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Commission permanente des Affaires municipales
Projets de loi privés nos 100, 130, 132, 134 et
108
Séance du jeudi 22 juin 1972
(Dix heures dix minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente des affaires
municipales). A l'ordre, messieurs!
Messieurs, la commission parlementaire permanente des affaires
municipales se réunit ce matin pour étudier plusieurs bills
privés. Avant de procéder dans l'ordre d'appel des bills,
j'aimerais faire part à la commission de certains changements dans la
composition de ladite commission.
M. Blank, député de Saint-Louis, remplace, pour la
présente séance, M. Leduc, du comté de Taillon." M.
Tétrault, du comté d'Abitibi-Est, remplace M. Roy, du
comté de Lévis. M. Berthiaume, du comté
Napierville-Laprairie, remplace le Dr Saindon, du comté d'Argenteuil. M.
Shanks, du comté de Saint-Henri, remplace M. Tremblay, du comté
de Bourassa, et M. Marchand, du comté de Laurier, remplace M.
Vaillancourt, du comté de Stanstead. Est-ce que ces changements sont
agréés par la commission?
M. PAUL: Agréé, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Comme vous le savez, en vertu de nos nouveaux
règlements, il faut nommer un rapporteur pour chacune de nos
commissions. J'aimerais recommander le député de Jacques-Cartier,
M. Saint-Germain. Agréé?
Projet de loi de la ville de Montréal
M. LE PRESIDENT: On me fournit ici l'ordre dans lequel les bills doivent
être appelés. Nous allons commencer par le bill no 100 de la ville
de Montréal. J'aimerais attirer l'attention des personnes qui
adresseront la parole sur l'importance de s'identifier par leur nom et aussi
l'organisme qu'ils représentent, pour les fins du journal des
Débats.
A la liste déjà fournie des personnes qui ont
manifesté le désir d'adresser la parole à l'occasion du
projet de loi privé no 100 de la ville de Montréal, j'aimerais
ajouter les noms de M. Emile Bourdon, du groupement FRAP, de même que MM.
Jacques Lavoie et Aronoff, du United Municipal Party.
Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, y aurait-il possibilité
d'ajouter le groupe de l'Association des agents de taxes foncières de la
ville de Montréal?
M. LE PRESIDENT: L'Association des agents de taxes foncières de
la ville de Montréal. Qui sera le porte-parole? M. Lamarre. Est-ce que
M. Lamarre remplace M. Lemay?
UNE VOIX: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Votre premier nom M. Lamarre?
M. LAMARRE: Yvon.
M. LE PRESIDENT: M. Yvon Lamarre remplace M. Lionel Lemay comme
porte-parole de cette organisation.
M. MARCHAND: M. le Président, pourrions-nous aussi entendre le
Conseil du patronat du Québec?
M. LE PRESIDENT: Le Conseil du patronat du Québec n'est-il pas
sur la liste?
C'est l'avant-dernier nom; vous avez le conseiller juridique du Conseil
du patronat du Québec, Me Jean-M. Paquet.
M. PAQUET: M. le Président, ce sera effectivement M. Perrault, le
président, qui s'adressera à vous au nom du Conseil du
patronat.
M. LE PRESIDENT: Son premier nom, M. Perrault?
M. PAQUET: M. Charles Perrault.
M. LE PRESIDENT: M. Charles Perrault. Y a-t-il d'autres changements?
M. DESCHESNES: M. le Président, au nom de la Chambre de commerce,
je crois que vous avez Me René Alary; ce sera M. Jean Desrosiers, le
président de la chambre qui s'adressera à vous.
M. LE PRESIDENT: Porte-t-il le titre de maître?
M. DESCHESNES: Non, monsieur. M. LE PRESIDENT: Seulement monsieur. M.
DESCHESNES: M. Jean Desrosiers. M. LE PRESIDENT: M. Jean Desrosiers.
M. DESCHESNES: J'aimerais ajouter mon nom, M. le Président,
Bernard Deschesnes. Je parlerai au nom de M. H. Pit Lessard, qui a un
amendement particulier à proposer.
M. LE PRESIDENT: D'accord, M. Deschesnes.
Alors, je vais laisser au ministre des Affaires municipales
l'agréable responsabilité de souhaiter la bienvenue à
toutes les personnes ici présentes aujourd'hui.
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais d'abord souligner la
présence du maire de Montréal et du président du
comité exécutif de la ville de Montréal.
Au nom de tous mes collègues de la commission parlementaire des
affaires municipales, je leur souhaite la plus cordiale bienvenue. Nous sommes
toujours heureux de les voir. C'est une coutume, je crois, depuis de nombreuses
années, que la ville de Montréal vienne nous rencontrer au moins
une fois par année pour apporter certains amendements à sa
charte.
Cette année, les amendements sont moins nombreux, et
j'espère, moins sujets à contestation que par les années
passées, quoiqu'il y a une longue liste d'avocats qui ont
manifesté le désir d'adresser la parole. Je voudrais dire tout de
suite que nous avons examiné le projet de loi no 100 de la ville de
Montréal. Au nom du gouvernement, je puis dire que nous admettons le
principe de tous ces articles, sauf peut-être un seul, qui est l'article
14, pour certaines raisons que j'aurai à mentionner tout à
l'heure.
Evidemment, cette déclaration que je fais ne veut pas dire que
nous voulons priver du droit de parole toutes les personnes ou associations
intéressées qui auront sûrement des arguments valables, des
suggestions à faire valoir. Nous sommes ouverts à ce dialogue. Si
on nous présente des arguments de grande valeur qui peuvent nous
convaincre, il y aura lieu d'apporter certains amendements.
Mais, pour le moment, je tiens à dire qu'après avoir
minutieusement examiné moi-même le projet de loi, l'avoir fait
examiner par les officiers du ministère des Affaires municipales, par
les officiers d'autres ministères qui peuvent être
concernés je suis d'accord sur le principe des articles que contient ce
projet de loi, sauf, comme je l'ai mentionné, un seul,
c'est-à-dire l'article 14.
Ceci dit, je voudrais, en terminant, souhaiter la bienvenue aux autres
représentants des autres municipalités qui seront entendus par la
suite.
Nous aurons l'occasion, lors de l'appel de chacun de ces projets de loi,
de faire part de nos commentaires.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le ministre. Je laisse maintenant la parole
au leader parlementaire de l'Opposition officielle, le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, je joins ma voix à celle du
ministre des Affaires municipales pour souhaiter la bienvenue aux
différents maires qui nous rendent visite ce matin. A mon point de vue,
tous les maires, quels qu'ils soient, ont des responsabilités. Lorsqu'on
est maire d'une grande ville comme Montréal, on a peut-être plus
de responsabilités que d'autres maires. Cependant, les problèmes
qui nous sont soumis, ce matin, doivent être analysés bien
objectivement. Je me réserve de faire certaines remarques en temps
opportun sur des articles de certains projets de loi, dont, entre autres, celui
de la ville de Montréal, lorsqu'on nous invitera à
légiférer dans un domaine concernant des sujets qui sont,
actuellement, devant les tribunaux.
Je ne voudrais pas, ce matin, M. le Président, dévier de
cette ligne de conduite que nous avons adoptée, à l'effet que le
législateur ne doit pas intervenir dans le domaine judiciaire tant et
aussi longtemps que les tribunaux n'ont pas disposé du litige dont ils
ont été saisis.
Je souhaite donc la bienvenue à tous les membres de nos
corporations municipales, aux opposants aux amendements sollicités par
ces organismes municipaux. C'est encore dans la collégialité et
la coopération que nous pourrons sauvegarder les droits de tous et
chacun.
M. LE PRESIDENT: Le porte-parole du Ralliement créditiste, le
député d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: J'aimerais me joindre à mes deux autres
confrères, M. le Président, pour souhaiter la bienvenue au maire
de Montréal et aux maires des autres municipalités.
J'espère que le projet de loi qui est présenté pourra
être étudié avec beaucoup de démocratie,
malgré les paroles du ministre à l'effet qu'il est accepté
en principe. D'habitude, cela veut dire que le projet de loi est
accepté. Nous voudrions avoir une participation qui pourrait donner
à tous et à chacun des citoyens de la ville de Montréal,
des contribuables, une occasion d'être entendus, malgré que les
municipalités, avec leurs bureaux d'avocats, font tout ce qui est
nécessaire pour donner à tous la liberté, par la
participation, de dire ce qu'ils pensent. Dans plusieurs projets de loi,
même dans ceux des Affaires municipales, nous avons vu le ministre,
lorsqu'il avait accepté, quelques fois, en principe certains projets,
être obligé de retirer certains d'entre eux ou de les modifier
pour satisfaire tous et chacun.
Donc, à ceux qui s'y opposent, je crois que les paroles du
ministre à l'effet qu'il est accepté en principe ne devraient pa
vous effrayer, car il a l'habitude, malgré ses positions fermes, de
changer d'idée sur plusieurs projets. Merci.
M. LE PRESIDENT: Le représentant du Parti
québécois, le député de Lafontaine.
M. LEGER: Pour ne pas prolonger les travaux, je vais simplement
réitérer la bienvenue à tous les gens qui sont venus se
faire entendre, spécialement à M. le maire de Montréal,
à l'occasion de l'avant-veille de la Saint-Jean-Baptiste.
M. LE PRESIDENT: Son honneur le maire de Montréal.
M. DRAPEAU: Je remercie le président, tous les porte-parole des
divers partis politiques réunis ici, qui ont bien voulu souhaiter la
bienvenue à la ville de Montréal, et tous ceux
qui s'intéressent à la ville de Montréal. Je vois
que la tradition est sauve. Nombreux sont ceux qui ont à coeur
l'intérêt de la ville de Montréal. Ils sont accourus,
délaissant tout ce qu'ils pouvaient avoir d'important. Contrairement
à la parabole de l'évangile, il n'y en avait pas qui refusaient
l'invitation parce qu'ils avaient une paire de boeufs à vendre ou
quelles que soient les raisons que la parabole invoque.
Quand je vois autant de spécialistes autour du patient, cela me
rappelle une histoire. On me permettra de prendre deux minutes. C'est un
patient qui est sur son lit d'hôpital. Son épouse est à
côté de lui. Elle est à écrire. Le patient lui dit:
-A qui écris-tu? -J'écris à ta soeur. -Que lui dis-tu? -Je
lui donne de tes nouvelles. -Oui. Quelles nouvelles lui donnes-tu? -Je lui dis
que cela va mieux, que tu as l'air de remonter la côte.
Tout à coup, la porte s'ouvre. Le médecin arrive avec une
bonne douzaine de ses confrères. Comme le cas présentait un
intérêt professionnel considérable, il avait jugé
à propos d'inviter une douzaine de ses confrères pour venir
visiter le patient. Il s'excuse en disant: -Madame, je m'excuse. Ce matin, nous
sommes plus nombreux parce que, etc. -C'est très bien, docteur,
entrez.
Elle continue d'écrire et tout à coup elle dit au
médecin: -Pourrais-je poser une question à mon mari? -Oui,
madame. -Le mot cimetière, est-ce que cela prend une cédille?
Que vouliez-vous qu'il fît contre treize? Quand je vois tant de
spécialistes intéressés à la survie de
Montréal, je suis porté à me demander: Est-ce que cela
prend une cédille?
Mais non, heureusement, il y a, de ce côté de la barre, des
hommes sages et parfois même un peu thaumaturges. Nous faisons appel
à ces deux qualités du législateur. Tous ensemble, je suis
sûr que vous trouverez les solutions que nous ne réussissons pas
à trouver, nous, même à l'avant-veille de la
Saint-Jean-Baptiste.
Je pense bien, cependant, que les travaux devraient se terminer assez
tôt pour que je ne manque pas la fête en fin de semaine.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le maire. Nous allons procéder
à l'étude du projet de loi no 100, article par article. Article
1?
M. NORMAN DIN: Mon nom est Paul Normandin, procureur de la ville de
Montréal. Est-ce qu'on nous permettrait de suggérer,
peut-être, d'étudier les autres articles avant l'article 1,
étant donné que l'article 1 fera l'objet, apparemment, de
représentations de plusieurs personnes? Ainsi, on pourrait plus
facilement terminer l'étude de tous les autres articles où,
apparemment, très peu de représentations seront faites.
M. PAUL: M. Normandin, est-ce qu'il n'y a pas un litige actuellement
devant les tribunaux au sujet de l'article 1, concernant les hôteliers de
la ville de Montréal?
M. NORMANDIN: Oui.
M. PAUL: Alors, pourquoi sommes-nous ici, M. le Président?
Allons-nous être appelés à prendre la place des tribunaux
sur un point précis d'un amendement qu'on nous propose d'adopter, soit
l'article 1? Je comprends que Me Normandin demande de reporter l'étude
de cet article de la loi. Je vous dis que les règles relatives à
l'étude des bills privés n'ont pas été
modifiées par l'adoption d'un nouveau règlement sessionnel; elles
existent encore et doivent être respectées.
Or, il est dit, à l'article 638, que nous ne pouvons pas adopter
un bill de façon à compromettre des droits acquis ou des
poursuites pendantes. Comme nous avons l'aveu même de Me Normandin
à l'effet que l'article 1 du projet d'amendement de la Charte de la
ville de Montréal fait l'objet de contestation judiciaire, je soumets
respectueusement que nous n'avons pas le droit, nous en tant que
législateurs, de nous substituer aux tribunaux, d'autant plus qu'il
semblerait que la cause a été entendue je voudrais qu'on
me corrige si l'information que je donne n'est pas exacte mais que le
jugement n'aurait pas été rendu.
M. TESSIER: Il y a eu une demande de la part de Me Normandin de
procéder sur les autres articles avant l'article 1. Là, on
s'engage absolument dans le fond de l'étude de l'article 1.
Je ne veux pas faire de reproche à mon collègue.
Seulement, je crois que la ville de Montréal aura sûrement des
informations à donner en ce qui concerne la litispendance qui a rapport
à cet article.
Si les membres de cette commission sont d'accord pour que nous
procédions immédiatement à l'article 1, je n'ai pas
d'objection. D'autre part, nous avons une demande précise de
procéder à l'étude des articles 2 et suivants pour
revenir, en dernier lieu, à l'article 1.
M. NORMANDIN: C'est une suggestion, plutôt qu'une demande.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! La suggestion à l'effet de
suspendre l'étude de l'article 1 est-elle agréée par les
membres de la commission? Cela ne sert à rien de continuer le
débat si on est pour le suspendre. Est-ce que la suggestion est
agréée?
Agréé. Article 2?
M. NORMANDIN: L'article 2 proposé a
pour but, purement, de corriger une faiblesse de rédaction qui
s'est glissée dans le sous-paragraphe d) du paragraphe 2 de l'article
524 qui a été adopté par l'Assemblée nationale
l'année dernière. Cette disposition permet de donner des
autorisations à certaines institutions qui se situent dans une partie
particulière du territoire, dont les dispositions de zonage, qui sont
faites pour la construction domiciliaire, par exemple, ne cadrent pas avec les
besoins de telles institutions.
Le but était d'accorder de telles autorisations dans le cas des
résidences de ministres du culte, des maisons éducatives,
charitables, etc. Or, par une faiblesse de rédaction, le texte semble
vouloir restreindre cela à la résidence des ministres du culte et
à des résidences éducatives, charitables. Alors, il s'agit
simplement d'ajouter les mots: "à des fins éducatives,
charitables, ou d'assistance". Le texte actuel dit: "Nonobstant toute
réglementation de zonage à des fins domiciliaires". Il s'agit
d'enlever "à des fins domiciliaires", parce qu'il peut y avoir des
restrictions dans la réglementation de zonage à des fins
d'affaires, par exemple, qui empêcheraient qu'on établisse une
institution qu'il est parfaitement logique de situer à un endroit.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté. Article 3?
M. LEGER: M. le Président, est-ce que je peux poser une question
relative à la procédure? Est-ce que, chaque fois qu'on appelle un
article sur lequel personne du groupe qui veut se faire entendre n'a quelque
chose à dire, on l'adopte à mesure et que, chaque fois que
quelqu'un veut venir parler...
Est-ce qu'il ne devra parler que sur l'article concerné et non
pas sur l'ensemble?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. PAUL: A l'article 3, Me Normandin, pourriez-vous nous dire si c'est
le but de la ville de Montréal de prendre une partie de ce territoire du
plan M-339 Saint-Antoine pour ériger un cimetière?
M. NORMANDIN: Non. Le cimetière de Notre-Dame-des-Neiges fait
partie depuis toujours du parc Mont-Royal. Ses propriétaires ont acquis
une petite propriété, un petit terrain à côté
pour l'agrandir. Sans, en aucune manière, nous prononcer sur la question
du droit ou de l'absence de droit qui peut exister pour eux de l'exploiter
comme cimetière, il s'agit tout simplement de l'intégrer. Comme
c'est maintenant leur propriété, il s'agit de changer le plan du
parc Mont-Royal pour inclure cet agrandissement.
M. PAUL: Est-ce qu'il n'y a pas une cause pendante devant les tribunaux
au sujet de ce territoire?
M. NORMANDIN: Il y a une cause mais on ne conteste pas, dans cette
cause, le droit du cimetière d'acheter ce terrain; ce sont des voisins
qui ont intenté des procédures pour faire restreindre par le
tribunal l'utilisation qui pourrait en être faite. Ceci n'a rien à
voir à l'article que nous proposons et qui n'affecte en rien ce qui peut
arriver dans cette cause.
M. PAUL: Dans cette cause, la ville de Montréal est mise en
cause. Dans le dossier 05.
M. NORMANDIN: Nous n'avons aucune représentation à faire
dans cette cause étant donné que c'est au tribunal à
décider des droits des parties; c'est une chicane de voisins et la ville
de Montréal n'est pas intéressée. Si le voisin de ce
terrain, par exemple, veut prétendre qu'il a un droit à ce que
dans cette partie on ne fasse pas certaine chose, c'est au tribunal à le
décider et la ville de Montréal n'a aucune représentation
à faire là-dessus.
Nous ne faisons que constater que le cimetière a acheté le
terrain adjacent et que de fait ce cimetière fait partie du parc
Mont-Royal. Nous vous demandons donc de l'inclure. Quant à l'utilisation
qui pourra en être faite, ce sont les tribunaux qui le décideront.
Nous nous en remettons à la justice là-dessus.
M. LE PRESIDENT: Me Holden, voulez-vous vous approcher du micro, s'il
vous plaît.
M. HOLDEN : M. le Président, je représente la compagnie
McKenna Limited qui est justement la demanderesse dans la cause qui a
été le sujet de la question du député de
Maskinongé. Si l'amendement avait seulement pour but de réserver
pour le parc Mont-Royal le territoire en question, nous n'aurions pas
d'objection.
Mais, si mes renseignements sont corrects, il n'est aucunement question
de faire un parc de ces terrains, c'est plutôt pour faire un
cimetière. Mes clients se sont adressés à la cour
Supérieure pour avoir une injonction contre l'usage de ce territoire, et
je ne vois pas pourquoi cette année on doit réserver ces terrains
dans le parc Mont-Royal puisque ç'a été acheté en
1970 et on n'a pas demandé ça l'an dernier, on n'a pas
demandé ça en 1970, on le demande cette année. Pourquoi?
Parce que si c'est zone comme ce l'est actuellement on ne peut pas se servir de
ce terrain pour un cimetière mais, comme on dit en anglais "The thin
edge of the wedge", si on commence par mettre ça dans le parc
Mont-Royal, ensuite on peut dire: Oui, vous pouvez vous en servir comme
cimetière. Pourquoi ne pas attendre le jugement de la cour
Supérieure et ensuite, si le jugement est favorable au cimetière,
qu'on le mette dans le parc Mont-Royal, ce sont nos représentations.
M. LE PRESIDENT: Me Normandin.
M. MARCHAND: M. le Président, pourrais-je poser une question?
Pourrions-nous savoir
quelle est l'objection de la maison McKenna à un cimetière
dans ce parc?
M. HOLDEN: A première vue, on peut se demander si la maison
McKenna qui vend des fleurs n'a pas intérêt à ce que le
cimetière augmente, mais la compagnie McKenna est aussi
propriétaire de maisons de rapport et les locataires ne veulent pas que
les morts soient enterrés derrière la maison. Ensuite...
M. PAUL : C'est un commerce bien tranquille.
M. HOLDEN: Cela crée moins de problèmes que d'autres
voisins. Mais le cimetière a d'autres terrains dont il peut se servir
comme cimetière. Pourquoi choisissent-ils la porte arrière de
chez McKenna? On ne le sait pas, mais c'est le sujet de la cause.
M. CHOQUETTE: On ne sait pas ce que dit l'article. Ces gens-là ne
savent pas ce que dit l'article.
M. HOLDEN: L'article, l'article c'est le "thin edge of the wedge".
M. CHOQUETTE: Vous prévoyez d'avance.
M. HOLDEN: C'est ça je suis ici pour prévoir.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Voulez-vous dire par là que l'adoption de cet article
faciliterait le gain d'une des parties en cause devant la justice?
M. HOLDEN: Exactement.
M. LE PRESIDENT: Me Normandin.
M. NORMANDIN: Je m'excuse mais le but de l'article 563 c'est
d'homologuer le parc Mont-Royal.
Alors, une homologation, tout ce que cela a pour effet, c'est de
déclarer que c'est destiné éventuellement à des
fins municipales ou aux fins du parc Mont-Royal. Ainsi si quelqu'un construit
sur un terrain qui est ainsi homologué, lorsque nous exproprierons
éventuellement pour incorporer au parc, nous ne serons pas
obligés de payer pour les dépenses ou les constructions qu'on
aura faites. Une fois l'homologation faite, la partie est avisée
officiellement que c'est destiné au parc.
Or, l'effet n'est pas du tout de nuire à la cause de mon
confrère. L'intérêt pour nous est que ce terrain devienne
homologué comme partie. S'il gagnait sa cause et si le cimetière
ne pouvait s'en servir pour des fins de cimetière, il pourrait investir
un montant important pour en faire un développement domiciliaire ou
faire de la construction. Ce qui voudrait dire que, éventuellement, pour
incorporer cela au parc Mont-Royal, le coût en deviendrait prohibitif
pour la ville et pour les autorités publiques. Cela fait partie d'un
territoire dont la destination normale est d'être un parc sur la montagne
dans le centre de Montréal.
Le seul but de l'article 563 est de ne pas rendre cela impossible,
financièrement, pour les autorités publiques. Cela est pour
donner au centre de la ville et à sa montagne une destination de parc.
C'est pour empêcher que les gens aillent investir des montants importants
et que, le lendemain, si on veut compléter le parc, on soit
obligé de payer des sommes impossibles.
Cela ne peut pas nuire à sa cause. Si McKenna, à
côté, ou si le voisin peut prétendre à juste titre
qu'il peut l'empêcher de s'en servir pour des fins de cimetière ou
quelque fin que ce soit, quant à la ville de Montréal cela lui
est complètement indifférent. C'est aux tribunaux à
décider quels sont leurs droits. Tout ce dont nous voulons nous assurer,
c'est qu'on n'investisse pas des sommes là, parce qu'il faudrait les
repayer au moment où on fera effectivement le parc. La
Législature a toujours considéré que c'était la
destination normale et qu'il fallait homologuer, pour l'avenir, toute la
montagne, qui doit devenir un parc dans le centre de la ville de
Montréal. Il est dans l'intérêt public qu'il en soit ainsi.
C'est le seul but de l'article.
M. PAUL : Est-ce que cela n'aurait pas pour effet, Me Normandin, de
contourner un jugement de la Cour supérieure?
M. NORMANDIN: Pas du tout. Ce que l'on demande comme jugement à
la cour, ce n'est pas de décréter un nouveau zonage ou quoi que
ce soit. C'est simplement de faire déterminer par la cour si un des
voisins a le droit de dire: Moi, cela me cause des inconvénients, et
ordonner aux autorités du cimetière de ne pas faire telle chose
à tel endroit.
M. CHOQUETTE : Me Normandin, les propriétaires actuels de cette
zone ne sont pas ici, ce matin?
M. NORMANDIN: Oui, Me Brais représente le cimetière...
M. CHOQUETTE: Le cimetière?
M. NORMANDIN: C'est-à-dire la paroisse, les propriétaires.
Ce ne sont pas les morts.
M. BRAIS: Emilien Brais, avocat. Si vous me permettez, je
représente la fabrique de Notre-Dame, une institution fort respectable,
une des plus anciennes au pays. C'est la propriétaire du
cimetière de la Côte-des-Neiges. C'est une institution très
ancienne régie par des lois qui sont plus que séculaires et dont
les droits d'agir,
d'étendre ses activités et d'exproprier sont
antérieurs même, je pense, aux pouvoirs de la ville de
Montréal.
Quant au sérieux de cette cause, il n'est pas très grand.
Somme toute à l'heure actuelle, M. McKenna est le seul opposant parce
qu'il possède des locataires au-dessus de son magasin. La seule
objection qu'il a, ce serait qu'il existe des monuments. M. McKenna
autoriserait qu'il y ait des pierres tombales à la hauteur du sol, mais,
présentement, la réglementation du cimetière est à
l'effet que des monuments, n'excédant pas quatre pieds de hauteur,
peuvent être érigés dans ce coin.
Etant donné qu'il s'agit d'un quartier, où vous avez
quantité de belles résidences, de belles maisons d'appartements
de dix étages qui toutes ont vue sur le cimetière, il est â
peu près inconcevable que M. McKenna puisse éprouver un
préjudice sérieux. La preuve en est précisément
dans la dernière soumission qu'il nous a faite, à l'effet que
nous mettions des pierres tombales au lieu de monuments. Ce n'est pas une cause
véritablement sérieuse. Je tenais à dire cela à la
commission. Quand on vous parle d'injonction, remarquez bien qu'on se contente
d'essayer d'obtenir une injonction au fond, sans avoir pris le risque de
demander d'injonction préliminaire. Il n'existe pas de jugement de la
cour Supérieure, présentement. Il n'existe qu'une contestation et
qu'une demande de dommages que j'ai vainement cherché à faire
détailler de façon sérieuse. Elle ne comprend aucun
détail sérieux et n'a aucun fondement réel.
M. CHOQUETTE: M. Brais, vous êtes en train de plaider la cause
devant la commission.
M. BRAIS: D'ailleurs, j'aurais un bon juge.
M. CHOQUETTE: Oui, mais vous êtes en train de donner des arguments
à Me Aubin, là.
M. BRAIS: A Me Paquet, peut-être. M. CHOQUETTE: Je le crois.
M. BRAIS: Mais la vérité, tout de même, doit
être dite. Alors, peut-être que je suis devant un bon juge. De
toute façon, je pense bien qu'il faut appuyer la proposition de Me
Normandin à l'effet que cette loi ne réglera pas le cas.
M. PAUL: M. Brais... M. BRAIS: Oui.
M. PAUL: ... le montant en litige est de $20,000 en dommages. On va plus
loin que cela; on va jusqu'à demander l'exhumation des cadavres. Si le
jugement de la cour Supérieure est favorable aux McKenna, cela va
commencer à être ennuyeux pour certaines gens.
M. BRAIS: Pour les cadavres, vous voulez dire?
M. PAUL: Non. Je n'ai jamais l'habitude de m'occuper des morts. Les
vivants sont plus intéressants.
M. BRAIS: Je crois que c'est pratiquement impossible qu'il y ait un
jugement dans ce sens-là de la cour Supérieure.
M. PAUL: Ah! Ah!
M. BRAIS: En supposant qu'il y en ait un, cela deviendra un parc, comme
l'a dit si bien Me Normandin.
M. CHOQUETTE: Est-ce que je peux poser une question à Me
Normandin? En quoi est-il urgent d'adopter cet article?
M. NORMANDIN: Il n'y a aucune très grande urgence. Cela a
toujours été la coutume, lorsque quelqu'un acquiert du terrain
dans la partie du territoire qui, normalement, doit être destiné,
éventuellement, au parc Mont-Royal, de changer le plan qui décrit
le territoire futur de parc Mont-Royal. C'est cela que l'article 563 fait.
C'est tout.
M. CHOQUETTE: Cet article sera aussi bon après que la cause aura
été jugée qu'il l'est actuellement.
M. NORMANDIN: Le seul danger est celui-ci: que, le lendemain du
jugement, les propriétaires décident, puisqu'ils ne peuvent plus
s'en servir comme cimetière, de faire une construction. Ils vont
chercher un permis de construction et ils commencent à travailler. A ce
moment-là, ils ont des droits acquis. Si on vient demander une
intervention législative pour mettre de côté les droits
acquis, on va se faire reprocher de ne pas l'avoir demandé avant. Alors,
on le demande avant.
M. SHANKS: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Est avait
demandé la parole, tout à l'heure.
M. TETRAULT: M. le Président, après avoir
écouté l'exposé de celui qui représente le
cimetière de Notre-Dame, M. Brais, je pense qu'il nous a donné le
plaidoyer qu'il a fait ou qu'il s'attend de faire devant la cour. Je pense que
la position du leader de l'Opposition est vraie, à l'effet qu'on demande
de régler un problème au sujet duquel Me Normandin nous dit qu'il
n'y a absolument rien à faire. Il reste que le juge va prendre en
considération que les législateurs approuvent cela. Pourquoi ne
pas suspendre l'article et, l'an prochain, représenter le même
article lorsque le litige sera complètement réglé?
M. TESSIER: Je vais lui poser une question.
M. NORMANDIN : Le seul problème, c'est la possibilité
qu'il se crée des droits acquis. Il serait malheureux, je crois, de
demander à la Législature de mettre de côté des
droits acquis.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Henri.
M. SHANKS: M. le Président, je pense que cette partie du parc
Mont-Royal est déjà gâchée par la fameuse maison
McKenna, cette maison de rapport. Je pense qu'il ne faut pas continuer le
massacre. Je parle au point de vue de l'urbanisme. C'est très grave
parce que cela doit tomber dans le domaine public. Je pense qu'il ne faut pas
perpétuer le même crime. Il faut mettre fin immédiatement
à cette histoire.
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre.
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais poser une question
à Me Normandin. La ville de Montréal ne peut-elle pas, par simple
règlement, zoner ce terrain comme parc?
M. NORMANDIN: Etant donné que la Législature l'a zone et
en a délimité le cadre, on s'exposerait, en faisant cela,
à ce que le règlement, soit attaqué en disant qu'on
cherche à faire indirectement ce qu'on ne serait pas censé
faire.
M. TESSIER: Je comprends que, de par la charte de Montréal, les
limites du parc Mont-Royal sont définies.
M. NORMANDIN : C'est cela.
M. TESSIER: Mais tout de même, en vertu des règlements
existants de la ville de Montréal, vous avez le droit de zoner d'autres
terrains avoisinant le parc comme parc.
M. NORMANDIN: Un règlement de zonage qui dirait: Nonobstant que
la Législature a dit que le parc Mont-Royal a telles limites, telle
partie, à côté, c'est une extension du parc Mont-Royal; par
un règlement de zonage, on l'a zone comme parc? Il me semblerait plus
normal de procéder en le disant dans la charte. Ce n'est pas impossible,
mais cela peut être attaqué.
M. TESSIER: Vous pourriez atteindre le même but par un simple
règlement municipal en zonant ce terrain comme parc, quitte à
l'incorporer au parc Mont-Royal plus tard.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. TESSIER: Vous atteindriez ainsi tous les arguments que vous avez
donnés à l'effet que c'est pour empêcher la construction,
que c'est simplement pour homologuer afin que plus tard, dans le cas
d'expropriation, vous ne soyez pas obligés de payer les
améliorations sur le terrain. Vous pourriez atteindre tous ces buts par
un simple règlement.
M. NORMANDIN: La Législature, évidemment, aurait pu dire,
au lieu de délimiter dans la charte le parc Mont-Royal, que la ville de
Montréal, par un règlement de zonage, délimitera les
limites du parc Mont-Royal. Elle a préféré faire
autrement. Si on essaie d'en ajouter une partie indirectement, par un
règlement de zonage, cela peut se faire mais je crains que cela n'invite
une contestation judiciaire où on dira qu'on cherche indirectement
à faire ce qu'on ne devrait pas faire, et que ce soit d'une
validité un peu chambranlante.
M. TESSIER: Non, je ne suis pas de votre avis, Me Normandin, parce que
je crois que vous pouvez j'ai l'impression que vous l'avez admis,
d'ailleurs zoner ce terrain comme parc. Il n'est pas question de
l'inclure, actuellement, dans les limites du parc Mont-Royal. C'est simplement
un terrain zone comme parc. Vous atteignez votre but. Par la suite,
après que le jugement aura été rendu sur la cause qui est
pendante devant les tribunaux, vous pourrez revenir et, par un amendement
à la charte, comme vous le demandez aujourd'hui, l'inclure dans les
nouvelles limites ou étendre les limites actuelles du parc Mont-Royal
pour inclure cette partie de terrain qui aura déjà
été zonée comme parc.
M. TETRAULT: Le parc est-il accessible? Si le cimetière ne se
faisait pas, le terrain serait-il accessible pour faire une construction ou
s'il est entouré de résidences et qu'il n'y a aucune
possibilité de s'y rendre sans passer par le cimetière?
M. NORMANDIN: Il est adjacent à du terrain qui est
déclaré le long de Côte-des-Neiges.
M. TETRAULT: Oui, mais est-il possible d'entrer sur ce terrain sans
passer par le cimetière, par un terrain privé ou sans rezoner une
entrée?
M. NORMANDIN: S'il ne veut pas avoir un terrain enclavé,
évidemment, il aurait le droit d'exiger un droit de passage.
M. CHOQUETTE: La fabrique n'a-t-elle pas un droit de passage?
M. LE PRESIDENT: M. le maire.
M. DRAPEAU: M. le Président, je vais tenter de résumer sur
le plan administratif. C'est très simple. Je ne voudrais pas que cela
donne lieu à un débat qui se prolonge indéfiniment.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. DRAPEAU: Je pensais que vous m'aviez reconnu.
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi. Je vous avais reconnu mais, auparavant, le
député de Lafontaine.
M. LEGER: Premièrement, est-ce que, pour M. Normandin, cet
article est essentiel? Deuxièmement, s'il est essentiel qu'il soit
adopté, si on dit qu'avant de légiférer on ne peut pas le
faire parce qu'il y a une cause pendante, et qu'après que la cause aura
été entendu on ne pourra pas légiférer parce qu'il
y aura des droits acquis.
C'est la même situation après comme avant le jugement. Si
c'est essentiel, moi personnellement je pense, comme le député de
Saint-Henri, que ça devrait être accepté aujourd'hui si
ça n'a pas d'effet direct sur le contenu de la cause.
Je ne suis pas avocat, mais il me semble qu'un règlement
municipal qui passerait au-dessus d'un article de loi ne serait pas
acceptable.
M. TESSIER: Cela ne passe pas du tout au-dessus d'un article de loi.
M. LEGER: La Législature disait que le terrain du Mont-Royal
était délimité précisément. La partie qu'on
veut ajouter par une loi, est-ce qu'on peut réellement le faire par un
règlement uniquement municipal?
M. TESSIER: Il n'est pas question non plus de le faire. Il est question
tout simplement de zoner en vertu de l'article 39 de la charte de la ville de
Montréal, qui lui donne le pouvoir de créer des parcs. Elle peut,
par simple règlement, décréter que le lot en question est
homologué comme parc.
M. LEGER: Mais pas comme parc Mont-Royal?
DES VOLX: Comme parc McKenna.
M. LE PRESIDENT: M. Normandin, vous avez une...
M. NORMANDIN: L'article 39 traite justement du pouvoir d'homologuer. Or,
le parc Mont-Royal, la Législature l'a homologué directement par
des dispositions différentes. Pour répondre à la question
du...
M. PAUL: Supposons que vous adoptez un règlement de zonage
concernant le parc McKenna; il n'y a rien qui vous empêche de le faire,
excepté que je conviens que vous ne pouvez pas par règlement
changer les limites du parc
Mont-Royal. Il faut que ce soit la Législature qui les
change.
Mais, autour du parc actuel, rien n'empêche la ville de
Montréal de décréter un autre parc.
M. NORMANDIN: Ce que nous disons c'est que, si on veut homologuer au
parc Mont-Royal et qu'on veut l'étendre, on risque, si on adopte un
règlement de zonage, qu'il soit attaqué ou qu'on nous dise: En
fait, ce que vous voulez, c'est agrandir votre parc Mont-Royal. Et c'est bien
évident, nous ne pourrons pas le nier, c'est ça.
Et ils vont dire: Vous avez adopté un règlement de zonage,
c'est un règlement invalide, ce n'est pas du zonage que vous vouliez
faire. Ce que vous vouliez faire, vous essayiez de le faire indirectement. Vous
l'avez demandé à la Législature. Elle vous a dit non ou
elle vous a dit de revenir plus tard, et là vous essayez par un autre
détour d'obtenir la même fin. Cela va faire un règlement
chambranlant. Nous croyons qu'il est dans l'intérêt public de ne
pas créer une situation trouble comme ça.
Je ne peux pas répondre que c'est absolument essentiel. Non.
Mais, pour les motifs que nous donnons, nous croyons que c'est dans
l'intérêt public.
Pour répondre à la question, si vous me permettez de
finir, le litige n'est nullement affecté. Tout ce que ça dit
c'est que c'est homologué pour fins de parc Mont-Royal, alors que le
litige concerne simplement un voisin qui dit: Moi, j'ai un droit à ce
qu'à côté, sur le terrain adjacent, vous ne faisiez pas
telle chose. Cela ne nous intéresse pas et c'est la cour qui va le
décider. Mais ça n'a rien à voir avec le fait d'homologuer
aux fins du parc Mont-Royal.
M. DRAPEAU: Je veux revenir quelques années en arrière. La
ville de Montréal avait les mêmes droits qu'aujourd'hui
d'homologuer pour fins de parc. Mais le législateur, de lui-même,
a pris l'initiative de recourir au moyen juridique le plus difficile à
contester pour ne pas dire impossible aux
générations futures, soit une homologation par la loi. Et alors
la ville a reçu l'ordre du législateur de préparer un
plan. C'est ce plan qui est dans la loi.
Depuis nous avons toujours cherché, respectant l'ordre du
législateur et son intention, à assurer le même
caractère juridique à cette existence du parc. J'admets que
ça n'est pas essentiel. Si aujourd'hui le législateur dit:
Procédez autrement, nous procéderons autrement. Mais une chose
est certaine, nous ne pouvons pas le faire par zonage, ce serait par un
décret d'homologation.
Mais le décret d'homologation, le conseil municipal peut
l'enlever. Et c'est ça que le législateur avait dans la
tête il y a quelques années. C'est pourquoi il y avait eu une
levée de boucliers. Il fallait protéger le Mont-Royal. Et nous
étions bien sympathiques à ça. Les législa-
teurs ont dit : Vous allez faire le plan, nous nous allons
l'entériner ici et ça ne sera pas attaquable; ça ne pourra
pas être défait par une autre résolution du conseil qui
enlèvera l'homologation.
Si le législateur, aujourd'hui, dit: Homologuez pour fins de
parc, et si demain, la semaine prochaine, dans trois ans, un autre conseil
municipal ou vous-mêmes, vous changez d'idée et enlevez la ligne
d'homologation, ça retombera dans le commerce. Quant à nous, nous
n'avons aucun intérêt. Nous disons: Il s'agit d'agrandir le parc
Mont-Royal. La cause entre les deux parties ne nous regarde pas. Cela sera un
parc, pour les vivants ou pour les morts, mais ce sera un parc. Quel que soit
le résultat, la ville ne perd pas encore là. C'est aussi simple
que ça. Si le législateur dit aujourd'hui: Procédez par
votre charte, c'est très bien, on le fait.
Cela sera peut-être attaqué, je ne le sais pas, mais
même si ce n'est pas attaqué, le conseil municipal pourrait bien,
un an après, l'enlever et on dirait peut-être au
législateur: Bien, vous avez refusé d'homologuer, regardez, ils
ont enlevé la ligne d'homologation. C'est aussi simple que ça. On
ne se bat ni pour l'une, ni pour l'autre des parties. C'est l'esprit dans
lequel on est aujourd'hui ici, puisque le législateur nous a dit:
Préparez un plan; on va l'homologuer par la loi.
On dit: Voici un autre morceau qui pourrait entrer dedans. Si le
législateur dit: Procédez par décret d'homologation du
conseil, on va le faire et si le décret saute une autre fois ou s'il est
attaqué devant les tribunaux et que, finalement, ce morceau s'en va dans
la construction, personnellement je n'y peux rien. C'était pour
respecter l'intention du législateur qui avait donné des ordres
à la ville de Montréal de procéder par le meilleur moyen,
vu l'intention du législateur de protéger ce parc. En fait, je ne
crois pas que cela devrait justifier de prendre toute la matinée, parce
qu'on a aucun intérêt là-dedans.
M. TESSIER: Mais, M. le maire, en somme ce qu'on dit tout simplement, ce
qu'on recommande, du moins, c'est qu'afin d'éviter des constructions,
vous vous serviez des pouvoirs que la ville détient déjà
en homologuant ce terrain comme parc. On ne vous dit pas de revenir dans dix
ans. On vous dit: Attendons le jugement, puis vous reviendrez l'an prochain. On
pourra alors amender l'article en question et incorporer ce terrain, qui sera
déjà homologué comme parc, à l'intérieur des
limites du parc Mont-Royal.
Je pense que vous allez ainsi atteindre votre but.
M. LE PRESIDENT: L'article 3 est rayé. L'article 4 devient
l'article 3. Est-ce qu'il y a des commentaires?
M. PAUL: Adopté.
M. TESSIER : Je crois que les articles 4 et 5, Me Normandin, vont
ensemble.
M. LE PRESIDENT: Article 5 devenu article 4. Adopté. Article 6
devenu article 5.
M. PAQUET: Il y a des objections.
M. TESSIER: A l'article 6, est-ce qu'il y a des objections?
M. PAQUET: Jean-Marie Paquet, avocat. Je représente ici
l'Association des hôteliers de la province de Québec,
l'Association des hôtels de Montréal, des hôtels
Ritz-Carleton, Sonesta, Martinique, Bonaventure, le château Champlain,
l'hôtel Seaway du bas de la ville, l'hôtel Seaway du boulevard
Décarie, l'hôtel Windsor, l'hôtel Ruby Foo's, l'hôtel
Laurentien, l'hôtel Sheraton-Mont-Royal, l'hôtel Holiday Inn du bas
de la ville, l'hôtel Sheraton-Fontainebleau, l'hôtel Berkeley,
l'hôtel Reine-Elizabeth, l'hôtel Queen's. Je représente
également l'Association des banquiers canadiens et je représente,
mais avec un mandat de surveillance seulement, la Corporation des
évaluateurs agréés du Québec.
M. le Président, l'objection que nous avons à cet article
est qu'il est intimement relié à l'article 1 relativement
à la taxe d'eau, et je suggère qu'il soit suspendu pour
être étudié en même temps que l'article 1. Il s'agit
de taxe d'eau là-dedans.
M. LE PRESIDENT: Vous demandez la suspension de l'article?
M. PAQUET: C'est exact, M. le Président, parce qu'il est
intimement relié à l'article 1.
M. TESSIER: Oui, je crois qu'on devrait l'étudier en même
temps que l'article 1.
M. LE PRESIDENT: L'article 6 devenu l'article 5 est suspendu.
L'article 7 devenu l'article 6.
M. TESSIER: Est-ce qu'il y a de l'opposition?
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a de l'opposition?
Adopté. Article 8 devenu article 7. Adopté.
M. NORMANDIN: Les articles 669, 670, 671 et 675 vont tous ensemble.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. TESSIER: On fait rapport au dépôt du budget.
M. NORMANDIN: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Article 8, devenu arti-
cle 7, adopté. Article 9, devenu article 8, adopté.
Article 10, devenu article 9, adopté. Article 11, adopté. Article
12 devenu article 11.
Y a-t-il des objections? Adopté. Article 13, devenu 12?
M. FAFARD: Gilles Fafard. Je représente, conjointement avec Me
Deschesnes, la Chambre de commerce de Montréal, ainsi que l'Association
professionnelle des estimateurs en expropriation du Québec. Le but de
cette objection, c'est que l'article 13 ne soumet l'expropriation "à
aucune formalité ni indemnité". Il s'agit de servitudes en
tréfonds qui peuvent servir tant pour les fins du métro que pour
l'installation de conduites d'eau. Il est dit pour l'installation "de conduites
d'eau ou pour d'autres fins municipales", ce qui pourrait éventuellement
inclure le métro.
La percée de trous dans le roc peut effectivement causer des
dommages ou encore assujettir un terrain à une servitude. Actuellement,
ces expropriations passent par le bureau des expropriations de Montréal,
qui peut décréter qu'aucune indemnité n'est due. C'est,
quand même, une garantie pour le contribuable d'être assuré
qu'il peut être entendu devant un tribunal pour le cas où des
dommages lui seraient causés par ces ouvrages.
D'autre part, la construction à 75 pieds de profondeur peut
affecter aussi certains immeubles construits sur pilotis, qui rejoignent des
profondeurs assez importantes dans le sous-sol. Le droit du propriétaire
s'étend au-dessus de son terrain, mais aussi en profondeur. Si jamais il
y avait quelque valeur dans le sous-sol, la ville viendrait compromettre son
patrimoine en exécutant ces travaux.
M. TESSIER: Me Normandin, est-ce que la ville aurait objection, dans le
cas où on prouverait des dommages, à ce que ces dommages puissent
être réclamés?
M. NORMANDIN: S'il y a des dommages, ils auront toujours le recours en
droit commun pour une action en dommages. Il y a eu des milliers
d'expropriations jusqu'à présent et jamais il n'a
été donné autre chose que $1. En fait, cela impose une
perte de temps considérable de localiser, de faire des plans et
d'enregistrer. On dépense $200 à $300 pour se faire dire, deux
ans après, par le bureau d'expropriation qu'on doit donner $1.
Dans 99 p.c. des cas, tout ce qu'on a fait, c'est qu'on a
dérangé le propriétaire. On est allé l'ennuyer, on
l'a avisé, on l'a fait venir au bureau des expropriations. Il a
dépensé, lui aussi, du temps et de l'argent pour se faire dire
qu'il va recevoir $1 de la ville de Montréal. Quand on passe en dessous
du roc, à 75 pieds, comme lorsqu'on va construire un tunnel pour une
conduite d'eau sur une longueur de douze milles à travers la ville, si
on prend chaque petite partie de lot et qu'on dépense $200 à $300
pour faire des procédures, qu'on dérange chaque
propriétaire pour l'amener au bureau d'expropriation, je ne vois pas en
quoi l'intérêt public est servi.
M. TESSIER: Je suis parfaitement d'accord avec votre
énoncée l'effet que vous n'auriez pas à payer une
indemnité pour l'acquisition du sous-sol, mais je veux faire allusion
aux remarques de l'opposant qui représente certains propriétaires
ou la chambre de commerce. Si on ajoutait, par exemple, "sous réserve"
pour protéger les droits dans le cas de dommages, cela clarifierait la
situation, sans rien enlever à la ville de Montréal. Nous
pourrions ajouter, tout simplement, "sous réserve de toute
réclamation en dommages, s'il y a lieu".
M. NORMANDIN: Nous avons inscrit "sans indemnité" pour ne pas
enlever les recours en dommages. Je crois que cela laisse les recours, mais
nous n'avons pas d'objection à le dire, si vous voulez.
M. TESSIER: C'est justement cela; il y a peut-être un peu
d'ambiguïté dans l'interprétation du mot "indemnité".
L'indemnité, ce peut être pour la valeur du terrain ou du
sous-sol. Cela peut également s'interpréter comme réglant
définitivement toute réclamation en dommages.
M. NORMANDIN: Nous n'avons aucune objection à ajouter
après "ni indemnité": sauf tout dommage particulier qui pourrait
en résulter.
M. TESSIER: Je pense que cela satisfairait tout le monde.
M. FAFARD: Oui, mais vu qu'on dit "sans formalité" il y aurait
aussi avantage à ce que les parties affectées en soient
avisées parce qu'on veut que ce soit sans formalité. Et la partie
qui pourrait être avisée, c'est simplement par consultation au
bureau d'enregistrement, au cas où elle voudrait vendre son terrain un
jour, et éviter qu'elle s'aperçoive qu'effectivement on a
assujetti son terrain à des services publics de cette nature. Sans
formalité, c'est assez fort parce que c'est quand même se
créer un droit de sous-sol, c'est comme creuser subrepticement sous le
terrain de quelqu'un sans lui dire quoi que ce soit. C'est assez clandestin,
cette façon de procéder.
D'autre part, je suis d'accord avec le ministre, à savoir qu'il y
a deux sortes de dommages causés par la construction de l'ouvrage
public, mais l'expropriation elle-même peut causer des dommages. Imaginez
un terrain zoné multiétages où on passe justement cet
ouvrage public, on l'affecte d'une servitude. Est-ce qu'on peut encore
construire autant d'étages et rendre le terrain aussi rentable qu'on
l'avait imaginé alors que son zonage le permettait?
M. TESSIER: Ce serait la réclamation en dommages, dans ce
cas.
M. FAFARD: C'est pour ça que la réserve est importante.
Aussi, j'insiste pour qu'il y ait quand même une certaine
formalité. La ville n'a qu'à envoyer peut-être un simple
avis recommandé au propriétaire de l'immeuble dont le nom
apparaît à l'index et ce serait suffisant.
M. TESSIER: Me Normandin.
M. NORMANDIN: Le problème est justement que dans le cas
où les travaux sont assez imminents on va creuser, sur une
longueur de douze milles en ligne directe, dans le roc, en sous-sol, à
une très grande profondeur. On indique à l'entrepreneur, somme
toute, de s'en aller en ligne droite du point a au point b douze milles plus
loin. Imaginez le problème des dépenses et des travaux que
ça implique de localiser et identifier les lots sur tout le parcours. On
passe exactement sous quel petit lot, en haut? C'est ça qui est
très long et très coûteux, et si on nous oblige à
donner un avis à chacun, on annule l'article.
C'est une difficulté et une perte de temps considérable
avant qu'on puisse commencer les travaux, si on est obligé de localiser
chaque petit lot. Dans une grande ville à forte concentration, les lots
sont très petits. Commencer à localiser, six milles plus loin, si
on passe à deux pouces du lot 25 ou à deux pouces de l'autre
côté sur le lot 26, c'est un travail considérable en pure
perte.
M. TESSIER: Quel est votre nom déjà, maître?
M. FAFARD: Fafard.
M. TESSIER: Me Fafard, dans le cas d'une construction de tunnel comme
celui-là, il est évident que celui qui prétend subir un
préjudice va s'en apercevoir. Je pense que les droits des
propriétaires sont sauvegardés s'ils ont un recours en dommage
éventuel, quitte à eux à prouver leur dommage. Je pense
que Me Normandin a raison lorsqu'il dit qu'en somme ça va coûter
énormément cher et que ça va compliquer les affaires
â la ville de Montréal, ça peut même retarder de
plusieurs mois la construction si on est obligé de localiser des
milliers et des milliers de numéros de lots et de subdivisions.
M. FAFARD: D'accord, M. le Président, je me rallierais à
cette position, en autant que le point de départ du temps de la
réclamation soit celui de la connaissance acquise par le
propriétaire du dommage qui lui est causé, parce qu'il y a aussi
le problème de la prescription.
M. TESSIER: Il y a une prescription de deux ans.
M. CHOQUETTE: M. le Président, c'est un dommage matériel.
Deux ans, il me semble que si on entend des vibrations en-dessous...
M. FAFARD: Oui, mais le dommage peut être ultérieur.
M. TESSIER: Alors, est-ce qu'on va en venir à un compromis?
M. CHOQUETTE: Oui, mais ce sont les dommages au moment de l'action de la
ville de Montréal qui importent, ce ne sont pas les dommages
éventuels.
M. FAFARD: Mais il y a ceux causés par l'expropriation
elle-même et non pas par l'ouvrage.
M. CHOQUETTE: Mais le ministre des Affaires municipales avait l'air de
dire qu'on ne pouvait pas ériger en principe le fait de donner une
indemnité pour cette expropriation souterraine et strictement se
contenter de dommages.
M. FAFARD: J'ai compris moi-même qu'il s'agissait de dommages,
mais j'ai cru qu'il faisait également avec moi la distinction entre ceux
qui sont causés par l'expropriation et ceux qui sont causés par
l'ouvrage public qui suit l'expropriation ou l'imposition 'd'une servitude en
tréfonds.
M. TESSIER: C'est bien ça. J'ai dit réclamation en
dommages. Cela comprend n'importe quel dommage. Il s'agit d'en faire la
preuve.
M. NORMANDIN: Je dois dire également, puisque mon confrère
a parlé de passer un métro ou des choses comme ça, que
c'est bien évident qu'il va s'agir simplement de petits tunnels pour des
conduites d'eau ou des fils. On n'ira pas construire un métro à
100 pieds sous terre dans le roc. Cela coûterait trop cher. Il n'y a pas
grand danger de cela.
M. TESSIER: Oui et en plus, Me Normandin, c'est que la ville de
Montréal n'a plus d'autorité pour construire le métro,
c'est la Communauté urbaine de Montréal qui l'a maintenant. La
ville n'a pas le pouvoir de construire de métro actuellement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! L'article 13, qui est devenu
l'article 12 qui a pour effet d'amender l'article 984 a), serait amendé
à la huitième ligne. Je vais lire la phrase dès le
début. En fait, la phrase commence par: "Dès le début des
travaux, elle devient propriétaire, sans aucune formalité ni
indemnité, sous réserve de tout recours en dommage, on
continue la phrase du volume occupé par le tunnel et un rayon de
5 pieds autour."
Est-ce que cet amendement est adopté?
M. TESSIER: Adopté. M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: L'article 13 qui devient l'article 14...
M. PAUL: Non, l'article 14 qui devient l'article 13...
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi. L'article 14 qui devient l'article 13,
est-ce qu'il y a des objections? Oui, Me Fafard.
M. FAFARD: Il y a une opposition qui vise à modifier l'article
986 dans son entier ou à peu près. C'est-à-dire que le
changement du nom, l'estimateur par le directeur du service des immeubles,
n'est pas le propos de l'objection, mais bien l'article 986 dans son entier. Un
amendement suggéré à cet article a été
déposé sur le bureau du greffier.
Si je peux élaborer sur cet amendement, j'aimerais le faire tout
de suite.
L'article 986 a été amendé l'an dernier. La ville
de Montréal, auparavant, dès qu'elle prenait possession
préalable, c'est-à-dire lorsqu'elle déposait un plan
d'expropriation au bureau d'enregistrement, devait, dans les 60 jours,
automatiquement déposer l'évaluation municipale de l'immeuble
exproprié.
L'an dernier, la ville de Montréal a fait amender cette
disposition dans le but que ce soit le propriétaire concerné qui,
lui, s'adresse à la cour Supérieure pour obtenir un jugement qui
force la ville à effectuer ce dépôt. Cet amendement
à l'article en question avait été accordé pour fins
d'expérience, c'est-à-dire qu'on l'avait laissé passer
comme ça pour voir quels en seraient les résultats.
Les résultats sont qu'après 60 jours de l'acquisition par
dépôt pour prise de possession préalable l'exproprié
encourt un délai considérable avant d'abord d'obtenir son
jugement forçant la ville, ce qu'il n'avait pas à faire autrefois
parce que la ville le faisait automatiquement. Deuxièmement, toujours
encore le délai pour retirer ce dépôt
préliminaire.
Je pense que là, c'est en somme, une chinoiserie si on me
permet le terme qui n'existe qu'à la ville de Montréal,
parce qu'aucune municipalité dans la province de Québec ne prend
possession préalable sans déposer en même temps
l'indemnité qu'elle offre. Et, dans le cas de la ville de
Montréal, on dit que c'est l'évaluation municipale.
Donc, c'est absolument un régime particulier qui existe.
Deuxièmement, les amendements proposés à l'article
986 ont pour but de revenir à la situation antérieure, soit le
dépôt automatique. En même temps, la ville de
Montréal s'est ingéniée, dans le passé, à
exproprier des parties d'immeubles, des parties de bâtisses, la
moitié ou le tiers d'une bâtisse. On sait que toute la
bâtisse fera éventuellement l'objet de l'acquisition. Mais, parce
que le dépôt préliminaire doit porter sur la partie sous
emprise, on ne déposait que la partie de l'immeuble qui était
sous emprise, bien qu'on savait qu'éventuellement toute la bâtisse
ferait l'objet de l'acquisition.
Il s'agit, là aussi, d'un jeu qui ne rencontre pas les
dispositions de l'article 407 du code civil qui dit que l'indemnité doit
être juste et préalable. Ici, cette condition n'est pas
remplie.
De plus, des expropriations de parties de terrain ont pour effet de
rendre le résidu inexploitable en vertu des règlements de zonage
en vigueur. Cela s'est vu dans le cas d'un terrain industriel exproprié,
dont les résidus ne pouvaient servir qu'à des fins
résidentielles. Alors, cet article a pour but, éventuellement,
que le dépôt préliminaire inclue également la partie
résiduelle qui, dans ce cas, pourra faire l'objet d'une acquisition
totale, tel qu'il en sera décidé par le bureau des
expropriations.
La fin de l'article suggéré en amendement fait
renaître, également, une disposition qui existait dans l'ancien
article 986 à l'effet que, si la ville faisait défaut de
déposer préliminairement tout ce qui est indiqué à
cet article, un contribuable pouvait s'adresser à la cour pour obtenir
jugement exécutoire de la façon ordinaire.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des commentaires sur cet amendement
proposé par la chambre de commerce?
UNE VOIX: Par la chambre de commerce, oui. Est-ce que le ministre a des
commentaires?
M. TESSIER: Il faudrait attendre la version de la ville de
Montréal sur l'amendement. Moi, j'ai d'autres choses à dire, mais
qui n'ont pas de relation avec l'amendement.
M. NORMANDIN: Je dois dire qu'en principe nous avons beaucoup de
difficulté à accepter le bien-fondé d'une procédure
où, à la dernière minute, on nous demande de lire un texte
qui peut être lourd de conséquences, alors que les amendements
à la charte, nous sommes forcés de les déposer six
semaines à l'avance. Les conseillers du gouvernement ont alors le temps
de les étudier. Là, on veut essayer de faire la
législation en nous demandant, à la dernière minute, des
choses importantes, sans nous avoir donné un texte avant, les
conseillers du gouvernement n'ont pas le temps d'aviser le gouvernement et nous
n'avons pas le temps de consulter nos conseillers. Si on parle d'expropriation,
j'aimerais bien savoir ce que le directeur des immeubles ou le directeur de
l'urbanisme, qui s'en occupe chez nous, en pense pour qu'il en fasse
étudier les conséquences et les possibilités. Quand on
arrive à la dernière minute et qu'on nous donne un texte, en nous
disant: On vous remet cela et cela va être votre charte ou votre loi
constituante, il me semble qu'on prend des
chances d'arriver avec des lois très mal faites qui auront des
conséquences auxquelles personne n'a pensé, parce que cela a
été fait et nous a été soumis à la
dernière minute.
Il me semble que, normalement, si on veut modifier une chose importante
dans la charte, on devrait donner, tant au gouvernement qu'à la ville de
Montréal, au moins quinze jours pour avoir le temps de consulter leurs
conseillers. Les remarques que je fais portent sur le fait que je n'ai pas eu
le temps de consulter nos experts à la ville. Il se peut fort bien que
je ne fasse pas des remarques fort pertinentes que je devrais faire et qu'il
serait dans l'intérêt public que votre commission prenne en
considération avant d'adopter cet article.
Si on veut, quand même, aller dans le texte de cet amendement
proposé à la dernière minute, l'année
dernière, on a débattu longuement, ici, les modifications qui ont
été apportées. Tout le monde était d'accord.
Là, on remet tout en question. Lorsqu'un montant doit être
déposé ou réservé, la personne qui veut le retirer
fait une requête. Elle en faisait une avant, avec les anciennes
dispositions; elle en fait encore une avec la nouvelle disposition. Cela prend
une requête pour se faire donner ce montant. Le changement important que
nous avons fait, porte sur ce qui arrive en attendant qu'une requête soit
faite pour la personne. Il y en a énormément qui ne la font
pas.
Qu'est-ce qu'il arrive de cet argent? Va-t-il être
déposé chez le protonotaire ou la ville ne devrait-elle pas,
étant donné les sommes considérables en jeu, les garder en
dépôt dans sa banque et en recevoir les revenus et les
intérêts normaux? Autrement, on la force, tout simplement,
à aller déposer, si on prend le volume qu'il y a, des sommes
considérables chez le protonotaire. En même temps, pour avoir le
"cash flow" dont on a besoin, on va aller l'emprunter à la banque et
payer de l'intérêt. Votre commission a semblé d'accord,
à l'unanimité, avec nous.
Etant donné que, pour la ville de Montréal, il n'y a quand
même pas de danger que l'argent disparaisse et qu'il ne soit pas capable
de se faire payer, il était raisonnable c'est le but de
l'amendement de l'année dernière de nous le laisser garder
en dépôt jusqu'à ce qu'intervienne cette requête et
le jugement. A ce moment-là, la personne est payée quand
même. Que le montant soit déjà chez le protonotaire ou que
le directeur des finances émette un chèque, cela ne change rien
quant au contribuable. Il ne perd rien. La seule chose, c'est que lorsqu'il ne
fait pas de requête, la ville de Montréal, elle, ne perd pas des
revenus importants des intérêts de ces sommes.
M. LE PRESIDENT: Me Fafard.
M. FAFARD: J'aimerais répondre sur deux points. Quant au
délai, la ville de Montréal a été avisée que
la chambre avait l'intention de soumettre cet amendement dans un texte de
commentaires qui lui a été remis lundi. On lui a signifié
mardi un avis du texte réel amendé. Hier, nous avons pris
connaissance du bill final de la ville de Montréal parce que nous sommes
allés le chercher. Donc, je pense que sur la question des délais,
on peut argumenter assez longuement.
Le seul argument que je veux soumettre au sujet de l'amendement
proposé, c'est qu'aucune municipalité de la province de
Québec n'a le droit de prendre possession préalable d'un immeuble
qu'elle exproprie sans déposer le montant de l'indemnité qu'elle
juge juste et préalable. Ce montant constitue l'offre de l'expropriante.
A la ville de Montréal, on ne demande même pas de nous faire cette
offre. On ne lui demande que de déposer l'évaluation municipale
de tout l'immeuble qui sera assujetti à l'expropriation.
M. TESSIER: M. le Président, je crois que Me Normand in a raison
lorsqu'il dit que nous sommes tous pris par surprise avec cet amendement. Il ne
s'agit pas d'un amendement mineur, mais bien d'un amendement majeur, qui peut
avoir des implications financières considérables sur la ville de
Montréal. Je crois que non seulement la ville mais nous-mêmes, les
membres de cette commission, nous ne sommes pas en mesure de trancher cette
question à brûle-pourpoint. On nous a saisi, il y a quelques
minutes à peine, d'un texte d'amendement qui peut avoir des
conséquences considérables.
Je crois que vous devriez réserver vos représentations
pour un prochain amendement à la charte de la ville de Montréal
et aviser, dès aujourd'hui, que vous reviendrez éventuellement,
d'ici six mois ou un an, avec votre amendement. D'ici là, la ville de
Montréal pourra faire toutes les études nécessaires,
toutes les recherches pour voir quelles seraient les implications et sera en
mesure de donner son appréciation sur l'amendement, soit l'agréer
ou soit l'amender parce qu'il y a toujours moyen d'apporter des
sous-amendements ou soit s'opposer totalement à l'amendement. A
ce moment-là, nous serons, nous, saisis des propositions des parties
intéressées. Nous serons en mesure de nous prononcer. Pour ma
part, je ne suis certainement pas en mesure de me prononcer ce matin sur un
amendement qui peut avoir autant de conséquences.
M. LE PRESIDENT: Me Fafard.
M. FAFARD: M. le Président, je n'insisterai pas davantage, si la
commission croit que l'amendement lui est soumis trop tardivement. Cependant,
je voulais tout simplement ajouter que l'amendement avait pour but de corriger
ce que j'appelle une injustice. L'an dernier, nous avions aussi corrigé,
de la même manière, une injustice, soit le fait que les procureurs
et les experts des expropriés n'avaient droit à aucune
indemnité pour leurs honoraires, lorsqu'ils allaient devant le
bureau des expropriations de Montréal. Cet amendement avait aussi
été soumis tardivement, mais il avait pour but de corriger, comme
je l'ai dit, une injustice. Je pensais que cet amendement de ce matin, bien que
soumis tardivement, avait le même effet. Si on pense qu'effectivement, il
va plus loin que cela, qu'il mérite des études, je n'insisterai
pas davantage.
M. LE PRESIDENT: Me Fafard, est-ce que votre mandat vous permet
d'informer immédiatement la commission de l'intention de la chambre de
commerce de présenter cet amendement l'an prochain?
M. FAFARD: Oui, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Votre mandat vous le permet. La commission est donc, de
fait, informée que cet amendement demeure.
M. FAFARD: Pour une prochaine étude.
M. LE PRESIDENT: Pour une prochaine étude du bill de
Montréal.
M. FAFARD: Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'article 13 est-il adopté?
M. TESSIER: Non. J'avais déclaré au tout début de
mes remarques, à l'ouverture de la séance, que je n'avais pas
d'objection de principe sur les articles du projet de loi, sauf sur un qui
était l'article 14 et qui est devenu maintenant l'article 13.
Voici l'objection: c'est que cet article va à l'encontre de la
loi 48 sur l'évaluation foncière. On voudrait modifier l'article
986 de la charte de Montréal pour remplacer le mot "estimateur" par les
mots "le directeur du service des immeubles". Or, on sait qu'en vertu de la loi
48 te de la loi 75 qui a créé la Communauté urbaine de
Montréal, l'estimation des immeubles se fait maintenant par la
Communauté urbaine de Montréal.
Je ne vois donc pas pourquoi l'on confierait au service des immeubles,
c'est-à-dire en somme au directeur des travaux publics de faire une
évaluation alors que celui-là n'est pas un spécialiste. Le
service de l'estimation de la Communauté urbaine de Montréal doit
se conformer, pour les estimations, à tous les critères et normes
qui seront mentionnés dans le manuel de l'évaluation et il devra
se conformer à la loi pour procéder à l'évaluation
d'un immeuble qui sont en somme les anciens évaluateurs de la ville de
Montréal.
Nous avons là des experts compétents, et je crois que,
dans le cas d'expropriation, seul le commissaire à l'évaluation
de la Communauté urbaine de Montréal devrait faire l'estimation
de la valeur des immeubles.
Pour cette raison, je crois que l'article 13 doit tout simplement
être biffé afin qu'il demeure tel quel, que le mot "estimateur" y
demeure. Aujourd'hui, d'après la définition de l'estimateur dans
la loi 48, c'est maintenant le commissaire de l'évaluation de la
Communauté urbaine de Montréal qui joue ce rôle.
M. NORMANDIN: Je crois qu'on tend à confondre le rôle de
l'évaluateur de la communauté urbaine, qui est de faire le
rôle de toutes les valeurs, de faire de l'évaluation en masse ou
en série de lots tels qu'ils sont constitués, et un autre travail
entièrement différent qui est fait par le directeur des immeubles
à la ville de Montréal, travail qui est, dans une expropriation,
de déterminer la partie d'un terrain ou d'un édifice qui va
être expropriée, particulièrement, dans un édifice,
de départager les proportions de ce qui va demeurer et ce qui va
être exproprié.
Il s'agit ici purement de cas d'expropriation, et seulement de cas
où il s'agit d'une partie d'immeuble. Lorsqu'il s'agit de tout
l'immeuble, il est évalué par l'évaluateur de la
communauté dans son rôle d'évaluation et c'est ce qui sert
de base. Il n'y a pas de problème. La seule chose, c'est que si, dans
une expropriation, il faut déterminer que ce ne sera qu'une partie d'un
immeuble ou d'un terrain qu'on va scinder en deux, c'est le directeur des
immeubles qui fait le travail. Il est obligé do monter le dossier de
toute façon.
Si c'est les deux tiers c'est lui qui va déterminer ce
dont on a besoin et ce qu'on exproprie c'est les deux tiers de
l'évaluation municipale. Or, l'évaluation municipale a
déjà été faite par l'évaluateur, mais il ne
faut pas demander à l'évaluateur de la communauté urbaine
qui doit faire des rôles et de l'évaluation en série
de venir faire une expertise dans une expropriation pour la ville de
Montréal pour déterminer quelle est la proportion qu'on va
prendre d'un immeuble.
C'est pourquoi, étant donné que de toute façon le
directeur des immeubles, pour les fins de l'expropriation, est obligé de
faire le travail et qu'on l'a dans le dossier, il nous semble inutile de
renvoyer le dossier à la communauté urbaine et à
l'évaluateur de la communauté qui est pris avec des travaux
d'autre nature à dresser les rôles, à travers la ville, des
terrains tels qu'ils sont constitués. Tandis que l'autre travail, c'est
une question d'expertise individuelle pour une expropriation.
C'est pourquoi il nous semblerait qu'en pratique il n'y a pas de
principe impliqué, les deux peuvent se faire on va sauver du
temps, de l'argent et les formalités absolument inutiles qui se
produiraient si on envoyait le dossier une fois que le travail est fait
par le directeur des immeubles à la communauté urbaine
pour attendre qu'elle le retourne.
M. TESSIER: Oui, mais, Me Normandin, dans ce cas-ci, dans le cas
d'expropriation, deux
choses doivent se faire. Il y a l'expertise de l'expropriation
même, c'est-à-dire établir les dommages, par exemple, que
l'expropriation peut causer à l'exproprié. Il y a ce que vous
demandez, l'article 986, et c'est simplement d'établir la valeur de
l'immeuble ou de la partie de l'immeuble qui est expropriée. Or,
autrefois, jusqu'à tout récemment, vous aviez à la ville
de Montréal des estimateurs experts qui pouvaient faire ce
travail-là.
Aujourd'hui, tous vos experts en évaluation de la valeur des
immeubles sont passés à la Communauté urbaine de
Montréal. Vous n'en avez plus à la ville de Montréal qui
peuvent estimer la valeur de la propriété.
M. NORMANDIN: Si vous me permettez une correction sur les faits, M. le
ministre, ces experts-là sont partis, mais, pour une expropriation,
l'évaluation qui se fait, les négociations financières
pour payer les dommages et la valeur du terrain sont faites par un service
technique au service du directeur des immeubles. Il ne fait que ça, ce
sont des experts en estimation des coûts et des dommages et des
immeubles.
Alors, il y a tout le personnel technique et il est obligé de
faire ça avant de nous soumettre le dossier pour l'expropriation. Or
tout est déjà fait, ce travail-là est déjà
fait. Mettons que le rapport dise que c'est exactement la moitié du
terrain qu'on prend et la valeur au rôle on l'a. Elle a
déjà été faite par l'estimateur. A ce
moment-là, on nous imposerait une pure formalité additionnelle et
une perte de temps et d'argent et pour la communauté urbaine et pour la
ville, si on envoyait à la communauté le dossier, qui est
déjà tout cuit, puis attendre qu'il revienne.
C'est bien évident qu'on n'en arrivera pas à d'autres
conclusions que le travail qui a été fait.
M. TESSIER: Ce n'est pas si simple que ça, le problème.
Vous dites: C'est facile, on prend la valeur au rôle, puis on sait quelle
partie on prend. Mais la valeur au rôle, c'est une valeur globale. Quand
vous expropriez une partie d'immeuble, ça peut être seulement 25
p.c. de l'immeuble, mais ça peut avoir 50 p.c. de la valeur marchande de
l'immeuble. Alors là c'est un véritable travail
d'évaluation. Je suis parfaitement d'accord avec vous en ce qui concerne
l'estimation des dommages, vous avez des experts pour ça et c'est leur
rôle, d'ailleurs, de faire l'estimation des dommages. Mais, en ce qui
concerne l'évaluation de la partie même de l'immeuble qui doit
être expropriée, je crois que ces experts que vous aviez autrefois
sont maintenant passés à la Communauté urbaine de
Montréal.
M. NORMANDIN: Non, non, pour l'expropriation, c'est notre personnel
technique du service des immeubles qui fait cette évaluation et qui va
faire la preuve. Il est obligé d'être préparé et
d'avoir les experts parce qu'il faut aller devant le bureau des expropriations
pour établir la valeur de cette partie que nous prenons.
M. TESSIER: Oui, mais en somme ce que vous voulez faire, c'est que vos
fonctionnaires du service des immeubles fassent de l'évaluation
municipale. C'est ça.
M. NORMANDIN: Non. Pas d'évaluations en série, puis faire
des rôles, c'est la fonction de l'évaluateur. On n'en fait pas,
c'est une expertise individuelle.
M. TESSIER: Bien oui c'est ça, mais c'est tout de même
faire une évaluation pour la partie de l'immeuble qui est
expropriée.
M. NORMANDIN: Ils sont obligés de le faire. Quand on exproprie,
le bureau des expropriations va nous dire de payer la valeur de ce qu'on a
à exproprier en plus des dommages. Le service technique qui
décide une expropriation doit être équipé pour en
déterminer la valeur. Il faut qu'il nous dise combien va nous
coûter cette expropriation. Or nécessairement il l'a le personnel
et il l'a faite l'évaluation. Au moment où on
décrète l'évaluation on a le rapport technique et cette
évaluation a déjà été faite. Tout ce qu'on
va nous imposer c'est la formalité additionnelle.
Quand on exproprie il faut bien que le service des immeubles nous fasse
rapport pour nous dire comment ça va nous coûter. Alors il faut
qu'il ait le personnel puis qu'il nous dise combien ça va nous
coûter, quelle est la valeur, quelle indemnité nous serons
obligés de payer, quant à la valeur de la chose ainsi que quant
aux dommages accessoires. Or on l'a ce rapport puis on décrète
l'expropriation.
Si on ne nous accorde pas la modification que nous demandons, on va
mettre cela de côté, on ne voudra pas la regarder et on enverra le
dossier à l'évaluation, à la communauté
urbaine.
M. TESSIER: Pas du tout. Votre service des immeubles va préparer
le dossier, il va établir l'indemnité d'expropriation, les
dommages que cela peut causer, en somme, il va faire tout le travail technique
pour constituer son dossier, mais lorsqu'il va s'agir strictement de
l'évaluation de la partie d'immeuble à être
exproprié, je crois que c'est le service de l'évaluation de la
communauté qui va dire: cela vaut tant.
M. NORMANDIN: Ce n'est pas comme cela qu'on procède en pratique
quand on exproprie; l'expert qui va aller devant le bureau des expropriations
c'est l'expert de notre service des immeubles, ce n'est pas l'évaluateur
de la communauté qui va venir témoigner là-dessus.
L'évaluateur de la communauté fait des rôles en
série et ce n'est pas lui qu'on dérange pour venir faire une
expertise individuelle et personnelle et
pour aller témoigner devant le bureau des expropriations quant
à la valeur, c'est le service des immeubles qui le fait et il est normal
que ce soit ainsi.
M. TESSIER: Me Normandin, dans votre article actuel, si vous relisez 986
comme il le faut, vous allez voir qu'actuellement vous avez divisé la
procédure en deux parties. Le premier paragraphe confie le travail
à l'estimateur. Ce que nous demandons, c'est tout simplement de
maintenir le statu quo. Vous avez l'estimateur dans le premier paragraphe, dans
le deuxième paragraphe, vous avez le directeur du service des immeubles
qui, lui, complète le dossier et soumet le tout pour fins
d'expropriation. Tout ce qu'on demande, c'est de maintenir ce que vous avez
actuellement, tout simplement.
M. NORMANDIN: La différence est que, lorsque les deux
étaient de nos services, lorsqu'ils étaient logés l'un
à côté de l'autre, c'est évident que cela
n'impliquait pas de perte de temps et cela ne créait pas de
problème. Il suffisait de dire à l'évaluateur: Regarde
donc cela et donne-nous le prix. Si on est obligé de prendre un dossier
et de l'envoyer à la communauté urbaine, qui s'occupe de 26
municipalités, et qu'on attend un rapport, à mon avis, c'est une
formalité inutile qui, en pratique, va créer un délai
moyen de deux ou trois mois pour rien. Ce n'est pas impossible mais cela ne
donne rien.
M. TESSIER: Est-ce que le service de l'évaluation de la
Communauté urbaine de Montréal n'est pas resté dans les
mêmes bureaux? N'est-il pas encore voisin de votre service des
immeubles?
M. NORMANDIN: Non, il ne l'est pas.
M. TESSIER: Ils ne sont pas déménagés, ils sont
encore à la même place?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais poser une question
à M. Normandin. L'amendement proposé par la ville de
Montréal à l'article 986 ne touche que l'aspect d'un travail
quotidien spécialisé en expertise pour une expropriation
particulière, alors que le rôle de la communauté urbaine
est d'établir l'évaluation en général. Autrement
dit, vous trouvez que c'est une perte de temps, pour un cas précis, de
passer par la communauté urbaine alors que c'est la
responsabilité de la ville de Montréal.
Auparavant, les deux étaient ensemble mais maintenant que c'est
séparé, vous voulez que les activités, pour un cas
particulier, demeurent à Montréal et que l'évaluation, par
le bill 48, revienne à la Communauté urbaine de
Montréal.
M. NORMANDIN: C'est cela.
M. LEGER: Je ne comprends pas l'amendement du ministre qui dit
que...
M. TESSIER: Ce n'est pas un amendement.
M. LEGER: Vous voulez amener un amendement en faisant disparaître
la proposition de la ville de Montréal.
M. TESSIER: Ce n'est pas un amendement, c'est tout simplement un statu
quo.
M. LEGER: C'est-à-dire que vous enlevez l'amendement
proposé.
M. TESSIER: Je n'ai aucun amendement à proposer, je propose que
l'article soit biffé pour maintenir le statu quo.
M. LEGER : C'est cela. En maintenant le statu quo, cela reviendrait
à dire que la Communauté urbaine de Montréal aurait un mot
à dire dans un travail précis de la ville de Montréal.
M. TESSIER: Le même travail que l'estimateur faisait
auparavant.
M. LEGER: Avant, c'était le même service qui faisait les
deux.
M. TESSIER: Non, ce n'était pas le même service,
c'étaient deux services différents.
M. LEGER: C'est la ville qui a la responsabilité des deux
choses.
M. TESSIER: D'accord.
M. LEGER: Le cas particulier et le cas d'évaluation
générale.
M. TESSIER: Etant donné que tous les experts en évaluation
de la ville de Montréal sont maintenant à la Communauté
urbaine de Montréal, on dit tout simplement qu'on maintient le statu
quo.
M. LEGER: Quel inconvénient voyez-vous à ce que la partie
de l'expropriation, l'expertise de la valeur d'une partie d'un lot soit faite
par la ville de Montréal qui a une responsabilité
immédiate et directe, plutôt que de la laisser aller à la
communauté urbaine qui, elle, n'a qu'à voir à l'ensemble
de la Communauté urbaine de Montréal? Pour quelle raison
avez-vous une objection particulièrement à cela et pourquoi
dites-vous que cela vient en conflit avec le bill 48?
M. TESSIER: Parce qu'on a consacré, par un texte de loi, que
toute évaluation, dans toutes les municipalités du Québec,
se faisait en vertu de la Loi 48 et qu'on a confié les pouvoirs à
la
Communauté urbaine de Montréal qui, seule, a
l'exclusivité de l'évaluation.
M. LEGER: Maintenant, au sujet de l'évaluation d'un lot
précis dont la ville de Montréal veut acheter une partie ou
exproprier une partie, pour quelle raison la Communauté urbaine de
Montréal serait-elle juge là-dedans? Elle a déjà
établi, par son rôle d'évaluation, la valeur de ce lot.
Si la ville de Montréal identifie telle partie et dit: Nous
sommes prêts à payer tel montant, nos experts nous ont dit ce que
ça vallait, pour quelle raison faudrait-il retourner à la
Communauté urbaine de Montréal qui a déjà fait son
plan général? C'est ce que je ne comprends pas.
M.TESSIER: C'est parce que tous les experts en évaluation sont
maintenant au service de la Communauté urbaine de Montréal.
M. LEGER : Est-ce que l'évaluation pour fins de taxe...
M. TESSIER: En somme, on permettrait à la ville de
Montréal de se monter un service parallèle
d'évaluation.
M. LEGER: M. le Président, une évaluation pour fins de
taxe et une évaluation pour fins d'expertise ou d'expropriation, ce
n'est pas la même chose, mais c'est basé sur les mêmes
critères au départ.
M.TESSIER: Au point de vue de l'évaluation, c'est la même
chose, mais au point de vue des dommages, ce n'est pas la même chose.
M. LEGER: Non, il y a la valeur marchande, d'accord, mais ce sont quand
même deux choses différentes.
M. LE PRESIDENT : Me Côté.
M. COTE : Michel Côté, avocat en chef de la ville de
Montréal.
M. le Président, sur les remarques du ministre, j'aurais, au
moins, cette mise au point à faire. D'abord, tous nous experts en
évaluation ne sont pas passés à la communauté
urbaine, loin de là. Les experts en évaluation pour fins de
taxation, bien sûr, mais pas les autres pour fins d'expropriation. Cela
m'amène à la deuxième remarque au sujet du conflit avec la
Loi de l'évaluation foncière qui fut le bill 48 l'an dernier. Il
n'y a pas de conflit entre cette proposition que nous faisons aujourd'hui et la
Loi de l'évaluation foncière. La Loi de l'évaluation
foncière est une loi-cadre qui dit: Les pouvoirs d'évaluation
pour fins de taxation foncière passent à la communauté
urbaine. D'accord, mais le pouvoir d'évaluation individuelle pour fins
d'expropriation du devant du balcon d'une maison évaluée à
$30,000, ce n'est pas passé à la communauté urbaine. La
loi 48 prévoit l'évaluation foncière pour fins de taxa-
tion, mais ne prévoit d'aucune façon que doit être mis sous
l'autorité du commissaire à l'évaluation de la
communauté urbaine le pouvoir d'examiner, je ne sais pas, les trois
premières marches du perron d'une maison de $30,000 et de dire: Cela
vaut tant. L'estimateur de la communauté n'est vraiment pas
équipé pour faire ça; il est équipé pour
évaluer une propriété complète pour fins de
taxation.
Celui qui est équipé pour savoir la valeur d'une partie
d'un immeuble, c'est beaucoup plus le directeur des immeubles, qui fait le
rapport d'expertise à la ville sur la valeur de l'expropriation. C'est
vraiment un amendement que suggère le ministre des Affaires municipales,
parce que ce n'est pas le statu quo. C'était le statu quo quand on
était à Montréal. Maintenant que l'évaluation, pour
fins de taxation, est passée à un autre niveau de gouvernement,
ce n'est pas le statu quo que nous demandons. Nous demandons que la
communauté urbaine, par ses officiers, se prononce sur une valeur
estimée pour fins d'expropriation. Ce n'est pas ça du tout, je
pense, le but de la loi en matière d'expropriation. A ce
moment-là, ils seraient obligés de faire un travail
spécifique, précis, différent, spécialisé
qu'ils ne font jamais pour les autres municipalités du territoire,
à toutes fins utiles. Ils ne font pas d'évaluation pour les 25
autres municipalités de l'île pour fins d'expropriation; ils en
font pour fins de taxation seulement.
Alors, ce serait leur accorder un pouvoir qui va bien au-delà de
ceux qui étaient prévus par le bill 48.
M.TESSIER: Il ne faut tout de même pas qu'il y ait des
critères différents dans l'évaluation de la valeur
marchande. Le service de l'évaluation de la communauté urbaine
doit se baser sur des critères et des normes très précis.
Sans cela, nous n'aurions aucun contrôle. Vous pourriez, à la
ville de Montréal, vous servir de critères tout à fait
différents pour procéder à l'évaluation. Le but
c'est une question de principe de la loi 48, c'est d'avoir des
critères et des normes uniformes partout. Alors, si on commence à
permettre l'évaluation à partir de critères
différents, la loi 48 n'atteint pas le but que nous nous sommes
proposé.
M. PAUL: De toute façon, vous n'atteignez pas le but
proposé avec la loi actuelle parce que vous êtes obligés de
l'amender.
M. TESSIER: Nous allons l'amender... M. PAUL : Plusieurs fois.
M.TESSIER: ... à plusieurs reprises, c'est évident, parce
que c'est une loi extrêmement technique.
M. LEGER: M. le Président, de toute façon, ce que je veux
dire, c'est que les normes pour
une expropriation ne peuvent pas être exactement les mêmes
que pour une taxation.
M. TESSIER: Pour l'expropriation, je suis d'accord.
M. LEGER: C'est ce pouvoir que veut avoir la ville de
Montréal.
M. TESSIER: C'est en deux parties; c'est ce qu'il faudrait comprendre.
Si vous lisez l'article 986 actuel de la Charte de la ville de Montréal,
vous voyez qu'il y a deux parties bien distinctes.
Première partie: l'évaluation. On dit que
l'évaluation doit être confiée à des
évaluateurs qui doivent se conformer à la loi no 48 et au manuel
d'évaluation.
Deuxième partie: le service des immeubles qui établit, en
somme, les dommages. C'est ce qui existait et c'est ce qui existe
présentement à la ville de Montréal. Nous disons que nous
allons continuer la même chose en deux parties. Mais, par exemple, en ce
qui concerne strictement l'évaluation de la partie expropriée,
vous allez confier cela aux experts qui sont sous le contrôle de la
commission municipale, qui doivent être agréés par la
commission municipale pour pouvoir faire l'évaluation, qui doivent se
conformer aux normes et qui sont continuellement sous la surveillance de la
commission municipale.
M. NORMANDIN: L'immeuble entier a été évalué
par l'évaluateur quand il a fait son rôle. Nous sommes pleinement
d'accord pour que cela continue à être la valeur de base pour
cette évaluation, pour donner une valeur à l'immeuble
exproprié.
Tout ce que nous demandons, c'est, dans les quelques cas où c'est
une partie de l'immeuble, où, ce n'est plus l'évaluation en
masse, mais une expertise qu'il s'agit de faire, où nous avons le
personnel et où il nous faut avoir ce personnel parce qu'il faut que le
dossier soit ainsi monté pour qu'on soit capable d'aller le prouver et
l'établir devant le bureau des expropriations, qu'on ne nous impose pas
une formalité additionnelle. C'est tout. Il n'y a pas de principe en
jeu. Nous n'attaquons pas le principe. Nous sommes pleinement d'accord sur le
principe qu'à la base l'évaluation doit être uniforme et
faite par un évaluateur. C'est comme ça qu'elle est faite et
c'est cette base qui va servir dans tous les cas d'expropriation, sauf
lorsqu'il s'agit d'une partie où l'évaluation on la
connaît pour l'ensemble de l'immeuble exige une expertise
particulière.
M. LEGER: Me Normandin, est-ce qu'on peut dire que la partie de
l'immeuble qui devrait être expropriée, le montant que votre
service d'experts va déterminer, cela ne pourrait pas être
inférieur à l'évaluation municipale pour la
totalité de l'immeuble? Mais étant donné que c'est la
ville de Montréal qui a quand même à payer, en
définitive, qui a la responsabilité, après cela, de
défrayer le montant pour dédommager la personne, vous voulez
garder ces pouvoirs chez vous?
Mais dans l'article que vous présentez, qu'est-ce qui entre en
conflit je ne sais pas, mais je trouve qu'il est bien avec le
bill no 48, comme dit le ministre? Pourriez-vous l'enlever en disant que cela
ne donne pas le service?
M. NORMANDIN: C'est justement où je n'en vois pas. Lorsque nous
allons aller devant le bureau d'expropriation, nous allons exposer que nous
prenons une partie d'un immeuble dans ce cas particulier et nous
établirons que la valeur de l'ensemble de l'immeuble fixée par
l'évaluateur cela reste est de tant... Mais là,
tout ce dont il s'agit, c'est l'autre partie, c'est l'expertise pour savoir si
ce sont les 2/3 ou les 3/4 de l'édifice que nous prendrons. C'est
l'expert du service des immeubles qu'on veut et qui est obligé de le
faire au moment où on décide de l'expropriation. Il est
obligé de l'établir et de l'établir à la
satisfaction du bureau des expropriations qui déterminera le montant
à allouer.
Cela ne vient nullement en conflit, au contraire, avec le bill no 48.
Lorsqu'on va arriver devant le bureau des expropriations, on va établir
que le terrain a été évalué par l'évaluateur
à $100,000, supposons. Mais là, techniquement, qu'est-ce qu'on
coupe? Qu'est-ce qu'on exproprie? Est-ce que ce sont les 3/4, les 2/3? Ce sont
les experts du service des immeubles qui ont fait le plan, qui ont
déterminé ce qu'on exproprie et qui l'établiront?
M. TESSIER: C'est le principe qu'il faut sauvegarder. Si
l'évaluateur de la Communauté urbaine de Montréal est
qualifié pour évaluer la totalité d'un immeuble, il est
également qualifié pour évaluer une partie de l'immeuble
qui doit être exproprié.
M. LE PRESIDENT: M. le maire.
M. DRAPEAU: Si je comprends bien le ministre des Affaires municipales,
il craint qu'à cause de cela la ville de Montréal
développe un service d'estimation parallèle. Or, c'est justement
le contraire. Si ce n'est pas adopté et que cela doit être fait
à la communauté urbaine, comme l'estimateur de la
communauté urbaine n'a pas les hommes qui sont restés à la
ville de Montréal, cela va l'obliger de créer, à
l'intérieur de son commissariat, une division pour ces fins. Or,
déjà, à la ville de Montréal, il y a tout le
personnel qui le faisait avant et qui est encore prêt à le
faire.
Loin d'avoir une contradiction avec le bill 48, c'est même
à cause du bill no 48 qu'il faut détacher cela, parce que
c'était fait par le bureau des immeubles avant, effectivement. Les
gens qui faisaient cela étaient là. L'estimation qui est
passée à la communauté urbaine, c'est l'estimation qui
faisait de l'estimation avant pour fins de taxation et qui continue. Mais si ce
doit être ce bureau de la communauté urbaine qui fait le travail,
il faudra créer une division pour ça.
Mais oui, ce ne sont pas les mêmes qui le faisaient avant. Il y a
plus. Je suis un peu surpris qu'il n'y ait pas de municipalités de
banlieue qui s'opposent à la proposition du ministre. On va
peut-être trouver cela curieux que ce soit moi qui soulève cette
question, parce que ce serait une façon de faire payer, par la
communauté urbaine, une partie des frais d'une opération qui se
fait à Montréal. Nous croyons que c'est normal que nous
continuions de le faire. Nous avons le personnel et nous payons pour.
Maintenant, le ministre peut dire: C'est ça. Bien, il va y avoir
une division. On va faire faire l'ouvrage là. Cela va être
à frais partagés avec les 28 autres villes. C'est tout. La loi
dit que cela doit se faire là.
M. TESSIER: Il n'y a pas seulement la ville de Montréal qui
profiterait d'un tel service, s'il y avait lieu d'en créer un. Ce serait
toutes les municipalités de la Communauté urbaine de
Montréal.
M. DRAPEAU: Oui, mais les gens qui faisaient cela existent encore. Ils
le faisaient dans le passé. Ils sont encore prêts à le
faire. C'est ça. Il y a un organisme qui existait et qui faisait
ça. Celui-là n'est pas passé,...
M. TESSIER: Oui,...
M. DRAPEAU: ... avec le bill 48, à l'autre organisme.
M. TESSIER: ... il n'existe plus.
M. DRAPEAU: On dit que c'est normal dans ce cas-là.
M. TESSIER: Il n'y a plus de service d'évaluation à la
ville de Montréal, alors il n'existe plus.
M. DRAPEAU: C'est pour cela que le mot estimateur doit être
changé, on n'a plus d'estimateurs.
M. LEGER: M. le maire,... UNE VOIX: C'est vrai.
M. DRAPEAU: On n'en a plus. C'est pour cela qu'on dit: A cause du bill
48, il faut enlever le mot.
M. TESSIER: C'est justement cela, vous n'en avez plus; ils sont rendus
à la Communauté urbaine de Montréal.
M. DRAPEAU: Oui, mais c'est parce qu'auparavant, cela n'avait pas
d'importance, Me Normandin l'a dit, ils travaillent ensemble. Alors, un faisait
le travail et l'autre signait. Cela n'avait pas d'importance. Mais là,
les deux ne travaillent pas pour le même employeur. C'est même une
conséquence du bill 48, et il faut changer le mot.
M. LEGER: M. le maire, étant donné que c'est la ville de
Montréal qui aura à payer, en définitive, pour cette
expertise, est-ce que vous jugez normal que ce soit la communauté
urbaine qui fasse le travail et que Montréal ait à payer?
M. DRAPEAU: Non.
M. LEGER: Je pense que ce n'est pas normal. De toute façon,
est-ce que vous pensez que la communauté urbaine a les
possibilités, actuellement, d'évaluer des parties d'immeuble, la
valeur marchande de trois marches parce que la ville en a besoin? Il me semble
que ce sont deux services complètement différents et que cela
devrait être une responsabilité de la ville de Montréal, la
question d'expropriation, et on se baserait sur l'évaluation faite par
la Communauté urbaine de Montréal comme valeur de taxation. Je
pense que ce sont deux choses différentes. Je ne vois pas pourquoi le
ministre voudrait enlever cette nouvelle demande de la ville de
Montréal, qui est, je crois, absolument légitime.
M. TESSIER: A tout événement,...
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs,...
M. TESSIER: ... je propose que ce soit biffé.
M. LE PRESIDENT: ... est-ce que l'article 14 est biffé?
Adopté.
M. LEGER: M. le Président, nous sommes opposés à
cette idée. Je crois que c'est impensable. Il ne faut absolument pas
accepter cette chose, parce que cela enlève à la ville de
Montréal une responsabilité dont elle est mandataire devant sa
population. C'est à même les taxes de la ville de Montréal
qu'elle aura défrayer les coûts provenant de l'étude
d'experts sur une expropriation. Confier cela à la Communauté
urbaine de Montréal, je trouve que c'est absolument illogique. Mais
l'évaluation, pour fins de taxation, que ce soit fait à la
Communauté urbaine de Montréal, je pense que c'est normal et tout
le monde en bénéficie. Mais là, faire cela pour
Montréal, cela amène aussi des complications pour les villes
avoisinantes. A ce moment-là, il faudrait payer un service à la
Communauté urbaine de Montréal pour toutes les
municipalités alors que Montréal en bénéficierait
davantage. Je pense que ce n'est pas normal. Cela devient une
responsabilité de la ville et non pas de la communauté
urbaine.
M. LE PRESIDENT: Adopté sur division. Article 15 qui devient
l'article 13...
M. PAUL: Il est rejeté sur division. M. LEGER: Non, M. le
Président,... M. PAUL: Rejeté sur division. M. LE PRESIDENT:
Rejeté sur division.
M. LEGER: Je ne pensais pas que j'étais majoritaire, comme
ça.
M. LE PRESIDENT: Nous adoptons le fait que l'article est
biffé.
M. PAUL: Ah, il y a bien des journalistes, ce matin. Vous vous faites
aller!
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 15 qui devient l'article 13? Est-ce
qu'il y a des objections? L'article 13, adopté.
Article 16, qui devient l'article 14?
M.CHOQUETTE: J'ai des choses à dire sur cet article.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Outremont.
M. CHOQUETTE: M. Normandin ou M. Côté, sur l'article 16,
est-ce que les juges de la cour Municipale de Montréal ont
été consultés?
M. NORMANDIN: Oui. En effet, c'est un peu à la demande du juge en
chef et du greffier de la cour. En pratique, il s'agit d'un état de fait
déjà existant à cause du volume considérable.
M. CHOQUETTE: Oui, mais que les greffiers soient habilités
à prononcer des jugements, je vais vous dire que cela me scandalise
légèrement, de prime abord.
M. NORMANDIN: Il s'agit exclusivement de billets de circulation
où la personne aurait pu faire un paiement libératoire et elle ne
l'a pas fait.
Il s'agit de constater un fait qui apparaît au dossier bien plus
que de rendre un véritable jugement.
M. CHOQUETTE: Il y a un jugement, parce que c'est la personne qui ne
s'est pas prévalue de la procédure libératoire qui est
condamnée.
M. NORMANDIN: C'est cela.
M. CHOQUETTE: Par conséquent, c'est un véritable
jugement.
M. NORMANDIN: Oui, mais par défaut.
M. CHOQUETTE: Je comprends que c'est un jugement par défaut,
oui.
M. PAUL: Le ministre conviendra que le même principe existe dans
le code de procédure civile actuellement.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. PAUL: En faveur du greffier ou du protonotaire.
M. CHOQUETTE: Mais, au moins, si on disait: par le greffier, sous
l'autorité du juge. Enfin, qu'on ne mette pas un peu bêtement,
comme cela, que ce soit le greffier qui rende le jugement.
M. NORMANDIN: Vous voulez un amendement cosmétique !
M. CHOQUETTE: Le greffier, sous l'autorité du juge.
M. NORMANDIN: Que fera-t-il, le juge? On peut indiquer: Sujet aux
directives générales que le juge en chef pourrait lui donner de
temps en temps.
M. CHOQUETTE: Ce serait mieux.
M. NORMANDIN: C'est acceptable pour nous.
M. CHOQUETTE: Sinon, on va finir par condamner les gens par ordinateur,
vous savez.
M. NORMANDIN: Supposons que vous avez un billet. Vous ne le payez pas.
Vous ne comparaissez pas. Vous ne prétendez pas avoir une
défense, rien. Ici, il s'agit seulement de constater qu'il n'a pas
payé le billet. Il doit donc $12. Aller déranger les juges, comme
cela, quand il y a 100,000 billets par année, cela n'a pas de bon sens.
C'est une perte de temps. En fait, c'est signé les yeux fermés.
Si vous insistez...
M. CHOQUETTE: J'insiste.
M. NORMANDIN: Si je comprends bien, le ministre est d'accord pour
ajouter, simplement, une disposition: Ou par le greffier, selon les directives
générales que le juge en chef pourra lui donner â
l'occasion.
M. CHOQUETTE: Et sous son autorité. M. NORMANDIN: Ainsi
soit-il!
M. CHOQUETTE: Sous l'autorité du juge en chef.
M. PAUL: Sous l'autorité du juge en chef. M. CHOQUETTE: Oui.
M. PAUL: Après le mot greffier, ajouter "sous l'autorité
du juge en chef".
M. LE PRESIDENT: Le nouvel article 14 est-il adopté tel
qu'amendé? Adopté. Article 17, qui devient article 15.
M. CHOQUETTE: Un autre élément, à l'article 16,
à la fin: Sans qu'il soit nécessaire de faire preuve de
l'infraction, de la signautre de l'agent ou de sa nomination.
M. NORMANDIN: Cela existe déjà. Ce n'est pas une
modification.
M. CHOQUETTE: De la signature de l'agent ou de sa nomination, d'accord.
Mais sans qu'il soit nécessaire de faire preuve de l'infraction,
avez-vous cela, à l'heure actuelle?
M. NORMANDIN: Oui. C'est ce qu'il y a à l'heure actuelle. Sur un
billet, si le type ne se présente pas et ne comparait pas, nous ne
sommes pas obligés de faire venir le policier, au salaire qu'il nous
coûte, avec les heures et les conventions, pour lui faire dire: Oui, je
lui ai donné ce billet. De toute façon, il ne s'en rappelle plus.
Tout ce qu'il peut constater, c'est que le billet est là.
M. CHOQUETTE: D'accord.
M. TESSIER: Les gens seraient mieux de se défendre, comme cela.
Ils auraient des chances d'être acquittés.
M. LE PRESIDENT: Le nouvel article 15 est adopté.
Article 18, qui devient l'article...
M. VIAU: Article 17, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Sur quel article, Me Viau.
M. VIAU: L'article 17, qui devient l'article 15.
M. LE PRESIDENT: Article 17, qui devient l'article 15.
M. VIAU: J'ai une objection, au nom du Barreau. L'article, tel qu'il
existait présentement, prévoyait une plainte qui pouvait
être faite contre un propriétaire ou occupant d'un immeubles par
indivis. Aujourd'hui, on amende cet article pour ajouter également ceux
qui ont l'administration de cet immeuble, à titre de gérant,
syndic, fiduciaire ou autre, ainsi que l'agent d'un ou plusieurs d'entre eux.
Dans le deuxième paragraphe, on dit que l'on peut simplement ajouter les
mots "et autres". Cela veut dire que, dans le cas présent, avec la
nouvelle rédaction, on pourrait simplement mettre le nom du
propriétaire et autres, sans savoir qui sont les autres. A un moment
donné, un fiduciaire, un gérant administrateur pourrait se
réveiller avec un jugement contre lui. C'est extrêmement
dangereux. C'est comme si on prenait une action pour un accident d'automobile
contre M. Picard. On dirait : Fernand Picard et autres. Qui, les autres? Cela
pourrait être M. Paul, cela pourrait être n'importe qui d'entre
vous. Je crois que le mot "autres" devient extrêmement dangereux.
Dans le cas de personnes indivises, très bien. Quand ce sont des
propriétaires indivis, supposons que ce soient des héritiers qui
sont devenus propriétaires d'une maison et qui sont trois ou quatre, on
pourrait mettre le nom du premier et autres, parce qu'on sait que c'est une
propriété indivises, mais quand on veut inclure gérant,
syndic et fiduciaire, c'est extrêmement dangereux. Je crois qu'il
faudrait que l'on conserve encore la description de l'individu, pour qu'il soit
informé qu'il y a un jugement et qu'on lui signifie au moins la
procédure.
M. CHOQUETTE: C'est une innovation.
M. NORMANDIN : Si vous le permettez, ce n'est pas une innovation dans le
sens où on le dit. Tout ce que l'on vient de dire existe
déjà; c'est l'article existant. En fait, le but de l'article est
de permettre de faire la preuve testimoniale du titre en vertu duquel une
personne qu'on poursuit pour une infraction quelconque à
Montréal, devant la cour Municipale, occupe.
Cela le dit déjà. Mais on a soulevé à la
cour Municipale que l'article ne vise véritablement "que le
propriétaire occupant ou usufruitier d'un immeuble par indivis". Ce qui
veut dire que s'il est possédé par indivis, on peut en faire la
preuve verbalement; sinon, on ne serait plus capable d'en faire la preuve
verbalement. C'est simplement ça que nous avons voulu corriger.
Quant il y a des dizaines de milliers de poursuites, au cours de
l'année à Montréal, s'il faut, chaque fois ce sont
toutes des infractions avec une amende, en moyenne, de $10 à $25
dépenser en moyenne $100 pour commencer à aller chercher des
titres de propriété et pour établir les relations de l'une
à l'autre, cela n'a pas de sens. Si un inspecteur passe et demande
à la personne qui est en charge: Qui est propriétaire de
ça? Qui administre ça? et qu'on lui donne le nom, c'est suffisant
pour les fins d'une infraction municipale. S'il faut commencer à faire
des enquêtes pour déterminer qui est le propriétaire, si
celui qui l'administre, c'est à titre de fiduciaire et en vertu de quel
acte, aller chercher des copies d'acte et en faire la preuve légale,
cela n'a pas de sens comme temps et comme dépense pour des infractions
mineures qui passent par dizaines de milliers au cours d'une année en
cour Municipale.
C'est le but de l'article. Le principe avait déjà
été adopté et il est déjà dans notre charte.
C'est simplement pour éviter les discussions. Est-ce que ça
s'applique également lorsque ce n'est pas par indivis, lorsqu'ils ne
sont pas plusieurs? C'est le seul but de l'amendement désiré.
M. VIAU: Cela va plus loin que ça. On a ajouté un
alinéa au premier paragraphe. D'ailleurs, c'est entre crochets: "de
même que ceux qui ont l'administration de cet immeuble, à titre de
gérant." Je comprends que, pour la preuve testimoniale, il n'y a pas
d'objection à ce paragraphe, mais c'est qu'on pourra désigner par
"ou autre" un fiduciaire. De cette façon, un fiduciaire, un
gérant ou un syndic peut se réveiller avec un jugement contre
lui.
M. NORMANDIN: Si vous me le permettez, déjà, on dit ici,
dans l'article: "Tout propriétaire, occupant ou usufruitier d'un
immeuble par indivis peut être poursuivi devant la cour Municipale, seul
ou conjointement avec ses copropriétaires, cooccupants ou
co-usufruitiers et avec son agent et les agents de ce dernier." C'est
déjà tout là.
Quant à la question des "autres", c'est déjà dans
le texte: "Dans une telle poursuite, il suffit de mentionner le nom de l'un de
ces propriétaires, occupants ou usufruitiers par indivis ou le nom d'un
de leurs agents en y ajoutant les mots "et autres". C'est déjà
tout là. La seule chose que l'on veut ajouter et corriger, c'est
lorsqu'il n'y a qu'un propriétaire. Est-ce qu'on veut avoir un principe
différent et nous imposer d'aller chercher les titres, de les prouver
légalement, somme toute, de faire des dépenses administratives
considérables?
M. CHOQUETTE: Sur la preuve testimoniale, je n'aurais pas tellement
d'objection, sincèrement. Mais c'est la condamnation contre "ou autre".
Cela sert à quoi une condamnation contre "ou autre".
M. NORMANDIN: Si un inspecteur passe, demande à qui appartient
ça et qu'on lui répond: C'est administré par un tel et je
ne sais pas le nom des autres, ils sont plusieurs là-dedans, qu'est-ce
qu'il fait? Evidemment, il faut qu'il poursuive ceux qui...
M. CHOQUETTE: Comment faites-vous pour exécuter votre jugement
contre "ou autre"?
M. NORMANDIN: Nous ne l'exécutons pas; nous l'exécutons
contre celui dont nous avons le nom, et c'est lui qui va être
condamné. Mais on ne peut pas nous faire l'objection à la cour:
Vous avez poursuivi le propriétaire un tel. Or, il n'est pas le
propriétaire; c'est simplement un des propriétaires et vous devez
donner l'ensemble des propriétaires ou des administrateurs avec le nom
de chacun si vous voulez poursuivre le propriétaire, parce que c'est un
tout.
Cela permet simplement de pouvoir procéder contre le nom qu'on a.
Autrement dit, on poursuit le propriétaire M. Untel et les autres
propriétaires et autres. Autrement, on va nous dire: Vous n'avez pas le
droit de poursuivre cet individu. Ce n'est pas lui le propriétaire,
c'est tout un groupe. On ne les connaît pas, puis il faut commencer
à faire une enquête pour découvrir ça. Cela n'en
vaut pas la peine, on va retirer notre plainte en pratique et ces gens vont
s'en tirer.
M. PAUL: Si l'individu que vous poursuivez individuellement se
défend, est acquitté et que les autres sont condamnés sans
que vous sachiez qui...
M. NORMANDIN : Bien non!
M. PAUL: ... comment allez-vous être capable
d'exécuter?
M. NORMANDIN: Non, il va y avoir un jugement favorable ou la plainte va
être rejetée. On ne dira pas: Vous avez poursuivi Jos Bleau et les
autres copropriétaires, Jos Bleau est venu se défendre puis la
plainte est rejetée. Le juge ne va pas rendre jugement contre et autres.
La plainte sera rejetée ou elle sera maintenue contre le
propriétaire.
M. VIAU; Je crois qu'il serait beaucoup plus simple de dire que la
poursuite pourrait être prise contre l'un d'eux, mais que la personne qui
va être poursuivie soit désignée.
M. PAUL: C'est ça.
M. VIAU: A un moment donné, il va y avoir un jugement contre des
personnes qui n'auront même pas été informées, et
autres. En fin de compte, ce sont eux qui décideront qui sont les
autres. C'est ça qui sera dangereux. Je crois que c'est un principe de
base à leur endroit.
M. NORMANDIN: En fait, je crois qu'on pourrait enlever, si vous voulez,
" en ajoutant les mots et autres" et j'ai l'impression qu'il y aurait des
objections...
M. VIAU: A quoi?
M. NORMANDIN: C'est parce que là on nous demande de changer le
texte déjà existant. On propose un changement.
M. CHOQUETTE: C'est toujours dangereux de venir ici.
M. VIAU: Que l'on donne un droit de poursuite contre une de ces
personnes mais qu'on la désigne.
M. NORMANDIN: Oui, on la désigne, mais il faut quand même
indiquer que ce n'est pas lui le propriétaire, qu'il n'est qu'un
propriétaire par indivis qu'il y en a d'autres.
M. CHOQUETTE: Pas nécessairement. A mon sens, ils sont tous
responsables individuellement et vous pouvez en poursuivre un, plu-
sieurs ou tous, en les désignant. C'est pour ça que votre
"ou autres" n'ajoute en somme aucune force à l'article.
M. NORMANDIN: Je n'ai pas objection à rayer, si vous voulez, "en
y ajoutant les mots et autres".
M. VIAU: Non, non, je pense qu'il faudra enlever à partir des
mots "et il suffit" et enlever les trois dernières lignes: "Et il suffit
de mentionner le nom d'une de ces personnes en y ajoutant les mots et autres".
L'article se lirait: Chacune de ces personnes peut être poursuivie
individuellement ou conjointement avec une autre. Je crois que cela atteindrait
le but que l'on recherche.
M. NORMANDIN: Dans l'article que nous proposons, le paragraphe se lit:
Chacune de ces personnes peut être poursuivie individuellement ou
conjointement avec une autre.
M. CHOQUETTE: Avec d'autres. Il suffit de mentionner le nom d'une de ces
personnes.
M. NORMANDIN: Peut être poursuivie individuellement ou
conjointement.
M. CHOQUETTE: Avec d'autres.
M. NORMANDIN : Si elle est poursuivie avec d'autres...
M. VIAU: Il faut que ce soit mentionné.
M. NORMANDIN: ... il faut trouver leur nom ou bien il faut mettre "et
autres". C'est pour ça qu'il y a les mots "et autres" ici. Parce que
là, ça voudrait dire qu'on va pouvoir procéder contre une
personne seulement.
M. CHOQUETTE: Je crois qu'il faudrait arrêter après "et
autres".
M. NORMANDIN: Autrement dit, je vais poursuivre le propriétaire,
je vais aller seulement contre un des copropriétaires, je ne
mentionnerai pas les autres noms. Chacune de ces personnes peut être
poursuivie individuellement ou conjointement.
M. CHOQUETTE: Point. M. NORMANDIN: Il suffit...
M. CHOQUETTE: Vous n'avez pas besoin du reste.
UNE VOIX: Point. Arrêtons-là.
M. NORMANDIN: Je pense qu'il faudrait mettre le point après
individuellement. En fait, ce qu'on veut dire, c'est qu'on n'est pas
obligé de toutes les poursuivre conjointement.
M. CHOQUETTE: C'est tout.
M. NORMANDIN : On peut poursuivre également chacune de ces
personnes. Chacune de ces personnes peut être poursuivie
individuellement.
DES VOIX: Ou conjointement.
M. CHOQUETTE: Bien non, ne perdez pas votre conjointement, parce
que...
M. NORMANDIN: On a toujours le droit de les poursuivre tous ensemble, si
on les a; si on a toute la liste des propriétaires, c'est évident
qu'on peut les poursuivre tous. Ce qu'on veut ajouter aux droits communs, c'est
de dire: Je peux en poursuivre seulement un si je ne connais pas les autres
propriétaires. C'est ce qu'on veut dire. Il suffit de dire: Chacune de
ces personnes peut être poursuivie individuellement.
M. TESSIER: Si vous voulez, d'accord.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cet amendement est adopté?
Adopté.
M. TESSIER: On est aussi bien d'arrêter parce qu'il ne restera
plus rien de l'article.
M. LE PRESIDENT: Au nouvel article 15, le deuxième alinéa
amendé se lira comme suit: Chacune de ces personnes peut être
poursuivie individuellement. Article 15, adopté tel
qu'amendé?
M. TESSIER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: L'article 18, qui devient l'article 16. Y a-t-il des
oppositions? Me Jacques Viau.
M. VIAU: J'aurais une observation à faire. Cet article est en
deux parties. La première concerne le droit de remettre une amende qui
appartient à la ville. Dans le texte actuel il est dit que ce
privilège appartient au conseil exclusivement. Dans le premier
paragraphe que l'on inclut dans la loi, dans le nouveau texte, surtout le
dernier alinéa du deuxième paragraphe, on dit : Cette
requête est déposée chez le greffier et est soumise au
comité exécutif de la ville, qui peut la rejeter ou recommander
au conseil d'y donner suite.
Cela veut dire que, si le comité exécutif décide de
la rejeter, la demande ne va pas au conseil. Je crois qu'il y aurait
peut-être lieu de dire simplement: Cette requête est
déposée chez le greffier et est soumise au comité
exécutif de la ville, qui recommande de la rejeter ou d'y donner suite.
C'est toujours le conseil qui décide en dernier lieu de rejeter ou
d'accepter la demande, ce n'est pas l'exécutif. Je crois que c'est une
question de saine démo-
cratie. Actuellement, c'est l'exécutif qui décide de la
rejeter; si l'exécutif décide de la rejeter, la demande ne va pas
au conseil tandis que si le conseil recommande de remettre l'amende, là,
il y a une recommandation au conseil par l'exécutif.
Pourquoi ne pas dire: Est soumise au comité exécutif de la
ville, qui recommande de la rejeter ou d'y donner suite? Ce serait le conseil
qui déciderait dans tous les cas.
M. NORMANDIN: Ce qu'on propose, c'est entièrement contraire
à toute l'économie de notre charte. Dans une très grosse
municipalité, il y a un exécutif. C'est justement la fonction de
l'exécutif de passer à travers toutes les demandes pour que le
conseil n'ait à se prononcer que sur un ordre du jour normal qui ne
comprend que les choses qui ont déjà été
étudiées au comité exécutif et qui sont
recommandées pour adoption par le comité exécutif. Le
principe est déjà dans la charte, de toutes les demandes et de
tous les genres de projets ne vont au conseil que les choses
recommandées par le comité exécutif.
Dans le cas mineur d'une remise d'amende de la cour municipale, on
demande tout à coup d'avoir une procédure dix fois plus longue et
compliquée pour rien, d'aller au conseil municipal chaque fois, à
chaque remise.
M. CHOQUETTE: M. Normandin, dans quel cas la ville de Montréal
applique-t-elle ce premier alinéa de l'article 1162? Dans quel genre de
cas et à combien de reprises cela se fait-il chaque année?
M. NORMANDIN: C'est très, très rare. Nous prévoyons
les cas où il s'agit, somme toute, de constater des erreurs. Mais dans
la première partie, c'est le cas très rare où vous aurez
une personne, par exemple, qui s'est séparée, à un moment
donné, de son mari; il prend la voiture qui est à son nom et il
ramasse toute une série de billets, il se tue, et on avise tout à
coup la femme; vous avez été condamnée, comme
propriétaire enregistré, à une amende pour des billets,
vous en avez pour $1,500. Elle n'a pas une maudite cent et elle demande, au
point de vue humanitaire, d'annuler cette somme.
M. CHOQUETTE: C'est un pardon, en somme.
M. NORMANDIN: C'est ça. C'est une prérogative
exécutive, d'ailleurs normalement, ce n'est pas un pouvoir
législatif.
M. CHOQUETTE: Je pense que c'est le meilleur argument.
M. VIAU: Déjà la loi prévoyait que c'était
le conseil, alors, même si l'exécutif veut remettre l'amende, il
faut que ça aille au conseil.
M. CHOQUETTE: ... à l'exécutif de le recommander.
M. VIAU: Mais si on décide de ne pas le recommander, ça ne
va pas au conseil.
M. NORMANDIN: Evidemment, comme des milliers d'autres dossiers qui ne
vont pas au conseil, c'est toute l'économie de la charte. C'est
suffisamment gros pour demander des séances constantes du conseil, mais
ça va au conseil lorsqu'on veut le donner pour éviter qu'il y ait
des abus et pour assurer une plus grande publicité lorsqu'on fait une
remise. Lorsqu'une demande est refusée, elle n'a pas d'affaire à
aller au conseil.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Me Jacques Viau.
M. CHOQUETTE: Ne vous épuisez pas trop, M. Viau, vous allez
arriver à des choses plus...
M. VIAU: J'ai plus d'endurance que ça.
Au troisième paragraphe, il s'agit de cas où il y a eu des
erreurs dans l'émission de billets et où il y a eu condamnation.
Dans les dernières lignes on dit qu'il faut qu'il y ait "un affidavit
à cet effet signé personnellement par le directeur du service de
police de la Communauté urbaine de Montréal ou un de ses
adjoints... les procédures, jugements et dettes sont annulés de
la date de ce dépôt et, le cas échéant, cette cour
ou un de ses juges doivent en donner acte..." Encore là on oblige le
juge à le faire sans examen. Il y aurait peut-être lieu de dire:
Un de ses juges en donner acte, s'il le croit bien fondé.
Ce serait au juge de décider si réellement l'affidavit est
bien fondé, parce qu'on l'oblige à le faire, on en fait une
étampe. Tandis que c'est le juge qui doit décider si la demande
est bien fondée. Là on dit un des juges doivent en donner acte,
il n'a pas le choix. Nous suggérons simplement: en donner acte s'il le
croit bien fondé.
M. NORMANDIN: Il s'agit de billets d'infraction. A un moment
donné on s'aperçoit qu'à l'informatique, il en est sorti
un et c'est une pure erreur. Alors nous voulons tout simplement, pour donner
justice au contribuable, éviter qu'il s'en aille en cour faire une
requête et une preuve devant un juge. On dit: si le service de la police
donne un affidavit à un officier supérieur qui reconnaît
que c'est une erreur, que ce billet n'aurait jamais dû être
envoyé à cette personne là, c'est tout annulé
automatiquement. Il me semble qu'on va demander au juge de faire quoi, s'il y a
un affidavit du directeur de police qui dit: C'est une erreur, ce billet a
été émis par erreur. Que fera le juge? Nous allons
purement et simplement lui faire perdre son temps.
M. CHOQUETTE: Je pense qu'il y a aussi une question de technique de
rédaction législative.
On pourrait peut-être simplifier l'affaire en disant: "Cette cour
ou un de ses juges en donne acte et le directeur des finances doit rayer le
compte et faire remise, sans imposer, en donne acte..."
M. NORMANDIN: La raison pour laquelle nous avons mis qu'ils "doivent en
donner acte" en le faisant précéder de "le cas
échéant", c'est pour éviter de les envoyer tous, dans
chaque cas, à un juge inutilement. Ce ne serait que lorsqu'il y a une
procédure subséquente où il y a une raison, où il
est nécessaire qu'il y ait une constatation judiciaire que le juge
devrait en donner acte. Mais, normalement, ces dossiers sont finis et ils ne
vont pas devant un juge pour rien. Ce n'est que s'il devient nécessaire
que l'on constate judiciairement. Le juge doit le constater et en donner acte.
Il doit en tenir compte. Mais, normalement, le dossier n'a pas à
retourner inutilement devant un juge. Ce n'est que lorsque c'est
nécessaire que le juge doit le constater et en donner acte.
M. LE PRESIDENT: Me Côté.
M. COTE: M. le Président, peut-être un mot d'explication
là-dessus. J'ai eu l'occasion d'en discuter avec le juge en chef de la
Cour municipale, la semaine dernière. Lui et ses juges ne sont pas du
tout d'accord d'être obligés de donner acte chaque fois. Je vais
vous donner un exemple. Un policier constate une infraction, un véhicule
qui passe sur un feu rouge, par exemple. Il note le numéro de la plaque.
Cela va au BVA, ici à Québec, au Bureau des véhicules
automobiles. Le bureau nous retourne, par fil, l'identification du
propriétaire. Il peut y avoir erreur d'un chiffre, et la sommation est
signifiée à une résidence. Il n'y a personne. Ils sont
absents pour l'été. Ce n'est peut-être pas le bon
propriétaire. Il y a absence d'un chiffre. A un moment donné, un
jugement intervient. Ce jugement ne peut pas être révisé
par une cour inférieure. Il faudrait évoquer la cause en cour
Supérieure ou demander le pardon au conseil. C'est une procédure
beaucoup trop lourde pour l'individu qui n'a rien fait de mal, parce que ce
n'était pas lui.
Dans le moment, nous avons ce problème d'être obligé
d'aller au conseil, avec l'article 1162, pour ces choses-là ou de dire
à la personne: Evoquez le jugement en cour Supérieure, qui vous a
condamné. Cela lui entraîne des frais inutiles. C'est une mesure
de justice, purement et simplement. Les juges ne veulent pas être
obligés de donner acte chaque fois, mais d'autre part, "le cas
échéant", les mots que nous avons inclus dans la
rédaction, cela a été mis là pour plusieurs motifs
qu'a donnés mon collègue, Me Normandin. Mais, également,
nous pensons au système de démérite qui s'en vient et que
le gouvernement a annoncé. Si un bonhomme voit que le BVA a
été avisé par le greffier de la Cour municipale d'une
infraction commise au moyen de son véhicule, il risque d'encourir
démérite. S'il veut prouver que ce n'était pas lui, il ira
chercher acte à la cour de l'annulation judiciaire de la condamnation
prononcée contre lui, qui ne sera pas seulement chez le directeur des
finances mais également à la cour. Il l'enverra au BVA et il n'y
aura pas de démérite contre lui. C'était surtout dans cet
esprit que nous avons mis les mots "le cas échéant" et "en donner
acte".
Nous ne voulons pas demander au juge de la Cour municipale, chaque fois
qu'on dit que c'est une erreur, qu'on s'est trompé d'un chiffre:
Veuillez, s'il vous plaît, annuler cela. On demande l'affidavit d'un
officier supérieur du service de police de la communauté urbaine.
Cela devrait satisfaire le ministre, on demande à un organisme
extérieur de le constater pour nous.
Je pense, dans ce cas-là, que c'est une mesure de justice, comme
dans le reste de l'article, d'ailleurs.
On veut élargir énormément la facilité que
va avoir le citoyen de faire annuler, contre lui, presque automatiquement, une
condamnation qu'on constate, nous, comme étant incorrecte parce qu'elle
est basée sur une erreur. On ne veut pas demander au juge, chaque fois,
de signer mécaniquement plusieurs centaines de documents alors qu'il
n'aura pas le moyen d'aller vérifier à l'informatique, au BVA,
sur les bandes de mécanographie du gouvernement à savoir si c'est
vrai ou si ce n'est pas vrai. Il prend l'affidavit du plus haut officier de
police qu'il y a à Montréal.
M. LE PRESIDENT: Etant donné que c'est une question de justice,
nous allons demander l'opinion du ministre de la Justice.
M. CHOQUETTE: Il y a certainement une part d'ambiguïté dans
la rédaction, puisque M. Viau a soulevé le point. Je comprends le
problème. Est-ce que vous ne devriez pas dire que les procédures,
jugements et dettes sont satisfaits?
M. NORMANDIN: Tout ce que nous disons, c'est que sur le
dépôt de l'affidavit, c'est annulé. Cela n'a pas besoin de
subir une procédure qui se suit. Mais il faut ajouter que si le dossier,
à un moment donné, revient devant le juge et que c'est dans le
dossier, pour une raison ou pour une autre, bien, il ne peut pas le mettre de
côté. Il doit en prendre connaissance, en donner acte.
M. VIAU: M. le Président, encore une fois, le principe est
excellent. J'accepterais la suggestion du ministre de la Justice pour enlever
le mot "doivent". En donnent acte. Alors, le juge aura toujours une certaine
discrétion si, pour une raison ou pour une autre, il peut avoir un doute
sur une question qui lui est posée. Il s'agit de ne pas faire du juge
simplement un tampon.
Là, le juge n'a pas le choix. Si on dit "en donnent acte", le
juge pourra toujours examiner...
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas "en donnent acte", c'est "en prennent
acte".
M. VIAU: Ah! En prendre acte.
M. NORMANDIN: En prendre acte.
M. CHOQUETTE: En prendre acte.
M. VIAU: Très bien.
M. CHOQUETTE: C'est encore plus clair.
M. NORMANDIN: Doivent en prendre acte.
M. CHOQUETTE: En prennent acte.
M. VIAU: Non, pas "doivent".
M. NORMANDIN : Autrement, vous allez créer une injustice. Si
c'est un pauvre contribuable que le directeur de police met un affidavit dans
le dossier disant que c'est une erreur, que c'est tout annulé et que,
six mois après, cela revient devant le juge, vous voulez laisser une
discrétion au juge de dire: Je ne suis pas d'accord avec le chef de
police. Je trouve qu'il est coupable. Cela n'a pas de sens. Il est
évident que lorsque cela revient devant le juge, il doit en prendre
acte. Autrement, cela crée une injustice. La personne ou le service qui
l'a poursuivi admet, dans un affidavit, qu'il a eu tort et que c'est une erreur
et l'autre va toujours rester avec une épée de Damoclès
à l'effet que, si sa cause va devant un juge, on ne veut pas dire au
juge: Vous devrez en prendre acte. Mais il va garder la discrétion de
rejeter cela. Il me semble que ce serait odieux pour le contribuable.
M. CHOQUETTE: Il doit en prendre acte. M. TESSIER: Il a raison.
M. LEGER: Le Bureau des véhicules automobiles, est-ce qu'il ne
doit pas, lui aussi, en prendre acte?
M. COTE: M. le Président, si le juge en a pris acte, cet acte qui
a été pris par la cour pourra être obtenu comme copie
authentique par n'importe quel citoyen et transmis au bureau. On le fera
nous-mêmes, d'ailleurs, à ce moment-là.
UNE VOIX: Ou à toute autre personne intéressée.
M. COTE: Ou à toute autre personne intéressée.
Imaginez le bonhomme qui va pour demander une assurance, par exemple. On lui
dit:
Vous avez déjà été condamné. Il dit:
Ecoutez, cela a été annulé. La police a constaté
que c'était une erreur. Il lui dit: Avez-vous un acte? Avez-vous une
preuve? Il ira chercher un acte à la cour. Le juge en prendra acte et
dira: Nous avons pris acte que c'était annulé. C'est pour la
protection du citoyen. Ce n'est pas en faveur de la ville. C'est en faveur du
pauvre citoyen contre qui il y a eu une erreur.
M. LE PRESIDENT: Article 16, adopté.
J'aimerais attirer l'attention des membres de la commission sur un
papillon qui vous a été distribué, qui aurait pour effet
d'amender l'article 77 de la Charte de la ville de Montréal. Y a-t-il un
procureur pour cet amendement?
M. DESCHENES: Oui, M. le Président. M. LE PRESIDENT: Me
Deschênes.
M. DESCHENES: Je soumets cet amendement au nom de M. H.P. Lessard. L'an
dernier, vous aviez amendé l'article 77 pour restreindre la pension des
conseillers à douze ans d'exercice comme conseiller. Ce qui arrive,
c'est qu'avec le texte actuel une personne qui a fait quatre mandats de trois
ans, comme M. Lessard, n'est pas admissible, parce qu'en fait il n'a
été assermenté que sept jours après sa
première élection. Cela veut donc dire qu'il n'a effectivement
été membre du conseil que durant onze ans et 355 jours.
Je pense bien que ce n'était pas le but que visait le
législateur. Je soumettrais donc un amendement à cet article, en
ajoutant "pendant au moins douze ans" et, après ces mots, "ou pour trois
termes de quatre ans ou quatre termes de trois ans", parce
qu'antérieurement les termes étaient de trois ans et, maintenant,
ils sont de quatre ans.
M. TESSIER: Est-ce que la ville de Montréal a des objections?
M. NORMANDIN: Nous n'avons pas d'objection de principe, sauf l'objection
générale que ce sont encore des textes que nous voyons à
la dernière minute. Il n'y a pas d'objection de principe
là-dessus.
J'aimerais attirer l'attention de mon confrère. S'il veut
atteindre son but, il ne faudrait pas préciser quatre termes de trois
ans ou trois termas de quatre ans, parce qu'il aura le même
problème que celui qu'il a à l'heure actuelle. S'il manque douze
jours à un des termes, ils manqueront toujours. Je
préférerais donc "quatre termes réguliers". Il a tenu
quatre termes réguliers. Si cela fait un jour de moins ou un jour de
plus, c'est sans importance.
M. DESCHENES: C'est suivant l'article 231; on peut le préciser.
Quatre termes, suivant l'article 231, qui dit: "L'élection du maire et
des conseillers a lieu le quatrième dimanche
d'octobre, pour un terme de quatre ans", actuellement.
Antérieurement, c'était trois ans.
M. NORMANDIN: Dans ce cas, la personne concernée a
siégé pendant des termes qui n'étaient pas de quatre ans.
A ce moment-là, si vous référez à l'article qui dit
que ce sont des termes de quatre ans, il n'entrera plus dans le cadre encore.
Vous êtes mieux de parler de termes réguliers, à mon
avis.
M. DESCHESNES: Pour être plus spécifique, pour trois termes
réguliers de 4 ans ou quatre termes réguliers de 3 ans.
M. NORMANDIN: Si je comprends bien, ils peuvent siéger à
présent quatre termes de 3 ans.
Mettez donc quatre termes réguliers de 3 ans.
M. LE PRESIDENT: Ce papillon devient donc l'article 17 et est
adopté.
M. PAUL: Adopté.
M. NORMANDIN: Si vous permettez, nous avions à la fin dans le
cahier donnant nos amendements...
M. DESCHESNES: La Chambre de commerce, tout à l'heure, a
donné avis qu'elle soumettrait des amendements majeurs lors de la
prochaine étude de la charte de Montréal. Elle a également
soumis des amendements majeurs relativement à l'homologation aux
articles 41 et 42 et nous aimerions donner avis que formellement nous
soumettrons ces amendements prochainement.
M. NORMANDIN: Il y a deux amendements additionnels qui ne
soulèvent pas d'opposition. Us ont été distribués
dans le cahier noir donnant la liste des amendements avec les notes
explicatives.
M. VIAU: Est-ce que nous pouvons les avoir? Voici que Montréal
arrive avec d'autres amendements.
M. NORMANDIN: Si vous voulez nous permettre de les présenter,
vous pourrez les critiquer après si vous le jugez à propos.
M. VIAU: Non, mais c'est le principe.
M. NORMANDIN: Les principes vous savez, si nous pouvons régler
les cas pratiques, nous aurons fait un bon travail.
C'est l'article 172 a) de la charte. Il s'agit de rendre
transférables les fonds de pension pour les employés de la ville
de Montréal et les employés de certains corps publics. Lorsque
cet article a été adopté pour la première fois, on
a nommé le gouvernement fédéral et le provincial. Chaque
année, on découvre qu'il y a un nouveau grand corps public dont
un employé s'en vient chez nous ou quelqu'un de chez nous s'en va
ailleurs. Il faut revenir devant l'Assemblée nationale pour un
amendement.
Tout ce que nous proposons, c'est d'ajouter à la fin "toute
corporation politique canadienne" s'il s'agit d'un corps politique, d'un
autre niveau de gouvernement "toute corporation de la couronne, une
université ou une commission scolaire dans la province de
Québec". Ceci permettra, comme il arrive, que ça puisse
s'appliquer dans le cas d'un employé de l'Hydro-Québec, ou d'un
professeur de l'université qui vient chez nous. On pourra faire des
ententes pour les fonds de pension.
M. PAUL: Adopté.
M. CHOQUETTE: Actuellement, M. Normandin, je crois que nous avons un
certain nombre d'employés du gouvernement du Québec, qui ont
été autrefois à l'emploi de la ville de Montréal et
pour lesquels ce problème se pose, n'est-ce pas?
M. NORMANDIN: Le ministre des Finances, à l'heure actuelle, de
par votre loi, peut faire de telles ententes et, dans notre charte, nous
pouvons faire une entente avec le gouvernement provincial. Tout ce qui reste,
c'est la signature d'une entente entre les deux. Le droit existe, mais nous
n'avons pas, à l'heure actuelle, le pouvoir dans le cas d'autres
corporations de la couronne ou avec l'université. Le cas particulier qui
s'est présenté cette année, concerne un employé
d'université.
M. CHOQUETTE: Oui, oui, c'est vrai; j'en connais un.
M. NORMANDIN: C'est, tout simplement, pour nous donner le pouvoir de
tenter de signer une entente avec ces corps-là.
M. CHOQUETTE: Je pense qu'il y aurait lieu de faire une entente pour
certains employés actuellement à l'emploi du gouvernement du
Québec.
M. NORMANDIN: Nous nous sommes toujours montrés très
favorables à cela.
M. LASNIER: M. le Président, je m'excuse si, tantôt, je
n'ai pas fait inscrire mon nom pour certaines représentations. Je me
permets de m'identifier, Roger Lasnier. Je suis le président de
l'Association de bienfaisance et de retraite des policiers de Montréal.
Comme certains qui m'ont précédé l'ont dit ici, je
souligne que nous n'avions aucun document en notre possession, avant le
début de cette séance, pour nous préparer ou faire
certaines représentations. Maintenant, le ministre de la Justice a
soulevé une question qui nous préoccupe dans le cas de
l'amendement 172 a), puisqu'il a demandé s'il pouvait y avoir des
ententes pour certains employés du gouvernement du Québec.
Actuellement, notre association et les autorités de la ville se trouvent
dans une certaine impasse. Or, sur une question de principe, nous aurions
aimé, tel que cela a été exprimé par d'autres
tantôt, pouvoir prendre connaissance de ce papillon non pas à la
dernière minute comme ce fut le cas, pour pouvoir nous préparer
et faire des représentations. Il y a aussi cette question qui demeure en
suspens entre des représentants de la ville et notre association et qui
a un lien direct avec la question soulevée par le ministre.
M. SHANKS: Est-ce que vous pourriez préciser un peu?
De toute façon, M. le Président, c'est une clause qui
favorise les employés. Je ne vois pas pourquoi on s'inquiète
à ce moment-là.
M. LASNIER: Vous avez raison quand vous dites que ce n'est pas tout
à fait clair. Nous ne sommes pas préparés; nous sommes
pris au dépourvu pour tenter d'expliquer à cette commission notre
point de vue.
M. NORMANDIN: Oui, mais les difficultés de l'association, ce sont
des difficultés dans la négociation de l'entente qu'il y aurait
lieu de signer. Je ne pense pas que l'association veuille que nous n'ayons pas
le pouvoir de négocier une entente. Elle veut en signer une et il faut
qu'on l'ait, le pouvoir.
Ce qui est mis en question dans l'amendement, c'est de nous donner le
pouvoir de négocier une entente. Alors, cela ne leur nuit pas, loin de
là.
Ce dont Us se plaignent, c'est qu'ils ont de la difficulté
à en négocier une en particulier. Admettons que ce n'est pas le
problème qui se pose ici.
M. CHOQUETTE: La difficulté provient de quatre ou cinq anciens
policiers du service de la police de Montréal, maintenant au service de
la Commission de police de Québec, et pour lesquels il n'y a aucune
entente de signée à cause d'un désaccord.
M. NORMANDIN: A moins qu'on veuille entrer dans tout ce dossier qui est
celui de la négociation par une entente particulière, alors que
le problème, ici ce matin, est de savoir si la ville doit avoir le
pouvoir de signer une entente.
Si on veut y entrer, on n'a pas d'objection mais je pense bien qu'on va
prendre bien du temps, si on prend un cas bien particulier, pour étudier
toutes les difficultés de la négociation dans ce cas particulier.
Il me semble qu'on ne devrait pas soulever cela ce matin.
M. LASNIER : M. le Président, avec votre permission
pourrions-nous rencontrer, durant l'heure du dîner, nos collègues
de l'administration municipale pour tenter de régler cette situation cet
après-midi?
M. TESSIER: Je suis d'accord.
M. NORMANDIN: Si une association veut rencontrer les
représentants de la ville de Montréal, cela ne devrait pas
prendre une décision de l'Assemblée nationale.
Deuxièmement, si un dossier trame depuis un an, je pense bien qu'on ne
devrait pas nous demander à la dernière minute, à
Québec, sur l'heure du lunch, de régler cela. Ce n'est pas une
manière de procéder, il me semble que ce n'est pas très
réaliste.
M. SHANKS: D'autant plus que j'avais prévu un lunch avec M. le
maire.
M. LASNIER: Cela confirme le principe...
M. CHOQUETTE: Je pense quand même qu'il ne serait pas mauvais
qu'il y ait des entretiens entre les représentants du fonds de pension
des policiers et les autorités de la ville de Montréal pour
éclaircir cette situation.
M. NORMANDIN: Nous n'avons jamais refusé de recevoir les membres
de cette association, que je sache.
M. TESSIER: Vous allez avoir jusqu'à quatre heures pour discuter
de votre affaire; nous allons suspendre jusqu'à quatre heures.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, la commission suspend ses travaux
jusqu'à seize heures cet après-midi, même salle.
M. VIAU: M. le Président, si la ville de Montréal a
d'autres amendements, on aimerait bien en prendre connaissance avant qu'ils
soient pris en considération par le comité.
(Suspension de la séance à 12 h 37)
Reprise de la séance à 16 h 7
Bureau de l'assainissement des eaux du Québec
métropolitain
M. PICARD (président de la commission permanente des Affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
Après consultation avec les leaders des différents partis,
il a été convenu de suspendre temporairement l'étude du
projet de loi no 100 de la ville de Montréal et de procéder
immédiatement à l'étude du projet de loi no 130, Loi
modifiant la loi du Bureau de l'assainissement des eaux du Québec
métropolitain. La parole est au procureur, Me Denis Aubé.
M. AUBE: Mon nom est Denis Aubé. Je représente le Bureau
de l'assainissement des eaux du Québec Métropolitain. Je suis
accompagné du président du bureau, Me Jean-Louis Doucet, M. Ben
Morin, conseiller municipal de Sainte-Foy, M. Alfred Roy, conseiller municipal
de Québec et M. Alexis Bérubé, maire de Giffard, qui sont
les membres du Bureau d'assainissement. Je veux remercier, bien sûr, le
comité et les gens de Montréal qui ont bien voulu nous laisser
ouvrir les hostilités et faire voir par là qu'entre Québec
et Montréal, c'est toujours la bonne entente.
Quant à notre projet de loi, est-ce qu'on procède
immédiatement par article, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: Article 1, oui.
M. AUBE: Alors, l'article 1 se rapporte à la durée du
mandat des membres.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'objection, il n'y a pas
nécessité, à ce moment, de faire l'explication de chaque
article. Alors, à l'article 1, est-ce qu'il y a des objections? Article
1, adopté. Article 2. Pas d'objection? Adopté. Article 3,
adopté. Article 4, adopté. Article 5.
M. PAUL: A l'article 5, M. le Président, pourquoi donner une
rétroactivité, à la loi, au 14 novembre 1968?
M. AUBE: M. Paul, ça me fait plaisir. C'est une
rétroactivité qui ne touche que la concordance et la
clarification. L'article 1, par exemple, dit que, quand un membre remplace un
autre membre à la suite d'une vacance, son mandat sera de trois ans mais
la loi dit déjà que la durée du mandat des membres est de
trois ans. Comme l'article qui traite des vacances ne dit pas que celui qui
remplace ne fait que compléter le mandat, on dit que c'est simplement
une clarification. On ne change pas la loi. Comme celle-ci est en vigueur le 14
novembre 1968, pour que ça ait un effet valable, il faut faire la
rétroactivité. Mais c'est une rétroactivité qui ne
touche qu'une clarification; ça ne touche pas la substance. Et à
l'article 2, nous soumettons que c'est la même chose.
M. PAUL: Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Article 5, adopté. Article 6, adopté.
Nous remercions le procureur, Me Denis Aubé, de ses explications.
M. AUBE: Au nom du président du bureau, Me Jean-Louis Doucet, qui
est un habitué, d'ailleurs depuis de nombreuses années, du
comité.
M. PAUL: Je constate que la clarté de vos informations puissent
servir de modèle à d'autres procureurs.
M. AUBE: Vous allez m'aider â payer mes vacances, si je partais
demain.
Ville de Saint-Hubert
M. LE PRESIDENT: Nous procédons maintenant à
l'étude du projet de loi no 132, Loi modifiant la charte de la ville de
Saint-Hubert. Me Gilles Hébert est le procureur.
Alors, Me Hébert, nous allons vous dispenser des explications et
procéder immédiatement à l'article 1.
M. HEBERT: Je vais essayer d'être aussi éloquent que mon
prédécesseur.
UNE VOIX: Ne parle pas.
M. HEBERT: Je présume que mon bill est adopté, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des objections à l'article 1?
Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Je veux seulement poser une question. Est-ce que dans le
projet de loi 132 il y a des références ici et là
â des articles on fait référence à la
possibilité d'annexion du Jardin de Greenfield Park?
M. HEBERT: Non, pas du tout. M. LEGER: Parfait, merci.
M. LE PRESIDENT: L'article 1 est adopté. L'article 2.
M. TETRAULT: A l'article 1, on parle d'une pension de $6,000 et de
$2,000. Ne nous est-il pas arrivé la même chose ce matin avec la
ville de Montréal? Ici, on parle de huit ans et la ville de
Montréal parle de trois ou de quatre termes réguliers. Pourquoi
huit ans à un endroit et douze ans à l'autre?
M. TESSIER: Parce que dans le cas de Montréal, c'était
pour couvrir un cas tout à fait particulier, spécifique, d'un
ancien conseiller municipal.
M. TETRAULT: Donc, la ville de Montréal pourrait revenir avec un
amendement l'an prochain et retomber à huit ans.
M. TESSIER: Ce qui arrivera, c'est que nous présenterons à
la présente session des amendements à la Loi des cités et
villes qui couvriront tous les cas de pension d'administrateurs municipaux,
maires et conseillers, et qui établiront aussi une règle
uniforme, et ce qui pourra exister...
M. PAUL: Est-ce que les grandes lignes de la politique seront dans le
cadre des pourcentages que l'on peut...
M. TESSIER: Oui.
M. PAUL: ... des termes d'années de service qu'on peut retrouver
ici?
M. TESSIER: Oui. M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 2, adopté. Article 3,
adopté. Article 4, adopté. Article 5, adopté. Article 6,
adopté. Article 7, adopté. Article 8. Le député
d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: A l'article 8, troisième paragraphe, on dit qu'une
municipalité qui conteste sa quote-part telle qu'établie par le
trésorier de la ville, est tenue de la payer. Est-ce qu'il y a une
raison valable pour justifier la contestation d'une ville à savoir si sa
part est juste et spécifique ou non? Vous avez réclamé
$15,000 de trop puis...
M. HEBERT: A ce moment-là, nous nous adressons à la
commission municipale qui en détermine le coût, mais entre-temps,
nous croyons que la ville, pour ne pas retarder et modifier
considérablement le budget, devrait payer le moment.
M. TETRAULT: Même si le montant n'est pas justifié.
Supposons que c'est un montant de $15,000 ou de $25,000 de surplus, vous
obligez l'autre municipalité de le payer et après cela...
M. HEBERT: Oui, on lui remboursera avec intérêts,
d'ailleurs. C'est ce que le texte de loi indique.
M. TESSIER: Pour l'information du député d'Abitibi-Est, ce
qui est demandé par la ville de Saint-Hubert est exactement la
même chose que nous avons accordée, l'an dernier, à la
ville de Longueuil.
M. TETRAULT: Comme la région est efficace et s'entend bien...
M. PAUL: Cela ne veut pas nécessairement dire que c'est
l'efficacité du député. Ce n'est pas le
député actuel qui était là.
M. TETRAULT: Je vois que ce sont les officiers municipaux que l'on vient
de défendre et non le député.
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Alors, article 8, adopté. Article 9?
M. LEGER: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Article 8. Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Non, pas sur l'article 8. Si on veut me permettre, à
l'article 3 tantôt, je n'ai pas eu le temps d'exprimer un point de vue.
C'est que l'article 3 b) vient en contradiction avec le bill 23 qui, justement,
est en train d'être voté et qui donne la responsabilité de
la détermination des permis de taxer, etc., à la Commission des
transports du Québec et en l'enlevant à la ville comme tel.
Actuellement, on adopterait un article qui serait contraire au bill 23 qu'on
est en train d'adopter. Je veux seulement souligner cette anomalie.
M. HEBERT: En fait, M. le Président, nous serions prêts
à retirer cet article 3 b). Je comprends que le bill 23 concernant le
transport n'est pas encore adopté, mais nous croyons comme on
nous l'a expliqué tantôt qu'il doit y avoir une loi dans ce
sens. On ne voit pas d'objection à ce que l'article 3 b) soit
retiré.
M. TESSIER: Soit retiré?
M. HEBERT: On est prêt à retirer l'article 3 b).
M. TESSIER: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Nous revenons à l'article 3 pour l'amender, en
biffant le paragraphe b) en entier.
M. HEBERT: Exact.
M. LE PRESIDENT: L'article 3, tel qu'amendé, est adopté?
Adopté. Article 8, adopté. Article 9, adopté. Ne quittez
pas votre siège...
M. HEBERT: Je vous remercie, M. le Président.
Cité de Verdun
M. LE PRESIDENT: Nous allons passer maintenant au projet de loi no 134,
la Loi concernant la cité de Verdun. Le procureur est toujours Me Gilles
Hébert. Article 1. Le député de Verdun.
M. CARON: M. le Président, j'aimerais saluer la présence
du maire suppléant, M. Bonin, accompagné de M. Dorais,
conseiller, et de M. Hébert, directeur des finances, qui sont ici pour
accompagner notre conseiller juridique, Me Hébert. Je vais être
très bref. Je voudrais dire quelques mots. Le conseil de ville de Verdun
n'est pas toujours unanime. Mais dans le cas du bill 134, le conseil est
unanime pour poser un geste humanitaire en demandant à la
Législature d'approuver le bill 134, pour donner une pension au
gérant général de la ville qui tout le monde le
sait le 14 novembre 1971, a été tiré.
J'espère que les membres de la commission seront tous unanimes
pour endosser le bill.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: M. le Président, je suis d'accord avec le
député de Verdun que c'est un accident assez grave qui est
arrivé à M. Guy Gagnon. Je suis d'accord sur les deux premiers
articles. Le seul qui me chatouille et j'aimerais avoir des explications
de Me Hébert c'est l'article 3, qu'est-ce qu'il vient faire
là-dedans?
M. HEBERT: Il s'agit de rectifier un titre. La ville avait acquis en
1937 un lot à la suite d'une vente pour taxes et avait mis ce lot en
vente sous un mauvais nom. Evidemment, la vente pourrait être
annulée et nous demandons que ce titre soit ratifié après
40 ans. C'est un acte par lequel la ville a cédé par la suite,
après l'avoir acquis pour taxes, un lot en 1937. Un notaire a fait la
recheche des titres et s'est aperçu que le lot qui était
mentionné au nom de M. X appartenait â M. Y à ce
moment-là.
M. TETRAULT: Il n'y a eu aucune procédure entreprise par M. Y
contre...
M. HEBERT: Absolument pas, les avis publics ont été
publiés. Nous avons tenté de retracer les gens mais
c'était impossible, évidemment, après 40 ans.
M. CHOQUETTE: M. Hébert...
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine avait
demandé la parole.
M. LEGER: M. le Président, concernant ce projet de loi, je suis
convaincu que la ville de Verdun doit faire quelque chose pour son
gérant, qui a vécu une expérience malheureuse,
désastreuse. Je me demande si la ville avait des assurances pour couvrir
des choses comme celles-là.
M. CARON: La ville de Verdun n'est pas assurée. Par malheur.
M. LEGER: C'est quand même un précédent, je ne dis
pas qu'il n'est pas bon. Plutôt que de faire un bill privé pour
une personne en particulier, pour quelle raison la ville de Verdun n'a-t-elle
pas présenté un bill pour toute personne qui aurait à
subir des conséquences comme M. Gagnon en subit, en ce sens, pourquoi
une personne et non pas toute autre personne qui subirait les mêmes
préjudices? Quelle est la raison particulière, étant
donné qu'il peut y avoir d'autres personnes à Verdun qui
travailleraient pour la ville et qui pourraient subir une expérience
comme celle-là? Je trouve que c'est un précédent de le
faire pour une personne. Ne seriez-vous pas mieux de faire un bill pour que
toute personne dans l'exercice de ses fonctions puisse avoir le même
privilège?
M. PAUL: Est-ce que le député est informé qu'il y
aura d'autres victimes au sein du conseil de Verdun?
M. LEGER: J'espère que non mais je pense que...
M. CARON: On y reviendra, s'il survient autre chose.
M. BOSSE: Il y a eu M. Laporte comme précédent.
M. LEGER: C'est une question générale. Je ne veux pas que
ce soit une question de politique uniquement.
C'est une question de bonne administration de la ville qui
prévoit des choses comme celle-là; non pas se servir d'un
accident comme celui-là parce que c'est dramatique pour une politique,
mais uniquement parce que ce sont des choses qui peuvent survenir et
protéger tous les employés, non pas seulement une personne. Si
une personne n'avait pas été dans les cadres de l'hôtel de
ville, est-ce qu'elle aurait dû passer par un bill privé pour
avoir une indemnité? Est-ce qu'on aurait fait la même chose pour
n'importe quelle personne?
M. CARON: Non, les employés sont protégés par la
Commission des accidents du travail.
M. CHOQUETTE: Grâce à la Loi d'indemnisation des victimes
d'accidents du crime.
M. LEGER: Justement, c'est l'occasion. C'est pour cela que je pose une
question.
M. HEBERT: Dans ce cas, M. le ministre de la Justice, le montant
prévu à la loi d'indemni-
sation est très minime. C'est un montant de $9,000 actuellement.
Vous avez une personne je ne veux pas ici décrire le cas de M.
Gagnon qui a une incapacité à 85 p.c, qui a, à
cause de son incapacité, énormément de dépenses
annuelles à encourir pour continuer à vivre normalement. Le
montant de $9,000, nous avons cru qu'il était nettement insuffisant pour
acquitter même ces dépenses. Alors, il y a des visites
régulières à l'hôpital qu'elle devra faire, tous les
équipements d'un paraplégique, etc...
M. LEGER: Remarquez, M. le Président, qu'on ne doit pas mal
interpréter mon intervention. Je calcule qu'il faut
réellement...
M. HEBERT: J'espère ne pas avoir à me représenter
pour une chose semblable.
M. LEGER: Ce que je prévoyais, c'est de ne pas régler
seulement un cas. Quant à être venu pour cela il y a eu une
expérience cela aurait pu être une loi
générale pour la ville de Verdun.
M. TESSIER: Je ne trouve pas logique la proposition du
député de Lafontaine. Chaque cas doit être
étudié à son mérite. Là, il est question
d'une incapacité de 85 p.c, dans un autre cas s'il arrivait un autre
malheur semblable, ce serait peut-être une incapacité de 40 p.c.
Il faut considérer l'âge, il faut considérer les
traitements, il faut tout considérer. Je ne pense pas qu'on puisse
régler à l'avance et tout à fait au hasard des cas du
même genre qui pourraient survenir, parce que même s'il y avait un
malheur semblable qui pouvait arriver à un directeur d'une
municipalité, cela pourrait être tout à fait
différent en ce qui concerne l'incapacité et toutes les
circonstances. L'indemnité pourrait être, dans un autre cas,
beaucoup moindre.
M. LEGER: D'accord. Est-ce qu'il y a une loi qui prévoit des
indemnités à payer pour une personne qui subit un accident et
pour une incapacité quelconque?
M. TESSIER: La loi d'indemnisation, la loi générale.
M. LEGER: Oui.
M. CHOQUETTE: Il y a la Loi d'indemnisation des victimes d'accidents du
crime.
M. LEGER: Il ne pouvait pas se servir de cela, dans ce cas-ci.
M. CHOQUETTE: Hypothétiquement. Mais, comme l'a dit l'avocat de
la ville de Verdun, l'indemnité payable en vertu de la Loi
d'indemnisation des victimes d'accidents du crime est nettement
inférieure au montant que la ville de
Verdun est prête à payer à celui qui était
son gérant.
Je pense qu'il faut quand même donner suite à la
requête de la ville.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: M. le Président, Me Hébert a dit que le fonds
d'indemnisation n'était pas assez élevé et que
l'état de paralysie de 85 p.c. de M. Gagnon nécessitait beaucoup
de soins. Je remarque aussi, la dernière ligne du premier paragraphe qui
parle du 14 octobre 1971 et dit: "Ainsi que tous les déboursés
passés et futurs rendus nécessaires par son état de
paraplégique"...
M. HEBERT: C'est exact.
M. TETRAULT: Vous augmentez l'indemnité parce que ça lui
coûte cher en frais médicaux et vous arrivez avec un autre
sous-amendement.
M. HEBERT: Nous laissons au juge de la cour Supérieure le soin de
fixer lui-même l'indemnité. Il prendra en considération
l'incapacité elle-même et également les dépenses qui
peuvent être inhérentes. Vous avez par exemple, en vertu de la Loi
des accidents du travail, un ouvrier qui va se couper un doigt, on va lui
verser peut-être $2,500 mais il reste à l'emploi de la ville et on
lui paye le même salaire tous les ans. Même s'il a subi une
incapacité de 2 p.c. ou de 5 p.c., on lui paie un montant global de
$2,500, mais il reçoit son salaire de $8,000, $9,000 ou $10,000 quand
même. C'est une indemnité pour la perte d'intégrité
physique et aussi une indemnité pour les dépenses qu'il pourrait
y avoir.
M. CHOQUETTE: Mais la pension commence à couvrir à quel
moment?
M. HEBERT: A la cessation de l'emploi seulement.
M. CHOQUETTE: C'est-à-dire qu'il continue d'être à
l'emploi de la ville de Verdun?
M. HEBERT: Actuellement il est encore à l'emploi de la ville.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté.
M. CHOQUETTE: A l'article 1, deuxième alinéa, je note que
vous dites: "Cette indemnité est établie et
révisée". Je ne vois pas pourquoi vous dites: Est
révisée. Si elle est établie, le juge n'est pas pour
réviser sa propre décision.
M. BURNS: Elle n'est pas établie, elle sera établie par le
juge.
M. CHOQUETTE: Alors, on doit dire: Cette indemnité sera
établie ou est établie.
M. BURNS: Elle peut être révisée si on tient compte
du fait que cette incapacité peut être variable au cours des
années.
M. CHOQUETTE: C'est impossible. Une fois qu'un jugement comme celui-ci
est rendu, il est définitif, tout comme dans une action en dommages. Je
ne vois pas comment le juge de la cour Supérieure, que l'on charge de
cette fonction, réviserait sa propre décision.
M. BURNS: J'ai l'impression qu'on tente de traiter le cas...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Avec l'assentiment des membres de la
commission, je reconnaîtrais le député de Maisonneuve.
M. BURNS : Oui, c'est vrai.
M. LE PRESIDENT: Article 153.
M. BURNS: Y a-t-il quelqu'un qui s'y oppose?
M. TETRAULT: Je m'y oppose à son titre...
M. BURNS: J'ai l'impression que vous demandez cela simplement parce que
vous traitez le cas de façon similaire à un cas d'accident de
travail.
M. HEBERT: Où ça peut être révisé. On
a des cas par exemple à la ville de Verdun d'accidents survenus en 1952,
comme cela nous est arrivé récemment, où on a
considéré que la personne avait une nouvelle incapacité et
on doit lui verser un montant supplémentaire, en plus de ce qu'on lui a
versé en 1952, 1955, 1965 et cette année.
M. CHOQUETTE: D'après le texte du premier alinéa de
l'article 1, je pensais que vous traitiez le cas comme un cas d'action en
dommages.
M. HEBERT: Non, pas nécessairement. Ce sera une incapacité
qui sera établie dans le même sens que celle établie par la
Commission des accidents du travail et qui pourra être
révisée, soit par la ville, si elle s'aperçoit que le
montant original était trop élevé, ou par la personne
elle-même, M. Gagnon, s'il croit que le montant n'est pas suffisant.
M. CHOQUETTE: Maintenant, vous dites plus loin: Par le juge en chef
adjoint de la cour Supérieure. Vous n'êtes pas sans savoir que le
juge en chef adjoint de la cour Supérieure est malade à l'heure
actuelle. Est-ce que vous ne devriez pas mettre: Par un juge de la cour
Supérieure?
M. HEBERT: Oui.
M. CHOQUETTE: Si le juge en chef veut siéger, s'il peut
siéger, il siégera.
M. HEBERT: Mais il y en aura toujours un à Montréal. Je
présume qu'il va revenir.
M. CHOQUETTE: Actuellement, le juge en chef adjoint est malade...
M. HEBERT: Ou le juge en chef adjoint.
M. CHOQUETTE: Non, un juge de la cour Supérieure.
M. BURNS: J'en connais un, juge de la cour Supérieure.
M. HEBERT: Très bien, je n'ai pas d'objection.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cet amendement est adopté, au
deuxième alinéa?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: On lira: Cette indemnité est établie et
révisée par un juge de la cour Supérieure. Et le reste.
Adopté?
Article 2.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 3.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 4, adopté. Je vous
remercie Me Hébert.
M. HEBERT: Merci messieurs.
Ville de Montréal-Est
M. LE PRESIDENT: Nous allons maintenant procéder à
l'étude du projet de loi no 108, Loi concernant l'annexion d'un certain
territoire à celui de la ville de Montréal-Est. Le procureur, Me
Robert Pigeon.
M. PIGEON: M. le Président, messieurs les membres de la
commission, je crois que le texte du bill est assez explicite. Il s'agit
d'annexer au territoire de la ville de Montréal-Est un territoire qui ne
fait partie d'aucune municipalité et ainsi, rejoindre les limites de
Boucherville, qui est notre ville voisine, située de l'autre
côté du fleuve Saint-Laurent.
Il me fera plaisir de répondre aux questions de ces messieurs de
la commission.
M. LE PRESIDENT: Article 1, est-ce qu'il y a des objections?
Article 1, adopté. Article 2, adopté. Je vous remercie Me
Pigeon.
M. PIGEON: Je vous remercie, M. le Président ainsi que les
membres de la commission, d'avoir bien voulu suspendre l'étude du bill
de Montréal pour nous permettre de liquider cette affaire.
M. LE PRESIDENT: Merci messieurs. Nous invitons maintenant les
représentants de la ville de Montréal à prendre place.
Ville de Montréal (suite)
M. LE PRESIDENT: Nous en étions à l'étude d'un
papillon qui avait été présenté et qui affectait
l'article 172 a) de l'article 16 du chapitre 84 des lois 1965. Je reconnais
d'abord M. Roger Lasnier.
M. LASNIER: M. le Président, la présente
représentation consiste à tenter de régler un
problème qui subsiste depuis déjà quatre ans. Et le
ministre de la Justice est très au courant de ce problème. Avec
l'amendement qui vous est soumis, nous avons la ferme espérance de
pouvoir régler, d'une façon définitive, ce litige, ce
problème.
M. LE PRESIDENT: M. Côté.
M. COTE: M. le Président on me corrigera si je me trompe
l'amendement à la charte de la ville, qui est devenu 172 a) ce
matin, était devenu l'article 18 du bill qui avait été
adopté avant l'ajournement. Je comprends que M. Lasnier arrive avec un
amendement de son cru, après une conversation qu'on a eue ce midi.
M. CHOQUETTE: Vous n'avez pas suivi les procédures.
M. COTE: J'ai suivi les procédures. Je dis: On me corrigera si je
me suis trompé. J'ai suivi les procédures, monsieur.
M. CHOQUETTE: Vous vous êtes trompé.
M. COTE: On m'a corrigé, mais seulement une fois, pas deux fois.
Je comprends qu'on en est à l'amendement que nous avons
présenté ce matin. Il n'y avait pas eu d'objection à cet
amendement, en principe. A ma connaissance, il y avait eu une demande de
l'ABRPM pour faire d'autres modifications qui, elles, n'avaient pas
été présentées. J'avais compris que c'était
devenu l'article 18. Mais, si c'est de nouveau à l'étude,
à ce moment... L'information que nous avons faite sur nos amendements
était pour inclure les corporations publiques et les universités
dans la liste des personnes avec qui nous pouvons faire des échanges
d'employés, sans perdre de bénéfices acquis pour eux. Cela
ne touchait en rien l'ABRPM puisque, évidemment, leurs membres ne sont
plus les employés de la ville.
L'amendement que nous présentons ne touche en rien à
l'ABRPM.
M. CHOQUETTE: Il semble y avoir un peu d'ambiguité sur ce qui
s'est produit ce matin. Il me semble que lorsque vous avez
présenté votre amendement, nous l'avons reporté à
cet après- midi pour adoption. Les représentants de l'Association
de bienfaisance et de retraite des policiers de Montréal nous
suggèrent un amendement dont, je pense, il faudrait donner lecture
à la commission, un amendement à la modification proposée
par les représentants de la ville de Montréal, n'est-ce pas?
M. LASNIER: Ce ne sont pas des modifications. C'est d'ajouter au
texte...
M. CHOQUETTE: C'est cela.
M. LASNIER: ... le paragraphe suivant: "Quant aux policiers de la ville
de Montréal, membres de l'Association de bienfaisance et de retraite de
la police de Montréal, les ententes relativement au transfert des
contributions accumulées à leur crédit sont signées
conjointement par la ville et l'association". Or, le problème qui
subsiste est que, jusqu'à maintenant, nous disions que la signature
relevait uniquement de l'association et la ville disait que cela relevait de la
ville de Montréal. Alors, nous sommes prêts à dire que
conjointement nous allons signer et régler le problème qui
subsiste et dont vous êtes très au courant, M. le ministre.
M. CHOQUETTE: Est-ce que la ville est d'accord?
M. COTE: M. le Président, je comprends que le ministre de la
Justice nous dise que c'est un amendement qui avait été
reporté ce matin à la séance de cet après-midi. Cet
amendement, quand j'ai rencontré M, Lasnier, et son procureur à 2
h 30, n'était pas écrit. Je pense bien qu'il n'a pas
été présenté ce matin. On vient de me le remettre
quand je suis passé près de la deuxième rangée de
chaises il y a quatre minutes. Cet amendement est de la nature d'une
disposition transitoire qu'on veut inclure dans une loi permanente, la charte
de Montréal. Je suggère humblement que c'est de la très
mauvaise législation comme forme. Deuxièmement, je n'ai aucun
avis de la part de personne, d'une façon et cela ne dit pas que ce texte
est en mesure de régler le problème, s'il en existe un.
A ma connaissance, il n'existe aucune sorte de problème quant au
contenu des ententes qui devaient être négociées et qui ont
été négociées et convenues par toutes les parties
entre la province de Québec et la ville de Montréal et
également l'ABRPM comme administrateur d'un fonds de pension. Cela dit
que les policiers de la ville de Montréal, quant à leur
égard, le contrat sera signé conjointement par la ville et
l'association. Avec qui? Je ne sais trop, je considère que c'est un
texte qui est très ambigu, pas clair du tout. Or, la ville de
Montréal, elle n'en a pas de policier actuellement. Ce sont des
policiers de la Communauté urbaine de Montréal. Je suggère
que si le gouvernement désire faire une entente quelconque pour
régler les
questions de transfert de fonds de pension, il est bien libre de
présenter les projets de loi qu'il veut à cet égard. C'est
d'ailleurs ce que nous avions compris depuis plusieurs mois, que le
gouvernement allait lui-même faire cela.
Pour ce qui est de la signature d'une entente entre employeurs, soit
d'une part, le gouvernement de la province et d'autre part, l'administration de
la ville de Montréal qui était l'employeur des policiers à
l'époque, il y avait eu une entente entre le gouvernement et la ville
quant au contenu de cette entente. Mais il y avait une question que j'appelle
de prestige pur et simple, c'est que l'ABRPM ne voulait pas signer comme
intervenant; voulait signer aux lieu et place de l'employeur. Nous avons
toujours dit: La loi des régimes de rente supplémentaires qui
prévoit comment ces choses se font prévoit que c'est une entente
entre employeurs. Or, votre loi, messieurs du gouvernement du Québec,
dit que ces ententes se font entre employeurs. Evidemment, quand il y a une
corporation créée par une autre loi qui administre le fonds, bien
sûr qu'elle est partie à l'entente, tierce partie, intervenante,
appelons-la comme nous voulons. Mais dans le cas présent, l'ABRPM s'est
toujours refusée à signer une entente autrement que comme partie
contractante, c'est-à-dire comme employeur. Nous avons toujours dit:
Nous ne pouvons pas signer une entente qui ne sera pas suivant le texte de
loi.
Si c'est le voeu du gouvernement de changer sa propre loi qui dit que
c'est une entente entre employeurs pour en faire une entente entre un employeur
d'une part et non pas l'ancien employeur, mais la corporation qui administre le
fonds de pension ou le régime de retraite supplémentaire, libre
au gouvernement de le faire. Mais je vois difficilement ce que cela va venir
faire dans une loi permanente, la charte de la ville de Montréal, alors
que c'est une mesure transitoire pour régler un cas une fois et qu'on va
tramer ça dans notre loi, constamment, pour l'avenir, alors qu'on
l'adopte en 1972, au mois de juin, au moment où on n'a plus de policiers
à notre emploi. Je ne sais pas trop ce que ferait la ville de
Montréal. Que cela se règle avec la communauté urbaine de
Montréal, que ça se règle avec le ministère de la
Justice, je n'ai pas d'objection.
M. CHOQUETTE: Sur cette dernière objection, M. Côté,
il y aurait simplement un mot à ajouter à la suggestion de M.
Lasnier, ce serait de dire: Quant aux anciens policiers de la ville de
Montréal. Je suis bien d'accord avec vous qu'il n'y a plus de policiers
à l'emploi de la ville de Montréal à l'heure actuelle.
Mais tout le monde sait que ce sont d'anciens policiers de la ville de
Montréal et que le régime de retraite qui s'appliquait à
eux était bien différent du régime qui s'appliquait en
général. C'est pour ça que la loi générale
à laquelle vous avez référé tout à l'heure,
qui dit que c'est entre employeurs que le fait l'entente pour le transfert des
fonds de retraite, a une application difficile dans le cas des policiers qui
étaient régis par un régime particulier, un fonds de
pension distinct.
M. COTE: Aucune difficulté d'application. Le contenu de l'entente
est prêt depuis longtemps, votre gouvernement nous a dit qu'il
était prêt à le signer avec nous; nous avons dit à
votre gouvernement que nous étions prêts à le signer avec
vous. L'ABRPM dit: Nous, nous allons signer comme la première partie en
haut, pas sur la troisième ligne, question de prestige. Ecoutez! Quand
tout le monde est d'accord sur le contenu d'un contrat, s'il faut amender une
loi ici devant la Législature simplement pour dire que dans le contrat
l'ABRPM va agir conjointement avec la ville! Qu'est-ce que ça veut dire
dans une loi, je me le demande, conjointement avec la ville, plutôt
qu'agir dans le cadre de son statut purement et simplement? L'ABRPM a
déjà le pouvoir de signer ce contrat. La ville a le pouvoir de
signer ce contrat. La province a le pouvoir de signer ce contrat. Les trois
s'entendent sur le contenu du contrat. C'est l'ordre dans lequel les signatures
vont se faire. Nous, ça ne nous fait aucune sorte de différence.
Seulement, nous voulons signer. L'ancien employeur, la ville de
Montréal, par; le nouvel employeur, la province de Québec par; le
fonds de retraite des policiers, par. Bien là, le front commun des
policiers veut signer comme employeur. Il ne l'est pas. Ceci ne le rendrait pas
un employeur.
M. CHOQUETTE: C'est pour ça qu'à la fin de la
séance ce matin, j'ai dit: Tâchez de vous parler jusqu'à
quatre heures et essayer de régler ce problème.
M. COTE: J'ai parlé à M. Lasnier et à mon
confrère. Ils ne sont pas d'accord. Cela n'avance à rien.
M. CHOQUETTE: Pendant ce temps, il y a quatre ou cinq anciens policiers
de la ville de Montréal qui ne peuvent pas bénéficier du
transfert de leur fonds de pension.
M. COTE: Si vous me permettez que je dise un mot...
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine a demandé
la parole.
M. LEGER: Je voulais poser la question à la personne qui a
présenté le sous-amendement. Je ne me souviens pas de son
nom.
M. LASNIER: M. Lasnier.
M. LEGER: M. Lasnier. Quel est l'esprit derrière votre
sous-amendement qui dit que les ententes relativement au transfert sont
signées conjointement par la ville et l'association?
Est-ce que ce serait parce que, dans l'amendement proposé par la
ville de Montréal, il n'est question, dans le premier paragraphe,
à la fin, que des avantages prévus à ce régime en
tout ou en partie avec modification ou non? Est-ce parce que vous craignez
qu'il y ait des modifications à votre fonds de pension et qu'en
étant conjointement avec la ville et l'association, ce serait exactement
ce que vous désirez qui a été entendu et de cette
façon vous protégez votre fonds de pension en vue des
modifications ultérieures?
M. LASNIER: Il y aura lieu d'apporter certaines précisions
ici.
Nous avons jusqu'à maintenant, l'association elle-même,
établi les diverses ententes avec les représentants, les
fonctionnaires, tant du gouvernement provincial que fédéral. Nous
avons soumis les problèmes occasionnés par ces transferts
à nos procureurs. Nous avons fait amender nos règlements. Ils ont
été amendés, acceptés par le conseil de ville de la
ville de Montréal, pour donner suite à ces transferts, à
ces ententes, à ces modalités. Après avoir fait tout ce
travail, après avoir, finalement, soumis aux autorités de la
ville de Montréal, pour approbation, le texte et toutes les
modalités qui avaient été entendues au préalable
avec toutes les parties concernées depuis quelques mois, nous essuyons
des autorités de la ville de Montréal, en particulier du
contencieux, un refus de pouvoir donner suite à ces ententes et de
cesser de causer un préjudice à d'anciens policiers qui sont
maintenant rendus à l'emploi du gouvernement de Québec et
d'autres, à l'emploi du gouvernement d'Ottawa.
M. LE PRESIDENT: Me Normandin.
M. NORMANDIN: Si vous me permettez un mot. Je suis très surpris
de voir le ministre de la Justice appuyer un amendemant qui nous est
présenté à la dernière minute, sur ce projet.
M. CHOQUETTE: Votre propre amendement est présenté
à la dernière minute. Ne blâmez pas l'association.
M. NORMANDIN: Permettez-moi, M. le ministre. Ce dossier trame depuis
fort longtemps. Il y a six mois, nous avons écrit et envoyé au
gouvernement de la province une entente comportant en substance exactement ce
que demandait l'union et que nous avions rédigé quant à la
forme. Nous avons envoyé des copies au ministère de la Justice,
étant donné que cela traitait des policiers, qui relèvent
de ce ministère. Il y a six mois, j'ai téléphoné au
ministère de la Justice et j'ai parlé à votre
sous-ministre pour lui demander s'il y avait moyen de s'entendre et si on
pouvait signer. La réponse qu'on a reçue: C'est le gouvernement
qui ne veut pas procéder à cette entente; il entend
présenter un bill public pour régler ça. A ce moment,
évidem- ment, on n'a rien fait. Ce n'est pas à nous. Tout
à coup L'ABRPM arrive au milieu des amendements à la charte, pour
essayer de régler ça. Je suis très surpris.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas parce que le gouvernement ne veut pas signer
cette entente. Le gouvernement et le ministère de la Justice sont
prêts à la signer. Mais qu'est-ce que vous voulez...
M. NORMANDIN: La ville aussi. Alors quel est le problème?
M. CHOQUETTE: Il semble y avoir une lutte de prestige entre la ville et
l'Association de bienfaisance et de retraite des policiers de
Montréal.
M. NORMANDIN: Non. Les lois en vigueur prévoient des ententes
entre employeurs. Alors il y a deux autorités publiques qui sont des
employeurs qui étaient dans le temps parce qu'on n'a plus de
policiers la ville de Montréal et le gouvernement de la province.
On est prêt à signer une entente. Il n'y a pas de problème.
On nous a dit qu'une autre solution serait étudiée et que le
gouvernement introduirait sa solution par législation.
M. CHOQUETTE: C'est justement pour régler ce problème dont
vous faites état, que je vous ai demandé de régler tout
à l'heure et que vous n'êtes pas capable de régler. Si vous
n'êtes pas capable de le régler...
M. NORMANDIN: Non, non. Nous, on est capable de le régler et on
est prêt à signer. La loi prévoit que l'entente peut avoir
lieu si les deux employeurs s'entendent. Si le gouvernement de la province et
la ville de Montréal signent une entente, celle-ci est parfaitement
valable et conforme à ce que la loi exige aujourd'hui.
Il n'y a pas de problème. La ville est prête. Cela a
été soumis à son comité exécutif. Il a dit
qu'il était prêt à signer. On vous a transmis le texte, il
y a plus de six mois. Ce n'est pas nous qui empêchons la signature de
cette entente.
M. LASNIER: M. le Président, quand on dit que c'est une question
de prestige, je voudrais bien éclaircir ce point. Nous avions fait des
représentations pour que ce soit uniquement l'association qui signe ce
document. Je ne veux pas faire l'historique de tous ces arguments. Dans le
texte qui vous est soumis ici, nous faisons un grand pas en disant que nous
allons signer conjointement. Ce que nous tentons de faire aujourd'hui
encore une fois, je le répète c'est d'essayer de
régler un problème qui subsiste et qui cause un sérieux
préjudice à des ex-policiers qui sont à l'emploi, en
l'occurrence, de la Commission de police du Québec.
M. LE PRESIDENT: M. le maire.
M. DRAPEAU: M. le Président, on constate que tout le monde est
d'accord sur le contenu de l'entente. C'est admis, cela? Moi, j'ai une
proposition à faire. Vous avez le texte à vos bureaux, la
fraternité a le texte à sa portée, je présume, on
va signer, séance tenante, devant tout le monde, le gouvernement et la
ville, conformément à la loi actuelle, et on n'est pas
obligé d'adopter d'amendement à la loi. On ne peut pas faire plus
que cela. Vous avez le droit de signer, la ville a le droit de signer et on va
signer, séance tenante, devant tout le monde. Qu'est-ce qu'on peut
offrir de plus? Et cela va être conforme à la loi actuelle.
Pourquoi vous demander de voter une autre loi? Quand vous avez adopté
l'autre loi, vous saviez ce que vous faisiez. On va respecter cette
loi-là et on va signer, séance tenante. C'est tout simple.
Pourquoi s'attarder indéfiniment?
M. LASNIER: C'est difficile d'être aussi éloquent que mon
maire!
M. DRAPEAU: On est venu pour discuter autre chose. Quand des choses sont
réglées, on n'a pas à les discuter encore.
M. LASNIER: Mais lorsqe M. le maire dit entre autres que le gouvernement
et la ville doivent signer, ce que je tente ici de souligner, c'est que, de par
notre incorporation et notre loi, nous sommes responsables des deniers, nous
sommes responsables envers les autorités de chaque denier qui sort de
notre caisse. Nous avons cette responsabilité et chaque fois qu'un cent
sort de notre caisse, nous devons nous engager. C'est la raison pour laquelle
nous devons participer à cette entente et la signer.
M. NORMANDIN: En vertu de la loi du régime supplémentaire
des rentes, tous les administrateurs d'un fonds de régime
supplémentaire, l'ABRPM comme tous les autres, sont responsables comme
fiduciaires, mais quand le gouvernement a adopté ces lois, il a
décidé que ce seraient les deux employeurs qui feraient cette
entente et non pas l'administrateur du régime. Pourquoi, dans ce cas-ci,
est-ce différent?
M. LE PRESIDENT: M. Marcil.
M. MARCIL: Premièrement, je tiens à vous remercier, M. le
Président et les membres de la commission, de me donner la parole.
L'affaire n'est pas si facile que cela. Je pense qu'il y a quelque chose de
très sérieux là-dedans et si l'argumentation des
représentants de la ville était valable ce matin envers M.
Fafard, qui représentait la Chambre de commerce, encore aujourd'hui, le
même principe s'applique.
On peut peut-être nous faire certains reproches, mais je crois que
la fraternité a toujours suivi les activités des diverses
commissions de cette Chambre. D'ailleurs, quand le bill 100 a été
proposé, nous étions les premiers à recevoir le
bill 100 nous l'avons étudié dans tous ses menus
détails. Ce matin, à midi et demi, on a présenté un
papillon et aujourd'hui, on s'oppose à un amendement. Moi, je m'oppose
au papillon de A à Z. Ce qui valait ce matin pour Me Fafard vaut aussi
pour nous autres, parce que je parle à ce moment-ci comme
président de la Fraternité des policiers de Montréal et
comme trésorier du Front commun des employés municipaux de la
ville de Montréal. Si vous regardez le texte de loi, il est profond, ce
texte de loi, parce que quand on dit: L'amendement de la ville est celui-ci: Et
des ententes entre la ville et ses employeurs peuvent prévoir la
transférabilité d'un régime supplémentaire de
rentes à l'autre, des avantages prévus à ces
régimes en tout ou en partie et avec modifications ou non.
C'est-à-dire que la ville peut, avec la Communauté urbaine, faire
des amendements à un régime qui a été signé
entre les parties, soit entre la ville et les comités de gestion, et
c'est une chose extrêmement sérieuse. Vous venez de créer
un fonds de pension Marcil, un fonds de pension Lasnier etc. C'est pour cela
qu'on s'oppose. Les autres syndicats ne sont pas ici pour la simple et bonne
raison qu'ils ont regardé le bill de Montréal et il n'y avait
absolument rien. Ce matin, nous avons rencontré M. Normandin au
Château Frontenac. On lui a dit: Est-ce qu'il y a des amendements qui
nous touchent? Aucun. On s'en vient à midi et demi et on présente
des amendements. Le principe qui prévalait ce matin pour la ville de
Montréal vaut encore cet après-midi.
Je le dis, c'est excessivement sérieux, les amendements qui sont
présentés par la ville de Montréal, Ce matin, on a dit:
C'est drôle que les municipalités de banlieue ne font pas
d'objection. Je dis encore une fois: C'est drôle que les
municipalités de banlieue ne s'opposent pas, parce que les traitements
pourront être en diminution, que l'employé perdra, ou en surplus,
qui sera à la charge de la communauté urbaine. Je pense que le
problème est assez sérieux. Si le matin vous avez
décidé le comité de dire à la Chambre de commerce
revenez, la même chose s'applique pour nous autres, on dit à la
ville de Montréal: Revenez.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs!
Devant la controverse que soulève ce papillon, je suggère
aux membres de la commission de retirer le papillon, de même que
l'amendement audit papillon, et de demander aux autorités de la ville de
Montréal de donner le temps aux conseillers juridiques du gouvernement
d'étudier le projet de loi et de ne pas arriver avec des papillons
à l'avenir. Je considère ça injuste pour les parties en
cause qu'on arrive à quelques minutes ou à quelques heures d'avis
avec des amendements au texte de loi. L'expérience nous prouve que si
quelquefois on vote des lois qui créent certaines injustices, c'est
toujours dans des conditions comme celles-là, alors que des lois
sont adoptées à la vapeur.
Je suggère aux membres de la commission d'appuyer une motion dans
le but de retirer et le papillon et l'amendement.
Le ministre de la Justice m'a demandé la parole.
M. CHOQUETTE: Il ne faut quand même pas qu'on passe d'un
extrême à l'autre. L'amendement proposé par la ville de
Montréal peut certainement avoir des avantages qu'il me semble difficile
de mettre de côté. Quand ils ajoutent la possibilité
d'avoir une entente avec une corporation politique canadienne, une corporation
de la couronne, une université ou une commission scolaire dans la
province de Québec, je ne pense pas qu'on puisse affirmer que cette
partie de leur proposition puisse être écartée en disant
qu'on ne peut pas en apprécier les conséquences. Ce sont les
autres aspects du papillon qui ont ouvert la controverse qu'on a devant nous
cet après-midi.
Moi, je suggère qu'on laisse de côté le débat
sur la proposition de la ville de Montréal. Je ne sais pas si nous
siègeons ce soir ou demain.
M. LE PRESIDENT: Nous ne siègeons pas ce soir.
M. CHOQUETTE: Ou demain.
M. PAUL: Demain ou mercredi prochain?
M. CHOQUETTE: Mercredi prochain. Donc, cela nous donnera le temps
d'examiner les conséquences de cette proposition et peut-être de
l'adopter.
M. PAUL: Mardi matin.
M. CHOQUETTE: Mardi matin, à 10 heures.
M. LE PRESIDENT: Avant de vous donner la parole, M. le maire, j'aimerais
qu'on me dise s'il y a réellement urgence que ce soit adopté
aujourd'hui. S'il n'y a pas d'urgence c'est le point que je
soulève est-ce qu'on ne pourrait pas revenir la semaine prochaine
avec un amendement qu'on aura fait parvenir à toutes les parties, y
compris les légistes du gouvernement?
M. le maire.
M. DRAPEAU: Cet article n'affecte aucune des autres parties que celles
qui sont mentionnées là. Il y a actuellement des cas
d'employés qui voudraient transférer ou qui ont été
transférés. C'est simplement ça qui est devant la
commission. Il n'y a rien d'autre. La ville comme telle, on s'en foue. S'il y a
des employés qui ne peuvent pas être transférés, ils
se feront transférer plus tard. S'ils veulent être
transférés et qu'ils perdent leurs droits au transfert des
pensions ou prendre le risque, ils prendront le risque ou ils perdront. Ce
n'est pas l'intérêt de la ville comme telle, ni de
l'administration. Il y a des gens qui veulent partir du service de la ville de
Montréal pour aller ailleurs dans ses institutions. Il n'y a que cela
devant la commission, il n'y a pas d'autre chose. Si la commission
décide que ce n'«st pas pressé, on dira à ces
gens-là: Nous autres, nous avons respecté notre engagement, nous
sommes allés porter la demande devant la commission. La commission a dit
que ce n'était pas pressé, Messieurs. Bien, on s'en lave les
mains. Nous ne perdons rien là-dedans, nous autres. Il y a simplement le
sort des employés impliqués dans un sens ou dans l'autre. Il n'y
a rien d'autre.
Je veux bien qu'il soit clair que nous ne visons personne, nous
n'attaquons aucun fonds. Cela concerne simplement le fait d'ajouter à la
liste qui est déjà dans la loi, une corporation politique
canadienne, une corporation de la couronne, une université ou une
commission. Si la commission dit: Ce n'est pas pressé, nous, nous dirons
aux personnes intéressées, qui sont des salariés: Votre
protection, le Parlement, par sa commission, a décidé que ce
n'était pas pressé. Puis, on va s'en laver les mains.
Je ne veux pas qu'on croie que, nous autres, nous avons quelque chose
à gagner ou à perdre. Nous prendrons d'autres employés si
ces gens-là ne veulent pas venir. C'est aussi simple que ça. Il
n'y a pas d'autre chose en vue. Personne n'est menacé par le texte qu'on
soumet.
Je ne vois pas, encore une fois, pourquoi on prendrait une autre
demi-heure. Je suis parfaitement de l'avis du président, je crois que
ça doit se décider vite.
Ou c'est voté tel quel et les autres questions qui sont
soulevées viendront à un autre bill. C'est aussi simple que
ça. Il reste une chose: la ville de Montréal n'a pas un seul
employé qui est policier. C'est aussi simple que ça. Encore une
fois, je ne veux pas entrer dans cette question parce que, au mérite,
c'est une autre question.
Le seul amendement qu'il y a devant la commission, c'est d'ajouter
à une liste existante trois cas qui n'affectent aucun autre cas. Si des
institutions veulent ajouter une remarque, la commission reste libre de dire:
La remarque reviendra comme article principal dans un autre bill ou dans une
loi. Mais c'est simplement ajouter trois cas à une loi existante,
à une liste existante dans la loi.
Si la commission décide qu'elle ne doit pas le faire, la ville de
Montréal s'en retourne et nous n'avons rien perdu. Nous sommes
l'expression du voeu de salariés qui sont prêts à s'en
venir à Montréal pourvu que le fonds de pension soit
transférable ou qui veulent quitter Montréal pour aller ailleurs,
pourvu que le fonds de pension soit transférable. A la ville de
Montréal, nous n'avons rien à gagner et nous n'avons rien
à perdre. C'est aussi simple que ça.
M. MARCIL: Vous savez, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Avant de céder la parole, j'aimerais
préciser que, tout à l'heure, M. le maire, vous avez dit que la
commission a décidé que ce n'était pas pressé. Ce
que le président a fait à ce moment, c'est tout simplement de
s'informer s'il y avait urgence. Il ne faudrait pas dire que la commission a
décidé.
M. DRAPEAU: Mais, pour la ville de Montréal, ce n'est pas une
urgence. C'est pour les salariés.
M. LE PRESIDENT: En tant que président...
M. DRAPEAU: Ils ont une décision à prendre; ou ils s'en
viennent, ou ils partent.
M. LE PRESIDENT : D'accord.
M. DRAPEAU : Pour la ville, il n'y a pas d'urgence.
M. LE PRESIDENT: Je me suis tout simplement informé s'il y avait
urgence. Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. Drapeau, vous nous dites que l'amendement semble apporter,
de nouveau, simplement l'addition des paragraphes g) h) et i). Or, il semble
que le problème soulevé aux yeux des policiers de Montréal
et peut-être des autres employés, est plutôt dans les mots
qui sont ajoutés au premier paragraphe. Et des ententes entre la ville,
etc. peuvent être faites avec ou sans modification.
Si le but est tout simplement d'ajouter une corporation politique
canadienne, une corporation de la couronne ou une université ou une
commission scolaire, allons-y; il n'y a pas de problème. Et là,
je vous suis complètement dans vos remarques. Mais à ce moment,
qu'on enlève le début, tout ce qui suit "et vice versa": "Et des
ententes entre la ville et ses employeurs peuvent prévoir la
transférabilité d'un régime de rentes à l'autre,
des avantages prévus de ces régimes, en tout ou en partie, avec
modification ou non." Il semble que ce soit ça le problème.
En tout cas, si j'étais employé de la ville, ce bout
m'inquiétarait.
M. DRAPEAU: Alors, je vais demander à Me Normandin de vous donner
une réponse en tant que procureur sur le plan juridique.
M. NORMANDIN: Le but principal de l'article était d'ajouter
certaines corporations parce qu'on a des employés. Par exemple, on a
quelqu'un de l'Université de Montréal qui est entré il y a
six mois et il voudrait qu'on puisse faire une entente avec l'Université
de Montréal pour transférer son fonds de pension. On n'avait pas
le pouvoir à ce jour. Cela, c'est le but principal. Et l'inverse,
évidemment, s'il s'en va à l'université.
Le paragraphe qui a été ajouté, dont on parle, est
simplement pour donner un peu plus de souplesse si, par exemple dans le cas de
cet employé de l'Université de Montréal, on discute avec
l'Université de Montréal d'un employé qui s'en va
là. Elle a un régime de pension similaire, mais il y a deux ou
trois avantages qui sont sous une forme un peu différente. A ce moment,
est-ce que notre pouvoir doit être limité de signer une entente si
elle veut accepter les avantages ou la description de notre fonds de pension
tel que ou si on peut faire une entente? Ou, étant donné qu'elle
a tel autre avantage qui est équivalent et que tel avantage que nous
avons, elle ne veut pas le prendre, est-ce qu'on peut signer une entente quand
même?
C'est pour donner un peu plus de souplesse, de façon à
faciliter ces ententes. De plus, il est à remarquer que, de toute
façon, aucune de ces ententes ne peut entrer en vigueur sans qu'elle ne
soit approuvée, pour les employés de la ville, par le
comité exécutif et la commission de la caisse de retraite
intéressée où sont représentés les
employés.
Cela me semble raisonnable comme proposition. Je ne sais pas quel est
l'obstacle. A présent, le seul représentant de l'union qui est
ici, c'est le représentant d'une union de policiers. On ne fera pas des
ententes pour nos policiers; nous n'en avons pas. Il n'y a pas de danger que
nous allions faire une entente pour un fonds de pension pour nos policiers; on
n'en a plus.
M. CHOQUETTE: C'est un rapport pour le fonds de pension des
policiers.
M. NORMANDIN: Il a été transféré à la
Communauté urbaine de Montréal.
M. MARCIL: M. Normandin, je pense qu'il y a beaucoup de lucidité
dans la remarque du ministre de la Justice. Ce que vous dites est exact, M. le
ministre.
M. LE PRESIDENT: Je cède la parole au ministre des Affaires
municipales.
M. TESSIER: M. le Président, il est clair que les parties ne sont
pas d'accord, c'est-à-dire la ville de Montréal et l'Association
de bienfaisance et de retraite de la police de Montréal. Je suis
parfaitement de l'avis du président voulant que lorsqu'on arrive
à la toute dernière minute avec des papillons, alors que personne
a eu le temps de les examiner en profondeur, de voir toutes les implications,
tant du côté du ministère de la Justice que du
côté même du ministère des Affaires municipales et de
l'association et de la ville, que l'on doit prendre le temps d'examiner
ça et de réfléchir là-dessus.
Je propose, M. le Président, que nous renvoyions l'étude
de cet amendement et du sous-amendement à mardi prochain.
M. BURNS: Entièrement d'accord, M. le Président, en ce qui
nous concerne. Je pense que c'est sage et surtout, même si M. Normandin
disait tantôt qu'il y a seulement une association
représentée ici, comme l'a dit M. Marcil tantôt,
peut-être que les autres ne savent pas que ce texte est ici, cela leur
donnerait peut-être le temps de nous faire des représentations
s'il y a lieu.
M. TESSIER: J'ajouterais un voeu à ce que je viens de dire, c'est
que d'ici à mardi prochain, les parties intéressées
s'entendent sur un texte.
M. DESROSIERS: M. le Président, si c'est ça l'intention de
la commission, mon nom est Jean Desrosiers, président de la
Chambre de commerce de Montréal à titre de
président, je suggère qu'en même temps on remette à
mardi prochain les amendements que nous avons proposés ce matin sur les
homologations et les expropriations.
M. COTE : M. le Président, sur la remarque du président de
la Chambre de commerce, je me souviens avoir entendu ce matin, parce que
j'ai suivi les débats même si parfois j'entends mal, mais ce matin
j'ai très bien entendu le président de la Chambre de
commerce ainsi que son procureur, Me Armand Miville-Deschênes, que je ne
vois pas ici cet après-midi, il est peut-être ici, nous avoir
servi avis pour l'an prochain. L'avis a été drôlement
raccourci puisque demain... même lundi, c'est fête, par un
décret du gouvernement et mardi matin on va étudier une affaire
sur tout le régime des homologations et des expropriations de la ville
de Montréal qui a été étudié longuement l'an
dernier et adopté par le gouvernement à l'égard duquel
nous n'avons reçu aucune plainte jusqu'à ce matin... Je pense que
l'avis d'un an que nous avons reçu ce matin est drôlement
raccourci si on nous ramène ça à mardi.
M. TESSIER : Vous avez parfaitement raison, Me Côté. Vous
avez d'ailleurs souligné ce matin qu'il fallait faire faire une
étude qui serait très longue, par des fonctionnaires de la ville
de Montréal, pour connaître toutes les implications
financières d'un tel amendement et c'est précisément
à la suite de vos représentations dans ce sens qu'il a
été convenu ce matin que nous reportions ça à l'an
prochain.
M. DRAPEAU: Quant à l'article 172a), je fais la demande, au nom
de la ville de Montréal, de le retirer, tout simplement. Les
salariés attendront.
M. CHOQUETTE: Je n'approuve pas ce genre de mise en demeure, M. le
maire.
M. DRAPEAU: Non, si c'est ça, on le retire.
M. CHOQUETTE: La commission en est saisie.
M. DRAPEAU: Parce que, d'ici mardi, ça ne se réglera pas
plus. Il faut être réaliste. La ville de Montréal n'a pas
de policiers comme employés, c'est clair, on n'en aura pas plus
mardi.
M. BURNS: On parle de tous vos employés également
là-dedans.
M. DRAPEAU: Mais c'est toujours conforme à la Loi du
régime des rentes supplémentaires. Tout ça doit se faire
conformément aux lois. Si vous voulez le discuter la semaine prochaine,
je n'ai pas d'objection; je vous dis, entre nous, qu'on est prêt à
le retirer.
M. BURNS: La commission en est saisie, M. le Président. Je pense
que la commission est saisie du texte actuellement, je ne vois pas comment
ça peut être retiré à ce stade-ci.
M. DRAPEAU: On est prêt à le retirer, j'en fais part
à la commission.
M. BURNS: Je pense que la commission a pris sa décision.
M. CHOQUETTE: Vous ne devriez pas poser ce geste parce que comme
je l'ai dit tout à l'heure et comme tout le monde s'en rend parfaitement
compte il y a certainement de bonnes choses dans la proposition que vous
faites. Pourquoi, sous prétexte d'une controverse qui s'est
élevée autour de certains amendements sollicités par les
policiers ou les anciens policiers de Montréal, ne maintiendriez-vous
pas votre position jusqu'au bout, au sujet des sous-articles g), h) et i) qui
nous paraissent tous valables? Alors, M. le maire, ne posez donc pas ce
geste.
M. DRAPEAU: Puisque le ministre de la Justice me pose une question, je
vais répondre. Cela n'a aucun rapport. Cet article n'a aucun rapport
avec la question qu'on soulève. C'est un autre article. Et je
réitère que le ministre de la Justice a pleine autorité
pour signer l'accord. Nous sommes consentants pour signer l'accord. Cet accord
peut se signer, séance tenante. Que pouvons-nous demander de mieux?
M. CHOQUETTE: M. le maire, je n'ai pas le dossier, devant moi, à
l'heure actuelle. Peut-être que d'ici à mardi, nous aurons
éclairci cette situation et que, par conséquent, le débat,
qui s'est élevé aujourd'hui, n'aura plus du tout sa raison
d'être. Je vous suggère donc, M. le maire, de maintenir votre
demande de l'article...
M. DRAPEAU: De toute façon, je laisse la demande devant la
commission qui a parfaitement juridiction pour la refuser et laisser l'article
à mardi.
M. PAUL: Mardi.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, nous revenons à l'article 1. Article
1. Adopté?
M. LEGER: Un instant, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Il faut toujours être sur le qui-vive, vous
savez.
M. NORMANDIN: Il n'y a pas d'objection de la part de la ville de
Montréal.
M. LE PRESIDENT: Me Normandin, sur l'article 1.
M. NORMANDIN: Je ferai quelques remarques très brèves. Je
pourrai peut-être intervenir un peu plus longuement, une fois que nous
aurons l'objection de chacune des parties qui a demandé à se
faire entendre, pour savoir exactement quelle est la nature de chaque objection
avant d'y répondre.
Le problème est relativement simple. Une des trois grandes
sources de revenu de la ville de Montréal est la taxe d'eau. Cela
représente, dans son budget de l'année dernière, quelque
chose de l'ordre de $75 millions. Cela fait au-delà d'un
demi-siècle, pour le moins, sinon plus, que la taxe d'eau est
imposée à Montréal de la même manière,
suivant le même principe, à des taux qui n'ont jamais
variés tellement. Je peux les énumérer à partir de
la dépression. Ils étaient de 7.5 p.c. à cette
époque et après la guerre, ils étaient de 7.5 p.c. En
1953, 1952, 1951, ils étaient à 8 p.c. et maintenant, ils sont
à 8.5 p.c. Em 1971, quelqu'un attaque le règlement de la taxation
en disant: Dans votre charte, au sujet de cette taxe que vous imposez depuis 50
ou 100 ans et que personne n'a jamais contestée, il y a une faiblesse
dans la rédaction. Vous n'auriez pas le droit de l'imposer telle quelle.
Quant au règlement de taxation de 1971 qui a été
attaqué devant les tribunaux, les tribunaux en décideront.
Pour l'avenir, très certainement, à moins qu'on s'engage
dans une réforme de la fiscalité municipale et qu'on songe
à d'autres sources de revenu, on ne peut pas être amputé
d'une des trois principales sources avec lesquelles on se finance.
Le but de l'article est de dire: S'il y a des faiblesses comme on le
prétend dans le texte, quel qu'en soit le mérite, pour l'avenir,
il faut clarifier cet article de façon qu'il soit incontesté, que
nous ayons le pouvoir de continuer à imposer la taxe d'eau qu'on impose
depuis toujours. Quand un corps public a des dépenses annuelles ou
impose des taxes, si on comprend les taxes scolaires, l'année
dernière, elles ont été de l'ordre de presque $500
millions quand il a à faire des emprunts constamment sur les
marchés mondiaux, qu'il emprunte à l'occasion $25 millions, $50
millions ou $100 millions, on ne peut quand même pas le laisser avec un
pouvoir de taxation qui est contesté. On ne peut quand même pas
s'en aller sur les marchés et dire: On voudrait emprunter; pour
emprunter de vous, notre source de revenus est notre pouvoir de taxation;
à présent, on doit vous dire que notre pouvoir de taxation n'est
pas sûr, il est contesté devant les tribunaux, on n'a pas encore
un jugement. Il nous semble impensable de laisser un organisme public dans une
telle situation. Tout ce que nous demandons, c'est de dire: Pour l'avenir, le
pouvoir de taxation de la taxe d'eau est valide et incontestable, assujetti
à toute réforme fiscale dans l'avenir qui est pourrait être
faite, mais, pour le moment, il l'est, et vous pouvez, cette année ou
l'année prochaine, imposer un règlement, une taxe d'eau comme
vous le faites depuis quarante ou cinquante ans, ce qui n'est pas
contesté.
C'est le seul but de cet article.
Je voudrais ajouter, si vous me le permettez que si on conteste le
pouvoir devant les tribunaux, avant que le dernier tribunal d'appel du pays se
prononce sur un tel sujet, ça peut prendre quatre ans, cinq ans, six
ans. Or, on ne peut pas vivre pendant cinq ans ou six ans avec un pouvoir de
taxation qui est contesté.
M. PAQUET: M. le Président, Jean-Marie Paquet, avocat. J'ai
donné ce matin la liste des organismes que je représentais.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. PAQUET: J'aimerais ajouter que je représente également,
depuis cet après-midi, l'hôtel Quality Inn Downtown, pour les fins
du journal des Débats.
M. le Président, les clients que j'ai
énumérés ce matin s'opposent formellement à ce que
soit accordé le changement de définition de la taxe d'eau
demandé par la ville de Montréal pour plusieurs raisons que je
vais tenter de vous énumérer brièvement.
Premièrement, comme l'a admis lui-même Me Normandin, le
procureur de la ville de Montréal, toute cette question est actuellement
sub judice et il y a neuf causes qui sont présentement pendantes. Les
seize hôtels ont attaqué devant la cour Supérieure en
cassation le règlement d'imposition de taxe d'eau pour l'exercice
financier 71/72. Cette cause a été plaidée le 28
décembre et elle est en délibéré. Egalement, dans
cette cause, sont intervenues l'Association des hôteliers de la province
de Québec, l'Association des restaurateurs de la province de
Québec et est intervenu également, par certains de leurs membres,
le comité des citoyens de la Pointe-Saint-Charles. Le même
règlement a été attaqué l'an dernier par le
conseiller municipal Kessler, de la cité de Côte-Saint-Luc,
ça fait déjà deux causes. Cette année, pour
l'exercice financier 72/73, les mêmes hôtels et le même
conseiller Kessler ont intenté des procédures en cassation du
règlement, ces procédures-là sont présentables le
30 juin, elles étaient présentables le 10, elles ont
été remises à la demande des procureurs de la ville de
Montréal, pro forma, au 30 juin, elles sont également pendantes.
Quand le procureur de la ville de Montréal nous dit qu'on demande
de régler la situation pour l'avenir, c'est oublier le papillon
18 a) qui veut faire rétroagir l'amendement au 14 avril 1972 de
façon à régler les causes de cette année qui sont
pendantes devant les tribunaux. Sont également pendantes devant les
tribunaux, c'est-à-dire devant la Régie des eaux du
Québec, des demandes de révision du règlement de taxe
d'eau par les municipalités de Westmount, d'Outremont et de
Côte-Saint-Luc pour 1971, et des demandes par les municipalités de
Westmount et d'Outremont pour 1972. En tout et partout, neuf causes sont
pendantes et on veut les régler par bill privé.
Quant aux objections qui sont formulées à la
légalité du règlement de taxe d'eau de la ville de
Montréal, soit dit en passant, c'est un règlement qui est
passé à chaque année. Donc, qu'on l'ait contesté ou
non dans le passé, c'est complètement immatériel.
Ces arguments sont les suivants: premièrement, la taxe d'eau de
la ville de Montréal, en vertu de tous les principes normaux est une
taxe pour couvrir le prix de l'eau. Si on regarde les budgets de la ville de
Montréal, on verra que les montants qui sont montrés comme
coût de production d'eau sont de l'ordre de $8 millions à $9
millions excluant cependant l'amortissement des installations qui ne sont pas
montrées séparément. Des revenus sont produits de l'ordre
de $75 millions à $77 millions.
Nous soumettons que la taxe d'eau qui a été
déposée par la ville de Montréal, dans l'esprit de la
ville de Montréal et contrairement à la loi actuelle, c'est une
taxe de service comme le sont toutes les taxes municipales. Une
municipalité est un organisme de services et les taxes qu'elle impose
sont des taxes de services.
Nous pensons que l'eau est une utilité publique. Il y a une
régie de l'électricité qui voit à ce que le prix de
l'électricité ne soit pas surchargé parce que c'est
essentiel à la vie. Donc comme pour le téléphone, comme
pour l'électricité, comme pour tous les services publics, il y a
des organismes gouvernementaux qui protègent le public de façon
que le prix de l'utilité publique soit à un prix juste et
équitable, nous pensons qu'il est impensable que, pour une
utilité publique aussi essentielle que l'eau, on charge $77 millions
quand cela en coûte $8 millions, en incluant les amortissements, on
multiplie par deux, quand cela coûte $16 millions.
Le deuxième argument est aussi très fondamental à
mon point de vue, c'est que la taxe d'eau, telle que la ville de
Montréal la charge depuis de nombreuses années, est
discriminatoire en ce sens que les règlements qui sont attaqués,
à l'heure actuelle imposent à tous et chacun 8 1/2 p.c. de la
valeur locative, sauf pour les hôtels, auberges, restaurants où on
impose 18 p.c. de la valeur locative. Quand on a augmenté les taux de
taxe d'eau en 71/72 on les a fait passer, pour le commun des mortels, de 5.95
p.c. à 8 p.c. et pour les hôtels, auberges et restaurants, de 12
p.c. à 18 p.c.
M. le Président, ce genre de discrimination, qui n'est pas du
tout fondé sur le volume de services reçus par chacun, a
été condamné à plusieurs reprises par les
tribunaux, par la cour Suprême du Canada en particulier, dans des
arrêts qui sont bien connus, Hamilton, Toronto et Halifax. Actuellement,
ce que la ville de Montréal demande par son amendement, c'est de
permettre l'imposition, sous le nom de taxe d'eau, d'une taxe de locataire mais
en ayant la possibilité de déterminer des catégories et de
faire de la discrimination. Le texte est tellement vaste que la ville de
Montréal pourrait fort bien demain dire que la taxe
générale de service sera de 8 p.c. pour tout le monde, de 18 p.c.
pour les hôtels, auberges et restaurants, 20 p.c. pour les avocats, 30
p.c. pour les médecins, 40 p.c. pour les banques.
Ce genre de discrimination est contraire à tous les principes qui
sont reconnus en matière de législation de gouvernement local.
Qu'on consulte n'importe quel auteur, qu'on consulte McQuillan, qu'on consulte
Rodgers, on verra que c'est un principe fondamental que l'égalité
de taux devant la taxation et c'est ce que la ville de Montréal par son
amendement bat en brèche.
Troisièmement, nous pensons qu'il est essentiel que les finances
publiques et les rapports financiers de la ville de Montréal soient
transparents en ce sens que nous, citoyens, nous sachions que lorsqu'on nous
charge x millions pour l'eau, c'est parce que cela coûte x millions pour
la produire. A l'heure actuelle, il s'agit d'une taxe générale de
services qui est illégale et qu'on demande de légaliser.
Finalement, j'aimerais bien mentionner que la taxe qu'on vous demande
d'imposer, c'est le pouvoir d'imposer en discrimination, c'est une taxe de
locataire. C'est une taxe de locataire que le gouvernement s'est engagé
à faire disparaître à brève échéance,
une taxe de locataire que la ville de Montréal a d'ailleurs en vertu de
l'article 808 de sa charte, le pouvoir d'imposer. L'article 808 de la charte de
la ville de Montréal prévoit que la ville de Montréal peut
imposer une taxe locative. Actuellement, elle ne l'impose pas, elle
préfère l'appeler taxe d'eau.
Pour toutes ces raisons et pour la raison que toute cette question fait
actuellement, entre autres choses, l'objet d'une étude par le
comité Hannigan-Desautels-Blier, la fiscalité de toutes les
municipalités de l'île de Montréal est à
l'étude et les problèmes de revenus de la ville de
Montréal ne pourront vraiment se régler qu'au moyen d'une
étude globale de la fiscalité. Ce qu'on demande actuellement,
c'est un cataplasme.
J'aimerais finalement ajouter ceci, M. le Président: nous aurions
pu, en nous basant sur un précédent, nous adresser à la
cour Supérieure pour demander une injonction empêchant la ville de
Montréal de venir vous demander aujourd'hui de régler des causes
pendantes par législation. Il y a un précédent à
cet effet. En
1955, le juge en chef adjoint de la cour Provinciale, le juge Challies a
accordé une injonction pour empêcher les intérêts
Berthiaume de s'adresser à la Législature pour régler une
cause pendante et c'est la cause de Berthiaume contre Du Tremblay. Nous n'avons
pas voulu compliquer le dossier en prenant des procédures d'injonction,
et cela nous semblait ce que nous avions à dire sur les principes
tellement évident que nous n'avions pas cru bon de
procéder par injonction.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, quant au problème
soulevé par la taxe d'eau, je pense bien ne pas être loin de la
vérité quand le maire veut en même temps étaler son
problème de revenus pour administrer la ville de Montréal. Les
moyens qu'il prend pour rendre légale la taxe d'eau qui deviendrait une
taxe de service, suscite notre opposition parce que ce serait une injustice
pour les petits restaurateurs comme pour les petits locataires, une injustice
aussi peut-être pour les gros restaurateurs et locataires. Je pense
qu'ils peuvent s'en sortir mieux que les petits locataires et les petits
restaurateurs, mais le problème des revenus dont la ville a besoin pour
s'administrer est quand même un problème majeur qu'on ne pourra
certainement pas régler aujourd'hui. Il est sûr qu'on a souvent
amené comme solution à ce problème de remettre toute la
taxe, foncière à la ville et d'enlever peut-être aux
commissions scolaires cette source de revenu. Mais si on donne ce
privilège à la ville, le problème deviendra provincial. La
ville se détache de son problème et donne aux provinces la
responsabilité de résoudre celui des commissions scolaires. Et le
problème provincial nous amène à un problème de
réaménagement fiscal fédéral-provincial. Je pense
qu'on ne peut pas le régler aujourd'hui. La solution que M. Drapeau nous
propose aujourd'hui, je ne pense pas qu'on puisse l'accepter ainsi . Mais, cela
nous montre jusqu'à quel point la ville de Montréal a un
problème pour résoudre ses déficits.
Maintenant, on peut régler un déficit d'une ville soit en
coupant des dépenses inutiles, soit en allant chercher un peu plus de
revenus. Il s'agit de savoir s'il y a d'autres façons de régler
le problème, en coupant d'autres dépenses. On ne peut pas en
juger aujourd'hui, on n'a pas le bilan de la ville devant nous. Mais je ne
pense pas qu'en acceptant de rendre légale une taxe de locataire, un peu
détournée puisque ce n'est pas dit spécifiquement. Mais,
à ce moment-là, c'est précisément une taxe de
locataire et c'est le petit peuple qui en subira les conséquences.
M. LE PRESIDENT: Monsieur qui avez demandé la parole, voulez-vous
vous identifier?
M. DESROSIERS (Jean): Jean Desrosiers, président de la Chambre de
commerce de Montréal. Le problème de taxation municipale a de
graves implications dans l'essor économique d'une municipalité.
La chambre de commerce se préoccupe depuis longtemps des
différents problèmes d'ordre financier dans la ville de
Montréal. Lorsque nous étudions le problème de la taxe
d'eau, nous croyons et nous nous opposons à ce que la
municipalité puisse, dans le projet d'amendement qu'elle présente
aujourd'hui, perpétuer un système qui existe depuis assez
longtemps.
Le ministère des Affaires municipales a formé
récemment un comité d'étude dirigé par des
représentants des trois paliers du gouvernement et mis sur pied un
certain nombre de comités qui ont été scindés en
huit sous-comités, dont l'un est celui de la fiscalité. Nous
sommes d'avis, à cause de la compétence et de la qualité
des personnes qui y sont impliquées et en vertu des mandats qui leur ont
été confiés, que la chambre de commerce croit que tout
amendement majeur au niveau de la fiscalité entrerait en conflit avec
les études qui doivent présentement être
complétées et l'on nous signifie que les résultats de ces
études devraient être connus avant le 31 décembre prochain.
Nous suggérons que l'on remette à une date future l'amendement de
la charte concernant la taxe d'eau et que l'on continue de tolérer la
situation encore pour une autre année.
Pour ce qui est de la question des amendements, comme je n'aurai
peut-être pas l'occasion de parler de nouveau à cette
assemblée au nom de la Chambre de commerce, l'année prochaine,
disons que nous allons présenter nos projets d'amendements, suffisamment
d'avance.
Je m'engage à remettre, au maire ainsi qu'à ses
représentants, les textes, au moins quinze jours d'avance, pour qu'ils
puissent les étudier. Mais si, d'un autre côté, la ville de
Montréal apporte des papillons, nous aimerions peut-être aussi en
prendre connaissance, au moins quinze jours avant.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Desrosiers. Oui Monsieur.
M. STEIN: Charles Stein. M. le Président, je représente la
ville de Westmount qui s'oppose, elle aussi, vigoureusement à cet
amendement, à cette nouvelle définition fausse et truquée
et ce, pour trois motifs, dont un qui est particulier à la ville de
Westmount et à d'autres municipalités représentées
ici.
Comme mon confrère M. Paquet, l'a dit tout à l'heure,
l'affaire est sub judice; il vous l'a expliqué. Quant à nous, il
y a deux requêtes devant la Régie des eaux: une pour l'an dernier,
une pour cette année, et il y a les autres litiges dont sont saisis les
tribunaux ordinaires ou la cour Supérieure.
De plus, à notre humble avis, cette façon de
légiférer est contraire à toute la technique
législative, à tous les principes de la fiscalité et
à
tout ce que vous voudrez. Je l'ai appelée "une définition
fausse et truquée". Je ne crois pas exagérer.
Quant au troisième motif qui nous est particulier, je vous
résume très brièvement l'histoire des relations, au sujet
de la fourniture de l'eau, entre Westmount et la ville de Montréal. Cela
a commencé dans le temps de la Montreal Water and Power par trois
contrats dont le premier en 1891, modifié par la suite en 1908 et 1911,
puis ratifié par la Législature en 1914. En 1927, la ville de
Montréal est intervenue et a acheté tous les droits et
concessions de la compagnie Montreal Water and Power. La ville s'est
engagée à exécuter les contrats dont j'ai parlé et
à fournir l'eau, à sa place, à Westmount entre autres
qui s'appelait au début Côte Saint-Antoine et qui est
devenu ensuite Westmount . En 1935, la Législature a
modifié les contrats de façon à permettre à la
ville de changer, chaque année, par règlement, le prix ou le taux
de l'eau ce sont les termes qu'on trouve dans la loi qui est
devenu aujourd'hui l'article 628 de la charte de Montréal dans
Westmount et Outremont, pourvu que le prix ou le taux de l'eau vous
remarquez c'est toujours le prix ou le taux de l'eau ne dépasse
pas 7 1/2 p.c, ne soit pas plus élevé que dans Montréal,
en ajoutant aussi que les conditions, quant au reste, régissant la
fourniture de l'eau par Montréal dans son territoire soient les
mêmes dans les villes de Westmount et d'Outremont.
La définition actuelle de la taxe de l'eau c'est comme
ça que la loi l'appelle c'est le prix ou la valeur de l'eau
fournie par la cité, tel que fixé par la charte ou par
règlement adopté sous son empire. On veut remplacer ça par
ceci: Taxe pour les services fournis par la ville, selon le taux établi
par le conseil pour les catégories qu'il détermine. Je vous
signale que, jusqu'à maintenant, dans les règlements 42 et 45, on
prévoit d'abord les taxes foncières, une taxe foncière
générale, une taxe annuelle et mobile, une taxe foncière
spéciale, etc., puis les taxes de l'eau, au prix de l'eau. Mais de fait,
ce que la ville de Montréal fait depuis je ne sais quand, mais
certainement depuis plusieurs années, elle établit le taux de sa
prétendue taxe de l'eau ou de son prétendu prix de l'eau et en
utilise le produit, non pas en fonction du seul coût de la fourniture de
l'eau, mais, pour la plus grande partie, aux fins de défrayer le
coût d'autres services à ses contribuables et d'autres secteurs de
son administration. Ce qu'elle propose ici, c'est la légalisation de ce
régime illégal et odieux qu'elle impose de fait, et c'est le
droit de ranger sous la rubrique "taxe de l'eau", dans son budget et ses
règlements fiscaux, des impositions ou contributions pour
déneigement, pour enlèvement des ordures, pour voirie, caisse de
retraire, enfin pour tout et n'importe quoi, en plus du coût de la
fourniture de l'eau.
Mais c'est plus particulièrement injuste à l'égard
des contribuables de Westmount et des autres municipalités en cause,
qu'on oblige ainsi, faussement et sous le couvert d'une taxe de l'eau, à
défrayer une partie du coût du déneigement, etc., de tous
les autres services dont j'ai parlé, à Montréal, en plus
de défrayer en entier, seuls et sans le secours des contribuables de
Montréal, le coût des services dans leur propre ville.
Ils sont obligés de payer deux fois pour ces services-là.
Une fois, par exemple, à Westmount et contribuer en plus pour le
coût des services en question à Montréal, sous le couvert
d'une taxe d'eau ou du prix de l'eau. Je vous remercie M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Monsieur, là-bas, près du mur,
voulez-vous vous approcher du microphone et vous identifier?
M. BENOIT (Robert): Mon nom est Robert Benoit, je suis membre de
l'Association des locataires du Montréal métropolitain.
Nous avons préparé un mémoire pour la commission
parlementaire. Nous jugeons, au départ, étrange, que le projet de
loi no 100 ait déjà franchi l'étape de la première
lecture sans tambour ni trompette.
M. PAUL: Est-ce que vous êtes au courant de la
procédure...
M. BENOIT: Je m'excuse, mais...
M. PAUL: Est-ce que vous êtes au courant de la procédure
parlementaire?
M. BENOIT: Ce que je veux dire, c'est qu'au niveau de la
publicité, l'association et les gens intéressés, n'ont
été informés du projet de loi no 100 par aucune voie
normale. C'est-à-dire que, dans les journaux, ça n'a pas
été publié de sorte qu'il n'y a eu aucun...
M. TESSIER: Mais si ça n'avait pas été
déposé en première lecture, vous ne seriez pas ici
aujourd'hui, parce que nous n'aurions pas tenu une commission parlementaire
pour vous entendre et entendre les intéressés.
M. BENOIT: D'accord. Disons que nous allons laisser tomber ce
côté-là.
M. TESSIER: Vous êtes aussi bien.
M. BENOIT: Nous allons surtout nous intéresser au
côté politique, non au côté juridique de la question,
parce que la question juridique a été bien exposée par les
différents avocats qui se sont promenés devant le microphone.
Nous voudrions nous intéresser surtout, comme je l'ai dit, à la
question politique afin de voir quelles sont les implications de la taxe d'eau,
spécialement au niveau des locataires.
Donc, quel est l'article 1 de la loi? Tout le monde l'a dit; c'est une
taxe de services, c'est
une taxe, d'après nous, locative. Nous ne voudrions pas reprendre
les différentes déclarations du ministre Tessier sur l'espoir de
l'abolition de la taxe locative d'ici quatre ou cinq ans au Québec. Mais
il nous parait important, dans la région de-Montréal, dans la
ville de Montréal où il y a 82 p.c. de locataires, que les partis
politiques, les députés, élus par les citoyens, prennent
position clairement en faveur de l'abolition ou pour le refus de l'article 1
proposé par la ville de Montréal.
Pourquoi? Parce que les services qui sont offerts par la ville de
Montréal aux locataires, selon l'évaluation foncière, sont
nettement exorbitants si on considère le fardeau fiscal du locataire.
Tout le monde sait que les différentes taxes foncières qui sont
imposées aux propriétaires sont réparties sur le
coût du loyer.
Je ne voudrais pas insister sur les différentes conditions de
logement à Montréal; tout le monde sait qu'elles sont
déplorables. La ville de Montréal elle-même est d'accord
sur ça si on étudie son compte rendu de lundi dernier au conseil
municipal sur les $457 millions du fédéral dans l'habitation.
M. LE PRESIDENT: Monsieur, j'aimerais vous rappeler que nous
étudions présentement un projet de loi; en particulier l'article
1 qui demande si nous devrions changer...
M. BENOIT: Justement, nous demandons...
M. LE PRESIDENT: ... la taxe de service.
M. BENOIT: Justement, l'Association des locataires du Montréal
métropolitain demande, surtout aux députés de la
région montréalaise qui sont élus par les citoyens,
propriétaires et locataires, d'inscrire leur dissidence contre l'article
1 du projet de loi de la ville qui crée, qui institutionnalise une taxe
locative.
Nous demandons clairement aux partis politiques de donner leur opinion,
d'indiquer leur politique, quant à la taxe locative à
Montréal.
Nous demandons aux députés de prendre clairement et
publiquement position, ce qui n'a pas été fait. Je parlais tout
à l'heure de la non-publicité faite à l'article 1 du
projet de loi no 100, de l'amendement à la charte de la ville de
Montréal. C'est que les partis politiques actuels n'ont fait aucune
déclaration sur ce principe très important de la taxe d'eau, sur
le principe de l'évaluation foncière, sur le principe de la
taxation. C'est fondamental. En fait, on a parlé des différentes
études de la communauté urbaine. Or, l'Association des locataires
demande justement que le gouvernement prenne en considération et
étudie d'une façon précise, nette et claire la formule de
la taxation municipale. Nous demandons donc aux partis politiques
d'établir une politique sur la taxation à Montréal.
C'est un problème municipal, ce sont deux paliers de
gouvernement, mais je pense que si le gouvernement provincial veut prendre ses
responsabilités là-dessus, c'est un problème de fond pour
tous les citoyens. Je ne voudrais pas reprendre l'historique de la lutte
juridique, on en a assez parlé. Mais nous pensons, nous, en tous cas,
selon les différents chiffres soumis tout à l'heure, que le
coût des services est exorbitant, que les locataires qui vont avoir
à défrayer ces services n'ont pas les moyens de payer cette taxe
locative par les différentes taxes scolaires que les
propriétaires, que les trusts, les grosses corporations refilent au
locataire.
C'est un problème politique, c'est un problème important.
C'est bien beau le problème juridique, mais il faudrait peut-être
parler aussi de l'aspect politique de la taxe d'eau. C'est ce que nous essayons
de faire connaître ici. C'est un aspect qui passe tout à fait
inaperçu. C'est ce dont je parlais tout à l'heure dans ce projet
de loi. C'est un projet à long terme, c'est un problème de fond.
Aucun député, aucun parti politique n'est prononcé
là-dessus. Quand je parlais de la non-publicité, c'est
ça.
Je continue. Les gens n'ont pas cité la déclaration de M.
Niding, qui a expliqué la dernière hausse de taxes à 8.5
p.c. pour les locataires, pour les particuliers. H disait carrément: La
taxe d'eau, ce n'est pas pour absorber le coût de la production de l'eau;
au contraire. Ce n'est pas vrai, c'est strictement pour le coût des
services. Donc, on peut s'imaginer quelle va être la conséquence
de l'extension du terme de la définition de la taxe d'eau, qui ne sera
plus une taxe de production de l'eau mais une taxe de tous les services. Et ce
qu'il a mentionné comprend la politique salariale, la politique
syndicale et la politique économique, socioculturelle, tout ce qu'on
voudra, de la municipalité.
Le coût de la taxe d'eau ne sera plus maintenant basé selon
le coût des services mais sur l'état financier particulier d'une
année de la ville. C'est ce qu'il faut bien comprendre. A un moment
donné, les services, on ne pourra jamais plus les vérifier; les
citoyens n'auront aucun contrôle sur le coût des taxes. Ce sera
facile, à ce moment-là, de justifier n'importe quelle
augmentation de taxe. On va dire: La ville arrive à un déficit de
tant sur les services, on va pouvoir greffer n'importe quoi sur le budget et on
va dire: C'est ça la taxe d'eau. Ce qui fait qu'on va payer à ce
moment-là le financement, les obligations. On ne paiera pas le
coût de production de l'eau. Ce qu'il est fondamental de voir, ce sont
les implications politiques de ça. On parle de contrôle des
citoyens; on sait fort bien ce que c'est une administration municipale ou
n'importe quelle administration quand aucun contrôle, aucune opposition
ne se manifeste. Je pense que c'est important.
A Montréal, il n'y a pas d'opposition présentement. Que
les députés...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît, monsieur !
M. BENOIT: Je m'excuse. On va continuer là-dessus. Je m'excuse,
mais c'est la réalité qu'on décrit ce n'est pas une
farce.
C'est important ça, c'est que tout l'aspect politique de la taxe
d'eau n'a été défini par personne. Nous, nous tentons de
poser le problème parce qu'il y a un problème. En fait, c'est un
problème politique, mais c'est aussi un problème
économique. C'est une question de contrôle. Les citoyens n'auront
plus aucun contrôle. Je pense que c'est aux partis politiques et aux
organisations populaires d'assumer leur rôle.
Ce qu'on demande finalement, ce qu'on réclame publiquement des
députés, c'est une étude de la nature de la taxe
municipale. Si on avait eu le temps de le faire, si on avait été
préparé, on aurait fait une étude, et on veut même
participer aussi au comité de la communauté urbaine sur la
taxation municipale, parce qu'on pense que c'est un système
archaïque qui remonte à un mode de vie rural. Je vais terminer
là-dessus parce que vous allez dire que je suis encore en dehors du
sujet.
La taxe d'eau et tous ces problèmes sont des problèmes
à caractère politique. Qu'est-ce qu'on fait ici?
Présentement, ici, dans cette belle commission parlementaire,
depuis 9 heures ce matin, nous écoutons des grands juristes qui font de
hautes voltiges de mots. Je voudrais juste souligner le côté
politique de l'affaire et j'aimerais bien que nous en discutions. Le
problème fondamental est la taxe d'eau. Ce ne sont pas deux mots et ce
n'est pas une interprétation restrictive. C'est le côté
politique. Merci.
M. LE PRESIDENT: Nous vous remercions, Monsieur, et nous vous
conseillons, si vous me le permettez, d'assister à toutes les
séances de la commission pour vous renseigner, vous-même
personnellement, et votre groupe, d'une façon plus précise. C'est
ici que vous allez l'apprendre.
M. BENOIT: Oui, mais le coût du transport entre Montréal et
Québec est très cher pour les organisations populaires.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Je voulais quand même dire à M. Benoît
que... M. Benoît disait tantôt qu'il n'y avait pas de...
M. LE PRESIDENT: Un monsieur avait demandé la parole avant vous.
C'est M. Perreault après.
M. SAINT-LAURENT: Mon nom est Renault Saint-Laurent. Je
représente la ville de Côte Saint-Luc qui a le même
problème que les autres municipalités représentées
et qui ont fait des représentations à la commission. Ce sont des
problèmes peut-être un peu différents de ceux des villes de
Westmount et d'Outremont. En effet il existe depuis 1953 une entente entre la
ville de Montréal et la ville de Côte Saint-Luc pour
l'approvisionnement de l'eau à la ville de Côte Saint-Luc. Et mes
clients sont bien convaincus qu'au moment où cette entente est
intervenue, c'était de l'eau qu'on vendait. Ce n'était pas tous
les services qu'on veut inclure aujourd'hui dans la taxe d'eau. Quand on a
décidé d'augmenter de $53 millions le produit de la taxe d'eau
à $77 millions en 1969-1970, on a, par l'intermédiaire du
président du comité exécutif, si je ne fais pas erreur,
dû admettre que le produit de cette taxe aurait servi à d'autres
fins qu'au service d'eau. On a mentionné, entre autres,
l'enlèvement de la neige, l'augmentation des salaires,
l'assurance-santé, le fonds de pension, le renouvellement
d'équipement, etc. Ce sont toutes des choses que les contribuables de la
ville de Côte Saint-Luc doivent assumer dans leur municipalité. Je
ne pense pas que la législature poserait un geste aussi
inéquitable pour une ville comme Côte Saint-Luc que de lui imposer
une taxe identique à celle qu'on veut faire payer par les contribuables
de la ville de Montréal et faire assumer une double
responsabilité financière aux contribuables. Ils paieraient une
taxe d'eau semblable à celle qu'on paie à la ville de
Montréal, pour défrayer des dépenses déjà
assumées et payées par les contribuables en vertu des taxes
imposées par la ville de Côte Saint-Luc à ses
contribuables.
On vous a dit, M. le Président, que des procédures ont
été intentées par un contribuable de Côte Saint-Luc,
M. Kesler. Il y a eu deux requêtes en annulation. L'une a
été plaidée devant le juge Mathieu de la cour
Supérieure et elle est en délibéré depuis
décembre 1971.
L'autre procédure a été intentée et on me
dit qu'elle doit être entendue par la cour avant la fin de juin. Alors,
il y a ce problème sub judice, et je ne peux pas concevoir qu'on veuille
se protéger contre la possibilité d'une décision. La ville
a outrepassé ses pouvoirs en imposant sous le prétexte d'une taxe
d'eau une taxe aussi forte qui lui permettait d'utiliser $40 millions ou $50
millions pour défrayer d'autres dépenses que le service qu'elle
donne aux contribuables, soit à Montréal, en particulier,
à ceux de Côte Saint-Luc et ceux d'Outremont et de Westmount. On a
soulevé la question, ce matin, d'une affaire qui était en
délibéré devant le tribunal. Je ne peux pas concevoir
qu'on amende la définition de la taxe d'eau pour légaliser
quelque chose dont la légalité a été
attaquée et qui est en délibéré devant les
tribunaux.
Je demande, M. le Président, que la tentative de modifier la
définition de la taxe d'eau soit rejetée. Si, une fois que les
tribunaux se seront prononcés à ce sujet, on veut revenir devant
la Législature pour créer une nouvelle définition
et qu'on veuille englober dans la taxe d'eau des services autres que le
service d'eau, il faudrait qu'on fasse une autre entente avec la ville de
Côte-Saint-Luc. Qu'on n'impose pas aux contribuables de la ville de
Côte-Saint-Luc un fardeau qui ne devrait pas être assumé par
eux. Ils le portent chez eux dans leur municipalité. Je vous remercie,
M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Saint-Laurent. M. Charles Perreault
président du Conseil du patronat du Québec.
M. PERREAULT: M. le Président, messieurs les
députés, je vous remercie au nom du Conseil du Patronat de cette
occasion qui nous est donnée d'intervenir dans le débat à
la demande expresse de nos associations membres. Je vous rappelle que nous
sommes une confédération de 128 associations patronales dont les
membres emploient plus de 80 p.c. de la main-d'oeuvre au Québec.
L'amendement proposé à la charte de la ville de Montréal
pourrait, s'il était adopté, faire jurisprudence et
éventuellement être adopté par les autres villes de la
province. Nous sommes d'avis qu'une telle éventualité ne serait
pas souhaitable. Le CPQ considère, en effet, que deux principes
fondamentaux sont ici en cause. Premièrement la définition d'une
taxe de services, dans le cas qui nous concerne ici, celle de la taxe d'eau, et
deuxièmement la bonne gestion des deniers publics des
budgets-programmes. Quant à la définition de la taxe d'eau, la
charte de la ville de Montréal, à l'article 1, paragraphe x) la
définit ainsi: Taxe de l'eau: "Le prix ou la valeur de l'eau fournie par
la cité tel que fixé par la charte ou par règlement
adopté sous son empire."
L'objectif précis de cette taxe était à l'origine
la rétribution d'un service industriel bien identifié,
l'approvisionnement en eau potable. Graduellement la ville de Montréal,
comme les autres municipalités, a inclus dans la taxe d'eau le
coût du dégagement des eaux résiduaires,
c'est-à-dire les égouts. Le rapport de la commission
Bélanger remarque avec beaucoup d'à-propos, à la page 337,
ce qui suit: "Il est souvent difficile de distribuer rigoureusement entre les
frais d'installation des conduites d'égouts et ceux du réseau de
distribution d'eau puisque les deux sortes de canalisation sont
généralement enfouies simultanément dans une même
tranchée et relèvent de deux services complémentaires. Il
est même d'usage depuis 1963 au ministère des Affaires municipales
et au Bureau de la statistique du Québec de réunir ces deux
postes de dépenses dans les états financiers des
municipalités. "Il paraîtrait aussi plus conforme au
fonctionnement de ces services qu'une seule et même taxe serve à
défrayer à la fois les dépenses des services d'eau et
d'égout."
La commission Bélanger ajoutait la recommandation suivante. C'est
le numéro 13-11: "Les municipalités qui désirent imposer
des taxes spéciales pour financer les services d'eau et d'égout
devraient prendre la consommation d'eau comme critère d'imposition."
Le Conseil du patronat du Québec est entièrement de cet
avis. La taxe d'eau doit servir au financement du système d'aqueduc,
production et distribution de l'eau ainsi qu'à la construction et
à l'entretien des canalisations d'égouts; rien d'autre. La
consommation d'eau devrait être mesurée pour chaque client et
facturée selon la consommation effective. La situation est très
différente à la ville de Montréal où la ville
utilise de plus en plus la taxe d'eau pour le financement des services les plus
divers. Nous sommes d'avis que, pour la transparence de la gestion
financière de la ville de Montréal, les services rendus aux
citoyens devraient être clairement définis et des taxes bien
identifiées imposées en conséquence.
Selon le projet adopté par le conseil de la ville de
Montréal, le 28 mars dernier, l'article 1, paragraphe x, se lirait
désormais ainsi: "Taxe de l'eau, taxe pour les services fournis par la
ville selon le taux établi par le conseil pour les catégories
qu'il détermine." Le Conseil du patronat du Québec s'oppose
formellement à l'amendement proposé. La taxe de l'eau ne devrait
servir qu'au financement de l'approvisionnement en eau potable ainsi
qu'à des canalisations d'égouts.
Si la ville de Montréal doit imposer de nouvelles taxes de
services industriels, ces taxes devraient faire l'objet de définitions
précises et de contrôles de gestion appropriés.
Deuxièmement, contrôle budgétaire rigoureux.
L'amendement proposé par la ville de Montréal se situe en
contradiction absolue avec les efforts de rationalisation de la gestion des
finances publiques entrepris par le gouvernement provincial.
Le progrès de l'administration des finances publiques a
été réalisé grâce à des normes de plus
en plus rigoureuses pour la définition des programmes de
dépenses, pour l'affectation des deniers publics et pour le
contrôle des résultats. A ces deux fins, depuis une dizaine
d'années, nombre de gouvernements et de municipalités ont
adopté le PPBS ou système de rationalisation des choix
budgétaires. Le ministre des Finances, M. Garneau, a en effet
annoncé récemment que le budget du Québec pour 1973-1974
serait préparé en entier selon les normes du
budget-programme.
Dans son document sur les priorités budgétaires de l'Etat
provincial pour l'exercice 1972-1973, le CPQ a marqué son plein accord
avec cette orientation. Le Conseil du patronat du Québec verrait une
incohérence de la part du gouvernement provincial si, à l'heure
même où il évolue vers un système plus rigoureux de
gestion de finances publiques, il accordait à la plus importante ville
de la province un système de gestion financière qui
s'écarte de cette tendance.
Le CPQ recommande au contraire que la
ville de Montréal et toutes les villes de la province
évoluent dans les meilleurs délais, vers une saine gestion
financière par le PPBS ou budget-programme. Nous vous remercions
sincèrement messieurs les membres de la commission pour cette occasion
que vous nous avez offerte d'exprimer notre point de vue sur les principes en
cause dans les amendements proposés à la charte de la ville de
Montréal.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Perreault. Vous avez demandé la
parole, je crois, tout à l'heure, monsieur?
M. LAMARRE (Yvon): Yvon Lamarre, président de l'Association
canadienne des représentants de taxe foncière, section du
Québec. L'Association canadienne des représentants de taxe
foncière a pris connaissance des amendements proposés aux
articles 1 x) et 634 de la charte de la ville de Montréal concernant la
taxe d'eau et, à la demande expresse de ses membres qui
représentent la majorité des grandes industries et institutions
financières canadiennes, désire informer les membres de cette
commission qu'elle s'oppose formellement aux amendements proposés, pour
les raisons suivantes:
Le texte actuel de la charte de la ville de Montréal
définit la taxe d'eau comme suit: "Taxe de l'eau. Le prix ou la valeur
de l'eau fournie par la cité, tel que fixé par la charte ou par
règlement adopté sous son empire." Effectivement, la taxe d'eau
est prélevée de tout locataire, occupant ou
propriétaire-occupant d'un bâtiment ou partie de bâtiment et
est basée sur la valeur locative portée au rôle de
perception des taxes personnelles. Le règlement prévoit
l'installation de compteurs où il y a consommation excessive. Les
immeubles non inscrits au rôle des valeurs locatives et ceci est
très important soit les terrains vacants et les bâtiments
non occupés, constituent une proportion imposante du rôle
d'évaluation foncière sur lequel les taxes d'ordre
général sont ordinairement basées.
Notre association reconnaît le principe qu'un service municipal
peut être directement relié au bénéfice qu'en tire
l'usager de ce service et nous sommes parfaitement d'accord que seuls ceux qui
peuvent en faire usage soient appelés à défrayer le
coût du service de l'eau. Cependant, nous maintenons fermement que le
revenu anticipé au chapitre de la taxe d'eau doit être
relié au coût de la fourniture du service de l'eau ou à la
valeur de ce service et rien d'autre. De sa propre admission, la ville de
Montréal a déguisé, sous le couvert du service de l'eau,
certaines dépenses d'ordre général telles le coût
d'enlèvement de la neige, les augmentations de salaire aux
employés municipaux ainsi que les contributions au fonds de pension des
employés. Nous considérons cette manière de
procéder doublement discriminatoire.
Elle fait supporter le fardeau de ces dépenses d'ordre
général par une partie seulement des contribuables et ces
derniers doivent payer à un taux plus élevé pour absorber
la part de ceux qui n'y contribuent pas.
Confirmer par une loi spéciale une pratique discriminatoire et
inéquitable qui va à l'encontre des efforts entrepris par le
gouvernement provincial pour rationaliser la gestion des finances publiques,
pourrait inciter d'autres municipalités à adopter cette pratique;
ce qui n'est sûrement pas souhaitable.
Nous soumettons respectueusement que le coût des services
municipaux devrait être clairement établi et que les taxes
imposées pour différents services devraient être bien
identifiées et imposées d'une façon équitable.
De plus, comme rien dans la charte de la ville de Montréal ne
l'autorise à exiger un taux plus élevé pour certaines
catégories de contribuables et que l'installation de compteurs est
prévue pour ceux qui font un usage excessif de l'eau, nous soumettons
que l'imposition d'un taux uniforme soit précisée en ajoutant
à l'article lx) de la charte, après les mots "fournie par la
cité", les mots suivants? "à un taux uniforme".
L'article lx), révisé tel que nous le proposons, se lirait
donc comme suit: lx): "taxe de l'eau: le prix ou la valeur de l'eau fournie par
la cité, à un taux uniforme tel que fixé par la charte ou
par règlement adopté sous son empire".
L'article 634. Tel qu'indiqué dans ses notes explicatives, la
ville veut s'éviter les dépenses et difficultés de
perception de la taxe d'eau dans certains cas. Sans même le subroger dans
ses droits, elle veut en faire supporter le coût et les
inconvénients par le propriétaire.
La taxe d'eau est une taxe personnelle payable par l'occupant des lieux
et il incombe à la ville de prendre les mesures nécessaires en
cas de non-paiement. D'ailleurs, la ville peut ajouter un montant
appréciable à son budget pour couvrir les mauvais comptes et
autres pertes de revenu.
La ville maintient un service de contentieux permanent qui peut
s'occuper de la perception des dettes qui lui sont dues. Le petit
propriétaire devrait débourser des frais d'avocat, souvent plus
élevés que le montant en litige, pour obtenir remboursement d'un
locataire ça c'est important, mes amis qui voudrait se
soustraire à ses obligations en prenant avantage de l'amendement
proposé. Ce serait ouvrir la porte à des abus de toutes sortes,
ce qui n'est certainement pas souhaitable.
Nous ne croyons pas que les propriétaires devraient devenir des
agents de perception pour la ville, et nous soumettons respectueusement que
l'amendement proposé à l'article 634 de la charte soit
également rejeté.
Notre association remercie sincèrement messieurs les membres de
la commission parlementaire pour cette occasion qu'elle lui a fournie
d'exprimer son point de vue. Nous sommes à son entière
disposition pour répondre aux
questions dans la mesure où il nous sera possible d'y
répondre.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, la commission suspend ses travaux
jusqu'à ce soir, 20 heures 15, même salle.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
Reprise de la séance à 20 h 33
M. PICARD (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs !
La commission parlementaire des affaires municipales continuera
maintenant ses travaux. Nous en étions toujours à l'article 1 du
projet de loi 100, Loi modifiant la charte de la ville de Montréal. Je
cède maintenant la parole à M. Paul Baatz, conseiller juridique
de l'Association des locataires et des petits propriétaires de
Pointe-Saint-Charles. M. Baatz.
M. BAATZ (Paul): M. le Président, je n'ai pas l'intention de
répéter tous les arguments qui ont été
invoqués et les représentations qui ont été faites
peut-être trop souvent cet après-midi. Je veux tout simplement
dire, de la part de mes clients, les citoyens de Pointe-Saint-Charles, que
j'appuie fortement les représentations faites par Me Paquin, par les
représentants de la ville de Côte-Saint-Luc et de Westmount, par
les représentants du Conseil du patronat et de la Chambre de commerce de
Montréal.
Je n'ai que deux points à ajouter à ce qu'ils ont dit. Le
premier point est un point technique. A la faculté de droit, on m'a
toujours enseigné qu'un bon texte de loi est un texte qui peut
être compris assez facilement par n'importe quel citoyen. Je me demande
si un citoyen, en lisant le texte de loi avec l'amendement proposé, va
comprendre facilement qu'une taxe d'eau n'est pas une taxe d'eau, mais
plutôt autre chose.
Il me semble que c'est plutôt une drôle de façon de
rédiger un texte de loi. Le deuxième argument ou
représentation que j'aimerais faire est sur l'économie de la taxe
d'eau. Il me semble que, même si c'est discutable, il y a peut-être
des façons de baser la taxe d'eau sur la valeur locative. C'est
justifiable par le fait que celui qui paye plus de loyer ou qui a plus de
propriétés, utilisera plus d'eau.
Mais quand vous faites de la taxe d'eau une taxe de services
généraux, est-ce qu'automatiquement celui qui paye plus de loyer
et qui a plus de propriétés va utiliser plus tous les services
municipaux?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît ! Excusez, un instant
M. Baatz. Je demanderais qu'on observe un peu plus le silence. Des
représentations m'ont été faites par le journal des
Débats à l'effet qu'il a beaucoup de difficultés à
enregistrer les délibérations. Comme vous savez, au moment
où nous parlons ici, dans le sous-sol, c'est retransmis par
haut-parleur. On a beaucoup de difficultés à entendre lorsqu'il y
a plusieurs personnes qui parlent en même temps. Alors, je demanderais
qu'on observe un peu plus religieusement le silence afin de permettre à
M. Baatz de nous donner son point de vue.
M. BAATZ: Pour ce qui est de la base d'imposition de la taxe de service,
il me semble que ça demande une étude beaucoup plus approfondie
et une étude de ce que doivent payer les citoyens. Qu'est-ce que les
citoyens utilisent? Est-ce que ça va de soi que celui qui paie un loyer
d'un montant tel ou d'un autre montant tel utilise les services dans cette
proportion ou est-ce que ça ne devrait pas être basé sur un
autre barème comme la consommation ou l'utilisation de certaines
facilités de la ville?
Il me semble que ça demande une étude bien approfondie de
toute la fiscalité municipale de la ville de Montréal. C'est tout
ce que j'avais à dire. Je demanderais, avec mes collègues, le
rejet de l'amendement proposé par la ville de Montréal.
M. LE PRESIDENT: Le leader parlementaire de l'Opposition officielle, le
député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, je pense bien que tous les membres de
la commission ont été surpris de l'opposition marquée cet
après-midi et partiellement ce soir quant â l'adoption de
l'article 1 du projet de loi 100. Il faut convenir cependant que la ville de
Montréal connaît des difficultés financières ou
budgétaires qu'elle pourrait résoudre d'une autre façon
qu'en imposant une taxe de services sous le couvert d'une taxe d'eau.
Je n'ai pas l'intention de discuter au fond le mérite de cet
amendement. Je voudrais tout simplement, M. le Président, porter
à l'attention de mes collègues de la commission parlementaire le
fait qu'il y a neuf causes pendantes devant les tribunaux ou devant la
Régie des services publics.
Ce matin, lors de l'article 3, les membres de la commission ont
préféré rayer l'article 3 du projet de loi 100 parce qu'un
litige était pendant devant la cour Supérieure de
Montréal. C'est le seul aspect, M. le Président, qui me pousse
à faire quelques remarques ce soir et sûrement que les auditeurs
ont remarqué l'absence de participation de la part des membres de la
commission parlementaire.
Sans doute que ces auditeurs seraient intéressés à
connaître les dispositions de l'article 100, quatrièmement du
nouveau règlement de l'Assemblée nationale où il est dit
ceci: "Il est interdit à un député qui a la parole:"
dans les circonstances, c'est le député de
Maskinongé "quatrièmement, de parler d'une affaire qui est
devant les tribunaux ou devant un organisme quasi judiciaire ou d'une affaire
qui est sous enquête, lorsque, dans ce dernier cas, les paroles
prononcées peuvent être préjudiciables à une
personne".
Nous avons été informés, M. le Président,
qu'il y a actuellement une cause qui aurait été entendue par le
juge Mathieu de la cour Supérieure de Montréal, le 28
décembre der- nier, et qui depuis cette date, est en
délibéré. J'ai devant moi ici une requête de la
ville d'Outremont qui a été présentée à la
Régie des eaux du Québec, très récemment, en raison
des dispositions de l'article 100, quatrièmement. En vertu de la coutume
parlementaire qui est devenue une règle parlementaire, de par la
tradition et je ne sache pas qu'il y ait de précédent
en raison de l'attitude toujours constante tenue par les organismes
je dis les organismes parce qu'autrefois il y avait une commission bien
désignée qui était la commission des bills privés
et des bills publics et avec nos nouveaux règlements, nous avons des
commissions nombreuses qui se chargent de l'étude des projets de loi en
relation avec les devoirs de chacune de ces commissions je vous ai
signalé, ce matin, qu'en vertu de notre nouveau règlement, nous
n'avions pas amendé les règles de pratique relatives aux
délibérations des commissions parlementaires et
spécialement celle chargée, comme le cas d'espèce
aujourd'hui, la commission permanente des affaires municipales,
d'étudier le projet de loi de la ville de Montréal et à
l'occasion de laquelle étude nous somme appelés, nous,
législateurs, à contrecarrer ou à rendre inefficace un
jugement déjà pendant devant la cour Supérieure ou
à mettre fin à des procédures déjà
entamées.
Je dirai plus, M. le Président, je me demande si la commission
peut écarter ou refuser un amendement parce qu'à ce
moment-là, par cet amendement, soit à l'article 1, la commission
se prononcerait, prendrait fait et cause pour des raisons juridiques. Il reste
que dans le procès-verbal on devra mentionner que l'article 1 a
été rejeté par la commission ou accepté par la
commission. Peut-être que plus tard je reviendrai, M. le
Président, pour suggérer que l'étude de l'article 1 et,
par corrélation, celle de l'article 6, soit suspendue, ajournée
sine die. Du même coup la commission parlementaire ne se prononcerait
pas, je prétends qu'en droit la commission parlementaire n'a même
pas cette liberté de se prononcer sur l'article 1, à moins que
l'on ne veuille mettre de côté toute cette jurisprudence
parlementaire qui a été constante jusqu'ici et à moins que
l'on veuille, à l'avenir, demander aux députés de se
substituer au rôle des tribunaux et qu'il y ait confusion dans le public
entre, d'un côté, le pouvoir législatif et, de l'autre
côté, le pouvoir judiciaire.
Alors, pour toutes ces raisons, M. le Président, personnellement
et au nom de mon collègue, le député de Berthier, je
proposerai plus tard la suspension ou l'ajournement sine die des articles 1 et
6. Je ne puis pas entrer davantage, M. le Président, au coeur du sujet
en raison de l'empêchement que m'impose l'article 100, paragraphe 4 de
nos nouveaux règlements ou règlements sessionnels ou
règlements connus sous le nom de code Lavoie. Ce sont là, M. le
Président, les seules remarques que je voulais faire tout en vous
rappelant l'attitude qu'avait tenue la commission parlementaire des bills
privés et bills publics l'été dernier, vers la
même époque, lorsque nous avions été appelés
à étudier le projet de loi 96 de la ville de Hull. Sur ce, M. le
Président, je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres personnes? Le
député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, en admettant que l'argumentation du
député de Maskinongé est plausible, j'aurais aimé
l'entendre s'exprimer sur d'autres points de vue, dont son objection au projet
de loi, mais il ne l'a pas fait. Il aurait eu une occasion de discuter de la
façon dont la ville de Montréal dirige son pouvoir de taxation.
Il a préféré toucher l'aspect juridique sub judice.
De mon côté, relativement au problème de la ville de
Montréal, je comprends qu'elle fait face à des difficultés
financières. Mais je me demande si elle ne devrait pas tout simplement,
franchement, trouver le reste de l'argent qui lui manque pour administrer par
une taxe foncière où elle pourrait réellement dire: Il me
manque tant d'argent et c'est au niveau de la taxe foncière que je peux
le toucher. Une des raisons pour lesquelles j'avance cela, c'est
qu'actuellement, en voulant faire remplir ses coffres par le biais d'une taxe
locative ou d'une taxe d'eau, qui ne serait pas nécessairement une taxe
spécifique pour un service spécifique mais pour remplacer des
revenus provenant de dépenses d'autres services, je trouve que c'est une
façon de fausser le problème et que le rôle foncier de la
ville de Montréal n'inclut pas, il me semble, tout le rôle de la
valeur locative.
En d'autres mots, il y a une bonne partie des territoires de
Montréal où il y a des lots vacants, ou des lots où la
maison ne prend qu'une infime partie du territoire et ce genre de lots n'est
pas porté au rôle de la valeur locative. C'est donc dire qu'il y a
près du tiers des personnes ou des propriétaires, au point de vue
de la valeur, qui ne sont pas touchés par le problème financier
que la ville veut régler par le biais de la taxe locative.
Autrement dit, si ce sont des besoins financiers provenant d'une
dépense normale, soit de déneigement ou d'augmentation de
salaire, soit de services différents, les personnes qui ont des lots ou
des territoires qui sont évalués pour le rôle foncier ne le
sont pas au point de vue de la valeur locative et ne paieraient pas leur
quote-part dans ces services qu'elles reçoivent. On sait qu'il y a de la
spéculation foncière sur des terrains qui ne sont pas construits
et ils échappent justement à cette possibilité
d'être imposés.
M. le Président, de plus, j'espère que le ministre des
Affaires municipales n'avait pas déjà pris sa décision ce
matin comme il l'a laissé entendre un peu au cours de sa
déclaration du début, alors qu'il se disait d'accord sur le
principe de toute la loi sauf l'article 14. Parce qu'à en juger par les
déclarations des différents organismes qui sont venus ce soir,
j'espère qu'il a pu repenser sa décision et ne pas donner
l'occasion à la ville de Montréal de régler son
problème par le biais d'une taxe d'eau, taxe de locataires qui va
rejoindre le travailleur, le petit restaurateur surtout qui ne peut pas se
défendre.
Finalement, M. le Président, je pense que le problème
majeur, c'est que le ministre des Affaires municipales devrait au plus
tôt s'attaquer au problème du réaménagement fiscal
qui l'obligerait à rencontrer son homologue fédéral pour
obtenir, de son côté, une façon de repenser tout le
système de taxation pour permettre aux villes de s'administrer. Alors,
M. le Président, en ce qui nous concerne, nous sommes opposés
à ce que l'article 1 soit adopté, non seulement parce que c'est
sub judice, mais parce que c'est tout le système de taxation qui devrait
être repensé. M. le maire nous présente, en plus de son
problème de taxe de locataires, tout le problème de son
administration. Il n'a pas suffisamment de revenus pour tenir compte de ses
responsabilités et je pense que c'est au ministère des Affaires
municipales de repenser au plus tôt une façon de
réaménager le système de taxation.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Léger.
M. PAUL: Il y a une mise au point que je voudrais faire en vertu de
l'article 97. C'est que, si je ne suis pas allé au fond des arguments
qui ont été soulevés cet après-midi, c'est parce
qu'à mon point de vue cela aurait été des arguments
inutiles du fait que je soutenais l'illégalité de l'amendement
proposé par la ville de Montréal et je ne voudrais pas que le
député de Lafontaine pense qu'il m'a été facile de
résister à la tentation que j'avais de discuter au fond du
problème soulevé par la ville de Montréal.
M. LE PRESIDENT: Avant de céder la parole au ministre, est-ce que
je pourrais demander s'il y a d'autres personnes qui veulent adresser la parole
au sujet de cet article 1? Alors, je cède la parole... Oui monsieur? Si
vous voulez vous approcher du micro.
M. ETHIER (Jean-Marie): Jean-Marie Ethier, l'Association des
manufacturiers canadiens, division du Québec. Je ne voudrais pas prendre
plus de temps dans cette enceinte. Nous avions délégué le
Conseil du patronat pour nous représenter, mais j'aimerais, à ce
moment-ci de la discussion, affirmer que notre association entérine
pleinement les arguments qui ont été présentés par
M. Jean-Marie Paquet, M. Yvon Lamarre et M. Charles Perreault. Nous retenons,
d'une façon particulière, les arguments additionnels qui ont
été donnés aussi par d'autres, relativement au fait qu'il
y a présentement neuf causes à être entendues et à
être jugées où la taxe d'eau est impliquée.
Nous déplorons le fait qu'on considère l'in-
troduction d'une taxe qui serait une taxe "fourre-tout".
Déjà, les revenus de cette taxe, de l'ordre de près de $80
millions, sont déjà très disproportionnés, par
rapport au coût réel de l'opération du service d'eau.
Merci, messieurs.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Ethier. Est-ce qu'il y a quelqu'un d'autres.
Me Normandin.
M. NORMANDIN : Au sujet des procédures qui sont devant les
tribunaux. Il s'agit d'une taxe qui, depuis des décennies, a
été imposée d'une certaine manière, à des
taux en général constants. L'on invoque dans ces
procédures, que l'assise juridique, la base juridique qui est la
définition de la taxe d'eau, serait une définition qui ne
permettrait pas cette taxe qu'on impose, depuis au moins cinquante ans et que
personne n'a jamais contestée, quant à son assise juridique. Or,
devant le tribunal on attaque le règlement de taxation de 1971 qui
à cause de cela n'est pas valide. Nous ne soulevons pas ici la question
de savoir si c'est vrai, si on a raison de dire que la définition est
bonne ou non et donne une assiette juridique. Nous disons qu'il n'est pas dans
l'intérêt public qu'un corps public comme la ville de
Montréal, à l'avenir, soit obligé d'imposer des taxes sur
une base juridique qui n'est pas solide. Très certainement la
Législature, sans se prononcer sur le bien-fondé de l'attaque
contre le règlement de taxation de 1971, peut et a certainement le
pouvoir de dire que Montréal a le pouvoir à l'avenir d'imposer
une certaine taxe. Autrement dit, quel que soit le bien-fondé des
arguments que l'on peut soulever, nous n'en discutons pas, ils sont devant les
tribunaux, qu'il y a lieu pour l'avenir d'assurer à Montréal un
pouvoir de taxation certain dans ce domaine, non pas un nouveau pouvoir, mais
de continuer d'exercer le pouvoir que nous avons exercé depuis cinquante
ans.
M. LE PRESIDENT: M. Normandin, est-ce que vous proposez un amendement
à l'article 1?
M. NORMANDIN: Non, non.
M. LE PRESIDENT: A ce moment-là, ce que vous venez de dire
impliquerait que vous proposez qu'on spécifie dans l'article 1 que cet
article prendra force de loi pour l'exercice financier 72/73.
M. NORMANDIN: On n'en a pas besoin, inutile de vous le dire. L'article,
tel qu'il est, ne commence à s'appliquer que pour l'avenir. C'est une
autre question de savoir si la Législature veut, en plus, le rendre
rétroactif ou non. Je ne le souhaite pas, mais je veux dire que
l'article 1 ne parle pas du tout de donner un effet rétroactif. Il
s'applique, évidemment, pour l'avenir. Ce que nous voulons dire, c'est
que, depuis 50 ans, nous avons une taxe que nous imposons. Il y a quelqu'un qui
dit qu'on attaque le règlement de taxation de 1971 en disant :
L'assiette juridique, qui est la définition, dans votre charte, de
choses, est incorrecte; elle ne vous permet pas d'imposer cette taxe-là.
C'est une taxe qui nous rapporte $75 millions.
Il est bien évident qu'on ne peut pas prendre $75 millions, les
enlever et continuer à donner les services qu'on donne. Nous disons
et nous le demandons à la Législature qu'il nous
semble raisonnable que ce pouvoir-là nous pouvons continuer à
l'exercer, sans discuter du bien-fondé de la taxe ou des arguments
soulevés. Je pense bien qu'il faut réaliser, quand on parle du
coût de l'eau, que ça ne correspond peut-être pas au
coût de l'eau, etc.
En fait, Montréal a trois sources de revenus principales. Elle a
une taxe générale basée sur la taxe foncière qui
est payée par tout propriétaire; elle a une taxe
générale basée sur la valeur locative qui est payée
par tout occupant. Traditionnellement, dans la charte, je ne sais pas pourquoi,
il y a 75 ans, quand on l'a imposée on l'a appelée taxe d'eau.
Elle est peut-être mal appelée. Mais si un corps public a besoin
de revenus importants pour donner toute une gamme de choses, il ne faudrait pas
dire: On va songer à lui enlever ce pouvoir-là, simplement parce
que le nom qu'on lui a donné n'est pas adéquat.
Peu importe comment on l'appelle. En fait, depuis le début du
siècle, la ville de Montréal impose une taxe foncière
générale payée par tout propriétaire, une taxe
générale sur la valeur locative payée par tout occupant.
Elle s'appelle taxe d'eau.
M. TESSIER: Nous pourrions peut-être changer de nom.
M. NORMANDIN: Aucune objection. Appelez-la comme vous voulez. Du moment
qu'on a un chèque de $75 millions au bout, vous pouvez l'appelez comme
vous voulez. On va l'endosser avec plaisir. En fait, si l'on ne songe pas
à l'enlever et à dire: On va vous donner un autre revenu
équivalent... Je pense bien que personne ne songe sérieusement
à ce que nous augmentions la taxe foncière de $75 millions d'un
coup sec. Je pense bien que personne ne songe, à la Législature
ici, à nous donner immédiatement un nouveau pouvoir de taxation
qui serait différent et qui peut rapporter des revenus de cet
ordre-là.
A ce moment-là, il faut quand même qu'on continue à
administrer et, pour l'avenir, il me semble qu'il y aurait lieu de dire
clairement qu'on peut continuer à l'appliquer.
Plusieurs des arguments qui ont été
présentés sont des arguments valables si on discutait d'une
réforme fiscale, si on remettait en question le principe des taxes qui
sont appliquées et si on voulait entreprendre une étude de la
fiscalité municipale à Montréal.
Nous l'avons réclamée depuis longtemps. Il n'y a aucun
doute qu'il est essentiel d'étudier à long terme une
réforme de la fiscalité municipale. Dans tous les grands centres
de l'Amérique du Nord, à Montréal comme ailleurs, une
fiscalité étroite axée seulement sur la
propriété parce qu'au fond c'est une taxe qui affecte la
propriété s'avère insuffisante pour faire face
à l'accroissement des dépenses. C'est évident que
ça doit se faire.
Seulement, en attendant qu'on aboutisse à une réforme
fiscale et ce sont quand même des études fort longues; ce
n'est pas en une journée ou un mois qu'on va y aboutir il faut
quand même continuer à administrer la ville de Montréal. Je
ne conçois pas comment on peut songer sérieusement à
enlever une des trois grandes taxes qui donne des revenus d'un ordre de
grandeur considérable et l'enlever sans donner un autre revenu.
Quel va être le résultat si on laisse en suspens qu'un des
pouvoirs importants de taxation est contesté, que ce pouvoir de choses
n'est pas certain on a invoqué qu'il a une assise juridique
faible le seul effet, au fond, est que le crédit de la ville en
est affecté. Qu'est-ce que ça donne? Cela va donner, tout
simplement, qu'on va payer des intérêts plus forts, qu'on va avoir
plus de difficulté à emprunter ou emprunter à de moins
bons taux et, au fond, qui va payer? C'est le contribuable.
Si on refuse de rendre certain ce pouvoir, on n'aidera pas le
contribuable. On va tout simplement, au fond, l'amener à payer encore
plus cher. Je pense bien qu'il est assez facile de comprendre que, si on
emprunte à un moment donné $100 millions, ça prend une
fraction de 1 p.c. pour représenter, sur vingt ans, des sommes
considérables. Et c'est le contribuable qui aboutira à les
payer.
Quant aux intérêts ou aux contribuables taxés qui
sont représentés et qui se sont opposés, en fait, il n'y a
que les hôtels, véritablement, qui sont directement
affectés et trois municipalités. Dans le cas des hôtels, ce
à quoi l'on s'attaque, c'est au principe même de la taxation qui
leur est imposée, qui est une taxe qui, encore là, depuis des
décennies, est de l'ordre de grandeur d'à peu près le
double de ce que la moyenne des contribuables paie.
Encore là, il s'agit d'une chose qui, dans une réforme ou
une étude du financement de Montréal, une étude pour
réformer sa fiscalité, peut se discuter valablement, mais on ne
peut pas venir et dire: Enlevez telle partie de nos pouvoirs fiscaux, coupons
d'une tranche dans le million. Qu'est-ce qu'on va faire? On ne nous donne pas
une nouvelle source de revenus. Qu'est-ce qu'on va faire? On va augmenter la
taxe des autres.
Si on nous dit: Réduisez la taxe dans les hôtels à
Montréal, cela signifie que le CPR et le Ritz Carlton paieront moins
cher et pour le petit contribuable de Montréal, nous serons
obligés d'augmenter les taxes. Parce que l'argent ne viendra pas du
ciel. Ce qui sera enlevé à une place, on doit le retrouver
ailleurs.
Et je ne vois pas l'urgence d'une telle chose, d'autant plus que ce
n'est pas un principe de discrimination ou une chose indéfendable. C'est
une théorie qu'on peut partager ou qu'on peut ne pas partager mais qui
est parfaitement défendable. Le visiteur qui vient à
Montréal et qui réside à l'hôtel
bénéficie pendant son séjour de nombreux services: il est
protégé par la police, il est protégé contre les
incendies là où il réside, bref, il
bénéficie de l'ensemble des services et il ne paie aucune taxe.
En fait, ce que l'on fait lorsqu'on impose...
M. CHOQUETTE: Il est interdit de manifester.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. NORMANDIN: Quoi qu'on en dise, le principe est admis
généralement dans plusieurs Etats, ou provinces, ou autres
municipalités, où on impose une taxe spéciale de tant par
chambre. Le gouvernement provincial, ici, impose une taxe de tant par chambre
et c'est parfaitement normal. Or, quand on impose un taux plus
élevé à l'hôtel, en fait, il est bien évident
que c'est le visiteur à l'hôtel qui paie.
Pour ce qui est des municipalités, il y a Côte-Saint-Luc
qui est un cas particulier, qui n'est pas dans la même situation que
Outremont et Westmount. Côte-Saint-Luc, au début des années
cinquante, prévoyait une croissance assez considérable et a
demandé à la ville de Montréal de se rendre responsable de
l'aqueduc et d'en construire un. Cela ne faisait pas particulièrement
l'affaire de Montréal. On a insisté et, finalement, on a
négocié et on a signé, de part et d'autre et de bonne foi,
un contrat de vingt ans qui se termine au 1er mai 1973. Et à la 19e
année de ce contrat, tout à coup, on le remet en question ici
pour des raisons que nous ignorons. Au moment où le contrat a
été signé, en 1953, la taxe d'eau était
imposée sur la même base et ceux qui l'ont signé le
savaient parfaitement. Le taux était alors de 8 p.c. ; alors, on ne peut
pas se plaindre que le taux a été doublé, triplé ou
augmenté de façon indue, on paie 8.5 p.c. Et l'entente, qui a
été signée de bonne foi et qui a bien fonctionné
pendant 19 ans, jusqu'à maintenant, voulait qu'on accepte pour les
services rendus de construire l'aqueduc, de donner l'eau, et que les gens
paieraient la taxe d'eau qui était imposée à
Montréal. Et personne n'a eu à l'esprit, à
l'époque, que c'était une comptabilisation du coût de
l'eau. Parce que 8 p.c. en 1953 et 8.5 p.c. en 1972, le rapport, quant au
coût réel de l'eau, si on le comptabilisait, doit être
à peu près le même.
Or, nous n'avons rien changé qui permette et qui nous semble
raisonnablement venir demander un changement la dix-neuvième
année d'un contrat de vingt ans qui a été signé de
bonne foi.
Dans le cas du système d'aqueduc d'Outremont...
M. VIAU: Pardon! On n'a pas contesté. On n'a pas dit un mot sur
l'article 1 d'Outremont.
M. NORMANDIN: Bon! Vous avez fait des déclarations publiques qui
semblaient manquer d'enthousiasme pour le moins! De toute façon, le cas
de Westmount et le cas d'Outremont sont à peu près de même
nature.
A Westmount il y avait un système qui faisait partie de l'aqueduc
qui desservait également Montréal. C'était un
système d'aqueduc qui couvrait Montréal, Westmount et Outremont.
Il appartenait à Montréal Water & Power Company. Cela a
été exproprié dans les années vingt. A la suite de
discussions avec les gouvernements, en 1935, la Législature est
intervenue et a adopté une disposition devenue notre article 628
déterminant ce qu'il serait raisonnable de charger pour ce service. La
taxe d'eau à Montréal, au moment où elle a
été adoptée en 1935, était de 7.5 p.c. Cette
année, Westmount et Outremont paient encore 7.5 p.c. Alors il ne semble
pas que nous ayons abusé et haussé les tarifs de façon
anormale. Ils étaient à 7.5 p.c. et ils le sont encore. Cette
disposition, en plus, prolonge toutes les autres conditions des contrats
existants qui impliquent que Montréal, pour les services publics, pour
nettoyer les rues, pour les pompiers, pour nettoyer l'aqueduc, leur donne l'eau
gratuitement. En plus, Une des conditions est que la ville de Montréal
paie annuellement $20,000 à Westmount, $25,000 à Outremont. En
plus, toute l'eau nécessaire pour les édifices municipaux ou pour
la municipalité est imposée à un taux
préférentiel de $0.12 les mille gallons, ce qui est bien en bas
du coût. A moins qu'on ne parle à long terme d'une réforme
de la fiscalité, on ne peut discuter dans l'abstrait de ces conditions.
Il faut les prendre dans leur contexte historique. Et, de ce que nous venons de
vous exposer, par exemple, à Westmount ou à Côte-Saint-Luc,
il ne semble rien y avoir qui justifie que, tout à coup, un
régime dont on s'est accommodé pendant des années sans se
plaindre, qu'on a semblé accepter et trouver raisonnable, soit tout
à coup contesté. En fait, il n'y a pas eu de changement radical.
La situation est même restée à peu près constante.
En fait, la proportion des revenus de la taxe d'eau par rapport aux revenus que
l'on tire de la taxe foncière est restée à peu près
constante depuis 50 ans. Je pense qu'en 1936 c'était 29 p.c. et quelques
dixièmes et aujourd'hui c'est à peu près 28 p.c. et
quelques dixièmes.
Il n'y a aucune situation où il y ait eu un abus, un
relèvement draconien des tarifs qui justifie de demander tout à
coup de mettre de côté un système qui a fonctionné
depuis des décennies avant d'en arriver à une étude ou une
réforme radicale de l'ensemble du problème. On ne peut pas jouer
sur un des éléments de la fiscalité sans revoir tout le
problème pour arriver à un équilibre à la fin qui
va nous donner un résultat total qui nous permettra d'honorer nos
responsabilités.
Ce que nous demandons n'a rien à voir avec le problème de
savoir si nous avons des revenus suffisants. On en discute un peu comme si nous
venions demander un pouvoir additionnel pour imposer de nouvelles taxes ou pour
les élargir. Ce n'est pas ça du tout. Ce que nous voulons, c'est
de ne pas avoir un pouvoir de taxation qui ne soit pas certain parce qu'il est
malsain, au point de vue d'une bonne administration financière ou pour
le crédit sur le marché, d'être dans une situation
où le pouvoir de taxation ne soit pas un pouvoir certain.
M. LE PRESIDENT: Il y a quelqu'un en arrière. Je ne sais pas son
nom. Si vous voulez vous approcher du micro et vous identifier.
M. BEAULAC: M. le Président, mon nom est René Beaulac. Je
suis avocat. Je suis aussi procureur de l'Association provinciale des
restaurateurs du Québec. A ce titre, j'avais comparu et je suis
intervenu dans les procédures qui ont été intentées
en cour Supérieure et qui sont actuellement pendantes devant M. le juge
Guy Mathieu de Montréal.
Je dois d'abord vous dire que, concernant les représentations
faites par mon confrère, Me Jean-Marie Paquet, de même que les
représentations faites par les représentants de Westmount et
d'Outremont, je ne puis faire autrement, au nom de l'association, que de dire
que nous corroborons leurs dires et que nous sommes fortement de leur
côté.
D'autre part, en fonction des remarques très appropriées,
à mon point de vue, présentées par l'honorable
député de Maskinongé et l'honorable député
de Lafontaine, je pense que nous ne pouvons faire autrement, c'est notre
prétention, de dire que cette commission ne doit pas accepter
l'amendement proposé par la ville de Montréal. Je trouve
très surprenant, pour ne pas dire que j'en sois ébahi, que mon
savant confrère, Me Normandin, vienne vous dire d'une façon des
plus candides et peut-être naïves qu'il s'agit tout simplement pour
la commission en tant que législatrice que vous puissiez
éventuellement accepter ce mode de taxation et d'interprétation
de ce que représente la taxe d'eau.
On vous dit que, depuis plus de cinquante ans ou environ, la ville a
toujours procédé de cette façon. Ce n'est peut-être
pas une façon d'abord légale, puisque c'est contesté, mais
que nous sommes pris dans une situation de fait qui démontre que la
ville de Montréal, actuellement, subit un déficit et qu'elle doit
récupérer de l'argent quelque part.
On vous dit que ce sera sous la forme ou sous le couvert d'une taxe
d'eau. Cette taxe d'eau est en réalité une taxe de service qui
sera je pense qu'il faut bien accepter l'expression
telle qu'elle se présente à toutes fins pratiques,
la vache à lait qui va aller chercher partout ailleurs auprès des
contribuables ce qui manque pour boucler le budget. Je pense que c'est tout
à fait inadmissible. D'abord, au point de vue de la
légalité de cette interprétation de la taxe d'eau et,
comme mon confrère Me Jean-Marie Pâquet le soulignait dans ses
remarques cet après-midi, la cour Suprême s'est déjà
prononcée sur cette question. Actuellement, c'est encore sub judice.
Je représente donc particulièrement des restaurateurs.
Dans cette association provinciale, vous avez des restaurateurs qui sont
licenciés, vous en avez d'autres qui ne le sont pas. Pourtant, ils sont
tous actuellement taxés à 18 p.c. Vous savez tous que si le
restaurateur peut bénéficier d'un permis de vente de boisson, ce
n'est peut-être que là, bien souvent, qu'il peut avoir un peu plus
de surplus. Mais le restaurateur qui ne bénéficie pas
actuellement d'un permis de vente de boisson a des revenus des plus minimes et
des plus restreints, et je ne parle même pas de profits parce que, bien
souvent, il ne peut que survivre.
On le taxe à 18 p.c, ce qui à mon point de vue est tout
à fait discriminatoire. Si on voulait réellement établir
et considérer l'utilisation de l'eau qu'il fait réellement, si
cela devait être réellement interprété de cette
façon, il faudrait alors regarder les commerces comme les lave-autos,
les "car wash", qui ne sont taxés qu'à 8 p.c. Je trouve que ces
contribuables, de quelque nature que ce soit, vis-à-vis des concitoyens
différents, subissent une discrimination notoire et je pense que cela
vient tout à fait à l'encontre des principes du droit municipal.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Merci, monsieur. Me Paquet, je crois que vous avez
utilisé votre droit de parole sur cette question.
M. PAQUET: M. le Président, j'avais demandé la permission
de rectifier des faits, je demande trente secondes, si vous voulez me laisser
trente secondes, je ne veux pas argumenter.
M. LE PRESIDENT: Alors, vous n'engendrerez pas un débat sur ces
questions. L'article 97, deuxièmement, vous le permet.
M. PAQUET: M. le Président, je voudrais rectifier,
premièrement que sont sub judice des procédures non seulement
pour 71/72 mais également pour cette année 72/73 et que les
papillons demandent de légaliser 72/73. Je ne voudrais pas qu'on ait
l'impression qu'il y a des procédures uniquement pour l'an dernier;
cette année aussi il y en a, c'est sub judice; or, les papillons
demandent de légaliser cela et d'annuler les procédures à
toutes fins pratiques. Deuxièmement, je voudrais rectifier le fait
suivant, quand on dit: La ville de Montréal perdrait un pouvoir de
taxation, il faut le remplacer. Il existe à l'article 808 de la charte
de Montréal le pouvoir d'imposer une taxe locative et je vous fais
grâce de la lecture, mais le pouvoir est très clair. Merci.
M. LE PRESIDENT: M. le maire.
M. SAINT-LAURENT: M. le Président, je suis Renault Saint-Laurent
et je représente toujours la ville de Côte-Saint-Luc. Je voudrais
tout simplement souligner que jamais, avant la déclaration faite par M.
Niding, le président du comité exécutif, les contribuables
de la ville de Côte-Saint-Luc n'ont su ni soupçonné que la
ville de Montréal leur imposait par voie de taxe d'eau le coût de
l'enlèvement de la neige et des augmentations de salaires et tous les
autres articles. C'est à la suite de cette déclaration que les
contribuables se sont rendu compte qu'on leur imposait une taxe qui
était discriminatoire parce qu'ils avaient à payer pour ces
services dans leur municipalité. C'est là qu'ils ont
décidé d'insister pour que des procédures soient
intentées pour demander par requête l'annulation des
règlements. Si la ville de Montréal se sent tellement
justifiée de faire ce qu'elle prétend faire depuis 50 ans, je me
demande pourquoi on s'adresse à la Législature pour amender la
définition de ce qui est sensé être la taxe d'eau. Merci,
M. le Président.
M. CHOQUETTE: M. Saint-Laurent, est-ce que je pourrais vous poser une
question? La taxe d'eau pour 72/73, vous est-elle imposée au taux de 8.5
p.c. ou 7.5 p.c. à Côte-Saint-Luc?
M. SAINT-LAURENT: La taxe d'eau est imposée aux contribuables de
Côte-Saint-Luc exactement de la même façon qu'aux
contribuables de la cité de Montréal.
M. CHOQUETTE: C'est-à-dire 8.5 p.c?
M. SAINT-LAURENT: Oui, 8.5 p.c.
M. CHOQUETTE: Tandis qu'à Outremont et Westmount c'est 7.5
p.c.
M. SAINT-LAURENT: Oui.
M. LE PRESIDENT: M. le maire Drapeau.
M. DRAPEAU: M. le Président, je voudrais d'abord relever une
expression qui est revenue assez souvent et qui, à force de
répétitions, pourrait acquérir une certaine apparence de
valeur. Il a été souvent référé aux
difficultés financières dans lesquelles Montréal se
trouve.
Je pense qu'il est tout à fait juste de réaffirmer que la
situation financière de Montréal est bonne. Le crédit de
Montréal est excellent. Il est classé à la plus haute cote
possible sur le marché du crédit. Les entreprises de
prêteurs veulent prêter à Montréal et nous font des
conditions très intéressantes.
Il y a suffisamment d'hommes d'affaires dans cette salle pour savoir
qu'il y a une différence entre une difficulté financière
et les problèmes que crée la perception des revenus dont on a
besoin pour faire face à ces dépenses. Alors, il y a là
une distinction extrêmement importante à faire. Je sais que
couramment on emploie l'expression "difficulté financière" pour
couvrir plutôt un aspect que l'autre. Je ne peux pas laisser passer que
la ville de Montréal est dans des difficultés
financières.
D'autant plus que si on en arrive à la situation où on en
est arrivé aujourd'hui, et on nous a posé la question: Si cela
fait cinquante ans que cela se fait comme cela, pourquoi est-on rendu ici? La
taxation de Montréal, je crois que son histoire est glorieuse.
Montréal a déjà eu et exercé des pouvoirs de
taxation qui lui ont été graduellement enlevés.
Montréal a déjà eu une taxe sur les corporations qui
s'appelait dans le temps "une taxe sur les compagnies chartrées".
Montréal a perdu ce pouvoir. Je ne pose pas la question au
bénéfice de quels autres gouvernements, mais Montréal a
perdu ce pouvoir de taxer les compagnies qu'on appelait chartrées. Il y
a eu un impôt sur le revenu à Montréal, avant la province.
Puis, Montréal l'a perdu.
Je dis à la gloire de nos prédécesseurs et de mes
prédécesseurs que pour financer Montréal, quelles que
soient les divergences d'opinions sur l'utilisation des fonds, des actes de
courage ont été posés par les administrations municipales
successives, pour trouver des moyens de taxation municipale.
Alors Montréal a eu un impôt sur le revenu. Montréal
s'est fait enlever ce droit. Je ne pose pas encore la question au
bénéfice de quels gouvernements. Mais on ne l'a plus.
Montréal a imposé, pour la première fois, je pense, sur
tout le contient nord-américain, ou presque, parmi les toutes
premières villes, mais sûrement la première au Canada, la
taxe de vente au détail. Cela n'a pas été facile, 2 p.c,
dans des circonstances et des conditions économiques difficiles. Puis,
quand le public s'est habitué à cette forme de taxe, au lieu de
dire: La municipalité de Montréal a eu le courage d'inventer
cette taxe ou de l'appliquer pour la première fois, on va la lui
laisser. Non, le gouvernement a donné aux commissions scolaires,
à la commission scolaire de Montréal le droit d'imposer 2 p.c. de
taxe de vente. Là aussi cela est accepté dans l'opinion publique.
Le gouvernement provincial est entré dedans pour 2 p.c, c'est rendu
à 6 p.c. et 4 p.c. dans la province. Il y a quelques années, un
bon jour, à l'occasion du dépôt d'un budget provincial, on
a appris qu'on n'avait plus de taxe de vente. Là, on aurait des
subventions partagées en vertu de savantes formules qu'on couvre d'un
très beau mot qui est "péréquation". Comme si le mot
"péréquation" permettait de dire qu'il y a une façon de
diviser un total par un certain nombre et puis qu'au lieu de dix divisé
par cinq donne deux, on dit non, dix divisé par cinq donne trois. Moi,
j'ai toujours essayé de demander à des gens qui s'y connaissent:
Voulez-vous me dire en quoi une division par péréquation
diffère d'une division mathématique? Si on est 29, si on est 40,
si on est 12 pour diviser un certain montant, cela ne fait pas un plus gros
montant à diviser. Mais qu'importe, on a perdu la taxe de vente
provinciale. Or, quand les obligations de la ville de Montréal ont
été contractées, à l'occasion du métro
on a commencé par cela on a étudié bien
attentivement qu'elle était la ligne de progression du revenu de la
ville.
C'était évident que des études ont
été faites pour savoir, particulièrement, dans le cas de
la plus value que ça pourrait donner aux propriétés
foncières, aux valeurs locatives près des lignes de métro
et des stations et aussi quel pouvait être le développement
économique et combien la taxe de vente au détail pourrait
rapporter de plus.
Et c'est en connaissance de tout cela que les obligations de
Montréal ont été contractées. N'empêche qu'on
a perdu la taxe et aujourd'hui, quand on regarde le budget de Montréal,
quand on voit combien on perçoit de la taxe de vente au détail et
qu'on n'a qu'une petite opération à faire pour voir combien on
recevrait si on avait gardé nos 2 p.c. d'autrefois, c'est bien
évident qu'on n'en reçoit qu'une partie.
On n'a qu'à regarder notre budget et les montants qui paraissent
à la taxe de vente dans le budget provincial et on s'aperçoit que
si on a des difficultés et ce que je dis pour Montréal,
c'est une plaidoirie en faveur des municipalités de la région
parce qu'elles partageaient, avec Montréal, la taxe de vente de la
région c'est que nous avons perdu ça.
Il y a quelques années, le président du comité
exécutif du temps, M. Saulnier, allant suivant la tradition au Board of
Trade de Montréal en janvier, comme il faisait chaque année,
laisse entendre que, évidemment, avec les obligations financières
de Montréal et des pertes de sources de revenu, il faudrait bien trouver
un moyen d'avoir plus de revenus, et que la propriété, la taxe
d'eau, la taxe d'affaires, il y a une limite à tout ça.
Alors, il avait dit : Je pense que nous allons peut-être
suggérer au gouvernement de hausser la taxe de vente provinciale totale
de 6 p.c. à 7 p.c. dans la région de Montréal pour que ce
1 p.c. soit distribué aux municipalités de la région de
Montréal. Cela aiderait toutes les villes. Evidemment, ce n'était
pas agréable d'annoncer aux hommes d'affaires qu'on demanderait
peut-être une augmentation de 1 p.c. de la taxe de vente. Mais cela a
été accepté par l'opinion publique et, au lieu de partir
en guerre contre elle, les gens disaient: S'il faut des revenus on a les
coupures des journaux du temps aussi bien accepter ça.
Au budget provincial suivant, la taxe de vente est montée de 6
p.c. à 8 p.c, mais au provincial seulement. Alors, là encore, on
avait
fait accepter l'idée de monter de 6 p.c. à 7 p.c. et c'est
monté à 8 p.c. et il n'y a rien de plus pour la ville. Je
m'abouche avec mon collègue, le maire de Toronto, il y a quelques
années, et tous les deux, nous échangions des propos sur nos
difficultés respectives de trouver d'autres revenus. Et nous nous
entendons sur une chose: On va essayer, ça donnera ce que ça
donnera, d'obtenir une taxe dans les hôtels.
Moi, je ne voulais pas suggérer une taxe sur le prix des chambres
d'hôtels sans que Toronto ne le demande aussi parce que, là, on
nous aurait dit: Tout le tourisme va aller à Toronto et tous les
congrès. A partir du moment où Toronto et Montréal le
demandaient en même temps, ça faisait moins de dommages ou
ça n'en faisait pas du tout.
Alors, il en parle au premier ministre de l'Ontario du temps et il
communique avec moi; moi, j'en parle au premier ministre de la province de
Québec du temps et on ne m'avait rien promis. Mon collègue me dit
: Il semble que mon premier ministre accepterait l'idée. Au budget
suivant, taxe provinciale dans les hôtels.
Alors, en passant, je dis que d'imposer les hôtels
spécifiquement, le principe est appliqué, sanctionné et le
bénéfice revient à la province. Que la ville de
Montréal ait aussi eu l'idée que, étant donné les
services municipaux qu'il faut procurer à une population qui arrive en
plus, qu'on dise? Vous allez payer un peu plus parce que, tout de même,
les taxes sont déductibles dans votre administration. C'est
peut-être une façon détournée d'aller chercher de
l'argent à Ottawa par Québec aussi. Les taxes sont
déductibles. Deuxièmement, les gens qui viennent, on leur fournit
des services et le principe, la province l'a admis: Elle vous taxe de 8 p.c.
pour vos chambres au lieu de nous laisser cela.
J'ai même inventé, un jour, la taxe volontaire. On ne dira
pas que je n'ai pas tout fait. S'il y a une antinomie, une contradiction de
deux mots, c'est bien "taxe" et "volontaire". La démonstration
d'aujourd'hui est concluante. On n'aura rien appris mais on aura eu une
confirmation: les taxes ne sont pas populaires. Les gens qui payent la taxe
d'eau ne le veulent pas et les porte-parole de la taxe foncière
s'opposent même à ce qu'on taxe l'eau. M. Lamarre parle au nom des
contribuables de taxe foncière et il s'oppose à ce qu'on impose
une taxe d'eau sans savoir que, si on ne peut pas l'imposer sur l'eau, il va
falloir la mettre sur la taxe foncière. Il y a quelque chose qui ne
marche pas là-dedans.
De toute façon, j'invente la taxe volontaire. Cela n'allait pas
mal; ça allait même assez bien, merci. Le premier mois, $1.5
million de rentré, ça va bien. Bien oui, mais, vous savez, on ne
nous pardonne pas d'être riches. Alors, je n'ai pas besoin de vous dire
ce qui est arrivé et qui a la taxe volontaire.
Maintenant qu'on dit que Montréal a des difficultés
financières, il faudrait au moins nous donner le crédit qu'on a
essayé de ne pas en avoir. Et si d'autres gouvernements sont dans des
difficultés moins grandes que celles dans lesquelles ils seraient, c'est
peut-être parce qu'ils ont pris nos idées et nos revenus. Il ne
faut pas se le cacher, on est entre amis.
Vous savez, nous sommes tenus par la loi d'envoyer des comptes de taxes,
comme les autres gouvernements. On n'a pas le choix. On peut dire: Bien, il
faudrait réduire les dépenses. Je pense qu'on va tenir pour
acquis qu'on ne peut tout de même pas réduire les dépenses
de $75 millions malgré les tours d'acrobatie qu'on pourrait faire. On ne
peut pas les réduire de $75 millions.
Si Montréal n'obtient pas de faire reconnaître que ce qui a
toujours été était, si on n'obtient pas de faire
reconnaître ça, il va falloir envoyer des comptes de taxes quand
même. Alors, il s'agit simplement de savoir avec quelle carte de visite
on va envoyer les comptes. Dans le moment, c'est avec la nôtre. On ne
fait plaisir à personne. Mais si on est obligé d'annuler $75
millions de réception de taxes d'eau payées par l'un ou par
l'autre, il va falloir envoyer ces comptes-là à d'autres. Et
c'est bien évident ça, je vous le dis qu'il va y
avoir un mot d'explication avec ce compte de taxes.
On ne peut toujours pas dire aux gens qu'on hausse les taxes quand on
avait d'autres moyens de les avoir et qu'on a exercé ces
moyens-là depuis quarante ans. Cela m'est absolument égal,
envoyer le compte de taxes X, Y ou Z mais on donnera les explications. Parce
que $75 millions, ce n'est pas pour payer un déficit auquel on ne
s'attendait pas Me Normandin l'a dit ce n'est pas un pouvoir
supplémentaire de taxation, c'est pour faire reconnaître que ce
qui était était. Ce n'est pas autre chose que ça.
Et il n'y a pas de préjudice. Il y a du
désagrément, mais il n'y a pas de préjudice. C'est bien
évident que la taxe la plus juste si une taxe est juste
disons que c'est l'impôt sur le revenu qu'on paie suivant ses moyens. On
ne l'a pas, ce pouvoir-là. La ville a les pouvoirs de taxation les plus
impopulaires qui soient. On avait la taxe de vente qui était
camouflée. Au début, on en a voulu à mon
prédécesseur et, après ça, ils s'étaient
habitués. Alors, en achetant quelque chose, ils paient la taxe. L'ennui,
c'est qu'actuellement il y a encore des gens qui croient que ça vient
à la ville et ils n'aiment pas ça quand ils paient la taxe de
vente. Mais le nombre va en diminuant.
On a les taxes les plus impopulaires. On envoie un compte de taxes aux
propriétaires, on envoie un compte de taxes aux locataires, on envoie un
compte de taxes aux hommes d'affaires et ils sont obligés de payer par
chèque. Cela, c'est aussi insultant que de payer une contravention pour
un stationnement défendu. On n'aime pas ça. Au moment où
on fait le chèque, on dirait qu'on n'a rien en retour. Alors que
lorsqu'on achète des matériaux, lorsqu'on fait une transaction et
qu'on paie une taxe dans le cours normal de ses affaires, on s'en
aperçoit moins.
Ce sont les municipalités qui ont les pouvoirs de taxation les
plus impopulaires. Et quand une ville comme Montréal essaie d'en avoir
d'autres et en applique d'autres, on se les fait enlever. Il ne faut pas se
surprendre qu'on vienne ici, pas pour dire que Montréal est dans des
difficultés financières, non, mais pour dire: Est-ce que vous
avez des moyens d'assurer que les revenus qu'il nous faut pour compenser les
dépenses qu'on va faire puissent être perçus par la ville
et payés par des gens qui paieraient avec le sourire?
Je pense que c'est peut-être vous demander beaucoup de demander le
sourire avec ça. Mais il ne faudrait tout de même pas priver la
ville de revenus qu'elle a toujours eus. Ce sont les seuls qu'elle a eus.
Il ne faut pas oublier une chose, quand le taux des taxes diminuait, il
n'y avait pas de protestation. A ce moment-là, on ne se renseignait pas
pour voir si on ne vendait pas l'eau en bas du prix, d'autant plus que c'est
cela que la loi dit. Qu'est-ce que la taxe d'eau? Le prix, par le coût de
revient, si les mots veulent dire quelque chose, je ne plaide pas la cause de
là-bas mais ici, c'est bien important, parce que vous allez
délibérer peut-être, le prix ou la valeur de l'eau fournie
par la ville dont la ville a la liberté de fixer le prix ou la valeur.
Parce que, si ce n'est pas cela que ça veut dire, pourquoi deux mots? Le
législateur ne parle pas pour rien. C'est un principe
d'interprétation. Le prix à l'article 2 x), taxe d'eau, le prix
ou la valeur de l'eau fournie par la ville, pas tel qu'établi
après des études ou ceci ou cela, tel que fixé par la
charte ou par règlement adopté sous son empire, qu'est-ce que
cela signifie?
On sait bien que mon stylo peut valoir $2 et je peux le vendre $1. Cela,
c'est le prix, $1. Il veut valoir $2 et j'ai le droit de dire: Le prix est en
bas de la valeur. Il peut valoir $2 et je peux dire que le prix est $5. Si j'ai
le droit de fixer un prix ou la valeur, c'est la définition. Si je
soulève la réponse, c'est parce qu'on a posé la question:
Pourquoi ne sommes-nous pas venus avant? C'est parce qu'avant il semblait que
cette définition était comprise par toutes les
municipalités et tous les contribuables, que la ville pouvait fixer un
prix. Ce prix, toutefois, ne devait pas dans certains cas dépasser
certaines limites. Alors, même là, pourquoi y aurait-il une
réserve quelque part que cela ne doit pas dépasser une certaine
limite? S'il fallait toujours que cela ne représente exactement que le
coût, le prix de revient de l'eau à la ville, il n'y aurait pas eu
besoin de mettre un plafond. Vous pourrez fixer un prix ou une valeur, mais
cela ne devra pas dépasser tant. C'est bien évident que le
législateur n'a pas employé ces mots pour rien. Pourquoi l'a-t-il
appelée la taxe d'eau? Il l'a appelée la taxe d'eau et il l'a
définie. Le prix ou la valeur de l'eau fournie, tel que fixé par
règlement. Ce sont des règlements annuels. On ne peut pas adopter
un règlement pour plus d'un an pour fixer des taux. Alors, pourquoi ne
sommes-nous pas venus avant? Depuis 50 ou 40 ans? C'est parce que cela a
toujours été compris que cela voulait dire cela.
Nous ne demandons pas d'interpréter autrement. Si nous demandions
de modifier la définition de la taxe d'eau, si la taxe d'eau avait
été définie comme étant le montant exprimé
par le prix de revient de l'eau à la ville qui l'a fournie, cela aurait
été clair que c'est cela. Si on venait vous demander de changer
la définition pour que cela dise le prix ou la valeur, je comprendrais.
Mais c'est là depuis la charte, le prix ou la valeur. Je pense qu'il y a
assez d'hommes d'affaires ici pour savoir que les chambres d'hôtel n'ont
pas toujours le même prix. Elles ont toujours la même valeur mais
elle n'ont pas toujours le même prix. C'est bien évident. Suivant
les saisons, les hôtels accepteront de louer des chambres moins cher. Et
personne ne peut le leur reprocher. Ils sont maîtres de fixer le prix.
Ils ont une valeur pour la chambre et parfois, le prix est en bas de la valeur
parfois, ils la donnent gratuitement, parfois, ils augmenteront
également leur prix. Ce n'est pas seulement ici. Il y a des gens qui
vont passer des vacances à Miami. C'est bien sûr qu'en pleine
saison les chambres sont plus dispendieuses qu'en dehors des saisons. Il y a
une valeur pour une chose et il y a un prix et la définition de la taxe
d'eau, c'est le prix ou la valeur. Comment le législateur aurait-il pu
parler plus ouvertement, plus clairement qu'il ne l'a fait?
J'en viens à ceci. Nous avons des comptes de taxes à
envoyer. Quelqu'un doit les payer. Cela nous est absolument égal. On
s'est fait enlever tellement de sources de revenu qu'une de plus, une de moins,
cela sera la tradition qui se continuera. Je ne serai pas surpris si cela n'est
pas adopté. Je vous le dis carrément.
J'ai l'histoire et je l'ai résumée, il y en a d'autres.
Alors, on enverra des comptes de taxes, mais il faudra bien que ces taxes qui
avaient l'habitude d'entrer et qui n'entreront pas qu'on aille les chercher
ailleurs. Où ailleurs? Chez ceux qui paient dans le moment? Non. Chez
des gens qui, eux, ne peuvent pas le placer comme déductible à
leur feuille d'impôt sur le revenu. Le petit propriétaire et le
petit locataire d'une maison unifamiliale ou celui qui paie sa taxe d'eau comme
locataire, lui, il ne peut pas l'inscrire. L'homme d'affaires peut l'inscrire.
Cela fait une "tannante" de différence de fardeau. Il faut penser
à cela. On n'aime pas cela augmenter la taxe d'affaires, il n'y a
personne qui aime cela. Quand on vient pour imposer, on se creuse la tête
pour trouver, pas quelle est la façon la plus agréable, il n'y en
a pas de façon agréable, quelle est la façon qui pourrait
faire le moins mal, quelle est la façon la moins douleureuse.
Or, s'il faut aller chercher ces $75 millions qui passent dans les frais
d'administration et qui sont déductibles, si on va les chercher dans
l'ensemble de la population, la plus grande
partie des contribuables affectés ne peuvent pas les repasser aux
autres. Alors, ce sera une contribution au gouvernement fédéral,
au gouvernement provincial. Je suis bien ogligé de le dire parce qu'on a
étudié cette question.Quelles sont les répercussions d'une
modification? Vous allez dire: Cela a été soulevé, c'est
sub judice, on ne doit pas intervenir. Cela, c'est pour le règlement de
l'an dernier. Mais il n'y a personne qui a un droit acquis à une
législation municipale, provinciale ou fédérale, ad vitam
aeternam. Les droits acquis ne sont que pour la durée du
règlement. Le nouveau règlement a été
attaqué après le dépôt de la loi. Alors, là,
il n'y a pas de rétroactivité. Si le Parlement en arrivait
à dire: On ne veut pas toucher à ce qui est devant le tribunal.
Si le jugement est favorable, il n'y aura pas de problème. S'il est
défavorable il va falloir trouver un solution parce que, pour rembourser
$75 millions, il va falloir les trouver quelque part. Alors, on reviendrait et
on étudierait le problème avec vous. Mais quant à
l'avenir, il n'y a pas de droits acquis. Qu'on ne vienne pas me dire qu'il y a
des droits acquis et qu'une municipalité et un gouvernement n'ont pas le
droit de modifier des pouvoirs de taxation, c'est bien évident.
Alors, la solution est très simple, à la rigueur, pour
respecter le scrupule et on en est conscient légitime de
ne pas intervenir législa-tivement quand un jugement est attendu, mais
quant au règlement de cette année et les règlements
â venir par exemple, il n'y a pas de droits acquis cela devient une
question économique.
DES VOIX: Ah, ah!
M. DRAPEAU: Malgré tous les ah, ah, il n'y a pas de droits acquis
à aucune législation. Ce n'est pas avec des ah, ah qu'on va le
nier. Il y a assez de législateurs ici, voyons, qu'on fasse des ah, ah
ailleurs, mais pas devant des législateurs tout de même! On parle
sérieusement. Il n'y a pas de droits acquis à une
législation donnée. Le gouvernement modifie les lois, change les
lois, hausse les impôts, les diminue, les transporte. Pensez-vous que, si
une journée, à l'occasion d'une augmentation d'impôt sur le
revenu, les hôteliers se présentaient devant le ministre des
Finances à Ottawa pour dire: On a des droits acquis aux impôts
qu'on payait l'an dernier, vous n'avez pas le droit de les hausser, cela serait
pris au sérieux? Voyons! Il n'y en a pas de droits acquis pour l'avenir.
Le dépôt du bill a été fait. La deuxième
requête en contestation, la requête pour ce règlement, a
été prise après le dépôt du bill. Alors,
ça pourrait être à partir de l'année 1972 comme
solution absolument juridique, absolument respectueuse de toutes les traditions
et de tous les textes. Cela réglerait le problème, sauf pour
l'année dernière. Quand le jugement sera rendu, si le jugement
est favorable à la ville, l'autre partie pourra en appeler et on verra.
S'il est défavorable à la ville, la ville pourra peut-être
en appeler. Mais quand on ira sur le marché de la finance, par exemple,
on ne sera pas obligé de dire dans le prospectus que tout le
règlement du revenu a été déclaré
illégal et annulé et qu'on est en instance d'appel et que chaque
année on va être sous le coup de cette épée de
Damoclès.
Ce sera réglé quant à l'avenir, quand il y aura
juste une année, cela n'affectera pas le gros, le crédit de la
ville. Alors, si le gouvernement dit: On veut attendre, rendez-vous à la
cour Suprême, on se rendra jusqu'à la cour Suprême.
Si, finalement, on gagne, l'affaire est réglée. Si on
perd, il faudra revenir ici et dire: Messieurs, où irons-nous chercher
ces $75 millions? Il faut rembourser. C'est la situation. Tantôt, il y a
eu des échanges de vues sur la situation juridique, moi, je vous parle
au plan administratif. La solution qui, je pense, serait parfaitement logique,
c'est de ne rien changer au statu quo, tel que la charte le dit. Quand, en
dépit d'un texte clair comme ça, il y a eu des procédures
de prises, on ne touche pas aux procédures pendantes et on attend le
jugement.
Pour cette année, la demande a été faite avant que
la requête ne soit prise, et votre décision pourra être
prise sans affecter les droits acquis.
Messieurs, j'ai cru de mon devoir de vous saisir de ces quelques
considérations et je vous remercie de votre bonne attention.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine a demandé
la parole.
M. LEGER: Pouvez-vous me dire la proportion ou le pourcentage que vous
recueillez des hôtels dans ces $75 millions? Je ne parle pas des petits
restaurants, mais des hôtels.
M. DRAPEAU: Quand je me réfère aux $75 millions, c'est que
tout le problème du revenu est attaqué. Tout le règlement
du revenu est attaqué et c'est pour ça qu'on a pas donné
de détails. Mais probablement qu'il y aurait des correctifs à
faire par la suite, sûrement des correctifs législatifs. Si,
à ce moment-là, l'Assemblée nationale voulait s'en tenir
à la donnée d'un jugement, il faudrait trouver la formule pour la
partie correspondante aux revenus qui nous viennent et les chiffres se
feraient.
Dans le moment, et c'est ce qui compte, à cause du principe de
tout le règlement du revenu qui est attaqué, il faut bien tenir
pour acquis que s'il y a un jugement pour ou contre, ce sera tout le
règlement du revenu qui y passera.
M. LEGER: Voici ma deuxième question. Tout à l'heure, j'ai
dit que, dans la partie du rôle locatif qui était choisie à
même le rôle foncier, il y avait environ le tiers du rôle
foncier qui n'était pas touché dans le rôle locatif: cela
voudrait dire la partie provenant des terrains vacants ou des parties de
terrain où on n'a
imposé par une taxe locative que la bâtisse qui faisait
peut-être une petite partie du terrain. Est-ce que vous pourriez dire
s'il est vrai qu'il y a environ le tiers, comme je l'affirmais tantôt,
que la taxe locative ne couvre pas?
M. DRAPEAU: J'ai entendu l'honorable député dire ça
tout à l'heure et j'ai demandé à mon collègue, le
procureur, d'où vient cette information. Je serais heureux si vous
pouviez me donner plus de précisions. Il semble bien que, d'un commun
accord, nous ne trouvons absolument aucune situation qui ressemble à
celle que vous dites, parce que l'évaluation ou la taxation, personne
n'y échappe. Il y a ceux que la loi déclare exempts de taxation,
mais l'évaluation se fait partout et, sauf ceux qui sont exemptés
de la loi, tout le monde paie.
M. LEGER: Ceux qui sont imposés pour la taxe d'eau ne comprennent
pas les propriétaires de terrains vacants.
M. DRAPEAU: Non.
M. LEGER: C'est pour ça que j'ai eu des chiffres,
c'est-à-dire cette information qu'il y a environ le tiers du côle
foncier qui correspond à des endroits qui sont des lots vacants ou des
lots suffisamment grands pour que la partie de la bâtisse qui subit la
taxe locative et une partie beaucoup plus grande du même lot ne soient
pas imposées en vertu de la valeur locative. Autrement dit, il y aurait
une possibilité pour la ville d'imposer ces lots vacants si la taxe
foncière était imposée plutôt que la taxe
locative.
M. DRAPEAU: Dans la proportion que vous donnez, il semble plutôt
que ça couvre les exempts et les terrains vacants. Mais les terrains
vacants sont surtout à Rivière-des-Prairies, où un plan
d'ensemble est en préparation, où il y aura des lotissements. Il
y a tous les travaux souterrains, il faut rendre l'eau, les égouts,
c'est en pleine voie d'exécution. Il y a des travaux qui se font mais
cela ne représente pas le tiers. Les terrains vacants non imposables
pour l'eau, c'est infime par rapport à l'ensemble.
M. LEGER : Dernière question, vous avez dit tantôt que la
ville pouvait, d'après la définition de la taxe d'eau,
déterminer le prix ou la valeur, parce que c'est fixé par
règlement. A ce moment-là, vous compariez cela un peu au prix
fixé pour une chambre d'hôtel, qui peut varier selon les besoins
du propriétaire de l'hôtel.
Vous touchez quand même une partie de population qui comprend le
locataire pauvre qui, lui, ne peut pas se passer de l'eau. On lui fait payer
plus cher en disant: On peut fixer le prix qu'on veut pour équilibrer
nos besoins de revenus et il ne peut pas choisir. Il a besoin de l'eau; il faut
qu'il la paie. Tandis que dans une chambre d'hôtel, les gens peuvent
quand même ne pas choisir d'y aller à cet
hôtel-là.
M. DRAPEAU: Il faut bien, encore une fois, reconnaître que, tout
le temps, cela s'est appelé taxe d'eau et c'est une taxe de services
municipaux qui comprend la police, les incendies, les parcs, les loisirs
j'en ai toute une série l'hygiène, la bibliothèque,
l'urbanisme, l'eau et l'égout, l'éclairage, l'enlèvement
de la neige, l'enlèvement des ordures, une partie du transport public et
combien d'autres services municipaux dont une partie est retrouvée
là-dedans. Cela ne s'est jamais caché et quand j'ai entendu le
savant procureur de Saint-Luc dire qu'on vient de découvrir cela, il y a
des surprises, jusqu'à quel point la naiveté peut posséder
les administrateurs de toute une ville de banlieue de Montréal et son
savant procureur. Il y a des naïvetés dont on ne doit pas faire
état comme certaines femmes de leur vertu.
Une chose est certaine, c'est qu'avec la taxe foncière et la taxe
d'affaires et les autres revenus qu'on a, cela permet de réduire la taxe
que le plus grand nombre paie. Il n'y a pas de doute que, si on n'a pas cela,
c'est celle-là qui va monter. On n'a pas le choix.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Justice aurait quelques questions
à poser.
M. CHOQUETTE: M. le maire, tout d'abord, je dois vous dire que je suis
de votre avis à l'effet que, sur la question du sub judice, à mon
sens ce n'est pas un obstacle, parce que la commission examine le
problème pour les fins du budget de l'année courante,
étant donné les arguments que vous avez fournis à l'effet
que votre projet de loi avait été déposé avant la
contestation qui avait été logée devant le tribunal. Pour
le passé, évidemment, c'est un autre problème qui est plus
grave. Mais cela, je pense que vous l'avez reconnu. Sur le plan administratif,
on comprend tous vos problèmes. Donc je mets cela de côté
en disant que nous les apprécions à leur juste importance. Mais
sur le plan juridique, vous nous avez parlé de l'interprétation
des mots "taxe d'eau" dans la charte comme étant le prix ou la valeur de
l'eau fournie par la ville. Est-ce que ces deux termes ne sont pas synonymes
dans le sens où ils sont employés dans la définition de la
charte?
M. DRAPEAU: Non, parce que le mot "fixé" n'aurait pas de sens. Ce
serait tel qu'établi par le prix de revient. Le législateur
depuis toujours a donné le pouvoir de fixer un prix ou une valeur. Pour
bien montrer que c'est cela qu'il voulait dire, à l'article 628,
même dans certains cas, il dit: Pourvu que cela ne dépasse pas
telle chose.
M. CHOQUETTE: Mais est-ce qu'il ne dit pas: Prix et après cela il
le qualifie par les mots "la valeur", simplement pour préciser que le
prix doit être la valeur ou le coût?
M. DRAPEAU: Ecoutez, encore une fois, si
on était devant le tribunal, on pourrait peut-être sortir
les dictionnaires et essayer de faire de la sémantique, mais je pense
que le législateur ne parle pas pour ne rien dire et il ne prend pas
deux mots pour dire...
M. CHOQUETTE: C'est parce que, quand on arrive à l'article 628
qui traite du cas particulier de la ville d'Outremont et de la ville de
Westmount, là, c'est le prix ou le taux de l'eau fixé.
M. DRAPEAU: C'est cela.
M. CHOQUETTE: Il y a une différence de terminologie entre...
M. DRAPEAU: D'accord, cela n'a pas été
rédigé en même temps.
M. CHOQUETTE: Je comprends.
M. DRAPEAU: Alors, c'est le taux. Il parle du taux parce qu'il y met un
plafond. Alors, s'il met un plafond, c'est bien évident que ce n'est pas
pour forcer la ville à vendre en bas de son prix coûtant.
Autrement, cela n'aurait pas de sens. C'est parce qu'il est bien évident
que, si l'eau peut être vendue à tel prix dans tel cas, c'est
parce qu'il y a la question du volume, de la grande agglomération de
population qui fait que le taux de l'eau est réduit. Alors, le
législateur du temps a employé deux mots. Encore une fois, au cas
où cela pourrait s'interpréter comme le ministre de la Justice le
dit, pourquoi mettre un plafond?
Si ça veut dire qu'on n'a pas le droit de le vendre à un
autre prix que celui qui correspond au prix de revient, il n'y aurait pas
besoin de mettre de plafond. C'est parce qu'on est autorisé à
avoir une marge. Cela aurait été tellement simple de dire la taxe
de l'eau. Il n'aurait pas pris deux mots, il aurait dit : La valeur de l'eau
fournie par la ville tel que le coût en est établi par sa
production. Cela aurait été clair, dans ce sens-là. Mais
s'il n'a pas parlé dans ce sens-là c'est qu'il a parlé
dans l'autre sens.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas nécessaire de...
M. DRAPEAU: C'est tellement simple de dire ce que le ministre de la
Justice veut faire dire à ces mots qu'il aurait employé les mots
du ministre de la Justice. Il n'aurait pas employé d'autres mots. Il me
semble que ça parait clair.
M. TESSIER: M. le maire, si vous ajoutez du fluor dans l'eau, vous allez
pouvoir la vendre plus cher.
M. DRAPEAU: J'ai le bill ici. Si on veut en parler, j'ai le bill. Je
souhaite en passant seulement qu'on tienne une commission parlementaire
où je pourrais être entendu sur cette question aussi.
M. TESSIER: C'était juste une parenthèse.
M. DRAPEAU: Non, c'est une porte ouverte.
M. TESSIER: J'ai fermé la parenthèse. M. DRAPEAU: Mais
j'étais entré.
M. TESSIER: Je suis prisonnier entre les deux parenthèses.
M. DRAPEAU: Je ne veux pas prolonger ce débat. Est-ce que le
ministre de la Justice a d'autres questions à me poser?
M. CHOQUETTE: Non, M. le maire.
M. LE PRESIDENT: M. Saint-Laurent, est-ce que c'est en vertu de
l'article 97 pour rectifier certaines...
M. SAINT-LAURENT: Pour faire une mise au point, M. le
Président.
M. le maire nous disait qu'on a attendu que le projet de loi soit
déposé avant d'intenter des procédures pour attaquer la
validité du règlement adopté le 24 avril 1972. Je voudrais
rectifier cette affirmation en vous disant que le règlement 4418 ayant
été adopté le 24 avril 1972, des procédures ont
été intentées le 29 mai 1972 pour en demander
l'annulation. Quant au projet de loi, je ne sache pas qu'il ait
été déposé depuis plus de dix jours, sinon moins.
Je sais que j'en ai eu un exemplaire il y a à peine une semaine. J'avais
demandé qu'on nous le fasse parvenir dès qu'il serait
distribué.
Alors, dans le cas de Côte-Saint-Luc, les procédures ont
été intentées avec diligence à peine un mois et
quelques jours après l'adoption du règlement 4418.
M. TESSIER: Me Saint-Laurent, il ne faut tout de même pas oublier
qu'un avis a été publié dans la Gazette officielle et dans
les journaux annonçant le dépôt du projet de loi...
M. DRAPEAU: Au mois de mars.
M. TESSIER: ... et spécifiant que c'était pour la taxe de
l'eau. A partir de ce moment-là, je crois que vos clients étaient
suffisamment informés.
M. SAINT-LAURENT: M. le ministre, je ne sais pas à quelle date
cela a été publié dans la Gazette officielle.
M. TESSIER: Cela a été publié avant la prise des
procédures.
M. SAINT-LAURENT: Si c'était avant l'adoption du règlement
4418, il y avait déjà des procédures d'intentées
contre le règlement antérieur.
M. TESSIER: Et même avant le règlement?
M. SAINT-LAURENT: Le règlement antérieur...
M. TESSIER: Avant le règlement. M. COTE: C'est ça.
M. TESSIER: Je voudrais faire cette mise au point. Il ne faudrait tout
de même pas induire les gens en erreur.
M. SAINT-LAURENT: En réponse aux aimables remarques de M. le
maire concernant la naïveté des contribuables de la ville de
Côte-Saint-Luc, je lui rappellerais que, s'il avait pris la peine de
prendre connaissance des décisons rendues par les tribunaux depuis
plusieurs années concernant les pouvoirs qu'une municipalité peut
exercer et qu'elle ne peut pas dépasser par des moyens qui ont
été employés dans le cas actuel, peut-être qu'il
aurait moins de conviction en affirmant les choses qu'il a affirmées ce
soir. Je soumets respectuseument que la position prise par la ville de
Côte-Saint-Luc et par la ville de Westmount, concernant la
légalité, est une position valable. J'ajoute que si la ville de
Montréal était tellement sûre de sa position, il n'y aurait
pas eu nécessité pour elle de demander qu'on change la
définition de ce qu'on prétend avoir appliqué ou pu
appliquer comme une décision, une résolution ou une
définition légale depuis cinquante ans. A cause de
procédures intentées pour en demander l'annulation, on veut se
protéger aujourd'hui parce qu'on n'est pas tellement sûr que la
cour va reconnaître que cette définition de la taxe d'eau
permettait â la ville de Montréal de faire ce qu'elle a admis il y
a un an avoir fait depuis plusieurs années.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Saint-Laurent. Je laisse maintenant
M.....
M. VIAU: Seulement une rectification M. le Président. Voici, on a
parlé...
M. LE PRESIDENT: Me Jacques Viau.
M. VIAU: ... on a parlé pour l'année en cours. Comment
pouvait-on attaquer le règlement avant qu'il ne soit adopté?
Même si l'avis du bill a été donné le 28 mars, on a
adopté, le 24 avril, un règlement en vertu d'une loi qui
existait. Est-ce qu'on pouvait présumer de l'intention du
législateur qui pouvait se décider dans les quelques mois
à venir?
Je pense qu'il y a, devant les tribunaux, deux causes; une qui est en
délibéré et l'autre qui va venir prochainement devant un
juge. Je ne pense pas que l'on puisse présumer parce que le
règlement ne pouvait pas être attaqué. Même s'il y
avait eu un avis donné...
M. TESSIER: Oui, mais on ne vous reproche pas d'avoir pris des
procédures. Ce n'est pas ce qu'on vous reproche.
M. VIAU: Non, mais voici, parce qu'on a dit...
M. TESSIER: Je me suis informé à ce moment-là.
M. VIAU: ... que pour... Oui, mais quand même; le règlement
a été adopté en vertu de la charte actuelle et la charte
est encore en vigueur. Tant que le projet de loi ne sera pas sanctionné,
la charte existe et le règlement a été adopté en
vertu de ces dispositions-là et on les a attaquées parce qu'il
fallait les attaquer dans un délai de trois mois.
M. LE PRESIDENT: Je laisse maintenant la parole au ministre des Affaires
municipales.
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais d'abord féliciter
le maire de Montréal de son très éloquent plaidoyer et des
excellents arguments qu'il a développés. C'était
réellement, à certains moments, très émouvant. Nous
avons, je pourrait dire, presque été convaincus; peut-être
que nous l'avons été. Mais je voudrais justement corroborer ce
que M. le maire de Montréal disait, à savoir que nous sommes
parfaitement conscients des efforts considérables qui ont
été faits par la ville de Montréal au cours des
dernières années pour se procurer des revenus suffisants pour
faire face à ses nombreuses obligations.
La situation financière de Montréal est bonne, nous le
savons et nous en félicitons les administrateurs. Nous savons par
contre, et nous sommes parfaitement conscients que la ville de Montréal
fait face tout de même à des problèmes assez complexes pour
boucler son budget, qu'elle doit se procurer des revenus. Nous avons même
formé dernièrement, au ministère des Affaires municipales,
un comité d'étude à la Communauté urbaine de
Montréal qui, entre autres, va étudier en profondeur toute la
question de la fiscalité de toutes les municipalités de la
communauté urbaine et, en particulier, de la ville de Montréal,
qui nous fera sans doute des recommandations.
Pour sa part, je crois que nous devons admettre que le gouvernement a
tout de même fait un certain effort, non pas pour régler d'une
manière définitive la question de la fiscalité municipale,
mais, tout de même, nous avons fait un certain pas de ce
côté-là en permettant aux municipalités., dont la
ville de Montréal en particulier, d'envahir graduellement le champ de
l'impôt foncier scolaire à raison de $0.15 les $100
d'évaluation sur une période de cinq ans.
Ceci, sans aucun doute, procura plusieurs millions de revenu additionnel
à la ville de Montréal. La semaine dernière, j'avais
l'occasion
de déposer et de faire adopter une loi qui permet aux
municipalités d'imposer les hôpitaux à raison de $35 par
lit, les foyers d'accueil pour vieillards à raison de $25 par lit, ce
qui, encore là, amènera peut-être $1 million ou plus
à la ville de Montréal.
Nous avons également permis aux municipalités, pour tenir
lieu de taxe foncière générale, d'imposer les
université et CEGEP à raison de $25 pas étudiant.
Nous avons également déposé un projet de loi qui
n'est pas encore adopté mais qui est devant l'Assemblée nationale
pour enlever aux municipalités la charge, les coûts des
unités sanitaires. Ce qui encore là allégera le fardeau
des municipalités.
Je voulais simplement mentionner ceci pour dire que le gouvernement
actuel est parfaitement conscient que la question de la fiscalité
municipale existe depuis plusieurs années, et demeure encore le
problème numéro 1 des municipalités. Nous allons tenter de
le résoudre. Mais nous sommes tout de même en face d'un
problème assez complexe.
Je suis très heureux, d'une part, que mon collègue, le
ministre de la Justice, ait déclaré qu'en ce qui concerne
l'année budgétaire courante pour la ville de Montréal il
n'y ait pas de question qui soit sub judice et que les procédures
pendantes devant les tribunaux, prises en délibéré depuis
le mois de décembre dernier, c'est-à-dire pour l'année
d'imposition 71/72, étaient les seules que nous ayons à
considérer comme telles cette année.
Je voudrais également préciser et je crois que
c'est assez important dans le débat, pour nous permettre de prendre une
décision que la taxe d'eau comme on l'entend, comme on en a
discuté, existe tout de même depuis 1935 à la ville de
Montréal. Les municipalités qui se plaignent, soit Westmount,
Outremont, entre autres, paient ou ont un taux qui leur est imposé de
7.5 p.c. Le contribuable, le particulier, contribuable de Montréal paie,
lui, plus cher, c'est-à-dire 8.5 p.c, c'est-à-dire plus cher que
le contribuable d'Outremont ou de Westmount. Quant à
Côte-Saint-Luc, ils paient le même prix, je crois, comme j'ai cru
le comprendre, c'est-à-dire 8.5 p.c.
Quant aux hôteliers et restaurateurs, il semble tout de même
assez curieux qu'ils aient attendu. La raison est peut-être celle
mentionnée par Me Renault Saint-Laurent. Il faut tout de même
penser que la ville de Montréal n'est pas arrivée avec une taxe
d'eau basée sur la valeur locative du jour au lendemain. Jusqu'en 1971
ces hôteliers et restaurateurs payaient tout de même 12 p.c, je
crois. On a augmenté, en 1971, à 18 p.c, c'est-à-dire une
augmentation de 50 p.c. Evidemment, c'est une augmentation assez substantielle.
Il est évident que la ville de Montréal doit se procurer des
revenus suffisants, comme je le mentionnais il y a un instant, pour faire face
à ses obligations.
Toutefois, le problème étant sérieux, étant
complexe, après en avoir discuté avec mes collègues, pour
ma part, je crois que et j'en ai prévenu d'ailleurs, tout
à l'heure, M. le maire de Montréal nous avons besoin d'un
certain temps de reflection. En conséquence, M. le Président, je
propose que nous ajournions la décision de cette commission
parlementaire sine die. Je promets toutefois à M. le maire de
Montréal que la décision ne sera pas rendue dans six mois, ou
dans trois mois, ou même dans un mois, mais d'ici environ une semaine.
Mais nous voulons prendre le temps tout de même d'examiner à
nouveau tout ce problème qui, tout le monde l'admettra, ceux qui sont en
faveur comme ceux qui sont contre, est assez complexe.
M. le Président, je propose que nous ajournions l'étude du
projet de loi 100, sine die.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît, messieurs!
M. DRAPEAU: Il y a encore un article qui n'a pas été
adopté.
M. LE PRESIDENT: D'accord, M. le maire, un instant, s'il vous
plaît.
M. TESSIER: Il s'agit des deux articles 1 et 6, qui sont connexes.
M. LE PRESIDENT: Avant d'annoncer l'ajournement, vous me permettez de
signaler aux membres de la commission que j'ai reçu un papillon, un
amendement proposé par M. Jacques Lavoie, appuyé par M. Nat
Aronoff, qui aurait justement pour effet d'amender la charte de la ville de
Montréal. Il est recevable sur ce plan mais, par contre, je serais bien
mal placé de recevoir ce papillon, étant donné que, tout
à l'heure, j'ai refusé celui de la Chambre de commerce. Alors, je
demanderais à M. Nat Aronoff, à l'avenir, d'informer le
législateur en temps opportun de tout amendement qu'il désire
apporter à un projet de loi. Parce que cette habitude d'arriver avec des
papillons ne permet ni au légiste de la province, ni au légiste
de la ville de Montréal de prendre connaissance des amendements que vous
proposez en temps...
M. ARONOFF: M. le Président, je veux dire ceci, simplement, que
le temps est arrivé. Il y a seulement une place où nous pouvons
parler et c'est ici, à Québec. Vous savez qu'il n'y a pas
d'opposition au conseil de ville de Montréal.
M. LE PRESIDENT: Vous êtes complètement hors d'ordre.
M. TESSIER: Nous n'entrerons pas dans un débat de...
M. LE PRESIDENT: M. Aronoff, je regrette d'avoir à vous informer
que votre papillon n'est
pas accepté par la commission et, à moins qu'il y ait
quelqu'un d'autre...
M. VIAU: Il y avait un amendement qui a été
déposé par la ville d'Outremont en ce qui concerne l'article
628.
M. LE PRESIDENT: Sur papillon?
M. VIAU: Oui.
M. LE PRESIDENT: Même sort.
M. VIAU: Amendement qui a été déposé
lundi.
M. PAUL: Vous avez bien dit que votre amendement avait été
déposé lundi?
M. VIAU: Oui. Il a été mis à la poste vendredi
dernier, pour autant que je me rappelle. Il a dû être reçu
à Québec lundi matin.
M. LE PRESIDENT: Nous allons essayer de le retracer. Si vous voulez
attendre quelques minutes.
M. VIAU: Nous avons déposé 50 copies.
M. PAQUET: M. le Président, est-ce que nous serons avisés
de la prochaine séance de la commission? Quand cet amendement
pourra-t-il être pris en considération?
M. LE PRESIDENT: Je me vois forcé...
M. CHOQUETTE: Etant donné la position que le ministre des
Affaires municipales a prise et je pense qu'ella a été
agréée par l'ensemble des membres de la commission, à
l'unanimité de reporter la décision à plus tard, je
pense qu'il serait opportun qu'on ait toutes les représentations des
personnes intéressées sur les deux articles 1 et 6 plus les
amendements qu'elles entendent soumettre de façon que, quand le temps
viendra de prendre la décision, probablement mardi prochain, la
commission ait été pleinement éclairée et le
débat ne soit pas tout à reprendre.
M. LE PRESIDENT: Si les membres sont d'accord, je peux laisser Me Viau
faire l'exposé de son amendement.
M. VIAU: Le maire Pierre Desmarais d'Outremont va faire l'exposé
de cet amendement à l'article 628, M. le Président.
M. LEGER: M. le Président, avant d'écouter le maire
Desmarais, je voudrais simplement poser une question au ministre. Il a dit
tantôt qu'il voulait reporter on n'a pas eu l'occasion de
s'exprimer là-dessus la décision concernant l'article 1 en
dedans d'une semaine. Comme la commission des Affaires municipales va
siéger mardi et mercredi, une semaine, cela voudrait dire jeudi. Est-ce
qu'il veut dire par là qu'il y aura une autre réunion de la
commission des affaires municipales au cours de la semaine prochaine pour
prendre une décision définitive concernant les articles 1 et
6?
M. TESSIER: Oui. Au cours de la semaine prochaine ou de l'autre semaine,
spécialement sur le projet de loi 100 de la ville de
Montréal.
M. LEGER: Parfait!
M. TESSIER: Je pense qu'on consacrera une séance
là-dessus.
M. LE PRESIDENT: Me Paquet.
M. PAQUET: M. le Président, est-ce qu'il serait possible de
demander à ce stade-ci que le président prenne l'engagement au
nom du secrétariat des commissions que tous ceux qui ont comparu
reçoivent un avis de façon à pouvoir être
présents à cette séance?
M. LE PRESIDENT: Absolument. C'est enregistré. Vous venez de le
dire. Alors nous nous rendons à votre demande.
M. PAQUET: Dans la mesure du possible, en temps utile, pour nous
permettre d'être ici.
M. LE PRESIDENT: D'accord! Je dois faire remarquer aux membres que tout
à l'heure j'aurai à ajourner sine die à cause, justement,
de la question du bill 100.
M. TESSIER: M. le Président, uniquement sur le projet de loi 100.
Mais il est entendu que la commission s'ajourne à mardi prochain, dix
heures.
M. LE PRESIDENT: Mardi, dix heures.
M. ARONOFF: M. le Président, je pose la question, quand puis-je
venir ici et parler librement? C'est ce que je demande.
M. LE PRESIDENT: L'an prochain.
M. ARONOFF: Non, non! Pas l'an prochain. Il faut comprendre ceci. Au
moins, M. le Président, on a pris plus de 25 p.c. des votes dans la
ville de Montréal.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que c'est un amendement?
M. ARONOFF: Ceci est un amendement. Prenez-le comme vous le voudrez. Il
faut avoir de la justice dans la ville de Montréal. Ce que nous n'avons
pas. Ici, c'est la place où l'on peut parler. Je suis venu pour parler
et vous me dites que je ne peux pas parler.
M. LE PRESIDENT: Non, écoutez...
M. ARONOFF: Or, si je ne peux pas parler ici, je ne peux pas parler
à l'hôtel de ville, ce sont toutes des marionnettes
aujourd'hui...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. ARONOFF: Ecoutez-moi bien, cela ne marche pas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! M. Aronoff, s'il
s'agit d'un amendement que vous voulez apporter à la charte de la ville
de Montréal et que vous devez inclure dans le bill 100, les papillons
doivent nous être présentés en temps opportun,
c'est-à-dire pour que les conseillers juridiques du gouvernement aient
amplement le temps de les étudier. Si vous voulez adresser la parole
à n'importe quel article à l'étude sur le bill 100, vous
étiez absolument libre de le faire.
M. ARONOFF: M. le Président, vous savez très bien que ma
langue n'est pas le français. Je fais mon possible pour parler la langue
française, je suis heureux de le parler et je suis venu ici et vous me
rendez la tâche difficile.
On veut changer et le temps est arrivé de changer le
système à Montréal pour établir un système
démocratique. Je ne veux pas revenir demain ou après demain.
L'année dernière M. le ministre Tessier m'a dit: On va faire une
étude. A ce moment-ci, on n'a pas terminé l'étude. Le
temps est fini, ce n'est pas une question d'étude, c'est pour convoquer
une séance et discuter de toute la question. C'est quelque chose de bien
important.
M. LEGER: M. le Président, en toute justice, il y a eu deux
autres personnes aujourd'hui dont les amendements n'ont pas été
acceptés. Ils ont été remis parce qu'ils avaient
été déposés aujourd'hui. On ne peut peut-être
pas adopter, rejeter ou accepter l'amendement mais est-ce qu'il ne serait pas
logique qu'il puisse au moins s'exprimer puisque les autres qui ont
proposé leurs amendements ont pu s'exprimer? On leur a dit: Votre
amendement peut être présenté une autre fois, nous aurons
l'occasion de l'étudier. Mais est-ce qu'il ne pourrait pas au moins
s'exprimer, tout en limitant le temps?
M. LE PRESIDENT : Le papillon présenté ne touche pas du
tout aux articles du projet de loi imprimé. A ce moment-là, il me
faut accepter le papillon pour lui permettre d'en parler. C'est ce que je ne
peux pas faire, étant donné que je l'ai refusé pour la
Chambre de commerce. Je l'ai refusé avec votre consentement, à
deux reprises. Je ne puis pas accepter le papillon présenté par
M. Aronoff. C'est ce que vous m'avez enseigné de faire. Je ne peux pas
lui permettre de parler sur ce papillon.
M. ARONOFF: M. le Président, est-ce qu'avec le même
papillon, je peux venir avec un ou deux autres et parler sur ceci, disons
mardi. J'en parlerai. Quand est-ce que je peux parler et discuter de toute la
question?
Jusqu'à quand les citoyens qui n'ont pas voté pour la
ligue civique doivent attendre d'avoir la démocratie dans la ville de
Montréal?
M. LE PRESIDENT: Vous savez qu'il y a des avis qui paraissent sur la
Gazette officielle, lorsqu'une municipalité présente un projet de
loi, un bill privé. Ces avis sont d'au moins 30 jours. C'est à ce
moment-là que vous devez présenter vos suggestions. Maintenant,
je vous conseille, pour l'an prochain, de vous y prendre dans les délais
requis.
Je pourrais même vous dire que le troisième article que
vous avez ici est irrecevable pour la bonne raison que je vais me permettre de
le lire. Que l'article 374 de la Loi des élections soit retiré
immédiatement comme étant un article inconstitutionnel et non
démocratique. L'avez-vous prouvé que c'était un article
inconstitutionnel? Alors, tout de suite vous êtes... C'est
irrecevable.
M. ARONOFF: Je vais vous poser une question, M. le Président.
Quand vous vous présentez dans votre quartier pendant l'élection,
est-ce que vous avez des barrières sur le balcon, partout? Harry Blank
les a eus. Ici, on ne peut pas les avoir. Est-ce que nous sommes des fous dans
la ville de Montréal? Posez-vous la question pourquoi beaucoup de gens
quittent la ville de Montréal. C'est parce qu'il n'y a pas de
démocratie.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. ARONOFF: Non, je vais parler ici. Je veux parler. C'est la seule
place qui me reste et je défends des citoyens. Malgré le climat,
j'ai eu plus de 50 p.c. des votes dans mon quartier.
M. LE PRESIDENT: M. Aronoff, je vous rappelle à l'ordre une
deuxième fois en vertu des règlements de l'Assemblée
nationale. Je donne maintenant la parole à M. Pierre Desmarais, maire
d'Outremont.
M. DESMARAIS (Pierre): M. le Président, jusqu'à ce moment,
vous n'avez pas entendu de représentations de la ville d'Outremont pour
la bonne et simple raison que nous ne croyions pas que l'article qui
était étudié nous concernait d'une façon
particulière. Nous avons présenté un amendement à
la charte de Montréal et, malheureusement, nous arrivons au centre d'un
débat que nous ne considérons pas être le nôtre, mais
c'est une question de temps que nous soyons ici au moment où les
hôtels ou d'autres groupes contestent la taxe d'eau à
Montréal.
Nous avons, à Outremont, depuis quelques années,
tenté d'étudier ce que coûtait l'eau à nos citoyens.
Nous avons d'ailleurs, à cet effet, l'an dernier, au début de
1971, écrit de façon
officielle au président du comité exécutif pour lui
demander, en lui faisant part de nos prétentions, de s'asseoir avec nous
de façon à ce que nous puissions régler un problème
que nous considérons comme un problème d'équité et
qui, je le répète, n'a exactement rien à voir à
notre point de vue avec, d'une part, les revenus de Montréal et, d'autre
part, le fait que la ville de Montréal puisse exiger ou ne pas exiger de
la ville d'Outremont le prix qu'elle veut, que ce soit le même ou que ce
soit un prix moindre que celui demandé à ses citoyens, soit 7.5
p.c. pour l'année dernière, contre 8.5 p.c.
Nous avons fait des études qui ont démontré que nos
citoyens payaient à la ville de Montréal, pour la fourniture de
l'eau en 1971 des sommes de l'ordre d'environ $550,000, alors que des calculs
faits par des experts ont démontré que le coût à
Montréal de la fourniture de l'eau aux citoyens d'Outremont était
de l'ordre de $225,000.
Nous avons voulu, avec les autorités de la ville de
Montréal, tenter de nous entendre afin de trouver une méthode
qui, à notre point de vue, serait plus juste et plus équitable
pour nos citoyens. Encore une fois, M. le Président, ça n'a rien
à voir avec la taxation de Montréal, les problèmes de ses
citoyens. Je représente ici les citoyens d'Outremont qui achètent
un service d'une autre municipalité et qui veulent s'entendre.
Malheureusement, nous n'avons pas pu avoir de réunion avec la ville de
Montréal, pour des raisons qu'elle connaît mieux que nous. A la
fin de l'année 1971, compte tenu du fait que ça n'avançait
pas, nous avons cru devoir nous présenter devant la Régie des
eaux, croyant que c'était un corps juridique habile et compétent
pour régler des différends de ce genre. Malheureusement, la
régie, sans nous entendre, ou sans entendre plutôt les
éléments de notre preuve, a ajourné sa cause sine die et,
aujourd'hui, au mois de juin, nous n'avons pas été
convoqués à la régie pour la présenter.
Encore une fois, M. le Président, c'est une simple question
d'équité qui nous amenait devant la ville de Montréal, qui
a voulu nous amener devant la Régie des eaux et qui nous amène
devant vous ce soir pas pour vous demander de décider si la ville de
Montréal doit nous charger à nous, citoyens d'Outremont, son
coût, cinq fois ou deux fois son coût, on vous présente un
amendement, M. le Président, par lequel on vous demande, pour
éviter ces problèmes de discussion d'une formule qui existe
depuis 1935, et qui, à notre point de vue, est devenue caduque, une
formule qui permettrait à la ville de Montréal et à la
ville d'Outremont, dans le cas d'un différend sur le coût de la
fourniture de l'eau, de se présenter devant un corps que nous
considérons habile et compétent, soit la Régie des eaux,
de façon que la régie détermine que la ville de
Montréal tirera des citoyens d'Outremont son coût plus tant, ou
son coût que nous estimons à $250,000, $500,000 ou $400,000.
Là-dessus, nous nous plierons à la décision de la
régie.
M. le Président, je voudrais terminer en vous disant aussi ce qui
nous amène ici, sur ce sujet. Comme vous savez, nous faisons partie de
la Communauté urbaine de Montréal et nous avons entendu, au
moment de sa création, que nous devions vivre à
l'intérieur d'une communauté où il y a des principes
d'équité qui devaient être mis de l'avant.
Il y avait tellement de principes d'équité, M. le
Président, qu'il fallait, à ce moment-là, partager entre
nous des coûts particulièrement partager entre nous des
coûts de police, ce que nous avons éventuellement accepté.
Mais ça nous a donné l'idée que, à
l'intérieur de la communauté, étant donné que la
ville de Montréal est la plus importante, peut-être elle
continuerait son raisonnement parce que ça a été le
raisonnement de son président du comité exécutif du temps,
que je respecte d'ailleurs, et qui est fort normal, probablement, mais qu'on
devrait continuer et ce n'est pas parce que la ville de Montréal a des
problèmes avec ses hôtels, avec la légalité de sa
taxe d'eau... ça n'a rien à voir avec les citoyens d'Outremont;
ce n'est pas pour ça qu'on devrait rejeter, et je le soumets fort
humblement, cette demande, au nom des citoyens d'Outremont, d'être
simplement équitable et de payer à Montréal son coût
ou environ pour la fourniture de l'eau aux citoyens d'Outremont.
C'est ce que contient l'amendement que nous vous proposons.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous avez déposé cet
amendement?
M. LEGER: En avez-vous des copies? M. VIAU: Oui, devant vous. M.
TESSIER: Ajourné à mardi.
M. LE PRESIDENT: La commission parlementaire des affaires municipales,
concernant le bill 100 de la ville de Montréal ajourne sine die...
M. TESSIER: Non.
M. LE PRESIDENT: Mais la commission, comme telle, ajourne à mardi
10 h, même salle pour l'étude du bill 136.
M. DRAPEAU: M. le Président, si on me permet, j'aimerais bien
qu'il n'y ait pas de confusion. Il me semblait que, ce matin, il avait
été fixé quelque chose à mardi et que nous devions
revenir pour quelque chose mardi.
M. LE PRESIDENT: La communauté urbaine.
M. DRAPEAU: Oui mais dans 172 a), je
crois qu'il y a un article où on a dit que ce serait
étudié mardi.
M. LE PRESIDENT: Avec les policiers, oui. M. PAUL: Cela ne viendra pas
mardi.
M. DRAPEAU: Cela ne viendra pas. Ah! M. TESSIER: Nous allons la
remettre. M. DRAPEAU: Bon! Très bien.
(Fin de la séance à 22 h 28)