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Commission permanente des Affaires municipales
Projet de loi no 34 Loi de la qualité de
l'environnement
Séance du jeudi 23 novembre 1972
(Dix heures quatorze minutes)
M. GIASSON (président de la commission des affaires municipales):
A l'ordre, messieurs!
Avant d'entreprendre nos travaux, je désirerais signaler aux
membres de la commission quelques remplacements. M. Tremblay (Chicoutimi)
remplace M. Gauthier, M. Dionne remplace M. Leduc, M. Goldbloom remplace M.
Tessier, M. Ostiguy remplace M. Vaillancourt. Messieurs, je donne la parole au
début de nos travaux au ministre responsable de la qualité de
l'environnement, le Dr Goldbloom.
Problème de droit parlementaire
M. PAUL: M. le Président, j'aurai un rappel au règlement
au tout début. Je veux être logique avec moi-même. Je veux
cependant résumer la situation dans l'espace de deux minutes, pas
plus.
J'avais posé une question au président de
l'Assemblée nationale à l'effet que je voulais recevoir de lui
des directives afin de savoir si un ministre d'Etat, en vertu de notre
système parlementaire de droit britannique, pouvait défendre en
comission plénière un projet de loi. J'ai regardé les
auteurs et spécialement Dawson sur ce problème. J'ai Dawson
devant moi. Je m'interroge encore, je suis incertain et je doute qu'un ministre
puisse, quand il n'est pas titulaire d'un ministère, présenter un
projet de loi ou le défendre en commission plénière sans
être assisté du ministre titulaire du ministère.
Puisque nous sommes devant la commission des Affaires municipales j'ai
consulté ce matin mes collègues, nous en avons parlé, et
nous nous demandons si le ministre des Affaires municipales ne devrait pas
accompagner le ministre d'Etat, puisqu'il s'agit pour nous de défendre
un projet de loi dont l'application, à toutes fins pratiques, a
relevé jusqu'ici, dans ses modalités, son travail, non pas la
loi, mais les recherches, d'un service même du ministère des
Affaires municipales. Il s'agit d'un "money bill". Cependant, M. le
Président, nous n'avons pas l'intention d'aller plus loin dans nos
recherches, considérant la conviction qui anime le ministre à
oeuvrer dans le meilleur intérêt de la population du Québec
et pour combattre la pollution sous toutes ses formes. Nous en sommes donc
restés, M. le Président, au stade de l'interrogation. Pour le
moment, je ne voudrais pas créer, par le fait de notre admission de ce
matin, un précédent, et c'est sans préjudice que nous
sommes disposés à travailler avec le ministre d'Etat à
l'étude de ce projet de loi mettant de côté toute la
philosophie du droit parlementaire britannique dans les circonstances.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Comme président, j'apprécie les
connaissances de procédure parlementaire du député de
Maskinongé. Il fait appel pour exprimer son doute à Me Dawson
qui, effectivement, serait du droit parlementaire britannique. Je pense que
notre règlement, ici, à l'Assemblée nationale est assez
muet concernant le droit pour un ministre d'Etat de défendre un bill
devant la commission parlementaire. Il y a peut-être une petite analogie
qu'on peut retrouver dans le code de procédure de notre
Assemblée, soit à l'article 67, partie 2 qui dit qu'un ministre
peut toujours agir au nom d'un de ses collègues. Sauf erreur...
M. PAUL: M. le Président, il y a toujours une distinction
à faire entre un projet de loi â implication pécuniaire et
un projet de loi sans implication pécuniaire.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Comme je le disais il y a un instant, nous
n'avons pas tellement de référence dans notre code de
procédure, sauf peut-être cette annotation qu'on retrouve à
l'article 67. Etant donné que le député de
Maskinongé est en excellente disposition et qu'il oublie le doute qui
l'animait plus tôt, je permettrai au député de D'Arcy
McGee, le Dr Goldbloom, d'aborder nos travaux.
Amendements
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je remercie mes collègues
des deux côtés de la table de leur collaboration. Je pense bien
que nous avons discuté très longuement du projet de loi en
Chambre. Un grand nombre de députés ont pris la parole
là-dessus. Je ne voudrais pas revenir sur les considérations
d'ordre général. Pour ma part, je ferai une seule remarque, c'est
que les discours prononcés par les divers membres de l'Assemblée
nationale, les mémoires et lettres reçues, les
représentations faites par de nombreux organismes, nous ont
amenés à apporter des améliorations au projet de loi. Nous
avons donc des amendements â proposer en cours de route. Je les
déposerai, tout à l'heure, au fur et à mesure que nous
arriverons aux articles en question.
M. PAUL: Est-ce qu'il me sera permis de faire une suggestion au
ministre? Quand nous entreprendrons une tête de chapitre, est-ce que le
ministre pourra nous dire: Dans le cadre de ce chapitre, nous aurons des
amendements. Nous ne demandons pas au ministre de nous distribuer
immédiatement tous ses amendements, à moins qu'il ne veuille le
faire. Cela
pourrait nous guider dans nos délibérations. Quand nous
arriverons à un chapitre, que le ministre nous dise: A tel article, nous
nous proposons d'apporter tel amendement.
M. GOLDBLOOM: D'accord, M. le Président. Peut-être que nous
pourrons commencer par les premières pages qui concernent l'article 1 de
la section I, c'est-à-dire les définitions.
Nous avons essayé d'améliorer les définitions, de
les rendre plus explicites et plus complètes. Je me permets
immédiatement de distribuer des exemplaires de ce que nous avons
ici.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Chicoutimi.
Réglementation
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'aimerais poser une
question au ministre avant que nous ne commencions l'examen article par
article. Le ministre se rappelle les discussions que nous avons eues en Chambre
et les réserves que nous avons faites à propos de son projet de
loi, particulièrement en ce qui concerne les pouvoirs de
réglementation.
Est-ce que le ministre pourrait nous donner l'assurance que l'ensemble
de cette réglementation, à mesure qu'elle sera
préparée, sera soumise à l'examen de la commission
parlementaire ad hoc? Je pense que le ministre a réfléchi au
problème, qu'il s'est virtuellement engagé à le faire au
cours du débat que nous avons eu et, dans sa réplique,
d'ailleurs, il l'a dit presque explicitement. Est-ce qu'il pourrait nous dire,
ce matin, quelle est l'attitude de son gouvernement et son attitude personnelle
en ce qui concerne cette réglementation qui, comme on le sait, est
extrêmement importante et constitue, en réalité, la
substance même du projet de loi?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le député de
Chicoutimi a raison, je me suis engagé à la tenue d'audiences
publiques sur la réglementation. Je voudrais cependant faire une
distinction, il y a des normes qui sont chiffrées, pour
l'émission de certaines substances, par exemple, vers l'environnement.
Ces normes existent déjà et sont déjà
appliquées en vertu de la Loi de l'hygiène publique ou en vertu
de la Loi de la régie des eaux du Québec. Il sera
nécessaire d'adopter, en vertu de la nouvelle loi, des règlements
qui reproduiront les normes qui existent déjà. Il me semblerait
fastidieux de revenir sur tout cela par des audiences publiques et ce serait de
nature à paralyser l'application de la loi, et donc la protection de
l'environnement.
Il y a cependant des modifications qui devront être
apportées et ces modifications devraient, à mon sens, faire
l'objet de ce genre de considérations publiques.
Il y a aussi des règlements qui impliquent des politiques
d'utilisation de ressources comme, disons, les eaux récréatives,
ou des politiques d'aménagement de territoire. Dans certains cas il
faudrait, pour la protection de l'environnement, refuser un aménagement
proposé, parce que l'on serait d'avis, même sans avoir la preuve
que selon des normes chiffrées il y aurait émission de telle ou
telle substance, qu'il faudrait arriver et dire: Non, cette exploitation ne se
conformerait pas aux principes de la protection de l'environnement. Il me
semble que dans un tel cas aussi il faudrait que la population soit
invitée à s'exprimer sur je donne un exemple
l'utilisation d'un lac par des embarcations à moteur, par des
hydravions. Il y a peut-être des principes que l'on peut établir.
On peut définir une superficie minimale et dire que si le lac est plus
petit que la superficie minimale déterminée par
règlements, on ne permettrait pas l'utilisation d'embarcations à
moteur. Mais il se peut aussi que, dans un cas où le lac serait assez
grand, selon les règlements, les citoyens voudraient s'exprimer et dire,
par un genre de référendum: Non, on ne veut pas d'embarcations
à moteur, ou on veut restreindre la pratique du ski nautique à
certaines heures de la journée. C'est le genre de choses qui devrait
être examinées avec soin par la population en
général. Je voudrais absolument que nous ayons toute une
série de consultations sur un éventail de sujets.
M. PAUL: Quand le ministre parle de référendum, il veut
dire une consultation par les riverains d'un lac par exemple, et non pas par
tous les contribuables d'une municipalité.
M. GOLDBLOOM: Je pense, que c'est exactement le genre de questions que
nous devrions examiner à l'occasion d'audiences publiques, savoir qui
devrait avoir le droit de s'exprimer dans un tel référendum et
savoir si la formule... Car, voyez-vous, j'ai pris cet exemple parce que j'ai
reçu des représentations de la part de l'Association de ski
nautique du Québec qui, au nom des scouts, par exemple, me dit: II
serait désastreux pour le mouvement scout d'empêcher, sur certains
lacs, de façon absolue, le ski nautique. Il faudrait donc prévoir
certaines heures de la journée ou une autre formule. Ma réponse a
été, justement: Nous aurons des audiences publiques, nous allons
examiner cela ensemble et arriver à une formule.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. Cela répond à mes
inquiétudes.
M. PAUL: Mais, le ministre reconnaît que nous avions raison de
soulever ce problème de la nécessité de la consultation
populaire des corps intermédiaires pour que réellement sa loi
réponde à des besoins et, en même temps, pour sensibiliser
le public.
Parce que, si le public reste indifférent devant cette campagne
qu'a menée jusqu'ici et que se propose de mener le ministre dans
l'application de sa loi, les résultats ne seront pas ceux qu'il souhaite
et qu'il désire. Je crois que, lorsque le ministre parle d'un
référendum de consultation populaire, c'est justement l'un des
points qui nous tracassaient le plus. C'était de voir que le public
n'était pas invité à travailler, à embarquer dans
cette campagne antipollution que le gouvernement se propose de mener et, sur ce
point, nous sommes heureux de voir que le ministre a saisi la
nécessité d'une certaine consultation populaire pour que les
règlements, la loi, les mesures qu'il entend mettre sur pied,
répondent réellement à des besoins qu'aurait la
population, tout en sauvegardant la santé publique.
M. GOLDBLOOM: Le principe et la politique n'ont jamais été
en litige. Il est question de modalités et nous avons
suggéré que ce soit au niveau de la réglementation que les
consultations populaires aient lieu.
M. DEMERS: Est-ce que je peux poser une question? Je voudrais savoir du
ministre si, au niveau municipal, on laissera l'autorité municipale
légiférer ou si cela sera une politique d'envergure
provinciale.
M. GOLDBLOOM: II faudra que ce soit une politique provinciale. Quant
à l'application de cette politique, cela sera précisé dans
le projet de loi, parce que ce n'est pas très précis dans le
texte actuel. La municipalité qui se sent en mesure d'assumer la
responsabilité de l'application des mesures, de la surveillance de son
propre environnement, devra être en mesure de conclure une entente avec
le gouvernement de la province et entreprendre cette action chez elle.
M. DEMERS: II n'y a rien dans le code municipal et dans la Loi des
cités et villes qui précise le rôle des
municipalités. Il faudra peut-être ajouter cela dans une
modification de la Loi des cités et villes. Je me demande où
commenceront les pouvoirs du ministre et où commenceront ceux des
municipalités. Il n'y a rien de précisé jusqu'à
maintenant.
M. GOLDBLOOM: Je pense que nous avons assisté, pendant toute
notre histoire, à une absence d'action uniforme et efficace à
l'échelle de la province.
Tous les gouvernements précédents ont désiré
amener les municipalités à assumer cette responsabilité.
Certaines l'ont fait, d'autres ne l'ont pas fait. Il faudra maintenant que nous
établissions, pour le Québec, des principes de la protection de
l'environnement.
La municipalité qui n'a pas le personnel, qui n'a pas les
ressources financières pour mener cette lutte elle-même, devra
compter sur la province pour faire ce travail. Par contre, la
municipalité qui est assez importante ou assez intéressée,
et qui veut aller de l'avant avec son propre programme, devra pouvoir le faire
de deux façons. Premièrement, en disant à la province:
Nous avons un inspecteur municipal, nous avons un ingénieur municipal,
nous avons un conseil municipal qui est renseigné, prévenu,
désireux d'agir. Nous voulons assumer la responsabilité de
l'application des normes. Deuxièmement, en allant plus loin, si les
problèmes locaux l'exigent, et en soumettant à la province un
projet de règlement municipal qui préciserait davantage ou serait
plus sévère, selon le cas. Mais il me semble que la coordination
de l'effort exige que le ministre ait un droit de regard sur les
règlements municipaux qui iraient plus loin que le règlement
général de la province.
M. DEMERS: Parce que, M. le ministre, vous admettrez avec moi que les
endroits de villégiature sont ordinairement desservis par de petites
municipalités, où les services sont très peu
organisés. S'il y a des dépenses à faire, est-ce que le
ministre ou le gouvernement pourra forcer ces petites municipalités
à faire des dépenses ou s'il en assumera les frais?
M. GOLDBLOOM: En général, nous avons assumé les
frais quant aux municipalités. Cela ne veut pas dire...
M. DEMERS: Cela, c'est dans l'étude. Mais, dans l'application de
la loi?
M. GOLDBLOOM: Dans l'application aussi. Je ferai une restriction. Je ne
pense pas que, dans l'état actuel des choses et du partage des
responsabilités financières, nous soyons en mesure d'assumer la
responsabilité du traitement des inspecteurs municipaux à
l'échelle de la province. Je pense que, si la municipalité a son
inspecteur, c'est à elle de lui donner son salaire. Mais s'il n'y a pas
d'inspecteur municipal, nous avons nos inspecteurs. Ces inspecteurs sont
responsables d'un territoire et de tout ce territoire, et ce n'est que dans la
mesure où une municipalité dit: Nous n'avons pas besoin de
l'inspecteur provincial, que la municipalité agit. Si la
municipalité dit: Nous en avons besoin, l'inspecteur devra être
là.
M. DEMERS: Je donne l'exemple suivant, M. le Président. Une
petite municipalité rurale qui dessert une population estivale a un lac
qui est intéressant; d'après les normes de notre
réglementation et les pouvoirs qui sont données au
lieutenant-gouverneur par la loi, on oblige à remonter le niveau du lac
de 30 pieds. La municipalité n'a aucun moyen pour bâtir la digue,
la "dam" ou le barrage, appelez cela comme vous voudrez, pour remonter le
niveau de l'eau. C'est parce qu'il y a des normes concernant le niveau de l'eau
ici. Je voudrais
savoir qui va payer les frais de ce barrage et de l'aménagement
nécessité par l'application de cette loi 34.
M. GOLDBLOOM: II n'y a pas de réponse...
M. DEMERS: Vous savez, M. le ministre, ça va devenir
onéreux pour les municipalités, et il faudrait le savoir avant,
pour ne pas leur forger des patentes qu'elles ne pourront pas réaliser
elles-mêmes. Si vous avez des prévisions dans la loi ou si le
ministère des Affaires municipales a des montants disponibles à
donner à ces municipalités pour appliquer les recommandations qui
seront faites par un inspecteur, par une municipalité, par le
ministère ou encore par l'inspecteur de la municipalité, j'en
suis. Mais si on n'a pas l'argent qu'il faut pour faire appliquer cette loi,
que ça devient un règlement municipal et qu'on doit faire un
règlement d'emprunt pour remonter le niveau d'eau d'un lac ou toute
autre mesure, quelle qu'elle soit, dans les 92 règlements qu'il y a ici,
je me demande où les municipalités vont prendre les revenus pour
le faire.
M. GOLDBLOOM: II n'y a pas de réponse simple que je pourrais
donner, M. le Président. Ce n'est pas possible de dire, en abordant
l'étude de ce projet de loi, que le gouvernement du Québec va
tout payer pour les ouvrages qui seront nécessaires dans les
municipalités. Ce problème est créé par le fait
qu'un peu partout il y a des besoins. Si nous faisions face à un
problème qui était localisé, s'il n'y avait que les
petites municipalités qui avaient besoin d'aide, il serait plus facile
de dire: On établira une caisse d'aide aux petites municipalités.
Il existe déjà de telles caisses. Mais puisque des
problèmes existent dans toutes les municipalités du Québec
sans exception, il est difficile d'aller chercher dans une autre
municipalité c'est ce qu'il faudrait faire en somme de
l'argent que l'on redistribuerait à de petites municipalités avec
des moyens financiers moins importants.
M. PAUL: C'est un principe qui se pratique, par exemple, la taxe de
vente et la redistribution.
M. GOLDBLOOM: C'est exact. M. PAUL: Ce n'est pas nouveau.
M. GOLDBLOOM: C'est par la redistribution, c'est par la
définition d'un programme par étapes, et c'est aussi, M. le
Président, par l'établissement d'un système de
consultations de la population par des audiences publiques sur la
réglementation pour ne pas adopter une réglementation qui
n'est pas applicable que l'on voudrait procéder d'une
façon logique.
Je me permets, M. le Président, d'anticiper une discussion qui
viendra un peu plus tard. A quelques endroits dans ce projet de loi, il y a un
paragraphe d'un article qui permet au lieutenant-gouverneur en conseil, par
règlement, d'éliminer, d'exclure c'est le mot que je
cherchais de l'application de la loi certaines substances par exemple,
et l'on se pose, à juste titre, la question: Mais pourquoi? Pourquoi
exclure?
M. PAUL: De soustraire aussi, dans certains cas.
M. GOLDBLOOM: C'est ça, et d'adapter une réglementation de
façon régionale, quant à son application dans la province.
C'est justement parce que certaines choses ne seraient pas applicables qu'il
faut conserver cette souplesse. Si l'on dit, par exemple, que certaines
substances pourraient être exclues de l'application de la loi, c'est
seulement parce que, dans certains cas, la technologie n'existerait
peut-être pas et, quand même, on voudrait couvrir la classe de
substance, sauf la substance particulière pour laquelle une technologie
n'existe pas encore.
M. PAUL: Même si la substance en soi est polluante.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, si vous le permettez, j'ai
oublié de porter à l'attention des membres de la commission la
suggestion qui m'avait été faite pour la nomination, le choix
d'un rapporteur. On avait désigné le nom de M. Marcel Ostiguy.
Est-ce que cela fait l'unanimité?
M. DEMERS: C'est excellent, c'est le meilleur rapporteur qu'on n'a
jamais eu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pourvu qu'il ne tombe pas dans les pommes!
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Lafontaine m'a demandé la parole précédemment.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): D'ailleurs, il avait fait de la cabale, il nous
avait payé un café plus tôt.
Inspection
M. LEGER: Ma question s'adresse au ministre. Etant donné qu'il
s'éloignait d'un sujet qu'il avait touché plus tôt, je
voulais simplement lui demander, concernant les responsabilités des
municipalités, si je vais au bout de la logique de ce que le ministre
disait tantôt, si cela ne va pas jusqu'à conclure qu'une
municipalité qui aurait un inspecteur devrait normalement, comme il l'a
dit tantôt, payer son salaire afin qu'il voit à l'application des
règlements provinciaux. Mais, si la municipalité a
déjà des problèmes financiers et qu'elle ne voudrait pas
être obligée de faire des dépenses supplémentaires,
elle pourrait même aller jusqu'à se départir de ce
fonctionnaire, en se disant: La province va être obligée
d'avoir ses propres fonctionnaires et elle va ainsi couper son budget et
n'aquerra pas de responsabilités de plus. Dans le sens inverse, c'est la
même chose. Une municipalité qui n'en a pas ne
s'intéresserait pas à la chose et ne ferait pas de
règlements, parce qu'elle se dirait: Si je fais des règlements,
je vais être obligée d'avoir un inspecteur pour faire appliquer
des règlements qui iraient peut-être plus loin que la
règlementation provinciale.
A ce moment-là, n'y a-t-il pas un problème de
désintéressement des municipalités à cause de
l'aspect financier?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il faut tenir compte de tout un
éventail de relations possibles entre la province et les
municipalités. Il faut tenir compte du rôle que joue
déjà et voudra jouer encore davantage la Communauté
urbaine de Montréal. Il faut tenir compte du rôle que voudrait
jouer la petite municipalité de quelques milliers d'âmes qui n'a
peut-être pas les connaissances qui lui permettraient d'appliquer toute
une réglementation. Pourtant, on pourrait trouver, dans cette
municipalité, une industrie polluante et d'autres sources possibles de
pollution, comme un terrain de camping, une colonie de vacances et un
dépotoir par exemple. Or, il faut conserver une souplesse qui permettra
à la province de transiger avec les municipalités et
d'établir des ententes avec elles.
D me semble que c'est la seule formule, et que cette entente devra
être individuelle selon l'intérêt et la compétence de
la municipalité en question, tout comme la province, dans d'autres
domaines, exige des municipalités un certain effort; un effort de
perception de taxes scolaires, par exemple, de façon normalisée
à l'échelle de la province. On dit que, si la municipalité
ne fait pas d'effort, la province ne fera pas le sien. C'est par ce genre de
formules souples que l'on voudrait répondre aux besoins et aux
intérêts de chaque municipalité. Je ne voudrais pas, non
plus et ce n'est pas par manque de respect pour les administrations
municipales que je le dis qu'une municipalité essaie de conclure
une entente avec le gouvernement de la province et qu'ensuite, elle ne fasse
rien. S'il y a une entente, il faut que les deux parties soient convaincues que
l'environnement sera mieux protégé par cette entente que par
l'application toute simple...
M. LEGER: Est-ce que le ministre veut dire que, si certaines
municipalités s'y intéressent, elles auront une entente avec la
province? Si d'autres municipalités ne s'y intéressent pas, sur
quel critère se basera-t-on pour avoir quand même une certaine
uniformité provinciale de participation des municipalités?
M. GOLDBLOOM: Je ne crois pas c'est le cas actuel et c'est une
des raisons majeures de la présentation de ce projet de loi qu'il
existe présentement une uniformité d'efforts, chez les
municipalités, quant à la protection de l'environnement. Il faut
que l'environnement soit protégé. C'est le premier principe. Une
fois que nous aurons établi ce principe, si des municipalités
veulent en assumer la responsabilité quant à l'application des
normes, je n'aurai aucune objection. Nous nous protégerons contre le
manque d'uniformité en adoptant une loi qui sera générale,
avec des règlements qui seront généraux, mais avec, quand
même, la souplesse possible pour permettre une entente avec la
municipalité, individuellement.
M. LEGER: Une dernière question pour clarifier... Depuis le
début de la discussion sur ce projet de loi, le ministre semble dire
qu'il y avait parfois des audiences publiques avant la réglementation,
une autre fois, c'était une commission parlementaire, où les gens
pouvaient faire leurs recommandations.
Est-ce qu'il y aura plusieurs audiences, ou y aura-t-il simplement une
commission parlementaire pour l'étude des règlements avec
permission aux organismes de venir s'exprimer? Comment cela va-t-il
fonctionner?
M. GOLDBLOOM : Le champ d'action est tellement vaste qu'il est
impensable qu'il n'y ait qu'une seule séance d'une commission
parlementaire, même avec des témoignages d'organismes et de
particuliers, et que l'on puisse connaître l'intérêt de la
population, les désirs de la population quant à la
réglementation. Il faudra toute une série de telles
consultations. Il me semble que la commission parlementaire doit être le
principal organisme habilité à entendre ces témoignages,
et il me semble que les députés sont suffisamment
intéressés pour vouloir participer à ce genre de
consultations.
Il me semble, par contre, qu'il ne faudra pas limiter, de la
façon la plus absolue, les consultations à celles qui pourront
avoir lieu ici à Québec, parce qu'il y a des gens qui ne peuvent
se déplacer. Donc, il faudra, comme l'a souligné le
député de Maskinongé, une campagne d'information
auprès de la population, chez elle. Mais, quand on parle d'audiences
publiques, de façon formelle, dans mon esprit, c'est ici à la
commission parlementaire, avec autant de-séances que nécessaire,
sur autant de sujets que l'on voudra pour que l'on approfondisse la
considération de tout le sujet...
M. LEGER: Tout cela va précéder les règlements?
M. GOLDBLOOM: J'ai dit, auparavant, M. le Président, que tout
cela devra précéder l'adoption de nouveaux règlements et
de règlements, même s'ils constituent une modification de
règlements existants, qui touchent des questions de politique de gestion
des ressources ou d'utilisation du territoire. Quant aux normes précises
sur des substances, je pense qu'il faudra, pour
l'application de la loi, prendre ce que nous avons dans les cahiers, les
transformer en nouveaux règlements en vertu de la nouvelle loi, et cela
de façon immédiate, pour pouvoir appliquer la loi dans le domaine
industriel. C'est la distinction que je voudrais faire.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Chicoutimi.
Traitement des égouts municipaux
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Toujours sur ce même sujet, les rapports
du ministère avec les municipalités, j'aimerais poser quelques
questions au ministre. Le 4 mai 1972, le ministre disait que le Québec
pourra investir $600 millions pour le traitement des égouts municipaux,
au cours des quinze prochaines années. Il s'agit simplement des
égouts municipaux. Il reste qu'il y a un ensemble d'autres
problèmes qui vont se greffer à toute cette question de la
qualité de l'environnement. Le ministre en a invoqué quelques-uns
tout à l'heure, soit le problème de lacs, la question des
territoires de vacances, etc. Il y a les services professionnels bien entendu
et un tas de choses de cette nature. Voici une question que j'avais
posée au ministre en Chambre, si j'ai bonne mémoire: Est-ce que
le ministre, avec ses fonctionnaires responsables et compétents, a
établi d'abord, un inventaire? Est-ce qu'il a fait un inventaire? Est-ce
que vous avez des cartes? Est-ce que vous avez des points stratégiques
où, dans des municipalités ou dans les territoires avoisinant les
municipalités, il y aura des régions qui seraient plus
particulièrement dangereuses pour la qualité de l'environnement,
la pollution, etc.? Et est-ce que le ministre, dans le montant dont il parlait,
le 4 mai dernier, a établi également un échéancier
qui permettrait de s'attaquer au problème de la pollution à
partir de tel moment, selon des temps bien mesurés, bien
déterminés, et dans des régions qui sont qualifiées
comme étant des régions actuellement dangereuses dans le domaine
de la pollution et dont la qualité de l'environnement est
menacée?
Quelles sont les projections budgétaires du gouvernement, non pas
seulement pour les égouts municipaux, mais pour l'ensemble des
problèmes de la qualité de l'environnement, compte tenu de tout
ce que le ministre a dit tout à l'heure et des divers domaines dans
lesquels le ministère devra agir et intervenir?
M. DEMERS: M. le Président, avant que le ministre réponde,
afin qu'il ne le fasse qu'une fois, est-ce que je pourrais ajouter un petit
complément à la question? Je voudrais savoir comment le ministre
peut en venir à des conclusions comme celles-là, en disant qu'il
faudrait investir $600 millions, simplement pour le traitement des
égouts municipaux, alors que le budget projeté pour
l'année qui vient est de $12 millions?
Il va lui manquer, au bout de quinze ans, $45 millions, simplement pour
le traitement des égouts. Je me demande comment il va pouvoir
équilibrer son affaire pour, d'abord, payer les salaires et les
traitements, les services de transport et de communication, les services
professionnels, les loyers qui relèvent de son ministère.
Je pense que le ministre sera à court de quelques millions par
année, au moins $15 millions, simplement pour traiter les égouts
municipaux. Il faudra qu'il fasse fonctionner tout son ministère et,
avec toute la réglementation qu'il va être obligé
d'appliquer à la suite des pouvoirs que le lieutenant-gouverneur va lui
donner, je me demande comment il va pouvoir arriver en tenant compte de la
projection qu'il a faite au mois de mai.
M. GOLDBLOOM: II me faudra apporter certains éléments
à cette réponse pour qu'elle soit claire. Ce à quoi le
député de Chicoutimi fait allusion, c'est au mémoire
préparé par la Régie des eaux du Québec sur le
problème des égouts municipaux. Ces calculs ont été
faits en 1969, ou à peu près, et le document a été
rendu public en 1970, si ma mémoire est fidèle, peut-être
même déjà en 1969.
Nous avons déjà la moitié de cette somme qui est
engagée, pour l'avenir, par la Communauté urbaine de
Montréal. Justement...
M. PAUL: La planification de la Communauté urbaine de
Montréal n'est-elle pas de $300 millions, sur une période de dix
ans, suivant les ordonnances de la régie du mois de mai?
M. GOLDBLOOM: C'est exact, M. le Président, et cela
représente la moitié des $600 millions que l'on cite. Donc, c'est
déjà un soulagement au budget de la province. Ce n'est pas que la
province ne contribue pas à la Communauté urbaine de
Montréal, mais le budget de la communauté urbaine devra
prévoir les dépenses en question.
Deuxièmement, nous parlons des égouts municipaux, mais je
voudrais souligner que, dans la majorité des cas, s'il y a des effluents
industriels, nous faisons des études dont le coût est
assumé par la province. Nous n'imposons pas ce fardeau aux
municipalités. Nous essayons de déterminer dans quelle mesure les
effluents industriels peuvent être acceptés dans le réseau
municipal et traités par l'usine d'épuration des eaux de la
municipalité.
Donc, peut-être que ces études nous mèneront
à certaines augmentations, mais ces augmentations seront minimes, si on
les compare au coût du traitement des effluents industriels seuls, et
c'est une façon importante d'épargner à la longue. Dans
bien des cas, les effluents pourront être acceptés dans le
système municipal de traitement, sans problème.
Discussions avec le fédéral M. GOLDBLOOM:
Troisièmement, nous
avons discuté déjà à plusieurs reprises du
problème général du financement du traitement des
égouts municipaux. J'ai eu l'occasion, cette semaine, mardi matin, pour
être plus précis, d'attirer l'attention du gouvernement
fédéral et du ministre d'Etat aux Affaires urbaines du
gouvernement fédéral sur le problème de ce
financement.
Entre-temps, le gouvernement fédéral a
dévoilé le rapport d'une étude faite il y a deux ans sur
le problème du financement des usines d'épuration des
municipalités. Ce rapport a souligné que le Québec, les
provinces de l'Atlantique et leurs municipalités n'ont pas
profité de la formule, parce qu'elle ne convient pas pour la
redistribution des ressources financières dans ce domaine. J'ai fait une
demande au ministre fédéral et je me suis permis, avec l'appui
des représentants municipaux qui étaient là et qui m'ont
donné leur appui par la suite, de parler au nom des municipalités
du Québec pour dire: II faut que les consultations ultérieures,
consultations tripartites, portent, à brève
échéance, sur cette question et que nous en arrivions à
une meilleure formule.
Sans avoir cette meilleure formule de la part du gouvernement
fédéral, il nous sera impossible de planifier. Si nous
étions obligés de planifier, en vertu de la formule actuelle,
nous aurions certainement un très grand fardeau à supporter,
comme l'ont souligné les députés de Chicoutimi et de
Saint-Maurice, et justement parce que je ne voudrais pas engager le
Québec à assumer ce fardeau, je voudrais obtenir une
réponse claire et, j'espère, favorable de la part du gouvernement
fédéral avant de procéder.
Si le député de Chicoutimi me permet de compléter
ma réponse par une dernière partie, il m'a demandé s'il y
a des cartes...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant. Le ministre me permettrait-il une
question, justement à ce chapitre des relations avec le
fédéral, l'autre partie est importante mais plus technique?
J'aimerais savoir du ministre d'abord s'il existe des documents qui font foi
des discussions ou des ententes qui seraient intervenues entre le gouvernement
central et le gouvernement du Québec en cette matière de l'aide
pour la lutte contre la pollution.
Deuxièmement, est-on parvenu à s'entendre sur un certain
élément de contribution? Quel peut être le quantum, si vous
voulez, a-t-on un ordre de grandeur en ce qui concerne la contribution du
gouvernement central?
Maintenant, la question qui me préoccupe davantage, c'est celle
de l'autonomie du Québec et de ses municipalités au regard des
prétentions du gouvernement central dans ce domaine? Parce que l'on sait
que, par le ministère de l'Expansion économique régionale
et par d'autres ministères, le gouvernement central semble devoir,
encore une fois, s'approprier des responsabilités qui ne sont pas les
siennes. J'aimerais que le ministre définisse clairement la position de
son gouvernement et nous indique, à ce jour, où en est, quelle
est l'assurance que le gouvernement central a donnée en ce qui concerne
le respect des droits du Québec et, d'autre part, quelles sont les
assurances que le gouvernement central a pu donner en ce qui concerne sa
contribution en termes de dollars et de cents.
M. GOLDBLOOM: Quant à l'entente qui existe déjà,
c'est une entente générale, je ne suis pas versé dans
l'historique de cette entente, mais c'est une formule proposée par le
gouvernement fédéral...
M. PAUL: Est-ce que ces ententes découlent des deux lois
fédérales qui ont été votées?
M. GOLDBLOOM: Récemment, M. le Président?
M. PAUL: Une en 1970 et l'autre en 1971. M. GOLDBLOOM: Non, M. le
Président.
M. DEMERS: C'est une entente où vous ne vous entendez pas.
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas tellement une entente, M. le
Président, et pour être précis, il n'y a pas d'entente
bilatérale entre le Québec et le gouvernement central.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a pas de document qui a
été signé ou échange de lettres ou protocole?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tout cela, ce sont des discussions que l'on a
eues.
M. LEGER: Est-ce qu'il en a été question à la
conférence tripartite?
M. GOLDBLOOM: Je viens de le dire. J'ai soulevé la question au
nom du Québec et j'ai demandé des rencontres additionnelles
auxquelles les municipalités du Québec seraient
impliquées. Selon la formule de consultations tripartites qui a
été proposée par le Québec et acceptée par
les autres provinces et par le gouvernement fédéral, nous devrons
avoir aussitôt que possible, mais je ne suis pas maître de ce
calendrier, des consultations pour déterminer une meilleure formule.
Le gouvernement fédéral, par la voix du ministre d'Etat
aux Affaires urbaines, a exprimé un intérêt, une bonne
disposition quant à l'amélioration de la formule de financement.
Mais nous ne sommes pas rendus plus loin que cela.
Je voudrais dire aussi que la participation du gouvernement
fédéral se limite et se limitera à une contribution
d'argent. Les décisions quant aux priorités, quant à la
nature du traitement, quant au financement local par la municipalité
avec l'aide de la province, toutes ces questions relèvent de la province
et de ses municipalités.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si je comprends bien le ministre, dans
l'optique de cette entente dite tripartite, au fait, il s'agit beaucoup
plus...
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse d'interrompre le député de
Chicoutimi mais je pense qu'il ne devrait pas parler d'entente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Disons de discussions...
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... sur une base tripartite.
M. GOLDBLOOM: Cela va.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais savoir ceci: Est-ce que le
ministre d'Etat responsable de la qualité de l'environnement ou le
ministre des Affaires municipales entend traiter d'abord la question avec les
municipalités, quitte par la suite à faire savoir au gouvernement
central que le Québec a besoin d'un montant de x millions, de milliards
de dollars tout dépendra de l'échéancier et
que les municipalités ne seront pas autorisées à transiger
elles-mêmes avec le gouvernement central, mais que c'est bien le
gouvernement du Québec qui gardera l'initiative des opérations et
que les municipalités devront s'en remettre au gouvernement du
Québec pour discuter de cette importante question de la contribution
fédérale?
M. DEMERS: Parce que cela a déjà été dit,
dédit et redit.
M. GOLDBLOOM: Ce qui a été dit a été
nuancé. Je pense que nous pouvons être assurés du respect
de la responsabilité provinciale dans ce domaine et que les
municipalités ne transigeront pas directement avec le gouvernement
central. Je peux aller plus loin et dire que dans l'état actuel des
choses, il n'est pas possible pour une municipalité, je ne connais pas
de municipalité qui a les moyens financiers pour lui permettre d'aller
de l'avant avec un projet de construction d'une usine d'épuration des
égouts sans une aide quelconque de la province. Il faudra que la
municipalité en discute avec la province. Il y a peut-être une
exception quelque part sur le territoire mais je ne la connais pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vais tout de suite indiquer au ministre
qu'il y a des exceptions. Les projets d'initiatives locales ont touché
à ce domaine des aqueducs et des égouts. On sait comment cela a
procédé. On sait très bien que ces projets ont
été soumis aux municipalités sous forme de requêtes
au gouvernement central et que le gouvernement du Québec a donné
son approbation après coup, mais il n'avait vraiment pas le choix de
donner ou de refuser cette approbation. Par conséquent, à ce
chapitre précis de ce qu'on appelle les initiatives locales,
déjà a été rogné le pouvoir du Québec
de traiter directement avec ses municipalités qui sont en fait des
émanations du pouvoir provincial.
M. DEMERS: On voulait casser les reins à la province. C'est assez
sérieux.
M. GOLDBLOOM: J'ai pris le soin de faire une distinction entre les
usines d'épuration et les réseaux d'égouts ou
d'aqueducs.
Les montants impliqués dans la construction d'une usine
d'épuration sont tels qu'il ne serait pas possible, pour une
municipalité, de réussir cet ouvrage avec le genre de
contribution qu'elle pourrait obtenir par le truchement du programme des
initiatives locales. La construction d'un bout de réseau est
certainement possible, et je suis aussi conscient que le député
de Chicoutimi du problème qui est posé par ce genre de programmes
que nous venons de discuter, mais quant à la construction d'un important
ouvrage comme une usine de traitement des égouts, je pense bien qu'il
n'est pas possible pour les municipalités, pour être
réaliste, d'aller de l'avant sans la participation de la province, et
ceci laissant de côté la question de principe et le principe est
accepté aussi.
Initiatives locales
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait me
répondre parce qu'il est dans le secret des dieux, j'imagine,
même si les dieux sont branlants à l'heure actuelle si le
gouvernement central se propose dans les mois à venir, étant
donné la situation de chômage, de reprendre les projets
d'initiatives locales? Et est-ce que le gouvernement central a informé
le gouvernement du Québec de son intention de mettre de l'avant
semblables programmes qui permettraient, encore une fois, au gouvernement
central, par le biais des iniatives locales, de donner de l'argent aux
municipalités à leur demande et sur présentation d'un
projet que le gouvernement du Québec serait obligé
évidemment d'approuver, parce que lui-même souffre du
chômage et il est d'ailleurs le gouvernement d'une province où il
y a le plus de chômeurs?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je suis dans les secrets des dieux
et de la déesse provinciaux mais pas dans les secrets des autres.
M. DEMERS: C'est formidable.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si vous permettez, le député de
Lotbinière a demandé la parole.
M. BELAND: Ce n'est pas moi qui avais été
désigné pour venir à cette commission parle-
mentaire, mais j'aurais quand même quelques questions à
poser. Etant donné que nous en sommes à la discussion
générale... Est-ce que c'est moi qui parle ou si c'en est
d'autres?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un petit accompagnement musical.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Lotbinière.
M. BELAND: Cela fait doux à l'oreille.
Etant donné que M. le ministre a dit tantôt qu'il devrait y
avoir l'établissement d'ententes avec les municipalités dans des
buts précis d'aide spécifique pour l'établissement de
quelque chose qui cadrerait avec la suite du projet de loi relativement
à l'environnement, M. le ministre, est-ce que vous avez eu des rapports
sur des situations analogues dans d'autres pays quant à la
capacité de saturation? Où se trouve le niveau de saturation des
municipalités au point de vue du paiement? Vous avez parlé de
perception de taxes supplémentaires, si nécessaire, pour pouvoir
agencer quelque chose et résoudre ce problème de la
qualité de l'environnement au niveau des égouts etc. Vous avez
dit tantôt qu'il y avait possibilité d'une différence du
pourcentage d'aide d'une municipalité à l'autre, ou d'une
collaboration gouvernementale en conséquence, est-ce qu'il existe, dans
la province de Québec, des municipalités où on est rendu
au niveau de saturation dans la perception de taxes et où, par le fait
même, cela nécessiterait, de la part du gouvernement, de
collaborer à 100 p.c?
M. GOLDBLOOM: II faut qu'une politique gouvernementale soit
cohérente et il faut que les actions du gouvernement à l'endroit
des municipalités soient basées sur des mécanismes
d'évaluation de la capacité de payer des municipalités qui
sont appliqués de la même façon dans tous les cas. Pour
cette raison, nous avons l'intention de nous en remettre à la Commission
municipale du Québec, dont les services économiques ont un
système d'évaluation de ce que peut faire une
municipalité, de l'effort que l'on doit attendre d'une
municipalité.
C'est de cette façon, en conformité avec les autres
politiques financières d'aide aux municipalités, que nous allons
essayer d'alléger les fardeaux dans la mesure du possible, dans la
mesure de nos moyens.
M. DEMERS: Ce sera au prorata de l'endettement de nos
municipalités, probablement.
M. GOLDBLOOM: C'est un des facteurs.
M. DEMERS: Est-ce que vous avez l'intention de vous servir de la Banque
du Canada?
M. GOLDBLOOM: C'est un des facteurs.
M. DEMERS: Est-ce que vous avez l'intention de vous servir de la Banque
du Canada?
M. GOLDBLOOM: Cette question est sans intérêt.
M. DEMERS: Vous avez raison.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Elle n'était pas
"cédulée".
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de
Lotbinière.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Excusez-nous, M. le député.
M. BELAND: Est-ce que vous avez reçu des rapports sur ce qui se
fait présentement dans d'autres pays, notamment au Japon, qui est
fortement industrialisé? De quelle façon, procèdent-ils
présentement pour enrayer ces problèmes et dans quelle
mesure?
M. GOLDBLOOM: Si le député de Lotbinière nous
demande si nous avons des renseignements sur ce qui se fait dans d'autres pays
quant à la lutte contre la pollution, oui, certainement, il faut en
avoir. Mais s'il me demande si nous connaissons ce que font d'autres pays quant
à la relation entre un gouvernement central ou provincial et les
municipalités, je dois lui dire que non. Nous n'avons pas
étudié cette question parce qu'il faut résoudre ce genre
de problème dans un contexte québécois et canadien. C'est
la seule réponse que je peux lui donner. Cela revient à une
question bien simple, la question d'argent et où puiser cet argent,
comment le distribuer de la façon la plus équitable possible,
comment échelonner, dans le temps, l'effort que nous ferons, nous, au
niveau provincial, et les municipalités, à leur niveau? C'est une
question de programmation, et la programmation pourrait être plus courte
s'il y avait plus d'argent. Elle devrait être plus longue s'il y en avait
moins. C'est la seule réponse que je peux lui donner.
M. BELAND: En d'autres mots, vous voulez dire que, compte tenu du
contexte que nous avons ici, il faudrait voir à réviser tout le
système à la base, le système financier.
M. GOLDBLOOM: Nous avons un système qui a été
bâti, tant bien que mal, au cours des années. Nous avons le
problème de la protection de l'environnement. Nous avons des gestes
à poser. Nous ne pouvons attendre une refonte du système
monétaire, ni une refonte du système de relations entre la
province et ses municipalités, pour agir dans ce domaine. Donc, il faut
faire les deux choses à la fois: entreprendre une lutte encore plus
vigoureuse que dans le moment pour améliorer l'état de
l'environnement et réétudier, comme on le fait depuis des
années et des années, le problème des municipalités
et de leurs responsabilités en comparaison avec leur succès
à l'assiette fiscale.
M. BELAND: Vous prétendez que le Québec ne peut pas
prendre ses responsabilités dans ce domaine?
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas ce que j'ai dit, M. le Président. J'ai
dit que le Québec va prendre ses responsabilités.
Premièrement, la gestion de tout le programme. Deuxièmement, le
Québec va prendre ses responsabilités en fournissant aux
municipalités une contribution qui sera déterminée par les
moyens financiers de la province c'est le ministre des Finances qui les
connaît et avec les conseils donnés par la Commission
municipale du Québec. Troisièmement, le Québec ira
demander, encore une fois, au gouvernement fédéral,
d'améliorer la formule existante sans changer quoi que ce soit
aux autres éléments de changer simplement la contribution
pour la rendre plus généreuse et cela, au nom des
municipalités, pour que les municipalités puissent agir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela répond à ma question.
M. BELAND: En d'autres mots, le Québec devrait demander à
nouveau à Ottawa ses pouvoirs de taxation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela fait cent fois qu'on le dit, bon
Dieu!
M. GOLDBLOOM: Je pense que nous sommes tous d'accord sur ce point autour
de la table, M. le Président.
M. BELAND: Alors, suite à l'entente de 1942, il faudrait qu'avant
le 31 mars, dans les trente jours qui précèdent, vous demandiez
à Ottawa les pouvoirs de taxation qui ont été
cédés.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Je pense que la question du
député de Lotbinière est hors d'ordre face au
présent sujet.
M. BELAND: M. le Président, c'est parce qu'on ne
légifère que sur des conséquences, tandis que justement on
devrait remonter aux causes.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Je présume qu'un jour il y aura une
commission parlementaire des finances, ou autre, qui pourra aborder le domaine
des inquiétudes du député de Lotbinière.
Je donne la parole au député de Montmorency.
M. VEZINA: M. le Président je veux revenir sur la question des
relations entre les municipalités et le gouvernement, concernant
l'application des règlements susceptibles d'être adoptés
par le lieutenant-gouverneur en conseil. Je veux être bref quoique
"cédulé". Sans m'attaquer au système monétaire,
etc., actuellement, il existe tout de même un état de fait par
lequel les règlements actuels d'hygiène sont adoptés par
le lieutenant-gouverneur en conseil, et sont en vigueur dans la province de
Québec. Il y a un article de la loi qui crée actuellement une
obligation aux municipalités de faire respecter lesdits
règlements. On sait qu'en pratique cela cause des problèmes, si
on pense aux municipalités dont les moyens financiers sont assez
restreints. Avec le temps, on a détourné le problème,
quoique en prenant ses responsabilités, et on s'est servi des pouvoirs
qu'a la Régie des eaux du Québec pour émettre des
ordonnances. Des ordonnances ont été émises et s'adressent
à des personnes physiques ou morales concernant des problèmes de
la juridiction de la Régie des eaux.
Lorsque le député de Lafontaine disait, par exemple, que
si une municipalité a un inspecteur, ou n'a pas d'inspecteur, à
mon avis, c'est un mauvais critère. Toutes les municipalités, en
vertu du code municipal, sont obligées d'avoir un inspecteur.
M. DEMERS: Au moins un inspecteur agraire.
M. VEZINA: II y a tout de même différentes nominations qui
sont obligatoires en vertu du code municipal et qui doivent être faites
par les municipalités.
M. PAUL: II y a le gardien d'enclos.
M. VEZINA: II va falloir trouver un critère autre que le fait de
savoir s'il y a ou non un inspecteur au service d'une municipalité,
comme il va falloir faire une distinction entre les municipalités qui
ont un service de santé, un service d'hygiène organisé,
avec un personnel ou des techniciens qui ont la compétence.
Selon le député de Saint-Maurice, c'est bien
évident que, pour la petite municipalité qui, en saison estivale,
reçoit beaucoup de monde parce qu'il y a un, deux, trois ou quatre lacs
sur son territoire, cela peut causer un problème. Par contre, il ne faut
pas oublier que l'expérience pratique nous a prouvé que les gens
qui habitent ces chalets généralement ce sont des chalets
d'été sont souvent fort réticents à
participer à la fiscalité municipale et tentent, par toutes
sortes de moyens très légitimes, d'influencer les membres du
conseil local de garder très bas le niveau de la taxe, en disant: Nous
ne demeurons ici que quatre, cinq ou six mois par année au maximum.
M. DEMERS: Ce sont surtout des gens de Montréal et de
Québec.
M. VEZINA: Généralement, ce sont les gens des grands
centres qui vont à la campagne pour l'été. Mais, il ne
faut pas oublier une chose. Ce sont ces mêmes gens qui sont souvent la
plus grande cause de pollution des mêmes lacs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les gens de Montmorency.
M. VEZINA: Les gens de Montmorency ont plusieurs lacs qui ne sont pas
pollués parce qu'ils ne sont pas encore exploités. Je veux en
venir à ceci: Pour ce qui est de déterminer le genre de
responsabilités que les municipalités devront assumer, c'est
strictement en fonction des capacités financières et du capital
humain mis à la disposition des municipalités. Il est certain
que, dès le départ, il va falloir prévoir, pour les
petites municipalités, qu'à toutes fins pratiques ce devrait
être le gouvernement de la province qui assume ses responsabilités
pour lesdites municipalités.
En enchaînant, si vous me le permettez, je veux souscrire aux
propos du député de Chicoutimi sur la question des initiatives
locales. Comme lui, j'ai vécu et j'ai vu des municipalités
réaliser ce que je pense être de mauvais programmes à
l'intérieur du programme national des initiatives locales. Et je pense
que c'est malheureux. Bien que, dans certains cas, un programme ait pu donner
un coup de main pour réaliser certaines choses urgentes, il me sernble
qu'on aurait pu trouver une formule où la municipalité aurait
passé davantage par le ministère des Affaires municipales ou la
Commission municipale.
M. LEGER: En général, en voyant le problème que
vous venez de soulever, est-ce que vous êtes en faveur des initiatives
locales en général devant un manque de revenu dans le domaine de
l'environnement?
M. VEZINA: Je pense que le programme d'initiatives locales part d'un
faux principe et quant à moi je parle évidemment en mon
nom personnel ce n'est pas la façon de régler par le biais
le chômage ou quoi que ce soit.
M. DEMERS: Cela a été une dispersion de deniers.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un palliatif.
UNE VOIX: ... électoral.
M. VEZINA: C'est un palliatif, pour moi.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si vous permettez, le député de
Maskinongé veut prendre la parole.
M. PAUL: M. le Président, j'abonde dans le sens des remarques des
députés de Chicoutimi et de Montmorency. J'ai
écouté avec beaucoup d'intérêt l'affirmation que
nous a faite le ministre au sujet...
UNE VOIX: Un peu plus fort.
M. PAUL: Je ne suis pas "cédulé" pour parler fort ce
matin. Reprenant mes propos je disais donc...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Prenez votre voix de baryton à
défaut d'être ténor.
M. PAUL: Je disais donc, M. le Président, que je souscris aux
remarques des députés de Chicoutimi et de Montmorency. Je
félicite le ministre cela ne m'arrive pas souvent d'avoir
l'occasion de féliciter le député de D'Arcy-McGee
pour l'attitude qu'il a prise lors de la dernière conférence
tripartite à Toronto.
Je voudrais attirer l'attention du ministre sur ce problème
d'initiatives locales soulevé par le député de Montmorency
et le député de Chicoutimi, où l'on se fiche de la
qualité de l'environnement dans l'exécution du programme. J'ai
porté à la connaissance du ministre un projet qui semble sur le
point d'être réalisé, soit que l'autorité
fédérale voudrait faire revivre à ce qu'on me dit
de source bien informée, même si je ne suis pas dans le secret de
la déesse voudrait mettre en application à nouveau,
à partir du 1er décembre, ce projet d'initiatives locales.
J'inviterais donc le ministre, de concert avec son patron, le ministre des
Affaires municipales et urbaines, à examiner toutes les implications de
ces projets d'initiatives locales afin que la qualité de l'environnement
soit sauvegardée.
Je voudrais demander maintenant au ministre responsable de la
qualité de l'environnement si, dans le cadre de la loi 5, Loi sur les
ressources en eau du Canada votée en 1970 tout à l'heure
le ministre m'a posé une question à ce sujet il a
signé une entente avec le gouvernement fédéral
contrairement aux dispositions des articles 3, 4, 5, 7, 9 et 10 de cette loi,
pour assurer la gestion des ressources en eau du Québec y compris la
recherche, la planification et la mise en oeuvre d'un programme ayant trait
à sa conservation, sa mise en valeur et son utilisation. Le ministre a
mentionné, dans le cours de ses remarques, qu'il n'y avait pas, à
sa connaissance, d'entente tripartite qui aurait été
signée. Est-ce que le ministre peut nous dire s'il y a eu une entente de
coopération qui aurait été signée avec le
gouvernement fédéral dans le cadre de cette loi 5 votée en
1970, chapitre V des statuts fédéraux de 1970?
Si vous me permettez, M. le ministre, un deuxième problème
que je voudrais vous signaler, celui des inspecteurs. Là où les
municipalités n'ont pas d'inspecteurs, même si la loi leur impose
l'obligation d'avoir des inspecteurs, le ministre dit: Là où les
municipalités n'ont pas
d'inspecteurs nous avons les nôtres. Actuellement, combien les
services au ministère des Affaires municipales comptent-ils
d'inspecteurs? Quelle est la préparation ou la formation professionnelle
de ces inspecteurs? Comment pouvons-nous obtenir la collaooration ou
l'expérience technique de ces inspecteurs? Un autre point que je
voudrais signaler au ministre, c'est qu'au nombre de ses déclarations il
en était une très intéressante qu'il faisait au cours de
l'été, à Waterloo, au Québec, le 11 août.
Par conséquent elle aurait été faite le 10
août. Le ministre nous a alors dit que les officiers de son service
avaient soumis ou devaient soumettre incessamment au ministre des Finances un
mémoire sur le financement de l'épuration des eaux et que le
ministre des Finances devrait être en mesure de prendre prochainement
position en la matière. Le ministre, dans une grande déclaration
disait ceci au texte: "Québec cherche d'autres sources de financement
pour l'épuration des eaux". C'était dans le cadre de sa
conférence de Waterloo. Le ministre peut-il nous dire si le
mémoire a été présenté au ministre des
Finances? Il serait indécent de ma part de demander au ministre le
contenu de ce mémoire, mais nous serions intéressés
à connaître la réaction du ministre des Finances sur ce
mémoire qui aurait été présenté à son
collègue le député de Jean-Talon.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, quant à la Loi
fédérale sur les ressources en eau, on sait que cette loi est
actuellement contestée quand à sa constitutionnalité. Le
ministère québécois des Affaires intergouvernementales n'a
donc pas voulu utiliser les mécanismes prévus par cette loi pour
la conclusion d'ententes avec le gouvernement fédéral. Nous avons
échangé avec le gouvernement fédéral une lettre
d'intention quant au projet de l'assainissement du fleuve Saint-laurent.
C'était tout simplement l'intention exprimée par les deux
gouvernements de procéder à ce genre d'étude et de mettre
de l'argent pas dans une caisse ce n'est pas une caisse
identifiée séparément mais de fournir un montant
égal de chaque côté. En vertu de cette expression
d'intention et de cette contribution d'argent, nous avons fait démarrer
cette année ce projet, mais ce n'est pas en vertu de la Loi
fédérale des ressources en eau et même si d'autres cours
d'eau traversent des frontières, par exemple, et si nous voulons amener
le gouvernement fédéral à contrinuer à
l'assainissement de ces cours d'eau, nous n'avons pas l'intention de nous
servir de cette loi fédérale.
M. PAUL: Sur ce point, M. le ministre, je m'excuse de vous interrompre,
vous venez de mentionner que la constitutionnalité de la loi The
Canada Water Act avait été attaquée devant les
tribunaux. Je sais que le ministre a un conseiller sur la qualité de
l'environnement en la personne de Me Moisan?
M. GOLDBLOOM: Le professeur Marsan.
M. DEMERS: Marsan?
M. PAUL: Marsan?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Il a un jeune avocat qui semble brillant, spécialiste en
la matière, Me Piette, est-ce que le ministre ne pourrait pas s'assurer
auprès de ses conseillers s'il ne s'agirait pas plutôt de la loi
sur la lutte contre la pollution atmosphérique qui fait l'objet de
contestations et de prétendue inconstitutionnalité devant les
tribunaux, actuellement, et non pas la loi 5, comme je le lui ai
mentionné au tout début?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je ne suis pas au courant de
l'état actuel des procédures. Je ne sais pas si,
présentement, il y a un tribunal qui est saisi de cette question de
constitutionnalité et qui doit soit entendre des témoignages,
soit rendre un jugement, mais je peux vous dire que la
constitutionnalité de cette loi a été mise en doute par
d'autres provinces.
M. PAUL: Par d'autres provinces?
M. GOLDBLOOM: Par d'autres provinces. Quant à nous, nous n'avons
pas, à ma connaissance, intenté de procédure au sujet de
la loi en question, mais comme je l'ai dit, notre ministère des Affaires
intergouvernementales a conseillé aux ministères
intéressés de ne pas s'en servir.
M. PAUL: Est-ce que la loi n'avait pas été attaquée
au point de vue de la constitutionnalité par M. Bennett, l'ancien
premier ministre créditiste de la Colombie-Britannique?
M. GOLDBLOOM: C'est exact, M. le Président.
M. PAUL: C'est M. Bennett qui avait attaqué la
constitutionnalité de la loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je m'excuse auprès du
député de Lafontaine.
M. LEGER: Si c'est une courte question, je vous le permets.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une question additionnelle sur le
même sujet. Tout à l'heure, le ministre a parlé de cette
question de l'épuration des eaux du Saint-Laurent. Il a parlé
d'une base de réciprocité dans le partage des frais,
réciprocité qui serait moitié-moitié.
Est-ce que le ministre songe à remettre en cause cette base de
réciprocité moitié-moitié, étant
donné que c'est fort injuste si on tient compte des revenus du
gouvernement central au regard des revenus du gouvernement du Québec?
Est-ce que le gouvernement du Québec, si
on doit procéder dans ce domaine-là pour
l'épuration des eaux du Saint-Laurent, a l'intention de demander plus au
gouvernement central que la moitié du coût que cela pourrait
comporter, parce que cette base est évidemment absolument
inéquitable, sinon nettement injuste?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, ce n'est pas le seul
mécanisme qui existe de redistribution des ressources financières
du pays. La question du pouvoir de dépenser, de la capacité de
payer, est un aspect du problème. Il y a également une question
de juridiction et le Québec n'a pas voulu aller plus loin que cela. Il a
voulu payer sa quote-part, sa moitié, pour indiquer que, même si
le fleuve Saint-Laurent est une rivière navigable et que le gouvernement
fédéral, par ses lois, a une autorité sur les eaux
navigables, nous avons également juridiction sur le fleuve. Nous voulons
avoir la responsabilité de l'aménagement du fleuve et de ses
rives et c'est pour cela que nous n'avons pas voulu accepter une contribution
plus importante.
Il y a d'autres formules qui existent; il y a, par exemple, une entente
entre le gouvernement fédéral et le Nouveau- Brunswick pour
l'aménagement de la rivière Saint-Jean. Cette entente implique
également une participation américaine parce que la
rivière en question constitue une partie de la frontière avec le
Maine. Donc, il y a là une contribution de 90 p.c. offerte par le
gouvernement fédéral dans le cadre d'une entente
spéciale.
La rivière Saint-Jean traverse en partie le territoire du
Québec. Nous avons préféré ne pas nous inscrire
à cette entente comme participant à 10 p.c. de contribution pour
nous et 90 p.c. pour le gouvernement fédéral, ce qui pourrait
représenter un partage plus équitable mais qui
représenterait un partage de responsabilité, d'autorité et
de juridiction que nous ne voulions pas accepter.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais poser une question au
ministre. Avec cette loi et les règlements qui s'en viennent, un cas
type que j'ai vécu...
M.PAUL: M. le Président, est-ce que mon collègue
m'excuserait si j'invitais le ministre à nous faire part de ses
remarques au sujet de ses recherches de financement pour l'épuration des
eaux?
M. GOLDBLOOM: Vous avez aussi, M. le Président, la question
posée par le député de Maskinongé sur les
inspecteurs. Nous avons présentement 106 inspecteurs, 99 qui sont
affectés à des comtés il y a donc des comtés
qui n'ont pas d'inspecteur et sept qui sont des inspecteurs principaux,
qui ont une responsabilité régionale. Nous avons le désir
d'augmenter nos effectifs dans ce domaine et de réorganiser un peu ces
services pour les régionaliser davantage.
Je viens de dire qu'il y a des comtés sans inspecteur, cela ne
veut pas dire qu'il y a des comtés sans inspection. C'est à
même le bureau régional...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une inspection à la MacKenzie
King. Excusez-nous, M. le ministre.
M. DEMERS: Vous disiez qu'il y a des comtés sans inspecteur, ce
qui ne voulait pas dire qu'il y a des comtés sans inspection.
M. GOLDBLOOM: Oui. Alors, plutôt que de penser en fonction d'un
inspecteur par comté, il nous semble mieux d'organiser une équipe
régionale, une équipe qui serait volante à certains
moments et qui assumerait la responsabilité pour un groupe de
comtés. C'est ce qui se fait présentement.
M. PAUL: M. le ministre, excusez-moi. Vous dites qu'il y a 99
comtés qui ont un inspecteur.
M. GOLDBLOOM: Approximativement.
M. PAUL: Est-ce que chaque comté de la ville de Montréal,
à peu près, a également son inspecteur?
M. GOLDBLOOM: Non.
M. DEMERS: C'est l'inspection de la ville de Montréal.
M. GOLDBLOOM: Mais il y a, par contre, des comtés...
M. LEGER: Ce sont des comtés...
M. GOLDBLOOM: Ce sont des comtés électoraux, oui.
M. LEGER: Des comtés électoraux comme tels.
M. GOLDBLOOM: Mais sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal,...
M. DEMERS: Même dans les comtés où il n'y en a
pas.
M. GOLDBLOOM: ... sauf quelques exceptions, il n'y a pas d'inspecteurs
provinciaux. Ce sont des inspecteurs de la CUM, de la ville de Montréal
ou de certaines municipalités qui ont leurs inspecteurs, qui assurent
cette prise de responsabilité. Par contre, il y a des comtés
à l'extérieur des deux grandes régions
métropolitaines qui constituent un territoire si vaste qu'il faut plus
d'un inspecteur pour chaque comté dont il est question. Il reste donc
quelques comtés qui n'ont pas leur inspecteur attitré, mais il y
a un bureau régional qui assure les services. Nous voudrions
institutionnaliser ce système et avoir une équipe
régionale plutôt qu'un inspecteur par comté. D'ailleurs, il
est à
prévoir que les territoires des circonscriptions seront
modifiés à un moment donné.
M. PAUL: Est-ce que ça ne commence pas demain?
M. GOLDBLOOM: C'est possible, M. le Président, je ne sais
pas.
M. DEMERS: Est-ce que cela va finir cette année?
M. GOLDBLOOM: Je ne sais pas, M. le Président, je ne suis pas
dans les secrets de ce dieu-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous allez me parler de mes cartes
tantôt mais il ne faut pas oublier ma question.
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse. Je voudrais terminer ma réponse. Quant
au ministre des Finances, le député de Maskinongé, qui a
déjà siégé à un conseil des ministres,
comprendra facilement que ma réponse devra être limitée.
Nous avons, effectivement...
M. PAUL: C'est seulement pour savoir si vour avez été au
moins entendu. Vous n'avez peut-être pas été compris, mais
du moins est-ce que vous avez été entendu?
M. GOLDBLOOM: J'ai été lu et entendu, M. le
Président.
M. DEMERS: II y en a qui avait été compris.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et déposé après.
N'oubliez pas mes cartes avant de passer à un autre sujet. J'ai
priorité.
M. GOLDBLOOM: Oui, je m'excuse. Il y a eu tant de questions qu'il y a
une réponse qui n'a pas été donnée. Quant aux
cartes, nous avons commencé la cartographie du Québec rural
c'est-à-dire extra-urbain. Nous avons présentement, je dirais, en
chiffres ronds, une quinzaine de cartes de comté déjà
préparées. Sur ces cartes, on identifie les plages, les colonies
de vacances, les terrains de camping, les sources d'eau potable, les prises
d'eau potable, les dépotoirs et évidemment les égouts.
C'est de nature à aider l'inspecteur et tous les
intéressés à non seulement mieux protéger
l'environnement mais à regrouper, par exemple, les dépotoirs.
Quand on ne fait pas la cartographie, on ne se rend pas toujours compte qu'il y
a trois dépotoirs dans un rayon de deux milles, par exemple, qui
pourraient être facilement regroupés et que là un
enfouissement sanitaire plus acceptable pourrait être pratiqué.
Donc, c'est ce genre de cartographie que nous poursuivons
présentement.
Le document qui a été cité au tout début de
nos discussions, le mémoire de la Régie des eaux du
Québec, prévoit un calendrier, bassin de rivière par
bassin de rivière, pour l'assainissement des égouts municipaux
avec évidemment les effluents industriels qui pourraient être
inclus dans le système, comme je l'ai déjà dit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A partir de ces cartes, est-ce que vous avez
commencé à déterminer ce qu'on appelle outre les grandes
régions des agglomérations urbaines des endroits critiques?
M. GOLDBLOOM: Nous avons essayé de le faire. Il y a certaines
municipalités qui ont été visées, soit à
cause du mauvais état des eaux devant la municipalité, soit
à cause de la situation stratégique de la municipalité
à la tête d'un bassin de rivière. C'est pour cela, il va
sans dire, que nous avons visé la Communauté urbaine de
Montréal, mais également les municipalités qui
l'entourent, telles que Valleyfield, Beauharnois, Châteauguay, Laprairie
et d'autres.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais vous soumettre deux cas
types pour voir de quelle façon le projet de loi 34, dans la pratique,
peut donner un fonctionnement qui permettrait de trouver des solutions à
ces problèmes. Dans une municipalité rurale comptant une
population de 1,000 personnes, prenons l'exemple d'un lac où ce sont
surtout des citoyens d'en dehors de la municipalité qui sont les
propriétaires riverains, et où il y aurait un problème de
pollution à ce lac.
D'après le projet de loi 34, est-ce la municipalité, le
gouvernement provincial par ses inspecteurs ou un citoyen propriétaire,
sur le bord d'un lac, qui est responsable ou obligé de faire des
recommandations ou d'apporter un échantillon de l'eau de ce lac pour
demander qu'il y ait une action, d'une part? Et l'autre cas type. Je pense que
la réponse peut être la même pour les deux. Je prends
l'exemple de Val-David. Avec l'arrivée de la machinerie lourde qui
polluait tout le paysage d'une façon absolument inacceptable, la
municipalité ne bougeait pas ou ne pouvait pas bouger. Avec le nouveau
projet de loi, est-ce que cela revient encore à des citoyens de faire
des démarches? Est-ce que cela reviendrait aux inspecteurs du
gouvernement ou est-ce que cela serait l'obligation de la municipalité
de faire des démarches pour arrêter cette pollution de
l'environnement?
M. GOLDBLOOM: Nous partageons tous la responsabilité de
l'environnement du Québec.
M. LEGER: Je parle de l'application légale par la loi ou ses
règlements.
M. GOLDBLOOM: Tous ceux qui sont au courant d'un problème doivent
assumer la
responsabilité de le porter à l'attention des
autorités. Ces autorités sont municipales, quant à
certaines responsabilités, provinciales quant à d'autres. Donc,
quand il s'agit d'un lac, par exemple, non seulement le citoyen, le
propriétaire riverain peut prendre l'initiative d'envoyer des
échantillons et de communiquer avec la municipalité ou la
province, mais nous insistons, pour des raisons pratiques cela ne veut
pas dire que nous n'agirions pas devant un cas de pollution flagrante, mais il
s'agit d'un lac de villégiature et c'est le cas hypothétique que
le député de Lafontaine a présenté nous
insistons sur la constitution d'une association de propriétaires
riverains, parce que nous sommes convaincus, et l'expérience est
là pour le prouver, que si nous émettons une ordonnance
quelconque, cette ordonnance n'aura pas d'effet pratique sans la participation
active des gens qui habitent la périphérie du lac. C'est donc
avec cette association que nous travaillons pour l'assainissement du lac.
M. LEGER: Vous me donnez une façon normale d'avoir un
interlocuteur valable pour le gouvernement. Je parle du point de vue
légal, du point de vue du projet de loi, de la responsabilité
obligatoire. Je donne tout de suite un exemple flagrant, une association de
propriétaires riverains. Il y en a qui ne se servent pas du tout du lac.
Il y en a qui ne veulent pas faire partie d'une association. A ce
moment-là, est-ce qu'il faut qu'il y ait une charte? De toute
façon, il y a tellement de difficultés que les
propriétaires riverains ne peuvent pas avoir un consensus pour dire
qu'ils représentent les gens de ce lac. Je l'ai vécu. Je ne vous
dis pas cela hypothétiquement. A ce moment-là, un
propriétaire qui veut faire quelque chose, si son association ne
fonctionne pas ou ne peut pas être créée, est-ce que,
légalement, cela relèverait de la municipalité ou du
provincial? Si la municipalité ne veut pas bouger. Je donne des cas bien
précis. Il y a des municipalités qui sont dirigées par des
citoyens résidents qui n'ont absolument pas accès à ce
lac. Ils s'en "foutent" comme de l'an quarante. Il n'y a aucun pouvoir contre
eux. Mais si la loi dit que c'est leur responsabilité de voir à
prendre les mesures pour que le problème soit résolu, il y a une
solution. Je vous demande ceci: Est-ce que c'est le gouvernement ou la
municipalité qui doit avoir la responsabilité de faire la
correction?
M. GOLDBLOOM: La responsabilité est celle du gouvernement, et
nous allons l'assumer. La municipalité peut également l'assumer.
Si les citoyens intéressés constatent que la municipalité,
après une demande, n'a pas répondu, n'a pas agi, il y a, dans le
projet de loi, un pouvoir qui est donné au ministre de remplacer la
municipalité, d'agir à la place de celle-ci. Il me semble que
c'est normal, et c'est une réponse que j'aimerais donner à
une question posée un peu plus tôt par le député de
Lotbinière ce que le gouvernement est à dire aux
municipalités et à tous les citoyens, c'est que notre
environnement sera protégé par les municipalités, ou par
nous, peu importe, mais il sera protégé. Si vous n'agissez pas...
Si vous voulez assumer des responsabilités, allez-y.
Il faudra que vous convainquiez le gouvernement de la province que vous
avez la compétence pour le faire, que vous êtes en mesure
d'assumer cette responsabilité. Si oui, d'accord, allez-y, mais si vous
prétendez avoir la compétenc, si vous prétendez vouloir
assumer la responsabilité et vous ne faites rien, là la province
reviendra et agira à votre place.
M. LEGER : Dans le deuxième cas, celui que je vous ai
proposé tantôt, si la loi 34 avait été
adoptée au moment des difficultés de Val-David avec les neuf
carrières qui continuaient à être exploitées, est-ce
qu'à ce moment-là, avec la loi que vous avez entre les mains,
c'est le gouvernement provincial qui aurait tout de suite arrêté
ce travail absolument impensable de creuser des trous à travers tout le
village de Val-David?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le député de
Lafontaine sait que la lacune la plus importante dans cette affaire a
été l'absence d'un règlement municipal de zonage. Si ce
règlement avait existé, il n'y aurait pas eu de
problème.
M. LEGER : II n'y en avait pas.
M. GOLDBLOOM: Je ne crois pas que, par cette loi, nous pourrions nous
substituer sur ce plan-là à la municipalité. Il y a un
projet de loi qui a été annoncé par le ministre des
Affaires municipales sur la planification urbaine. Il faut que l'on exige de
toutes les municipalités de la province le dépôt d'un plan
de zonage et l'approbation de ce plan de zonage par le gouvernement de la
province. Je voudrais pour ma part et j'en discute avec mon
collègue que l'on envisage une planification qui dépassera
l'échelle municipale en ce sens qu'il ne faudra pas que la planification
soit faite municipalité par municipalité sans coordination sur la
base d'une région. Alors, il faudra trouver une formule pour faire cela.
Il y aura moyen pour le ministre responsable de la qualité de
l'environnement d'intervenir quant aux effets sur l'environnement dans un autre
sens, ce que l'on appelle présentement une nuisance publique, ce qui est
défini comme nuisance publique dans la Loi de l'hygiène publique.
Incidemment, c'est un autre point sur lequel le projet de loi n'est pas
suffisamment clair et sera amélioré.
M. BOIVIN: Est-ce que le ministre ne croit pas que la plupart des
municipalités importantes ont actuellement un règlement de zonage
et de construction? Il y a déjà un travail qui a
été fait par le ministère des Affaires municipales
auprès d'à peu près toutes les
municipalités. Alors, parler d'une loi générale où
il y aura du zonage, peut-être, mais actuellement vous avez tous les
pouvoirs par les règlements municipaux qu'il y a actuellement sur le
zonage et la construction.
M. GOLDBLOOM: II y a deux choses là-dedans, M. le
Président. Le député de Dubuc a inclus le mot
"importantes" dans sa déclaration. Avec ce mot, je dirais oui. La
plupart des municipalités importantes ont un règlement de zonage,
mais la plupart des municipalités du Québec, je me le demande. Il
y a de nombreuses municipalités sans règlement de zonage et
Val-David en a été un cas criant. Alors, cela est une
chose...
M. PAUL: Il y a Hull aussi qui avait un règlement de zonage.
M. GOLDBLOOM: Oui? Voilà une municipalité importante.
M. LEGER: Avec la définition que le ministre veut nous apporter
dans le projet de loi, quand il est dit l'environnement vous parlez de
l'eau, de l'atmosphère, du sol ou d'une manière
générale le milieu ambiant avec lequel les espèces
vivantes entretiennent des relations dynamiques, si nous prenons cette
définition de l'environnement, ce n'est pas nécessairement la
question d'un plan zonage, c'est la question de nuire à l'environnement,
quel que soit le plan de zonage d'une municipalité, comme le cas de
Val-David. A ce moment-là, est-ce que le gouvernement, le ministre, n'a
pas le pouvoir de se substituer à la municipalité qui n'a pas de
plan de zonage et qui n'a rien à faire avec cette chose-là, de
corriger cette attaque à l'environnement d'une municipalité?
M. GOLDBLOOM: Je dois donner la même réponse que j'ai
donnée au cours de ma réplique en deuxième lecture. Le
gouvernement, oui, mais pas nécessairement seul le ministre responsable
de la qualité de l'environnement. Pas nécessairement en vertu de
cette seule loi, mais en vertu d'un ensemble d'actions par le gouvernement de
la province. Quand on arrive à l'aspect de l'aménagement du
territoire, il y a plusieurs ministères qui sont impliqués,
alors, c'est par un ensemble de lois qu'il faudra régler ce
problème-là.
N'étant pas juriste, je ne suis pas en mesure de dire si le
projet de loi, tel que conçu et présenté, permettrait ou
ne permettrait pas au seul ministre responsable de la qualité de
l'environnement d'intervenir dans un cas comme celui de Val-David et avec
efficacité. C'est peut-être une chose que les tribunaux devraient
décider un jour. Je suis bien prêt à l'essayer, je suis
bien prêt à invoquer la protection de l'environnement pour agir de
cette façon.
Mais c'est une question fort complexe que je ne suis pas
compétent pour discuter de façon autoritaire.
M. BOIVIN: Le ministère des Affaires sociales a des pouvoirs
d'ordonnance, pour exiger des municipalités tout ce qui peut aider
à la protection de l'environnement.
M. GOLDBLOOM: Ce sont ces pouvoirs qui ont été enfin
invoqués à Val-David pour essayer de mettre fin à
l'exploitation des carrières, parce qu'on avait déterminé
qu'il y avait une nuisance publique. Mais c'est après le fait. Ce que
demande le député de Lafontaine, c'est le pouvoir d'agir avant le
fait.
Il y a par exemple une complexité additionnelle dans ce
problème. Nos lois minières donnent une définition de mine
qui nous oblige à croire qu'une carrière est une mine. Donc, ce
n'est pas par cette loi, sans tenir compte des lois minières, que l'on
peut agir tout simplement. Le député de Lafontaine l'a
souligné lui-même à un autre moment, il y a une exclusion
dans ceci quand on parle de déchets, on fait l'exclusion des
déchets miniers. C'est justement à cause des lois minières
qui existent. Si l'on me dit qu'il faudra éventuellement une
coordination encore plus poussée, qu'il faudra peut-être, à
une autre étape, prendre des éléments d'autres lois et
dire que maintenant, ça fait partie de la protection de l'environnement
et tout intégrer dans une seule loi, peut-être. Mais il faut tenir
compte de toute l'économie existante de nos lois et il faut donc que
nous respections ce qui existe dans d'autres lois en présentant ce
projet-ci.
M. LEGER: A ce moment, il faudrait absolument abolir l'article 123 de la
Loi des mines. Pour quelle raison ferait-on l'exclusion des déchets pour
la Loi des mines alors qu'on pourrait facilement abolir l'article 133 de la Loi
des mines par cette loi? Pourquoi ne pas en profiter? Pourquoi exclure cette
chose des lois? On peut tout simplement dire qu'on abolit l'article 123 de la
Loi des mines, chapitre 89, et cela entrerait dans la Loi de la qualité
de l'environnement.
M. GOLDBLOOM: Mais c'est une décision gouvernementale, M. le
Président.
M. LEGER: Je vous la suggère, c'est vous qui avez la
décision à prendre.
M. GOLDBLOOM: Je vous remercie de la suggestion. Mais j'attire votre
attention sur le fait que l'article 22 exige l'approbation par le directeur des
services de protection de l'environnement d'une activité industrielle.
Les articles 24 et 25 permettent au directeur d'ordonner la diminution ou la
cessation d'activités polluantes. C'est après le fait,
évidemment. L'article 27 permet au ministre d'obliger une
minucipalité à exercer ces pouvoirs, donc en
matière de protection de l'environnement. Donc, la loi n'est pas
impuissante et ne serait pas impuissante à cet endroit, mais sur le seul
aspect de l'aménagement du territoire, de l'intervention du ministre
pour dire: Vous n'allez pas prendre tel terrain et vous en servir pour telle
fin, il faudra qu'il puisse invoquer de façon précise un danger
à la santé ou à l'environnement pour pouvoir intervenir si
la municipalité a créé autrement son règlement de
zonage.
Comité interministériel
M. BROCHU: M. le Président, à ce sujet, je pense qu'on a
étendu la discussion au problème global de l'environnement et de
la pollution. Le ministre a mentionné je pense que c'est dans son
discours de réplique qu'il avait mis sur pied un comité
interministériel pour obtenir la collaboration des autres
ministères en ce qui concerne l'environnement. J'aimerais que le
ministre puisse nous donner, si c'est possible actuellement, la
définition de ce comité et son mode d'action et nous dire
jusqu'à quel point il peut en arriver à une certaine
efficacité. Je prendrais simplement un exemple, et ça devient
très important, comme le ministre l'a souligné aussi, parce qu'on
doit en arriver à une collaboration entre les ministères dans ce
sens. Si, au niveau de l'industrie et du commerce, en ce qui concerne les
futures installations d'usines, il y avait possibilité qu'il y ait des
normes strictes pour faire respecter l'environnement, au moins on contrerait
les effets à venir. Deuxièmement, autre exemple, lorsqu'on voit
tous les déchets qui sont jetés le long des routes, une action
pourrait être prise à ce moment par le ministère des
Transports. Cela se fait dans certains Etats américains d'ailleurs, en
ce qui concerne les personnes en voiture qui jettent des déchets le long
de la route.
Ce ne seraient pas des politiques onéreuses pour le gouvernement,
il s'agirait simplement d'appliquer certains règlements pour permettre
le respect de l'environnement en cette matière.
Un autre exemple a été souligné tout à
l'heure au niveau des richesses naturelles. On a mentionné de changer la
loi à cet effet pour définir ce que sont les déchets
miniers. J'ai ce problème chez nous, à Asbestos. D'un autre
côté, le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, lorsque j'ai parlé, lors de mon intervention en
deuxième lecture, de la question de la protection de la faune...
Actuellement, il me semble que les agents de conservation sont vraiment trop
peu nombreux pour assurer même la protection élémentaire de
la faune.
Ils sont donc réduits à ne pas favoriser une faune plus
développée, mais simplement à essayer de contrer des
effets. Je pense que dans l'ensemble il y aurait lieu d'avoir une interrelation
très étroite entre les ministères, mais j'aimerais que le
ministre nous dise si c'est possible actuellement, et de quelle façon,
dans les faits, d'une façon positive dans la réalité,
ça peut être réalisé et si son comité
interministériel, dont il a fait mention dans son discours de
deuxième lecture, peut répondre à l'efficacité
exigée pour la solution d'un tel problème.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le député de
Richmond aborde tout un éventail de sujets et j'essaierai de
répondre de façon aussi concise que possible. Je me permets aussi
de suggérer que, si nous sommes pour examiner des questions assez
précises, des problèmes assez précis, peut-être,
sans vouloir brimer la liberté d'expression des membres de la commission
parlementaire, pourrions-nous aborder l'étude des articles et nous
arriverons à la considération de chacun de ces
problèmes.
Par exemple, quant aux déchets jetés le long des routes,
le projet de loi prévoit des amendes. Déjà, il y a
l'assurance de la part du ministère de la Voirie que l'affichage sera
fait le long de nos routes. Je voudrais que nous allions plus loin. Je ne
connais pas encore les disponibilités budgétaires, mais il serait
souhaitable que nous ayons des poubelles le long des routes aussi, parce que ce
serait un encouragement à jeter les ordures dans des endroits
acceptables.
Deuxièmement, quant aux industries qui viennent s'implanter,
déjà nous imposons des exigences selon les normes qui sont ici
dans le cahier. C'est plus facile de le faire avec les nouvelles industries.
Nous avons obtenu de ces industries des investissements importants.
L'adaptation d'une industrie en place depuis des années est beaucoup
plus difficile. C'est un principe que nous avons essayé de faire
respecter intégralement et avec un grand succès.
Quant aux mécanismes de consultations interministérielles,
il y a une distinction à faire.
Ce qui se fait déjà est surtout bilatéral. Nous
avons des relations bilatérales avec une douzaine de ministères.
Il y a aussi une idée qui a été lancée. Cette
idée ne s'est pas encore traduite en action, en institution ou en
organisme, mais l'idée a été lancée que le
gouvernement devrait constituer un groupe qui pourrait peut-être varier
selon la nature du problème. Un groupe de ministres se pencheraient sur
un grand projet et examineraient son effet sur l'environnement avant de
décider d'entreprendre ce projet. C'est donc une chose qui, à mon
avis, est certainement souhaitable.
M. LEGER: C'est un voeu pieux.
UNE VOIX: Un vieux pieu?
M. LEGER: Non. Un voeu pieux.
M. GOLDBLOOM: Le député de Lafontaine a droit à ses
opinions.
M. LEGER: Je donne simplement l'exemple du ministre de la Voirie et du
ministre responsa-
ble de la qualité de l'environnement qui ne se sont pas...
M. PAUL: C'est un homme qui a toujours travaillé à la
fabrique, chez lui. Il est spécialiste dans la matière.
M. GOLDBLOOM: Nous abordons ici l'étude d'un projet de loi qui
voudrait être non pas le début, parce que nous avons
déjà commencé, mais qui voudrait donner un coup de barre
à la lutte contre la pollution. On trouve que, dans ce projet de loi,
certaines choses manquent. D'accord, mais il y a au moins des choses utiles
là-dedans et ce n'est pas simplement un voeu pieux. Je ne suis pas en
mesure de me prononcer au nom du gouvernement et de dire que la chose se fera
de telle ou de telle façon. Ce n'est pas décidé.
L'étude se fait présentement. Il faudra que cela se fasse d'une
manière ou d'une autre, quel que soit le mécanisme ou l'organisme
que l'on finisse par choisir. Le principe est là. Il ne faut pas que les
ministères agissent l'un indépendamment de l'autre. Tout le monde
le sait. C'est une chose que l'on essaie de réussir dans bien des
domaines, avec plus ou moins de succès, selon le cas.
M. LEGER: Le projet de la baie James, alors que le ministre responsable
de la qualité de l'environnement a été consulté,
pour le grand projet de la baie James, au sujet des problèmes
écologiques.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Vous parlez du projet que vous avez
dénigré?
M. LEGER: Ce que je veux dire, c'est que le ministre a raison de dire
que c'est souhaitable. Mais je dis que c'est un voeu pieux, parce que cela ne
se réalisera pas.
M. PAUL: Est-ce que le ministre me permet de poser une question?
Qu'est-ce qu'il a l'intention de faire, dans l'immédiat, pour combattre
la pollution?
Il se rappelle beaucoup de remarques prononcées par des
collègues à l'Assemblée nationale, à l'occasion de
l'étude du projet de loi, où on reprochait au ministre, toujours
sous le couvert de l'amitié, de manquer de réalisme dans la
solution des problèmes de pollution qui existent actuellement, et
d'envisager beaucoup trop de planification pour éviter la pollution
future. Est-ce que le ministre pourrait nous résumer, très
brièvement, ce que, dans l'immédiat, il aurait l'intention
d'entreprendre pour combattre la pollution existante, en plus de
prévenir une pollution additionnelle?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le ministre me le permet, c'est ce que je
voulais que le ministre nous dise, tout à l'heure, lorsque je lui ai
parlé de ces cartes, des points critiques, etc. ce qu'on a, en pratique,
commencé de faire et ce qu'on entend faire sur une période de six
mois, d'un an.
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président, sans me tenir à un
calendrier précis, mais pour répondre au député de
Maskinongé, dans le secteur industriel, il y a une action qui a
été entreprise, qui doit s'intensifier et qui va s'intensifier
par le simple fait que la loi imposera des amendes beaucoup plus importantes
que celles qui existent présentement. En même temps, l'opinion
publique nous aide à obtenir une collaboration des industries qu'il
aurait été difficile d'obtenir il y a même trois ou quatre
ans.
Or, il y a toute une programmation qui est prévue, et sur une
base géographique et sur la base des classes d'industries. J'ai
déjà fait état des directives émises à
l'endroit d'industries. Ces directives sont émises en vertu de la Loi de
la régie des eaux avec les pénalités minimes que cette loi
comporte. Ces directives deviendront des règlements et d'autres seront
ajoutés et, classe par classe, nous allons viser les industries
jusqu'à ce que nous ayons fait corriger la pollution industrielle et de
l'eau et de l'air partout au Québec.
On va intensifier ce travail, on va intensifier un travail pour la
protection de l'eau potable au Québec. C'est une deuxième
priorité que nous avons, parce qu'il y a des régions où
l'eau potable laisse à désirer. Les gens de ces régions
disent: Nous buvons l'eau depuis très longtemps et nous ne sommes jamais
malades. D'accord, mais ce n'est pas si vrai que cela, c'est une immunisation
qui se fait chez ces personnes, mais le visiteur qui arrive est exposé
à une maladie peut-être grave. C'est une protection que l'on doit
fournir à la santé publique. Donc, il y aura l'imposition des
normes canadiennes de la protection de l'eau potable et cela presse. Nous avons
commencé une action dans ce domaine dans une région
particulière où il y avait un grand nombre de puits
contaminés.
C'est le bassin de la rivière Gatineau, où il y a eu
l'épidémie de typhoïde, à Bouchette, l'an dernier.
Nous avons l'intention, surtout avec l'amélioration de nos services
d'inspection, de poursuivre cette campagne partout au Québec.
Nous avons notre programme des lacs et là, c'est la pollution
existante. Je ne veux pas seulement parler de chiffres mais il y a 70 lacs que
nous avons traités jusqu'à maintenant. Il y a les bassins des
rivières et nous les définissons comme tels. Même si nous
ne sommes pas toujours en mesure de prendre le bassin de rivière et de
créer pour lui un plan global d'aménagement. Il y a des sources
que l'on peut identifier simplement parce que l'on sait qu'elles sont
là: les municipalités, leurs égouts, les industries; on
peut agir et c'est ce que nous avons décidé de faire. Nous ne
voulons pas penser de façon tellement large que nous n'avons pas
d'action immédiate, locale et précise pour l'amélioration
de la pollution existante.
Le cas de l'Alcan
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permettrait une
question? Je vais lui poser un cas très pratique, très concret.
Dans la région, chez nous, il semble acquis qu'un des agents polluants
les plus puissants serait l'Alcan.
M. GOLDBLOOM: Pardon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les usines de l'Alcan qui polluent les eaux du
Saguenay et de certaines rivières environnantes et, en particulier,
l'air. Est-ce que le ministre, puisqu'on parle de questions pratiques, de cas
concrets, pourrait nous dire s'il y a eu des rencontres avec l'Alcan et si on a
examiné les moyens d'éliminer ces agents polluants ou cet agent
polluant que constitue une des grandes industries de chez nous il ne
faudrait pas la jeter à terre à cause de cela qui est
l'Alcan?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, oui, j'ai eu des contacts avec les
dirigeants de la compagnie, j'ai visité l'usine d'Arvida. Nous avons
obtenu, de la part de la compagnie, la diminution de plus de 95 p.c. de ses
déversements de mercure. Nous avons aussi obtenu d'elle un programme qui
se chiffre par $19 millions sur une période de quatre ans et 1972
en est la première année pour l'assainissement de
l'environnement et, dans le cas des $19 millions, c'est surtout pour
l'assainissement de l'air.
Ce montant couvre plusieurs usines de la compagnie sur le territoire du
Québec, notamment celle d'Arvida, parce que c'est l'installation la plus
importante. Le programme est déjà en marche. Les eaux du Saguenay
et les crevettes s'en portent déjà mieux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Encore qu'on ne puisse point les manger.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: Je voudrais vous dire ce que je pense de la lutte à
entreprendre sur trois plans. D'abord, sur le plan législatif, le bill
34, c'est quelque chose. Sur le plan financier aussi. Vous dites être
très limité sur les possibilités d'agir
financièrement, et les municipalités et les gouvernements. Ce qui
manque au ministère actuellement... On a parlé d'inspection. Mais
il y a une chose encore plus importante que l'inspection, c'est la technique
professionnelle. Quels services pouvez-vous donner aux municipalités
actuellement, au ministère, pour faire des analyses et entreprendre la
lutte contre la pollution? Que ce soit le gouvernement provincial ou le
gouvernement municipal. Je vais vous donner des exemples. Je dis qu'il y a un
gaspillage. Je l'ai mentionné dans mon discours en deuxième
lecture. On exige des municipalités qu'il y ait deux égouts dans
toutes les rues des municipali- tés. On descend ça à
l'usine. J'ai eu l'exemple, lors de la construction d'un pont. Le gouvernement
reçoit tous les égouts de la municipalité pour les
conduire à une usine. Je m'aperçois que, lorsque c'est le
gouvernement qui le fait, on envoie tous les égouts de la
municipalité dans cet égout collecteur et on fait trois
débouchés au Saguenay. Je me suis demandé comment il se
fait que vous obligiez les municipalités à faire autant de
dépenses, avoir deux égouts collecteurs, alors que vous mettez
tout ça dans le même égout et que vous l'envoyez au
Saguenay. On m'a répondu que c'était une question de dilution,
une question de pollution. Il y a les cycles de l'azote. Dans la nature, il y a
des dépenses. Pourquoi exige-t-on des municipalités des
dépenses extraordinaires quand, par ailleurs, cela peut entrer dans les
cycles biologiques? Les égouts collecteurs des municipalités ne
sont pas ce qui pollue le plus nos cours d'eau. C'est plutôt la pollution
industrielle, comme on vient de le dire. Je trouve qu'au ministère vous
n'avez pas le service technique qui pourrait aider les municipalités.
Vous donnez des directives qui coûtent très cher aux
municipalités ou au gouvernement. Ce n'est pas ce qui presse le
plus.
Je vous ai demandé un travail sur la question de la
relocalisation des gens de Saint-Jean-Vianney. Actuellement, qu'est-ce que vous
avez pour analyser l'air? La ville de Montréal a peut-être quelque
chose. Le gouvernement en a très peu.
A Arvida, il y a de la pollution dans l'air. Vous avez localisé
environ 200 familles dans un territoire qui est pollué par les usines de
Kénogami et celles d'Arvida. Je sais que dans la loi vous l'avez
mentionné vous voulez envoyer aux études des gens pour
être capables de répondre au besoin... au moins pour faire ces
analyses sur le plan professionnel. Je trouve que c'est ce qui manque le plus,
pour que l'on procède selon nos finances et que l'on s'attaque aux
choses les plus importantes. Vous parcourez toute la province nous dites-vous,
et vous semez la panique. Je vous l'ai dit dans mon discours de première
lecture. Vous soulevez le public pour qu'on puisse parler aux compagnies. Mais
nous le savons. A Arvida, pour une partie que les municipalités peuvent
polluer par des choses qui peuvent entrer dans des fibres biologiques, il y a
500 parties qui sont polluées par les industries. La loi n'aura pas
autant d'effet que cela. Ce qui presse, c'est que vous prépariez des
professionnels pour donner aux municipalités l'aide technique dont elles
ont besoin pour les faire dépenser le moins possible. On prend deux
égouts collecteurs et, quand on arrive au Saguenay, on met tout cela
dans le même et on l'envoie au Saguenay.
M. GOLDBLOOM: C'est moi quand même qui parcours la province. Je
n'ai pas constaté de panique et...
M. PAUL: C'est quand vous êtes parti que cela s'est produit. Ce
n'est pas pendant votre visite.
M. GOLDBLOOM: Je suis retourné plusieurs fois dans les
mêmes régions pour constater qu'il n'y a pas de panique...
M. BOIVIN: Dans les écoles, les enfants voient de la pollution.
Tout le monde voit de la pollution partout.
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas celui qui vous parle qui fait l'enseignement
dans les écoles. J'ai visité un certain nombre d'écoles et
j'ai eu d'excellentes conversations avec les étudiants...
M. PAUL: Voulez-vous parler des professeurs péquistes?
M. GOLDBLOOM: Je n'ai pas demandé la couleur politique des
professeurs que j'ai rencontrés.
M. PAUL: Cela se sentait.
M. GOLDBLOOM: Je ne fais aucun commentaire, M. le Président.
M. BOIVIN: Je voudrais savoir spécifiquement ce que vous avez au
ministère pour dire qu'on peut répondre à toutes les
analyses qui vous sont demandées, soit par les municipalités, et
que vous pouvez faire.
M. GOLDBLOOM: Nous avons des ingénieurs et ils sont à la
disposition de la population; et quand ils sont demandés quelque part,
ils y vont. Quand il y a des problèmes précis, même si le
programme général n'est pas rendu à la municipalité
en question, si l'on porte à notre attention un problème
précis, nous faisons de notre mieux.
Généralement, en dedans de 48 heures, il y a un
ingénieur qui est sur les lieux et souvent en dedans de 12 heures, il y
a quelqu'un qui est là pour faire les constatations et pour faire faire
les analyses. Nous avons des laboratoires du gouvernement qui sont au service
de la population et quand des échantillons sont apportés, nous en
faisons l'analyse et nous fournissons les rapports.
On peut citer des anomalies et surtout le genre d'anomalies qu'a
citées le député de Dubuc. Je sais que cela existe un peu
partout dans la province où l'on a construit des égouts
collecteurs et où l'on en envoie le produit dans les rivières
sans traitement. Il ne faut pas que l'on continue ce genre d'anomalies, il faut
que l'on ait une meilleure planification pour que la construction d'un
réseau collecteur soit suivie par la construction d'une usine
d'épuration au bout de ce réseau-là.
Il y a des ordonnances le député de
Montmorency en a parlé, je pense, et d'autres qui ont
été émises par la Régie des eaux du Québec
qui dorment dans des tiroirs qui sont poussiéreux parce que l'on
n'a pas eu l'argent pour donner suite aux recommandations. Comment agir contre
la municipalité en vertu d'une ordonnance, quand la municipalité
n'a pas l'argent? Justement, cela, c'est une anomalie. Je répondrai au
député de Dubuc que, s'il me disait que nous n'avons pas l'argent
pour faire le travail, d'accord, nous n'avons pas l'argent pour entreprendre
immédiatement $600 millions ou $300 millions de travaux parce que
le problème de Montréal est entre les mains de la CUM
à l'échelle de la province, non nous n'avons pas cet argent.
M. BOIVIN: En attendant, vous exigez certaines dépenses où
les municipalités s'épuisent.
M. GOLDBLOOM: Je viens de dire, M. le Président, que je ne
voudrais pas continuer de cette façon-là et que je
n'émettrai pas d'ordonnance à l'endroit d'une municipalité
sans avoir discuté avec cette municipalité la possibilité
pour elle d'aller de l'avant dans ce travail. Il faut que ce soit
coordonné et ce sera coordonné.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si le
député de Dubuc me le permet, ce que le député de
Dubuc veut souligner et cela me paraît très important, c'est la
question de la disponibilité de certains fonctionnaires et de
spécialistes. Il y a des spécialistes et des ingénieurs,
etc., mais il y a pu avoir aussi des équipes multidisciplinaires dans ce
domaine-là. Ce que le député de Dubuc demande, c'est si le
gouvernement actuel dispose d'un nombre suffisant de spécialistes,
ingénieurs, techniciens de toute nature, de ces équipes
multidisciplinaires pour faire face au problème. Il n'est pas tout de
constater le mal et de déclarer, comme on le faisait dans
Molière, que le patient est mort de telle maladie, mais une fois que le
diagnostic est fait, il faut essayer d'inventer une thérapeutique et
pour cela, il faut des spécialistes. Est-ce que vous les avez?
Est-ce que vous avez un programme de formation de ces
spécialistes qui, appelés sur des lieux bien précis et
bien déterminés, pourraient immédiatement aider les
municipalités à mettre en place des mécanismes qui
permettraient de corriger des situations qui risquent toujours de s'aggraver et
cela sans que ça coûte aux municipalités des montants trop
importants?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président. Nous avons des
spécialistes, ils sont en nombre suffisant pour permettre que la
réponse soit donnée rapidement dans la grande majorité des
cas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En termes de diagnostic ou en termes...
M. GOLDBLOOM: En termes de diagnostic, en termes de recommandation de
thérapeutique. C'est à partir de ce moment...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bon, c'est ce que je voulais savoir.
M. GOLDBLOOM: ... qu'il n'est plus question d'avoir des
spécialistes. C'est une question d'avoir de l'argent. C'est un
problème...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et aussi des techniciens, là.
M. GOLDBLOOM: D'accord et c'est surtout...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et en grand nombre.
M. GOLDBLOOM: Quant aux techniciens, il faudra que nous en ayons
davantage. Nous travaillons avec le ministère de l'Education pour que,
dans les CEGEP particulièrement parce que c'est à ce
niveau de formation qu'il faudra chercher les compétences dont nous
avons besoin des techniciens soient formés pour assumer la
responsabilité de l'exploitation quotidienne d'une usine
d'épuration, par exemple. Si l'usine n'est pas bien surveillée
par une personne compétente, son fonctionnement, tôt ou tard,
laissera à désirer.
Nous avons assez de personnel pour avoir pu répondre dans
un autre domaine, celui des plaintes et demandes d'enquête en milieu
extra-urbain, même en milieu urbain et industriel aussi à
approximativement 58,000 plaintes l'an dernier. C'est quand même un
service assez important que l'on rend au public.
M. BOIVIN: Avez-vous tout ce qu'il faut pour faire l'analyse de l'air?
Je n'ai pas eu de réponse lorsque j'ai parlé d'Arvida.
M. GOLDBLOOM: Nous avons, depuis la demande originale du
député de Dubuc, installé un certain nombre d'appareils
d'échantillonnage dans la région de Chicoutimi, Arvida,
Jonquière. Je ne connais pas, de mémoire, les endroits
précis où se trouvent les appareils en question. Sur le
problème de la relocalisation des sinistrés de
Saint-Jean-Vianney, le député de Dubuc a exprimé une
opinion, d'autres ont exprimé une opinion qui diffère de la
sienne.
Je regrette de ne pas être en mesure d'être d'accord sur
l'opinion qu'il a exprimée, parce que les autorités locales,
municipales et autres n'ont pas été d'accord avec lui et les
observations que nous avons faites n'ont pas confirmé les
inquiétudes qu'exprimait le député de Dubuc.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que, M. le Président,
là-dessus, les autorités de l'Alcan elles-mêmes
n'étaient pas de l'avis du député de Dubuc concernant
cette zone où on a relocalisé les sinistrés de
Saint-Jean-Vianney?
M. GOLDBLOOM: Pas à ma connaissance, M. le Président, je
n'ai pas reçu de communication.
M. BOIVIN: Je vous ai adressé une lettre qui me venait du
représentant de l'Alcan me disant qu'on faisait un effort pour essayer
d'arrêter cette pollution mais qu'il n'y avait aucune sorte de pollution
à cet endroit.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si l'on examine
l'atmosphère partout dans la région qui environne l'usine
d'Arvida de l'Alcan, on trouvera la présence de certaines substances et
il s'agit et la société Alcan a accepté de le faire
d'apporter les améliorations, d'installer les dispositifs
nécessaires pour éliminer cette pollution existante. Ce programme
est déjà en marche, mais quant à la distinction que l'on a
pu faire entre un terrain et un autre, on n'a pas constaté de
distinction, on n'a pas constaté un danger accru à l'endroit
où le gouvernement se proposait de relocaliser les sinistrés de
Saint-Jean-Vianney.
M. BOIVIN: Mais vous connaissez le problème de l'environnement de
l'usine d'Arvida. Vous savez que celle-ci a payé des dommages, que des
troupeaux ont été contaminés par la
végétation dans ces endroits et que depuis ce temps on ne cesse
de bâtir des résidences privées à cet endroit.
Si les troupeaux ont souffert de fluorose, pourquoi les individus qu'on
installe sur ces mêmes terrains, qui auront des jardins, qui consommeront
des végétaux qui pousseront sur ces terrains, ne
souffriraient-ils pas de fluorose comme les troupeaux en ont souffert?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'ai posé cette question.
Les autorités locales m'ont répondu que, sur les terrains en
question, il n'y avait pas eu de troupeau depuis un nombre considérable
d'années. C'est la réponse que j'ai eue.
Quand j'ai visité l'usine de l'Alcan, j'ai parlé avec le
directeur du laboratoire d'analyses et j'ai pris connaissance des travaux et
des expériences qui se font pour vérifier l'effet des
émanations de l'usine sur la flore et sur la faune de la région,
notamment sur la flore. Il y a des plantations d'espèces diverses autour
de l'usine avec des observations régulières pour
déterminer si, effectivement, les gaz qui s'échappent de l'usine
ont un effet néfaste. Toute cette question de fluorose a
été étudiée un peu partout. Des cas de fluorose
chez le bétail ont été cités à d'autres
endroits. Je ne possède pas de renseignements sur la fluorose à
Arvida.
M. BOIVIN: Je m'engage à fournir au ministre les résultats
de ces analyses.
M. GOLDBLOOM: Je vous en serais très reconnaissant.
M. PAUL: Je dois vous signaler qu'il est midi et quinze. Je comprends
que, normalement, nous devions siéger jusqu'à midi et trente.
Mais il semblerait que le Café du parlement est fermé, les
employés étant en grève. A moins que le gouvernement... Il
me fait plaisir de vous saluer, mon cher collègue. Tout cela pour vous
signaler que le gouvernement devrait présenter, dès cet
après-midi, une loi d'urgence pour obliger les employés à
retourner au travail.
M. VEZINA: La loi 74.
M. PAUL: On ne peut pas dfner ici. On est obligé d'aller en
ville. C'est là le problème.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Compte tenu de ces considérations
assez particulières, je crois que notre commission pourrait interrompre
ses travaux. Je pense que nous allons ajourner la séance sine die,
quitte à ce qu'une entente entre...
M. GOLDBLOOM: C'est-à-dire que l'on ne revient pas cet
après-midi après la période des questions? D'accord. M. le
Président, si j'ai bien compris, il y a certains membres de la
commission qui ne seraient pas en mesure de siéger demain et qui
voudraient poursuivre les débats sur le projet de loi. Il est
suggéré que l'on revienne mardi. Pour ma part, je suis dans une
situation un peu semblable quant à mardi matin. Est-ce qu'il est
prévu que l'on puisse siéger mardi après la période
des questions?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tout dépendra naturellement de ce que
le leader nous annoncera, mais, en principe, on peut être d'accord.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que les membres de la commission seraient d'accord
pour reprendre, avec l'assentiment du...
DES VOIX: Nous sommes d'accord.
M. PAUL: M. le ministre a peut-être été un peu
surpris de la façon dont la discussion a été menée
ce matin, mais je pense que nous faisons un excellent travail de
déblaiement qui finira par nous permettre d'entrer...
M. GOLDBLOOM: Je trouve que tout va extrêmement bien.
M. PAUL: Parce que ce n'était pas "cédulé" pour
cela, ce matin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Entre guillemets.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, la commission ajourne ses travaux
à mardi, après la période des questions en Chambre.
(Fin de la séance à 12 h 23)