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Commission permanente des affaires municipales
Village olympique
Séance du lundi 11 juin 1973
Quinze heures dix-sept minutes
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
affaires municipales): A l'ordre, messieurs!
La commission parlementaire des affaires municipales est heureuse
d'accueillir cet après-midi les représentants des
autorités de la ville de Montréal. Avant de procéder,
j'aimerais apporter quelques changements aux membres de la commission.
M. LACROIX: M. le Président, j'aimerais suggérer certains
changements aux membres de la commission.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Avec plaisir.
M. LACROIX: M. André Harvey, député de Chauveau,
remplacera M. Caron. L'honorable Tetley, député de
Notre-Dame-de-Grâce, remplacera M. Gallienne. M. Marchand,
député de Laurier, remplacera M. Ostiguy. L'honorable Garneau,
député de Jean-Talon, remplacera M. Saint-Germain. M. Pearson,
député de Saint-Laurent, remplacera M. Vézina et M.
Lacroix, député des Iles-de-la-Madeleine, remplacera M.
Leduc.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Loubier, Bellechasse, remplace M.
Gauthier, Berthier. C'est tout.
L'honorable ministre des Affaires municipales.
Démarches du ministère
M. GOLDBLOOM: Tout d'abord, je voudrais remercier son honneur le maire
de Montréal, Me Jean Drapeau, M. Niding, président du
comité exécutif, les autres membres du comité
exécutif et du conseil municipal qui ont bien voulu accepter
l'invitation du gouvernement de venir ici aujourd'hui discuter publiquement
d'un sujet qui, pour le gouvernement comme pour les citoyens de
Montréal, est d'une importance capitale. Je voudrais souligner ce que
tout le monde sait. C'est que ce n'est pas la première fois que j'ai
l'occasion d'en discuter avec son honneur le maire et avec ses collaborateurs
et que ce que nous allons discuter aujourd'hui découle des efforts faits
de part et d'autre en vue de trouver une solution satisfaisante à ce
problème épineux qui est le choix d'un emplacement pour le
village olympique pour les jeux de 1976.
Je souligne encore une fois ce que tout le monde sait. C'est que notre
choix est soumis à certaines contraintes dont peut-être la plus
importante est l'exigence qui semble ferme, immuable de la part du
comité international, l'exigence d'un seul emplacement. Ce qui nous
oblige ou â trouver moyen de faire changer d'avis à cet organisme
international ou de trouver sur le territoire montréalais un emplacement
qui, en une seule unité, offre en chiffres ronds 2,250,000 pieds
carrés.
De tels terrains ne sont pas très nombreux. On sait que, parmi
les terrains examinés par les autorités municipales, se trouve le
parc Viau qui est la partie est du golf municipal et que le débat qui se
déroule depuis un certain temps est centré sur la
possibilité d'épargner ce terrain en trouvant un autre
emplacement, en trouvant une autre solution au problème. Le
gouvernement, avec l'aide des autorités et spécialistes de la
Société d'habitation du Québec, a fait un examen de la
situation et cet examen se poursuit depuis plusieurs semaines. Nous avons eu,
aux fins de cet examen, la collaboration des autorités de la ville, ce
qui était pour nous d'une grande utilité parce qu'autrement nous
aurions consacré un dédoublement d'efforts à un travail
qui était déjà accompli. Nous étions un peu dans la
situation du détective qui arrive après qu'un collègue a
déjà examiné le lieu d'un problème et essaie de
trouver des choses que son collègue n'avait pas trouvées. Mais
nous avons voulu poursuivre de façon sérieuse et intégrale
cet examen. Je voudrais maintenant, avant de céder la parole à
d'autres, donner un compte-rendu de cet examen et donner des explications sur
ce que nous avons trouvé. Je regrette que la seule carte que j'ai
à ma disposition soit petite et un peu loin, mais, M. le maire, vous en
avez...
M. DRAPEAU: Si l'on me permet, il y a dans chacun des dossiers, une
carte complète et si le président et M. le ministre veulent que
les dossiers soient distribués, chaque membre de la commission pourra
suivre sur la carte incluse dans le dossier.
M. GOLDBLOOM: Très bien. Je pense que c'est une excellente
idée, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): D'accord.
M. GOLDBLOOM : Merci, M. le maire.
M. DRAPEAU: Si quelqu'un veut bien distribuer les dossiers aux membres.
Il y en a également des exemplaires pour les collaborateurs de M. le
ministre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Avant de continuer, j'aimerais nommer
le rapporteur de la commission; le nom de M. Pearson a été
suggéré. Est-ce que les membres sont d'accord?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, en invitant les membres de la
commission à ouvrir leur carte, j'essaierai d'indiquer sur la carte, qui
est devant vous, affichée, les emplacements que nous avons
étudiés. Pour les situer, premièrement, nous avons ici le
parc Viau, indiqué en vert, étant la partie est du golf municipal
qui se trouve ici, de l'autre côté de la rue Viau. Cette partie
à l'ouest il n'y a pas de ligne de démarcation qui est
indiquée sur cette carte... Il y en a peut-être sur la
vôtre; non, je ne le crois pas c'est le jardin botanique.
J'attire, maintenant, votre attention, à l'ouest du jardin
botanique, sur le grand terrain occupé par les usines Angus du Canadien
Pacifique. J'ai voulu commencer par cet emplacement possible pour ne pas
étirer un suspense et pour vous dire, tout simplement et
immédiatement, que ce terrain n'est pas disponible. Il n'est pas
à vendre; il ne peut être exproprié. Les lois
fédérales qui régissent les compagnies de chemin de fer
empêchent l'expropriation de ce terrain. Nous avons donc, à
regret, dû laisser tomber cette possibilité extrêmement
attrayante. En continuant vers le sud, tout près du fleuve, on trouve
une cour de triage qui est la cour Hochelaga et nous avons été
informés de la possibilité qu'un jour ce terrain soit
abandonné. Tel n'est pas le cas présentement et ce terrain aussi
n'est pas disponible. Je souligne aussi qu'il est beaucoup plus loin du
complexe sportif des olympiques qui se trouve au sud de la rue Sherbrooke, en
face du jardin botanique et du golf municipal.
Nous avons consacré beaucoup de temps et de soucis à un
quadrilatère qui se trouve au sud du complexe sportif et qui est autour
des rues Letourneux, Bennett et d'autres. Ce terrain étant si
près du complexe sportif, nous avons étudié assez
longuement la possibilité de s'en servir pour le village olympique. Nous
en sommes venus à la conclusion, à notre regret, que,
premièrement, c'est un terrain qui est occupé
présentement, qui est utilisé à des fins industrielles,
notamment. Il est vrai que les usines en question ne sont pas en merveilleux
état et qu'il serait désirable que de la rénovation
urbaine soit entreprise dans ce secteur. Mais nous en sommes venus à la
conclusion que présentement et pour un temps considérable,
à moins que l'on ne puisse entreprendre la rénovation de tout un
secteur, d'un immense secteur, de peut-être deux milles de longueur par
un mille de largeur, nous serions obligés de bâtir là
seulement des HLM et le nombre de logements impliqués, 1,800, si je lis
bien le chiffre, serait tel que nous aurions fatalement un ghetto qui, à
notre point de vue, ne serait pas désirable. Nous avons donc
laissé de côté, avec beaucoup de regret, cet emplacement.
Nous avons examiné un terrain très grand qui est de nouveau
près du fleuve et vers l'est, qui comprend des lignes de chemin de fer,
c'est un emplacement déjà occupé par de nombreuses usines,
et pas des moindres, et il n'est pas possible d'aller chercher un terrain
suffisant sur cet emplacement.
Nous arrivons ensuite à l'ordonnance de Longue-Pointe, qui est
divisée en deux sur cette carte. Il y a une partie au nord et une partie
au sud avec des lignes de chemin de fer sur la partie sud. Nous avons entendu
dire d'ailleurs, je souligne que la suggestion est venue d'un membre de
l'Assemblée nationale qui en a parlé publiquement il y a quelques
jours que le gouvernement fédéral le
ministère de la Défense nationale serait
intéressé à réduire l'importance de ses
installations et à laisser partir au moins des sections de cet immense
terrain. Nous avons trouvé que tel n'est pas le cas, nous avons
trouvé également que le gouvernement fédéral a
l'intention de se servir de ces installations pendant les jeux de 1976 et
d'augmenter ses effectifs qui seront cantonnés sur ce terrain pendant la
période des jeux et donc que ce terrain aussi n'est pas disponible.
Nous avons examiné, en continuant vers l'est et toujours vers le
sud, presque le long du fleuve et à côté de la route qui
mène vers le pont-tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine, un autre terrain
suggéré par l'honorable député de Lafontaine et
déjà examiné par nos services. Nous avons
répété cet examen ; nous avons pris contact avec les
autorités de Saint-Jean-de-Dieu, nous avons vu que ce terrain est
déjà visé, en partie, par la Société des
alcools du Québec qui perdra ses installations au Pied-du-courant et
voudra les remplacer. Elle a déjà pris d'ailleurs une partie de
ce terrain. C'est un terrain qui est isolé par le fait qu'il y a le
pont-tunnel, ou le chemin d'accès à côté. Le secteur
immédiatement à l'ouest est assez peu habité, et le
secteur à l'est du chemin d'accès du pont-tunnel, quoique assez
densément habité est coupé d'accès à ce qui
pourrait être un espace vert par le pont-tunnel et son chemin
d'accès. Nous avons trouvé en outre, que ce terrain est à
une très grande distance plus de trois milles sur les rues de la
ville des emplacements sportifs et nous avons trouvé que cet
aménagement résidentiel serait terriblement isolé et,
à cause de la distance, cela ne semble pas un choix de premier
ordre.
Nous avons regardé, ici, l'ancienne pépinière, qui
serait disponible, et la partie nord du cimetière de l'est qui pourrait
être disponible, mais qui est présentement en état
d'aménagement, comme espace vert.
On fait de l'aménagement paysager sur ce terrain. Dans les deux
derniers cas, nous avons cru qu'il faut invoquer un principe simple et
fondamental, c'est-à-dire que troquer un espace vert contre un autre ne
nous avance pas. Ce sont des endroits qui doivent être
aménagés en espaces verts à l'intention des gens
qui habitent les quartiers qui les entourent. Dans ce sens, nous ne croyons pas
qu'il y ait avantage â choisir et donc perdre les espaces verts en
question. Nous avons examiné ce terrain-ci, le troisième
suggéré par le député de Lafontaine. Nous avons
trouvé, premièrement, qu'une partie du terrain ici est en
remplissage présentement et serait difficilement
récupérable, qu'un point ici est déjà
utilisé pour des fins commerciales, qu'une autre partie est
déjà en aménagement résidentiel, qu'il y a ici en
plein centre de cette partie du terrain un boisé qui, lui aussi,
constituerait une perte essentiellement équivalente à la perte
d'un autre espace vert, d'un autre boisé. Nous avons calculé la
superficie qui reste disponible et nous l'avons trouvée insuffisante
pour la construction du village, ayant les dimensions et le nombre de logements
que nous avons indiqués.
Nous revenons donc à cette préoccupation ici. Je voudrais
faire certaines observations de nature un peu plus générale. Je
voudrais dire, premièrement, qu'il est regrettable que nous n'ayons pas
une plus large liberté de choix; et puisque M. le maire est ici
et il m'a dit que déjà deux fois la demande a été
formulée auprès des autorités olympiques pour qu'un
chapelet de villages plutôt qu'un village unique soit construit je
voudrais lui demander, quand il prendra la parole tout à l'heure, de
bien vouloir nous indiquer s'il lui est possible, avec l'appui très
important de l'opinion publique qui s'exprime de plus en plus depuis un certain
temps, de renouveler cette demande et de permettre un nouvel examen de la
question beaucoup plus simple de la création d'un village
morcelé.
Je ne voudrais pas être le moindrement désobligeant, mais
je dois dire aussi que la perte d'un espace vert doit être
considérée comme une perte nette. On peut, en en
aménageant d'autres, augmenter le nombre d'acres aménagées
en espaces verts, mais la perte du parc Viau serait quand même une perte
nette.
On pourrait, en ouvrant au public en général des terrains
qui sont accessibles présentement à une partie seulement de la
population, augmenter ainsi le nombre d'acres accessibles â tout le
monde, mais la perte du parc Viau serait quand même une perte nette
d'espaces verts. Nous avons donc voulu examiner tout l'éventail de
possibilités, et toujours sans être désobligeant, je pense
que le gouvernement doit dire que le Comité international des Jeux
olympiques peut s'exprimer avec autorité sur l'aménagement des
installations olympiques, mais quand on arrive à discuter une politique
de logement pour le territoire montréalais, il nous semble que ce n'est
pas au Comité international des jeux olympiques de nous dicter une
politique de logement.
Au départ, nous avions examiné la possibilité d'un
village temporaire. Nous avions été repoussés par le
problème des services à fournir, de l'infrastructure à
créer, des coûts impliqués, mais devant cette situation
actuelle, devant le fait très clair sur lequel, je pense, tout le monde
est d'accord, c'est-à-dire que, si on n'avait pas à penser en
fonction des jeux olympiques, si l'on avait à penser seulement en
fonction de la création de logements pour la ville de Montréal,
on ne choisirait pas le parc Viau pour y bâtir ces logements, on
chercherait ailleurs, on ferait autrement. (S'il vous plaît!)
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): D est défendu d'applaudir en
commission.
M. GOLDBLOOM: Nous sommes donc revenus sur cette question d'installation
temporaire et nous avons conçu deux idées. Dans le premier cas,
la paternité appartient à un monsieur qui nous a appelés
pour faire la suggestion. Nous avons commencé à suivre cette
idée, à l'examiner sur le plan pratique pour savoir s'il y avait
vraiment moyen de développer cette idée et nous sommes
encouragés par les réponses que nous avons jusqu'à
maintenant.
L'idée est tout simplement d'amarrer d'importants bateaux dans ce
secteur du port qui est essentiellement au pied du boulevard Pie IX.
L'accès par le boulevard est d'un mille à peu près, un
mille et un dixième peut-être. Un service de navette par autobus
ne serait pas difficile. Nous constatons des avantages possibles,
c'est-à-dire qu'un important bateau a, généralement, au
moins une piscine, au moins un gymnase, ce qui permettrait un peu
d'entraf-nement de dernière minute aux athlètes. Un tel bateau
est pourvu d'installations sanitaires qui lui permettent d'accueillir plusieurs
centaines de personnes à bord et donc, de protéger
l'environnement. Nous avons déjà une expression
d'intérêt de certains responsables de croisières qui
voudraient amener des gens, par bateau, à Montréal, à
l'été de 1976, pour les jeux olympiques et qui pourraient
être convaincus de laisser le bateau dans notre port pendant la
période des jeux et ainsi, fournir un village qui, sur le plan de la
sécurité, ne serait pas plus difficile à protéger
qu'un village terrestre. C'est une idée que je lance pour discussion par
la commission et notamment, par les autorités montréalaises.
La deuxième idée qui nous est venue à l'esprit est
de bâtir carrément un village temporaire. Nous avons
examiné cette question sur le plan pratique. Nous avons trouvé
qu'il est possible, aujourd'hui, de construire au Québec donc, de
fournir de l'emploi au Québec des tentes non pas des tentes
ordinaires, mais des tentes sur plates-formes, des plates-formes construites de
façon à permettre l'installation de la tuyauterie
nécessaire en dessous pour l'approvisionnement en eau potable, pour
l'enlèvement des eaux résiduaires pour les fils
d'électricité.
Les tentes pourraient être très bien construites. Je ne
voudrais pas trop insister là-dessus parce que c'est du oui'-dire, mais
on me dit que, quand le shah d'Iran a reçu la royauté de
plusieurs pays pour la célébration d'un important
anniversaire, c'est dans des tentes luxueuses que ces personnes ont
été reçues. On sait pertinemment que des scouts, passent
des semaines sous la tente et ne se portent pas mal pour ce fait. Ce qui nous
est attrayant dans cette idée, c'est la possibilité de revendre
par la suite les installations en question, de les démonter avant
l'hiver et de les passer par la suite soit aux autorités
québécoises dans la matière, soit aux autorités
fédérales, pour des auberges de jeunesse. Nous avons pensé
et je reviens à la carte pour un seul instant au terrain
des usines Angus comme possibilité. Malheureusement, il n'est pas
disponible pour ces fins non plus, ni le terrain de l'Ordonnance. Nous sommes
venus à une dernière idée. Nous avons entendu une
idée exprimée par les autorités municipales selon laquelle
on transformerait le golf municipal en parc public, on donnerait accès
à ce parc à toute la famille, à toute la population. Nous
nous demandons donc, et je m'adresse évidemment à M. le maire,
s'il n'est pas pensable de laisser le golf municipal comme golf pour
l'été 1973 et celui de 1974, et en 1975, prévoir
l'installation sur ce terrain d'un village temporaire avec le genre de tente
que je viens de suggérer puisque, de toute façon, pour
transformer le golf en parc public, il faudra un réaménagement
considérable. Après les jeux olympiques, on pourrait
procéder à ce réaménagement.
Voilà, M. le Président, un certain compte rendu de ce que
nous avons essayé de faire. Vous verrez, après cet exposé,
que c'est un peu moins simple, un peu moins facile que certains ne le
prétendent. Vous comprendrez aussi que c'est un désir très
sincère de protéger les ressources en espaces verts que nous
avons sur l'île de Montréal et ainsi de répondre à
un désir clairement exprimé par l'opinion publique et nous
sommes convaincus que nous avons cherché des solutions de
rechange. Je voudrais cependant, en terminant, souligner une dernière
chose; c'est que nous nous sommes trouvés, ces derniers jours, devant
une question assez fondamentale. S'il faut que ce soit le parc Viau, parce que
les solutions de rechange ne seraient pas retenues, est-ce que l'opinion
publique, qui a appuyé très fortement la tenue des jeux
olympiques chez nous, continuerait d'appuyer la tenue des jeux? Notre analyse
de l'opinion publique, au cours de ces derniers jours, nous convainc que oui,
que la population, même malheureuse devant la perte possible d'espaces
verts, tient toujours à avoir les jeux olympiques chez nous. C'est une
raison de plus d'avoir voulu chercher des solutions de rechange. Les deux
solutions que j'ai mises sur la table sont, évidemment, M. le
Président, ouvertes pour discussion.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Son honneur le maire Drapeau.
M. DRAPEAU: J'aurais voulu, M. le Prési- dent, parler debout
comme M. le ministre vient de le faire, mais... Non, ce n'est pas que j'ai
besoin de la carte, mais le micro étant fixé pour parler
plutôt assis, je vais m'excuser, d'abord, de le faire assis; j'ai
l'habitude de préférer le faire debout.
Mais de toute façon, je veux d'abord m'empresser de remercier le
gouvernement, le premier ministre et le ministre responsable de l'Environnement
de l'invitation à venir étudier avec les membres de la commission
parlementaire, cette question du village olympique. Oui?
M. LEGER: Si le ministre nous le permet, je pense que j'aimerais
souhaiter moi-même la bienvenue au maire et en profiter, avant de lui
céder la parole, s'il me le permet, pour faire quelques commentaires
à la suite de ce que le ministre vient de déclarer.
M. LOUBIER: M. le Président, si on me le permet, j'avais
demandé tout à l'heure quelles étaient les règles
du jeu, cet après-midi, et on m'a dit, à moins que je sois mal
informé ou que j'aie mal interprété le déroulement
de cette rencontre, que d'abord, les autorités gouvernementales feraient
connaître leur point de vue, qu'ensuite le maire de Montréal
ferait entendre son point de vue et qu'il serait permis aux différentes
formations de l'Opposition ou aux différents membres de la commission
parlementaire de poser toutes les questions. Si on a changé les
règles du jeu, je...
M. LEGER: M. le Président, est-ce que ces règles du jeu
ont été mises de l'avant par les quatre partis? Je ne pense pas
que nous ayons été renseignés là-dessus.
Habituellement, la commission parlementaire procède d'une façon
traditionnelle pour que le ministre fasse valoir son point de vue; ce qu'il a
fait d'une façon brillante. Normalement, les partis de l'Opposition
avaient quand même l'habitude de présenter un point de vue
général. Après cela, les distingués invités
avaient l'occasion de procéder. Je n'ai pas entendu parler d'entente,
à moins qu'il y ait eu des ententes avant que la commission
siège.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Lévis.
M. ROY (Lévis): M. le Président, si vous me le permettez,
je suis d'accord, même si je ne suis pas toujours d'accord avec le chef
de l'Opposition officielle, qu'on doit entendre les deux versions. On a entendu
le ministre et on doit entendre le maire Drapeau de Montréal. Nous
pourrons faire nos interventions après que le maire Drapeau aura
répondu et les arguments qu'il aura donnés. Le ministre vient de
dire ce qu'il entendait; le maire Drapeau de Montréal va donner ce qu'il
entend et je pense qu'après cela on pourra en tirer une conclusion.
Même, je crois que c'est normal que les deux versions
se fassent entendre et après on pourra poser les questions qu'on
voudra.
M. LEGER: M. le Président, je ne sais pas, mais il n'y a pas eu
de procédure d'établie avant. Je ne vois pas pour quelle raison
on changerait cette habitude. Moi, j'ai un court commentaire, avant que M. le
maire ait l'occasion d'expliquer son projet. Je ne pense pas que ce soit un
dialogue à deux; c'est un dialogue à cinq. Et moi, j'aurais
normalement quelques mots à dire avant de diriger la conversation sur un
projet qui nous est présenté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Maskinongé.
M.PAUL: Je propose que nous entendions immédiatement son honneur
le maire Jean Drapeau, avant que les partis ou les membres de la commission
parlementaire soient appelés à questionner l'une ou l'autre des
autorités, soit gouvernementale ou municipale.
M. LEGER: M. le Président, sur ce point, je demanderai le vote
sur cette question, parce que c'est un changement aux habitudes normales de
fonctionnement de la commission parlementaire.
M. LACROIX: Les enfants là, "wait a minute".
M. LESSARD: M. le Président, on a toujours eu l'occasion, lors de
discussions en commission parlementaire...
M. LACROIX: Vote, M. le Président.
M. LESSARD: ... de pouvoir exprimer notre point de vue. Je ne vois pas
pourquoi, aujourd'hui, on ne procéderait pas de la même
façon. Il n'y a pas eu d'entente tout à l'heure, à moins
que le chef de l'Opposition officielle ait fait des ententes avec le ministre.
Quant à nous, nous n'avons pas entendu parler de ces ententes et nous
continuons à croire que nous devrions faire exactement ce qu'on fait
normalement en commission parlementaire.
M. LOUBIER: M. le Président, sur cette motion, je pense qu'il
serait dans la pure logique d'entendre les partis parce qu'il y a des
éléments nouveaux, le ministre nous en a signalé tout
à l'heure...
M. LESSARD: C'est ce qu'on veut.
M. LOUBIER: ... et par la suite, poser les questions. Il n'y a pas eu
d'entente secrète. Je croyais que c'étaient des règles qui
avaient été établies tout à l'heure et, partant de
cette logique, je considère que ça ne sert à rien de faire
des niaiseries et des "quétaineries" une demi-heure de temps alors qu'on
a toutes les autorités...
M. LESSARD: Arrêtez de faire des "quétaineries".
M. LOUBIER: ... de la ville de Montréal, les autorités
gouvernementales et après, on posera les questions qu'on voudra.
M. LESSARD: C'est ça, mais arrêtez de faire des
"quétaineries". Si le député de Lafontaine a quelque chose
à dire...
M. LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. PAUL: M. le Président, vous avez une motion sur la table.
M. LEGER: La motion qui est sur la table, j'aimerais quand même
l'exprimer. Je propose que chacun des partis ait l'occasion d'exprimer
rapidement un point de vue général de façon à
diriger cette conversation, cette discussion, dans la bonne direction et que,
par la suite... Je ne propose pas de commencer à poser des questions
immédiatement. Ce n'est pas ce que je proposais. Simplement que chacun
des partis ait l'occasion de faire valoir, pendant quelques minutes, leur point
de vue au départ sur ce que le ministre vient de dire. Je pense que
c'est normal, démocratique que chacun des partis puisse s'exprimer avant
et, par la suite, nous pourrons écouter, avec beaucoup d'attention, le
point de vue de M. le maire et nous pourrons ensuite poser les questions
voulues au maire pour clarifier sa position. Je pense que c'est une habitude
normale et je demande le vote là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Harvey (Chauveau).
M. HARVEY (Chauveau): Contre.
M. LESSARD: Lui, il est toujours contre.
M. HARVEY (Chauveau): Contre la proposition de M...
M. LESSARD: Etes-vous pour le cabinet ou contre le cabinet?
M. LACROIX: II y a deux motions, une par l'honorable chef de
l'Opposition à l'effet qu'on entende le maire de Montréal avant
que les partis ne puissent s'exprimer. Les partis, autant l'Opposition que le
parti au pouvoir.
M. HARVEY (Chauveau): Je m'excuse, mais il vient de mettre au vote une
proposition faite par le député de Lafontaine.
M. LACROIX: On va commencer par la première.
M. LEGER: La première était la mienne.
M. LACROIX: Non, je m'excuse, c'est celle du député de
Bellechasse.
M. PAUL: M. le Président, quand allons-nous terminer de faire de
la procédurite et travailler avec intelligence et efficacité?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Quels sont ceux qui sont en faveur de
la proposition du député de Bellechasse?
M. HARVEY (Chauveau): Voulez-vous la lire avant?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La proposition du
député de Bellechasse est la suivante: Qu'on entende
immédiatement les autorités municipales de Montréal.
Quels sont ceux qui sont en faveur? M. Harvey (Chauveau), en faveur. M.
Tetley, de Notre-Dame-de-Grâce, en faveur. M. Loubier, Bellechasse, en
faveur. M. Goldbloom, pour. M. Lacroix, des Iles-de-la-Madeleine, pour. M.
Léger, de Lafontaine, contre. M. Marchand, de Laurier, pour. M. Paul, de
Maskinongé, pour. M. Raymond Garneau, de Jean-Talon, pour. M. Pearson,
de Saint-Laurent, pour. M. Roy, de Lévis, pour. Pour: 10. Contre 1. La
motion est acceptée. L'honorable...
M. LEGER: Comme la Confédération.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Son honneur, le maire de
Montréal.
Arguments du maire Drapeau
M. DRAPEAU: M. le Président, je réitère mes
très sincères remerciements pour l'invitation. Mes
collègues et moi, nous sommes venus ici dans l'esprit de faciliter le
travail des membres de la commission, donc des membres de l'Assemblée
nationale et je veux toutefois soulever, avant d'entrer dans le vif du sujet,
les regrets que je ressens à constater que, dans certains milieux, on
ait tenté d'utiliser une opposition de personnalité qui n'existe
pas.
Je veux redire ici qu'il s'agit d'étudier une question à
son mérite et qu'il n'est pas question de savoir si on arrive ici ou en
accusé ou en défenseur de quoi que ce soit, encore moins,
d'être le bouc émissaire d'une situation. Nous venons avec la
ferme conviction que nous allons ensemble étudier une question. Le
ministre l'a dit tout à l'heure, elle n'est pas facile, elle n'a jamais
été facile. Depuis plus de trois ans, depuis cinq ans, en fait,
que nous y travaillons, elle parait aujourd'hui tout aussi difficile qu'elle a
paru il y a cinq ans et cela explique pourquoi la situation est ce qu'elle est
dans le moment.
Nous avons donc fait préparer un cahier, et je sais que dans ce
cahier il y a des réponses à des questions qui ont
déjà été posées par des membres de
l'Assemblée nationale. C'est une règle du comité
international d'exiger que tous les athlètes, les officiels des
équipes soient hébergés en un même lieu. L'article
en question dit, en anglais: "house together" et l'article en question est
reproduit aux annexes du dossier. Vous avez une reproduction à la fin:
Jeux Olympiques, Citius-Altius-Fortius. S'il y en a qui veulent vérifier
avec l'original, j'ai l'original des règles. Mais plutôt que
d'avoir à vous distribuer chacun un exemplaire des règles, on a
reproduit ici le texte, on a photographié le texte de la règle en
question, la règle 36 des règles 67, par la suite, à cause
d'un autre amendement apporté antérieurement mais qui n'affecte
en rien le texte même, les dispositions de l'article 37 qui n'a fait que
changer de numéro par la suite. C'était donc le texte qui
était en vigueur lorsque nous avons déposé le dossier
à la fin de 1969.
Pour la préparation du dossier qui était ce document que
nous avons déposé à l'automne 1969, à la direction
du Comité international olympique, il fallait répondre à
un certain nombre de questions. Une des questions portait sur le village, quel
genre de villages olympiques a-t-on prévus? Où seront-ils
situés? Comme je l'ai dit, des études ont été
poursuivies par nos services, notamment, le service d'habitation. Dès
juin 1968, il apparaissait que les trois seuls emplacements qui pouvaient
à la fois être assez près et assez vastes du parc olympique
pour être retenus étaient: l'emplacement des usines Angus,
l'emplacement du golf municipal à 282 acres c'est-à-dire les deux
golfs, et l'emplacement de la Défense nationale c'est-à-dire
l'ordonnance. Il s'agissait donc de trouver un endroit assez près et
assez vaste. A ce moment-là la question ne se posait même pas de
sectionner le village. Nous en avons conclu que le seul des trois qui
étaient disponibles était le golf municipal. Soucieux de sauver
le plus possible d'espace, nous avons travaillé à réduire
les exigences, et finalement, nous en sommes arrivés à ne pas
avoir besoin de l'espace du golf principal, donc, que nous pourrions utiliser
seulement l'emplacement de Viau, à l'Assomption, au nord de
Sherbrooke.
Nous avons trouvé au dossier, d'ailleurs, que cet emplacement,
comme on le dit à la page 4 ici: "avait été
autorisé comme golf sur une base temporaire". C'était de
l'habitation qui était prévue là. Lorsque l'administration
du temps, en 1948, a favorisé l'établissement d'un golf,
c'était contre les manifestations des citoyens de la paroisse et des
hommes d'affaires de l'est. Alors, le rapport du service d'urbanisme dit bien
que c'est temporaire et que, lorsque le moment viendra d'établir un
autre golf plus à l'est, les lieux pourront retourner à
l'habitation. C'est dans le rapport du service d'urbanisme du temps.
Le zonage, d'ailleurs, n'a jamais été changé. Cet
emplacement est encore zoné pour fins d'habitation. L'administration du
temps, en 1948, avait demandé au directeur du service d'urbanisme, ou
plutôt, le comité exécutif avait
demandé au directeur de l'urbanisme de trouver des emplacements
où il pourrait y avoir d'autres golfs à Montréal. Dans un
rapport élaboré, le service d'urbanisme indiquait six
emplacements possibles, mais pas celui-là. Celui à l'est de Viau
n'était pas indiqué comme un des six.
C'est dans cet esprit d'un village unique près du golf que nous
avons retenu la partie est de Viau que nous avons indiquée dans le
rapport que nous avons déposé au Comité international
olympique.
Ce rapport a été envoyé personnellement à la
fin de 1969 à chacun des élus provinciaux et
fédéraux du Québec. Il est donc important que l'on
retienne cela. Le choix de l'emplacement Viau n'est pas une décision
imposée d'autorité, à la dernière minute. Cela fait
au-delà de trois ans et demi qu'il est connu. Dans ce dossier que
certains membres de cette Législature, de cette Assemblée
nationale, comme les députés du Parlement fédéral
et tous les membres du conseil municipal de Montréal, pourraient
trouver, il y avait une grande carte indiquant les lieux. Si cela peut aider,
nous en avons encore quelques exemplaires qui pourraient circuler. Je regrette,
mais cela remonte à quelques années et il ne nous en restait pas
beaucoup. C'est à la fin. Vous pourriez les faire circuler.
M. LESSARD: Comme nous n'étions pas élus en 1969, on
pourrait peut-être en parler!
M. DRAPEAU: II y a autre chose. On va voir.
Donc, quant aux élus, il y avait ce tableau qui indiquait...
M. LESSARD : Est-ce que l'on pourrait au moins en avoir un
exemplaire?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît
!
M. DRAPEAU : Je suggérerais donc qu'ils passent de main à
main. Si j'avais pu en avoir suffisamment... Mais cela fait quelques
années et c'est encore bon que l'on en ait récupéré
quelques-uns.
Alors, dans l'emplacement des divers lieux qui correspondent aux
réponses, il y a l'article 1, les villages. Les villages sont
indiqués, article 1, précisément à l'angle nord-est
du parc olympique principal, c'est-à-dire l'emplacement
Sherbrooke-Viau-L'Assomption. Et cela a circulé et a été
envoyé à tous les élus à la fin de 1969.
Il y a eu une maquette de l'ensemble, parc olympique et village,
construite par le Service d'urbanisme de la ville de Montréal, qui a
été exposée d'abord à Amsterdam pendant 10 ou 15
jours. La télévision du monde entier l'a filmée, les
journaux l'ont photographiée pour le monde entier; ce n'était
donc pas un secret. Plus que cela, la même maquette d'ensemble a
été exposée et là, cela ne concerne pas
seulement les élus dans un pavillon exclusif à Terre
des
Hommes durant toute la saison 1970. Alors, ce n'est pas un
mystère et ça n'a jamais été un secret que
l'emplacement était là, toujours en réponse à
l'obligation d'un village unique.
Donc, il n'y a pas eu de cachette, il n'y a pas eu de
clandestinité. S'il y a eu une localisation, un projet qui a
été généralisé publicitairement, c'est
celui-là! Donc c'est sur cela, sur les opinions que l'on a eues de nos
services que l'on a indiqué cet emplacement.
Maintenant, en 1971, notre service d'urbanisme et d'habitation m'a fait
savoir, nous a fait savoir qu'i y aurait peut-être lieu, plutôt que
de prendre cela, de voir aux possibilités de sectionner le village en
différents endroits. Nous avons encouragé le service à
étudier ces possibilités. Ensuite il y a eu un dossier de
préparé que je suis allé présenter moi-même
et j'ai demandé au directeur du service de bien vouloir préparer
les explications en langue anglaise parce que le président du CIO, M.
Brundage, que j'allais rencontrer à Chicago, c'était
évident qu'il aimait mieux que cela soit présenté en
langue anglaise pour qu'il comprenne. Alors, j'ai eu le rapport, je suis
allé le lui présenter en lui faisant valoir toutes les raisons
que le service avait mises par écrit. Il m'a bien dit: La règle
est formelle, c'est un même lieu, mais si vous voulez venir
présenter votre demande à la commission exécutive, elle
siège au mois de mai, j'inscrirai cela à l'ordre du jour. Ce
qu'il a fait. A la fin de mai, le directeur du service d'habitation et
moi-même, nous nous sommes rendus à la commission exécutive
à Lausanne. J'ai présenté le directeur du service qui a
distribué un petit plan dont j'ai gardé un exemplaire ici,
montrant exactement une réplique du plan plus grand que j'avais
montré à Chicago, montrant les différents endroits
où il pourrait y avoir de l'habitation d'athlètes.
Le directeur a fait sa présentation, nous avons tenté de
convaincre les gens mais c'était formel. Les règles du CIO ne
peuvent être modifiées que par un vote des deux tiers de
l'assemblée générale qui compte environ 75 membres. Et
là nous étions à la commission exécutive et
personne n'a voulu proposer que la question aille à l'assemblée
générale, convaincu que personne n'accepterait des villages
sectionnés. Vous avez la citation à la page 9 du petit cahier que
je vous ai fait distribuer. Dans l'édition, on nous a d'abord
informé que c'était refusé et ensuite, d'une façon
plus officielle dans l'édition mai-juin 1972 de la Revue olympique,
bulletin officiel du Comité international, on publie à la page
280, la note suivante qui est d'ailleurs reproduite en photocopie en
annexe également du bulletin.
Ici on l'a au long: "Lors de ses contacts avec le CIO, le comité
organisateur de Montréal a exprimé l'idée d'édifier
plusieurs villages olympiques. Le CIO ne peut être d'accord avec ces
objectifs. Pour lui, s'il continue à suivre la politique qu'a
tracée Pierre de Coubertin, les villages olympiques doivent être
le lieu de
rassemblement de la jeunesse du monde entier, un point de rencontre et
de compréhension privilégiée."
En novembre 1972, après cette note, le président nouveau
du CIO est venu à Montréal. Nous avons organisé une
rencontre au bureau du directeur du service de l'habitation où, un
matin, une présentation complète et élaborée lui a
été faite des mérites et des démérites de
l'une et l'autre des formules. Il n'y a rien eu de changé. Le
président n'a pas jugé à propos qu'il y avait quelque
chance de convaincre ses collègues, il était déjà
membre de la commission exécutive au mois de mai, il avait vu la
réaction et il n'y avait pas la moindre possibilité d'inscrire
à l'assemblée générale suivante du CIO la
possibilité d'un amendement à cette règle. Alors,
ça répond donc à la question: Est-ce définitif que
le CIO maintienne sa règle? Aux dernières nouvelles que nous
avons eues, il ne peut pas être question de changer la règle et je
dis par écrit, dans le cahier que je vous ai distribué, les
motifs.
D'abord, jusqu'à ces dernières semaines, et à peine
deux mois, l'unité du lieu de logement n'a jamais vraiment donné
lieu à discussion à Montréal, ni à l'occasion de la
candidature de 1966 pour les jeux de 1972, ni à l'occasion de la
candidature de 1970 pour les jeux de 1976. Ce n'est que récemment. Or,
la présentation des jeux olympiques n'est pas un simple spectacle. Je
mentionne, je pourrais en citer des douzaines, une citation du professeur
Ortensie, historique d'ailleurs: "II est notoire que le village olympique est
toujours l'un des équipements essentiels de la plus grande fête
quadriennale de la jeunesse. Même dans l'antiquité, durant les
trois semaines qui précédaient les jeux olympiques, les
athlètes vivaient et s'entraînaient ensemble à Olympie. Ils
étaient animés par le désir de disputer jusqu'au fond
à leur adversaire direct la modeste couronne d'olivier, symbole de
victoire et de paix parmi les hommes."
Ce n'est donc pas une décision ou un entêtement
récent du CIO, Pierre de Coubertin, rénovateur des jeux
olympiques, a lui-même écrit : "On a enfin aperçu le
caractère primordial de ces fêtes qui sont, avant tout, à
une époque de dangereuses spécialisations, de fâcheux
"compartimentages", les fêtes de l'unité humaine."
On a dit également: Cela a déjà été
autorisé à d'autres olympiades. Qu'à leur début,
alors qu'ils avaient à vaincre l'ignorance et la mauvaise foi d'un grand
nombre ou qu'à l'occasion des lendemains de guerres, les membres du CIO
aient jugé préférable d'accepter un certain accommodement
avec les choses imposées, non par une volonté contraire tardive,
mais par des circonstances d'ordre historique et humain, une telle attitude ne
pouvait être que louable et au service de la survie de l'olympisme
lui-même. "L'expérience est la somme des expériences."
Mais dans une ville où le principe a été deux fois
admis officiellement et publiquement, que ce même principe de
l'unité de logement soit attaqué comme rétrograde ou comme
une manifestation d'immobilisme, voilà qui va à l'encontre d'une
philosophie séculaire au service de la paix et de la jeunesse mondiale
fraternelle. Voilà qui va aussi à l'encontre de l'honneur
attaché à un engagement donné en toute connaissance de
cause.
Aucun facteur nouveau n'est survenu chez nous pour justifier, ni
expliquer que le CIO ou qui que ce soit doive maintenant devenir un bouc
émissaire, parce que, tout à coup, le principe même est,
sans raison nouvelle, remis en question.
Autant j'ai cru de mon devoir de présenter et d'assurer la
présentation au CIO d'une formule de logement sectionné, pour les
athlètes, autant j'ai le devoir et je dois avoir l'intelligence
d'admettre que la décision du CIO est conforme à la politique du
rénovateur des jeux olympiques, politique inspirée d'ailleurs par
l'esprit qui a soufflé sur Olympie pendant des siècles.
Les jeux olympiques ont été abolis lorsque des
considérations étrangères à l'olympisme, à
sa philosophie de paix par l'unité humaine, ont commencé de
s'imposer. La grande oeuvre d'Olympie, alors ballottée au gré des
campagnes et des pressions, a débouché sur le
désordre.
Laissons au CIO la garde de l'ampoule sacrée, ne nous substituons
pas à lui pour ce qui est de son ressort.
Ce ne sera pas la première fois d'ailleurs que, pour toutes
sortes de raisons, perdues maintenant dans l'oubli, une décision du CIO
aura été contestée. "A chaque olympiade, j'ai lu que ce
serait la dernière", a écrit Pierre de Coubertin à la
veille de la 9e olympiade en 1931.
A Montréal, en 1976, les jeux seront ceux de la 21e olympiade.
Pierre de Coubertin avait raison et ses successeurs ont le devoir d'exiger que
l'on demeure fidèle à sa pensée.
Nous avons quand même réduit l'ampleur du problème,
désireux toujours de réduire au minimum les engagements de toute
nature et de réaliser ainsi une présentation des jeux dans un
contexte différent et qui soit un retour aux présentations de
1960 et antérieurement, nous avons, avec la collaboration du CIO,
travaillé à modifier certaines réquisitions.
Nous avons réussi à supprimer la nécessité
de construire un centre de presse distinct, en établissant ce centre de
presse et les sous-centres dans le stade, lui-même, et dans les autres
installations: centre de natation, vélodrome et autres.
Nous avons aussi envisagé le logement des journalistes, non plus
en fonction de la construction d'un village de presse, mais d'un service de
logement qui dirigera les journalistes vers des établissements
commerciaux de diverses catégories et des logements privés au
choix de chacun.
En conséquence, la réquisition d'espaces à
construire s'en trouve largement réduite, parce que le nombre de
personnes à loger se résume aux seuls athlètes, leurs
entraîneurs et officiels de mission.
De plus, le nombre de participants à prévoir n'est plus de
8,000 à 12,000 athlètes, comme nous avions alors raison de le
croire, mais de l'ordre de 8,000. C'est l'évaluation plus
réaliste, faite par nos conseillés, compte tenu du nombre
réel de participants aux jeux antérieurs, des difficultés
et coûts plus élevés de transport à cause des
distances plus grandes et aussi de certaines modifications aux divers
programmes des compétitions.
Maintenant suivent les pages des divers emplacements. On trouvera
là des motifs qui se rattachent aux divers emplacements que le ministre
a présentés. Il y a d'autres emplacements que nous avons
examinés aussi. Je ne crois pas qu'il vaille la peine de les passer les
uns à la suite des autres publiquement, vous avez le document. S'il y en
a qui ont des questions à me poser sur ces emplacements, il y en a onze,
incluant les usines Angus. Mais je pense que concernant les usines Angus, je
vais lire le document qui n'est pas très long et qui est de la plus
haute importance. Il correspond exactement à ce que le ministre a dit.
"Situé à l'intérieur du quadrilatère formé
par les rues c'est à la page 35 Rachel et boulevard
Saint-Joseph, Iberville et Bourbonnière, l'emplacement des usines y
occupe la plus grande partie du territoire, soit 206 acres ou environ 9,000,000
de pieds carrés. "Au cours de l'étude que nous avons poursuivie
sur les divers emplacements, depuis 1968 jusqu'à maintenant, nous avons
appris, en rapport avec celui des usines Angus : 1. Le territoire en
question est toujours propriété de, et sous la juridiction de la
compagnie du Canadien Pacifique et utilisé à des fins
ferroviaires, suivant la loi. 2. Aucune date ne peut être
fixée avec certitude actuellement quant à la fin de l'utilisation
ferroviaire. 3. Les autorités du Canadien Pacifique ont entrepris
des études d'ordre immobilier et économique en vue de
déterminer l'utilisation à prévoir de certains de leurs
terrains dans leur ensemble, incluant le territoire des usines Angus. 4.
L'étude relative au territoire des usines Angus n'est pas encore
terminée. 5. L'étude porte aussi sur la consolidation des
activités des usines, activités que la compagnie du Canadien
Pacifique a l'intention formelle de continuer sur place. 6. Les
conclusions envisagées à ce stade de l'étude
impliqueraient nécessairement une règlementation
appropriée en rapport avec les fins industrielles, commerciales,
domiciliaires de divers types qui seront envisagées. 7. Toutes les
implications économiques, financières, sociologiques,
écologiques, humaines, de l'étude en cours ne peuvent être
examinées ni par l'administration, ni par les services municipaux parce
que l'étude elle-même n'est pas terminée et qu'aucune date
ne peut être actuellement fixée pour la fin de cette étude,
pas plus que pour la date de cessation de l'utilisation ferroviaire des lieux.
8. Quelles que soient les conclusions auxquelles en arriveront
éventuellement les études du Canadien Pacifique, il est
évident que l'impact créé dans les divers milieux ne sera
pas nécessairement admis à l'unanimité, dès la
publication du projet conçu. Suivant le contenu du projet encore
à venir, il s'écoulera sûrement un certain temps avant
qu'il ne devienne définitif, vu qu'il est normal de s'attendre, pour un
territoire aussi vaste, à ce que des modifications soient
suggérées et fassent l'objet de nouvelles études. Etant
donné les caractéristiques des secteurs voisins, au nord, au sud,
et à l'ouest, il y a lieu de penser aux répercussions de toutes
sortes, bénéfiques ou préjudiciables qui en
découleraient pour les activités déjà existantes.
Les problèmes ne seraient pas insolubles mais les solutions ne sont pas
envisagées dans un délai utile. 9. II devient de plus en
plus évident que l'emplacement des usines Angus n'est pas disponible, ne
peut être disponible en temps utile, et qu'il n'est pas non plus possible
d'envisager à quel moment précis la disponibilité de
l'emplacement pourrait être prévue avec suffisamment de certitude
pour permettre des engagements formels entre toutes les parties
intéressées.
De toute façon, les propriétaires de l'espace,
éventuellement destiné à l'habitation, ne sont pas
intéressés à l'aménagement de 1,800 logements et
des installations connexes immédiatement.
Nous gardons la conviction que les autorités du Canadien
Pacifique entendent procéder elles-mêmes, lorsqu'elles le
pourront, à l'aménagement immobilier de cet emplacement comme
elles l'ont fait pour Place du Canada et le Château Champlain et sont
également sur le point de commencer dans le centre-ville de
Montréal, de Saint-Antoine à Dorchester, de Windsor à
Drummond.
Nous gardons aussi la conviction qu'il sera fait une large place aux
espaces verts dans les projets à venir pour l'emplacement des usines
Angus. Voilà donc la série d'emplacements que nous avons
étudiée.
Maintenant on en arrive à l'emplacement no 12, comment nous en
sommes arrivés à ne pas pouvoir modifier le choix fait
après étude avec nos services en 1968-1969 jusqu'au moment de la
déposition de notre dossier.
Montréal et les espaces verts. Je souhaiterais bien qu'on puisse
faire toute la publicité possible et que les membres de
l'Assemblée nationale puisse bien comprendre ce que nous avons
résumé dans ce deuxième cahier que vous avez en votre
possession. Parce que cette mauvaise publicité qu'on fait aux espaces
verts et au manque d'espaces verts, à l'insuffisance d'espa-
ces verts à Montréal, au fait que les montréalais
se désintéressent des espaces verts est une fausseté et
une injustice envers les contribuables de Montréal.
Il n'y a pas une ville au monde et je le réitère
il n'y a pas une ville au monde où les contribuables ont fait
plus au cours des douze dernières années que les contribuables de
Montréal pour les espaces verts. Et les chiffres sont là. Au
cours des douze dernières années, le total des investissements
municipaux seulement, pour acquisition et aménagement de terrains aux
fins de parcs de verdure et de parcs récréatifs, dépasse
les $125 millions. Nous croyons pouvoir affirmer que non seulement au Canada,
mais dans le monde entier, aucune ville n'a fait autant.
Les tableaux annuels suivants appuient cette affirmation. Vous avez les
montants année par année colligés par notre service des
finances. Pour les acquisitions, près de $20 millions; pour
aménagement, presque $64 millions; pour agrandissement de l'île
Sainte-Hélène et de l'île Notre-Dame, $40 millions, et pour
aménagement connexe, $2 millions. Et cela ne tient pas compte de la part
qu'on a payée dans l'aménagement de la cité du Havre. Cela
a été payé par la Société de l'exposition,
mais comme nous avons payé une partie de ces dépenses, il y a
encore là des investissements.
Mais je m'en tiens seulement à ces quatre catégories. En
douze ans, les contribuables de Montréal se sont taxés, parce que
le conseil municipal a eu le courage de voter les crédits et le
comité exécutif a eu le courage de les soumettre, pour $125
millions. Il n'y a pas une ville au monde qui, financièrement, a fait un
même effort pour les espaces verts de sa ville, pour que les
contribuables en aient plus et que les générations à venir
sachent qu'on a pensé à elles. Et on ne tient pas compte, dans
ces $125 millions, des frais d'entretien.
En superficie maintenant. On a beaucoup parlé des espaces verts
perdus. Les additions d'espaces verts au territoire de Montréal
totalisent, pour les douze dernières années, une superficie de
plus de 1,000 acres et là encore, je pose la question. Je ne crois pas,
sûrement pas au Canada, je ne crois pas que, sur ce continent, une ville,
aux seuls frais des contribuables municipaux, ait ajouté, à
coût d'expropriations, payées la peau et les os, plus de 1,000
acres de terre pour les espaces verts et les espaces
récréatifs.
En plus, la pépinière de Montréal, établie
maintenant à Terrebonne, ne compte pas dans cette superficie, mais elle
a été payée par les contribuables de Montréal et
sert à produire plus vite, en plus grand nombre et plus rapidement des
arbres et des arbustes qui, à Montréal, créent de la
verdure ou en ajoutent.
Maintenant est-ce que les jeux olympiques à Montréal
détruiront des espaces verts? Non. D'abord, l'aménagement du parc
olympique. Il y a là 125 acres et ceux qui connaissent les lieux savent
qu'il y a là 125 acres, 5,000,000 de pieds carrés, de Sherbrooke
à Boyce, de Viau à Pie IX, dont l'aménagement a
été commencé il y a 35 ans par un programme de travaux de
chômage dans le temps, programme qui a été abandonné
et, depuis 35 ans, cet espace a été laissé de
côté, contre notre gré, mais il fallait trop de
crédit, il fallait attendre l'occasion qui permette... Depuis 35 ans,
cet espace était abandonné, avait des airs de ruine.
L'avènement des jeux olympiques nous permet maintenant
d'aménager cinq millions de pieds, 125 acres d'espaces verts, parce que,
sur les cinq millions de pieds carrés, il y a environ 1,200,000 pieds
qui seront occupés par des bâtiments, 3,800,000 pieds par de la
verdure et du gazon, le gazon seulement: 2,500,000 pieds carrés de
verdure. La moitié de tout l'espace sera du gazon et 1,200,000 pieds
seront occupés par les bâtiments. Tout le reste, des arbustes, des
arbres et des bosquets.
Alors, seulement là, on n'aurait que cela, ce sont 125 acres du
coup qui sont aménagées en espaces verts où des dizaines
de milliers d'athlètes se donneront rendez-vous après les jeux en
permanence à cause de toutes les installations, athlètes jeunes,
adultes et moins jeunes, pour se servir de tout ce qu'il y aura là, et
le public également, parce que ce sera un espace vert
aménagé, alors que, dans le moment, je suis témoin, j'y
passe tous les jours, il n'y a personne et je ne peux pas blâmer les
gens, c'est un parc déprimant, laissé à l'abandon parce
qu'il fallait trouver l'occasion de le finir. Donc, là, $125
millions.
Le terrain de l'ancienne pépinière, le ministre l'a dit,
nous avait été suggéré comme un des emplacements
pour un anneau du village olympique. Cela aurait été des acres
d'espaces verts construites. Nous récupérons cet espace et nous
disons: Nous allons le consacrer comme espace vert définitif. Il y a
donc là 50 acres au moins, plus de deux millions de pieds carrés,
que nous récupérons et que nous ajoutons au patrimoine des
espaces verts. D'autant plus que, tout le tour de cet espace, il y a, sur
plusieurs rues dans toutes les directions, des maisons habitées.
Au sud de la pépinière, en ligne avec la
pépinière au sud de Sherbrooke, il y avait là
également huit acres qui nous étaient suggérées
comme un emplacement pour y construire des maisons dans le réseau de
villages sectionnés. Nous sommes allés voir sur place, toutes les
rues tout le tour sont bordées de maisons à quatre étages
occupés, toutes des maisons collées, contiguës. Il n'y a pas
un pouce carré d'espace vert, si on bâtit celui-là.
L'administration municipale a décidé de récupérer,
non pas de bâtir. Les mesures d'expropriation sont en marche et nous
allons en faire un parc public.
Le golf Viau. Le déplacement du golf qui est maintenant
Sherbrooke-Viau et l'Assomption, du fait qu'on le déménagera
à Rivière-des-Prairies, permettra d'utiliser au moins 40 p.c.
de
l'espace pour faire un parc public, c'est-à-dire 35 acres,
1,500,000 pieds carrés de parc public. Actuellement, les 85 acres sont
clôturées et interdites au public. J'ouvre ici une
parenthèse pour dire que ce qui est absolument déprimant, c'est
que toute la publicité a été faite comme si on fermait un
parc. On ne ferme pas un parc. Le parc, il est fermé,
clôturé huit pieds de haut. Il n'y a même pas une porte pour
y entrer. Il faut passer par l'autre golf, le golf principal pour y entrer. Et
cela coûte $5 par jour pour ceux qui veulent entrer. Alors, qu'on cesse
de dire qu'on ferme un parc! C'est un golf clôturé, fermé
à tout le monde six mois par année, ouvert aux golfeurs six mois
par année et cela coûte $5 le dimanche et $4 sur semaine par jour.
Nous, nous disons que nous allons récupérer cet espace. Nous
allons prendre à peu près 50 acres pour bâtir un quartier
domiciliaire et un parc public gratuit pour 35 acres pour que le public y ait
accès alors qu'il en est privé depuis 1923.
Maintenant, l'acquisition des espaces verts à
Rivière-des-Prairies pour le golf est une acquisition de 175 acres,
7,700,000 pieds. Voici en résumé. L'aménagement du parc
olympique, 125 acres. La récupération de la
pépinière, qui était marquée par nos services pour
être de l'habitation, 50 acres. La récupération du terrain
au sud marquée pour l'habitation, nous la prenons pour de l'espace vert,
huit acres. La récupération de 35 acres dans le golf Viau et
l'acquisition d'un golf de 175 acres à Rivière-des-Prairies pour
un total de 393 acres ou 17 millions de pieds carrés. Et on va encore
dire que les olympiques enlèvent des espaces verts!
Quant au mérite, est-ce qu'on doit déplorer l'utilisation
d'une partie d'un golf pour un développement domiciliaire?
Il se trouve que c'est un emplacement que je connais. Moi, je suis
né dans l'est. J'ai vécu toute ma vie dans l'est et quand j'ai
été élu maire de Montréal, je n'ai pas
déménagé, je suis resté là, dans Cité
Jardin, juste au nord de l'emplacement. Dans ce parc, comme on l'appelle,
même s'il n'est pas un parc, cela fait 22 ans que j'y demeure. Je n'ai
jamais réussi à mettre les pieds là. Je n'ai jamais pu y
marcher et je demanderais à ceux qui sont ici et qui ont pu aller se
promener dans ce parc de se lever. Il n'y en a pas un, à moins qu'il
n'aille jouer au golf. Donc, cet emplacement est-il un emplacement qu'il faut
sacrifier? Je dis non. Il faut profiter de cette occasion qui est
providentielle pour l'est de Montréal. Je suis un gars de l'est et je
n'ai pas l'intention de partir de l'est et tout ce que j'ai pu faire à
l'hôtel de ville pour l'est, je l'ai fait et j'ai eu pour cela l'appui
total de tous mes collègues de toutes les parties de la ville.
Nous avons fait quoi? Nous avons réussi d'abord à avoir
les olympiques malgré les pressions qui se sont faites en sous main pour
qu'on amène le parc olympique ailleurs comme dans le temps de l'Expo,
les pressions se faisaient pour qu'on emploie certains emplace- ments ailleurs.
J'ai dit non. Le parc olympique va être dans l'est. Il a toujours
été marqué pour être un centre sportif. Les gens,
couramment à Montréal, appellent cela le centre sportif. Il n'y a
rien de sportif là. On a mis en construction, dans mon premier mandat,
l'aréna Maurice-Richard et le centre Maisonneuve, deux bâtiments
pour bien marquer à ce moment-là que c'était
destiné à être un emplacement sportif ouvert au public,
ouvert aux jeunes, des espaces, propriété publique. Et quand il a
été décidé qu'on présenterait les jeux, cela
n'a pas fait de discussion et ceux qui m'approchaient pour savoir s'il n'y
avait pas moyen... Encore récemment il y a eu des pressions à
l'occasion des discussions du village pour qu'on fasse et le parc olympique et
le village ailleurs. J'ai dit non, moi je suis un gars de l'est; l'est a besoin
de cela et cela va rester dans l'est.
Alors, l'aménagement domiciliaire, l'est en a besoin.
Actuellement, c'est un terrain de golf de quatorze trous, même pas un
golf complet. Il est clôturé, personne n'y a accès, il est
absolument fermé six mois par année; il est donc ouvert seulement
pendant la saison de golf. Il est situé dans le secteur à l'est
de Pie DC où la densité écoutez bien cela de
population jusqu'aux limites de la ville depuis le fleuve jusqu'à
Rivière-des-Prairies est de seulement 15 personnes l'acre alors que,
dans le quartier administratif de deLorimier, il y en a dix fois plus, 151
personnes l'acre. Cet emplacement constitue le plateau le plus salubre de
Montréal avec le mont Royal. L'aménagement domiciliai-ne va
provoquer un intérêt socio-économique et des
investissements bénéfiques pour l'est. Il constitue la meilleure
solution également sur le plan financier; la ville de Montréal
est propriétaire du terrain, la ville n'entend pas le vendre, elle va le
louer. 40 p.c. vont être récupérés en golf public
gratuit, le terrain assure l'occupation domiciliaire qui était
prévue depuis plus de 30 ans et qui a été
arrêtée par l'établissement d'un golf temporaire.
Quand on regarde les archives de la ville, on trouve la citation de l'un
de mes prédécesseurs qui a quand même laissé une
réputation, une mémoire à Montréal, Camillien
Houde, qui disait, à l'occasion de la décision de
l'administration du temps, que d'avoir un golf là était la pire
décision que l'administration municipale avait pu prendre et qu'il
n'avait pas été consulté là-dessus. Donc, cela
assure l'occupation domiciliaire qui était prévue depuis plus de
30 ans.
Au point de vue écologique, il y aura plus d'arbres et d'arbustes
là, avec l'aménagement domiciliaire et le parc, qu'il n'y en a
actuellement. A Cité Jardin où je demeure, la partie à peu
près équivalente en espace immédiatement au nord, entre le
golf et le boulevard Rosemont on a chacun une maison il y a plus
d'arbres et de gazon qu'il n'y en a dans le golf. Alors, l'aménagement
domiciliaire et le parc de 35 acres va faire qu'il va y avoir plus de gazon,
plus d'arbres, plus d'arbustes, plus de fleurs qu'il n'y
en a dans le golf actuellement. Alors, au point de vue
écologique, au point de vue des besoins d'oxygène dans
Montréal, c'est l'utilisation de ce terrain qui va nous permettre...
Sa situation géographique par rapport à Montréal
appelle un aménagement domiciliaire. Il y a trois stations de
métro pour aménager cet emplacement.
La voie de métro longe, à la rue Boyce, il y aura la
station Pie-IX, la station Viau et la station L'Assomption. Trois stations de
métro, trois grandes voies rapides, Louis-Hippolyte-Lafontaine, qui
permet d'aller dans toutes les directions, le boulevard Métropolitain et
l'autoroute Est-Ouest au sud. C'est un centre d'éducation, il y a toutes
sortes d'écoles, de collèges, de polyvalentes, de CEGEP; par le
métro, c'est à six stations seulement de l'Université du
Québec et à deux ou trois stations de plus d'une autre
université, c'est un centre hospitalier depuis Maria-Cabrini, qui est
dans le nord, jusqu'à Sherbrooke, c'est un corridor d'institutions
hospitalières.
Sur le plan sociologique, cet emplacement permet de réaliser un
ensemble urbain d'une variété absolument complète,
assurant une présence humaine de toutes descriptions: personnes
âgées, familles plus ou moins favorisées, diverses
formations culturelles ou sociales, étudiants spécialisés,
mais aussi des familles à revenus plus élevés pour
apporter à l'Est commercial et d'affaires un pouvoir d'achat dont l'est
a grandement besoin. Sur le plan de la conception d'aménagement, c'est
l'emplacement où les contraintes naturelles ne peuvent que favoriser une
conception de qualité exceptionnelle. Quant à la densité
d'occupation de chacun des quartiers administratifs de Montréal, ces
chiffres ont été établis à l'aide de services des
travaux publics; quant à la superficie exacte en acres de chacun des
quartiers administratifs, la population est établie également par
nos services. C'est là qu'on voit s'il faut des espaces verts et je
crois qu'il faut continuer d'en prévoir à Montréal, il
faut surtout les prévoir où la densité est la plus
élevée. Tout le monde n'a pas la carte de Montréal dans
l'oeil, mais voici une carte de Montréal indiquant les divers quartiers
administratifs. Depuis le boulevard Maisonneuve, qui se situe ici, dans cette
ligne, la population de l'est, des limites de la ville au fleuve et jusqu'aux
limites de la ville à Pointe-aux-Trembles, est 15 personnes l'acre. Dans
le secteur ici, c'est là que sont les quartiers Saint-Michel,
Saint-Denis, Delorimier, Saint-Jean-Baptiste, Saint-Louis, Lafontaine, Bourget.
Si vous regardez la liste, vous allez trouver Delorimier, 151 personnes l'acre,
dix fois plus que là-bas; Laurier, 138, Saint-Jean-Baptiste, 116, ils
sont tous là. Saint-Louis, si vous regardez les noms, Lafontaine
les quatiers administratifs ne correspondent pas nécessairement aux
comtés Bourget, Saint-Eusèbe, Sainte-Marie, Papineau,
Saint-Jacques, Crémazie, Saint-Laurent, Saint-Georges,
Saint-André,
Saint-Jean, Saint-Edouard, vous regardez tout ça, ceux qui sont
dans la première colonne, ils sont tous au-dessus et bien au-dessus de
la population moyenne à l'acre pour toute la ville; comme il est
indiqué ici, la population moyenne à l'acre, dans
Montréal, est de 34 personnes. Si on enlève les quatre derniers
qui sont peu représentatifs, Saraguay, Ville-Marie,
Rivière-des-Prairies, Sainte-Anne, pour ne pas nous induire et vous
induire en erreur, la densité moyenne est de 43 personnes l'acre.
Cela veut dire que dans toute la première colonne que vous avez,
ce sont des quartiers où la population est plus que deux fois la
densité de l'est. Quand il s'agit de prendre une décision, je
pourrai laisser ce plan à la disposition de l'Assemblée
nationale, vous pouvez vous y référer, parce que les noms de
quartiers administratifs correspondent à ceux-ci.
Nous disons qu'il faut travailler aux espaces verts, je crois que dans
les investissements que nous avons faits, dans presque 20 millions, dans les 19
millions dont il est question, dont on s'est porté acquéreur dans
tous les quartiers de la ville, je ne l'ai pas fait représenter, mais je
l'ai ici.
S'il y en a qui veulent les consulter, on n'a pas d'objection. J'ai ici
la liste des emplacements où tout ça a été
voté. Ce sont des travaux de notre service des travaux publics. Tout
ça implique... Il y en a pour toute la ville. Or, même si dans
l'est il y en avait déjà beaucoup, quand on additionne ce que
nous avons voté pour l'est, sur presque 20 millions, il y a quand
même 3 millions. Nous n'avons pas pénalisé l'est. Tout ce
que nous avons pu faire, nous l'avons fait quand même tout en en faisant
ailleurs aussi.
C'est donc notre conception de continuer de travailler aux espaces
verts, mais là où on en a le plus besoin. C'est pourquoi nous
travaillons partout. Mais là où la densité de population
est forte, c'est bien sûr que c'est toujours assez cruel d'exproprier,
d'expulser des familles pour aménager des parcs. Alors, nous
aménageons de petits parcs pour que l'entourage au moins puisse venir
dans le parc, après le souper, fumer la pipe, ou venir avec les enfants
dans le jour. Alors, dans la mesure où il y a de plus grands espaces,
que nous récupérons le terrain au sud de Sherbrooke... Nous ne
l'avons pas fait plus tôt parce qu'il appartenait à une commission
scolaire. Il fallait attendre d'avoir la certitude qu'elle n'en avait plus
besoin. Alors là, nous l'exproprions, c'est-à-dire que, de
gré à gré, nous allons l'acheter.
Il est également bien important pour juger de la question,
à savoir s'il y a lieu de croire que cela va être une catastrophe,
un désastre, de se demander quel sera le type de développement
domiciliaire. Jamais nous n'avons dit que ce serait un ghetto ou des HLM. On se
rappellera l'histoire municipale de Montréal. Au moins jusqu'à
partir de 1955-1956, je n'ai jamais favorisé, j'ai toujours combattu,
jusqu'au point
de faire face à une situation électorale
défavorable en 1957, une conception que je combattais... J'ai toujours
été contre les ghettos sous toutes les formes. Il aurait
été impensable que je change d'avis subitement et que je
conçoive, pour cet emplacement, un ghetto de 3,000 ou 4,000 logements.
Je l'ai dit plus tôt, nous avons travaillé à réduire
les exigences, le CIO a travaillé avec nous, c'est pourquoi nous
arrivons à un maximum de 1,800 logements, ce qui est moins que la
moitié de ce qui était prévu. Ce qui permet de faire un
aménagement là et d'avoir, quand même, un parc de 35 acres.
Je dis donc que l'administration municipale n'entretient aucun projet
particulier quant à l'aménagement à venir.
L'administration se propose d'étudier et de faire étudier
toutes les propositions qui lui parviendront dans un délai donné,
de soumettre au conseil, pour son approbation, le ou les projets à
retenir et d'en faire autoriser la réalisation en vertu d'un
règlement spécifique. Les normes et critères seront
établis de façon à assurer l'utilisation la plus
sociologique, écologique et rationnelle possible de l'emplacement,
étant entendu que le nombre maximum de logements est fixé
à 1,800 et les services communautaires connexes. Cela va donner un parc
de plus.
En plus, l'administration municipale entend que la ville demeure
toujours propriétaire du terrain. Il n'est pas question de le vendre,
mais de le louer aux conditions généralement établies et
qui ont déjà permis à la ville de conclure des ententes
avantageuses dans d'autres cas. Cette formule sauvegarde la
propriété de la ville, assure celle-ci de toute plus-value
éventuelle, en outre de la propriété exclusive des
bâtiments y construits.
Nous avons toujours affirmé et nous réaffirmons que les
logements à prévoir pour 1976 ne devront pas être
uniquement des HLM, ils ne formeront pas une agglomération
déprimante, antisociale, une sorte de ghetto. La conception de
l'ensemble devra exprimer le souci d'assurer une présence variée,
équilibrée et représentative de tous les besoins et de
tous les états de fortune et de non-fortune.
Les intéressés à la réalisation d'un projet
d'ensemble ou de plusieurs projets complémentaires devront tenir compte
de cette ligne de pensée qui devrait être une condition formelle
de base à toute proposition.
Nous avons ajouté un court texte sur le jardin botanique
puisqu'il en avait été question. Il n'est pas inutile qu'on le
lise, ne serait-ce que pour les archives. L'administration municipale n'a
jamais entretenu l'idée de mutiler de quelque façon que ce soit
le jardin botanique. Bien au contraire, nous avions l'ambition légitime
et louable d'en faire l'un des jardins les plus importants du monde.
Et quand on voit, amarré à un quai de Long Beach,
Californie, quand on voit le bateau qui est là, qui a eu ses heures de
gloire sur les mers du monde et qui est amarré là, en permanence,
ça ne peut pas se faire pour quelques semaines. On a dit : Pour la
durée des jeux. Mais la durée des jeux, ce n'est pas deux
semaines, les compétitions durent deux semaines, mais les
athlètes arrivent avant. Nous calculons que le village sera requis par
le COJO pour une période d'environ trois mois. Il faut faire des
installations dans le village. Les athlètes arrivent avant. Il y a des
athlètes qui arrivent avant pour toutes sortes de raisons, dont
s'habituer à l'altitude, s'habituer à l'humidité,
s'habituer au climat, s'habituer à la pression parce que ces
compétitions sont extrêmement sérieuses, l'honneur du pays
est en jeu, les athlètes veulent absolument remporter des honneurs pour
leur pays et les chefs de mission n'arrivent pas la veille des
compétitions.
A Mexico, à cause de l'altitude, aux jeux de 1968, c'était
tellement un problème que non seulement les athlètes sont
arrivés plus tôt, mais dans plusieurs pays on a envoyé des
athlètes un an d'avance pour passer plusieurs semaines afin qu'ils
s'habituent et qu'ils voient quel serait l'effet de l'altitude sur eux. Alors,
ce n'est pas quinze jours, ce n'est pas même trois semaines, on calcule
entre deux mois et demi et trois mois la période où le village
doit être à la disposition du COJO. Alors, je doute que cette
formule qui, sur le papier, peut avoir du mérite, puisse se
réaliser. Et de toute façon, j'en ai la certitude, aucun
engagement formel ne pourra être conclu par écrit dans les
délais utiles parce que, si un jour on s'aperçoit qu'on n'a pas
les bateaux, bien, il est trop tard pour construire le village.
Et si on en est arrivé actuellement à ce qui parait
être une décision d'urgence, il faut bien dire que ce n'est pas ma
faute. Cela fait trois ans que c'est connu. Puis moi, je ne l'ai jamais
nié, chaque fois que j'ai été interrogé... Il y a
plus d'un an encore, à la télévision, interrogé par
des journalistes et des sociologues, j'ai dit: A mon sens, cet emplacement qui
a été choisi est le meilleur et, si on en trouve d'autres, nos
services les étudieront. Mais pour moi, il n'y en a pas de meilleur, je
n'ai jamais fait de mystère et ce n'est pas une imposition de
dernière minute. Mes collègues du comité exécutif
sont ici, il y en a deux qui sont en ville, il faut bien que les affaires
marchent, mais la décision et les études sont conjointes, la
responsabilité est conjointe. Donc, cette possibilité de village
temporaire à bord des bateaux, je n'y crois pas parce que ç'a
été tenté pour l'Expo et, justement, à l'Expo on a
trouvé que les bateaux qui auraient pu peut-être convenir, ceux
qu'on donnait étaient trop vieux, ils ne convenaient pas; et personne ne
voudrait organiser ça pour trois mois, surtout que c'est
précisément la période où les gens en ont
besoin.
Dans le cas des constructions temporaires, on m'avait également
parlé non pas de tentes sur plate-forme, mais d'une autre formule, de
deux formules: des maisons mobiles. On a
examiné ça un peu parce que, dès le début,
on s'est aperçu qu'il faut avoir un ensemble de services publics, ce qui
fait qu'on investit des millions de dollars qui ne servent plus. On a tellement
dit que les millions de dollars qu'on investirait pour les jeux devraient
servir, que ce serait de la mauvaise administration, à notre sens, que
d'investir des millions de dollars dans des services qui n'auraient plus aucune
utilité. Et je ne suis pas sûr non plus qu'une formule de tentes
sur plate-forme serait bienvenue. Les évaluations des coûts ne
sont pas faites. On a donné comme référence les tentes que
le shah d'Iran a fait installer à Persépolis, en Iran, pour le
2,500e anniversaire de la fondation de l'empire iranien. Mais si j'ai bonne
souvenance, j'ai lu des articles qui commentaient le prix de telles
installations et je ne suis pas prêt, moi, à adopter, sans savoir
combien ça coûte et sans savoir si ça va fonctionner, des
solutions qui n'en sont pas. Depuis le temps que c'est dans l'air, les gens
sérieux nous ont approchés et les autres nous approchent. J'ai
reçu ce matin, avant de partir de Montréal, des
télégrammes pour des emplacements et puis, ça n'a pas de
sens.
Au cours des vingt dernières années, grâce à
la collaboration des services municipaux, de leur directeur, de leur personnel
compétents et consciencieux, nous y sommes parvenus. Ce n'est certes pas
pour l'abandonner.
Nous avons toujours favorisé l'évolution du jardin
botanique vers une consécration définitive de son rôle
éducatif et attrayant à la fois. Le public s'y intéresse
de plus en plus, à notre grande satisfaction. Les projets conçus
pour l'avenir du jardin botanique continueront d'illustrer notre souci de le
protéger contre toute atteinte, voir même de lui assurer un
traitement préférentiel. Les fausses rumeurs publiées
récemment ont eu au moins le bon effet de nous apporter une preuve de
plus de l'attachement des citoyens au jardin botanique; c'est pour
l'administration municipale, dans les circonstances une consolation autant
qu'un encouragement à poursuivre la réalisation du même
idéal qui nous a toujours inspirés.
Maintenant, M. le ministre m'avait posé des questions; je ne sais
pas si je dois y répondre tout de suite. Village temporaire par bateau
ou par construction temporaire, je suis prêt à... Il y a sans
doute toujours une série de suggestions qui arrivent par des gens bien
intentionnés ces personnes ont communiqué avec le
ministre, comme sans doute les mêmes ou d'autres du même genre
avaient communiqué avec moi pour parler de logement par bateau ou
même d'habitation temporaire.
Par bateau, cela remonte à assez loin. Il en avait
été question lors de l'Expo. Nous prévoyions un
problème de logement. Logexpo avait été mise sur pied, des
permis de construction temporaire de motels avaient été
autorisés, pour le pire, hélas, alors que l'on croyait que ce
serait pour le mieux. Je sais qu'il y a ici des membres de cette commission qui
ont eu, après coup, à travailler avec nous à
réparer les dommages. Fort heureusement, les dommages ont
été réparés, grâce à la collaboration
du gouvernement, de la ville de Montréal et de l'Association des
hôteliers de Montréal. Ceux qui avaient pu croire être
lésés, parmi les visiteurs étrangers, ont eu une
invitation de voir à ce que ces dommages qu'ils avaient pu subir leur
soient réparés. Un bon nombre a accepté et aujourd'hui le
mauvais souvenir est effacé. Mais, à ce moment-là, donc,
plusieurs institutions pensaient avoir des bateaux et malgré tous les
efforts qui avaient été faits, cela n'a pas réussi. J'ai
la conviction que les gens qui m'ont approché, qui sont peut-être
les mêmes ou d'autres qui ont approché M. le ministre, n'aient pas
plus de succès. Je ne veux pas refroidir l'enthousiasme de M. le
ministre, parce que je sais et je dois lui dire même s'il me
semble que cela fait quelques semaines que c'est dans la nouvelle
actualité que M. le ministre, son ministère et moi, avons
commencé à travailler à cette situation, depuis la fin de
1971. J'ai trace dans mon dossier de conversations, de rencontres sur cette
question.
Ce n'est donc pas une situation qui se gâte au dernier moment. Je
sais les efforts que M. le ministre et ses principaux collaborateurs en
matière de logement ont multipliés pour tenter de trouver une
solution. Les solutions de dernière heure, vous me permettrez, M. le
Président, de dire à M. le ministre que je ne peux pas croire
à la solution des bateaux. Elle a été tentée par
des gens qui avaient un intérêt à ce que cela
réussisse, parce qu'ils y voyaient, eux, une possibilité
d'affaires. Ensuite, il a même été suggéré,
à ce moment-là, la possibilité, si ce n'était pas
rentable, qu'il y ait des institutions qui participent à cette forme de
logement. Il semble que les bateaux qui sont disponibles ou qui seraient
disponibles ne répondent pas aux exigences de la prévention des
incendies ni du code de logement de la ville de Montréal, parce que nous
avons un code de logement sévère à Montréal et nous
ne pourrions pas être autorisés et par notre prévention des
incendies et par notre règlement de construction, à permettre que
n'importe qui couche n'importe où, n'importe quand. Alors, même,
si l'on trouvait des bateaux, il faudrait que ces bateaux correspondent aux
exigences des règles de sécurité
élémentaire, de façon que, en cas d'incendie, l'on puisse
sortir rapidement ou pour toutes sortes de raisons. Même s'il est vrai
qu'il y a des croisières et tout cela, il semble, en tout cas
cela a été l'expérience de 1967 que les seuls
bateaux, deux ou trois, qui auraient pu venir ne répondaient pas aux
exigences.
C'est évident que, dans la turbulence du moment, les gens pensent
et puis... J'entendais ce matin, à six heures, la radio, les nouvelles.
On fera bâtir le village dans l'île Notre-Dame. Là, il y
aurait un tollé, c'est tout de même un
espace vert, l'île Notre-Dame. Là encore, je suis
habitué à ce qu'il y ait de l'opposition quand on lance une
idée à Montréal, parce que, quand on a choisi
l'emplacement de l'Expo, vous n'avez qu'à feuilleter les journaux du
temps et vous allez voir que j'ai été caricaturé,
ridiculisé, blâmé. Il y avait tellement d'autres
emplacements sur l'île de Montréal sans cette idée de fou
d'aller faire du remplissage dans le fleuve et d'avoir à bâtir des
ponts. J'ai été blâmé à ce
moment-là.
C'est pour cela que cette réaction ne me surprend pas tellement.
Mais aujourd'hui, les $40 millions de dette que l'on a et qu'on va payer pour
les espaces verts, si cette assemblée disait qu'elle est en faveur que
la ville de Montréal vende l'île Notre-Dame, je vous promets
d'arriver d'ici quinze jours avec une offre écrite pour $80 millions, le
double de ce qu'on a payé. Je n'oserai même pas vous poser la
question : Souhaitez-vous que nous le vendions, cet espace? Vous allez trouver
que je fais injure à votre intelligence, mais c'est cela, la situation.
Un emplacement qu'on m'a reproché. Je dis moi, parce que j'étais
surtout le plus caricaturé de l'époque, mais mes collègues
du comité exécutif et M. Lucien Saulnier, le président, il
en prenait pour son rhume, lui aussi. Nous avons été
ridiculisés, nous avons été accusés de toutes
sortes de choses. Si c'était aujourd'hui, s'il fallait aujourd'hui
décider de faire l'île Notre-Dame et d'agrandir l'île
Sainte-Hélène, pour un total de 682 acres d'espaces verts qu'on a
ajoutés dans le fleuve, je vous jure qu'actuellement, il y aurait de
l'opposition au nom de la pollution du fleuve et on ne pourrait pas faire les
îles. Je dis oui, on les ferait quand même, parce qu'on avait
raison de les faire en ce temps-là et on aurait encore raison de les
faire. Si cela dérange les poissons pendant quelques années,
c'est le dernier de mes soucis.
On doit s'occuper des êtres humains d'abord et avoir des espaces
verts où le public va. Les grands parcs solitaires et glacés
décrits par le poète, moi, j'en reviens. Des parcs à
l'anglaise, on en a besoin, mais des parcs à la française aussi.
Il faut des parcs fréquentés par le public et nous, nous
multiplions les occasions d'attirer du monde dans les parcs. Le parc
Lafontaine, il est occupé, c'est effrayant; le parc Notre-Dame, il n'y a
personne, un des plus beaux parcs du monde, parce qu'il n'y a que des arbres,
du gazon, des petits cours d'eau et des ponts. Il n'y a pas d'attraction, les
gens n'y vont pas. Il faut trouver des moyens d'inciter les citoyens à
venir respirer l'oxygène produit par ces arbres, ces arbustes et le
gazon.
Le parc Mont-Royal, on nous a reproché là encore de
favoriser une route qui passait pardessus le mont Royal. Quand on a
réussi à faire enlever la voie ferrée de tramways, on a
pris emprise, on a taillé dans le roc, cela fait une voie panoramique
qui est une des plus belles du monde et il y a plus de monde dans le parc
Mont-Royal qu'il y en a jamais eu. Nous, on s'est fait blâmer, on s'est
fait condamner, lisez les éditoriaux du temps.
Le public a la mémoire courte et les associations aussi, mais
nous qui vivons l'expérience, on se dit que ce sera une autre turbulence
de plus, comme en avion, ils disent: Attachez vos ceintures, on prévoit
des turbulences. On attache sa ceinture et on dit: Ce qui compte c'est
l'atterrissage. Rendus, les gens nous demandent: Vous avez fait un bon voyage?
Merveilleux!
Il y a des turbulences pour le ministre de la pollution, dans le moment.
Le ministre de l'environnement, le ministre de la pollution, c'est le ministre
qui a les choses les plus ingrates de tout le gouvernement, parce qu'il est
bien obligé d'encourager ceux qui travaillent avec lui, mais parfois,
dans sa bonne volonté... Et peut-être, je me permettrai de le
dire, moi, qui suis tellement plus vieux que lui, dans la vie publique et
d'âge aussi, qu'il y a une expérience, moi, que j'ai payée
et je m'en sers. Les journalistes trouvent que je ne fais pas souvent de
déclarations, le ministre en fait sûrement plus que moi. C'est
beau cela mais, à un moment donné, il se rend compte, tout
à coup, comme il vient de le dire il a eu beau tout
étudier et je suis sûr qu'il pensait, jusqu'à
l'entrée dans la salle qu'il pouvait avoir les usines Angus. Il
n'y a rien comme le "wishful thinking", on finit par prendre ses désirs
pour des réalités. Je sais, moi, le travail que le ministre a
fait, je le sais. Je ne veux pas entrer dans tout. Fort heureusement, tout
n'est pas par écrit, M. le ministre, et on ne pourra pas vous demander
de déposer, en Chambre, l'échange de notre correspondance.
On s'en est dit beaucoup plus qu'on s'en est écrit. Mais je vous
donne le témoignage. Et ce n'est pas une question de flagornerie. On a
essayé de nous présenter comme deux gladiateurs qui allaient se
rencontrer cet après-midi. Non. On travaille ensemble et on va continuer
de travailler ensemble, comme nous voulons travailler avec l'Assemblée
nationale et trouver des formules. C'est cela messieurs. Donc, bâtir un
village temporaire, nous ne connaissons pas de formule, d'abord, qui serait
économique, et puis, qui n'engloutirait pas des milions de dollars
absolument inutilement.
Si l'on utilise le plus vieux golf pour faire un village temporaire,
combien de temps cela prendra-t-il pour rétablir le golf après?
Il est vrai que j'ai fait savoir... Je ne comprends pas cela. Bien des gens
disent : On ne sait pas ce que le maire pense. C'est curieux, tout à
coup, tout le monde en parle, tout le monde en discute et il y en a encore qui
disent: On ne le sait pas. C'est un secret, mais tout le monde en parle et tout
le monde en discute. C'est donc un secret de polichinelle, que je trouve
et je ne suis pas seul qu'en plein coeur d'une ville, un golf ne se
justifie plus. Quand il y a été fait, c'est parce qu'il
était en dehors de la ville et, historiquement, les joueurs de golf
à Montréal ont commencé à jouer au golf sur la
ferme
Fletcher en face de la montagne. Puis les besoins d'un parc ont fait
qu'ils sont allés jouer à la ferme Logan qui est devenue le parc
Lafontaine. Et, un jour, tôt ou tard, le golf qui est là devra
s'en aller à Rivière-des-Prairies lui aussi et laisser la place
pour que le public et les familles viennent prendre l'air pur, l'air
oxygéné. Je dis que cela est normal. Ce n'est pas parce que je
suis antigolf. De plus en plus, tout le monde a une auto, ou il y a toujours
quelqu'un dans le "foursome" qui a une auto et qui amène les trois
autres. Alors, que cela soit à Rivière-des-Prairies, le terrain
va être à $0.14 le pied ce n'est pas cher alors que
là où il est, c'est plus cher. Mais je vois cela comme
inévitable. Et combien un village temporaire coûtera-t-il?
Nous n'avons pas, et nos services l'ont examiné techniquement, la
possibilité d'un village temporaire. On m'avait même parlé
de maisons de carton, recouvertes de fibre de verre qui pouvaient être
des maisons temporaires au lieu des tentes. Là, il y a des
difficultés de patentes, il y a des procès, etc. Là,
encore, avant qu'on commence à étudier cela, les procès ne
seront pas finis. Alors, on ne peut pas les retenir.
Je dis donc que les deux formules de village temporaire ne paraissent
pas devoir être retenues mais elles ont déjà fait l'objet
d'études ou en 1967 ou depuis.
Je veux donner l'assurance, en terminant, que notre politique d'espaces
verts s'intensifiera. Nous sommes particulièrement heureux toute
chose ayant ses bons effets de cette importance, de cette acceptation,
de cet engouement général pour les espaces verts parce que
certains de nos projets seront plus faciles à soumettre aux
contribuables. Mais cela sera toujours les projets je le dis d'avance
qui seront moins de l'ordre d'augmenter les statistiques que de placer
les espaces verts où le peuple en a besoin.
C'est facile d'arriver avec des moyennes plus élevées. On
n'a qu'à exproprier à bon marché tout le territoire de
Rivière-des-Prairies qui n'est pas bâti et on va monter la moyenne
d'espaces verts par tête d'habitants dans Montréal; mais cela ne
donnera rien aux gens de Saint-Louis, cela ne donnera rien aux gens de
deLorimier, cela ne donnera rien au gens de Bourget, cela ne donnera rien aux
gens de Saint-Laurent, qui, eux, en ont besoin.
Nous envisageons notre rôle de distributeur d'espaces verts
plutôt que de distributeur de villages parce que, si on distribuait des
villages, on serait obligé d'employer des espaces dont on a plus besoin
pour faire des espaces verts parce que c'est bâti autour, alors que nous
croyons plutôt distribuer les espaces verts et faire le village sur le
même emplacement.
Et au point de vue économique et financier pour la ville de
Montréal, nous louons le terrain et nous percevons des taxes. Nous avons
évalué, en gros, non pas nous, mais nos services... J'avais fait
un calcul rapide de ce que ce développement pourrait donner de revenus
à la ville et j'avais dit: Est-ce que je me trompe? Je vais vous donner
mon résultat. Je dis que cela pourrait rapporter $2 millions. On a fait
les calculs et, deux jours après, on m'a rappelé et on m'a dit:
On ne connaît pas le programme mais, le minimum que cela peut rapporter
en revenus pour la ville, dès le début parce que cela aura
tendance à monter c'est $3 millions par année.
Au lieu de débourser pour exproprier ou pour faire des choses
temporaires qui représenteraient des millions de dollars
gaspillés, nous préférons prendre une partie de
l'emplacement, déménager le golf, remplacer 85 acres par 175
acres à Rivière-des-Prairies pour faire un golf, des espaces
verts. Nous désirons prendre cela, en prendre environ 50 acres pour
faire un aménagement domiciliaire où il va y avoir des espaces
verts privés pour les aménagements à côté
d'un parc public qu'on ouvre sur un emplacement qui n'est pas ouvert dans le
moment. On donne un parc public de 36 acres. Il va y avoir au point de vue de
l'écologie plus d'arbres, d'arbustes, d'éléments
producteurs d'oxygène et plus de tout ce qu'il y a de bon pour combattre
la pollution et on va s'en trouver mieux après qu'avant.
Je reviens à cela, parce que c'est important, parce qu'il y a
à l'Assemblée nationale des députés de l'Est de
Montréal, il ne faudrait pas que les députés de l'Est de
Montréal... Je vois que le premier ministre est entré, c'est un
gars de l'Est, moins de l'Est que moi, mais il est de l'Est aussi, M. le
Président, j'attire l'attention du premier ministre sur les statistiques
dans son comté. Je ne veux pas faire de chantage, parce que dans les
autres, c'est pire. Il y a des quartiers administratifs dont on trouvera les
statistiques. Une densité de 150, de 138, de 116, de 114 à
l'acre, c'est là que les espaces verts vont. On ne doit pas demander
à une ville, à un gouvernement d'assurer le maintien d'espaces
verts qui vont coûter cher parce qu'il va falloir se procurer des espaces
verts ailleurs. Il faut que les espaces verts soient là où il y a
le plus de monde. Or, je répète, à l'intention du premier
ministre qui vient d'arriver, la partie Est de Montréal, depuis le
boulevard Pie IX aux limites de la ville, du fleuve aux limites nord de la
ville, a une densité de population de 15 personnes l'acre. Dans d'autres
districts, c'est dix, neuf, huit, sept, cinq fois plus élevé.
Là où sont les usines Angus, selon les conversations que
j'ai menées, les études que j'ai faites, et je suis sûr que
M. le ministre peut me confirmer là-dessus, il a comme moi l'assurance
que j'ai exprimée dans ce mémoire sur les usines Angus, les
autorités du Canadien Pacifique sont parfaitement conscientes qu'elles
doivent prévoir des espaces verts dans leur aménagement à
venir. Parce que la population y est très dense à partir des
usines Angus à aller vers le bas; au nord, c'est Rosemont,
immédia-
tement au sud, c'est Préfontaine et au sud, c'est Hochelaga. Or,
à Hochelaga, il y a 84 personnes à l'acre, dans
Préfontaine, il y en a 76, dans Rosemont, il y en a 50, ce qui est au
moins trois fois et jusqu'à cinq fois la densité qu'il y a
à l'est du boulevard Pie-IX.
C'est pour toutes ces raisons, écologiques, sociologiques,
économiques, humaines, que nous en arrivons à conclure que la
décision d'utiliser cet emplacement n'est pas un empiètement sur
un parc, parce que ce n'est pas un parc, n'est pas une disparition d'espaces
verts, parce qu'il y en aura plus avant qu'il y en a là, ce n'est pas
priver la population, parce qu'on lui ouvre un parc de 1,500,000 pieds
carrés alors qu'elle ne peut pas y entrer dans le moment. Il n'y a
personne qui peut entrer là. J'allais dire que je connais quelqu'un qui
est ici à cette table et qui a essayé d'y entrer récemment
mais n'a pas pu. Il aurait fallu passer par-dessus la clôture.
Pour toutes ces raisons, je crois que nous devons étudier le
problème dans un éclairage réaliste, laisser de
côté toute cette amosphère je ne veux pas faire de
jeu de mots qui a pollué la question. La question est beaucoup
plus simple qu'elle ne le paraît. M. le Président, je m'excuse
d'avoir été si long. Si cela a pu servir à renseigner les
membres de la commission, je peux dire que pour les points où je
n'aurais pas été long ou assez explicite, je demeure à la
disposition de la commission.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoulou): L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
Discussion générale
M. LOUBIER: M. le Président, je tiendrais tout d'abord, d'une
façon un peu posthume, à souhaiter la bienvenue au maire de
Montréal, au président, M. Niding, et à M. Stanton, et
remercier également le ministre de nous avoir fait un exposé
préliminaire qui manifestait son souci d'en venir à une
conclusion acceptable et respectant les impératifs d'ordre
économique, écologique, etc. Je dirigerais tout de suite ma
première question au ministre des Affaires municipales.
Dans les suggestions qu'il a faites dans les conclusions de sa
présentation d'un village olympique qui pourrait être sur
plates-formes avec tentes ou encore, flottant, est-ce qu'il a fait des
démarches à ce sujet pour voir si c'était réaliste,
si c'était sécuritaire, si c'était possible? Ou, est-ce
que ce n'est qu'une suggestion qui lui a été faite à la
toute dernière minute, dont il n'a pas mesuré la
possibilité et la concrétisation?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, quant aux bateaux, ils nous
ont été offerts, mais pas encore en nombre suffisant et je
reconnais ce que disait le maire sur le sujet, que l'on court un risque
qu'à la dernière minute on dise: Le bateau n'est pas disponible.
C'est un risque réel, mais je n'aurais pas mis de l'avant une telle
suggestion si ce n'était qu'une idée. C'est parce que des gens,
des compagnies sont venues nous voir pour nous dire: Nous aurons un bateau de
disponible. Nous avons l'intention d'offrir une croisière mensuelle au
cours de l'été de 1976, nous serions disposés à
laisser tomber un mois de croisière, à laisser le bateau
là pour abriter les athlètes. M. le maire indique que le temps
nécessaire... Je souligne que les transactions avec le Comité
international des jeux olympiques sont limitées à la ville
hôte; les autres paliers de gouvernement ne parlent pas avec les
autorités internationales des jeux olympiques. Donc, nous n'avons pas
été en possession de toutes les données. Ce que le maire
dit sur la durée de l'utilisation des équipements, c'est un point
que je dois reconnaître comme compliquant considérablement la
possibilité d'utiliser des bateaux. Quant à l'autre idée,
ce n'est pas une idée...
M. LOUBIER: Je m'excuse; est-ce que le ministre me permettrait de lui
faire préciser si les compagnies qui l'ont sollicité, qui lui ont
fait des offres sont, premièrement, des compagnies
étrangères? Deuxièmement, est-ce que dans ces propositions
il était mentionné que ce n'était que pour une
durée de trois semaines ou un mois? Est-ce qu'on a parlé d'une
période de trois mois ou de deux mois et demi?
M. GOLDBLOOM: Non. On a parlé d'une période
d'approximativement un mois, qui pourrait peut-être être
prolongée un peu par entente, mais pas jusqu'à deux mois et demi
ou trois mois. Je ne pense pas qu'il soit juste à l'endroit des
compagnies intéressées, d'autant plus que c'est par des
intermédiaires et pas avec les principaux de la compagnie que nous avons
pu parler... Je ne crois pas qu'il soit dans leur intérêt que
j'indique leur nom présentement. Je pense qu'elles
préféreraient que le nom soit tu.
M. LOUBIER: Mais est-ce que ce sont des compagnies
étrangères ou des compagnies canadiennes?
M. GOLDBLOOM: II y a des compagnies étrangères parmi
celles qui nous ont fait savoir qu'elles seraient
intéressées.
M. LOUBIER: Pour une durée d'un mois. M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LOUBIER: Deuxièmement, pour le village olympique sous forme de
tentes, plates-formes rigides, est-ce que le ministre a eu d'autres
précisions? Est-ce qu'il a des précisions supplémentaires
à l'effet que cela pourrait être réalisé d'une
façon conforme aux normes, aux critères de l'hygiène, de
la sécurité et de toutes les facilités modernes?
M. GOLDBLOOM: Oui; quant au respect des normes, nous n'aurions pas
d'inquiétude, d'autant plus que nous devons nous-mêmes imposer des
normes pour de telles installations dans nos terrains de camping, dans nos
auberges pour la jeunesse. Il n'y a pas de problème quant à cela.
Ce qui nous semblerait l'idéal serait de prendre un terrain qui pourrait
être bâti ultérieurement; donc, les importants
investissements en infrastructure ne seraient pas gaspillés et ce serait
une installation temporaire qui serait enlevée par la suite. Les
plates-formes et les tentes seraient offertes en vente et nous avons toutes les
raisons de croire qu'il y a des organismes, notamment gouvernementaux, qui
seraient intéressés à les acheter et on construirait des
immeubles permanents par la suite.
M. LOUBIER: M. le Président, est-ce que le maire pourrait nous
dire si cette idée du village olympique unique, sans anneau, sans
être disséminé sur un territoire donné, ne pourrait
pas être révisée par la Commission internationale des jeux
olympiques dans le cadre de la suggestion faite par le ministre d'un village
olympique construit sur le principe de tentes?
M. DRAPEAU: Je vais ouvrir une parenthèse pour revenir aux
bateaux. Il y a une expérience faite sur le plan olympique. En 1928, les
jeux avaient lieu à Amsterdam, on abandonna en partie l'idée
communautaire. L'expérience a été faite d'abandonner... On
avait aménagé un groupe d'écoles mais un bon nombre
d'athlètes trouvèrent cette solution inconfortable. Les
représentants des Etats-Unis furent logés à bord du bateau
President Roosevelt, ceux de l'Italie à bord du Solunto. Ces bateaux se
trouvaient dans le port de la ville hollandaise. Mais dans les deux cas,
ça ne s'est plus jamais représenté, les athlètes
nationaux n'ont plus jamais voulu loger sur des bateaux. Je n'ai pas voulu le
dire tout à l'heure, mais j'ai ici l'historique des villages olympiques
avec la photographie des bateaux.
M. LOUBIER: Est-ce que l'idée...
M. DRAPEAU: C'était, à ce moment-là, seulement les
athlètes d'une même nationalité à bord des deux
bateaux, un bateau américain et un bateau italien. Encore une fois, il
ne faut jamais oublier ceci. Les athlètes viennent du monde entier. Ils
se préparent pendant quatre ans, mais quand on dit que ça dure
quinze jours, ça ne dure pas quinze jours, la fièvre olympique
est déjà commencée, elle est dans tout les milieux de
l'athlétisme dans le monde entier, en vue de Montréal comme elle
l'a été en vue de Munich pendant quatre ans.
Voici des athlètes, voici des instructeurs qui forment des
athlètes, et au moment où on est rendu à dire que,
parfois, c'est un millième de seconde qui fait la différence
entre un pays et un autre, on sait l'importance qu'on attache à gagner
des médailles, il faut que les conditions climatiques de confort et de
repos soient au maximum. C'est pour ça que l'histoire de dire que les
scouts couchent sous des tentes, oui, mais ils ne s'en vont pas faire une
performance contre un autre groupe scout le lendemain matin pour avoir leur nom
à la télévision du monde entier, pour savoir s'ils gagnent
une médaille ou non. Ces athlètes viennent, envoyés par
leur pays, et il faut, c'est une règle, qu'ils aient des conditions de
logement. C'est pourquoi l'article le dit carrément "soient
hébergés et nourris convenablement, soient tous
hébergés en un même lieu afin que tous les contrôles
par les chefs de mission soient faciles."
Les conditions de vie à bord d'un bateau ont été
essayées en 1928. Il y a une coincidence, c'est à Amsterdam que
Montréal a été choisie pour les jeux olympiques en 1970 et
c'est à Amsterdam en 1928 que l'expérience des bateaux a
été faite pour les athlètes américains et pour les
athlètes italiens, et on n'a plus jamais utilisé un bateau. Je
doute que même la formule des bateaux serait admise. Il y a une
séance de la commission exécutive du comité interolympique
le 23 juin à Lausanne et la séance générale
plénière de tout le comité international aura lieu en
Bulgarie, à Varna, au mois d'octobre.
Je sais bien que le commissaire peut fort bien présenter à
la commission exécutive la semaine prochaine l'expression de ce
désir. Je ne suis pas autorisé et je ne veux pas qu'on dise que
je réponds pour le CIO. Mais connaissant la situation comme je la
connais, je ne peux vous laisser l'impression qu'on peut tous avoir l'espoir
que ça va être accepté. Je ne veux pas, j'ai eu une
première expérience à l'occasion des villages
sectionnés, je suis allé voir le président, pensant que
ça pourrait se faire, vu le grand nombre. Cela ne pouvait pas se faire.
On est allé à Lausanne et ça ne pouvait pas se faire, le
président est venu ici et ça n'a rien changé. J'ai la
conviction, mais je ne veux pas qu'on le dise, je vous préviens
d'avance, c'est sûr que s'ils le veulent, ils vont accepter, mais
l'expérience s'est faite sur deux gros bateaux, le Président
Roosevelt, qui n'est pas un bateau de second ordre et le Solunto non plus, pour
loger les athlètes américains et italiens. On a plus jamais eu
recours à ça parce que, même si c'est vrai qu'il y a une
piscine, même si c'est vrai qu'il y a une cafétéria ou un
gymnase, ça ne répond pas aux normes d'entrafnement que les
athlètes doivent trouver dans une ville. On s'est engagé, en
toute connaissance de cause, on a fait un inventaire, on a donné
l'inventaire de toutes les installations qu'on a à Montréal et
où ils pourraient aller pratiquer les divers sports.
A partir de ce moment-là, en supposant que ce serait
autorisé, mais j'en doute, il faudrait transporter tous les
athlètes depuis le bateau jusqu'aux différents endroits
éloignés du port, au coin de Pie IX parce qu'il y en a qui sont
jusqu'à Parkland. Je ne crois pas que ce soit possible. Je suis
prêt à suggérer aux commissai-
res qu'ils exposent le désir. Je ne le souhaiterais pas que ce
soit demandé par le commissaire, parce que c'est placer le CIO dans la
situation de dire non une quatrième fois. Alors qu'on a contracté
des obligations qui étaient au vu et au su de tout le monde, c'est
tellement facile pour le CIO, c'est ce qu'il nous a dit: Vous avez
déposé un dossier disant que c'était là. Avez-vous
des raisons nouvelles pour lesquelles ce ne serait pas là? C'est
ça.
M. LOUBIER: Mais si la suggestion venait ou partait de la commission de
l'Assemblée nationale qui exprimerait un voeu auprès du
commissaire général pour que, lui, transmette cette suggestion au
comité exécutif, là, je pense qu'il n'y aurait pas
de...
M. DRAPEAU: M. le Président, je voudrais bien que
l'Assemblée nationale et la commission parlementaire sachent que,
personnellement, je ne m'oppose pas, pas plus que je ne me suis opposé
à ce qu'on aille présenter l'autre solution. Celle-ci arrive; si
elle avait été soumise il y a un an, on l'aurait
présentée également. Je crois qu'il est trop tard. Mais,
je ne veux pas que ce soit l'Assemblée nationale, nécessairement,
qui prie le commissaire... si on veut charger la ville de Montréal et
l'administration, par notre intermédiaire, de prier le commissaire
général de soumettre le désir...
M. LOUBIER: Les deux formules.
M. DRAPEAU: ... on va le faire. Je ne voudrais pas qu'il soit dit que je
m'emploierai à me dissocier de ça pour encourager le CIO à
dire non. Puisqu'on me dit: Croyez-vous que... ? Je crois qu'il va dire non,
parce que, d'abord, on s'était engagé. Et arrivé au
dernier moment, on va dire non.
M. LOUBIER: Une dernière question, pour permettre à mes
collègues de poser des questions à M. le maire et au ministre.
Quelle est la durée prévue pour la construction du village
olympique unique, tel que vous l'avez conçu et à l'endroit
où vous l'avez conçu?
M. DRAPEAU: Que ce soit là, ou distribué, c'est à
peu près la même durée. Nous calculons un maximum de deux
ans. Il faut que ce soit prêt... on calcule pour le 1er juin. S'il y a
des retards de quelques semaines, ce sera moins grave. Il faudrait qu'on
commence à bâtir en juin 1974.
M. LOUBIER: 1974.
M. DRAPEAU: Actuellement, je l'ai dit en résumé, une fois
que l'emplacement est définitif, que le conseil municipal aura
décidé, notre intention est d'inviter tous ceux que la question
intéresse à soumettre des formules de construction, non pas
nécessairement par la ville, nous ne voudrions pas avoir à
bâtir des conceptions d'ensemble, parce que je l'ai dit bien
sommairement, les lieux se prêtent à un parti architectural,
écologique, sociologique absolument exceptionnel. Alors, les gens
doivent avoir le temps d'aller sur place, d'avoir le sondage du terrain et de
voir comment cela peut s'harmoniser. Il y a donc là une étude
à faire. Il y a une confrontation au conseil municipal, et par le
public, des diverses propositions soumises. Il y a la décision à
prendre. Il y aura le financement et la fabrication des plans de construction.
Nous calculons un an pour ça. C'est pourquoi nous sommes actuellement un
peu en retard. On le sait, d'ailleurs le ministre l'a dit publiquement, il
avait exprimé le désir pour qu'il y ait plus de temps de trouver
d'autres solutions. Cela fait trois mois que je retarde d'amener la question au
conseil municipal et nous l'avons fait avec tout l'esprit de collaboration que
nous avons cru de notre devoir d'apporter. Mais on arrive à l'heure de
tombée.
Pour compléter, si à la fin de juin, à la
commission exécutive, le 23, la demande est faite, la commission
exécutive peut dire deux choses: Non, cela règle le cas comme
dans le premier cas. Si elle dit qu'elle va soumettre ça à
l'assemblée plénière, c'est en octobre, à Varna, en
Bulgarie. Donc on ne le saurait pas avant l'automne. Si c'est oui, les
délais sont tangents parce qu'il faut quand même le
réaliser. Si c'est non, c'est encore plus tangent. Ce n'est pas ma
faute. Cela a été dans le public des années et je n'ai
jamais donné espoir à personne de changer. On ne peut pas me dire
que je les ai orientés, qui que ce soit, dans une autre direction pour
faire du camouflage. Je n'ai jamais changé d'idée. Je l'ai
toujours dit ça. C'est un témoignage, au moins, qu'on me
rendra.
Je n'ai pas cherché à provoquer du camouflage dans une
direction pour passer dans l'autre. Or, on arrive aux derniers moments. Ce
n'est pas le COJO qui est à blâmer et ce n'est pas le CIO qui est
la blâmer, ni la commission exécutive, ni l'assemblée
plénière et, si nous retardons, nous allons manquer le train. On
a relevé un défi pour l'Expo, on savait que les délais
étaient tangents mais que l'on réussirait, et on a réussi.
Alors que tout le reste va très bien, c'est maintenant la question du
village qui inquiète. C'est malheureux parce que, à l'occasion de
cette dispute, cela s'en va dans le monde entier. La question est
reposée, à savoir s'il va y avoir des jeux à
Montréal.
J'étais heureux d'entendre le ministre dire qu'il n'est pas
question d'abandonner les jeux pour cela. C'est bien évident qu'entre
bâtir 1,800 logements et ouvrir un parc public en même temps, pour
favoriser tout un secteur de la ville, et avoir les jeux en même temps,
c'est bien préférable que de ne pas avoir de jeux, de ne pas
bâtir un village, de ne pas finir le parc olympique et de rester comme on
est. C'est bien évident. On ne peut pas supprimer... Mais dans le monde
entier, par exemple, les titres de
journaux et les agences de nouvelles, c'est sur cela qu'ils
écrivent dans le moment.
Alors, pour revenir à la question telle que posée, je n'ai
pas d'objection de me faire le porte-parole de cette commission auprès
du commissaire.
Je ne voudrais pas non plus que l'assemblée croie que
j'interviens de quelque façon que ce soit pour empêcher la
commission exécutive de favoriser... Mais j'ai tenu à donner
l'expérience olympique qui s'est faite et qui va certainement inspirer.
Moi, c'est celle que j'ai connue. Il y a des membres qui siègent depuis
longtemps, ils vont probablement consulter des techniciens et ils vont
peut-être trouver d'autres expériences qui se sont faites dans le
même genre. Mais, pour celle-là, j'ai eu la conclusion qu'elle
n'avait pas été bonne. Les athlètes américains
n'ont jamais plus voulu loger à bord d'un bateau, ni les athlètes
italiens.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre des Affaires
municipales.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il y a un commentaire qui m'a
été inspiré par l'échange qui vient d'avoir lieu
entre le chef de l'Opposition et le maire de Montréal. Il me semble que,
si nous vous avons invité, M. le maire, avec vos collègues,
à venir ici, ce n'est pas simplement pour avoir une ambiance
différente, une assistance différente, ce n'est pas simplement
pour que vous présentiez en primeur aux députés... Ce
n'est pas cela du tout. C'est parce que nous croyons refléter par ce
geste une inquiétude qui existe dans l'opinion publique. Nous croyons
servir les intérêts de cette opinion publique en amenant les
principaux responsables, qui sont les autorités de la ville hôte,
à préciser exactement quelle est la situation. Il nous semble, et
je suis d'accord avec l'honorable chef de l'Opposition sur ce point, qu'il
serait juste que les responsables internationaux des jeux olympiques sachent
non ce que pensent les députés, mais ce que pensent les
Québécois. Il y a beaucoup de Québécois qui
s'expriment, depuis un certain temps, avec inquiétude, sur cette
question de l'emplacement du village olympique.
Si nous essayons de viser certaines prises de responsabilité,
c'est clairement parce que chacun, chaque palier de gouvernement, chaque
organisme, doit prendre ses responsabilités. Il me semble que nous
devons prendre nos responsabilités en nous exprimant au nom des
Québécois. La ville qui a proposé la tenue chez elle des
jeux olympiques doit prendre ses responsabilités en mettant de l'avant
ses propositions, mais en fin de compte, les autorités internationales
des jeux olympiques devront prendre leurs responsabilités devant un
certain éventail de considérations que nous essayons d'examiner
ici, ensemble, en toute objectivité et en tout calme. Je crois que c'est
ce que nous faisons depuis le début et c'est ce que je voudrais
continuer de faire.
Il me semble aussi que nous avons collectivement une certaine
inquiétude quant à l'avenir des jeux olympiques si nous ne
réussissons pas à en diminuer, comme dirais-je, l'importance
matérielle. Si nous devons, à chaque fois, investir de
façon très importante, il n'y aura pas beaucoup de pays qui
auront des villes qui pourront en être l'hôte à l'avenir.
Nous avons senti, dans l'opinion mondiale, un désir que nous
réduisions un peu l'importance matérielle de cette
entreprise.
C'est pour cette raison également que, après avoir, au
départ, rejeté pour les même raisons que vous une solution
temporaire, nous sommes revenus à cette considération croyant que
peut-être, ce serait une façon de donner l'exemple à
d'autres pour que la tenue des jeux soit accessible à beaucoup plus de
pays.
Mais nous reconnaissons que la conversation devra avoir lieu entre la
ville et les autorités internationales. C'est à ce
niveau-là que les responsabilités ultimes se prendront.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Lévis.
M. ROY (Lévis): M. le Président, je dois vous dire que
j'ai été très heureux d'assister à cette commission
dont je fais partie.
Tout d'abord, je voudrais féliciter le ministre des commentaires
qu'il a faits pour éclairer la population et les gens qui sont venus ici
pour obtenir des renseignements. Je voudrais aussi remercier le maire de
Montréal pour le mémoire qu'il nous a présenté. Je
crois qu'un homme public, que ce soit le ministre, le premier ministre ou le
gouvernement actuel, doit prendre ses responsabilités et que le maire,
avec ses représentants, aussi doit prendre ses
responsabilités.
D'après l'expérience que je peux avoir, qui, si vous le
voulez, est peut-être minime, je pense que les gens en place ont le
pouvoir et le droit de prendre leurs responsabilités. Ils sont
mandatés par une population et, assez souvent, leur mandat a
été renouvelé et renouvelé. Je crois que dans la
situation, c'est aux mandatés de prendre leurs responsabilités.
Je n'irai pas m'immiscer dans les affaires de Montréal, dont fait partie
l'est de Montréal. Je vois ici, d'après les sondages, qu'une
grosse partie des résidants de Montréal est contre le choix du
parc. Cela a paru dans les journaux ce matin. Mais je laisserai au
gouvernement, au ministre et au maire, le soin d'en décider.
En ce qui concerne les bateaux, je ne blâme pas le maire
d'être un peu craintif à ce sujet parce que, s'il y a un gars qui
le sait, c'est moi ! Cela fait trois ans que j'ai de la difficulté avec
des bateaux qui font la traversée entre Lévis et Québec et
je vous dis que ce n'est pas un cadeau.
Maintenant, je n'ai pas tellement d'autres commentaires à faire.
Je n'ai pas tellement de questions à vous poser. Je viens de vous dire
que j'ai confiance que les gens en place vont
prendre leurs responsabilités, comme nous le faisons dans nos
comtés en défendant nos intérêts. Je crois que si
tout le monde se met de la partie, on pourra arriver... Que les jeux olympiques
soient à Montréal ou ailleurs, moi ça ne m'importe pas
tellement mais c'est avantageux de les avoir dans la province de Québec.
J'en suis à 100 p.c.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, il y a plusieurs mois que nous
attendons l'occasion qui nous est offerte d'engager le dialogue avec les
responsables des jeux olympiques. Aujourd'hui nous discuterons du village
olympique seulement mais nous souhaitons que prochainement nous puissions
aborder tous les autres aspects de cette énorme entreprise qui concerne
tous les Québécois.
Le Parti québécois d'abord est favorable aux jeux
olympiques; nous avons été très heureux... et nous
félicitons le maire pour le travail qu'il a fait pour les obtenir pour
la ville de Montréal.
Cependant, M. le Président, nous voulons que ces jeux soient,
comme ce fut le cas pour Expo 67, d'un succès sans
précédent. Pour cela il faudrait que l'organisation de ces jeux
laisse â Montréal des traces heureuses, car trop souvent, dans le
passé, dans d'autres villes, la quinzaine olympique a été
ternie par l'inutilité ultérieure des équipements sociaux
qui lui furent nécessaires.
Nous voulons que Montréal puisse se vanter d'avoir pleinement
intégré je souligne intégré la tenue
des jeux olympiques à son développement spacial et communautaire.
A ce point de vue, la gestion du village olympique est d'une importance
capitale à cause des montants élevés qui sont
impliqués et de l'utilisation ultérieure des équipements
d'habitation qui sont aménagés.
Jusqu'à maintenant, le projet dont nous avons entendu parler,
celui du parc Viau, comporte deux caractéristiques. Premièrement,
il adopte le concept d'un village unique regroupant dans un seul emplacement
plusieurs milliers de logements soit 1,800 comme le maire nous l'a dit
tantôt.
Deuxième point, il sacrifie, à des fins d'habitation, un
des rares espaces verts aménagés dans l'est de Montréal.
M. le maire nous a dit que ce n'était pas un parc, mais c'est un espace
vert quand même. Pour nous, ces deux caractéristiques rendent le
projet difficilement acceptable. Je n'insisterai pas sur la
nécessité qu'il y a de protéger les espaces verts, on en a
parlé tellement souvent. C'est une autre dimension que je veux
plutôt amener ce soir, concernant la politique d'habitation et les
dangers graves qu'il y aurait de construire, dans un espace restreint, un grand
nombre de HLM. Procéder de la sorte irait à l'encontre non
seulement de la politique actuelle de la ville de Montréal, mais de ce
qui se fait partout dans le monde. Je pense qu'il y aurait des
conséquences sociales d'une telle entreprise et ce serait incalculable.
On se rappelle, dans le temps des habitations Jeanne-Mance, l'objection des
Montréalais et, cette fois-ci, c'est cinq fois plus gros. Je pense que
les Montréalais ont de la difficulté à l'accepter comme
telle. La décision à prendre sur le village olympique ne
relève pas uniquement des autorités de la ville de
Montréal; le COJO et le CIO ont leur mot à dire, mais le
gouvernement du Québec a également son mot à dire. C'est
même lui qui, par l'intermédiaire de la Société
d'habitation du Québec, devra se prononcer en dernier ressort sur
l'emplacement, le genre de construction et le financement. Cette
responsabilité québécoise devrait être
exercée à l'avantage de tous les Québécois et elle
ne peut être déléguée à personne d'autre.
C'est pourquoi la présente commission revêt à nos yeux une
signification particulière. Elle place la responsabilité de cette
décision à son véritable niveau, c'est-à-dire sur
les épaules du gouvernement du Québec.
M. le Président, je voudrais demander au maire, d'abord, comment
peut-il...
M. PAUL: Si l'honorable député me permettait une
question?
M. LEGER: M. le Président, je sais que le maire doit partir
très bientôt et comme cela fait seulement trois minutes que je
peux lui adresser la parole, je voudrais avoir l'occasion de lui expliquer
cela.
M. PAUL: Vous avez réveillé le député
de...
M. LEGER: M. le Président, comment le maire a-t-il pu faire la
traduction? Est-ce qu'il a la traduction officielle, française, de cette
expression de l'article 37 qui dit: "The organizing committee shall provide an
Olympic village for men and one for women so that competitors and team
officials can be housed together and fed at a reasonable price". La traduction
que j'ai eue, moi, de ce règlement, était la suivante: "C'est de
façon que les athlètes et dirigeants puissent être
logés ensemble" et la traduction que je vois c'est:
"hébergés en un même lieu".
M. DRAPEAU: L'édition même vient de Lausanne, 1967. La
traduction qui a été faite, qui est à la disposition de M.
le député, n'est pas une traduction officielle. Cela, c'est
imprimé par le CIO lui-même, version anglaise, version
française, et c'est cela qui a été photocopié pour
mettre dans le dossier pour éviter les erreurs.
M. LEGER: C'est la traduction officielle...
M. DRAPEAU : "Tous hébergés en un même lieu".
M. LEGER: C'est la traduction officielle.
M. DRAPEAU : Autrement il faudrait dire que le mot "ensemble" traduit
"together" et on peut dire que le mot "together" aide à comprendre qu'en
un même lieu, cela veut dire ensemble, parce qu'autrement, en un
même lieu, une ville, c'est un lieu. Justement, la traduction qui a
été faite par la suite et le mot "together", cela ne veut pas
dire n'importe où, dans la même ville. Alors, la traduction est
ici. Je peux...
M. LEGER: D'accord...
M. DRAPEAU: ... j'ai pris une photocopie qui a été faite
à mon bureau, mais pas par moi.
M. LEGER: D'accord. Cela m'amène à poser la question
suivante. On connaît les qualités de négociateur et de
vendeur, à travers le monde entier, auprès des différents
pays qui ont été rejoints par M. le maire, pour venir participer
aux jeux olympiques, c'est-à-dire pour venir à l'Expo 67, ainsi
que pour vendre l'idée que la ville de Montréal était
l'endroit idéal pour les jeux olympiques. Comment se fait-il que, dans
les jeux olympiques qui ont précédé ceux de
Montréal... Je voulais faire une relation avec les jeux olympiques de
Londres dont les organisateurs, eux, ont réussi à convaincre les
autorités du CIO de voir à ce que le village olympique soit
divisé en cinq endroits. Cela a été divisé en 1948,
à Londres, dans quatre camps et quinze écoles. La même
chose a été obtenue par les responsables des jeux olympiques de
la ville de Helsinki, en 1952, où on a divisé le village
olympique en sept sites dont un site pour 4,000 et quelques athlètes et
six autres sites pour 2,700 autres athlètes. A Melbourne, cela a
été la même chose, cela a été divisé
en deux endroits différents. A Tokyo, les deux villages étaient
séparés de trois milles et demi de distance, entre chacun. Je
suis sûr que M. le maire a le championnat de vendeur d'idées.
Comment cela se fait-il qu'il n'a pas plus négocié pour
obtenir justement que les villages puissent être divisés et
s'intégrer aux besoins d'habitations de la ville de Montréal?
M. DRAPEAU: Voici les expériences des autres villages. Ce fut
d'abord en 1948, trois ans après la guerre, à Londres. En 1944,
à cause de la guerre, il n'y avait pas eu de jeux. Londres se relevait
de la pénible période traversée. Comme je le disais dans
mes notes et la situation s'est répétée à
Helsinki en 1952 ces pays avaient été ravagés par
la guerre. Que le CIO accepte de composer au lendemain de la guerre cela
sauvait les olympiques, cela sauvait le fil de l'olympisme. Il ne fallait pas
qu'il y ait abstention. Aux temps anciens, on cessait de se battre pour
permettre aux jeux d'avoir lieu. Malheureusement, on n'a pas fait de
progrès. Quand la guerre arrive, les jeux n'ont pas lieu. Alors,
immédiatement après la guerre, à Londres et même
à Helsinki, la reconstruction des villes ne permettait pas autre chose
qu'un accommodement de fortune.
A Tokyo, on a utilisé des milliards pour refaire la ville et on a
réussi, hélas, à faire accepter par le CIO l'idée
d'utiliser des baraques qui existaient et qui avaient été
utilisées par l'armée américaine. C'est tellement vrai que
le village de Tokyo a été défini comme étant un
surplus de guerre. Même si cela était en 1964, le village de Tokyo
a été défini comme un surplus de guerre parce que ces
baraques avaient servi aux familles des militaires américains en
garnison au Japon. Là, que le CIO se soit rendu aux pressions
gouvernementales japonaises, j'en douterais, parce que le CIO est une puissance
non gouvernementale et n'accepte pas l'idée d'intervention. Mais le
Comité japonais olympique ayant fait valoir qu'il y avait là des
baraques toutes prêtes, au nom de l'économie de ci et de cela, a
convaincu le CIO d'utiliser ce baraquement militaire qui n'a absolument pas
donné satisfaction, qui a été qualifié de surplus
de guerre et qui a laissé un très, très mauvais souvenir.
Le village olympique de Tokyo est d'ailleurs ainsi décrit, pour des
raisons évidentes: "Le village de Tokyo ne répondait à
aucune des caractéristiques auxquelles nous avons fait allusion.
C'était le contraire d'un village."
Mais le CIO s'était laissé convaincre, étant
donné qu'il y avait là des choses toutes prêtes, de les
utiliser. Il l'a regretté, parce que c'est le plus mauvais souvenir
qu'un village ait laissé.
C'est à cause de ces expériences et je dis quelque
part ici que l'expérience est la somme de nos expériences
qui ont été tentées ailleurs que je comprends le CIO, qui
est blâmé après d'avoir cédé sur des
questions comme celles-là. Il n'a pas été
blâmé pour Tokyo, pour Londres et Helsinki, mais à
Melbourne, il a été blâmé. J'ai l'historique de
chacun des villages et des commentaires par la suite, et c'est fondé sur
le rapport des jeux car, par la suite, les membres du CIO, les diverses
commissions techniques, les commissions de logement et tout et les
comités nationaux préparent des rapports et les étudient.
Cela n'a absolument pas donné satisfaction.
A Mexico, on a accepté également un morcellement parce que
là il y avait une expérience justement de la construction neuve,
et pour aider, on a accepté d'avoir différents endroits.
Même si cela était à différents endroits, cela a
été un fiasco quand même et il n'est pas sûr que tout
soit occupé dans le moment, même si cela était
distribué, parce que cela a été conçu comme des
villages et non pas comme de l'habitation permanente, comme un quartier de
ville, alors que, dans le moment, ce que nous envisageons, c'est
précisément ce qu'a dans l'esprit le député de
Lafontaine. Il s'agit de faire de cette expérience sociologique,
économique, de faire que tout, après les jeux, serve sans qu'il
ne s'écoule de temps. Il faut concevoir cela comme
nos installations sportives qui vont toutes servir, parce qu'elles sont
conçues à des endroits où on va continuer d'aller
rapidement. Quand le commissaire viendra et puisque j'en ai l'occasion
il a été exprimé le désir que le COJO comparaisse
je peux sûrement me faire le porte-parole de l'esprit qui anime le
commissaire et ses collaborateurs. Ils seront heureux de venir faire une
présentation complète devant non seulement la commission mais
devant tous les députés que cela intéresse.
Je pense que je peux même me faire le porte-parole du commissaire
et de ses collaborateurs. Si des députés ou des ministres veulent
rendre visite au COJO et sur place, voir les installations, comment cela
fonctionne, poser toutes les questions, ils seront absolument les
bienvenus.
Donc, ces expériences ont été faites. A Mexico, la
superficie était de 30 hectares à peine. Ils comprenaient 29
bâtiments de six... J'ai tout cela. Et cela a été
pénible. Alors, à la lumière de tout cela, nous avons
conçu, nous, une formule qui n'est pas encore sur le papier, qui va nous
servir à en établir les critères. Nous invitons tous ceux
qui ont des idées à suggérer, de nous les faires parvenir
pour qu'elles entrent dans les critères. Le ministère des
Affaires municipales et de l'environnement et les autres ministère, qui
pourront par leurs collaborateurs nous faire des suggestions, nous les invitons
à le faire. Nous allons établir les critères pour que se
réalise précisément l'expérience que le
député de Lafontaine voudrait voir se réaliser à
Montréal.
Il faut l'admettre, et je le remercie de l'avoir souligné; l'Expo
67 a été un succès. Mais il faut dire qu'il a fallu lutter
et en imposer des choses. Je peux dire que la seule chose qui n'a pas
été un succès parce qu'après cela, le
gouvernement fédéral a été pris avec; il en a donc
réduit les prix c'était précisément une
formule de logement qui était merveilleusement conçue sur le
papier, mais qu'il a fallu réduire à 1/5 ou 1/10 du projet. Il a
fallu ouvrir l'exposition en laissant des logements non finis. A ce
moment-là, je me souviens, c'était un secret éventé
depuis longtemps, lorsqu'on avait appris la nouvelle au conseil
d'administration, qu'à moins de voter encore des millions pour finir
cette expérience de la Cité du Havre, de l'Habitat, ce serait une
catastrophe, parce que des logements ne seraient pas terminés. Je leur
ai répondu que ce ne serait pas une catastrophe, qu'on annoncerait, tout
simplement, que c'était pour permettre aux visiteurs de voir comment
c'était fait, que c'était pour cela qu'on ne les finissait
pas.
Cela a été un programme inachevé, il faut bien le
dire.
M. LEGER: La symphonie inachevée.
M. DRAPEAU : Et ensuite, ce projet était censé être
fait pour démontrer l'habitat de l'avenir. C'est pour cela qu'il faut
faire attention aux formules mirobolantes. C'était pour prouver le
contraire de ce que cela a prouvé; au point que l'architecte qui l'avait
conçu et on sait qu'il a du talent, il coûte cher, mais il
a du talent après avoir vécu là, quelques mois, est
parti. Quand les journalistes l'ont rattrapé pour lui demander pourquoi
il était parti, il a répondu qu'il n'avait pas les moyens de
rester là.
Il faut faire attention à ces projets. Je pense que le
député de Lafontaine me comprend.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais quand même revenir
à une déclaration du maire, tantôt, alors qu'il parlait en
relatant M. Artenzi, qui est un des conseillers du comité olympique et
qui a été de très près attaché à la
construction du village olympique de Rome. Daberto Artenzi disait justement de
la formule d'habitation pour un nombre grandissant d'athlètes d'un
village unique: "Une telle politique doit obligatoirement prévoir
l'utilisation future et effective par la population résidante de tous
les éléments réalisés et qu'on ne soit pas
obligés, pour les installations sportives, de constater le
phénomène de leur emploi irrégulier, partiel, à
cause de différents secteurs. Parmi les plus importants, on peut citer
le manque de prévoyance pour le choix et l'emplacement, la grandeur et
surtout le coût excessif." Plus loin, il dit: "A partir de
Montréal, il est facile de prévoir que le nombre de villes
présentant leur candidature au comité international olympique va
diminuer." A la fin, il conclut qu'il faudra peut-être penser, même
pour Montréal... Ici, il dit: "Après Montréal 1976, les
villages olympiques à double emploi pourraient être
dépassés. Il vaut mieux les remplacer par des unités
hôtelières, fonctionnelles et modernes dont certaines seront
exclusivement réservées à la jeunesse sportive, nationale
et internationale." Et plus loin, il dit: "Et ainsi après les jeux, les
immanquables surprises économiques concernant la conversion toujours
onéreuse des villages en unités d'habitation ne se produiraient
plus".
En conclusion, on doit souhaiter qu'avant Montréal le
Comité international olympique en collaboration étroite avec
toutes les fédérations internationales et nationales sportives
élaboreront un plan afin qu'à partir de 1980, peut-être, si
cela est possible 1976... Donc, c'est dans l'esprit qu'il faudrait
peut-être le corriger. Alors, c'est pour cela que je me demande,
étant donné que c'est dans l'esprit de vouloir changer une
formule d'un village unique, si... Tantôt, M. le maire disait que
c'étaient des cas particuliers, les autres villes ont réussi par
des raisons bien précises. Est-ce que M. le maire nous dit
qu'actuellement il serait trop tard pour aborder cette question-là avec
le CIO?
M. DRAPEAU: Alors, cette question fait déjà l'objet, je
n'ai pas à l'aborder, régulière-
ment de discussions au CIO et dans les réunions
plénières avec les fédérations des comités
nationaux. Il en sera encore question au mois d'octobre au congrès du
sport. Mais l'article que M. le député de Lafontaine vient de
lire, il faut le prendre dans son ensemble. Quant à la conclusion du
professeur Artenzi, pour en arriver à plusieurs villages, il faudrait
que les jeux aient lieu dans plusieurs villes.
M. LEGER: ... dans plusieurs villes aussi.
M. DRAPEAU: Alors, cela pose toute la question qui est discutée
et qui revient régulièrement à savoir si les jeux
olympiques devraient avoir lieu dans plusieurs villes avec chaque ville son
village, ou si on doit continuer d'avoir les jeux dans une même ville.
Mais il ne dit pas que, quand les jeux ont lieu dans une même ville, il
favorise plusieurs villages, par exemple. Ce n'est pas cela que l'article
dit.
M. LEGER: Nécessairement, il parle de plusieurs emplacements
hôteliers.
M. DRAPEAU: C'est cela, un village dans chaque ville où il y
aurait des compétitions parce qu'il dit: Par exemple, un noyau de cinq
villes au minimum pourrait célébrer les jeux olympiques. Alors,
s'il y a cinq villes qui célèbrent les jeux olympiques, il y a
cinq villages, mais pas cinq villages dans la même ville. Ce n'est pas
cela que le professeur Artenzi dit.
M. LEGER: D'accord. Mais il y a deux aspects que j'ai montrés au
maire.
M. DRAPEAU: D'accord.
M. LEGER: Le deuxième concluait de changer; le premier disait que
c'était impensable de toujours avoir un village à la même
place, qu'on devrait avoir plusieurs installations pour que les gens puissent
loger à différents endroits; mais c'est dans le même
village à ce moment-là, dans la même ville.
M. DRAPEAU: Cela pose la question: Où ont lieu les jeux? Si les
jeux ont lieu dans une seule ville, c'est un seul village. Le professeur
Artenzi partage l'opinion, et son opinion est dans le bulletin olympique, avec
d'autres, on publie d'autres opinions aussi à l'occasion. Il y a les
tenants d'une seule ville et il y a les tenants de plusieurs villes. Tant qu'il
n'y a qu'une ville, il n'y a qu'un village. Le professeur Artenzi dit: Pour
avoir plus de villages il faudrait que les jeux aient lieu dans plusieurs
villes. C'est le sens de l'article.
M. LEGER: La deuxième partie, d'accord; pas la
première.
M. DRAPEAU: Dans la première, il parle des villages mais il dit :
Cela sera possible si les jeux ont lieu dans plusieurs villes. C'est cela que
le professeur dit.
M. LEGER: M. le Président, de toute façon, je voudrais
ramener quand même une affirmation du maire, qui disait tantôt
qu'à Amsterdam les athlètes avaient été
inconfortables, ceux qui avaient été sur les bateaux. Je dois
relire l'article quand même et je pense que ce n'est pas tout à
fait le sens, c'est qu'à Amsterdam en 1928 on abandonna c'est
pour le ministre qui avait proposé le projet des bateaux en
partie l'idée communautaire. On avait aménagé un groupe
d'écoles, mais un bon nombre d'athlètes trouvèrent cette
solution inconfortable. C'est pour les écoles, la situation
inconfortable. Par la suite, il dit: Les représentants des Etats-Unis
furent logés à bord du Président Roosevelt, ceux de
l'Italie, à bord du Solento. Ces bateaux se trouvaient dans le port de
la ville hollandaise. C'est tout. Cela ne veut pas dire, parce que cela n'a pas
été répété, que les gens avaient jugé
cela inconfortable.
M. DRAPEAU: Ce n'est pas cela que l'article dit. Ce sont les
renseignements qu'on a eus. Les Italiens n'ont jamais voulu demeurer sur un
bateau et les Américains non plus, parce qu'ils l'auraient fait par la
suite.
M. LEGER: Ce n'est peut-être pas la seule raison.
M. DRAPEAU: On sait bien que, quand on reçoit ces bulletins, je
les lis. Et quand j'ai vu surtout une question comme celle-là qui
m'intéressait à fond, j'ai communiqué avec des membres des
Etats-Unis ils ne sont pas loin, heureusement et je suis en
contact assez souvent avec les autorités du CONI à Rome. Alors,
cette expérience de vivre à bord d'un bateau, les athlètes
n'aime pas ça. Les chambres sont toutes petites, on manque d'air, etc.
Il ne faut pas oublier une chose, c'est qu'ils s'en vont concourir et ils vont
être blâmés s'ils ne remportent pas de médailles; ils
vont dire: C'est parce que j'ai mal dormi. Il faut être sérieux,
c'est la plus grande manifestation mondiale. Il y en a deux: les expositions
universelles qui ont lieu de façon irrégulière... C'est la
seule manifestation universelle qui a lieu régulièrement tous les
quatre ans, sauf en temps de guerre.
M. LEGER: M. le Président, pour ne pas prolonger, je voudrais
quand même poser certaines questions concernant l'habitation. Est-ce que
le maire pourrait nous dire j'ai quatre questions qui se tiennent
ensemble qui construira ces habitations, le genre d'habitation, quand
doit commencer la construction et quel sera la rôle de la ville de
Montréal et de l'entreprise privée là-dedans?
M. DRAPEAU: Vous trouvez cette réponse
dans le deuxième cahier, à la page 54, Type de
développement domiciliaire. "L'administration municipale n'entretient
actuellement aucun projet en particulier quant au
développement à venir.
Elle se propose d'étudier et de faire étudier toutes les
propositions qui lui parviendront dans un délai donné, de
soumettre au conseil, pour son approbation, le ou les projets à retenir
et d'en faire autoriser la réalisation en vertu d'un règlement
spécifique.
Les normes et critères seront établis de façon
à assurer l'utilisation la plus sociologique, écologique et
rationnelle possible de l'emplacement, étant entendu que le nombre
maximum de logements est fixé à 1,800, et les services
communautaires connexes.
Il ne paraît pas exagéré... Je parle d'un parc.
Ensuite: "L'administration municipale entend que la ville demeure toujours
propriétaire du terrain.
Il n'est pas question de le vendre, etc." "Nous avons toujours
page 56 affirmé et nous réaffirmons que les logements
à prévoir pour 1976 ne devront pas être uniquement des HLM,
ils ne formeront pas une agglomération déprimante, antisociale,
une sorte de ghetto.
La conception de l'ensemble devra exprimer le souci d'assurer une
présence variée, équilibrée et
représentative de tous les besoins et de tous les états de
fortune et de non-fortune.
Les intéressés à la réalisation d'un projet
d'ensembles ou de plusieurs projets complémentaires devont tenir compte
de cette ligne de pensée qui devra être une condition formelle de
base à toute proposition."
M. LEGER: Est-ce que M. le maire pourrait me dire, concernant le mode de
financement, si on s'attend que ce soit la Société centrale
d'hypothèques qui puisse prêter à 95 p.c. et que les normes
et critères soient établis par la Société
d'habitation?
M. DRAPEAU: Pas nécessairement. Dans les projets qui seront
soumis, s'il y en a qui peuvent se financer entièrement, nous voulons
quand même, dans les normes et critères, exiger qu'il y ait un
pourcentage pour les personnes âgées, les vieux couples, les
familles défavorisées. Quand tous ces critères seront
établis, toute la partie qui sera pour du logement non
subventionné, si ça peut et nous le souhaitons se
financer privément, ça se financera privément. Pour la
partie qui doit servir à l'aspect social du logement, la
Société d'habitation du Québec aura son mot à dire
et l'Office d'habitation de Montréal aussi. C'est ça. Je pense
qu'on est parfaitement sur la même longueur d'ondes; le
député de Lafontaine et nous, nous ne voulons pas de ghettos. Je
pense qu'on est d'accord?
M. LEGER: D'accord.
M. DRAPEAU: Nous voulons que ce soit, là ou ailleurs,
l'habitation la plus sociologique possible. Je dis que nous avons une occasion
unique, parce qu'il n'y a pas d'autres emplacements qui se prêteraient
à ça aussi bien, parce que tous les autres emplacements sont
exclusifs, celui-ci est inclusif.
Cela inclut tous les groupes de sociétés; tous les
états de fortune peuvent aller demeurer là. Quand je dis que
c'est la promotion de l'est, c'est sa promotion non seulement sur le plan des
affaires, mais d'abord sur le plan du logement. Le député de
Lafontaine et d'autres de l'est connaissent assez cette partie de la ville.
Depuis l'hôpital Maria-Cabrini en descendant jusqu'à Sherbrooke,
c'est un corridor d'institutions hospitalières. On sait que les
médecins et les chirurgiens ne se plaignent plus comme peut-être
ils se sont déjà plaints que c'était la fin de leur
profession, quand une certaine loi a été adoptée; or, les
revenus, et je m'en réjouis, qui leur arrivent leur permettent de payer
de hauts loyers, et je m'en réjouis. Ce dont je me réjouis moins,
par exemple, c'est que généralement, ils traversent la ville,
vont rester dans l'ouest de Montréal ou dans des banlieues de l'ouest et
traversent le matin pour venir à l'hôpital.
Je dis qu'à partir du moment où il y aura un plateau
inclusif, un programme inclusif d'habitation, pour qu'il y ait de l'habitation
pour les gens qui peuvent payer cher, et que des gens qui peuvent payer moins
cher puissent demeurer à côté de gens qui paient cher et
que tous vivent ensemble, on aura fait une expérience sociologique
à donner en exemple. J'y crois. Je demeure dans l'établissement
voisin, dans l'emplacement voisin, la Cité Jardin. Je vois des gens
on est quelques centaines de familles de toute classe; il y a des
professionnels, des marchands, des ouvriers, des fonctionnaires, il y en a de
toute classe. Quand on se promène dans les rues de Cité Jardin,
on n'est pas capable de trouver regardez les maisons quel est
celui qui est défavorisé et quel est celui qui est riche. Cela,
je vous dis que c'est une expérience sociologique.
Pourquoi ne répéterions-nous pas, dans le climat de trente
ans après, par exemple, une Cité Jardin conçue pour tous
les groupes de citoyens, tous, sans distinctions? Mais le climat social veut
maintenent que l'habitat soit plutôt en hauteur et il y a des gens qui
acceptent de vivre en hauteur. Alors, au lieu que ce soient toutes des maisons
à un étage, à deux étages, des maisons
unifamiliales, cela pourrait être autre chose. C'est pourquoi j'invite et
nous invitons tous ceux qui peuvent contribuer à la qualité de
cette expérience à le faire. Ensuite, ceux qui
présenteront des projets devront respecter ces critères et on
aura ensemble réussi une expérience sociologique dans
l'habitation.
On aura réussi à donner un parc ouvert à tout le
monde de 35 acres quand il n'y en a pas dans le moment. On aura situé
cela à côté du parc olympique de 125 acres où il va
y avoir deux millions et demi de pieds de gazon et une dizaine de milliers
d'arbres, d'arbustes et de
plantes de toutes sortes. Je pense donc que c'est une expérience
qui vaut la peine d'être tentée.
M. LEGER: Je voudrais demander à M. le maire, sur ce qu'il vient
de dire, comment peut-il concilier une adaptation d'un village qui est
conçu d'abord pour des athlètes, célibataires, et qui, par
la suite, devra être retransformé soit pour maisons de luxe ou
maisons familiales avec tous les équipements communautaires qui sont
nécessaires et qui sont différents dans les deux cas?
M. DRAPEAU: Cela n'est un problème ni technique, ni sociologique.
Sur le plan technique, il n'est pas nécessaire de rendre la construction
des bâtiments à son point final. D'abord que les bâtiments
seront construits, toute la finition, tout le cloisonnement non essentiel n'a
pas besoin d'être en place. Alors, cela peut être de l'habitation,
du logement dans des conditions très favorables, mais une fois que les
athlètes partent, la construction continue et il n'y a pas de frais
d'adaptation après.
M. LEGER: Concernant les équipements communautaires
nécessaires qui sont quand même différents?
M. DRAPEAU: Alors, il y a des salles qui devront servir pendant les jeux
à certaines fins mais qui seront conçues pour après,
servir soit de centres commerciaux, soit de centres communautaires, soit de
garderies d'enfants, soit de maternelles, soit de chapelles pour divers cultes,
soit d'espaces de bureaux et même de garages, parce qu'il y aura des
emplacements tel que nous le voyons, que nous énumérons
les critères qui, après, devront servir de garages de
stationnement souterrain, en dessous des bâtiments. Pendant les jeux,
comme on n'aura pas besoin de garages de stationnement, cela servira pour des
fins de village. Le mot "village" évidemment n'est pas exact. C'est du
logement. Etant donné les études que j'ai personnellement faites
avec nos collaborateurs de cette question d'habitation des athlètes, il
faut éviter ce qui est arrivé ailleurs. Des athlètes
viennent demeurer dans une maison fort convenable, bien finie et, en souvenir
des jeux olympiques, ils rapportent une poignée de porte, ou ils
rapportent un morceau de cadre de porte, ou un morceau de plomberie. Qu'est-ce
que vous voulez? C'est peut-être la seule fois qu'ils auront
participé aux jeux olympiques dans leur vie et ils rapportent un
souvenir du village.
Tout cela, il y a moyen d'y penser avant.
Notre intention est précisément de prévenir ceux
qui vont concevoir ces projets, pour que ce soit conçu de façon
à servir de logements modestes, confortables, mais une fois que les
athlètes seront partis et que l'ameublement temporaire sera parti, des
corps de métiers entreront dans le chantier et continueront la
construction.
Il est évident que l'on n'est pas obligé, dans chaque
logement, de mettre toutes les installations de cuisine. Donc, les
installations de cuisine n'y seront pas, cela fera une chambre à
coucher.
M. LEGER: Quelle est la différence de coût de cette
adaptation?
M. DRAPEAU: Nous envisageons non seulement que les
"développeurs", si on me permet ce mot, présenteront un projet
sans frais pour le COJO mais aussi sans rien exiger pour les
réparations, parce qu'il ne devrait pas y avoir beaucoup de
réparations dans la mesure où les accessoires qui peuvent
s'enlever ne sont pas là, dans la mesure où le bois de finition
n'est pas là. Il n'est pas prescrit dans les règles du village
olympique qu'on doit finir la boiserie et mettre des tapis mur à
mur.
Alors, il est donc possible de concevoir des bâtiments qui
seraient utilisés avant la fin des travaux. Il y en a qui ont
communiqué avec moi. Il y a, apparemment, plusieurs consultants qui ont
hâte de savoir s'ils peuvent envisager de faire des propositions et je
leur ai toujours dit la même chose. Il faudrait que votre proposition
tende à offrir gratuitement l'occupation des lieux au COJO pendant les
jeux, à ne pas avoir de loyer à charger. Cela économise de
l'argent.
A Munich, il en a coûté $12 millions pour loger les
athlètes. J'ai remercié et je remercie encore les
autorités financières du comité organisateur de Munich qui
m'ont fourni en plusieurs séances de travail qui duraient des heures les
renseignements infiniment précieux pour éviter certaines erreurs,
des erreurs qu'ils ne pouvaient pas éviter et dont ils n'ont pas
à être blâmés; ils ont été induits
à faire certaines choses et ils nous ont bien dit de résister
à certaines pressions et nous entendons y résister.
M. LEGER: M. le maire pourrait-il nous dire la proportion dans laquelle
par la suite ces habitations se diviseraient en logements de luxe, logements
HLM et logements pour personnes âgées? A-t-il prévu la
proportion?
M. DRAPEAU: Moi, je n'ai pas prévu la proportion parce que je ne
suis pas celui qui va le décider. On formera un comité de gens
qui examineront cela avec la Société d'habitation, avec les gens
qui connaissent ce qu'est un programme comme cela pour qu'il y ait une
représentation sociologique. Il est évident que, s'il y a trop
d'un ingrédient dans un mélange, cela peut gâter
l'expérience gastronomique qu'on veut faire. L'expérience
sociologique qu'on veut faire devra correspondre aux critères que des
gens qui s'y connaissent établiront. Et quand, à ce
moment-là, cela sera fait, nous présenterons, comme je le dis, le
ou les projets, parce que s'ils nous paraît qu'il y en a deux ou trois
qui ont à peu près égal mérite, nous les
soumettrons au conseil municipal pour le choix.
II est bien évident que tout cela se fera avec la collaboration
et l'expérience de la Société d'habitation du
Québec et d'autres ministères du gouvernement, comme cela se fera
avec la collaboration de plusieurs services municipaux et de ceux qui s'y
intéressent.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que M. le ministre peut nous
dire si, d'abord, il a déjà été saisi de cette
proposition, par la suite, et ce qu'il en pense? Est-ce que le ministre admet
que toute la décision d'approuver le site, la configuration du projet du
village olympique relève de la Société d'habitation du
Québec via l'article 51 de sa loi et de la réglementation aussi
à l'article 21 par le fait que Québec va combler le
déficit général des jeux, de même que le
déficit d'exploitation des habitations du village olympique? Est-ce que
le ministre est au courant de ce projet dont M. le maire vient de nous parler?
Qu'est-ce qu'il en pense? Est-ce qu'il admet que c'est la décision de la
Société d'habitation du Québec de déterminer
l'emplacement, le site et la configuration du village?
M. GOLDBLOOM: J'ai été saisi par M. le maire, au cours des
conversations que nous avons eues, des idées qu'il vient
d'émettre et je pense bien que cette idée fondamentale d'inviter
des suggestions utiles est excellente. Quant au rôle de la
Société d'habitation du Québec, pour notre part, nous
n'interprétons pas de la même façon le rôle de cette
société. Elle aurait un rôle à jouer si elle
était appelée à participer directement à la
décision. Il est clair que si nous parlions de HLM, ce qui ne nous
semble pas désirable, nous serions obligés de nous prononcer sur
la question. Si l'Office municipal d'habitation s'adresse à la
société, la société lui répondra, c'est
clair.
Mais ce qui semble se dessiner, c'est davantage un complexe
résidentiel qui serait varié, qui attirerait un éventail
de groupes socio-économiques et au sein duquel le gouvernement pourrait
contribuer à la présence de certaines familles qui, autrement, ne
seraient pas en mesure de se loger là. Mais par ce genre de subventions
à la famille plutôt qu'à l'immeuble lui-même, le
gouvernement pourrait aider à assurer cette mixture
socio-économique qui semble désirable.
M. LEGER: Est-ce que le ministre admet quand même que, pour la
partie de ces habitations qui sont des HLM, cela doit quand même
être immédiatement accepté par la Société
d'habitation du Québec qui devra fournir 95 p.c. du financement selon la
loi?
M. GOLDBLOOM: II y a une question qui est assez fondamentale et c'est
sur cette question que nous luttons et celui qui vous parle, le premier, et de
la façon la plus publique, parce que c'est celui qui vous parle qui,
depuis plusieurs semaines et c'est notamment le député de
Lafontaine qui est placé pour le savoir est exposé
à des questions en Chambre quatre jours par semaine et qui est
appelé à commenter une situation qui, jusqu'à aujourd'hui
même, n'a pas été claire.
Quant aux dernières réponses que j'ai eues, j'en ai eu une
précisément à 11 heures ce matin, dans un cas, et à
1 h 45 cet après-midi, dans l'autre cas. Le maire a
suggéré que c'était au moment même où je suis
entré dans la salle ici que j'avais eu les dernières
réponses; il n'était pas très loin de la
vérité.
Nous avons demandé la réouverture de plusieurs dossiers et
nous l'avons fait avec vigueur, dans l'espoir de trouver une solution de
rechange de nature permanente. Je crois avoir démontré qu'il n'y
a pas de telle solution sur une base permanente. Nous avons essayé d'en
trouver sur une base temporaire et je suis heureux que le maire ait
accepté d'en discuter davantage. J'aimerais que monsieur le maire, avant
que la séance ne se termine, précise, pour notre intelligence,
les étapes qui doivent suivre.
Je sais qu'il y a un rendez-vous à Lausanne, entre le 20 et le
23; j'avais cru comprendre auparavant le...
M. DRAPEAU: C'est le 23. Mais le commissaire général, qui
doit aller présenter le rapport, part quelques jours avant. Je ne vais
pas à Lausanne.
M. GOLDBLOOM: D'accord. J'aimerais, dans un instant, que M. le maire
précise les étapes qui doivent suivre, mais on peut jouer sur
tous les tableaux et dire que telle autorité devrait intervenir, poser
des gestes, empêcher telle ou telle chose. C'est bien facile de dire
cela. Mais il faut avoir quelque chose de positif, de constructif, une solution
de rechange.
M. LEGER: Si le ministre me le permet, je n'ai jamais voulu dire que le
ministre devrait intervenir là. J'ai seulement demandé si le
ministre était au courant de ce qui se passe. C'est la raison pour
laquelle je lui demande si c'est lui en définitive qui, à cause
de la réglementation, de sa Loi sur l'habitation du Québec,
à un moment donné, devra prendre une décision ou non,
étant donné qu'il est concerné directement.
M. GOLDBLOOM: Mais le député de Lafontaine me demande si
je suis au courant, si les pouvoirs existent...
M. LEGER: Je l'admets, de plus en plus.
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas pour la pure théorie qu'il pose la
question, c'est pour me demander si nous allons exercer des pouvoirs. J'ai
déjà indiqué que le gouvernement va contribuer de
façon constructive non seulement à la réalisation des jeux
olympiques, mais également à la création de nouveaux
espaces verts sur l'île de Montréal, s'il faut en sacrifier,
parce que la solution temporaire ne sera pas retenue, mais on n'ira pas
plus loin que cela. C'est assez clair. C'est l'interprétation que nous
donnons à l'expression de l'opinion publique. Or, il est clair que
l'opinion publique se trouve dans un certain conflit présentement,
s'étant exprimée majoritairement en faveur de la tenue des jeux
olympiques et s'étant prononcée majoritairement en faveur de la
préservation du parc Viau. Où est l'équilibre entre ces
deux choses? Les contraintes temporelles que nous avons à respecter, et
que le maire précisera dans un instant à ma demande, nous
empêchent d'aller jusqu'au bout sans limite de temps et de faire des
sondages par-dessus des sondages. Nous devons faire des interprétations
et tirer des conclusions. C'est la conclusion que le gouvernement tire de la
situation actuelle.
M. LEGER: Vu qu'une majorité de citoyens se sont opposés
à l'utilisation du parc Viau, est-ce que, en 1969, quand la ville de
Montréal a présenté son plan incluant le village
olympique, le stade et la piscine, ce plan a été soumis au
gouvernement du Québec avant d'être accepté et
proposé au comité olympique?
M. GOLDBLOOM: Comme le maire l'a dit, un document a été
présenté. N'ayant pas été au gouvernement à
l'époque, je ne suis pas en mesure de répondre pour une
décision qui aurait pu être prise à cette
époque-là. Mais il est clair que le fait que l'Assemblée
nationale à l'époque ait été saisie d'une situation
n'empêche pas l'Assemblée nationale d'aujourd'hui de
réfléchir de façon nouvelle et fraîche sur un
problème, s'il y a une solution possible. Alors, j'aimerais que le
député de Lafontaine nous indique puisqu'après tout
nous sommes ici pour travailler vers la solution du problème de
quelle façon lui, il le résoudrait, pas simplement pour invoquer
qu'il y ait une autorité quelque part pour empêcher la ville de
poser tel ou tel geste. Où placerait-il le village olympique? Ou bien,
est-il prêt à recommander à l'opinion publique que les jeux
n'aient pas lieu?
M. LEGER: La question n'est pas de dire: Est-ce que le gouvernement
devrait arrêter immédiatement? La question est ceci: Le
gouvernement, s'il a des pouvoirs, il doit être informé, il doit
participer à cette décision qui touche tous les
Québécois. Aujourd'hui on veut savoir... M. le maire est un grand
réalisateur et un réalisateur habituellement aime avoir le moins
de difficultés, d'obstacles possible pour atteindre des buts qu'il juge
louables. Aujourd'hui on est devant le fait suivant: il commence à
être très tard, c'est difficile, cela va être remis à
une assemblée ultérieure et le comité olympique pourrait
prendre des décisons dans un avenir tellement éloigné que
cela pourrait mettre en péril les jeux olympiques ici. Alors, c'est une
situation assez difficile mais nous, on veut savoir si le gouvernement
était réellement renseigné il y a trois ans pour voir si,
à ce moment-là, il y avait possibilité d'amener à
poser des gestes au moment où c'était le temps et non pas trois
ans après. C'est la question que je pose. Est-ce qu'aujourd'hui on est
en mesure de dire que le gouvernement a réussi à être au
courant à temps et que maintenant que la population s'est
prononcée en majorité contre l'emplacement du parc Viau, et non
pas contre les jeux olympiques parce que tout le monde les
désire, je pense bien, en grande majorité du moins mais,
devant une réalisation, qui est responsable? C'est cela que la
population veut savoir. Qui va être responsable devant ce geste qu'on a
à poser, la disparition d'un espace vert? En passant, je veux dire
à M. le maire qu'il affirmait, tantôt, qu'en douze ans il a
été dépensé $125 millions pour l'augmentation des
espaces verts et que cela amenait un résultat de 1,000 acres. Je veux
demander, en même temps, à M. le maire, si ça inclut Terre
des Hommes? Dans Terre des Hommes, est-ce que vous admettez qu'il y en a au
moins la moitié qui ne sont pas des espaces verts?
M. DRAPEAU : Pas la moitié. Il y a à peine 25 p.c. de
bâti.
M. LEGER: Comment se fait-il qu'en ayant dépensé $125
millions... Dans le journal La Presse, on calculait qu'il y avait, après
étude, une perte de 300 acres dans les dernières cinq
années?
M. PAUL : J'en appelle au règlement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Un appel au règlement.
M. PAUL: Je soumets respectueusement que nous ne sommes pas ici,
aujourd'hui, pour faire l'analyse de l'administration municipale de la ville de
Montréal. Le maire de Montréal nous a donné certains
renseignements et je soumets respectueusement que toute question posée
par l'un ou l'autre des membres de la commission devrait être en relation
directe avec le pourquoi de notre réunion du jour. Qu'on ait
dépensé un montant de X à Terre des Hommes en 1967, je me
demande quelle est la relation directe et la pertinence d'une telle question
avec l'objet ou le sujet de la réunion d'aujourd'hui.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je donne la parole à son
honneur le maire, en réponse au ministre.
M. DRAPEAU: J'ai trois ou quatre points sur lesquels on m'a
demandé de parler. D'abord, la question d'un village temporaire sur
terre. Je voudrais bien et je veux je ne voudrais pas je veux
transmettre au commissaire la question pour qu'il la présente à
la commission executive de la façon la plus complète possible. Je
pense
bien que la commission exécutive ne pourrait pas... Disons tout
de suite que la commission executive du CIO et les règlements n'exigent
pas un village permanent. Ce n'est pas ça, mais un village, du logement.
Pour savoir s'ils vont accepter un village temporaire, il faudrait qu'on puisse
leur dire ce qu'il va avoir l'air, le village temporaire, comment il va
être organisé, comment il va être bâti, comment vont
être les services. Dans la mesure où tous ces renseignements
peuvent nous être communiqués, on va les communiquer à la
commission exécutive. Mais sur le principe, accepteriez-vous un village
temporaire, ils vont dire, oui. Ils vont dire: On n'a pas d'objection à
un village temporaire. Faites-le permanent, temporaire, ça ne nous
regarde pas. Pourvu qu'il soit là le temps qu'on en a besoin. Mais
qu'est-ce qu'il va avoir l'air? Qui dit temporaire, peut dire quelque chose de
très bien comme le sont les tentes du shah d'Iran, mais ça peut
être aussi quelque chose comme fut le logement des motels du temps de
l'Expo. Cela ne sera pas acceptable.
Entre ces deux formules, dès que nous aurons tous les
renseignements indispensables pour voir si ces formules d'abord, nous
pouvons les soumettre au CIO de logements temporaires correspondent aux
règlements d'habitation de Montréal, aux règlements de
construction, donc suffisamment à l'épreuve du feu, assez
résistants... Pour les bâtiments de l'Expo, nous avons
amendé le code de construction, mais c'était parce que les gens
n'y couchaient pas. Il y a quantité de règlements et même
parfois on nous accuse de ne pas être assez sévères. Toute
formule de village temporaire devra répondre aux exigences des
règlements municipaux pour de la maison d'habitation et que ce soit pour
trois mois, quinze jours ou une semaine, il faut que ce soit conforme. Dans la
mesure où on a tous ces renseignements qui peuvent être
présentés au CIO, je m'engage à les présenter,
à la satisfaction de M. le ministre c'est pourquoi je
l'inviterais à faire préparer toute cette description par ses
collaborateurs au commissaire pour qu'il les présente au CIO. La
question, simplement, de demander si un bâtiment temporaire sur terre
ferait, le CIO va dire: Ce n'est pas suffisant.
Deuxièmement, il y a d'autres points que je veux soulever. Le
député de Lafontaine a fait allusion à mes qualités
de vendeur. Je le remercie. Mais je crois qu'il va falloir que je les
déploie à corriger une situation parce qu'il y a souvent des
références aux sondages et à l'opinion publique qui se
sont manifestées contre le parc Viau. Si j'avais reçu un appel
téléphonique d'une personne qui m'aurait demandé:
Voulez-vous enlever le parc Viau? J'aurais dit non. Seulement, le sondage n'a
pas été fait comme il le faut. Le sondage, c'est un faux. C'est
une fumisterie tel qu'il a été fait. Je pense qu'on va
s'entendre. Si on se base là-dessus, il va falloir définir les
termes. Quand on regarde un gros titre: C'est le parc Viau. Le parc, le parc,
le parc!
J'entendais ce matin, encore une fois, une personne qui demeure loin,
qui ne sait pas où est le parc Viau, mais une pauvre femme qui disait
à Frenchie Jarraud: C'est bien sûr, je ne demeure pas dans ce
bout-là, mais les gens de ce bout-là ont bien raison de
s'opposer, ils ne veulent pas perdre leur parc et je les comprends. Ils ne
perdent pas de parc, ils n'ont pas de parc dans le moment. Mais si la question
avait été, par exemple: Etes-vous en faveur de changer un golf
pour un parc public? Je pense que les gens auraient dit: Oui. Cela aurait
été plus honnête comme sondage. C'est pour ça que le
sondage ne prouve absolument rien. Il ne prouve qu'une chose, c'est qu'on peut
faire dire n'importe quoi à un sondage. Cela dépend de la
façon dont la question est posée. Mais demander aux gens qui n'y
sont jamais allés: Etes-vous favorable à ce que le village soit
bâti à la place du parc Viau? C'est bien sûr, comme on
dirait au palais, c'est une question suggestive. Dans n'importe quelle cour,
elle n'aurait pas été permise.
M. LESSARD: Le chef de l'Opposition officielle sourit.
M. DRAPEAU : Pardon?
M. LESSARD: Cela fait plaisir au chef de l'Opposition officielle de dire
que l'on peut faire dire n'importe quoi par un sondage.
M. LOUBIER: C'est-à-dire que je ne me sens pas piqué, je
me sens visé. A ce moment-là, je dois dire au
député de Saguenay qu'il y a eu plusieurs sondages qui, parfois,
n'ont pas été avantageux pour le Parti québécois
non plus.
M. LEGER: Ce qui compte, c'est le dernier. M. LOUBIER: Bon, très
bien. M. PAUL: Parce qu'il...
M. LESSARD : Dans la bataille, c'est toujours le dernier combattant.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît!
Revenons aux choses sérieuses.
M. DRAPEAU: Alors, Messieurs, est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. LOUBIER: Jusqu'au président qui se prononce contre le
sérieux d'un sondage.
M. LEGER: M. le Président, il faut tout de même admettre
que, comme le disait le ministre tantôt, le site unique pour un village
olympique, c'est une contraite fondamentale qui peut difficilement être
acceptée dans une politique globale d'habitation.
M. le Président, est-ce que le Québec peut accepter une
ingérence, par des règlements vétustes du CIO, dans les
affaires urbaines, un
problème qui implique des déboursés
considérables, des conséquences sociales et domiciliaires aussi
importantes et des problèmes d'environnement?
Est-ce que l'on peut réellement être soumis à cela?
En d'autres mots, les jeux olympiques peuvent mener, si l'on accepte des
règlements vétustés, si l'on ne s'oppose pas à
cela, une dégradation du milieu urbain. Quand M. le maire disait
tantôt que changer un golf en parc, cela ne prenait pas
nécessairement les jeux olympiques, cela aurait pu être fait quand
même en d'autres circonstances.
M. le Président, je pense que, si les habitations pour le village
olympique devaient être des habitations permanentes, il faut alors qu'il
y ait une politique d'habitation et il ne faudrait pas le faire en fonction
d'une perte d'espaces verts, sinon il faut peut-être faire des
habitations temporaires et cela n'implique pas une politique à long
terme d'habitation, mais cela résoudrait peut-être le
problème du village olympique et n'amènerait pas de retard.
M. GOLDBLOOM : M. le Président, puisque le député
de Lafontaine s'adresse à moi, je vais lui répondre.
Premièrement, il demande comment se fait-il que le Québec
il invoque toujours le Québec, mais dans ce cas-ci, c'est plus
précisément la ville de Montréal qui a été
autorisée à être l'hôte des jeux olympiques, mais
disons le Québec comment le Québec peut-il se permettre
d'accepter des règles vétustés du Comité
international des jeux olympiques?
La réponse est bien simple. Si l'on veut avoir les jeux, on est
obligé d'accepter les règles. Si l'on ne veut pas les accepter,
on va se trouver à ne pas avoir les jeux. Alors, il faut résoudre
cet aspect du problème.
Le député m'a demandé: A qui est la
responsabilité? C'est assez clair. La première
responsabilité est à la ville de Montréal, c'est elle qui
a demandé les jeux. C'est elle qui a une juridiction, une
autorité sur son territoire, qui est définie par les lois. Il est
clair que la ville ne peut elle-même bâtir des immeubles sans
l'autorisation du gouvernement provincial, mais elle peut émettre des
permis de construction et si, ayant émis un permis de construction, elle
veut que la province, par le truchement de la Société
d'habitation, contribue au financement de certains éléments, d'un
certain nombre de logements, nous allons évidemment invoquer les lois de
la Société d'habitation pour cette contribution. Mais si la ville
émet un permis de construction et accomplit l'ouvrage sans faire appel
au gouvernement, ce sera la ville qui aura pris ses responsabilités.
La deuxième responsabilité est celle du Comité
international, qui doit accepter ou refuser la proposition de la ville. Les
responsabilités des autres paliers de gouvernement de chez nous,
provincial et fédéral, sont fort limitées; ce sont des
responsabilités qui peuvent s'exercer dans des cas où un
problème grave existe, où il y a contravention aux lois,d'accord.
Mais si la ville exerce ses pouvoirs à l'intérieur de leur
définition par les lois, le gouvernement de la province devra respecter
l'initiative de la ville et laisser la ville répondre pour sa prise de
responsabilité.
Il est très clair, et je l'ai dit dans mes remarques du
début, que nous voudrons avoir pour nous-mêmes une politique de
logement. Nous voudrons que cette politique soit déterminée par
nous-mêmes en collaboration entre les deux paliers de gouvernement qui
sont les principaux responsables. Mais le cas particulier des jeux olympiques
arrive à un moment où nous n'avons pas véritablement tous
les moyens de le faire, y compris une loi de l'urbanisme et de
l'aménagement du territoire.
Nous avons des contraintes que le maire a exprimées. Il est clair
aussi et je l'ai dit dans mes remarques du début que la
construction d'immeubles dans le parc Viau serait la perte directe d'un espace
vert.
Il faudra donc si telle est la décision définitive, aller
créer de nouveaux espaces verts ailleurs et les créer en enlevant
des immeubles qui les couvrent présentement. Autrement, on n'aura pas un
gain net. Il faudra que la province aide la ville à réussir cela
et c'est ce que nous avons l'intention de faire et c'est ce que nous essayons
de faire par notre appui général, sur le plan financier, à
la ville de Montréal. Il me semble que c'est dans ce contexte que nous
envisageons le problème.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saint-Laurent.
M. LEGER: Je n'ai pas terminé. J'ai une dernière question
au ministre. Est-ce que le ministre peut admettre que le Québec peut
imposer le principe suivant: si c'est une habitation permanente, cela ne doit
pas être l'espace vert et, si c'est une habitation qui n'est pas
permanente, il peut permettre, à ce moment, de ne pas perdre l'espace
vert? Et j'explique pourquoi. Le golf de Montréal est le seul golf
accessible, à l'intérieur de la ville de Montréal, au
petit peuple qui peut payer $4 ou $5 et pour reconstruire ailleurs un golf de
cette qualité, cela peut prendre des dizaines d'années et des
millions. Cela ne se fait pas dans un an ou deux, avoir un golf de la
même qualité.
A ce moment, est-ce que le ministre peut me répondre s'il peut
accepter d'émettre le principe, plutôt que de se laver les mains
et de finir avec quelque chose de positif... Si le Québec peut imposer
le principe que si ce sont des habitations permanentes, on ne touche pas
à des espaces verts et, si ce ne sont pas des habitations permanentes,
on peut utiliser un espace vert, quitte à le reprendre par la suite.
M. GOLDBLOOM: Je pense que le député de Lafontaine devrait
prendre position sur ses
propres questions et s'exprimer devant l'opinion publique sur ce genre
de question.
J'ai déjà exprimé, au nom du gouvernement,
l'intention de travailler vers la réalisation des jeux olympiques parce
que tel semble être et le député de Lafontaine l'a
dit lui-même le désir majoritaire de l'opinion
publique.
Si le gouvernement a voulu respecter une politique de logement et
préserver, dans la mesure du possible, des espaces verts, c'est
justement pour cette raison qu'il a préféré
présenter une solution temporaire et ne pas déranger les espaces
verts de la façon que les dérangeraient des constructions
permanentes.
Il reste quelques jours pendant lesquels nous pourrons formuler, de
façon beaucoup plus précise, ces propositions. M. le maire s'est
engagé à les prendre et à les présenter et nous
aurons une décision qui relèvera du comité
international.
M. LEGER: Une dernière question, M. le Président. Est-ce
que le ministre pourrait accepter, maintenant que nous avons entendu M. le
maire, d'entendre dans une commission subséquente, les groupements des
citoyens qui se sont exprimés, qui ont fait des études et qui
recoupent au moins 104 organismes et des centaines de milliers de signatures
pour voir, devant les explications maintenant claires du maire, le point de vue
de ces organismes et, après cela, prendre une décision rapide en
ce sens, mais ne pas le faire avant d'avoir entendu les citoyens qui seraient
interrogés par la commission parlementaire ici?
M. GOLDBLOOM : M. le Président, le député de
Lafontaine me demande si le gouvernement est prêt à entendre
d'autres personnes et ensuite...
M. LEGER: A la commission.
M. GOLDBLOOM: A la commission et ensuite, de prendre une
décision. Mais la décision ne relève pas directement du
gouvernement. La décision relève de la ville de Montréal,
qui est responsable des jeux olympiques, et la ville de Montréal
consultera la province dans la mesure de sa volonté.
M. LEGER: Dis-moi qui te finance, je te dirai qui te contrôle.
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président. Alors, on revient à la
question fondamentale, est-ce qu'on tient les jeux olympiques ou non? Le
gouvernement dit oui, et ayant dit oui...
M. LEGER: M. le Président, je regrette, mais le ministre semble
vouloir dire qu'on a les jeux olympiques avec parc Viau ou qu'on ne les a pas.
Je ne suis pas d'accord.
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. LEGER: II n'est pas question de les mettre l'un contre l'autre, les
jeux olympiques contre les espaces verts. C'est la qualité d'un bon
gouvernement de trouver des solutions dans les moments difficiles. On est
là pour l'aiguillonner pour qu'il puisse réellement y penser
à nouveau et trouver des solutions qui correspondent aux
réalités.
M. GOLDBLOOM : Oui, M. le Président, on est là pour
demander au gouvernement de faire quelque chose, mais on n'est pas là
pour arriver avec une solution bien constructive. Le gouvernement a
présenté ce qui semble être une solution de rechange, qui
sera examinée à son mérite. Si nous pouvons réussir
à convaincre tous les intéressés d'accepter cette
solution, tant mieux. Sinon, nous revenons à la première
décision, qui a été celle de la ville de Montréal,
d'aller chercher les jeux olympiques, et les trois paliers de gouvernement
croient qu'on est trop avancé maintenant pour reculer.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoulou): L'honorable député de
Saint-Laurent.
M. PEARSON: M. le maire, je voudrais juste vous poser une question et,
ensuite, faire quelques remarques personnelles. Tantôt, vous avez
mentionné que, le long de ce fameux corridor d'institutions de
santé, vous déploriez le fait que les médecins viennent
soigner dans l'Est et vont habiter dans l'Ouest. Est-ce que c'est la même
chose qui se présente pour ceux qui fréquentent le golf? Est-ce
que la majorité des gens qui fréquentent le golf sont des gens de
l'Est?
M. DRAPEAU: Je ne pourrais pas répondre avec exactitude. C'est
une des questions pour laquelle je ne suis pas préparé et je
n'aime pas risquer de réponses à moins d'être bien
sûr.
Je pense cependant qu'il y a bien des gens d'un peu partout qui viennent
jouer au golf parce que ce n'est pas un golf à abonnements. Les gens
paient, peu importe d'où ils viennent. C'est bien évident, je
pourrais risquer une réponse soit qu'une bonne proportion des joueurs de
golf viennent d'ailleurs.
M. PEARSON: Bon. Maintenant, ma réflexion est celle-ci, M. le
maire. Je trouve que vous êtes fort. En route vers Québec ce
matin, je m'en venais pour essayer tout simplement de sauver un espace vert. Je
pensais que c'était aussi simple que cela de faire disparaître un
espace vert. Mais après vous avoir entendu, et entendu les
différentes réflexions, j'ai l'impression que c'est un peu plus
compliqué que cela, ce qui veut dire que, si une pétition m'avait
été présentée, c'est bien sûr que j'aurais
été un des premiers à la signer. Après avoir
entendu également les différentes solutions qui étaient
proposées, par exemple la solution au sujet du bateau ou des tentes,
j'ai l'impression, une impression personnelle, sans l'avoir
étudiée à
fond, qu'il n'en resterait pas grand-chose après les jeux
olympiques pour les gens de l'est de la ville, d'abord. Au point de vue des
tentes et des solutions également temporaires, vous avez
mentionné au point de vue du coût, que vous n'étiez pas
capable de l'évaluer pour le moment, mais il faudrait les situer quand
même quelque part. Est-ce que ce seraient les gens de l'est qui en
bénéficieraient? C'est-à-dire qu'après les jeux
olympiques on détruit tout et on recommence à quoi?
Vous avez réussi, je pense, à me démontrer
personnellement qu'il était important, une fois les jeux olympiques
terminés, qu'il en reste quelque chose pour les gens de l'est de la
ville. Premièrement, si on doit sacrifier un espace vert, à la
page 49 de votre mémoire, vous mentionnez qu'il y aura une
récupération à peu près d'environ 300 acres
d'espaces verts. C'est à peu près dans les mêmes secteurs.
Je connais bien le milieu moi-même, j'ai vécu 25 ans dans l'est de
la ville même si je ne suis pas député de ce
secteur-là. Je pense que ce serait trop facile tout simplement, à
la suite d'une certaine publicité qui a été faite, de vous
laisser, en somme, avec la patate chaude dans les mains et de pouvoir dire: Si
cela marche, on vous appuiera et si cela ne marche pas, on vous l'avait dit au
départ. Jusqu'à maintenant, d'après les renseignements que
vous nous avez donnés cet après-midi, et avec les
préjugés avec lesquels personnellement je suis arrivé,
cela veut dire qu'il y a encore d'autres études à faire. M. le
maire, vous pouvez compter sur mon appui. Cela veut dire: Continuons dans ce
sens-là, j'ai l'impression que ce ne sera pas une perte nette, il va y
avoir sûrement un échange qui va être avantageux pour les
gens de l'est.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, je suis fier de dire à M. le
maire Drapeau toute ma satisfaction aujourd'hui. Il y a quand même une
chose qui mérite d'être mise au point et c'est celle-ci.
Moi-même, j'ai sursauté au moment où j'ai vu dans un
journal que l'on était en train de sacrifier une partie du jardin
botanique de Montréal pour tâcher de faire en sorte que nous
puissions avoir les jeux olympiques. Or, je vois aujourd'hui que cette
réunion où vous venez avec vos spécialistes était
nécessaire pour éclair-cir des points sombres ou, tout au moins,
restés sombres pour un bon bout de temps dans l'esprit de beaucoup de
gens au Québec.
Je fais seulement cette allusion, ce préambule, parce qu'il se
fait tard, mais j'aurais trois petites questions à vous poser. Vous avez
parlé tantôt de Mexico, lors des jeux olympiques qui ont eu lieu
là-bas, enfin du climat spécial, étant donné
l'altitude, 8,000 pieds. Mais, concernant Munich, l'aspect de
l'éloignement des jeux mêmes, est-ce que c'était à
proximité que les athlètes pouvaient séjourner, habiter ou
s'ils avaient quand même un certain chemin à parcourir pour
pouvoir arriver sur les lieux?
M. DRAPEAU: C'était assez près, très près du
centre principal. On comprendra que les compétitions n'ont pas toutes
lieu au même endroit. Par exemple, le bassin d'aviron était
très loin du village. Le stade des sports était également
loin. A Montréal, ça ne se présentera pas comme ça
parce que nous avons réussi à grouper tellement d'une
façon compacte les lieux de compétition que le métro va
les réunir tous. Par exemple, dans l'île Notre-Dame, l'aviron, le
canotage et d'autres compétitions auront lieu dans les îles. Par
le métro, c'est à quelques minutes du village. Au forum,
où auront lieu des finales qui exigent de grandes salles, par le
métro, on s'y rend facilement et les athlètes pourront même
voyager par le métro s'il n'est pas déjà trop
bondé. Mais toutes les voies de circulation vont faciliter cet
échange beaucoup plus rapidement qu'à Mexico. A Mexico, il n'y
avait pas de métro, ils en ont un depuis, mais il ne va pas partout;
quand on se déplaçait, il fallait calculer parfois jusqu'à
deux heures pour faire ce que, normalement, on fait en peu de temps.
C'était moins une question de distance qu'une question de temps pour se
rendre.
Quantité de gens, à Mexico, n'ont pu se rendre aux
endroits où ils devaient assister à des compétitions
à cause de la circulation. Le village était situé à
quelques endroits, mais la plupart étaient assez loin des installations
parce qu'on ne pouvait pas raser partout. On a voulu faire des bâtiments
en hauteur, financés par l'entreprise privée, faire un
aménagement qui n'était pas rationnel, qui a été
une formule tentée pour chercher à satisfaire l'idée du
village tout en n'étant pas un village unique. Là, encore, le CIO
avait presque accepté de considérer ça comme un village
unique. Mais comme cela n'était pas bon... Même actuellement, les
jeux ont eu lieu en 1968 et l'expérience n'est pas bonne.
M. BELAND: J'ai parlé de Munich.
M. DRAPEAU: De Mexico, pardon. Avez-vous parlé de Munich ou de
Mexico?
M. BELAND: J'avais commencé par parler de...
M. DRAPEAU: De Mexico
M. BELAND:...Mexico.
M. DRAPEAU: Oui, très bien.
M. BELAND: Par contre, à Munich également, est-ce que les
athlètes...
M. DRAPEAU: A Munich, c'était très près du centre
principal.
M. BELAND : Ah bon! D'accord!
M. DRAPEAU: Oui, c'était très près. On avait pris
un ancien champ d'aviation, on avait bâti là plusieurs
installations de compétition, plus le village des athlètes, plus
la construction d'un centre de presse, plus la construction d'un village de
presse. Alors, nous, nous avons réussi à obtenir du CIO, quand
même, qu'on ne nous force pas à bâtir un village de presse.
Nous avons conçu un mode de logements que nous allons mettre sur pied.
Le CIO a fait sa part, il favorise des modifications au programme de
compétition pour réduire le nombre d'athlètes. Le CIO ne
devrait pas être condamné, au contraire, il devrait être
remercié de faire sa part pour enlever le gigantisme des jeux, ce
à quoi nous collaborons.
M. BELAND: Comme deuxième question, M. le maire, je pense que je
ne vous apprends rien en vous disant que je suis un farouche défenseur,
moi aussi, des espaces verts. Je présume, étant donné que
vous avez dit tantôt que déjà depuis quelques années
c'était pensé par l'implantation de l'aréna
Maurice-Richard, etc.. Compte tenu de ça, étant donné que
souvent il faut remettre en question des décisions que l'on a
déjà prises, soit à cause d'expansion... D'ailleurs, vous
avez même cité un exemple tantôt quant à ce qui
concerne le golf municipal qui, selon toute logique, doit être
déménagé ailleurs. Par contre, dans l'ensemble, compte
tenu de vos projections d'avenir, votre agencement des espaces verts, tout en
continuant le projet commencé au parc Viau pour les jeux olympiques,
est-ce que tout cadre bien pour qu'il y ait aménagement d'espaces verts
dans les autres sections de la ville ou quelque peu à
l'extérieur?
M. DRAPEAU: On comprendra que, dès que l'on s'éloigne du
coeur de la ville et que l'on s'approche de municipalités voisines, il
deviendrait logique que certains parcs ne soient pas exclusivement aux frais
des Montréalais. Je pense que c'est à souhaiter.
Dans le schéma d'aménagement qui a été
produit et qui a été présenté par le directeur du
schéma d'aménagement de la Communauté urbaine, il est
recommandé que certains parcs soient déclarés parcs
régionaux et financés par la CUM, mais cela ne veut pas dire que
la CUM va accepter cela. Mais nous entendons continuer au même rythme,
même si cela a coûté de l'argent; on a
dépensé, à part des îles de l'Expo, 682 acres, $20
millions pour l'acquisition de terrains seulement en douze ans. Pourquoi
changerait-on puisque cela correspond chez nous aussi à une ambition de
faire de Montréal une ville verte, mais pas une ville verte sur les
statistiques, une ville verte dans les faits. Tous ceux qui survolent
Montréal, les étrangers comme les Montréalais, qui
regardent de plein jour Montréal, disent: C'est donc une ville
verte.
Simplement au chapitre des arbres, il y a douze ans, nous avions 107,000
arbres dans Montréal. Nous en avons trois fois cela, nous sommes rendus
à 322,000. C'est l'administration municipale qui a voté pour
cela, qui a voté les crédits et qui a engagé le personnel
qui a fait faire cela. On construit de nouvelles rues, on reconstruit de
vieilles rues. On les construit maintenant, mais il a fallu se battre avec
certains services techniques qui trouvaient que c'était trop
compliqué. On fait refaire les plans pour laisser un espace et planter
des arbres dans les rues. On dit qu'il faut que, là où il y a du
béton, l'arbre ait sa place. Dans la rue Notre-Dame, les arbres sont
gros comme cela, on a refait la rue l'automne dernier, là, on vient de
planter des arbres; de même sur la rue Papineau, la rue Saint-Denis, la
rue Saint-Hubert et combien d'autres. C'est notre politique de planter des
arbres. En douze ans, on a trois fois le nombre d'arbres que l'on avait il y a
douze ans et pas seulement au même endroit, mais partout.
M. BELAND: Maintenant, dernière question, je présume
également qu'au point de vue des voies d'accès, tout est
prévu aussi bien au point de vue du métro, que peut-être du
téléphérique et peut-être d'autres moyens de
locomotion. Est-ce que tout a été conçu dans ce sens
également en prévision de ces autres espaces verts que vous
projetez pour l'avenir?
M. DRAPEAU: Tellement que, par exemple, dans le cas du métro
je sais qu'il y en a qui voit là un accroc, mais le parc
Angrignon a près de 275 acres, 262 acres nous avons
accepté à la CUM, pour la CUM, la ville de Montréal,
puisque le parc est dans Montréal, qu'il y ait environ 4 acres qui
soient aménagés pour que le métro se rende dans le parc
Angrignon.
Qui va dans le parc Angrignon? Ce sont des familles, et dans le moment,
il y en a qui se plaignent de la circulation, du transport... Mon
collègue, ici, est précisément de la partie sud-ouest de
Montréal. Ce n'est pas pour dire: Quand on fait l'addition des
empiétements ou des pertes d'espaces verts, on verra dans les
statistiques qu'on a perdu quatre acres. Oui, mais c'est pour permettre que le
métro amène des centaines de mille personnes dans un parc qui a
presque 300 acres, par exemple. Cela veut dire que, si on doit avoir des
espaces verts et ne pas y avoir accès, pour ma part, j'aime mieux ne pas
en avoir. J'aime mieux qu'on ait des espaces verts, là où il y a
du monde et quand les espaces verts sont loin, qu'on amène le
métro.
Le long du parc olympique, il y a deux stations de métro, Pie IX
et Viau, les gens vont pouvoir sortir du métro et arriver dans le parc
sans aller dehors, ils iront dehors s'ils le veulent et, s'ils ne le veulent
pas, ils resteront dans le stade, dans le centre de natation, dans le
vélodrome; et s'ils veulent se promener, ils se promèneront sans
avoir une longue marche à faire. Ils pourront traverser la rue
Sherbrooke et
ils seront rendus dans je jardin botannique, ils pourront traverser du
jardin botannique à l'autre parc et ils seront dans l'autre parc. Pour
l'autre parc, je l'ai dit, il y a la station l'Assomption du boulevard
l'Assomption, près de Sherbrooke, et la station Viau, au coin de Boyce,
près de l'aréna Maurice-Richard. Nous pensons comment organiser
ces espaces, ces aménagements pour que, par le transport public, les
gens y aient accès, pas nécessairement par l'auto, mais surtout
par le métro, parce que le peuple voyage surtout par le
métro.
M. BELAND: M. le Président, c'étaient mes seules
observations. Je pense qu'il vaut la peine de dire aussi que les
appréhensions du ministre, du début, tout en donnant beaucoup
d'explications, grâce au tableau... je pense qu'il y avait les
explications surtout que le maire nous a apportées cet
après-midi, qui clarifient une fois pour toutes la situation. Pour ma
part, continuez, M. le maire, que ce soit au parc Viau et je pense que cela va
être pour le plus grand bonheur de la population.
M. DRAPEAU: Si vous me le permettez, M. le député et M. le
Président, il faudrait que tous ensemble on perde la mauvaise habitude
d'appeler cela le parc Viau. On va faire le parc Viau, c'est différent,
pour toute la population.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Autres questions de la part des
membres de la commission. Alors, l'honorable ministre des Affaires
municipales.
M. LESSARD: C'est comme le parc Jacques-Cartier. Il n'est pas encore
accessible aujourd'hui mais ça ne veut pas dire qu'on doive
détruire la Jacques-Cartier; enfin, je prends en exemple...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. DRAPEAU: J'ai assez de la ville de Montréal.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si les membres de la commission
n'ont pas d'autres questions ou observations M. le Maire, vous
avez...
M. DRAPEAU: Avec votre permission, M. le Président, oui, il y a
une question que j'avais notée et j'allais la passer. Le
député de Lafontaine a demandé si le Québec pouvait
accepter que le Comité international olympique empiète sur les
droits du Québec au point de vue de la réglementation et, comme
l'a dit le ministre, ça serait plutôt empiéter sur la
juridiction de Montréal.
Cela ne s'est pas passé comme ça. Il y a les règles
générales et il y a même une petite brochure: "Conditions
exigées des villes candidates à l'organisation des jeux
olympiques." Les conditions, pour être candidates, sont là. Quand
on devient candidate, on dépose un dossier et on répond aux
conditions qui sont d'abord posées. Le CIO ne pose pas des conditions
après. C'est parce que les conditions préliminaires du CIO
étaient acceptées par la ville, que le dossier était
accepté par les gouvernements fédéral et provincial. Et il
y a eu quatre premiers ministres provinciaux qui ont donné une lettre
à l'appui de la candidature et deux premiers ministres
fédéraux. Personne n'est pris par surprise.
M. LEGER: Je voudrais quand même clarifier quelque chose.
Tantôt, je disais que les règlements vétustes du CIO
obligeaient la ville qui les acceptait à négliger une politique
d'habitation possible. Et je dis qu'aujourd'hui, si les règlements ont
été acceptés, une ville est candidate et accepte ces
règlements, à ce moment, cela nous empêche de faire une
politique d'habitation. Il faut avoir un village qui soit temporaire ou bien
demander au CIO d'accepter les changements dans ces règlements
permettant une politique d'habitation. On ne peut pas faire les deux en
même temps. Si les règlements nous empêchent d'avoir une
politique d'habitation, il ne faut pas que cela nuise à une politique
d'habitation du Québec. C'est la raison pour laquelle je dis: La
proposition que j'ai faite tantôt, c'est qu'on accepte, si on ne peut pas
faire une politique d'habitation et espérer sauver les espaces verts,
qu'on accepte de l'habitation temporaire.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, on se rappellera que c'est
exactement dans ce sens que j'ai fait la présentation au nom du
gouvernement. Que, devant le problème de trouver un emplacement qui
pourrait recevoir, dans le respect des normes, une installation permanente,
nous avons préféré revenir à cette idée
d'installation temporaire.
Je suis heureux que les autorités municipales, et notamment
monsieur le maire, aient accepté de présenter, devant le
Comité international des jeux olympiques, premièrement, le fait
que l'opinion publique, ici, chez nous, est inquiète de la situation,
n'aime pas l'idée de voir disparaître des espaces verts et
voudrait que, malgré les refus antérieurs, l'on considère
cette question du morcellement du village.
Deuxièmement, le maire a accepté de présenter la
thèse d'installations temporaires. Il faudra que ce soit plus qu'une
simple thèse, il faudra qu'elle soit appuyée sur des propositions
assez précises, que nous avons en préparation et que nous allons
discuter avec M. le maire avant son départ, avant le départ de
ses représentants. J'espère qu'il y aura quelque chose de solide
et un examen intéressant qui pourra possiblement
nous donner une solution qui, jusqu'à maintenant, a
été inespérée.
Finalement, je pense bien que nous sommes reconnaissants au maire et
à ses collègues d'être venus ici aujourd'hui et d'avoir
consacré tout ce temps avec un emploi généreux du talent
du maire, de l'explication d'un problème aussi complexe. Je voudrais lui
dire, en le remerciant, que nous allons suivre avec lui l'équation des
espaces verts à Montréal, non seulement les espaces
aménagés pour que l'on puisse s'en servir, non seulement les
espaces rendus accessibles pour que l'on puisse en jouir, mais le total des
espaces aussi, parce que nous avons besoin de cette production
d'oxygène. Nous serons dorénavant plus nombreux chaque jour
jusqu'à une certaine limite qui n'est pas encore atteinte et qui n'est
pas encore connue, mais qui est proposée dans certains documents dont
nous avons récemment pris connaissance. Il faudra planifier la vie des
gens et la qualité de cette vie sur l'île de Montréal et
les paliers de gouvernement devront prendre leurs responsabilités. Je
suis convaincu que les deux paliers qui sont ici représentés,
prendront effectivement leurs responsabilités et que, à la
longue, c'est essentiel que la solution temporaire soit retenue
ou non, il faudra augmenter le nombre, la superficie, le pourcentage d'espaces
verts sur l'île de Montréal.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoulou): Je remercie tous les membres de la
commission pour l'esprit avec lequel les délibérations se sont
déroulées.
M. LEGER: Avant l'ajournement, je voudrais faire une motion, que la
commission ajourne ses travaux à mercredi matin, dix heures, afin
d'entendre les personnes et organismes intéressés au village
olympique.
M. PAUL: M. le Président, je soumets respectueusement que c'est
une motion qui est irrecevable, parce que c'est un mandat spécial que
nous avons reçu de l'Assemblée nationale, pour entendre les
autorités de la ville de Montréal, spécialement M. le
maire, discuter du projet de l'aménagement du village olympique, et la
motion du député de Lafontaine est irrecevable parce que nous
n'avons pas reçu ce jour mandat pour faire une telle étude. Je ne
dis pas que nous devions rejeter la motion du député de
Lafontaine telle que présentée, mais dans les circonstances, elle
est pour le moins prématurée, hors d'ordre, inutile et
irrecevable.
M. LEGER: M. le Président, je regrette, sur le point d'ordre,
nous n'avons pas eu de motion de l'Assemblée nationale, mais la
commission parlementaire comme telle est maîtresse de ses
décisions et je soumets ma motion au vote, si on veut réellement
entendre les autres personnes intéressées, parce que cela touche
tellement de citoyens. Les citoyens ont le droit de se faire entendre et je
pense que ce serait malheureux d'empêcher de parler les citoyens qui
depuis longtemps étudient la question qui concerne leur milieu; c'est la
raison pour laquelle j'ai proposé ma motion et je demande le vote.
M.LESSARD: M. le Président, sur la motion...
M. MARCHAND: Le député de Lafontaine veut avoir un petit
spectacle. Vous êtes en train d'en faire un bien pire.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je voudrais tout simplement
souligner que, depuis déjà un bon moment, je reçois des
suggestions qui me viennent par téléphone, par lettres, par des
rencontres. J'ai rencontré à plus d'une reprise le groupement
Espaces verts, le consortium d'organismes qui s'est donné comme mission
la protection du golf Viau. Chaque fois que nous avons reçu une
suggestion qui semblait utile, les responsables de la Société
d'habitation du Québec et du ministère ont poursuivi cette
possibilité pour savoir si le terrain se prêterait à la
construction permanente ou temporaire. Or, je souligne que le temporaire
prendrait un espace encore plus important que le permanent, parce qu'il n'y a
pas moyen de faire le temporaire en hauteur comme on peut faire le permanent.
Donc, on commence au bas mot à 2,250,000 pieds carrés et, pour le
temporaire, on a besoin de davantage.
Alors, je pense bien que nous avons consacré
énormément d'efforts à pourchasser chaque suggestion qui a
été faite et je ne voudrais pas que le fait pour le gouvernement
de ne pas répondre favorablement à cette motion du
député de Lafontaine soit interprété comme un
manque d'écoute de ceux qui ont des choses à proposer.
Nous avons tous à coeur la protection des espaces verts. S'il
s'agit de nous convaincre de façon mutuelle qu'il faut les
protéger, ce n'est pas nécessaire, nous sommes convaincus. Mais
s'il s'agit de trouver une solution de rechange, je pense bien qu'il faudra
faire plus que d'énoncer notre désir de protéger les
espaces verts, il faudra arriver avec cette solution. C'est ce que nous avons
essayé de faire, c'est ce que j'ai présenté, c'est ce que
les autorités municipales ont présenté. Ayant
consacré beaucoup d'heures à cet effort, je pense bien que, s'il
y a d'autres suggestions qui peuvent venir et ce n'est pas un organisme
qui vient d'être créé hier, c'est un organisme qui
travaille depuis déjà un bon moment que je les aie ce
soir, demain matin, par téléphone, je vais les poursuivre.
M. LEGER: Cette motion n'est pas dans le but de nuire aux objectifs du
ministre, c'est pour l'aider à les réaliser. Il s'est dit
beaucoup de choses aujourd'hui; il y a beaucoup de renseignements qui ont
été donnés, beaucoup d'affirmations qui ont
été faites. Je pense qu'il
serait normal de permettre à ces organismes
intéressés de faire valoir publiquement leur point de vue et non
pas uniquement par téléphone. C'est la raison pour laquelle je
demande le vote sur cette motion, pour permettre aux organismes de continuer
à présenter des réponses aux informations qu'on vient
d'avoir. Je pense que c'est réellement jouer notre rôle
démocratique. On a entendu le point de vue du maire qui était
très valable, très intéressant mais il y a des
conséquences à ces décisions et je pense qu'il serait
logique de permettre aux organismes de venir exprimer leur point de vue pour
que la commission soit réellement éclairée. Après
ça, le ministre pourrait prendre les décisions qui lui
conviendraient.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A ma connaissance, je dois dire au
député de Lafontaine que la commission avait pour mandat
d'entendre les autorités de la ville de Montréal, ce que nous
avons fait cet après-midi. Evidemment...
M. LEGER : Est-ce que le président peut me dire où il a eu
le mandat d'entendre uniquement la ville de Montréal? Un mandat par
écrit, un mandat voté par l'Assemblée nationale?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, la question a été
posée en Chambre, a reçu une réponse négative et
c'est cela qui a constitué le mandat de la commission.
M.LESSARD: M. le Président, sur votre décision... Il
appartient toujours à la commission de décider si elle veut faire
entendre d'autres témoins. C'est la commission qui est maîtresse
de ses règlements et cette motion est complètement acceptable;
nous demandons le vote.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Malheureusement, la proposition est
irrecevable.
M. LESSARD : Vous avez vu, l'autre jour, un de vos présidents qui
a été justement condamné comme président...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La commission ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 18 h 58 )