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Commission permanente des Affaires municipales
Projet de loi no 34 Loi de la qualité de
l'environnement
Séance du jeudi 7 décembre 1972
(Dix heures seize minutes)
M. GIASSON (président de la commission permanente des affaires
municipales):
A l'ordre, messieurs!
Lors de la suspension de nos travaux, nous nous étions
arrêtés à l'article 68. Cependant, je vous rappelle que
toute la section VII avait été suspendue. Continuons-nous avec
l'article 68 ce matin ou si nous revenons à la section VII?
M. DEMERS: Nous pourrions finir la section VIII.
M. GOLDBLOOM: Certainement.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Et j'appelle l'article 68.
La salubrité des immeubles et des lieux publics
(suite)
M. DEMERS: Mon collègue de Maskinongé sera là
tantôt; il est allé à l'autre commission. Je vois que, ce
matin, nous recommençons en l'absence des membres du Ralliement
créditiste, ainsi que du Parti québécois. Je me dois de
souligner un fait assez particulier qui m'a frappé dans l'article 68.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire si simplement toute
municipalité est autorisée à faire visiter ou bien si,
dans le cas d'entreprises privées, il y aura une autorisation? Est-ce
autorisé ou obligé?
M. GOLDBLOOM: C'est autorisé dans ce cas-ci et l'autorisation
suffit pour permettre de rendre cette activité universelle, si la
municipalité peut fournir les services, peut avoir le personnel
nécessaire. Mais obliger la municipalité à visiter tout
immeuble situé dans les limites de son territoire, ce ne serait pas
réalisable.
M. BOIVIN: Elle fait lors de la confection du rôle
d'évaluation.
M. GOLDBLOOM: Oui, en général.
M. BOIVIN: La municipalité a déjà ces pouvoirs.
M. DEMERS: Elle les avait, mais là, c'est spécifiquement
pour la protection de l'environnement.
M. GOLDBLOOM: Oui.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Elle va avoir des pouvoirs additionnels par
les articles qui suivent.
Autres questions?
M. DEMERS: Moi, je n'ai pas d'objection, je l'adopterais.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 68, adopté. Article 68 a)?
M. GOLDBLOOM: Quant à l'article 68 a), nous avons revu la
définition ou le premier alinéa qui constitue en partie une
définition.
Nous avons constaté qu'il est vraiment impossible de
définir le mot nuisance autrement que par la définition usuelle
qui se trouve dans les dictionnaires. Nous avons constaté à la
réflexion que la phraséologie proposée est assez
compliquée. Nous voudrions revenir à la phraséologie qui
parait toujours à la Loi de l'hygiène publique, en modifiant un
peu les mots mais dans le même sens, c'est-à-dire laisser tomber
la première partie de cet alinéa qui dit: Sans restreindre la
définition ordinaire d'une nuisance, et remplacer ce premier
alinéa par ce qui suit: "Constitue une nuisance au sens de la
présente loi tout ce qui a été déclaré tel
par le ministre ou par une municipalité".
M. OSTIGUY: M. le Président, à cet article, où vont
s'arrêter les normes de nuisance ou d'insalubrité dans une
propriété?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, c'est à l'inspecteur,
à l'autorité en place, de répondre aux plaintes et de
porter un jugement de valeur à savoir s'il y a nuisance ou non. Nous
trouvons au dictionnaire Quillet une définition qui est
extrêmement simple. Nuisance; caractère de ce qui nuit.
M. DEMERS: C'est extrêmement simple. La Palice définissait
aussi comme ça.
M. GOLDBLOOM: Oui, exactement. Je dois souligner que, depuis
approximativement 47 ans, c'est exactement ce que disent les lois du
Québec; c'est exactement ce qui s'applique dans les faits au
Québec. La municipalité a le droit de déclarer une chose
nuisance. J'ai cherché et j'ai consulté, je n'ai pas
réussi à trouver un cas d'abus de ce pouvoir. Peut-être
qu'on peut m'en citer, je n'en ai pas trouvé.
C'est exactement dans le même sens que nous avons souligné
à d'autres endroits dans le projet de loi, l'impossibilité de
définir, par rapport à des normes précises, une situation
qui est nuisible. D faut donc que l'on ait le pouvoir prévu à
l'article 68 a.
Il faut souligner que nous avons voulu quand même aller plus loin
que la loi actuelle de l'hygiène publique en ajoutant les deux autres
alinéas qui obligent le ministre à rendre publique sa
décision s'il déclare qu'il y a une nuisance il doit
publier cette déclaration dans la Gazette officielle et si c'est
la municipalité qui déclare une situation de nuisance, il y a
appel auprès du ministre.
M. DEMERS: Le ministre nous dit que la
municipalité a le pouvoir de définir la nuisance, de
définir ce qu'est une nuisance.
M. BOIVIN: Elle a le pouvoir de la réglementer.
M. DEMERS: Ce pouvoir ne sera pas spécifié dans la loi
actuellement parce qu'on enlève le paragraphe. Il ui est accordé
par ses pouvoirs de réglementation.
M. GOLDBLOOM: Voici ce qui existe présentement. L'article 42 de
la Loi de l'hygiène publique se lit comme suit: "Est condition non
hygiénique ou nuisance tout ce qui a été
déclaré tel par le ministre, ou par un conseil municipal ou son
bureau d'hygiène", et l'appel au ministre est prévu dans le cas
d'une déclaration par les autorités municipales. Nous allons un
pas plus loin, nous disons que le ministre doit publier sa décision.
M. DEMERS: Vous enlevez le premier paragraphe étant donné
que déjà les municipalités ont le pouvoir de
réglementation. C'est pour ça que vous l'enlevez?
M. GOLDBLOOM: On ne l'enlève pas, on le remplace par une
définition plus simple qui dit essentiellement la même chose que
ce dont je viens de faire lecture: Constitue une nuisance au sens de la
présente loi tout ce qui a été déclaré tel
par le ministre ou par une municipalité.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Mais les deux autres paragraphes 68 a)
demeurent quand même.
M. GOLDBLOOM: Certainement.
M. BOIVIN: Dans la Loi de l'hygiène publique, est-ce que c'est en
vertu des lois municipales que la municipalité a le droit de
réglementer ou en vertu de la Loi de l'hygiène publique, et quel
ministre.,.?
M. GOLDBLOOM: Présentement, c'est le ministre des Affaires
sociales qui est chargé de l'application de la Loi de l'hygiène
publique. Dans les cas futurs, ce serait le ministre responsable de la
qualité de l'environnement.
M. BOIVIN: En vertu du droit des municipalités de
réglementer il y a toujours un recours au ministre des Affaires
municipales aussi, parce que toute la réglementation que les
municipalités adoptent doit passer par les affaires municipales.
M. GOLDBLOOM: Quant à la réglementation, oui, mais voici
un cas où il ne s'agit pas de réglementer une chose, il s'agit de
répondre à la plainte d'un ou de certains citoyens qui
prétendent qu'il y a une nuisance et de dire: Oui, il y a une
nuisance.
M. DEMERS: C'est une déclaration de nuisance par la
municipalité?
M. GOLDBLOOM: C'est une déclaration de nuisance.
M. DEMERS: Ce ne sera pas un règlement.
M. BOIVIN: II y a une chose que je n'aime pas ici, c'est quand on dit :
Une municipalité ou le ministre. Il me semble qu'on devrait inscrire
seulement le ministre. La municipalité a un droit d'appel au ministre et
a le droit de réglementer.
M. GOLDBLOOM: Vous enlèveriez à la municipalité la
possibilité de déclarer une chose comme étant une
nuisance?
M. BOIVIN: Cela ne lui enlèverait pas ce droit. Elle l'a dans un
autre article qui dit que toute municipalité est autorisée
à faire visiter, etc. On lui donne ce droit par un autre article. Ce que
je n'aime pas, c'est le ligne d'autorité. C'est toujours la
municipalité ou le ministre. D me semble que ce ne devrait pas
être.
M. GOLDBLOOM: C'est exactement ce que nous faisons tout le long de la
loi. Surtout avec la modification de base que nous avons apportée, la
municipalité exerce ses pouvoirs; mais, si la municipalité
néglige d'assumer ses responsabilités, le ministre peut
intervenir.
M. BOIVIN: Je ne m'oppose pas à ce qu'on mette le ministre, le
ministre est au-dessus de la municipalité.
M. GOLDBLOOM: Mais il faut conserver le droit pour la
municipalité de déclarer une chose comme étant une
nuisance; c'est un droit qui existe depuis bientôt un
demi-siècle.
M. DEMERS: Même si on ne le voulait pas, la municipalité
aurait ce pouvoir, elle peut faire des règlements.
M. GOLDBLOOM: Alors, cela ne complique rien.
M. DEMERS: Cela ne complique rien, elle a le pouvoir de
réglementer.
M. GOLDBLOOM: Oui, mais parce qu'il est tellement difficile de
réglementer en cas de nuisance, on doit laisser une certaine
liberté de jugement et permettre à la municiDalité de
déclarer une nuisance. Il y a appel et, évidemment, on peut s'en
servir.
M. BOIVIN: Si vous dites: la municipalité et le ministre, vous
faites partie de la réglementation. Si vous voulez que la
municipalité ait un droit d'appel au ministre pour le citoyen qui fait
la plainte, enlevez-le à la municipalité.
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas la municipalité...
M. BOIVIN: Vous avez le droit d'agir, la municipalité a un droit
d'appel au ministre.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, deux personnes peuvent agir: Ou la
municipalité, représentée par son maire, ou le ministre.
Si la municipalité agit, pour protéger le citoyen visé
contre un abus de pouvoir par elle, on prévoit un appel devant le
ministre, comme dans le cas de la Loi de l'hygiène publique.
Si c'est le ministre qui agit, c'est sans appel, mais il doit publier sa
décision pour que tout le monde le sache.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 68 a) adopté?
M. DEMERS: Pour ma part, je l'adopterais, mais je ne vois pas ce qu'en
pensera le député de Maskinongé.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Très bien. Article 69?
M. DEMERS: La raison d'être de l'article 69, c'est pour donner la
facilité au contribuable de communiquer directement avec ce qui est le
plus près de chez lui, soit la municipalité. La
municipalité est tenue de faire rapport au ministre.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. C'est pour préciser le droit de toute
personne de faire appel à la municipalité pour demander que soit
déclarée nuisance une situation désagréable.
M. PAUL: Est-ce que c'était nécessaire de le stipuler dans
la loi?
M. GOLDBLOOM: Je pense qu'avec la nouvelle rédaction qui ajoute
l'obligation pour la municipalité d'en informer le ministre c'est une
addition valable. Je pense bien que l'on pourrait offrir l'argument que toute
personne a toujours le droit de faire appel à la municipalité
pour que celle-ci agisse en vertu de ses pouvoirs.
M. BOIVIN: Dire: "La municipalité doit alors, sans délai,
en envoyer un avis écrit au ministre," ne croyez-vous pas que c'est
inviter la municipalité â ne rien faire? Elles vont passer le
bébé au ministre. Elles ont des pouvoirs.
M. GODLBLOOM: On demande d'envoyer un avis au ministre pour qu'il sache
qu'à tel endroit on a déclaré nuisance une situation
quelconque. Ce n'est pas demander au ministre d'agir. La municipalité a
agi.
M. PAUL: On ne déclare pas une nuisance; on constate qu'il peut y
avoir une cause d'insalubrité ou une nuisance. Ce n'est pas la
municipalité qui le réclame. La municipalité ne peut pas
le déclarer sur le renseignement d'un contribuable.
M. GOLDBLOOM: Même si elle doit faire enquête, elle doit
assumer ses responsabilités de la façon normale. Nous avons
souligné le fait que c'est exactement ce qui est prévu, depuis
1925, dans la Loi de l'hygiène publique.
M. PAUL: Mais, à toutes fins pratiques, elle n'a jamais
été suivie ou à peu près.
M. GOLDBLOOM: II n'y a pas eu beaucoup de déclarations de
nuisance, c'est vrai.
Il faut dire, M. le Président, que l'on ne voudrait pas que ce
soit un des articles clés de l'application de la loi. Il est de beaucoup
préférable de procéder par l'application de
règlements avec des normes précises et de déterminer les
contraintes à imposer à toute activité. Mais, dans
certains cas, il n'est pas possible de chiffrer le degré de
contamination ou de nuisance occasionné par une activité. Donc,
il faut un pouvoir de déclarer une nuisance, une activité.
M. DEMERS: M. le Président, s'il y avait, par exemple, des gens
qui voient des nuisances partout? Cela peut arriver. II y a la phobie de toutes
sortes de choses. A chaque fois, on communiquerait avec la municipalité
et, automatiquement, elle serait obligée d'envoyer un rapport au
ministre?
M. GOLDBLOOM: Ah non, M. le Président! M. DEMERS: Regardez, si on
relit l'article,... M. GOLDBLOOM: Ah oui! Je m'excuse.
M. DEMERS: "Toute personne qui constate l'existence d'une cause
d'insalubrité ou d'une nuisance dans un immeuble peut adresser une
plainte à cet effet à la municipalité où l'immeuble
est situé."
Si elle adresse la plainte pour une poubelle qui dérange,...
M. GOLDBLOOM: Vous avez raison.
M. DEMERS: Ecoutez, il y a toujours quelque chose là-dessus.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. DEMERS: La municipalité va être obligée, à
tout coup, de communiquer avec le ministre pour lui dire que la poubelle est
à l'envers.
M. BOIVIN: Elle en a le pouvoir.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'aimerais consulter les
légistes un instant. Il me
semble que la rédaction actuelle obligerait la
municipalité à envoyer avis de toute plainte reçue.
M. DEMERS: C'est ça.
M. GOLDBLOOM: Je ne sais pas si c'est exactement ce que l'on vise
et...
M. DEMERS: Le chat dérange,...
M. GOLDBLOOM: ...si ce n'est pas plutôt d'envoyer avis de toute
déclaration de nuisance.
M. PAUL: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, M. le Président, de
corriger le texte en ajoutant ceci: La municipalité doit alors
remplacer les mots "sans délai" si la plainte est jugée et
fondée, en envoyer un avis écrit au ministre?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il y a une suggestion que je
voudrais faire et que je crois utile. On a ajouté, comme on le constate,
cette phrase après coup. Si l'on suit les articles, il y a une
procédure qui est prévue. Il serait plus logique que l'on place,
à la fin de cette procédure, l'avis de la municipalité au
ministre. Alors, si nous rayons...
M. PAUL: Déplacer l'article 69?
M. GOLDBLOOM: Pas l'article, mais la dernière phrase qui parle du
.devoir de la municipalité d'aviser le ministre de ce qu'elle a
fait.
M. DEMERS: Pourquoi, par un article, dire qu'une personne peut aviser?
Je me demande pourquoi. A quoi cela va-t-il rimer? Vous faites un article pour
dire que le contribuable peut, s'il constate une nuisance, avertir la
municipalité. Il n'y a pas de problème. Dans les bureaux de
l'hôtel de ville, les trois quarts de la journée, c'est cela.
M. GOLDBLOOM: D'accord, M. le Président, mais, si l'on regarde
les articles suivants, on verra que l'article 69 est le début d'une
série d'articles qui prévoient la procédure en cas de
réception d'une plainte. Je pense qu'il serait logique d'attendre un peu
pour voir à quel moment on devrait obliger la municipalité
à donner avis au ministre.
M. DEMERS: On retient l'article 69. Vous voudriez arrêter, vous,
après "où l'immeuble est situé".
M. PAUL: Garder l'ancien texte. M. DEMERS: Garder l'ancien texte.
M. GOLDBLOOM: Oui, cela ne fait pas de tort. C'est une
vérité de La Palice.
M. BOIVIN : Alors, on le supprime tout simplement.
M. DEMERS: On ne le supprime pas.
M. GOLDBLOOM: Non, on ne le suspend pas.
M.PAUL: Le ministre, plus tard, aura un amendement à un article
quelconque...
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. PAUL: ... pour proposer que la municipalité doit alors, sans
délai, envoyer un avis écrit au ministère.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La dernière phrase de l'article 69
serait entièrement biffée, pour l'instant.
M. PAUL: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. le Président, je me demande un peu si cela se
rapporte à l'article, mais il me semble qu'il y a disproportion dans les
exigences visant la salubrité. Souvent, il y a des plaintes des
municipalités contre certains organismes ou certains commerces
privés. Dans mon comté, par exemple, on s'est plaint qu'une
nouvelle hôtellerie ne disposait pas de service des eaux usées. La
municipalité elle-même a un tuyau ouvert qui se déverse
dans un canal. Il n'y a aucun puisard possible. On exige des montants
exorbitants, jusqu'à $8,000, pour faire en sorte que les plans et devis
d'égouts soient bien respectés. Les types ne peuvent pas avoir
leur permis d'exploitation d'une hôtellerie tant que cela ne sera pas
fait à 100 p.c. Or, la ville elle-même est en défaut.
M. DEMERS: Vous direz à vos contribuables qu'ils n'ont rien vu
quand on a appliqué cette loi.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, c'est justement devant la
possibilité que la déclaration de nuisance de la part de la
municipalité soit exagérée ou soit motivée par une
vengeance quelconque ou on ne sait pas quel motif que l'on prévoit un
appel contre cette déclaration devant le ministre. Nous voulons
protéger la personne visée contre une déclaration
injustifiée de la part de la municipalité.
M. AUDET: M. le Président, c'est un cas un peu particulier. Je
n'irai pas plus loin dans cela. Je verrai le ministre.
M. GOLDBLOOM: D'accord, avec plaisir.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 69, adopté?
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 70.
M. DEMERS: J'aurais une suggestion à faire à l'article 70.
On dit: Sur réception de la plainte, si la municipalité la juge
fondée, etc. Est-ce que chaque fois qu'il va y avoir une plainte la
municipalité va être obligée d'envoyer ses gens visiter les
lieux?
Si on oblige la municipalité à ça, ils ne vont
faire que ça. Cela va prendre un gars qui va être sur la route
à l'année. Les poules m'ont réveillé ce matin.
M. GOLDBLOOM: Je suis porté à partager l'avis du
député de Saint-Maurice. Ce principe se retrouve ailleurs dans la
loi. On dit que le ministre peut faire enquête devant une plainte, mais
on ne l'y oblige pas. C'est impossible de l'y obliger.
M. DEMERS: Quoique des municipalités, si on ne les oblige pas, ne
prendront pas position. Je comprends l'idée du législateur.
M. GOLDBLOOM: Mais s'il s'agit simplement de la réception d'une
plainte et de la réaction de la municipalité. Il serait bon
d'ajouter: La municipalité, si elle la juge fondée, doit
s'enquérir des faits.
M. BOIVIN: Je trouve que dans cet article on mêle du
législatif, de l'exécutif et du judiciaire. Je suis bien
prêt à concéder un pouvoir d'enquête aux
employés municipaux, mais la municipalité agira par voie de
réglementation et elle portera ses plaintes devant la cour Municipale.
Il y a une cour Municipale. On en est rendu que le conseil municipal va avoir
des pouvoirs judiciaires.
M. PAUL: C'est plus grave. Prenons un employé, Baptiste
Labonté, croque-mort de la municipalité, à qui on va dire:
Monsieur, vous êtes nommé officier pour la municipalité et
c'est vous maintenant qui avez les pouvoirs d'un juge de paix. Faites venir
tous les témoins possibles et, s'ils ne veulent pas se soumettre, ils
sont passibles des pénalités prévues par la Loi des
poursuites sommaires. Je suis sûr que le ministère de la Justice
n'a pas été consulté sur ça. Les conseillers
juridiques, très bien, ont pu se consulter. Mais les hautes
autorités du ministère de la Justice n'ont certainement pas
été consultées là-dessus. Si oui, je voudrais bien
savoir qui.
M. DEMERS: On va donner des pouvoirs à un employé qui vont
être équivalents à ceux d'un shérif dans les films
de "cowboys".
M. PAUL: C'est ça.
M. BOIVIN: On donne des pouvoirs judiciai- res, même pas au
conseil municipal, mais aux employés municipaux. Il y a une cour
Municipale. La seule façon d'agir pour un conseil municipal c'est par
voie de réglementation. Il y a un pouvoir législatif, un pouvoir
exécutif, si vous voulez. Mais au moins qu'on ne lui donne pas des
pouvoirs judiciaires.
M. DEMERS: Là vous faites un petit directeur avec
l'employé.
M. PAUL: II est obligé de répondre.
M. BOIVIN: Nous n'avons pas affaire à lui donner des pouvoirs
judiciaires. Il agira par voie de réglementation et la
municipalité portera sa cause à la cour Municipale.
M. FRASER: Je ne sais pas si vous avez des "cowboys" chez vous comme
maire ou conseillers, mais chez nous ce ne sont pas des "cowboys".
M. BOIVIN: Nous faisons partie de la même province.
M. DEMERS: Nous ne parlons pas des maires et des conseillers, nous
parlons de l'employé qui va être chargé de faire
enquête.
Il faudra que le député de Huntingdon se situe, c'est la
première fois qu'il participe à cette commission, c'est pour
ça qu'il est un peu perdu.
M. BOIVIN: Oui, il vient d'arriver à part ça.
M. GOLDBLOOM: Je voudrais quand même souligner le fait que les
articles 69 à 76 inclusivement sont tirés directement de la Loi
de l'hygiène publique et existent...
M. BOIVIN: C'est une loi vieille de cinquante ans. Et même si elle
a déjà donné ces pouvoirs je n'ai pas l'intention
d'approuver ces pouvoirs aujourd'hui. La société a
évolué depuis.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je cherche à comprendre le
point de vue des collègues d'en face qui, à certains moments,
voudraient donner des pouvoirs aux municipalités et maintenant
voudraient leur en enlever.
M. BOIVIN: Bien non...
M. GOLDBLOOM: Je voudrais saisir exactement la philosophie des opinants
sur cette série d'articles.
M. BOIVIN: Je vous l'ai expliqué, je vous ai dit que je suis
prêt à donner un pouvoir d'enquête à l'officier
municipal, mais que la municipalité n'agisse pas directement, que le
conseil municipal ne soit pas érigé en juge à un moment
donné. Que la municipalité décrive la
nuisance, qu'elle fasse une cause devant la cour Municipale, qu'elle
agisse par réglementation et ce sera jugé par un juge de la cour
Municipale. Je ne veux pas qu'on donne de pouvoirs judiciaires ni à
l'officier ni même au conseil municipal.
M. DEMERS: Surtout pas à l'officier. M. BOIVIN: Même pas au
conseil.
M. PAUL: M. le Président, on va plus loin dans l'article. On dit:
Que le représentant de la municipalité... On ne parle plus de
l'enquêteur, on parle du représentant de la
municipalité...
M. DEMERS: Le cinquième...
M. PAUL: On va en faire une espèce de juge qui va être
chargé, dans son optique, de juger ce qu'est une nuisance et qui va
forcer un contribuable de la municipalité à comparaître
devant lui, à répondre devant lui. C'est le représentant
de la municipalité.
M. le Président, les municipalités de moindre importance
comme le mentionnait si bien mon collègue, le
député de Dubuc ont des cours Municipales. Que
l'enquêteur fasse sa plainte, s'il la juge bien fondée, et
l'individu ira se défendre devant la cour Municipale.
M. BOIVIN: C'est comme ça qu'on procède.
M. DEMERS: Et cela évitera, je pense, la multiplication à
l'infini de ces plaintes, fondées ou pas, et l'obligation pour une
personne de se défendre et d'être jugée par un gars qui ne
connaît rien.
M. BOIVIN: Pour mieux me faire comprendre disons que dans la
municipalité, par exemple, il y a un mur qui est dangereux. Il y a un
règlement qui autorise la municipalité à agir et
l'officier qui va faire enquête constate le danger et fait une cause
à cette personne qui est obligée de se présenter devant la
cour Municipale. Ce n'est pas cet officier qui la juge et la condamne.
M. ROY (Lévis): M. le Président, si vous permettez...
M. DEMERS: M. le Président, vous avez une permission à
donner.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Lévis.
M. ROY (Lévis): Si vous me le permettez, même si on a
passé déjà sur toutes ces petites choses, je voulais
parler de l'inspecteur municipal. On parlait de démolition de murs tout
à l'heure et j'ai bien compris le député qui a
parlé en dernier.
M. BOIVIN: II a expliqué la procédure.
M. ROY (Lévis): Nous, nous procédions comme ça.
D'abord, l'inspecteur allait trouver le propriétaire. Il lui disait:
Telle ou telle chose est défendue ou permise ou tu vas démolir
cette bâtisse parce qu'elle est dangereuse pour les incendies ou autres
chose. A la suite de cet avertissement qui était prévu dans la
loi, là, nous pouvons prendre des procédures contre le type. Si
on prend des procédures immédiatement, c'est sûr qu'on va
amener une quantité de procédures. Je comprends que ça va
faire gagner certains avocats et puis des juges. Je ne veux attaquer personne
en parlant des avocats et des juges je ne leur en veux pas.
Le cultivateur qui enfreint la loi ne l'enfreint pas toujours de
mauvaise foi. Parfois, il le fait de bonne foi. Donc, s'il est averti par un
inspecteur qui lui donne un délai et que s'il ne s'y conforme pas,
là, qu'on se serve de la loi d'accord.
Je vais vous citer un fait. Il y a une municipalité, pas loin de
chez nous, qui, à un moment donné, a adopté un
règlement disant que personne ne pouvait circuler avec des
déchets sans que le voyage soit recouvert d'une toile. Cela avait du bon
sens pour ne pas faire de saletés dans la place. Mais savez-vous que
c'en est venu au point que le gars qui charroyait son engrais sur sa terre a
été obligé de le recouvrir avec une toile. Cela a
été jusque-là. C'est pour ça que, quand on adopte
des lois et qu'on fait des choses comme ça, il faut toujours être
un peu prévenant de façon à ne pas obliger tout le monde
et que la loi soit assez explicite pour que les gens la comprennent.
M. PAUL: M. le Président, de tout ça, si nous lisons
l'article, nous pourrons avoir autant d'inspecteurs qu'il y a de plaintes. "Sur
réception de la plainte, la municipalité doit s'enquérir
des faits qui y ont donné lieu, faire visiter l'endroit dont il s'agit
et entendre, s'il est nécessaire, par tout officier qu'elle
désigne..."
M.GOLDBLOOM: M. le Président, si nous innovions, si nous
créions du droit nouveau, si nous créions des pouvoirs nouveaux,
je pense que l'on aurait raison de demander exactement comment tout cela
s'appliquera. Mais ce sont, quand même, des pouvoirs qui existent depuis
trente et quarante ans. J'aimerais que l'on me cite des cas d'abus de ces
pouvoirs. J'aimerais que l'on me dise que l'existence de ces pouvoirs, depuis
tout ce temps-là, a effectivement occasionné une multiplication
de nominations d'inspecteurs ou de représentants officiels des
municipalités pour les fins de ces enquêtes et de l'application de
la Loi de l'hygiène publique. Je n'en connais pas, pour ma part, mais je
ne suis certainement pas au courant de tout ce qui se passe dans toutes les
municipalités.
M. BOIVIN: Dans une municipalité, le juge de paix, c'est le
maire. Le maire est juge de paix, mais vous n'instituez pas le maire juge de
paix, là. Tout inspecteur qu'elle jugera bon.
Pour ma part, celui qui est chargé dans la municipalité de
faire ce travail, c'est un homme que je considère comme très
compétent, mais je ne crois pas qu'il soit assez compétent pour
qu'on le nomme juge de paix.
Il est très mal placé, à part ça, pour
être juge.
M. DEMERS: M. le Président, le ministre réfère sans
doute à un chapitre de la Loi de l'hygiène publique. Est-ce qu'il
pourrait nous dire si c'est textuellement reproduit ou bien s'il a des
amendements dans la rédaction du nouveau texte?
M. GOLDBLOOM : II n'y a pas beaucoup de modifications, M. le
Président. L'article 70 reproduit l'article 45 de la Loi de
l'hygiène publique, qui se lit comme suit: "Sur réception de la
plainte, l'autorité sanitaire municipale doit s'enquérir des
faits qui y ont donné lieu, faire visiter par son officier
exécutif ou un autre officier d'hygiène l'endroit dont il s'agit
et entendre, s'il est nécessaire, le témoignage de toute personne
capable de la renseigner au sujet de l'objet de la plainte et, aux fins de
contraindre les témoins à comparaître et à
répondre, elle a tous les pouvoirs qui sont conférés
à un juge de paix par la Loi des poursuites sommaires.
M. PAUL: Elle a les pouvoirs.
M. DEMERS: C'est la municipalité.
M. BOIVIN: Cela, c'est le maire.
M. PAUL: Maintenant, est-ce que le ministre pourrait avoir
l'amabilité de nous passer son texte? Je regrette, je ne l'ai pas
ici.
M. BOIVIN: Je préférerais qu'il donne des pouvoirs
d'enquête.
M. PAUL: C'est 45?
M. GOLDBLOOM: Oui, 45.
M. PAUL: Alors, sur réception de la plainte nous avons la
reproduction du même texte à 45 et à 70 la
municipalité doit s'enquérir. Ici, c'est marqué, dans le
texte de la Loi de l'hygiène publique: "L'autorité sanitaire
municipale ce n'est pas la même chose doit
s'enquérir des faits qui y ont donné lieu, faire visiter par son
oïficier exécutif ou un autre officier d'hygiène..." Il a
une qualité, cet inspecteur, il a une expérience, il a une
préparation mais ce n'est pas ce qui est dit à l'article 70.
Selon l'article 70, chaque fois qu'il va y avoir une plainte la
municipalité va désigner un enquêteur, un individu qui,
pour les fins d'une certaine plainte, sera juge de paix. On lui dira: Menez
l'enquête que vous voudrez. Tandis qu'ici on a le respect des valeurs de
l'expérience.
M. DEMERS: A part cela, ce sont des officiers compétents.
M. GOLDBLOOM: Oui, mais si l'on se réfère aux
définitions fournies dans la loi, les mots "autorité sanitaire
municipale" désignent le conseil municipal ou le bureau d'hygiène
constitué dans une municipalité, désignent le conseil
municipal outre le bureau d'hygiène.
M. BOIVIN: Le maire est juge de paix.
M. PAUL: Là, vous prenez n'importe quel innocent, vous pouvez le
nommer inspecteur et c'est lui qui va décider.
UNE VOIX: II n'est même pas élu.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, si cela peut aider à la
discussion, je vais donner un exemple. Certaines municipalités ont des
règlements selon lesquels, si, à la suite d'un feu, une
bâtisse est endommagée à 50 p.c. ou plus, elles ont le
droit de faire démolir la bâtisse. Ce règlement existe chez
nous. Il devrait y avoir une procédure. J'imagine bien que celui qui
voit sa bâtisse endommagée, à son avis, à 35 p.c. ou
40 p.c. a un droit de défense. Il y a une procédure alors. Est-ce
que la même procédure ne s'appliquerait pas dans un cas comme
celui-là où on va jusqu'à la démolition d'un
bâtiment?
On dit: S'il est reconnu que la nuisance ou la cause
d'insalubrité est dépendante d'un vice de construction d'un
immeuble... L'inspecteur pourra ordonner de modifier l'immeuble. Si le
propriétaire ne veut pas le modifier, la municipalité peut le
détruire ou le faire modifier aux frais du propriétaire.
M. BOIVIN: Oui, le député de Jacques-Cartier comprend
jusque là. Si le propriétaire ne veut pas débâtir,
qu'est-ce que la municipalité fait? Elle porte une plainte à la
cour Municipale et c'est un juge qui condamne le monsieur.
M. SAINT-GERMAIN: Pouvez-vous m'affir-mer...
M. DEMERS: Ce n'est pas l'inspecteur chez vous non plus.
M. SAINT-GERMAIN: Je suis d'avis qu'on ne devrait pas laisser à
un inspecteur un droit exclusif; je suis un peu du même avis que mes amis
d'en face. Seulement, ne demandez pas de voter pour cela parce que moi, je
n'embarquerai pas, je vous le dis.
M. DEMERS: On a vu cela que vous aviez des gars qui prennent des
purgations quand c'est le temps de voter.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, revenons à l'article
70.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je voudrais attirer l'attention
des membres de la commission sur une situation qui est en train de se
créer au Québec. Par l'application de ce qui était le
projet de loi 65 et qui est maintenant loi, nous modifions
considérablement les responsabilités des municipalités en
cette matière. Nous modifions notamment les institutions municipales,
qui ont eu jusqu'à maintenant la responsabilité de certains
éléments de l'hygiène publique. Donc, il ne sera plus
possible de faire allusion aux autorités sanitaires de la
municipalité parce que c'est d'avantage la province qui aura cette
responsabilité.
M. DEMERS: Le ministre ne pourrait-il pas mettre dans son article au
moins un certain degré de qualifications pour cet officier, ce
délégué de la municipalité qui va avoir les
pouvoirs d'un juge de paix? Vous savez comment ça se passe dans les
municipalités: Fais-moi élire maire et je te trouve une "job". Je
t'ai nommé inspecteur sanitaire. Si le gars a juste participé au
vol de l'élection, ce n'est pas assez fort pour être
qualifié.
M. BOIVIN: C'est dangereux pour l'arbitraire.
M. ROY (Lévis): Est-ce que le député de
Saint-Maurice veut insinuer que les municipalités prennent les
méthodes de l'ancienne Union Nationale? Non?
M. DEMERS: On prend les méthodes qu'on prend. Vous avez
été assez longtemps dans l'Union Nationale, cela ne vous
intéressait plus. C'est parce que cela ne vous intéressait plus
que vous avez foutu le camp. Quand vous avez compris que vous ne pouviez plus
faire ce que vous aviez toujours fait, vous vous êtes dit, on va aller
essayer d'en faire ailleurs.
M. ROY (Lévis): J'ai dit ce que j'ai déjà dit.
C'est parce que j'ai évolué plus vite que les autres.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, si vous voulez, revenons aux
choses sérieuses.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il me semble que nous arrivons,
par la trituration de notre discussion, à deux solutions possibles. Si
nous ne retenons pas la rédaction qui est présentée, il
nous faudrait faire allusion aux qualités de la personne qui ferait
l'enquête, c'est-à-dire indiquer que si la municipalité est
pour assumer ces pouvoirs, il faudrait qu'elle ait à son service une
personne détentrice d'un certificat en hygiène publique comme
inspecteur, ou bien, si c'est l'avis des membres de la commission je
cherche à comprendre quel est cet avis on pourrait même
venir à la conclusion que les modifications apportées depuis peu
de temps à l'exercice de la responsabilité pour l'hygiène
publique nous mèneraient à laisser ce pouvoir entièrement
entre les mains de la province et de ses inpsecteurs.
M. BOIVIN: Moi, je n'aurais pas d'objection qu'on laisse les pouvoirs,
dans la loi, d'un juge de paix au maire. Il y a des endroits très
éloignés où il va vous falloir un juge de paix. Je
voudrais tout simplement laisser le droit d'enquête et donner au conseil
le pouvoir législatif. Il a le droit de faire des règlements.
Ensuite, qu'ils suivent la procédure judiciaire. Que ce soit
jugé, peut-être par le maire. Cela peut être utile qu'on se
serve du maire comme juge de paix. Ê y a des endroits très
éloignés où vous allez avoir des difficultés. Le
maire a des pouvoirs judiciaires. Il a des pouvoirs qui vont encore plus loin
que cela, même au criminel. A certaines places, le maire peut être
institué juge pour des procédures sommaires, même au
criminel.
M. PAUL: Je crois que le ministre vient de nous faire une excellente
suggestion à laquelle nous serions prêts à souscrire, si le
tout était laissé entre les mains d'inspecteurs du
ministère ou du service de la protection. Je comprends que cela va
commander des dépenses de deniers publics avant d'obtenir tout le
personnel requis pour juger ces plaintes. Mais, d'un autre
côté...
M. GOLDBLOOM: Pas nécessairement. Les inspecteurs provinciaux
sont là, de toute façon. Us se promènent sur leur
territoire et constatent bien des choses. Ils ne demanderaient pas mieux que
d'avoir le pouvoir d'agir directement. Même si ce n'est pas inscrit,
à ma connaissance, dans nos lois, la politique est clairement
indiquée c'est une politique demandée par les inspecteurs
eux-mêmes et par leur association professionnelle de n'avoir que
des personnes détentrices d'un certificat d'inspecteur en hygiène
publique à l'emploi de la province pour ces fins.
Je pense, si nous sommes pour étudier la possibilité d'une
telle modification, qu'il faudra réserver les articles suivants et les
revoir, parce qu'il faudra prévoir une procédure pour la
présentation d'une plainte et la réponse à cette plainte
par les autorités provinciales.
M. BOIVIN: Je trouve que c'est une amélioration que de donner ce
pouvoir d'enquête à l'inspecteur de la province. Mais de quelle
façon l'inspecteur de la province va-t-il porter sa plainte? Où
la portera-t-il?
Je ne veux pas laisser les pouvoirs judiciaires dans les mains de
l'inspecteur de la province. Il portera sa plainte, tel que c'est prévu,
à la cour Municipale. Il prendra les procédures en vertu des lois
de nos tribunaux.
M. GOLDBLOOM: Nous revenons à la question fondamentale. Est-ce
que c'est le ministre qui devrait déclarer la nuisance? Dans ce cas, sa
déclaration serait sans appel. Ou est-ce que c'est
le directeur qui devrait déclarer la nuisance? Dans ce cas, il y
aurait appel. Je pense qu'il y a lieu d'établir l'autorité
à un de ces deux niveaux plutôt que de laisser à
l'inspecteur lui-même l'autorité de déclarer une nuisance.
Ce n'est pas le rôle de l'inspecteur. L'inspecteur fait rapport,
après enquête; il fait des recommandations en vertu de la loi, des
règlements et des normes.
M. BOIVIN: Je n'accepte pas plus l'intrusion du ministre dans le pouvoir
judiciaire. Je ne l'accepte pas plus. Je veux que la plainte aille devant un
tribunal et qu'elle y soit jugée.
M. PAUL: Mon collègue conviendra qu'il peut y avoir inspection
sans plainte judiciaire ou sans poursuite.
M. BOIVIN: Oui, mais on va jusqu'à la procédure là.
Je n'accepte pas plus que le ministre juge. On ne comprend pas la nuance. On
sait qu'il y a trois pouvoirs: le pouvoir législatif, le pouvoir
exécutif et le pouvoir judiciaire. Je veux que ce soit le
judiciaire...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si le député de Dubuc permet,
dans les articles qui suivent, c'est-à-dire les articles 71 et 72, le
but qu'il recherche est atteint. Les articles précisent assez bien qu'on
doit aller devant l'appareil judiciaire existant.
M. PAUL: II y a un principe à décider, d'abord. Est-ce que
nous laissons le tout à la discrétion des municipalités ou
du ministre par la voie de ses inspecteurs?
M. BOIVIN: Je l'accepte.
M. PAUL: Le ministre a une excellente suggestion puisque les inspecteurs
auront les mêmes critères, la même formation, la même
politique et le même désir de réaliser l'assainissement du
milieu. C'est une excellente mesure que l'inspection soit faite par les
inspecteurs du ministère à la place des blancs-becs ou des
créatures occasionnelles des municipalités. Ce principe, nous
l'admettons.
M. BOIVIN: D'accord.
M. GOLDBLOOM: Ce n'est certainement pas parce que le ministre cherche
plus de pouvoirs, M. le Président.
M. PAUL: Non, non. C'est l'efficacité.
M. GOLDBLOOM: Oui. On rendra, j'en suis convaincu, les inspecteurs
provinciaux extrêmement heureux.
Je voudrais également souligner que cette décision
n'exclurait pas la possibilité pour la Communauté urbaine de
Montréal ou la ville de
Montréal de conclure une entente avec le gouvernement de la
province afin d'assumer la responsabilité de l'application de la loi et
des règlements sur son territoire. Ses inspecteurs, par l'effet que
cette entente, auraient les mêmes fonctions que les inspecteurs
provinciaux. H me semble que ce serait normal. Il me semblerait impensable
d'enlever aux autorités municipales de Montréal et de
Québec, par exemple, ce genre de pouvoir.
M. BOIVIN: Cela est accepté aussi.
M. PAUL: M. le Président, la deuxième étape:
L'inspecteur fait son enquête. Il soumet un rapport et des
recommandations. A qui? Je dis que ce doit être au directeur parce que
celui-ci, dans l'analyse de ces faits, devra tenir compte des
arrêtés en conseil déjà adoptés.
Le directeur va avertir l'agent polluant ou la corporation polluante
qu'à la suite de l'enquête menée il en vient à la
conclusion que telle disposition de tel arrêté en conseil n'est
pas respectée. Si le pollueur juge que cela ne correspond pas aux
définitions qui sont dans l'arrêté en conseil, il y aura
toujours, pour lui, possibilité d'en appeler. Ce sur quoi mon
collègue insiste, c'est qu'il ne veut pas que l'inspecteur soit en
même temps juge de sa propre conduite...
M. BOIVIN: C'est ça.
M. PAUL: ... ou de sa propre inspection...
M. GOLDBLOOM: D'accord.
M. PAUL: ... et, pour sauvegarder son autorité, qu'il aille
jusqu'à émettre une ordonnance.
M. BOIVIN: C'est ça.
M. PAUL: C'est ce contre quoi s'élève mon
collègue.
M. ROY (Lévis): M. le Président, cela voudrait dire que,
si quelqu'un refuse de se soumettre à ce qui a été
imposé par l'inspecteur, là ils auront recours à la loi
judiciaire.
Il sera jugé par un juge, par des témoins et il aura un
avocat pour le défendre. Mais s'il se soumet aux ordres de l'inspecteur,
cela finit là. S'il ne se soumet pas, le conseil pourra entreprendre des
procédures contre le type, s'il pense qu'il a raison.
M. GOLDBLOOM: Je ferai remarquer au député de Lévis
que selon ce que nous suggère le député de
Maskinongé, ce serait, en effet, l'inspecteur qui communiquerait les
renseignements, mais ce serait au nom du directeur et l'appel serait devant la
Commission municipale, avec ses pouvoirs quasi-judiciaires. Il faudrait
examiner les implications de cet appel. Il faudrait examiner les recours devant
les tribunaux à part cela.
DES VOIX: C'est cela.
M. BOIVIN: Parce que le ministre sera embarrassé par toutes
sortes de choses. Imaginez-vous que des feux, il y en a dans toutes les
municipalités. Il faut démolir des maisons, il faut
démolir des murs. Alors, qu'on laisse cela aux instances de cours
municipales.
M. GOLDBLOOM: II faut tenir compte d'articles qui arrivent plus loin,
qui disent que n'importe qui peut porter plainte devant le ministre s'il croit
qu'il a été lésé, qu'il a subi des dommages
à sa santé ou à ses biens et, là aussi, le ministre
peut, s'il juge la plainte raisonnable, faire enquête.
M. PAUL: II reste toujours à celui qui se croit victime d'une
disposition du code civil, qui dit, à l'article 1,053, qu'on est
responsable du dommage que l'on cause par son fait, son inhabileté, sa
négligence, son imprudence, il restera toujours, dis-je, à celui
qui se croit victime d'une conséquence d'une telle erreur, d'une telle
faute, d'une telle négligence, d'avoir un recours devant un tribunal de
droit commun.
Je me place dans la situation de celui qui prétend être
victime de pollution.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense que si les membres de la
commission croient avoir suffisamment éclairé celui qui vous
parle et les légistes sur cette question, nous serions bien
inspirés d'examiner à tête reposée les articles en
question, parce qu'il y a d'autres implications. Peut-être je ne
dis pas que c'est le cas que dans nos discussions à
brûle-pourpoint nous pourrions affirmer des choses qui ne seraient pas
absolument précises et qu'il faudrait vérifier dans les textes de
loi et de règlements avant de prendre une décision
définitive.
M. PAUL: Je souscris entièrement aux propos du ministre.
D'ailleurs, j'allais lui faire la suggestion, pour que nous puissions avoir une
discussion pratique, plutôt que d'agir sans connaître tous les
faits ou la nécessité d'amender tel article, peut-être
l'article 74 plutôt que l'article 71 ou l'article 75. Il me semble donc
que les articles 69 à 75 devraient être réservés
pour une nouvelle rédaction, en vertu du consensus unanime qui a
été donné ce matin, pour que l'autorité soit
conférée aux inspecteurs du gouvernement.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je retiens la discussion sans
vouloir m'engager jusque là, parce qu'il faudra quand même
examiner les implications pour l'autorité municipale et pour la bonne
administration de cette section. Je suggère donc que nous
réservions ces articles et que nous passions à autre chose, pour
l'instant.
M. PAUL: Cela comprendrait jusqu'à quel article?
M. GOLDBLOOM: Jusqu'au no 76 inclusivement, mais je pense que nous
ferions mieux de ne pas poursuivre l'étude des articles suivants de
cette section.
M. KENNEDY: Suspendre tout le chapitre. M. PAUL: Tout le suspendre.
M. GOLDBLOOM: Oui, le reste de la section, et nous y reviendrons.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Avec l'assentiment des membres de la
commission, celle-ci suspend l'étude de la section VIII, quitte à
y revenir. Nous allons immédiatement à la section IX, l'ancienne
section VIII.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que je peux suggérer que nous revenions
à la section concernant les déchets?
LE PRESIDENT (M. Giasson): A la suggestion du ministre, nous revenons
à la section VII, l'ancienne section VI. Article 49?
M. VAILLANCOURT: Page 16.
La disposition des déchets
LE PRESIDENT (M. Giasson): La gestion des déchets, article
49.
M. BOIVIN: A l'article 49, je trouve qu'on va haut tout de suite. Nous
avons parlé tout à l'heure des inspecteurs et, là, on va
tout de suite au directeur. Pourquoi n'agirait-on pas avec le directeur local?
On pourrait dire: "Nul ne peut établir ou modifier un système de
gestion des déchets ou une partie de celui-ci sans avoir obtenu" du
représentant au lieu "du directeur"... Pourquoi aller sur le plan
provincial tout de suite?
M. GOLDBLOOM: Je pense qu'il est implicite dans l'article que, si le
directeur désigne un représentant local, c'est lui qui sera
consulté.
M. BOIVIN: Mais est-ce inscrit dans la loi que le représentant a
les mêmes pouvoirs que le directeur?
M. GOLDBLOOM: II y a deux choses là-dedans: l'évaluation
du dossier, qui serait faite par le personnel technique et surtout par les gens
de la région, et la décision éventuelle qui serait
publiée sous forme d'autorisation officielle. Il faut que cette
responsabilité soit centralisée.
C'est le directeur, parce qu'il s'agit ici de conformité aux
normes prévues par règlement du lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. LEGER: Juste une question d'information. En revenant à la
section VI, pour l'article 49, est-ce qu'il n'y avait pas une sorte de
réaménagement de ces articles? Vous n'aviez pas des
amendements à nous apporter à partir de l'article 49?
M. GOLDBLOOM: En vertu de la décision fondamentale d'attribuer
directement au ministre les pouvoirs discrétionnaires prévues
dans la loi, c'était la seule raison pour avoir retenu cette section. Il
y a deux modifications que je suggérerai en cours de route dans toute la
section.
M. LEGER: Parfait.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 49. Adopté?
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 50?
M. BOIVIN: Vous dites "nulle personne"; alors, la municipalité
est exclue ici. Si la municipalité garde elle-même le soin de
disposer les déchets, elle est exclue.
M. GOLDBLOOM: La municipalité est visée par l'article 49
que nous venons d'adopter qui commence par "nul". Il faudra faire, je pense
bien, la même correction au texte anglais pour dire "no one".
Dans le cas de l'article 50, on impose une limite à
l'autorisation accordée à une personne. On exige le
renouvellement tous les deux ans de ce permis, ce que l'on ne ferait pas dans
le cas d'une municipalité. Une municipalité continuerait ses
activités, c'est normal, mais je pense que ce droit de regard, dans le
cas de l'entreprise privée connaissant ce que nous connaissons de
la gestion des déchets au Québec est souhaitable.
M. BOIVIN : Je reviens là-dessus. Il y a une autre chose qui va
être très difficile à appliquer si vous donnez un contrat
de deux ans à une personne qui doit faire la cueillette des
déchets.
Cette personne, avec toutes les exigences que vous aurez cela
s'est présenté dans ma municipalité a eu besoin de
dix ans parce qu'elle avait un investissement très important: acheter un
camion Sanivan. En deux ans, une personne ne peut s'organiser, dans une petite
municipalité. Je ne parle pas de la ville de Montréal, je parle
toujours au nom des petites municipalités.
Pour l'investissement que vous allez exiger vous exigerez des
camions Sanivan et non des camions qui vont laisser des déchets
éparpillés dans la municipalité il n'y a aucune
possibilité pour une personne de prendre un contrat pour cette
période de deux ans. Il y a même eu un procès
là-dessus parce qu'il a fallu signer un contrat de dix ans pour donner
la possibilité d'acheter l'instrumentation nécessaire. C'est un
contrat qui dépassait $10,000 et on n'avait pas le droit de le donner
sans l'autorisation du ministère des Affaires municipales. On a
gagné notre procès parce que c'est un service de la
municipalité plutôt qu'un contrat.
Mais deux ans, avec ce que vous exigerez, il n'y aura aucune
possibilité qu'une municipalité accorde un contrat pour la
cueillette des déchets.
M. ROY (Lévis): Si vous permettez, M. le Président, nous
avons eu des expériences là-dessus, nous avons fait
l'enfouissement sanitaire à Lauzon et après, nous avons
donné des contrats et je crois que ceux-ci étaient limités
à cinq ans.
M. BOIVIN: C'est le moins.
M. ROY (Lévis): Le député qui vient de prendre la
parole a bien raison de dire que deux ans ce n'est pas assez long. Le
gouvernement peut se réserver le droit, si le type ne remplit pas ses
fonctions de lui enlever le contrat, je suis d'accord sur ce point, mais je
pense que la période de deux ans, c'est un peu court.
M. BOIVIN: Cela prend huit ans pour financer un camion Sanivan pour la
cueillette normale.
M. PAUL: A moins que le ministre, par le terme de deux ans, vise le
renouvellement du coût du permis. Si c'est ce que le ministre vise, alors
ce sont les mêmes termes que l'on rencontre pour le permis de conduite
des véhicules-automobiles.
M. GOLDBLOOM: C'est plus général que cela, M. le
Président.
M. BOIVIN: La banque va exiger une garantie du contrat pour une
période d'au moins cinq ans mais normalement c'est huit ans. Un camion
Sanivan coûte $50,000 ou $60,000.
M. ROY (Lévis): Et on parle de cueillette seulement.
M. BOIVIN: Oui, et ce n'est pas important pour une
municipalité.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Je vais poser la question suivante au ministre: à
l'article 50, on parle d'exploiter un système de gestion des
déchets, est-ce que ça inclut implicitement les maisons à
loyers multiples qui ont un système de gestion des déchets, soit
incinérateur ou autre? Est-ce que ça va leur prendre un permis
aussi?
M. GOLDBLOOM: Je pense que c'est essentiel; on sait combien de travail
les autorités municipales de Montréal ont dû faire pour
corriger des situations dans des conciergeries
afin de faire diminuer la pollution atmosphérique
occasionnée par les incinérateurs individuels. C'est absolument
nécessaire que...
M. LEGER: Je le crois également.
M. GOLDBLOOM: ... cela soit inclus dans la loi. La définition de
système de gestion des déchets est une définition assez
large.
Je reconnais l'importance du point soulevé par le
député de Dubuc. Je me suis posé la question en
l'écoutant: dans le cas où la municipalité visée
par l'article 49 accorderait un contrat à une personne pour
l'accomplissement du travail, cette personne par le fait même,
serait-elle soumise à l'application de l'article 50?
Je crois que la réponse est oui et je pense que, tout en voulant
conserver un droit de regard, il y a peut-être d'autres mécanismes
que le renouvellement du permis que l'on pourrait utiliser pour assurer la
qualité du service, notamment les normes établies par
règlement quant à la qualité de ce service. Pour cette
raison, je serai disposé à enlever J'exigence quant à la
durée du contrat.
M. PAUL: La faire disparaître complètement?
M. ROY (Lévis): Le remplacer par une limite donnée.
M. BOIVIN: Non, on l'enlève s'il ne fait pas pire...
M. ROY (Lévis): On lui enlève son contrat automatiquement,
parce qu'il ne s'est pas conformé aux règlements.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. C'est selon la durée du contrat conclu
entre la municipalité et la personne et selon la qualité du
service, parce que si le service ne répond pas aux normes il y aurait
moyen d'intervenir en vertu des normes.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Ceci signifie que la dernière phrase
de l'article 50 serait entièrement biffée.
M. GOLDBLOOM: Pas de l'article, mais du premier alinéa, parce
qu'il y en a deux.
LE PRESIDENT (M. Giasson): C'est cela.
M. PAUL: La dernière phrase du premier alinéa de l'article
50.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce qu'il y a d'autres questions sur
l'article 50?
M. OSTIGUY: Est-ce que cela impliquerait l'achat, par toutes les
personnes qui font la cueillette des vidanges, de camions Sanivan? On sait que
dans les petites municipalités il y a différents types de camions
qui peuvent être employés pour la cueillette des vidanges.
M. GOLDBLOOM: II y a même de nouvelles sortes de camions qui
seraient peut-être moins coûteux, notamment et ce n'est pas
que je voudrais faire disparaître des emplois il y a des camions
qui peuvent être manoeuvres par une seule personne. C'est un
développement récent qui se répand.
M. OSTIGUY: On sait qu'il existe dans de petites municipalités
des types de camions qui sont fabriqués localement pour la cueillette
des vidanges. Pour autant que c'est sanitaire, j'ai l'impression que c'est
valable.
M. GOLDBLOOM: C'est exactement ce que j'allais dire, M. le
Président. Il faut pouvoir assurer la protection de la santé et
de l'environnement. Si c'est un camion ouvert qui permet le dégagement
des déchets le long de la route, ce n'est pas acceptable, mais on
n'irait pas dans tous les détails. On dirait qu'il faut un moyen de
transport fermé et protégeant la santé et
l'environnement.
M. PAUL: Maintenant, M. le ministre, pourquoi imposer l'obligation au
requérant de prouver qu'il ne commet aucune infraction à un
règlement municipal en formulant sa demande de permis? A moins que le
ministre, pour des raisons d'intérêt public, ne l'en dispense par
écrit, le requérant doit établir que sa demande ne
contrevient à aucun règlement municipal. On pourrait dire: ...
doit certifier que sa demande est conforme à tous les règlements
municipaux. Mettre du positif plutôt que du négatif. Mettre une
affirmation.
M. GOLDBLOOM: Si l'on pense aux règlements municipaux dans le
seul cadre de ce que l'on appelle l'hygiène publique, la loi
prévoirait que le ministre serait au courant de ces règlements du
fait que ses propres règlements, les règlements provinciaux
s'appliqueraient et que si une municipalité voulait adopter des
règlements différents, elle devrait soumettre chaque projet de
règlements au ministre. Mais il y a également les
règlements de zonage et il semble désirable que l'on obtienne du
requérant une lettre de la municipalité attestant que tout est
conforme aux règlements de zonage.
Ce n'est pas une exigence à l'endroit du requérant et je
ne crois pas que ce soit une chose onéreuse; il suffirait d'avoir une
lettre du secrétaire-trésorier de la municipalité. Il
faudrait autrement que le ministre, ou le directeur aille vérifier les
règlements de zonage dans chaque cas, ce qui serait pour lui
extrêmement onéreux. Il lui faudrait une correspondance
continuelle avec les municipalités, mais le requérant s'adresse
normalement à la municipalité pour conclure une entente avec
elle.
Ayant conclu cette entente de principe, il leur demande: Voudriez-vous
me fournir une lettre pour attester que tout est conforme au règlement
de zonage?
M. PAUL: Alors, pourquoi ne pas dire: Le requérant doit
établir, par certificat du secrétaire-trésorier ou du
greffier, que sa demande ne contrevient à aucun règlement
municipal? A ce moment-là, on pourra peut-être imposer au
requérant d'autres preuves que celles que l'on reconnaît comme
étant essentielles, ce matin. Si on spécifiait que le
requérant doit établir, par certificat du greffier ou du
secrétaire-trésorier, que sa demande ne contrevient à
aucun règlement municipal, je pense bien qu'à ce moment-là
il fait la preuve hors de tout doute que sa requête est absolument
conforme à tous les règlements municipaux.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. Une virgule après "établir,
ensuite" par certificat du greffier ou du secrétaire-trésorier de
la municipalité...
M. PAUL: De la municipalité n'est pas nécessaire, M. le
Président.
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas nécessaire?
M. PAUL: "Doit établir, par certificat du greffier ou du
secrétaire-trésorier, que sa demande ne contrevient à
aucun règlement municipal."
M. GOLDBLOOM: Oui, très bien.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que l'article 50 est adopté
avec le dernier amendement proposé par le député de
Maskinongé et agréé par le ministre?
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. Article 51?
M. GOLDBLOOM: J'aimerais souligner, pour des fins de concordance et de
pureté de la langue française, que nous avons
préféré le mot "lieu" au mot "site"
d'élimination.
M. BOIVIN: Alors, l'article 51, si je comprends bien, qui touche celui
qui est chargé d'organiser une place pour l'entreposage des
déchets, irait contre 1e règlement de zonage d'une
municipalité.
M. PAUL: Par exemple.
M. GOLDBLOOM: Par exemple, oui.
M. BOIVIN: Comment pourrait-il prendre la décision de construire
une usine, par exemple, qui éliminerait ces déchets sans passer
par le règlement municipal de zonage?
M. GOLDBLOOM: II s'agit ici d'une demande de permis. En vertu de
l'article 50, on exige un certificat du greffier ou du
secrétaire-trésorier. Si le greffier est obligé de dire
que le projet n'est pas conforme au règlement municipal de zonage, il
pourrait quand même être désirable que l'on examine cette
demande et que l'on donne une autorisation, malgré le règlement
municipal de zonage, d'établir à tel endroit un
incinérateur, par exemple.
M. BOIVIN: Le règlement de zonage ne se corrige pçis
seulement par un autre règlement municipal. Il y a toujours, pour la
correction d'un règlement de zonage, un référendum. Est-ce
que vous supprimez le référendum?
M. GOLDBLOOM: On ne parle pas ici d'une modification du règlement
de zonage; on parle ici d'une exception qui pourrait être
ciéée. Pour créer cette exception, on prévoit que
le directeur reçoive les représentations de tous les
intéressés et fasse une recommandation au ministre. Le ministre,
avec tous ces renseignements et avec les consultations qui auraient eu lieu
dans le milieu, prendra enfin une décision et dira...
M. BOIVIN: Vous dites qu'il y aura une consultation dans le milieu.
C'est ce que je vous demande. Un règlement de zonage ne se change jamais
sans un référendum. Est-ce à dire qu'on doive supprimer le
référendum? Vous le supprimez.
M. PAUL: Je vais illustrer l'exemple de mon collègue. C'est sans
arrière-pensée que je le fais. Cela se rapporte à des
événements connus et qui furent même la cause directe de la
promotion d'un de nos ex-collègues, M. le juge Roy Fournier.
Supposons que, dans le problème des Jardins Taché à
Hull, les frères Bourque ou Dasken auraient fait des
représentations au secrétaire-trésorier à l'effet
qu'à l'intérieur de cette zone de construction on voulait
aménager au premier plancher ou dans le sous-sol de l'édifice
tout un système de gestion de déchets. Selon cet article, la
corporation municipale, sur le premier avis du conseiller juridique de
l'époque, aurait défendu la construction. Sur le deuxième
avis du même procureur, à une autre époque, elle aurait
permis la construction. Alors, les contribuables seraient possiblement
privés de tout recours judiciaire, si le ministre se prévalait
des dispositions de l'article 51.
M. BOIVIN: Le gouvernement n'a pas cru bon d'intervenir.
M. PAUL: C'est un cas peut-être très exceptionnel, mais on
ne sait pas s'il ne se répétera pas. Il y aurait peut-être
lieu de trouver une formule. Je ne sais pas laquelle. Je reviens à
l'objection soulevée par mon collègue, quant au
référendum; on sait qu'un règlement de zonage ne
peut être amendé que par référendum. Même s'il
y a un règlement de zonage qui défend l'aménagement d'un
site industriel ou d'un site commercial, indirectement, sans
référendum, on va porter accroc comme avait dit, un jour,
un certain député à un règlement municipal
et, du même coup, on va priver les citoyens de la garantie que leur
accordait un règlement de zonage, par exemple.
M. BOIVIN: Le gouvernement a respecté la voix de la
démocratie parce qu'il y avait un référendum. Plus, c'est
un accroc à la démocratie.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, je trouve que cet exemple ne
tient pas, parce que le but de cette construction n'était pas le
traitement des déchets. Son but était de loger des gens. Alors,
à cause d'un règlement de zonage, faut-il défendre une
telle construction, même si le ministre accordait aux constructeurs le
droit de traiter leurs déchets dans le sous-sol? Cela ne veut pas dire
qu'au point de vue du but de la construction, qui est une bâtisse
à logements, cela permettrait au ministre d'autoriser la construction
complète.
M. PAUL: Mais est-ce que mon collègue admettra que dans ses
représentations la compagnie Dasken aurait pu faire valoir qu'elle en
aurait également profité pour établir un système de
gestion de déchets pour tout le territoire concerné dans les
Jardins Taché?
M. SAINT-GERMAIN: Oui...
M. PAUL: Ce n'est pas pousser au ridicule. C'est le principe du
référendum qu'on veut mettre de côté.
M. BOIVIN: On veut souligner que même l'autorité
provinciale...
M. SAINT-GERMAIN: ... mais on ne l'a pas dans la loi.
M. BOIVIN: ... a respecté le règlement de zonage. C'est
une mise en garde que je fais à la commission. Devant une telle
situation, qui était bien moins grave que le traitement de
déchets, le gouvernement a respecté la voie du
référendum vis-à-vis d'un amendement au règlement
de zonage. Je veux souligner l'importance de la chose. Est-ce que,
réellement, le gouvernement provincial ne respectera pas le
référendum pour une usine de déchets, quand il l'a
respecté pour une zone commerciale? C'était loin d'être une
permission qu'on veut accorder contre la voie d'un
référendum.
M. SAINT-GERMAIN: On respecte bien, à mon avis, dans la loi, le
principe du référendum et le principe du zonage, puisqu'on fait
simplement...
M. BOIVIN : On biffe le référendum de la loi.
M. SAINT-GERMAIN: ... une exception. Mais le principe reste là.
Même si le ministre permet la construction, le zonage n'est pas
changé par le fait même.
M. BOIVIN : Vous ne comprenez pas.
Non, non. Le règlement de zonage existe, dans la
municipalité, et il ne peut être changé sans un
référendum.
M. SAINT-GERMAIN: n ne l'est pas par la loi.
M. BOIVIN: D'accord. Cette loi va biffer cela.
M. SAINT-GERMAIN: Exceptionnellement.
M. BOIVIN: Mais quand on sait que le gouvernement l'a fait pour une
résidence multi-familiale, est-ce qu'on va le biffer pour une usine de
déchets? Je pense que cela vaudrait la peine qu'on ait des consultations
avec...
M. OSTIGUY: Est-ce que le député de Dubuc me permettrait
une intervention? Il y a des municipalités qui n'ont aucun
règlement de zonage.
M. PAUL: Cela, d'accord.
M. OSTIGUY: J'ai vécu, dans ma région, une
expérience. Je peux vous donner un exemple qui regarde cet article: un
dépotoir a dû être fermé. Il y avait cinq villes qui
se trouvaient pénalisées. Les ingénieurs sanitaires,
après des recherches et des études hydro-géologiques, ont
trouvé un lieu pour faire de l'enfouissement sanitaire. La
municipalité, qui était une petite municipalité, qui
n'avait aucun règlement de zonage, s'y opposait. Pendant qu'elle s'y
opposait, les cinq autres villes qui étaient pénalisées
devaient prendre leurs déchets et aller les porter à 40 milles
plus loin, peut-être, ce qui occasionnait des dépenses
extraordinaires qui n'étaient pas prévues dans leurs budgets. On
sait qu'aujourd'hui les budgets des villes sont comprimés. Pour une
certaine ville, par exemple, ça coûtait $1,000 de plus par
semaine.
Le ministre responsable de la qualité de l'environnement ne
pouvait rien faire. H n'y avait pas de règlement de zonage. Mais, par
une résolution du conseil municipal, on s'opposait.
M. BOIVIN: Je ne vous dis pas que le ministre n'a pas le droit de le
faire. Mais avant de le faire, il me semble que cela mériterait, avec
les précédents qui ont été créés dans
la province, certaines consultations avec le ministère. Là, on va
contre la voix du peuple et on casse un règlement qui nécessite
un référendum.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je comprends très bien le
point de vue exprimé par le député de Dubuc. J'ai autant
de respect que lui pour, la volonté populaire. Ce n'est pas pour mettre
de côté la volonté populaire, que l'on propose cet article.
Mais je dois expliquer le genre de problème auquel nous faisons face
déjà, maintenant.
On a, dans une région, un nombre X de municipalités.
Chacune a son dépotoir. Généralement, pour les fins de
l'exemple, disons que chaque dépotoir est un simple dépotoir
à ciel ouvert. Disons que nous examinons ces dépotoirs de tous
les points de vue pour voir s'il y en a un ou plusieurs qui peuvent être
convertis en lieu d'enfouissement sanitaire, premièrement, pour recevoir
et protéger les déchets de la municipalité et,
deuxièmement, pour remplacer d'autres dépotoirs de la
région qui ne sont pas acceptables sur le plan hygiénique.
Disons, pour les fins de l'exemple, que nous ne trouvons aucun des
dépotoirs de la région ce n'est pas exagéré
ce que je dis acceptable, aucun qui n'est assez grand, aucun qui ne
pourrait être exploité sans mettre en danger les nappes d'eau
souterraines ou la santé des gens environnants. On convoque les
municipalités, comme je l'ai fait dans plusieurs cas, et on leur dit: II
faut une solution. Cette solution serait un centre quelconque. Avec des
recherches hydro-géologiques et autres, on vérifie des terrains
et l'on en trouve un qui conviendrait. A ce moment-là, la
municipalité, à laquelle appartient ce terrain, dit : Non.
On se trouve donc dans une situation où il n'y a simplement pas
moyen de traiter les déchets de toute la région d'une
façon qui respecterait la protection de la santé publique, la
protection de nos ressources en eau, la protection de notre sol, à cause
du refus d'une municipalité, soit de modifier quelque chose, de proposer
une modification à son règlement de zonage, soit à
collaborer avec les autres. C'est un pouvoir absolument exceptionnel, qui est
prévu dans cet article.
Mais il est inconcevable que nous continuions, au Québec, sans un
pouvoir entre les mains du gouvernement de la province de passer outre à
certaines objections pour des raisons valables, publiquement
discutées évaluées avec toutes les raisons
données publiquement. Il faut enfin arriver à une décision
et dire: Nous gérerons correctement les déchets de toute la
région, nonobstant les objections des municipalités. Parce que
l'on trouve et c'est normal que personne ne veut avoir un lieu
d'enfouissement sanitaire ou un centre de gestion des déchets sur son
territoire. Tout le monde veut l'envoyer chez le voisin.
Je voudrais ajouter ceci, M. le Président. Quand nous recevons
ces objections, il arrive généralement qu'elles sont
rédigées comme suit: Nous nous opposons à la
création d'un dépotoir régional. M. le Président,
il ne s'agit plus de dépotoir. Il s'agit d'enfouissement sanitaire
correctement fait et correctement surveillé par nos autorités
provinciales, ou il s'agit d'un incinérateur qui, en 1972, peut
être construit avec un minimum si faible de pollution
atmosphérique, que la santé n'en est pas en danger. Ce n'est pas
une question de dépotoir comme jusqu'à maintenant.
Puisque l'on ferait ou l'enfouissement sanitaire, ou
l'incinération, ou un système encore plus sophistiqué de
recyclage de déchets, comme on voudrait le faire dans les grands
centres, ce n'est plus un problème pour la santé publique, ce
n'est plus une question d'odeur, ce n'est plus une question de combustion
spontanée à ciel ouvert, ce n'est plus une question de vermine,
ce n'est plus une question d'inconvénients pour qui que ce soit, sauf
possiblement et cela, il faudra le surveiller très bien et
étudier très bien la localisation des centres de traitement des
déchets le bruit occasionné par les camions. C'est le seul
inconvénient que je peux concevoir quant à la localisation d'un
centre de traitement des déchets.
Il faut, je pense bien, pour toutes ces raisons, un pouvoir. Qu'on
l'assortisse de certaines protections, mais que l'on ne le bloque pas, parce
que l'on va bloquer toute la gestion des déchets au Québec et
l'on va conserver des dangers à la santé qui existent
présentement.
M. BOIVIN: Je trouve qu'il serait peut-être nécessaire
qu'on stipule dans la loi, les pouvoirs délégués aux
municipalités et qu'on dise que la province, à un moment
donné, pourra intervenir pour certaines raisons d'ordre public. A
l'avenir, les gens sauront que désormais, dans la Loi de la protection
de l'environnement, il y a une disposition pour que la province aie ces
pouvoirs. Ainsi on n'irait pas contre la voix du public. Mais pour ce qui est
des règlements qui sont actuellement en vigueur, je veux bien que le
ministre soit conscient qu'on va contre la démocratie.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si le député de
Maskinongé me le permet, parce que je sais qu'il voudrait prendre la
parole là-dessus, je serais prêt, pour ma part, à adopter
la même phraséologie qu'à un autre article et dire: "Le
directeur doit, après audition de tous les intéressés..."
Je serais prêt à envisager une publication par le ministre, avec
un certain délai. Mais je pense bien que si l'on soumet la question
à un référendum, malgré tout le respect que j'ai
pour la volonté populaire, si le référendum donne un
résultat négatif, on est bloqué par le fait même et
l'on demeure dans une situation qui n'est pas dans l'intérêt du
bien commun. Si l'on veut ajouter que le ministre, en faisant sa
recommandation, devrait invoquer le bien commun, je suis parfaitement d'accord
qu'on le dise dans la loi. Qu'il publie, qu'il donne un délai, je pense
que c'est normal.
M. PAUL: M. le Président, pour couvrir le ministre et pour
répondre, d'une part, aux
objections qu'il nous a signalées et, d'autre part, à la
question extrêmement intelligente soulevée par mon
collègue, le député de Dubuc, je me demande si on ne
devrait pas ajouter un petit mécanisme qui obligerait indirectement le
ministre à bien motiver sa décision parce que c'est le ministre
qui, en définitive, sera la voix d'autorité, sans appel et
finale.
J'inviterais les légistes à faire part au ministre de
leurs réactions sur une proposition que j'aurais à faire au
dernier paragraphe de l'article 51. On pourrait peut-être lire,
après les mots: "Le ministre, après avoir reçu cet avis,
peut dispenser le requérant de l'application du règlement
municipal", les mots suivants: "après avis de 30 jours à cette
fin dans la Gazette officielle du Québec. Sa décision est"
remplacer le mot alors par la suite finale et sans appel.
Cela veut dire que le ministre ne pourra pas rendre une décision
finale sans avoir préalablement donné un avis de 30 jours
à l'effet que les intéressés pourront faire des
représentations. C'est seulement après l'expiration de ce
délai que le ministre rendra une décision, qu'il sera
obligé de motiver pour l'information des parties concernées. La
décision qu'il rendra à la suite du délai de 30 jours,
c'est final et sans appel, c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'injonction,
qu'il n'y a rien qui peut prévaloir contre ce pouvoir du ministre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Lévis, avant la réponse du ministre.
M. ROY (Lévis): J'ai écouté le ministre. Je crois
que nous avons eu l'occasion de travailler sur ceci ensemble,
l'été dernier. Je ne dirais pas que le ministre s'est instruit,
mais il a pris beaucoup d'expérience en négociant avec les
municipalités.
Je trouve que l'article 51, même si on peut ajouter le
règlement de 30 jours, dans la Gazette officielle etc.
M. PAUL: C'est un avis de consultation.
M. ROY (Lévis): J'ai vu moi-même trop longtemps des
municipalités, pour des raisons de fierté, d'orgueil, de dire:
nous ne recueillons pas les vidanges d'une telle place. Nous ne sommes pas
pires que les autres.
M.PAUL: Ce n'est pas tant la fierté et l'orgueil des
municipalités que celle des maires.
M. ROY (Lévis): II y a des municipalités qui ont des
maires fiers, probablement. Nous avons vécu ça, nous autres. Cela
a été très coûteux. Le ministre a parlé de
l'enfouissement sanitaire qui est bien fait. Nous en avons fait, nous, dans la
ville de Lauzon. Je peux vous dire que, le dimanche, les gens pouvaient aller
pique-niquer avec leurs enfants et qu'il n'y avait aucun danger de
contamination, parce que c'était bien fait. C'était la ville qui
le faisait, qui avait les machines pour cela.
M. PAUL : Quand vous parlez de pique-niques aux abords de cette
bâtisse, le dimanche...
M. ROY (Lévis): Nous n'invitions pas les ministres.
C'étaient pour des familles. Parce que, s'ils étaient venus,
aujourd'hui, ils ne parleraient peut-être pas de la même
façon.
M. LEGER: Les ministres amènent leur famille.
M. ROY (Lévis): Nous pouvions aller là sans crainte; il
n'y avait pas de vermine. Aujourd'hui, après 15 ans, nous avons une
école construite sur le terrain où on faisait l'enfouissement
sanitaire anciennement. Nous avons dû faire l'excavation et envoyer les
déchets ailleurs. Ce qui est resté, c'est un peu de ferraille,
mais le reste, cela sentait à peu près comme de la terre
ordinaire. Nous avons eu ça chez nous.
Pour des raisons que je n'ai pas à dévoiler, nous en
sommes venus, avec une municipalité qui n'avait pas de
règlements, à construire un incinérateur. Un type avait
pris toutes les manières voulues avec les ministres du temps que
je ne nommerai pas et il devait chauffer tout le rang avec la vapeur des
résidus de la chaleur des fourneaux et ces choses-là.
Aujourd'hui, cet incinérateur est fermé et nous en avons
un autre en marche dans le comté de Lévis. Le ministre est au
courant. Il sait qu'il y a eu des recherches faites dans le comté et on
a trouvé des endroits où on pouvait enfouir les déchets
sans crainte. C'est pour ça que j'approuve le ministre quand il dit
qu'il peut. Le ministre est au courant, lorsqu'on a tenu les assemblées,
avec les maires, les conseillers municipaux, tout le monde voulait avoir les
vidanges chez soi. Le ministre peut me démentir si ce n'est pas vrai.
Personne ne voulait les avoir mais tout le monde voulait les avoir parce qu'on
avait peur de s'éloigner et que ça coûte un peu plus cher.
Le ministre a dit non, il y aura des endroits et on en a trouvé. Que le
ministre ait le droit de passer par-dessus de municipalités qui n'ont
pas voulu comprendre, je suis d'accord.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je suis disposé à
accepter la suggestion du député de Maskinongé;
d'ailleurs, j'avais fait la même suggestion. Je pense que nous pourrions
dire ce qui suit, à la dernière phrase de l'article: Sa
décision est publiée dans la Gazette officielle du Québec
et entre en vigueur 30 jours après la date de cette publication.
Après ce délai, la décision est finale et sans appel.
M. BOIVIN: J'ai quelque chose à ajouter encore.
M. PAUL: M. le Président, nous dérogeons à un
principe de droit municipal reconnu tant par la Loi des cités et villes
que par le code municipal. Le ministre sait fort bien et ses conseillers sont
également informés que proba-
blement, à l'occasion de la prochaine session, nous aurons une
refonte du code municipal et de la Loi des cités et villes, que se
propose de nous présenter le ministre des Affaires municipales.
Dès maintenant, je voudrais que le ministre attire l'attention du
ministre ou du sous-ministre des Affaires municipales pour que l'on retrouve,
dans ce chapitre des référendums, l'exception que nous accordons
ce matin au ministre responsable de la qualité de l'environnement. Ainsi
la population serait bien informée du pouvoir non pas
discrétionnaire mais décisionnel et sans appel que peut
posséder le ministre de la qualité de l'environnement lorsque la
santé publique le nécessite.
M. BOIVIN: C'est ça.
M. PAUL: Est-ce que ça vous va, M. Roy?
M. GOLDBLOOM: Noté, M. le Président.
M. BOIVIN: C'est-à-dire qu'on retienne des pouvoirs
délégués aux municipalités sur les pouvoirs qu 'on
accorde au ministre de la qualité de l'environnement. Peut-être
aussi on pourra ajouter : Au ministre des Affaires sociales. C'est lui qui
administre la Loi de l'hygiène publique. Cela peut se produire
aussi.
LE PRESIDENT (M. Giasson): ... le texte de l'amendement
apporté.
M. PAUL: Après le mot appel, il y a un point. Le texte
apparaît par la suite.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, c'est inséré dans la
phrase qui se lirait comme suit: Sa décision est publiée dans la
Gazette officielle du Québec et entre en vigueur 30 jours après
la date de cette publication. Après ce délai, la décision
est finale et sans appel.
M.PAUL: Cela me va parfaitement, M. le Président, c'est un
amendement qui est bien reçu.
M. BOIVIN: Avec la recommandation au ministre des Affaires
municipales.
M. GOLDBLOOM: Avec la recommandation qui est bien notée. Je
voudrais maintenant proposer un nouvel article qui, pour l'instant, est
désigné 51 a). Je voudrais le distribuer aux
collègues.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 51 sera adopté?
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. Article 51 a).
M. GOLDBLOOM: C'est semblable à celui que nous avons
adopté dans la section sur l'eau. A l'article 31, je pense.
M. BOIVIN: Cela s'adresse à celui qui exploite, une personne, pas
une municipalité ça.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M.PAUL: Article 31 vous dites que le ministre pourrait adopter le
même.
M. GOLDBLOOM: C'est l'article 31, d'ailleurs, qui a provoqué
notre discussion en profondeur par laquelle nous sommes venus à la
conclusion que ce genre de pouvoir discrétionnaire pourrait être
exercé par le ministre, au non du bien commun.
M. ROY (Lévis): Pourquoi pas...
M; GOLDBLOOM: Les municipalités sont visées autrement, par
un autre article c'est-à-dire que si une municipalité n'exerce
pas ses responsabilités, le ministre peut arriver et les exercer
à sa place. C'est une situation un peu différente. On tient pour
acquis que la municipalité normalement exerce ses
responsabilités.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que 51 a) serait adopté?
M. BOIVIN: II n'était pas couvert d'aucune façon.
M. ROY (Lévis): C'est parce qu'il arrive que des entrepreneurs
privés font cet ouvrage et qui sont responsables.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 52. Adopté. Article 53.
M. PAUL: J'aimerais, M. le Président, attirer votre attention ici
sur le deuxième paragraphe de l'article 53: "Si l'exploitant ne se
conforme pas à une telle ordonnance dans le délai imparti, le
directeur peut révoquer son certificat ou suspendre ou révoquer
son permis s'il s'agit d'une personne." J'aimerais que ce soit le ministre.
M. GOLDBLOOM: Même si c'est le directeur qui, dans l'exercice de
ses fonctions, a émis le permis.
M. PAUL: J'aimerais mieux cela.
M. BOIVIN: Surtout si c'est une municipalité. Un exploitant
ça peut être une municipalité.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Dans le paragraphe précédent on
parle de personnes.
M. BOIVIN: Non...
M. GOLDBLOOM: Non, mais examinons soigneusement l'article avant de tirer
ces conclusions.
M.PAUL: Un exploitant, ça peut être une personne ou une
municipalité.
M. GOLDBLOOM: Ou une municipalité.
M. PAUL: Ah! non, on dit s'il s'agit d'une personne, c'est le...
M. BOIVIN: Les municipalités sont couvertes, là. Alors
peut-être que ça couvre les municipalités aussi, cet
article.
M. ROY (Lévis): Le député de Maskinongé a le
droit de demander que ce soit le ministre parce que, comme exemple, vous avez
deux personnes qui sont en concurrence, et puis le directeur, c'est le
directeur.
M. GOLDBLOOM: Le deuxième alinéa est nécessairement
gouverné par le premier qui parle de l'application des normes
déterminées par règlement.
M. PAUL: Dans le premier paragraphe, il n'y a pas d'inconvénient
à ce que ce soit le directeur. Le directeur est l'exécutant des
règlements adoptés par le lieutenant-gouverneur en conseil. Si le
directeur constate que l'exploitant ne se conforme pas à l'ordre qu'il a
donné, je soumets respectueusement que ce devrait devenir alors la
responsabilité du ministre de suspendre le permis.
M. BOIVIN: Parce que ce peut être une personne ou une
municipalité.
M. GOLDBLOOM: Ce peut être une municipalité aussi, mais je
vous ferai remarquer deux choses: la première, que nous avons
conservé ce pouvoir entre les mains du directeur en ce qui concerne les
systèmes de traitement d'eau; la deuxième, que si on accorde,
à l'article 34, ce pouvoir au ministre, on empêcherait la personne
et la municipalité d'avoir recours à la Commission municipale
pour un appel contre cette décision. C'est pour cette raison que je
pense, contrairement au député de Maskinongé, qu'il
vaudrait mieux que cela demeure attribué au directeur.
M. ROY (Lévis): Est-ce qu'on ne pourrait pas inscrire que sur la
recommandation du directeur le ministre pourra...?
M. GOLDBLOOM: A ce moment-là, on enlève l'appel. Je pense
que c'est une décision assez importante.
M. BOIVIN: Mais avec les pouvoirs qu'on vient de donner au ministre pour
le choix du lieu d'élimination, je pense bien qu'il ne serait pas pire
de lui accorder ce pouvoir.
M. GOLDBLOOM: II s'agit ici davantage de la qualité du service.
Par exemple, si on avait autorisé un enfouissement sanitaire, si
l'exploitant s'est engagé à couvrir les déchets d'une
couche de terre à intervalles réguliers et ne l'a pas fait, on
revient, on revérifie et si l'on trouve qu'il continue à refuser
de se conformer aux normes fixées par règlement, on finit par
révoquer son permis.
M. BOIVIN: A ce compte-là, il faudrait que la municipalité
soit comprise.
M. GOLDBLOOM: Oui, mais je pense que, justement et si on doit viser une
municipalité la municipalité devrait avoir un recours, un droit
d'appel devant la Commission municipale.
M. ROY (Lévis): Après le, ministre, il n'y a plus aucun
recours.
M. GOLDBLOOM: C'est cela, il n'y a pas de recours si le ministre prend
la décision.
M. ROY (Lévis): Mon idée est celle-ci. Pour les
municipalités, c'est moins grave, parce qu'il y a moins de concurrence,
que pour les entrepreneurs indépendants. Supposons un gars qui n'a pas
eu le contrat il y a toujours moyen de trouver des puces à.
quelque part il peut, à tout instant, faire une plainte qui n'est
peut-être pas fondée mais qui dérange. Le directeur est
humain, il n'est pas élu par le peuple et c'est un homme très
honnête, car je crois que le gouvernement nomme des directeurs
très honnêtes, mais encore là, avec tout ce qui se passe et
tout ce qu'on voit, on peut en discuter. Si ce directeur est approché
par un des entrepreneurs qui n'est pas de bonne humeur parce qu'il n'a pas eu
le contrat...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'irai plus loin que cela. Sans
invoquer la moindre influence ou la moindre malhonnêteté, je
citerai l'exemple où une plainte serait portée, en toute bonne
foi, contre l'exploitant d'un système de gestion des déchets;
l'exploitant serait une personne, elle aussi de très bonne foi, mais qui
n'aurait pas le talent de bien s'exprimer et qui défend très mal
sa cause, tandis que l'autre serait une personne éloquente, comme on en
entend en Chambre quelquefois, qui plaiderait avec...
M. PAUL: Du genre de ceux qui font du vaudeville.
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas ce que j'ai dit, M. le Président. Tout
le monde étant de bonne foi, le directeur se laisserait peut-être
convaincre par celui qui serait le plus éloquent et prend une mauvaise
décision. Je pense bien qu'il faudrait un recours. La même chose
pourrait se produire devant le ministre et c'est pourquoi je pense que la
rédaction préposée donne plus de garanties. D'ailleurs,
comme je
l'ai fait remarquer tout à l'heure, les articles 34 et 34-a) sont
conçus de cette façon et ont été
adoptés.
Je pense qu'il est préférable que ce soit le
directeur.
M. ROY (Lévis): Cela veut dire qu'il pourrait prendre un avocat
et avoir recours au juge pour voir réellement s'il est en faute ou s'il
a raison. Après la décision du ministre, si je comprends bien, il
ne peut plus avoir de recours.
M. GOLDBLOOM: IL faudrait, à mon sens, invoquer une erreur grave,
une action illégale de la part du ministre; autrement, la
décision serait sans appel.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: M, le Président, nous nous sommes battus au sens
figuré du terme pour que l'on fasse disparaître le pouvoir
d'ordonnance du directeur. Je pense bien que tout le monde est heureux de ces
amendements. On retrouve encore ici, dans le deuxième paragraphe, le
terme "ordonnance". Cela me choque. Cela me scandalise. Cela me traumatise. Le
mot "ordonnance", il faut le relier nécessairement au directeur. Je me
demande s'il n'y aurait pas lieu de respecter l'opinion du ministre en
acceptant, peut-être, une nouvelle phraséologie qui pourrait
être la suivante : "Si l'exploitant ne se conforme pas aux
recommandations ou exigences du directeur dans le délai imparti, ce
dernier peut révoquer." Alors, c'est encore le directeur qui a
l'autorité. Il n'émet pas une ordonnance qui peut prêter
à confusion comme étant le rôle exclusif du ministre. Nous
rencontrons du même coup l'objectif visé par le ministre dans son
texte.
M. GOLDBLOOM: J'étais pour suggérer le mot
"directive".
M. PAUL: D'accord, oui. "Directive", très bien. J'aime mieux
cela.
M. GOLDBLOOM: On trouve au premier alinéa le mot "ordonner". Si
l'on remplace "ordonner" par "donner une directive"...
M. PAUL: Non, il n'y a pas d'inconvénient à ce qu'il
puisse ordonner quelque chose.
M. GOLDBLOOM: Non?
M. PAUL: Il peut commander, c'est ce que cela veut dire. Il peut exiger.
"Ordonner" est très bien dans le texte.
M. GOLDBLOOM: Au deuxième alinéa, on dira simplement "une
telle directive".
M. PAUL: " Si l'exploitant ne se conforme pas à une telle
directive..." Très bien, ça me va.
M. BOIVIN: II révoque le permis.
M. PAUL: Oui, c'est le directeur. Mais, à ce moment, le
mécanisme d'appel entre en jeu.
M, GOLDBLOOM: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Donc, cela se lirait: "Si l'exploitant ne se
conforme pas à une telle directive dans le délai imparti..."
M. PAUL: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté?
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 54?
M. BOIVIN: On peut obliger la municipalité à la
cueillette, si elle ne se fait pas, ou à faire de l'enfouissement. Vous
séparez les deux opérations en mettant "une partie"?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. BOIVIN: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté.
M. PAUL: Est-ce que le ministre irait jusqu'à étendre le
service sur le territoire d'une autre municipalité par cet article?
M. GOLDBLOOM: Pas par cet article, non. Je ne pense pas que l'on puisse
invoquer cet article pour le faire. L'article suivant, si ma mémoire est
fidèle, porte sur l'action intermunicipale de gestion des
déchets.
M. PAUL: Adopté.
M. BOIVIN: C'est parce qu'il peut avoir à déterminer le
lieu de l'enfouissement sans que la municipalité fasse la cueillette.
Cela complique. Vous pourriez les obliger.
M. GOLDBLOOM: Oui.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. Article 55?
M. GOLDBLOOM: A l'article 55, en conformité avec la politique
générale, ce serait "le ministre", à la troisième
ligne.
M. PAUL: Très bien.
M. BOIVIN: Une négociation peut se faire entre les deux
municipalités en appel à la Commission municipale...
M. PAUL: C'est ça.
M. BOIVIN: ... pour le partage des coûts. C'est la même
chose que pour un aqueduc.
M. GOLDBLOOM: Oui. Maintenant, M. le Président, je
suggérerais, pour fins de concordance, que nous remplacions le
deuxième alinéa de cet article par le dernier alinéa de
l'article 32, modifié mutatis mutandis pour s'appliquer à la
question des déchets.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Cela se rédigerait de quelle
façon?
M. GOLDBLOOM: Nous avions dit, à ce moment-là: Dans tous
ces cas, le directeur peut, en conformité aux normes
arrêtées par règlements du lieutenant-gouverneur en
conseil, répartir les coûts, frais d'entretien et d'exploitation
ou fixer l'indemnité payable pour le service fourni, selon le cas. Il y
a appel devant la Commission municipale.
M. BOIVIN: A l'article 32, est-ce que vous ajouteriez "aqueduc,
égout et services de vidange"?
M. GOLDBLOOM: Non, c'est-à-dire qu'il faudrait reproduire...
M. BOIVIN: Vous répéteriez ici.
M. GOLDBLOOM: ... la même phraséologie. C'est cela.
M. BOIVIN : Est-ce que ce ne serait pas plus simple...
M. GOLDBLOOM: Non, parce que c'est dans une autre section,
voyez-vous.
M. BOIVIN: D'accord. M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 55, adopté. Article 56?
M. BOIVIN: Non, M. le Président, article 55 a).
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 55 a)?
M. PAUL: Cela découle...
M. GOLDBLOOM: C'est bien lui.
M. PAUL: II découle, Excellence, en lisant cet article, que tout
le mécanisme d'approbation d'avis, d'affichage, de publicité des
règlements municipaux reste en application.
M. GOLDBLOOM: Certainement, M. le Président.
M. BOIVIN: II va falloir que la publication se fasse dans les deux ou
trois municipalités concernées.
M. PAUL: C'est ça.
M. GOLDBLOOM: Certainement.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il est nécessaire de l'ajouter ici?
M. PAUL: Non.
M. GOLDBLOOM: Je ne pense pas, M. le Président. Tout
règlement...
M. PAUL: Autrement, cela deviendrait un règlement...
M. GOLDBLOOM: Unilatéral.
M. PAUL: ... qui n'aurait aucune force de loi parce que l'une des phases
essentielles n'aurait pas été observée. Cela deviendrait
attaquable devant les tribunaux si on voulait l'appliquer.
M. BOIVIN: Je me demande si cela ne devrait pas être...
M. PAUL: Ce ne serait peut-être pas toujours de gaieté de
coeur.
M. BOIVIN: J'ai été témoin qu'une ville a perdu son
aqueduc municipal parce que cela avait été publié
l'aqueduc municipal se trouvait dans la municipalité voisine
à la porte de l'église et que cela n'avait pas été
publié dans la municipalité concernée. L'affichage est une
chose très importante.
M. PAUL: Oui.
M. BOIVIN: On avait été obligé de faire adopter un
autre règlement.
M. PAUL: Mais un règlement municipal commande et appelle
affichage sur le territoire donné et visé par le
règlement.
Je n'irais pas jusqu'à recommander...
M. BOIVIN: Un instant, là. Vous dites "visé par le
règlement", mais si le terrain d'enfouissement est dans une autre
municipalité, où l'affichage devra-t-il se faire? Dans la
municipalité où est l'enfouissement ou dans la
municipalité qui adopte le règlement?
M. PAUL: Non. Dans les deux ou trois municipalités qui seront
concernées ou affectées par le règlement.
M. BOIVIN: La municipalité où se trouvait l'aqueduc
était la municipalité voisine. Alors, à un moment
donné, ils se sont aperçus qu'ils avaient zigouillé
l'aqueduc. En autant que l'affichage se fera dans chacune des
municipalités concernées. Si c'est garanti par une loi,
ailleurs.
M. PAUL: C'est dans le code municipal, la Loi des cités et
villes.
Comme notre rapporteur est arrivé, M. le Président, je
serais prêt à accepter l'article 55 a), pour qu'il en fasse
mention dans son rapport.
M. OSTIGUY: Je ne vous ai jamais quittés, M. le Président.
J'ai toujours été présent par l'esprit.
M. PAUL: Le plus souvent, on s'aperçoit que le corps est
là mais que l'esprit est ailleurs. Article 56, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 56, à la suite de l'adoption
de l'article 55 a).
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense qu'il y a une petite
erreur de rédaction. Ce devrait être "54 ou 55". C'est l'un ou
l'autre.
M. BOIVIN: Je retiens que ce serait après une ordonnance, s'il y
a lieu à ordonnance. Prenons l'exemple du référendum. Il
ne faudrait pas abuser de cela.
M. GOLDBLOOM: C'est exact, M. le Président.
M. BOIVIN: Est-il bien mentionné que c'est après
ordonnance?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président. L'ordonnance du ministre.
M. BOIVIN: C'est bien une ordonnance du ministre, ce n'est pas une
ordonnance du directeur, n'est-ce pas, aux articles 54 et 55?
M. GOLDBLOOM: C'est clair.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 56 serait adopté?
M. PAUL: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 57.
M. GOLDBLOOM: A l'article 57, M. le Président, je pense que l'on
constate la raison pour laquelle nous avons insisté pour conserver
l'allusion au directeur, au deuxième alinéa de l'article 53,
parce que l'on prévoit un recours en dommages.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 57 serait-il adopté?
M. BOIVIN: La Régie des services publics! Ce ne serait pas
plutôt la Commission municipale?
M. PAUL: Non.
M. BOIVIN: Elle disparaît, la Régie des services publics
après l'adoption de la loi sur l'hygiène.
M. PAUL: C'est la Régie des eaux qui disparaît. La
Régie des services publics demeure.
M. GOLDBLOOM: Nous nous sommes causé un problème à
l'article 57 en biffant la dernière phrase du premier alinéa de
l'article 50, parce que c'était cette phrase qui parlait de
renouvellement.
M. PAUL: Le problème maintenant résulte de la radiation
des mots: "II vaut pour une durée de deux ans et peut-être
renouvelé." Il faudrait que nous gardions ce texte-là, en
substituant le mot "cinq" au mot "deux" cinq ans au lieu de deux ans
pour rencontrer les objections et l'argumentation du
député de Dubuc. Dans certains cas, celui qui va vouloir
exploiter une gestion de déchets va être obligé de
contracter un emprunt auprès de sa banque. Et même les compagnies
de machinerie industrielle exigeront peut-être certaines garanties.
M. BOIVIN: C'est un peu court deux ans; c'est mieux cinq que deux.
M. GOLDBLOOM: Oui, je pense que c'est une question de choix de chiffre,
mais, si j'avais pensé d'invoquer l'article 57 en discutant l'article
50, nous serions peut-être venus à une autre décision. Je
n'y ai pas pensé à ce moment. Je serais prêt à
accepter cinq ans, puisqu'après tout le député de Dubuc
dit que c'est une période relativement courte quant à
l'amortissement. Mais il y a le recours qui est prévu si la personne
prétend avoir subi un préjudice. C'est le but de l'article. Ce
serait un compromis que je trouve raisonnable.
M. PAUL: Tuons le veau gras, parce que nous allons garder le texte de
l'article 50.
M. BOIVIN: Disons six ans, à cause de la finance.
M. PAUL: Bien, la finance?
M. ROY (Lévis): Quand tu achètes une machine...
M. BOIVIN: Je comprends, mais $60,000...
M. ROY (Lévis): Que cela ne dépasse pas cinq ans parce
qu'il ne faut pas que la machinerie soit finie avant qu'il ait terminé
de payer.
M. BOIVIN: Je me place vis-à-vis de la municipalité...
M. ROY (Lévis): On peut changer la demande et dire: Plutôt
que la suggestion du député de Dubuc, on accepte celle du
député de Lévis.
M. PAUL: Je sais que vous êtes deux financiers, et ni l'un ni
l'autre n'avez fait votre argent avec la théorie du Crédit
social.
M. KENNEDY: M. le Président, est-ce qu'on ne pourrait pas prendre
un moyen terme et mettre ça à trois ans? Avec cinq ans, il y a le
danger que vous allez avoir un paquet de gars qui, à chaque
renouvellement de contrat pour l'enlèvement des ordures dans les
municipalités, avec $1,000 comptant vont aller chez Sicard et...
M. BOIVIN: La finance exige trop pour la cueillette. Autrement, vous
n'aurez pas de concurrence dans les soumissions. Il n'y a que les gros qui sont
capables de prendre le contrat et cela augmente le coût de la cueillette
des vidanges.
M. KENNEDY: C'est préférable d'avoir un monopole qu'un
paquet de faillites.
M. BOIVIN: Je comprends que dans les grandes villes, comme
Montréal ou Québec, le problème ne se pose peut-être
pas. Vous avez une variété de gens qui en font une
spécialité. Mais, dans des régions
éloignées, on a besoin d'avoir des concurrents. Il peut y en
avoir un qui fait de la concurrence et qui enlève les autres. Il faut
donner une possibilité de finance au petit. Je vous le dis, j'ai
vécu la chose, on exigeait huit ans. Ce n'était pas un homme
tellement solvable et j'ai même dû répondre personnellement
pour lui. Autrement, cela aurait augmenté le coût de la cueillette
des vidanges considérablement. J'ai été obligé de
poser un geste personnel pour maintenir le prix de l'enlèvement des
ordures.
J'ai prouvé en cour que pour faire l'enlèvement des
ordures ça prend un caractère spécial; ça prend un
homme qui peut recevoir des critiques, qui soit doux, qui a affaire aux dames.
Le juge a apprécié cette preuve.
M. GOLDBLOOM: On pourrait donner la même description d'un
député.
M. BOIVIN: Cela a joué beaucoup dans la balance pour nous faire
gagner notre procès. On a déterminé que c'était
bien un service municipal et non pas un contrat comme tous les autres
contrats.
M. PAUL: Est-ce que ce sont les femmes qui vous ont fait gagner votre
procès ou si ce sont vos arguments?
M. GOLDBLOOM: Non, c'est simplement...
M. BOIVIN: Je serais même favorable à six ans.
M. GOLDBLOOM: ... qu'il y a un certain équilibre â trouver.
D'un côté, on voudrait protéger l'intérêt
public en surveillant de près ce genre d'activité et en exigeant
un renouvellement assez fréquent du contrat. De l'autre
côté, il y a la question financière, l'investissement que
l'on demande à la personne, et l'on devrait lui permettre une
durée suffisante pour qu'elle soit en mesure de réaliser un peu
de retour contre cet investissement. Le député de Dubuc semble
dire qu'il faudrait huit ans pour que l'entreprise devienne vraiment rentable
et nous avions proposé deux ans. Je pense que j'accepterais...
M. PAUL: Nous acceptons tous.
M. GOLDBLOOM: Je pense que oui. Nous serions prêts à
accepter cinq ans, d'autant plus que l'article 57 dit que si le refus du
directeur de renouveler le permis n'est pas justifié il y a un recours,
il y a une compensation qui peut être obtenue. Je pense que j'opterais
pour cinq ans.
M. PAUL: Est-ce que le ministre peut nous dire on a M. Jolicoeur
ici qui peut nous transmettre la réponse quel est le coût
d'investissement pour un bon système de gestion des déchets? On
va répondre que ça dépend des distances, que ça
dépend de la grosseur puis ainsi de suite, mais pour une
municipalité de 10,000 âmes, par exemple, quel peut être
à peu près le coût d'investissement requis, de la
capitalisation requise pour un bon service de gestion, cueillette et
enfouissement?
M. VAILLANCOURT: Environ $100,000.
M. BOIVIN: Au moins, parce que ça prend un tracteur.
M. VAILLANCOURT: Cela prend un bulldozer aussi.
M. BOIVIN: C'est joliment coûteux. Pas un petit tracteur, à
part de ça. Il faut le Sanivan qui doit coûter de $50,000 à
$60,000, puis le tracteur.
M. PAUL: Est-ce qu'on pourrait parler, M. Jolicoeur, de $100,000
à $125,000 approximativement? Je pense bien que cinq ans, ça
devient logique, dans les circonstances. A cause du capital investi, et
même pour répondre à l'argumentation de notre
collègue, le député de Châteauguay, à
$125,000, il n'y en a pas beaucoup qui, avec $1,000 ou $2,000, vont tenter des
démarches pour obtenir un contrat parce qu'ils n'auront pas suffisamment
de liquidité.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Cela va prendre un endossement comme dans le
cas de...
M. PAUL: Si vous alliez voir le député de Lévis, ce
serait une signature...
M. ROY (Lévis): Cela m'a rendu peureux depuis qu'on a dit ce qui
c'était passé après avoir endossé. Comme je ne suis
pas médecin, j'aurais peut-être moins de sympathie des femmes.
M. BOIVIN: Cela prendrait peut-être un prêt sans
intérêt.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, nous étions revenus
à l'article 50...
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): ... et on l'avait adopté en rayant la
dernière phrase. Nous maintenons la dernière phrase mais en
apportant un changement à la durée, soit cinq ans au lieu de
deux.
M. PAUL: C'est cela.
M. BOIVIN: Maintenant, quand vous dites qu'il pourrait y avoir une
compensation, c'est la municipalité qui va donner le contrat. Par
exemple, si le contrat change de mains avant cinq ans ou après,
l'investissement de $125,000, on ne peut pas escompter qu'il va y avoir une
compensation; c'est la municipalité qui va enlever le contrat de cinq
ans.
M. GOLDBLOOM: S'il y avait un degré d'intégrité qui
ne me satisfaisait pas chez le directeur, ou un manque
d'intégrité qui ne me satisfaisait pas; si, par manigances
quelconques, le contrat, à l'expiration des cinq ans, était
passé à un autre, malgré le fait que le premier avait
fourni un bon service et qu'il n'y avait pas eu de plaintes contre lui, c'est
justement dans un tel cas qu'une indemnité pourrait être
demandée et serait probablement obtenue. Ce serait à la
Régie des services publics de le juger.
M. BOIVIN: Oui, mais là je souligne au ministre que ce n'est pas
le directeur qui casse le contrat, c'est la municipalité.
M. GOLDBLOOM: II me semble que la municipalité est
maîtresse de ses actions. Si elle ne veut pas maintenir ou renouveler un
contrat d'une durée de cinq ans, il n'y a rien que l'on puisse
faire.
M. BOIVIN: Je veux bien souligner que la compensation n'a rien à
voir là-dedans. Si le directeur casse le contrat, très bien, il y
a une compensation, mais si c'est la municipalité qui casse le contrat,
il n'y a aucune indemnité.
M. PAUL: On parle dans le cas où l'exploitant
reçoit...
M. GOLDBLOOM: .. du refus du directeur de renouveler ou d'approuver un
renouvellement.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Ce n'est pas le cas d'un contrat qui n'est
pas renouvelé par la municipalité, c'est celui du directeur qui
refuse.
M. GOLDBLOOM: Un contrat demeure un contrat. Maintenant, je pense qu'il
y a quand même certaines modifications à apporter à
l'article 57. Premièrement, à la cinquième ligne, il
faudra rayer les mots "du directeur" parce que ce n'est pas du directeur que
l'on réclame l'indemnité. "Elle peut réclamer une
indemnité", et j'arriverai avec un alinéa additionnel pour
expliciter cela.
M. BOIVIN: C'est là qu'on engage la municipalité, non?
M. GOLDBLOOM: Non. C'est toujours par suite du refus du directeur de
renouveler le permis. C'est la responsabilité du gouvernement
exprimée par le directeur.
M. BOIVIN: Pour la durée de son contrat?
M. GOLDBLOOM: Pas du contrat, non. Le contrat pourrait avoir une
durée différente. La municipalité pourrait conclure
là, je rejoins la préoccupation du député de Dubuc
un contrat pour une durée de huit, dix, quinze ans, mais le
directeur dirait, après cinq ans: II faut que je renouvelle le permis.
Il faut que je sois assuré que tout va bien.
M. BOIVIN: Le permis, cinq ans. On respecterait le contrat de cinq ans
de la municipalité. Mais vous acceptez que la municipalité puisse
donner le contrat pour une période de dix ans, pour les besoins de la
finance.
M. GOLDBLOOM: II faudrait que le directeur ait des raisons absolument
majeures pour refuser le renouvellement et, donc, casser le contrat. Des
raisons absolument majeures.
M. PAUL: S'il n'a pas de raison, c'est là qu'il y a recours en
dommages contre le gouvernement.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. M. BOIVIN: D'accord.
M. GOLDBLOOM: Maintenant, au deuxième alinéa, il serait
bon, je pense, d'éliminer l'approbation, par le ministre, de l'entente
et de dire simplement "à défaut d'entente".
Enfin, il y aurait lieu d'ajouter un alinéa qui dirait: "Le
ministre des Finances est autorisé à payer, à même
le fonds consolidé du revenu, toute indemnité prévue au
présent article."
M. PAUL: Est-ce bien nécessaire de le mettre? A ce moment, ils
vont obtenir un jugement contre le gouvernement. Si vous aimez
mieux le mettre. Qu'en pensez-vous, M. le conseiller?
M. GOLDBLOOM: Les légistes ont suggéré fortement
que l'on précise cette responsabilité du ministre des
Finances.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le ministre des Finances est autorisé
par lui...
M. PAUL: C'est parce que vous craignez que vos relations ne soient assez
difficiles à un moment donné. Vous avez raison, on va le
mettre.
M. BOIVIN: Le ministre a-t-il consulté le ministre des Finances,
là-dessus?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M.PAUL: Le ministre des Finances est autorisé...
M. GOLDBLOOM: ... à payer, à même le fonds
consolidé du revenu...
M.PAUL: Mais, dans 75 ans, quand le Ralliement créditiste prendra
le pouvoir et que nous n'aurons plus de taxe, comment est-ce que le ministre va
pouvoir payer ça?
M. BOIVIN: Ce n'est pas grave, ils feront des prêts sans
intérêt.
M. ROY (Lévis): J'espère que le député de
Maskinongé va pouvoir voir cela avant ce temps.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le fonds consolidé du revenu...
Qu'est-ce qui vient après.
M. GOLDBLOOM: Virgule, toute indemnité prévue au
présent article.
M. le Président, j'attends qu'on ait fini de rédiger.
M. PAUL: Cela éliminera des questions à l'occasion de
l'étude des crédits du ministère.
M. GOLDBLOOM: Oui.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 57, adopté?
M. PAUL: Adopté.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il est prévu que nous
siégions jusqu'à une heure. Mais, si nous pouvions être
d'accord pour arrêter à une heure moins quart, je serais de cet
avis.
M. PAUL: Un instant, est-ce que nous pouvons demander un vote?
M. VAILLANCOURT: Envoyez fort.
M. PAUL: Article 58, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 58?
M. GOLDBLOOM: L'article est recommandé, dans ce cas-ci, pas par
les légistes mais par les hommes de science qui nous disent qu'il y a un
danger à moins que l'on ne puisse prouver que la façon d'avoir
placé les déchets sur le terrain permette de construire
là-dessus.
Il y a des techniques qui sont en bonne voie de développement,
qui permettraient, par compactage, par exemple, de donner un sous-sol
extrêmement solide. Dans un tel cas, on pourrait permettre la
construction, même après peu de temps. Mais, dans la
majorité des cas, il y a un risque d'accumulation de gaz, il y a un
risque non pas d'effondrement de terre mais quand même de baisse de
niveau de la surface ou d'irrégularités de la surface. Il y a
même des explosions souterraines qui rendraient dangereuse la
construction avant l'expiration de ce temps, sans preuve du contraire.
M. BOIVIN: Est-ce que cela vaut aussi pour les cimetières?
M. GOLDBLOOM: II nous faudrait retourner...
M. PAUL: C'est, pour le moins, une question lugubre.
M. BOIVIN: Pour les gaz, c'est la même chose. Alors on pourrait
aussi inclure les cimetières.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il faut remonter à la
définition de "déchet". On n'y trouve pas, de façon
précise, ce genre de déchets... Mais nous avons parlé de
résidus solides ou liquides provenant d'activités industrielles.
Ce n'est pas exactement cela. Commerciales. Il y en a qui font commerce.
M. BOIVIN: Si cela comporte les mêmes dangers. Mais
l'environnement, on a à y voir. Vous avez les mêmes
inconvénients.
M. GOLDBLOOM: Il y a une loi spéciale sur les cimetières,
M. le Président. Il y a des lois sur le sujet.
M. BOIVIN: Dans l'environnement, on n'en prend pas la
responsabilité.
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas que l'environnement s'en
désintéresse, mais..
M. SAINT-GERMAIN: C'est parce qu'on pollue plus vivant que mort.
M. GOLDBLOOM: Oui, justement.
M. OSTIGUY: M. le Président, à l'article 58,
il me semble qu'on aurait dû inclure des dispositions parce qu'il
y a une quantité de dépotoirs à ciel ouvert. On n'a aucune
façon de faire recouvrir ces dépotoirs à ciel ouvert.
Qu'en fera-t-on? On les fermera, d'accord, mais ne devrait-on pas
prévoir d'obliger le propriétaire de ce site non pas à
faire de l'enfouissement sanitaire, parce que c'est impossible, mais à
recouvrir ce dépotoir à ciel ouvert, pour la conservation des
espaces verts, etc?
M. GOLDBLOOM: Justement, M. le Président, à un article
précédent, nous avons prévu la possibilité, pour le
ministre, d'exiger le dépôt d'un plan de
réaménagement de tout terrain, et même le
dépôt d'une garantie pour assurer que le
réaménagement se ferait.
M. OSTIGUY: Et ce réaménagement se ferait sur une demande
de la municipalité?
M. GOLDBLOOM: Oui, il pourrait être demandé par la
municipalité. Ou il pourrait être une condition de l'octroi du
permis par le directeur.
M. OSTIGUY: L'octroi du permis à un nouveau...
M. GOLDBLOOM: II est difficile d'appliquer rétroactivement un tel
article et de dire que ceux qui exploitent aujourd'hui les dépotoirs
à ciel ouvert devront immédiatement déposer un plan de
réaménagement et déposer une garantie pour assurer son
accomplissement. Mais je pense bien que les règlements
généraux, l'application générale de la loi
permettrait de protéger l'environnement en améliorant les
conditions de traitement des déchets, et ces exigences pourraient
inclure le réaménagement du terrain. Je suis nettement d'accord
avec le député de Rouville, il faudra envisager ce
réaménagement dans tous les cas.
M. OSTIGUY : Et advenant le cas où le propriétaire de ce
dépotoir à ciel ouvert n'aurait pas les sommes nécessaires
pour faire le réaménagement, qui le fera? Est-ce que ce sera la
province ou la municipalité?
M. GOLDBLOOM: C'est le problème perpétuel du
Québec.
M. BOIVIN: Si le propriétaire n'a aucune valeur.
M. GOLDBLOOM: Si le propriétaire est en faillite, il faudra que
quelqu'un intervienne. Si la municipalité n'est pas en mesure de le
faire, il faudra que la province cherche dans ses poches l'argent
nécessaire.
Si elle peut en trouver, très bien. Il faut quand même
reconnaître que la province crée des précédents
extrêmement onéreux en acceptant de poser un tel geste dans une
municipali- té, parce qu'elle serait obligée, par justice
élémentaire, de le faire pour toutes les municipalités.
Donc, je pense que c'est davantage par les mécanismes financiers qui
permettent à la province d'aider les municipalités à
accomplir leurs responsabilités que l'on pourrait régler ce
problème.
M. OSTIGUY: Je vois cela dans l'optique suivante: il y a un
dépotoir à ciel ouvert dans une région, là
où cinq ou six villes vont déverser leurs déchets, et
c'est la municipalité où est le dépotoir qui est
obligée d'en faire le réaménagement. Ce serait une
injustice vis-à-vis de cette municipalité.
M. BOIVIN: On ne peut pas obliger la municipalité à faire
le réaménagement, mais celle-ci, par cette loi, ne pourra pas
émettre de permis de construction sur ce terrain avant 25 ans. Ce sera
réglé par le règlement municipal.
M. GOLDBLOOM: Certainement, mais cela laisse quand même dans la
municipalité une plaie que l'on aimerait guérir.
M. BOIVIN: Si c'est bien enfoui, ça laisse un terrain
où...
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas l'exemple invoqué par le
député de Rouville.
M. OSTIGUAY: Les dépotoirs à ciel ouvert qui ont servi
jusqu'à maintenant.
M. BOIVIN: C'est du passé.
M. ROY (Lévis): On pourrait au moins les désinfecter.
M. GOLDBLOOM: Un pas à la fois, M. le Président. Il faut
certainement les désinfecter, les dératiser, il faut bien les
surveiller, mais je ne pense pas que nous soyons en mesure aujourd'hui de
garantir le réaménagement rapide de tout dépotoir
désaffecté. C'est progressivement qu'on devra l'accomplir, au fur
et à mesure qu'on pourra trouver l'argent.
M. OSTIGUY: Je connais des régions où il y a des
dépotoirs fermés depuis six mois et qui fument encore et polluent
l'air. Je me demande quels seront les mécanismes que nous devrions
employer...
M. ROY (Lévis): Ce n'est pas un volcan.
M. OSTIGUAY: C'est presque un volcan, il y a trente pieds
d'épaisseur de déchets qui brûlent comme ça.
M. ROY (Lévis): C'est la chaleur de la combustion.
M. GOLDBLOOM: Puisqu'il y a 8,000 dépotoirs à ciel ouvert
dans la province, le problème est vaste et important. Il faudrait
cependant invoquer d'autres éléments de la loi pour corriger
cette situation; il faudrait, par exemple, invoquer le danger à la
santé, une nuisance et exiger la correction de la situation.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que l'article 54 est
adopté?
M.PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 59. On propose l'ajournement ou la
suspension.
M. ROY (Lévis): L'article 59 n'est pas adopté?
M. GOLDBLOOM: Pas encore, nous n'avons pas le temps d'en discuter en
profondeur. Ajournons sine die, M. le Président, en attendant les
instructions de la Chambre.
LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 46)
Reprise de la séance à 22 h 15
M. GIASSON (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
Pour ce soir, M. Gallienne remplace M. Caron, M. Boivin remplace M.
Gauthier, M. Ostiguy remplace M. Leduc, M. Guay remplace M. Roy (Lévis),
M. Houde (Limoilou) remplace M. Saindon, M. Goldbloom remplace M. Tessier, M.
Dionne remplace M. Tremblay (Bourassa) et M. Faucher remplace M.
Vézina.
M. PAUL: M. Dionne remplace M. Tremblay (Bourassa). Où est-il, M.
Dionne?
M.VAILLANCOURT: II va être ici dans deux minutes.
M. PAUL: Ah! Remplacera comme ça. Très bien.
M. VAILLANCOURT: II est allé faire un appel
téléphonique.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Je pense qu'au moment où nous avons
suspendu nos travaux nous avions adopté l'article 58; donc, nous passons
à l'article 59.
M. PAUL: Dans quel cas le lieutenant-gouverneur en conseil pourrait-il
prévoir par ses règlements que le directeur pourrait permettre le
dépôt de déchets dans un endroit autre qu'un lieu
d'élimination, d'entreposage ou une usine de traitement? Est-ce que le
ministre a des situations particulières qui peuvent exister actuellement
sur le territoire du Québec?
M. GOLDBLOOM: En toute franchise je n'ai pas de réponse
très précise. Il y a des problèmes un peu particuliers
dans certaines régions éloignées. D y a des endroits
fréquentés par des touristes où il faudrait prévoir
une place où l'on pourrait déposer des déchets. Il y
aurait une poubelle assez importante où l'on déposerait les
déchets en attendant leur enlèvement ultérieur. Mais en
général, quand on pense à un système de gestion des
déchets, c'est en relation avec une agglomération quelconque et
il y aurait une approbation.
M. PAUL: Importante. M. GOLDBLOOM: Importante, oui.
M. PAUL: Pourriez-vous nous dire, M. le ministre, si, en vertu de
l'article 59, on ne veut pas couvrir le cas, par exemple, des cultivateurs qui,
nécessairement déposent des déchets ailleurs que dans un
lieu choisi ou fixé pour l'élimination des déchets?
M. GOLDBLOOM: Cela ne veut pas dire qu'on n'a pas besoin de
règlements pour proté-
ger l'environnement contre une mauvaise localisation d'un tas de fumier,
par exemple, mais c'est peut-être une exclusion, une exception qui
pourrait être établie par règlement. Je pense que le
député de Maskinongé comprend que cet article vise surtout
la personne qui, par incurie, laisse traîner ses déchets n'importe
où et celui qui jette des déchets par la fenêtre de son
automobile.
M. PAUL : Justement, dans le fumier, il y a une catégorie, qu'on
appelle le fumier de mouton, dont la senteur est excessivement mauvaise.
L'odeur, c'est le cas de le dire, est détestable et empoisonne
l'environnement. Est-ce que le ministre prévoit, à un moment
donné, qu'il y aura possibilité d'exiger un traitement de ce
fumier avant qu'il soit épandu sur les terres?
M. GOLDBLOOM: C'est un domaine qui fait l'objet de recherches
présentement. Nous avons, à un autre moment, parlé du
problème posé par l'écorce enlevée des billots
avant leur traitement dans une usine de pâtes et papier. Il y a des
expériences qui se poursuivent présentement, notamment en
Ontario, pour produire, avec le fumier et l'écorce, une espèce de
fertilisant de nature organique. C'est, jusqu'à maintenant, à
l'état expérimental, mais cela offre certaines promesses.
Si l'on peut, dans certains cas où le fumier n'est pas
destiné à l'usage sur le sol, passer ce fumier par un
système de traitement des eaux usées ou d'incinération de
déchets, on peut aider à corriger la situation. Il y a aussi
on me le signale des recherches qui se poursuivent au
Québec.
M. GUAY: Etant donné que dans mon comté il y a plusieurs
éleveurs de porcs, à certaines périodes de l'année,
cela cause, évidemment, je ne dirais pas des dommages mais c'est assez
difficile à certains moments d'absorber les senteurs qui sont
dégagées par le fumier des porcs. Dieu sait si on vit cela dans
le comté chez nous.
Aux propriétaires de porcheries qui sont apparemment trop
près de la route, on demande de les construire un peu plus loin. Est-ce
qu'il y aura des normes également concernant les distances de ces
constructions? Est-ce qu'il en existe actuellement?
M. GOLDBLOOM: II en existe actuellement et il en existe également
quant à la localisation des tas de fumier. Il y a des normes de distance
des habitations. On essaie de faire respecter ces normes. Ce n'est pas toujours
facile. On est pris avec des situations qui existent depuis nombre
d'années et l'on arrive avec des normes qui exigeraient, pour leur
application intégrale, le déplacement d'un immeuble, par exemple,
à un coût très élevé. Qu'est-ce que l'on
fait? On essaie d'appliquer, avec sagesse et dans un esprit raisonnable, le
genre de normes dont je viens de parler.
M. GUAY: Concernant le fumier de mouton, dont vous avez parlé, il
est peut-être possible de le traiter avec des déchets
d'écorce d'arbres. Est-ce que vous êtes en mesure de dire que le
même processus pourrait se faire avec du fumier de porcs?
M. GOLDBLOOM: Oui, en effet, les recherches se poursuivent
présentement au sujet du fumier de porcs, très
précisément.
M. GUAY: Si je reprends l'article 59, en ce qui concerne un site
d'élimination des déchets, je prends l'exemple de la
localité chez nous, Saint-Léon-de-Standon, où il semble
impossible de répondre aux normes actuellement, c'est-à-dire un
endroit suffisamment éloigné des cours d'eau. Le problème
qui se pose au niveau de la municipalité, c'est qu'on ne trouve nulle
part un endroit qui réponde aux conditions exigées quant à
la distance des cours d'eau, étant donné qu'on vit dans les
montagnes. Advenant le cas où cela cause un grave problème dans
une municipalité, s'il n'y a pas d'endroit où il est possible
d'établir un site d'élimination des déchets, est-ce qu'il
y aura des cas particuliers qui pourront être considérés
à l'intérieur de normes qui semblent rigides?
J'ai eu l'occasion d'en discuter avec les responsables municipaux.
Actuellement, on ne trouve à nulle part, dans cette municipalité,
un endroit où situer un site d'élimination. Est-ce qu'il y aura
des cas particuliers? On ne peut quand même pas exiger qu'une
municipalité déplace ses déchets dans une autre
municipalité.
M. GOLDBLOOM: II y a une vieille expression, M. le Président: A
l'impossible, nul n'est tenu. Je pense que nous devons, devant un tel
problème, exercer toute l'imagination dont nous sommes capables et
chercher une solution raisonnable et abordable. Il faudrait que ce soit
étudié cas d'espèce par cas d'espèce.
M. GUAY: Quant aux normes exigées, actuellement, par d'autres
organismes, est-ce que cela relèvera du Service de l'environnement? Il
va falloir que ce soit un endroit ou l'autre mais pas les deux en même
temps.
M. GOLDBLOOM: Nous en avons discuté à d'autres moments. Il
est clair que nous voudrons une seule série de normes, une seule
inspection, une seule surveillance. Nous voudrions éliminer la
multiplicité de codes, et d'équipes de surveillance pour
l'application de ces codes. Alors, c'est un travail conjoint du
ministère de l'Agriculture et de nos services.
M. GUAY: Cela relèvera désormais du Service de
l'environnement.
M. GOLDBLOOM: En général, oui. Mais je ne voudrais pas
affirmer, de façon catégorique, que la décision
éventuelle ne serait pas d'attri-
buer la responsabilité entièrement aux inspecteurs
agricoles. Ce serait nettement l'un ou l'autre et il n'y aura pas de
chevauchement de responsabilités.
M. GUAY: D'accord, le chevauchement n'existera pas. La question suivante
m'a été posée: Après l'adoption du projet de loi
34, où devra-t-on s'adresser? Est-ce que ce sera comme avant ou s'il y
aura un nouveau service? J'ai dit que j'allais poser la question et que je
répondrais plus tard.
M.GOLDBLOOM: Je pense qu'en vertu de cette loi, si des problèmes
existent qui n'ont pas été résolus, il faudra s'adresser
à l'inspecteur chargé de l'application de cette loi et de ces
règlements. Nous impliquerons le ministère de l'Agriculture dans
l'étude du problème, au besoin.
M. GUAY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté.
M.GOLDBLOOM: M. le Président, il y a devant nous un texte
proposé pour un nouvel article 59 a). J'aimerais en distribuer une
nouvelle version pour considération par les membres de la
commission.
M. BOIVIN: Je constate, à cet article... Avez-vous quelque chose
à dire avant?
M. GOLDBLOOM: Comme vous voudrez, M. le Président.
M. BOIVIN: Dans cet article, je trouve qu'on commence à
spécialiser certains terrains qui pourront recevoir certains
déchets un petit peu difficiles. On aura de plus en plus de
difficulté à trouver ces terrains. Je voudrais savoir s'il y a
quelque chose, dans cette loi, qui donnerait à la municipalité le
droit d'exproprier certains terrains? Parce qu'on aura des difficultés,
sûrement, avec des matières spécialisées, comme les
matières radioactives, les déchets chimiques. Ce sera assez
difficile. Alors les municipalités auront-elles dans le projet de loi,
quelque part, le droit d'exproprier pour que le prix de ces terrains ne
devienne pas prohibitif?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le député de Dubuc,
avec sa formation professionnelle, comprend le genre de problèmes
posés par ces catégories spéciales de déchets. Il
est évident qu'il faudra entourer le traitement de ces déchets de
précautions un peu particulières.
La municipalité a certainement le droit d'exproprier, de par les
lois existantes.
M. PAUL: A l'intérieur de son territoire.
M. GOLDBLOOM: Oui, c'est cela.
M. PAUL: Le ministre ne doit pas oublier, justement, le fameux projet de
loi de la ville de Sherbrooke.
M. GOLDBLOOM: Justement, M. le Président, nous avons longuement
discuté la question. Doit-on accorder à une municipalité
le droit d'exproprier en-dehors de son propre territoire pour de telles fins?
La conclusion des légistes a été que non, que c'est un
pouvoir, même si l'approbation du ministre peut être
impliquée, qui...
M. PAUL: Pour quelle raison? On accorde un pouvoir d'expropriation
à l'Hydro-Québec.
M. BOIVIN: Aux hôpitaux.
M. PAUL: Pourquoi ne le leur accorderait-on pas?
M. GOLDBLOOM: L'avis des légistes était bien simple, M. le
Président, c'est parce qu'ici, il s'agit de déchets.
M. PAUL: Entre nous, d'après moi ils ne se sont pas forcés
longtemps.
M. BOIVIN: II faut penser à la municipalité qui
reçoit ses déchets et qui a besoin d'un tel dépotoir. Il
faut qu'elle puisse exproprier. D'ailleurs, autour de ce dépotoir,
ça va être assez grand à protéger. Il y a quelqu'un
qui va perdre. Quel cultivateur va vendre sa terre pour qu'on y dépose
des matières radioactives ou des matières chimiques? Cela va
peut-être affecter deux, trois ou quatre cultivateurs. Et, pour la
municipalité qui aura à payer les frais de l'achat, ça va
aller en cour et personne ne voudra vendre. Si on ne donne pas le droit
d'expropriation aux municipalités, il me semble que ça va
être très difficile de trouver de ces dépotoirs
spécialisés.
M.GOLDBLOOM: On remarquera que ce pouvoir a été
accordé dans la section qui concerne les eaux. Les légistes ont
été de l'avis que, dans le cas des déchets, c'est donner
à une municipalité un pouvoir d'imposer à une autre une
situation que l'autre pourrait considérer comme
désagréable.
M. PAUL: II n'y aura plus de problème avec la politique de
fusions du ministre Tessier.
M. GOLDBLOOM: J'aurais dit qu'il n'y aura plus de problème avec
les méthodes modernes de traitement des déchets. Mais c'est une
autre considération.
M. BOIVIN: Je reviens sur cette chose, parce que c'est très
important. Je ne vois pas que, dans un village, on trouve de ces terrains, ni
dans des villes. Les petites villes de 10,000 âmes, qui se sont
développées à même un territoire du conseil de
comté, ont juste ce qu'il faut. Elles annexent au fur et à mesure
des
terrains des paroisses voisines. Ce qui crée les
problèmes, ce sont les villes et les villages.
Même pour les dépotoirs ordinaires, à plus forte
raison pour ces dépotoirs qui reçoivent des matières
irradiantes et des matières chimiques où il peut y avoir de
l'évaporation, des senteurs et des dangers, cela nécessitera des
dépenses assez considérables. Ces dépotoirs devront
être clos et il faudra qu'ils soient surveillés davantage.
Je ne vois pas la possibilité que la municipalité d'un
village en trouve, si elle n'a pas certains droits et pouvoirs pour aller
s'organiser un dépotoir qui sera choisi avec le directeur
provincial.
M. GOLDBLOOM: Je pense qu'en toute honnêteté, devant l'avis
émis par les légistes du conseil exécutif, je ne pourrai,
séance tenante, accepter que l'on rédige un tel article, mais si
nos collègues sont d'accord, nous pourrons réétudier la
question et, si l'on peut faire modifier cet avis, revenir avec une proposition
d'article.
M. PAUL: On pourrait peut-être attirer l'attention des
légistes du conseil exécutif et leur dire qu'il s'agit de
problèmes de déchets très spéciaux couverts par cet
article. Ce n'est pas n'importe quel genre de déchets.
M. GOLDBLOOM: Si je comprends bien l'avis des députés de
Maskinongé et de Dubuc, ce pouvoir serait accordé seulement en
relation avec l'article 59 a), pas en général pour n'importe
lequel?
M. PAUL: C'est ça.
M. GUAY: Etant donné l'addition de cet article 59 a), le ministre
a sans doute à l'esprit certains produits ou certains déchets de
nature chimique. Est-ce qu'il y a déjà une liste établie
de ces déchets de nature chimique?
M. GOLDBLOOM: Je m'exucse, M. le Président, j'ai
été distrait un instant; je regrette de devoir demander au
député de Dorchester de reprendre sa question.
M. GUAY: Etant donné l'addition de cet article, le ministre a
sans doute à l'esprit certains produits ou certains déchets de
nature chimique. Est-ce qu'il y a déjà une liste établie
de déchets de nature chimique qui seraient plus dangereux que d'autres?
Je pense, par exemple, à certaines entreprises, certaines industries qui
ont énormément de difficulté à se
débarrasser actuellement de certains résidus qu'elles ne peuvent
pas employer ailleurs. Par exemple, le fluorure de sodium, je sais que les
compagnies sont aux prises avec un tel problème. C'est beau de dire que
le ministre peut émettre un permis, mais rien n'empêche qu'il
faudrait établir des normes pour se défaire de ces résidus
qui sont des déchets. Sans doute que le ministre a à l'esprit
certains produits ou certains déchets et j'aimerais bien savoir s'il a
une liste et s'il pourrait déposer cette liste même si elle n'est
pas complète. Cela nous donnerait un aperçu.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, nous avons commencé ce
travail l'an dernier et le résultat a été une
première étape, l'ouverture d'un centre pour
l'incinération de résidus chimiques d'origine industrielle,
résidus liquides.
Nous avons en perspective une deuxième étape, parce que
certaines substances peuvent être incinérées sans danger;
d'autres ne peuvent l'être parce qu'il y a dégagement de gaz
nocifs ou des éléments métalliques qui seraient des
contaminants assez dangereux.
Il faut trouver d'autres façons de traiter ces résidus.
Nous sommes prêts à aller jusqu'à exiger l'entreposage de
certains genres de résidus chimiques pour un certain nombre de mois en
attendant le fruit des recherches qui se poursuivent présentement pour
trouver d'autres façons. On pourrait, par exemple, prendre un
résidu liquide de nature dangereuse et, par une réaction
chimique, le transformer en un solide qui pourrait être
déposé sur un certain terrain avec certaines précautions
mais avec beaucoup moins de danger que ne comporterait le déversement de
ce liquide vers un cours d'eau, par exemple.
Il y a également des directives que nous sommes presque sur le
point de rendre publiques à l'endroit de l'industrie chimique en
général quant à ses eaux usées, qui contiennent
nécessairement de ces substances. Nous essayons donc de couvrir tout ce
champ. Nous avons déjà certaines listes. Quand nous
émettons un permis pour un lieu de traitement des déchets par
exemple, le permis exclut certaines substances de nature dangereuse qui ne
peuvent être acceptées à cet endroit-là.
C'est une classification qui est en bonne voie d'être faite. Je
voudrais souligner que l'an dernier nous avons constitué un groupe
d'étude qui doit déposer son rapport incessamment, après
certains délais imprévus. Il y aura dans ce document, j'en suis
convaincu, des recommandations dans ce domaine particulier.
M. GUAY: J'aurais à ajouter cette question: Qu'est-ce qui a
motivé le ministre à fixer la période à 25 ans dans
son article?
M. GOLDBLOOM: L'investissement impliqué est beaucoup plus
important que pour un système ordinaire de gestion de déchets;
c'est pourquoi on a mis un maximum de 25 ans. Ce n'est pas une obligation
d'accorder un permis spécial pour 25 ans. Mais, pour pouvoir
intéresser une personne morale à ce genre d'activité
hautement spécialisée et coûteuse, il me semble
nécessaire d'avoir un système de permis spécial.
M. GUAY: Je pense que c'est logique aussi.
Le permis pour être renouvelé, si les conditions le
permettent j'imagine. Cela ne veut pas dire que, rendu à 25 ans, on est
nécessairement obligé de tout reprendre à zéro.
M. GOLDBLOOM: Non, mais, entre-temps, il y a sûrement un
progrès scientifique qui peut amener le ministre ou l'exploitant
à améliorer le système de traitement et c'est
désirable qu'il en soit ainsi.
M. GUAY: Ces permis vont être émis moyennant le respect des
normes établies par le service?
M. GOLDBLOOM: C'est ce que dit l'article dans les derniers mots.
M. PAUL: M. le Président, avant de suspendre cet article, je
voudrais exprimer une opinion; je souhaiterais me tromper.
Si un pouvoir d'expropriation n'est pas accordé pour les fins de
traitement des déchets chimiques ou radio-actifs lorsque
nécessaire, je crains qu'à toutes fins pratiques nous n'ayons un
article dans la loi qui sera sans aucun résultat pratique.
Peut-être que je me trompe, mais c'est mon opinion.
M. GOLDBLOOM: Quand le député de Maskinongé a
abordé la question du pouvoir possible pour une municipalité
d'exproprier en dehors de son territoire, je croyais qu'il faisait allusion
à tout genre de déchets. S'il se limite à ce
problème assez spécial, je pense et c'est l'opinion des
légistes qui m'accompagnent que nous pourrions aller
jusqu'à proposer un article pour couvrir la question et qui pourrait se
lire comme suit...
M. le Président, le texte est assez long. Je suggère que
vous me permettiez d'en faire lecture et nous aurons la réaction des
collègues après. "Toute personne ou municipalité qui
détient un permis en vertu de l'article 59 a) peut, avec l'autorisation
du ministre, acquérir de gré à gré ou par
expropriation tout immeuble pour fins d'élimination, d'entreposage ou de
traitement des déchets de nature chimique ou radio-active. Dans le cas
d'une municipalité, ce pouvoir peut être exercé en dehors
de son territoire".
M. PAUL: N'y aurait-il pas lieu d'ajouter que les règles du code
de procédure civile relatives à l'expropriation
s'appliqueront?
M. GOLDBLOOM: Est-ce nécessaire de le dire?
M. PAUL: II y a une façon particulière d'exproprier en
vertu du code municipal. Ce n'est pas la même que l'expropriation faite
par la Régie des services publics. Je me demande, à ce
moment-là, s'il ne s'agit pas de préciser. L'expropriation ne se
fait pas de la même façon.
M. GOLDBLOOM: Avec cette considération qui me semble
importante...
M. PAUL: Les légistes conviendront que ce n'est pas le même
mécanisme d'expropriation.
M. GOLDBLOOM: S'il y a deux mécanismes, il faut spécifier
lequel serait utilisé. Est-ce que le texte, tel que je l'ai
mentionné...
M. PAUL: Dans son ensemble, oui, mais peut-être serait-il
nécessaire, à mon humble point de vue, de préciser quel
sera le mécanisme d'expropriation.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le député de Maskinongé
accepterait que l'on termine la rédaction et que l'article soit
adopté ou pré-fère-t-il revoir le texte?
M. PAUL: Je ne mettrais pas d'objection à accepter l'article 59
a). Nous aimerions, cependant, avoir le privilège d'y revenir si
nécessaire, avec le consentement de la commission, au cas où.
M. BOIVIN: Sans vouloir revenir à l'article
précédent, je ferais remarquer au ministre qu'il donne beaucoup
plus de latitude à l'organisation d'un dépotoir qu'à la
cueillette des ordures. On a évalué que la cueillette des ordures
pouvait nécessiter une dépense de $125,000 à $150,000 pour
une période de cinq ans seulement. Quant à l'organisation d'un
dépotoir, je pense qu'il y aurait moins d'investissements. Cependant, on
leur accorde 25 ans, quand on a accordé seulement cinq ans pour
l'organisation de la cueillette.
M. OSTIGUY: Oui, mais $125,000, c'était au complet.
M.PAUL: J'attire l'attention de mon collègue qui est
médecin sur le fait que le pouvoir est pour des fins bien
spécifiques. Peut-être que cela exigera un traitement particulier,
des déchets de nature chimique ou radio-active.
M. BOIVIN: Ce n'est pas seulement pour cela.
M. PAUL: Oui, oui.
M. BOIVIN: C'est seulement pour cela?
M. PAUL: Oui.
M. GOLDBLOOM: Seulement pour cela, M. le Président.
M. BOIVIN: Les 25 ans, ce n'est pas pour un autre dépotoir?
M. PAUL: Non.
M. GOLDBLOOM: Non, non.
M. PAUL: C'est seulement pour le traitement des déchets de nature
chimique ou radioactive.
M. BOIVIN: Je veux faire remarquer qu'on accorde 25 ans, au maximum.
M. PAUL: Au maximum.
M. BOIVIN : Mais je trouve qu'on n'a pas été assez
généreux pour la cueillette. Je ne veux pas revenir
là-dessus, mais je le mentionne.
M. GOLDBLOOM: D'accord.
M. GUAY: Est-ce que l'article 59a) comprend également la
cueillette ou le transport des déchets de nature chimique ou des
déchets dangereux? Ou bien si ce seront d'autres personnes? Ici, on
parle de "l'établissement ou l'exploitation d'un lieu
d'élimination..." Il va falloir une certaine prudence dans le transport
de ces déchets. Il faudra sûrement quelque chose de
spécial.
M. GOLDBLOOM: II me semble deux choses. Premièrement, que l'on
pourra, en vertu de l'article subséquent qui prévoit la
réglementation, adopter des règlements pour gouverner le
transport de ces déchets. Il me semble aussi qu'il y a des lois du
transport notamment pour les substances dangereuses qui doivent
s'appliquer aussi. Ce serait en concordance avec ce que fait le
ministère des Transports que nous pourrions réglementer cette
activité.
M. GUAY: Le permis, pour une durée de 25 ans, ne couvre pas
nécessairement, comme l'a dit mon collègue, la cueillette
même de ces produits...
M. BOIVIN: Ce sont des choses que nous avons discutées depuis
deux jours. Je revenais là-dessus pour lire ce qui a été
discuté depuis une couple de jours.
M. PAUL: C'était M. Roy, du comté de Lévis, qui a
brillamment participé à nos délibérations à
l'occasion de l'étude de toutes ces questions.
M. GOLDBLOOM: Je voudrais souligner que le problème posé
par les déchets chimiques et les déchets radioactifs est
différent à plusieurs points de vue. Nous insistons, dans
l'élaboration de notre politique, sur une distinction que nous ne
faisons pas dans le cas des déchets ordinaires. C'est une distinction
entre le transport de ces déchets et leur élimination. Nous ne
voulons pas que le transporteur devienne propriétaire de ce genre de
déchets et en fasse commerce, parce que ce commerce serait beaucoup plus
difficile à surveiller. En vertu de règlements existants qui
découlent de la Loi de l'hygiène publique que nous avons
récemment adoptée, nous som- mes sur le point d'envoyer une
lettre à un grand nombre de compagnies productrices de déchets
chimiques pour leur dire qu'il leur faut deux contrats: l'un pour le transport
et l'autre pour le traitement des déchets. Nous voulons une distinction
claire et nette entre les deux.
M. GUAY: Très bien! Votre réponse me satisfait, M. le
Président. Cela clarifie toute la situation.
M. GOLDBLOOM: D'accord. Alors, nous adoptons l'article 59a). Quant
à l'article 59b) sur l'expropriation, est-ce que l'on me demande de
relire le texte?
M. PAUL: Est-ce qu'on l'a corrigé? M. GOLDBLOOM: Oui. M. PAUL:
D'accord.
M. GOLDBLOOM: Je relis lentement. "Toute personne ou municipalité
qui détient un permis en vertu de l'article 59a) peut, avec
l'autorisation du ministre, acquérir de gré à gré
ou par expropriation tout immeuble pour fins d'élimination,
d'entreposage ou de traitement des déchets de nature chimique ou
radioactive. "Dans le cas d'une municipalité, ce pouvoir peut être
exercé en dehors de son territoire. Les dispositions du code de
procédure civile en matière d'expropriation s'appliquent au
présent article."
M. PAUL: Très bien.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il arrive souvent, dans le code civil, qu'on donne
à un individu pour le droit d'expropriation?
M. PAUL: Rarement.
M. GOLDBLOOM: C'est assez rare. Je crois que c'est justifié, dans
ce cas particulier, parce qu'il serait assez rare qu'une municipalité se
chargerait de la création d'un centre spécialisé pour le
traitement des déchets radioactifs, par exemple. Ce serait plutôt
une compagnie, une personne morale qui le ferait. C'est bien le cas quant au
traitement des résidus liquides dont j'ai parlé. Il n'y a que
cinq centres de ce genre en Amérique du Nord. Nous en avons un au
Québec et c'est une compagnie qui l'exploite.
M. BOIVIN: En réalité, ce sera toujours une personne
morale, une compagnie ou une municipalité?
M. GOLDBLOOM: Oui. M. BOIVIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 59b) est-il adopté?
M. PAUL: Oui.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 60?
M. PAUL: Est-ce que le papier de plomb est un matériau
d'emballage au sens de cette loi?
M. GOLDBLOOM: Je le croirais.
M. GUAY: Le papier d'aluminium aussi.
M. PAUL: L'aluminium?
M. GOLDBLOOM: Oui. Si l'un est couvert, l'autre le serait
sûrement. Tout matériau destiné à l'emballage, je
pense que c'est couvert.
M. PAUL: Là, c'est donc dire que les magasins, comme Steinberg,
ou n'importe quel magasin, je peux parler des bons Canadiens français,
du petit épicier du coin, d'ailleurs tous ceux qui sont dans le commerce
ne pourront pas vendre du papier d'emballage, du papier d'aluminium, par
exemple, à moins qu'ils ne se conforment aux exigences
édictées par le lieutenant-gouverneur en conseil dans ses
règlements?
M. OSTIGUY: Cela dépend du manufacturier plutôt.
M. GUAY: Je pense que oui, c'est-à-dire que l'on devrait imposer
des normes aux manufacturiers.
M. PAUL: "Nul ne peut utiliser, offrir en vente ou vendre un
contenant...".
M. OSTIGUY: C'est le manufacturier. M. PAUL: Bien, il reste à
savoir.
M. BOIVIN: Mais quel est le but de cet article? Est-ce pour
éliminer le plomb qui pourrait être dangereux? Est-ce qu'il y a
d'autres indications?
M. GOLDBLOOM: Oui, par exemple, il y a des plastiques qui contiennent du
chlore et leur combustion fait dégager de l'acide chlorydri-que. C'est
un problème très réel et l'on devrait avoir
l'autorité pour dire que ce genre de plastique ne serait pas
acceptable.
M. PAUL: Alors, vous allez, je le dis sans vouloir adresser de reproche
au ministre, pouvoir vous immiscer dans la fabrication des matériaux
d'emballage.
M. GOLDBLOOM: Nettement, M. le Président. Par exemple, on
pourrait, en appliquant une politique de gestion des déchets,
décréter que certains matériaux d'emballage devraient
contenir un pourcentage X de fibres recyclées.
M. PAUL: Comme nous avons beaucoup de produits, dans nos magasins, "made
in Japan", là vous ne pourrez pas contrôler la fabrication. Ces
gens vont se procurer ailleurs ce genre de matériaux qui fait l'objet de
commerce. Vous pourrez faire défense aux grossistes ou aux
détaillants de vendre tel produit.
M. GOLDBLOOM: Voici ce que nous essayons de faire, M. le
Président. C'est aussi une question de volume des déchets. Il y a
une tendance, qui se manifeste depuis de nombreuses années en
Amérique du Nord, pour des emballages de fantaisie, pour des emballages
en plastique transparent qui permet de voir le contenu. IL y a également
la tendance à tout envelopper individuellement, tandis qu'en Europe, la
ménagère se dirige vers l'épicerie avec son sac, elle
remplit son sac, les aliments sont emballés avec un minimum de papier;
elle rapporte son sac à la maison et elle s'en sert durant des mois et
des années. Le pourcentage, donc, de ces matériaux, dans les
déchets ordinaires, est beaucoup moindre qu'en Amérique du Nord.
C'est pour pouvoir établir progressivement une politique de ce genre que
l'on demande le pouvoir de réglementer l'utilisation des
matériaux d'emballage.
M. PAUL: Est-ce qu'il n'y a pas un problème constitutionnel qui
se présente? On a eu, comme vous le savez, la guerre de Fedco. On
connaît le jugement de la cour d'Appel. Pourtant, c'est pour la vente
d'un produit naturel, le fruit de la poule. Alors, est-ce qu'il n'y a pas un
danger? J'attire tout simplement l'attention du ministre sur la
constitutionnalité de cet article.
M. OSTIGUY: Ne pourrait-on pas comparer cela à
l'étiquetage de certains produits d'alimentation, qui doit être
dans les deux langues? H y a des produits qui viennent d'autres pays. Es sont
soumis à une loi qui avait été adoptée sur
l'étiquetage bilingue.
M. PAUL: Est-ce que la constitutionnalité de la loi a
été soulevée devant les tribunaux?
M. OSTIGUY: Pas à ce que je sache.
M. PAUL: II y a eu des condamnations, après une plainte d'un
étudiant. Je ne sais pas combien il a porté de plaintes, 14 ou
16. A ce moment-là, les compagnies concernées ont attaqué
la constitutionnalité de la loi.
M. OSTIGUY: Il y a eu...
M. PAUL: II faudra être extrêmement prudent, M. le
Président. Je ne fais pas reproche au ministre de vouloir
l'insérer dans sa loi. Mais, avant de tenter de l'appliquer, il faudra
peut-être être extrêmement prudent, pour que les gens aient
l'impression qu'ils sont obligés de s'y soumettre, plutôt que se
faire proclamer cet article comme étant anticonstitutionnel et, du
même coup, laisser libre champ à toute activité.
M. GOLDBLOOM: II y a au moins trois provinces qui appliquent une loi
semblable ou des règlements de cette nature. L'Ontario, l'Alberta et la
Colombie-Britannique défendent l'utilisation de certains contenants. Par
exemple, en Ontario, on vient de bannir la bouteille de trois pintes
utilisée par les laiteries.
M. PAUL: Pour quelle raison, M. le ministre?
M. BOIVIN: En plastique?
M. GOLDBLOOM: En plastique, oui. Cela fait partie d'une politique quant
aux contenants non retournables. C'est un problème extrêmement
épineux.
M. PAUL: Y a-t-il un problème économique ou un
problème de santé, à la base de cela?
M. GOLDBLOOM: C'est un problème de santé, en ce qui
concerne l'utilisation de certains plastiques. Les plastiques ne se nettoient
pas avec la même sécurité que le verre. On n'élimine
pas les microbes avec autant de succès.
M. BOIVIN: Cela n'inclut pas le sac de plastique, n'est-ce pas?
M. GOLDBLOOM: Non, pas le sac. M. BOIVIN: D'accord.
M. GOLDBLOOM: Il y a aussi le problème d'élimination de
ces déchets, par la suite. On essaie d'encourager la
réutilisation des contenants.
M. BOIVIN: Quand on parle d'emballage, cela me fait penser à la
peinture. Y a-t-il quelque chose de prévu dans la loi cela ira
peut-être avec la Loi de l'hygiène pour la peinture sur les
jouets d'enfants? Il est très dangereux d'avoir certaines peintures sur
les jouets d'enfants. Est-ce que cela pourrait relever de cette loi ou si cela
doit aller avec la Loi de l'hygiène? Dans la construction des meubles ou
des jouets, par exemple.
M. GOLDBLOOM: II y a la Loi des produits dangereux qui peut être
invoquée. C'est une loi fédérale. Ce serait, je pense, au
ministre des Affaires sociales qu'il faudrait s'adresser. Je m'aventure un
peu.
M. BOIVIN: La Loi de l'hygiène.
M. GOLDBLOOM: Oui. C'est nettement en vertu de la Loi de
l'hygiène publique que cela devra se faire.
LE PRESIDENT: (M. Giasson): Article 60, adopté?
M. GUAY: J'aimerais que le ministre prenne un exemple pratique pour
essayer de mieux situer ce qui concerne les matériaux d'emballage. Je
suppose, par exemple, que j'ai acheté un volume considérable de
matériel d'emballage. Si, demain matin, la loi s'applique, je me verrai
confisquer tous les matériaux d'emballage que j'ai achetés. Si la
loi s'applique, demain matin, et si les matériaux que je possède
ne répondent pas aux normes, qu'est-ce que je fais avec? Est-ce qu'on
permettra l'écoulement de ce qu'on a déjà? Le
problème se posera. Cela deviendra un problème.
M. GOLDBLOOM: S'il ne s'agit pas d'un produit ou d'une substance
dangereuse, je pense bien que l'on pourrait permettre l'écoulement sans
difficulté. Dans le cas du DDT, par exemple, où il y a eu un
danger, on a demandé à tous les gens d'apporter à des
centres les quantités qui leur restaient. On cherche depuis des moyens
d'en disposer. Mais je pense bien qu'il serait raisonnable de permettre
l'écoulement de ce qui est accumulé.
Nous avons dans le projet de loi l'exigence que tout règlement
soit publié, qu'il y ait un délai de 60 jours avant son
entrée en vigueur. Il y aurait un certain avis qui permettrait à
ceux qui en ont acheté en grande quantité de commencer à
les écouler et de les remplacer par des choses acceptables.
M. GUAY: Pour autant que les fabricants seront avertis désormais
des conditions à remplir. D'accord.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. Article 61?
M. PAUL: Paragraphe a) adopté, quant à moi.
M. BOIVIN: Cela ne relève pas seulement de l'article 59; c'est en
général, ça.
M. GOLDBLOOM: En général, oui.
M. BOIVIN: C'est pour les déchets en général.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. Paragraphe b)? Adopté.
Paragraphe c)?
M. BOIVIN: C'est encore l'histoire... M. PAUL: Les déchets
organiques.
M. BOIVIN: ... du règlement de zonage. On touche à un
pouvoir délégué aux municipalités qui ont
zoné, mais on va l'avoir inséré ailleurs. Désormais
pour les besoins de cette loi, cela a été inséré
à un autre endroit.
M. PAUL: Je rappellerai à mon collègue que j'ai
demandé au ministre d'Etat responsable de la qualité de
l'environnement d'attirer l'attention du ministre des Affaires municipales sur
cela dans la nouvelle rédaction de son code municipal. Je crois que
c'est l'article 427 ou 428 de la Loi des cités et villes actuelle.
M. BOIVIN: On donne certains pouvoirs?
M. PAUL: Non, on exige nécessairement le référendum
pour changer un règlement de zonage. On a accordé ce pouvoir au
ministre ce matin, tout en lui demandant d'attirer l'attention de son
confrère sur les nouvelles dispositions que devra contenir le nouveau
code municipal.
M. BOIVIN: Dans les pouvoirs qu'on délègue aux
municipalités?
M. PAUL: C'est ça.
M. BOIVIN: II y aura des restrictions.
M. PAUL: C'est-à-dire qu'il y aura des exceptions, entre autres,
celle-là.
M. GOLDBLOOM: Ce que l'on vise ici est plutôt la distance d'un
lieu de traitement des déchets des habitations, des routes provinciales,
etc.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté.
M. BOIVIN: Dans une région donnée, vous allez
déterminer qu'il va y avoir deux ou trois dépotoirs, pas
plus.
M. GOLDBLOOM: Je pense que c'est essentiel si nous sommes pour diminuer
les 8,000 que nous avons présentement en province.
M. BOIVIN: Mais les dépenses pour le transport et la cueillette
vont être considérables pour une municipalité. Je peux vous
donner l'exemple de la ville que j'administrais. La cueillette et
l'enfouissement, qui n'étaient peut-être pas faits à 100
p.c., mais à 80 p.c. ou 85 p.c, cela coûtait $25,000 pour une
ville d'environ 15,000 habitants.
Actuellement, on parle d'envoyer cette ville à un dépotoir
assez éloigné. Je ne croirais pas que la ville s'en sauve
à moins de $100,000 à $125,000. De $25,000 à $125,000,
cela commence à coûter pas mal cher.
Je comprends qu'il faut les limiter, mais l'enfouissement fait un peu
plus proche, quand il est bien fait, ça va. Je ne verrais pas qu'on
diminue ou qu'on restreigne trop les territoires qu'on peut utiliser pour les
déchets.
Pour l'exemple que je vous donne, de $25,000 à $125,000 c'est
considérable. Il y a une telle proposition actuellement, vous êtes
au courant de la situation des villes de Jonquière,
Kénogami, Arvida, Chicoutimi-Nord, Chicoutimi. Je comprends
très bien qu'il y a certaines villes qui ne veulent pas y entrer, en
particulier Chicoutimi-Nord, que j'administrais, parce que vous allez exiger
des montants considérables à cette municipalité.
M. OSTIGUY: Quel était votre taux de taxe par maison pour la
cueillette des ordures?
M. BOIVIN: C'était $12 par année, $1 par mois.
M. OSTIGUY: On passait quatre fois par mois?
M. BOIVIN: On passait deux fois par semaine.
M. GOLDBLOOM: M. le Président...
M. PAUL: Vous avez un bon maire; d'ailleurs il a été maire
d'une municipalité pendant 23 ans.
M. BOIVIN: A peu près, oui, 15,000 de population.
M. OSTIGUY: Cela faisait à peu près chaque fois...
M. BOIVIN: Quand ce n'est pas loin, la cueillette coûte moins
cher, beaucoup moins cher, et l'enfouissement, qu'on le fasse, près ou
loin... Je voulais attirer l'attention du ministre là-dessus, pour ne
pas trop restreindre la possibilité...
M. PAUL: Pour ne pas surcharger les contribuables d'un territoire
donné sous prétexte qu'on doit faire disparaître des
systèmes.
M. BOIVIN: C'est ça.
M. GOLDBLOOM: C'est très clair, M. le Président, et il
faut prêter je ne parle pas de celui qui est devant le micro
au ministre un certain jugement, quant à cela.
M. PAUL: On ne vous l'a pas demandé, mais je vais vous le
demander, c'est la veille d'une grande fête,
l'Immaculée-Conception: vous attendez-vous à être
nommé?
M. LEDUC: Je vais répondre ce que le député de
Trois-Rivières vous a répondu lorsque vous m'avez posé la
même question, je pense qu'il dirait oui.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense que si l'on regarde la
carte du Québec, notamment les quinze ou seize comtés pour
lesquels nous avons la carte préparée pour nos propres besoins,
on constate que, dans un rayon de quelques milles, on peut trouver trois,
quatre,
cinq dépotoirs; cela n'a pas de sens. Si l'on tient compte de la
politique que nous essayons présentement d'appliquer qui amène
les municipalités à étudier leurs problèmes avec
l'aide des documents de travail préparés à leur intention,
il est déjà arrivé que les municipalités ont
réagi exactement de cette façon et ont dit: Les distances
impliquent des coûts de transport trop élevés; si nous
pouvions trouver des solutions acceptables plus près de chez nous, si
nous pouvions diviser le territoire en sous-régions et proposer une
solution par sous-régions au lieu d'une seule pour toute la
région dans son ensemble; et, effectivement, c'est ce que nous avons
accepté.
Je pense aussi que, si un centre s'établit pour desservir
plusieurs municipalités et que, vers l'extérieur de ce bassin de
population il y a d'autres municipalités que l'on voudrait inviter
à participer à ce système de gestion des déchets,
il ne serait pas juste d'imposer aux municipalités excentriques tout le
fardeau du coût de transport. On devrait constituer un organisme
intermunicipal, répartir de façon égalitaire sur tout le
territoire l'ensemble des coûts, pour que personne ne paie plus cher que
l'autre simplement parce qu'elle se trouve plus près du lieu de
traitement des déchets.
C'est dans cette optique que nous essayons de travailler. Nous avons
également parlé de la possibilité d'offrir une subvention
à un organisme intermunicipal pour aider, par l'application des mesures
provinciales, à abaisser le coût global de cette activité.
Donc, je pense que c'est un pouvoir qui est indispensable, et c'est au ministre
de l'appliquer avec sagesse.
M. GUAY: C'est bien sûr que cela peut augmenter le coût, et
j'avais même une note pour discuter avec le ministre des
municipalités qui seraient plus près du lieu choisi que d'autres.
Je crois ce que le ministre dit, il est peut-être sincère en le
disant, mais je vois d'ici le problème qui va se poser: étant
donné l'augmentation des coûts, s'il n'y a pas de subvention, cela
va aller mal, j'en suis convaincu.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, soyons très précis
et clair sur cette question. Si l'on doit prévoir une augmentation du
coût de la gestion des déchets, c'est parce que cette gestion se
fait mal présentement, que l'environnement n'est pas
protégé et qu'il faut remplacer des méthodes inacceptables
par des méthodes modernes. Voilà le problème. Ce n'est pas
tellement le fait de déterminer un territoire et d'augmenter un peu les
distances pour certaines municipalités, mais voilà certainement
un facteur dont il faudra tenir compte. Comme a dit le député de
Dubuc, si l'on peut trouver une solution à un endroit plus proche qui ne
desservirait que deux ou trois municipalités ou même une seule. Si
la solution est acceptable, elle devra être acceptée.
Autrement, on ne trouvera pas de gens pour accepter la
responsabilité de traiter les déchets; le tout coûterait
trop cher et personne ne serait intéressé.
M. OSTIGUAY: M. le ministre, ce matin on parlait d'un investissement de
$100,000 à $125,000 pour faire la cueillette. C'est donc dire qu'on ne
peut pas charger $0.12 1/2 par contribuable avec un équipernent de
$125,000.
M. GOLDBLOOM: Non, mais, si l'on remplace un équipement
vétuste, mal conçu pour la fonction du transport des
déchets, par un camion moderne, nécessairement cela va
coûter plus cher.
M. GUAY: C'est entendu que ce que la loi vise, c'est la protection de
l'environnement, si les gens l'acceptent, il n'y a pas de problème. Je
souhaite qu'ils l'acceptent. Mais je suis convaincu à l'avance que ce ne
sera pas facile de le faire accepter partout.
Alors, il faut s'attendre à rencontrer un certain
problème.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, de mentionner qu'on y pense
du moins en ajoutant, après le mot déterminer à c-a) dans
des limites raisonnables?
M. GOLDBLOOM: Je pense que c'est implicite dans toute loi.
M. BOIVIN: Je ne sais pas. Que les municipalités fassent une
étude sérieuse dans les limites raisonnables.
M. GOLDBLOOM: Je dois dire...
M. BOIVIN: De plus en plus dans les lois on émet des principes,
des devoirs, des droits des citoyens.
M. GUAY: Si mon collègue me permet, je suis convaincu, et je
comprends, que les contribuables vont s'opposer si ce n'est pas raisonnable. Il
faut quand même leur laisser une certaine partie à
décider.
M. GOLDBLOOM: Je dois dire au député de Dubuc...
M. BOIVIN: On parle de les restreindre, là. Il y avait argument
de coût, vous l'aviez déjà à l'idée.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je dois dire au
député de Dubuc que, si j'étais le député de
Maskinongé, je demanderais immédiatement quelle est la
définition du mot raisonnable et où elle se trouve dans la
loi.
M. PAUL: Je vais vous en donner une, je suis en train d'y
travailler.
M. GUAY: Si le ministre n'est pas raisonnable, je pense bien que les
citoyens vont l'être.
M. GOLDBLOOM: Si le ministre n'est pas raisonnable, je suis convaincu
que le député de Maskinongé sera le premier d'une foule de
députés à le signaler.
M. PAUL: Je vais avoir de l'ouvrage à faire, tous les ministres
me disent ça.
M. BOIVIN: C'est parce que c'est un article assez dur. Vous dites le
nombre maximum permissible dans une région; ça fait peur
ça. Il faudrait adoucir et dire: Dans des limites raisonnables.
M. PAUL: M. le Président, j'inviterais le ministre à se
pencher sur une très humble suggestion que je pourrais lui faire, au
paragraphe c-a). Qu'est-ce que ses conseillers répondraient si nous
lisions le texte comme suit? Déterminer sur toute partie du territoire
du Québec, eu égard à la population à desservir, le
nombre maximum permissible de lieux d'élimination, d'entreposage et de
traitement des déchets.
M. GOLDBLOOM: Je n'y vois pas d'objection, M. le Président.
M. BOIVIN: C'est plutôt psychologique.
M. PAUL: Je pense que c'est une barrière psychologique.
M. GOLDBLOOM: C'est un critère...
M. PAUL: Le lieutenant-gouverneur aura quand même la
discrétion, mais il y aura une espèce de contrainte morale. Cela
rencontrerait l'objectif et les objections soulevées par le
député de Dubuc.
M. GUAY: C'est peut-être un peu moins dur.
M. PAUL: Je ne sais pas si c'est conforme à l'esprit de nos
savants légistes: Déterminer sur toute partie du territoire du
Québec, eu égard à la population à desservir, le
nombre maximum autorisé de lieux d'élimination, etc.
M. BOIVIN: Je trouve cela très bien.
M. PAUL: Je vais relire tranquillement: "Déterminer sur toute
partie du territoire du Québec, eu égard à la population
à desservir, le nombre maximum permissible, etc."
M. GOLDBLOOM: Ma seule remarque est d'ordre linguistique. Je pense que
le mot "pour" toute partie du territoire serait préférable.
M. PAUL: Plutôt que "sur", oui. Très bien, pour toute
partie du territoire.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. BOIVIN: Si on tient compte d'une municipalité de paroisse, par
exemple, il y aura possibilité d'avoir un dépotoir. Si vous le
mettez trop loin, personne n'ira.
M. GOLDBLOOM: C'est clair, M. le Président. J'ai fait remarquer
antérieurement que le problème devient plus difficile parce que
les études hydrogéologiques nous indiquent que bien des lieux ne
sont pas acceptables. C'est peut-être un facteur plus important dans
l'application de la loi que la détermination sur papier d'un nombre,
même en relation...
M. PAUL: Je me demande si on ne pourrait pas aller plus loin en disant:
Eu égard à la population et au territoire à desservir. Je
ne voudrais pas gâter mon affaire.
M. GOLDBLOOM: II me semble que si nous n'ajoutons pas un autre
élément, nous aurons un sous-article trop restrictif. Il est
suggéré d'ajouter "entre autres critères" pour ne pas
limiter l'application de l'article à ces deux seules
considérations.
M. PAUL: Déterminer pour tout le territoire du Québec, eu
égard à la population à desservir, entre autres
critères.
M. GOLDBLOOM: Eu égard, entre autres critères, à la
population à desservir.
M. PAUL: Est-ce que le ministre et ses conseillers sont sur la
même longueur d'ondes? Il me semble qu'il y en a un qui est un peu plus
haut que l'autre.
M. GOLDBLOOM: Puisqu'on parle de territoire dans la première
partie du sous-article, je pense que nous pouvons nous contenter de dire: Eu
égard, entre autres critères, à la population à
desservir...
M. PAUL: Très bien. Vous voyez, je ne suis pas chatouilleux, je
suis bien humble. Quelquefois mon vaudeville est pratique.
M. GOLDBLOOM: D'accord, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Sous-article c), adopté.
M. PAUL: Surtout depuis qu'il a été amélioré
LE PRESIDENT (M. Giasson): Sous-article d).
M. PAUL: Est-ce que cela pourrait aller jusqu'à imposer des
obligations de travaux paysagistes aux alentours de ces bâtisses?
M. GOLDBLOOM: Certainement.
M. PAUL: Je ne sais pas si le terme est exact.
M. GOLDBLOOM: Oui, le terme est exact. On pourrait aller jusque
là, dans le même sens qu'on exigerait un plan de
réaménagement.
M. BOIVIN: Une clôture.
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement.
M. GUAY: D'ailleurs, quand on a entendu, à la commission
parlementaire du code des professions, les urbanistes, il en avait
été question et cela faisait partie de leur travail d'organiser
des plans d'aménagement.
M. GOLDBLOOM: Absolument.
M. PAUL: D'ailleurs, cela va être codifié.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. BOIVIN: Ils vont établir des plans.
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. Article 61 e)?
Adopté?
M. PAUL: Un instant! C'est parce que, quand je vois le directeur, cela
me rappelle l'ancien directeur de mon séminaire. Parfois, il
était dur et j'avais à parader trop souvent devant lui. Oh! "Le
montant de la garantie exigée de toute personne à cette fin." Que
signifie le mot "personne" dans ce paragraphe?
M. BOIVIN: Autre que les municipalités. M. PAUL: Non, non, un
instant!
M. BOIVIN: La municipalité n'a pas de garantie à fournir;
c'est pour un entrepreneur qui ouvrirait un dépotoir. Pour les
cueillettes, il faudrait que toutes les petites municipalités,
même les moyennes, puissent trouver un preneur. Sans cela, vous allez
augmenter encore le prix.
M. PAUL: Pourquoi mettre "personne"? Et le montant de la garantie
exigée à cette fin suffirait. J'ai à la mémoire,
par exemple, les compagnies d'assurance qui peuvent être appelées
à fournir des bonds de cautionnement.
M. BOIVIN: C'est l'investissement qui est nécessaire, et c'est ce
que je vois.
M. GOLDBLOOM: Nous sommes liés par la définition du mot
personne: "un individu, une société ou une corporation autre
qu'une municipalité."
M. PAUL: "La garantie exigée de toute personne à cette
fin." Pourquoi répéter "toute personne"? Le lieutenant-gouverneur
en conseil pourra dire: Nous exigeons un cautionnement de... Pourquoi
répéter le mot "personne"?
M. GOLDBLOOM: Vous avez raison. On pourrait le rayer.
M. PAUL: On pourrait rayer les trois mots "de toute personne" et
écrire "exigée à cette fin".
M. GOLDBLOOM: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. Article 61 f)?
M. BOIVIN: Mais, en fait, cela frappe seulement les entrepreneurs. Les
municipalités n'ont pas de garantie à donner?
M. GOLDBLOOM: Non, non!
M. PAUL: C'est pour ça qu'on fait disparaf-tre "de toute
personne". Paragraphe f ). Adopté. Tout au long de la loi, on a dit que
le lieutenant-gouverneur en conseil ou le ministre pouvait, pour des raisons
particulières, soustraire une partie du territoire... C'est une suite
logique.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. Paragraphe g)?
M. GOLDBLOOM: On vient d'en parler, il y a quelques minutes. Il faut
avoir des règlements pour prohiber ou limiter.
M. PAUL: C'est là que vous pourriez peut-être
répondre à l'objection soulevée tout à l'heure par
le député de Dorchester. "Prohiber ou limiter l'usage..." On
pourrait peut-être limiter l'usage dans le temps et dire: D'ici le 1er
janvier je ne sais pas, quoi 1974, il ne sera plus permis
d'utiliser tels matériaux d'emballage. L'objection ou la crainte
manifestée tout à l'heure par le député de
Dorchester serait du même coup réglée.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. GUAY: II ne faut pas que cet article ait trop d'incidences
économiques, si on arrive et qu'on tranche cela au couteau, demain
matin.
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): On ajouterait "dans le temps" au paragrahe
g)?
M. GUAY: Si on avait une maison spécialisée dans la vente
de ce genre de produit, il pourrait survenir des conflits.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté?
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Paragraphe h).
M. PAUL: Pourquoi n'essaie-t-on pas de fusionner les paragraphes g) et
h)?
Mes hommages, M. le Président. Merci pour votre café.
C'est regrettable que vous n'ayez pas eu deux traites!
Les paragraphes g) et h): "Prohiber ou limiter l'usage de toute
catégorie de contenants ou d'emballages; déterminer la
manière selon laquelle il peut être fait usage de toute
catégorie de contenants...". Je me demande s'il n'y a pas
possibilité de réunir les deux textes.
M. GOLDBLOOM: Dire: "... et déterminer la manière selon
laquelle il peut en être fait usage".
M.PAUL: Oui, c'est ça.
M. GOLDBLOOM: Cela revient à la même chose.
M. GUAY: En fait, je vois plutôt, au paragraphe h), des normes
d'hygiène qui pourraient s'appliquer dans le cas de contenants qui
servent plus d'une fois, par exemple.
M. GOLDBLOOM: Alors: Prohiber ou limiter l'usage de toute
catégorie de contenants ou d'emballages et déterminer la
manière selon laquelle il peut en être fait usage.
M. PAUL: C'est ça. M. GUAY: Parfait.
M. PAUL: Si M. Tessier était ici, il serait fort heureux de voir
la fusion que nous venons de faire!
M. GOLDBLOOM: C'est très bien.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le paragraphe g), adopté?
M. PAUL: Et le paragraphe h). Au paragraphe i), il y aurait une
correction de concordance.
M. BOIVIN: Selon le paragraphe i), vous allez fixer le prix des
bouteilles retournables. Les marchands n'auront pas le droit de fixer le prix
de la bouteille. Us ne pourront pas vendre les bouteilles $0.02, $0.03.
M. GOLDBLOOM: Pas le prix mais le dépôt.
M. BOIVIN: Par le dépôt, le marchand s'engage. Mais vous
allez fixer le prix de la bouteille. Si je comprends bien, pour la bouteille
retournable, vous allez prescrire le paiement d'un dépôt "à
l'achat de tout bien contenu". Vous allez fixer le dépôt de la
bouteille.
M. GOLDBLOOM: Le dépôt.
M. BOIVIN: De la bouteille d'eau gazeuse. Vous allez dire à un
marchand: Vous n'avez pas le droit de demander plus de $0.02 ou $0.03?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. BOIVIN: Quand la bouteille sera retournée, il sera
obligé de remettre le dépôt.
M. GOLDBLOOM: C'est ce que fait la Colombie-Britannique ainsi que
l'Alberta et l'Etat de l'Orégon.
M. PAUL: Vous allez arrêter, dans un texte, l'usage du commerce
qui se fait aujourd'hui.
M. BOIVIN: II y en a qui demandent $0.05.
M. GOLDBLOOM: Oui et, tout récemment, à Montréal,
un essai a été entrepris par certaines compagnies qui ont
monté le dépôt à $0.10 au lieu de $0.05. Dans le cas
des bouteilles qui valaient $0.02, c'est maintenant $0.05. Il est trop
tôt pour connaître le résultat, la valeur de cet effort.
Mais c'est dans le même esprit que ce qui se fait dans l'Ouest et qui est
fortement recommandé par certaines personnes.
M, BOIVIN: Mais le but de cette mesure c'est de faire ramasser les
bouteilles.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. BOIVIN: Maintenant, est-ce que vous allez permettre à un
marchand, par exemple, de demander...
M. PAUL: De la réutiliser surtout, je crois bien.
M. BOIVIN: La faire ramasser.
M. GOLDBLOOM: Pour réutilisation. C'est le but.
M. PAUL: Si l'on veut éliminer les bouteilles non retournables ou
non réutilisables, on prend les moyens pour inciter...
M. BOIVIN: Mais est-ce que vous allez permettre à un marchand,
qui exige $0.05 au départ, de remettre seulement $0.03? Allez-vous vous
mêler du prix?
M. GOLDBLOOM: On pourrait fixer un minimum et décréter que
le marchand doit débourser le dépôt donné.
M. BOIVIN: C'est ce qui se fait actuellement. Il y a un abus de ce
côté-là.
M. BURNS: Oui. Il faudrait prescrire le montant et les conditions de ce
dépôt. Alors, les conditions du dépôt,
nécessairement, prévoient les conditions de retour, j'imagine. On
vous dépose tant à condition que.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. BURNS: II est parfaitement normal que cela se fasse comme
ça.
M. GUAY: De toute façon, c'est payant parce que cela fait un
produit qui est taxé plusieurs fois.
M. PAUL: C'est parfait ça.
Mais n'est-ce pas l'ingérence du gouvernement dans les lois du
commerce, la liberté de commerce? Je comprends l'idée. C'est que
vous voulez que cette bouteille se ramasse, que ce soit fructueux pour que la
personne rapporte la bouteille.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le commerce est soumis à
toutes sortes de lois et de règlements. On n'est pas libre de faire ce
que l'on veut avec ses produits. Il faut respecter les lois. Dans ce cas
particulier, il faut la respecter pour la protection de l'environnement.
M. GUAY: Mais, pour la plupart des contenants retournables, cela se fait
déjà.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. GUAY: Vous prescrivez, en fait, le paiement d'un dépôt.
Ce n'est pas réglementé, mais c'est laissé au choix de
chacun.
M. GOLDBLOOM: Premièrement, c'est laissé au choix de
chacun. Deuxièmement, ce qui arrive depuis un certain nombre
d'années, c'est que les cycles deviennent de moins en moins nombreux.
Les bouteilles qui revenaient une quarantaine ou une cinquantaine de fois ne
reviennent que six, huit ou dix fois maintenant et on ne les revoit plus.
M. GUAY: Y a-t-il une raison particulière à cela?
M. PAUL: Cela active la fabrication. Il faut tenir compte de cela dans
l'objectif de 100,000 nouveaux emplois!
M. GOLDBLOOM: M. le Président, justement, c'est pour cela. C'est
à cause du facteur que vient de soulever le député de
Maskinongé que je veux tenir des audiences publiques sur la question. Je
veux connaître l'impact économique de toute modification que l'on
pourrait apporter au commerce en question.
M. GUAY: Est-ce que vous connaissez le principal facteur ou la raison
pour laquelle les cycles se répètent moins souvent?
M. GOLDBLOOM: C'est un facteur sociologique. C'est la mentalité
des gens.
M. GUAY: Qui a changé. M. GOLDBLOOM: Oui.
M. BURNS: II faut dire que les $0.02 ont pris très peu
d'importance aux yeux des gens, de sorte qu'ils s'en vont en voiture et lancent
la bouteille par la portière.
M. GOLDBLOOM: J'ai dit qu'il y a trois façons de régler le
problème. On peut fixer un dépôt et le placer à un
niveau qui constituerait une incitation à retourner la bouteille. On
peut taxer les contenants non-retournables pour augmenter l'écart de
prix entre les bouteilles non-retournables et les bouteilles qui devraient
revenir, pour décourager l'utilisation de ces bouteilles. On peut aussi
tout simplement bannir les bouteilles non-retournables.
Il a été porté à mon attention que si l'on
bannissait la bouteille non-retournable, disant qu'il faut se servir de
bouteilles retournables, on pourrait prendre la bouteille non-retournable,
fixer un dépôt de trois seizièmes de cent par bouteille, ce
qui n'inciterait personne à la rapporter mais quand même,
selon la loi, ce serait une bouteille retournable, avec un dépôt
fixé. Donc il faut pouvoir, par règlement, fixer un montant
minimum pour le dépôt. C'est ce qu'ont fait les deux provinces de
l'Ouest et l'Etat de l'Orégon.
M. GUAY: Je me souviens que, dans l'Etat du Maine, presque aucune
bouteille n'est retournable. J'ai fait l'expérience. Prenons, par
exemple, l'Etat de New York, où c'est très sévère
pour quelqu'un qui, le long de la route, lancera une bouteille par la
portière d'une automobile. Or, si on fait la différence entre les
deux Etats quant à la qualité de l'environnement, c'est
incomparable. Je pense donc qu'il est normal d'avoir des normes.
J'accentuerais davantage la sévérité pour une
personne qui, le long de la route, lancerait une bouteille vide, pour la simple
raison qu'en plus de polluer l'environnement, c'est un danger très grand
pour les automobilistes qui utilisent ces routes.
M. BURNS: Au-dessus de tout cela, M. le Président je pense
que le ministre en est convaincu, d'ailleurs, de par ce que je l'ai entendu
dire à plusieurs reprises c'est beaucoup plus un
phénomène d'éducation de la population. Il faut que la
population en arrive, à un moment donné, à se sentir
coupable, que l'individu se sente coupable de lancer une bouteille par la
portière d'une voiture ou de laisser tomber un paquet de cigarettes.
C'est une question d'éducation beaucoup plus qu'autre chose, je
pense.
M. GOLDBLOOM: Je pourrais être légère-
ment en désaccord avec le député de
Maisonneuve.
Je suis d'accord avec lui à l'effet que c'est par
l'éducation à long terme qu'on réglera ce problème.
Mais il est possible et c'est une chose que j'examine
présentement que nous serions mieux inspirés de chercher
à motiver la personne de façon positive plutôt que de la
motiver de façon négative en lui donnant un sentiment de
culpabilité.
M. BURNS: Remarquez que, durant la période transitoire, l'un
n'empêche pas l'autre, mais je pense que l'accent devrait être mis
très fortement sur l'éducation. Le jour où un
déclic se fait chez chaque individu qui se dit: cela ne se fait pas de
lancer un paquet de cigarettes ou une bouteille par la portière,
déjà vous avez...
M. GOLDBLOOM: Si nous pouvons nous rendre au point où nous aurons
fait quelques exemples, où nous aurons vu les tribunaux imposer des
amendes jusqu'à $200, comme prévu par le projet de loi, il y aura
un sentiment de culpabilité chez certaines personnes, qui sera bien
contagieux.
M. BURNS: Bien, le sentiment de culpabilité, à mon avis,
n'est pas le plus fort des deux. Celui qui est le plus fort, c'est celui qui
dit: Je fais partie de cette société que je ne dois pas continuer
à polluer. C'est ça qui, je pense, est le plus fort des deux.
M. GOLDBLOOM: Parfaitement d'accord.
M. BOIVIN: Je comprends qu'il y a un point d'éducation, mais vous
ajoutez un motif d'intérêt en payant pour faire ramasser le
polluant.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. GUAY: Je suis convaincu avec le ministre étant
donné qu'on parle d'un paiement de dépôt que plus le
prix sera élevé pour le contenant retournable, plus on va
régler le problème vite. D'abord les gens vont en prendre
l'habitude. Et, après qu'ils auront pris cette habitude, je suis
convaincu que, même là, on pourra réduire le montant du
dépôt et que l'habitude va se conserver.
Mais il s'agit de commencer à faire prendre aux gens
l'habitude.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Tout à l'heure, j'ai attiré l'attention du
ministre sur les implications économiques de la lutte contre la
pollution. Je suis certain que le ministre l'a déjà lu, mais je
voudrais attirer son attention sur un texte de M. André Raynauld,
président du Conseil économique du Canada, qui a paru dans la
revue Commerce, où il dit ceci, entre autres: "On discerne dans le
débat actuel deux ordres de préoccupation à ce sujet.
D'une part, on craint que la croissance de la population et des revenus soit,
à terme, impossible et même catastrophique en raison de ses effets
délétères sur l'environnement et d'autre part, il existe
certaines appréhensions à l'effet que les contrôles
relativement sévères de la pollution n'entraînent un
ralentissement sérieux de la croissance, un sous-emploi marqué
et, du moins pour une certaine période, un appauvrissement réel
de la population".
Je pense que c'est une invitation à la prudence. Je
félicite le ministre pour la déclaration qu'il nous a faite ce
soir, à l'effet qu'il se penchera avec beaucoup d'intérêt
sur les implications économiques, justement sur cet aspect, entre
autres, que nous venons d'étudier, du retour des contenants. Je suis
certain que le ministre avait lu cet article qui m'avait frappé,
d'ailleurs.
M. GOLDBLOOM: Oui. Simplement pour terminer peut-être sur le
sujet, je dirais qu'aux yeux de beaucoup de personnes, c'est un problème
très simple. On impose un dépôt minimum ou on bannit la
bouteille et on règle le problème. Mais effectivement les
facteurs économiques sont beaucoup plus complexes. L'Association des
embouteilleurs d'eaux gazeuses du Québec m'a adressé deux
mémoires qui portent sur la situation actuelle au Québec. Le
député de Dorchester a fait allusion à des Etats
américains où les bouteilles non retournables se voient partout.
Nous avons au Québec la plus faible proportion de ces bouteilles en
Amérique du Nord. Donc, nous avons peut-être l'occasion
d'éviter ua problème que d'autres connaissent.
Deuxièmement, les embouteilleurs soulignent, selon leur point de
vue, que c'est l'économie régionale qui est en jeu et que les
embouteilleurs, dans les diverses régions de la province en dehors des
grands centres, qui se servent presque exclusivement de bouteilles
retournables, on besoin d'un appui pour que cette économie demeure dans
les régions. Il faut que j'examine toutes les implications de cette
considération avec tous les intéressés. C'est pour cela
que nous aurons des audiences publiques.
M. GUAY: J'aimerais ajouter, à titre d'exemple, que, dans ma
région, une personne a trouvé le moyen d'utiliser les contenants
métalliques pour fabriquer un produit qu'il met lui-même sur le
marché.
Depuis ce temps, on remarque, par exemple, des boites d'huile vides; il
fait la cueillette des boites, des pintes d'huile vides, pour les transformer,
en faire un produit. Depuis ce temps, on n'en voit plus. Je reviens à
l'exemple d'un Etat américain où il est même défendu
d'entrer dans une épicerie avec une bouteille à demi-vide ou
même avec une cigarette. Et pour vous dire à quelle vitesse les
gens peuvent prendre conscience, c'est que ceux qui ont eu l'occasion d'aller
à
cet endroit s'en souviennent si bien qu'ils me le font remarquer
à chaque fois qu'on va pénétrer dans un endroit public
avec une bouteille.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense que la discussion est
intéressante, mais nous avons un devoir à accomplir qui est
d'adopter un projet de loi.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le paragraphe i) qui devient le paragraphe
h).
M. BURNS: Cela n'empêche pas l'adoption de l'article, j'ai une
dernière question: Le ministre a fait référence à
des mémoires qu'il a reçus de fabricants de bouteilles d'eau
gazeuse. Est-ce qu'il accepterait de faire parvenir une copie de ces
mémoires?
M. GOLDBLOOM: Avec plaisir, certainement.
M. PAUL: C'est sûrement dans la documentation du
député. Il me semble que nous l'avons reçu.
M. BURNS: Je remplace le député de Lafontaine,
peut-être qu'il l'a eu.
M. GOLDBLOOM: C'est un document public, et il me fera plaisir de le
fournir.
M. BURNS: D'accord.
M. GOLDBLOOM: Le voilà, le député de Stanstead l'a
entre les mains.
M. VAILLANCOURT: C'est ceux qui font partie de la commission.
M. GOLDBLOOM: II y en a deux.
M. BURNS: C'est adressé aux membres de la commission? D'accord.
Probablement que le député de Lafontaine l'a reçu.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que le paragraphe i), qui devient le
paragraphe h), est adopté?
M. PAUL: C'est là, M. le Président, que les implications
économiques peuvent être extrêmement importantes. Je pense
au commerce de regrattier entre autres.
M. GOLDBLOOM: Certainement.
M. PAUL: C'est un problème très important, et il ne
faudrait pas paralyser ou obliger la fermeture de certains commerces. Je ne dis
pas qu'on ne doive pas le faire, mais on doit de toute façon
également protéger l'industrie.
M. BURNS: Vous ne parlez pas de Loubier Scrap Metal?
M. PAUL: Absolument pas, on n'a jamais fait de personnalité,
parce qu'à ce compte là on pourrait même...
M. BURNS: Bien, une personnalité... Je parle d'une compagnie
incorporée.
M. PAUL: Vous allez admettre qu'une corporation est une personne
morale.
M. BURNS: Bien oui, c'est ce que je dis, une personnalité
morale.
M. PAUL: Je vous comprends. De toute façon, l'intervention du
député de Maisonneuve m'ouvre davantage les yeux. J'aurais
l'intention de faire ici un brillant discours et même de m'opposer au
paragraphe i), surtout après l'éveil de mon attention par le
député de Maisonneuve; il a parlé de Loubier Scrap Metal.
Je pourrais également parler d'autres compagnies. Je vais prendre le
risque de faire confiance au ministre puisqu'il nous a promis la convocation de
la commission parlementaire pour étudier toutes ces implications
économiques.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Paragraphe i), adopté?
M. PAUL: Adopté avec beaucoup de réserve, surtout à
la suite des propos tenus par le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Je regrette d'avoir dit ça, je ne voulais pas allonger
le débat.
M. PAUL: M. le Président, je retire mes propos.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Alinéa k) qui devient j).
M. PAUL: Est-ce que le ministre pourrait nous préciser l'emploi
du terme "exigences minimales"?
M. GOLDBLOOM: II s'agit, M. le Président, de fournir par
règlement un contrat type qui établierait des conditions sine qua
non pour la gestion des déchets. Il y a nécessairement des
municipalités qui ne sont pas versées dans ces
considérations et, pour passer de l'exploitation d'un simple
dépotoir à la gestion des déchets d'une façon
normale il ne s'agit pas d'imposer les termes d'un contrat, mais
d'établir au moins la base sur laquelle on devrait bâtir le
contrat.
M. BOIVIN: Stipuler, par exemple, que tel véhicule est
nécessaire, un Sanivan plutôt qu'un camion.
M. GOLDBLOOM: Des choses de cette nature.
M. GUAY: On remarque habituellement
dans certaines localités que les véhicules qui servent au
transport sont mal organisés, ont des boites qui ne ferment pas bien et
vont laisser tomber des déchets un peu partout sur le parcours. On sait
où est le dépotoir parce qu'on n'a qu'à suivre ce qu'ils
ont perdu. Et ça se produit. Maintenant, je ne sais pas si, dans des
paroisses rurales, par exemple, on va être en droit d'exiger la
même chose que dans les villes. Tout de même, cela va être
assez dispendieux. La réglementation pourrait prévoir, que, par
exemple, dans certains milieux on pourrait être un peu plus large
à cause des dépenses, comme on disait tantôt, que ça
peut occasionner.
M. GOLDBLOOM: Je pense bien que le règlement pourrait être
nuancé de cette façon pour tenir compte de l'importance de la
municipalité. Il le faudra évidemment. Il faut dire aussi que
dans le cas des grandes municipalités de la province, je pense bien
qu'on n'a pas besoin de contrat type pour leur montrer quoi faire.
M. GUAY: Non, mais ça se fait déjà comme vous
voulez probablement l'exiger.
M. GOLDBLOOM: Cela se fait déjà depuis un bon moment.
M. BOIVIN: C'est parce qu'il faut avoir des exigences minimales. Il faut
que la municipalité sache, par exemple, qu'il y aura telle exigence.
Pour le transport, pour la cueillette, il est très important d'avoir le
véhicule adéquat, mais ça peut affecter les coûts.
Donc quand on dit "exigences minimales" les municipalités sauront que,
quand elles demandent une soumission, il y aura telle exigence.
M. GUAY: C'est ça.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. Pour les soumissions.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le nouvel alinéa j) est adopté.
Alinéa k).
M. PAUL: Est-ce qu'on ne doit pas également adopter l'article 51
a)?
M. GOLDBLOOM: C'est possible, M. le Président. C'est bien
possible.
M. PAUL: Dans le renumérotage, ce ne sera donc plus l'article 51
a), ce sera peut-être, je ne sais pas, l'article 53, 54, ou 48, 49. Je ne
sais pas.
M. GOLDBLOOM: Je pense que ce n'est pas nécessaire; les
procédures qui seraient prescrites pour l'application de l'article 51,
qui est un article permettant au directeur de recevoir des
représentations et de donner un avis au minis- tre, ne sont pas les
mêmes que pour l'article 51 a), qui permet au ministre de rendre des
ordonnances à l'endroit de certaines personnes.
M. PAUL: II y aurait lieu pour les légistes de vérifier le
bon article, après le renumérotage.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. M. BOIVIN: Les immeubles,
c'est fait.
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas fait, M. le Président. C'est justement
dans cette section que nous avons suspendu un certain nombre d'articles. Nous
aurons une proposition à faire mais je pense que, le sujet étant
plus complexe que la protection contre les rayonnements, on aurait avantage
à passer à l'article 82 et revenir à une autre
séance aux articles en suspens.
M. BOIVIN: II est minuit moins dix minutes.
UNE VOIX: On peut suspendre au lieu de commencer autre chose.
M. PAUL: On va regarder cela.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 82.
M. BOIVIN: Evidemment, le gouvernement de la province n'est pas le seul.
Quels sont les pouvoirs du fédéral et les pouvoirs du provincial
dans ce domaine? Cet article, je le trouve bien important et je veux absolument
que le ministre d'Etat responsable de l'environnement puisse visiter tous ceux
qui utilisent ces sources d'énergie rayonnante. Je veux m'en assurer,
mais aussi, j'aimerais bien connaître ce que le fédéral
fait là-dedans et ce que le provincial peut faire.
M. GOLDBLOOM: Nous avons la responsabilité de surveiller et de
contrôler. Ce que désire le député de Dubuc, c'est
ce que désire le gouvernement. Les seules exceptions à ce que
demande le député de Dubuc seraient les établissements
hospitaliers et les cabinets de consultation des médecins et dentistes
et autres professionnels qui pourraient se servir de rayons-X, parce que le
ministre des Affaires sociales aurait la responsabilité de la
surveillance de ces endroits.
Mais, comme je l'ai dit ce matin, le personnel technique serait presque
certainement le personnel technique du ministre responsable de la
qualité de l'environnement. Le fédéral, pour
répondre plus précisément à la question du
député de Dubuc, est responsable des recherches de
l'établissement de certaines normes. Mais la surveillance est la
responsabilité de la province.
M. BOIVIN: Mais ils n'accordent pas des permis d'exploitation, au
fédéral, pour la bombe de cobalt, etc?
M. GOLDBLOOM: Je ne le crois pas.
M. PAUL: Ils ont des règlements quant à la garde du
cobalt.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. Il y a des normes établies par le
gouvernement fédéral, mais les permis sont émis par le
gouvernement de la province.
M. BOIVIN: La surveillance revient à la province.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. BOIVIN: C'est parce que je ne veux pas qu'on passe entre les deux. Je
veux bien savoir quels sont les devoirs du gouvernement de la province
là-dessus, parce que je sais qu'il y a des défaillances
extraordinaires de ce côté.
M. GUAY: Non seulement des devoirs, mais des pouvoirs aussi.
M. GOLDBLOOM: Certainement.
M. BURNS: Mais dans le cas contraire, M. le ministre, comment
pourriez-vous mettre en application l'article 82? Si jamais votre fonction de
surveiller et de contrôler les sources de rayonnement, etc, on semble y
mettre un frein dans des actions quelconques...
M. GOLDBLOOM: Nous le faisons déjà. Nous avons des
inspecteurs qui sont versés dans le sujet et nous avons un physicien qui
est expert...
M. BURNS: Mais si quelqu'un ne se conforme pas à toute votre
réglementation et à votre surveillance de la situation, qu'est-ce
qui arrive?
M. GOLDBLOOM: Des sanctions sont prévues.
M. BURNS: Vous remettez cela au procureur général et on
vous fait des objections à l'effet que ce n'est pas de juridiction
provinciale.
M. PAUL: A ce moment-là, on fait appel au juge Roy Fournier qui
vient trancher le litige.
M. BURNS: Non, mais ma question est très sérieuse, M. le
ministre.
M. BOIVIN: Elle est sérieuse, certain, parce que j'y ai vu des
objections.
M. BURNS: Le député de Dubuc a soulevé, je pense,
une question assez importante. Vous avez le problème du chevauchement
des pouvoirs fédéraux-provinciaux. Je me demande jusqu'à
un certain point vous ne vous ferez pas barrer les pieds, comme on le dit
communément, dans les fonctions qu'on vous attribue par l'article 82.
Est-ce que les légistes ont examiné cet aspect? Remarquez que je
ne vous pose pas la question pour vous barrer les pieds.
M. GOLDBLOOM: Ce qui se fait, c'est que le gouvernement
fédéral encourage la prise de la responsabilité par les
provinces.
M. BURNS: Moi, je vous parle de l'aspect du justiciable. Le justiciable
peut très bien dire, devant un tribunal quel qu'il soit: Le procureur
général, qui me poursuit actuellement, me poursuit en vertu d'une
disposition qui est ultra vires, qui n'a aucune possibilité de relever
de la juridiction provinciale. Est-ce que cela a été
examiné? Je pense que c'est un peu ça que le député
de Dubuc a soulevé tantôt et que je soulève
également.
M. GOLDBLOOM: La question a été étudiée, M.
le Président. D'autres provinces ont leurs lois. Elles les appliquent.
Le gouvernement fédéral a créé un organisme qui
s'appelle Energie atomique du Canada et qui a établi certaines normes.
Mais ce n'est pas en vertu de cette loi que l'on pourrait empêcher les
autorités provinciales d'agir. Peut-être que le
député de Maisonneuve connaît des cas où la question
a été étudiée par des tribunaux; moi, je n'en
connais pas.
M. BURNS: Je n'en connais pas, M. le ministre, parce que c'est un
domaine de droit tellement nouveau. Vous savez, quand vous parlez de sources de
rayonnement, de champs, d'ondes matérielles, de pressions et d'autres
vecteurs d'énergie, qu'on est dans un domaine assez nouveau tant au
point de vue législatif que juridique. Mais je pose le problème
quand même.
M. BOIVIN: Je vais vous donner un exemple.
M. BURNS: Mais je pose le problème quand même.
M. GOLDBLOOM: Nouveau dans un sens mais pas tellement nouveau, si l'on
remonte à la découverte des rayons X par le Dr Roentgen.
M. BURNS: D'accord, mais je vous parle sur le plan
législatif.
M. GOLDBLOOM: Ce que nous avons dans la loi existe déjà.
Nous exerçons ce contrôle depuis assez longtemps. C'est en vertu
de la Loi de l'hygiène publique. Il y a un chapitre de règlements
qui est appliqué depuis 1951. Cela fait 21 ans.
M. BOIVIN: Je vais vous donner un exem-
ple. Disons que le gouvernement de la province envoie quelqu'un dans un
cabinet de physicien ou de médecin. On lui répondra: J'ai un
permis du gouvernement fédéral. J'ai le droit d'agir. Vous n'avez
pas d'affaire ici. Qu'allez-vous répondre? Ces gens ont
déjà des permis de par leur capacité à agir. Je me
demande si le gouvernement fédéral a des inspecteurs qui passent
rencontrer ces gens à qui ils ont donné des permis.
M. PAUL: On pourrait retarder la réponse à demain
matin.
M. BOIVIN: Je me rends compte que ce n'est pas tellement la
capacité d'agir de ces gens mais c'est négligé
comme je le disais, j'ai parlé de cette affaire aujourd'hui dans
l'environnement. Ils ne prennent pas toujours toutes les précautions
dans les lieux où ils agissent.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, nos légistes sont
convaincus que nous avons le pouvoir constitutionnel d'agir dans ce domaine.
Si, éventuellement, quelqu'un invoque la question cosntitutionnelle et
prétend que notre pouvoir, tel que défini depuis 1951, dans nos
lois, est ultra vires, les tribunaux trancheront la question. Mais cette
possibilité ne devrait pas nous empêcher de reproduire, dans cette
loi, ce que nous avons depuis 21 ans dans la Loi de l'hygiène
publique.
M. BURNS: Non, M. le ministre. Je voudrais bien que vous me compreniez.
Ce n'est pas du tout mon intention. Bien au contraire. Je suis d'accord pour
qu'on occupe le champ au Québec. C'est peut-être justement parce
qu'on ne l'a pas occupé suffisamment dans le passé qu'en vertu de
la théorie des pouvoirs résiduai-res au niveau constitutionnel on
s'est peut-être mis à jouer dans un tas de domaines dont
celui-là au niveau fédéral.
Mais je posais la question simplement pour savoir si vous vous
étiez informé et je n'ai rien contre, soit dit en passant,
l'article 82 tel que rédigé quel était
l'arrière-plan de vos informations?
M. GOLDBLOOM: Les légistes ont exprimé l'avis que nous
avons, sur le plan constitutionnel, le pouvoir d'agir. J'ai devant moi la liste
des services rendus à des institutions: hôpitaux, cliniques
médicales, industries, municipalités, universités,
gouvernements, instituts de recherche les enquêtes techniques sur
la radiopro-tection que nous avons poursuivies. Donc, c'est un champ que nous
occupons déjà, et, à ma connaissance, il n'y a jamais eu
de difficultés sur le plan constitutionnel.
M. BOIVIN: Est-ce que le fédéral a un système
d'inspection?
M. GOLDBLOOM: Le fédéral donne des cours à nos
techniciens, nos inspecteurs. Le fédéral ne fournit les services
que dans les provinces qui n'assument pas la responsabilité. Au
Québec, ce sont nos inspecteurs.
M. BURNS: II est minuit, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 0 h 2)