Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente des Affaires municipales
Projet de loi no 34 Loi de la qualité de
l'environnement
Séance du mardi 12 décembre 1972
(Seize heures trente minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs !
La commission des affaires municipales continuera, cet
après-midi, l'étude du projet de loi no 34, Loi de la
qualité de l'environnement. Avant, j'aimerais vous faire part de
certains changements dans la représentation des divers partis au sein de
la commission pour la séance d'aujourd'hui.
M. Berthiaume remplace M. Caron. M. Gallienne remplace M. Leduc. M. Guay
remplace M. Roy (Lévis). M. Brisson remplace M. Sain-don.
M. PAUL: Est-ce qu'il est en rupture de ban avec la commission des
affaires municipales?
LE PRESIDENT (M. Picard): M. Ostiguy remplace M. Tremblay
(Bourassa).
On m'informe que vous en étiez rendus à l'article 70.
Salubrité des immeubles et des lieux publics
(suite)
M. PAUL: Mon collègue de poids, M. Dubuc, remplace je ne sais pas
qui à part moi.
LE PRESIDENT (M. Picard): M. Gauthier?
M. PAUL: C'est ça. Et M. Goldbloom remplace le ministre
Tessier.
LE PRESIDENT (M. Picard): M. Goldbloom nécessairement remplace M.
Tessier. M. Boivin remplace M. Gauthier. Article 70?
M. PAUL: Un instant. Afin que la transition ne soit pas trop brusque, et
pour vous et pour moi après avoir travaillé ensemble à la
commission de l'Assemblée nationale sur l'étude de la carte
électorale, j'aimerais poser, avec votre consentement, une question
à l'honorable ministre aux fins de connaître si le "filibuster"
est une forme de pollution.
M. VEZINA: Cela dépend des décibels. UNE VOIX: Cela
dépend du bruit qu'il fait.
M. PAUL: Comme je vois que le ministre, avec un sourire qui en dit
beaucoup, n'ose pas s'aventurer sur un terrain aussi glissant, je retire ma
question, M. le Président.
M. GOLDBLOOM: Je souligne, cependant, M. le Président, que nous
arriverons, dans quelques instants probablement, à la
considération de ce qui constitue une nuisance.
M. PAUL: II y a une différence entre une nuisance et un embarras.
Il y a des embarras dont il faut se débarrasser à tout prix,
tandis qu'il y a des nuisances utiles.
M. VEZINA: Ce sont des termes pauliens. M. PAUL: Dixit Paul.
LE PRESIDENT: Alors, article 70?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, nous avons, je pense, deux
options, soit de reprendre où nous étions nous avions
abordé la section de la protection contre les rayonnements et les autres
agents vecteurs d'énergie soit revenir à la section sur la
salubrité des immeubles. Pour ma part, je n'ai pas de
préférence. Je me rendrai au choix des membres de la
commission.
M. PAUL: M. le Président, nous remercions beaucoup le ministre de
son offre. Il nous parle de la section VIII, n'est-ce pas? Nous en
étions rendus, je crois, à l'étude de l'article 70.
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président. Mais, puisque nous avions
accepté de reprendre cette section pour étude, j'aimerais
proposer que la commission revienne à l'article 68.
M. PAUL: D'ailleurs, je pense que nous nous étions
arrêtés là.
M. GOLDBLOOM: Nous avions adopté l'article 68, je crois, M. le
Président. Nous en étions à étudier l'article 69.
Mais j'aimerais, avec votre permission, M. le Président, distribuer un
nouveau texte pour les articles 68 à 77 inclusivement.
M. PAUL: Pour les articles 68 à 77.
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'article 68, il y a un nouveau papillon qui
vous est distribué. Vous avez remarqué qu'à cet article il
y a un nouveau texte qui commence par: "Le directeur, de même que toute
municipalité". Ce sera le nouveaux texte.
M. GOLDBLOOM: II y aura d'autres copies dans quelques instants.
Il me semble que quelques mots d'explication sur l'ensemble des articles
pourraient être utiles. Nous avons discuté du problème
posé par la formulation de la Loi de l'hygiène publique, parce
que c'est une loi qui est toujours en vigueur, qui accorde un pouvoir
discrétionnaire, aux municipalités et au ministre.
Tenant compte des commentaires faits par les membres de la commission,
nous avons cru bon introduire un mécanisme de demande de poursuite
à la cour Supérieure.
Nous conservons une responsabilité à la
municipalité, mais elle est un peu différente. Elle est moins
arbitraire. La municipalité peut déclarer qu'il y a nuisance et
peut formuler une mise en demeure pour exiger que cette nuisance soit
corrigée. Mais si la mise en demeure ou même la simple
recommandation de la municipalité n'est pas acceptée, il y
a recours devant les tribunaux, et c'est à la municipalité de
prendre cette initiative, soit de son propre chef, soit à la demande du
directeur.
M. VEZINA: Cela veut dire que le directeur ne prendra pas l'initiative
de présenter...
M. GOLDBLOOM: C'est cela, il pourrait donner instructions, si vous
voulez, à la municipalité de le faire, mais il n'interviendrait
pas directement lui-même, sauf que, dans le cas particulier où la
municipalité aurait dérogé à ses
responsabilités, le directeur pourrait remplacer l'autorité
municipale en cas de nécessité absolue.
M. VEZINA: Est-ce qu'on étudie article par article?
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que vous voulez étudier les
articles 68 à 72 en bloc?
M. GOLDBLOOM: Ce serait quand même un peu difficile. J'ai voulu
donner une explication globale, mais il me semble qu'il faudra
nécessairement étudier la section article par article.
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'article 68, est-ce qu'il y a d'autres
commentaires?
M. PAUL : Oui, seulement un de concordance. J'attire l'attention des
légistes sur l'emploi des chiffres 72 à 75; avec le
renumérotage, il y aura probablement lieu d'apporter une correction
là. J'attire votre attention là-dessus.
Quant à moi, l'article 68, tel que nouvellement
rédigé, me conviendrait, et je pense bien qu'il y aura lieu de
donner notre consentement pour remplacer l'article 68 déjà
adopté.
M. BOIVIN: II y a une chose que je voudrais savoir. Vous dites: Le
directeur, de même que toute municipalité. Evidemment, il y aura
des règlements provinciaux et il y a des règlements municipaux.
Je ne voudrais pas que la municipalité ait la charge de faire la preuve
pour tout ce qui regarde la salubrité. Pour ce qui est du domaine
provincial, le directeur le fera à même les deniers de la
province, et en ce qui regarde la municipalité, elle prendra charge,
elle, de faire la preuve en ce qui regarde ses règlements à
elle.
Il ne faudrait pas obliger la municipalité de faire la preuve et
d'appliquer la loi pour tout ce qui regarde la salubrité. Vous avez dit
tout à l'heure que la municipalité aura l'initiative de le faire.
Il y aura deux sortes de règlements. Pour les règlements
provinciaux, je ne trouverais pas juste qu'on laisse la charge à la
municipalité de faire la preuve; c'est assez coûteux des fois.
M. PAUL: Mon collègue ne voudrait pas que le directeur ou les
autorités chargées de l'application de cette loi se fient pour
son application sur les autorités municipales, là où il y
a des services ou là où il y a des règlements de
salubrité publique.
M. BOIVIN: C'est-à-dire que je suis bien prêt à
accepter l'apport de la municipalité, parce qu'il y aura des
règlements municipaux. Il y a assez de la police qui fait ça.
M. VEZINA: Vous parlez surtout du coût, des frais encourus pour
porter...
M. BOIVIN: Pour faire la preuve. M. VEZINA: ... les plaintes.
M. BOIVIN: C'est ça, même au municipal, on paie.
M. VEZINA: D'accord. Dans le cas qui nous occupe, si j'ai bien compris
ce que le ministre a dit tantôt, c'est une requête en cour
Supérieure qui peut être la voie normale pour obtenir un
ordre.
M. BOIVIN: C'est encore pire.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il ne s'agit pas ici de faire la
preuve du dépassement d'une norme, il s'agit d'une appréciation.
Il faut juger par inspection s'il y a une nuisance ou un état
d'insalubrité.
M. BOIVIN: Jusque là, ça va. Mais à un moment
donné il faut prendre des poursuites, en vertu des règlements
provinciaux ou des règlements municipaux. Si c'est en vertu des
règlements municipaux, je n'ai pas objection, ça relève de
la municipalité; ça coûtera à la municipalité
ce que ça doit coûter. Mais, si c'est en vertu des
règlements provinciaux, je ne voudrais pas que ce soit la
municipalité qui soit chargée de faire la preuve. Qu'il y ait une
distinction là, le directeur procédera en ce qui le regarde.
M. GUAY: Si je comprends bien, M. le Président, le directeur peut
intervenir seulement dans le cas où la municipalité n'a pas pris
ses responsabilités. Qui, en fait, du directeur ou de la
municipalité? On dit: "Le directeur de même que toute
municipalité sont autorisés"... Alors, autant le directeur que
les municipalités sont autorisés à effectuer toute
enquête ou à faire visiter tout immeuble par leurs officiers.
Là-dessus, je suis d'accord.
Quand même, il faut qu'il y ait un palier de
responsabilité. Est-ce le directeur qui aura la première
responsabilité ou la municipalité? Si
on ne le dit pas, la municipalité va dire: Que le directeur s'en
charge et le directeur va dire: Que la municipalité s'en charge. Alors,
qui aura la priorité ou qui devra agir dans le cas où l'autre
n'agira pas?
M. GOLDBLOOM: En principe c'est ce qui se fait présentement
dans les municipalités qui assument la responsabilité
c'est l'initiative municipale. Il est relativement rare que le gouvernement
provincial intervienne pour déclarer une nuisance. Cela peut arriver
quand la municipalité en fait la demande. La municipalité fait
appel au ministre des Affaires sociales présentement. A l'avenir, elle
demandera au ministre de l'Environnement ou au directeur de déclarer une
nuisance et d'aller plus loin en émettant une ordonnance en vertu de la
Loi de l'hygiène publique.
Ici, nous voulons conserver l'intérêt primordial de la
municipalité sur son territoire. Je répète ce que je
disais tout à l'heure: II ne s'agit pas ici de l'évaluation des
causes complexes de pollution. D ne s'agit pas ici d'industries ou
d'activités majeures dont les effets peuvent être mesurés.
Il s'agit de l'inspection d'immeubles où l'on peut trouver que des
conditions de vie laissent à désirer. Ayant vu cela, on dit
à la personne responsable: II faut le corriger.
Si la personne refuse, il faut intenter une poursuite, mais, dans la
majorité des cas, si l'inspecteur municipal déclare qu'il y a
nuisance, ce sera pour de bonnes raisons et il aura, je pense bien, gain de
cause.
M. GUAY: Mais l'article 68, c'est avant l'émission de
l'ordonnance, là?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. GUAY: Là, c'est dans le cas de vérification. Les
directeurs de même que toute municipalité sont autorisés
à effectuer toute enquête et à faire visiter tout immeuble
par leurs officiers pour rechercher s'il s'y trouve des nuisances ou des causes
d'insalubrité. Là-dessus, je suis d'accord. Moi, j'aimerais
savoir quand le directeur ou la municipalité auront le droit ou le
devoir d'agir, parce qu'on dit l'un ou l'autre. Ce sont les deux.
De deux choses l'une, ou c'est le directeur qui a la priorité
dans ce qu'il recherche ou c'est la municipalité. Sans cela il va y
avoir un conflit, à un moment donné.
M. BOIVIN: Je ne crains pas qu'il y ait de conflit, je crains que toutes
les poursuites soient prises par la municipalité. Prenons, par exemple,
votre dépotoir spécialisé dans les choses irradiantes, il
sera dans une municipalité.
M. GOLDBLOOM: Mais ce n'est pas un cas pertinent, M. le
Président, c'est un cas spécialisé où il faudrait
une inspection spécialisée.
M. BOIVIN: D'accord. J'aimerais que les poursuites qui seront prises en
vertu d'un règlement provincial, qui émane du conseil des
ministres, soient à la charge du gouvernement provincial. Quand elles
seront prises en vertu du règlement municipal, très bien, que ce
soit la municipalité qui fasse la cause. C'est comme les
règlements concernant la vitesse. La plainte peut être prise en
vertu d'une loi provinciale et être jugée en cour Municipale et
aussi être jugée en cour Supérieure, en vertu d'une loi
provinciale. Je ne voudrais pas que la municipalité ait plus de charges
qu'elle peut en porter.
M. GOLDBLOOM: L'expérience vécue ne nous indique pas un
problème de conflit, je n'en connais pas. Il s'agit ici, dans
l'économie du projet de loi, de l'application de normes et
règlements qui seraient, notamment, des normes et règlements du
gouvernement provincial. Cette section va plus loin que les règlements,
et c'est justement à cause de la nécessité de pouvoir
aller plus loin que ce qui peut être démontré de
façon mathématique que l'on a besoin d'elle.
Vous avez raison de souligner que le pouvoir est concurrent dans tous
les éléments, sauf dans le texte proposé, qui porte sur la
prise de mesures devant la cour.
M. GUAY: Je vais tenter d'illustrer ma pensée par un exemple. Les
deux ont le pouvoir, le directeur de même que la municipalité. On
suppose que des visites sont effectuées selon la loi; le directeur
effectue la visite ou l'enquête et la municipalité fait une double
enquête. On suppose que les deux font enquête dans le même
cas. Le directeur, lui, réussit à prouver qu'il n'y a pas de
cause d'insalubrité ou de nuisance mais la municipalité, par
contre, dit qu'il y en a. Vous avez deux points de vue différents par
deux enquêteurs autorisés à faire de la recherche dans ce
domaine.
Là, vous arrivez avec un conflit entre le directeur et la
municipalité. C'est cet aspect que je voulais démontrer au
ministre, ils ont le même pouvoir. On peut arriver avec des
contradictions dans les données ou dans l'étude. Je pense qu'il
pourrait y avoir conflit à ce moment-là. Ils arrivent
nez-à-nez, en fait, dans les pouvoirs.
M. PAUL: Nous étudions actuellement un chapitre très
particulier qui regarde la salubrité des immeubles et des lieux
publics.
Il faut se rappeler que la présence d'une nuisance au sens de la
loi peut justifier une personne de signaler la présence de cette
nuisance.
Le ministre me corrigera si j'ai une mauvaise conception du
problème auquel nous faisons face. La municipalité, en vertu de
son règlement municipal, vérifie si la nuisance existe au sens de
son règlement municipal, ou si le directeur, à défaut
d'agir de la municipalité, envoie un enquêteur, si la
municipalité n'en a pas merci de participer avec moi à la
discussion Si le
directeur constate qu'il y a une nuisance et que la municipalité
n'agit pas, lui, agit. Est-ce le problème tel que
présenté?
M. GOLDBLOOM: C'est essentiellement cela.
M. PAUL: Après, on va voir plus loin le mécanisme de
correction pour la disparition de la nuisance.
M. GOLDBLOOM: Je dois dire que nous n'inventons rien.
Généralement, c'est la municipalité qui agit. La province
peut intervenir, à défaut d'action par la municipalité. Il
ne s'agit pas, je me répète, de preuve complexe. Il s'agit
d'aller devant la cour et témoigner que l'on a trouvé les
endroits sales que l'on a trouvé trop de personnes dans des locaux qui
auraient dû recevoir un nombre moindre, mais qu'avec une telle
congestion, les conditions de vie ne sont pas acceptables.
Il s'agit, à mon sens, d'un simple témoignage. Il n'y
aurait pas de pollution à mesurer. S'il s'agit de vraie pollution, les
autres mécanismes entrent en fonction et c'est la province, notamment,
qui s'en charge, sauf dans les grandes municipalités qui ont
déjà leurs services et continueront d'en avoir.
M. BOIVIN: C'est la municipalité qui va toujours avoir les frais
de la preuve.
UNE VOIX: Pourquoi pas?
M. PAUL: Supposons que dans une municipalité...
M. BOIVIN: Ecoutez, ce ne sont pas toutes des villes de Montréal
qu'il y a dans la province. Prenez une petite ville de 10,000 âmes ou de
20,000 âmes...
M. SAINT-GERMAIN: Si vous obligez la municipalité à faire
une cause, si les frais de cour et les avocats sont payés par la
province, il y a là un sens...
M. BOIVIN: Ce n'est pas ce qu'il nous dit. Ce n'est pas le
problème.
M. SAINT-GERMAIN: Non. Le député de Dubuc dit que si les
frais de cour sont payables par la province, celui qui va essayer de
poursuivre, d'aller en appel ou d'aller jusqu'à la Cour suprême,
s'il le faut...
M. PAUL: Cela va être pas mal difficile.
M. SAINT-GERMAIN: ... ne sera pas celui qui va payer les frais. Cela
apporte un sens...
M. PAUL: Je vais tenter de donner un exemple. Supposons que dans la
municipalité de Berthierville, par exemple, dans un loge- ment, il y a
la présence de "bebites" indésirables.
On signale alors à l'enquêteur que quelqu'un se plaint
qu'il y a trop de visiteurs étrangers qui importunent la jouissance
paisible du loyer. D y a abus de jouissance de la part des étrangers.
L'inspecteur y va et constate que les bebites sont nombreuses, qu'elles
circulent librement et qu'elles importunent les résidents de
l'immeuble.
L'enquêteur part et, conformément aux dispositions du
règlement municipal, il donne avis au propriétaire de faire
disparaître les visiteurs malcommodes et désagréables. Si
le monsieur, propriétaire de l'immeuble, n'agit pas, la
municipalité porte une plainte. Est-ce bien ça? Si, par contre,
en vertu d'un arrêté en conseil, le service de l'environnement a
décrété l'établissement d'un système de
gestion de déchets chimiques ou organiques et que quelqu'un
prétend qu'il y a des nuisances qui peuvent affecter la libre jouissance
de l'environnement, il peut porter une plainte au directeur provincial.
Celui-ci enverra un enquêteur pour constater s'il y a une nuisance.
L'enquêteur pourra alors donner avis à la municipalité de
voir à faire disparaître la nuisance qui existe.
M. GOLDBLOOM: Cela, M. le Président, en vertu...
M. PAUL: Cela va aller plus loin que ça. J'essaie...
M. GOLDBLOOM: Dans un tel cas, il s'agirait de l'application des
articles sur les activités industrielles.
M. PAUL: C'est ça.
M. GOLDBLOOM: Cela est différent. C'est la responsabilité
de la province.
M. PAUL: Voyez-vous l'avantage, M. le Président, de venir polluer
une discussion logique que nous avions depuis un certain temps? Non, non, c'est
là que mon collègue est méchant. Bien oui, à
l'approche de Noël, pensez-vous que j'irais attaquer mon collègue,
le député de Jacques-Cartier? Absolument pas.
Non, quand je parle d'une discussion logique, la semaine dernière
nous avions eu une discussion continue et suivie. Son excellence, le leader du
gouvernement, a jugé que nous devions suspendre, pour une période
assez longue, l'étude de cette loi. Nos brillantes interventions
ce n'est pas nous qui le disons; je sais que le président partage mon
opinion, et surtout les journalistes devant l'autre commission ne nous
ont pas encore permis d'aérer nos tiroirs pour comprendre
l'économie de tout ce chapitre que nous étudions
actuellement.
Mais il ne faut pas oublier que: c'est toujours dans le domaine du
secteur industriel. Est-ce que je me trompe?
M. GOLDBLOOM: Ce que nous discutons maintenant, c'est en dehors du
secteur industriel. Les simples immeubles et les simples problèmes.
M. PAUL: Très bien.
M. GOLDBLOOM: C'est pour cela que la preuve n'est pas aussi
complexe.
M. PAUL : Très bien.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, je prends un exemple.
Supposons que celui qui possède de ces "bebites" est un homme important
qui peut influencer le conseil de ville de quelque façon que ce soit,
peut-être qu'il y aura un citoyen ou un corps intermédiaire qui
sera bien aise de faire appel au directeur provincial. On sait pertinemment que
dans les municipalités, il y a des gens qui...
M. PAUL: C'était dans le temps de Léo.
M. SAINT-GERMAIN: Encore aujourd'hui. Alors, je crois que puisque les
responsabilités sont à deux niveaux, il y a une meilleure
garantie pour le citoyen d'obtenir justice.
M. BOIVIN : Je veux bien comprendre cette affaire; disons que, dans la
ville d'Arvida, il y a une nuisance industrielle. La ville n'aura pas à
faire la preuve pour poursuivre l'Aluminium Co., dans un procès
interminable. Là, ce sera le directeur.
M. GOLDBLOOM: Essentiellement, M. le Président.
M. BOIVIN: Ce ne sera pas la ville qui aura à faire la preuve de
cette nuisance industrielle?
M. GOLDBLOOM: Non, s'il s'agit d'une industrie, M. le Président,
c'est la province qui en assume la responsabilité, sauf s'il y a entente
avec la municipalité, à la demande de celle-ci, pour que cette
dernière assume la responsabilité. Si elle veut conclure une
entente avec la province pour assumer, sur son territoire, la
responsabilité de l'inspection industrielle et de toutes les autres
inspections, elle aura certainement le loisir de le faire, si l'entente est
acceptée. Mais ici, il s'agit des simples maisons, des immeubles
publics. Si l'on constate que les salles de repos sont mal entretenues, on
porte plainte. On donne avis et, s'il faut aller devant la cour, l'inspecteur
municipal témoigne et dit : Je suis allé dans les salles de repos
et je les ai trouvées malpropres. Il n'y a pas plus de preuve que cela
à faire.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Montmorency.
M. PAUL: M. le Président, peut-être que l'appariteur du
Parti libéral, le député de Verdun, qui a une
expérience municipale...
LE PRESIDENT (M. Picard): C'est le député de Montmorency
qui a la parole.
M. PAUL: Je regrette, M. le Président.
M. VEZINA: M. le Président, je voudrais essayer de résumer
les différents propos qui ont été tenus.
D'abord, il ne faut pas oublier une chose. On parle strictement, aux
articles 68 et suivants, des immeubles et des lieux publics, sous l'angle de la
salubrité. Il ne s'agit pas de pollution industrielle par des produits
chimiques ou quoi que ce soit.
L'objection soulevée par le député de Dorchester,
c'est ce pouvoir, d'apparence concurrent, peut-être même
contradictoire entre le dicrecteur et la municipalité. Or, je ne pense
pas qu'on puisse conclure qu'il y a une contradiction. Je pense plutôt
qu'il y a deux autorités qui sont investies d'un même pouvoir,
celui de faire à l'article 68 des enquêtes pour
vérifier s'il y a des nuisances ou autres causes
d'insalubrité.
M. GUAY: C'est ce que l'article dit.
M. VEZINA: C'est ce que l'article dit. Il ne faut pas oublier que cet
article donne le pouvoir d'aller vérifier...
M. GUAY : Oui, à deux organismes.
M. VEZINA: ... à deux autorités différentes, le
directeur et la municipalité.
M. GOLDBLOOM : On n'empêchera sûrement pas l'inspecteur
provincial d'aller faire ces inspections.
M. GUAY: D'accord.
M. VEZINA: C'est cela. Or, puisqu'on a parlé de
mécanismes, si on examine un petit peu plus loin, on s'aperçoit
qu'il y a seulement la municipalité, du moins dans le texte tel qu'il
est actuellement, qui a le pouvoir de s'adresser à la cour
Supérieure pour obtenir cette requête visant à ordonner au
propriétaire de faire les travaux ou à se faire autoriser, aux
frais du propriétaire, à faire lesdites corrections. Il y a
seulement les municipalités, du moins dans le texte qui nous est
proposé.
Ce qui est à retenir, c'est qu'il peut arriver des cas
très précis où la municipalité, pour toutes sortes
de raisons que je n'ai pas à juger, soit qu'elle n'a pas
l'équipement humain qu'il faut, soit qu'elle n'a pas les ressources
financières pour engager du monde ou quoi que ce soit, ne fait pas les
recherches ou les enquêtes, à la suite de plaintes ou autrement. A
ce moment-là, si on limitait, dans le texte de l'article 68, le
pouvoir de faire ces visites et ces enquêtes à la
municipalité seulement, on pourrait créer une espèce de
cul-de-sac de sorte que personne ne ferait la recherche requise. En le donnant
au directeur, je pense qu'on complète l'éventail pour s'assurer
que partout, sur le territoire de la province, s'il y a lieu de faire une
enquête, quelqu'un, en vertu de la loi, a l'autorité légale
pour faire l'enquête...
M. PAUL: A défaut de.
M. VEZINA: ... à défaut de.
Je pense que c'est plutôt ce qu'on appelle un pouvoir concurrent
qu'un pouvoir contradictoire.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Dorchester.
M. GUAY: Je pense que le député de Montmorency a saisi
l'intention de mes propos. Y aurait-il danger je présente cela
sous forme de question que les deux effectuent l'enquête? Parce
qu'on ne peut pas ignorer que l'article 69 existe. On peut s'adresser ou au
directeur ou à la municipalité, quand on veut porter plainte.
Je suppose, par exemple, que je formule une plainte et que je m'adresse
aux deux: au directeur et à la municipalité.
Les deux font enquête pour rechercher des causes de nuisance ou
d'insalubrité, mais les résultats de l'enquête sont
différents. Qui a l'autorité pour faire appliquer le
règlement? C'est possible que ça ne soit pas contradictoire, mais
c'est possible que oui, les humains étant ce qu'ils sont.
Le propriétaire, par exemple, du lieu concerné dit: Moi,
je respecte la décision de la municipalité, qui, elle , aura
peut-être parfois intérêt à ne pas émettre un
mandat. Ou l'autre dit: II devrait se faire quelque chose. C'est
contradictoire. Quel résultat va-t-on considérer, étant
donné que les deux sont sur un pied d'égalité dans les
pouvoirs d'enquête?
M. GOLDBLOOM: Dans les pouvoirs d'enquête, oui...
M. GUAY: Je veux éviter au ministre que ces choses se produisent,
parce qu'il faudrait faire appel à quelqu'un de supérieur pour
déterminer le résultat. On arrive donc avec trois
enquêtes.
M. GOLDBLOOM: II est certainement possible qu'une personne, par
excès d'enthousiasme ou d'inquiétude, fasse appel aux deux
paliers de gouvernement pour une inspection. Il se peut, les êtres
humains étant ce qu'ils sont, que les deux rapports soient
différents. C'est une des raisons pour lesquelles je pense qu'il est
préférable qu'il n'y ait qu'une seule autorité qui puisse
prendre l'initiative d'une poursuite.
La municipalité peut dire: Non, on ne poursuit pas. A moins que
le directeur ait des raisons très sérieuses de croire que la
municipalité déroge à ses responsabilités en
refusant de poursuivre, il accepterait cette décision.
M. GUAY: Avant d'aller plus loin, si je porte plainte à la
municipalité, elle pourra me répondre: Le directeur a le pouvoir
d'enquêter.
Je m'adresse par la suite au directeur, qui me dit: La
municipalité a le pouvoir d'enquêter. Adressez-vous ailleurs et
adressez-vous ailleurs.
C'est un autre danger que je soulève, parce que ça va se
produire, je vous le garantis.
M. PAUL: Quelle serait, d'après vous, la meilleure méthode
pour éviter ça?
M. GUAY: Le meilleur moyen que je verrais, c'est que le directeur ait le
pouvoir d'enquête pour autant que la municipalité ne le fasse
pas.
M. GOLDBLOOM: C'est le sens de ce que nous essayons d'introduire dans la
loi. Il serait, je pense, difficile de spécifier dans chacun des
articles que le directeur n'agit que si la municipalité n'agit pas. Mais
puisque l'on donne à l'article 76 le pouvoir au directeur
d'intervenir là où la municipalité n'exerce pas ses
pouvoirs, il pourrait toujours invoquer cet article pour intervenir. Mais en
principe, et je pense que nous n'avons pas présentement tout le
personnel pour remplacer tous les inspecteurs municipaux à
l'échelle de la province, ce serait impensable.
Donc, nous allons certainement dans les faits, dans la pratique
courante, comme nous le faisons présentement, laisser à la
municipalité la responsabilité qu'elle veut assumer. Si elle ne
veut pas l'assumer, elle va certainement faire appel au directeur et à
son équipe.
Si le directeur prend l'initiative d'une enquête, il ne le fera
certainement pas sans en avertir la municipalité.
M. GUAY: Là le ministre nous le dit, mais moi j'essaie de trouver
des poux dans l'article 68, toutes les façons possibles de
l'interpréter. Et je vais encore plus loin en disant que ça
pourra même se produire que la municipalité prenne une poursuite
si on interprète bien l'article 68 et le directeur pourra
également prendre lui aussi sa poursuite. Donc, on fait deux fois le
travail.
Si le ministre peut m'assurer qu'il n'y a aucun danger que ça se
produise, je suis prêt à accepter l'article 68. Donc, la
municipalité a priorité en fait.
M. PAUL: Oui.
M. BOIVIN: M. le ministre, ça peut peut-être
éclairer cette discussion. Selon la Loi d'hygiène actuelle, nous
avons des unités sanitaires, nous avons des inspecteurs. Les petites
villes, par exemple en province, peuvent-elles être assurées
encore du travail de ces inspecteurs?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. BOIVIN: Est-ce que ces inspecteurs vont travailler en vertu de la Loi
de l'hygiène publique et de l'environnement ou si ce sera des
inspecteurs différents?
M. GOLDBLOOM: C'est une seule équipe d'inspecteurs, qui sont
appelés aujourd'hui inspecteurs en hygiène publique,
attachés aux unités sanitaires. Mais ces unités sanitaires
sont appelées à disparaître, à être converties
en centres locaux de services communautaires. Les inspecteurs, quoique,
professionnellement, ils porteront toujours le titre d'inspecteurs en
hygiène publique parce que c'est le titre reconnu, seront dans les faits
les inspecteurs de l'environnement qui travailleront en vertu de cette loi. La
Loi de l'hygiène publique disparaf-tra avec l'entrée en vigueur
de l'autre loi, la Loi de la protection de la santé publique, sauf que
les règlements demeureront en vigueur jusqu'à ce qu'ils soient
remplacés par d'autres.
M. BOIVIN: II y aura toujours, pour les petites municipalités qui
sont plus ou moins organisées, la possibilité d'avoir recours
à ces inspecteurs locaux qu'on a actuellement?
M. GOLDBLOOM: Absolument, M. le Président.
M. GUAY: M. le Président, si vous me permettez...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Dorchester.
M. GUAY: ... à la fin de l'article 68, on dit: "Le cas
échéant ils peuvent..." Ils peuvent, au pluriel, donc les deux.
Je reviens constamment à ça en disant qu'ils ont un pouvoir
concurrent, un pouvoir égal et je vois constamment de petits conflits
qui vont s'élever entre les deux. Je ne sais pas si le
député de Maskinongé pourrait ajouter quelques mots
à l'article 68 qui donneraient quand même une priorité
quelque part, soit à la municipalité ou au directeur, mais je
vois là une source de conflits constants.
M. PAUL: M. le Président, il y a dans le code civil un chapitre
qui traite du problème de l'interprétation des contrats, des lois
ou des règlements. H est dit dans ces chapitres 1013 et suivants que les
articles s'interprètent les uns avec les autres. Il s'agit, dans le cas
d'espèce ici, de lire tous les articles qui traitent de ce
problème pour en soustraire ou en connaître l'économie et
l'application pratique. En vertu de l'article 76: "en cas de
nécessité, le directeur peut exercer dans toute
municipalité les pouvoirs attribués aux municipalités", je
crois qu'à prime abord le problème soulevé par notre
collègue, le député de Jacques-Cartier, trouverait ici sa
solution. Au cas où une municipalité refuserait réellement
d'agir, j'ai bien l'impression qu'en vertu de l'article 76 le directeur,
après l'enquête qu'aurait faite son enquêteur, pourrait agir
via l'inspecteur de l'hygiène publique qui sera disparue
mais selon la Loi de la protection de la santé publique il pourra,
à ce moment-là, demander qu'une plainte soit portée.
M. GOLDBLOOM: Si je peux ajouter à ce que vient de dire le
député de Maskinongé, si le député de
Dorchester relit les derniers mots de l'article 68, il y trouvera une allusion
aux articles 72 à 75. Cette série d'articles est basée sur
la primauté de la municipalité, sauf pour l'article 76 où
l'on dit: Si la municipalité n'agit pas, le directeur est là.
Mais dans les articles 68 à 70 inclusivement, le directeur peut quand
même envoyer un inspecteur sans être obligé d'attendre que
la municipalité agisse mais là il s'agit seulement d'une
enquête, il s'agit d'invoquer les faits et de dire: II faut corriger
cela. Si l'on a la collaboration nécessaire, si le propriétaire
dit: Je m'excuse, j'aurais dû vérifier plus souvent; je n'avais
pas remarqué que la salubrité laissait à désirer;
je vais immédiatement corriger cela; il n'y a pas de problème, il
n'y a pas de dépenses pour la municipalité ni pour...
M. PAUL: Est-ce que ce n'est pas une espèce de bâillon, de
clôture que vous voulez mettre aux activités normales d'un
individu qui, à un moment donné, par distraction ou autrement,
aurait toléré la présence d'une nuisance et qui,
dès qu'elle lui est signalée, s'empresse de la faire
disparaître?
M. GOLDBLOOM: Je dis non, M. le Président, sans essayer
d'interpréter les paroles du député de
Maskinongé.
M. GUAY: M. le Président, après les explications qui me
sont données sur l'ensemble des articles touchant cette section, c'est
peut-être plus clair, mais vous me permettrez d'ajouter que le ministre
responsable de la qualité de l'environnement ne vient que de nous
remettre les amendements à plusieurs articles.
Il aurait fallu probablement que je prenne le temps de lire l'ensemble
des articles; je m'excuse, mais...
M. PAUL: Vous n'êtes pas habitué? Le gouvernement dans
chacune de ses lois procède toujours de cette façon-là. Ce
sont des amendements de dernière minute. On ne le reproche pas au
ministre, mais...
M. GUAY: C'est peut-être ce qui nous rend un peu méfiants.
On a peut-être raison, mais je me permettais de l'interpréter de
toutes les façons possibles, parce que les gens qui auront à
interpréter ces articles de loi, M. le Président, pour plusieurs,
n'ont pas de cours de droit. Bien sûr, les avocats sont là, mais,
si la loi est bonne, on n'a pas besoin de s'en servir.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 68, est-ce que tout le inonde est
d'accord pour l'adopter? Adopté. Article 69?
M. GUAY: L'article 69, en fait, c'est l'article 68, mais
inversé?
M. GOLDBLOOM: Inversé. Toute personne qui croit constater une
nuisance peut porter une plainte.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, article 69 adopté. Article
70?
M. PAUL: Cela, c'est compliqué.
M. GUAY: Dans l'article 70, il n'y a pas de délai prévu.
Sur réception de la plainte, le directeur ou la municipalité doit
faire visiter les lieux et procéder à une enquête. Dans
l'esprit du législateur, c'est dans quels délais?
M. VEZINA: Sur réception.
M. GUAY: Oui, on dit sur réception, là, mais sur
réception, cela signifierait que c'est instantané.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, nous répondons, en chiffres
ronds,à 60,000 plaintes de toutes sortes par année et nous
essayons j'étais pour dire çéduler, mais je
n'oserais pas me servir de ce mot de faire planifier le travail
quotidien des inspecteurs. Je suis certain que les municipalités font de
même. C'est comme un médecin qui, recevant dans une journée
plusieurs appels de la part de plusieurs malades, est obligé de juger
lequel est le plus urgent. Il lui arrive, dans certains cas, de ne recevoir le
malade que le lendemain ou même trois ou quatre jours plus tard, selon
son bon jugement.
M. GUAY: Est-ce qu'on ne pourrait pas ajouter à l'article 70,
à titre de suggestion, "dans un délai raisonnable"? Tout
dépendra de la quantité de plaintes reçues par le
directeur.
M. VEZINA: Et de la nature des plaintes.
M. GUAY: Et de la nature des plaintes probablement. Vous avez dit que
60,000 plaintes étaient reçues. Si, par exemple, 20,000 de ces
plaintes doivent passer par le directeur, le directeur va avoir du travail.
M. GOLDBLOOM: Mais c'est notre somme de travail déjà, sans
tenir compte de ce que font les municipalités, M. le Président.
J'ai parlé de nos propres services seuls. J'ai parlé de tous les
domaines, de l'hygiène du milieu, disons. Mais je pense qu'il est
implicite dans la prise d'une responsabilité de cette nature que l'on
agit dans les meilleurs délais. Je pense qu'ajouter "dans un
délai raisonnable", c'est dire ce que toute loi doit dire implicitement,
de toute façon.
M. GUAY: J'ai remarqué que, dans plusieurs projets de loi, on a
ajouté à plusieurs articles "délai raisonnable". Enfin, ce
n'est peut-être pas nécessaire, remarquez bien.
M. VEZINA : Je pense que les mots "sur réception" impliquent que,
dans le cours normal du travail, ils doivent s'en occuper, enfin, etc.
C'est parce que vous pouvez avoir une plainte qui touche directement
à la santé des gens dans un logement et une plainte qui porte
tout simplement sur une salle de repos dans un théâtre, un
cinéma. Je pense que l'importance des plaintes doit être
laissée à l'appréciation de l'inspecteur municipal ou du
directeur pour voir laquelle doit passer en premier. Il y a des
priorités, à un moment donné.
M. GUAY: II y a peut-être des plaintes qui seraient prioritaires.
Est-ce qu'il y a des cas d'urgence de prévus, quand même? Est-ce
que ça peut se produire, une urgence, dans ces cas?
M. GOLDBLOOM: II y a autorisation pour le directeur ou la
municipalité de faire évacuer les locaux si l'urgence est de ce
degré.
M. GUAY: Est-ce qu'alors ce n'est pas doubler les pouvoirs de la loi 30
aussi, parce que ça se produit dans un autre domaine?
M. GOLDBLOOM: Non, les conseillers juridiques ont collaboré
à la rédaction des deux projets de loi et les chevauchements ont
été éliminés.
M. GUAY: Parce que, dans la loi 30, on dit: En cas de catastrophe
appréhendée, quelque chose comme ça, le ministre peut
faire évacuer des lieux.
M. VEZINA: Oui, mais ce n'est pas une question de salubrité,
j'imagine le cas d'un glissement de terrain appréhendé à
la suite d'études de géologues; on peut alors faire
évacuer un village.
M. GUAY: On n'a pas dit un cataclysme, on a dit une catastrophe.
M. GOLDBLOOM: Je viens de dire que tous les chevauchements ont
été éliminés. Il n'est sûrement pas possible
de les éliminer tous. Il y a de petits chevauchements qui demeureront
mais, en cas de maladie, c'est toujours le ministre des Affaires sociales qui
agira. En cas de conditions insalubres de vie, c'est le ministre responsable de
la qualité de l'environnement ou la municipalité,
évidemment.
M. LEGER: On va vous faire confiance. M.VEZINA: Adopté, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article septante, adopté. Article
septante et un. C'est en wallon.
M. PAUL: M. le Président, à l'article 71, j'aurais une
demande à faire au ministre. Le même article va se retrouver dans
l'autre loi, le bill 30. Je me demande si le ministre ne conviendrait pas d'un
mécanisme quelconque pour qu'à l'occasion du rapport cet article
puisse nous être présenté pour adoption parce
qu'entre-temps nous aurions eu l'occasion d'étudier le même
article dans l'autre loi.
Je voudrais que les représentations que nous avons à faire
sur ces deux articles, qui sont en réalité, les mêmes dans
deux textes de loi, soient les mêmes. Le ministre sait fort bien que nous
aurons un rapport, que notre rapporteur officiel aura à produire un
rapport à l'Assemblée nationale. Il peut alors être fait
mention que l'article 71a été adopté conditionnelle ment
ou le ministre pourra dire qu'il en fait une proposition d'amendement.
Supposons que nous ayons voulu, à la suite d'un incident plutôt
drolatique qu'autre chose, c'est-à-dire le renversement du vote qui a
été pris ici en commission, être obstinés et
entêtés, le ministre sait fort bien que tous les fonctionnaires
auraient été obligés de renuméroter les articles et
finalement le ministre, dans le rapport, aurait pu amender la loi en haut pour
faire réintroduire ces articles avec un nouveau numérotage. C'est
ce que nous n'avons pas voulu faire.
C'est un peu dans le même sens que je fais cette remarque parce
que je voudrais qu'il soit convenu que l'adoption soit en haut, à
la commission plénière de l'Assemblée nationale ou
à la commission des Affaires sociales de l'article de l'autre loi
subisse le même sort que cet article-ci.
M. BOIVIN: Je trouve même que cette loi est supérieure
à l'autre. Elle est supérieure pour les choses quand elle devrait
être mieux pour les personnes. On est plus brutal pour les personnes que
pour ces nuisances. C'est pour cela que j'aimerais que ce soit comparé.
Je pense que cela va aider l'autre bill. Je trouve qu'on brutalise le malade
plus que la maladie ou la nuisance.
J'ignore si vous avez étudié le bill 30, comme le bill
34.
Par exemple, si on nommait une infirmière juge de paix, les
procédures sommaires seraient beaucoup plus délicates que de les
traduire devant un tribunal.
M. PAUL: Je ne voudrais pas que la commission soit obligée de se
réunir à nouveau pour cet article.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense qu'il s'agit pour le
député de Maskinongé de se réserver le droit de
s'exprimer sur cet article, à l'occasion du dépôt du
rapport, je n'aurais pas la moindre opposition.
M. PAUL: D'ailleurs, j'aurais le droit quand même, je ne veux pas
être désagréable au ministre.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. PAUL : J'aurais le droit de discuter de cet article, mais c'est parce
que je ne suis pas capable de trouver la formule qui répondrait à
mon désir. Ce n'est pas prévu dans le code Lavoie. Si nous
réservons l'article, théoriquement nous sommes obligés de
revenir devant la commission pour l'étudier. C'est ce que je ne voudrais
pas faire. Je voudrais tout simplement que l'article soit
présenté dans le rapport du ministre comme étant un
amendement à la loi ou un article dont nous n'avons pas disposé
ici.
M. GOLDBLOOM: Je pense saisir. S'il est entendu que l'article soit mis
en relief dans le rapport mais que ce fait ne nous oblige pas,...
M. PAUL: ... à revenir ici.
M. GOLDBLOOM: ... comme dit le député de
Maskinongé, à revenir en commission, ni ne soit une raison de
retard des autres procédures d'adoption de la loi...
M. PAUL: Absolument pas, ni dans la production du rapport. Mais, tout
simplement, il pourrait y avoir une note que l'article 71 je ne sais pas
si ce sera l'article 71 n'a pas été accepté ou a
été réservé pour étude à l'occasion
du rapport. Qu'est-ce que vous en pensez, M. le député de
Montmorency?
M. VEZINA: Je suis d'accord, si le ministre est d'accord.
M. GOLDBLOOM: Oui, je suis d'accord.
M. PAUL : De toute façon, cela ne nuit en rien au rapport. Il y
aurait peut-être nécessité que dans le rapport il soit fait
mention que l'article 71 a été réservé quant
à son adoption jusqu'à l'étude de ce rapport. Lorsque le
ministre soumet des amendements, ils sont acceptés globalement ou
rejetés globalement, ou le vote se prend. C'est la même chose s'il
y avait des amendements des députés de l'Opposition. Mais cela
nous éviterait l'obligation de revenir ici et, d'un autre
côté, cela nous permettrait peut-être aussi de
présenter des arguments. Si on adopte cet article et qu'on a des
oppositions à l'autre, les deux lois étant tellement liées
l'une à l'autre...
M. GOLDBLOOM: D'accord. Je pense que nous pouvons faire ce que nous
suggère le député de Maskinongé, par consentement
unanime des membres de la commission. Je donne mon consentement.
M. PAUL: Très bien.
M. GUAY: Ce sont des lois siamoises.
M. BOIVIN: Cela pourrait être une même loi.
M. GOLDBLOOM: Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que j'ai le consentement unanime des
membres pour que l'article 71...
M. PAUL: L'article 71, avec une note spéciale au rapport.
M. GOLDBLOOM: C'est ça. D'accord. LE PRESIDENT (M. Picard):
Article 72?
M. LEGER: A l'article 72, je voudrais poser une question au ministre.
Dans le milieu de l'article, on dit que la municipalité fait parvenir,
de sa propre initiative ou à la demande du directeur, une mise en
demeure. Est-ce qu'on veut dire par là que le directeur ne peut pas le
faire lui-même et qu'il faut qu'il le fasse faire par la
municipalité? La municipalité qui le fait est-elle obligée
d'assumer les dépenses et les frais de poursuite? Si elle ne le fait
pas, est-ce que le directeur peut le faire ou obliger la municipalité
à le faire?
M. GOLDBLOOM: L'article 76 dit que le directeur peut le faire, si la
municipalité refuse d'assumer ses responsabilités, mais ne donne
pas au directeur le pouvoir d'ordonner à la municipalité de le
faire. C'est un pouvoir qui est réservé au ministre, à un
autre article de la loi.
Je me permets un commentaire, M. le Président. On semble
s'inquiéter des frais que pourraient encourir les municipalités
en intentant des poursuites.
Premièrement, il me semble que, si la municipalité est
pour agir de cette façon, il faut qu'elle soit convaincue qu'il y a une
nuisance. Elle peut être dans l'erreur, mais je pense bien que la
municipalité qui s'aventure devant la cour en prétextant non
seulement qu'il y a eu nuisance, mais que le propriétaire de l'immeuble
a refusé carrément de corriger cette nuisance doit avoir une
idée assez solide de ce qu'elle avance.
Deuxièmement, je verrais, pour ma part, d'un très mauvais
oeil la situation dans laquelle le gouvernement de la province serait
chargé des frais des poursuites intentées par les
municipalités. Ce serait une invitation à toutes les
municipalités de la province d'intenter des poursuites à gauche
et à droite aux frais de la princesse. Alors, je pense bien que, si l'on
est pour entreprendre la poursuite, on doit en payer les frais. Si la
municipalité se trouve dans l'impossibilité de faire tout cela,
elle n'a qu'à s'adresser au directeur et à dire: Nous ne sommes
pas en mesure d'agir. Les raisons ne sont pas explicitées ici. Si la
municipalité dit: Nous n'avons pas les moyens d'agir; voudriez-vous agir
à notre place, le directeur le fera, s'il y a vraiment une nuisance qui
n'a pas été corrigée.
M. LEGER: Je suppose que, si le directeur demande que la
municipalité envoie une mise en demeure, c'est que c'est
déjà sérieux. C'est que le directeur, par ses inspecteurs,
a déjà fait l'enquête et que la municipalité a de
grosses chances d'avoir raison au bout de la ligne.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. GUAY: Justement, à cet effet, dans l'article 72, le directeur
ordonne à la municipalité.
M. GOLDBLOOM: II demande; il n'ordonne pas.
M. GUAY: Oui, il demande. Une demande, c'est un ordre.
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président. Nous avons fait une
distinction claire entre le mot "ordonner" et le mot "demander". Quand il
s'agit d'une ordonnance, ce sont des pouvoirs qui sont explicités dans
d'autres articles de la loi. Ici, il s'agit simplement d'une demande. Si la
municipalité ne se rend pas à la demande, le directeur doit
prendre ses responsabilités et intenter une poursuite, s'il le croit
absolument nécessaire.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 72, adopté. Article 73?
M. BOIVIN: Pourquoi la cour Supérieure? Les cours Municipales ne
peuvent pas agir dans ces cas-là?
M. VEZINA: II y a une raison à ça, à mon sens.
C'est que tout le droit immobilier, tout ce qui touche l'immeuble
relève, suivant nos lois, suivant notre code civil, de la cour
Supérieure.
M. BOIVIN: Oui, mais si c'est en vertu d'un règlement
municipal.
M. VEZINA: Oui, mais c'est parce que vous faites donner un ordre qui
touche l'immeuble, le droit immobilier, si vous demandez à quelqu'un de
procéder à des travaux, par exemple.
J'ai une remarque à faire, M. le Président, à
l'article 73. C'est juste une pensée que je fais tout haut. Dans les
derniers mots du dernier paragraphe de l'article 73, on voit l'expression "aux
frais du propriétaire et de l'occupant". Alors, il faut s'imaginer que
la municipalité dépense, disons, $100, $200 ou $300 pour faire la
correction qui s'impose. En vertu du jugement de la cour Supérieure,
elle peut percevoir ces frais du propriétaire ou de l'occupant.
Or, il y a des difficultés parce que, dans d'autres lois, on
retrouve cette expression. Si la municipalité n'est pas
protégée et que ces frais ne sont pas assimilés à
des taxes municipales, on sait qu'en matière de faillites, en
matière de cessions, enfin dans bien d'autres lois, dans les
différentes sortes de créances, chirographaires,
privilégiées ou garanties, les taxes municipales ont un
rôle privilégié dans la liste. Les frais en question
pourraient être interprétés comme étant assimilables
à des taxes municipales. Mais il me semble que ce serait avantageux pour
les municipalités qui font les dépenses de correction, si on
disait carrément qu'on les assimile à des taxes municipales. Cela
veut dire que cela touche l'immeuble. Qu'il y ait eu une transaction à
la suite d'un feu, qu'il y ait n'importe quoi, il faut que le notaire, enfin
ceux qui s'occuperont de la transaction s'assurent qu'il n'y a pas d'argent
dû à la municipalité, sinon ils doivent retenir les sommes
dues. On a l'immeuble en garantie du paiement des sommes qui sont dues â
la municipalité.
Il ne faut pas oublier que ce sont des sommes dépensées
sur un immeuble pour corriger une nuisance. Donc, on enrichit l'occupant ou le
propriétaire.
Il faudrait donc protéger la municipalité qui, elle, a les
fonds de la collectivité, s'il y avait possibilité.
M. BOIVIN: Quand on parle des frais, est-ce que ce sont les frais de
l'avocat?
M. VEZINA: Non.
M. BOIVIN: Est-ce que ce sont aussi les frais de la
municipalité?
M. VEZINA: Ce sont les frais lorsque le propriétaire ou
l'occupant ne fait pas les corrections qui s'imposent.
M. BOIVIN: Oui, mais je parle des frais de cour.
M. VEZINA: Non, cela ne touche pas les frais de cour.
M. BOIVIN: Cela veut dire que la municipalité devra payer ses
frais, même si elle gagne sa cause.
M. VEZINA: Cela dépend du jugement du juge de la cour
Supérieure.
M. PAUL: C'est cela. Du juge de la cour Supérieure.
M. BOIVIN: C'est le juge qui juge cela. M. VEZINA: Oui.
M. BOIVIN: Ce n'est pas la loi qui dit au juge quoi faire.
M. VEZINA: H peut arriver des cas où le juge décidera
qu'il ne condamne pas aux frais, pour telle ou telle raison. C'est
discrétionnaire, quoique, règle générale, celui qui
perd devant la cour paie les frais.
M. BOIVIN : II ne condamne jamais la municipalité. La
municipalité ne doit pas payer.
M. VEZINA: En cour Municipale. Mais là, nous vous parlons de la
cour Supérieure.
M. PAUL: Le principe que vient de soulever mon collègue, le
député de Montmorency, est excellent. J'abonde dans le sens de
ses remarques. D'ailleurs, on a une disposition semblable dans le code
municipal, où l'inspecteur agraire par exemple, se rend sur les lieux,
à la suite d'une plainte de l'un ou l'autre des propriétaires,
demande que certains travaux de nettoyage de cours d'eau se fassent et que
l'avis prévu avant le 1er novembre ou le 1er février soit
donné, etc. L'inspecteur agraire ordonne l'exécution des travaux
et le coût est réclamé par la municipalité, sous
forme de taxe municipale. Le coût est assimilé à une taxe
municipale.
Je félicite le député de Montmorency d'avoir
soulevé ce point. Autrement, la municipalité pourrait être
exposée à des pertes, dans les cas de faillite, proposition de
concordante.
M. BOIVIN: On ne met jamais dans une loi que les frais de la
municipalité sont payables...
M. VEZINA: Je n'ai jamais rencontré cela personnellement.
M. BOIVIN: Le juge a le pouvoir.
M. PAUL: C'est dans le code de procédure civile que vous allez
trouver le mécanisme qui disposera des...
M. GOLDBLOOM: Les légistes signalent que la phraséologie
utilisée ici est celle de la Loi des cités et villes en ce qui
concerne la démolition d'immeubles construits contrairement aux
règlements ou à la loi.
M. PAUL: Le député de Montmorency a soulevé ce
point.
M. VEZINA: C'est exact, ce que vous dites, M. le ministre, mais il reste
que nous avons des difficultés dans la pratique lorsque vient le temps
de récupérer ces frais de démolition d'immeubles allant
à rencontre d'un règlement de construction. On se bat en cour
pour savoir si ce sont des frais privilégiés ou une
créance chirographaire. Si on disait que ces frais sont assimilés
à des taxes municipales ou une expression du genre, on réglerait
tout le débat et on protégerait la municipalité.
LE PRESIDENT (M. Picard): Me permettez-vous une remarque, même
à titre de président?
M. VEZINA: Oui, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je considère
qu'il y a deux cas où cela pourrait créer un conflit.
Premièrement, dans le cas de l'évaluation de ladite
propriété. Si vous dites que c'est assimilé à une
taxe, l'évaluateur ne pourra pas prendre en considération une
taxe pour hausser la valeur de l'évaluation.
Deuxièmement, dans le rapport des états financiers d'une
corporation, à une corporation qui dira qu'elle a des
améliorations locatives pour une valeur de $2,000, on lui
répondra: Non, dans la loi, ce que vous avez, c'est une taxe, ce n'est
pas une amélioration locative.
M. PAUL: L'inscription se fait au rôle de perception et non au
rôle d'évaluation.
M. VEZINA: C'est cela. Cela ne peut pas influencer
l'évaluation.
M. GOLDBLOOM: Le député de Montmorency aurait-il une
phraséologie à suggérer?
M. VEZINA: A première vue, M. le Président, je dirais
ceci: Entre les deux paragraphes, j'intercalerais un petit paragraphe qui
dirait: "Ces frais sont assimilés à des taxes municipales" ou "Le
recouvrement des ces frais est assimilé à des taxes
municipales".
M. GUAY: II faudrait, que ce soit dans tous les cas, si on
l'insère dans une loi, qu'il n'y ait aucun cas d'exception.
M. VEZINA: En fait, après les deux paragraphes. Pas entre les
deux. A la fin.
DES VOIX: A la fin.
M. GOLDBLOOM: Comment cela se lirait-il?
M. VEZINA: Ces frais sont assimilés à des taxes
municipales.
M. BOIVIN: A des créances.
M. VEZINA: Et cela fait partie du compte de taxes. On a tout l'immeuble
en garantie pour se faire payer.
M. PAUL: Et ils envoient le compte de taxes, suivant le taux de la taxe,
l'évaluation de l'immeuble. Ensuite, ils vont ajouter un montant X au
compte de taxes pour recouvrer le montant payé par la
municipalité.
M. GOLDBLOOM: II faudrait, pour être complet, dire ces frais ou
ces coûts, les deux mots étant utilisés.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que c'est ajouté à la fin
du premier alinéa?
M. GOLDBLOOM: Du deuxième. Ce serait un troisième
alinéa.
M. PAUL: Ces frais ou ces coûts sont assimilés à des
taxes municipales.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 73, adopté tel
qu'amendé? Adopté. Article 74.
M. PAUL: C'est le cas d'espèce que j'ai porté à la
connaissance du ministre pour La Macaza. Malheureusement, ils sont très
nombreux sur le territoire du Québec. Excellente mesure, quant à
moi.
M. GUAY: On retrouve la même interprétation qu'à
l'article 68, et encore là j'ai peur qu'il y ait certains conflits.
Remarquez bien qu'on ne le retrouve pas bien clairement dans les articles,
même si on achève de franchir tous les articles concernés.
Ce n'est pas bien clairement établi que la municipalité est
prioritaire dans le résultat de l'enquête. Cela me parait encore
sombre. Nulle part, dans aucun article, on ne le définit clairement.
Encore une fois, le directeur pourra interdire l'entrée ou
ordonner la démolition de l'immeuble, alors que la municipalité
s'opposera. Je crains des conflits entre la municipalité et le
directeur. Si le directeur dit que ce n'est pas dangereux et que la
municipalité dit que c'est dangereux ou vice versa, on s'embarque dans
un dilemme. Nous allons demander à un avocat de trancher la question.
Mais ce n'est pas sûr que ce sera bien tranché.
M. VEZINA: Je m'inscris en faux contre le dernier propos du
député de Dorchester.
M. GOLDBLOOM: Je pense que l'inquiétude du député
de Dorchester est éminemment respectable et compréhensible, mais
est surtout théorique. Je pense bien que dans l'application de cette
loi, comme dans l'application de la Loi de l'hygiène publique depuis
nombre d'années, le problème ne se pose pas, et l'on peut
généralement se mettre assez facilement d'accord sur ce genre de
problèmes.
Ce sont des cas extrêmes. Je pense bien que, si l'un dit que les
locaux sont inhabitables ou irréparables, le fardeau de la preuve serait
sur l'autre qui dirait aux habitants de l'immeuble: Vous pouvez demeurer
là.
M. GUAY: Remarquez que je souhaite que cela ne se produise pas. Mais on
a évité dans d'autres lois de donner des pouvoirs à deux
personnes, on peut appeler ça des pouvoirs concurrentiels.
En fait, les dirigeants municipaux, dans le but de ne pas se faire
détester des propriétaires, seront plutôt portés
à ne pas ordonner la démolition ou interdire l'accès
à certains édifices. Tandis que le directeur dira: II y a un
danger public. Il faut le démolir.
Moi, c'est drôle, mais je prévois que ça va se
produire plus souvent qu'on ne se l'imagine aujourd'hui. Normalement c'est l'un
ou l'autre,
mais là c'est les deux. C'est pour ça que j'ai posé
le problème de la priorité, l'un sur l'autre.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Montmorency.
M. VEZINA: II faut comprendre que ce sont des pouvoirs extrêmes.
Quand on est rendu à donner les pouvoirs à un directeur ou
à une municipalité d'ordonner la démolition d'un immeuble,
ce sont de très grands pouvoirs qui normalement se retrouvent sous la
juridiction d'un tribunal de droit commun comme la cour Supérieure.
En pratique, je ne pense pas qu'il soit possible d'avoir un
système étanche. Voici pourquoi: Supposons que le directeur ou la
municipalité ordonne la démolition et qu'on commence à
procéder à la démolition. Il reste que le
propriétaire pourra toujours s'adresser en fait, c'est ce qui
arrive actuellement, parce que ce pouvoir de démolition existe dans la
Loi des cités et villes à la cour Supérieure pour
obtenir une injonction et tenter de démontrer que son immeuble, qui
n'était peut-être pas dans un état parfait, n'était
pas cependant dans un état où il fallait procéder à
l'évacuation des personnes, en interdire l'entrée ou le
démolir. Tout le fardeau de la preuve va reposer sur le directeur ou sur
la municipalité qui devront venir démontrer qu'ils ont
exercé leurs pouvoirs d'une façon rationnelle, suivant des normes
reconnues et qu'ils ont bel et bien la preuve qu'il faut démolir ou,
enfin, qu'il faut agir.
En pratique, je ne pense pas qu'il y ait quelque danger que ce soit de
contradiction entre le directeur et la municipalité, au contraire. Je
pense que c'est une bonne chose que ces démolitions ou ces mesures, que
je qualifie, personnellement, d'extrêmes, ne soient prises
qu'après consultation, si possible, entre le bureau du directeur et la
municipalité pour s'assurer que ça se fait légalement.
Sinon, vous imaginez le recours possible d'une personne qui verrait son
immeuble démoli.
M. PAUL: M. le Président, je m'excuse de m'adresser d'une
façon toute particulière à mon collègue et aux
légistes. Pour trouver peut-être ce mécanisme de protection
visant à éviter les injonctions ou l'exercice de prétendus
droits ou des abus, n'y aurait-il pas possibilité de remplacer, à
la deuxième ligne, le mot "estiment", par les mots suivants: "Lorsque le
directeur ou la municipalité prouvent par une requête à la
cour Supérieure qu'un immeuble est dans un état..."?
M. VEZINA: Vous voudriez que l'ordre de démolition ou
d'interdiction d'entrée ou d'évacuation soit contenu dans un
jugement de la cour Supérieure.
M. PAUL: C'est ça.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je souli- gne à l'attention
du député de Maskinongé que l'article 74 indique que les
articles précédents, 68 à 73, s'appliquent; l'article 73
prévoit le recours à la cour Supérieure.
M. PAUL: Je comprends tout ça. Les articles s'appliquent, mais,
pour que les articles s'appliquent, le tout est laissé à
l'appréciation du directeur ou de la municipalité.
M. GUAY: C'est ça, ou de la municipalité.
M. PAUL: Je m'excuse de ne pas partager le point de vue exprimé
par le ministre.
M. GUAY: Pourquoi ne pourrait-on pas dire... Excusez-moi, M. le
député.
M. PAUL: Je me demande si, justement, pour éviter toute
interprétation autre que l'intention du législateur bien
manifeste aux articles 69 et suivants, nous ne devrions pas modifier cela,
parce qu'il s'agit d'un pouvoir très exceptionnel. Il serait à
craindre qu'à un moment donné l'arbitraire entre en ligne de
compte et que des injustices en découlent. Le problème est
tellement sérieux que je me demande s'il n'y aurait pas
nécessité de couvrir le directeur et la municipalité par
un jugement de la cour Supérieure. Le mécanisme de correction est
très rapide.
Ceux qui sont familiers avec le droit savent qu'une requête peut
toujours être contestée, mais c'est un mécanisme assez
rapide pour disposer d'un prétendu droit ou d'un droit que l'on veut
faire reconnaître par la cour.
Mon collègue a peut-être une autre suggestion, je n'y tiens
pas plus que ça, mais je suis un peu inquiet par ce pouvoir arbitraire
que l'on va laisser entre les mains du directeur ou de la municipalité.
Et si nous lisons bien les articles 72 et 73, je ne serais pas surpris
qu'à un moment donné on s'adresse aux tribunaux pour faire
interpréter l'article 74 en regard des articles
précédents.
M. VEZINA: Au jugement déclaratoire.
M. GUAY: M. le Président, à l'article 74, là
on a dit que c'étaient des cas extrêmes "lorsque le
directeur ou la municipalité"; afin d'éviter entre les deux un
conflit possible, moi je verrais "lorsque le directeur et la
municipalité. Cela oblige donc, à partir de là, la
municipalité à consulter le directeur et le directeur à
consulter la municipalité.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je m'excuse d'intervenir encore
une fois dans un débat entre avocats, moi qui n'en suis pas un. Si nous
examinons ce que prévoit l'article 74, c'est un article qui donne, au
premier abord, l'impression de créer des pouvoirs extrêmes. Mais
quand on revient aux articles précédents, c'est un article qui
dit au directeur et à la municipalité: Vous devrez suivre tout le
processus prévu par
les articles précédents jusqu'à la requête
à la cour Supérieure, pour pouvoir procéder à
l'évacuation des personnes, l'interdiction de l'entrée et ou la
démolition de l'immeuble.
M. VEZINA: M. le ministre, si vous me permettez, pour fins de
discussion, à l'article 73, la preuve que vous avez à faire,
c'est qu'un ordre a été donné, qu'il n'a pas
été suivi et la cour ordonne. Donc la cour n'a pas à juger
la valeur de l'ordre. Et si on applique les articles 73 à 74, la cour
n'aura pas à décider s'il est bien fondé ou non de
démolir un immeuble. Il s'agira de prouver qu'il ne l'a pas
démoli, tout simplement, quels que soient les motifs. Vous ne mettez pas
de côté le danger de voir des injonctions, des actions en dommages
et des débats judiciaires de deux, trois, quatre, cinq ou six ans.
Tandis que si on revenait à l'idée que la démolition ou
l'interdiction de l'entrée, ça devient un ordre de la cour
Supérieure, vous ne pouvez pas prendre une injonction dans
l'exécution d'un ordre de cour.
M. PAUL: II ne peut pas arrêter l'exécution d'un jugement.
Le seul mécanisme prévu c'est l'appel.
M. VEZINA: C'est ça. Ainsi, vous vous mettez à l'abri de
longs débats judiciaires. Je parle du directeur ou de la
municipalité.
M. PAUL: De procédures coûteuses puis onéreuses,
c'est-à-dire longues puis qui peuvent aller jusqu'en cour
Suprême.
M. VEZINA: C'est ça, en matière immobilière,
surtout s'il y a des droits éventuels à part de ça
théoriquement, pour les créanciers hypothécaires ou
privilégiés ou quoi que ce soit.
M. PAUL: Je me demande si les légistes ne devraient pas revoir
cet article-là?
M. VEZINA: Au point d'en faire...
M. PAUL: Non, non, chose certaine, si on le laisse tel quel, à
mon humble opinion on donne possibilité à un nid de
procès, si on ne le corrige pas. Pas parce que je tiens à mon
texte, absolument pas, mais si on prévoit un autre mécanisme, on
élimine tout un nid de procès.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, d'après ce que le
député de Maskinongé est à nous dire, ce que je
comprends de ses remarques et de celles du député de Montmorency,
c'est simplement ceci.
Véritablement, si l'on applique les articles 68 à 73
inclusivement, on dispose, au début, du jugement discrétionnaire
de la municipalité ou du directeur. Rendu à l'article 73, on est
devant la cour. La cour doit dire oui ou non, la cour reconnaît que
l'état de l'immeuble est tel qu'il faut procéder à un
assainissement en règle, à l'évacuation des personnes,
à l'interdiction de l'entrée, à la démolition de
l'immeuble.
Serait-il préférable de ne pas faire allusion au directeur
ou à la municipalité dans cet article mais de prévoir tout
simplement que dans les cas où l'immeuble est dans un état
sérieux d'insalubrité ou est détérioré, au
point de devenir inhabitable ou irréparable, et constitue une menace
pour la santé et la sécurité des personnes...
M. VEZINA: Un juge de la cour Supérieure peut, sur requête
à cette fin...
M. GOLDBLOOM: ... ordonner l'assainissement des lieux.
M. PAUL: Très bien.
M. VEZINA: Si vous lisez l'article 73, c'est marqué "si la mise
en demeure dont il est question n'est pas suivie"; la seule preuve que vous
avez à faire en cour c'est de démontrer qu'il y a eu une mise en
demeure et qu'elle n'a pas été suivie. Vous ne pouvez pas parler
sur le mérite de la mise en demeure.
M. PAUL: C'est cela. Maintenant, la formule...
M. VEZINA: Le directeur ou une municipalité peut, sur
requête à cette fin...
M. GOLDBLOOM: Peut demander à la cour...
M. VEZINA: Un juge peut, sur une requête présentée
par la municipalité ou le directeur...
M. GOLDBLOOM: ... ordonner... M. VEZINA: ... ordonner, etc.
M. PAUL: Quant à moi, le principe de l'article 74 me conviendrait
pour autant qu'il soit bonifié dans le sens de nos discussions. Je ne
verrais pas d'objection à l'adopter, sachant que les légistes
pourront arrêter le texte.
M. GOLDBLOOM: En toute justice à l'endroit des membres de la
commission et puisque nous devrons revenir ce soir de toute façon...
M. PAUL: Vous allez le réserver? Très bien.
M. GOLDBLOOM: ... nous présenterons une nouvelle rédaction
au début de la séance de ce soir.
M. PAUL: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 74 est suspendu. Article 75.
M. BOIVIN: Pourquoi ne pas inclure les
piscines privées? Il y a des gens qui ne connaissent pas de
quelle façon s'en servir. La plupart du temps l'inspecteur
d'hygiène les surveille, même avec la Loi de l'hygiène, et
c'est nécessaire d'exercer une surveillance. Il y a des gens qui pensent
qu'une piscine c'est un trou d'eau. Il y a un traitement à donner
à cette eau.
M. PAUL: Je connais un politicien qui, à un moment donné,
avait oublié qu'il n'y avait pas d'eau dans la piscine et il est
allé se baigner quand même.
UNE VOIX: Etait-il mouillé?
M. BOIVIN: II me semble que le droit de surveillance devrait s'exercer
même sur les piscines privées afin qu'il y ait le chlore
nécessaire. Il y a beaucoup de gens qui ont des maladies de la peau, des
yeux ou des oreilles à cause des piscines privées.
M. GOLDBLOOM: C'est certain et je tiens compte de la remarque du
député de Dubuc en notant que les autres articles ne font pas
nécessairement de distinction entre immeuble privé et immeuble
public.
M. VEZINA: Dans les autres pouvoirs, je pense que le ministre, le
directeur ou l'inspecteur municipal, s'il constatait qu'une piscine
privée est une source de contagion ou de maladie pour les baigneurs, les
enfants, etc., aurait le pouvoir d'en interdire l'accès.
M. BOIVIN: Cela ne peut pas être en vertu de cet article si on ne
le met pas.
M. VEZINA: Non, à cet article, il ne faut pas oublier que ce sont
les immeubles et lieux publics.
M. BOIVIN: Oui, mais cela devient pratiquement des lieux publics...
M. PAUL: Alors, pourquoi ajouter le mot "privé"; qu'on biffe le
mot "public".
M. BOIVIN: C'est ça. Tout simplement. M. VEZINA: Une piscine ou
une plage...
M. PAUL: Lorsque, après enquête, une piscine ou une plage
est considérée une menace...
M. BOIVIN: ... envers le public. M. VEZINA: Ce serait satisfaisant.
M. GUAY: M. le Président, puis-je dire quelques mots
là-dessus? Moi, j'hésiterais avant d'enlever le mot "public",
parce que si on prend la définition du mot "piscine" et qu'on entre dans
les piscines privées, cela peut comprendre également les piscines
qui ont trois pieds carrés pour les enfants, où il y a quatre
pouces d'eau.
M. BOIVIN: C'est dangereux quand même.
M. GUAY: II y a peut-être un danger, j'en conviens. Sauf que je
pense que c'est poussé loin un petit peu...
M. PAUL: Vous voulez parler des barboteuses.
M. GUAY: Qu'on apporte une définition de "piscine" et de
"barboteuse".
M. PAUL: Le dictionnaire définit une piscine comme une
barboteuse.
UNE VOIX: Une pataugeuse.
M. BOIVIN: Même une barboteuse, cela demande...
M. BERTHIAUME: II y a même des crédi-tistes qui se sont
noyés dans des pataugeuses.
M. PAUL: M. le Président, pourriez-vous inviter le
député de Napierville-Laprairie à ne pas venir polluer
notre travail? Il intervient impunément et indécemment dans nos
discussions. Merci.
M. BERTHIAUME: Je pataugeais.
M. BOIVIN: Les barboteuses, c'est encore pire. Ce sont les enfants des
gens qui se défendent encore moins au point de vue de la
santé.
M. GUAY: II y a des gens qui se noient dans leur bain.
M. BOIVIN: Ce n'est pas une question de se noyer. C'est une question
d'otite, de conjonctivite, de typhoide qui est très dangereuse. C'est
une question de pied d'athlète. Ce sont pour toutes ces maladies que les
gens nous consultent ne sachant d'où cela vient.
M. GOLDBLOOM: Ce que nous dit le député de Dubuc, c'est
que l'article parle de menace pour la santé et que cette menace peut
exister dans une piscine privée comme dans une piscine publique. Voici
la seule question qui, à mon sens, doit être posée: Est-ce
que l'on veut véritablement permettre au directeur ou à la
municipalité l'accès à un terrain privé pour cette
vérification?
M. PAUL: Je crois bien qu'un inspecteur, un beau dimanche
après-midi, serait intéressé à aller faire
l'inspection de l'eau.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. VEZINA: Mais la loi actuelle ne donne-t-elle pas le pouvoir de
visiter des logis même?
M. GOLDBLOOM: Certainement. Je voulais simplement souligner cette
question. Si la réponse est oui et que l'on veut permettre à
l'inspecteur d'aller vérifier les piscines et les plages privées,
pour ma part, je n'ai pas d'objection. La menace à la santé,
comme le dit le député de Dubuc, est réelle.
M. BOIVIN: J'ai une piscine privée et je demande l'inspecteur. Je
n'ai pas toujours les appareils nécessaires. Assez souvent, au bout d'un
an ou de deux ans, les formules chimiques ne marchent plus. Alors,
l'inspecteur, s'il va dans toutes les piscines, va toujours avoir ce qu'il
faut.
M. VEZINA: On pourra aller se baigner à l'occasion.
M. BOIVIN: C'est ça, sans crainte.
M. GOLDBLOOM: II me semble que, si le médecin hygiéniste a
constaté, par les rapports reçus par les médecins de la
localité, une épidémie de conjonctivite ou d'autres
maladies, il devrait pouvoir indiquer aux autorités compétentes
la nécessité d'intervenir. Cela pourrait être pour une
piscine privée.
M. BOIVIN: II faudrait faire l'éducation et les
propriétaires vont se prêter à ça.
M. GOLDBLOOM: II s'agirait donc d'enlever le mot "publique" qui
paraît deux fois à la deuxième ligne.
M. GUAY: Maintenant, M. le Président, je suis convaincu que, si
on enlève le mot "publique", cela va nous amener à définir
ce qu'est une plage privée. Le rivage de tout cours d'eau peut
être considéré comme une plage à certains moments.
Il faudra également interdire la baignade dans certains cours d'eau, par
exemple, qui auront un degré de pollution suffisamment
élevé.
M. VEZINA: Dans la rivière Saint-Charles, je pense que ce serait
un devoir d'interdire la baignade.
M. GOLDBLOOM: Que ce soit défini comme plage ou non, je pense que
la responsabilité est là pour protéger la santé
publique. Pour ma part, je ne m'arrêterai pas longtemps à la
définition précise.
M. GUAY: Cela pourrait comprendre, dans le sens le plus large du mot, en
fait, tout ce qu'on a à l'esprit comme lieux de baignade.
M. OSTIGUY: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, au lieu d'écrire
"une piscine publique ou une plage publique", de dire toute rivière
déclarée polluée?
M. GUAY: Le mot "publique", je pense qu'il va falloir l'étendre
au maximum, si l'on veut tout couvrir.
M. GOLDBLOOM: On pourrait dire: Une piscine, une plage ou un lieu de
baignade.
M. GUAY: Est-ce que cela couvrirait également cela me
vient à l'esprit plusieurs agriculteurs, pour le besoin de la
cause, qui se font creuser des lacs artificiels à proximité des
bâtiments de ferme? Ce sont des étangs mais est-ce qu'on va
définir cela comme une piscine ou un lieu de baignade?
M. GOLDBLOOM: Si l'on ajoute lieu de baignade, si des gens s'y baignent
et si l'eau est contaminée, on devrait avoir le droit de dire aux
enfants du voisinage: Vous n'irez pas vous baigner là.
M. GUAY: Pour ma part, M. le Président, je suis obligé de
dire que j'hésite tellement à enlever le mot public que je dois
m'inscrire en faux. Je trouve que ce sont des pouvoirs très
étendus.
M. BOIVIN: C'est que vous ne voyez pas les conséquences. Nous les
voyons à l'hôpital. Assez souvent, le médecin ne peut pas
voir la cause et personne n'est déterminé pour cela. Je vous le
dis. Cela fait une quinzaine d'années que j'ai une piscine. C'est moi
qui ai éduqué à peu près tous les gens, autour, qui
sont venus. L'inspecteur de l'unité sanitaire, actuellement, n'a
peut-être pas les pouvoirs mais il y va. Il y va parce qu'il peut y avoir
des épidémies de typhoïde. C'est encore très
sérieux, des épidémies de typhoïde, pour les gens qui
se baignent.
M. GOLDBLOOM: Je pense, M. le Président, que cet article fait, en
petite mesure, exception aux autres de cette section, parce qu'ici il y a moyen
de mesurer. Il y a moyen de faire faire des cultures de l'eau et de prouver
qu'il y a une contamination.
M. GUAY: Dans le cas de personnes, par exemple, qui iraient se baigner
dans un lieu prohibé, quelles seraient les procédures ou les
poursuites intentées?
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse?
M. GUAY: Pour une personne, par exemple, qui irait se baigner dans un
lieu prohibé, quelles seraient les poursuites? Je pense par exemple aux
enfants.
M. BOIVIN: On commence par fermer la plage. J'ai eu des rapports,
lorsque j'étais au ministère de la Santé, Je peux le dire,
les plages de Québec étaient toutes à fermer,
d'après les rapports que nous avions. Il est vrai que
c'étaient des plages publiques mais, pour les plages publiques,
il y a aussi des limites à la baignade. Il y a des plages publiques qui
peuvent permettre que 50 personnes se baignent. Mais 100 et 1,000 personnes, ce
n'est pas le même traitement.
M. GUAY: D'accord. Sauf que cela présuppose si on
enlève cela l'analyse de l'eau de tout étang, de tout
cours d'eau. Cela prendra un inventaire extraordinaire de tout ce qu'on
possède comme...
M. VEZINA: II faut comprendre que ce n'est pas un pouvoir. Il s'agirait
de commencer demain à faire la liste de ce qu'on défend et de ce
qu'on ne défend pas. Il faut donner le pouvoir quand il se
présente des situations. Il faut que le directeur ait le pouvoir
d'émettre une ordonnance. Il ne s'agit pas de faire le tour de la
province pour trouver chaque endroit où on se baigne. Les petits
endroits privés et intimes, j'imagine que le directeur ne les
connaît même pas.
M. BOIVIN: D'ailleurs, ça va se borner à de
l'éducation, parce que je ne vois pas un inspecteur aller dire à
un propriétaire: Vous avez de la typhoide dans l'eau. Il va lui rendre
service. Il va lui dire: Mettez plus de chlore, organisez-vous, votre pompe ne
donne pas satisfaction.
M. GOLDBLOOM: Puisque nous aurons à faire des analyses partout
dans la province, de toute façon, pour l'eau potable, si on nous
présente des échantillons qui proviennent d'un puits ou de
n'importe quel cours d'eau, je ne pense pas qu'on ajoute un fardeau très
important au travail qui est déjà accompli, et c'est la
protection de la santé publique qui est en jeu.
M. PAUL: Puis-je signaler qu'il est six heures et quelques minutes?
M. GOLDBLOOM: Est-ce que l'article est adopté?
M.PAUL: Pour autant que vous ajoutiez "lieu de baignade".
M. GOLDBLOOM: II est suggéré que l'article se lise:
"Lorsque, après enquête, une piscine, une plage ou tout autre lieu
de baignade est considéré une menace pour la santé..."
M. PAUL: J'accepte ça.
M. GUAY: Moi, je ne l'accepte pas. Je suis obligé d'enregistrer
ma dissidence.
M. GOLDBLOOM: Sur division.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 75 est adopté sur division,
tel qu'amendé. La commission suspend ses travaux jusqu'à vingt
heures quinze ce soir.
M.BOIVIN: Est-ce que j'ai compris que nous devions céder la
place, à vingt heures quinze, à une autre commission?
M. GOLDBLOOM: Non.
M. PAUL: Non, nous l'avons et nous la gardons.
(Suspension de la séance à 18 h 4)
Reprise de la séance à 20 h 36
M. LAFRANCE (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
Lors de la dernière séance, l'article 74 avait
été suspendu pour une nouvelle rédaction...
M. PAUL: Objection, M. le Président, lors de la même
séance suspendue pour l'heure du dîner.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): D'accord, M. le député de
Maskinongé. Lors de la même séance suspendue pour l'heure
du dîner, on avait mis de côté l'article 74 pour une
nouvelle rédaction. Je crois que M. le ministre a la nouvelle version de
cet article.
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président, on se rappellera que le
député de Maskinongé était prêt à
faire confiance aux légistes pour la rédaction de cet article,
mais j'ai préféré quand même en présenter un
texte. Je m'excuse de ne pouvoir le distribuer à tous les
députés mais j'en ferai lecture: "Lorsqu'un immeuble est dans un
état sérieux d'insalubrité ou est
détérioré au point de devenir inhabitable ou
irréparable et constitue une menace pour la santé ou la
sécurité des personnes, un juge de la cour Supérieure,
siégeant dans le district ou l'immeuble est situé, peut, sur
requête de la municipalité ou du directeur on inclut le
directeur dans cet article présentée même en cours
d'instances, ordonner l'évacuation de l'immeuble, en interdire
l'entrée ou en ordonner la démolition ou enjoindre au
propriétaire ou à l'occupant de prendre les mesures requises pour
assainir les lieux dans un délai qu'il détermine et ordonner
qu'à défaut de ce faire dans le délai prescrit, le
requérant pourra lui-même prendre les mesures requises aux frais
du propriétaire et de l'occupant."
Ensuite, on reproduit les deux derniers alinéas de l'article
précédent 73.
M. PAUL: Est-ce que vous fusionneriez les articles 73 et 74?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, parce qu'il y a des mesures
un peu différentes qui sont prévues ici. L'article 73 fait suite
aux articles précédents; on constatera que dans la nouvelle
rédaction de l'article 74, nous avons laissé de côté
toute allusion aux articles précédents. Nous laissons au juge la
responsabilité d'apprécier si véritablement l'immeuble est
dans un état sérieux d'insalubrité,
détérioré au point où il faut imposer des mesures
exceptionnelles.
A cause de cela, nous préférons permettre au directeur
d'intenter ces procédures devant la cour, tout comme la
municipalité.
M. PAUL: Est-ce que le ministre pourrait me relire ce bout de son
amendement où on parle de la requête. "Un juge peut, sur
requête..."
M. GOLDBLOOM: Un juge de la cour Supérieure siégeant dans
le district où l'immeuble est situé peut, sur requête de la
municipalité ou du directeur on reprend la même
phraséologie qu'à l'article précédent
présentée même en cours d'instance, ordonner
l'évacuation de l'immeuble, en interdire l'entrée ou en ordonner
la démolition ou enjoindre au propriétaire ou à l'occupant
de prendre les mesures requises pour assainir les lieux, et le reste.
M. PAUL: M. le Président, je me demande si les légistes,
si brillants soient-ils, ont suffisamment l'expérience de la pratique
pour reconnaf-tre qu'il y aurait avantage à mentionner dans le texte une
requête entendue "par préférence". Alors, automatiquement,
toute requête aurait préséance sur n'importe quelle autre
déjà inscrite devant la cour Supérieure. Si on veut
corriger une situation qui présente un caractère d'urgence dans
certains cas, il faut absolument que cette requête vienne par
préférence. Autrement, tout le mécanisme de
procédure de remise va entrer en cause, même si c'est
mentionné hors terme, en été, durant les vacances
judiciaires. Les vacances judiciaires, ça dure seulement deux mois, mais
l'année judiciaire dure dix mois. Alors, je crois qu'il y aurait lieu
d'ajouter "par préférence".
M. GOLDBLOOM: Si l'on disait: Sur requête de la
municipalité ou du directeur présentée de
préférence...
M. PAUL: Ah non! mais non! Il y a une différence entre
présenter une requête de préférence, puis qu'elle
soit entendue par préférence.
M. GOLDBLOOM: En cours d'instance et entendue par
préférence?
M. PAUL: Juste après le mot directeur dont on a parlé
tantôt: Le juge peut, sur une requête présentée par
préférence par la municipalité, etc.
M. GOLDBLOOM: Non, c'est la phraséologie que le
député de Maskinongé vient de refuser.
M. PAUL: Non, vous avez dit "présentée par
préférence".
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Là, c'est "entendue par préférence".
M. GOLDBLOOM: D'accord. Si l'on disait: "...sur requête de la
municipalité ou du directeur, présentée même en
cours d'instance et entendue par préférence, ordonner
l'évacuation".
M. PAUL: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 74.
M. GUAY: J'aimerais avoir un renseignement. Au cours du dîner,
j'ai eu l'occasion de discuter avec mes collègues et on m'a
demandé de poser la question suivante: Par exemple, un arbre
d'ornementation qui présenterait un certain danger, relèverait-il
de votre service d'ordonner que cet arbre soit abattu?
M. PAUL: Ce peut être en vertu du code municipal, le chapitre qui
traite du découvert.
M. GUAY: Donc, il n'est pas nécessaire de l'inscrire dans cette
loi, c'est contenu dans une autre.
M. PAUL: II y a un chapitre du code municipal qui traite du
découvert.
M. GUAY: D'accord.
M. GOLDBLOOM: II aurait été préférable, au
lieu de reproduire les deux derniers alinéas de l'article 73, de dire
tout simplement: Les deux derniers alinéas de l'article 73 s'appliquent
mutatis mutandis.
M. PAUL: Je n'osais pas vous le dire tantôt par respect pour vos
légistes, mais je suis fort heureux qu'ils me rejoignent au sommet.
M. GOLDBLOOM: Adopté tel qu'amendé, M. le
Président.
M. PAUL: Oui, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 74, adopté tel
qu'amendé. Article 76.
M. PAUL: Nous avions, M. le Président, retenu l'article 71.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Si son excellence n'y voit pas d'objection, nous pourrions
peut-être revenir à l'étude de cet article parce que le
ministre m'a informé que durant l'heure du dîner il avait fait
vérifier si la même disposition se retrouvait dans la loi 30. On
m'informe que non. Comme j'ai beaucoup d'estime pour lui et que j'ai confiance
au ministre...
M. GOLDBLOOM: C'est-à-dire que je l'ai cherché, mais je ne
l'ai pas trouvé.
M. PAUL: ... je prends sa parole.
M. BOIVIN: A ce sujet, pour assainir la chose, je trouve la
manière plus douce que dans le bill 30, contre la personne.
En fait, ce n'est pas pour corriger cela. C'est pour corriger
l'autre.
M. GOLDBLOOM: D'accord. Si j'ai bien compris, le désir du
député de Maskinongé était de pouvoir discuter de
cet article à l'occasion de la présentation du rapport de la
commission. Pour ma part, je n'ai aucune opposition.
M. PAUL: Comme le président est arrivé, je ne voudrais pas
que nous commettions d'impair. C'est pourquoi je voudrais que nous disposions
immédiatement de cet article 71 tel que numéroté.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Est-ce que le ministre peut me dire si les mêmes
dispositions existent dans la Loi de l'hygiène publique?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président.
M. PAUL: Vous me répondiez oui et un de vos savants conseillers
me faisait signe que non.
M. GOLDBLOOM: L'autre m'avait fait signe que oui.
M. GUAY: C'est parce que vous vous êtes tourné
partiellement, M. le ministre. Cela vous prendrait des yeux dans le dos.
M. PAUL: Ce qui m'inquiète, c'est la dernière disposition:
"Aux fins de contraindre des témoins à comparaître et
à répondre..."
M. GOLDBLOOM: M. le Président, dans la Loi actuelle de
l'hygiène publique, l'article 45 n'impose aucune restriction. Toute
municipalité peut agir de cette façon. Je pourrais lire
l'article.
M. PAUL: S'il vous plait.
M. GOLDBLOOM: "Sur réception de la plainte, l'autorité
sanitaire municipale doit s'enquérir des faits qui y ont donné
lieu, faire visiter par son officier exécutif ou un autre officier
d'hygiène l'endroit dont il s'agit et entendre, s'il est
nécessaire, le témoignage de toute personne capable de la
renseigner au sujet de l'objet de la plainte; et, "aux fins de contraindre les
témoins à comparaître et à répondre, elle a
tous les pouvoirs qui sont conférés à un juge de paix par
la Loi des poursuites sommaires."
Notre but, en rédigeant l'article 71, c'est de permettre au
lieutenant-gouverneur en conseil de désigner certaines
municipalités pour exercer ce genre de pouvoirs, mais ne pas les
étendre à toutes les municipalités de la province.
M. PAUL: Ce n'est pas sur cette partie. C'est plutôt l'obligation
qu'auront les témoins de comparaître et de répondre devant
un enquêteur, et que cet enquêteur soit considéré
comme un juge de paix en vertu de la Loi des poursuites sommaires et qu'il ait,
en quelque sorte, le pouvoir extraordinaire que l'on ne doit
remettre entre les mains que de personnes averties qui possèdent
toutes les connaissances juridiques pour imposer à ces même
témoins l'obligation de répondre et surtout lorsque, en
matière de droit pénal, il deviendra nécessaire à
un témoin de demander la protection de la cour ou du tribunal ou de je
ne sais pas quelle sorte d'organisme.
M. GOLDBLOOM: Dans l'esprit du député de
Maskinongé, les pouvoirs prévus pour le juge de paix
dépassent ceux qui sont donnés aux
commissaires-enquêteurs.
M. PAUL: C'est parce qu'on les place sur le même pied. D'ailleurs,
vous savez qu'on fait des juges de paix avec pas grand-chose. Je ne parle pas
des juges des Sessions de la paix. Je parle des juges de paix. Avec pas
grand-chose.
Là, par contre, le pouvoir est donné aux enquêteurs.
Ce qui m'ébranle quelque peu, c'est que le ministre nous a dit que ces
gens auraient à peu près la même formation, que ces gens
recevraient certainement et devront recevoir des cours de recyclage pour une
interprétation au moins uniforme de la loi et surtout dans les
règlements lorsqu'il s'agira de les appliquer. C'est de ce
côté que cela me met un peu moins résistant.
M. GOLDBLOOM: Je pense quand même avoir répondu à
cette partie de l'hésitation du député de
Maskinongé.
Le député de Maskinongé craint que, dans une
municipalité quelconque, on nomme un enquêteur ayant les pouvoirs
d'un juge de paix et que cette personne n'ait pas la formation
nécessaire pour bien exercer ces fonctions importantes et
délicates, c'est en limitant les municipalités qui pourraient
exercer ces pouvoirs de leur propre chef à celles qui seraient
désignées par le lieutenant-gouverneur en conseil que l'on a
voulu protéger davantage le public.
M. PAUL: M. le Président, si au moins nous avions la certitude
que le ministre serait celui qui aura charge de l'application de cette loi,
cela nous rendrait un peu moins inquiets, mais s'il fallait que, par malheur,
par désastre, certains de ses collègues, que je ne nommerai pas,
soient chargés de l'application de cette loi...
M. GOLDBLOOM: Mais, M. le Président, dans les onze gouvernements
du Canada, il n'y a pas moyen de savoir si, demain matin, le ministre Untel
sera toujours aux mêmes fonctions.
M. PAUL: Très bien, M. le Président.
M. GOLDBLOOM: Le premier ministre pourrait le changer.
M. PAUL: Mais le ministre conviendra qu'il n'y aura qu'au Québec
où nous n'aurons pas de ministère de l'Environnement.
M. GOLDBLOOM: Non, ce n'est pas exact, M. le Président. J'ai
déjà dit que, dans plusieurs provinces, il n'existe pas de tel
ministère, il n'existe pas de structures administratives. C'est un
ministre qui cumule plusieurs fonctions qui représente la province quand
il s'agit de parler d'environnement.
M. BOrVIN : Quel ministère nomme les juges de paix? Ce ne sera
pas le ministère de l'Environnement.
M. PAUL: Non, non. C'est le ministère de la Justice.
M. GOLDBLOOM: Mais, ici, M. le Président, il ne s'agit pas de
nommer des juges de paix. Il s'agit d'accorder à certaines
municipalités le pouvoir d'exercer l'autorité qui serait
normalement conférée à un juge de paix.
M. BOIVIN: Mais le maire est déjà juge de paix.
M. PAUL: M. le Président, puis-je inviter le ministre responsable
de la qualité de l'environnement à discuter, dans la pratique, de
tout ce problème avec le sous-ministre ou le ministre de la Justice?
Si les enquêteurs ont entre leurs mains des pouvoirs de juges de
paix, il y aura peut-être nécessité d'appliquer une
politique de régie interne qui s'impose, qui est en application au
ministère de la Justice quant au rôle que peuvent jouer les juges
de paix et surtout quant aux conditions essentielles pour la nomination d'un
juge de paix. Il y a un minimum de critères. Sur cet aspect, je pourrais
peut-être, à l'occasion, fournir plus de précisions au
ministre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Je m'excuse, M. le ministre. Si les membres
de la commission me le permettent, il y aurait deux remplacements à
faire. M. Kennedy remplace M. Saindon et M. Faucher remplace M. Vézina.
Le Dr Boivin remplace aussi M. Gauthier.
M. PAUL: J'en profiterais pour vous demander de faire enquête
quant à celui qui a reçu mission de nous chauffer à blanc
ce soir. Je trouve qu'il y a une température écrasante ici. Je ne
sais pas si c'est dans le but de nous affaiblir davantage, mais il y a
certainement quelque chose d'anormal.
Les D-l et les D-2 qui arrivent frais et dispos, eux, n'ont pas encore
le poids de la fatigue et du jour.
M. KENNEDY: D-4.
M. PAUL: Faites attention parce que, quand vous êtes rendu
à D-7, c'est grave.
M. KENNEDY: C'est ma soirée de congé ce soir, mais j'aime
tellement ça vous entendre que j'ai fait un spécial.
M. PAUL: Nous allons vous rejoindre un de ces bons jours, nous vous
prévenons. Nous sommes à préparer une petite patente, ce
ne sera pas long. Vous allez nous aimer moins.
Je suis tout à fait honoré du compliment que m'adresse
l'honorable député, mais j'aimerais qu'on essaie de diminuer le
chauffage.
M. BERTHIAUME: Se refroidir les sens.
M. PAUL: II y a un certain danger pour vous, parce qu'en cette
circonstance j'ai constaté qu'ils étaient complètement
gelés.
De toute façon, j'en passe.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 71.
M. PAUL: Quant à moi, je serais prêt à
l'adopter.
M. KENNEDY: C'est un moyen qui avait déjà
été suggéré pour abolir le Conseil
législatif: fermer les fenêtres et faire chauffer.
M. PAUL: J'ai entendu dire qu'il y avait beaucoup de "back-benchers" qui
jouaient le même rôle que les membres du Conseil législatif
et surtout qu'ils avaient les mêmes habitudes de vie. Le silence est leur
marque de commerce et d'efficacité.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que j'ai bien entendu le député de
Maskinongé dire qu'il était prêt à adopter l'article
71?
M. PAUL: Vous avez bien compris, honorable ministre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 71 est adopté?
M. GUAY: C'est retenu pour...
M. PAUL: Non, on ne retient plus rien.
M. GUAY: II n'y a plus rien de retenu?
M. GOLDBLOOM: Je retiens la suggestion du député de
Maskinongé.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 76.
M. PAUL: Nous en avons discuté cet après-midi, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Adopté?
M. PAUL: Est-ce que mon collègue, le député de
Dorchester, a objection à l'adopter?
M. GUAY: M. le Président, j'ai fait connaître certaines
objections cet après-midi concernant le pouvoir du directeur. En fait,
l'article 76 confirme que le directeur, encore une fois, se retrouve dans bien
des cas nez à nez, comme pouvoir, avec la municipalité.
Evidemment, après l'explication que nous a donnée le
député de D'Arcy-McGee, ministre responsable de la qualité
de l'environnement, j'hésite à poser ma dissidence quoique je
suis convaincu qu'encore une fois je le répète pour la
dernière fois le ministre va se réveiller avec de gros
problèmes.
M. GOLDBLOOM: Peut-être, M. le Président que je pourrais
aider la compréhension du député de Dorchester en lui
disant ceci. Comme politique générale, dans la mesure où
la municipalité voudrait exercer les pouvoirs qui sont à sa
disposition, nous aimerions lui laisser toute liberté de les
exercer.
M. GUAY: Très bien.
M. GOLDBLOOM: Quand il s'agit d'une incapacité de la
municipalité d'agir faute de moyens, faute de personnel, faute de
ressources, la province devra intervenir; là où la
municipalité est négligente, il faudra que l'autorité
provinciale puisse arriver et se substituer à l'autorité
déficiente de la municipalité. Il faut conserver ce pouvoir.
M. GUAY: Mais seulement dans les cas où il y aura
déficience?
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. GUAY: Bon. Disons que le principe est le suivant. Si, d'abord, la
municipalité a le pouvoir d'exercer ses droits et si on me dit que ce
n'est qu'à la suite soit d'incapacité d'agir ou d'échec de
la municipalité que le directeur a le droit d'appliquer ses pouvoirs, je
suis parfaitement d'accord avec le ministre. Mais ce que je ne veux pas, c'est
remplacer des responsables municipaux par un directeur.
M. GOLDBLOOM: Non.
M. GUAY: Evidemment, c'est...
M. GOLDBLOOM: C'est entendu depuis le moment où nous avons
accepté une modification en profondeur au projet de loi.
M. GUAY: D'accord. Je dois dire que ça me rassure.
M. PAUL: M. le Président, lorsque le député de
Dorchester dit qu'à l'article 76 les inspecteurs du gouvernement et des
municipalités vont être nez à nez, je me permets de
différer d'opinion avec lui parce que c'est le directeur qui prend les
devants. H va agir en cas surtout d'indifférence, d'abstention ou de
refus de la municipalité d'agir.
M. GOLDBLOOM: C'est cela qui est prévu à l'article 76 tout
particulièrement.
M. PAUL: H se détache de la course.
M. GUAY: Je trouve qu'il n'est pas loin. Si on retourne en
arrière, si on regarde l'article 68, la distinction apparaît
à l'article 76.
M.PAUL: Surtout là.
M. GUAY: Surtout là, mais c'est subtil.
On dit que le ministère peut se substituer aux
municipalités, mais c'est seulement ici, à l'article 76. Partout
avant ça, il y a un danger que j'ai soulevé.
M. BOIVIN: Personne ne va courir après ça, ces
affaires-là.
M. GUAY: Non, d'accord.
M. BOIVIN: Cela va dépendre de celui qui envoie la plainte.
Depuis que vous m'avez dit que toute municipalité pourra se servir des
inspecteurs du gouvernement, je ne suis pas inquiet. Je sais une chose, moi,
c'est que toutes les petites municipalités, mêmes les petites
villes de 15,000 ou de 20,000 âmes, vont se servir de l'inspecteur.
M. GOLDBLOOM: On est là pour cela. Si la municipalité ne
fournit pas ses propres services.
M. BOIVIN: L'inspecteur va faire rapport soit au directeur ou à
la municipalité ou aux deux.
M. GOLDBLOOM: Aux deux; à la municipalité et au
directeur.
M. BOIVIN: Si la municipalité ne veut pas agir.
M. GOLDBLOOM: Au ministre, oui.
M. GUAY: Si on lit bien l'article 76, les municipalités ont quand
même la porte ouverte pour ne pas exercer leur autorité, d'un
autre côté.
M. PAUL: Le directeur va agir lorsque la municipalité...
M. BOIVIN: C'est le voisin qui va téléphoner. C'est le
voisin qui va porter la plainte, c'est quelqu'un qui souffre des ennuis, des
nuisances qui va porter la plainte. Alors, ça va marcher.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, on fait allusion ici aux articles
72 et 73. Que disent ces articles? Que l'on peut émettre une mise en
demeure et que, si la mise en demeure n'est pas respectée, on peut
intenter une poursuite devant la cour. Je pense bien que, s'il y a vraiment
nusiance et que la municipalité n'a pas agi, il faut reconnaître
au directeur le droit d'arriver et d'émettre une mise en demeure
à la place de l'autorité municipale, d'aller en cour. C'est le
juge qui décidera...
M. BOIVIN: Via ces inspecteurs.
M. GOLDBLOOM: ... si le directeur a eu raison ou non. Mais, devant des
plaintes répétées de certains citoyens, si la
municipalité n'agit pas, il n'y a pas moyen de priver ces citoyens d'un
recours ailleurs qu'à leur conseil municipal.
M. GUAY: D'accord.
M. PAUL: M. le Président, je me permets d'attirer, une fois de
plus, l'attention des légistes sur la concordance qui devrait être
faite, encore là, de même qu'à l'article 73. Partout, M. le
Président, ça va être un travail de
bénédictin.
M. GOLDBLOOM: C'est clair, M. le Président. Il faudra
vérifier chaque chiffre qui parait dans le projet de loi avant de
présenter une version finale.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 76, adopté tel
qu'amendé? Le député de Yamaska.
M. FAUCHER: Lorsque la municipalité demande à une famille
de se déplacer parce que la maison est insalubre, est-ce que la
municipalité est obligée d'offrir un autre local?
M. GOLDBLOOM: Non, ce n'est pas en vertu de l'exercice de ce
pouvoir-là; en vertu d'autres responsabilités peut-être, la
municipalité par son service social pourrait s'affairer à trouver
un autre logement, surtout si ce n'est pas la faute des occupants si la maison
est insalubre, mais je ne crois pas que l'on puisse imposer cette obligation en
donnant ces pouvoirs à la municipalité.
M. PAUL: Ce serait un prétexte à des nombreuses plaintes
de ces personnes dans l'espoir d'être relogées auprès des
municipalités.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, l'article 76, adopté tel
qu'amendé?
M. GOLDBLOOM: Sans amendement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 76?
M. GOLDBLOOM: Ah! bon d'accord, c'est un amendement en comparaison avec
le projet original. C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): En comparaison avec le projet initial.
M. GOLDBLOOM: Oui, d'accord, je m'excuse.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 77?
M. GUAY: Ce sont même des amendements amendés.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Oui. Article 77?
M. PAUL: Si le gouvernement était aussi ouvert sur d'autres
projets de loi...
M. GUAY: II n'y aurait pas de problème.
M. PAUL: Article 77.
M. GOLDBLOOM: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Adopté. La même chose, avec
l'amendement qui a été apporté.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. M. le Président, nous retournons aux
feuilles que nous avions auparavant et je souligne que les articles 78, 79 et
79-a) sont maintenant à rayer parce que nous les avons couverts par les
articles que nous venons d'adopter.
M. PAUL: C'est le chapitre le plus intéressant de la loi.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Les articles 79 et 80?
M. GOLDBLOOM: Non, pas l'article 80.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Les articles 78, 79, 79-a).
M. GOLDBLOOM: On avait proposé un article 79-a) sur les feuilles,
et c'est rayé aussi.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Les articles 78, 79, 79-a) sont
rayés. Article 80. L'article 80, par le fait même, devient
l'article 78.
M.PAUL: Non, M. le Président, ne vous mêlez pas de cela. On
en a trop fait disparaître avant cela.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): D'accord, on continue avec les chiffres qui
sont présentement indiqués au texte.
M. BOIVIN: Tout cela, si c'était dans un code, le code de la
construction...
M. GOLDBLOOM: Je peux vous assurer que le code de la construction s'en
vient. J'en suis assuré par mon collègue sans calendrier
mais il y a un code qui s'en vient.
M. BOIVIN: Est-ce nécessaire de l'inclure ici dans la loi si ce
sont des choses qui peuvent faire partie du code? On pourrait se
référer au code.
M. GOLDBLOOM: On ne peut, à ma connaissance, se
référer à des documents qui n'existent pas encore.
M. BOIVIN: Vous le mentionnez. Dans la Loi de l'hygiène vous
dites: lorsque ce sera en application.
M. GOLDBLOOM: Quand le futur code sera présenté, il
contiendra sûrement, dans sa forme législative, des
références à la Loi de la qualité de
l'environnement. Ce sera en sens inverse.
M.PAUL: M. le Président, à l'article 80-a) j'aurais une
suggestion à faire et je n'en fais pas l'objet d'un amendement. A la
troisième ligne, après le mot "immeubles" je suggérerais
qu'on y ajoute "déjà" et après le mot "occupés",
les mots "ou devant l'être" en remplacement des mots "ou destinés
à être occupés". L'article pourrait se lire comme ceci:
pour prescrire les normes de salubrité et d'hygiène applicables
à toute catégorie d'immeubles déjà occupés
ou devant l'être à des fins résidentielles, etc. Je ne vois
pas d'immeubles qui ne deviendront pas occupés. Il me semble
peut-être est-ce un caprice intellectuel ou une déformation, je ne
sais pas que c'est moins lourd que de dire: des immeubles occupés
ou destinés à être occupés ou devant l'être.
J'attends l'opinion de vos sages conseillers.
M. GOLDBLOOM: Accepté, M. le Président.
M. GUAY: Par contre, dans les immeubles agricoles, qu'est-ce que le
législateur a à l'esprit en disant "immeubles agricoles devant
être occupés, non occupés ou destinés à
être occupés"?
M. PAUL: A Saint-Hugues, par exemple, comté de Bagot, on fait
l'élevage de chevaux. On dira peut-être que cela n'a rien à
voir avec l'agriculture. Les Veilleux ont plus que cela, ils ont 30, 40, 50
chevaux en élevage. En haut de l'écurie, il y a toute une
série de logements qui sont occupés. Egalement, il y a une
section de ces étables immenses qui sert à l'entreposage de
produits de la ferme, récoltés sur les terres des frères
Veilleux, qui font affaires sous une raison sociale dont je ne me rappelle plus
le nom. Il y a peut-être ce point, mais il y a sûrement d'autres
immeubles beaucoup plus identifiables que celui-là.
M. GUAY: Mais j'ai l'impression...
M. BOIVIN: Le cubage nécessaire à tout animal. Moi, je
vois cela comme cela. De même que l'habitation pour les humains, ainsi le
cubage nécessaire à chaque animal.
M. GOLDBLOOM: Et pour la protection de ceux qui doivent travailler
à l'intérieur de ces immeubles aussi.
M. GUAY: Est-ce le ministre responsable de la qualité de
l'environnement qui déterminera, par exemple, la grandeur d'un
poulailler pouvant contenir tant de poules?
M. BOIVIN: Voyons, arrêtez!
M. GUAY: Non, mais on l'inclut dans cette loi. Quand on dit agricole,
cela touche tout immeuble agricole, que ce soit essentiellement agricole
ou...
M. GOLDBLOOM: Ce sont des normes de salubrité et
d'hygiène. Il faut souligner que nous sommes déjà
appelés à nous prononcer sur des questions analogues, que nous
nous prononçons déjà sur la localisation des poulaillers,
des porcheries, sur la localisation des tas de fumier, sur les conditions de
travail dans toutes sortes d'activités.
M. PAUL: II y a toute une énumération au paragraphe a). Je
pense bien que l'intention est beaucoup plus d'un pouvoir résiduaire,
pour le moment, peut-être dans certaines circonstances, mais dont on
pourra se servir suivant la technologie moderne ou suivant...
M. GOLDBLOOM: Mais c'est notamment pour l'exemple cité tout
à l'heure par un des collègues. C'est pour des immeubles
occupés par des êtres humains. C'est surtout cela qui est
visé ici.
M. GUAY: Alors, ce serait surtout les établissements qui ont une
vocation mixte, où des humains pourraient passer de longues heures ou
encore résider à l'intérieur d'un établissement qui
pourrait être qualifié d'établissement agricole.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. GUAY: On pourrait pousser plus loin et dire que les
propriétaires de résidences qui ont des oiseaux, par exemple,
cela pourrait être considéré comme un établissement
agricole. Jamais on n'ira aussi loin que cela, sauf qu'il ne faudrait pas
laisser la porte ouverte.
M. GOLDBLOOM: II y a une définition de cultivateur ou
d'agriculteur qui a été longuement discutée pour les fins
d'autres lois. Je ne pense pas que nous puissions aller jusque là,
simplement en parlant d'immeubles occupés pour des fins agricoles.
Occupé, à mon sens, veut dire par des êtres humains. Par
contre, il faut dire que certains oiseaux peuvent être porteurs de
microbes qui peuvent affecter l'être humain.
M. PAUL: L'exemple le plus frappant, et peut-être le plus facile,
ce sont certaines fermes expérimentales du gouvernement
fédéral ou du gouvernement provincial, où il y a des
laboratoires pour des fins agricoles. Une partie de ces bâtisses est
aménagée comme laboratoire et d'autres parties de l'immeuble
servent à héberger des spécialistes, avec les membres de
leur famille, des étudiants, etc.
M. GUAY: L'article 80, paragraphe a), ne spécifie nullement qu'on
tend à reloger les humains. Mais on va prescrire des normes de
salubrité et d'hygiène applicables à toute
catégorie d'immeubles, y compris les immeubles agricoles. Cela comprend
tous les bâtiments de ferme. La loi est claire.
M. GOLDBLOOM: Mais il faut que je rappelle au député de
Dorchester que les règlements proposés en vertu de cet article
seront publiés dans la Gazette officielle. Il y aura un délai de
60 jours pour permettre une réaction de l'opinion publique, si la
population veut dire que ce qui est proposé est
exagéré.
M. GUAY: Mais, on aurait pu avoir la chance d'étudier les
règlements.
Je profite de l'occasion pour remercier le ministre de soumettre les
règlements aux membres de l'Assemblée nationale. Mais, alors, le
projet de loi sera adopté et nous n'y pourrons plus rien.
M. GOLDBLOOM: Ce que la loi dit, c'est que l'on peut protéger la
santé des gens qui travaillent dans des immeubles de toutes sortes. Il
faut pouvoir faire cela.
M. GUAY: Je pense toujours aux coûts, parfois
élevés, que cela occasionnerait à plusieurs
propriétaires d'établissements agricoles, par exemple, soit de
déplacer leur grange ou étable, si la loi va jusque
là.
M. GOLDBLOOM: La loi est générale, M. le Président.
Je comprends qu'il faut voir jusqu'où peut aller le pouvoir
accordé par la loi. Mais il ne faut pas prendre des cas tellement
extrêmes que l'on croirait que le lieutenant-gouverneur en conseil
agirait sans bon sens et irait à l'encontre des intérêts de
tout le monde simplement sous prétexte qu'il y a un problème
possible quelconque. Il faudrait que les règlements, qui seront
publiés et discutés publiquement, visent la protection de la
santé publique contre des problèmes réels.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de
Maskinongé.
M. GUAY: Sauf que seul l'avenir nous le dira en ce qui concerne
l'application de la loi.
M. PAUL: M. le Président, on se rappelle que notre
collègue, le Dr Philippe Demers, député de Saint-Maurice,
vétérinaire de profession, avait incité le ministre
à se pencher non seulement sur la protection de l'écologie, de la
flore, de la faune et de la vie humaine, mais aussi de la vie animale.
Je crois qu'il est essentiel que dans la loi il y ait un pouvoir, que le
ministre peut exercer, pour la conservation de la vie, même animale.
M. BOIVIN: Même un animal, dans de mauvaises conditions, peut
être malade et transmettre certaines maladies à l'homme. On sait
qu'une poule, dans de mauvaises conditions, peut être porteuse de
charbon, que la vache peut développer la vaccine.
M. PAUL: Supposons que le gouvernement fédéral applique sa
Loi des épizooties, qui aura juridiction par
préférence?
M. GOLDBLOOM: Je n'ai pas la compétence pour répondre
à cette question, M. le Président. Il faudrait que je
consulte.
M. PAUL: Je ne voudrais pas que vous croyiez que c'est une colle.
L'autorité fédérale a juridiction pour appliquer la Loi
des épizooties. Peut-être que votre conseiller immédiat, le
Dr Bundock, qui a évolué au sein de l'administration
fédérale, pourrait vous suggérer une réponse ou
dire laquelle des deux lois sans qu'elles se chevauchent l'une l'autre
aurait priorité? Est-ce que, conformément à la
motion que nous débattrons jeudi, par coincidence malencontreuse pour le
gouvernement, lorsqu'il voudra appeler la motion de clôture, il devra
nous céder le pas pour discuter d'une motion privilégiée
alors qu'entre autres aspects ce problème pourrait être
soulevé? De toute façon, j'aimerais que le ministre, s'il n'est
pas en mesure de le faire aujourd'hui, puisse le faire parce que je pense bien
qu'il y a risque que nous ne puissions terminer ce soir. Il pourra
peut-être nous donner des renseignements à vol d'oiseau ou dans
les grandes lignes pour que nous puissions savoir à quoi nous en tenir
et quelle peut-être la juridiction de son service dans un tel cas.
M. GOLDBLOOM: J'aimerais dire deux choses, en marge, peut-être, de
la question précise. Il me semble souhaitable que l'application d'une
loi fédérale, dans un domaine de juridiction partagée, ne
se fasse pas sans consultation.
M. PAUL: Est-ce que le ministre conviendra que cela va devenir de plus
en plus difficile? L'honorable premier ministre, dans une entrevue qu'il
accordait à un brillant journaliste du Soleil, disait récemment
que le fédéralisme rentable n'avait pas encore donné tout
ce qu'il espérait et que maintenant, ce serait le "provincial
power".
Est-ce que cela veut dire que tous les ponts seront coupés avec
l'autorité centrale...
M. GOLDBLOOM: Je ne le crois pas, M. le Président.
M. PAUL: ... sous prétexte que nous devons exercer notre
autonomie culturelle?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, on pourrait aller loin avec une
discussion de cette nature. Il est clair que beaucoup de membres de la
fédération canadienne sont intéressés à
réexaminer nos lois, nos relations, nos définitions de pouvoirs.
Dans notre domaine particulier, nous avons joui d'une bonne collaboration. Je
n'ai pas à m'en plaindre. Nous n'avons pas toujours été en
accord avec le fédéral, mais nous avons pu, par discussion,
trouver un terrain d'entente. Quand il s'est agi, dans le domaine
général de la protection de l'environnement, de l'application de
lois, nous avons été consultés. Nous avons pris
l'initiative, dans d'autres cas, de la consultation et l'action a
été conjointe, dans la majorité des cas.
M. PAUL: M. le Président, je sais que nous avons eu l'occasion,
déjà, de discuter, lors de l'appel de l'article 1, de multiples
problèmes relatifs à la pollution. Je ne me rappelle pas si nous
avons demandé au ministre s'il y a déjà eu des rencontres,
au niveau des fonctionnaires du fédéral et du provincial, pour
analyser toutes les implications de ce projet de loi qui nous est soumis
aujourd'hui ou, du moins, si de grands principes ont fait le sujet pas
nécessairement d'accords écrits, mais de conventions à
l'effet que, dans tel ou tel domaine, le provincial pourrait s'occuper de
certains problèmes de préférence à
l'autorité fédérale ou, dans certaines circonstances, de
concert avec l'autorité fédérale.
M. GOLDBLOOM: Nous avons des communications assez
régulières, M. le Président. Nous avons eu des
consultations au niveau des ministres et au niveau des fonctionnaires. Nous
n'avons pas établi un protocole précis d'entente pour dire que
tel palier de gouvernement ferait telle chose, mais dans l'application des
mesures qui sont présentement à notre disposition, nous avons eu
une collaboration qui nous a permis de ne pas gêner le travail de
l'autre, de ne pas mettre en danger l'autorité de l'autre. Ces
rencontres ont été assez nombreuses. Je ne dirais pas que toutes
les rencontres ont porté sur le projet de loi que nous étudions
présentement, mais c'est un des sujets dont nous avons
discuté.
M. PAUL: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 80, adopté?
M. GUAY: Un instant! J'aurais une autre question à poser au
ministre responsable de la qualité de l'environnement. Est-ce que la loi
dont nous discutons ce soir donne suffisamment de pouvoirs au ministre pour
ordonner la démolition d'écuries qui pourraient exister, par
exemple, dans la ville de Québec? On est à l'article 80, qui
parle des établissements agricoles. Vous savez que cela a fait
énormément de discussions au cours de l'incident qui s'est
produit à Québec. Serait-ce l'intention du ministre d'interdire
ou d'ordonner la démolition d'établissements agricoles dans une
ville comme Québec?
M. GOLDBLOOM: Je pense que les articles que nous venons d'adopter
portent sur la démolition de certains immeubles jugés insalubres.
Il faut, selon ce que nous venons d'adopter, une requête à la cour
pour qu'elle émette l'ordonnance. Mais il est certainement prévu
que la municipalité peut porter plainte, ou le directeur, dans le cas de
la démolition possible d'un immeuble. Il y a toujours,
nécessairement, le règlement de zonage de la municipalité,
qui doit être respecté et qui doit être bien
confectionné de façon à protéger les
intérêts des citoyens de cette municipalité.
M. GUAY: Je me disais qu'avant d'aller déranger les agriculteurs,
qui sont en pleine campagne, par l'établissement de normes pour les
édifices agricoles, il faudrait commencer au moins par ce qui est
prioritaire, ce qu'on a vu dans la ville de Québec.
On ajoute à cet article des normes de salubrité concernant
les véhicules. On a discuté au début de machines
agricoles. Est-ce que les machines agricoles sont comprises dans ces
véhicules? On pense, par exemple, à un tracteur de ferme. On vise
plutôt, je pense bien, les véhicules destinés au transport
d'animaux.
M. GOLDBLOOM: Je ne voudrais point être désagréable
à l'endroit du député de Dorchester, mais ce sont
justement des sujets que nous avons discutés à d'autres moments
quand c'était notre collègue de Lévis qui
représentait la formation à laquelle appartient le
député de Dorchester. Et nous avons justement prévu dans
la loi l'autorité pour le ministre, par règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil, d'exempter de l'application de la loi
certaines classes de véhicules pour que, justement...
M. PAUL: Et, chaque fois, vous avez justifié les exemptions que
vous nous proposiez. Et, plus particulièrement, en citant l'exemple du
tracteur de ferme, qui pourrait ne pas être soumis à une
réglementation aussi serrée que le véhicule automobile en
plein centre d'une région métropolitaine.
M. GUAY: J'étais ici quand on a discuté de la question du
tracteur de ferme. Bien sûr, je n'ai pas pu non plus assister à
toutes les autres séances des commissions, étant retenu ailleurs.
Je voulais quand même vérifier si on avait retenu les discussions
ou les amendements qui avaient eu lieu avant cet article.
M. GOLDBLOOM: Et, puisque ce sont les règlements qui
détermineront ce qui sera à appliquer dans les faits, c'est au
niveau des règlements que nous pourrons étudier dans le
détail ce qu'il y aura lieu d'imposer aux véhicules
utilisés en agriculture.
M. GUAY: Alors inclus dans la loi, mais ils pourront être exclus
des règlements.
M. GOLDBLOOM: Inclus dans la loi dans le sens que la loi est
générale, mais la possibilité d'exclusion demeure, et nous
avons insisté pour conserver ce pouvoir d'exclusion.
M. GUAY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 80, adopté tel
qu'amendé. Article 81.
M. GOLDBLOOM: Nous parlons du paragraphe a), n'est-ce pas? D'autant plus
que j'aimerais distribuer un texte légèrement différent
pour les trois paragraphes suivants b), c) et d). Je vous donne b) et c) pour
commencer.
M. PAUL: Je pense que le ministre a voulu, par son amendement, apaiser
certaines inquiétudes que nous avions nourries quant à cette
double juridiction que l'on tentait d'établir, d'une part en vertu des
dispositions de l'article 80 b), et d'autre part en vertu des dispositions du
code des loyers, dont la version nouvelle serait apparemment en voie de
rédaction. Mais je crois que le texte qu'il nous propose est excellent;
j'avais fait un tiret à cet article pour attirer à nouveau
l'attention du ministre.
Dans les circonstances, b) quant à nous, nous convient.
M. GUAY: A b), c'est bien beau, on dit, dans une loi, de
déterminer les conditions d'occupation d'habitations, etc. Les
conditions de salubrité des maisons. Evidemment ça va toucher
énormément d'habitations. On sait ça à
l'avance.
Est-ce qu'il y a eu quand même des mécanismes de
prévus pour reloger les gens qui devront quitter des habitations qui
sont jugées insalubres, d'après la loi? Non seulement insalubres,
mais des établissements qui peuvent être dangereux, etc.
Il va sûrement se produire un problème quelque part.
On va déterminer des conditions de salubrité et des normes
d'occupation des logements et autres habitations. Il va y avoir un
problème financier quelque part. Est-ce que le ministre a
discuté de cette partie de la loi avec le ministère des
Affaires sociales et tous les ministres, pour établir des conditions en
même temps? On est quand même mieux à l'intérieur
d'un taudis que sur le pavé.
M. GOLDBLOOM: Vous remarquerez, M. le Président, que nous avons
modifié la rédaction pour ne plus parler des taudis, en
conformité avec les remarques d'il y a quelques instants du
député de Maskinongé. Nous n'avons pas prévu dans
la Loi de la qualité de l'environnement un mécanisme pour le
relogement des gens qui devraient être déplacés. Mais ce
n'est pas dans la majorité des cas, c'est dans un petit nombre de cas
que ces règlements trouveraient leur application de façon
à déplacer des gens. Ici, il s'agit de donner au
lieutenant-gouverneur en conseil le droit d'établir des
règlements, de dire quelles devraient être les conditions de vie
dans les maisons et immeubles du Québec.
M. GUAY: Ici, je pense qu'on appelle les taudis "autres habitations".
Ils sont compris quelque part dans les normes d'occupation, "des logements ou
autres habitations". On va retrouver dans autres habitations...
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, c'est dans les lois qui
portent sur l'habitation que l'on trouvera une politique d'habitation, une
politique de rénovation urbaine, une politique de banque de logements,
une politique de compensation possible pour des gens qui souffrent de
préjudices; ce n'est pas dans une loi de la qualité de
l'environnement que l'on peut trouver tous ces mécanismes.
M. GUAY: Mais il revient à cette loi d'établir des
normes.
M. GOLDBLOOM: Les normes existent déjà depuis des
années et des années, en vertu de la Loi de l'hygiène
publique, et ce sont ces mêmes normes, que nous appliquons. Il n'est pas
à prévoir que nous changions soudainement et de façon
radicale les normes de salubrité des immeubles. C'est depuis
bientôt 50 ans que l'on a de telles normes et qu'elles sont
appliquées. Il y a toujours des problèmes qui se
présentent et qui doivent être appréciés à
leur juste valeur.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Cela va pour le paragraphe b) de l'article
80? Paragraphe c).
M. GOLDBLOOM: Paragraphe c), M. le Président.
M. PAUL: M. le Président, je dois faire part au ministre de mon
inquiétude. On dit au paragraphe c): Pour réglementer à
l'égard de l'ensemble ou de toute partie du territoire du Québec,
la construction, l'utilisation des matériaux, la localisation... Ce qui
m'inquiète dans cet article, c'est le pouvoir que l'on va accorder au
ministre de légiférer par le mécanisme de
l'arrêté en conseil; je dis bien de légiférer, parce
que je suis toujours contre ce principe de délégation du pouvoir
législatif au pouvoir exécutif. J'ai longuement parlé
là-dessus, je n'ai pas l'intention d'y revenir aujourd'hui; le ministre
m'a répondu que c'était une forme nouvelle de législation.
Mais ça va loin, M. le Président. Je sais que la
compétence l'entoure pour qu'il en soit ainsi; le ministre a l'avantage
d'avoir comme conseiller celui qui, un jour, a été responsable de
toute la politique de la Société centrale d'hypothèques et
de logement au Québec. Supposons que le ministre décide d'adopter
un code du bâtiment; est-ce qu'il conviendra que, théoriquement,
il pourrait le faire en vertu des dispositions de l'article 80 c)?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, parce que l'article 80 c) ne
parle que des installations septiques.
M. PAUL: Pour réglementer à l'égard de l'ensemble
du territoire ou de toute partie du Québec la construction,
l'utilisation des matériaux, la localisation, la relocalisation et
l'entretien des installation septiques...
Je regrette, M. le Président, d'avoir fait perdre le temps de la
commission, mais le ministre a raison. Vous savez, j'aime toujours ça
confesser mon erreur. Je le fais avec beaucoup d'humilité. Quand je
prétends que je ne suis pas dans l'erreur, c'est tout un problème
de me convaincre que je suis dans l'erreur, mais, là, je l'étais,
mes excuses.
M. GOLDBLOOM: Acceptées, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Paragraphe c), adopté.
Paragraphe d)?
M. PAUL: "Déterminer les conditions de salubrité."
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse, M. le Président; c'est un nouvel
alinéa d) qui est tout à fait différent parce que ce qui
parait au texte original a été transféré au projet
de loi 30.
M.PAUL: Alors, à l'avenir, vous ne vous occupez plus des
cadavres?
M. GOLDBLOOM: C'est cela. M. PAUL: Bon!
M. GODLBLOOM: C'est le ministre des Affaires sociales qui s'en
occupe.
M. PAUL: C'est assez lugubre qu'il convient qu'il y en ait seulement un
qui s'en occupe. D'accord.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. GUAY: Je pense que ça revenait au ministre qui a le sourire le
plus difficile.
M. PAUL: Adopté, paragraphe d).
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Paragraphe d) adopté.
Paragraphe e).
M. PAUL: "La distribution de l'eau et de la glace..."
M. BOIVIN: Je voudrais que le ministre s'occupe du transport de la glace
pour les députés. On a toujours des récipients ouverts,
qui traînent souvent à terre. Je lui recommande de faire de la
protection.
M. PAUL: A preuve que, chez certaines gens, cela a un mauvais effet,
regardez-moi. Les récipients quelquefois laissent à
désirer. Qu'on constate, par exemple, de quelle façon nos bureaux
sont nettoyés le matin, quand nous arrivons. Peut-être que vous
pourriez demander au leader du gouvernement d'avoir un oeil ouvert sur tout ce
problème. C'est un homme dynamique, c'est un homme d'action, c'est un
homme polyvalent, c'est un homme de réalisations, un homme têtu
quelquefois, mais c'est normal avec les responsabilités qui sont les
siennes.
M. GUAY: L'article f) tout spécialement va le concerner.
M. PAUL: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Adopté, paragraphe e). Paragraphe
f)?
M. PAUL: Le nettoyage; j'espère que vous n'irez pas
jusqu'à imposer l'utilisation d'un détergent plutôt que de
l'autre.
M. GOLDBLOOM: S'il y en avait un qui était nuisible à la
santé ou à l'environnement, comment ne pas se prononcer
là-dessus?
M. PAUL: Mais est-ce que vous iriez jusqu'à en proscrire
l'utilisation?
M. GOLDBLOOM: C'est possible, M. le Président. C'est
déjà fait par le gouvernement fédéral en certains
domaines.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 80. Adopté. Article 81?
M. BOIVIN: A l'article 81, vous parlez des véhicules et, au
paragraphe a), vous parlez de l'éclairage. Est-ce par cet article que
vous allez réglementer l'éclairage des automobiles, par exemple?
Est-ce que les phares à diode vont être acceptés et
recommandés?
M. GOLDBLOOM: Non, je ne crois pas que ce soit à nous de nous
prononcer sur cela. Le ministère des Transports a ses
responsabilités dans ce domaine.
M. BOIVIN: Est-ce que vous avez le pouvoir, quand même, par ces
articles-là?
M. GOLDBLOOM: On pourrait pousser l'interprétation
jusque-là, mais ce n'est pas du tout notre intention.
Le but de l'article 80 était de protéger les gens qui
habitent normalement certains immeubles. Le but de l'article 81 est de
protéger les travailleurs. Nous pourrions possiblement nous prononcer
sur l'éclairage dans le métro, par exemple, pour ceux qui
travaillent là-dedans. Nous avons déjà été
appelés à nous prononcer sur des conditions de travail dans des
tunnels, par exemple. Ce sont des questions de cette nature. Comme d'autres
articles qui portent sur la réglementation, c'est assez
général mais ce n'est pas notre intention d'être tatillon
et de mettre des bâtons dans les roues d'autres ministères ou de
diverses entreprises.
M. BOIVIN: Est-ce que d'autres ministères y penseront? Ce peut
être important pour la vue. Les gens peuvent avoir des phares
d'automobiles trop forts et ça peut occasionner des accidents.
M. GOLDBLOOM: Exactement, il faut une coordination des activités,
des études et des règlements du ministère des Transports
et des autres ministères quant à la protection de la vue, quant
aux conditions de travail, d'exercice de certaines activités; j'en
suis.
M. BOIVIN: Est-ce que le ministère des Transports a
été consulté? Ce n'est pas le but de l'article, comme vous
le dites.
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas directement le but de l'article, mais nous
avons un comité interministériel avec le ministère des
Transports. Nous impliquons ce comité interministériel
Environnement-Transports dans la discussion de tout ce qui concerne les
véhicules automobiles.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Paragraphe a), adopté. Paragraphe
b).
M. PAUL: Les odeurs, ça va imposer à quelques industries
des dépenses assez onéreuses.. Je pense aux régions comme
Trois-Rivières et le Cap-de-la-Madeleine. Nous avions une usine à
Louiseville même qui se spécialisait dans la fabrication de
fertilisants; elle s'appelait Fertilo. Je ne sais pas si le ministre en a eu
des échos. C'était fabriqué avec du fumier de moutons; pas
besoin de vous dire que ça devait être chauffé à 400
degrés et que, par certains vents, l'odeur était plus ou moins
agréable. Malheureusement, cette compagnie a fait failli-
te, non pas à cause de la qualité du produit mais à
cause de l'intrusion de certaines personnes plus ou moins désirables qui
ont tout simplement sabordé l'industrie. Cela s'appelait Chem Organic
Fertilizers.
C'est tout un défi que le ministre se lance.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le ministre est
nécessairement pris entre deux feux. Il y a le feu de ceux qui se
plaignent des odeurs et le feu de ceux qui gèrent les entreprises et qui
disent: C'est très onéreux pour nous de trouver les
mécanismes parfois fort complexes pour retenir les odeurs, les
neutraliser. Il faut que le ministre sache faire la part des choses.
M. PAUL: A Montréal-Est, par exemple.
M. GOLDBLOOM: Oui, exactement. Il faut viser à une
amélioration progressive, il faut viser à un calendrier
raisonnable pour permettre à l'industrie de s'adapter aux exigences de
la société parce que c'est la société toute
entière qui exige cette amélioration; ce n'est pas simplement un
ministre qui est à Québec. Le ministre, quelquefois, se fait
reprocher de ne pas comprendre les problèmes des gens qui habitent
certains quartiers parce qu'il n'est pas exposé aux odeurs que
connaissent quotidiennement ces gens. Le ministre essaie d'être
compréhensif et de visiter autant de régions que possible pour
établir une échelle de priorités et appliquer un
calendrier raisonnable.
C'est tout ce que je peux répondre.
M. PAUL: Maintenant, s'il y a un domaine où le ministre doit user
de beaucoup de discrétion, c'en est un. Tout en tenant compte de
l'économie et, d'un autre côté, de la
nécessité également d'intervenir pour protéger
l'environnement ou la vie des résidents de ces secteurs.
J'attends la remarque sans doute hilarante que voudra faire le ministre,
parce que je le vois sourire. J'attends ses commentaires.
M. GOLDBLOOM: Je voulais simplement demander si je dois
interpréter les remarques du député de Maskinongé
comme une invitation dans son comté pour sentir les odeurs.
M. PAUL: Ah! vous pouvez non seulement sentir les odeurs, mais
même venir avec votre nez de politicien. Vous allez vous apercevoir que
je suis fort. Vous n'avez pas encore été invité?
M. GOLDBLOOM: Non.
M. PAUL: Je m'engage devant cette commission, pour prouver toute
l'estime, l'amitié que je porte au ministre responsable de la
qualité de l'environnement, à trouver l'occasion pour l'inviter
dans ma région.
M. GOLDBLOOM: Je remercie le député de
Maskinongé.
M. PAUL: D'abord, il y a beaucoup de travail à faire. Depuis
1970; surtout, les problèmes de pollution se multiplient chez nous,
malgré le travail gigantesque du ministre. Vous pouvez être
sûr, M. le ministre, que je vais vous inviter, et j'espère que
vous vous ferez accompagner de quelques hautes personnalités pour donner
l'impression d'une force lorsque vous viendrez, pour en autant et c'est
là, M. le Président, que je vais être obligé de
faire une réserve que le ministre que désignera le
lieutenant-gouverneur en vertu des articles 77 et 78 sera mon excellent ami, le
député de D'Arcy-McGee, comme étant celui-là qui
aura charge de l'application de la politique de la qualité de
l'environnement.
M. GOLDBLOOM: L'histoire nous le dira.
M. PAUL: A ce compte-là, mon invitation suivra ou ne suivra
pas.
M. GUAY: J'invite également le ministre responsable de la
qualité de l'environnement...
M. PAUL: S'il vient, il n'ira pas chez vous, il viendra chez nous
d'abord.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): C'est plus pollué chez vous?
M. GUAY: Je l'invite à venir sentir mon comté, mais avant
ça, j'aimerais savoir s'il y a une façon de réduire les
odeurs provenant des industries de pâtes et papier.
M. GOLDBLOOM: II y en a une, et ces industries, ces usines travaillent
très fort, dans bien des cas, pour réussir à diminuer leur
odeurs. J'en ai visité où le travail est bien avancé et
où, déjà, il y a un certain succès.
M. BOIVIN: M. le ministre, est-ce qu'on peut considérer que
l'odeur est si polluante? C'est plus désagréable que dangereux.
Alors, il serait peut-être plus important que vous visitiez le Saguenay
avant les deux autres comtés.
M. GOLDBLOOM: Le député de Dubuc a raison. Il y a beaucoup
d'odeurs qui ne sont à peu près pas nocives. Il y a, par contre,
des polluants qui peuvent être dangereux, qui n'ont pas d'odeur et qui ne
sont pas aperçus. Par exemple, le monoxyde de carbone.
M. BOIVIN : C'est plus désagréable en fait que
dangereux.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. GUAY: Par exemple, les odeurs dégagées par les
procheries sont-elles nocives?
M. GOLDBLOOM: Non. A ma connaissance, ces odeurs ne sont pas nocives,
mais elles sont parmi les plus désagréables.
M. GUAY: Ce n'est pas nocif. Je sais que chez nous les gens ne s'en
plaignent pas. Remarquez bien qu'on s'y habitue facilement.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Paragraphe b), adopté. Paragraphe
c)?
M. PAUL: C'est malheureux que je n'aie pas lu l'article plus vite...
Mais ça ne fait rien...
M. GOLDBLOOM: En effet.
M.PAUL: Rien que votre présence a déjà
bonifié l'atmosphère. Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Paragraphe c), adopté. Paragraphe
d)?
M. GUAY: Au paragraphe c), pour la température des locaux, est-ce
que vous irez jusqu'à imposer l'obligation, par exemple, de maintenir
des pièces chauffées entre telle ou telle température?
M. GOLDBLOOM: S'il s'agit de protéger la santé des
travailleurs, oui. Le député de Dorchester me demande
jusqu'où nous irons.
La réponse, c'est oui, nous irons jusqu'à protéger
la santé des travailleurs et jusqu'à protéger
l'environnement.
M. GUAY: Ce ne sera pas facile. Disons qu'une construction prend forme.
On est justement dans la période où il fait très froid.
Bien sûr, ce n'est pas à tout coup que la santé des gens
peut être mise en danger. Mais il y a des situations où les gens
peuvent être dans des courants d'air, ils peuvent prendre des rhumes.
Là, la santé des travailleurs va être mise en danger. Mais
est-ce que le ministre peut obliger, par exemple, une entreprise ou un
entrepreneur à installer un système de chauffage qui va
élever la température avant même que la construction soit
terminée?
M. GOLDBLOOM: Ce sont des choses qu'il faut prévoir. Mais il faut
aussi exercer, par la suite, un contrôle régulier. Nous pouvons
exiger des systèmes de chauffage. Nous pouvons exiger des
systèmes de ventilation. Nous pouvons même exiger des
systèmes de climatisation pour procurer aux travailleurs des conditions
vivables de travail.
M. GUAY: Est-ce que, par exemple, un député pourrait
porter plainte à l'Assemblée nationale l'été, quand
il fait très chaud, et obliger le ministre responsable de la
qualité de l'environnement à installer un système de
climatisation? Je prends des cas extrêmes tout le temps.
M. GOLDBLOOM: II s'agit, ici, d'établir des normes. Je pense que
oui, si la preuve était donnée que les conditions de travail des
députés en Chambre n'étaient pas satisfaisantes, puisque
le gouvernement et ses organismes sont liés par la loi. Nous pourrions
formuler une recommandation auprès du président de
l'Assemblée nationale pour la climatisation de l'enceinte
parlementaire.
M. GUAY: Vous pouvez recommander, mais est-ce que vous pouvez
exiger?
M. GOLDBLOOM: Oui. On pourrait exiger.
M. GUAY: On verra peut-être, au cours de l'été
prochain, si réellement la loi...
M. GOLDBLOOM: Si la demande est formulée et si le ministre n'y
donne pas suite, il y a toujours le Protecteur du citoyen.
M. GUAY: Merci.
M. SAINT-GERMAIN: Vous avez le cas, M. le Président, des maisons
où les locateurs signent des baux à l'effet qu'à telle
date on ne chauffe plus. Il y a un système de chauffage unique pour
toute la construction. Il y a quelquefois des froids continus pendant trois ou
quatre jours et il n'y a pas de chauffage. Cela est dommageable pour la
santé des enfants, des bébés et ainsi de suite. Ce sont
des clauses, â mon avis, qui ne devraient pas être permises mais
qui existent en fait.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, de c) à j), est-ce que le
ministre n'a pas l'impression qu'il empiète quelque peu sur la
juridiction de la Commission des accidents du travail?
M. GOLDBLOOM: Pas tellement de la commission mais du ministère du
Travail.
M. PAUL: Est-ce qu'il a consulté son collègue le ministre
du Travail et de la Main-d'Oeuvre?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Je conviens d'une chose: c'est un excellent ministre.
D'ailleurs, il a été formé par nous, spécialement
par celui qui vous parle. Ses premiers rudiments de procédure
parlementaire, c'est moi qui ai eu l'honneur de les lui dispenser, et je suis
fier de mon élève. C'est une excellente "plorine".
M. GOLDBLOOM: Voici, M. le Président... UNE VOIX: Ce n'est pas
gentil.
M. PAUL: Ce n'est pas gentil? Il n'y a aucune insulte là-dedans.
C'est le premier ministre qui nous traitait de "plorines", et il est venu
arracher cette "plorine" de chez nous. Il en aurait besoin d'autres pour se
renforcer un peu.
M. SAINT-GERMAIN: On pourrait vous demander comment il se fait que vous
ne l'avez pas gardé.
M. PAUL: Ecoutez, c'est un spécialiste dans les élections
partielles: élection partielle dans Saint-Jacques, élection
partielle dans Chambly. C'est pour cela qu'on l'a pardu aux élections
générales. C'est parce que ce n'était pas une
élection partielle.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, pour revenir au sujet, c'est assez
complexe. Il y a des éléments qui pourraient se retrouver dans la
juridiction du ministre du Travail et d'autres qui pourraient se retrouver dans
la juridiction du ministre responsable de la qualité de l'environnement.
J'ai dit, à plusieurs reprises, qu'il y a une coordination à
faire pour qu'il y ait, c'est hautement désirable, une seule
équipe d'inspecteurs et qu'il y ait coordination entre les
activités des divers ministères. C'est la seule façon de
résoudre le problème.
M. PAUL: M. le Président, j'ai bien l'impression que la plupart
des clauses qu'on retrouve, de c) à j), doivent faire l'objet de
nombreux griefs des syndicats, par suite de certaines
irrégularités ou certains dangers qu'on peut retrouver dans le
milieu environnant le travail.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, nous recevons effectivement des
plaintes des syndicats, sur les conditions de travail. Notre service
d'hygiène industrielle fait l'enquête. Il la fait en collaboration
avec le ministère du Travail. Au besoin, le rapport est envoyé au
syndicat, à l'employeur et au ministre du Travail.
M.PAUL: D'accord, M. le Président, sur le paragraphe c).
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le paragraphe d).
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Peut-on adopter les autres?
M. PAUL: Un instant.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Paragraphe e).
M. PAUL: Le paragraphe f), je me demande si c'est un paragraphe utile,
si nous nous référons au paragraphe f) de l'article 80, où
il est dit que le lieutenant-gouverneur en conseil peut adopter des
règlements pour réglementer l'entretien des endroits publics et
prendre toute mesure concernant la propreté et le nettoyage de
ceux-ci.
A l'article 80, on dit: La propreté et le nettoyage.
M. GOLDBLOOM: La distinction est entre les endroits publics, à
l'article 80, et les lieux de travail, qui ne sont pas
nécessairement...
M. PAUL: Un lieu de travail n'est-il pas public? D'abord, chaque lieu de
travail est soumis à la Loi de l'inspection des bâtiments, qui
relève du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Je n'y tiens pas plus que cela. Ce n'est pas que je veuille
faire rayer l'article.
M. GOLDBLOOM: Je pense que c'est un cas de trop fort ne casse pas.
M.PAUL: Oui. Surtout que vous en avez tout un paquet. Vous pouvez
être sûr que vous ne casserez pas. Il n'y a qu'une chose. J'ai bien
peur qu'à un moment donné vous soyez écrasé, si
vous voulez atteindre tout cela. Vous allez passer pour le plus grand ministre
depuis la Confédération, si vous réalisez tout cela. Je
vous le souhaite.
M. GOLDBLOOM: Merci.
M. PAUL: Vous savez, "la fleur de l'idéal pousse sur les sommets
et les découragés qui dorment à mi-côte y
rêvent toujours sans l'atteindre jamais", dixit Louis Veuillot.
J'espère que vous serez capable de franchir le calvaire qui se dresse
devant vous, pour être en mesure de résoudre tous les
problèmes qui découlent des activités industrielles au
Québec.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je reconnais le risque
d'écrasement, mais je voudrais répondre au député
de Maskinongé en empruntant son propre style: Ce n'est pas à
l'occasion de ma visite dans son comté que je serai
écrasé.
M. PAUL: Absolument pas! Absolument pas! J'ai même quasiment
espoir de vous convertir politiquement.
M. le Président, j'ai une suggestion à faire. C'est que
nous suspendions quelques minutes pour prendre un café...
UNE VOIX: Ventiler.
M. PAUL: ... ventiler. Nous finissons le chapitre. Nous sommes rendus
à l'article 82. L'article 81 est adopté.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article 81 en entier est
adopté?
M. GUAY: Non, à l'article 81, j'aurais...
M. PAUL: Vous commencez peut-être. Etes-vous dans l'équipe
Z-3, peut-être? Je ne le sais pas.
M. GOLDBLOOM: C'est à l'intérieur des...
M. BOIVIN: Au sujet des installations sanitaires, je sais qu'il y a des
lois du travail ou des exigences pour les plombiers. Cela va concorder,
n'est-ce pas?
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement. Nous avons cette brochure-ci, M. le
Président, qui est publique.
M. BOIVIN: Cela va avec la Corporation des plombiers.
M. GOLDBLOOM: Je le pense bien, oui, C'est vérifié avec le
ministère du Travail, qui doit tenir compte des conventions
collectives.
M. BOIVIN: Un code du bâtiment ne remplacerait-il pas toutes ces
choses?
M. GOLDBLOOM: Peut-être un jour, M. le Président.
M. BOIVIN : Vous avez les corporations professionnelles, qui arrivent
avec leur réglementation sur l'électricité, sur la
plomberie, sur la protection de l'ouvrier.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il va sans dire que, chaque fois
que l'on pose un geste législatif, il faut chercher la concordance avec
tout ce qui existe déjà. C'est ce que nous avons fait. Nous avons
vérifié les codes des diverses professions, des divers
métiers auxquels le député de Dubuc a fait allusion.
M. GUAY: J'aurais une question à poser au paragraphe f ). Le
député de Maskinongé y a touché tantôt.
Est-ce que le ministre responsable de la qualité de l'environnement
irait jusqu'à recommander, pour le nettoyage, des produits
biodégradables, c'est-à-dire des produits chimiques
antipolluants?
M. GOLDBLOOM: C'est une question qui a été posée
tout à l'heure. La réponse est nécessairement oui. Si l'on
me demande, par exemple, si l'on va remplacer, du jour au lendemain, un produit
par un autre, je dirai qu'à moins de raisons majeures pour le faire, on
agirait de façon à permettre l'écoulement des
approvisionnements existants avant d'insister sur l'utilisation exclusive de
produits d'une nature différente. Mais, à part cela oui,
certainement.
M. GUAY: Vous pourriez exclure des produits qui portent atteinte
à la santé et, par contre, recommander certains produits non
polluants ou antipolluants.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. PAUL: II faut que le ministre soit extrêmement prudent, parce
que non pas lui personnellement mais Sa Majesté la reine
pourra se voir poursuivie si pas hasard il y avait discrimination ou une
décision trop arbitraire et non prouvée scientifiquement.
C'est un pouvoir que l'on accorde au ministre, mais je suis presque
convaincu qu'il ne sera probablement pas utilisé. Les compagnies,
d'abord, ne sont pas intéressées à avoir toute la
publicité dont elles pourraient bénéficier si, par hasard,
l'un de leurs produits était proscrit ou défendu sur le
marché. Je pense qu'elles s'appliqueront avec empressement à
corriger leurs produits pour qu'ils rencontrent les normes de
sécurité publique, comme de santé publique.
M. GOLDBLOOM: D'accord. M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, l'article 81?
M. GUAY: Au paragraphe g), est-ce que, dans le domaine du bruit, il n'y
a pas déjà une loi qui interdit la vente de certains objets
bruyants, par exemple, de pétards, etc? Est-ce qu'il y a
déjà une réglementation là-dessus?
M. GOLDBLOOM: Nous arriverons, d'ici à quelques articles,
à la section qui porte sur le bruit. Il y a certaines lois comme celle
de l'hygiène publique.
M. PAUL: II y a beaucoup de règlements municipaux. Tous les
jours, on voit qu'un tel a été condamné pour "crissage" de
pneus. C'est une forme de bruit. Il y a aussi les silencieux défectueux.
De plus en plus, on essaie d'éviter les bruits insolites. Les seuls
bruits insolites dans lesquels se complaise le gouvernement, c'est de continuer
son projet de loi 62.
M. GUAY: Mais est-ce qu'on ne peut pas appeler ça de l'infrason?
D'accord.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 81, adopté?
M. PAUL: Adopté.
M. GOLDBLOOM: J'aurais quelques retouches additionnelles à cette
section, mais je suggère que nous acceptions la proposition du
député de Maskinongé pour quelques minutes et que nous y
revenions.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): La commission suspend ses travaux
jusqu'à dix heures dix.
(Suspension de la séance à 22 h 5)
Reprise de la séance à 22 h 29
LE PRESIDENT (M. Seguin): A l'ordre, messieurs!
Article 82? Le ministre responsable de la qualité de
l'environnement.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je m'excuse, avant d'arriver
à l'article 82, il y a trois éléments à apporter
à la section précédente, c'est-à-dire à la
section dont nous venons de terminer l'étude.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Alors, "considérés dans le cas
des articles 72 à 74 s'appliquent mutatis mutandis".
M. GOLDBLOOM: C'est à l'article 67, c'est une concordance;
ensuite, M. le Président, il y a un article additionnel qui suivrait
l'article 77 et qui deviendrait un nouvel article 78.
M. PAUL: M. le Président, voudriez-vous laisser votre fauteuil?
On ne rétrogradait pas avec l'ancien et, là, on retourne en
arrière.
LE PRESIDENT (M. Seguin): L'article 78 se lit comme suit: "Sans
restreindre les pouvoirs du ministre à cet égard, il est du
devoir des municipalités d'exécuter et de faire exécuter
les règlements du lieutenant-gouverneur en conseil, adoptés en
vertu de l'article 80, et aucun permis de construction, de réparation ou
d'agrandissement ne peut être émis par une municipalité si
le projet de construction, de réparation ou d'agrandissement n'est pas
en tous points conforme à ces règlements ou à tout
règlement municipal portant sur l'une ou l'autre des matières
visées par l'article 80 et approuvées conformément
à l'article 117."
M. PAUL: L'article 117, c'est la publication dans la Gazette
officielle.
M. GOLDBLOOM: Et l'approbation des règlements municipaux par le
ministre.
M. BOIVIN: Est-ce que vous maintenez les règlements de
construction actuels qu'il y a dans les municipalités?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. BOIVIN: Ce n'est pas ça qui va les autoriser; elles sont
autorisées par le code municipal à faire des règlements de
construction et de zonage.
M. PAUL: A défaut d'un règlement qui n'aurait pas
été approuvé, c'est le règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil qui devrait être appliqué.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. PAUL: Et que les municipalités devront faire appliquer. Mais
il y a peut-être des implications financières qui vont devenir
gênantes et embarrassantes pour les municipalités.
Article 78, on garde ce numéro temporairement. On ne l'avait pas
adopté, l'article 78?
M. GOLDBLOOM: Non. L'article 78 est disparu.
M. PAUL: Ah c'est vrai, très bien. Je vais le rayer.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Le tout est conforme. Adopté. Article
82.
M. GOLDBLOOM: Article 81 a) qui suivrait l'article 81.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 81 a): "Tout règlement
municipal portant sur l'une ou l'autre des matières visées
à l'article 81 doit être soumis au ministre pour approbation. Il
entre en vigueur dès qu'il est approuvé par le ministre. L'avis
de cette approbation est publié sans délai dans la Gazette
officielle du Québec. 81 a)."
M. GOLDBLOOM: C'est parce qu'il s'agit ici d'un domaine plus
spécialisé que les autres et concerne l'hygiène
industrielle. Le but est d'exercer un contrôle un peu plus serré
sur la réglementation municipale que dans d'autres cas. C'est pour cela
que, nonobstant l'existence de l'article 117, il a été
jugé préférable par les légistes d'avoir un article
spécial à ce sujet.
M. BOIVIN: Le ministre, c'est le ministre de l'Environnement.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. BOIVIN: Alors les municipalités, désormais, vont avoir
un autre ministre à part celui des Affaires municipales?
M. GOLDBLOOM: Quand il s'agit de transport, c'est le ministre des
Transports, et quand il s'agit de Bien-Etre social, c'est le ministre des
Affaires sociales.
M. BOIVIN : A l'article 78, on est allé un peu vite. On en a
parlé longuement cet après-midi, mais que tout soit à la
charge de la municipalité, pour faire la preuve, moi je trouve ça
un peu dur. Le député de Maskinongé en a dit un mot, mais
je me demande, moi, si c'est acceptable pour toutes les
municipalités.
Là c'est la municipalité, vous le dites bien clairement.
Cet après-midi, dans les articles qu'on avait, ce n'était pas
clair. Il semble que vous l'ayez éclairci, mais vous avez chargé
les municipalités de faire la preuve.
M. GOLDBLOOM: Mais c'est l'obligation pour la municipalité de
suivre les règlements du lieutenant-gouverneur en conseil ou de
faire
approuver ses propres règlements si elle veut agir
différemment.
M. PAUL: Sur les matières décrites ou inscrites à
l'article 80.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. BOIVENT: Elle ne peut agir différemment, c'est-à-dire
qu'elle ne peut pas faire de règlements qui dépassent les
règlements du lieutenant-gouverneur en conseil. Il faut qu'elle agisse
dans les cadres des règlements, mais vous...
M. GOLDBLOOM: II y a des raisons qui peuvent motiver une
municipalité, surtout une importante municipalité, à avoir
des règlements plus sévères, et à les
appliquer.
M. BOIVIN: Toujours dans les cadres.
M. GOLDBLOOM: Sur les sujets indiqués à l'article 80.
M. BOIVIN: Alors là c'est clair.
Vous obligez les municipalités à faire la preuve que c'est
pour leur propre réglementation, ce qui serait normal, mais en plus vous
les obligez à faire la preuve pour ceux qui manquent aux
règlements du lieutenant-gouverneur.
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président. Ce que l'on dit à la
municipalité c'est simplement ceci: Vous recevez une demande de permis
de construction. Vous êtes obligés d'examiner et d'évaluer
cette demande de permis. Il faudra que vous fassiez cet examen à la
lumière des règlements du lieutenant-gouverneur en conseil, pas
à la lumière d'autres règlements. Si vous avez vos propres
règlements approuvés par le ministre en vertu de l'article 117,
là vous pouvez les appliquer. Au lieu d'avoir de la pagaille à
cause de l'absence de réglementation ou à cause d'une très
grande divergence entre les règlements municipaux, on dira: Voici les
règlements provinciaux dans ce domaine-ci qui concerne la
salubrité des immeubles, pas dans tous les domaines de construction.
M. PAUL: M. le Président, avant d'adopter l'article 81, je me
permettrai de m'interroger pour que le ministre puisse me répondre.
Est-ce que le ministre a l'intention de faire réimprimer sa loi avant de
produire son rapport à l'Assemblée nationale? Je comprends que le
délai pour ce faire, avant l'ajournement ou la prorogation prévu
pour le 23 décembre, est très court. D'un autre
côté, est-ce que le ministre peut réaliser les
difficultés que nous allons avoir pour étudier le rapport que le
rapporteur officiel devra préparer conformément à notre
nouveau règlement?
M. GOLDBLOOM: Nous avons pris en considération cette idée.
Je ne voudrais pas m'y engager de façon absolue ce soir mais nous
pensons très sérieusement à le faire.
M. PAUL: Si, par hasard, le délai était trop court pour
avoir une impression officielle ou définitive du texte, parce qu'il y a
toujours un travail technique nécessaire, je me demande si on ne
pourrait pas copier un texte et le polycopier ensuite pour en distribuer
quelques copies aux différents partis de l'Opposition et même aux
députés ministériels qui seraient intéressés
à avoir le texte définitif à l'occasion de l'étude
du rapport de certains amendements possibles et de la troisième lecture
de la loi.
M. GOLDBLOOM: Je pense que c'est une demande raisonnable.
M. PAUL: Je verrais mal, avec tous les papiers que nous sommes
obligés de trainer en Chambre, de les sortir un par un.
M. GOLDBLOOM: Certainement, M. le Président.
M.PAUL: Si on en perd un, on pert tout. Adopté, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Adopté. Article 82.
Protection contre les rayonnements et les autres
agents vecteurs d'énergie
M. BOIVIN: On ne voulait pas, l'autre soir, qu'il y ait de
différends entre le fédéral et le provincial
là-dessus. Vous nous aviez démontré que la
compétence de celui qui aura à se servir de ces facteurs
d'énergie, relevait du fédéral et que la province avait le
droit de légiférer en ce qui regarde les lieux, la façon
de s'en servir.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 83?
M. PAUL: II y aurait peut-être une motion à faire sur les
premiers mots de l'article : "Quiconque possède ou utilise une source de
rayonnement", par référence au code civil qui dit à
l'article 411: "Quiconque a une source dans son fonds a le droit de
l'exploiter". Je me réserve tout autre commentaire sur cet article, tout
en invitant l'honorable président à considérer cet article
adopté, quant à nous.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, avant de l'adopter, j'aimerais
suggérer que l'on rétablisse dans l'article une allusion qui
était dans la version originale. Qu'à la troisième ligne
on dise "... en faire la déclaration au directeur et en faire usage
conformément..." etc.
M. LEGER: Pourquoi le ministre voudrait-il absolument qu'il en fasse une
déclaration au directeur? Je voyais que cela manquait...
M. GOLDBLOOM: Pour que le directeur puisse tenir un registre des sources
de rayonnement pour pouvoir les contrôler. C'est aussi simple que
cela.
M. BOIVIN: Et faire les inspections. Je crois que c'est
nécessaire.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. LEGER: Est-ce qu'il veut dire qu'il y aura une pénalité
quelconque dans les règlements si la déclaration n'est pas
faite?
M. GOLDBLOOM: Oui. D est prévu qu'une amende pouvant aller
jusqu'à $500 soit demandée à la cour pour contravention de
tout article de la loi, sauf ceux pour lesquels une amende différente
est prévue.
LE PRESIDENT (M. Seguin): M. le ministre, sans vouloir interrompre la
procédure, à l'article 83, vous avez fait une suggestion. Je n'ai
pas eu le temps de la copier. A quel endroit doit-elle être inscrite?
M. GOLDBLOOM: C'est à la troisième ligne de l'article.
Après le mot "faire", on ajouterait "la déclaration au directeur
et en faire usage conformément..." et l'article continue avec le texte
qui est là.
M. BOIVIN: Cela veut dire que ceux qui font le commerce d'appareils
rayons-X de toutes sortes seront obligés de faire la déclaration
ou bien si c'est celui qui achètera l'appareil qui fera la
déclaration?
M. GOLDBLOOM: Celui qui possède l'appareil. Celui qui l'utilise.
Le propriétaire ou celui qui l'utilise, s'il n'est pas
propriétaire.
M. PAUL: Est-ce que cela ira aussi loin que d'obliger les
hôpitaux, par exemple, à faire leur déclaration dans ce
sens?
M. GOLDBLOOM: Non, parce que les hôpitaux et les cabinets de
consultation des médecins et des dentistes sont exclus de l'application
de cette loi et seront...
M. BOIVIN: On va voir cela plus loin, je pense.
M. LEGER: Est-ce par règlement ou s'il y a un autre article?
M. BOIVIN: Je pense qu'il y a quelque chose, mais on le verra plus loin,
si cela existe encore. Je me demande s'il est nécessaire de mettre cela.
D y a encore une référence au bill no 30.
M. GOLDBLOOM: Oui, justement, c'est dans l'autre projet de loi que les
établissements et les cabinets de consultation seront visés.
M. LEGER: A quel endroit les hôpitaux, les médecins et les
bureaux de consultation sont-ils exclus?
M. PAUL: En vertu de la Loi des hôpitaux et du bill no 65.
M. GOLDBLOOM: C'est à l'article 85, à la page suivante, M.
le Président, je l'avais perdu.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Adopté tel qu'amendé.
M. GUAY: J'aimerais poser une question au ministre. Je l'ai omise
tantôt. A l'article 82 on parlait de pression et à l'article 83,
on parle d'autre chose.
Quant on parle de pression, est-ce que cela voudrait dire que les
appareils servant à comprimer de l'air, par exemple, entrent dans la
loi?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président, s'il y avait un danger
quelconque, un effet néfaste sur l'environnement ou une menace à
la santé. D'ailleurs, ces appareils produisent beaucoup de bruit. Nous
aurons l'autorité de réglementer le bruit.
M. GUAY: L'article 83 parle de toute personne qui utilise, en fait, une
source d'énergie quelconque. Est-ce que tous ceux qui possèdent
un compresseur d'air seraient tenus de le déclarer au ministre? Cela
impliquerait toutes les stations de service.
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président. S'il s'agit d'un compresseur
qui est utilisé pour faire fonctionner certains équipements, je
ne crois pas que ce soit nécessaire. Il s'agit de l'utilisation de
rayonnements de diverses sortes pour des fins diverses. Je pense que si l'on
utilisait un compresseur pour l'émission d'énergie, à des
fins que j'arrive difficilement à m'imaginer, cela pourrait être
couvert par ceci. Mais il ne s'agit pas de tous les compresseurs qui existent
pour faire fonctionner de la machinerie.
M. GUAY: D'accord.
M. GOLDBLOOM: Adopté, M. le Président, avec
l'amendement?
LE PRESIDENT (M. Seguin): L'article 83, adopté. Article 84?
M. GOLDBLOOM: Ce sont les règlements.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Vous ne voyez pas d'inconvénient,
messieurs, à ce que l'on ouvre une couple de fenêtres. Je trouve
qu'il fait chaud.
M. PAUL: Non, non! D'ailleurs, c'est de la compétence du
ministre, la température.
LE PRESIDENT (M. Seguin): La pollution.
M. PAUL: On a vu ça ce soir.
M. GOLDBLOOM: Le projet de loi n'est pas encore adopté et le
ministre n'est pas désigné.
M. GUAY: L'article 81, étant adopté...
M. PAUL: Que cela prend donc du temps à accoucher !
LE PRESIDENT (M. Seguin): Nous sommes à l'article 84, si vous
voulez, messieurs. Article 84 a)? Adopté. Article 84 b)?
M. PAUL: C'est la reproduction de quel chapitre de nos statuts, M. le
Président?
M. GOLDBLOOM: La Loi de l'hygiène publique.
M. PAUL: La Loi de l'hygiène publique. Très bien.
M. GUAY: "Déterminer toutes normes sécuritaires
jugées nécessaires", cela va faire un grand champ au ministre qui
devra en surveiller l'application.
M. BOIVIN: Vous devez inspecter si l'organisation est bonne pour
manipuler ces rayons. Mais est-ce que la valeur de celui qui va les manipuler
relève du ministère responsable de la qualité de
l'environnement?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président. M. BOIVIN: Cela va relever de
qui?
M. GOLDBLOOM: La compétence professionnelle est jugée par
d'autres.
M. BOIVIN: Est-ce que vous allez pouvoir décerner un permis, par
exemple, sans vous assurer que celui qui va manipuler va avoir les
connaissances suffisantes? Qui va s'en charger?
M. GOLDBLOOM: Il me semble, M. le Président, que nous devrions
exiger la présence d'une personne compétente pour exploiter cette
source d'énergie, avant d'accorder un permis en vertu de cet
article.
M. PAUL: II faudra s'assurer, en certains cas, qu'ils sont membres d'une
corporation professionnelle. Nous avons entendu 145 mémoires, sur le
code des professions et les lois connexes. On y a parlé de toutes sortes
de permis et de toutes sortes de spécialités.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il ne serait pas bon, pour que ce soit bien
déterminé, d'inclure ici que celui qui aura à faire
fonctionner ces appareils devra être muni d'un permis qui prouve qu'il
est capable de les manipuler?
Ce n'est pas tout que d'avoir l'organisation.
M. GOLDBLOOM: Je crois que ce sont d'autres lois qui doivent voir
à cela, M. le Président.
M. BOIVIN: Quelles autres lois? Est-ce que ce sont des lois du
fédéral?
M. PAUL : Non. Les futures lois du code des professions, affectant la
corporation professionnelle de chacune des spécialités.
M. BOIVIN: II me semble que le ministre Castonguay nous avait dit qu'on
en ferait l'objet d'une loi principale, la manipulation de l'énergie.
C'est peut-être celle-là.
M. GOLDBLOOM: C'est possible, oui.
M. BOIVIN: Si c'est celle-là, je voudrais bien qu'on mentionne
quelque chose sur celui qui aura à faire fonctionner les appareils. Il
peut y avoir une installation parfaite mais que celui qui aura à les
manipuler n'ait pas de diplôme. Cela peut être un physicien, cela
peut être un médecin, cela peut être un dentiste, cela peut
être un ingénieur.
M. GUAY: Cela peut être un médecin
vétérinaire.
M. BOIVIN: Cela peut être un médecin
vétérinaire. Il y a plusieurs personnes qui...
M. GUAY: Cela pourrait peut-être, dans l'avenir, être un
chiropraticien.
M. BOIVIN: Cela, j'en doute.
M. PAUL: Si mon collègue veut entreprendre une lutte
là-dessus, je suis prêt.
M. BOIVIN: Je voudrais bien savoir quelle loi permettrait de rattacher
cela à l'article 84 a). Est-ce une loi provinciale ou une loi
fédérale? Vous m'avez dit, l'autre jour, que même le
fédéral participait à l'instruction de ceux qui ont
à manipuler ces rayons.
M. GOLDBLOOM: Nos inspecteurs aussi reçoivent des cours.
M. BOIVIN: Du fédéral?
M. GOLDBLOOM: Oui, du fédéral.
Je pense que j'ai maintenant les réponses, M. le
Président. Premièrement, quant à la formation, il y a deux
niveaux, même trois, si l'on parle des professions de la santé.
Mais l'article suivant exclut de l'application de cette loi les
établissements de santé.
Il y a des cours donnés par le gouvernement
fédéral. Ces cours s'appliquent à nos inspecteurs
et à d'autres personnes qui veulent se spécialiser dans la
manipulation des appareils à rayonnement, par exemple.
Deuxièmement, le ministère de l'Education forme des
techniciens, en radiologie et autres, et décerne des certificats de
compétence dans ces domaines.
L'autre réponse, c'est que justement, au paragraphe a) de
l'article 84, qui a été modifié pour se lire "régir
la possession de toute source de rayonnement", il faudra que le
règlement dise: "Seuls ceux qui sont détenteurs de certificats de
compétence peuvent posséder des appareils de cette nature". C'est
au niveau des règlements, qui seront, comme dans les autres cas, des
règlements publics et publiés, qu'il faudra définir la
compétence exigée des personnes en question.
M. BOIVIN: Ne vaudrait-il pas mieux que ce soit dans la loi?
M.PAUL: Ce serait assez difficile, dans la loi.
M. GOLDBLOOM: Ce serait un peu difficile de le mettre dans la loi.
M. PAUL: C'est à cause de tous les pouvoirs que chacune des lois
des corporations professionnelles détiendra en vertu de son acte
constitutif, c'est-à-dire que la loi particulière accordera
à ces corporations professionnelles. C'est plutôt, dans les
circonstances, une nécessité que ce soit par arrêté
en conseil que l'on détermine les conditions d'émission de
permis. Je pense que c'est préférable.
M. BOIVIN: Je vais vous donner un exemple. Disons qu'un médecin a
un appareil de rayons-X dans son bureau et, après le décès
du médecin, que cet appareil reste en place. Il faudrait
même s'il est propriétaire de cet appareil que cet appareil
disparaisse pour que d'autres membres de la famille ou d'autres personnes ne
subissent pas des irradiations.
Cela va dans les cas limites. Vous savez combien nous avons de
problèmes avec ça. C'était rendu chez les bottiers.
M. GOLDBLOOM: Sauf que, dans un cabinet de médecin, c'est le
ministre des Affaires sociales qui assure la surveillance. Et la succession
d'un médecin doit être prévue de façon à
protéger ceux qui demeureront là après sa mort.
M. BOIVIN: Comme ses dossiers, d'ailleurs. Mais les rayons-X, c'est bien
important.
M. GOLDBLOOM: Nous sommes parfaitement d'accord sur la
nécessité d'exiger une compétence professionnelle. Mais je
pense que nous devons être d'accord sur le fait que c'est par
arrêté en conseil que nous devrons le préciser.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Je pourrais faire remarquer, sans prendre part
au débat, que le premier mot "régir", nécessairement
inclut ces choses-là dans la réglementation à venir qui
sera attachée à la loi. Le mot "régir" dit
nécessairement la fonction que doit avoir la réglementation. Ce
sont des cas où je pense que la réglementation est...
Paragraphe a), adopté. Paragraphe b).
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Paragraphe c).
M. PAUL: Quitte à corriger le chiffre 83.
M. GOLDBLOOM: Oui.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Paragraphe d).
M. PAUL: Est-ce que le ministre pourrait nous donner un exemple
d'incidents qui pourraient se produire...
M. GOLDBLOOM: Qui ne serait pas nécessairement un accident, qui
pourrait être le résultat d'un mauvais exercice de jugement.
M. PAUL: Savez-vous, M. le ministre, avant que tous vos
règlements soient faits, ça va prendre du temps.
M. GOLDBLOOM: Si l'on dit "tous les règlements", oui, mais nous
parlons ici de règlements qui existent et qui sont appliqués
depuis de nombreuses années, qui resteront en vigueur en vertu du projet
de loi 30 qui prévoit que les règlements de la Loi de
l'hygiène publique continuent d'avoir leur effet.
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Paragraphe e).
M.PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Paragraphe f), avec modifications.
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Nouveau paragraphe g).
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 84, adopté.
M. GUAY: J'aimerais demander au ministre si l'article 84 couvre
l'utilisation du rayon laser.
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement, c'est un vecteur d'énergie.
M. GUAY: D'accord, merci.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 84, adopté. Article 85.
M. BOIVIN: Je me demande pourquoi on exclut toute l'affaire de la
santé.
M. GOLDBLOOM: Pour qu'il n'y ait pas de chevauchement entre les deux
lois, M. le Président.
M. BOIVIN: Je comprends mais tout votre système d'inspection, il
n'y a pas tellement d'ingénieurs qui se servent de ça. Il y a nos
institutions hospitalières, c'est clair, mais il y a tous les bureaux
où vous les ferez faire en vertu de la loi de l'hygiène. Pourquoi
réglementez-vous et qu'on les exclut?
M. GOLDBLOOM: C'est parce que les lois administrées par le
ministre des Affaires sociales visent l'ensemble des activités dans les
hôpitaux et un certain nombre d'activités dans des cabinets de
consultation. Je l'ai dit déjà, les services d'inspection seront
les mêmes, ce seront nos inspecteurs qui iront vérifier. Mais le
rapport, dans le cas d'un hôpital ou d'un cabinet de consultation, sera
envoyé au ministre des Affaires sociales, dans le cas d'autres
établissements, d'autres sources de rayonnements, au ministre
responsable de la qualité de l'environnement. C'est la seule
différence.
M. BOIVIN: Si ce sont vos inspecteurs, pourquoi les excluez-vous?
Obligez-vous à faire rapport au ministre des Affaires sociales.
M. GOLDBLOOM: Question de formule, M. le Président.
M. BOIVIN: C'est parce qu'il y a deux ministères dans ça.
Pour les inspecteurs, ça prend des gens spécialement
préparés, ce sont des inspecteurs très
spécialisés.
M. PAUL: Vous en avez plus.
M. BOIVIN: Vous n'en avez pas plus, vous allez en avoir moins qu'eux
autres, c'est bien clair.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je donnerai une réponse
bien simple. Nous avons, à plusieurs reprises au cours du débat,
discuté de la question des consultations entre ceux qui ont
préparé ce projet et des représentants d'autres
ministères. Dans ce cas-ci, il y a eu consultations, c'est l'entente qui
a été conclue entre les deux ministères.
M. BOIVIN: II n'y a pas de danger que quelqu'un passe entre les deux
ministères?
M. GOLDBLOOM: Je ne le crois pas, M. le Président; ici on parle
des hôpitaux et d'autres établissements, on parle de laboratoires.
Quant à l'utilisation des rayons dans d'autres secteurs
d'activité, c'est directement notre responsabilité.
M. BOIVIN: Je préférerais, comme vous dites, que ce soit
vos inspecteurs qui inspectent tous ces appareils; je laisserais
peut-être au ministère des Affaires sociales la possibilité
de voir à ce que ceux qui mettent en action ces rayons aient la
compétence; je laisserais toute l'inspection à votre
ministère, quitte à faire rapport au ministère
concerné. Faites-en ce que vous voulez, c'est ma suggestion.
M. GOLDBLOOM: C'est ce qui se fait et c'est ce qui se fera. Mais la loi
dit que l'autorité pour agir devant un rapport fourni par l'inspecteur,
dans le cas d'un hôpital, c'est le ministre des Affaires sociales. C'est
ce que dit l'article. Le rapport est soumis à lui, c'est à lui
d'agir dans le cas d'un hôpital. Dans nos discussions, le ministre des
Affaires sociales a dit simplement : Les hôpitaux sont ma
responsabilité, s'il y a quelque chose qui ne va pas, c'est à moi
d'agir. Donc, cette loi exclut ces établissements.
M. BOIVIN: Le ministère des Affaires sociales ne souffre pas que
d'autres ministères rentrent sous sa coupole.
M. GOLDBLOOM: Quant à l'administration hospitalière, je
pense que les administrateurs préféreraient avoir affaire
à un ministère plutôt qu'à plusieurs.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 85, adopté avec la
modification. Section 10, article 86.
Le bruit
M. PAUL: Est-ce que le ministre a l'intention de s'occuper du
problème des motoneiges qui, dans de nombreuses municipalités
troublent la quiétude des gens à des heures indues? En second
lieu, il y a aussi le problème des motards qui circulent dans nos villes
et qui dérangent énormément la population paisible,
surtout à des heures indues.
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président, en collaboration avec le
ministère des Transports. C'est à une équipe conjointe de
voir à la surveillance de ces activités. Nous avons
participé à la rédaction du récent règlement
sur la motoneige et nous avons l'intention de collaborer avec le
ministère des Transports pour rendre possible la protection des oreilles
des Québécois.
M. PAUL: M. le Président, en parlant du ministère des
Transports, pourrais-je profiter de la présence de l'éminent
conseiller de l'honorable premier ministre pour lui demander de former au plus
tôt la commission des trans-
ports? Ce n'est pas parce que j'ambitionne un poste de prestige comme
ceux que prévoit la loi, mais il faudra que le gouvernement se
décide à agir.
M. BERTHIAUME: J'en parlerai à mon ministre demain.
M. PAUL: C'est bien pour le coup que ça va encore rester
là. Depuis le mois de juillet on nous dit que c'est urgent. Il aurait
fallu que la loi soit adoptée hier, puis on a adopté la loi avant
l'ajournement d'été, au mois de juillet, et le ministre n'a pas
encore bougé. Peut-être que son voyage en Russie va le stimuler.
Surtout s'il est passé par la Place rouge, où il devait se sentir
au sein du Parti libéral.
M. GOLDBLOOM: Même si le député de Maskinongé
ne cherche pas un poste, est-ce qu'il en accepterait un?
M. PAUL: M. le Président, si vous saviez comme je commence
à réaliser que j'embarrasse les libéraux. Presque toutes
les semaines, j'ai des offres de promotion ou de "démotion". Voyez-vous,
encore le ministre, mon bon ami le député de D'Arcy-McGee...
LE PRESIDENT (M. Seguin): Qu'est-ce qui vous empêche...
M. PAUL : Bien, disons que je n'ai pas encore la satisfaction du devoir
accompli. Mais, je retiens l'invitation du ministre et lorsque je serai mal
pris, j'irai sonner à la porte de son domicile ou de son... ah bien non,
il ne sera plus ministre, ce sera plutôt à la porte de son
domicile, pour recevoir tout le secours que mon état d'indigence pourra
commander.
Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Adopté. Article 87.
M. PAUL: A l'intérieur, ça va être tout un cadeau.
Je pense aux tisserands qui travaillent à l'usine The Associated Textile
of Canada Limited à Louiseville. Comment allez-vous être capable
d'empêcher le bruit de ces machines? Il faut toujours être
réaliste.
M. GOLDBLOOM: D'accord, pour être réaliste, nous ne sommes
pas toujours en mesure de réduire le bruit des machines, mais dans ces
cas nous sommes en mesure de recommander le port de protecteurs pour les
oreilles. Nous avons déjà commencé des consultations avec
l'industrie au niveau du mouvement syndical et au niveau du patronat
également. Nous avons impliqué les infirmières
industrielles, nous avons impliqué des universitaires qui
étudient les problèmes de l'ouïe et les problèmes de
la machinerie et nous avons l'intention d'établir à
l'échelle du Québec et c'est en voie d'être
établi maintenant un programme de protection de l'ouïe des
travailleurs, soit par des dispositifs pour réduire le bruit, soit par
l'insistance sur la protection directe des oreilles quand il n'y a pas moyen de
faire autrement.
M. PAUL: Ce qui va arriver c'est que les employés ne pourront
plus communiquer du tout entre eux durant leur travail ou en surveillant leur
machinerie, à moins qu'on les invite à se procurer des
"walkies-talkies" qui ont bien fait parler d'eux au cours du printemps
dernier.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si l'on n'agit pas pour
protéger leurs oreilles présentement, pendant leurs années
de travail, ils ne seront plus en mesure de communiquer avec qui que ce soit
plus tard dans leur vie et il n'y aura pas d'appareil auditif pour corriger
cette situation. Il faut accepter certains inconvénients quant à
la chaleur occasionnée par le port des protecteurs, quant aux
difficultés de communications, parce que, quand on est sourd à
l'âge de 50 ou 60 ans, ce n'est pas drôle.
M. PAUL : Pauvre ministre qui va être pris pour imposer des
casques dans les usines!
M. GOLDBLOOM: Il va sans dire que le ministre peut faire son possible.
Nous avons déjà un problème grave: les travailleurs
n'acceptent pas facilement de porter ces appareils. Il me semble que l'on veut
aller jusqu'à un certain point, et la responsabilité devient
individuelle et personnelle après ce point-là. Nous allons
fournir les conseils, nous allons établir les programmes c'est
déjà en bonne voie de réalisation et ce sera aux
travailleurs individuels de prendre ensuite leurs responsabilités.
Je profite de l'occasion pour souligner que si la recommandation est
faite par le ministre en vertu de règlements et de normes
adoptées en bonne et due forme, la compensation, en vertu de la Loi des
accidents du travail, par exemple, ne sera pas disponible aux travailleurs qui
auront refusé, malgré les recommandations des autorités en
place, de porter les protecteurs.
M. PAUL: Est-ce que cela ira jusque-là? Vous ne pouvez plus en
discuter avec le président de la CAT, il n'y a plus de président.
Nous allons vers le futur.
M. GOLDBLOOM: Nous avons cependant...
M. PAUL: Comme vous connaissez bien le député de Drummond,
ce sera facile d'établir le contact avec lui pour régler tous ces
problèmes.
M. GOLDBLOOM: Nous avons eu le plaisir d'avoir un commissaire
très expérimenté médecin en même temps
de la Commission des accidents du travail, lors de notre récente
rencontre avec tous les intéressés.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Je crois qu'on a discuté des
sous-articles a) et b).
M. GOLDBLOOM: Par le paragraphe b) on répond à la question
posée tout à l'heure par le député de
Maskinongé au sujet des motoneiges et des motocyclettes.
M. GUAY: M. le Président, si vous permettez. A l'occasion de la
comparution des audiolo-gistes à la commission parlementaire du code des
professions, plusieurs questions ont été posées
relativement à cela. Il a été également question
des dommages causés aux oreilles si je peux m'exprimer ainsi
de certains membres d'orchestre de musique psychédélique.
La loi vous permettra-t-elle de réglamenter également ce
point.
M. GOLDBLOOM: D'établir des normes, certainement, de recommander
des conditions de travail ou de recommander le port de protecteurs dans
certains cas. La perte de l'ouie, chez les musiciens professionnels, dans le
secteur dit populaire surtout, depuis un certain nombre d'années, est un
problème réel et inquiétant.
On remarquera qu'au paragraphe b ) on parle d'instruments. Je pense que
le mot "instrument" veut dire en même temps instrument musical.
M. GUAY: D'ailleurs, je pense bien que c'est la recommandation le
port d'appareils protecteurs des audiologistes qui sont venus à
la commission parlementaire, si vous avez pris connaissance des
débats.
M. PAUL: Avec tout ce qui est visé par ces lois, les
appareillages mis en place, les permis obtenus, le bruit disparu, on va avoir
l'impression de vivre dans un paradis terrestre, à moins d'entrer en
communauté.
M. GOLDBLOOM: Est-ce qu'on a le choix entre les deux?
M. PAUL: J'aimerais encore mieux retourner au paradis terrestre.
J'aurais bien aimé connaître Adam et Eve.
M. GOLDBLOOM: Au moins Eve.
M.PAUL: C'est beau! Tout le monde est contre le péché pour
la vertu. Adopté.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que c'était le cas d'Adam et Eve?
M. PAUL: ... elle était bonne. Droit d'appel
LE PRESIDENT (M. Seguin): Section XI. Appel. Article 88?
Adopté?
M. PAUL: Si vous le permettez, on va le lire. Vous savez que ce n'est
pas bon, aller trop vite. Ce n'est pas bon pour le coeur. C'est une sorte de
pollution de l'organisme.
LE PRESIDENT (M. Seguin): C'est vrai. Je n'avais pas pensé
à cela.
M. PAUL: Vous savez, ceux qui veulent aller vite, parfois, ils sont
exposés à être mis en tutelle.
LE PRESIDENT (M. Seguin): II y a une période de 90 jours pour
considérer le problème.
M. GOLDBLOOM: J'aimerais attirer l'attention des membres de la
commission sur le fait que je voudrais ajouter quelques mots à la fin du
deuxième alinéa, quand vous serez rendu là dans votre
lecture.
M. PAUL: On ne peut pas accepter cela: "Toute municipalité ou
personne visée par une ordonnance émise par le directeur..." On
l'a sabotée, l'ordonnance du directeur. J'attire votre attention
là-dessus. Il ne faut pas rétrograder. C'était à
l'article 30.
M. GOLDBLOOM: Nous pourrions dire "une décision du
directeur..."
M. PAUL: C'est le mécanisme d'appel. C'est le ministre, parce
qu'on va... Un instant! C'est délicat. Je me demande si on ne doit pas
mettre "décision" plutôt que "ordonnance".
M. GOLDBLOOM: Le mot "décision", faisant allusion au même
fait paraît à la quatrième ligne.
M. BOIVIN: Même pour une ordonnance du ministre, il y a un
appel?
M. GOLDBLOOM: Non. C'est un principe.
M. PAUL: C'est pour ça que cet article est extrêmement
délicat et dangereux. Il faut respecter l'autonomie du ministre; ce
serait indécent qu'on puisse faire censurer une décision
ministérielle. C'est inconcevable.
M. BOIVIN: Oui, mais, si le ministre a des pouvoirs judiciaires, cela
dépend de la réglementation qu'on a faite.
M. PAUL: Je suggérerais de remplacer "ordonnance" par
"décision".
M. GOLDBLOOM: Aux deux autres endroits dans cet alinéa, on se
sert du mot "décision".
M. PAUL: "Peut en interjeter appel", plutôt que garder:...
M. GOLDBLOOM: Oui, c'est cela.
M. PAUL: ... "interjeter appel de la décision..." ' Toute
municipalité ou personne visée par une décision
émise par le directeur, en vertu de la présente loi, peut en
interjeter appel devant la Commission municipale..." Je suggère
cela.
M. GOLDBLOOM: D'accord.
M. PAUL: Le génie, qu'est-ce que vous en pensez? Je savais qu'on
viendrait me mettre du bois dans les roues.
M. BOIVIN: Dans le cas d'une municipalité, cela suit la ligne,
mais, dans le cas d'une personne, elle n'a pas affaire avec la Commission
municipale.
M. GOLDBLOOM: C'est le mécanisme que nous prévoyons parce
que la Régie des eaux est fondue dans la Commission municipale. La
personne a, jusqu'à maintenant, le droit d'interjeter appel devant la
Régie des eaux du Québec, si elle est visée par une
décision.
M. BOIVIN: Alors, son tribunal, dans le cas présent, ce sera la
Commission municipale, même si ce n'est pas une municipalité.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. M. BOIVIN: D'accord.
M. PAUL: M. le Président, je me demande si, à toutes fins
pratiques, le premier paragraphe est nécessaire en vertu de la nouvelle
économie que nous avons adoptée lorsque nous avons
accepté, après discussions sérieuses, que le ministre
devait être la voix d'autorité et que lui seul pouvait
émettre des ordonnances.
Comme c'est le ministre, conscient de ses responsabilités, qui
rendra une décision, je soumets respectueusement qu'il ne devrait pas y
avoir d'appel à la Commission municipale.
M. GOLDBLOOM: Si l'on s'arrête au mot "ordonnance", il est entendu
que nous avions réservé l'application de ce mot à la
fonction du ministre. Il y a quand même des décisions qui sont
prises par le directeur, qui devraient être sujettes à appel.
C'est le principe que nous avons voulu présenter dans la loi.
Les légistes soulignent que, dans la deuxième ligne, le
mot "décision" serait peut-être trop général. On ne
voudrait pas que toute décision du directeur, prise dans l'exercice de
ses fonctions pour l'application de la présente loi, soit sujette
à appel. Ce seraient plutôt celles qui sont l'équivalent
d'une ordonnance.
M.PAUL: Toute municipalité ou personne visée par une
décision... J'avais le terme, mais je l'ai perdu.
M. BOIVIN: II me semble que nous avions bien discuté ça et
que le mot "ordonnance" relevait toujours du ministre.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. Nous cherchons un substitut.
M. BOIVIN: A cause de la ligne d'autorité. M. GOLDBLOOM: C'est
cela.
M. LEGER: M. le Président, dans "toute municipalité ou
personne visée par une décision du directeur", est-ce que le mot
"visée" veut dire que, si elle a subi non pas nécessairement une
injustice, mais cette décision, elle peut interjeter appel ou si c'est
une personne ou une municipalité précise qui fait partie de la
loi? Quelle est la définition précise du mot "visée" dans
ce paragraphe?
M. GOLDBLOOM: Une personne ou une municipalité qui a
été l'objet de la décision du directeur.
M. LEGER: Qui a subi une décision? M. GOLDBLOOM: Oui. M. LEGER:
Dans le sens de subir? M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LEGER: Et non pas les personnes mentionnées déjà
ou telle municipalité mentionnée. C'est celle qui a subi une
action du ministère.
M. BOIVIN: II faudrait faire un autre paragraphe pour l'ordonnance du
ministre, à l'effet que ce serait sans appel.
M. PAUL: M. le Président, je comprends les difficultés de
messieurs les conseillers. Je me demande si on ne les contournerait pas en
disant ceci: Toute municipalité ou personne visée par une
ordonnance non motivée, émise par le directeur en vertu de...
M. GOLDBLOOM: Quel est le sens que le député de
Maskinongé donne à l'expression "non motivée"?
M. PAUL: II faudra que le directeur motive sa décision, dise
pourquoi il rend telle décision, pour permettre l'appréciation
des faits et pour permettre à l'individu de se prévaloir des
erreurs de droit ou de fait.
M. GOLDBLOOM: Sûrement, M. le Président. Le simple fait,
pour le directeur, de motiver une décision ne devrait pas priver la
personne visée de son droit d'appel.
M. PAUL: Cela ne la privera pas. Mais, par exemple, cela la
modérera peut-être dans son
appel. Cela la brimera peut-être dans sa première
réaction de dire: Je vais aller en appel.
Vous savez, quand on plaide et qu'on reçoit le jugement je
parle un peu d'expérience et je fais surtout appel à mes
souvenirs passés de la cour Supérieure ou de la cour
d'Appel je n'avais pas, cependant, toute la compétence du juge
Fournier qui, lui, a vécu dans le rayonnement de la cour Suprême
la première réaction, si on a perdu sa cause, est la
suivante: Quel maudit jugement c'est là. La première
réaction, souvent, était de dire: Nous allons en appel! Mais le
lendemain ou deux jours après, quand nous prenions le temps d'analyser
le jugement et que nous suivions le raisonnement, la motivation, la
justification, les raisons de droit, l'analyse des faits qui avaient permis au
juge d'en venir à une telle conclusion, très rarement nous
donnions suite à notre premier mouvement de mécontentement ou de
réaction en prenant connaissance du jugement.
M. GOLDBLOOM: Je comprends ce que le député de
Maskinongé veut dire, mais je crois que l'expression "non
motivée" n'aurait pas sa place dans cet article, parce que l'article
dit: "Si les motifs de fait ou de droit invoqués au soutien de la
décision sont erronés".
M. PAUL: Cela présume qu'il y en aurait eu. M. GOLDBLOOM: C'est
cela.
M. BOIVIN: Pourquoi le terme "décision" serait-il trop large?
"Décision" ou "ordonnance"...
M. PAUL: Si c'est un appel futile, la Commission municipale en disposera
vite.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Si c'est un appel futile à sa face même ou si
c'est tout simplement pour obtenir un délai, si c'est un appel
dilatoire, un instant! la Commission municipale en disposera assez
rapidement.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. GUAY: Ne pourrait-on pas remplacer le terme suggéré par
le député de Maskinongé par "non justifiée"? Non
plus?
M. GOLDBLOOM: Non. Voyez-vous, M. le Président, il faut tenir
pour acquis que le directeur motivera ses décisions. J'emploie le mot
"décisions" pour l'instant. Il faut tenir pour acquis qu'il croira ses
décisions justifiées dans chaque cas. Autrement, il ne les
rendrait pas. Donc, ce n'est pas en suggérant qu'il aurait
intentionnellement rendu une mauvaise décision que l'on peut dire: A ce
moment-là, on peut interjeter appel. Il faut permettre à la
personne visée d'interjeter appel si elle croit que des
éléments de fait ou de droit sont...
M. BOIVIN: Incompatibilité de caractère. C'est bien
expliqué par les cinq dernières lignes, mais à la
condition que vous laissiez les mots "par une décision émise par
le directeur".
M. LEGER: Est-ce que je pourrais revenir au ministre? Tantôt, le
ministre n'a pas répondu à la question précise que j'avais
posée. Vous étiez pris avec un autre problème.
Quand vous dites: "Toute municipalité ou personne
visée..." C'est le mot "visée". Supposons que la décision
rendue par le directeur est erronée je comprends qu'il y a des
termes légaux si c'est une personne qui est visée
ça peut être une personne morale comme une industrie elle
peut interjeter appel.
Si c'est une municipalité et que les citoyens qui ne sont pas
satisfaits veulent revenir contre le directeur ils doivent passer par la
municipalité parce que c'est elle qui est visée d'après
l'article. Si un groupe de citoyens veulent interjeter appel de la
décision, est-ce qu'ils doivent nécessairement passer par la
municipalité? Et, si la municipalité ne veut pas interjeter
appel, est-ce qu'un goupe de citoyens peut le faire, même si on n'en
parle pas ici? Ces groupes ne sont ni une personne ni une municipalité;
ce sont des citoyens à l'intérieur d'une municipalité qui
ont subi peut-être cette injustice. Si le conseil ne veut pas bouger,
est-ce qu'ils peuvent le faire avec cet article?
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le député de Lafontaine vise la
situation où les citoyens seraient en désaccord sur un permis
donné ou sur le refus d'un permis?
M. LEGER: Pas nécessairement. J'expose cela de façon bien
théorique; la municipalité est visée par une ordonnance ou
une décision du directeur, quelle qu'elle soit. Je n'ai pas de cas
particulier.
Je veux simplement voir le problème que des citoyens dans une
municipalité vivent souvent du fait que leur conseil municipal est plus
ou moins habile, renseigné, capable de défendre ces
projets-là. On a vu cela à Val-David. Je ne fais pas
référence à Val-David. Je donne un exemple où le
conseil municipal était réellement limité dans ses
possibilités de compréhension d'une situation et ne voulait pas
bouger.
Est-ce que les citoyens ne devaient pas nécessairement passer par
le conseil municipal qui ne voulait pas bouger dans cette circonstance, pour
différentes raisons, valables ou non? D'après l'article 88, c'est
la municipalité seule qui peut interjeter appel, parce qu'on ne parle
pas de citoyens à l'intérieur d'une municipalité.
La personne peut être représentée par une industrie.
Elle va interjeter appel, car elle est mentionnée ici.
M. BERTHIAUME: Un groupe de citoyens comme celui dont il parle est une
personne morale.
M. LEGER: Mais ce n'est pas eux qui sont visés dans
l'article.
M. BERTHIAUME: Oui, on dit "personne" ici. C'est une personne morale ou
une personne physique.
M. LEGER: Oui, mais une "personne visée"
M. BERTHIAUME: C'est compris. Quand on dit "personne", on veut dire
habituellement les deux, nécessairement.
M. LEGER: Je ne le pense pas.
M. BOIVIN: J'ai à l'idée une expérience qui a
été vécue dans une municipalité. Quand une
ordonnance est publiée et que le conseil municipal ne veut pas marcher,
les conseillers et le maire deviennent responsables personnellement.
Vous parliez de Val-David. S'il y a un danger de pollution ou
d'épidémie et si le conseil ne prend pas une ordonnance, il y a
du danger que chaque membre du conseil soit responsable personnellement?
M. LEGER: S'il y avait une poursuite?
M. BOIVIN: II peut y avoir un cas de typhoïde et danger d'une
épidémie de typhoïde. Si le conseil ne marche pas il a une
ordonnance. Il peut emprunter de l'argent sans référendum; cela
lui donne tous ces pouvoirs. S'il ne marche pas moi-même je l'ai
fait et je n'étais pas dans le conseil chaque conseiller est tenu
responsable de tout ce qui peut arriver. Le ministre ne peut pas faire autre
chose que sortir l'ordonnance et le conseil ne peut pas faire autre chose que
marcher.
M. LEGER : Le point précis que je veux faire ressortir, c'est que
je ne pense pas, comme le député de Laprairie semble le dire, que
le mot "personne visée' couvre cela. Quand il y a eu une ordonnance
contre une municipalité, c'est elle qui est visée, et non pas
nécessairement des individus comme tels. La personne morale, c'est le
conseil municipal qui représente les citoyens.
Si le conseil municipal, pour une raison politique ou autre, ne veut pas
bouger on voit dans des petites municipalités des
rivalités politiques; pour différentes raisons, parce qu'un tel
n'est pas de leur allégeance politique un groupe de citoyens qui
trouvent que cette ordonnance est injuste et qui voudraient interjeter appel,
légalement, ne peuvent pas le faire, parce que ce n'est pas eux qui sont
visés; c'est le conseil municipal qui lui est légalement
habilité pour parler pour et au nom de ces citoyens. S'ils ne veillent
pas parler, est-ce que les citoyens sont limités par le fait que le
conseil ne veut pas bouger ou est-ce qu'ils peuvent interjeter appel
eux-mêmes ou renverser l'hôtel de ville?
M. BOIVIN: La municipalité, c'est le conseil municipal.
M.GOLDBLOOM: Oui, mais je pense qu'il faut examiner ce que nous avons
devant nous en ce moment. Nous avons un directeur qui a pour fonction de
protéger l'environnement. Ce directeur émet une directive
quelconque, il prend une décision et des citoyens ne sont pas d'accord
sur cette décision. Premièrement, ces citoyens peuvent demander
une enquête; deuxièmement...
M. LEGER: Auprès du conseil consultatif ou auprès du
directeur?
M. GOLDBLOOM: Auprès du ministre, du directeur, du conseil
consultatif. Le groupe de citoyens peut faire sortir tout cela à la vue
de tout le monde. Quand le député de Lafontaine pose
l'hypothèse que ce serait le conseil municipal qui n'aurait pas voulu
agir, je pense bien qu'il veut dire que le conseil municipal n'aurait pas voulu
agir pour protéger l'environnement.
M. LEGER : Non, pas nécessairement.
M. GOLDBLOOM: Le directeur aurait visé la protection de
l'environnement. Le conseil municipal pourrait dire: Vous allez trop loin, nous
protestons contre votre décision, ce n'est pas réaliste de
demander à notre petite municipalité de faire telle et telle
chose pour protéger l'environnement. Je pense bien que les citoyens
seraient en désaccord avec leur conseil municipal...
M. LEGER: Et qu'est-ce qu'il arrive là?
M. GOLDBLOOM: ... et appuieraient la décision du directeur.
M. LEGER: Mais si c'est l'inverse?
M. GOLDBLOOM: Ils trouveraient peut-être que le directeur n'allait
pas assez loin. Je peux le comprendre, mais...
M. BOIVIN: Ordinairement, il y a un désaccord avec les municipes
quand c'est sur une dépense. Les municipes pourraient ne pas être
satisfaits et dire: Vous allez dépenser $200,000. Le conseil municipal,
à la suite d'une ordonnance, n'a pas le choix, c'est un ordre; s'il ne
le fait pas, ordinairement les municipes protestent parce que le conseil s'en
va vers une dépense. Il a le droit de dépenser sans
référendum.
M. GOLDBLOOM: II faut souligner aussi que le pouvoir du directeur
à l'endroit des municipalités est fort limité, surtout
avec les modifications que nous avons apportées au projet de loi. Le
directeur est essentiellement limité à agir dans le domaine
où une municipali-
té veut entreprendre une activité en-dehors de son propre
territoire ou là où il s'agit d'une certaine concertation, une
certaine activité intermunicipale. A cause de l'implication de plus
d'une municipalité, on prévoit un appel devant la Commission
municipale pour que cette commission puisse trancher le litige entre les
diverses municipalités. A part cela, ce n'est pas au directeur de
prendre des décisions à l'endroit des municipalités, c'est
au ministre et il n'y a pas d'appel.
M. LEGER: C'est juste sur l'aspect de techniques d'interjection
d'appels. Est-ce que...
M. BOIVIN: Donnez-nous un exemple.
M. LEGER: Je n'ai pas d'exemple précis, mais peut-être
que...
M. BOIVIN: Expliquez-nous l'affaire de Val-David.
M. LEGER: Je ne sais pas si ça s'applique exactement. A
Val-David, une compagnie venait creuser des trous sur le territoire de la
municipalité, dans le but de faire de l'asphalte ou du ciment pour les
routes. Elle a creusé des trous; le conseil de ville n'avait pas fait un
règlement de zonage et à ce moment-là il ne pouvait pas se
servir d'un règlement municipal pour empêcher cette chose. Ils ont
fait appel au ministre de la qualité de l'environnement qui, lui, a
passé par un règlement, je pense, de la régie...
M. GOLDBLOOM: C'est le sous-ministre des Affaires sociales qui a
émis une ordonnance.
M. LEGER: Bon, alors c'est une ordonnance. Mais je ne pense pas que
ça s'applique exactement. C'est l'inverse dont je veux parler, c'est
s'il y a une ordonnance qui oblige une municipalité à telle ou
telle chose et que des citoyens de cette municipalité ne sont pas
d'accord sur cette ordonnance. Ils voudraient interjeter appel parce que les
motifs invoqués au soutien de la décision sont erronés.
Les citoyens croient que c'est le cas, qu'ils auraient gain de cause parce que
c'est une décision qui n'est pas bien prise par le directeur. Ce serait
la municipalité qui, d'après cet article-là, pourrait
interjeter appel.
Ici on dit "municipalité ou personne visée". Les citoyens
ne sont pas ceux qui ont été visés, c'est la
municipalité qui a été visée comme telle. Alors,
est-ce que le groupe de citoyens peut, à la place du conseil municipal,
à la place des municipalités, interjeter appel? C'est juste le
conflit, la méthode d'être...
M. BOIVIN: Je croirais que les municipalités iraient voir le
ministre. Elles demanderaient une entrevue au ministre et le ministre recevrait
ces citoyens, ferait faire une enquête et si la chose n'est pas
sérieuse, le ministre n'émettrait pas son ordonnance. Quand
l'ordonnance est émise, il y a déjà plusieurs
consultations, ç'a passé déjà par plusieurs
consultations. Alors, juridiquement peut-être qu'ils n'interjetteraient
pas appel, mais il y aurait une consultation avec le ministre.
Quand le ministre émet une ordonnance, pour l'avoir vécu
plusieurs fois moi,...
M. LEGER: Mais là, ce n'est pas le ministre.
M. BOIVIN: Non, non! mais ordinairement, il a des visites en dehors du
conseil municipal.
M. LEGER: Ce sont juste les moyens légaux qu'un groupe de
citoyens peut prendre pour interjeter appel contre leur municipalité,
alors que le conseil municipal ne veut ou ne peut pas bouger.
M. BOIVIN: Evidemment, le ministre est un homme élu, et avant
d'émettre une ordonnance, il y pense à deux fois. Bien sûr
qu'il reste une chose...
M. LEGER: Vous n'allez pas assez loin. Ici, d'après l'article,
c'est quand l'ordonnance est déjà émise. Après
ça, comment interjeter appel? C'est la personne visée, qui peut
être une personne morale qui a été visée directement
par cette chose, une industrie, entre autres, peut le faire, d'après
l'article 88. Une municipalité peut le faire, d'après l'article
88, par son conseil municipal, mais est-ce qu'un groupe de citoyens peut le
faire s'il n'est pas satisfait de la façon dont le conseil de ville
agit.
M. GOLDBLOOM: M. le Président,...
M. PAUL: Si vous me permettez, juste sur ce point-là, le
député de Lafontaine ne doit pas oublier que nous n'avons pas,
dans notre système juridique, de "class action".
M. LEGER: De quoi?
M. PAUL: De "class-action".
M. LEGER: Oui d'accord.
M. PAUL: Vous savez ce dont je veux parler? Alors n'ayant pas cette
reconnaissance d'initiative judiciaire, le groupe de citoyens ne peut pas agir
comme tel, parce que nous n'avons pas cette reconnaissance de
l'intérêt commun ou de groupe. Celui qui va prendre une action
doit avoir un intérêt.
M. LEGER: II faut qu'il le fasse par une personne seule?
M. PAUL: Oui, alors c'est pour ça que le "class action" n'aurait
pas pu résoudre le problème de Saint-Jovite...
M. LEGER: De Val-David.
M. PAUL: De Val-David, parce que le système de "class action"
n'est pas reconnu dans notre droit.
M. LEGER: Un individu peut le faire. M. PAUL: Oui.
M. LEGER: Mais dans le cas ici, admettons qu'un groupe de citoyens parle
au nom d'une personne ou une personne au nom d'un groupe de citoyens, est-ce
qu'il peut le faire à la place de la municipalité?
M. PAUL: On me signale que dans le cas de l'injonction prise au nom des
résidents du secteur Taché de Hull, c'est une dame, madame
Brossard qui a été obligée de prendre la procédure
en son nom personnel. Si le "class action" avait été reconnu en
droit, dans notre système judiciaire, c'était le plus bel exemple
d'action qui aurait pu être prise. Mais malheureusement notre
système juridique ne reconnaît pas...
M. LEGER: Quand une élection est contestée, c'est encore
une personne qui peut le faire.
M. PAUL: Une seule personne.
M. LEGER: Est-ce que la personne peut le faire à la place de la
municipalité?
M. GOLDBLOOM: II faut, premièrement, tenir compte de
l'application très limitée de cet alinéa en ce qui
concerne les municipalités, je l'ai explicitée tout à
l'heure. Le champ d'action pour le directeur à l'endroit des
municipalités est devenu extrêmement restreint.
Deuxièmement...
M. PAUL: Je suis sensible à cette dernière partie des
remarques du ministre, parce que j'allais justement entrer dans la voie qu'il
vient de me tracer.
M. GOLDBLOOM: Deuxièmement... UNE VOIX: II faudrait que...
M. PAUL: M. le Président, quand on travaille et qu'on essaie de
faire beaucoup plus de bruit avec la tête qu'avec les pieds, le passage
n'a pas besoin d'être large.
M. LEGER: II faut que la tête soit assez grosse pour laisser
passer...
M. PAUL: Oui, mais quand on tombe dans des problèmes purement
intellectuels, je comprends que le député de Lafontaine soit un
peu égaré dans ce dédale.
M. LEGER : Je suis le corridor.
M. GOLDBLOOM: Deuxièmement, quand un ou des citoyens sont
insatisfaits devant une décision prise ou pas prise par le conseil
municipal, ils se trouvent dans la même situation que devant une
décision prise ou pas prise par le ministre; ce sont les
élections suivantes qui sont l'appel. C'est le principe qui a
été adopté par la commission au cours du débat sur
le projet de loi.
Troisièmement, la réponse la plus positive et constructive
que je puisse donner au député de Lafontaine, c'est que si des
citoyens ne sont pas satisfaits des actions de leur municipalité pour la
protection de l'environnement, ils peuvent invoquer l'article 27 qui se lit
comme suit: Le ministre peut, après enquête, ordonner à une
municipalité d'exercer les pouvoirs relatifs à la qualité
de l'environnement que confère à cette municipalité la
présente loi ou toute autre loi générale ou
spéciale."
Les citoyens s'adresseront au ministre et si le ministre est convaincu
que la municipalité n'a pas respecté ses responsabilités,
il peut obliger la municipalité à agir et si elle n'agit pas, le
ministre peut remplacer la municipalité et agir à sa place.
M. LEGER: Est-ce que ce ne serait pas une bonne chose que le conseil
consultatif de l'environnement puisse tenir des audiences
régulières où chaque groupe de citoyens pourrait se faire
entendre pour toutes les causes comme celles-là?
M. GOLDBLOOM: Je trouve qu'il est parfaitement normal que le conseil
consultatif, qui aura son autonomie, puisse décider de tenir de telles
audiences. Si c'est le désir du conseil, si c'est la politique
adoptée par le conseil dans l'exercice de ses fonctions, ce sera
parfait.
M. LEGER: De les tenir de façon régulière.
LE PRESIDENT (M. Seguin): A l'ordre, s'il vous plaît! Il y a eu
une grande tolérance jusqu'à présent. On a
échangé des commentaires, mais je ferai remarquer au
député que ses questions s'approchaient énormément
d'une question d'ordre juridique où on demandait un avis juridique au
ministre.
M. LEGER: On est à l'article 88.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Ce pourrait être
interprété de cette façon, ce qui est un peu contraire au
règlement, mais on a quand même permis le débat. Il ne
faudrait pas tomber dans toutes sortes de cas hypothétiques.
M. LEGER : C'est l'explication précise de l'article 88.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Oui, mais d'ordre juridique. Est-ce qu'un
groupe de citoyens, dans ce contexte, peut réellement être reconnu
comme personne en cause?
M. LEGER: Ce n'est pas indiqué, c'est seulement la
municipalité.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Je vous préviens tout simplement.
Continuez le débat, si vous le voulez mais vous êtes joliment
près d'un rappel à l'ordre.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je suis d'accord avec vous: nous
avons élargi un peu la considération de cet article. La
réponse simple à la question du député de
Lafontaine est non, c'est la personne visée et pas d'autre.
M. BOIVIN: S'il y avait des faits nouveaux, à l'occasion d'une
visite, même si l'ordonnance est faite, je ne connais pas de ministre qui
ne reviendrait pas sur sa décision, celle de retirer tout simplement
l'ordonnance.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: Je voudrais me permettre de faire deux humbles suggestions aux
sages qui accompagnent le ministre, pour essayer de sortir de l'impasse, d'une
difficulté d'interprétation ou en essayant de garder le terme
"ordonnance" que l'on retrouve à la deuxième ligne de l'article
88.
Il y aurait une suggestion que je trouve lourde. Ce serait, dans
l'article 1 des définitions, de définir l'ordonnance. Ordonnance
pourrait dire ceci: Décision exécutoire du ministre ou du
directeur, en vertu de l'article 88. Il y aurait une autre solution que je
trouve peut-être plus facile et qui rejoint un peu l'argument
soulevé par le ministre, tout à l'heure, quand il a dit que le
directeur a maintenant des pouvoirs restreints. A la suite des amendements que
nous avons apportés dans la loi, nous avons consacré
l'autorité du ministre. L'autorité décisionnelle
n'appartient maintenant qu'au ministre. Cependant, le directeur jouera encore
un rôle indispensable dans l'application de la loi.
Qu'est-ce que messieurs les juristes penseraient si, à la
deuxième ligne, après le mot "ordonnance", nous ajoutions les
mots suivants: "Toute municipalité ou personne visée par une
ordonnance émise par le directeur, conformément au
règlement adopté par le lieutenant-gouverneur en conseil..." Cela
implique que l'ordonnance que pourrait rendre le directeur ne serait qu'un acte
d'administration conforme au règlement adopté par le
lieutenant-gouverneur en conseil, et cela n'aurait aucunement le sens de
l'ordonnance, telle que nous la concevons dans la loi qui n'est qu'une
décision exécutoire du ministre.
Mais si nous précisons que l'ordonnance qu'émet le
directeur, en vertu de l'article 88, ne peut être que conforme en
relation avec et suivant le pouvoir administratif qui lui appar- tient dans
l'application des règlements adoptés par le lieutenant-gouverneur
en conseil, je soumets bien humblement que nous faisons disparaître
l'ambiguïté ou la difficulté d'interprétation. On ne
peut plus donner au terme "ordonnance" la même définition, la
même interprétation que celle que l'on retrouvait avant ce retour
que nous avons fait, lorsqu'il fut convenu, à l'unanimité,
à cette commission, que l'ordonnance était l'apanage exclusif du
ministre.
Mais si, en vertu de l'article 88, nous convenons que le directeur peut
émettre des ordonnances conformes aux règlements adoptés
par le lieutenant-gouverneur en conseil, nous respectons encore cette ligne
d'autorité parce qu'une ordonnance du directeur, au sens de l'article
88, ne sera que de pure administration.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, c'est un problème qui est
partiellement linguistique. Je pense que nous sommes d'accord sur ce que nous
voulons exprimer. Mais nous n'avons pas trouvé une formule
précise. Je fais remarquer au député de Maskinongé
que nous avons quand même prévu, à plusieurs endroits, dans
le projet de loi, que le directeur puisse ordonner telle ou telle chose.
M. PAUL: Toujours en conformité aux arrêtés en
conseil adoptés.
M. GOLDBLOOM: Oui. Mais voyez-vous, M. le Président, nous ne
pouvons aller trop loin dans le désir de respecteur la définition
du mot ordonnance. Je ne vais pas aussi loin que le député de
Maskinongé; je ne parle même pas d'une ligne d'autorité.
Nous parlons ici de ce que signifie, dans l'économie de la loi, le mot
ordonnance. Si nous voulons conserver à ce mot une signification
restreinte, quand il s'applique au directeur, si en ce faisant nous entourons
le mot "ordonnance" de précisions, nous limitons, par le fait
même, le droit d'appel des personnes et municipalités
visées.
M. PAUL: Si c'est en vertu de l'interprétation d'un
arrêté en conseil, le mécanisme s'impose et il est
très bien défini quant aux motifs d'appel qui devront être
comme une erreur de fait ou de droit dans l'application par le directeur d'un
règlement du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. GOLDBLOOM: II me semble que si la procédure suivie est
entachée d'une irrégularité grave, et une
irrégularité grave serait pour le directeur d'outrepasser ses
pouvoirs, ses fonctions normales, la Commission municipale n'accepterait pas la
décision de celui-ci et accepterait plutôt l'appel. Mais ce serait
en partie à la Commission municipale de donner une
interprétation, pour les fins de chaque cause, de ce mot ordonnance.
M. PAUL: Je me demande si nous ne sommes pas à faire du
jansénisme linguistique parce que, si nous nous référons
au dictionnaire, nous avons des ordonnances de police.
C'est une autorité beaucoup moins élevée qu'une
ordonnance du minsitre. Je me demande si on ne peut pas garder le terme
"ordonnance" tel qu'il est là.
M. GOLDBLOOM: C'est ce que je suis à me demander aussi.
M. PAUL: Parce qu'il y aura toujours l'ordonnance qui est la
décision exécutoire du ministre. D'un autre côté,
dans toute l'économie de la loi, il reste que le directeur pourra, quand
même, émettre une ordonnance conformément à la
définition même du terme, suivant la référence qu'on
fait chez Larousse, Quillet, Littré ou d'autres que je ne connais
pas.
M. GOLDBLOOM: C'est aux autres articles, justement, que nous avons
entouré l'action du directeur de ces précautions. Je pense que,
rendu aux mécanismes d'appel, il serait préférable de
garder le mot en lui laissant une interprétation assez large.
M. PAUL: Cet après-mici, je pense que c'est à une question
soulevée par le député de Dorchester que je faisais
référence aux articles 1013 et suivants du code civil. Je l'ai
signalé cet après-mici, mais je crois que c'est beaucoup plus
dans ce cas-ci que les règles de l'interprétation du code devront
s'appliquer. En effet, c'est en analysant les articles de la loi les uns avec
les autres que nous trouverons réellement la signification ou la
portée précise du terme "ordonnance" qui, à mon humble
point de vue, peut être gardé dans cet article.
M. BOIVIN: Alors, l'ordonnance du ministre est sans appel et
l'ordonnance du directeur a un appel?
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. BOIVIN: L'ordonnance du directeur n'exclut pas le
référendum, mais l'ordonnance du ministre exclut le
référendum.
M. PAUL: Non. L'ordonnance du directeur...
M. BOIVIN : N'exclut pas le référendum.
M. PAUL: Non. Mais il ne sera peut-être pas nécessaire si
la commission d'appel annule ou casse cette ordonnance.
M. BOIVIN: C'est cela. Mais, après l'ordonnance du directeur,
vous pouvez avoir une ordonnance du ministre, qui est sans appel, qui exclut le
référendum.
M. GOLDBLOOM: Dans certains cas, quoi- que l'ordonnance du ministre
viserait une municipalité seule, le directeur pourrait agir quand des
municipalités entreprendraient une action conjointe, ce qui permettrait
de faire appel à la Commission municipale pour que soient
tranchées certaines questions qui seraient restées sans solution
entre elles. C'est cela.
M.PAUL: M. le Président, le ministre doit réaliser que
nous avons à coeur de travailler avec lui pour faire une bonne loi et
une belle loi.
De prime abord, nous avons été frappés par
l'utilisation du terme "ordonnance". Peut-être que c'est par
déformation professionnelle ou par mauvaise interprétation du
terme que nous avons bondi, en quelque sorte, mais je crois que nous devons
revenir à l'usage du terme que nous retrouvons dans cet article.
M. GOLDBLOOM: J'en suis fort heureux.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Le président peut se permettre
d'émettre une ordonnance. Je constate qu'il est minuit.
M. PAUL: Avant que vous émettiez votre ordonnance, quant à
moi, je serais prêt à accepter l'article 88.
LE PRESIDENT (M. Seguin): C'est ce que j'allais suggérer.
M. GOLDBLOOM : II y a quelques mots à ajouter, il y a un
élément qui n'a pas été prévu, et à
la fin j'aimerais ajouter...
M. PAUL: Deuxième alinéa?
M. GOLDBLOOM: Oui. "ou fixe...".
M. PAUL: Ou un permis.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. Peut-être qu'il serait bon de
lire...
M. BOIVIN: II y a une chose ici dans le deuxième paragraphe. Dans
tous les règlements municipaux de construction où on a l'analyse
des plans et devis il y a une limite de temps qu'on exige de la
municipalité et l'officier en bâtiment est obligé de
répondre dans les trente jours. Ce qui arrive, c'est que si ça
prend six mois avant d'avoir une réponse ça peut
occasionner...
M. GOLDBLOOM: Au niveau de l'appel. Après ce fait-là, on
prévoit...
LE PRESIDENT (M. Seguin): Je m'excuse. Pouvons-nous entendre les
commentaires du ministre sur les mots qu'il veut ajouter? Une fois que nous les
aurons, peut-être que ça éclaircira les choses. Donnez-nous
ce qu'on doit ajouter après, M. le ministre, ou ce que vous
suggérez.
M. GOLDBLOOM: On ajoute: "Ou fixe ou répartit"... à la
fin.
M. PAUL: A la fin du deuxième paragraphe.
M. GOLDBLOOM: "... des coûts ou des frais ou détermine une
indemnité en vertu des articles 32 ou 55.
Nous avons convenu de terminer l'étude de l'article.
M. PAUL: M. le Président, si vous le permettez, au
deuxième paragraphe, on va essayer de travailler ensemble pour faire
disparaître les "ou" parce qu'il y en a douze dans ce paragraphe; il y en
a un peu trop à mon point de vue. Il y a douze "ou", c'est un peu fort.
On va essayer de formuler un texte plus français pour en laisser tomber
quelques-uns. Il y a douze "ou", pas la date du 12 août là.
M. GOLDBLOOM: Vous êtes certain qu'il y a douze"ou", pas onze
"ou"?
M. PAUL: Non, il y a douze "ou". Si je me fiais ils ne sont pas
ici à quelques distingués collègues, je pourrais
parler de 29 août mais ils ne sont pas là. Le problème,
c'est qu'il y a douze "ou" là-dedans, c'est un peu lourd. Voyez-vous le
juge qui va se demander ce que veut dire le mot "ou" à la
quatrième ligne, comparativement au mot "ou" à la sixième
ligne? On va suspendre.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je suis d'accord. Il est minuit et
nous pourrons revenir demain matin.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Alors on commencera avec l'article 88.
M. PAUL: C'est ça.
M. GOLDBLOOM: C'est cela, demain.
LE PRESIDENT (M. Seguin): La commission ajourne ses travaux à
demain, 9 h 30.
(Fin de la séance: 0 h 4)
Séance du mercredi 13 décembre 1972
(Dix heures dix minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs !
M. PAUL: Comme tous les députés de l'Opposition sont ici,
je ne mettrais aucune objection si nous débutions nos travaux.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Avant que nous ne débutions nos
travaux, je voudrais mentionner les changements suivants des membres de la
commission: M. Houde (Limoilou) remplace M. Caron de Verdun, M. Gallienne
remplace M. Leduc, M. Brisson remplace M. Saindon, M. Goldbloom remplace M.
Tessier, M. Ostiguy remplace M. Tremblay et M. Faucher remplace M.
Vézina.
M. GOLDBLOOM: M. Boivin remplace M. Gauthier, n'est-ce pas?
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Ostiguy est le rapporteur officiel. M.
Boivin remplace M. Gauthier.
M. PAUL: On ne prendra pas la chance de voter ce matin; vous pouvez vous
en aller.
M. CARON: Vous ne pouvez pas dire qu'on n'a pas un bon rapporteur.
M. PAUL: II était absent au moment du vote ; il est bon !
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 88.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, nous avions accepté le
premier alinéa. Au deuxième, le député de
Maskinongé avait trouvé une répétition du mot "ou"
qui ne lui plaisait pas. Nous suggérons d'en enlever quatre. Si je peux
lire le texte modifié: II est est de même dans tous les cas
où le directeur refuse d'accorder un certificat d'approbation ou
d'autorisation de plans et devis ou de projet, exige une modification à
une demande qui lui est faite, refuse d'accorder ou de renouveler un permis,
révoque ou suspend un certificat d'approbation, d'autorisation ou un
permis, fixe ou répartit des coûts et des frais ou
détermine une indemnité en vertu des articles 32 ou 55.
Trois "ou" disparaissent et un est remplacé par "et".
M. PAUL: Et si on tentait d'en faire disparaf-tre un cinquième,
je ne sais pas ce que ça ferait. A la septième ligne: exige une
modification à une demande qui lui est faite, refuse d'accorder, de
renouveler un permis... Avancez, messieurs les génies. M. Dion, c'est
à vous que je parle; je parle de génie, c'est à vous que
je m'adresse.
C'est déjà une belle victoire. Une victoire de 33 p.c,
c'est un bel effort de la part du ministre. Je n'insisterais pas pour monter
à 35 p.c.
M. GOLDBLOOM: On est mieux de le laisser tel quel, M. le
Président.
M.PAUL: Très bien, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté tel que modifié.
M. GOLDBLOOM: D'accord!
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 88 est adopté. Article
89.
M. PAUL : Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 90.
M.PAUL: Mais dans le mode de signification, M. le Président, il
n'y a rien de prévu si ce sera par huissier ou par poste
recommandée.
M. GOLDBLOOM: Puisque c'est la personne visée par la
décision du directeur qui interjette appel, je pense que l'on devrait
lui permettre de le faire de la façon la plus simple.
M.PAUL: Excusez-moi, M. le ministre. Je parlais de la signification de
l'ordonnance du directeur. Elle doit être signifiée. Est-ce que la
signification doit être faite par huissier ou par poste
recommandée?
M. GOLDBLOOM: Cela a toujours été par lettre
recommandée. Il est possible qu'avec l'évolution de notre
législation on exige que ce soit par huissier, mais...
M. PAUL: M. le Président, je ferai remarquer au ministre que
c'est de plus en plus par poste recommandée. Cela n'a pas toujours
été par poste recommandée. Des pouvoirs spéciaux
sont accordés actuellement à l'occasion de l'acte constitutif
d'une corporation municipale à l'occasion de la révision de leur
acte constitutif ou charte.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Nous acquiesçons de plus en plus à cette
requête qui, à toutes fins pratiques, a pour effet de diminuer les
frais.
M. GOLDBLOOM: Certainement.
M. PAUL: Alors, par poste recommandée.
A l'article 89, cela m'obligerait à revenir avec le consentement
de la commission. "Le directeur doit, lorsqu'il signifie à quiconque
..." De la façon dont l'article est rédigé, je me demande
si cela n'implique pas une signification par huissier.
M. BOIVIN: Cela peut être par lettre recommandée des deux
côtés.
M. PAUL: J'aimerais peut-être mieux qu'on ajoute: Par lettre
recommandée ou poste recommandée. Je le fais dans le but
d'éviter des frais.
M. GOLDBLOOM: Je pense qu'il s'agit ici de deux choses.
Premièrement, l'obligation que je trouve normale et décente
imposée au directeur d'informer la personne visée de son droit
d'appel. Deuxièmement, à l'article 90, il s'agit de l'appel
lui-même interjeté par cette personne. Je crains que, si à
ce niveau on exige que l'appel soit singifié par poste
recommandée, on risque de priver une personne de son droit parce qu'elle
s'en serait servie par poste ordinaire.
M. PAUL: J'accepte partiellement l'argumentation du ministre. Mais je
crois que l'exigence que l'on rencontre dans les articles 89 et 90 a pour effet
d'empêcher quiconque d'invoquer la non-signification ou la
non-connaissance de la décision qui a été rendue ou de
l'ordonnance qui a été rendue par le directeur. Le
problème est d'empêcher une mesure dilatoire de quelqu'un qui
pourrait dire: Je regrette mais je n'ai jamais été
informé. La preuve de l'information résultera du procès
verbal de signification ou du certificat de livraison de la recommandation
postale de l'avis. C'est ce problème que je voudrais éviter.
M. GOLDBLOOM: Dans ce cas, je pense qu'il faudrait, en revenant à
l'article 89, dire: "Le directeur doit, lorsqu'il signifie à quiconque
une décision susceptible d'appel, le faire par poste recommandée
et informer cette personne de son droit."
M. PAUL: Très bien M. le Président. En même temps
nous protégeons quiconque, nous protégeons le directeur et nous
évitons également des frais, plutôt que d'imposer ou de
faire encourir à celui qui est victime ou qui est concerné par
l'ordonnance du directeur des frais de signification. Cela me va
parfaitement.
M. GOLDBLOOM: Je ne suis pas certain d'avoir une bonne formulation,
cependant.
M. PAUL: Elle n'est pas mal. Je pense que vous seriez meilleur avocat
que médecin.
M. GOLDBLOOM: J'ai utilisé quand même le mot personne et
l'article dit: "Quiconque". Ce mot est plus large que "personne".
M. GUAY: Quand on dit ici: A quiconque une décision susceptible
d'appel. Là c'est le directeur qui décidera si c'est une
décision qui est susceptible d'appel. Parce qu'en fait toutes les
décisions sont susceptibles d'appel.
M. PAUL: Le directeur ne peut pas exercer un tel pouvoir
discrétionnaire, cela deviendrait de l'arbitraire.
M. GUAY: Oui, mais c'est ce que dit l'article 89.
M. PAUL: Ce n'est pas lui qui va décider s'il y a un appel ou
non. C'est quiconque qui va décider s'il va se prévaloir du droit
d'appel ou non. Ce n'est pas au directeur à déterminer par
exemple, à M. Boivin: Dans tel cas, j'ai décidé que vous
pouviez aller en appel ou dans tel autre cas, M. Ostiguy, vous ne pourrez pas y
aller. Cela devient alors de l'arbitraire. Ce que l'article veut, c'est
l'information officielle...
M. GUAY : Je suis d'accord sur cela.
M. PAUL: ... de la décision du directeur et information qui devra
être prouvée indiquant qu'elle a été transmise.
C'est cela que l'article vise.
M. GUAY: II s'agit d'avoir un mécanisme.
M. PAUL: C'est cela et c'est pour cela que le ministre nous
suggère un amendement pour que la signification et la communication
officielles soient faites par lettre recommandée plutôt que par
huissier. Mais de toute façon, si nous ne prenons pas cette
précaution-là, le "quiconque" dont on parle à l'article 89
pourra toujours dire: Je regrette je n'ai pas été informé
de la décision du directeur et cela aurait pour effet de retarder
l'objectif qu'on veut atteindre par l'ordonnance émise par le
directeur.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, est-ce que le député
de Maskinongé en ferait une obligation?
Cela obligerait le directeur à le faire dans tous les cas
où un appel serait possible?
M. PAUL: J'irais jusque là. M. GUAY: C'est ce que je dis.
M. OSTIGUY: Est-ce que ça concernerait des décisions
concernant une ordonnance ou concernant toute décision...?
M. PAUL: Quand ce sera une ordonnance du ministre, ce ne sera pas le
directeur qui va la signifier, ce sera le ministre qui va s'en occuper.
M. OSTIGUY: C'est seulement pour les plaintes.
M. PAUL: J'irais jusqu'à imposer cette obligation au directeur
lorsqu'il y a appel; il y a certainement des décisions où il n'y
a pas appel, des actes de pure administration qui ne prévoient pas le
mécanisme d'appel. Je n'irais pas
jusqu'à exiger un courrier recommandé chaque fois que le
directeur va avoir un document à transmettre ou une information à
donner. Lorsqu'il s'agit d'un droit réel ou personnel, je soumets que
l'on devrait faire cette signification par poste recommandée.
M. GOLDBLOOM: Quelle serait la pénalité si le directeur ne
le faisait pas? Il n'y en aurait pas.
M. PAUL: Ce n'est pas la pénalité, M. le Président.
Je constate qu'il n'y en a pas beaucoup à cette table qui ont une
expérience pratique devant les tribunaux; je m'excuse de le signaler
à mes confrères avocats. Supposons que je poursuis en dommages le
Dr Victor Goldbloom. Le juge, avant d'entendre la cour, par défaut,
devra avoir une preuve que Victor Goldbloom a été assigné
à comparaître devant les tribunaux. Le mécanisme de
contrôle de la signification de la procédure, c'est le
procès-verbal du huissier ou la recommandation postale, le retour de la
signification, de l'avis reçu du courrier recommandé
destiné au défendeur ou à l'intimé, appelez-le
comme vous voulez. La preuve de ça n'est pas dans le but de
protéger le directeur, c'est pour aider le directeur. C'est pour
éviter les délais futiles à des gens qui, de mauvaise foi,
diront: M. le juge, M. x ou M. z, je n'ai jamais été averti.
M. BOIVIN: Sur la formule de ces décisions qu'on envoie à
celui à qui on doit l'envoyer, il pourrait être mentionné
au bas qu'on a toujours le droit d'appel. Cela se mentionne sur la
papeterie.
M. GOLDBLOOM: Non.
M. PAUL: D'ailleurs, vous avez une formule bien simple qui est
utilisée, par exemple par la Commission d'assurance-chômage.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. PAUL: A l'endos de l'avis, on explique le mécanisme d'appel
dans un délai de trente jours, il peut aller en appel et ainsi de suite.
H y aurait peut-être lieu de simplifier tout ce mécanisme d'appel,
mais la signification est nécessaire.
M. GOLDBLOOM: D'accord. M. le Président, j'ai cherché
à comprendre parfaitement le sens des remarques du député
de Maskinongé. Je pense qu'une formulation un peu différente
serait préférable et que l'on pourrait ajouter à la fin de
l'article, après le mot "appel" il y aurait deux façons de
le faire une deuxième phrase qui dirait dans ce cas "la
signification doit être faite par lettre recommandée" ou on peut
mettre une virgule et dire: "et doit faire sa signification par lettre
recommandée".
M. PAUL: Ou encore: "l'informer de son droit d'appel par poste
recommandée".
M. GOLDBLOOM: Oui, d'accord.
M. PAUL: Après les mots: "de son droit d'appel, par poste
recommandée".
M. OSTIGUY: Tout simplement.
M. PAUL: Est-ce que c'est "poste recommandée ou courrier
recommandé"?
UNE VOIX: Un instant, je ne suis pas linguiste. "Par courrier
recommandé".
M. PAUL: Je voudrais éviter un débat sensationnel à
l'occasion du rapport entre, d'une part, les prétentions de madame le
ministre et d'autre part, le linguiste, mon collègue de Chicoutimi. Je
veux toujours éviter des frictions de caractère.
M. BOIVIN: Si on faisait part de sa décision et, comme vous
dites, qu'à l'endos on trouverait tout le mécanisme, est-ce que
cela pourrait être considéré comme...
M. PAUL: Quelle est la façon d'informer l'individu? Quel est le
mécanisme, quel est le processus à suivre pour exercer cet appel?
Nécessairement, il faudra que ce soit communiqué. Il y aura des
règles de pratique qui devront être communiquées par
règlement, arrêtées par règlement.
M. GUAY: Enfin toute décision est susceptible d'appel, sauf celle
du ministre. Toute décision de l'article 89 est susceptible d'appel. Ce
serait normal qu'on explique partout le mécanisme d'appel. Sans cela,
les personnes vont penser qu'elles n'ont pas le droit d'appel.
M. PAUL: A l'article 90, ce n'est pas nécessaire que l'appel soit
fait par courrier recommandé. C'est dans l'intérêt de
l'individu.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre, messieurs! Nous avions
adopté l'article 89. On l'a modifié. C'est adopté tel que
modifié?
M. PAUL: Oui.
M. GUAY: D'accord.
M. PAUL: L'article 90 devient beaucoup plus simple.
M. VAILLANCOURT: On l'ajoute à l'article 89?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Avant de passer à l'article 90, je
voudrais mentionner que M. Guay, de Dorchester, remplace M. Roy, de
Lévis. L'article 90.
M.PAUL: Pourquoi, M. le Président, "au moyen d'une requête
signifiée au directeur, par courrier recommandé" encore? Article
90.
M. GOLDBLOOM: Pour le courrier recommandé...
M. PAUL: "L'appel peut être interjeté dans les quinze jours
qui suivent la signification de la décision au moyen d'une requête
signifiée au directeur par courrier recommandé."
M. GOLDBLOOM: Je ne suis pas réfractaire à l'idée,
sauf que je m'inquiète un peu que le fait pour une personne d'oublier
d'envoyer sa lettre par courrier recommandé la priverait ainsi de son
droit d'appel.
M. PAUL: Absolument pas, si on a affaire à des gens
honnêtes. C'est la même chose, M, le Président, pour celui
qui, à un moment donné, veut donner avis à son locateur ou
propriétaire de son intention de quitter le logement. S'il fait parvenir
son avis par courrier ordinaire et s'il a affaire à un
propriétaire le moindrement honnête, il va reconnaître la
réception de l'avis. Si, par contre, vous avez affaire à un
propriétaire plus ou moins honnête ou scrupuleux qui est aux
prises avec un loyer dont la location pourra s'avérer difficile, il
pourra toujours, sous de fausses représentations ou même avec un
faux serment, soutenir qu'il n'a jamais été avisé.
Je n'en fais cependant pas une cause de disqualification ou de rejet
d'appel si ce n'était pas recommandé.
M. GOLDBLOOM: C'est ce que je veux savoir.
M. PAUL: Non, absolument pas.
M. GOLDBLOOM: Même si c'est inscrit dans la loi.
M. PAUL: D'un autre côté, M. le Président, je me
demande si le ministre n'a pas attiré mon attention, ne m'a pas ouvert
les yeux sur la non-nécessité d'un avis recommandé dans
les circonstances, parce qu'il faut rendre hommage aux hauts
fonctionnaires.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Cette cloche est pour un test quelconque.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que l'on peut vérifier?
M. PAUL: M. le Président, je crois que le ministre vient de me
donner une raison. On pourrait peut-être rendre le mécanisme plus
lourd. Je renoncerais à l'idée que j'ai émise à
propos du deuxième paragraphe qu'on amenderait dans le même sens
que 89. J'y renonce.
M. GUAY: Cela voudrait dire, en principe, que, si on l'ajoutait dans la
loi, à chaque fois, ça prendrait un avis par courrier
recommandé.
M. PAUL: ... pour l'individu concerné à se procurer une
preuve à l'effet qu'il a donné avis au ministre. Cela sera
suivant ses grés et caprices.
M. GUAY: Il pourra prendre les moyens qu'il veut.
M. PAUL: C'est ça. M. GUAY: D'accord.
M. PAUL: D peut faire vérifier par le huissier aussi, s'il le
veut.
M. GUAY: C'est ça. On aurait pu le restreindre à une
lettre recommandée.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 90. Adopté?
M. GUAY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 91.
M. PAUL: Article 25.
M. GOLDBLOOM: L'article 25, c'est ce que l'on appelle un "stop order".
Nous n'avons jamais trouvé d'expression française pour cela, un
arrêt sur le banc, je pense.
M. PAUL: Ce que j'avais pensé à l'époque.
M. GOLDBLOOM: C'est ce que le député de Maskinongé
a suggéré. L'article parle d'un danger immédiat pour la
vie ou la santé des personnes, ou un danger de dommages sérieux
ou irréparables aux biens. Je pense que nous sommes justifiés de
demander que la décision soit maintenue, à moins que la
commission municipale en ordonne autrement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté?
UNE VOIX: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 92.
M. PAUL: Les derniers mots me réjouissent, me
réconfortent, M. le Président. C'est un très bon
article.
M. GOLDBLOOM: Surtout pour le portefeuille.
M. PAUL: Non, c'est parfait comme ça.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adoptez-le avant qu'il y en ait d'autres
qui...
UNE VOIX: Adopté.
M. PAUL: M. le Président, ne réveillez donc pas
l'antipathie de la population à notre endroit.
M. OSTIGUY: Vous n'avez pas le droit de présumer, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 93, adopté. Article 94.
M. PAUL: Parfait.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Article 95.
M. PAUL: Un instant. Cela se lit: II n'y a pas d'appel de la
décision... Cela a un petit caractère séparatiste, mais
ça ne fait rien. C'est nécessaire et de bon aloi dans les
circonstances, du moment qu'on ne va pas plus loin.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Article 95, oui?
M. PAUL: C'est un mécanisme nécessaire.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Article 96.
Dispositions financières
M. PAUL: Oh! là, on tombe dans les finances. Je fais une motion
dès maintenant, M. le Président, au début de
l'étude de ce chapitre, pour que tout ce qui sera traité en
regard de la Banque du Canada soit déclaré irrecevable.
M. GUAY: Je pourrai faire motion à ce moment-là, M. le
Président. Conservez le caractère.
M. PAUL: Donc, l'article 96.
M. OSTIGUY: Accorder des subventions pour des études, recherches,
préparation de programmes, de plans et de projets concernant
l'environnement. Est-ce que ça voudrait dire que ça irait
jusqu'à la préparation des plans et devis pour des
systèmes d'égouts et d'aqueduc dans des municipalités?
Normalement, quand il s'agit des plans et devis pour un système
de traitement, le coût de ces études est incorporé dans le
coût global de l'ouvrage et la subvention est calculée selon ce
coût global. Il n'y a pas de subvention spécifique pour la
préparation des plans et devis, mais c'est un élément du
coût global aux fins de subventions.
Nous sommes allés jusqu'à donner ce qui pourrait
être interprété comme une avance sur la subvention pour
permettre à la municipalité de procéder à faire
préparer ses plans et devis.
M. OSTIGUY: M. le Président, cela me ramène à la
question que j'ai posée auparavant à l'effet que, lorsqu'un
dépotoir à ciel ouvert était abandonné je
pense à celui dans la montagne de Mont-Saint-Hilaire, un dépotoir
à ciel ouvert qui est resté inopérant ... Est-ce que
cela voudrait dire que, si la ville de Mont-Saint-Hilaire ou
l'université McGill, pour la conservation des espaces verts de cette
montagne voulait préparer un programme d'enfouissement ou
d'embellissement, le ministère de l'Environnement pourrait leur venir en
aide pour la préparation de projets? Parce que, quand même, ce
dépotoir à ciel ouvert est...
M. PAUL: Mais jamais dans l'exécution du projet.
M. OSTIGUY: Non, dans la préparation des projets.
M. GOLDBLOOM: C'est certainement possible, M. le Président. Le
député de Rouville comprendra que je ne pourrais m'y engager dans
le cas particulier. Il faudra examiner le problème à
l'échelle de la province, déterminer combien de problèmes
semblables pourraient se présenter et calculer les ressources
financières du gouvernement avant d'établir un programme de
subventions et commencer par un précédent dans un cas
particulier. Il faut savoir jusqu'où chaque précédent
pourrait nous mener quant au coût impliqué pour le gouvernement.
Mais, je trouve que dans des cas particuliers où une municipalité
a été affligée par une activité industrielle
quelconque qui a laissé des cicatrices, cette municipalité
devrait certainement s'adresser au ministre et entamer une discussion franche
et ouverte sur le problème.
M. BOIVIN: Cela n'a pas la force d'une ordonnance, les dépenses
qui peuvent être occasionnées.
M. GOLDBLOOM: Il s'agit ici de subventions, M. le Président. On
peut accorder des subventions ou consentir des prêts à des
municipalités ou à des personnes.
M. PAUL: Maintenant, M. le Président, ce que je voudrais signaler
au ministre, c'est le pouvoir discrétionnaire qui est accordé au
lieutenant-gouverneur en conseil. Je ne pousserai pas la perfidie
jusqu'à demander un amendement qui pourrait être dans les termes
suivants: Consentir des prêts et accorder des subventions aux
municipalités représentées que par des
députés ministériels. Je n'irai pas jusque là, mais
je suis sûr que le ministre verra à partager son gâteau de
subventions en faveur des municipalités qui en ont le plus besoin et
qu'on mettra de côté le caractère ou la qualité de
la représentation au sein de l'Assemblée nationale.
M. GOLDBLOOM: Si le député de Saint-Maurice était
ici, je lui rappellerais qu'il y a quelques jours j'ai transmis un
chèque important à une municipalité de son
comté.
M. PAUL: Quelle municipalité? Le ministre peut-il le dire?
M. GOLDBLOOM: Shawinigan. M. PAUL: C'est une ville libérale.
M. OSTIGUY: ... avant les ministériels, vous voyez.
M.PAUL: M. le Président, ce n'était pas sérieux du
tout, c'était pour taquiner mes collègues et j'ai
déjà vu le rapporteur officiel monter tout de suite dans les
rideaux. Alors, je ne voudrais pas qu'il reste là aujourd'hui.
M. OSTIGUY: Je voulais demander au député de
Maskinongé s'il y avait de jolies montagnes dans son comté, car
je ne le connais pas très bien.
M.PAUL: II n'y a pas de pollution chez nous.
M. OSTIGUY: Ce n'est pas pollué chez vous?
M. PAUL: Seulement une rivière, très importante,
cependant. Le ministre est au courant. C'est la rivière
Maskinongé où il y a réellement un problème
économique à résoudre et je suis heureux...
M. OSTIGUY: A l'ordre!
M. PAUL: Pardon. C'est bon. Je vais leur envoyer un extrait du journal
et leur dire: Regardez, j'ai pensé à vous autres. Je vous ai
mentionnés. C'est un fait. C'est une excellente mesure. Je
félicite le ministre. Cela ne m'arrive pas souvent.
M. GOLDBLOOM: Pas assez souvent.
M. PAUL: Pas assez souvent. Je comprends que c'est l'humilité qui
vous fait parler ici mais qu'importe.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 96. Adopté?
M. GUAY: Un instant. Quand on dit: "... consentir des prêts...",
j'aimerais connaître les conditions de remboursement de ces prêts
parce que cela va relever de cette loi. La glace est peut-être mince,
mais il faut prendre soin de ne pas la casser.
M. GOLDBLOOM: Les conditions de remboursement découlent des
relations globales du gouvernement avec les municipalités, des
politiques générales du ministre des Affaires municipales en
relation avec elles. Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas consenti de
prêts. Nous avons accordé des subventions. Tout ce que je peux
dire au député de Dorchester, c'est que nous avons l'intention de
suivre une politique générale et d'aider les municipalités
autant que possible. Dans le moment, ce qui arrive, c'est que les
municipalités sont obligées d'emprunter, soit sur le
marché général soit du gouvernement fédéral.
Nous constatons que le fardeau assumé présentement par les
municipalités que nous visons par nos programmes est déjà
tel que nous n'osons pas procéder par prêts, et nous
procédons donc par subventions.
M. GUAY: En principe, est-ce que le ministre serait favorable aux
prêts à taux préférentiels?
M. GOLDBLOOM: C'est au ministre des Finances et au ministre des Affaires
municipales, donc au conseil des ministres, de décider ces
conditions.
M. PAUL: D'ailleurs, cela existe déjà dans les prêts
consentis par l'Office du crédit agricole. Il y a un taux
préférentiel. Il y a une ristourne d'intérêts dans
le mécanisme administratif de la Société d'habitation.
Tout cela pourrait être prévu facilement.
M. BOIVIN: Pourquoi exiger que deux ministres rendent leur
décision, soit le ministre responsable de la qualité de
l'environnement et le ministre des Affaires municipales.
M. GOLDBLOOM: Parce qu'il s'agit de municipalités. Ce dernier
alinéa dit que la municipalité, elle, peut accorder des
subventions pour études, recherches, préparation de programmes et
de projets, consentir des prêts et accorder des subventions à
toute personne pour la construction, l'acquisition et l'exploitation de tout
système de gestion des déchets ou de traitement des eaux. C'est
la municipalité qui est autorisée par cet alinéa de
prendre son argent, et de s'en servir pour des prêts ou des subventions.
Pour assurer la bonne administration et la coordination du financement
municipal, on suggère que le ministre des Affaires municipales y donne
son consentement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 96. Adopté?
M. BOIVIN: Si le ministre des Affaires municipales était le
ministre désigné pour appliquer cette loi, il n'y aurait qu'un
ministre?
M. GOLDBLOOM: Si c'était le cas, il n'y en aurait qu'un. Mais
s'il y en a deux...
M. PAUL: II ne veut pas nous le dire, mais je pense qu'il a
été pressenti. Il s'attend à être nommé et il
va être déçu s'il ne l'est pas.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté?
M. BOIVIN: Ce qui attire mon attention, c'est que le ministre des
Affaires sociales a dit dès le début que c'était lui qui
appliquerait la Loi de l'hygiène publique. On dit: II y aura deux
ministres.
M.PAUL: II pourrait le dire s'il était titulaire d'un
ministère. C'est de cela qu'il faut tenir compte.
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse. Je ne pense pas que ce soit un obstacle.
Je pense que ce que l'on essaie de faire ici est absolument logique et
nécessaire. C'est d'assurer une coordination de toute l'activité
financière des municipalités par le ministre qui a la principale
responsabilité.
M. BOIVIN : Est-ce qu'un ministre, ce ne serait pas suffisant? Le
ministre qui applique la loi pourrait avoir son portefeuille lui aussi pour
cela? Ces subventions pourraient être mieux définies...
M. GOLDBLOOM: Ce à quoi le député de Dubuc fait
allusion, ce n'est pas à l'utilisation par le ministre, responsable de
l'application de cette loi, de l'argent mis à sa disposition. C'est
à l'autorisation à la municipalité, elle, de se servir de
son argent pour des prêts ou des subventions et l'on dit que le ministre
des Affaires municipales doit être satisfait que la municipalité
agisse de cette façon. Je pense que c'est logique.
M. BOIVIN: Alors, il n'y aurait pas de dispositions pour qu'on puisse
penser qu'il y a un budget de subventions au ministère de
l'environnement et au ministère des Affaires municipales?
M. GOLDBLOOM: II y en a deux présentement. Les deux sont
administrés par les deux ministres séparément, mais en
consultation l'un avec l'autre. Ce n'est pas cela qui est visé par
l'alinéa. L'alinéa parle de la municipalité qui prend son
argent...
M. BOIVIN: C'est-à-dire que je suis un peu plus loin avant
de l'approuver c'est la dernière partie, le deuxième
alinéa: Nonobstant toute disposition inconciliable de la Loi de
l'interdiction de subventions municipales, une municipalité peut, avec
l'approbation du ministre et du ministre des Affaires municipales, exercer les
pouvoirs prévus aux paragraphes a) et c). C'est la municipalité,
oui.
M. GOLDBLOOM: C'est ce que je dis.
M. BOIVIN: Mais cela prend deux approbations.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Pas toujours. Supposons, par exemple, que la
municipalité de Saint-Calixte parce qu'on en parle en haut, c'est
une information que j'ai eue décide de verser une subvention de
$1,000 pour compléter une recherche visant à combattre la
pollution dans le milieu. La municipalité peut le faire, en autant que
cela répond aux critères et aux normes du lieutenant-gouverneur
en conseil. Mais supposons que la municipalité de Saint-Calixte
décide d'établir un système de gestion de déchets.
Il faudra que les plans soient approuvés par le ministre et le
mécanisme d'emprunt devra être approuvé par le ministre des
Affaires municipales.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il existe...
M. PAUL: Si ce n'est pas cela, corrigez-moi.
M. BOIVIN: Je trouve cela drôle, deux ministres.
M. GOLDBLOOM: ... dans nos statuts le chapitre 176 des Statuts refondus,
1964, qui est intitulé Loi de l'interdiction de subventions municipales,
qui impose certaines restrictions à l'action municipale dans ce domaine
des prêts et des subventions. On met de côté cette loi, on
dit: La loi ne s'applique pas pour les fins de la protection de
l'environnement, la municipalité peut accorder des prêts, peut
accorder des subventions, mais il faut qu'elle ait l'autorisation du ministre
responsable de l'environnement et du ministre des Affaires municipales pour
mettre de côté la Loi de l'interdiction de subventions municipales
et donner de l'argent.
M. BOIVIN: Est-ce à dire que jamais la Loi de la qualité
de l'environnement pourra être administrée par le ministre des
Affaires municipales?
M. GOLDBLOOM: La seule façon par laquelle la loi pourrait
être administrée par le ministre des Affaires municipales, c'est
si ce dernier est désigné en vertu de l'article en
question...
M. PAUL: C'est la confusion, la réunion sur la même
tête des deux qualités de ministre, la qualité de ministre
responsable de l'environnement et celle de titulaire des Affaires municipales.
En termes de droit, on appelle cela confusion. Il ne faudrait pas mêler
cela avec la confusion administrative que nous avons actuellement. Je parle au
point de vue juridique. La confusion pourrait justement empêcher
l'obligation d'obtenir le consentement de deux ministres.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député d'Abitibi-Ouest.
M. PAUL: C'est la réunion sur la même tête de deux
qualités.
M. AUDET: Cette approbation à une municipalité, de la part
du ministre, de faire des subventions, des emprunts, des dépenses,
est-ce que cela n'entraîne pas, par le fait même... C'est une
tolérance que le ministre peut accorder à une
municipalité.
Mais, cette tolérance ne pourrait-elle pas brimer cette
municipalité, lorsque la municipalité elle-même demande des
subventions au ministre?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, de grâce, ce n'est pas la
municipalité qui demande une subvention au ministre, c'est la
municipalité qui veut prendre son argent et le donner à
quelqu'un. Il faut une approbation pour cela, c'est tout. C'est parce qu'il y a
une loi qui s'appelle Loi de l'interdiction de subventions municipales qui dit
que la municipalité ne peut pas prendre son argent pour ces fins. On
mettrait de côté cette loi, mais quand on met une loi de
côté sans la modifier, c'est une action assez grave. Il faut des
motifs reconnus comme valables; donc, on dit: Les ministres
intéressés doivent approuver cette mesure exceptionnelle à
la loi, c'est tout.
M. GUAY: Est-ce que cette approbation sera pour tous les montants? Parce
qu'il peut y en avoir qui soient assez minimes pour faire je prends
l'extrême l'inspection, par exemple, d'un dépotoir. Est-ce
que ce sera possible? Il ne faudrait pas non plus que la municipalité
soit obligée de demander l'assentiment des ministres concernés
pour des petits montants. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de...
M. GOLDBLOOM: II ne s'agit pas ici d'inspections, il ne s'agit pas ici
de services. Il me semble que les services seraient fournis selon un contrat
conclu par la municipalité; ce n'est pas une subvention. Ici, il s'agit
d'accorder des subventions pour des études, recherches,
préparation de programmes et de projets, de consentir des prêts et
d'accorder des subventions pour la construction, l'acquisition et
l'exploitation de tout système de gestion des déchets ou de
traitement des eaux. Cela veut dire que, si une municipalité veut
conclure une entente avec une personne de l'entreprise privée pour
l'exploitation d'un système de gestion des déchets, et que cette
personne dit: Je suis très intéressée, mais je n'ai pas
les moyens financiers surtout d'aller acquérir les équipements
nécessaires, acheter les terrains; pouvez-vous m'aider, pouvez-vous me
donner un prêt ou une subvention... La municipalité n'est pas
autorisée présentement à le faire. Peut-être que ce
que demanderait la municipalité ne pourrait pas être inclus dans
le cadre d'un programme de prêts ou de subventions par le gouvernement
provincial, parce que le gouvernement n'aurait pas l'argent pour aller aider
toutes les municipalités à faire cela. La municipalité
pourrait quand même avoir une certaine réserve et pourrait
être disposée à donner cet argent en subventions à
la personne disposée à gérer un système de
déchets. Je pense que c'est ce qui est couvert ici.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 96, adopté?
M. BOIVIN: II y a une loi municipale qui défend à une
municipalité de donner un contrat de plus de $10,000. Mais, elle ne
pourra pas donner, même avec soumission vous diminuez cette chose
à $1 un contrat sans la permission du ministre.
M. GOLDBLOOM: Un contrat n'est ni un prêt ni une subvention. Cet
article ne parle que de prêt et de subvention. Les lois municipales
s'appliquent toujours.
M. BOIVIN: C'est parce que vous avez donné l'exemple d'avoir
recours à l'entreprise privée. Alors, c'est un contrat.
M. GOLDBLOOM: Donner une subvention pour rendre possible à cette
entreprise privée de faire un travail, c'est indépendant du
contrat quoique cela pourrait être un élément du
contrat.
M. PAUL: Cela veut dire que le contrat est une réalisation. C'est
la deuxième étape dont parle l'article 96.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 96. Adopté?
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 97. Adopté?
M. PAUL: Un instant. "... sont payées à même les
deniers accordés annuellement à cette fin..." Ce seraient
plutôt des crédits votés qu'accordés. Les
crédits sont votés.
M. GOLDBLOOM: Les deniers votés ou les crédits
votés?
M. PAUL: Les deniers votés. Ce serait mieux de dire: A même
les crédits votés annuellement à cette fin par
l'Assemblée nationale. C'est mieux de dire crédits que deniers.
Ce sont les crédits qui sont votés.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. D'accord.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A même les crédits
votés.
L'article 97 est adopté tel qu'amendé?
Adopté.
L'article 98.
Sanctions
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il y aurait lieu de réviser
la liste des articles ici. Je
voudrais proposer une liste révisée et l'on constatera
qu'à cette liste paraîtra un article qui n'a pas encore
été proposé, un article additionnel qui a
été distribué en papillon mais que nous n'avons pas encore
étudié. Est-ce que les membres de la commission
préféreraient étudier cet article avant d'arriver à
l'article 98? Il s'agit de l'article 59c). On se rappellera que l'article 59a)
permettait de donner un privilège pour un maximum de 25 ans pour
l'établissement d'un lieu d'élimination, d'entreposage ou de
traitement de certaines catégories spécialisées de
déchets. Ensuite 59b) permettait à la personne autorisée,
en vertu de l'article 59a) d'acquérir de gré à gré
ou par expropriation tout immeuble pour fins d'élimination etc.
L'article 59c) dirait: "Lorsqu'un permis spécial a été
émis en vertu de l'article 59a) relativement à certaines
catégories de déchets de nature chimique ou radioactive, nul ne
peut vendre, transporter, déposer, entreposer, éliminer ou
traiter de tels déchets, contrairement aux dispositions de tout
règlement du lieutenant-gouverneur en conseil portant sur ces sujets,
à moins d'une permission écrite du ministre". C'est pour
protéger le public contre...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté? UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que vous pourriez répéter
59b)? Je m'aperçois que je n'avais pas le texte.
M. GOLDBLOOM: Nous avons le texte de 59b) ici, M. le Président;
je pourrais peut-être demander que l'on en fasse une photocopie.
Je propose la liste suivante pour les articles auxquels l'article 98
ferait allusion et je m'explique, M. le Président. Il est prévu
dans cette section intitulée: Sanctions, trois sortes d'amendes. Il y a
des amendes très élevées prévues à l'article
98 d'un maximum de $5,000 pour la première infraction et de $10,000 pour
toute infraction subséquente, et c'est notre but d'appliquer ces amendes
aux activités industrielles, aux pollutions majeures et dangereuses.
Ensuite, à l'article 100, on parle des articles 59 et 60.
Là aussi, j'aimerais proposer une révision de la liste. C'est
pour la personne qui laisse traîner des déchets ou qui utilise des
contenants qui ne sont pas acceptables. Là, l'amende est de $200 au
maximum.
Pour tous les autres articles de la loi, le maximum serait de $500 selon
l'article 101. Ce sont les trois niveaux d'amendes que nous proposons.
Dans cette optique, j'aimerais suggérer, parce que nous avons
revu les articles en question, que nous limitions l'application de 98 aux
articles suivants: 20, 21, 22, 44, qui concernent les plans d'urgence, et qui
implique par exemple le refus d'une industrie de collaborer à
l'exécution d'un plan d'urgence, de diminuer son activité devant
une menace de crise de pollution atmosphérique, par exemple.
L'article 59 c) que nous venons d'adopter et qui porte sur la
manipulation des déchets dangereux et l'article 83 qui porte sur les
déchets radioactifs qui sont nécessairement dangereux dans le
même sens. Je répète, les articles 20, 21, 22, 44, 59 c) et
83.
M. PAUL: Il y aura un nouveau numérotage, par exemple.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Pilote); L'article 66 est biffé?
M. GOLDBLOOM: Oui. On élimine 43, 45, 48, 63 et 66.
M.PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 98 est adopté.
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 99.
M. PAUL: C'est une amende assez élevée pour celui qui ne
veut pas fournir des informations. Il a toujours le pouvoir
discrétionnaire du juge.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. PAUL: Cela frappe un peu aux yeux: $10,000 pour le gars qui
négligerait de répondre à une lettre que lui a
adressé le directeur.
M. AUDET: M. le Président, est-ce que ceci s'applique pour toute
personne ou pour des industries?
M. GOLDBLOOM: De la façon dont l'article est
rédigé, oui. Il s'appliquerait à toute personne et je suis
d'accord que l'amende prévue est assez forte.
M. BOIVIN: Pour les articles 98 et 100 aussi. C'est ce que je trouve
dur. Si c'était pour l'article 98 alors je dirais qu'il a affaire
à des groupes mais à l'article 100, sur une recommandation du
directeur qui peut donner une amende de $200...
M. PAUL: Cela ne veut pas dire qu'il aura à payer $200 d'amende.
Le juge pourra condamner qu'à $10 seulement.
M. BOIVIN: Non, je parle de l'article 99, est-ce qu'il s'applique
à l'article 98 et à l'article 100? Parce qu'on a traité
l'article 100 en même temps que l'article 98. Je trouverais cela un
peu
fort que l'amende soit plus forte à l'article 99 qu'à
l'article 100. Comprenez-vous?
M. PAUL: Ce ne sont pas les mêmes genres d'infractions.
M. GOLDBLOOM: Non. Il s'agit d'actions individuelles qui n'impliquent
pas la production d'une déclaration ou d'information ou de plan. Cela ne
s'appliquerait pas mais je trouve fort juste...
M. PAUL: Vous ne seriez pas près, d'un coup sec, de
réduire cela de $9,800 et de mettre cela à $200?
M. BOIVIN: J'aimerais mieux que l'amende soit moins élevée
mais que ce soit à toutes les semaines ou à tous les jours. Avec
la loi de l'ordonnance municipale, il est passible d'amende tous les jours.
M. PAUL: On pourrait peut-être dire: Poursuite sommaire d'une
amende n'excédant pas $200 pour chaque jour d'infraction.
M. BOIVIN: L'ordonnance d'un directeur, cela peut porter sur une
nuisance, une petite nuisance, il pourrait comdanner quelqu'un à
$10,000.
M. GOLDBLOOM: Par contre, si une industrie refuse de fournir des
renseignements sur ses projets, il faut avoir une arme assez...
M. BOIVIN: Si cela s'appliquait à l'article 98. Ce que je n'aime
pas, c'est que cette somme de $10,000 peut s'appliquer à l'article 100
aussi. Que cela s'applique à l'article 98, c'est une chose assez
sérieuse; mais que cela s'applique à l'article 100, je trouve
cela un peu fort. J'aimerais même mieux que le montant soit moins
élevé et qu'il se répète quotidiennement.
Dès qu'il corrige la situation, on peut lui faire des causes.
M. PAUL: Le ministère du Revenu est assez vigilant
là-dessus, il parle même de parties de jour.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Vu la complexité du bill et la nécessité
de l'observance de multiples règles, je crois que c'est très
dangereux pour quiconque d'être devant une sanction aussi forte. Il peut
négliger, peut-être...
M. PAUL: C'est pour ça, mon cher collègue d'Abitibi-Ouest,
que j'ai demandé une réduction d'un coup sec de $9,800, la
véritable doctrine créditiste.
M. AUDET: Le respect de la personne humaine.
M. PAUL: C'est ça.
M. AUDET: Imaginez-vous un pauvre type qui néglige de s'informer
ou de se plier à une ordonnance...
M. PAUL: Ou que, à un moment donné, un enfant...
M. AUDET: ... et qui est obligé de payer $10,000. Cela n'a pas de
sens.
M. BOIVIN: Surtout pour l'article 100. A l'article 98, on a quand
même affaire à des gros. Mais là, j'aimerais mieux que
l'amende se répète tous les jours.
M. GUAY: Mais avec les avis cela peut se faire.
M. PAUL: Ce n'est pas automatiquement $10,000, c'est un pouvoir
discrétionnaire laissé au juge qui peut condamner à $5
comme à $10,000.
M. AUDET: C'est ça qui est important, de catégoriser les
cas. Tous les cas n'ont pas la même gravité.
M. PAUL: Le juge, lui, a toujours la liberté de
catégoriser l'infraction. Après information, il peut demander
ceci: Est-ce que le procureur de la poursuite peut me réciter certains
faits? Si l'individu qui est là lui explique: M. le juge, je suis
allé en voyage et je n'ai pas pris connaissance de la correspondance du
directeur, et j'ai oublié de répondre. Le juge peut alors dire:
$5 ou $1 d'amende.
Le juge a discrétion.
M. AUDET: C'est un maximum. M. PAUL: Un maximum.
M. GOLDBLOOM: J'ai une suggestion à faire. Si l'on revenait
brièvement à l'article 98 et si l'on incorporait dans l'article
98 l'allusion aux articles additionnels 24, 25 et 26.
M. PAUL: Cela irait à 44 après. On garderait tous les
autres...
M. GOLDBLOOM: Oui, c'est cela. Je suggérerais que l'on diminue
l'amende prévue à l'article 99 à $2,000 au maximum.
M. PAUL: A $2,000. Ce n'est pas si mal. Une réduction de 80
p.c.
M. GOLDBLOOM: Il faudrait les légistes me le soulignent
incorporer l'article 27 dans l'article précédent, parce
que l'article 27 comprend l'ordonnance du ministre à une
municipalité.
M. BOIVIN: Si c'était une grosse compagnie,
il y aurait possibilité de lui faire une cause tous les
jours?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président...
M. BOIVIN: Même si ce n'est pas mentionné.
M. GOLDBLOOM: Oui, c'est mentionné à un article
ultérieur mais en ajoutant à l'article 98 les articles 24, 25, 26
et 27, on applique les amendes maximales de $10,000 au maximum aux industries
pour les cas de pollution majeure et pour la question des renseignements
à fournir. On réduit...
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 98 est adopté en ajoutant les
articles 24, 25, 26 et, 27. Adopté?
M. GUAY: Un instant. Cela voudrait dire que ça comprendrait les
articles 20, 21, 22, 24, 25, 26, 27, 44, 59 c) et 83.
LE PRESIDENT (M. Pilote): C'est ça. M. GUAY: Bon, parfait.
M. GOLDBLOOM: Oui. M. le Président, je m'excuse, on doit toujours
vérifier les numéros d'article et les légistes portent
à mon intention que ce n'est pas 27, c'est 26 a).
M. PAUL: De toute façon, il va falloir qu'il y ait
révision des numéros.
M. GOLDBLOOM: Bon, 26 a) et 27. On couvre tout.
LE PRESIDENT (M. Pilote): On ajoute les articles 24, 25, 26, 26 a) et
27. Adopté?
M. PAUL: Mais la rédaction finale ne sera pas
nécessairement...
M. GOLDBLOOM: C'est cela!
M. BOIVIN: On écrit $2,000 au lieu de $10,000.
M. GOLDBLOOM: C'est $2,000 pour le refus de produire une
déclaration. Ce serait au juge de décider. Si je comprends que
l'article 99 est adopté...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté tel qu'amendé,
c'est-à-dire qu'on va dire: "n'excédant pas $2,000", au lieu de
$10,000.
M. GOLDBLOOM: C'est cela!
M. BOIVIN: Ce sera moins malin!
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté.
M. GOLDBLOOM: A l'article 100, je suggère que l'on enlève
les articles 46 et 47, qui deviendront des articles soumis à
l'application de l'article 101, et que l'on dise: "Quiconque enfreint l'article
59 ou 60 commet une infraction..."
M. BOIVIN: On enlève l'un ou l'autre.
M. GOLDBLOOM: C'est cela! C'est plus simple de dire: "Quiconque enfreint
l'article 59 ou 60".
M. BOIVIN : Cela couvre ceux qui jettent des bouteilles de leur
automobile.
M. GOLDBLOOM: C'est cela! C'est $200.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 100 est adopté, tel
qu'amendé.
M. BOIVIN: Est-ce que le gouvernement prendrait des dispositions en vue
d'installer des poubelles le long des chemins?
M. GOLDBLOOM: Et des affiches le long des routes aussi. Oui, M. le
Président.
M. BOIVIN: Dans les autres provinces, il y a des poubelles
installées à tous les dix milles.
M. GOLDBLOOM: Nous travaillons là-dessus, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 100, adopté. Article 101.
M. PAUL: Trop fort ne casse pas est l'argument qu'a apporté le
ministre, au cas où on l'aurait oublié. On veut veut pas le
laisser échapper.
M. BOIVIN: Est-ce qu'on ne pourrait pas dire: "subir les mêmes
peines" au lieu de mettre un montant différent? "Quiconque fait une
fausse déclaration pourrait être passible des mêmes peines".
C'est $10,000 dans le cas prévu à $10,000, $200 si c'est $200,
$2,000 si c'est $2,000. S'il fait une fausse déclaration, il est
passible des peines...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, c'est comme le
député de Maskinongé l'a dit tout à l'heure. C'est
une espèce d'article omnibus au cas où, dans les articles
précédents, on aurait oublié une application quelconque de
la loi. C'est $500 d'amende, à la discrétion du juge quant au
montant.
M. BOIVIN: Pour une compagnie qui serait passible d'une amende de
$10,000, cela la paierait de faire un faux rapport et de ne payer que $500
d'amende. C'est pour cette raison que je serais d'accord pour que la personne
qui fournit un faux renseignement soit passible de la peine.
M. GOLDBLOOM: C'est pour cela que nous avons ajouté les articles
24, et suivants à l'article 98. C'est pour appliquer ces amendes de
$10,000 à toutes les activités industrielles, y compris la
production de rapport.
M. BOIVIN: Vous parlez de celui qui fait un faux rapport. Il est
passible d'une amende de $500. Je voudrais qu'il soit passible de la même
peine, plutôt que $500. Cela paierait une industrie de dire: On va
éviter une amende de $10,000. Elle donne un faux renseignement et elle
ne paie que $500 d'amende. Elle s'en sauve.
M. GUAY: Est-ce que l'article 101 ne vise pas uniquement une amende de
$500 pour un faux rapport? Et non pour la non-exécution? Je vois
ça comme ça.
M. BOIVIN: Je voudrais qu'elle soit passible des mêmes peines si
elle fait un faux rapport.
M. GOLDBLOOM: Dans le cas d'une industrie, les articles que nous avons
énumérés impliquent le dépôt de
renseignements, de plans et devis, description de la chose ou de
l'activité visée, indication de la quantité ou la
concentration prévue de contaminants. Tout cela est couvert par
l'article 98, avec les additions que nous avons faites.
L'industrie qui ne fournit pas les renseignements sera, par l'effet de
l'article 98, passible d'une amende pouvant aller jusqu'à $10,000.
M. BOIVIN: On accepte cela?
M. GOLDBLOOM: C'est cela. C'est ce que la loi dit.
M. BOIVIN: Si elle fait un faux rapport, cela ne lui coûte que
$500.
M. GOLDBLOOM: Non. Ce seront $10,000. M. GUAY: Un montant de $10,000
plus...
M. PAUL: A ce moment-là, elle se prévaudra de l'article 98
et elle portera une nouvelle plainte. Elle sera exposée à payer
$10,000, plus $500.
M. GUAY: C'est de cette façon que j'interprète l'article
101.
M. PAUL: C'est cela.
M. GUAY: Un montant de $10,000; en plus, elle sera passible d'une amende
de $500 pour une fausse déclaration, un faux rapport.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté?
M. GOLDBLOOM: Un instant. Une question de rédaction. Il est
suggéré d'enlever le mot "qui" à la troisième
ligne. "... qui contrevient à la présente loi ou à un
règlement établi en vertu de ses dispositions ou fait une fausse
déclaration s'y rapportant mettre une virgule après le mot
"rapportant" commet une infraction et est passible..."
M. PAUL: Je constate que le conseiller juridique, M. Piette,
s'améliore de jour en jour à notre contact.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 101 est adopté tel
qu'amendé?
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 102.
M. PAUL: C'est le problème que soulevait tout à l'heure
mon collègue, le député de Dubuc.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté?
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 103.
M. BOIVIN: Cela signifie que si on a occasionné des dommages, il
faut qu'on paie des dommages en plus de tout cela.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté? L'article 104.
M. BOIVIN: Est-ce que le criminel est exclu de cela?
M. PAUL: II y a un principe de droit qui dit que le civil ne tient pas
le criminel en état, sauf c'est la seule exception qu'on y
rencontre dans le cas d'assaut simple. Une tape sur la margoulette, par
exemple. Un individu qui décide de porter une plainte parce qu'il aurait
été victime d'un assaut simple, si une sentence intervient, il ne
peut pas, par la suite, réclamer ou poursuivre également au
civil. Il y a toute une jurisprudence là-dessus.
M. BOIVIN: S'il cause des dommages, c'est en plus...
M. PAUL: Oui.
M. BOIVIN: ... et si c'est criminel, c'est en plus.
M. PAUL: C'est la même chose que celui qui conduit un
véhicule automobile alors qu'il n'a pas son permis de conduire. Ce n'est
pas parce qu'il n'a pas de permis de conduire qu'il est responsable de
l'accident, mais il peut être responsable ou non de l'accident, avoir un
recours en dommages pour ou contre lui et commettre, en plus, une infraction au
code de la route.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 104 est adopté?
M. BOIVIN: On tient les employés responsables du patron.
M. PAUL: C'est le même principe qui existe dans la loi de la
Société des Alcools du Québec. Pour les commis de bars qui
servent à des mineurs ou à des heures indues, le détenteur
de permis ne peut pas invoquer qu'il n'était pas présent, que
cela était contraire aux ordres qu'il avait donnés. C'est moins
sévère ici.
M. BOIVIN: Mais dans les trois dernières lignes, on diminue un
peu.
M. PAUL: C'est cela.
M. BOIVIN: II faut qu'il fasse la preuve que cela s'est fait à
son insu.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté?
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 105.
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse, mais si vous voulez revenir à
l'article 104 pour une question de rédaction. A la sixième ligne,
n'est-il pas préférable, en français, de dire:
"...à moins que celui-ci n'établisse..."
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté tel qu'amendé. Article
105.
M. PAUL: C'est normal que le ministre ait le pouvoir, puisqu'on l'a
accordé aux municipalités hier. Cela va?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. M. BOIVIN : La créance
est privilégiée? M. PAUL: Pas dans ce cas-là.
M. BOIVIN: C'est comme une dette due au gouvernement, c'est pas mal
toujours privilégié, le gouvernement. C'est comme une taxe.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 105 est adopté. Article
106?
M. AUDET: Est-ce que la démolition que le ministre ordonnera sera
toujours à la charge de la municipalité?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: L'article 105 donne au ministre le pouvoir de
récupérer le montant des frais, recouvrer le coût de ce
dernier, exécuter la chose aux frais du contrevenant et en recouvrer le
coût de ce dernier. L'article 106 va plus loin.
Si on est obligé de démolir, on récupère
également, on a un droit de recours contre ce dernier.
M. GOLDBLOOM: C'est notre interprétation, M. le Président.
Je souligne qu'à la dernière ligne de l'article, du
deuxième alinéa, pour les présentes fins de l'étude
de la loi, il faudra remplacer l'article 77 par les articles 72 à
74.
M. PAUL: Excusez-moi, mais il y en a un qui a toussé en
même temps et je n'ai pas compris.
M. GOLDBLOOM: Articles 72 à 74. Au lieu de 77, à la
dernière ligne du deuxième alinéa. Le nouveau
numérotage se fera plus tard.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 106 est adopté tel
qu'amendé?
M. GOLDBLOOM: C'est-à-dire les articles dans ce cas...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Les articles 72 à 74. L'article 106 est
adopté. Article 107?
M. PAUL: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 107. Adopté. Article 108?
M. GOLDBLOOM: C'est l'article 108 qui sera le suivant. C'est une
nouvelle rédaction.
M. OSTIGUY: On avait écrit "entraîner" dans l'autre
article.
M. GOLDBLOOM : Oui, c'est une faute de frappe.
M. PAUL: Est-ce nécessaire? Est-ce que le juge doit dire au
contrevenant: Vous savez, vous venez de commettre un délit je vous fais
défense de répéter la même offense?
M. BOIVIN: On lui prête de mauvaises intentions, pour le
moins.
M. PAUL: Cela pourra se faire si le juge imposait une sentence
suspendue. Dans le cas de sentence suspendue, le juge peut imposer les
conditions qu'il veut, mais est-ce nécessaire de le mentionner?
M. GOLDBLOOM: C'est peut-être plus nécessaire en ce qui
concerne la cessation d'une activité qu'en ce qui concerne l'ordre de
s'abstenir de faire quelque chose.
M. AUDET: Est-ce que ça ne voudrait pas dire qu'une fois la
culpabilité reconnue, il faudrait un avertissement avant de lui imposer,
au jour le jour, la même amende, la même sanction? Il serait au
moins averti.
M. PAUL: II a été averti puisqu'il a été
condamné une fois. Le fait qu'il soit traduit devant le tribunal est
bien la meilleure preuve qu'il a enfreint une loi.
M. GUAY: C'est un bon avertissement.
M. GOLDBLOOM: L'idée de l'article est que l'on donne à
cette décision du juge l'effet d'une injonction.
M. PAUL: Oh, un instant! c'est de vouloir donner l'effet d'une
injonction, vous n'irez certainement pas par cet article mettre de
côté les règles de procédure civile. Je crois que
c'est 951 ou 957. Tout le mécanisme des injonctions... un instant! Vous
allez rabouer celui qui ne se conformera pas à l'ordonnance du juge,
vous allez l'amener pour le condamner pour mépris de cours, à la
prison, sous prétexte que, d'après lui, c'est une injonction.
C'est extrêmement... là, je n'y vais plus du tout. Je comprends
l'intention pure du ministre, mais si on veut prendre une injonction, qu'on le
dise carrément ou qu'on pose l'acte judiciaire en conséquence. On
est tout de même pas pour légiférer dans les
méandres des intentions inconnues, obscures...
M. BOIVIN: La liberté de faire des causes tant qu'ils
veulent...
M. PAUL: Vous pouvez prendre une action tous les jours. Vous pouvez
prendre chaque jour d'infraction. Je suis convaincu qu'on n'a pas
consulté le ministre de la Justice là-dessus. Je suis convaincu
parce qu'il vous aurait dit: Non. Pas parce qu'il ne veut pas coopérer
mais on veut amender d'une façon obscure, incertaine, le code de
procédure civile. Surtout dans un chapitre qui devient de plus en plus
utilisé, comme l'injonction.
Là, M. le Président, j'invite le ministre à une
très grande prudence et je l'inviterais à ne pas succomber
à l'invitation que peuvent lui faire ses hauts fonctionnaires. C'est
trop dangereux. Je comprends le point de vue. Mais ils ont l'occasion de
répéter les plaintes. C'est encore bien plus fort qu'une
injonction. L'article 102 dit que tous les jours, ils peuvent porter plainte.
C'est-à-dire que, pour chaque jour d'infraction, ils peuvent porter une
plainte.
M. GUAY: C'est déjà pas mal dur.
M. PAUL: Franchement, M. le ministre, on va trop loin. C'est un mauvais
bouchon que vous essayez de nous passer vers la fin. La suite va être
dure.
M. GOLDBLOOM: Je tiens à souligner que ce ne sont pas les
conseillers juridiques du ministre qui ont proposé cet article mais bien
les légistes du conseil exécutif.
M. PAUL: Mais ce ne sont pas les légistes du ministère de
la Justice. On va dire que tous les légistes sont sous la
responsabilité administrative du ministère de la Justice. Mais
qu'on demande l'opinion d'André Desjardins, sous-ministre de la Justice,
et jamais il ne vous consentira cela. Mais je félicite les conseillers
du ministre qui ne l'ont pas invité à faire une telle infamie
juridique.
M. BOIVIN: Ils n'ont pas l'air à l'entériner.
M. PAUL: Ils sont un peu gênés de lire ça. Je
connais de brillants légistes...
M. GOLDBLOOM: Quand même, ils préféreraient garder
l'article, M. le Président. Je pense que nous pourrions nous
rendre...
M. PAUL: Supposons que je suis traduit demain matin, devant les
tribunaux, pour vol. Je plaide coupable...
M. GOLDBLOOM: Pour un "filibuster"?
M. PAUL: Non, non! pas pour un "filibuster". Au contraire. Je m'attends
à recevoir une décoration spéciale de la part de la
population du Québec. Alors, je vais me présenter devant le juge.
Je vais enregistrer un plaidoyer de culpabilité. Et le juge va me dire:
Vous avez besoin de cesser toutes vos activités. Vous savez que vous
n'avez pas le droit de voler. Vous savez que vous n'avez pas le droit de
prendre ce qui ne vous appartient pas. Autrement, pour la prochaine infraction,
vous allez subir l'infamie de la cour, toutes les vindictes de la justice...
Nul n'est censé ignorer la loi. S'il y a entêtement, s'il y a
mauvaise foi, il y a toujours le mécanisme prévu à
102.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je n'aurais pas d'objection
à suspendre l'article pour consulter le ministre de la Justice et
revenir avec une recommandation.
LE PRESIDENT (M. Pilote): On suspend 108.
M. PAUL: Je voudrais, M. le Président, que, dans l'opinion
légale qu'on va demander au ministère de la Justice, probablement
à Me André Desjardins ou à un de ses officiers, qu'on
fasse mention de l'intention du ministre d'introduire une nouvelle forme
déguisée d'injonction. Je voudrais que vous attiriez l'attention
des conseillers du ministère là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 108a)?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il y a un papillon, une nouvelle
version suggérée pour l'article 108a).
M. PAUL: On a tellement de papillons. On
sera forcé de bâtir, pas un pigeonnier, il y en a
déjà un en construction, mais...
M. GOLDBLOOM: On vous fournira un texte complet, M. le
Président.
M. PAUL: Je regrette, je ne peux pas partager les principes, accepter le
principe qui est là. Exemple, une infraction commise à la loi de
la faune. Ce n'est pas le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche qui va porter l'infraction. Il va demander au procureur
général de porter plainte. Nous avons étudié, nous
avons adopté des lois spéciales pour mettre fin à des
situations de crise comme, par exemple, la grève générale
dans les services publics et parapublics. Ce n'est pas le ministre du Travail
qui porte la plainte. Sur un rapport qui lui est fait, le ministre de la
Justice, le procureur général, portent la plainte. C'est
tellement vrai que je ne sais pas si le ministre qui habituellement, est
présent j'avais même, un peu sous le couvert de
l'amitié, de la taquinerie, suggéré au ministre de
remplacer le mot "procureur général" par "solliciteur
général". Et je lui avais dit: Cela vous donnera l'occasion de
reformer votre cabinet, etc.
C'est tout simplement une incidence que je rappelle au sujet de cette
direction unique qui doit exister au sein du ministère aux fins de
vérifier les activités judiciaires des conseillers juridiques et
des organismes que sont les ministères.
Que le ministre recommande, voie à l'application de la loi,
très bien. Mais que le ministre ne se fasse pas d'ennemis en
étant le dénonciateur dans une poursuite. Vous savez, il y a deux
postes qui peuvent brûler un homme, en politique. Celui du
ministère de la Justice ou le ministre de la Justice et le
ministère des Finances ou le ministre des Finances. Ils ont la couenne
dure. Ils sont prêts à en endurer. Qu'on n'aille pas donner de
telles responsabilités à un ministre, parce que c'est
dangereux.
M. BOIVIN: Même le ministre des Affaires sociales n'a pas...
M. PAUL : Même le ministre des Affaires sociales...
M. BOIVIN: La poursuite se prend par le procureur
général.
M. GOLDBLOOM: II va sans dire que ce n'était pas l'intention, par
cet article, de mettre de côté ce principe. On pourrait remplacer
le mot "ministre" par les mots "procureur général".
M. PAUL: ... une poursuite pourra être intentée par le
procureur général ou par quiconque avec l'autorisation du
ministre. C'est peut-être pas nécessaire de l'ajouter.
M. GOLDBLOOM: C'est-à-dire qu'il y a tant de demandes pour que
les citoyens aient le droit de poursuivre, que nous avons voulu élargir
un peu...
M. PAUL: Est-ce que vous avez l'intention de faire
bénéficier le citoyen qui sera dénonciateur, mouchard,
débateur, ou peu importe comment vous le nommez?
M. GOLDBLOOM: C'est pour cela que la deuxième phrase du premier
alinéa est là.
M. PAUL: ... ou par quiconque avec l'autorisation du ministre... Toute
poursuite en vertu de la présente loi est intentée par le
procureur général. Oui, parce qu'on sait qu'en vertu de la loi
créant le poste de procureur général, le ministère
de la Justice... Tous les pouvoirs sont écrits dans cette loi. La
preuve, c'est que le ministère de la Justice, à toutes fins
pratiques, a des représentants, des substituts du procureur
général. Si le ministre veut simplement dire ceci: Toute
poursuite en vertu de la présente loi a été
intentée par le ministre de la Justice, ou ses substituts, je pense
qu'on couvre pas mal tout.
M. BOIVIN: Les amendes vont...
M. PAUL; Toujours quand même aux fonds consolidés du
Revenu.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le procureur général peut
autoriser une autre personne, un simple citoyen à entreprendre une
poursuite?
M. PAUL: Si ce n'est pas spécifiquement permis, cela
dépend. Il faut faire une distinction. La preuve, c'est que je suis
victime d'un assaut grave, en matière criminelle, si la couronne dit: On
ne s'en occupe pas. Je ne peux pas porter de plainte. Si on procède par
voie d'enquête préliminaire et que mon assaillant est
condamné à subir son procès aux assises criminelles, le
ministère de la Justice sera obligé d'intervenir parce que seul,
lui, peut plaider au nom d'un mandataire public.
D'un autre côté, le ministre de la Justice ne prendra
jamais le risque de déléguer un pouvoir de poursuite à
quiconque. Absolument pas.
M. BOIVIN: Il peut intervenir auprès du directeur
général. L'individu intervient auprès du directeur
général, auprès du ministre concerné mais l'action
se prend.
M. GOLDBLOOM: Le député de Maskinongé nous a fait
remarquer hier, qu'il n'existe pas dans notre tradition juridique la classe
"action". C'est l'approche à ce genre de mécanisme que nous
avions voulu créer, ici, en réponse à moult demandes.
M. PAUL: M. le Président, ce qu'il va arriver, c'est que le
directeur va perdre le contrôle de l'application de sa loi s'il laisse
cela entre les
mains de tous et chacun. J'en ai contre mon troisième voisin
parce que je le déteste, parce qu'il m'a fait une lutte à la mort
et je m'aperçois qu'il y a une nuisance. Je vais porter une plainte, au
sujet d'un tas de fumier, tout ce que vous voudrez, je me demande si on ne
devrait pas du même coup soumettre tout le problème au
ministère de la Justice. Le ministère de la Justice avec ses
conseillers spécialement, Me André Desjardins, pour la section
civile dans les circonstances ou Me Drouin, le nouveau sous-ministre de la
Justice, pour la section criminelle. Je pense qu'on trouvera un texte qui va
correspondre aux objectifs du ministre sans laisser la porte ouverte à
de nombreux abus possibles.
Je comprends que le ministre veut autant que possible rendre facile
l'application de sa loi et veut éveiller l'opinion publique, la
participation du public mais pas jusque-là, à mon point de
vue.
M. BOIVIN: Quand il accorde ce pouvoir-là aux
municipalités, c'est possible, mais je me demande s'il n'y aura pas
d'abus de ce côté-là aussi, comme pour les licences, la
vitesse, le stationnement. Nous sommes rendus au point que le maire de la ville
de Québec, j'en suis certain, va s'en servir pour se faire des
revenus.
M. GOLDBLOOM: C'est pour cette raison que nous avons restreint ce
pouvoir à la section VII, la salubrité des immeubles. On
reproduit ainsi ce qui se fait présentement. Mais puisque nous avons
suspendu l'article 108, je serais prêt à suspendre 108 a) du
même coup et à revenir cet après-midi avec une nouvelle
proposition.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Les articles 108 et 108 a) sont suspendus.
Dispositions générales
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 109.
M. BOIVIN: Avez-vous un exemple pour nous faire comprendre cet article?
Il enlève le contaminant et ça peut faire tort à sa
santé. C'est ça que je ne comprends pas.
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président. C'est bien simple, je donne
un exemple banal. Si une personne se plaint que la peinture, la carrosserie de
sa voiture a été endommagée par l'émission de gaz
d'une cheminée d'usine, elle peut demander une enquête. Si la
personne trouve que sa santé a été affectée par la
présence, dans son eau potable, d'un mauvais goût qui l'a rendue
malade, elle peut demander une enquête.
M. BOIVIN: Mais on dirait que c'est le rejet du contaminant qui
occasionne des dommages. L'Article est peut-être mal tourné.
M. GOLDBLOOM: Si une personne croit pouvoir attribuer à
l'émission, au dépôt, au dégagement ou au rejet d'un
contaminant des dommages à sa santé...
M. BOIVIN: Oui.
M. GOLDBLOOM: Si elle croit qu'elle peut attribuer à ces choses
des dommages à sa santé ou à ses biens, elle peut demander
une enquête. Il me semble que c'est normal. Mais c'est la
responsabilité du ministre.
M. GUAY: Je trouve ça tout à fait normal.
M. PAUL: M. le Président, est-ce qu'il n'y aurait pas
possibilité, à mon humble point de vue, d'assouplir le texte
parce que "Si une personne croit pouvoir attribuer à l'émission,
au dépôt, des dommages à sa santé... On ne voit pas
ça souvent. Si une personne croit pouvoir attribuer à
l'émission, au dépôt, au dégagement ou au rejet d'un
contaminant l'état de sa santé, ou a subi des dommages, elle
peut, dans les trente jours, demander au ministre d'entreprendre une
enquête.
M. BOIVIN: Une virgule à la place de "ou" et ensuite les
corrections.
M. GOLDBLOOM: Même pas un mauvais état de santé?
M. PAUL: II va falloir qu'elle ait un certificat médical, quelque
chose pour établir son état de santé. Si elle a un bon
état de santé, pas de plainte possible. Si elle a un mauvais
état de santé, une présomption, elle va porter
plainte.
Parce que si une personne croit pouvoir attribuer il me semble
que c'est clair, je peux me tromper à l'émission, au
dépôt, au dégagement ou au rejet d'un contaminant
l'état de sa santé ou a subi des dommages...
M. GOLDBLOOM: Si l'on disait, M. le Président: Une atteinte
à sa santé ou des dommages à ses biens?
M. PAUL: Je m'y rallierais avec empressement parce que, vous savez, un
homme seul, c'est intelligent, deux se complètent, trois commencent
à douter l'un de l'autre, et, quand on devient plus nombreux, il y en a
beaucoup qui ne sont que des suiveux.
M. BOIVIN: C'est l'anarchie. Mais, sauf au criminel, arrive-t-il souvent
que le gouvernement s'engage à intenter des poursuites et à
défendre l'individu?
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas de cela qu'il s'agit ici, M. le
Président, il s'agit d'une enquête.
La personne ne serait pas en mesure, seule, de faire l'enquête,
d'obtenir la preuve que le dommage à ses biens a été
causé par le rejet d'un contaminant; c'est au ministre à faire
cette preuve pour la personne. La personne ira, par la
suite, devant la cour réclamer des dommages avec la preuve que
lui aurait fournie le ministre.
M. BOIVIN: Ce n'est pas du domaine civil?
M. PAUL: Même là, M. le Président, je crois que le
ministre va plus loin ou du moins, qu'il veut trop donner d'importance à
l'enquête que nous lui demandons. L'enquête qui lui est
demandée ou la plainte, que l'on loge, c'est dans le but de mettre fin
à une situation qui altère la santé d'un individu ou lui
cause des dommages. Mais, c'est sans restriction, sans limite ou sans entrave
à la liberté de l'individu d'intenter quand même des
procédures en dommages contre celui ou ceux qui lui en ont causé.
Le résultat de l'enquête qu'on demande au ministre de tenir ici
n'est pas nécessaire et n'est pas une restriction à la
liberté d'action judiciaire de la part de celui qui a subi des
dommages.
M. GOLDBLOOM: C'est clair, M. le Président, mais quand
même, le résultat de l'enquête pourrait être fort
utile à la personne qui a subi des dommages, en montant la preuve
nécessaire pour convaincre la cour.
M. PAUL: Mais, d'un autre côté, la demande d'enquête
c'est pour faire cesser un état de fait. Cela ne veut pas dire qu'il y
aura nécessairement réclamation en dommages. Cela peut tout de
même devenir utile dans la preuve à établir devant les
tribunaux.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. M. PAUL: D'accord.
M. BOIVIN: Mais le gouvernement a-t-il l'habitude de faire cela? Prenons
l'exemple de l'automobile.
M. PAUL: L'enquête du coroner qui se tient au point de vue d'un
accident d'automobile, c'est pour déterminer s'il y a
responsabilité criminelle, mais ça sert en "mosus" devant les
tribunaux dans les réclamations civiles. Je vous dis que c'est
utile.
M. BOIVIN: Qui a poursuivi General Motors pour la pollution? Est-ce le
gouvernement qui en a fait la preuve ou si ce sont des individus qui ont pris
position, qui ont prouvé cela?
M. GOLDBLOOM: De mémoire, je ne le sais pas.
M. BOIVIN: Je sais qu'il y a eu une action de plusieurs millions de
dollars.
M. GOLDBLOOM: Je ne me le rappelle pas, M. le Président.
M. PAUL: Quant à moi, M. le Président, avec l'amendement
que le ministre nous a suggéré, je serais prêt à
accepter l'article.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 109 est adopté tel
qu'amendé.
Article 110, adopté. Article 111. M. BOIVIN: Un instant.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Votre collègue a dit qu'il était
adopté. Article 110, adopté. Article 111.
M. PAUL: C'est une nouvelle façon de tenir une sorte d'examen au
préalable sans action judiciaire. "Le plaignant doit permettre à
celui qu'il prétend responsable de la source de contamination ou
à son agent d'examiner les dommages et de procéder à des
analyses pour vérifier la cause, la nature, l'étendue et la
valeur économique des dommages." Je regrette mais je m'inscris en faux
pour un tel pouvoir parce qu'il y a un tel mécanisme qui est
prévu dans le code de procédure civile, l'examen au
préalable ou l'examen médical qui dans les deux cas permettent au
défendeur de contrôler les prétentions du demandeur.
M. BOIVIN: Les articles 109 et 110 nous conduisent à l'article
111. La procédure continue.
M. PAUL: Non. Si les articles 109 et 110 prouvent des dommages,
l'article 111 est l'exercice d'un recours en dommage. Mais par l'article 111,
on n'ira pas réglementer les procédures qui sont
déjà inscrites dans le code de procédure civile pour
l'exercice d'un droit ou le remboursement des dommages.
M. GOLDBLOOM: II s'agit ici d'une enquête menée par le
ministre. Donc, il n'y a pas nécessairement une action légale qui
est entreprise.
M. PAUL: Mais excepté qu'il y a une mosus de présomption
parce que votre article parle de dommages. C'est là que j'en viens
à la conclusion que... "Le plaignant doit permettre à celui qu'il
prétend responsable de la source de contamination ou à son agent
d'examiner les dommages..." Si les dommages existent et l'individu
décide de demander une compensation ou un remboursement pour ses
dommages, il le fera par les mécanismes d'une action. Si c'est moins de
$300, c'est par le moyen des petites créances. Et si c'est
supérieur à $300, c'est par les services d'un avocat. Et le
procureur du défendeur demandera la tenue d'un examen au
préalable et ira même jusqu'à demander, par requête,
le droit de faire examiner par un médecin de son choix le demandeur pour
contrôler la nature des dommages qu'il prétend avoir subis.
M. GOLDBLOOM: J'ai devant moi le code de procédure civile.
M. PAUL: Oui, mais le texte que vous avez là a été
amendé bien des fois parce que tous les ans on l'amende. On a au moins
deux projets de loi tous les ans pour amender le code de procédure.
Autrefois, l'examen préalable se faisait par une requête et
aujourd'hui, c'est tout simplement par un subpoena. Il y a une grosse
différence en partant.
M. GOLDBLOOM: Tout cela à l'intérieur d'une cause.
M. PAUL: Pas d'un procès, mais d'une cause, d'une
réclamation en dommages.
M. GOLDBLOOM: Mais voici que le ministre doit entreprendre une
enquête...
M. BOIVIN: Moi, je trouve que les articles 109, 110 et 111
découlent des deux premiers.
M. PAUL: Non, ce n'est pas au ministre dans son enquête, c'est que
le plaignant doit permettre à celui qu'il prétend
responsable...
M. BOIVIN: II fait une enquête et il fait sa cause.
M. PAUL: Là, c'est le plaignant qui va être obligé
de permettre... C'est celui qui a été reconnu comme étant
un agent de contamination qui peut forcer le plaignant et dire: Un instant. Je
vais entrer chez vous, je vais examiner ce qui en est, je vais contrôler
vos demandes, je vais faire un prélèvement.
M. GUAY: Cela pourrait durer des mois.
M. GOLDBLOOM: Je reconnais l'importance de ce que souligne le
député de Maskinongé. Je reconnais aussi que cette section
commence par une autorisation au ministre de procéder à des
enquêtes sur requête d'une personne et que l'on introduit dans
l'article 111 un élément additionnel.
M. PAUL: Là, le ministre ne peut plus rien avoir.
M. GOLDBLOOM: Oui. Pour cette raison, puisque nous avons à
prévoir des consultations avec le ministère de la Justice,
j'ajouterai l'article 111 à ces consultations.
LE PRESIDENT (M. Lafrance); Alors, l'article 111 est suspendu. Article
112?
M. PAUL: II n'y a pas d'inconvénient à cela.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 112. Adopté.
M. PAUL: Un instant.
M. BOIVIN: J'ai vu à plusieurs reprises dans la
municipalité des bouts d'aqueduc où il n'y a pas de circulation.
Il peut aussi y avoir des défectuosités dans une maison
privée, il peut y avoir de la condensation à cause de ces bouts
d'aqueduc qui ne circulent pas. Le fonctionnaire peut avoir à faire des
prélèvements dans ces maisons. Prenez le chlore qu'on met dans
l'eau. S'il y a une mauvaise circulation dans l'aqueduc municipal, vous avez
plus de chlore dans ces bouts d'aqueduc. Je permettrais même aux
fonctionnaires d'y aller, c'est pour le bien public, cela n'attaque d'aucune
façon l'édifice privé. Il me semble à propos qu'on
puisse faire des prélèvements dans certaines parties de la
municipalité, même dans les maisons privées.
M. GOLDBLOOM: II y a toujours la section sur la salubrité des
immeubles, M. le Président.
M. PAUL: Est-ce que, par hasard, le président serait rendu
à l'autre bout de la table?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): A l'ordre! On revient à l'article
112. Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: Je croirais qu'on devrait protéger le public,
même dans les maisons privées. Je vous en ai donné un
exemple.
M. GOLDBLOOM: IL n'est pas question de ne pas protéger le public.
Il est question de l'accès que l'on peut permettre à un
fonctionnaire à tout moment raisonnable sur certains terrains et dans
certains immeubles. Je pense que, pour pénétrer dans une maison
privée, il faudra invoquer la probabilité, la possibilité
d'un état d'insalubrité ou la présence d'une source de
contamination qui pourrait affecter les conditions de vie à
l'intérieur de cet immeuble.
M. BOIVIN: Cela peut être la faute de la municipalité et
cela peut être une mauvaise organisation de la part de la plomberie; il
peut y avoir contamination par l'égoût, même quand l'aqueduc
passe, il y a des succions dans l'entrée de l'aqueduc. Je vous donne un
exemple où la municipalité peut être responsable d'une
mauvaise circulation dans le système d'aqueduc.
M. GOLDBLOOM: Pour moi, le pouvoir de pénétrer dans une
maison privée est un pouvoir assez sérieux.
M. PAUL: C'est tellement sérieux que le premier ministre du
Canada a présenté son bill omnibus en disant que l'Etat n'avait
rien à voir avec ce qui se passait dans les chambres.
M. BOIVIN: Quand il se promène dans une ville, on
pénètre dans les maisons pour faire des enquêtes pour le
protéger. Ne vous fatiguez pas.
M. GOLDBLOOM: S'il y a des conditions insalubres, le fonctionnaire peut
pénétrer. Il
peut avoir, selon nos lois, beaucoup de nos lois, une autorisation
spéciale pour pénétrer dans une maison pour des fins
précises.
M. BOIVIN: J'aimerais mieux qu'on ajoute, peut-être, pour la
maison privée...
M. GOLDBLOOM: Je pense que cela est déjà prévu dans
nos lois, M. le Président. Ce n'est pas nécessaire
d'ajouter...
M. GUAY: ... de prévu pour pénétrer dans les
maisons privées.
M. BOIVIN: Mais il y a un avis, peut-être avertir avant. Souvent,
le propriétaire ne le sait pas, la famille ne le sait pas. Personne ne
le sait dans la famille.
M. GOLDBLOOM: II me semble, M. le Président, que, pour
pénétrer dans une maison privée, il faut donner une raison
valable, il faut avoir un document à présenter au
propriétaire de la maison pour démontrer qu'il y a une raison
valable. Voici un pouvoir général de pénétrer
n'importe où, à n'importe quelle heure raisonnable. Moi, je pense
que c'est suffisant pour les fins de cette application.
M. PAUL: M. le Président, je pense que mon collègue...
M. BOIVIN : Pour protéger les familles et je donne deux
exemples...
M. GOLDBLOOM: Nous aussi.
M.PAUL: Je pense que mon collègue, le député de
Dubuc, ne va pas soutenir son argumentation jusque par le moyen d'une motion.
Il a tout simplement mis en garde le ministre...
M. BOIVIN : Vous pouvez avoir une maison d'habitation ce sont
encore des maisons privées, il peut y avoir des problèmes
qui peut loger douze, quinze ou vingt familles: II peut y avoir des
problèmes. Je suis d'accord à ce qu'on mette une réserve,
avec une permission spéciale ou avec un avis, un appel
téléphonique ou autre pour...
M. GOLDBLOOM: Je prétends, M. le Président,
respectueusement, que cela est déjà prévu dans nos lois.
Si l'on a besoin de ces pouvoirs, on peut s'adresser aux autorités
compétentes pour obtenir l'autorisation spéciale.
M. GUAY: Je suis convaincu, M. le Président, que si le
fonctionnaire autorisé se présente chez le propriétaire en
invoquant des raisons sérieuses, il n'y a pas beaucoup de
propriétaires qui vont s'y opposer.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. GUAY: Je prends un exemple. J'ai mon propre système d'acqueduc
chez nous. Je ne fais pas partie du système public. A partir de
là, j'hésiterais, bien sûr. Mais si le ministre me dit: On
a découvert que l'eau peut être contaminée. Je
n'hésiterais pas à laisser pénétrer le
fonctionnaire pour qu'il en fasse l'analyse. C'est bien sûr.
Pour autant que c'est raisonnable, le fonctionnaire qui se
présente a une raison valable de le faire. Il ne faudrait quand
même pas...
M. PAUL: J'aimerais mieux en discuter avec mon collègue.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, l'article 112 n'est pas
adopté.
La commission suspend ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 1 )
Séance du jeudi 14 décembre 1972
(Dix-sept heures quarante-six minutes)
M. SEGUIN (président de la commission permanente des Affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
Je constate qu'il est six heures moins douze minutes. Il y a
déjà quelques minutes que nous attendons et je constate aussi
qu'il y a quorum. Dans ce quorum, il y a un membre du Parti
québécois mais aucun représentant des deux autres partis.
Pour le bon ordre et afin de rester dans l'esprit des travaux de commission, je
dois, à ce moment, non pas procéder, même s'il y a quorum,
mais suspendre les travaux jusqu'à 8 h 30 ce soir, afin de permettre
à tous ceux qui sont membres et qui devraient normalement être
présents d'y être. Si à 8 h 30je constate qu'il y a quorum,
nous continuerons les travaux. J'ajoute qu'arrive à. l'instant un
représentant du Ralliement créditiste. C'est dire que nous
pouvons, même s'il manque un parti, procéder. Cela annulerait ce
que je viens de dire.
J'avais suggéré, M. Guay, qu'étant donné
qu'il manquait jusqu'à ce moment une représentation de la part
des partis d'Opposition, puisque nous n'avions que le Parti
québécois, même si nous avions quorum, que peut-être,
pour le bon esprit de notre commission, il aurait fallu suspendre nos travaux
jusqu'à 8 h 30.
De la part des membres de l'Opposition, s'il y a désir formel que
nous progressions, nous avons quorum et nous pouvons le faire.
M. GUAY: Je m'excuse d'être en retard. Je remplace le
député de Lévis qui parle présentement en Chambre.
J'ai été informé que la commission siégeait parce
que j'ai travaillé cet après-midi à la commission des
Affaires sociales. Je m'excuse du retard.
LE PRESIDENT (M. Seguin): C'est avec l'esprit le plus impartial possible
que j'ai fait la suggestion de suspendre nos travaux jusqu'à 8 h 30
parce que de toute façon, il faudrait les suspendre dans dix minutes. A
moins que le ministre ait des commentaires à faire il a
été silencieux jusqu'ici nous allons suspendre nos
travaux.
M. GOLDBLOOM: Je pense que votre esprit de justice est à
remarquer. Pour ma part, j'aimerais que tous les partis soient présents.
Nous avons eu une discussion qui, malgré sa longueur, a
été généralement constructive et
intéressante.
Je me sentirais, pour ma part, en mesure de procéder, notamment
parce que nous avions laissé en suspens certains articles, les articles
108, 108 a) et 111. J'avais retenu les commentaires du député de
Maskinongé sur ces trois articles. Dans ses commentaires, il demandait,
il suggérait de consulter le ministère de la Justice. Nous
l'avons fait. Les suggestions que j'aimerais formuler sur ces trois articles
tiennent compte notamment des commentaires du député de
Maskinongé. Je pense bien que je préférerais, pour ma
part, qu'il soit présent. J'espère qu'il le sera à la
reprise de nos travaux. Mais il me semble aussi, M. le Président, que
l'intérêt de la collectivité étant en jeu
nous avons devant nous un projet de loi qui ne manque pas d'importance, qui
vise la protection de l'environnement québécois si les
divers partis, ou un d'entre eux préfèrent ne pas être
présents ce soir à la reprise de nos travaux, je me sentirai dans
l'obligation de continuer le débat sur le projet de loi avec ceux qui
seront présents à ce moment-là.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Le député de Taillon.
M. LEDUC: M. le Président, je pense que les règlements de
l'Assemblée nationale mentionnent, quant à la commission, qu'il
doit y avoir un certain nombre de membres pour qu'une commission siège.
Je crois que, lorsque vous atteignez le quorum, selon nos règlements, il
est possible à la commission de siéger. Par délicatesse,
habituellement, on attend les représentants des partis d'Opposition,
mais je crois comprendre que ce soir, il est fort possible que les partis qui
sont à la table à six heures moins cinq aujourd'hui soient les
mêmes partis représentés ce soir à huit heures
quinze. En conséquence, je crois que le commentaire que formulait
tantôt le ministre à l'effet que s'il manque un parti... Cela
pourra fort probablement se passer ce soir. Il semble que le parti qui est
absent prétend avoir assez contribué à bonifier la loi
ce sont les mots qu'on a utilisés tantôt et que les
membres de ce parti resteront en Chambre plutôt que de descendre en
commission.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, comme le disait tout à
l'heure le député de Taillon, nous sommes actuellement deux
partis de l'Opposition.
Si nous n'avions été que le Parti québécois
à être représenté à cette table, je crois que
la représentativité de la commission aurait pu être mise en
doute. Mais ce n'est certainement pas le cas actuellement puisque deux partis
d'Opposition sont représentés, d'autant plus que, probablement,
ce soir, nous aurons le même problème. Pour ma part, il reste
quelques minutes, je suis prêt à accepter la suggestion du
président, mais je serai prêt à discuter, à
débattre le projet de loi, à 8 h 15, comme on le fait d'ailleurs
lorsqu'un représentant d'un parti politique arrive en retard ou,
à cause de nombreuses commissions, ne peut pas se rendre assister
à une commission.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Le ministre responsable de
l'environnement.
M. GOLDBLOOM: Je voudrais ajouter un seul commentaire, M. le
Président, dans l'intérêt de tous les membres de la
commission. Je voudrais vous rappeler qu'il est arrivé, à
certaines occasions au cours du débat sur ce projet de loi, que nous
avons commencé notre travail et que le représentant soit du
Ralliement créditis-te, soit du Parti québécois ait
été retardé pour des raisons qui leur sont propres et que
je ne commente pas.
Mais je dois souligner que les représentants de
l'Unité-Québec n'ont pas manqué de souligner le fait que
nous commencions le débat dans l'absence de l'un ou de l'autre des
autres représentants. Je pense donc qu'il n'y a pas deux poids deux
mesures. Nous avons trois partis représentés; c'est par
délicatesse que nous acceptons volontiers votre suggestion de suspendre
nos travaux et de les reprendre ce soir à l'heure que vous allez nous
proposer.
Si nous nous trouvons de nouveau trois partis en présence, nous
aurons respecté, non seulement les règles parlementaires, mais
aussi les règles de la courtoisie et de la gentilhommerie.
LE PRESIDENT (M. Seguin): M. le ministre, vous avez mon assurance que...
On a mentionné 8 h 15. Ce soir, la reprise sera à 8 h 30. J'ai eu
des demandes de la part de certains membres de la commission qui, pour une
raison ou une autre, seraient retardés un peu. Afin d'étendre la
même courtoisie à tout le monde, ce sera à 8 h 30 ce soir,
au moment où j'aurai quorum. Si la commission le désire,
j'appellerai la commission à l'ordre, au moment où j'aurai
quorum.
Je voudrais, pour le journal des Débats, identifier les personnes
ici présentes. M. Ostiguy (Rouville), M. Gauthier absent, M. Houde
(Limoilou), M. Lessard (Saguenay), M. Guay (Dorchester), M. Faucher (Yamaska),
M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Fraser (Huntingdon), M. Larivière
(Pontiac), M. Vaillancourt (Stanstead), Dr Goldbloom (D'Arcy-McGee), le
ministre, et M. Pépin (Sherbrooke).
M. PEARSON: Pearson.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Voilà la liste permanente des membres
de la commission que j'ai. Quant à M. Pearson, il est ici, mais il n'est
pas membre de la commission d'après ma liste.
M. GUAY: Comme M. Latulippe, d'ailleurs.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Comme M. Latulippe, ici présent, qui
n'est pas membre.
M. GOLDBLOOM: Pour l'information des membres de la commission, M. le
Président, si ma mémoire est fidèle vous me
corrigerez si je fais erreur nous étions en train de discuter
l'article 112. Nous avions cependant laissé en suspens les articles 108,
108a) et 111. Avec votre permission, à la reprise de nos travaux,
j'aurai des propositions à faire quant à ces trois articles en
suspens. Nous pourrons revenir à l'article 112 plus tard.
LE PRESIDENT (M. Seguin): La commission ajourne ses travaux
jusqu'à huit heures trente, ce soir. La séance est suspendue.
(Suspension de la séance à 17 h 57)
Reprise de la séance à 20 h 30
M. SEGUIN (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
Voici la liste des membres de la commission: M. Ostiguy, M. Houde
(Limoilou), M. Lessard, M. Guay, M. Faucher, M. Goldbloom, M. Larivière,
M. Pépin.
M. le ministre, à l'article 108, je pense que vous avez des
commentaires à faire.
Sanctions (suite)
M. GOLDBLOOM: M. le Président, nous avions laissé
l'article 108 en suspens pour considérations additionnelles et le fruit
de cette étude a été une décision de proposer que
l'on retire l'article 108.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Alors, l'article 108 qui avait
été suspendu auparavant est maintenant retiré.
M. GOLDBLOOM: Retiré.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Nous ne suivrons pas un changement de
nomenclature, mais ce sera rajusté dans la réimpression de la
loi.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Retiré.
M. GOLDBLOOM: Pour l'article 108 a), il y a une rédaction que le
ministère de la Justice nous a proposée et qui est sur la feuille
que nous venons de distribuer.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 108, retiré. Rayé.
"Aucune poursuite ne peut être intentée sans l'autorisation du
procureur général. Toutes les amendes obtenues sont
versées au fonds consolidé du revenu. Toutefois, une
municipalité peut, sans autorisation, intenter une poursuite
relativement aux pouvoirs qui lui sont attribués à la section VII
de la présente loi. Dans ces cas, le produit des amendes appartient en
totalité à la municipalité". Voilà la proposition
du ministre.
M. GOLDBLOOM: Vous vous rappellerez que le député de
Maskinongé avait souligné que les poursuites sont en principe
intentées par le procureur général et que nous avions
voulu élargir cela un peu en permettant à une autre personne
d'intenter une poursuite. Voici la formule proposée par le
ministère de la Justice. Aucune poursuite ne peut être
intentée sans l'autorisation du procureur général. Le
choix est là.
M. OSTIGUY: Lorsqu'on parle de poursuites, ce sont des poursuites
vis-à-vis de...
M. GOLDBLOOM: Ce sont toutes les poursuites prévues par la
présente loi.
M. OSTIGUY: Pour tous les genres d'infractions, industrielles et
domestiques?
M. GOLDBLOOM: Oui.
LE PRESIDENT (M. Seguin): L'article 108 est adopté tel que
reproposé par le ministre. Article 111.
Dispositions générales (suite)
M. GOLDBLOOM: Avant d'étudier l'article 111, est-ce que je peux
vous demander d'arrêter un instant à l'article 109, parce que je
crois que dans votre texte qui doit être le texte officiel, il y a une
erreur? Il y a deux mots qui manquent à la quatrième ligne, qui
devrait se lire: "... une atteinte à sa santé ou des dommages
à ses biens". Vous n'avez pas les mots "des dommages".
M. LESSARD: Voulez-vous relire, s'il vous plait?
LE PRESIDENT (M. Seguin): L'article se lirait comme ceci: "Si une
personne croit pouvoir attribuer à l'émission, au
dépôt, au dégagement ou au sujet d'un contaminant à
sa santé ou des dommages à ses biens, elle peut dans les trente
jours..." C'est le nouvel article.
M. OSTIGUY: On enlève les mots "au rejet" et c'est
remplacé par...
LE PRESIDENT (M. Seguin): Je reprends. Si vous voulez bien me suivre.
C'est le nouvel article et non pas l'article tel qu'imprimé dans la
loi.
L'article se Brait comme ceci: "Si une personne croit pouvoir attribuer
à l'émission, au dépôt, au dégagement ou au
rejet d'un contaminant à sa santé ou des dommages à ses
biens". Après, on enlèverait le premier dommage et on ajouterait
à la suite de "santé ou" les mots "des dommages à ses
biens".
M. GOLDBLOOM: Alors, vous avez les mots au début de cette ligne:
"Une atteinte à sa santé", M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Une atteinte à sa santé.
M. GOLDBLOOM: Une atteinte à sa santé ou des dommages
à ses biens.
LE PRESIDENT (M. Seguin): "Une atteinte" remplacerait "des dommages", le
premier. Adopté. Article 111?
M. GOLDBLOOM: A l'article 111, nous avons après consultation
décidé de proposer qu'il soit rayé.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 111 rayé. Article 112?
M. LESSARD: A l'article 112: "Tout fonctionnaire autorisé
à cette fin par le ministre peut..." Simplement une remarque, M. le
Président. Cet après-midi nous avons étudié le bill
30 et il y avait un article qui ressemblait à celui-là et le
ministre des Affaires sociales a inscrit la nécessité pour toute
personne qui fait un travail dans ce sens-là, après
vérification au moins, de s'identifier. Je comprends que la personne,
normalement, exige l'identification, mais je sais que la Loi de la chasse et de
la pêche, beaucoup de personnes sont un peu intimidées et
n'exigent pas cette identification-là. C'est simplement une remarque. On
dit: "Tout fonctionnaire autorisé à cette fin par le ministre
peut à tout moment raisonnable pénétrer sur un terrain,
dans un édifice ou autre..." Je supppose qu'il a un papier
d'identification du ministère, alors je le mentionne.
M. GOLDBLOOM: Je pense qu'il implicite, M. le Président, que le
fonctionnaire qui est autorisé par le ministre doit démontrer
qu'il est autorisé à ces fins. Ce n'est certainement pas notre
intention d'agir autrement, et notamment dans nos conversations avec nos
inspecteurs ils ont réclamé une carte d'identité qu'ils
n'ont pas présentement pour permettre de prouver leur autorité
pour faire des enquêtes et formuler des recommandations.
M. LESSARD: II est entendu que cette personne devra d'abord s'identifier
et ensuite... d'accord, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 112. Adopté?
M. GUAY: C'est-à-dire prouver qu'elle est envoyée par le
ministre responsable.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. GUAY: Parce que, dans toutes les autres lois, je pense que c'est
comme ça. Par exemple, fournir son permis sur demande...
M. OSTIGUY: Dans le domaine de l'hygiène publique, c'est
entièrement nécessaire.
M. LESSARD: Dans la Loi de la chasse et de la pêche, on ne le fait
pas si on ne l'exige pas. Le garde-chasse qui vient chez moi et qui veut
vérifier le contenu du congélateur, si je ne l'exige pas, il ne
le fait pas. Cela va, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 112. Adopté. Article 113. C'est
encore un article de décence.
M. GOLDBLOOM: C'est le complément de ce que nous avons
étudié et adopté tout à l'heure. C'est
l'autorisation d'obtenir toutes les informations nécessaires à
l'exercice de leurs fonctions.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Adopté. Article 114.
M. GOLDBLOOM: L'article 114 est un article qui est également
normal: "Nul ne doit entraver l'exercice des fonctions d'un fonctionnaire."
M. GUAY: La différence entre les articles...
M. GOLDBLOOM: Le nouveau numérotage se fera.
M. GUAY: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Adopté. Article 115, tel que
prévu dans la loi.
M. GOLDBLOOM: C'est un article très général qui
permet au lieutenant-gouverneur en conseil d'attribuer d'autres devoirs au
ministre qui sera désigné pour l'application de la loi.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 115. Adopté. Article 116.
M. OSTIGUY: C'est 116 a)?
M. GOLDBLOOM: Non, article 116.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Adopté?
M. GUAY: Advenant le cas où un citoyen penserait que le directeur
est dans l'erreur, est-ce que le seul mécanisme est d'aller en
appel?
M. GOLDBLOOM: II s'agit ici seulement d'enquête, M. le
Président, de donner au ministre et au directeur les pouvoirs d'un
commissaire enquêteur.
M. GUAY: Excusez, ma question vaut pour l'article 116a).
LE PRESIDENT (M. Seguin): Nous allons réunir les deux articles
116 et 116a).
M. GOLDBLOOM: L'article 116 a) a une signification un peu
différente et il y a un texte que le député a devant lui,
texte qui remplace celui qui est sur les feuilles. Je m'excuse, M. le
Président, avant d'adopter l'article 116, je souligne une erreur de
frappe à l'avant-dernière ligne. Ce n'est pas l'article 3; c'est
l'article 2 de ladite loi. L'article 2 de la Loi des commissions
d'enquête porte sur le sermet que doit prêter
l'enquêteur.
LE PRESIDENT (M. Seguin): L'article 116
serait adopté. Nous passons à l'article 116 a), avec le
changement proposé par le ministre.
M. LESSARD: A l'article 116 a), l'individu, la corporation ou la
compagnie n'a donc aucun recours contre le directeur ou le directeur adjoint ou
toute personne qui agit en son nom, lorsque cette personne agit en sa
qualité officielle, même si une personne peut prouver qu'elle a
subi des dommages, par suite d'une vérification ou d'un arrêt. Je
comprends que, dans le deuxième alinéa, on dit que deux juges de
la cour du Banc de la reine peuvent sur requête annuler sommairement tout
bref, etc. La personne n'a aucun recours?
M. GOLDBLOOM: C'est un article qui parait dans bien des lois; c'est une
immunité normale que l'on donne pour permettre à une personne qui
assume une responsabilité très importante d'exercer ses
fonctions. Mais vous constaterez deux choses: premièrement que le
deuxième alinéa permet à deux juges de la cour du Banc de
la reine d'annuler sommairement tout bref, toute ordonnance et toute
injonction, donc il y a un recours. Deuxièmement, il y a le protecteur
du citoyen qui peut se prononcer sur les actions du directeur, du directeur
adjoint ou des inspecteurs, sans pour autant placer ces personnes dans la
situation où il y aurait des recours contre elles, à cause de
leurs actions.
M.LESSARD: Autrement dit, il s'agit de protéger la personne
individuellement qui agit comme fonctionnaire du gouvernement.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. LESSARD: C'est que toute corporation ou compagnie a quand même
d'autres recours, soit la possibilité de pouvoir faire annuler tout
bref, etc., par deux juges et le recours aussi à l'ombudsman qui peut,
si cette personne prouve qu'elle a subi des dommages à la suite d'une
action du fonctionnaire, obliger le gouvernement à rembourser les
dommages et intérêts, s'il y a lieu.
M. GOLDBLOOM: Je pense que le mot "recommander" serait
préférable au mot "obliger". Il n'a pas une autorité
exécutoire mais il rend publiques ses conclusions sur son enquête.
S'il dit que le directeur ou son représentant a agi d'une façon
mal inspirée et a outrepassé ses pouvoirs, c'est un document
public qui devrait certainement amener des correctifs dans l'administration des
services.
M. GUAY: Mais est-ce que la cour du Banc de la reine ne joue pas un peu
comme un mécanisme d'appel? En ce qui concerne le directeur, le
directeur adjoint ou leurs délégués, la
municipalité ne peut pas prendre une injonction contre eux. Sauf que
dans le cas où ils ne sont pas satisfaits, ils peuvent recourir à
deux juges du Banc de la reine. En principe, c'est ça.
M. GOLDBLOOM: Je ne voudrais pas induire les membres de la commission en
erreur et, n'étant pas moi-même juriste, je voudrais être
certain du sens du deuxième alinéa avant de me prononcer
davantage. A la lecture soignée de cet alinéa, je pense que le
rôle des deux juges de la cour du Banc de la reine est différent
de celui que j'ai suggéré tout à l'heure.
M. LESSARD: Quelle est la différence?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, l'explication la plus
précise que je peux donner est celle-ci. La fonction des deux juges de
la cour du Banc de la reine est d'examiner tout bref, toute ordonnance, toute
injonction qui aurait pu être émis contre le directeur ou son
représentant et voir s'il est conforme à ce qui est permis par la
loi, en vertu de l'immunité qui est donnée ici.
Mais le recours au protecteur du citoyen est toujours là et, la
personne je réponds ici à une question posée, je
pense, par le député de Dorchester qui prétend avoir
subi des dommages à cause de l'action erronée du directeur ou de
son représentant a les recours normaux contre le gouvernement par les
lois ordinaires. Mais ce n'est pas un recours personnel contre le directeur qui
doit jouir d'une certaine immunité.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 116 a). Adopté.
M. LESSARD: D'accord!
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 117. Adopté.
M. GOLDBLOOM: Article 117.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 117 a).
M. GOLDBLOOM: Nous avons longuement discuté l'article 117, M. le
Président. C'est le mécanisme de publication des
règlements.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 117. Adopté. Il y a le
paragraphe a) d'après votre amendement.
M. GOLDBLOOM: Non, c'est à l'article 119. Nous n'y sommes pas
rendus.
LE PRESIDENT (M. Seguin): C'est à l'article 119. Je m'excuse.
Article 118.
M. GOLDBLOOM: A l'article 118, le lieutenant-gouverneur en conseil
désigne le ministre responsable de l'application de la présente
loi.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Adopté. Article 119. Adopté.
M. GOLDBLOOM: Article 119. Je souligne, M. le Président, que ce
n'est pas un article
ordinaire, qui paraît dans beaucoup de lois. Le gouvernement
s'engage par cette loi et par cet article.
M. LESSARD: Autrement dit, pour une fois la reine n'est pas au-dessus de
ses sujets. Elle est considérée au même niveau.
M. OSTIGUY: C'est-à-dire que par cet article tout ce qui
appartient au gouvernement, tout ce qui ressort du gouvernement devra se
conformer à l'article 119 ou à la loi.
M. GOLDBLOOM: Devra se conformer à la loi. C'est cela!
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 119 a).
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Adopté.
M. GOLDBLOOM: C'est pour couvrir les industries existantes. Au
paragraphe b) aussi.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 119, paragraphe b). C'est une
modification apportée.
M. GOLDBLOOM: C'est essentiellement la même chose que nous avons
prévue dans la section sur l'eau où nous avons dit que celui qui
exploite un système au moment de l'entrée en vigueur de la
présente loi doit demander un permis d'exploitation.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Le député de Rouville.
M. OSTIGUY: M. le Président, est-ce que ça veut dire que
la personne qui exploite actuellement un site d'enfouissement sanitaire et qui
n'a pas de permis, doit, dans les douze mois qui suivront, faire la demande
d'un permis au ministre? Est-ce bien cela?
M. GOLDBLOOM: C'est cela!
M. OSTIGUY: Et vous lui donnez douze mois.
M. GOLDBLOOM: Douze mois, oui. M. OSTIGUY: Pour se conformer.
M. GUAY: La personne qui demandera un permis d'exploitation au directeur
dans les douze mois, est-ce que, tout de suite, lors de la demande je
dis tout de suite mais disons dans un délai raisonnable les
inspecteurs se rendront sur les lieux visiter son équipement?
Ensuite, se verra-t-il remettre son permis?
M. GOLDBLOOM: Dans un délai raisonnable, tenant compte du nombre
de demandes.
M. GUAY: D'accord. Est-ce que le renouvel- lement des permis se fera
automatiquement, avec le même mécanisme qu'on connaît
ailleurs, ou s'il y aura obligation de demande? J'aimerais un peu
connaître ce mécanisme. Ce sera probablement dans les
règlements, mais j'aimerais connaître le mécanisme de
renouvellement des permis et de quelle façon ces personnes devront se
conformer aux conditions pour le renouvellement.
M. GOLDBLOOM: Nous avons adopté l'article 50 qui prévoit
que la durée des permis est de cinq ans. Alors, une fois le permis
accordé... Et l'article 119 b) prévoit même qu'un permis
provisoire peut être émis en attendant que toutes les
vérifications soient complétées, ce qui serait
nécessaire pour permettre à une activité de se continuer.
Il faut que la municipalité élimine ses déchets
entre-temps, en attendant les vérifications. Mais une fois le permis
définitif accordé, c'est pour cinq ans, et le renouvellement ne
se fait pas automatiquement, mais sur demande, après cinq ans.
M. GUAY: Est-ce que ces permis vont coûter quelque chose? Je ne
sais pas si quelqu'un a posé la question.
M. GOLDBLOOM: Nous n'avons pas encore tranché cette question.
C'est un article qui a été laissé en suspens et auquel
nous reviendrons au cours de notre étude, un article qui permettrait,
par règlement, de fixer des frais, des honoraires pour l'émission
des permis. Comme font les municipalités, par exemple, pour beaucoup de
permis. Ce n'est pas nécessairement l'intention du gouvernement de le
faire. Je dis cela de la façon la plus simple possible. Nous n'avons pas
pensé le faire en ce moment. Mais cet article, quand nous y arriverons,
est simplement un article général de réglementation.
M. GUAY: Advenant le cas où le gouvernement décide qu'il y
a des frais pour l'obtention d'un permis, est-ce qu'il ne serait pas possible
d'examiner le coût du permis ou le montant qui devra être
déboursé pour l'obtention du permis, en tenant compte de la
population ou encore de la capacité d'un contrat?
M. OSTIGUY: Capacité de l'exploitation.
M. GUAY: Encore, oui. Peut-être en tenant compte de la
population.
M. GOLDBLOOM: Certainement. Je pense bien que ce que nous visons par cet
article je pense que nous devons nous excuser auprès du
président parce que nous sommes un peu hors d'ordre mais ce que
nous visons par cet article n'est pas tellement d'exiger des honoraires pour la
délivrance de simples permis, c'est bien dans le cas des industries,
où il y a beaucoup de travail scientifique et technique à faire
avant de pouvoir émettre une autorisation pour un procédé
nouveau, que l'on puisse dire:
C'est beaucoup de temps, beaucoup d'efforts, il y a des dépenses
qui ont été encourues et l'on exigerait un montant pour la
délivrance de cette autorisation. C'est ce que nous visons.
M. GUAY: D'accord.
M. LESSARD: Si vous me permettez...
LE PRESIDENT (M. Seguin): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: C'est simplement pour poser une question au ministre, qui ne
touche pas â l'article 119, mais qui demanderait une réponse assez
courte.
Au cours de l'après-midi, nous avons discuté le bill 30 et
le ministre des Affaires sociales a fait la distinction entre le bill 30 et le
projet de loi sur la qualité de l'environnement. Le bill 30 touche
strictement la santé individuelle des personnes alors que le bill de la
qualité de l'environnement touche l'homme dans son environnement. Et
nous avons eu à discuter de l'alimentation et à voir s'il y avait
des règlements concernant la manutention des aliments et le ministre des
Affaires sociales nous a répondu que cela devait être dans le bill
34. Est-ce que c'est bien le cas?
M. GOLDBLOOM: Oui, dans une certaine mesure. Mais c'est aussi dans les
lois administrées par le ministre de l'Agriculture. Et nous
évoluons vers la concentration de ces responsabilités, quant aux
aliments eux-mêmes, entre les mains du ministre de l'Agriculture, qui
suivrait les aliments de l'ensemencement jusqu'à la mise en
marché. C'est ce qui se fait dans la plupart des juridictions
nord-américaines.
M. LESSARD: Le ministre nous avait expliqué cela en disant qu'il
ne pouvait pas accepter tel amendement qui avait été
présenté par l'Opposition.
M. GOLDBLOOM: Pour compléter ma réponse, je dois vous dire
que notre pouvoir s'applique notamment aux additifs dans les aliments. Nous
pouvons statuer sur un sujet qui est cher à notre collègue de
Dorchester, le fluor dans l'eau potable et sur d'autres choses de cette
nature.
M. GUAY: Dans le domaine de l'agriculture, là où il existe
des organismes de mise en marché, cela va assez bien. Mais là
où ce n'est pas organisé...
M. GOLDBLOOM: Je pense que, s'il y a une lacune dans la surveillance et
si l'on prétend que la santé peut être menacée par
des aliments quelconques, c'est à l'un ou à l'autre des deux
ministres en question ici, le ministre des Affaires sociales ou le ministre
responsable de la qualité de l'environnement, d'agir s'il n'y a pas
d'autre mécanisme. Nous allons assumer cette responsabilité. Nous
n'avons pas l'intention de laisser des lacunes dans cette surveillance.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 119 b) adopté.
Dispositions transitoires et finales
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 120. M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Adopté. Article 121.
M. LESSARD: C'est la même chose. Adopté.
M. GOLDBLOOM: Les articles 122 et 123 sont des articles de concordance.
Il faudra, pour les compléter, insérer à la fin de chacun
une formule bien connue, car l'on fait allusion à la Loi de la
qualité de l'environnement qui n'est pas encore adoptée ni donc
inscrite dans nos statuts. Il faudra ajouter, entre parenthèses
"insérer ici, le numéro de chapitre du bill 34". C'est une
formalité qui est nécessaire pour l'identification de la loi.
LE PRESIDENT (M. Seguin): A quel article M. le ministre?
M. GOLDBLOOM: A l'article 122 et aussi à 123, à la fin,
entre parenthèses et à l'intérieur des guillemets,
"insérer ici le numéro de chapitre du bill 34". Quand la loi sera
adoptée, évidemment ce sera corrigé automatiquement par
les légistes.
LE PRESIDENT (M. Seguin): A l'article 123.
M. GOLDBLOOM: C'est cela! Il s'agit de deux articles de la Loi du
régime des eaux qui font allusion à certains ministres et qui
ajoutent à cette liste de ministres, le ministre responsable de la
qualité de l'environnement.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Les articles 122 et 123 sont adoptés.
Article 124.
M. GOLDBLOOM: Cet article augmente le nombre de commissaires de la
Commission municipale du Québec à cause de l'article suivant qui
fait des membres actuels de la Régie des eaux du Québec des
membres de la Commission municipale du Québec. Alors les cinq postes de
régisseurs à la régie deviennent cinq postes de
commissaire à la Commission municipale.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 124. Adopté. Article 124
a).
Régie des eaux du Québec
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si vous me le permettez,
j'aimerais faire des remarques générales sur cette imposante
série d'articles dont nous entamons présentement la discussion.
D'ailleurs j'ai distribué, à l'intention des membres de la
commission, une feuille de notes explicatives sur ces articles. J'ai
également donné des explications verbales aux
représentants de chaque parti qui ont généralement
siégé ici à la commission. Il s'agit d'une série
d'articles de concordance très complexes, préparés par les
légistes et ils ont deux buts très simples. Le premier est
d'assurer au directeur et au directeur adjoint la continuité des
bénéfices dont ils jouissent comme fonctionnaires ou, si ce sont
des personnes qui viennent de l'extérieur, de leur permettre
d'acquérir ces bénéfices, soit régime de retraite
et autres.
Deuxième série d'articles de concordance: avec les lois
des communautés urbaines et aussi avec la charte de la ville de
Montréal et celle de la ville de Québec. Dans ces cinq lois, il y
a des allusions à la Régie des eaux du Québec. On attribue
des responsabilités à la régie. Nous avons cru
nécessaire de prévoir dans chaque cas qui, quel organisme ou
quelle personne, remplacerait la Régie des eaux du Québec pour
qu'il n'y ait pas de confusion et qu'il n'y ait pas de lacune quant à
l'exercice d'une responsabilité qui, pour les villes ou
communautés urbaines, serait très importante. On ne pourrait
laisser une communauté urbaine sans une personne morale à
laquelle elle pourrait s'adresser après la disparition de la
Régie des eaux du Québec. Puisque, tout en transférant les
personnes ou les postes de régisseur vers la Commission municipale, nous
ne fusionnons pas la Régie des eaux du Québec comme telle â
la Commission municipale du Québec, il faut prévoir dans chaque
cas ce que l'on fait pour rétablir la concordance et la
continuité de responsabilité. Or, je pourrai donner les
explications au fur et à mesure.
Il y a, dans les notes explicatives et plus particulièrement au
sous-article 3 de ces notes, la définition générale de ce
que nous avons essayé de faire, en conformité avec les principes
déjà établis tout au long de l'étude de la loi.
Donc, quand il s'agit d'approbation de plans et de devis ou de
répartition de coûts de construction et de frais d'entretien,
d'ouvrages intermunicipaux, c'est le directeur qui prend les décisions
là où la régie l'a fait jusqu'à maintenant, et il y
a appel devant la Commission municipale comme pour toutes les autres
décisions importantes du directeur. Quand il s'agit d'ordonnances et
d'approbations de règlements, c'est le ministre. C'est le principe que
nous avons suivi. Quand il s'agit de statuer sur les taux de vente d'eau d'une
municipalité à une autre, c'est directement devant la Commission
municipale que l'on portera le dossier et ce sera à la Commission
municipale d'en juger.
M. GUAY: Qui s'occupe de cela actuellement, est-ce la Régie des
eaux qui s'occupe...
M. GOLDBLOOM: De tout cela, M. le Président.
M. GUAY: ... de la vente d'eau d'une municipalité à une
autre, d'établir les prix?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. GUAY: Qu'est-ce qu'il advient de la Régie des eaux comme
telle? Est-ce qu'elle continue d'exister?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, nous venons d'adopter un
article qui fait disparaître la Régie des eaux. La régie
est un organisme qui a deux sortes de pouvoirs, des pouvoirs administratifs et
des pouvoirs quasi judiciaires. Donc en principe, grosso modo, les pouvoirs
administratifs seront attribués au ministre et ensuite au directeur et
aux représentants du ministre.
Les pouvoirs quasi judiciaires seront attribués en principe
à la Commission municipale du Québec. Dans certains cas, ces
pouvoirs quasi judiciaires seront exercés de façon très
limitée par le directeur, c'est-à-dire que le directeur prendra
une décision initiale. Si cette décision est agréée
par les personnes ou municipalités intéressées, il n'y
aura pas de problème. Si la décision n'est pas
agréée le problème devient une cause quasi judiciaire
devant la Commission municipale qui prendra sa décision qui sera finale
et sans appel.
M.LESSARD: Lorsque vous dites que la Régie des eaux
disparaît, c'est que la Régie des eaux actuelle est
intégrée à la Commission municipale en vertu de l'article
125 et les membres de la Régie des eaux deviennent, par le seul effet de
la présente loi, membres de la Commission municipale.
M. GOLDBLOOM: Les membres sont intégrés mais non pas les
fonctions de la régie. Il faut donc, préciser quelles fonctions
vont à la Commission municipale.
M. LESSARD: Et au ministre, d'accord.
M. GOLDBLOOM: C'est ce que nous avons fait tout le long de la loi.
M. GUAY: On a scindé la Régie des eaux en attribuant les
pouvoirs là où ils devaient aller. Je pense que c'est normal.
M. OSTIGUY: M. le Président, j'espère, vu qu'on adopte
l'article qui va faire disparaitre la Régie des eaux par ce nouveau bill
de la qualité de l'environnement, j'espère que nous aurons les
mêmes services que nous avons connus avec les régisseurs de la
Régie des eaux. A mon avis,
et tous les membres de cette commission seront d'accord avec moi, les
régisseurs de la Régie des eaux, depuis le temps où nous
sommes en politique, ont fait un excellent travail. J'espère que le
même système sera adopté avec le nouveau directeur pour une
plus grande efficacité.
M.LESSARD: Personnellement, j'ai eu à utiliser les services de la
Régie des eaux et j'ai eu une excellente communication avec tous les
régisseurs.
M. OSTIGUY: Cela pourrait être presque un vote de confiance, ou un
vote de remerciement.
M. GUAY: Je suis convaincu de la compétence des régisseurs
de l'ancienne Régie des eaux. Sauf qu'ils avaient un gros
problème, ils n'ont jamais eu de budget pour fonctionner.
J'espère que ce ne sera pas le même problème qui va se
présenter avec la Loi de la qualité de l'environnement.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, premièrement, je voudrais
remercier très sincèrement les députés qui ont fait
les éloges de la régie et de ses régisseurs. Ces
éloges sont bien mérités. Je peux vous assurer que nous
n'avons pas l'intention de perdre ces compétences. Nous avons
l'intention de nous en servir dans le cadre des mêmes
activités.
Quant au budget, le député de Dorchester a raison.
D'ailleurs la Régie des eaux du Québec n'a jamais eu les pouvoirs
d'exécution de travaux qu'a eus la Commission des ressources en eau de
l'Ontario, par exemple. Ce sera dorénavant différent parce que le
ministre, en vertu de cette loi, aura certains pouvoirs d'exécution, des
pouvoirs de subvention que nous avons discutés hier. C'est un
élargissement du champ d'action des services de la protection de
l'environnement qui devra nous mener à plus d'accomplissement.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Je devrai simplement ajouter que ça me
fait encore plaisir de présider à une commission faisant partie
d'une association d'admiration mutuelle.
Puisqu'il y a un commun accord, est-ce que je dois tenir pour acquis que
les sous-articles de l'article 124, avec les lettres de l'alphabet qui
l'accompagnent, sont adoptés?
M. GUAY: M. le Président, avant l'adoption de tous ces
sous-articles, je dois avouer franchement que je suis dans
l'impossibilité de relever des erreurs possibles dans ces articles parce
que, vous l'avez dit, c'est très technique. Je pense que, sans
compétence juridique et sans avoir toutes les lois devant nous pour
faire les concordances, il serait quasi impossible pour un
député, â une commission parlementaire, d'être en
mesure de relever la moindre erreur dans ça. Je pense qu'on n'a
peut-être pas le choix, mais on fait confiance aux personnes qui ont
rédigé ces articles de loi. Même si moi, je prenais le
temps avec le temps on y parviendrait ce serait très long.
Je pense qu'il y a un gros travail qui a été fait
là-dessus. C'est peut-être la première fois qu'on voit un
article aussi chargé de sous-articles. Le dernier sous-article porte le
numéro 124 zb). Donc on est dans une deuxième série de
lettres. Au moins, cela se sera produit une fois au cours de l'étude des
lois. Ce n'est sûrement pas ce qui enlève de la valeur à un
article de loi.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, tout comme le député
de Dorchester, moi aussi je serais dans l'impossibilité de savoir si ce
qui est écrit ici est correct ou fautif. C'est un travail de
bénédictin qu'ont accompli les légistes. Ils ont dû
fouiller les lois et faire les concordances. Je me sens obligé, de la
même façon, de leur faire confiance, ce que nous faisons
d'ailleurs depuis assez longtemps et avec raison.
Je crois que tous les députés ont, devant eux, le texte
corrigé. Il y a quelques corrections qui ont été
ajoutées à la main et qui ont été reproduites. Il
en manque cependant une. Il y a une erreur à l'avant-dernière
ligne de l'article 124 a), où l'on peut lire: Le directeur adjoint des
services de protection de l'environnement. C'est une erreur. On devrait lire:
Le directeur; enlever le mot "adjoint".
LE PRESIDENT (M. Seguin): L'avant-dernière ligne, enlever le mot
"adjoint".
M. GUAY: Est-ce que ce bill va être renuméroté?
M. GOLDBLOOM: Complètement, et l'on n'a pas le choix. Il serait
impensable de publier un projet de loi avec des lettres après les
numéros d'articles, qui vont jusqu'à zd); zc) et zd) touchent la
charte de la ville de Montréal et remplacent les mots "Régie des
eaux" par les mots "Commission municipale".
M. LESSARD: M. le Président, je suis bien d'accord aussi qu'on
accepte ces articles. Je suis dans l'obligation personnelle de les accepter. Je
suis assuré que les fonctionnaires qui connaissent beaucoup mieux ces
lois ont dû...
M. GOLDBLOOM: Dans ce cas-ci, je suis nettement d'accord.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Alors, nous passons à l'article
125.
M. GOLDBLOOM: L'article 126 est une technicité,
évidemment.
LE PRESIDENT (M. Seguin): L'article 125, adopté.
Article 127.
M. GUAY: Avant d'adopter l'article 127, j'aimerais faire un
commentaire.
C'est plutôt un souhait que je formule. C'est que la
présente loi que nous venons d'étudier, la loi 34 sur la
qualité de l'environnement, est une loi qui, je pense, a
été modelée aux besoins de 1972. Cependant, je
répète ce que j'ai déjà dit et ce que d'autres de
mes collègues ont dit: Sans les mesures financières
adéquates qui doivent accompagner cette loi, c'est une belle formule qui
ne sera jamais employée. Je souhaite une longue vie au ministère
de l'Environnement qui devrait être créé, tôt ou
tard, j'en suis convaincu, avec l'ampleur que prennent les besoins dans ce
domaine.
Je souhaite également des compétences autant celles qui
étaient à la Régie des eaux que d'autres qu'on pourra
aller chercher à l'intérieur d'autres services. Nous leur
souhaitons beaucoup de bonheur sous l'étiquette du ministère de
l'environnement.
Je suis convaincu que chaque personne qui aura à travailler dans
ce domaine y mettra autant d'attention que le ministre en a mis à
étudier sa loi. Et ce que je trouve de bien je me permets de le
souligner je ne suis pas tellement souvent d'accord avec certains
ministres mais il faut avouer que le responsable de l'environnement, le
député de D'Arcy-McGee n'a pas eu peur de se déplacer dans
la province au cours des derniers mois, pour ne pas dire depuis le temps qu'il
est là, et de faire une consultation profonde et de toucher
réellement la population.
Je suis convaincu que tout citoyen, dans la mesure du possible, et
toujours selon ses moyens, sera prêt à collaborer à
assainir notre environnement, à faire en sorte que le milieu dans lequel
nous vivons devienne de plus en plus intéressant. C'est-à-dire
qu'à plusieurs endroits, il y a un travail extraordinaire à
accomplir; presque tous nos cours d'eau ne sont presque plus des cours d'eau.
Il est réellement temps qu'on s'y mette et, si cette volonté
exprimée au départ est gardée suffisamment longtemps, nous
serons même en mesure de vivre assez vieux pour voir les changements.
C'est ce que nous souhaitons et, s'il y a lieu, je demande au ministre
de ne pas hésiter à revenir devant la Chambre pour amender sa loi
et lui donner encore plus de force, lui donner davantage de pouvoirs ou, comme
on dit assez souvent, lui donner des dents supplémentaires. Dans la
mesure du possible ou dans la mesure du bon sens, il n'y a rien qu'on doive
ménager pour assainir notre environnement. Je formule le voeu que les
crédits nécessaires soient mis au service de l'environnement
coûte que coûte sans, toutefois, négliger d'autres secteurs
qui sont tout aussi importants.
La protection de l'environnement est devenue chez nous, comme partout
ailleurs, une priorité que nous ne pouvons négliger.
M. LESSARD: M. le Président, pour ma part, je dois aussi
féliciter le ministre du travail qu'il a fait depuis qu'il a
été nommé responsable de la qualité de
l'environnement. Je voudrais le féliciter de façon
particulière parce que ce travail, il le fait sans aucune partisanerie
politique. Je me rappelle que, lorsque le ministre est venu dans ma
région, il m'avait invité à me rendre avec lui à la
ville de Gagnon.
Malheureusement, j'étais occupé à cause
d'engagements antérieurs et il m'avait été impossible de
me rendre, avec le ministre, à Gagnon et à Port-Cartier. Mais
cependant, je dois lui dire que la population de Gagnon, la population de
Port-Cartier, les conseils municipaux ont été extrêmement
heureux de rencontrer le ministre et ont certainement pu, d'après ce
qu'on m'a dit, dialoguer franchement avec lui.
En ce qui concerne la loi, M. le Président, elle soulève
des espoirs considérables chez nous. Je comprends que la population
n'est pas tellement, actuellement, impliquée dans la protection de
l'environnement. Ce n'est pas une loi qui soulève un enthousiasme
délirant dans la population parce que, jusqu'à maintenant, l'on a
très peu entendu parler de l'environnement.
Nous avions déjà et nous l'avons dit en
deuxième lecture des lois qui protégeaient
l'environnement. Comme je l'ai souligné en deuxième lecture,
celle-ci implique plus qu'une question financière, mais d'abord une
question de volonté de la part du ministre. Je pense malheureusement que
les lois que nous avions et qui reviennent dans le projet de loi no 34, on les
a très peu utilisées.
Le ministre nous a prouvé, jusqu'à maintenant, qu'il
voulait faire sérieusement son travail. Pour ma part, je lui dis que
c'est d'abord une question de volonté, parce qu'il devra s'attaquer
à de gros intérêts financiers, à de grosses
compagnies, s'attaquer aussi au fait que la population a très peu
conscience de la protection de l'environnement.
Le ministre a dû certainement remarquer que plusieurs
députés du Parti québécois sont venus discuter en
commission de ce projet de loi, étant donné que le
député de Lafontaine était occupé à certains
moments. Cependant, ce n'est pas parce que nous minimisions le bill 34, au
contraire, nous sommes extrêmement heureux de ce projet de loi et, si
plusieurs députés ont pu intervenir sur ce projet de loi, c'est
que l'ensemble des députés de notre parti, en tout cas, a
étudié de façon très sérieuse ce projet de
loi.
En terminant, je souhaite bonne chance au ministre, et surtout la
volonté de véritablement s'attaquer au problème de
l'environnement, parce que nous avons un pays magnifique et nous n'avons pas
encore de gros problèmes dans certaines régions, comme par
exemple il en existe en Europe. Nous pouvons encore empêcher les
conséquences néfastes de la pollution, pour autant que le
ministre décidera de véritablement s'attaquer au problème.
En ce qui
concerne le ministre actuel, je suis assuré qu'il le fera. Je
l'en félicite et j'espère qu'il continuera son travail d'une
façon aussi efficace et sans partisanerie politique.
Pour ma part, je lui offre toute ma collaboration.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Le député de Rouville.
M. OSTIGUY: M. le Président, à mon tour et au nom des
députés ministériels, je pense bien que l'adoption de ce
projet de loi no 34, Loi de la qualité de l'environnement, n'aurait pu
être présentée en Chambre sans le travail qu'a fait le
ministre. Quand je dis travail, je parle d'éducation, parce qu'il a
parcouru les 108 comtés de la province de Québec. Chaque fois
qu'il y avait des problèmes relevant de la qualité de
l'environnement le ministre était présent et allait
étudier sur place, constater de visu les problèmes qui existaient
dans ces régions.
Evidemment, le projet de loi no 34 est un nouveau projet de loi pour la
province de Québec. J'éprouve beaucoup de plaisir, lorsque
j'entends le député de Saguenay dire que nous avons un beau pays.
C'est vrai que nous avons un beau pays et, par beau pays, j'imagine que le
député veut dire le Canada tout entier.
Alors, encore une fois, au nom des ministériels, nous voulons
féliciter le ministre et ses proches collaborateurs de ce travail, qu'il
a fait, d'éducation auprès de la population. Il est clair dans
notre esprit que le projet de loi devra être suivi par les citoyens. Il
faudra avoir la collaboration de tout le monde. Mais je pense bien que, si le
travail se poursuit comme il s'est poursuivi depuis deux ans, la qualité
de l'environnement en sera protégée et dans quelques
années, nous pourrons retrouver les bonnes années d'antan, les
espaces verts, les rivières. Enfin, tout sera conservé.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Le député de Stanstead.
M. VAILLANCOURT: M. le Président, je ne veux pas
répéter ce que mes collègues ont dit avant moi, les
éloges envers le député de D'Arcy McGee, mais je veux tout
simplement lui poser une question. J'endosse toutes les bonnes paroles qu'on a
eues à son égard. J'aimerais savoir quand les règlements
découlant de cette loi vont être prêts.
M. GOLDBLOOM: J'ai déjà indiqué qu'il y a deux
réponses à cette question. Il existe déjà des
règlements en vertu de la Loi de l'hygiène publique. Nous avons,
je pense, conclu une certaine entente ou établi une compréhension
autour de la table. Même si ces règlements peuvent continuer
d'exister en vertu de cette loi et du projet de loi 30 sur la protection de la
santé publique, il serait désirable qu'ils deviennent très
rapidement des règlements en vertu de la nouvelle loi pour que les
instruments et les pénalités prévues dans cette loi
s'appliquent.
Mais il y a, deuxièmement, une série de nouveaux
règlements qu'il faudra proposer. Il faudra innover dans certains
domaines. Nous sommes déjà à préparer ces
règlements. Le travail très ardu que nous poursuivons depuis
avant le 31 octobre, parce qu'il y avait une préparation assez intense
à faire pour pouvoir déposer le projet de loi présentement
devant la commission parlementaire, nous a empêchés donc de
préparer tout ce que nous aurions voulu présenter rapidement
comme règlements. Mais j'ai donné l'engagement que ces nouveaux
règlements seraient présentés non seulement devant la
commission parlementaire mais aussi au public qui sera invité à
venir s'exprimer sur eux. Je compte pouvoir le faire dans les premiers mois de
1973. J'espère que, dès peut-être le mois de février
ou de mars, nous pourrons entamer ce genre de discussion et sur des sujets
particuliers.
Je voudrais aller plus loin. Nous n'attendrons pas nécessairement
d'avoir un texte de règlements à présenter, s'il y a un
problème au sujet duquel nous voudrions consulter la commission
parlementaire et le public.
Peut-être que nous serons bien mieux inspirés de ne pas
présenter un texte, mais bien d'écouter les
intéressés et de rédiger le texte par la suite.
Donc, j'espère qu'en 1973 nous aurons beaucoup de consultations
à ce sujet.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: Je voudrais ajouter ceci à mes remarques. C'est que
nous avons malheureusement oublié ceux qui travaillent toujours dans
l'ombre, les fonctionnaires. Je pense que nous devons aussi féliciter
les fonctionnaires du merveilleux travail qu'ils ont fait.
M. GOLDBLOOM: Je me permets de remercier les députés au
nom des fonctionnaires qui sont obligés d'être silencieux quand
ils sont ici à la commission parlementaire, mais je sais que j'exprime
en leur nom des remerciements bien sincères. Je me permets de dire, non
pas en leur nom, mais au mien, que les remarques du député de
Saguenay sont extrêmement bien méritées par les
fonctionnaires en question.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Le député de Dorchester.
M. GUAY: Je veux ajouter mes remerciements aussi. On dit: Les
fonctionnaires travaillent dans l'ombre. Je ne suis pas tout à fait
d'accord parce que les fonctionnaires qui ont été ici ont
démontré, premièrement, une compétence et,
deuxièmement, ils ont démontré qu'ils sont très
proches de la législation parce qu'au moment où le ministre a
besoin d'eux, il
n'a même pas à les appeler parce qu'ils sont toujours
prêts, qu'ils s'avancent, et qu'ils sont attentifs d'une façon
extraordinaire.
M. GOLDBLOOM: Je voudrais répondre aux remarques fort
élogieuses et agréables que mes collègues de la commission
ont exprimées tout à l'heure. Je me permettrai cependant
d'attendre un peu pour le faire parce qu'il reste un certain travail de cuisine
à accomplir. Il y a un certain nombre d'articles que nous avons
laissés en suspens et je pense que je préférerais
présenter mon mot de la fin après avoir accompli ce travail sans
lequel nous ne pourrons faire rapport à la Chambre sur le projet de
loi.
Est-ce que je peux comprendre que l'article 127, dans sa nouvelle
rédaction, est quand même adopté?
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Afin de compléter le rapport, sur la
copie du changement de la loi, à l'article 1, je constate qu'il n'est
indiqué nulle part si l'article a été adopté tel
que présenté ou avec amendement. Est-ce qu'on pourrait me
renseigner là-dessus?
Définitions (suite)
M. GOLDBLOOM: Trois paragraphes de cet article ont été
laissés en suspens et je voudrais y revenir immédiatement.
Après une décision sur ces trois paragraphes, nous pourrons
adopter l'article. Il s'agit premièrement du paragraphe 11°...
LE PRESIDENT (M. Seguin): ... qui commence par le mot
"déchet".
M. GOLDBLOOM: Oui. Il y a deux éléments à ajouter.
Je me permettrai de lire le paragraphe: "Déchet: résidu solide ou
liquide provenant d'activités industrielles, commerciales ou agricoles,
détritus, ordure ménagère, lubrifiant usagé,
débris de démolition..." et là, on peut ajouter "... rebut
pathologique". C'est une catégorie de déchets assez
spéciale et assez importante.
Donc: "Rebut patholoqique, cadavre d'animal, carcasse de véhicule
automobile." J'aimerais proposer que nous ajoutions, malgré le fait que
ce soit couvert à un autre endroit dans un certain sens, "rebut
radioactif", pour que la définition soit aussi complète que
possible. Et, pour terminer la lecture, "contenant vide et rebut de toute
nature à l'exclusion des résidus miniers".
M. OSTIGUY: Et non pas à l'exception.
LE PRESIDENT (M. Seguin): L'article se lit: "A l'exception des
déchets miniers".
M. GOLDBLOOM: II a été convenu, quand nous avons
laissé ce paragraphe en suspens, que nous disions: "A l'exclusion des
résidus miniers". On a préféré cette
phraséologie. Quant à moi, c'est essentiellement la même
chose.
M.BELAND: En ce qui concerne les produits pétroliers, est-ce
qu'il n'y a pas certains produits pétroliers, après extraction,
qui sont rejetés et qui peuvent causer de la pollution, soit par odeur
ou autrement? Est-ce que vous avez pensé à ce fait-là?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président, et il va sans dire que, quand
on parle de résidus liquides provenant d'activités industrielles,
c'est compris là-dedans comme définition. Nous ne sommes qu'aux
définitions ici et nous avons prévu plus loin des
mécanismes de traitement spécial de ce genre de résidu et
de protection pour l'environnement.
Adopté, M. le Président?
M. LESSARD: Pourquoi "à l'exclusion," est-ce que c'est couvert
ailleurs?
M. GOLDBLOOM: C'est couvert par les lois minières
administrées par le ministre des Richesses naturelles. C'est pour cela
que l'exclusion est faite.
M.GUAY: Est-ce que vous avez aussi des difficultés avec la
quantité dans certains cas? C'est ce qu'on appelle des
résidus?
M. GOLDBLOOM: Oui.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Dans l'article 1, ce sont des changements?
M. GOLDBLOOM: Ce sont les seuls changements, M. le Président.
Nous avions laissé en suspens les paragraphe 18 et 19. Après
consultation des légistes, je proposerais que ces paragraphes demeurent
tels qu'ils sont, la définition du mot "ministre" et la
définition des mots "véhicule automobile".
LE PRESIDENT (M. Seguin): Article 2? L'administration (suite)
M. GOLDBLOOM: A l'article 2, paragraphe c), il y a une correction
à faire à la phraséologie que nous n'avions pas
rédigée tout à fait correctement. Les légistes ont
recommandé que la première ligne se lise comme suit: Elaborer, en
collaboration avec les autres ministères gestionnaires des
ressources.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Après le mot "élaborer, c'est
ça?
M. GOLDBLOOM: Oui. Le paragraphe se continuerait "... des plans et
programmes d'ensemble."
M. OSTIGUY: Nous biffons "seul ou avec d'autres".
M. GOLDBLOOM: C'est cela. C'est pour préciser que c'est en
collaboration et qui sont les autres. Nous avions laissé en suspens le
paragraphe f). Là aussi les légistes recommandent que le
paragraphe demeure tel qu'il est.
A l'article 13, une question de rédaction: c'est un article qui a
été adopté mais nous n'avions pas remarqué
qu'à la fin du premier alinéa, on y dit "les services de
l'environnement". Pour l'uniformité de rédaction, nous avons
décidé de dire partout dans le projet de loi "services de
protection de l'environnement".
LE PRESIDENT (M. Seguin): Cela viendrait où?
M. GOLDBLOOM: Au premier alinéa, à la fin de ce premier
alinéa, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Les services de protection...
Le Conseil consultatif de l'environnement
(suite)
M. GOLDBLOOM: De l'environnement. Après cela, l'article 15 avait
été laissé en suspens parce que le député de
Maskinongé, de mémoire, croyait que la Loi de la fonction
publique avait été amendée ultérieurement en 1969.
Nous avons vérifié et nous avons trouvé que ce
n'était pas la Loi de la fonction publique mais bien la loi qui a
créé le ministère de la Fonction publique qui a
été amendée en 1969. Donc, l'allusion qui parait dans le
texte est correcte et l'article doit demeurer tel quel.
La protection de l'environnement (suite)
M. GOLDBLOOM: A l'article 22, qui a été adopté, il
y a deux petites corrections de rédaction à faire.
Au troisième alinéa, ligne 8, qui commence par les mots
"ou exiger" on devrait plutôt lire: "et peut exiger que le
requérant mène certaines recherches ou expériences qu'il
indique concernant le projet" et introduire les mots "le tout avant
conformément". C'est une question de rédaction.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Cela viendrait où?
M. GOLDBLOOM: Avant le mot "conformément", à la
dixième ligne. "Le tout conformément". A la même page, vous
avez l'article 23. Il est aussi question d'une rédaction
recommandée par les légistes. A la neuvième ligne, on lit
avec l'amendement "conseil ou afin de prévenir la création". Si
l'on peut ajouter deux fois le mot "probable", "la création probable
d'une nuisance, d'un danger pour la santé ou la sécurité
des êtres humains ou l'altération probable", trois lignes plus
loin.
Une autre correction à l'article 26, deuxième
alinéa. On se rappellera qu'au premier alinéa, nous avions
apporté une correction pour introduire les mots "toute catégorie
ou type d'appareils". Pour éviter que le directeur ne recommande un
appareil quelconque d'une compagnie quelconque, on met un terme
général "toute catégorie ou type d'appareil". Donc
à la sixième ligne du deuxième alinéa, on devrait
lire: "désigne, toute catégorie ou type d'équipement ou
d'appareil. Il y a un " d' " à insérer avant le mot
"appareils".
A l'article 28, paragraphe b); c'est le paragraphe général
que nous avons longuement discuté, qui permet de soustraire des
catégories de contaminants ou de sources de contamination à
l'application de la présente loi. Il faudra insérer "ou de toute
partie de celle-ci".
LE PRESIDENT (M. Seguin): Dans le paragraphe a).
M. GOLDBLOOM: Le paragraphe b).
LE PRESIDENT (M. Seguin): Classifier les contaminants et les sources
de...
M. GOLDBLOOM: Non. "Soustraire des catégories de contaminants ou
de sources de contamination à l'application de la présente loi ou
de toute partie de celle-ci".
Ce serait donc l'application... de toute partie de celle-ci.
Nous avions laissé en suspens le paragraphe g). C'est ce dont
nous avons discuté, il y a peut-être une demi-heure, avec le
député de Dorchester au sujet des honoraires exigibles. Les
légistes recommandent que la rédaction demeure celle que nous
avons devant les yeux.
M. le Président, il y a un article que je voudrais ajouter, qui a
été distribué, 43a), qui est en quelque sorte le
complément de l'article 43 et qui se lit: "Quiconque a l'intention
d'installer ou poser un appareil ou équipement destiné à
prévenir, diminuer ou faire cesser le dégagement de contaminants
dans l'atmosphère doit en soumettre les plans et devis au directeur et
obtenir son autorisation. Le présent article ne s'applique pas aux
véhicules automobiles ni aux embarcations à moteur."
Le but de cet article est simplement d'éviter des
inconvénients très sérieux à une industrie qui
pourrait, de bonne foi, acheter de l'équipement antipollution et
l'installer, mais trouver par la suite que cet équipement n'était
pas conforme à ce que le ministre aurait exigé. Donc, pour
assurer que c'est approuvé d'avance, comme dans plusieurs autres cas
d'activité industrielle, nous voudrions exiger que les plans et devis
soient soumis pour approbation. On éviterait tous les
inconvénients impliqués.
M. OSTIGUY: M. le Président, juste une question. Je sais que tout
véhicule moteur inclut les motoneiges, évidemment et je me
demande si le ministère est entré en communication avec les
fabricants de motoneiges de la province de Québec. Déjà,
au mois de janvier 1973, on commence la fabrication des autoneiges de 1974.
Est-ce que vous allez donner un délai pour adopter ce nouvel
équipement ou ce nouvel appareil?
M. GOLDBLOOM: Justement, M. le Président, je voudrais
répondre au député de Rouville que oui. Nous avons eu des
conversations avec l'industrie de la motoneige. Nous avons obtenu, de la part
de cette industrie, des améliorations notamment quant au bruit. Mais
l'article exclut les motoneiges de cette exigence parce que ce serait
très fastidieux, non seulement pour celui qui se sert de sa motoneige,
mais également pour le directeur qui serait obligé d'approuver
l'installation de chaque dispositif antipollution sur chaque motoneige de la
province de Québec.
C'est pourquoi nous excluons de cette exigence, de dépôt de
plans et devis pour chaque pièce d'équipement, les
véhicules automobiles et les embarcations à moteur.
Cela n'est pas dire que nous n'avons pas de contrôle
là-dessus, mais c'est un contrôle plus général. Si
un monsieur se propose de mettre un meilleur silencieux sur sa motoneige, il ne
serait pas obligé de passer auparavant par le directeur pour une
approbation des plans et devis.
M. OSTIGUY: Je parlais, évidemment, M. le ministre, des
motoneiges de 1974. Là nous sommes dans la production de 1973.
M. GOLDBLOOM: Nous avons fait connai-tre certaines exigences et avec
l'adoption de la loi. Nous allons évidemment informer l'industrie de
l'évolution de ces exigences vers de meilleures machines moins
polluantes.
M. OSTIGUY: Qu'est-ce qu'il va arriver, M. le ministre, des motoneiges
qui sont sur le marché depuis nombre d'années et qui,
évidemment, ne seront pas équipées des dispositifs pour
diminuer les contaminants dans l'atmosphère?
M. GOLDBLOOM: Le problème est difficile. Nous ne voudrons pas
agir de façon draconienne et exiger que, dès le 1er janvier ou
même dès l'hiver prochain, toute motoneige soit
équipée de toutes sortes de dispositifs. J'espère que nous
pourrons, en consultation avec l'industrie, formuler des recommandations quant
à des équipements pas très dispendieux qui pourraient
être incorporés facilement et qui réduiraient la pollution
atmosphérique ou la pollution sonore.
M. GUAY: Même pour d'autres petits véhi- cules, par exemple
ce qu'on appelle communément des "minitrails", les petits
véhicules à deux roues, motocyclettes, c'est le même
principe?
M. GOLDBLOOM: C'est le même principe. L'application n'est pas
facile dans un avenir immédiat. Il faudra progressivement avec le
remplacement des vieux modèles par les nouveaux, la situation deviendra
meilleure imposer certains contrôles mais de façon
raisonnable.
M. LESSARD: On serait d'ailleurs bien heureux de trouver des solutions
pour diminuer le bruit de nos motoneiges ou véhicules tout terrain.
M. OSTIGUY : J'imagine que le député de Saguenay est un
amateur de la motoneige.
M. LESSARD: Certainement!
LE PRESIDENT (M. Seguin): Nous allons passer à l'article 89.
La disposition des déchets (suite)
M. GOLDBLOOM: II y a, à l'article 56, une petite correction. Je
ne crois pas qu'elle ait été faite. L'article 56 fait allusion
aux articles précédents, c'est-à-dire aux articles 54 et
55. Il faudra ajouter 55 a) qui est également adopté. Au lieu de
"et" il faudra dire "ou". Donc: 54, 55 ou 55 a).
Appel (suite)
M. GOLDBLOOM: Et enfin, l'article 89, M. le Président. Nous avons
consulté le ministère de la Justice au sujet de cet article et la
rédaction qui est proposée, celle qui parait sur la feuille qui a
été distribuée, est celle que préféreraient
les légistes. "Le directeur doit, lorsqu'il rend une décision
susceptible d'appel, la signifier par pli recommandé et informer la
personne ou la municipalité de son droit d'appel".
M. GUAY: C'est ce qui avait été discuté.
Parfait.
M. GOLDBLOOM: Nous avions discuté le sens, la rédaction a
été améliorée par les légistes.
M. le Président, je constate que nous avons terminé
l'étude du projet de loi. Je voudrais remercier et d'une façon
particulière les membres de la commission. Leur contribution
constructive a été vraiment remarquable et je suis convaincu que
nous avons un meilleur projet de loi parce que ce n'est pas encore une
loi que celui que nous avions déposé et cela, à
cause de multiples contributions. Des contributions des députés,
des fonctionnaires, notamment des légistes, des contributions
d'autres
ministères qui ont bien voulu le commenter et ajouter les
éléments que je trouve fort valables et que nous avons pu
incorporer en cours de route. Des contributions également du public.
Nous avons reçu de nombreux commentaires, même des mémoires
assez formels. J'ai eu des rencontres avec des groupes qui ont
été particulièrement intéressés. Il va sans
dire qu'il n'a pas été possible pour le gouvernement de se rendre
aux désirs de chacun, mais nous avons tenu compte de beaucoup de
recommandations.
Je suis convaincu que nous avons maintenant un instrument qui, sans
être parfait et sans être complet... Plusieurs ont fait remarquer
que le champ de la protection de l'environnement est un champ très vaste
qui déborde la simple lutte contre la pollution, qui implique notamment
une planification de l'utilisation de notre milieu naturel. Nous avons
négligé gravement ce milieu, nous avons, au nom de ce que nous
appelons le progrès, érigé toutes sortes de choses qui
n'ont pas eu des effets bénéfiques sur notre environnement et qui
donc, à la longue, risquent d'avoir des effets néfastes sur la
qualité de la vie.
Donc, nous entamons maintenant une nouvelle phase d'activités. Je
voudrais en terminant remercier ceux qui ont eu des paroles fort
agréables à mon endroit.
Je ferai de mon mieux pour la durée de mon mandat, mais je ne
connais pas cette durée évidemment. Ce sera au premier ministre,
au lieutenant-gouverneur en conseil de désigner le ministre qui aura la
responsabilité de l'application de cette loi. Aussi longtemps que
j'aurai cette responsabilité, j'essaierai d'être fidèle aux
mêmes principes de protection de la qualité de l'environnement, de
respect de la vie humaine et de respect des besoins du Québec et de ses
citoyens, sans distinction aucune. Ce qui peut nuire à la santé
d'un citoyen de Montréal peut également nuire à celle d'un
citoyen de la Gaspésie, ce qui est dangereux pour la santé d'un
libéral est aussi dangereux pour celle d'un uniquiste, d'un
créditiste ou d'un péquiste. C'est dans ce sens que j'essaie
d'exercer mes fonctions et mes responsabilités.
M. le Président, je voudrais vous adresser un mot de remerciement
particulier parce que vous avez dirigé nos débats avec beaucoup
de sagesse. En vous remerciant, je voudrais remercier également les
autres collègues qui ont occupé ce fauteuil à d'autres
moments de nos délibérations.
Enfin, je me permets de le dire, je suis assez fier du document que nous
remettrons maintenant à l'Assemblée nationale.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Je vous remercie, M. le ministre. J'ai peu de
chose à ajouter si ce n'est, au nom de mes collègues qui ont
partagé ma tâche à la présidence de cette
commission, d'exprimer notre grande appréciation d'avoir pu partager un
peu ce travail intelligent qui s'est fait à cette commission.
M. OSTIGUY: Parce qu'il y avait des gens intelligents.
LE PRESIDENT (M. Seguin): Probablement. Sans doute. Il ne me reste
qu'à dire que la commission a terminé ses travaux, que nous avons
en commission adopté, avec amendements, les 127 articles du bill 34
peut-être qu'il y en aura plus de 127 une fois la rédaction
terminée et le tout sera rapporté en Chambre en temps et
lieu.
Je vous remercie.
(Fin de la séance à 21 h 58)