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Commission permanente des affaires municipales
Projet de loi no 34 Loi de la aualité de
l'environnement
Séance du mardi 5 décembre 1972
(Dix heures et vingt minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
La commission des affaires municipales continuera ce matin
l'étude du projet de loi no 34, Loi de la qualité de
l'environnement. J'aimerais maintenant faire part aux membres de la commission
de certains changements qui m'ont été donnés par les
leaders parlementaires des différents partis. M. Faucher de Yamaska
remplace M. Caron de Verdun; M. Demers de Saint-Maurice remplace M. Gauthier de
Berthier; M. Ostiguy de Rouville remplace M. Leduc de Taillon; M. Kennedy de
Châteauguay remplace M. Saindon d'Argenteuil; le Dr Goldbloom remplace le
ministre Tessier; M. Gratton de Gatineau remplace M. Tremblay de Bourassa; M.
Dionne de Compton remplace M. Vaillancourt de Stanstead et M. Houde de Limoilou
remplace M. Vézina de Montmorency.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que nous pourrions
connaître une raison d'un changement qui nous intéresse d'une
façon toute particulière? Nous avions l'honneur d'avoir à
notre commission M. Saindon, dynamique maire de Lachute qui a une
expérience dans l'administration municipale et, ce matin, nous avons le
bonheur d'avoir avec nous M. Kennedy. Est-ce que vous êtes au courant des
raisons qui ont motivé ce changement?
LE PRESIDENT (M. Picard): Absolument pas. Je ne crois pas qu'il y ait de
raison particulière. Je crois tout simplement qu'il est probablement au
Salon rouge.
M. OSTIGUY: Peut-être M. Kennedy a-t-il des ambitions de politique
municipale?
M. DEMERS: C'est possible.
M. SAINT-GERMAIN: C'est parce que M. Kennedy s'y connaît en
pollution.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je crois que la commission en était
à l'étude de l'article 28, paragraphe a).
La protection de l'environnement (suite)
M. PAUL: Le paragraphe a) était adopté, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe b).
M. SAINT-GERMAIN: Adopté.
M. PAUL: Un instant. Jeudi soir, nous avons signalé au ministre
le danger ce point a été soulevé par notre
collègue le député de Lafontaine qui brille ce matin par
son absence, comme tous les membres de son parti à savoir pour
quelle raison le ministre voulait se réserver un droit de soustraction
à la loi en faveur ou dans l'appréciation des contaminants.
Est-ce que le ministre pourrait reprendre les raisons qu'il nous a
données?
M. GOLDBLOOM: Les raisons sont simples. C'est que l'on pourrait se
trouver devant une situation où aucune technologie n'existerait pour la
protection de l'environnement contre un contaminant quelconque;
deuxièmement, que l'on pourrait vouloir exempter de l'application de la
loi certaines sources de contamination à cause de conditions
locales.
Nous avons cité particulièrement le milieu agricole
où l'on voudrait peut-être exempter les agriculteurs de
l'application de certaines exigences, même si, dans un milieu de
population concentrée, on ne pourrait accepter l'émission de ce
genre de polluant vers l'atmosphère ou vers l'eau.
M. PAUL: Je comprends le ministre. Son objectif est louable. Par quels
mécanismes de contrôle doit-il s'assurer, avant d'exempter
certaines catégories de contaminants, qu'il n'y a pas de technologie
connue pour empêcher une telle pollution?
M. GOLDBLOOM: Cette question s'appliquerait à n'importe quelle
activité pour la protection de l'environnement, M. le Président.
Il faut s'en assurer en consultation avec les milieux scientifiques; ce serait
sûrement un des rôles du conseil consultatif. Le ministre doit
s'entourer, comme il l'a déjà fait, de conseillers
spécialisés dans certains domaines. Il devra maintenir des
communications avec les universités, avec les chercheurs des
universités québécoises, et par leur intermédiaire
et par l'intermédiaire de ses propres conseillers, avec le réseau
international de connaissances scientifiques. De plus en plus, des organismes
comme les Nations Unies et, notamment, l'Organisation mondiale de la
santé, publient des données sur ce qui peut se faire et sur les
normes qui peuvent être atteintes pour la protection de
l'environnement.
M. BOIVIN : Est-ce qu'on peut escompter que l'automobiliste pourra jouir
des mêmes exemptions sur 90 p.c. du territoire où il n'y aura pas
de pollution?
M. GOLDBLOOM: S'il y avait moyen; M. le Président,
d'empêcher cet automobiliste de pénétrer dans l'île
de Montréal, ce serait peut-être une chose que l'on pourrait
envisager. Mais, à moins de pouvoir s'assurer que ces automobilistes
n'iraient jamais dans Montréal, il serait
inconcevable de donner une telle exemption. D'ailleurs, dans une ville
moins importante quant à sa population, le problème peut quand
même exister avec une concentration d'automobiles à l'heure de
pointe. Les concentrations de monoxyde de carbone, par exemple, peuvent
atteindre des niveaux élevés et affecter la santé des
gens.
M. BOIVIN: Est-ce que vous avez des tableaux, par exemple, sur les deux
dernières années, avec des dates, où on peut dire qu'il y
a pollution, même à Montréal, dans les endroits très
concentrés comme Montréal?
Est-ce que vous avez des tableaux comparatifs où des analyses ont
été faites?
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement, M. le Président. La
Communauté urbaine de Montréal publie chaque année un
rapport sur la pollution atmosphérique sur son territoire; avant son
existence, c'était la ville de Montréal qui le faisait, et les
tableaux existent pour les cinq dernières années et plus
longtemps que cela en arrière. Notamment pour les cinq dernières
années, on a pu démontrer une diminution graduelle de la
pollution atmosphérique à Montréal; ceci à cause de
certains efforts faits pour diminuer la teneur en soufre, du mazout, et des
efforts faits par les fabricants d'automobiles pour réduire
l'émission de polluants vers l'atmosphère.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, je sais que le ministre va
peut-être trouver excessive la proposition que je lui fais, mais ce sera
peut-être aussi dans le but de protéger le ministre. Je me demande
si on ne pourrait pas ajouter "de soustraire des catégories de
contaminants ou de sources de contamination à l'application de la
présente loi" après avoir pris avis du conseil consultatif? Je
comprends que le lieutenant-gouverneur n'a pas d'affaire à prendre
l'avis de qui que ce soit, mais pour que cela ne devienne pas une
administration un peu draconienne ou pour ne pas trouver d'alibi pour ne pas
appliquer cette loi, on prenait avis du conseil consultatif, peut-être
que cela sauvegarderait certains risques de complaisance.
M. GOLDBLOOM: Avant de répondre directement à la
proposition du député de Saint-Maurice, je voudrais souligner,
comme je l'ai fait jeudi dernier, qu'il ne s'agit pas d'une action prise par le
ministre dans son cabinet. C'est une action publique et cette décision
doit être rendue publique dans la Gazette officielle. Elle doit
être exposée aux commentaires des intéressés. Elle
ne prendrait pas effet avant l'expiration d'un délai de soixante jours
comme dans le cas d'autres règlements.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Lotbinière.
M. BELAND: Le ministre parle de l'exemption de certaines sources de
contamination en ce qui concerne les agriculteurs. Est-ce que vous voudriez
donner un peu plus d'explications sur ce que vous entendez?
M. GOLDBLOOM: L'exemple que j'ai donné l'autre jour a
été le tracteur du cultivateur qui pourrait peut-être
émettre une concentration de polluants qui ne serait pas acceptable pour
une voiture en plein centre de Montréal. L'exédent pourrait
être minime, mais le tracteur ne serait pas strictement conforme aux
normes, et pourtant, ce serait un seul véhicule dans un champ avec
possibilité de dilution de polluants dans l'atmosphère assez
rapidement. On pourrait arriver à la conclusion qu'il faudrait permettre
une exemption dans un tel cas.
M. BELAND: D'accord, mais je croyais que vous faisiez allusion à
d'autres sources de contamination, entre autres un sujet sur lequel nous
avons discuté un moment donné par exemple, un poulailler
en plein village alentour duquel demeurent continuellement des animaux ou des
oiseaux morts et dont le propriétaire ne veut pas se départir, ne
veut pas changer de système de façon qu'il y ait
élimination chaque jour.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il m'est inconcevable que l'on
exempte les poulaillers, les porcheries, de l'application d'un règlement
pour la protection de l'environnement. Il y aurait un règlement
général qui toucherait ces activités agricoles et il
faudrait que ces règlements soient appliqués de façon
rigoureuse. Nous allons encourager les propriétaires, les exploitants de
poulaillers, de porcheries, à se munir des appareils nécessaires
pour protéger l'environnement. Je donne l'exemple c'est un
exemple que j'ai trouvé dans le comté de mon collègue de
Rouville d'une ferme d'élevage de dindes où il y a un
incinérateur spécialisé qui permet de détruire
rapidement et sans contamination de l'atmosphère, les carcasses des
oiseaux morts. C'est essentiel que l'on protège non seulement
l'environnement, mais ce faisant, on peut protéger le troupeau
lui-même contre la contagion des maladies. Donc, c'est absolument
essentiel que...
M. BELAND: Je suis complètement d'accord sur ce que vous venez de
dire et, justement, il ne faudrait pas penser seulement au comté de
Rouville ou aux producteurs de dindes du comté de Rouville. Il y en a
églament ailleurs dans la province, à l'intérieur des
villages, et ça cause de drôles de circonstances et de
drôles de difficultés.
M. DEMERS: Cela n'est pas l'apanage des gens de Rouville.
M. GOLDBLOOM: Cela va sans dire, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Lévis.
M. ROY (Lévis): M. le Président, j'ai une question
à propos de l'environnement. Je voudrais savoir du ministre ce qu'il
entend faire pour surveiller toute cette affaire-là. Est-ce qu'on va
obliger les municipalités, si on parle des municipalités,
à passer des règlements et à avoir un inspecteur? Vous
savez que la province de Québec et le Canada, c'est grand. Le
gouvernement ne pourra pas suffire à envoyer des inspecteurs pour aller
voir si ça sent à une place et si ça ne sent pas à
l'autre, si c'est bien là ou ailleurs.
Il serait exagéré de lui demander ça. Est-ce que
les conseils municipaux vont recevoir l'ordre de passer des règlements,
de se nommer un inspecteur et, quand il y aura une plainte valable, de la
soumettre au gouvernement, ou s'ils seront obligés de s'exécuter
avant de construire un poulailler? D'abord, vous avez plusieurs
municipalités qui n'ont pas de règlement de construction.
N'importe qui bâtit une porcherie, un poulailler, une remise à
fumier où il veut, même si c'est à deux pieds de la
clôture du voisin. Il n'existe pas de règlement parce que ce sont
des municipalités qui ne sont pas assez avancées pour ça.
Est-ce que c'est prévu dans la loi?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, ce qui est prévu dans la
loi, c'est que les règlements provinciaux aient leur application partout
et que, si la municipalité, pour des raisons qui lui sont
particulières, voulait aller plus loin, voulait avoir un
règlement spécial, il faudrait que, pour des fins de concordance,
ce règlement soit approuvé par le ministre avant d'entrer en
vigueur.
Les services d'inspection seront, au départ, c'est-à-dire
à la base, les services du gouvernement provincial. Si la
municipalité a ses propres services et, ayant ses propres services,
conclut une entente avec le gouvernement de la province pour l'application de
la loi et des règlements, ce sera comme cela que l'application se fera.
Mais si la municipalité n'a pas son inspecteur, il me semble plus
pratique, pour le gouvernement, d'avoir son inspecteur et de voir à
l'application de la loi, que d'attendre que la municipalité aille
chercher un inspecteur, aille chercher l'argent nécessaire pour payer
cet inspecteur-là, et lui fasse donner une formation, parce que ce n'est
pas toujours possible d'avoir une personne qui a déjà acquis
toute la formation nécessaire.
Pour nous, au niveau provincial, et c'est une recommandation faite dans
plusieurs des mémoires que nous avons reçus, nous devrons avoir
un inspecteur qui a son diplôme, son certificat commis inspecteur en
hygiène publique.
Mais, ce n'est pas toujours le cas pour les municipalités et
l'inspecteur municipal s'occupe d'un certain éventail de sujets. Je
voudrais que nous soyons en mesure d'appliquer la loi avec l'aide des
municipalités quand cette aide sera disponible.
M. ROY (Lévis): Maintenant, si vous me permettez de continuer,
j'ai bien compris les explications du ministre, et je crois, moi, qu'il y a
beaucoup de municipalités qui n'ont aucun règlement. Or, quand le
mal est fait, il est parfois trop tard pour le guérir. Vous allez
prendre par exemple quelqu'un qui se construit un poulailler; il a
dépensé des milliers de dollars pour ce faire et la paroisse l'a
laissé faire. A un certain moment, l'inspecteur du gouvernement arrive
et lui dit que son affaire est condamnable ou condamnée et qu'il n'a pas
le droit de le faire. C'est ce que je veux prévenir, s'il y a une loi
qui peut le prévenir. Que les municipalités soient
obligées d'avoir une réglementation de la construction qui oblige
une personne voulant construire quelque chose pouvant causer de la pollution
à demander une permission spéciale au gouvernement ou à sa
municipalité.
M. GOLDBLOOM: Dès l'adoption de la loi et l'adoption
subséquente de chaque règlement, toutes les municipalités
du Québec auront des règlements par le fait même. Si elles
veulent aller plus loin pour des raisons qui leur seront propres, elles iront
plus loin avec l'approbation et la collaboration du ministre. Il faut aussi
souligner le fait que la loi prévoit que toute nouvelle installation
soit approuvée par le ministre, ce qui implique la présence du
représentant du ministre, c'est-à-dire l'inspecteur provincial.
Je voudrais nous l'avons discuté l'autre jour, je pense
que les permis de construction émis par les municipalités le
soient avec la connaissance et l'approbation de l'inspecteur en hygiène
publique, qui sera dorénavant inspecteur en environnement.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: J'aurais une autre question en revenant au paragraphe b).
Est-ce que le ministre peut nous assurer ou nous dire si le conseil consultatif
sera nommé ou désigné avant l'établissement de
l'adoption des règlements.
Ce serait capital, je pense, pour établir des règlements
sensés que le conseil consultatif qui sera formé de
spécialistes soit créé ou mis en place avant que nous
adoptions les règlements.
M. GOLDBLOOM: J'ai dit au début de notre discussion qu'il faut
diviser les règlements en deux catégories. Il y a les normes qui
s'appliquent déjà, qui devront être transformées en
règlements en vertu de cette loi. Ils existent comme règlements
en vertu de la Loi de l'hygiène publique, ou de la Loi de la
Régie des eaux comme directives ou ordonnances.
Ce transfert devra se faire rapidement et il me semble qu'il n'y aura
pas moyen de consti-
tuer un conseil consultatif avant d'effectuer cette opération
importante. Mais, concernant les règlements qui suivront, les
règlements qui impliqueront la détermination de nouvelles
politiques et même l'établissement de normes qui n'ont pas
été établies en vertu des lois existantes, oui, je
voudrais que le conseil consultatif soit constitué; deuxièmement,
que la commission parlementaire siège et entende des témoins et
discute à fond ces questions; et certainement que, pendant le
délai de 60 jours avant l'entrée en vigueur d'un
règlement, il y aura lieu pour ces organismes, le conseil consultatif et
la commission parlementaire, de se pencher et de s'exprimer
là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: Si je comprends bien le ministre, c'est que, dès
l'adoption de la loi, certains règlements déjà en vigueur
seront transférés au service de l'environnement.
M. GOLDBLOOM: C'est exact.
M. PAUL: Et pour ce qui a trait à tout nouveau règlement
relatif à la pollution, ce règlement sera adopté
après consultations du conseil consultatif, négociations ou
opinions du conseil consultatif, soumis ensuite à la commission
parlementaire des affaires municipales pour discussions et là, on pourra
entendre les corps intermédiaires, les municipalités ou tout
organisme ou toute personne intéressée.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. PAUL: A ce moment-là, il faudra que le règlement ait
été publié comme avant-projet dans la Gazette
officielle.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. M. PAUL: Très bien.
M. GOLDBLOOM: Si vous me permettez d'ajouter une condition que, je suis
certain, le député de Maskinongé acceptera, c'est que
peut-être on se trouverait devant une situation d'urgence où il
faudrait agir rapidement et peut-être qu'il n'y aurait pas moyen
d'attendre tout ce processus pour intervenir; mais, c'est absolument
exceptionnel. Je pense que nous avons présentement les normes et les
mécanismes qui nous permettraient d'agir en vertu des pouvoirs
donnés au directeur, par exemple, d'émettre ce que l'on appelle
un "stop order". Je n'ai pas découvert de terme français pour
cela.
M. PAUL: Un arrêt sur le banc.
M. GOLDBLOOM: Merci.
M. BOIVIN: Qu'est-ce qui nous garantit que les grands contamineurs ne se
serviront pas de ce paragraphe b) pour se soustraire à la loi?
M. GOLDBLOOM: Ce paragraphe n'est pas à leur disposition.
C'est à la disposition du ministre par publication d'un
règlement qui dirait: Puisqu'il y a une raison valable pour ne pas
appliquer la loi à telle substance ou à telle source de
contamination, le ministre propose, pour prendre effet 60 jours plus tard, que
l'on n'applique pas les règlements à telle ou telle chose.
M. BOIVIN: Vous dites le ministre. Mais il me semble qu'à un
article précédent vous nous laissiez entendre que le directeur
pourrait agir.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, c'est que le lieutenant-gouverneur
en conseil peut adopter des règlements. Alors, c'est le ministre qui
propose au conseil des ministres l'adoption d'un arrêté en conseil
et la publication d'un règlement en vertu de cet arrêté en
conseil.
M. BOIVIN: Alors, le directeur ne pourrait pas agir de complicité
avec certaines grandes firmes.
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Lotbinière.
M. BELAND: Qu'adviendra-t-il, M. le ministre, de ce qui existe
présentement dans un certain nombre de paroisses rurales où il y
a un inspecteur on peut le désigner autrement qui a une
besogne bien spécifique à remplir à longueur
d'année. C'est par exemple, là où il y a des
rivières, des ruisseaux qui coulent à l'intérieur de la
municipalité. Il est engagé spécifiquement pour
vérifier, à n'importe quel moment de l'année, soit
après une crue des eaux ou le printemps après les glaces, s'il
n'y a pas des animaux ou des oiseaux morts et il les enterre. Ma question est
la suivante: Vous parlez de conseil consultatif, c'est un autre palier, mais
est-ce que ces municipalités pourront garder en fonction ces inspecteurs
pour prévenir certaines contaminations qui pourraient être assez
difficiles à enrayer?
M. GOLDBLOOM: II est très clair que nous n'aurons pas de surplus
de personnel. Si nous comptons le personnel provincial et le personnel
municipal, nous n'aurons quand même pas tous les effectifs que nous
voudrions avoir et il faudra bâtir ces effectifs au cours des
années pour répondre aux besoins. Il s'agit d'une coordination,
comme il s'agit d'une coordination avec les inspecteurs qui relèvent
d'autres ministères, par exemple ceux du Travail, ou ceux de
l'Agriculture. Il faudra que la coordination se fasse pour que le travail soit
le plus efficace possible.
M. DEMERS: M. le Président, le député de
Lotbinière veut peut-être souligner que le code municipal oblige
les municipalités rurales à nommer des inspecteurs agraires,
quatre ou cinq sortes d'inspecteurs, mais cela ne veut pas dire que votre loi
bannira ces gens-là. Le code municipal aura encore ces
pouvoirs-là, un point, c'est tout.
M. GOLDBLOOM: Certainement.
M. DEMERS: Ils sont payés par la municipalité. Il y aurait
peut-être moyen d'améliorer leurs conditions de travail, en
travaillant conjointement, avec la loi qu'on va adopter.
M. GOLDBLOOM: II y aura aussi moyen d'améliorer leurs
connaissances, de leur donner des cours de formation pour qu'ils appliquent eux
aussi les parties de la Loi de la qualité de l'environnement qui les
intéresseront.
M. BELAND: Est-ce que le même principe va s'appliquer
également dans les cas de possibilité de contamination par eau
polluée, là où une municipalité a un bassin
situé dans une rivière, par un barrage où l'eau est
contaminée et que le gouvernement ne fait rien depuis plusieurs
années, même si c'est contaminé parce que cela
nécessiterait de gros déboursés pour le ministère
des Affaires municipales?
Est-ce que votre loi va aller assez loin, ou les obligations qui en
découleront vont aller assez loin, pour qu'il y ait des sommes d'argent
prévues pour que cette municipalité puisse régler ce
problème d'eau polluée?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je ne voudrais pas être
désobligeant à l'endroit du député de
Lotbinière, mais ce sont des éléments dont nous avons
discuté. Il y a dans la loi un article qui permet au ministre d'accorder
des subventions. Ce n'est pas par le fait même qu'on peut assurer la
disponibilité de toutes les sommes nécessaires pour tous les
ouvrages. C'est certainement un des mécanismes qui devraient être
exploités au meilleur escient possible par le ministre pour obtenir la
véritable amélioration de l'environnement. Ce n'est pas par la
simple constatation faite par le ministre, le directeur, l'inspecteur
provincial, l'inspecteur municipal ou le simple citoyen que l'on peut corriger
les choses. Ce n'est que le début de la sagesse. Il faut prendre ces
constatations et, à même les constatations, programmer
l'activité pour que l'on ait l'argent, les ressources nécessaires
et que l'on corrige la situation qui laisse à désirer.
M. BELAND: Je tiens à mentionner quand même, M. le
Président, que, dans la municipalité de Parisville, dans
Lotbinière, un problème de ce genre existe depuis au moins quinze
ans et le ministère n'a rien fait pour tâcher de le
résoudre d'une façon permanente. La population de tout le village
boit de l'eau polluée.
M. PAUL: M. le Président, sur un rappel du règlement. Nous
avons eu deux séances d'information générale où
tous ces problèmes ont été discutés. Voici que,
dans le cadre d'un article bien spécifique de la loi, le paragraphe b)
de l'article 28, on va insérer toute lacune ou identifier toute
pollution qui peut exister dans les différents comtés du
Québec. Je soumets respectueusement que les remarques du
député de Lotbinière, bien qu'elles soient très
intéressantes, ne sont pas pertinentes ou, pour le moins, elles auraient
dû être faites il y a une semaine.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe b). Adopté.
M. PAUL: Sous réserve et sur division.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe c).
M. PAUL: Sur quels critères le lieutenant-gouverneur en conseil
limitera-t-il ou surveillera-t-il des sources de contamination? Est-ce en vertu
des mêmes principes que le ministre nous a exposés à
l'occasion de l'étude du paragraphe b)?
M. GOLDBLOOM: Nécessairement, M. le Président, et j'irai
encore plus loin. Je dirai que c'est également en consultation avec les
autres gouvernements canadiens. Ce qui est nuisible pour la santé
québécoise l'est autant pour la santé albertaine, et les
normes devraient, sauf dans des conditions très particulières
dans une région, être les mêmes à travers le
Canada.
M. PAUL: En vertu des ententes que le ministre peut signer?
M. GOLDBLOOM: Oui, que le gouvernement peut autoriser le ministre
à conclure avec d'autres provinces et avec le gouvernement
fédéral.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le paragraphe c), adopté. Au paragraphe
d), je crois qu'il y a un amendement.
M. BELAND: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Picard): En ce qui concerne le paragraphe c)?
M. BELAND: Oui. Par le mot "limiter, qu'est ce qu'on entend exactement?
Est-ce que c'est diminuer, est-ce que cela pourrait être diminuer? Dans
le cas d'une entreprise quelconque qui contaminerait jusqu'à un certain
degré l'athmosphère, est-ce que cela comprendrait la
possibilité, de la part du lieutenant-gouverneur en conseil, d'ordonner
ou d'obliger cette entreprise à diminuer la pollution ou la
quantité d'éléments polluants?
M. GOLDBLOOM: C'est clair, M. le Président.
M. PAUL: Limiter n'a pas ici le sens de borner.
M. DEMERS: Cela veut dire borner, donner les limites, fixer un terme,
une mesure à ne pas dépasser.
M.GOLDBLOOM: M. le Président, nous sommes ici à discuter
des règlements généraux et il est clair que, dans certains
cas, on pourrait prohiber de façon absolue l'émission de
polluants vers l'environnement. Dans d'autres cas, ce serait impossible. Tout
ce que l'on pourrait faire, c'est établir un maximum acceptable et dire:
Vous allez limiter vos émissions selon les normes fixées par
règlement.
LE PRESIDENT (M. Picard): M. le député de
Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, à un moment donné, on
est obligé de demander des explications. Si on se reporte au tout
début de l'article 28, lorsqu'on lit: "Le lieutenant-gouverneur en
conseil peut adopter des règlements pour...", dans beaucoup de lois, le
mot "peut" prend le sens de "doit". C'est pour cela qu'il faut faire bien
attention et savoir exactement ce que chaque mot veut dire.
M. DEMERS: Dans ce cas, je ne pense pas qu'il ait le sens de doit.
M. BELAND: Non, c'est une possibilité selon les
circonstances.
M.GOLDBLOOM: Le devoir est un devoir moral. C'est toute l'implication de
la loi. Le devoir moral est là pour le ministre d'agir, mais il faut
pour qu'il agisse qu'il y ait une technologie possible. Aujourd'hui, il
pourrait dire à l'industrie je ne dis pas à l'usine ou
à la compagnie, mais à l'ensemble des usines qui composent une
industrie: Vous allez limiter les émissions de gaz par votre
cheminée à telle concentration. D'ici trois ou quatre ans,
peut-être que des dispositifs seront disponibles et permettront d'adopter
un nouveau règlement pour le réduire davantage.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Au paragraphe d), je crois
qu'il y a un amendement de proposé.
M.GOLDBLOOM: C'est d'ajouter: Sources de contamination. C'est d'ajouter
la même phraséologie qu'à la fin du paragraphe c): "Pour
l'ensemble ou une partie du territoire du Québec."
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que le paragraphe d) est adopté
tel qu'amendé?
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Le paragraphe e), avec
amendement 1 en ajoutant les mots "de protection et de qualité".
Adopté?
M. DEMERS: C'est préventif.
M. BOIVIN: Quand on parle de parties de territoire, est-ce à dire
qu'on se servira davantage de la municipalité pour
réglementer?
M. GOLDBLOOM: C'est possible. Ce n'est pas nécessairement
implicite dans cette phraséologie. Je donne un exemple. Nous avons, dans
la région métropolitaine, une usine spécialisée
pour l'incinération des résidus liquides d'origine industrielle.
Il y a un certain rayon, autour de cette usine, que nous avons défini
parce qu'il ne serait pas rentable, donc presque impossible, de faire venir
tous les résidus de l'Abitibi ou de la Gaspésie. Il faudra
prévoir l'établissement d'un deuxième centre dans une
autre région. Mais en attendant la création de ce deuxième
centre, il y a lieu de définir un territoire et c'est le territoire le
plus industrialisé du Québec que nous avons identifié, sur
lequel tous les résidus liquides devraient être traités
d'une façon acceptable et notamment acheminés vers cette
usine.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le paragraphe e). Adopté tel
qu'amendé. Le paragraphe f).
M. BELAND: Qu'entendez-vous exactement par, à la toute fin,
"soustraire certaines catégories de constructions à l'application
de la présente loi"?
M. GOLDBLOOM: Cela remonte au paragraphe b), M. le Président,
c'est le même sens.
M. BELAND: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le paragraphe f ). Adopté.
M. DEMERS: Un instant, s'il vous plaît.
M. GOLDBLOOM: Je souligne, M. le Président, que nous avons, en
fin de compte, préféré le mot "autorisation" au mot
"approbation".
M.PAUL: Maintenant, le ministre va suggérer de classifier tous
les genres de construction au Québec, pour déterminer qu'à
telle catégorie de construction, telle mesure antipolluante ou telle
restriction s'impose et ainsi de suite. En un mot, vous allez faire une
espèce de catéchisme des immeubles québécois.
Avez-vous une idée du coût d'une telle réalisation et du
temps que cela va prendre? Pour quelle nécessité allons-nous
établir ainsi un tel relevé?
M. GOLDBLOOM: C'est déjà fait en bonne mesure, M. le
Président, en vertu de la Loi de l'hygiène publique, toute la
question de la salubrité et de la sécurité des immeubles.
Il
s'agit d'établir des normes pour des constructions futures, qui
tiendraient compte des connaissances que nous possédons
déjà et qui protégeraient l'environnement.
M. PAUL: Je comprends. Vous n'avez pas un "et" après le mot
"construction", à la sixième ligne; il y a une virgule. Les
constructions et procédés industriels. S'il y avait la
conjonction "et", je dirais que l'argumentation du ministre est excellente,
mais il y a une virgule.
M. BELAND: Cela pourrait être "et" ou "le cas
échéant" ce qui comprendrait exactement le...
M. PAUL: "Classifier à cette fin les constructions". Si vous
mettiez: "Classifier à cette fin les constructions et
procédés industriels"... je crois qu'à ce moment-là
vous couvrez le terrain déjà couvert par la Loi de
l'hygiène publique. Même si dans l'ancien texte on avait une
virgule, je me demande si, à l'occasion de la fabrication d'une nouvelle
loi, on ne devrait pas inscrire la conjonction "et".
M. GOLDBLOOM: Si on l'inscrivait, M. le Président, on limiterait
l'application de ce paragraphe aux constructions industrielles.
M. PAUL: Oui. Très bien. Continuez.
M. GOLDBLOOM: Nous avons, pour répondre à la
première question du député de Maskinongé,
déjà fait la classification des constructions industrielles. Nous
avons les catégories qui sont énumérées ici et nous
travaillons déjà pour prévoir, avec les industries
concernées, la protection de l'environnement quant aux nouvelles
constructions et implantations, nouvelles installations d'équipements.
Quant aux autres constructions, nous avons déjà, au cours de la
discussion, parlé de la nécessité de la présence de
l'inspecteur en environnement dans chaque municipalité, pour participer
à l'émission des permis de construction. Nous pourrions, selon ce
paragraphe, soustraire certaines catégories de construction de
l'application de ces mesures mais, en général, je pense que nous
constatons que toute construction, avec peu d'exceptions, nécessite une
surveillance quant à la protection de l'environnement. Prenons tout
simplement l'exemple de la disposition des eaux-vannes de n'importe quelle
maison. S'il n'y a pas de réseau d'égouts auquel la maison est
reliée, on a le problème de la protection de l'environnement
contre les effets néfastes des eaux-vannes. Dans trop de cas on constate
que la fosse septique est mal placée, sa capacité est mal
calculée, peut-être parce que l'on veut, avec une certaine
complaisance, épargner une dépense plus importante au
constructeur. Comme nous l'avons dit l'autre jour, on peut arriver après
le fait et être dans une situation extrêmement
désagréable de devoir imposer des dépenses
considéra- bles ou de tolérer une chose qui n'est pas
satisfaisante. Pour cette raison il est préférable que
l'inspecteur donne son avis avant l'émission du permis de
construction.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: Est-ce qu'on pourrait me dire où on en est rendu avec
le code de construction? On parle beaucoup de construction, est-ce que la
province acceptera définitivement le code de construction canadien ou si
on peut espérer que la province émette un code de construction?
Je sais qu'à l'occasion du bill 48, on nous a promis un code de
construction dans la province et je voudrais savoir où on en est rendu
au ministère des Affaires municipales.
M. PAUL: La couverture est imprimée.
M. BOIVIN: Vous parlez beaucoup de construction, mais sur quel code vont
se baser tous ceux qui ont à construire ou à présenter des
plans de construction?
M. GOLDBLOOM: Nous nous occupons de la protection de l'environnement. Il
faudra un code de construction et je ne suis pas informé du calendrier
de ce travail, mais nous appliquons des normes qui existent déjà
dans nos cahiers. Les inspecteurs ne demanderaient pas mieux que d'avoir une
autorisation plus précise, avoir une responsabilité plus claire
pour approuver avec les autorités municipales les permis de construction
dans toutes les municipalités du Québec, celles qui n'ont pas
leurs propres services. Ainsi, à Montréal, ce n'est pas
nécessaire que nous soyons présents, mais dans les petites
municipalités, il est essentiel que l'inspecteur soit là. II est
là, mais il n'est pas toujours informé avant le fait, il passe
beaucoup de son temps à réparer des pots cassés ou
à essayer de le faire.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Lévis.
M. DEMERS: Je pense que...
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que vous avez terminé?
M. DEMERS: C'est dans le même ordre d'idées.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: Je pense que le ministre veut nous dire dans cet article que
l'action et les règlements seront promulgués et adoptés en
fonction simplement de la protection du milieu et que les matériaux, le
choix des plans qui ne visent pas directement la protection du milieu
et la protection de l'environnement, cela ne relève pas de cet
article-là du tout.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. M. DEMERS: C'est exact. M. GOLDBLOOM: C'est
cela.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Lévis.
M. ROY (Lévis): Je pense qu'on est en train d'étudier une
chose. On a trop longtemps toléré toutes sortes de choses qui se
sont faites dans le Québec, sans permission. On est en train
d'étudier une loi. Il faudrait d'abord que la population soit
informée. Par exemple, un type achète un terrain d'un individu
dans une paroisse rurale, il dit: Je vais me construire une maison. Il n'y a
rien qui l'en empêche, il construit une maison et il envoie son
égout dans le fossé de la voirie. Cela se fait encore
actuellement. Après on vient trouver le député et on lui
dit: Cela ne sent pas bon en avant de chez nous, il faudrait faire creuser le
fossé. Ce sont les ennuis que nous avons.
Je commence à être "en fife" de cette affaire-là et
c'est pour cela que je voudrais que les gens soient informés, qu'on
fasse paraître des avis dans les journaux, qu'il y ait des
éducateurs qui passent par les municipalités pour dire aux gens
à quois'en tenir. Le type qui achètera un terrain saura à
quoi s'en tenir. Le vendeur de terrain est prêt à tout vendre pour
faire une piastre. Cela est humain chez les Canadiens français,
peut-être chez les Anglais aussi. On ne parlera pas d'autres personnes.
Cela est en dehors du sujet.
M. DEMERS: C'est bon pareil. M. ROY (Lévis): Cela me passe...
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous avez utilisé une expression,
tantôt. Je me demande si le journal des Débats va être
capable de l'écrire "en fife".
M. ROY (Lévis): Cela veut dire ne pas être de bonne
humeur.
LE PRESIDENT (M. Picard): Comment l'épelez-vous?
M. ROY (Lévis): "En fife", ils sont bien plus instruits que moi.
J'ai une manière de le prononcer pour me faire comprendre. C'est
à eux de se démêler pour l'écrire.
M. DEMERS: C'est un genre d'onomatopée.
M. ROY (Lévis): Non, mais on voit ça trop souvent, ce sont
des problèmes qu'on a. C'est la raison pour laquelle je voudrais qu'on
fasse une loi claire et qu'à un moment donné les
municipalités soient informées, avec des gens qui feront de la
propagande ou qui donneront des conférences: Vous n'avez pas droit ou
vous avez droit. Le gars, quand il arrive quelque chose, ne viendra pas me
dire: J'ai dépensé tant d'argent pour faire telle chose. En ce
qui concerne les industries, ce n'est pas grave, parce que les industries
empruntent toutes de l'argent, d'accord, pour se bâtir. Donc, elles sont
obligées de recourir aux lois du gouvernement qui leur dit : On est
prêt à vous prêter tel montant avec une subvention de tant
à condition de ça, ça et ça. Dans les comtés
ruraux, un gars qui a mis de côté $10,000 et décide de se
bâtir une maison va trouver un habitant et lui demande s'il a un terrain
à lui vendre.
Oui, je vais te vendre ça tant. Il se bâtit une maison,
envoie l'égout dans le tuyau.
Bon, c'est sur ces choses-là qu'il va falloir être rigide
dans le règlement. On n'aura plus le droit de faire des choses comme
celles-là.
M. DEMERS: Je pense que le ministre...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'ai déjà dit que
nous allons envoyer un mémoire à toutes les municipalités
du Québec et que nous allons envoyer des gens informer les
autorités municipales sur l'application de la loi.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, je viens de lire, relire, rerelire le
sous-article f). Je me permets de signaler que, à mon humble point de
vue, c'est un article très ambigu, surtout lorsque nous arrivons
à l'emploi des termes "constructions", "procédés
industriels", "industries", "travaux", "activités" et "projets". C'est
pourquoi, M. le Président, je me permettrais de suggérer aux
brillants légistes qui accompagnent et appuient le ministre le texte
suivant: "Déterminer les modalités selon lesquelles une demande
de certificat d'autorisation", je mettrais "de plans et devis", parce que les
devis sont très essentiels dans une construction, je mettrais "plans" au
pluriel, ou de "projets" que je mettrais également au pluriel. Alors, je
dis: déterminer les modalités selon lesquelles une demande de
certification d'autorisation de plans et devis ou de projets doit être
faite au directeur en vertu des articles 22 et 23, et classifier à cette
fin les constructions et les procédés industriels". Plutôt
que de trouver dans le texte de loi "les constructions, procédés
industriels, industries, travaux, activités et projets."
Je me demande si on ne couvre pas, à ce moment-là, tout le
champ d'application de la loi que le législateur veut couvrir par son
sous-article f ).
M. BOIVIN: Je pense que ça répondrait un
peu à l'idée que j'ai émise tout à l'heure.
Je ne suggérais pas que soient absent du code de construction le service
de l'environnement, la ventilation et toutes ces choses-là, dans le
règlement de construction...
M. PAUL: Cela permettrait, M. le Président, comme le soulignait
tout à l'heure le député de Dubuc, de rejoindre la
politique du ministère des Affaires municipales en matière de
construction. Le directeur, avant d'émettre un permis, devrait et devra
s'assurer que les normes correspondent à la politique
générale que le gouvernement entend appliquer ou sur laquelle il
a légiféré avant d'accorder un tel permis.
Tout à l'heure, j'ai signalé au ministre l'emploi de la
conjonction "et" à la place de la virgule que l'on trouve après
"construction". C'est parce que j'avais oublié les amendements
importants qui ont été apportés aux articles 22 et 23. Je
m'excuse si j'ai apporté cette suggestion, mais je me demande si le
texte que je soumets, sans être meilleur, n'est pas aussi bon et moins
détaillé et plus facile de compréhension.
M. GOLDBLOOM: Je trouve que la première partie de la suggestion
du député de Maskinongé est à retenir. Il serait
certainement préférable de parler de plans et devis, de projets
au pluriel. Quant à la deuxième partie, si je comprends bien, le
député de Maskinongé, en formulant sa suggestion, est
retourné...
M. PAUL: La formulation me semble plus française.
M. GOLDBLOOM: Oui, mais retournez à l'article 22. Là, on
trouve une énumération semblable, pas aussi concise, mais les
termes se retrouvent quand même dans l'article 22. C'est par allusion
à l'article 22 que ce paragraphe f) est conçu. On parle là
de plans et devis de construction, de projets d'utilisation de
procédés industriels, d'exploitation d'industries, d'augmentation
de la production, et de la description de la chose ou de l'activité
visée.
M. ROY (Lévis): M. le Président, est-ce que le
député de Maskinongé voulait ajouter jusqu'à la
ventilation de tout ce qui regarde la maison même?
M. PAUL: L'éjaculation de la maison? M. ROY (Lévis): La
ventilation.
M. PAUL: Pas la ventilation dans le sens de bilan ou d'analyse
comptable, comme on dit lorsqu'on fait la ventilation d'un commerce, par
exemple. Ce n'est pas en ce sens. C'est ventilation dans le sens
d'aération.
M. ROY (Lévis): D'aération, mais de la maison
même.
M. PAUL: De la maison mère ou même?
M. ROY (Lévis): Même. Est-ce que le député de
Maskinongé serait dur d'oreille?
M. PAUL: Oui.
M. DEMERS: II est dur de partout.
M. OSTIGUY: Est-ce que ce que vous dites là s'applique aussi
lorsqu'un particulier veut se construire une maison?
M. PAUL: II faut demander cela à M. le ministre.
M. GOLDBLOOM: Cela s'appliquerait dans une municipalité qui
n'aurait pas son propre règlement et qui n'aurait pas ses propres
inspecteurs pour surveiller cette construction et voir à l'application
des lois et règlements. Il faudrait alors que cela s'applique.
M. OSTIGUY: Dans ce cas-là, je verrais mal plans et devis. Parce
qu'un particulier qui se construit une maison peut difficilement fournir des
devis. Il va avoir un plan. Parce qu'on sait que des plans et devis sont deux
choses bien différentes. Alors, le particulier qui veut se
construire...
M. PAUL: Est-ce que je pourrais citer à mon collègue la
cause de Béland versus Gélinas?
M. OSTIGUY: Non.
M. PAUL: Non? D'accord. Je vous donnerai la référence et
vous la lirez.
M. OSTIGUY: Mais est-ce qu'il y a des devis sur une construction
particulière, résidentielle?
M. PAUL: Ce n'est pas nécessaire, mais on veut couvrir ici
beaucoup plus les immeubles industriels, les constructions industrielles. C'est
par incidence qu'on va couvrir les résidences. Mais la portée de
l'article est beaucoup plus pour les fins industrielles. Si on a l'intention de
couvrir tout genre d'immeubles de construction, il y aurait peut-être
lieu de recorriger le texte.
M. BELAND: II y aurait peut-être lieu de procéder à
l'exemption de résidences ou de maisons familiales ou maisons...
résidentielles. A ce moment-là, ça comprend
également les maisons d'appartements. Il peut peut-être y avoir
nécessité dans certains cas. Je ne sais pas.
M. BOIVIN: C'est très important. On parle de pollution, on voit
toujours des gaz dans l'atmosphère. Dans la construction, il y a de la
pollution psychologique, si vous voulez. Je sais que le code, je me
réfère au discours de deuxième lecture du
député de Chicoutimi,
c'est une chose importante. Par exemple, je sais qu'il y a conflit entre
le code canadien et nos lois provinciales sur la hauteur des plafonds. Est-ce
qu'une famille doit demeurer toute sa vie dans une roulotte? Psychologiquement,
c'est très important qu'on sache ces choses-là. Moi, je vois cet
article rattaché à un code du bâtiment. Si vous nous disiez
qu'on va avoir un code du bâtiment qui va régler toutes ces
questions, cela me rassurerait.
M. GOLDBLOOM: Je suis d'accord que cet article doit se rattacher
à un code général du bâtiment et je suis convaincu
qu'il y en aura un. Mais, pour revenir aux commentaires du député
de Maskinongé, je dois lui répondre que c'est nettement notre
intention de couvrir toutes les constructions, en en exemptant peut-être
pour les fins de l'application plus facile, plus pratique de la loi et des
règlements. Mais, justement, nous avons des problèmes de
détérioration de l'environnement qui sont occasionnés par
la mauvaise construction d'une maison. Vaut mieux prévenir que
guérir. Nous aimerions donc pouvoir déterminer des normes pour la
construction de maisons.
M. PAUL: Est-ce qu'à ce moment-là le ministre n'a pas
l'impression qu'il va empiéter sur le rôle des
municipalités qui ont charge, à la suite de la demande des
résidants d'un quartier, dans une ville, d'établir un
règlement de construction ou de zonage? Et voici que, nonobstant le
désir exprimé par référendum ou autrement, sous
forme de pression ou de revendication devant un conseil municipal, le ministre
chargé de la qualité de l'environnement outrepasserait le
désir de ces contribuables ou résidants d'une
municipalité.
M. GOLDBLOOM: Ce serait davantage sur la construction individuelle que
l'on devrait...
M. PAUL: On a un mauvais exemple, même si c'était un
immeuble commercial, celui de Dasken. A Sherbrooke, cela va devenir la
même chose.
M. DEMERS: Cela s'en vient pas mal comme cela.
M. PAUL: La deuxième lecture de ce projet de loi n'est pas encore
faite même si, dans le document qui nous a été
distribué vendredi, on a parlé de l'étude du rapport de
troisième lecture du projet de loi de la ville de Sherbrooke. Un
instant. Nous n'en sommes qu'en première lecture.
M. BOIVIN: Pourquoi ne nous en référerions-nous pas au
code du bâtiment éventuel?
M. DEMERS: Cela peut être tellement loin que nous n'y serons plus.
Le ministre non plus.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Lévis.
M. ROY (Lévis): Avec toute l'honnêteté que je
reconnais au ministre, je crois que si on continue son ministère va
devenir le ministère le plus important de l'Assemblée
nationale.
M. PAUL: Je ne suis pas d'accord. Quand le député de
Lévis parle d'un ministère, je sais qu'il exprime un regret, mais
c'est un service qui va devenir plus important que certains ministères.
En vertu de la loi, on ne crée pas de ministère. C'est là
qu'est l'erreur.
M. ROY (Lévis): Cela veut dire que c'est un ministère.
M. DEMERS: Il n'y aura pas de ministère de l'environnement.
M. PAUL: Nous avons exprimé nos regrets là-dessus.
M. BOIVIN: Mais de quel ministère cela relèvera-t-il?
M. ROY (Lévis): Est-ce qu'il va encore falloir passer par trois
ou quatre ministères avant de savoir où nous allons?
M. DEMERS: C'est ce qu'on a dit.
M. BOIVIN: Cela peut être en régie. Cela peu être
attaché à tel ministère.
M. ROY (Lévis): Nous sommes en train de réglementer la
construction: la grosseur des deux par quatre, s'ils auront 3 1/2" ou 4 1/2",
quelle force ils devraient avoir, la largeur du larmier, combien il y aura
d'aération dans la maison, comment le puisard sera construit, etc.
M. GOLDBLOOM: Soyons pratiques. Il s'agit de savoir de quelle
façon on éliminerait les eaux résiduaires de la maison, de
quelle façon le chauffage se ferait pour ne pas nuire à
l'atmosphère et quelle devrait être la distance de la maison et
des équipements qui lui sont attachés à cette maison des
autres habitations et du milieu naturel qui pourrait être
endommagé par sa présence. Il ne s'agit pas ici de créer
un code du bâtiment. Il s'agit simplement d'établir certaines
normes pour la construction de maisons, d'immeubles publics et d'immeubles
industriels afin que l'environnement ne souffre pas d'une mauvaise
construction, d'une mauvaise élimination des eaux résiduaires,
etc.
M. ROY (Lévis): Un exemple. J'en ai construit des maisons et,
à un certain moment, les ingénieurs et les dessinateurs
arrivaient et disaient: Vous avez besoin dans le pignon d'une grille de tant
par tant. Et l'hiver, quand on ne la
bouchait pas avec des poches, cela nous dégouttait sur la
tête parce que la neige entrait. Donc, on ne peut pas dire que
c'était tellement...
M. DEMERS: II n'y avait pas assez de laine minérale dans le
plafond.
M. ROY (Lévis): La neige entrait, c'est tout.
M. PAUL: Cela n'avait pas été construit suivant les
règles de l'art et du métier.
M. GRATTON: C'est cela.
M. BOIVIN: II me semble que le ministre élimine l'environnement
même du code du bâtiment ou de la construction. Je veux que le
ministère de l'environnement ait son mot à dire dans la
construction.
M. PAUL: Je m'excuse auprès de mon collègue, le
député de Dubuc, qui parle lui aussi d'un ministère de
l'environnement. Nous ne créons pas, par cette loi, de ministère
de l'environnement. C'est un service. Par déformation professionnelle,
on finira par appeler cela... Le langage populaire parlera d'un
ministère de l'environnement mais, à toutes fins pratiques, cela
n'en sera pas un, cela sera un superservice ministériel.
M. ROY (Lévis): On a toujours dit "le ministre responsable de
l'environnement".
M. PAUL: Oui, c'est correct.
M. LEGER: Le besoin crée l'organe.
M. ROY (Lévis): Un ministre, c'est un ministre.
M. BOIVIN: Je vois qu'on se réfère à un code du
bâtiment pour ne pas avoir à entrer dans les règlements de
la construction d'où je ne veux pas que le ministre responsable de la
qualité de l'environnement soit absent. Comme je vous l'ai dit tout
à l'heure, il est inconcevable que le ministre permettre à une
famille de vivre toute sa vie dans une roulotte. Le code du bâtiment
canadien permet la construction d'une maison qui a sept pieds du plancher au
plafond et les lois de la province, actuellement, ne vont pas plus bas que huit
pieds. Ce sont des choses qui regardent le ministre. C'est de la pollution
psychologique.
M. GOLDBLOOM: Nous verrons plus loin dans ce projet de loi qu'il reprend
la section de la Loi de l'hygiène publique qui porte sur la
salubrité des immeubles. C'est par concordance logique avec cette
responsabilité de voir à la salubrité des immeubles que
l'on propose que le ministre puisse, par règlement, déterminer
les modalités selon lesquelles un certificat d'autorisation serait
émis pour prévenir justement que des conditions insalubres de vie
affectent la santé tant psychologique que physique, des citoyens
québécois.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Gatineau.
M. BOIVIN". ... à ces lois d'hygiène publique ou au code
du bâtiment.
M. GOLDBLOOM: Après i'adoption de ce projet de loi et du projet
de loi no 30, Loi de la protection de la santé publique, la Loi de
l'hygiène publique disparaîtra. Donc, il n'y a pas moyen de faire
allusion à une loi qui est appelée à disparaître.
Quant au code du bâtiment, je pense bien qu'il serait difficile de faire
allusion, dans un texte de loi, à un document qui n'existe pas
encore.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Gatineau.
M. GRATTON: Si vous permettez, M. le Président, j'irai dans ce
sens-là. Présentement, au Québec, les municipalités
sont responsables du code du bâtiment ou d'avoir un règlement de
construction. Certaines adoptent le code canadien de la construction; d'autres
adoptent le code canadien de la construction avec des amendements qui
s'appliquent localement seulement. Alors, personnellement, je verrais mal que
la loi de la qualité de l'environnement se réfère à
un code qui varie de région en région. Ce que je verrais
plutôt, c'est qu'à partir des règlements que le
lieutenant-gouverneur en conseil émettra concernant l'environnement, les
municipalités pourront être invitées...
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît! On a
beaucoup de difficultés à entendre.
M. PAUL: M. le Président, tout le monde est heureux de voir
arriver le candidat élu aux premières primaires du parti du
Ralliement créditiste.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Gatineau a la
parole.
M. GRATTON: Je disais, M. le Président, que les
municipalités, à la suite des règlements qu'émettra
le lieutenant-gouverneur en conseil, pourront être invitées
à inclure, dans leur code respectif du bâtiment ou de construction
locale, les règlements qui s'appliquent tant au niveau des constructions
domiciliaires qu'au niveau des constructions industrielles. Je verrais mal, il
me semble, qu'on se réfère dans ce bill à un code du
bâtiment qui n'existe pas et qui varie selon les régions ou les
municipalités données.
M. BOIVIN : M. le ministre nous a bien dit tout à l'heure que
cela va pour les municipalités qui ont des règlements de
construction, mais il nous a bien dit que cette loi-là servirait
pour
toutes les municipalités qui n'ont pas de règlements.
Alors, il faudrait se référer quelque part.
M. GOLDBLOOM: S'il n'y a pas de règlements municipaux...
M. BOIVIN: C'est pour répondre à son objection.
M. GOLDBLOOM: ... mais je rappelle aux membres de la commission que, ce
que prévoit ce paragraphe, c'est toujours la publication d'un
règlement avec un délai de 60 jours, avec l'examen de ce
règlement par les intéressés, en commençant par la
commission parlementaire. Si l'on publie une classification de constructions,
c'est justement avec cette publication que les réactions viendront. On
dira: Ce n'est pas conforme à ce qui se fait déjà dans le
bâtiment et il faudrait modifier cela. Et les modifications se
feraient.
M. BOIVIN: Est-ce que le ministre peut me rassurer et me dire que le
ministre responsable de l'environnement ne sera pas absent à la
réglementation de la construction?
M. GOLDBLOOM: Je peux vous rassurer...
M. BOIVIN: Vous pouvez m'assurer que le ministre responsable de
l'environnement aura son mot à dire dans les règlements...
M. GOLDBLOOM: H va sans dire que ce paragraphe donne au ministre de
l'environnement son mot à dire.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Lévis.
M. ROY (Lévis): Nous avons déjà un organisme, la
Société centrale d'hypothèques du gouvernement
fédéral, qui a des normes précises dans la construction.
Elles sont acceptables parce que, quand on les connaît, on sait qu'il
faut faire comme cela pour que cela reste debout. Le gouvernement provincial,
l'an passé, par la Commission municipale, nous a dit qu'il allait avoir
sa loi de construction à lui. Je pense que l'honorable ministre Tessier
nous l'a laissé savoir en Chambre.
M. PAUL: Cela est inscrit dans son livre blanc et il a retiré son
livre blanc.
M. ROY (Lévis): En tout cas, on est à la réinscrire
dans l'environnement. Cela va faire pas mal de lois pour la même chose.
Je crois que, si on disait qu'on doit toujours se référer aux
normes de la construction établies par le ministère
autorisé...
M. GOLDBLOOM: Il y a une distinction à faire, M. le
Président. Les normes établies par la Société
centrale d'hypothèques et de logement sont là pour définir
des conditions d'admissibili- té d'un projet aux prêts et
subventions offerts par cet organisme.
Ce dont nous parlons ici, c'est simplement de normes pour la protection
de l'environnement. Donc, on établirait des règlements quant aux
éléments de construction qui peuvent avoir un effet
néfaste sur l'environnement. On va se limiter à cela. Cela
s'insérera dans un code du bâtiment qui couvrira tous les aspects
de la construction. Ici, on se limitera aux quelques aspects de construction
qui ont une mauvaise influence, dans l'absence d'une réglementation
efficace,sur l'environnement.
M. LEGER: Est-ce qu'on peut espérer que les normes de la Loi sur
la qualité de l'environnement vont être mieux surveillées
par les inspecteurs que les normes de la Société centrale
d'hypothèques et de logement?
M. GOLDBLOOM: C'est certainement notre intention de bien surveiller
l'application de la loi et des règlements sans commenter ce que font les
autres.
M. LEGER: Vous ne vous préparez pas de modèle
d'après la surveillance des inspecteurs de la Société
centrale d'hypothèques et de logement.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Lotbinière.
M. BELAND: Au sujet de ce que le ministre et le député de
Gatineau ont dit tantôt, quant aux normes à établir, c'est
relatif parce que je pense que c'est assez difficile, dans une foule de cas,
d'établir des normes rigides en ce qui concerne ce domaine. Parce que
vous avez les trois secteurs: domiciliaire, industriel, agricole. Pour donner
un exemple bien précis, il y a des inspecteurs qui exigent
présentement une distance de tant de pieds entre la maison et la
porcherie. Ce sont des normes très rigides. C'est entendu qu'ils se sont
basés sur des exemples qu'ils ont vus à certains endroits
où il y avait manque d'hygiène. Je pourrais nommer
quantité de cas semblables. Dans le cas de l'aviculture, on peut se
référer, dans certains cas, au domaine de l'industrie. Je pense
que pour avoir des normes bien précises, c'est assez difficile. Il y a
tellement de domaines différents, aussi bien dans l'industrie que dans
l'agriculture; il y en a moins dans le domaine domiciliaire. D reste que, dans
les deux premiers, le champ est tellement vaste que je me demande
réellement quelles normes peuvent être rigides pour que ce soit un
service à la population.
M. GOLDBLOOM: Premièrement, je pense que notre discussion va plus
loin que la portée du paragraphe en question. Le paragraphe parle de
déterminer des modalités pour la présentation d'une
demande de certificat d'autorisation et de la classification à cette
fin. Seulement, pour savoir sur quelle sorte d'activité ou de
construction on doit demander un permis, un certificat d'autorisation,
il faut une classification. Il n'est donc pas question ici de déterminer
les normes. C'est à d'autres articles ou à d'autres paragraphes
que l'on parle de la détermination de normes. Deuxièmement, le
code municipal parle de la responsabilité de la municipalité dans
ce domaine de la construction et dit, par exemple, que "toute corporation
locale peut faire amender ou abroger des règlements pour définir
ce qui constitue une nuisance, pour contraindre les propriétaires ou
occupants de maisons, magasins ou établissements industriels à
nettoyer et assainir, pour régler la construction d'abattoirs, usines
à gaz, tanneries, fabriques de chandelles ou de savon, distilleries et
autres manufactures. Les corporations de ville ou de village peuvent
empêcher la construction de tels établissements", etc.
M. BOIVIN: C'est ce qui nous inquiète. Il y a des villes et des
municipalités où il n'y a pas de règlements de
construction, vous venez bien de le dire, dans le code des cités et
villes. Mais vous ne parlez pas de municipalités rurales. Vous dites que
ce sera cette loi qui régira les municipalités où il n'y a
pas de règlement de construction.
M. GOLDBLOOM: C'est pour les fins de la protection de l'environnement et
pour ces seules fins, M. le Président.
Je pose la question. Si ce n'est pas fait en vertu de cette loi, en
vertu de quelle loi cela sera-t-il fait? Et de quelle façon allons-nous
nettoyer notre paysage et corriger les situations criantes dans nos petites
municipalités?
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, nous avons fait les remarques que nous
croyions devoir faire. Nous n'en voulons pas au ministre de ne pas les retenir.
Au contraire. Je veux spécifier ici qu'au point de vue politique
cela ne devrait peut-être pas entrer en ligne de compte au point
de vue de rentabilité politique auprès de l'élec-torat,
nous sommes heureux que cet article soit inscrit, parce qu'il y aura place
à des critiques et à un blâme sérieux je le
regrette à l'endroit du ministre chargé de l'application
de la Loi de la qualité de l'environnement. C'est pourquoi, tout en
regrettant, d'une part, que nos représentations ne soient pas retenues,
nous nous réjouissons, au point de vue politique, de l'insertion d'une
telle clause. Quant à nous, les députés de
l'Unité-Québec, nous sommes prêts à ce que le
sous-article f) soit adopté, mais sur division et opposition
catégorique de mes collègues les députés de Dubuc
et de Saint-Maurice, et de moi-même.
M. BELAND: Sur division également, pour le paragraphe f ).
LE PRESIDENT (M. Picard): J'aimerais savoir exactement quel texte est
adopté, étant donné que tout à l'heure le ministre
a mentionné qu'il voyait d'un bon oeil l'amendement dans la
première partie.
M. GOLDBLOOM: Nous retenons la phraséologie
suggérée par le député de Maskinongé:
"plans" au pluriel, "et devis", et "projets" au pluriel.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article f), tel qu'amendé et
adopté sur division, se lirait comme suit: "Déterminer les
modalités selon lesquelles une demande de certificat d'autorisation de
plans (au pluriel) et devis ou de projets (au pluriel) doit être faite au
directeur en vertu, etc." Le reste demeure tel quel.
Le Paragraphe f ), adopté sur division. Paragraphe g). Le
député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: Au paragraphe g): "Déterminer la forme et la teneur de
tout certificat d'autorisation ou permis émis par le directeur en vertu
de la présente loi et fixer les honoraires exigibles pour leur
délivrance". C'est une nouvelle taxe. Celui qui ira demander un permis
de construction devra d'abord payer le coût du permis de construction au
prorata de l'évaluation, comme nos règlements municipaux le
stipulent. En plus, sans savoir, on va donner au lieutenant-gouverneur le
pouvoir de déterminer ou de fixer le coût. On ne sait pas du tout
sur quels critères reposera cette fixation d'honoraires, ce que cela
coûtera dans l'industrie, pour une maison résidentielle, une
entreprise commerciale. On n'a pas de normes, rien n'est
déterminé. Je voudrais avoir au moins des précisions avant
que ceci, qui est une taxe, déguisée, ne devienne officiellement
consacré.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense bien que les
municipalités sont autorisées à faire de même et ne
publient pas d'avance le montant exigible pour qu'un permis...
M. DEMERS: C'est fixé par règlement antérieur, par
un règlement municipal. Un type qui va demander un permis de construire
une maison saura, si la municipalité est bien organisée, s'il y a
un service qui fonctionne, le montant que cela lui coûtera pour son
permis de construction. Actuellement, on ne le sait pas. Il peut bien ne pas y
avoir de prix, mais il peut y en avoir, parce qu'on va donner le pouvoir au
lieutenant-gouverneur d'en exiger. Avec les aptitudes de ce gouvernement, je
sais qu'on ne manquera pas de voyages pour payer les dépenses d'essence
pour les avions!
M.PAUL: C'est surtout le ministre des Finances qui va trouver cela bien
fin, ce pouvoir!
M. GOLDBLOOM: M. le Président, c'est
toujours avec publication d'un règlement pour discussion
publique. Ce n'est pas une taxe déguisée. C'est une chose faite
très ouvertement. Dans bien des cas, on pourrait être
obligé d'entreprendre des études très
détaillées et assez coûteuses pour arriver à
approuver ou refuser un permis, un certificat d'autorisation.
Il me semble que, dans bien des cas, on demande à celui qui
formule la requête pour l'émission d'un tel certificat, de payer
quelque chose pour le recevoir.
M. DEMERS: Je n'ai pas fini ma question, M. le Président. Disons,
par exemple, qu'il se construit une usine dont le coût de construction
serait d'un demi-million. Est-ce que le tarif changera comme cela change dans
les permis de construction municipal? On ne sait pas du tout si cela sera plus
pour cela ou le même prix, ce qui serait peut-être un peu injuste
pour un petit propriétaire qui veut se bâtir une maison d'une
dizaine de milles dollars? Est-ce que le prix sera uniforme? On est en pleine
brousse. On ne sait pas où l'on va du tout. Moi, je voudrais, avant
d'adopter cet article, qu'on ait au moins un semblant d'explication afin qu'on
soit fixé.
M. GOLDBLOOM: Je peux donner un exemple, M. le Président. Il y a
un nombre important d'aqueducs privés exploités au Québec.
Il y a un permis qui est émis pour l'exploitation de ces aqueducs. Il y
a des frais, des honoraires qui sont exigés pour l'émission de ce
permis et le revenu en est approximativement de $8,000 par année.
M. DEMERS: Le paragraphe f), que nous avons adopté sur division
tantôt, stipule qu'il y a tellement un grand champ d'action. Cela pourra
être pour un travail minime, par exemple un travail d'amélioration
tel que préconisé ou édicté par le directeur des
travaux tels qu'inscrits à la sixième ligne. Il pourrait y avoir
encore un coût de permis et il pourrait y avoir un coût de permis
pour la construction d'industries et d'activités et projets. Dans tous
les domaines, il y aurait un coût de permis, dans l'agrandissement. Si on
ne sait pas ce que cela va coûter, on m'a donné l'exemple de
l'aqueduc, j'en veux bien, mais est-ce que cela va être dans le sens d'un
permis de construction que ce permis d'autorisation sera émis ou si ce
sera un taux uniforme pour tout?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il me semble qu'il faudrait un
éventail de taux selon l'importance de l'activité. Il n'est pas
concevable que l'on charge à un particulier qui a besoin d'un permis de
construction pour sa maison la même chose que l'on chargerait à
une industrie pour la construction d'une usine. D'ailleurs, les
vérifications nécessaires seraient tout à fait
différentes. Je pense bien qu'il serait également inconcevable
qu'un gouvernement, par un tel mécanisme, freine toute l'activité
industrielle, toute l'activité de construction dans la province de
Québec. Ce serait ridicule.
M. DEMERS: Je ne vais pas jusque là, M. le Président. Je
ne voudrais pas que l'on mette de l'hyperbole dans mes propos. Si, par exemple,
un cultivateur se construit un poulailler qui coûtera $35,000 une grosse
cabane, s'il faut un permis de construction de la municipalité au
prorata de son évaluation et du coût de la construction qu'il
projette et s'il faut un autre permis, du directeur général pour
approbation de ses plans en ce qui concerne la protection de l'environnement,
je maintiens que cela peut devenir onéreux pour ledit cultivateur. Ce
sera une façon d'aller chercher... Je suis d'avis que le gouvernement
le ministère devra avoir les moyens de payer le directeur
et qu'on ne soit pas obligé de faire payer le contribuable pour avoir un
permis qui lui imposera des devoirs sérieux et lui occasionnera
indirectement qu'on le veuille ou pas des dépenses
additionnelles pour protéger l'environnement. Je prétends donc
qu'on ne devrait pas payer pour avoir ce permis.
M. GOLDBLOOM: II me semble, M. le Président, que si l'on ne veut
pas retenir le paragraphe tel que rédigé, il y a deux autres
solutions possibles, soit de ne point parler d'honoraires dans ce paragrahe,
soit de fixer d'autres mécanismes pour la détermination des
honoraires.
M. PAUL: Le ministre des Finances imposera directement cette taxe.
M. DEMERS: II ira la chercher chez les gens d'Outremont, s'il a besoin
d'argent. Il y a souvent des gars qui veulent bâtir des poulaillers en
ville.
M.PAUL: Parce que là, il n'y aura pas de choix ou de
liberté.
M. DEMERS: II n'y aura pas de choix. Ce sera automatique.
M.PAUL: Tout le monde sera obligé de payer. Autant le petit que
le gros.
M. DEMERS: II ne pourra même pas poser une cheminée de
ventilation à son poulailler, une cheminée additionnelle, tel que
prévu par le ministère de l'environnement, sans aller demander un
permis. Sa cheminée va lui coûter $100 et le permis $6 ou $7,
comme vous voudrez, sa cheminée va lui coûter $106. C'est une taxe
de 6 p.c. et ça c'est sans intérêt.
M. BELAND: Cela est avec la surcharge d'un très gros
intérêt.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que le ministre a l'intention de
se faire des revenus
avec sa loi ou de combattre la pollution? Si le ministre, comme il nous
en parle depuis le début de l'étude de ce projet de loi, veut
réellement atteindre l'objectif qu'il vise, améliorer le milieu,
la qualité du milieu, je l'inviterais en vertu de nos
règlements, je ne peux pas faire une telle motion, une telle proposition
d'amendement à mettre un point après le mot "loi", au
début de la quatrième ligne. "... déterminer la forme et
la teneur de tout certificat d'autorisation ou permis émis par le
directeur en vertu de la présente loi".
M. DEMERS: Le ministre aura assez de difficulté, à mon
sens, je me permets de revenir sur le sujet, à faire appliquer cette
loi, parce que c'est quelque chose de nouveau. Il y a eu un laisser-aller dans
la province que j'admets. Ce sera une loi dont l'application ne sera pas
très populaire en partant, il ne faut pas se le cacher. Si, en plus, il
faut payer pour appliquer la loi du ministre, ce sera la révolution dans
certains coins.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je prends l'exemple de
l'agrément des hôpitaux, il y a un honoraire qui est exigé
pour cela.
M. BOIVIN: C'est payé par le gouvernement.
M. DEMERS: C'est payé par le gouvernement.
M. BOIVIN: C'est le gouvernement qui paye les soins, qui paye la note de
l'hôpital.
M. GOLDBLOOM: II y a eu des provinces du Canada où avant
l'arrivée de l'assurance-hospitalisation, cela a été le
cas du Québec c'est l'hôpital qui doit payer ces frais.
M. BOIVIN: Le gouvernement donnait déjà assez de
subventions à ces hôpitaux pour pouvoir dire que c'était le
gouvernement qui payait.
M. DEMERS: C'était un organisme public subventionné
à la planche...
M. BOIVIN: ... subventionné au coton.
M. DEMERS: ... jour et nuit, en allant et venant. Cet exemple ne colle
pas, trouvez-nous quelque chose de meilleur que ça.
M. LEGER: Est-ce que le ministre avait pour but, en ajoutant des
honoraires, de défrayer simplement le coût administratif du permis
ou s'il désirait des revenus nécessaires pour le fonctionnement?
Est-ce que c'est seulement pour couvrir les frais administratifs qu'il demande
un permis?
M. GOLDBLOOM: C'est dans cet esprit que c'est présenté, M.
le Président. Ce n'est pas pour aller chercher un revenu additionnel
pour le fonds consolidé de la province.
M. DEMERS: Cela va payer quoi concernant le coût administratif, au
point de vue pratique? Vous allez avoir un directeur qui va coûter tant,
le président du comité consultatif, les inspecteurs... Cela va
être une fraction minime, ça va être juste tatillon, cette
histoire, et ça va faire damner le monde. En tout cas, le ministre a les
pouvoirs de l'appliquer, qu'il l'applique. Moi, il me semble que j'ai fait
l'intervention qui s'imposait dans le cas présent.
M. BELAND: Electoralement parlant, cela va être très beau,
à la prochaine élection.
M. LEGER: Adopté sur division?
M. PAUL: Non. Je demande, M. le Président, un amendement.
Je propose que le paragraphe g) se lise comme suit: "...
déterminer la forme et la teneur de tout certificat d'autorisation ou
permis émis par le directeur en vertu de la présente loi".
M. DEMERS: J'appuie, non, on n'a pas le droit.
LE PRESIDENT (M. Picard): Appuyé par le député de
Saint-Maurice?
M. DEMERS: Non, en commission, on n'a pas le droit. Fortement
appuyé.
M. GOLDBLOOM: Je pense bien, M. le Président, qu'il y a une
distinction à faire entre la création d'un pouvoir et l'exercice
de ce pouvoir. La création du pouvoir par ce paragraphe de l'article 28
est une chose, c'est une possibilité à laquelle le ministre
pourrait avoir recours, mais, quant à l'application de ce pouvoir, ce
serait par un règlement publié, discuté publiquement et il
faudrait que le ministre justifie la demande d'honoraires pour les services en
question.
Je pense bien que ces mêmes personnes qui diraient, de l'autre
côté, qu'il ne faudrait pas appliquer une telle mesure de
façon abusive pour demander aux petits propriétaires, aux
particuliers des sommes qui leur rendraient l'activité quotidienne
onéreuse, dirait aussi: II faut compter à l'industrie les frais
de toute la vérification nécessaire parce que l'industrie a de
l'argent et est en mesure de payer. Il y a une certaine souplesse à
prévoir dans l'application d'une loi et...
M. DEMERS: Le ministre est prêt à donner des subventions
pour faire appliquer sa loi dans les municipalités. Qu'est-ce que
ça lui donne, à mon sens, de faire payer pour l'émission
d'un permis? Vous allez donner $50,000 à $75,000 à une
municipalité pour épurer un lac et à
Baptiste, l'habitant qui va venir demander un permis pour mettre un
ventilateur sur sa porcherie, vous allez demander $7. Cela ne se tient pas.
M. GOLDBLOOM: Qui dit qu'on va le faire, M. le Président?
M. DEMERS: Qui nous dit que vous ne le ferez pas? C'est ça
l'histoire.
M. GOLDBLOOM: Oui, d'accord.
M. DEMERS: Là, nous sommes à 5050. Une année
d'élection, peut-être que vous ne le ferez pas. Mais ça va
être dans le règlement et un matin...
M. PAUL: C'est comme le permis sur le commerce des produits
pétroliers, par exemple. Nous avons eu les mêmes arguments de la
part du ministre et quand les règlements sont arrivés en
commission des Richesses naturelles, tout le monde était obligé,
à compter du mois de janvier, de payer une taxe pour exercer un commerce
de produits pétroliers.
M. DEMERS: A moins que le ministre ne veuille prendre le rôle que
joue actuellement la municipalité en faisant payer un permis de
construction. Si vous liez tout ça ensemble, il y aura un permis du
service de l'environnement au lieu d'un permis de la municipalité. On ne
le sait pas. Actuellement, comme c'est là, vous avez le pouvoir. Vous me
dites que vous ne le ferez peut-être pas, mais si vous n'allez pas le
faire, ne le mettez pas.
M. BOIVIN: Vous voulez occuper un champ que les municipalités
occupent déjà, parce qu'elles ont le droit d'émettre un
permis et elles ont le droit de le faire payer. C'est déjà par
pouvoir délégué, vous leur avez déjà
donné ce pouvoir. A moins que vous ne vouliez le leur enlever pour
n'avoir qu'un permis et la municipalité n'aura plus le droit de se faire
payer. Ce sera le gouvernement qui ira chercher cette taxe qui est
déjà imposée par la municipalité.
M. BELAND: Je suis parfaitement de cet avis aussi parce que, en ce qui
concerne ce qui existe présentement dans les municipalités, le
coût de ce permis pour une construction donnée n'est pas
nécessairement le coût que la municipalité va encourir pour
donner des services en conséquence, pour cette personne ou ce
particulier. Cela couvre un certain éventail de services. Est-ce que,
justement, les honoraires qui seraient demandés, comme le disait le
député de Saint-Maurice, seront strictement la moyenne dans cette
catégorie de construction ou si ce sera une moyenne très
générale? C'est assez embêtant.
On entre dans un champ d'activité qu'on ne devrait pas toucher.
Il est illusoire justement, de penser que, par les honoraires demandés,
on va acquitter tous les coûts. Je ne vois pas ça dans l'autre
exemple apporté sur les produits pétroliers parce que, en somme,
ça va coûter plus de $800,000 approximativement. A moins que ce ne
soit très dispendieux et, à ce moment-là, ce sera un
tollé de protestations.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, est-ce que je peux faire une
suggestion au député de Maskinongé? Si le
député de Maskinongé était disposé à
retirer pour l'instant son amendement, pour ma part, je serais disposé
à réserver ce paragraphe pour discussion ultérieure,
après consultation.
M. PAUL: Personnellement, je me rendrais avec beaucoup de grâce
à la demande de l'honorable ministre, mais tout en signalant
l'intervention brillante de mon collègue, le député de
Saint-Maurice qui, le premier, a donné l'éveil sur ce
problème. Si mon collègue, le député de
Saint-Maurice, n'a pas d'objection, c'est avec plaisir que nous allons nous
rendre à l'invitation aimable du ministre.
M. GOLDBLOOM: Les sentiments fraternels sont toujours très
touchants.
M. DEMERS: C'est bon.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le paragraphe g) est suspendu. Paragraphe
h).
M. PAUL: C'est parfait, il n'y a pas de problème. Quant à
nous, M. le Président, adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe h), adopté. Paragraphe
i).
M. DEMERS: Les normes, les pouvoirs, il va falloir nécessairement
qu'il les ait. Adopté.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe i), adopté.
M. LEGER: Après le paragraphe i), j'aimerais proposer un
amendement qui pourrait se lire sous la lettre j ), concernant justement un
aspect qui n'a pas été touché jusqu'à
présent. Je vais lire l'amendement pour le bien situer. C'est que
l'article 28 serait modifié en ajoutant, à la fin, le paragraphe
suivant: "Assurer l'intégrité naturelle, esthétique ou
pittoresque d'un territoire désigné". Cet amendement avait pour
but de prévenir des situations graves qui ne sont couvertes par aucune
autre loi. Je voudrais parler de la pollution qui pourrait survenir au niveau
esthétique, la perturbation d'un milieu naturel par des moyens
mécaniques ou autres. Un exemple. Nous avons vu, à Val-David, la
situation. Cette région a une vocation purement
touristique. Et tout à coup, des pelles mécaniques sont
arrivées et ont perturbé le milieu, faisant perdre
énormément aux citoyens de ce village, aux estivants demeurant
dans cette région et qui avaient le goût de demeurer dans ce cadre
enchanteur des Laurentides. L'arrivée de ces pelles mécaniques et
la perturbation qu'elles ont causée ont enlevé le
caractère touristique de ce milieu et ont causé des pertes de
revenus. Je pense qu'il faut prévenir cette situation. Il pourrait y
avoir d'autres exemples un peu partout dans le Québec. Comme
l'installation de tours de l'Hydro-Québec qui perturberaient le milieu
esthétique, pittoresque ou naturel d'un milieu donné ou la
construction de bâtisses dont la présence, à elle seule,
pourrait enlever le cachet particulier de ce milieu.
On pourrait peut-être aller encore plus loin. Si, un jour, dans un
milieu très achalandé par le tourisme, on voyait et je
donne ici un exemple un peu farfelu, c'est un peu un exemple extrême
la chafne des Holiday Inn vouloir installer, par un moyen très
nouveau, sur le dessus du Rocher Percé, un endroit magnifique pour les
gens qui aimeraient aller y résider, quelle est la loi qui l'en
empêcherait? C'est un exemple un peu farfelu, mais cela peut se produire
à beaucoup d'autres endroits où il pourrait y avoir de la
construction ou de la détérioration du milieu. C'est la raison
pour laquelle je propose cet amendement et je demanderais aux membres de la
commission d'en discuter. En voici des exemplaires, si vous voulez les faire
distribuer, M. le Président.
M. PAUL: Est-ce que l'honorable député me permet une
question?
M. LEGER: Oui.
M. PAUL: A moins que je ne comprenne pas son amendement. Il a
parlé tout à l'heure des milieux désignés: Assurer
l'intégrité naturelle, esthétique ou pittoresque d'un
territoire désigné. Désigné par qui? En vertu de
quelle norme?
M. LEGER: II faut quand même commencer par un premier geste. Je
donne un exemple précis. Si, à Val-David, les citoyens se sont
élevés contre une situation qu'ils jugeaient indésirable,
ils n'ont fait qu'une chose, ils sont allés voir le ministère des
Affaires municipales et ont demandé spécialement le ministre
responsable de l'environnement en se disant que c'était le seul à
pouvoir les défendre. Parce qu'ils ne voyaient, dans aucun autre
ministère, une personne ou un responsable pouvant s'occuper de leur cas.
Ils ont ensuite pensé qu'ils devraient peut-être déclarer
ce milieu-là zone verte, parce que ce pouvait être un milieu
où il ne faudrait pas détériorer le paysage. Le
désigné, ce pourrait être, dans une autre circonstance, le
déterminé. Mais cela dépendrait d'un plan global du
gouvernement et, au moins, au niveau du ministre responsable de
l'environnement, ce dernier aurait le pouvoir de corriger une situation.
M. GOLDBLOOM: Je pense qu'il y a trois choses que je voudrais dire
à ce sujet. Premièrement, à l'article 22 et, quand nous en
avons discuté, c'était le député de Saguenay qui
représentait la formation politique du député de
Lafontaine, nous avons cité justement l'exemple de Val-David.
La question m'a été posée. J'ai répondu
qu'à mon sens l'article 22 qui dit: "Nul ne peut ériger ou
modifier une construction, entreprendre l'exploitation d'une industrie
quelconque, l'exercice d'une activité ou l'utilisation d'un
procédé industriel, etc." protège dans un tel cas.
Deuxièmement, nous avons adopté en juillet la Loi sur les biens
culturels qui permet de déterminer certaines façon de
protéger l'intégrité et l'esthétique du territoire.
Troisièmement, les légistes ont exprimé l'opinion que,
s'il faut aller plus loin que de défendre une activité quelconque
parce que cette activité serait dangereuse pour l'environnement, s'il
s'agit de décréter pour un territoire une protection très
particulière comme on le fait dans un parc, par exemple, il faudrait un
projet de loi spécifique pour ces fins et que ce n'est pas par un
règlement du lieutenant-gouverneur en conseil que l'on peut
réserver tout un territoire pour y empêcher toutes sortes
d'activités.
M. LEGER: Le ministre admettra quand même qu'à l'article 22
cela touche uniquement ce qui pourrait résulter d'une émission
d'un dépôt, d'un dégagement ou d'un rejet de contaminants
et cela ne touche pas du tout l'aspect pittoresque d'un emplacement
naturel.
M. GOLDBLOOM: Je pense que les mots qui paraissent à l'article
"une modification de la qualité de l'environnement" sont assez larges.
Justement, nous avons apporté des modifications à cette
série d'articles pour permettre l'exercice d'une certaine
discrétion pour la protection de l'environnement, même si la
preuve absolue de l'émission d'un contaminant au-delà des
concentrations ou montants prévus n'était pas possible.
M. DEMERS: Le paragraphe e) que nous venons d'adopter ne
prévoirait-il pas que le lieutenant-gouverneur en conseil a des
possibilités de prévenir un peu ce que...
M. GOLDBLOOM: Je le crois.
M. PAUL: En vous entendant, M. le ministre, et en entendant le
député de Lafontaine, vous êtes tous les deux pour la
vertu, sauf que vous prétendez, dans un cas, que la vertu va très
très loin et, dans l'autre, qu'on ne prêche pas
assez la vertu. Le député de Saint-Maurice vient de
soulever un point très important par référence à
l'article 28 e). Je ne voudrais pas avoir le mérite d'un sous-amendement
à l'amendement proposé par mon collègue de Lafontaine,
mais si nous ajoutions après le mot "Québec" au sous-paragraphe
e), les mots suivants: "Pour en assurer l'intégrité naturelle
esthétique ou pittoresque", l'article se lirait comme suit:
"Définir des normes de protection et de qualité de
l'environnement ou de l'une de ses parties pour l'ensemble ou une partie du
territoire du Québec pour en assurer l'intégrité
naturelle, esthétique ou pittoresque". Du même coup, on couvre les
prétentions du ministre à l'effet que l'article va assez loin. Le
député de Lafontaine dit que l'article ne va pas assez loin. Je
me demande si les légistes n'accepteraient pas ce compromis et, du
même coup, on pourrait rallier, si l'honorable député de
Lafontaine... Mais je voudrais que ce soit lui qui en ait le crédit.
M. DEMERS: Pour que ce soit marqué et qu'on en fasse une
manchette dans le journal. D'ailleurs, cela ne manque pas dans leur cas.
M. LEGER: II y a un point bien important que je voudrais ajouter. Dans
ce cas, tout ce que je demande au ministre, c'est qu'il se serve de la
même logique dont il s'est servie dans d'autres cas, c'est qu'il se donne
le pouvoir, devant des cas d'urgence, par le fait que c'est inscrit dans la loi
d'une façon bien spécifique. Quelques-uns disent que c'est
couvert par l'article 22, le ministre dit cela; le député de
Saint-Maurice dit par l'article 28 e) Pour quelle raison ne pas le couvrir
directement par un paragraphe qui toucherait exactement cette situation pour
qu'il ait le pouvoir il n'est pas obligé de l'exercer
advenant des cas d'urgence, de s'en occuper?
M. GOLDBLOOM: Nous visons tous le même but. C'est une question de
modalité et de principes législatifs. Je me sens lié par
l'avis des légistes qu'il serait préférable de ne pas
inscrire dans un article qui porte sur la réglementation ce genre...
M. PAUL: Ce n'est pas si mal. Il ne faut pas faire disparaître
toutes les causes de procès.
M. DEMERS: Si on veut que ces avocats survivent, il faut leur donner des
chances."
M. PAUL: Je pense qu'ils ont raison.
M. LEGER: Est-ce que le ministre accepterait notre amendement?
M. GOLDBLOOM: Je ne crois pas être en mesure de l'accepter comme
tel, M. le Président, je pense que c'est implicite dans la loi. J'ai
fait allusion à l'article 22 et je suis convaincu que cet article
permettrait d'intervenir pour empêcher d'autres Val-David. Le
député de Saint-Maurice a fait allusion à l'article 28,
paragraphe e); je pense que nous y avons les pouvoirs sans les préciser
davantage, et qu'en les précisant nous pourrions compliquer certaines
choses comme l'application de la Loi sur les biens culturels et comme le droit
de propriété privée qui devrait être examiné
à l'occasion du débat sur un projet de loi, si l'on veut
réserver un territoire pour des fins particulières, plutôt
qu'à l'occasion de la présentation d'un règlement. C'est
l'avis des légistes.
M. LEGER: M. le Président, il faut quand même admettre que,
dans le bill 2, ce sont des principes généraux qui
déterminent certains sites par réglementation. Alors, à ce
moment-ci, on donnerait des pouvoirs de réglementation pour des cas bien
particuliers dont le ministre pourrait se saisir à l'occasion d'un cas
d'urgence. Alors, il ne faut pas confondre les principes généraux
du bill 2 avec un cas bien particulier que l'environnement devrait couvrir.
Est-ce que c'est à moi que le ministre dit oui?
DES VOIX: Non.
M. GOLDBLOOM: Non. Je pense que je suis obligé de maintenir la
position que j'ai exprimée, que les définitions et les pouvoirs
données semblent suffisants et, pour aller plus loin, pour
spécifier davantage, il faudrait impliquer d'autres
responsabilités gouvernementales. Je pense, avec tout le respect que je
dois au député de Lafontaine, que je suis obligé de dire
non.
M. LEGER: Pour ne pas aller jusqu'à un degré de pollution
verbale, j'ai soumis mes points au ministre, le ministre ne veut pas les
accepter, notre responsabilité se limite là.
M. PAUL: On pourrait demander le vote. Je serais bien prêt
à vous remettre votre politesse de la semaine passée.
M. ROY (Lévis): Ils sont mieux organisés que la semaine
passée.
M. DEMERS: Vous y êtes aujourd'hui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le sous-amendement proposé par le
député de Maskinongé au nom du député de
Lafontaine est rejeté et l'amendement du député de
Lafontaine est aussi rejeté.
M. PAUL: C'est compliqué, mais on va dire que c'est cela.
M. LEGER: M. le Président, j'aurais quand même un autre
amendement à soumettre. Pour suivre la logique du ministre responsable
de la qualité de l'environnement, je pense que si on veut aller dans la
même direction que nous
voulions aller la semaine dernière, tous ces règlements,
pour être le plus adéquats possible, devraient au préalable
avoir été soumis à la commission permanente de
l'Assemblée nationale. Je propose donc l'amendement suivant à la
fin, à l'article 28 j): L'article 28 est modifié en ajoutant
à la fin l'alinéa suivant: "Ces règlements doivent au
préalable avoir été soumis à la commission
permanente de l'Assemblée nationale ayant compétence en la
matière".
M. GOLDBLOOM: M. le Président, ce sera la politique, mais je
pense bien que ce n'est pas une chose qui s'inscrive dans nos lois. Je ne
connais pas de précédent pour cela et je souligne les
modifications apportées à l'article 117 qui élargissent
considérablement les mécanismes de consultation. C'est exactement
ce qui va se faire, mais je ne crois pas qu'il serait juste d'inscrire cette
exigence dans la loi.
M. LEGER: M. le Président, la raison première pour
laquelle nous proposons cela, c'est que c'est une occasion d'innover dans le
domaine de l'environnement, si l'on veut que ce soit efficace et non pas une
loi de paravent, une loi simplement pour dire: On s'en est occupé. Or,
ce n'est pas du tout mettre la population dans le coup, et je pense pourtant
que c'est une occasion d'innover. Le ministre responsable de l'environnement,
celui qui a innové dans bien des domaines, pourrait innover aussi dans
ce domaine-ci et permettre à toute la population d'être dans le
coup, c'est-à-dire qu'à une commission parlementaire les
règlements pourraient être soumis à une critique de
l'Opposition. Les personnes qui ont quelque chose à dire pourraient le
soumettre à la commission parlementaire par la voix de ses
députés de l'Opposition. A ce moment-là, on mettrait
devant l'opinion publique toutes les incidences, les conséquences du
problème de la pollution et de la protection de l'environnement par la
voix de la commission parlementaire de l'Assemblée nationale.
Je pense que c'est une occasion que le ministre ne devrait pas manquer
d'innover dans ce domaine, surtout pour une loi qui, si elle veut être
efficace, doit mettre nécessairement la population dans le coup.
M. GOLDBLOOM: Je me suis déjà engagé à le
faire à plusieurs reprises, mais je ne crois pas que notre tradition
parlementaire nous permette d'enlever au leader parlementaire du gouvernement
le loisir de convoquer ou de ne pas convoquer les commissions parlementaires.
J'ai déjà dit que c'est ce que nous allons faire avec les
règlements et que nous allons le faire aussitôt que possible
après l'adoption de la loi. Mais je ne crois pas que nous puissions
accepter un amendement formel à cet effet.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, si vous permettez, je voudrais faire
une référence avec les propos que vient de tenir le ministre et
avec l'article 117, tel qu'amendé, de notre projet de loi, alors qu'il
est bien dit: "Un projet de tout règlement prévu doit être
publié dans la Gazette officielle. Un délai de soixante jours est
nécessaire avant son entrée en vigueur. Toute personne, en vertu
des dispositions du deuxième paragraphe de cet article, peut faire des
représentations écrites au ministre chargé de
l'application de la Loi de l'environnement." D'ailleurs, c'est un peu le
même mécanisme que l'on retrouve au ministère du Travail et
de la Main-d'Oeuvre quant au décret. Je suis moins enthousiaste à
l'endroit de la motion d'amendement du député de Lafontaine que
je ne l'étais pour son amendement précédent. Dans les
circonstances, M. le Président, nous ne pouvons souscrire à cet
amendement en vertu des dispositions de l'article 117. Je comprends que le
député de Lafontaine voudrait que le ministre s'engage à
convoquer la commission parlementaire et entende les députés sur
les différents règlements dont il proposera l'adoption
définitive au lieutenant-gouverneur dans un délai de soixante
jours. D'un autre côté, comme je suis soucieux du respect
intégral de notre règlement, fût-il celui de Geoffrion ou
celui de Lavoie, je ne puis mettre en doute la parole du ministre, sauf s'il
arrivait que le ministre chargé de l'application de la Loi de la
qualité de l'environnement ne soit pas le député de
D'Arcy-McGee. Je serais déçu et traumatisé. Mais j'ai bon
espoir que le ministre a dû étendre son piège avant de nous
proposer son projet de loi et c'est pourquoi je l'appuie.
M. LEGER: M. le Président, la seule raison, c'est que les paroles
s'envolent et que les écrits restent. Le ministre peut s'envoler mais
les écrits demeureraient.
M. DEMERS: Le journal des Débats est là!
LE PRESIDENT (M. Picard): L'amendement proposé par le
député de Lafontaine est rejeté.
M. LEGER: Sur division.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 28, à l'exception du
paragraphe g), dont l'étude a été suspendue, est donc
adopté tel qu'amendé. Article 29.
La qualité d'eau et la disposition des eaux
usées
M. PAUL: Est-ce que nous sommes à l'étude de la section IV
ou de la section V?
LE PRESIDENT (M. Picard): Section V.
M. PAUL: Alors, il y aura une correction à faire.
M. GOLDBLOOM: II y aura une correction à faire.
M. PAUL: D'ailleurs, l'amendement...
M. DEMERS: Nul.
M. GOLDBLOOM: Nul, au lieu de...
M. DEMERS: Cela inclut les deux.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. DEMERS: L'individu et le corps public.
M. GOLDBLOOM: En anglais, ce serait "no one".
M. DEMERS: Est-ce que je peux poser une question?
LE PRESIDENT (M. Picard): D'accord. Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: Je demanderais au ministre si, actuellement, le fait
d'administrer et d'exploiter un système d'aqueduc qui dessert une
collectivité est toujours relié à la Loi de
l'hygiène publique, à l'émission d'un permis?
M. GOLDBLOOM: C'est davantage la Loi de la régie des eaux,
présentement.
M. DEMERS: C'est la Régie des eaux. Cela prenait
nécessairement un permis de la Régie des eaux.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. DEMERS: C'est un transvasement.
M. GOLDBLOOM: On reproduit ici les pouvoirs de la Régie des eaux
du Québec.
M. PAUL: Est-ce que vous reproduisez au texte tout ce qui regarde les
pouvoirs de la Régie des eaux?
M. GOLDBLOOM: Au texte, ce serait peut-être aller trop loin. Mais
dans l'essence, oui.
M. PAUL: J'ai la loi ici, c'est parce que je ne l'ai pas
vérifié.
M. GOLDBLOOM: II y a une faute de frappe au quatrième
alinéa: au lieu de l'article 41, on devrait lire l'article 40.
M. PAUL: C'est encore le directeur qui va être le grand seigneur
là-dedans.
M. DEMERS: C'est ça.
M. GOLDBLOOM: Comme la Régie l'est présentement.
M. PAUL: A la régie, il y a des hommes extrêmement
compétents, intelligents et expérimentés qui sont en
place. On a messieurs les régisseurs qui ont toute une jurisprudence;
ils ont des connaissances; ils ont des études. Mais monsieur le
directeur, il faudra qu'il soit polyvalent parce qu'il devra remplacer toute la
régie.
M. DEMERS: Oui.
M. ROY (Lévis): D a été nommé par quel
gouvernement?
M. DEMERS: Jamais par le gouvernement créditiste.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que l'article 29 est adopté?
M. BELAND: J'ai posé une question au ministre...
M. GOLDBLOOM: Il faudra le même genre de compétence. Il
faudra que le directeur adjoint ajoute ses connaissances à celles du
directeur...
M. PAUL: L'adjoint n'a pas grands pouvoirs, à moins que le
lieutenant-gouverneur en conseil lui en donne. Le directeur adjoint ne joue
qu'un rôle supplétif ou d'assistance au directeur. Le
mécanisme, c'est l'appel...
M. DEMERS: Appel à la Commission municipale. Il faut que
quelqu'un émette ce permis.
M. PAUL: Actuellement, M. le Président, je comprends qu'il n'y a
absolument aucun mécanisme, sauf que la régie peut intervenir.
Mais il n'y a aucun texte de loi qui empêcherait, par exemple, X de
vendre son système d'aqueduc à Y parce qu'il aurait atteint
l'âge de 93 ans. Actuellement, dans la Loi de la Régie des eaux,
il n'y a rien de prévu.
M. GOLDBLOOM: L'approbation de la régie est présentement
nécessaire pour la vente ou le transfert d'un système
d'aqueduc.
M. DEMERS: Puis, ce sera l'approbation du directeur pour la vente et le
transfert d'un système d'aqueduc, dorénavant? H y a un article,
un amendement suggéré au troisième paragraphe: "Le
directeur peut accorder cette permission aux conditions qu'il
détermine". Quelles sont les conditions qu'il doit déterminer?
Selon les règlements, naturellement, je suppose. Cela va être
à la condition que tu me donnes tout l'argent en-dessous de la
couverte... Je vais peut-être loin, mais... Quelles seront ces
conditions? Est-ce qu'il y aura un code ou autre chose? Ou encore selon la
bonne impression: l'impression du matin, un bon réveil, une bonne
digestion, l'appréhension de certaines choses, la crainte, la
peur...
M. GOLDBLOOM : Il s'agit de la construction ou de l'extension d'un
aqueduc. Alors, il me semble...
M. DEMERS: Est-ce qu'il y aura des tarifs? Actuellement, à la
Régie des eaux, on demande un permis. On n'a pas de tarif à
payer. Si on dit "aux conditions..." Si cela coûte, par exemple, tel
montant d'argent, pour obtenir un permis qui retomberait dans le fonds
consolidé... Cela peut-être une des conditions. Vous savez, je
crois en ce grand directeur, mais il va venir un temps où il sera
beaucoup plus fort que le ministre.
M. PAUL: Plus fort que les tribunaux.
M. DEMERS: Oui, il est plus fort que le cabinet.
M. PAUL: Regardez au deuxième paragraphe de l'article 29: "En
outre, une personne ne peut exploiter un système d'aqueduc ou
d'égouts ou une usine de traitement des eaux à moins d'avoir
obtenu du directeur un permis à cet effet; ce dernier peut, lorsqu'il le
juge à propos dans l'intérêt public, modifier ou annuler ce
permis". Sans aucune audition, sans aucune vérification, sans convoquer
les parties; du moins ce n'est pas marqué dans cet article. Alors, le
directeur dira: Vous, Rémi Paul, vous exploitez un système
d'aqueduc à Saint-Canut. J'ai décidé qu'à l'avenir,
vous ne le ferez pas.
Ce n'est pas tout, le troisième paragraphe. C'est encore plus
loin: "Lorsqu'il existe dans le territoire d'une municipalité un
système d'aqueduc autorisé par le directeur en vertu de
l'alinéa précédent ou de l'article 40 cela suppose
qu'il y aura rectification de tous les systèmes déjà
établis celui-ci ne peut, sans avis au propriétaire, y
permettre la construction ou l'extension d'un aqueduc municipal". Le directeur
peut accorder cette permission aux conditions qu'il détermine. Il a le
droit de vie ou de mort sur tous les aqueducs municipaux ou les aqueducs
privés à l'intérieur du territoire du Québec.
Je comprends parfaitement l'idée de contrôle pour qu'il n'y
ait pas dédoublement de services dans la même municipalité
ou, en quelque sorte, que la municipalité ne décide pas d'abolir
un système déjà établi. Je me demande cependant
s'il ne faut pas être extrêmement prudent pour ne pas
dépouiller, en quelque sorte, ceux qui ont à exploiter, à
coups de sacrifices dans certains cas, un système d'aqueduc public.
M. GOLDBLOOM: Evidemment, c'est la loi ontarienne qui a
été le modèle pour cet article. Je dois dire aussi que si
l'on fait le relevé de la qualité de l'eau fournie par les
aqueducs privés au Québec, on trouve une moins forte proportion
d'eau de bonne qualité que dans les aqueducs publics. Il faut
l'admettre.
M. PAUL: M. le Président, ce n'est pas parce que j'en ai contre
le principe. Le principe est excellent, mais je crois que, tel que
rédigé, c'est très dangereux. Est-ce que, avec le brillant
légiste que je connais depuis fort longtemps, M. Dion, ainsi que son
jeune élève d'avenir, sous les sages conseils du Dr Bundock, le
tout avec l'expérience de M. Jolicoeur, on ne pourrait pas reformuler le
texte pour éviter toutes les ouvertures, les interprétations
douteuses, fantaisistes et non justifiées ou le pouvoir
discrétionnaire qui peut devenir abusif entre les mains du directeur? Je
conviens que les idées, les principes que l'on trouve là sont
excellents. Mais, dans la rédaction actuelle je crains, M. le
Président. Supposons que, par erreur cela peut arriver on
recommande au ministre un individu qui deviendra insupportable, qui n'a aucune
facilité pour les relations publiques ou qui devient trop
influençable, vous voyez dans quel climat les municipalités et
les propriétaires d'aqueduc seront obligés d'exercer leurs
entreprises. Or, c'est une invitation à la prudence que je fais de bonne
foi, M. le Président, et je me demande si, d'ici quatre heures ou cinq
heures, cet après-midi, il n'y aurait pas possibilité de
reconsidérer ce texte. Si on nous dit qu'il n'y a pas possibilité
de le faire, ce sera bien regrettable.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: Pendant qu'on parle d'amendement, au dernier paragraphe: "Une
personne ne peut cesser d'exploiter, aliéner..." Est-ce qu'on ne ferait
pas mieux de dire: "Nul ne peut cesser..."?
M. BOIVIN: Pour englober les municipalités. La même
chose.
M. DEMERS: C'est un autre secteur?
M. GOLDBLOOM: Oui, c'est davantage l'aqueduc privé, n'est-ce pas,
qui est visé, et c'est pour assurer la continuité de services
pour les citoyens desservis par lui. S'il s'agit d'une
municipalité...
M. DEMERS: Mais si c'est une corporation sans but lucratif, par exemple,
une société, une compagnie, vous ne couvrez pas...
M. GOLDBLOOM: C'est toujours une personne.
M. DEMERS: C'est une personne morale.
M. GOLDBLOOM: C'est toujours une personne morale.
M. BOIVIN: Quand on parle de faire ça, la municipalité est
exclue dans les définitions.
M. GOLDBLOOM: Exactement. C'est notre intention d'exclure la
municipalité de l'applica-
tion de cet alinéa, parce qu'il s'agit après tout... Une
municipalité, par sa nature même, par son existence même,
doit fournir un service et maintenir la continuité de ce service.
M. BOIVIN: Si le même aqueduc dessert deux municipalités et
si le maire et les échevins du village, par exemple, se mettent dans la
tête de couper l'eau dans l'autre municipalité? H n'y a pas de
village qui ne dessert pas des bouts de rang ou la municipalité
voisine.
M. DEMERS: Ne vaudrait-il pas la peine d'inclure dans ce paragraphe:
"devrait référer à la Commission municipale ou au
directeur..."?
M. BOIVIN: Ou mettre simplement "nul".
M. DEMERS: "Nul", c'est trop fort, on ne casse rien
là-dedans.
M. GOLDBLOOM: Si je comprends bien les inquiétudes
exprimées par le député de Maskinongé, en
particulier, il y a le pouvoir attribué au directeur de modifier ou
d'annuler un permis de sa propre initiative...
M. PAUL: C'est ça.
M. GOLDBLOOM: ... de sa propre autorité. Deuxièmement, il
y a la phrase ajoutée à l'avant-dernier alinéa: "Que le
directeur peut accorder cette permission aux conditions qu'il
détermine".
M. PAUL: C'est ça.
M. GOLDBLOOM: Je serais disposé, M. le Président, à
réexaminer ces deux considérations d'ici à cet
après-midi, et à revenir avec des commentaires plus
précis.
M. PAUL: J'inviterais les légistes à garder, de toute
nécessité, le quatrième paragraphe de cet article. Il dit
qu'une personne ne peut cesser d'exploiter autrement que par succession... sans
la permission écrite du directeur. Autrement, à un moment
donné, un propriétaire défait à une élection
municipale ne devrait pas être un propriétaire d'aqueduc ou de
quoi que ce soit. Je prends un exemple baroque, mais il décide, le
lendemain matin, d'arrêter son service. Un instant. Il faut absolument
que soit conservé ce quatrième paragraphe. Je n'en ai pas contre
lui, mais contre le pouvoir discrétionnaire que l'on retrouve aux
paragraphes 2 et 3 de l'article 29.
LE PRESIDENT (M. Picard): II est convenu qu'une nouvelle
rédaction de ce texte sera apportée cet après-midi?
M. GOLDBLOOM: Non, il est convenu qu'on réexaminera l'article et
qu'on en reparlera cet après-midi, M. le Président.
Peut-être que nous arriverons toujours à la même conclusion,
mais je respecte les inquiétudes du député de
Maskinongé et je voudrais les examiner plus minutieusement avant
d'insister sur la rédaction actuelle.
M. DEMERS: Est-ce que vous pourriez, sans trop respecter les miennes,
regarder les effets que pourrait occasionner le mot "nul" au lieu de
"personne"?
M. GOLDBLOOM: Au dernier alinéa, oui. Certainement.
Le PRESIDENT (M. Picard): Messieurs, la séance est suspendue
jusqu'à l'ajournement des travaux de l'Assemblée nationale cet
après-midi.
M.PAUL: La reprise de nos travaux est prévue pour environ 4 h
30.
LE PRESIDENT (M. Picard): Environ 4 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 24)
Reprise de la séance à 20 heures
M. GRATTON (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
La commission en était ce matin à l'article 29, je
crois.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. Nous avions décidé de reprendre
cet article et de le réétudier à la lumière de
certains commentaires faits notamment par le député de
Maskinongé. Voici le fruit de la réflexion de cet intervalle. Le
député de Maskinongé a souligné l'étendue
des pouvoirs qui sont proposés pour le directeur par cet article.
Premièrement, il me semble qu'il s'agit d'un service public qui
est en même temps, dans une certaine mesure, personnel. C'est un premier
point. Deuxièmement, il s'agit ici d'une action qui ne découle
pas directement des règlements; ce n'est pas l'application d'une norme,
comme dans beaucoup d'autres cas, mais bien l'exercice d'un certain jugement.
Pour ces raisons, je vais suggérer une rédaction un peu
différente aux deux endroits touchés par le député
de Maskinongé. Je voudrais suggérer que nous ajoutions dans le
troisième alinéa. Je compte tous les alinéas; le
deuxième qui n'a pas d'amendement, demeure toujours. Le troisième
alinéa de l'article est le deuxième de la colonne de droite qui
commence par: "En outre, une personne ne peut exploiter..."
Je me permets de lire l'alinéa avec la modification, avec les
mots que je voudrais ajouter: "En outre, une personne ne peut exploiter un
système d'aqueduc, d'égout ou une usine de traitement des eaux
à moins d'avoir obtenu du directeur un permis à cet effet; ce
dernier peut, lorsqu'il le juge à propos dans l'intérêt
public et voici les mots que je propose d'ajouter et après
audition des intéressés, modifier ou annuler ce permis."
M. PAUL: Très bien. C'est mieux que cela était.
M. DEMERS: ... auditionné encore par le directeur.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL : Mais il y a un appel à la Commission municipale.
M. GOLDBLOOM: Toujours.
M. PAUL: Excepté qu'il n'y aura pas d'élément de
surprise. On ne pourra pas informer, par télégramme ou autrement,
l'exploitant d'un système d'aqueduc et d'égout à l'effet
que son permis est modifié ou annulé. Il y aura convocation des
parties devant le directeur.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: C'est beaucoup mieux que cela était. Nous
félicitons le ministre. Il est sur le chemin de la perfection.
M. DEMERS: II boite un peu mais cela vient.
M. PAUL: Cela va prendre du temps, mais cela ne fait rien.
Félicitations, M. le ministre. Vous avez d'excellents conseillers.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce qu'on peut conclure que l'honorable
député de Maskinongé accepterait...
M. PAUL: Oui.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Merci.
M. GOLDBLOOM: Dans le même sens, passons à l'alinéa
suivant qui dit essentiellement deux choses, dont l'une est exprimée de
façon négative et l'autre, de façon positive. Il me
semblerait préférable que l'on rédige l'alinéa de
façon positive tout du long et que l'on incorpore la même
addition, le même principe, que nous venons d'incorporer dans
l'alinéa précédent. Donc, je suggère que cet
alinéa se lise: "Lorsqu'il existe dans le territoire d'une
municipalité un système d'aqueduc autorisé par le
directeur en vertu de l'alinéa précédent ou de l'article
40, celui-ci peut, après avis au propriétaire et audition des
intéressés...
M. PAUL: II y a un avis.
M. GOLDBLOOM: ... y permettre aux conditions qu'il détermine la
construction ou l'extension d'un aqueduc municipal".
M. DEMERS: Vous arrêtez là?
M. GOLDBLOOM : Oui.
M. OSTIGUY: ... le directeur?
M. GOLDBLOOM: Le directeur est toujours...
M. OSTIGUY: ... le même pouvoir?
M. GOLDBLOOM: Oui. On biffe "...Le directeur peut accorder cette
permission aux conditions qu'il détermine". C'est incorporé dans
la rédaction que j'ai proposée, mais avec l'audition des
intéressés. Voici le raisonnement. Il faudra que le directeur
conserve une certaine liberté d'action, un certain pouvoir
discrétionnaire, parce que la municipalité pourrait proposer de
prolonger son réseau pour remplacer un réseau privé ou
pour raccorder ce réseau privé au réseau municipal et
faire du réseau privé une partie, un prolongement du
réseau municipal.
Il se pourrait que la municipalité propose un raccordement
jusqu'à une certaine limite et que le directeur dise: Si vous êtes
pour faire cela, il
faudrait que vous preniez tout le réseau et que vous desserviez
des gens qui sont un peu plus loin pour assurer à ces gens-là une
eau de bonne qualité.
M. PAUL: Après audition des parties. M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Autrement, M. le Président, on introduisait un principe
de droit nouveau. Il n'y a personne qui peut être traduit devant les
tribunaux sans un avis préalable, pour se voir condamner ou imposer une
amende, sans lui donner l'occasion de se faire entendre ou de faire valoir ses
droits. De la façon que l'article était rédigé,
cela ne comptait absolument pas, c'était laissé à la
discrétion du directeur; encore là, cela entre dans le cadre de
notre économie juridique.
M. DEMERS: Le dernier paragraphe reste tel quel?
M. PAUL: C'est nécessaire.
M. GOLDBLOOM: Pour le dernier paragraphe, le dernier alinéa, M.
le Président, je propose que nous conservions "une personne", parce que
"une personne" exclut la municipalité, mais la municipalité ne
peut cesser d'exploiter un réseau d'aqueduc, ne peut cesser de fournir
de l'eau à ses citoyens. Si elle le fait, par un autre article de la loi
le ministre peut l'obliger à assumer ses responsabilités.
M. BOIVIN: C'est bien. La municipalité ne cessera pas dans le
municipalité même, mais si c'est dans la municipalité de
village, elle dessert quelques personnes de la municipalité voisine.
C'est pour cela que nous voulions obliger la municipalité, comme la
personne, parce qu'elle peut couper l'aqueduc à des gens qui sont dans
la municipalité voisine.
M. PAUL: A des abonnés extérieurs.
M. DEMERS: Qui ne sont pas dans la corporation et elle s'en balance au
point de vue des répercussions.
M. BOIVIN: C'est cela. C'est ce qu'on avait apporté comme
argument.
M. GOLDBLOOM: II y a d'autres articles qui prévoient la
responsabilité de la municipalité qui fournit de l'eau à
l'extérieur de son propre territoire. Je ne crois pas qu'il soit
nécessaire d'inclure la municipalité ici.
M. BOIVIN: C'est bon.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 29, adopté tel
qu'amendé?
M. DEMERS: II y a deux amendements.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le numéro 40 au lieu de 41?
M. GOLDBLOOM: Outre cela, M. le Président, il y a des mots qui
sont ajoutés...
LE PRESIDENT (M. Picard): Après le mot "public"?
M. GOLDBLOOM: Oui: "Et après audition des
intéressés".
LE PRESIDENT (M. Picard): "Et après audition des
intéressés", oui.
M. GOLDBLOOM: Et à l'alinéa suivant, il y a une nouvelle
rédaction aussi. Si vous ne l'avez pas, je peux vous la donner.
LE PRESIDENT (M. Picard): Pouvez-vous me la montrer et en faire la
lecture?
M. GOLDBLOOM: Je vais vous en faire la lecture, si vous le voulez,
à la cinquième ligne à partir du mot "celui-ci". Les mots
suivants sont remplacés par: " ...peut, après avis au
propriétaire et audition des intéressés, y permettre, aux
conditions qu'il détermine, la construction ou l'extension d'un aqueduc
municipal."
M. DEMERS: C'est bon.
LE PRESIDENT (M. Picard): Au moment où nous avons suspendu la
séance, il y avait un article ou un paragraphe en suspens, à
l'article...
M. GOLDBLOOM: C'était dans un article précédent, M.
le Président, et nous ne sommes pas encore prêts à
proposer...
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 29, adopté tel
qu'amendé? Article 30.
M. LEGER: M. le Président, à l'article 30, je pense que
c'est un très bon article, mais j'aurais quelques
éclaircissements à demander concernant les terrains de camping et
les roulottes. Quelle est la situation générale actuelle, quel
pourcentage de ces terrains ont réellement un système d'aqueduc
et de traitement des eaux tel que vous le proposez? Que va corriger cette
réglementation? Quelle est la situation actuelle?
M. GOLDBLOOM: La situation actuelle, sans pouvoir vous donner des
chiffres précis, est telle qu'il y a beaucoup de corrections à
faire et il y a beaucoup d'installations de cette nature qui ne sont pas
desservies par des systèmes d'aqueduc ou d'égout ou qui sont
desservies par des systèmes qui laissent à désirer. Il y a
des normes...
M. LEGER: Avez-vous un pourcentage pour
constater quelle est la situation actuelle? Vous faites cette loi pour
corriger une situation. Etait-ce général ou tout simplement une
proportion de 25 p.c. qu'il y avait à corriger?
M. GOLDBLOOM: Je m'aventure en donnant un chiffre, mais si je dis 50
p.c., je ne pense pas être très loin de la vérité,
surtout si l'on tient compte de tous les petits terrains qui existent un peu
partout. Je pense bien que l'on a un gros problème. Nous travaillons de
concert avec le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
pour corriger cette situation quant à l'application des normes, simples
normes d'hygiène, des normes d'élimination des déchets,
des normes quant à la tenue des plages, par exemple. Tout cela est
à surveiller étroitement et c'est dans ce sens que j'ai
parlé auparavant de la cartographie des comtés extraurbains
où il faut permettre à l'inspecteur responsable de ce territoire
d'avoir sur le mur de son bureau une illustration de tout ce qui se passe dans
son comté, de tout ce qu'il y a à surveiller dans son
comté ou sa région, peu importe, le territoire de sa
responsabilité.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: J'aurais une question à poser au ministre. Dans les
terrains qui sont prévus, il y a les terrains de camping, les terrains
pour roulottes ou colonies de vacances. Il y aurait peut-être je
ne sais pas lieu d'ajouter: "Tout terrain servant à des
rassemblements..." Vous avez les festivals pop, je vois cela, vous ne vous
réservez pas le pouvoir, je crois, de les réglementer. Que
prévoyez-vous pour les terrains de camping, terrains de ci et de
ça?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, ce qui est prévu par cet
article est un système d'aqueduc et un système d'égout ou
bien un autre mode d'alimentation en eau qui serait approuvé par le
directeur. Un terrain qui servirait une fois par année...
M. DEMERS: II faudrait avoir au moins l'équivalent. Une fois par
année, mais cela peut être une semaine. Vous avez vu les
dimensions que cela a pris à Manseau. Si la folie reprenait encore la
collectivité d'aller se rouler dans le boue comme cela, on pourrait
peut-être organiser ces gens pour qu'ils puissent s'en réchapper
un peu mieux qu'ils ne l'ont fait la dernière fois. Je ne sais si on ne
pourrait pas...
M. GOLDBLOOM: Je n'ai pas, pour ma part, d'objection à
élargir un peu...
M. DEMERS: Prévoir ces rassemblements. Elargir cela pour
spécifier peut-être certaines choses.
M. GOLDBLOOM: II y a cependant la sec- tion suivante qui traite de la
salubrité des lieux publics. Je pense qu'à cette section nous
trouverons les pouvoirs nécessaires.
M. DEMERS: Mais vous l'aviez aussi pour les terrains de camping.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. DEMERS: Vous l'avez spécifié, parce que c'est un lieu
public. Vous auriez pu en incluant dans votre autre article dont vous me parlez
plus tard...
M. PAUL: Qu'est-ce qui arriverait, M. le Président, pour un
terrain de jeux?
M. DEMERS: Cela entrerait dans les terrains publics.
M. PAUL: On a fait aménager un terrain de camping ou
d'amusement...
M. DEMRS: C'est fait pour ça.
M. GALIENNE: M. le Président, est-ce qu'on veut dire par des
terrains de jeux ce qu'on a dans nos municipalités? Ils ont des services
d'égout et de...
M. DEMERS: Si on décide d'en bâtir sans en avoir.
M. PAUL: On ne légifère pas pour ce qui existe, mais pour
ce qui manque.
M. GALIENNE: Les terrains de jeux, normalement, ont pas mal tous les
services.
M. DEMERS: Tant qu'il y en a, il n'y a pas de problème.
M. GALIENNE: On a des terrains de jeux seulement avec des permis.
M. DEMERS: ... C'est le service de l'environnement qui s'en va...
M. PAUL: Je ne le sais pas.
M. DEMERS: Si on rédigeait un texte comme ceci.
M. PAUL: J'attire l'attention des légistes: "Nul ne peut
aménager ni exploiter un terrain..." je changerais
peut-être l'ordre qu'on retrouve dans l'article 30 "pour camping,
pour roulettes, d'amusement ou de colonie de vacances à moins qu'il ne
soit desservi par un système..." Vous pourriez couvrir les terrains de
jeux et les festivals pop.
M. LEGER: Est-ce que ça voudrait dire aussi, d'après le
député de Maskinongé, des terrains pour des courses de
"stock cars" ou si on s'en sert une dizaine de fois pas année?
M. PAUL: Un terrain d'amusement.
M. LEGER: C'est ça, de sport et de course.
M. PAUL: De sport ou d'amusement. Il reste peut-être à
trouver le qualificatif exact. Il faut trouver un terme générique
qui pourrait couvrir tous les cas d'espèce. Un terme omnibus si vous
voulez. Je ne parle pas du bill omnibus, un terme omnibus.
M. GOLDBLOOM: Quoique je pense que d'autres articles permettraient de
répondre à ce besoin, je n'aurais pas d'objection, M. le
Président, à incorporer tout simplement "terrain d'amusement"
puisqu'il y a la liberté, pour le directeur, d'autoriser un autre mode
d'alimentation en eau et d'évacuation des eaux usées. Parce qu'il
serait difficile d'exiger un réseau d'égout, par exemple, sur
tous ces terrains-là.
M. PAUL: II y a un autre point, M. le Président.
M. DEMERS: Mais il y aura l'équivalence qui donnera une
sécurité au point de vue de l'assainissement.
M. PAUL: Je pense également au ministre des Affaires culturelles
et à son brillant prédécesseur, le député de
Chicoutimi, en ne répétant pas le mot "terrain" dans le texte de
loi. D ne faut pas l'alourdir. C'est pour ça que j'avais un peu
changé l'ordre. Je suggérais "exploite un terrain pour roulottes,
pour camping, d'amusement ou une colonie de vacances," au lieu de
répéter un terrain pour roulottes, un terrain pour camping et un
terrain d'amusement.
M. GOLDBLOOM: On ne serait pas mieux de dire "de" dans chaque cas? Un
terrain de camping, de roulottes ou d'amusement.
M. PAUL: Oui, mais c'est parce qu'on employait le terme...
M. DEMERS: Mettez "de".
M. PAUL: "De", c'est même plus français.
M. GOLDBLOOM: Je pense que, pour que ce soit assez complet, on devrait
ajouter les plages publiques aussi à cet article. Alors, disons: "Un
terrain d'amusement, de camping, de roulottes, une colonie de vacances ou une
plage publique."
M. BOIVIN: Et les champs de courses aussi.
M. PAUL: C'est compris dans les terrains d'amusement.
M. GOLDBLOOM: Un terrain d'amusement, de camping, de roulottes, une
colonie de vacances ou une plage publique.
M. DEMERS: Pourquoi cela ne serait-ce pas "et"?
M.PAUL: Non.
M. DEMERS: C'est parce que c'est alternatif?
M. PAUL: Oui.
M. GOLDBLOOM: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, l'article 30 se lirait comme suit: "Nul
ne peut aménager ni exploiter un terrain d'amusement, de camping, de
roulottes, une colonie de vacances ou une plage publique à moins qu'ils
ne soient desservis", etc. jusqu'à la fin de l'article.
M. GOLDBLOOM: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 30, adopté. Article 31.
M. DEMERS: Chapitre des ordonnances.
M. PAUL: Cela deveint quasiment désordonné.
M. DEMERS: D'après la loi, je ne suis pas un spécialiste,
les ordonnances sont émises par qui? Par le ministre?
M. PAUL: Ordinairement par un ministre ou par le lieutenant-gouverneur
en conseil.
M. DEMERS: Et par exception par un directeur.
M.PAUL: C'est la première fois. C'est un principe nouveau de
droit. Nous allons...
M. LEGER: On n'a pas un ministère ici? M. PAUL: ... créer
un directeur... M. GOLDBLOOM: Non, non.
M. DEMERS: II donne des pouvoirs à un directeur plus fort que
lui.
M. GOLDBLOOM: Tout cela pour permettre à la personne visée
par cette ordonnance d'avoir un recours, qui est l'appel devant la Commission
municipale. On a le choix. Où voudrait-on placer la
responsabilité ultime? Entre les mains du ministre seul ou entre les
mains de la Commission municipale?
M. LEGER: Je dis que, s'il y avait un appel contre un ministre, cela
voudrait dire une démission ou un déclenchement
d'élections?
M. PAUL: Non, non.
M. LEGER: Mais c'est ce que vous avez dit à une réunion
où nous sommes allés. Dès qu'il y a un appel, à la
réunion avec STOP, vous aviez dit qu'il fallait que l'appel soit fait
non pas à un ministre parce que lui est élu.
M. GOLDBLOOM: Non, non. Ce que j'ai dit, c'est que l'appel contre une
décision de ministre est la prochaine élection à laquelle
il se présente. C'est la tradition de notre province de
Québec.
M. LEGER: Est-ce qu'il ne pourrait pas y avoir un appel à une
cour supérieure ou à une autre cour quand c'est un ministre qui a
pris la décision? Pour quelle raison donnez-vous ce privilège ou
cette responsabilité au directeur plutôt qu'au ministre? Quelle
nuance voulez-vous mettre du fait que ce n'est pas le ministre qui pourrait
voir un appel fait de la décision d'un ministre et que vous mettez
plutôt la décision d'un directeur?
M. GOLDBLOOM: Si l'on prétend que le ministre a agi de
façon illégale, je pense bien qu'il y a un recours devant les
tribunaux. Mais quand la décision du ministre est de nature
administrative, elle est sans appel.
Pour permettre un appel, il faut que la décision soit prise par
une autre personne, une personne qui détient une autre
responsabilité. Là, on peut permettre un appel et nous avons
proposé que cet appel soit devant la Commission municipale.
M. LEGER: Est-ce que c'est parce que le même
phénomène se produit dans d'autres ministères qu'on a
préféré faire un appel devant un directeur plutôt
que devant un ministre?
M. DEMERS: C'est la seule place? C'est le seul endroit?
M. GOLDBLOOM: Des ordonnances émises en vertu de la Loi de
l'hygiène publique sont émises par le sous-ministre et, dans ce
cas, il y a appel devant le ministre.
M. DEMERS: Et comme votre directeur est l'équivalent d'un
sous-ministre, c'est pour cela que...
M. GOLDBLOOM: Oui. Sauf que, dans le cas de la Loi de l'hygiène
publique, c'est un problème exceptionnel. Ce n'est pas tout les jours
que l'on émet une ordonnance pour faire arrêter une nuisance
publique, tandis qu'il s'agit ici de travail quotidien selon les politiques
établies par le ministre en vertu des pouvoirs qui lui sont
confiés. Quand il s'agit de réglementation, c'est le ministre qui
propose au lieutenant-gouverneur en conseil la réglementation. Ensuite,
c'est au directeur d'appliquer ces règlements et, en les appliquant, il
est obligé d'émettre des ordonnances.
M. DEMERS: A la Régie des eaux, antérieurement, ce
n'était pas le président de la Régie des eaux...
M. GOLDBLOOM: C'est la régie, oui.
M. DEMERS: Qui émettait l'ordonnance? C'était le
ministre.
M. GOLDBLOOM: Non. C'est la Régie qui émet les
ordonnances.
M. DEMERS: C'est la Régie qui émettait les
ordonnances?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. DEMERS: ... chapeautée par le ministre? Non? C'était un
tribunal. La régie était quasi judiciaire. Tandis que le
directeur c'est loin d'être un tribunal.
M. GOLDBLOOM: Soyons clairs là-dessus. Il y a deux fonctions en
jeu. Une fonction administrative et une fonction quasi judiciaire.
Jusqu'à maintenant, c'est la Régie des eaux du Québec qui
assume les deux responsabilités. On les scinde. On donne la
responsabilité administrative au directeur. On donne la
responsabilité quasi judiciaire, telle qu'elle existe
présentement, à la Commission municipale du Québec en
fusionnant avec elle la Régie des eaux du Québec.
M. BOIVIN: II aura des pouvoirs qu'on n'ose même pas donner
à l'exécutif. Une ordonnance est quasiment un pouvoir judiciaire.
La régie est quasiment un tribunal. Là, vous donnez cela à
un homme.
M. PAUL: Est-ce que le ministre a peur d'assumer ses
responsabilités? Je n'aurais pas peur de lui en donner. Et je
suggérerais le texte suivant qui va changer toute l'économie de
l'article. Je proposerais bien humblement le texte suivant: "Le directeur
transmet à l'égard d'une personne exploitant un système
d'aqueduc, d'égout ou de traitement des eaux les ordonnances rendues par
le ministre, conformément au règlement du lieutenant-gouverneur
en conseil, relativement à la qualité du service, à
l'extension, etc.
M. DEMERS: C'est cela.
M. PAUL: Mais, c'est le ministre qui va prendre la
responsabilité. D'abord, le ministre ne pourra pas rendre une ordonnance
contraire aux règlements adoptés par le lieutenant-gouverneur en
conseil. A ce moment-là, la Commission municipale n'a pas d'affaire
à s'immiscer dans une ordonnance rendue conformément aux
dispositions du lieutenant-gouverneur en conseil. C'est le pouvoir
exécutif. Je ne verrais pas la Commission municipale s'immiscer dans
une décision du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. GOLDBLOOM: Nous nous entendons très clairement sur ce dernier
point, M. le Président.
M. PAUL: Alors, pourquoi ne pas boire le calice jusqu'à la lie?
Vous assumez des responsabilités, vous ou celui qui sera titulaire, non
pas le directeur du service.
M. DEMERS: Vous nous aviez dit que dans les cas d'administration
municipale, lorsque ce sont les corporations ou les municipalités, c'est
le ministre; mais maintenant, c'est le directeur partout.
M. PAUL: Pourquoi créer un superpersonnage? On introduit dans
notre système législatif un nouveau personnage qui, en certaines
circonstances, aura voix d'autorité sur le ministre. Pourquoi? Il faut
faire attention, vous savez, aux conseillers juridiques, si bien
intentionnés qu'ils soient, si compétents qu'on les reconnaisse,
si brillants soient-ils. Il faut quand même faire attention; il faut
être prudent. Parce que le ministre a la responsabilité de la loi,
c'est à lui de rendre les ordonnances et, pour se couvrir, il ne rendra
que des ordonnances prévues par le lieutenant-gouverneur en conseil;
dans un tel cas, la solidarité ministérielle joue et il n'y a pas
de Commission municipale qui doit se mettre le nez là-dedans. Si le
lieutenant-gouverneur en conseil rend des ordonnances qui sont contre
l'intérêt public et à maintes fois renouvelées et
répétées, quand le temps sera venu, à
l'élection générale, le lieutenant-gouverneur en conseil,
représenté par ses ministres et ses députés,
répondra des erreurs administratives qu'il commettra dans l'application
de cette loi.
M. BOIVIN: Ce qui faisait dévier la loi, peut-être, c'est
que cela relevait du ministre des Affaires municipales, mais vous nous avez dit
que cela ne relevait plus du ministre des Affaires municipales.
M. PAUL: Je pense que le ministre des Affaires sociales va avoir son mot
à dire.
M. DEMERS: Cela sent cela à plein nez.
M. PAUL: Pourquoi le ministre veut-il donner tant de pouvoir que cela
à ce directeur...
M. DEMERS: Avez-vous envie de partir en voyage pour deux ans?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je répondrai que c'est
surtout par souci de démocratie.
M. PAUL: II ne faut pas la rendre folle non plus.
M. DEMERS: Cela va être de la démocratie
policière.
M. BOIVIN: Ce n'est pas un responsable devant le peuple, le
directeur.
M. PAUL: Mais, la démocratie appelle également
l'autorité.
M. GOLDBLOOM: Je suis très heureux d'entendre le
député de Maskinongé prononcer ces paroles.
M. PAUL: J'ai toujours eu beaucoup de respect pour l'autorité. Je
suis peut-être un de ceux qui ont le plus de respect, même de
l'autorité religieuse, M. le Président. Mais justement parce que
le peuple a voulu que ce soit vous, dans notre système
démocratique, qui ayez la confiance du premier ministre pour être
nommé ministre, c'est à vous d'assumer vos responsabilités
et d'appliquer les lois, ce n'est pas à un fonctionnaire, ce n'est pas
à un directeur de service que l'on veut assimiler ou placer à
l'égal d'un sous-ministre dans un ministère. Il y a assez des
répercussions et du principe dangereux que l'on introduit avec cette
loi; il n'y aura plus de ministère nulle part, il va y avoir des
directeurs de service, c'est cela qu'on va créer.
C'est un précédent extrêmement dangereux contre
lequel on s'est battu. Les députés se plaignent de plus en plus
qu'ils n'ont plus voix d'autorité, qu'ils n'ont plus oreille de la part
de certains fonctionnaires. Ne faisons pas en sorte, M. le Président,
que même les ministres deviennent des pantins entre les mains de certains
directeurs de service.
M. BOIVIN: Maintenez un gouvernement responsable.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je reviens à quelque chose
que j'ai déjà dit à plus d'une reprise. C'est quand
même le système adopté par l'Ontario, et l'Ontario n'est
pas, à ma connaissance, une dictature ni une province mal
gouvernée.
M. PAUL: M. le Président, on n'a peut-être pas le
même esprit collectivement en Ontario et au Québec.
M. DEMERS: De plus, on n'a qu'à avoir un dessin négatif,
le faire imprimer en Ontario et le faire envoyer ici, sans passer notre temps
à négocier.
M. PAUL: Je suis certain, M. le Président, que si vous pouviez
parler...
M. DEMERS: C'est garanti.
M. LEGER: Je ne sais pas si je comprends l'esprit du ministre. Est-ce
que le ministre veut
dire que la réglementation relèverait du ministre qui est
le responsable de voir à la sorte de réglementation. Il a
été élu pour réglementer, mais l'application des
ordonnances ou l'application de ce règlement relève d'un
fonctionnaire, de façon que le conseil municipal comme dans le
code de la route peut faire telle ou telle réglementation parce
qu'il est élu. Si ses règlements ne sont pas bien faits, il y a
quand même une population qui peut lui faire perdre son poste à la
prochaine élection. C'est quand même un policier ou un
fonctionnaire qui voit à l'application de la loi. Est-ce dans ce sens
que le ministre voyait l'application? Le rôle du ministre est de faire la
réglementation mais l'application en relève d'un
fonctionnaire.
M. GOLDBLOOM: C'est en bonne mesure cela, M. le Président,
quoique nous avons en examinant ces articles, noté qu'il y a des
pouvoirs discrétionnaires qui seraient attribués au
directeur.
M. DEMERS: Mais, c'est plus que cela. C'est plus que le
député de Lafontaine... Il réglemente.
M. PAUL: II devient l'égal d'un membre du Conseil
exécutif. Appelez-le comme vous voudrez.
M. DEMERS: Puis le ministre lui dira: Ne fais pas cela et il le fera
quand même et le ministre ne pourra pas l'arrêter.
M. PAUL: II dira: Je m'en fiche, moi j'ai la
Commission municipale pour me couvrir. On va être
administré par un groupe de fonctionnaires qui feront fi de
l'autorité ministérielle ainsi que des pouvoirs du
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. BOIVIN: Je veux faire le travail mais que ce soit le ministre qui
prenne la responsabilité.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que je peux suggérer une chose? Nous avons
devant nous une considération qui me semble d'une grande importance.
Plutôt que de poursuivre une brève et rapide conversation
privée derrière ma chaise, puis-je suggérer que la
commission suspende ses travaux pour environ cinq minutes?
M. DEMERS: Prenez dix minutes...
M. GOLDBLOOM: Alors, pour cinq ou dix minutes, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission suspend ses travaux pour cinq
ou dix minutes.
M. DEMERS: Demandez la permission au directeur parce que...
M. GOLDBLOOM: Merci, M. le Président.
M. DEMERS: Ne nous la demandez pas à nous. Demandez-la au
directeur.
(Suspension de la séance à 21 heures)
(Reprise de la séance à 21 h 39)
LE PRESIDENT (M. Giasson): A l'ordre, messieurs!
Après quelques minutes de consultations, je présume que le
ministre...
M. PAUL: Est-ce qu'on doit mettre aux endroits...
LE PRESIDENT (M. Giasson): ... a des commentaires à nous
apporter.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, d'abord, je voudrais remercier nos
collègues de la commission de m'avoir permis cette brève
période de réflexion et de consultations.
Je dois dire que, pendant l'étude de ce projet de loi, un grand
nombre de commentaires ont été formulés et il y a eu un
certain nombre de mémoires qui ont été soumis et qui ont
porté sur cette question qui est, à mon avis, d'une extrême
importance.
M. PAUL: Je m'excuse, le ministre parle de mémoires qui ont
été présentés à qui et quand?
M. GOLDBLOOM: Je faisais une allusion générale, M. le
Président, pour donner un cadre à ce que je suis sur le point de
dire.
M. PAUL: Excusez-moi. Je pensais que vous vouliez dire que vous aviez
reçu des mémoires d'organismes et de corps
intermédiaires.
M. GOLDBLOOM: J'en ai reçu, M. le Président, et plusieurs
questions ont été soulevées dans ces mémoires. Il y
en a qui ont stimulé la réflexion plus que d'autres. C'est
normal. Nous avons discuté essentiellement de deux principes: le
principe de l'exercice de l'autorité et le principe du droit d'appel
contre cette autorité. Nous avons également discuté d'une
considération qui, elle aussi, ne manque pas d'importance, la
distinction que l'on peut et doit faire entre l'application administrative de
règlements et normes déjà établis et le pouvoir
discrétionnaire que peut exercer une autorité quelconque.
Toute cette réflexion et ces consultations que nous avons eues,
M. le Président, m'amènent à suggérer une
modification assez importante à l'économie de ce projet de loi.
Je pense qu'aux endroits où il s'agit de l'exercice d'une
autorité discrétionnaire, le ministre, effectivement, soit celui
qui est assis ici devant le micro ou tout autre, ne devrait pas avoir peur
d'assumer cette responsabilité et de l'exercer.
Les légistes sont d'accord sur cette distinction à faire
et je pense qu'au fur et à mesure que nous procéderons dans
l'étude de ce projet de loi, je serais prêt à accepter que
le ministre soit désigné pour l'exercice du pouvoir implicite
dans l'application de la loi, quand ce pouvoir a un important
élément discrétionnaire, et que le Directeur soit celui
qui appliquera de façon administrative ce qui est déjà
prévu par la loi elle-même dans certains cas et dans d'autres, par
règlements ou par normes établies en vertu de ces
règlements.
M. PAUL: Si je comprends bien le ministre, lorsqu'il s'agira de
l'exercice d'un pouvoir discrétionnaire, c'est le ministre qui
décidera. Quand il s'agira de l'application d'un règlement, ce
sera le directeur qui aura la responsabilité administrative.
M. le Président, je dois féliciter le ministre de
réaliser l'importance du rôle qu'il doit jouer dans notre
économie parlementaire et également à l'endroit de la
population du Québec. En étant présumément le
ministre qui sera désigné en vertu de l'article 118 de notre loi,
chargé de l'application de la Loi de la qualité de
l'environnement, il lui incombait de travailler en collaboration avec les
municipalités, avec les personnes qui exploitent des systèmes
d'egout et d'aqueduc, et l'expérience, et surtout la
responsabilité du ministre à l'endroit de ses collègues du
cabinet, vis-à-vis des membres de son caucus et, surtout, son obligation
de rendre compte de son administration, constituent une excellente
barrière, une excellente réserve de sécurité pour
lui d'abord, et à l'endroit de ceux avec qui il sera appelé
à transiger.
Nous félicitons le ministre d'avoir compris que nos suggestions
n'étaient faites que dans un but constructif et surtout pour que nous
puissions garder cette hiérarchie d'autorité essentielle dans
l'exercice des droits démocratiques de la population.
M. LEGER: M. le Président, comment le ministre peut-il maintenant
concrétiser ce qu'il vient de dire? Parce que tantôt, je lui avais
parlé de l'application administrative qui est la responsabilité
d'un fonctionnaire et de la réglementation qui était, ni plus ni
moins, l'esprit même du fonctionnement de cette loi.
Alors, quand le ministre dit que le pouvoir discrétionnaire lui
revient et que l'application administrative revient à un fonctionnaire,
soit le directeur dans ce cas-ci, est-ce qu'il veut dire qu'il y aurait une
partie de l'application de cette réglementation qui reviendrait au
ministre? D'une autre façon, comment concrétiser, dans l'article
que nous étudions, ce qu'il vient de dire?
M. GOLDBLOOM: H va sans dire que le ministre, en exerçant son
pouvoir discrétionnaire, devra se baser sur les règlements et
normes existants. Il y a cependant des responsabilités qui impliquent
également une responsabilité municipale, et il y a des situations
qui ne seront pas prévues par les règlements. Il y aura des
décisions à prendre qui devront être conçues de
façon à protéger l'environnement dans son ensemble, mais
qui ne seront pas directement l'application d'une norme chiffrée ou d'un
règlement précis. Le ministre devra exercer ce jugement.
M. LEGER: Maintenant, il y a quand même une nuance entre la
portion qui est la décision du ministre pour protéger
l'environnement dans son ensemble et l'application comme telle de la loi.
Comment peut-on voir ça dans l'article tel qu'il est
présenté?
M. GOLDBLOOM: II me semble, M. le Président, que l'article qui
est présentement devant nous, l'article 31, si nous sommes pour faire la
distinction que j'ai proposée, devrait être confié dans son
ensemble au ministre; ce qui ferait...
M. DEMERS: Ce serait: le ministre peut rendre...?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Maintenant, M. le Président, pour une bonne
économie de tout ce chapitre qui va de l'article 30 à l'article
42 inclusivement, je me demande s'il n'y aurait pas lieu de permettre aux
légistes de rédiger à nouveau tout ce chapitre dans
l'optique qu'envisage maintenant le ministre pour l'application de la loi et
pour lui permettre l'exercice d'un certain pouvoir discrétionnaire aux
lieu et place du directeur.
Il n'y aurait peut-être pas beaucoup de corrections à
faire, mais je me demande s'il ne serait pas plus sage de suspendre tout ce
chapitre pour que les légistes puissent rédiger un nouveau texte
et que nous puissions continuer notre travail en abordant immédiatement
l'article 43. C'est une suggestion que je fais.
M. DEMERS: II est question du directeur, mais le rôle du
directeur...
M. GOLDBLOOM: Je crois que ce serait sage, M. le Président. Nous
risquerions autrement de passer à côté de certaines
considérations importantes en essayant d'aller trop rapidement.
M. PAUL: D'autant plus que nous allons nous achopper à des
difficultés de rédaction qui peuvent facilement être
résolues dans un cabinet de travail.
M. GOLDBLOOM: Oui.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que cette proposition ou cette
attitude fait le consensus de tous les membres de la commission,
c'est-à-dire de suspendre immédiatement l'étude des
articles 31 à 42 inclusivement et d'attendre une rédaction
nouvelle, une reformulation de l'ensemble de ces articles? Si ceci est
accepté, nous poursuivons l'étude du projet de loi à la
section V, de l'article 43.
M. GOLDBLOOM : Elle devient la section VI.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Elle devient la section VI.
UNE VOIX: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Giasson): J'appelle l'article 43 qui traite de
l'assainissement de l'atmosphère, à la section VI.
L'assainissement de l'atmosphère
M. BOIVIN: Pourquoi ne permettrions-nous pas aux municipalités,
par exemple à une municipalité comme Montréal qui est
capable d'entreprendre une lutte sérieuse à la pollution, de
poser les appareils nécessaires?
M. GOLDBLOOM: Pour une seule raison, c'est pour que nous ayons les
mêmes appareils partout au Québec, une coordination de la nature
des appareils.
M. PAUL: Je pense bien que mon collègue conviendra qu'il faut
qu'il y ait une autorité qui décide et que cela revient au
ministre de pouvoir juger et décider en la matière.
Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 43, adopté. Article 44.
M. PAUL: Est-ce que le ministre ne craint pas qu'il y ait dualité
ou double juridiction de sa part à lui et de la part du ministre des
Affaires sociales si nous analysons l'article 15, si ma mémoire est
bonne, du projet de loi 30, dans lequel on dit que le ministre peut, dans un
cas d'urgence, élaborer un programme pour corriger une situation et y
faire face. Et on va même jusqu'à dire que cet état ne peut
être prolongé pour une période de plus de trente jours et
que, si cela correspond à une période donnée à
l'ouverture d'une session, c'est qu'on peut même en venir à
ordonner un débat qu'on ne qualifie pas, mais qui devient encore
là principe de droit nouveau. Parce que dans une loi, on va maintenant
se permettre d'amender les règlements de l'Assemblée nationale.
Je ne fais pas de reproche au ministre, ce n'est pas sa loi. Mais comment
concilier l'urgence qu'on va trouver dans cette loi avec l'urgence qu'on
retrouve dans la Loi de la santé publique?
M. GOLDBLOOM: Premièrement, rappelons que cet article fait
allusion seulement à la pollution de l'atmosphère.
Deuxièmement, je pense que, dans ce cas particulier, le plan d'urgence
qui devrait être élaboré diffère quelque peu d'un
plan d'urgence que pourrait présenter le ministre des Affaires sociales
devant une crise quelconque. Ce dont on parle ici, c'est de mesures
préventives qui constitueraient en quelque sorte un plan d'urgence, mais
plutôt de prévention de l'urgence. Ce dont nous avons
discuté à un certain moment, c'est qu'avec les nouveaux appareils
que nous avons l'intention de placer dans les régions fortement
industrialisées, ces appareils étant branchés sur un
ordinateur, on pourrait avoir une analyse
rapide, avec les prévisions météorologiques, de la
possibilité d'une crise. Et, ayant prévu, par un plan d'urgence,
un réseau téléphonique auprès des industries...
Deux réseaux d'industries, parce que, généralement, on
identifie les pires, les sources les plus importantes. Mais si la diminution de
l'activité à ces sources ne suffit pas pour éviter la
crise, il y a un deuxième réseau. Enfin, il y a une instruction
qui peut être donnée à la municipalité pour qu'elle
fasse diminuer la circulation automobile.
M. PAUL: J'attire l'attention des membres de la commission sur la
dernière phrase de cet article. Toute personne et toute
municipalité visées doivent alors prendre, nonobstant toute loi
générale ou spéciale incompatible, toutes les mesures
prescrites par le directeur conformément à ce plan. A ce
moment-là, le directeur n'a pas un pouvoir discrétionnaire.
M. GOLDBLOOM: C'est exact.
M. PAUL: C'est pourquoi l'autorité que l'on confère ici au
directeur est tout à fait acceptable et recevable.
M. GOLDBLOOM: Je pense que l'économie de cet article
reflète l'entente que nous avons conclue il y a quelques minutes.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: Je présuppose que l'article 44 est adopté?
M. PAUL: Oui.
M. BOrVIN: Avant de l'adopter, est-ce que le directeur ne pourrait pas
sonner l'alarme, par exemple, ce qui demanderait encore une ordonnance du
ministère des Affaires sociales?
Il y a une ordonnance qui devrait suivre.
M. GOLDBLOOM: Je pense que, dans notre tradition, le ministre de la
Santé d'autrefois, des Affaires sociales d'aujourd'hui conserve une
responsabilité pour la santé publique qui lui permettrait
d'intervenir de façon autoritaire devant un danger clairement
présent mais en donnant les pouvoirs qui sont prévus dans cet
article, on évite la nécessité d'avoir recours au ministre
des Affaires sociales pour chaque inversion atmosphérique au-dessus
d'une ville.
M. BOIVIN: Est-ce que le ministre responsable de la qualité de
l'environnement songe à organiser un plan de secours, d'urgence ou cela
relèvera-t-il du ministre des Affaires sociales?
M. GOLDBLOOM: Quant au problème de la pollution
atmosphérique, c'est le ministre...
M. BOIVIN: Si cela nécessitait des déména- gements,
par exemple. Vous avez parlé d'avertir les sources de pollution, soit de
détourner la circulation, d'arrêter le fonctionnement d'une usine
par mauvais temps. Est-ce que...
M. GOLDBLOOM: C'est tout le mécanisme de la protection civile qui
entre en jeu...
M. DEMERS: Les guerres microbiennes, etc.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce qu'il y a d'autres questions sur
l'article 44?
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. L'article 45.
M. DEMERS: Dans l'article 28, au paragraphe b), il avait
été question de soustraire les catégories de contaminants.
Le ministre nous avait dit qu'il surveillait les tracteurs de ferme pour donner
une chance aux cultivateurs, qui dans des espaces assez étendus,
pourraient risquer...
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. DEMERS: Comment voulez-vous, s'ils peuvent selon le paragraphe b)
être soustraits... Ils n'ont pas le pouvoir d'acheter. Parce que selon
les normes prévues, le tracteur de ferme, il faudrait que cela soit
défini.
M. GOLDBLOOM: Non. Je pense que c'est exactement la raison d'être
du paragraphe b) de l'article 28. L'article 45 parle des normes prévues
par règlement. Alors, le règlement, en vertu de l'article 28 b)
dirait "... à l'exception de...'"
M. PAUL: Est-ce que vous avez fait des approches? Est-ce que vous
êtes convaincu que les fabricants d'embarcations à moteur ou de
véhicules automobiles respecteront les normes qu'établira le
lieutenant-gouverneur en conseil? "Nul ne peut offrir en vente, exposer ni
vendre un moteur, une embarcation à moteur ou un véhicule
automobile dont le fonctionnement a pour effet d'émettre un contaminant
dans l'atmosphère au-delà des normes prévues par
règlement du lieutenant-gouverneur en conseil." Il faut donc que vous
soyez assuré de la collaboration des fabricants ou qu'il...
M. DEMERS: Cela va prendre beaucoup de policiers.
M. PAUL: ... y avait une surveillance extrêmement étroite
sur tout le territoire du Québec.
M. GOLDBLOOM: Nécessairement, il faudrait une surveillance
très étroite, mais faisons certaines distinctions. Quant à
la fabrication des véhicules automobiles, c'est le gouvernement
fédéral qui a la responsabilité dans ce domaine. Si
nous ajoutons une autorité provinciale quant à la vente et
à l'utilisation des véhicules automobiles, c'est,
premièrement, parce qu'au niveau de la fabrication, on ne touche que les
futurs véhicules. Et il faut s'occuper des vieilles automobiles, nous
n'en avons pas le choix.
M. PAUL: Les "minounes" que nous appelons en matière de
commerce.
M. GOLDBLOOM: Oui. Et, deuxièmement, parce qu'il faudra assurer
une vérification pendant la vie du véhicule c'est une
chose que nous discutons présentement avec le ministère des
Transports par des équipes appropriées. Ce qui nous
embête présentement, c'est que les appareils disponibles pour la
vérification des gaz d'échappement sont lents et coûteux.
Mais nous croyons que la recherche qui se poursuit présentement nous
permettra de trouver, à brève échéance, des
appareils qui fonctionneront de façon plus efficace et qui nous
permettront, en collaboration avec le ministère des Transports de faire
des vérifications le long des rues et des routes...
M. DEMERS: Le long des lacs... M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Le ministère des Transports, par sa loi 23, a
légiféré en semblable matière sur les "minounes".
Et on a même donné le pouvoir au ministre de les soustraire de nos
voies publiques, de nos routes publiques. Il faudrait que le ministre s'assure
qu'il n'y a pas concordance de politique entre les deux ministères,
autrement le contribuable va devenir une véritable "ginot-te".
M. GOLDBLOOM: M. le Président, quant à la
vérification des gaz d'échappement des automobiles et, par
extension, des autres véhicules, à mon sens, il ne devrait y
avoir qu'une seule équipe sur les routes et une seule
réglementation.
M. PAUL: Et une seule réglementation.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Rouville.
M. OSTIGUY: Si je comprends bien, cet article 45 réglemente
uniquement les embarcations à moteur et les véhicules
automobiles. Il ne tient pas compte de la moto neige, par exemple?
M. GOLDBLOOM: Si, M. le Président, parce que,
premièrement, l'article parle de moteur et, deuxièmement, nous
avons défini véhicule automobile...
M. DEMERS: Une motoneige n'est pas un véhicule automobile?
M. PAUL: Mais voyons.
M. OSTIGUY: Une motoneige est un véhicule automobile?
M. PAUL: Une motoneige qui fonctionnerait au cidre ne serait pas un
véhicule automobile.
M. DEMERS: Avec un chien, ce n'est pas pareil.
M. PAUL: Suivant la loi du ministère des Transports et suivant la
définition que nous allons retrouver dans...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je me permets de rappeler aux
membres de la commission que nous avons réservé la
définition justement pour être en mesure de couvrir cela. Donc,
quand l'article 45 dira véhicule automobile, la motoneige sera couverte
et de la même façon, en concordance avec les lois et
règlements du ministère des Transports.
M. OSTIGUY: Le tracteur de ferme ne sera pas inclus
là-dedans.
M. GOLDBLOOM: II peut être exclu par règlement.
M. PAUL: Un véhicule de ferme est un véhicule
automobile.
M. GOLDBLOOM: Mais il pourrait être exclu par règlement en
vertu du paragraphe b de l'article 28.
M. PAUL: Même s'il est exclu, cela demeurera quand même un
véhicule automobile. Vous ne changerez pas la destination du
véhicule.
M. LEGER: Actuellement, il y a quand même, déterminé
par règlement, un certain degré de pollution provenant des gaz
d'échappement des automobiles. Est-ce que, dans vos règlements,
à ce jour, vous avez déterminé quel en est le degré
et est-ce que la majorité des automobiles dépasserait le
degré que vous prévoyez? Est-ce qu'il faudrait faire un
changement de contrôle pour toutes les automobiles qui existent
actuellement?
M. GOLDBLOOM: Je pense que c'est un bon exemple des normes progressives
qu'il faudra établir au fur et à mesure que la technologie nous
permettra de retenir ou de neutraliser les polluants. D y en a quatre, le
député le sait très bien. Pour ce qui est du monoxyde de
carbone des hydrocarbures, ces deux-là sont déjà
diminués considérablement depuis peut-être deux ans. Il y a
véritablement une amélioration quant aux moteurs ou aux
véhicules qui sont vendus. Il y a les oxydes d'azote, qui posent
toujours un problème, et il est à prévoir qu'il faudra
jusqu'à 1975 ou même 1976 avant que la technologie ne nous
permette de corriger
cette situation. 11 y a enfin le plomb, qui devra être
éliminé par la transformation des moteurs pour qu'ils utilisent
une essence sans plomb. Pour répondre plus précisément
à la question du député de Lafontaine, il ne faudra pas
que nous ayons des normes qui seraient dépassées par la grande
majorité des véhicules automobiles sur les routes, mais, d'un
autre côté, il faudrait que nous ayons des normes, et là,
c'est surtout le gouvernement fédéral en collaboration avec le
gouvernement fédéral des Etats-Unis, qui arrivera à
déterminer ce genre de normes et nous allons collaborer à
l'établissement de ces normes.
M. LEGER: Est-ce que, dans le choix de votre réglementation, vous
allez vous baser sur le fait qu'il y aurait trop d'automobiles qui seraient
trop contrevenantes ou si vous allez établir des normes pour
contrôler le monoxyde de carbone et les hydrocarbures? Est-ce que ce
n'est pas plutôt que la science a une technologie permettant d'exercer un
contrôle et de prévoir un règlement basé sur ce
qu'on a en main de connu pouvant diminuer la pollution et non pas le fait qu'il
y aurait trop d'automobiles qui seraient contrevenantes?
M. GOLDBLOOM: Le député de Lafontaine a raison, il faudra
travailler en fonction de ce qui est raisonnablement possible, non pas sur ce
qui pourrait même être interprété comme des droits
acquis. Ce n'est pas ce que nous voulons préserver dans ce domaine.
Il faut être raisonnable à l'endroit de l'automobiliste, du
propriétaire du véhicule automobile, mais il faut lui dire: Voici
les dispositifs qui sont disponibles, qui ne sont pas hors de la portée
de la plupart des automobilistes. Il faut que vous en profitiez pour
protéger l'environnement.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de
Lotbinière.
M. BELAND: Est-ce que cela voudrait dire, M. le ministre, que vous iriez
jusqu'à rendre obligatoires, dans un rayon donné, un certain
secteur, des aires d'essai pour ces véhicules, et qu'il y ait des postes
déterminés qui peuvent être des garages qui seraient
équipés en conséquence pour pouvoir mesurer ces
possibilités?
M. GOLDBLOOM : Je pense que c'est une idée logique. Nous y avons
pensé sérieusement. Il faudra je ne me gêne pas pour
le dire en même temps surveiller bien des garages qui, moyennant
des frais modiques, acceptent d'enlever les dispositifs antipollution sous
prétexte que ces dispositifs nuisent à la performance du
véhicule. C'est une pratique courante dans certaines villes et une
pratique que nous avons l'intention d'éliminer.
M. BELAND: Comme pour les pistes d'accélération, entre
autres.
M. DEMERS: M. le Président, est-ce que...
M. LEGER: Est-ce qu'il n'a pas été convenu, étant
donné que demain matin on siège à 9 h 30 ou 10 heures,
qu'on terminerait vers 10 heures? Est-ce qu'on peut prendre une décision
là-dessus? Est-ce que l'on poursuit jusqu'à 10 h 30 ou
bien...
M. GOLDBLOOM: Je ne suis pas au courant d'une telle décision, M.
le Président.
M. LEGER: On a dit que, demain matin, il y avait une commission à
9 h 30 ou 10 heures. Est-ce que c'est nécessaire qu'on aille très
tard vu que l'on recommence très tôt demain?
UNE VOIX: Je suis bien d'accord.
M. GOLDBLOOM: Les heures de séance ont été
prévues et publiées. Je ne voudrais pas être
désagréable à l'endroit de quelque membre que ce soit de
la commission, mais je ne suis pas au courant d'une entente pour que la
séance se termine plut tôt.
M. BELAND: C'est une question que je posais. Vu que nous siégeons
de nouveau en matinée vers 9 h 30 ou 10 heures, ne pourrions-nous pas
nous entendre pour terminer à 10 heures ce soir et continuer demain
matin?
M. DEMERS: ... il ne serait pas maître de son destin?
M. GOLDBLOOM: Je le crois, M. le Président. Est-ce que je peux
faire une suggestion?
M. DEMERS: Depuis que vous avez eu soin du directeur, on peut vous en
concéder "un paquet".
M. GOLDBLOOM: Nous avons devant nous présentement l'article 45
que nous discutons depuis un certain nombre de minutes et trois articles qui
compléteraient la section en question.
M. PAUL: Je suggérais tout à l'heure que nous nous
rendions, avec le consentement des membres de la commission, jusqu'à la
section VII: La disposition des déchets.
M. GOLDBLOOM: Dans cette section suivante, il y aura peut-être des
modifications à apporter en vertu de ce que nous avons discuté
auparavant.
M. DEMERS: J'avais une question...
LE PRESIDENT (M. Giasson): II semble se dessiner un consensus, c'est que
la commission siège ce soir jusqu'à ce que nous soyons rendus
à la section qui traite de la disposition des déchets.
M. DEMERS: Jusqu'aux déchets.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Jusqu'à l'adoption de l'article 48. Le
consensus se fait-il également à l'effet de siéger
à 9 h 30 demain matin?
DES VOIX: Oui.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Toujours sur l'article 45, le
député de Dubuc.
M. BOIVIN: C'est un voeu que j'émettrais. La
société industrielle va évidemment pousser d'une
façon...
M.VAILLANCOURT: M. le Président, je pense que... Nous pourrions
commencer à 10 heures demain matin.
M. GOLDBLOOM: C'est prévu 9 h 30, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Je crois que, si nous terminons assez
tôt ce soir, nous pouvons peut-être considérer 9 h 30 demain
matin, si nous voulons progresser dans l'étude...
M. DEMERS: Article par article.
M. VAILLANCOURT : Cela ne nous donne pas beaucoup de temps pour faire
notre correspondance.
M. BOIVIN: C'est un voeu que j'ai déjà émis et que
je répète ici. Il ne faudrait pas que la société
industrielle abuse du consommateur et qu'elle détermine, un peu comme
l'automobile dont j'ai parlé, et autres choses, comme les
systèmes antipollution... Si on exige du public plus qu'il n'est capable
de payer, il ne restera pas d'argent pour faire réellement une lutte
à la pollution. Quand on détermine, par exemple, qu'il y a de la
pollution par les automobiles, s'il y a de l'abus, si on permet, par exemple,
que les systèmes soient à option sur les automobiles... Dans les
régions où il n'y en a pas, qu'on sorte ces modèles. Qu'on
laisse ce système à option là où il n'y a pas de
danger, sur la Côte-Nord ou pour les automobiles qui circulent dans les
villages. Qu'on leur ferme l'entrée de la ville de Montréal, je
n'ai aucune objection.
Mais s'il arrive avec des lois qui sont trop sévères, ils
prendront l'argent nécessaire pour faire une lutte rationnelle à
la pollution. C'est ce que je voudrais. C'est un voeu que j'émets, que
le ministre au moins puisse dire, à un moment et dans une région
donnés, qu'il n'y a aucune pollution par l'automobile ou aucune
pollution pour toute autre cause qu'il pourrait y avoir dans une autre
région.
M. DEMERS: Est-ce que ces machines antipollution sont dispendieuses?
M. BOIVIN: Les machines sur l'automobile coûtent $500 ou $600, en
plus de ce que cela exige...
M. DEMERS: Vous auriez dû vous acheter une Datsun comme moi. Cela
coûte seulement $33.
M. BOIVIN: Non. Pour les petites automobiles, cela coûte
ordinairement plus cher.
M. DEMERS: Dans mon cas, c'est $33 de plus mais pour les Cadillac, ce
n'est pas la même chose.
M. GOLDBLOOM: C'est un problème technique, M. le
Président, je ne pense pas qu'il soit...
M. BOIVIN: Vous verrez que la Société industrielle en
sortira des belles. Il y aura toujours un petit système de pollution
pour exiger davantage du consommateur. Cela va l'affecter.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je suis bien conscient de
l'augmentation du coût des véhicules automobiles à cause de
l'obligation de protéger l'environnement. Je pense cependant que, dans
bien des cas, avec le temps, avec la production en série, on finira par
réduire le coût de ces appareils. Je pense que la situation
actuelle est telle que nous n'avons pas le choix et que ce n'est pas tellement
dans les régions éloignées que le problème peut se
régler mais plutôt au niveau de la fabrication. Après tout,
celui qui achète une automobile à Montréal ne reste pas
nécessairement dans Montréal. Il y a beaucoup de gens qui s'en
vont à Montréal acheter leur voiture et retournent dans leur
région éloignée. Il serait extrêmement difficile
d'administrer un système qui identifierait les automobiles selon la
région de la province où ces véhicules seraient
utilisés.
M. BOIVIN: Serait-il possible que ce soit optionnel? On pourrait
l'exiger dans certaines régions mais il y en a qui contrôlent
très bien leur production.
M. GOLDBLOOM: Disons, M. le Président, que je retiens le voeu
émis par le député de Dubuc et nous allons certainement
l'étudier.
M. VAILLANCOURT: Celui qui demeure au Lac-Saint-Jean va à
Montréal de temps à autre.
M.PAUL: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait nous
dire comment il va appliquer les dispositions de l'article 45 lorsqu'il voudra
combattre la pollution de l'atmosphère par la circulation
aérienne aux abords des aéroports?
M. GOLDBLOOM: Je ne crois pas, M. le Président, que nous
définissions le véhicule automobile de façon à
inclure les avions.
M. PAUL: Vous parlez de moteurs.
M. GOLDBLOOM: Oui. De plus, je pense qu'il faudra là aussi
c'est un effort qui se fait déjà amener les fabricants
d'avions et surtout de moteurs à les faire de la meilleure façon
possible, la plus praticable, pour protéger l'environnement. Il faudra
des vérifications régulières, ce qui est normal et
exigé pour un avion avec beaucoup plus de sévérité
que pour d'autres sortes de véhicules. Il faudra aussi des postes
d'échantillonnage là où l'on croit qu'un danger de
pollution peut exister. S'il faut les placer autour des aéroports, il
faudra le faire.
Je souligne que déjà, dans la planification de
l'aéroport de Sainte-Scholastique, il a été prévu
une étude de l'impact écologique de cet aéroport. Cette
étude va bon train sous la direction du professeur Pierre Dansereau.
Quoique je n'aie pas encore vu de rapport de cette étude, je pense
qu'elle tire à sa fin et que des recommandations très utiles
seront formulées non seulement quant à l'utilisation des avions
et de diverses substances comme celles que l'on utilise à cette saison
pour dégivrer les ailes et les pare-brise, mais également sur
l'utilisation du territoire autour de l'aéroport et pour empêcher
la construction domiciliaire dans un certain rayon, pour éviter ce que
nous connaissons autour de certains aéroports existants.
M. PAUL: Mais le ministre conviendra qu'il faudrait une
réglementation internationale...
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement.
M. PAUL: ... parce que même une réglementation canadienne
ne pourrait pas être effective pour correspondre aux objectifs
visés par l'article 45; ça deviendrait une
délégation d'autorité par entente internationale.
M. GOLDBLOOM: II le faudra. Nous avons présentement des anomalies
où, par exemple, des avions venant d'autres pays, qui atterrissent ici
et décollent par la suite, sont autorisés dans leur pays à
utiliser une essence qui n'est pas conforme aux normes canadiennes. Nos normes
sont généralement plus sévères que celles d'autres
pays. On peut même constater la différence si l'on observe le
décollage de certains avions. Il faudra une entente internationale sur
ce sujet.
M. BOIVIN: II pourrait avoir aussi des déviations
d'aéroport par certains temps. Si tel jour à Montréal, les
avions ne peuvent pas atterrir, on les enverra dans un autre
aéroport.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que l'honorable député
de Saint-Maurice a des...
M. DEMERS: Oui, je proposerais d'adopter l'article.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 45, adopté?
M. DEMERS: Adopté. J'aurais une question à l'article 46,
par exemple.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, j'aurais une question à poser
au ministre.
M. PAUL: A quel article?
M. BELAND: L'article 45. On parle continuellement de... Enfin: "Nul ne
peut offrir en vente, exposer ni vendre un moteur..." Mais, est-ce qu'il existe
sur le marché un machin quelconque pour aspirer les
éléments polluants, contaminants de l'atmosphère...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Des aspirateurs.
M. BELAND: ... qui serait une espèce de purificateur qui
agirait...
UNE VOIX: Les Electrolux.
M. BELAND: ... à l'intérieur des secteurs qui sont
vraiment pollués? Je ne sais si c'est une chose possible, mais est-ce
qu'il en existe de ces machins qui pourraient être installés dans
un espace donné où l'air est réellement pollué,
afin de le purifier, là où l'air en ressort? Il est
purifié jusqu'à un certain point.
M. GOLDBLOOM: II est extrêmement difficile de purifier l'air une
fois qu'il est contaminé. C'est possible, mais c'est extrêmement
coûteux de le faire et l'on ne peut traiter qu'un espace assez
limité. Quant aux gaz d'échappement, il y a des appareils qui
sont déjà sur le marché qui peuvent être
incorporés dans le moteur pour améliorer son fonctionnement s'il
ne contient pas de tel dispositif, parce qu'il est d'un millésime avant
1970; mais il faut que l'on mette à point ce genre de dispositif. Des
inventions me sont présentées tous les mois, je dirais, pour ne
pas exagérer et nous essayons d'en obtenir la vérification afin
de savoir si nous pouvons vraiment approuver la mise en vente de tels
appareils, croyant que les automobiles seront moins polluantes si ces appareils
sont incorporés dans leur moteur.
M. BELAND: Pour ce qui est des instruments ou appareils à
l'intérieur du moteur ou attaché au moteur, des choses comme
ça. Mais on se rend compte de cela, en pratique, dans certains secteurs
de Montréal où on circule. On voit, à une certaine
hauteur, encore là, ça va dépendre de la
température, comme un nuage très gris. C'est là que sont
principalement
accumulés les éléments polluants, contaminants dans
l'atmosphère.
S'il existait un machin quelconque qui pourrait être
installé, qui resterait évidemment sur place et qui
aspirerait...
M. GOLDBLOOM: Pas à ma connaissance, M. le Président. Je
souligne que la pollution visible, dans la mesure où les automobiles
peuvent en être responsables, est surtout causée par les oxydes
d'azote et c'est l'élément contre lequel nous n'avons pas encore
de traitement efficace.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 45, adopté. Article 46.
M. DEMERS: J'aurais une question à poser, elle chevauche la
question qu'a posée le député de Lotbinière au
sujet des dispositifs. Est-ce que l'industrie dispose de ces dispositifs afin
qu'on puisse équiper, par exemple, un appareil qui date de deux, trois
ou quatre ans, qui a été bâti sans appareil
antipollution?
Je me réfère à certaines personnes qui ont des
moteurs de yacht qui coûtent assez cher, qui sont vieux de trois ans,
mais qui n'ont presque pas d'usure parce que, quand ils ont tourné
pendant 35 ou 40 heures par été, c'est le maximum. Il y a des
endroits où c'est plus, d'autres où c'est moins. Il devrait y
avoir des dispositifs qu'on pourrait adapter à ces moteurs afin de
pouvoir corriger ça. L'industrie a-t-elle ça en main actuellement
ou bien au point de vue technologique, est-ce qu'il y a de
l'amélioration, est-ce que ça se prépare?
M. GOLDBLOOM: II y a de tels appareils qui sont vendus, mais je ne
voudrais pas me porter garant de leur efficacité. Il y en a, oui.
M. DEMERS: Merci.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 46, adopté?
M. DEMRS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 47.
M. DEMERS: C'est évident, cela va de soi.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. Article 48.
M. OSTIGUY: Lorsqu'on parle de classifier, est-ce que ça va
être par les années, par exemple, une automobile de telle
année?
M. GOLDBLOOM: Cela pourrait être de cette façon-là,
M. le Président. On pourrait tenir compte de ce qui a été
incorporé dans le moteur à partir de l'année X et dire que
pour les automobiles fabriquées avant cette année il faudrait un
entretien différent, même des normes différentes pour un
certain temps.
M. OSTIGUY: Comment va-t-on procéder dans le cas des tracteurs de
ferme? Il y a des tracteurs de ferme qui datent de 10, 12 et 15 ans et ils sont
encore...
M. DEMERS: A l'utilisation, article 28b). Ils seront exclus si le
lieutenant-gouverneur en conseil le décide.
M. PAUL: II faudrait, M. le Président, que le ministre adopte
également la même classification que celle que va adopter le
ministère des Transports. Il y a une concordance qui s'impose et il y a
tout un mécanisme de consultation qui s'impose.
M. GOLDBLOOM: Oui, c'est certain, M. le Président. En
réponse au député de Rouville, je souligne que le
paragraphe a) incorpore ce qui a été prévu à
l'article 28b), c'est-à-dire la possibilité de soustraire
certaines catégories à l'application de la loi et des
règlements.
M. DEMERS: Je me permets d'attirer l'attention du ministre sur la
remarque de mon collègue de Maskinongé. Est-ce que vos
légistes ont travaillé de concert avec le ministère des
Transports?
M. GOLDBLOOM: Les légistes... et il y a un comité
interministériel qui existe et qui travaille...
M. DEMERS: Mais où va-t-on prendre la réglementation? Il y
en a une ici et une autre dans l'autre loi.
M. GOLDBLOOM: Mais ce sont des considérations d'ordre
scientifique et ce sont tous les gouvernements du Canada et d'autres aussi qui
vont arriver à une décision quant aux normes à appliquer.
Il est difficilement concevable que nous appliquions des normes
différentes au Québec et en Ontario, par exemple.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Paragraphe b).
M. PAUL: Un instant. Est-ce qu'il pourrait arriver que le
lieutenant-gouverneur en conseil prohibe l'usage de certaines catégories
de véhicules automobiles ou de moteurs sur les voies publiques et que
sur les territoires boisés, par exemple, cette circulation soit
tolérée ou admise? Alors, il ne semble pas ici que la distinction
ait été faite pour arriver à limiter l'usage de certaines
catégories de véhicules automobiles.
M. GOLDBLOOM: Limiter l'usage, ça ne pourrait être qu'en
relation avec le territoire à définir? Je le pense.
M. PAUL: Oui. Je crois que oui.
M. BOIVIN: C'est que de telle heure à telle
heure, par tel temps, à Montréal, c'est défendu
d'entrer.
M. GOLDBLOOM: Je le pense bien et la concordance devra se maintenir avec
le ministère des Transports, c'est le genre de règlement qui
vient d'être publié au sujet de la motoneige.
M. PAUL: D'ailleurs, au paragraphe c), on l'a, M. le ministre, plus
clairement encore. Déterminer la manière selon laquelle il peut
en être fait usage.
M. DEMERS: C'est dans le paragraphe c).
M. PAUL: Oui. Cela répond à ma crise de conscience.
M. DEMERS: Oui, mais la manière dont doit être fait usage,
est-ce que le lieutenant-gouverneur en conseil va établir les vitesses
de régime de certains moteurs, ou bien de ne pas trop peser sur
l'accélérateur en certaines circonstances ou quoi d'autre?
M. GOLDBLOOM: Je pense par exemple et c'est le genre de
réglementation que je voudrais développer après
consultation de la population que l'on pourrait limiter à
certaines heures de la journée la pratique du ski nautique sur certains
lacs. Plutôt que de le bannir complètement, on pourrait arriver
à une entente. Quant aux colonies de vacances, aux colonies de scouts
c'est un point qui a été porté à mon
attention on ne voudrait pas empêcher totalement ce genre
d'activité pour les jeunes qui les fréquentent. On voudrait en
même temps protéger ceux qui nagent, qui se baignent dans le lac,
et si l'on fixe certaines heures et que l'on défende d'aller plus vite
qu'à une certaine vitesse pour ne pas risquer des accidents.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Paragraphe b), adopté. Qu'en est-il du
paragraphe c)? Adopté également?
M. PAUL: Un instant. Dans le paragraphe c), à la dernière
ligne: ... Conforme aux spécifications qu'il détermine et
pourvoir à l'inspection de ces dispositifs. Il ne faut pas trop ennuyer
le contribuable, le citoyen avec toutes sortes d'enquêtes, de
vérifications ou de contrôles. Encore là, je me demande si
ce pouvoir d'inspection ne devrait pas être délégué
exclusivement au ministère des Transports.
UNE VOIX: Plutôt qu'au ministre?
M. BOIVIN: Cela se fait actuellement, d'ailleurs. Il y a des inspections
qui se font le long des grandes routes.
M. PAUL: La vérification, par exemple, des véhicules
automobiles est faite par la Sûreté du
Québec, de concert maintenant avec le ministère des
Transports qui, lui-même, fait appel aux jeunes chambreurs de commerce
pour inviter la population à l'inspection des véhicules
automobiles. On va encore ennuyer le citoyen paisible, l'exposer à une
autre inspection. C'est désagréable.
M. GOLDBLOOM: Non. Ce n'est pas mon intention. Je ne voudrais pas que
les inspections soient multiples, mais je conçois qu'une équipe
pourrait être formée de deux personnes dont l'une
représenterait le ministère des Transports et vérifierait
certains éléments du fonctionnement et l'autre, le ministre
responsable de la qualité de l'environnement. Parce que si, par exemple,
en vérifiant les gaz d'échappement, on trouve qu'il y a un
dégagement excessif, il faudrait qu'il y ait une personne
compétente pour examiner le moteur et vérifier le fonctionnement
du dispositif.
M. PAUL: Si le ministre nous dit que cette inspection sera faite de
concert avec le ministère des Transports...
M. GOLDBLOOM: Absolument.
M. PAUL: ... cela devient moins risqué de lui accorder le pouvoir
qu'il nous demande par ce sous-article c) de l'article 48.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que le sous-article c) serait
adopté?
M. PAUL: Oui.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. Sous-article d).
M. DEMERS: Nous ne savons plus ce que nous allons mettre dans le
poêle.
M. PAUL: On ne sait même pas comment on va faire
l'incinération, avec quelle sorte de combustible.
M. DEMERS: C'est cela. On va faire rôtir un bon mort et
puis...
M. GOLDBLOOM: C'est exactement ce qui existe dans les règlements
municipaux à Montréal et c'est par ce genre de règlement
que l'on a pu réduire la pollution atmosphérique au cours des
cinq dernières années.
M. PAUL: "Réglementer la qualité des combustibles qui sont
utilisés pour des fins de chauffage domestique pour les fins
industrielles..."
M. GOLDBLOOM: C'est exact.
M. PAUL: Comment concilier cette disposition de la loi avec les
règlements consécutifs
au bill 90, la vente des produits pétroliers? On voit une
spécification bien éclairée, bien détaillée,
de la qualité du combustible ou de l'usage de l'huile sous quelque forme
que ce soit. Est-ce que ces normes pourraient entrer en contradiction avec les
normes qu'exige l'Hydro-Québec, par exemple, pour le chauffage Novelec?
C'est là qu'on peut s'exposer à adopter une réglementation
qui chambardera toute l'économie des lois ou des systèmes de
chauffage reconnus efficaces que nous avons déjà.
M. GOLDBLOOM: II ne faut pas perdre de vue l'exigence
générale de la publication des règlements et du
délai de 60 jours pour que l'on réagisse contre le projet de
règlements. Ce qui est visé ici, c'est la diminution du soufre
qui se dégage partout présentement des cheminées. C'est en
réglementant les combustibles, surtout pour usage domestique mais
également pour usage industriel, que Londres a pu assainir son air et
créer un exemple pour le reste du monde.
Donc, je pense qu'il n'y a pas moyen de ne pas avoir ici ce
règlement qui vise la protection de l'environnement. Mais quant à
la concordance de ces normes avec celles établies en vertu d'autres
lois, je suis parfaitement d'accord, j'y souscris.
M. BOIVIN: Alors, cela peut exiger certains raffinements de nature
à monter le prix du combustible.
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président, c'est exact. L'huile à
faible teneur en soufre coûte plus cher que l'huile à forte teneur
en soufre, mais il faut payer la différence si l'on veut pouvoir
respirer.
M. BOIVIN: Oui, mais j'espère que vous tiendrez compte des lieux
où cela est nécessaire et où ce n'est pas
nécessaire.
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement, M. le Président.
M. BOIVIN: A Montréal, on paie plus, parce qu'il y en a
ailleurs.
M. DEMERS: II y en aura plus sur le marché.
M. PAUL: On va débarrasser le marché de ces...
M. DEMERS: Nous allons tout payer cher. L'Hydro-Québec n'est pas
contre le chauffage électrique?
M. GOLDBLOOM: Non, mais le ministre n'est pas pour accepter que tout se
chauffe à l'électricité. On va se créer beaucoup de
problèmes si cela se fait.
M. PAUL: Surtout après la prise de position des Indiens et des
Inuis de la baie James en date du 5 décembre concernant le projet de la
baie James. On va être à court d'électricité.
M. GOLDBLOOM: Je souligne que de tels règlements existent depuis
le 1er octobre 1970 à la Communauté urbaine de Montréal et
qu'il faudra faire de même pour d'autres municipalités.
M. DEMERS: Est-ce que le ministre a l'intention d'incinérer tous
les cadavres pour qu'on en soit rendu à contrôler le
combustible:
M. GOLDBLOOM: Présentement, M. le Président, et
c'est une question bien sérieuse nous avons un problème de
terrains pour cimetières pour fins d'enterrement. Il a été
permis à une entreprise à Montréal de bâtir un four
crématoire, par une loi spéciale, il y a un certain nombre
d'années. C'est le but conjoint de ce projet de loi et de celui de la
protection de la santé publique de permettre l'établissement de
fours crématoires.
M. DEMERS: Vous allez réglementer, mais là vous ne parlez
plus de combustible. Vous allez réglementer la construction du four
crématoire aussi? Je crois qu'on l'a prévue.
M. GOLDBLOOM: Oui, c'est à d'autres endroits.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y a des cas de contamination par nos
cimetières actuels?
M. GOLDBLOOM: Je ne pourrais pas en citer, M. le Président.
M. PAUL: Les anciens charniers doivent certainement dégager une
pollution.
M. GOLDBLOOM: Oui, et c'est une inquiétude réelle, je ne
voudrais pas attendre qu'il y ait des cas graves de pollution.
M. DEMERS: Je suis en faveur de cela. On débarrasse. Vous avez un
gars naturel avec des lunettes, dans une tombe. On dit qu'il est bien naturel,
il est raide mort, il est bien beau. Quand on est mort, on n'est pas naturel.
Cela changerait l'économie des croque-mort et on ne s'en porterait pas
plus mal.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'alinéa 2 est adopté?
Alinéa e).
M. LEGER: L'alinéa e) concerne plutôt les méthodes
d'incinération dans de grosses bâtisses et non pas l'aspect
cadavérique. C'est le côté plutôt...
M. GOLDBLOOM: Cela pourrait s'étendre aux fours
crématoires, M. le Président. C'est de l'incinération, et
il faudra des normes et les normes seraient les mêmes que l'on
adopterait
en ce qui concerne les déchets appelés pathologiques, qui
sont souvent des restes mortels.
M. LEGER: Adopté en ce qui nous concerne.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Paragraphe e). Etablir des normes et
spécifications relatives à tout carburant et lubrifiant.
Adopté?
M. PAUL: On parle d'établir des normes et spécifications
relatives à tout carburant et lubrifiant. De quelle façon le
ministre pourra-t-il contrôler cela? Un règlement fixant telle
clause, ou contenant telle clause?
M. GOLDBLOOM: Je pense bien, M. le Président, par deux moyens.
Premièrement, quant à la mise en vente de certains produits.
Deuxièmement...
M. PAUL: En empêchant, ou en expulsant ou en excluant du
marché les huiles qui ne rempliraient pas les critères
exigés ou imposés.
M. GOLDBLOOM: Qui constitueraient un danger pour l'environnement.
Deuxièmement, dans les industries, je pense bien que cela fait partie de
la surveillance normale d'une activité industrielle. Quant à
l'utilisation de carburants ou de lubrifiants par le particulier chez lui, ce
n'est certainement pas possible d'aller dans tous les foyers vérifier
cela.
M. PAUL: Adopté, M. le Président.
M. LEGER: M. le Président, après le paragraphe f), j'ai un
amendement à proposer. Au paragraphe g), j'avais proposé au
ministre qu'il puisse présenter dans le projet de loi une certaine
réglementation concernant le contrôle, la prohibition des odeurs
dans l'atmosphère. Le ministre a déjà inclus dans un
article plus loin le contrôle des odeurs, mais seulement à
l'intérieur mais non dans l'atmosphère. Il a accepté notre
amendement mais il a touché seulement au paragraphe b) de l'article 81,
la question des odeurs. Ce n'est pas du tout couvert en ce qui concerne les
odeurs dans l'atmosphère. Dans la ville de Québec, il y a l'Anglo
Pulp, à Trois-Rivières, la Wayagamack.
Dans mon comté, à l'est, il y a les odeurs venant des
compagnies de pétrole à Rivière-des-Prairies. Ce sont
quand même des pollutions très déplaisantes et qui peuvent
nuire même aux citoyens qui vivent dans les environs. Voici ce que
j'aimerais à proposer: L'article 48 est modifié en ajoutant
à la fin l'alinéa suivant: g) Prohiber ou limiter les
émissions d'odeurs nauséabondes dans l'atmosphère.
J'aimerais que le ministre puisse ajouter cet article pour contrôler
cette pollution qu'on ne semble pas souvent toucher, mais qui
déplaît et qui dérange les citoyens qui doivent les subir.
Est-ce que le ministre pourrait ajouter cela, non seulement pour les odeurs
qu'on trouve à l'intérieur des maisons, comme il l'a fait avec le
paragraphe b) de l'article 81, mais aussi dans l'atmosphère, car il y a
de grandes zones de territoire où on vit cela. C'est pour cela que,
quand les gens ne savent pas où se trouve mon comté, ils le
sentent.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, on peut facilement être
d'accord sur le but visé par le député de Lafontaine, mais
je voudrais simplement souligner que la définition, à l'article
1, de "contaminant", qui en est la cinquième, inclut le mot "odeur".
L'article 20 dit: "Nul ne doit émettre, déposer,
dégager ou rejeter ni permettre l'émission, le
dépôt, le dégagement ou le rejet dans l'environnement, d'un
contaminant au-delà de la quantité ou de la concentration
prévue par règlement du lieutenant-gouverneur en conseil."
Justement, nous avons des normes établies pour certaines substances qui
dégagent des odeurs nauséabondes. Je pense que c'est
déjà couvert.
M. LEGER: Dès que nous parlons de réglementer les
contaminants, cela inclut aussi les odeurs.
M. GOLDBLOOM: Certainement, M. le Président.
M. LEGER: C'est parfait. Je suis satisfait.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission ajourne ses travaux à
demain, mercredi, à 9 h 30.
(Fin de la séance à 22 h 40)
Séance du mercredi 6 décembre 1972
(Neuf heures quarante-sept minutes)
M. GIASSON (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
Avant d'entreprendre nos travaux, je voudrais signaler que M. Gratton
remplace M. Caron, M. Demers remplace M. Gauthier, M. Ostiguy remplace M.
Leduc, M. Goldbloom remplace M. Tessier, M. Galienne remplace M. Tremblay
(Bourassa) et M. Faucher remplace M. Vézina, de Montmorency.
M. OSTIGUY: Vous êtes un excellent président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. le ministre, nous sommes tout oreilles
à vos commentaires du matin.
La qualité de l'eau et la disposition des eaux
usées (suite)
M. GOLDBLOOM: M. le Président, nous étions à
étudier l'article 31 et je suis venu à la conclusion, suite
à nos discussions d'hier, que les pouvoirs prévus à cet
article devraient appartenir au ministre. A la première ligne, à
la place de...
M. PAUL: Dois-je comprendre que le ministre est prêt à ce
que nous étudiions tout ce chapitre, ce matin?
M. GOLDBLOOM: Tout ce chapitre, toute cette section. Il y aura
peut-être des suggestions à faire, quand nous aurons
terminé l'étude de cette section, pour la suite de nos travaux,
mais nous sommes prêts à continuer l'étude de cette section
et à la compléter. Comme je le disais, à l'article 31, au
lieu du "directeur", il faudrait lire le "ministre".
M. PAUL: Cela est bien.
M. DEMERS: Cela est un beau mot.
M. GOLDBLOOM: Egalement, au deuxième alinéa, qui
n'apparaît que dans la colonne de gauche, parce qu'il n'y avait pas de
modification auparavant, "à l'égard d'une municipalité, le
ministre exerce les pouvoirs visés à l'alinéa
précédent" et ainsi de suite.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
à l'article 31?
M. PAUL: L'article 31 est adopté quant à moi.
M. DEMERS: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait
m'expliquer un peu le paragraphe a) pour la partie seulement de son
système d'aqueduc, d'égout et de traitement des eaux qui est
exploitée en dehors de ces limites.
M. GOLDBLOOM: Oui, mais...
M. DEMERS: Quand c'est à l'intérieur des limites, c'est la
municipalité qui décide, je suppose.
M. GOLDBLOOM: C'est cela, c'est exact. La municipalité prend les
décisions sur son propre territoire mais, si elle agit en dehors de son
propre territoire, il faut une approbation du ministre. Le ministre a certains
pouvoirs sur l'action...
M. PAUL: Comme par exemple, le règlement de tarifs...
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: ... à l'intérieur des municipalités,
ça n'a pas à être décidé par la régie.
C'est bien ça, M. le ministre?
M. DEMERS: Et là, c'est la Commission municipale qui fixera les
taux, s'il y a discussion?
M. GOLDBLOOM: C'est cela. A défaut d'entente entre les
intéressés, les taux sont fixés par la Commission
municipale. Ensuite, à la requête d'un intéressé, la
Commission municipale peut annuler ou modifier un contrat ou
règlement.
M. OSTIGUY: Si je comprends bien, ça veut dire une
municipalité qui a son propre système d'aqueduc et qui vend de
l'eau à l'extérieur. Par exemple, un village qui dessert une
paroisse.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. OSTIGUY: Pour certains abonnés.
M. DEMERS: II faut que ce soit un aqueduc privé, par exemple.
M. GOLDBLOOM: Si la paroisse trouve que le taux demandé par le
village est exorbitant, elle peut en appeler à la Commission
municipale.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 31 serait adopté?
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 32.
M. GOLDBLOOM: A l'article 32, M. le Président, la même
chose et...
M. DEMERS: C'est le ministre qui déciderait.
M. GOLDBLOOM: Oui et j'aimerais suggérer, pour cette raison, une
rédaction légèrement différente. Que l'on dise:
Lorsque le ministre, après enquête faite de sa propre initiative
ou à la demande d'un intéressé, estime que des services
d'aqueduc... Et vers la fin, au lieu de "directeur", on dirait: H peut
prescrire les mesures nécessaires. Je relis le premier alinéa en
entier: "Lorsque le ministre, après enquête faite de sa propre
initiative ou à la demande d'un intéressé, estime que des
services d'aqueduc, d'égout ou de traitement des eaux devraient
être en commun par suite de nécessité ou d'avantage, entre
deux ou plusieurs municipalités ou parties de municipalités
distinctes, il peut prescrire les mesures nécessaires.
M. DEMERS: Cela, c'est le ministre qui sera nommé...
M. PAUL: En vertu de l'article 118.
M. DEMERS: ... en vertu de l'article 118. J'attire l'attention du
ministre; je suis peut-être hors d'ordre, peut-être que mes propos
ne sont pas au bon endroit, mais il y a un problème municipal
là-dedans.
Il y aura nécessairement des dépenses dans le sous-article
1): "II peut en particulier ordonner que l'exécution, l'entretien et
l'exploitation des ouvrages soient faits en commun par toutes les
municipalités intéressées ou en tout ou en partie par une
seule municipalité..." Est-ce que le ministère des Affaires
municipales ou la Commission municipale n'aurait pas un droit de regard
là-dessus? Cela sera la santé ou...
M. GOLDBLOOM: Exactement... M. DEMERS: Ce sera en appel.
M. GOLDBLOOM: ... et c'est inscrit à l'article 36 que si une
ordonnance du ministre exige que des travaux soient faits, les
règlements d'emprunt doivent être approuvées par le
ministre des Affaires municipales et la Commission municipale du Québec.
Donc, si le ministre des Affaires municipales ou la Commission municipale juge
que ce que propose le ministre responsable de la qualité de
l'environnement dépasse la capacité de payer des
municipalités, l'approbation ne sera pas donnée.
M. DEMERS: Est-ce que cela s'appliquera de façon statutaire qu'un
droit de regard serait automatique par la Commission municipale ou le ministre
des Affaires municipales sur toute prescription qui viendrait du ministre
responsable de la qualité de l'environnement?
M. GOLDBLOOM: II me semble que, si le ministre responsable de la
qualité de l'environnement propose à une ou des
municipalités un projet et que ce projet est accepté, il n'y a
pas de droit de regard qui est nécessaire. Tout de même, il
n'arrive qu'extrêmement rarement qu'une ou des municipalités
puissent procéder à des travaux de cette nature sans contracter
un emprunt. Donc, le règlement d'emprunt devrait être
scruté par le ministre des Affaires municipales et la Commission
municipale et approuvé par eux.
M. DEMERS: Le ministre responsable de la qualité de
l'environnement ne fera pas que des propositions. Il émettra des
ordonnances. Vous avez le droit d'émettre des ordonnances. Cela n'est
plus une proposition. C'est obliger une municipalité à faire tel
ou tel travail.
M. PAUL: Qui dit ordonnance entraîne la suspension, la mise de
côté des règles du référendum.
M. DEMERS: Automatiquement.
M. PAUL: C'est pour cela qu'il y a des municipalités qui sont aux
prises avec des problèmes de pollution ou d'aqueduc et que c'est plus
avantageux et nécessaire que les travaux soient réalisés,
si le ministre des Affaires municipales en venait à la conclusion ou
qu'il était démontré à la régie qu'un
règlement soumis par voie de référendum à
l'approbation des électeurs municipaux serait définitivement
battue, parce qu'on veut bonder le progrès ou parce qu'on n'aime pas
l'administration municipale.
Il est nécessaire dans certains cas qu'une ordonnance soit
émise. Cela est nécessaire.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. DEMERS: Mais, sous un contrôle des affaire municipales, parce
que la finance des municipalités, c'est sa responsabilité. Je
comprends que l'article...
M. PAUL: II faut distinguer, le ministre des Affaires municipales,
urbaines et rurales.
M. BOIVIN: Le partage des coûts va se faire au niveau des Affaires
municipales. L'ordonnance va venir du ministre responsable de l'environnement.
Le partage des coûts va se faire avec le ministre des Affaires
municipales.
M. GOLDBLOOM: S'il n'y a pas entente entre les municipalités,
c'est la Commission municipale qui règlera ces questions.
M. OSTIGUY: C'est toujours une question de budget de toute
façon.
M. GOLDBLOOM: Nécessairement.
M. DEMERS: La façon de procéder, c'est que le ministre
émet une ordonnance, si la municipalité l'accepte, il n'y a pas
de problème;
si la municipalité n'est pas satisfaite, elle
réfère à la commission. C'est cela?
M. BOIVIN: Aux Affaires municipales. M. DEMERS: La Commission
municipale.
M. BOIVIN: Aux Affaires municipales d'abord.
M. DEMERS: Pas d'abord.
M. BOIVIN : La Commission municipale c'est pour les cas en appel.
M. PAUL: II va falloir changer le rôle d'appel de la Commission
municipale. Vu les pouvoirs qui sont donnés maintenant au ministre, il
devient indécent et impensable que le ministre soit censuré par
la Commission municipale.
M. DEMERS: Cela n'allait pas mal dans le temps...
M. GOLDBLOOM: Sauf là où les municipalités peuvent
présenter leurs projets d'emprunt, c'est une autre chose.
LE PRESIDENT: (M. Giasson): L'article 32.
M. GOLDBLOOM: A l'article 32, M. le Président, au dernier
alinéa qui parait à la page suivante, il y a justement une
modification à apporter.
M. PAUL: Est-ce que vous faites disparaître la virgule?
M. GOLDBLOOM: Non. Puisqu'il s'agit d'une ordonnance du ministre et
cette ordonnance doit comporter des éléments de coûts
sûrement, il faut savoir combien cela va coûter; c'est la
responsabilité du ministre avant d'émettre une telle ordonnance
de savoir combien le travail pourrait coûter. Pour prévoir la
possibilité d'un appel à la Commission municipale nous
proposerions de dire: Dans tous ces cas, le directeur peut, en
conformité aux normes établies par règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil, établir le coût et la
répartition du coût des ouvrages. Il y aurait ensuite appel
à la Commission municipale.
M. PAUL: Conformément aux règlements adoptés par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Il n'a pas le pouvoir discrétionnaire,
sauf qu'il joue un rôle administratif et de surveillance.
M. DEMERS: Et d'exécutant. M. GOLDBLOOM: Oui.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que l'article 32 serait
adopté?
M. PAUL: Tel qu'amendé.
M. GOLDBLOOM: Oui, tel qu'amendé.
M. PAUL: Est-ce que vous avez l'amendement?
M. GOLDBLOOM: Au dernier alinéa, il faudrait lire: "Dans tous ces
cas..."
M. PAUL: Après l'article 32?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Au dernier alinéa.
M. GOLDBLOOM: C'est le dernier alinéa de l'article 32. "Dans tous
ces cas, le directeur peut, en conformité avec les normes
établies par règlements du lieutenant-gouverneur en conseil,
établir..." etc.
M. PAUL: Vous mettez le mot "règlement" au pluriel.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Après le lieutenant-gouverneur,
virgule, établir...
M. GOLDBLOOM: Etablir le coût et la répartition; le texte
existant.
M. DEMERS: Vous aviez dit avant: Aux normes établies par
règlements.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. DEMERS: Vous avez deux "établir" de suite. Fixer? C'est
acceptable?
M. PAUL: Les normes arrêtées par le lieutenant-gouverneur
en conseil pour éviter la répétition du terme
établir. Est-ce que ça vous va, messieurs?
M. GOLDBLOOM: Les normes arrêtées par règlements du
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. OSTIGUY: C'est donc qu'on biffe les mots "la Commission municipale
peut dans tous ces cas".
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y a un appel? Après le directeur, il y a
un appel à la Commission municipale.
M. GOLDBLOOM: Exactement.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 33.
M. DEMERS: Cela vise les travaux en commun pour différentes
municipalités.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté? M. DEMERS: Un instant, s'il
vous plaît.
Telle entente prévoit la constitution d'un comité
intermunicipal... C'était une constitution d'un comité
intermunicipal sans but lucratif.
M. PAUL: Pourquoi garder la traduction anglaise "lequel" (which)
plutôt que le pronom "qui" peut être chargé
d'exécuter? Troisième ligne: Telle entente peut prévoir la
constitution d'un comité intermunicipal "qui" peut être
chargé d'exécuter... plutôt que "lequel" peut être
chargé...
M. GOLDBLOOM: Certainement. M. DEMERS: Cela relève du bill
63.
M. GOLDBLOOM: On n'aurait pas besoin de la virgule, je pense.
M. PAUL: Non.
M. DEMERS: Ou d'usines de traitement d'eaux. Doit dire "des eaux" ou
d'eaux"?
UNE VOIX: Ce serait mieux "des eaux".
M. GOLDBLOOM: Les légistes et linguistes me disent que les deux
formules sont acceptées. C'est une question de goût.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce adopté?
M. DEMERS: Que ferez-vous avec des eaux...
M. PAUL: Les deux termes sont acceptables.
M. BOIVIN: C'est le ministre responsable de l'environnement, ce n'est
pas le ministre des Affaires municipales.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. BOIVIN: Les Affaires municipales n'ont pas d'affaire... disons que
deux municipalités...
M. PAUL: Autant que possible, on l'évite parce qu'il parle trop.
Il peut y avoir affaire une journée, et le lendemain ne pas y avoir
affaire. Le législateur préfère un ministre qui agit. Ce
serait adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 34.
M. GOLDBLOOM: A l'article 34, M. le Président, au premier
alinéa: "Le ministre qui peut, après enquête, obliger, dans
la mesure où il le juge nécessaire, toute personne à
construire, agrandir, rénover un système d'aqueduc,
d'égout, de traitement ou de pré-traitement des eaux ou à
le raccorder à un réseau municipal."
Je suggère, parce que dans le deuxième alinéa on
parle d'autre chose, on parle de conformité aux normes établies
par le lieutenant-gouverneur en conseil, que l'on en fasse un nouvel article
que nous pourrions appeler, pour l'instant, 34 a) et dire "le directeur peut
annuler", puisque c'est lui, de toute façon, qui a émis
l'autorisation.
M. DEMERS: Est-ce le ministre qui va annuler ou le directeur?
M. GOLDBLOOM: Nous suggérons que ce soit le directeur, parce que
c'est en conformité aux normes. S'il constate que ce n'est pas conforme
il dit non.
M. BOIVIN: Et l'on conserve toujours le droit d'appel à la
Commission municipale pour tous ces articles.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Seulement la numérotation. A 34.
M. GOLDBLOOM: A l'article 34, le deuxième alinéa
deviendrait...
M. PAUL: Excusez, M. le premier ministre. Excusez.
M. GOLDBLOOM: Merci.
M. PAUL: C'est formidable l'expression que je viens d'employer. A
l'article 34, je voudrais signaler au président qu'il y a
nécessité de changer...
M. DEMERS: On comprend quelque chose maintenant.
M. PAUL: ... le mot "directeur" par "ministre".
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. PAUL: Au premier paragraphe de 34.
M. GOLDBLOOM: Au premier paragraphe de l'article 34, c'est "le
ministre". Le deuxième alinéa devient 34 a) et se lit: "Le
directeur peut annuler..."
UNE VOIX: On enlève "de plus". M. PAUL: Oui.
M. GOLDBLOOM: Parce que ce n'est pas la même chose.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le directeur peut annuler toute autorisation
accordée... le reste demeure nul.
M. DEMERS: Quel sera le droit de recours de la municipalité? A la
Commission municipale.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que l'article 34 serait
adopté?
M. BOIVIN: Est-ce qu'il peut annuler une ordonnance du ministre, de la
commission?
M. GOLDBLOOM: Non. IL ne peut annula-que sa propre autorisation
déjà donnée.
M. BOIVIN: En vertu de l'article 29, oui.
M. DEMERS: Ce ne sera pas lui qui l'aura ordonnée,
M. PAUL: II l'aura ordonnée, conformément au
règlement du lieutenant-gouverneur en conseil et non pas, comme
autrefois, en vertu d'un pouvoir discrétionnaire ou arbitraire.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 34. Adopté?
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 34 a). Adopté?
M. PAUL: Adopté.
M. GOLDBLOOM: Il faudra donc modifier l'article 35 pour qu'il se lise:
Dans le cas où le directeur annule une autorisation en vertu de
l'article 34 a)... Ou serait-il préférable d'intervenir un peu et
de dire: Dans le cas où le directeur, en vertu de l'article 34 a),
annule une autorisation...? Ce serait une meilleure phraséologie.
M. DEMERS: Cela veut dire exactement que le type qui exploite un
réseau d'aqueduc ne peut percevoir de contribution des
abonnés.
M. GOLDBLOOM: C'est cela, il perd son droit de percevoir des frais.
M. PAUL: Que vient faire le mot "honoraires" dans cet article? C'est un
droit, ce ne sont pas des honoraires.
M. BOIVIN: Dans la négociation, il y aura des professionnels?
M. GOLDBLOOM: Nous ne trouvons pas le mot indispensable.
M. BOIVIN: Dans la négociation, il y aura des avocats, des
ingénieurs; donc, pour les avocats c'est considéré comme
des honoraires.
M. GOLDBLOOM: C'est la perception de quelque chose des contribuables, ou
bénéficiaires du système. Ces personnes n'auraient pas le
droit à des honoraires strictement.
M. PAUL: Les honoraires, elles vont les réclamer de la
municipalité.
M. BOIVIN: Disons qu'il y a deux municipalités qui ont
négocié et on supprime...
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas ce qui est touché par cet article.
M. DEMERS: Le système établi, c'est un cas...
M. BOIVIN: Je comprends, mais il y a déjà des frais des
négociations antérieures.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Cela se rapporte aux contribuables...
M. DEMERS: L'article 35, c'est simplement pour les abonnés du
système.
LE PRESIDENT (M. Giasson): ... et aux bénéficiaires du
système et non pas aux gens qui sont à l'extérieur.
M. DEMERS: On ne peut pas appeler ça des honoraires.
M. PAUL: Ce sont les abonnés au système.
M. BOIVIN: Je vois une négociation antérieure entre deux
municipalités et un moment donné, elles annulent.
M. GOLDBLOOM: Voici ce que l'article veut dire: C'est surtout le
propriétaire d'un réseau privé d'aqueduc qui est
visé; s'il perd son autorisation, il perd en même temps le droit
de percevoir des frais des contribuables, des abonnés à son
système.
M. BOIVIN: Je vois autre chose que cela. Je vois deux
municipalités qui ont fait des négociations, des dépenses
pour les services d'ingénieurs, d'avocats, ainsi de suite; à un
moment donné, le directeur supprime l'entente qu'il aurait pu y avoir
entre ces deux municipalités et des frais se sont donc accumulés
qui doivent être payés et qui doivent être
considérés par la fixation des coûts.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense que, s'il y a litige, les
tribunaux vont trancher ce litige, mais ce n'est pas aux contribuables ou aux
bénéficiaires du système à payer ces honoraires.
Ils n'auraient plus le service...
M. BOIVIN: Toutes ces choses entrent dans les coûts du
service.
M. DEMERS: Oui, dans les coûts de service, dans le tarif de
l'abonnement.
M. BOIVIN: Oui.
M. DEMERS: Oui, mais il n'a plus le droit de le percevoir, cela
règle le cas. C'est une radiation.
M. GOLDBLOOM: II me semble que...
Nous aurons toujours l'article en vertu duquel l'autorisation aurait
été émise, mais pas l'article qui porte sur les ententes
intermunicipales.
Il me semble normal que le propriétaire d'un réseau
privé d'aqueduc calcule ses taux pour couvrir ses dépenses. Si
ses dépenses comprennent des honoraires d'avocats ou autres, il est
normal qu'il calcule ses taux pour les couvrir, parce que ce n'est pas à
perte qu'on peut lui demander d'exploiter le système. Mais si la
qualité de son service est telle que nous sommes obligés de lui
retirer son permis, dès ce moment-là, nous lui retirons, en
même temps, son droit de percevoir des sommes d'argent des
abonnés.
M. BOIVIN: Qui nous dit que l'article 35 est fait pour des exploitants
privés? Moi, je vois toujours deux municipalités.
M. PAUL: C'est en référence à l'article 34a).
M. GOLDBLOOM: Cet article fait allusion à l'article 29 qui porte
sur des systèmes individuels mais non pas sur des ententes
intermunicipales, pas nécessairement privées, il ne faut pas que
j'induise le député en erreur.
M. DEMERS: M. le Président, dans un tel cas d'annulation de
permis, s'il y a un montant d'exigé pour un permis, est-ce qu'on va
remettre l'argent ou si ça va être confisqué?
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse, M. le Président, j'ai
été distrait un instant.
M. DEMERS: Dans un cas d'annulation de permis, nous avions vu, dans un
article antérieur, qu'il y aurait peut-être des honoraires
exigés pour avoir un permis. Est-ce qu'on remettrait à
l'exploitant l'argent qu'il aurait versé pour obtenir ce permis?
M. PAUL: Ceci relèverait de la loi des petites créances.
On va s'adresser aux tribunaux.
M. DEMERS: Mais ça devrait être exactement la même
chose que quand un type perd son permis de conduire une automobile, on ne lui
remet pas son argent.
M. PAUL: Ce n'est pas pareil, c'est parce que c'est le détenteur
lui-même qui a commis une infraction. Tandis que, dans le présent
cas, ce ne sera pas l'abonné qui pourrait se voir reprocher par le
directeur l'utilisation du système. C'est le propriétaire...
M. DEMERS: Je ne parle pas de l'abonné, je parle du
propriétaire d'aqueduc qui a un permis du directeur pour exploiter un
réseau d'aqueduc.
M. GOLDBLOOM: II me semble que c'est une action assez grave que de
retirer le permis d'exploitation d'un réseau d'aqueduc. Les motifs
invoqués par le directeur pour le faire devraient être des motifs
très sérieux. Dans un tel cas, il me semble que, si le
propriétaire avait été de bonne foi, il n'aurait pas
encouru la pénalité imposée par le directeur par le
retrait du permis. Si le permis lui est retiré, ce sera
généralement parce que les conditions d'exploitation auront
laissé à désirer et, dans ce cas-là, je ne vois pas
pourquoi on lui remettrait le montant payé s'il y en avait eu un.
M. DEMERS: Je posais la question.
M. PAUL: D'un autre côté, je suis sûr que le
directeur, à ce moment-là, verra à établir un
nouveau service le plus rapidement possible pour satisfaire aux besoins des
abonnés de l'ancien propriétaire du système.
M. GOLDBLOOM: A ce moment-là, ce serait probablement le ministre
qui interviendrait et...
M. PAUL: Sans doute aussi avant que le permis d'exploitation soit
suspendu ou révoqué, des mesures auront été prises
pour remplacer immédiatement le permis que l'on veut retirer.
M. GOLDBLOOM: II me semble que c'est la logique même.
M. BOIVIN: Ordinairement, quand le système est valable, il y a
une négociation avec la municipalité. Quand il n'est pas valable,
c'est parce qu'il est insuffisant. Les usagers sont obligés de reprendre
les travaux et de refaire un autre aqueduc.
M. GOLDBLOOM: Oui, comme vient de dire le député de
Maskinongé, il aurait fallu prévoir une solution de rechange.
Autrement, on laisserait des citoyens sans approvisionnement d'eau.
M. OSTIGUY: Mais est-ce qu'il demeure encore plusieurs compagnies
privées d'aqueduc au Québec?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Les compagnies sont plutôt rares, ce sont des exploitants
privés.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Avant de passer à un autre article,
pourriez-vous me relire le dernier texte?
M. GOLDBLOOM: Oui. "Dans le cas où le directeur, en vertu de
l'article 34 a), annule une autorisation,"il ne peut être
perçu..." et on continue à la quatrième ligne.
M. DEMERS: Avec l'autorisation du ministre, naturellement. En vertu de
l'article 34 a).
M. GOLDBLOOM: Oui. Avec votre permission, j'aimerais revenir pour un
instant à l'article 34 a) où il est fait mention de l'article 29.
Les légistes portent à mon attention le fait qu'à
l'article 40, il y a également des autorisations qui seraient
données pour des systèmes existants et qu'il faudrait ajouter
à l'article 34 a) une allusion à l'article 40
également.
M. PAUL: Alors, en vertu des articles 29 et 40.
M. GOLDBLOOM: En vertu des articles 29 et 40.
M. DEMERS: II ne peut pas y avoir les deux articles.
M. GOLDBLOOM: Ce serait l'article 29 ou l'article 40.
M. DEMERS: L'un ou l'autre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que l'article 35 est
adopté?
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 36.
M. DEMERS: Est-ce que ce sont réellement les articles 31 et 32?
Il n'y en a pas d'autres.
M. BOIVIN: Il n'y a pas de référendum?
M. DEMERS: Dans une ordonnance, il n'y a pas de
référendum.
M. BOIVIN: Non, mais une municipalité... M. GOLDBLOOM:
Excusez-moi.
M. BOIVIN: Je sais que l'ordonnance enlève le
référendum, mais une municipalité obligée...
M. GOLDBLOOM: Personne. D'accord.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté?
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 37.
M. GOLDBLOOM: Selon l'article 37, ce serait le ministre qui autoriserait
la municipalité à acquérir ou à exproprier.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Avec l'autorisation du ministre?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Et on fait disparaître la virgule.
M. GOLDBLOOM: Non, la virgule est toujours nécessaire.
M. PAUL: C'est un pouvoir beaucoup plus nécessaire dans ce cas
que le pouvoir que veut obtenir la ville de Sherbrooke par son projet de loi
94.
M. OSTIGUY: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. Article 38.
M. GOLDBLOOM: II y a deux allusions au directeur. La première
devrait demeurer. La deuxième devrait être changée par le
mot "ministre..."
M. PAUL: Vous faites disparaître le "d"'. "... pour l'exploitation
d'un aqueduc, égout ou une usine de traitement..." Vous ajoutez le
"d"'.
M. GOLDBLOOM: Nous l'ajoutons.
M. PAUL: "... exploitation d'un aqueduc...
M. GOLDBLOOM: ... d'un égout..."
M. PAUL: Très bien.
M. LEGER: Est-ce que vous avez dit que vous remplacez "directeur" par
"ministre" aussi dans cet article 38?
M. GOLDBLOOM: A la deuxième allusion, dans la quatrième
ligne avant la fin.
M. LEGER: "... avec l'autorisation du ministre..." au lieu de "...
directeur..."
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que l'article 38 serait
adopté?
M. GOLDBLOOM: Dans le premier cas, c'est la municipalité; dans le
deuxième cas, c'est la personne qui exploite un réseau. C'est un
pouvoir que l'on voudrait exercer très rarement, mais il se peut qu'un
système privé qui donne un excellent service veuille
étendre son service à d'autres abonnés et se trouve dans
l'impossibilité de le faire parce que le propriétaire ne peut
acquérir les terrains.
M. BOIVIN : Est-ce que l'on donne ailleurs le droit à un individu
d'exproprier à son profit?
M. GOLDBLOOM: C'est avec l'autorisation du ministre
évidemment.
M. DEMERS: Mais cela peut devenir fort.
M. BOIVIN: Pourquoi est-ce qu'on n'exigerait pas que la
municipalité prenne ce réseau-là dans ce
cas-là?
M. GOLDBLOOM: Si la municipalité ne veut pas et que le
propriétaire est disposé à le faire mais qu'il y a un
monsieur qui refuse de collaborer, de vendre son terrain de gré à
gré?
M. BOIVIN: Je trouve cela dur l'expropriation.
M. PAUL: C'est un pouvoir extraordinaire, mon cher collègue, mais
d'un autre côté, supposons qu'un propriétaire refuserait un
droit de passage et que le propriétaire du système en ait
nécessairement besoin.
M. DEMERS: C'est un homme qui dessert une collectivité.
M. PAUL: C'est cela.
M. GOLDBLOOM : C'est un service public et pour d'autres services publics
comme les chemins de fer, le gaz, il y a un tel pouvoir qui existe.
M. PAUL: La qualité de la personne n'entre pas en ligne de
compte, ce sont les fins que l'on veut atteindre, que l'on doit
considérer.
M. GOLDBLOOM: Et c'est le ministre qui doit l'approuver.
M. GRATTON: Est-ce que je pourrais demander au ministre, quand on parle
d'exproprier cette source ainsi que les immeubles, si cela inclut
également d'obtenir les servitudes nécessaires, le droit de
passage, etc?
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 38 serait adopté. Article
39?
M. OSTIGUY: Cela voudrait donc dire, M. le Président, que
les...
M. DEMERS: Le député de Lafontaine ne réagit pas
contre l'article 39?
M. OSTIGUY: En vertu de l'article 39, une personne pourrait exploiter ou
construire un réseau de...
M. GOLDBLOOM: La municipalité pourrait s'adresser à
l'entreprise privée et, avec un contrat approuvé par le ministre,
permettre à cette entreprise privée de fournir le service...
M. PAUL: C'est du capital investi, c'est une franchise qu'elle obtient.
Je pense que c'est nécessaire surtout si la municipalité ne veut
pas.
M. OSTIGUY: On voit de moins en moins cela tout de même.
M. GOLDBLOOM: D'accord.
M. PAUL: Surtout avec la fusion municipale qui s'en vient à plus
ou moins brève échéance.
M. DEMERS: Là, il y a moratoire.
M. PAUL: Là, il y a moratoire, excepté qu'il y en a qui
vont se réveiller...
M. DEMERS: Je pense que ça va se relâcher.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si l'on me demandait quelle est la
politique du gouvernement, je répondrais que la politique du
gouvernement est que le service d'approvisionnement en eau doit être un
service public et être assumé par les municipalités de
préférence. Mais là où il y a un bon service
privé, il ne serait pas décent, à mon avis, de faire
disparaître ce service; si le propriétaire d'un réseau
privé a bien travaillé, bien desservi ses abonnés, on
n'aurait pas de raison de le priver de son commerce; si l'on approuve la
qualité du service et si une municipalité, dans son jugement,
préfère s'adresser à l'entreprise privée, je pense
que c'est normal.
M. DEMERS: Vous autres, vous laissez cela à l'entreprise
privée, comme parti politique.
M. BOIVIN: Qu'est-ce qui arriverait après 25 ans, est-ce que ce
serait renouvelable?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. BOIVIN: Est-ce qu'on peut dire qu'un système d'aqueduc serait
là dans 25 ans? Il faudrait qu'il y ait un renouvellement pour
qu'après 25 ans cela tombe et que cela revienne...
M. PAUL: II faudrait construire en plastique. Cela coûte moins
cher.
M. BOIVIN: II faudrait qu'il y ait un renouvellement automatique.
M. GOLDBLOOM: Je pense que le renouvellement ne peut être
automatique. C'est justement pour cette raison qu'on prévoit une limite
de 25 ans, pour obliger la révision de l'entente, ou du contrat, et voir
si on veut continuer selon les mêmes conditions.
M. DEMERS: II y a tellement de choses qui changent durant une
période de 25 ans.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. PAUL: Durant ces 25 ans, il y aura toujours cette possibilité
pour le propriétaire, ou pour la compagnie exploitant le service, de
faire modifier son tarif suivant la hausse du coût de la vie.
M. GOLDBLOOM: Ou de renégocier une entente. Le renouvellement
n'est point exclu, au contraire. On ne se prononce pas sur lui.
M. DEMERS: II y a aussi une chance de changer de ministre.
M. PAUL: On aura peut-être alors trouvé le bilan.
M. DEMERS: II y aura ça. Adopté, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 39. Adopté. Article 40.
M. GOLDBLOOM: Couvrir peut-être les situations où il n'y
aurait pas...
M. PAUL: C'est pour maintenir ou corriger des tolérances ou des
exercices d'un droit sans recours.
M. DEMERS: Est-ce que vous étiez obligé, à
l'époque, de présenter des plans et devis?
M. GOLDBLOOM: Oui, parce que, quand on dit que cette personne devrait
soumettre au directeur une demande de permis d'exploitation, il y a les
articles précédents qui établissent les renseignements
à fournir pour obtenir cette autorisation.
M. DEMERS: Cela peut devenir assez difficile pour l'exploitant d'un
réseau privé, qui détient le réseau de son
père, de sortir les plans et devis avec détails.
M. GOLDBLOOM: II faut être raisonnable, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 41. M. PAUL: Toute personne...
M. GOLDBLOOM: Je préfère "quiconque"...
M. DEMERS: Est-ce que ça veut dire que chaque puits
artésien va être vérifié?
M. PAUL: Ce n'est pas un système.
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas un système. On parle ici de
système d'aqueduc ou de traitement des eaux.
M. DEMERS: Mais dans les municipalités où il n'y a pas de
système. Dans le cas d'une municipalité où il n'existe pas
de système d'aqueduc où de traitement des eaux, ces
relevés et analyses doivent être faits et les résultats
doivent être transmis par la municipalité selon les normes
prévues par règlements du lieutenant-gouverneur. Dans les
municipalités où il n'y a pas de système...
M. GOLDBLOOM: C'est cela. Je pense que la réponse doit être
oui.
M. DEMERS: Pour un puits artésien ou n'importe quelle sorte
de.,.
M. GOLDBLOOM: Pour la protection de la santé publique, il faut
que la famille qui puise son eau dans un tel puits sache que c'est aux
municipalités... C'est obligatoire, mais on établira par
règlements la fréquence de ces vérifications. On pourrait
peut-être, dans certains cas, demander seulement deux ou trois
vérifications par année et, dans d'autres cas, quand il s'agit
d'un aqueduc, elles seraient peut-être quotidiennes.
M. BOIVIN: Est-ce que le gouvernement s'engage à faire
lui-même les examens sans frais? Comme cela se fait actuellement.
M. GOLDBLOOM: Je pense que, si la municipalité ou la personne
envoie les échantillons au laboratoire du gouvernement, le gouvernement
fera ces analyses, en principe, sans frais. C'est la tradition. Je ne voudrais
pas m'engager à perpétuer indéfiniment ce régime,
si on trouve que le coût est très élevé et qu'il
faut demander aux gens de participer à le défrayer. Je ne
voudrais pas m'engager jusque-là. Mais la tradition veut que le
gouvernement fasse les analyses gratuitement. Si, par contre, la
municipalité ou la personne préfère s'adresser à un
laboratoire privé qui doit quand même être reconnu par le
ministre, je pense que c'est à cette personne ou à cette
municipalité de payer le laboratoire et d'envoyer les rapports. Ce qui
veut dire que la majorité enverra ses échantillons au
gouvernement, et c'est normal.
M. BOIVIN: Le gouvernement le ferait indifféremment pour
l'entreprise privée comme pour la municipalité?
M. GOLDBLOOM: II s'agit de protéger la santé publique, M.
le Président. Je ne vois pas pourquoi nous ferions la distinction, que
l'eau soit fournie par l'entreprise privée ou par un service totalement
public. Ce sont des Québécois qui la boivent et qui doivent
être assurés de la qualité de cette eau.
M. LEGER: A l'article 41, il s'agit d'un système d'aqueduc ou de
traitement des eaux, qu'il soit municipal ou qu'il soit d'entreprise
privée, dans les deux cas, on doit faire rapport de l'analyse qu'on a
faite soi-même.
S'il n'y en a pas, ils doivent quand même vous soumettre des
relevés pour que le laboratoire provincial fasse... Est-ce que ce n'est
pas encourager le fait que les municipalités ne
prennent pas cette responsabilité puisqu'elles peuvent faire
faire ce travail par le gouvernement?
M. BOIVIN: Ce sont les inspecteurs qui vont faire les
prélèvements.
M. GOLDBLOOM: C'est cela, M. le Président. Nous faisons ce
travail présentement. Il ne m'offusquerait point que les
municipalités en profitent dans les deux sens: le sens de la
vérification, du service de vérification offert par le
gouvernement, et le sens financier aussi.
M. DEMERS: J'admets avec le ministre qu'actuellement le
ministère, le service d'hygiène, fait ce travail. Mais il le fait
sur demande. Je parle des réseaux privés. Est-ce que le ministre
a envisagé ce que ce sera si cela devient obligatoire? Dans une
municipalité où il y a 150 puits artésiens? C'est le seul
système d'alimentation en eau. Il y aurait un prélèvement
et il n'y a aucun système d'égout. La loi dit qu'ils seront
obligés de produire un rapport sur le traitement des égouts
qu'ils ne traiteront pas.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, nous avons fait cette année
un relevé de tous les puits, ou à peu près tous les puits,
dans trois comtés de l'ouest du Québec. Le quatrième est
à être complété présentement. Nous avons eu
la collaboration du gouvernement fédéral pour ce faire. Le
gouvernement fédéral a fourni gratuitement les services de
laboratoire pour les analyses. Nous vérifions présentement.
C'était notre initiative et le gouvernement fédéral a
offert des services de laboratoire pour nous aider dans l'accomplissement de ce
travail. Présentement, nous vérifions je dirais, en
chiffres ronds 80 p.c. des aqueducs municipaux au Québec. Nous
serions prêts à en faire d'autres, mais les autres
municipalités ne nous envoient pas d'échantillons. Il faut que
ces municipalités soient obligées de nous envoyer des
échantillons ou des rapports de laboratoires reconnus. Nous avons des
correctifs à apporter à certains systèmes d'aqueduc. Il
n'y aura pas moyen d'établir au Québec les normes reconnues sur
le plan canadien ou international sans avoir cette obligation à
l'endroit des municipalités et des personnes.
M. DEMERS: A propos de l'équipement dont dispose le
ministère actuellement comme laboratoire d'analyse des eaux, est-ce
qu'il y a autre chose que ce qu'il y avait sur la rue Saint-Hubert à
Montréal? Est-ce qu'il y a d'autres endroits dans la province ou faut-il
tout canaliser dans ce coin-là?
M. BOIVIN: A l'occasion de l'incendie qu'il y a eu au laboratoire
provincial, on a eu des difficultés.
M. GOLDBLOOM: Oui, mais...
M. BOIVIN: Les laboratoires ont été remplacés.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. Les laboratoires sont principalement à
Rivière-des-Prairies et...
M. BOIVIN: Ici, à Sainte-Foy, il y a des laboratoires.
M. GOLDBLOOM: Oui, il y a des laboratoires ici aussi. Nous avons
divisé la province en deux secteurs. L'est de la province envoie ses
analyses à Sainte-Foy; l'ouest, à Rivière-des-Prairies. Je
ne suis pas entièrement satisfait de cette situation. Dans les
régions qui sont relativement éloignées, le temps de
transport et de retour des rapports laisse à désirer. Je voudrais
régionaliser davantage.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: Le ministre nous a parlé de la grande collaboration
qu'il recevait des autorités fédérales, du gouvernement
fédéral, dans ce travail de vérification, d'analyse.
Est-ce que le ministre demeure aussi confiant à la suite de la nouvelle
théorie émise par l'honorable premier ministre du Québec
qui préfère changer le fédéralisme rentable en un
"provincial power"?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, nous avions, cet
été, un problème aigu et immédiat dans l'ouest du
Québec. Nous avons obtenu la collaboration du gouvernement
fédéral qui a ses laboratoires de l'autre côté de la
rivière. Nous ne comptons pas là-dessus. Nous sommes prêts
à assumer nos responsabilités dans ce domaine.
M. DEMERS: C'était Power Corporation et là, c'est
Provincial Power.
M. PAUL: C'est Provincial Power.
M. DEMERS: J'ai de la difficulté à m'adapter à tous
ces pouvoirs-là.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 41 est-il adopté?
M. PAUL: Il est rendu au lunch.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que votre question avait trait
à l'article 41?
M. PAUL: II prend son "break" syndical.
M. DEMERS: II va nous faire un grief et ce ne sera pas long.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 42. Si vous avez quelque chose
à dire, vous le direz.
M. DEMERS: Une minute, s'il vous plaît. A l'article 41.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Cela va pour l'article 41? C'est
terminé pour le député de Saint-Maurice?
M. DEMERS: Un instant.
M. PAUL: Tu es bien "slow" ce matin.
M. DEMERS: Je ne suis pas "slow". Il faut les surveiller.
M. GOLDBLOOM: The abominable slow man.
M. BOIVIN: En fait, c'est une définition de l'eau potable.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Est-ce que vous avez appelé l'article 42?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Oui. M. PAUL: Vous l'avez appelé.
Excusez.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 41 est adopté.
M. DEMERS: Je voudrais connaître la façon dont on
procédera pour classifier les eaux. Est-ce qu'on établiera la
dureté, la "turpitude", l'alcalinité des eaux? Quelle sera votre
classification? Les eaux douces, les eaux sèches. C'est comme pour le
savon, celui qui savonne, celui qui ne savonne pas.
M. GOLDBLOOM: Ce serait en collaboration avec le ministère des
Richesses naturelles qui doit classifier les eaux pour d'autres fins. Je pense
qu'il y a une coordination à faire quant à la classification des
eaux, mais ici c'est évidemment pour des fins de contrôle de la
qualité de l'eau. Donc, cela pourrait porter sur...
M. DEMERS: C'est sur le plan qualitatif chez vous.
M. GOLDBLOOM: C'est la distinction qui se fait.
M. PAUL: Maintenant, au paragraphe b): "Définir des normes de
qualité et de température de l'eau". Est-ce que le ministre
conviendra que c'est difficile de...?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, au contraire; c'est un point
soulevé par le député de Maskinongé dans son
discours de deuxième lecture et je pense qu'il en sous-estime
l'importance. Dans ce paragraphe se trouve tout le problème des
centrales nucléaires, par exemple, qui, en produisant de
l'électricité par la transformation de l'énergie
nucléaire en énergie électrique, dégagent une
chaleur très considéra- ble et ne peuvent recevoir la permission
de déverser leurs eaux résiduaires très chaudes dans des
cours d'eaa II faut un refroidissement. On a constaté que la
différence de température d'un degré Farenheit modifie
considérablement la vie biologique du cours d'eau, modifie
considérablement la présence de poissons ou d'autres
espèces. Il faut protéger les eaux en fonction de leur
température.
M. DEMERS: Un degré, ne trouvez-vous pas que c'est assez fort? Je
pense que cela peut changer d'une journée à l'autre, d'une
époque à l'autre. L'eau peut changer dans un lac.
M. GOLDBLOOM: Assez peu d'une journée à l'autre, M. le
Président; peu au cours d'une journée. H faut distinguer la
température à tous les niveaux et la température de
surface qui peut varier, mais à quelques pouces de la surface. Il n'y a
que très peu de variations, cela selon la saison.
M. PAUL: Si le ministre se rappelle, dans mon discours de
deuxième lecture, je n'ai pas négligé le problème.
J'en ai été quelque peu surpris et j'ai même
signalé, dans mes remarques... J'ai fait une référence aux
piscicultures, si le ministre se souvient. Ce n'est pas pour rien que je l'ai
fait. Dans mon comté, il y a deux piscicultures importantes. L'une est
exploitée par je le dis en toute franchise, sans arrière
pensée la famille des Simard, au lac à l'Eau Claire. Il y
a une autre pisciculture qui est exploitée par un dénommé
Béland. Cette dernière pisciculture deviendra avant longtemps la
plus grande pisciculture naturelle au monde. D ne faudrait pas qu'on aille
déranger le cycle de l'eau parce que les experts savent, à un
moment donné, qu'à telle heure du jour il faudra que l'eau
circule d'une façon constante, continue, et à certaines heures du
jour on est obligé de donner de l'eau à 45 degrés au mois
de juillet et à cinq heures on sera obligé de donner de l'eau
à 55 degrés. Il y a également la pisciculture Elliot. Il y
a trois piscicultures chez nous d'une très grande importance. Il ne
faudrait pas que le lieutenant-gouverneur en conseil aille, justement,
déranger le cycle biologique nécessaire pour ces
piscicultures.
M. GOLDBLOOM: Je suis pleinement d'accord, M. le Président. C'est
le but visé par le paragraphe en question et il faudra par contre
et c'est justement ce qu'on veut faire protéger ces piscicultures
contre la présence d'une industrie qui, en un mot, par ces
déversements modifierait la température de l'eau.
M. DEMERS: Est-ce que le ministre ne pense pas qu'il devrait jeter un
regard sur l'oxygénation de l'eau?
M. GOLDBLOOM: Certainement.
M. DEMERS: Parce que là, vous parlez de la température,
vous parlez de la qualité aussi, d'accord.
M. BOIVIN: C'est pour cela qu'au paragraphe b), j'ajouterais, justement
dans l'idée du député de Saint-Maurice: "Définir
les normes de la qualité physique et chimique". Rementionner par exemple
la température de l'eau même si c'est une qualité physique,
définir des normes de qualité physique et chimique.
M. DEMERS: C'est parce que le fluor s'en vient.
M. GOLDBLOOM: Je trouve heureuse la suggestion du député
de Dubuc. Il serait peut-être bon d'élargir davantage et parler de
la qualité physique, chimique et biologique de l'eau.
M. BOIVIN: Et biologique, oui.
M. GOLDBLOOM: Laisser tomber "température" parce que c'est
physique, cela.
M, BOIVIN: On pourrait le mentionner quand même, mais si c'est une
qualité physique, à cause des centrales nucléaires ou
mentionner quand même quelque chose sur les centrales nucléaires
d'une autre façon.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. BOIVIN: Je pense qu'on ne devrait pas le laisser tomber.
M. LEGER: Aussitôt qu'on parle de température, c'est cette
partie-là...
M. GOLDBLOOM: C'est physique.
M. DEMERS: C'est physique, vous couvrez les centrales
nucléaires.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
Alors, on dirait: "Définir des normes de qualité physique,
chimique et biologique de l'eau selon les différents usages".
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 42 b)?
M. GOLDBLOOM: Oui. M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 42 c).
M. BOIVIN: Est-ce que ce serait au gouvernement de définir
aujourd'hui l'eau potable? Qu'est-ce que c'est que l'eau potable? La
définition exacte. Je comprends que c'est l'article 42, mais il n'y
aurait pas quelque chose qu'on pourrait inclure? Ne pourrait-on pas inclure une
définition? On voit dans d'autres lois des principes qu'on émet
avant la loi?
M. GOLDBLOOM: Il me semble que si on définit des normes de
qualité de l'eau, selon les usages auxquels l'eau peut être
attribuée...
M. DEMERS: Cela peut être subjectif aussi.
M. GOLDBLOOM: Oui, dans certains cas.
D y a également le paragraphe d) qui parle de déterminer
des normes de qualité pour toute source d'alimentation.
M. DEMERS: Les normes de qualité pour tous services
d'alimentation en eau, ce sera déterminé par
règlement.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. DEMERS: Cela est couvert dans le paragraphe b). Non pas la
définition de l'eau potable, mais si on respecte le paragraphe d)
intégralement, on aura de l'eau potable.
M. BOIVIN: Et les eaux des égouts, ce n'est pas...
M. GOLDBLOOM: Si, M. le Président, il faut déterminer le
degré de traitement...
M. DEMERS: Lorsqu'on rejette ces eaux, il faudra avoir la certitude
qu'elles ne sont pas contaminantes.
M. GOLDBLOOM: On parlait tout à l'heure d'oxygénation, on
peut s'intéresser à l'oxygène résiduaire dans les
eaux-vannes après traitement. C'est une considération
importante.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que les membres de la commission sont
rendus à l'alinéa d)?
M. DEMERS: Nous sommes à l'alinéa c), nous sortons du
paragraphe c).
M. PAUL: Le paragraphe c), adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le paragraphe d).
M. DEMERS: Etendue d'eau souterraine, comment peut-on polluer? Ce serait
par les expériences thermonucléaires, quoi?
M. GOLDBLOOM: Les eaux souterraines peuvent être
contaminées par des fosses septi-ques et des puisards...
M. DEMERS: D'accord, je n'y avais pas pensé.
M. GOLDBLOOM: ... ou par des forages de n'importe quelle sorte, par
l'exploitation de dépotoirs.
M. PAUL: De gaz... D'un poste d'essence...
M. DEMERS: C'est normal, je suis d'avis que ça devrait être
adopté.
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. Paragraphe e).
M. DEMERS: Nous avons accepté, il a envoyé des
résultats sur ça. Il faut avoir une façon de travailler.
Est-ce que le ministre va contrôler les types de savons et ces
choses-là?
M. GOLDBLOOM: II faudra aller jusque là, M. le Président;
c'est une action déjà entreprise par le gouvernement
fédéral qui est sur le point de publier de nouvelles normes sur
les savons et les détergents.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Paragraphe f). Adopté. Paragraphe
g).
M. PAUL: Adopté.
M. DEMERS: C'est cette...
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. DEMERS: C'est très important.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le paragraphe g) serait-il également
adopté?
M. PAUL: Oui, adopté.
M. DEMERS: Paragraphe h). Une étude était rapportée
dans un journal sur la qualité de ces eaux avec la teneur... C'est assez
inquiétant. Les eaux de régime...
M. GOLDBLOOM: Nous surveillons ces eaux de près, M. le
Président. J'aurai des renseignements à fournir là-dessus,
pas plus tard qu'au début de la semaine prochaine.
M. DEMERS: Parce que nous avons des analyses qui ont été
faites; certaines eaux de régime nous arrivent de l'extérieur qui
ont 7.80 de fluor par million. Cela s'appelle l'eau de Vichy.
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président...
M. DEMERS: Cela va prendre de bons estomacs tantôt.
M.PAUL: Peut-être qu'on va être moins sévère
quant à la marque de commerce.
M. DEMERS: Vichy Célestin, 7.20 et ce résultat a
été confirmé par votre ministère en plus, à
la suite d'une étude.
M. GOLDBLOOM: C'est exact, M. le Prési- dent, nous avons
confirmé ce résultat. Nous sommes en communication avec le
gouvernement fédéral et il y aura une déclaration
commune...
M. DEMERS: Pour ma part, les Français, je les aime beaucoup, mais
pour autant qu'ils ne nous empoisonnent pas trop.
M. PAUL: C'est à se demander si Montclair n'est pas
préférable à Vichy.
M. DEMERS: Montclair, j'ai le menu ici, oui: 1.3. Poison seulement
à 1.3. L'autre est poison à raison de 7.20.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Paragraphe h), adopté.
M. DEMERS: Avez-vous des parts dans Vichy, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Exactement.
M. OSTIGUY: Vous avez remarqué que Montclair vient de la
région du Richelieu.
M. DEMERS: Oui monsieur, c'est un endroit que vous ne devez pas
fréquenter parce que l'eau n'est pas polluée.
M. PAUL: Paragraphe h), très bien. Paragraphe i).
M. DEMERS: Paragraphe i): "Régir la production, la vente, la
distribution et l'usage de tout appareil de..." Il y a dans le commerce, M. le
Président, des appareils de purification qui sont d'une
efficacité douteuse. C'est ça que vous voulez contrôler,
soit les "gadgets" et ces bébelles-là?
M. GOLDBLOOM: Absolument.
M. DEMERS: Je donne raison au ministre, c'est important et ça
presse. Il y a des gens qui ont des chalets, des résidences
d'été et qui se reposent avec sécurité sur des
patentes d'épuration qui n'en sont pas.
M. GOLDBLOOM: De valeur très douteuse, c'est cela.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. Paragraphe j).
M. DEMERS: Vous êtes à j)?
LE PRESIDENT (M. Giasson): C'est ça.
M. DEMERS: Prescrire... Pourquoi revient-on là-dessus? Hier, on
avait le contrôle dans la fabrication et là, ça va
être dans l'exploitation.
M. GOLDBLOOM: Ici, il s'agit de la perte d'huile ou d'essence des tuyaux
d'échap-
pement, de l'élimination des déchets qui n'est pas
présentement réglementée et qui n'est pas
surveillée. Des gens jettent par dessus bord n'importe quoi et il n'y a
pas de pénalité ni de norme prévue. Quant aux cabinets
d'aisance, un règlement nous est demandé par nos voisins, par
l'Ontario, par le Vermont où il y a déjà des
règlements de cette nature.
J'ai siégé à un comité
canado-américain qui a étudié cette question et qui a
formulé des recommandations. Il est absolument vrai que, dans bien des
lacs, la quantité de pollution qui peut émaner des embarcations
est minime en comparaison avec les égouts municipaux qui arrivent
à l'autre bout du lac. Cela est vrai. Il faut corriger les deux.
Le fait que l'autre est pire ne nous exempte pas de la
responsabilité de protéger le lac contre la pollution par les
cabinets d'aisance des embarcations.
M. PAUL: Je voudrais bien que le ministre précise cependant qu'il
n'a pas siégé à Portland là-dessus.
M. GOLDBLOOM: Non. A Washington.
M. DEMERS: Ce n'était pas à Kennebunk.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Paragraphe j), adopté. Paragraphe
k).
M. PAUL: Paragraphe)): "Prohiber ou limiter l'utilisation pour les fins
de plaisance des rivières ou des lacs ou des embarcations à
moteur afin de protéger la qualité de l'eau". Que va-t-il arriver
sur les rivières navigables et flottables? Est-ce que vous allez en
venir à une entente avec l'autorité fédérale?
M. GOLDBLOOM: Je pense que nous avons quand même une certaine
juridiction sur les cours d'eau, qu'ils soient navigables ou non, et que, pour
les fins de l'utilisation d'embarcations de plaisance, on peut
déterminer des normes d'utilisation.
M. DEMERS: Dans certains endroits de la province, on a établi
depuis plusieurs années des fêtes ou des régates qui
reviennent à périodes fixes. Il y a Valleyfield, par exemple, le
lac des Iles, dans le comté de Portneuf, certains...
M.VAILLANCOURT: Le lac Memphrémagog.
M. DEMERS: Oui. Mais nous en arrivons à contrôler les
embarcations qui y participent. Ce sont tous des moteurs puissants qui causent
un carnage, qui arrachent tout et il doit y avoir une pollution et des
échappements de gaz comportant beaucoup de choses. Je pense que, si on
met des dispositifs pour enrayer la pollution, on va enrayer aussi la
vitesse.
M. GOLDBLOOM: C'est possible, mais pas nécessairement.
M. DEMERS: II va falloir faire une étude assez sérieuse de
ces engins.
M. GOLDBLOOM: Quant à cela, oui. Mais je souligne que,
l'été dernier, par exemple, dans les Cantons de l'Est, il y a eu
des régates d'organisées qui ne faisaient point l'affaire des
propriétaires riverains du lac en question. Le lac étant petit,
les propriétaires ont non seulement exprimé l'avis que la
puissance des embarcations dépassait ce qui était raisonnable
pour le lac, sans même tenir compte du bruit occasionné par leur
activité. Ils ont donc pris leurs petits bateaux, sont allés sur
le lac et ont effectivement bloqué la régate. Je pense qu'il
faudra, par règlement, donner aux propriétaires riverains un
certain pouvoir de décision quant à la tenue de régates,
quant à certaines activités bruyantes ou polluantes. Si le lac
est petit, il faut le protéger.
M. DEMERS: Est-ce que le ministre ne serait pas d'avis que ce serait une
bonne chose de prévoir l'émission d'un permis par le
directeur?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. DEMERS: Pour tenir de semblables compétitions?
M. PAUL: C'est dangereux de laisser aux riverains un pouvoir
décisionnel.
M. GOLDBLOOM: Non.
M. DEMERS: Non. Je pense que ce ne sera pas un pouvoir accordé
aux riverains. Là, c'est une constatation qu'ils ont faite parce qu'ils
ne possédaient pas d'autre moyen.
M. GOLDBLOOM: Oui. Mais je pense que je devrais m'exprimer avec plus de
clarté. Je ne pense pas qu'on puisse accorder aux riverains un pouvoir
décisionnel. Us ne constituent pas un gouvernement quelconque. Mais on
devrait pouvoir leur fournir un mécanisme d'expression par
référendum ou autrement. Si le référendum est
concluant, le ministre ou le directeur devrait pouvoir confirmer par un
règlement, par une ordonnance, l'utilisation limitative du lac.
M. BOIVIN: Ces clubs ont des chartes, cela pourrait y être inclus,
de leur donner ces pouvoirs.
M. DEMERS : Les clubs nautiques et autres du genre?
M. BOIVIN: Oui.
M. GOLDBLOOM: Peut-être, mais ce qui arrive présentement,
c'est que le lac est souvent
entouré de plus d'une municipalité et ces dernières
ne s'entendent pas entre elles. Il y en a qui voudraient limiter l'accès
au lac à certains types d'embarcations et d'autres qui ne sont pas du
même avis.
L'action désirée par l'une est annulée par
l'inaction de l'autre. Je pense qu'il faudra pouvoir surmonter cela et
protéger nos lacs.
M. PAUL: Un exemple. A Saint-Gabriel-de-Brandon, où se trouve le
lac Maskinongé, il y a des règlements différents pour la
corporation du village de Saint-Gabriel-de-Brandon, de la paroisse de
Saint-Gabriel-de-Brandon et de la paroisse de Saint-Charles-de-Mandeville. Cela
rejoint parfaitement les explications que nous donne le ministre.
M. VAILLANCOURT: C'est la même chose au lac Massawippi où
il y a plusieurs municipalités qui ont accès au lac.
M. PAUL: C'est cela.
M. DEMERS: Mais je pense qu'avec un permis émis par le directeur
pour la tenue de tels événements... Il n'y a pas seulement, pour
vendre de la boisson, qu'un permis est nécessaire. Il doit y avoir autre
chose qu'une "brosse" qui peut déranger autant la
collectivité.
M. GOLDBLOOM: Puisque l'on parle ici de règlement, c'est
justement le genre de règlement que l'on pourrait adopter pour exiger un
permis.
M. OSTIGUY: D'ailleurs, la plupart de ces régates sont
organisées par la Canadian Boating Association.
M. PAUL: M. Gilles Houde, député de Fabre,
ex-député délégué au Haut-Commissariat
à la jeunesse, aux loisirs et aux sports, pourrait parfaitement
renseigner notre collègue, le député de Rouville,
concernant la tenue de ces régates.
M. OSTIGUY: Je suis très au courant. J'ai déjà
participé moi-même à des régates.
M. PAUL: Vous, c'est en amateur... M. OSTIGUY: Non...
M. PAUL: ... tandis que M. Houde, c'est avec compétence...
M. OSTIGUY: ... c'est en professionnel. J'ai déjà
conduit.
M. PAUL: ... et efficacité.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le sous-article k), adopté?
M. BOIVIN: A la fin de ce sous-article, après le mot "eau",
j'ajouterais "et de l'environnement". Si vous voulez, par exemple, couvrir le
bruit, les senteurs...
M. DEMERS: ... de ces embarcations...
M. GOLDBLOOM: On pourrait dire simplement "l'environnement", parce que
l'environnement, selon la définition, comprend l'eau.
M. PAUL: Très bien.
M. DEMERS: On enlève l'eau et on tombe dans l'environnement.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Sous-article 1).
M. DEMERS: Cela va de soi. Adopté, M. le Président. "Un
projet des règlements adoptés en vertu du présent..." Ah
oui!
M. GOLDBLOOM: Je proposerais que l'on raie le dernier alinéa
puisqu'il...
M. BOIVIN: Pourtant il était bon.
M. GOLDBLOOM: ... sera reproduit à l'article 117.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le biffer complètement.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. M. OSTIGUY: Le sous-article 1)?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le sous-article 1).
M. GOLDBLOOM: Pas le sous-article 1). Je m'excuse. Je pensais que le
sous-article 1) était adopté. C'est simplement le dernier
alinéa qui dit: "Un projet des règlements... est publié"
parce qu'il y a un article général.
M. PAUL: Vous nous faisiez peur.
LE PRESIDENT (M. Giasson): On conserve...
M. PAUL: Nous ne vous reconnaissions plus.
M. LEGER: Je vais revenir à ce que je voulais dire tantôt.
On dit: "Déterminer des modes de construction en matière de
système d'aqueduc..." Pour rattacher l'article 42 à l'article 39,
je veux rattacher l'article 42 1) à l'article 39". Tantôt, on
disait qu'un organisme privé ou public peut avoir un système
d'aqueduc, d'égout et de traitement des eaux. Pour quelle raison l'avoir
mis spécifiquement dans la loi?
M. PAUL: Est-ce que mon collègue peut me dire s'il parle bien de
l'article 39?
M. LEGER: Tantôt, je voulais parler de l'article 41 et j'ai
passé mon tour. Je voulais faire une relation entre les
responsabilités, entres autres, comme à l'article 42 1),
où on parle de déterminer des normes de construction en
matière de système d'aqueduc et d'égout et l'usine de
traitement des eaux. Je veux simplement faire une relation. Pourquoi l'avoir
inclus directement dans la loi? Est-ce que cela n'était pas implicite
que cela aurait pu être une entreprise privée et un organisme de
la municipalité qui s'occupe d'avoir une exploitation, une usine de
traitement des eaux?
M. GOLDBLOOM: Je pense qu'il faut prévoir un système
d'autorisation à l'entreprise privée. C'est la seule raison.
M. LEGER: Si cela n'était pas écrit dans la loi, il n'y
aurait pas pu y avoir d'entreprise privée qui aurait pu le faire?
M. GOLDBLOOM: II aurait été plus difficile
d'établir des normes et d'avoir un contrôle sur ce genre
d'activités. Puisque c'est une chose qui s'est développée
un peu à la bonne franquette, on a même dû incorporer un
article pour tenir compte des cas où il n'y a pas eu d'autorisation par
le passé et où quand même le système était
exploité. Il faut mettre de l'ordre dans une situation qui implique
l'entreprise privée...
M. LEGER: Pour pouvoir les réglementer quand même.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. LEGER: Je m'excuse d'être revenu en arrière. Comme il y
a deux commissions qui siègent en même temps et que je suis membre
des deux, dont celle de la réforme électorale, j'ai
été obligé de m'absenter parfois.
M. PAUL: On vous a prévu bien plus de compétence que vous
en avez si on vous demande de siéger à deux commissions.
M. LEGER: De la vitesse surtout.
M. GOLDBLOOM: Pour compléter ma réponse au
député de Lafontaine, la Loi des cités et villes donne
à la municipalité le droit de faire certaines choses, mais dans
le cas d'une personne, il faut un permis et il faut que la loi puisse
prévoir les conditions d'émission de ce permis.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de Gatineau
avait une question.
M. GRATTON: M. le Président, je suis sûr qu'il y a
d'excellentes raisons pour lesquelles on ne mentionne nulle part dans cette
section l'effet sur la qualité de l'eau du flottage des billots.
M. PAUL: La Gatineau.
M. DEMERS: Et la Mauricie.
M. PAUL: Je me rappelle que dans le temps de la première
élection...
M. GRATTON: Est-ce que je pourrais continuer ma question?
M. PAUL: Allez-y et nous allons renchérir.
M. GRATTON: Je suppose qu'il y a des raisons qui sont peut-être du
domaine du transport, du bill 23 et ainsi de suite, mais est-ce que le ministre
pourrait nous expliquer le pourquoi de cette exclusion?
M. GOLDBLOOM: Je pense que c'est couvert par les questions
générales de qualité et de contrôle de contaminants.
Je ne pense pas que ce soit exclu... Le légiste souligne à mon
attention que la Loi du régime des eaux qui est administrée par
le ministère des Richesses naturelles se prononce là-dessus
aussi. Donc, il faudra pour nos fins pouvoir démontrer que la
présence de billots sur ou dans l'eau occasionne une
détérioration de la qualité de l'eau et nous pourrons, par
règlement, empêcher cette activité.
M. DEMERS: M. le Président, pour prouver les effets
néfastes de cette flottaison?
M. GOLDBLOOM: Il y a des études de faites qui permettent de
déterminer la baisse d'oxygène dissous dans l'eau. Je ne dirais
pas, en toute honnêteté, que ces études sont, en ce moment,
suffisamment concluantes pour nous permettre d'affirmer que c'est un danger tel
qu'il faudra immédiatement bannir le flottage du bois sur toutes les
rivières du Québec. C'est un objectif à viser sur une
période de temps qui permettrait de développer des solutions de
rechange. Justement, quand j'en ai discuté avec des
intéressés, c'est-à-dire des personnes qui habitent les
rives d'une rivière, qui voudraient se servir de la rivière pour
des fins récréatives et faire disparaf-tre les billots pour des
raisons de sécurité, sans même tenir compte des questions
de qualité de l'eau, ces mêmes personnes m'ont dit: Quand
même notre réseau routier ne permettrait pas d'accepter des
camions lourds à toutes les heures du jour et de la nuit, il faudra une
bonne autoroute éloignée des zones résidentielles pour que
l'on puisse remplacer le flottage par un autre moyen de transport. Dans
quelques cas, il y a un réseau ferroviaire qui pourrait être
utilisé mais pas dans tous les cas, loin de là. Donc, il faut
étudier soigneusement les solutions de rechange et viser, sur une
certaine période, le
remplacement du flottage par d'autres méthodes.
M. DEMERS: Le ministre ne pourrait pas, dans son programme de recherche,
étudier d'une façon spécifique et avoir un rapport concret
sur les inconvénients... Parce qu'il y a des inconvénients de
stagnation et d'oxygénation de l'eau qui sont terribles. A tout bout de
champ, à des cycles assez réguliers, il y a la mort des poissons
de ces rivières quand on dirait qu'il y a une augmentation... C'est un
inconvénient majeur. La Colombie-Britannique ne fait pas le flottage du
bois, elle exploite ses papeteries avec ce qu'elle appelle des "checkers". On
prépare cela en forêt et cela vient par camions. Je ne pense pas
qu'elle soit beaucoup mieux nantie de routes que nous.
M. GOLDBLOOM: Je pense que la suggestion du député de
Saint-Maurice est heureuse. Il faut une étude complète de la
question. Il y a des facteurs économiques dont il faut tenir compte
aussi. L'écorçage se fait beaucoup plus facilement quand le bois
est mouillé après une période de flottage. D'un autre
côté, la présence de morceaux d'écorce sur la
rivière ajoute à la pollution; il faut donc évaluer le
pour et le contre de chacun de ces facteurs pour pouvoir en arriver à
une décision. J'ai déjà dit et je redis que nous visons
éventuellement à l'élimination du flottage du bois sur les
rivières du Québec et cela en fournissant des solutions
acceptables de rechange.
M. BOIVIN: D'ailleurs, on s'en va vers une évolution. De plus en
plus, les compagnies vont utiliser les copeaux.
M. DEMERS: M. le Président, je pense que, dans la vocation
touristique dévolue à certaines régions de la province
et c'est, la seule vocation au point de vue économique qui peut
venir à faire quelque chose pour la région il faudra
nécessairement qu'on débarrasse, qu'on libère nos
rivières. Si la Gatineau, comme nous y incitait tantôt l'honorable
député de Gatineau, était libérée de la
pitoune au point de vue touristique, ce serait magnifique. Moi, j'ai
vécu là pendant un mois et demi, j'ai réalisé qu'il
y aurait quelque chose de sérieux à faire. Je suis certain que
c'est l'opinion du député. C'est la même chose pour le
Saint-Maurice, en partant d'en haut de La Tuque jusqu'à
Trois-Rivières, on est infesté de ce bois. Je n'ai rien contre
les maisons des... on a le choix entre avoir de l'industrie papetière ou
ne pas en avoir. Mais il faudra nécessairement que, dans les projets
à venir, on en arrive à présenter des solutions à
ce problème.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Gatineau.
M. GRATTON: Je veux simplement faire remarquer au ministre, qui en est
sans doute conscient, que dans l'article 42 aussi bien que lorsqu'on parle du
flottage du bois sur nos rivières, on parle de l'effet que cela a sur la
qualité de l'eau et également sur l'environnement, comme vient de
le souligner le député de Saint-Maurice. Je trouve curieux qu'on
prévoie dans l'article 42 cette possibilité, puisque le
lieutenant-gouverneur peut adopter des règlements quant à
l'échappement d'huile des embarcations, ce qui, de l'avis du ministre,
est quand même assez minime au point de vue de la contamination, et qu'on
ne se donne pas la possibilité, dans ce bill, d'adopter des
règlements concernant le flottage. On sait que si le
lieutenant-gouverneur peut le faire il ne doit pas nécessairement le
faire immédiatement mais au fur et à mesure qu'il sera possible
de le faire. Est-ce qu'on ne devrait pas prévoir ça dans ce bill
34?
M. DEMERS: M. le Président, je m'excuse, le ministre pourra
répondre tantôt. On contrôle la température de l'eau
en prévision du thermonucléaire. Imaginez, la pitoune est
arrivée bien avant le thermonucléaire. J'abonde dans le sens du
député de Gatineau et je trouve qu'il faudrait
nécessairement en arriver à une solution.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense que nous sommes tous
d'accord. Il s'agit simplement de savoir si la question est déjà
couverte dans la loi ou non. L'article 20 est assez large et pourrait
certainement s'appliquer. Quant au principe, je ne suis pas en désaccord
et, si on préfère que ce soit expliqué comme d'autres
choses ont été expliquées, on pourrait considérer
cette question.
Premièrement, l'article 20 a une application assez large.
Deuxièmement, au paragraphe b) de l'article 42, nous avons parlé
de la qualité physique et chimique de l'eau, ce qui implique la
présence, sur ou dans l'eau, de certaines substances que l'on pourrait
réglementer.
Troisièmement, il ne me semble pas possible d'inscrire de
façon explicite dans ce projet de loi une allusion au flottage du bois
à cause de l'autorité déjà entre les mains du
ministre des Richesses naturelles. Je ne pourrai inscrire textuellement une
allusion au flottage du bois sans consulter le ministre des Richesses
naturelles. Je pense que c'est couvert, mais...
M. BOIVIN: C'est couvert par le bill lorsqu'on dit que cela affecte les
qualités physiques de l'eau. Cela affecte le goût. Même si
cela n'affectait que le goût...
M. DEMERS: On a spécifié des choses qui sont moins
importantes à mon sens. Je pense qu'on le pourrait si, comme le dit le
ministre, il en parle au ministre des Richesses naturelles. Si vous lui en
parlez, cela va se faire immédiatement. Je le connais, c'est une bonne
nature.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que je peux suggérer, M. le
Président, que je prenne avis de cette question, que j'en discute avec
le ministre des Richesses naturelles, pour savoir s'il est de l'avis que c'est
déjà couvert dans nos lois? Pour ma part, je suis convaincu que
le projet de loi qui est devant nous nous permettrait d'intervenir sans
difficulté si nous pouvions prouver qu'il y a une
détérioration de la qualité de l'eau. Je reviendrai avec
une suggestion, s'il y a lieu.
LE PRESIDENT (Giasson): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: Le ministre s'est penché si ma mémoire est
exacte, c'est le 5 octobre 1972 sur tout ce problème de la
flottaison du bois. Si ce que j'ai entendu à la radio, au poste anglais
de la région d'Ottawa, est exact, et si j'ai bien compris, le ministre a
dit qu'on devait également s'occuper de nettoyer les rivières.
Non pas exclusivement s'occuper du problème du flottage du bois, mais
également nettoyer les rivières. Il invitait ou du moins il
prévenait la population que les municipalités, dans certains cas,
devraient être obligées d'assumer certaines charges pour
réaliser cet objectif.
M. GOLDBLOOM: S'il s'agit du territoire municipal, oui. Quant au lit de
la rivière, s'il y a des billots qui ont sombré, je pense qu'il
faudrait chercher ailleurs la responsabilité. Je ne voudrais pas
l'imposer aux municipalités, s'il y a du bois dans le lit de la
rivière un peu partout où il y a eu du flottage...
M. PAUL: Mais vous pouvez constater que je suis de très
près tout le problème de la pollution, et surtout les
déclarations du ministre lorsque nous sommes dans la même
région tous les deux.
M. DEMERS: Le 5 octobre...
M. GOLDBLOOM: Et pour les mêmes fins.
M. PAUL: Et pour les mêmes fins.
M. GOLDBLOOM: Mais pas avec le même résultat.
M. DEMERS: Non...
M. PAUL: Tout dépend des moyens que l'on prend. Le
résultat était tellement pollué qu'on a dû reprendre
ce vote le 11 novembre.
M. DEMERS: Je dois souligner que le ministre a été plus
efficace le 5 octobre que son successeur. Lorsque le ministre est venu à
Maniwaki, le député de Gatineau a été élu
par 27. Lorsque son successeur, le ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives, le député
de Notre-Dame-de-Grâce, est venu, accompagné du
député de Saint-Jean, le même député a
été défait par 216. C'est dire qu'on fait une distinction
nette entre ceux qui veulent polluer et dépolluer.
M. GRATTON: II y a lieu pour moi de vérifier dans mon
organisation qui fait couler les informations des adversaires.
M. DEMERS: Nous sommes nés espions.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, tout cela a très peu
d'implication pour les prochaines élections. Le résultat à
Maniwaki sera beaucoup meilleur.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Lafontaine.
M. DEMERS: Je vous ferai remarquer que votre parti n'était pas
fort dans ce coin-là.
M. LEGER: Nous n'y sommes allés qu'une fois. Cela ne servait
à rien d'y perdre notre temps une deuxième fois.
M. PAUL: M. le Président, voulez-vous nous empêcher de
parler des morts?
M. LEGER: A l'article 42, à la fin du paragraphe 1), un projet de
règlement adopté en vertu du présent article est
publié dans la Gazette officielle et à partir de ce
moment-là... Ah! c'est biffé complètement.
M. GOLDBLOOM: C'est fondu dans l'article 117 qui s'appliquera à
tous les règlements adoptés en vertu du projet.
M. LEGER: Je siégeais à l'autre commission sur la carte
électorale.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 45 est adopté.
Nous passons à la section VIL La disposition des
déchets.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, justement, pourrais-je proposer
à la commission de laisser cette section de côté pour
l'instant et de passer à la section suivante: La salubrité des
immeubles et des lieux publics? Nous voudrions avoir un peu plus de temps pour
revoir la section présentement numérotée VI, à la
lumière des discussions d'hier soir?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Donc, nous allons à la section VIII.
L'article 62.
M. LEGER: Non. La section VII.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 62.
M. GOLDBLOOM: La section VII devient VIII à cause d'une
erreur.
M. LEGER: La section VII devient la section VIII.
M. DEMERS: On n'a pas fait beaucoup de préélection, M. le
Président. Ordinairement nous nous préparons, nous. Quand vous
veillez chez votre beau légiste, nous étudions.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 62. Le député de
Saint-Maurice.
La salubrité des immeubles et des lieux
publics
M. PAUL: Dans cet article, M. le Président, le ministre veut
s'immiser même dans la construction domiciliaire.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Dans les résidences privées. Est-ce que le
ministre a discuté d'une politique de construction, de normes de
construction ou de code du bâtiment avec les autorités du
ministère des Affaires municipales qui ont la charge de l'application
d'une telle politique au Québec?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président. Il y a eu certaines
discussions, mais la question a été posée hier et je ne
pourrai donner de réponse plus précise. Je ne suis pas en mesure
d'annoncer la création, pour le Québec, d'un code du
bâtiment.
M. PAUL: Je ne veux pas que le ministre commette un tel impair. Je
voudrais tout simplement que le ministre nous dise s'il a discuté de ce
problème avec, par exemple, l'Office de l'habitation du
Québec?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président. Il y a eu des consultations,
notamment aussi avec le ministère des Affaires sociales qui,
jusqu'à maintenant, a eu la responsabilité principale de
l'application de cette section qui est transposée de la Loi de
l'hygiène publique; également avec le ministère du Travail
qui surveille la sécurité dans les immeubles. Il y a une
coordination à établir quant à l'inspection des immeubles
pour fins de sécurité et de protection de la santé.
M. PAUL: II faudrait également que le ministre s'arrête et
regarde de près les dispositions de la future loi
réimprimée du code des loyers où les inspecteurs auront un
rôle, des pouvoirs qui leur seront donnés pour condamner comme non
salubre ou comme inhabitable un logement domiciliaire.
M. GOLDBLOOM: II y a un comité interministériel qui se
penche sur cet ensemble de questions et nous sommes représentés
à ce comité.
M. DEMERS: Qui fera appliquer la loi?
Est-ce que ce seront les inspecteurs de la Régie des loyers ou
ceux qui relèvent du ministre qui est en tête? Ou le
ministère du Travail?
M. GOLDBLOOM: II y a deux réponses à cela, M. le
Président. Si nous proposons des articles ici, dans le cadre de la
protection de l'environnement, les inspecteurs qui sont chargés de la
protection de l'environnement, soit au niveau provincial, soit au niveau
municipal, seront en principe chargés de l'application de ces
mêmes articles. Deuxième réponse: II faudra une
coordination avec les autres services d'inspection pour que l'on
réduise, au lieu de multiplier, les visites dans les immeubles, les
rapports et les recommandations. C'est ce qui est visé.
M. DEMERS: M. le Président, l'article 62: "Nul ne peut offrir en
location, louer ni faire occuper un immeuble dont l'état n'est pas
conforme aux normes de salubrité définies..." Cela veut dire
qu'un bonhomme ne pourra se construire une bicoque pour se loger, lui et sa
famille, sans avoir obtenu un permis ou il ne pourra même pas l'occuper
après. Cela veut dire que toutes nos mansardes et nos petites maisons
à l'entrée des villes vont disparaître ou ne pourront plus
être construites. Je n'ai évidemment rien contre cela. Est-ce que
c'est cela que l'article inclut?
M. GOLDBLOOM: L'article parle de l'établissement de normes par
règlements. Ces normes par règlements du lieutenant-gouverneur en
conseil pourraient, tout en évoquant cette loi, faire allusion à
la responsabilité d'autres ministères qui, en collaboration,
devraient établir des normes, des systèmes de permis et
également, à la responsabilité municipale.
M. DEMERS: Est-ce que le permis de construction sera obligatoire dans
toute la province? Si vous n'avez pas cela, M. le ministre, je suis d'avis que
vous ne pourrez pas appliquer votre loi.
M. GOLDBLOOM: J'en suis convaincu et je suis d'accord. C'est le but que
nous visons.
M. DEMERS: Est-ce que le ministre des Affaires municipales est d'avis
qu'on doit obliger les corporations municipales, les cités et les villes
à exiger le permis de construction dans tout le territoire
québécois?
M. GOLDBLOOM: Oui. Nous sommes d'avis que l'inspecteur qui
représente le ministre responsable de la qualité de
l'environnement...
M. DEMERS: Soit là.
M. GOLDBLOOM: ... soit là et soit consulté.
M. DEMERS: Cela va être dans une loi?
M. GOLDBLOOM: Dans une réglementation.
M. DEMERS: Dans une réglementation. Et dans les territoires non
organisés...
M. GOLDBLOOM: D y a un article plus loin qui dira que le ministre pourra
assumer les responsabilités...
M. DEMERS: ... dans tout le territoire québécois.
M. GOLDBLOOM: ... des municipalités, là où il n'y
en a pas.
M. LEGER: M. le Président, dans les règlements qui vont
être établis, il y aura des normes de salubrité. L'article
62 dit: "Nul ne peut offrir en location..." Si quelqu'un loue un appartement ou
une maison dont les normes ne sont pas selon les règlements,
d'après cet article, il pourrait, après trois ou quatre mois,
sans payer de loyer, poursuivre son propriétaire pour cette raison-ci.
Je ne peux pas vous payer, parce que vous n'avez pas le droit de me louer
ainsi. Comment peut-on s'en sortir de ce côté? Il peut y avoir une
quantité de problèmes entre locataire et propriétaire,
parce que la personne accepte de louer et c'est non conforme aux
règlements. Est-ce qu'on peut ne pas payer son loyer parce que l'autre
n'aura pas fait l'aménagement nécessaire?
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le député de Lafontaine
suggère que ce seraient de faux problèmes?
M. LEGER: C'est un réel problème. M. GOLDBLOOM: C'est mon
avis.
M. LEGER: Cela va créer aussi des problèmes de solution.
J'envisage les conséquences de cet article qui est quand même un
commencement de solution. Est-ce que cela peut aller jusqu'à
créer des problèmes entre propriétaire et locataire
seulement sur cet article, soit que le propriétaire n'aurait pas eu le
droit de louer la place parce qu'elle n'est pas conforme aux
règlements?
M. GOLDBLOOM: Je pense, sans être avocat, que c'est
l'interprétation que l'on doit donner à cet article. Si l'on
établit des normes et si on les établit par une loi provinciale,
parce qu'il y a des municipalités qui ne les ont jamais établies,
ou qui les ont établies de façon partielle et peu satisfaisante,
c'est justement pour protéger les citoyens du Québec, et les
protéger contre des conditions insalubres de vie. Le citoyen devrait
être en mesure d'invoquer, devant les tribunaux, la loi et ses
règlements pour démontrer que ce qui est fourni par le
propriétaire ne correspond pas aux normes. Le bail pourrait alors
être résilié ou une compensation pourrait...
M. LEGER: Quelle relation y aurait-il avec la Société
centrale d'hypothèques et de logement ou la Société
d'habitation du Québec? J'ai un exemple concret dans mon comté,
le projet Versailles, où on a construit des citrons. Il y a un
problème de salubrité. Les logements sont humides, l'eau entre
dans les murs, le froid empêche les gens de vivre une vie décente;
donc les locataires auraient le droit de ne pas payer leur loyer à la
centrale d'hypothèques, parce que la société n'aurait pas
respecté les normes du gouvernement? Est-ce le cas?
Si votre loi était adoptée, est-ce qu'un projet comme
celui-là où les citoyens ont prouvé qu'il y avait des
normes... je pense que le ministre est allé, je ne suis pas certain, il
a été demandé ou quelqu'un de son ministère...
non?
M. GOLDBLOOM: Je n'y suis pas aUé personnellement. M. le
Président, je pense que s'il y a des normes québécoises,
elles s'appliquent, point. Quelle que soit l'autorité responsable de la
construction, quelle que soit l'autorité responsable du financement du
projet, si des Québécois sont logés dans des immeubles
insalubres, ils doivent trouver des recours dans les lois du Québec. On
revient toujours à la même question, celle de la coordination
interministérielle de tout cela. Il ne faudrait pas qu'il y ait divers
codes. Il y a des éléments du code du bâtiment qui ne
relèvent pas de l'autorité d'un ministre qui vise la protection
de l'environnement.
Il peut, dans certains cas, s'exprimer sur les matériaux de
construction, sur les isolants par exemple, des choses de cette nature. Mais,
toujours en visant le but de la protection de l'environnement et, par
extension, de la santé.
M. LEGER: Je ne veux pas toucher l'aspect interministériel, le
représentant de service en a parlé tantôt. Je voulais
parler du recours des citoyens qui sont dans un projet comme celui-là.
Est-ce qu'ils font leurs revendications directement au directeur, selon la
loi?
M. GOLDBLOOM: Devant les tribunaux, monsieur.
M. LEGER: Devant les tribunaux.
M. GOLDBLOOM: Le directeur n'est pas mentionné ici et il s'agit,
pour le citoyen, d'invoquer la loi et de se faire entendre par les
tribunaux.
M. LEGER: D'accord.
M. BOIVIN: On parle beaucoup de normes de construction. Mais un logement
peut être salubre pour deux personnes. Quand il est occupé par dix
personnes, il devient insalubre.
M. GOLDBLOOM: Certainement.
M. BOIVIN: II faudrait aussi que ce soit prévu dans les
règlements. Le propriétaire qui loue de petits logements à
de grosses familles, pourrait...
M. DEMERS: Ou de petits logements à de grosses personnes. Il va y
avoir une différence.
M. PAUL: Je voudrais me servir d'une expression de Corneille et dire: A
toi, ministre, deux mots. Je crois, M. le Président, que le ministre
devra se faire le porte-parole des membres de la commission auprès du
ministre des Affaires municipales pour qu'enfin Québec ait son code du
bâtiment. Dans toutes les lois, depuis deux ans, M. le Président,
nous sommes paralysés par la venue prochaine de ce messie qu'on nous
promet.
Lorsque nous avons étudié le projet de loi 48, on devait
nous produire incessamment un code du bâtiment. Lorsqu'à l'automne
1969, au mois de novembre, nous avons étudié une motion du
député d'Outremont, le ministre actuel de la Justice, nous avions
convenu, à ce moment-là, de déposer un code du
bâtiment. Malheureusement pour la population du Québec, nous avons
été défaits aux élections de 1970.
Mais il reste que tout semble prêt, au ministère des
Affaires municipales. Il va falloir, à un moment donné, qu'un
ministre se fasse le parrain, pistonne ce projet de loi, fasse les pressions
pour que nous puissions avoir notre code du bâtiment au Québec
afin que, lorsque nous envisagerons l'étude de certaines lois, nous
ayons une référence certaine et sûre. Je voudrais, M. le
Président, que le gouvernement, dans ce domaine, cesse son inertie,
passe à l'action, pour que l'on puisse enfin connaître quelle est
la portée de toute la législation que nous étudions.
Maintenant, comme l'heure des reproches est terminée, je voudrais
bien candidement, M. le Président, soulever un autre point...
M. BOIVIN: Je voudrais parler sur le même point.
M.PAUL: Très bien.
M. BOIVIN: II est très important que la province de Québec
ait son code du bâtiment parce que, si on suit, par exemple, le code
canadien de l'habitation, il y a une très grande différence entre
Vancouver et la province de Québec. J'ai moi-même
arrêté certains projets dans la municipalité où
j'étais maire parce qu'on permettait la construction d'un bâtiment
à châssis simples. Ce n'est pas acceptable dans la province de
Québec.
J'ai aussi annulé des projets ou on n'exigeait pas de sous-sol,
même pas de solage. C'est tolérable à Vancouver: ce n'est
pas tolérable dans la province de Québec. Je suis allé
visiter des maisons, des projets de War Time Housing où on était
obligé d'avoir deux fournaises pour chauffer de petites maisons. Ce
n'est pas acceptable dans la province de Québec.
C'est pressant qu'on ait notre code du bâtiment.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'ai écouté avec mon
respect habituel les commentaires des collègues d'en face. Tout ce que
je voudrais dire, c'est que, ce qui est proposé en vertu de l'article
62, sera sûrement une contribution à un tel code.
M. PAUL: Merci, M. le ministre.
M. DEMERS: Parce que je crois que le ministre aura beaucoup de
difficultés à appliquer sa loi s'il n'y a pas des points de
référence et des points d'appui. Tout se tient dans cette
histoire-là.
M. PAUL: M. le Président, sans vouloir faire mon linguiste, je
voudrais dire quelques mots sur l'emploi du terme "faire" à la
deuxième ligne de l'article 62: "ni faire occuper un immeuble". Si je me
réfère à Quillet, M. le Président, je lis que
"faire" est le verbe dont l'emploi est le plus vaste dans la langue.
Mais la langue normale, qui sent le besoin de précision,
s'efforce de le remplacer dans bien des cas par des verbes d'un sens plus
déterminé. Alors, je me demande si cela ne serait pas avantageux
de remplacer le mot "faire" par "laisser occuper un immeuble dont l'état
n'est pas". Alors; "Nul ne peut offrir en location, louer ni laisser occuper un
immeuble dont l'état n'est pas conforme aux normes de salubrité
publique, plutôt que "faire occuper".
LE PRESIDENT (M. Giasson): Accepté.
M. GOLDBLOOM: Oui, je l'accepterais. Ou bien "permettre
l'occupation"...
M.PAUL: Ou encore, mais c'était pour employer le moins de mots
possible. Si le ministre préfère "permettre l'occupation"...
M. GOLDBLOOM: Non, d'accord.
M. DEMERS: "Permettre l'occupation" serait mieux. Un nom doit toujours
avoir prédominance sur le verbe.
M.PAUL: Alors, ni "permettre l'occupation" d'un immeuble.
M. DEMERS: Est-ce que je pourrais parler avant l'adoption? Non? Cela
fait tort à mes patients? Quant à l'occupation par les animaux de
certaines résidences il y a des maisons qui sont des
ménageries, où on retrouve jusqu'à cinq chiens et quatre
chats en plus des gens
devrait-on envisager que le directeur ou l'inspecteur ait un droit de
regard sur ces cas, soit limiter l'habitation des maisons aux humains autant
que possible?
M. GOLDBLOOM: Je pense que ce serait brimer la liberté
individuelle. Il faudrait pouvoir démontrer que les conditions de vie
étaient devenues insalubres à cause de la présence de ces
animaux.
M. DEMERS: C'est évident.
M. PAUL: Pour illustrer le cas que vient de signaler le
député de Saint-Maurice, je vais suggérer au ministre ou
à un de ses fonctionnaires d'entrer en communication avec les
autorités municipales de La Macaza et là, on va leur signaler
l'état sauvage dans lequel vit une femme de près de 80 ans qui
n'a pas d'eau courante à sa disposition, qui s'abreuve d'eau de pluie,
ou de neige fondue, et qui n'a pas vidé son bâtiment de
détritus ou de pelures de patates et de tout ce que vous voudrez depuis
près de trois ans. Et par contre, elle garde avec elle de douze à
quinze chats. Dans ce cas est-ce que le ministre ne devrait pas intervenir?
M. KENNEDY: II y a la liberté, dans ce cas-là.
M.PAUL: La corporation municipale n'ose pas le faire, parce qu'on ne
trouve pas dans la loi les moyens d'intervenir. L'autorité
religieuse...
M. KENNEDY: Cela ne lui a pas fait de tort. Elle a atteint l'âge
de 80 ans.
M. PAUL : Elle a pris cette allure depuis trois ans, depuis qu'elle est
"ostracisée" par un voisin, disciple des témoins de
Jéhovah. Alors, je crois qu'il y a des cas pathétiques comme
ceux-là devant lesquels le ministre d'Etat responsable de
l'environnement n'a pas le droit de rester indifférent. J'ai
consulté l'autorité religieuse. Les autorités municipales
m'ont consulté à ce sujet. Je trouve le cas bien sympathique. Le
seul recours que l'on voit pour corriger cette situation, à la demande
même des proches de cette personne, c'est par l'intervention du ministre
d'Etat responsable de l'environnement dans le cadre des pouvoirs qu'on pourrait
lui donner ici par l'article 62.
M. GOLDBLOOM: J'attire l'attention du député de
Maskinongé sur trois articles qui seront étudiés plus
loin. L'article 68 permet à toute municipalité de faire visiter
un immeuble. Le paragraphe a) lui permet de déclarer une condition de
nuisance et d'intervenir. L'article 80, b) permet au lieutenant-gouverneur en
conseil de déterminer les conditions de salubrité des maisons,
les normes de surpeuplement..., c'est une question qui a été
soulevée tout à l'heure.
Je pense donc que la loi devra permettre une intervention. Si la
municipalité, pour des raisons que j'ignore, préférait ne
pas intervenir elle-même et demandait au gouvernement provincial de le
faire, je crois que nous devrions le faire.
M. PAUL: Je suis sûr que M. Bundock et M. Dion ont retenu le cas
pathétique de cette dame de La Macaza.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. DEMERS: ... mais il y a des chances.
M. GOLDBLOOM: Oui. Plus d'ogives.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur
l'article 62?
M. DEMERS: Non. M. PAUL: Adopté. LE PRESIDENT (M. Giasson):
Article 63.
M. PAUL: "Sous réserve des dispositions de la Loi des mines..."
Est-ce qu'une telle disposition n'existe pas déjà dans la Loi des
mines?
M. GOLDBLOOM: Dans la Loi des mines? M. PAUL: Oui.
M. GOLDBLOOM: Je le crois et le ministre des Richesses naturelles
surveille les conditions de travail dans les mines.
M. PAUL: Vous vous seriez substitué au ministre des Richesses
naturelles pour l'application de cet article de la loi ou de ce pouvoir que le
législateur lui a déjà accordé.
M. GOLDBLOOM: Le but est de laisser au ministre des Richesses naturelles
la responsabilité des mines et de permettre au ministre responsable de
la qualité de l'environnement d'agir ailleurs.
M.PAUL: II n'y a pas seulement dans les mines. Il y a aussi dans les
établissements industriels. Le ministre me répondra que c'est
couvert; mais, il y a une urgence que le ministère intervienne dans bien
des cas. Et je pourrais signaler privément un problème au
ministre, où quelque chose devrait être fait parce que les
employés actuellement sont obligés d'abandonner le travail
après quatre ou cinq mois parce qu'on n'a pas trouvé un moyen
pour les protéger contre le plomb, par exemple.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. BOIVIN: Sur des territoires de mines, les propriétaires ne
possèdent jamais le fonds de terrain.
M. GOLDBLOOM: Non.
M. BOIVIN: Ce sont tous des baux emphytéotiques.
M. PAUL: C'est-à-dire qu'un propriétaire n'est jamais
propriétaire de son fonds de terrain. En vertu de la Loi des mines, si
je m'en vais dans la cour de mon collègue, le député de
Dubuc et qu'il y a une mine dont je ne connaissais pas l'existence et dont je
décèle la présence, je peux faire un jalonnement et
j'aurai même le droit de saborder...
M. BOIVIN: Pas d'exproprier.
M. PAUL: ... tout le beau domaine qu'il y possède, les fleurs
comprises.
M. BOIVIN: II est bien vrai de dire que le ministre des Richesses
naturelles a le contrôle, s'il a le fonds du terrain. Pourquoi vient-on
s'infiltrer là-dedans?
M. GOLDBLOOM: Justement, c'est ce que nous ne faisons pas. Nous laissons
les mines au ministre des Richesses naturelles et dans les autres
établissements commerciaux et industriels, on intervient pour
protéger les conditions de travail.
M. DEMERS: Sous réserve de la Loi des mines.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. M. DEMERS: Adopté.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que je peux souligner qu'en ce qui concerne les
articles 62, 63 et 64, la correction nécessaire à la traduction
anglaise est "no one" à la place de "no person" dans les trois
articles?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 64.
M. DEMERS: Toute construction sera soumise à des plans.
M. GOLDBLOOM: C'est un immeuble où l'on produit, entrepose ou
utilise des substances dangereuses. Ce n'est pas n'importe quel immeuble.
M. BOIVIN : Est-ce qu'on va couvrir les dentistes et même les
ingénieurs qui font des rayons X?
M. DEMERS: Les chiropraticiens.
M. GOLDBLOOM: Cela sera la responsabilité du ministre des
Affaires sociales en vertu du projet de loi 30.
M. BOIVIN: Au ministère des Affaires so- ciales, c'est concernant
la compétence de ceux qui utilisent les Rayons-X. Mais il me semble que
c'est cette loi qui devrait couvrir... Si la pièce où on fait du
rayon X n'est pas plombée, s'il y a des locataires en haut, on irradie
à longueur de journée, ces gens.
M. DEMERS: II y a les matières ionisantes qui sont
contrôlées par le ministre en vertu de la loi 30.
M. BOIVIN: Cela, c'est la compétence de ceux qui utilisent ces
substances.
M. GOLDBLOOM: Non. C'est plus que cela. C'est la protection que vise le
député de Dubuc, la protection contre la radiation qui peut
émaner d'un lieu où on utilise les rayons X et ce sont...
M. BOIVIN: C'est en vertu de l'environnement?
M. GOLDBLOOM: C'est en vertu du projet de loi sur la protection de la
santé publique que l'on établira les mécanismes de
contrôle et qu'on les appliquera dans les établissements comme les
hôpitaux et autres et dans des cabinets de médecins, de dentistes
et d'autres. Mais, dans la plupart des cas, les services techniques seront
fournis par d'autres.
M. BOIVIN: Vous dites que la Loi de l'hygiène va le couvrir, mais
est-ce que cela va couvrir l'ingénieur qui évalue des
métaux avec ces matières ionisantes?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président.
Le tout sera couvert soit par cette loi, soit par la Loi de la
protection de la santé publique et, en principe, la Loi de la protection
de la santé publique s'appliquera aux professionnels qui utilisent, pour
quelque fin que ce soit, des radiations ionisantes.
M. DEMERS: II n'y a pas de chevauchement dans cette loi?
M. GOLDBLOOM: Non.
M. DEMERS: II y a un chevauchement.
M. GOLDBLOOM: II y a une coordination qui a été
assurée. Nous nous sommes penchés ensemble assez longuement sur
les deux projets de loi aux chapitres correspondants pour éviter au
maximum le chevauchement, et dans les faits il n'y en aura pas.
M. BOIVIN: Ce que je crains, c'est que vous évitiez, vous le
dites dans la loi, tout ce qui regarde la santé, et qui est
référé au bill 30.
M. GOLDBLOOM: Oui, en principe.
M. BOIVIN: Ce que je crains, c'est que cela passe entre les deux.
M. GOLDBLOOM: Ce qui se passe dans les faits, c'est que le
ministère des Affaires sociales émet les permis, donne les
autorisations; nous faisons les inspections, nous envoyons les rapports aux
Affaires sociales dans le cas d'établissements de santé, de
cabinets de consultation, nous agissons nous-mêmes dans les autres cas.
C'est nettement coordonné et cela a été
étudié de façon très précise.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: A l'article 64, quels sont les critères pour
déterminer ce que c'est ou ce que sera une substance dangereuse, puisque
l'article 1 ne définit pas "substance dangereuse"? C'est laissé
à l'appréciation de qui, au jugement de qui? Qu'est-ce qu'en fait
on veut couvrir par l'emploi de ce terme?
M. GOLDBLOOM: Il est prévu à l'article 81 j) que par
règlement on définisse les substances dangereuses.
M. PAUL: Alors, comment est-ce que vous voulez qu'un individu, soucieux
de l'observance de la loi, agisse? Il va se procurer le texte de la Loi de la
qualité de l'environnement, il lui faudra se procurer en plus les
règlements, s'abonner à la Gazette officielle du Québec
pour être sûr qu'il va respecter en tout point les exigences du
législateur ou la délégation de pouvoirs à laquelle
nous nous opposons constamment. Le ministre réalise une des raisons pour
lesquelles nous sommes bien justifiés de ne pas vouloir plonger
davantage dans cette délégation du législatif à
l'exécutif. Je le dis d'une façon bien calme mais nous ne
pourrons pas connaître ce que la loi dit sans référence
à des règlements et, ce qui plus est, avec l'article 117, ces
règlements n'ont pas été, par la suite, modifiés
même si, dans la première version, on se proposait de
réglementer sur un sujet donné ou si, suivant certaines
modalités, dans ce règlement, à la suite de l'audition du
public ou après avoir entendu certains mémoires, on a retenu
effectivement le texte pour définir ce qu'est une substance dangereuse.
Est-ce qu'il n'aurait pas été plus simple de définir dans
la loi ce qu'est une substance dangereuse?
M. GOLDBLOOM: II me semble assez difficile, M. le Président, pas
nécessairement impossible, mais assez difficile, de donner une
définition générale. Et même si on donnait une
définition générale, il faudrait fournir une liste
précise de substances, comme par exemple, le gouvernement
fédéral émet une liste de médicaments dangereux
pour lesquels les ordonnances doivent être fournies par écrit par
le médecin sous certaines conditions.
M. PAUL: Est-ce que le ministre ne convient pas que, dans la loi
fédérale, on a une référence en définissant
le terme à une liste arrêtée par le gouverneur
général en conseil? Est-ce qu'il n'y a pas de
référence à ce moment dans la définition?
M. GOLDBLOOM: C'est possible.
M. PAUL: C'est simplement ce point. Si, dans la définition du
terme "substance dangereuse", il y avait au moins une source de
référence...
M. GOLDBLOOM: A un règlement adopté.
M. PAUL: ... à un règlement adopté par le
lieutenant-gouverneur, à ce moment, celui qui est le moindrement averti
va dire: II faut nécessairement que je me réfère à
la réglementation du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. DEMERS: C'est une certification que vous demanderiez?
M. PAUL: Du moins une référence. M. DEMERS: Une liste.
M. GOLDBLOOM: II y a aussi c'est peut-être un facteur que
l'on ne devrait pas négliger une loi fédérale sur
les produits dangereux. Ce ne serait peut-être pas nécessairement
en vertu d'une liste dressée par le gouvernement du Québec mais
bien une liste qui s'appliquerait à toutes les provinces.
M. DEMERS: Quand c'est dangereux pour Ottawa, c'est dangereux pour les
autres.
M. PAUL: En faisant la référence à
l'arrêté en conseil de ce qui est déclaré comme tel,
soit par le lieutenant-gouverneur en conseil ou le gouverneur
général en conseil, à ce moment, on couvre les deux champs
d'action.
Le mot "dangereux" a deux volets. Il y a le danger de la part de
l'utilisateur; il y a également le danger pour l'environnement, pour
ceux qui vivent dans l'environnement et l'environnement lui-même.
M. BOIVIN: II y en a qui regarde l'hygiène et l'autre regarde
l'environnement.
M. GOLDBLOOM: Oui, ce sont, comme dit le député de
Maskinongé, deux volets d'un même problème. Je ne vois
certainement pas d'objection à incorporer dans le texte qui est devant
nous une allusion à un règlement du lieutenant-gouverneur en
conseil. Je pense qu'il serait préférable de ne pas aller plus
loin que cela.
M. PAUL: Je ne demande pas plus que ça au ministre, mais
simplement que, dans les termes
et les définitions les mots "substance dangereuse" couvrent ce
qui est déclaré comme tel par le gouverneur général
en conseil ou le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Ceux qui sont chargés d'interpréter la loi sont
renseignés immédiatement quant à la source de
référence à laquelle on doit recourir pour savoir
exactement quelle est la portée ou l'application de la loi.
M. BOIVIN: Est-ce qu'on ne pourrait pas mentionner les deux volets,
substance dangereuse pour l'utilisateur et...
M. GOLDBLOOM: ... entrepose ou utilise des substances dangereuses...
M. PAUL: ... définies comme telles par le gouverneur
général en conseil ou le lieutenant-gouverneur en conseil. Parce
qu'il faut garder la définition du fédéral, qui a
également juridiction dans la matière. Par le gouverneur ou le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le député de Maskinongé
peut me donner des précédents pour l'allusion au gouverneur
général?
M. PAUL: Non. L'interprétation de la loi, l'économie de
notre système parlementaire reconnaît, du moment que c'est en
matière de compétence fédérale, il va de soi que
l'on doive s'assurer également que, s'il n'existe pas une
législation fédérale... Je le faisais, mais le ministre a
raison de dire qu'il n'y a pas nécessité de faire
référence aux règlements du gouverneur en conseil. Il a
parfaitement raison sur ce point.
M. BOIVIN: Mais tantôt, le ministre avait insisté pour
qu'on reconnaisse comme dangereuse la liste qui est ...
M. PAUL: Qui est définie comme dangereuse par le gouvernement
fédéral, substances dangereuses par l'autorité
fédérale.
M. GOLDBLOOM: On pourrait dire: "Substances dangereuses définies
par règlement du lieutenant-gouverneur en conseil".
M. PAUL: N'aimeriez-vous pas mieux dire: "Ce qui est défini comme
tel par le lieutenant-gouverneur en conseil".
M. GOLDBLOOM: "Définies comme telles par règlements".
M. PAUL: Très bien. Où insérerez-vous cela, M. le
ministre?
M. GOLDBLOOM: Après "les substances dangereuses définies
comme telles".
M. PAUL : Vous le placeriez dans le corps de l'article? Parfait.
"Substances dangereuses définies comme telles ...
M. GOLDBLOOM: ..."par règlements du lieutenant-gouverneur en
conseil".
M. DEMERS: Les règlements n'auront qu'à
référer au fédéral.
M. GOLDBLOOM: Oui. ...", à moins que les plans et devis..."
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 64, adopté tel
qu'amendé?
M.PAUL: Oui, tel qu'amendé, M. le Président. Est-ce que le
directeur est le bon pouvoir?
M. GOLDBLOOM: Oui, parce qu'on le définit par
règlement.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 65.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je propose que l'article 65 soit
rayé parce qu'il sera incorporé dans l'article 117 tel que
modifié.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Entièrement biffé?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: C'est la plus belle suggestion que le ministre pouvait
faire.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 66.
M. BOIVIN: Les lois du travail ne couvrent pas cela?
La Commission des accidents du travail?
M. DEMERS: La loi 30.
M. BOIVIN: Surtout la Commission des accidents du travail.
M.PAUL: Ils vont s'arrêter, en vertu du chapitre 150 des Statuts
refondus du Québec, au caractère de piège ou de danger
d'accident, tandis qu'ici on veut couvrir l'environnement, le milieu.
M. GOLDBLOOM: C'est ainsi, M. le Président, que, dans cet
article, on ne fait pas allusion aux conditions de travail mais seulement aux
conditions d'habitation, qui ne se trouvent pas nécessairement sur le
chantier et qui ne sont donc pas inspectées par, disons le
ministère du Travail ou le ministère des Richesses naturelles
dans le cas des mines. C'est l'habitation seulement.
M. BOIVIN: Les lois de l'hygiène?
M. GOLDBLOOM: Ceci devient la Loi de l'hygiène publique pour ces
fins.
M. DEMERS: M. le Président, une remarque. Il fait une chaleur
accablante. Il me semble que le ministre responsable de l'environnement devrait
voir à cela.
M. PAUL: Non seulement la température de l'eau, mais la
température de la salle également.
M. GOLDBLOOM: M. le Président. Je constate, depuis un certain
temps, que tout ce qu'on n'aime pas, on l'appelle pollution, et. on demande au
ministre d'intervenir.
M. DEMERS: Est-ce que le ministre aime le surchauffage des
pièces? Je pense qu'il y a un chapitre qui traite de ça.
M. PAUL: Depuis vingt minutes surtout, je ne sais pas ce qui se passe.
Je ne sais pas si on veut nous étouffer.
LE PRESIDENT (M. Giasson): On a laissé sous-entendre que
c'était le café servi par le député de
Saint-Maurice qui pouvait être trop chaud.
M. PAUL: Pardon, je ne l'ai pas encore bu. A ce compte-là, M. le
Président, je remercie M. Pouliot. Je ne prendrai pas le risque. Je ne
boirai pas.
UNE VOIX: On tient compte de sa complicité...
M. GOLDBLOOM: Peut-on supporter la chaleur pour huit minutes encore?
M. DEMERS: II n'est pas question de lâcher.
M. PAUL: M. le Président, la première ligne de l'article
66, les exploitations forestières. Supposons qu'un individu exploite sa
propre terre, son immeuble forestier dans le sens de la définition du
terme du législateur au code civil dans immeuble, est-ce que le
ministère ira jusqu'à lui imposer des normes?
M. GOLDBLOOM: II me semble, M. le Président, que des normes quant
à n'importe quel immeuble, normes de salubrité... Le
député de Maskinongé lui-même a cité le cas
d'une personne qui demeure seule et qui habite une maison absolument insalubre.
Il faudra voir à réglementer tous les immeubles pour la
protection de la santé. L'article ici, vise le personnel, les ouvriers.
Je pense qu'une personne qui vit seule et travaille seule ne serait pas
soumise...
M. PAUL : Je pense bien qu'il n'y aura pas non plus le caractère
de domicile permanent dans le cas de quelqu'un qui bâtirait un petit
"abri" ou un petit camp, il n'a pas le caractère de domicile permanent
comme le cas que je citais au ministre, tout à l'heure pour La
Macaza.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Mais c'est dans le cas d'exploitation commerciale à
l'aide d'étrangers ou d'employés ou avec le concours
d'employés.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. DEMERS: Comme ça, dans l'article 66, on ne vise dans
l'exploitation agricole que les gens qui travaillent à cette industrie,
seulement les humains.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. DEMERS: On ne va pas établir des normes sur le cubage des
bâtisses de ferme, ces choses-là?
M. GOLDBLOOM: On laisse cela au ministère de l'Agriculture. Nous
devons protéger la santé des travailleurs qui s'en vont en milieu
agricole, travailler pour un propriétaire de ferme.
M. DEMERS: Je comprends que vous allez laisser l'établissement
des normes au ministère de l'Agriculture, mais il n'y aura aucune
obligation pour les éleveurs de se conformer aux règlements du
ministère de l'Agriculture. Ils vont pouvoir avoir une table et des
normes, un point, c'est tout. Le ministère de l'Agriculture n'ira pas
faire appliquer une loi si, dans une étable, par exemple, il y a sept ou
huit bêtes de trop pour le cubage qu'il y a là.
M. BOIVIN: Est-ce que vous avez consulté la Société
protectrice des animaux?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. DEMERS: J'attire l'attention de la Commission, je ne sais pas si
c'est pertinent, mais je pense qu'il y a peut-être quelque chose à
voir là-dedans.
M. BOIVIN : On protège la vie, on peut affecter...
M. DEMERS: On va protéger la vie de la flore et de la faune dans
les lacs...
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. DEMERS: ... et on va permettre que dans une porcherie il y ait sept
ou huit porcs de trop par compartiment, il n'y a aucun inconvénient
là-dessus, il n'y a rien. Le ministère de l'Agriculture va venir
leur dire comment bâtir la porcherie pour qu'il y ait ce qu'il faut; s'il
n'y a pas d'application, ce sera la Loi de la protection des animaux, mais ce
n'est pas fort, la Société protectrice des animaux.
M. BOIVIN: Est-ce qu'on a consulté la Société
protectrice des animaux au sujet de la loi de la qualité de
l'environnement?
M. GOLDBLOOM: II y a l'article 80, paragraphe a) qui permet de prescrire
des normes de salubrité et d'hygiène pour des immeubles
occupés à des fins agricoles, sans préciser qu'ils sont
occupés par des êtres humains.
M. DEMERS: Là aussi, vous aviez aussi des exploitations
forestières et agricoles.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. DEMERS: Là, c'est strictement pour le personnel.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. DEMERS: Plus loin, les fins agricoles, je pense que ce ne serait
peut-être pas mauvais que le ministre en discute avec son
collègue, le ministre de l'Agriculture et de la Colonisation, pour voir
s'il y a une possibilité d'incorporer à l'article 80 parce
qu'on reviendra seulement cet après-midi là-dessus quelque
chose pour prévenir ça. H y a des conditions qui ne sont pas
inhumaines mais...
M. GOLDBLOOM: Je le croirais couvert par l'article 80 a). Je
vérifierai certainement avec le ministre de l'Agriculture quant à
l'application de ce genre de mesure.
M. PAUL: Est-ce que je pourrais faire une suggestion au ministre? Est-ce
que ce ne serait pas mieux de consulter le conseiller juridique du
ministère de l'Agriculture plutôt que le ministre
lui-même?
M. GOLDBLOOM: Disons, M. le Président...
M. PAUL: En aucune façon je ne veux blesser le ministre;
absolument pas. Mais je crois que, entre légistes compétents,
comme ceux que nous avons ce matin entre autres, on pourra plus facilement se
placer sur la même longueur d'ondes.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense que, quand on dit
consulter le ministre, on veut dire consulter...
M. PAUL: C'est la partie pour le tout.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. Les personnes compétentes que le
ministre nous indiquerait de toute façon. Mais pas à l'insu du
ministre, par exemple.
M. DEMERS: Ah non! Il ne faudrait pas, au grand jamais!
M. PAUL: Mais le directeur...
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 66 serait adopté?
M. PAUL: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 67.
M. DEMERS: C'est évident.
M. PAUL: Sur l'article 67, j'attirerais l'attention du ministre et des
légistes. On a changé l'article 11 pour l'article 77. 11 y aurait
lieu, avant de garder ce numéro, de tenir compte du nouveau
numérotage de notre projet de loi. Il ne faudrait pas...
M. GOLDBLOOM: II faudra vérifier tout cela, M. le
Président.
M. DEMERS: On pourrait faire une révision...
M. PAUL: On a ajouté l'article 24 a).
M. GOLDBLOOM: Oui, il y a, un nouveau numérotage à
faire.
M. PAUL: Souvent, cela échappe au travail de
vérification.
M. GOLDBLOOM: Oui, mais l'article 11, c'était une faute
d'impression. C'était toujours l'article 77.
M. PAUL: Adopté, M. le Président.
M. BOIVIN: A l'article 67, il y a encore une ordonnance qui sort contre
une entreprise. Cela peut être une ordonnance.
M. PAUL: C'est un ordre. C'est une mise en demeure de se conformer
à. Là, c'est plutôt...
M. GOLDBLOOM: Aux normes prévues...
M. BOIVIN: Cela peut comporter des règlements de la part d'un
entrepreneur...
M. PAUL: Mais à ce moment-là, ça découlerait
d'une prise de position antérieure du lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. DEMERS: Et s'il n'est pas satisfait, il pourra aller en appel.
M. GOLDBLOOM: C'est cela; et la loi, c'est la loi.
M. DEMERS: On ne peut pas la rendre bonne certains matins et moins
bonne...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 67, adopté. Article 68.
M. LEGER: Article 68, M. le Président...
M. DEMERS: J'ai demandé la parole, M. le Président.
M. PAUL: Nous allons suspendre les travaux, M. le Président.
M. LEGER: Alors, il n'y aura pas de chicane entre les deux.
M. GOLDBLOOM: Sans vouloir brimer le droit de parole de qui que ce
soit.
M. LEGER: On a failli avoir la parole.
M. PAUL: On ne sait pas à quelle heure les travaux reprendront
cet après-midi ni si le leader parlementaire sait quand la commission
parlementaire pourra siéger. Vu que l'Assemblée nationale va
siéger, est-ce qu'il y aura préférence pour la commission
parlementaire sur le projet de loi 62?
M. GOLDBLOOM: N'étant pas au courant de cette décision, je
suggère que la commission suspende ses travaux sine die.
M. PAUL: Quitte à recevoir les instructions de la Chambre.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission suspend ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 02)