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Commission permanente des Affaires municipales
Projet de loi no 48 Loi sur l'évaluation
foncière
Séance du mardi 30 novembre 1971
(Onze heures cinq minutes)
M. LEDUC (président de la commission permanente des Affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
Bienvenue à cette cinquième séance de la commission
parlementaire des Affaires municipales pour étudier le projet de loi no
48. Ce matin, nous avons eu une agréable ou désagréable
surprise avec la tempête, ce qui fait que certains représentants
des organismes qui ont été convoqués ne sont probablement
pas présents. Si les membres de la commission sont d'accord, bien que
nous ayons ici un ordre du jour, je vais appeler chacun des groupes et ceux qui
sont présents passeront d'abord. Pour ce qui est de siéger cet
après-midi ou ce soir, d'ici quelques temps nous serons en mesure de
vous confirmer si nous siégeons ou ne siégeons pas cet
après-midi pour reprendre demain matin.
La Fédération des commissions scolaires catholiques.
L'Ile Bizard.
L'Association des gérants municipaux.
Quarante jardiniers de la ville de Laval.
UNE VOIX: Présent.
M. LE PRESIDENT: La ville de Sainte-Geneviève. Est-ce que les
représentants de la ville de Sainte-Geneviève sont
présents?
La ville de Pointe-Claire et la ville de Dorval.
La ville de Côte-Saint-Luc.
UNE VOIX: Présent.
M. LE PRESIDENT: L'Association canadienne de télévision
par câble.
UNE VOIX: Présent.
M. LE PRESIDENT: Le Conseil du patronat. L'Assemblée des
évêques catholiques romains de la province de Québec.
M. LESAGE: M. le Président, j'aimerais vous faire remarquer que
le titre que vous donnez... Ce ne sont pas uniquement les archevêques et
évêques de l'Eglise catholique romaine que nous
représentons. Il faut ajouter dans le même mémoire l'Eglise
orthodoxe grecque, l'Eglise orthodoxe d'Amérique, l'Eglise Pentecostal
Assembly of Canada, l'Eglise anglicane et également l'Eglise unie du
Canada.
M. LE PRESIDENT: Merci pour la correction, Me Lesage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est oecuménique leur affaire. Est-ce
que vous représentez les Apôtres de l'amour infini en même
temps?
M. LESAGE: En ce qui regarde l'amour infini, je me permets de laisser
ça au député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, c'est le député de
Lafontaine qui s'occupe de ça.
M. PAQUET: Je comprends qu'on a pris les présences, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Oui, Me Paquet, j'ai noté votre arrivée.
La Commission des écoles catholiques de Montréal, la ville de
Chapais et l'Union des conseils de comté de la province de Québec
sont présents.
Messieurs, nous allons d'abord entendre la Fédération des
commissions scolaires catholiques. Pour la bonne marche de la commission, je
demanderais à chacun des représentants de bien vouloir faire un
court résumé du mémoire qui a été remis
à la commission et tout d'abord de s'identifier. Si d'autres personnes
qui font partie de l'équipe ont à adresser la parole, je leur
demanderais de bien vouloir s'identifier pour le besoin du journal des
Débats. Messieurs de la Fédération des commissions
scolaires catholiques.
Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec
M. BLACKBURN: M. le Président, Messieurs, je regrette infiniment
que le président de la Fédération, M. Fernand Lefebvre,
n'ait pu venir présenter le mémoire ce matin. Il m'a
demandé de le remplacer parce qu'il lui était impossible de
venir.
Je me présente donc: Ulric Blackburn, président de la
Commission scolaire de Chicoutimi et deuxième vice-président de
la Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec.
M. le Président, pour procéder rapidement comme vous
l'avez dit, notre mémoire est séparé en trois parties: la
première partie, dite présentation que je vous lirai si vous le
permettez, va jusqu'à la page 10. Ce sont, disons les points principaux
que la Fédération des commissions scolaires veut faire valoir ce
matin. Les autres points sont des points d'ordre général. Nous
avons constaté qu'ils ont déjà été
discutés, je pense, pour la plupart, à partir de la page 10 et
pour la deuxième partie ce sont simplement des explications sur ce que
nous demandons. Alors ce sera assez rapide, nous allons, si vous le permettez,
lire les 10 premières pages et après cela ce sera la
période des questions.
La déposition à l'Assemblée nationale en
première lecture du projet de loi sur l'évaluation
foncière par le ministre des Affaires Municipales, M. Maurice Tessier, a
réjoui l'ensemble
des commissions scolaires, lesquelles ont immédiatement
mandaté la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec de présenter aux autorités ce
qu'elles attendent d'une telle loi si importante et attendue depuis le
début de la normalisation des revenus et dépenses des commissions
scolaires, soit depuis plus de dix ans. En effet les commissions scolaires
amorçaient dans les années 1960 leurs réformes
structurelles et la rénovation de leurs méthodes
pédagogiques et financières.
Pour répondre aux besoins d'une population aspirant à la
société technologique, des cadres administratifs nouveaux
étaient mis en place par la formation des commissions scolaires
régionales. Au cours de la même période, on
élaborait sous l'égide de l'Etat et on mettait en place un
système de normes de dépenses et de revenus. La normalisation des
revenus n'a pas été chose facile, parce que l'on manquait de
critères de comparaison des rôles d'évaluation
foncière. Il nous a fallu d'abord trouver des indices pour ensuite
établir des facteurs de redressement des différents rôles
municipaux afin de répartir les dépenses des commissions
scolaires régionales entre chacune des commissions scolaires locales
constituantes en vue de permettre à ces dernières d'imposer les
contribuables de leur territoire respectif.
Les facteurs de redressement établis sous la
responsabilité des commissions scolaires régionales corrigent
globalement les différents rôles d'évaluation municipaux de
leur territoire, mais ne peuvent améliorer les imperfections que ces
rôles peuvent contenir. Comme gouvernement local, au même titre que
la corporation municipale de cités ou de villes et desservant à
peu près la même clientèle, les commissions scolaires
déclarent que le principe de cette loi leur convient et souhaitent une
législation équitable qui fasse que les citoyens soient
protégés contre toute injustice relative à leur
évaluation foncière.
Ce faisant, les commissions scolaires pourront se prévaloir de
leur pouvoir de taxation foncière de façon à ne
léser personne. C'est pourquoi la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec veut contribuer à
améliorer le projet de loi no 48 en présentant des
recommandations qui se veulent objectives.
Recommandations: 1. Agriculteurs. a) article lm)
On souhaiterait une définition de l'expression "exploitation
agricole ou ferme" qui remplacerait la définition du mot
"agriculteur".
Cette définition permettrait de procéder à la
classification des fermes du Québec, et ainsi, l'exploitation agricole
à faible rendement ne serait pas traitée différemment des
autres. Une telle classification pourrait se faire sous l'autorité du
ministère de l'Agriculture, en collaboration avec l'UCC et/ou une
faculté d'agriculture universitaire. Elle indiquerait le pourcentage
exploité de la ferme pour déterminer sa classification comme
"exploitation agricole ou ferme". b) article 30
Dans le même ordre d'idées, nous aimerions que soit exclue
du rôle d'évaluation, en tant qu'exploitation agricole, mais
incluse au rôle d'évaluation à la valeur réelle, la
résidence du fermier et que soient classifies comme exploitation
agricole tout terrain ainsi que les bâtiments qui s'y trouvent selon la
valeur réelle agricole, au lieu de valeur marchande. On pourrait
préciser certains critères à la base de la
définition de "valeur réelle agricole" tels: la
rentabilité de la ferme, caractère de l'exploitation agricole, la
valeur productive de la terre en culture, le pourcentage de productivité
qui motive la classification "d'exploitation agricole ou ferme" à
l'article lm). c) article 107
Pour ce qui est des taxes imposées sur un immeuble visé
à l'article 30, elles ne devraient pas excéder un pourcentage de
65 p.c. en taxes scolaires de ce que paient les autres propriétaires. Ce
pourcentage que nous suggérons n'aurait pas pour fonction de placer un
cran d'arrêt au paiement d'une surtaxe couvrant les dépenses
inadmissibles aux subventions d'équilibre budgétaire, au scolaire
évidemment. Cependant, l'avantage du retour de 35 p.c. des taxes
scolaires aux agriculteurs qui sont vraiment classifiés comme exploitant
une ferme ou une exploitation agricole, pourrait être figuré
à la loi. 2. Confection du rôle -Article 12.
Nous pensons qu'un texte devrait indiquer que "le bien foncier demeure
garant des obligations créées par l'immeuble porté au
rôle au nom d'une personne autre que le propriétaire du fonds".
Ceci, pour éviter les problèmes administratifs qu'ont vécu
les corporations qui ont imposé une taxe de locataire. 3. De la tenue
à jour du rôle Article 97. Il serait souhaitable,
croyons-nous, qu'après son entrée en vigueur le rôle
d'évaluation soit modifié et mis à jour le 1er
décembre et le 1er juin de chaque année pendant la durée
dudit rôle. Ceci permettrait la déposition des rôles de
perception municipaux et scolaires parfaitement à jour aux dates
requises par les corporations qui les utilisent. Les municipalités
scolaires doivent confectionner un rôle de perception au 1er juillet de
chaque année. 4. Du tribunal d'évaluation Article 89. Nous
proposons que soit ajouté à cet article un paragraphe qui
préciserait que le tribunal d'évaluation a juridiction pour
connaître et disposer, exclusivement à tout autre tribunal, des
inégalités constatées par une commission scolaire entre
différents rôles d'évaluation municipaux qui couvrent son
territoire et que toute décision émanant de ce tribunal soit sans
appel et non rétroactive. Ceci permettrait (conformément à
notre proposition d'amendement à l'article 127)à
l'évaluateur ou à la municipalité de pouvoir ramener le
problème à l'intérieur du
système pour une recherche comparative qui devrait aboutir
à un raffinement continuel des normes, règles et critères
d'évaluation. 5. Ajustements des rôles Article 127 de la
loi 48; Article 373 de la Loi de l'instruction publique.
A l'article 127, notre recommandation est à l'effet de
rétablir sur la base de la valeur réelle l'évaluation des
propriétés imposables de toutes les parties de la
municipalité scolaire. L'évaluateur ou la corporation municipale
devrait, chaque année, vérifier les facteurs de redressement qu'a
dû appliquer toute municipalité scolaire, conformément au
présent article.
Le projet de loi vise à uniformiser l'évaluation
foncière à la valeur réelle. Or l'interprétation et
l'application des normes, règles et critères peuvent conduire
malgré tout à des résultats différents. C'est
pourquoi les commissaires d'écoles ont le devoir d'examiner les
différents rôles lorsqu'il y en a plus d'un sur leur territoire.
Vous savez que cela se produira souvent, surtout avec la loi no 27. 6.
Imposition du revenu brut tenant lieu de... a) l'article 21b)
Compte tenu qu'il existe des difficultés techniques majeures
à l'application de l'article 21b), du fait que les clients de telles
entreprises ne sont que rarement les mêmes dans la municipalité
que dans la commission scolaire; compte tenu également que les
entreprises qui couvrent tout ou une partie du territoire de la province ont
des subdivisions territoriales qui ne correspondent pas à celles des
limites municipales ou scolaires, il y aurait avantage à traiter de la
même façon tous ces types d'entreprises, conformément
à l'article 104, au bénéfice de toutes les
municipalités et commissions scolaires de la province. b) article
104
Nous demandons que soit mentionné que toute entreprise de
télécommunication non visée à l'article 21, de
même que toute entreprise visée à ce même article,
doit transmettre au ministre, sur sa demande, un état certifié
montrant les revenus bruts gagnés au Québec par l'entreprise au
cours de son dernier exercice financier. Les deuxième et
troisième paragraphes de l'article 104 demeurent, sauf: "et suivant une
base qu'il détermine par règlement".
On ajouterait un quatrième paragraphe à l'article 104: "La
répartition des montants tenant lieu de taxes municipales et scolaires
des entreprises mentionnées au présent article se fait par le
ministre et le ministre de l'Education entre les municipalités ou
communautés municipales et les commissions scolaires du Québec au
prorata de l'évaluation municipale des particuliers et des institutions
non imposables définies aux articles 26, 27 et 28, à l'exclusion,
quant aux biens imposables ou non imposables des corporations, des compagnies
ou des biens de la couronne situés sur le territoire d'une
municipalité et d'une commission scolaire."
Cette distribution étant effectuée, les montants tenant
lieu de taxes devraient être versés, ou au moins reconnus comme
dette, à la municipalité et à la commissions scolaire
durant l'année fiscale pour laquelle ils ont été
perçus.
M. le Président, ce sont les recommandations que nous tenons pour
les commissions scolaires. A partir de la page 11, ce sont des recommandations
d'ordre général et je pense que cela a été
discuté déjà dans les commissions
précédentes. Si vous tenez à ce qu'on lise le reste.
M. TESSIER: Ce ne sera pas nécessaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre a quelque chose
à ajouter?
M. LE PRESIDENT: Le ministre a-t-il quelque chose à ajouter?
M. BLACKBURN: Je m'excuse, peut-être avant de terminer ce
n'est pas dans le mémoire il y a une question que je voudrais
poser avant de l'oublier. L'article 128 du bill 48 abroge les articles 374
à 384; ceci donnait le droit aux commissions scolaires de confectionner
des rôles d'évaluation. Vous savez qu'en vertu de la loi 27, des
territoires non organisés ont été ajoutés aux
commissions scolaires. A ce moment-là, on . se demande si la commission
scolaire pourra encore c'est la question qu'on se pose ce matin
confectionner des rôles d'évaluation.
M. TESSIER: Oui, M. Blackburn, certainement, il n'y aura aucun
changement. Les commissions scolaires pourront encore confectionner des
rôles dans les territoires non organisés.
M. BLACKBURN: Seulement dans les territoires non organisés?
M. TESSIER: C'est-à-dire qu'avec la nouvelle loi de
l'évaluation, il y aura des rôles uniformes qui deviendront
évidemment les rôles des commissions scolaires. Lorsque la loi
aura trouvé son application partout, il ne sera plus nécessaire
de se servir de la normalisation, étant donné que les rôles
seront uniformes.
M. BLACKBURN: D'accord.
M. TESSIER: Evidemment, ça ne pourra pas se faire du jour au
lendemain. Je pense bien qu'il peut s'écouler peut-être un an,
même plus d'un an, je dirais même deux à trois ans, avant
que la loi trouve son application dans l'ensemble des municipalités
couvertes par les commissions scolaires.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désirerais
poser une question d'abord à M. Blackburn.
M. Blackburn, est-ce que vous êtes au courant que le ministre de
l'Education doit présenter bientôt, comme il l'a annoncé en
commission parlementaire, une loi sur la fiscalité scolaire et est-ce
que votre corporation a été pressentie à ce sujet, a
été consultée?
M. BLACKBURN: Oui, M. le député, nous sommes au courant
qu'il y aura une loi et la fédération participe actuellement aux
études.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que les principes
généraux de cette loi vous ont été exposés
ainsi que les modalités?
M. BLACKBURN: De la loi que M. le ministre va présenter?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La loi du ministre de l'Education, la loi qui
doit venir et au sujet de laquelle vous avez été
consultés.
M. BLACKBURN: Je regrette de ne pouvoir répondre carrément
à cette question parce que c'est M. le président de la
fédération, je pense, qui siège là-dessus. M.
Dugré aussi, je pense. Non. Je crois que oui, la
Fédération des commissions scolaires va être
consultée sur cette loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il est important pour nous de vous poser cette
question parce qu'il y aura forcément recoupement, à un moment
donné, entre cette loi portant sur la fiscalité scolaire et la
Loi de l'évaluation municipale que nous propose actuellement le
ministre, M. Tessier; alors, selon la connaissance que vous en avez à ce
jour, est-ce qu'il vous paraît y avoir compatibilité de ces deux
projets de loi?
M. BLACKBURN: J'aimerais pouvoir répondre très clairement
à cette question, M. le député, mais il y a deux personnes
qui siègent actuellement à un comité pour regarder cette
question de la loi sur la fiscalité; je n'en suis pas mais je pense que
oui, il peut y avoir compatibilité entre les deux. A première
vue, je pense que oui. En fait, la loi que nous regardons ce matin qui
est le bill 48 est une loi sur l'évaluation elle-même et je
crois que la loi sur la fiscalité va contenir encore des impôts
fonciers; à ce moment-là, je crois qu'il y a compatibilité
entre les deux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il nous intéresse de vous poser cette
question, M. Blackburn, parce que, évidemment, le ministre doit
être au courant de cette loi dont nous lui avons annoncé le
dépôt lors d'une réunion de la commission parlementaire.
Nous aimerions savoir du ministre où en sont les travaux à ce
sujet et s'il lui paraît que la loi qu'il nous présente, lui, a
des incidences sur la loi que présentera le ministre de l'Education ou
vice-versa?
M. TESSIER: M. le Président, ce que je peux dire à ce
sujet, c'est qu'il y a eu consultation constante entre les experts et les
fonctionnaires du ministère de l'Education.
Il y a eu d'ailleurs des amendements apportés à
l'avant-projet avant l'impression du bill 48, et plusieurs ont
été apportés avec le consentement des deux
ministères.
Ce dont je veux assurer les membres de cette commission parlementaire,
c'est qu'il y a eu depuis plusieurs mois une consultation avec le
ministère de l'Education de sorte qu'il n'y ait pas de contradiction
entre le bill 27 et le bill 48 et que les deux, en somme, fonctionnent tout
à fait d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre fait allusion à la loi 27.
Il ne s'agit pas de la loi 27. Il s'agit d'un projet de loi à être
déposé par le ministre de l'Education et portant sur la
fiscalité scolaire.
M. TESSIER: Je m'excuse. C'est le projet de loi en question, le futur
projet de loi sur la fiscalité des commissions scolaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas ce qui...
M. TESSIER: D'ailleurs, j'ai parlé du bill 27 mais je peux dire
que tout a été examiné par rapport à la politique
d'ensemble au ministère de l'Education, qui comprend d'ailleurs
plusieurs projets de loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, dans le mémoire qui
nous est présenté ce matin au sujet du terme "agriculteur", on se
souviendra que vous nous avez proposé l'autre jour un amendement. Est-ce
que la Fédération des commissions scolaires a été
informée de cette modification qui n'annule rien mais vient tout
simplement apporter un éclairage sur ce sujet qui a été
discuté et par le ministère de l'Agriculture et celui de
l'Education? Est-ce que le ministre a un texte?
M. TESSIER: Pour l'information de M. Blackburn, M. le Président,
l'article 1 m) sera amendé de manière à ne pas
définir le mot "agriculteur". Au lieu de s'attacher à la
définition de la personne, c'est le fonds même qui sera
défini comme j'ai eu l'occasion de le déclarer à la
dernière ou à l'avant-dernière séance, je crois, de
la présentation d'autres mémoires, notamment celui de l'UCC et de
groupes d'agriculteurs ou d'horticulteurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne veux pas embarrasser le ministre avec
cela, mais, est-ce qu'il y aura des textes disponibles et qui pourraient nous
être remis?
Si vous répétiez la définition qui n'est
peut-être pas encore définitive...
Réimpression du projet de loi
M. TESSIER: Je peux la répéter. Je puis vous dire
qu'actuellement, à la suite de la présentation des divers
mémoires, quoique ce soit la cinquième séance que nous
tenons aujourd'hui, il y a 101 articles qui seront modifiés, 27 seront
annulés et neuf seront maintenus; de plus 19 nouveaux articles seront
ajoutés, ainsi que cinq nouvelles définitions à l'article
1.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un nouveau projet de loi.
M. TESSIER: Et ce n'est pas terminé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela revient à ce qu'on avait dit.
M. TESSIER: Il est possible qu'à la suite de la
présentation des mémoires aujourd'hui, ceux qui restent à
être présentés, il puisse y avoir encore d'autres
modifications. Nous avons siégé hier soir au comité de
législation, et nous avons commencé à repasser les
amendements, article par article. Nous avons l'intention de continuer demain et
après-demain et je me propose, à ce moment-là, de faire
réimprimer complètement le bill 48 parce qu'il va y avoir
tellement de modifications, de papillons d'apportés que je pense qu'il
vaut mieux arriver avec un texte dans lequel on tiendra compte des
recommandations et suggestions faites par les divers mémoires. Disons
qu'on tient compte, surtout, de certains consensus qui ont été
exprimés.
A titre d'exemple, un amendement est apporté alors que ce
changement est demandé dans neuf mémoires. Dans les autres
mémoires, on ne touche pas à cette question. Nous avons tenu
compte de ça et c'est pourquoi je pense bien que la semaine prochaine
je l'espère du moins je serai en mesure de faire
distribuer un nouveau texte, avant que nous ne commencions à
procéder à l'étude article par article.
M. PAUL: A la suite de l'impression de ce nouveau texte, est-ce que le
ministre a l'intention de convoquer les membres de la commission parlementaire
pour faire une analyse de ce nouveau texte avec celui du présent projet
de loi 48, et est-ce que le ministre a l'intention d'entendre d'autres corps
intermédiaires au sujet de ce nouveau texte de loi?
M. TESSIER: Non, je crois que nous avons agi très
démocratiquement, nous avons donné la chance à tout le
monde de présenter des mémoires, et ceci, en dehors de plusieurs
autres consultations, de multiples consultations qui ont eu lieu, de lettres
également dont les membres de la commission ne sont pas au courant. Nous
avons eu des représentations, soit verbales soit par écrit, en
dehors des mémoires; nous avons tenu compte de tout ça. Si on
peut résumer la situation, nous avons peut-être eu au-delà
de 100 représentations sous différentes formes d'associations et
de corps intermédiaires de tout le Québec.
Alors, en tenant compte de tout cela, nous allons rédiger et
amender la plupart des articles du bill 48. Pour répondre plus
directement à votre question, oui, la commission parlementaire des
Affaires Municipales se réunira pour étudier le nouveau
texte.
M. PAUL: Est-ce que de nouveaux principes sont introduits ou seront
introduits dans le nouveau projet de loi?
M. TESSIER: Non. Au point de vue des principes, non.
M. PAUL: Est-ce qu'il y en a qui disparaîtront?
M. TESSIER: Non, non plus.
M. PAUL: Les principes de base demeurent.
M. TESSIER: Il s'agit d'une nouvelle rédaction tenant compte des
suggestions très valables qui nous ont été faites au cours
des différentes séances.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre a parlé de nombreuses
consultations, ce dont nous ne doutons pas; il a parlé d'autre part
d'avis qu'il a reçus sous forme de lettres, etc. je mets de
côté bien entendu les avis juridiques mais est-ce que ces
avis lui ont été présentés par des organismes, par
des corps intermédiaires, par des individus intéressés
à ce projet de loi ou par des organismes qui ne sont pas venus devant
nous?
M. TESSIER: Plusieurs avis proviennent d'organismes qui sont venus
devant nous, qui par exemple, on voulu ajouter quelque chose à leur
mémoire ou encore, à la suite de certaines déclarations
qui ont été faites à cette commission à l'effet que
tel article serait amendé dans tel sens, qui ont voulu exprimer une
opinion disant qu'ils étaient d'accord là-dessus ou qu'ils
suggéraient d'ajouter un ou deux mots à ce que l'on avait
exprimé. Il y en a d'autres qui viennent de la part de conseillers
juridiques de certains organismes qui n'ont pas présenté de
mémoire et qui s'attardaient plutôt à la rédaction
d'un article ou de deux articles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre ne croit pas que ces
documents je ne parle pas de documents rigoureusement privés ou
d'avis qu'aurait requis le ministre ne doivent pas être
déposés ici à la commission afin que nous en prenions
connaissance et que
nous puissions faire la collation des textes pour voir exactement s'ils
correspondent aux représentations qui nous ont été faites
et quelles sont les modifications qui ont été
suggérées à la suite des auditions?
M. TESSIER: M. le Président, il me fera plaisir, lors de l'examen
par cette commission de certains amendements de donner à chaque fois que
ce sera possible les sources des changements qui ont été faits,
de dire: Cela, c'est à la suite de représentations par exemple de
telle personne ou de tel organisme.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et sur ce, il n'est pas suffisant de donner
les sources, il faut quand même avoir les textes, surtout s'il s'agit
d'organismes publics. Il n'y a pas de secrets d'Etat là-dedans, ce ne
sont pas des consultations avec le ministre, ce sont des consultations qui font
suite à ces audiences publiques que nous avons tenues. Or, j'aimerais
bien que nous ayons les textes mêmes...
M. TESSIER: Je pourrais peut-être...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A moins que le ministre ne se soit
engagé et n'ait donné des assurances personnelles.
M. TESSIER: Je pourrais peut-être ajouter que, il n'est pas
question de confidences dans cela, les représentations qui nous ont
été faites soit par lettre ou soit verbalement, on peut trouver
tout cela dans les mémoires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre entend-il nous présenter
comme l'a fait son collègue de l'Education un rapport de synthèse
sur l'ensemble des suggestions qui nous ont été faites et qui se
trouvent contenues dans les mémoires...
M. TESSIER: J'aurai l'occasion comme je l'ai mentionné justement,
de faire un rapport de synthèse, article par article, en somme, en
regard des mémoires que nous avons reçus, de motiver les
changements qui ont été faits. Alors, j'espère du moins
que cela sera satisfaisant pour les membres de cette commission...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie...
M. TESSIER: ... et je serai toujours heureux de répondre aux
questions qui pourront m'être posées à ce
moment-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De toute façon nous ne manquerons pas
de le faire. M. le Président, je remercie le ministre des renseignements
qu'il nous donne. Je voudrais dire à M. Blackburn et à la
Fédération des commissions scolaires que nous avions
déjà étudié ce mémoire. Il y a
évidemment des propositions, plu- sieurs propositions qui nous ont
déjà été faites par d'autres organismes, donc tout
cela se recoupe. Le ministre a annoncé, a déclaré son
intention d'en tenir compte le cas échéant, compte tenu
naturellement de l'économie générale de la loi, nous ne
manquerons pas de faire valoir certains des points de vue que vous avez
exprimés.
Il reste cependant dans mon esprit une certaine inquiétude, c'est
cette éventuelle loi sur la fiscalité scolaire qui pourrait
peut-être remettre en cause certains principes de la loi que
présente le ministre des Affaires municipales. J'imagine qu'à ce
moment-là vous saurez faire valoir vos points de vue, faire les
représentations utiles, à condition bien entendu que cela ne soit
pas trop tard et que cela ne mette pas en cause ce que vous pratiquez
actuellement dans le domaine de la fiscalité scolaire. En ce qui me
concerne, M. le Président, je n'ai pas d'autre observation à
faire ni d'autre question à poser à la fédération,
que je remercie.
M. LE PRESIDENT: Pas d'autre question?
M. TESSIER: M. le Président, si vous le permettez, juste pour
ajouter quelques mots, une remarque simplement, à la suite du
député de Chicoutimi, dans le cas du projet de fiscalité
scolaire. Il s'agit pour le ministère de l'Education d'établir
des normes de taxation alors que, par le bill 48, nous voulons établir
des normes d'évaluation. Il s'agit de préciser que les normes de
taxation des commissions scolaires, si j'ai bien compris les discussions qui
ont eu lieu avec le ministère de l'Education, seront basés sur
les normes d'évaluation établies par le bill 48.
M. LE PRESIDENT: Oui...
M. LATULIPPE: M. le Président, s'il m'était permis...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si je puis revenir là-dessus, le
ministre dit fort bien qu'il s'agit dans un cas de normes d'évaluation
et, dans l'autre cas, dans le cas de la loi qui viendra, de normes de taxation.
Mais le ministre, dans son esprit, bien entendu, fait le lien nécessaire
et essentiel entre les deux, les normes d'évaluation et les normes de
taxation...
M. TESSIER: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...parce que...
M. TESSIER: C'est précisément...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...je ne pense pas qu'on puisse traiter d'un
sujet sans examiner l'autre. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé
au ministre s'il connaissait le principe ou les principes et les
modalités de la loi que doit déposer le ministre de l'Education,
dont le ministre n'avait d'ailleurs pas entendu parler
jusqu'au jour où nous lui avons annoncé qu'il y aurait une
loi sur la fiscalité scolaire.
M. TESSIER: C'est pour cela que j'ai dit que les pourparlers et les
discussions ont été constants entre les fonctionnaires du
ministère des Affaires municipales et ceux du ministère de
l'Education à ce sujet-là et qu'il y a eu une parfaite entente et
collaboration entre les deux ministères.
M. PAUL: Est-ce que le ministre nous avait bien dit qu'il y avait eu
collaboration aussi avec son collègue de l'Agriculture à ce
sujet?
M. TESSIER: Je puis dire, M. le Président, qu'il y a eu
consultation avec onze ministères.
M. PAUL: Est-ce que vous parlez de ministères ou de
ministres?
M. TESSIER: Je parle de ministères.
M. PAUL: Vous n'aviez donc pas discuté de ce problème
d'évaluation, de la définition des termes que l'on retrouve aux
articles 1 et 30, personnellement avec le ministre de l'Agriculture?
M. TESSIER: En ce qui concerne le ministre de l'Agriculture, oui.
M. PAUL: Eh bien, je peux vous dire qu'il n'en a pas eu connaissance,
parce qu'à l'étude du bill 64, il nous a dit qu'il n'en avait pas
été question.
M. TESSIER: Nous en avons discuté encore la semaine
dernière, pour votre information.
M. PAUL: Oui, mais avant la semaine dernière.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est avant...
M. TESSIER: Avant la semaine dernière, il y a eu discussion au
niveau des fonctionnaires, au niveau des sous-ministres. Il n'y a
peut-être pas eu de discussions au niveau des deux ministres en ce qui
concerne une définition précise, comme celle de l'agriculteur,
par exemple, mais j'ai eu l'occasion, encore ces jours derniers, d'en parler
avec mon collègue, le ministre de l'Agriculture et nous avons
parlé des discussions qui ont eu lieu au niveau des fonctionnaires
à ce sujet-là et au niveau des sous-ministres.
M. PAUL: Le 2 novembre, vous aviez dit que vous aviez discuté
personnellement du problème avec le ministre de l'Agriculture
lui-même. Vous nous dites maintenant...
M. TESSIER: Peut-être pas de ce problème-là en
particulier, mais j'ai eu l'occasion personnel- lement d'en discuter avec le
ministre de l'Agriculture. Je ne peux pas vous dire si c'est sur tel point en
particulier mais on a discuté de l'ensemble, de principes si vous
voulez, de principes de base. On ne s'est pas attardé à des mots,
à des virgules dans des définitions, c'est ce que je veux dire.
Je veux préciser ma pensée. Si je n'ai pas été
assez clair le 2 novembre, ce sont les principes de base que j'ai
discutés, au niveau du ministre. Quant aux définitions, à
la rédaction, à la terminologie, cela s'est fait au niveau des
fonctionnaires.
M. LATULIPPE: M. le Président, j'aurais une question à
poser à M. Blackburn. J'ai pris connaissance assez rapidement de votre
mémoire. A la page 9, aux articles 104 et 21, vous dites que vous
êtes favorables ou vous le laissez entendre à ce que
le ministre taxe en fonction du revenu brut. Est-ce que vous ne croyez pas
à ce moment-là, c'est exactement l'équivalent d'une
taxe de vente qu'il y aurait peut-être avantage à
transférer cette modalité de taxation au ministère du
Revenu par une taxe de vente, afin d'éliminer, pour le ministère
des Affaires municipales, l'utilisation d'enquêteurs spéciaux et
de normes spéciales de taxation sur le revenu brut pour les entreprises
de câblodiffusion, de câbles et autres, tel que c'est décrit
à l'article 21?
M. PAUL: M. le Président, avant que M. Blackburn nous
réponde, je dois immédiatement m'inscrire en faux et protester
contre la suggestion qui est faite par le député du Ralliement
créditiste, parce que, personnellement, nous sommes contre toute
nouvelle imposition de taxes, que ce soit par le ministère du Revenu ou
par tout autre ministère. Je comprends mal qu'un député
créditiste, ce matin, suggère à M. Blackburn d'entrer en
communication ou de faire des recommandations au ministère du Revenu
pour imposer de nouvelles taxes. Je dois m'inscrire en faux, M. le
Président, contre cette suggestion que, personnellement, je n'approuve
en aucune façon.
M. LATULIPPE: M. le Président, dans un cas comme dans l'autre, il
s'agira toujours de taxation et les résultats seront toujours les
mêmes. S'il y a moyen d'éviter des frais additionnels à
l'Etat, je crois que c'est le devoir de l'Etat de voir au moins à
éviter les frais. A mon avis, à l'article... Je ne sais pas si
les commissions scolaires... J'ai demandé en toute bonne foi si on avait
envisagé une pareille éventualité, parce qu'à mon
point de vue ce serait de nature à diminuer au moins les frais de
perception. Actuellement, on sait que nous serons taxés de toute
façon. Nous ne sommes même pas certains que cela correspondra
à une augmentation de taxe foncière. Depuis toujours, les
entreprises de cette nature ont été exemptées d'un champ
de taxation et on doit
l'avouer, dans les conseils municipaux, ça faisait un peu la
jalousie des autres commerces qui voyaient que certains commerces
étaient exempts des taxes municipales et scolaires. Je pense que tout le
monde est d'accord pour reconnaître que tout le monde doit participer aux
taxes scolaires et municipales, même les entreprises comme la
câblodiffusion et les entreprises de distribution de gaz, huile et
autres, parce qu'actuellement elles en sont exemptes. C'est aussi une question
de justice, de justice distributive qu'il faut voir là-dedans. A mon
point de vue, actuellement, aux articles 104 et 21, on aboutit à une
double forme de taxation, parce que c'est exactement taxé sur le revenu
brut, c'est exactement l'équivalent d'une taxe à la vente. A mon
point de vue, il y aurait certainement avantage à faire quelque chose.
Je m'informais auprès de M. Blackburn pour savoir si on avait
envisagé une telle éventualité et si, en tant que
représentant des commissions scolaires, il serait favorable ou non
à une pareille mesure.
M. BLACKBURN: C'est à moi à répondre, M. le
Président? Nous ne nous sommes pas arrêtés sur la base
même. A l'article 104, l'amendement que nous apportons, c'est pour la
distribution des sommes qui vont être perçues dans cette forme de
taxation. Vous parlez de taxe de vente, je ne sais pas comment vous pouvez
appliquer cela, parce que lorsqu'on parle de revenu brut à l'article 104
ou aux articles qui s'y rapportent, on parle de ne pas évaluer le
réseau de certaines compagnies, on remplace cette évaluation par
le revenu brut dans la municipalité et c'est sur le revenu brut qu'on va
taxer. La seule chose sur laquelle on s'est penché, c'est la
répartition de cette taxe qui se fera sur le revenu brut.
M. LATULIPPE: Il reste quand même qu'à l'article 104, il
est dit que le ministre va imposer une taxe uniforme dans toute la province de
Québec. A moins que je ne me trompe ou que j'interprète mal.
M. BLACKBURN: Oui, oui, ils vont...
M. LATULIPPE: Les revenus bruts de cette entreprise seront taxés
pour tenir compte de lieu de taxes municipales et scolaires sur
l'équipement...
M. BLACKBURN: C'est cela.
M. LATULIPPE: Donc, ce sera une taxe uniforme qui sera répartie
dans toute la province de Québec.
M. BLACKBURN: Oui.
M. LATULIPPE: Le revenu brut, c'est ni plus ni moins que le revenu des
ventes, dans n'importe quel genre d'entreprise.
M. BLACKBURN: Oui.
M. LATULIPPE: A ce moment-là, ça revient exactement au
même résultat. Si le ministère du Revenu faisait une
réserve spéciale, comme il le fait actuellement pour les
municipalités pour un certain taux de taxation à la vente,
ça reviendrait exactement au même résultat avec moins de
frais. Parce que le ministère du Revenu est aussi capable que le
ministère des Affaires municipales de retransmettre les sommes
perçues au prorata que vous avez suggéré aux commissions
scolaires.
On éviterait le double emploi de fonctionnaires pour faire une
même chose.
M. BLACKBURN: Je n'ai pas d'objection à ce que le
ministère du Revenu et le ministère des Affaires municipales
s'entendent ensemble. C'est simplement sur la répartition de cette taxe
que nous avons présenté cet amendement à l'article.
M. LATULIPPE: Il reste que j'aimerais aussi ajouter que je ne suis pas
favorable à l'imposition de nouvelles taxes supplémentaires.
C'est à titre de suggestion que j'aimais aborder le problème de
cet article, parce qu'il me paraissait un peu ardu. D'autre part, il y a aussi
des fuites possibles je tiens à attirer l'attention du ministre
là-dessus entre les entreprises d'huile et les entreprises de
distribution de gaz propane, parce que je connais très bien le sujet,
parce que je participe à des entreprises comme celles-là. Les
entreprises d'huile, elles, vendent leur équipement. La majorité
des entreprises de gaz propane le louent ou la location est comprise dans le
prix de vente. L'entreprise de gaz qui voudrait éviter demain matin
d'être taxée n'a qu'à vendre son équipement. Je ne
sais pas si le ministre a prévu dans sa loi d'inclure à
l'évaluation des immeubles ces meubles par destination tels un
réservoir d'huile...
M. TESSIER: M. le Président, je pense qu'on rentre dans des
détails qu'il y aura lieu de discuter, sur lequels je serai heureux de
fournir toutes les explications lorsque nous étudierons le projet de
loi, article par article. Parce que si nous commençons ce matin à
entrer dans ces détails-là...
M. LATULIPPE: Je suis d'accord.
M. TESSIER: ...il y a des gens qui attendent ici pour présenter
leur mémoire et il faudrait absolument qu'à la fin de la
journée nous ayons fini la présentation des mémoires si on
veut commencer à étudier la loi, article par article.
M. LATULIPPE: Je suis d'accord, mais je tenais quand même à
souligner...
M. TESSIER: Oui, mais je prends bonne note de la remarque du
député.
M. BLACKBURN: M. le ministre, c'est simplement pour la
répartition de cette taxe; nous ne nous sommes pas arrêtés
à penser si c'était mieux de le faire sur le revenu brut ou sur
une taxe de vente, cela n'était pas notre problème, c'est la
répartition même que nous avons étudiée et que nous
recommandons ici.
M. TESSIER: C'est parfait. Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. BELAND: D'abord je précise une chose qui mérite
d'être soulignée, c'est que, justement, nous, du Ralliement
créditiste, lorsque nous allons un peu plus avant vis-à-vis d'un
article précis ou vis-à-vis des possibilités de
changements, on tend à nous rappeler à l'ordre. Je crois qu'il
est de mon devoir de dire au ministre que nous sommes tout simplement
mandatés exactement comme lui par le peuple et je pense qu'à ce
moment-là...
M. TESSIER: Quand ai-je rappelé un député à
l'ordre?
M. BELAND: ...nous devons regarder le plus avant possible
vis-à-vis de chaque personne qui vient présenter des
mémoires. Or, une autre...
M. TESSIER: Je n'ai jamais rappelé un député
à l'ordre.
M. BELAND: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je vous rappelle tous
les deux à l'ordre. Que je sache, le président est le seul qui a
le droit de rappeler un député à l'ordre. Il n'a pas
rappelé votre collègue à l'ordre. C'est le ministre qui a
répondu à sa façon.
M. BELAND: M. le Président, j'aurais une question à poser
justement au ministre. Est-ce que le projet de loi a été
préparé par des personnes qui avaient de l'expérience en
milieu urbain et en milieu rural?
M. TESSIER: Oui.
M. BELAND: Merci.
J'aurais une question à poser à M. Blackburn. En ce qui
concerne la page 4, vous avez ici une observation, qui, à mon sens, est
d'une grande logique de votre part, lorsque vous dites: On souhaiterait une
définition de l'expression "exploitation agricole ou ferme" qui
remplacerait la définition du mot "agriculteur".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On l'a discutée maintes fois, M. le
Président.
M. BELAND: Il est entendu que je ne pose pas la question au
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement. Voilà une question que nous avons discutée je
ne sais combien de fois. A chaque mémoire c'est revenu. Nous avons dit
que nous allions reconsidérer la définition de l'agriculteur ou
de l'exploitation agricole...
M. BELAND: M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...le ministre vient encore de le dire; je
veux bien que le député s'exprime tant et tant de fois, qu'il
fasse appel à l'ombudsman s'il se croit maltraité, mais qu'on ne
recommence pas la messe pour les sourds, chaque fois qu'on revient à ce
terme-là!
M. BELAND: M. le Président, je crois que je m'adressais à
M. Blackburn dans une observation et non au député de Chicoutimi.
Alors, voici...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Blackburn a compris bien avant vous.
M. BELAND: ...ici en ce qui concerne...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il est de Chicoutimi d'ailleurs.
M. BELAND: Est-ce que vous le rappelez à l'ordre ou si ce matin
on doit réellement le sortir?
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière a la
parole et je lui demanderais de poser sa question à M. Blackburn.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En français ou en anglais.
M. BELAND : Merci. Voici au sujet de l'article lm). Tel que
stipulé, il est entendu que c'est assez confus dans le projet de loi no
48. Or ma question est celle-ci: En ce qui concerne "l'exploitation agricole ou
ferme", tel que vous aimeriez qu'elle soit définie, est-ce que vous avez
une définition approximative en vue, évidemment, de la taxation?
Parce qu'en somme, disons que le projet de loi no 48 concerne le rôle
d'évaluation, etc., etc. A ce moment-là, il est entendu qu'au
point de vue de l'exploitation agricole, c'est très important, parce
qu'il y a une foule de facettes différentes qui doivent être
envisagées. C'est justement à cause de cela que je vous pose la
question, parce que vous avez peut-être une définition plus exacte
qui devrait être incluse dans le projet de loi.
M. BLACKBURN: Nous ne nous sommes pas arrêtés à une
définition exacte de l'exploitation agricole. Nous avons tout simplement
dit "exploitation agricole ou ferme", sauf que nous donnons certains
critères à la page 5, si vous avez remarqué. Valeur
réelle agricole, c'est un
enchaînement des deux à ce moment-là. Disons que,
pour nous, c'est la terre même que l'on veut évaluer, ce n'est pas
l'homme. Et à ce moment-là, nous laissons le soin au ministre des
Affaires municipales, ou à l'UCC, ou au ministère de
l'Agriculture, de déterminer ce qu'ils entendent par ferme agricole.
Mais il faudrait que ce soit basé sur le fonds de terre même, et
l'on dit "la rentabilité de la ferme, le caractère de
l'exploitation agricole, la valeur de productivité de la terre en
culture, le pourcentage de productivité qui motive la classification."
Ce sont les critères que nous apportons et nous disons: Ils
détermineront maintenant.
Je voudrais peut-être dire tout de suite que nous savions que M.
le ministre avait dit qu'il changerait cette définition. Mais notre
mémoire était déjà préparé depuis
deux mois et nous devions le présenter au début de novembre.
Quelque chose est arrivé à la dernière minute et nous
n'avons pas pu le présenter. C'est pour ça que nous l'avons
présenté tel quel.
M. BELAND: A ce moment-là, en parlant de valeur réelle
agricole, à la page 5, est-ce que vous voulez principalement souligner
la valeur exploitée de la ferme, ou la valeur organique, valeur en tant
que situation géographique d'éloignement ou de rapprochement de
secteurs urbains ou encore...?
M. BLACKBURN: C'est ça. Je pense que tous ces critères
vont entrer en ligne de compte dans l'exploitation agricole. Lorsque nous avons
préparé ce mémoire-là, nous avions avec nous des
évaluateurs qui prétendent ce n'est pas moi qui suis
capable de faire l'exploitation agricole, de déterminer, de donner des
critères que c'est assez facile à déterminer.
M. BELAND: Très bien, merci.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres questions, nous vous
remercions, M. Blackburn, ainsi que votre compagnon, au nom de la
Fédération des commissions scolaires. J'inviterais maintenant Me
Lesage à nous entretenir pour les quelques instants qu'il a dit pouvoir
nous consacrer.
M. BLACKBURN: Merci.
Eglises catholique, orthodoxes et protestantes
M. LESAGE: M. le Président, le mémoire qui a
été déposé devant vous a été
présenté à l'ordre du jour comme étant le
mémoire des archevêques et évêques de l'Eglise
catholique romaine de la province de Québec, Mais comme je l'ai
souligné tout à l'heure et ceci pourrait être du
plus grand intérêt pour le ministre des Affaires municipales
c'est que ce mémoire n'est pas un mémoire, mais ce sont
six mémoires, vu que le ministre semble se baser sur le nombre de
mémoires pour faire un consensus et accepter un amendement.
J'aimerais que le ministre note que lorsque je parle, je parle de six
mémoires, d'un consensus de six mémoires. Cela pourrait
peut-être inciter le ministre à suivre attentivement les remarques
que nous avons l'intention de faire.
Alors, M. le ministre, je rappelais que ce sont six mémoires.
M. TESSIER: Pardon?
M. LESAGE: Le mémoire qui est devant vous...
M. TESSIER: Vous représentez six associations.
M. LESAGE: Ce sont six mémoires, c'est un consensus de six; parce
que vous semblez attacher beaucoup d'importance au fait que si sept
mémoires disent la même chose, c'est bon, on l'accepte. Alors, ce
sont six mémoires qui disent la même chose. C'est la
quantité qui a semblé vous importer tout à l'heure, alors
nous sommes en mesure de vous présenter non seulement la
quantité, mais également la qualité. Les archevêques
et évêques de l'Eglise catholique romaine représentent et
sont fiduciaires de biens dans la province qui sont administrés
eux-mêmes par des fiduciaires de 1850 fabriques. Ils ont également
la charge de tous les biens et la responsabilité de la grande
majorité des biens religieux des congrégations religieuses et
également, évidemment, des biens épiscopaux.
L'Eglise orthodoxe grecque, pour sa part, est une Eglise dont les
activités sont relativement réduites, tout au moins dans le
Québec, et dont les biens sont moins nombreux. Il en est de même
pour l'Eglise dite Pentecostal Assembly of Canada, mais il n'est est pas ainsi
pour l'Eglise anglicane qui groupe je l'ai en note ici quelque
310 paroisses ou congrégations et le United Church, l'Eglise Unie du
Canada, qui, elle, en groupe environ 260.
Le but du mémoire je n'ai pas l'intention de le lire, je
présume que ce mémoire a été lu par les membres de
la commission est de demander, en ce qui regarde les lieux de culte,
à savoir les églises et la maison curiale ou le
presbytère, ou dans le cas des églises protestantes ou des
synagogues, que le lieu de culte même soit exempt de toute taxe
foncière. L'on sait qu'actuellement la Loi des cités et villes,
le code municipal permettent la taxation des lieux de culte pour ce que l'on a
appelé les services municipaux. Je me permets de vous faire remarquer
que cette notion de services municipaux est une notion historique au
Québec en ce qui regarde les biens religieux et on ne voit ça
dans aucune législation; cette notion n'est pas juridique. Il y a eu une
cause, la cause de la cité de Lévis, et du gouvernement du
Canada, où je crois que le gouvernement du Canada disait: Je ne veux pas
payer telle taxe je crois que c'était la taxe d'eau parce
que c'est un service municipal. L'on a dit: Cela n'existe pas, un
service municipal. Ou c'est une taxe ou ce n'en est pas une; vous n'avez
pas le choix. Mais cette notion est venue parce que, historiquement chez nous,
il y a plusieurs années, le centre de nos petites municipalités
était autour de l'église et de la fabrique et la fabrique
elle-même contribuait au développement de la municipalité.
Quand un besoin ou un service municipal nouveau était demandé, la
fabrique qui était ordinairement le plus gros immeuble du village en
profitait et voulait y collaborer. C'est de cette façon qu'est venue
cette notion de service municipal qui n'a jamais été
définie. Et même dans la Loi des cités et villes, article
527, on se garde bien de définir "services municipaux". On indique que
certains articles seront taxés. Probablement que c'est un juriste qui a
préparé cet article-là et qu'il savait justement que cette
notion juridique n'existe pas. Mais en ce qui regarde le fond même du
problème, en ce qui regarde les lieux de culte, rappelons-nous d'abord
qu'en France, il n'y a aucune taxe de quelque nature que ce soit sur les lieux
de culte. Ce sont des biens nationaux. Aux Etats-Unis, par exemple
l'église Saint-Patrice à New York, est exempte
complètement de toute taxe. L'Etat de la Californie ne taxe aucunement
ses lieux de culte. Dans la province d'Ontario, il y a eu le rapport Davis et
l'on constate que dans presque tous les cas et personnellement, j'ai
vérifié avec certaines paroisses, avec l'Archevêché
de Toronto, d'une part, et certaines paroisses à Ottawa c'est un
don que l'évêque ou les paroisses font volontairement à
l'Association des pompiers et des policiers. Mais jamais personne n'ose taxer
le lieu de culte. Les musulmans ne le font pas. Les juifs ne le font pas en
Israël. Cela ne se fait pas en France.
Ici, à Québec, notre église on ne la voit
pas d'ici, mais je me croyais au palais de justice, on la voit du palais de
justice l'église anglicane est exempte par sa charte, parce que
c'est une Eglise d'Angleterre et elle ne paie pas de taxes pour les lieux de
culte en Angleterre non plus. C'est dans le Québec, où
curieusement, on veut consacrer dans un projet de loi une coutume historique
qui n'a jamais eu de fondement juridique. Alors, nous vous demandons que la
province de Québec, en ce qui regarde ses lieux de culte, procède
au moins comme on procède partout ailleurs dans le monde. En Egypte, les
mosquées ne sont pas taxées et au Québec nos
églises catholiques sont taxées. C'est ce qu'on veut faire.
D'ailleurs, savez-vous, elles sont taxées, mais elles le sont
d'une façon curieuse, parce que ça varie infiniment d'une
paroisse à une autre. On a des notions diverses. Je vais vous donner un
exemple: la ville de Sainte-Foy, ici, tout près de Québec, avait
compris dans son service total d'opération le service de
déneigement et ceci ne constituait pas je ne sais pas trop par
quelle notion un service municipal à Sainte-Foy. Dans le but
d'imposer une taxe, on a sorti du budget cet article concernant le
déneigement et on en a fait un genre de petite taxe à part. Et
maintenant, on veut imposer les lieux de culte. Autre exemple: à
Montréal, la taxe d'eau qui n'est qu'une taxe foncière
déguisée est considérée, elle, comme un service; et
on taxe ainsi les lieux de culte.
M. PAUL: M. Lesage, est-ce que vous ne croyez pas que la taxe d'eau est
une taxe de service? Parce qu'une taxe foncière frappe...
M. LESAGE: Cela n'existe pas, M. Paul, une taxe de service. On a une
notion historique qui n'est pas juridique. Cela n'existe pas. C'est une taxe ou
ce n'en est pas une.
M. PAUL: Celui qui veut bénéficier d'un service doit en
payer le coût et le prix. Vous admettrez que c'est juridique.
M. LESAGE: Mais celui qui n'en veut pas est-il obligé de s'en
servir?
M. PAUL: Non, mais il n'est pas obligé de payer pour ce
service.
M. LESAGE: Alors, que faites-vous du jugement de la cour Suprême
et du Conseil privé dans le cas de Lévis où cela a
été décidé que ça n'existe pas du moment
que..? Que ça s'appelle taxe de service ou non, c'est une taxe et tout
contribuable y est soumis. Je regrette, mais juridiquement, cela n'est pas
vrai.
M. PAUL: Mais écoutez, si vous voulez bénéficier
d'un service vous allez payer pour ce service.
M. LESAGE: Mais si je n'en veux pas du service, moi?
M. PAUL: Si moi, dans ma petite ville de Louiseville, à un moment
donné, je ne veux pas bénéficier du service d'aqueduc je
ne paierai pas pour le service d'eau.
M. LESAGE: Ah oui!
M. PAUL: Je ne paierai pas pour le service d'eau. Je vais payer pour la
taxe foncière, mais je ne paierai pas pour le service d'eau. Si je ne
suis pas abonné à l'aqueduc municipal, je ne paierai pas de taxe
pour le service de l'eau. Je vais payer la taxe foncière
nécessaire à la municipalité pour s'acquitter de ses
obligations, mais je ne paierai pas une taxe dite d'eau payable $60.00 ou
$70.00 par année. Je vais payer comme tout autre contribuable une taxe
foncière qui pourrait grever mon immeuble ou mes immeubles...
M. LESAGE: Qui est la taxe générale. M. PAUL: Oui.
M. LESAGE: Mais Louiseville, évidemment, a toujours
été, j'en conviens, une ville extraordinaire.
M. PAUL: Ah! c'est une excellente... D'ailleurs, c'est la patrie de vos
ancêtres; c'est pour ça que j'ai pris cette ville-là.
M. LESAGE: Mes ancêtres viennent de là, M. Paul. Alors je
comprends que Louiseville soit une ville d'exception; mais Lévis ne l'a
pas compris. La cour Suprême n'a pas compris ce que vous venez de dire.
Le Conseil privé non plus.
M. PAUL: Elle ne comprend pas toujours, la cour Suprême. Vous
savez, la cour Suprême est une cour qui a souvent une
interprétation à sens unique.
M. LESAGE: Oui et très bizarre, j'en conviens. Mais du moment que
nous avons l'exception de Louiseville.
Mais pour revenir aux principes de l'exemption totale des lieux de
culte, savez-vous combien il est perçu uniquement dans la ville de
Québec, pour des lieux de culte sur un budget de $44 millions environ?
Il est perçu, en vertu de ces supposées taxes, services payables
ou pas payables, enfin les gérants municipaux, M. Paul prétend
qu'on doit les payer, $30,000.
M. PAUL: Pardon.
M. LESAGE: Trente mille dollars.
M. PAUL: Les gérants municipaux, $30,000?
M. LESAGE: Non. En tout, de taxes qui sont payées. Toutes les
Eglises de la ville de Québec: $30,000. Alors que la perte, s'il faut
s'en tenir aux dollars et cents, est si minime, pourquoi l'Assemblée
nationale ne consacrerait-elle pas ce principe qui est reconnu dans tous les
pays du monde, qu'un lieu de culte n'est pas taxable?
M. TESSIER: La situation que vous venez de mentionner pour
Québec, n'existe pas nécessairement ailleurs dans d'autres
municipalités.
M. LESAGE: Il y a Sillery, quel est notre budget à Sillery?
M. TESSIER: Je crois que...
M. LESAGE: Cinq millions et combien paient nos deux églises?
Mille dollars à Saint-Charles-Garnier, et soixante-quinze dollars
à Saint-Michel.
M. TESSIER: Naturellement, dans d'autres secteurs ce n'est pas la
même chose.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Chers confrè- res, lorsque vous parlez
de la situation dans les autres pays, je pense que votre argument est en porte
à faux. La plupart du temps, dans les pays dont vous parlez la
religion généralement pratiquée, considérée
comme religion d'Etat on est en régime théocratique. C'est
le cas d'Israël, c'est le cas de l'Egypte, c'est le cas des pays
musulmans. Par conséquent, ces églises-là, ces lieux de
culte, sauf les lieux de culte qui ne soient pas musulmans, mahométans,
etc., sont des lieux de culte, enfin des bâtiments qui se trouvent
propriétés d'Etat étant donné qu'il y a
théocracie, c'est-à-dire un régime selon lequel l'Etat
reconnaît l'existence d'une religion officielle qui est celle de l'Etat.
Il y a eu évidemment des bouleversements, depuis un certain nombre
d'années, qui ont changé petit à petit ces situations.
Peut-être que les choses en sont restées dans l'état
où elles se trouvaient; à l'heure actuelle, à part le cas
d'Israël, de l'Egypte, de la Turquie, de la Syrie, etc., je ne crois pas
que vous puissiez invoquer cet argument-là à l'appui de votre
thèse et il y a beaucoup d'autres meilleurs arguments que cela pour que
nous soyons très sympathiques, d'ailleurs nous le sommes
déjà, à la requête que vous présentez. Mais
ne plaidez pas en vous appuyant sur des arguments que vous tirez de l'exemple
de certains pays où il y a coexistence de l'Eglise, non pas coexistence,
mais consécration d'une religion par l'Etat, comme c'est le cas
notamment d'Israël, de l'Egypte, de la Turquie, de la Syrie, du Liban et
même du Pakistan et dans certaines régions de l'Inde, de l'Inde
orientale...
M. LESAGE: Une partie des Indes, aussi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors ce n'est pas un argument très
fort. Et en Angleterre.
M. LESAGE: L'Eglise d'Angleterre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En Angleterre, vous savez comme moi que la
reine est la papesse des hérétiques, c'est le chef de l'Eglise
anglicane, de la High Church of England. Par conséquent, il s'agit
encore là de propriété d'Etat. Et lorsque vous parlez de
la France, les églises sont des monuments publics depuis le moment
où l'on s'est emparé des biens du clergé. L'Etat a pris
alors sur lui de payer les frais qu'encourent les gens qui administrent ou qui
exploitent ces lieux de culte. Ces arguments-là ne valent pas ici,
où il n'y a ni concordat et où il n'y a ni régime
d'alliance entre l'Eglise et l'Etat.
M. LESAGE: Est-ce que je pourrais vous faire remarquer, chers
confrères, qu'ici nos lieux de culte sont régis par la Loi des
fabriques. De quelle façon sont-ils régis? Ils sont régis
par des fiduciaires qui ne peuvent en disposer. D'accord. On ne peut disposer
d'aucun lieu de culte sans suivre les prescriptions de
la loi et c'est l'évêque qui peut en disposer. Allons
à la loi de l'évêque. L'évêque peut-il
disposer des biens et de quelle façon? L'évêque ne peut
disposer des biens que conformément à une loi que l'Etat lui a
dictée, et les profits qu'il peut retirer de la vente ou de la
disposition des lieux de culte, il doit le faire conformément à
ce que l'Assemblée nationale lui dira. Ces biens-là appartiennent
au peuple du Québec et personne ne peut en disposer sans suivre les
prescriptions de l'Assemblée nationale et la réglementation du
gouvernement.
Ce sont à toutes fins pratiques des biens nationaux. On taxe nos
propres biens nationaux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Enfin, M. Lesage, vous demandez,
évidemment, que soient maintenues...
M. LESAGE: C'est même pour les cimetières que je le
demande.
M. TREMBLAY(Chicoutimi): ...que soient maintenues les exemptions. Par
ailleurs, vous demandez que, par un certain biais, taxes de service ou autres,
on n'impose pas les propriétés dites religieuses.
M. LESAGE: Cela, c'est mon deuxième point, M. Tremblay...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...cimetières, etc.
M. LESAGE: ...alors, ceci dispose du premier point.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, je voudrais vous poser une question au
sujet de ces taxes. Qu'est-ce que cela représente pour l'ensemble des
organismes au nom desquels vous parlez, comme taxes, comme montant global? Quel
est l'ordre de grandeur? Prenons le cas de Québec par exemple, j'entends
le Québec métropolitain.
M. LESAGE: A Québec, j'ai le tableau ici. C'est un tableau pour
la taxation, pour le service d'eau de l'année 1970/71 à
être payé par les fabriques et autres institutions, il a
été préparé par la section de la cotisation du
service des finances de la ville de Québec. Aux recettes ici, on parle
de la Corporation épiscopale, du patronage Laval, des
propriétés de la compagnie de Jésus, le Chalmers Church.
Evidemment, on ne parle pas de l'Eglise anglicane, qui est exempte. Ceci
représente une somme de $9,266.37 et cela comprend également les
lieux du culte, M. Tremblay. Je n'ai pas la division entre les institutions et
les lieux du culte. D'ailleurs, le montant que j'ai donné tout à
l'heure représentait, en ce qui regarde la ville de Québec, les
$9,000 ici et les quelque $20,000 pour le déneigement, ce qui est
considéré comme taxe de service.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne veux pas vous interrompre, M. Lesage,
vous êtes en train de donner votre premier argument, je veux bien vous
entendre jusqu'au bout.
M. LESAGE: Le deuxième point est celui de nos institutions
religieuses. Nos immenses maisons on nomme cela la maison des soeurs
Grises habituellement les couvents, les immenses noviciats, les
anciennes maisons pour avoir soin des vieillards, tous ces immeubles ont
été construits dans le but de rendre des services sociaux
à la communauté dans le temps. Aujourd'hui, ce n'est plus vrai,
parce que l'Etat, surtout ces toutes dernières années, a cru
qu'il était de son devoir et de son devoir seul de voir à la
santé du public et de voir à l'éducation et à
l'instruction des gens, choses que l'Eglise et ses instituts avait
assumées alors que l'Etat était défaillant en ce domaine.
Je ne voudrais pas que l'on prenne cette affirmation pour dire que l'Etat n'est
pas défaillant du tout actuellement. Je ne voudrais pas donner un
blanc-seing à qui que ce soit et il ne m'appartient pas de porter de
jugement là-dessus.
M. PAUL: Ne corrigez pas...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Of course!
M. LESAGE: Mais ces immeubles qui sont détenus par les
communautés ont une valeur immobilière considérable et ils
sont principalement, quant à la valeur du terrain même,
ordinairement situés dans des endroits peuplés, des endroits
centraux, parce qu'ils étaient là justement pour rendre des
services à la population.
On voit difficilement un grand séminaire, un petit
séminaire, un collège ou une institution pour personnes malades
construit à 350 milles en forêt. C'était construit tout
près, à proximité, pour que cela puisse rendre un service
immédiat. Or, cela n'existe plus. Ces bâtisses sont là et
elles sont vides. Elles ne rapportent pas un cent et les instituts ne demandent
pas mieux que d'en disposer. C'est tellement vrai qu'il y a certains biens,
d'ailleurs vous étiez, plusieurs d'entre vous, des législateurs,
lorsque l'on a voté la loi des fabriques et décrété
l'obligation, pour les fabriques, de disposer des biens qui ne sont pas
spécifiquement et le lieu de culte et la maison curiale. Il y a eu un
échéancier de posé. On demande des dispositions pour
permettre aux instituts de disposer de ces biens considérables, qui ont
une valeur immobilière considérable, mais une valeur commerciale
quasi nulle, parce que la bâtisse qui y est construite ne peut servir
absolument à rien. Il faudrait la raser, il n'y a que le terrain qui a
une certaine valeur. Nous demandons qu'en évaluant ces
bâtisses-là, on n'autorise que le paiement de certaines taxes, et
je le suggère dans des amendements, dont je vous avais d'ailleurs
laissé copie à une séance antérieure, et où
je suggère une définition des services munici-
paux. Mais ce n'est pas une définition que je suggère,
c'est une nomenclature. Je dis: Les services municipaux sont
déneigement, ça, ça, ça, pour les fins de la
présente loi. Je me garde bien de le définir. Nous faisons une
demande d'exemption pour ces services-là, jusqu'à ce que les
instituts aient eu le temps d'en disposer, parce que cela ne rapporte aucun
revenu, parce que cela coûte de l'argent, au contraire. Ils ne demandent
pas mieux que d'en disposer. Pourquoi l'Assemblée nationale dirait-elle,
pourquoi l'Etat dirait-il à ces gens, maintenant qu'ils ont rendu
à la population des services sociaux qui, historiquement, étaient
nécessaires. Aujourd'hui, nous n'avons plus besoin de vous, payez les
taxes le prix fort, maintenant que les bâtisses sont vides!
Au moins que l'Etat, dont nous avions assumé le rôle, nous
donne au moins le temps de disposer de ces biens, un temps raisonnable, sans
qu'il nous faille payer des taxes qui vont faire que ces immeubles qui ne
rapportent absolument rien soient une charge encore plus lourde.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Lesage, cet argument-là, je crois,
est fort plausible. Il est bien entendu que les congrégations, ordres,
communautés, etc, ont assumé un rôle, jusqu'à ces
dernières années, qu'ils n'assument plus maintenant.
Il reste la disposition des biens. Vous savez que, dans bien des
secteurs, dans bien des régions du Québec, on a
déjà disposé de ces biens.
Il reste à faire une évaluation de ceux qui existent
encore à l'heure actuelle, notamment dans la ville de Québec
où les communautés religieuses possédaient les plus beaux
endroits qui seraient aujourd'hui les endroits de villégiature les plus
prestigieux, où l'on bâtit d'ailleurs maintenant des quartiers
résidentiels fastueux. Alors, les communautés religieuses ont
encore là des propriétés. Le gouvernement en a
déjà acheté un très grand nombre. Par exemple le
cas s'est présenté dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean où l'évêque a pris l'initiative
d'entrer en contact avec les représentants du gouvernement et de
disposer du plus grand nombre de biens. Il en reste très peu. Dans la
ville de Québec, je ne sais pas exactement quelle est la situation
précise à ce jour, mais je sais qu'un grand nombre de ces maisons
ont déjà disposé de leurs biens. Il en reste d'autres, et
je serais bien d'accord avec vous au sujet de la proposition que vous faites
à la page 2, à l'article 8, que l'on procède à une
détaxation ou une taxation progressive...
M. LESAGE: Ou un échéancier qu'on pourrait...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...un échéancier qui permettrait
à ces institutions, communautés, congrégations, ordres,
etc., d'être allégés d'un fardeau qui aujourd'hui est
beaucoup trop lourd, compte tenu du fait qu'ils n'ont plus les revenus qu'ils
avaient auparavant. Maintenant, il faut faire l'examen dans tout le
Québec.
Est-ce que vous avez, mon cher confrère, une idée exacte
des biens qui sont encore disponibles et qui seraient à la charge de ces
communautés? Est-ce que vous avez un inventaire de cela pour les
diverses Eglises au nom desquelles vous parlez?
M. LESAGE: Les Eglises, à part l'Eglise catholique romaine, n'en
ont point.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les autres Eglises?
M. LESAGE: D'ailleurs, historiquement, ça a été
demandé uniquement à l'Eglise catholique romaine de faire cela,
ça n'a pas été demandé aux protestants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que nous
pourrions poser une question au ministre au sujet de cette proposition qui est
à l'article 8 de la page 2 du mémoire présenté par
Me Lesage où il est dit ceci:...
M. PAUL: La dernière partie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ..."Nous suggérons que le projet de loi
devrait retarder de quelques années l'imposition de ces immeubles ou
prévoir une taxation progressive, afin d'alléger une taxation qui
sera vraisemblablement très lourde. Dans le cas de ces immeubles, les
taxes de service devraient continuer à être imposées sans
tenir compte de la valeur des édifices." Est-ce que vous avez eu, M. le
ministre, avec vos fonctionnaires, le temps d'examiner cette proposition qui
nous est faite ce matin par les représentants de diverses Eglises?
M. TESSIER: Oui, cette proposition a été examinée
par mes fonctionnaires, et, justement l'un d'eux me souligne à l'instant
même que demain matin il y aura une réunion pour une nouvelle
rédaction de l'article 27.
M. PAUL: Est-ce qu'on pourrait savoir du ministre si cette nouvelle
rédaction de l'article 27 sera dans le sens de la recommandation qui
nous est faite par Me Lesage au nom des différentes Eglises?
M. TESSIER: Le principe est de ne pas imposer de taxes foncières
mais de maintenir la taxe de services.
M. LESAGE: J'espère également, M. le ministre, qu'en
faisant cette proposition, il y aura une définition de surtaxe de
services...
M. TESSIER: Oui.
M. LESAGE: ... à laquelle je suggère ici au paragraphe u)
que "service" soit...
En fait, ce n'est pas une définition. Je me dis que pour les fins
de la présente loi, "service", comme vous l'entendez... Mais il va
falloir, M. le ministre, que vous ayez un contrôle un peu serré
sur les finances municipales. La taxe d'eau à Montréal, qui est
une taxe foncière déguisée, si vous la laissez comme
service, vous passez à côté... On détourne l'esprit
de votre projet de loi et de l'Assemblée nationale.
A Québec, le déneigement qui sert à payer la
machinerie d'été n'est pas bien non plus pour respecter l'esprit
de votre loi. Qu'allez-vous faire? Avez-vous un moyen de contrôle sur les
budgets?
M. TESSIER: Cela, c'est un autre problème.
M. LESAGE: C'est un problème d'application qui nous touche.
Sainte-Foy vient de le faire.
M. TESSIER: C'est un autre problème, et là-dessus, vous
avez raison. Si on considère par exemple la taxe d'eau à
Montréal, je ne crois pas que ce soit une taxe normale. Mais
actuellement, il n'y a aucune disposition dans la loi qui puisse
l'empêcher, c'est dans le pouvoir de taxation, je crois, qu'il faudra,
éventuellement peut-être réviser tout le système de
taxation, les pouvoirs de taxation des municipalités. Je crois que c'est
un problème différent de celui de l'évaluation
foncière.
M. LESAGE: Mais nous ne sommes pas dans...
M. TESSIER: Là, c'est une loi qui touche, non pas le pouvoir de
taxation ou la manière de taxer, ou des normes de taxation, mais
uniquement des normes d'évaluation municipale et de confection d'un
rôle d'évaluation municipale.
M. LESAGE: Oui, je comprends.
M. TESSIER: Il y aura un autre problème auquel on devra
s'attaquer plus tard qui est celui de la taxation.
M. LESAGE: M. le ministre, dans l'article 27, tel que libellé, on
parle des terrains et bâtisses, des immeubles, l'église qui est
là-dessus, la bâtisse de pierre, ce qui est un concept tout
à fait nouveau. Cela n'existe pas dans la Loi des cités et
villes, dans aucune charte municipale, on ajoute quelque chose de
considérable. Est-ce que vous avez l'intention que ces
bâtisses-là, qui ne valent rien, qui devront être
rasées, soient évaluées par quelques évaluateurs
employés par les villes? En évaluant une bâtisse, qui est
unique en son genre, à un prix considérable, en mettant une taxe
d'eau qui devient une taxe foncière déguisée, ne
contournerait-on pas complètement les bonnes intentions que vous semblez
avoir?
M. TESSIER: J'ai répondu, je crois, à cette question tout
à l'heure, que la taxation est un problème différent.
Quant à l'évaluation, ça nous concerne dans le bill
48. En ce qui concerne les églises, qu'elles soient de pierres, de
briques ou autrement, il faut tenir compte, et il sera tenu compte dans les
normes qui apparaîtront aux règlements, de la facilité, de
la valeur commerciale de l'église.
M. LESAGE: D'une église.
M. TESSIER: Alors, on sait qu'une église...
M. LESAGE: ... en vertu du code civil...
M. TESSIER: Une église ne peut avoir la même valeur au pied
cube qu'un édifice commercial. Cela ne se vend pas une église;
alors, il faut tenir compte de ça dans l'évaluation. C'est pour
ça que l'évaluateur qui aura à évaluer une
église devra tenir compte de tous ces facteurs-là.
M. LESAGE: M. le ministre, je veux vous faire savoir, et à la
commission parlementaire, que tous les clients que je représente,
à savoir, tous les archevêques et évêques de la
province de Québec, de même que l'Eglise unie et l'Eglise
anglicane, s'opposent avec force à ce que vous donniez une valeur
commerciale aux bâtisses sur les terrains des Eglises, et que les 1,850
fabriques de la province disent la même chose. Nous espérons que
le gouvernement voudra bien en tenir compte. On ne donne pas de valeur
commerciale à des choses hors commerce pour fins de taxation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'aimerais ici faire
une observation à la suite de ce que vient de dire Me Lesage. D'accord,
on ne vend pas les églises...
M. LESAGE: Cela n'a pas de valeur commerciale, non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... cela n'a pas, dit-on... un instant, M. le
ministre...
M. LESAGE: Bien, enlevez-le de là si cela n'en a pas. Pourquoi le
mettez-vous?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela n'a pas, dit-on, de valeur commerciale.
Mais, alors que j'assumais les fonctions de ministre des Affaires culturelles,
me sont venues de multiples offres de la ville de Montréal et de la
périphérie désignant des églises pour en faire des
musées ou des centres culturels, et on ne me les offrait pas
gratuitement. D'ailleurs, il y a eu le problème de l'Eglise
Saint-Patrick...
M. LESAGE: Oui, oui. Mais où serait retourné cet argent?
Selon la Loi des fabriques, la Loi des évêques, il serait
retourné... c'est bien...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je veux bien, mais il y aurait eu quand
même...
M. LESAGE: ... que vous changiez votre argent de poche...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y aurait quand même eu un acte
commercial, parce que, ce qu'on me proposait; c'était une transaction en
bonne et due forme: moi, l'acheteur et eux, le vendeur et le gouvernement
payait. D'ailleurs, nous avons déjà utilisé
l'église Trinity Church pour en faire le conservatoire d'art dramatique.
Cela existe. Et, les communautés anglicanes, l'Eglise unie ont vendu
dans la région de Sherbrooke toute une série d'églises que
les gens avaient coutume d'appeler des "mitaines". Ils ont vendu ces
églises qui servent maintenant de résidences privées.
Je ne sache pas qu'ils les aient données. J'ai plusieurs de mes
amis qui habitent ce genre d'édifices qui sont très
agréables à habiter et ç'a été vendu. Je ne
sais plus du tout où on en est avec ce concept d'un bien qui ne pourrait
pas aller dans le commerce, d'une chose qui serait invendable. J'ai eu des
propositions de gens de la ville de Québec, de prêtres de la ville
de Québec. Etaient-ils autorisés par leur archevêque ou
non? Je n'en sais rien, je ne suis pas leur confesseur, mais on m'offrait des
églises dans le vieux Québec pour en faire des musées ou
des centres culturels.
J'aimerais savoir, selon vous, si cette conception du bien non vendable
a changé. Je ne sache point que la loi ait été
changée mais je pense bien qu'on a suffisamment évolué
pour se rendre compte qu'on pourrait très bien utiliser, comme on l'a
fait pour l'Institut canadien, une église à des fins de
spectacles.
On a fait un théâtre et une bibliothèque de
l'Institut canadien.
M. LESAGE: En avez-vous acheté, M. Tremblay?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon? M. LESAGE: En avez-vous
acheté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, parce que les curés demandaient
des prix trop élevés.
M. LESAGE: J'entends comme ministre. Non?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On me demandait des prix trop
élevés, les contribuables n'avaient pas le moyen de payer les
erreurs...
M. LESAGE: Et comme résidant?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...qui avaient été commises de
bâtir d'immenses monuments à la gloire de Dieu et au salut des
âmes.
M. LESAGE: Oui, parce qu'à ce moment-là, sur ça
aussi, je prends note des remarques du ministre. Mais si le ministre veut se
rappeler les dates de construction.
M. TESSIER: L'ancien ministre.
M. LESAGE: M. Tremblay, j'entends. M. Tremblay est un ex-ministre, je ne
vois pas pourquoi...Disons ex, M. Tremblay.
M. PAUL: C'est parce que vous exprimez un continuel regret.
M. LESAGE: Bien non. Il ne regrette rien.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une prospective.
M. LESAGE: M. Paul, les gens de Louiseville ne regrettent rien.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! M. PAUL: Ah! si vous saviez,
messieurs!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Lesage est un de mes confrères et
nous avons toujours eu d'excellentes relations.
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi, je voudrais, sans être
méchant, rappeler aux membres de la commission que nous ne
siégerons pas cet après-midi et qu'il y a un autre mémoire
d'une dizaine de minutes que nous devons entendre après la
représentation de Me Lesage. Je me permets de suggérer aux
membres de la commission de s'en tenir au sujet, même si nous sommes tous
de bons amis et que surtout, il y a certains collègues de M. Lesage qui
sont à cette table.
M. LESAGE: Je prends note de ce que M. le Président vient de dire
et je termine en trois minutes exactement. Nous avons proposé des
amendements qui traduisent, vis-à-vis du projet de loi...Je crois que
tout le monde n'en a pas, j'en avais laissé. Voulez-vous en distribuer
aux membres de la commission?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, avant que Me Lesage ne
laisse la place, je voudrais lui dire que les propositions qu'il nous fait sont
des propositions fort valables. .
M. LESAGE: En relation avec vous.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...que nous allons considérer au
mérite.
M. LESAGE: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En ma qualité de membre, comme je le
dis souvent, de
l'Eglise catholique romaine, je veux bien que nous accordions une
attention très spéciale à ces demandes que vous faites et
qui sont légitimes, qui me paraissent légitimes. Il y aura
évidemment à tenir compte de l'économie
générale de la loi, de certains amendements, du travail de
rédaction qu'il faudra faire. Il y a toutefois un problème que je
souligne à l'attention du ministre, et que je souligne en même
temps au représentant des Eglises, c'est le problème des nouveaux
lieux de culte. S'agit-il d'en reconstruire d'autres, d'en bâtir de
nouveaux et de recréer un problème qui me paraît
déjà assez complexe et assez lourd?
M. LESAGE: A ce sujet, si M. Tremblay veut bien regarder autour de lui,
je ne crois pas qu'il ait vu s'élever de temples récemment et
qu'il n'en verra pas de nouveaux prochainement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense que nous ne fréquentons pas
les mêmes régions.
M. LESAGE: Chez nous, dans le diocèse de Québec, que je
sache... La seule remarque pour l'autre minute qu'il me reste, c'est qu'au
paragraphe 2 des amendements proposés, nous disons, à la page 27:
La valeur seule portée au rôle n'étant que celle du
terrain... Alors, on revient à l'exclusion des bâtisses qui y sont
construites, dont l'évaluation ne doit en aucun temps excéder
$1.50 le pied carré. Vous pouvez peut-être vous demander
d'où vient ce chiffre précis, il vient de l'entente
entérinée par l'Assemblée nationale, en ce qui regarde les
biens religieux dans la ville de Québec, il n'y a pas un an de cela,
c'était le printemps dernier.
Alors, au nom des Eglises que je représente, je tiens à
vous remercier, M. le Président, M. le ministre et tous les membres de
la commission de l'indulgence dont vous avez fait preuve à l'endroit de
nos remarques et principalement de l'attention que vous avez bien voulu y
porter Nous espérons que le ministre y donnera...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous n'avons pas manifesté
d'indulgences, nous en avons gagné. Le ministre n'écoute jamais
mais nous avons compris.
M. LESAGE: Je vous remerciais, M. Tessier, et je disais que
j'espère que vous donnerez suite à nos remarques et nos
considérations.
M. TESSIER: Nous allons les prendre en très sérieuse
considération.
M. LESAGE: Nous avons considéré, M. le ministre, c'est de
l'action que nous voulons. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, Me Lesage. Merci, messieurs de la commission.
Pour la gouverne de ceux qui sont dans la salle, nous entendrons aujourd'hui le
dernier mémoire qui sera présenté par Me Prévost.
Ce dernier représente quarante jardiniers de la ville de Laval.
Immédiatement après ce mémoire, nous ajournerons à
dix heures demain matin.
Quarante jardiniers de la ville de Laval
M. PREVOST: M. le Président, monsieur le Ministre, je
représente une quarantaine de jardiniers maraîchers de la ville de
Laval dont les noms apparaissent au mémoire qui a déjà
été déposé. Nous avions fait des
représentations concernant l'article lm) et l'article 30 du projet de
loi. Nous retirons notre argumentation au sujet de l'article lm), nous
déclarant satisfaits de la définition ou du projet de
définition des terres en culture tel qu'énoncé par le
ministre dans le journal des Débats à la page B-4731. Nous avons
lu également dans le journal des Débats à la page B-4734
le nouveau texte de l'article 30 et, sur ce nouveau texte, nous aimerions faire
quelques brèves remarques, les suivantes.
La superficie d'au moins 10 acres nous parait considérable. A
Laval, par exemple, il a toujours été question de cinq arpents
et, dans plusieurs autres villes de la région métropolitaine de
Montréal du moins, il est aussi question de cinq arpents. Je voudrais
souligner à l'attention de la commission que dans la ville de Laval 89
terres ont moins de dix arpents.
Il est vrai que, d'après la nouvelle rédaction
proposée de l'article 30, si la superficie d'un terrain est
inférieure à 10 acres un tel terrain pourrait quand même
être exempté, si son revenu brut au cours des cinq
dernières années est de $2,000 par année. Tout de
même, il y a des agriculteurs malades ou incapables de travailler qui ont
moins de 10 arpents et qui ne peuvent cultiver. Ceux-ci, par exemple, avec
moins de dix acres dans une ville comme Laval, parce qu'ils ne peuvent cultiver
pour maladie ou autres raisons valables, seraient appelés à payer
des taxes sans l'exemption...
M. TESSIER: Vous me permettez une question, Me Prévost? Si le
propriétaire en question ne cultive pas, comment pouvez-vous
prétendre qu'il est un agriculteur?
M. PREVOST: M. le ministre, un agriculteur qui a cultivé pendant
quinze années et qui a toujours donné le meilleur de
lui-même à sa terre, tombe malade. S'il n'a pas d'enfants pour
prendre la relève, à ce moment-là, que peut-il faire avec
sa terre? Il peut l'offrir en vente mais on sait qu'actuellement les acheteurs
sont rares. Par exemple, dans la seule ville de Laval, depuis trois
années, 108 cultivateurs ont dû reprendre leur terre. Je voudrais
même citer un exemple qui, je le crois, explique la situation.
Un de nos clients a une terre de 140 arpents. Il ne cultive plus,
étant incapable de le faire. Actuellement, il bénéficie de
l'exemption. Il a cultivé pendant plus de quinze ans. Il ne peut
vendre sa terre, n'ayant pas d'acheteur, mais il a pourtant
essayé valablement de trouver des acheteurs. Les terres voisines non
exemptes sont évaluées à $4,200 l'arpent. Sans
l'exemption, il aurait à supporter une évaluation de $588,000 et
à un taux de $4 incluant les taxes municipales et scolaires, il devrait
payer annuellement $23,520 de taxes.
Il a loué sa terre à un autre agriculteur qui lui paye
$350 de loyer par année. Il ne peut pas percevoir plus de $350 d'un
autre agriculteur et il n'a pas d'acheteur. A notre avis, il arrive aux
agriculteurs comme chez toute autre classe de citoyens d'être malades et
d'être incapables...
M. TESSIER: Vous me permettriez une précision qui va
peut-être écourter le débat. Si l'agriculteur en question
est malade et a loué sa terre pour $350 par année, à ce
moment-là, la terre est cultivée. Le revenu de $2,000 ne
s'applique pas.
M. PREVOST: Oui, mais d'après le texte que j'ai lu au journal des
Débats lors de la séance du 2 novembre, si la terre a moins de
quinze acres, il faut qu'elle rapporte au moins...
M. TESSIER: Dix acres.
M. PREVOST: ... dix acres, il faut qu'elle rapporte au moins $2,000 par
année. Alors, si la terre...
M. PAUL: Brut.
M. PREVOST: Brut, oui. Mais si le cultivateur loue sa terre à un
autre, il a neuf acres, il récupère $300 ou $400...
M. TESSIER: Non, mais c'est le revenu de la terre. Ce n'est pas le
revenu du cultivateur, c'est le revenu de la terre. Alors, l'autre cultivateur,
le locataire va certainement retirer un revenu brut de $2,000.
M. PREVOST: C'est exact, M. le ministre...
M. TESSIER: A ce moment-là, c'est considéré comme
une exploitation agricole, avec tous les bénéfices qui s'y
trouvent.
M. PREVOST: Mais s'il s'agit d'une terre à bois?
M. TESSIER: Pour le bois, il y a une disposition spéciale.
M. PREVOST: Il en existe encore. A ce moment-là, le revenu
pendant cinq ans ne pourrait jamais atteindre $2,000 par année si la
terre a moins de dix acres.
M. TESSIER: On a une définition d'une terre à bois, d'un
boisé, je pense que ce n'est pas dans le texte original. Est-ce que le
boisé y est dans le texte original. Non, il n'y est pas. Il y a un
amendement qui va être apporté Justement, on a eu des
représentations faites dans des mémoires précédents
à ce sujet et un boisé sera considéré comme une
terre agricole, sans qu'il y ait nécessité d'un revenu
minimum.
M. PREVOST: Sans qu'il y ait nécessité d'un revenu
minimum?
M. TESSIER: C'est ça. Je pense réellement qu'on va couvrir
par des amendements à peu près tous les points que vous nous
soumettez.
M. PREVOST: Je suis bien heureux de l'entendre dire, M. le ministre,
parce que...
M. TESSIER: Vous me permettez de vous avoir interrompu, parce que je
voulais vous donner les changements qui seront apportés.
M. PREVOST: Serait-il bien compris M. le ministre, que l'agriculteur qui
a une terre de neuf acres, par exemple, et que ce serait une terre à
bois, dans une ville comme Laval, qu'il bénéficiera de
l'exemption, ou bien si à cause du fait qu'il a neuf acres et non dix il
n'en bénéficiera plus?
M. TESSIER: Si c'est une terre à bois, il va en
bénéficier.
M. PREVOST: Il va en bénéficier.
Il y a également un autre point sur lequel nous voulons attirer,
pendant une minute ou deux, l'attention de la commission, c'est la question de
la rétroactivité. Cette rétroactivité de cinq ans
apparaît encore...
M. TESSIER: Me Prévost, la rétroactivité a
été annulée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'ailleurs c'est un projet de loi qui n'existe
plus à toutes fins utiles.
M. TESSIER: C'est une nouvelle loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis content qu'il le dise.
M. PAUL: Lors de la séance du 2 novembre, on avait demandé
au ministre qui ne serait pas exempté. Le ministre n'a pas
été capable de nous répondre non pas qu'il ne
voulait pas répondre, mais lui-même se rendait compte que nous
devions envisager une nouvelle loi et nous avons été
heureux d'apprendre ce matin que le ministre nous soumettra la semaine
prochaine une loi réimprimée.
M. TESSIER: Ce n'est pas la première fois.
Réimprimée, c'est la première fois que je le mentionne ce
matin.
J'ai déclaré au cours de toutes les séances
précédentes ne me regardez pas avec ces yeux-là
que nous tiendrions compte...
M. PAUL: Non, non.
M. TESSIER: ...de toutes les suggestions valables qui nous seraient
présentées par les divers organismes ou associations et qu'il y
aurait lieu d'apporter des amendements. Evidemment, plus il y en a qui nous
sont présentées, plus il y a lieu de tenir compte de ces
représentations, au point que, lorsqu'on a commencé à
faire des amendements, on s'est aperçu qu'ils étaient tellement
nombreux qu'il valait mieux rédiger un nouveau texte. C'est ce que j'ai
déclaré ce matin à l'ouverture de la séance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aurais une proposition à faire au
ministre; le nouveau texte devrait s'intituler "Loi exemptant tout le monde",
parce que jusqu'à présent on a exempté tout le monde.
M. TESSIER: Non...
M. LE PRESIDENT: Messieurs, à l'ordre s'il vous plaît! J'ai
l'impression que le but de la commission parlementaire...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On s'est partagé...
M. LE PRESIDENT: ...est d'entendre les représentations des
organismes qui sont intéressés à faire valoir leurs
opinions. Alors, Me Prévost, vous avez la parole.
M. PREVOST: Il reste une seule remarque, c'est l'exemption à la
partie d'une terre aboutissant aux chemins publics. Il y a une réserve
à l'effet que la partie de la terre aboutissant à un chemin
public ne serait pas exemptée. Il s'agit d'un bon principe mais,
à notre avis, il faudrait donner une dimension frontale à cette
partie, car dans certains cas, elle pourrait être considérable. Je
terminerai par un exemple, celui de l'agriculteur qui a une terre de six
arpents dans Laval où il est exempté. Il se trouve des cas
où il a 600 pieds de façade sur un chemin public par environ deux
arpents de profond. S'il doit être taxé pour ces 600 ou 700 pieds
de façade, l'exemption ne vaut plus rien. Nous aimerions voir
apparaître dans le projet de loi une disposition pour dire que, si la
partie frontale doit être taxée selon la profondeur normale des
lots, elle devrait être également taxée suivant la largeur
normale des lots dans la région.
M. TESSIER: C'est excellent comme proposition.
M. PREVOST: Il nous reste, M. le Président...
M. TESSIER: Nous irons dans ce sens-là en tenant compte de la
largeur et de la longueur normales des emplacements dans la région.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre va aller en profondeur.
M. TESSIER: Oui, nous irons en profondeur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour une fois.
M. TESSIER: Nous allons toujours en profondeur. Nous faisons des
études en profondeur.
M. PREVOST: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
membres de la commission, nous vous remercions de votre attention. Nous
apprécions que vous ayez prolongé la séance de quelques
minutes.
M. LE PRESIDENT: Merci, Me Prévost.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'était un mémoire à la
fois doux et piquant, parce qu'il était question d'abeilles.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
M. BELAND: Concernant par exemple l'article 30, le court mémoire
que vous avez présenté ce matin, spécifie bien un terrain
qui a cessé d'être utilisé en totalité ou en partie
à des fins agricoles pourvu qu'il ne soit pas autrement utilisé
et que son propriétaire ait exercé la profession d'agriculteur au
cours des 15 dernières années. A ce moment là, est-ce un
barème sur lequel vous vous basez ou si c'est par exemple, s'il n'a
exercé sa profession que depuis huit ans ou trois ans?
M. PROVOST: M. le député, lorsque nous avions
préparé le texte de l'article 30 dans notre projet d'amendement,
nous n'avions pas en main la nouvelle définition de l'article 30 telle
qu'elle apparaît au journal des Débats du 2 novembre. Comme je le
disais au début, il faut retirer cette argumentation; nous avons voulu
surtout traiter de la définition modifiée qui correspondait plus
à nos vues.
M. TESSIER: Il va partir en disant qu'il a eu gain de cause sur toute la
ligne.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, nous vous remercions, nous remercions les
membres de la commission. Demain la prochaine séance aura lieu à
10 heures avec l'espoir que tous les partis se seront entendus pour pouvoir
siéger demain après-midi aussi. Merci, messieurs.
(Fin de la séance à 12 h 47)
Séance du mercredi 1er décembre 1971(Dix heures
cinq minutes)
M. LEDUC (président de la commission permanente des Affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
Nous avons quorum. Nous avons une dizaine de mémoires à
entendre aujourd'hui. Pour la gouverne de ceux qui viennent nous rencontrer, la
commission siégera jusqu'à midi et trente ou à peu
près pour recommencer après la période des questions,
probablement vers quatre heures, pour autant que nos collègues de
l'Opposition ne nous réserveront pas de surprise.
M. PAUL: M. le Président, nous avons déclaré
solennellement hier soir au leader du gouvernement que nous, membres de
l'Opposition officielle, nous avions hâte de terminer ce travail
d'audition des mémoires pour permettre au ministre de préparer sa
législation en conséquence. C'est pourquoi cet après-midi
nous ne mettons aucune objection à ce que la commission siège, si
nécessaire, après la période des questions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et pour dégager M. Lesage du travail de
rédaction qu'il fait actuellement.
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais, à la suite de
cette déclaration du leader de l'Opposition officielle, le remercier de
sa collaboration. J'espère que le gouvernement pourra obtenir la
même bonne collaboration de la part des autres partis de
l'Opposition.
M. BOIS: M. le Président, nous sommes toujours avant-gardistes en
ce domaine.
M. TESSIER: Je vous remercie, M. le député, et M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: Un moment s'il vous plaît. Maintenant que tout le
monde est d'accord pour que nous siégions cet après-midi, si le
ministre a des commentaires à faire, je l'invite avant que nous
entendions le représentant de la ville de Côte-Saint-Luc.
M. TESSIER: Le seul commentaire que j'ai à faire, M. le
Président, c'est que je dois m'excuser si je devrai, de temps en temps,
quitter cette commission parlementaire parce qu'en même temps
siège le comité de législation sur le bill no 48 dans une
autre salle. Alors, je vais être obligé, comme je n'ai pas le don
d'ubiquité, de participer aux deux réunions
simultanément.
Je vous prierais de bien vouloir m'excuser, messieurs de la commission
parlementaire de même que les personnes ou associations qui
présenteront des mémoires. Vous pouvez être assurés
que toutes les représentations que vous ferez dans vos mémoires
ou verbalement seront tenues en considération non seulement par les
membres de la commission parlementaire, mais par le ministère des
Affaires municipales qui est chargé de la rédaction de la loi,
afin que nous puissions avancer les travaux et présenter aux membres de
la commission parlementaire, le plus tôt possible, le texte final, le
nouveau texte.
M. PAUL: M. le Président, nous acceptons à l'avance
l'absence de l'honorable ministre et veuillez croire, M. le Président,
que pour ceux qui ne le connaissent pas, l'épreuve de l'absence sera
beaucoup plus difficile à supporter.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous l'excusons à l'avance avec
joie.
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs, nous commençons dans une
atmosphère de collaboration et de coopération. En
conséquence, je me permettrai de demander aux organismes de faire un
résumé de leur mémoire, de façon à
procéder avec le plus de rapidité possible, en étant
conscients que chacun a le droit et le devoir de faire valoir ses opinions.
Alors, je demanderais maintenant à Me Lawrence Poitras qui
représente la ville de Côte-Saint-Luc de nous adresser la
parole.
Côte-Saint-Luc
M. POITRAS (Lawrence): Merci, M. le Président. M. le ministre,
MM. les députés, j'ai deux mémoires ce matin, un au nom de
la cité de Côte-Saint-Luc et l'autre au nom de l'Association
canadienne de télévision par câble. Pour ce qui est de la
ville de Côte-Saint-Luc, nous avons l'intention d'être très
bref. Nos points ont trait à deux articles seulement. Le premier, c'est
l'article 18 du bill relativement à l'Hydro-Québec. La seule
observation que nous ayons à faire à ce sujet, c'est que nous
trouvons que l'exemption de taxe dont profiterait l'Hydro-Québec,
échelonnée sur une période de vingt ans serait difficile
à supporter probablement pour les contribuables de la plupart des
municipalités et en particulier de la ville de Côte-Saint-Luc. A
l'heure actuelle, nous percevons quelque $10,000 par année de taxe de
l'Hydro-Québec et c'est en vertu de cela que nous aimerions nous opposer
à cette disposition du bill 48.
L'autre observation, M. le ministre, a trait à l'article 31 du
bill 48, les clubs de golf. Si nous comprenons la disposition, les clubs de
golf bénéficieront d'ores et déjà d'une exemption
de taxes et ce, automatiquement. Nous aimerions soumettre respectueusement que
le caractère discrétionnaire de cette exemption devrait
être conservé et que, si un caractère obligatoire devait
être glissé dans la loi, eh bien, cette obligation ne devrait
jouer simplement qu'en faveur des clubs de golf qui seraient la
propriété de compagnies sans but lucratif. C'est dire que nous
nous opposerions à ce que des clubs de
golf appartenant à des compagnies spéculatrices puissent
bénéficier d'une telle exemption.
Un autre point, M. le ministre, qui n'est pas mentionné dans
notre mémoire, a trait à l'article 27 d) du bill 48, où
l'on parle d'exemptions. On parle, à un moment donné, d'immeubles
occupés comme établissements publics de bien-être et
appartenant à une corporation sans but lucratif. Nous soumettons
respectueusement que cette nomenclature n'est pas claire: par exemple,
qu'advient-il d'un établissement public où logent les vieillards
mais que cet établissement public est restreint à des gens d'une
religion particulière? Est-ce que cet établissement demeure
public? Il serait peut-être préférable que l'on
précise qu'il s'agit d'établissements subventionnés par
tel ou tel ministère. Je pense qu'il serait alors beaucoup plus facile
pour une municipalité de déterminer d'avance si un
établissement particulier peut ou non bénéficier de cette
exemption.
Un dernier point, M. le ministre, a trait aux clubs de loisirs.
Je me demande si les clubs de loisirs ne devraient pas de même
bénéficier d'une certaine exemption de taxes. J'ai en vue
particulièrement des clubs qui se forment en été ou par
hasard en hiver autour de lacs, etc. Vous avez toute une série de
propriétaires qui, à part de payer des taxes sur les maisons dont
ils sont propriétaires, sont appelés aussi à payer des
taxes sur des terrains et des édifices de clubs communautaires de
loisirs. Ces parents investissent beaucoup de leur argent et de leur temps dans
le but d'exploiter ces clubs. Le résultat net est qu'au lieu
d'être tout simplement appelés à payer des taxes sur leur
propriété privée ils sont par surcroît
appelés à payer des taxes sur ces clubs communautaires.
Il s'agit là, M. le ministre, des seules observations que j'ai
à faire au nom de la ville de Côte-Saint-Luc et j'aimerais revenir
par la suite, si vous le vouliez, au nom de l'Association canadienne de
télévision par câble.
M. TESSIER: M. Poitras, je vous remercie de vos suggestions. Je dois
vous dire que déjà, vu que nous avions reçu votre
mémoire, nous avons tenu compte dans la nouvelle rédaction de
plusieurs de vos suggestions. Lorsque nous aurons le texte définitif,
vous pourrez constater vous-même que, dans plusieurs des cas que vous
mentionnez, d'autres mémoires avaient déjà au
préalable attiré notre attention sur une clarification qu'il y
avait lieu d'apporter et également une extension dans
l'énumération mentionnée à l'article 27.
M. POITRAS: Merci, M. le ministre.
M. PAUL: M. le ministre, est-ce que vous pourriez nous dire si, dans la
nouvelle rédaction du projet de loi no 48, vous retiendrez, comme mesure
de perte de superficie, l'acre plutôt que l'arpent?
Je ne sais pas si le ministre se rappelle que j'avais proposé un
amendement, lors de notre travail au comité plénier sur ce projet
de loi, et le ministre avait abondé dans le sens de mes remarques aux
fins de retenir comme mesure de superficie, en faveur des terrains de golf,
l'acre plutôt que l'arpent.
M. TESSIER: Oui, M. le Président, je crois que la nouvelle
rédaction parlera de l'acre plutôt que de l'arpent. Je vais m'en
assurer dans quelques minutes et je pourrai peut-être vous donner une
réponse plus précise lorsque j'aurai rencontré les membres
du comité de législation qui mettent présentement la
dernière main à la rédaction.
M. BOIS: M. le Président, juste un détail. A la page 3 du
mémoire qui vient d'être présenté, on parle d'une
exigibilité des taxes pour les dix années
précédentes; le ministre pourrait-il me dire si c'est un article
qui, éventuellement, va se radier dans le projet de loi? Parce que,
quand même, cela voudrait dire qu'un terrain de golf qui aurait servi
à des fins propres...
M. TESSIER: Vu que nous avons eu plusieurs représentations
à ce sujet, il a été décidé de
réduire la rétroactivité de dix à cinq ans.
M. LE PRESIDENT: Si on n'a pas d'autres questions au sujet de la ville
de Côte-Saint-Luc, j'invite Me Poitras à nous parler au nom de
l'Association canadienne de télévision par câble.
M. TESSIER: Je pourrais peut-être, M. le Président, avec
votre permission, donner la réponse définitive au leader de
l'Opposition officielle. En effet, dans le texte de l'article 31, ce sera bien
le mot "acre" qui sera employé au lieu du mot "arpent" comme dans le
texte original.
M. PAUL: Merci M. le ministre.
Association canadienne de télévision par
câble
M. POITRAS: M. le Président, j'ai avec moi ce matin M. Jean
Beauchemin, de télécâble de Québec, au sujet de
notre mémoire de l'Association canadienne de télévision
par câble. Notre mémoire vise en particulier l'article 21 du
projet de loi no 48, où il est préconisé que
l'évaluation serait basée sur le montant des revenus bruts
gagnés dans la municipalité par l'entreprise en particulier.
Nous soumettons premièrement que cette disposition est peu
compatible avec une loi sur l'évaluation foncière. En fait, on a
en vue un système d'évaluation qui est de beaucoup
différent, pour ce genre d'entreprise, des autres entreprises qui lui
font quand même concurrence.
Il y a aussi, M. le ministre, un problème d'ordre constitutionnel
en ce sens que la taxe ne constitue pas une taxe directe. Est-ce que cette taxe
sur le revenu brut de ces compagnies serait ultra vires des pouvoirs de la
province? Je vous pose la question. La cour Suprême en a
déjà décidé ainsi au sujet de la province de
l'Alberta en 1928.
Le gouvernement, semble-t-il, se réserverait le droit de statuer
annuellement sur le taux de la taxe sur les revenus bruts. Est-ce que ce
pouvoir discrétionnaire serait de nature à constituer une arme
dangereuse à l'avenir entre les mains d'un gouvernement voulant
supprimer ou restreindre la liberté d'information à la
télévision? C'est encore une question que je vous pose.
Nous soumettons, M. le ministre, MM. les députés, que
cette industrie devrait recevoir le même traitement fiscal que toute
autre industrie. C'est dire que ses immeubles, y compris ses antennes, ses
fils, ses câbles, amplificateurs, transformateurs et autres accessoires
nécessaires pour la transmission de ses ondes et de ses signaux
électriques devraient être assujettis à une
évaluation foncière et, conséquemment, à une taxe
foncière basée sur cette évaluation foncière. Il
s'agit là des observations que nous aimerions faire au sujet de
l'Association canadienne de télévision par câble.
M. TESSIER: Je ne pourrais pas, à brûle-pourpoint,
répondre aux questions qui ont été soulevées, mais
je puis assurer Me Poitras que nous tiendrons sûrement compte des
représentations qu'il nous fait à ce sujet.
M. PAUL: C'est la première fois que la constitutionnalité
d'un article de ce projet de loi nous est soulevée. Je félicite
Me Poitras d'avoir porté ce problème et cette question à
l'information des membres de la commission parlementaire des Affaires
municipales.
M. POITRAS: Merci, Me Paul.
M. PAUL: Je n'ai aucun doute, M. le Président, que le ministre
verra à demander une opinion juridique aux officiers supérieurs
du ministère de la Justice pour trouver une solution à ce
problème qui a priori mérite beaucoup d'égards et
d'attention à moins que l'on se rallie à la suggestion de Me
Poitras et que l'on taxe les immeubles, qu'on impose une taxe foncière
plutôt que de se prévaloir d'un dispositif de la loi qui aurait
pour effet de taxer le revenu brut des services rendus par ces compagnies.
Il est intéressant de noter que le ministre des Affaires
municipales a retenu ce rapport de Me Poitras et veuillez croire que nous
sommes désireux d'éviter tout conflit ou tout procès
autour de cette question. Quant à nous, nous sommes heureux que vous
ayez attiré notre attention sur cet aspect de la législation, ce
brouillon de législation, puisque le ministre nous a dit hier qu'il y
aurait maintenant une nouvelle loi. Je n'ai aucun doute que le ministre se fera
un impérieux devoir de porter à la connaissance des
légistes le problème que vous avez soulevé.
M. POITRAS: Merci, Me Paul.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Poitras, il est intéressant de
revenir sur ce que vous avez dit au sujet de cet aspect constitutionnel du
problème qui a été évoqué à la
commission des Communications, alors que nous étudions les projets de
loi nos 35, 36 et 37. Vous revenez ici avec une proposition, enfin une
observation qui rejoint celles qui nous ont déjà
été faites par l'ACRTF. Nous avons prié le ministre des
Communications, à ce moment-là, de demander un avis à la
cour afin que l'on sache exactement de quoi il retourne et quels sont les
droits que pourrait avoir le Québec en pareille matière.
En ce qui me concerne, j'ai demandé au ministre des
Communications de requérir un avis de la cour comme nous l'avions fait
dans le cas de la loterie de Montréal. J'imagine que le ministre des
Affaires municipales est disposé à requérir tel avis afin
de clarifier la situation. Est-ce que le ministre est d'accord
là-dessus?
M. LEGER: M. le Président...
M. TESSIER: Parfaitement d'accord, M. le Président.
M. PAUL: M. le Président, je sais qu'hier soir, d'après
les informations bien contrôlées que nous avons, le Parti
libéral devait tenir un caucus pour envisager et étudier avec le
ministre certains amendements aux projets de loi no 34, 35 et 36. Il est
probable que le mauvais temps a pu retarder...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'étaient seulement des discussions
concernant le projet...
M. PAUL: C'étaient des discussions... 35, 36 et 37, sans doute
que ce caucus qui a sûrement...
M. TESSIER: Le député de Chicoutimi a également
été convoqué au caucus.
M. PAUL: Non. C'est par suite de la négligence coupable de
certains libéraux que nous sommes si bien informés.
M. TESSIER: Il faudrait peut-être dire que nous avons attendu
pendant deux heures le député de Chicoutimi qui ne s'est pas
présenté. Nous avons dû remettre le caucus.
M. PAUL: Vous savez fort bien que le député de Chicoutimi
a trop de décence pour se présenter à un tel caucus.
M. TESSIER: Pourtant nous l'attendions puisqu'il a été
invité.
M. LE PRESIDENT: Messieurs.
M. TESSIER: J'ai vu qu'il avait une invitation en main qu'il vient de
glisser dans sa poche.
M. PAUL: Et s'il...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a des invitations qui ne sont pas
nécessairement honorables.
M. LE PRESIDENT: Pour changer de sujet, je demanderais au
député de Lafontaine de poser sa question.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais simplement clarifier,
parce que je suis arrivé un petit peu en retard et avant de me
concentrer sur le mémoire... Est-ce que vous voulez dire que la taxe
foncière serait acceptable? Une taxe de revenu brut serait
considérée par vous comme une taxe indirecte, donc
anticonstitutionnnelle. Est-ce que c'est un peu cela le résumé de
votre mémoire?
M. POITRAS: Je dis tout simplement, premièrement, que nous
aimerions que notre association ou les immeubles des industries de notre
association soient évalués de la même nature que les
immeubles de tout autre commerce et de toute autre industrie. J'attire tout
simplement votre attention sur le fait qu'il y a un problème d'ordre
constitutionnel qui se pose au sujet d'une taxe qui serait basée sur les
revenus nets ou bruts d'une industrie, quelle qu'elle soit.
M. LEGER: Est-ce que vous allez jusqu'à dire que si le
système de taxation, soit au niveau scolaire ou autre, était
changé au lieu d'avoir une taxe foncière basée sur les
revenus ou profits plutôt, ce serait anticonstitutionnel?
M. POITRAS: Je ne sais pas, je ne suis pas allé jusqu'à ce
point-là, M. le député. Je voulais simplement demander que
l'évaluation soit basée sur la valeur foncière des
immeubles, des terrains et bâtisses, comme c'est le cas, d'ailleurs, pour
toutes les autres industries et tous les autres commerces. Et encore une fois,
je ne faisais qu'attirer votre attention sur ce problème d'ordre
constitutionnel. Je ne sais pas jusqu'où on peut étendre ce
point-là, je ne l'ai sûrement pas envisagé à la
lumière de la taxe scolaire.
M. LEGER: Est-ce que vous avez fait une étude au plan pratique?
Quelle serait la proportion de taxes que vous paieriez dans les deux
méthodes proposées, taxes foncières et taxes... est-ce que
vous avez à payer plus d'une que de l'autre?
M. POITRAS: Je n'ai pas fait l'étude. D'ailleurs je vais vous
dire que ce qui arrive, si je comprends bien et je pense que M. le
ministre peut me corriger là-dessus c'est qu'une fois que le
revenu brut de ces industries serait calculé dans chacune des
municipalités, il faudrait que l'on établisse un pourcentage
à même lequel une taxe serait basée et c'est ce que j'ai su
comprendre de l'article 104, qui s'applique aux autres commerces un peu de
même nature.
Evidemment, il est impossible pour moi de répondre à votre
question parce que je n'ai aucune façon de savoir en quoi consisterait
ce pourcentage. D'autre part, ces compagnies, ces industries paient des taxes,
à l'heure actuelle, à presque toutes les municipalités
dans la province de Québec où elles font affaires, basées
sur les immeubles.
M. TESSIER: C'est exact. Le revenu brut sera taxé sur un taux
établi par la Régie des services publics en tenant compte du
contexte économique, comme je l'ai déjà expliqué
lors de la présentation du mémoire de Bell Canada et de
Québec-Téléphone. Nous tiendrons compte de la
capacité de payer des compagnies d'utilités publiques. Nous
tiendrons compte également des investissements que ces compagnies
pourront faire, c'est-à-dire que, à titre d'exemple, si une
compagnie est obligée d'investir plusieurs millions sur une certaine
période, nous pourrons à ce moment-là diminuer le taux
pour cette compagnie afin de ne pas l'étouffer, afin de lui permettre de
prendre son expansion. Je crois que c'est précisément un jeu
d'équilibre que le gouvernement pourra faire pour favoriser de telles
industries et surtout favoriser leur expansion.
M. POITRAS: M. le ministre, notre point de vue là-dessus est
évidemment que cette incertitude serait de nature à causer une
entrave à la planification à long terme des compagnies qui
feraient affaires dans cette province.
M. TESSIER: M. le Président, ce n'est pas le gouvernement
lui-même, mais c'est un organisme paragouvernemental et
indépendant, comme la Régie des services publics, qui entendra
les représentations des compagnies concernées et qui pourra,
à la lumière de ces représentations et des faits qui
seront exposés, déterminer le taux.
M. LEDUC: S'il n'y a pas d'autres questions, nous vous remercions, Me
Poitras. J'inviterais maintenant Me Paquet à nous parler au nom de la
ville de Pointe-Claire et de la ville de Dorval.
M. POITRAS: Merci, M. le Président.
Pointe-Claire et Dorval
M. PAQUET (Jean-Marie): M. le Président, je désirerais
d'abord souligner que, suite à une
confusion dans mon information sur le sort qui arriverait à
l'article 134 relativement à la décroissance des taxes sur les
biens de l'HydroQuébec, la page 9 du mémoire des villes de
Pointe-Claire et de Dorval comportait une erreur. Vous avez devant vous une
nouvelle page 9 qui est destinée à remplacer celle qui est
déjà dans votre mémoire.
Pour ce qui est du projet de loi lui-même, les villes de
Pointe-Claire et de Dorval, tant par leur conseil que par leurs hauts
fonctionnaires, désirent apporter une collaboration, si modeste
soit-elle, à l'oeuvre de consultation qui a été entreprise
par votre commission sur le projet de loi no 48. Ces deux municipalités
se déclarent d'emblée parfaitement d'accord sur le principe d'une
loi sur l'évaluation foncière d'application
générale. Nous nous rendons parfaitement compte que la
fiscalité municipale et scolaire a pour assises l'évaluation
foncière, nous considérons que la venue d'une telle loi constitue
un outil de travail qui est bienvenu, et nous sommes fort heureux de voir une
telle loi être présentée et vraisemblablement être
adoptée dans la forme que la Législature jugera bon
d'adopter.
Nous nous réjouissons particulièrement de voir les normes,
critères et barèmes d'évaluation cesser de constituer un
mystère et une chasse gardée pour des évaluateurs, mais au
contraire faire l'objet d'une réglementation publique qui sera
disponible à l'ensemble de la population, qui permettra aux
administrateurs municipaux de juger en connaissance de cause de la fonction de
l'évaluation qui est une fonction évidemment très
importante dans l'administration des gouvernements locaux, et qui permettrait
également au citoyen, à l'aide de normes publiques, de juger
lui-même la façon dont il est traité en matière
d'évaluation.
M. le Président, nous insistons sur le fait que cette loi devrait
être d'application générale et qu'aucune exception
régionale ne devrait être faite de façon à
soustraire une région ou une autre de l'application de cette
loi-là. En particulier, suite aux souvenirs que nous avons du bill 99,
nous insistons formellement pour que ce projet de loi s'applique à la
région de Montréal et que la région de Montréal
n'en soit pas exclue.
Maintenant, M. le Président, je me réfère
aux pages 8 et suivantes du rapport nous soumettons respectueusement
que, dans l'éventualité où les nouveaux modes
d'évaluation proposés pour les utilités publiques
pourraient signifier pour une municipalité une perte de revenus brusque
et considérable en une seule année, on utilise la même
technique qu'on a utilisée pour les revenus de l'Hydro-Québec
à l'article 134 et pour la perte des revenus sur la machinerie à
l'article 135.
C'est-à-dire que nous soumettons que le texte de loi pourrait
dire que dans l'éventualité, ou avec le nouveau mode
d'évaluation il y a une diminution de revenus assez considérable,
cette diminution devrait être étalée sur une période
de trois ans ou de cinq ans, avec un décroissement progressif.
Maintenant, nous soumettons respectueusement, également, nous
souhaitons que des études aient été faites de façon
à s'assurer que les nouveaux modes d'évaluation ne frapperont
pas, de façon défavorable, une industrie en particulier, en lui
imposant tout d'un coup, la première année où cette
loi-là s'appliquera, un fardeau fiscal très considérable
qui pourrait mettre son existence en péril. Et si tel était le
cas, possiblement que le gouvernement, via la commission municipale, pourrait
se réserver la possibilité également d'étaler sur
un certain nombre d'années une augmentation brusque qui pourrait causer
un préjudice sérieux à une industrie. Le point que nous
considérons peut-être le plus important dans notre mémoire
est la question des recours des municipalités. Nous comprenons que
l'évaluation, dans le cas de la région de Montréal, sera
faite par la Communauté urbaine de Montréal et que les
contribuables, les individus pourront avoir des droits de plaintes qui sont
prévus au texte de loi, là-dessus nous ne voyons pas de
problème. Mais nous souhaiterions voir ajouter au projet de loi deux
pouvoirs pour les municipalités, soit pour une ville comme
Pointe-Claire, par exemple, le pouvoir d'intervenir dans toute contestation
d'évaluation entre un de ses citoyens et l'évaluateur ou la
communauté qui a fait l'évaluation. Que la municipalité,
ou la commission scolaire à qui cette évaluation va servir
puisse, si elle juge que l'évaluation est mal défendue,
intervenir pour la défendre à ses frais, ou qu'elle puisse, si
elle juge que son contribuable est mal traité par l'évaluateur,
intervenir également dans l'autre sens. Nous sommes parfaitement
d'accord sur le principe que l'évaluation doive se faire à
l'échelle régionale, mais nous considérons quand
même que nous, municipalités, avons un intérêt dans
les contestations des évaluations qui touchent les immeubles dans notre
municipalité et nous souhaiterions avoir le pouvoir d'intervenir dans de
telles contestations.
Le deuxième pouvoir que nous demandons est le pouvoir d'intenter,
pour nos citoyens, des procédures du type d'une action
représentative ou d'une action de classe. Si on se met dans le contexte
de l'évaluation dans la région de Montréal, il peut
très bien se prendre par l'évaluateur ou...
M. LE PRESIDENT (Caron): Le député de Lafontaine demande
la parole.
M. LEGER: Non. Immédiatement après cette
présentation.
M. PAQUET: Alors, je reviens à la question de l'action de classe,
M. le Président. Il peut se prendre une décision au niveau
politique de la communauté ou au niveau de l'évaluation de la
communauté, à l'effet que, tout d'un coup, on
va augmenter l'évaluation dans un secteur particulier de la
communauté et on va la diminuer ailleurs. Il peut arriver que cela cause
des préjudices ou des injustices parce qu'on aura pris cette
décision au nom de principes qui n'ont rien à voir avec la valeur
des propriétés. A ce moment-là, il peut très bien
arriver que l'ensemble du territoire d'une municipalité soit trop
évalué par rapport à la valeur réelle, par rapport
à d'autres sections du territoire.
Nous demandons alors que la municipalité puisse intenter des
procédures au nom de ses citoyens en général, pour
demander aux tribunaux compétents d'équilibrer de nouveau le
rôle, ou enfin si le rôle est fait de façon illégale,
de le casser. A l'heure actuelle, sans une telle disposition, la
municipalité qui ne paie pas de taxe n'est pas intéressée
à intenter une action comme celle-là et nous pensons que c'est
dans notre rôle, comme municipalité, que de représenter nos
citoyens dans des procédures du genre, si des procédures sont
nécessaires.
Maintenant, quant à la question de l'exemption de taxe et des
taxes de service, nous remarquons que les articles 25, 26 et 27 créent,
ni plus ni moins, trois classes. Vous avez les propriétés de la
couronne qui, elles, sont exemptes de toute taxe. Vous avez ensuite les
propriétés qui servent à l'éducation qui sont
exemptes des taxes foncières générales ou spéciales
mais qui sont soumises au paiement d'une compensation pour les services et les
taxes d'amélioration locale, mais une compensation qui doit être
négociée.
Troisièmement, les autres propriétés exemptes:
biens religieux, corporations religieuses, etc., elles sont carrément
sujettes au paiement des compensations pour services et des taxes
d'amélioration locale.
Or, là-dessus, M. le Président, nous aimerions faire les
remarques suivantes. Premièrement: la notion de taxe
d'amélioration locale, c'est une notion qui n'existe pas en vertu de la
Loi des cités et villes. Vous savez, en vertu de la Loi des cités
et villes, quand on parle de taxe foncière, de la taxe foncière
générale ou des taxes spéciales pour les travaux
les taxes spéciales pour les travaux, ça peut aussi bien
s'adresser à une aréna ou à un hôtel de ville
c'est chargé à l'ensemble des propriétés de la
municipalité car la conduite d'eau locale qui passe dans la rue en face
de chez moi m'est chargée en front, en superficie ou en valeur. Or, nous
soumettons que la loi devrait définir ce qu'est une amélioration
locale dont les propriétés exemptes sont responsables parce que,
dans la loi, il n'y a pas de distinction entre amélioration locale et
taxe spéciale et, par conséquent, ça crée de la
confusion.
La deuxième remarque, c'est que nous ne voyons pourquoi le
gouvernement et les institutions d'enseignement le gouvernement, parce
qu'il le déciderait lui-même, parce que la législature le
déciderait par une loi ne se rendraient pas directement
responsables du paiement à la municipalité des taxes
d'amélioration locale dont ses propriétés
bénéficient et des compensations pour les services. Nous trouvons
particulièrement lourd et peut-être onéreux pour les
contribuables le fait d'être obligé d'envoyer des gens à
Québec, au ministère de l'Education, pour négocier le prix
de l'eau pour chaque école dans le territoire. Si on multiplie par le
nombre de municipalités â travers la province, on pense que c'est
une procédure qui est beaucoup trop coûteuse et qui n'est pas
utile. Quand on pense à des choses comme le service d'eau ou le service
d'enlèvement des vidanges, il s'agit non pas d'une taxe mais du prix
d'un service qui est fourni et ça, le Conseil privé l'a
décidé dans la cause de Doherty contre la ville de Lévis,
la cause que Me Lesage citait hier.
Alors, nous ne voyons pas pourquoi les propriétés qui
doivent être exemptées de taxes ne paieraient pas ce
service-là et pourquoi ces propriétés-là ne le
paieraient pas sur la même base que les autres citoyens puisqu'il s'agit
du prix d'un service. Quant au gouvernement, nous sommes parfaitement
conscients du fait que les propriétés de la couronne ne sont pas
taxables et nous pensons que, constitutionnellement, la province pourrait, par
une loi, rendre ces propriétés sujettes au paiement direct des
compensations pour les services et même au paiement direct des taxes
destinées à couvrir des travaux locaux. Si vous prenez une
conduite d'eau qui dessert 50 citoyens et un immeuble du gouvernement et qui
est chargé au pied de front ou au pied de superficie, nous ne voyons pas
pourquoi le gouvernement ne rendrait pas sa propriété responsable
du paiement annuel de la taxe spéciale pour cette conduite d'eau comme
tout autre citoyen. Il s'agit là aussi du prix d'un service
spécifique et, pour autant que le projet de loi les décrirait de
façon précise, nous ne voyons pas pourquoi on devrait recourir
à 50 procédés plus ou moins coûteux et plus ou moins
longs pour établir ça.
Evidemment, il y a des municipalités qui exagèrent sur la
taxe d'eau et qui sous le nom de taxe d'eau imposent une taxe de service
général ou déguisent n'importe quoi sous le nom de taxe
d'eau. Mais, il y a des lois là-dessus des tribunaux qui peuvent se
prononcer et, si les règlements sont illégaux, ils peuvent les
casser. Alors, je ne crois pas que ce soit une objection parce que certaines
municipalités peuvent exagérer pour rendre les
propriétés exemptes responsables du paiement du coût d'un
service.
M. LEGER: M. Paquet, j'aurais une question. A l'occasion du débat
sur le bill 48 à l'Assemblée nationale, nous avions
suggéré que les maisons du gouvernement, les hôpitaux, les
immeubles d'Hydro-Québec soient taxés. A un moment donné,
il y a une partie qui avait été temporairement acceptée et
le ministre nous avait dit qu'il ne pouvait pas le faire sur les
immeubles des gouvernements fédéral et provincial, parce
que c'était anticonstitutionnel, contre l'Acte de l'Amérique du
Nord britannique. Est-ce que vous pensez que le domaine des taxes de service
serait soustrait à cet Acte de l'Amérique du Nord britannique ou
si ça pourrait être acceptable?
M. PAQUET: Il faut faire une distinction, M. le Président, entre
le prix d'un service comme la fourniture de l'eau et une taxe proprement dite.
Le prix d'un service, comme la fourniture de l'eau, le Conseil privé a
décidé, dans le cas de la couronne fédérale, que ce
n'était pas une taxe mais bien le prix d'un service et que personne,
même de la couronne, n'avait le droit de recevoir un service gratuit de
la part de la municipalité. Par conséquent, même pour les
propriétés fédérales, en l'absence de toute loi,
les municipalités seraient justifiées, pour défaut de
paiement de la taxe d'eau, de ne pas fournir d'eau. Cela, je pense, c'est
décidé, c'est établi par le Conseil privé, c'est
clair.
Maintenant, pour ce qui est des taxes proprement dites, il est
évident qu'une municipalité ne pourrait pas, sans la permission
de la couronne fédérale, taxer les propriétés de la
couronne fédérale, mais je pense que l'Acte de l'Amérique
du Nord britannique permet à la province, dans son propre domaine de
juridiction, de réduire ou d'étendre les privilèges de la
couronne, comme le fédéral dans son propre domaine de juridiction
pourrait étendre ou réduire les privilèges de la couronne
fédérale.
C'est tellement vrai qu'il existe au fédéral une loi qui
permet à un ministre je pense que c'est le ministre des Travaux
publics de payer des octrois en lieu de taxes. Je pense, autrement dit
que du point de vue juridique la Législature provinciale, dans son
domaine de juridiction, est souveraine et pourrait décider de rendre les
propriétés de la couronne provinciale responsables non seulement
du coût des services, mais des taxes d'amélioration locale. Je
pense même que la province pourrait aller plus loin et dire: Mes
propriétés sont imposables.
Ce n'est pas ce que nous demandons, remarquez-le, mais je pense que
chacun, dans son domaine, est souverain là-dedans.
M. LEGER: Vous voulez dire que, pour le gouvernement provincial, si
c'est le gouvernement provincial qui acceptait lui-même de permettre
cette taxe-là, pour le gouvernement fédéral, il faudrait
que le fédéral l'accepte.
M. PAQUET: Ce serait la Législature qui, par une loi, rendrait
les propriétés de la couronne provinciale responsables
directement du paiement des compensations.
M. LEGER: C'est cela. Alors, ça prendrait deux
Législatures, une fédérale et une provinciale?
M. PAQUET: Cela prendrait deux lois si tout le monde voulait s'entendre
pour que les propriétés de la couronne soient directement
responsables du paiement des taxes d'amélioration locale.
M. PAUL: L'une devrait émaner de l'autorité
fédérale.
M. PAQUET: Pardon?
M. PAUL: L'une de ces lois devrait émaner de la Chambre des
communes.
M. PAQUET: C'est mon opinion, M. le Président.
M. PAUL: Maintenant, vous ne vous trouvez pas un peu présomptueux
de croire que le gouvernement, dans un geste magnanime, va imposer ses propres
propriétés, va consentir à ce que ses propres immeubles
soient imposables?
M. PAQUET: M. le Président, ce n'est pas ce que nous demandons
pour ce qui est de toutes les taxes proprement dites. Pour la taxe
foncière générale, nous ne demandons pas au gouvernement
de rendre ses propriétés imposables. Nous demandons uniquement
que cette mesure-là s'applique au paiement des services, la compensation
comme l'eau, et aux taxes d'amélioration locale, le paiement de la
conduite d'eau qui dessert directement l'immeuble provincial. A ce moment, ce
n'est plus de la taxation "at large", ça peut ni plus ni moins
s'apparenter au paiement d'un service, si vous voulez, de façon un peu
moins directe que pour ce qui est du service d'eau proprement dit.
Par ailleurs, je pense que même à l'heure actuelle le
gouvernement a mis sur pied certains mécanismes pour payer des
compensations à certaines municipalités en lieu de taxes pour ses
propres propriétés. Compensations qui, en fait, vont plus loin
que ce que nous demandons, parce qu'on paye une certaine forme de subvention en
lieu même de taxe générale. Dans ce sens-là, disons
que je ne trouve pas la demande particulièrement présomptueuse,
parce que le gouvernement, en pratique, le fait déjà dans
plusieurs cas.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Argenteuil.
M. SAINDON: M. le Président, j'ai une question à poser
à Me Paquet.
Me Paquet, suivant votre recommandation à l'effet que le
gouvernement paye des taxes spéciales dans des municipalités
où il y en a où, dans certains cas, certains services sont
payés par ce qu'on appelle communément "au frontage", dans les
municipalités où il n'y a ni taxes spéciales, ni taxes
prélevées "au frontage" par exemple, où toutes les taxes
sont "at large",
dans ce cas, quelle serait votre opinion ou votre recommandation?
M. PAQUET: Dans ce cas, M. le Président, je pense qu'une autre
loi qui serait une loi de la fiscalité municipale ou scolaire pourrait
prévoir des formules par lesquelles le gouvernement pourrait...
M. PAUL: Par l'octroi d'une subvention. M. PAQUET: Pardon?
M. PAUL: Une loi qui pourrait prévoir le versement d'une
subvention fixe.
M. PAQUET: Tout ce que je vise comme recommandation, à l'heure
actuelle, c'est ceci: à part le paiement d'un service direct comme la
fourniture de tant de gallons d'eau, si le gouvernement, pour sa
propriété, a besoin d'une conduite d'eau de six pouces et d'un
égout local et qu'il en bénéficie directement de la
même façon que le résidant de droite et le résidant
de gauche, qu'il soit directement appelé à payer le même
prix pour le même service, service qui lui est fourni directement
à sa propriété. A ce moment-là, je pense qu'on doit
assimiler cela plus au paiement d'un service qu'à une taxe proprement
dite. C'est jusque là que va la recommandation des municipalités
et pas plus loin. Pour le reste, nous pensons que ce serait dans le cadre d'une
loi sur la fiscalité que ça devrait se faire plutôt que
dans le cadre d'une loi sur l'évaluation. Et c'est dans ce
sens-là que notre étude n'est pas allée plus loin qu'elle
ne l'a été à l'heure actuelle.
M. SAINDON: Dans ce cas-là, M. Paquet, votre recommandation
pourrait peut-être régler le cas de certaines
municipalités, mais elle ne réglerait pas le cas d'autres, par
exemple.
M. PAQUET: C'est l'évidence même, M. le
Président.
Mais, par ailleurs, je n'ai pas cru devoir aller plus loin que le projet
de loi lui-même sur lequel je présentais un mémoire, et ne
pas entrer dans un domaine beaucoup plus vaste qui est celui de la
fiscalité municipale. A ce compte-là, on pourrait très
bien dire aussi que les pouvoirs des municipalités d'imposer des taxes
de service proprement dit, par exemple la taxe d'eau, pourraient être
beaucoup plus serrés qu'ils ne le sont actuellement dans les lois, de
façon à s'assurer que la taxe couvre vraiment le prix d'un
service, et pas cinquante autres choses.
Mais à ce moment-là, j'avais l'impression, à tort
ou à raison, qu'en allant plus loin que ça, je débordais
le cadre du projet de loi que la commission était appelée
à étudier. Malheureusement, disons que je ne suis pas prêt,
à l'heure actuelle, à aller plus loin que ça parce que je
n'ai pas étudié la question de la fiscalité à
fond.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Paquet, sans avoir étudié
cette question-là à fond, vous vous rendez compte, et vous en
avez pris connaissance, vous avez été ici assez souvent, que le
ministre a consenti de nombreuses exemptions et que cela va remettre en cause
toute la question de la fiscalité municipale.
Evidemment, ce n'est pas le lieu ici d'en discuter pour l'instant, mais
je pense que le ministre va devoir faire un sérieux examen de la
situation, étant donné le nombre d'exemptions considérable
qu'il a consenties à l'avantage de certaines sociétés,
entreprises, etc.
M. PAQUET: M. le Président, toute la question de la
fiscalité municipale est à réétudier; elle est
d'autant plus à réétudier que la fiscalité scolaire
est également en train d'être réétudiée et
que l'une a des effets certains sur l'autre. Dans la mesure, évidemment,
où le scolaire se retirerait du champ de taxation foncière, il
peut y avoir un réaménagement considérable de la
fiscalité municipale et de la fiscalité des gouvernements
régionaux là où il en existe. J'ai l'impression que des
études sont en cours actuellement dans ce domaine pour en arriver
à un réaménagement si besoin il y a. Je suis parfaitement
d'accord avec le député de Chicoutimi qu'une étude sur la
fiscalité municipale devrait être faite assez rapidement.
M. LEDUC: Me Paquet, je veux vous remercier pour le travail que vous
avez présenté. Il y a plusieurs points qui sont
intéressants, il y en a un qui m'a frappé plus
particulièrement, c'est le pouvoir, pour les municipalités,
d'intervenir aux moments de contestation de l'évaluation municipale
entre la communauté urbaine et les commettants de Pointe-Claire ou
Dorval. Il y a d'autres points qui... Pardon?
M. LEGER: Si je peux me permettre de vous dire, j'ai interrompu le
représentant avant qu'il n'ait fini son mémoire. Il n'avait pas
terminé.
M. LEDUC: Mes excuses, Me Paquet, continuez.
M. PAQUET: M. le Président, brièvement, pour ce qui est de
la question de la taxation des roulottes, nous comprenons que le projet de loi
sera considérablement modifié de façon à
éviter l'évaluation foncière des roulottes qui
était dangereuse, parce qu'un oubli pouvait entraîner une
cassation de rôle s'il était répété. Nous
n'insisterons par particulièrement là-dessus.
Pour ce qui est de l'exemption des biens de production, nous comprenons
que les articles 14 et suivants seront considérablement modifiés,
de telle sorte qu'il n'y a pas lieu de s'arrêter là-dessus, sauf
peut-être pour dire que, si on adopte le principe que les biens de
production doivent être exemptés de la taxation lorsqu'ils sont
immeubles par destination, nous ne voyons pas pourquoi, dans une munici-
palité où vous auriez une papeterie et une industrie
où on fabrique du pétrole, la machine qui fabrique le papier
parce qu'elle est immeuble par destination serait exempte, alors
que la colonne de "cracking" catalytique ou les réservoirs de transfert,
qui sont des immeubles par nature, seraient taxables.
Il s'agit, dans les deux cas, de biens de production qui sont intimement
liés au processus même de la production. Si le gouvernement adopte
la politique d'exempter les biens de production, nous vous suggérons
qu'on devrait exempter les biens de production sans référence
à leur caractère d'immeuble par nature ou par destination, en ne
conservant que la taxation des biens-fonds des terrains, des bâtiments et
des améliorations qui sont des abris.
Si on adopte le principe de l'exemption des biens de production, ce qui
sert au procédé même de fabrication, que ce soit immeuble
par nature ou par destination, ça devrait être traité de
même façon à notre avis. Maintenant, pour ce qui est des
terres en culture, nous nous réjouissons de voir que le ministre se
propose d'abandonner le critère du cultivateur pour s'en tenir au
critère de la terre elle-même comme devant être la base
d'une exemption.
Nous tenons à souligner à cette commission qu'autant nous
sommes favorables à la protection de l'exploitation agricole
véritable, autant nous insistons sur le fait que la coloration de
cultures servant de déguisement à la spéculation
immobilière ne devrait, en aucune façon, être
protégée par des exemptions de taxes.
Nous en sommes rendus, avec la législation actuelle, à un
point tel, que le riche propriétaire qui se constitue un magnifique
domaine de 15 arpents et plus, en gazon et en fleurs, n'est taxable qu'à
$100 l'arpent parce qu'il fait de la culture de gazon et de la culture de
fleurs. A ce moment-là, nous disons que la situation est rendue à
un point vraiment ridicule et il temps qu'elle change.
Finalement, pour ce qui est des appels en matière
d'évaluation, nous soumettons que le premier plateau d'appel qui est le
bureau de révision devrait être composé de personnes
indépendantes de la municipalité, de personnes nommées par
l'Etat provincial et dont les traitements et les conditions de travail seraient
fixés par l'Etat provincial de façon à éviter
l'opinion, dans le public en général, que le bureau de
révision devant qui nos citoyens se plaignent n'est qu'une estampille de
caoutchouc pour avaliser ce qu'a fait l'évaluateur.
Nous, comme municipalités, aimerions voir un bureau de
révision indépendant devant qui nos évaluateurs devront
justifier leur évaluation et pourront donner vraiment une pleine mesure
de justice à nos contribuables, des personnes devant qui nos
contribuables ne se diront pas: Cela ne vaut pas la peine d'aller là, ce
sont des gens qui sont nommés et payés par la ville et qui vont
faire ce que la ville va leur dire.
Nous soumettons également que les minima qui sont prévus
au texte de loi et qui sont de $15,000 de taxe foncière et de $500 de
valeur locative, pour obliger les bureaux de révision à
siéger dans la municipalité même, sont beaucoup trop bas.
Nous vous suggérons que pour toutes les évaluations en
deçà de $50,000, ou les valeurs locatives en deçà
de $2,000, le bureau de révision de la communauté doive
siéger dans la municipalité et en dehors des heures et des jours
normaux de travail, de telle sorte que le petit propriétaire qui a une
juste plainte à formuler ne doive pas perdre une journée de
travail et une journée de salaire pour aller faire valoir des droits
qui, pour lui, sont fondamentaux.
Nous vous suggérons également que le tribunal d'appel,
comme la cour Provinciale, devrait siéger au moins dans la région
immédiate d'où provient l'appel dans la mesure où les
lieux le permettent. Par exemple, à Pointe-Claire, nous avons une salle
d'audience magnifique qui est utilisée actuellement par la cour du
Bien-Etre social. Elle comporte toutes les facilités requises et elle
permettrait à la cour Provinciale, dans certains cas, de siéger
valablement sur les lieux mêmes. A Dorval, nous avons également
une cour Municipale parfaitement aménagée qui pourrait servir de
salle d'audience à la cour Provinciale. Dans le cas d'appels comme
ceux-là, cela atteindrait, selon nous, l'objectif de rapprocher la
justice des citoyens.
Nous soumettons que le tribunal d'appel, en matière
d'évaluation, pourrait facilement être la cour Provinciale avec
une division ou une chambre spéciale d'évaluation, de telle sorte
que ça permette, dans tous les cas, d'utiliser les facilités
matérielles de la cour Provinciale et d'utiliser également le
bagage de connaissances, de traditions et de jurisprudence de la cour
Provinciale en matière d'évaluation.
Nous pensons que la cour Provinciale a déjà fait ses
preuves dans ce domaine-là et que les facilités et les traditions
qui ont été accumulées au cours des années sont
valables et qu'on ne devrait pas balancer tout ça pour remplacer
ça par une régie.
Enfin, pour ce qui est de la mise à jour perpétuelle du
rôle d'évaluation prévu à l'article 97: L'article 97
prévoit la mise à jour perpétuelle, nous sommes
parfaitement d'accord pour l'addition de nouvelles propriétés par
voie de certificat, pour l'addition au rôle de propriétés
qui ont été omises, ou pour des modifications d'évaluation
en cours d'année dans l'éventualité où il y a eu un
changement physique: démolition, addition, etc. Par ailleurs, nous
sommes vivement opposés à la mise à jour
perpétuelle et quotidienne du rôle, c'est-à-dire que
l'évaluateur peut changer d'idée et envoyer un certificat
d'évaluation par jour à un contribuable qui va devoir faire 365
plaintes dans l'année. Autrement dit, son évaluation ne serait
pas fixe pour un an. Cela peut évidemment donner lieu à des abus
pour le contribuable, cela peut également rendre si on pousse la
chose à
l'extrême extrêmement difficile pour la
municipalité d'établir un budget, parce que la base d'un budget,
dans bien des cas, c'est l'évaluation et nous considérons qu'une
fois le rôle déposé et homologué, il devrait
être immuable pour un an de façon que la municipalité
puisse savoir, de façon certaine, combien elle pourra retirer de taxes
avec un taux X sur l'évaluation déposée.
Par ailleurs, si cette suggestion était adoptée, il
faudrait pensons-nous revenir au mécanisme de la
révision annuelle qui, elle, permettrait de tenir compte de tous les
facteurs externes de la propriété, changements de zonage,
modifications de valeur des terrains dans une région donnée, avec
droit de plainte évidemment annuellement mais que, une fois le
rôle déposé et entré en vigueur, sauf pour des
changements physiques, il soit immuable de façon que le contribuable et
la municipalité sachent où ils s'en vont en matière
d'évaluation et de taxation.
Enfin, nous recommandons à la Législature de se pencher
sur le problème particulier de la révision des évaluations
dans la région de Montréal. Nous comprenons qu'à l'heure
actuelle le bureau de révision de la ville de Montréal serait
transféré à la communauté et deviendrait le bureau
de révision pour la région de Montréal. Nous n'avons rien
contre le bureau de révision de Montréal mais nous constatons
qu'il avait, au début de cette année, 7,000 plaintes des
années passées en retard et qu'il a reçu cette
année, 8,000 autres plaintes sur la valeur locative et sur la valeur
foncière.
Nous ne voyons pas comment le bureau de révision de
Montréal constitué tel qu'il l'est actuellement pourra, dans le
délai de douze mois qui est prévu par le projet de loi, nettoyer
toutes ces plaintes. Nous recommandons fortement à la Législature
de faire en sorte que la Communauté urbaine de Montréal soit
forcée de nommer le nombre de réviseurs temporaires requis pour
permettre physiquement de nettoyer la question des évaluations dans le
délai qui est prévu. A l'heure actuelle, avec un bureau de six
membres, nous vous soumettons respectueusement, par expérience, qu'il
est impossible de nettoyer tout cela dans un an comme le prévoit le
projet de loi.
Enfin, nous concluons en promettant au gouvernement, au ministère
des Affaires municipales, toute la collaboration de l'administration des villes
de Pointe-Claire et Dorval dans la mise en oeuvre du projet de loi no 48 sur
leur territoire.
M. LEGER: M. le Président, j'aurais une question à poser
au ministre. Dans le mémoire, à la page 6, on affirme qu'il
pourrait y avoir à ce système d'évaluation des exceptions
dans la région de Montréal. Est-ce que le ministre n'a pas
déjà déclaré que le projet de loi no 48 devait
justement permettre à la ville de Montréal de faire sa propre
évaluation selon un barème provincial? Quand on affirme aussi
qu'il pourrait y avoir des exceptions, est-ce vrai ou faux?
M. PAQUET: Nous n'affirmons pas qu'il y aurait aussi des exceptions.
Nous insistons pour qu'il n'y en ait pas.
M. TESSIER: Il n'y aura pas d'exception, M. le Président. C'est
justement un des buts premiers du projet de loi no 48: uniformiser tous les
rôles d'évaluation et de quelle manière les confectionner,
les normes et les critères. Et ça s'appliquera, comme je l'ai
déjà déclaré, à l'ensemble des
municipalités du Québec, y compris la ville de Montréal, y
compris toutes les municipalités qui composent la Communauté
urbaine de Montréal.
M. PAQUET: C'est ça.
M. LEGER: Maintenant, M. Paquet, à la page 8, vous dites qu'il
serait peut-être dangereux, quand on fera la correction des
inégalités actuelles du rôle, de faire perdre brusquement
des revenus à des municipalités qui devraient changer leur
évaluation actuelle pour prendre celle qui est normale. Avez-vous des
exemples précis? Même si une municipalité change son mode
d'évaluation, est-ce qu'il n'y a pas quand même un correctif par
le taux qui sera appliqué pour obtenir, en définitive, le montant
de revenus dont elle a besoin pour s'administrer?
M. PAQUET: Notre recommandation, M. le Président, est uniquement
au niveau du principe. Vous aviez à l'heure actuelle je prends
l'exemple de Bell Canada la possibilité d'évaluer le
réseau, poteaux, fils, etc. à sa valeur réelle et de le
taxer. Dans le cas de l'Hydro-Québec, il y avait la même
possibilité, et il y a des jugements de la cour Provinciale et de la
cour d'Appel qui disent que les transformateurs d'une sous-station
électrique sont des immeubles par nature imposables. Brusquement, nous
nous retrouvons, dans le cas des utilités publiques devant un nouveau
mode d'évaluation qui est basé sur les revenus bruts. Quels
sont-ils, ces revenus bruts? Nous ne le savons pas. Et quel va être
l'effet de l'application du taux sur les revenus bruts au lieu de notre propre
taux sur la valeur foncière? Nous ne le savons pas.
Nous recommandons simplement que, dans la mesure où l'application
du projet de loi nous ferait perdre brusquement en un an un revenu substantiel
qui est important pour notre municipalité, il puisse y avoir un
étalement sur une période de trois ou cinq ans de la
décroissance des revenus. C'est déjà prévu dans le
cas de l'Hydro-Québec, c'est déjà prévu dans le cas
de l'enlèvement de la taxation sur la machinerie. Nous recommandons que
le même mécanisme puisse être prévu dans le cas des
nouveaux modes d'évaluation pour les utilités publiques dans la
mesure, encore une fois, où il y a un
préjudice susbtantiel qui serait causé aux
municipalités.
M. LEGER: Vous voulez dire par là que c'est surtout pour des
immeubles de la nature de ceux que vous venez de nous mentionner.
M. PAQUET: C'est ça.
M. LEGER: Et non pas pour les immeubles de propriétaires, de
petits propriétaires.
M. PAQUET: Non, il s'agit des utilités publiques en
l'occurrence.
M. LEGER: Une dernière question. A la page 11 de votre
mémoire, vous dites: Nous souhaitons voir ajouter au projet de loi deux
pouvoirs pour les municipalités. Entre autres, le premier, c'est une
contestation. Comme la Communauté urbaine de Montréal va pouvoir
se servir d'une évaluation qui sera la même pour toute la province
et comme cette évaluation-là dans les municipalités
situées à l'intérieur de son territoire, va leur permettre
d'avoir leur propre taxation pour leurs fins personnelles et à la
communauté urbaine d'avoir sa propre taxation pour ses fins
personnelles, est-ce que dans la loi je pose la question au ministre
ce n'est pas normal que la municipalité elle-même ou les
personnes à l'intérieur des municipalités aient ce pouvoir
de contester cette taxe non seulement au palier de la communauté
urbaine, mais au palier même de la municipalité?
M. TESSIER: Je m'excuse. J'étais après... M. LEGER: A la
page 11 du mémoire... M. TESSIER: ... lire un autre article.
M. LEGER: ... on souhaite au projet de loi des pouvoirs et un de ces
pouvoirs-là, c'était justement qu'il y ait une contestation
possible. Mais étant donné qu'il y a une évaluation qui
serait la même pour deux possibilités de taxation, soit la
municipalité pour ses propres fins et la communauté urbaine pour
ses propres besoins, donc que la même évaluation va être
dans une ville pour deux sources de taxation différente, est-ce que dans
la loi, on ne prévoit pas justement que soit la municipalité,
soit la communauté urbaine, soit les individus à
l'intérieur d'un de ces deux organismes, aient un pouvoir de
contestation de cette taxe? Est-ce que la ville ou les contribuables d'une
ville ne l'ont pas déjà ce pouvoir-là de contester?
M. TESSIER: Il y a un seul rôle d'évaluation sur lequel
deux sources de taxation peuvent être imposées.
M. LEGER: C'est cela.
M. TESSIER: Evidemment, lorsqu'il s'agit de contestation, il s'agit de
contestation du rôle d'évaluation et non pas du taux de la
taxe.
M. LEGER: Non, d'accord.
M. TESSIER: Alors je ne vois pas à quoi le député
de Lafontaine veut en venir.
M. LEGER: C'est parce qu'ici on dit: Le pouvoir pour les
municipalités d'intervenir dans toute contestation. Est-ce que la
municipalité comme telle peut intervenir autant que la communauté
urbaine comme telle ou que des personnes à l'intérieur d'une
ville? Et ceci vis-à-vis de qui? De la communauté urbaine?
M. TESSIER: La municipalité ne peut certainement pas intervenir.
C'est l'individu qui peut intervenir.
M. LEGER: Oui, à l'intérieur d'une
municipalité.
M. PAUL: Me Paquet suggère qu'une intervention puisse être
permise.
M. TESSIER: Pardon?
M. PAUL: Me Paquet suggère que l'intervention d'une
municipalité puisse être permise dans ce différend qui
oppose, par exemple, le contribuable au rôle d'évaluation
préparé par la communauté urbaine.
M. TESSIER: La municipalité pourra intervenir auprès de la
Commission municipale à ce moment-là, parce que la Commission
municipale a le pouvoir, en vertu du projet de loi, justement d'entendre des
plaintes et de voir si le rôle est conforme, si la loi a bien
été observée.
M. PAUL: Mais dans un cas de contestation fixe pour un immeuble
déterminé, est-ce que la municipalité, disons de
Pointe-Claire, pourrait intervenir dans une contestation du rôle
d'évaluation, dans une opposition à son propre rôle?
M. TESSIER: Au rôle préparé par la communauté
urbaine.
UNE VOIX: Qui serait le même. M. LE PRESIDENT: Me Paquet.
M. PAQUET: M. le Président, est-ce que je peux donner un exemple
concret qui peut-être éclairerait la question, si M. le ministre
me le permet? On va prendre un exemple bien clair: à Montréal, la
Place Ville-Marie. L'évaluation de la Place Ville-Marie est
préparée par la communauté urbaine et la corporation de la
Place Ville-Marie la conteste. Moi, ville de Montréal, je me trouve
à l'extérieur du débat. Voici que tout à coup je me
rends compte, parce que les hommes sont humains et qu'il y a des faiblesses
là comme ailleurs, que la cause est mal engagée et que je
vais perdre de façon considérable dans l'évaluation et,
par conséquent, des taxes. Est-ce qu'il ne serait pas normal que moi,
dans un cas grave comme celui-là, je puisse avec mon propre expert et
mon propre avocat, intervenir dans la contestation pour soutenir les
prétentions faiblissantes de la communauté, parce que j'ai un
intérêt direct pour ma taxation? C'est cela la suggestion que nous
faisons, M. le ministre.
M. LEGER: C'est ce que je voulais soulever.
M. TESSIER: J'ai l'impression que toute personne
intéressée peut intervenir.
M. PAQUET: Si vous me le permettez, il y a de la jurisprudence à
l'effet qu'un intéressé qui peut contester une histoire comme
celle-là, c'est une personne qui est taxée et la
municipalité n'est pas taxée par ce rôle-là.
M. TESSIER: Non, mais un contribuable est taxé.
M. PAQUET: Pardon?
M. TESSIER: Oui, un contribuable autre que le propriétaire est
taxé, il a un intérêt direct.
M. PAQUET: Mais la municipalité comme telle qui va perdre des
taxes, n'est pas je soumets mon opinion en l'absence d'un texte,
une partie intéressée dans le débat entre le
propriétaire et l'évaluateur de la communauté. Evidemment,
la communauté est un phénomène nouveau et ce
n'était pas prévu qu'à un moment donné ce serait
quelqu'un d'autre que la municipalité qui serait responsable de la
fonction de l'évaluation.
La municipalité va se trouver prise en sandwich entre le
contribuable et la communauté et, en l'absence d'un texte, nous
soumettons qu'elle n'aura rien à dire pour défendre une chose qui
est vitale pour elle, qui peut signifier plusieurs dizaines de milliers de
dollars de taxes pour elle.
M. LEGER: Et l'inverse aussi. La municipalité et le contribuable
et la communauté urbaine ne pourraient pas intervenir alors
qu'elle-même est intéressée parce qu'elle est sur le
même rôle.
M. TESSIER: Non, mais comme je le mentionnais tout à l'heure, la
municipalité pourra intervenir auprès de la Commission
municipale, parce que la Commission municipale aura des pouvoirs
d'intervenir.
M. LEGER: Mais le débat est entre l'individu et l'organisme qui
le taxe, et comme il y a deux organismes qui pourraient le taxer...
M. TESSIER: Faire reprendre l'évaluation.
M. LEGER: C'est cela, c'est le même rôle
d'évaluation.
M. TESSIER: Faire reprendre l'évaluation si les...
M. PAUL: Pour un immeuble bien spécifique...
M. TESSIER: Pour un immeuble bien spécifique, parce que, à
ce moment-là, si on établit à la satisfaction de la
Commission municipale que les normes et les critères qui
apparaîtront dans les règlements, n'ont pas été
suivis, elle pourra intervenir et exiger qu'il y ait réévaluation
de tel immeuble.
M. LEGER: Mais, actuellement dans la loi, M. le ministre, prenons dans
la ville de Montréal, prenons la ville d'Anjou, est-ce que ce sont des
évaluateurs provinciaux, des évaluateurs de la communauté
urbaine ou des évaluateurs de la municipalité qui feront la
première inspection pour établir le rôle?
M. TESSIER: Ce sont les évaluateurs de la communauté mais
ils devront être agréés par la Commission municipale pour
pouvoir procéder à cette évaluation.
M. LEGER: A ce moment-là la municipalité n'a absolument
rien à faire là-dedans à l'intérieur de la
communauté urbaine.
M. TESSIER: Non, si l'on parle de municipalité à
l'intérieur de la communauté urbaine, vu qu'il y aura
intégration de l'évaluation municipale à
l'intérieur de la communauté, ce sera la communauté qui
sera chargée de faire l'évaluation pour les
municipalités.
M. LEGER: Alors si la municipalité n'est pas satisfaite?
M. TESSIER: Tout cela apparaît, dans la loi, dans le bill 75 qui a
créé la Communauté urbaine de Montréal.
M. LEGER: Oui, mais là il y a deux choses qui peuvent survenir:
ou bien la municipalité n'est pas satisfaite et là vous dites:
Elle peut aller à la Commission municipale.
M. TESSIER: La Commission municipale pourra intervenir.
M. LEGER: Mais un propriétaire, à l'intérieur d'une
municipalité, comme le cas que M. Paquet vient de dire, va aller en
contestation contre la Communauté urbaine de Montréal, mais la
ville, elle-même, ne fera pas partie de la cause et indirectement elle va
être impliquée dans les résultats de la
décision.
M. TESSIER: Oui, je comprends, mais comme je viens de le mentionner, la
ville pourra intervenir auprès de la Commission municipale, à ce
moment-là, sans passer par l'autre bureau de révision. Et si vous
le permettez, M. le Président, je ne sais pas si sur ce
point-là... Je comprends que, dans le mémoire, Me Paquet a
soulevé deux choses sur lesquelles j'aimerais faire une courte
observation. D'abord au sujet de l'article 65, la nouvelle proposition
d'amendement à l'article 65 porterait à $50,000 au lieu de
$15,000 et à $3,000 au lieu de $500 pour qu'il y ait un plus grand
accès de la part des contribuables au bureau de révision, je
pense que c'est ce que vous demandiez dans votre mémoire.
M. PAQUET: C'est même plus que ce que nous demandions, M. le
ministre, alors merci.
M. TESSIER: Egalement, un autre point que vous avez
souligné...
M. PAUL: C'est un autre amendement cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre, M. le
Président, a l'intention, avant que nous ne terminions ces auditions, de
nous apporter à tout moment les nouveaux amendements? Est-ce qu'il ne
serait pas mieux de nous les déposer, parce que l'on va être
obligé de reprendre les auditions?
M. TESSIER: Non, non, c'est simplement pour répondre au fur et
à mesure que les mémoires sont présentés mais je
l'ai dit hier...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'accord, il s'en pose un là, il
peut s'en poser d'autres.
M. TESSIER: ... dans quelques jours, nous aurons le texte
définitif, que nous distribuerons à tous les membres de la
commission parlementaire.
M. PAUL: Le texte définitif ou réimprimé?
M. TESSIER: Ce sera le texte définitif, afin que nous
puissions...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une nouvelle version.
M. TESSIER: C'est une nouvelle version, en tenant compte des
recommandations et des suggestions diverses qui ont été
apportées dans la centaine de mémoires que nous avons
reçus et que nous avons étudiés. Nous reviendrons sur cet
article 65, comme sur plusieurs autres. Mais, c'était parce que cette
question a été soulevée dans le mémoire de Me
Paquet.
Egalement, j'entendais Me Paquet, il y a un instant, parler de ce qui se
passait dans le bureau de révision de la ville de Montreal. Or, il y
aura un amendement aussi important d'apporté à l'article 51 qui
traite du bureau de révision. Le texte original se lisait ainsi: Au
temps indiqué par la commission, la communauté, la
municipalité mandataire ou la corporation, etc. Alors le pouvoir va
être donné au ministre. La proposition de la nouvelle
rédaction de l'article 51 se lirait à peu près comme suit:
Le ministre nomme les membres de chaque bureau de révision et en
désigne le président et le vice-président. Le
lieutenant-gouverneur en conseil, à la recommandation du ministre,
détermine le traitement et les autres conditions de l'engagement des
membres de chaque bureau. Alors, c'est dire, en somme, que c'est le
gouvernement qui va restructurer le bureau de révision. Il va y avoir
deux bureaux de révision permanents, un à Montréal et un
à Québec, en plus des autres bureaux de révision un peu
partout en province qui verront à recevoir les plaintes de groupes de
municipalités. Alors, nous espérons, et c'est le but de l'article
51, de l'amendement qui y a été apporté, mettre fin
à cette situation déplorable que vous venez de souligner, Me
Paquet.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. ROY (Lévis): Je vois à la page 16: Procédure
prévue pour le projet relativement... Est-ce que les
municipalités avaient été informées de l'amendement
qui avait été fait pour les roulottes? Je vois ici encore qu'il y
a des interventions de faites parce qu'on prétend qu'une période
de 30 jours n'est pas assez longue et que...
M. TESSIER: Elle a été portée à 90
jours.
M. ROY (Lévis): Vous l'avez portée à 90 jours, mais
les municipalités n'ont pas été averties.
M. TESSIER: Non, mais on nous présente encore des
mémoires. Il faut tenir pour acquis que tous les mémoires qui
nous sont présentés ont été préparés
depuis déjà deux, trois mois.
M. ROY (Lévis): Ah bon!
M. TESSIER: Nous avons commencé à siéger au mois
d'août, je crois, et évidemment on s'est basé sur le texte
original du bill 48 qui avait été, à ce moment-là,
déposé et même adopté en deuxième lecture.
Depuis ce temps-là, il y a eu de nombreux mémoires qui ont
été présentés et c'est à la lumière
de ces mémoires que les amendements ont été
apportés.
M. ROY (Lévis): C'est cela. Maintenant, le ministre peut
expliquer aux gens qui viennent le rencontrer que cela a été
remis à 90 jours.
M. TESSIER: Oui. C'est-à-dire qu'on le dit au fur et à
mesure que les gens soulèvent...
M. ROY (Lévis): Il y avait justement une objection, tout à
l'heure, que j'ai notée.
M. PAQUET: Je m'excuse, M. le Président, je me rends compte qu'il
est difficile peut-être pour les membres de l'assemblée de suivre
au fur et à mesure les amendements qui seront proposés. C'est
d'autant plus difficile pour un avocat de Montréal d'être au
courant au jour le jour de ce qui...
M. PAUL: Me Paquet, soyez sans inquiétude, nous allons veiller au
grain.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Paquet...
M. TESSIER: L'Opposition est là pour surveiller vos
intérêts.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Paquet, vous avez parfaitement raison.
Nous-mêmes, nous sommes dans la même situation que vous. Depuis
quelque temps nous sommes obligés de nous adapter aux modifications
qu'apporte constamment le ministre et c'est fort heureux, et nous attendons
avec une grande hâte le texte définitif que rédige
actuellement M. Lesage, l'ancien premier ministre du Québec, à la
demande du ministre.
M. TESSIER: M. le Président, le texte est en train d'être
rédigé par le comité de législation. J'en arrive
à l'instant même et je peux vous dire que M....
M. PAUL: Sous la présidence et les conseils de M. Lesage.
M. TESSIER: ...et M. Lesage n'y est pas présent.
M. PAUL: H n'y est pas ce matin mais il y était. Lundi il a
donné un cours...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lundi après-midi et lundi soir.
M. PAUL: Lundi après-midi et lundi soir, il a donné un
cours.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lundi soir, notamment, sur le projet de loi 48
en indiquant au ministre que cette loi était à refondre.
M. TESSIER: M. Lesage y participe comme conseiller, d'accord.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, à l'ordre, s'il vous plaît.
M. PAUL: Nous n'avons pas d'objection, mais c'était tout
simplement pour vous signaler que nous sommes bien informés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous n'avons pas d'objection à la
compétence.
M. TESSIER: Je pense que M. Lesage a une grande expérience dans
ce...
M. PAUL: Nous ne contestons pas ça, c'est évident.
M. TESSIER: ...et sa réputation comme légiste nous est
d'une aide très précieuse.
M. PAUL: Et on est surpris que cela vous ait pris tant de temps pour le
dire.
M. ROY (Lévis): Et que vous ne l'ayez pas gardé.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autre intervention, on vous remercie,
Me Paquet.
UNE VOIX: Il est peut-être plus utile comme conseiller.
M. ROY (Lévis): Il est plus libre au moins.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, le temps avance, s'il n'y a pas d'autre
intervention, Me Jean-Marie Paquet, on vous remercie de votre exposé.
Nous allons passer à l'Union des conseils de comté de la
province, avec Me Pierre Viau.
Union des conseils de comté de la province de
Québec
M. VIAU: M. le Président, je suis accompagné de M.
Jean-Marie Moreau, président de l'Union des conseils de comté.
Comme nous avions pris connaissance lors de la préparation du
mémoire de certains autres mémoires, de certaines interventions,
nous avons cru bon de résumer notre mémoire à certains
points bien précis rattachés à certains articles du projet
de loi. Un des premiers points concerne l'article 9 et nous reprenons ici
à notre compte, je pense bien, les représentations faites par le
Barreau du Québec à l'effet que le principe de la valeur
marchande devrait être maintenu. Même s'il y avait un manuel
d'évaluation, nous croyons que c'est juste de procéder comme ceci
puisque, dans certains cas, la valeur marchande peut être
inférieure aux normes du manuel. Or, en fait, là-dessus notre
position est exactement la même que celle du Barreau du Québec.
Quant à l'article 9, nous ignorons s'il y aura des modifications dans ce
sens-là. Pour cette raison-là, nous soumettons...
M. TESSIER: Vous recommandez que ce soit à la valeur
marchande.
M. VIAU: C'est exact.
M. TESSIER: C'est ce que nous dit...
M. PAUL: Est-ce que M. le ministre peut nous dire...
M. TESSIER: C'est ce que nous avons l'intention de faire dans le bill
48.
M. PAUL: Est-ce que le ministre peut nous dire s'il a adopté ou
trouvé une définition de la valeur marchande?
M. TESSIER: Oui.
M. PAUL: Est-ce que le ministre pourrait nous en communiquer le
texte?
M. TESSIER: Le texte peut encore être modifié, il est
présentement à l'étude. J'aimerais mieux ne pas
m'aventurer là-dessus, parce qu'il peut y avoir encore des
changements.
M. PAUL: Très bien.
M. VIAU: La deuxième remarque concerne les articles 14, 15 et 16
du projet de loi. A la demande de nos municipalités, nous croyons que
des remarques ont déjà été faites en ce
sens-là, que les biens-fonds situés dans une municipalité
devraient tous être portés au rôle d'évaluation. A ce
qu'on nous dit, le coût de confection du rôle ne serait pas
tellement augmenté et on aurait ainsi un inventaire complet des
biens-fonds qui se trouvent dans la municipalité. D'ailleurs, à
ceci se rattachera la remarque que nous avons l'intention de faire quant aux
biens de la couronne.
Un des points les plus importants, quant à nous, concerne
l'article 15 et plus particulièrement les exemptions prévues pour
les galeries, puits de mines, ainsi que leurs équipements et
installations et les réserves de minerai. Suivant les informations qu'on
nous a transmises, dans un de nos comtés, à titre d'exemple, on
nous signale que par le jeu des articles 14a) et 15a), l'administration
financière de sept municipalités va être grandement
affectée. En fait, dans la seule municipalité de
Saint-Joseph-de-Coleraine, on nous dit que, sur un montant de taxes annuelles
de $158,327, il en provient $123,000 de compagnies minières, que
$123,575 proviennent de ces compagnies. On se pose des questions surtout
à ce niveau-là, et les municipalités rurales nous ont fait
des remarques à ce niveau en nous disant: Qu'est-ce qu'on va faire
maintenant pour payer au moins les emprunts qu'on a encourus pour les
dépenses en immobilisation? Ceci nous amène à nous opposer
à ce principe d'exemption des installations minières.
M. TESSIER: Oui, mais, M. le Président, il faut tenir compte
également de la situation assez mauvaise dans laquelle se trouvent
présentement plusieurs mines. Les fermetures de mines se sont
succédées, depuis quelques années, à un rythme
presque alarmant. Je comprends qu'il faut tenir compte de la fiscalité
municipale d'une part, mais il faut également tenir compte aussi de la
situation assez délicate dans laquelle se trouvent certaines mines. Nous
avons essayé de trouver un juste milieu, mais nous prenons
sûrement en considération les remarques que vous nous faites
à ce sujet.
M. VIAU: Le point qu'on nous a soulevé, l'exemple des mines, est
bien typique. Nous savons qu'il y a des difficultés. Ce qu'on nous a
indiqué c'est le cas de la municipalité de Coleraine
ce sont les emprunts déjà encourus. Comment pourrons-nous
imposer nos taxes pour faire face à ces emprunts? La seule façon
sera apparemment de les imposer aux propriétaires locaux. Le fardeau
sera accru d'une façon assez appréciable.
M. TESSIER: Il est évident, M. le Président, que dans une
loi-cadre, il y a des municipalités qui seront affectées plus ou
moins. Quand je dis "plus ou moins", je veux dire que certaines
municipalités y gagneront, d'autres y perdront possiblement dans leurs
revenus, mais je crois qu'il est impossible de rédiger une loi et de
faire adopter une loi qui couvrira tous les cas particuliers sans
exception.
On a déjà discuté de cette question à des
séances précédentes de la commission parlementaire. J'ai
invité certaines municipalités qui se croient les plus
particulièrement touchées ou affectées à venir
rencontrer les officiers au ministère des Affaires municipales, afin que
l'on étudie ensemble toute la question de leur fiscalité, de
leurs revenus, par rapport à leurs dépenses, et que l'on puisse,
dans des cas particuliers, trouver des moyens de compensation.
M. PAUL: Si nous retenons l'exemple cité par M. Viau à
l'endroit de la municipalité de Saint-Joseph-de-Coleraine, avec la loi
que nous avons adoptée lors de la dernière session et qui oblige
les municipalités, les corporations municipales, cités et villes,
à avoir des budgets équilibrés, nous nous demandons dans
quelle situation seront placés les contribuables de cette
municipalité. Nécessairement, le ministère devra
intervenir, non pas en faisant des exceptions dans sa loi-cadre
d'évaluation, mais par le versement de subventions spéciales. Je
pense bien qu'il n'y a pas d'autre solution.
M. TESSIER: Je ne suis pas prêt à m'avancer
aujourd'hui...
M. PAUL: Non, je comprends, il faut retenir la situation qui a
été créée.
M. TESSIER: ...à m'engager à payer des subventions. Je le
répète, nous sommes prêts au ministère des Affaires
municipales à étudier tous ces cas particuliers, pour voir quels
seraient les moyens appropriés pour compenser certaines pertes de
revenus.
M. VIAU: Voyez-vous, le problème, M. le ministre, est le suivant:
actuellement... Je m'excuse.
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Assomption m'a
demandé la parole.
M. PERREAULT: A propos de la municipalité de Coleraine, il me
semble que le montant de l'évaluation sur la taxe foncière,
$123,000 ou $158,000, est très haut. J'aimerais demander une information
et savoir quel est le taux de taxe foncière imposé.
M. VIAU: Nous pourrions faire la vérification et transmettre
à la commission tous les détails relativement à cette
municipalité. Nous avons ici en main la lettre du maire de Coleraine qui
nous a souligné cet aspect. Quant à nous, c'est à titre
d'exemple, parce que nous savons que, dans d'autres cas, il y aura d'autres
problèmes semblables. Autrement dit, actuellement, en vertu de la loi,
nous avons des garanties qui nous permettent de faire l'évaluation.
Après l'adoption de la loi, il n'y aura plus de garanties,
c'est-à-dire que, si nous suivons la suggestion de l'honorable ministre,
nous devrons soumettre chacun des cas particuliers et à ce
moment-là obtenir une compensation.
M. TESSIER: Il y a peut-être d'autres pouvoirs de taxation que la
municipalité de Coleraine n'emploie pas. A titre d'exemple, est-ce que
la municipalité de Coleraine impose une taxe d'affaires?
M. VIAU: M. le ministre, le problème est plus grand que cela. Au
fond, si on détaxe telle sorte de biens, pour continuer à payer
les emprunts contractés ou l'administration normale de la
municipalité, il va falloir taxer d'autres sortes de biens ou d'autres
personnes.
C'est là que le problème se pose. Or, qu'on le fasse par
le truchement d'une taxe différente, de service ou de compensation
quelconque, quelqu'un va payer à la place de certaines personnes qui ne
paieront plus.
M. TESSIER: Oui, mais si vous imposez une taxe d'affaires s'il
n'y en a pas actuellement à titre d'exemple, évidemment ce
sont les compagnies minières qui paieront la plus grande partie d'un
nouveau revenu de taxes d'affaires qui n'existent peut-être pas, je ne le
sais pas. C'est pour ça qu'il est difficile de discuter ici, en
commission parlementaire, d'un cas particulier.
Je réitère mon invitation au conseil municipal de
Coleraine accompagné de son procureur de venir discuter de leurs
problèmes au ministère des Affaires municipales.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sur le même
sujet. Il s'agit d'une loi-cadre et je pense que les observations que fait M.
Viau sont fort pertinentes. Le problème qu'on nous signale ici, le cas
de la ville de Coleraine, n'est pas unique. Nous avons eu les villes de la
Mauricie, nous avons eu les villes de la Côte-
Nord: Baie-Comeau, Hauterive, Sept-Iles, etc; il y aura très
probablement la ville de Chapais qui nous fera des observations analogues.
Le ministre dit: Il faut se demander si on a utilisé tous les
modes de taxation possible. Je suis bien d'accord avec le ministre
là-dessus. Mais comme le soulignait tout à l'heure Me Viau, de
quelque façon qu'on procède, les contribuables vont payer. Il
faudrait que le ministre nous indique exactement quels sont les modes de
perception de taxes qu'il entend proposer aux municipalités les
nouveaux modes, parce qu'on a déjà pas mal épuisé
la gamme et quelles sont, d'autre part, les compensations qui pourront
être versées sous forme de subventions à ces
municipalités qui vont se trouver privées de revenus en vertu de
la nouvelle loi que nous propose le ministre.
Le problème, vous savez, M. le Président le
ministre en a parlé hier c'est un problème
d'évaluation; d'accord, dans le cas présent. Mais ça a une
relation directe avec la fiscalité, avec la taxation et il faudra qu'au
moment où nous adopterons en Chambre cette loi le ministre soit
déjà disposé à nous indiquer de quelle façon
les municipalités pourront recevoir les compensations, quels sont les
nouveaux modes de taxation que le ministre voudra bien leur suggérer de
mettre en application. Parce qu'on ne règlera pas le problème en
disant: Avez-vous fait l'inventaire des possibilités de taxation?
De toute façon, il va falloir taxer pour compenser les pertes de
revenus résultant de l'application de la loi qu'on nous propose et qui
sera comment? Je ne le sais pas. Parce que le nombre d'exemptions qui ont
été consenties est tel qu'on se demande exactement quels seront
les revenus des municipalités.
M. TESSIER: M. le Président, j'aurais bien aimé satisfaire
le député de Chicoutimi et lui dire que je serai en mesure
d'informer les membres de la Chambre et de la commission parlementaire en
particulier, au sujet des nouveaux modes de taxation. Mais je dois dire
immédiatement qu'il me sera impossible lors de l'étude du bill
48, de donner des indications précises à ce sujet, parce que le
comité spécial qui étudie les nouveaux modes de taxation
et toute la fiscalité municipale doit soumettre son rapport au
début de 1972. Et à la suite, les recommandations de ce
comité feront l'objet d'amendements à plusieurs lois et de
l'établissement, en somme, pour les municipalités du
Québec, de nouvelles normes de taxation.
Mais il faut tout de même régler d'abord la question de
l'évaluation comme première étape, et immédiatement
après, dans les quelques mois, sinon les quelques semaines qui suivront,
le gouvernement par l'entremise tout probablement du ministre des Finances,
présentera des lois en ce qui concerne la fiscalité
municipale.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lévis.
M. ROY (Lévis): M. le Président, pour revenir au
mémoire, les compagnies qui sont allées s'installer dans les
municipalités concernées étaient parfaitement au courant,
dans le temps, qu'elles avaient à se conformer à des lois
municipales qui étaient, dans ce temps-là aussi,
contrôlées par la Commission municipale.
Si ces compagnies éprouvent aujourd'hui des difficultés,
ce n'est pas parce que les municipalités ont tellement changé
leur rôle d'évaluation et la taxation. Je crois que ces compagnies
éprouvent des difficultés parce qu'elles n'ont pas assez de
revenus pour pourvoir à leurs obligations, parce qu'une compagnie qui
fait des revenus est consciente de ses obligations.
Je comprends mal que le ministre des Affaires municipales prenne tout
à ses charges. Nous avons siégé à la commission des
Affaires municipales, l'Hydro-Québec a présenté des
mémoires et le ministre a dit à ce temps-là: Vous viendrez
me voir, il y a des exceptions à toutes les règles. Nous avons
siégé depuis ce temps-là et le ministre dit: Vous viendrez
me voir, il y a des exceptions à toutes les règles.
Est-ce que le ministre pense que son ministère peut tout
régler? De quelle manière va-t-il régler toutes ces
difficultés, toutes ces plaintes? En donnant quoi? Des subventions aux
municipalités qui n'ont pas assez de revenus parce qu'on a enlevé
l'imposition des compagnies de l'Hydro-Québec ou de Bell Canada?
M. TESSIER: Peut-être pas une subvention directe. A titre
d'exemple, une nouvelle répartition de la taxe de vente en tenant compte
de certains cas particuliers. Comme deuxième exemple, le
député de Chicoutimi a soulevé tout à l'heure le
problème assez crucial de certaines municipalités de la Mauricie,
notamment Shawinigan, etc. Or, nous avons réglé ce
problème. Nous avons aussi réglé ce problème
à La Tuque également par des pourparlers avec
l'Hydro-Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand?
M. TESSIER: Dernièrement, j'en ai parlé hier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Où? M. TESSIER: Ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Jamais de la vie.
M. ROY (Lévis): Pas hier.
M. PAUL: Vous vous trompez de milieu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai l'impression que vous avez un blanc de
mémoire ou que vous en avez discuté avec M. Lesage mais pas avec
nous.
M. TESSIER: J'en ai discuté avec un des maires concernés.
Pour ce qui est de M. Lesage, n'en déplaise au député de
Chicoutimi, il semble avoir une dent contre M. Lesage, parce qu'à tout
moment il l'amène sur le tapis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au contraire, M. le Président,
j'invoque le règlement. Ce n'est pas que j'aie une dent contre M.
Lesage. Au contraire, je suis heureux qu'un homme d'expérience et qui
connaît la loi puisse rédiger ce projet de loi qui était
mal fait.
M. TESSIER: Il nous a aidés à le rédiger,
d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il ne vous a pas aidés à le
rédiger, il vous a donné un cours lundi soir sur la façon
de présenter un projet de loi.
M. TESSIER: Il nous aide à le rédiger et j'en suis bien
heureux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pourrais même vous fournir les notes
qu'il vous a données. Voulez-vous que je vous les donne?
M. TESSIER: J'en suis bien heureux. Nous allons certainement tenir
compte des conseils précieux qu'il pourra nous donner.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Evidemment.
M. TESSIER: Je pense que toute cette discussion est absolument futile.
Elle ne nous avance pas du tout dans l'étude du bill 48. Je crois que
nous devrons revenir sur le sujet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant! J'invoque le règlement.
M. TESSIER: J'avais la parole.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, cela a
préséance. Ce n'est pas une question de discussion futile. Le
ministre dit qu'il a eu des conversations.
M. PAUL: Il nous a dit qu'il les avaient eues hier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il nous dit qu'il nous en a prévenus
hier. Nous n'avons pas été informés. Je n'ai pas objection
du tout à ce que le ministre rencontre les municipalités, loin de
là, c'est son rôle d'ailleurs, c'est sa responsabilité,
mais qu'il ne vienne pas nous dire à nous que nous avons
été informés de discussions privées. C'est
ça le problème. Si le ministre a eu des discussions
privées et s'il a consenti des subventions à certaines
municipalités en compensation, qu'il nous en informe publiquement, qu'il
nous dise quel est le type de subventions
qu'il entend consentir et quelles sont les modalités et s'il a
l'intention de le faire pour toutes les villes qui seront touchées par
la loi 48.
M. TESSIER: Il est possible que le député de Chicoutimi
n'en n'ait pas été informé. Mais les municipalités
concernées, c'est surtout ça qui importe. Les
municipalités concernées en ont été
informées. Les pourparlers que j'ai eus à la suite de la
dernière séance avec les administrateurs de l'Hydro-Québec
peuvent en somme se résumer très brièvement comme ceci:
L'Hydro-Québec va continuer à payer pour une période de 10
ans, à compter de 1972, c'est-à-dire jusqu'en 1982, le même
montant qu'elle a payé en taxes aux municipalités
concernées au cours de 1971. Le taux décroissant ne s'appliquera
qu'à compter de 1982, à raison de 5 p.c, en ce qui concerne les
installations électriques.
C'est-à-dire 5 p.c. annuellement, sur une période de vingt
ans et à raison de 3 p.c. annuellement sur les centrales et les
barrages. Ceci veut donc dire qu'il s'écoulera trente ans avant que
cette forme actuelle de taxation disparaisse complètement.
Ceci semble avoir satisfait entièrement, d'après les
réactions que j'ai eues des maires concernés, les
municipalités qui étaient particulièrement
touchées, parce que, à ce moment-là, les emprunts qui ont
été contractés seront éteints.
Si je n'ai pas fait une telle déclaration au cours d'une
séance de la commission, je m'en excuse. Je l'ai faite, à tout
événement, aux municipalités concernées, qui s'en
sont déclarées satisfaites.
M. PAUL: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que le ministre
a l'intention de procéder de la même façon dans le cas des
villes minières, d'examiner un mode de réaménagement?
M. TESSIER: C'est exactement ce que j'ai dit tout à l'heure. Nous
sommes prêts à le faire dans le cas de certaines villes. On dit
dans le mémoire qu'il y en a sept qui sont particulièrement
affectées. Je réitère l'invitation à ces
municipalités de venir discuter de leur fiscalité municipale avec
les officiers de mon ministère et moi-même. Nous verrons, à
ce moment-là, si nous ne pouvons pas trouver une solution
appropriée afin qu'il y ait une juste compensation, comme nous y avons
réussi dans d'autres cas.
M. PAUL: M. le Président, nous sommes heureux de constater que la
lutte énergique menée lors de la dernière séance de
la commission parlementaire, non pas celle d'hier, par mes collègues, le
député de Chicoutimi, le député de Saint-Maurice et
moi-même, a éveillé l'attention du ministre, que nous ayons
réussi à l'intéresser au problème des villes de
Shawinigan, Grand' Mère, La Tuque, La Gabelle, qui étaient
grandement affectées par l'application du projet de loi no 48. Nous
souhaitons, M. le Président, que le ministre manifeste le même
intérêt à l'endroit de toutes les municipalités qui
seront grandement affectées par l'application du projet de loi no
48.
Je voudrais, M. le Président, répondre ou souligner un
point soulevé tout à l'heure par le ministre des Affaires
municipales lorsque, par référence à la situation
financière qui prévaudra à la municipalité de
Coleraine, il a dit: Est-ce que cette municipalité a une taxe
d'affaires? Une taxe d'affaires, a-t-il dit, comme exemple. Le ministre a sans
doute oublié que, la semaine dernière, il nous a demandé
de voter une loi à l'Assemblée nationale qui prévoit que
la taxe d'affaires ne peut jamais dépasser 25 p.c. du total des revenus
municipaux.
Je me demande, M. le Président, dans le cas de la
municipalité de Coleraine, comment l'imposition d'une taxe d'affaires
viendrait équilibrer le budget, si ce n'est pas par une augmentation
très substantielle du taux de la taxe foncière. A ce
moment-là, M. le Président, encore là, nous serions
incapables d'équilibrer le budget par le mécanisme de la taxe
d'affaires dont nous a parlé tout à l'heure le ministre. C'est
beau de dire...
M. TESSIER: M. le Président...
M. PAUL: Si vous permettez, une demi-minute, je vais terminer. C'est
beau de dire, M. le Président, avoir une solution à tous les
problèmes qui sont signalés. Mais je suis sûr que le
ministre réalisera que cette suggestion qu'il a faite, lorsqu'il a
pensé tout haut, n'est pas la solution adéquate qui peut
s'imposer à la situation qui existe ou qui existera à
Saint-Joseph-de-Coleraine par suite de l'adoption du projet de loi no 48.
Nous voudrions qu'à l'égard de cette municipalité,
il manifeste le même intérêt et que ses officiers surtout
puissent trouver des moyens pour permettre à cette municipalité
d'équilibrer son budget dans le cadre des normes d'évaluation
foncière ou autres moyens de taxation qui existent
présentement.
M. TESSIER: M. le Président, j'invite le député de
Maskinongé à relire attentivement le journal des Débats et
il s'apercevra qu'il y a quelques instants, je n'ai jamais dit que la taxe
d'affaires équilibrait le budget de la municipalité de
Coleraine.
M. PAUL: Ce n'est pas ce que j'ai dit!
M. TESSIER: J'ai dit qu'à titre d'exemple, ceci pouvait
être une solution partielle, que ce n'était pas le seul moyen et
que ceci pourrait peut-être procurer des revenus additionnels. Si,
évidemment, il n'y avait que ce seul moyen, je
n'aurais pas invité la municipalité en question à
venir nous rencontrer pour justement lui trouver d'autres sources de revenus.
Je n'ai fait que citer cet exemple, non pas pour équilibrer son budget,
mais comme pouvant être une source additionnelle de revenus partiels pour
régler partiellement le problème. Evidemment, il y a certainement
plusieurs autres moyens.
M. PAUL: Vous auriez été mieux de le signaler!
M. TESSIER: Non, j'ai cité un exemple. Lorsque le
député a également souligné que c'est grâce
à lui et à d'autres députés de l'Opposition si nous
avons réglé le cas de certaines municipalités comme
Shawinigan et LaTuque...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ne changez pas, le maire de La Tuque vient de
partir.
M. TESSIER: ... La Tuque, à la suite des pourparlers que j'ai eus
personnellement avec certains officiers de l'Hydro-Québec et plus
particulièrement avec un grand ami du député de
Maskinongé, ancien ministre d'un gouvernement
précédent...
M. PAUL: Un ministre extrêmement compétant à
l'époque dans le domaine des Affaires municipales.
M. TESSIER: Très compétent, très
compétent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci.
M. TESSIER: Mais ce que je veux souligner, c'est que l'Opposition a bien
joué son rôle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elle n'a pas bien joué son rôle,
elle a remplacé le gouvernement.
M. TESSIER: Mais ce n'est pas uniquement à cause du rôle
joué par l'Opposition que ces pourparlers ont eu lieu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela vous a fait bouger!
M. TESSIER: Non! Mais plus particulièrement à cause des
arguments évoqués dans les mémoires de ces
municipalités. C'est cela que nous avons retenu en premier lieu comme
nous avons retenu une multitude...
M. PAUL: On a été obligé de vous les expliquer!
M. TESSIER: Et même si l'Opposition n'avait pas été
là, nous aurions retenu toutes les recommandations valables qui
étaient contenues dans les mémoires qui nous ont
été présentés avec ou sans l'Opposition, peu
importe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je tiens à
faire une observation ici. Je me rappelle fort bien la façon
cavalière, insolente et disgracieuse avec laquelle le ministre a
traité les villes de la Côte-Nord, Baie-Comeau, Sept-Iles, etc.,
à qui il a dit: Vous avez un mémoire qui nous ramène cent
ans en arrière, cela n'a pas de bon sens, etc. Et il a eu la même
attitude à l'endroit des villes de la Mauricie.
M. PAUL: On s'est réveillé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et c'est parce que nous lui avons fait
comprendre qu'il ne pouvait pas traiter les municipalités comme cela que
le ministre est revenu à résipiscence et qu'il a demandé
les conseils de M. Lesage.
M. TESSIER: M. le Président, je n'ai été aucunement
impressionné par le député de Chicoutimi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On en prend note.
M. TESSIER: ... et aucunement impressionné par les
représentations de l'Opposition. J'en ai tenu compte parfois.
M. PAUL: Victoire pour la population...
M. TESSIER: Ce n'est certainement pas à cause des interventions
des députés de l'Opposition et je le répète...
M. PAUL: Non.
M. TESSIER: ... C'est à cause des recommandations.
M. le Président, j'ai la parole.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, le ministre des Affaires municipales a la
parole.
M. TESSIER: C'est à cause, et je le répète, des
suggestions très appropriées faites dans certains mémoires
et dans tous ces pourparlers que j'ai faits. A aucun moment, M. Lesage n'y a
participé. Ces pourparlers ont eu lieu exclusivement entre les officiers
de l'Hydro-Québec et moi-même et sans participation d'ailleurs de
l'Opposition, Dieu merci!
M. PAUL: Vous avez reconnu, tout à l'heure, la compétence
du président de l'Hydro-Québec, M. Dozois.
M. LEDUC: D'ailleurs, il n'est pas président.
M. TESSIER: Oui...
M. PAUL: Non. Commissaire, pardon. Il a
compris, lui, le point de vue que nous avons signalé. Et c'est de
cette compréhension du problème que M. Dozois, avec les autres
commissaires, ont compris la situation qui serait imposée à ces
municipalités et, à ce moment-là, ce sont eux qui ont
suggéré au ministre un accord qui a fait le contentement des
autorités municipales de ces villes concernées. Merci aux
officiers de l'Hydro-Québec et aux membres des corporations municipales
de ces villes qui ont su toucher le ministre et le faire bouger comme nous
l'avions fait, nous, à la commission parlementaire.
M. TESSIER: Là le député de Maskinongé parle
très bien, je suis parfaitement d'accord avec lui. Je veux même
ajouter que M. Dozois est certainement l'un des officiers de
l'Hydro-Québec qui nous a le plus aidés dans nos
négociations avec l'Hydro-Québec.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, la parole est au député de
Lévis.
M. ROY (Lévis): Si vous me le permettez, j'avais quelques
commentaires, je ne les ferai pas.
M. PAUL: Oui, ça va être bon!
M. ROY (Lévis): Est-ce qu'on ne pourrait pas, M. le
Président, faire une séance spéciale pour régler
nos petites chicanes de famille des anciens gouvernements et des nouveaux
gouvernements et qu'on laisse l'avantage à ces gens-là de
continuer à présenter leur mémoire. Je pense que ce serait
plus rentable pour tout le monde.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement, cette observation est absolument hors d'ordre...
M. ROY (Lévis): Invoquez ce que vous voudrez !
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il ne s'agit pas de régler des
querelles, il s'agit tout simplement...
M. ROY (Lévis): Je ne suis pas habitué de même dans
l'administration.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il s'agit tout simplement de faire comprendre
au ministre que le travail...
UNE VOIX: Vous n'êtes pas assez souvent en séance.
M. ROY (Lévis): J'assiste assez souvent aux séances, je
viens assez souvent et j'ai déjà siégé avant de
venir ici, ce n'est pas de même que cela marche.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le bruit s'étant apaisé, M. le
Président, je vous ferai observer que les discussions que nous avons
avec le ministre sont toujours fort amicales. On a le droit de se dire ce que
l'on pense et c'est un travail de collaboration que nous faisons.
M. ROY (Lévis): Bien oui, on peut appeler ça...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et, en toute humilité, le ministre est
obligé de reconnaître que nous lui avons fait comprendre certaines
revendications des municipalités. Et si le député de
Lévis n'est pas d'accord, c'est qu'il n'est pas assez souvent
présent à la commission.
M. ROY (Lévis): Je suis présent assez souvent.
M. LE PRESIDENT: La parole est à Me Viau.
M. VIAU: M. le Président, c'était notre remarque quant
à l'article 15 et, malheureusement, nous devons maintenir notre position
là-dessus et nous opposer à ce principe-là qui nous semble
dangereux même dans le texte d'une loi-cadre.
Quant à l'article 18, nous avions une proposition qui
recommandait de réintroduire le principe contenu dans l'article 41 de la
Loi de l'Hydro-Québec. Je crois qu'avec les dernières
déclarations du ministre, nous étudierons cette nouvelle
proposition et, peut-être un peu plus tard, nous ferons part de nos
commentaires là-dessus. Au fond, la proposition que nous émettons
et qui est contenue dans l'actuel article 41, vise à taxer les biens de
l'Hydro-Québec, à l'exception des centrales et des barrages, et
d'ailleurs c'est rattaché aussi au principe que nous émettons un
peu plus loin, voulant que les biens de la couronne devraient payer de
l'impôt dans les municipalités, c'est en vertu du même
principe que nous faisions cette demande, à l'article 18.
Nous avions aussi une remarque, concernant l'article 25. Comme nous le
soulignons en notre mémoire, cela fait plusieurs années que nous
faisons remarquer au gouvernement qu'il s'agit d'un principe qui va exactement
à l'opposé du principe émis dans l'actuel article 25
indiquant que la couronne devrait payer des taxes dans les
municipalités. La couronne fédérale paie, actuellement;
elle donne des subventions en lieu de taxes, ce qui a pour effet de soulager
considérablement le fardeau des contribuables au niveau municipal. Et
nous croyons qu'il serait possible, tout en évitant des problèmes
d'ordre constitutionnel, d'adopter le même principe pour ce qui est de la
couronne provinciale, ce qui éviterait des demandes
répétées...
M. TESSIER: C'est ce qui se fait, M. le Président.
M. VIAU: L'article 25 me semble l'exclure maintenant.
M. TESSIER: Non, il n'exclut rien du tout. Il y a déjà
plusieurs années que les deux gouvernements donnent des subventions aux
municipalités pour tenir lieu de taxe, de toute taxe. Je suis
très surpris de vous entendre faire cet exposé, Me Viau, parce
que dans n'importe quelle municipalité du Québec, partout
où il y a des installations du gouvernement fédéral ou du
gouvernement provincial, des immeubles, lesquels sont portés au
rôle d'évaluation ou sont évalués et par la suite
les subventions sont payées par les deux gouvernements et cela depuis de
nombreuses années.
M. PAUL: Qu'est-ce que vous entendez, d'une façon précise,
par le mot "subvention"?
M. TESSIER: Subvention, c'est un montant qui est payé à la
municipalité pour tenir lieu de taxe. Cela s'est fait et cela continue
à se faire depuis plusieurs années. Maintenant, j'ai
déjà souligné lors de l'étude des articles du bill
48, que nous avions déjà commencée en comité
plénier, lorsque nous sommes arrivés à l'article 25 que
c'est une disposition de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, et
qu'il faudrait un amendement à la charte constitutionnelle du pays.
L'acte constitutif... c'est cela, on ne peut pas déroger à cela
tant qu'il n'y aura pas d'amendements d'apportés, c'est ce qui existe
présentement. Alors, les immeubles des gouvernements, tant
fédéral que provinciaux, ne sont pas taxables et ne sont pas
imposables.
M. VIAU: M. le Président, je pense que ce que nous visons est
ceci: nous croyons qu'il serait juste que les immeubles des deux gouvernements,
et nous pensons que cela peut se faire sans accroc à la Constitution,
c'est-à-dire que si le gouvernement provincial le décide, il peut
le faire, si le gouvernement fédéral le décide, il peut le
faire, ces immeubles devraient être portés au rôle et il
nous semble que les subventions devraient être en proportion des taxes
que le gouvernement paierait s'il était imposable. Nous comprenons qu'il
y a un problème d'ordre constitutionnel et nous nous demandons si
actuellement les subventions auxquelles fait allusion le ministre sont
proportionnelles dans tous les cas à ce qui se paierait à titre
de taxe foncière, d'amélioration locale et de service.
M. TESSIER: C'est ce qui existe. S'il y a des municipalités qui
croient être lésées dans le montant de la subvention qui
d'après elles leur reviendrait, elles n'ont qu'à faire des
représentations à ce sujet et, à ma connaissance, je n'ai
pas eu de représentation d'aucune municipalité jusqu'à
maintenant.
M. PAUL: Vos fonctionnaires en ont certainement eu.
M. TESSIER: Je serais surpris qu'ils ne m'en aient pas parlé.
C'est possible.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Depuis quand les avez-vous vus?
M. TESSIER: Les municipalités?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, les fonctionnaires.
M. TESSIER: Les fonctionnaires, je les vois à chaque heure du
jour pratiquement.
M. PAUL: A tel point qu'ils s'en plaignent.
M. TESSIER: Je suis pas mal tenu au courant des représentations
faites par les municipalités. D'ailleurs, je suis en contact constant
avec les municipalités et celles-ci n'ont pas l'habitude d'être
gênées lorsqu'elles ont des revendications à faire.
M. VIAU: Nous avions ici, M. le Président, une remarque sur
l'article 30 et je pense qu'à ce niveau nous allons attendre le nouveau
texte qui sera soumis puisque nous avions pris connaissance des
représentations faites par l'Union catholique des cultivateurs et notre
position était la même à ce stade-ci. Maintenant, avec le
nouveau texte, nous verrons s'il y a lieu de faire d'autres
représentations à ce sujet-là.
M. PAUL: Est-ce que le nouveau texte est complété sur
l'article? Pas encore?
M. TESSIER: Non, pas encore. C'est un article très important,
l'article 30, c'est un article clef.
M. PAUL: Pour la classe agricole.
M. VIAU: Nous avons aussi une remarque sur l'article...
M. TESSIER: Je pense que c'est l'article 30 ou 27, où il y avait
l'effet rétroactif des cinq années.
C'était le point majeur. Lorsque l'UCC a présenté
son mémoire, c'est surtout là-dessus qu'elle avait
insisté. Je pense que, à ce moment-là, j'avais eu
l'occasion de déclarer à l'UCC que toutes les recommandations qui
étaient contenues dans leur mémoire étaient
acceptées, sauf la question de la rétroactivité de cinq
ans et nous l'avons fait disparaître dans le nouveau texte que nous avons
l'intention de présenter dans la réimpression du bill 48. Alors
je crois que cela va satisfaire à 100 p.c. les représentations
des cultivateurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que vous avez tenu compte des
observations que nous vous avions faites afin que cette définition se
retrouve dans la Loi du syndicalisme agricole, qui va se retrouver dans la Loi
de la fiscalité
scolaire, qui est dans la Loi du prêt agricole, du crédit
agricole? Sera-t-elle la même que celle que vous vous proposez de nous
soumettre?
M. TESSIER: J'ai déjà répondu à cette
question M. le Président, je ne peux parler au nom des autres
collègues mais j'ai déjà répondu qu'il y
avait eu consultations dans les définitions et que le nouveau texte des
définitions avait été agréé par le
ministère de l'Agriculture. Je ne peux m'aventurer davantage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous pose simplement la question, parce que
je sais que ça revient dans certains autres mémoires que nous
allons voir.
M. TESSIER: Je ne connais pas l'intention du ministre de l'Agriculture,
si lui-même veut apporter des changements aux autres lois, comme celle de
l'Office du crédit agricole, et autres lois qui concernent son
ministère. Mais ce dont je puis assurer les membres de cette commission,
c'est que les définitions et les textes des articles qui touchent la
classe agricole ont tous été agréés par le
ministère de l'Agriculture.
M. VIAU: Nous avons ici une remarque, M. le Président, au sujet
de l'article 43. Au cours d'une séance de la commission parlementaire,
le 2 novembre dernier, l'honorable ministre des Affaires municipales avait
déclaré que le projet de loi serait modifié et un texte
avait été lu, à ce moment-là, permettant d'inclure
les corporations de comté dans la définition du mot
"municipalité". Or l'Union des conseils de comté est heureuse de
voir que les corporations de comté sont réintroduites dans la
définition de la municipalité et nous pensons qu'il y aurait lieu
de rayer la deuxième partie du second alinéa de l'article 43 qui
se lit comme suit: "Il peut également ordonner que dans un tel groupe
soit comprise toute partie qu'il désigne d'un territoire non
organisé contigu à l'une ou à l'autre des corporations
regroupées. Si cette seconde partie demeurait dans le deuxième
alinéa, le ministre pourrait désigner en fait, pratiquement
là, une municipalité pour faire un rôle d'évaluation
d'un territoire non organisé sans que le conseil de comté soit
convoqué en vertu de l'article 44, puisqu'à 44 on ne parle pas de
municipalité, mais on parle de corporation et peut-être cela
pourrait-il être précisé parce qu'il nous semble que cela
porte à confusion. Il nous semble que l'article 44 vise plutôt les
corporations locales que les conseils de comté. A tout
événement, c'est une question de concordance.
Maintenant, nous insistons pour qu'en plus du mécanisme
prévu dans le projet de loi no 48 aux articles 43 et 44 pour faire des
rôles en commun, il nous semble que le législateur respecterait
bien les désirs des conseils de comté de certaines
municipalités, en permettant que soit introduit un amendement comme ceci
et nous le présentons à la page 8 de notre mémoire: "Une
corporation de comté peut, avec l'approbation de la commission et du
ministre, confectionner un rôle pour une ou plusieurs
municipalités situées dans son territoire incluant les
cités et villes. Dans un tel cas, une municipalité de
comté est considérée comme une municipalité
mandataire; plusieurs municipalités, incluant les cités et villes
situées dans les limites d'une municipalité de comté,
peuvent aussi avec l'approbation de la commission et du ministre
désigner l'une d'entre elles comme municipalité mandataire."
Au fond, c'est qu'en plus du mécanisme permettant au ministre et
à la commission d'imposer, de décréter et de
désigner des groupes de municipalités pour faire un rôle en
commun, il me semble que si des conseils de comté veulent faire un
rôle d'évaluation, ils devraient pouvoir aussi le faire de
même que des municipalités incluses dans un comté, si cinq,
six ou dix voulaient faire un rôle en commun. Il me semble, par le
truchement d'une disposition comme celle-là, sans entraver les pouvoirs
que la loi accorde au ministre et à la commission, qu'on donnerait ainsi
la chance à des comtés municipaux et à des
municipalités à l'intérieur d'un comté de
travailler ensemble sur une base, après l'avoir décidé
elles-mêmes.
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Assomption m'avait
demandé la parole, mais je la laisse au ministre.
M. TESSIER: M. le Président, je prends bonne note de ces
recommandations, mais j'aurais une question à poser à Me Viau.
Combien y a-t-il de conseils de comté qui se prévalent de leur
pouvoir de confectionner des rôles, actuellement? Ils en ont le pouvoir
en vertu du code municipal. Ils ont un pouvoir de confectionner un rôle,
ils ont le pouvoir de taxation, d'imposer une taxe. Je comprends qu'il y en a
un certain nombre, mais combien y en a-t-il de conseils de comté?
M. VIAU: Il y en a 74, quoique, avec les dernières lois...
M. TESSIER: Combien sur les 74? On en a fait disparaître deux
dernièrement.
M. VIAU: Jacques-Cartier et Chambly.
M. TESSIER: Alors, il en reste 72 probablement. Combien sur ces 72 font
le rôle d'évaluation et imposent une taxe foncière?
M. VIAU: M. le ministre je ne pense pas qu'il y en ait, effectivement,
je ne pense pas.
Maintenant, le problème est le suivant: à la minute
où une municipalité obtient le statut de ville, elle sort
automatiquement du conseil de comté. A un moment donné, cela veut
dire que ça peut ne pas être rentable du tout de faire un
rôle d'évaluation dans un comté municipal, si
les villes ne sont pas dedans. C'est le problème. Selon le projet
de loi, il nous semblait logique de dire que certaines municipalités
peuvent ensemble faire un rôle d'évaluation, à cause du
mécanisme maintenant établi, qui est juste, d'accord, mais qui va
certainement demander une période d'adoption, à cause des normes
qui seront publiées. Tout cela peut fonctionner dans les limites d'un
comté, si les villes sont dedans. Si elles ne sont pas dedans, ce n'est
peut-être pas rentable du tout de faire sur une base de comté un
rôle d'évaluation.
Il faut aussi souligner le fait que, si le pouvoir est confirmé
dans la loi, il faut se demander si ça ne se fera pas sur une base
volontaire. Pour autant que tout le monde pourrait le faire ensemble. A ce
moment-là, c'est peut-être une question de rentabilité.
M. TESSIER: Ne croyez-vous pas, Me Viau, qu'il faudrait d'abord
procéder par des amendements au code municipal et à la Loi des
cités et villes, pour y inclure les municipalités de ville dans
les conseils de comté? Ce serait le point de départ à ce
moment-là. Ce n'est pas, je crois, par une loi-cadre de
l'évaluation que nous pouvons modifier les structures actuelles des
conseils de comté.
M. VIAU: Non, je ne crois pas non plus, mais en parlant
d'évaluation, si nous voulons que des municipalités travaillent
ensemble et fassent ensemble un rôle d'évaluation, je pense que ce
n'est pas illégal, je ne pense pas que ça prenne une modification
au code municipal ou à la Loi des cités et villes pour permettre
à une corporation de comté de faire un rôle
d'évaluation en commun. Je ne le crois pas. Ce que je pense, c'est que
voici un mécanisme déjà connu, déjà
établi, qui peut servir à faciliter la mise en marche de tout le
mécanisme nouveau d'évaluation, sans exiger des modifications en
profondeur des deux lois. D'ailleurs, je me demande à quoi servirait la
définition, l'introduction dans le bill 48 du conseil de comté
dans les définitions de municipalités si, pratiquement, ça
ne revient pas un peu plus loin où on ne peut rien faire avec.
M. TESSIER: Là, je crois que vous touchez un point où il
s'agit absolument de modifier... Vous mettez en cause, en somme, toute la
question des conseils de comtés et de leurs pouvoirs. Cela est un point
bien particulier, je ne crois pas qu'il puisse entrer dans une loi-cadre comme
celle de l'évaluation. Il faudrait d'abord que les villes soient
consultées à savoir si elles désirent faire partie d'un
conseil de comté pour fins d'évaluation, ne fût-ce que pour
fins d'évaluation.
C'est remettre toute cette question-là... Remarquez bien que je
ne suis ni pour, ni contre. Je ne veux pas prendre parti là-dessus, mais
je dis qu'il s'agit d'une question de principe, une question de base qu'il y
aurait lieu de réexami- ner complètement après discussion,
pour parler avec les municipalités rurales et les municipalités
urbaines.
M. VIAU: Ce serait peut-être plus difficile à faire
fonctionner, mais si, pour ne pas affecter les structures actuellement en
place, l'on retirait les cités et les villes de l'amendement que nous
proposons, nous pensons que nous pourrions travailler à ce
niveau-là.
M. TESSIER: Nous sommes actuellement... c'est-à-dire que, quand
je dis "nous sommes", j'ai formé, au début de la présente
année, un comité pour étudier la refonte du code municipal
et la Loi des cités et villes. Toute cette question du conseil de
comté et des pouvoirs du conseil de comté fait justement l'objet
de l'étude de ce comité qui doit faire rapport avant la fin de
l'année 1972.
C'est-à-dire dans environ un an. Ce sera l'occasion, lorsque le
rapport aura été produit, de reprendre la discussion au sujet des
structures et des pouvoirs des conseils de comté.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
l'Assomption.
M. PERREAULT: Je voudrais d'abord féliciter l'Union des conseils
de comté pour nous avoir amené ce premier alinéa qui
prouve bien que l'Union des conseils de comté a évolué
beaucoup ces dernières années. En ce sens que, maintenant, dans
cet alinéa, elle nous prouve qu'elle veut participer à une amorce
de régionalisation dans le domaine de l'évaluation qui
était un des points qu'elle avait mis de l'avant pour les
communautés municipales.
Ce que je voulais dire au début, c'était que les
cités et villes, tout en ne faisant pas partie des conseils de
comté, pouvaient déléguer, suivant votre esprit, leurs
fonctions d'évaluation au conseil de comté.
M. VIAU: Oui, M. le député. Maintenant, si l'on craint de
créer des conflits à ce moment-là, c'est simple, qu'on
prenne le même amendement c'est inscrit à la page 8 de
notre mémoire et qu'on raye les mots "les cités et
villes". C'est tout. Mais qu'on inscrive quand même dans la loi le droit
de faire des rôles au niveau d'un comté. Il me semble que, sans
cela, c'est pratiquement laisser adopter des lois pour, un jour, se retrouver
sans aucun pouvoir, ce qui est exactement à l'inverse de ce que nous
demandons depuis plusieurs années.
Si nous demandons aux gens de travailler ensemble, il faut au moins
l'inscrire dans une loi. Qu'il s'agisse d'une loi-cadre ou d'une loi
générale d'application, qui s'applique à toutes les
municipalités. Car, vous savez, le problème d'évaluation
est bien différent en région rurale qu'en région urbaine.
Tout va être à travailler avec le nouveau manuel parce que nous
sommes obligés d'adapter les gens à cette nouvelle façon
de travailler.
C'est surprenant de voir comment aujourd'hui, dans le milieu rural, les
municipalités sont éveillées à ces
problèmes-là; et elles sont prêtes à le faire
ensemble. Qu'on inscrive il nous semble, ce pouvoir-là dans la loi. Si
on craint de créer des conflits entre les cités et les villes,
qu'on biffe les mots "cités et villes" de notre amendement. On
commencera avec ça, on verra plus tard.
M. PERREAULT: Si je comprends bien, c'était volontaire...
M. VIAU: Certainement.
M. PERREAULT: ...de vous confier leur rôle d'évaluation.
C'est une base volontaire.
M. VIAU: C'est ça. Alors, si on craint cela, qu'on le raye de
l'amendement. A ce moment-là, la corporation de comté qu'on a
d'ailleurs incluse dans la définition de municipalité fera une
autre chose que d'avoir seulement son nom inclus dans une
définition.
M. LE PRESIDENT: La parole est maintenant au député
d'Argenteuil.
M. SAINDON: Les commentaires que je voulais faire au sujet de
l'amendement apporté à l'article 43 par Me Viau ont
été, en partie, exprimés par le ministre. Il faudrait
certainement amender le Code municipal si on voulait retenir la proposition de
Me Viau. Même si on enlevait les mots "cités et villes", je crois
qu'encore là, il faudrait amender le Code municipal. Je me demande,
comme disait le ministre tantôt, comment on pourrait faire dans ce
bill-ci pour concilier et la loi existante et vos suggestions. Je me demande
aussi...
M. VIAU: Je pense que cela se concilie très bien. D'ailleurs, je
regrette de différer d'opinion avec le député
là-dessus. Je pense que cela peut très bien se faire puisqu'on a
déjà accepté d'inclure les conseils de comté dans
la définition d'une municipalité. Je ne vois pas le
problème que cela peut poser. D'autant plus que les gens, dans plusieurs
régions, sont prêts à le faire. Ce qu'on se dit, c'est que
si les municipalités d'un même comté s'entendent pour faire
l'évaluation ensemble ou la confier au comté, on ne voit pas ce
que cela peut enlever au mécanisme prévu à l'article 43.
Le comté demanderait au ministre et à la commission de faire le
rôle pour les municipalités de l'endroit. Si le ministre ou la
commission trouve que cela n'est pas souhaitable, ils peuvent refuser et dire:
Non, on préfère que cela se fasse sur une base différente.
D'ailleurs, ce n'est pas particulier au bill 48. Quand, dans une
législation qu'on appelle une loi-cadre, on établit certains
principes, on va à tout coup avec des inconvénients qui sont ceux
de prévoir un système, généralement un
système unique. A ce moment-là, si volontairement des
municipalités d'un même comté veulent désigner le
conseil de comté pour faire leur rôle, on ne voit pas ce qui
pourrait empêcher le législateur de permettre ça, si le
ministre le juge souhaitable et si la commission juge que c'est bien. De
même que si cinq, six ou dix municipalités veulent ensemble faire
un rôle d'évaluation et qu'elles le demandent au ministre et
à la commission et que le ministre et que la commission trouvent que
c'est souhaitable, on ne voit pas ce qui pourrait empêcher le
mécanisme établi sur une base volontaire, c'est-à-dire qui
ne part pas du bureau du ministre, mais qui part des municipalités
elles-mêmes.
On peut arriver exactement aux mêmes résultats avec
ça.
M. SAINDON: Peut-être, mais même si un groupe de
municipalités, par exemple, est prêt à faire le rôle,
il n'est pas dit que ce soit la façon souhaitable de procéder non
plus.
M. VIAU: D'ailleurs, c'est pour ça que nous avons inscrit qu'une
corporation de comté peut, avec l'approbation de la commission et du
ministre, confectionner un rôle. Si la commission et le ministre trouvent
que ce n'est pas souhaitable, ils ne donnent pas leur approbation et on ne
procède pas comme ça. C'est simple. S'ils trouvent que c'est
souhaitable, ils donnent leur approbation et on procède comme
ça.
Il me semble que c'est protéger au moins la collaboration qui
peut s'établir au niveau de certaines municipalités, sans
défaire le système.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je crois, M. le Président, que la
suggestion de Me Viau mérite quand même considération.
Parce que du fait qu'on a reconnu la municipalité de comté, cela
implique quand même qu'on n'a pas l'intention de la laisser là
comme un être de raison. Elle aura certaines tâches, certaines
responsabilités; elle doit avoir certains pouvoirs qui pourront lui
être reconnus avec l'approbation du ministre et, naturellement, sous
toutes réserves de ce qui surviendra lorsqu'on révisera le code
municipal, de même que la Loi des cités et villes.
Il serait important d'examiner au mérite la proposition qu'a
faite Me Viau. Pour ma part, je ne suis pas un expert dans cette question des
municipalités de comté, mais j'ai l'intention, avec mes
collègues, d'examiner cette proposition et de voir dans quelle mesure on
pourrait suggérer au ministre de l'intégrer dans le cadre de la
loi qui nous sera soumise.
M. VIAU: Nous n'avions qu'une seule autre remarque, M. le
Président, concernant l'article 97, simplement pour reprendre, là
encore, l'opinion qu'avait émise le Barreau du Québec à
l'effet que le rôle d'évaluation devrait être immuable, sauf
dans des cas précis comme l'addition de nouvelles constructions. Je
pense que cette remarque a été faite par plusieurs
groupes et nous pensons que c'est souhaitable pour la stabilité
de l'administration municipale.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. LEDUC: Merci, Me Viau, et j'ai bien l'impression que le ministre va
sûrement, surtout après les remarques qu'il a faites tantôt,
prendre en considération les suggestions que vous avez faites. Merci, M.
Moreau.
M. VIAU: Nous vous remercions.
M. LE PRESIDENT: Maintenant, la ville de Chapais. Me Roger Pothier, vu
que l'heure avance, si c'est possible, on vous demanderait d'être assez
bref, de faire un résumé.
Chapais
M. POTHIER: C'est bien, M. le Président. J'ai avec moi M.
Deshaies, maire suppléant et M. Audet, échevin. Je tâcherai
évidemment de donner suite à vos propos, M. le Président.
Je serai bref. Je vais résumer les principaux points de notre
mémoire.
Notre mémoire traite exclusivement des articles 14 et 15 du
projet de loi qui est soumis. J'ai compris ce matin par les remarques qui ont
été faites par l'honorable ministre des Affaires municipales que
ces articles allaient être profondément remaniés.
Cependant, évidemment, nous avons certaines observations et
également certaines objections à ce que les articles 14 et 15
tels que proposés entrent en vigueur.
Il faut d'abord, évidemment, tenir compte du fait que les
observations que nous allons faire seront surtout faites en fonction des
intérêts particuliers de la ville de Chapais. Nous avons à
cet égard eu des contacts et des rencontres avec les fonctionnaires du
ministère des Affaires municipales, qui nous ont vivement
recommandé de rencontrer la commission parlementaire et de soumettre un
mémoire, ce que nous faisons ce matin.
La ville de Chapais est une ville minière et, à ce
titre-là, les observations que nous faisons ce matin ont une
portée générale. Probablement que certaines autres villes
minières seront affectées considérablement par les
articles 14 et 15 du projet de loi tels que présentés à la
Législature.
Avant le projet de loi, les villes minières et
particulièrement les mines bénéficiaient
d'exemptions en ce qui concernait leurs immeubles par nature. Ces exemptions
ont été consacrées par l'article 15: ce sont les galeries,
les puits de mine ainsi que les réserves de minerai. Il faut tenir
compte qu'il s'agit là d'une exemption très considérable,
déjà très étendue, elle est consacrée par le
texte de la loi actuelle. Nous n'y avons pas d'objection. Cependant, nous
disons que si l'exemption prévue pour les mines seulement est
étendue comme elle l'est actuellement par le projet de loi, toute
l'économie de certaines villes minières et en particulier celle
de Chapais, en sera perturbée considérablement, parce que
l'article 15 prévoit également que les équipements et les
installations des galeries, de puits de mine sont exemptés.
Les articles 241, je pense, de la Loi actuelle des mines, ne
prévoyaient pas une telle exemption, ni l'article 14 de la loi, des
villes minières.
Dans les équipements et les installations de mines, il y a des
immeubles par nature, dont la valeur est extrêmement considérable
et pour lesquels les mines vont être dégrevées, vont
bénéficier d'une exemption considérable de taxes.
Nous soumettons que ces articles 14 et 15 l'article 14,
évidemment, exemptant la machinerie industrielle des mines ont
pour effet de modifier plus que substantiellement, mais de façon
très considérable, l'assiette d'imposition des
municipalités. Dans le cas de Chapais, et dans plusieurs autres cas
également, il s'agit d'une ville qui a été
créée très récemment, en 1955, qui a
été créée par la mine, qui n'existe qu'en fonction
des intérêts particuliers d'une entreprise minière, comme
c'est le cas ailleurs, et qui, éventuellement, fermerait si la mine
fermait ses portes.
Si on regarde les derniers états financiers de la ville de
Chapais, on se rend compte que le projet de loi aurait un effet vraiment
très considérable. Le budget actuel, d'après les derniers
états financiers, est d'environ $300,000. Les articles 14 et 15 auront
pour effet de priver la ville de Chapais d'environ 50 p.c. de ses sources de
revenus. Je noterai au passage que la ville de Chapais impose
déjà une taxe de vente, en vertu des articles 526 et 527, elle ne
peut donc pas avoir recours à cette source de revenus, qu'a
mentionnée ce matin le ministre des Affaires municipales.
La ville de Chapais non plus n'a pas d'autre vocation que celle
d'être une ville minière. Elle n'a donc pas de vocation
touristique, elle a, peut-être, et c'est souhaitable, une vocation
industrielle, mais pour l'instant, son éloignement fait qu'elle ne peut
pas envisager un accroissement d'évaluation significatif et un
accès important des nouvelles sources de revenus de sorte que les
articles 14 et 15 vont lui faire perdre certainement des droits acquis. Parce
qu'il y a eu des emprunts de faits lorsqu'elle a fait des emprunts, elle a
tablé sur une évaluation à laquelle elle a accès et
puis, également, la ville de Chapais désire vous soumettre que,
peut-être, la société minière qui est à
l'intérieur de ses limites n'en demande pas tant. Les relations avec la
société minière ont toujours été
excellentes, les montants qui ont été versés à
titre de taxes ou de revenus qui correspondaient à la machinerie
industrielle ont été importants. La ville est satisfaite de ses
relations fiscales avec la mine.
Mais voilà que le projet de loi vient lui enlever ses sources de
revenus. A ce que nous
sachions, la mine n'a pas fait de représentation
particulière auprès du ministre ni de ses fonctionnaires pour
être dégrevée de taxes. Ce n'est pas une mine qui est dans
une situation financière fâcheuse. Par contre, si le projet de loi
est accepté tel que déposé, c'est la ville qui va se
trouver à financer indirectement les opérations de la mine.
L'évaluation moyenne de la ville de Chapais est d'environ $7,000 et les
maisons qui y sont situées sont des maisons dont la valeur réelle
doit être d'environ $10,000. Le projet de loi aurait pour effet
d'augmenter le taux de la taxe, qui est actuellement déjà
élevé. Il est de $1.75 par $100 d'évaluation et serait
porté aux environs de $3.20, $3.25, peut-être davantage. Mais nos
estimations conservatrices le situeraient à $3.20 les $100
d'évaluation sur des propriétés qui appartiennent à
de petits propriétaires qui n'ont pas le moyen, par ce
truchement-là, de financer indirectement les opérations de la
mine. S'il existe une ville à Chapais, c'est parce qu'il y a une mine.
Si des gens sont allés, il y au maximum 15 ans, s'installer à
Chapais, c'était parce qu'il y a une mine. La mine est consciente de la
situation, elle est consciente de ses responsabilités, nous le
présumons du moins et elle ne semblait pas avoir d'objection à
continuer à payer des taxes sur les bases qui existent actuellement.
Toutefois évidemment, elle va prendre les exemptions qui vont lui
être accordées.
A ce titre-là, nous avons soumis certaines propositions. Je puis
peut-être en quelques mots, étant donné que le temps de la
commission est assez précieux et que l'heure avance, vous en faire part
en quelques secondes. Une première solution serait, quant aux villes
minières, de maintenir le statu quo jusqu'au moment où on
pourrait reviser de quelle façon le gouvernement entend donner
accès à de nouvelles sources de revenus pour les villes
minières. Nous comprenons que le bill actuel est un bill
d'évaluation et que ce n'est pas un projet de loi qui a une
portée fiscale.
Cependant, les articles 14 et 15 ont, eux, une portée fiscale
considérable, parce qu'ils font sortir du champ de la fiscalité
municipale, par le biais de l'évaluation, des biens-fonds dont la valeur
est extrêmement importante. C'était notre première solution
qui, en fait, n'est qu'une solution temporaire. La seconde, nous provient,
à titre d'exemple, de ce qui a été fait en Ontario. La loi
ontarienne qui date de 1968 qui est donc très récente,
elle s'appelle "The Ontario Assessment Act" a prévu dans le cas
des mines et des villes minières également à peu
près les mêmes exemptions que celles proposées par le
projet de loi. Par contre, elle a du même coup, et c'est inscrit
dans le projet de loi prévu des revenus conpensatoires pour les
municipalités et également pour les villes minières en
particulier.
M. PAUL: Est-ce que c'était pour une période
donnée?
M. POTHIER: Non, c'est inscrit, ce sont des articles qui ont une
portée permanente. Je peux, pour peut-être en informer les membres
de la commission parlementaire, vous décrire brièvement
parce que ça fait partie également de notre mémoire
indiquer aux membres de la commission parlementaire quelles techniques ont
été retenues par la Législature de l'Ontario. Ce sont
celles qui font partie des propositions que nous soumettons: tout d'abord, les
profits des sociétés minières sont imposables pour fins
municipales, de façon générale. Ce pouvoir-là est
accordé à toutes les municipalités, qu'elles soient
minières ou non minières. Mais en plus et ça c'est
une loi qui n'est pas celle de l'évaluation, mais une loi qui s'appelle
the Mining Tax Act il y a une loi qui permet de taxer les biens-fonds,
je pense, une certaine partie des biens-fonds, mais jusqu'à concurrence
d'un pourcentage des profits. Ce sont deux taxes cumulatives. Dans le cas des
villes minières, il est prévu de par la loi que le
lieutenant-gouverneur en conseil peut adopter des règlements pour
obliger, dans le cas des villes minières, les sociétés
minières à verser une compensation ou un montant suivant des
critères évidemment objectifs, qui ne font pas
nécessairement partie de la loi, mais qui font partie de
règlements qui ont une portée permanente, pour les obliger
à verser, dis-je, aux villes minières des montants qui
tiendraient compte des pertes infligées par cette loi
d'évaluation ontarienne aux villes minières.
Nous soumettons qu'il s'agit d'une technique fort valable. Cependant
elle devrait tenir compte de deux choses: tout d'abord des droits acquis, parce
que les règlements qu'adopterait éventuellement le
lieutenant-gouverneur en conseil auront une portée
générale et ne tiendront pas nécessairement compte de la
situation particulière de Chapais, par exemple. Elle devrait donc tenir
compte des droits acquis et, à ce titre, la loi devrait prévoir
que les montants actuellement versés par les villes minières au
titre de la machinerie industrielle et au titre des immeubles par nature qui
sont actuellement sujets à imposition, constitueront des minima pour un
certain nombre d'années. Quitte à ce que ces minima soient
réduits progressivement, suivant la technique prévue à
l'article 134 pour l'Hydro-Québec, pendant un certain nombre
d'années, ce qui permettrait aux municipalités d'éliminer
les engagements financiers à long terme qu'elles ont encourus
là, je pense au service de la dette et qui permettrait
également de faire des représentations auprès des
autorités provinciales pour avoir accès à des sources de
revenus compensatoires.
Dans tous les cas, nous soumettons que au sujet du bill
d'évaluation en ce qui concerne les villes minières et la
ville de Chapais, l'effet de ce projet de loi devrait être retardé
par le biais de l'article 108, jusqu'au moment où la loi fiscale, si on
ne le prévoit pas dans le bill d'évaluation, elle,
prévoira des revenus compensatoires.
MM. les membres de la commission, j'ai essayé d'être le
plus bref possible. Je signalerai au passage que ce projet de loi a pour effet
de faire perdre à la ville de Chapais environ 50 p.c. de ses revenus
actuels. Le budget est de $300,000 environ. Je crois que la commission
parlementaire ne demeurera pas indifférente au problème de la
ville de Chapais. J'espère également que le ministre ne demeurera
pas indifférent au problème de la ville de Chapais et
possiblement également au problème de toutes les villes
minières ou d'une partie importante d'entre elles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'avais lu le
mémoire présenté par la ville de Chapais.
Comme il s'agit d'une ville qui n'est quand même pas très
éloignée de ma région et que je connais d'ailleurs
très bien, ayant été député de Roberval, je
m'attendais à ce qu'on nous présentât un mémoire
dans le sens de celui que nous venons d'entendre.
Le problème que vous posez, Me Pothier, vous le posez pour la
ville de Chapais, c'est peut-être un cas un peu plus spécifique,
mais c'est aussi le cas de l'ensemble des villes minières et de
certaines grandes villes industrielles dont nous avons parlé ce matin.
Vous faites des propositions concrètes, et il est bien entendu que les
propositions que vous faites, il faut les étudier, les examiner en
tenant compte de l'économie générale de la Loi de
l'évaluation municipale.
Toutefois, les propositions concrètes que vous faites sont de
nature à offrir au ministre et au gouvernement des solutions qui soient
acceptables sans que, pour autant, l'équilibre de toute la loi s'en
trouve perturbé. Vous suggérez d'une part que l'on maintienne le
statu quo, ce qui n'est peut-être pas conforme à l'économie
générale de la loi.
D'autre part, vous demandez l'alternative: c'est ou le statu quo, ou des
mesures compensatoires. Depuis le moment où nous avons commencé
ces auditions, nous nous sommes ingéniés à faire observer
au ministre dans tous les cas où des villes se trouveraient
lésées par les mesures d'exemption que le ministre a consenties,
peut-être imprudemment et trop vite à certains moments, nous nous
sommes ingéniés, dis-je, à demander que des mesures
compensatoires soient examinées, c'est-à-dire qu'on
considère la possibilité d'accorder des mesures compensatoires
pour rééquilibrer les budgets de villes qui, comme celle au nom
de laquelle vous parlez, risqueraient de voir leur économie
considérablement menacée.
Vous avez dit et à juste titre que la ville de
Chapais ne vit qu'en raison de l'existence de la mine. C'est bien le cas, c'est
le cas d'ailleurs d'un bon nombre d'autres villes minières. Il est
entendu que le fardeau fiscal que l'on peut imposer aux contribuables est
déjà suffisamment lourd pour que cette ville se trouve dans
l'impossibilité de l'alourdir encore davantage.
Ce problème est donc absolument urgent, et nous nous ferons les
avocats de votre cause auprès du ministre. Je pense bien qu'il le
comprendra très facilement, c'est un problème qui a d'ailleurs
déjà été soumis.
Nous nous ferons les avocats de votre cause parce que, connaissant la
région et la situation de Chapais comme celle de Chibougamau d'ailleurs,
je crois qu'il est extrêmement important que le gouvernement accorde une
attention très spéciale à ce cas particulier, d'autant
plus que vous n'avez fermé aucune porte. Vous avez exposé les
faits, vous avez proposé des solutions et ces solutions nous paraissent
être compatibles avec l'économie générale d'une loi
qui se veut loi-cadre. Vous pouvez donc compter, Me Pothier, sur notre
collaboration.
M. LEDUC: Me Pothier, je voudrais vous remercier au nom du ministre pour
l'excellent travail que vous avez fait de préparer ce mémoire
d'autant plus que la rumeur m'est parvenue que vous avez eu un laps de temps
assez court pour préparer ce travail. Je crois que c'est très
bien fait. Je suis convaincu que tous les membres de la commission
parlementaire des Affaires municipales et le ministre en tête sont
très sympathiques au problème un peu spécial auquel vous
avez à faire face. Je terminerai en me servant, si vous voulez, comme
exemple, de ce qui s'est passé entre le ministère des Affaires
municipales, l'Hydro-Québec et certaines municipalités pour
régler le problème qui les concernait. J'imagine que l'invitation
bien indirecte que vous a faite le ministre tantôt lorsqu'il parlait avec
M. Moreau et Me Viau de l'Union des conseils de comté, de votre cas...
Je pense que cela serait peut-être une excellente idée de
rencontrer les autorités du ministère des Affaires municipales,
afin d'en venir à une entente au niveau des mines, semblable à ce
qui possiblement s'est fait avec l'hydro-Québec.
Je vous remercie et je remercie les gens qui vous accompagnent d'avoir
été patients et d'avoir attendu votre tour aujourd'hui
contrairement à ce qui avait été prévu, que vous
causeriez avec nous hier après-midi.
M. POTHIER: Nous vous remercions, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Merci, Me Pothier ainsi que M. le maire de la ville de
Chapais et du conseiller. Nous allons ajourner la séance et,
après la période des questions en Chambre, nous entendrons
à la table de discussion le Conseil du patronat représenté
par M. Bédard. Il y aura aussi M. B. Patry, maire de l'Ile Bizard,
l'Association des gérants municipaux représentée par M.
Yvon Gariépy, le président, et il y aura la Commission des
écoles catholiques de Montréal représentée par Me
Jean Marcoux. Nous suspendons les travaux jusqu'après la période
des questions.
(Suspension de la séance à 12 h 43)
Reprise de la séance à 16 h 25
M. LEDUC (président de la commission permanente des Affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
Cet après-midi, nous devions entendre le Conseil du patronat, le
représentant de l'Ile-Bizard, l'Association des gérants
municipaux et, pour terminer, la Commission des écoles catholiques de
Montréal et le Bureau métropolitain des écoles
protestantes de Montréal. Je crois que le seul groupe qui est parmi nous
cet après-midi sont les représentants de la Commission des
écoles catholiques de Montréal ainsi que le Bureau
métropolitain des écoles protestantes de Montréal,
à moins que je ne me trompe. Et s'il y a les représentants des
trois autres organismes qui sont avec nous, je leur demanderais de bien vouloir
s'identifier afin de ne pas les léser dans leurs droits.
Messieurs, si vous êtes d'accord, nous allons demander aux
représentants de la Commission des écoles catholiques de
Montréal et du Bureau métropolitain des écoles
protestantes de Montréal de présenter leur mémoire.
Maintenant, M. Gariépy de l'Association des gérants
municipaux m'a demandé si la commission était d'accord quel'on
inscrive in extenso son mémoire au journal des Débats.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. LE PRESIDENT: Et peut-être pourrions-nous faire la même
chose pour l'Ile-Bizard et le Conseil du patronat, étant donné
que ces deux organismes ont dû s'absenter aujourd'hui, mais qu'ils
étaient présents hier, (Voir annexes A, B et C)
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. LE PRESIDENT: J'invite maintenant Me Marcoux et Me Graham à
s'approcher à la table et à faire valoir leur point de vue.
Commission des écoles catholiques de
Montréal
M. MARCOUX (Jean): M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, j'ai à mes côtés Me Peter Graham qui
est le procureur du PSBGM. Comme vous pouvez le constater, il s'agit d'un
mémoire conjoint et je pense qu'on peut considérer que c'est
déjà un exercice de vie communautaire que la CECM et le PSBGM
vivent dans ce mémoire, en vue de cette vie commune que nous serons
vraisemblablement appelés à vivre, à plus ou moins
brève échéance.
Disons que Me Graham présentera lui-même quelques points
que nous soulevons dans notre mémoire. On peut dire que d'emblée
nous sommes d'accord sur les buts généraux que poursuit le projet
de loi no 48. Et nous avons cru comprendre que ces buts généraux
sont l'établissement de règles et de critères identiques
pour la confection des rôles, pour l'évalua- tion proprement dite,
je devrais dire, et l'établissement également de critères
identiques pour la définition de ce que l'on appelle les "biens
imposables" et les "biens non-imposables".
Si vous me permettez, rapidement, j'aimerais rappeler quel est le
système de taxation qui prévaut dans nos territoires respectifs.
Le PSBGM étend sa juridiction sur 22 des quelques 29
municipalités de l'île de Montréal, la CECM étend
elle-même sa juridiction sur six de ces 22 municipalités. Les 16
autres municipalités qui sont comprises dans ce territoire du PSBGM sont
assujetties pour des fins scolaires à la juridiction d'une quinzaine
d'autres commissions scolaires que la CECM.
Dans ce territoire de 22 municipalités ceci est assez
particulier au territoire de la région de Montréal la
propriété foncière est divisée en listes ou
catégories suivant la qualité du propriétaire. On a donc
une liste pour les catholiques, une liste pour les protestants et une liste
pour les neutres. Par neutres, il faut entendre principalement les corporations
de même que les individus qui ne sont ni catholiques, ni protestants. Des
taux de taxes différents peuvent être appliqués suivant les
listes dans lesquelles sont rangées ou sont classées les
catégories d'immeubles. De fait, il existe deux taux différents
suivant que le propriétaire est une corporation ou un catholique, ou un
protestant ou un neutre. Je parle des faits, actuellement il existe deux taux
différents.
La taxe qui est imposée sur la propriété
protestante dans ce territoire de 22 municipalités est remise en entier
au PSBGM. Celle qui est imposée sur la propriété
catholique est remise à chacune des commissions scolaires catholiques
qui ont juridiction dans ce territoire-là. Quant à la taxe des
neutres, elle sert en quelque sorte de vase de compensation pour assurer
à chaque commission scolaire ayant juridiction dans ce territoire un
revenu minimum égal par élève. Il s'agit, comme vous
pouvez le constater, d'un système en fait qui est assez complexe, je
dirais même assez sophistiqué.
Le résultat de tout ceci est que les commissions scolaires
doivent nécessairement, avant d'imposer un taux de taxe uniforme
à l'intérieur d'un territoire donné, uniformiser les
évaluations de sorte que jusqu'à cette dernière
année, le CECM et le PSBGM devaient annuellement se livrer à une
vaste entreprise d'uniformisations des rôles.
Cette entreprise était dispendieuse et amenait beaucoup de
complications du fait particulièrement que, lorsque nous uniformisions
les évaluations dans une municipalité donnée, chaque
contribuable avait droit d'appel de son évaluation ainsi
uniformisée. De cette façon-là, les commissions scolaires
faisaient en quelque sorte office de bureau de révision à leur
tour et on peut dire qu'il y avait dédoublement de services ou
d'efforts.
La loi de la communauté urbaine a quelque
peu tout de même amélioré la situation, parce que,
depuis l'année 1971/72, ce ne sont plus les commissions scolaires qui
font l'uniformisation, c'est la communauté urbaine elle-même qui
décrète des pourcentages d'uniformisation, et ces pourcentages ne
peuvent être contestés que globalement. Ceci explique, je crois,
pourquoi nous accueillons avec beaucoup de faveur, je dirais, ce bill, qui, non
seulement va régler, je pense, nos problèmes d'évaluation
à proprement parler, mais va également établir une liste
uniforme des biens imposables, problème que la loi de la
communauté urbaine n'avait pas encore réglé.
Dès 1967 d'ailleurs, la CECM et le PSBGM avaient
réclamé que l'on crée, dans toute l'île de
Montréal, un organisme chargé de la confection des rôles et
de l'établissement de critères identiques pour
l'évaluation. Maintenant, ce qui nous inquiète un peu dans le
bill, c'est qu'il est difficile de mesurer l'impact, quant aux nouveaux modes
d'évaluation préconisés pour certaines catégories
d'immeubles. Nous pensons ici particulièrement aux immeubles qui vont
servir à des fins industrielles, aux immeubles qui appartiennent aux
chemins de fer, à ceux de l'Hydro-Québec, à ceux des
compagnies de gaz, de téléphone, de transmission par câble
et des autres entreprises de télécommunication. Il nous est bien
difficile de mesurer l'impact de ces nouveaux modes d'évaluation.
Ce que nous savons, à titre d'exemple, c'est que
l'équipement de Bell Canada, à Montréal, représente
pour l'année 71/72 une évaluation de $90,700,000, ce qui
représente un revenu de taxes scolaires, pour la ville de
Montréal seulement, de $2,539,000. Si on fait une extrapolation pour
l'ensemble de l'île, l'équipement de Bell Canada représente
un revenu de taxes de $4,200,000. Si on songe à la Corporation de gaz
naturel, c'est une évaluation de $20 millions dont il est question, donc
des revenus de taxes de $560,000 pour la ville de Montréal et de
$933,000 pour l'ensemble de l'île.
On a parlé ce matin d'un nouveau système de taxation pour
l'équipement de l'HydroQuébec. Nous avons tenté de mesurer
quel pourrait être l'impact de ce nouveau système de taxation en
tenant pour acquis que pendant 10 ans l'évaluation de
l'Hydro-Québec serait gelée et qu'ensuite l'Hydro-Québec
paierait un revenu décroissant de 5 p.c. par année. Nous sommes
arrivés aux chiffres, sur cette période de 30 ans, de $52,400,000
de moins en taxes scolaires qui seraient récupérées dans
le territoire de la ville de Montréal.
Tout ceci ne vise pas à effrayer les membres de cette commission,
tout ceci ne constitue pas non plus une critique des nouveaux modes
d'évaluation qu'on préconise, mais nous voulons tout simplement
vous souligner notre inquiétude à savoir que si le
résultat de ces nouveaux modes d'évaluation devaient être
une diminution des revenus de taxes, évidemment, il faudrait songer
à une augmentation des taux de la taxe scolaire ou à
l'augmentation des subventions gouvernementales ou à d'autres modes de
financement pour les commissions scolaires.
Ceci étant dit, les autres remarques de notre mémoire
portent, sur des questions plutôt d'ordre technique. Premièrement,
le nom du propriétaire à inscrire au rôle. Nous croyons
que, lors de la confection des rôles, les évaluateurs devraient se
référer en règle générale aux inscriptions
qui apparaissent au bureau d'enregistrement. Si l'on examine le bill 48, on
constate notamment aux articles 12 et 97 a), que l'on laisse la porte ouverte
à des preuves quant aux propriétaires d'un immeuble. Nous
n'endossons pas ces vues, nous croyons que l'on devrait se
référer aux seuls critères du bureau d'enregistrement pour
déterminer qui est propriétaire d'un immeuble.
Nous croyons que nos vues rejoignent l'économie de la Loi de la
copropriété qui prévoit que chaque fraction d'un immeuble
forme une entité distincte pour fins de taxes scolaires et que chaque
propriétaire doit être taxé sur sa fraction suivant la
déclaration de copropriété qui est un acte
enregistré. On ne demande donc pas à chaque copropriétaire
de l'immeuble: Monsieur, êtes-vous propriétaire ou
n'êtes-vous pas propriétaire de l'immeuble? On se
réfère exclusivement aux déclarations qui sont inscrites
au bureau d'enregistrement.
La seule exception, croyons-nous, à cette règle serait le
cas où des gens occupent en vertu d'un permis d'occupation ou d'un
billet de location des terres de la couronne et ce serait également le
cas des squatters qui occupent un immeuble appartenant à un organisme
gouvernemental par simple tolérance. Nous proposons un certain nombre
d'amendements à quelques articles pour tenir compte de nos vues. Si on
songeait à permettre des preuves de la propriété autres
que celles qui sont consignées au bureau d'enregistrement, je crois
qu'on aboutirait à un système assez peu réaliste,
notamment dans les grandes agglomérations urbaines. Au surplus, j'ai
mentionné tantôt que la propriété dans nos
territoires respectifs était divisée suivant un système de
listes et, s'il faut se fier aux déclarations des gens, il serait
vraisemblable qu'une compagnie vienne nous déclarer qu'un immeuble
appartient à un individu pour bénéficier d'un taux de taxe
réduit. C'est pourquoi nous préférons évidemment
nous référer aux documents qui sont enregistrés.
Notre deuxième observation porte sur les listes de taxation
scolaire. Nous croyons que, quant au contenu du rôle dont on parle
à l'article 5, on devrait à cet article ajouter une phrase pour
prévoir que le rôle doit contenir tous les renseignements
nécessaires à la confection des rôles de perception des
taxes scolaires. Nous entendons par là, justement, qu'on indique au
rôle d'évaluation la liste dans laquelle une
propriété doit être inscrite pour fins des taxes scolaires.
Egalement, les articles 65, 70 et 96 établissent comme critère,
pour déterminer
le lieu et le moment d'audition d'une plainte, le droit à la
sténographie et le droit à l'appel; ils établissent donc
comme critère l'évaluation foncière qui est en jeu.
Nous croyons que le critère à retenir devrait être
plutôt celui des taxes qui sont en jeu. Nous disons ceci parce que,
lorsqu'il s'agira, par exemple, par le bureau de révision ou le tribunal
d'évaluation, de déterminer si un immeuble doit être
inscrit au rôle comme appartenant à un individu ou à une
corporation, l'intérêt peut être complètement
différent, les montants en jeu peuvent être très
différents. A ce moment-là, le critère d'évaluation
a moins d'importance. Ceci rejoindrait en même temps notre
préoccupation à savoir que le bureau de révision, le
tribunal d'évaluation foncière et la cour d'Appel devraient avoir
juridiction, non seulement sur les évaluations proprement dites, mais
sur toutes les inscriptions au rôle, que ce soit le nom du
propriétaire ou la date où une propriété ou une
nouvelle construction est inscrite au rôle.
Ce matin, devant cette commission, on a suggéré que toute
corporation municipale ait le droit d'intervenir lorsqu'une plainte
était logée par un contribuable contre son évaluation ou
contre une inscription au rôle pour faire valoir son point de vue.
Nous allons un peu plus loin, bien que nous nous contentions de poser la
question sans y répondre et nous nous demandons si on ne devrait pas
accorder à chaque corporation municipale elle-même le droit de se
plaindre de l'évaluation d'un immeuble. Nous disons cela, parce que le
bill 48 vient tout de même changer quelque peu les règles de jeu
qui sont établies par la Loi des cités et villes.
En vertu de la Loi des cités et villes, le conseil municipal peut
d'autorité faire des modifications au rôle, alors qu'en vertu du
bill 48, c'est seulement le bureau de révision qui pourra faire de
telles modifications.
Deuxièmement, en vertu de la Loi des cités et villes,
c'est chaque corporation municipale qui confectionne elle-même son
rôle par le truchement d'évaluateurs choisis par elle.
Et c'est également la corporation municipale qui choisit les
membres de son bureau de révision.
Alors qu'en vertu du bill 48, lorsqu'on aura une communauté
urbaine ou lorsqu'on aura des commissions scolaires regroupées par la
Commission municipale de Québec, cet exercice du droit de nommer des
évaluateurs ou les membres du bureau de révision ne sera
pratiqué que très indirectement par la corporation municipale. Au
surplus, même lorsqu'il s'agira d'une corporation municipale qui fera
cavalier seul je veux dire par là qu'elle ne sera pas
intégrée à une communauté ou à des
commissions scolaires regroupées elle ne choisira les membres de
son bureau de révision que si elle fait partie d'un district de
révision.
En somme, nous constatons qu'en vertu du bill 48, la corporation
municipale perd tout de même un peu de contrôle de son rôle
d'évaluation et du bureau de révision. Et nous nous demandons
s'il ne faudrait peut-être pas songer à lui donner, à
elle-même, ce pouvoir de contester les évaluations.
Quant à la stabilité du rôle, je pense qu'on en a
parlé amplement devant cette commission. Nous nous contentons de
souligner que, s'il fallait changer le propriétaire d'un immeuble chaque
fois qu'il y a une mutation de propriété, ceci pourrait avoir une
répercussion particulière pour les commissions scolaires, parce
que, comme nous l'avons souligné plus tôt, le taux de taxe payable
sur un immeuble dépend largement de la qualité du
propriétaire.
Nous suggérons également que l'on donne au bureau de
révision et aux tribunaux, tant au tribunal d'évaluation
qu'à la cour d'Appel, le pouvoir lorsqu'une plainte est logée
devant lui, non seulement de diminuer ou de maintenir l'évaluation, mais
également, si la preuve établit que l'évaluation
était trop basse, d'augmenter l'évaluation. Ceci, je pense, ne
serait que justice dans le cas où la preuve établit que,
véritablement, l'évaluation apparaissant au rôle
était trop basse.
Ceci, croyons-nous, serait également de nature à
réduire les plaintes futiles. Il y a une disposition du bill 48 qui
prévoit que le tribunal d'évaluation peut rendre telle
décision que le bureau de révision aurait dû rendre
originellement. Ceci semble laisser ouverture à ce que nous venons de
suggérer.
Toutefois, l'article 103 du bill 48 ne prévoit que
l'hypothèse où l'on réduit l'évaluation et ne
prévoit pas l'hypothèse où on augmente
l'évaluation. Lorsqu'on dit à l'article 94 que le tribunal
d'évaluation peut rendre une telle décision que le bureau de
révision aurait dû rendre originellement, on peut constater
qu'à l'article 515 de la Loi de l'instruction publique, il y a une
disposition semblable, et une décision récente de la cour d'Appel
a établi que ces mots voulaient dire que le tribunal avait le droit
d'augmenter l'évaluation. Ce que nous proposons en définitive,
c'est que l'on retienne dans la rédaction du bill 48 cette
interprétation de la cour d'Appel.
Enfin, nous croyons que ceci a déjà été
soulevé devant cette commission, nous suggérons que l'on
définisse certaines expressions employées dans le bill 48,
notamment l'expression "organismes publics" employée à l'article
16, l'expression "établissements publics de bien-être"
employée à l'article 1 et l'expression "institutions de
charité" employée également à cet article 1. On a,
je pense, longuement parlé des expressions "valeur marchande", "valeur
réelle" ou "valeur actuelle" et ceci a peut-être assez peu
d'importance, mais nous croyons que, sur le plan de la terminologie, les mots
"valeur réelle" nous paraissent plus larges que les mots "valeur
marchande" qui nous semblent référer à la valeur sur le
marché alors que, pour certains immeubles, il n'y a pas de
marché.
Enfin, disons que nous suggérons et propo-
sons également que le délai d'appel, qui est de huit jours
en vertu de l'article 96 de la loi 48, soit étendu à 30
jours.
Si vous permettez, messieurs, Me Graham pourrait maintenant
compléter nos observations en ce qui concerne le bill 48.
The Protestant School Board of Greater
Montreal
M. GRAHAM : Je suis Me Peter Graham, procureur pour le Bureau
métropolitain des écoles protestantes de Montréal. Vu
qu'on a préparé un mémoire conjoint, il est évident
que j'appuie les remarques et les explications que vient de donner Me Marcoux.
Je veux seulement faire certains commentaires sur certaines parties du
mémoire que Me Marcoux n'a pas discutées. Il me semble, selon les
représentations faites devant cette commission, qu'il y en a beaucoup
qui demandent des exemptions jusqu'au point que cela commence à nous
inquiéter un peu à savoir d'où vont venir les taxes, si
tout va devenir exempt ou partiellement exempt. Je voudrais discuter
premièrement sur la question de la machinerie, qui est couverte par
l'article 14 du bill. Nous avons proposé, dans le mémoire, qu'on
continue à suivre ce qui est déjà la loi, à
l'article 488 de la Loi des cités et villes à l'effet que la
seule machinerie qu'on peut exempter de taxe est la machinerie qui est devenue
immeuble de destination et non la machinerie qui est immeuble de nature.
Si on veut exempter la machinerie qui est immeuble de nature, il me
semble qu'il va falloir trouver quelque part des taxes pour remplacer l'argent
que ça va nous enlever. Alors, il faut toujours prendre en
considération le fait qu'il y a certaines industries où ça
va affecter beaucoup la quantité des propriétés qui seront
imposables.
Et, comme je l'ai dit, il faudra trouver une source d'argent pour
remplacer ce que ça va enlever aux commissions scolaires et aux
municipalités aussi. Maintenant, sur la même question, les
raffineries posent un problème un peu spécial. A l'article 14 du
projet de loi on dit: "Ne sont pas portés au rôle les immeubles
par destination qui sont utilisés à des fins industrielles pour
servir exclusivement à un processus de production,..." D'après ce
que j'ai compris, il est probable que ce mot "exclusivement" va
disparaître ou sera remplacé par une autre définition.
On voudrait suggérer que si ce mot "exclusivement"
disparaît, au moins on garde une partie de la définition en la
remplaçant peut-être par un mot comme "principalement" ou quelque
chose du genre, pour la raison suivante. Si une industrie comme, par exemple,
l'industrie pétrolière, veut s'organiser pour ajouter quelques
onces de quelque chose dans un réservoir pour que ce soit
considéré comme partie de la production, partie de la machinerie,
les autori- tés "taxantes" n'auraient aucun contrôle
là-dessus, alors que les industries pétrolières peuvent
exempter presque tous les réservoirs incluant tous les réservoirs
qui sont actuellement taxés, qui sont sur le rôle. Ce qui
représente actuellement une partie importante des revenus des
municipalités où ces industries sont établies et des
commissions scolaires qui existent dans les municipalités
concernées.
Le deuxième point que je voudrais discuter, c'est la question de
taxation des chemins de fer, des lisières de terrain sur lesquelles
existent ou pourraient exister les voies ferrées. D'après ma
compréhension du projet de loi, il semble que ceci serait taxé et
évalué, c'est-à-dire, à la valeur marchande ou
valeur réelle. Ce qui apporte une différence très
importante à la loi actuelle qu'on trouve à l'article 490 de la
Loi des cités et villes et dans un article semblable de la loi des
autres municipalités qui dit que ces lisières de terrain doivent
être évaluées selon la valeur moyenne des
propriétés avoisinantes. Si à l'avenir on évalue
ces lisières de terrain selon la valeur marchande ou la valeur
réelle, c'est un cas où comme vient de le dire Me Marcoux
je crois, il n'y a pas de valeur marchande, parce que ça ne se
vend pas.
Si on veut établir une valeur réelle pour ces
lisières de terrain qui peuvent être, disons, de 80 pieds de
largeur et de dix milles, cinquante milles ou cent milles de longueur... Ce
sont des lisières de terrain auxquelles il n'y a pas d'accès,
sauf quand on arrive à la gare et c'est entre l'arrière-partie
d'autres terrains. Alors, il n'y a aucun accès, il n'y a pas de
services. Cela va nous laisser dans une situation où les chemins de fer
vont pouvoir prétendre, probablement avec succès, que ces
lisières de terrain n'ont aucune valeur ou presque aucune valeur.
Quand Me Gadbois a comparu devant la commission il a mentionné
que les chemins de fer versent un montant d'environ $20 millions par
année en taxes scolaires et municipales sur les immeubles qu'ils
détiennent dans la province.
Si on fait disparaître une bonne partie de l'évaluation
maintenant attribuée selon la loi actuelle à ces terrains, c'est
encore un cas où il faudrait trouver un autre moyen de taxer ou de
subventionner pour remplacer ces revenus qui vont disparaître. C'est un
problème. Si on commence à penser, à
réfléchir sur le problème d'évaluer ces
lisières de terrain, il devient presque impossible d'en arriver à
une valeur. Il y a beaucoup de méthodes, d'approches; c'est comme une
boîte de Pandore qu'on ouvre et dont on ne sait pas où cela va
nous amener. On ne sait pas s'ils vont réussir, à ce
moment-là en prétendant ce qu'ils ont déjà
fait à la cour dans une cause que j'ai plaidée que cela ne
vaut presque rien, ou si cela va paraître raisonnable d'évaluer
cela sur une espèce de valeur économique ou quoi. Mais au moins,
on ne le sait pas et ils ont déjà essayé de prouver que
cela ne vaut rien. Ils vont peut-être réussir à
convaincre les tribunaux que ça ne vaut rien. Ce ne sont pas des
procès que l'on veut, c'est de savoir ce que cela va valoir.
Il y a ici un danger: c'est que l'on va perdre des revenus, et dans
certaines villes, cela va affecter plus les commissions scolaires et la
municipalité que dans d'autres. Des montants considérables sont
impliqués. Je voudrais donc seulement attirer l'attention de la
commission sur le fait qu'en faisant disparaître cet article 490 de la
Loi des cités et villes, cela va nous enlever probablement des revenus
très considérables.
On a proposé, concernant les chemins de fer, d'inclure un article
qu'on appelerait 24 a) pour retenir l'effet de l'article 490 qui existe dans la
loi des cités et villes.
Le dernier point que je veux couvrir concerne les terres en culture qui
est couvert par l'article 107 de la loi, qui ne nous semble pas clair
actuellement. Il n'est pas clair, si ce qui est visé par cet article est
d'enlever de l'évaluation et, en conséquence, de la taxation sauf
pour une petite partie qui restera après l'exemption, les terres en
culture, pour raison de taxes scolaires aussi ou seulement pour raison de taxes
municipales. Si l'intention est de les enlever, sauf une petite partie qui va
rester de 1 p.c, ou de $150 par arpent, si, donc, l'intention est de les
enlever pour raison de taxes scolaires, je crois premièrement qu'il
faudrait préciser et, deuxièmement, qu'il faudrait prendre
connaissance du fait que, dans le territoire du bureau protestant à
Montréal, ces terrains sont actuellement évalués à
la valeur réelle. Ceci veut dire que les gens qui détiennent ces
propriétés actuellement ne bénéficient pas d'une
exemption partielle ou totale alors que, quant aux taxes scolaires seulement,
ces propriétés sont taxées comme les autres et que l'effet
de l'article 107, si c'est interprété comme s'appliquant à
l'évaluation pour les taxes scolaires, pourrait enlever encore des taxes
aux commissions scolaires.
Comme résultat, ce ne sont pas de gros montants qui sont
impliqués d'après les renseignements que j'ai pu avoir avant de
venir ici je crois que ce serait quelque chose entre $50,000 et $100,000
par année de taxes.
Mais encore, c'est un montant de taxes assez important et je crois que
l'on devrait au moins en prendre connaissance avant de décider que cela
va s'appliquer aux commissions scolaires, si c'est l'intention de la commission
et ensuite de la Législature de l'étendre aux commissions
scolaires. Je crois que ceci résume les remarques que j'avais à
faire. Je remercie M. le Président et les membres de la commission.
M. TESSIER: Je voudrais, M. le Président, remercier Me Marcoux et
Me Graham de leur excellent exposé et leur dire quelques mots. D'abord,
il me semble que, ce qui vous concerne en premier lieu, c'est la crainte d'une
diminution des revenus généraux à la suite de l'adoption
du bill 48.
Je puis vous dire que les administrateurs de mon ministère ont
étudié cette question-là d'une manière toute
particulière et que, dans l'ensemble, ils ont pris des cas types de
municipalités un peu partout dans la Communauté urbaine de
Montréal entre autres, ailleurs, des groupes de municipalités
urbaines, des groupes de municipalités rurales et d'après les
calculs qu'ils ont faits, il ne devrait pas y avoir ce sont les
conclusions de leurs études de diminution de revenus. Il y aura
maintien des revenus actuels, tant pour les municipalités que pour les
commissions scolaires et, même dans certains cas, des augmentations de
revenus. Evidemment, il faut ne pas perdre de vue que les municipalités
scolaires sont appelées à voir leurs revenus provenant de la taxe
foncière allant en diminuant. Cette politique a été
annoncée d'ailleurs lors de la conférence provinciale-municipale
par le ministre des Finances: il sera permis aux municipalités d'envahir
graduellement le champ de l'impôt foncier scolaire. Les commissions
scolaires ont déjà été prévenues, et il est
évident que, non pas à cause du bill 48, mais à cause
d'autres législations, les commissions scolaires ne pourront pas compter
dans les années à venir voir accroître leurs revenus, leurs
sources de revenus provenant de l'impôt foncier; mais au contraire, cela
ira plutôt en diminuant.
Je veux également souligner que nous avons retenu
déjà plusieurs des recommandations qui apparaissent à
votre mémoire et que vous venez d'exposer. Plusieurs d'entre elles
d'ailleurs, étaient contenues dans des mémoires
antérieurs. A titre d'exemple, pour n'en citer que deux: et ce n'est pas
limitatif, loin de là en ce qui concerne les chemins de fer, pour
l'évaluation des terrains de chemins de fer, par exemple, ce sera le
statu quo, c'est-à-dire que l'évaluation se fera comme maintenant
sur l'évaluation ou sur la valeur des terrains contigus aux terrains de
chemins de fer.
Je pourrais citer également un deuxième exemple des
suggestions que nous avons retenues et qui sont contenues dans votre
mémoire: en ce qui concerne l'article 107, le 1 p.c. ne s'appliquera que
pour fins d'évaluation municipale, mais non pas pour fins
d'évaluation scolaire. Je vous cite ces deux cas à titre
d'exemple, mais il y a certaines autres de vos propositions que nous avons
retenues ou que nous retiendrons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le mémoire dont
on nous a fait lecture fait état de certaines craintes justifiées
que le ministre a en partie dissipées, particulièrement en ce qui
concerne les revenus des municipalités scolaires.
Il y a aussi un ensemble d'observations et de recommandations qui sont
faites à la commission et qui avaient déjà fait l'objet
d'un examen par les membres de cette commission, notamment en ce qui concerne
les exemptions de l'outillage industriel, etc. La question des che-
mins de fer a été évoquée ainsi de suite.
Vos préoccupations majeures, outre les aspects techniques fort
importants de votre mémoire, sont des préoccupations d'ordre
fiscal. Vous vous inquiétez, je pense à raison, d'une perte de
revenus éventuelle qui pourrait survenir à la suite de
l'application du présent projet de loi. Le ministre vient de vous donner
quelques assurances et il a sans doute oublié de vous mentionner que le
ministre de l'Education, pour sa part, prépare une loi dite de la
fiscalité scolaire. On imagine donc que ces projets de loi se
compléteront et que l'on pourra satisfaire aux exigences des
municipalités et aux exigences également des grands organismes
scolaires, commissions, municipalités scolaires, etc. Quant à
moi, M. le Président, je n'ai pas d'observation particulière
à faire, sauf celle-ci, en terminant, de remercier les auteurs de ce
mémoire d'avoir porté à notre attention les faits
particuliers qui touchent à l'administration scolaire de Montréal
et des deux organismes qui sont ici représentés. Soyez
assurés que nous continuerons de travailler avec le gouvernement, avec
le brillant ministre qui est là, pour que la loi soit des meilleures et
ne vous lèse en rien et que les craintes que vous avez se trouvent
dissipées par la générosité du gouvernement qui
sera en cela aidé par la plus grande générosité
encore des membres de l'Opposition officielle.
M. SEGUIN: M. le Président, j'avais deux ou trois commentaires
assez simples à faire mais mes collègues qui ont parlé
avant moi ont suffisamment commenté les deux ou trois autres points dont
je voulais faire mention. A la page 9 de votre mémoire, dans le haut de
la page, il s'agit ici de remplacer les mots "au taux que charge la
municipalité pour les arrérages de taxes" par "au taux
fixé pour les arrérages de taxes scolaires". Peut-être
qu'au PSBGM ou encore à la commission catholique de Montréal, il
y aurait une raison d'appliquer ce principe mais si vous prenez le territoire
couvert par une commission suffisamment grande et bien connue, Baldwin-Cartier,
où les taxes sont perçues par la municipalité et non pas
par la commission scolaire et où la municipalité doit se rendre
responsable de la remise de ces sommes à la commission scolaire et
assumer aussi la responsabilité des taxes non payées. Puisque les
municipalités de ce secteur maintiennent un taux d'arrérages qui
correspond au taux que la municipalité paye pour ses emprunts, il serait
peut être dangereux de régler pour un taux qui pourrait être
moindre et qui serait peut-être le taux suggéré par la
commission scolaire. C'est dire que la municipalité elle-même doit
pouvoir au moins, étant responsable de la perception et de la remise des
sommes, avoir aussi la responsabilité de charger un taux suffisamment
élevé pour s'assurer, non pas un déficit, mais au moins
d'équilibrer le budget quand il s'agit de la perception
éventuelle des arrérages. C'est pour cela que, je pense, le
principe ou l'idée que vous énoncez est très bon puisque
après tout ce sont des fonds ou des sommes qui doivent aller à la
commission scolaire. D'un autre côté, vous embarrasseriez
peut-être la municipalité qui, elle, doit assumer la
responsabilité d'en faire la collection. C'est que je me demande quelle
était la raison au juste qui vous disait: Au taux fixé par la
commission scolaire.
M. MARCOUX: C'est qu'en employant l'expression "au taux fixé"
plutôt que "au taux que charge", on laisse la porte ouverte aux deux
possibilités, c'est-à-dire qu'à ce moment-là...
M. SEGUIN: De négocier...
M. MARCOUX: ... ce taux peut être fixé par la
municipalité, s'il y a lieu, ou dans certains autres cas, il est
fixé dans la loi. Alors, ce ne sera pas au taux que charge la
municipalité, mais c'est le taux qui est fixé dans la loi dans
certains cas. Alors, c'est une espèce de porte ouverte, si vous voulez,
qu'on...
M. SEGUIN: Il s'agirait que la municipalité, je ne dirai pas
négocie, mais s'entende avec la commission scolaire pour que le taux
corresponde aux taux exigés par la municipalité
elle-même.
M. MARCOUX: C'est ça.
M. SEGUIN: En cas de négligence, la municipalité pourrait
être pénalisée. C'était le point que je voulais
faire valoir.
M. MARCOUX: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, s'il n'y a pas d'autres questions, je
désire remercier Me Marcoux et Me Graham de leur collaboration. La
commission ajourne ses travaux à mardi le 14 décembre prochain,
alors qu'elle siégera à huis clos.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): In camera. M. LE PRESIDENT: In camera.
M. TESSIER: Ceci veut donc dire, M. le Président, que cette
séance met fin à la présentation des mémoires et
à toute représentation de la part du public en
général. La commission, à sa prochaine séance,
étudiera le projet de loi article par article.
M. LE PRESIDENT: C'est ça. (Fin de la séance à 17 h
11)
ANNEXE A
MUNICIPALITE DE LA PAROISSE DE ST-RAPHAELDE
L'ILE-BIZARD
Monsieur le président,
Monsieur le ministre des Affaires municipales,
Messieurs les membres de la commission,
Permettez-moi, pour débuter, de vous remercier de l'occasion que
vous m'accordez de porter à votre attention mes quelques commentaires se
rapportant au bill 48. Le fait de prendre la parole à la fin des
débats de cette commission comporte des inconvénients mais aussi
des avantages. Inconvénients en ce sens que cela m'oblige à
laisser de côté une foule de remarques, car la commission a
déjà amendé de façon importante son projet de loi.
Avantages car cela m'a permis de mieux comprendre le sujet, de mieux le
circonscrire.
A ce stade, je me permettrai et ce très brièvement de
commenter un seul des mémoires: celui de l'Hydro-Québec.
Je trouve déplorable et mesquine l'attitude de
l'Hydro-Québec lors de sa présentation; car si on répond
à ses demandes, en écoutant sa présentation on est d'avis
qu'aucune municipalité de la province de Québec ne perdra des
revenus. Mais en aucun cas l'Hydro-Québec ne mentionne l'existence de
contrats qui la lie avec certaines municipalités, contrats qui
s'annuleront avec le bill 48. De la part d'un gros organisme public, je trouve
cela petit.
De plus l'Hydro-Québec ne parle pas du consommateur; ce dernier
va-t-il bénéficier d'une réduction quelconque? J'en doute.
Cependant l'attitude du ministre des Affaires municipales de rencontrer
personnellement les représentants des municipalités
concernées m'a réjoui. Je vous félicite aussi de
l'amendement apporté à l'article 30 concernant les cultivateurs.
On se devait d'abandonner le critère de cultivateur en lui-même
pour adopter comme facteur le caractère de la terre elle-même.
L'Ile-Bizard possède encore plusieurs cultivateurs et en leur nom je
vous remercie de l'amendement apporté.
Je m'en tiendrai donc maintenant à la discussion de l'article 31
i.e. "Les Golfs" Article 3:
Je trouve cet article totalement inadmissible... Exemption pour les
golfs. Pourquoi une exemption à un groupe privilégié de
citoyens? Pourquoi? Pourquoi, il s'agit de clubs privés et quand c'est
privé, c'est privé. Personne d'autre que les membres n'y ont
accès et pas n'importe qui peut aspirer à y devenir membre. Une
simple application ne suffit pas. Actuellement le gouvernement provincial, par
le truchement de son ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, révoque des milliers de permis à des clubs de
pêche privés afin que toute la population en
bénéficie.
Alors on enlève d'une main et on donne d'une autre; on
enlève des privilèges à un sport donné et on donne
des privilèges identiques à un autre sport donné.
Pourquoi? Si vous me dites que tous les clubs de golfs privés ouvriront
leurs portes au grand public, alors j'accepte; mais je n'en crois rien. Si vous
me dites que ces gens créent des espaces verts et que par
conséquent ils contribuent à combattre la pollution et aussi
contribuent à améliorer le voisinage. NON et NON. Car le petit
propriétaire qui prend soin de son gazon, de son terrain et ce dans ses
temps libres, lui aussi contribue à combattre la pollution et à
améliorer le voisinage. Et le voisinage ça veut dire quoi?
Ça veut dire les voisins immédiats, pas plus.
De plus pourquoi accorder ce traitement de faveur à un seul
sport? Le citoyen qui se construit un tennis dans sa cour, ou un badmington,
pour y occuper ses loisirs, pourquoi cette partie de son terrain est-elle
évaluée à sa valeur réelle? Il s'amuse lui aussi.
De plus beaucoup de citoyens ne peuvent se donner des loisirs en dehors de leur
maison, faute de moyens. Alors monsieur bricole. Pourquoi alors ne pas diminuer
l'évaluation de son sous-sol? Il s'amuse car pour lui bricoler c'est
synonyme de s'amuser. Celui qui prête sa terre l'hiver pour le passage
des autoneiges, lui aussi pourrait bénéficier d'une
réduction.
A l'Ile-Bizard il existe deux golfs mais ici il faut s'expliquer:
A. Le Royal Montreal Golf Club avec 45 trous de golf. Il s'agit en
réalité de 2 1/2 golfs et ce pour 2,000 membres dont 800
actifs.
B. Le Elmridge Golf Club avec 36 trous de golf i.e. deux golfs pour
1,400 membres.
Au R.M.G.C. il y a 20 membres de l'Ile-Bizard, tandis qu'aucun citoyen
permanent de l'Ile-Bizard n'est membre au Elmridge. Le R.M.G.C. et le Elmridge
ensemble ne donnent pas 10 emplois aux citoyens de l'Ile-Bizard. Ici
naturellement j'exclus des cadets i.e. les caddies. Avec ces
données pour la municipalité de l'Ile-Bizard ne
pourrait-elle pas les taxer selon leur valeur réelle? Et surtout ne vous
faites pas de souci pour eux; à tous les ans ils contestent leur
évaluation et à ce jour l'Ile-Bizard a toujours eu gain de
cause.
De plus la Communauté urbaine de Montréal, par la voie de
ses évaluateurs, a majoré le rôle de toute l'Ile-Bizard de
3.9 p.c. Physiquement cela représente quoi pour l'Ile-Bizard? Eh bien,
l'Ile-Bizard possède une évaluation de 22 millions et les golfs
eux y participent pour une évaluation combinée de $4,448,660.00.
R.M.G.C. Elmridge Total
Evaluation des terrains: $1,414,670.00 $1,185,510.00 = $2,600,180.00
Evaluation des bâtisses: 798,050.00 1,050,430.00 =
1,848,480.00
TOTAL : $ 2,212,721.00 $ 2,235,940.00 = $ 4,448,660.00
A l'Ile-Bizard, toutes les terres, qu'elles soient en spéculation
ou qu'elles appartiennent aux golfs, sont évaluées à leur
valeur réelle et actuellement cette évaluation se chiffre
à $2,000.00 l'arpent. Si on ne modifie pas le texte actuel de cette loi,
l'Ile-Bizard devra les taxer à $500.00 l'arpent et la
municipalité perdra une évaluation de tout près de $2
millions.
Avec une augmentation de la taxe générale qui a
triplé l'an dernier à cause de la C.U.M.; avec une taxe
spéciale de services d'utilité publique tel l'égout et
l'aqueduc imposée par ordonnance de la Régie des eaux il y a un
an et demi; avec une taxe scolaire de $1.90 par $100.00 d'évaluation;
à cause de toutes ces taxes l'Ile-Bizard ne peut se permettre de perdre
$2 millions d'évaluation. Pourquoi les citoyens de l'Ile-Bizard dont
plus de 75 p.c. se situent dans la catégorie des petits
propriétaires paieraient-ils pour les loisirs de citoyens d'autres
municipalités? Voyons donc, on s'éloigne de la
réalité.
Sûrement que vous me direz que les clubs de golf sont
nécessaires; j'en conviens. Vous me direz qu'il y a plusieurs
années il existait plusieurs golfs sur l'île de Montréal et
qu'ils ont presque tous disparu. J'en conviens encore. Ils ont disparu,
pourquoi? Sûrement pas à cause des taxes municipales; car dans ma
recherche je me suis arrêté sur un des derniers golfs
décédés sur l'île de Montréal, soit le
Malborough situé dans le secteur nommé, appelé
Cartierville dans les limites nord-ouest de la ville de Montréal. Eh
bien, l'année avant sa vente, en 1962, on y accédait comme membre
pour le montant de $1,800.00 et lors de sa vente en 1963, chaque membre a
reçu un montant de $5,400.
Donc, il s'agissait purement et simplement d'un gain de capital, d'un
profit. Voilà la véritable raison pour laquelle la
majorité des membres de club ont voté pour sa disparition. Qu'a
fait Montréal? Rien, car sa charte ne prévoyait pas de solution
à ce problème. Il y a une solution à ce problème.
Si les golfs trouvent que les taxes les rongent et qu'ils désirent
vendre, eh bien il y aura une loi et cette loi sera du ressort du gouvernement
provincial ou des communautés urbaines lorsqu'elles existent. Pour
l'Ile-Bizard, la C.U.M. devrait avoir la première l'occasion de les
exproprier et de les garder ouverts pour le grand public. Qu'on y pense
sérieusement, il existe 4 1/2 golfs à l'Ile-Bizard et leur
évaluation se chiffre par $4 1/2 millions. Pour la C.U.M. cela
signifierait une taxe inférieure à $0.01 par $100.00
d'évaluation. Si le gouvernement croit vraiment qu'ils ne peuvent pas
payer, eh bien, faisons des petits calculs. L'évaluation pour chacun de
nos golfs baissera d'un million si on applique cette loi. Actuellement le
R.M.G.C. paie $71,000.00 de taxes de toutes sortes et ce pour 2,000 membres
soit un montant de $30.00 par membre. Il paie $0.75 de taxes municipales dont
$0.50 retournent à la C.U.M. pour le service policier; $0.40 à la
C.U.M. pour une taxe spéciale pour les bâtisses
évaluées à plus de $100,000.00; $1.90 pour les taxes
scolaires.
Donc le R.M.G.C. économisera $30,000.00 dont plus de $25,000.00
seront à la charge des citoyens de l'Ile-Bizard. Pour le membre du
R.M.G.C, il s'agit d'une diminution de $15.00 et pour les citoyens de
l'Ile-Bizard il s'agira d'une augmentation de $0.15 par $100.00
d'évaluation pour chaque golf i.e. une augmentation globale de $0.30 par
$100 d'évaluation.
A vous de décider. Mais une suggestion: j'opterais pour le statu
quo en cette matière de golf i.e. garder l'article...du code municipal.
Messieurs, j'ai apporté dans cette allocution quelques critiques, mais
veuillez bien constater qu'elles sont constructives, car à chaque point
j'y apporte une solution plus que valable.
Je termine sur cette réflexion: "Le citoyen modeste de
l'Ile-Bizard paiera pour les loisirs des gens aisés non-citoyens de
l'Ile-Bizard".
Merci, Bernard Patry, m.d.
Maire de la municipalité de l'Ile-Bizard, Membre de la
Communauté urbaine de Montréal.
Extraits du rôle d'évaluation actuellement en vigueur dans
la municipalité de la Paroisse de St-Raphaël de l'Ile-Bizard: 1)
The Royal Montreal Golf Club:
Evaluation des terrains: $ 1,414,670.00
Evaluation des bâtisses: $ 798,050.00 $ 2,212,720.00"
2) Elm Ridge Country Club Inc.:
Evaluation des Terrains: $ 1,185,510.00
Evaluation des bâtisses: $ 1,050,430.00 $ 2,235,940.00 3) Liste
des propriétaires dont les immeubles (terrains) sont
évalués comme terre en culture: (selon l'ordre du rôle)
Couvrette, Réal $ 6,480.00
Théoret, Lionel 7,280.00
Boileau, Wilfrid Succ. 6,780.00
St-Pierre, Aurèle 5,400.00
St-Pierre, Georges 8,020.00
Théoret, Noé 2,350.00
St-Pierre, Ovila 19,060.00
Brunet, Cécile 3,080.00
Proulx, J. Avila 4,290.00
Wilson Farm Inc. 6,860.00
Ile Bizard Realties 6,020.00
Proulx, Louise-Anna 1,000.00
Locas, André & Mme 1,000.00
Close, John F. 76,860.00
Casgrain, Jean 1,250.00
Wilson, Georges 62,140.00 , Hélios Ltée 85,640.00
Beyries, J.M. Succ. 25,770.00
Boileau, Candide 5,700.00
Boileau, René 7,950.00
Cardinal, Cléophas 9,470.00
Martin, Aimé 19,580.00
Proulx, Ovila Mme 3,950.00
Boileau, Auréa & Yvonne 21,510.00
Théoret, Fernand 19,280.00
Théoret, Maurice 84,080.00
Boileau, Eugène 46,210.00
Théoret, Maurice & Mme 17,160.00
Laniel, Ernest 1,690.00
Vrais extraits certifiés ce 13 septembre 1971.
C.-E. Brodeur, sec.-trés. ANNEXE B
MEMOIRE DU CONSEIL DU PATRONAT DU QUEBEC
Monsieur le président, Messieurs les membres,
Le Conseil du patronat du Québec remercie sincèrement les
membres de la commission parlementaire des Affaires municipales pour cette
invitation à leur communiquer son point de vue sur le bill 48 ou loi sur
l'évaluation foncière.
Il est utile de rappeler ici que le Conseil du patronat est une
confédération qui groupe cent vingt-cinq (125) associations
patronales du Québec, c'est-à-dire la majorité des
employeurs de cette province.
Le projet de loi que nous étudions présentement concerne
le patronat québécois à plus d'un titre:
Premièrement, les dirigeants et les cadres des entreprises qui
transigent des affaires au Québec sont des citoyens
particulièrement soucieux d'une bonne gestion de la chose publique. En
maintes occasions, surtout devant la commission Bélanger, les chefs
d'entreprise sont intervenus pour demander que l'on mette bon ordre dans le
fouillis de l'impôt foncier au Québec.
Deuxièmement, les entreprises paient une part très
élevée des taxes municipales et des taxes scolaires en cette
province. Elles ont le souci de payer leur juste part des impôts pour les
services municipaux et scolaires.
Nous sommes donc heureux de constater que le gouvernement veuille
restaurer l'équité pour les entreprises devant les charges
municipales et scolaires. A l'heure actuelle, les frais d'opération
varient considérablement d'une ville à l'autre selon que la
machinerie industrielle est ou n'est pas sujette à l'impôt et
selon que varient les normes de l'évaluation.
Accord du C.P.Q. avec l'objectif du projet de
loi
Le Conseil du patronat du Québec est entièrement d'accord
avec l'objectif visé par le projet de loi sur l'évaluation
foncière à savoir: la normalisation de l'évaluation dans
toute la province, ainsi qu'avec les institutions proposées par le
projet de loi.
Le C.P.Q. félicite donc le gouvernement d'avoir
déposé ce projet de loi.
Rappelons que la quasi-totalité des mémoires
présentés à la Commission d'enquête sur la
fiscalité avaient marqué leur accord avec l'impôt foncier
comme moyen de financer partiellement les services municipaux et dans une
certaine mesure, l'éducation primaire et secondaire. Par ailleurs,
presque tous les mémoires un grand nombre d'entre eux
présentés par les entreprises ou par leurs associations
avaient recommandé une réforme en profondeur des méthodes
d'évaluation.
Nombre des suggestions alors formulées par les entreprises et par
les associations ont été retenues par la commission
Bélanger. (Nous citons à l'Appendice "A" les recommandations que
la Commission sur la fiscalité a formulées concernant
l'évaluation et l'impôt foncier).
Le projet de loi No 48 s'inspire, dans une large mesure, de ces
recommandations.
Même si nous sommes d'accord avec le principe d'une uniformisation
des évaluations, nous nous devons de vous faire part cependant de
l'inquiétude exprimée par nombre d'entreprises et d'associations
au sujet d'une augmentation substantielle des charges municipales et scolaires
qui pourrait résulter des nouvelles évaluations. L'impôt
foncier est très régressif; par conséquent il doit
représenter une part très limitée du revenu des
municipalités et des commissions scolaires.
Nous nous permettons de rappeler que l'entreprise
québécoise paie déjà, en 1971, les taxes
(fédérales, provinciales, municipales et scolaires) les plus
élevées de tout l'Occident. Ces taxes représentent plus de
20 p.c. des frais d'opération et placent nos entreprises dans une
situation concurrentielle désavantageuse sur les marchés
domestiques et sur les marchés internationaux.
Les industries primaires et secondaires du Québec exportent hors
de cette province plus de la moitié de leur production. Toute
augmentation des frais d'opération rend les industries
québécoises particulièrement vulnérables à
la concurrence extérieure.
A titre d'illustration, nous citerons l'industrie des pâtes et
papiers. Alors que la production américaine a augmenté
légèrement pour les neuf premiers mois de 1971, l'industrie
québécoise du papier journal a subi une perte de plus de trente
semaines-usines depuis mai. L'industrie continue de travailler très en
bas de sa capacité de production et tout récemment, Domtar a
annoncé la fermeture de sa grande usine de Trois-Rivières.
La même observation peut s'appliquer à nos industries
textiles qui sont graduellement balayées hors du marché
québécois par la concurrence étrangère.
Les récentes mesures américaines: taxe de 10 p.c,
préférence "Buy American", priorité américaine sur
le marché des capitaux, subsides à l'exportation, et
possiblement, en 1972, une Société américaine
d'exportation, rendront encore plus difficile l'accès au marché
d'outre-frontière pour nos manufacturiers québécois. Dans
ces marchés extrêmement difficiles, des coûts
d'opération additionnels poseront aux entreprises le problème
d'être ou de ne pas être. Impôt foncier scolaire
L'application d'un taux uniforme pour le financement de
l'éducation primaire et secondaire a déjà pour
conséquence de majorer substantiellement les charges scolaires des
entreprises qui opèrent dans l'arrière-pays
québécois. La déclaration du ministre de l'Education
à Charlesbourg, en juin dernier, à l'effet que le taux de la taxe
scolaire payée par les entreprises serait majoré de 75 p.c a
accentué l'inquiétude des chefs d'entreprise, surtout chez les
moyennes et les petites maisons d'affaires.
La Charge de taxes scolaires payée par les entreprises sur une
évaluation standardisée devrait:
(a) demeurer dans les limites des capacités de payer des
entreprises marginales;
(b) ne pas entraver la capacité concurrentielle de nos
entreprises.
Le fardeau des taxes scolaires payées par les entreprises du
Québec devrait être comparable à ce que paient les
entreprises dans les autres provinces canadiennes et les états
américains où les productions sont comparables à celle du
Québec.
Impôt foncier municipal
Nous espérons que le taux de taxation municipale (mill-rate) sur
une évaluation uniformisée continuera de varier d'une
municipalité à l'autre en fonction du coût réel des
services municipaux.
Ce coût varie selon la dimension de la municipalité, la
population et la densité du peuplement.
Nous espérons également que les administrateurs des
municipalités évalueront lucidement la condition actuelle des
entreprises lorsqu'ils établiront les taux de l'imposition
foncière.
Ne perdons pas de vue qu'en dernière analyse, c'est de la
capacité concurrentielle de nos entreprises sur les marchés
domestiques et sur les marchés internationaux dont il est question
ici.
Le Conseil du patronat suggère donc instamment que des
augmentations importantes des taxes municipales et des taxes scolaires soient
différées jusqu'à ce que la reprise économique
puisse permettre aux entreprises d'assumer ces frais d'opération
additionnels.
Nous ne croyons pas devoir insister davantage sur la
nécessité d'une très grande prudence dans l'adoption de
mesures qui peuvent accroître encore le fardeau fiscal des entreprises
québécoises.
Ces principes étant posés, nous discuterons
brièvement quelques articles du projet de loi no 48 sur
l'évaluation foncière.
ANALYSE DE CERTAINS ARTICLES DU PROJET DE LOI
Exempter la machinerie, l'équipement et
l'outillage industriels
L'expression "immeubles par destination" nous paraît la plus
obscure de tout ce projet de loi. Nous sommes d'avis que si le projet de loi
devait être adopté tel quel, l'interprétation de l'article
14 serait l'objet de litiges sans fin devant nos tribunaux.
Le Conseil du patronat du Québec se rallie à la
recommandation de la Commission d'enquête sur la fiscalité
concernant la machinerie industrielle. Cette recommandation dit
expressément: " LA MACHINERIE INDUSTRIELLE DEVRAIT ETRE EXEMPTEE DE
L'IMPOT
FONCIER MUNICIPAL ET SCOLAIRE".
Nous comprenons que l'intention du législateur est d'exempter la
machinerie industrielle de la taxation municipale et scolaire. Le ministre
responsable de ce projet de loi a d'ailleurs lui-même affirmé
cette intention lors des auditions devant cette Commission le 6 octobre
dernier. Il demeure toutefois que le projet de loi parle "d'immeubles par
destination" plutôt que de machinerie industrielle et qu'en pratique il
s'agit d'établir si "immeuble par destination" est ou n'est pas de la
machinerie, de l'outillage ou de l'équipement industriel.
Telles que rédigées, les dispositions de l'article 14 nous
apparaîssent nettement insuffisantes pour établir les distinctions
très nuancées qui sont nécessaires entre ce qui est
immeuble et ce qui est machinerie, équipement et outillage
industriels.
Etant donné l'extrême complexité des
aménagements industriels modernes, nous concédons qu'il peut
être difficile de trancher telle question en quelques mots dans un projet
de loi.
Le cas échéant, le Conseil du patronat du Québec
apporterait volontiers sa collaboration à un comité d'experts
qui, sous autorité gouvernementale, tracerait la ligne pour
départager ce qui est machinerie, équipement et outillage
industriels d'une part et ce qui est immeuble d'autre part.
Une telle situation n'est pas sans précédent. Le C.P.Q.
collabore depuis plusieurs mois à un comité
spécialisé qui a pour fonction de définir le champ
d'application industriel de la loi concernant les relations ouvrières
dans l'industrie de la construction (bill 290). Dans ce cas d'espèce, le
comité a pour fonction de tracer une ligne entre ce qui est construction
et ce qui est entretien, entre ce qui est de la construction et ce qui ne l'est
pas. (Pour illustrer notre pensée, permettez-nous de vous poser le
problème suivant: un pont roulant de cent tonnes dont le bâti
d'acier repose sur une fondation de béton armé, est-il ou non de
la machinerie, de l'équipement ou de l'outillage, et partant, doit-il ou
non être inscrit au rôle d'évaluation, compte tenu de
l'intention du législateur? )
Le comité dont nous proposons la formation comprendrait des
experts du ministère des Affaires municipales d'une part et des experts
de l'industrie d'autre part et aurait pour fonction de résoudre des
problèmes comme celui-là, c'est-à-dire de
départager: ce qui est machinerie, outillage, équipement;
ce qui est immeuble.
Ainsi, un grand nombre de litiges pourraient être résolus
sans qu'il soit nécessaire d'engager de longs et coûteux litiges
devant les tribunaux.
En regard toujours de cet article 14, le Conseil du patronat est d'avis
que les "immeubles par destination" visés à l'article 14-c du
projet de loi doivent être exemptés dans la mesure (au prorata)
où ils servent aux fins indiquées dans ce paragraphe. Nous
suggérons également d'ajouter au paragraphe (c) de l'article 14:
"ainsi que la pollution par le bruit" et de retrancher "exclusivement".
Exploitations forestières
Le Conseil du patronat est d'avis que l'article 15 comporte une grave
omission: les exploitations forestières.
Nous recommandons fortement que les sociétés d'extraction
forestière soient placées exactement sous le même
régime juridique que les sociétés d'extraction
minière, tel que prévu aux paragraphes (a) et (b) de l'article 15
du projet de loi.
Nous ne voyons pas de différence essentielle entre un puits de
mine et ses équipements et installations, et les aménagements
correspondants pour l'extraction forestière, i.e. les réserves de
bois, les ponts, chemins, estacades, camps, etc., c'est-à-dire tout ce
qui sert à la récolte du bois.
Notre suggestion semble d'autant plus fondée que les
sociétés d'exploitations forestières sont
déjà assujetties à un régime de redevances
annuelles et de droits de coupe. Ne pas amender le projet de loi en ce sens
serait tout à fait injuste et discriminatoire à l'endroit des
sociétés d'opérations forestières.
Le paragraphe (b) de l'article 15 pourrait être
réécrit et se lire ainsi: "Les réserves de matières
premières, et les équipements, installations, routes et
aménagements servant à leur extraction dans les
tourbières, les carrières, les bancs de sable et de gravier et
les forêts".
Chemins de fer
Le Conseil du patronat considère qu'il serait discriminatoire de
placer les chemins de fer de cette province sous deux régimes juridiques
différents, l'un pour les transporteurs généraux, l'autre
pour les chemins de fer des entreprises.
Nous sommes d'avis que ces derniers doivent être soumis au
régime prévu à l'article 15-d du projet de loi. Ils
constituent en fait l'une des formes particulières de
l'équipement ou de l'outillage de l'entreprise.
Manuel d'évaluation et pouvoir de
réglementation
Par l'article 6, la loi de l'évaluation foncière devient,
à toutes fins pratiques, une loi-cadre.
Pour les raisons que nous avons expliquées en maintes
circonstances, le Conseil du patronat du Québec a de sérieuses
réserves à l'endroit des lois-cadres. Et pour cause, puisque la
véritable portée de ces lois-cadres se situe dans les
règlements.
Or le pouvoir de réglementation est exercé dans une
très large mesure par les fonctionnaires et d'une façon
symbolique par le lieutenant-gouverneur en conseil, sans droit de regard direct
del'Assemblée nationale.
A toutes fins que de droit, les règlements dérivés
des lois-cadres deviennent des lois.
De par sa nature, une loi-cadre définit un principe tout en
laissant au lieutenant-gouverneur en conseil le soin d'en préciser la
portée exacte et ses modalités par des règlements. Ce mode
administratif comporte plusieurs désavantages, dont notamment
l'impossibilité pratique d'intervention de la part de ceux qui sont
concernés par ces règlements.
En fait, par une loi-cadre, les citoyens signent presqu'un chèque
en blanc; ils font confiance au gouvernement pour que les règlements
soient conformes à l'esprit de la loi.
Nous nous demandons si cette manière de gouverner offre toujours
les garanties suffisantes.
Ainsi, dans certains cas de lois-cadres que nous connaissons maintenant,
il s'est révélé que : a) les règlements se sont
avérés indéfiniment extensibles; b) les règlements
se sont présentés, dans leur application pratique, fort
différents de l'esprit qui avait inspiré la loi. (Les
règlements dérivés de l'article 45 du bill 49 illustrent
notre pensée à cet égard). (Loi sur la formation et la
qualification professionnelles de la main-d'oeuvre).
Dans le cas qui nous concerne ici, la portée réelle de la
loi de l'évaluation foncière sera établie par
règlement, c'est-à-dire par le "manuel d'évaluation".
Etant donné la grande importance de ce document pour les
entreprises et pour tous les citoyens du Québec, le Conseil du patronat
suggère qu'un organisme gouvernemental compétent tienne audience
publique sur le "manuel d'évaluation" avant que ce dernier ne soit
publié dans "La Gazette officielle du Québec".
Valeur marchande
Est-il possible que "la valeur marchande soit établie
conformément au manuel d'évaluation? " Selon notre
compréhension: ou bien la valeur sera établie selon
l'équation du marché, ou bien elle sera établie
selon les normes du manuel d'évaluation.
Nous sommes d'avis que l'article 9 doit être réécrit
de façon à être plus explicite. Dans sa nouvelle
rédaction, cet article devrait notamment comporter une brève
définition de la valeur marchande, comme c'est notamment le cas dans la
loi de l'évaluation foncière de l'Ontario.
Il est toujours possible que dans un cas d'espèce, la valeur d'un
immeuble soit augmentée ou diminuée par un facteur qui n'est pas
prévu au "manuel d'évaluation". Il peut alors en résulter
de graves injustices.
Par conséquent, nous sommes d'avis qu'il y a lieu de radier au
projet de loi les mots: "conformément au manuel".
Grands travaux
L'article 11 peut être l'occasion de préjudices aux
propriétaires de grands travaux industriels et commerciaux.
Nous sommes d'avis que l'on devrait considérer de ne pas porter
un immeuble au rôle avant qu'il ne soit: a) complété pour
les fins pour lesquelles il a été construit ou, b) utilisé
effectivement à de telles fins.
Si le législateur doit absolument inscrire un délai dans
la loi, nous suggérons un délai de trente-six mois avec la
possibilité que sur requête expresse du propriétaire, la
Commission municipale autorise un délai additionnel, dans le cas des
grands travaux.
Revision des rôles
d'évaluation
A une époque de grandes fluctuations économiques, un
délai de cinq ans entre les rôles d'évaluation peut
comporter de graves injustices.
De plus, nous sommes d'avis qu'il faut éviter les trop grandes
variations d'une année à l'autre dans les sommes que les
contribuables sont appelés à débourser pour les taxes
municipales et scolaires.
Pour obvier à ces inconvénients et pour constamment
maintenir l'évaluation conforme à la valeur marchande, nous
recommandons: a) que le propriétaire puisse porter plainte chaque
année. Telle plainte serait entendue selon la procédure
prévue aux articles 77 et 84 inclusivement du projet de loi de
l'évaluation foncière; b) que sur demande du conseil municipal,
l'évaluation puisse dresser un rôle après trois ans; c)
dans les cas de fluctuations importantes des valeurs marchandes, que
l'évaluateur puisse rétablir l'équilibre entre
l'évaluation et la valeur marchande.
En lieu de taxes d'améliorations
locales
Les travaux d'améliorations locales valorisent les immeubles des
gouvernements au même titre et dans la même mesure exactement que
les immeubles des propriétaires privés.
Par conséquent, le Conseil du patronat du Québec est
d'avis que le gouvernement du Canada et celui du Québec devraient verser
aux municipalités une somme en lieu de taxe d'amélioration locale
égale à celle que paierait un propriétaire privé
qui aurait des immeubles de même valeur.
Le Conseil du patronat est d'avis que le paiement par le trésor
fédéral de cet en lieu de taxe d'amélioration locale
devrait être l'objet d'une entente fédérale-provinciale
appropriée.
Par ailleurs, le gouvernement provincial pourrait s'engager à
verser cet en lieu de taxe d'amélioration locale par une refonte de
l'article 25 du projet de loi sur l'évaluation foncière.
Roulottes et maisons mobiles
Au sujet de l'assujettissement des roulottes à l'impôt
foncier, nous soumettons les considérations suivantes: 1- Cet
impôt foncier sera très coûteux d'application par rapport au
rendement possible d'une telle taxe; 2- Cette mesure sera une invitation
perpétuelle à l'évasion fiscale par le déplacement
continuel des roulottes en-deça des limites de temps établies par
la loi.
Si le gouvernement décidait d'inclure les roulottes dans les
immeubles, nous suggérons, comme mesure d'équité pour les
municipalités et les propriétaires de roulottes et de maisons
mobiles: 1- Que les roulottes et les "maisons mobiles" soient assujetties au
même régime d'imposition; 2- Que les critères
d'assujettissement des roulottes et des maisons mobiles soient: (a) une
fondation permanente et (b) des liens permanents avec les services publics
(aqueducs, égouts, électricité, gaz,
téléphone), les critères (a) et (b) étant
définis par la jurisprudence en ce domaine; 3- Que la période
d'immobilité sur un terrain donné soit de 90 jours au lieu de 30
jours et que l'imposition commence le jour de la mise en place de la roulotte
ou de la maison mobile sur ledit emplacement.
Agriculture
Pour la bonne intelligence et la facilité d'application de nos
lois, n'y aurait-il pas lieu de prévoir une certaine uniformité
dans la définition d'agriculteur: 1- Dans la Loi de l'évaluation
foncière; 2- Dans la Loi du syndicalisme agricole (bill No 64)
présentement à l'étude devant l'Assemblée
nationale: 3- Dans la Loi des marchés agricoles du Québec; 4-
Dans la Loi du prêt agricole.
De plus, nous considérons injuste et discriminatoire la
distinction prévue à l'article 30 du projet de loi entre
l'agriculteur individuel et la société à
responsabilité limitée qui s'occupe de production agricole. Nous
sommes d'avis qu'il ne peut y avoir deux catégories de citoyens devant
la loi. En conséquence l'article 30 devrait être modifié
pour que toutes les formes juridiques d'exploitations agricoles soient soumises
aux mêmes normes d'impôt foncier sur la valeur marchande des
immeubles.
Nous vous remercions, monsieur le président, messieurs les
membres de la Commission, de la bienveillante attention que vous porterez aux
commentaires que nous avions à vous transmettre sur cet important projet
de loi.
LE CONSEIL DU PATRONAT DU QUEBEC Octobre 1971
APPENDICE "A"
RECOMMANDATIONS DE LA COMMISSION BELANGER CONCERNANT L'EVALUATION
FONCIERE 1. Les mêmes dispositions légales devraient
régir l'évaluation foncière, les biens-fonds imposables et
la confection des rôles d'évaluation dans toutes les
municipalités. 2. Les dispositions légales, relatives à
l'évaluation foncière, devraient contenir une définition
claire et précise des biens imposables, en y incluant une
énumération des principales catégories de biens qui
doivent être considérées comme immeubles. 3. Les immeubles
devraient être inscrits au nom du propriétaire en titre du fonds,
sans égard aux conventions particulières qui pourraient les
morceler en parties. 4. Le concept de valeur réelle devrait être
maintenu comme base de l'évaluation foncière, et
l'évaluation devrait être faite à 100 p.c. de la valeur
réelle.
Régie de l'évaluation foncière
5. Le gouvernement du Québec devrait établir une
Régie de l'évaluation foncière dont le rôle serait
de diriger et de surveiller l'évaluation foncière au
Québec. 6. Le territoire du Québec devrait être
divisé par régions pour les besoins de l'évaluation
foncière, et chacune d'elles devrait comprendre un directeur
régional. 7. Les fonctions de la Régie de l'évaluation
foncière devraient consister notamment à uniformiser et à
normaliser les évaluations, à préparer un manuel
d'évaluation, à contrôler la qualité des
rôles, à appliquer un programme de formation des
évaluateurs et à aider la confection des rôles
d'évaluation. 8. La Régie de l'évaluation foncière
devrait être investie de tous les pouvoirs nécessaires à
l'accomplissement efficace de ses fonctions.
Commission d'appel en matière
d'évaluation
9. Le gouvernement du Québec devrait instituer une nouvelle
procédure d'appel en matière d'évaluation,
c'est-à-dire établir des comités régionaux de
revision, dont les décisions pourraient être
reconsidérées par une commission d'appel créée
à cette fin. Les décisions de celle-ci devraient être
définitives sur les questions de fait.
Les exemptions de l'impôt foncier
10. Le système d'exemptions de l'impôt foncier municipal
devrait être modifié afin de réduire leur nombre et leur
portée. 11. Le gouvernement du Québec devrait accorder aux
municipalités des subventions en guise d'impôt foncier municipal.
12. Les institutions d'enseignement à caractère local et sans but
lucratif devraient continuer à jouir de l'exemption complète de
l'impôt foncier municipal. Les autres institutions d'enseignement sans
but lucratif devraient bénéficier d'une semi-exemption, et le
gouvernement devrait leur accorder des subventions afin de compenser le fardeau
supplémentaire qu'entraînerait cette mesure. 13. On devrait
continuer d'exempter de l'impôt foncier les églises, les
synagogues et les cimetières publics. Les résidences des
ministres du culte ne devraient jouir que d'une exemption de base de $15,000
pour le chef religieux et de $5,000 pour chacun de ses asistants
réguliers qui demeurent avec lui. 14. Les évêchés,
les bureaux d'administration diocésaine, les résidences des
communautés contemplatives et les maisons de retraite fermée
devraient continuer d'être exempts de l'impôt foncier. 15. Aucune
exemption ne devrait être accordée aux institutions
hospitalières à but lucratif ainsi qu'aux associations qui
existent pour le divertissement de leurs membres. 16. Les hôpitaux sans
but lucratif devraient être soumis au régime de semi-exemption de
l'impôt foncier. 17. L'exemption de l'impôt foncier devrait
être maintenue pour les institutions d'aide sociale sans but lucratif,
dont la fonction est de venir en aide à autrui. 18. Une semi-exemption
devrait être accordée pour les biens immeubles qui sont la
propriété des communautés et institutions religieuses,
mais qui ne servent pas directement pour les besoins de l'enseignement ou des
oeuvres de bienfaisance. 19. Aucune exemption ne devrait être
accordée aux biens immeubles qui, tout en étant la
propriété d'institutions religieuses, constituent des placements
ou servent à l'exercice d'un commerce. 20. La machinerie industrielle,
devrait être exempte de l'impôt foncier.
L'impôt foncier en milieu rural
21. Une semi-exemption de l'impôt foncier devrait être
accordée sur les terres et les bâtiments de ferme des
cultivateurs.
22. La disposition de l'article 523 de la Loi des Cités et
Villes, qui stipule que l'évaluation des terres en culture ne doit pas
excéder $100. l'arpent, devrait être supprimée. 23. Les
terres agricoles, adjacentes aux centres urbains et susceptibles de perdre leur
caractère agricole devraient être assujetties à la
méthode des paiements de taxes différés.
Problèmes connexes à l'impôt
foncier
24. Un impôt foncier provincial devrait être levé sur
les biens-fonds des entreprises situées près d'une ou de
plusieurs municipalités, mais en dehors des limites municipales, afin
d'en verser le revenu à cette ou ces municipalités. 25. Le
gouvernement du Québec devrait inciter fortement les
municipalités et les commissions scolaires à établir un
système de perception de la taxe foncière par versements.
APPENDICE "B"
RECOMMANDATIONS DE LA COMMISSION BELANGER CONCERNANT
LA FISCALITE SCOLAIRE
L'impôt foncier et les subventions 1. L'impôt foncier
devrait demeurer une source de financement pour les commissions scolaires. 2.
Afin de réduire progressivement la contribution de l'impôt foncier
au financement des commissions scolaires, le gouvernement du Québec
devrait accroître ses subventions. La contribution de la
propriété foncière ne devrait pas excéder le quart
des dépenses de l'ensemble des commissions scolaires. 3. Afin que le
fardeau de l'impôt foncier scolaire soit réparti plus
équitablement, les subventions versées aux commissions scolaires
devraient tenir compte, d'une part des dépenses normalisées
admissibles et, d'autre part, d'un effort fiscal comparable à travers
les diverses régions du Québec. 4. Les commissions scolaires
devraient pouvoir imposer à leurs contribuables un taux d'impôt
foncier scolaire plus élevé que le taux uniforme, pour financer
les dépenses excédant celles qui sont admissibles aux
subventions. 5. Les biens-fonds des compagnies devraient être assujettis
à un taux d'impôt foncier scolaire supérieur au taux
d'imposition des biens-fonds des particuliers. 6. Les biens-fonds
enregistrés au nom de particuliers, mais utilisés au
bénéfice de compagnies, pour échapper au taux le plus fort
de l'impôt foncier scolaire, devraient être assimilés aux
biens des compagnies et imposés en conséquence. 7. Les
sociétés coopératives et les caisses populaires devraient
être assujetties au taux de l'impôt foncier scolaire proposé
pour les compagnies. 8. On devrait continuer d'exempter de l'impôt
scolaire les biens-fonds servant au culte, les biens-fonds du gouvernement du
Québec et des municipalités, ainsi que les biens-fonds des
institutions d'enseignement et de bienfaisance. 9. Les sociétés
d'Etat, tant fédérales que provinciales, devraient verser aux
commissions scolaires des subventions égales à l'impôt
foncier qu'elles seraient tenues d'acquitter si elles étaient des
sociétés ordinaires. 10. Les biens-fonds situés en dehors
des limites des commissions scolaires devraient, de façon
générale, être assujettis à l'impôt foncier
scolaire au même titre que les biens-fonds situés dans ces
limites.
ANNEXE C
MEMOIRE DE l'ASSOCIATION DES GERANTS MUNICIPAUX DU
QUEBEC
Monsieur le Président
Monsieur le ministre
Messieurs les Membres de la commission
L'Association des gérants municipaux du Québec a
étudié le projet de loi numéro 48 intitulé "Loi sur
l'évaluation foncière" et en réponse à l'invitation
de l'honorable Maurice Tessier, ministre des Affaires municipales,
adressée à tous les intéressés, de soumettre leurs
observations, suggestions et recommandations, elle vous soumet le
présent mémoire.
Nous sommes entièrement d'accord avec le principe de cette loi
d'application générale à l'ensemble du territoire de la
province et nous ne saurions assez insister sur l'urgence de l'adoption d'une
telle loi; le temps requis pour sa mise en application sera variable selon
l'importance des municipalités, leurs ressources et autres facteurs,
mais une date limite devrait être fixée.
Cette Loi sur l'évaluation est un outil indispensable pour
l'étude de la réforme de la fiscalité municipale et une
autre tâche très importante du gouvernement devrait suivre dans le
plus bref délai possible, soit celle de la préparation d'une
loi-cadre sur la taxation; en tant qu'administrateurs nous croyons qu'il est
urgent d'uniformiser les modes de taxation des municipalités.
Les commentaires que nous avons à soumettre relativement à
plusieurs articles du projet de loi, sont contenus dans les pages
suivantes.
SECTION 1 - DéfinitionARTICLE 1
E) Communauté -
Inclure les futures communautés municipales pour qu'elles soient
sujettes aux dispositions de l'article 42.
I) Roulotte -
Définition suggérée:
Véhicule motorisé ou remorque aménagé pour
servir de logement ou de lieu d'affaires, placé sur un fonds de terre et
occupé à ces fins.
M) Agriculteur -
Le sujet des terres en culture a été discuté
à plusieurs reprises par votre commission et il a été
suggéré de définir le fonds de terre plutôt que la
personne physique; il nous a été impossible d'assister aux
dernières séances et nous ne savons pas si une décision a
été prise, mais nous soutenons que les municipalités
urbanisées continueront à rencontrer de nombreuses
difficultés à moins que la loi spécifie, le plus
clairement possible, les personnes qui pourront bénéficier
d'exemption de taxes pour une terre en culture.
Ces personnes pourraient comprendre deux catégories: les
cultivateurs de profession (les vrais) auxquels une grande protection devrait
être accordée et les cultivateurs à temps partiel
(gentleman farmer), qui ont une vocation très valable pour
l'économie de la province, et pour lesquels une protection,
limitée dans le temps, devrait être accordée en fonction du
développement des secteurs urbanisés.
Sans prétendre que les définitions que nous proposons
tiennent compte de tous les éléments du problème, nous
suggérons les textes suivants: - Cultivateur de profession
Personne physique, propriétaire d'un fonds de terre, autre qu'un
floriculteur et un pépiniériste, dont l'occupation principale est
la culture du sol, l'élevage d'abeilles ou d'animaux, etc. -
Cultivateur à temps partiel
Personne physique, propriétaire d'un fonds de terre, autre qu'un
floriculteur et un pépiniériste, occupant une partie de son temps
à la culture du sol, l'élevage d'abeilles et d'animaux, etc.;
dans une municipalité à caractère urbain, un tel
privilège cesse dès qu'un règlement municipal modifie
l'occupation possible du sol de manière à permettre un
développement résidentiel, commercial ou industriel.
N.B. Afin de prévenir certains abus possibles, la future
loi d'urbanisme pourrait prévoir un droit d'appel, lorsqu'une personne
prétend que la décision de la municipalité est
prématurée, non basée sur un programme de
développement physique du territoire, et prise uniquement dans le but de
tirer des revenus additionnels à la suite d'une augmentation de
l'évaluation du terrain.
Une personne occupant un fonds de terre par bail emphytéotique ne
devrait pas être considérée comme cultivateur et
bénéficier d'une exemption de taxes, à moins que le
propriétaire du fonds de terre ne soit un cultivateur de profession.
Q) Définition à ajouter: Valeur marchande -
Nous suggérons que cette expression soit définie sinon les
évaluateurs, les avocats et les juges pourraient différer
d'opinion, entre eux, à ce sujet.
SECTION II - Confection du rôle
ARTICLE 2 -
3e Alinéa: Le membre ou employé d'une société ou
corporation désigné comme responsable devrait posséder un
certificat d'évaluateur. - Dernier alinéa: Le délai
devrait être de 60 jours au lieu de 30, lorsqu'il s'agit de remplacer un
évaluateur permanent (30 jours n'est pas suffisant pour publier une
offre d'emploi, analyser les dossiers et prendre une décision).
ARTICLE 3
Prévoir des pénalités pour l'évaluateur qui
est trouvé coupable de ne pas avoir exécuté son travail
conformément à la loi (suspension temporaire ou permanente du
droit de pratique, amende, etc.).
ARTICLE 7
La visite des immeubles dont les occupants sont absents les jours de
semaine (au travail), devrait pouvoir se faire tôt dans la
soirée.
ARTICLE 8
Le montant de $50.00 d'amende n'est pas suffisant pour les immeubles de
grandes valeurs; le montant devrait augmenter avec la valeur de
l'évaluation.
ARTICLE 11
Texte suggéré : "A) La construction atteint une valeur
excédant 50 p.c. de la valeur de remplacement établie par
l'évaluateur à partir des plans et autres renseignements
exigés par la municipalité lors de l'émission du permis de
construction. B) Le bâtiment est occupé ou prêt à
être occupé, partiellement ou en totalité, aux fins pour
lesquelles il a été conçu ou pour d'autres fins".
ARTICLE 12 - 1er alinéa: Statu quo avec la loi actuelle -
L'évaluateur ne devrait pas être obligé de montrer
séparément au rôle la valeur des parties de construction
d'un bâtiment qui peuvent appartenir à un autre
propriétaire que celui du fonds de terre, sauf cependant en ce qui a
trait aux condominiums.
ARTICLES 15, 16,17 et 19
Les rôles devraient comprendre les noms des propriétaires,
les numéros de cadastre et la superficie de tous les terrains, les
valeurs des terrains et des bâtiments (sauf quelques exemptions en ce qui
a trait aux terrains et bâtiments qui sont très
éloignés des milieux urbanisés), mais la loi pourrait
prévoir des exemptions de taxes pour certains de ces immeubles.
SECTION III - De certaines exemptionsARTICLE
26
1er alinéa: 1) Compensation: Des bases uniformes devraient
être établies à l'avance pour toutes les
municipalités de la province (préparation des budgets et des
règlements d'emprunts); 2) Services municipaux et travaux
d'améliorations locales - Il serait désirable de les
définir. 2e et 3e alinéas: Les termes de l'"entente" devraient
être établis à partir de normes uniformes
applicables pour toutes les municipalités de la province. -
Remarque: La compensation ne s'applique pas à tous les terrains et
bâtiments du Québec situés dans les milieux urbains,
contrairement à ce que le gouvernement fédéral a consenti
depuis déjà plusieurs années.
ARTICLE 27 - 1er alinéa: Les commentaires soumis pour
l'article 26 concernant "services municipaux et travaux d'améliorations
locales" s'appliquent de la même manière au présent
article. - Paragraphe d): Les mots "établissements publics de
bien-être" sont trop vagues. - Paragraphe e): Ajouter "à
l'exclusion des résidences dont la majorité des occupants sont
des professeurs religieux salariés";
ARTICLE 30 2e alinéa: Nous croyons qu'un pourcentage de la
valeur portée au rôle, au lieu d'un montant fixe de $150.00,
tiendrait plus compte du facteur milieu (urbain ou rural): par exemple
l'exemption pourrait être de 90 p.c. de la valeur portée au
rôle.
ARTICLE 31 - 1er alinéa: Texte suggéré:
"Tout terrain utilisé comme terrain de golf, d'une superficie de
soixante arpents ou plus, est exempt de toute taxe foncière
générale ou spéciale pour les deux tiers de la valeur
portée au rôle;" même remarque que pour le 2e alinéa
de l'article 30.
SECTION IV - Dépôt et entrée en
vigueur du rôle
ARTICLE 34 2e alinéa: Nous ne croyons pas qu'il soit
nécessaire que cette inscription au rôle soit faite, car ceci
assujettirait la municipalité à des délais
supplémentaires pour l'envoi des avis, et à des frais
additionnels.
SECTION V - Rôle de valeur locativeARTICLE 37 -
Dernier alinéa: Texte suggéré: "Pour les fins de la
présente section, le mot immeuble comprend tout local, partie de local
ou terrain pouvant être occupé distinctement."
SECTION VI - Des communautés et du
regroupementARTICLES 44, 45 et 46
Le ministre ou la commission devrait avoir le pouvoir de choisir la
municipalité mandataire lorsqu'une municipalité possède
déjà un service d'évaluation bien structuré. Si le
votre est nécessaire, l'importance relative des municipalités
devrait être tenue en ligne de compte.
ARTICLE 49
Une décision officielle d'un conseil municipal est prise par
résolution; nous ne voyons pas la nécessité, dans le 1er
alinéa, d'obliger les municipalités à soumettre une
demande "par règlement".
SECTION VII - Du bureau de revisionARTICLE
65
Nous suggérons que les montants de $15,000.00 et $500.00 soient
respectivement portés à $20,000.00 et $1,200.00.
SECTION VIII - Des plaintesARTICLE 81
Nous ne croyons pas qu'il soit absolument nécessaire que l'avis
soit signifié "par huissier ou par un agent de la paix"; cette
procédure pourrait être très onéreuse pour les
municipalités et l'expérience a démontré qu'une
lettre recommandée produit généralement de bons
résultats.
SECTION IX - Du tribunal de l'évaluation
foncièreARTICLE 96
Les montants mentionnés dans le 1er alinéa sont
très élevés pour les immeubles de grandes valeurs: nous
croyons qu'il serait préférable d'ajouter les mots "et que cette
différence atteint au moins 5 p.c. de la valeur portée au
rôle".
SECTION X - De la tenue à jour du rôleARTICLE
97 - 1er alinéa: Texte suggéré: "Après son
entrée en vigueur, le rôle doit être tenu à jour par
l'évaluateur et modifié:"
ARTICLE 98 - 2e alinéa: Remplacer, à la 2e ligne,
les mots "a droit d'être avisée" par "doit être
avisée".
SECTION XI - Règlements, ordres et ordonnancesARTICLE 101 - Ajouter la phrase suivante après le 1er
alinéa: "La commission peut, pour une période temporaire ou en
permanence, retirer un certificat émis à un évaluateur,
si, selon elle, l'évaluateur a refusé ou négligé
d'accomplir son travail conformément à la loi;" (ce sujet a aussi
été mentionné à l'article 3).
SECTION XII - Dispositions finales
ARTICLE 107
Faisant suite aux commentaires soumis pour l'article 30, nous croyons
que cet article devrait être abrogé; s'il ne l'est pas, qui
gardera le produit de cette taxe? La ville, la commission scolaire ou la
communauté? Le "un pour cent" maximum serait surtout favorable aux
agriculteurs établis près des centres urbains où les taxes
foncières sont généralement supérieures.
ARTICLE 127
Nous croyons qu'il est très important que la commission soit la
seule autorité chargée de contrôler les rôles
d'évaluation de toutes les municipalités de la province et nous
recommandons que la Loi de l'instruction publique soit modifiée de
manière à retirer aux commissions scolaires tous leurs pouvoirs
concernant la revision des rôles d'évaluation.
ARTICLE 134 1er alinéa: Nous croyons que
l'Hydro-Québec devrait payer des versements pour les fins et selon les
termes qui suivent:
A) Pour les barrages et les bâtiments utilisés comme
centrales de production d'électricité, nous croyons que le
montant des taxes présentement payées devrait être
gelé pour une période déterminée (5 ou 10 ans) et
que par la suite les versements décroissant à raison de 2 p.c.
par an seraient acceptables en autant que la situation financière des
municipalités concernées n'en sera pas trop affectée: la
diminution des versements devrait être retardée si une
municipalité est en mesure de prouver, après avoir fait un effort
fiscal maximum (taux de taxes très élevé dans une
région où le taux de chômage est également
très élevé, par exemple), qu'elle ne peut demander plus
à ses contribuables pour donner les services essentiels;
B)Pour les équipements (poteaux, pylônes, conduits, fils,
etc.), nous croyons que l'Hydro-Québec devrait payer aux
municipalités les mêmes montants qu'elle paie présentement
et ceci sans limite de temps; nous admettons qu'il soit nécessaire de
freiner l'augmentation rapide des taxes payées par
l'Hydro-Québec, afin que ses tarifs de vente d'électricité
ne deviennent pas plus élevés que ceux des autres provinces, mais
ils sont généralement plus bas que ceux de l'Ontario et de plus,
les municipalités de cette province retirent environ $20 millions de
profit net par année de leurs ventes d'électricité.
L'Association des gérants municipaux du Québec vous
remercie de lui avoir accordé l'opportunité de soumettre ces
quelques suggestions d'amendement à certains articles de ce projet de
loi.
Le tout respectueusement soumis par Yvon Gariépy, Ing. et
Urb.
Président de l'Association des gérants municipaux du
Québec