question que la Loi
sur l'évaluation foncière s'appliquera au rôle...
M. PAUL: Le principe est accepté.
M. TESSIER: C'est ça. Maintenant, évidemment, les
consultations se continuent sur d'autres aspects du problème.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans les consultations, le principe
étant accepté, on peut donc tenir pour acquis que, sur des points
fondamentaux comme ceux des définitions, si le principe est
accepté en ce qui concerne la Loi sur l'évaluation
foncière, le même principe prévaudra lorsqu'il s'agira de
tenir compte des observations qui ont été faites par l'UCC,
notamment dans le cas de la loi 28, et qui seront faites lorsque le ministre de
l'Education présentera la Loi sur la fiscalité scolaire. Si le
ministre entend appliquer intégralement sa Loi sur l'évaluation
foncière à l'ensemble du domaine scolaire, les définitions
doivent être les mêmes pour qu'il y ait une certaine
cohérence. Si le cultivateur n'est pas défini de la même
façon dans le domaine scolaire, je ne vois pas comment le principe de la
Loi sur l'évaluation foncière pourra s'appliquer à ce
moment-là si les définitions ne concordent pas.
M. TESSIER: J'ai dit que la loi devait s'appliquer dans les deux
domaines, tant du point de vue municipal que du point de vue scolaire. Il peut
y avoir...
M. PAUL: Parlez-vous des définitions ou si vous parlez du
principe de la loi?
M. TESSIER: Je parle de la loi même qui devra s'appliquer pour les
deux rôles d'évaluation, au point de vue de la taxation. C'est la
loi-cadre qui servira autant au point de vue scolaire qu'au point de vue
municipal pour fins d'évaluation et de taxation. Maintenant, sans qu'il
y ait contradiction au point de vue de la fiscalité scolaire, le
ministre de l'Education peut arriver avec d'autres propositions en ce qui
concerne, par exemple, la classe agricole, du point de vue de la
fiscalité scolaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est assez bizarre et assez difficile
à concilier, M. le Président.
M. TESSIER: Il n'y a pas de contradiction.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, que le ministre me laisse bien lui
expliquer. Je pense que...
M. PAUL: Vous vous protégez en disant qu'il y en aura
probablement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre déclare ce matin,
solennellement, que la Loi sur l'évaluation foncière, la loi 48,
est une loi-cadre...
M. TESSIER: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... que ses principes vont également
valoir pour la Loi de la fiscalité scolaire. Or, pour déterminer
ces principes, on est quand même dans une matière
très pratique ici il faut partir d'un certain nombre de
définitions c'est-à-dire d'ob-
jets, de réalités ou de personnes à taxer. Donc,
les définitions, si on veut que la loi-cadre sur l'évaluation
foncière municipale s'applique, doivent être les mêmes. Et
le ministre se souviendra que quand nous l'avons interrogé sur la
présentation éventuelle d'une loi sur la fiscalité
scolaire, il avait eu une réaction de surprise parce qu'il ne savait
même pas que son collègue avait fait cette déclaration ici
â la commission parlementaire de l'Education.
Je voudrais bien savoir si lors des consultations qu'il a eues avec son
collègue de l'Education il a parlé tantôt de son
collègue de l'Agriculture, ils se sont entendus, donc les
définitions qu'on retrouvera dans la loi 64 seront les mêmes que
celles qu'on retrouvera dans la loi 48 il y a eu une entente aussi
formelle. Farce que si le ministre de l'Education entend taxer de façon
différente dans le domaine scolaire que le ministre entend taxer dans le
domaine municipal, des gens seront certainement plus taxés ou moins
taxés. A ce moment-là, le ministre n'est pas autorisé
à parler d'une loi-cadre dans le cas du projet qui nous occupe.
M. TESSIER: J'ai dit que les consultations se poursuivaient avec le
ministre de l'Education et qu'il y avait eu jusqu'à maintenant accord de
principe à l'effet que la loi 48 devait servir de base pour les
rôles d'évaluation scolaire; je ne suis pas allé plus loin
que cela.
M. PAUL: L'accord définitif n'est intervenu qu'avec votre
collègue de l'Agriculture.
M. TESSIER: D'accord, quant à la définition.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, dans le cas...
M. TESSIER: C'est exactement ce que j'ai dit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans le cas de l'article 30, est-ce que le
ministre pourrait d'abord nous donner lecture du nouvel article 30?
M. TESSIER: Je pourrais en donner lecture, mais je veux bien
préciser que ce n'est pas nécessairement définitif.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non... M. PAUL: Non...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... mais le ministre comprendra qu'il y a des
organismes qui vont venir devant nous et qui nous interrogeront et qui
interrogeront le ministre sur la portée de l'article 30.
M. TESSIER: Je vais donner lecture d'un projet de nouvelle
rédaction de l'article 30 mais qui peut être modifié d'ici
à ce que ce soit de nouveau étudié en commission, article
par article.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord, d'accord.
M. TESSIER: D'ailleurs, comme je l'ai déjà
mentionné, M. le Président, lorsque nous aurons pris connaissance
de tous et chacun des mémoires qui nous sont présentés
devant la présente commission, à ce moment-là, je
distribuerai à tous mes collègues les nouveaux projets de
rédaction de différents articles d'amendements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va de soi...
M. TESSIER: On pourra en discuter par la suite. Alors, pour l'article
30, la proposition d'amendement serait la suivante: Tout terrain agricole ou
boisé, ainsi que les bâtiments qui s'y trouvent, à
l'exception des bâtiments utilisés directement à son
exploitation, sont portés au rôle à la valeur marchande.
Pour être considéré comme terrain agricole ou boisé,
un terrain devra comprendre une superficie d'au moins dix acres contiguës,
sauf lorsque traversé par un chemin public, un chemin de fer ou un cours
d'eau. Si la superficie d'un terrain est inférieure à dix acres,
un tel terrain doit produire un revenu brut agricole moyen d'au moins $2,000
par année, basé sur les cinq dernières années
d'exploitation. Un tel terrain est exempt de toute taxe foncière
générale ou spéciale pour la partie de la valeur
portée au rôle qui excède $180 l'acre, sauf dans les
cités, villes ou villages, pour la partie aboutissant au chemin public,
qui peut être évaluée sur la base de la valeur marchande
jusqu'à la profondeur normale des lots à bâtir dans le
secteur, sous réserve, quant à son imposition de l'article 107.
Les dispositions du troisième alinéa du présent article
cessent de s'appliquer à ces terrains et constructions dès qu'ils
font l'objet d'une transaction ayant pour effet d'en transférer la
propriété à une personne, société ou
corporation qui les ont acquis pour fins de lotissement, de
développement domiciliaire, industriel ou commercial, de
spéculation ou d'opérations immobilières quelconques.
Cependant, elles s'appliquent de nouveau au cas de retour d'un tel
terrain au vendeur ou à ses ayants-droit, par suite d'une
résiliation de la vente, d'une dation à paiement ou d'un jugement
ordonnant une telle résiliation ou dation à paiement. Lorsqu'un
tel terrain cesse d'être utilisé comme terrain agricole ou
boisé, les taxes représentant la différence entre celles
qui, sans cette exemption, auraient été exigibles et celles qui
ont été effectivement, imposées, deviennent exigibles pour
les cinq années précédentes. Lorsqu'un tel terrain cesse
d'être utilisé en partie seulement, les taxes prévues au
paragraphes précédent ne deviennent exigibles que sur cette
partie.
Si mes informations sont exactes, je crois que l'UCC était
d'accord sur le principe de cette nouvelle rédaction, sur tous les
premiers paragraphes, sauf sur la question des cinq ans de
rétroactivité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais interroger M. Couture,
là-dessus. Est-ce que M. Couture peut nous donner son opinion sur la
rédaction que nous propose, pour l'article 30, le ministre des Affaires
municipales? Cette rédaction est assez longue, elle est assez complexe
et technique. J'aimerais savoir M. Couture, si votre organisme est d'accord sur
le principe de cette nouvelle formulation. Quelles sont les objections que vous
avez à cette nouvelle formulation, si tant est que vous avez pu
apprendre par coeur, à moins que le ministre ne vous ait
communiqué le texte, si vous avez pu retenir cette longue, complexe et
même confuse définition que nous venons d'entendre?
M. COUTURE: Comme vous le dites, c'est tout de même assez
compliqué pour un cultivateur. Je vais me faire aider par Me
Bastien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est compliqué encore plus pour
nous.
M. COUTURE: Ce que je retiens, à première vue, c'est qu'on
retient les dix acres. Pour nous, c'est difficile à accepter à
cause des productions sans sol. Aujourd'hui vous avez des productions
organisées sur des terrains de cinq ou six acres et c'est pourquoi
ça nous pose un problème. Il y a aussi les $180 l'acre. Dans
l'autre partie, M. Bastien aurait une question d'interprétation plus
juridique. Je demanderais à Me Bastien de l'exposer.
M. BASTIEN: Mon nom est Laurent Bastien. Je représente l'UCC.
Quand L'UCC a été consultée par le ministère, il
était question de transformer la définition de l'article lm) pour
définir le fonds de terre. Nous avons été d'accord sur le
principe sans qu'un texte précis nous ait été
suggéré.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Bastien, on ne vous avait pas soumis de
texte précis.
M. BASTIEN: On nous a lu divers textes qui étaient des projets et
qui allaient être concentrés ou intégrés pour en
faire un texte définitif mais nous ne nous sommes pas
arrêtés à un texte précis parce que, au
ministère même, on ne s'était arrêté à
aucun texte. Egalement, nous avions convenu et je crois que c'était le
principe de notre entente, de nos discussions, à ce moment là,
qu'il fallait également modifier l'article 30 en fonction de la
modification qu'on voulait faire à l'article 1 m). On nous a
souligné à ce moment là qu'on désirait revenir
â l'ancien article de la Loi des cités et villes. C'est tout ce
qui a été souligné. Nous avons essayé de travailler
avec les textes qu'on avait, en fonction des ententes et discussions qui
avaient eu lieu. On n'avait aucun texte précis. Ce matin, je pense qu'il
est difficile pour l'UCC de se prononcer sur un texte qui est encore un projet,
qui n'est pas un texte définitif j'imagine. Ce qui saute aux yeux c'est
les $180 l'acre dont il n'a pas été question du tout au cours de
nos discussions. Est-ce que ces $180 l'acre doivent également
s'appliquer ou s'appliquent? Je ne sais pas; je n'ai pas le texte devant moi.
S'ils s'appliquent seulement sur les dix acres ou sur l'excédent des dix
acres, il n'est plus question d'exemption de $150 ou de $180. Ou, est-ce que
les dix acres, la limitation au ras du chemin... Il n'y en a pas
été question mais je crois que c'était dans l'ancien
article de la Loi des cités et villes. Cela demande pour nous,
peut-être pas nécessairement un congrès ou une session
d'étude intense de quinze jours, mais ça demande d'y
réfléchir, d'y repenser pour voir quelles sont les implications
nouvelles et financières et cela, en rapport avec la position de l'UCC,
ce matin, qui dit: Nous, l'UCC, nous venons demander d'être taxés
comme tous les citadins et les résidants des villages. Nous pensons que
la terre est un outil de travail. Aucune autre personne ou aucune autre
profession ne voit ses outils taxés. Nous demandons d'être
taxés sur la même base qu'un résidant ou qu'un citoyen d'un
village en disant: Taxez notre résidence, évaluez notre
résidence et évaluez un terrain équivalent.
C'est la position que l'UCC a prise, à la suite des consultations
qu'elle a faites de toutes les fédérations régionales.
L'UCC s'est également opposée dans ce même
mémoire à ce qu'il y ait quelque rétroactivité que
ce soit dans la taxe municipale, parce qu'on considère que ça se
fera toujours sur le dos de l'agriculteur et que, de toute façon, pour
le cas de ces terres-là, il n'y a pas seulement des terres qui serviront
pour des fins de spéculation; il y a des terres qui seront
abandonnées pour cause de misère.
Il y a des gens qui seront taxés rétroactivement parce que
la terre va cesser, si on lit le texte théoriquement, d'être
utilisée pour des fins agricoles, parce qu'ils ne peuvent tout
simplement pas l'utiliser. Et comme ce sont des exceptions quand même, la
question de spéculation, ils sont quand même rares les
cultivateurs qui ont la chance de vivre près des villes ou près
des grands centres. Comme ce sont des exceptions, la position qui est prise,
c'est que nous nous opposons à cette rétroactivité,
d'autant plus que ça nous semble inutile, étant donné que
nous nous en allons vers la taxation des gains de capitaux, et que les gens qui
seront véritablement les bénéficiaires devront rembourser
à l'Etat, si vous voulez ce qu'ils auront obtenu â la suite de ces
transactions.
C'est pour cela que ça nous semble inutile et c'est pour cela que
nous disons que la rétroactivité nous semble une façon
d'imposer davantage
l'agriculteur encore, parce que c'est quand même le
spéculateur ou celui qui en a les moyens qui forcera sur le prix. Quand
un agriculteur se voit pris pour vendre, il ne vend pas de gaité de
coeur, et quand il vend pour des fins spéculatives, il a
déjà assez investi et il a déjà assez
travaillé pour avoir cette espèce de fonds de pension qu'il ne
faudrait quand même pas lui dire: Il y en a une grande partie que tu
rembourseras cinq ans en arrière.
C'est la position que l'UCC prend en regard de cette définition
de l'article 30; le nouveau projet exige évidemment de
réfléchir davantage.
M. TREMBLAY: M. Bastien, évidemment, vous n'avez pas le texte, on
ne nous a pas soumis un texte définitif je n'en fais pas grief au
ministre, parce que ce sont des projets, est-ce que, lorsque ce texte vous sera
parvenu et que vous aurez pu étudier la proposition que fait le ministre
ce matin, il vous sera possible de nous faire parvenir, dans les plus brefs
délais, une opinion tant sur cette nouvelle rédaction de la
définition de l'agriculteur et de l'article 30?
M. BASTIEN: Ce sera sûrement possible, M. le Président.
M. TESSIER: M. le Président, je voulais justement, à ce
moment, dire à M. Bastien, vice-président de l'UCC,
qu'effectivement, lors de la rencontre qui a eu lieu, le texte
définitif, du moins du projet de l'article 30, n'était pas
rédigé.
Nous avons tenu compte de représentations que vous nous avez
faites et le texte a, par la suite, été rédigé en
collaboration avec le ministre de l'Agriculture. Maintenant, ce que je veux
préciser, c'est que parce que c'est le temps qui nous a
manqué il a fallu tout de même se présenter ce matin
ici avec un projet quelconque de texte. Mais ce que je veux vous dire aux
représentants de l'UCC, c'est nous serons toujours heureux, au cours des
prochains jours, d'avoir une rencontre avec vous et de discuter de ce projet
d'amendement à l'article 30.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que le ministre soutient
toujours que l'accord a été définitif avec son
collègue de l'Agriculture sur la définition de l'article lm), et
que le texte de l'article 30 dont il vient de nous donner lecture est
susceptible d'amendements mineurs?
M. TESSIER: Oui, absolument, M. le Président, les projets de
textes des deux articles ont été faits en collaboration avec le
ministre de l'Agriculture et nous sommes tous les deux tombés
d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais poser une
question soit à M. Bastien ou à M. Couture.
M. Bastien a parlé tout à l'heure de la terre, qui est un
instrument de travail, et il a fait mention que l'instrument de travail comme
tel n'est pas taxé. J'imagine que l'UCC a pris connaissance d'une
déclaration formelle du ministre indiquant son intention d'exempter de
taxe la machinerie. Alors, c'est le même genre de traitement que vous
voudriez avoir en ce qui concerne la terre?
M. COUTURE: Vous comprenez, M. le ministre, qu'il faut, à nous,
cultivateurs, des étendues de terre, et nous pensons...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... des cultivateurs, M. Couture.
M. COUTURE: '" comme individus, c'est une condition, nous faisons partie
de l'ensemble mais ce que nous voulons, c'est que nos résidences soient
taxées. Nous voulons être taxés, que nos résidences
soient taxées comme celles de tout autre individu. C'est là le
sens de notre propos; qu'on emploi les termes juridiques que l'on veut,
ça ne nous pose pas de problème, c'est dans l'application.
Pour ce que M. Tessier nous demandait tout à l'heure, nous
aimerions prendre connaissance des nouvelles rédactions des articles qui
nous intéressent, nous sommes disponibles pour en discuter. Nous voulons
voir et mesurer l'implication ainsi que la portée de ces articles. Vous
comprendrez qu'à brûle-pourpoint, seulement à les entendre
lire, c'est difficile de se prononcer sur l'implication qu'ils ont. Mais nous
sommes disponibles pour travailler avec les gens concernés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'autant plus que ces mêmes
définitions, en somme, soit l'article 1 m) et l'article 30, vont revenir
sous une autre forme dans la loi du syndicalisme agricole et
éventuellement dans la loi de la fiscalité scolaire. Alors, on
veut bien, M. Couture, votre opinion là-dessus.
M. COUTURE: Nous ne voyons pas la même implication au niveau de
l'imposition d'une loi d'évaluation qui évalue le fonds de terre,
qui évalue l'utilisation des sols, et l'autre qui se rapporte à
l'individu. Nous ne sommes pas catégoriques là-dessus mais quant
à l'évaluation nous la considérons par rapport à
l'utilisation des sols.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et comme il y a eu entente entre les deux
ministres, ce sera à rediscuter.
M. TESSIER: M. le Président, ce que je voudrais faire
connaître aux représentants de la classe agricole, c'est que le
gouvernement tient à ce que le fardeau foncier fiscal pour la classe
agricole ne soit pas plus grand, plus lourd qu'il ne l'est présentement.
C'est le principe. Il s'agit maintenant d'en arriver à une
rédaction pour atteindre ce but-là. C'est pourquoi j'ai
suggéré
tout à l'heure, maintenant que nous avons un projet de texte qui
n'est pas définitif mais sur lequel nous pouvons discuter, qu'il y ait
une autre rencontre avec les représentants de l'UCC. Je crois que
là, nous serons en mesure de démontrer à votre
satisfaction que le cultivateur ne paiera pas plus...
Par exemple, dans le code municipal actuel, tous les bâtiments de
ferme sont taxables. Dans le présent projet de loi, tous les
bâtiments sont exemptés. De plus, nous avons un plafond qui
n'existe pas dans le code municipal actuel. A titre d'exemple, il s'agit
maintenant de discuter entre nous de l'application sur le plan pratique, de ce
qu'elle va donner. Le cultivateur X qui actuellement paye tant pour ses taxes,
avec la nouvelle loi, combien va-t-il payer pour la même terre?
M. COUTURE: Si vous permettez M. le ministre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si M. le ministre me permet, seulement pour
clarifier, une dernière question sur ce sujet particulier, est-ce que le
ministre accepte, en fonction des propositions d'amendement qu'il a soumises,
qu'on ne parle pas de l'agriculteur, du cultivateur ou du producteur tel quel,
mais qu'on parlera du fonds de terre dans l'article 1 m)?
Deuxièmement, est-ce que le ministre pourrait formuler une
opinion sur la rétroactivité dont a parlé tout à
l'heure M. Couture? Est-ce que le ministre serait d'accord pour faire
disparaître ce principe de rétroactivité?
M. TESSIER: Non, je ne suis ni en accord ni en désaccord non
plus. J'ai tout simplement dit que c'est un projet et que je suis toujours
prêt à en discuter avec les représentants de la classe
agricole par l'entremise de l'UCC.
M. PAUL: Vous en avez déjà discuté.
M. TESSIER : Oui, nous en avons déjà discuté mais
nous sommes prêts à en discuter encore à la lumière
de la nouvelle rédaction.
M. PAUL: Quels sont vos commentaires sur les remarques faites par M.
Couture sur ce point bien spécifique de la
rétroactivité?
M. TESSIER: Nous allons reconsidérer, à la lumière
de ces représentations, cette question.
M. COUTURE: J'aimerais revenir en arrière. Au sujet de la
taxation, on dit que le cultivateur paie plus qu'il ne payait. Nous
déplorons une injustice qui existe depuis nombre d'années. Cette
injustice est due au fait que nos paroisses agricoles qui étaient en
majorité constituées de cultivateurs il y a peut-être dix,
vingt ou vingt-cinq ans, sont présentement habitées par une
majorité de gens qui vivent dans le milieu rural auxquels on est
obligé de donner des services. Comme l'évaluation est
déjà une injustice, on paie pour des services qu'on n'a pas et
c'est le cultivateur qui en encourt les frais. On voudrait, par une nouvelle
loi, corriger cette injustice. On voudrait aller plus loin que de ne pas payer
plus qu'on payait. On voudrait corriger une injustice qui existe depuis nombre
d'années et qui est due à l'évolution. Les modes de vie
ont changé. L'agriculteur cultive une plus grande superficie. Dans les
paroisses, il y a peut-être 25 p.c. ou 30 p.c. de la population totale.
C'est donc le cultivateur qui porte tout le fardeau et c'est à partir de
ça qu'on dit que le meilleur moyen de corriger cette injustice c'est que
l'habitation du cultivateur soit taxée comme celle de tout le monde,
qu'il ait les services ou non, parce que la majorité des services
s'adressent surtout à l'habitation. A partir de là, on dit que le
fonds de terre ne devrait pas être taxé qu'il soit
évalué, on n'y a pas d'objection mais qu'on évalue
et qu'on taxe la propriété du cultivateur comme habitation.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saguenay.
M. LESSARD : Sur ce même point, je constate que, dans le rapport
qui nous est présenté par l'UCC, on fait une demande d'exemption
de $10,000 pour la maison du cultivateur. Par contre, M. Couture nous dit qu'il
serait prêt à accepter que la maison du cultivateur soit
taxée selon les mêmes principes que tout autre citoyen. Cela
présume que cette demande d'exemption de $10,000 pour la maison du
cultivateur vous la faites dans le cadre actuel de la loi si le
ministre y accédait, c'est-à-dire ne pas taxer le fonds de
terrain étant donné que c'est considéré par vous
comme un outil, vous ne la demanderiez pas cette exemption de $10,000 sur la
maison du cultivateur.
M. BASTIEN: Dans notre mémoire, nous ne demandons pas cette
exemption de $10,000. On constate tout simplement que la nouvelle
rédaction de l'article 30 accentue davantage un
déséquilibre dont on parle dans notre mémoire. La raison
pour laquelle on dit ça est la disparition d'un plafond de $10,000 qui
existait avant. On ne revient pas là-dessus, on n'en tient plus compte.
On dit: Taxez-nous sans plafond sur notre résidence et notre terrain.
C'est ce que nous disons. Mais, il n'est pas question dans notre mémoire
de demander un nouveau plafond de $10,000 sur la résidence. Je pense que
c'est à la page 7 que vous avez vu ça. En conclusion de ce qui se
dit à l'article 30, on demande d'être taxé sur la
résidence. On constate, en cours de rédaction de notre
mémoire et à la réflexion, que ce plafond-là
étant disparu, il y a quand même un déséquilibre qui
s'accentue mais en compensation avec d'autres choses, on dit: Taxez-nous
même si on n'a pas les services sur la résidence.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: Qu'est-ce que vous pensez à l'article 1m) de la taxation
sur le revenu brut? A votre avis, croyez-vous qu'il est juste de ne pas tenir
compte des dépréciations ou des pertes qu'un cultivateur puisse
avoir?
M. TESSIER: C'est disparu.
M. BOIS: Excusez, M. le Président, j'ai une question à
poser.
M. TESSIER: Il n'est plus question de ça. Vous parlez de l'ancien
texte.
M. BOIS: Vous ne taxerez plus la production.
M. TESSIER: C'est disparu. M. BOIS: Ni le revenu.
M. TESSIER: J'ai donné lecture tout à l'heure du texte du
nouveau projet. On ne définit plus l'agriculteur. On ne parle plus de
revenu. On définit la terre et le boisé, ce qu'est une terre et
un boisé.
M. BOIS: Vous ne taxerez plus le revenu?
M. TESSIER: Non. Vous n'étiez pas ici tout à l'heure?
M. BOIS: Oui. On a parlé de définitions des termes avec le
ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sa rédaction n'était pas assez
claire.
M. TESSIER: Peut-être. Pourtant, le député de
Chicoutimi l'a très comprise.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Chicoutimi comprend
surtout très bien le ministre mais cela lui a pris quand même
quelques mois à suivre les méandres de ses contradictions.
M. PAUL: On coupe vos phrases, on vous reprend et c'est là qu'on
est capable de vous rejoindre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il faut ici être honnête avec le
ministre. La première déclaration du ministre est un essai. La
seconde déclaration est une tentative d'approche de la
vérité et la troisième déclaration, c'est le
premier ministre qui la fait.
M. TESSIER: Il a fait une déclaration, laquelle?
M. BOIS: Aussi longtemps que l'on n'a pas l'article de la loi ou
l'amendement proposé dans les mains, j'ai quand même le droit de
poser des questions sur le projet de loi qui est soumis.
M. TESSIER: C'est cela, le problème.
M. BOIS: Aujourd'hui, les cultivateurs, M. le Président, sont
limités par des quotas de lait et ce sur quoi je voulais simplement
attirer l'attention, c'est que dans l'industrie, si l'on fait un produit
manufacturé, par exemple, il y a possibilité de le conserver.
Mais un cultivateur ne peut pas conserver des patates pendant cinq ans par
exemple. C'est cela que je voulais mentionner.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que d'autres membres de la commission ont des
questions à poser à M. Couture ou à Me Bastien? M.
Couture, nous vous remercions. J'inviterais maintenant le représentant
du Conseil des producteurs de pâtes et papier du Québec à
bien vouloir s'adresser à la commission.
Conseil des producteurs de pâtes et
papier
M. LABRECQUE: M. le Président, messieurs, mon nom est Alexandre
Labrecque. Je suis l'employé d'une compagnie membre du Conseil des
producteurs de pâtes et papier; j'ai ici à mes côtés
M. Paul Lachance, qui est le président et le directeur
général de ce conseil.
Mon exposé sera bref et, je l'espère, concis. Beaucoup
d'autres groupements se sont présentés devant vous et vous en
attendez d'autres. Il convient de faire vite. D'ailleurs, il faut éviter
les répétitions.
Le but de notre mémoire est de faire ressortir l'inédit,
si je peux m'exprimer ainsi, et aussi de traiter plus en profondeur de certains
aspects de la taxation de la machinerie industrielle. Mais avant de rentrer
dans le vif du sujet, le conseil désire exprimer à l'honorable
ministre des Affaires municipales, à ses conseillers, ainsi qu'à
vous les membres de la commission parlementaire permanente des Affaires
municipales, toutes ses félicitations à l'endroit des buts et
objectifs du bill 48.
C'est une véritable codification de l'évaluation que
propose le projet de loi. Enfin, nous verrons disparaître les
incohérences et les multiples injustices auxquelles donnait lieu la
taxation dans le domaine foncier depuis mémoire d'homme. Il y a une
injustice cependant, M. le Président, que je ne voudrais pas passer sous
silence, et c'est l'application de la taxation sur la machinerie à ce
jour. La situation présente que nous connaissons et que le projet de loi
veut faire disparaître, et son application ont fait de cette taxe une
taxe odieuse, discriminatoire, inique; la taxe elle-même, peu importe son
application, est des plus dommageables à l'économie de notre
belle province.
Je m'explique: Il y a des villes, les grandes, Montréal,
Québec, en sont des exemples qui ne taxent pas la machinerie.
Les villages, les municipalités régis par le code
municipal, ne taxent pas la machinerie non plus. Les seules entités qui
ont droit de taxer la machinerie sont les cités et villes. Or, pour
compliquer la situation, il y a certaines cités et villes qui ont
exercé leur pouvoir de ne pas taxer la machinerie. Qu'en
résulte-t-il? Une situation des plus injustes. Deux exemples
illustreront la situation folichonne. Premier exemple: une usine de pâtes
et papier située au Québec paie des taxes municipales et
scolaires sur sa machinerie; une autre, située au Québec
également, fabriquant un même produit, vendu sur les mêmes
marchés mondiaux, n'en paie pas. On ne s'attarde pas pour se demander
s'il s'agit d'une bagatelle ou s'il s'agit d'un fardeau réellement
discriminatoire. Le meilleur exemple que je puisse vous donner est celui d'une
usine ici dans le Québec de pâtes et papier qui paie à
cause de cette taxe de la machinerie $1 million annuellement de plus qu'une
autre qui se trouve dans un territoire affranchi de cette taxe.
J'avais raison, donc, d'appeler la taxe, "odieuse". Une autre situation
ou une autre illustration de ce fouillis législatif: la plus grande
concentration industrielle connue au Québec se trouve dans une
municipalité qui ne taxe pas la machinerie. Tout à
côté se trouvent une papeterie, une cartonnerie qui paient des
taxes sur la machinerie. Une rue pratiquement divise les deux
municipalités que M. Tremblay connaît très bien. Avec le
résultat suivant, du point de vue scolaire: la régionale englobe
les deux municipalités, celle qui ne taxe pas et celle qui taxe la
machinerie. On divise, comme vous le savez, les dépenses
d'immobilisation de la régionale comme ses dépenses d'entretien
au prorata des rôles d'évaluation des commissions locales. Alors,
la papeterie et la cartonnerie sont obligées de payer leur part des
dépenses de la régionale sur leur machinerie, alors que cette
très grande concentration industrielle n'en paie que sur ses
bâtiments et terrains.
Je vous laisse, messieurs, tirer les conclusions qui s'imposent. Mais,
j'ai aussi dit que la situation était extrêmement dommageable
à la province de Québec. Pourquoi? Sa voisine, l'Ontario, depuis
des années ne taxe pas la machinerie. Sa voisine, l'Etat de New York, ne
taxe pas la machinerie. L'Etat de New York se fait gloire de ne pas taxer la
machinerie. Voici une annonce qui parait dans le Time Magazine depuis
déjà quelques mois, à toutes les semaines: "It pays to
locate in New York State". L'une des cinq raisons invoquées pour attirer
l'industrie dans cet Etat de New York est la suivante: "It has, New York has,
no le "no" est en lettres majuscules et souligné state or
local tax on manufacturer's personal property". Ne nous trompons pas, dans le
"Common Law", le "personal property" ne veut pas dire la
propriété personnelle. Cela veut dire tout simplement les
meubles. "It has no state or local tax on manufacturer's personal property such
as machinery, equipment or inventories". "On blâme certains courants
politiques dans le Québec de ce qu'on n'attire pas chez nous
l'industrie. A-t-on pensé que dans notre législation, il y a une
taxe sur la machinerie qui effraie l'industrie, qui l'empêche de venir
ici quand elle peut aller dans l'Ontario et être complètement
libre de cette taxe? D'ailleurs la majorité des provinces du Canada ne
taxent pas la machinerie. Aussi, point n'est besoin de se surprendre que la
commission Bélanger, en décembre 1965, ait unanimement
recommandé l'abolition de cette taxe.
Messieurs, voilà les raisons qui militent en faveur de
l'abolition de la taxe. Le conseil souhaite qu'il y ait unanimité lors
de l'adoption du bill sur cette question.
Je voudrais maintenant étudier avec vous l'étendue de
l'exemption. Je crois que l'article 14 du bill est suffisamment clair: c'est
l'intention du législateur de faire disparaître la taxe sur la
machinerie. Malheureusement, la phraséologie employée crée
trois situations que le conseil des producteurs désire attirer à
votre attention et j'espère que des corrections pourront être
apportées à ces trois situations. La première: tel que
rédigé, l'article 14 n'englobe pas toute la machinerie ou si l'on
veut l'équipement industriel. Pourquoi? Parce qu'il n'accorde
d'exemption de la taxe qu'aux seuls immeubles par destination. Lisons ensemble
l'article 14: "Ne sont pas portés au rôle les immeubles par
destination." Or, il y a, et c'est très connu, dans tous les domaines de
toute industrie, de l'équipement industriel qui est un immeuble par
nature. Exemple: un brûleur d'écorces est un immeuble par nature.
C'est de l'équipement industriel, c'est de l'équipement
antipollution. Il ne bénéficierait pas, selon la
phraséologie actuelle, de l'exemption de la taxe sur la machinerie.
Autre exemple il y en a des milliers un bassin de
sédimentation ou un lac pour le traitement des eaux d'une usine. Il s'en
intallera beaucoup d'ici quelques années dans le Québec. Ces lacs
sont de véritables lacs. J'en ai vu dans le sud des Etats-Unis où
l'on peut facilement faire de la voile, tellement les dimensions du lac sont
appréciables. Ces lacs sont des immeubles par nature, donc on paiera des
taxes sur la machinerie. On paiera des taxes de toute façon sur cet
immeuble par nature qui est en somme de l'équipement industriel mais qui
est surtout de l'équipement antipollution.
Deuxième commentaire que le conseil désire faire à
l'endroit de l'article 14 et son emploi des mots "exclusivement" à a) et
à c). "Bénéficieront, de l'exemption dit l'article
14 a) tout ce qui sert exclusivement à un processus de
production, transformation, etc. Et c) exclusivement à des fins
de lutte contre la pollution de l'eau, de l'air ou du sol." Exemple de
machinerie qui ne sert pas exlusivement à une fin quelconque; il
y en a des milliers un convoyeur de charbon apporte le charbon qui
alimente les chaudières à vapeur d'une usine
donnée. L'usine fabrique la vapeur pour l'usage de la production
à 99 p.c. Dans une papeterie, par exemple, la vapeur est utilisée
pour le séchage du papier-journal ou du carton. Mais la vapeur produite
sert aussi à chauffer l'usine, c'est-à-dire qu'elle ne sert pas
à des fins de production industrielle, elle sert à chauffer les
bâtiments ancillaires ou connexes à l'usine.
Donc, le convoyeur à charbon, si l'on s'en remet au texte strict
de l'article 14, ne sera pas exempté parce qu'il n'est pas
employé exclusivement à la production industrielle.
Autre exemple, un brûleur d'écorces. On installe
aujourd'hui un brûleur d'écorces près d'une papeterie pour
se débarrasser, d'une façon qui ne pollue pas l'eau, des
écorces. On doit procéder à l'écorçage du
bois avant qu'il entre dans le processus de fabrication. On installe le
brûleur d'écorces pour tout simplement brûler ces
écorces qui sont nuisibles quand elles sont jetées à
l'eau. Jusqu'à présent, nous jetions toutes nos écorces
à l'eau, ça ne coûtait rien. On a souvent pensé
à installer des brûleurs à écorces, mais ce n'est
pas rentable que d'installer un brûleur à écorces. Il va
falloir cependant le faire, la population réclame la propreté et
elle y a droit. Le brûleur d'écorces produit évidemment de
la vapeur; le peu de vapeur qu'il produit, au lieu de la laisser se perdre dans
l'air, sera employé dans l'usine. Donc, le brûleur
d'écorces est installé comme moyen de combattre la pollution mais
pas exclusivement; une partie infime, 10 p.c, la vapeur, on s'en servira pour
les fins de la production industrielle. Alors, le brûleur
d'écorces ne pourra tomber sous le coup de l'article 14 c), ni de 14 a)
parce qu'il n'est pas exclusivement employé à la fin
prévue par l'article.
Il y a beaucoup d'autres exemples, je vous en fais grâce; il y a
dans les autres industries des situations semblables. Qu'est-ce que nous
recommandons là-dessus? Nous recommandons le remplacement du mot
"exclusivement" par une phraséologie appropriée qui permettrait
aux installations en question de bénéficier de l'exemption dans
la mesure où elles servent à des fins industrielles ou de lutte
contre la pollution.
Mon troisième point à l'endroit de l'article 14 est
celui-ci: Le conseil se demande pourquoi l'on fait de la discrimination contre
l'industrie forestière en faveur de l'industrie minière. Si vous
le voulez, messieurs, nous lirons ensemble l'article 15: "Ne sont pas
portés au rôle les galeries, puits de mine ainsi que leurs
équipements et installations et les réserves de minerai."
Pourquoi l'industrie minière aurait-elle cette exemption pour ces
immeubles par nature, alors que l'industrie forestière ne l'aurait pas,
elle qui utilise des camps forestiers, des chemins forestiers, des estacades,
des jetées, des barrages, le tout, pourquoi? Non pas extraire le minerai
du fond de la terre, mais pour récolter une autre source naturelle qui
est le bois et l'acheminer vers l'usine. Dans un cas, on exempte, dans l'autre
cas, on n'exempte pas. Je ne vois pas personnellement, nous ne voyons pas de
bonnes raisons pour faire une différence entre les deux. Ce sont deux
industries qui s'occupent de l'extraction de la matière première.
Dans les circonstances, nous aimerions que dans l'article 14, l'on fasse
disparaître le mot "exclusivement" nous aimerions que notre installation
pour la récolte du bois jouisse d'une égale exemption aux
installations prévues à l'article 15 pour l'industrie
minière; enfin, nous aimerions voir changer la conception de la
rédaction de l'article 14. Nous nous entendons tous, je crois, à
l'effet que l'équipement industriel doit être exempt de taxe. On
s'est servi d'une classification qu'on trouve au code civil, immeubles par
destination, qui sont des meubles installés à
perpétuité quelque part par son propriétaire, etc., et on
s'est servi d'immeubles par nature. On exempte l'un et on n'exempte pas
l'autre. Mais ce n'est pas du tout répondre à l'idée, au
principe même de l'exemption de l'équipement industriel qui, lui,
peut être des deux natures, peut tomber sous les deux
définitions.
Il y a deux solutions: s'en remettre à la loi de l'Ontario que je
vous lis: "AU machinery and equipment used for manufactoring or farming
purposes, including the foundations on which they rest but not including
machinery and equipment to the extent that it is used intended or required for
lighting, heating or other building purposes..." et l'article continue avec
toute une kyrielle d'exceptions.
Nos pragmatistes, les Anglais, ont pris le boeuf par les cornes, et ils
ont dit: On veut exempter la machinerie et l'équipement. Bien, appelons
les choses par leur nom. C'est la suggestion que nous faisons respectueusement
au comité de rédaction de ce bill 48.
Nous avons un court mot au sujet des conseils de comté. Les
conseils de comté, comme vous le savez ont le droit de taxer les
biens-fonds imposables. Or, les conseils de comté, on ne voit pas
mention de leur nom dans le bill 48. Toutes les municipalités y sont,
sauf les conseils de comté. Et nous nous demandons si le bill 48 ne rate
pas le but d'uniformité qu'il recherche dans la taxation de l'assiette
foncière en n'incluant pas les conseils de comté.
Parce que tel que nous voyons la chose à l'heure actuelle, nous
aurons une loi, un code, une loi-cadre de l'évaluation s'appliquant
à tout le monde dans la province de Québec, au scolaire comme au
municipal, sauf le conseil de comté qui, lui, conserve ses pouvoirs, en
vertu du code municipal.
Nous aimerions dire un mot des installations hydro-électriques.
L'article 18 n'exempte que les installations de l'Hydro-Québec. Le
comité plénier de la Chambre a étudié cet article,
a convenu de le changer. Je n'ai pas l'amendement devant moi. En tout cas, il
s'est exprimé de façon à exempter tous les barrages et
toutes les centrales hydro-électriques, peu importe â
qui elles appartiennent dans la province de Québec.
L'honorable ministre ayant décidé de tenir une commission
parlementaire permanente autour du bill 48, il fut convenu que tout ce qui
avait été discuté à l'Assemblée nationale
serait mis de côté. Nous voulions tout simplement soumettre que,
quand la question serait réétudiée, que l'on tienne compte
du fait que les papeteries, certaines papeteries ont de grosses installations
hydro-électriques dont le but premier est de fournir l'énergie
hydro-électrique requise par ses usines. Cela leur a coûté
des millions et des millions de dollars en immobilisation. Il a absolument
fallu qu'elles fassent cette mise en valeur des ressources hydrauliques parce
qu'elles n'avaient pas, à ce moment-là, par exemple, à
Baie-Comeau, le moyen de se procurer l'électricité pour les
grands besoins de leurs usines, de leurs papeteries. Ces papeteries paient
d'ailleurs de très fortes redevances en loyer, et "royalties" ou taxe
d'eau au gouvernement du Québec. Par exemple, Quebec North Shore
à Baie-Comeau, par Manicouagan Power, paie au-delà de $400,000 en
loyer et redevance d'eau au gouvernement du Québec. La compagnie Price,
pour laquelle je travaille, paie au-delà de $300,000 annuellement en
loyer et taxe d'eau à la province de Québec. Tous ces
coûts, y compris les taxes municipales et scolaires font
évidemment partie du coût de revient du produit fini. Quant au
coût de revient du produit fini, nous obtenons le prix que nous pouvons
obtenir sur les marchés du monde en concurrence avec, par exemple, la
Scandinavie, le sud des Etats-Unis et la Colombie anglaise. Vous savez,
à l'heure actuelle, qu'une crise aiguë frappe l'industrie des
pâtes et papier.
Nous disons que si 1'Hydro doit bénéficier d'une exemption
pour ses installations hydroélectriques, il doit en être de
même pour une industrie qui, à l'heure actuelle, est très
malade. Il n'y a pas à se le cacher.
Finalement, une dernière remarque, nous croyons voir une note
discordante entre les notes explicatives du bill et le bill lui-même. Les
notes explicatives disent que, dès janvier 1972, dès que le bill
sera loi, les municipalités, que la loi s'applique à elles
à ce moment-là ou non, tout dépend de la
détermination du ministre, devront quand même se conformer aux
critères d'exemption ou d'inclusion selon le cas, des immeubles taxables
ou non taxables du bill 48.
Or, ce n'est pas ce que le bill dit. Il y a eu, évidemment,
méprise. Un léger amendement peut facilement corriger cette
lacune que le législateur n'a certainement pas voulue. C'est tout, je
vous remercie, messieurs.
M. LE PRESIDENT: Merci M. Labrecque, M. le ministre.
M. TESSIER: Je voudrais d'abord remercier Me Labrecque pour son brillant
exposé et l'assurer que le but que le gouvernement se propose est
précisément celui que vous avez exposé. J'ai eu
l'occasion, lors de réunions précédentes de la Commission
parlementaire des Affaires municipales, de déclarer très
catégoriquement, je crois, qu'il n'était pas question de taxer de
machinerie sous quelque forme qu'elle se trouve et qu'une nouvelle
rédaction des articles 14 et 15 serait présentée à
l'Assemblée nationale.
Nous voulons simplement taxer les terrains et les bâtiments qui
abritent la machinerie. Il ne peut être question de taxer d'aucune
manière les machineries, qu'elles servent exclusivement ou non, qu'elles
soient immeubles par destination ou par nature. Vous avez donné
l'exemple des étangs de sédimentation. Il ne peut pas être
question de les taxer, pas plus d'ailleurs que les brûleurs
d'écorces, pas plus que les chemins de chantier, les estacades ou les
barrages qui servent à l'exploitation de l'industrie
forestière.
Je crois que nos idées se rencontrent. Vous allez atteindre le
but que se propose votre mémoire. D'autre part, en ce qui concerne les
conseils de comté, j'avoue bien humblement qu'il y avait eu une
omission. Nous avons déjà préparé une correction
qui doit être apportée sous forme d'amendement pour inclure les
conseils de comté. Il reste un dernier point qui est la question des
installations hydroélectriques, actuellement taxables en vertu de la Loi
des cités et villes.
Cette question doit être discutée prochainement, de
nouveau. Nous nous proposons d'avoir, dans un avenir très
rapproché, des rencontres avec les compagnies intéressées.
Je ne vous donne pas l'assurance que nous allons faire disparaître
complètement la taxe d'évaluation sur les installations
hydro-électriques, mais nous allons essayer d'en venir à une
entente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sur le...
M. TESSIER: Il faut toujours tenir compte excusez-moi
également que certaines municipalités seraient grandement
affectées dans leurs revenus. Vous en avez donné d'ailleurs
quelques exemples tout à l'heure. Alors, il va falloir
évidemment, tenir compte des deux, de celui qui perçoit la taxe
et tenir compte de l'intérêt général d'une
communauté, d'un contribuable et également de ne pas alourdir
davantage le fardeau de l'impôt foncier de l'industrie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie Me
Labrecque de son exposé très clair qui me rappelait certains
cours que j'ai déjà suivis à la faculté de droit.
Vous avez très bien posé le problème en ce qui concerne
l'industrie des pâtes et papier.
Je vis dans une région où le problème se pose de
façon assez aiguë de même que dans les régions
avoisinantes. Lors de l'étude que nous
avions commencée en comité plénier, qui avait
apporté certaines décisions qui ont été
rescindées par la suite parce que nous avons convoqué cette
commission parlementaire, nous avions convaincu le ministre d'exempter comme
vous le demandez, les entreprises que vous représentez. Nous avions
notamment demandé une exemption en ce qui concerne les installations
hydro-électriques. Enfin, le ministre ne semble pas de l'avis qu'il
avait exprimé à ce moment-là. Nous avions inscrit au
journal des Débats que tout cela serait désormais exempté.
Nous pensons bien qu'il va revenir au bon sentiment qui l'avait animé le
soir où il avait accepté ces propositions.
Vous devinez tout de suite que, me plaçant dans l'optique du
développement économique et industriel du Québec, je suis
d'accord sur les recommandations que vous faites à la commission
parlementaire.
Il y a un point au sujet duquel je voudrais interroger le ministre,
celui des conseils de comté dont vous avez parlé, Me Labrecque.
Le ministre me corrigera si je fais erreur. J'ai souvenir d'une
déclaration qu'il avait faite ici même à la commission
parlementaire. Il disait à peu près ceci au conseil de
comté qui était venu témoigner devant nous: cet organisme
aurait un grand rôle à jouer dans les nouvelles structures
municipales. Cette affirmation peut avoir l'air bénigne en soi, mais si
les conseils de comté ont un grand rôle à jouer c'est que
le ministre a l'intention de les doter d'instruments qui leur permettent de
jouer ce rôle. Le premier instrument évidemment est un instrument
financier ou monétaire.
J'aimerais bien que le ministre s'explique sur cette première
déclaration, je dis bien première, qu'il avait faite au sujet du
rôle des conseils de comté. Déclaration qu'il a d'ailleurs
reprise en substance lorsqu'il a annoncé la mort des communautés
urbaines. Je voudrais aujourd'hui, à ce troisième stade de ses
déclarations, qu'il nous dise exactement quel est le rôle qu'il
entend faire jouer aux conseils de comté en fonction des instruments
financiers qu'il devra mettre à leur disposition si tant est que leur
rôle ne sera pas et le ministre l'avait bien dit à ce
moment-là qu'un rôle consultatif mais un rôle
dynamique, un rôle actif dans l'organisation municipale nouvelle que
propose le ministre.
M. TESSIER: M. le Président, le député de
Chicoutimi suivant son habitude...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): N'a pas de mémoire.
M. TESSIER: ... me fait dire un tas de choses. Avant de lui
répondre, je lui demanderais qu'il prenne le temps cet
après-midi, à l'heure du déjeuner, de me citer ce que j'ai
dit dans le journal des Débats concernant le rôle des conseils de
comté. Vous allez vous aper- cevoir qu'il y a tout de même une
différence assez prononcée entre les paroles que vous me
prêtez et celles que j'ai dites devant cette commission
parlementaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. TESSIER: Et lorsque vous me lirez le texte de ma déclaration
à ce sujet-là, je vous répondrai.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On a l'habitude de dire qu'on ne prête
qu'aux riches. Je veux bien matériellement croire que cet axiome est
vrai dans le cas du ministre. Intellectuellement parlant, j'ai des doutes. Cet
après-midi, je lui apporterai le texte qu'il réclame et je le lui
lirai et je le lui commenterai.
Il devra déclarer, comme il a l'habitude de le faire, qu'il a
été mal cité même par le journal des
Débats.
M. TESSIER: Non, non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a déclaré...
M. TESSIER: Ce n'est pas mon habitude de dire que j'ai été
mal cité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais vous venez de dire...
M. TESSIER: J'attends que vous me le citiez vous-même...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous venez de dire que vous avez
été mal cité comme vous avez déclaré le
lendemain du jour où vous avez...
M. TESSIER: J'attends que vous me lisiez le texte. Je vous
répondrai à ce moment-là, je vous ferai mes
commentaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Que le ministre me laisse poursuivre, je vous
en prie, M. le Président. Les avocats habitués de plaider devant
le tribunal n'acceptent pas que le procureur du ministère public objecte
constamment lorsque la défense fait sont réquisitoire.
Alors, le ministre a déclaré que les conseils de
comté auraient un très grand rôle à jouer.
M. TESSIER: J'attends...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il a dit que ce rôle ne serait pas que
consultatif. Je l'avais interrogé précisément à ce
sujet. Alors, si le ministre veut attendre à cet après-midi pour
se dédire, je l'entendrai avec plaisir. Je lui lirai le texte et il
devra s'expliquer encore une fois comme il s'est expliqué à la
suite de sa déclaration sur la mort des communautés urbaines.
Mais nonobstant ce qui pourra se passer cet après-midi et si le
ministre n'a pas dit exactement, enfin n'a pas tenu exactement les propos qu'il
prétend que je lui prête, je ferai amende honorable et, pour une
fois, je déclarerai que le ministre ne s'est pas contredit.
Mais, pour Tintant, le représentant des Sociétés de
pâtes et papier vient de parler du rôle des conseils de
comté dans ce domaine de l'évaluation. Quelle est l'attitude du
ministre en ce qui concerne cette recommandation des sociétés de
pâtes et papier?
M. TESSIER: Je l'ai dit, M. le Président. J'ai dit...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand?
M. TESSIER: ... qu'il y avait eu une omission. C'était clair, il
me semble. Que le député de Chicoutimi, M. le Président,
ne veuille pas comprendre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est-à-dire que le
député...
M. TESSIER: Il prend les moyens pour ne pas comprendre....
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le
député de Chicoutimi veut toujours comprendre.
M. TESSIER: J'ai dit qu'il y avait eu une omission. Cette omission sera
corrigée en incluant les conseils de comté avec les
municipalités.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et les conseils de comté seront soumis
aux exigences de la loi 48 comme le demandent les représentants de la
Société des pâtes et papier?
M. TESSIER: C'est ça. C'est ce que j'ai dit et c'est ce que je
répète pour la troisième fois pour le
bénéfice du député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aime ça quand le ministre insiste et
qu'il s'acharne à faire mon éducation et à m'instruire
dans le domaine des Affaires municipales. Le ministre est un bon professeur,
vous savez, il doit constamment répéter pour les
élèves qui ont la tête dure. Il y a des
élèves qui ont la tête dure parce qu'ils se rendent compte
aussi que les professeurs ne disent jamais la même chose lorsqu'ils
parlent du même sujet. Alors, je veux bien que le ministre... Nous avons
pris note de la déclaration du ministre, savoir que les conseils de
comté seront soumis sans aucune sorte de réserve ni nuance aux
exigences de la nouvelle loi 48. Cela rend nulle et non avenue l'affirmation
qu'a faite le ministre, savoir que ces gens joueraient un rôle
extraordinaire...
M. TESSIER: Cela n'a aucun rapport, M. le Président, aucun
rapport avec la structure municipale...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qui sera plus qu'un rôle
consultatif.
M. TESSIER: Aucun rapport avec ça. M. le Président, si
vous me permettez, je vais, pour le bénéfice de tous les
intéressés, donner lecture du projet d'amendement de l'article
lj) auquel fait allusion le mémoire dont vient de nous parler Me
Labrecque. L'article lj) pourrait se lire comme suit: "Municipalité: une
corporation de cité ou de ville, une corporation de village ou de
campagne, une corporation de comté mais ne comprenant pas, etc." Alors
nous allons tout simplement rectifier l'omission qui avait été
faite lors de la rédaction du premier texte.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre, maintenant, pourrait
faire la conciliation des notes explicatives et des dispositions de l'article
concernant le moment de mise en application de la loi tel que l'a
souligné le représentant des pâtes et papier à la
fin de son mémoire?
M. TESSIER: En ce qui concerne l'application de la loi, je peux
préciser que la loi s'appliquera en même temps en ce qui concerne
les exemptions, en ce qui concerne la machinerie, entre autres, au même
moment à la grandeur du territoire du Québec. Les articles 108 et
109 auxquels vous faites allusion seront amendés de manière que
la loi trouve son application partout, au même moment, mais il y aura
dans certains cas des délais qui pourront être accordés
pour la confection des rôles. C'est différent. Nous avons
l'exemple de la Communauté urbaine de Montréal, entre autres, qui
nous a fait des représentations démontrant qu'il était
impossible, vu le nombre tellement considérable d'immeubles à
évaluer qu'il faudrait un délai d'environ deux ans, avant qu'on
puisse appliquer la loi intégralement dans la confection des
rôles. Mais cette loi aura son effet tout de même le jour de sa
sanction ou de sa publication dans la Gazette officielle en ce qui concerne les
exemptions tant pour l'industrie que pour les cultivateurs.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je remercie M. Labrecque de son
exposé assez clair. J'accepte certaines remarques, en particulier, en ce
qui concerne la machinerie industrielle. Je comprends que les compagnies des
pâtes et papier veuillent être soumises aux mêmes normes et
critères d'évaluation que toute autre entreprise et, en
particulier, en ce qui concerne les barrages hydro-électriques.
Pour notre part, et j'avais fait valoir, lors de
la discussion en deuxième lecture, qu'il était absolument
aberrant d'exempter les barrages de l'Hydro-Québec de la taxe
foncière, d'autant plus que cette entreprise faisait des profits avec la
production hydro-électrique. Je comprends que les compagnies des
pâtes et papier du Québec, voulant être soumises aux
mêmes critères et normes que toute autre entreprise, demandent
l'exemption pour leurs barrages hydro-électriques. Cependant, pour notre
part, nous nous étions opposés à l'article 18 parce que
nous, comme je l'avais fait remarquer et comme le disait tout à l'heure
le ministre, constations que quantité de municipalités perdraient
énormément de taxes municipales si on exemptait ces barrages et
nous voulions que l'Hydro-Québec soit soumise exactement aux mêmes
normes et critères que toute autre entreprise industrielle.
Je ne vois pas, pour ma part, pourquoi l'Hydro-Québec, comme
toute autre entreprise, soit exemptée, c'est-à-dire que les
barrages de ces entreprises soient exemptés de la taxe foncière
puisque, vous dites vous-même dans votre mémoire, le coût de
l'électricité fait partie du prix de revient des pâtes et
papier. Alors, étant donné que nous avions pris cette position,
je suis encore persuadé que nous devons taxer les barrages
hydro-électriques tant pour l'Hydro-Québec que pour toute autre
entreprise forestière, ou autre. J'aimerais que M. Labrecque nous
soumette certaines raisons qui justifieraient l'exemption de ces barrages
hydroélectriques pour les compagnies forestières en
particulier.
Il est certain, si on exempte les barrages de l'Hydro-Québec, que
nous devrions accepter que les autres compagnies soient soumises aux
mêmes critères. Mais dans le cas où l'Hydro-Québec,
par exemple, continuerait d'être soumise à la taxation, tel que
c'était dans le passé, est-ce qu'il y aurait d'autres raisons qui
justifieraient qu'on exempte de la taxation les barrages
hydro-électriques?
M. LABRECQUE: L'Hydro-Québec, exerce, M. Lessard, je crois, en
quelque sorte un monopole.
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi, M. Labrecque, pour les besoins de
l'enregistrement des débats, auriez-vous l'obligeance de parler dans le
micro? Merci.
M. LABRECQUE: Pardonnez-moi, M. le Président.
L'Hydro-Québec exerce un monopole. Peu importe son prix de revient, elle
peut toujours récupérer ce qu'elle a dépensé
auprès de la Régie des services publics, chez qui elle s'en va
trouver l'autorisation d'imposer des taux qui lui laissent un profit
après toutes dépenses d'exploitation. L'installation
hydro-électrique d'une papeterie ou d'une entreprise de pâtes et
papier ne donne pas du tout le même résultat; le coût de
mise en valeur de ce pouvoir hydraulique entre dans le prix de revient de son
produit fini. Son produit fini est vendu sur les marchés du monde; il
n'est pas vendu au Canada, l'infime pourcentage se vend au Canada; 90 p.c, 80
p.c. se vendent dans le monde entier en concurrence avec les pays Scandinaves,
avec le sud des Etats-Unis, avec d'autres provinces. Elle ne peut
récupérer les dépenses accrues d'exploitation en face de
cette concurrence effrénée sur les marchés du monde,
où le prix fluctue selon la demande pour les produits et selon
l'abondance du produit à l'heure actuelle. L'industrie des pâtes
et papier est malade parce qu'il y a trop de capacité de production dans
le monde. Alors, ses taux de taxe sont haussés, ses coûts
d'exploitation sont augmentés, et elle ne peut récupérer
ces dépenses additionnelles à même son prix vendant du
produit fini. C'est notre première raison.
Il y a une deuxième raison pour laquelle la papeterie ou
l'entreprise de pâtes et papier devrait jouir d'une exemption, c'est
celle-ci: l'entreprise de pâtes et papier paie à l'heure actuelle
une taxe aux divers gouvernements à trois niveaux. Elle paie un loyer et
elle paie une redevance d'eau pour l'exercice ou la mise en valeur de ce
pouvoir hydro-électrique. Prenons Price, par exemple: Price paie
$300,000 annuellement en loyer et redevances d'eau; Price paie ensuite à
un autre niveau de l'assiette foncière une taxe municipale et scolaire
de l'ordre d'au delà d'un demi-million annuellement; finalement Price
elle n'en n'aura pas cette année paie à même
ses profits corporatifs ou ses revenus corporatifs nets, une taxe tant
fédérale que provinciale. Je dis que, dans ces circonstances, on
doit tenir compte de ce qu'elle paie déjà en redevances et loyer
au gouvernement de la province de Québec. On doit permettre que la
papeterie ou l'entreprise de pâtes et papier déduise ce paiement
dû des taxes municipales et scolaires qui lui sont
réclamées, d'abord parce qu'au moins au plan municipal, ses
installations ne bénéficient telles qu'elles se trouvent
à l'heure actuelle, selon leur emplacement aucunement des
services municipaux.
On devrait donc tout au moins bénéficier d'une
réduction de la taxe municipale et scolaire correspondant au montant qui
est payé au gouvernement de la province de Québec en loyer et
redevances d'eau.
Troisièmement, nous disons que les difficultés, la crise
aiguë que traverse à l'heure actuelle l'industrie des pâtes
et papier au Québec sont dues à trois raisons: La première
raison, c'est que le bois nous coûte trop cher.
Le coût de revient du produit fini est trop cher par comparaison
à ce qu'il est en Colombie-Britannique, à ce qu'il est dans le
sud des Etats-Unis. Deuxièmement, le coût du transport du produit
fini, là où il est vendu, est trop cher comparativement aux
autres endroits en compétition avec nous dans le monde et,
troisièmement, c'est un des points importants, un des gros
points, qui font que notre situation de
concurrence est affaiblie nous payons trop de taxes au
Québec et au Canada pour l'exercice de notre métier, de notre
industrie. Alors, pour toutes ces raisons, M. le président, messieurs,
nous réclamons l'exemption totale de toute taxe foncière sur nos
barrages et centrales, sur notre production électrique.
M. LESSARD: M. le Président, nous comprenons actuellement la
situation alarmante dans l'industrie des pâtes et papier du
Québec. Nous aurons l'occasion, probablement prochainement,
d'étudier ce problème en commission. Actuellement, il s'agit
d'établir des critères uniformes de taxation pour l'ensemble des
municipalités du Québec.
Si les compagnies de pâtes et papier du Québec devaient
s'alimenter au réseau hydroélectrique de l'Hydro-Québec,
elles devraient, à ce moment là, en payer le coût. Je crois
qu'il y a eu dans le passé certaines démarches de la part de
l'Hydro-Québec pour acheter ces barrages qui sont actuellement
propriété des entreprises privées. Si vous croyez que le
taux d'électricité que vous produisez actuellement serait plus
bas par suite du fait que vous êtes propriétaire de vos propres
barrages, pourriez-vous me dire à ce moment là, pourquoi, les
compagnies de pâtes et papier dans l'ensemble, du moins dans ma
région, ont tout simplement refusé de vendre leur réseau
ou de vendre leur barrage à l'Hydro-Québec? Comme
l'électricité est simplement un facteur d'énergie, au
même titre que le pétrole ou tout autre facteur d'énergie,
si vous deviez vous alimenter au réseau de l'Hydro-Québec, le
coût que ça amènerait ferait partie, comme c'est le cas
actuellement, du coût de revient et vous seriez soumis à la
concurrence internationale de la même façon. C'est pourquoi, pour
ma part, je refuse que les barrages de l'Hydro-Québec soient
exemptés de la taxe foncière. Je n'accepterais pas non plus que
les barrages des compagnies forestières ou de toute autre compagnie
soient exemptés, parce que je ne pense pas que la solution comme telle
du problème des pâtes et papier du Québec soit dans cette
direction. Mais il s'agit d'établir des critères, des
normes...
M. LABRECQUE: Des mesures équitables, je comprends.
M. BOIS: Je remercie très sincèrement M. Labrecque pour
son exposé. Je voudrais mentionner ici qu'en réalité, ce
genre d'imposition devient une imposition de capital et non pas du profit du
capital. Alors, si on exempte l'Hydro-Québec, je ne vois pas en
réalité pour quelle raison on n'exempterait pas les barrages des
compagnies de papier et en même temps, l'Hydro à l'heure actuelle
faisant le gros de son exportation à l'extérieur de la province
de Québec, l'on taxe simplement ses surplus. Si l'on taxe ses surplus,
je trouve qu'on atteindra quand même la solution, ce qui permettrait de
laisser quand même aux industries forestières cet instrument comme
étant un outil d'exploitation. Maintenant, tout à l'heure on a
parlé du coût du bois en Colombie. J'aimerais avoir une
appréciation et M. Labrecque peut peut-être me la donner. Comment
se fait-il, par exemple, que si le coût du bois qu'acquièrent les
compagnies de papier en Colombie est inférieur à celui du
Québec, les revenus...
M. LABRECQUE: Est inférieur, dites-vous?
M. BOIS: Oui, oui.
M. LABRECQUE: Ah! le coût est inférieur.
M. BOIS: Oui, oui. Alors, comment se fait-il que la Colombie, en retour
sur ses revenus généraux, peut même prêter à
la province de Québec?
M. LABRECQUE: Est-ce qu'elle le fait encore?
M. BOIS: Elle pourrait peut-être le faire encore.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En Alberta...
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs, s'il n'y a pas d'autres questions,
nous remercions M. Labrecque...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, avant que...
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avant que vous libériez M. Labrecque,
j'aurais une autre question à poser au ministre.
Est-ce qu'il a évalué le montant que
représenteraient les exemptions consenties aux entreprises sur la
machinerie et sur tout ce dont nous avons parlé ce matin, à
propos du mémoire des sociétés de pâtes et papier?
Est-ce que le ministre peut nous dire qu'il a envisagé des
mécanismes de compensation dans le cas où certaines
municipalités seront ainsi privées de revenus, du fait des
exemptions que le ministre accordera en vertu de la loi?
M. TESSIER: Nous n'avons pas fait d'évaluation précise,
mais nous sommes présentement à en faire. Ceci servira justement
et sert présentement aux études qui se poursuivent au sujet de la
fiscalité municipale. Il y aura sûrement des formes de
compensation.
D'autre part, je pourrais ajouter que le dégrèvement
pourrait s'échelonner peut-être sur un certain nombre
d'années, deux ans ou trois ans, pour permettre à certaines
municipalités qui seront plus particulièrement touchées
ce n'est pas l'ensemble des municipalités, mais il y a des cas
d'exception de trouver des moyens
de compenser par d'autres revenus la perte que ces municipalités
subiront.
Tout ça fait présentement l'objet d'études de la
part du comité ad hoc qui a été formé à la
suite de la conférence provinciale-municipale et dont le rapport sera
rendu public, assez prochainement, je l'espère par le ministre des
Finances.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai bien compris le ministre, comme je le
comprends toujours très bien, je trouve assez étrange que le
ministre consente des exemptions comme ça, comme on dit vulgairement
"à pochetée" sans avoir évalué le montant que
représenteront, en pertes de revenus pour les municipalités, les
exemptions qu'il consent aussi généreusement: Nous ne lui faisons
pas le reproche de cela; il parle de certaines municipalités, d'autre
part, qui seront affectées de façon plus particulière et
il dit: Nous ferons échelonner ça sur telle, telle, telle
période. Mais cela contredit ce qu'il a dit tout à l'heure
à la fin, lorsque j'ai parlé de la dernière observation du
mémoire des sociétés de pâtes et papier, lorsqu'il
s'agissait de l'application de la loi. Comment le ministre peut-il concilier
tout cela?
M. TESSIER: Il n'y a pas de contradiction, j'ai dit...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Peut-être pas dans votre esprit.
M. TESSIER: J'ai dit que la loi allait s'appliquer en même temps
partout.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. TESSIER: Mais ça ne veut pas dire que la disparition de
l'évaluation de la machinerie ne sera pas échelonnée sur
une certaine période, disons trois ans, afin justement de permettre
à certaines municipalités de récupérer. Mais ce
qu'il est important, je crois, de préciser c'est que le problème
ne se pose pas tout à fait de cette manière, parce qu'il n'y a
tout de même qu'un petit nombre de municipalités qui taxent encore
la machinerie. Il y a quelques années, il y en avait beaucoup plus. Les
grandes municipalités d'ailleurs Me Labrecque l'a
mentionné tout à l'heure ne taxent pas la machinerie.
Elles ont cessé de taxer la machinerie depuis quelques
années.
Il ne reste qu'un petit pourcentage de municipalités qui taxent
encore la machinerie. On me dit qu'il ne reste plus qu'environ six villes au
Québec qui taxent encore la machinerie. Evidemment, ce sont des cas
particuliers. Nous serons obligés de prendre des dispositions pour
compenser cela. Le tout fait présentement l'objet d'étude par le
comité spécial ou le comité ad hoc dont j'ai fait allusion
il y a un instant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ces compen- sations vont se faire
immédiatement, j'imagine. Il y a des municipalités qui vont se
trouver en sérieux déficit.
M. TESSIER: Oui, évidemment, il va falloir que ça se fasse
en même temps. Il va falloir que ça se fasse au cours du
même exercice financier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y aura levée de taxes et
d'impôts?
M. TESSIER: C'est précisément ce qui est
étudié par le comité.
M. PAUL: Est-ce que vous allez par conséquent nous
présenter votre loi fiscale très bientôt?
M. TESSIER: Ce n'est pas moi qui vais la présenter.
M. PAUL: Ce n'est pas vous.
M. TESSIER: Non.
M. PAUL: Mais il y a consultation...
M. TESSIER: Le comité se réunit
régulièrement.
M. PAUL: Est-ce que vous faites partie du comité?
M. TESSIER: Des gens de mon ministère en font partie, oui. Pa moi
personnellement parce que ça se situe au niveau des fonctionnaires
actuellement. Le comité doit soumettre son rapport très
prochainement aux différents ministères qui sont
impliqués. Il y a le ministère des Finances, le ministère
des Affaires municipales, le ministère de l'Education entre autres, il y
en a d'autres aussi. Ce rapport sera évidemment par la suite,
étudié par les ministres concernés, par le cabinet. Les
mesures législatives seront prises et annoncées en temps et
lieu...
M. PAUL: Alors, pour revenir à l'argumentation...
M. TESSIER: ... par le ministre des Finances.
M. PAUL: ... de mon collègue, avec beaucoup de plaisir, nous
apprenons les dégrèvements, les exemptions de taxes municipales
spécialement dans le domaine de la machinerie, sans savoir, au moment
où vous faites cette déclaration, s'il y aura un consensus de la
part des membres du comité chargé d'étudier tout ce
problème. Est-ce qu'il n'y a pas une certaine inquiétude...
M. TESSIER: Non, il n'y a pas d'inquiétude, il ne faut tout de
même pas exagérer dans ce domaine.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais est-ce que le ministre...
M. TESSIER: Nous sommes d'accord. Tout le monde est d'accord, je crois,
sur l'exemption de la machinerie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permet une petite
question très simple? Cela va l'aider dans son raisonnement. Je lui pose
une question très simple. Je lui dis: Est-ce que vous avez
évalué grosso modo, sans aller dans les poussières de
chiffres, ce que cela va représenter pour les municipalités,
même si vous dites qu'il y en a peu qui taxent? Il me semble que vous
avez dû faire ce calcul immédiatement avant de songer à
donner des exemptions.
M. TESSIER: Il est évident que le calcul a été fait
mais je ne serais pas en mesure de vous donner des chiffres précis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, qu'un ministre qui
présente une loi où il annonce des dégrèvements, je
comprends très mal qu'il n'ait pas auparavant pris la précaution
élémentaire de savoir quelles seront les conséquences
financières.
M. TESSIER : Je vous dis...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De deux choses l'une...
M. TESSIER: Je vous dis qu'il y a un comité qui étudie
ça présentement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord, les comités, je comprends
tout ça. Il y en a des paquets et on ne comprend jamais rien avec tout
ça.
M. TESSIER: Que vous ne compreniez jamais rien, ça ne me surprend
pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, ça ne vous surprend pas parce que
nous avons des comités à votre ministère et on sait
comment ça fonctionne. Alors il y a une chose très simple...
M. TESSIER: Vous avouez vous-même que vous ne comprenez pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a une chose que je comprends très
bien et qui est très claire. Le ministre nous présente une loi
dite loi-cadre de l'évaluation municipale. En vertu de cette loi, il va
consentir une série d'exemptions. Par conséquent, un certain
nombre de municipalités, le ministre ne nous dit pas lesquelles et
combien, vont subir des pertes de revenus. Est-ce que le ministre n'aurait pas
dû auparavant s'assurer que ce montant est d'un ordre de grandeur X
puisqu'en même temps il s'occupe avec son collègue des Finances de
préparer des mesures "rémédiatrices", c'est le cas de le
dire.
Alors, il va se produire ceci: ou bien les municipalités vont
avoir les mêmes revenus et il n'y a pas de subvention, ou bien elles
n'auront pas les mêmes revenus, et c'est très clair par les
affirmations qu'a faites le ministre lorsqu'il a parlé des exemptions,
il va falloir trouver des revenus à ces municipalités. Ces
revenus ne pourront provenir que de deux sources: des emprunts ou des
taxes.
M. TESSIER: Pas nécessairement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un raisonnement très simple. A
moins que le ministre ait un moyen d'imprimer de l'argent.
M. TESSIER: Votre raisonnement est faux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quel autre moyen?
M. TESSIER: On a parlé...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On est étranglé sur le plan
scolaire. On est étranglé sur le plan municipal. Où le
ministre va-t-il trouver l'argent?
M. TESSIER: Voici...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le gouvernement n'a même pas de
facilités à faire ses emprunts pour financer l'administration
courante de la province.
M. TESSIER: On sait qu'il a été question et c'est
à l'étude présentement du retrait du champ de
l'impôt foncier par les commissions scolaires, graduellement, afin de
permettre aux municipalités qui, dans des cas particuliers, auront
besoin de revenus additionnels, d'aller récupérer une partie de
ce qui est actuellement...
M. PAUL: Qui commence par quoi, la récupération?
Où, quand?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Où, quand, comment, pourquoi?
M. TESSIER: La récupération par le retrait graduel du
champ de l'impôt foncier par les commissions scolaires sur un certain
nombre d'années, sans que le contribuable soit affecté davantage.
Si le contribuable qui paie disons en impôt foncier tant au municipal
qu'au scolaire $500 continue à payer $500, il n'est pas plus
affecté. Si, dans ses $500, il en payait $300 au scolaire et $200 au
municipal et qu'il n'en paie plus que $250 au scolaire, la municipalité
peut aller récupérer les autres $50 sans que cela aggrave encore
le fardeau foncier du contribua-
ble. Je donne ça à titre d'exemple. C'est une des
propositions qui est avancée par le comité. C'est une source qui
pourra permettre à certaines municipalités d'aller
récupérer certaines pertes qu'elles pourraient subir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Creuser un trou pour en remplir un autre.
M. TESSIER: Pas du tout.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vider ensuite le nouveau trou...
M. TESSIER: Attendez. Je ne veux pas m'aventurer davantage sur la
programmation et les lois qui seront apportées au point de vue de la
fiscalité municipale. Je le répète, à la suite de
la conférence provinciale-municipale, ce comité a
été formé, il est composé de fonctionnaires du
gouvernement, de représentants des municipalités, de
représentants des commissions scolaires et ils se réunissent pour
trouver les meilleurs moyens d'accroître ou de compenser par des revenus
additionnels certaines municipalités qui pourront être
affectées.
M. PAUL: Quand le ministre parle de l'enveloppe globale des taxes
municipales et scolaires que doivent supporter les contribuables et qu 'il nous
parle d'un déplacement éventuel, est-ce que cela résulte
de discussions qu'il a eues avec son collègue sur le problème de
la fiscalité scolaire?
M. TESSIER: Cela résulte en partie de ça, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Depuis le moment où vous avez pris
connaissance de cette loi quand nous vous avons appris le 9 septembre que le
ministre...
M. PAUL: Le 9 octobre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... allait présenter une loi
là-dessus, parce que vous ne le saviez avant.
M. TESSIER: Cela remonte bien antérieurement à cela. Cela
remonte même avant la conférence provinciale-municipale du
printemps dernier. Cela remonte à il y a environ un an pour être
plus précis, à l'automne 1970...
M. PAUL: Vous avez été surpris d'apprendre que le ministre
d'Education présenterait une loi.
M. TESSIER: ... où des pourparlers, où des dialogues ont
été engagés avec le ministre des Finances, le ministre de
l'Education. C'est à partir de ce moment-là que des études
ont été entreprises. Au cours de la conférence
provinciale-municipale, le ministre des Finances a eu l'occasion de
déposer un volumineux document sur la fiscalité municipale avec
différentes propositions. C'est là qu'il a été
décidé de former ce comité afin de compléter les
études et surtout de voir de quelle manière on pourrait appliquer
ces nouvelles mesures.
Mon collègue, le ministre des Finances, aura l'occasion dans un
avenir assez rapproché de faire part à l'Assemblée
nationale des mesures qui seront prises pour justement compenser les pertes de
revenus de certaines municipalités, et également accroître
les revenus de certaines municipalités où il y a un manque de
revenus et où les contribuables sont absolument saturés
d'impôts fonciers.
On ne peut augmenter les taxes foncières ni du côté
scolaire ni du côté municipal; il faut, par conséquent,
trouver de nouvelles sources de revenus pour les municipalités et ce
sont justement ces mesures-là qui seront dévoilées
prochainement par le ministre des Finances.
M. PAUL: Quand vous dites prochainement, est-ce que vous voulez
entendre...
M. TESSIER: Bien, d'ici la fin de l'année...
M. PAUL: Est-ce que vous voulez entendre d'ici la fin de la
présente session?
M. TESSIER: Je l'espère bien.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Parce qu'on nous a annoncé un budget
supplémentaire, ce qui veut dire que le gouvernement, avec le budget
qu'il nous a fait adopter, n'absorbe pas les exigences que représentent
les dépenses encourues par le gouvernement.
M. TESSIER: Sur cette question, je préfère laisser mon
collègue, le ministre des Finances, vous fournir des explications.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. C'est beaucoup plus prudent; cela ne
résout pas l'énigme de ce déplacement de fonds sans que
l'on sache d'où proviendront les nouveaux fonds, sinon, par la frappe
d'une monnaie que nous n'avons pas vue encore.
M. TESSIER: Vous le saurez en temps et lieu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, nous remercions
les représentants des sociétés des pâtes et papier,
particulièrement, Me Labrecque. Ce dernier a pris bonne note, comme
nous, des affirmations solennelles du ministre et nous espérons que les
sociétés de pâtes et papier connaîtront enfin une
situation meilleure que celle qui est la leur actuellement.
M. PAUL: Nous resterons en éveil, M. Labrecque.
M. LABRECQUE: Merci, M. le Président. Merci, messieurs.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Labrecque. Merci, M. Lachance. Je demanderais
maintenant au représentant du Conseil économique d'Alma, s'il est
présent, de bien vouloir s'avancer.
J'inviterais alors le représentant de la Société
d'agriculture des comtés de Jacques-Cartier et Robert-Baldwin.
Société d'agriculture des comtés
de
Jacques-Cartier et de Robert-Baldwin
M. LARIVIERE: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, mes chers amis:
On m'a un peu surpris, parce que nous ne nous attendions pas à
être entendus ce matin. J'étais dans le corridor.
M. LE PRESIDENT: Pardon, excusez-moi. Auriez-vous l'amabilité de
vous identifier, pour les besoins du journal des Débats, s'il vous
plaît.
M. LARIVIERE: Je m'appelle Arcade Larivière, président de
la Société d'agriculture des comtés de Robert Baldwin, de
Jacques-Cartier et de Marguerite-Bourgeoys.
Je représente la société d'agriculture et j'ai un
groupe de cultivateurs avec moi, de l'île de Montréal et de
l'île Bizard.
Etant président de la Société d'agriculture depuis
nombre d'années si ça avait été une position
payante, il y a longtemps que je ne l'aurais pas, parce ce que j'aurais eu de
l'opposition ils ont eu confiance en moi et m'ont demandé
d'être leur interprète. Je les en remercie et je remercie la
commission parlementaire de bien vouloir m'écouter.
Maintenant, je vais commencer à vous lire notre mémoire. A
l'article 1 du projet de loi, à la page 2, sous-article m), on dit:
Qu'est-ce qu'un agriculteur? On fait son portrait...
M. TESSIER: M. Larivière, je m'excuse de vous interrompre. C'est
peut-être pour économiser un peu de temps. Vous avez entendu la
lecture de l'amendement apporté à l'article 1 m) qui laisse de
côté la définition de l'agriculteur pour définir la
terre. Est-ce que vous êtes satisfait de cette nouvelle
définition?
M. LARIVIERE: Pour définir complètement l'agriculteur,
l'UCC représente l'agriculture des régions
éloignées, en général. Nous sommes sur l'île
de Montréal et nous sommes des cultivateurs comme ceux qui sont
représentés mais nous sommes jardiniers-maraîchers. Ce
n'est pas tout à fait le gros cultivateur de 100, 200 ou 300 arpents de
terre.
M. TESSIER: Tout de même, on ne définit plus ce qu'est
l'agriculteur.
M. LARIVIERE: Vous ne le définissez plus, dites-vous?
M. TESSIER: Non.
M. LARIVIERE: Nous trouvons important de le définir. Ce qu'on
veut dire par ça...
M. TESSIER: Pour fins de taxation...
M. LARIVIERE: Je comprends ce qu'on veut dire par fins de taxation. Tout
à l'heure, vous avez parlé de certaines dimensions qu'on ne
mentionnait pas. Nous avons des jardiniers dans notre bout qui ont cinq arpents
de terre, avec des serres et des couches chaudes et ils gagnent leur vie. Au
départ, on n'est pas dans la même situation que les gens de l'UCC.
Ce n'est pas nous qui avons voulu nous implanter sur l'île de
Montréal. Cela fait 58 ans que je suis là et, que voulez-vous, ce
sont nos parents. Parce que nous sommes sur l'île de Montréal,
nous prétendons que la loi que vous allez adopter nous apeure. Vous ne
m'avez pas laissé lire tout mon mémoire mais tout de
même...
M. BELAND: Si vous me permettez, monsieur. Ce matin, je n'y étais
pas dès le début et si j'avais su les noms de ceux qui devaient
comparaître ce matin, je me serais rendu dès le début.
Voici, il y a eu une petite bifurcation par l'honorable ministre. Par contre,
j'espère que ça n'a pas intimidé M. Larivière pour
présenter son mémoire. Je lui demanderais tout simplement de le
présenter pour que ce soit compilé au journal des Débats,
au même titre que n'importe qui, M. le Président. Il en a le
droit. Et nous, comme députés à cette table, c'est tout
simplement pour faire en sorte que nous puissions l'entendre ou au moins le
voir compilé au journal des Débats, tout simplement comme les
autres mémoires. Je crois, M. le Président, que c'est votre
devoir de faire en sorte qu'il lise tout simplement son mémoire comme
les autres, exactement comme les autres.
M. TESSIER: M. le Président, il n'a jamais été
question d'empêcher M. Larivière de faire lecture de son
mémoire. Je me suis contenté tout simplement de lui poser une
question pour lui demander, bien poliment, s'il avait pris connaissance du
nouveau texte proposé pour l'article 1 m). Je voulais tout simplement
savoir si oui ou non il en avait pris connaissance et s'il était
d'accord. C'est tout.
M. LARIVIERE: Nous sommes d'accord.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, je voudrais tout simplement, pour le besoin
du journal des Débats, pour que ce soit enregistré...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas pour la compilation, pour la
constitution...
M. LE PRESIDENT: En aucun temps, par des questions, est-ce que qui que
ce soit membre de cette commission, a voulu empêcher un
représentant d'un organisme de dire ce qu'il avait à dire?
Je crois que la question du ministre était justifiée,
comme l'intervention du député, à son esprit, était
très justifiée. Quant à moi, M. Larivière peut lire
le document qu'il a devant lui comme toute autre personne qui se
présentera à la barre de cette commission.
M. LARIVIERE : Quant à moi, cela ne me dérangeait pas
d'appuyer M. le ministre Tessier pour économiser du temps. On nous a
demandé d'être le plus bref possible mais de toute façon,
nous aurions aimé lire notre mémoire. Je comprends qu'il n'est
peut-être pas fait de la même façon que celui de l'UCC, et
même d'autres organismes qui se sont présentés, comme le
Marché central dont je fais partie moi-même des
jardiniers de Montréal.
Chacun a présenté son mémoire. Nous n'avons pas
tous la même façon de nous présenter. Nous ne nous sommes
pas consultés pour voir si on avait tel ou tel mémoire et tous la
même chose à dire. Vous avez dit tout à l'heure que vous
aviez consulté les membres de l'UCC. Nous sommes jardiniers et nous
n'avons jamais été consultés. C'est pour cela que nous
sommes venus ici pour nous entendre et essayer de nous comprendre, parce que,
sur l'île de Montréal, je vous avoue franchement que nous sommes
peureux. Vous parliez tout à l'heure de l'UCC. On explique cette
affaire-là. L'UCC, en général, dans toute la province de
Québec, c'est éloigné, mais dans notre cas à nous,
je prétends qu'on va avoir trois taxes à payer. Ce n'est pas le
cas des jardiniers en général. Nous avons la municipalité,
nous aurons le scolaire et nous avons la communauté urbaine de
Montréal qui va nous tomber sur les épaules. Nous avons la
police, toutes sortes de surtaxes qui nous surviennent. Notre cas est un peu
spécial, nous le prétendons. Je me demande si nous pouvons nous
expliquer un peu; nous reviendrons, si possible, après aux questions. Je
ne suis pas avocat, je suis un simple cultivateur mais je vis de la culture,
j'ai été cultivateur toute ma vie. Si cela ne vous dérange
pas, je vais lire mon mémoire.
M. LE PRESIDENT: Allez-y.
M. LARIVIERE: Nous autres, nous trouvons que ce n'est pas le revenu brut
qui fait qu'un homme est habitant, il est habitant quand sa principale
occupation et son métier sont d'être habitant, de gagner sa vie
avec la culture, et s'il a une mauvaise année au point de vue de la
culture, que les produits ne se vendent pas ou qu'il n'a pas eu de
succès avec sa semence, cela ne l'empêche pas de continuer
à être habitant.
Si on mélange le revenu avec sa principale occupation, cela va
être un nid à procès. A ce moment-là, j'arrête
seulement sur un point. Vous enlevez l'article 623, qui était dans
l'ancienne Loi de cités et villes. Il y a plusieurs paragraphes qui se
rattachent à cet article-là. On nous dit: Nous allons enlever
cela parce que c'étaient des nids à procès. Mais
là, on nous arrive avec la même chose qui va être un nid
à procès.
Si on mélange le revenu avec la principale occupation, cela va
être un nid à procès parce que là, ce n'est pas
l'ouvrage qui va compter, mais le résultat en dollars. C'est une
injustice. L'habitant qui n'aura pas fait d'argent n'aura pas les exemptions,
et le gars qui aura fait de l'argent, parce qu'il a été chanceux
et n'a pas été malade, aura les exemptions. C'est le revenu qui
décide s'il est habitant ou non. On devrait dire: "L'agriculteur, c'est
celui qui tire sa subsistance du sol et dont la principale occupation est la
culture du sol, l'élevage etc.," comme c'est marqué dans les cinq
dernières lignes à la lettre m ).
L'autre point, si vous me le permettez, c'est à l'article 30,
à la page 10 ).
Il faut dire que d'abord l'ancienne loi évaluait nos terres
à $100 l'arpent. Vous le portez à $150.
Ce n'est pas à nous de décider, mais il faut que vous
admettiez que c'est une augmentation déjà d'un tiers avant de
partir. Si vous le décidez comme ça, il faudra bien prendre notre
pilule.
Mais là-dedans, vous ne donnez aucune exemption pour la maison du
cultivateur.
La maison du cultivateur, c'est elle qui fait coucher les hommes, c'est
elle qui les nourrit, c'est elle qui garde le stock, on peut dire les
légumes en hiver dans les caves, et il y en a beaucoup de ça. Il
me semble qu'il y a une grande partie de la maison qui fait partie de la ferme
et on devrait avoir au moins une exemption de $10,000 comme dans l'ancienne Loi
des cités et villes.
Cela, c'est pour le premier paragraphe.
Je passe au troisième paragraphe.
On dit: "Si le terrain cesse d'être utilisé en
totalité ou en partie pour la culture du sol etc.". Les habitants
devront payer les taxes qu'ils auraient payées s'ils n'avaient pas
été habitants pendant les cinq dernières années. Il
y a des cas que je connais où vous allez mettre le propriétaire
dans le chemin.
J'ai un de mes amis, le printemps passé, qui avait
préparé tous ses plants de choux-fleurs ses plants de tomates, et
il y a eu une crise de coeur, il a été obligé de perdre
tous ses plants, n'a pas été capable de les mettre en pleine
terre.
Si on regarde la loi, en plus de ses malheurs, il va payer des taxes
comme s'il avait des lots pour construire des "bungalows".
C'est vrai qu'au paragraphe après on parle du décès
du cultivateur, mais je trouve que les délais sont trop courts. Dans des
cas, une veuve avec des enfants n'a pas le temps de se replacer pour se
retrouver un fermier, de bons employés ou bien un autre mari
peut-être pour continuer l'exploitation agricole. Et combien d'autres
cas? Par exemple, un fils qui n'a pas fini ses études. Il faut donner
une chance à la famille.
La société d'agriculture que je représente
trouve que, sous ce rapport, les troisième et quatrième
paragraphes de l'article 30 devraient être remplacés par la partie
de l'article 623 de la Loi des cités et villes qui dit que lorsqu'une
terre est tombée dans la spéculation, que ç'a
été vendu pour des développements en lots, des maisons,
des industries, peu importe, à ce moment-là ça ne doit
plus bénéficier des exemptions de cultivateurs.
Ce sont les remarques que j'avais à vous faire et, au nom de la
société que je représente, je demanderais d'abord de
changer deux choses: la lettre m) de l'article 2, pour enlever la clause du
revenu brut et remplacer ça par celui "dont la principale occupation est
l'agriculture".
Un mot pour dire cela, vous connaissez cela mieux que moi. Je pense que
vous savez ce que je veux dire.
Ensuite, à l'article 30, il faudrait, donner une exemption de
$10,000 à la maison du cultivateur et remplacer les troisième et
quatrième paragraphes par celui de la Loi des cités et villes
où il est dit que lorsqu'une terre à été vendue
pour spéculer les taxes commencent à être perçues
à partir de ce moment-là.
Je voudrais de plus vous parler de la rétroactivité. Nous
avons parlé, tout à l'heure, de la rétroactivité de
cinq ans. Mes chers amis, ce qu'on veut dire à ce sujet est, que tout
avocat, notaire ou fonctionnaire, médecin, qui que ce soit, a un fonds
de pension qui peut être créé qu'il paie des retenues. Mais
il a fallu au cultivateur 25 à 30 ans à payer sa terre et il y en
a une grande majorité qui n'ont pas payé leur terre. Mais, celui
qui a payé sa terre, le gars a pris sa vie pour le faire. A un moment
donné il vend, et vous revenez cinq ans d'arrérages de taxes.
Pour nous ça nous semble complètement injuste. Si le gars est
malade, par exemple si je tombe malade, même si je voulais vendre ma
terre et que je n'ai pas d'acheteur, mais si j'ai un gars qui peut la cultiver,
trouvez-vous cela normal que le gars ne puisse pas continuer de la faire
cultiver pour lui?
Je ne vois pas pour quelles raisons on n'accepterait pas cela, que vous
ne pourriez pas nous protéger. Nous avons été
protégés dans le passé. C'est ce qui nous a permis de
vivre. Si on n'est pas protégé, je prétends que ça
ne sera pas long avant de dire: Nos terres les voici, prenez-les.
Il y en a plusieurs qui ne sont pas capables d'arriver, une grande
majorité. C'est pour vous dire que le cas de la
rétroactivité, on en a tous peur. Je pense que c'est avec
raison.
Dans mon cas, je n'explique pas mon cas particulier, mais vous parliez
tout à l'heure de dimension de terrains. Sur l'île de
Montréal, nous avons le terrain en bordure dont nous n'avons pas
parlé.
Si j'ai 700 pieds de terrain en bordure, que l'on vote quoi que ce soit
en taxes spéciales, que pensez-vous qu'il va m'arriver? Vous pensez que
je n'y goûterai pas? Je ne serai pas capable de la garder. Je ne suis pas
le seul dans ce cas-là, nous sommes plusieurs.
Tout à l'heure, quand vous me disiez, si on acceptait un peu ce
que l'UCC présentait, nous ne sommes pas tout à fait dans le
même cas, c'est un peu un cas spécial. J'ai confiance que vous
allez nous considérer comme cultivateurs résidants de l'île
de Montréal et de l'île Bizard. Je vous avoue franchement, des
types ont 75 et 80 ans, ils ont raison d'avoir peur. Ils ont accumulé
des biens et, comme on doit nous contrôler, nous serons obligés de
donner nos terres et nous allons mourir dans la rue.
Nous n'acceptons pas qu'on nous fasse vivre. C'est écrit ici. Je
suis convaincu que l'affaire est très sérieuse pour les
habitants. J'ai bien des enfants, je ne voudrais pas qu'il perdent le peu
qu'ils ont, qu'ils vivent de l'assistance sociale ou de l'aide aux mères
nécessiteuses. Nous autres, nous ne connaissons pas autre chose que
l'agriculture et, si nous ne sommes pas capables de rester là, ça
va nous faire bien de la peine. Se faire vivre par des chèques du
gouvernement... je laisse tout ça entre vos mains. Je vais vous dire
franchement, les cultivateurs de Montréal ont toujours été
indépendants et n'ont jamais été au crochet de personne.
C'est ce que je peux vous dire, M. le ministre. On a traversé de
très mauvaises années, on commençait pratiquement toujours
en dettes le printemps. Nous n'avons jamais été au crochet de
personne, nous avions du coeur dans le corps, nous l'avons toujours dans le
corps et nous avons toujours travaillé pour gagner notre vie. Si vous
pensez que ce n'est pas logique, j'en ai une trentaine qui sont derrière
moi et ce sont tous des cultivateurs comme dans mon cas. J'aimerais que vous
considéreriez un peu ce qu'on vous explique. C'est pour vous dire que
notre cas est un peu spécial.
Je ne voudrais pas m'attarder. Je vous remercie déjà de
votre bonne attention et, s'il y a eu quelque chose qui a pu blesser ou qui
aurait pu manquer, je m'en excuse. J'ai fait mon possible et tout en
représentant notre association, notre société
d'agriculteurs, je voudrais aussi vous dire que nous sommes les jardiniers de
Montréal et notre vie, nous la gagnons avec le marché de
Montréal.
On voudrait que la Compagnie centrale du marché de
Montréal soit protégée; tout en la protégeant, nous
sommes protégés pour gagner notre vie.
Je vais vous expliquer quelque chose, M. le ministre, cela ne sera pas
très long. Je veux vous expliquer regardez notre ligne
qu'il y a 20 ans on payait tout ce qui comprend la mise en boîte, tous
les contenants. On payait les paniers à pommes $0.05. Aujourd'hui, on
paie $0.40 pour les paniers à pommes vides. On paie les sacs à
pommes de terre $0.15 à $0.18 le sac. On payait ça $0.02, $0.03
ou $0.05, c'était le plus. Tout est en conséquence. Prenez en
considération que c'est la seule ligne, je crois, du cultivateur.
Trouvez-moi le prix. On a des pris dérisoires. Je l'ai expliqué
l'autre fois. On est venu à la commission de l'Education. Mais la
commission scolaire est sensée se baser sur le
système municipal. C'est pour ça que je vous dis que
depuis 20 ans, il n'y a pas un cultivateur qui puisse dire que ses revenus sont
meilleurs. Prenez les machines aratroires. On payait un tracteur $1,500, on est
rendu qu'on le paie $6,000 ou $7,000. Ce ne sont plus des cadeaux. Pour avoir
un stock raisonnable pour gagner notre vie, cela prend au départ au
moins $20,000 ou $25,000. C'est donc dire que si vous ne nous protégez
pas, il est impossible d'essayer de continuer. Nous avons confiance et je n'ose
pas le dire assez, c'est parce que je sais que les cultivateurs ont une grande
peur. Nous avons confiance en vous, M. le ministre, et nous considérons
que vous allez nous aider. Je vous remercie de votre bonne attention. Merci
beaucoup.
M. TESSIER: M. Larivière, je voudrais vous remercier et vous dire
que vous avez raison d'avoir confiance parce que non seulement le ministre des
Affaires municipales, mais le gouvernement actuel va vous protéger,
justement par des amendements que nous allons apporter. Je puis ajouter que les
craintes que vous pouviez avoir étaient justifiées par la
rédaction du texte original de la définition de l'agriculteur,
à l'article 1 m) et même à l'article 30.
Avec la nouvelle rédaction, nous allons atteindre exactement le
but que vous vous proposez. C'est-à-dire, que vous n'aurez pas plus de
taxes à payer que vous en payez présentement.
M. LARIVIERE: C'est cela...
M. TESSIER: C'est le but que nous nous proposons. Il s'agit de trouver
évidemment la meilleure formule possible pour arriver à atteindre
ce but. C'est précisément pourquoi nous recevons un aussi grand
nombre de mémoires et pourquoi la commission parlementaire entend tous
ceux qui veulent se faire entendre. Nous tenons compte de toutes les
suggestions qui nous sont faites. Nous allons essayer, du moins, nous allons
faire tout notre possible pour arriver à la meilleure rédaction
possible afin que les cultivateurs ne soient pas surtaxés, ne soient pas
taxés davantage.
M. LARIVIERE: Nous ne sommes pas sans vouloir payer de taxes, on
comprend cela.
M. TESSIER: D'accord...
M. LARIVIERE: Mais être surtaxés...
M. TESSIER: Vous ne voulez pas en payer davantage.
M. LARIVIERE: C'est cela.
M. TESSIER: Et vous avez raison. Je l'ai déclaré tout
à l'heure, c'est le but que nous nous proposons. C'est pour cela que je
vous ai dit que vous avez raison d'avoir confiance au gouvernement actuel.
M. LARIVIERE: Nous avons confiance et espérons que vous allez
agir en conséquence. Cela, on le sait.
M. LE PRESIDENT: Merci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je remercie beaucoup M. Larivière, nous
l'avions déjà entendu l'autre jour avec grand plaisir. Les
représentations que nous avons faites ont amené ces amendements
que le ministre a exposés ce matin qui, je crois, vont permettre de vous
donner justice. Soyez assurés que nous allons surveiller cette
affaire.
De même, nous allons surveiller le cas du Marché central
métropolitain qui est un problème très particulier, qui
peut vous affecter. Nous l'avons déjà soumis au gouvernement.
Notre rôle à nous est justement de montrer au gouvernement
certaines faiblesses de ses projets de loi. C'est normal qu'un projet de loi
qui est soumis pour étude ait des faiblesses. Ce sont des gens comme
vous qui, avec un très grand bon sens, viennent nous faire
connaître leur situation et nous permettent d'améliorer les
projets de loi qui sont soumis par le gouvernement ou par les gouvernements,
quels qu'ils soient. Alors, M. Larivière, soyez assuré que nous
allons faire en sorte que le ministre n'oublie pas les promesses qu'il vous a
faites ce matin.
M. LARIVIERE: Vous allez le surveiller!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, je remercie très
sincèrement. M. Larivière qui nous a exposé son
mémoire avec le vrai coeur d'un cultivateur. Beaucoup d'entre nous ont
des origines terriennes.
Il me fait grand plaisir de constater, à la page 4, et c'est un
point que j'ai déjà soulevé ici à la commission,
les deux derniers paragraphes 4 et 2, que l'on fait mention de l'article 30 du
projet de loi. Je crois, M. le Président, que si M. le ministre
s'arrête dans cette direction et fait quelque chose, par exemple, dans un
amendement qu'il pourrait nous apporter en visant se servir à peu
près des mêmes modalités que l'article 623 de la Loi des
cités et villes, je crois que ça rendrait service à toute
la classe de nos terriens, de nos cultivateurs. J'ai déjà
vécu une expérience pratique. Je n'étais pas dans une
ville aussi développée que celle de Rimouski mais une ville qui
est passée d'un caractère terrien à un caractère
résidentiel. C'est que toutes les terres, en se servant de ces
règlements, qui étaient vendues pour des fins d'exploitation,
étaient définitivement imposées suivant leur valeur
marchande tandis que les cultivateurs qui louaient leurs terres, par exem-
ple, alors qu'ils étaient malades ou à la suite de
succession comme vous avez si bien fait mention, M. Larivière, ces gens
recevaient le même privilège, c'est-à-dire qu'ils
étaient strictement évalués comme des terriens avec des
terres arables, en culture.
Je crois, M. le Président, que si le ministre veut bien
s'arrêter à considérer surtout ces deux derniers
paragraphes, ça ferait notre affaire et je trouve que ça rendrait
justice à la société que vous représentez. Je vous
remercie, M. le Président.
M. LARIVIERE: Il y a un petit moment, si vous voulez me permettre, M. le
ministre Tessier a dit que ceux qui ont moins de 10 arpents, il faut qu'ils
prouvent leurs revenus. Il me semble que j'ai entendu cela tout à
l'heure. Est-ce que j'ai raison ou non?
M. TESSIER: C'est $2,000.
M. LARIVIERE: Il faut qu'ils prouvent qu'ils ont moins de $2,000 en
revenu.
M. TESSIER: Brut, et non pas net.
M. LARIVIERE: Je comprends, excepté qu'il y en a qui ont cinq
arpents de terre et qui gagnent leur vie avec les fleurs ou...
M. TESSIER: Ils ont certainement plus de $2,000 de revenu brut s'ils
gagnent leur vie à cultiver les fleurs.
M. LARIVIERE: Il y en a qui l'ont mais il y en a d'autres aussi qui vont
ailleurs. Il y a une majorité, qu'ils aient quelque grandeur que ce
soit, parce qu'il en coûte aujourd'hui, on ne peut pratiquement pas vivre
entièrement avec une terre. Il y en a plusieurs qui vont chercher des
sources de revenu ailleurs, sans ça, surtout quand vous avez des enfants
j'en ai six, j'ai cinq garçons et ça coûte quelque
chose.
Cela coûte cher. Il faut chercher à travailler sur la terre
ici et là pour trouver des sources de revenus pour suffire aux besoins.
Nous, les cultivateurs, je prétends que nous sommes un peu comme tout le
monde. Nous ne demeurons pas en ville, mais nous ne voulons pas tenir nos
jeunes dans l'emboîtage, on ne veut pas les lancer sur le marché
du travail, mais nous voulons qu'ils aient l'air du monde comme tous les
autres. Cela coûte quelques sous. Quand un gars dit: Papa, je sors ce
soir, donne-moi quelques cents. Je vous dis, au bout de la ligne, pourquoi nous
ne pouvons payer de gros salaires, nous les habitants, c'est parce que nous ne
faisons pas de revenus. C'est ce qui est important. C'est pour ça que
ça nous fait peur de payer. Nous aimons payer, mais pas être
surchargés. Je finis là. Je m'excuse, mais je voulais dire ces
quelques mots.
M. TESSIER: Merci, M. Larivière.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Larivière. Avant d'ajourner, je
voudrais rappeler aux membres de la commission et à ceux qui ont
à faire des représentations qu'immédiatement après
la période des questions cet après-midi, la première
personne qui sera appelée à venir faire des commentaires sera M.
Ernest Labelle, cultivateur, à titre personnel. Viendra ensuite
l'Association des banquiers canadiens. Pour la période des questions, le
gouvernement est à la merci de l'Opposition, mais nous croyons que nous
devrions être de retour vers quatre heures, quatre heures et quinze au
plus tard cet après-midi, à moins d'imprévu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est bien dit.
Reprise de la séance à 16 h 20
M. LEDUC (président de la commission permanente des Affaires
municipales): A l'ordre, messieurs !
J'inviterais, tel que convenu, avant l'ajournement pour le
déjeuner, M. Ernest Labelle, cultivateur, à bien vouloir faire
valoir ses idées.
Si je vois bien, M. Labelle est absent. En conséquence, j'invite
le représentant de l'Association des banquiers canadiens à faire
valoir ses opinions. Je demande à chacun des organismes, d'abord aux
représentants de s'identifier ainsi que l'organisme qu'ils
représentent et de résumer autant que possible les
mémoires qu'ils ont présentés aux membres de la
commission.
Association des banquiers canadiens
M. DIONNE: M. le Président, M. le ministre, messieurs les membres
de la commission parlementaire, messieurs, mon nom est André Dion-ne. Je
suis évaluateur agréé à l'emploi de la Banque
royale du Canada à son siège social à Montréal.
J'ai été chargé par mes collègues de l'Association
des banquiers canadiens d'être leur porte-parole quant aux commentaires
et suggestions qu'ils désirent vous soumettre en marge du projet de loi
no 48. A mes côtés j'ai MM. Thompson et Milne, respectivement
président et l'un des membres du comité d'évaluation
muncipale de notre association.
M. le Président, l'Association des banquiers canadiens vous
remercie de l'occasion qui lui est offerte de vous présenter son point
de vue sur le projet de loi no 48, loi traitant des évaluations
foncières dans la province de Québec.
L'évaluation foncière est une mesure importante en ce
qu'elle vise à établir un système d'évaluation
équitable à travers la province de Québec. Pour la
première fois, en effet, toutes les municipalités sans exception,
seront soumises en vertu des dispositions de cette loi à une
uniformité d'évaluation. Bien qu'il soit utopique
d'espérer qu'une législation universelle de l'évaluation
foncière satisfasse un jour tous les contribuables, la
présentation du projet de loi no 48 représente néanmoins
un pas en avant dans cette voie et son introduction par le gouvernement
mérite des félicitations pour des efforts aussi louables.
Même si nous sommes d'accord quant à l'intention
générale du projet de loi, il y a cependant certains aspects qui
nous causent quelques soucis. Les commentaires que nous désirons
formuler à cet égard reflètent l'intérêt et
l'esprit de solidarité qui animent tous les citoyens de la province qui
désirent apporter leur contribution en vue d'en arriver à une loi
d'évaluation foncière qui soit juste, progressive et
éclairée.
Afin d'atteindre cet objectif, l'Association des banquiers canadiens
soumet respectueusement à la commission parlementaire quelques remarques
susceptibles d'améliorer le projet de loi, en vue d'en faciliter son
application et d'assurer aux contribuables des évaluations
équitables.
A l'article 1, M. le Président; nous suggérons
d'insérer une définition de la valeur marchande. La valeur
marchande pourrait se définir comme étant le montant
réalisé lors de la vente d'un immeuble entre un vendeur et un
acheteur consentants.
L'article 9 prévoit que la valeur marchande doit être
établie conformément au manuel d'évaluation. Nous
suggérons que le manuel d'évaluation soit utilisé
seulement à titre de guide et que l'évaluation se fasse
conformément â la valeur marchande tel que mentionné
précédemment à l'article 1.
A l'article 11, nous prévoyons que vous éprouverez
quelques difficultés dans la mise en application de cet article tel que
rédigé. Un bâtiment en construction qui satisfait aux
conditions des sous-paragraphes a) et c) peut ne pas avoir de valeur marchande
parce qu'incomplet.
De plus, l'estimation du coût d'un bâtiment tel que requis
aux fins d'obtention d'un permis de construction peut inclure le coût de
certains articles non imposables en vertu de cette même loi.
Nous suggérons alors que cet article soit reformulé, de
façon qu'une nouvelle construction ne devienne sujette à
évaluation, en tout ou en partie, que lorsqu'elle est occupée ou
qu'elle est raisonnablement prête à être occupée.
Article 14. Nous croyons que cet article, tel que rédigé,
peut conduire à une interprétation restrictive, ce qui
entraînerait des difficultés d'ordre administratif.
Nous suggérons que le préambule soit modifié de
façon à stipuler que "ne sont pas portés au rôle les
immeubles par destination et installations qui sont utilisées a), b), c)
etc.
Nous suggérons également d'ajouter un sous-paragraphe e)
qui se lirait comme suit: "Ne sont pas portés au rôle les
immeubles par destination et installation qui sont utilisés (e) comme
accessoires aux immeubles sans ajouter à la valeur marchande". Aux
articles 32 à 41, M. le Président, nous soumettons
respectueusement que le principe voulant qu'on communique aux contribuables un
avis de l'évaluation foncière et ou de la valeur locative
annuelle reçoit notre entier appui.
Ceci contribuera sûrement à une plus grande
compréhension de la part des contribuables quant à la valeur que
représente leur propriété. Nous avons toutes les raisons
de croire qu'un dialogue accru entre les évaluateurs et les
propriétaires aura tendance à réduire plutôt
qu'à augmenter le nombre des plaintes.
A cet effet, nous suggérons que l'on prenne en
considération la possibilité d'ajouter un délai d'environ
quinze jours entre la mise à la poste des avis et le dépôt
du rôle. Ceci permettrait
d'apporter les corrections appropriées aux nom, adresse ou
description de la propriété, écartant ainsi la
nécessité de recourir à un appel.
A la section VIl, aux articles 50 à 76 inclusivement, traitant du
bureau de révision, nous émettons l'opinion, M. le
Président, que la suggestion à l'effet que les plaintes
portées contre l'évaluation et/ou la valeur locative annuelle
soient déposées et entendues de façon impartiale par un
personnel techniquement qualifié se veut progressive et
démocratique.
A l'article 77, en vue de simplifier les procédures, à la
fois pour la personne qui se croit lésée et le greffier, nous
suggérons que la formule d'appel soit imprimée au verso de l'avis
d'évaluation. A l'article 98, nous sommes d'avis que les personnes
touchées par les modifications prévues à l'article
précédent se doivent d'être avisées. En l'occurence,
nous suggérons que le second paragraphe de cet article soit
modifié de façon à ce qu'on lise: "Toute personne
touchée par une telle modification doit être avisée dans
les quinze jours". Et en anglais: "Shall be notified within fifteen days".
Nous avons limité nos commentaires à des aspects
particuliers du projet de loi qui soulèvent, à notre avis, des
difficultés d'applications dans l'immédiat. Toutefois, nous
sommes pleinement conscients que la présentation d'un tel projet de loi
dont l'objectif est l'application même de nouvelles normes dans le
domaine complexe de l'évaluation municipale produira, selon
l'expérience acquise, des difficultés encore
imprévisibles. Nous tenons cependant à réitérer que
les mesures suggérées dans ce projet de loi sont des plus
constructives et qu'avec la collaboration de toutes les personnes
concernées elles serviront de base à une évaluation
foncière saine et équitable pour toutes les municipalités
de la province de Québec. Merci, messieurs.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie, M. Dionne. M. le ministre.
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais remercier M. Dionne de
l'excellent mémoire qu'il présente au nom de l'Association des
banquiers canadiens. Je puis l'assurer que nous tiendrons sûrement compte
de certaines des suggestions qui y sont contenues, dans la nouvelle
rédaction de certains articles du projet de loi.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais également
féliciter M. Dionne pour la qualité du mémoire et la
clarté qui le caractérise. Mais, je me permettrais de lui poser
une question au sujet de la définition de la valeur marchande que l'on
retrouve à la page 2 du mémoire: "Valeur marchande pourrait se
définir comme étant le montant réalisé lors de la
vente d'un immeuble entre un vendeur consentant et un acheteur consentant."
Est-ce à dire que ce serait réellement le prix même
d'occasion qui pourrait intervenir entre deux parties contractantes qui
fixerait dans l'évaluation municipale le montant de l'évaluation
d'un immeuble, sans tenir compte de l'obligation dans laquelle se trouve
parfois placé un vendeur par suite de maladie, ou en sa qualité
d'héritier, etc., et voulant se départir d'un immeuble trop lourd
à cause des taxes municipales, etc., il sera consentant à le
vendre, l'acquéreur sera nécessairement consentant à
l'acheter? Par conséquent, le consentement serait le critère de
base pour établir nécessairement la valeur marchande à cet
immeuble.
M. DIONNE: Il est reconnu qu'un oiseau ne fait pas le printemps. Ici, la
même chose s'applique à mon sens et une vente ne fait pas le
marché. Il s'agit, pour obtenir une indication de la valeur marchande
qui soit représentative des transactions moyennes d'avoir un nombre
suffisant de ces transactions pour pouvoir établir une indication qui
soit valable.
M. PAUL: Est-ce qu'il n'y aurait pas avantage à compléter
peut-être cette formule tout en gardant cet excellent principe en soi que
vous nous suggérez pour apprécier ou déterminer la valeur
marchande?
M. DIONNE: Nous avons voulu établir une suggestion de
définition qui soit la plus brève possible. Je suis pleinement en
accord avec vous que celle-ci est peut-être un minimum. Mais quand
même, plus on définit, plus on restreint. Alors, afin de ne pas
trop restreindre, je crois que la définition de la valeur marchande
aurait avantage à ne pas définir outre mesure les
propriétés et la valeur marchande qui doivent être
établies en vertu du bill 48.
M. PAUL: Pour rester dans l'étude de votre mémoire, M.
Dionne, pourquoi suggérez-vous que l'on ne tienne pas compte de
l'évaluation d'un immeuble non terminé, non
complété, quelle que soit la phase de sa construction? Si, par
exemple, vous avez un immeuble commercial vous auriez le corps de la
bâtisse et que la construction est suspendue pour une
période de six mois, un an ou deux ans, vous ne croyez pas que le
principe de la valeur marchande que vous établissez par votre
définition susceptible d'être incorporée à l'article
1 du projet de loi, ne pourrait pas s'appliquer?
M. DIONNE: Je crois que vous vous référez au premier
paragraphe de la page 3 de notre mémoire...
M. PAUL: C'est cela.
M. DIONNE: Il est dit à mon sens que nous suggérons alors
que cet article soit reformulé de façon qu'une nouvelle
construction ne devienne sujette à évaluation en tout ou en
partie, même avant qu'elle soit complétée, que lorsqu'elle
est occupée ou qu'elle est raisonnablement prête à
être occupée. Alors, c'est même avant qu'elle soit
occupée.
M. PAUL: C'est une phase assez avancée de la construction.
M. DIONNE : Pas nécessairement.
M. PAUL: Que lorsqu'elle est occupée ou qu'elle est
raisonnablement prête à être occupée.
M. DIONNE : Sujette à évaluation en tout ou en partie.
C'est mentionné, au préalable, que ce soit en tout ou en partie
et qu'elle est prête à être occupée ou qu'elle est
raisonnablement prête à l'être.
M. PAUL: Je ne voudrais pas que vous ayez l'impression que j'en ai
contre le principe que vous exposez dans votre mémoire.
Mais, comme l'a souligné le ministre, nous aurons des
études, des séances où les membres de la commission se
pencheront sur tous les mémoires qui auront été
présentés.
C'est dans le but d'obtenir des renseignements additionnels que je vous
pose cette question, pour attirer davantage toute l'attention du ministre
responsable de ce projet de loi.
Je n'ai pas d'autres questions.
M. LATULIPPE: M. le Président, selon votre mémoire, vous
êtes infiniment d'accord sur le principe de l'uniformité des
rôles d'évaluation. Cependant, dans la définition que vous
donnez de la valeur marchande, il me semble qu'il va en résulter que
d'une façon ou de l'autre nous aurons certaines municipalités qui
auront une norme d'évaluation et d'autres, dans des cas identiques, qui
en auront une autre.
Alors, si on tient compte justement de ce que vous dites, nous
suggérons que le manuel d'évaluation soit utilisé à
titre de guide seulement. Si ce n'est qu'un guide et qu'on se
réfère constamment à la valeur marchande comme vous le
dites, on va en arriver à saboter le principe de
l'uniformité.
C'est l'aspect contradictoire que je retrouve dans la loi, et je me
demande si vous n'avez pas un principe quelconque dans votre métier qui
permettrait au ministre de trancher le problème d'une façon un
peu plus radicale.
M. DIONNE: Si je saisis bien votre question, vous semblez ne pas faire
confiance au projet de loi lui-même lorsqu'il veut établir cette
valeur marchande qui est le critère ou la base même du projet de
loi 48.
M. LATULIPPE: Je trouve un peu contradictoire, comme vous-même
l'avouez dans votre mémoire, que l'on soit d'accord sur le principe de
l'uniformité des rôles d'évaluation, et que, d'autre part,
on veuille se baser sur la valeur marchande qui n'est pas la même d'une
munici- palité à une autre et qu'on se réfère au
guide d'évaluation simplement à titre de guide et non comme
critère déterminant.
M. DIONNE: A mon sens, il n'y a aucune contradiction, puisqu'il faut
établir une base à l'évaluation, que celle-ci a
été suggérée comme étant la valeur
marchande; que ce soit la valeur réelle ou un autre terme qui serait
utilisé en généralité dans tout le territoire de la
province de Québec, je crois que là on vise justement cette
équité.
Nous sommes très conscients, par contre, que cette
équité ne devra pas être trop torturée avec le
manque ou le peu de transactions immobilières ou de mutations
récentes dans certains secteurs.
Toutefois, je suis pleinement conscient qu'avec l'aide des experts, nous
pourrons établir les experts ici du ministère et de la
commission municipale ce critère pour obtenir cette
équité que vous croyez torturée ici à
l'intérieur de notre mémoire.
M. LATULIPPE : J'aurais également une autre question: Est-ce que
vous croyez qu'il serait possible, par des mécanismes
mathématiques quelconques ou d'autres critères
d'évaluation économique, d'établir des indices pour
pouvoir dire que, dans telle municipalité, on aura un indice qui se
référera à un barème uniforme qui serait
peut-être établi par le guide d'évaluation auquel on pourra
se référer? Par exemple, disons qu'à Montréal ce
serait peut-être l'indice 100 alors que, dans une autre
municipalité, ça peut être 70 p.c. de l'évaluation
comparativement à Montréal. Vous avez un indice d'ordre
comparatif. Est-ce que ce serait possible d'établir une chose comme
celle-là?
M. DIONNE: Vous perdez là tout de suite votre
équité, à mon avis. Si vous demandez à une
municipalité d'évaluer à 100 p.c. et que vous demandez
à une autre d'évaluer à la valeur réelle aussi,
mais à 70 p.c. de cette valeur réelle, quelle
équité auriez-vous? Ce serait beaucoup plus, à mon avis
là, je n'offre même pas de suggestion à cet effet
à l'intérieur des taux qu'il y aurait possibilité.
C'est un problème de taxation et non un problème
d'évaluation.
M. LATULIPPE: A ce moment-là, et c'est justement ce à quoi
je voulais en venir, pourquoi ne pas admettre qu'on va se référer
au guide d'évaluation seulement, régulariser la situation pour
les taux et non pas admettre la valeur marchande?
M. DIONNE : Il faut obtenir, à mon avis, une base
équitable qui est appliquée ou d'application
générale à travers tous les contribuables. Et là,
on utilisera à travers des lois d'exception ou avec des
possibilités d'exemption la régularisation ou par, comme vous le
suggérez, des taux différents à l'intérieur d'une
municipalité diffé-
rente la régularisation des différents modes d'impôt
à l'intérieur de ces municipalités.
Mais, à mon avis, il s'agit ici d'évaluation municipale,
d'établir une base équitable dans toute la province, et cette
base nous est suggérée sous forme de valeur réelle. C'est
très équitable et ça donnera justement ce que vous croyez
que l'on y perdrait au change à adopter une définition
peut-être aussi large que celle suggérée dans notre
mémoire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmorency, s'il vous
plaît.
M. VEZINA: M. Dionne, à l'article 14, à la page 3 de votre
mémoire, vous dites que l'article 14, tel que rédigé,
pourrait entraîner des difficultés d'ordre administratif.
Pourriez-vous traiter de cette idée un peu plus longuement?
Pourriez-vous dire quelles difficultés d'ordre administratif vous
prévoyez, quel genre de difficultés vous prévoyez?
M. DIONNE: En premier lieu, on a suggéré d'ajouter au
préambule de l'article 14: "...ne sont pas portés au rôle
les immeubles par destination"; l'on suggère d'étendre ce terme
d'immeubles par destination pour y inclure "des installations qui sont
utilisées à a)..." et là vous avez la suite, b), c) et d).
A l'intérieur de cet article, il y a quand même certains mots qui
mériteraient une explication afin d'en connaître exactement la
teneur ou pour en établir les cadres.
Si vous voulez un exemple de ceci, vous pouvez prendre le paragraphe d)
quand on dit pour fins de manutention. A mon sens, manutention, du moins selon
les différents dictionnaires que j'ai vérifiés avant de
venir ici est un terme très large. Est-ce qu'il doit s'appliquer dans
certains cas ou ne pas s'appliquer dans d'autres? Ce serait plutôt dans
cet esprit d'explication que l'on demande des détails additionnels
à l'article 14 et peut-être pour combler une partie, nous
suggérons de plus d'y ajouter un sous-paragraphe e) qui viendrait tenir
compte de certains accessoires aux immeubles qui n'ajoutent absolument rien
à la valeur marchande.
M. TESSIER: Mais quoi à titre d'exemple? Quels seraient ces
accessoires qui n'ajouteraient rien à la valeur marchande?
M. DIONNE: Tous les immeubles par destination qui sont dans bien des cas
de nature de meubles. Si l'on parle de l'Association des banquiers canadiens,
on peut mentionner les différents meubles qui font partie de ces
constructions.
M. TESSIER: A ce moment-là, les meubles ne sont pas portés
au rôle d'évaluation.
M. DIONNE: Non, mais c'est cela, ici, il faudrait savoir exactement si
ce sont des meubles ou des immeubles par destination.
M. TESSIER: C'est le code civil qui le définit.
M. DIONNE: Oui, mais à notre sens, le terme "immeubles par
destination" peut inclure certains meubles.
M. TESSIER: J'aimerais bien avoir un exemple, parce que cela me
paraît assez curieux...
M. DIONNE: Des portes de voûte, par exemple.
M. TESSIER: ... que des accessoires aux immeubles n'ajoutent rien
à la valeur marchande. J'aimerais bien que vous me donniez un exemple
d'un tel accessoire.
M. DIONNE : Prenez une caisse enregistreuse dans un magasin à
chafne, la caisse enregistreuse est un meuble à mon sens.
M. TESSIER: Mais oui, absolument, cela ne peut pas être
taxé.
M. DIONNE : Alors, prenons la porte de voûte à
l'intérieur d'une banque; c'est un meuble pour la banque, mais elle n'a
aucune valeur marchande, parce que celle-ci est installée dès
l'ouverture des opérations et doit être retirée avant que
la mutation ou le transfert de cet immeuble passe à une autre
personne.
M. TESSIER: Cela, c'est douteux, ça dépend
évidemment si c'est une voûte mobile, d'accord, mais si c'est une
voûte complètement incorporée.
M. DIONNE: Je ne parle pas de la voûte, M. le ministre, je parle
tout simplement de la porte de la voûte, je ne m'en irai pas avec une
voûte sur le dos, bien entendu, mais la porte elle-même doit
être retirée par mesure de sécurité en premier lieu,
cela est inclus à l'intérieur de tous les contrats que les portes
de voûte des dépôts nocturnes, etc. qui sont, à mon
sens, des installations meubles d'une banque, ne doivent pas ou ne font jamais
partie des transactions ou des mutations lorsque ces immeubles sont vendus.
M. VEZINA: Mais si vous permettez, M. Dionne, quand vous ajoutez le mot
"installation", vous venez en quelque sorte rendre plus difficiles
l'interprétation et l'application de l'article 14, parce que "immeuble
par destination", cela fait déjà partie de la classification des
immeubles qui sont prévus au code civil; l'installation, cela nous
arrive comme un cheveu sur la soupe. J'ai l'impression que vous compliquez plus
la situation tout en voulant la
rendre moins compliquée en ajoutant "installation": cela va
être "un meuble ou un immeuble par destination". Avec le mot
"installation" vous n'ajoutez rien en fait. Je pense que vous embrouillez
peut-être la situation. Je comprends votre idée, votre exemple de
porte. C'est possible, si cela a un caractère de meuble, que la cour ou
enfin ceux qui seront appelés à interpréter le texte en
arrivent à la conclusion que ce n'est pas un immeuble par destination.
Il sera alors rayé du rôle d'évaluation, mais je ne vois
pas et je ne comprends pas exactement ce que vous voulez ajouter en prenant le
mot "installation".
M. DIONNE: En ajoutant le mot "installation" et le sous-paragraphe e)
nous sommes ou nous croyons être en mesure de démontrer, si besoin
il y a, que ces différents articles d'immeubles par destination que l'on
considère comme des meubles ne devraient pas faire partie de
l'évaluation des propriétés bancaires.
M. VEZINA: Oui, mais M. Dionne, tous les biens de quelque nature qu'ils
soient sont soit des immeubles, soit des meubles. Il n'y a pas, soit des
installations... Vous arrivez avec une nouvelle division qui n'existe pas dans
nos lois de base. C'est soit des immeubles, il y a différentes sortes
d'immeubles, d'accord, mais...
M. DIONNE: Installation de machinerie si vous
préférez.
M. VEZINA: Enfin, je vous donne mon opinion. Mais, je suis d'avis que
ça embrouille peut être un peu plus que ça peut clarifier.
Cela n'aide pas à atteindre le but que je crois que vous voulez viser
par vos remarques sur l'article 14.
M. DIONNE: Alors, on pourra dire installation et ou machinerie. Si vous
voulez rayer le mot "installation" complètement, alors laissez seulement
le mot "machinerie".
M. TESSIER : La machinerie n'est pas taxable. Elle ne sera pas
portée au rôle d'évaluation.
M. DIONNE: C'était justement pour étendre cette
idée.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je suis bien d'accord avec M. Dionne
pour insérer une définition de la valeur marchande. Mais je pose
la question suivante à M. Dionne: La définition telle que
suggérée m'apparaît apporter ou amener certains abus
possibles. Est-ce que, par exemple, sur le marché il n'existe pas
quelquefois des ententes entre vendeur et acheteur de telle façon que le
prix payé soit inférieur à la valeur réelle d'un
immeuble? Si nous acceptons la définition telle que
suggérée, soit le montant réalisé lors de la vente
d'un immeuble entre un vendeur consentant et un acheteur consentant, la
municipalité, à ce moment-là, devrait simplement taxer en
fonction du prix réel payé.
M. DIONNE: Ici c'est une indication. La valeur marchande est obtenue non
seulement avec une seule transaction, une seule vente, mais beaucoup plus
à l'aide d'un nombre plus considérable possible de transactions,
afin d'établir des moyennes représentatives pour chacun des
secteurs étudiés et pour chacune des catégories de
bâtiments. Alors, ici la valeur marchande serait non pas l'indication
d'une propriété comme étant la valeur marchande de cette
propriété, mais comme étant l'indication de la valeur
marchande pour des propriétés semblables dans un secteur
équivalent.
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs de la commission... S'il n'y a pas
d'autres questions M. Dionne, nous vous remercions. J'inviterais maintenant le
représentant de la Société gazifère de Hull de bien
vouloir nous adresser la parole, de s'identifier et de faire comme les autres
représentants: résumer son mémoire.
M. PAUL: Un avocat brillant!
Société gazifère de Hull
M. MARTINEAU: Je suis Paul Martineau, et je suis ici à titre de
représentant de la Société gazifère de Hull inc. A
mes côtés sont MM. V.C. Currier, gérant
général de cette société et George Wilkinson qui
est le gérant du secteur immobilier.
Cette société est une société distributrice
de gaz telle que définie dans la Loi de la régie de
l'électricité et du gaz. Elle jouit, comme telle, des pouvoirs
attribués aux distributeurs de gaz au chapitre 285 des statuts refondus
du Québec, ayant trait aux compagnies de gaz, d'eau et
d'électricité. C'est une société dûment
constituée en vertu des lois de la province de Québec. Son
territoire actuel comprend les limites des districts électoraux de
Pontiac, Gatineau, Hull, Papineau et Argenteuil. Malgré que ses
opérations présentes se concentrent dans la ville de Hull, la
ville de Gatineau et la région immédiate, cette
société, comme d'ailleurs les autres sociétés
gazifères de la province, est en pleine ère d'expansion. On peut
donc comprendre que ce projet de loi no 48 l'intéresse au plus haut
point.
Cette société endosse les objectifs prévus par le
bill, dont le principal parait être celui d'atteindre une imposition
uniforme équitable pour fins municipales et scolaires de toutes les
personnes et tous les organismes contribuables.
Cependant, M. le Président, nous sommes d'avis que certains des
moyens qui sont proposés dans ce projet sont loin de tendre vers
l'obtention de cet objectif fort souhaitable. En
disant cela, je pense particulièrement à l'anomalie
résultant de la position particulière qui est faite dans le
projet actuel aux sociétés distributrices de gaz.
Le mémoire de notre société, qui a
été, sauf erreur, distribué aux membres de la commission,
M. le Président, souligne en particulier le régime spécial
et même exorbitant, au sens strict de ce terme, naturellement, auquel on
se propose de soumettre certaines compagnies d'utilités publiques, entre
autres les sociétés gazifères.
Ainsi, M. le Président, d'après l'article 21, les
compagnies de gaz et de télécommunications seront
imposées: 1 D'après la valeur marchande pour terrain et
immeubles. Rien à faire là-dessus évidemment. 2 On
déclare que ces mêmes compagnies seront également
imposées d'après les revenus bruts qui tiendront lieu
d'évaluation du réseau et de l'équipement.
Nous soumettons, M. le Président, que nous voyons de graves
objections de principe à une telle évaluation basée sur
les revenus bruts. Une telle évaluation ne reflète nullement la
valeur économique ou la rentablité de l'entreprise et ne
reflète non plus les bénéfices que nous pouvons en
retirer. Et cette situation vraie pour toutes les sociétés est
encore beaucoup plus fondée dans le cas d'une compagnie de gaz, ce qui a
été souligné d'ailleurs dans un mémoire soumis par
la Société de gaz métropolitain. Il faut que la compagnie
achète son gaz, dont on ne dispose pas, qui n'est pas un produit du
Québec, mais qui est importé au Québec d'une autre
province, une province de l'Ouest, mais qui, en moyenne, peut aller
jusqu'à 55 p.c., et même plus, du coût des opérations
de la compagnie.
C'est donc dire que si l'on se base sur les revenus bruts, on peut
commettre une injustice réelle à l'égard des compagnies
ainsi imposées. De plus, il s'agit là d'une méthode
offrant peu de stabilité tant pour les municipalités qui doivent
planifier d'avance et quelquefois pour plusieurs années à
l'avance, le budget, les dépenses annuelles, le programme
d'aménagement et tout le reste, pas plus qu'elle n'offre de
stabilité pour les distributeurs de gaz qui, eux aussi, doivent
planifier les opérations en vue de leur programme de construction et
d'expansion.
C'est sûrement aussi une méthode qui est de nature à
entraver l'expansion d'une industrie, à une époque où
l'expansion de l'industrie en général, et de l'industrie
gazifère, en particulier, dans cette province, est
particulièrement désirable et souhaitable. Je n'ai pas
évidemment à m'étendre sur les raisons qui rendent une
telle expansion souhaitable.
Disons que, dans le cas du gaz, ce produit ne fait que commencer
à pénétrer le marché québécois.
L'expansion est forcément en fonction de la possibilité des
compagnies, engagées dans la distribution du gaz, d'accumuler certains
capitaux qui leur permettront de donner à la population qui en fait la
demande le service requis.
Ce combustible sera d'autant plus en demande que ce sont des techniciens
en la matière qui l'ont établi comme étant probablement
celui parmi les combustibles qui se prête le mieux à la lutte
antipollution. De plus, ce texte place sûrement les compagnies
gazifères dans une position concurrentielle fort difficile, sinon
impossible à l'égard d'autres fournisseurs de combustible avec
qui ils doivent concourrir. Je pense entre autres à la concurrence
offerte par les distributeurs d'huile.
De plus, imposer une société ou une catégorie de
société d'après le revenu brut est en somme assujettir
tout simplement ces sociétés à un impôt corporatif
sur le revenu. Ce qui, de plus, n'est nullement en rapport avec la valeur
réelle des installations dans chaque municipalité.
Je soumets très respectueusement que, si l'on veut atteindre
l'uniformité dans l'évaluation, il faudrait qu'on tienne compte
de la valeur objective des installations. On peut fort bien avoir une
installation très sommaire, et pourtant retirer, en raison de la forte
demande, de très hauts bénéfices.
Cette méthode se prêterait aisément à un
semblable abus et serait en même temps inéquitable pour ceux qui y
sont assujettis. De plus, il me semble que cette méthode est
discriminatoire pour autant qu'elle ne s'applique qu'à ce faible
secteur. Lorsque je dis faible, je dis un secteur bien restreint de
corporations et de sociétés distributrices d'énergie dans
la province.
Enfin, il s'agit là, il me semble, d'une méthode
inflationniste au plus haut degré. Si la compagnie qui fournit le gaz
doit payer plus cher en taxes et en autres frais d'exploitation le
consommateur, en fin de compte, est obligé de solder la note. C'est la
raison pour laquelle je vois là un danger d'accroître encore plus
le fléau de l'inflation.
De plus, la Société gazifère de Hull s'oppose
à un taux si j'ai bien interprété les paroles du
ministre lors de la séance du 9 septembre dernier, il est possible
qu'une telle éventualité se produise qui pourrait
être déterminé par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Elle s'oppose plus particulièrement à un taux qui, imposé
soit par le lieutenant-gouverneur en conseil qui se traduit en pratique par le
ministre, pourrait varier selon les circonstances individuelles de chaque
corporation concernée.
Semblable mesure paraît, et je le dis très respectueusement
pour le ministre et pour le gouvernement, placer un pouvoir
discrétionnaire, pour ne pas dire arbitraire dans les mains du ministre
ou du gouvernement.
Cela serait fixer l'impôt que doit payer une société
non pas sur une base uniforme dans toute la province mais plutôt en
fonction de
l'occasion qu'a eue tel ou tel organisme de se faire entendre ou de ne
pas se faire entendre auprès du ministre ou de ses représentants.
Je n'ai sûrement pas à insister sur le danger que
présenterait pareille disposition ni, non plus, sur le fouillis
administratif qui en résulterait sûrement.
La Société gazifère de Hull propose donc que
l'évaluation des sociétés de gaz soit
déterminée selon des taux unitaires qui seraient fixés
d'avance dans le manuel d'évaluation, taux uniformes comme d'ailleurs on
se propose de le faire pour les compagnies d'huile qui sont, comme je l'ai dit,
compétitrices des sociétés gazifères. Ce taux, nous
le soumettons, devrait être déterminé soit par le corps
municipal où est installé la partie du réseau qui
s'applique et selon les besoins de la municipalité qui doit
prélever les fonds nécessaires à son administration et
selon des taux qui sont applicables de la même façon à tous
les contribuables. Ou encore, si pour atteindre une plus grande
uniformité on doive retirer ce droit, cette prérogative aux
municipalités alors, que le taux soit déterminé par
arrêté en conseil si l'on veut, mais connu d'avance chaque
année et qu'il soit dans tous les cas uniforme pour toutes les
mêmes catégories de sociétés y compris
évidemment les sociétés de gaz.
M. le Président, ces quelques propositions sont ainsi soumises en
toute objectivité et à titre de suggestions purement et
simplement dans le but de rendre possibles les objectifs éminemment
souhaitables du bill. Cela sans imposer de difficultés
particulières à un secteur ou à l'autre, que ce soit
à l'industrie en général ou à l'industrie
gazifère en particulier. Il va sans dire également que la
société que je représente accepterait venant du ministre
ou de ses représentants toute autre proposition qui serait de nature
à atteindre les mêmes fins et qui éliminerait quelques-uns
des aspects que nous croyons défavorables de la présente
rédaction du bill.
Je vous remercie donc, M. le Président et, par votre truchement,
M. le ministre et les honorables députés qui siègent
autour de cette table d'avoir eu l'amabilité de nous entendre. Nous
sommes confiants que vous accepterez ces quelques représentations dans
l'esprit où elles sont faites et je suis assuré que le ministre
en tiendra compte en formulant le texte définitif de cette très
importante proposition législative qui va, j'en suis sûr, produire
une véritable révolution dans tout le système fiscal et
autre de la province. Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Martineau. L'honorable député
de Rimouski.
M. TESSIER: Je voudrais féliciter M. Martineau pour son
mémoire. Je voudrais également attirer son attention,
étant donné que le mémoire porte sur l'article 21, afin
qu'il se réfère également à l'article 104.
L'article 104 qui réfère à l'article 21 permet de tenir
compte dans l'imposition du taux sur les revenus bruts du
contexte économique. Je crois que ceci est bien important.
Evidemment, ce que le gouvernement a en vue, c'est qu'une compagnie
gazifère comme la vôtre peut réaliser des profits, un an,
deux ans, et à un moment donné, ces profits peuvent diminuer
considérablement. Par contre, elle peut également, sans que ses
profits diminuent considérablement, être obligée de
prolonger son réseau, ce qui l'amène à faire des
dépenses de capital assez considérables.
M. MARTINEAU: D'accord.
M. TESSIER: Je crois donc, que le gouvernement doit en tenir compte dans
la fixation annuelle du taux et que c'est beaucoup plus juste pour une
compagnie d'utilités publiques comme la vôtre que de taxer par
exemple des tuyaux au pied linéaire.
Ainsi, lorsque vous aurez, par exemple, à faire une extension de
votre réseau, vous allez être obligés de payer dès
la première année au pied linéaire de vos tuyaux sans que
cela vous rapporte nécessairement des profits. C'est de cela que nous
devons tenir compte. Il peut arriver que cela vous prenne quatre ou cinq ans
avant de réaliser des profits par une nouvelle extension. A ce
moment-là, nous pourrons dire que le taux n'augmentera pas ou même
que le taux diminuera afin de favoriser des compagnies d'utilités
publiques comme la vôtre à prendre de l'expansion.
M. MARTINEAU: C'est justement cette méthode qui en soi peut
être fort bonne et excellente, mais nous voyons aussi associé
à ceci une pareille méthode qui serait un
dégrèvement accordé sur certaines représentations
accordées par le ministre à une société
donnée.
Si nous devons et je ne suis pas du tout contre l'idée ni
le principe accorder des exemptions par exemple à des compagnies
qui font l'extension de leurs réseaux et qui encourent des
dépenses fort considérables, je voudrais que les critères
qui gouvernent l'octroi ou le refus d'une semblable demande soient bien
établis d'avance pour que la discrétion ne soit pas
laissée entièrement à un tas de circonstances qui peuvent
être fort aléatoires.
Si cette demande devait être soumise, par exemple et je
crois que ce serait très logique de le faire à la
Régie de l'électricité et du gaz qui, elle, juge
d'après des normes bien établies, on éviterait le danger
et on atteindrait en même temps l'objectif dont vient de parler
l'honorable ministre, sur lequel je suis évidemment d'accord.
M. TESSIER : Alors, vous avez fait une excellente suggestion que...
M. MARTINEAU: Je vous remercie.
M. TESSIER: ... nous allons étudier pour voir s'il n'y aurait pas
moyen de trouver une façon d'atténuer un peu cette
décision aléatoire à laquelle vous faites allusion.
M. PAUL: M. le Président, vous me permettrez de féliciter
M. Martineau pour la logique de son argumentation, pour les principes qu'il
nous a étayés, qu'il nous a donnés. Je comprends
parfaitement l'argumentation de l'opinant, qui s'oppose en principe à ce
que les compagnies gazifères reçoivent un traitement non pas de
faveur mais d'exception par rapport à toutes les autres corporations
d'utilités publiques comme, par exemple, les compagnies distributrices
d'huile ou d'électricité.
Pourquoi les compagnies gazifères seraient-elles soumises
à un mécanisme de contrôle et à une taxation
spéciale alors que des concurrents tels que les compagnies d'huile ou
d'électricité ne seraient pas soumises aux mêmes
obligations qu'imposent l'article 21 de la loi et également, l'article
104.
Lorsque le ministre des Affaires municipales se réfère
à l'article 104, je suis sûr qu'il était distrait lorsqu'il
a rappelé à M. Martineau les dispositions de cet article.
Lui-même l'avait signalé puisqu'il a parlé d'un pouvoir
discrétionnaire, définitif de la part du ministre, si l'on se
réfère à l'alinéa 2 de l'article 104.
M. TESSIER: Oui, mais il y a une modification.
M. PAUL: Oui, je comprends que le ministre dans toute
l'objectivité qui le caractérise de temps en temps...
M. TESSIER: Merci pour le "temps en temps".
M. PAUL: C'est mieux que jamais. M. TESSIER: Ah oui! Pas mal mieux. M.
PAUL: Pas mal mieux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais ça n'arrive pas souvent.
M. PAUL: Alors, je...
M. TESSIER: Mieux que jamais, moins bien que toujours.
M. PAUL: Je constate, M. Martineau, que le ministre a été
frappé par la logique de votre argumentation. Il y a également un
danger. Le lieutenant-gouverneur, en fixant des taux de taxation qui peuvent
varier â tous les deux ou trois ans, jetterait un certain
déséquilibre au budget municipal dans le territoire où se
trouve située une partie importante, sinon la totalité de tout
l'actif de ces compagnies gazifères.
Alors, je suis sûr, M. Martineau, que vous nous avez convaincus,
nous, il n'y a aucun doute et que vous avez ébranlé la logique du
ministre. Ce qui est intéressant, surprenant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez bien dit "la logique".
M. PAUL: De la logique, je lui en concède.
M. MARTINEAU: M. le Président, j'aurais peut-être
préféré avoir affermi sa logique plutôt que de
l'avoir ébranlée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi, j'aurais souhaité que vous lui en
donniez.
M. PAUL: Mais, de toute façon, vous pouvez voir que le ministre
est largement ouvert à vos remarques. Nous l'en félicitons
à l'avance. Je suis sûr que ses conseillers pourront lui permettre
de faire une excellente déclaration pour que les compagnies
gazifères aient le même traitement que celui que l'on veut
accorder aux compagnies distributrices d'huile ou
d'électricité.
Alors, nous avons confiance dans les bonnes dispositions du
ministre...
UNE VOIX: Sagesse.
M. PAUL: Et je suis convaincu qu'il le réalise
déjà, c'est son humilité qui l'empêche de proclamer
tout haut qu'il va amender la loi dans le sens de vos
représentations.
M. MARTINEAU: Nous en sommes également convaincus.
M. TESSIER: Je voudrais dire simplement ceci, c'est que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): N'en dites pas trop.
M. TESSIER: Ce que je retiens surtout de vos remarques, M. Martineau, ce
qui m'a le plus frappé, c'est de donner un certain pouvoir à la
régie. Comme corps indépendant et apolitique, ceci permettrait
à la régie d'entendre les représentations des parties
concernées...
M. MARTINEAU: D'accord.
M. TESSIER: ...de la compagnie gazifère, des contribuables qui
sont des clients de la compagnie, et également le point de vue de la
municipalité dont le budget, les revenus, pourraient être
affectés. C'est ce que j'ai retenu en particulier. Nous allons
certainement tâcher d'incorporer, c'est-à-dire, de trouver la
formule pour incorporer à l'article 104, cette référence
à la régie qui pourra déterminer le taux, quitte à
être sanctionnée par la suite par le lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, d'après le projet de loi tel
que rédigé et la question s'adresse au ministre, et
d'après des informations que le ministre nous a données en
deuxième lecture, les tours de l'Hydro-Québec ne seraient pas
imposables. Est-ce que le ministre pourrait me dire quelles sont les raisons,
par exemple, qui justifient que les tours de l'Hydro-Québec ne soient
pas imposables et que d'autres tours ou antennes, en ce qui concerne certains
réseaux de téléphone, ne soient pas imposables en ce qui
concerne ce matériel.
Est-ce qu'il y a des raisons qui justifient cela? Parce qu'on veut quand
même établir une certaine uniformité au niveau de la
taxation.
M. TESSIER: Vous voulez dire les compagnies privées?
M. LESSARD: Voici, par exemple, une compagnie de
téléphone. Si je prends l'article 21, je constate: "... pour
tenir lieu de la valeur de l'équipement et du réseau, y compris
une antenne ou une tour, l'évaluateur inscrit au rôle le montant
des revenus bruts...". D'après les informations qu'on a reçues en
deuxième lecture, une tour de transmission de l'Hydro-Québec ne
serait pas taxable. Pourtant, pour moi, une tour de transmission de
l'Hydro-Québec, c'est un bien d'équipement qui sert à la
production.
M. TESSIER: Il ne faut pas perdre de vue que, dans le cas de
l'Hydro-Québec, on ne tient pas compte des revenus bruts.
M. LESSARD: On ne tient pas compte des revenus bruts, vous ne la taxez
tout simplement pas. Les tours de transmission ne seraient pas taxables,
contrairement à ce qui existe actuellement. Actuellement, les tours de
transmission de l'Hydro-Québec sont taxables par les
municipalités. D'après le projet de loi et l'article 18, les
tours de l'Hydro-Québec ne seraient plus taxables. Par contre, quand on
entre au niveau de l'entreprise privée on continue de taxer ces biens
d'équipement.
Alors, si on dit que ce projet de loi a un but bien précis, c'est
de créer une certaine justice, non seulement au niveau des
municipalités, mais au niveau des entreprises, je pense que cela devient
un peu de l'injustice. C'est pour cela qu'on soulève le problème
de la concurrence un peu déloyale qui peut exister entre les
entreprises, parce qu'on l'établit à l'intérieur de la loi
comme principe.
M. TESSIER: Il n'est pas question non plus de taxer les tours des autres
compagnies d'utilités publiques.
M. LESSARD: Alors, l'article 21 b): "...de la valeur de
l'équipement et du réseau...", vous la taxez à ce
moment-là d'une autre façon, c'est-à-dire inscrire au
rôle le montant des revenus bruts gagnés dans la
municipalité. Alors, vous allez taxer d'une autre façon, ce que
vous ne faites pas pour l'Hydro-Québec.
M. TESSIER: D'accord, d'une autre façon. L'Hydro-Québec,
si je comprends bien, a manifesté le désir de présenter un
mémoire, possiblement demain, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: C'est cela.
M. TESSIER : Alors, à ce moment-là, nous trouverons la
justification; pourquoi, dans le cas de l'Hydro-Québec, nous croyons ne
pas devoir taxer les tours de transmission. Si le député veut
attendre à demain, je crois que nous allons reprendre toute cette
discussion.
M. LESSARD: J'aimerais bien qu'on me trouve les raisons qui justifient
cela.
M. TESSIER: Demain, je pense qu'on en aura l'occasion. Nous allons
d'abord entendre ce que les gens de l'Hydro-Québec auront à nous
dire et le député de Saguenay aura le loisir de poser des
questions aux gens de l'Hydro-Québec. Et nous pourrons discuter de cette
question autour de la table.
M. LESSARD: Il reste que le ministre a quand même
déjà pris des positions lors de la discussion du projet de loi en
deuxième lecture.
M. TESSIER: Nous sommes en face d'un projet de loi et nous entendons des
mémoires précisément pour voir s'il y a lieu d'amender tel
ou tel article et, s'il y a lieu de les amender, dans quel sens. C'est pour
cela que nous siégeons.
M. LESSARD: Lorsque le ministre a élaboré son projet de
loi tel que rédigé et qu'il a établi les deux principes
fondamentaux à l'intérieur de ce projet de loi, il a quand
même basé son argumentation sur certains principes de base. C'est
pourquoi je posais la question: Quels sont les principes qui justifient, par
exemple, que les tours de l'Hydro-Québec ne soient pas soumises à
la taxation alors que, par ailleurs, dans d'autres entreprises privées,
elles sont soumises à la taxation.
M. TESSIER: Comme je vous le dis, M. le Président, je ne voudrais
pas...
M. LESSARD: Je vous poserai la question.
M. TESSIER: ... revenir demain sur le sujet, parce que nous aurons
l'occasion de le discuter en profondeur.
M. LESSARD: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Me Martineau, merci. J'invite maintenant le
représentant de l'Association des propriétaires d'aqueducs du
Québec à nous présenter un résumé de son
mémoire.
Association des propriétaires
d'aqueducs
du Québec
M. LAMOUREUX: Je me présente, Dominique Lamoureux de Longueuil,
et je représente l'Association des propriétaires d'aqueducs du
Québec.
M. le Président, M. le ministre, messieurs les
députés. L'Association des propriétaires d'aqueducs du
Québec représente plusieurs centaines de propriétaires
d'aqueducs privés sur l'ensemble du territoire québécois.
Ceux-ci ont, à toutes fins pratiques, remplacé, à une
époque où les pouvoirs publics étaient dans
l'incapacité d'assumer de telles obligations, les corporations
municipales qui, normalement, auraient dû se charger de la distribution
de l'eau potable.
Au cours des années, le fardeau qui a pesé sur les
propriétaires d'aqueducs privés s'est toutefois alourdi. La
nécessité de répondre à des besoins sans cesse
croissants, tant relatifs à la qualité qu'à la
quantité, a grevé les propriétaires d'aqueducs
privés de responsabilités trop onéreuses. Aujourd'hui, les
corporations publiques acceptent de plus en plus de jouer leur rôle dans
ce domaine et d'enlever à la charge des propriétaires d'aqueducs
les obligations qu'ils avaient prises en leur lieu et place jusqu'à ce
jour. Il reste, cependant, de nombreux aqueducs privés, même si le
mouvement d'expropriation de ceux-ci est déjà amorcé. Or,
ceux qui exploitent des aqueducs privés se voient aujourd'hui dans
l'impossibilité physique d'administrer de façon rentable. Aussi,
si les propriétaires d'aqueducs privés sont d'accord sur le
principe mis de l'avant par le bill 48 la loi sur l'évaluation
foncière soit l'uniformisation des méthodes
d'évaluation à travers le Québec, vous comprendrez leur
inquiétude quant à certaines modalités du bill 48.
Plus précisément, l'Association des propriétaires
d'aqueducs du Québec s'interroge sur la portée de l'article 15.
Cet article, dans son libellé actuel, prescrit que "ne sont pas
portés au rôle d'évaluation les systèmes d'aqueducs,
d'égouts et de traitement d'eau, les installations et ouvrages pour la
disposition des ordures y compris les terrains et les bâtiments
lorsqu'ils appartiennent à un organisme public ou à une personne
physique qui ne les exploite pas comme source de revenus. En l'occurence,
l'association veut savoir s'il est dans l'intention du législateur
d'inclure à cette exception les propriétaires d'aqueducs
privés. Selon l'association, la situation financière de ses
membres, la nature de leur rôle de suppléance joué
jusqu'à ce jour, milite en faveur d'une telle interprétation. Le
libellé de l'article, cependant, n'est pas clair et gagnerait, en
conséquence, à être précisé. Nous tenons
d'ailleurs à rappeler que, pour la majorité des cas, c'est la
première fois que les aqueducs privés seraient ainsi taxés
par les corporations municipales. En effet, dans le passé, comme
aujourd'hui encore, des corporations municipales ont compris que l'exercice par
les propriétaires d'aqueducs privés d'un tel rôle de
suppléance dans un service public devait être compensé par
des exemptions fiscales municipales. C'est cette même
compréhension que sollicite aujourd'hui l'Association des
propriétaires d'aqueducs du Québec.
L'inquiétude de l'Association des propriétaires d'aqueducs
du Québec nous semble d'autant plus justifiée que l'article 20 du
bill 48 prévoit un autre régime. En effet, selon cet article, il
est prescrit que, sous réserve du paragraphe c) de l'article 15, un
réseau d'aqueducs, d'égouts, de transport ou de distribution
d'huile ou autre fluide est porté au rôle de la façon
suivante : a) Suivant la valeur marchande, quant aux terrains et aux
bâtiments. b) Suivant les normes et les taux unitaires prévus pour
ces cas dans le manuel d'évaluation, quant au reste.
Est-ce à dire que les propriétaires d'aqueducs
privés seront assujettis à ce mode d'évaluation? Si tel
était le cas et que le législateur se refusait à
reconnaître que les propriétaires d'aqueducs privés
n'exploitent pas leur système comme source de revenus, l'association
s'inscrirait en faux contre le mode prévu à l'article 20, du
moins dans sa teneur actuelle.
D'une part, si les réseaux d'aqueducs doivent être
portés au rôle suivant la valeur marchande quant aux terrains et
bâtiments, il apparaît essentiel de définir dans la
présente loi le terme "valeur marchande".
A ce titre, l'association suggère la définition suivante
de façon à éviter toute ambiguïté et ici, M.
le Président, si vous me permettez une parenthèse, nous nous
sommes inspirés de la jurisprudence contenue dans la Loi des
cités et villes et qui exprime la valeur marchande comme ceci: le prix
qu'un vendeur qui n'est pas obligé de vendre et qui n'est pas
dépossédé malgré lui, mais qui désire
vendre, réussira à avoir d'un acheteur qui n'est pas
obligé d'acheter mais qui désire acheter. Par ailleurs, si le
reste doit être porté au rôle suivant les normes et les taux
uniformes prévus pour ces cas dans le manuel d'évaluation,
l'association considère qu'il est essentiel que le manuel
d'évaluation soit déposé au préalable afin de faire
des représentations utiles, si besoin est. Autrement, ce serait accepter
en blanc des normes et des taux qui peuvent être lourds de
conséquence dans l'avenir.
Ce sont là les principales représentations que tenait
à vous adresser notre association. En terminant, elle sollicite de votre
part une compréhension positive du rôle de ses membres, compte
tenu des moyens réduits qui sont mis à leur disposition
pour en assumer la responsabilité. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Lamoureux. A présent, l'honorable
ministre des Affaires municipales.
M. TESSIER: J'aimerais remercier l'Association des propriétaires
d'aqueducs du Québec et en particulier M. Lamoureux pour son brillant
exposé. Nous allons certainement tenir compte je ne dis pas de toutes,
mais de certaines des représentations dans la nouvelle rédaction
des articles impliqués et qui vous intéressent
particulièrement. Je vous remercie.
M. LAMOUREUX: M. le Président, si vous me permettez, vous
comprendrez que les articles 15 et 20 sont ambigus pour nous. Cela nous
inquiète, cet article 20.
M. TESSIER: On va essayer de les clarifier.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de l'Assomption.
M. PERREAULT: J'aurais une simple question à vous poser. Est-ce
que vos taux de fourniture d'eau, quand vous remplissez un rôle de
suppléance dans les municipalités, sont approuvés par la
Régie des eaux?
M. LAMOUREUX: Ils sont contrôlés, approuvés et nous
sommes obligatoirement tenus de nous y conformer, ce que, d'ailleurs, nous
faisons souvent avec joie, parce qu'elle nous permet souvent de les augmenter
quand nous avons besoin de le faire.
M. PERREAULT: Si je comprends bien, quand vous voulez augmenter vos
taux, vous présentez votre demande à la Régie des
eaux?
M. LAMOUREUX: Exactement, c'est ça.
M. TESSIER: La régie tient compte de vos dépenses
d'exploitation dans la fixation des taux?
M. LAMOUREUX: De tout cela, également...
M. TESSIER: De toutes les dépenses que vous avez, y compris la
taxe?
M. LAMOUREUX: Oui. Incidemment, en ce qui concerne la régie, pour
nous, la Régie des eaux, n'a pas encore suffisamment de pouvoirs...
M. TESSIER: Est-ce que vous êtes satisfait, M. Lamoureux, du
régime actuel de taxation, tel que prévu au code municipal et
dans la Loi des cités et villes, en ce qui concerne les entreprises
d'aqueducs privées?
M. LAMOUREUX: Présentement, nous sommes satisfaits. Mais nous
craignons l'article 20...
M. TESSIER: Alors, nous allons faire tout notre possible pour maintenir
le statut quo en ce qui concerne les aqueducs privés.
M. LAMOUREUX: Nous vous remercions.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député du Saguenay.
M. PERREAULT: Un instant. Vous avez mentionné que la Régie
n'avait pas les pouvoirs...
M. LAMOUREUX: Oui, j'ai dit que nous espérions qu'elle ait plus
de pouvoirs encore, pour régir justement les services d'aqueducs et
d'égouts dans la province. Autrement dit, ce que nous voulons, nous
voulons une tête, nous voulons un contrôle, nous voulons un
organisme à qui nous adresser et qui pourrait nous répondre
rapidement et efficacement, ce que nous n'avons pas encore atteint, je pense.
C'est l'objectif que nous aimerions voir se réaliser.
M. PERREAULT: Merci, monsieur.
M. LESSARD: M. le Président, juste une petite question. Dans
l'ensemble, ces sociétés privées qui fournissent des
services d'aqueducs, est-ce que, selon la constitution, il s'agit de
sociétés à but lucratif ou sans but lucratif?
M. LAMOUREUX: C'est un service public dirigé par la Régie
des eaux, en l'occurrence le ministère des Affaires municipales. Nous
sommes sous l'égide de la Régie des eaux du Québec et
c'est un service public qui doit se rapporter...
M. LESSARD: D'accord. Mais est-ce que c'est un service public qui
fonctionne à profit?
M. LAMOUREUX: A profit, selon les exigences ou les normes de la
Régie des eaux. Par exemple, on pourrait vous dire qu'on nous alloue un
pourcentage de profit mais, combien minime!
M. LESSARD: Mais si nous prenons les sociétés de
téléphone, par exemple, qui sont soumises aussi à la
Régie des services publics, leurs taux aussi sont soumis à la
Régie des services publics et ce sont des sociétés
à profit, dont les biens sont taxables. Est-ce que c'est le même
genre de société dans votre cas? Vous suppléez à
certains services.
M. LAMOUREUX: Peut-être que, d'après un principe
fondamental, nous pourrions les relier l'une à l'autre, mais on ne peut
pas comparer un service d'aqueduc privé â une compagnie de
téléphone. Nous n'avons pas de moyens de pression. Ce n'est pas
comparable. Nous nous en remettons â la Régie des eaux. Non
seulement nous nous en remettons, nous sommes obligés.
M. LESSARD: Alors, dans l'ensemble, les services que vous donnez sont
des services que vous donnez parce qu'il n'y a pas d'autres
sociétés...
M. LAMOUREUX: Exactement, comme nous le disons dans le
mémoire.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Lamoureux.
J'inviterais maintenant le représentant du Club des agriculteurs
de Montréal à bien vouloir s'identifier et à
résumer le mémoire qu'on vient de nous distribuer.
Club des agriculteurs de Montréal
M. VERMETTE: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
membres de la commission, mon nom est Clermont Vermette, avocat de
Montréal. Je représente le Club des agriculteurs de
Montréal. Etaient présents, aujourd'hui, pour la
présentation de ce mémoire, et qui ont dû partir pour
remplir d'autres engagements, entre autres le Dr Louis Johnson, Mme Pittfield.
Je comprends également que M. Gaston Elie doit être
présent, ici, sur la première rangée. A mes
côtés, le vice-président du club, M. Doug Chreighton, et le
secrétaire du club, M. Stéphane Boily, agronome.
D'abord, pour présenter le Club des agriculteurs de
Montréal le nom frappe peut-être par l'antithèse
qu'il contient mais le Club des agriculteurs de Montréal a
été fondé en 1946. Il réunit actuellement 168
membres répartis dans toute la province, dont 94 de langue anglaise et
74 de langue française. Cent vingt et un des 168 membres sont
propriétaires de terres en culture et activement engagés dans
l'agriculture. Les autres sont des personnes intéressées au
progrès de l'agriculture en général et qui, par leurs
connaissances dans ce domaine, sont succeptibles d'aider le membre exploitant
une terre ou sont des membres qui anticipent d'exploiter prochainement une
terre et désirent profiter de l'expérience des autres, au
préalable.
Le club permet à chacun de ses membres des échanges sur
leur expérience respective en agriculture et permet l'organisation,
à l'avantage des membres, de séances d'étude, de
conférences, de visites de différentes exploitations agricoles,
de façon à aider les membres dans leur exploitation.
La superficie en agriculture, propriété des membres,
couvre 42,619 acres, donnant une moyenne de 352 acres par ferme. Pour les fins
de cette statistique, nous n'avons pas tenu compte d'une superficie de 10,000
acres possédée par un seul membre, où ce dernier
procède à l'élevage d'une centaine de chevaux et
juments.
Voici quelques autres statistiques qui vous permettront de juger du
caractère du Club des agriculteurs de Montréal. Sur 75 des fermes
possédées par les membres du club, on fait l'élevage du
bétail de boucherie ou laitier.
Sur vingt fermes, on fait l'élevage des chevaux; sur seize, du
mouton; sur cinq, de la volaille; sur quatre, du porc; sur une du vison; sur
une, des cailles; sur dix-neuf, on fait la culture de grain et fourrage; sur
huit on s'occupe de pomiculture; sur six, de sylviculture; sur deux, du
jardinage et sur une on cultive des fleurs.
Si le total des fermes ci-dessus mentionnées, dépasse 121,
c'est que sur certaines, on fait plus qu'un genre d'exploitation agricole. Nous
soumettons que l'activité des membres du Club des agriculteurs de
Montréal, dans le domaine de l'agriculture, est essentielle au
progrès de l'agriculture du Québec. Ce sont en grande partie des
agriculteurs de la qualité de ceux que nous représentons qui
pourvoient à la classe moyenne des agriculteurs du Québec des
animaux de race supérieure par la qualité de l'élevage qui
se fait sur leurs fermes.
Les agriculteurs que nous représentons encouragent
également la production de nouvelles récoltes car c'est souvent
à eux que s'adressent en premier lieu les agronomes ou experts de fermes
expérimentales pour faire sur leur ferme, l'essai de nouvelles semences
ou de nouveaux procédés d'alimentation du bétail ou
l'usage de nouvelles machines agricoles.
Les membres de notre club ont été les premiers dans bien
des cas à accepter les nouvelles méthodes d'alimentation du
bétail et du contrôle laitier. C'est un fermier du genre de ceux
que nous représentons qui, dans les années trente, a
été le premier à introduire au Québec la
fève Soya. Il s'agit d'un ancien président de la Sun Life qui a
encouragé cette culture. C'est un cultivateur comme ceux que nous
représentons qui a, le premier, importé au Canada la race
Charolaise, animaux de boucherie de France, et l'élevage s'y est depuis
répandu à l'avantage de nos agriculteurs.
Nos membres contribuent également à faire bien
connaître l'agriculture du Québec et sa qualité à
l'extérieur du Québec, en ce sens qu'ils sont une bonne
publicité pour l'agriculture du Québec. Nos membres ont pu ainsi,
peut-être plus facilement que d'autres, contribuer à diverses
organisations agricoles en supportant activement les associations
d'éleveurs, en fournissant des bêtes de qualité à
Expo 67 et à Terre des Hommes, sans compter la participation de
plusieurs de nos membres aux différentes expositions régionales,
à l'Exposition provinciale de Québec et aux expositions
nationales où ils ont souvent mérité des premiers prix,
contribuant ainsi à la bonne renommée de l'agriculture
pratiquée au Québec.
L'activité de nos membres contribue aussi à
l'économie rurale en embauchant de la main-d'oeuvre agricole à
des salaires respectables, sans compter que, dans plusieurs régions
rurales, en leur qualité de consommateurs, ils contribuent au
bien-être des commerçants locaux. Le magazine Perspectives du 31
juillet dernier contient un reportage sur l'activité de
nos membres et du club, que plusieurs d'entre vous ont sans doute pu
lire et qui décrit assez bien les gens et les activités des gens
que nous représentons.
Nous reproduisons, en annexe A, une photocopie de cet article
écrit par le journaliste Pierre Turgeon. Nous n'avons pas reproduit les
photographies attachées à cet article. Nos membres, pour la
plupart, en outre de cette activité en agriculture sont également
actifs dans d'autres secteurs de notre économie. Ils sont des
industriels, professionnels ou hommes d'affaires, mais ils sont
également fiers d'être aussi cultivateurs ou agriculteurs et d'en
porter le titre.
Vous comprendrez à cette introduction notre intérêt
de vous faire certaines représentations qui concernent plus
particulièrement les article 1 m), 30, 107, 97 et 120 paragraphe b).
Nous proposons l'élimination du paragraphe 1 m) de l'article 1,
l'élimination de l'article 107 vu que nous incorporons cette disposition
à l'article 30 que nous proposons de remplacer par un nouvel article 30
qui se lirait comme suit: Toute terre ou partie de terre utilisée bona
fide pour la culture du sol, l'élevage d'abeilles ou d'animaux de ferme
ou l'exploitation de leur production, l'élevage d'animaux à
fourrure, l'exploitation d'un verger, d'une érablière ou d'un
boisé de ferme ou pour la sylviculture, est taxée à un
montant n'excédant pas 1 p.c. de l'évaluation municipale
comprenant toutes les taxes tant générales que
spéciales.
Telle terre ou partie de terre ne peut être évaluée
à plus de $150 l'arpent. Cette évaluation comprend la maison qui
sert à l'habitation du cultivateur et dont la valeur n'excède pas
$10,000 ainsi que les granges, écuries, serres, caveaux, entrepôts
et autres bâtiments servant à l'exploitation de ladite terre.
Si la valeur de cette maison excède $10,000, elle n'est comprise
dans l'évaluation de la terre que jusqu'à concurrence de cette
somme et le surplus, évalué séparément, est sujet
à la taxe mentionnée au premier alinéa du présent
article.
Toute partie d'une telle terre qui en a été
détachée comme lot à bâtir ou qui cesse d'être
utilisée aux fins mentionnées au premier alinéa, de
même que tout bâtiment sur telle terre qui cesse d'être
utilisé aux fins ci-dessus mentionnées, perd dès lors le
bénéfice de limitation d'évaluation et de taxe
prévu au présent article.
De même, les dispositions du présent article cessent de
s'appliquer à ces terres et bâtiments dès qu'ils font
l'objet d'une transaction ayant pour effet d'en transférer la
propriété à une personne, société ou
corporation qui les ont acquis pour fins de lotissement, de
développement domiciliaire, industriel ou commercial, de
spéculation ou d'opérations immobilières quelconques ou
pour toutes autres fins que celles mentionnées au premier
alinéa.
Ces terres et bâtiments ne peuvent de nouveau
bénéficier des dispositions du présent article que s'ils
redeviennent à destination agricole ou sylvicole et sont alors
utilisées ou exploités à nouveau selon que prévu au
premier alinéa.
L'évaluateur doit indiquer au rôle, lorsqu'il évalue
une terre, s'il s'agit d'une terre qui doit bénéficier ou non des
dispositions du présent article. De même, l'avis prévu
à l'article 34 doit indiquer la décision de l'évaluateur
à cet égard.
L'élimination du paragraphe m) de l'article 1 que nous proposons
résulte du fait que nous considérons que le traitement
particulier qui doit être accordé aux terres en culture pour la
sauvegarde et l'intérêt de l'agriculture au Québec doit
l'être sans considération ou sans discrimination quant à
celui qui possède ou exploite une telle terre.
Les motifs qui justifient un traitement particulier des terres en
culture ne sont pas des motifs qui se rattachent à la personne mais sont
plutôt rattachés à la nature de l'activité
elle-même et à l'envergure des biens fonciers nécessaires
à l'exercice de cette activité.
Ce qui est nécessaire pour cette activité
économique qu'est l'agriculture l'est pour tous ceux qui exercent cette
activité, quelle que soit la personne qui l'exerce et quelles que soient
les autres activités de cette personne. Autrement, on se trouve à
empêcher certaines personnes d'exercer l'activité de
l'agriculture.
Lorsqu'on parle dans la même loi d'exempter la machinerie des
industries, on ne fait pas de distinction quant à la personne qui peut
posséder cette machinerie. C'est sans doute parce qu'on a jugé
que, pour l'activité industrielle, il était nécessaire
d'exempter la machinerie.
M. TESSIER: M. Vermette, je ne voudrais pas vous laisser continuer la
lecture. N'étiez-vous pas ici ce matin?
M. VERMETTE: Je suis arrivé un peu en retard ce matin.
M. TESSIER: Pour votre information la rédaction de l'article 1 m)
exclut définitivement la définition du cultivateur ou de
l'agriculteur. Il n'en est plus question.
M. VERMETTE: Alors, on s'attarde à la définition de la
terre.
M. TESSIER: De la terre exclusivement.
M. VERMETTE: C'est le sens de toute cette argumentation et de notre
représentation à cet égard. Puisqu'on m'a dit que
maintenant on s'attardera à définir plutôt la terre que
l'agriculteur, je pense que c'est avec raison que la commission a pris cette
décision.
Pour économiser du temps, disons que je coupe cette partie de
notre mémoire sachant que, de toute façon, au cas où il y
aurait d'autres représentations de faites, vous l'avez en main
déjà.
M. TESSIER: D'accord.
M. VERMETTE: Maintenant, si vous me le permettez, je vais passer
à la page 7, à partir du deuxième alinéa, pour
expliquer les raisons pour lesquelles nous avons proposé le texte que
nous proposons pour l'article 30.
M. TESSIER: Il y a une nouvelle rédaction également pour
l'article 30.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui couvre exactement le
problème...
M. TESSIER: Elle est à peu près semblable à votre
propre texte.
M. LE PRESIDENT: Je crois,Me Vermette, pour ne pas répéter
ce qui a déjà été dit et que les membres de la
commission et le ministre ont accepté en principe, qu'il serait
peut-être préférable que vous alliez à la page 9 de
votre mémoire et que vous discutiez de l'article 97 et ensuite de
l'article 120.
M. VERMETTE: Je voudrais quand même souligner, M. le
Président, que pour notre suggestion quant à la rédaction
de l'article 30, nous nous sommes inspirés beaucoup du texte actuel de
l'article 523 de la Loi des cités et villes. Nous pensons qu'il faut,
autant que possible, emprunter ce qui existe déjà à
l'article 523, parce que nous pensons que c'était une bonne
rédaction quand même. Nous bénéficions
déjà avec ce texte d'une jurisprudence qui a déjà
interprété cet article, tandis que, si nous arrivons avec un
nouveau texte, c'est une jurisprudence à recommencer.
La jurisprudence, jusqu'à maintenant, l'a assez bien
interprété, de sorte que les faux ou ceux qui font des similis
d'activités agricoles ont été assez bien
éliminés par la jurisprudence en général, de sorte
que nous voudrions bénéficier de toute cette accumulation de
jurisprudence qui, en général, à ce jour, a
interprété cet article pour en faire bénéficier les
vrais agriculteurs.
Alors, ceux qui font des similis d'activités agricoles ont
été assez bien éliminés jusqu'à aujourd'hui
par la jurisprudence. C'est pourquoi nous pensons qu'autant que possible il ne
faudrait pas trop modifier le texte afin que nous puissions profiter de la
jurisprudence accumulée à ce sujet.
Dans le texte que nous proposons, nous avons également
éliminé l'exigence d'une superficie minimum de quinze arpents,
car, aujourd'hui, certaines exploitations agricoles rentables c'est
à la page 9 peuvent être faites sur des superficies plus
réduites, comme pour l'élevage d'abeilles ou en horticulture.
Alors, souvent, ce qui n'est pas investi en fonds de terre l'est en serres ou
en d'autres 'bâtiments. L'avant-dernier paragraphe du texte que nous
proposons est pour prévoir le cas de retour à destination
agricole d'une terre qui avait cessé de l'être.
Je pense qu'il faut être plus large là-dessus que de
prévoir simplement les cas de retour aux cultivateurs par suite de
dation en paiement, ou par suite de l'exercice de la clause
résolutoire.
Nous avons connu en effet autour de Montréal des périodes
de spéculation active et quand même, les spéculateurs
avaient vu trop grand, de sorte que plusieurs terres, même si elles ne
sont pas retournées au vendeur, sont retournées à d'autres
personnes, mais sont redevenues à vocation agricole réelle. Ce
serait donc trop limitatif de dire qu'une terre peut redevenir â vocation
agricole seulement lorsqu'elle revient au même vendeur par suite de
dation en paiement ou par suite de l'exercice de la clause résolutoire
contenue au contrat de vente.
Je pense qu'il faut être plus large que cela, il faut
prévoir le cas où la terre redevient réllement à
destination agricole, même si elle ne le redevient pas dans les mains du
même vendeur.
Quant au dernier paragraphe du texte que nous proposons, je pense que
là, c'était une lacune dans le bill et elle ne semble pas avoir
été couverte à ce jour. Elle vise à permettre au
contribuable de savoir, dans les cas où la valeur marchande ne
dépasse pas $150. l'arpent, s'il pourra bénéficier ou non
de la limitation quant au taux de la taxe, et ainsi pouvoir porter plainte,
s'il n'est pas satisfait de l'évaluateur à cet égard.
Autrement, le contribuable ne le saura que lorsqu'il recevra le compte
de ses taxes. Nous pensons que la décision, quant au caractère de
la terre, doit être prise et communiquée au contribuable lors de
l'évaluation, pour qu'il n'y ait pas de période d'incertitude
entre l'évaluation et le compte de taxes. Si le contribuable ne le sait
que lorsqu'il reçoit le compte de taxes, son délai pour se
plaindre du rôle peut être expiré, et c'est alors le
rôle de perception qu'il devra attaquer, s'il n'est pas satisfait.
Nous considérons également à ce moment-là
et c'est de la concordance, si vous voulez qu'à l'article
97, on devrait apporter un amendement pour prévoir des cas où
l'évaluateur modifie le rôle. Ce serait dans les cas d'application
des paragraphes 3, 4 ou 5 du texte que nous proposons, c'est-à-dire
lorsque la terre change de destination ou lorsqu'elle redevient à
destination agricole. Ce sont des cas où l'évaluateur doit
évidemment changer l'évaluation.
A la page 10, un dernier commentaire, sur l'article 120, paragraphe b)
du bill. Nous ne pouvons souscrire à la proposition d'abroger l'article
164 de la Loi des terres et forêts. D'abord, sous l'incitation de cet
article, certains ont sans doute investi pour faire du reboisement. Us ont
rempli leur part d'un contrat. Ils ont ainsi certains droits acquis que
l'abrogation de cet article ne respecterait pas.
En second lieu, nous considérons que le reboisement qu'on voulait
encourager par cet article demeure encore aujourd'hui et même encore plus
qu'avant une mesure à encourager. C'est une mesure non seulement
d'utilité économique mais également bonne au milieu ou
à
l'environnement dont on parle tant aujourd'hui. Ce ne serait pas, selon
nous, dans l'intérêt de la province de cesser d'encourager un tel
reboisement. Nous espérons avoir apporté à votre
commission une contribution utile et que le texte qui sera finalement retenu
sur les points discutés sera de nature à encourager et à
garder à l'activité agricole l'apport de personnes qui vouent un
intérêt à l'agriculture malgré leurs autres
occupations d'affaires ou professionnelles et qui ont l'impression d'avoir
jusqu'à ce jour fait oeuvre utile pour l'agriculture du
Québec.
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais remercier Me Vermette et
réitérer, puisqu'il a manqué une partie de la
séance de la commission, qu'il y a eu des amendements d'apportés
â l'article 1 m) et à l'article 30 qui correspondent pas mal
à ses vues. Cette disposition de l'article 120 au paragraphe b) a
été biffée et remplacée en l'article 120 a)
où il y a une nouvelle définition de l'article 164 de la Loi des
terres et forêts rédigé en collaboration avec le ministre
des Terres et Forêts.
UNE VOIX: Est-ce qu'on pourrait connaître cette nouvelle
définition?
M. TESSIER: Le texte: "Tant qu'on y conserve au moins 300 arbres
à l'acre, les terrains reboisés, sauf ceux qui sont situés
dans une municipalité de cité, de ville ou de village, gardent et
ce durant trente ans l'évaluation qu'ils avaient avant la plantation. A
l'expiration de cette période de trente ans, l'évaluation
municipale de ces plantations pourvu qu'elle reste à l'état de
forêt ne peut être modifiée que tous les dix ans". C'est
à la demande même du ministre des Terres et Forêts que nous
avons modifié un article de la Loi des terres et forêts.
M. PAUL: Je comprends, M. le ministre, mais il faudra que ce soit un
amendement qui vienne en Chambre.
M. TESSIER: Certainement.
M. PAUL: Je veux, moi aussi, remercier M. Vermette de son excellent
mémoire qui, d'ailleurs, a fait l'objet de certaines admissions ou de
certaines remarques de la part du ministre, qui a reconnu la
nécessité de modifier la définition de la profession
d'agriculteur et a apporté également certaines modifications
à l'article 30 du projet de loi tel que nous l'avons. Ce qu'il ne faut
pas oublier, c'est le fait que les membres de votre club contribuent grandement
à l'économie de l'agriculture par le maintien au travail d'un
certain nombre d'employés, parce que je ne sache pas que les membres du
club, c'est-à-dire ceux qui personnellement le financent soient ceux qui
voient à la marche, à l'élevage ou à
l'activité de chacune de ces fermes. Sûrement que le ministre
verra à tenir compte de cet aspect économique des
activités du Club des agriculteurs de Montréal afin d'honorer en
quelque sorte la politique ou l'idéal visé par le premier
ministre du Québec lors des élections du mois d'avril 1970, quant
aux 100,000 nouveaux emplois.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres questions à poser
à Me Vermette, je tiens à le remercier au nom des membres de la
commission et, avant d'inviter le dernier participant à cette
commission...
M. VERMETTE : Nous remercions la commission, M. le Président,
d'avoir entendu avec patience notre mémoire.
M. LE PRESIDENT: Merci, Me Vermette. Je me permets d'inviter les media
d'information à prendre bien note qu'après l'audience de demain,
en aucun cas, et ce, en tant que président de la commission permanente
des Affaires municipales, je n'accepterai que quelqu'un qui a demandé de
se présenter devant la commission nous remette son mémoire la
journée même ou la veille. Je pense que si on croit à
l'intelligence des membres de la commission, il faudra avoir la décence
de faire parvenir son mémoire au moins quatre jours ouvrables avant la
séance de la commission. Je me permettrai de rappeler ce que je viens de
dire demain, dans l'espoir que nous aurons la collaboration de tous et chacun
et ce sera regrettable à l'exception du projet de loi 48
mais, même si les porte-parole des organismes sont présents et
qu'on reçoit la même journée ou la veille leur
mémoire, c'est-à-dire dans un délai moindre que quatre
jours ouvrables, je devrai, en tant que président, leur refuser la
parole et le droit de participation.
Exception à cette règle sera faite à ceux qui
viendront se présenter devant la commission à titre personnel et
qui ne représenteront pas un organisme.
Messieurs, sans faire de personnalité, sans attacher d'importance
à quelque mouvement que ce soit, je crois que c'est un avertissement qui
doit servir à tout le monde.
Et maintenant j'inviterais...
M. PAUL: Un instant, M. le Président. Disons qu'en théorie
nous approuvons cette politique parce qu'il nous est nécessaire de
prendre connaissance des mémoires. Mais quelle sera votre attitude
à l'endroit de ceux qui pourront se présenter et qui diraient:
Bien, voici, moi, je n'ai pas préparé de mémoire, je veux
parler d'abondance, je veux improviser sur le sujet? Est-ce que la situation
des membres de la commission se trouverait du même coup
améliorée?
M. LE PRESIDENT: Si tel était le cas, ce serait un cas
d'exception. L'expérience passée d'un an et demi veut qu'à
peu près tout le
monde puisse présenter un mémoire. Il serait avantageux
pour ceux qui veulent faire valoir leur point de vue d'une façon
sérieuse, ne serait-ce qu'une page, de bien vouloir mettre des notes par
écrit. C'est beaucoup plus facile pour les membres de la commission
d'étudier les recommandations qui sont faites par un organisme. En
dehors du groupe qui vient à titre personnel, nous devrons avoir au
moins quelques notes sur un bout de papier et, si on n'a pas de machine
Xérox, le gouvernement en a, on "xéroxera", s'il le faut, les
documents.
Et j'invite maintenant M. Carlyle Gilmour à se présenter
à titre personnel devant la commission.
Messieurs, la commission ajourne ses travaux à dix heures, demain
matin.
(Fin de la séance: 18 heures)
Séance du mercredi 3 novembre 1971
(Dix heures huit minutes)
M. LEDUC (président de la commission permanente des Affaires
municipales): A l'ordre, messieurs! Avant de commencer la séance de ce
matin, je me permets de faire la même mise au point que j'ai faite hier
après-midi, à l'exception de l'étude du projet de loi no
48.
A l'avenir, en tant que président de la commission permanente des
Affaires municipales, je n'accepterai pas qu'un organisme vienne discuter d'un
projet de loi devant les membres de la commission permanente, à moins
qu'il n'ait déposé son mémoire au moins quatre jours
ouvrables avant la séance de la commission.
Cet avis ne s'applique pas à la séance d'aujourd'hui mais
s'applique bien aux séances à venir.
Messieurs de la commission, messieurs les invités, bienvenue.
Ce matin, c'est la quatrième et dernière séance,
nous le croyons, de la commission parlementaire des Affaires municipales pour
étudier le projet de loi no 48, Loi sur l'évaluation
foncière.
M. TESSIER: Ce ne sera certainement pas, M. le Président, la
dernière.
M. LE PRESIDENT: Comme audience publique.
M. TESSIER: Peut-être pour entendre les mémoires.
M. LE PRESIDENT: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et encore, sous toutes réserves que de
droit.
M. PAUL: Parce que le ministre a fait hier des invitations
imprudentes.
M. DEMERS: Cela dépendra de la vitesse des lecteurs !
M. TESSIER: A qui les a-t-il faites?
M. LE PRESIDENT: Messieurs, afin d'éviter toute discussion...
M. TESSIER: Précisez. M. le Président, sur une question de
privilège.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! Non, non. Pas en commission.
M. DEMERS: Il n'y en a pas en commission. Je vous demanderais de faire
rapport au président de la Chambre et que, pour le moment, on continue
à travailler.
M. PAUL: Le ministre est bien plus précis en commission que dans
les journaux!
M. TESSIER: M. le Président, le député de
Maskinongé a fait une allusion, qu'il la précise.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Laquelle?
M. TESSIER: Que j'avais fait des invitations! A qui?
M. DEMERS: Je me demande pourquoi le ministre demande tant de
précisions.
M. PAUL: Vous avez invité hier de nom-breaux représentants
de corps intermédiaires, d'associations, à étudier votre
projet de loi et à faire d'autres représentations, entre autres:
l'UCC, les jardiniers-maraîchers de Montréal. C'étaient des
invitations imprudentes que vous leur avez faites.
M. TESSIER: Au contraire, très prudentes. M. PAUL: Bien non.
M. TESSIER: Il s'agit d'améliorer le projet de loi.
M. PAUL: Oui, mais à ce moment-là, dans l'invitation, vous
auriez dû dire: Présentez vos mémoires à
l'Opposition, qui verra, elle, à surveiller vos intérêts,
et non pas au ministre.
M. TESSIER: Ce n'est pas l'Opposition qui va rédiger le projet de
loi.
M. DEMERS: On va l'améliorer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On l'a déjà
rédigé.
M. TESSIER : Ce n'est pas vous qui allez l'améliorer, ce sont les
associations.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On le refait, M. le Président: 67
articles qu'on vient de refaire depuis qu'on a commencé.
M. TESSIER: M. le Président, l'Opposition voudrait se donner le
crédit d'avoir présenté des mémoires...
M. PAUL: Pas de ce bill-là!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Entendons l'Hydro!
M. TESSIER : ... alors que ce sont les mémoires qui nous
aident.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mettons le ministre au courant, M. le
Président!
M. LE PRESIDENT: Messieurs, si vous voulez, nous allons nous brancher.
Ce qui est assez amusant, pendant cette aimable discussion...
M. PAUL: C'était pour nous placer dans l'atmosphère!
M. LE PRESIDENT: ... c'est ça, et il y en a un qui, je pense, se
sentant à un étage un peu plus élevé et se
rappelant de ce qui s'est passé il y a quelques années, a encore
un sourire sur les lèvres. Donc, ce matin, nous allons commencer avec
l'Hydro-Québec. J'inviterais un bon ami et si j'insiste pour bon
ami, M. Dozois, c'est un peu pour essuyer un commentaire qui se trouve à
la page 2962 du journal des Débats, qui pourrait être mal
interprété.
J'ai fait ce commentaire au mois de juin de cette année. Alors,
vous lirez la page 2962. J'ai pleinement confiance en vous, M. Dozois et je
vous invite à parler au nom de l'Hydro.
M. TESSIER: M. le Président, avec votre permission, hier, le
député de Chicoutimi m'a posé une question me demandant
mes commentaires sur une certaine déclaration que j'aurais faite
concernant l'Union des conseils de comté.
M. PAUL: A quel endroit...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ne vous en faites pas, il va s'embourber de
toute façon.
M. TESSIER: A ce moment-là, j'ai demandé que le
député de Chicoutimi cite dans le journal des Débats, la
déclaration en question et je lui ferais ensuite mes commentaires. Le
député de Chicoutimi m'avait alors promis qu'il aurait le journal
des Débats à la séance d'hier après-midi et nous ne
l'avons pas eu. Je voudrais savoir s'il l'a ce matin.
M. DEMERS: C'est un numéro spécial.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous comprenez que je
veux faire plaisir au ministre des Affaires municipales. Seulement, ayant
été fort occupé hier à corriger le projet de loi du
ministre, je n'ai pas eu le temps de me pencher sur les contradictions
antérieures du ministre. Mais je lui réserve le plaisir de lui
resservir ses déclarations, alors qu'il a déclaré que les
conseils de comté auraient un rôle beaucoup plus grand et beaucoup
plus efficace que celui qu'ils n'avaient eu auparavant.
M. TESSIER: C'est justement cette déclaration...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Contrairement aux communautés urbaines
qui vont disparaître, a dit le ministre.
M. TESSIER: J'attends toujours, parce que le député de
Chicoutimi passe son temps à faire des allusions sur des contradictions,
mais lorsqu'on lui demande de les prouver, il est toujours dans
l'incapacité de le faire.
M. PAUL: Vous admettrez que le député de Chicoutimi
prouvera les contradictions quand il le voudra.
M. TESSIER: Il n'est jamais capable de prouver quoi que ce soit mais il
fait des allégations tout à fait gratuites.
M. PAUL: Regardez, M. le Président, ça paraît qu'il
est fatigué, il n'a pas travaillé hier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il est déjà fatigué.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, si vous voulez...
M. TESSIER: Au contraire, je suis en excellente forme, comme vous pouvez
le constater M. le Président.
M. DEMERS: Mais là...
M. LE PRESIDENT: Messieurs, si vous le permettez, nous allons laisser la
parole à nos invités et j'inviterais M. Dozois à nous
parler de l'Hydro.
Hydro-Québec
M. DOZOIS: M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la
commission, vous comprendrez qu'en écoutant les préliminaires
à cette séance, il s'est manifesté chez moi une
espèce de nostalgie...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas à propos de celui-ci.
M. TESSIER: Je comprends que vous avez la nostalgie de l'Union nationale
qui est maintenant défunte.
M. DOZOIS: M. le Président, je ne m'embarquerai pas sur ce
terrain...
M. PAUL: Non, soyez prudent, M. Dozois; il n'est pas au courant,
lui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De toute façon, il va disparaître
au remaniement ministériel.
M. TESSIER: C'est le député de Chicoutimi qui dit
ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la dernière fois que vous le
voyez.
M. TESSIER: Il n'a pas grand pouvoir, par exemple, pour me faire
disparaître.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai pas de pouvoir, mais j'ai de
l'influence.
M. TESSIER: Très minime.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, j'espère que nous allons donner une
chance à M. Dozois de bien vouloir nous adresser la parole, de nous
mettre au courant.
M. DOZOIS: Puisque vous parlez de vous mettre au courant, je puis vous
assurer d'avance que, dans la quiétude de ces fonctions, je ne suis pas
survolté. M. le Président, je vous remercie, ainsi que les
membres de la commission, de nous fournir l'occasion d'exposer le point de vue
de l'Hydro sur quelques articles importants du bill 48 qui, à notre
avis, peuvent avoir des conséquences très graves sur l'organisme
dont je fais partie.
Je suis accompagné ce matin de M. Jean Boulanger, à ma
gauche, qui est directeur du service juridique à l'Hydro-Quëbec; de
M. Lionel Lemay, directeur des propriétés immobilières de
l'Hydro-Québec et de M. Clément Morin, chef du service des taxes
à l'Hydro-Québec.
Avec votre permission, M. le Président, nous avons un
mémoire. Je pense que tous les membres de la commission doivent en avoir
des copies, puisque nous en avons laissé au secrétaire de la
commission. Je demanderais la faveur de lire ce mémoire en entier. Il
n'est pas très long, mais étant donné que c'est une
argumentation assez serrée de la première phrase jusqu'à
la dernière, pour une meilleure compréhension du problème;
je vous demande de me permettre de lire ce mémoire. Je le ferai le plus
rapidement possible et, après la lecture, mes collègues et
moi-même serons à votre disposition pour répondre aux
questions que vous voudrez nous poser.
Objet du mémoire.
Le présent mémoire établit que les immeubles de
l'Hydro-Québec et de ses filiales sont présentement
évalués sur une base plus onéreuse que ceux des autres
commissions hydroélectriques au Canada; ce fait place
l'HydroQuébec dans une situation défavorable sur le plan de la
concurrence et impose à ses abonnés un fardeau fiscal qui ne peut
être alourdi davantage sans provoquer de sérieux dangers pour
l'économie du Québec.
Le bill 48 établit un régime d'évaluation et
d'imposition des immeubles de l'Hydro-Québec pour fins municipales et
scolaires comparable à ceux qui existent dans d'autres provinces pour
Las commissions hydro-électriques et permet d'atteindre l'objectif
poursuivi sans que les budgets des municipalités ne soient
affectés de façon significative. Toute modification au bill 48 en
vue d'élargir l'assiette des immeubles imposables de
l'Hydro-Québec entraînerait un accroissement soudain et
considérable des dépenses qui, dès 1972, devrait
nécessairement être comblé par une hausse irréaliste
des tarifs.
Motifs justifiant le régime d'évaluation et d'imposition
prévu au bill 48 pour les immeubles d'Hydro-Québec et de ses
filiales.
De nombreux motifs justifient le régime d'évaluation et
d'imposition prévu au bill 48 pour les immeubles d'Hydro-Québec
et de ses filiales. Mentionnons, premièrement, l'existence de
régimes similaires pour les commissions hydro-électriques dans
les autres provinces du Canada. La très grande majorité de ces
commissions hydro-électriques ne paient des taxes municipales et
scolaires que sur leurs terrains et bâtiments.
Les barrages, les centrales et toutes les installations
électriques ainsi que l'équipement et les accessoires tels que
fils, conducteurs, câbles, transformateurs, lignes de transport, lignes
de distribution, poteaux, pilônes, conduits, tunnels et autres ouvrages
et appareils destinés à produire et à transporter de
l'électricité sont exempts de taxes.
L'annexe 1 contient un résumé des lois des autres
provinces canadiennes relativement à l'imposition des immeubles de ces
entreprises.
Deuxièmement, le caractère massif des immobilisations de
l'Hydro-Québec.
Ces immobilisations sont beaucoup plus considérables, par dollar
de revenu annuel, que celles des autres entreprises industrielles. C'est ainsi,
par exemple, que le coefficient immobilisation et revenu est de 8/1 pour
l'Hydro-Québec alors qu'il ne dépasse pas 5/1 pour les autres
entreprises d'utilités publiques et qu'il atteint rarement 1/1 pour les
entreprises manufacturières en général.
Les autres provinces du Canada reconnaissent ce caractère
particulier et restreignent l'imposition foncière aux terrains et
bâtiments seulement. Une situation analogue existe dans le cas des
compagnies de chemins de fer qui ne sont, elles aussi, au Québec comme
ailleurs, taxées que sur leurs terrains et bâtiments.
Nos centres de production d'énergie électrique,
centrales et barrages sont généralement
éloignés des centres de consommation. Pour y acheminer
l'énergie électrique, l'Hydro-Québec doit construire, de
longs réseaux de transport, comparables aux réseaux
routiers, comprenant des lignes à haute tension et des postes de
transformation dont le coût très élevé n'a d'autres
causes que l'immensité du territoire québécois et la
localisation de ses sources énergétiques.
Troisièmement, la situation défavorable dans laquelle se
trouve déjà l'Hydro-Québec sur le plan de la taxation.
L'Hydro-Québec est nettement défavorisée si on la
compare à d'autres Commissions Hydroélectriques au Canada. Une
comparaison avec l'Hydro-Ontario, entreprise dont les revenus et les
immobilisations sont presque identiques à ceux de l'Hydro-Québec,
illustre cet état de fait de façon saisissante.
Pour l'année 1970, l'Hydro-Québec a payé
près du double de l'Hydro-Ontario en taxes foncières municipales
et scolaires et près du triple en redevances et impôts
provinciaux. Vu que les abonnés en Ontario ne paient pas de taxe de
vente sur l'électricité et que l'Hydro-Ontario a aussi
reçu une subvention provinciale de plus de $2 millions pour
1'electrification rurale, l'on peut affirmer, d'après les données
qui suivent, que le fardeau fiscal des abonnés de l'Hydro-Québec
a été environ quatre fois plus élevé que celui des
clients de l'Hydro-Ontario.
Le fardeau fiscal 1970. Taxes foncières municipales et scolaires,
Hydro-Québec: $18 millions, Hydro-Ontario: $9 millions. Je laisse les
centaines de milliers de dollars de côté pour que ce soit plus
rapide. Redevances et impôts provinciaux, Québec: $27,784,000;
Ontario: $9,977,000. Subvention pour l'électrification rurale: nil au
Québec, $2,112,000 en Ontario, ce qui fait un total de $45,966,000 pour
l'Hydro-Québec, comparativement à $17,537,000 pour
l'Hydro-Ontario.
Si on ajoute la taxe de vente payée par les consommateurs, l'on
constate que les taxes totales de l'Hydro-Québec se chiffrent à
$69 millions comparativement à $17 millions pour l'Hydro-Ontario.
M. LE PRESIDENT: Si vous me le permettez, M. Dozois, je pense que les
membres de la commission n'auront pas d'objection à ce que les tableaux
tels que mentionnés, avec les chiffres exacts, soit aux pages 4, 8 et 9
ou l'annexe, même si M. Dozois nous donne des chiffres arrondis, je
pense, dis-je que les membres de la commission n'auront pas d'objection
à ce que, dans le journal des Débats, les chiffres soient
répétés intégralement comme dans le mémoire;
d'ailleurs, au journal des Débats, on a le mémoire et on pourra
reproduire exactement les chiffres, si personne n'a d'objection.
M. DOZOIS: D'accord, je serais le dernier à en avoir.
M. LE PRESIDENT: Merci.
M. DOZOIS: Les données les plus récentes de
Statistique-Canada (DBS, Electric Power Statistics, catalogue no 57-202) qui
sont pour l'année 1968, révèlent que l'Hydro-Québec
paie près de la moitié des taxes foncières municipales et
scolaires de l'ensemble des commissions hydro-électriques au Canada,
soit $18 millions sur $39 millions.
Quatrièmement. Le mandat particulier qu'a l'Hydro-Québec
de fournir l'énergie aux taux les plus bas possible:
l'Hydro-Québec est une entreprise d'Etat. Elle a pour objet, selon sa
propre loi, de fournir l'énergie aux municipalités, aux
entreprises industrielles ou commerciales et aux citoyens de cette province aux
taux les plus bas compatibles avec une saine administration financière.
Ses tarifs sont établis en tenant compte de cet objectif et non dans le
but de réaliser des bénéfices.
Dans ce contexte toute l'ampleur des taxes et redevances se
réflète directement dans les tarifs d'électricité.
En d'autres termes, l'Hydro-Québec ne peut, comme le ferait une
entreprise ordinaire, faire absorber une augmentation de ses impôts,
même partielle, à même le rendement du capital investi par
les actionnaires. Ces motifs rendent essentiel l'établissement pour
l'Hydro-Québec et ses filiales d'un régime d'évaluation et
d'imposition pour fins municipales et scolaires d'un niveau comparable à
ceux que l'on applique aux autres commissions hydroélectriques à
travers le Canada. On doit considérer que nos tarifs
d'électricité sont en général plus
élevés que ceux de l'Hydro-Ontario; il faut que notre entreprise
demeure concurrentielle et aussi que nos tarifs soient suffisamment
intéressants pour continuer d'attirer de nouvelles industries qui
contribueront au développement économique du Québec.
Le régime d'évaluation et d'imposition prévu au
projet de loi 48. Même si le projet de loi 48 prévoit un
régime d'évaluation et d'imposition que nous croyons
équitable pour les consommateurs d'électricité, il
importerait toutefois d'apporter des précisions et commentaires à
certains articles. Article 16.
Les immeubles énumérés à cet article, comme
les chemins, les routes, les lits des rivières et des lacs, lorsqu'ils
appartiennent à un organisme public ne sont pas portés au
rôle. Cette exemption qui se justifie pleinement s'applique
nécessairement aux immeubles de l'Etat. Or, l'Hydro-Québec et ses
filiales sont des organismes publics et les immeubles dont il est question et
que celle-ci possède sont la propriété de l'Etat et
peuvent généralement être utilisés par le public
comme, par exemple, la route Baie-Comeau-Manicouagan 5 et le lit de certaines
rivières. Pour plus de précisions, il y aurait donc lieu de
définir le terme "organisme public" pour indiquer qu'il comprend
l'Hydro-Québec et ses filiales. Article 18.
Il établit un régime d'imposition foncière
semblable à ceux qui s'appliquent aux autres commissions
hydro-électriques du Canada. Les terrains et les bâtiments de
l'Hydro-Québec et de ses filiales sont portés au rôle, mais
non leurs centrales et barrages ni les autres immeubles. Il y aurait avantage
à ce que cet article soit précisé comme suit: "Les
terrains et les bâtiments d'Hydro-Québec et de ses filiales,
à l'exception de leurs barrages et de leurs centrales
hydroélectriques, thermiques ou nucléaires, sont portés au
rôle. Les autres immeubles d'HydroQuébec et de ses filiales ne
sont pas portés au rôle. Pour les fins du présent article:
a) le mot "bâtiment" signifie toute construction servant à abriter
des personnes ou des choses sans y inclure cependant les installations et
l'équipement de production, de transport, de transformation et de
distribution d'énergie; b) le mot "filiale" signifie toute compagnie
dont HydroQuébec détient directement ou indirectement plus de 50
p.c. du capital-actions. Article 120
L'article 41 de la Loi de l'Hydro-Québec deviendra
inopérant à compter du moment ou le bill 48 s'appliquera à
une municipalité. Cela aura pour effet de rendre l'Hydro-Québec
sujette aux taxes personnelles qui seront imposées dans la
municipalité, comme la taxe d'affaires et toute taxe fondée sur
la valeur locative dont elle est présentement exempte.
L'Hydro-Québec prévoit que ces taxes personnelles
représenteront un déboursé additionnel d'environ
$3,000,000 pour l'année 1972 et que ce montant s'accroîtra
considérablement au cours des prochaines années par la
généralisation de l'imposition des taxes personnelles à
travers le Québec. Ces nouvelles taxes auxquelles l'Hydro-Québec
sera soumise procureront aux municipalités des revenus additionnels qui
doivent être mis en regard des conséquences du nouveau
régime de taxation foncière résultant de l'application des
articles 18 et 34 du bill 48.
Pour les fins de l'imposition des taxes personnelles, il est
extrêmement important pour l'Hydro-Québec et ses filiales que la
définition du mot "immeuble", indiqué à l'article 37 comme
"tout local pouvant être occupé distinctement", soit maintenue
afin que les installations et l'équipement servant à la
production, au transport, à la transformation et à la
distribution de l'énergie ne soit pas inclus dans cette
définition. Article 134.
Même si l'article 134 lui impose une obligation financière
importante, l'Hydro-Québec le juge équitable et, afin de ne pas
déséquilibrer les budgets des corporations municipales et
scolaires, elle versera, pour les immeubles non portés au rôle
d'évaluation en raison de l'article 18, un montant égal pour
l'année 1972 aux versements faits pour ces immeubles en 1971. Par la
suite, ces versements annuels décroîtront à raison de 5
p.c. annuellement. Signalons que 90 p.c. des corporations municipales, soit
1419 sur 1585, subiront une diminution annuelle inférieure à
$100; 128 municipalités, une diminution annuelle entre $100 et $500; 38
municipalités, une diminution annuelle de $500. L'annexe 2 fournit des
renseignements additionnels à ce sujet.
Dans la plupart des municipalités, cette diminution sera
cependant plus que compensée par le revenu provenant des taxes
personnelles, sans oublier que l'Hydro-Québec continuera de payer ses
taxes foncières sur terrains et bâtiments selon les normes
d'évaluation provinciale.
Voici quelques exemples. Montréal, diminution annuelle sur
l'équipement $79,000; taxes d'affaires ou taxes personnelles $1,569,000.
Québec, diminution $6,108; augmentation taxes d'affaires $49,294.
Laval, $9,741 $41,736; Shawinigan
$15,285, $21,354. Trois-Rivières $7,254, $20,894.
Baie-Comeau $125 $8,582; St-Laurent $2,313, $4,053; Hull $3,105,
$3,562; Hauterive $470, $1,323.
Effets généraux.
En 1970, l'Hydro-Québec a payé en taxes municipales et
scolaires la somme de $18.2 millions. Elle versera en 1971 plus de $20
millions. L'application des articles 16, 18, 120 et 134 portera ce montant
à $23 millions environ en 1972.
Bref, le bill 48 établit un régime d'évaluation et
d'imposition pour l'Hydro-Québec et ses filiales comparable à
ceux qui existent ailleurs au Canada pour les commissions
hydro-électriques. Il assure en même temps, qu'après
l'adoption du bill 48, l'Hydro-Québec paiera annuellement un montant de
taxes sensiblement plus élevé qu'auparavant, sans
déséquilibrer les budgets des municipalités. Le tableau
ci-après fait voir le montant des taxes municipales et scolaires
payées par l'Hydro-Québec et ses filiales depuis 1963.
Alors, vous avez le tableau, M. le Président. Je ne sais pas si
je dois le lire puisque le journal des Débats le reproduira.
M. LE PRESIDENT: Il sera inscrit de toute façon au journal des
Débats...
M. DOZOIS: Le tableau parle par lui-même. On constate qu'en 1963
c'était $4,605,000 et qu'en 1971 l'estimation est de $20 millions et
pour 1972 $23 millions. Notons que les taxes foncières municipales et
scolaires de l'Hydro-Québec seront en 1972 cinq fois plus
élevées qu'en 1963; il y a donc lieu d'être prudent avant
de lui imposer ici un fardeau fiscal additionnel.
Conséquences dans le cas de modifications au bill 48.
Toute modification au bill 48 quant au régime d'imposition des
immeubles de l'HydroQuébec et de ses filiales, ayant pour effet
d'augmenter l'assiette imposable, aurait des conséquences très
lourdes tant sur les dépenses de l'Hydro-Québec que sur la
facture d'électricité de ses abonnés.
Pour bien juger des chiffres qui sont ici en cause, il importe en effet
de se demander ce qu'il adviendrait si, contrairement à la politique
suivie dans les autres provinces: a ) les centrales et les barrages de
l'Hydro-Québec et de ses filiales devenaient imposables et b ) tous les
immeubles autres que centrales et barrages, mais comprenant les
équipements et installations électriques de production, de
transport et de distribution devenaient aussi imposables.
Première hypothèse: imposition des centrales et
barrages.
L'Hydro-Québec n'a jamais payé de taxes sur ses centrales
et ses barrages, sauf sur ceux de ses filiales. L'imposition des centrales et
barrages des filiales est un héritage de la nationalisation qui devait
normalement cesser avec la disparition des filiales et le transfert de leurs
biens à l'Hydro-Québec.
Si, au contraire, l'Hydro-Québec devait payer des taxes
foncières sur cette catégorie d'immeubles, il en
résulterait une augmentation astronomique de ses comptes de taxes. Dans
ce cas, elle aurait à payer un montant de $79 millions en 1972. Celui-ci
pourrait facilement atteindre $105 millions en 1980.
Deuxième hypothèse: imposition de tous les immeubles,
autres que centrales et barrages, mais comprenant les équipements et
installations électriques de production de transport et de
distribution.
Les équipements et installations électriques sont
présentement évalués dans plus de 1300
municipalités suivant des normes fixes que l'on retrouve aux articles
656 b) et 656 c) du code municipal, et que le bill 48 fera
disparaître.
Les poteaux sont évalués â $25 l'unité, les
pylônes entre $250 et $1200 l'unité, selon les superficies de
base. Ces valeurs comprennent les fils, les transformateurs, les isolateurs et
les ancrages, ainsi que tous autres accessoires posés sur ou entre ces
poteaux ou pylônes. La suppression de ces normes et l'évaluation
de ces immeubles et celle des terrains, bâtiments et autres immeubles
taxables de l'Hydro-Québec à leur pleine valeur provoquerait
également un accroissement énorme du montant des taxes
foncières. Pour cette catégorie d'immeubles, le montant de taxe
serait d'environ $80 millions en 1972 et pourrait facilement atteindre $152
millions en 1980.
En somme, l'application du bill 48 amènerait
l'Hydro-Québec à payer, en 1972, une somme d'environ $23 millions
en taxes municipales et scolaires. Si, par contre ses immeubles devaient
être imposés selon les deux hypothèses envisagées,
ce montant serait porté à $159 millions en 1972 et à $257
millions en 1980. Pour acquitter de tels impôts, l'Hydro-Québec
serait forcée d'augmenter ses tarifs de façon absolument
draconienne.
Il est vrai que certains immeubles mentionnés dans les deux
hypothèses ci-dessus sont présentement situés en
territoire non organisé. Ils ont été inclus dans nos
calculs, parce que ce territoire demeure toujours susceptible d'être
municipalise. De plus, si ces immeubles étaient imposables, de fortes
pressions seraient exercées pour que, selon l'article 43 du bill 48, des
parties de territoire non organisé soient comprises dans
différents groupes de corporations pour les fins de la confection des
rôles d'évaluation et de perception. Répercussions
économiques.
Tel que mentionné plus haut, l'adoption du bill 48 avec les
précisions suggérées, implique que l'Hydro-Québec
paiera une somme d'environ $23 millions en taxes municipales et scolaires en
1972. Par contre, si le bill 48 était modifié suivant les
hypothèses que nous avons
examinées, son fardeau fiscal serait porté à $159
millions pour la même année. Il lui faudrait alors se procurer des
revenus additionnels de $136 millions ce qui la forcerait à recourir,
sans délai, à une hausse générale de tarifs. Les
revenus additionnels requis devraient nécessairement être obtenus
des abonnés, dont les contrats permettent une hausse immédiate de
tarifs. L'augmentation serait de l'ordre de 33 p.c. en moyenne. Il faudrait
également prévoir des augmentations de tarifs analogues, lors du
renouvellement des contrats des autres abonnés.
Des augmentations d'une telle envergure ne sauraient être
imposées sans provoquer de sérieuses répercussions sur le
plan économique et social tant pour les citoyens et les entreprises du
Québec que pour l'Hydro-Québec elle-même. Les citoyens.
Nous croyons que toute augmentation de tarifs affectant l'ensemble des
abonnés doit tenir compte du fait que les consommateurs sont
déjà aux prises avec une monté rapide des prix dans tous
les secteurs. Dans ce contexte, il nous parait utopique de penser que l'on
pourrait obtenir des augmentations de tarifs de l'ordre de 33 p.c. pour les
seules fins d'un régime de taxes . municipales et scolaires qui n'existe
nulle part ailleurs au pays. Les entreprises.
Les entreprises ont et auront également dans l'avenir à
faire face aux augmentations de tarifs auxquelles l'Hydro-Québec doit
avoir recours pour satisfaire à ses obligations financières.
Déjà, des augmentations ont rendu leur situation de concurrence
plus difficile par rapport à celle des entreprises des autres provinces
et même des Etats-Unis.
Un accroissement du coût de l'électricité de l'ordre
de 33 p.c, sans compter les autres ajustements, aurait un effet néfaste
sur ces entreprises, surtout celles qui font un usage intensif
d'électricité, parce qu'il augmenterait leurs coûts de
production et conséquemment le prix de leurs produits.
D'une part, nos entreprises deviendraient plus vulnérables
à la concurrence extérieure, et d'autre part, l'accès au
marché d'exportation serait grandement réduit. Il en
résulterait fatalement un accroissement marqué du chômage.
L'Hydro-Québec.
Une hausse de tarifs de 33 p.c. aurait également des
répercussions sérieuses sur l'Hydro-Québec en incitant les
abonnés à utiliser d'autres formes d'énergie qui,
contrairement à l'énergie hydro-électrique, ont un fort
contenu d'importations. Cette situation entraînerait également une
réduction de l'emploi au Québec. En outre, ces hausses tarifaires
provoqueraient une détérioration du taux de croissance de la
consommation de l'électricité au Québec.
Cette détonation, à son tour, diminuerait les revenus de
l'Hydro-Québec, ce qui nécessiterait encore d'autres
augmentations de tarifs pour maintenir une saine situation financière.
Il va sans dire que la position concurrentielle de l'Hydro-Québec et du
Québec, sur le plan énergétique, serait fortement
compromise vis-à-vis de celle des autres provinces canadiennes et de nos
voisins du sud.
En conclusion, M. le Président, rappelons que
l'Hydro-Québec n'est que fiduciaire de biens qu'elle administre pour le
public. Il appartient à l'Etat de déterminer le fardeau fiscal
auquel l'Hydro-Québec doit être assujettie et le niveau des
impôts qu'elle doit acquitter. Il est cependant du devoir de ses
administrateurs d'attirer l'attention du législateur sur les
répercussions économiques et sociales d'un fardeau fiscal qui
serait hors de proportion avec celui que les autres provinces imposent à
leurs entreprises similaires et sur le fait que des hausses de tarifs
exagérées compromettraient la la croissance économique du
Québec.
De plus, il ne faut jamais perdre de vue que ce sont les citoyens qui
doivent en définitive supporter les impôts payés par
l'Hydro-Québec. Je vous remercie, M. le Président.
Comme je vous l'ai dit au début, nous répondrons à
toutes les questions que l'on voudra bien me poser. Mes collègues et moi
répondrons avec plaisir à ces questions. Je vous ai fait
grâce de la lecture du tableau à la page 14, au cours de mon
exposé il y en avait un résumé.
J'invite tout le monde à le parcourir, puisqu'il porte des
chiffres que je n'avais pas cités au cours de la lecture du
mémoire. Ces chiffres, à mon avis, sont impressionnants. Je pense
que nous pouvons tomber immédiatement à la dernière ligne
qui porte le numéro 15 et, quand on fait le montant total des taxes
divisé par le nombre d'abonnés, on constate que le consommateur
du Québec paie $38.07 comparativement à $7.33 pour le
consommateur ontarien. Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Dozois. De toute façon, à la
demande du ministre non seulement les tableaux mais les annexes de votre
mémoire, si les membres de la commission n'ont pas d'objection, seront
inscrits au journal des Débats, ce qui veut dire que votre
mémoire au complet se retrouvera dans le journal des Débats.
(Voir annexe). M. le ministre.
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais d'abord féliciter
l'Hydro-Québec qui, par la voix de M. Dozois, nous a
présenté un mémoire très bien structuré et
contenant beaucoup d'arguments de très grande valeur. Je crois que l'on
a fait la part des choses dans ce mémoire. On a non seulement
considéré le point de vue de l'administration de
l'Hydro-Québec mais le point de vue du public en général
et surtout de l'économie du Québec.
Pour ma part, après avoir examiné très
sérieusement ce mémoire, j'en suis venu à la conclusion
que nous devons accepter les recommandations qui nous sont faites par
l'Hydro-
Québec et que le projet de loi 48 doit être
rédigé en conformité avec ces recommandations.
M. PAUL: M. le Président, au nom de l'Opposition officielle, je
tiens à remercier M. Dozois et tous ses collaborateurs qui ont
travaillé à la présentation d'un mémoire dont la
thèse économique ne peut être discutée ou
discutable.
Je crois bien que le législateur n'a pas à hésiter
devant la recommandation qui nous est faite aujourd'hui et, dans le but de
protéger le contribuable qui reste toujours le même au niveau
minicipal, au niveau scolaire, au niveau provincial ou qui doit payer pour des
services publics, il faut se pencher sur la situation qu'éventuellement
nous pourrions lui imposer en mettant de côté les recommandations
qui nous sont faites par l'Hydro-Québec.
M. Dozois, dans le but d'éclairer les membres de la commission et
le public en général, est-ce que vous pourriez nous justifier les
profits apparents de l'Hydro-Québec et qui semblent de l'ordre de $125
millions? Est-ce que, pour le financement de l'Hydro-Québec, il n'y a
pas un pourcentage de revenu sur les opérations, sur les dépenses
courantes, pour faciliter les emprunts sur le marché canadien ou sur le
marché américain? Je suis sûr que les renseignements que
vous pourrez donner aux membres de la commission nous seront très utiles
et qu'ils nous serviront de guide dans l'appréciation de toutes les
données que l'on peut retrouver dans votre mémoire.
M. DOZOIS: M. le Président, je suis heureux que cette question
soit soulevée, car elle a une importance capitale dans le financement
des immobilisations que fait l'Hydro-Québec annuellement.
Nous avons eu recours dans le passé et je pense que pour
longtemps à venir nous devrons avoir recours pour le financement
de nos immobilisations, au marché canadien et extérieur
également. Vous savez, nous finançons des montants assez
considérables aux Etats-Unis tous les ans et, depuis quelques
années, sur les marchés européens, soit en eurodollars
soit en monnaie-, il y a eu des emprunts en monnaie allemande. Il y a une loi
non écrite qui existe aux Etats-Unis, qui oblige les compagnies
d'électricité à avoir un surplus des revenus sur les
dépenses d'une fois et un quart le montant qu'ils ont à payer sur
l'intérêt de leur dette.
Si nous ne nous conformons pas à cette exigence des
prêteurs, cela veut dire que ces marchés nous sont fermés
complètement. C'était une des raisons qui, récemment ou au
cours des dernières années, ont forcé l'Hydro à
augmenter ses tarifs. C'était pour conserver cet écart de 1 1/4
fois entre les revenus et les dépenses.
H y en a qui regardent nos rapports financiers et qui disent: Vous
faites tant de bénéfi- ces. Ce ne sont pas des
bénéfices que nous faisons. Nos tarifs sont fixés de
façon à assurer cet écart qui va permettre aux financiers
américains ou étrangers d'accepter de nous faire des prêts.
C'est donc une des exigences du marché, nous n'y pouvions rien, sinon,
si nous n'acceptons pas de jouer ce jeu avec les prêteurs, ces
marchés nous seront fermés. Je pense qu'il est important de
conserver ces marchés, car lorsque nous examinons une telle exigence et
que nous connaissons l'ensemble des marchés financiers, ce sont des
exigences qui sont raisonnables à mon avis. Il ne faut jamais perdre de
vue qu'un prêteur n'est obligé de prêter son argent à
personne. Il va le prêter à des gens qui sont responsables, quand
il sera sûr que les gens à qui il prête pourront payer au
moins les intérêts et lui rembourser éventuellement le
capital à échéance. Je ne sais pas si cela répond
très bien à votre question.
M. PAUL: Oui. Une autre question, M. Dozois. Dans votre mémoire,
à l'annexe 2, nous retrouvons une liste de municipalités qui
seront affectées à un degré plus ou moins
différent, dans des revenus plus ou moins différents, par suite
de l'application du texte que nous retrouvons dans le bill 48 au sujet de
l'exemption des pylônes, tours, etc.. de l'Hydro-Québec. Par
contre, l'Hydro-Québec sera appelée à payer une taxe
d'affaires qui, à toutes fins pratiques, va équilibrer les
budgets des municipalités et augmenter dans certains cas leurs revenus.
N'est-il pas exact que les municipalités qui se voient privées de
certains revenus par la disparition de cette taxe de certains actifs de
l'Hydro-Québec pourront compenser ces revenus-là en imposant
localement une taxe d'affaires et du même coup rejoindre
l'Hydro-Québec pour compenser la perte que l'application du nouveau
texte du bill 48 pourrait leur faire assumer dans l'assiette des taxes
municipales?
M. DOZOIS: Je crois en effet, M. le Président, que cette
disposition que l'on retrouve dans le bill 48 et qui est à l'article
120, permettra aux municipalités d'appliquer des taxes personnelles
à l'Hydro-Québec, ce dont nous sommes exemptés dans le
moment, et apportera aux municipalités des revenus assez
considérables.
Nous n'avons pas pu le détailler davantage. Nous avons pris
quelques exemples pour vous donner une projection des possibilités qu'il
y a dans ce domaine, mais nous ne connaissons pas toutes les
municipalités qui appliquent actuellement la taxe d'affaires. Même
celles qui ne l'appliquent pas présentement auront droit, je crois, en
vertu des lois existantes, de l'appliquer si elles ne l'appliquent pas. Elles
pourront récupérer là une bonne partie sinon plus que ce
qu'elles perdront avec l'application du bill 48 quant à
l'Hydro-Québec.
Nous croyons que c'est là un ajustement. On raisonnera
peut-être en disant: Mais pourquoi
demander l'application de l'article 18, si vous êtes, par contre,
par l'article 120, appelés à payer d'autres montants
considérables?
Nous l'avons estimé et c'est un argument qui a sa valeur, M. le
Président, mais nous ne croyons pas que jamais la taxe d'affaires
même si elle devait représenter quelques millions de dollars,
même si elle atteignait $10 ou $15 millions de dollars, atteigne
l'ampleur qu'elle pourrait avoir si l'article 18 était modifié de
façon que les barrages, les centrales et tout l'équipement de
l'Hydro-Québec soient taxables. Je vous ai démontré que
cela pourrait atteindre $250 millions de dollars en l'année 1980.
Ce sont des projections que notre service de recherches
économiques a faites. Nous estimons qu'elles sont raisonnables comme
projections.
Nous n'avons pas d'objection, nous, comme administrateurs de
l'Hydro-Québec à acquitter des impôts qui vont rester dans
des normes raisonnables. Nous croyons, avec l'expérience, que la taxe
d'affaires restera dans des proportions raisonnables, tout en assurant aux
municipalités des revenus intéressants. Est-ce que cela
répond à votre question?
M. PAUL: Je vous remercie, M. Dozois.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: Je remercie M. Dozois de nous avoir présenté,
comme il le disait au début, un rapport extrêmement serré
dans son argumentation. Vous savez que nous avions pris position, lors de la
discussion du projet de loi en deuxième lecture, contre l'article 18 tel
que rédigé actuellement dans le projet de loi.
Cependant, nous n'avions pas du tout l'intention de chambarder
l'imposition foncière de l'Hydro-Québec de telle façon
qu'on puisse imposer des barrages. Nous ne voulions pas, d'autre part, que les
finances des municipalités soient perturbées de telle
façon que leur situation financière devienne assez difficile.
Par contre, vous avez répondu tout à l'heure à une
partie d'une question que je voulais poser. Vous dites que vous avez
payé, en 1970, en taxes foncières et municipales, la somme de
$18,182,000. Avec le bill 48 par l'application de l'article 120
vous allez probablement payer $23 millions, soit une augmentation en 1972.
Cependant, actuellement, vous êtes soumis, je crois, à la
deuxième hypothèse que vous avez étudiée, soit
l'imposition de tous les immeubles autres que centrales et barrages, mais
comprenant des équipements et installations électriques de
production, de transport et de distribution.
En ce moment, vous êtes soumis à cette deuxième
hypothèse dans les normes d'imposition. Comment, dans ces cas-là,
pouvez-vous dire que les municipalités pourront être com-
pensées pour la perte qu'elles subiront en vertu de l'article 18? Par
contre, vous dites qu'en appliquant la deuxième hypothèse, il y
aurait une augmentation en 1972 de $80 millions. Il y a quand même une
différence assez substantielle entre $23 millions et $80 millions.
Vous avez répondu tout à l'heure que la taxe d'affaires
allait compenser, alors, c'est simplement un changement de forme de
taxation.
M. DOZOIS: Actuellement, nous payons des taxes sur l'équipement.
Il fait partie de l'évaluation. Mais cette évaluation est
conforme aux données mentionnées aux articles 656 b ) et 656 c )
du code municipal, qui limite l'évaluation des poteaux et des
pylônes à des montants fixes. Si c'est toute la
prétention de la deuxième hypothèse l'on dit qu'en
vertu du bill 48 ces barèmes sont abolis et que tout cet
équipement doit être évalué à la valeur
réelle, là, nous serons appelés à payer $80
millions dès 1972.
C'est ce qui est l'argumentation, je ne sais pas si je m'explique assez
clairement sur ce point, mais je pense actuellement qu'il y a 1,400
municipalités où l'évaluation de notre équipement
est basée sur ces taux, ces normes qui sont dans le code municipal. Si
on l'abolit, l'effet du bill 48 serait d'effacer tout cela pour obliger les
conseils municipaux à évaluer à la valeur réelle.
Ce serait là la conséquence de l'abolition de ces normes.
M. LESSARD: Quand vous dites que vous avez payé $18,182,000 en
taxes foncières municipales, c'est en vertu de l'application de la
deuxième hypothèse telle que limitée selon le code
municipal.
M. DOZOIS: Telle que limitée, actuellement. Exactement.
M. LESSARD: Mais en changeant cela, si on enlève ces limitations,
là cela devient...
M. DOZOIS: ... évalué à la valeur réelle
plutôt que selon les normes prévues au code municipal. Cela va
faire un bond tellement considérable que nos statisticiens aux
recherches économiques ont évalué ce montant à $80
millions d'imposition et non pas d'évaluation. C'est un montant
astronomique.
M. LESSARD: Autrement dit, c'est simplement un changement de taxation.
Les municipalités où vous avez actuellement, par exemple, des
immeubles, des tours ou des biens d'équipement vont plutôt voir,
par l'application du projet de loi 48 tel que rédigé et tel que
vous le proposez, une augmentation de leurs revenus par rapport à ce
qu'elles recevaient auparavant pour autant qu'elles puissent appliquer la taxe
d'affaires. Est-ce que ce sera le cas pour toutes les municipalités?
M. DOZOIS: Il y a un certain pourcentage de ce montant de $18 millions
qui est payé en vertu des évaluations et de l'imposition de notre
équipement. En vertu du projet de loi 48 tel que proposé, ces
équipements ne seront plus taxés. Cela peut représenter
je ne sais pas exactement peut-être $4 millions ou $5
millions par année. Mais l'Hydro-Québec, se rendant compte
comme vous le disiez que ça pouvait perturber les budgets
municipaux, a demandé au gouvernement et le gouvernement a inclus dans
son projet de loi l'article 134 qui prévoit ces pertes que subiraient
les municipalités, au lieu de les effacer du jour au lendemain et que
ça fasse un trou considérable dans les budgets municipaux, nous
allons les effacer à raison de 5 p.c. par année. C'est
évident que ça va représenter une perte pour les
municipalités, vous avez la liste des municipalités et des
montants qu'elles perdront; nous avons fait une liste également pour
toutes les municipalités; il y en a 1,400, je crois, qui sont en bas de
$100. Nous n'avons pas fait le tableau de ces municipalités.
Mais, nous sommes d'avis que l'application de la taxe d'affaires sera
une compensation considérable. Maintenant, il ne faut pas oublier que,
pour l'avenir, étant donné que l'Hydro-Québec est en
progrès constant, nous paierons toujours, et il y aura là des
augmentations, des taxes sur les terrains et les bâtiments. Tout ce que
nous faisons disparaître avec les dispositions du projet de loi 48, c'est
la taxe sur l'équipement, de façon à nous mettre au
même niveau de taxation que les autres commissions
hydro-électriques du Canada.
M. LESSARD: D'accord, mais lorsque vous avez un pylône
installé dans une petite municipalité, par exemple, lorsque vous
avez des immeubles dans une municipalité ou dans une ville, vous payez
des taxes sur les terrains et les bâtiments. Mais, lorsque vous avez des
pylônes comme tels, vous ne payez pas de taxe foncière sur le
terrain.
M. DOZOIS: Oui. Cela dépend. Si nous sommes propriétaires
du terrain, nous payons.
M. LESSARD: La plupart du temps, vous n'êtes pas
propriétaires.
M. DOZOIS: Si nous n'avons qu'une servitude, nous ne payons pas. Mais,
le propriétaire du terrain paie ses taxes cependant. Parce qu'il a
reçu une compensation de l'Hydro-Québec pour la servitude que
nous avons achetée et la municipalité continue à percevoir
la taxe sur ce terrain du véritable propriétaire.
M. LESSARD: M. le Président, j'étudierai encore beaucoup
plus amplement ce rapport, je l'étudierai d'une façon
sérieuse, mais je constate quand même qu'il y a une compensation
possible. Comme nous avons quand même été, de notre
côté, des défenseurs assez sérieux de l'entreprise
publique, et en particulier de l'Hydro-Québec, nous ne voulons
certainement pas non plus créer des perturbations dans l'économie
de cette institution. Pour ma part, actuellement, je pense que ça a
répondu passablement aux questions que je me posais. J'espère que
les municipalités ne verront pas, à la suite de l'application de
ce projet de loi, une diminution considérable de leurs revenus,
puisqu'elles pourront compenser d'une autre façon, soit par la taxe
foncière.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: Le député de Chicoutimi m'a demandé de
poser une question qui se relie à celle de M. Lessard.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, ce n'est pas
précisément une question, mais une observation que m'a
suggérée le mémoire présenté par
l'Hydro-Québec.
Ce mémoire est extrêmement factuel, très clair,
appuyé sur des données, sur des chiffres qui sont assez
éloquents.
Si on replace tout le problème dans l'optique de
l'économie politique et de la philosophie politique, on se rend compte
que ceux qui se font les grands défenseurs de l'entreprise
étatique, lorsqu'ils ne connaissent pas les faits, qu'ils ne connaissent
pas comment sont administrées ces entreprises étatiques en
arrivent à des propositions comme celles qui avaient été
faites à cette commission et en Chambre lors du début
d'étude en deuxième lecture.
Or, les faits que vous avez exposés ce matin ont
déterminé chez certains de nos collègues un changement
d'attitude qui, je crois, va les convaincre que l'Hydro-Québec est une
entreprise d'Etat qui est au service du public, et que cette entreprise d'Etat
n'est valable que pour autant qu'on ne lui impose pas des charges qui
risqueraient de compromettre sa rentabilité.
Nous sommes heureux de constater que notre collègue de Saguenay a
vu que les états financiers et les projections de l'Hydro-Québec
justifient les demandes que fait l'Hydro-Québec ce matin, demandes que
nous avions faites d'ailleurs nous-mêmes au nom de l'Hydro-Québec,
lorsque nous avons procédé à l'étude en
deuxième lecture du projet de loi.
M. LESSARD: M. le Président, lorsque nous avions discuté
en deuxième lecture du projet de loi 48, il était bien entendu
que nous n'avions pas du tout l'intention d'appliquer les deux
hypothèses, tel que prévu dans le rapport qui nous est soumis par
la Commission hydro-électrique actuellement. Ce que nous ne voulions
pas, par exemple, c'est que les municipalités puissent perdre des
profits ou des taxes considérables par suite de l'imposition de cette
nouvelle loi, de l'application, dis-je, de cette nouvelle
loi. C'est dans ce but que nous avions fait les remarques qui ont
été faites lors de la discussion en deuxième lecture.
Devant l'argumentation qui nous a été énoncée ce
matin, nous comprenons que les municipalités pourront pour autant
qu'elles pourront appliquer la taxe d'affaires, retirer d'autres profits ou
d'autres taxes qui pourront simplement compenser la perte de revenus. C'est
dans ce sens-là que nous nous rallions ou que nous acceptons le rapport
tel que présenté actuellement par l'Hydro-Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, avant même que
nous ayons connu tous les faits de l'Hydro-Québec, il était
déjà acquis, et le ministre en avait donné
l'assurance que, de toute façon, quelles que soient les
modalités d'application du projet de loi 48, les municipalités
recevraient des compensations. Par conséquent, l'argumentation qui avait
été faite par notre collègue du Parti
québécois était déjà à l'avance
réfutée par les faits qu'avait exposés le ministre, par
les intentions qu'avait exposées le gouvernement, et aussi par la
connaissance que nous, qui avons été au gouvernement, avions de
la situation de l'entreprise d'Etat qu'est l'Hydro-Québec.
M. LESSARD: M. le Président, aux questions que nous avons
soulevées, jamais M. le ministre n'a répondu aussi clairement que
ce matin. On a parlé...
M. DEMERS: Il avait devant lui un ancien ministre de l'ancien
gouvernement.
M. LESSARD: ... de compensation, mais d'un genre de compensation tel que
ça se fait actuellement, par exemple, pour les bâtiments du
gouvernement du Québec. Alors, ce type de compensation nous apparaissait
absolument discriminatoire et nous ne voulions pas que les
municipalités, qui sont la plupart du temps des petites
municipalités, soient obligées de négocier avec
l'Hydro-Québec pour obtenir des compensations satisfaisantes. Je ne veux
pas reprendre ce qui pourrait être appelé une chicane de famille;
pour notre part, l'argumentation de l'Hydro-Québec nous satisfait, nous
en sommes particulièrement heureux. Il y a des commissions qui doivent
siéger pour étudier un projet de loi. C'est là que nous
voyons l'utilité de ces commissions puisque ça permet à
l'ensemble des députés d'écouter l'argumentation des
différents corps et organismes intermédiaires. A ce
moment-là, je pense que les projets de loi sont beaucoup
améliorés.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de St-Maurice.
M. DEMERS: Je voudrais d'abord féliciter M. Dozois de son rapport
et je formulerais le voeu qu'il se tienne plus souvent à la disposition
du ministre, ça éclaircit pas mal ses informations.
M. LACROIX: On s'aperçoit que ça vous a manqué.
M. DEMERS: Pardon?
M. LACROIX: Je dis: On s'aperçoit que son absence vous a
manqué.
M. DEMERS: Non, on a pas besoin de lui dans l'Opposition mais quand on
sera rendu au pouvoir, on ira le chercher.
M. le Président, je voudrais que le ministre réponde
à quelques questions que j'aurais à lui poser. Dans la salle, en
arrière, la ville de Shawinigan est représentée ainsi que
la ville de La Tuque. Comme vous le savez sans doute, ces deux
municipalités, ainsi que quelques autres dans la région, telles
que Shawinigan-Sud, Grand'Mère, Saint-Narcisse, ont, dans un
mémoire qu'elles liront ultérieurement probablement,
souligné le fait que l'enlèvement de la taxation sur les barrages
les rendait joliment inquiètes sur le financement de leurs
municipalités respectives. Est-ce que le ministre pourrait assurer ces
gens qu'il n'y aura rien de changé pour autant qu'ils appliqueront une
taxe d'affaires? C'est peut-être minime, $15,000. Il y aura
différence, tel que M. Dozois l'énonce dans son mémoire,
disant que la ville de Shawinigan retirerait $15,000 de moins et que La Tuque
retirera $10,000 de moins, mais est-ce qu'on peut avec certitude assurer ces
gens qu'il n'y aura pas de problèmes majeurs dans l'application de cette
loi?
M. TESSIER: Moi, je m'en rapporte, M. le Président, aux
études qui ont été faites par l'Hydro-Québec, M.
Dozois l'a bien expliqué. Si je réfère le
député de Saint-Maurice au bas de la page 7 du mémoire, en
ce qui concerne Shawinigan, vous avez une diminution de revenus pour la
municipalité de $15,000 sur l'impôt foncier, $15,285 plus
exactement. Si on abroge l'article 41 de la loi de l'Hydro-Québec, qui
empêche les municipalités d'imposer une taxe d'affaires à
l'Hydro-Québec, et c'est ce qui est suggéré dans le
mémoire, à ce moment-là la municipalité de
Shawinigan pourra retirer un revenu de $21,354 approximativement, bien entendu,
et par conséquent aura une augmentation d'environ $6,000. Je
présume que la même Chose va s'appliquer aux autres
municipalités comme La Tuque par exemple.
M. DEMERS: Est-ce que je pourrais, M. le Président, poser une
question au maire de La Tuque, qui est ici, ou au maire de Shawinigan? Est-ce
que c'est dans le cadre de la commission, parce que je crois que c'est assez
important pour eux?
M. TESSIER: Vous dites M. le Président et vous me regardez.
Regardez le président.
M. DEMERS: Je vous regarde parce que... ce n'est pas parce que ça
me repose.
M. TESSIER: Moi, je n'ai aucune objection.
M. PAUL: Une objection futile ne pourrait venir que de vous.
M. DEMERS: Est-ce que les informations... M. TESSIER: Bien au
contraire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît ! Pour autant que cela
demeure en rapport avec le mémoire présenté par
l'Hydro-Québec, je ne vois pas du tout pourquoi on
empêcherait...
M. DEMERS: C'est exactement dans le cadre du mémoire
présenté par l'Hydro-Québec.
M. LE PRESIDENT: Alors, d'accord, sans hésitation.
M. DEMERS: Ces gens se sont déplacés pour avoir des
informations et pour baser leur administration future.
Le maire de Shawinigan est ici et le maire de La Tuque
aussi. Est-ce que ces gens pourraient nous dire si les informations fournies
par le ministre et l'Hydro-Québec sont satisfaisantes à leur
endroit?
M. LE PRESIDENT: Excusez, M. le député de Saint-Maurice.
Si vous voulez vous approcher au micro, s'il vous plaît, vous identifier
pour les besoins du journal des Débats et donner les réponses aux
questions qu'on vous posera.
M. GRENIER: M. le Président, mon nom est Dominique Grenier, maire
de Shawinigan. Nous avons un très court mémoire et nous pourrions
vous le lire. Maintenant, en rapport avec la question que vient de soulever le
député de Saint-Maurice au ministre, je pense que nous, ici, nous
ne pouvons pas marcher avec seulement des assurances mais il faut marcher avec
des certitudes. Il faut être certain de ce qu'on va perdre ou de ce qu'on
gagnera. Evidemment, il y a des chiffres qui sont dans le mémoire de
l'Hydro-Québec, il faudra que la ville, pour commencer, les
vérifie pour voir s'ils sont exacts, parce que nous, nous voulons
marcher seulement avec des exactitudes.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
UNE VOIX: M. le maire, ne vous sauvez pas.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine
M. LEGER: Concernant ce que le maire vient de préciser, je
voudrais faire un court résumé de ce qui s'est passé en
Chambre et puis poser une question au maire. A l'article 18 du bill 48, nous
avions proposé que les municipalités puissent imposer dans le
domaine de leur juridiction les édifices, les structures appartenant,
soit au gouvernement, ou à des sociétés
paragouvernementales. Ceci dans le but justement pour compléter
ce que vient de dire le maire de donner une assurance précise aux
municipalités sur la forme de perception de leurs impôts. Et de
plus empêcher cette compensation que nous disons pouvoir donner aux
municipalités, mais qui est quand même une compensation arbitraire
et qui peut permettre souvent un certain patronage déguisé pour
certaines municipalités.
M. TESSIER: Ah non!
M. LEGER: Or, M. le Président, le fait que le principe
concerté d'avoir une assurance précise dans la loi, permettant
aux municipalités de recevoir une taxe sûre et officielle,
était la base de notre raisonnement.
Maintenant, à la lecture du mémoire de
l'Hydro-Québec, cela nous permet de faire une étude plus
avancée. Mais, ça ne change pas le principe que nous voulions
défendre, à l'effet qu'une municipalité puisse savoir
d'avance d'où viendront ses revenus et ne pas dépendre tout
simplement d'une compensation arbitraire.
Alors, ma question au maire est la suivante: monsieur le maire...
M. TESSIER: M. le Président, le député de
Lafontaine me permettrait-il une question?
M. LEGER: Oui.
M. TESSIER: Quand vous parlez d'une compensation arbitraire, voulez-vous
vous expliquer?
M. LEGER: C'est simple. Quand telle industrie ou telle partie du
gouvernement détermine on donnera à cause de notre
responsabilité dans cette municipalité un certain
montant.
M. TESSIER: Ce n'est pas ça du tout. Le député de
Lafontaine ne semble pas du tout avoir saisi la portée de l'amendement
proposé.
M. DEMERS: C'est une déclaration que vous faites?
M. TESSIER: Pour le bénéfice du député de
Lafontaine, en vertu de l'article 527 de la Loi des cités et villes, les
municipalités ont un pouvoir d'imposer une taxe d'affaires, basée
sur la valeur locative des immeubles. Or, en vertu de la Loi de
l'Hydro-Québec, l'article 41 prohibait, enlevait ce pouvoir aux
municipalités d'imposer une taxe d'affaires à
l'Hydro-Québec.
En abrogeant l'article 41, les municipalités pourront tout
simplement se prévaloir de ce privilège qu'elles ont d'imposer
une taxe d'affaires. Il n'y a rien d'arbitraire dans tout cela.
M. LEGER: M. le ministre, est-ce que vous pourriez me dire...
M. TESSIER: Où est l'arbitraire dans tout cela?
M. LEGER: Est-ce la même chose pour les autres bâtisses du
gouvernement ou si c'est seulement pour l'Hydro-Québec?
M. TESSIER: C'est seulement pour l'Hydro-Québec, c'était
une exception.
M. LEGER: J'ai parlé d'un principe général
tantôt...
M. LESSARD: C'est là qu'est l'arbitraire.
M. LEGER: C'est pour ça que j'ai parlé d'un principe
général.
M. TESSIER: Nous l'avons discuté en Chambre. Il y a un article de
l'Acte de l'Amérique du Nord britannique qui empêche d'imposer des
taxes au gouvernement fédéral et au gouvernement provincial.
M. LEGER: C'est une interprétation juridique que vous avez
eue.
M. TESSIER: Evidemment. Il faudrait amender...
M. PAUL: Le texte était là. M. DEMERS: C'est le texte.
M. LEGER: C'est une interprétation juridique.
M. TESSIER: On a discuté cette question-là.
M. LEGER: M. le Président, la question se situait au niveau d'un
principe général de toutes bâtisses gouvernementales ou
parlementaires. C'est sûr que l'Hydro-Québec avait un article, que
vous appelez l'article 41, qui lui permettait de s'évader de l'article
527 de la Loi des cités et villes. D'accord à ce sujet. J'ai
répété tantôt que le mémoire nous permet
maintenant d'étudier plus en profondeur les implications, parce que
l'Hydro-Québec a réagi' devant la proposition qui a
été faite.
Ma question au maire est la suivante: De quelle façon, vous,
comme maire d'une municipalité, préférez-vous pouvoir
posséder la taxe...
M. PAUL: Ça devient arbitraire à ce moment-là.
M. LEGER: M. le Président, je demande au maire...
M. PAUL: Mais, ça devient arbitraire.
M. LEGER: De quelle façon, comme maire d'une municipalité,
pourriez-vous percevoir des taxes des édifices gouvernementaux ou
paragou-vernementaux?
M. GRENIER: De quelle façon nous prétendons les
percevoir?
M. LEGER: De quelle façon pensez-vous que la loi devrait
être faite, pour permettre à votre municipalité de
percevoir des taxes provenant d'édifices gouvernementaux?
M. GRENIER: Qu'ils soient assujettis au même titre que les autres
bâtiments.
M. LEGER: C'est la réponse à laquelle je m'attendais.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'honorable député de
l'Assomption.
M. PERREAULT: M. Grenier, quels sont vos revenus annuels dans votre
ville?
M. GRENIER: Le budget total?
M. PERREAULT: Oui.
M. GRENIER: Trois millions huit cent mille.
M. PERREAULT: Trois millions huit cent mille. Alors, vous avez
parlé de la certitude de toujours connaître votre montant
d'avance, est-ce que vous connaissez les revenus globaux de votre
municipalité un an, deux ans, trois ans à l'avance?
M. GRENIER: Non, on ne les connaît pas, un budget, ça se
fait annuellement.
M. PERRAULT: Alors vous ne pouvez pas connaître non plus...
M. GRENIER: On va faire le budget, on le fera pour 1972, on ne le fera
pas pour 1973.
M. PERRAULT: C'est juste. M. GRENIER: Oui.
M. PERRAULT: Quand vous voulez connaî-tre d'avance ce que vous
allez recevoir de...
M. DEMERS: Il y a toujours une certitude probable.
M. PERRAULT: C'est la même chose.
M. DEMERS: Savoir combien de gens la
police va arrêter dans une municipalité, ça va
donner tant de revenus dans le domaine de la police, mais ils ne peuvent pas le
dire à l'avance.
M. PERRAULT: La taxe d'affaires est justement ça, c'est sur le
même...
M. DEMERS: C'est probable "en mausus".
M. PERRAULT: La taxe d'affaires est sur la même base, la taxe
d'affaires est une estimation, comme toute autre chose.
M. GRENIER: M. le Président, si vous permettez, je suis bien
prêt à répondre à toutes les questions, la
gêne, ça fait longtemps qu'elle est passée chez moi.
Même si un de mes copains m'a dit que si je n'avais pas été
aussi gêné dans ma vie, ma petite fille, au lieu d'avoir six ans,
en aurait treize. Ce n'est pas mon cas. Mais seulement, avant de
répondre à toutes ces questions-là, on a un
côté de la médaille. Les villes de la Mauricie ont
apporté un mémoire qui est très court, quatre pages,
j'aimerais avoir le même privilège que l'Hydro-Québec de le
lire, s'il vous plaît.
M. LE PRESIDENT: Je vous donne cette assurance-là tout de suite.
C'est une certitude...
M. VEZINA: C'est même une certitude.
M. GRENIER: M. le Président, vu que nous parlons au nom de
plusieurs villes, je ne voudrais pas que ce soit le maire de Shawinigan qui
soit le porte-parole des autres maires de la Mauricie. Je vais demander
à monsieur ici, qui est plutôt le porte-parole de toutes les
municipalités, de venir faire la lecture du mémoire, si vous le
permettez.
M. LE PRESIDENT: Si vous n'avez pas d'objection, M. Grenier, nous allons
régler le cas de l'Hydro, quitte à, ensuite, aller en profondeur
dans le mémoire que vous allez présenter, pour ne pas
étudier trop de sujets à la fois. Il y a une liste ici, votre nom
parait à un moment donné. Vous n'avez pas d'objection. Si les
membres de la commission ont des questions à poser à M. Grenier
relativement à la ville de Shawinigan dont il est le
représentant, pour autant que la taxation est concernée,
d'accord. Mais, je pense qu'il serait juste et honnête de donner une
chance à M. Grenier ou à son groupe, de faire valoir ses
opinions, au moment opportun.
M. DEMERS: M. le Président, on pourrait questionner M. Grenier
lorsque le mémoire de la région sera lu.
M. LE PRESIDENT: A mon sens, je crois que ce serait plus juste.
Maintenant, le député de Saguenay me fait signe qu'il veut poser
une dernière question.
M. LESSARD: M. le Président, ma question s'adresse à M.
Dozois. Encore une fois, c'est au sujet des $23 millions. En 1971,
l'Hydro-Québec versera plus de $20 millions en taxes municipales et
foncières, l'application des articles 1618, 120 et 134 portera ce
montant à environ $23 millions en 1972. Quand je regarde par exemple,
à la page 7, concernant l'évaluation que fait la Commission
hydro-électrique au sujet de la diminution annuelle sur
l'équipement pour certaines villes et l'estimation de l'augmentation
annuelle due aux taxes personnelles ou aux taxes d'affaires, je constate
simplement par les quelques villes qui sont là, que certaines villes,
comme Montréal, vont recevoir une augmentation considérable de
leurs revenus.
Montréal en fait, c'est pratiquement une augmentation de $1.5
million, alors que la taxe de $18 millions à $23 millions, vous avez $5
millions d'augmentation. Cette augmentation-là se reproduit un peu au
niveau de Québec, Laval, ainsi de suite. Il me semble que l'augmentation
de $5 millions que vous énoncez par l'application des articles que j'ai
donnés, n'amènera certainement pas une augmentation dans toutes
les municipalités correspondant à la perte des revenus.
C'est là que je me pose la question, est-ce que toutes les
municipalités, en particulier les petites municipalités,
le député de Saint-Maurice disait tout à l'heure que
$15,000 pour telle municipalité, ça ne paraissait peut-être
pas grave, pour le gouvernement, par exemple, ou pour l'Hydro-Québec
mais il y a certaines municipalités dans mon comté, par
exemple, qui obtiennent 50 p.c. de leurs revenus de la taxe foncière
qu'ils retirent de l'Hydro-Québec sur les biens d'équipement.
A mon sens, il m'apparaît que ces municipalités-là
ne pourront jamais retirer...
M. TESSIER : Quelles municipalités?
M. LESSARD: Voici, vous avez quand même Grandes-Bergeronnes qui
retire $13,000 en taxes municipales et scolaires.
M. TESSIER : Grandes-Bergeronnes? Attendez un peu.
M. PAUL: C'est $286.
M. TESSIER: Grandes-Bergeronnes, on va le voir.
M. PAUL: C'est $286 et le député de Saguenay, en Chambre,
nous a parlé de $6,000 et on est rendu à $13,000 page 2957, les
Débats du 30 juin 1971.
M. LESSARD: Attendez! Où prenez-vous vos chiffres?
M. PAUL: Dans l'annexe.
M. LESSARD: J'ai pris directement mes chiffres...
M. TESSIER: L'annexe 2 à la page 3, la dernière ligne dans
le bas: l'Hydro-Québec paie à Bergeronnes, comté de
Saguenay, $286.
M. LESSARD: Je regrette. Subissant une diminution annuelle de $100 et
plus...
UNE VOIX: Une diminution.
M. LESSARD: M. le ministre, c'est une diminution...
M. TESSIER: C'est parce que...
M. LESSARD: ... de 5 p.c. annuellement. Calculez 5 p.c, cela donne $200.
Combien cela donne-t-il? M. Vézina, le député de
Montmorency, est d'ailleurs très bien renseigné sur les
problèmes de cette région-là.
M. VEZINA: J'ai réglé vos problèmes avant que vous
arriviez. Vous avez ramassé...
M. LESSARD: Est-ce que vous avez compris? L'annexe 2 du mémoire,
M. le ministre.
M. TESSIER: Sur une période de vingt ans.
M. LESSARD: Vous l'avez compris. Il y a des augmentations qui se font
pour certaines villes mais dans d'autres petites municipalités la
compensation ne sera certainement pas suffisante par rapport à
l'augmentation qu'elles vont recevoir de la taxe d'affaires. Il y a certaines
municipalités qui vont perdre drôlement de l'application du bill
48.
M. DOZOIS: Je dois vous dire, M. le Président, que l'annexe 2 ne
comporte que les chiffres concernant la taxe municipale, uniquement. Je ne sais
pas si les $13,000...
M. LESSARD: D'accord.
M. DOZOIS: ... je n'ai pas les chiffres pour Bergeronnes ou
Grandes-Bergeronnes.
M. LESSARD: On m'a demandé un exemple. J'ai donné un
exemple dans le comté.
M. DOZOIS: D'après les chiffres que nous possédons, cela
priverait Bergeronnes de $286 par année...
M. LESSARD: Par année.
M. DOZOIS: ... c'est-à-dire la paroisse.
M. LESSARD: Par année, c'est une diminution annuelle. Mais
après un certain nombre d'années, ces montants avec lesquels la
municipalité se finance n'existeront plus dans ses coffres. Je comprends
qu'il y a une diminution de 5 p.c.
M. DOZOIS: Je peux bien l'étudier d'une façon
particulière. Vous affirmez que ce sont $13,000. Je ne mets pas en doute
ce que vous citez...
M. LESSARD: J'ai pris mes chiffres directement auprès de la
municipalité.
M. DOZOIS: Il y a peut-être des explications...
M. TESSIER: Est-ce que le député de Saguenay peut me
dire...
M. DOZOIS: ... que M. Morin pourra étudier et expliquer.
M. LESSARD: Il s'agit de Bergeronnes-paroisse parce qu'à
Grandes-Bergeronnes, je crois qu'il n'existe pas de pylône. Il y a
paiement de la taxe foncière pour l'Hydro-Québec à la
municipalité de Bergeronnes-paroisse, à la commission scolaire,
et Bergeronnes-paroisse perd $6,000 et la commission scolaire, environ $5,000.
Disons que je n'ai pas les chiffres exacts parce que je les avais sortis lors
de la discussion et, si le député de Maskinongé continue
encore à dire que ces chiffres sont faux, j'aimerais bien que...
M. PAUL: Il n'y a pas que cela de faux chez vous. Il y a tout l'argument
que vous avez développé en Chambre le 30 juin et que vous avez
renié avec raison.
M. LESSARD: Je regrette, je n'ai absolument renié aucun
argument.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez fait une volte-face. C'est la
même chose.
M. LESSARD: Ce que je veux et votre député de
l'Union Nationale disparue et perdue, le député de Saint-Maurice
a posé exactement tout à l'heure la même question que j'ai
soulevée c'est avoir une assurance que les municipalités
qui verront leurs finances perturbées par l'application du bill 48
seront au moins assurées de recevoir une compensation satisfaisante de
façon qu'il n'arrive pas d'ici quelques années devant le
ministère des Affaires municipales en lui disant: Nous ne sommes plus
capables de faire face à nos besoins, maintenant vous allez être
obligé de nous donner des subventions ou autre chose pour compenser ce
qu'on a perdu à la suite de l'application d'un projet de loi alors que
le ministre n'a même pas étudié les conséquences
qu'il pouvait comporter pour plusieurs municipalités du
Québec.
M. TESSIER: Ces conséquences-là ont été
examinées avec grand soin depuis plusieurs mois. J'ai eu l'occasion
d'ailleurs, au tout début, de parler des formes de compensations
additionnelles qui seront apportées. J'en ai encore parlé
hier matin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avec des gens responsables...
M. TESSIER: Comme le ministre des Finances.
M. PAUL: ... qui étaient présents ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Des collègues...
M. TESSIER: Oui.
M. PAUL: ... qui ont un intérêt constant et soutenu
à l'étude de ce projet de loi.
M. TESSIER: Je suis parfaitement d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'ils ne viennent pas ici entre deux
manifestations...
M. LESSARD: Des gens responsables qui changent leur nom sans consulter
leurs membres.
M. LE PRESIDENT: Je vous rappelle à l'ordre, messieurs...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a ici, M. le Président, des
députés...
M. DEMERS: Vous êtes partis de rien pour faire le P.Q.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, il faudrait bien tenir
compte...
M. DEMERS: Vous êtes partis de rien, rien...
M. LESSARD: Vous autres, vous êtes partis de haut pour baisser
considérablement...
M. LE PRESIDENT: Messieurs, à l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. PAUL: M. Demers, vous ne pouvez discuter avec des hommes
valables...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît, cela allait si bien.
Je pense qu'il y a un autre député qui manifeste un
intérêt constant mais qui a été très
silencieux et que chacun des membres de la commission voudrait entendre. Il
s'agit du député de Lévis.
M. ROY (Lévis): M. le Président, je ne continuerai pas
à mettre le feu aux poudres. C'est tout simplement pour vous demander,
M. le Président, vu que j'ai une ville dans mon comté qui est
affectée par une diminution assez considérable de population, si
j'aurais le même privilège que le député de
Saint-Maurice de demander à Me Delisle, avant que les représen-
tants de l'Hydro-Québec et M. Dozois aient terminé la
présentation de leur mémoire, s'il y a une recommandation
à faire, je l'inviterais s'il le veut, à venir faire la
même chose que le maire de Shawinigan, d'avancer et de poser des
questions additionnelles qui pourront nous éclairer sur la situation de
Saint-Jean-Chrysostome.
M. LE PRESIDENT: Qu'est-ce que vous demandez? Ce matin, ce sont eux qui
vont parler.
M. ROY (Lévis): C'est justement. On voudrait que...
M. LE PRESIDENT: Je voudrais que l'on s'entende comme il le faut avant
que Me Delisle prenne le micro, s'il le prend. Lorsque nous avons permis
tantôt à M. Grenier de s'approcher du micro, c'était parce
que les membres de la commission voulaient lui poser des questions en rapport
avec le mémoire de l'Hydro-Québec. Nous avons permis cela. Je ne
crois pas, à moins que la commission le permette, que l'on puisse
demander à ce moment-ci à Me Delisle de poser des questions
à M. Dozois. J'espère que M. Dozois ou ses représentants
pourront être présents pour le reste de la séance
d'aujourd'hui, parce que c'est la troisième personne qui manifeste le
désir de poser des questions à M. Dozois. Deux me l'ont
laissé savoir il y a quelques instants. Là, on parle de M.
Delisle. Je pense que ce serait nous embarquer, je crois, dans une discussion
où nous pourrions facilement perdre le contrôle. A moins que la
commission le permette, c'est la commission qui est maîtresse de ses
décisions, pour ma part, je ne vois pas la même situation dans le
cas de M. Delisle et le cas de M. Grenier. Je laisse la commission
décider à ce sujet.
M. DEMERS: Il est bien évident, M. le Président, que les
membres de la région de Trois-Rivières et de la Mauricie auront
des questions à poser à M. Dozois, s'il peut nous assurer qu'il
sera à leur disposition lorsqu'ils présenteront leur
mémoire. Autrement, il faudra nécessairement que ces
gens-là, par l'intermédiaire d'un membre de la commission, posent
des questions à M. Dozois. Mais nous n'avons pas la substance et le
détail de leurs demandes et nous avons assez de difficultés
à vulgariser cela ou à le présenter pour avoir des
réponses pertinentes. Il faudra nécessairement avoir l'assurance
que M. Dozois sera à la disposition des membres de la commission.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si vous le permettez,
lorsque l'on examine la liste des organismes qui doivent présenter des
mémoires aujourd'hui, un grand nombre de ces organismes sont
intéressés par le mémoire de l'Hydro ou sont
touchés par les propositions de l'Hydro-Québec. Est-ce qu'on
pourrait savoir de
M. Dozois s'il est possible que l'Hydro reste à la disposition de
la commission aujourd'hui afin de répondre, le cas
échéant, aux questions qui pourraient être posées ou
soulevées par les différentes villes qui ont demandé de se
faire entendre?
M. DOZOIS: M. le Président, il ne m'appartient pas
d'édicter les règles de délibération de votre
commission. Si le désir de votre commission est que nous restions ici,
nous sommes prêts à y rester. Je vous préviens cependant
que, ne connaissant pas les questions qui sont susceptibles de nous être
posées, je n'aurai pas subito presto les réponses à ces
questions. Je ne connais pas la nature des questions.
M. DEMERS: Si vous pouviez tout montrer au ministre, il pourrait
répondre, mais ce sera dur de tout lui entrer ça dans la
tête dans une journée.
M. TESSIER: Je suis bien d'accord.
M. DEMERS: On pourrait vous décerner un certificat de
compétence.
M. DOZOIS: Si c'est le désir de la commission que nous restions
ici, nous allons rester, et dans la mesure du possible, nous répondrons
aux questions qui nous seront posées. Nous n'avons pas tous les dossiers
sur toutes les municipalités de la province. Nous n'avons pas
été avertis que telle ou telle municipalité serait ici et
voudrait nous poser des questions, mais comme je le disais tout à
l'heure au député de Saguenay, M. Morin, qui est au Service des
taxes, pourrait étudier d'une façon plus approfondie le cas de la
municipalité qui a été cité, et peut-être
éventuellement fournir des explications aux députés.
Peut-être que, dans certains cas, lorsqu'on nous posera des questions, il
faudra les prendre en note et fournir les réponses éventuellement
aux membres de la commission.
M. LE PRESIDENT: M. Dozois, je vous remercie, et je remercie ceux qui
vous accompagnent de votre aimable collaboration. J'ai bien l'impression qu'on
va passer la journée ensemble.
Est-ce qu'il y a d'autres questions que la commission désire
poser à la Commission hydro-électrique, à
l'Hydro-Québec, sinon, nous pourrons passer au mémoire
suivant.
Le député de Montmorency.
M. VEZINA: Seulement une question, M. Dozois. A l'annexe 1, vous nous
référez à des lois des autres provinces canadiennes
régissant les immeubles des commissions hydro-électriques. Est-ce
qu'un des buts visés par les prises de position contenues dans votre
mémoire, c'est de mettre l'Hydro-Québec au même diapason
que l'ensemble des commissions hydro-électriques du Canada.
M. DOZOIS: Exactement. Je fais ressortir dans la présentation de
notre mémoire que le projet de loi 48 tel qu'il est
présenté à l'Assemblée nationale mettrait
l'Hydro-Québec au même niveau que les autres commissions
hydro-électriques du Canada.
Nous avons expliqué, évidemment, qu'un changement de cette
nature pourrait causer des perturbations dans les budgets municipaux, et c'est
pour cette raison que nous sommes réalistes et nous acceptons les
conséquences de l'article 134 qui effacera graduellement, sur une
période de vingt ans, les revenus que reçoivent ainsi les
municipalités.
M. LE PRESIDENT: Etant donné qu'actuellement...
M. LESSARD: Si on n'applique pas le projet de loi 48, actuellement, vous
êtes soumis à la deuxième hypothèse que vous avez
étudiée, soit imposition de tous les immeubles. Vous payez
actuellement des taxes sur tous les immeubles de l'Hydro-Québec, autres
que centrales et barrages.
M. DOZOIS: C'est-à-dire qu'il faudrait s'entendre, M. le
député, c'est que si l'Assemblée nationale votait le
projet de loi 48, en supprimant l'article 18, la deuxième
hypothèse s'appliquerait. Si l'Assemblée nationale voulait nous
laisser dans le même statut, il faudrait alors qu'on vote le projet de
loi 48 en spécifiant que les dispositions que l'on retrouve au code
municipal seront en vigueur de façon que, si nous continuons à
être imposés sur l'équipement, ce soit selon les normes qui
existent présentement.
Si on fait tout sauter, nous disons que là, la deuxième
hypothèse se présente, et comme il n'y aura plus de dispositions,
mais que conformément au projet de loi 48, nous devrons être
évalués à la valeur réelle, les
conséquences, vous les retrouvez dans la deuxième
hypothèse qui est élaborée dans notre mémoire.
M. LESSARD: D'accord.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de l'Assomption.
M. PERREAULT: M. le Président, tout à l'heure, on a
parlé de perturbations dans les finances municipales. J'aimerais
rappeler qu'à la page 7 du mémoire de l'Hydro-Québec, au
troisième paragraphe, "dans la plupart des municipalités, cette
diminution annuelle de l'impôt foncier due aux nouvelles normes
provinciales sera inférieure à $2,000 pour la plupart des
municipalités seulement 12 municipalités sur 1,585
subiront une perte annuelle de l'impôt foncier de plus de $2,000".
Douze municipalités sur 1,585, ceci sans considérer la
taxe d'affaires qui peut être imposée en vertu de l'article 527.
On sait que la plupart de ces municipalités rurales ne se
servent pas de l'article 527 de la Loi des cités et villes;
alors, elles pourront, d'après la nouvelle loi, retirer une taxe
d'affaires qui compensera pour ce montant plus qu'équitablement.
M. LEGER: Vous dites, à la page 10, que si c'est la
deuxième hypothèse qui est adoptée ça pourrait
coûter environ $80 millions en 1972 en taxes. Plus loin, vous dites que
cette hypothèse-là, ces calculs-là ont été
faits en incluant des immeubles qui sont dans des territoires non
organisés.
Avez-vous quand même des chiffres approximatifs de ce que
ça coûterait si vous enleviez la partie qui est calculée
dans des immeubles en dehors des municipalités organisées? Cela
affecterait quoi parmi les municipalités organisées
actuellement?
M. DOZOIS: M. le député, en faisant cette estimation des
taxes possibles si la Législature rendait obligatoire l'imposition des
barrages et des centrales, vu les dispositions de l'article 43...
M. LEGER: Mais, dans la question que je vous posais, c'est la
deuxième hypothèse où il n'y avait pas d'imposition de
centrales et de barrages, c'est le reste.
M. DOZOIS: Oui, c'est l'équipement.
M. LEGER: La deuxième hypothèse, c'était
l'imposition à tous les immeubles autres que centrales et barrages, mais
comprenant les équipements, les installations électriques de
production, de transport et de distribution.
M. DOZOIS: Les calculs ont été faits de façon que,
comme l'équipement se retrouve surtout dans des municipalités
organisées, l'équipement que nous avons dans des territoires non
organisés pourrait représenter environ 10 p.c. de ce montant.
M. LEGER: Merci. Ma question s'adresse au ministre maintenant. Etant
donné qu'on calcule toujours que, si les municipalités ont besoin
d'un tel revenu, si on ne leur fournit pas d'une façon, il faut leur
permettre de le recueillir d'une autre façon, est-ce que, d'après
les chiffres que l'Hydro-Québec vous présente, disant que, si on
enlève l'article 18 du projet de loi 48, ça demanderait à
l'Hydro-Québec de payer $80 millions d'impôts aux
municipalités, si on ne le fait pas, l'Hydro-Québec ne paiera
qu'environ $23 millions. Au niveau de la compensation, de quelle façon
le ministre prévoit-il compenser cette perte de revenus pour les
municipalités, du fait que ce ne serait plus $80 millions qui pourraient
venir de l'Hydro-Québec, mais $23 millions? Où le ministre
prévoit-il trouver une compensation et de quelle façon?
M. TESSIER: C'est-à-dire qu'actuellement, l'Hydro-Québec
il ne faut pas parler de $80 millions M. le Président, paie
$20 millions. Ou, entre $20 millions et $23 millions, si vous voulez, jusqu'en
1972, $23 millions.
M. LEGER: Non, si c'était l'hypothèse, elle ne paierait
que $20 millions.
M. TESSIER: Alors, avec le statu quo, elle continuerait à payer
encore entre $20 millions et $23 millions. Il ne peut pas être question
de $80 millions. On n'enlève pas $80 millions de revenus aux
municipalités.
M. LEGER: D'accord. Mais, si les municipalités avaient
été les bénéficiaires de cet article, elles
auraient eu $80 millions.
M. TESSIER: D'accord.
M. LEGER: Et d'après votre raisonnement, ce sont $80 millions
inutiles, en réalité, puisque, actuellement, elles n'en avaient
pas besoin. Et le jeu est plutôt entre $18 millions et $23 millions, et
c'est là que vous voyez la compensation, par la taxe d'affaires.
M. TESSIER: La taxe d'affaires, évidemment, va compenser plus que
pour la perte. C'est ce qui est exposé dans le mémoire de
l'Hydro-Québec. Evidemment, ce n'est pas moi qui ai fait les
études, mais je présume que ces études faites par les
experts de l'Hydro-Québec sont des études très
sérieuses. D'ailleurs, je crois qu'on peut s'en rendre compte par la
manière dont le mémoire est présenté. Je crois,
évidemment, les chiffres qui nous sont donnés ici.
M. LESSARD: C'est une étude globale sur l'ensemble des
municipalités.
M. TESSIER: C'est évident que...
M. LESSARD: Certaines municipalités...
M. TESSIER: Il faut tout de même se rendre à
l'évidence, Il faut prendre le problème dans son ensemble. Il
faut admettre que certaines municipalités vont être plus
touchées que d'autres. Mais il faut tout de même regarder dans un
texte de loi, surtout une loi-cadre comme la Loi de l'évaluation
municipale, l'ensemble des municipalités du Québec et l'ensemble
de l'intérêt public, des six millions de contribuables au
Québec.
M. LESSARD: Malheureusement, ce sont les petites municipalités
qui seront les plus touchées et ce sont celles-là actuellement
qui ont le plus besoin de revenus.
M. TESSIER: Oui, mais il y aura d'autres formes de compensation. Je l'ai
expliqué. Egalement, il ne faut pas oublier une chose, c'est que cette
diminution se fait sur une période de vingt ans tout de même.
Je crois que nous avons pris là un moyen pour empêcher
justement de déséquilibrer brusquement les budgets de certaines
petites municipalités, parce que cela va se faire graduellement à
compter de 1973.
M. LESSARD: Au bout de 20 ans.
M. TESSIER: Il y aura au cours de ces 20 années certainement des
compensations au-delà des pertes que ces municipalités pourront
subir.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, s'il n'y a pas d'autres questions, M.
Dozois, je vous remercie ainsi que votre équipe. Vous avez tellement
bien fait cela que nous avions l'impression, à certains moments, que
vous étiez 12,012 à répondre à nos question.
J'inviterais maintenant le représentant de la ville d'Outremont à
bien vouloir se présenter au micro et s'identifier.
Outremont
M. PAQUET: M. le Président, mon nom est Jean-Marie Paquet,
avocat, et je représente ici la ville d'Outremont.
La ville d'Outremont, M. le Président, tout d'abord, se
déclare favorable en principe et applaudit au projet de loi sur
l'évaluation foncière, et la ville d'Outremont est
également reconnaissante à l'Assemblée nationale de lui
permettre d'exprimer devant cette commission ses vues sur le projet de loi.
Nous avons pris connaissance de plusieurs des mémoires qui ont
été présentés devant votre commission, et nous
n'avons pas évidemment l'intention de répéter une foule de
choses qui ont été dites déjà et que nous
partageons.
Nous voulons limiter notre intervention à cinq points en
particulier. Premièrement, la ville d'Outremont insiste pour que la
réforme de l'évaluation foncière que comporte le bill 48
s'applique à toute la province sans exception et qu'il ne soit question
d'aucune façon d'une loi particulière pour une région
particulière et notamment pour la région de Montréal.
M. VEZINA: Qu'est-ce que c'est, en pratique?
M. PAQUET: Cela veut dire que nous demandons ou que nous soumettons
respectueusement que toute la province, y compris la région de
Montréal, devrait être soumise à l'application de cette
loi; nous constatons que le bill 48 a l'intention de faire cela et nous
applaudissons à cette intention.
Deuxièmement, nous nous demandons, si l'article 9 du projet de
loi, qui définit la valeur qui doit être trouvée en
évaluation municipale comme étant la valeur marchande, n'aurait
pas intérêt à revenir à la notion qui est
acceptée et qui a été commentée de nombreuses fois
par la jurisprudence, la notion, dis-je, de valeur réelle. Nous
comprenons que la jurisprudence a fait une équation entre valeur
marchande et valeur réelle, mais nous nous demandons si le fait de
changer les termes que nous utilisions auparavant, de valeur réelle en
ceux de valeur marchande, n'aura pas pour effet de faire perdre aux
contribuables le bénéfice d'une jurisprudence bien établie
dans ce domaine-là.
Troisièmement, nous soumettons que toute la question de la
taxation et des compensations pour les organismes publics et quasi publics, aux
articles 25, 26 et 27, gagnerait à être clarifiée sur
certains points. Le premier point que nous soumettons est le suivant : Nous
nous demandons pourquoi les installations d'une municipalité qui sont
sises à l'intérieur du territoire d'une autre municipalité
ne seraient pas sujettes au paiement des taxes foncières. Nous
référons particulièrement au réseau d'aqueduc de la
ville de Montréal, qui est situé en partie dans le territoire de
la ville d'Outremont, réseau qui dessert non seulement la ville
d'Outremont, mais également les contribuables de municipalités au
nord de la ville d'Outremont, par exemple: la ville de Mont-Royal.
Nous soumettons que le réseau d'aqueduc de la ville de
Montréal constitue sans doute un service public, mais constitue un
service public qui est un moyen de profits considérables pour la ville
de Montréal. Par conséquent, nous croyons que, comme moyen de
profits, cela devrait être soumis à la taxation municipale.
Nous soumettons également que la notion de services municipaux
dont bénificie directement un immeuble est quelque peu vague puisque, en
fait, une municipalité n'existe que comme organisme pour fournir des
services à ses contribuables.
Nous nous demandons où est la limite précise entre un
bénéfice direct et un bénéfice indirect. Pour ne
citer que quelques exemples, est-ce qu'une école bénéficie
du service de nettoyage des rues, de l'éclairage des rues, du service de
police, du service de circulation, du service d'enlèvement des vidanges?
Qu'est-ce que c'est, au point de vue de la définition de la loi, un
bénéfice direct ou un bénéfice indirect? Nous
soumettons que la loi, en l'occurrence, ne comporte pas de définition et
qu'il serait peut-être utile qu'elle en comporte une.
Deuxièmement, nous soumettons respectueusement que le processus
qui est prévu à l'article 26 de négociation
des compensations pour les services municipaux, est un processus lourd, qui
peut devenir extrêmement coûteux et qui n'est pas très
pratique pour la municipalité. Nous nous demandons pourquoi le
gouvernement, par exemple, ne rendrait pas, comme il a le droit de le faire en
vertu de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, ses propres
propriétés directement sujettes au paiement du prix de services
municipaux comme la taxe d'eau. Nous nous demandons pourquoi, au lieu de
négocier des compensations, de se promener d'un ministère
à l'autre et d'engager des frais considérables pour
négocier des ententes, carré-
ment, les institutions d'enseignement ne seraient pas sujettes au
paiement du taux de taxation pour des services précis. Pour le service
d'enlèvement des vidanges, par exemple, je ne vois pas pourquoi on irait
négocier une compensation au ministère de l'Education pour
l'enlèvement des vidanges de telle école. Il y a un taux
établi pour tout le monde, pourquoi les écoles ne
paieraient-elles pas comme tout le monde?
Il y a maintenant, M. le Président, un autre point que nous
aimerions souligner, c'est le point prévu à l'article 28 du
projet de loi relativement à la taxation des immeubles appartenant
à une autre province canadienne ou à des gouvernements
étrangers. La ville d'Outremont constate avec joie que le gouvernement
du Québec fait montre de beaucoup de générosité en
accordant aux immeubles des gouvernements étrangers ou des gouvernements
des autres provinces canadiennes un dégrèvement d'impôt
foncier. Nous comprenons parfaitement que cette générosité
constitue un échange de bons procédés et qu'elle est de
nature à raffermir les liens qui unissent la province avec ses provinces
soeurs et avec les Etats étrangers qui ont des immeubles dans notre
territoire.
La ville d'Outremont suggère cependant, que le gouvernement
devrait aller plus loin dans sa générosité et qu'il
devrait aller jusqu'à payer lui-même ses gratifications aux lieu
et place des Etats étrangers. L'intention de donner un
dégrèvement fiscal aux Etats étrangers est louable et nous
la partageons, et c'est l'intention qui compte, même lorsque c'est une
autre personne qui fait les frais de la générosité.
Cependant, nous soumettons, comme la ville d'Outremont est quand même
appelée à donner des services â ces
propriétés-là il y en a plusieurs sur notre
territoire que le gouvernement pourrait pousser la logique jusqu'au bout
et payer lui-même ces taxes aux lieu et place des Etats
étrangers.
Dans l'ensemble, M. le Président, nous applaudissons au principe
du projet de loi, nous promettons notre collaboration pour son application,
mais il y avait certains points particuliers que nous croyons dans
l'intérêt des contribuables de souligner à cette
commission.
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais d'abord remercier M.
Paquet de son exposé et j'aimerais simplement parler au sujet de
l'article 9 quant à la valeur marchande et la valeur réelle.
Pourquoi en sommes-nous venus à la conclusion de prendre l'appellation
"valeur marchande" au lieu de valeur réelle? C'est d'abord parce que la
très grande majorité des mémoires que nous avons
reçus sont d'accord sur l'appellation de "valeur marchande" au lieu de
"valeur réelle". De plus, les enquêtes poursuivies ailleurs en
dehors de la province nous ont démontré que, dans les autres
provinces du Canada de même que dans les Etats américains, on
emploie le mot de "valeur marchande". De plus, les manuels et les
traités sur l'évaluation municipale emploient également ce
mot-là. Nous avons donc voulu avoir une uniformité afin de
faciliter l'interprétation, parce que les évaluateurs municipaux
doivent se référer à ces nombreux traités et
manuels pour déterminer la valeur marchande et non pas la valeur
réelle.
De plus, il nous est apparu que l'expression "valeur réelle"
pouvait prêter à diverses interprétations; d'ailleurs, nous
avons une jurisprudence assez abondante sur le sujet avec des
interprétations souvent assez contradictoires. Alors, ce sont les
raisons pour lesquelles nous avons cru devoir adopter l'expression "valeur
marchande". En ce qui concerne vos autres remarques, nous en prenons bonne
note.
M. PAUL: Le problème avec lequel se trouve aux prises la
commission, c'est de trouver une définition du terme "valeur marchande".
Si les membres de la commission, à la lumière des mémoires
qui nous sont présentés, sont en mesure de trouver une
définition qui pourrait satisfaire, à toutes fins pratiques,
l'utilisation et la portée de ce terme, je crois que nous aurions mis
fin à certaines questions que se posent beaucoup de gens.
Hier, nous avons eu un mémoire qui nous a été
présenté par l'Association des propriétaires d'aqueducs du
Québec. Je ne sais pas si vous étiez présent et si vous
avez pris connaissance de ce mémoire-là. On a tenté de
définir les termes "valeur marchande" comme suit: "Prix qu'un vendeur
qui n'est pas obligé de vendre et qui n'est pas
dépossédé malgré lui, mais qui désire
vendre, réussira à avoir d'un acheteur qui n'est pas
obligé d'acheter, mais qui désire acheter." Nous voyons
peut-être dans cette définition l'idée ou la philosophie
pratique d'une valeur marchande. C'est une définition lourde, cependant.
Est-ce que je pourrais obtenir de vous une opinion sur cette définition,
ou vos commentaires sur cette définition de "valeur marchande", soumise
hier?
M. PAQUET: M. le Président, la définition qui a
été soumise hier et que l'honorable député de
Maskinongé vient de résumer est effectivement la
définition que la jurisprudence a donnée au terme "valeur
réelle". On a fait une équation entre valeur réelle et
valeur marchande. C'est la définition que l'on retrouve dans la cause de
Montmagny devant la cour d'Appel et qu'on retrouve devant la Conseil
privé dans la cause de Sun Life et, en principe, je n'en vois pas de
meilleure. C'est une définition qui est quand même difficile
d'application. Cela se vend combien de fois dans un siècle, un aqueduc?
C'est ça, le problème. Je ne pense pas que l'on puisse trouver
autre chose, mais il n'en reste pas moins que nous sommes obligés
d'avoir recours à des approximations et je dirais même à
des hypocrisies, en faisant un coût de remplacement d'un aqueduc pour
dire c'est le prix auquel cet aqueduc-là se vendrait. Ce sont
uniquement des fictions légales, parce qu'en fait, quand on a
déterminé le coût de remplacement d'un aqueduc, il n'y a
pas un évaluateur qui peut vous dire sous serment qu'il est sûr
que ça se vendrait ce prix-là.
Effectivement, j'ai cherché longtemps une meilleure
définition que celle-là de la valeur réelle ou de la
valeur marchande, et je n'en ai pas trouvé. La jurisprudence est
fixée là-dessus et je vous soumets respectueusement que, comme
elle est fixée et comme c'est raisonnablement satisfaisant, il n'y a pas
lieu de se poser d'autres questions pour la changer. C'est mon opinion
personnelle.
M. PAUL: Vous respectez la définition des tribunaux.
M. PAQUET: Je respecte la définition des tribunaux, oui, mais je
vous avoue franchement que j'en ai cherché une autre et que je n'en ai
pas trouvé.
M. TESSIER : M. Paquet, est-ce que le Barreau du Québec,
lorsqu'il a présenté son mémoire, n'était pas
d'accord sur l'expression "valeur marchande"?
M. PAQUET: Je pense que oui, M. le ministre.
M. TESSIER : Est-ce que vous ne représentiez pas, à ce
moment-là, le Barreau?
M. PAQUET: Oui, M. le ministre.
M. TESSIER: Alors, aujourd'hui, vous avez une opinion différente
représentant un autre client?
M. PAQUET: M. le ministre, je pense avoir pris la précaution de
dire que la jurisprudence avait fait une équation entre "valeur
réelle" et "valeur marchande". Mais, je suis ici dans un rôle
d'avocat pour faire valoir les points de vue d'un conseil municipal et je n'ai
d'autre choix que celui de faire valoir ces points de vue.
M. DEMERS: Le ministre ne peut pas vous taxer d'avoir un peu
modifié votre pensée, parce que, lui, il change d'idée
tous les jours.
M. TESSIER: Cela, c'est ce que le député de St-Maurice
dit.
M. PAUL: C'est écrit, c'est prouvé. Patet ex dictis.
M. TESSIER: Cela, c'est votre opinion. M. DEMERS: Ce n'est pas mon
opinion...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est l'opinion du premier ministre, il vous
contredit tous les jours.
M. TESSIER: Ah non! Je vous demande pardon, jamais, non. Vous lancez des
affirmations tout à fait gratuites, alors que la vérité
est tout à fait le contraire.
M. DEMERS: On ne vous charge pas un sou pour ça.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, à l'ordre, s'il vous plait!
l'honorable député de Montmorency.
M. TESSIER: Vous aimez cela me taquiner.
M. VEZINA: M. le Président, je veux revenir aux propos du
député de Maskinongé. C'est un fait qu'on est un peu
à la recherche d'une définition des mots "la valeur marchande".
Pour définir "valeur marchande", ce qui me fait rire un peu, on se sert
de la jurisprudence qui a été établie pour
interpréter les mots "la valeur réelle". Je me demande si pour
relier l'objection de Me Paquet et l'idée émise par le
député de Maskinongé et par le ministre des Affaires
municipales, on ne devrait pas dire que la valeur marchande est la valeur
réelle. On va se rallier à toute la jurisprudence et on va
continuer. Autrement, on va...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Expliquez cela au ministre.
M. PAUL: Vous avez remarqué qu'il ne regarde pas parce qu'il sait
que nous, nous comprenons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous comprenons.
M. VEZINA: Non mais, je vais vous dire ça très clairement,
vous allez comprendre. Autrement, je pense qu'on va faire une scission assez
importante. Je suis bien d'accord avec les évaluateurs que ce n'est pas
facile de l'appliquer dans plusieurs cas d'évaluation. D'un autre
côté, je pense qu'il est plus important pour la bonne
administration du monde de l'évaluation, pour tous les contribuables du
Québec, qu'on ait une continuité dans les interprétations
de nos textes pour que chacun puisse par l'intermédiaire de conseillers,
s'il le faut, savoir où finit son droit et où commence son
obligation.
M. PAUL: Est-ce que vous diriez aussi, M. Vézina, que c'est
nécessaire d'avoir uniformité de définition dans nos
différentes lois?
M. VEZINA: Ces définitions de termes ne sont pas tellement des
définitions que des énoncés de principe d'application. Le
mot "définition" n'est pas très bien choisi. Quand la cour
Suprême ou la cour d'Appel interprète les mots "valeur
réelle", elles n'essaient pas tellement de les définir que
d'énoncer le ou les principes en vertu desquels elles vont régler
le ou les cas qui sont devant elles.
Il est important qu'il y ait de la continuité, que ça se
tienne ensemble Si du jour au lendemain vous incorporez les mots "valeur
marchande", vous savez qu'il y a une règle d'interprétation qui
dit que le législateur n'a pas légiféré pour ne
rien dire. Or, c'est très important, parce que quelquefois on a des
doutes, si elles ont changé l'expression "valeur marchande", si elles
ont modifié leur propre loi pour remplacer valeur réelle par
valeur marchande, si les tribunaux vont être justifiés d'arriver
à la conclusion que le législateur voulait dire autre chose que
la valeur réelle. Or, pour définir la valeur marchande actuelle,
on se sert de ce qui a été connu et établi lorsqu'on a
tenté d'établir les principes d'application des mots "valeur
réelle".
On arrive à un cul de sac. Je me demande très
honnêtement, sans faire de jeu de mots, si la meilleure définition
de la valeur marchande, ce n'est pas de dire, c'est la valeur
réelle.
C'est une opinion que j'émets, j'ai eu l'occasion
d'étudier cette question. Je suis loin d'être convaincu que
s'éloigner rigoureusement de ce qui a été établi
à date, quitte à l'améliorer, est une bonne solution
législative.
M. GAGNON: La valeur marchande, est-ce que ça suppose la valeur
marchande dans une région, dans un territoire donné, suivant les
transactions qui y sont effectuées, ou si ça suppose la valeur
marchande de chaque propriété en particulier?
M. DEMERS: C'est selon l'économie de la région.
M. GAGNON: Moi, je crois qu'une valeur marchande... Marchande veut dire
qu'il y a des transactions qui se font d'une façon
générale dans un secteur donné par rapport à
l'économie. A ce moment-là, ce sont des cas d'exception.
M. VEZINA: Mais il y a des choses qui sont hors commerce. Et comme on
traite des cas d'exception...
M. GAGNON: Des aqueducs dans la province, il peut s'en vendre
peut-être un ou deux annuellement. Ce sont des cas d'exception qui
demandent des experts pour étudier la question.
M. VEZINA: Oui, mais l'Alcan...
M. GAGNON: Mais même, comme le disait l'avocat tout à
l'heure, si les experts étudient en profondeur un service d'aqueduc, on
ne peut pas lui donner sa valeur réelle parce que c'est caché,
c'est sous terre. Mais une propriété, ce n'est pas la même
chose. Une valeur marchande, je considère, suivant ce qui s'est dit tout
à l'heure et suivant l'expression de la loi, que c'est la valeur des
propriétés dans l'ensemble. Quel est le prix des
propriétés qui se vendent dans tel secteur? A ce
moment-là, on établit une moyenne et ça donne une valeur
marchande.
Mais ça n'est pas un cas en particulier. Telle maison, quelle est
sa valeur marchande? Tel type qui l'achète n'est pas obligé de
l'acheter, celui qui vend n'est pas obligé de vendre, c'est faux au
départ.
M. VEZINA: Oui, mais si mon...
M. GAGNON: Je suis convaincu que les évaluateurs, à ce
moment-là, revisent leurs positions. C'est l'ensemble des
propriétés vendues dans un secteur donné par rapport
à l'économie, et d'autres facteurs peut-être secondaires
qui jouent un rôle dans la valeur marchande.
M. VEZINA: Mais vous ne pouvez pas appliquer les mêmes principes
quand vous parlez d'évaluation en matière municipale, des
évaluations, par exemple, en matière d'expropriation. On va
entendre les mêmes remarques que vous venez de faire lorsqu'on parlera
d'évaluation en matière d'expropriation. Cela ne peut pas
s'appliquer nécessairement dans l'évaluation municipale, et
souvent la même bâtisse va être évaluée
à $8,000, au rôle municipal et à l'expropriation va la
juger à $10,000 ou $12,000.
M. GAGNON: C'est possible, parce qu'on paie dans l'expropriation des
considérations qui n'entrent peut-être pas dans une
évaluation municipale laquelle est un service pour imposition et elle
doit répondre aux services d'une municipalité ou d'une ville. Ce
n'est pas la même chose.
M. VEZINA: A tout événement c'est un domaine
extrêmement difficile et bien fin celui qui porte le flambeau qui
conduira cette nation dans la valeur marchande.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, s'il n'y a pas d'autres questions...
M. VEZINA: Mon meilleur discours, je l'ai fait aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT: ... à Me Paquet. Je vous remercie Me Paquet.
Nous passerons maintenant aux représentants de la cité de
Sherbrooke.
Sherbrooke
M. BESRE: M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la
commission, je suis Jacques Besré du Service juridique municipal. Je
représente la ville de Sherbrooke. J'ai également à mes
côtés un membre du service d'évaluation de la cité
de Sherbrooke.
Nous avons voulu comparaître devant la
commission pour apporter les vues surtout du service
d'évaluation. Nous avons désiré laisser le soin au Barreau
de commenter certains points légaux, et à des organisations,
comme la Corporation des évaluateurs agréés du
Québec, certains points techniques. Nous avons constaté à
la lecture du bill 48 cependant que, pour les municipalités qui auront
à appliquer certaines dispositions administratives, cela
représentera énormément de difficultés dans
certains cas. Nous avons voulu apporter ces commentaires pour une autre raison
également: La ville de Sherbrooke a normalisé son rôle
d'évaluation en 1970. Le rôle d'évaluation de la ville de
Sherbrooke n'avait pas été revisé depuis 1951. Le
rôle d'évaluation qui a été déposé au
mois d'août 1970 a vu la partie imposable augmentée de 79 p.c. Les
différents groupes qui ont eu à analyser notre rôle
d'évaluation, entre autres le ministère de l'Education, l'ont
établi à 98.6 p.c. de la valeur marchande.
C'est cette expérience-là qui nous invite à
commenter certains articles. Vous aurez noté dans notre mémoire
que nous faisons des commentaires sur deux articles de fond qui sont des
articles concernant la définition de la valeur marchande et le manuel
également. Tous les autres articles concernent surtout une certaine
protection que nous voulons assurer au public et également aux
évaluateurs proprement dits.
A l'article 1, nous suggérons d'ajouter la définition
suivante de la valeur marchande: "Le prix de vente le plus probable selon les
conditions générales et particulières au moment de
l'évaluation."
Nous aurons l'occasion lorsque nous discuterons de l'article...
M. VEZINA: Comment définissez-vous "le prix de vente le plus
probable"?
M. BESRE: Par l'analyse des transactions.
M. GAGNON: C'est ce que nous disions tout à l'heure.
M. BESRE: Purement et simplement. Lorsque nous parlons de conditions
générales et particulières, cela couvre le cas des
propriétés, par exemple, où il n'y a pas de transaction
possible: des industries, des propriétés non imposables.
Là, l'évaluateur doit tenir compte de la condition
générale ou spéciale.
A l'article 4, il est indiqué qu'un rôle doit être
dressé tous les cinq ans. Pourtant, l'article 97 prévoit la tenue
à jour du rôle en vigueur. Tel qu'énoncées aux
articles 4, 97, 32 et suivants, et dans leur ensemble, ces directives nous
paraissent quelque peu ambiguës. Que signifie, en effet, les termes
"dresser un rôle"? Veut-on obliger les évaluateurs à
visiter tous les immeubles ou veut-on simplement que l'évaluateur
compile le résultat des modifications prévues à l'article
97 à une date donnée?
De plus, nous soumettons que ce processus aurait pour effet de frustrer
tout propriétaire qui désirerait porter plainte devant le bureau
de revision puisqu'il ne pourrait le faire si l'évaluateur n'a pas
modifié son évaluation en vertu de l'article 97 même si,
par ailleurs, le marché démontrait un fléchissement.
C'est-à-dire qu'en deux mots, vous obligez les évaluateurs
à dresser un rôle tous les cinq ans et, à l'article 97,
vous demandez à l'évaluateur d'intervenir pour reviser, dans des
cas particuliers.
Si l'évaluateur décidait de ne pas intervenir et que le
contribuable voyait, par exemple, un fléchissement dans la valeur de sa
propriété, il ne pourrait pas porter plainte avant qu'on
dépose le rôle, c'est-à-dire tous les cinq ans seulement,
alors aujourd'hui, l'évaluateur est obligé tous les ans d'aviser
d'une façon générale les évaluateurs qu'il
désire porter plainte, qu'il y ait changement ou non. C'est dans ce
sens-là que nous disons que le propriétaire pourrait être
frustré si vous obligez les évaluateurs à déposer
un rôle seulement tous les cinq ans.
M. VEZINA: L'article 97 dit: Après son entrée en vigueur,
le rôle doit être modifié.
M. BESRE: Oui.
M. VEZINA: Troisièmement, pour tenir compte de la diminution de
la valeur marchande de l'immeuble...
M. BESRE: Oui, mais si l'évaluateur décide de ne pas
modifier...
M. VEZINA: Oui...
M. BESRE: ... parce qu'il prétend qu'il n'y a pas de diminution
et que le contribuable prétend le contraire, qu'est-ce qui arrive du
contribuable?
M. VEZINA: Il va aller en appel...
M. BESRE: Il ne peut pas aller en appel puisqu'il n'y a pas eu de
changement dans son évaluation.
M. VEZINA: Je ne suis pas sûr de cela.
M. PAUL: Il peut en appeler de la décision...
M. VEZINA: C'est cela. Une décision qui renvoie est comme une
décision qui maintient totalement ou partiellement.
M. BESRE: Alors, vous voyez qu'au moins nous voudrions que ce soit
clarifié, parce que déjà il y a une interprétation
qui, en fait, n'est pas tout à fait claire.
M. VEZINA: Mais, vous le savez, nous ne pourrons pas, au niveau d'une
loi, régler tous les
cas imaginables qui peuvent se passer à Québec. C'est
physiquement impossible. Il faudrait voir un avocat pour voir ce qui est
exact.
Deuxièmement, il faut établir d'abord des principes de
base et laisser la loi s'appliquer elle-même.
M. BESRE: C'est un peu pour cela que nous suggérons d'ailleurs
qu'un dépôt formel du rôle d'évaluation pourrait
être fait chaque année avec avis approprié dans les
journaux seulement. Les contribuables auraient ainsi l'occasion de porter
plainte même sans modification. Les coûts administratifs seraient
appréciablement réduits et le personnel existant mieux
employé à améliorer la qualité des
évaluations.
De plus, la pratique suivie dans plusieurs municipalités, dont
Sherbrooke, d'inscrire sur les comptes de taxe foncière le montant de
l'évaluation assurerait l'information adéquate et constante du
contribuable.
A l'article 5, il est dit que le rôle doit contenir tous les
renseignements nécessaires à la confection des listes de
jurés. Or, cette liste en ce qui concerne la ville de Sherbrooke tout au
moins, doit être dressée par quartiers, par propriétaires,
locataires et occupants. La liste des jurés proprement dite doit montrer
pour chaque personne son état, profession ou métier, et sa langue
officielle. Il faut également tenir compte du sexe jusqu'à
modification de la loi des jurés, de l'âge, soit de vingt à
65 ans, de différents critères de citoyenneté, de
certaines occupations jugées incompatibles avec le devoir du juré
et enfin omettre les propriétaires non domiciliés dans la
municipalité.
Avec les moyens modernes de recencement et de banque de données,
il semble qu'aux fins de la confection des listes des jurés, le
rôle de l'évaluateur devrait se limiter à produire pour
chaque propriétaire le montant de son évaluation. De même,
la valeur locative annuelle devrait être exigée du service de
l'évaluation seulement lorsque la municipalité dresse un
rôle des valeurs locatives.
Exiger plus équivaudrait à confier au service de
l'évaluation de toutes les municipalités la tâche d'un
recencement annuel. Il faut remarquer de plus qu'en vertu des articles 13, 17
et j'ajoute 21 qui est la loi des compagnies de
téléphone, le rôle des valeurs foncières pourrait
contenir des montants qui ne seraient pas réellement garantis par
l'existence réelle de biens fonciers ou les recours normaux
prévus par les lois en cas de non-paiement de taxes.
La mobilité des roulottes est un problème en soi qu'on
tente d'éviter en le transmettant aux petits propriétaires et la
saisie et la vente d'immeubles du gouvernement sont impensables. A l'article 6,
à notre connaissance il n'existe aucun manuel, même parmi les
mieux cotés, qui soit complet en lui-même.
L'usage obligatoire du manuel prévu dans la loi, surtout si
celui-ci correspond au document qui nous a été soumis pour
examen, ne saurait couvrir toutes les classes et espèces de
propriétés rencontrées. Si le but est d'évaluer
à la valeur marchande, un manuel non obligatoire pourrait être
fourni aux évaluateurs du domaine municipal à titre de guide,
mais une grande latitude devrait être préservée quant
à l'exercice du jugement de l'évaluateur en ce qui a trait aux
sources d'information et aux méthodes de calcul appropriées
à chaque cas particulier. Ainsi, on prendrait avantage de
l'énorme bagage d'expériences accumulées par les individus
et les firmes réputés oeuvrant dans ce secteur. Rendre en
particulier un manuel de taux obligatoire risque de forcer l'évaluateur
à tenir compte ou à adhérer à des critères
qui peuvent dans son opinion ne pas réfléter de la même
façon la valeur marchande.
Le mot "manuel" devrait, dans la loi, conserver son sens
étymologique, c'est-à-dire signifier un livre qui expose les
notions essentielles d'un art, d'une science ou d'une discipline, donc un
instrument à la portée de la main, un outil.
Tel qu'employé dans le projet de loi, ce mot prend au contraire
le sens de "décret" avec la rigidité de cette notion.
M. VEZINA: Vous êtes contre les décrets.
M. BESRE: Je suis contre les décrets. A l'article 7, la
limitation des heures de visites ne correspond plus aux changements dans les
habitudes de travail des occupants, comme l'a prouvé notre
expérience en 1969 et 1970, alors que nous avons entre les mois de mai
et septembre visité en détail toutes et chacune des
propriétés situées sur le territoire de Sherbrooke. Il est
de plus en plus fréquent de voir des habitations, soit bungalows ou
immeubles de rapports, où le chef de famille et son conjoint travaillent
tout le jour alors que les enfants sont également retenus hors du foyer.
De même, l'accroissement des logements occupés par plusieurs
adultes est très marqué et il s'avère alors pratiquement
impossible de contacter les occupants pendant les heures normales de
travail.
En reconnaissance de ces tendances modernes et dans le but d'une
efficacité améliorée, la loi devrait prévoir
qu'après deux visites infructueuses durant les heures normales de
travail, l'évaluateur jouirait des mêmes droits de visites
jusqu'à dix heures le soir, à l'exception des samedis, dimanches
et jours fériés.
A l'article 9, la définition de valeur marchande est si
déterminante qu'elle devrait, à notre avis, faire partie du bill
48 intégralement. Les implications sont ici très vastes; il
faudrait, pour une fois, tenter d'être clair sur les écueils
d'interprétation qui ont été et risquent d'être des
sources de litige dans l'application de la loi. Nous vous
référons à l'article 1 q), pour la définition
proposée.
Lorsqu'une valeur ne peut être établie directement sur le
marché, il faudrait préciser que les méthodes indirectes
de le faire sont permissibles, tel le coût de remplacement
déprécié.
Nous suggérons que l'article 9 soit remplacé par le
suivant: "Sauf disposition contraire, tout immeuble doit être
porté au rôle à sa valeur marchande. Lorsqu'il n'existe pas
de ventes directement comparables, cette valeur peut être établie
par des moyens indirects, incluant la valeur de remplacement
dépréciée".
Alors, ça revient un peu au commentaire qu'on a fait au sujet de
l'article 1.
Nous voulons concrétiser le fait que l'évalua-teur, dans
un cas précis où il n'y a pas de transaction possible, puisse
utiliser cette méthode de coût de remplacement, ou d'autres
méthodes qu'il jugera bonnes.
M. VEZINA: Vous dites: "Lorsqu'il n'existe pas de vente directement
comparable". Quant au mot "directement", si on avait dit: "Lorsqu'il n'existe
pas de vente comparable". Qu'ajoute l'adverbe "directement".
M. BESRE: En fait on veut dire, tout simplement, directement comparable
dans le sens de propriété...
M. VEZINA: Dans le sens de comparable. M. BESRE: Oui.
M. DEMERS: Dans le sens de directement comparable.
M. VEZINA: Ce n'est pas pour vous critiquer mais pour dire que ces
définitions, chaque mot, chaque lettre qu'on ajoute ou qu'on retranche
incluent nécessairement.
M. BESRE: Oui, mais vous savez que toujours en tenant pour acquis
que le domaine de l'évaluation est très complexe si, par
exemple, on parle de comparables évidemment vous savez qu'il y a
toujours possibilité de trouver des propriétés comparables
qui ne sont pas identiques. Les méthodes utilisées nous
démontrent qu'il est possible par analogie d'en arriver à
démontrer une certaine tendance du marché pour une
catégorie de propriétés semblables mais qui sont loin
d'être identiques et qui peuvent être aussi comparables
jusqu'à un certain point. C'est la raison pour laquelle nous
prétendons qu'en incluant directement comparable, ça pourrait
peut-être limiter une certaine tendance de vouloir rendre toute
propriété comparable. Autrement dit, on ne voudrait pas comparer
toujours des oranges avec des poires, si vous voulez.
M. VEZINA: Cela reste deux fruits.
M. BESRE: Et ça reste deux fruits; c'est justement la raison pour
laquelle on veut inclure directement. Des fruits, on pourrait peut-être
s'entendre. Mais, des légumes avec des fruits, ce serait trop loin.
A l'article 10: Il nous semble abusif d'exiger qu'en face de documents
ou de faits contradictoires la superficie d'un terrain soit établie
selon la plus grande qu'il soit possible de trouver. Il est malheureusement, il
faut l'avouer, très fréquent d'avoir à établir pour
fins de taxation une superficie qui ne corresponde pas à des titres
enregistrés. Dans tous ces cas, l'évaluateur devrait avoir le
choix d'établir la superficie qu'il estime la plus probable pourvu que
son jugement soit appuyé par une explication acceptable par le bureau de
révision, et jusqu'à ce qu'un certificat
d'arpenteur-géomètre puisse valider ou infirmer ses conclusions.
Agir comme le propose l'article 10 serait une cause certaine d'iniquité
dans un grand nombre de cas.
Article 11: L'alinéa a) prescrit de porter un bâtiment au
rôle dès que les dépenses encourues pour la construction
représentent les trois quarts du "coût déclaré lors
de l'obtention d'un permis de construction". Nous avons été
témoins à maintes reprises de coûts de construction
déclarés qui, pour des raisons d'interprétation d'un
règlement de permis ou autres, ne correspondaient pas à l'ordre
de grandeur des coûts réels. A notre avis, l'évaluateur
devrait avoir entière responsabilité de déterminer
l'inscription au rôle en se basant sur une estimation justifiable quant
à la valeur des travaux exécutés par rapport au coût
total réel des travaux prévus par le permis ou par
l'achèvement normal de la structure en construction. Il s'en remettrait
autrement à l'évaluation de tiers pour décider de
l'inscription au rôle, en l'occurrence, celui qui est chargé de
l'émission de permis de construction.
Article 13: Inscrire la valeur d'une roulotte au nom du
propriétaire de fonds de terrain nous apparaît devoir engendrer
une situation inéquitable. D'abord, des propriétaires in absentia
se verraient forcés de payer pour des violations à leurs droits
de propriété, bien que la présente loi ne prévoie
aucun recours spécial autre que la créance personnelle contre les
insolvables, les intrus et les squatters.
Par cet article, le petit propriétaire devient garant de la taxe
d'un occupant. Cependant, à l'article 17, l'Etat lui-même se
protège contre un tel traitement en spécifiant que l'occupant,
même lorsqu'il détient un permis d'occupation et même dans
un bâtiment fixe, sera responsable de l'acquittement des taxes.
Article 17: Comme mentionné précédemment à
l'article 13, la protection accordée aux organismes publics et aux
gouvernements devrait être étendue aux petits
propriétaires. Il faudrait préciser cependant que
l'évaluation d'un terrain et celle de la bâtisse soient
indiquées séparément au rôle. Aux fins de
l'application de l'article 17 tel quel, il faudrait également
préciser si une superficie quelconque de terrain entourant un
bâtiment doit être incluse au rôle, au nom d'un occupant.
Cela pourrait être, par exemple, cinq fois la superficie de la
bâtisse, mais pour qu'il y ait quand même une superficie de terrain
qui soit
attribuée à la propriété. Le paragraphe b )
de l'article 20 nous incite à élaborer nos remarques contenues
à l'article 6 précédent. Il faudrait, en effet, s'assurer
que les taux unitaires prévus au manuel puissent être
modifiés, le cas échéant, par l'évaluateur
lui-même, pour refléter plus fidèlement les conditions
locales de construction ou d'exploitation. D'ailleurs, dans les cas où
le manuel ne contiendrait pas les taux recherchés, il faudrait
nécessairement que l'évaluateur utilise une autre source
d'information. Le manuel devrait, encore une fois, être un guide
seulement, une source d'information, peut-être considérée
la meilleure parmi d'autres accessibles.
M. VEZINA: Si je comprends bien, vous avez peur que le manuel devienne
un sentier trop rigide.
M. BESRE: C'est cela.
M. VEZINA: Exact.
M. GAGNON: Vous avez bien raison.
M. BESRE: Parce que l'évaluation demeure quand même une
question d'opinion. Vous ne pouvez pas, je crois, je pense, j'en suis
convaincu...
M. VEZINA: C'est plus qu'une opinion.
M. BESRE: C'est à dire que cela devient une question d'opinion
basée nécessairement sur des études de cas. Par exemple,
pour l'évaluation d'une propriété, vous pouvez utiliser le
coût de construction de la propriété, vous pouvez
également vous servir du revenu de la propriété comme
indice valable, pour enfin, à l'étude de ces deux méthodes
que vous aurez utilisées, en arriver à vous former une opinion de
la valeur.
M. VEZINA: Arriver à vous former une évaluation pour
laquelle vous allez opiner qu'elle est bonne.
M. BESRE: Et que vous pourrez justifier.
M. VEZINA: Vous ne direz pas mon opinion, c'est tant; vous allez dire:
l'évaluation que j'en fais, c'est tant, et défendre votre
évaluation.
M. BESRE: Oui, évidemment, là où le problème
se pose, c'est quand on parle d'évaluation municipale. Ce n'est pas
tellement, d'en arriver à déterminer des méthodes
précises d'évaluation, c'est l'application et le contrôle
de l'uniformité et de l'équité. Je pense que c'est la
raison d'être du projet de loi. C'est la raison pour laquelle on
prétend que les méthodes d'évaluation ne devraient pas
être insérées à l'intérieur d'un projet de
loi, mais on devrait s'en tenir, si vous voulez, à assurer ce
contrôle de l'uniformité.
A l'article 21, une définition claire du concept de la valeur
marchande comme proposée à l'étude des articles 1Q et 9
trouve au paragraphe a une application pratique. Les bâtiments abritant
une centrale téléphonique, par exemple, font partie
intégrale d'un groupe d'actifs plus vaste, les structures sont
très fortes et souvent construites en prévision d'étages
additionnels. Les spécifications sont rigoureuses et la qualité
des matériaux de l'exécution, de très grande
qualité. En dehors de l'usage très particulier qui en est fait,
ces bâtiments seraient jugés suraméliorés, et il est
notoire que les ventes d'édifices semblables sont inexistantes. La
définition que nous avons suggérée indique bien
l'obligation de considérer ces conditions générales et
particulières au moment de l'évaluation.
M. LE PRESIDENT: Me Besré, je m'excuse de vous interrompre, vous
allez probablement être victime du compliment que les membres de la
commission aimeraient que je vous fasse en leur nom. Vous aviez fait parvenir
votre mémoire au mois de septembre et les membres de la commission avec
les officiers du ministère, ont eu l'occasion de l'étudier, ainsi
que d'autres mémoires comme ceux, par exemple, de la Corporation des
évaluateurs agréés, l'Association des estimateurs, le CN,
le CP, enfin une dizaine d'autres mémoires, le Barreau, et si vous aviez
pu, et je sais qu'il n'est pas facile pour quelqu'un d'assister à
toutes les séances de la commission, logiquement on vient la
journée où l'on présente son mémoire, et c'est
normal, participer comme les membres de la commission ont
participé à l'audition de ces mémoires, veuillez constater
qu'un très grand nombre des suggestions que vous faites dans votre
mémoire, ont trouvé bonne oreille et se retrouvent dans des
amendements que le ministère ou le ministre vous a déjà
amenés ou se propose de nous amener.
C'est suite à plusieurs articles et des recommandations que vous
venez de lire que les membres de la commission m'ont fait la remarque que
c'étaient déjà des choses en principe acquises. En
conséquence, je me permets de vous suggérer, au nom des membres
de la commission, plutôt de lire votre mémoire qui a
été présenté à temps et qui a eu son effet,
et nous vous en félicitons d'en faire ressortir les points
les plus importants, soit sur un, deux ou trois articles, là où
vous désirez insister, puisque déjà votre
représentation au mois de septembre a eu des effets positifs
auprès de la commission.
M. BESRE: C'est très à point, j'étais parti
à la lecture, et je pense que c'est déjà assez harassant.
J'ai assisté à la première assemblée de la
commission et je pense que l'on doit féliciter la commission
d'être aussi patiente devant un problème aussi complexe, aussi
technique et je me soumets de bonne grâce à votre voeu.
Les deux problèmes de fond concernaient le manuel et la
définition. Le reste, ce sont
assurément des détails qui ont quand même leur
importance, parce que ce sont les municipalités qui ont à
appliquer ces lois, â faire face aux contribuables, à faire face
aux plaintes, je dirais même à faire face au bureau de
révision en plus de tout ça. Je désire tout simplement
dire que je m'en remets à la commission et aux fonctionnaires et je vous
remercie d'avoir été attentifs.
M. VEZINA: Ne vous en allez pas tout de suite.
M. BESRE: Je suis disponible pour répondre aux questions.
M. VEZINA: Comme ça, pour la valeur marchande, vous tenez
à l'expression "le prix de vente".
M. BESRE: Non seulement nous y tenons...
M. VEZINA: ... ce placement ne vous plairait pas?
M. BESRE: ...mais nous avons constaté, lors de notre
expérience de 1970, qu'en fait nous n'avions pas eu tellement de
problèmes. Nous avons présenté notre rôle et nous
sommes allés rencontrer tous l'es contribuables de la ville de
Sherbrooke pour leur exposer techniquement nos méthodes. C'est de cette
façon que nous avons réussi à faire accepter notre
rôle d'évaluation qui comportait quand même une augmentation
générale de 79 p.c. Alors, ce concept de la valeur marchande que
nous avons expliqué a été très bien accepté
et nous nous sommes permis de dire à ce moment-là qu'une marge de
5 p.c. chez nous ne serait pas considérée.
Nous serions prêts à la modifier, si les contribuables
venaient nous rencontrer. C'est ce que nous avons fait.
M. VEZINA: Vous avez vendu l'idée du président.
M. TESSIER: Je voudrais profiter de cette occasion pour féliciter
très sincèrement Me Besré et la ville de Sherbrooke
d'avoir apporté une attention aussi importante au bill 48 et d'avoir
fait une étude très approfondie de ce projet de loi et de nous
avoir soumis assez rapidement, c'est-à-dire dès le début
de septem- bre, un mémoire dont nous prenons connaissance aujourd'hui,
non pas pour la première fois. Nous avons déjà eu
l'occasion de l'étudier, de le comparer avec d'autres mémoires
qui comprenaient les mêmes recommandations sur certains articles. Je puis
vous assurer, Me Besré, de même que la ville de Sherbrooke que
nous avons déjà retenu plusieurs de vos suggestions et que des
amendements en conséquence seront apportés à plusieurs
articles du projet de loi.
M. PAUL: M. le Président, il nous faisait plaisir d'entendre un
élément valable de la région de Sherbrooke. Nous avons
écouté avec beaucoup d'intérêt les
représentations qui nous furent faites ce matin, par l'avocat
Besré. Ce qui nous a surtout frappés est l'empressement avec
lequel il a fait parvenir à la commission le mémoire, très
bien préparé, très bien structuré, qui couvre tous
les domaines possibles. Il a servi de guide, j'en suis sûr, aux officiers
du ministère des Affaires municipales et il a peut-être
également servi de phare dans la présentation d'autres
mémoires. Comme le signalait tout à l'heure, à juste
titre, le président, beaucoup de points soulevés dans votre
mémoire ont été commentés par les auteurs d'autres
mémoires. C'est tout à votre honneur et la ville de Sherbrooke
mérite certainement des félicitations pour l'intérêt
qu'elle a apporté à ce problème de l'évaluation
municipale qui frappera en définitive toutes les municipalités,
et surtout les contribuables du Québec. Alors, M. Besré, nous
vous remercions très sincèrement pour cet apport fort
enrichissant que vous nous avez fourni, à nous, membres de la
commission.
M. LE PRESIDENT: Merci Me Besré.
Messieurs nous suspendons le débat jusqu'après la
période des questions, qui habituellement se termine vers 4 heures, 4 h
15, à moins d'imprévus de la part des membres de l'Opposition, ce
qui est toujours possible.
En conséquence, vers 4 heures, 4 h 15, nous entendrons le
représentant de la Corporation municipale de la Ville de
Saint-Jean-Chrysostome, ensuite la Corporation municipale de
Saint-Méthode et suivra la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec, et les autres que nous appellerons l'un
après l'autre.
Alors, 4 heures, 4 h 15 dans cette salle. Nous ajournons.
Reprise de la séance à 16 h 20
M. LEDUC (président de la commission permanente des Affaires
municipales): A l'ordre, messieurs !
J'inviterais maintenant le représentant de la ville de Shawinigan
ou du groupe de la région de Trois-Rivières, Cap-de-la-Madeleine,
Shawinigan, Grand'Mère, Shawinigan-Sud, à bien vouloir faire
valoir les idées du groupe. Afin qu'on s'entende bien, étant
donné que ce n'était pas la façon dont nous nous
étions entendus pour procéder cet après-midi, les
circonstances quelque peu spéciales que les membres de la commission
acceptent et que Me Delisle, représentant de la municipalité de
Saint-Jean-Chrysostome et de la municipalité de Saint-Méthode
accepte aussi, nous allons procéder d'abord par le groupe de la
région de la Mauricie, pour ensuite revenir à la liste que nous
avons à l'ordre du jour.
Je demanderais au représentant des villes de
Trois-Rivières, Cap-de-la-Madeleine, Shawinigan-Sud, Grand'Mère
et Shawinigan de nous parler de son mémoire.
Trois-Rivières, Cap-de-la-Madeleine
Shawinigan-Sud, Grand'Mère
et Shawinigan
M. GELINAS: Je représente les villes de la Mauricie, mon nom est
Claude Gélinas, je suis conseiller juridique de la cité de
Shawinigan. Je voudrais d'abord remercier les membres de la commission d'avoir
accepté ma demande de passer avant d'autres municipalités pour
les raisons qu'on a fait valoir.
M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la
commission, les villes de la Mauricie ont fait une étude du bill 48 qui
nous paraît être, dans l'ensemble, un essai valable
d'uniformisation de l'évaluation municipale. Toutefois, comme
l'évaluation des biens-fonds est le fondement même de la
fiscalité municipale, c'est par voie de conséquence à la
structure même du financement municipal, que le gouvernement
duQuébec, par le bill 48, a à décider.
C'est pourquoi le présent mémoire a pour but principal de
vous rappeler que toute exemption de taxes qui occasionne une perte de revenus,
déjà trop restreints pour la plupart des municipalités de
la province, doit être compensée par un accès à une
meilleure fiscalité.
Je commence, si vous le voulez bien, le mémoire comme tel. Je
voudrais comme observation générale d'abord dire que nous
partageons les objectifs du ministère des Affaires municipales qui
visent à uniformiser l'évaluation municipale à travers la
province.
Nous faisons toutefois remarquer que, contrairement à d'autres
villes qui ont présenté des mémoires il nous a
été impossible d'étudier le manuel d'évaluation.
Nous partageons presque en totalité le mémoire des villes de
Baie-Comeau, de Sept-Iles et de Hauterive et ce particulièrement en ce
qui concerne les articles 1, 13, 14, 15, 18, 21, 25, 26, 27 et 30 qui sont
annexés â notre mémoire.
Le présent mémoire a pour objectif principal, et j'insiste
là dessus, de démontrer les conséquences
financières importantes que ce projet de loi aurait sur les revenus des
municipalités de la Mauricie s'il était sanctionné sans
modification.
Article 2 concernant le droit d'appel des employés. En ce qui
concerne la protection accordée pour les articles 69 et 69a) aux
employés municipaux, une distinction nous semble nécessaire entre
le statut de l'évaluateur fonctionnaire permanent et celui de
l'évaluateur consultant. Cette dernière fonction devrait,
à notre avis, être soumise au même régime que le
vérificateur municipal.
A l'article 5 qui aurait pu être un autre article concernant les
frais de confection du rôle d'évaluation. Tous les frais
inhérents à la confection du rôle d'évaluation, du
bureau de révision et les frais de contestation devraient, à
notre avis, être partagés entre le municipal et le scolaire selon
des modalités à être déterminées.
Actuellement, les municipalités seules supportent les frais du
rôle d'évaluation alors que le scolaire lui utilise ce même
rôle.
A l'article 11, l'évaluation des bâtiments entre les deux
rôles. Au lieu des 3/4 du coût déclaré au moment de
la demande du permis, il serait préférable de fixer à 50
p.c. cette valeur afin d'accélérer l'inscription au rôle
des bâtiments les plus considérables.
A l'article 13, taxation des roulottes. Notre suggestion est à
l'effet que le mot "placé" sur un fonds de terre soit remplacé
par "occupé" ou "habité", et ce afin de faciliter
l'interprétation de cet article. La taxation des roulottes devrait
être l'objet d'une étude plus attentive, à cause de son
application sur les terrains de camping.
A l'article 14, abolition de la taxe sur la machinerie. C'est là,
si on avait eu un article à présenter comme mémoire, le
seul avec le suivant que nous aurions retenu. La taxe sur la machinerie
constitue pour les villes de la Mauricie une composante importante de leur
champ de taxation. Si, d'une part, l'abolition de la taxe sur la machinerie
pouvait avoir pour effet bénéfique de favoriser le
développement économique et d'augmenter les revenus des
gouvernements fédéral et provincial, elle aurait également
comme conséquence certaine de diminuer considérablement les
revenus des municipalités de la Mauricie.
Devant une telle éventualité et en l'absence d'aucune
forme prévue de compensation, les municipalités de la Mauricie
réclament du gouvernement provincial pour cette perte de revenus la
parité de traitement avec les commissions scolaires. C'est-à-dire
une compensation provinciale équivalente à la privation de cette
source de revenus.
En pratique, qu'est-ce que cela veut dire?
Cela veut dire que Shawinigan, par exemple, et d'autres
municipalités qui m'accompagnent pourraient faire valoir les mêmes
arguments. Notre machinerie, en 1968, était évaluée
à $67 millions. Cela signifie que, si nous imposions la machinerie
actuellement à $1.35 du cent, nous pourrions avoir un revenu de
$904,000.
Afin de favoriser le développement industriel et
économique de la Mauricie, en 1969, la taxe sur la machinerie a
été abolie pour trois ans. Les industries ont accepté de
compenser la perte en 1969 de la machinerie. Evidemment, le taux de taxe a
augmenté et l'arrangement n'a pas changé.
Actuellement, nous retirons $491,604. de cette entente. Nous sommes sur
le point de renouveler l'entente. Cela signifie qu'actuellement, si vous
acceptiez le projet sans formule de compensation, nous serions obligés
d'imposer en taxe foncière une taxe supplémentaire de $0.44
à tous les contribuables, alors que notre taxe, actuellement, est de
$1.35.
Comment voulez-vous que, dans trois ans, lorsqu'on va renouveler une
taxe sur la machinerie, l'industrie puisse accepter de renouveler cela? C'est
absolument impossible. En ce moment, dans l'entente, il est prévu que,
si le gouvernement enlève la taxe sur la machinerie, nous perdons ce
revenu-là. C'est $491,604, un demi-million, ce qui signifie, à
toutes fins pratiques, la moitié de notre revenu sur la taxe
foncière. Nous avons un revenu de $3,800,000; sur cela $1,500,000 comme
revenu de taxe foncière.
Avant de passer à l'article 18 concernant la parité de
traitement avec les commissions scolaires, lorsqu'on a aboli la taxe sur la
machinerie, qu'est-il arrivé? Le gouvernement provincial a
compensé à cent pour cent le revenu qui était
retiré par les commissions scolaires. En ce qui nous concerne, les
municipalités même si ce sont des créatures du provincial,
on nous a laissées nous débrouiller. On nous a dit :
"Arrangez-vous".
On a essayé, pour insuffler un plus grand progrès
économique dans nos régions, d'enlever la taxe sur la machinerie.
Cela n'a pas donné les résultats attendus. On voit actuellement
la situation économique de la Mauricie. Cela devait donner plus
d'emplois et permettre aux industries de s'agrandir, ce qui n'a pas
été le cas.
En ce qui concerne maintenant, à l'article 18, l'abolition de la
taxe sur les barrages et autres bâtiments utilisés comme centrales
thermiques ou nucléaires. Les barrages: cette abolition frapperait
lourdement plusieurs municipalités de la région, notamment les
municipalités de La Tuque, Grand'Mère, Shawinigan,
Shawinigan-Sud, Mont-Carmel, Saint-Narcisse et La Gabelle; les
municipalités concernées demandent le maintien de cette source de
revenus et considèrent comme insuffisante la formule de compensation
temporaire prévue à l'article 134.
Lorsque le gouvernement provincial a décidé de
nationaliser la Shawinigan Water and Power, il avait été convenu
que les municipalités ne seraient pas perdantes au niveau des revenus.
Actuellement, on nous propose une formule décroissante.
Ce qui signifie que, sur vingt ans, on va être obligé de
faire supporter cette taxe encore par les contribuables qui sont
déjà surchargés. Messieurs, nos taux de taxes sont
saturés; nos sources de revenus n'augmentent pas, elles sont
diminuées par ce projet de loi. Shawinigan, par exemple, par le barrage
qui est évalué actuellement à $15 millions, retire
$202,000 en revenus. Ce qui signifie encore $0.14 de taxe à imposer. Si
le projet de loi était accepté tel quel, nous devrions imposer
une taxe supplémentaire de $0.62 ce qui est absolument inacceptable.
La ville de La Tuque est également dans la même situation
vis-à-vis de l'Hydro-Québec.
M. LESSARD: Est-ce que je peux poser une question, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT: A la fin. M. DEMERS: Tantôt.
M. GELINAS: J'achève, ce n'est pas pour vous empêcher de
poser une question.
M. PAUL: Il est intéressant et ça nous intéresse.
Spécialement nous, de la Mauricie.
M. GELINAS: Les pylônes et les systèmes de distribution
affectent directement le champ de taxation municipale en empêchant le
développement des terrains et en créant des servitudes. De ce
fait, ces installations, si elles étaient retirées du rôle
d'évaluation, diminueraient particulièrement le revenu des
municipalités de Saint-Tite, Saint-Timothée, Sainte-Thècle
et Saint-Théophile-du-Lac.
A l'article 33: Pouvoir facultatif du conseil. Le conseil municipal
devrait avoir le pouvoir de décider selon ses besoins et pour des
raisons d'efficacité de faire exécuter les exigences de la loi
concernant le dépôt du rôle ou les plaintes par
l'évaluateur permanent s'il y en a un, et s'il n'y en a pas, par le
greffier.
A l'article 34: Avis public. L'avis à être envoyé
à chaque propriétaire ne devrait pas être maintenu.
Toutefois, pour une meilleure information, on pourrait, au lieu d'un seul avis
public, donner trois avis publics consécutifs.
A l'article 57: Composition du bureau de révision. Même si
la nomination d'un évaluateur détenant un permis serait
souhaitable, cet article ne devrait pas imposer cette obligation au conseil
municipal pour deux raisons: difficulté d'application dans l'ensemble
des municipalités de la province et disponibilité incertaine de
cet évaluateur.
Modification à la Loi des unités sanitaires. Les
contributions des municipalités au maintien d'unités sanitaires
sont basées sur l'évaluation
foncière. Or, les municipalités qui se sont
conformées aux exigences de la loi, comme Shawinigan depuis 1962, et qui
ont préparé un rôle d'évaluation basé sur la
valeur réelle, sont pénalisées par rapport aux autres
municipalités qui ne se sont pas conformées aux prescriptions de
la loi et qui ont encore un rôle basé à 40 p.c. de la
valeur.
Alors c'est là l'essence même, messieurs, du mémoire
de Shawinigan.
Je voudrais également ajouter, avant que vous me posiez des
questions, que la ville de Shawinigan et d'autres villes de la Mauricie ont
subi de graves inconvénients par la nationalisation de
l'électricité. C'est une chose faite, on ne revient pas sur le
passé.
La normalisation des taux d'électricité a eu pour effet
d'augmenter les taux d'électricité à Shawinigan. Alors
que, dans le passé les industries de la région profitaient
d'arrangements spéciaux, actuellement ces industries doivent faire des
démarches à l'Hydro-Québec. Ce sont des arrangements faits
à l'amiable qui se passent. On sait confidentiellement que, s'il y avait
une aide sensible dans l'amélioration de ces arrangements, cela aiderait
certainement notre économie locale. J'en profite et je n'aurais pas
mentionné cela, n'eût été la présence des
messieurs de l'Hydro. Etant donné qu'ils sont ici, je ne veux pas qu'ils
s'ennuient trop. Je tenais à faire cette précision.
M. DEMERS: M. le Président, je remercie Me Gélinas de son
exposé. Il est marqué au coin de la lucidité. Avant que
vous vous présentiez ici, nous avions fait état des tours que
nous avaient joués la nationalisation de l'électricité en
Mauricie. Je voudrais, au nom des gens du coin de terre que je
représente, demander au ministre qu'il nous donne l'assurance que le
bill qu'il tente de faire sanctionner ne dérangera en rien le
comportement et la fiscalité de la ville de Shawinigan au point de vue
de ses revenus. Shawinigan, La Tuque et la région ont été
bâties par une compagnie d'électricité. Les
municipalités de la région fonctionnent et vivent d'une
façon connexe sous l'empire de l'électricité. Nous avons
bâti des villes. La ville de Shawinigan obtient comme disait M.
Gélinas, un pourcentage, je crois que c'est 42 p.c. de son budget des
barrages hydro-électriques et de la taxe sur la machinerie et de
l'industrie. Si le bill est sanctionné, ils perdent cela. M. Dozois ce
matin nous a exposé qu'à part une taxe d'affaires nous pourrions
récupérer les sommes perdues.
Je doute énormément qu'on puisse récupérer
$202,000 par une taxe d'affaires à l'Hydro et je pense que les
autorités des villes concernées prennent ça... L'Hydro
nous a trompés une fois à Shawinigan et on ne voudrait pas que
cela se reproduise, c'est ça qu'on veut, c'est ça qu'on veut
exposer. Je connais M. Dozois, c'est un homme intègre, il n'y a aucun
problème. Mais il vient ici pour représenter l'Hydro et moi, je
représente les gens de la Mauricie. Or le gouvernement doit
représenter les contribuables contre l'Hydro, c'est clair ça? Je
ne veux pas créer de chicanes.
Autrefois, j'avais demandé qu'on étudie
sérieusement les tarifs préférentiels pour la
région de Shawinigan, les officiers supérieurs de l'Hydro ont ri
de moi, les grands technocrates. On a dit que ça
déséquilibrait toute l'affaire. On a nationalisé
l'électricité pour nous rendre maître chez nous et on est
en train de nous sortir de chez nous avec ça. Aujourd'hui, par une loi,
on veut uniformiser dans la province et encore nous donner la volée.
Nous en avons assez de ça. C'est ce que ces gens-là viennent
défendre aujourd'hui et je les appuie et je voudrais que le ministre
s'engage, sérieusement et sur son honneur de ministre, à
compenser s'il fait adopter cette loi, pour les montants que ces gens-là
perdent. Ou encore qu'on gèle actuellement les revenus accordés
à ces villes-là et, pour l'avenir, vous irez comme vous voudrez.
Mais qu'on les gèle et qu'on les assure de cette base-là. C'est
mon intervention.
M. LE PRESIDENT (Séguin): La parole est au ministre.
M. TESSIER: M. le Président, je ne puis certainement pas prendre
un engagement formel, parce que nous sommes en face d'une loi
générale et il est évident, il ne faut pas se le cacher,
il faut être sincère, que certaines municipalités vont
subir certains préjudices de l'application de cette loi-cadre et
que...
M. DEMERS: Est-ce qu'il y en a plusieurs?
M. TESSIER: Laissez-moi finir, je ne vous ai pas interrompu.
M. DEMERS: Non, monsieur.
M. TESSIER : Alors, laissez-moi finir, si vous avez d'autres questions
à me poser tout à l'heure, vous m'en poserez et je
répondrai aussi sincèrement que je le fais
présentement.
Il est évident que certaines municipalités auront à
subir une perte de revenus. Quant à trouver des formes de compensation,
nous devons porter nos efforts de ce côté-là. Quel seront
exactement ces formes de compensations? Je ne suis malheureusement pas en
mesure de le dire d'une manière positive aujourd'hui, mais il y en" aura
sûrement et il ne faudrait pas perdre de vue que la ville de Shawinigan
peut être affectée. J'ai devant moi un tableau qui m'a
été remis il y a quelques instants par le service de la recherche
fiscale du ministère des Finances. Ce tableau démontre que, sur
les 1,585 municipalités du Québec, il y en a présentement
neuf qui imposent une taxe sur la machinerie et que le tout représente
au total, pour ces neuf municipalités, une somme de revenus de
$2,662,559.99, sur un
ensemble de revenus, dans les municipalités du Québec, qui
dépasse de beaucoup le milliard. Or, est-ce que l'on doit adopter des
lois dans l'avantage de cas particuliers ou si l'on doit adopter des lois pour
uniformiser?
Nous cherchons présentement, par le projet de loi 48, à
uniformiser l'évaluation municipale dans tout le Québec.
Je comprends que, si cette loi avait été adoptée
et nous sommes en retard pour l'adopter, elle aurait dû
normalement l'être depuis plusieurs années nous ne serions
peut-être pas devant la même situation. Farce que, depuis ce
temps-là, des municipalités ont décidé par
règlement elles avaient le droit de le faire en vertu de la Loi
des cités et villes d'imposer une taxe sur la machinerie.
Je ferai également remarquer à mon collègue, le
député de Saint-Maurice, qu'au cours des cinq ou six
dernières années, notamment, la plupart des municipalités
qui avaient un règlement de taxation sur la machinerie l'ont fait
disparaître. C'est le cas entre autres de la ville de Québec et de
nombreuses autres municipalités, dont la mienne, celle de Rimouski,
alors que j'étais maire. Cela nous a affectés, mais nous avons
planifié sur un certain nombre d'années et, dans l'ensemble, nous
avons réussi à reprendre cela, sans que ça paraisse trop,
sous d'autres formes de taxation.
La Loi des cités et villes, comme le code municipal d'ailleurs,
accorde aux municipalités tout un éventail de pouvoirs de
taxation, sous différentes formes. Il y aura lieu évidemment de
tenir compte, de la part du gouvernement, de certaines situations
particulières. Le ministre des Finances a déjà fait une
déclaration, lors de la conférence provinciale-municipale
à l'effet qu'il y aurait rajustement dans le cas de la distribution de
la taxe de vente. Il y avait des municipalités qui en recevaient trop et
c'est un fait, puisqu'il y a certaines municipalités où il y a
absence à peu près totale d'impôt foncier, alors qu'on a
même de l'argent en banque. A cet égard, des noms ont
été mentionnés; ils apparaissent au rapport qui a
été déposé par le ministre des Finances.
Par contre, il y en a d'autres qui n'ont pas leur juste part. Je donne
cela comme un des moyens, ce n'est pas le seul. Il y a aussi la proposition de
permettre aux municipalités d'aller graduellement envahir le champ de
l'impôt foncier scolaire, sans affecter davantage le fardeau du
contribuable. Il y a d'autres moyens également comme la taxation des
CEGEP à $25... non, je me souviens plus. Est-ce $25?
M. PAUL: Non, ce n'est pas pour les CEGEP mais pour les
universités.
M. TESSIER: Les GECEP également, le secondaire et
l'universitaire. Il y a aussi un projet pour permettre aux municipalités
de taxer les hôpitaux, suivant le nombre de lits. En somme, il y a
plusieurs projets présentement à l'étude.
Je crois qu'il sera du devoir du gouvernement, lorsque nous ferons une
nouvelle répartition de l'assiette fiscale au bénéfice des
municipalités, de tenir compte et, c'est le plus loin que je
puisse aller aujourd'hui que certaines municipalités ont
été ou ont pu être affectées plus que d'autres.
M. DEMERS: M. le ministre, votre réaménagement fiscal,
c'est pour quand? Vous ne le savez pas?
M. TESSIER: C'est pour le début de 1972.
M. DEMERS: Parce que, dès que la loi est sanctionnée,
d'après...
M. TESSIER: Oui, le début de 1972... M. DEMERS: ...d'après
le projet...
M. TESSIER: Je m'en reporte évidemment aux déclarations
faites à quelques reprises par le ministre des Finances, à
l'effet qu'il voulait que le réaménagement fiscal ait force de
loi, entre en vigueur au début de l'an prochain, c'est-à-dire
afin qu'il puisse intervenir dans les prochains budgets des
municipalités dont, sauf quelques exceptions comme Montréal et
Québec, les budgets vont du 1er janvier au 31 décembre.
M. DEMERS: Si je résume la pensée du ministre, c'est que
lorsque le réaménagement fiscal sera fait il y aura
peut-être pour ces villes-là une compensation de donnée.
C'est tout ce que vous pouvez dire?
M. TESSIER: Exactement.
M. DEMERS: Ce n'est pas suffisant, je pense, à moins que les gens
de là-bas s'accommoderaient de ça.
M. GELINAS: Non, les gens ne s'accommoderont pas de ça.
Malheureusement, les gens de la Mauricie ne pourront pas accepter sans rien
dire qu'on leur enlève des revenus de cette importance. A ce
moment-là, ce qui va arriver, c'est que les recherchistes du
ministère des Affaires municipales vont regarder dans leurs statistiques
et vont dire: Voici, il y a huit municipalités dans la province qui
n'ont pas la taxe sur la machinerie. Pour celles-là, on va essayer
d'avoir des arrangements fiscaux. Mais des villes comme Shawinigan par exemple,
comme Trois-Rivières, comme Cap-de-la-Madeleine, comme
Grand'Mère, comme La Tuque, qui ont des arrangements particuliers, sont
pénalisés aujourd'hui parce qu'elles ont fait un effort pour
aider leur industrie locale.
Aujourd'hui, elles vont être pénalisées parce qu'il
y a un arrangement fiscal. Même si on donne d'autres sources de revenus,
si nous, à Shawinigan nous perdons $491,604 en partant.
nous n'aurons pas d'autres sources de revenus, nous n'aurons pas plus de
revenus. Nous allons perdre au départ $491,604. Ce que Shawinigan veut,
c'est l'assurance que les représentations qui sont faites vont
être entendues d'abord de votre part, M. le ministre, parce que ça
dépasse le niveau des statistiques. Ce n'est pas marqué dans les
livres que Shawinigan a un arrangement de $491,604 et que Trois-Rivières
en a un qui va finir dans sept ans. Dans sept ans, ils vont tomber à
zéro eux aussi et ils vont être obligés d'aller chercher
une autre tranche de $0.50 en taxe foncière.
Ce que je dis, c'est que si on veut enlever la taxe sur la machinerie,
c'est vrai qu'on devrait l'enlever, nous ne sommes pas contre le fait qu'on
l'enlève, ce que nous voulons, c'est qu'on nous permette d'avoir une
autre source de revenus et qu'en réaménageant l'assiette fiscale,
on nous permette d'aller chercher le même montant.
Cette assurance-là, en ce moment, nous ne l'avons pas.
M. DEMERS: Est-ce que les maires de la Mauricie auraient quelques
remarques à faire?
M. GRENIER: M. le Président, pour répondre au voeu du
député de Saint-Maurice qui me demande si j'ai des commentaires
à faire, je m'en tiens exclusivement à ce que M. Gélinas,
notre avocat, vient de dire, et je m'en tiens toujours à cela, parce que
des lettres et des choses d'intention, des à-peu-près comme M. le
ministre vient de faire, nous en avons déjà eu de ça.
J'ai déjà dans mon bureau, à l'hôtel de ville
de Shawinigan, une lettre d'intention disant qu'on allait construire une piste
de pelouse à Shawinigan, entièrement défrayée par
le gouvernement, Il est arrivé que c'est la ville de Shawinigan qui a
dû supporter ce fardeau. C'est seulement $20,000 mais cela a fait mal.
Rendus à $500,000, je pense que les contribuables de la ville de
Shawinigan, qui sont déjà saturés au point de vue des
taxes, ne supporteront jamais une chose comme celle-là.
M. LE PRESIDENT: M. le maire de La Tuque.
M. FILION: M. le Président, mon nom est Lucien Filion, je suis le
maire de La Tuque. Je voudrais simplement dire que la Haute-Mauricie,
spécialement la ville de La Tuque, est fortement déçue des
dispositions du bill 48 et, plus particulièrement, déçue
du fait que nous voyons une compagnie étatisée comme
l'Hydro-Québec faire fi, par le truchement d'un bill qui sera
probablement sanctionné par l'Assemblée nationale en
troisième lecture, d'une entente signée avec la ville de La Tuque
en 1970 par laquelle elle reconnaissait son devoir de payer des taxes
municipales à la ville de La Tuque. Je m'aperçois que, dans le
bill 48, M. le ministre, M. le Président, il n'y a aucune disposition
prévoyant que l'Hydro-Québec sera contrainte de respecter les
ententes qu'elle a dûment signées avec les municipalités,
aussi bien La Tuque, Shawinigan Grand'Mère et autres. Alors, si les lois
sont faites pour briser les ententes, briser les contrats, je ne comprends plus
rien. M. le ministre, j'en ai à peine pour deux minutes.
M. TESSIER: J'aimerais bien éclaircir ce point-là. Etant
donné que nous avons ici des représentants de
l'Hydro-Québec, est-ce que quelqu'un de l'Hydro-Québec pourrait
confirmer la chose?
M. DOZOIS: C'est que dans l'entente, s'il y avait un changement de
législation, l'entente serait terminée.
M. TESSIER: S'il y avait un changement de législation, l'entente
serait terminée. Est-ce que c'est exact?
M. FILION: C'est peut-être le cas, M. le ministre, mais on avait
prévu, à l'Hydro-Québec, qu'il pouvait y avoir des
changements par législation, ce que nous, nous n'avions pas
prévu, parce que nous nous étions fiés à La Tuque,
à l'occasion de la nationalisation des compagnies privées,
d'électricité, sur une lettre, un engagement signé par le
premier ministre du temps, M. Lesage, qui nous disait textuellement ce qui
suit: "M. le maire et il s'adressait à moi en
réponse à votre lettre du 30 janvier, je dois vous dire que
l'engagement que j'ai pris demeure toujours aussi définitif que le jour
où je l'ai annoncé. L'Hydro-Québec paiera des taxes
municipales et scolaires au même niveau que celles qui vous sont
versées par la compagnie d'électricité Shawinigan. Je vous
prie de croire toujours, M. le maire, à l'assurance de mes sentiments
les meilleurs". Signé, Jean Lesage, premier ministre du
Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Février 1963.
M. FILION: Plus que ça, M. le ministre et M. le président,
c'est que le 16 juillet 1962, le ministre des Richesses naturelles d'alors,
l'honorable René Lévesque d'absente mémoire, disait au nom
du gouvernement de la province de Québec ce qui suit: "Le 8 juin, les
journaux rapportaient que le maire Filion de La Tuque avait
déclaré que l'acquisition des propriétés de la
compagnie d'électricité Shawinigan par une entreprise d'Etat
réduirait les paiements en taxes municipales et scolaires dans sa ville.
Le 11 juin, j'écrivais au maire Filion une lettre dont le passage
principal est le suivant: l'Hydro-Québec est tenue de payer des taxes
municipales et scolaires au même titre que les compagnies
d'électricité. La Loi de l'Hydro est formelle sur ce point. Le
jour où les propriétés de la compangie
d'électricité Shawinigan Water
and Power passeraient à 1'Hydro-Québec, les taxes
municipales et scolaires continueraient d'être payées comme
auparavant."
Si, M. le ministre, M. le Président, messieurs les membres de la
commission parlementaire, nous ne pouvons nous fier sur un engagement formel du
premier ministre de la province de Québec, si nous ne pouvons nous fier
sur son ministre des Richesses naturelles du temps, pouvons-nous nous fier sur
des promesses verbales qui nous sont faites par un ministre? Je vous le
demande, sans mettre votre respectabilité en doute, sans mettre votre
bonne foi et votre sincérité en doute, M. le ministre. Comme le
disait mon homologue de Shawinigan tout à l'heure, nous en avons
soupé des promesses. Nous voulons que le bill 48 consacre un état
de fait et nous vous demandons que le bill 48 soit modifié de
façon à contraindre l'Hydro-Québec à respecter ses
engagements antérieurs, à respecter les engagements du premier
ministre du temps, M. Lesage, à respecter les engagements du ministre
des Richesses naturelles en 1963, M. Lévesque, et si vous voulez
légiférer pour l'avenir, comme le disait le député
de Saint-Maurice tout à l'heure, libre à vous, mais nous voulons
que les engagements antérieurs soient respectés
intégralement, parce que nos administrés nous le demandent et
nous venons vous le demander respectueusement mais fermement aujourd'hui.
M. TESSIER: M. le Président, si vous me le permettez, j'aimerais
faire une remarque à monsieur le maire Filion de la Tuque. C'est que,
dans les documents qu'il nous a lus du premier ministre du temps et du ministre
des Richesses naturelles du temps, si j'ai bien compris, il y avait engagement
pour que l'Hydro-Québec continue à payer les taxes municipales et
scolaires.
Or l'Hydro-Québec va continuer, en vertu du bill 48, à
payer encore des taxes municipales et scolaires, mais, évidemment avec
certaines modifications qui sont apportées quant à la confection
des rôles d'évaluation. Quant aux choses qui peuvent être
exemptes de taxation, il y aura des modifications, cela est sûr. On
continuera à payer, mais on continuera peut-être à payer
sous une autre forme.
Nous avons longuement discuté ce matin de certaines compensations
que les municipalités pourraient recevoir sous une autre forme de
taxation qui s'appelle la taxe d'affaires et qui pourra compenser. Dans
certains cas, cela pourra être une augmentation de revenus, dans d'autres
cas, cela pourrait s'équilibrer, dans d'autres cas, certaines
municipalités pourront subir une diminution de revenus.
Mais il ne faut pas perdre de vue que le projet de loi 48 est fait de
manière qu'il y ait uniformité, et uniformité totale pour
tous les rôles d'évaluation dans toutes les municipalités
du Québec.
Il y a très longtemps que la chose est demandée aux
gouvernements qui se sont succédé. Dans tous les mémoires
que nous avons reçus, il est certain que la très grande
majorité, au moins 90 p.c. et plus, sont d'accord sur le fait que la
taxe sur la machinerie doit disparaître. Nous devons tenir compte
également de la situation économique au Québec, de la
concurrence que le Québec a de la part des autres provinces,
particulièrement de l'Ontario, des Etats américains, pour
l'investissement dans le Québec, pour la création de nouvelles
industries. Il est certain que, si la taxe sur la machinerie était
maintenue, ce serait là quelque chose qui nuirait à des
investissements nouveaux et à la création de nouveaux emplois au
Québec par l'établissement de nouvelles industries.
Nous devons, autant que possible, nous mettre sur un pied concurrentiel
avec les autres provinces du pays et avec les Etats américains. Je
comprends encore une fois, je le répète, que nous ne pouvons pas,
par une loi, plaire à tout le monde, c'est impossible. Mais avant de
considérer l'intérêt particulier, il faut considérer
l'intérêt général. Le mieux que nous puissions faire
est d'apporter une étude spéciale dans le cas de certaines
municipalités qui seront plus affectées que d'autres afin
qu'elles reçoivent une compensation plus généreuse avec la
nouvelle réforme fiscale municipale que le gouvernement actuel annoncera
très prochainement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai
écouté avec attention l'exposé du ministre des Affaires
municipales. Il a apporté des arguments qui sont évidemment
valables, mais qui nous laissent toutefois songeurs, parce que l'on se demande
pourquoi le ministre n'a pas révélé au départ
quelles pourraient être les conséquences de l'application des
articles de la loi 48, y compris l'ensemble des exemptions que le ministre a
déjà consenties jusqu'à présent.
Nous venons d'entendre les représentants des villes de la
Mauricie. Ils ont fait valoir que, dans leur région, il faut tenir
compte d'une situation économique particulière et du fait que
l'économie de cette région tient à
l'électricité et à tout ce qui peut s'y rattacher.
Nous avons entendu ses porte-parole nous faire valoir que l'application
de la loi 48, particulièrement en ce qui concerne l'exemption de taxes
sur la machinerie, les barrages, etc., aurait des conséquences
désastreuses pour leur région et je suis d'accord avec mon
collègue, le député de Saint-Maurice, pour demander au
ministre qu'il pense tout de suite à apporter des mesures
"remédiatrices" à défaut d'autres cataplasmes.
Je pense que le ministre devrait élargir le débat et nous
dire s'il a examiné, dans son ensemble, le problème et s'il a
évalué ce que
représentera l'exemption de la taxe sur la machinerie dans
l'ensemble du Québec.
Ce matin, les représentants de l'Hydro-Québec, par la voix
de M. Dozois, nous ont fait comprendre qu'il était important, pour la
santé financière de l'Hydro-Québec, d'obtenir certaines
exemptions.
Nous sommes d'accord pour examiner, non seulement avec sympathie, mais
pour demander au ministre de faire en sorte que cette entreprise d'Etat qui
appartient à tout le monde, qui rapporte à tout le monde et qui
sert tout le monde, ne soit pas mise en difficultés par des mesures
gouvernementales qui n'auraient pas été suffisamment
mûries.
Comme je viens de le dire, il faut élargir cela à
l'ensemble du territoire québécois. Est-ce que le ministre a
pensé, par exemple, que dans une région comme celle du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, pour ne prendre qu'un exemple, ou celle de la
Côte-Nord, dont nous a parlé ce matin le député de
Saguenay, ou d'autres régions comme celle du Nord-Ouest, qu'une
exemption de taxes sur la machinerie telle que l'ont demandée hier les
représentants des sociétés de pâtes et papier,
représentera quand même pour l'ensemble des municipalités
où se trouvent situées ces entreprises, une perte de revenu
considérable?
Le ministre sait qu'il y a chez nous, l'Alcan, qui n'est pas une petite
affaire, il y a la société Price, la société
Domtar, la Consolidated Bathurst, la société Saint-Raymond,
à Desbiens, et on parle, en plus, de l'implantation d'une nouvelle
société, la société Kruger.
Est-ce que le ministre a une idée, et je lui pose la question,
simplement pour la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de ce que cela va
représenter comme diminution de revenus pour les municipalités?
Il a parlé, tout à l'heure, de compensations pour certaines
municipalités qui encourraient des pertes.
C'est le cas des municipalités dont nous avons entendu, tout
à l'heure, le porte-parole, Me Gélinas, mais, je sais très
bien et j'en ai discuté avec les autorités municipales de la
région chez nous, que l'on craint énormément, dans le cas
de notre région, l'application de la loi 48, avec toutes les exemptions
que le ministre a consenties jusqu'à présent.
On a demandé, tout à l'heure, de donner des assurances
formelles, c'est-à-dire qu'on a prié le ministre d'indiquer de
quelle façon les municipalités qui se sont fait entendre
précédemment récupéreront les montants qu'elles
vont perdre.
Je demande au ministre s'il a des chiffres en ce qui concerne notre
région et s'il a pensé qu'à ces villes qui se sont fait
entendre tout à l'heure, s'ajouteront un très grand nombre
d'autres villes qui, elles aussi, subiront des pertes par suite des exemptions
que comportera l'application de certains articles de la loi 48.
Le ministre, évidemment, ne peut pas se substituer à son
collègue des Finances, c'est bien clair; mais, dans un gouvernement bien
organisé et lorsque tous les membres d'un cabinet tirent ensemble dans
la même direction, avant de présenter une loi aux
conséquences financières et économiques aussi
sérieuses, il me semble qu'on a des discussions qui permettent à
celui qui devient le porte-parole et le parrain d'une loi, de fournir des
renseignements suffisamment précis pour rassurer les gens, les citoyens
ou les corps publics qui vont se trouver touchés par les effets de cette
loi.
Or tel n'est pas le cas. Le ministre dit: "Mon collègue des
Finances expliquera tout cela, il fera connaître sa politique.
Mais le ministre aurait dû, auparavant, le consulter et obtenir de
lui des renseignements précis sur le type de compensation que le
gouvernement pourra donner. Les villes de la Mauricie tout à l'heure
parlaient des assurances qu'on leur avait déjà données par
lettre. Et on a fait mention de la lettre de M. René Lévesque, du
16 juillet 1962. Dans cette lettre, il était bien dit que le jour
où les propriétés de la compagnie
d'électricité Shawinigan ou d'autres passeraient à
l'Hydro-Québec, les taxes municipales et scolaires payées par la
Shawinigan et les autres compagnies privées seraient assumées par
l'Hydro-Québec. Et celui qui écrivait alors et qui était
le collègue du ministre actuel des Affaires municipales disait ceci,
pour expliquer comment cela allait se faire : "Vous vous demanderez
peut-être comment l'Hydro-Québec, ayant absorbé les
compagnies privées d'électricité, pourrait payer
maintenant des taxes aussi élevées que celles des compagnies
privées alors que l'Hydro doit s'employer à garder les taux les
plus bas possibles ce qui n'a pas été le cas et
chercher à les uniformiser à travers toute la province. Je vous
répondrai que l'Hydro-Québec disposera des profits des compagnies
privées, réalisera des économies pour une meilleure
coordination et intégration des réseaux et sources
d'approvisionnement, et disposera d'un montant minimum annuel de $16,175,000
que les compagnies privées d'électricité versent
actuellement au trésor fédéral sous forme d'impôts
sur le revenu. Cette récupération n'est pas le principal argument
économique mais il ne faut quand même pas l'ignorer surtout quand
on discute taxes." Fin de la citation.
Ce matin, les représentants de l'Hydro-Québec, même
si tout ça a pu être appliqué ou mis en pratique, nous ont
démontré noir sur blanc qu'il était absolument essentiel
qu'ils obtiennent certaines exemptions en vertu de la loi 48. Par ailleurs, les
municipalités, elles, nous disent et avec raison qu'elles vont encourir
des pertes. Les villes de la Mauricie nous l'ont dit et je rappelle au ministre
que le cas des villes de la Mauricie n'est pas unique. Dans ce cas il s'agit
surtout d'entreprises d'électricité, mais dans la région,
chez nous, il s'agit de sociétés de pâtes et papier, de
l'aluminium; dans d'autres régions, ce sont d'autres entreprises. Et je
suis sûr que, dans la ville de Rimouski, dans la région
immédiate du ministre, les mêmes problèmes se
posent de même que dans la périphérie de
Montréal.
Alors, il faudra une fois pour toutes, pour répondre aux
exigences de ces citoyens et en même temps pour répondre aussi aux
demandes de l'Hydro, que le ministre nous dise s'il a des chiffres. Est-ce
qu'il y a un ordre de grandeur concernant ces pertes éventuelles des
municipalités? Par quels moyens mécaniques ou par quelle magie
budgétaire établira-t-on un système de compensation qui
fera que les industries qui ont besoin d'être dégrevées le
seront sans que pour autant les municipalités se trouvent en
difficultés? C'est là tout le problème. Alors le ministre
devra nous répondre afin de rassurer les gens que nous avons
entendus.
M.TESSIER: M. le Président, d'abord le député de
Chicoutimi a soulevé la question: Est-ce que des études ont
été faites? Bien sûr que des études ont
été faites. J'ai même référé à
ces études il y a quelques moments en disant qu'il y avait neuf
municipalités actuellement qui taxaient la machinerie pour un total de
$2,662,000. J'ai déclaré également que les revenus des
municipalités étaient approximativement de $1 milliard. Or, je
dois rectifier puisqu'après les informations que je viens d'obtenir le
total des revenus des municipalités dans le Québec est un peu
inférieur à $1 milliard, soit $875 millions.
Si l'on fait le calcul, qui est très facile à faire, les
revenus sur la machinerie rapportent à ces municipalités
$2,662,000, ceci représente donc moins de 1/4 de 1 p.c. du total des
revenus des municipalités.
Le député de Chicoutimi a également soulevé
la question de l'Alcan, c'est très important; à moins que je ne
me trompe, les principaux établissements de l'Alcan se trouvent à
Arvida. Or Arvida...
M. PEMERS: Shawinigan et La Tuque. M.TESSIER: Shawinigan,
peut-être, mais...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y en a à Alma également.
M. TESSIER : Ecoutez, je réponds au député de
Chicoutimi, puisqu'il a parlé des villes de sa région.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je renseigne le ministre.
M. TESSIER: Dans le cas de l'Alcan, qui a ses principaux
établissements à Arvida, Arvida n'a pas de règlement
d'imposition de taxes sur la machinerie; par conséquent, Arvida ne sera
aucunement affectée. Dans le cas de Kruger, qui n'est pas encore
établie mais qui, on l'espère, s'établira à
Saint-Félicien, encore là, d'après les renseignements que
j'ai ici, Saint-Félicien n'a pas de règlement d'imposition de
taxes sur la machinerie. Quant à la troisième compagnie...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Domtar.
M. TESSIER: Domtar. Elle est située à quel endroit?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! Le ministre ne le sait pas?
M. TESSIER: Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A Dolbeau.
M. TESSIER: A Dolbeau. Je n'ai pas, d'après les recherches qui
ont été faites également, le nom de Dolbeau comme
étant parmi les neuf municipalités qui imposent une taxe sur le
machinerie. Par conséquent, ces trois...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'autre, la Consolidated Bathurst?
M. TESSIER: A quel endroit?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! le ministre ne le sait pas?
M. TESSIER: Bien, Consolidated Bathurst...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A Port-Alfred.
M. TESSIER: Oui, Consolidated Bathurst a énormément
d'usines à travers le Québec; évidemment, je ne connais
pas tout ce qui se passe dans votre région.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi, je sais par ailleurs ce qui se passe chez
vous.
M. TESSIER: Je peux vous dire par exemple...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai voyagé, moi, et je sais que
ça ne va pas bien.
M. TESSIER: Je peux vous dire qu'ils sont établis à New
Richmond dans ma région. Je peux vous parler de ma région mais je
ne peux pas, évidemment, connaître tous les problèmes de la
vôtre. A tout événement, Port-Alfred n'est pas non plus une
des villes, une des municipalités au Québec qui imposent une taxe
sur la machinerie; par conséquent, également, cette
quatrième municipalité ne sera pas affectée par le bill 48
ou l'abolitation de la taxe sur la machinerie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais si, par ailleurs, le ministre
considérait que certaines de ces municipalités et des villes
qu'il vient de mentionner et dont il ignorait, évidemment, l'existence
et même la localisation, si ces villes avaient...
M.TESSIER: Non, j'étais loin d'ignorer l'existence, mais je ne
connais pas toutes les
industries qui se trouvent dans chacune des villes du comté du
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre n'a pas
été mis au courant que certaines de ces villes se proposaient
d'imposer des taxes sur la machinerie, justement parce que le gouvernement ne
leur donnait pas de revenus suffisants?
M. TESSIER: Les municipalités n'ont à demander de
permission ni au ministre des Affaires municipales, ni à quelque autre
personne pour imposer...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre affirme ça
solennellement?
M. TESSIER: Absolument, solennellement. Une municipalité est
absolument libre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On verra ça lors du débat en
seconde lecture.
M. TESSIER: ... d'imposer les taxes...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je le fais parler, puis après, on
accumule tout cela.
M. TESSIER: ... qu'elles désirent, pour autant que les pouvoirs
lui en sont donnés par la Loi des cités et villes ou le code
municipal.
M. LE PRESIDENT: Me Gélinas, je pense, avait un commentaire
à faire et ensuite la parole sera au député de
Maskinongé.
M. GELINAS: Alors, si je comprends bien, on ne peut pas, nous, de ce
côté-ci, poser des questions, il faut que je fasse cela sous forme
d'observations.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Des observations qui auront la forme
interrogative?
M. GELINAS: Lorsque le ministre dit qu'il y a neuf municipalités
dans la province qui ont encore la taxe sur la machinerie, je ne mets pas en
doute sa parole, mais on ne peut pas arrêter là. Il faudrait, M.
le ministre, que vous poursuiviez votre énoncé en disant que,
s'il y a neuf municipalités dans la province qui n'ont plus la taxe sur
la machinerie, il y a également un grand nombre de municipalités
qui ont des ententes avec les industries pour l'enlèvement de la taxe
sur la machinerie, et ce sont ces ententes qui vont pénaliser les
municipalités. Lorsqu'il y a deux créatures du provincial, le
scolaire et le municipal, pourquoi faut-il que ce soit toujours le municipal
qui soit pénalisé? Lorsque la taxe sur la machinerie a
été enlevée au scolaire à Trois-Rivières,
à Shawinigan et à La Tuque, le gouvernement provincial a
compensé à 100 p.c. l'enlèvement de la taxe sur la
machinerie; les revenus qui étaient perdus par le scolaire, le
provincial les a compensés à 100 p.c. Nous, nous avons
essayé d'avoir une entente pour encourager le développement
économique qui, je pense, est le souci numéro 1 du gouvernement
actuel.
Parce que nous avons essayé de nous entendre pour l'enlever et
pour promouvoir l'économie, aujourd'hui, il n'y aura aucune disposition
pour compenser ça. Qu'est-ce que vous voulez, M. le ministre, que je
dise aux neuf ou dix conseils municipaux que je représente quand je vais
retourner dans nos régions? Je ne peux pas leur dire que j'ai
l'assurance qu'on va être compensé à 100 p.c, vous ne me le
dites pas. Vous me dites: Nous allons peut-être essayer, il y a des
municipalités qui vont avoir plus de revenus, celles-là, je ne
les représente pas, je représente les municipalités qui
toutes vont être perdantes, à la suite de ce bill 48.
M. TESSIER: Me Gélinas, en tant que membre du Barreau,
croyez-vous que ces ententes-là sont légales?
M. GELINAS: Je vais vous dire une chose, M. le ministre, ces
ententes-là ont été une forme de compensation.
M. TESSIER: Oui, c'est un moyen de contourner la loi.
M. GELINAS: Ce n'est pas un moyen de contourner la loi.
M. TREMBLAY: M. le Président, je regrette, mais c'est une
interprétation abusive.
M. DEMERS: Il ne s'agit pas de contourner la loi. C'est un procès
d'intention. On a enlevé la taxe sur la machinerie et on nous a dit : On
va baisser ça et on va donner tant. C'est une entente de gré
à gré.
M. TESSIER: Justement...
M. DEMERS: Ce sont des violations qui ne font pas tort.
M. TESSIER: Ce sont justement toutes ces ententes qui sont faites et
tous ces montants qui sont passés sous la table que nous voulons faire
disparaître dans le Québec...
M. GELINAS: Bon...
M. TESSIER: ... et c'est un des buts. Je l'ai
déclaré...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela nous en dit long...
M. TESSIER: ... et je l'ai déclaré à
l'Assemblée nationale.
M. TREMBLAY: C'est une accusation à l'endroit des
administrateurs.
M. TESSIER: ... et c'est justement un des buts du bill 48 de mettre tout
le monde sur le même pied. Actuellement, vous avez des ententes qui sont
faites par certaines municipalités avec certaines industries dans
certaines municipalités de la province, qui portent préjudice
à l'ensemble du développement économique du
Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, vous avez mis en cause et accusé
à la fois l'HydroQuébec et en même temps les villes de la
Mauricie.
M. GELINAS: Et en même temps le gouvernement provincial, qui a
compensé à 100 p.c.
M. DEMERS: Le gouvernement provincial a donné 100 p.c. de
compensation aux commissions scolaires.
M. GELINAS: Aux commissions scolaires.
M. DEMERS: Vous appelez ça sous la table, c'est dans les comptes
publics.
M. GELINAS: M. le ministre...
M. TESSIER: On ne parle pas de compensation, on parle d'ententes en
dehors des cadres de la loi.
M. DEMERS: Faites arrêter la municipalité et le
gérant qui est ici.
M. GELINAS: J'ai bien lu vos déclarations à cet
effet-là dans la Presse de je ne me souviens plus quelle date. Je n'ai
senti les municipalités de la Mauricie visées d'aucune
façon par vos déclarations. Je vais vous dire pourquoi: Il arrive
dans certaines municipalités qu'on donne des avantages concernant
l'imposition à un taux de subvention. Ce n'est pas le cas de la
Mauricie.
M. TESSIER: Ce sont des ristournes de taxes déguisées.
M. GELINAS: Nous les avons enlevées pour des raisons
économiques, pour encourager le développement économique.
Vous nous avez dit tout à l'heure que la taxe sur la machinerie devrait
partir, comment voulez-vous que nous imposions tout d'un coup...
M. TESSIER: Comment voulez-vous que des municipalités puissent
à ce moment-là être sur un pied d'égalité
pour attirer chez elles des industries, alors que certaines
municipalités emploient de tels moyens?
M. DEMERS: Ecoutez, M. le ministre, je vais vous donner un exemple
concret...
M. TESSIER: C'est justement une injustice...
M. DEMERS: Je vais vous répondre...
M. TESSIER: ... que nous voulons faire disparaître en mettant tout
le monde sur le même pied avec le projet de loi 48.
M. DEMERS: M. le Président...
M. GELINAS: Je vais vous dire la raison. Savez-vous, M. le ministre,
qu'il y a des municipalités qui sont obligées de se
débrouiller seules dans bien des cas en ce qui concerne le revenu?
L'enlèvement de la taxe sur la machinerie, à Shawinigan, cela a
été demandé par tout le monde.
Il y a des démarches qui ont été faites et, si la
taxe sur la machinerie a pu être enlevée, c'est grâce
aujourd'hui à M. Dozois, ministre des Finances du temps, qui a
accepté de compenser les commissions scolaires. C'est comme cela que
cela a été fait. Nous avons été
pénalisés pour $100,000 par année, la ville de Shawinigan,
pour encourager notre développement économique, et aujourd'hui,
nous nous faisons dire que ce sont des arrangements illégaux. Ecoutez,
comme on dit en France, "c'est charrier".
M. GAGNON: Il est mal interprété, le ministre; faites
attention à cela, surtout par les journalistes.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, à l'ordre s'il vous plaît! Si
vous vous souvenez, tantôt, j'ai donné la parole à Me
Gélinas en disant que le suivant serait le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais d'abord féliciter Me
Gélinas pour la présentation de son mémoire. Vous
comprendrez qu'en tant que résidant de la région du Coeur du
Québec, non, non, ce n'est pas de l'émotion, c'est du
réalisme je dois m'inscrire en faux contre l'accusation
portée par le ministre des Affaires municipales à l'endroit des
maires et des officiers publics des villes de la Mauricie, parce qu'ils ont eu
l'habileté d'en venir à une entente avec les autorités de
1'Hydro-Québec pour empêcher les contribuables de porter un plus
lourd fardeau de taxes que celui qu'ils doivent porter.
Personnellement, je ne puis pas comprendre pourquoi le ministre perd son
calme cet après-midi.
M. TESSIER: Je suis très calme.
M. PAUL: Je ne puis pas comprendre sa réaction, cet
après-midi, à l'endroit des représentants des principales
villes du Coeur du Québec. Depuis le début des séances de
cette commission, le ministre est prêt à dispenser, à
soustraire tout le monde de l'application et de la loi du bill 48. A un tel
point qu'on se demande et je ne sais si vous vous rappelez...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Québec Téléphone...
M. PAUL: ...on vous a posé, un jour, la question suivante: Que
restera-t-il à taxer dans le Québec? Vous avez répondu: Je
ne le sais pas.
M. le Président, une chose est certaine, c'est que...
M. TESSIER: Vous me faites rire, M. le député de
Maskinongé.
M. PAUL: Je sais que vous prenez les problèmes, lorsqu'ils
deviennent trop sérieux, en riant. Vous ne vous arrêtez pas et ne
compatissez pas au sort des contribuables de la région du Coeur du
Québec.
Les municipalités ont pris des ententes, les municipalités
ont été celles qui ont été le plus frappées
par suite de la nationalisation de l'électricité. Les
autorités de ces villes avaient des engagements pris par l'honorable
Jean Lesage, premier ministre du Québec, et d'autres, par le ministre
des Richesses naturelles de l'époque. Voilà que, d'un simple coup
du revers de la main, on rejette ces engagements, sous prétexte qu'il
faut uniformiser la taxe municipale dans le Québec. Très bien,
mais il y a des cas d'espèce et il faut que le ministre s'arrête
sur la situation particulière qui prévaut au Coeur du
Québec et qui prévaudra à la suite de l'adoption du bill
48. Tout ce que le procureur des municipalités veut obtenir est un
engagement de la part du ministre à établir dans la loi un
barème de compensation en faveur de certaines municipalités qui
seront plus affectées que les autres à la suite de l'adoption de
ce projet de loi.
Si nous n'avons pas à respecter les engagements souscrits par les
autorités telles que celle du premier ministre du Québec, je me
demande si nos maires de la région du Coeur du Québec n'ont pas
raison d'être inquiets de se faire dire, cet après-midi: Nous
considérerons votre situation, nous tiendrons compte de votre
problème.
Je crois, M. le Président, que la situation économique qui
prévaut actuellement dans la région de la Mauricie ne peut
supporter un plus lourd fardeau de taxes municipales que celui qui existe
présentement. Et les municipalités demandent tout simplement une
compensation dans le domaine municipal, comme cela s'est produit dans le
domaine scolaire, et ces municipalités ne sont pas sans s'interroger
également sur les conséquences que pourra avoir le projet de loi
que présentera le ministre de l'Education sur la fiscalité
scolaire, projet de loi dont vous ignoriez totalement l'existence
jusqu'à la séance du 9 octobre de la commission des Affaires
municipales.
Nous demandons au ministre d'inscrire, dans la loi, des règles de
compensation en faveur des municipalités les plus frappées comme
les villes de Shawinigan, de La Tuque et de toutes les autres
municipalités qui ont été les plus affectées
à la suite de la nationalisation de l'électricité. Et les
autorités municipales ont reçu une lettre en date du 16 juillet
1962 d'un dénommé René Levesque dans laquelle on lisait:
"Aujourd'hui, je ne voulais qu'établir très clairement que non
seulement les municipalités et les commissions scolaires desservies par
la Shawinigan n'ont rien à perdre du point de vue de la taxation
municipale, mais qu'elles peuvent même y gagner."
Et en face de la situation qui sera imposée aux
municipalités du Coeur du Québec, je crois que cette autre
affirmation qui a été faite par un ministre soi-disant
responsable à l'époque à l'endroit des...
M. LESSARD: Ce n'est pas le ministre de l'époque, M. le
Président, qui enlève aux municipalités le droit de
taxation actuellement.
M. DEMERS: C'est lui qui s'est engagé. M. PAUL: M. le
Président...
M. LESSARD: Alors, que le député de
Maskinongé...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Que je sache, c'est le
député de Maskinongé qui a la parole.
M. PAUL: M. le Président, les municipalités...
M. LESSARD: M. le Président, on constate que, quand même,
il ne semble y avoir qu'une seule Opposition ici. On avait établi une
habitude à l'intérieur...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: ... des Oppositions à l'effet que chacune avait des
représentants pour s'exprimer à l'intérieur de la
commission.
M. LE PRESIDENT: Vous avez des représentants des partis, le
député de Chicoutimi, le député de
Maskinongé, le prochain est l'honorable député de
Saguenay, d'accord? Ensuite le député de Lévis. Que je
sache, jusqu'à maintenant, depuis que la commission siège est-ce
que je n'ai déjà reconnu qu'une Opposition? Vous avez toujours eu
l'ocasion de dire ce que vous aviez à dire et vous allez continuer
à le dire. Mais pour le moment, le député de
Maskinongé n'a pas terminé son intervention et c'est le seul qui
a le droit de parole.
M. LESSARD: M. le Président, est-ce que je peux faire une
remarque?
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé a la
parole.
M. LESSARD: Je crois, M. le Président, que c'est la
première fois que nous voyons trois députés du même
parti parler.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre!
M. PAUL: M. le Président, quant à nous, nous avons
constaté depuis que vous présidez nos délibérations
que vous avez toujours reconnu ceux qui s'intéressent au projet de loi
et ceux qui, réellement, veulent dialoguer avec ceux qui
présentent des mémoires. C'est peut-être la raison pour
laquelle vous avez eu cet après-midi la courtoisie, d'ailleurs tel que
le règlement vous impose, vous avez reconnu ceux qui vous ont
demandé le droit de parole. Je continue; M. le Président,
nous...
M. BOIS: M. le Président, là-dessus, c'est une accusation
directe qui est faite par le député de Maskinongé...
M. ROY (Lévis): M. le Président, je n'ai pas de discours
à faire. Si vous voulez accepter que je fasse des interventions, j'ai
accepté au commencement de la séance de permettre aux villes de
Trois-Rivières, de Shawinigan et de Grand'-Mère de faire leur
intervention. Vous savez que ça finit à six heures. J'ai
été rencontré M. Pierre Delisle qui a accepté de
donner une chance à ces gens-là, parce qu'ils avaient dans leur
comté des manifestations, de pouvoir s'en aller dans leur
comté...
Maintenant, si on finit à six heures, je ne voudrais pas que la
Corporation municipale des représentants de Saint-Jean-Chrysostome | ne
puissent pas se faire entendre avant six heures. C'est la seule intervention
que j'avais à faire et je ne voudrais pas non plus, parce que ça
va être une leçon pour toujours...
M. VEZINA: Ne vous choquez pas pour ça. M. ROY (Lévis):
Non, je ne me choque pas. M. VEZINA: C'est mauvais pour la pression.
M. ROY (Lévis): Je ne me fâche pas mais je voudrais bien ne
pas me faire rouler non plus et je ne voudrais pas faire rouler les gens de
Saint-Jean-Chrysostome.
M. DEMERS: Vous ne vous ferez pas rouler.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est moins loin.
M. PAUL: Je voudrais terminer au plus tôt en demandant au ministre
s'il envisage la possibilité de mettre dans la loi des dispositions de
compensation en faveur des municipalités les plus affectées par
suite de l'adoption du bill 48. On conviendra qu'il y aune situation
particulière qui va se présenter dans la ville de Shawinigan
alors que cette ville sera affectée pour environ 42 p.c. dans son
équilibre budgétaire par suite de l'adoption du bill 48.
Cependant en principe nous ne sommes pas contre la politique visée par
l'honorable ministre pour établir une évaluation municipale
uniforme dans tout le Québec.
M. TESSIER: M. le Président, j'ai l'impression, ou du moins c'est
l'impression que nous donne le député de Maskinongé, que
l'on prend tout bien au tragique. Il ne peut pas être question d'inscrire
dans une loi-cadre un régime spécial de compensation pour
certaines municipalités en particulier.
Seulement, je puis dire à ces municipalités qu'il existe
certainement d'autres moyens de compensation. La Loi des cités et villes
donne des pouvoirs très étendus de taxation aux
municipalités. Il y a certainement moyen de trouver une forme de
compensation par un autre genre de taxation que cela soit la taxe d'affaires ou
autrement.
Evidemment, je ne suis pas en mesure, à brûle-pourpoint, de
faire des suggestions. Il me fait tout de même plaisir d'offrir aux
municipalités concernées de venir rencontrer les officiers de mon
ministère. Tous ensemble nous allons étudier de quelle
manière il y aura moyen de compenser. J'ai au ministère des
experts en finance, en fiscalité municipale. Il y a moyen
d'étudier les problèmes de chacune des municipalités une
par une. Un moyen peut être bon et peut s'appliquer dans une
municipalité sans nécessairement s'appliquer dans une autre.
J'invite donc toutes les municipalités en question à nous
rencontrer à n'importe quel moment. Les officiers de mon
ministère sont tous à la disposition des municipalités.
Nous allons étudier ensemble quels sont les moyens les plus
appropriés pour équilibrer votre prochain budget.
M. DEMERS: Avant la sanction du bill.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une concession majeure du ministre.
M. TESSIER : Ce n'est pas une concession.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous sommes heureux que nos
représentations l'aient amené à faire cette concession
majeure qu'il va devoir faire d'ailleurs pour un bon nombre d'autres
municipalités.
M. TESSIER: Permettez-moi de faire une rectification aux paroles que
vient de prononcer le député de Chicoutimi. Le ministère
des Affaires municipales est toujours à la disposition de toutes les
municipalités du Québec. Je me suis toujours attardé
à discuter. Les maires qui sont ici, à chaque fois qu'ils m'ont
demandé des entrevues, en ont eu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement.
M. TESSIER : Laissez-moi terminer. Ce n'est pas une concession.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement. Cela a
préséance sur tout, vous le savez. Je n'ai jamais
déclaré que le ministre ne voulait pas recevoir les
municipalités.
M. TESSIER : Vous avez parlé de concession.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais j'ai dit que le ministre, cet
après-midi, à la suite de nos représentations, suite aux
témoignagnes que nous avons entendus, venait de faire une concession.
Nous sommes heureux qu'il ait consenti à considérer le cas
particulier des villes de la Mauricie et nous l'en remercions.
M. PAUL: On vous remercie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On vous félicite. On vous charge de
compliments.
M. PAUL: On va vous écrire. On va vous applaudir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'on applaudisse !
M. TESSIER: M. le Président, je n'ai pas terminé mon
intervention. Je veux rectifier qu'il n'est aucunement question de concession.
C'est qu'en tout temps...
M. PAUL: Mais, vous avez vu clair.
M. TESSIER: Laissez-moi terminer. M. le Président, je vous
demande de rappeler à l'ordre le député de
Maskinongé qui n'a pas à m'interrompre. Je voulais simplement
préciser ceci: il n'est aucunement question de concession. Il existe au
ministère des Affaires municipales des spécialistes qui vont
discuter avec vous votre problème de fiscalité municipale et qui,
sûrement, vont trouver des solutions qui s'imposent. Je vous ai
lancé l'invitation de profiter de ce service qui existe en faveur des
municipalités.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sautez sur la concession.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: Ce matin, je soulevais certaines inquiétudes
concernant l'application du projet de loi 48 et plus particulièrement en
ce qui concerne le danger de diminution des taxes municipales. J'avais
été alors extrêmement surpris de constater que le
député de Maskinongé et le député de
Chicoutimi me reprochaient d'avoir soulevé ces inquiétudes
puisque le ministre, semble-t-il, avait répondu...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. LESSARD: ... lors de la deuxième lecture.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement. Cela a toujours
préséance. Un rappel au règlement a toujours
préséance.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi sur un point de
règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En aucune façon nous n'avons tenu, mon
collègue et moi, les propos que nous prête le député
de Saguenay. Au contraire, nous nous sommes faits les défenseurs des
municipalités lors d'études en deuxième lecture.
Seulement, nous avons fait observer ce matin que les positions que vous avez
tenues en ce qui concerne l'Hydro-Québec avaient changé et nous
avons dit qu'il s'agissait d'une volte-face.
M. LESSARD: Je regrette, M. le Président, ce n'est pas du tout en
ce sens. Encore une fois, j'avais fait l'intervention lors de la
deuxième lecture, dans le sens que certaines inquiétudes se
soulevaient au niveau des municipalités. Et comme d'habitude le parti
défait de l'Union Nationale se réveille un peu tardivement. Je
dirais même plus. Lors de la deuxième lecture, il y avait eu une
motion de l'Union Nationale d'alors qui demandait que les compagnies
privées qui avaient des barrages hydro-électriques soient
soumises aux mêmes conditions d'exemption que la Commission
hydroélectrique du Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. M. LESSARD: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... compte tenu de la situation
économique et à la condition qu'il y ait des compensations de la
part du gouvernement...
M. LESSARD: Alors, M. le Président, je constate
qu'aujourd'hui...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... vous nous donnez raison...
M. LESSARD: ... les représentants de la défunte Union
Nationale se réveillent et se contentent...
M. PAUL: Je crois que vous nous faites mourir ce matin.
M. LESSARD: ... même d'une légère concession qu'a
faite le ministre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que vous parlez comme
représentant de ceux qui ont assassiné Pierre Laporte, vous?
M. LESSARD: Bon, est-ce que vous parlez comme représentant de la
Mafia?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LESSARD: Alors, M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Prenez en note...
M. LE PRESIDENT: Il serait avantageux pour tout le monde que l'on
revienne sur la discussion du projet de loi 48 en rapport avec le
mémoire qui nous est actuellement présenté et avec calme.
Je vous remercie.
M. LESSARD: Alors, M. le Président, pour ma part, je ne me
contente pas d'une légère concession que veut faire le ministre
actuellement. Il y a un problème. Il y a des municipalités dans
ma région, dans la région de Chicoutimi, dans la région de
la Mauricie qui vont perdre énormément par suite de ce projet de
loi.
Ce matin, on nous disait que cela pouvait être compensé par
la taxe d'affaires. On sait qu'actuellement il y a trois interprétations
au sujet de la taxe d'affaires. Cette taxe est même contestée par
certaines compagnies. Il y a l'interprétation du ministère,
l'interprétation des compagnies et l'interprétation des
municipalités, de telle façon qu'il y a des municipalités
qui sont encore aux prises avec le problème d'appliquer cette taxe
d'affaires.
Alors, il ne semble pas que les réponses qu'a données ce
matin le représentant de l'Hydro-Québec, M. Dozois, donnent
satisfaction aux municipalités. Nous constatons donc que les
municipalités vont perdre de l'argent ou des taxes et ce pour certaines
d'une façon très considérable. La seule chose que le
ministre dit est: Venez nous voir, nous allons régler votre
problème.
Déjà au moment où le ministre actuel était
président de la Fédération des municipalités du
Québec, lui-même disait que les municipalités n'avaient pas
assez de revenus. Or, par l'application d'un projet de loi, on leur
enlève actuellement des revenus sans leur dire exactement de quelle
façon cela sera compensé.
Les municipalités ne peuvent accepter une aussi
légère concession. Avant d'appliquer le projet de loi 48, il
faudrait quand même savoir dans quel sens se dirige le ministère
au sujet de la réforme de la fiscalité municipale. Je pense que
cela est important.
Je voudrais faire une autre observation, M. le Président. Si,
actuellement, on exempte l'Hydro-Québec des taxes foncières sur
leurs barrages comme c'était le cas dans le passé, les compagnies
privées vont venir, si elles ne l'ont pas déjà
demandé, et demander au ministère d'appliquer exactement le
même principe. On sait qu'il y a encore quelques compagnies
privées qui possèdent des barrages, de telle façon
qu'encore là beaucoup de municipalités et en particulier, par
exemple, celle de Hauterive va perdre $250,000 en taxes foncières.
Vous voyez la situation qu'on est en train de créer. On dit qu'on
va créer une certaine uniformisation mais on enlève aux
municipalités des taxes qui leur permettaient de subvenir à leurs
besoins. On leur dit: Voici, vous viendrez nous voir, on vous recevra, et puis,
on pourra tenter de régler vos problèmes. Il y a des
années que les municipalités se rendent auprès des
ministères, auprès du gouvernement et elles n'ont pas encore
réussi à régler leurs problèmes.
On n'a pas encore déterminé une véritable
fiscalité municipale. On n'a pas véritablement l'argent
nécessaire pour répondre aux besoins de la population. Là,
non seulement on ne règle pas leurs problèmes, mais on leur
enlève des taxes qu'elles avaient déjà.
Pour ma part, je pense que c'est encore une promesse. Vous pouvez
recevoir ces municipalités mais une fois que le projet de loi 48 sera
passé, je crois que la force, la pression qu'elles ont actuellement,
n'existeront plus et que le ministre s'en lavera les mains comme il le fait
très souvent.
M. TESSIER: M. le Président, je crois que le député
de Saguenay me prête des intentions tout à fait gratuites. Je n'ai
jamais changé d'idée, je suis toujours aussi conscient
maintenant, en tant que ministre des Affaires municipales, que je
l'étais lorsque j'étais maire et président de l'Union des
municipalités. Le problème numéro 1 des
municipalités demeure un problème de fiscalité municipale,
un manque de revenus, et c'est précisément un des premiers gestes
que j'ai posés, lorsque j'ai été choisi ministre des
Affaires municipales, d'amener la question au cabinet, de sensibiliser le
ministre des Finances et mes autres collègues du cabinet et d'amener la
formation d'un comité spécial pour l'étude de toute la
question de la fiscalité municipale.
C'est encore à ma suggestion que la première
conférence provinciale municipale a eu lieu, au cours de laquelle le
ministre des Finances a pu produire le résultat des études et,
comme je l'ai déjà expliqué à cette commission, un
comité a été formé par la suite, composé de
représentants non seulement du gouvernement, mais des
municipalités et des commissions scolaires, pour étudier le
processus de la mise en application des recommandations de ce
comité.
Il est évident qu'il faut accroître les revenus des
municipalités. Il y a deux manières de les accroître: par
des études dans des cas bien spécifiques et c'est ce à
quoi j'ai fait allusion tout à l'heure, en invitant certaines des
municipalités ici présentes à venir nous rencontrer pour
que nous étudIlons la question de leur fiscalité municipale
propre; deuxièmement, il y a des sources de revenus additionnelles qui
seront annoncées prochainement par mon collègue, le ministre des
Finances. Il serait indélicat
de ma part de parler à ce moment-ci, dans cette circonstance, car
il revient au ministre des Finances d'en faire l'annonce, ou encore au premier
ministre.
Je puis assurer les municipalités qui sont ici, autant que mes
collègues à cette commission, que des dispositions seront prises
par le gouvernement pour qu'il y ait non seulement compensation lorsqu'il peut
y avoir perte de revenus, mais qu'il y aura accroissement,
généralement, des revenus des municipalités par de
nouvelles sources de revenus qui n'existent pas présentement dans notre
législation.
Ceci dit, je termine en disant que tout de même c'est
évident que dans une loi comme celle-ci il y a des municipalités
qui vont être affectées; il s'agit à ce moment-là de
se pencher sur ces cas et de trouver par tous les moyens possibles des formes
de compensation. C'est ce que, non seulement moi-même, en tant que
ministre des Affaires municipales, mais le ministre des Finances et le
gouvernement en général sommes toujours prêts à
faire.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lévis.
Maintenant, pour la gouverne des membres de la commission et de celle de nos
invités qui sont avec nous, la commission ajournera ses travaux ce soir
à 6 heures pour les reprendre le mardi 30 novembre. Je donne la parole
au député de Lévis.
M. ROY (Lévis): M. le Président, je suis un peu
déçu. Cet avant-midi j'ai demandé la présence de M.
Dozois et celle des autorités de l'Hydro-Québec pour essayer de
répondre aux questions des représentants des municipalités
Et je suis réellement déçu d'avoir eu à assister
â de petites chicanes de famille, de petites chicanes de partis
politiques tandis qu'il y a tant de gens qui se sont dérangés
pour venir se faire entendre cet après-midi.
Maintenant, je ne serai pas plus long, M. le Président, parce que
j'ai fait des concessions et je crois que ce seront les dernières que je
ferai. J'ai pensé au sérieux de mes collègues et que les
villes concernées devaient présenter leurs mémoires et,
après, nous pourrions tomber...
M. VEZINA: Sur quel article parlez-vous en particulier?
M. ROY (Lévis): L'article disant que j'ai fait des
concessions...
M. VEZINA: Au sujet du projet de loi 48.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Lévis me
permettrait. Aussitôt qu'il aura terminé son intervention nous
allons inviter Me Delisle.
M. ROY (Lévis): M. le Président, est-ce qu'il aura le
temps, dans un quart d'heure, de présenter son mémoire?
M. LE PRESIDENT: Par les signes sténogra-phiques que m'a faits Me
Delisle tantôt, il semble bien que oui et nous aurons jusqu'à 6
heures la présence de M. Dozois. Alors, si vous avez
terminé...
M. ROY (Lévis): Je ne ferai pas d'autres interventions et je
laisse la parole â Me Delisle.
M. BEDARD: Me permettrez-vous une question, M. le Président?
Pouvez-vous nous indiquer l'ordre dans lequel seront présentés
les mémoires le 30 novembre?
M. LE PRESIDENT: Oui, nous allons continuer ce que nous avons ici...
M. BEDARD: C'est quand même onéreux de déplacer des
groupes et de courir le poisson d'avril.
M. LE PRESIDENT: Oui. En présumant que Me Delisle termine ce
soir, le premier groupe sera celui de la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec, celui de l'Ile Bizard, de
l'Association des gérants municipaux, des Quarante jardiniers de la
ville de Laval, de la ville de Sainte-Geneviève, de la ville de
Pointe-Claire et de la ville de Dorval, de la ville de Côte-Saint-Luc, du
Conseil du patronat et de l'Assemblée des évêques
catholiques romains de la province de Québec. C'est le même ordre
que nous avions ici, nous allons continuer le 30 novembre.
M. SEGUIN: Seulement un commentaire en passant; je voudrais attirer
votre attention sur le fait que le maire de l'Ile Bizard est déjà
venu deux fois ici devant la commission et il n'a pas pu être entendu
encore aujourd'hui. Il faut reconnaître qu'un maire qui vient
représenter sa ville n'est pas tout à fait dans la même
position qu'un procureur qui, lui, reçoit des honoraires, etc. Le maire
de l'Ile Bizard vient sans frais.
Je me demande si, une fois M. Delisle ayant terminé, parce que je
crois qu'il représente deux municipalités, il n'y aurait pas
possibilité d'entendre pendant cinq ou dix minutes ce que M. le maire
Patry aura à dire.
M. LE PRESIDENT: Je laisse M. Delisle commencer son intervention quitte
à ce que nous en discutions pendant les quelques minutes qui vont
suivre.
M. SEGUIN: Je ne voudrais pas abuser non plus, mais je pense que ce
serait très juste de la permettre.
Saint-Jean-Chrysostome et Saint-Méthode
M. DELISLE: Je suis Pierre Delisle, conseiller juridique de
Saint-Jean-Chrysostome ville et Saint-Méthode, paroisse. Dans le but
d'activer
peut-être les représentations de ces deux
municipalités, on pourrait peut-être commencer par
Saint-Méthode qui n'a qu'un problème technique en ce qui concerne
l'application de l'article 16 du projet de loi. L'article 16 prévoit une
série d'exemptions pour des organismes publics qui ne sont pas
définis, ou c'est un mot qui n'est pas défini actuellement dans
le bill 48. Or, les corporations qui ont front sur le Lac Saint-Jean jouissent
actuellement d'une ancienne loi qui s'appelle la Loi concernant la fixation des
indemnités exigibles en raison de l'élévation des eaux
créée par le barrage à la Grande et à la Petite
Décharge du Lac Saint-Jean. C'est en bref une exemption, une
possibilité de taxer ad infinitum, à l'infini, des lots ou des
terrains submergés. La municipalité de Saint-Méthode et
évidemment d'autres municipalités qui ont front sur le Lac
Saint-Jean se demandent actuellement si les "terrains submergés" compris
à l'article 16 paragraphe d) seront exemptées ou non, et si les
droits acquis qui leur sont accordés par la loi en question se
poursuivront. Alors il semble qu'une définition du terme ou de
l'expression "organisme public" réglerait définitivement la
question puisque le propriétaire actuel est l'Alcan dans la
région. C'est un problème qui peut se régler très
facilement. Si effectivement la définition donnée en Chambre lors
de la deuxième lecture du bill est bien celle qui sera inscrite dans la
loi, alors les représentations se termineront là.
Je m'excuse, il n'y a pas eu de mémoire écrit sur cette
question étant donné qu'il avait été fait mention
en Chambre que l'expression: "organisme public" serait définie et
comprendrait les organismes suivants: les gouvernements du Canada et du
Québec et tous leurs organismes, sauf l'Hydro, les municipalités,
les commissions scolaires. La corporation de Saint-Méthode voudrait
l'assurance que cette définition sera bien incluse à la loi, de
sorte qu'elle conserve ses droits sur les terrains submergés en
question. C'est uniquement un point technique.
M. TESSIER: M. Delisle, est-ce que, immédiatement après
l'ajournement, on pourrait se rencontrer?
M. DELISLE: D'accord. Il s'agit d'une définition qui a
été donnée à la Chambre et qui avait
été oubliée dans le projet de loi.
M. TESSIER: D'accord.
M. DELISLE: Dans le cas de Saint-Jean-Chrysostome, je vais essayer
d'aller rapidement, étant donné que c'est un sujet dont nous
avons parlé toute la journée. C'est évidemment le
problème de la taxation des immeubles de l'Hydro-Québec dans
cette municipalité. En bref, on a dit tout à l'heure que des
villes de la Mauricie avaient été créées
grâce à l'électricité ou à
l'Hydro-Québec. Disons de Saint-Jean-Chrysostome qu'elle a
été créée malgré l'Hydro-Québec.
La raison, c'est que cette municipalité est sillonnée par
de très grandes lignes à haute tension et aussi par des
transformateurs très importants pour toute la région de
Québec. En résumé, le mémoire est, je crois, assez
long et expose surtout des questions théoriques en ce qui concerne les
droits acquis des corporations municipales sur les sujets dont on a
parlé.
L'augmentation de taxes, s'il intervenait une exemption telle qu'on en a
discuté ce matin, serait, je crois, mirobolante dans le cas de
Saint-Jean Chrysostome. On ne parle même plus de $0.30 ou $0.40 les $100
d'évaluation, on parle de $3 ou $4 les $100 d'évaluation, si on y
inclut la taxe scolaire.
Je ne voudrais pas tomber dans les détails, mais peut-être
uniquement discuter un peu plus de la notion de droits acquis. On a dit tout
à l'heure que la politique du gouvernement, en cette matière,
était une politique d'uniformisation. Il faudrait peut-être
distinguer le problème des corporations municipales qui ont
légiféré ou fait les emprunts à long terme sur la
base de lois existantes et qui ont des droits acquis en ce sens que leurs
contribuables paient dans la même proportion que l'ancien contribuable
qui était l'Hydro-Québec. Je pense qu'il est indéniable
actuellement que l'Hydro-Québec est, jusqu'à ce que la nouvelle
loi soit passée, un contribuable comme tous les autres dans ces
municipalités.
Cette question, du moins, d'une façon théorique, n'est pas
une question d'uniformisation, mais une question d'exemption, une nouvelle
exemption à l'intérieur des lois municipales.
L'esprit du mémoire qui a été soumis je veux
aller vite c'est que ce n'est pas le problème de la ville de
Saint-Jean Chrysostome de définir si, oui ou non, l'Hydro-Québec
doit payer des taxes municipales.
La fiscalité de l'Hydro-Québec, c'est un problème
de l'Etat du Québec en général et de l'Assemblée
nationale. Ce n'est pas à nous de déterminer une philosophie
politique là-dessus. Est-ce acceptable ou non? C'est aux
députés de le dire. Cependant et je crois que
là-dessus la municipalité a raison étant
donné que jusqu'ici l'Hydro est un contribuable ordinaire, elle ne peut
être appelée à perdre un cent. Et je pense qu'il faut
insister sur le mot "un cent", elle ne peut être appelée à
perdre un cent du fait qu'à un moment donné, on l'exempte.
D'ailleurs, toute l'histoire de la loi de l'Hydro-Québec est une
histoire farcie de ces exemptions-là et dans lesquelles on a toujours
préservé les droits acquis des municipalités. Par exemple,
si vous vous référez à une des dernières pages du
mémoire, la page 20, l'article 42 de la Loi 8, Georges VI, des chapitres
22 en 1944, qui édictait une nouvelle exemption, avait effectivement
prévu le statu quo pour le paiement des taxes municipales pendant 20
ans. Pendant 20 ans, l'Hydro-Québec, pour une exemption qu'on lui avait
accordée en 1944 et qui a été annulée par la suite,
devait payer les taxes municipales exigibles pour l'année où
cette
exemption est entrée en vigueur. Je crois que si cela est normal
pour l'Hydro, c'est encore plus normal pour tous les contribuables, ou
l'organisme quel qu'il soit, qui viendrait à être exempté,
à un moment donné.
Dans le cas de Saint-Jean-Chrysostome, ce n'est donc pas seulement une
question de compensation ou de nouvelles sources de revenus.
Il y a une partie du mémoire qui est orienté
essentiellement sur le fait que l'exemption de l'Hydro-Québec
empêchera définitivement tout développement de la
municipalité. Parce que si nous enlevons l'évaluation de
l'Hydro-Québec, même en compensant, en garantissant pendant vingt
ans...
M. TESSIER: Me Delisle, me permettriez-vous une question?
M. DELISLE: Oui.
M. TESSIER: Avez-vous rencontré les officiers du ministère
relativement à vos deux clientes?
M. DELISLE: Du tout.
M. TESSIER: C'est la suggestion que je voulais faire. Comme dans le cas
d'autres municipalités, il faudrait étudier la question fiscale
des deux municipalités et voir quels seront les effets. C'est pour cela
que je vous ai fait la suggestion, tout à l'heure, après
l'ajournement.
M. DELISLE: Le mémoire a été déposé
au début de septembre, je crois. Nous sommes rendus en novembre. Le
mémoire a d'ailleurs été déposé sur la foi
de ce qui avait été dit à l'Assemblée nationale.
C'est la raison pour laquelle nous n'avions pas jugé bon d'en discuter
plus longuement avec les autorités.
M. TESSIER: Oui. Si vous êtes d'accord, nous pourrions
peut-être nous rencontrer quelques minutes â l'ajournement.
M. LESSARD: J'ai l'impression que le ministre va devoir rencontrer
passablement de municipalités...
M. TESSIER: J'en rencontre tous les jours, des municipalités, Il
ne se passe pas une journée sans que je rencontre des maires ou des
conseillers municipaux.
M. LESSARD: Cela revient encore à la discrétion du
ministre, tous ces règlements-là.
M. TESSIER: Le ministère des Affaires municipales est à la
disposition des municipalités 365 jours par année pour
étudier leurs problèmes et essayer de leur trouver des solutions.
Quand on présente des problèmes on les présen- te
publiquement, convaincu qu'il y a des solutions pour régler ces
problèmes-là.
M. LESSARD : Ce ne sont pas des problèmes qui se régleront
municipalité par municipalité, c'est un problème commun
à l'ensemble des municipalités...
M. TESSIER: Non.
M. LESSARD: ... où l'Hydro-Québec a des immeubles et des
investissements.
M. TESSIER: Ce n'est pas un problème commun à l'ensemble
des municipalités; il y en a quelques-unes seulement qui peuvent
être affectées sur 1585 municipalités.
M. LESSARD: Vous verrez qu'il y en a passablement.
M. DELISLE: Maintenant, je pense qu'en résumant, d'ailleurs,
très rapidement le mémoire, j'ai offert ma collaboration aux
membres. J'aimerais cependant, vu l'importance de la question pour ma cliente,
qu'il nous soit permis après une rencontre avec les autorités du
ministère des Affaires municipales, de revenir quand même devant
la commission municipale pour terminer l'exposé complet, de la position
de la municipalité.
M. TESSIER: Si vous le croyez opportun, d'accord. Cependant, il est
possible qu'après cette rencontre-là, vous soyez satisfait des
arrangements qui pourront être faits.
M. DELISLE: Je comprends évidemment l'intérêt et
l'objectif de l'Hydro-Québec comme tels, mais il faut bien comprendre
que ce n'est pas Saint-Jean-Chrysostome qui vient demander une faveur, mais
plutôt l'Hydro-Québec qui vient demander une exemption. Qu'elle
soit fondée ou non, je ne veux pas en discuter. Sur cette question et vu
l'importance, si on regarde les chiffres sur lesquels j'ai été
très rapidement, il reste qu'à toutes fins pratiques, vous
enlevez presque 80 p.c. de l'évaluation de la municipalité d'un
seul trait de plume.
Vu l'importance de la question, je me déclare prêt à
rencontrer les autorités, quitte, si une solution n'est pas
trouvée, à revenir terminer l'exposé devant la commission
parlementaire et continuer en fait d'exposer cette cause-là, et surtout,
peut-être tel qu'il avait été mentionné ce matin,
obtenir des réponses des représentants de
l'Hydro-Québec.
On a fait mention ce matin que très peu de municipalités
subissaient des inconvénients et que seulement une quinzaine subissaient
des inconvénients qui dépassaient $5,000 par année. Or,
l'intérêt en jeu ici, pour la seule municipalité de
Saint-Jean-Chrysostome, est d'environ $250,000 par année, en taxes
municipales et scolaires: $100,000 au municipal et
$150,000 au scolaire. Je pense qu'il faudrait
peut-être regarder de plus près les documents ou les chiffres de
l'Hydro-Québec et en discuter de bonne foi et ça, nous sommes
prêts à le faire.
M. TESSIER: Merci, monsieur.
M. LE PRESIDENT: Me Delisle, si je comprends bien votre intention, et
l'intention du ministre, il y aura rencontre avec les officiers du
ministère des Affaires municipales, et si les autorités de la
ville le jugent à propos, nous vous recevrons à nouveau avec
plaisir à la fin du mois de novembre.
Nous invitons maintenant M. Patry. M. Patry, on vous verra
encore une fois, on vous remercie de votre patience comme d'autres
d'ailleurs qui ont été bien patients le mardi 30 novembre
à dix heures du matin. Avant d'ajourner nos débats, je tiens
à remercier tous ceux qui se sont déplacés malheureusement
inutilement. Mais, par la force des circonstances, il ne nous a pas
été possible d'entendre tout le monde.
Je remercie M. Dozois et son équipe d'avoir bien
voulu accepter d'être présents jusqu'à la fin de la
séance. Merci, M. Dozois. La commission ajourne ses travaux au mardi 30
novembre à dix heures du matin.
(Fin de la séance: 18 heure)
ANNEXE Référer à la version PDF B-4813page
ANNEXE Référer à la version PDF page B-4814
LISTE DES 166 MUNICIPALITES SUBISSANT
UNE DIMINUTION ANNUELLE DE $100 ET PLUS
128 MUNICIPALITES SUBISSANT UNE DIMINUTION
ANNUELLE ENTRE $100 ET $500
Giffard Chauveau $100.
St-Luc-de-Laval Saguenay 100.
Hébertville Lac-St-Jean 101.
Ile-Perrot Vaudreuil-Soulanges 101.
Farnham Missisquoi 105.
St-Henri-de-Mascouche L'Assomption 105.
Vanier St-Sauveur 106.
Clarendon Pontiac 107.
Mont-Rolland Terrebonne 107.
Ste-Félicité, P. Matane 107
Chandler Gaspé-Sud 111.
Les Escoumins Saguenay 111.
St-Timothée Beauharnois 111.
Blainville Terrebonne 112.
Mont-St-Hilaire Rouville 113.
Malartic Abitibi-Est 114.
Shipton, Canton Richmond 114.
St-Barnabé St-Maurice 115.
Amos Abitibi-Est 116.
Masham-Nord Gatineau 117.
Montréal-Ouest Marguerite-Bourgeois 117.
Leeds-Est Mégantic 120.
Dollard-des-Ormeaux Robert-Baldwin 124.
Ireland-Nord Mégantic 124.
Ragueneau Saguenay 124.
Baie-Comeau Saguenay 125.
Waterloo Shefford 125.
Dorion Vaudreuil-Soulanges 126.
St-Alban, P. Portneuf 127.
St-Antoine-de-Pontbriand Mégantic 127.
Mont-Joli Matane 128.
Stanstead-Est Stanstead 128.
St-Pierre Marguerite-Bourgeois 129.
St-Eloi Rivière-du-Loup 130.
Tingwick Drummond 132.
Charny Lévis 133.
Onslow-Sud Pontiac 135.
St-Aubert LTslet 136.
Iberville Iberville 137.
Murdochville Gaspé-Nord 139.
Sherbrooke Sherbrooke 139.
Dumas Dubuc 143.
Ste-Anne-des-Monts Gaspé-Nord 143.
Ste-Thérèse-de-Colombier Saguenay 143.
Hampstead D'Arcy McGee 145.
Ste-Julie Verchères 146.
Ste-Agathe Terrebonne 148.
La Malbaie Charlevoix 151.
St-Georges Beauce 156.
Vaudreuil Vaudreuil-Soulanges 157.
Port-Cartier Saguenay 159.
Ste-Anne-de-Bellevue Robert-Baldwin 159.
Donnacona Portneuf 160.
Richmond Richmond 161.
Chicoutimi-Nord Dubuc 163.
Bernières Lévis 165.
Cowansville Missisquoi 165.
St-Paul-du-Nord Saguenay 166.
Trois-Rivières-Ouest Trois-Rivières 171.
Lévis Lévis 172.
Asbestos Richmond 173.
Mont-Royal Outremont 174.
St-Eustache Deux-Montagnes 175.
Notre-Dame-des-Laurentides Chauveau 181.
Pincourt Vaudreuil-Soulanges 184.
Rosemère Terrebonne 185.
Beauceville-Est Beauce 186.
St-Romuald Lévis 191.
Ste-Anne-de-Portneuf Saguenay 192.
Orsainville Chauveau 194.
Dégelis Témiscouata 196.
Gatineau Hull 201.
St-Tite-des-Caps Montmorency 207.
Lauzon Lévis 212.
Wakefield Gatineau 212.
Ste-Thècle Laviolette 215.
Bryson Pontiac 219.
Bélair Portneuf 220.
Drummondville-Sud Drummond 220.
St-Hyacinthe St-Hyacinthe 227.
Thetford Mines Mégantic 232.
Guérin Témiscamingue 239.
Ste-Thérèse Terrebonne 240.
Repentigny L'Assomption 243.
Joliette Joliette 245.
Maniwaki Gatineau 247.
St-Lambert Chambly 248.
Courville Montmorency 250.
St-Bruno Verchères 253.
Beaconsfield Robert-Baldwin 254.
Lac-à-la-Tortue Laviolette 263.
Bergeronnes Saguenay 286.
Sorel Richelieu 291.
Laflèche Taillon 292.
Outremont Outremont 306.
St-Narcisse Champlain 308.
St-Nicolas Lévis 308.
Matagami Abitibi-Est 315.
Brossard Napierville-Laprairie 317.
Noranda Rouyn-Noranda 320.
Rouyn Rouyn-Noranda 320.
Laprairie Napierville-Laprairie 321.
Charlesbourg Chauveau 322.
Montmagny Montmagny 324.
Beauport Montmagny 326.
St-Césaire Rouville 326.
Pierrefonds Robert-Baldwin 327.
Châteauguay Châteauguay 332.
Côte St-Luc D'Arcy McGee 335.
Chambly Verchères 336.
Rimouski Rimouski 339.
Dorval Jacques-Cartier 360.
Baie d'Urfée Robert-Baldwin 364.
St-Jean St-Jean 386.
Verdun Verdun 392.
Granby Cité Shefford 393.
Val d'Or Abitibi-Est 405.
Wendover & Simpson Drummond 406.
Chicoutimi Chicoutimi 411.
Beauharnois Beauharnois 420.
Charlesbourg-Ouest Chauveau 425.
Châteauguay-Centre Châteauguay 437.
Sept-Iles Duplessis 454.
Hauterive Saguenay 470.
Sallaberry-de-Valleyfield Beauharnois 471.
Boucherville Chambly 479.
Shawinigan-Sud St-Maurice 490.
Montréal-Est Lafontaine 493.
LISTE DES 38 MUNICIPALITES SUBISSANT UNE DIMINUTION
ANNUELLE DE $501 ET PLUS
Bécancour Nicolet $ 501.
St-Féréol Montmorency 520.
Pointe-aux-Trembles Lafontaine 539.
Cap-de-la-Madeleine Champlain 556.
Neufchatel Chauveau 560.
Lachine Jacques-Cartier 562.
Clermont Charlevoix 666.
Grand-Calumet Pontiac 698.
St-Hubert Taillon 703.
Pointe-Claire Robert-Baldwin 712.
St-Léonard Olier 715.
St-Eugène de Guigues Témiscamingue 730.
Château-Richer Montmorency 740.
LaSalle Marguerite-Bourgeois 744.
Denholm Gatineau 807
Montréal-Nord Bourassa 816.
St-Jérôme Terrebonne 904.
Ste-Foy Louis-Hébert 993.
Ste-Etienne-des-Grès St-Maurice 1282.
Angliers Témiscamingue 1287.
Hull-Ouest Gatineau 1317.
Notre-Dame-du-Mont-Carmel Champlain 1333.
Drummondville, Cité Drummond 1379.
Longueuil Taillon 1502.
Touraine Gatineau 1808.
Low Gatineau 1932.
St-Laurent St-Laurent 2313.
Hull Hull 3105.
Langelier, canton Laviolette 3199.
St-Jean-Chrysostôme Lévis 4350.
Tracy Richelieu 5871.
Québec Jean-Talon 6108.
Trois-Rivières Trois-Rivières 7254.
Grand'Mère Laviolette 9500.
Laval Laval 9741.
La Tuque Laviolette 10,378.
Shawinigan, cité St-Maurice 15,285.
Montréal Montréal 79,364.