Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente des Affaires municipales
Etude des crédits
Séance du jeudi 27 avril 1972
(Seize heures cinq minutes)
M. PHANEUF (président): A l'ordre, messieurs!
Préliminaires
M. LE PRESIDENT: J'aimerais avoir le consentement unanime de la
commission des Affaires municipales pour la nomination du rapporteur,
c'est-à-dire celui qui fera rapport à la Chambre des
résultats de notre étude. Un nom a été
suggéré: c'est celui de M. Lucien Caron, député de
Verdun, qui agirait comme rapporteur de la commission.
M. LEGER: D'accord.
M. LE PRESIDENT : Est-ce que nous avons le consentement unanime?
M. LEGER: D'accord.
M. PAUL: Sur division, M. le Président!
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je dois le noter?
M. PAUL: Non, je voulais simplement le mentionner.
M. LE PRESIDENT: Ah bon!
M. PAUL: Mais je vais me rallier à votre suggestion.
M. LE PRESIDENT: Avec le consentement unanime, M. Lucien Caron sera le
rapporteur de la commission des Affaires municipales.
M. LEGER: M. le Président, je veux vous poser une question de
procédure, au départ.
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. LEGER: Est-ce que le ministre accepterait, dans la façon de
procéder, pour qu'il n'y ait pas d'anicroche, qu'au départ il y
ait un discours du représentant de chacun des partis sur l'ensemble de
la politique générale et qu'on puisse poser, à ce
moment-là, certaines questions d'ordre général?
M. TESSIER: Oui.
M. LEGER: Par la suite, au sous-article 1 de chaque article, soit
l'urbanisme, la Société d'habitation ou l'environnement, nous
pourrions poser des questions d'ordre général. Par exemple,
supposons que la question se rapporte à l'article 23; s'il s'agit d'une
question d'ordre général on pourrait en faire une question
d'ordre général au départ et, par la suite, une question
d'ordre général dans la direction précise qu'on touche,
soit l'urbanisme. Ce serait la même chose pour la Société
d'habitation, l'environnement. Est-ce que le ministre serait d'accord sur ce
déroulement?
M. TESSIER: M. le Président, je suis d'accord sur le principe.
Mais c'est mon intention de faire un tour d'horizon au tout début et
d'expliquer, évidemment, les politiques mises de l'avant par le
ministère des Affaires municipales sur chacun des articles que vous
venez de soulever. Je pense que nous pouvons peut-être couvrir tout cette
question des politiques du ministère au tout début, avant de
commencer à étudier les crédits article par article.
Evidemment, comme c'est le droit de chaque représentant des
partis d'opposition, ils pourront faire leurs remarques. Et à la suite
des remarques, ils pourront poser toutes les questions pertinentes concernant
les politiques du ministère, que ce soit sur la Société
d'habitation, l'urbanisme, la planification ou autres.
M. LEGER: Est-ce que vous voulez dire par là que lorsque nous
arrivererons, par exemple, à l'urbanisme...
M. TESSIER: On pourrait peut-être couvrir l'ensemble, quant
à l'urbanisme, quitte à revenir ensuite plus en détail sur
chaque point.
Je pense que nous devrions engager le dialogue, au début, sur
l'ensemble des politiques du ministère, si vous n'avez pas d'objection.
Nous pourrions couvrir tous ces sujets. Après cela, nous pourrions
passer à l'examen des crédits. S'il y a des questions, comme je
l'ai mentionné, qui ont été oubliées, je n'aurai
pas d'objection à y revenir. Je pense que nous gagnerions du temps.
M. LEDUC: Si je comprends bien, M. le Président, ce sont les
questions qui auront été oubliées. Il n'est pas question,
à la suite de cet exposé global...
M. TESSIER: De reprendre la même chose.
M. LEDUC: ... de revenir, par exemple, à la politique de
planification, s'il en est question, ou à l'urbanisme ou à la
Société d'habitation. Si on s'entend là-dessus, les
questions qui auront été oubliées viendront, mais on ne
refera pas la rétrospective, à chaque séance, de ce qui
s'est passé avant.
M.,LEGER: Je voudrais que ce soit bien clair. De la façon dont le
député de Taillon vient de dire cela, ce n'est pas ce que j'ai
compris du ministre des Affaires municipales. Il y a certainement l'ensemble de
l'administration du ministère, avec ses politiques globales, et il v
a quand même, à des articles précis, une politique
plus étroite concernant des problèmes qui relèvent
uniquement, disons, de l'urbanisme. A une autre place, ils relèvent
uniquement de la Société d'habitation. Il y a surtout ce qui
concerne l'environnement, où il y a un deuxième ministre.
Ce que je veux dire par là, c'est que les politiques
générales du ministère des Affaires municipales toucheront
certainement de façon globale ces différents articles, mais,
quand nous arriverons à l'article précis no 7, Direction
générale de l'urbanisme, au sous-article 1, j'aurais aimé
qu'on puisse discuter un peu, généralement, de ce sous-article
uniquement. Je ne parle pas de revenir en arrière.
M. TESSIER: S'il y a des points qui n'ont pas été couverts
dans la discussion générale, nous pourrons y revenir. Je n'ai pas
d'objection.
Je voudrais également préciser, étant donné
qu'on a soulevé la question de l'environnement, M. le Président,
que j'ai convenu, avec mon collègue, le Dr Goldbloom, que nous
adopterions tous les crédits qui concernent le ministère, sauf
ceux de l'environnement, qui viendront en dernier.
M. LE PRESIDENT: Cela lui permettra d'être présent,
à ce moment-là.
M. TESSIER: A ce moment-là, le Dr Goldbloom, ministre d'Etat
responsable de l'environnement, pourra exposer lui-même ses politiques en
ce qui concerne cette question.
M. PAUL: M. le Président, si j'ai bien compris l'honorable
ministre, il a l'intention de faire un tour d'horizon de la politique de son
ministère, quitte à ce qu'un représentant de chacun des
partis de l'Opposition et même les députés
ministériels puissent également parler sur la politique
générale du ministère.
En arrivant à une direction précise, au tout début,
il pourrait être question, à ce moment-là...
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, une seconde. Pourrions-nous suspendre nos
travaux momentanément? Apparemment, un problème technique se
présente. Pour l'enregistrement du débat, je pense qu'il serait
peut-être plus sage de suspendre la séance un instant. Y a-t-il
consentement unanime pour une suspension?
M. TESSIER: Vous nous avertirez quand ce sera réglé.
M.PAUL: Est-ce que cela dépend de la pollution?
Note de l'Editeur: Suspension de quelques instants.
M. PAUL: Je disais donc, M. le Président, que lorsque nous
arriverons à une direction générale nous pourrons passer
des commentaires et, au fur et à mesure que nous franchirons les
articles des crédits, nous pourrons compléter nos remarques.
M. TESSIER: Je suis parfaitement d'accord.
M.PAUL: Et je voudrais bien je tiens à souligner que c'est
avec une note d'humour que je le fais que le ministre des Affaires
municipales s'engage à ne pas sévir ni pénaliser contre
ceux qui auront charge aujourd'hui d'attaquer l'administration de son
ministère.
M. TESSIER: Comme c'est le devoir de l'Opposition de le faire.
M.PAUL: Enfin, le ministre réalise que bientôt il aura de
nouvelles responsabilités.
M. TESSIER: Le mot enfin est de trop, parce que je l'ai toujours
réalisé.
M. LE PRESIDENT: Ceci étant dit, l'article 1 du budget des
Affaires municipales. L'honorable ministre responsable des Affaires
municipales.
M. TESSIER: M. le Président, comme je l'ai mentionné il y
a un instant, je voudrais refaire une revue des différentes politiques
du ministère des Affaires municipales et exposer également les
programmes que nous entendons mettre de l'avant au cours des prochains
mois.
L'étude des crédits d'un ministère fournit aux
membres de l'Assemblée nationale l'occasion de discuter des politiques
de ce ministère et de l'envergure aussi bien que de l'importance des
divers programmes que ces crédits lui permettront de lancer ou de
poursuivre.
Il est cependant une activité ou une politique dont
l'évaluation demeure plus difficile, et c'est celle de la planification.
En effet, si l'analyse des crédits permet de déterminer en partie
l'effort consenti en termes monétaires pour la réalisation d'un
certain nombre de programmes de planification, elle ne permet toutefois pas de
mesurer sur le plan technique la valeur de tous les efforts de planification
entrepris par le gouvernement ou auxquels il est associé directement ou
indirectement.
Autrement dit, les programmes de planification d'un ministère,
conjugés à ceux des autres ministères et à ceux
d'autres organismes, s'ils sont réalisés avec un minimum de
concertation et de cohérence, représentant un effort global de
planification qui ne peut que partiellement être relié aux
crédits d'un ministère en particulier.
C'est précisément le cas d'ailleurs pour le
ministère des Affaires municipales, dont l'effort de planification
depuis une dizaine d'années n'a cessé de croître chaque
année.
Quelques-uns ont prétendu que le ministère avait
abandonné tout programme et toute politique de planification ou de
recherche de solution aux grands problèmes urbains du Québec, en
intégrant à ces divers services et à ses structures
opérationnelles son personnel de planification.
Je m'inscris en faux entre cette prétention et j'affirme
même que l'action du ministère en planification non seulement n'a
pas été réduite mais qu'au contraire elle a
été considérablement amplifiée. Ce n'est, en somme,
que le mode d'action qui a changé.
Je pense qu'il est temps que l'on démystifie ce problème
de la planification et que la lumière soit enfin faite sur la politique
du ministère des Affaires municipales en matière de
planification, sur son mode d'action et sur les programmes en cours qui
touchent aux aspects les plus divers de la vie municipale.
Sur le plan des effectifs réguliers du ministère des
Affaires municipales, nous comptons, en date de ce jour, 27 agents de
planification qui oeuvrent dans les divers services du ministère.
Le ministère compte de plus une douzaine de spécialistes
en droit, en urbanisme, en aménagement du territoire, en techniques de
gestion, en comptabilité municipale et en architecture qui travaillent,
à titre contractuel, sur divers projets de recherche qui s'inscrivent
dans la politique globale de recherche du ministère des Affaires
municipales.
A toutes ces personnes viennent s'ajouter une vingtaine de
spécialistes qui, dans le cadre du programme d'aménagement du
territoire de la région aéroportuaire, complètent les
effectifs du ministère en ce qui concerne la planification et la
recherche urbaine. Ce qui signifie qu'actuellement une soixantaine de personnes
sont affectées directement à des travaux de recherche et de
planification. Une quinzaine d'autres officiers du ministère, quoique
non reconnus officiellement comme agents de planification, participent aux
travaux effectués par les douze contractuels actuellement à
l'emploi du ministère et qui effectuent des travaux
évalués à plus de $240,000.
Voua vous demandez certainement quels sont les différents
secteurs de l'activité municipale qui composent le ou les programmes de
recherche entrepris par le ministère des Affaires municipales. Ces
travaux touchent plus particulièrement aux domaines suivants:
Premièrement, la comptabilité municipale et les techniques
de gestion. Au cours de la présente année, nous terminerons les
travaux d'élaboration d'un cadre-comptable uniforme et la
rédaction d'un manuel de comptabilité de gestion municipale.
Ces travaux sont effectués par des spécialistes de grande
expérience, assistés par des officiers de la Direction
générale de l'administration municipale du ministère. La
réalisation de ces outils indispensables de gestion se fera,
après une période suffisante de consultation, avec des officiers
municipaux expérimentés et qualifiés.
Deuxièmement, la refonte des lois municipales. Une équipe
de trois spécialistes en droit municipal, appuyée par
l'équipe de soutien du ministère, examine actuellement toute la
législation municipale en vigueur et proposera, d'ici la fin de la
présente année, une révision globale de toutes les lois
municipales. Ce travail, qui a nécessité une somme
considérable de recherches et d'innombrables consultations, permettra au
Québec de se donner une législation municipale moderne et bien
adaptée aux besoins nouveaux d'une société urbaine en
évolution.
Troisièmement, l'urbanisme et l'aménagement du territoire.
Dans ce domaine, l'action du ministère est vaste et infiniment
variée. Elle touche tous les aspects de l'urbanisme et de
l'aménagement du territoire et elle réunit les
éléments qui permettront au gouvernement d'établir une
véritable stratégie urbaine et municipale et d'alaborer sa
loi-cadre de la planification et de l'urbanisme que j'ai l'intention de
déposer au cours de la présente session. Les principales
activités entreprises par le ministère dans cet important secteur
sont:
La préparation d'un plan d'aménagement de la zone
Gaspé-Percé;
La présentation d'un plan de développement intermunicipal
et d'aménagement du territoire du secteur de Matane;
La préparation d'un schéma d'aménagement et d'une
stratégie de développement de la région
aéroportuaire;
La réalisation d'un programme d'étude et de recherche sur
la législation et les techniques utilisées en France, en
Belgique, en Angleterre, en Hollande et aux Etats-Unis en matière
d'urbanisme et d'aménagement du territoire;
L'organisation d'une mission technique et la signature probable d'un
protocole d'entente avec l'Ontario qui dispose, en matière d'urbanisme
et d'aménagement du territoire, d'une expérience très
poussée et de ressources humaines en quantité.
Ajoutez à cela les données qui nous ont été
transmises par la Commission provinciale d'urbanisme et les travaux
effectués par l'OPDQ et l'ODEQ et vous constaterez l'envergure de notre
action et la complémentarité de nos efforts.
Quatrièmement, le regroupement municipal. En plus des sept agents
de planification du service des structures du ministère des Affaires
municipales, des consultants, à l'emploi du ministère, sont
à mettre au point une véritable stratégie du regroupement
municipal qui se divise en trois parties principales. 1) Le regroupement
à l'intérieur des trois communautés existantes. Des
études sont actuellement en cours dans chaque cas et, dans chaque cas,
les unités de regroupement pourront être
décrétées avant la fin de la présente année.
2) Le regroupement des paroisses et des
villages. L'identification des municipalités pouvant faire
l'objet d'un programme de regroupement est déjà
complétée et la programmation sera établie d'ici quelques
semaines. D'ailleurs cette programmation a déjà
débuté depuis quelques jours. 3) Le regroupement des
agglomérations urbaines. Le périmètre de
développement des principales agglomérations urbaines du
Québec au moins une quarantaine ont déjà
été analysées a été établi en
collaboration avec le service de planification du ministère de
l'Industrie et du Commerce. Une stratégie de regroupement, tenant compte
des agglomérations prioritaires, fait actuellement l'objet d'une
étude intensive.
Cinquièmement, la fiscalité municipale. L'étude sur
la fiscalité municipale, une activité interministérielle,
se poursuit, en partie, au ministère des Affaires municipales et des
recherches très poussées seront entreprises quant aux divers
modes de taxation et de répartition du fardeau fiscal, quant au
rendement de la Loi de l'évaluation foncière et quant à
l'effort fiscal consenti par les contribuables pour s'assurer les services
essentiels. Le régime de subventions devrait aussi faire l'objet d'une
révision complète.
Sixièmement, l'habitation. L'examen de la législation
québécoise dans le domaine du logement, de l'habitation et de la
rénovation et les recherches en vue de sa réévaluation
sont actuellement terminés et des recommandations ont déjà
été faites à la Société d'habitation du
Québec.
Ces recommandations font l'objet actuellement d'études
approfondies de la part des membres de la Société
d'habitation.
D'autre part, quatre agents de planification du ministère, en
collaboration avec une équipe de la Société d'habitation
du Québec, compléteront d'ici quelques mois une très vaste
étude sur le rôle de la municipalité dans le domaine de
l'habitation et plus particulièrement dans le domaine de l'habitation
sociale. Cette étude aura duré plus d'un an.
Voilà, en résumé, l'ensemble des activités
du ministère en matière de recherches et de planification. Cette
nomenclature n'est certes pas exhaustive puisqu'elle ne comprend pas les
recherches isolées ou très limitées dans le temps, pas
plus qu'elle ne comprend d'ailleurs le programme d'échanges en
matière d'évaluation établi entre le gouvernement du
Québec et celui de l'Ontario.
Une dizaine de spécialistes du ministère des Affaires
municipales, du ministère du Revenu, du ministère de la Voirie,
du Conseil du trésor, de la commission municipale et de la
Communauté urbaine de Québec ont déjà pris contact
avec leurs homologues de l'Ontario et les programmes échangés
contribueront, pour chaque province, à l'évolution et à
l'amélioration des techniques et des procédures
d'évaluation.
J'ai dit, au début du présent exposé, que les
crédits du ministère ne réflétaient qu'en partie
l'effort de planification auquel est associé le ministère des
Affaires municipales. L'exemple le plus pertinent, je crois, que je
désire vous donner aujourd'hui est le suivant:
II y a quelques semaines, j'ai procédé à la
nomination d'un comité d'étude chargé d'analyser tous les
aspects de la vie urbaine de la Communauté urbaine de Montréal, y
compris les territoires qui se situent immédiatement au nord et au sud
de la CUM.
Ce comité, sous la présidence de M. Lawrence Hanigan,
président du Comité exécutif de la Communauté
urbaine de Montréal, est composé de M. Bernard Benoît,
maire de Pointe-aux-Trembles et président de la conférence des
maires de banlieues, de M. Paul Blier, sous-ministre adjoint au
ministère des Affaires municipales, et de M. Jacques Piché,
fonctionnaire du ministère des Finances et hautement
spécialisé en fiscalité municipale.
Ce comité a pour mandat d'étudier notamment les six points
suivants: 1- La fiscalité municipale dans toutes les
municipalités de la Communauté urbaine de Montréal; 2- La
répartition des coûts des services de la CUM; 3-
L'efficacité et la rentabilité des services de la CUM; 4- La
planification à moyen et à long terme des services
éventuels de la CUM; 5-Une étude du regroupement des
municipalités à l'intérieur de la CUM, ainsi que des
municipalités de la rive sud de Montréal; 6- La restructuration
de la CUM quant à la représentation et aux amendements à
être apportés à la loi qui l'a créée.
Ce comité a formé déjà une dizaine de
sous-comités qui recevront des mémoires et travailleront en
étroite collaboration avec les municipalités.
Ce travail de recherche et de planification, auquel s'associeront une
centaine de spécialistes de tous les secteurs de l'activité
urbaine, sera coordonné par une équipe de 23 experts du service
de planification de la Communauté urbaine de Montréal.
Le mandat confié au comité comprend la planification et la
projection des grandes fonctions urbaines pour les vingt prochaines
années.
Nous pouvons affirmer, sans aucune exagération, que plusieurs
centaines de planificateurs, de spécialistes et de fonctionnaires
consacreront près d'un an à l'établissement d'une
véritable stratégie urbaine pour la région de
Montréal et que ces études seront probablement les plus
poussées qui aient jamais été faites sur les
problèmes municipaux.
Je suis convaincu, M. le Président, que ce tour d'horizon,
quoique rapide, vous aura rassuré quant à notre volonté de
poursuivre et surtout d'amplifier les programmes de recherche et de
planification que le ministère avait amorcés depuis quelques
années.
Comme je l'ai déjà mentionné, quant à la
partie qui concerne la protection du milieu, je laisserai à mon
collègue, le Dr Victor Goldbloom, le soin de vous exposer son point de
vue et ses programmes.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, en premier lieu, je voudrais remercier
le ministre des Affaires municipales de nous avoir fait voyager dans son
ministère. Il vient de nous élaborer, en détail, toute la
politique qu'il entend appliquer à son ministère. H me permettra
de lui faire un reproche, teinté, cependant, d'une marque
d'amitié qui m'honore, du moins jusqu'à preuve du contraire.
Je me demande si le ministre ne devrait pas se faire l'interprète
des députés de l'Opposition et même ministériels
auprès de ses collègues ministres pour qu'ils suivent son
exemple, qu'ils fassent une revue de la politique de chacun de leur
ministère, mais qu'ils aient, cependant, la précaution de faire
parvenir, sous le sceau de la confidence, quelques jours à l'avance, le
texte, des remarques ou des propos que le ministre se propose de
préciter à l'occasion du début de l'étude de ses
crédits.
Ceci pourrait nous permettre de mieux nous préparer non pas
à présenter une critique destructive à l'endroit des
politiques du ministère, mais d'être bien documentés sur
les différents points qui peuvent être soulevés par le
ministre à l'occasion de la présentation de la politique
envisagée par son ministère pour l'année qui vient.
Mes collègues, le député de Lafontaine et le
député de Lévis ainsi que moi-même aurions
été fort heureux d'avoir ce texte du ministre, qui a
été bien préparé. Je remercie le ministre de nous
en donner une copie. Cela ne change en rien les remarques que je fais parce que
nous pourrions toujours nous référer au journal des
Débats. Ce que je veux signaler au ministre, c'est que nous ne sommes
pas préparés à lui donner une réplique ou à
abonder dans le sens des remarques qu'il a faites sur les différents
points de son ministère.
Je m'en voudrais, M. le ministre, de ne pas saluer les hauts
fonctionnaires de votre ministère. Ayant été conseiller
juridique de quatorze municipalités avant mon entrée dans la vie
publique...
UNE VOIX: Bravo!
M. PAUL: ... ce qui remonte déjà à plus de quatorze
ans, j'ai été à même de transiger avec des
responsables de différents services et des directions du
ministère des Affaires municipales. Je regarde votre équipe. Ses
membres sont beaucoup plus jeunes que le ministre. Je suis sûr qu'ils
contribuent grandement à lui donner, quelquefois, une ressemblance
d'action au sein de son ministère. Lorsque nous voulons connaître
la véritable politique du ministère des Affaires municipales,
c'est encore à ces fonctionnaires que nous devons nous adresser, non pas
parce que le ministre n'est pas compétent, mais il admettra qu'il ne
peut être polyvalent dans toutes les directions de son
ministère.
Je me fais le porte-parole de toutes les corporations municipales, du
moins celles qui sont représentées par les députés
d'Unité-Québec, pour remercier les hauts fonctionnaires du
ministère pour le souci, l'attention, le dévouement et la
compréhension qu'ils apportent à l'étude des
différents problèmes qui sont soumis à ce
ministère.
M. le Président, le ministre nous a dit beaucoup de choses. Il
n'a pas péché par abondance de renseignements, mais il a
sûrement péché par réticence parce qu'il a
oublié, volontairement ou non, de nous parler de certains
problèmes que j'ai bien l'intention de lui signaler. Je suis sûr
que, secouru par ses brillants fonctionnaires, nous pourrons obtenir du
ministre la lumière qu'il nous faut pour connaître le
véritable animus qu'a le ministre en face des différents
problèmes dont il est responsable en sa qualité de ministre des
Affaires municipales.
Le ministre a parlé du lancement d'un grand programme de
planification au sein de son ministère. Je l'invite à la prudence
parce que c'est le mal du siècle que d'avoir beaucoup de planification
et très peu de réalisations. Lorsque nous tombons dans le domaine
des affaires municipales, ce que nos gens veulent, du moins ceux qui sont quasi
assurés de garder leur poste, parce qu'avec tout ce programme de fusion
qui découle de l'adoption de la loi 276, qui permet au ministre
d'exercer quasi un droit de vie ou de mort sur les municipalités,
ceux-là dont la vie municipale n'est pas en danger se demandent parfois
si cette planification ne devrait pas être beaucoup plus
simplifiée pour répondre à des besoins locaux...
C'est pourquoi, il faut que dans cette planification nous adoptions des
mesures et des politiques qui puissent répondre, non seulement à
de grands besoins, mais qui puissent corriger certaines situations locales qui
peuvent se présenter.
Le ministre a dit qu'il y a une politique de planification dans les
différents services de son ministère et que cette planification
s'étendait également à certains autres ministères
qui doivent travailler de pair, comme je ne fais que citer un exemple
le ministère de la Voirie, aujourd'hui le ministère des
Transports, pour que sa politique à lui, sa politique municipale, ne
puisse pas contrecarrer celle d'un collègue ministre titulaire d'un
autre ministère.
Et, au fur et à mesure que l'on établira une planification
ministérielle, c'est-à-dire dans les différents
ministères, peut-être que nous finirons par obtenir une politique
gouvernementale qui s'en va dans la même voie.
Je sais que le ministre des Affaires municipales est soucieux de
secourir les municipalités. Le problème de l'assiette fiscale est
de toute urgence. Le ministre sait surtout ses fonctionnaires le
nombre de prêts ou d'appels d'offres publics, de soumissions, qui ont
été présentés dans le cours de l'année et
qui démontrent que les municipalités sont aux prises avec ce
problème de financement municipal.
Et je sais que toutes ces municipalités tirent constamment sur
les différents ministères pour tâcher d'équilibrer
leur budget. Et lorsque l'on voit, par exemple, une politique de
réaménagement du ministre aujourd'hui des Transports, mais
autrefois de la Voirie qui impose de nouvelles charges aux corporations
municipales par la discontinuation de l'entretien des chemins d'hiver, je dis
qu'il y a contradiction entre la planification municipale dont rêve le
ministre des Affaires municipales et à laquelle travaillent ses
fonctionnaires et celle qui est mise en application par le ministre responsable
de la Voirie et que l'on dénomme aujourd'hui ministre des Transports. Je
m'excuse, il me semble avoir mentionné tantôt Communications au
lieu de Transports.
Le ministre nous a dit que, dans la planification en branle à son
ministère, certains changements s'opéraient, non pas dans
l'idéal ou les buts à atteindre, mais dans le mode de
fonctionnement, dans le mode d'action pour mieux atteindre les grands
idéaux ou les programmes d'activités municipales que l'on veut
réaliser.
Je ne sais pas si j'ai bien compris le ministre, mais il m'a
semblé, quand il nous a glissé cette phrase, qu'il tentait de se
justifier sur la mise de côté de son fameux livre dit "Mon livre
blanc". Et je me réfère à un article qui paraissait dans
le journal Le Soleil, en date du 18 mai 1971, et qui nous rapportait une
déclaration du ministre des Affaires municipales, où il disait
dans une entrevue qu'il accordait aux journalistes à son bureau de
Chicoutimi: "On ne peut pas être carrément...
M. TESSIER: Ce n'est pas Chicoutimi, mais Rimouski.
M. PAUL: Pardon, Rimouski. Comme il y a tellement de relations amicales
entre le député de Chicoutimi et celui de Rimouski, vous me
pardonnerez si, dans le but de vous être agréable,
j'intervertis...
M. TESSIER: Cela m'est tout à fait désagréable de
me faire qualifier de député de Chicoutimi.
M. PAUL: Et, pourtant, si vous saviez avec quelle fierté les
électeurs de ce comté reconnaissent dans mon collègue, M.
Tremblay, un homme d'action, un homme dynamique, un homme polyvalent, un homme
sérieux !
Ils le reconnaissent comme un homme qui se bat constamment dans le but
d'obtenir des subventions du ministère pour son comté, et qui
sont dans une saute d'humeur comme par exemple celle dont a été
victime le ministre des Affaires municipales, ou qui sont victimes d'une
vengeance de la part de ce même ministre. Mais, je suis sûr que
c'est avec une teinte d'humour qu'il a apporté cette mise au point,
parce que j'ai la conviction que les ponts sont depuis rétablis entre le
ministre des Affaires municipales et le député de Chicoutimi,
à la suite de la sortie violente par lettre s'il vous
plaît, et non pas à caractère personnel et confidentiel
qu'adressait le ministre des Affaires municipales au
député de Chicoutimi. Mais je reviens à la
déclaration que faisait le ministre des Affaires municipales, à
Rimouski, au représentant du journal Le Soleil, lorsqu'il disait: "On ne
peut pas être catégoriquement contre mon livre blanc sur la
réforme des structures municipales. On peut tout au plus demander d'y
apporter quelques amendements, déclarait le ministre des Affaires
municipales, Me Maurice Tessier, au cours de sa conférence de presse
hebdomadaire".
Celui-ci s'étonne qu'on puisse se prononcer contre ce texte qui
se veut un outil utile aux municipalités qui en ont besoin et qui peut
être mis de côté par celles qui ne veulent pas s'en servir:
"Je répète que le regroupement municipal ne sera jamais
obligatoire". Je répète, M. le Président, parce que vous
allez, dans le cours de ces discussions, vous rappeler vous-même cette
déclaration du ministre: "Je répète que le regroupement
municipal ne sera jamais obligatoire, contrairement à ce qui s'est fait
pour l'administration scolaire". C'est un beau tribut d'hommages à son
collègue, le ministre responsable de l'époque au ministère
de l'Education, M. Saint-Pierre.
M. TESSIER: Les règles ne sont pas les mêmes, c'est pour
ça qu'il faut faire une distinction.
M. PAUL: La liberté des municipalités de se regrouper ou
de demeurer individuelle sera respectée. Et là, il employait les
termes qu'employait feu le premier ministre, le député de
Trois-Rivières, M. Duplessis: "Tant que le parti libéral dirigera
le gouvernement du Québec", a précisé à nouveau
hier le ministre des Affaires municipales. "Le ministre demeure convaincu que
son livre blanc amènera l'adoption d'une loi dont se prévaudront
plusieurs municipalités qui voient déjà ou qui
réaliseront plus tard les avantages d'un regroupement en
communauté urbaine".
Alors c'est peut-être, M. le Président, par ces propos que
le ministre des Affaires municipales a voulu en quelque sorte justifier
l'abandon de la grande politique dont il rêvait dans son livre blanc que
je me propose de me faire dédicacer avant que mon bon ami le ministre
des Affaires municipales et moi-même quittions la vie parlementaire. Il
va de soi que c'est nécessaire qu'on apporte des modifications dans la
réalisation
des projets de planification. Car, autrement, nous sommes captifs d'un
idéal qui "enfarge" et embarrasse ceux-là qui veulent
répondre aux idéologies visées par cette planification et
surtout dans les moyens à prendre pour atteindre les mesures que l'on
vise par une telle planification.
Le ministre a dit qu'il y avait plus de 60 personnes ou près de
60 personnes attachées à son ministère dans l'un ou
l'autre des services de la planification. Ce qui m'a frappé, c'est que
le ministre nous a mentionné qu'une somme approximative de $240,000
avait été dépensée à l'endroit de douze
planificateurs de différentes spécialités qui sont sous
contrat avec le ministère.
Je me demande s'il n'y aurait pas lieu, pour le ministre je sais
qu'il n'aime pas trop trop la fonction publique, parce qu'il déclarait,
à l'occasion de l'étude de ses crédits, l'an dernier,
qu'il avait fait un ménage dès son arrivée au
ministère pour faire disparaître tous les péquis-tes qui
étaient là. Je ne sais s'il a réussi, mais le ministre
devrait faire confiance...
M. TESSIER: J'invoque une question de privilège.
M. PAUL: II n'y en a pas, il y a une question de règlement.
M. TESSIER: Oui, mais il y a une question ici qu'il faudrait rectifier
tout de même.
M. LEGER: Vous avez ramené les péquistes, là?
M. TESSIER: Je n'ai jamais parlé des péquistes, j'ai
parlé...
M. PAUL: Vous avez parlé des séparatistes.
M. TESSIER: ... non, je n'ai même pas parlé des
séparatistes. J'ai parlé des fauteurs de trouble et des
maoïstes et de ceux qui voulaient renverser par la force le régime.
J'ai parlé de ceux-là. Maintenant, est-ce qu'ils sont
péquistes, est-ce qu'ils ne sont pas péquistes?
Je vous laisse le soin de juger. C'est à cette catégorie
de fonctionnaires que je me suis attaqué.
M. PAUL: Je vous dirai, M. le ministre, que tous ceux-là sont
péquistes, mais que tous les péquistes ne sont pas de
ceux-là.
M. TESSIER: J'aime vous l'entendre dire.
M. LE PRESIDENT: Suivant le règlement, il est quand même
difficile de revenir à une question qui a déjà
été débattue.
M. PAUL: Dans la même session, M. le Président. Je me suis
référé à la session de l'an dernier.
M. LE PRESIDENT: Justement, c'est à cause de la session de l'an
dernier. Ce sont des choses qui ont été débattues et
acceptées par la Chambre.
M. PAUL: Non, je tiens très respectueusement, M. le
Président, à vous référer à l'article 100 du
nouveau règlement, si vous l'avez.
M. LE PRESIDENT: Oui, je l'ai devant moi.
M. PAUL: Vous verrez que l'on ne peut pas discuter de questions qui ont
été discutées durant cette session, mais je passe. Je sais
que vous avez raison en principe, et c'est pourquoi je me soumets à
votre directive.
J'inviterais donc le ministre des Affaires municipales à
envisager la permanence d'engagement de ses planificateurs plutôt que de
recourir à des contrats, à l'engagement, à des prix
forfaitaires, de ses planificateurs. Si le personnel du ministre n'est pas
satisfaisant, s'il y a des lacunes à combler et qu'il puisse
réussir à convaincre son collègue, le ministre des
Finances, de la nécessité de majorer son budget, je suis
sûr qu'il préparera l'excellente équipe dont nous pourrons
utiliser les services en 1974, lorsque nous retournerons au pouvoir.
M. TESSIER: Vous êtes optimiste.
M. PAUL: Je suis beaucoup plus réaliste qu'optimiste. Le ministre
des Affaires municipales adopte d'excellentes mesures, qu'avaient
planifiées si je dis l'un de ses prédécesseurs, il
va sursauter au moins deux de ses prédécesseurs, soit
l'ancien député de Chambly, feu Pierre Laporte et son
prédécesseur immédiat, M. Robert Lussier. Lorsque, tout
à l'heure, j'ai salué les fonctionnaires de son ministère,
j'ai tout simplement voulu signaler cette loyauté que ces hommes ont
à l'endroit du titulaire non pas seulement du ministère des
Affaires municipales, mais du titulaire d'un ministère.
Ces fonctionnaires, sachant qu'ils ont une parfaite liberté
d'expression, ont quand même le problème de la loyauté
à l'endroit du ministre. La planification que le ministre va maintenant
mettre en application par la présentation de lois sera la
résultante de la loyauté de ses fonctionnaires qui, nonobstant la
couleur politique du ministre, mettent d'abord, dans les circonstances
puisque nous parlons de problèmes municipaux
l'intérêt des municipalités avant tout. Ainsi, ce
ministère, qui est peut-être celui qui est le plus proche des
contribuables québécois, peut servir de dynamo, de catalyseur
dans la solution des problèmes avec lesquels se trouvent aux prises les
administrations municipales.
Le ministre a dit qu'il était près de nous
présenter je dis "près", dans un avenir plus ou moins
rapproché une technique comptable dont pourront
bénéficier les municipalités. Je crois que c'est
essentiel. Nous ne connais-
sons pas encore ce projet de loi, mais c'est essentiel, devant le
regroupement municipal qui va résulter de la politique du ministre et
qui sera la résultance de l'application du projet de loi no 276. Les
municipalités vont devenir de plus en plus importantes à cause de
leur budget, à cause des responsabilités, des nouveaux services
qu'elles vont être obligées d'assumer dans ce territoire
fusionné, dans certains endroits, par suite du manque total de services.
Il s'agit d'en envisager la nécessité. Nous souhaitons donc que
ce manuel de comptabilité puisse être mis à la disposition
de nos corporations municipales et surtout à la disposition de nos
secrétaires-trésoriers le plus tôt possible afin qu'il y
ait une comptabilité uniforme au Québec dans le domaine
municipal.
Le ministre a parlé de la refonte des lois municipales. Si ma
mémoire est exacte, il y a, parmi ces trois spécialistes,
l'avocat Jacques Dugas, de Joliette. Je crois que le choix du ministre, du
moins celui-là, était fort judicieux, puisque Me Dugas
était un véritable spécialiste des problèmes
municipaux. Le ministre conviendra qu'à ce moment-ci je n'en fais pas
une question de politique partisane. Je crois que Me Dugas et moi-même,
nous n'avons jamais partagé les mêmes idéologies
politiques, mais il nous est arrivé assez souvent de partager tous deux
et presque continuellement le désir d'aider la
collectivité québécoise.
J'ai eu à discuter de différents problèmes avec Me
Dugas, et je reconnais chez cet avocat un homme hautement préparé
pour réaliser cette refonte des lois municipales. Je ne voudrais pas
qu'il soit dit que je ne reconnais qu'une compétence parmi les trois que
le ministre a nommées, mais un blanc de mémoire m'empêche
actuellement de me rappeler ses collaborateurs immédiats ou ses
associés dans ce travail qui leur a été assigné par
le ministre des Affaires municipales.
Il est urgent que nos municipalités soient régies par une
même loi parce qu'il était décent de convenir et de
constater que des municipalités à population à peu
près identique, à problèmes à peu près
identiques et souvent séparées par une frontière fictive,
alors qu'au point de vue religieux, cependant, elles sont réunies,
puissent l'une être régie par la Loi des cités et villes et
l'autre, par le code municipal.
Des problèmes très particularisés se
présenteront à l'occasion de cette fusion de notre code municipal
et de la Loi des cités et villes. Je souhaite que les problèmes
soient analysés avec beaucoup d'objectivité de la part du
ministre et surtout que ses fonctionnaires tiennent compte des
différentes représentations et constatations d'erreurs ou de
manquements dans cette loi qui éventuellement nous sera soumise pour
étude et approbation. IL nous faut nécessairement doter le
Québec d'une loi municipale moderne qui puisse aller de pair avec le
développement municipal, en tenant compte de tous les services que
désirent et que requièrent aujourd'hui les contribuables
municipaux.
Le ministre nous parle également d'un autre problème qui
est celui de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire. Il nous
parle c'est là que j'aime moins son expression d'une
stratégie urbaine, comme si le ministre voulait prendre d'assaut les
municipalités en leur imposant des changements qu'elles ne
désirent peut-être pas. Il parle d'une stratégie
municipale. Ordinairement, on établit une stratégie lorsque l'on
voit un adversaire qu'il nous faut à tout prix combattre, qu'il nous
faut, en certains cas, abattre. Cette expression: stratégie urbaine,
nous ne devons pas lui donner l'interprétation littérale, mais,
au contraire, prendre le sens figuré de ce terme pour que nos
municipalités réalisent qu'un plan d'urbanisme s'impose au
Québec et qu'elles devraient tendre vers l'adoption des recommandations
que le ministère des Affaires municipales voudra bien leur faire.
J'invite le ministre, dès maintenant, à une certaine
prudence pour ne pas imposer des directives ou des obligations aux
contribuables des municipalités, qui ne sont pas préparés,
en raison des charges fiscales qu'ils doivent supporter actuellement, à
faire face à des impositions assez draconiennes de la part du
législateur.
Le ministre, dans cette stratégie municipale, nous a parlé
du problème de Gaspé, de Percé. Encore là, on est
à établir une stratégie de l'urbanisme dans ces
régions. J'espère que le ministre des Affaires municipales a
demandé à ses fonctionnaires de consulter le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche ou que ceux-ci, de proprio motu,
l'ont fait. C'est beau d'établir une stratégie d'urbanisme, mais
il faut tenir compte également, là surtout, de l'aspect
touristique que peut présenter cette région, qui pourrait
éventuellement lui permettre un revenu et un essor économique. On
n'a pas l'avantage, dans ces municipalités, d'être dirigé
par un homme aussi clairvoyant que celui que je vois à l'instant, un
administrateur compétent dont l'administration municipale est reconnue
et appréciée par ses contribuables. Ce n'est pas surprenant et ce
n'est pas peu dire, puisqu'il vient de Louiseville. J'ai bien nommé le
maire du Cap-de-la-Madeleine que je viens d'entrevoir ici, à la suite
d'un léger regard vers le centre de la salle. Je veux saluer mon bon
ami, le maire de la ville du Cap-de-la-Madeleine, M. Réal
Desrosiers.
M. TESSIER: Je félicite surtout le député de
Maskinongé de l'avoir reconnu à travers la foule.
M. PAUL: M. le Président, nous pouvons voir que c'est un
numéro unique dans le milieu des Affaires publiques.
En passant, je crois que le ministère et surtout le ministre
devrait consulter plus souvent le maire du Cap-de-la-Madeleine. Je suis
sûr qu'il pourrait lui faire d'excellentes recommandations.
Le ministre a également parlé de l'aménage-
ment du territoire de la région de Matane. Le ministre, qui vit
dans cette région, connaît sûrement les problèmes.
Maintenant qu'il est sorti des Affaires municipales de la ville de Rimouski,
c'est là qu'il réalise quels sont ces problèmes et combien
il en a laissé en blanc pendant qu'il avait la responsabilité de
la mairie de la ville de Rimouski. Dans cette planification,
l'aménagement du territoire de toute cette région...
M. TESSIER: C'était l'Union Nationale qui était au pouvoir
dans ce temps-là.
M. PAUL: Je dois vous dire que, de 1960 à 1966, je crois que le
ministre des Affaires municipales était maire de la ville de
Rimouski.
M. TESSIER: Cela allait bien.
M. PAUL: II a même été président de la
Fédération des maires du Québec. Je ne lui reproche pas de
vouloir planifier l'urbanisme pour la région de Rimouski, mais je
l'inviterais à tenir compte d'un pôle économique dans cette
région, soit Rivière-du-Loup. Je sais que le ministre,
actuellement, tend à centraliser tous les services vers la ville de
Rimouski, au détriment de toute la population à l'ouest de
Rimouski et qui part de Rivière-du-Loup.
J'inviterais le ministre, dans cette planification de la région
de Matane, à étendre sa stratégie également
jusqu'à la ville de Rivière-du-Loup, pour que tout ce secteur du
Bas-du-Fleuve puisse être englobé dans une planification qui ne
pourra se montrer qu'avantageuse pour tout ce secteur du territoire du
Québec.
Le ministre a également parlé d'une technique d'urbanisme
déjà mise en application en Belgique, en France, aux Etats-Unis
et même en Ontario. Je ne ferai pas de reproche au ministre des Affaires
municipales d'aller chercher ailleurs les réalisations qui se sont
avérées des succès. Si elles peuvent être
implantées chez nous, je crois que le ministre verra à ce que ces
mesures soient introduites chez nous.
Je suis sûr que, lui comme moi, ne voyons pas, par exemple, dans
la province d'Ontario un territoire étranger, comme certains peuvent
être portés à le faire. Lorsque nous traversons les
frontières québécoises, il ne faut pas toujours avoir
l'impression d'être dans un milieu étranger ou hostile aux
Québécois.
Le ministre a parlé de la signature d'un protocole d'entente avec
l'Ontario pour l'aménagement du territoire. Le ministre pourra me
corriger si je n'emploie pas les mêmes termes ou si je ne respecte pas sa
pensée sur ce point qu'il a développé dans l'exposé
de la politique municipale de son ministère.
Eh bien, il y a eu des précédents heureux avec l'Ontario
comme, par exemple, cette entente culturelle qui existe entre le Québec
et l'Ontario. C'est M. Johnson qui l'avait signée. Je crois que M.
Laporte, également, en avait signé dans le domaine des affaires
culturelles. Alors, personnellement, je ne vois aucune objection à ce
qu'une telle entente soit signée pour autant que l'autonomie des deux
provinces soit respectée et que l'une ne soit pas à la remorque
de l'autre.
Le ministre a parlé d'un bébé qui lui est cher, le
regroupement municipal.
M. LEGER: Qui coûte cher aussi.
M. PAUL: Et qui coûte cher. Je crois que mon collègue de
Lafontaine a raison. Il m'a semblé, j'ai eu vent, j'ai oui dire, j'ai
cru, j'ai eu l'impression que le ministre des Affaires municipales avait
été obligé de freiner, quelque peu, ses ambitions dans la
reconnaissance des unités de regroupement. Encore là, je le
comprendrais parce qu'il dépend, en quelque sorte, du ministre des
Finances pour achever ses projets de regroupement municipal. Ce n'est pas parce
que le ministre ne voudrait pas réaliser tous ses projets, mais il y a
également cette capacité de payer, de la part du ministre des
Finances. Encore là, je ne lui ferais pas reproche de nous dire qu'il se
verra dans l'obligation d'aller moins vite dans cette politique de regroupement
municipal qu'il a l'intention de mettre en application.
La politique de regroupement municipal.
M. le Président, d'abord, je ne sais si le ministre nous a
parlé par ordre de priorités, mais il nous a parlé de
regroupement municipal à l'intérieur d'abord des
communautés urbaines existantes, soit celles de Montréal,
Québec et de l'Outaouais. Je n'ai pas l'intention d'être
désagréable au ministre, il est tellement ouvert cet
après-midi, ce qui nous surprend ; il ne faudrait pas le provoquer de
crainte de lui être personnellement désagréable et subir
toutes les conséquences d'une telle attitude de ma part. Mais je veux
rappeler au ministre certaines déclarations j'allais dire
certaines contradictions, je ne le dis pas qu'il a faites au sujet de sa
politique de regroupement municipal. Il a parlé du travail qui est fait
je ne sais pas s'il a mentionné M. Hanigan comme président
actuellement à l'intérieur du territoire de la
Communauté urbaine de Montréal pour le regroupement de certaines
municipalités, ce regroupement devant même s'étendre sur le
territoire de la rive sud.
Vous conviendrez, M. le Président, que je ne suis pas un expert
en la matière, ne vivant pas dans le milieu. Je ne voudrais pas
être malhonnête à l'endroit de mon collègue, le
député de Lafontaine, qui aimera sûrement traiter de ce
problème. D'abord, parce qu'il vit à l'intérieur
même de la Communauté urbaine de Montréal et parce qu'il a
sûrement des problèmes bien précis à soulever et qui
découleraient de ce regroupement municipal s'il était
réalisé à l'intérieur de la Communauté
urbaine de Montréal.
J'en passe également pour ce qui a trait à la
Communauté urbaine de Québec et à la
Communauté urbaine de l'Outaouais.
Je suis tout ému de voir, M. le Président, qu'il y a
même des enfants qui écoutent mes remarques, dans un silence qui
les honore et qui dénote chez eux un souci constant de sagesse, qui
pourra finalement faire d'eux des parlementaires compétents et
renseignés.
Je dis donc, M. le Président, que la deuxième étape
qu'envisage le ministre des Affaires municipales, c'est le regroupement des
paroisses et villages. Il y a de nombreux endroits. Je vais faire attention
à ce que je vais dire parce que je suis personnellement affecté
par un problème, dans ma ville natale, qui est Louiseville, paroisse de
Saint-Antoine-de-la-Rivière-du-Loup. Il faut tenir compte, dans ces
unités de regroupement que le ministre décrète, du
sentiment des deux populations municipales.
Je ne crois pas, M. le Président, qu'il y ait dans ces cas,
opposition systématique, d'un conseil municipal à l'endroit d'un
autre. Au contraire, ces gens ont l'ouverture d'esprit nécessaire pour
envisager une fusion en autant que le bien de la collectivité en
résultera.
Je sais qu'il y a des corporations municipales en voie ou sur le
cheminement de la fusion qui ont des déséquilibres
budgétaires marqués. Je sais, par exemple, qu'il y a, dans un
milieu que je connais très bien, une corporation municipale,
régie par la Loi des cités et villes, qui présente un
passif obligatoire de près d'un million de dollars, et que, dans le
territoire limitrophe, séparé par une ligne géographique
réelle, dans les circonstances, puisqu'il s'agit de deux
rivières, il y a une autre corporation municipale qui, elle, a un actif
de $125,000 en banque. Alors il s'agit de garder le juste équilibre dans
cette politique de fusion que le ministre entend mettre de l'avant. Il faudra
que les enquêteurs de la Commission municipale,
délégués sur les lieux, rencontrent les
intéressés. Il y a ceux qui peuvent être en faveur ou
contre. Cela se rencontre beaucoup plus au niveau des contribuables qu'au
niveau des autorités municipales elles-mêmes. Il faudra envisager
toutes les possibilités, donner la chance à tous les
contribuables de s'exprimer. Quand je dis: tous les contribuables, le ministre
comprend très bien que je ne parle pas de chaque contribuable
individuellement. Mais il faudra donner l'occasion de s'exprimer au
contribuable de l'une ou de l'autre municipalité qui deviendra
affectée par la fusion. Il faudra que la Commission municipale
délègue des fonctionnaires soucieux de renseigner la population.
Il faudra que le ministère des Affaires municipales, que le ministre
considère attentivement les recommandations que pourra lui faire la
Commission municipale, qui résulteront de cette consultation populaire
nécessaire.
Pourquoi, M. le Président? Pour garder un esprit paroissial
nécessaire à cette nouvelle collectivité qui sera
fusionnée, pour que l'on travaille ensemble, non pas comme des
adversaires, et pour le progrès municipal.
Pour ce qui a trait à cette programmation qui découle de
la politique prévue par la loi 276 je n'ai pas l'intention
d'attaquer la loi parce que nous l'avons acceptée nous avons,
à l'époque, mentionné certains dangers. Nous avons
parlé du pouvoir dictatorial qui était laissé entre les
mains du ministre des Affaires municipales. Mais je suis sûr que le
ministre n'a pas l'intention de se prévaloir de ce pouvoir, s'il est
réellement animé du désir de garder l'harmonie dans les
municipalités qui seront fusionnées et également cette
collaboration essentielle, ce climat de bonne entente chez les contribuables,
et ce dans le but d'obtenir une meilleure administration municipale sur un
territoire donné.
Quand je parle de meilleure administration municipale, je parle toujours
au point de vue des services, quels qu'ils soient, qui devront être
complétés ou aménagés sur les territoires
donnés. En faisant l'exposé de mes remarques, je me suis
peut-être arrêté au milieu que je connais bien, mais je suis
sûr que la situation se présente également ailleurs,
partout au Québec. Je sais que mon collègue, le
député de Berthier, a également lui-même, dans son
patelin, dans son comté, des situations semblables à celles que
je viens de décrire.
Si ma mémoire est bonne, il me semble que le ministre des
Affaires municipales nous avait parlé de près de 400
municipalités qui étaient accolées à des
municipalités de paroisse. Je lis maintenant la page 10 des remarques du
ministre c'est la première fois que je me réfère
à son texte : "L'identification des municipalités fera
l'objet d'un programme de regroupement déjà
complété et la programmation sera établie d'ici quelques
semaines".
J'aimerais que le ministre nous parle de ce programme de regroupement
déjà complété. Est-ce que le ministre pourrait nous
dire combien de municipalités se verront obligées de faire face
à la fusion comme conséquence de l'adoption de la loi 276? Le
ministre pourra, du même coup, nous donner également une
idée et c'était le troisième point qu'il
ébauchait dans ses remarques concernant le regroupement du nombre
de municipalités qui seront affectées par ce regroupement des
agglomérations urbaines.
Il a parlé, je crois, d'une quarantaine à ce jour. Mais il
faut que le ministre nous fasse part de sa stratégie dans ce
domaine-là. Si le ministre emploie le terme stratégie pour
l'urbanisation municipale, il faut également qu'il nous détaille
ces expressions ou ces mots qu'il emploie à la page 10 de son lai'us de
cet après-midi: "Une stratégie de regroupement tenant compte des
agglomérations prioritaires fait actuellement l'objet d'une étude
intensive".
Je vois mal beaucoup de maires, de conseillers municipaux ou de
secrétaires-trésoriers ca-
pables de déceler quelque chose de pratique, de
practico-pratique, comme on le dit en philosophie, dans l'emploi de ces termes:
"une stratégie de regroupement tenant compte des agglomérations
prioritaires".
Dans le langage populaire, mais je sais que le ministre s'éloigne
de plus en plus du peuple, de par ses fonctions.,..
M. TESSIER: Jamais! Au contraire, mes fonctions me rapprochent davantage
du peuple.
M. PAUL: Au contraire, M. le Président, la prochaine
élection municipale le dira. De toute façon, j'aimerais que le
ministre détaille davantage sa politique dans le domaine de la
fusion.
Le ministre nous a parlé également d'une fiscalité
municipale qui commande nécessairement une action
interministérielle. Quel doit être le mode de taxation, quelle
doit être la meilleure répartition possible de la taxe municipale
et non pas tout simplement la taxe de vente? Voilà autant de
problèmes dont devra tenir compte le ministre dans la
présentation de la législation future qu'il entend proposer
à l'Assemblée nationale dans le meilleur intérêt des
contribuables.
Le ministre a oublié de nous parler dans sa fiscalité
municipale, de la fiscalité scolaire que son collègue,
l'ex-instituteur en chef de la province, l'ex-ministre de l'Education avait
élaborée dans des termes bien précis, dans des termes
clés, alors que nous étions à étudier le
célèbre projet de loi 48 sur l'évaluation municipale. Le
ministre se rappelle fort bien que nous l'avions invité à
l'époque à consulter son collègue, le ministre de
l'Education, le député de Verchères, aux fins d'en
connaître davantage sur la fiscalité scolaire que le ministre de
l'Education voulait introduire par la présentation d'une loi.
Alors, quand le ministre nous parle de la fiscalité municipale,
est-ce qu'il comprend également la fiscalité scolaire? Le
ministre nous dit non. Or, il est bien nécessaire, s'il veut être
logique dans la grande planification dont il nous a parlé cet
après-midi, qu'il y ait au moins une entente quant à la politique
fiscale à suivre par les deux ministères pour tâcher qu'il
n'y ait pas, comme conséquence de ces deux politiques fiscales, un
écrasement du contribuable. Et quand le ministre nous parle d'une
fiscalité municipale, à mon humble point de vue il en
découle, pour lui et ses fonctionnaires, l'obligation de centrer sa
législation ou sa planification sur celle qu'envisagent les hauts
fonctionnaires et technocrates du ministère de l'Education. C'est
nécessaire, c'est indispensable.
Le ministre nous a parlé d'une législation qu'il entend
présenter dans le domaine du logement et de l'habitation. Il voudrait
que les municipalités jouent un rôle beaucoup plus marqué
dans le domaine de l'habitation et spécialement de l'habitation sociale.
Encore là, M. le Président, nous attendrons les politiques du
ministre dans ce domaine. Nous souhaitons que ces politiques s'avèrent
réellement avantageuses pour les locataires québécois qui
devraient devenir, de plus en plus nombreux, propriétaires. Il est
impensable, M. le Président, que, dans la ville de Montréal, par
exemple, près de 85 p.c. de la population soit locataire, alors que
l'inverse se produit dans la ville de Toronto. Il faut donc que le ministre des
Affaires municipales introduise une politique véritablement sociale dans
le domaine de l'habitation.
Il faudra peut-être que le ministre sorte des cadres un peu
rigides de la Société d'habitation et qu'il obtienne certaines
concessions de la Société centrale d'hypothèques et de
logement pour que nous puissions avoir une politique qui réponde
à un besoin d'habitation et pour permettre au travailleur
québécois, à modeste revenu, de devenir, lui aussi,
propriétaire.
Toute mesure qu'entreprendra le ministre dans ce domaine recevra
sûrement l'accord de principe des députés
d'Unité-Québec et, j'en suis sûr, de tous les
députés d'Opposition en Chambre.
J'aurais aimé, M. le Président, que le ministre nous parle
des amendements qu'il projette ou qu'on lui a demandé d'apporter au bill
48. J'ai été prudent, j'ai dit: Que le ministre projette ou qu'on
lui a demandé d'apporter au projet de loi 48. Je me rappelle cette
fameuse rencontre qui eut lieu au mois de décembre entre le ministre des
Affaires municipales, le premier ministre, M. Albert Allain, de l'UCC. Le
premier ministre, dans le cours de l'après-midi, alors que nous
discutions d'une fameuse motion dite d'obstruction, nous avait fait part du
fait qu'il avait donné l'assurance que toute demande de modification au
projet de loi serait très bien considérée je ne dis
pas reçue de la part du ministre des Affaires municipales.
Il semblerait que certaines représentations ont été
faites de la part de l'UCC et d'autres corps intermédiaires pour que
cette loi soit amendée. Le ministre ne nous en a pas parlé, et je
suis sûr qu'il a préféré attendre sa réplique
pour apporter une réponse à ces différents points qui sont
soulevés. Je n'ai pas l'intention de parler du problème de la
communauté urbaine, non pas que je m'en désintéresse,
absolument pas, j'en ai glissé quelques mots. Je ne voudrais pas
être malhonnête, je le répète à nouveau,
à l'endroit de mon collègue le député de
Lafontaine, qui parlera sûrement de ce problème de
l'administration municipale de Montréal.
Une expérience a été tentée par
l'instauration d'une force unique de police dans tout le territoire de la
communauté urbaine, et c'est à force de vivre cette
expérience nouvelle que nous verrons si cette centralisation des
services est uniquement onéreuse pour le contribuable ou si elle apporte
réellement des avantages.
En terminant, je voudrais poser quelques questions au ministre. Je
voudrais savoir du ministre s'il projette une autre conférence
provinciale-municipale semblable à celle qu'il tenait au mois
d'avril ou de mai. Non, au mois d'avril c'était la baie James, c'est
plutôt en mai.
M. TESSIER: En mai.
M. PAUL : En avril, c'était l'annonce de la baie James. En mai,
c'était la réunion du ministre des Affaires municipales avec les
représentants des municipalités. Quel a été,
à toutes fins pratiques, le résultat de cette rencontre? Quels
avantages ont retiré les municipalités de cette conférence
provinciale-municipale si ce n'est de se faire dire par le ministre des
Finances: Je ne suis pas capable de vous aider pour le moment à cause
des obligations que la province a?
M. TESSIER: C'est exactement le contraire que le ministre des Finances a
dit à ce moment-là.
M. PAUL: Quand le ministre des Finances va-t-il réaliser ses
promesses?
M. TESSIER: Vous n'avez pas lu le discours du budget?
M. PAUL : Oui, mais je n'ai rien compris.
M. TESSIER: Cela parait que vous n'avez rien compris.
M. PAUL: C'est parce que nous y voyons des politiques contradictoires.
Le ministre des Finances n'annonce pas de taxes mais le ministre de
l'Agriculture nous présente une loi qui est un déguisement de
taxe par l'article 3.
M. TESSIER: N'insistez pas parce que, plus vous parlez, plus vous
démontrez que vous n'avez rien compris.
M. PAUL: Au contraire. J'ai dit que je n'ai rien compris de la
différence entre les grandes déclarations de principe du ministre
des Finances et les politiques qu'il demande à chacun de ses ministres
d'appliquer.
M. TESSIER: Je vais essayer de vous l'expliquer dans ma réplique,
tout à l'heure.
M. PAUL: C'est cela, très bien. Cela ne veut pas dire...
M. TESSIER: Que vous allez encore comprendre.
M. PAUL: J'admets, M. le Président, que je ne comprendrai rien.
Parce que plus le ministre des Affaires municipales parle, plus je m'interroge,
et durant que je m'interroge, je ne peux pas me concentrer, et par le fait que
je ne peux pas me concentrer, je ne peux pas comprendre toutes les paroles de
sagesse du ministre des Affaires municipales.
II y aurait également lieu de parler de cette répartition
de l'assiette fiscale. Je sais que le ministre nous a parlé de la
fiscalité municipale, mais pourrait-il nous parler de la politique de
subventions de son ministère?
Je crois que le ministre là, en aucune façon, je ne
veux faire allusion à quoi que ce soit doit considérer une
politique de subventions pour aider les municipalités qui ne
répondent pas aux normes actuellement en vigueur à son
ministère, spécialement dans la construction des systèmes
d'égout et d'aqueduc. Je vois sourire le ministre, je n'ai aucun canton
en vue, mais je sais qu'il y a un problème pour les municipalités
qui ne répondent pas aux exigences, sans doutes nécessaires, du
ministère, et cela je suis sûr que le ministre le
reconnaîtra. Il faut tenir compte que les contribuables de ces
municipalités ont également droit à des services, et
lorsque des ordonnances sont émises par l'ancien ministère de la
Santé, aujourd'hui des Affaires sociales, une inquiétude s'empare
des contribuables de ces municipalités. J'aimerais que le ministre nous
dise quelques mots sur cette politique.
J'aurais églament aimé que le ministre nous fasse un
compte rendu de l'aménagement du nouveau territoire de la
municipalité de Sainte-Scholastique, qu'il nous donnât les
résultats de cette loi que nous avons adoptée en 1970 je
crois que c'est la loi 48 l'aménagement de la nouvelle
municipalité de Sainte-Scholastique qui comprend l'aéroport
international, quels sont les services déjà en place, quelle est
la politique du ministère pour la réalisation de ce projet. Y
a-t-il eu ententes, discussions, au niveau du gouvernement
fédéral?
Voilà les quelques remarques que j'avais à faire, à
la suite de l'audition bien passive de la grande déclaration du ministre
des Affaires municipales, déclaration qui est la bienvenue parce qu'elle
nous servira de document de travail à nous de l'Opposition, qui n'est
pas toujours un travail d'obstruction mais qui doit nous inviter à
rappeler aux ministres et je ne parle pas exclusivement du ministre des
Affaires municipales leurs engagements, leur planification, et ce dans
le but d'aider, suivant nos humbles moyens, en attendant de faire davantage,
les contribuables du Québec. Je remercie les membres de la commission de
leur patience, je m'excuse si j'ai parlé un peu plus longtemps que
j'aurais voulu, et je suis sûr que si le ministre nous avait fourni le
texte, il nous aurait été plus facile de faire un tour d'horizon
de sa politique, à l'aide d'arguments ou de documents qui auraient
grandement abrégé les remarques que je croyais devoir faire au
tout début de l'étude des crédits du ministère.
M. LEDUC: M. le Président, je voudrais gentiment et poliment, pas
désagréablement, soulever un point de règlement. Si ma
mémoire est bonne, l'article 165 de notre règlement
prévoit qu'on peut parler pendant 20 minutes. Je n'ai pas interrompu le
député de Maskinon-
gé, conscient de ce règlement, dans l'espoir que les
autres porte-parole, un par parti, pourront bénéficier de la
même largesse, s'il n'y a pas d'inconvénient à ce sujet.
Etant donné que c'est une toute première commission qui
siège avec nos nouveaux règlements, je pense qu'il était
normal que nous y dérogions, de bonne foi; mais si nous nous fions
à l'article 165, je crois que nous devrions, après
l'exposé de chacun des partis, revenir au règlement et nous
limiter à 20 minutes pour chacun des postes des crédits, je pense
que ça simplifierait considérablement la discussion.
Je le fais en toute amitié et sans méchanceté. Pas
du tout.
M. PAUL: M. le Président, l'honorable député de
Taillon, en principe, a parfaitement raison. Mais, en vertu de la politique que
nous avons établie au tout début, il peut paraître
fastidieux aux collègues d'entendre les propos qui sont tenus par les
opinants. D'au autre côté, je suis sûr que le
député de Taillon conviendra que c'est abréger d'autant
l'étude globale des crédits du ministère. Ayant eu
l'occasion de me prononcer ou d'exprimer mon opinion sur différents
points, différents services, différentes directions du
ministère des Affaires municipales, c'est autant de remarques que je
n'aurai pas à faire lorsque nous viendrons à l'étude
spécifique d'un article du ministère.
De toute façon, je remercie mes collègues. C'est pourquoi
je me suis excusé d'avoir abusé en quelque sorte de leur
patience. Mais, dans l'ensemble, c'est peut-être un exposé un peu
long mais, quant à nous de l'Unité-Québec, cela
abrégera d'autant l'étude globale des crédits du
ministère des Affaires municipales. Je conviens que le
député de Taillon avait parfaitement raison de soulever
théoriquement la question de règlement qu'il a
soulevée.
M. LE PRESIDENT: Théoriquement, le député de
Taillon avait entièrement raison de soulever ce point du
règlement. En tant que président de la commission, j'avais cru
comprendre, au début, qu'il était question de faire une
espèce de tour d'horizon de tout le problème. Comme aucun membre
de cette commission n'avait soulevé ce point de règlement, je
n'ai pas senti le besoin de rappeler à l'ordre le député
de Maskinongé. J'avais quand même remarqué le temps, parce
qu'il a parlé pendant une heure, mais je pensais qu'il y avait
consentement unanime. J'accorderai quand même à tous les
représentants des différents partis le même temps pour
discuter, si vous voulez dans un premier temps, du budget global de la
commission des Affaires municipales. Chacun des partis aura le même
temps.
Par la suite, par contre, pour réduire le temps, je pense qu'il
faudrait peut-être se limiter à l'article 165 et ne parler que 20
minutes sur chacun des articles. Nous sommes quand même limités
dans le temps, soit une question d'heures, etc.
Sur une question de règlement, la parole est au
député...
M. BURNS: M. le Président, je vous avais demandé, sur la
question de règlement, d'intervenir, avec la permission de la commission
dont je ne suis pas membre d'ailleurs. Mais je pense que votre décision,
en autant qu'elle soit unanimement acceptée par les quatre partis
à la table, est tout à fait raisonnable. D'ailleurs, je remercie
le député de Taillon d'avoir soulevé ce problème.
Mon collègue, le député de Lafontaine et, j'imagine aussi,
le député de Lévis, voudront bénéficier de
cette largesse de vue que vous avez utilisée, à bon escient
d'ailleurs, à l'égard du député de
Maskinongé. Comme il l'a dit, cela va contribuer peut-être
à réduire le temps des critiques particularisées.
J'aimerais bien qu'on fasse quand même l'unanimité autour de ce
point pour que les deux autres collègues du Ralliement créditiste
et celui de mon groupement politique ne se fassent pas faire une...
M. LE PRESIDENT: Je crois constater, de toute façon, qu'il y a
unanimité de la part des membres de la commission afin d'allouer le
même temps pour tous les membres des différents partis, dans un
premier temps, pour discuter...
M. PAUL: M. le Président, d'ailleurs il y a un statut particulier
pour le ministre. Je suis sûr que, dans sa réplique, le ministre
aura à répondre à toutes les questions qui seront
posées. Nous n'avons pas l'intention de faire appel à l'article
du règlement qui prévoit un temps de parole limité.
M.LEDUC: M. le Président, sur le règlement, j'aimerais
faire une suggestion, contraire au règlement, mais qui peut être
acceptée, je pense, par les membres de la commission. C'est que nous
aurons de nos collègues qui ne sont pas membres de la commission et qui,
je sais, auront, au cours de l'étude des crédits du
ministère des Affaires municipales, à poser des questions. Est-ce
qu'on pourrait, au moment où tout est calme et que tout va vien,
s'entendre pour que ceux de nos collègues qui ne sont pas membres de la
commission et qui auraient à poser des questions puissent le faire sans
être obligés à chaque fois de demander l'unanimité
des membres de la commission pour poser des questions? Enfin, c'est une
suggestion. Je ne sais pas si les autres membres de la commission seront
d'accord sur cela. Mais, disons que quand ça va bien, c'est facile de
s'entendre. Quand ça va mal, il s'agit d'un député qui
dise non et là...
M. LE PRESIDENT: Pour être plus précis sur le
règlement, je pense que cela ne prend pas le consentement unanime mais
la majorité des voix pour permettre à un député de
parler.
M. LEDUC: Oui, la majorité des voix.
M.PAUL: Quant à nous, M. le Président, nous rejoignons la
pensée du député de Taillon. Nous donnons à
l'avance notre consentement.
M. BURNS: Pour nous, en ce qui nous concerne, nous sommes d'accord et
non seulement pour cette commission-ci mais pour toutes les commission qui
étudient les crédits.
En effet, à l'occasion, il y a des aspects d'un ministère
qui touchent à des spécialités, disons, qui sont
confiées à d'autres députés que celui qui est
membre de la commission.
M. LEDUC: On ne peut quand même pas décider pour les autres
commissions.
M. BURNS: Non, on ne peut pas décider pour les autres, mais ce
serait une bonne chose qu'on donne suite à la suggestion du
député de Taillon et qu'au moins, pour cette commission-ci, on
accepte d'avance que les autres députés pourront venir s'exprimer
à l'occasion, même ceux qui ne sont pas membres.
M. PAUL: Si nous créons un précédent, le
président d'autres commissions, en vertu de l'article 3
cinquièmement, pourra invoquer un précédent.
M. LEDUC: Exactement. Réglons notre problème...
M. LE PRESIDENT: Je pense que nous créons une jurisprudence
valable en vertu de nos règlements.
M. LEDUC: ... et nous réglerons peut-être le
problème des autres également.
M. LE PRESIDENT: Faisant suite à ce tour d'horizon, je pense
qu'il y a consentement unanime et j'accorde maintenant la parole à
l'honorable député de Lévis.
M. ROY (Lévis): M. le Président, je crois qu'en ce qui me
regarde personnellement vous n'aurez pas à m'arrêter. J'ai
écouté l'éloquent discours ou résumé que
vient de faire le député de Maskinongé. Je suis toujours
craintif quand je vois arriver un ministre ou un député avec un
texte. Seulement, je m'aperçois qu'il y a des avantages. Quand il y a 18
pages et que je suis rendu à la dix-septième, je me dis: II ne me
reste qu'une page. Le député de Maskinongé n'avait pas de
texte. Les pages, nous ne les avons pas comptées, mais il a parlé
assez longtemps, même s'il est intéressant.
L'honorable député de Maskinongé a touché
à peu près à tous les points. Il nous a dit qu'il avait
été, pendant plusieurs années, conseiller juridique de
plusieurs municipalités. Nous avons un ministre qui est avocat et le
député de Maskinongé aussi. Moi, je n'ai pas de titre. Le
seul titre que je puisse vous donner, c'est d'avoir eu une expérience
personnelle dans l'administration municipale.
M. PAUL : C'est déjà pas mal.
M. ROY (Lévis): Je crois que cela ne s'achète pas, cela
s'acquiert. Je n'ai pas appris cela dans les livres. C'est à force de
payer de ma personne que je suis venu à comprendre que
l'administration...
M. BACON: Sans intérêt.
M. ROY (Lévis): Sans intérêt toujours.
M. le Président, je veux remercier le ministre de nous avoir
présenté son mémoire qui est très
élaboré, très intéressant et qui touche à
peu près tous les points. Je vois que le ministre a pris toutes les
dispositions pour étudier ou faire étudier par les
employés de son ministère ce qui touche le regroupement des
municipalités.
En ce qui regarde mon comté, je crois que le ministre devra
être très prudent dans le regroupement des municipalités.
J'ai eu à rencontrer plusieurs maires. J'ai eu à rencontrer
plusieurs fonctionnaires des municipalités. Si on leur laisse la
liberté, ce n'est pas pour demain. Quand le ministre a parlé du
regroupement des villages avec les paroisses, il avait parfaitement raison.
Depuis trop longtemps que cela dure. J'ai, dans mon comté il y en
a dans d'autres comtés aussi trois conseils municipaux pour une
petite paroisse d'à peu près 2,000 âmes. Disons que cela
n'a aucun sens et qu'il faudra, à un moment donné, prendre des
moyens rigides.
J'ai rencontré les maires de ces petits conseils de paroisse qui
me disaient: J'ai été maire pendant des années et j'ai
accumulé quelques dollars. J'ai tant d'argent de prêté. Un
maire n'a pas le droit, au nom d'une municipalité, si les
règlements ne sont pas changés, de prêter de l'argent; il a
le droit d'en prêter en son nom. Les municipalités doivent
administrer l'argent et on impose des taxes pour les dépenses qu'on a.
Je crois bien que ces municipalités sont des prêteurs d'argent,
parce qu'administrer une municipalité et administrer un commerce
personnel, ce n'est pas la même chose.
Je crois que le ministère devra prendre ses
responsabilités, avec le consentement de l'Assemblée nationale,
et que nous devrons, dans ces cas, prendre des moyens peut-être un peu
plus rigides.
En ce qui regarde les municipalités qui sont très bien
organisées, il faudra être délicat, comme je vous l'ai dit
tout à l'heure. Une municipalité qui est déjà
très bien organisée ou une ville ne devrait pas être
forcée à s'annexer à une autre ville qui est, elle aussi,
très bien organisée. Je crois que ce serait un
précédent un peu rigide que d'obliger, ces gens à se
fusionner ou à faire seulement une grande municipalité. Je n'ai
jamais vu une chose non rentable, devenir de plus en plus rentable en la
grossissant. Si une municipalité n'est pas rentable, ce n'est pas en la
fusionnant à une autre municipalité qui n'est pas rentable qu'on
l'améliorera, si elles sont organisées. Quand il s'agit d'une
municipalité qui n'est pas organisée et qui
demande des emprunts assez considérables pour s'organiser, je
crois que le ministère devra prendre ses responsabilités et
peut-être prendre les moyens nécessaires pour qu'elle se
fusionne.
Je sais qu'être ministre, au temps qui passe, ce n'est pas un
cadeau. Nous avons des problèmes. Nous avons des problèmes avec
les employés municipaux, nous avons des problèmes avec la police,
nous avons toutes sortes de problèmes. Vous en avez même avec le
gouvernement, qui ne sont pas réglés. Donc, je crois que, dans
les circonstances, il ne faut pas essayer de faire de la politique et de se
détruire politiquement, en disant: Moi, je suis d'un parti et l'autre
est d'un autre parti. S'il fait adopter cela, il s'en donnera le mérite
plutôt qu'à un autre. Je crois que jamais on n'arrivera à
faire un Québec qui soit rentable en faisant ces choses.
M. le Président, j'ai eu à vivre ces choses. J'ai
rencontré, justement hier, un de vos collègues, le ministre
responsable de l'environnement. Je suis venu avec une délégation
de mon comté pour régler un gros problème, celui des
ordures ménagères. Nous avons, sur la rive sud, un gros
problème. Je crois qu'il nous faudra avoir une entente pour que, avec la
coopération du ministère, on puisse, une fois pour toutes,
régler ce problème.
M. le Président, je ne m'attarderai pas, parce qu'il est
déjà six heures moins quart. Je voudrais laisser l'avantage
à mon collègue qui, d'après ce que je peux voir, a
beaucoup de choses à dire. Je vois ses notes. Je ne m'attarderai pas,
non plus, sur les communautés urbaines parce que je crois que c'est une
affaire pour les nouvelles municipalités. En ce qui nous concerne, nous
de la rive sud, je crois que, pour le moment, c'est réglé. Pour
les communautés urbaines déjà existantes, je laisserai
à nos collègues, qui connaissent très bien la situation,
le soin de la régler. Merci beaucoup, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, en lisant le titre du texte du
ministre des Affaires municipales et en voyant sa préoccupation
première, qui est la planification, je n'ai pu que me féliciter
et féliciter notre parti qui a, depuis que nous sommes à
l'Assemblée nationale, fait mention de ce manque qu'il y avait au
ministère des Affaires municipales. Si, à la suite de nos
remarques et de nos attaques régulières sur ce sujet, le ministre
a réalisé l'importance de cette question, je dois le
féliciter de l'avoir fait.
Deuxièmement, nous nous félicitons d'avoir rempli notre
rôle d'opposition qui est de sensibiliser le gouvernement aux oublis, aux
imperfections de son administration.
Cependant, en regardant à l'intérieur du texte et en
écoutant le ministre tantôt, j'ai remarqué qu'il passait
très vite du mot "planifi- cation" à "stratégie de
développement". C'est. justement ceci qui nous permet de constater que
ses intentions sont bonnes, mais que les moyens qu'il prend actuellement ne
sont pas nécessairement ce qu'on peut appeler une planification
d'ensemble.
Ce sont beaucoup plus des stratégies de développement
local, ce sont des études que le ministère entend faire
concernant des ilots isolés. J'en fais mention en parlant de
l'étude Hanigan pour la Communauté urbaine de Montréal,
étude qui n'est pas commencée, mais que le ministre proposait de
faire concernant la Communauté urbaine de Québec et la rive sud
de Québec.
Je vois dans ses propositions encore un autre îlot isolé,
un plan d'aménagement pour Gaspé-Percé, un autre pour
Matane. Il y a un autre domaine de stratégie de développement
dans la région aéroportuaire. Un peu plus loin, on veut essayer
de faire des études concernant le regroupement des paroisses et des
villes, le regroupement d'agglomérations urbaines et aussi un
regroupement à l'intérieur des trois communautés urbaines
que nous connaissons actuellement.
Tout ceci démontre justement que le point central de nos
revendications n'a pas été compris par le ministère, parce
que nous avons proposé une planification d'ensemble. Au Québec
actuellement la priorité, je pense, touche le domaine de la
réforme fondamentale qu'il faudrait avoir dans l'administration
municipale de tout le Québec.
Je ferais peut-être un court retour en arrière en rappelant
qu'il y a déjà eu un problème majeur dans le domaine de
l'éducation et qu'à ce moment on a cru bon de former la
commission Parent qui a étudié les implications du domaine de
l'enseignement pour tout le Québec. A la suite de ce rapport Parent, il
y a eu des lois de votées, une redistribution des fonctions et une
nouvelle politique d'éducation. Je ne dis pas qu'elle est parfaite,
parce qu'il y a beaucoup de manques dans cette nouvelle orientation, mais elle
a quand même servi de document de base pour étudier le domaine de
l'éducation.
Il y a eu la même chose dans le domaine de la santé,
où un gouvernement a proposé une commission qui s'est
appelée la Commission d'enquête et d'étude
Castonguay-Nepveu. A la suite de cette commission d'enquête sur un
problème de santé nationale au Québec, est arrivé
le rapport Castonguay-Nepveu qui a servi de base au bill 65 et à
différents domaines de réforme au niveau de la santé.
Il y a eu aussi la commission Prévost qui a fait une étude
globale sur les problèmes de la justice et qui a servi de base au bill
10 concernant l'aide juridique et à la réforme des services de la
police. Je pense qu'aujourd'hui la priorité du Québec est au
niveau de l'administration municipale dans son ensemble.
C'est, je crois, une chose sur laquelle le ministre devrait s'attarder.
On semble vouloir régler les problèmes par des cataplasmes un
peu
partout dans le Québec, on n'essaie pas d'avoir une politique
d'ensemble basée sur une planification de tous les besoins. Le ministre
a sorti un livre blanc, livre blanc que nous pouvions accepter concernant la
partie où il mentionnait les problèmes qu'il voyait au
Québec. Je pense que je vais le féliciter là-dessus.
Il a sorti des problèmes majeurs que je diviserai en deux,
d'abord celui de la trop grande quantité de petites villes ou de petites
municipalités au Québec. Il y en avait à ce
moment-là 1,600. Tantôt, j'ai posé la question: Où
en est-on rendu' maintenant qu'il y a plusieurs regroupements et fusions? Mais
il y avait trop de villes et nous avions remarqué de notre
côté que sur ces 1,600 municipalités au moins 1,100 avaient
une population inférieure à 1,500 citoyens.
Ce problème amenait comme conséquences que les pouvoirs
fiscaux étaient réduits dans ces municipalités, les
services étaient inadéquats, trop coûteux; il était
impossible de planifier un développement de territoire, un
développement industriel dans ces petites
municipalités-là. Leur budget était trop faible et les
pouvoirs de taxation étaient insuffisants, compte tenu de la population
qu'elles desservaient, pour donner les services adéquats.
Il y avait aussi le deuxième palier, c'était le
problème du fonctionnement à l'intérieur des
communautés urbaines comme celles de Montréal, de Québec,
de l'Outaouais et de la ville de Laval. Et à ce moment-là on a
réalisé qu'il manquait dans ces structures une certaine
souplesse. Ces structures rigides amenaient on l'a vu à
l'occasion de l'étude du budget de la Communauté urbaine de
Montréal une impasse et il fallait que la Commission municipale,
le ministère des Affaires municipales trouvent une solution devant ce
problème.
On s'est aperçu aussi qu'il y avait tellement de villes à
l'intérieur de cette communauté urbaine, qu'il y avait des
intérêts tellement différents qu'on avait de la
difficulté à fonctionner. On s'est aperçu aussi qu'il y
avait des problèmes à l'intérieur de la communauté
urbaine en fonction du pouvoir de taxation directe alors que les élus
étaient nommés à des postes par des élections
indirectes. Il y avait aussi le problème de la fiscalité, des
capacités financières de taxation pour cette
agglomération-là. Il y avait aussi le problème de
regroupement interne de ces municipalités.
Alors, devant tous ces problèmes le livre blanc du ministre s'est
heurté à une opposition de tous les coins du Québec et,
plutôt que de nous présenter un autre livre ou de repenser ce
domaine municipal au Québec, il a seulement fait disparaître son
livre blanc. M. le Président, la preuve que, justement, il n'y a pas
cette planification d'ensemble, c'est qu'on surgit avec un comité
Hanigan qui ne règle que le problème de Montréal, alors
qu'on devrait penser à une politique générale du
Québec en tenant compte de critères qui ne peuvent être
trouvés que par une commission d'étude. Celle-ci aurait un mandat
précis, un mandat vaste, avec la possibilité de recruter un
personnel compétent, et un budget suffisant pour être capable de
réaliser quelle devrait être, au Québec, la taille des
futures municipalités, agglomérations et communautés. De
même quelle devrait être point aussi essentiel la
densité de ces municipalités-là et quelle devrait
être la direction de l'évolution démographique. Autrement
dit, ces futures municipalités devraient avoir toutes les
possibilités de fonctionner à l'intérieur de nouvelles
normes qu'on leur donnera. Ce n'est pas en réglant des problèmes
locaux qu'on va trouver cette solution.
Voici un exemple frappant. Si, dans un avenir prochain, à moyen
ou à long terme, on trouvait que la solution était des
gouvernements régionaux, comme on en soulignait l'importance dans le
rapport LaHaye. On avait donné, à ce moment-là, à
la commission LaHaye un mandat pour l'étude de l'urbanisme. Ce mandat
sur l'urbanisme a obligatoirement débouché sur les
problèmes des gouvernements régionaux à un palier
supérieur. Par la suite, on est allé au domaine de l'Office du
plan et finalement on a abouti au fait qu'il fallait nécessairement que
ces problèmes reviennent au conseil des ministres.
On passait par un domaine particulier pour arriver, tout à coup,
à l'ampleur du problème. Actuellement, on ne règle pas le
problème parce qu'on n'a pas défini à la base quel devrait
être, dans l'administration municipale au Québec, le seuil de
densité de population qui permettrait d'avoir la capacité
administrative nécessaire pour résoudre les problèmes des
municipalités. Contrairement à ce que disait le
député de Lévis tantôt, ce n'est pas parce qu'une
municipalité n'est pas rentable dans son fonctionnement actuel qu'en la
mettant avec d'autres municipalités le problème sera quatre fois
plus grand s'il y a quatre municipalités qui ne sont pas rentables.
C'est un raisonnement qui n'est pas acceptable parce que la capacité
administrative d'une municipalité provient justement de l'aptitude du
personnel municipal à promouvoir le développement autonome de
cette municipalité dans ses politiques municipales, c'est-à-dire
une réponse du gouvernement local, régional ou municipal aux
pressions et aux défis de son environnement physique et social.
Ce qui veut dire que les besoins de cette communauté devraient
trouver leur solution à l'intérieur d'une municipalité ou
d'une communauté quelconque qui aurait alors la possibilité de
répondre à ces besoins. Dans le livre blanc du ministre, il nous
a été proposé sept responsabilités de base qui
devraient échoir à ces communautés municipales. On parlait
de l'aménagement du territoire, de la promotion économique du
fonds industriel, de l'évaluation foncière, du traitement des
données, des voies de circulation, de l'office d'habitation et du
contrôle de l'environnement. Depuis ce temps je
pense que le ministre sera d'accord avec moi il y a encore deux
autres responsabilités qui devraient être données à
ces communautés municipales, soit le domaine du loisir on sait
les problèmes que l'on a au Haut Commissariat parce qu'il n'y a pas de
politique du loisir; les municipalités ont cette responsabilité
et elles devraient l'avoir de plus en plus, pourvu qu'il y ait une politique
globale et qu'elles aient les moyens de la réaliser et le domaine
des commissions de transport, du transport en commun à
l'intérieur des municipalités. C'est encore un autre point, une
autre responsabilité qui devrait échoir à ces
municipalités. C'est la raison pour laquelle on devrait
découvrir, à travers cette commission d'étude, la
capacité administrative normale, le seuil sur lequel on peut dire: Elle
a les possibilités de réaliser ses responsabilités. Il
faut tenir compte du fait que si la ville est trop grosse, elle est trop
éloignée de la population, elle manque de lien direct avec la
population.
Si elle est trop petite et si elle est très proche de ses
contribuables, elle ne devient plus un interlocuteur valable pour le
gouvernement du Québec parce qu'il y en aurait trop de ces petites
municipalités et chacune n'aurait pas le poids nécessaire pour
faire valoir ses droits. Il y a un juste milieu, un équilibre et seule
une commission d'enquête générale pourra établir
d'une façon théorique et pratique ce seuil de capacité
administrative.
Une municipalité, pour pouvoir s'administrer convenablement, doit
atteindre une capacité d'ordre de planification. Si on divise un peu les
possibilités d'administration des municipalités, il y a trois
niveaux. Vous avez d'abord un niveau normal de toutes les petites
municipalités du Québec, qui est un niveau d'exécution;
c'est-à-dire qu'il n'y a pas de politique d'ensemble, on ne fait
qu'exécuter selon ce que le gouvernement peut lui
déléguer. A ce moment-là, ça coûte beaucoup
moins cher concernant la qualité des fonctionnaires et le nombre de
fonctionnaires parce qu'ils n'ont qu'un niveau d'exécution; les petites
municipalités peuvent se permettre cela. Mais, dans les
responsabilités, qu'on veut donner à ces futures
municipalités il faut aller à un niveau plus élevé
de responsabilités.
D y a aussi le degré de responsabilités qu'on appelle de
conception technique, c'est-à-dire que le personnel de cadre de ces
municipalités a les possibilités de concevoir des techniques pour
fournir les biens, les services et l'équipement à cette
municipalité. Ce degré d'administration municipale ne requiert
pas un budget plus élevé, une qualification tellement forte mais
c'est quand même supérieur à ce qu'on a dans les petites
municipalités.
Finalement, il y a le degré, je pense, qui devrait être
atteint au niveau d'une capacité administrative dans les
municipalités, c'est celui de la planification. Il faudrait qu'une
municipalité, une communauté municipale ou un palier quelconque
d'administration municipale soit capable d'atteindre les objectifs suivants:
Qu'ils soient capables, à l'intérieur de cette
municipalité, de faire les études sur l'évaluation des
besoins d'abord ça touche une planification locale
suggérer des objectifs satisfaisant aux besoins et aux
réalisations de ces solutions à ces problèmes. Faire
l'évaluation de ces objectifs et l'impact aussi, les conséquences
de ces objectifs qu'il faut réaliser et finalement établir et
contrôler les programmes annuels pour réaliser ces objectifs. Pour
arriver et atteindre ce niveau important de capacité administrative, il
faut nécessairement qu'on ait le personnel voulu en quantité et
en qualité et ça requiert à ce moment-là un budget
suffisant. Les communautés et les villes actuellement n'ont pas ce
budget et cette possibilité de l'atteindre.
Il y a aussi, et nous arrivons à un autre point important pour
une capacité administrative, la densité de population.
Dans tout le Québec, il y a des régions tellement vastes
qu'il est impossible de penser avoir une population suffisamment grande dans
ces municipalités pour qu'elles puissent obtenir les revenus de taxation
nécessaires pour atteindre ces objectifs. Il y a quand même des
impossibilités au niveau de la densité. Il y a des régions
du Québec qui sont tellement vastes qu'il y a des agglomérations
de population trop petites pour permettre justement d'accorder des services.
Cela coûterait trop cher pour les donner à une population qui est
étendue sur un territoire trop vaste.
Finalement, il y a une évolution démographique. Il y a des
régions du Québec qui sont en train de se vider de leur
population parce qu'elles n'ont pas les services nécessaires et qu'il
n'y a pas un centre de développement économique pour procurer de
l'emploi aux gens. Ils se dirigent donc vers les centres urbains les plus
populeux.
Donc, il faut savoir évaluer, dans ces futures étapes,
quelle devrait être l'évolution démographique de ces
régions. Je pense que, si on veut faire disparaître le
problème qui existe actuellement où une ville comme
Montréal est une grosse agglomération qui extirpe toute la
population du reste du Québec pour devenir un monstre économique
et social, il faut trouver un certain équilibre dans le reste du
Québec. Je pense que c'est une préoccupation première que
le ministère devrait avoir. La seule solution, ce sont des gouvernements
régionaux à un palier situé entre le ministère des
Affaires municipales et la petite municipalité. Une commission
d'étude, d'enquête pourrait établir quelles
responsabilités précises devraient aller à ces
gouvernements régionaux et quelles autres responsabilités locales
devraient être données aux petites municipalités qui
seraient à l'intérieur de ces gouvernements régionaux.
S'il y avait ces gouvernements régionaux une commission
d'enquête nous donnerait une réponse avec les implications et les
con-
séquences on pourrait permettre à des
régions en particulier de réaliser leur vocation
régionale. Chaque région du Québec a une vocation propre
qu'il faut trouver. Certaines l'ont peut-être déjà
trouvée, mais il faut les aider à la réaliser. Ceci
amènerait un dynamisme dans ces différentes régions et une
saine émulation entre elles. Ceci amènerait une richesse à
l'intérieur de ces gouvernements régionaux, des capitales
régionales. Ce sont des centres de polarisation qui amèneraient
justement des services tellement essentiels que les habitants autour de ces
régions seraient nécessairement intéressés à
y demeurer, à participer au développement régional et
à agrandir la force économique des pouvoirs de ces
régions.
Finalement, ce sont des centres de polarisation qui pourraient permettre
une décentralisation administrative au Québec, une
décentralisation économique et donner un équilibre,
à travers tout le Québec, dans ces domaines que je viens de
mentionner.
M. le Président, il est six heures.
M. LE PRESIDENT: Je vois qu'il est six heures. Nous pourrions suspendre
les travaux jusqu'à 20 h 15 et les reprendre à ce
moment-là. La commission suspend ses travaux jusqu'à 20 h 15.
(Suspension de la séance à 18 heures 2)
Reprise de la séance à 20 h 25
M. PHANEUF (président): L'honorable député de
Lafontaine.
M. LEDUC: M. le Président, juste avant que l'honorable
député de Lafontaine commence, je voudrais, tout simplement,
qu'il remercie les membres de la commission de l'avoir attendu pendant huit
minutes, alors que nous aurions pu déclarer quorum et lui faire perdre
son droit de parole. Je pense que c'est un geste délicat de la part des
membres de l'Opposition et du gouvernement. Je suis assuré qu'en
conséquence il tiendra compte de cette délicatesse au cours de sa
prochaine intervention.
M. PAUL: M. le Président, je peux vous assurer qu'il y aurait eu
assez de discussions que le député de Lafontaine aurait eu le
temps de revenir. Si l'honorable député de Taillon avait
osé demander le vote, d'ailleurs, M. le ministre m'avait dit: Tu
parleras s'il y a une telle motion de la part du député de
Taillon.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: Je pensais que les cloches sonneraient comme cela se fait
avant les séances de l'Assemblée nationale.
M. LEDUC: Vous marchez à la cloche.
M. LEGER: Je vous remercie d'avoir attendu. De toute façon, j'ai
l'impression qu'il n'y avait pas quorum quand même.
M. LEDUC: On aurait pu déclarer quorum, quand même.
M. LEGER: Ah bon! Alors, M. le Président, j'étais en
train, cet après-midi, avant la suspension pour le souper, d'expliquer
que, selon notre optique, une véritable planification au Québec
devrait tenir compte d'une étude non pas uniquement de certains endroits
ou de certains secteurs du Québec au niveau des affaires municipales,
mais de l'ensemble de l'administration municipale.
C'est la raison pour laquelle la seule façon, selon nous,
d'atteindre cet objectif, c'est une commission d'enquête de la même
ampleur que celle que nous avons eue pour la santé, pour
l'éducation et pour la justice.
M. le Président, cette commission d'enquête, en ce qui nous
concerne, devrait avoir comme mandat de déterminer, à
l'intérieur des impératifs actuels, en vue de l'efficacité
administrative, d'abord, et de l'exercice démocratique du pouvoir,
ensuite, c'est-à-dire de la participation de la population, les
matières suivantes: d'abord, la place je pense que c'est la
première chose qu'il faut demander de la décentralisation
administrative de l'Etat. Est-ce que l'Etat de-
vrait aller vers une décentralisation administrative ou vers une
déconcentration? Actuellement, nous avons, un peu partout dans le
Québec, des fonctionnaires du gouvernement qui ont des
responsabilités dans certaines régions, mais qui n'ont pas une
autonomie de décision. C'est donc dire qu'une population, dans une
certaine région, ayant des problèmes communs, ne peut pas, par le
truchement d'un organisme ou d'un palier de gouvernement, établir ses
priorités en ayant, en même temps, les outils pour les
réaliser, c'est-à-dire la capacité administrative, soit de
taxation, d'une part, soit de responsabilité, d'autre part.
Cette première responsabilité, justement, ce serait de
trouver la place de la décentralisation administrative de l'Etat.
La deuxième responsabilité serait: les fonctions ou les
responsabilités administratives au niveau local et au niveau
régional. Est-ce qu'il devrait y avoir quatre paliers d'administration?
Est-ce qu'on devrait partir du palier municipal et aller au palier provincial
ou s'il devrait y avoir un palier entre les deux, qui pourrait être un
gouvernement régional, ou s'il devrait y avoir deux paliers entre la
palier provincial et le palier municipal? Est-ce qu'il devrait y avoir un
palier en-dessous du gouvernement régional, qui pourrait être une
communauté, telle qu'on l'entend actuellement? Ce sont des questions
auxquelles on ne peut pas donner de réponses immédiatement parce
qu'il n'y a jamais eu d'études sérieuses du gouvernement
régional et de la décentralisation de l'administration, au niveau
du Québec.
Une troisième responsabilité devrait être
donnée à cette commission d'enquête. C'est l'organisation
des territoires et des structures. Actuellement, on donne à la
communauté urbaine un travail d'étude, que je trouve bien normal,
mais qui n'est que local et qui ne tient pas compte de l'équilibre
à travers tout le Québec. C'est ainsi qu'à
l'intérieur de la Communauté urbaine de Montréal on se
demande comment s'organiser, alors qu'il se pourrait fort bien qu'une
étude en profondeur, au niveau provincial, établisse que des
sections ou des portions des communautés urbaines de Montréal, de
Québec ou de l'Outaouais devraient être divisées autrement,
en répondant à d'autres impératifs autour du
territoire.
Finalement, un autre mandat, c'est le financement. Devrait-on donner un
champ de taxation bien précis à ces communautés urbaines
ou à ces gouvernements régionaux? Autrement dit, faudrait-il
libérer un territoire de taxation pour que seules les
municipalités puissent y avoir accès? Faudrait-il, aussi,
continuer à donner des subventions à ces nouveaux gouvernements
régionaux? Devrait-on, aussi, tenir compte d'un système de
péréquation entre différentes régions du
Québec qui sont plus ou moins riches et qui auraient besoin, justement,
de cette péréquation pour leur permettre de s'administrer?
Finalement, pour que toute commission ne trame pas en longueur, il faut
nécessairement établir un calendrier de mise en oeuvre de ces
décisions.
M. le Président, il y a certains autres points que j'aimerais
apporter concernant le fait que cette commission d'enquête devrait
déterminer, et c'est la chose de base, justement: les normes de
capacité idéales pour répondre aux besoins d'une
administration municipale saine, en 1972.
M. le Président, il faut tenir compte du problème suivant,
celui du mode de représentation. Actuellement, dans une
communauté urbaine comme celle de Montréal, des personnes sont
indirectement élues et ont des responsabilités de taxation
auprès de citoyens. Ces citoyens n'ont pas le pouvoir de les
élire. Elles sont élues indirectement. Je prends l'exemple d'une
personne qui va siéger à l'intérieur de la
Communauté urbaine de Montréal, au comité exécutif,
et qui est en même temps maire d'une municipalité.
Parce que la communauté urbaine doit proposer certaines formes
d'administration, certaines taxes et que la population n'aurait pas à
les élire, les gens auraient le même problème que nous
avons au fédéral et au provincial. Ils aimeraient tel maire. Par
exemple, dans ma municipalité, vous avez le maire Rivest, le maire
Benoît à Pointe-aux-Trembles et à Montréal-Est. IL
se peut que le maire Benoît soit très bien accepté par ses
commettants de Pointe-aux-Trembles. Mais il est élu comme maire de
Pointe-aux-Trembles.
Par la suite il va siéger à la Communauté urbaine
de Montréal. Il pose des gestes comme administrateur élu et les
gestes qu'il pose ne conviendraient peut-être pas à une population
qui a à voter. Et ces gens-là ne pourraient changer cette
administration qu'en empêchant le maire Benoit ou le maire Rivest
d'être maire de leur ville, alors qu'ils peuvent être très
satisfaits de leur rôle comme maire d'une ville.
Il faut auprès de la population une élection qui serait
directe, parce que ces gens ont un pouvoir administratif direct
vis-à-vis de la population. Là aussi, quelles devraient
être les structures administratives de ces villes et de ces
communautés? Quelles devraient être les différentes
compétences dans une petite municipalité ou dans une grande
municipalité?
Il faut déterminer justement jusqu'où pourrait aller cette
autonomie de décision.
Dans tout le Québec actuellement, nous sommes dans un fouillis au
niveau des régions administratives des différents
ministères. En effet, le gouvernement, au lieu de donner l'exemple, de
s'organiser sur des bases régionales qu'il avait lui-même
suggérées et cesser d'émietter ses propres services au
hasard des vieilles habitudes comme des nouveaux caprices souverains de
certains ministères...
Actuellement, le ministère de l'Education continue de
découper le Québec à sa façon tandis que le
ministère des Affaires sociales le
découpe à la sienne. Le ministère de la Justice a
ses propres districts qui sont différents des autres administrations
régionales de certains ministères. Vous avez aussi le
ministère administratif du Travail et de la Main-d'Oeuvre qui ne tient
absolument pas compte des divisions administratives du ministère de la
Voirie et des Travaux publics.
Je pense qu'une étude complète au niveau du Québec
de ce découpage administratif du Québec tenant compte des effets
des autres ministères pourrait nous donner une administration plus saine
au Québec.
D y a une autre chose qui est très importante, et on le voit.
J'ai travaillé durant les derniers mois à une opération
qu'on a appelée l'Opération Mars, à travers tout le
Québec, pour le financement de notre parti. J'ai réalisé
qu'il existe de plus en plus, dans le Québec, une conscience
régionale. Autrement dit, il y a des choses qui se font dans une
région et qui relèvent justement typiquement de la façon
d'agir, de penser et d'élaborer des projets d'une région. Et
quand j'étais au Saguenay-Lac-Saint-Jean, sur la Côte-Nord,
à Rimouski, dans la région du...
M. TESSIER: Vous ne venez d'apprendre ça qu'au mois de mars?
M. LEGER : J'ai dit que je venais de réaliser...
M. TESSIER: Comment se fait-il que vous ne savez pas ça depuis
vingt ans?
M. LEGER: Bien écoutez, moi je n'ai pas encore été
au pouvoir, et si vous n'avez pas été...
M. TESSIER: Bien le pouvoir ou l'opposition, il s'agit d'être un
simple citoyen du Québec, tout le monde sait ça.
M. LEDUC: Cela n'est pas le pouvoir.
M. TESSIER: Cela n'est pas nécessaire de faire des campagnes de
souscription pour apprendre ça.
M. LEGER: Alors, M. le Président, je voulais simplement illustrer
pour le ministre que cette conscience régionale existe et que c'est un
argument de plus pour établir, justement, cette émulation qui
pourrait exister entre les différentes régions, ces centres
polarisateurs d'intérêt, de forces centrifuges et
centripètes qui existent dans ces régions-là, qui
pourraient servir au point de restructurer tout le Québec sur une base
administrative, tenant compte de cette conscience régionale.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que mon honorable ami me
permettrait une question?
M. LEGER: Oui.
M. PAUL: Est-ce que la thèse qu'il nous expose actuellement ne
vient pas en contradiction quelque peu avec la conception que le Parti
québécois a de la redistribution de la carte
électorale?
M. LEGER: Je pensais que vous étiez pour parler de notre
manifeste dans lequel nous parlons de ces choses-là.
M. PAUL: Je vous ai posé une question précise.
M. LEGER: M. le Président, nous avons un document de travail.
M. LE PRESIDENT: Juste une petite nuance quand même. Il ne
faudrait pas dévier de l'ensemble de la discussion, parce que je pense
qu'on est toujours en train de discuter des affaires municipales. Oui, je pense
qu'on ne devrait pas s'embarquer dans la redistribution de la carte; il y a
déjà des commissions, il y a déjà des études
qui ont été faites. On pourrait peut-être limiter le
débat à l'étude proprement dite du budget qui est en
cours.
M. LEGER: Je voulais tout simplement et rapidement dire que ce sont des
documents de travail qui vont servir aux congrès régionaux au
mois de juin, puis au congrès national. Il est entendu que chaque
personne peut apporter son point de vue là-dessus; c'est ce qui fait
justement la richesse de ce recours à l'opinion de tous nos membres. Il
se peut fort bien que dans ce que j'apporte là il y ait certaines
nuances qui diffèrent de ce manifeste, mais c'est justement ce qui fait
la différence de la discussion qu'il peut y avoir au sein du parti.
C'est cet apport de chacun dans la discussion.
M. le Président, je voudrais aussi répondre à
certaines...
M. TESSIER: Est-ce une partie de votre discours au congrès du
mois de juin que vous êtes en train de nous lire là?
M. LEGER: Certains des éléments seront sans doute sujets
à discussion.
M. TESSIER: Cela transpire.
M. LEGER: M. le Président, ce qui transpire de la
présentation du ministre, je vais essayer de...
M. TESSIER: Je suis bien heureux de l'entendre, je n'aurai pas besoin
d'aller à votre congrès.
M. LEGER: Vous auriez été le bienvenu, parce qu'il y a des
chemins de Damas pour tout le monde.
M. le Président, je dois quand même féliciter le
ministre. Quand c'est bon, c'est bon. Quand ce n'est pas bon, ce n'est pas bon,
selon notre
point de vue. Je ne suis pas tellement satisfait de la façon dont
le ministre apporte des solutions, mais quand il en apporte de bonnes, il faut
que je le dise. Je pense que la technique de comptabilité municipale et
les techniques de gestion qu'il veut présenter sont une bonne chose, et
j'espère qu'en plus d'établir une méthode de
fonctionnement au niveau de l'administration municipale et de la
comptabilité, il pourra aller jusqu'à donner peut-être des
cours aux secrétaires-trésoriers des municipalités, pour
qu'ils puissent comprendre ce que le manuel veut dire.
Un peu plus loin, on parlait du regroupement à l'intérieur
des trois communautés existantes: "Des études sont actuellement
en cours et, dans chaque cas, les unités de regroupement pourront
être décrétées avant la fin de l'année." Il
me semble que ceci vient un peu en contradiction avec l'autre affirmation
concernant la commission Hanigan qui, elle, aura un an pour faire son travail,
alors qu'on dit qu'on veut avoir le résultat de ces unités de
regroupement, à l'intérieur des communautés existantes,
avant la fin de l'année. S'ils ont un an pour faire le travail, c'est
impossible à moins qu'ils ne soient convaincus qu'ils ne prendront pas
un an pour le faire.
Concernant le regroupement des paroisses et des villages,
"l'identification des municipalités pouvant faire l'objet d'un programme
de regroupement est déjà complétée et la
programmation sera établie d'ici quelques semaines." Le ministre
tantôt, dans sa réponse, pourrait-il nous donner des
détails, les grandes lignes là-dessus, s'il est si près de
la présentation de ce programme de regroupement?
Le troisième point que le ministre apportait est le regroupement
des agglomérations urbaines. "Du périmètre de
développement des principales agglomérations urbaines du
Québec, au moins une quarantaine ont été
analysées..." Le ministre pourrait-il me dire, tantôt, où
ont été faites ces études et quelles sont ces
unités de regroupement? Pourrait-il nous donner une liste de ces
unités de regroupement qui ont été étudiées
jusqu'à présent et dire quelles sont les échéances
pour que ces unités de regroupement puissent atteindre la limite de
leurs objectifs? Combien le ministre pense-t-il qu'il y en aura avant la fin de
l'année 1972?
Un peu plus loin, on parle de recherches très poussées qui
seront entreprises sur la fiscalité municipale. Le ministre pourrait-il
nous donner les idées principales, les idées maîtresses,
qui ressortiraient de ces études? Quel est le mandat précis qu'on
déterminera pour les recherches qui seront entreprises? On parle aussi
de l'habitation. Au niveau de l'habitation, certains points ne sont pas clairs
dans le texte, et que j'ai relevés pendant qu'il parlait. Comment se
fait-il le ministre pourra peut-être me répondre
tantôt que le rapport de la Société d'habitation du
Québec de 1970 n'ait pas encore été
déposé?
M. TESSIER: Pardon?
M. LEGER: Le rapport des activités de la Société
d'habitation du Québec pour l'année 1970 n'a pas
été déposé.
M. TESSIER: De 1970?
M. LEGER: De 1970. Un autre point que le ministre a aussi soulevé
est celui d'une mission technique et d'un protocole d'entente avec les
fonctionnaires de l'Ontario.
M. TESSIER: Excusez-moi. J'aimerais bien, pour que ce soit inscrit au
journal des Débats. Je veux répondre à votre question:
Pourquoi le rapport 70/71 de la Société d'habitation
n'a-t-il pas été déposé? Le travail des
vérificateurs a duré plusieurs mois, c'est ce qui a
retardé l'impression du rapport, lequel est présentement à
l'imprimerie, de sorte qu'il devrait être déposé à
l'Assemblée nationale très prochainement.
Je pourrais peut-être ajouter que le système
d'entrées aux livres et de comptabilité a été
amélioré à la Société d'habitation de sorte
que le prochain rapport, c'est-à-dire 71/72, devrait suivre, de quelques
semaines ou de quelques mois, de très près celui de 70/71.
M. LEGER: M. le Président, le ministre parlait tantôt de ce
protocole d'entente avec l'Ontario, je pense que c'est une bonne solution. J'ai
d'ailleurs déjà félicité le ministre des
Communications, qui avait aussi le même projet. Je pense que ça
peut permettre, avec la force qu'ont ensemble le Québec et l'Ontario
à l'intérieur de la Confédération, pendant que nous
y sommes encore, d'aller chercher le plus possible de revenus. Cela peut
permettre d'obtenir du fédéral qu'au Québec comme en
Ontario, si elle le désire, ce soient nos priorités, nos projets
qui comptent, que le fédéral ne se contente que de remettre
l'argent aux provinces pour qu'elles établissent leurs propres plans et
qu'il ne s'ingère pas dans des choses de compétence
provinciale.
Je pense qu'on a remarqué que le gouvernement
fédéral tient tellement à prouver qu'il est un outil
essentiel et important qu'il s'ingère un peu partout et qu'il fait des
dépenses qui ne sont pas nécessairement selon les
priorités du Québec. Je pense qu'il est très important
que, par ce protocole d'entente avec l'Ontario, on fasse valoir ce point
précis que le fédéral nous remette l'argent et que la
province ait ses propres priorités, selon ses besoins.
J'aurais plusieurs questions à poser au ministre, mais je ne veux
pas les donner en vrac, parce qu'il y a trop de réponses importantes. Je
suis convaincu que mes confrères ont certainement des questions à
poser. Mais toujours à l'article 1, dans les choses
générales je ne voudrais pas prendre tout le temps, j'ai
peut-être déjà pris trois quarts d'heure mais
j'aurais certaines questions; on peut m'interrompre et en poser, je ne
veux pas prendre tout le temps comme la première question bien
précise au ministre, je vais demander ceci.
M. PAUL: M. le Président, pour l'économie de notre
travail, n'y aurait-il pas lieu c'est une suggestion que je fais
que le ministre réponde à l'exposé de principe qui a
été fait, à moins que d'autres collègues de la
commission désirent parler également sur l'administration du
ministre des Affaires municipales?
Après cette réponse ou réplique du ministre,
peut-être que l'honorable député de Lafontaine et d'autres
pourront lui poser des questions.
M. TESSIER: D'ailleurs, je crois que c'est ce qui avait
été convenu lors de l'ouverture de la séance. C'est que
chacun faisait un exposé, d'abord sur la politique
générale du ministère des Affaires municipales et ensuite
que les questions pourraient suivre lors de l'étude des
différents articles budgétaires.
M. LEGER: Ce que je voulais dire, c'est que les questions que je
voudrais poser sont d'ordre général. Elles ne concernent pas les
articles. C'est une série de questions d'ordre général sur
la politique générale du gouvernement. C'est la raison pour
laquelle je ne voulais pas prendre tout le temps pour le faire. Ce ne sont pas
des questions qui concernent des articles précis.
M. TESSIER: Cela pourrait certainement concerner l'article 1.
M. LEGER: C'est ça.
M. LEDUC: Si vous me permettez, M. le Président, j'aurais en fait
deux remarques bien générales à faire. La première,
c'est demander au ministre qu'il exerce toutes les pressions qu'un ministre des
Affaires municipales est capable d'exercer pour qu'au niveau de la
fiscalité municipale, on puisse en venir le plus rapidement possible
à un projet qui pourrait être réalisé bientôt
quant à la redistribution de la taxe de vente. Je sais que ce n'est pas
facile. Je sais que cela crée des problèmes. Je sais qu'il y a
actuellement un comité qui étudie cela. J'exprime le voeu que le
ministre pousse sur le comité pour qu'il en vienne à une
décision. Un des gros problèmes qu'on retrouve dans chacune de
nos municipalités du moins dans la majorité de nos
municipalités c'est la finance municipale, c'est le
problème de se financer.
Je crois que dans certains secteurs je ne prendrai que le mien,
celui que je connais le mieux, mais qui se répète à
d'autres exemplaires en dehors du territoire de la Rive-Sud il y a une
injustice flagrante à mon sens quant à la redistribution de la
taxe de vente. Malgré le chiffre d'affaires fantastique qui se fait sur
la Rive-Sud, ce qui amène un revenu de taxe de vente assez
extraordinaire, les municipalités, si on les compare à d'autres
dans le grand territoi- re de Montréal, ne reçoivent pas la part
qui leur est due. J'admets que tout cela a été
étudié il y a quelques années, mais, quant à moi,
le système actuel de redistribution de la taxe de vente est
désuet. Cela presse qu'on fasse quelque chose.
Le deuxième commentaire que je voulais faire, c'est au sujet de
ce que le député de Lafontaine disait tantôt, lorsqu'il
parlait d'une conscience régionale et d'un développement au
niveau régional. Je crois que, chez nous en tout cas, le
ministère des Affaires municipales a peut-être été
celui qui a donné le plus bel exemple de cette reconnaissance d'une
conscience régionale en collaborant, d'une façon très
étroite, avec les autorités municipales, non seulement au niveau
du bill 84 qui a créé la Commission de transport de la rive sud,
mais au niveau du problème de l'eau. L'étude avait
été faite au moment où le prédécesseur du
ministre actuel l'avait commandée. Aujourd'hui, nous sommes en voie de
mettre en oeuvre justement ce développement régional. Avec l'aide
du ministère des Affaires municipales et, très bientôt,
avec l'aide du ministère de l'Industrie et du Commerce, les villes qui
ont des parcs industriels vont justement prendre conscience de leurs
responsabilités régionales et elles vont collaborer ensemble.
Cela n'amène pas toujours des fleurs. J'admets que parfois des pots se
cassent en chemin. Mais, même si des pots se cassent en chemin, il n'en
demeure pas moins que le ministère des Affaires municipales pourrait
peut-être utiliser l'exemple de ce qui s'est fait chez nous pour
travailler avec un groupe de municipalités en vue de donner des services
régionaux valables.
Je veux, tout simplement, dire merci au ministre et ce n'est pas
le flatter parce qu'il sait fort bien ce qu'il a fait là et je
crois qu'il en est fier.
UNE VOIX: Que feriez-vous si vous vouliez le flatter?
M. LEDUC: Je vous demanderais conseil. Mais, blague à part, je
crois que c'était un exemple qu'on pouvait donner de ce que le
ministère a fait, sur la rive sud, de ce que le ministère se
prépare à faire et de ce que le ministre responsable de la
qualité de l'environnement fait actuellement par exemple, quant à
l'étude de la disposition des ordures ménagères.
Chez nous, la conscience régionale, M. le Président, on
l'a et on a surtout l'appui des différents ministères qui ont
à travailler avec nous. Alors, je résume très vite. Merci
pour le travail au niveau régional et j'espère que, l'an
prochain, au moment des crédits du ministère des Affaires
municipales, je pourrai dire merci aussi au ministre qui, avec sa force de
conviction, son caractère parfois bouillant et peut-être
qu'il faudra qu'il se serve de son caractère bouillant pour faire
bouillonner les autres fera en sorte qu'on puisse avoir une meilleure
redistribution de la taxe de vente.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, j'aimerais, enfin, parler un
peu de la Communauté urbaine de Montréal. C'est un secret de
polichinelle que les citoyens de la banlieue ouest de Montréal et ceux
du comté de Jacques-Cartier, en particulier, acceptent très mal
la Communauté urbaine de Montréal dans le statu quo actuel. Si la
communauté a servi à augmenter sensiblement le niveau de taxation
sur la propriété, elle n'a pas, par contre, réussi
à augmenter l'efficacité des services municipaux, du moins d'une
façon sensible aux citoyens.
Il va sans dire que les citoyens qui, comme les conseils municipaux,
craignent énormément la Communauté urbaine de
Montréal, surtout avec cette loi qui lui permet de centraliser à
l'extrême les services communautaires au niveau de toute la région
économique de Montréal, ne peuvent qu'être heureux, comme
moi d'ailleurs, de l'annonce du ministre des Affaires municipales.
Il a bien voulu former un comité, présidé par le
président de la communauté, qui aura pour tâche
d'étudier l'état de la communauté urbaine sur six points
en particulier. Ce sont, à mon avis, les six points qui vont au coeur
même des problèmes et des difficultés qui se
présentent à la communauté urbaine.
Lors de la présentation de cette loi, nous avions fait, un groupe
de députés libéraux surtout ceux qui
représentaient la banlieue de Montréal un débat
assez prolongé sur cette loi et nous avions essayé de
sensibiliser le gouvernement et la population aux inquiétudes que nous
donnait cette loi. On n'a qu'à relire le journal des Débats du
temps et on pourra facilement constater que notre pessimisme et que nos
projections pour l'avenir se sont confirmés et que, malheureusement, nos
inquiétudes étaient fondées. Depuis que la
communauté existe, elle a apporté la preuve que ce que nous
avions dit dans le temps était basé sur des observations
valables, qui se sont révélées, d'ailleurs, absolument
vraies dans les faits.
J'espère bien que l'étude de ces comités, en
coopération avec les maires, avec divers spécialistes, et en
coopération avec les employés et les membres des conseils
municipaux, apportera lessolutions voulues, éclairera la
population, le gouvernement et le ministre en particulier sur les moyens qu'on
aura à notre disposition pour modifier cette loi, pour modifier la
communauté, ses structures administratives et sa structure même,
de façon qu'elle puisse atteindre les buts qu'en principe, elle doit
atteindre, dans le meilleur intérêt des citoyens de la
communauté économique de Montréal qui joue, dans la
province, au point de vue financier, au point de vue industriel, au point de
vue scientifique, au point de vue culturel, un rôle très
important. Si la Communauté urbaine de Montréal s'avérait
être un inconvénient au développement normal de cette
région, c'est la province de Québec entière qui en
souffrirait les conséquences.
C'est donc avec satisfaction que nous avons pris connaissance de la
formation de ce comité et du début de ses études. Nous
espérons beaucoup du résultat de ces études. Nous savons
que le ministre sera tout disposé à apporter, dans la loi, dans
les règlements et dans la charte même de la communauté, les
changements qui s'imposent.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rimouski, ministre
des Affaires municipales.
UNE VOIX: Le silence est d'or!
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais, en exerçant mon
droit de réplique, donner des précisions et répondre
à plusieurs questions qui ont été soulevées
à la fois par le député de Maskinongé et par le
député de Lafontaine. Afin de ne pas me répéter, je
crois que mes deux collègues ont soulevé plusieurs points
identiques. Par conséquent, je me contenterai de donner des
précisions sur les remarques du député de
Maskinongé, qui pourront s'appliquer en même temps à
certaines questions soulevées par le député de
Lafontaine.
Je voudrais, au tout début remercier le député de
Maskinongé d'avoir rendu hommage à mes hauts fonctionnaires et
à mes plus proches collaborateurs. Je puis assurer mes collègues
que le meilleur esprit de collaboration sincère règne au sein du
ministère des Affaires municipales. J'ai en effet une merveilleuse
équipe au ministère des Affaires municipales et j'ai
été très heureux que mon collègue, le
député de Maskinongé, lui rende hommage.
On a également soulevé la question de l'abandon de la
politique qui était énoncée au livre blanc. J'ai
déjà eu l'occasion, à plusieurs reprises, d'en donner les
raisons. Une des conséquences principales de l'abandon de cette
politique, c'est-à-dire la formation de communautés municipales
à travers le Québec, est venue à la suite de la
conférence provinciale-municipale. Ceci nous a donné l'occasion,
pour la première fois dans l'histoire du Québec, d'engager un
dialogue public avec au-delà de 1500 administrateurs municipaux, tant
maires que conseillers ou gérants de villes.
Nous avons par la suite, continué ce dialogue durant les mois qui
ont suivi pour constater que ce n'était peut-être pas la meilleure
formule. Je crois qu'on ne peut pas reprocher au ministère des Affaires
municipales, lorsqu'il s'est aperçu qu'il était en train de faire
fausse route, d'avoir abandonné cette politique et d'aller, si je peux
dire, droit au but. J'ai toujours compris que c'était l'intention du
gouvernement précédent et de mon prédécesseur au
ministère des Affaires municipales, lorsqu'il a formé deux
communautés urbaines et une communauté régionale, de
constituer une première étape pour en venir, comme seconde
étape, à des regroupe-
ments, en particulier en ce qui concerne les municipalités de
l'île de Montréal et de la région métropolitaine de
Québec.
Nous avons donc cru qu'il valait mieux passer immédiatement
à cette seconde étape, et c'est ce qui nous a fait abandonner la
politique énoncée au livre blanc pour présenter le projet
de loi qui est maintenant la loi 176 favorisant le regroupement des
municipalités.
Ce qui a eu certainement une grande influence sur notre décision,
c'est précisément les inquiétudes qui ont
été soulevées tout à l'heure par quelques-uns de
mes collègues des deux côtés de cette table sur les
difficultés que les communautés connaissent actuellement, en
particulier la Communauté urbaine de Montréal. Ce qui nous a
amenés justement à créer il y a quelques semaines le
comité d'étude dont il a été question tout à
l'heure, qui portera en particulier sur six points majeurs de l'administration
municipale et qui amènera sûrement des modifications en profondeur
tant en ce qui concerne la fiscalité municipale que la structure
même des communautés urbaines.
Le député de Maskinongé s'est également
demandé pourquoi nous avions 12 employés contractuels pour
entreprendre certains travaux de planification, alors que nous devrions
plutôt en faire des fonctionnaires permanents du ministère.
Or, à cela, je désire préciser que les
employés contractuels en question ont été engagés
pour des buts bien spécifiques et par conséquent pour un temps
limité, c'est-à-dire que leur travail ne durera que quelques
mois, par conséquent il n'y avait pas lieu d'en faire des fonctionnaires
permanents. A titre d'exemple, ces employés contractuels ont
été engagés pour la rédaction et la mise en
application de la Loi de l'évaluation foncière, pour
étudier et rédiger la loi-cadre de l'urbanisme et de la
planification que normalement je présenterai au cours de la
présente session, à l'automne, également, pour conseiller
le ministère des Affaires municipales, sur la comptabilité et la
gestion municipales. Aussi, parmi ces employés contractuels, il y a les
trois avocats experts qui actuellement rédigent la refonte de toutes les
lois municipales comprenant la Loi des cités et villes et le code
municipal en particulier et dont le mandat se terminera à la fin de la
présente année.
M. PAUL: Est-ce que le ministre me permet une question?
M. TESSIER: Sûrement.
M. PAUL: Dans cette somme de $240,000 les honoraires de ces trois
spécialistes sont compris?
M. TESSIER: C'est exact.
M. LEGER: J'ai oublié de féliciter le ministre sur ce
point, nous sommes bien d'accord, c'est une bonne initiative.
M. TESSIER: Merci. Je ne veux évidemment pas m'étendre sur
l'énumération, mais certaines études se font
présentement sur le regroupement des municipalités. En
particulier j'ai eu l'occasion d'annoncer tout dernièrement l'engagement
d'une firme d'experts-comptables qui procède présentement
à des études définitives sur le regroupement des
municipalités à l'intérieur de la Communauté
urbaine de Québec et qui doit me soumettre un rapport et des
recommandations le 15 juin prochain, me permettant alors de créer des
unités de regroupement à l'intérieur de la
Communauté urbaine de Québec. C'est en somme le travail dans les
grandes lignes que font les douze experts-contractuels dont les mandats sont
pour un temps bien déterminé et pour une fin également
bien déterminée.
Quant à la loi-cadre de l'urbanisme et de la planification, le
député de Maskinongé a soulevé l'expression que
j'employais dans mon exposé de stratégie urbaine et municipale.
Et je dois préciser qu'il ne s'agit pas uniquement d'une
stratégie urbaine et municipale, comme a voulu évidemment
restreindre la pensée que je pouvais exprimer à ce
moment-là, parce qu'il y a eu à plusieurs reprises consultation
au sujet de cette loi, entre autres avec l'Union des municipalités du
Québec, l'Union des conseils de comté du Québec et les
plus importantes municipalités du Québec, les gérants de
ces municipalités en particulier.
Par conséquent, il y a eu consultation dans la préparation
et il y en a actuellement encore, puisqu'on n'en est pas rendu à la
rédaction de ce projet de loi. Cette consultation se continue
quotidiennement avec les principaux administrateurs municipaux et les officiers
des plus grandes municipalités du Québec.
Le député de Maskinongé a également
déclaré que "j'ai dû freiner la création
d'unités de regroupement à cause, prétend-il, d'une
question de finances". Je dois déclarer devant cette honorable
Assemblée que, bien au contraire, jamais il n'a été
nécessaire de freiner la création d'unités de
regroupement. Il y a de ce côté-là je donnerai des
chiffres dans quelques instants un nombre considérable
d'unités de regroupement qui ont été créées.
Sur cette question, j'ai le plus entier appui de mon collègue le
ministre des Finances qui m'a assuré de tous les deniers
nécessaires afin de favoriser et d'accélérer le
regroupement des municipalités au Québec.
Pour vous donner quelques chiffres à ce sujet, il y avait en
marche, au 1er mars 1972, 41 dossiers de fusion.
M. PAUL: D'unités de regroupement?
M. TESSIER: D'unités de regroupement. Ce qui impliquait 94
municipalités.
M. LEGER: II y a quelque chose qui n'est pas clair; j'aurais une petite
question, en passant.
M. TESSIER: Oui.
M. LEGER: Voulez-vous parler des unités de regroupement de
plusieurs municipalités ou simplement des projets de fusion de deux ou
trois municipalités ensemble? Ce n'est pas la même chose.
M. TESSIER: Ce sont des unités de regroupement qui comprennent un
certain nombre de municipalités, dans chaque cas. Ce peut être
trois, quatre ou cinq.
M. LEGER: Oui, mais vous en avez 94 pour 41. Cela fait une moyenne de
deux, environ.
M. TESSIER: Ce qui veut dire que, dans certains cas, il y en a deux et
dans d'autres cas, il y en a trois. Remarquez bien que j'exclus les trois
communautés. Si l'on considère qu'il y a, au sein de la
Communauté urbaine de Québec, 37 municipalités, dans la
Communauté urbaine de Montréal, 29 municipalités, dans
celle de l'Outaouais, une trentaine de municipalités, elles ne sont pas
comprises dans ces unités de regroupement. Les chiffres que
j'énumère sont des unités de regroupement qui ont
été créées, sur lesquelles les études se
poursuivent et qui sont à la veille de se réaliser en ce sens que
les règlements et les requêtes conjointes de fusion seront
adoptés et présentés dans un avenir très
rapproché.
M. LEGER: Combien de municipalités y a-t-il dans la
Communauté urbaine de Québec?
M. TESSIER: II y a 37 municipalités dans la Communauté
urbaine de Québec.
M. PAUL: Me permettez-vous une question? M. TESSIER: Certainement.
M. PAUL: Pourriez-vous nous dire si ces demandes sont bilatérales
ou unilatérales quant à la décision d'unités de
regroupement?
M. TESSIER: Dans tous les cas en question, ce sont des demandes
bilatérales. Il serait peut-être exagéré de dire:
dans tous les cas, mais c'est la très grande majorité, sauf
quelques exceptions où il n'y a pas eu de demande par toutes les
municipalités intéressées. Il y en a quelques-unes mais
c'est l'exception.
A cela, je puis ajouter que nous recevons actuellement au
ministère des Affaires municipales, depuis le début de
l'année, chaque semaine, plusieurs résolutions de
municipalités qui nous demandent les services du ministère des
Affaires municipales pour étudier les avantages et les
désavantages d'une fusion éventuelle.
Nous avons actuellement ajouté aux chiffres que j'ai
mentionnés au-delà d'une soixantaine de résolutions,
d'études de fusions éventuelles.
Malheureusement, nous n'avons pas, actuellement, le personnel suffisant
pour répondre à toutes les demandes au fur et à mesure
qu'elles arrivent. Nous devons donc, avec le personnel que nous avons,
concentrer nos efforts sur le groupe des 41 unités de regroupement dont
les études sont presque terminées.
M. PAUL: Est-ce que le ministre...
M. TESSIER: Si vous le permettez, je vais simplement terminer ma
phrase.
M. PAUL: Très bien.
M. TESSIER: ... Et c'est ce que j'ai voulu dire lorsque j'ai dit que
nous établissions une certaine priorité et que nous avions une
programmation; nous sommes forcément obligés de programmer,
étant donné le trop grand nombre de municipalités.
Dans l'ensemble, ceci voudrait dire qu'il y a présentement des
discussions d'engagées, des études qui se poursuivent au
Québec, sur environ 300 municipalités, plus ou moins, et nous
espérons que, d'ici la fin de la présente année, nous
aurons réalisé une cinquantaine de regroupement de
municipalités. Quand je dis une cinquantaine, c'est de nouvelles
municipalités regroupées, qui pourront comprendre peut-être
250 municipalités peut-être 200 municipalités, si vous
voulez, au Québec. Nous amorcerons, pendant cette même
période, d'autres unités de regroupement,, d'autres
études, de sorte que c'est surtout au cours de l'année 1973 que
nous verrons un très grand nombre de municipalités qui seront
regroupées, y compris, à ce moment-là, les
municipalités des deux communautés urbaines et la
Communauté régionale de l'Outaouais.
M. LEGER: M. le Président, si le ministre le permet, pour
clarifier, aurais-je mal compris le ministre quand il avait dit, à
l'occasion de l'adoption de la loi 276, qu'il était à
étudier et à préparer un schéma d'unités de
regroupement à travers le Québec et qu'il nous le soumettrait par
la suite, pas nécessairement en attendant que les gens le proposent mais
bien un schéma qui serait proposé par le gouvernement aux
municipalités qui, elles, par la suite, pourraient demander de se
regrouper, mais que le ministère n'attendait pas les demandes des
municipalités. Aujourd'hui, vous parlez d'un dossier de fusion des
communautés ou des municipalités qui l'ont demandé. Mais
ce ne sont pas les unités de regroupement dont vous nous aviez
parlé à l'occasion du bill 276, ce n'est pas la même
chose.
M. TESSIER: Exactement, les 41 dossiers de regroupement de
municipalités, c'est précisément ce dont j'ai parlé
lors de la présentation de la loi 276; ce sont des études qui
étaient déjà en cours à ce moment-là et qui
se poursuivaient,
qui continuent d'ailleurs à se poursuivre. Dans certains cas, les
fusions ont eu lieu. Je vais vous en donner un exemple précis: dans mon
propre comté, parmi les dossiers en marche, il y avait le dossier de la
municipalité du village et de la paroisse du Bic qui, depuis ce temps
là, s'est matérialisé, la fusion a eu lieu. Il y en a eu
d'autres également à travers le Québec, il y en a eu
probablement sept ou huit autres.
M. LEGER: Mais ce n'était pas ma question. Le ministre a
répondu à une question importante, mais ce n'est pas celle que je
lui ai posée. Je lui ai posé la question suivante: Est-ce que le
ministère n'avait pas mis sur pied un comité pour établir
des unités de regroupement, indépendamment de la demande de ces
municipalités, pour avoir un document de base pour que ces
municipalités puissent, après, le demander au ministre si elles
sont d'accord pour se regrouper?
M. TESSIER: C'est exactement ce que je viens de dire.
M. LEGER: Non, non! vous avez dit que ce sont seulement les
municipalités qui vous l'ont demandé, et dont vous avez les
dossiers.
M. TESSIER: Non, non! C'est le contraire que j'ai déclaré.
J'ai dit que, dans le cas des 41 dossiers, ce sont des études qui ont
été entreprises par le service des fusions et des annexions au
ministère des Affaires municipales, non pas nécessairement
à la demande des municipalités elles-mêmes. Ce sont des
études qui ont été entreprises par les fonctionnaires du
ministère et que nous avons, depuis ce temps-là, mises en marche.
C'est-à-dire que nous avons réuni les conseils municipaux et que
nous les avons amenés à dialoguer entre eux, à
étudier, à peser les avantages et les désavantages d'une
fusion éventuelle. Ce sont les 41 dossiers en question.
Lorsque j'ai mentionné des municipalités qui avaient fait
la demande d'études sous forme de résolution, c'est en dehors de
ces 41 dossiers. J'ai précisé que le manque de personnel
actuellement au ministère nous empêchait de donner suite
immédiatement à ces demandes. Nous allons pouvoir y donner suite,
justement suivant un certain ordre de priorités, au cours des prochaines
semaines et des prochains mois, c'est-à-dire au cours de la prochaine
année.
M. LEGER: Maintenant, je présume que vous n'avez certainement pas
limité le nombre d'unités de regroupement. Il doit y en avoir une
quantité qui regroupe à peu près le Québec, sauf
les trois communautés urbaines. Est-ce que vous avez d'autres
unités? Vous pourriez nous soumettre une liste de celles dont vous
n'avez pas eu encore de demande. Vous n'êtes pas limité à
ces 41 dossiers. Vous n'avez certainement pas pris seulement une partie du
Québec pour établir vos unités de regroupement. Vous avez
sûrement vu le Québec dans son entier et les implications d'une
région à l'autre.
M. TESSIER: II y en a dans toutes les parties du territoire du
Québec. Je vais vous donner un exemple, si vous voulez. Je ne peux pas
vous donner toute l'énumération, mais je vous donne un exemple.
Disons Sherbrooke. Il y a des études qui ont été
entreprises depuis au-delà d'un an en ce qui concerne Sherbrooke.
Même chose pour Drummondville. Même chose pour le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, la région de Chicoutimi, de Jonquière,
d'Alma.
UNE VOIX: Saint-Eustache.
M. TESSIER: Ce sont des études qui ont été
menées, dans le cas du Saguenay-Lac-Saint-Jean, depuis deux ans. Il n'y
a pas eu encore réellement d'unités de regroupement de
décrétées. Nous sommes à la veille de le faire, au
cours des toutes prochaines semaines.
M. LEGER: Est-ce que le ministre pourra nous apporter bientôt une
liste des unités de regroupement jusqu'à ce jour? Est-ce que vous
pourriez la déposer à la commission?
M. TESSIER: Oui, il sera sûrement possible de déposer une
liste. Il faudrait, évidemment, faire faire le relevé au
ministère des Affaires municipales. Je ne peux m'engager à la
déposer dès demain matin...
M. LEGER: Demain après-midi?
M. TESSIER: ... mais, sûrement, que je pourrais mettre à la
disposition, et avec plaisir d'ailleurs, du député de Lafontaine
la liste de tous les dossiers, la nomenclature, si vous voulez, des
unités de regroupement qui ont été
décrétées et des groupes de municipalités où
on poursuit actuellement des études sur le regroupement municipal.
M. LEGER: Est-ce que je peux demander au ministre d'en profiter
pour...
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse auprès du député de
Lafontaine. C'est parce que le député de Maskinongé m'a
aussi signalé, depuis un certain temps, qu'il aimerait poser certaines
questions au ministre.
M. LEGER: Je vois le ministre qui me répond oui. Je voulais lui
demander d'ajouter quelque chose en plus, si le député de
Maskinongé n'a pas d'objection.
Est-ce qu'en même temps le ministre pourrait nous dire aujourd'hui
ou ajouter au document qu'il veut déposer, du fait qu'il y a eu des
fusions depuis un certain temps, quel est le total de municipalités qui
demeurent au Québec au niveau soit des municipalités de cantons
ou des cités et villes? Combien reste-t-il de municipalités au
Québec, étant donné qu'il y en avait presque 1,582
à un moment donné, je pense? Il y a eu des fusions depuis ce
temps. Combien en reste-t-il exactement?
M. TESSIER: II en reste environ 1,550. M. LEGER: Environ 1,550
municipalités.
M. PAUL: Quand le ministre parle de 41 dossiers de demandes de fusions
qui existaient lors de la présentation de la loi no 276, est-ce qu'il se
réfère à des demandes de fusions qui avaient
été présentées au ministère en vertu de la
Loi de la fusion volontaire?
M. TESSIER: Oui, il y en a.
M. PAUL: Alors, est-ce que ces municipalités ne sont pas
mentionnées dans le rapport annuel du ministère des Affaires
municipales, aux pages 36 et 37?
M. TESSIER: C'est le rapport de la dernière année.
M. PAUL: Le rapport de 70/71.
M. TESSIER: Oui, c'est le rapport de la dernière
année.
M. PAUL: Oui, oui!
M. TESSIER: Ce à quoi j'ai fait allusion, il y a un instant, ce
sont des fusions beaucoup plus récentes que celles qui sont
mentionnées dans le rapport...
M. PAUL: C'est parce que, dans ce rapport, il est question...
M. TESSIER: ... que vous avez en main.
M. PAUL: ... de 40 municipalités. Cela rejoignait, à peu
près, le chiffre...
M. TESSIER: Non.
M. PAUL: ... du ministre.
M. TESSIER: Ce sont des municipalités...
M. PAUL: Autres que celles-là ou...
M. TESSIER: Exactement.
M. PAUL: ... qui peuvent être comprises également dans la
liste des 41.
M. TESSIER: C'est ça. A ce moment-là, le nombre des
municipalités, au Québec, dépassait 1,600.
M. PAUL: Est-ce que le ministre peut nous assurer, malgré le
manque de personnel dont il s'est plaint, avec raison, que toutes les
enquêtes seront menées avec soin par la Commission municipale dans
les demandes ou dans les décisions d'unités de regroupement que
le ministre a l'intention d'établir au Québec?
Tout cela, dans le but de garder, comme je le mentionnais cet
après-midi, un esprit paroissial, pas paroissial dans le sens d'esprit
de clocher, mais dans un intérêt commun pour la bonne
compréhension et la coopération dans la nouvelle ville ou la
nouvelle municipalité qui pourra être créée.
M. TESSIER: M. le Président, je puis assurer mon collègue,
le député de Maskinongé, que, dans chaque cas, sans
exception, des études approfondies sont faites sur les avantages et les
désavantages d'une fusion éventuelle.
Ces études se font en collaboration avec les conseils municipaux,
les corps intermédiaires. Il y a, en somme, un dialogue qui s'engage,
où les officiers du ministère fournissent tous les renseignements
requis, répondent à toutes les questions. Il y a consultation. Ce
n'est qu'après que tout ce processus a été
épuisé que les municipalités décident si elles
désirent ou non se fusionner.
M. PAUL: Mais, à ce moment-là, le ministre n'est pas
lié par ce désir exprimé. Il tiendra plutôt compte
des recommandations de la Commission municipale.
M. TESSIER: Absolument. C'est là que son rôle intervient.
C'est à la suite de tout le processus que je viens de mentionner que la
Commission municipale intervient. A ce moment-là, elle est
chargée de faire une recommandation favorable ou défavorable,
suivant les circonstances, à la fusion. Je le dis et je le
répète, s'il est établi qu'il n'y a pas d'avantage pour
l'ensemble des populations concernées à ce qu'une fusion ait
lieu, elle n'aura tout simplement pas lieu parce que la Commission municipale
n'en fera pas la recommandation au ministre. Et, cela veut dire tout simplement
que cela peut être, dans certains cas, prématuré, qu'il n'y
a pas d'avantage, pour les populations concernées, de se fusionner en
une seule municipalité.
C'est de cette manière que nous procédons
actuellement.
M. PAUL: M. le Président, je... M. LEDUC: M. le
Président...
M. PAUL: ... ne voudrais pas compromettre le ministre. Excusez-moi, j'ai
peut-être une dernière question.
M. LEDUC: Allez!
M. PAUL: Verrait-il d'un bon oeil l'initiative d'une des
municipalités susceptibles de se fusionner de prendre en main la tenue
d'une enquête pour la présentation d'un mémoire à la
Commission municipale? Non pas qu'en partant la municipalité serait
opposée à la fusion mais pour que la Commission municipale
soit
totalement informée de tous les aspects et les
conséquences de l'annexion ou de la fusion dans un territoire
donné.
M. TESSIER: Je m'excuse...
M. PAUL: Le ministre verrait-il d'un bon oeil qu'une municipalité
susceptible d'être fusionnée, la "fusionnante" ou la
"fusionnée", l'une ou l'autre, prenne l'initiative de présenter
à la Commission municipale un mémoire par lequel elle exposerait
à la Commission municipale les avantages, les inconvénients et
même son opposition à une fusion?
M. TESSIER: C'est précisément ce qui se fait
présentement, dans plusieurs cas, quand une municipalité
étudie elle-même ou fait étudier par une firme
indépendante les avantages et les désavantages d'une fusion avec
telle ou telle municipalité. Elle soumet le mémoire
démontrant les avantages. Il arrive que la municipalité
adjacente, celle qu'on veut fusionner, présente elle-même un
mémoire à l'inverse, démontrant qu'il n'y a pas
d'intérêt à ce que la fusion ait lieu. Evidemment, les deux
mémoires sont étudiés. C'est à ce moment-là
que le dialogue s'engage, que l'on fournit des renseignements et que l'on voit
si, réellement, il y a avantages et si les avantages dominent sur les
désavantages. Cette pratique est courante au ministère des
Affaires municipales et à la Commission municipale.
M. PAUL: C'est très bien, merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Taillon.
M. LEDUC: M. le Président, en parlant de fusion ou d'annexion, je
me demande s'il n'y aurait pas moyen de trouver un mécanisme à la
Commission municipale, au moment de l'enquête, pour que les
municipalités fusionnées s'entendent avant que les lettres
patentes leur soient émises, créant la nouvelle ville, tant au
niveau de l'organigramme que du personnel qui occupera les postes X, Y et Z,
pour éviter ce qui est, je pense, arrivé dans le passé et
a créé des situations désagréables. En même
temps, au moment où il y a une possibilité de fusion entre
municipalités, il y aurait un mécanisme qui empêcherait les
municipalités concernées de donner des augmentations de salaire
à leur personnel, de faire des nominations à des postes. Par
exemple, supposons que deux municipalités se fusionnent: Une n'a pas
d'acheteur, l'autre en a. Alors, en vue de créer un poste, parce qu'on
se fusionne bientôt, on crée le poste d'acheteur pour la ville X.
Cela pourrait amener, j'imagine, des problèmes lorsque la nouvelle ville
est créée, lorsque les deux, trois ou quatre conseils municipaux
siègent ensemble et que l'esprit de clocher prévaut sur la bonne
marche de la ville.
Evidemment, c'est un cas bien fictif que j'amène, M. le
Président, mais je pense qu'il faut prévenir, qu'il faut
prévoir. Je me demande s'il n'y aurait pas moyen de penser à ce
genre de mécanisme pour éviter des situations qui peuvent
être désagréables et obliger à avoir des
élections le 4 juin, par exemple.
M. TESSIER: II ne faut pas oublier, M. le Président, que le
député de Taillon vient de soulever un cas bien précis,
dans son comté. Je tiens à lui faire remarquer que la fusion en
question puisqu'il s'agit de Saint-Hubert-La-flèche n'a
pas été opérée en vertu de la loi 276.
M. LEDUC: D'accord.
M. TESSIER: Ceci est bien différent, puisque c'était en
vertu de la Loi des fusions volontaires et que, par conséquent, il n'y
avait pas, à ce moment-là, de contrôle de la part du
ministère des Affaires municipales. Lorsque deux municipalités
décidaient, entre elles, de se prévaloir de la Loi des fusions
volontaires, elles adoptaient le règlement de fusion aux conditions
qu'elles désiraient et présentaient une requête conjointe.
Tout ce que le ministère avait à faire, c'était de
vérifier si les conditions étaient légales, conformes
à la Loi des cités et villes et si la procédure avait
été légalement suivie.
Avec la nouvelle loi 276, le processus est bien différent,
puisqu'il y a des études obligatoires et qu'il y a intervention directe,
à ce moment-là, du ministère des Affaires municipales et
de la Commission municipale, jusqu'à ce qu'une recommandation de la
Commission municipale suive dans un sens ou dans l'autre.
Si la fusion de Laflèche-Saint-Hubert avait eu lieu en vertu de
la nouvelle loi 276, je suis convaincu que tous les problèmes auxquels
vient de faire allusion le député de Taillon ne seraient pas
survenus et qu'il n'y aurait pas d'élections le 4 juin prochain.
M. PAUL: Est-ce que le ministère ou la Commission municipale va
fournir les services ou l'aide technique aux municipalités pour
étudier tout ce problème de fusion?
M. TESSIER: C'est ça.
M. PAUL: Et cette aide technique sera de quel ordre?
M. TESSIER: Qu'est-ce que le député veut dire par "de quel
ordre"?
M. PAUL: Est-ce que le ministère va déléguer de ses
fonctionnaires sur place ou s'il y aura tout simplement une analyse et une
rencontre après que, par exemple, des mémoires auront
été présentés au ministère des Affaires
municipales?
M. TESSIER: Non, il y a rencontre sur les lieux.
Je pourrais peut-être faire un bref tableau de la manière
dont ça se passe.
M. PAUL: J'aimerais ça.
M. TESSIER: Deux cas peuvent se présenter. Soit qu'un groupe de
municipalités demande par résolution...
M. LEGER: Est-ce que je peux demander au ministre s'il a terminé
son droit de réplique et si nous sommes rendus aux périodes de
questions ou s'il y a encore autre chose? Parce qu'on lui a posé des
questions.
M. TESSIER: Je n'ai pas terminé mon droit de réplique. Le
député de Maskinongé désire que je lui expose la
situation.
M. PAUL: Je m'excuse. J'étais pris entre deux amis. Et j'ai
préféré prendre celui qui était de passage, parce
que je sais que nous allons rester longtemps ensemble.
M. TESSIER: Alors, lorsque nous avons été interrompus
momentanément, j'étais à dire que deux situations peuvent
se présenter. La première c'est qu'une municipalité ou un
groupe de municipalités demandent l'aide technique du ministère
pour étudier l'opportunité d'une fusion.
La deuxième situation, c'est le ministère lui-même
qui, après étude, décide qu'il serait à l'avantage
de la population d'un groupe de municipalités de se fusionner.
Or, dans les deux cas, immédiatement il y a contact entre les
municipalités concernées et le ministère. Nous
déléguons sur les lieux un fonctionnaire compétent qui
réunit les conseils municipaux intéressés et leur explique
la loi 276 et tout le mécanisme à être suivi. Il
répond à toutes les questions qui lui sont posées, fait
des suggestions et après suggère ordinairement aux
municipalités de se rencontrer de nouveau pour engager le dialogue et
étudier la question, tant du point de vue de la fiscalité
qu'à tout autre point de vue.
Nous nous tenons constamment en contact avec les municipalités en
question et nous leur offrons de retourner les rencontrer de nouveau à
leur demeure. Dans la pratique, il arrive qu'il y a ordinairement au moins
trois ou quatre rencontres entre les conseils municipaux et les fonctionnaires
du ministère.
Dans l'intervalle il y a eu peut-être sept ou huit rencontres des
conseils municipaux entre eux; ce n'est qu'après cela que les
municipalités se déclarent satisfaites et prêtes à
adopter le règlement de fusion ou encore se déclarent non
satisfaites et disent qu'elles ne sont pas prêtes à se
fusionner.
M. PAUL: Quand la population est-elle consultée?
M. TESSIER: En vertu de la Loi 276, cette question relève
uniquement de la discrétion de la Commission municipale. Seule la
Commission municipale a le pouvoir, si elle juge qu'il est dans
l'intérêt de la population d'ordonner un référendum
ou une consultation populaire.
M. LEGER: Dans le premier cas, vous disiez que les municipalités
concernées demandaient l'aide technique, et non pas dans l'autre cas
où le ministère a fait des études. L'aide technique que le
ministère peut donner à ce moment-là, ça consiste
en quoi, et qui paie les frais de cette aide technique, de cette
étude?
M. TESSIER: C'est le ministère uniquement. Et l'aide technique,
évidemment, porte sur le processus de la loi, sur les explications de la
loi, sur les études de la fiscalité des municipalités
concernées, voir ce qui va arriver après la fusion, si on pourra
réaliser certaines économies, quel va être le taux de la
taxation. En somme, on fournit tous les renseignements pertinents à
l'étude d'une fusion éventuelle.
M. LE PRESIDENT: Le député de Berthier.
M. GAUTHIER: M. le Président, après démonstration,
auprès de la Commission municipale, du bien à retirer d'une
fusion de différentes municipalités, est-ce que la Commission
municipale doit s'astreindre à une consultation populaire ou un
référendum, ou si elle peut passer outre?
M. TESSIER: Non, Si le député de Berthier a lu la Loi 276,
il verra qu'elle contient une disposition comme je l'ai expliqué
il y a un instant selon laquelle il est laissé à
l'entière discrétion de la Commission municipale, après
avoir fait sa propre enquête, d'ordonner ou de ne pas ordonner une
consultation populaire.
M. GAUTHIER: Dans l'état actuel des choses, est-ce que ce sera
considéré comme une objection d'envisager la fusion de nos
municipalités qui ne seraient pas situées dans le même
comté?
M. TESSIER: Cette objection qui existait autrefois est disparue par un
amendement que nous avons apporté au cours de la dernière
session, et pour régler le cas de Saint-Adolphe, en particulier, mais
qui, à ce moment-là, pouvait s'appliquer à toute autre
municipalité qui était séparée par une
frontière de comté.
M. PAUL: Dans les comtés de Chauveau et de Montmorency?
M. TESSIER: C'est ça.
M. LEGER: Advenant le cas où les municipalités,
après rencontre avec les officiers du ministère, ne seraient pas
d'accord avec la fusion, est-ce que la Loi 276 ne prévoyait pas
que le ministre peut décréter un référendum
avant de faire adopter la fusion?
M. TESSIER: Non. Là-dessus je crois qu'il est important de donner
peut-être certaines précisions additionnelles, étant
donné qu'on a une tendance, même chez mes collègues
législateurs, à mal interpréter la Loi 276. Le seul
pouvoir qui est contenu dans la Loi 276, il y en a deux en somme. Quand je dis
le seul, je me reprends, il y a deux pouvoirs qui sont donnés au
ministre des Affaires municipales: le premier, c'est de décréter
des unités de regroupement si, après étude par les
officiers du ministère, il est convaincu qu'il est dans
l'intérêt public de décréter l'unité de
regroupement; et le deuxième pouvoir, c'est qu'après avoir
décrété une unité de regroupement, il oblige les
municipalités concernées à faire des études, et
à ce moment-là on offre l'aide technique du
ministère...
M. LEGER: Et le financement.
M. TESSIER: Si les municipalités refusent d'étudier, le
deuxième pouvoir du ministre des Affaires municipales c'est d'ordonner
des études obligatoires, et à ce moment-là aux frais des
municipalités. En d'autres termes, engager une firme d'experts et faire
faire l'étude, évidemment à l'aide de tous les chiffres
que nous avons, des documents que nous avons au ministère
déjà et qui sont à la disposition des personnes qui feront
des études.
Ce sont les deux seuls pouvoirs que le ministre possède. Le
ministre ne possède pas d'autre pouvoir dans la loi 276. Mon
sous-ministre me confirme que je n'ai pas erré dans la
déclaration que je viens de faire.
M. PAUL: Là, c'est vrai.
M. LE PRESIDENT: Si vous me le permettez, je pense qu'on a passé
près de trois heures et demie à faire le tour de l'ensemble de la
situation. S'il y a consentement unanime, on serait peut-être prêt
à procéder article par article.
M. LEGER: J'ai posé une série de questions au ministre et
il n'avait pas terminé sa réplique.
M. TESSIER: M. le Président, je crois que vous admettrez que,
dans mon droit de réplique, j'ai été interrompu
très souvent. J'ai passé beaucoup plus de temps à
répondre à des questions qu'à donner des précisions
sur différents points que je ne voudrais pas laisser sans
réponse. J'ai noté dix points soulevés par le
député de Maskinongé et j'en étais rendu au
sixième dans ma réplique. Je voudrais bien, au moins,
répondre aux autres points, ne pas les laisser sans réponse.
M. VAILLANCOURT: M. le Président, avant que vous passiez à
d'autres points, j'aurais une question à poser. Est-ce que la commission
municipale a des pouvoirs sur la loi 276?
M. TESSIER: La commission municipale?
M. VAILLANCOURT: La commission municipale.
M. TESSIER: Sûrement, elle a beaucoup de pouvoirs.
M. VAILLANCOURT: En plus de ceux du ministre?
M. TESSIER: Oui, elle en a, d'ailleurs, beaucoup plus que le ministre,
parce que c'est la commission municipale, en somme, qui étudie et qui
fait des recommandations. C'est elle seule qui peut ordonner une consultation
populaire et non pas le ministre. C'est elle seule qui, tout à fait
à la fin du processus fait la recommandation finale, non pas au
ministre, mais au Conseil exécutif, au lieutenant-gouverneur en conseil.
Ce n'est pas le ministre qui va, à ce moment-là, faire une
recommandation pour une fusion, mais c'est la commission municipale
uniquement.
M. LEGER: Naturellement, la commission municipale fait cette
consultation. C'est la question que je posais tantôt, et vous me disiez
que ce n'était pas nécessaire. Il y a un moment précis
où il y a une consultation populaire.
M. TESSIER: Je n'ai jamais dit que ce n'était pas
nécessaire; j'ai dit que ce n'était pas obligatoire.
M. LEGER: Même si les villes concernées refusent les
conclusions de la commission municipale, il n'y a pas une étape
où la commission municipale demande un référendum?
M. TESSIER: Elle peut le faire, mais elle n'est pas obligée de le
faire. C'est la disposition qui existe dans la loi 276. C'est un pouvoir
donné à la commission municipale, mais qu'elle n'est pas
obligée d'exercer.
M. PAUL: Mais qu'elle exercera moralement, si elle voit que les parties
ne s'entendent pas du tout.
M. TESSIER: Je crois que mes collègues font confiance à la
commission municipale; du moins, je l'espère.
M. PAUL: M. le Président, je tiendrais à remercier
très sincèrement le ministre pour les explications qu'il nous a
données, parce que ces explications étaient nécessaires
à l'information des députés et surtout à
l'information des municipalités intéressées à se
prévaloir des dispositions de la loi 276.
M. LEGER: Bis.
M. TESSIER: Merci. M. le Président, j'en étais rendu
à une autre question soulevée par mon collègue, le
député de Maskinongé, au sujet de la fiscalité
municipale.
Il a demandé s'il y avait eu entente avec le ministère de
l'Education. Effectivement, il y a eu certaines ententes, notamment en ce qui
concerne le taux normalisé des taxes scolaires. Comme le ministre des
Finances l'a déclaré dans le discours du budget, à compter
du 1er juillet 1972, le taux normalisé des commissions scolaires sera
fixé à $1.40. Même les comptes de taxes devront montrer
séparément le taux normalisé et la taxe additionnelle pour
la partie des dépenses non admissibles par le ministère de
l'Education. Egalement, en ce qui concerne la fiscalité, comme le
ministre des Finances l'a annoncé, il y aura un envahissement graduel
par les municipalités du champ de l'impôt foncier scolaire de
$0.15 sur une période de cinq ans; c'est-à-dire, dès le
1er juillet 1972, de $0.05; à compter de 1974, d'un autre $0.05 et, en
1976, d'un autre $0.05, pour un total de $0.15 durant cinq ans.
M. LEGER: La première ne sera pas $1.35?
M. TESSIER: C'est-à-dire qu'à compter du 1er juillet 1972
le taux normalisé de la taxe scolaire baissera à $1.35 et, dans
deux ans, à $1.30 et, enfin, à $1.25. En d'autres termes, le
présent gouvernement a ouvert la porte à l'envahissement du champ
de l'impôt foncier scolaire par les municipalités, chose qui
était demandée depuis au moins dix ans, par l'Union des
municipalités du Québec, dans son mémoire annuel. Au sujet
de cette demande, on faisait bien des promesses d'études, mais, chaque
fois, les municipalités retournaient chez elles avec une simple
promesse, mais jamais de réalisation.
Mon collègue, le ministre des Finances, d'ailleurs, avait
déclaré publiquement et officiellement, lors de la
conférence provinciale-municipale, un tel changement, une telle
amélioration dans la fiscalité municipale et il l'a
réitéré dans le discours du budget.
M. PAUL: Ce seront de nouvelles charges pour les
municipalités.
M. TESSIER: Dans certains cas, oui, je l'admets; par exemple, dans le
cas de la voirie.
M. PAUL: Les unités sanitaires également.
M. TESSIER: Non, au contraire. C'est que le ministère des
Affaires sociales...
M. PAUL: Je m'excuse. Je m'excuse.
M. TESSIER: Je suis bien heureux que mon collègue, le
député de Maskinongé, l'ait soulevé. Cela me permet
de dire qu'encore là cela permettra aux municipalités une
économie assez substantielle de l'ordre de $2 millions; elles n'auront
plus à voir au financement des unités sanitaires.
Mais pour revenir aux $0.05 de la taxe foncière, ceci apportera,
pour la première année, un revenu additionnel de l'ordre de $16
millions aux municipalités du Québec. D'après les calculs
que nous avons faits, tant au ministère des Finances qu'au
ministère des Affaires municipales, ceci représentera un revenu
additionnel pour les municipalités si l'on tient compte du taux
normal de croissance au rôle d'évaluation d'au moins $104
millions au cours des cinq prochaines années. Je crois que c'est
déjà un pas substantiel.
Le député de Lafontaine dit qu'on a ouvert la porte un
peu; moi je dis, au contraire, qu'on l'a ouverte toute grande, la porte. Parce
que, maintenant, elle est ouverte. Il y a là un mouvement
irréversible, définitif, qui ne pourra pas ralentir. Il est
évident que, quel que soit le gouvernement au pouvoir dans cinq ans, il
ne pourra pas faire machine arrière; il devra continuer dans le
même sens et permettre aux municipalités d'aller chercher encore
$0.05, soit tous les ans ou tous les deux ans, dans le champ de l'impôt
foncier scolaire, jusqu'à ce que nous en arrivions éventuellement
à faire presque disparaître totalement l'impôt foncier
scolaire. Cela pourra alors représenter des centaines et des centaines
de millions de dollars, au profit des municipalités, sans pour autant
et ceci est important accroître le fardeau fiscal des
contribuables du Québec.
M. PAUL: Sans le diminuer non plus.
M. TESSIER: II n'est pas question évidemment de le diminuer
lorsque l'on tient compte de la dévaluation, de l'augmentation des
salaires, des matériaux, de l'inflation en général. Je ne
crois pas qu'une personne qui a le moindrement les pieds sur terre puisse
s'imaginer qu'un jour on en arrivera à une réduction des
impôts dans ce domaine. Dans certains secteurs privés, je veux
dire secteurs spéciaux le ministre des Finances l'a d'ailleurs
annoncé dans son discours du budget l'impôt sur les
donations, l'impôt sur les successions, il pourra y avoir diminution ou
même disparition complète, dans certains cas, de l'impôt qui
existe présentement. Mais, si on parle de l'assiette fiscale
générale tant des gouvernements fédéral, provincial
ou municipal, je pense bien que si on est le moindrement réaliste, on ne
peut pas s'attendre à une diminution quelconque.
M. PAUL: Alors, dois-je comprendre que le ministre n'ajoute pas foi
à cette théorie politique ou monétaire selon laquelle on
peut toujours augmenter les services sociaux et, en même temps, diminuer
les taxes?
M. TESSIER: Evidemment pas.
M. LEGER: Est-ce que le ministre me permettrait une question? Quand je
disais tantôt "le champ de taxation" nous avons ouvert une porte toute
petite. C'est que, dans l'ensemble,
je sais bien qu'elle est ouverte et que c'est possible que cela
augmente, mais, tôt ou tard, il faudra...
M. TESSIER: Non seulement c'est possible...
M. LEGER: ... avoir un champ de taxation exclusif.
M. TESSIER: ... mais c'est sûrement ce qui va arriver.
M. LEGER: II faut un champ de taxation exclusif, bientôt, aux
municipalités. Il faudra le trouver. On ne l'a pas trouvé
actuellement. Je ne dis pas qu'on a une réponse. Mais, tôt ou
tard, il faudra qu'il y ait un champ de taxation aux municipalités.
C'était une affirmation et non une question.
La question est la suivante: Le ministre a dit, tantôt, qu'il y
avait $16 millions de gains pour les municipalités par cette diminution
de $0.05 de l'impôt scolaire au bénéfice des
municipalités. Si on calcule que la Communauté urbaine de
Montréal avec ses 20 municipalités équivaut à peu
près à la moitié de l'évaluation foncière du
Québec, cela veut dire qu'environ $8 millions vont être
gagnés par la région de Montréal. Comme le ministre avait
déjà promis $9,500,000 à la Communauté urbaine de
Montréal, il manquerait $1,500,000. De quelle façon le ministre
prévoit-il remplir sa promesse pour le petit montant de $1,500,000 qui
manque à la Communauté urbaine de Montréal?
M. TESSIER: Tout cela, M. le Président, a été
prévu et, incidemment, je tiens à souligner, quoique je sois
solidaire du premier ministre, que ce n'est pas moi qui ai fait telle promesse,
mais bien le premier ministre à l'ancien président du
comité exécutif de la Communauté urbaine de
Montréal, M. Lucien Saulnier, dans une lettre qu'il lui adressait en
date du 2 février 1971. Il est prévu que nous allons respecter
l'engagement que le premier ministre a pris. Le gouvernement actuel va
respecter cet engagement. Lorsque nous verrons ce que rapportera exactement la
diminution de $0.05, le gouvernement comblera la différence pour en
arriver à la somme de $9,500,000, minimum prévu.
M. LEGER: Mais ce n'est pas du tout exprimé dans le budget
actuel.
M. TESSIER: Non. Le ministre des Finances, dans son discours du budget,
n'a fait aucune allusion à cette somme de $9,500,000. Mais il est
entendu que la Communauté urbaine de Montréal la recevra par le
truchement des municipalités qui la composent.
Je voudrais simplement ajouter, M. le Président, sur cette
question extrêmement importante de la fiscalité municipale,
puisque c'est le principal problème qui préoccupe, depuis de
très nombreuses années, nos administrateurs municipaux, que cette
réforme de la fiscalité municipale, dès la première
année, d'après les dispositions annoncées dans le discours
du budget, rapportera aux municipalités du Québec $24,600,000 de
revenus additionnels non prévus. Ceci comprend, évidemment, la
taxe qui peut être imposée aux CEGEP et aux universités; la
taxe qui peut être imposée, à raison de $35, sur les lits
d'hôpitaux et de $25 dans les foyers pour vieillards; la somme de $2
millions dont nous avons parlé tout à l'heure, et les $16
millions de l'impôt foncier scolaire résultant de la diminution de
$0.05.
En tout, ceci représente au total $24,600,000 de revenus
additionnels dont les municipalités pourront profiter dès le
présent exercice financier.
M. LEGER: On peut se permettre de féliciter le ministre d'avoir
suivi nos suggestions, à l'occasion du bill 48 et de permettre
l'évaluation et la taxation des édifices que le ministre vient de
mentionner, les hôpitaux, etc.
M. TAILLON: Cela faisait longtemps que le ministre y pensait! Bien avant
le bill 48.
M. TESSIER: Je voudrais souligner, M. le Président,
qu'évidemment, la suggestion faite par le Parti québécois
était au point, mais nous y avons pensé bien avant que les
représentants du Parti québécois fassent une telle
suggestion. C'était déjà prévu depuis de longs
mois. Même si une telle suggestion n'avait pas été faite,
les municipalités auraient bénéficié de ces
avantages fiscaux que je viens de mentionner.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Stanstead.
M. VAILLANCOURT: M. le Président, le ministre pourrait-il me dire
quand les municipalités pourront commencer à taxer les lits
d'hôpitaux et les lits de foyers de personnes âgées?
M. LEGER: La grève est finie, elles vont pouvoir commencer.
M. TESSIER: Immédiatement.
M. LEGER: Maintenant que la grève est finie!
M. VAILLANCOURT: C'est $35 par lit, par année.
M. TESSIER: C'est cela.
M. VAILLANCOURT: Cela veut dire que les municipalités peuvent
bénéficier de cette nouvelle taxation pour l'exercice financier
1972?
M. PAUL: Dans la période...
M. TESSIER: Les dispositions énoncées dans le discours du
budget prenaient effet à minuit.
M. PAUL: ... de perception.
M. TESSIER: ... le 18 avril 1972.
M. VAILLANCOURT: Etant donné que l'exercice financier des
municipalités commence le 1er janvier, est-ce que cela veut dire qu'on
taxera au prorata des mois qui restent pour l'exercice financier ou si cela va
aller au prochain budget?
M. TESSIER: Vous m'amenez à vous dévoiler que j'aurai
à présenter assez prochainement une loi à ce sujet afin de
donner un pouvoir additionnel aux municipalités, le pouvoir...
M. PAUL: Modifier leur rôle de perception.
M. TESSIER: ... de taxer au cours d'une année budgétaire,
et après le dépôt de leur budget.
M. VAILLANCOURT: C'est ce que je voulais savoir.
M. TESSIER: M. le Président, j'ai encore dû répondre
assez longuement à plusieurs questions. Il me reste encore quelques
points seulement à couvrir, sur lesquels je voudrais donner des
précisions.
Le député de Maskinongé a soulevé la
question de la loi 48 et, en particulier, a fait une allusion à l'Union
catholique des cultivateurs, l'UCC...
M. PAUL: Qui changera de nom demain.
M. TESSIER: ... et à son président, M. Albert Allain.
Je dois dire, pour l'information de mes collègues, que, depuis
l'adoption de la loi 48, et suivant la déclaration faite à
l'Assemblée nationale par le premier ministre lui-même, il y a eu
de nombreuses rencontres entre les fonctionnaires de mon ministère et
les membres ou les représentants de l'UCC.
M. PAUL: Pas pour parler de MQF.
M. TESSIER: Non, pour parler de la loi 48. Il y en a eu également
avec les fonctionnaires du ministère de l'Agriculture. Le tout s'est
soldé par une décision que j'ai prise, il y a quelques semaines
à peine, de former un comité tripartite, qui sera composé
de représentants de l'UCC, du ministère de l'Agriculture et du
ministère des Affaires municipales, pour éclair-cir certaines
questions touchant la classe agricole et contenues dans la loi 48 et,
éventuellement, apporter certains amendements qui s'imposeront afin de
donner satisfaction à la classe agricole.
D'autre part, je présenterai, sinon la semaine prochaine,
sûrement l'autre semaine puisque le texte est maintenant
définitif et rédigé et que le tout doit aller à
l'impression au cours de la semaine prochaine un projet de loi qui
apportera certains amendements à la loi 48. Ces amendements viseront
surtout à l'application de la période transitoire où il y
avait quelque chose qui n'était pas clair. Il s'agit de clarifier la
situation et, peut-être, de combler certaines lacunes qui existent
actuellement dans la loi 48. Après que le comité tripartite, dont
j'ai fait mention, aura fait rapport et soumis des recommandations, il y aura
probablement lieu d'apporter des amendements additionnels.
D'ailleurs, tout ceci est conforme, si vous vous en souvenez bien,
à ce que je déclarais lors du débat sur le bill 48,
à l'effet qu'il s'agissait d'une loi très complexe, d'une loi
très technique, d'une loi nouvelle et que nécessairement
c'était dans son application seulement que l'on pourrait voir où
il y aurait difficulté de l'appliquer à certains cas particuliers
et que nécessairement il faudrait y apporter une série
d'amendements. C'est ce que nous ferons au cours des prochaines semaines ou des
prochains mois.
M. PAUL: Le ministre n'a-t-il pas l'impression que, s'il avait suivi les
suggestions de l'Opposition au mois de décembre, il n'aurait pas
été obligé de revenir avec une nouvelle loi?
M. TESSIER: Non, je suis convaincu que j'aurais été
obligé de revenir quand même avec des amendements puisque,
malgré toute la bonne volonté et les excellentes suggestions qui
ont pu être faites par certains membres de l'Opposition, il y avait,
encore là, des cas qui étaient imprévus et que nous ne
pouvions pas déceler avant la mise en application de la loi.
M. RUSSELL: Le ministre admet, quand même, qu'il y aurait eu moins
d'amendements?
M. TESSIER: Non, pas nécessairement. Il aurait peut-être pu
y en avoir moins, peut-être, oui, c'est vrai. Mais de toute façon,
il faut se rappeler qu'il y a eu des études pendant deux ans. Je ne veux
pas m'attribuer tout le mérite de la Loi 48, puisque c'est mon
prédécesseur lui-même qui avait mis sur pied un
comité spécial d'étude d'une loi de l'évaluation
municipale, et ce comité a continué à faire des
études. D'autres personnes se sont ajoutées à ce
comité où nous avions des gens, je crois, très
compétents, et il y a eu consultation d'ailleurs à tous les
niveaux et dans toutes les classes de la société, pendant des
mois et des mois, pendant deux ans environ. Malgré cela, il n'y a aucun
doute qu'il est nécessaire que des amendements soient apportés et
il y en aura d'autres.
Ce ne seront certainement pas les derniers qui seront apportés.
Je suis convaincu que, d'année en année, au cours des prochaines
années, on devra apporter des amendements au fur et à mesure
qu'on s'apercevra qu'il y a certaines dispositions de la loi qui sont
incomplètes. C'est ce qui arrive d'ailleurs avec toute
loi nouvelle et surtout avec une loi aussi complexe et technique que
celle-là.
M.PAUL: Est-ce que le ministre, sur ce point, me permettrait une
question?
M. TESSIER: Sûrement.
M. PAUL : Est-ce que les règlements dont il nous avait
parlé et qu'il a eu la gentillesse de nous distribuer à
l'occasion de l'étude du projet de loi no 48, ont été
également modifiés?
M. TESSIER: Les règlements ne sont pas encore entièrement
complétés. La consultation se poursuit. Evidemment on a
rédigé des projets de règlements, mais on continue
à les améliorer, à les bonifier. Là encore,
lorsqu'il s'agit de règlements il faudra, de temps à autre, les
modifier par arrêté ministériel.
Enfin, le dernier point soulevé par mon collègue le
député de Maskinongé a trait à la planification du
territoire aéroportuaire. Le député de Maskinongé
me demande ce qui se passe au sujet du territoire environnant l'aéroport
de Sainte-Scholastique. Je dois dire que le ministère des Affaires
municipales, par l'entremise de son service qui est connu communément
sous le nom de SATRA, est très avancé dans ses études de
planification et de développement du territoire.
M. PAUL: N'y avait-il pas un plan qui devait être
complété pour le 31 décembre 1971?
M. TESSIER: Le plan a été complété dans les
délais requis, a été déposé et rendu public
et remis à toutes les municipalités concernées.
D'ailleurs, le plan a été dévoilé et rendu public
lors d'une réunion au début du mois de décembre 1971.
M. PAUL: En ce qui a trait à l'affectation du territoire.
M. TESSIER: L'affectation du sol, les grandes artères de
circulation, le zonage des terres agricoles, des parcs industriels, des zones
résidentielles. Tout cela apparaît au plan. Evidemment, c'est un
plan préliminaire puisqu'il a été remis aux
municipalités afin de recevoir leurs commentaires. Le dialogue s'engage
à ce sujet tant avec les municipalités qu'avec les
représentants du gouvernement fédéral.
Au moment où je vous parle, une réunion se tient à
Montebello relativement à l'aménagement du territoire de
l'aéroport de Sainte-Scholastique. Nous sommes, jusqu'à
présent, dans les délais prévus, suivant le calendrier qui
avait été déterminé. Il n'y a, par
conséquent, aucun retard dans le travail fait par SATRA. Il serait
beaucoup trop long d'aller davantage dans tous les détails, mais il me
fera plaisir, à n'importe quel moment, de fournir à mes
collègues les renseignements qu'ils pourraient désirer à
ce sujet. Je demeure toujours à leur entière disposition.
Je crois avoir répondu aux différentes questions
soulevées par mon collègue le député de
Maskinongé. J'espère qu'il est satisfait des réponses ou
des précisions que j'ai pu apporter aux différentes questions
soulevées.
M. PAUL: Si le ministre se conduisait toujours comme aujourd'hui,
franchement, cela irait beaucoup mieux.
M. TESSIER: M. le Président, cela fait au moins et je
n'exagère pas dix fois que le député de
Maskinongé prononce exactement la même phrase.
M. PAUL: C'est parce que vous n'avez pas toujours la même
conduite.
M. TESSIER: Chaque fois que j'ai l'occasion de prendre la parole,
à l'Assemblée nationale ou en commission j'en remercie mon
collègue le député de Maskinongé il me fait
toujours le même compliment à l'effet qu'il est très
satisfait de la manière dont je réponds à ses
questions.
M. PAUL: C'est parce que vous n'êtes pas
persévérant, vous n'allez pas jusqu'au bout. Mais je suis
sûr que le ministre va aller jusqu'au bout, cette fois-ci.
M. TESSIER: Chaque fois, vous dites cela et à chaque fois, je me
rends au bout.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. TESSIER: Je voudrais répondre assez brièvement aux deux
principales questions, que j'ai notées, du député de
Lafontaine. Avant de répondre à ces deux questions, est-ce que le
député de Lafontaine me permettrait de lui poser une
question?
M. LEGER: Certainement.
M. TESSIER: Je voudrais savoir quelle expérience le
député de Lafontaine a en administration municipale. A-t-il
déjà été maire, conseiller municipal ou avocat de
nombreuses municipalités, comme notre collègue, le
député de Maskinongé? A-t-il déjà
été gérant municipal? En somme, quelle expérience
peut-il avoir s'il en a, nous aimerions tous le savoir en
administration municipale? Il semble vouloir nous donner, à tout moment,
des conseils sur l'administration municipale et nous critiquer sur nos lois
municipales. J'attends la réponse du député de
Lafontaine.
M. LEGER: Je suis très heureux et ému de voir que le
ministre se demande quelle compétence nous pouvons avoir pour poser des
questions si pertinentes. Je ne peux pas lui dire
que j'ai été maire je n'ai pas pu être
gâté parce que, quand on est trop proche des arbres, on ne
voit pas la forêt. Je ne suis pas avocat non plus, mais je puis dire
qu'ayant quatre municipalités dans mon comté je suis de
très près leur administration. Etant dans l'administration
auparavant, mais pas municipale, j'ai pu suivre avec beaucoup
d'intérêt l'attitude qu'avait le ministre dans son
ministère, dans son travail de ministre des Affaires municipales; j'ai
décelé les difficultés qu'il éprouve à
trouver des solutions devant des problèmes si complexes. Il ne s'agit
pas, je pense, d'être un maire pour comprendre les problèmes
municipaux; ça aide mais ça peut nuire aussi parce qu'on est
souvent trop proche des problèmes pour réaliser les changements
qu'il faudrait apporter dans l'administration municipale.
M. TESSIER: Je constate que l'expérience du député
de Lafontaine en administration municipale est totalement inexistante
puisque...
M. LEGER: Ce sont vos propres conclusions.
M. TESSIER: C'est ce que vous venez vous-même d'affirmer. Vous
n'avez jamais participé, ni de près ni de loin, à une
administration municipale. Vous n'êtes député que depuis
à peine deux ans et vous suivez, non pas de près mais au
contraire de très loin, ce qui peut se passer dans l'administration
municipale contrairement à notre collègue le député
de Lévis. Celui-ci a été conseiller municipal pendant de
nombreuses années.
C'est contraire également au député de Berthier,
qui a été maire, de même qu'au député de
Shefford, qui a exercé des charges municipales...
M. RUSSELL: Pendant 18 ans.
M. TESSIER: ... pendant 18 ans. Contrairement au député de
Maskinongé, qui a été, pendant de très nombreuses
années, le conseiller juridique de plusieurs municipalités.
Contrairement au député de Verdun, qui est un conseiller
municipal dans sa ville. Contrairement au député de Stanstead,
qui est maire de sa ville depuis plusieurs années. Contrairement au
député de Jacques-Cartier, qui, lui aussi, a été
pendant plusieurs années conseiller municipal. Contrairement, en somme,
à presque tous les membres de la commission parlementaire des Affaires
municipales. Je suis surpris que ce soit toujours le même
député du Parti québécois, le député
de Lafontaine, qui vienne nous faire la leçon en administration
municipale.
M. LEGER: Cela prend quelquefois, puisque vous les acceptez.
M. TESSIER: II vient nous dire qu'il n'y a pas suffisamment de
planification au ministère des Affaires municipales. Maintenant que nous
savons tous que le député de Lafontaine n'a aucune
expérience quelconque en affaires municipales, il n'est pas surprenant
que nous ayons une conception différente de l'administration municipale,
que nous ayons une conception différente de ce qu'est réellement
la planification lorsqu'on parle d'affaires municipales. Quand je dis qu'il y a
conception différente de la planification c'est que, du
côté du député de Lafontaine, on planifie dans les
nuages, parce qu'on ne connaît pas la réalité de
l'administration municipale. Au ministère des Affaires municipales, nous
planifions dans les faits, nous planifions avec l'expérience que nous
avons au ministère. C'est ce qui explique, je crois, nos divergences de
vues sur la plupart des sujets, lorsque nous parlons d'administration
municipale ou d'administration au ministère des Affaires
municipales.
M. LEGER: M. le Président, à la suite des
déclarations, je pense...
M. TESSIER: Je n'ai pas fini mes remarques, M. le Président. Je
ne fais que les commencer.
M. LEGER: C'est parce que je veux soulever un point de règlement.
On est en train de parler d'autre chose que de l'administration du
ministère des Affaires municipales. Je ne crois pas que mon
administration soit en jeu actuellement. Ce n'est pas ce qu'on est en train
d'être discutée. Cela devrait être l'administration du
ministre actuel. Avec toute l'expérience qu'il vient de nous dire, avec
toute l'équipe de personnes je ne parle pas des
fonctionnaires.
Je parle de l'équipe à la table de la Commission
municipale qui a une expérience valable dans ce domaine, je me surprends
de voir comment cela va si mal dans l'administration des affaires municipales
au Québec puisqu'on a eu, justement, la démission d'une personne
des plus compétentes au ministère des Affaires municipales, qui a
été obligée de partir parce que cela ne fonctionnait pas
à son goût. Alors, je trouve cela curieux...
M. TESSIER: Laquelle?
M. LEGER: ... qu'on essaie de prendre l'attitude du "reversible lie".
Quand on est sur la sellette, on essaie de trouver des puces dans l'adversaire
d'en face pour ne pas s'expliquer sur sa propre administration.
Je veux quand même dire, M. le Président, que si le
ministre juge de la capacité administrative des personnes qui sont ses
adversaires tout simplement sur leur approbation ou leur admiration de
l'administration du ministre, je pense qu'il fait fausse route. Mais je veux
quand même lui dire que, même n'ayant jamais été
maire, n'ayant jamais été conseiller municipal, mais étant
administrateur de carrière, j'ai eu, dans mon comté, deux villes
où il y a eu nécessairement une enquête, Anjou et
Pointe-
aux-Trembles, ce qui a été une occasion unique dans un
même comté de vérifier le fonctionnement des
administrations locales avec les problèmes que cela a donné. Je
pense que cela donne quand même une certaine expérience dans le
domaine de ce qu'il ne faut pas faire dans les municipalités. Et, quand
on regarde la façon dont les municipalités sont actuellement
administrées, quand je parle des affirmations du ministre dans son livre
blanc, il est normal que nous apportions une contribution très positive
en proposant des études sur l'ensemble du Québec et non pas
seulement des cataplasmes sur des endroits précis. Je pense que c'est
une contribution qui est valable et qui répond au rôle d'un
député de l'Opposition. Je trouve absolument
déplacée la façon dont le ministre essaie de ramener la
discussion sur le plan des personnes au lieu de la conserver sur le plan des
idées. Je ne serais pas prêt, à ce stade-ci, d'apporter les
mêmes louanges que le député de Maskinongé sur la
limpidité des propos du ministre. Je dois maintenir que je suis
convaincu qu'étant donné la façon dont le ministère
des Affaires municipales fonctionne actuellement, je n'ai aucun mot à
retirer quand j'ai demandé qu'on mette un ministre compétent
à la tête du ministère des Affaires municipales.
M. TESSIER: C'est un député, M. le Président, qui
admet n'avoir aucune expérience dans l'administration municipale qui se
permet de juger la manière dont le ministère des Affaires
municipales...
M. LEGER: C'est mon rôle.
M. TESSIER: ... est administré. C'est votre rôle. C'est le
rôle d'un député de l'Opposition. Mais je trouve qu'il
exagère réellement beaucoup lorsqu'il étale une telle
prétention.
A tout événement, le député de Lafontaine
qui a une marotte, celle de la planification.
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, il est sûr
que nous ne pouvons pas avoir la même conception de ce qu'est la
planification en affaires municipales. Je le renvoie à ses propres
déclarations de tout à l'heure. Il s'est félicité
du fait que c'est grâce aux attaques constantes qu'il faisait, au sujet
de la planification, que j'ai pu élaborer sur le sujet lors de mes
remarques à l'ouverture de cette séance. Bien au contraire, la
planification, au ministère des Affaires municipales, a toujours
existé et elle est allée en s'améliorant.
Je crois que le député de Lafontaine, dans ses attaques,
est de bonne foi. Il a sans doute été mal informé par
certains fonctionnaires qui ne font plus partie, maintenant, du
ministère des Affaires municipales.
M. TETRAULT: M. le Président, j'aurais une question à
poser au ministre des Affaires municipales. J'ai aimé la thèse
qu'il a faite. Le critère dont il semble se servir, c'est
l'expérien- ce qu'une telle personne peut avoir dans tel domaine, telle
son expérience dans les affaires municipales. Je la reconnais. Il semble
dire que c'est le seul critère qu'on devrait exiger pour occuper la
fonction de ministre. J'aimerais savoir s'il applique le même
critère envers tous ses confrères qui sont ministres, tels que le
ministre des Richesses naturelles, le ministre des Terres et Forêts, le
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, le ministre de
l'Education, etc., qui n'ont aucune expérience valable dans ces
mêmes domaines.
M. TESSIER: Je n'ai aucun critère.
M. TETRAULT: Vous semblez ne pas accepter l'explication d'un gars qui
n'a aucune expérience municipale.
M. TESSIER: J'ai dit tout simplement que, lorsque l'on veut critiquer et
discuter de questions d'administration municipale et d'un ministère
donné, il faut tout de même avoir une certaine expérience
pour le faire. C'est l'opinion que j'ai émise tout à l'heure.
M. TETRAULT: Mais, du même fait, le ministre reconnaît que
le ministre des Richesses naturelles par exemple, doit avoir une
expérience dans ces domaines ou, celui des Terres et forêts pour
occuper ces ministères.
M. TESSIER: Moi, je n'irais pas critiquer le ministre des Richesses
naturelles ou le ministre de l'Education, parce que je considère que je
n'ai aucune compétence dans ces domaines.
J'irai discuter des questions sur lesquelles je crois avoir une certaine
compétence. Et, c'est justement le rapprochement que je voulais faire
dans mes remarques de tout à l'heure.
M. LEGER: Quelle expérience dans l'éducation avait
l'ancien ministre de l'Education?
M. TESSIER: Ce n'est pas la question.
M. TETRAULT: C'est le critère que vous fixez.
M. TESSIER: J'ai dit que, pour critiquer, pour faire des suggestions en
éducation, il faut d'abord avoir une certaine expérience, du
moins dans le domaine en question.
M. TETRAULT: Oui, mais vous mettez un ministre sans expérience
aux Richesses naturelles.
M. TESSIER: J'ai dit que, lorsqu'il est question de planification au
ministère des Affaires municipales, de la planification il y en a. Je
l'ai démontré. Jamais un gouvernement n'a autant planifié
et n'a autant fait pour résoudre les problèmes des
municipalités.
M. LEGER: Quel pourcentage avez-vous mis dans votre budget pour la
recherche cette année, alors que l'année dernière vous
n'aviez que 2 p.c. de votre budget qui touchait la recherche dans le domaine
des Affaires municipales?
M.TESSIER: Je répondrai à cette question lorsque nous
serons rendus à l'article qui concerne les recherches, mais je puis dire
immédiatement que le montant consacré à la recherche est
réparti dans plusieurs postes?
M. LEGER: Avez-vous été capable de réaliser le
total de ces budgets uniquement de recherche, dans toutes les directions, pour
nous dire quel pourcentage vous avez aujourd'hui?
M. TESSIER: Nous avons fait la compilation, et lorsque nous serons
rendus à l'étude de ces articles du budget, je pourrai fournir
à mon collègue des chiffres précis à ce sujet.
Je vois que l'heure de l'ajournement approche. Je voudrais donc terminer
en disant que mon collègue le député de Lafontaine a
longuement parlé de commission d'enquête. A ce sujet, je dois dire
que des enquêtes, il y en a eu, et de nombreuses.
Ce n'est plus le temps d'enquêter. Le temps est maintenant venu
d'agir. Et c'est ce que nous faisons présentement au ministère
des Affaires municipales. Nous avons fait adopter à la dernière
session les lois parmi les plus importantes dans le domaine municipal, et nous
présenterons au cours de la présente et de la prochaine session
encore d'autres lois parmi les plus importantes. Le temps est venu de passer
à l'action.
C'est précisément la politique que nous appliquons
présentement au ministère des Affaires municipales. Nous devons,
évidemment, dans les cas particuliers, faire des études. Exemple:
le comité d'étude que j'ai créé pour la
Communauté urbaine de Montréal. Le résultat de ces
études je tiens à le préciser servira non
seulement à la Communauté urbaine de Montréal, mais
à l'ensemble des municipalités du Québec. Il en sera de
même lorsque nous étudierons la question de la fiscalité
municipale pour essayer de trouver de nouveaux pouvoirs ppur obtenir des
sources additionnelles de revenus. Les experts qui étudieront cette
question particulière de la fiscalité municipale arriveront sans
doute avec des recommandations qui, si elles sont acceptées par le
gouvernement, pourront, bénéficier à l'ensemble des
municipalités du Québec.
Je cite simplement ceci, M. le Président, à titre
d'exemple. Je vois qu'il est exactement dix heures trente, et j'ai l'honneur de
demander l'ajournement de la commission à demain matin, après la
période des questions, c'est-à-dire aux environs de dix heures
trente.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on pourrait, avant d'ajourner nos travaux,
prendre en considération que, demain matin, après les affaires
courantes, on pourrait reprendre à l'article 1 des crédits de la
commission des Affaires municipales?
M. LEGER: Moi, je n'ai pas d'objection, à condition qu'on se
comprenne bien sur ceci: durant l'intervention du député de
Maskinongé, une série de questions ont été
posées au ministre alors que, durant mon intervention, j'ai
présenté tout simplement une facette de ce que, selon nous,
devrait être l'administration générale des Affaires
municipales. Les questions que j'avais à poser sont d'ordre
général. Si on accepte que je les pose à l'occasion de
l'article 1, je n'ai pas d'objection, mais, si ça limite les questions
d'ordre général, bien, moi, je voudrais m'opposer.
M.TESSIER: M. le Président, je suis d'accord pour que toute
question d'ordre général puisse être posée à
l'occasion de l'étude de l'article 1.
M. LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux à demain,
après les affaires courantes.
(Fin de la séance à 22 h 30)
Séance du vendredi 28 avril 1972
(Onze heures vingt-deux minutes)
M. PHANEUP (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
Hier, quand nous avons ajourné nos travaux, l'honorable
député de Lafontaine avait signalé qu'il avait encore
quelques questions à poser au ministre. Je donne la parole à
l'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, j'ai certaines questions à
poser au ministre. D'abord, des problèmes d'ordre général.
Dans le budget de 70/71, la direction générale de la
planification avait procédé à une étude sur la
capacité administrative des municipalités du Québec.
Est-ce que ces études ont été rendues publiques? Comme on
avait annoncé que ce n'était que partiel, qu'il y aurait d'autres
études, est-ce que ces études seront poursuivies et quels sont
les résultats obtenus jusqu'à maintenant?
M. TESSIER: Ce sont des études qui ont été
entreprises par certains fonctionnaires du ministère qui avaient des
tendances politiques très marquées en faveur du
séparatisme.
M. LEGER: Quel est le rapport avec ma question?
M. TESSIER: Les rapports ont été soumis et n'ont pas
été acceptés par la direction du ministère.
M. LEGER: Est-ce qu'elles ne vous semblaient pas personnellement
raisonnables?
M. TESSIER: II s'en est suivi que certains de ces fonctionnaires ont
été offusqués et ont démissionné.
M. LEGER: Alors, cela signifie qu'il n'y aura pas de rapport
présenté concernant les capacités administratives.
M. TESSIER: Non, parce que les rapports sont considérés
comme non valables et tendancieux.
M. LEGER: Le service de la gestion municipale qui s'occupe de
l'évaluation qualitative des systèmes administratifs des
municipalités...
M. TESSIER: Excusez-moi. Voulez-vous reprendre votre phrase?
M. LEGER: Je disais que le service de la gestion municipale fait un
travail très recommandable, d'après le rapport du ministre
et je veux le féliciter à ce sujet le service s'occupe
d'évaluation qualitative des systèmes administratifs des
municipalités. Est-ce qu'on s'est occupé de déterminer la
valeur administrative touchant surtout les normes de la taille des
municipalités, parce qu'il y a différentes façons de voir
le problème de la localisation uniquement?
M. TESSIER: De la localisation uniquement? Que voulez-vous dire?
M. LEGER: A quel endroit sont situées ces
municipalités?
Suivant l'endroit où est située la municipalité, il
peut y avoir des systèmes administratifs différents.
M. TESSIER: Le service auquel fait allusion le député de
Lafontaine doit précisément être mis sur pied. Nous sommes
présentement à l'organiser. Les travaux devraient commencer au
cours des prochaines semaines.
M. LEGER: Mais jusqu'à maintenant il n'y a pas eu d'étude
concernant le système administratif basé sur la taille. Autrement
dit, cela peut être différent pour une petite, une moyenne ou une
grosse municipalité.
M. TESSIER: C'est exact. Nous sommes à mettre sur pied le service
d'étude à ce sujet.
M. LEGER: Actuellement, nous avons le bill 23 qui est
présenté à la Chambre. J'avais posé une question
vous concernant à l'autre ministre, laquelle disait: Est-ce que le
ministre des Affaires municipales est d'accord sur les changements qui vont
affecter son ministère, concernant surtout la responsabilité des
communautés urbaines pour le transport en commun? Ma question est la
suivante: Est-ce que le ministre est d'accord avec la partie de la loi 23 qui
s'occupe d'enlever aux communautés urbaines la responsabilité de
la priorité du transport en commun sur les services spéciaux ou
à charte-partie? Etant donné que cela enlève une
possibilité parce que c'était une partie des
responsabilités qui apportait des revenus et qui avait apporté
des profits aux municipalités est-ce que le ministre est d'accord
pour faire perdre aux communautés urbaines ces sources de revenus
additionnelles pour équilibrer les déficits que les
communautés urbaines de Montréal, de Québec, de la
Rive-Sud et de Laval pouvaient avoir?
M. TESSIER: Le devoir et l'objectif du ministre des Affaires municipales
sont de protéger les municipalités et de voir à ce
qu'elles aient le plus de revenus possible. Il y a aussi bien des implications
qu'il faut considérer, c'est-à-dire l'amélioration des
services, le mieux-être de la population. C'est tout cela qu'il faut
équilibrer. Il est bien difficile pour moi de me prononcer d'une
façon définitive à ce stade-ci, d'autant plus qu'il peut
arriver des amendements au cours des débats sur le bill 23...
Ce n'est qu'après l'adoption du bill 23 que je pourrai
réellement en connaître les conséquences.
M. LEGER: Mais, M. le Président, est-ce que le ministre ne nous a
pas dit qu'il y a tellement de planification dans son ministère qu'il
devrait prévoir avant que la loi soit passée, qu'il soit trop
tard, les conséquences de ce bill 23? En effet, il amènera une
perte de revenus pour la Communauté urbaine de Montréal d'un
minimum de $400,000 par année provenant des profits sur le service
très payant des services spéciaux ou à charte-partie. Le
ministre me dit qu'il va attendre que la loi 23 soit passée pour
évaluer les conséquences. Il sera alors trop tard.
M. TESSIER: Ce n'est pas une question de planification, M. le
Président.
M. LEGER: Une question de prévision.
M. TESSIER: II faut admettre tout de même qu'il existe, je crois,
dans toute administration, quelle qu'elle soit, des conflits possibles entre
les différents ministères, les différents services, par
exemple lorsqu'il s'agit d'une administration municipale. On a souligné
à plusieurs reprises le cas de la voirie, entre autres.
Je déplore personnellement en tant que ministre des Affaires
municipales que la politique établie par le ministère de la
Voirie aggrave le fardeau fiscal des municipalités. Il faut tout de
même considérer le tout dans son ensemble. En agissant ainsi, le
ministère de la Voirie, par contre, réalise des économies.
Il peut distribuer, redistribuer cet argent qu'il sauve, ces économies
qui sont réalisées, entre d'autres travaux publics qui
bénéficient à l'ensemble des contribuables du
Québec. C'est pour cela qu'il est bien difficile de savoir si l'adoption
de telle ou telle politique par tel ou tel ministère est
préjudiciable ou ne l'est pas. Cela peut l'être dans un secteur
déterminé, mais si on considère toujours l'ensemble de la
population du Québec, il peut arriver qu'au contraire ce soit à
son avantage.
M. LEGER: M. le Président, le ministre manque à sa
responsabilité actuellement en laissant aller une loi qui est contraire
à l'intérêt de ses municipalités.
M. TESSIER: Ce n'est pas prouvé.
M. LEGER: Je le prouve actuellement, M. le Président. Le bill 23
étant...
M. PAUL: M. le Président, j'en appelle au règlement.
Je comprends parfaitement la portée des questions de mon
collègue, le député de Lafontaine, mais je me demande s'il
vous est possible, en vertu de notre règlement, de permettre ici la
discussion de certains principes du projet de loi no 23. Ces principes ont
été analysés, étudiés et acceptés par
la Chambre. Or, je me demande s'il nous est possible, ici maintenant, de
considérer les implications de ce principe ou de ces principes que l'on
peut retrouver dans le projet de loi no 23.
M. LEGER: M. le Président, je vais laisser le bill 23 et je vais
simplement poser au ministre ma dernière question dans ce
domaine-là. Est-ce que le ministre va trouver une façon de donner
des revenus additionnels à la ville de Montréal ainsi qu'aux
autres communautés qui ont le même problème, pour remplacer
les $400,000 jusqu'à près de $800,000, en prévision de ce
qui s'en vient dans les deux prochaines années pour les Jeux olympiques?
La ville de Montréal aurait pu faire jusqu'à $800,000 de profits
nets par ses services de transports spéciaux ou à charte-partie.
Est-ce que le ministre entend, s'il laisse adopter la loi 23, compenser cela
par une autre subvention à la ville de Montréal?
M. TESSIER: Le ministre des Affaires municipales, M. le
Président...
M. LEGER: Et augmenter les taxes à part cela?
M. TESSIER: ... fait des efforts constants, particulièrement
auprès de son collègue le ministre des Finances, pour avoir le
plus d'argent possible à distribuer aux municipalités sous
différentes formes en subventions, que ce soit pour le transport, que ce
soit pour de l'infrastructure, des égouts et de l'aqueducs, que ce soit
pour l'épuration des eaux, des usines de filtration ou autres. Mais,
comme je l'ai exprimé il y a un instant, il y a des priorités
dans l'ensemble de l'administration du gouvernement provincial et il est
évident que le ministre des Finances doit tenir compte de ces
priorités. Je n'ai pas, en tant que ministre des Affaires municipales,
toutes les sommes que je voudrais avoir et je suis convaincu que mes
collègues des autres ministères, que ce soit le ministère
des Terres et Forêts ou celui des Richesses naturelles, ont le même
sentiment que moi à cet égard.
C'est donc une question très générale de l'ensemble
de l'administration du Québec. A ce sujet, le conseil des ministres
poursuit, depuis déjà plusieurs mois, des études sur la
restructuration administrative et dans le but d'établir également
des priorités. C'est un problème sur lequel nous nous penchons
depuis déjà au-delà d'un an. Nous espérons qu'assez
prochainement nous pourrons arriver à une solution.
Nous avons fait déjà un premier pas, parce qu'au fur et
à mesure que les études se poursuivent, que les recommandations
sont soumises au conseil des ministres, nous prenons action. A titre d'exemple,
nous avons étudié toute la question de la fiscalité
municipale et nous avons adopté, comme le ministre des
Finances l'a annoncé dans son discours du budget, le principe,
non seulement le principe, mais nous avons mis à effet une
recommandation pour accroître les revenus des municipalités, en
allant chercher une certaine partie de l'impôt foncier scolaire. Je cite
cela à titre d'exemple seulement. Les études se poursuivent dans
le même sens.
Il est évident que nous nous rendons compte que les
municipalités n'ont pas suffisamment de revenus. Egalement, nous
étudions, et le comité que j'ai mis sur pied pour la
Communauté urbaine de Montréal va étudier d'une
manière plus particulière, il va faire des recommandations,
à savoir s'il n'y aurait pas lieu de trouver d'autres sources de revenus
pour les municipalités.
En ce qui concerne le transport en commun sur l'île de
Montréal puisque c'est une chose qui intéresse tout
particulièrement le député de Lafontaine nous avons
justement mentionné hier...
M. LEGER: Quel intérêt y a-t-il derrière cela? Ceci
favorise uniquement la Compagnie Murray Hill au détriment de
Montréal, et le ministre ne devrait pas laisser passer cela; s'il est
responsable de son ministère, il ne devrait pas laisser passer ce
privilège pour la compagnie Murray Hill au détriment de la ville
de Montréal.
M. TESSIER: Cela est une question d'opinion.
M. LEGER: Ce n'est pas une opinion, c'est clair.
M. TESSIER: C'est l'opinion de mon collègue, mais je ne suis pas
prêt à dire qu'il a absolument raison.
Nous avons pris l'engagement de verser à la communauté
urbaine de Montréal pour l'amélioration de son transport en
commun, pour payer une partie du déficit du transport en commun, une
somme équivalente, pour l'année 1972, à au moins $9.5
millions avec la garantie et ceci est important d'une
augmentation annuelle dans les années à venir de 20 p.c. de ce
montant.
Je crois que le gouvernement actuel est parfaitement conscient des
problèmes de transport en commun sur l'île de Montréal et
qu'il tente d'y apporter des solutions. Evidemment, si on pouvait disposer de
montants additionnels, c'est avec plaisir que nous le ferions. Mais alors, il y
a deux choses possibles, soit augmenter les taxes, ce qui ne serait
peut-être pas avantageux pour l'ensemble des contribuables du
Québec, sûrement pas, ou encore réduire obligatoirement,
dans d'autres domaines, des dépenses considérées comme
essentielles.
M. LEGER: M. le Président, le ministre me disait que
c'était une question d'opinion...
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine. Le
député de Maskinongé m'a aussi signalé qu'il avait
une question à poser sur le sujet.
M. LEGER: Je n'ai pas terminé cette question-là. Je vais
terminer, si vous permettez.
M. PAUL: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Continuez.
M. LEGER: Le ministre vient de me dire que c'est une question d'opinion.
Je n'ai pas de preuve que c'est défavoriser la compagnie Murray Hill et
je vais vous prouver ce matin que cette loi a pour but d'aider... Le ministre
n'a pas le droit ide laisser passer...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maskinongé.
C'est une question de règlement.
M. PAUL: Je voudrais faire appel au règlement. Je me demande en
quoi cela va nous avancer quant à l'étude des crédits des
affaires municipales si le député de Lafontaine
réussissait par l'absurde à prouver que le projet de loi 23 peut
favoriser Murray Hill.
M. LEGER: II ne parle pas du bill 23, M. le Président.
M. PAUL: Je dis, M. le Président, que toute cette étude
devrait être réservée pour la commission parlementaire des
transports, devant qui a été déféré le
projet de loi 23, au début de la semaine, par le leader du
gouvernement.
M. LEGER: Est-ce que le député de Maskinongé
craindrait que j'apporte la vérité sur cette table, si ça
ne touche pas le bill 23?
M. TESSIER: Non, c'est simplement parce que c'est hors d'ordre. Vous
êtes à la mauvaise commission parlementaire pour faire les
représentations que vous venez de faire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LEGER: Cela a été...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LEGER: La loi de...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je pense que les remarques du
député de Maskinongé sont pertinentes quand même et
que le député de Lafontaine aura toutes les occasions voulues de
soumettre toute cette question à la commission des transports. S'il veut
éclairer la commission, il aura tout le loisir alors de le faire. Je
prierais le député de Lafontaine de s'en tenir aux
crédits.
M. LEGER: Est-ce que vous aviez une question? J'en ai d'autres.
M. LEDUC: Avec la permission de la présidence, ça n'a rien
à voir avec la commission, mais c'est pour informer les membres que,
contrairement à ce qui avait été entendu lorsque nous
avons quitté l'Assemblée nationale, le vote sera suspendu en ce
qui concerne le projet de loi no 4. On engage le débat sur le projet de
loi no 5 et le vote aura lieu à midi trente, permettant ainsi aux
commissions de siéger jusqu'à midi trente. Je m'excuse, mais je
pense que les membres de la commission devaient le savoir.
M. PAUL: Je vais demander à mon collègue, le
député de Lafontaine, si ses autres questions se rapportent au
sujet qu'il a soulevé ce matin.
M. LEGER: Non.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais me dissocier des remarques
du député de Lafontaine lorsqu'il a reproché au ministre
des Affaires municipales de manquer de clairvoyance de prévoyance,
d'être négligent en ne mettant pas sur pied une planification
quelconque pour obvier aux prétendus désavantages et
inconvénients que l'application du projet de loi 23 pourrait apporter
dans l'économie ou le budget de la commission des transports de la
Communauté urbaine de Montréal.
J'inviterais le ministre à être très prudent s'il a
l'intention de s'arrêter aux chiffres qui nous ont été
signalés ce matin par le député de Lafontaine. Il a
parlé d'un déficit prévu de l'ordre de $400,000 et d'une
perte de revenus de $800,000 avec...
M. LEGER: M. le Président, un point de règlement. Mes
paroles ont été mal interprétées, et je comprends
que le député de Maskinongé peut en arriver à ces
conclusions. Ce n'est absolument pas cela que j'ai dit. J'ai dit que la section
de transports spéciaux à charte-partie pour la ville de
Montréal apportait et avait amené l'année dernière
et les années précédentes une moyenne de surplus et de
profits nets de $400,000 par année et qu'on s'en allait vers une
possibilité de profits avec les trois années qui s'en viennent de
près de $800,000. Et ces profits-là, étant versés
par la suite au bilan total des responsabilités de la commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal, empêchaient
d'arriver à des déficits. J'ai bien dit qu'on empêcherait
la commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal
de faire un profit de $400,000 qu'on pourrait ajouter pour faire diminuer le
déficit de la commission de transport de Montréal, donc pour
empêcher une augmentation ou de taxes ou de tarifs. Ce sont les paroles
que j'ai dites, je ne veux pas qu'on les déforme.
M. PAUL: M. le Président, je me demande quelle différence
il y a entre une perte de profits de $400,000 et un déficit de
$400,000...
M. LEGER: Voyons donc!
M. PAUL: ... dans la comptabilité, dans le système de
revenus. De toute façon, M. le Président, je suis sûr que
le ministre des Affaires municipales sera extrêmement prudent parce que
nous assistons ce matin à des données parisiennes qui sont
très dangereuses.
Elles peuvent se révéler totalement fausses si nous tenons
compte de certaines projections qui ont déjà été
faites par les mêmes prétendus spécialistes lorsqu'il s'est
agi du coût de l'électricité à l'occasion du projet
de loi de la nationalisation de l'électricité au
Québec.
M. LEGER: On est encore rendu en dehors du sujet. M. le
Président, si vous le permettez, je continue mes questions au ministre.
Est-ce que, dans la voie d'établissements d'administration locale plus
importante en terme de population, te ministre envisage aussi l'augmentation de
pouvoirs à la Communauté urbaine de Montréal? Je pense,
par exemple, à des programmes régionaux, comme
l'enlèvement de la neige, les dépotoirs régionaux ou le
prélèvement de déchets ménagers, qui deviendraient
une responsabilité régionale, au pouvoir peut-être d'avoir
une politique d'habitation, responsabilités qui, actuellement, sont du
ressort de la Communauté urbaine de Toronto ou du Toronto
métropolitain et qui ne sont pas de celui de la Communauté
urbaine de Montréal. Est-ce que, dans vos prévisions, vous voyez
que ces responsabilités pourraient aller, non seulement à la
Communauté urbaine de Montréal, mais à de futurs
gouvernements plus gros?
M. TESSIER: J'ai déjà eu l'occasion, M. le
Président, à quelques reprises, à la suite d'entrevues que
j'ai eues avec le nouveau président de l'exécutif de la
Communauté urbaine de Montréal en compagnie du premier ministre,
de déclarer qu'il y avait eu une entente entre le président du
comité exécutif de la Communauté urbaine de
Montréal et le ministre des Affaires municipales, à l'effet que,
premièrement, avant de mettre sur pied ou d'intégrer de nouveaux
services au sein de la Communauté urbaine de Montréal, nous
devions d'abord consolider les services qui sont déjà
intégrés. Et, deuxièmement, que nous procéderions
et ceci d'un commun accord à des études sur
l'efficacité des services, sur les coûts des services actuellement
intégrés, sur l'opportunité d'intégrer de nouveaux
services parce que, à titre d'exemple, il y a des choses qui sont assez
frappantes. Comment se fait-il qu'avec l'intégration de la police
à Montréal, il en coûte aux contribuables de l'île de
Montréal $84 millions et c'est un minimum, plusieurs disent
que
cela peut dépasser ce montant-là, c'est le montant du
moins qui a été mis au budget alors que, dans le Toronto
métropolitain, avec sensiblement la même population, une force
policière qui est équivalente sinon meilleure...
M. PAUL: Et les salaires comparables ou à peu près.
M. TESSIER: ... et les salaires comparables, il n'en coûte que $56
millions? C'est une chose qui m'a frappé, entre autres, et ce n'est pas
la seule. Et c'est à ce moment-là que j'ai convenu avec le
nouveau président de la Communauté urbaine de Montréal que
nous n'irions pas plus loin dans l'intégration de nouveaux services,
qu'il fallait faire des études en profondeur. Et c'est ce qui m'a
amené à former la commission d'études dont j'ai
parlé hier.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut me dire...
M. TESSIER: ... et qui doit soumettre son rapport et ses recommandations
pour la fin de la présente année.
M. LEGER: Combien va coûter ce comité Hanigan sur lequel le
ministre veut attirer l'attention? Est-ce qu'il est déjà inclus
dans le budget et à quel endroit?
M. TESSIER: II va coûter très peu. D'abord parce que les
études sont faites par des fonctionnaires qui reçoivent
déjà un traitement et ne recevront pas de traitement additionnel.
J'ai mentionné les quatre personnes qui faisaient partie du
comité. Quant aux sous-comités, ils seront composés de
plusieurs sous-ministres de différents ministères, au moins six
ou sept, de fonctionnaires d'autant de ministères, de fonctionnaires
actuels de la Communauté urbaine de Montréal et de ceux des 29
municipalités qui composent la Communauté urbaine de
Montréal. A l'occasion, nous ferons appel à des
spécialistes pour des études bien précises. Il est
difficile à ce moment-ci d'établir le coût, mais il sera
sûrement réduit à son minimum.
De plus, je suis en négociation présentement avec le
gouvernement fédéral, plus particulièrement l'honorable
Ron Basford, le nouveau ministre des Affaires urbaines, afin qu'il y ait
peut-être participation du gouvernement fédéral dans les
coûts de ces études. Ilyaeu jusqu'à présent une
entente de principe, si vous voulez, c'est-à-dire qu'on s'est
montré favorable à une telle participation.
M. PAUL: Sans droit de regard?
M. TESSIER: Sans aucun droit de regard, se contentant tout simplement de
payer une partie des coûts. C'est nous qui allons disposer 100 p.c. des
montants comme nous l'entendons.
M. LEGER: Soyez assuré qu'on va vous appuyer dans cette
direction-là.
M. TESSIER: II n'y aura, en d'autres termes, aucune intervention, ni
directement, ni indirectement, du gouvernement fédéral.
M. LEGER: Mais le chèque n'arrivera pas directement, par
exemple.
M. TESSIER: Pardon?
M. LEGER: Mais le chèque n'arrivera pas directement, il va
être versé à...
M. TESSIER: Evidemment, il sera versé au ministère des
Affaires municipales qui, à son tour, pourra donner une subvention
appropriée au comité d'étude de la CUM.
M. LEGER: M. le Président, combien y a-t-il actuellement dans le
Québec de municipalités qui font partie d'une organisation en
commun de prévention des incendies?
M. TESSIER: Un instant. Il est difficile de le dire. Vous parlez de
l'ensemble du Québec? Il est difficile, M. le Président, il est
même impossible pour le moment de vous donner ces chiffres-là,
mais on peut vous les fournir. Je sais personnellement qu'il y en a plusieurs
centaines. Chaque semaine passent devant moi des règlements
adoptés par les municipalités pour la mise en commun de la
protection contre l'incendie. Nous avons d'ailleurs un poste de subventions
pour la protection contre l'incendie. Nous en tenons compte, chaque fois qu'une
demande de subvention nous est adressée.
Nous disons alors aux municipalités: Si vous mettez en commun
votre système de protection contre l'incendie avec deux ou trois autres
municipalités, la subvention que nous allons vous accorder, au lieu
d'être de 40 p.c. sera de 80 p.c. afin de stimuler et d'encourager les
municipalités à mettre en commun leur système de
protection contre l'incendie. Notre service de protection contre l'incendie
d'ailleurs, est en contact constant avec les municipalités justement
pour les aider dans leurs études à ce sujet-là. Nous avons
une équipe volante, si je peux dire, itinérante, qui parcourt
toutes les municipalités du Québec pour étudier avec elles
les questions techniques, les coûts et la meilleure efficacité
d'un service de protection contre l'incendie dans le cas de mise en commun de
tels services.
A tout événement, plusieurs centaines de services de
protection contre l'incendie ont été intégrés au
cours des dernières années et le nombre augmente de mois en mois.
Il me fera plaisir de fournir au député de Lafontaine des
chiffres précis à ce sujet à la prochaine
séance.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que le ministre peut nous dire
s'il a encore cette
collaboration et cette coopération qui existait autrefois entre
la direction générale de la prévention des incendies et la
protection civile, spécialement dans les territoires non
organisés?
M. TESSIER: Une certaine collaboration existe avec la protection civile,
mais je dois dire qu'il y a peut-être moins de collaboration du fait que
la protection civile, qui relevait autrefois du ministère des Affaires
municipales, relève maintenant du ministère de la Justice. Je
veux dire en ce qui a trait à l'équipement dans les territoires
non organisés. C'est surtout dans les territoires non organisés,
évidemment, qu'il peut y avoir des ententes avec la protection
civile.
M. LEGER: M. le Président, j'aimerais maintenant poser quelques
questions sur la Société d'habitation du Québec.
L'année dernière, j'avais demandé au ministre s'il avait
l'intention de donner à la SHQ les mêmes pouvoirs que la
Société d'habitation de l'Ontario qui, elle, pouvait mettre
elle-même ses projets en marche et pouvait construire ses propres
habitations. Le ministre avait répondu qu'il y pensait. Et maintenant,
après un an, où en sont rendues ses reflections?
M. TESSIER: Nous avons étudié toute cette question. J'ai
eu des rapports de la Société d'habitation, des recommandations
à ce sujet, mais je dois avouer bien sincèrement qu'il y a des
implications financières considérables dans l'application de la
proposition qui a été faite par le député de
Lafontaine. Ce sont justement ces implications financières qui retardent
certains amendements que nous aimerions apporter à la Loi de
l'habitation.
M. LEGER: A la suite des politiques malhabiles de la
Société centrale d'hypothèques, avec les exemples des
projets Abeille, avec les Places Bertrand et Vanier, il y a eu par ricochet
quelques flèches lancées à la Société
d'habitation du Québec qui disait qu'elle n'avait pas à
vérifier la qualité des maisons, que ce n'est pas son mandat.
Est-ce que le ministre a l'intention de réaliser, plutôt, le
projet assez vague dont il nous avait parlé la dernière fois en
octobre 1971, devant le congrès des constructeurs d'habitation, soit de
négocier avec Ottawa, de façon que la Société
d'habitation du Québec soit à peu près la cheville
ouvrière principale d'une politique d'habitation du gouvernement du
Québec, pour ainsi court-circuiter la Société centrale
d'hypothèques qui vient s'ingérer dans les choses
québécoises.
M. TESSIER: Nous sommes justement en pourparlers avec la
Société d'habitation du Québec à ce sujet afin
d'avoir une collaboration...
M. LEGER: Avec la SCH, avec la Société centrale
d'hypothèques.
M. TESSIER: Oui, excusez moi, c'est un. lapsus... avec la
Société centrale d'hypothèques de logement, afin d'avoir
une meilleure collaboration, et ce dans des domaines plus étendus. Il y
a dix jours à peine, j'ai eu une entrevue à Ottawa avec le
président de la Société centrale d'hypothèques et
de logement, les directeurs de cette société et le ministre
Basford. Nos dialogues se continuent. En fait, ils seront à
Québec mardi de la semaine prochaine et pour deux jours, mardi et
mercredi. Nous allons discuter encore une fois pour savoir s'il y a lieu
d'améliorer les ententes, de couvrir un plus grand champ d'action. J'ai
bon espoir, à ce moment, c'est bien amorcé, que nous allons en
arriver à des ententes qui seront à l'avantage, non seulement de
la Société d'habitation du Québec, mais surtout de
l'ensemble des contribuables.
M. LEGER: En octobre 1971, M. le Président, le ministre est
certainement au courant il y a eu une réunion extraordinaire des hauts
fonctionnaires de la Société d'habitation du Québec pour
discuter de l'orientation de la société. Premièrement, que
s'y est-il passé et, deuxièmement, quels sont les nouveaux
services et la nouvelle politique que le ministre veut mettre de l'avant et
qu'il va discuter avec la Société centrale
d'hypothèques?
M. TESSIER: Est-ce que le député de Lafontaine a fait
allusion à une réunion qui aurait eu lieu? Dans quel but?
M. LEGER: Entre les hauts fonctionnaires de la Société
d'habitation du Québec en octobre 1971, et qui...
M. TESSIER: Dans quel but?
M. LEGER: Qui avait pour but de repenser l'orientation future de la
Société d'habitation du Québec.
M. TESSIER: Cette rumeur à laquelle vous faites allusion est
absolument fausse. Il n'y a jamais eu de telles réunions en octobre
dernier pour les fins que le député de Lafontaine mentionne.
M. LEGER: Est-ce qu'il y a eu une réunion?
M. TESSIER: II n'y a jamais eu de discussions ou de réunions dans
le but de discuter ou d'étudier une nouvelle orientation de la
Société d'habitation du Québec. Il y a eu effectivement,
comme il y en a régulièrement, réunion des fonctionnaires
de la Société d'habitation du Québec, dans le but, tout
simplement, d'étudier certains amendements à être
apportés à la Loi de l'habitation familiale, la Loi de la
société d'habitation du Québec. Des recommandations ont
été faites à ce sujet. Le tout est présentement
devant le conseil des ministres pour étude. Il est possible comme j'ai
eu l'occasion de le faire au cours des deux dernières sessions.
Mais, il serait pour moi prématuré et de mauvais aloi, je
crois, de dévoiler, à ce stade-ci, avant que la loi ne soit
déposée en première lecture, ce qu'elle peut contenir.
M. LEGER: M. le Président, le ministre est certainement au
courant de l'existence d'un groupe de recherche financé par la
Société centrale d'hypothèque et de logement, qui
s'appelle Intermet, qui élabore les bases d'un programme
fédéral d'urbanisme et d'aménagement du territoire. Je
pense que c'est encore une compétence québécoise. Est-ce
que le ministre a l'intention de s'opposer à l'ingérence, de plus
en plus marquée, du ministre Andras dans le domaine de
l'aménagement du territoire?
M. TESSIER: Je ferai remarquer d'abord au député de
Lafontaine que le ministre Andras n'a plus rien à voir en ce qui
concerne l'habitation, il a été remplacé à ce
poste, par le ministre Ron Basford.
M. PAUL: C'est parce que les notes qui lui ont été
transmises remontent à un certain temps.
M. TESSIER: C'est-à-dire que les recherchis-tes du parti
séparatiste ne sont pas à jour dans leurs recherches. Il
faudrait, je crois si je peux me permettre une recommandation...
M. LEGER: Est-ce que le ministre pourrait arrêter de faire de la
politique et répondre à ma question?
M. TESSIER: ... que le parti séparatiste planifie davantage ses
recherches.
M. LEGER: M. le Président, le ministre, quand il est mal pris, il
retourne les questions à l'adversaire pour éviter de
répondre et donner le compte rendu de sa propre incompétence,
M. TESSIER: Je ne suis pas mal pris du tout, M. le Président,
loin de là.
M. LEGER: Vous ne m'avez donné aucune réponse
précise à ma question.
M. TESSIER: C'est une préliminaire. J'ai voulu d'abord rectifier
une fausse déclaration faite par le député de Lafontaine,
lorsqu'il a fait allusion au ministre Andras. J'ai terminé mes remarques
là-dessus, ma rectification est faite. Je réponds maintenant
à la question directement.
Je considère, pour ma part, qu'il n'y a aucune ingérence
quelconque de la part du gouvernement fédéral par l'entremise de
la Société centrale d'hypothèques et de logement, ni par
l'entremise du ministère des Affaires urbaines, dans l'autonomie de la
gestion administrative du gouvernement provincial. Que le gouvernement
fédéral, par quelque organisme que ce soit, fasse des
études, poursuive des recherches, en ce qui concerne l'habitation, la
rénovation urbaine, ou tout problème urbain, comme le transport
urbain par exemple, ceci ne peut que nous aider. Ce que je considèrerais
comme de l'ingérence, ce serait si le gouvernement fédéral
transigeait directement avec une municipalité, avec une commission de
transport en commun, et à ce moment-là, je m'y opposerais avec
fermeté. Mais ce n'est pas le cas. M. Basford s'est, comme son
prédécesseur, M. Andras, toujours gardé de
s'ingérer dans les affaires qui relèvent directement de la
juridiction du gouvernement du Québec. Les études qui sont
poursuivies sont faites après consultation avec les gouvernements
provinciaux et je crois que c'est excellent que nous puissions à un
certain moment en profiter. Je ne tolérerai pas qu'on aille plus loin
que des études ou des recherches, mais lorsqu'il s'agit de passer
à l'action et d'appliquer certaines recommandations qui puissent
être faites, ce sera le gouvernement du Québec qui verra à
leur application. Si le gouvernement fédéral veut à ce
moment-là contribuer financièrement à la
réalisation de certains projets, c'est avec plaisir que nous accepterons
l'argent qui nous viendra du gouvernement central.
M. LEGER: M. le Président, la réponse du ministre vient en
contradiction flagrante avec la responsabilité du Québec, qui,
lui, devrait faire les études, établir ses politiques et
recueillir du gouvernement fédéral l'argent pour les
réaliser. Si le ministre laisse faire les études par le
gouvernement fédéral, c'est parce que lui-même ne veut pas
les faire et qu'il ne prend pas ses responsabilités. C'est ainsi qu'il
laisse occuper un domaine qui appartient au gouvernement provincial, il laisse
le gouvernement fédéral faire les études, établir
ses priorités et après ça, il accepte l'argent. Cela
montre justement le manque de compétence et de responsabilité du
ministre de laisser de plus en plus le gouvernement fédéral
s'intégrer dans le domaine de la politique de l'aménagement du
territoire et de la rénovation urbaine qui relève du
Québec.
Après cela, il dit: On va seulement leur demander de nous donner
de l'argent. Le gouvernement fédéral qui fait les études
donne de l'argent où il veut, et le ministre sera obligé
d'accepter ces projets-là.
M. TESSIER: Non, M. le Président, c'est absolument faux, et ceci
démontre évidemment la mentalité du député
de Lafontaine qui considère le gouvernement fédéral comme
un gouvernement étranger, qui ne se sent pas un Canadien...
M. LEGER: II est au moins étrange.
M. TESSIER: ... qui a honte d'être canadien, qui, lorsqu'il va
à Ottawa, considère qu'il va dans un pays étranger.
M. LEGER: M. le Président...
M. TESSIER: ... comme s'il allait en Algérie ou à
Cuba.
M. LEGER: Le ministre ne répond pas à ma question
et...
M. TESSIER: Je réponds à la question, M. le
Président, et je vous demande... J'ai la parole et je ne voudrais pas
être interrompu; j'ai laissé parler mon collègue, c'est
à moi d'y répondre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je comprends que le
ministre a répondu à la question...
M. TESSIER : Je n'ai pas fini de répondre.
M. LEGER: II m'a attaqué, il ne m'a pas répondu.
M. LE PRESIDENT: La parole est à l'honorable député
de Rimouski.
M. TESSIER: II dit que je l'ai attaqué, que je ne lui ai pas
répondu.
M. LEGER: Vous m'avez attaqué. Vous avez dit que je
n'étais pas un Canadien.
M. TESSIER: Qui a attaqué l'autre?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. TESSIER: J'ai l'impression que le député de Lafontaine
commence à être complètement inconscient; il ne
s'aperçoit pas quand il fait des attaques. Je ne fais que
répondre à ses attaques actuellement, et je dis que c'est une
question de mentalité et que c'est absolument injuste de reprocher au
ministre des Affaires municipales de ne pas faire son devoir parce qu'il
accepte une collaboration qui lui est offerte par le gouvernement central. Et
nous allons poursuivre ces études en commun. Je le dis et je le
répète, lorsqu'il s'agira de déterminer les projets,
lorsqu'il s'agira de dépenser l'argent, c'est nous, au Québec,
qui choisirons les projets, c'est nous qui déterminerons...
M. LEGER: Qui auront été pensés par le
fédéral.
M. TESSIER: ... comment cet argent-là doit être
dépensé et où et comment il doit être
affecté.
M. LEGER: Que viennent faire les études du fédéral
là-dedans, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LEGER: C'est le fédéral qui fait les études,
après ça...
M. TESSIER: Nous en faisons de notre côté. J'ai dit
et je le répète que ce sont des études conjointes
qui se font présentement, et non pas unilatéralement.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais quand même signaler au
député de Lafontaine que j'aimerais accorder le droit de parole
selon le droit de la présidence, et ne pas continuellement intervenir
lorsque le ministre répond ou qu'un autre membre de la commission parle.
J'aimerais quand même parce que le député de
Lévis m'a déjà signalé depuis un bon bout de temps
qu'il avait une question à poser, et je n'ai pas eu l'occasion de lui
donner le droit de parole lui donner le droit de parole maintenant.
M. LEGER: Je suis d'accord. J'ai seulement une autre question et je vais
laisser passer mon collègue.
M. LE PRESIDENT: Sur le même sujet?
M. LEGER: Oui, sur le même sujet. Seulement une question et j'ai
terminé.
M. ROY (Lévis): S'il n'a qu'une question...
M. LE PRESIDENT: II y a consentement, alors...
M. LEGER: Je voudrais terminer en posant une dernière question.
J'espère avoir une réponse précise et non pas des
attaques. Est-ce que le ministre, pour terminer mes questions sur la situation
du Québec...
M. TESSIER: C'est-à-dire que si vous posez des questions au lieu
d'attaquer, je vais vous répondre.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait
brosser un tableau global, en terminant, de l'activité de la
Société d'habitation du Québec de l'année
financière écoulée? Entre autres, combien d'unités
de logements ont été subventionnées? Combien
d'unités de logements à loyer modique ont été
construites? Combien d'unités de logements rénovées?
M. TESSIER: Pas trop vite, là.
M. LEGER: Je vous les donne toutes et après ça, je me
tairai et j'écouterai la sagesse du ministre.
M. TESSIER: Passez-moi donc votre papier, ça va aller plus
vite.
M. LEGER: Ce sont quatre points précis...
M. PAUL: Ce serait plus facile; la réponse est écrite.
M. TESSIER: Passez-moi donc le papier de votre recherchiste.
M. LEGER: Malheureusement, je n'ai pas de sous-ministre derrière
moi pour me souffler les réponses.
M. TESSIER: Nous allons vous fournir tous les renseignements.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. VAILLANCOURT: Combien d'unités de logements à prix
modiques.
M. TESSIER: Consultez le journal des Débats, et vous aurez tous
les renseignements.
M. LEGER: Unités de logements à loyers modiques
construites, unités de logements...
M. TESSIER: Quand ça?
M. LEGER: De la dernière période financière
écoulée, depuis qu'on s'est vus à la
dernière...
M. TESSIER: 1971/72?
M. LEGER: C'est ça. Unités de logements
rénovées et unités de logements pour personnes
âgées et pour étudiants. Et comme de raison, au sujet de la
politique globale, vous n'avez pas besoin d'attendre vos sous-ministres pour
donner vos réponses. Quelle est la politique globale que vous entendez
appliquer dans le domaine de la Société d'habitation du
Québec pour l'année financière qui vient?
M. TESSIER: Nous vous fournirons, à la prochaine séance,
toutes les réponses à ces questions. Dans l'intervale, M. le
Président, je pourrais répondre tout de suite à une
question qui m'a été posée par le député de
Lafontaine en ce qui concerne le regroupement des services de protection contre
l'incendie. Il y a actuellement 145 services intégrés de
protection contre l'incendie, groupant plus de 400 municipalités.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lévis.
M. ROY (Lévis): M. le Président, je ne suis pas
découragé.
M. TESSIER: Je félicite le député de Lévis
pour sa patience.
M. ROY (Lévis): Merci. J'ai écouté religieusement
les débats, les questions et les réponses entre le
député de Lafontaine et l'honorable ministre et je suis à
me demander où on va. Le député de Lafontaine
prétend qu'on n'est pas assez socialiste et l'honorable ministre
répond tout en étant socialiste délicatement.
UNE VOIX: II est très délicat.
M. ROY (Lévis): On a parlé d'habitation, on a parlé
d'octroi, on a parlé de subvention, on a parlé d'à peu
près tout ce qui peut être subventionné par le gouvernement
et, de plus en plus, je m'aperçois que plus le gouvernement embarque,
plus on perd notre liberté et on débarque.
M. le Président, je voudrais poser une question au ministre,
peut-être qu'il me répondra, c'est une question personnelle, je ne
dirai pas
M. TESSIER: Pas trop personnelle.
M. ROY (Lévis): ... que je suis complètement, directement
affecté par les décisions du gouvernement. Est-ce que vous
pensez, avec toutes les subventions que je viens d'énumérer
le gouvernement subventionne ceci, subventionne cela
êtes-vous capable de me dire où va l'entreprise privée qui
n'a aucune chance d'être subventionnée si on parle des logements?
Vous avec des entrepreneurs, j'en ai chez nous, il y en a à
Montréal, il y en a partout, qui construisent, à leurs frais et
dépens, avec des emprunts de la Société centrale
d'hypothèques selon un intérêt qui est reconnu suivant le
taux du marché. Et le gouvernement subventionne des constructions pour
avoir des logements à prix modique. Et, qu'est-ce que vous pensez de
l'entreprise privée qui a des logements qu'elle est obligée de
louer à $125, $135 et $140 par mois et qui n'est pas
subventionnée?
Nous avons une ère de construction dans la province de
Québec et on commence à constater que nous avons une
quantité de logements vacants à différents endroits parce
que les logements à prix modique entrent en concurrence. Je vais vous
l'expliquer: Un gars se construit une maison et les taxes retournent soit au
gouvernement fédéral, parce qu'il paie son impôt, soit au
gouvernement provincial, parce qu'il paie son impôt, soit au gouvernement
municipal, parce qu'il paie ses taxes et il est obligé de payer des
taxes pour celui qui ne paie pas de logement ou qui paie un logement à
prix modique. Le gars est déjà embarqué pour un logement
de $125, $150, $175 par mois. C'est justement ce qui m'inquiète, M. le
Président, et je voudrais que le ministre me dise si je suis à
côté de ma coche ou si ma question a du sens.
M. TESSIER: Pour avoir du sens, elle en a sûrement. Mais,
évidemment, c'est une question encore d'appréciation. Je crois
que le député de Lévis doit se rendre compte qu'il y a la
question sociale dont il faut tenir compte. Et c'est justement le rôle de
la Société d'habitation du Québec. Ce n'est pas de
construire, des logements pour le plaisir d'en construire, c'est de financer,
d'aider, de subventionner la construc-
tion de logements à loyers modiques pour les municipalités
afin d'accueillir, précisément, ceux qui ont des revenus
modiques: les assistés sociaux, les vieillards, les
défavorisés de la vie; et dans certains cas, de construire des
maisons d'étudiants. C'est là le rôle principal de la
Société d'habitation du Québec et je crois que c'est un
rôle que la société doit remplir, c'est un rôle qui
s'impose dans notre société.
Je comprends qu'il peut rester des logements vacants mais ce sont, dans
la plupart des cas, des logements qui ne conviennent pas et qui ne peuvent pas
remplir le rôle social que nous désirons atteindre par la
construction de HLM.
Que ceci puisse nuire jusqu'à un certain point à
l'entreprise privée, il faut l'admettre. Mais, par contre, nous
favorisons aussi l'entreprise privée, indirectement, de deux
manières. Lorsqu'une municipalité, par son office municipal
d'habitation, décide de construire un HLM, elle fait des appels publics
d'offres et ce sont des entrepreneurs privés qui en construisant ces
édifices en retirent nécessairement un profit. Nous
finançons également des corporations sans but lucratif pour des
projets de logements multiples qui ne sont pas nécessairement, comme
plusieurs le pensent, des édifices à logements mais qui peuvent
être une série de maisons unifamiliales, bifamiliales ou
multifa-miliales. Ce sont des développements qui, dans certains cas,
sont considérables pour des municipalités et qui apportent par
conséquent des revenus accrus aux municipalités, sous forme de
taxes foncières qui font bénéficier certaines familles de
logements modernes, confortables, qu'elles n'auraient pas le moyen de se payer
dans d'autres circonstances, si la Société d'habitation du
Québec n'intervenait pas par des subventions directes, des prêts
à long terme et à un taux d'intérêt
privilégié. C'est là qu'il faut essayer de concilier le
tout. Je crois que, dans l'ensemble, la Société d'habitation joue
un rôle excellent du point de vue social.
M. ROY (Lévis): M. le Président, j'aurais une autre
question. Je n'ai rien contre la Société d'habitation et je n'ai
rien non plus contre le fait de rendre service aux assistés sociaux, de
rendre service à celui qui ne gagne pas un gros salaire. Cependant, il
est dommage de le dire, mais c'est toujours au détriment de celui qui
est propriétaire et contribuable dans la municipalité. Je n'ai
pas à condamner quoi ou qui que ce soit mais je voudrais savoir du
ministre il dit qu'il y a certains profits qui sont procurés aux
municipalités s'il pouvait me dire s'il y a eu une seule
municipalité qui a été capable de lui donner un compte
rendu et de lui présenter un bilan avec des revenus qu'elle a eus, selon
ce que cela lui coûte, avec des maisons d'habitation à prix
modique.
M. TESSIER: Dans ma première réponse, je parlais tout
particulièrement des projets d'habitation financés à des
corporations sans but lucratif. Dans la construction de HLM, c'est
différent. Il est évident qu'il n'y a pas de profit pour une
municipalité puisque cette dernière doit actuellement contribuer
à 25 p.c. du déficit d'opération. Alors, il est
évident qu'il n'y a pas de profit à en retirer. Seulement, aucune
municipalité n'est obligée de s'en prévaloir. C'est
absolument volontaire.
C'est au conseil municipal à décider si oui ou non dans un
but strictement social, remarquez bien, il doit se lancer dans un projet de
HLM. C'est elle, la municipalité, qui le décide. C'est elle qui
soumet son propre projet, sans sollicitation de la part de la
Société d'habitation, à la Société
d'habitation pour dire: Voici, nous voulons construire 150 logements à
tel endroit dans notre municipalité, êtes-vous prêt à
nous financer et à défrayer une partie du déficit
d'opération? Nous finançons le projet à 95 p.c. et nous
subventionnons directement 75 p.c. du déficit d'opération, la
municipalité en supportant la différence, c'est-à-dire 25
p.c.
A ce sujet je dois ajouter que nous sommes en négociation depuis
plusieurs mois déjà avec le gouvernement central, avec, plus
particulièrement, la Société centrale d'hypothèques
et de logement, pour tâcher d'augmenter la contribution de la subvention
quant au déficit d'opération. Notre objectif est d'obtenir une
entente avec le gouvernement fédéral je ne sais pas encore
si nous allons y réussir, mais nous faisons des démarches
intensives de ce côté depuis plusieurs mois déjà.
Nous espérons pouvoir réussir à les convaincre afin que la
part de la municipalité ou de l'Office municipal d'habitation soit
réduite, si possible, à 10 p.c. seulement. A ce moment-là,
nous considérons que ça ne coûtera absolument rien à
la municipalité parce que les 10 p.c. qu'elle devra débourser
pour payer le déficit d'opération seront largement
compensés par les taxes foncières et les taxes de service qu'elle
en retirera.
M. ROY (Lévis): Cela est à la condition qu'on n'ait pas le
malheur d'avoir le séparatisme un jour ou l'autre.
M. TESSIER: Qu'on ne pourrait pas avoir à ce
moment-là.
M. ROY (Lévis): On ne pourra plus négocier.
M. TESSIER: Non. Je suis complètement d'accord.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais que le ministre me corrige
si par hasard je fais erreur. Il a parlé de préparation de plans
conjoints entre son ministère ou la Société d'habitation
avec les autorités fédérales.
J'ai cru retenir des propos du ministre, sans qu'il le mentionne, que le
pouvoir décisionnel restait toujours à l'autorité
provinciale.
M. TESSIER: Vous avez très bien compris, mon cher
collègue.
M. PAUL: C'est que je voulais vous le faire préciser parce qu'il
me semble que vous aviez omis de mentionner ce point qui est absolument
nécessaire et pour contredire la thèse...
M. TESSIER: C'est le gouvernement du Québec qui seul prend les
décisions sur tous les projets qui nous sont soumis.
M. PAUL: Dans ce même domaine, M. le Président, de...
M. TESSIER: En d'autres termes, pour préciser davantage, le
gouvernement fédéral par l'entremise de la société
centrale d'hypothèques et de logement met à la disposition de la
Société d'habitation du Québec un certain montant,
d'après la dernière entente signée dernièrement,
$80 millions pour l'année courante, sujet à reviser au mois de
juillet prochain. Ce montant de $80 millions est mis à la disposition de
la Société d'habitation du Québec inconditionnellement et
même sans droit de regard.
Nous sommes les seuls à administrer comme nous l'entendons ce
montant de $80 millions.
M. LEGER: Est-ce que ce montant de $80 millions est supérieur ou
inférieur au montant que vous avez eu l'année
dernière?
M. TESSIER: II est en quelque sorte supérieur, en ce sens que
l'entente pour $80 millions est pour douze mois, alors que l'entente
précédente, qui était de $150 millions, était pour
21 mois.
M. PAUL: II y aura renégociation?
M. TESSIER: Nous n'avons pas voulu négocier pour plus que le
montant que nous pouvions envisager pouvoir investir dans l'habitation à
la date de la négociation. Mais, si au cours des prochains mois il
s'avère que les projets sont plus nombreux que prévu, que la
demande est plus forte que prévu, tant de la part des
municipalités que de la part des offices municipaux d'habitation que des
corporations sans but lucratif, nous avons laissé la porte ouverte
à une rénégociation au mois de juillet pour aller chercher
des millions additionnels dont nous pourrions avoir besoin.
M. LEGER: Est-ce qu'il n'y a pas eu, à l'occasion de cette
entente une clause qui prévoyait qu'un comité spécial se
chargerait d'examiner les modalités relatives à un ensemble
d'activités dans le domaine de l'habitation? Où en est-on rendu
dans les études de ce comité?
M. TESSIER: II est exact, M. le Président, qu'un tel
comité a été formé. Il a d'ailleurs
été formé tout récemment, il n'y a que quelques
jours. Il ne s'est pas encore réuni. Le but de ce comité est
d'étudier les principes de base qui avaient été
acceptés de part et d'autre lors de la première entente qui a
été signée en 1967. Ce comité aura pour tâche
de réétudier les principes de base, de faire des recommandations
pour voir s'il n'y aurait pas lieu d'y apporter certaines modifications
à l'avantage de la Société d'habitation du Québec,
le dit comité devant faire rapport d'ici la fin de la présente
année.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: Est-ce que le ministre des Affaires municipales peut nous dire
s'il a reçu des protestations de la part de corps intermédiaires,
de municipalités ou d'individus au sujet de l'application du programme
d'initiatives locales que nous avons connu au cours de l'hiver? Est-ce que le
ministre pourrait dire si la mise en application de ce programme a
respecté l'intégrité de la juridiction provinciale,
lorsque l'on a vu les autorités fédérales donner des
subventions à des oeuvres et fabriques pour l'amélioration des
temples paroissiaux et l'aménagement de salles paroissiales? Ou
lorsqu'on a vu, par exemple, des mouvements reconnus, comme des chambres de
commerce, qui auraient eu des subventions pour justement mener des
enquêtes dans leur milieu sur la situation du logement, sur les
conditions de vie des personnes logeant dans des secteurs ou des régions
économiquement faibles et lorsque l'on a interrogé les
résidents de ces secteurs sur la meilleure politique à suivre
pour améliorer la situation?
M. TESSIER: D'abord, M. le Président, il faut préciser
qu'il y a deux sortes de programmes d'initiatives locales. La première
sorte, ce sont des programmes d'initiatives locales municipales. Dans ce
cas-là, il n'y a eu aucune intervention quelconque de la part du
gouvernement fédéral. Tous les projets devaient être
préalablement soumis et adressés au ministère des Affaires
municipales pour approbation. Nous avions par conséquent entière
juridiction à ce moment-là et entière liberté
d'accepter ou de refuser tel ou tel programme d'initiatives locales provenant
des municipalités. Le député de Maskinongé m'a
demandé si j'ai reçu des plaintes à ce sujet. Non, je n'ai
reçu, en tant que ministre des Affaires municipales, aucune plainte de
la part des municipalités sur des programmes d'initiatives locales
municipales.
Comme tout le monde cependant, j'ai lu dans les journaux que certaines
municipalités étaient déçues de voir
qu'après approbation de leurs projets, par le ministère des
Affaires municipales, du côté fédéral, certains de
ces projets n'avaient pas été acceptés, parce qu'on avait
atteint la limite de l'argent qui avait été mis à la
disposition du Québec, pour la réalisation de tels
programmes.
M. PAUL: Le ministre des Affaires municipales nous avait donné
certains chiffres, au tout début de la session, sur ce point particulier
de projets refusés ou ceux qui étaient en suspens, par les
autorités fédérales. Est-ce que le ministre est en mesure
de nous dire combien de projets et d'initiatives municipales ont
été refusés par les autorités
fédérales? A partir de quelle date?
M. TESSIER: En tout, il y a eu 1152 projets municipaux qui ont
été approuvés par le ministère des Affaires
municipales, pour un coût total en travaux de $165 millions je
vous fais grâce des...
M. PAUL: Là, vous voulez dire, approuvés par le
ministère des Affaires municipales? Mais est-ce que tous ces
travaux-là ont été approuvés par le
fédéral également?
M. TESSIER : J'en arrive là. Ceci représentait des
subventions évaluées à environ $43 millions. Or, le
fédéral en a approuvé pour environ $23 millions, ce qui
veut dire qu'on a approuvé environ...
M. PAUL: Cinquante pour cent.
M. TESSIER: ... 50 p.c. Je ferai remarquer au député de
Maskinongé, que le montant qui avait été
déclaré par le gouvernement fédéral, comme
étant mis à la disposition des municipalités du
Québec, pour leurs projets d'initiatives locales municipales,
était de $18 millions. Nous laissant entendre qu'on pourrait,
possiblement, aller peut-être jusqu'à $20 millions. Mais,
ça ne devait pas dépasser $20 millions et, à ma grande
satisfaction, on en a approuvé pour plus de $20 millions,
c'est-à-dire un peu plus de $23 millions.
M. PAUL: Le ministre vient de nous parler de projets d'initiatives
locales municipales. Je voudrais connaître sa réaction sur la
réalisation des projets d'initiatives purement locales? Si vous me
permettez, M. le ministre, je vais vous donner un exemple et là
j'aimerais avoir votre opinion, à moins que vous décidiez de la
réserver, et pour cause, que je ne comprends rien.
Est-ce que le ministre est au courant que certaines associations ont
procédé à l'aménagement de pistes de motoneige ou
de "mini-trail", sur l'initiative de conseils municipaux qui, du même
coup, se trouvaient à bénéficier et contournaient ainsi
l'autorité provinciale dans la réalisation d'un projet, ce qui
permettait du même coup à des contribuables de cette
municipalité de bénéficier de cette initiative
fédérale pour obvier au chômage qui existait dans certaines
municipalités. Est-ce que le ministre ne croit pas qu'il s'agissait, du
fait de l'acceptation de l'autorité fédérale, d'une
véritable ingérence du fédéral dans un domaine de
juridiction exclusivement provinciale?
M. TESSIER: Je ne sais pas s'il y a eu des projets d'initiatives locales
concernant des pistes de motoneige qui ont été
présentés par des organismes sans but lucratif qui
n'étaient pas des conseils municipaux, ça, je l'ignore
totalement, mais je sais que, parmi les 1,152 projets d'initiatives locales
municipales que j'ai acceptés, il y en avait quelques-uns qui
comportaient des pistes de motoneige et que j'ai acceptés.
M.PAUL: Et des "mini-trails" pour l'été, sous
prétexte que ça pouvait servir pour les deux saisons.
M. TESSIER: Oui, évidemment, c'était dans bien des cas
l'aménagement de loisirs, de parc de loisirs, dans les limites de la
municipalité, sous la juridiction de la municipalité. Evidemment,
comme c'était pour remédier au chômage et améliorer
le sort de l'ensemble des contribuables de telle ou telle municipalité
en particulier, j'ai cru devoir accepter ces projets-là. Il y en a
quelques-uns qui ont été acceptés par le gouvernement
fédéral.
M. PAUL: Et lorsque la municipalité se servait comme paravent
d'une chambre de commerce, par exemple, pour atteindre les mêmes
fins?
M. TESSIER: II est arrivé, du moins j'ai entendu dire que
certains organismes privés sans but lucratif tels que chambres de
commerce et autres ont même soumis des projets qui pouvaient être
assez identiques. Evidemment, nous n'avions pas de contrôle à ce
moment-là, parce que ça ne passait pas par l'entremise du
ministère des Affaires municipales, mais s'il s'agit de pistes de
motoneige, je crois que le gouvernement fédéral a financé
une quantité considérable de projets d'initiatives locales les
plus diverses.
M. PAUL: C'est vrai qu'on prévoit des élections.
M. TESSIER: Dans certains cas, il pouvait s'agir de pistes de motoneige,
mais il s'agissait aussi parfois d'écoles de poterie ou d'enquêtes
même...
M. PAUL: D'enquêtes sur le logement.
M. le Président, je tiens à signaler que le
fédéral se mêlait d'une question qui ne le regarde
aucunement, parce que nous avons au Québec des mécanismes
hautement qualifiés pour obvier à ces lacunes qui peuvent exister
dans le domaine de l'habitation et, notamment, la Société
d'habitation du Québec.
M. TESSIER: J'ai eu l'occasion de faire certaines représentations
et d'adresser même des reproches directement au gouvernement
fédéral pour ne pas nous avoir consultés. Je crois que
c'est là la base de ce dont on se plaint
à bon droit, cette ingérence du gouvernement
fédéral. En ce qui me concerne, en tant que ministre des Affaires
municipales, j'ai joué mon rôle comme tel et j'ai vu à ce
qu'il n'y ait pas d'intrusion directe du gouvernement fédéral
dans les questions municipales.
M. LEGER: Le ministre est vigilant?
M. TESSIER: Oui, absolument, et je vous remercie d'attirer
l'attention...
M. LEGER: II y a un point d'interrogation au bout de ma phrase.
M. TESSIER: ... de cette commission sur la vigilance du ministre des
Affaires municipales. Cela me surprend quand ça vient du
député de Lafontaine.
M. LEGER: Oui, mais j'espère... est-ce qu'au journal des
Débats on mettra un point d'interrogation au bout de ma phrase.
M. PAUL: Est-ce que le ministre a été assez naif de croire
que le député de Lafontaine était sincère?
M. TESSIER: Non.
M. LEGER: II y a un point d'interrogation au bout de ma phrase.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, puis-je me permettre de vous signaler qu'on
a dépassé midi trente et que nous avions décidé, au
début de cette séance, d'ajourner à midi trente? S'il y a
consentement unanime...
M. PAUL: Un point, M. le Président, avant que nous ajournions. Si
les collègues de la commission ont terminé l'analyse de vue
générale de la politique du ministère, nous pourrions
convenir qu'à la reprise de nos travaux, nous appellions l'article 1 de
l'administration du ministère.
M. TESSIER: C'est ce que nous avions convenu hier soir pour ce
matin.
M. LE PRESIDENT: Alors, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 38)