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Commission permanente des affaires municipales
Etude des crédits du ministère des
Affaires municipales
Séance du jeudi 24 mai 1973
(Dix heures quinze minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
La commission des affaires municipales commence, ce matin,
l'étude des crédits du ministère des Affaires
municipales.
Nous pourrons, en premier lieu, nommer un rapporteur. J'aimerais
suggérer que M. Caron, député de Verdun, remplisse cette
fonction. Tout le monde est d'accord?
M.PAUL: C'est essentiel, M. le Président, pour être bon
rapporteur, d'être constamment présent aux travaux de la
commission.
LE PRESIDENT (M. Picard): A cette commission, M. Caron est membre en
titre.
M. CARON: Vous pouvez constater ma présence à 100 p.c.
M. LEDUC: Si on ne la constate pas, on la voit.
M.PAUL: J'ai plutôt hâte de voir votre participation.
M. CARON: Vous verrez.
M. LEDUC : Alors, la nomination est adoptée, M. le
Président.
M. PAUL: Un instant, on prend le vote.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté.
Maintenant, j'aimerais suggérer au ministre, avant de faire ses
remarques préliminaires sur l'étude de son budget, de nous
présenter les principaux collaborateurs qui l'accompagnent.
M. GOLDBLOOM: Avec plaisir, M. le Président. J'ai avec moi M.
Paul Blier, sous-ministre adjoint; Me Richard Beaulieu, le sous-ministre, sera
avec nous probablement demain; il y a M. Gilles Jolicoeur, directeur des
services de protection de l'environnement.
M. PAUL: Un petit homme comme ça avec un grand titre.
M. LEDUC: II est capable.
M. PAUL: Oh oui!
M. GOLDBLOOM: M. Jacques Bernier, pré- sident de la
Société d'habitation du Québec; M. Jean-Louis Lapointe,
coordonnateur de la programmation budgétaire au ministère; M.
Michel Shields, du service des subventions et prêts. Et il y en aura
peut-être d'autres, au cours de la séance.
LE PRESIDENT (M. Picard): M. le ministre, maintenant, avez-vous
l'intention de faire un exposé?
Remarques préliminaires
M. GOLDBLOOM: Je pense bien, M. le Président, que je n'ai pas
l'intention de faire une revue de toutes les activités du
ministère. Le débat permettra d'élaborer dans chacun des
domaines les aspects importants. J'aimerais mieux que le temps soit
consacré aux éléments de discussion que les membres de la
commission voudraient aborder.
Je voudrais émettre une seule réserve, qui est partielle.
C'est que, dans le domaine de l'évaluation foncière, que nous
allons certainement discuter au cours de l'étude des crédits du
ministère, il n'y a pas encore au feuilleton de la Chambre un projet de
loi pour amender la loi existante, mais il y en aura un, et cela avant
l'ajournement de l'été.
Donc, je serai obligé de remettre en partie la discussion de ce
sujet à l'occasion du débat sur l'éventuel projet de loi.
Vous comprendrez qu'il me sera difficile de présenter les détails
des amendements avant le dépôt du projet de loi en première
lecture.
Donc, ce sera peut-être une contrainte qui sera temporaire, parce
que nous serons en mesure de la compenser quand nous aurons un projet de loi
devant les yeux.
C'est un ministère qui touche, à toutes fins pratiques, la
vie quotidienne de tous les Québécois. Même ceux qui
habitent les territoires non organisés ont certaines relations avec le
ministère. Il y a donc une responsabilité qui est non seulement
administrative mais qui est largement sociale aussi.
Le ministère est appelé à collaborer avec les
municipalités qui, par les diverses lois, ont leurs
responsabilités, ont leurs dirigeants, qu'elles ont élus pour les
administrer et qui doivent être en mesure d'exercer leurs
responsabilités dans la meilleure mesure de leurs moyens et de nos
moyens, parce que nous sommes obligés de venir en aide à un grand
nombre de municipalités. Ceci découle d'une situation que tout le
monde connaît, c'est-à-dire que les responsabilités des
municipalités dépassent en général ce n'est
pas une règle absolue qui s'applique à toutes les
municipalités les moyens financiers; c'est notamment vrai pour
les grandes agglomérations, pour les municipalités et bassins de
population qui peuvent comprendre plusieurs municipalités qui veulent
donner â leurs citoyens les services nécessaires et la
qualité de vie qui est désirée par ces citoyens.
Ceci fait partie d'un problème encore plus grand, qui est
discuté présentement à Ottawa par les premiers ministres,
c'est-à-dire l'écart entre les responsabilités et les
ressources des provinces. C'est dans cet esprit de vouloir améliorer le
tableau à tous les paliers de gouvernement que nous abordons cette
discussion et que nous participons aux rencontres entre ministres provinciaux
des Affaires municipales et entre les provinces et le gouvernement
fédéral et, évidemment, entre le gouvernement du
Québec et les municipalités.
Donc, M. le Président, je voulais souligner notre
compréhension de ce problème complexe et notre désir de
lui trouver des améliorations, voire même des solutions, et
j'invite les membres de la commission à choisir les sujets,
évidemment, à l'intérieur des programmes que nous avons
dans le cahier, qu'ils voudront discuter. Je ferai de mon mieux pour leur
fournir les réponses nécessaires.
LE PRESIDENT (M. Picard): Merci, M. le ministre. Le leader parlementaire
de l'Opposition officielle, ou le représentant de l'Opposition
officielle, le député de Berthier.
M. GAUTHIER: M. le Président, je voudrais profiter de cette
première rencontre de l'étude des crédits du
ministère des Affaires municipales tout d'abord pour féliciter,
si on peut dire, d'une façon un peu plus officielle, le ministre de sa
nomination comme titulaire du ministère des Affaires municipales,
urbaines et rurales. J'imagine qu'il doit avoir les capacités d'assumer
ces deux tâches, contrairement à son prédécesseur,
qui semblait en avoir les mains pleines! Je ne doute pas qu'avec sa
personnalité, l'assiduité au travail qu'on lui connaît,
l'intelligence, le doigté avec lesquels il travaille, l'étude de
ces crédits pourra nous permettre de lui poser des questions valables et
surtout de recevoir des réponses valables. Il ne pourra pas invoquer le
prétexte de son prédécesseur, en nous répondant
souvent qu'il avait été mal cité et mal compris, et que
ses réponses seront plus valables, donc plus sérieuses.
M. le ministre vient de mentionner, entre autres, un problème qui
est assez complexe, qui est celui des responsabilités des
municipalités, responsabilités qui sont de plus en plus grandes
et qui dépassent largement les ressources qu'elles ont pour faire face
à ces problèmes. Il a mentionné que ces problèmes
étaient plus aigus dans les grandes villes. Je ne veux pas le
démentir, loin de là, mais je voudrais lui souligner que les
petites municipalités rurales, du genre de celle à la tête
de laquelle j'ai présidé comme maire durant de nombreuses
années, ont aussi leurs problèmes, même s'ils ne sont pas
du même ordre de grandeur que ceux auxquels ont à faire face les
grandes villes.
A ce sujet, je pense bien comprendre qu'en fait, si on s'adresse au
fédéral pour obtenir plus de pouvoirs, plus d'argent, surtout
pour faire face à tous ces problèmes, je pense qu'on touche
là le problème majeur, ce que, du moins nous, de notre
côté, nous plaisons à répéter, le
problème des relations fédérales provinciales. Pour ma
part, si le fédéral nous donnait les montants d'argent auxquels
nous avons droit pour nous laisser assumer les responsabilités que nous
avons en vertu de la Constitution, je pense bien que les choses iraient pas mal
mieux. A l'heure actuelle, on multiplie les rencontres, on multiplie aussi les
requêtes pour avoir de plus en plus d'argent. Je pense qu'il est assez
difficile d'évaluer les résultats. A l'heure actuelle, c'est
peut-être un problème financier autant que constitutionnel, de
langue et d'autres choses connexes. J'ai l'impression que, sans approuver tout
à fait la manière d'aborder le problème avec le
gouvernement actuel et le gouvernement central, on ne peut que souhaiter
qu'enfin le gouvernement fédéral, le gouvernement central, donne
aux gouvernements provinciaux les ressources financières qui permettront
à ces gouvernements provinciaux de répartir d'une façon
plus juste les montants d'argent dont les municipalités ont besoin pour
administrer selon leur propre autorité, selon leurs propres
responsabilités.
Je n'ai pas beaucoup d'autres choses à ajouter, et comme le
disait M. le ministre, quant à moi, je pense qu'on devrait tout
simplement procéder par questions, à mesure que les programmes
viendront à l'étude.
LE PRESIDENT (M. Picard): Merci, M. le député. Le
représentant du Ralliement créditis-te, le député
de Lévis.
M. ROY (Lévis): M. le Président, depuis que je suis ici,
j'ai toujours assisté aux séances des commissions parlementaires
des affaires municipales. J'en profiterai, avant de commencer, pour
féliciter d'abord le ministre qui a pris charge du ministère des
Affaires municipales.
Je ne suis pas ici pour envoyer des fleurs à qui que ce soit. Je
ne suis pas ici non plus pour essayer... Tout à l'heure, on a entendu
des réflexions, on a dit qu'un gars qui disait la vérité,
parfois, pensait avoir une subvention. Dans mon cas, je les ai eues pour le
moment! Si je vous donne vos vérités, c'est peut-être pour
vous remercier. J'ai eu l'occasion de travailler avec le ministre, dans le
temps où il était ministre de l'Environnement.
M.PAUL: Il n'a jamais été ministre de l'Environnement!
M. ROY (Lévis): Responsable de l'environnement. Je pensais que
vous pouviez le trouver vous-mêmes! Je ne suis pas avocat. Je ne peux pas
faire des phrases avec un mot. Seulement, je parle suivant ma pensée. Je
veux féliciter le ministre, j'ai eu l'occasion de le faire
déjà dans mon comté, parce qu'il est déjà
venu nous rencontrer. Je ne dirai jamais le contraire avant
que le ministre ne m'ait prouvé le contraire. Ce soir, nous avons
dans mon comté une grande assemblée de toutes les
municipalités, sur la fusion des municipalités. Le ministre est
venu nous faire part du rapport qu'il avait en main, et il y a eu des suites.
Vous aurez peut-être demain le résultat des suites. Ce que j'ai
aimé du ministre et j'espère qu'il va continuer
c'est qu'il laisse aux municipalités une certaine liberté. Je le
dis et je le répète. Ce n'est pas parce que j'ai
été échevin d'une cité pendant seize ans, mais j'ai
toujours dit que les gens qui avaient à administrer des
municipalités avaient besoin d'être contrôlés assez
souvent, avaient besoin de conseils, mais qu'on devait les laisser
légiférer.
Si vous voulez qu'un gars prenne ses responsabilités, il faut le
laisser les prendre. Si le gouvernement prend toutes les responsabilités
et qu'il décide tout ce que les municipalités doivent faire ou
dépenser, je pense qu'on commence à se tromper, parce qu'on
enlève à ces gens et on l'a prouvé dans le
passé un sens des responsabilités. C'est justement avec
cela qu'on arrive à avoir des municipalités mal
administrées; c'est ce qu'on vit, en ce moment, principalement dans
plusieurs paroisses, dans plusieurs petites municipalités.
Il ne faudrait pas non plus que les municipalités partent avec
des esprits de grandeur. Je pense que c'est un peu le malheur de nos
municipalités. Nous avons beaucoup à faire et je pense qu'avec le
ministre actuel, sans mépriser les ministres qui l'ont
précédé, nous allons pouvoir nous comprendre et,
même si les suggestions viennent de l'Opposition, comme je le connais,
elles pourront être au moins étudiées.
Dans le temps de l'autre ministre, j'ai déjà fait des
suggestions, il les a prises, mais il a fallu attendre assez longtemps pour que
ça vienne de lui-même, il ne me les a pas accordées sur le
moment. Ce n'est pas parce que je veux faire de la politique, mais je trouve
que ce n'est pas tout à fait ça quand on parle entre
administrateurs. On doit discuter ensemble et, si une suggestion est
avantageuse, qu'elle vienne de l'Union Nationale, du Parti
québécois, du Ralliement créditiste ou du Parti
libéral, elle doit être étudiée sérieusement
et je pense que nous devons prendre nos responsabilités et les accepter.
Mais il faut toujours passer par les fonctionnaires parce que les
députés ne sont pas tous avocats pour qu'elle soit
étudiée et acceptée, sans arrière-pensée.
C'est là qu'on fera un gouvernement qui pourra continuer, je ne dirai
pas à rendre la province de Québec prospère parce que les
années que nous passons sont dures mais, si on touche les
municipalités et qu'on peut les rendre viables, à amener de
l'industrie chez nous, dans nos municipalités, à créer des
emplois pour donner de l'ouvrage à nos chômeurs. Je pense qu'on
aura ainsi réglé pas mal de points et j'espère, avec le
ministre actuel, qu'on pourra le faire. C'est tout ce que j'avais à
dire, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Merci, M. le député. Le
représentant du Parti québécois, le député
de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais au début de
l'étude des crédits, avec un nouveau ministre, dans ce cas-ci,
puisqu'aux derniers crédits nous avions un autre ministre, souhaiter que
le ministre actuel et je pense que c'est le cas aura le nez plus
long que son prédécesseur et qu'il va s'attaquer maintenant en
profondeur aux problèmes de sa juridiction. Il va être
obligé, au départ, de réparer certains gâchis, qui
ont été faits avant lui, que j'ai été le premier
à dénoncer en juin 1972, en demandant la démission du
ministre Tessier, qui a été redemandée vers la fin de
l'année, et qui par la suite, s'est faite au début de
l'année 1973.
Mais il y a beaucoup de choses à réparer. J'ai
déjà appelé l'ancien ministre, le ministre samba,
c'est-à-dire qu'il faisait deux pas en avant et trois pas en
arrière, et tout le monde se faisait marcher sur les pieds parce qu'on
s'attendait à le suivre.
Le ministre actuel sera obligé de repenser une politique globale
des Affaires municipales. Nous allons espérer qu'il va s'attaquer aux
grands problèmes d'abord, la réforme des structures, je pense que
c'est la chose la plus urgente. Il nous a présenté son projet de
loi sur l'urbanisme. Je pense que c'est encore une autre solution qu'il faut
apporter dans le domaine des affaires municipales. Il y a le problème de
la taxation municipale et spécialement des cadres qui devront être
planifiés, parce que je pense que le ministre, dans la jungle municipale
actuellement, doit savoir que, pour que ça fonctionne bien, il faut
définir les cadres permettant, par la suite, à une plus grande
démocratie de s'exercer.
Mais il faut que ces cadres soient définis et, tant que ce n'est
pas défini, chacun y va selon ses possibilités, son dynamisme,
ses ambitions et il arrive comme conséquence qu'on se retrouve devant un
fouillis. Le ministre doit nécessairement repenser aux cadres dans la
structure du domaine municipal et en même temps, comme de raison,
déterminer clairement, d'une façon démocratique, avec
l'aide des députés et des consultations, les différentes
juridictions que chacun des paliers dans ces cadres-là devrait obtenir
et aussi leur donner les moyens financiers de réaliser les
responsabilités qu'on leur présente. C'est la raison pour
laquelle je pense que, dans cette étude que le ministre devrait faire
d'une nouvelle réforme des structures, il faut quand même qu'il
résiste le plus possible à l'envahissement, à
l'empiètement fédéral qui est la cause première de
la difficulté dans le domaine provincial de planifier à long
terme et d'avoir une politique basée sur nos priorités. C'est
que, continuellement, de l'argent qui devrait nous être remis est
dépensé uniquement d'une façon partisane par le
fédéral pour montrer qu'il existe, qu'il est près des
gens. Il empêche ainsi le provincial de faire lui-même
ses propres planifications et d'établir une politique tenant
compte de la réalité et provenant du palier de gouvernement qui,
du fédéral et du provincial, est le plus proche des citoyens,
c'est-à-dire le provincial.
M. le Président, je n'ai pas l'intention de poser une
série de questions à chacun des programmes ou des
éléments. J'ai quand même une question globale à
poser au début au ministre, et je lui demanderais de me répondre
pour situer le débat. Le ministre a annoncé il y a quelques jours
que le moratoire sur le regroupement municipal pouvait être
considéré comme levé. Cela signifie-t-il que le ministre a
un plan d'ensemble actuellement pour la réforme municipale?
Et s'il existe, lequel? A-t-il un échéancier sur ce plan
d'ensemble? Est-ce qu'il y a déjà des principes directeurs? Il y
a trois questions vraiment: Est-ce qu'il y a un plan d'ensemble sur la
réforme municipale? Est-ce qu'il y a un échéancier? Est-ce
qu'il y a des principes directeurs?
Je connais trop le ministre pour savoir qu'il ne s'aventurerait pas
à faire quelques réformes s'il n'y avait pas une certaine
planification, contrairement à son prédécesseur. Mais je
pense qu'il est rendu au stade où il devait y avoir un plan d'ensemble,
afin de mettre dans le coup les membres du Parlement, pour que chacun puisse
apporter son son de cloche.
J'ai une quatrième question: Est-ce que le ministre a
l'intention, dans le cadre de la même question, d'entreprendre des
études serrées sur la valeur de la solution des gouvernements
régionaux, pour mettre fin à cette jungle municipale dont je
parlais tantôt? On sait que les gens souhaitent avoir des gouvernements
régionaux, mais chacun voudrait en avoir un à sa façon. Il
serait important qu'une étude serrée soit faite sur l'importance
des gouvernements régionaux, mettant de l'avant une certaine
décentralisation administrative et aussi une déconcentration
administrative, chacun ayant son degré de juridiction, avec des moyens
de la réaliser, permettant à une démocratie de
participation de s'exercer à l'intérieur de ces gouvernements
régionaux. Il y a une formule qui doit être trouvée. Je
pense qu'il est essentiel que le ministre se penche là-dessus. Est-ce
que le ministre a l'intention d'entreprendre une étude serrée sur
la valeur des gouvernements régionaux, qui sont les gouvernements de
l'avenir? Le ministre le sait. Il s'agit de trouver la formule qui peut
s'appliquer spécialement à la mentalité
québécoise.
LE PRESIDENT (M. Picard): Merci, M. le député. Est-ce que
l'honorable ministre a des remarques à faire sur les avantages
des...
M. PAUL: Avant que le ministre n'exerce une sorte de réplique aux
propos de portée générale signalés par les trois
partis politiques, je voudrais lui demander si le rapport de son
ministère est prêt. Actuellement, nous ne pou- vons disposer que
du rapport de l'année 71/72. Est-ce que son prédécesseur
est également parti avec l'avant-projet du rapport?
Deuxièmement, est-ce que le ministre pourrait nous faire part des
développements survenus depuis sa rencontre avec l'Union des conseils de
comté? Est-ce que le ministre pourrait nous dire quelques mots sur
certains amendements qu'il proposera sans doute à l'Assemblée
nationale, pour que ces conseils de comté jouent un rôle dynamique
dans leur milieu? Est-ce qu'il est vrai qu'il aurait l'intention de leur faire
jouer un rôle de gouvernement régional?
Troisièmement, j'aimerais savoir quand seront
déposés à l'Assemblée nationale les amendements au
sujet de la loi 48, Loi de l'évaluation foncière. Le ministre
nous a dit qu'il déposerait le texte de ces amendements avant
l'ajournement d'été. Il faut donc présumer que ces
amendements ne seront possiblement adoptés qu'à l'automne, je dis
bien "possiblement", entre guillemets. Entre-temps, quelle est la politique que
vont adopter le ministre et les officiers de son ministère pour tirer
d'inquiétude et d'embarras les conseils municipaux qui ne savent pas
où aller avec le texte actuel de la loi, devant la confusion qui existe,
devant certaines déclarations données de bonne foi par les hauts
fonctionnaires de son ministère qui, trop souvent hélas se
contredisent?
Voilà quelques questions qui m'inquiètent et qui troublent
ma conscience. Je suis sûr qu'avec la bonne collaboration du ministre des
Affaires municipales rurales, que je veux saluer d'une façon toute
particulière, le député de Stanstead, qui, lui
connaît les problèmes ruraux, non pas que le ministre des Affaires
municipales actuel en titre ne les connaisse pas, mais habitué qu'il est
à évoluer dans une grande ville, il n'a pas le pouls du petit
peuple comme son collègue, le ministre des Affaires municipales rurales.
Je comprends qu'un excellent trait d'union existe entre les deux ministres, par
la présence de l'adjoint parlementaire, l'honorable député
de Taillon.
J'espère que le ministre pourra nous détailler quelque peu
son rôle, à lui, en tant que superviseur de toute l'administration
municipale et j'espère qu'il confirmera également le rôle
essentiel, dynamique, efficace qu'il se propose de continuer à faire
jouer à son collègue le ministre d'Etat, le député
de Stanstead. Je vous remercie, M. le Président.
M. GOLDBLOOM: Je pense que j'aimerais faire des commentaires en
réponse aux paroles tenues par les divers membres de la commission,
répondre de façon plus précise aux questions
précises posées par l'honorable député de
Maskinongé et suggérer à la commission que, par la suite,
nous abordions la discussion programme par programme, la présentation du
budget permettant, je pense, une discussion plus générale
à la lumière de la présentation de chaque programme
plutôt que par le passé, étant obligé
de poursuivre une discussion générale, de peur de ne
tomber dans des détails trop minutieux pour avoir une perspective
d'ensemble. Si le député de Maskinongé me le permet,
j'irai, pendant quelques secondes, aux renseignements, pour connaître le
sort de notre rapport.
On m'informe que le rapport annuel du ministère est entre les
mains de l'imprimeur, mais nous n'avons pas de calendrier d'impression pour
savoir à quel moment exactement il sera publié.
M. le Président, je voudrais reprendre, premièrement,
quelques unes des paroles de l'honorable député de Berthier, pour
m'inscrire en accord avec lui sur l'éventail de problèmes que
connaissent les municipalités, pour reconnaître avec lui que les
municipalités moins populeuses ont également leurs
problèmes et que ces problèmes peuvent être tout aussi
importants pour ces municipalités que ceux que connaissent les grandes
agglomérations, mais avec lui et je reprends ses propres paroles
c'est une question d'ordre de grandeur et il va sans dire que, pour
toute la province, la force économique de Montréal est
indispensable pour la force économique de nous tous. Il en est de
même dans la plupart de nos régions. Il faut une force
économique quelque part et les problèmes de
l'agglomération du bassin de population qui doit assurer cette force
économique sont nécessairement d'un ordre de grandeur un peu plus
élevé, parce que toute la région est touchée par
répercussion. Donc, il n'y a pas, dans mon esprit, de désaccord,
loin de là.
Je voudrais reprendre les questions du député de
Maskinongé. Quant à l'Union des conseils de comtés, j'ai
participé au congrès spécial du mois de mars, ici à
Québec. J'ai eu, par la suite, des rencontres, au moins deux, si ma
mémoire est fidèle, avec les membres de l'exécutif de cet
organisme et nous nous penchons présentement sur toute la question de la
refonte des lois municipales pour arriver à la meilleure formule, mais
puisque la commission d'étude n'a pas déposé son rapport
et a demandé et obtenu un prolongement de son mandat jusqu'au 31
octobre, je ne pense pas que nous soyons en mesure de donner une
définition complète au rôle que pourrait jouer chaque
organisme qui figure au tableau des responsabilités municipales. Mais je
voudrais dire simplement ceci, qu'il y a des comtés où le Conseil
de comté est un organisme très important, très actif, qui
assume déjà des responsabilités.
C'est par la volonté des municipalités membres de ce
conseil que ce dernier assume ces responsabilités-là, et si c'est
le désir des municipalités d'attribuer à leur conseil de
comté des responsabilités dans un domaine, je serais pleinement
d'accord. Je ne pourrai cependant me prononcer sur une loi qui, à
l'échelle de la province, donnerait à l'un ou l'autre des
organismes que nous connaissons des pouvoirs uniformes avant d'avoir
reçu le rapport de la Commission de refonte des lois municipales. Mais
je travaille avec les conseils de comté, j'ai été saisi
tout récemment d'une demande d'une autre rencontre avec
l'exécutif. Cette rencontre aura lieu. Dans tous les coins de la
province où je rencontre depuis trois mois, de façon
particulière, les maires de toutes le municipalités, j'essaie de
les inviter par groupes de comtés parce qu'il y a 108 comtés et
il serait difficile de faire 108 réunions. J'essaie de les faire
régionales, mais, dans chaque cas, je rencontre de façon
particulière les préfets de comté, je discute avec eux les
problèmes de leur conseil et j'essaie de collaborer dans la mesure de
mes moyens et de leur être aussi utile que possible.
Quant aux amendements à la Loi de l'évaluation
foncière, je voudrais être plus précis, c'est mon
désir et donc celui du gouvernement que ces amendements soient
adoptés avant l'ajournement de l'été et, à cette
fin, j'espère être en mesure de les déposer avant le 15
juin. Je n'ai pas encore le document définitif, l'étape du
comité de législation n'est pas encore franchie, mais j'ai bon
espoir d'être en mesure de déposer ces amendements et d'inviter
sur eux le débat général, et public, s'il le faut, qui
serait désiré pour ainsi améliorer la loi et surtout son
application.
Quant à cette application, on sait que le' célèbre
manuel sera publié cet été, que c'est un document assez
important, qui facilitera pour les municipalités l'application de la loi
et nous entreprenons de façon régulière et sur demande des
visites dans les municipalités où il y a des problèmes
pour essayer de les résoudre. Je peux dire au député de
Maskinongé que nous avons dans un certain nombre de cas réussi
à régler les problèmes qui se posent avec le texte actuel
de la loi, malgré des difficultés que ce texte pose à
d'autres endroits. Ce n'est pas un problème uniforme et universel. Il y
a des endroits où les explications que nous avons pu fournir ont suffi
pour permettre une application satisfaisante de la loi. Je crois bien, il va
sans dire, que c'est le désir et l'intention du gouvernement que les
amendements constitueront une amélioration et tiendront compte de
l'expérience vécue de ces quelques mois au cours desquels nous
avons connu des difficultés.
Enfin, j'arrive aux remarques du député de Lévis et
du député de Lafontaine. L'honorable député de
Lévis a souligné la nécessité de permettre aux
municipalités l'expression de leur propre personnalité, de leur
propre désir, que c'est une expression de démocratie et je suis
d'accord avec lui.
Je pense bien que nous sommes tous devant l'opinion publique à
tous les jours. Que nous soyons ministre, député, maire,
échevin, nous sommes devant l'opinion publique et notre
crédibilité est en jeu. Il est possible pour un gouvernement de
quelque palier que ce soit de légiférer. Notamment le
gouvernement provincial a des pouvoirs très larges dans le domaine
municipal et peut imposer sa volonté par une loi si elle est
acceptée par l'Assemblée nationale.
Je ne suis pas personnellement de l'avis que
telle doit être la règle; je pense que telle doit
être l'exception et, dans la mesure du possible, j'aimerais que nous
obtenions l'assentiment de la population pour que notre législation dans
ce domaine comme dans tous les autres soit appuyée.
Je voudrais cependant souligner ce que tout le monde reconnaît
sûrement, et je sais que le député de Lévis le
reconnaît, c'est que nous avons un gouvernement provincial pour qu'il ait
une perspective d'ensemble, pour qu'il ait une perspective à long terme
et pour qu'il tienne compte d'un éventail de facteurs qui peut
possiblement échapper à la perspective de la municipalité
individuelle. Et, dans certains cas, sans manquer de respect pour l'autonomie
des municipalités cette autonomie est circonscrite par les lois
qui donnent des pouvoirs à l'administration municipale il faut
que le gouvernement de la province prenne certaines décisions et
légifère dans le sens de ces décisions, notamment parce
qu'il faut une politique générale. Il est très difficile
d'avoir l'unanimité parmi 1,592 instances de responsabilités.
Dans certains cas, il faut trancher et on espère toujours qu'au moment
où l'on arrive pour trancher par une loi on a expliqué aussi
complètement et aussi clairement que possible à la population
l'intention du gouvernement, les résultats escomptés, les
bénéfices et la raison d'être de la législation dans
sa perspective de long terme et de l'ensemble des facteurs économiques,
sociaux, humains qui touchent la vie des citoyens. Et c'est dans ce sens que je
voudrais procéder.
L'honorable député de Lafontaine m'a demandé si
nous avons un plan d'ensemble, un échéancier et des principes de
base pour l'application d'une politique de regroupement des
municipalités et, plus précisément, si nous envisageons
l'étude du gouvernement régional comme et je reprends ses
propres mots "gouvernement d'avenir". Je voudrais d'abord dire que je
n'ai pas fait une déclaration aussi précise que celle qu'il m'a
attribuée; j'ai été invité à plusieurs
occasions à commenter le moratoire qui a été
annoncé par le premier ministre, si ma mémoire est fidèle,
au mois de janvier. Et j'ai dit que ce moratoire ne peut durer
indéfiniment.
M. PAUL: II a été répété au mois de
janvier. Le moratoire qu'avait prononcé le premier ministre
c'était dans le cours du mois de septembre ou d'octobre dernier
lorsqu'il a, en quelque sorte, censuré le ministre des Affaires
municipales parce qu'il assumait la responsabilité des règlements
des problèmes urbains. Et le ministre se rappellera sans doute que dans
mon propre comté c'est à la suite de ce moratoire que la
Commission municipale n'est pas allée siéger le 9 novembre 1972.
Par conséquent, le moratoire dont parle le ministre a été
répété je ne veux pas corriger le ministre
en janvier mais la politique avait déjà été
annoncée par le premier ministre. D'ailleurs, ça s'imposait
à l'époque comme ça s'imposait également de le
répéter en janvier dernier. Mais je crois qu'il y a eu une prise
de position nécessaire de la part du premier ministre avant le mois de
janvier.
M. GOLDBLOOM: Je pense que le député de Maskinongé
me corrige à juste titre quant à l'historique de ce moratoire. Je
voudrais dire simplement qu'il y a un éventail de situations dans le
domaine du regroupement. Il me semble impensable de maintenir
indéfiniment un moratoire et ne rien faire, ne rien toucher dans un
domaine qui doit être examiné avec sérieux et
objectivité. Et c'est ce que j'ai l'intention de faire.
Et peut-être, M. le Président, serait-il bon, en
répondant aux questions du député de Lafontaine, que
j'aborde un peu la discussion qui aurait lieu de toute façon quand nous
arriverions au programme en question. IL a...
LE PRESIDENT (M. Picard): J'aimerais faire remarquer au ministre que
justement la question du regroupement municipal fait l'objet de l'étude
du premier programme. Alors si on pouvait...
Regroupement municipal
M. LEGER: M. le Président, je vous poserais une question...
LE PRESIDENT (M. Picard): Je regrette mais je ne peux permettre de
questions à ce stade-ci, il y a eu des commentaires...
M. LEGER: Non, c'est à vous que je veux poser une question.
LE PRESIDENT (M. Picard): Ah bon!
M. LEGER: En ce qui nous concerne, nous trouvons que c'est beaucoup plus
facile, plus rapide si c'était possible de poser au départ
comme on l'a fait au ministère des Communications dont vous étiez
le président, ça avait été très bien
la série de questions d'ordre général qui touchent
à plusieurs aspects, quitte à ce que, quand on arrivera aux
articles, on les adopterait en bloc. Nous ne sommes pas
intéressés à avoir de petits détails â moins
que d'autres veuillent avoir des renseignements précis, quant à
nous, nous pourrions adopter en bloc. Cela épargnerait beaucoup de
temps, plutôt que d'attendre à telle étape, et, à ce
moment-là ça regroupe une question d'un même ordre
d'idées... et c'est difficile de fonctionner. Au début,
habituellement, on posait des questions d'ordre général sur tous
les aspects et, quand on arrivait aux articles, on passait rapidement.
LE PRESIDENT (M. Picard): Lorsque vous posez des questions, je trouve
que c'est très logique que vous posiez des questions au
moment de votre exposé; ça permet au ministre d'aller aux
sources, s'il n'a pas les réponses, à ces questions ici
même. Par contre, si nous corrmençons par aller d'un programme
à l'autre, j'ai fait l'expérience de quelques difficultés
lors d'une récente commission où on se promenait d'un programme
à l'autre et, à ce moment-là, la présidence ne peut
plus rien faire. J'aimerais qu'on adopte un plan de travail...
M. LEGER: Si les autres membres de l'Opposition sont d'accord...
LE PRESIDENT (M. Picard): ... si on pouvait adopter un plan de travail,
c'est votre privilège en tant que membres de la commission de dire
à la présidence quel est le plan de travail que vous voulez
adopter mais il faudrait...
M. LEGER: Quant à moi, je proposerais justement, si les autres
partis sont d'accord... Je sais qu'avec le député de Chicoutimi,
aux Communications, on avait fonctionné très bien et puis, quand
on est arrivé, on a pratiquement adopté le tout en bloc.
LE PRESIDENT (M. Picard): Dans un autre ministère, ça n'a
pas fonctionné aussi bien.
M. LEGER: Peut-être pas, mais ici je pense que tous les
députés sont très bien disposés.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, l'an dernier, c'est vous qui
présidiez l'étude de nos crédits, l'étude des
crédits à la commission des affaires municipales, et le ministre
Tessier, député de Rimouski avait consenti à ce que nous
déblayions le terrain le plus possible dans une discussion
générale qui avait duré près de deux séances
complètes. Et lorsque nous sommes arrivés à l'étude
des crédits d'une façon plus précise, je crois que
ça avait porté fruit parce que l'étude était
beaucoup moins longue. Je comprends qu'on n'avait pas le PPBS, c'est nouveau
cette année; il reste que ça n'a pas encore réglé
les problèmes des différents ministères, le PPBS.
LE PRESIDENT (M. Picard): De toute façon, comme je l'ai
mentionné tantôt, c'est le privilège des membres de la
commission de décider la façon dont ils veulent étudier
les crédits. Pour ma part, une fois que la décision aura
été prise, par exemple, je verrai à faire observer la
méthode ou le plan de travail que vous aurez décidé. Le
député de Taillon.
M. LEDUC: M. le Président, la commission décidera du plan
de travail. La seule remarque que je voudrais faire, c'est que ce que
suggère le député de Lafontaine est acceptable; cependant,
c'est acceptable pour autant que ce soient toujours les mêmes membres qui
siègent à la commission. Je pense qu'il y a un danger si,
à un moment donné, on se fait remplacer par quelqu'un qui n'est
pas au courant des détails. Si celui-ci arrive avec une question
très valable et si la présidence est obligée de la lui
refuser suite à une entente qui a été prise, disons, ce
matin, cela peut créer une certaine frustration et un certain
désappointement.
Je pense que, si on peut s'assurer que tout le monde est là,
quant à moi, enfin c'est la commission qui décidera de la
méthode de travail, mais il faut quand même, je crois, être
conscient qu'il faut que ce soit toujours "le même représentant;
s'il vient s'ajouter d'autres membres... Si quelqu'un prend une tangente, que
celui qui a pris l'engagement au nom de son parti avertisse son
collègue: Ecoute, c'est ça qu'on a décidé.
M. LEGER: M. le Président, en ce qui nous concerne, la politique
du Parti québécois est tellement bien préparée que
n'importe quel représentant continue dans la même ligne, il est au
courant du dossier.
M. LEDUC: Si nous voulions, on peut entrer dans ce débat et je
pourrais vous citer des faits depuis le début du mois d'avril où
c'est...
M. LEGER: Bien non, vous n'aviez pas la même logique que nous.
LE PRESIDENT (M. Picard): J'aimerais entendre les commentaires du
ministre sur la façon de procéder.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je n'ai aucune objection à
la formule suggérée par les membres de la commission à
l'effet que l'on poursuive une discussion générale. D'ailleurs
ce n'est pas mon intention de l'invoquer on sait qu'il y a une
durée prévue pour le débat et qu'il faudra, à un
moment donné, arriver à dire: Bon, le débat est
terminé et ça devra se terminer par l'adoption des divers
programmes.
Quant à moi, comme mon collègue, le député
de Taillon, je suis un ancien gardien de but et j'invite les joueurs à
lancer.
M. LEGER: M. le Président, le ministre ne m'a encore donné
de réponse.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Lévis.
M.PAUL: Pour autant qu'on va changer la lumière pour qu'elle ne
soit pas rouge derrière vous.
M. LEGER: Le ministre n'a pas fini de répondre à ma
question.
M. GOLDBLOOM: D'accord, j'ai été interrompu et je n'ai pas
répondu à la question de l'honorable député de
Lafontaine. Je reprends
donc. Il y a un éventail de situations qui se présentent
dans le domaine du regroupement possible des municipalités et je
voudrais faire certaines distinctions. Il y a, premièrement, les grandes
agglomérations et, notamment, celles qui sont partiellement
gouvernées par une communauté urbaine ou régionale. A
l'intérieur de ces agglomérations elles sont trois
que je viens de mentionner, il y a présentement un débat qui se
poursuit. Dans deux cas, des unités de regroupement ont
été créées et il y a des discussions qui se
déroulent présentement.
Deuxièmement, il y a dés centres où une
municipalité urbanisée et industrialisée est
entourée d'autres municipalités moins populeuses
généralement et avec des services moindres. Il faut se pencher
sur les relations entre ces municipalités pour établir, appuyer
ou préserver un centre de vitalité économique,
administrative, sociale, humaine et culturelle pour la région
environnante. C'est un deuxième ordre de problèmes.
Troisièmement, il y a des cas où, pour des raisons
historiques, il y a deux municipalités parfois, il y en a trois,
mais, généralement, il y en a deux: village et paroisse
qui sont voisines l'une de l'autre. Les deux municipalités, dans
certains cas, sont intéressées à travailler ensemble vers
une fusion et, dans d'autres cas, préfèrent le statu quo.
Il m'a été suggéré d'exiger dans chacun des
cas il y en a au moins 200 une étude. Je pense bien que je
favoriserai l'étude si les intéressés la veulent, mais je
n'ai pas l'intention de l'imposer dans ce secteur-là.
Enfin, il y a le secteur particulier des territoires non
organisés. Nous nous penchons présentement sur la
municipalisation des territoires non organisés et sur leur fusion
possible, dans certains cas, avec des municipalités existantes. Dans
d'autres cas, il y aura création d'une nouvelle municipalité au
fur et à mesure que la population suffit et que la capacité
d'administration permet la création d'une municipalité. Il est
clair que, dans certains cas, la population connaît une croissance assez
rapide et qu'il y aurait lieu de créer une municipalité
plutôt que de laisser ces citoyens sous une espèce de tutelle par
un administrateur.
Dans d'autres cas, ce qui se produit, c'est que la municipalité
la plus proche est appelée à fournir des services et n'a pas
l'autorité voulue, ni le revenu nécessaire en retour de ces
services-là.
Voilà les quatre situations que nous avons pu identifier. Pour
retourner sur ces quatre cas, je pense avoir indiqué l'approche que nous
avons dans les deux derniers cas: les territoires non organisés, les
situations rurales de village et paroisse. Quant aux centres de
vitalité, nous nous penchons présentement sur ce dossier, sans
pouvoir le déposer car il n'est pas encore prêt.
Mais nous voudrons étudier l'avenir économique et social
et culturel de chaque région et sous-région, parce que nous
constatons une migration de la population vers les grands centres.
Nous constatons aussi que non seulement les régions mais les
municipalités elles-mêmes, si elles sont petites, ont tendance en
moyenne à perdre de la population et c'est une chose qui ne peut nous
laisser indifférent. Il faut que nous nous penchions sur l'avenir de
chaque région et sous-région et que nous examinions et, en
l'examinant, que nous rejoignions la préoccupation qui se trouve dans
l'avant-projet de loi de l'urbanisme et de l'aménagement du
territoire.
Ce n'est pas simplement l'aménagement du territoire sur un plan
géographique. Il faut que cela ait un sens social et économique,
que l'aménagement du territoire représente quelque chose pour la
vie des citoyens dans chacune des régions. Et c'est donc une extension
de cette préoccupation que nous discutons présentement. Je dis
présentement: II n'y a eu qu'une seule séance de la commission
pour entendre des mémoires. Mais d'autres mémoires sont
entrés et, après le débat sur les crédits, quand la
commission parlementaire sera libre d'entendre d'autres témoignages, il
faudra procéder à entendre les témoignages et
j'espère que ces témoignages porteront non seulement sur l'aspect
purement géographique que j'ai souligné moi-même
dans mes remarques du début, à l'occasion de la première
séance de la commission sur l'avant-projet de loi non seulement,
donc, sur la préservation des espaces verts et des terres agricoles et
des zones récréatives mais aussi sur l'aspect positif de
l'implantation des industries, de la création de zones
résidentielles. Quelle doit être la relation entre ces diverses
considérations? De quelle façon, à travers une politique
d'aménagement du territoire et d'appui aux centres de vitalité,
pourrons-nous assurer non seulement une qualité de vie, mais une
permanence de vie socio-économique dans toutes les régions
importantes de la province.
Et enfin, je reviens au trois grandes agglomérations, là
j'agis comme agent de communication. Je rencontre les dirigeants municipaux, je
l'ai fait dans tous les cas, à Montréal, deux fois, à
Québec avec tous les maires de la communauté urbaine, à
Hull deux fois, une fois avec tous les maires de la communauté
régionale et, la deuxième fois, avec les maires de la partie
centrale et urbanisée qui est en face d'Ottawa. Je retourne dans la
région, au mois de juin, pour rencontrer de nouveau les douzes maires de
cette région particulière, et enfin, plus récemment, j'ai
rencontré les municipalités de la rive sud de Québec ici,
à l'occasion de la publication d'un rapport et c'est une formule que
j'ai déjà exposée quand nous avons parlé de la
protection de l'environnement.
Ce que j'aime faire, c'est déposer un rapport comme document de
travail, inviter les commentaires des municipalités sur lui et
réagir par la suite, en tenant compte des commentaires
constructifs qui auront sûrement été soumis par les
diverses municipalités intéressées.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que vous pouvez me
répondre précisément à la question suivante: Depuis
que la loi 276 a été adoptée, combien le ministre a-t-il
décrété d'unités de regroupement, d'études
de regroupement, et combien de regroupements ont été
réalisés depuis ce temps?
M. GOLDBLOOM: Personnellement, je n'en ai pas
décrété. Mon prédécesseur en avait
décrété et c'est un chiffre approximatif, je dirai une
soixantaine, peut-être 70. J'inclus là-dedans un certain nombre de
projets de fusion volontaire.
Je voudrais ajouter que, dans le cas je l'ai souligné en
parlant des villages et paroisses où la fusion volontaire est
demandée, je n'ai pas l'intention de m'y opposer. J'ai l'intention de
fournir les services techniques qui peuvent aider à la
réalisation des désirs des municipalités. Dans les autres
cas, où il y a objection, nous allons nous pencher avec toute
l'objectivité possible et nous allons fournir à la population les
renseignements et l'inviter à nous fournir ses commentaires sur ces
renseignements.
M. LEGER: Est-ce que le ministre veut dire qu'il n'a
décrété aucune étude de regroupement? Ni
étude, ni regroupement.
M. GOLDBLOOM: Depuis les trois mois que je suis là, je n'ai pas
décrété d'étude. La seule chose qui s'est produite,
c'est qu'un engagement déjà pris a été
respecté, c'est-à-dire que la Commission municipale a
siégé à Rimouski, à Rimouski-Est et à
Sainte-Anne-de-la-Pointe-au-Père; elle a entendu des témoignages,
elle doit recevoir des mémoires additionnels, qui ne sont pas encore
entrés, et elle fera ses commentaires, ses recommandations que je
rapporterai dans la région et que je discuterai avec la population.
M. LEGER: Le ministre répond partiellement en disant que
lui-même, depuis qu'il est là, n'a pas commandé
d'étude de regroupement, mais est-ce que, depuis que le projet de loi
276 a été adopté, le ministre précédent ou
le ministère a décrété des études de
regroupement, et combien?
M. GOLDBLOOM: Oui, j'essaierai d'avoir un chiffre. Je ne l'ai pas de
mémoire. Je n'étais pas loin du chiffre, c'est 61. Il y a eu 29
cas où un décret d'unité de regroupement a
été émis touchant une population totale de 893,000
âmes.
M. LEGER: Combien de regroupements effectifs ont eu lieu, soit par
fusion, annexion ou autrement, depuis la loi 276?
M. GOLDBLOOM: Si le député me le per- met, je prendrai
avis de la question pour lui fournir la réponse précise. Le
nombre n'est pas très élevé, évidemment, avec 61
cas où il y a eu étude avec ou sans décret d'unité
de regroupement, et cela se divise en deux groupes d'importance à peu
près égale, 32 sans unité de regroupement et 29 avec
décret d'unité de regroupement. Sur 61, il n'y a pas eu un
très grand nombre de fusions qui ont été
effectuées, mais il y en a eu.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, le ministre a signalé tout
à l'heure qu'en aucune façon il ne voulait imposer les fusions.
Dans le cadre de cette déclaration de principe, qui, je crois,
répond aux désirs de la population en général du
Québec, le ministre peut-il nous dire si, nécessairement, il y
aura référendum dans les milieux qui s'opposeront à la
fusion comme, par exemple, une municipalité de ville et une
municipalité de village? Il arrive que la corporation de ville
désire obtenir la fusion et que la corporation de la paroisse s'y
oppose. Alors, les résidents de ces deux municipalités se
trouvent coincés par une attitude contradictoire de la part de leurs
représentants municipaux. La Commission municipale, ordinairement,
normalement, ira siéger dans le milieu pour entendre les parties qui
sont pour ou contre la fusion.
S'il se créait, s'il s'élevait un doute chez les membres
de la Commission municipale, quant à l'expression d'une opinion
majoritaire, est-ce le désir du ministre de tenir ou de recommander un
référendum dans ce milieu particulier pour connaître
l'opinion de la population quant à la fusion projetée?
M. GOLDBLOOM: Le référendum est prévu par la
loi.
M. PAUL: Oui, mais c'est à la discrétion du ministre.
M. GOLDBLOOM: Je n'ai pas, pour ma part, d'objection à la tenue
d'un référendum, mais ce à quoi je m'oppose, c'est
à la tenue sèche, si je peux m'exprimer ainsi, d'un
référendum, sans qu'une période suffisante
d'éclairage n'ait été permise.
Il me semble que, dans bien des cas, quand on arrive au
référendum, il y à une émotivité qui
mène les intéressés à écouter des propos qui
sont peut-être un peu démagogiques parfois et on voit, dans une
réponse affirmative ou négative selon le cas, des implications
qui vont beaucoup plus loin que la réalité. Il me semble que la
population doit être bien éclairée avant d'être
invitée à se prononcer par référendum.
M. PAUL: Si vous permettez, M. le ministre, c'est pourquoi je vous ai
mentionné "après audition de la part de la Commission
municipa-
le" justement pour éviter le problème que vous soulevez
avec raison.
M. GOLDBLOOM: Je voudrais souligner ce que les députés
comprennent sûrement mais que certaines personnes, à
l'extérieur de l'Assemblée nationale, ne semblent pas comprendre.
Le fait, pour la Commission municipale, de siéger et d'écouter
des mémoires et des témoignages n'est pas une décision
gouvernementale, n'est pas un geste qui constitue un décret de fusion ou
de quoi que ce soit, c'est une façon d'amener les gens à
s'exprimer pour que la vérité sorte, pour que les renseignements
sortent de façon précise.
Je serais profondément malheureux si on s'opposait à ce
que la Commission municipale aille siéger dans quelque région que
ce soit de la province pour entendre les intéressés, parce que
c'est comme cela que nous allons nous pencher... C'est un organisme
indépendant, qui a la responsabilité de conseiller le ministre
sur certaines choses, de faire des recommandations. Il faut que la commission
aille siéger et que les renseignements qui se dégageront de ces
audiences soient fournis à la population. Ce n'est qu'une étape
qui n'a rien d'exécutoire. Donc, j'y tiens beaucoup et je pense que
c'est une formule qui est logique et que nous allons poursuivre.
Je voudrais dire deux choses en réponse à l'honorable
député de Maskinongé. La première, c'est que, si
nous examinons la carte du Québec et si nous examinons la liste des
municipalités, presque 1,600, il est très clair que la
très forte majorité des municipalités ne sera pas
touchée par quelque projet de fusion que ce soit. Ce n'est pas dans
l'intérêt économique et social de la région que l'on
embête de nombreuses municipalités avec des projets de fusion,
c'est là où il y a un problème de relations, c'est
là où il y a un problème de vitalité
économique et sociale qu'il faudra se pencher sur la question.
Peut-être que d'autres solutions seront recommandées, mais il
faut, dans ces régions-là, qu'on se penche sur la question.
M. PAUL: Est-ce que le ministre me permet?
M. GOLDBLOOM: Certainement.
M. PAUL: Loin de moi de vouloir l'embarrasser de quelque façon
que ce soit. Devant la commission parlementaire des affaires municipales, le
prédécesseur du ministre actuel, a déjà
mentionné que le résultat de sa politique amènerait une
réduction d'environ 50 p.c. du nombre des municipalités au
Québec. Je ne veux, en aucune façon, qu'il soit dit qu'il
contredit la politique de son ministère, je pose la question au ministre
actuel en office, en titre, dois-je comprendre que ce n'est pas dans le
même sens d'une réduction massive du nombre des corporations
municipales que le ministre actuel veut travailler dans le cadre du chapitre
276?
M. GOLDBLOOM: Je répondrai clairement que le député
de Maskinongé a raison, je voudrais travailler dans le sens que je viens
d'exprimer.
J'ai dit que, partout où je suis allé depuis ces trois
mois, ce n'était pas un jeu de chiffres, qu'il ne s'agissait pas de
réduire le nombre d'interlocuteurs auxquels le gouvernement de la
province devait avoir affaire. Cela pourrait faciliter l'administration de la
province, mais ce n'est pas une fin en soi. Il faudra qu'il y ait une raison
valable d'effectuer une fusion. Cette raison valable doit être le
meilleur intérêt de la population.
M. PAUL: Et désirée par la population majoritairement.
M. GOLDBLOOM: Oui. Je suis d'accord sur cela. Je pose quand même
un problème qui va se présenter à plusieurs endroits. Il y
a un groupe de municipalités qui discutent entre elles la
possibilité d'une fusion. Il y a une majorité de
municipalités qui est favorable et une minorité, peut-être
une seule, et qui représente sur le plan de la population une
minorité encore plus petite dans l'ensemble du bassin de population...
Est-ce que nous pouvons laisser une liberté totale à chaque
municipalité, dans un tel contexte, de dire non et de refuser à
toutes les autres ce que les autres voient comme leur meilleur
intérêt? C'est le problème le plus épineux que nous
avons. Je n'ai pas de formule à proposer en ce moment. Je me penche sur
cette question, parce que je la trouve la plus difficile et c'est justement
pour cela, parce que je sais que ce problème va se présenter
à plusieurs exemplaires, que je me fais le devoir d'aller dans les
régions et de parler avec la population, pas seulement avec les
administrations municipales. L'honorable député de Lévis
se rappellera que c'est ce que j'ai dit quand je suis allé à
l'hôtel de ville de Lévis. Ce n'est pas par manque de respect pour
les autorités municipales, mais il y a, dans bien des cas, une certaine
différence entre l'attitude des gens en place qui sont au nombre de sept
ou de neuf, selon le cas, et la population de plusieurs centaines ou plusieurs
milliers. Il faut que j'aille au-delà de l'opinion du conseil municipal
dans certains cas, pour être certain que je rejoins la volonté de
la population et que je peux amener la population à accepter une
formule, une solution qui sera, à mon sens, dans son meilleur
intérêt.
M. GAUTHIER: J'ai bien l'impression, M. le ministre, qu'il va y avoir
beaucoup d'objections...
LE PRESIDENT (M. Picard): Voulez-vous
attendre une minute? Le député de Lévis a
demandé la parole.
M. ROY (Lévis): Maintenant, M. le Président, je voudrais
avoir une directive. Est-ce qu'on continue les questions? Est-ce que cela a
été décidé ou si ce sont seulement des questions au
ministre suivant le résumé qu'il a fait?
LE PRESIDENT (M. Picard): Le général. L'ensemble, l'ordre
général.
M. ROY (Lévis): On va commencer quand on va avoir d'autres
questions...
M. PAUL: Lorsque nous serons rendus au programme 1, il ne restera
peut-être pas grand-chose à dire après cela.
LE PRESIDENT (M. Picard): II n'y aura probablement pas de questions
à poser; à ce moment-là, les programmes seront
adoptés successivement, l'un après l'autre.
M. ROY (Lévis): D'après ce que j'ai entendu, il y a
d'autres députés qui ont posé des questions, qui
ressemblaient à celles qui concernent mon comté qui est
semi-urbain, semi-rural; dans les parties urbaines, c'est facile. Est-ce que le
ministre entend prendre ses responsabilités, s'il y a lieu? Il vient de
nous le dire. Je vais vous donner un exemple, Lévis-Lauzon. Je pense
bien qu'il n'y a pas de retard, il n'y a pas de "fafinage" à faire
là, cela va s'imposer. Mais quand arrivent des municipalités
rurales, le ministre a dit, je pense, qu'il fallait commencer à faire de
l'éducation. Je pense que c'est ça, parce que ces populations qui
ont un petit chez-soi ne veulent pas se départir de leur petit village.
Parce que vous savez que quand on s'en va sur le chemin, si vous remarquez
on parle de services c'est marqué: Prochaine paroisse,
neuf milles. Si la municipalité de Saint-Rédempteur est
obligée de passer un tuyau d'égout et d'aqueduc de neuf milles de
longueur pour aller donner le service à l'autre, je pense bien que ce
sont des études qui demandent considération. Parfois, ça
coûte meilleur marché dans ces petits patelins s'ils se desservent
eux-mêmes. C'est pour ça que c'est bien difficile.
J'écoutais le ministre attentivement; c'est bien difficile dans ces
petites paroisses. On ne peut pas dire: Allez-vous-en; elles ont une
église, elles ont un village. D'abord le regroupement pourrait se faire
pour les administrateurs, ils peuvent être administrés par
Saint-Henri.
Dans la paroisse de Saint-Henri, il y a trois municipalités,
trois conseils dans mon comté, seulement dans une paroisse. Je pense
bien que le ministre devra prendre ses responsabilités, parce que, comme
la chanson dit, les gars du village disent: Tu ne viendras pas marcher sur mon
trottoir. Parce que ce sont eux qui ont payé ce trottoir. Ce sont des
choses que j'ai vécues. Ce sont des choses où il faut être
délicat. C'est en faisant l'éducation, comme le ministre disait,
je pense bien que c'est son programme d'envoyer quelqu'un pour faire
l'éducation de ces gens, de les rassembler, comme on a fait dans le cas
de l'environnement. Je pense bien qu'on va réussir, parce que dans notre
comté, je peux vous donner l'exemple, on a réussi. Le ministre a
pris les suggestions des conseils qu'on a rencontrés, on a fait rapport,
et si on continue comme ça avec les fusions, je pense qu'on va arriver
à un succès.
M. PAUL: Est-ce que mon collègue me permet une question?
M. ROY (Lévis): Oui.
M. PAUL: Est-ce que l'honorable député de Lévis
n'accepterait pas que le député puisse jouer également
dans son milieu ce rôle d'informateur public dans le domaine...
M. GOLDBLOOM: Si le député de Maskinongé me le
permet, avant que le député de Lévis ne le dise, dans le
cas de son comté, ce sont justement les deux députés
fédéral et provincial qui jouent ce rôle. C'est une
collaboration que je trouve très utile. J'ai entendu le
député de Lévis se prononcer tout à l'heure sur
Lauzon. Je serais très intéressé à entendre le
député de Maskinongé se prononcer sur Louise-ville.
M. PAUL: J'ai eu l'occasion de me prononcer, M. le Président.
Tant et aussi longtemps qu'il n'y aura pas réunion des deux conseils
municipaux et que les intéressés ne mettront pas de
côté, surtout d'un côté, le prestige personnel ou la
gloriole personnelle, on ne fera rien de bien. A Louiseville, si vous voulez
résoudre le problème, que la Commission municipale aille
siéger, qu'elle entende les conseils municipaux, les organismes, les
industriels, les hommes d'affaires, la population, après ça, le
ministre pourra, à la lumière du rapport de la Commission
municipale, voir quelle est la mentalité de la population. Le ministre
sait qu'il y a eu au-delà de 1,000 signatures particulières, non
pas une requête, 1,000 signatures de contribuables, majoritairement, dans
la ville de Louiseville, qui se sont prononcés contre la fusion.
Personnellement, cela ne me fait rien et je souhaiterais qu'il n'y ait qu'un
Louiseville, je souhaiterais qu'il n'y en ait qu'un. Si le ministre veut, nous
essaierons peut-être d'établir une politique, mais ça
ferait dur, ça ferait beau à Louiseville, que le ministre des
Affaires municipales et le député de Maskinongé
rencontrent la population et disent: On s'en vient vous informer sur la fusion
dans l'espoir de résoudre ce problème, mais il y a des
conditions, par exemple. Il y a des conditions dont, entre autres, celle d'un
équilibre budgétaire entre le conseil municipal de la ville de
Louiseville actuellement et le conseil de la paroisse. Vous
voulez me parler de Louiseville? La ville de Louiseville a une taxe
foncière de $1.50; il y a à peu près une différence
de population de 400 entre la ville et la paroisse, et la paroisse a
baissé sa taxe foncière de $0.30 cette année. Elle est
rendue à $0.30 les $100 d'évaluation tandis que la ville de
Louiseville a été obligée de porter son évaluation
à $1.50 les $100. A ce moment-là, comment voulez-vous marier les
intérêts des deux populations, alors que le ministère de la
Voirie ou le ministère des Transports devra prendre position? C'est
peut-être lui actuellement et le ministère de l'Agriculture qui
possèdent la clef du règlement du problème de fusion de la
ville et de la paroisse de Louiseville.
M. GOLDBLOOM: Je remercie l'honorable député de
Maskinongé de ses commentaires intéressants.
M. PAUL: Excusez, M. le ministre, j'ajoute que dans les deux cas, la
valeur portée au rôle est d'environ 75 p.c, c'est-à-dire
que le rôle d'évaluation représente 75 p.c. de la valeur
des immeubles.
M. GOLDBLOOM: Les commentaires du député de
Maskinongé soulignent le genre de problème que nous rencontrons
un peu partout. Comment faire la comptabilité des services offerts par
une municipalité aux citoyens de l'autre?
Même si l'on fait une distinction dans son esprit, on ne fait pas
de distinction quand on traverse dans l'autre municipalité pour y
obtenir des services. Quelle est la valeur de ces services et est-ce que ces
services sont véritablement payés par les citoyens de l'autre
municipalité ou non? C'est le genre de débat...
M. PAUL: Je pense bien que ça n'intéresserait pas les
membres de la commission si nous entrions dans tous les détails. C'est
pour ça que j'ai mentionné...
M. GOLDBLOOM: Je parle de façon générale.
M. PAUL: ... au ministre que c'est probablement une rencontre qui pourra
faire toucher du doigt à la population chacun des problèmes que
veut soulever le ministre.
M. LEDUC: Ce que vient de dire le ministre illustre les problèmes
auxquels l'on fait face ailleurs; c'est à peu près la même
chose dans d'autres sections.
M. PAUL: C'est pourquoi je trouve que la politique du ministre est sage;
elle en est une de prudence; elle n'en est pas une de bousculade, de dictature;
elle s'impose dans les circonstances pour que la fusion n'apporte pas comme
résultat des guerres de clochers ou des scissions à
l'intérieur de nos municipalités ou chez les contribuables vivant
dans le même secteur ou la même région. C'est pourquoi la
politique du ministre est fort logique; elle est marquée de prudence
nécessaire. Tant et aussi longtemps que le ministre usera d'une telle
politique dans le domaine de la fusion, je crois qu'il méritera l'appui
et la confiance des députés de l'Opposition. Pour ce qui est de
l'appui général de la population...
M. LEDUC : C'est une autre chose.
M.PAUL: ... lorsque les élections seront venues, c'est un autre
problème. Là je ferme la porte.
M.LEDUC: Cela ne fait aucun doute de toute façon.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Lévis
n'avait pas terminé son exposé.
M. ROY (Lévis): J'avais demandé, sauf tout votre respect,
si le député de Maskinongé ne m'avait pas joué un
petit tour en me posant une question, pour m'enlever la parole. Je me demandais
ça, parce que la grosse discussion...
M.PAUL: Vous savez, M. le Président, j'ai trop d'amitié
pour mon bon ami, le député Roy; nous avons siégé
ensemble à Lévis; nous nous sommes séparés mais
nous nous sommes retrouvés. Je m'excuse, s'il a eu cette impression.
Vous avez remarqué, c'est le ministre qui nous a joué un
tour.
M. ROY (Lévis): Oui, je me demandais si c'était l'un ou
l'autre. Parce que j'ai déjà fait des suggestions qui avaient
été prises pas l'ancien ministre, mais le député de
Maskinongé s'était levé et avait dit: Si le
député de Lévis a eu l'avantage de faire la suggestion au
ministre, c'est parce que je lui avais cédé mon droit de parole.
C'est encore un petit tour; vous vous rappelez ça? En tout cas, c'est
pour ça que je me demandais si la même chose n'était pas
encore en train de m'arriver.
M.PAUL: Savez-vous que je ne déjoue jamais mes adversaires deux
fois de la même façon?
M. ROY (Lévis): M. le Président, pour terminer, je crois
que, si le ministre continue, comme il nous l'a fait voir, avec toutes les
explications qu'il nous donne, ça va bien aller à la commission.
Est-ce que le ministre a l'intention de mettre en application les
décisions prises par son prédécesseur? Bien des
petites...
M. GOLDBLOOM: C'est une question très vaste. Il faudrait
énumérer un certain nombre de décisions pour savoir...
M. ROY (Lévis): Je comprends que c'est
difficile pour vous de me dire que votre prédécesseur
avait des applications assez rigides, je ne vous amènerai pas jusque
là. Mais c'est pour savoir si, dans un bloc vous nous avez fait
un résumé de votre affaire vous voulez prendre une ligne
de conduite, comme vous nous l'avez dit, parce que ce n'est pas la même
ligne de conduite que votre prédécesseur nous avait
tracée. Elle était beaucoup plus rigide. Mais je ne veux pas
entrer dans le secret des dieux. Avant de terminer, je ne vous poserai pas de
questions avant qu'on soit rendu, si le ministre continue à faire comme
il le fait et à nous donner non pas carte blanche dans nos
comtés, mais à nous aider et à nous laisser nos
responsabilités, je pense qu'il aura un bon succès et, quand on
sera au pouvoir, à la prochaine élection, on fera comme les
libéraux ont fait avec l'Union Nationale, on ira le réclamer pour
qu'il devienne ministre avec nous.
M. LEDUC: C'est votre signe de faiblesse. M. ROY (Lévis): Cela a
été le vôtre?
M.PAUL: Vous savez, M. le Président, il y en a qui ne se
spécialisent que dans les élections partielles.
M. GOLDBLOOM: Je ne voudrais pas manquer de répondre à la
question de mon ami de Lévis, mais je trouve la réponse un peu
difficile, parce que la question demeure assez vaste. Il va sans dire que le
gouvernement a une continuité de pensée, même si des
adaptations se font avec le temps. Il va sans dire que le respect que j'ai pour
mon collègue de Rimouski est tel que je ne voudrais pas aller à
l'encontre des engagements qu'il a pris et, d'ailleurs, c'est ce dont je l'ai
assuré.
Mais je ne pourrais être plus précis sans que les questions
ne soient précises. Il faut juger chaque cas à son mérite
et il est fort probable que, dans une période de trois mois, plusieurs
dossiers ont évolué. Ce que je pourrais dire de façon
générale, c'est que j'ai l'intention d'être présent
partout où mon collègue de Rimouski avait eu l'intention
d'être présent. J'ai l'intention de suivre les mêmes
dossiers et de les mener à une solution aussi valable que possible. Si,
peut-être, le style est différent, il y a le même
désir et je refuserai à qui que ce soit le droit de dire
le contraire le même désir de bien servir la population, de
bien servir le Québec et de faire ce qui émane d'une conscience
sociale qui est bien développée chez le député de
Rimouski. Que l'on soit en désaccord avec lui sur des modalités,
on a toujours le droit d'être en désaccord avec n'importe quel
député ou ministre, mais qu'on ne mette pas en doute sa
volonté de bien servir la population et, c'est dans l'esprit de cette
volonté, que je continue le travail.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Berthier.
M. GAUTHIER: J'ai bien l'impression, M. le ministre, que tous ces
projets de fusion vont soulever un paquet de problèmes. Le ministre en
est conscient. Dans la plupart des cas, quand il y a des projets de fusion, il
y a toujours une partie qui demande la fusion et l'autre qui s'y oppose. Dans
les cas, entre autres des projets de fusion des petites municipalités,
des petites paroisses où il existe deux municipalités,
municipalité de village, municipalité de campagne, on retrouve
des problèmes, comme le soulevait tout à l'heure le
député de Maskinongé, où il y a une
municipalité qui, au point de vue financier, est en très bonne
position alors que l'autre l'est moins. Aussi, la municipalité de
village va peut-être exiger, demander ou voir plus d'avantages à
une fusion avec la municipalité de campagne de la même paroisse,
mais où on ne pourra pas donner les mêmes services. C'est
évident que, lors d'un mariage éventuel, il va falloir mettre les
cartes sur la table et faire le bilan et je pense que cela va prendre un gros
doigté, non pas pour imposer des fusions, parce que je suis contre le
fait qu'on impose des fusions. C'est évident qu'il va y avoir des cas
où la logique va demander qu'une fusion se fasse. On devra alors faire
porter le fait sur de l'incitation incitatrice, si on peut l'exprimer ainsi.
Parce que c'est bien beau de dire qu'à un moment donné on va
faire une période de consultation, une période
d'éducation, mais il va falloir mettre aussi des chiffres sur la table,
même si, en dernier ressort, on va dire qu'on va avoir recours à
un référendum. Mais le référendum se ferait
comment? En nombre et en valeur?
Il est bien clair que, dans ces cas, la petite municipalité de
village va l'emporter sur la municipalité de paroisse et on va retrouver
la même situation dans le cas d'une ville qui se trouve ceinturée
par de petites municipalités qui n'ont pas les mêmes
intérêts que ceux de la ville et qui, nécessairement...
Même si la ville sent le besoin, et un besoin assez souvent urgent, de
faire une fusion, encore là, il y a toujours la question du mariage.
Mais à quelles conditions pourrait se faire ce référendum?
C'est bien important, cela.
Le même problème se pose aussi dans le cas de territoires
non organisés qui sont limitrophes à une municipalité
déjà existante. Dans ces cas, c'est clair et net que, si vous
allez faire un référendum en nombre et en valeur, le
résultat est connu à l'avance et, deuxièmement, la partie
qui est fusionnée ne voit pas tellement d'avantages à aller se
fusionner avec une municipalité qui est existante, mais qui est tout de
même déjà assez loin du centre de la municipalité
existante.
Ce sont autant de problèmes qui vont demander un doigté
extraordinaire pour arriver à quelque chose de positif.
M. GOLDBLOOM: Je suis certain que l'honorable député de
Berthier a raison. Mais quoi faire? Il n'y a rien à faire. Nous avons
à coeur l'intérêt socio-économique de chaque
région et sous-région de la province.
Si nous demeurons passifs devant cette situation, si nous permettons que
la migration vers la ville se continue et cette migration va se faire
sentir de façon accélérée si ce sont les jeunes qui
sont attirés vers la ville et ne retournent pas dans leur région
natale nous aurons un Québec que nous n'aurons pas
planifié. Il faut planifier de façon à attirer la
vitalité nécessaire là où elle n'existe pas. Si on
regarde certains cas où, par exemple, il y a une municipalité qui
est urbanisée, industrialisée et occupe, à toutes fins
pratiques, tout son territoire, il y a une municipalité voisine qui a
des terrains vacants et qui pourrait recevoir une industrie qui veut
s'implanter dans la région parce qu'elle a le territoire pour permettre
cette implantation, mais elle n'est pas en mesure de donner les services. Avec
le temps, avec les revenus fournis par la présence et l'activité
de cette industrie, il y aurait les moyens financiers entre les mains de cette
deuxième municipalité pour payer ces services, mais il y a un
écart considérable dans le temps. Et l'autre, la
municipalité urbanisée se trouve face à une demande de
fournir des services mais sans recevoir tous les revenus qui seraient
impliqués par l'implantation de l'industrie. C'est à ce genre de
problème que nous nous butons tellement et nous devons les examiner avec
la population; je pense bien que, quand nous travaillons avec l'opinion
publique, il y a deux éléments d'opinion publique. Il y a tout un
éventail d'opinions publiques mais on peut déceler deux
éléments dans l'opinion publique: il y a l'opinion publique en
général et il y a aussi l'opinion d'un nombre plus restreint de
personnes mais de personnes qui possèdent une certaine expertise dans un
domaine, l'économique par exemple.
Je reviens à la réponse que j'ai donnée à
l'honorable député de Maskinongé sur le
référendum. Il me semble que, pour arriver à un
référendum qui sera tenu dans des conditions acceptables, il
faudra qu'auparavant on ait fourni 1 la population le fruit de ce genre
d'expertise que l'on présente à la population, pas simplement une
question d'opinion locale: Est-ce que l'on est favorable ou pas favorable? Et
c'est pour cela que, quand on me demande si je suis pour ou contre les fusions
de municipalités, je dis: C'est une ultrasimplification d'un
problème fort complexe. Il ne s'agit pas d'être pour ou contre. Il
s'agit d'examiner l'intérêt de la collectivité locale et de
voir ce qu'il y a moyen de faire pour appuyer cette population. Et si, advenant
le cas où l'on a présenté des rapports
d'économistes, d'ingénieurs, de sociologues, d'urbanistes et des
ministères intéressés comme l'Industrie et le Commerce,
par exemple, avec des perspectives d'avenir pour le développement d'une
région, la population dit non, elle aura dit non. Nous nous trouverons
devant une situation assez difficile, doublement difficile parce qu'il y aurait
eu une expression d'opinion populaire par un référendum. Je sais
que c'est possible dans certains cas, mais il est quand même assez
difficile pour un gouvernement d'écarter du revers de la main le
résultat d'un référendum et de dire: La population s'est
exprimée mais on n'accepte pas, au niveau gouvernemental, l'expression
de cette opinion-là.
Ce serait donc notre responsabilité de bien informer la
population sans jouer de façon démagogique avec la question de
référendum. Ce n'est pas cela que je veux dire, mais une
information objective est indispensable.
M. GAUTHIER: Je ne voudrais pas non plus que monsieur le ministre garde
de mes propos l'impression que je l'encourage à maintenir le statu quo.
C'est clair et net que, premièrement, le nombre effarant de petites
municipalités qui existent dans la province de Québec doit
être restreint. Mais il reste que, s'il y a des mariages à faire,
malheureusement les futurs époux ne sont pas toujours d'égale
valeur et ils n'ont pas toujours été aussi bien partagés
par la nature...
M. LEGER: Cela prend une bonne période de
fréquentations.
M.GAUTHIER: ... pour éviter les divorces. Anciennement, on voyait
une des parties qui était belle, jeune et pleine d'avenir, alors que
l'autre était moins pourvue; on compensait un peu et on amenait un peu
de consolation par une dot. Dans les cas de municipalités qui auront
à marier leur destin, alors qu'il y en a peut-être une en
meilleure position financière que l'autre, je me demande s'il n'y aurait
pas des compensations fiscales à établir lors du mariage, tenant
compte justement des dettes passées.
M. GOLDBLOOM: II y en a qui sont déjà prévues, on
le sait, et il y a lieu de réexaminer cette politique sur le plan
quantitatif.
M. PAUL: Le per capita n'est pas suffisant et ça ne crée
pas beaucoup d'attrait chez ceux qui s'opposent à la fusion.
M. GOLDBLOOM: Je voudrais aller sur ce terrain-là avec la
même prudence que j'emploie pour les autres aspects du problème,
parce que je ne voudrais pas me faire accuser de vouloir tout simplement
acheter la fusion. C'est déjà une accusation qui est
portée par certaines personnes et il faudra, si l'on est pour offrir des
avantages financiers, les baser sur les mêmes avantages
déterminés par des gens qui connaissent les problèmes et
leurs solutions, les mêmes que j'ai indiqués auparavant,
l'urbaniste, le sociologue, l'économiste, et dire que l'on offre ces
avantages financiers justement pour appuyer
la vitalité de la sous-région et non pas simplement pour
obtenir une fusion pour que le gouvernement ait un nombre réduit
d'interlocuteurs.
M.GAUTHIER: C'est bien clair, c'est bien certain, mais il faudrait
toujours tenir compte du fait qu'on parle toujours de valeur entre une
propriété qui est dans une ville et une autre qui est dans une
campagne. Le même barème, je pense, peut se poser entre la
propriété qui est au centre du village ou de la
municipalité et l'autre qui est dans le fond d'un rang, il n'y a pas le
même service, le même achalandage et il n'y a pas le même
réseau routier. C'est pour cela que je dis que ces petites
municipalités qui sont limitrophes à d'autres sont en meilleure
position financière; elles n'ont jamais rien dépensé ou
elles n'ont pas pu se donner les services qui existent au centre de la petite
municipalité ou de la ville. C'est clair qu'il ne faut pas donner
l'impression qu'on veut les acheter mais il faut au moins compenser.
Dans le même domaine, il y aurait peut-être lieu
d'accélérer, par exemple, la fusion des territoires non
organisés. A l'heure actuelle, il y a un statu quo qui existe mais je
pense bien qu'il a peut-être trop duré, quant à la question
des territoires non organisés, il y aurait peut-être une
incitation à faire pour au moins les regrouper aux municipalités
qui existent.
M. GOLDBLOOM: Evidemment, M. le Président, il faut prendre chaque
cas comme un cas particulier, on n'a pas d'autre choix. C'est une autre raison
pour laquelle je me refuse à une simple déclaration pour ou
contre la fusion des municipalités. C'est par l'étude de chaque
cas particulier qu'on arrivera à la meilleure solution. Nous ne pouvons
être indifférents au sort du Québec. Nous ne pouvons
laisser le Québec tout entier s'effriter comme force économique
parce qu'il y a chez certaines personnes un sentiment de vouloir rester dans
leur petit chez-soi mais on n'est pas obligé d'avoir 1,592 centres de
vitalité. Peut-être que certaines personnes choisiront de rester
dans leur petit chez-soi et d'y terminer leurs jours, mais d'autres
régions feront le progrès nécessaire et, quelque part
entre ces deux extrêmes, c'est-à-dire un seul centre de
vitalité à Montréal et 1,592 centres de vitalité,
que nous ne créerons jamais et que nous ne pourrons jamais appuyer, il y
a une solution raisonnable qui découlera d'une saine planification.
Je reviens toujours à cela. C'est pour cela que nous avons un
Office de planification et de développement du Québec. Ce n'est
pas simplement pour l'aménagement du territoire. Sur le plan de
l'urbanisme, c'est également pour mousser le développement de la
puissance économique là où cette puissance peut être
développée. Je pense bien que je me ramène à
l'éventail de situations que je décrivais au départ
quand on parle des localités où il y a de petites
municipalités qui se côtoient, qu'elles s'entendent ou ne
s'entendent pas, l'avenir du Québec ne sera pas compromis. Mais si, dans
les quelques centres où nous pouvons créer une puissance
économique et sociale, nous ne faisons rien, nous pourrons nous
retrouver avec une situation chancelante. Si nous plaçons tous nos
espoirs dans les trois régions de Montréal, de Québec et
de l'Outaouais, et avec certains pôles d'activité au
Saguenay-Lac-Saint-Jean et aux Cantons de l'Est, si nous limitons notre
province à cela, nous manquons de diversification dans notre
économie à cause de cela. Si nous avons un nombre limité
de grandes industries et si les marchés de ces industries sont à
la baisse et notre économie est à la baisse à cause de
cela, qu'est-ce que nous allons faire?
Ce n'est pas du jour au lendemain qu'on peut diversifier. Ce n'est pas
du jour au lendemain qu'on peut créer des centres de vitalité
ailleurs que dans les grandes agglomérations. Donc, il faut planifier
cela et c'est mon plus ardent désir de pouvoir le faire avec la
collaboration et la compréhension de la population. Je pense que nous
serons en mesure, dans bien des cas, de faire ce qui est toujours le plus
agréable à faire, c'est d'entériner un consensus qui se
dégage de la discussion.
M. GAUTHIER: J'aurais juste une question. Dans le cas de projets de
fusion volontaire, qui, au ministère, en particulier, est chargé
de cette préparation au mariage? Je répète, M. le
ministre, dans les cas de projets de fusion volontaire, qui, au
ministère d'une façon plus particulière, est chargé
de cette préparation au mariage? A qui doivent s'adresser les gens?
Est-ce qu'il y a quelqu'un en particulier au ministère qui est
chargé d'étudier d'une façon plus immédiate tous
ces projets?
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement, il y a un service qui s'en occupe. Je
peux vous donner le nom de celui qui le dirige. C'est M. Jean Comtois qui est
le directeur du service et on peut s'adresser à lui. Il va sans dire
qu'on peut toujours s'adresser au ministre aussi.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais demander au ministre de
répondre, à une des questions que j'avais posées au
début. Est-ce que le ministre a l'intention d'entreprendre des
études serrées sur la valeur de la solution des gouvernements
régionaux? J'avais posé cette question parce que, dans le domaine
de l'administration municipale, c'est sûr qu'il y a des
municipalités qui sont trop petites pour avoir les moyens de
réaliser elles-mêmes les solutions à leurs problèmes
particuliers. Même si elles sont plus près des citoyens, elles
n'en ont pas les moyens parce qu'elles sont trop petites pour les
réaliser.
D'un autre côté, le gouvernement du Québec a
peut-être les moyens de le faire, mais il est tellement loin de la
population, c'est un palier tellement gigantesque que les citoyens ne se
sentent pas capables de s'exprimer à ce niveau. C'est la raison pour
laquelle je parlais des gouvernements de l'avenir, tout à l'heure
des gouvernements régionaux, selon les cas, les régions,
les mentalités, constitueraient un gouvernement assez gros pour
réaliser les solutions des problèmes de la région et assez
près aussi. Ce n'est pas trop loin non plus, pourvu qu'il y ait une
participation des citoyens à un palier intermédiaire, qui serait
assez près des citoyens, mais assez gros pour régler les
problèmes, avec une décentralisation administrative.
Est-ce que le ministre a l'intention d'entreprendre des études
serrées sur la valeur de la solution que le gouvernement régional
peut apporter au problème municipal?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, l'honorable député
de Lafontaine, en posant sa question, énonce une thèse et je ne
voudrais pas me prononcer sur sa thèse. Je réponds simplement
à sa question que oui, nous avons non seulement l'intention
d'étudier cette question, nous l'étudions déjà
depuis un bon moment. Nous sommes saisis de plusieurs demandes de constitution
de gouvernement régional. Nous en avons créé
déjà trois: deux communautés urbaines et une
communauté régionale et avec un certain éventail de
pouvoirs, mais cet éventail est encore limité; même avec
cet éventail limité, nous connaissons des problèmes et
nous avons des objections. Il me semble qu'il faudra résoudre ces
problèmes, répondre à ces objections et satisfaire la
population, quant à ces objections, avant d'aller plus loin. Mais
étudier, oui, nous sommes saisis de demandes de constitution
d'organismes de bassins de rivière, comme on en a en France et dans
certains autres pays; c'est une forme de gouvernement régional. Nous
avons des commissions de transport. Ce sont des éléments de
gouvernement régional. Nous avons des comités intermunicipaux
pour la gestion des déchets, une autre forme de gouvernement
régional. Nous avons l'intégration de certains services notamment
dans les communautés urbaines, une autre forme qui n'est pas
nécessairement la même que celle fournie par une communauté
urbaine, elle-même. Nous constatons, par exemple, que, dans certains cas,
il y a un effort intermunicipal qui se fait dans plus d'un domaine, mais les
municipalités membres de l'organisme intermunicipal ne sont pas les
mêmes dans les divers cas. Une municipalité va faire partie d'un
organisme intermunicipal pour le traitement des eaux usées et ne fera
pas partie d'un organisme intermunicipal pour la gestion des déchets
dans la région.
Donc, il faut aller plus loin que d'énoncer une théorie,
un principe de gouvernement régional. Je souligne aussi que, si nous
sommes pour discuter de la constitution possible de gouvernement
régional, l'Union des conseils de comté est drôlement
intéressée et voudrait se constituer en organisme régional
pour l'accomplissement de certaines fonctions. Mais le problème se pose
immédiatement à savoir que les villes membres de l'Union des
municipalités ne sont pas membres de l'Union des conseils de
comté. Il faudra trouver une espèce de mariage pour pouvoir faire
fonctionner une telle chose. On nous dit que les régions administratives
du Québec ont été choisies d'une façon un peu
arbitraire et qu'il y aurait lieu de repenser la définition des
régions. Si nous repensons les régions, il faudra attendre cette
nouvelle pensée, pour pouvoir appliquer des mesures à
l'échelle des régions. Donc, c'est un dossier extrêmement
complexe sur lequel nous nous penchons continuellement. Depuis plusieurs
semaines, je siège au groupe ministériel de l'Office de
planification et de développement du Québec et c'est une
discussion qui s'y déroule continuellement. A chaque rencontre, c'est
nécessairement un élément de discussion.
Donc, la réponse qui a été longue, se résume
à oui, nous l'étudions et nous continuerons de l'étudier,
mais sans adopter quelque thèse que ce soit. En ce moment, ce serait
très prématuré de le faire.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais peut-être ramener la
question sur un autre point. Etant donné que le président de la
Société d'habitation du Québec est ici, est-ce que vous
avez actuellement des statistiques pour l'année financière qui
vient de se terminer concernant l'habitation et combien y a-t-il eu au cours de
l'année de projets de rénovation urbaine, en nombre et en valeur?
Est-ce que vous auriez ces statistiques ici?
M. GOLDBLOOM : Nous avons les statistiques en question. J'aimerais
cependant demander à la commission si elle veut maintenant changer de
sujet et...
LE PRESIDENT (M. Picard): J'aimerais maintenant poser la question:
Est-ce qu'il y a d'autres questions du député de Lévis?
Est-ce que ça concerne le regroupement?
M. ROY (Lévis): Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, ce serait la dernière question
sur le regroupement?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si le député de
Lévis me le permet, si nous avons terminé ou si nous terminons
prochainement cette discussion sur la question du regroupement des
municipalités, j'aimerais inviter la commission à
considérer le programme 1 comme ayant été
adopté?
M. PAUL: II y a d'autres petits éléments dans le programme
1.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Lévis.
M. LEGER: Moi, je n'en ai pas, de toute façon.
M. ROY (Lévis): II y a une chose qui m'intrigue, qui
m'inquiète. Je voulais savoir du ministre si c'est arrivé, dans
la province de Québec, dans le nouveau regroupement, que les villes, les
municipalités qui ont été regroupées dans ces
regroupements fassent partie de deux comtés?
M. GOLDBLOOM: C'est certainement possible. J'irai aux renseignements
pour savoir si c'est déjà arrivé, mais je sais que c'est
parmi les projets de fusion que nous avons aux dossiers, il y en a qui
chevauchent sur deux comtés.
M. ROY (Lévis): Parce que chez nous, c'est ça. Est-ce que
le ministre prétend que ça n'amènera pas de
difficultés? J'ai dans mon comté, Pintendre, qui est dans
Lévis, qui est prêt à se donner gratuitement et qui va
faire partie du comté de Beauce Nord. Pintendre a dit: Ecoutez, on ne
sait plus quoi faire. Vous savez, je ne veux critiquer personne, mettons qu'une
ville ou un comté a une subvention... je ne sais pas, à qui
aura-t-on affaire? Je ne sais pas comment ça va marcher.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. PAUL: Nous avions soulevé cela à l'occasion de
l'étude de la loi 62. On avait pensé au ministre des Affaires
municipales...
M. ROY (Lévis): J'avais même exposé par écrit
la difficulté qui se posait chez nous.
M. GOLDBLOOM: Sur les 61 dossiers, il y en a 5 ou 6 où il y a
chevauchement sur deux comtés. Mais il faudrait, pour donner une
réponse absolument précise, que je retourne à ces dossiers
et que je les examine à la lumière de la nouvelle carte
électorale pour savoir si le chevauchement existe toujours. Donc, ce
n'est pas une réponse assez précise pour satisfaire le
député, je le reconnais.
M. ROY (Lévis): Ce soir, je tiens à rencontrer les gens du
comté et, si je ne le sais pas, je ne peux pas le dire. Je vais attendre
la réponse.
M. LEDUC: Je ne sais pas si le ministre me le permet, évidemment,
ça retourne à il y a déjà quelques années,
mais il y a une fusion des villes de Longueuil et de Jacques-Cartier.
Jacques-Cartier était dans un comté et Longueuil était
dans l'autre comté et, que je sache, depuis 1969, ce n'est
peut-être pas de la même nature, il n'y a jamais eu de
difficulté. Encore aujourd'hui, une partie de la nouvelle ville de Lon-
gueuil est située dans le comté de Chambly et l'autre partie est
située dans le comté de Taillon. Quant à nous, sur la rive
sud, on ne travaille pas en fonction du comté face à la
municipalité, mais en fonction de la municipalité, c'est elle qui
est l'entité et qui a des besoins. Ce que ça fait, ça fait
deux députés qui travaillent au lieu d'un. Je ne veux pas dire
que c'est nécessaire, mais au niveau des négociations soit
à la Voirie, soit aux Affaires municipales, soit aux Affaires sociales,
qui sont les trois ministères il n'y en a pas, on a seulement 40
jardiniers-maraîchers chez nous sérieusement, ça n'a
jamais présenté de problème sérieux; en fait
ça n'a jamais présenté de problème. C'était
la ville qui avait un besoin et la ville, à ce moment-là, faisait
sa représentation au ministère X et elle était
considérée en fonction d'une municipalité, même si
la ville était dans cinq comtés. A Montréal, à
Québec, il y a plusieurs comtés à l'intérieur de
ces sections. L'expérience, depuis 1969, n'a jamais créé
de problème quant à la négociation avec le gouvernement
provincial.
M. ROY (Lévis): M. le Président, si vous me permettez, si
cela englobe les deux comtés au complet, il n'y a pas de
problème.
M. LEDUC: Non, non, le comté de Chambly est formé de
Boucherville, Longueuil, Saint-Lambert, Lemoyne, Greenfield Park; le
comté de Taillon est formé de la ville de Longueuil et de la
ville de Saint-Hubert. Quand on discute avec la ville de Longueuil, on ne parle
pas du comté, ce n'est pas le comté qui a besoin de quelque
chose, c'est la ville de Longueuil.
M. ROY (Lévis): Mais là, vous avez affaire à des
villes, je vous parle d'une grande ville, d'une municipalité qui va
faire partie du comté. Pour le comté de Beauce-Nord, il va y
avoir une subvention, si vous voulez.
M. LEDUC: Est-ce que c'est le comté qui la reçoit?
M. ROY (Lévis): C'est le comté qui la reçoit si
c'est donné dans son comté.
M. LEDUC: A qui cela est-ce donné dans son comté?
M. ROY (Lévis): ... on va dépenser, or
Saint-Louis-de-Pintendre fait partie de Lévis.
M. LEDUC: Je regrette, mais je pense qu'il n'y a pas un comté,
à ma connaissance, depuis que je suis député, qui ait
reçu une subvention.
M. ROY (Lévis): ... à la municipalité.
M. LEDUC: Cela a été donné à une... Oui,
alors, c'est la municipalité...
M. ROY (Lévis): Oui, si la municipalité de
Saint-Louis-de-Pintendre fait partie de Lévis, à qui va-t-elle
s'adresser? A la ville de Lévis?
M. LEDUC : Elle va s'adresser aux deux députés.
M. PAUL: Le ministère de la Justice a donné à
maintes occasions des subventions aux conseils de comté.
M.LEDUC: D'accord, ils représentent des municipalités ou
des...
M. PAUL: C'est cela.
M.LEDUC: ... paroisses, mais lorsque vous avez une ville qui est
située dans deux comtés...
M. PAUL: ... ils ne peuvent pas donner cela au comté.
M.LEDUC: Ils ne donnent pas cela au comté. A ma connaissance,
cela ne s'est jamais fait. Ce n'est pas le comté qui reçoit,
c'est la ville de Saint-Louis-de-Pintendre et l'autre ville je m'excuse,
je ne me souviens pas...
M. ROY (Lévis): Lévis et Pintendre.
M. LEDUC: ... Lévis et Pintendre. C'est cette municipalité
qui recevra la subvention. Le comté, à mon sens, ne joue aucun
rôle dans cela. Si le député veut absolument avoir la
mainmise sur une municipalité et veut avoir le contrôle de la
municipalité, il faudrait qu'il divise cela en deux, ou s'il veut se
faire de la gloire politique pour les subventions qu'il a obtenues, c'est une
autre histoire.
M. ROY (Lévis): Non, le gouvernement est assez prévenant
pour me les promettre avant de me les donner.
M. LEDUC: A ce moment, vous n'avez pas de problème.
M. LEGER: Le problème soulevé par le député
de Lévis a pas mal plus d'ampleur qu'on peut penser.
UNE VOIX: Oui.
M. LEGER: Je vais donner tantôt, je parlais des
gouvernements régionaux possibles l'exemple des élections
scolaires qui s'en viennent. Dans l'élection scolaire qui s'en vient, il
y a un territoire où il y a un candidat qui se présente qui se
trouve à être dans deux municipalités différentes,
dans deux comtés différents et dans deux commissions scolaires
différentes. Alors, voilà justement l'exemple du mélange
qu'il peut y avoir au niveau de l'identité, de gens qui s'identifient
à un milieu donné. Exemple: un candidat se présente. Une
partie de son territoire est dans Montréal-Nord, l'autre partie est dans
Rivière-des-Prairies et il se trouve à en avoir une partie dans
Anjou. Trois municipalités pour le même territoire d'une
commission scolaire et en même temps, du fait que ce sont trois
comtés différents: le comté d'Anjou, le comté de
Lafontaine et le comté de Sauvé, cela soulève quand
même une série de problèmes dans ce manque de coordination
de centres régionaux où les gens auraient, comme le
député le disait tantôt, une vocation commune, une
vitalité commune. Le problème que vient de soulever le
député de Lévis se retrouve dans plusieurs autres
domaines. C'est pour cela que je parlais tantôt de gouvernements
régionaux qui auraient quelque chose d'homogène qui serait
créé, ce qui permettrait, soit au niveau municipal, au niveau
scolaire, au niveau électoral, au niveau de comté, des
affinités dans tout cela. C'est un problème avec lequel on
vit.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il faut reconnaître une
chose. Si l'on crée un autre palier de gouvernement, quelqu'un perdra
quelque chose, soit la municipalité, soit le gouvernement de la
province, et c'est un élément du débat qu'il ne faudra pas
escamoter. J'aimerais que les municipalités se prononcent sur le
désir qu'elles ont ou qu'elles n'ont pas d'avoir un gouvernement
régional et de céder à ce gouvernement régional des
pouvoirs qu'elles détiennent présentement. C'est un débat
qui devra se poursuivre assez longuement et avec beaucoup d'objectivité,
parce que nous venons de parler d'une politique de regroupement. La politique
n'est pas complètement définie, mais je viens de donner
l'ébauche d'une politique qui est en évolution vers le
dégagement d'un consensus, là où un consensus est
possible. J'aimerais souligner à l'attention de l'honorable
député de Lafontaine qu'en créant un gouvernement
régional, on risque fort de fusionner des municipalités sans les
fusionner, parce qu'elles n'auraient plus de rôle à jouer. Est-ce
que c'est ce que l'on désire? Si c'est ce que l'on désire, on
peut remplacer toute une politique de travail avec les municipalités
vers la création de centres de vitalité chez elles par une
politique de gouvernements régionaux. Cela serait beaucoup plus facile
pour le gouvernement de la province, mais cela serait changer de façon
radicale la carte socio-économique du Québec.
M. LEGER: C'est-à-dire que je n'aime pas cela quand le ministre
dit: Quelqu'un va perdre quelque chose. Je ne pense pas qu'il y ait des
personnes qui ont à perdre des fiefs ou à en gagner au niveau
d'une petite municipalité ou une autre, avec des crises de clocher,
etc.
Je dis que, dans une étude sur des gouvernements régionaux
à venir, il faudrait tenir compte que certains paliers augmenteraient
leurs responsabilités en même temps que leurs moyens pour les
réaliser et certains autres paliers en perdraient aussi. Ils n'avaient
pas les
moyens de le faire, ils perdaient cette responsabilité-là.
C'est une division de responsabilités et de moyens de façon que
tout soit fait selon le meilleur intérêt des citoyens qui sont
à l'intérieur et selon les cas particuliers des régions.
C'est une étude en profondeur dans ce domaine-là, permettant
à chacun d'avoir suffisamment de responsabilités et de moyens
pour les réaliser et, s'ils n'ont pas les moyens de les réaliser,
ils perdent certaines responsabilités et c'est une façon d'agir
beaucoup plus rationnelle si une étude est faite là-dessus.
M. GOLDBLOOM: Soyons clairs là-dessus, M. le Président. Il
faut étudier les intérêts d'une région.
M. LEGER: C'est la base de la discussion.
M. GOLDBLOOM: II faut étudier les services à fournir, le
potentiel de développement de la région, les meilleurs moyens
administratifs et autres d'amener cette région à
s'épanouir, mais aller jusqu'à un gouvernement régional,
c'est aller un pas plus loin et ce pas est, à mon sens, le dernier
à franchir.
M. LEGER: II y a des étapes à franchir vers quelque chose
qui est un gouvernement de l'avenir.
M. GOLDBLOOM: Je ne suis pas certain dans mon esprit, ce n'est
qu'une opinion personnelle que j'exprime mais je ne suis pas certain que
l'on doive aller jusqu'à ce pas-là. Mais il faut certainement
étudier région par région, sous-région par
sous-région, la vitalité à créer.
M. LEGER: C'est le point de départ et c'est la question que je
posais au ministre. C'est cette étude-là qui doit être
faite avant de faire un pas aussi significatif. Alors, M. le Président,
j'avais demandé tantôt si c'était la dernière
question...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Maskinongé
avait une question.
M. PAUL: J'aurais peut-être, avec le consentement des membres de
la commission, trois petits problèmes à souligner avant que,
personnellement, nous acceptions le programme 1. M. le Président, le 10
juin 1970, le ministre des Affaires municipales de l'époque, à
Halifax, déclarait que les villes pourraient négocier directement
avec Ottawa. Le 13 juin 1970, il affirmait ne pas avoir dit que les villes
étaient libres de négocier avec le fédéral. Je
crois que, le 12 juin 1970, il précisait que sa déclaration
limitait ses pouvoirs à certains problèmes. Au mois de novembre
1972, il y a eu une conférence tripartite,
fédérale-provinciale-municipale, et le ministre des Affaires
municipales de l'époque disait ceci: Quant au ministre
québécois des Affaires urbaines il faut que je sois
honnête avec le texte que je lis M. Maurice Tessier, il a
douté à nouveau de la valeur réelle d'une telle
conférence. Le ministre a tenu à répéter une
nouvelle fois que cette conférence tripartite n'apporterait pas
grand-chose de concret en ce qui concerne les problèmes des
municipalités qui sont causés par le phénomène de
l'urbanisation. Alors, est-ce que nous pourrions savoir du ministre actuel des
Affaires municipales quelle est la politique de son ministère en 1973?
Est-ce que le ministre peut faire le point? Est-ce que les municipalités
négocient, à toutes fins pratiques, avec Ottawa actuellement?
Est-ce que les négociations sont permises sur tous les problèmes
ou sur quelques problèmes? Quels ont été les
résultats pratiques de la dernière conférence qui eut
lieu, je crois, à Toronto, si ma mémoire est bonne, au mois
d'avril? Des structures nouvelles ont-elles été mises en place
et, finalement, d'autres conférences sont-elles en perspective?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il est clair que plusieurs
municipalités ont des responsabilités qu'elles doivent discuter
avec le gouvernement fédéral. Le gouvernement
fédéral est présent sur leur territoire, a des
responsabilités à exercer et il faut que des conversations aient
lieu. Je pense qu'il est clair cependant que les municipalités demeurent
la responsabilité du gouvernement de la province et que, là
où l'on parle avec le gouvernement fédéral, que ce soit
à l'occasion d'une conférence fédérale-provinciale
ou à l'occasion d'une conférence tripartite, c'est la province
qui assume ses responsabilités pour ces municipalités, mais les
municipalités sont normalement présentes avec le gouvernement
provincial quand il s'agit d'une conférence
fédérale-provinciale. La formule particulière de la
conférence tripartite a été essayée. Pour rendre
justice à mon collègue, le député de Rimouski,
c'était une conférence qui a duré deux jours.
A la fin de la première journée, il a exprimé
l'avis que la conférence n'avait pas une grande utilité mais la
deuxième journée a été mieux réussie et,
à la fin de cette deuxième journée, c'est effectivement le
Québec qui a proposé ce qui est devenu le consensus par la
suite.
M. PAUL: La même chose que la conférence actuelle des
premiers ministres? Ce n'est pas M. Bourassa qui a pris le leadership, mais
bien M. Davis. Est-ce que c'est un leadership semblable qui a été
pris à la dernière conférence
fédérale-provinciale au mois de novembre?
M. GOLDBLOOM: Pas de commentaires, de comparaison.
M.PAUL: J'admets, M. le Président, que j'étais hors
d'ordre.
M. GOLDBLOOM: La décision a été d'accepter qu'il y
ait d'autres conférences tripartites
mais que ces conférences ne se limitent pas au niveau national,
qu'une province ou une région ou une partie d'une province pourrait
avoir une conférence tripartite où les trois paliers de
gouvernement se pencheraient ensemble sur les problèmes de ce territoire
défini. Il y a une discussion qui se poursuit présentement vers
la tenue d'une nouvelle conférence tripartite au niveau national et nous
sommes en négociation quant à la tenue de cette
conférence. Le Québec a exprimé des opinions à
l'endroit des autres provinces et des autres paliers de gouvernement. Nous
attendons de voir dans quelle mesure ces suggestions auront été
retenues et de quelle façon la proposition sera éventuellement
présentée et nous avons des rencontres en perspective avec
d'autres provinces. J'étais récemment à Edmonton et j'ai
rencontré mon homologue albertain.
M. PAUL: M. le Président...
M. GOLDBLOOM: Si le député de Maskinongé me
permet.
M. PAUL: Certainement.
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse, M. le Président.
M. LEGER: Sur le point que vous venez de soulever concernant les
relations des municipalités avec... Je voudrais en profiter, parce que
j'ai souvent attaqué le maire Drapeau sur différents aspects de
sa politique, pour le féliciter publiquement pour la position qu'il a
tenue à l'occasion de la conférence des municipalités
où il a été le seul qui a eu le leadership suffisant pour
faire éveiller les maires des autres municipalités pour que le
Québec ne perde pas sa responsabilité majeure là-dedans.
Les municipalités sont des créatures du gouvernement du
Québec. Quand je suis obligé d'attaquer le maire Drapeau, je le
fais mais quand je veux le féliciter, il faut que je le fasse. Il a fait
un travail de leadership que j'admire et, s'il a fait ça, c'est
peut-être parce que le gouvernement du Québec n'a pas
jusqu'à maintenant ce leadership nécessaire en face du
gouvernement fédéral. Je donne un exemple peut-être un peu
loufoque, c'est que, quand le ministre Tessier était ministre des
Affaires municipales, il laissait flirter les municipalités avec le
fédéral. Cela me fait penser à un homme qui laisse sa
femme flirter avec le patron sous prétexte qu'il parle de son salaire.
Pendant ce temps-là, il peut se faire voler sa femme. Le Québec
devrait avoir suffisamment de leadership envers ses municipalités pour
qu'elles sachent que les solutions peuvent venir du Québec et que le
Québec aura les moyens d'obtenir l'argent nécessaire parce qu'il
a la juridiction sur les affaires municipales auprès du
fédéral, pour que les municipalités du Québec
sachent que c'est avec le gouvernement du Québec qu'elles doivent
transiger, qu'elles au- ront ce dont elles ont besoin, selon les politiques et
les priorités que le Québec aura obtenues du
fédéral.
Il ne faut pas laisser les municipalités transiger directement
avec le fédéral, parce que cela montre encore la faiblesse du
gouvernement provincial vis-à-vis du fédéral.
C'est un point dont, je pense, il est très important de tenir
compte, un leadership provincial ou du moins pour le moment provincial
auprès du fédéral pour la question des
municipalités.
M. GOLDBLOOM: Le député de Lafontaine est en train de me
dire que je dois garder mes 1,592 femmes heureuses.
M. LEGER: Au contraire, c'est le ministre qui a du dynamisme.
M. PAUL: Je suis sûr que le maire Drapeau, lorsqu'il aura le
compte rendu, du journal des Débats sur nos délibérations
de ce matin, dira, en lisant les propos du député de Lafontaine:
Cela frappe !
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce qu'il y a d'autres questions? Le
député de Maskinongé.
M. PAUL: Le 6 décembre 1972, le gouvernement
fédéral a annoncé un programme d'aide de $350 millions en
faveur des municipalités. Est-ce que le ministre peut nous dire quelle
proportion de ce montant revient au Québec? Comment ce fonds est-il
administré? Le Québec avait-il été consulté
au préalable? Quels sont les développements connus dans la
politique des travaux d'hiver préconisée par Ottawa et quels ont
été les résultats jusqu'ici, dans l'embauche, par exemple,
dans le montant des subventions ou des sommes d'argent que retireront les
municipalités? Quels types de travaux ont été
acceptés? Quelles seront les modalités d'application de la loi?
Quelle sera la durée de ce programme? Avec quels autres
ministères les négociations ont-elles été
engagées? Quel est le programme prévu pour l'année 73/74,
puisque nous sommes à l'étude des crédits de
l'année 73/74? Est-ce que les municipalités peuvent
espérer une contribution du gouvernement provincial? Si oui, laquelle? A
ce moment-là, je ne voudrais pas parler des $26 millions dont nous
pourrons discuter au programme 2.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que je peux demander à l'honorable
député de Maskinongé de répéter sa
dernière question, parce que j'ai été distrait pour un
instant?
M. PAUL: Une contribution provinciale est-elle projetée en faveur
des municipalités, pour les aider dans la réalisation ou
l'exécution de travaux d'hiver? Si oui, de quel ordre? Sinon,
pourquoi?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si ma
mémoire est fidèle, le Québec a reçu une
somme de $80 millions à même le programme annoncé par le
gouvernement fédéral. Cela a été discuté par
les ministres des Finances et le ministre des Finances du Québec
était au courant de cette distribution. Le gouvernement du Québec
a choisi de prendre plusieurs moyens de mettre cet argent au service des
municipalités et de la collectivité. Une certaine tranche a
été accordée au ministère des Affaires municipales
pour être utilisée dans ce programme. Nous aurons
approximativement $35 millions à utiliser pour rembourser le coût
de la main-d'oeuvre dans un certain nombre de projets et, cela, sur une
période de deux années, 73/74 et 74/75, $20 millions cette
année et $15 millions l'an prochain.
Mais, puisque les travaux en question seront en général
des travaux d'une certaine importance, nous avons décidé, pour
des fins d'administration, de traiter les deux années fiscales ensemble,
de prévoir une programmation sur les deux années.
Nous aurons très prochainement, et je dirai en dedans de 15
jours, des renseignements précis à fournir. Nous avons
reçu un très grand nombre de demandes des municipalités et
il ne sera clairement pas possible de répondre favorablement à
toutes ces demandes. Il faut faire un triage. Le conseil des ministres en a
discuté et a proposé certains critères pour ce triage.
Nous avons également constaté qu'un certain nombre de
projets ne répondaient pas aux critères appliqués par le
gouvernement fédéral en offrant ces sommes. Nous avons dû
les éliminer du tableau et nous devons également collaborer avec
d'autres ministères qui ont leurs programmes et, si les demandes se
situent dans le cadre des programmes existants d'autres ministères, il
ne serait pas logique que, par notre initiative, nous faussions la
programmation du ministère en question. Donc, nous sommes à,
étudier tout cela et l'étude sera complétée pas
plus tard qu'à la fin de la semaine prochaine ou le début de la
semaine suivante, et nous pourrons annoncer...
M. GAUTHIER: Jusqu'à maintenant, il n'y a aucune décision
de prise? Il n'y a aucun projet d'accepté jusqu'à maintenant?
M. GODLBLOOM: A toutes fins pratiques, il n'y en a pas eu. Il y a eu,
sur plus de 700 demandes, deux engagements de donnés, parce qu'il
s'agissait de projets très urgents où il fallait savoir si le
projet serait accepté pour que l'on puisse planifier la programmation du
projet. Nous avons dit oui dans ces deux cas mais, même dans ces cas,
nous n'avons pas permis que le travail, même de planification, commence
avant le 1er mai. Nous avons cru que c'était injuste à l'endroit
des autres municipalités et nous donnerons la réponse globale en
dedans de quinze jour.
M.GAUTHIER: D'après la réponse du mi- nistre, on peut
comprendre qu'il n'y a aucune municipalité qui est autorisée
à affecter des sommes, même si c'était seulement pour faire
des études préliminaires, en veu de la réalisation d'un
projet.
M. GOLDBLOOM: II faut souligner que nous parlons de coût de la
main-d'oeuvre qui sera remboursé et, comme je l'ai dit, nous avons
trouvé nécessaire de donner une espèce de préavis
d'acceptation â deux municipalités qui ont invoqué une
urgence absolue et nous avons fini par dire oui, mais nous allons publier
toutes les autres acceptations en même temps.
M.GAUTHIER: Est-ce qu'il est prématuré de demander quelles
sont ces deux municipalités qui ont eu une autorisation?
M. GOLDBLOOM: Ce sont La Tuque et Maniwaki.
M. PAUL: M. le Président, j'ai écouté le
ministre...
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse, j'ai pu peut-être induire la commission
en erreur, tout à l'heure, en disant que nous publierions toutes les
autres acceptations en même temps. Il est possible que nous soyons
obligés de réserver un petit nombre pour étude
additionnelle et réserver l'argent â ce sujet. Il est possible
que, dans la liste que nous publierons en dedans de quinze jours, il manque un
petit nombre de cas qui seront ajoutés par la suite. Il y a des dossiers
qui exigent une vérification approfondie.
M. GAUTHIER: Est-ce que ce serait trop demander au ministère que
d'aviser les députés qui ont des municipalités
intéressées par ces projets, lorsque la décision sera
prise?
M. GOLDBLOOM: C'est un travail de bénédictin de compiler
tout cela, mais nous allons faire de notre mieux pour faire le triage. Je vois,
dans le visage de mon ami de Saint-Maurice...
M. DEMERS: J'arrive du Travail. Je suis allé me roder
là-bas.
M. GOLDBLOOM: ... il se met presque à genoux pour demander
que...
M. DEMERS: On est habitué de demander des faveurs.
M. GOLDBLOOM: On essaiera de rendre service.
M. DEMERS: A genoux devant Dieu le père qui est le ministre.
M.PAUL: M. le Président, le ministre tout à l'heure...
M.GOLDBLOOM: Cela ne m'arrive pas souvent.
M. PAUL: ... nous a mentionné que beaucoup de projets de
municipalités devaient être écartés parce que ces
projets ne répondaient pas aux critères appliqués par le
fédéral. Dois-je comprendre que c'est le gouvernement
fédéral seul qui a décrété les
critères d'admissibilité des projets? Est-ce que le ministre,
pour éviter toute confusion, pourrait préciser les propos qu'il a
tenus à ce sujet, en disant que les critères appliques par le
fédéral...
M. GOLDBLOOM: II y a eu discussion, il y a eu effectivement
négociation des critères et c'est éventuellement le
gouvernement fédéral qui a publié, qui a envoyé aux
provinces la proposition qui était un consensus. Nous n'avons pas
été en désaccord sur les critères proposés
par le gouvernement fédéral parce que ces critères ont
résulté d'une consultation que nous avons trouvée
satisfaisante. Nous avons quand même constaté il arrive
parfois que celui qui lit un texte ne le comprend pas parfaitement que
quelques municipalités avaient mal compris les critères et
avaient proposé des projets qui ne peuvent être retenus. C'est
malheureux.
M. PAUL: M. le Président, je remercie le ministre d'avoir fait le
point sur tout ce problème. Je ne voudrais pas lui faire de reproche
s'il n'a pas répondu à une question que je trouve très
importante.
M. GOLDBLOOM: Laquelle?
M.PAUL: Laquelle? C'est la suivante: Est-ce que le gouvernement du
Québec se propose d'aller dans la même voie que le gouvernement
fédéral et de verser des subventions aux municipalités? Si
oui, de quelle grandeur peuvent être ces subventions? Sinon, pourquoi le
ministère des Affaires municipales ne viendrait-il pas au secours des
municipalités écrasées par des responsabilités
administratives?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je voudrais dire
premièrement que dans le choix des municipalités, nous voulons
tenir compte de la situation financière de la municipalité, du
taux de chômage, du revenu moyen des citoyens de la municipalité
et essayer de venir en aide là où l'aide est nécessaire,
et deuxièmement, que nous examinons les implications de l'acceptation de
chaque projet pour le gouvernement provincial. Y aura-t-il
nécessité d'ajouter une aide financière pour permettre
véritablement l'accomplissement de ce projet? Je pense bien que nous
serons en mesure d'aller jusqu'au bout et d'assurer le parachèvement des
travaux qui seront autorisés en vertu de ce programme 73/75.
M.PAUL: Dois-je comprendre que la réponse du ministre est "noui"
pour ce qui est des subventions.
M. GOLDBLOOM: La réponse est bien simple. C'est que nous avons un
budget, le budget nous permet une marge de manoeuvre. Nous allons utiliser
cette marge de manoeuvre, il n'y a pas de sommes additionnelles qui seront
consacrées à ce programme, parce qu'il y a déjà eu
des sommes consacrées par le ministre des Finances, on le sait, qui
s'ajoutent à ce qui a été publié dans ce cahier-ci
pour permettre de venir en aide aux municipalités.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le programme... le député de
Lafontaine... les questions s'en vont un peu sur le programme 2, est-ce que le
programme 1 est adopté?
M. LEGER: En ce qui me concerne, oui.
M.PAUL: Adopté.
M. GOLDBLOOM: Merci.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Lafontaine.
Habitation et rénovation urbaine
M. LEGER: J'avais commencé à poser des questions
tantôt, mais comme on avait dit au début que c'était
général, ça ne veut pas dire nécessairement que
c'est dans le programme 2 comme tel. J'avais posé tantôt une
question au niveau de l'habitation. Est-ce que vous avez des états
statistiques sur trois points concernant les activités de la
Société d'habitation du Québec? Premièrement, en
l'année 72/73, combien est-ce qu'il y a eu de projets de
rénovation urbaine, pour quel montant, et, deuxièmement, est-ce
qu'il y a des HLM qui ont été constitués? Quel est le
montant et combien de projets? La troisième va dans le même sens.
Quels montants ont été consacrés au déficit
d'exploitation des HLM pour les municipalités au niveau provincial?
Est-ce que le ministre peut m'éclairer? Actuellement, est-ce que la
répartition d'exploitation est bien à 50 p.c. du
fédéral, à 40 p.c. du provincial et à 10 p.c. des
municipalités?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut donner des réponses aux
trois questions?
M. GOLDBLOOM: Le député de Lafontaine chevauche sur les
programmes 3 et 7.
M. LEGER: C'est parce qu'on avait dit qu'on parlait de choses
générales au départ. Je pose donc des questions sur la
politique générale de l'année passée.
M. GOLDBLOOM: Je trouve les questions plutôt précises que
générales. Mais si on veut aller dans les détails.
M. LEGER: J'ai une question de politique immédiatement
après.
M. PAUL: M. le Président, dois-je vous signaler qu'il est 12 h
30?
LE PRESIDENT (M. Picard): On m'a informé que ça
siégait jusqu'à une heure.
M. PAUL: Je m'excuse.
LE PRESIDENT (M. Picard): Les questions du député de
Lafontaine touchent à la fois au programme 7: Aide au
développement et à l'amélioration d'habitation, de
même qu'au programme 3.
M. LEGER: Mais, M. le Président, au début ce
n'était pas limité par programme, du fait qu'il y a des questions
de politique générale derrière cela?
Dans ces questions-là, j'en ai une de politique
générale à poser. Pouvez-vous me dire le montant?
Après cela, j'ai des questions d'ordre politique que je ne pouvais pas
poser avant.
M. GOLDBLOOM: Alors, voici. Pour commencer la réponse, ce n'est
pas sur une seule année que l'on peut donner la réponse, parce
que c'est une programmation sur cinq années. Nous avons
présentement 41 projets qui sont en cours.
M. LEGER: De rénovation urbaine?
M. GOLDBLOOM: Oui. Nous avons également 17 projets de
restauration dont quinze ont reçu de l'aide financière au cours
de l'année qui vient de se terminer.
Nous avons 55,000 bénéficiaires de la réduction
d'intérêt de 3 p.c. pour l'habitation familiale. Nous avons
travaillé sur 17,734 dossiers l'an dernier, c'est-à-dire nouveaux
et toujours actifs. Nous avons reçu 6,000 demandes, nous avons dû
en refuser 2,000. Nous en avons retenu 4,000, puisqu'il y avait 1,400 dossiers
qui avaient été soumis au cours de l'année
précédente mais qui n'avaient pas été
étudiés au cours de l'année précédente. Nous
avons eu l'an dernier, 5,400 nouveaux bénéficiaires et nous avons
une augmentation nette de 2,100 bénéficiaires de ce
programme.
Nous avons, depuis 1948, anné du début du programme,
105,000 emprunteurs au total.
M. LEGER: Concernant les 41 projets de rénovation urbaine en
cours, le ministre pourrait-il me dire quel en est le montant?
M. GOLDBLOOM: Le montant des contrats est de $141,500,000.
M. LEGER: Et les 17 projets de restauration?
M. GOLDBLOOM: Un montant de $10,200,000.
M. LEGER: Quels sont les montants consacrés au déficit
d'exploitation? La réponse qu'on me donnait tantôt, c'était
plus pour des personnes qui ont une déduction de l'intérêt
pour une maison qui entre dans les critères: tant de revenus, tant
d'enfants, etc. Je parle plutôt des déficits d'exploitation par
les municipalités, avec les HLM.
M. GOLDBLOOM: Le montant consacré l'an dernier a
été de $7,583,900, dont le gouvernement fédéral a
contribué $5,006,800.
M. LEGER: Et les municipalités avaient la différence?
C'est-à-dire que non.
M. GOLDBLOOM: Non, c'est la province qui a contribué pour
$2,769,100.
M. LEGER: Et les municipalités 10 p.c. du grand total,
$700,000?
M. GOLDBLOOM: C'est au cours de cette dernière année que
la formule a été modifiée et la contribution provinciale
est passée de 25 p.c. à 40 p.c, la contribution municipale de 25
p.c. à 10 p.c, la contribution fédérale demeurant stable
à 50 p.c. Maintenant, pour indiquer l'augmentation de l'activité
dans ce domaine-là, si nous avions tout simplement transformé la
formule de l'an dernier, nous aurions pour cette année au budget, au
lieu de $12,870,000 et on trouve cela à la page 3-21
seulement $9,100,700. Donc, il y a une augmentation importante de notre
contribution financière dans ce domaine. Effectivement, la contribution
provinciale passe de $2,769,100 à $6,028,700. Alors, au total pour
l'année, pour donner une dernière statistique, nous avons
et c'est le rapport des activités de la Société
d'habitation 119 projets de construction d'habitation, projets
municipaux qui sont actifs présentement, qui sont subventionnés
et qui représentent 9,199 logements, au total, 119 projets.
M. LEGER: L'année dernière, à l'occasion de
l'étude des crédits, j'avais demandé au ministre des
Affaires municipales du temps si c'était la politique de la
Société d'habitation du Québec d'amorcer ses propres
projets d'habitation et non pas de se contenter de demandes ou de
décisions fédérales ou de demandes municipales venant de
ces deux sources. Le ministre m'avait répondu à ce
moment-là que c'était quelque chose de souhaitable. Où en
est rendu le dossier sur cette question bien précise d'autonomie
provinciale pour que le Québec puisse lui-même amorcer des projets
selon ses politiques à lui? Où est-ce qu'on en est rendu?
M. GOLDBLOOM: Nous sommes dans une situation semblable à celle de
l'ancienne Régie des eaux par exemple. La loi de l'organisme en question
ne lui permet pas d'être maître d'oeuvre. Donc, il faudrait que la
loi soit modifiée pour lui permettre d'assumer cette
responsabilité et nous étudions la question présentement.
L'initiative vient des municipalités principalement et est prise en
vertu des lois québécoises. Mais la Société
d'habitation du Québec n'a pas le pouvoir de devenir maître
d'oeuvre et de prendre cette initiative de son propre chef. Evidemment, dans
les conversations avec les municipalités et avec d'autres
intéressés, on peut prendre une initiative morale et amener les
gens à faire ce qui semble désirable, et nous le faisons dans
bien des cas, mais c'est un élément additionnel qui est
étudié présentement.
M. LEGER: C'est-à-dire que vous pouvez susciter des demandes dans
des municipalités, vous pouvez leur dire qu'il y a des
possibilités, mais cela ne permet pas quand même à la
Société d'habitation du Québec d'avoir une politique
d'ensemble, une politique d'avenir dans le domaine de l'habitation. Maintenant,
est-ce qu'actuellement, à la Société centrale
d'hypothèques et de logement, toute somme qui est donnée ou
remise parce que ce n'est pas un don au Québec passe
directement par la Société d'habitation du Québec ou si la
SCHL peut y aller directement elle-même?
M. GOLDBLOOM: Dans le cas des entreprises privées, des
particuliers, la SCHL peut prêter directement; dans tous les autres cas,
c'est par le truchement de la Société d'habitation du
Québec.
D'ailleurs, la Société d'habitation ne transige pas avec
l'entreprise privée de façon à l'appuyer.
M. LEGER: C'est donc dire que le ministre me voit venir
s'il était décidé que le village olympique devait
être construit par l'entreprise publique, parce que l'entreprise
privée aurait des difficultés du fait que c'est un travail
colossal, à ce moment-là, il faudrait nécessairement que
la Société d'habitation du Québec soit
consultée?
M. GOLDBLOOM: C'est clair et nous misons là-dessus.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut nous dire si, actuellement
parce qu'il a patiné en Chambre, la dernière fois, très
bien patiné, d'ailleurs, il était gardien de but, mais cela prend
un bon patineur de près ou de loin, la Société
d'habitation du Québec a été consultée par le COJO,
directement ou indirectement, ou par d'autres personnes reliées au COJO
concernant le village olympique, pour obtenir des permis ou des normes, ainsi
que le site?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'ai dit très clairement en
Chambre que la Société d'habitation du Québec a
été consultée par une personne et c'est celui qui vous
parle.
M. LEGER: C'est cela. Depuis ce temps-là, il n'y a eu aucun
contact à part le ministre?
M. GOLDBLOOM: II y a des contacts qui se poursuivent et nous sommes de
plus en plus actifs dans ce dossier. Nous prenons de plus en plus
d'initiatives. Nous avons indiqué aux autorités municipales notre
désir d'avoir des contacts plus poussés et d'obtenir des
renseignements, non seulement pour savoir ce que pensent les autorités
municipales mais également pour éviter d'entreprendre des
études, d'aller chercher des renseignements qui sont déjà
entre les mains des autorités municipales. Nous avons reçu cette
collaboration. La ville va mettre à notre disposition les renseignements
qu'elle possède.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut conclure du fait que la SHQ n'a
jamais été consultée par l'organisme municipal ou le COJO,
que ce serait l'entreprise privée à ce moment-là qui
serait appelée à construire le village olympique?
LE PRESIDENT (M. Picard): Je trouve que le député de
Lafontaine s'éloigne un peu du sujet.
M. LEGER: Du tout, M. le Président, je suis très
directement dans le projet : La responsabilité de la
Société d'habitation du Québec concernant les projets
publics.
LE PRESIDENT (M. Picard): De toute façon, votre dernière
question, vous allez être obligé de la formuler d'une autre
façon parce que vous demandez tout simplement une opinion au
ministre.
M. LEGER: Non, c'est la conclusion de la Loi de la Société
d'habitation du Québec qui, elle, ne transige que dans le domaine public
et pas du tout dans le domaine privé.
M. GOLDBLOOM: M. le Président nous sommes dans le débat
sur les crédits et je n'ai pas pour ma part d'objection à
répondre aux questions du député de Lafontaine. Je ne
voudrais pas être trop formel là-dessus. Il me demande si je donne
à la situation actuelle l'interprétation que la ville aurait
l'intention de travailler avec l'entreprise privée et de chercher
à réussir la construction du village olympique sans l'aide de la
Société d'habitation du Québec, donc, sans être
obligée de consulter cette dernier. Ce n'est pas l'interprétation
que je donne. Je crois, mais je ne pourrais l'affirmer, qu'il faudrait une
participation du gouverne-
ment provincial par le truchement de la société, et c'est
dans cet esprit que j'ai engagé le dialogue avec les autorités
municipales. Ce dialogue se poursuit. Je suis assuré je le
répète encore que le dossier est en évolution, que
la décision n'est pas prise, que nous avons le temps nécessaire
pour examiner les solutions de rechange qui pourront s'offrir. C'est ce que
nous faisons.
M. LEGER: Quels sont les règlements ou la façon de
fonctionner de la Société d'habitation du Québec
concernant la constrution d'un villave olympique? Quelles sont les obligations
que la Société d'habitation du Québec exigerait? Est-ce
qu'elle a juridiction sur le site? Est-ce qu'elle a juridiction uniquement sur
les plans d'aménagement de ce village?
Quels sont les règlements qu'elle peut mettre de l'avant pour
obliger un organisme à fonctionner?
M. GOLDBLOOM: La société peut participer au financement de
l'achat du terrain, elle peut aider dans ce domaine. Je vais demander au
président si la société peut refuser d'accepter un terrain
donné si elle n'est pas d'accord sur le choix.
Le président de la société confirme que, si la
société est invitée à participer au financement,
elle doit être satisfaite du choix du lieu, des plans, de la nature de
financement et peut refuser, sur n'importe quel de ces chefs, d'accepter un
projet. Et puisqu'il s'agit, ici, selon tout ce que nous avons entendu, de
logements permanents qui feront partie de la banque de logements de la ville de
Montréal, de la région métropolitaine, disons, il y a des
critères que nous appliquons quant au coût par unité et
certaines autres normes quant à la construction des immeubles. Tout cela
s'appliquerait au projet en question.
M. LEGER: Maintenant, M. le Président, il y a quand même un
obstacle que le ministre voit, d'après ce qu'il m'a dit. C'est que la
Société d'habitation du Québec ne peut pas
elle-même, par sa loi, amorcer des projets, comme tels. Elle devrait
quand même, en bâtissant un village olympique pour quinze jours,
prévoir que cela va servir, par la suite, dans un plan global
d'habitation au Québec.
A ce moment-là, comment concilier le manque de pouvoirs de la
société d'habitation du Québec d'amorcer un projet et d'un
autre côté déterminer avec la municipalité de
Montréal ou le COJO que cela devrait être d'un tel type de maisons
qui pourraient servir après, du coût, étant donné
qu'un terrain coûte tellement cher dans ce bout-là, si on veut
que, par la suite, ce soit rentable et que ce soient des habitations à
loyer modique pour la clientèle que l'on veut desservir par la suite?
Comment peut-elle concilier une politique globale, n'ayant pas les pouvoirs et,
d'un autre côté, permettre peut- être que ce ne soient pas
des habitations à loyer modique par la suite, que cela pourrait
être un éléphant blanc comme cela a été le
cas à Munich?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, quand on reçoit une
demande, on se prononce sur cette demande, et si l'on veut faire une
contre-proposition, on peut la faire. On n'a pas besoin d'avoir
l'autorité, d'être maître d'oeuvre et prendre l'initiative
originale pour être en mesure d'influencer cette décision. Je ne
voudrais pas que l'on ait l'impression qu'il y a un conflit à longue
distance entre les deux paliers de gouvernement. Il y a des conversations qui
se déroulent présentement. Donc, j'ai toujours confiance dans la
bonne volonté de l'autre et j'espère que le résultat de
ces conversations sera une solution acceptable. J'ai dit en Chambre l'autre
jour que nous avons l'intention d'amener les autorités municipales
à justifier tout projet qui est présenté devant l'opinion
publique, le justifier non seulement pour lui-même mais par rapport
à d'autres lieux qui auraient pu être choisis. Il faudra indiquer
pourquoi les autres lieux n'auront pas été choisis. Je pense que
c'est l'exercice de ma responsabilité qui est impliqué dans cela
et j'ai l'intention d'assumer mes responsabilités, parce que je suis
impliqué déjà, non pas de façon caricaturale mais
de façon réelle. Donc, je vais exprimer ma responsabilité
en assurant à l'opinion publique un dossier complet. C'est pour cela que
j'ai demandé à la Société d'habitation du
Québec d'aller rencontrer les autorités municipales, de partager
avec elles les renseignements que ces dernières possèdent et de
nous permettre ensemble de présenter un dossier complet.
Nous ne semblons pas avoir les contraintes de temps qui ont
été suggérées dans certains reportages. On a
parlé de la fin du mois; je peux assurer les membres de la commission
que, s'il faut prendre un peu de temps additionnel, il n'y aura pas de
problème à le prendre. Il va sans dire que l'on ne pourra
attendre décembre 1975 pour commencer la construction, mais on a quand
même...
M. LEGER: Dans l'esprit du ministre, pour que ce soit quand même
dans un délai raisonnable pour tous les obstacles ou les
difficultés d'organisation qui vont survenir pour permettre que ce soit
réalisé en temps, quelle est la date limite pour la
décision du choix du site au moins?
M. GOLDBLOOM: Je ne connais pas de date limite de façon
précise, mais je suis certain que, si nous parlons d'un certain nombre
de semaines au cours desquelles nous allons continuer l'étude du
dossier, nous n'entraverons pas le travail qui devra être accompli.
M. LEGER: Est-ce que la Société centrale
d'hypothèques est appelée... Si c'est le SHQ qui
peut financer et parrainer un peu le projet est-ce qu'elle devra
recevoir des fonds de la Société centrale d'hypothèques ou
si c'est de son propre budget qu'elle devra le faire?
M. GOLDBLOOM: La SCHL peut être impliquée dans le
financement. Elle agit comme banquier pour toutes sortes de projets, nous
l'avons dit. Elle travaille avec la collaboration de la Société
d'habitation du Québec dans la province, elle travaille avec
l'entreprise privée, et il n'y a pas de raison pour laquelle on n'irait
pas chercher cet argent, s'il est disponible.
M. LEGER: Pour conclure de ce que le ministre vient de nous dire, que la
Société d'habitation du Québec n'avait pas encore
été consultée et que, nécessairement, elle devrait
l'être si cela touche une réalisation par l'entreprise publique et
que le ministre dit qu'il ne peut pas conclure immédiatement que cela
sera uniquement l'entreprise privée, c'est donc dire qu'il était
grand temps que le ministre embarque dans le dossier et fasse réaliser
aux autorités municipales que le Québec a son mot à dire
là dedans. Je conclus que c'était grand temps, puisqu'il va
permettre justement de voir comment fonctionne cet organisme qui devenait un
organisme du même style que la ville de Montréal,
c'est-à-dire un organisme fermé sur lui-même, où les
décisions étaient prises sans que personne ne le sache, et tout
le monde était pris devant un fait accompli. L'intervention du ministre,
le flambeau à la main cette fois-ci et non pas ailleurs, va pouvoir
éclairer un peu les décisions qui se prennent au COJO. Tout ce
que je peux lui souhaiter, c'est l'exhorter il sait notre appui dans ce
domaine à ce que, très bientôt, il y ait une
commission parlementaire qui pourrait entendre le COJO et le ministère
des Affaires municipales. Il y verra que nous l'appuierons beaucoup dans ce
domaine et qu'il aura l'occasion de faire un succès des Jeux olympiques
lui-même.
M. GOLDBLOOM: Nous verrons à cela en temps et lieu, M. le
Président, mais pour compléter ma réponse d'hier au
député de Lafontaine, j'ai affirmé avoir le feu
sacré, je me permets de lui rappeler que les médecins romains de
l'ancien temps ont donné le nom sacrum à la partie
inférieure de la colonne vertébrale, parce qu'ils croyaient que
c'était là que résidait l'âme.
M. LEGER: C'est pour cela que ce n'est pas loin du coccyx, c'est pour
cela que le ministre agit comme un coq.
LE PRESIDENT (M. Picard): La commission suspend ses travaux
jusqu'à après la période des questions à
l'Assemblée nationale, ce qui veut dire environ vers quatre heures cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h)
Reprise de la séance à 16 h 20
M. PICARD (Président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
La commission des affaires municipales continue l'étude des
crédits. Pour cette séance, M. Vincent, du comté de
Nicolet, remplace M. Paul, du comté de Maskinongé.
Nous en étions à l'étude des programmes 3, 7, 8 et
9, en fait, tout ce qui touche l'habitation.
M.VINCENT: M. le Président, j'aurais une première question
à poser. Cette question m'a été posée hier, par un
électeur d'un autre comté que le mien, mais tout de même.
Cet électeur me dit qu'il a lu dans un journal hebdomadaire, La Parole,
de Drummondville, qu'il y avait maintenant une subvention pouvant atteindre
jusqu'à 25 p.c. du coût total de rénovation d'une maison.
On donnait, dans ce journal, un numéro de téléphone
où les personnes pouvaient téléphoner. Malheureusement, je
ne l'ai pas. J'ai eu cela par téléphone, hier. Cette personne m'a
dit qu'elle avait communiqué avec ce numéro de
téléphone et on lui a dit: Adressez-vous à la
Société d'habitation du Québec et on va vous donner les
informations. Cela m'a laissé assez perplexe. Quelqu'un renseigne les
gens, en donnant un numéro de téléphone, et tout de suite
après on leur dit: Adressez-vous à la Société
d'habitation du Québec, car on ne le sait pas.
D'abord, la première question. Est-ce qu'il existe une subvention
jusqu'à concurrence de 25 p.c. pour aider à la rénovation,
et cela j'entends à la grandeur de la province ou si cela existe
seulement dans des secteurs définis, dans des villes, pour
rénovation urbaine? Deuxièmement, si cela existe, est-ce qu'il y
a une brochure, un dépliant qu'on pourrait utiliser pour renseigner nos
électeurs? Maintenant, le fonctionnaire peut répondre.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il serait peut-être bon que
la commission donne la permission à M. Jacques Bernier, président
de la Société d'habitation du Québec, de répondre
directement, en fournissant les détails.
M. VINCENT: Et cela sera inscrit au nom du ministre.
LE PRESIDENT (M. Picard): Ce sera inscrit au nom du ministre dans le
journal des Débats. L'honorable ministre.
M. GOLDBLOOM: Effectivement, une loi a été adoptée
au mois de décembre 1971, modifiant la Loi de la Société
d'habitation du Québec pour permettre à celle-ci d'accorder,
conjointement avec les municipalités, des subventions aux
propriétaires d'édifices résidentiels, pour leur permettre
de restaurer ces
maisons selon les nonnes d'occupation et d'entretien
édictées par la société et mises en application par
les municipalités.
Au mois de décembre 1972, la Société d'habitation
du Québec a fait adopter un arrêté en conseil par le
règlement no 10, établissant les normes d'occupation et
d'entretien exigibles pour rendre les propriétaires admissibles à
une subvention. Les barèmes de la subvention ont aussi été
fixés par ce règlement no 10. Celui-ci prévoit qu'une
subvention de 25 p.c. des coûts de restauration peut être
accordée à un propriétaire résidentiel par une
municipalité. Il faut que le règlement soit adopté par la
municipalité et que l'application en soit régie par la
municipalité. Elle contrôle l'émission des permis de
restauration, en établit la valeur et, dès que les travaux sont
faits, la municipalité verse un quart du coût des travaux et
réclame à la Société d'habitation du Québec,
pour autant qu'une entente a été conclue à cette fin, la
moitié de ce qu'elle a payé. La subvention est conjointe; elle
représente 12 1/2 p.c. des coûts par la municipalité et 12
1/2 p.c. par la province. Les autres 75 p.c. sont à la charge des
propriétaires eux-mêmes.
Maintenant, la revue Municipalité 73, par un supplément,
au mois de février, a donné une description du règlement
et du mécanisme à utiliser. Il se peut que le journal ait pris
des extraits de ce supplément et ait publié le numéro de
téléphone du service de l'information du ministère et non
pas le numéro de la Société d'habitation du
Québec.
Effectivement, la société fournit tous les renseignements
que les individus ou les municipalités nous demandent, au sujet de la
restauration.
Nous leur faisons parvenir copie de ce supplément de
Municipalité 73, parce qu'il est complet et explicatif.
Maintenant, nous ne pouvons pas agir directement. Il faut que la
municipalité décide d'adopter un règlement d'occupation et
d'entretien des immeubles résidentiels, établissant les normes
minimales â respecter pour fins de continuité d'occupation du
logement. A partir de là, si elle le met applicable dans un secteur de
sa municipalité ou sur l'ensemble de son territoire, elle peut conclure
une entente avec la Société d'habitation du Québec, pour
verser 25 p.c. de subvention.
M. VINCENT: Dans tous les cas, les 25 p.c. sont versés par la
municipalité ou la ville et par la suite, la ville ou la
municipalité réclame les autres 12 1/2 p.c. du gouvernement.
M. GODLBLOOM: C'est cela.
M. VINCENT: La société ne verse pas directement de
subvention.
M. GOLDBLOOM: Jamais.
M. VINCENT: Maintenant, combien de villes ou de municipalités,
à travers la province, ont signé un accord avec le
ministère ou la Société d'habitation du Québec, en
vertu de ce programme?
M. GOLDBLOOM: La première demande a été soumise par
la ville de Montréal, au mois de mars et cette semaine, elle
était soumise au conseil exécutif. La ville de Québec a
signifié son intention de procéder à un tel programme,
mais elle n'a pas encore soumis de demande officielle. Nous avons reçu
des demandes d'informations additionnelles et des demandes de rencontres, de
plusieurs conseils municipaux, pour aller expliquer le mécanisme de
cette nouvelle loi.
Plusieurs d'entre elles sont disposées à procéder
immédiatement, mais elles espèrent que le gouvernement
fédéral viendra avec des amendements à la loi nationale,
pour avoir des avantages correspondants, si cela pouvait permettre des
contributions plus grandes; c'est pour cela qu'elles sont hésitantes
â partir immédiatement avec un programme.
M. VINCENT: Donc, à l'heure actuelle, il n'y a pas encore de
villes qui ont complété le projet ou l'ont mis en marche?
M. GOLDBLOOM: A l'extérieur des zones de rénovation, non.
A l'intérieur des zones de rénovation, ceci existait
déjà, par la loi elle-même, depuis 1967 et à
l'intérieur des 41 programmes de rénovation urbaine dans les
municipalités, il y en a quinze qui ont des programmes en marche et deux
autres en négociation.
M. VINCENT: Est-ce qu'on pourrait recevoir copie de
l'arrêté en conseil du mois de décembre 1972? Probablement
que cela a été passé dans la Gazette officielle du
Québec. Peut-être que non.
M. GOLDBLOOM: Cela a été publié dans la Gazette
officielle du Québec et les copies du règlement no 10 sont
disponibles autant que vous en désirez.
M. VINCENT: Est-ce que le président pourrait nous faire parvenir
cela, le plus tôt possible?
M. GOLDBLOOM: Avec plaisir.
M. VINCENT: Ou encore les faire parvenir aux membres de la commission.
Ce serait plus facile de nous les faire parvenir à nos bureaux, afin
qu'on puisse donner des renseignements.
M. GOLDBLOOM: Je les ferai parvenir à tous les membres de la
commission.
M. VINCENT: Je me demande même si ce ne serait pas une bonne
politique, parce que si cela commence à paraître dans les
journaux, plusieurs vont s'informer. Il s'agit de leur envoyer
l'arrêté en conseil et de leur dire qu'ils
doivent s'adresser à la ville ou à la municipalité
qui a signé une entente.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce le désir des membres de la
commission de recevoir ces copies? Seulement les membres de la commission ou
tous les députés?
M. VINCENT: II y a une politique assez bien établie que le
ministre surveille assez attentivement. Les députés sont
pratiquement tous informés de ce qui se passe. A ce moment nous en
prenons connaissance.
LE PRESIDENT (M. Picard): A tous les membres de la commission.
M. GOLDBLOOM: Si je comprends bien le désir de l'honorable
député de Nicolet, ce serait que le ministre adresse un
exemplaire à chacun des députés de l'Assemblée
nationale et je trouve que c'est absolument normal.
M. VINCENT: Quel montant d'argent a été inscrit au budget
en vertu de ce programme, pour cette année?
M. GOLDBLOOM: II y a $837,800.
M. VINCENT: A l'extérieur des zones de rénovation, c'est
le montant que vous prévoyez dépenser. Tout probablement que cela
touchera seulement Montréal et Québec, pour cette année.
Je vois mal les autres petites villes, ou les petites municipalités,
grever leur budget, pour le moment du moins, de 12 1/2 p.c.
M. GOLDBLOOM: Nous avons, en subventions, sur le montant global que j'ai
indiqué tout à l'heure, $800,000. Les $35,800 sont pour
l'administration du programme. Sur ce montant de $800,000, il y a $300,000
à l'intérieur des zones de rénovation et $500,000 à
l'extérieur de ces zones.
M. VINCENT: Merci, M. le Président. Si vous me le permettez, en
continuant sur cette question de la Société d'habitation du
Québec, comme on touche à...
LE PRESIDENT (M. Picard): Toute l'habitation.
M. VINCENT: ... toute l'habitation, je vais procéder à
partir d'un problème comme celui-là pour monter un peu plus haut.
En ce qui concerne la Loi de l'habitation familiale, qui est administrée
maintenant par la Société d'habitation du Québec, est-ce
qu'il y a eu des changements dans les règlements pour l'octroi du
remboursement de 3 p.c. aux propriétaires de maisons unifamiliales,
surtout en ce qui concerne le revenu admissible qui était de $7,000?
M. GOLDBLOOM: Pas encore, M. le Prési- dent. Nous avons
reçu des mémoires de la part de l'Association des constructeurs
d'habitations et d'autres personnes intéressées. Nous
étudions la question. Nous n'avons pas encore de projets d'amendements,
mais des arguments fort intéressants ont été
avancés, qui nous mènent sûrement à un nouvel examen
de la question.
M. VINCENT: Maintenant, cela concerne la Loi de l'habitation familiale;
il doit probablement y avoir un amendement à la loi pour
l'étendre encore pour une période de deux ans. Elle doit arriver
à échéance cette année? Je pense que c'est au mois
de décembre.
M. GOLDBLOOM: Au mois de décembre de cette année.
M. VINCENT: Juin 1974. Ah bon! M. GOLDBLOOM: Je m'excuse...
M.VINCENT: Ah oui! C'était voté pour trois ans.
D'accord.
M. GOLDBLOOM: ... c'est en juin 1974, mais nous espérons quand
même, suivant une décision qui sera prise par le conseil des
ministres et qui n'est pas encore prise, présenter des amendements, s'il
y a lieu, avant la fin de l'année.
M. VINCENT: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, quand on a quitté à 1
heure, on avait discuté des différences de réglementation
entre la Société d'habitation du Québec et la
Société centrale d'hypothèques et de logement. Je voudrais
demander ceci étant donné qu'il y a de nouveaux
développements depuis ce temps-là. Je reviens à la
construction du village olympique. Quand c'est une construction
contrôlée par la Société d'habitation du
Québec, elle a ses propres critères de construction, etc. S'il y
a des règlements municipaux qui changent, est-ce qu'il y a une relation
entre les règlements municipaux qui peuvent être plus permissifs
ou moins permissifs que des règlements d'ordre provincial? Quand une
ville veut changer certains règlements, doit-elle consulter au
préalable, dans le domaine de l'habitation, la Société
d'habitation du Québec?
M. VINCENT: M. le Président, le député de
Lafontaine saute sur un autre sujet.
M. LEGER: On est toujours sur la Société d'habitation du
Québec.
M. VINCENT: On va continuer.
M. LEGER: Le député n'était pas là ce matin;
on était sur ce sujet.
M. VINCENT: Comme vous n'étiez pas là tout à
l'heure, on a commencé d'autres sujets.
M. LEGER: Oui, mais ça ne dérange pas, là. M.
VINCENT: Bien, ça ne dérange pas! UNE VOIX: Cela
dérange.
M. LEGER: Pour combien de temps allez-vous poser des questions tout
seul?
M. VINCENT: Pardon?
M. LEGER: Est-ce que je vais avoir la chance de la poser?
M. VINCENT: On vient de commencer, là.
M. LEGER: C'est ça. Alors, j'en ai posé une; laissez-moi
finir.
M. VINCENT: Justement, c'est hors d'ordre complètement parce que
vous entrez dans une discussion qui touche un autre domaine.
M. LEGER: On est sur le sujet d'ordre général, M. le
Président.
M. VINCENT: Le sujet d'ordre général, on va y toucher tout
à l'heure.
M. GOLDBLOOM: Pour répondre à l'honorable
député de Lafontaine, une municipalité peut
évidemment adopter des règlements et s'en servir pour ses propres
fins, mais, si elle s'adresse à la Société d'habitation du
Québec pour une participation financière à quelque projet
que ce soit, ce sont les normes et les exigences de la Société
d'habitation du Québec qui prévalent.
M. LEGER: Là, j'ai un cas bien précis à soumettre
au ministre. Concernant la hauteur des bâtisses permissible, lundi
dernier, au conseil municipal, on a rapidement passé en douce un
règlement qui changeait le zonage à partir de la rue Frontenac,
à l'est de la ville. Auparavant, le maximum de hauteur était de
quatre étages et, là, on a permis, à partir de Pie IX
jusqu'à la limite de la ville de Montréal, une hauteur
illimitée. A ce moment-là, on voit bien ce que ça veut
dire et ce qui s'en vient. Très bientôt, il y aura des
bâtisses très élevées qui vont être
construites de ce côté, probablement le village olympique et le
stade, etc.
Dès que la Société d'habitation du Québec
est contactée pour donner ces permis, un règlement comme
celui-là pourrait être controversé du fait que c'est une
hauteur illimitée quand on dit illimité, c'est dans les
possibilités est-ce qu'il y a des normes provinciales qui peuvent
empêcher, justement, la construction d'une bâtisse en hauteur? Je
donne comme exemple l'habitation des athlètes qui ne seraient pas
tellement heureux d'être dans une bâtisse de quinze à vingt
étages. Est-ce que la Société d'habitation du
Québec peut avoir des objections à ces critères, à
ces règlements, pour que ce soit quelque chose qui va demeurer, par la
suite, une place pour les citoyens du Québec, de Montréal, qui
voudront rester dans ces maisons après le village olympique?
M. GOLDBLOOM: Ce qui serait...
M. VINCENT: M. le Président, avant que le ministre
réponde, j'aimerais simplement soulever un point de règlement. Si
j'ai bien compris, tout à l'heure quand nous avons commencé les
travaux, nous avons dit que nous étions pour discuter toute la question
de l'habitation sur le plan général. J'ai touché la
question de rénovation de logements. Nous en étions à
l'habitation familiale qui touche toute la province. Je voulais en arriver
à la question des logements à prix modiques et, par la suite, je
pensais que le député de Lafontaine voulait intervenir sur la
question de l'habitation familiale pour, à mon sens, marcher dans
l'ordre; nous entrerons sur des problèmes particuliers qui touchent
certaines villes, certains secteurs, mais qu'on ne fasse pas de
coq-à-l'âne tout de suite en partant ou en commençant.
M. LEGER: M. le Président...
M. VINCENT: Posez des questions générales qui touchent la
province...
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre!
M. LEGER: M. le Président, sur un point d'ordre.
M. VINCENT: M. le Président, j'avais la parole et j'avais permis
au député de Lafontaine d'intervenir dans la discussion...
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement. Je n'ai
aucune permission à demander au député...
M. VINCENT: Ah bon! D'accord.
M. LEGER: ... pour avoir droit de parole et...
M. VINCENT: S'il n'a pas de permission à demander, j'avais la
parole...
M. LEGER: ... que le député accepte de dire que c'est du
coq-à-l'âne, dans son interprétation. Je ne pense pas qu'un
député puisse accaparer continuellement, dans une direction, des
questions d'ordre général...
M. VINCENT: C'est justement pour éviter...
M. LEGER: ... alors, M. le Président, si le député
avait le moindrement de respect pour les autres collègues, il laisserait
terminer cette partie des questions et il reviendrait tantôt. Je lui
laisserai poser toutes les questions qu'il veut. Mais là j'ai une
question et j'attends une réponse du ministre et...
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, messieurs!
M. VINCENT: ... qu'il ait le même respect qu'il demande aux autres
députés. Nous étions à discuter de l'habitation
familiale et je crois bien qu'on devrait vider cette question parce
qu'autrement on va parler éternellement sur différents
sujets.
LE PRESIDENT (M. Picard): Maintenant, j'aimerais rappeler au
député de Nicolet que ce matin, au début des
crédits, il avait été convenu qu'au lieu de
procéder par programmes, on procéderait par tout l'ensemble des
crédits, quitte à s'en tenir à certains groupes de
programmes.
M. VINCENT: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Picard): Présentement, nous discutons du
problème de l'habitation. Et ça touche quatre programmes:
programmes 3, 7, 8 et 9. Maintenant, là il faudrait continuer dans cette
veine à moins qu'on change les directives, qu'on change la façon
de procéder. Je reviens à la question du député de
Lafontaine que je considère irrecevable, à savoir qu'il veut
discuter, à ce programme-ci, des règlements de zonage de la ville
de Montréal, alors qu'il sait parfaitement bien que les
règlements de zonage d'une municipalité relèvent de
l'autorité de la municipalité et non pas du gouvernement de la
province une fois qu'ils sont adoptés.
M. LEGER: Sur un point de règlement, M. le Président, je
dois respectueusement vous faire remarquer que c'est la question de la
Société d'habitation du Québec qui a des
règlements. Et je vous donne un exemple précis, à cause
d'un règlement de zonage d'une municipalité et, alors que la
Société d'habitation du Québec va avoir très
bientôt à prendre une décision, qui a la priorité,
étant donné qu'il peut y avoir deux règlements qui entrent
en conflit? Le ministre s'apprêtait à répondre
là-dessus. J'avais terminé sur ce sujet et j'aurais aimé
que le ministre me réponde sur ce point.
LE PRESIDENT (M. Picard): Sur cette question, justement, lorsque vous
parlez des règlements de zonage de la ville de Montréal, parlons
clairement, avant que le COJO ne puisse s'adresser à la
Société d'habitation du Québec, il est bien évident
qu'il devra obtenir un permis de la ville de Montréal. Ce sera la
première condition que la Société d'habitation du
Québec va exiger. Ce permis sera donné par la ville de
Montréal, en vertu des règlements de zonage émis et
adoptés par la ville de Montréal.
M. LEGER: Je vois que le président pourrait faire un bon ministre
des Affaires municipales. Il répond aux questions d'ordre municipal.
LE PRESIDENT (M. Picard): C'est parce que votre question...
M. DEMERS: II ferait un bon échevin de la ville de
Montréal.
M. ROY (Lévis): On ne peut pas avoir deux ministres des Affaires
municipales.
M. LEGER: Est-ce que le ministre pourrait me donner une réponse
à cette question bien précise, très importante et
très urgente?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense bien que j'ai
répondu en bonne partie à cette question, en indiquant que
là où la Société d'habitation du Québec est
invitée à participer financièrement à la
réalisation d'un projet, ses normes doivent s'appliquer.
Il me semble que c'est davantage en sens inverse que la relation doit
s'établir, c'est-à-dire que la Société d'habitation
doit être respectueuse du zonage municipal et vérifier que ce qui
est proposé ne serait pas en contravention avec un règlement de
zonage de la municipalité. Mais le fait qu'un règlement de zonage
permette n'importe quoi ne veut pas dire que la Société
d'habitation va accepter n'importe quoi. Chaque projet devra être
jugé à son mérite. J'irai jusqu'à dire que nous
avons le problème d'un grand nombre de municipalités qui n'ont
pas de règlement de zonage et...
M. LEGER: Le ministre comprend bien le problème que je lui
soumets, parce qu'il est dans le dossier actuellement. Du fait qu'il a à
prévoir une politique d'habitation provinciale et que le village
olympique va en être quand même une partie, à cause des $150
millions qui vont peut-être être investi dans le village olympique,
si un règlement de zonage vient changer tout cela et peut permettre des
habitations d'une grandeur démesurée par rapport aux besoins ou
à la politique normale du gouvernement provincial, il y a une relation
directe en vertu de la décision qui a été prise lundi et
la politique de l'habitation pour le ministère des Affaires
municipales.
M. GOLDBLOOM: Je dirai que c'est une relation partielle. Il est
évident que la ville de Montréal, en modifiant son
règlement de zonage, permettrait un changement qui pourrait être
majeur dans le visage de cette partie de Montréal, mais ce fait ne
change rien à l'application des exigences de la Société
d'habitation sur tout
projet auquel elle est invitée à participer. Je pense bien
que, si l'on fait une tournée dans la région
métropolitaine présentement, on trouvera un nombre important de
projets réalisés avec l'aide de la Société
d'habitation et l'on constatera que la société a voulu
intégrer, sur le plan esthétique et social, les logements
à leur quartier, à leurs environs et nous voudrons continuer
à faire de même. Mais ni la société ni le
ministère présentement peut-être qu'il y aura des
contraintes que nous pourrons imposer quand l'éventuelle Loi de
l'urbanisme et de l'aménagement du territoire sera adoptée
sauf certaines approbations que nous devons donner à certains projets de
règlement municipal, n'ont le pouvoir d'empêcher la
municipalité d'établir des règlements de zonage.
M. LEGER: Vous les verrez quand vous aurez le problème
précis du village olympique...
M. GOLDBLOOM: Oui, monsieur.
M. LEGER: ... et le dossier que vous êtes en train
d'étudier?
M. GOLDBLOOM: Oui, monsieur.
M. DEMERS: C'est bien ça ou bien on va faire disparaître
des municipalités.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Berthier.
M. GAUTHIER: Ce matin, le ministre a donné un chiffre en
réponse à des questions. J'ai retenu le chiffre de 9,199. Est-ce
que ce seraient des logements nouveaux qui auraient été
construits, des complexes, des appartements ou des logements? Si ce sont des
logements, ce serait pour remplacer combien de logements qui auraient
été détruits?
M. GOLDBLOOM: C'est le nombre de logements représentés par
les 119 projets qui font l'objet du financement, de la participation
financière de la Société d'habitation du
Québec.
M. GAUTHIER: Ce sont des logements qui sont construits ou en train de
l'être?
M. GOLDBLOOM: Qui sont sous administration; cela veut dire qu'ils sont
construits et occupés.
M.GAUTHIER: On peut dire qu'ils remplacent combien de logements qui
auraient été détruits à cause de leur
vétusté?
M. GOLDBLOOM: J'essaierai d'avoir ce chiffre. En grande majorité,
ce sont de nouveaux logements qui n'en remplacent pas d'autres. Il y en a qui
ont été détruits, mais nous n'avons pas ce chiffre en
relation avec le nombre de logements présentement sous
administration.
M.GAUTHIER: Est-ce qu'il serait possible de savoir quel est le loyer
moyen payé dans ces nouveaux logements?
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement. C'est $71.23.
M. VINCENT: Quel est le déficit moyen, maintenant? Le loyer $71,
le déficit moyen $171?
M. GOLDBLOOM: $110 approximativement.
M. VINCENT: $110? M. GOLDBLOOM: Oui.
M. VINCENT: Pour l'ensemble des 9,119 logements?
M. GOLDBLOOM: Oui. Ils sont évalués à $180
approximativement.
M. VINCENT: On nous a annoncé pour le programme de logements
à coût modique qui groupait 5,000 logements ou un peu plus de
5,000 logements dans la ville de Montréal, que le déficit
était d'environ $160 ou les projections pour l'année en cours. Je
vais vous donner quelques chiffres, en excluant Montréal. J'ai ici des
chiffres des prévisions pour 1973 des revenus et dépenses
d'exploitation du complexe Bardy à Québec. D'après les
informations qu'on a, il y aurait des dépenses totales de $238.39 par
logement, par mois, plus les dépenses pour les taxes municipales et
scolaires de $53.10 par mois, plus des revenus totaux $71.87; ça c'est
le coût du loyer, non, $71.87 par mois et revenus provenant des loyers,
$63.86 par mois. Cela donne un déficit d'exploitation de $166.52 par
mois prévu pour l'année financière en cours. Est-ce que ce
sont des chiffres véridiques?
M. GOLDBLOOM: Les chiffres que j'ai donnés tout à l'heure
sont les chiffres moyens pour la province. Si l'on cite le projet Bardy, il est
au-dessus de la moyenne et est effectivement le plus coûteux de tous nos
projets d'habitation.
M. VINCENT: M. le ministre, c'est le projet Bardy, je n'en fais pas un
reproche au ministre, mais il va falloir se poser sérieusement la
question bientôt; 446 logements avec un déficit de fonctionnement
mensuel de $166.52, d'après les chiffres que nous avons obtenus des
prévisions 1973. Projet Jacques-Cartier: 107 logements, déficit
mensuel d'exploitation de $162.17. Projet Marie-de-1'Incarnation: 176
logements, déficit d'exploitation mensuel, $162.99 par mois.
M. DEMERS: Compensé par qui?
M. VINCENT: Projets Jacques-Cartier et Ma-
rie-de-1'Incarnation ensemble, ça arrivait à $165.03 de
déficit. Quand on regarde ça pour le contribuable, on se dit: Le
déficit d'exploitation mensuel pour ces logements soi-disant à
coût modique est plus élevé que la moyenne des prix
payés pour les logements dans la ville de Québec. Le
gouvernement, d'accord, a baissé la contribution financière des
municipalités à 10 p.c., l'an passé, mais c'est quand
même le gouvernement municipal, le gouvernement provincial et le
gouvernement fédéral qui paient ce déficit et c'est le
contribuable qui est rejoint au bout de la ligne. Est-ce que le
ministère a l'intention de changer cette politique, d'apporter des
changements assez substantiels, même radicaux, à cette politique?
Autrement, on s'en va, on s'achemine vers un déficit extraordinaire dans
ce domaine puis on décourage l'entreprise privée puis on
décourage même le propriétaire d'une maison quand il voit
que le gouvernement absorbe autant d'argent. Je suis certain que le
député de Lévis n'est pas d'accord.
M. ROY (Lévis): II est en train de me voler mon discours.
M. DEMERS: II est d'accord. M. VINCENT: Oui?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, l'honorable député
de Nicolet a cité trois exemples qui présentent des chiffres
assez élevés, mais la moyenne pour la province demeure $110.
M. VINCENT: Oui, la moyenne de coût de l'an dernier. Mais ce sont
les prévisions de 1973, parce que les coûts de l'an dernier
étaient un peu moins élevés. J'ai fait moi-même une
petite enquête, on me dit que plus les logements prendront de l'âge
plus ce sera dispendieux et plus les déficits seront
élevés. Cela s'explique assez facilement. Si je ne suis pas
propriétaire de ma maison ou si je n'ai pas d'intérêt
à l'appartement ou au logement que j'occupe, la porte ferme un peu plus
vite et elle ouvre un peu plus vite également.
M. DEMERS: Si on a besoin de bois pour chauffer.
M. VINCENT: A certains endroits, on peut même, avec le prix de
l'huile à l'heure actuelle, se servir des portes pour chauffer la
fournaise, s'il y a des fournaises. Je pense que c'est sérieux cette
question.
D'ailleurs, le chef de l'Opposition, M. Lou-bier, l'avait
souligné à l'Assemblée nationale. Il va falloir
qu'à un moment donné le ministre actuel je connais ses
bonnes intentions s'assoie un moment donné autour d'une table
avec le gouvernement actuel, avec les municipalités, avec les
représentants de la population et fasse l'évaluation de cette
politique en partant des documents qui pourraient nous être fournis par
la Société d'habitation du Québec, et qu'on voie s'il n'y
aurait pas des changements à apporter. Autrement, on arrive avec des
déficits mensuels. Même si c'est $110 par mois l'an passé,
le déficit mensuel par logement, sur les 9,119 logements, l'an
passé, est plus élevé que la moyenne de tous les loyers de
la province de Québec.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je ne voudrais pas que l'honorable
député de Nicolet, en disant tout à l'heure, comme il l'a
dit, que c'est sérieux, laisse croire que le gouvernement ne trouve pas
que c'est sérieux. Je suis nettement d'accord avec lui. Nous avons,
premièrement, refusé des projets parce que nous avons
trouvé les coûts trop élevés, et nous avons
insisté dans certains cas où une municipalité insistait
pour aller de l'avant avec un projet en différant
d'interprétation de calcul avec la Société d'habitation
sur le coût probable des logements à construire. Nous avons dit
à la municipalité : Vous prendrez le risque et si vous
dépassez tel coût par logement, vous assumerez l'excédent
parce que nous n'approuverons pas un montant plus élevé que tant
par logement. Nous allons continuer à appliquer cette politique.
Nous irons plus loin que cela parce qu'il y a plusieurs
éléments d'une politique de logement qu'il faudra définir.
Je ne suis pas en mesure de les définir ici, séance tenante,
parce qu'ils n'ont pas encore fait l'objet de l'étude nécessaire
et de la proposition que je devrai faire au conseil des ministres. Il est
très clair que nous avons besoin d'une politique de logement en
général, d'une politique de logement subventionnée en
particulier. Quand nous parlons de subventionner des logements, nous parlons
effectivement du bien-être social, de l'appui au revenu des particuliers
et c'est dans ce contexte, en même temps, que nous devons examiner une
politique de logement. Est-ce le logement que nous subventionnons ou le
locataire? C'est de plus en plus notre conviction que c'est le locataire et que
nous devrons intégrer notre politique de subventions dans ce domaine
à une politique globale de soutien du revenu des particuliers.
Il y a un autre aspect qui retient notre attention de façon
particulière, parce que nous le croyons important, c'est le genre de
mixture sociale...
M. DEMERS: Pardon?
M. GOLDBLOOM: ... de mixture sociale que nous avons dans un complexe
résidentiel. Est-ce une bonne chose d'avoir ce que nous appelons les HLM
et d'avoir une seule classe de la société dans ce complexe
résidentiel ou s'il est préférable d'avoir une autre
formule insistant encore sur l'appui au revenu des particuliers pour permettre
à ces gens, qui sont défavorisés, d'avoir accès
à du logement qui n'est pas
distingué des autres complexes résidentiels comme ghetto
pour personnes défavorisées? C'est une question extrêmement
sérieuse sur laquelle nous nous penchons. Nous ne sommes pas les seuls
à nous pencher là-dessus, les autres provinces sont
intéressées à cette question et je pense bien que
même poser la question constitue un début de réponse
à certains éléments du problème.
M. VINCENT: M. le ministre, juste pour mettre en parallèle, nous
avons parlé de trois projets, je crois, d'habitation à coût
modique ici dans la ville de Québec, lesquels projets totalisent un
déficit mensuel, prévu pour 73/74, de quelque $160 par mois. Nous
avons fait une petite enquête et nous avons regardé deux complexes
de l'entreprise privée, soit les immeubles Versant-Nord et Place
Prévert. Tous deux sont situés à Sainte-Foy, donc, on peut
supposer qu'ils donnent une assez bonne idée de la situation qui
prévaut dans l'entreprise privée dans la région de
Québec.
En ce qui concerne les immeubles Versant-Nord, qui sont dans
l'entreprise privée, il y a 396 logements. Les propriétaires
obtiennent un surplus d'exploitation de $3.48 par mois alors que nous arrivons
à $162 de déficit par mois.
Vous avez Place Prévert, avec un nombre de 192 logements, qui
arrive à $2.35 par mois. Il y a quand même une marge je
voulais placer ces chiffres en parallèle entre les logements
administrés par l'Office municipal d'habitation et les logements
administrés par l'entreprise privée. Je voudrais bien que le
député de Lafontaine regarde attentivement ces chiffres.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je voudrais souligner, à
l'attention de l'honorable député de Nicolet, qu'il compare des
chiffres qui ne sont pas nécessairement comparables. Je ne parle pas des
chiffres qu'il vient de citer, mais des chiffres précédents sur
les moyennes, c'est-à-dire que, quand nous parlons du déficit
moyen pour les logements subventionnés par la Société
centrale d'hypothèques et de logement, nous parlons,
premièrement, de logements neufs.
M. VINCENT: Ceux-là aussi, M. le Président.
M. GOLDBLOOM: D'accord, mais je retourne...
M. VINCENT: Nous avons pris une série de logements neufs de
l'entreprise privée et de l'Office municipal d'habitation.
M. GOLDBLOOM: ... à l'argumentation du député de
Nicolet d'il y a quelques instants, pour éclaircir un
élément qui me semble important. Premièrement, donc, nous
parlons de logements neufs et, deuxièmement, parmi les familles qui
doivent s'adresser aux autorités publiques pour de l'aide, parce
qu'elles ne trouvent pas facilement un logement à la portée de
leur bourse, il y a des familles qui sont probablement, en moyenne, plus
nombreuses que la moyenne de la société. Donc, nous parlons en
général de logements qui sont offerts à des familles un
peu plus nombreuses en moyenne et à des logements qui sont neufs tandis
que, quand on parle de la moyenne pour toute la région de Québec
ou pour toute la province, c'est l'ensemble des logements, quel que soit leur
âge et quelles que soient leurs dimensions. Il y a probablement un
écart, qui est attribuable à ces différences, qui est
assez important.
M. VINCENT: Dans ce domaine, le ministre a parlé de 9,199
logements l'an dernier avec un déficit mensuel de $110 qui totalisait,
pour l'an dernier, combien d'argent en tout? Pour l'an dernier. Il faudrait que
je multiplie $110 par mois par douze, par 9,199. Cela fait combien
d'argent?
M. GOLDBLOOM: $9 millions et demi.
M. VINCENT: $9 millions et demi et combien est prévu cette
année, dans le budget, pour subventionner les municipalités,
c'est-à-dire la part du gouvernement provincial?
M. GOLDBLOOM: C'est au programme 8, à l'élément 2,
que l'on trouve le chiffre de $12,870,000.
M. VINCENT: $12,870,000? M. GOLDBLOOM: Oui.
M.VINCENT: Ces $12,870,000 comprennent les 40 p.c. du
fédéral?
M. GOLDBLOOM: 50 p.c.
M. VINCENT: Les 50 p.c. du fédéral?
M. GOLDBLOOM: Oui, qui se chiffrent par $7,150,000.
M.VINCENT: Mais comprend 90 p.c. du déficit?
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. VINCENT: Parce que la municipalité doit en absorber 10
p.c...
M. GOLDBLOOM: C'est exact.
M. VINCENT: ... ce qui veut dire que c'est un déficit global
prévu de $14 millions, à peu près...
M. GOLDBLOOM: A peu près.
M. VINCENT: ... pour environ 10,000 loge-
ments, à peu près; un déficit de $14 millions,
c'est sérieux.
M.GOLDBLOOM: Oui.
M. VINCENT: C'est très sérieux, quand on regarde cela dans
l'ensemble.
M.GOLDBLOOM: Est-ce que le député de Nicolet est en train
de suggérer qu'il y a des personnes qui profitent de cette situation au
désavantage de l'intérêt de la collectivité?
M. VINCENT: Non, mais on pose la question. Il y a 10,000 logements
subventionnés qui coûteront $14 millions de déficit. A ce
moment, il faut se poser une série de questions: Est-ce que ce ne serait
pas préférable de subventionner directement l'individu pour
habiter un logement ou si on doit subventionner un office municipal qui
construira des logements et qui les louera par la suite? C'est tout le principe
qu'il faudrait discuter à un moment donné.
Si par exemple une personne est dans une mauvaise situation, tant au
point de vue du salaire et le reste, et qu'elle a l'obligation de payer un
logement de $200 par mois, est-ce que ça ne coûterait pas moins
cher de lui donner une subvention de $100 par mois pour payer son logement? Je
me pose la question.
M.GOLDBLOOM: Remarquez bien, M. le Président, qu'il faut tenir
compte du fait que ce n'est pas, dans l'entreprise privée, le
gouvernement qui fixe en général les taux de loyer. Si nous
sommes pour subventionner la personne, la famille, nous devrons nous pencher en
même temps sur les échelles de loyer, pour être certains que
celui qui est propriétaire de l'immeuble, parce qu'on parle maintenant
de l'entreprise privée, n'augmentera pas son loyer, pour profiter du
fait que le gouvernement est disposé à contribuer au loyer de la
famille pour permettre à cette dernière d'avoir accès
à ce logement.
M. VINCENT: D'accord, d'ailleurs le gouvernement actuel a
déjà mis en place des mécanismes pour empêcher les
hausses abusives de loyer. Je pense que c'est dans ce contexte-là qu'on
devrait analyser toute la politique.
M. GOLDBLOOM: C'est exact.
M. VINCENT: S'il fallait garder les mêmes chiffres, rendu à
50,000 logements, ça coûterait cinq fois plus, $70 millions de
déficit, si on continuait dans la même veine.
M. GOLDBLOOM: Sauf que je cherche dans le raisonnement du
député de Nicolet la différence, l'épargne qu'il
verrait possible par un changement de mécanisme. Pourquoi est-ce que
l'on épargnerait? Qu'est-ce que l'on dépense de façon
excédentaire, de façon exagérée mainte- nant? Cela
coûte tant pour subventionner les logements, mais ce n'est pas pour ne
rien faire. C'est pour permettre à des gens d'avoir accès
à ces logements.
Est-ce que le député de Nicolet est à me dire que
nous sommes trop généreux, que nous devrions exiger de la part
des familles en question un effort financier plus élevé? Si l'on
examine leur situation financière, je pense bien que nous trouverons
sauf exception qu'il y a sans doute quelques abus que l'on pourrait
déceler, mais je suis convaincu que ces abus viendraient d'une petite
minorité.
Est-ce qu'il suggère que les familles en question pourraient
payer davantage et ainsi soulager le trésor public?
M. VINCENT: Non, je ne suggère rien à l'heure actuelle, je
constate qu'il y a tant de logements à loyer modique et que ce nombre de
logements arrive avec un déficit mensuel en moyenne de $125 et qu'en
certains endroits ça atteint $165 par mois.
Ce que je constate comme tout citoyen peut le constater, c'est que le
déficit moyen est plus élevé que la moyenne du coût
des loyers dans la ville de Québec.
M. GOLDBLOOM: Oui, mais je reviens à ce que je disais tout
à l'heure. La moyenne pour la ville de Québec comprend tous les
logements dont plusieurs ont un certain âge, dont certains sont soumis
à la Régie des loyers, aux contraintes qui sont imposées
et qui sont de toutes les dimensions imaginables, tandis que dans ce domaine,
nous essayons de fournir un logement familial aux familles qui ne sont pas en
mesure de s'adresser au marché général.
Donc il y a nécessairement un écart, mais nous avons
décidé collectivement, gouvernement après gouvernement,
d'éliminer les taudis, de faire de la rénovation urbaine et de
fournir du logement décent à des gens qui autrement seraient
obligés de chercher des taudis et d'y habiter. Alors, c'est une
différence que nous devons payer.
M. VINCENT: Maintenant, je vais faire une suggestion. Est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu, au lieu d'aller avec des logements à coût
modique, d'envisager la possibilité de vendre à un coût
très modique des appartements à des personnes, que ce soit dans
la ville de Québec, que ce soit à Bécancour, que ce soit
à Nicolet ou à Montréal, mais de leur vendre à un
coût minime ces appartements pour qu'ils en prennent la
responsabilité, qu'ils payent leur propre électricité,
qu'ils payent eux-mêmes ce qu'il en coûte pour chauffer
l'appartement? A l'heure actuelle, si je comprends bien, quand on fournit un
logement, l'électricité est payée par l'Office municipal,
puis le chauffage est payé par l'Office municipal et même le
meilleur homme du monde qui viendrait habiter ma maison n'aurait pas de
problème pour chauffer la maison quand ce
serait payé par un autre. La maison serait chauffée tout
le temps, même quand les fenêtres sont ouvertes le matin.
Il n'y aurait pas de problème non plus pour les accessoires
électriques. Il n'y aurait aucune nécessité de surveiller,
si le poêle électrique, le réfrigérateur, la
lessiveuse, la sécheuse fonctionnent en même temps, parce que ce
serait un autre qui paierait.
A ce moment-là, si on trouvait une formule pour vendre
l'appartement au citoyen de Québec, de Montréal, de
Trois-Rivières, de Drummondville ou d'ailleurs et que ce citoyen en
prenne la responsabilité en payant le logement comme on a fait en
agriculture... Il ne faut quand même pas s'en cacher. On l'a fait en
agriculture. Au lieu de prendre possession de toutes les terres et de les louer
aux agriculteurs, on leur a prêté de l'argent à 2 1/2 p.c.
d'intérêt...
M. DEMERS: On a dit: Achetez-en.
M. VINCENT: ... et 1 1/2 p.c. de remboursement sur 40 ans. Cela faisait
de petits paiements aux agriculteurs, mais au moins ils avaient le plaisir de
dire qu'ils étaient propriétaires et ils faisaient attention
à leur propriété. Alors, je ne suggère pas qu'on
augmente les tarifs, mais je suggère qu'on pense à une nouvelle
politique pour rendre les gens responsables de leur logement et de leur
habitation.
A ce moment-là, le ministre comprend comme moi que, si je suis
responsable de mon logement, s'il se fait une manifestation en avant de ma
maison et qu'on casse ma vitrine, je n'appellerai pas le propriétaire
pour lui dire de venir la réparer, je vais être obligé de
la réparer. Mais quand je participerai à une manifestation dans
une autre rue, je ne casserai pas la vitrine de mon voisin, parce que moi je
pense que c'est moi qui suis obligé de la réparer. C'est un
problème social qu'on a à affronter à l'heure
actuelle.
M. GOLDBLOOM: Je trouve l'argumentation du député de
Nicolet extrêmement intéressant et justement je pense bien
qu'à la longue on pourrait aider à régler un certain
nombre de problèmes. Il va sans dire que, pour une certaine
période, on n'aurait pas changé la situation, parce qu'il y
aurait toujours des mensualités à verser. Mais à la fin de
cette période, il y aurait une propriété et je pense que
nous avons entrepris dans certaines régions de la province, notamment
dans le bas du fleuve, ce que nous avons appelé l'opération
Dignité et que ce que suggère le député de Nicolet
pourrait être examiné dans ce même esprit, parce que la
dignité humaine est une chose importante et la fierté d'avoir
quelque chose à soi est certainement importante.
Je ne suis pas en mesure évidemment, n'étant ni
économiste, ni sociologue, de savoir dans quelle mesure un tel programme
pourrait être réalisé, mais je pense que nous devons
examiner cette question d'une façon très sérieuse et je
m'engage à le faire.
M. VINCENT: Si vous me le permettez, M. le Président, je prends
encore quelques minutes pour donner ensuite la chance de parler au
député de Lévis ou au député de Lafontaine.
C'est une question qui est assez importante à mon sens, l'habitation.
Comme nous avons avec nous le président de la Société
d'habitation du Québec, qui a dans le domaine une compétence que
je reconnais, et le ministre, qui est également intéressé
à faire avancer cette question d'habitation et qui veut également
protéger l'environnement, c'est pour ça tout à l'heure que
j'ai soulevé la question de la Loi de l'habitation familiale.
De plus en plus nous devrons je m'excuse de prendre cinq minutes
essayer d'inculquer aux citoyens du Québec un sens des
responsabilités ou un sens social. Mais quand un citoyen est
propriétaire d'un lopin de terre ou d'une maison, il est beaucoup plus
responsable vis-à-vis de son conseil municipal, vis-à-vis de sa
commission scolaire, vis-à-vis de son gouvernement qu'un citoyen qui est
locataire.
Deuxièmement, si on pense à l'avenir des loisirs, qu'on
fasse une enquête et qu'on regarde quels sont les loisirs des
propriétaires de maison unifamiliale. Quantité de
propriétaires de maison unifamiliale passent des heures et des heures
toutes les semaines, à jardiner, à travailler à leur
maison, dans leur sous-sol, à bricoler; ce qu'ils ne peuvent pas faire
quand ils habitent un logement à coût modique ou un logement
ordinaire.
Même le ministre va être intéressé à
entendre parler de ça. Quand on veut parler d'environnement, combien de
fois nous constatons que l'air est beaucoup plus sain, dans les endroits
où autrefois on construisait des maisons unifamiliales avec des arbres,
des pelouses au lieu de construire des maisons sur la hauteur comme ça
se fait au Japon! Si on va à Tokyo, on s'aperçoit que les gens
sont obligés de se promener à l'heure actuelle avec des masques
pour éviter de rentrer à l'hôpital.
A mon sens, à l'heure actuelle, il va falloir établir une
politique de logement et non pas de location de logement, une véritable
politique qui va permettre aux citoyens d'être propriétaires de
leur maison, de leur logement. Il va toujours en rester, des logements. Il va
même falloir aller plus loin que cela, propriétaires de leur
maison unifamiliale située un peu plus loin que le centre des villes. Et
ces citoyens qui seront propriétaires d'une maison unifamiliale, on l'a,
l'article. Il s'agit de l'amender, d'ajouter à la Loi d'hatitation
familiale de nouvelles normes, de nouvelles orientations. Je suis convaincu
qu'en l'espace de quelques années, quantité d'ouvriers iront se
faire construire des maisons à proximité des villes. Sur la
verdure, comme le ministre aime souvent le dire. Avec des arbres autour. Et ce
serait un travail
formidable si on pouvait réussir à augmenter le nombre de
propriétaires. C'étaient les observations que je voulais faire
dans ce domaine. Je vais laisser la possibilité à mes
collègues de toucher d'autres sujets ou le même. Mais je dis que
c'est le problème de l'heure.
M. GOLDBLOOM: Si le député de Lafontaine me le permet, en
réponse au député de Nicolet, il est très clair que
notre politique d'habitation doit être une politique sociale
d'habitation. Présentement, nous avons une politique d'habitation
sociale, ce qui n'est pas la même chose. Je fais remarquer cependant que
c'est un peu moins simple, et je ne veux pas suggérer qu'il a
intentionnellement simplifié une situation complexe. Je comprends qu'il
a essayé de comprimer ses remarques en quelques minutes. Mais je
voudrais souligner deux complexités. Il a suggéré que la
verdure est essentielle autour des maisons et cela, non seulement pour des
raisons écologiques, mais également pour des raisons
spirituelles. C'est important. Mais pour réussir à avoir de la
verdure autour de certaines maisons, il est possible qu'on soit obligé
de construire en hauteur pour éviter que les immeubles occupent tout le
sol.
Ceci m'anène au deuxième problème qui est celui du
transport en commun. Il a suggéré que l'on pourrait bâtir
à l'extérieur du centre-ville mais nous avons à investir
considérablement, des millions beaucoup plus importants que les millions
auxquels il a fait allusion pour le logement, dans la construction de ce
transport en commun et dans son exploitation. On sait qu'il y a des
réseaux qui font un profit mais il y en a d'autres qui connaissent des
déficits très importants. Ici à Québec, par
exemple, il y a une contestation du partage des déficits de la
Commission de transport, qui amène des municipalités à
poser des gestes assez radicaux. Je ne voudrais pas qu'on aille vers une
politique d'habitation qui ne tiendrait pas compte de tous ces facteurs,
surtout si nous partons du point de vue que la collectivité
dépense beaucoup pour le système actuel. Je suis d'accord mais il
faut examiner ce que la société dépenserait pour un autre
système. Et dans certains cas, on n'est pas en mesure de faire ce qui
serait l'idéal, parce que le coût serait très
élevé.
Donc, tout cela pour réaffirmer que la Société
d'habitation du Québec, avec les autres services du ministère, a
décidé de se pencher sur une politique d'habitation et au cours
des prochains mois de l'élaborer. Je tiens à remercier le
député de Nicolet pour sa contribution très constructive
à ce débat qui ne manque sûrement pas d'importance.
M. VINCENT: Juste une observation. Le ministre a parlé du
transport en commun, ce que je n'ai pas souligné. Il est bien entendu
qu'une politique qui se tient dans l'habitation, il faut toucher ses aspects,
transport en commun et le reste. C'est simplement une sugges- tion qui va
encore intéresser le ministre. Je ne le sais pas si le ministre l'a
considéré.. C'est qu'à certains endroits on parle beaucoup
de transport en commun, des heures de pointe de circulation dans les villes,
surtout les périodes de quatre à cinq heures qui sont assez
occupées. Je voudrais simplement dire ceci au ministre.
Si, par exemple, quand je vais à Montréal, avant d'entrer
à Longueuil sur les ponts Hippo-lyte Lafontaine, Mercier ou Victoria, on
me permettait de stationner à ces endroits, sans ennui, sans
problème et non à des coûts exorbitants, la plupart du
temps, je prendrais le métro pour me rendre au centre-ville.
M. LEDUC: M. le Président, je ne voudrais pas interrompre le
député de Nicolet mais on vous le permet. A Longueuil, on a un
immense stationnement à côté du métro qui
coûte $1 par 24 heures. Cela n'existe nulle part, excepté
là.
M. VINCENT: Enlevez le $1 par 24 heures.
M. LEDUC: Venez-vous-en et vous n'aurez pas de problème. Vous
allez épargner de l'argent; vous aurez le métro. C'est parfait,
vous l'avez, là.
M. VINCENT: Qu'on enlève le $1 par 24 heures, on va enlever des
millions de frais d'administration à la ville de Montréal, de
policiers, de service de circulation et qu'on permette aux voitures de
stationner là et vous allez voir qu'on va dégager la ville de
Montréal.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Lévis.
M. ROY (Lévis): J'ai écouté religieusement, depuis
que je suis ici, les observations du député de Nicolet avec les
réponses du ministre. Une chose qui m'a encouragé parce que le
ministre nous a dit tout à l'heure qu'il était prêt
à étudier il l'avait dit ce matin et l'a
répété cet après-midi la situation actuelle.
Ce qui se passe actuellement n'est pas tout à fait normal. Si vous me
permettez, si je suis hors d'ordre, vous me le direz, j'ai été
constructeur de maisons. J'en ai 350 à mon crédit. Je les ai
vendues, je ne les ai pas gardées parce que je n'avais pas d'argent.
J'ai vendu ces maisons à des gens, à partir de $15,000, $20,000,
$25,000, $28,000, $30,000. Bon. Ces gens ont accepté, avec leur salaire,
de s'acheter une maison et de peiner, travailler et faire du temps
supplémentaire pour payer leur propriété. Et ils ont le
coeur d'assumer leurs paiements avec les augmentations de taxe, avec les
nouvelles lois, je ne dirai pas municipales, mais avec les nouveaux
développements des muncipalités; il y en a qui paient plus de
taxes qu'ils n'effectuent de paiements.
On amène en plus ces gens à payer pour des maisons, parce
que les taxes, vous les payez au provincial par des déficits comme on a
donnés
tout à l'heure, au fédéral par des déficits
comme on nous a donnés tout à l'heure je n'ai pas à
répéter les chiffres, tout a été donné
et à la municipalité. C'est encore le contribuable qui
paie pour sa maison. Il paie ses taxes et paie les taxes du voisin. Et il paie
les taxes du gars. Tiens, un logement à prix modique, des constructions
faites par les municipalités suivant les normes qui ont
été établies tout à l'heure.
M. le Président, je crois que je vais être obligé de
différer... Je ne diffère pas d'opinion avec le ministre parce
que le ministre nous a dit qu'il étudierait le cas et qu'il prendrait
les suggestions acceptables par des gens qui peuvent lui donner des preuves,
sans politicaillerie. Contrairement aux vieux partis politiques.
M. DEMERS: Les vieux partis politiques quand on s'appelle le Ralliement
créditiste, imaginez !
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. ROY (Lévis): Maintenant, on emmène ces gens et on a de
la difficulté â faire accepter cela à la population. Je
suis d'avis que le gouvernement devrait prendre des mesures nécessaires
pour donner des subventions ou de l'assistance sociale. Voyez-vous, on s'en va
dans une communauté. Qu'on bâtisse donc des grandes
communautés, qu'on emmène tout le monde et qu'on nomme une
supérieure qui va nous donner à manger trois fois par jour et qui
va nous coucher tous les soirs. On s'en va vers là. Si ce n'est pas
vrai, vous le direz mais je suis prêt à le défendre, par
exemple. Parce que la vie normale, cela se gagne. Si quelqu'un est malade, cela
se paie. Je suis prêt à donner ma chemise pour un malade. Je suis
prêt à donner n'importe quoi pour un gars dans la misère
mais je suis prêt à ne rien donner pour un gars qui n'a pas de
coeur. Et le gouvernement actuel, avec l'assistance sociale actuelle, on est en
train de se faire organiser et je vais vous apporter des preuves, j'en ai dans
mon comté. Parce que vous savez que même si on n'est pas
député, même si on n'est pas fonctionnaire et qu'on n'a pas
de cours classique, il y a des gars qui ne sont pas si fous que cela. Ils
suivent les lois du gouvernement et plus vite que nous, parce qu'ils ont le
temps de les étudier, eux.
Ils prennent tous les moyens nécessaires. On est rendu à
un tel point qu'un homme et une femme se séparent, se font payer deux
logements par l'assistance sociale, louent un logement sur la "slide" on
appelle cela sur la "slide" si vous voulez ou temporaire, sans bail:
L'homme reste avec sa femme et le gouvernement paie les deux logements. A
Lévis on paie les logements dans mon comté $110 par mois. A
Lauzon, les taxes sont plus élevées qu'à Lévis, $84
par mois pour un assisté social. Où est la justice
là-dedans? Je vous dis ce qui arrive. Suis-je hors d'ordre?
LE PRESIDENT (M. Picard): Un peu, oui. Vous êtes un peu
dans...
M. ROY (Lévis): Je pense que c'est...
LE PRESIDENT (M. Picard): Ce sont plutôt les Affaires
sociales.
M. ROY (Lévis): Ce que je dis, c'est pour vous donner des
preuves...
LE PRESIDENT (M. Picard): Parlez-nous de votre expérience...
M. ROY (Lévis): C'est pour vous donner des preuves de ce qui nous
arrive. Je pense que ce n'est pas cela de l'administration que de bâtir
des logements à prix modique, de faire payer tant pour cent par le
fédéral, tant pour cent par le provincial et tant pour cent par
la municipalité. C'est toujours le même pauvre gars qui paie sa
maison et qui paie à même ses revenus, qui est aussi obligé
de travailler jour et nuit pour payer pour les autres qui ne veulent pas
travailler. Si le gouvernement juge à propos de bâtir des
communautés, il y a des gens qui viennent me voir et ils voudraient
avoir... Vous savez que, dans cela comme dans d'autres choses, il y a de la
protection. Je ne le dirai pas pour insulter le ministre qu'il y a de la
politique, ni les membres du Parlement, mais il y a de la protection. C'est
contrôlé par des gens des villes, un contrôleur et un
gars, c'est un bon ami : Laisse faire, je vais t'en faire avoir un. C'est vrai.
Vous me démentirez si ce n'est pas vrai. L'autre n'est ami avec personne
et il n'a pas de protection, il n'en a pas. Je trouve anormal que le
gouvernement continue sa politique de logement à prix modique. Vous avez
des entrepreneurs indépendants qui sont prêts à faire des
maisons et, si vous continuez cette politique-là, vous allez faire
mourir vos entrepreneurs, vous allez avoir des chômeurs et, plutôt
d'être obligés de créer 100,000 emplois, vous allez
être obligés d'en créer 200,000, parce que vous avez des
chômeurs, parce qu'avec les logements à prix modique on est en
train de faire mourir l'entreprise privée.
M. DEMERS: Ils vont être obligés de conter une menterie de
200,000 au lieu d'une menterie de 100,000.
M. ROY (Lévis): Je n'ai pas dit que personne était
menteur, vous le direz quand vous parlerez. C'est là où on en est
rendu et je pense qu'on devrait prendre les mesures nécessaires. Le
ministre, je crois, prendra ses responsabilités et on va discuter
sérieusement de l'histoire des logements à prix modique. Si le
gars a droit à $125, à $150, à $175 ou à $200 par
mois pour payer un logement normal et que le gouvernement lui paie, il le paie
quand même.
Je me pose une question. Quand vient le temps des élections et
que le gars fait le tour et dit: Je t'ai fait avoir ceci, peut-être que
cela
peut... Si au point de vue du ministre cela ne compte pas, je pense que
le ministre va prendre ses responsabilités et qu'il va étudier la
question sérieusement. Si on veut faire des communautés, on a
seulement à prendre des églises personne ne va à la
messe et à en faire des communautés, loger les gens,
nommer un supérieur, les faire coucher une fois par jour, comme je vous
le dis, s'ils veulent se coucher, manger trois fois par jour, s'ils veulent
manger. Je pense qu'on s'en va là et que ce n'est pas cela la vie
normale, la liberté de la population de la province de Québec et
du Canada.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'avais l'ambition de devenir
ministre, mais pas de devenir frère supérieur.
M. VINCENT: Ministre du culte, non?
M. DEMERS: Frère Jean de l'amour infini.
M. GOLDBLOOM: Mais simplement pour commenter brièvement les
remarques du député de Lévis, je lui souligne que son
argumentation irait à l'encontre de ce que nous discutions tout à
l'heure. Nous parlions d'une subvention à la personne, à la
famille et il invoque des abus possibles et on sait qu'il y en a. Mais c'est
parce que la nature humaine est ce qu'elle est. Si, dans notre activité
actuelle, nous payons des montants importants pour subventionner des logements,
nous sommes quand même davantage protégés contre le genre
d'abus qu'invoque le député de Lévis que si nous
permettions à l'entreprise privée de bâtir tous les
logements et si nous accordions à la personne ou à la famille les
subventions en question. Donc, il faut, comme je l'ai dit, étudier tous
les aspects de cette question et en collaboration avec d'autres
ministères, pour savoir dans quelle mesure on peut modifier la politique
et arriver à quelque chose qui sera plus satisfaisant, qui sera plus
économique parce que c'est à la racine de la discussion
.
On trouve, à juste titre, que nous payons assez cher le logement
que nous offrons à ceux qui ne sont pas en mesure de l'acheter
eux-mêmes et qui soit en même temps une mesure sociale qui
répondrait à des besoins sociaux sans permettre à ceux qui
n'ont pas de besoins sociaux d'en profiter indûment.
M. ROY (Lévis): M. le Président, si vous permettez, je
comprends mal...
M. DEMERS: La réponse qu'il vous donne. Il a peut-être mal
compris votre question.
M. ROY (Lévis): Non, mais je comprends mal. Le ministre m'a dit
qu'il était prêt à étudier la possibilité de
remettre à l'entreprise privée son droit. Là, on est en
train de faire tomber l'entreprise privée. Vous savez qu'une maison, une
construction, qui est bâtie soit par une ville soit par le gouvernement
provincial ou fédéral, elle coûte toujours plus cher, que
si elle est construite... Le gouvernement a plein droit actuellement, avec la
nouvelle loi de l'habitation, de contrôler les logements. Si
j'exagère dans mes logements, le gouvernement a plein droit de me
contrôler. Nous avons le droit, d'après la dernière loi,
à 5 p.c. par année suivant l'augmentation de taxes. Je pense que
la dernière augmentation est peut-être de cela cette année.
Mais le gouvernement, c'est son droit. Le gouvernement a le droit de tout
contrôler, il a le droit de contrôler dans l'industrie, il a le
droit de contrôler les profits. Vous avez droit à tout, vous avez
les inspecteurs de l'impôt sur le revenu, ils ne nous manquent pas, vous
le savez. Vous avez droit de tout contrôler, c'est ça le
gouvernement. Le rôle du gouvernement, ce n'est pas d'administrer,
d'avoir des propriétés, de les exploiter.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense bien que mon honorable
ami de Lévis a manqué le sens de la réponse que je lui ai
donnée tout à l'heure. Tout ce que je lui ai dit, c'est que, si
nous subventionnons la personne plutôt que le logement, on s'expose
à certains abus qu'il a déplorés lui-même. Mais je
ne suis pas en train de lui dire qu'il faudrait éliminer l'entreprise
privée du tableau; bien au contraire, l'entreprise privée nous
dit présentement deux choses: premièrement, que l'actuelle loi de
l'habitation familiale ne permet pas la pleine expression de l'entreprise
privée dans ce domaine et, deuxièmement, le fait pour nous de
nous intéresser directement au financement des logements
communément appelés aujourd'hui HLM diminue d'autant la
possibilité pour l'entreprise privée d'être aussi dans ce
domaine avec une collaboration du gouvernement. Je répète, ce
sont des considérations qui sont importantes et que nous allons
étudier. Je n'ai pas choisi le moment du débat sur les
crédits et ce moment n'a pas été choisi en relation avec
l'évolution de notre étude. Mais l'étude est
déjà commencée et nous allons, au cours de l'année,
faire de notre mieux pour définir une nouvelle et meilleure politique
sociale de logement pour le Québec.
M. ROY (Lévis): Est-ce que le ministre prévoit, dans sa
nouvelle loi ou ses nouveaux règlements, d'augmenter le salaire du type
qui a acheté une maison par exemple de $25,000, qui est basée
à $7,000 de revenus pour le gars et $500 par enfant? Est-ce que le
ministre a idée de relever ça, à $10,000? Parce qu'un
salaire de $7,000, ce n'est pas tellement exagéré?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je suis certain que l'honorable
député de Lévis comprendra que je ne pourrais aller dans
des détails de ce qui n'a pas été décidé
comme politique gouvernementale. Nous devons, si possible, arriver au cours de
l'année, avec des modifications aux lois actuelles. Quelle serait la
forme de ces
modifications, quels seraient les montants, les chiffres requis?
Seraient-ils inscrits? Je ne suis pas en mesure de le dire. Comme j'ai
indiqué au début de cette discussion, nous avons reçu des
mémoires et des expressions d'opinion et des recommandations qui sont
faites avec insistance par certains organismes et certaines personnes.
Nous les apprécions à leur juste valeur de façon
à arriver avec une meilleure loi et c'est notre objectif de le faire
cette année.
M. ROY (Lévis): Si je fais ces commentaires, M. le
Président, c'est que j'ai confiance au ministre. Il m'excusera si j'ai
peut-être été dur, mais j'ai été
obligé de le contredire à un moment donné. On s'est
toujours bien accordé et je pense que s'il continue à
étudier...
M. GOLDBLOOM: Oui, on est là pour ça.
M. ROY (Lévis): ... on va s'accorder dans l'avenir.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je suis toujours sidéré
quand j'écoute les membres du Ralliement créditiste qui ont l'art
de simplifier des affaires bien compliquées, et de trouver des solutions
draconiennes. Face au fait qu'il y a peut-être des abus dans le domaine
de l'assistance sociale, de l'assurance-chômage et même de
logements sociaux, ils sont prêts à tout enlever au point de vue
des besoins parce qu'il y a des abus, parce qu'il y a des minorités qui
peuvent injustement s'approprier des services ou des revenus du gouvernement et
essayer d'enlever ça aux autres. Quand un parti parle du respect de la
personne humaine et qu'il est pour la peine de mort, je dis qu'il y a des
contradictions absolument impensables.
M. ROY (Lévis): Laissez tuer tout le monde et ne les tuez
pas!
M. LEGER: C'est ça, on simplifie tellement les choses qu'on
oublie les essentielles. Il faut surveiller les abus. Il faut protéger
la société contre les criminels, cela ne veut pas dire qu'il faut
les tuer. C'est tellement peu nuancé que je n'en reviens pas comment on
peut continuellement être aussi simpliste devant des problèmes
aussi compliqués.
En tout cas, M. le Président, je pense que le ministre a
dit...
M. ROY (Lévis): Cela va être marqué sur le
journal...
M. LEGER: ... un point qui m'a bien frappé, c'est qu'il y a une
grande nuance entre une politique de l'habitation sociale et une politique
sociale d'habitation. Il doit y avoir une dimen- sion sociale au niveau de
l'habitation. Je me demande le ministre pourra me répondre
franchement si, actuellement, pour avoir une politique sociale
d'habitation, cela veut dire une quantité suffisante de logements, si
cela veut dire une qualité de logements, si cela veut dire une
distribution de ces logements dans les territoires définis selon des
besoins, si cela veut dire le financement de ceux-ci alors que le financement
peut peut-être échapper au point de vue des possibilités
financières du gouvernement provincial, la répartition des
pouvoirs au niveau municipal et provincial et même fédéral,
la qualité de l'environnement social qu'il doit y avoir, toute cette
politique sociale de l'habitation. Est-ce que le ministre peut nous dire
franchement s'il a les pouvoirs d'établir réellement une
politique sociale d'habitation que je souhaite?
M. ROY (Lévis): M. le Président, vu que le
député m'a personnellement attaqué...
M. LEGER: Pas personnellement. J'ai parlé du parti en
général.
M. ROY (Lévis): C'est moi qui représente le parti.
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous pouvez soulever une question de
privilège. C'est maintenant permis en commission.
M. ROY (Lévis): Sur une question de privilège. Me faire
traiter de simpliste...
M. LEGER: Je n'ai pas dit ça.
M. ROY (Lévis): ... ce n'est pas loin de simple.
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Picard): Pour le moment, il s'agit de "solutions
simplistes".
M. ROY (Lévis): S'il dit "les solutions simplistes", c'est dire
qu'il est simple, parce que je représente mon parti ici.
M. DEMERS: Cela va être bon!
M. ROY (Lévis): Si le député veut faire des
insinuations, je pense bien que l'intention du député est de
faire du communisme dans la province de Québec.
LE PRESIDENT (M. Picard): Un instant! Vous pouvez rétablir les
faits.
M. LEGER: Rétablir les faits.
LE PRESIDENT (M. Picard): Mais ne partez pas sur...
M. ROY (Lévis): II veut tout mettre en communauté et que
ce soit le gouvernement qui mène tout, qu'il prenne le contrôle
des industries, qu'il prenne le contrôle de la propriété,
qu'il prenne le contrôle des individus. C'est ce qu'il veut.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je dis au député de Lévis
qu'il a le droit de parole. S'il soulève la question de
privilège, à ce moment-là, il devra utiliser sa question
de privilège pour rétablir les faits à partir de ce qu'il
prétend...
M. ROY (Lévis): Rétablir les faits.
M. DEMERS: Prouver qu'il n'est pas simpliste.
LE PRESIDENT (M. Picard): ... avoir été dit par le
député de Lafontaine.
M. ROY (Lévis): II est surpris de voir mon intervention et je
suis prêt à la défendre n'importe où, je suis
prêt à la défendre devant la population. Je peux dire au
député que quand on m'a traité en pleine Chambre de
socialiste, c'est à peu près la plus grande injure, mais que le
gars qui l'a dit de son parti, c'est lui qui a perdu des plumes parce que les
ouvriers de chez-nous ont lu les débats de la Chambre et il va y
goûter.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je cède la parole au ministre, s'il a
des commentaires à faire sur...
M. LEGER: Quand même, sur le point de règlement, je tiens
à dire au député qu'il a encore simplifié le
rétablissement des faits. J'ai simplement dit que le Ralliement
créditiste, comme tel, amène toujours des solutions qui semblent
très simples sur des projets très compliqués et ce n'est
pas applicable. Je n'ai jamais dit que le député était
simpliste. C'est lui qui a amené la conclusion. J'ai trop
d'amitié pour... le courage de ce député...
M. DEMERS: Bon!
M. ROY (Lévis): Cela veut dire que le député...
LE PRESIDENT (M. Picard): L'incident est clos. La parole est au
ministre.
M. DEMERS: ... cinq ou six coups de bâton aux gens qui s'aiment ne
font que ragaillardir l'affection, comme le dit Molière dans Le
Médecin malgré lui.
M. ROY (Lévis): Franchement, c'est beau d'être
poète!
M. DEMERS: Non, pas un poète.
M. GOLDBLOOM: Le député de Lafontaine me pose une question
à laquelle je ne pourrai répondre que partiellement. Il me
demande si le ministre a tous les pouvoirs nécessaires pour
établir et appliquer une politique sociale de logement. Je crois bien
que le gouvernement parce qu'il y a plusieurs ministères qui sont
impliqués, nous avons parlé des Affaires sociales, nous avons
parlé du ministère des Transports, il y en a d'autres aussi qui
sont intéressés a la plupart des pouvoirs
nécessaires.
Il a certainement, entre ses mains, le pouvoir de
légiférer et ce n'est pas péjoratif ce que je vais dire.
Ce ne sont pas les municipalités qui peuvent l'empêcher de
légiférer. Il y a peut-être des contraintes qui seraient
imposées par certains programmes fédéraux. Ce sont
justement les raisons pour lesquelles nous avons des conférences
fédérales-provinciales, pour essayer de régler ce genre de
questions.
Si le Québec a un dossier solide qui comprend une politique de
logement, surtout si l'on tient compte du fait que dans ce domaine, ce que fait
le fédéral surtout, c'est d'agir comme banquier pour nous
permettre d'emprunter de lui des sommes il y a d'autres sources d'argent
aussi alors, si c'est nécessaire pour le Québec de
définir, par une toute nouvelle loi, une politique, je crois bien que le
Québec a les pouvoirs de le faire.
M. LEGER: M. le Président, quand même, tout en étant
le banquier, ce n'est pas sûr que le banquier ait l'argent au moment
voulu pour que le projet du gouvernement provincial aille de l'avant, que cela
arrive en même temps. Il y a quand même des contraintes; il y a
quand même des obligations entre les deux paliers du gouvernement. Je ne
reviendrai pas là-dessus; il est tellement évident que c'est
difficile de l'obtenir.
Mais seulement en restant dans le domaine provincial,
dernièrement j'entendais le ministre des Transports dire que le
transport en commun et même le transport municipal devraient relever du
ministère des Transports. Est-ce que, encore là, ce ne serait pas
une façon de limiter une politique de l'habitation, où il y a une
relation directe avec le transport? Est-ce que le ministre accepterait que le
transport, dans le domaine municipal, soit tout simplement remis au
ministère des Transports plutôt qu'au ministère des
Affaires municipales?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, là, on entre dans un
débat qui se poursuit depuis un certain nombre d'années. Il y a
des efforts, dans certaines provinces et chez nous aussi, de
réorganisation de l'appareil administratif du gouvernement. La
création de superministères, on en a suggéré pour
l'environnement; on en suggère maintenant pour les Affaires municipales;
on en a créé, dans une certaine mesure, dans le domaine des
Affaires sociales et il me semble que c'est le gouvernement, dans son ensemble,
qui doit prendre des décisions. On semble avoir un portrait d'un
gouvernement, et sans malice
je dirais que c'est peut-être parce que l'on n'a jamais
participé à une action gouvernementale...
M. DEMERS: C'est bien, par exemple,..
M. GOLDBLOOM: ... qui est un climat de lutte, de tiraillement, de manque
de communication entre les ministères et je dois dire que
l'expérience, que je vis depuis trois ans, ne me donne pas cette
impression du tout. On travaille entre êtres humains; chacun a ses
qualités et ses limites de connaissances et ses petits défauts
mais il y a une volonté de collaborer; il y a une table centrale, celle
du conseil des ministres, où les grandes politiques sont
nécessairement discutées.
Je souligne et soumets respectueusement que là où l'on
crée un superministère avec une autorité très
large, on place â la tête de ce ministère une personne qui
n'est plus capable de savoir ce qui se passe dans son ministère, tous
les jours. Il faut donc des instances de responsabilités pour chacun des
secteurs. Et l'on revient à la même chose que d'avoir un ministre
des Transports qui est responsable d'un secteur, un ministre des Affaires
municipales d'un autre, un ministre de l'Agriculture d'un autre. Je pense que
c'est un argument un peu artificiel.
Si l'on dit que le ministre de tel ministère devrait avoir toute
l'autorité, c'est le gouvernement qui a toute l'autorité, qui
doit la conserver et qui doit la partager comme bon lui semble. Ce sont les
résultats qui comptent.
M. LEGER: M. le Président, la dernière question dans ce
domaine.
M. DEMERS: C'est sur le même sujet. M. LEGER: Allez-y, mon cher
ami.
M. DEMERS: C'est que le ministre vient de dire que le gouvernement doit
avoir l'autorité, même si le ministre ne l'a pas
spécifiquement dans son domaine. Est-ce que le gouvernement, si le
ministre ne l'a pas spécifiquement, a l'autorité d'empêcher
toute la spéculation sur les terrains et les terres arables et
d'orienter les nouveaux développements domiciliaires?
M. GOLDBLOOM: C'est exactement ce que le gouvernement propose par
l'avant-projet de loi de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire.
Il veut amener, pour ne pas dire obliger, chaque municipalité à
créer, à déposer et à faire approuver un plan
directeur. Il veut aller plus loin que cela, parce que cela ne suffirait pas;
il veut faire intégrer, coordonner les plans directeurs des
municipalités à l'échelle régionale et à
l'échelle provinciale. A l'intérieur de cette politique, il veut
définir les moyens de protéger les terres arables, parce que,
surtout en bordure des zones urbanisées, la pression spéculative
devient tellement forte que le cultivateur finit par ne plus pouvoir lui
résister. C'est exactement ce que nous voulons éviter; nous avons
perdu des terres arables de façon dangereuse au cours des
récentes années, des décennies et il faut mettre fin
à cette saignée.
M. DEMERS: Dans cet avant-projet d'urbanisation, est-ce qu'un
comité interministériel réunissant les Transports, la
Voirie, l'Agriculture, les Affaires municipales, aurait établi une
politique définitive sur l'orientation qu'il y aura à prendre
là-dedans? Vous savez, vous avez le problème d'expropriation,
lorsque le réseau routier s'en vient. Il faudra nécessairement
que la planification...
LE PRESIDENT (M. Picard): C'est entendu que les questions de l'urbanisme
se rattachent à l'habitation, comme l'environnement se rattache à
l'habitation, la pollution de l'eau se rattache à l'habitation. Tout se
rattache. Est-ce qu'on pourrait discuter de choses strictement au point de vue
de l'habitation?
M. DEMERS: Oui, mais le ministre, tantôt, a parlé des
pouvoirs qu'on avait.
LE PRESIDENT (M. Picard): Nous avons déjà quatre
programmes.
M. DEMERS: Le Président voudra bien admettre qu'il faudra que
l'habitation soit localisée sur un terrain quelconque.
LE PRESIDENT (M. Picard): Cela touche à l'urbanisme.
M. GOLDBLOOM: Je pense que la réponse à la question du
député de Saint-Maurice est assez simple et directe.
L'avant-projet de loi prévoit que certains pouvoirs se trouveraient
entre les mains du ministre des Affaires municipales, que d'autres pouvoirs et
responsabilités se trouveraient entre les mains de l'Office de
planification et de développement du Québec, auquel
siègent cinq ministres. Ce n'est pas une formule définitive.
J'invite encore une fois tous les intéressés à commenter
cet avant-projet de loi, en temps et lieu, parce que les séances de la
commission auront lieu pour nous permettre de poursuivre ce débat, pour
que nous ayons la meilleure formule possible, pour que le pouvoir existe
réellement et soit réellement exercé.
M. DEMERS: Je reviens à l'habitation, M. le Président ; je
vais vous faire plaisir.
LE PRESIDENT (M. Picard): Cela veut dire que le député de
Lafontaine...
M. LEGER: J'avais peut-être une occasion de
pénétrer, mais pas si profondément que cela!
M. ROY (Lévis): Juste dans le bord!
M. LEGER: J'avais seulement une dernière question, concernant la
rénovation urbaine. Est-ce que le ministre a l'intention d'introduire
bientôt, par un amendement à la loi 48, sur l'évaluation
foncière, une sorte d'incitation à la rénovation,
basée sur une répartition graduelle de l'impôt foncier
supplémentaire, à la suite de travaux de rénovation? Si je
parle de cela, c'est que je fais allusion à une résolution qui a
été adoptée au congrès du Parti libéral
dernièrement.
M. DEMERS: Je pense que la nouvelle n'est pas fraîche.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut me donner une réponse?
M. GOLDBLOOM: Nous aurons des amendements à la loi...
LE PRESIDENT (M. Picard): Encore une fois, vous tombez dans le programme
2, élément 3.
M. LEGER: Non, M. le Président, ma question est sur la
rénovation.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je vous ai demandé des instructions.
Vous êtes rois et maîtres de la façon dont vous voulez
travailler en commission. Je ne suis ici que comme président, pour faire
appliquer ce que vous décidez. Ce matin, vous avez décidé
d'aller dans les politiques générales. Nous avons actuellement
devant nous quatre programmes sur treize. Pas un programme.
Nous en étudions quatre de front, les programmes trois, sept,
huit et neuf et là vous posez une question sur l'évaluation
foncière qui touche le programme deux.
M. LEGER: Moi, M. le Président, en ce qui me concerne,
c'était ma dernière question et les quatre programmes vont
être adoptés. Si le président peut regarder, je parle de
travaux de rénovation et on est là-dedans, l'habitation. Je
demande, pour inciter à la rénovation, si c'est possible qu'il y
ait un amendement, au bill 48, pour permettre une répartition graduelle
de l'impôt foncier. Cela touche la rénovation. Je ne peux plus y
revenir ailleurs, à une autre place que cela.
M. ROY (Lévis): M. le Président, sur une question de
privilège. Le député de Lafontaine ce matin, on
était rendu au programme 2, il était rendu au programme 7.
Là, on est rendu au 7, il est rendu au 2.
M. DEMERS: Qu'est-ce que tu fais là?
M. ROY (Lévis): Y a-t-il quelque chose qui ne vas pas dans
son...
M. LEGER: Je comprends que le député de
Lévis ait de la difficulté à me suivre. Est-ce que
le ministre pourrait me répondre à cette question?
M. GOLDBLOOM: Je pense que la question est logique et je ne peux
répondre autrement que de dire que nous présenterons des
amendements avant l'ajournement de l'été. Je vais me pencher sur
cette question pour savoir si, dans ces amendements il y a moyen d'aller dans
le sens que suggère le député de Lafontaine, mais de
mémoire et n'ayant pas vu le texte qui sera proposé par les
légistes, je ne pourrais lui dire que, effectivement, il y a un
amendement de cette nature mais je trouve la suggestion intéressante.
Nous allons l'étudier avant d'arriver avec des amendements.
M. LEGER: M. le Président, en ce qui me concerne, les programmes
3, 7, 8 et 9 je suis prêt à les adopter à moins que les
autres députés aient autre chose à dire.
LE PRESIDENT (M. Picard): Et le programme 2 aussi, concernant
l'évaluation foncière?
M. LEGER: Le 2, c'était quoi déjà? M. ROY
(Lévis): On ne l'a pas vu. M. LEGER: Des petites questions.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'élément 3 du programme 2,
c'est ce qu'on a discuté.
M. ROY (Lévis): Pourquoi discuter les autres avant le 2?
M. DEMERS: Je remercie le député de Lafontaine d'avoir
donné la permission d'adopter cela. Lui, ce n'est pas simple, il
mène tout cela. Je voudrais poser une question au ministre, au sujet des
coopératives d'habitation. Je crois que c'est bien dans l'habitation, M.
le Président. Est-ce qu'il serait vrai que le gouvernement n'accorde
plus de charte pour la formation de telles coopératives.
M. LEGER: Charte.
M. ROY (Lévis): Charte. Il est vétérinaire, il
connaît cela des chattes.
LE PRESIDENT (M. Picard): C'est de la chartreuse.
M. GOLDBLOOM: Disons, avec le député de Chicoutimi,
d'actes constitutifs.
M. DEMERS: D'actes constitutifs, est-ce que c'est vrai, M. le
Président, que vous n'accorderiez plus d'actes constitutifs? Est-ce que
j'aurais surpris le ministre avec ma question?
M. GOLDBLOOM: C'est un point sur lequel je ne m'étais pas
penché. Mes collaborateurs
me disent que la question de l'émission d'actes constitutifs
relève du ministère des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives...
M. DEMERS: Oui, si vous pouvez le faire venir ici, c'est là qu'on
ne comprendra rien. Je vous demande cela à vous.
M. GOLDBLOOM: Si une coopérative s'adresse à nous pour de
l'aide, nous l'envoyons évidemment au ministère des Institutions
financières quant à sa charte, mais également nous
exigeons une preuve d'autofinancement pour la partie dont la coopérative
demeurerait responsable. Mais nous n'avons pas de politique d'exclusion...
M. DEMERS: Est-ce que la Société d'habitation continue
à faire affaires avec la coopérative, comme
antérieurement? Il n'y a aucun problème là-dessus?
Même si ce n'est plus elle qui émet l'acte constitutif et qu'elle
le réfère au ministère des Institutions
financières? On a le président ici; il est certainement au
courant du problème.
M. GOLDBLOOM: Peut-être qu'avec la permission de la commission, je
pourrais demander au président de fournir directement la
réponse.
M. DEMERS: C'est que nous avons ici, dans un journal: La fin des
coopératives d'habitation au Québec.
Cela a été publié dans le journal La Presse, en
date du 18 février de l'année courante. "Le gouvernement
québécois n'accorde plus de charte ce journaliste
n'était pas au courant de son français d'actes
constitutifs pour la formation des coopératives d'habitation. Cette
décision suit de près la dissolution de la
Fédération Co-Op Habitat du Québec qui groupait, depuis
1968, une bonne douzaine de coopératives. Ces locaux continuent
d'exister pour le moment mais la Société d'habitation du
Québec, prêteur pour la construction des logements,
s'apprête à prendre le contrôle de toutes les Co-Op, l'une
après l'autre, en vue de les transformer en habitations à loyer
modique."
Est-ce que c'est fondé? Est-ce que cela existe ou c'est un canard
journalistique? Et on concluait "On se dirige donc vers la disparition
temporaire de l'habitation coopérative au Québec; la
Fédération Co-Op Habitat du Québec a dû cesser ses
activités peu après que le Mouvement des caisses populaires
Desjardins eut décidé de prendre ses distances vis-à-vis
de cette expérience. Le mouvement gérait la
fédération en tutelle par l'entremise de la Société
de fiducie du Québec." C'est la nouvelle que j'ai, M. le
Président; c'est pour cela que je pose la question et je vous remets,
pour votre information et votre gouverne, ledit document, afin que vous
puissiez cerner de près la donation d'actes constitutifs par votre
Société d'habitation.
M. GOLDBLOOM: C'est avec un plaisir féroce que...
M. DEMERS: Si vous commencez à vous "emmalicer", M. le
Président.
M. GOLDBLOOM: ... je demanderais au président de la
Société d'habitation, avec la permission de la commission, de
répondre pour moi.
M. DEMERS: C'est avec le même plaisir mais pas tout à fait
aussi féroce que nous accepterons que le président de la
Société d'habitation réponde pour vous.
M. GOLDBLOOM: II faut comprendre qu'il y a deux types de
coopératives d'habitation. Il y a les coopératives de
construction d'habitations pour des propriétaires et les
coopératives de construction d'habitations pour des locataires. La
société d'habitation ne peut financer que les coopératives
pour fins de location, de par sa loi. Elle a effectivement consenti quatorze
prêts à des coopératives qui ont réalisé de
tels projets. Malheureusement, deux coopératives locales n'ont pas
été capables de respecter leurs engagements financiers et il
était impossible de prévoir qu'elles pourraient les honorer dans
un délai raisonnable, même en différant certains
remboursements. Alors, la société a dû rappeler les
prêts et elle devra, à partir de maintenant, les administrer
elle-même en attendant de décider de quelle façon elle
pourra disposer de ces deux projets qu'elle a acquis par défaut.
Dans le cas des autres coopératives, nous attendons le
parachèvement de la revue de la situation financière et nous
espérons que la majorité d'entre elles pourront continuer
à s'administrer et à s'autofinancer. Parce que la loi ne permet
pas de subventionner l'exploitation de logements par les coopératives de
locataires de logements.
Dans cette optique, aucune nouvelle coopérative d'habitation pour
fins de location ne s'est adressée à la société. Si
des syndicats coopératifs ou des coopératives d'habitation sont
créés et s'adressent à la société pour fins
de financement, ils devront établir qu'ils seront en mesure de produire
du logement pour fins de location à un prix inférieur au prix
maximum du marché économique et qu'ils pourront s'autofinancer
avec continuité.
Alors, tant qu'une coopérative pourra venir faire une telle
démonstration, elle sera la bienvenue pour fins de demande de
financement.
M. VINCENT: Sans subside?
M. GOLDBLOOM: Sans subside parce que la loi ne permet pas d'accorder de
subside. Il est évident qu'elle s'adresse à un groupe de
familles
avec un revenu différent de ceux qui vont dans les logements
municipaux subventionnés mais quand même, c'est un groupe de
locataires qui veut obtenir certains avantages par le système
coopératif. C'est valable en soi mais il ne faut pas, pour obtenir cet
avantage pour eux-mêmes, que cela devienne à la charge des autres
contribuables.
C'est pourquoi nous n'avons pas eu de demande de nouvelles
coopératives parce qu'elles sont hésitantes en fonction de
l'expérience des quatorze en existence.
M. VINCENT: En préparant la nouvelle loi que le ministre nous a
annoncée...
M. DEMERS: Est-ce qu'il y a moyen d'apporter un amendement en
fonction... Est-ce que le président considère que c'est une
lacune qu'il n'y ait pas cette possibilité?
M. GOLDBLOOM: Disons que c'est un sujet qui mérite notre
attention et nous allons l'étudier. La vérité ayant ses
droits et chaque journal ayant droit à sa propre réputation, je
me permets de porter à l'attention du député de
Saint-Maurice le fait que cette coupure n'est pas du journal La Presse mais
bien de Québec Presse, ce qui n'est pas la même chose.
M. DEMERS: C'est vrai, j'avais mal lu, je m'excuse.
M. GOLDBLOOM: Pas auprès de moi mais auprès du
journal.
M. DEMERS: C'est vrai que ce n'est pas la même chose non plus.
M.VINCENT: M. le Président, avant de suspendre les travaux pour
l'heure du souper, nous avons fêté l'anniversaire, il y a quelques
jours, d'une déclaration de l'illustre prédécesseur du
ministre actuel. Le 17 mai, 1972, il déclarait, donc l'anniversaire
était la semaine dernière: "Le Québec sera très
prochainement doté d'un code du bâtiment des plus modernes qui
supprimera, une fois pour toutes, la kyrielle des règlements municipaux
et la législation un peu archaïque que l'on retrouve dans le
secteur de la construction."
M. DEMERS: Cela, c'était dans La Frontière.
M.VINCENT: Cette affirmation avait été faite par le
ministre devant les membres de l'association les officiers en bâtiments
réunis dans la vieille capitale pour leur congrès annuel et
c'était le ministre Tessier. Le code est-il prêt?
M. GOLDBLOOM: Le code est rédigé. Il n'est pas encore
approuvé par les autorités gouvernementales pour
présentation mais le texte est prêt.
M. DEMERS: C'est parce que, ce matin, j'étais aux crédits
du ministère du Travail et lui aussi il est à bâtir un
code. Surveillez-vous. Il y aura autant de codes que de ministres. Il a
dû y avoir un comité interministériel.
M. GOLDBLOOM: II y en a eu un.
M. DEMERS: II nous a dit que c'était pour être le sien
aussi, celui-là. Alors, ce sera celui de M. Tessier, l'ancien, le
vôtre et celui de l'autre.
M. GOLDBLOOM: Ce sera celui de tout le monde parce que tout le monde
devra l'appliquer dans le cadre de ses responsabilités. J'irai plus loin
pour dire que le ministère du Travail a un corps d'inspecteurs, que ces
inspecteurs ont des responsabilités qui, dans certains cas, peuvent
chevaucher sur celles d'autres ministères et que nous avons une
étude en cours pour essayer d'éliminer ces doubles emplois.
M. DEMERS: Ce code du bâtiment sera-t-il construit en tenant
compte du code du bâtiment fédéral qui prévaut au
Canada?
M. GOLDBLOOM : II faudra en tenir compte, certainement. C'est clair et
je ne voudrais pas suggérer que le code national du bâtiment soit
mauvais.
M. DEMERS: Non, on dit que c'est le meilleur au monde.
M. GOLDBLOOM: C'est ce qu'on me dit. Donc il y aura lieu, pour nous, de
nous en inspirer, de coordonner nos activités et nos normes avec celles
du gouvernement fédéral.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Taillon.
M. LEDUC: M. le Président, avant la suspension, si les membres de
la commission n'avaient pas d'objection, pourrions-nous adopter les quatre
programmes 3, 7, 8 et 9, et ce soir, à huit heures et quinze, commencer
d'autres programmes?
DES VOIX: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): D'accord!
M. DEMERS: II y a ce monsieur qui voulait poser une question avant la
suspension.
M. ROY (Lévis): M. le Président, je dois m'absenter ce
soir, le ministre est au courant. Je dois me rendre à Saint-Romuald pour
rencontrer toutes les municipalités. J'espère que vous allez
accepter que... Le gars qui va me remplacer va peut-être être
meilleur que moi.
M. VINCENT: Prenez-vous la traverse? LE PRESIDENT (M. Picard):
Alors,...
M. ROY (Lévis): Je comprends que je vais vous manquer mais je ne
pourrai pas être là parce que je ne peux pas être à
deux places en même temps.
M. DEMERS: M. le Président, je répète mes propos.
Il y a tellement un éventail de compétences dans ce parti qu'on
peut nous envoyer n'importe qui, c'est tout pareil.
M. ROY (Lévis): Tous ont de bonnes idées.
M. LEDUC : Alors, ma suggestion, ma motion d'adopter les programmes 3,
7, 8 et 9...
LE PRESIDENT (M. Picard): La motion du député de Taillon
est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Les programmes 3, 7, 8 et 9 sont
adoptés et la commission...
M.VINCENT: Juste avant que vous ne suspendiez, M. le Président,
je voudrais simplement faire remarquer au ministre comment l'Opposition a
été aimable tout l'après-midi. Nous aurions pu jouer un
tour au ministre car nous avions la majorité de ce côté,
comparativement au nombre de députés libéraux.
M. LEDUC : Vous n'êtes pas au courant de ceux que nous avons dans
le corridor. Nous les avons dans le corridor.
LE PRESIDENT (M. Picard): La séance est suspendue jusqu'à
huit heures quinze, ce soir, même salle.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 30
M. PICARD (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
La commission des affaires municipales continue l'étude des
crédits du ministère des Affaires municipales. Pour la
séance de ce soir, M. Deniers, de Saint-Maurice, remplace M. Paul, de
Maskinongé et M. Roy, de Beauce, remplace M. Roy, de Lévis.
Nous étudions présentement le programme no 2: Aide et
surveillance administratives et financières. L'honorable ministre.
Aide et surveillance administratives et
financières
M. GOLDBLOOM: J'attends les questions.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce qu'il y a des questions?
M. DEMERS: Nous en aurions quelques-unes, M. le Président. Est-ce
que le ministère des Affaires municipales a participé â la
définition des priorités de route, en collaboration avec le
ministère de la Voirie et l'Office de planification?
M. GOLDBLOOM: A l'échelle de la province?
M. DEMERS: Oui, M. le Président.
M. GOLDBLOOM: Si on me posait la question de façon précise
sur telle ou telle route, je ne serais peut-être pas en mesure d'affirmer
que, sur cette route ou ce tronçon de route, il y a eu une consultation
précise, mais de façon générale, oui.
M. DEMERS: J'aurais certaines précisions à apporter. Je
crois que, dans l'intérêt des municipalités, il y a des
réseaux routiers qui doivent être établis d'une
façon régionale et municipale. Cela semble scandiliser le
député de Taillon!
M. LEDUC: Non, non. Du tout, c'est qu'il y a quelque chose qui me vient
à l'idée, je m'excuse, M. le Président...
M. DEMERS: II plisse le front! M. LEDUC: ... si je plisse le
front...
M. DEMERS: Ah! Vous pensez à autre chose!
M. LEDUC: Non, il y a quelque chose qui me vient à l'idée,
à la suite de cette question. Cela ne me tracasse pas du tout, bien au
contraire.
M. DEMERS: Je pense qu'au point de vue
régional, il y a certaines priorités qui doivent
être définies par l'autorité municipale, en l'occurrence le
ministère. On doit agencer les artères régionales en
fonction d'une collectivité, d'un tout, pour un raccordement. Il avait
été dit, l'an dernier, alors que votre illustre
prédécesseur répondait de ses crédits, qu'il y
aurait un comité pour établir les priorités avec l'Office
de la planification et le ministère de la Voirie dans le réseau
routier. Le ministre est sans doute pris un peu au dépourvu et cela se
comprend. Il arrive dans un ministère. Il y a travaillé
sérieusement dans certains domaines, mais il ne peut pas tout savoir. Il
ne peut pas être fixé sur tout. En tout cas, je laisse tomber ma
question. Considérez-là M. le Président, comme non avenue,
mais j'aurais voulu avoir une réponse l'an passé. On a
donné un an. On a changé de ministre plutôt que de donner
une réponse.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, un comité existe. Il a
siégé au moins une fois pour discuter de certaines
considérations de priorités et notamment en milieu rural. Mais la
grande question de la planification en relation avec le développement
urbain n'a pas encore été abordée par ce comité. Il
y a eu néanmoins des rencontres au niveau de l'Office de planification
et de développement où, région par région,
certaines considérations de cette nature ont été
abordées. Donc, le travail va se continuer.
Je voudrais ajouter que, dans un autre domaine de collaboration entre
les deux ministères, le choix de tracés de route, qui nous
préoccupe à cause de certains effets possiblement néfastes
sur l'environnement, fait l'objet d'une étude des deux
ministères. Certaines techniques de planification qui tiennent compte de
l'affectation actuelle des terres qui pourraient être utilisées,
sont en développement. Nous allons mettre en commun nos propres
données. A l'environnement, nous avons étudié certaines
thèses qui ont été mises de l'avant par des
universités américaines, notamment celle du Wisconsin. Nous
croyons avoir pu apporter certaines améliorations à ce genre de
planification. Il y a une réunion conjointe qui est prévue pour
que nous prenions connaissance, chacun, du dossier de l'autre.
M. DEMERS: M. le Président, en parlant des réseaux
régionaux et des réseaux routiers municipaux, j'avais posé
la première question un peu dans le genre d'une prémisse, mais
c'était pour en venir à la question suivante, à savoir si
le ministre est avisé lorsque le ministère des Transports remet
aux municipalités l'entretien des réseaux routiers municipaux
parce que je précise encore davantage il est de
l'intention du ministère des Transports de ne se réserver que les
grands axes routiers et de remettre le tout aux municipalités. Devant
une telle situation, vous allez admettre avec moi qu'il se crée un
impact financier considérable pour nos municipalités qui n'ont ni
les moyens ni les revenus pour prendre à leur charge ces réseaux
routiers. Devant une telle situation, qui se généralise dans
toute la province, est-ce que le ministère des Affaires municipales a
envisagé une possibilité de subventionner ces
municipalités pour les aider à tenir le coup?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président. Il va sans dire que là
où les municipalités connnais-sent des difficultés
financières, nous venons à leur rescousse et c'est notre
intention de continuer de le faire toujours, dans la perspective globale du
fardeau assumé par le contribuable municipal.
M. DEMERS: Est-ce que le ministère a des moyens financiers
nouveaux pour permettre aux municipalités de pallier cette carence, cet
enlèvement? Vous savez, on a beau dire qu'il n'y a pas eu de taxes
nouvelles, mais lorsqu'on enlève à une municipalité un
montant de tant pour l'entretien de ses routes, je pense qu'indirectement on
taxe les contribuables, parce qu'il faut augmenter la taxe municipale. Est-ce
que le ministère des Affaires municipales a une politique
définie? Est-ce que, dans le budget, il y a des montants prévus
pour suppléer, pour compenser ce manque de revenu des
municipalités et surtout pour compenser cette abstention du
ministère des Transports et des Communications, service de la voirie
qui, antérieurement aidait énormément aux
municipalités, qui leur a remis tout l'entretien et qui leur remettra
tout l'entretien de ces chemins? Je pense que le problème est majeur et
il demande une solution, il demande une prise de considération
sérieuse du ministre. Je voudrais qu'il nous dise exactement comme cela
va s'organiser.
M. GOLDBLOOM: Je pense que le problème est majeur pour certaines
municipalités en proportion des ressources de ces municipalités.
Dans d'autres cas, là où les municipalités
dépassent 25,000 âmes, il y a eu des contributions statutaires. Ce
sont les municipalités de moins de 25,000 âmes qui ne sont pas
visées par ces programmes statutaires, mais qui font l'objet d'une
série de subventions qui seront prises à même un montant de
$6 millions qui est partagé également entre les deux
ministères, celui des Affaires municipales et celui des Transports.
C'est donc de l'argent nouveau qui sera utilisé pour rétablir une
bonne santé financière chez ces municipalités qui se
trouvent dans une situation difficile.
M. DEMERS: Est-ce que le ministre est au courant que l'enlèvement
de l'entretien, via le ministère des Transports, de routes municipales a
nécessité pour plusieurs municipalités une augmentation du
taux de la taxe?
M. GOLDBLOOM: II faudrait discuter des augmentations du taux de la taxe
en relation
avec le taux existant avant la modification des responsabilités
de la municipalité. Le fait que le taux ait connu une augmentation ne
veut pas dire nécessairement que le nouveau taux est
exagéré. Il y a beaucoup de municipalités qui ont un taux
de taxe municipale qui est très bas.
M. DEMERS: C'est bien évident; il y en a qui n'ont pas de
taux.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. DEMERS: Je parle de la moyenne des municipalités, je parle des
petites municipalités qui ne bénéficieront pas, par
exemple, à cause d'un manque de population, de 15,000, 16,000, 17,000
âmes, des avantages et de l'augmentation que rapportera la taxe de
vente.
Ces municipalités je comprends l'idée du
ministère c'est pour encourager les fusions, probablement, qu'on
n'a pas étendu cette fiscalité. Mais si les fusions ne sont pas
décrétées, il faudra en tenir compte aussi. Dans la
possibilité de fusion, lorsqu'on va faire miroiter, par exemple, un
avantage à telle municipalité, mais si, en l'apprenant,
étant donné que le gouvernement ne tient plus compte de
l'entretien routier, la municipalité qui va être fusionnée
pourra devenir un fardeau pour l'autre.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, soyons clairs. Ce n'est pas pour
promouvoir la fusion que cette politique d'aide aux municipalités a
été conçue et ce n'est pas dans ce sens qu'elle sera
appliquée...
M. DEMERS: Est-ce qu'on pourrait avoir, M. le Président, la
raison pertinente pour laquelle on n'augmentera pas le taux de la taxe de
vente, les revenus de la taxe de vente aux municipalités qui n'ont pas
25,000 âmes?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, toute notre politique d'aide
financière aux municipalités est en révision
présentement. Nous constatons que nous avons certains programmes d'aide
qui ne tiennent pas nécessairement compte de la situation
financière dans laquelle se trouve la municipalité. Nous sommes
responsables de l'équilibre budgétaire, si vous voulez, de la
municipalité et c'est dans ce sens que nous voulons agir. J'aimerais
être saisi des problèmes occasionnés par le transfert de la
responsabilité pour l'entretien des routes et dans chaque cas, sans
exception, nous allons étudier la situation financière de la
municipalité et faire de notre mieux, comme toujours, pour
répondre aux besoins. Mais, je souligne que, quand on parle des
municipalités de moins de 25,000 âmes, la très forte
majorité ne sera pas touchée par quelque politique de fusion que
ce soit. Ce n'est donc pas pour mousser la fusion que l'on a fait une
distinction entre les municipalités. Je voudrais souligner que...
M. DEMERS: C'est parce qu'il fallait s'arrê- ter à un
nombre de population, puis les autorités ont décidé que ce
serait 25,000 âmes?
M. GOLDBLOOM: C'est parce qu'au-dessus d'un certain chiffre qu'il faut
donc choisir de façon arbitraire, nécessairement, il y a des
montants qui peuvent être donnés à tant par tête de
population, qui ont un sens, qui constituent une contribution utile à
l'économie de cette municipalité. Mais je répète ce
que j'ai dit en Chambre, au cours du débat sur le discours du budget, en
bas de 25,000 âmes, c'est la ligne de démarcation qui a
été choisie. Si l'on distribue l'argent par tête de
population, on donne des miettes à chaque municipalité, on en
donne aux municipalités qui n'ont pas de taux de taxe municipale, comme
à celles qui ont un fardeau important et qui sont à la limite de
ce qu'elles peuvent demander à leurs citoyens, à leurs
contribuables, et l'on ne permet pas l'accomplissement de travail valable.
C'est pour cela qu'il fallait garder un pouvoir discrétionnaire, mais ce
pouvoir discrétionnaire doit évidemment être utilisé
pour compenser les fardeaux additionnels qui sont occasionnés par de
nouveaux programmes, que ce soit l'évaluation foncière, que ce
soit l'entretien des routes, que ce soit n'importe quoi.
M. DEMERS: C'est dire qu'en bas de 25,000 âmes, chaque cas
particulier serait étudié à son mérite.
M. GOLDBLOOM: C'est clair.
M. DEMERS: En tenant compte comme critères des besoins et des
exigences du milieu et de la population, en tenant compte aussi des besoins de
la population. Et pour ce faire, le ministre prend conseil de qui?
M. GOLDBLOOM: Des services économiques du ministère qui
développent des critères d'analyse de la situation
financière de chaque municipalité. Je ne prétendrais pas,
nos services ne prétendraient pas que les formules que nous utilisons
présentement sont parfaites. Mais avec l'expérience, nous
espérons pouvoir les perfectionner. Déjà, c'est un
instrument utile que nous avons entre les mains, parce que nous voulons rendre
justice à chaque municipalité, et cela de la façon la plus
objective possible, sans tenir compte de quelque autre considération que
ce soit.
M. DEMERS: C'est parce que tantôt le ministre a parlé de
discrétionnaire. Il a dit que c'était mieux que ce soit
discrétionnaire; cela voudrait dire que ce serait laissé à
la discrétion du prince. Vous savez que c'est un peu péjoratif
dans notre langage parlementaire, le discrétionnaire.
M. GOLDBLOOM: D'accord.
M. DEMERS: Cela fait pendant au statutaire; cela fait pendant, c'est
l'extrême.
M. GOLDBLOOM: C'est justement comme contraste avec...
M. DEMERS: Oui, je comprends, c'est le vrai terme, mais le
discrétionnaire... On s'est fait charrier pas mal, les parlementaires,
quand on a usé de discrétion.
M. GOLDBLOOM: Si je parlais de discrétionnaire en termes du bon
vieux temps de la politique québécoise...
M. DEMERS: Aujourd'hui, ce n'est plus cela.
M. GOLDBLOOM: C'est beaucoup moins cela.
M. ROY (Beauce): Le ministre n'a pas dit "c'est cela", il a dit "c'est
moins cela". Le ministre est honnête.
M. DEMERS: Le ministre est honnête et franc. C'est beaucoup
moins.
M. ROY (Beauce): Le ministre est honnête.
M. DEMERS: Mais il n'a pas son pifomètre pour mesurer cela.
M. ROY (Beauce): C'est cela.
M. GOLDBLOOM: Ecoutez, le ministre a quand même une feuille de
route qui remonte à il y a deux ans et plusieurs mois. Je ne pense
pas...
M. DEMERS: Non, non.
M. GOLDBLOOM: ... que l'on puisse dire qu'il y a eu de la discrimination
dans l'application des mesures qui ont été entre ses mains.
M. DEMERS: Non, vous êtes le moins fort de tous les autres pour
ces choses-là.
M. GOLDBLOOM: Bon.
M. LEGER: C'est formidable!
UNE VOIX: A ce moment-là, il est le plus fort.
M. DEMERS: Cela dépend, vous savez, il y a certaines
faiblesses...
M. GOLDBLOOM: Je voudrais, M. le Président, faire une distinction
entre l'arbitraire et le pouvoir discrétionnaire du ministre d'aider la
municipalité qu'il n'exerce pas seul. Le député de
Saint-Maurice m'a demandé qui je consulte. Je lui ai dit qu'il y a des
services qui sont complètement apolitiques, qui étudient selon
des barèmes; j'ai dit que ces barèmes sont en évolution,
parce que nous voulons les perfec- tionner, mais ce sont des barèmes qui
tiennent compte des besoins de la municipalité et cela finit
là.
M. ROY (Beauce): Moi, j'aimerais savoir...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Le ministre admettra quand même que la subvention
qui a été accordée cette année, à tant par
tête, $10 par tête pour 100,000 âmes et plus, $6 par
tête pour 50,000 à 100,000 âmes et $4 par tête
commençant à 25,000 âmes; c'est une incitation indirecte
à la fusion. Si on prend le cas d'une municipalité, d'une ville
qui a 21,400 de population et qu'il y a une petite municipalité à
côté qui a 3,500 ou 4,000 âmes, alors...
M. DEMERS: Venez...
M. ROY (Beauce): ... je comprends que c'est intéressant pour la
municipalité, parce que le simple fait de se fusionner donne
au-delà de $100,000 de subvention à la ville. En admettant le
principe que cela n'aurait pas été fait pour cela, le ministre ne
peut pas nier que c'est une incitation directe.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je ne voudrais pas que l'honorable
député de Beauce croie que le ministre...
M. DEMERS: Cela va sentir un peu le Bourgeois gentilhomme, si ça
continue. Vous faisiez de l'incitation sans le savoir.
M. GOLDBLOOM: Je ne voudrais pas que mon collègue de Beauce croie
que le ministre n'est pas intéressé à aider la
municipalité de 3,500 âmes, même si elle se trouve voisine
d'une municipalité de 22,000 et qu'il y a...
M. ROY (Beauce): Ce n'est pas ce que j'ai dit, M. le ministre.
M. DEMERS: Non, non, il a dit: On va aller chercher la petite, on va la
mettre avec la grosse. Cela va donner tout ce qu'il faut à la grosse
pour qu'elle ait...
M. ROY (Beauce): Indépendamment de la volonté du ministre,
les autorités municipales de la ville de 21,000 et quelques cents
âmes, sans demander la permission au ministre, vont certainement faire
des accrochages mais...
M. DEMERS: A part cela, cela va être compris.
M. GOLDBLOOM: Mais soyons francs, M. le Président, il y a
également d'autres incitations financières à la fusion, il
y a $15 par tête au maximum que l'on peut offrir et que l'on offre
généralement. Je voudrais cependant souligner, sans
vouloir être le moindrement désobligeant à l'endroit de
l'honorable député de Beauce, que, quand nous avons
commencé le débat sur les crédits ce matin, nous avons
accepté de part et d'autre que si, dans une formation politique, il
fallait qu'un député en remplace un autre, que nous ne
reviendrions pas sur des sujets déjà discutés. Ce n'est
pas que je ne voudrais pas donner une pleine satisfaction au
député de Beauce, mais...
M. ROY (Beauce): Je ne veux, pour aucune considération, reprendre
des sujets qui ont été discutés mais, puisqu'on parlait
justement des montants qui étaient accordés, je pense que mon
collègue, le député de Saint-Maurice, en a parlé un
peu indirectement.
M. DEMERS: Je m'excuse, M. le Président, si j'ai violé une
convention; c'est indirectement.
M. GOLDBLOOM: Si c'est le pire que vous avez fait...
M. DEMERS: Dans les viols? M. GOLDBLOOM: Oui.
M. ROY (Beauce): J'aimerais savoir, dans l'élément 1
peut-être que la question peut se rattacher à
ça du 1er avril 1972 au 31 mars 1973, combien de demandes
d'emprunts municipaux à long terme par règlement ont
été faites et pour quel montant. Est-ce que vous disposez de ces
données?
M. GOLDBLOOM: Je n'ai pas saisi le genre de...
M. ROY (Beauce): Du 1er avril 1972 au 31 mars 1973, durant la
dernière année fiscale, combien de demandes d'emprunts municipaux
à long terme, par règlement, ont été faites et pour
quel montant?
M. GOLDBLOOM: II faudra que je prenne note de la question et que
j'obtienne les renseignements; nous n'avons pas les chiffres ici.
M. ROY (Beauce): Est-ce que ce serait nécessaire d'inscrire la
question au feuilleton ou si...
M. GOLDBLOOM: Non.
M. DEMERS: II va nous livrer ça.
M. ROY (Beauce): Dans le même ordre d'idées, pour la
même période, combien de nouveaux emprunts temporaires et de
renouvellements d'emprunts, provenant des corporations municipales et pour quel
montant? Ce seraient des données que nous aimerions obtenir.
M. GOLDBLOOM: Très bien, avec plaisir.
M. ROY (Beauce): Dans l'aide à la gestion financière,
puisqu'on parle de gestion financière et de surveillance de la gestion
municipale, on peut peut-être parler de la réglementation du
service municipal qui est donné pour les municipalités. Est-ce
que la transaction qui est intervenue avec la ville de Québec,
concernant Place Québec, a été approuvée? Est-ce
que ç'a d'abord été soumis à la Commission
municipale de Québec et est-ce que ç'a été
approuvé par la Commission municipale de Québec? On se rappellera
que M. Couillard qui s'occupe de l'Association des payeurs de taxes de
Québec a fait une déclaration à ce sujet et on est
informé que les autorités de la ville de Québec ont vendu
à Place Saint-Cyrille un terrain au coût de $4.68 le pied
carré, lequel a été revendu â une autre compagnie au
prix de $64.
M. DEMERS: $60 de profit.
M. ROY (Beauce): C'est la conclusion à laquelle en arrive le
fondateur de l'Association des payeurs de taxes, M. Couillard, à
l'analyse du prospectus publié à l'occasion de l'émission
d'obligations pour $7,500,000 devant être daté du 4 juillet 1972.
On parle d'un acte de vente daté de juin 1972 qui fait voir que Place
Québec vend à une nouvelle compagnie formée de Place
Québec et Hilton Cie, pour la somme nominale de $1 et toute
considération, un terrain de 39,034 pieds carrés.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je ne suis pas en mesure de
confirmer ni d'infirmer les chiffres cités par l'honorable
député de Beauce; nous n'avons pas été
appelés à nous prononcer sur la transaction, c'est la ville qui
en assume la responsabilité totale. A ma connaissance, il n'y a eu
aucune consultation, ni demande d'approbation de notre part.
M. ROY (Beauce): II n'y a rien eu à la Commission municipale.
M. DEMERS: II n'y a pas eu de demande d'enquête â la
Commission municipale?
M. GOLDBLOOM: Pas à ma connaissance; je pourrais m'informer
davantage pour être doublement certain mais les fonctionnaires qui
m'accompagnent affirment qu'il n'y a pas eu de demande de cette nature.
M. DEMERS: La ville de Québec aurait payé $4
d'après ce que dit le député?
M. ROY (Beauce): $4.68; ce sont des informations que nous avons eues.
$4.68 le pied carré, lequel aurait été revendu...
M. DEMERS: Par la ville?
M. ROY (Beauce): ... par la ville, à $0.64 le pied carré.
Parce qu'il y a eu une émission d'obligations de $7,500,000. Emission
d'obligations qui est accompagnée d'un prospectus...
M. DEMERS: $0.64; vous avez dit $64.
M. ROY (Beauce): $64 le pied carré, c'est ce qui est inscrit ici.
Je m'excuse, c'est $64.
M. DEMERS: La première fois, vous avez dit $64.
M. VAILLANCOURT: Après demande de soumissions?
M. ROY (Beauce): II n'en est pas question, c'est la raison pour laquelle
je demandais des renseignements â savoir si la commission municipale de
Québec était informée de cette transaction, si elle avait
donné son approbation. Lorsque la ville a publié un prospectus
à l'occasion de l'émission d'obligations pour $7 millions et
demi... La ville a fait un emprunt de $7 millions et demi en obligations;
à ce moment-là, elle prépare un prospectus. Elle soumet le
prospectus à la Commission municipale pour approbation. Est-ce que tout
s'est déroulé normalement? Est-ce que la Commission municipale a
pris bien soin d'examiner le prospectus?
M. DEMERS: M. le Président, Place Québec a
été bâtie par la ville de Québec?
M. GOLDBLOOM: Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je crois que toutes ces questions-là
devraient être posées à une assemblée du conseil
municipal de la ville de Québec, étant donné que la
commission...
M. DEMERS: II y a un contrôle...
M. ROY (Beauce): Ce que je veux savoir je comprends que ces
questions-là relèvent de la ville de Québec mais je
veux savoir si la Commission municipale...
LE PRESIDENT (M. Picard): A part la dernière question à
propos du règlement d'emprunt de $7,500,000, les autres questions n'ont
rien à voir ici.
M. ROY (Beauce): Non, mais je demande si la Commission municipale est au
courant de ces choses-là, s'il y a eu quelque chose de fait.
LE PRESIDENT (M. Picard): La réponse a été
négative.
M. GOLDBLOOM: La réponse est négative quant à une
demande d'approbation, sauf pour l'emprunt lui-même. Normalement,
l'emprunt doit être approuvé par la Commission municipa- le, mais
pas le prospectus qui est publié par la ville. La Commission municipale
n'est pas appelée à se prononcer sur le texte du prospectus. Si
les renseignements fournis à la Commission municipale sont
satisfaisants, l'approbation de l'émission d'obligations est
donnée.
M. ROY (Beauce): Le rôle de la Commission municipale se limite
à cela?
M. GOLDBLOOM: Oui, sauf si la commission est invitée ou
autorisée à faire enquête sur une transaction quelconque ou
sur une autre manière d'agir d'une administration municipale.
M. LEGER: Est-ce que M. le ministre peut me dire, dans le cas
précis que soulève le député de Beauce, si toute
action d'un conseil municipal qui n'est pas selon les règlements ou les
lois... Un exemple qui ressemble un peu à cela, au point de vue des
soumissions qui n'ont pas été demandées, c'est Lachine. On
parle d'une enquête actuellement à Lachine pour un contrat de
$275,000 qui n'aurait pas passé par des soumissions. Est-ce que la
Commission municipale, dans ce cas-là comme dans le cas cité par
le député de Beauce, si c'est une chose qui est illégale,
automatiquement fait une enquête ou s'il doit y avoir une plainte ou s'il
doit y avoir une pétition des citoyens? Quel est le mécanisme de
fonctionnement pour que la Commission municipale vérifie une transaction
qui n'est pas selon les lois?
M. GOLDBLOOM: Normalement, il faut qu'une demande soit formulée.
Elle peut être formulée par le ministre. Si le minstre est au
courant d'un problème possible, il peut demander à la commission
de faire enquête. Mais, normalement, la commission ne fait pas
enquête de son propre chef. Mais les relations étant très
ouvertes, si la Commission municipale informe le ministre qu'elle a eu vent
d'un problème quelconque, elle peut certainement suggérer au
ministre de demander une enquête qui peut être entreprise.
M. LEGER: Est-ce qu'un comité de citoyens doit passer par le
ministre ou par la Commission municipale pour demander une enquête, comme
les citoyens de Lachine ou d'une autre municipalité?
M. GOLDBLOOM: Je crois bien que l'on peut s'adresser directement
à la Commission municipale qui est un organisme qui a son autonomie,
surtout dans le domaine quasi judiciaire.
M. LEGER: Est-ce qu'elle doit entreprendre l'enquête
immédiatement, quand le comité de citoyens le lui demande ou si
elle doit demander la permission au ministre? Est-ce préférable
de passer au ministre directement qui lui, va dire à la Commission
municipale de faire enquête?
M. GOLDBLOOM: Généralement, la commission répond
à la demande, fait une vérification et fait rapport au
ministre.
M. LEGER: C'est un pouvoir coercitif ou punitif ou... la Commission
municipale?
M. GOLDBLOOM: Pour imposer des amendes ou des...
M. LEGER: Ou mettre la municipalité en tutelle ou autre...
M. GOLDBLOOM: Oui, mais pas directement, quant à la tutelle.
C'est une requête qui doit être formulée par la commission
devant la cour et c'est la cour qui en décide. Donc, la commission qui
fait enquête doit quand même faire valoir le résultat de son
enquête devant un autre tribunal. Elle peut siéger comme tribunal
pour des causes dont elle est saisie, mais si elle recommande une mise en
tutelle, c'est une requête qu'elle doit formuler devant la cour.
M. LEGER: Comme là, actuellement, dans le cas de Lachine, est-ce
que, si aucun citoyen ne le demande et si le ministre ne le demande pas, il n'y
a rien qui se fait? Si un des deux le demande, si un citoyen ou un
comité de citoyens demande à la Commission municipale de faire
enquête sur cet octroi de contrat qui a été fait sans
soumission selon ce que la presse dit il peut y avoir une
enquête et, à la suite de cette enquête-là, qu'est-ce
qui peut arriver?
Est-ce qu'elle a des pouvoirs pour poursuivre les personnes qui l'ont
faite, de mettre la ville de Lachine en tutelle?
M. GOLDBLOOM: S'il s'agit de poursuivre des personnes, c'est le
ministère de la Justice qui est invité à se pencher sur le
dossier et à prendre ou recommander toute action qu'il juge à
propos. Il me semble que le ministre des Affaires municipales, non pas lui seul
mais avec tous ses collaborateurs, a le devoir, de par ses
responsabilités ministérielles, d'être vigilant et de
demander à la Commission municipale de faire enquête là
où il trouve que quelque chose ne semble pas normal. Et puisque que le
ministre et ses fonctionnaires sont nécessairement dans
l'impossibilité d'être partout à la fois et d'être au
courant de tout ce qui se passe, il est normal que des citoyens qui sont en
contact quotidien avec leur administration municipale qui est là, selon
la vieille tradition, pour être plus près du peuple que les autres
paliers du gouvernement, prennent l'initiative de dire: II y a quelque chose
qui sent le poisson. C'est normal et l'initiative peut venir de n'importe qui,
que ce soit d'un citoyen, d'un journaliste qui rapporte des faits, du ministre,
et c'est au ministre de prendre ses responsabilités et de dire â
la Commission municipale: Je crois que vous devriez faire enquête.
M. DEMERS: La Loi des cités et villes, M. le Président,
oblige les municipalités à demander des soumissions publiques
pour un montant de combien?
M. CARON: $10,000.
M. LEGER: Avec $275,000, nous étions loin.
M. DEMERS: II faut faire additionner cela.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'honorable député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): Dans le cas de Lachine, la Commission municipale, le
ministre des Affaires municipales n'a pas eu une demande du maire de Lachine
à ce sujet, qui aurait inscrit sa dissidence lorsque ce contrat fut
accordé?
M. GOLDBLOOM: Dans le cas de Lachine, M. le Président, il y a des
querelles et des accusations que l'on entend depuis un certain temps. Nous
étudions ce dossier objectivement et nous agirons si nous croyons que
c'est nécessaire d'agir.
M. ROY (Beauce): Parce que dans l'article cité par le
député de Lafontaine...
M. LEGER: C'est bien cela.
M. ROY (Beauce): ... on dit qu'un seul membre du conseil, le maire, a
fait enregistrer sa dissidence. Il a immédiatement demandé
à la Commission municipale de Québec d'ouvrir une enquête,
mais cette enquête est demeurée sans réponse depuis ce
temps. On dit qu'un télégramme et deux lettres, envoyés au
juge John Sheehan le 6 décembre 1972 et le 20 février 1973 par le
maire Jean-Guy Chartier, sont demeurés sans réponse
jusqu'ici.
M. GOLDBLOOM: On se rappelle, M. le Président, qu'il y a eu des
difficultés qui ont paralysé le conseil municipal pendant
plusieurs mois, des conseillers ont refusé de siéger pour qu'il
n'y ait pas quorum et il y a eu toutes sortes de querelles entre divers membres
de ce conseil municipal. Donc, je ne voudrais pas que le député
de Beauce prenne cette demande comme un fait isolé, comme un nouveau
développement dans le dossier. C'est depuis déjà un bon
moment que nous suivons ce dossier. Nous avons été saisis de
demandes d'enquête et nous allons juger de la façon de
procéder. Et puisque ce dossier est à l'étude
présentement et entre les mains de la Commission municipale, je
préférerais, si le député de Beauce me le permet,
ne pas aller plus loin dans les détails.
M. ROY (Beauce): On peut en déduire que
la Commission municipale étudie le dossier à l'heure
actuelle et que des décisions seront prises prochainement.
M. GOLDBLOOM: Oui, en temps et lieu, selon notre appréciation du
dossier.
M. LEGER: M. le Président, si le député de Beauce
me le permet, concernant le mécanisme de la Commission municipale
concernant les citoyens non satisfaits d'une décision municipale, je
prends un exemple concret. La ville de Pointe-aux-Trembles, l'année
dernière adoptait un règlement d'emprunt et, selon la loi, elle
avait publié un avis dans les journaux, soit la Gazette et Le Devoir.
Donc, les citoyens qui l'avaient vu n'étaient pas trop nombreux et le
règlement a passé, c'était légal. Les citoyens
ayant appris que cela augmenterait peut-être leur évaluation,
leurs taxes à cause de la possibilité de construire une
aréna qui est construite maintenant se sont réunis.
Les citoyens se sont opposés à cela et ils avaient tant de
temps pour rejoindre la Commission municipale.
A la Commission municipale, le juge Sheehan les a reçus. Les
citoyens étaient au-delà de 1,000, qui avaient signé une
pétition. Ils sont venus, ils ont envoyé leurs
délégués voir la Commission municipale et, par la suite,
la Commission municipale a étudié la demande.
Quels étaient les pouvoirs? Parce que c'est demeuré lettre
morte. Quels étaient les pouvoirs précis devant des citoyens qui
ne sont pas satisfaits d'une décision, d'un règlement municipal
et que la Commission municipale les écoute? Après cela, qu'est-ce
qu'elle peut faire?
M. DEMERS: Est-ce qu'il y avait eu de l'illégalité de la
part de la municipalité de Pointe-aux-Trembles?
M. LEGER: Je pense que c'était...
M. DEMERS: Bon, alors, s'il n'y en a pas eu...
M. LEGER: ... légalement, je crois que c'était
légal.
M. DEMERS: Quand c'est légal...
M. LEGER: Les citoyens sont tous insatisfaits. Ils avaient quand
même le droit de demander à la Commission municipale...
M. DEMERS: Ecoutez, quand on n'est pas satisfait... Pensez-vous que je
suis satisfait de ce gouvernement? Je n'en suis pas satisfait du tout.
M. GOLDBLOOM: II y a une thèse qui est chère à
notre aimable collègue de Lafontaine et à la formation politique
qu'il représente, et c'est la thèse que seuls les citoyens sont
bons, seuls les citoyens sont agissants. Si l'on occupe un poste de
responsabilité quelconque, on est immobile, on résiste à
toute action, il faut que l'on soit piqué par des citoyens pour prendre
ses responsabilités. Je n'accepte pas cette thèse. Je pense bien
que l'on est là pour prendre ses responsabilités et il me semble
que, dans certains cas, comme, par exemple, quand on s'adresse à un
poste de police et que l'on porte plainte, dans certains cas, les responsables
de ce poste de police vont dire : Nous ne croyons pas qu'il y ait
matière à enquête là-dedans. Nous avons fait ce
débat autour de la loi de la qualité de l'environnement. Il n'est
pas possible d'exiger que l'on fasse enquête dans tous les cas. Il faut
laisser à celui qui a la responsabilité des enquêtes un
certain jugement pour distinguer entre ce qui semble être farfelu et ce
qui semble être sérieux. Si l'on croit la plainte sérieuse,
on procède à une enquête. Le résultat de cette
enquête peut être une conclusion que l'action a été
légale, même si on peut, comme citoyen objectif, trouver qu'il
aurait été préférable que la municipalité
agisse autrement. Mais notre structure légale est telle que, dans
certains cas, l'action est légale, même si on peut différer
d'opinion quant à l'opportunité d'avoir posé un tel geste.
Il me semble que si, par contre, on trouve que des choses illégales se
sont passées, on a la responsabilité morale, légale,
ministérielle, responsabilité de commissions d'enquête,
pour informer les autorités judiciaires, pour demander que quelque chose
se fasse et pour rendre publics les résultats de l'enquête.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais faire réaliser au
ministre... Je ne veux pas soulever un point d'ordre, mais il a certainement
mal interprété ma question.
Quand le ministre affirme que notre formation politique croit que seul
le citoyen a raison, d'abord c'est absolument faux. Ce que l'on
préconise, c'est la participation des citoyens. Ma question
n'était pas de dire que la Commission municipale avait raison ou tort.
Je demandais le mécanisme. Quand on dit que les citoyens ont le droit de
participer à la chose municipale et provinciale, etc., c'est pour leur
permettre de savoir comment ça fonctionne et comment ils doivent agir
s'ils ne sont pas satisfaits de la façon dont c'est
administré.
Je ne dis pas qu'ils ont raison. Je parlais de la façon, du
mécanisme. La Commission municipale, qu'elle ait décidé
que tout était dans la légalité, je n'en suis pas
là-dessus. Je voulais savoir, s'il arrive quelque chose d'inacceptable,
quels étaient les pouvoirs de la Commission municipale à ce
stade-là de l'enquête? Est-ce qu'ils ont écouté les
citoyens et, après cela, est-ce qu'ils pouvaient faire un geste
précis ou si la municipalité a décidé que cela
finissait là? Ou, jusqu'où les citoyens peuvent-ils se permettre
de participer à des décisions municipales comme
celles-là?
M. GOLDBLOOM: La Commission municipale peut entendre des témoins,
peut recevoir
tout document et peut recevoir toute personne qui est
intéressée à présenter quelque chose. Elle n'est
pas obligée de le faire, mais elle a la liberté de le faire et le
fait généralement dans l'exercice de ses fonctions.
M. LEGER: Est-ce qu'elle a les pouvoirs de renverser une décision
du conseil municipal? C'est ce que je veux savoir.
M. GOLDBLOOM: Si cette décision est légale? Non.
M. LEGER: Elle n'en a pas les pouvoirs?
M. GOLDBLOOM: C'est pour une raison bien simple, c'est que le conseil
municipal a été élu par ces mêmes citoyens.
Peut-être que ceux qui portent plainte n'ont pas voté pour les
gens en place. C'est la démocratie. Mais l'appel contre la plupart des
décisions d'un conseil municipal est constitué par les
élections suivantes. C'est le jeu de la démocratie.
Si l'on érige un système qui permet de renverser soit des
décisions, soit le conseil lui-même, et il en est de même
pour tout Parlement, pour tout gouvernement simplement parce qu'en cours de
route, des gens ne sont pas satisfaits, à moins que ce ne soit une chose
absolument scandaleuse et illégale, il me semble que l'on empêche
une administration, qu'elle soit municipale, provinciale ou
fédérale, d'accomplir une tâche raisonnable. Ce n'est pas,
Dieu sait, que l'on peut donner une sécurité d'emploi au
législateur. Bien au contraire. Un des plus vieux collègues, plus
vieux en état de service, a regardé autour de lui dans
l'Assemblée nationale à la suite des élections de 1970 et
a dit: "Je crois qu'il n'y a que 12 sur 108 qui étaient ici il y a dix
ans. Alors, ce n'est pas exactement une sécurité d'emploi que
l'on a. Mais au moins, qu'on ait une sécurité d'emploi pour la
durée du mandat si on respecte avec un minimum de conscience et de
compétence les exigences du poste que l'on occupe.
M. LEGER: C'est sûr que ce n'est pas aussi calme et serein que
dans les années passées, la politique d'aujourd'hui, avec une
population qui participe davantage, qui peut critiquer au jour le jour les
décisions, chose qui ne se faisait pas il y a dix ans. Je suis d'accord
avec le ministre mais je ne veux pas qu'il pense que notre thèse, c'est
que les citoyens ont raison. D'accord, il faut administrer, mais il faut quand
même accepter le fait qu'il faut administrer maintenant avec la
participation des citoyens, ce qui est une nouvelle façon de travailler
en politique.
M. LEDUC: La majorité des gens du comté de Lafontaine ont
voté pour vous, mais parce qu'il y en a 700 qui, à un moment
donné, protestent pour que vous ne prôniez plus le
séparatisme, vous allez avoir la participation des gens dans votre
comté, mais pour ces 700, quelle sera votre attitude à
l'Assemblée nationale?
M. DEMERS: La voix des citoyens.
M. LEDUC: Vous allez respecter ce que la majorité des gens a fait
en 1970 et vous allez gentiment dialoguer avec les 700 qui sont là. Vous
allez demeurer quand même député séparatiste.
M. LEGER: C'est-à-dire que je vais faire comprendre aux 700 que
ce n'est pas une option séparatiste, chose que le député
de Taillon voudrait faire croire.
C'est une option d'association et c'est bien le contraire, mais quand
vous dites cela, je dois rétablir les faits. Les 700 ont le droit de
venir me demander des explications et j'ai le droit de leur expliquer et ce
n'est pas faire de démagogie en expliquant...
M. LEDUC: C'est de la démagogie... Peu importe quelle soit...
M. DEMERS: C'est du pseudo-dialogue.
M. LEGER: ... ce qu'est le séparatisme. Ce n'est absolument pas
le cas.
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît! La
discussion devrait revenir maintenant au programme 2.
M. DEMERS: Je suis pour que les administrateurs administrent et que les
élus administrent surtout. Oui, oui, je suis pour cela.
M. LEGER: Vous vous rapprochez des crédi- tistes.
M. DEMERS: Oui, monsieur, je me rapproche du bon sens, à part
cela. Des poètes qui viennent me dire quoi faire quand ils ne sont
même pas capables de payer leurs taxes et sont sous la loi Lacombe, je ne
peux pas endurer cela!
M. GOLDBLOOM: A l'ordre! Je voudrais résumer la réponse,
parce que je voudrais qu'elle soit claire. Le citoyen a le droit de s'adresser
à la Commission municipale individuellement ou en groupe. Il a le droit
d'être entendu et d'envoyer des mémoires si la commission juge
opportun de le recevoir, lui, ou son mémoire. La commission peut rendre
une décision et faire des recommandations. Elle ne peut renverser, elle,
des décisions de conseil municipal à moins que ces
décisions ne soient contraires aux lois, outrepassent les pouvoirs ou
quelque chose de cette nature.
M. LEGER: Elle peut renverser si c'est une décision finale ou qui
n'est pas selon les règlements municipaux.
M. GOLDBLOOM: C'est surtout que, si elle est appelée à
donner une approbation, elle refuse l'approbation s'il y a un
élément illégal ou inacceptable. Mais si elle constate des
choses qui doivent être corrigées, le ministre a ses
responsabilités et il a un collègue, qui est le ministre de la
Justice, qui a ses responsabilités, et c'est leur responsabilité
non seulement d'agir mais de répondre de leurs actions devant l'opinion
publique, ce qui n'est pas le cas de la Commission municipale, qui est
justement constituée pour être une espèce de tribunal quasi
judiciaire, de tribunal administratif dans une certaine mesure et donc,
d'être à l'abri de cette relation politique avec l'opinion
publique que doit détenir et poursuivre le ministre et chacun des...
M. LEGER: Quel est le délai entre une décision d'un
conseil municipal qui requiert l'approbation de la Commission municipale, pour
que cela soit sanctionné je ne sais pas si c'est le terme exact
approuvé par la Commission municipale? Un conseil municipal se
réunit légalement, adopte une résolution qui demande
l'approbation de la Commission municipale; quel est le délai entre la
date de l'approbation par le conseil et l'approbation par la Commission
municipale? Quel est le délai que les citoyens ont pour intervenir
à l'encontre d'une décision de ce style?
M. DEMERS: ... dans les cas spécifiques qui relèvent de la
commission...
M. LEGER: C'est cela.
M. GOLDBLOOM: Je ne crois pas qu'il y ait un délai qui soit
précisé. Je crois bien que, dans le fonctionnement normal d'un
organisme comme la Commission municipale, il y a un certain temps qui
s'écoule. Je pense bien que, lorsqu'un conseil municipal pose un geste,
c'est aux citoyens de suivre les actions du conseil municipal et de porter
plainte aux autorités compétentes, s'ils constatent qu'il y a
quelque chose qui n'est pas normal.
M. LEGER: Cela signifie que si un maire rapporte lui-même le
lendemain que la résolution est adoptée par la Commission
municipale et que cela est signé par la Commission municipale, cela se
termine là. Et s'il envoie cela par lettre et que cela prend une semaine
avant que la Commission municipale l'approuve, il y a le délai que cela
prend à la Commission municipale pour l'approuver. C'est ce
délai.
M. GOLDBLOOM: Même si la commission a approuvé un geste
posé par un conseil municipal, si des preuves sont fournies que la
commission a approuvé quelque chose qui n'était pas légal,
elle peut rouvrir le dossier, faire enquête et renverser sa
première décision.
M. LEGER: D'accord..
M. ROY (Beauce): J'aimerais revenir simplement sur le point de tout
à l'heure. Est-ce qu'une ville prenons la ville de Québec
à titre d'exemple doit obtenir la permission de la Commission
municipale pour vendre un actif si elle a déjà obtenu la
permission d'emprunter de l'argent pour acquérir ce même
actif?
M. GOLDBLOOM: II faut faire une certaine distinction entre les
municipalités majeures de la province qui ont leur propre acte
constitutif et leur propre loi, qui viennent, régulièrement,
chaque année devant la commission parlementaire et donc, indirectement,
devant l'Assemblée nationale pour l'approbation de certaines actions.
Ces municipalités ont des pouvoirs que les autres n'ont pas et il
semblerait que, dans le cas dont traite l'honorable député de
Beauce, la ville avait les pouvoirs de poser le geste qu'elle a posé. Si
des citoyens trouvent qu'elle n'a pas agi correctement, c'est au niveau
municipal que leurs plaintes devraient être adressées et si leurs
plaintes sont de nature à demander une enquête, ils peuvent
s'adresser à la Commission municipale, qui a le pouvoir
nécessaire de procéder à une enquête, si elle le
juge à propos.
M. ROY (Beauce): Dans le cas de la ville de Québec, elle n'est
pas tenue, si je comprends bien, de s'adresser à la Commission
municipale pour vendre un actif qu'elle possède et pour lequel elle a
emprunté effectivement.
M. GOLDBLOOM: Sous la réserve d'une opinion qui pourrait
être émise par le contentieux du ministère, c'est mon
impression que non, que la ville a ses propres pouvoirs dans ce domaine.
M. ROY (Beauce): Est-ce que l'on pourrait vérifier pour avoir
plus de certitude et me faire part...
M. DEMERS: Est-ce que la ville a le droit de disposer de biens qu'elle a
acquis par emprunt? Par exemple, elle s'achète un camion, une voiture de
police, un emprunt a été voté pour ça, elle peut en
disposer à sa guise, ça doit être la même chose pour
les immeubles?
M. GOLDBLOOM: De façon générale, oui, M. le
Président, mais si je saisis bien la question de l'honorable
député de Beauce, il s'agit d'une transaction effectuée au
cours du processus de remboursement d'emprunt et là où le bien en
question n'aurait pas été payé dans une importante
proportion...
M. ROY (Beauce): En partie ou en totalité.
M. DEMERS: ... une plus petite chose ou une plus grosse affaire.
M. ROY (Beauce): II faut faire une distinction, je pense, entre un bien
meuble et un bien
immeuble. J'avais limité ma question à l'aspect
immobilier.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je maintiens la réserve que
j'ai exprimée et nous allons vérifier avec notre contentieux,
mais j'ai nettement l'impression qu'une ville comme celle de Québec a
les pouvoirs nécessaires d'effectuer ce genre de transaction, et toute
transaction qui suivrait la première.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'honorable député de
Verdun.
M. CARON: M. le Président, au programme 2, élément
6: Aide financière aux Communautés urbaines de Québec et
de Montréal, je vois qu'il y a une diminution, on part de $9,870,000 et
on descend à $6,450,000.
M. ROY (Beauce): M. le Président, si vous le permettez, nous nous
étions limités aux éléments 1 et 2. Nous ne sommes
pas encore rendus aux éléments 3, 4 ou 5.
LE PRESIDENT (M. Picard): Nous étudions tout le programme. Vous
pouvez revenir et poser des questions sur les éléments 3 ou
4.
M. ROY (Beauce): Nous étudions tout le programme. Je vous
remercie, M. le Président, de cette précision.
M. GOLDBLOOM: Le montant prévu cette année de $6 millions
à l'élément 6 est celui qui a été offert par
le gouvernement à la Communauté urbaine de Montréal pour
combler le déficit au poste des services policiers. Je n'ai pas ici
l'explication de la baisse de $9 millions à $7 millions.
M. le Président, c'est que l'an dernier, nous avions prévu
une baisse de la taxe scolaire qui devait permettre au niveau municipal de
toucher des montants additionnels et, à cause de certaines
décisions prises par les autorités scolaires, il n'a pas
été possible pour les municipalités d'aller chercher les
montants en question. Le taux de la taxe municipale n'a pu être
augmenté parce qu'effectivement le taux de la taxe scolaire n'a pas
connu la baisse qui a été prévue. Cette année, cela
va se faire; donc, les revenus représentés par l'écart
d'un peu plus de $2 millions ici seront cherchés dans cette partie de
l'assiette qui était occupée par le domaine scolaire
auparavant.
M. LEDUC : Programme 2, adopté.
M. DEMERS: M. le Président, j'aurais quelques...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: J'aurais encore une question sur les paiements
différés. Combien de subventions en vue d'un paiement
différé par le ministère? Est-ce qu'on peut avoir
ça?
LE PRESIDENT (M. Picard): Qu'est-ce que c'est ça, l'aide
financière aux municipalités?
M. DEMERS: C'est l'aide financière aux municipalités,
c'est une question que je pose dans l'aide financière aux
municipalités.
Est-ce qu'on a le total de ces...
M. GOLDBLOOM: Je n'ai pas...
M. DEMERS: Vous ne m'avez pas trop bien compris. Les
municipalités ont le droit d'obtenir des subventions dans certains
domaines, protection contre l'incendie, dans toutes ces choses. Vous devez
avoir, dans les subventions accordées aux municipalités, un
montant de tant, il doit y avoir des municipalités qui n'ont pas
reçu ces subventions.
M. GOLDBLOOM: II y en a qui ont eu la promesse mais qui n'ont pas
touché l'argent...
M. DEMERS: ... soit pour vice de forme, soit pour la
réglementation, dans la dépense.
Je voudrais savoir s'il y a un montant assez substantiel qui n'est pas
accordé aux municipalités dans les subventions qui normalement
devraient être statutaires...
M. GOLDBLOOM: Des montants qui seraient retenus en attendant des...
M. DEMERS: Je pourrais attendre à demain, si vous voulez nous
préparer ce document. J'aimerais l'avoir et j'aimerais avoir la raison
pour laquelle ces subventions... Lorsque des subventions sont refusées
à de petites municipalités, comme par exemple dans le domaine de
la protection contre l'incendie, cela crée des problèmes majeurs
aux municipalités. Je comprends qu'il y a des clauses, qu'il y a des
réglementations auxquelles il faut se plier. Je voudrais savoir si ces
réglementations sont uniformes dans toute la province, s'il y a des cas
d'exception, si, dans certains endroits, dans certaines paroisses, on a
refusé pour les mêmes raisons que dans d'autres. Lorsque j'aurai
les montants, je pourrai donner au ministre des chiffres un peu plus
précis dans ce domaine. Parce que les municipalités qui
s'attendaient d'obtenir une subvention pour l'achat de camions à
incendie... Il y a des petites municipalités qui ne l'obtiendront pas
à cause d'un vice de forme, peut-être par ignorance, pour toutes
sortes de raisons. Ce sont les contribuables et non les administrateurs qui
vont en faire les frais. Alors, on est pris dans une situation qui est assez
difficile et il semblerait que les mêmes municipalités, des
municipalités voisines, ayant commis les mêmes violations de
certains règlements ou parties de règlement, auraient eu un
traitement différent. Lorsque le ministre m'aura répondu,
lorsqu'il aura compilé ses chiffres, lorsqu'il me donnera le total des
subventions refusées ou différées ou retenues, je pourrai
lui pointer du doigt certaines choses.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le député de
Saint-Maurice a élargi considérablement sa question. Il a
commencé par demander s'il y a des montants différés. Sur
ce point, je peux lui répondre non, que les montants statutaires ont
tous été versés et les montants qui sont versés de
façon discrétionnaire ont tous été engagés.
Donc, il n'y a pas de montants différés. Maintenant, quand il
arrive à la question des refus et des explications des refus, il
faudrait que l'on examine chaque cas. S'il trouve qu'il y a
déséquilibre...
M. DEMERS: Bien, je vais préciser, M. le Président. Dans
la municipalité de Saint-Adelphe, comté de Champlain, voisin du
comté de Saint-Maurice, on a acheté, me dit-on je voudrais
savoir si c'est bien fondé un camion à incendie...
LE PRESIDENT (M. Picard): A ce moment-là, je suis obligé
de vous rappeler à l'ordre. Parce que là, vous touchez au
programme 6.
M. DEMERS: Est-ce que c'est une subvention aux municipalités?
LE PRESIDENT (M. Picard): Absolument. Le programme 6, vous l'avez ici,
prévention des incendies, sécurité-incendie.
M. DEMERS: Je comprends, mais on parle des subventions.
LE PRESIDENT (M. Picard): Et les subventions, vous avez l'aide aux
municipalités et un montant de $1,596,100. Si vous vous
référez à cela, il faudra attendre au programme 6.
M. DEMERS: Cela ne me fait rien, on en parlera plus longtemps. On sera
moins fatigué.
M. ROY (Beauce): J'aurais peut-être une question à poser si
on me permet.
M. DEMERS: Je suis hors d'ordre et si vous parlez de la même chose
que moi...
M. ROY (Beauce): Non, pas de la même chose.
LE PRESIDENT (M. Picard): Si vous parlez des camions à incendie,
je vous garantis que vous êtes hors d'ordre.
M. DEMERS: Non. J'ai parlé de subventions en
général... je suis arrivé...
M. ROY (Beauce): Pas des camions à incen- die, M. le
Président. Je ne parlerai pas des camions à incendie. Je voudrais
savoir de l'honorable ministre...
M. DEMERS: On n'en parlera plus.
M. ROY (Beauce): Lorsque le ministre donne son approbation à une
subvention pour une municipalité, naturellement, la demande doit
être référée au Conseil du trésor. Le Conseil
du trésor donne son approbation et après, le ministre confirme.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire si la chose s'est produite souvent
si cela s'est produit d'abord et combien de fois le Conseil du
trésor aurait-il refusé ou modifié une subvention que le
ministre aurait décidé d'accorder à une ou à des
municipalités?
M. GOLDBLOOM: A ma connaissance, c'est assez rare mais, par contre, le
Conseil du trésor a invité le ministère à
présenter une vue d'ensemble de tous les programmes de subventions aux
municipalités et, pour cette raison, il y a eu globalement au cours des
récentes semaines certains retards en attendant que ce dossier soit
étudié. Il y aura très bientôt un
déblocage.
M. ROY (Beauce): Le déblocage n'est pas fait encore à
l'heure actuelle.
M. GOLDBLOOM: Non.
M. ROY (Beauce): II y a des municipalités qui, à cause
d'une participation du fédéral au programme, d'initiatives du
gouvernement fédéral, ont quand même des délais. Il
y a des contrats qui ont été accordés à la suite de
soumissions demandées. Supposons qu'une municipalité a
reçu de la part du ministre, ou encore de la bouche même du
sous-ministre, la certitude qu'une subvention serait accordée mais
qu'elle serait confirmée une fois que le Conseil du trésor aura
donné son approbation. La municipalité commencerait ses travaux,
compte tenu du calendrier, des échéanciers et des obligations
qu'elle a prises envers l'entrepreneur, comme ce dernier en a pris avec elle
pour empêcher que la subvention fédérale soit
retirée parce que les travaux ne seraient pas exécutés
dans les délais prévus. Qu'est-ce qui arriverait si, après
que les travaux seraient commencés, le Conseil du trésor
décidait de retarder une subvention de six mois et même d'un
an?
M. GOLDBLOOM: Je comprends clairement la question du
député de Beauce. Je voudrais lui dire que nous sommes
extrêmement prudents. Nous essayons de ne pas donner â une
municipalité l'avis qu'une subvention sera éventuellement
accordée, si nous ne sommes pas certains de l'approbation du Conseil du
trésor. Ayant donné cet avis je le considère pour
ma part comme un engagement nous irons au bâton, comme on dit au
baseball, pour assurer à cette
municipalité l'appui dont elle a besoin et qui lui a
été promis.
M. ROY (Beauce): Autrement dit, le ministre ne confirmera pas la
subvention tant et aussi longtemps que le Conseil du trésor ne l'aura
pas approuvée.
M. GOLDBLOOM: C'est une question de...
M. DEMERS: Le ministre connaît très bien les conseillers du
Conseil du trésor.
M. GOLDBLOOM: ... bonne administration. Le fait que le ministre ne
pourrait se permettre de confirmer ce que le Conseil du trésor n'a pas
approuvé ne veut pas dire que le ministre, en indiquant à la
municipalité qu'elle recevra une subvention, a pu l'induire en erreur.
Le ministre a assez d'expérience de ses relations avec le Conseil du
trésor pour savoir que le conseil va approuver, sauf s'il y a des
raisons absolument majeures. Je ne me rappelle pas de cas, peut-être
qu'il y en a eu mais ils sont rares, où le ministre a dû essuyer
un refus sur un cas particulier.
M. ROY (Beauce): Si après trois mois d'at-tende, une fois que
tout serait approuvé la recommandation a été faite
au Conseil du trésor le Conseil du trésor n'avait pas
encore donné de réponse, qu'est-ce que le ministre pourrait nous
conseiller de faire?
M. GOLDBLOOM: Dans des cas où il y avait une urgence claire, nous
avons fait part au Conseil du trésor de cette urgence et demandé
qu'un cas d'exception soit fait pour que les travaux puissent commencer et pour
que la contribution d'un autre palier du gouvernement ne soit pas perdue.
M. ROY (Beauce): Pouvez-vous nous dire si le Conseil du trésor a
alors agi favorablement, a tenu compte des recommandations du ministre?
M. GOLDBLOOM: Généralement, oui. M. DEMERS: II
siège au Conseil du trésor. M. GOLDBLOOM: Non, je n'y
siège pas. M. DEMERS: Excusez, M. le ministre.
M. ROY (Beauce): Alors, on va espérer que le ministre des
Affaires municipales siège au Conseil du trésor. J'aurais deux
autres questions. Ici, dans l'élément 4, "aide à la
préparation des plans d'urbanisme et d'aménagement", vous avez un
montant, "communications", "statutaires", de $59,000 et vous avez un autre
montant aussi à la catégorie 4, "services" de $154,000. Est-ce
qu'on pourrait nous dire de quoi il s'agit?
M. GOLDBLOOM: Dans quelques secondes, M. le Président.
M. ROY (Beauce): C'est l'élément 4, à la page
6.
M. GOLDBLOOM: L'élément 4 représente le service
d'urbanisme du ministère, qui fournit de l'aide technique aux
municipalités et qui voit à l'exécution et à
l'administration des programmes du ministère lui-même. Il y a
également les programmes de SATRA pour l'aéroport Mirabel et il y
a aussi un montant, mais je pense que ce montant est en subvention, pour la
Commission d'aménagement de la communauté urbaine de
Québec.
M. ROY (Beauce): ... de Québec. Est-ce que cela serait trop vous
demander de nous donner les montants pour chaque élément que le
ministre vient de mentionner?
M. GOLDBLOOM: Sur le montant global; SATRA y est pour $498,000, la
Communauté urbaine de Québec pour $82,000 et le solde est
représenté par les activités du ministère
lui-même, son service d'urbanisme. La catégorie "communications"
comprends les frais de voyage et la catégorie "services" comprend les
services contractuels. On retient les services de firmes dans divers domaines,
urbanistes, ingénieurs, pour accomplir certaines tâches au nom du
ministère.
M. ROY (Beauce): Cela va. A l'élément 3, il y a un montant
de $1,575,800 pour l'évaluation foncière. On constate qu'il y a
$1,151,000 pour les traitements. Il y a un montant de $120,000 pour les
communications, un montant de $290,000 pour les services. Lorsqu'on parle d'un
montant de $290,000 pour les services, de quels services s'agit-il?
M. GOLDBLOOM: De nouveau, ce sont des services contractuels, des
honoraires payés à des firmes d'experts pour accomplir des
travaux pour le compte du ministère.
M. ROY (Beauce): Avez-vous une firme attitrée ou si le
ministère fait affaires avec plusieurs firmes à ce niveau?
M. GOLDBLOOM: II y a un groupe de professionnels. Il est arrivé
dans certains cas que les services d'un professionnel soient retenus sur une
base individuelle. Donc, il y a un éventail de personnes qui ont
reçu ces honoraires.
M. ROY (Beauce): Dans le cas de l'évaluation foncière,
qu'est-ce qui arrivera pour une petite municipalité qui doit
nécessairement voir à l'application de la loi à plus ou
moins brève échéance, qui n'a pas un rôle
d'évaluation très élevé et pour laquelle le
coût de la confection de ce nouveau rôle d'évaluation
représenterait
un montant tel que la municipalité ne courrait pas l'assumer sans
grever lebudget municipal, sans augmenter la taxe de façon assez
considérable?
Cette situation se présente dans un très grand nombre de
petites municipalités exclusivement rurales. Je pense que tous les
députés des comtés ruraux ont eu des visites, des
rencontres, des demandes de renseignements à ce sujet. Les
municipalités sont un peu inquiètes, elles se demandent avec
raison de quelle façon agir. Qu'est-ce qu'elles doivent faire dans
pareilles circonstances. Est-ce que le ministre prévoit que la Loi de
l'évaluation foncière devra être appliquée
intégralement dans un court laps de temps? Je sais qu'il y a des
délais, il en a été déjà question à
l'Assemblée nationale...
M. GOLDBLOOM: II y a des amendements encore.
M. ROY (Beauce): II y a des amendements à venir. Où
va-t-on avec la Loi de l'évaluation foncière.
M. GOLDBLOOM: Les amendements seront je répète ce
que j'ai dit au cours de la journée déposés au cours
du mois de juin, probablement avant le 15 et le gouvernement espère
qu'il sera possible de les adopter avant l'ajournement de l'été.
Evidemment, le but de ces amendements est de rendre plus facile, plus
compréhensible et plus généreuse l'application de la loi.
Entre-temps, si nous pouvons être utiles à une municipalité
qui a des problèmes, nos équipes sont là et rendent visite
à des municipalités. Au cours de l'été, nous aurons
le manuel qui sera publié et qui expliquera plus clairement la
façon dont une municipalité doit procéder. Nous n'avons
pas ordonné aux municipalités d'entreprendre la
préparation de leur nouveau rôle. Quelques municipalités
ont commencé à le faire, mais nous ne l'avons pas ordonné.
Si, à cause, soit d'un écart entre ce que la municipalité
a fait et l'éventuel rôle qui sera créé, soit un
écart entre les montants qui seront jugés, qui seront
définis comme étant les montants qui devraient être
perçus et les montants perçus parce que les comptes de taxes
auraient été envoyés selon le rôle actuel, il y aura
compensation. Si le gouvernement, à la demande de la municipalité
qui constate une baisse de ses revenus, est obligé de venir en aide,
c'est ce qu'il a l'intention de faire.
M. ROY (Beauce): Le ministère ne l'a pas ordonné encore.
Est-ce que le ministère a l'intention de l'ordonner, de rendre la loi
obligatoire d'ici la fin de 1973 ou si le gouvernement a l'intention de
procéder par un échéancier beaucoup plus long pour
permettre à un plus grand nombre de municipalités de s'y
adapter?
M. GOLDBLOOM: Je trouve bien choisi le dernier mot du
député de Beauce. C'est une adaptation qu'il faudra. Dans
certains cas cependant, nous créerions plus de difficultés en
prolongeant la période d'adaptation parce qu'il faudrait retourner en
arrière et corriger des écarts qu'en essayant d'amener les
municipalités à agir sur une période de temps plus courte.
Mais je pense bien que c'est ce que nous avons l'intention de faire, soit de
rendre la loi plus facilement applicable au cours de cette année et de
commencer, dès cette année, son application. Je dois dire que
déjà nous avons fait l'expérience d'aller dans certains
comtés ruraux, de rencontrer les dirigeants municipaux et de leur
expliquer comment procéder même sans avoir présenté
d'amendements à la loi. Nous avons pu faciliter de beaucoup leur
tâche. J'espère que nous serons en mesure de continuer de le
faire.
M. DEMERS: M. le Président, au même chapitre de
l'évaluation, l'an dernier, à l'étude des crédits,
je crois que cela s'est fait à la suite de l'étude des
crédits, dans le courant de l'année, il s'est formé une
école d'évaluateurs sous le contrôle du ministère et
une foule de gens ont été diplômés. Il en fallait,
je crois, 350 et au-delà pour faire l'évaluation dans toute la
province, il en a manqué quelques-uns. Est-ce que le ministre pourrait
nous dire où en est cette politique qui a été mise de
l'avant par son prédécesseur? Est-ce qu'il compte la maintenir?
Est-ce que ce seront des évaluateurs formés à
l'école d'évaluation? Je crois que l'université avait
dispensé des cours.
M. GOLDBLOOM: Nous avons des cours pour la formation des estimateurs et
également des cours de recyclage pour permettre à des personnes
qui n'ont pas eu la reconnaissance de leur compétence...
M. DEMERS: Où sont donnés ces cours au
ministère?
M. GOLDBLOOM: A l'université. M. DEMERS: A
l'université.
M. GOLDBLOOM: ... et nous constatons que, pour faire un travail complet
à l'échelle de la province, il faudrait peut-être de 500
à 600 estimateurs. Nous en avons présentement entre 200 et 250
qui ont été reconnus compétents. C'est quand même
assez pour pouvoir commencer le travail et le faire de façon utile.
M. DEMERS: Mais il va certainement en manquer, si cela en prend 500 et
que vous en avez à peu près 200?
M. GOLDBLOOM: Entre 200 et 250. Il faudra un certain nombre de
techniciens...
M. DEMERS: Avez-vous l'intention de continuer les mêmes cours?
Est-ce que cela offre...
Est-ce que l'estimateur peut vivre de son métier? Est-ce qu'il
fera cela à temps plein? Est-ce qu'il sera engagé par les
municipalités? Où va-t-il se situer, ce monsieur?
M. GOLDBLOOM: Je pense bien, M. le Président, que l'entrée
en vigueur et l'application de la loi aideront joliment à permettre aux
estimateurs de gagner leur vie dans leur profession choisie.
M. DEMERS: Cela est évident, mais tout estimateur sera
payé par la municipalité concernée?
M. GOLDBLOOM: Oui, d'après le régime actuel. Ce qui
n'exclut pas la possibilité pour certaines municipalités
d'être aidées par le gouvernement, si le fardeau dépasse
leurs moyens.
M. DEMERS: Tantôt, le ministre a parlé de
l'aménagement de Mirabel. Il nous a dit qu'il y avait $498,000
d'affectés. Est-ce pour l'aménagement territorial des alentours?
Le réseau routier n'est certainement pas compris là-dedans?
M. GOLDBLOOM: Ce sont les chiffres qui représentent le traitement
du personnel, leurs dépenses, les services contractuels que nous devons
chercher et le travail de l'équipe. Dans le domaine de l'urbanisme, dans
le domaine de la planification, nous avons entrepris par l'intermédiaire
de SATRA l'étude du traitement des eaux usées, de l'alimentation
en eau potable de toute la région aéroportuaire. Nous en sommes
maintenant à la gestion des déchets. H y a des études qui
se font dans plusieurs sous-régions du territoire aéroportuaire.
Enfin, il y a les études d'urbanisme; nous avons créé des
groupes de municipalités pour le développement d'un plan
d'urbanisme pour chaque groupe et nous travaillons avec ces organismes
municipaux.
M. DEMERS: Est-ce que la province ne serait pas en retard dans la
planification du territoire et de l'organisation matérielle de la
région, à un point tel qu'un officier du gouvernement
fédéral aurait dit que le gouvernement voudrait reprendre en main
l'organisation matérielle de ces choses et de la planification, devant
le retard et le manque d'efficacité dans ce domaine? Serait-ce
simplement une rumeur? Comme cela, on peut certifier que le ministère,
le gouvernement, que le ministère des Transports et Communications,
surtout ceux qui sont reliés à ce problème sont à
point, sont à jour et que l'échéancier prévu va se
réaliser dans les délais prévus?
M. GOLDBLOOM: C'est clair, M. le Président, même nous
sommes soumis à des pressions pour accomplir certaines choses addition-
nelles dans les délais qui sont prévus, parce que, si nous ne
faisons pas diligence, nous n'arriverons pas à temps pour l'ouverture de
l'aéroport, qui aura lieu à la date prévue.
M. DEMERS: Les $80 millions d'aide fédérale dont il a
été question lors de la réunion l'autre jour, qui doivent
venir et qui ne viendront pas, est-ce que c'est défini? Est-ce que le
gouvernement central va les accorder? Il y a eu une réunion à
laquelle a participé le ministre des Transports et des Communications,
le ministre attaché aux autoroutes de la province; il y a eu des
déclarations qui n'ont peut-être pas été
fracassantes, mais on a peut-être élevé un peu la voix.
Est-ce qu'il y a quelque chose de défini dans ce domaine? Est-ce que le
fédéral va consacrer le montant qui est exigé? Est-ce
qu'on a des nouvelles dans ce domaine?
M. GOLDBLOOM: Je n'en suis pas informé, M. le Président,
et par principe, je permets à chaque collègue de faire ses
propres déclarations dans son propre domaine.
M. DEMERS: Mais la coordination de tout cela ne relève pas du
ministre des Affaires municipales?
M. GOLDBLOOM: La coordination des activités
générales de préparation du territoire, oui; mais les
projets particuliers qui peuvent intéresser d'autres ministères
relèvent de leur responsabilité et nous n'agissons que comme
coordonna-teur.
M. DEMERS: II n'y a pas eu de collégialité établie
entre les différents ministères pour en arriver à une
politique unitaire et uniforme pour que cela produise des effets? Si le
fédéral ne doit pas donner les $80 millions, il va toujours
falloir les prendre quelque part.
M. GOLDBLOOM: II faudra discuter de cette question avec les ministres
concernés ou avec le ministre des Affaires intergouvernementales.
M. DEMERS: C'est d'aller de Charybde en Scylla. Devant les informations
très précises que je viens de recevoir du ministre, on n'est pas
prêt à sauter dans l'avion à Sainte-Scholastique-Mirabel.
M. le Président, ce sont les questions que j'avais à poser.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce qu'il y a d'autres questions au
programme 2?
M. ROY (Beauce): Je veux simplement demander au ministre si les cours de
formation en administration municipale vont se poursuivre encore au cours de
l'année?
M. GOLDBLOOM: Oui, il y a onze CEGEP qui offrent ces cours.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'élément 2, adopté.
M. LEGER: J'adresse ma question soit au ministre ou au président.
A-t-on l'intention de continuer jusqu'à onze heures ou si on finit
à dix heures?
Première question.
LE PRESIDENT (M. Picard): On a mentionné dix heures. J'ai fait un
petit tour d'horizon.
M. DEMERS: On a commencé ce matin à dix heures. Nous
pourrions ajourner nos travaux à dix heures et les reprendre demain
matin à dix heures. Le ministre n'est pas si cassé que cela pour
avoir besoin d'argent pour le souper ce soir!
M. LEGER: D'accord.
M. ROY (Beauce): ... considérant que nous ne sommes pas des
ordinateurs.
M. DEMERS: Considérez-vous qu'il serait raisonnable de terminer
à dix heures? On dit que c'est intéressant à la
Chambre.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, puisque nous avons discuté
assez longuement de la Commission municipale qui se retrouve au programme
4...
M. DEMERS: Un instant, s'il vous plaît!
Gestion interne et soutien
M. ROY (Beauce): J'aurais peut-être une question sur le programme
4.
M. DEMERS: Le programme 4, pour les Affaires municipales, c'est Gestion
interne et soutien?
M. GOLDBLOOM: Oui. Nous avons six minutes, M. le Président.
M. ROY (Beauce): Je peux peut-être poser ma question assez
rapidement. Est-ce que le ministère des Affaires municipales a recours
aux services de juristes autres que ceux qui sont à l'emploi du
ministère, à l'heure actuelle? Parce qu'on demande, à
l'élément 3: Services quasi judiciaires, un montant de $150,000.
A l'élément 3 du programme 4, catégorie 11: Autres
dépenses. A la page 12.
M. GOLDBLOOM: Le montant de $150,000, à l'élément
3, est une réserve qui n'est presque jamais utilisée, mais qui
est prévue pour payer certains montants dus au gouvernement
fédéral, qui ne seraient pas remboursés par les
municipalités. C'est pour combler.
M. DEMERS: C'est pour que le fédéral ne perde pas un cent!
C'est un souci, une belle conscience!
M.LEDUC: D'ailleurs, vous le voyez, cela n'a pas changé, c'est la
même chose que l'an dernier.
M. ROY (Beauce): C'est un gage d'honnêteté!
M. LEDUC: C'est cela.
M. ROY (Beauce): L'année dernière, sur le montant qui
avait été demandé, soit $133,300, quelles ont
été les sommes qui auraient été
déboursées sur les $150,000?
M. GOLDBLOOM: Il n'y en a eu aucune de dépensée, comme je
l'ai dit, M. le Président.
M. ROY (Beauce): Est-ce que le montant a été
attribué à une autre dépense? Est-ce qu'il y a eu un
virement de fonds à ce sujet?
M. GOLDBLOOM: Seulement $16,000 ont été virés vers
une autre responsabilité.
M. ROY (Beauce): A l'intérieur du ministère
même.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. ROY (Beauce): Le ministère n'a pas recours aux services
juridiques de juristes autres que ceux qui sont engagés au
ministère.
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas normalement nécessaire.
M. DEMERS: Le ministère n'a pas eu de consultants au cours de
l'année?
M. GOLDBLOOM: Pas de juristes consultants, à ma connaissance.
Nous avons un service du contentieux qui, d'ailleurs...
M. DEMERS: La loi 48 n'a pas été adoptée l'an
dernier? C'est il y a deux ans.
M. LEDUC: Ce n'est pas à l'intérieur du programme 4. Ce
n'est pas la même chose.
M. ROY (Beauce): A l'élément 3, "services quasi
judiciaires", il y a un montant de $603,300 et à l'intérieur de
ce montant, il y avait un montant de $150,000 dans "autres dépenses",
à la catégorie 11.
M. GOLDBLOOM: Tout ce que nous avons, M. le Président, c'est
$5,000. J'attire l'attention des membres de la commission à
l'élément 3, à la catégorie 4, "services", on verra
$5,000. C'est une réserve pour permettre à la Commission
municipale de retenir les services d'un juriste expert si elle en sent le
besoin. Si l'on regarde à l'élément 2, à la
catégorie 4, $184,800, ce sont
les honoraires versés aux membres de la commission de refonte des
lois municipales.
M. DEMERS: Qui sont engagés d'une façon permanente ou
temporaire?
M. GOLDBLOOM: Temporaire.
M. DEMERS: Est-ce qu'on a le nom de ces gens qui ont travaillé
à la refonte?
M. GOLDBLOOM: C'est Me J. Levert qui en est le président et les
deux autres membres sont Me Tougas et Me Rémillard.
M. ROY (Beauce): Ce sont les deux seuls.
M. DEMERS: Es sont trois.
M. GOLDBLOOM: Ils sont trois membres.
M. ROY (Beauce): Trois membres qui se partagent $184,800?
M. GOLDBLOOM: II y a évidemment d'autres membres du
personnel...
UNE VOIX: Combien de personnes?
M. GOLDBLOOM: Sept, personnel de bureau, secrétaires de la
commission...
M. ROY (Beauce): Est-ce qu'ils produisent un rapport?
M. GOLDBLOOM: Oui, le rapport est attendu le 31 octobre.
M. DEMERS: Le rapport des dépenses ou le rapport de leurs
travaux?
M. GOLDBLOOM: Les deux, sûrement.
M. ROY (Beauce): Les deux, il faut les deux nécessairement. Si on
a seulement le rapport des dépenses, on ne saura pas ce qu'ils ont fait,
et si on a seulement le rapport de ce qu'ils ont fait, on n'aura pas le rapport
de leurs dépenses. Je pense qu'il faut les deux rapports quand
même.
M. GOLDBLOOM: Normalement, M. le Président, les...
M. ROY (Beauce): Dans les comptes publics, on n'a pas tout.
M. DEMERS: Non, plus ça va dans les comptes publics...
M. ROY (Beauce): Moins il y en a. Vous avez le budget de la province qui
augmente et le livre des comptes publics, lui, il est toujours de la même
épaisseur.
UNE VOIX: Cela balance avec ça?
M. DEMERS: Oui, ça balance mais on ne comprends rien.
LE PRESIDENT (M. Picard ): Grâce au système PPBS.
UNE VOIX: II faut être actuaire pour comprendre ça.
M. ROY (Beauce): Le système PPBS, ne me demandez pas de vous
donner la définition. Je vous le dirai tout à l'heure pour que
cela ne soit pas inscrit au journal des Débats.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, messieurs, le programme 4 est-il
adopté?
M. LEDUC: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Programme 4, adopté. La commission
ajourne ses travaux jusqu'à dix heures demain matin.
UNE VOIX: On siège à dix heures, M. le Président,
ce sera après la période des questions, à onze heures.
LE PRESIDENT (M. Picard): Elle reprendra après la période
des questions à l'Assemblée nationale, demain. Merci, messieurs,
bonsoir, bonne nuit.
(Fin de la séance à 22 h)