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Commission permanente des affaires municipales
Projet de loi no 33
Loi modifiant la loi sur
l'évaluation foncière
Séance du vendredi 6 juillet 1973
(Quatorze heures trente huit minutes)
M. LEDUC (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente des affaires municipales commence sa
séance et je cède immédiatement la parole au ministre des
Affaires municipales.
M. DEMERS: C'est dans le cadre de l'étude de quelle loi?
M. LEDUC: Je m'excuse, M. le ministre, mais à titre de
renseignement, selon l'article 34 du règlement de l'Assemblée
nationale, je dois donner la directive suivante: II s'agit du projet de loi 33,
Loi modifiant la loi de l'évaluation foncière, première
lecture, et le parrain est le Dr Goldbloom.
M. GOLDBLOOM: Premièrement, je voudrais dire que je trouve que la
convocation de cette commission est une excellente idée et je suis
heureux que les représentants de l'Union des conseils de comté et
ceux de l'Union des producteurs agricoles aient été en mesure
d'être présents et de participer à cette étude
importante.
Deuxièmement, je pense qu'il serait non seulement courtois de ma
part, mais utile pour les membres de la commission que je fasse distribuer,
immédiatement, les quelques modifications qui seront proposées
par le gouvernement au cours de l'étude du projet de loi, ce qui
permettra aux députés et aux autres intéressés de
prendre connaissance pendant un certain temps, avant d'arriver à la
discussion article par article du texte, de ce qui pourrait être
modifié, dont la modification sera proposée par le
gouvernement.
Avec votre permission et avec le consentement des membres de la
commission, j'aimerais faire une pause de quelques secondes pour effectuer la
distribution du texte en question.
LE PRESIDENT (M. Leduc): Pendant que le ministre fait faire la
distribution du texte, si la commission est d'accord, je voudrais
suggérer Je nom de M. Ostiguy, député de Rouville, comme
rapporteur de la commission.
M. DEMERS: C'est agréé.
LE PRESIDENT (M. Leduc): Merci.
M. DEMERS: C'est le meilleur chômeur de votre parti.
M. ROY (Beauce): Agréé quant à nous,.M. le
Président. Nous aurons un rapport cidéré;
LE PRESIDENT (M. Leduc): Avant de cidérer d'autres
collègues, je voudrais que M. Berthiaume remplace M. Gallienne.
M. Vincent remplace M. Gauthier (Berthier) et M. Demers remplace, pour
aujourd'hui, M. Paul. M. Carpentier remplace M. Saint-Germain. Pour la gouverne
de la présidence, j'imagine que M. Laurin remplace M. Léger, M.
le ministre.
Remarques préliminaires
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je voudrais faire quelques
remarques préliminaires et inviter mes collègues de la commission
à faire de même.
Il y a un vieux dicton qui dit qu'il n'y a rien de plus puissant dans le
monde qu'une idée dont l'heure a sonné. Je pense que
l'expérience que nous avons vécue ces derniers mois nous
mène à la conclusion que l'heure d'une évaluation
foncière absolument universelle et uniforme au Québec n'a pas
encore sonné. Nous avons donc à rendre effectivement
opérante une loi qui a été adoptée il y a un
certain temps et nous avons, du côté ministériel,
longuement étudié non seulement la loi et les modifications
possibles, mais également des points de vue exprimés et des
points soulignés par les principaux intéressés et ce sont
effectivement ces principaux intéressés qui sont
représentés ici aujourd'hui.
Il y a quatre domaines dans lesquels d'importantes modifications sont
proposées à la Loi de l'évaluation foncière. Le
premier est celui des institutions religieuses et je voudrais souligner que la
loi actuelle permet l'imposition d'une compensation pour les immeubles des
communautés urbaines, des municipalités, des commissions
scolaires, des fabriques, des communautés religieuses, des centres de
santé et de bien-être, des corporations charitables, des
sociétés d'agriculture, des corporations sans but lucratif et les
bibliothèques publiques. Le montant de cette compensation étant
fixée par le conseil municipal et un droit d'appel devant la Commission
municipale étant offert aux personnes visées, aux institutions
visées.
Nous proposons des modifications qui auront pour effet d'exempter de
compensation les églises, les presbytères, les
évêchés et les cimetières, de fixer à un
maximum de $0.80 les $100 d'évaluation du terrain seulement la
compensation qui peut être exigée des communautés
religieuses et à $0.30 les $100 d'évaluation du terrain et des
bâtiments la compensation sur les autres immeubles exempts de taxe
foncière.
Nous proposons enfin d'exempter de taxe locative les immeubles exempts
de taxe foncière. Nous avons reçu de la part des institutions
visées, des commentaires qui sont pour le moins élogieux et je
crois que nous posons ici un geste qui est d'une importance considérable
en aidant à assurer la survie de ces institutions qui ont tant
contribué à notre histoire et à la qualité de notre
vie. La deuxième importante modification touche les bureaux de
révision. Ces bureaux ont été créés dans un
certain nombre de cas et, nécessairement, dans les principaux centres
urbains. On sait que, dans certains cas, les bureaux n'ont pas
fonctionné. Je ne voudrais pas examiner ici les raisons pour lesquelles
ces bureaux n'ont pas réussi à entreprendre les activités
qui leur étaient dévolues. Mais nous avons trouvé
nécessaire une modification fondamentale qui fusionnera les bureaux de
révision en un seul bureau qui aura deux sections, une à
Montréal et l'autre à Québec. Chaque section aura un
territoire de responsabilités qui sera défini et c'est notre
intention que ce territoire soit le territoire urbanisé dans chaque cas
et le but n'est pas de priver certains centres d'un bureau de révision.
Bien au contraire, c'est de pouvoir envoyer à même la section de
Montreal ou la section de Québec, selon le cas, le personnel
nécessaire pour faire fonctionner effectivement la révision des
rôles dans ces agglomérations où, jusqu'à
maintenant, la révision n'a pas été accomplie et le bureau
n'a pas réussi à fonctionner.
Troisième importante modification, c'est que nous avons
décidé après mûres réflexions d'attribuer aux
conseils de comté la responsabilité de l'évaluation et
donc de la révision dans le territoire qui est le leur.
Il y a une seule exception qui persiste, qui est, en quelque sorte, un
chevauchement, c'est-à-dire que, dans deux des trois communautés
urbaines, il y a des municipalités de caractère rural qui sont
à la fois membres du conseil de comté et membres de la
Communauté urbaine de Québec ou de la Communauté
régionale de l'Outaouais.
Notamment dans l'Outaouais, il y a un nombre de quinze ou
peut-être vingt municipalités qui sont dans cette situation. Nous
avons, comme les députés le savent, entrepris, au cours des
récents mois, une étude en profondeur de l'avenir de la
Communauté urbaine de Montréal. Cette étude devra
nécessairement s'étendre aux deux autres communautés et
les répercussions de l'étude à Montréal seront
senties à Québec et dans l'Outaouais. Nous avons cru bon de ne
pas modifier la situation actuelle dans les deux communautés qui
comprennent des municipalités rurales en attendant que la revue
complète de l'avenir des communautés urbaines soit accomplie et
c'est un chapitre que nous gardons ouvert, incomplet, en attendant que le tout
soit étudié.
J'aimerais souligner que, dans le cas le plus important, celui de la
Communauté régionale de l'Outaouais, le rôle quinquennal a
déjà été préparé et semble avoir
été fait avec beaucoup de soin et être un rôle de
qualité et nous croyons que, pour cette raison additionnelle, il est
sage que nous attendions la réévaluation de l'avenir des
communautés pour statuer sur le partage des responsabilités entre
la communauté et le conseil de comté quant aux
municipalités qui sont membres des deux organismes.
Nous avons, par les amendements additionnels qui viennent d'être
distribués, apporté une modification additionnelle au projet de
loi. A l'article 34 vous m'excuserez, M. le Président, mais je
n'ai pas à vous demander de m'excuser parce que nous sommes en
commission parlementaire plutôt qu'en Chambre, en deuxième lecture
c'est une allusion que je voulais faire à un article
précis de la loi; il y a un alinéa que nous avons accepté
de faire disparaître. C'est celui qui aurait donné un pouvoir au
gouvernement d'inviter la Commission municipale du Québec à se
pencher sur une agglomération dans une perspective d'urbanisation et de
développement économique industriel. Il aurait semblé
souhaitable que l'évaluation se fasse par un seul centre de
responsabilité plutôt que d'être faite par chaque
municipalité individuellement ou par le conseil de comté, selon
le cas.
M. VINCENT: Je m'excuse, avant que le ministre aille plus loin...
M. GOLDBLOOM: C'est l'avant-dernier alinéa de l'article 34 qui
disparaît.
M. VINCENT: Ah bon, d'accord!
M. GOLDBLOOM: II y a d'autres retouches à l'article, mais c'est
essentiellement la modification additionnelle qui est composée. Je
voudrais dire, et très clairement, M. le Président que si j'ai
accepté de faire disparaître cet alinéa et d'enlever ce qui
semblait être à l'Union des conseils de comté une
épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête,
c'est parce que l'on m'a dit: C'est une façon déguisée
d'effectuer la fusion des municipalités.
M. le Président, ce n'est pas mon style, je ne veux pas aller par
quatre chemins vers un but que je recherche. Si l'on doit parler de fusion, on
va parler de fusion. Et je ne voudrais pas que l'on ait l'impression que je
cherche d'autres moyens, et surtout des moyens déguisés pour
parler de fusion, pour effectuer une fusion partielle préliminaire qui
mènerait éventuellement à une fusion plus
complète.
Nous allons agir très ouvertement dans la mesure que l'on peut
croire que l'intérêt de la collectivité, dans une
agglomération quelconque, puisse être servi par une étude
d'une fusion possible. Nous n'irons pas par d'autres moyens accomplir cela.
C'est de bon gré que j'ai accepté de faire sauter cet
alinéa et de laisser la situation plus simple et plus claire. Je
voudrais enfin souligner
que nous avons accepté de bonifier les considérations
particulières accordées aux cultivateurs.
A l'article 21 de la loi actuelle, il y a un mécanisme qui vise
l'amélioration du sort du cultivateur en ce qui concerne la taxation
foncière. Il y a eu d'autres propositions qui ont été
formulées entre-temps, notamment par l'Union des producteurs agricoles.
Il y a eu des commentaires qui ont été formulés par
d'autres personnes et qui nous ont menés à des
vérifications très détaillées, selon lesquelles la
proposi-tioe l'Union des producteurs agricoles ne donnerait pas autant de
bénéfices que pensait cet organisme, aux cultivateurs
visés.
Cet examen des formules possibles nous a menés à faire des
calculs et ces calculs ont été couchés sur papier. A la
fin de mes remarques, je ferai distribuer, M. le Président, des tableaux
qui indiquent ce que voudrait dire, pour 2,000 cultivateurs parce que
nous avons fait un échantillonnage de 2,000 fermes dans une quinzaine de
municipalités de la province ce que voudrait dire ou aurait voulu
dire pour le cultivateur, l'une ou l'autre des formules possibles.
A un moment donné, nous avions proposé une formule selon
laquelle il y aurait eu une distinction entre les municipalités rurales
et les villes. Nous tenons compte je l'ai dit en Chambre avant hier,
dans un autre contexte du fait qu'il y a très peu de
municipalités rurales où le taux de taxe dépasse le
plafond qui est prévu dans le projet de loi 33, soit 1 p.c. de
l'évaluation foncière pour les taxes générales et
spéciales, les compensations pour les services réellement
reçus étant traitées dans un autre élément
du projet de loi.
Dans les villes, nous savons que les taux de taxes sont souvent plus
élevés, les services sont souvent plus importants aussi mais il y
a une argumentation qui a été présentée qui,
à mon sens, a été très convaincante et elle est
double.
Premièrement, le cultivateur qui se trouve, par le hasard de
notre géographie, dans une ville peut être dans une situation de
concurrence avec un voisin qui, à quelque centaines de pieds de
distance, est dans une municipalité rurale. Les deux produisant les
mêmes récoltes, les mêmes denrées alimentaires,
envoyant leur produit vers les mêmes marchés, se trouveraient dans
une situation d'inégalité, de concurrence déloyale sans
que l'on ait voulu créer une situation de concurrence
déloyale.
Deuxième raisonnement et qui me frappe encore plus, c'est que si
nous avons encore 2,000 cultivateurs en milieu urbain et si nous ne consentons
pas à ces cultivateurs des avantages réels et importants, nous ne
protégerons pas ces cultivateurs et donc, ces terres en culture, de la
pression toujours grandissante du développement urbain, nous perdrions
alors des sols arables qui pourraient nourrir notre population et nous avons
besoin, comme tout le monde en a besoin, de la productivité agricole la
plus importante possible.
Et c'est dans cette optique, même si le gouvernement sera alors
obligé de venir en aide à ces municipalités en relation
avec leur manque à gagner, leur diminution de revenus parce que les
exemptions des cultivateurs seront plus importantes proportionnellement au
niveau des taxes, aux sommes perçues par ces municipalités, que
nous avons décidé de le faire et le ministre des Finances a
été d'accord.
Mais quand nous sommes venus pour étudier la nouvelle situation
créée par cette perspective d'égalité entre la
ville et la municipalité rurale, nous avons constaté qu'une masse
d'argent plus importante serait nécessaire pour rembourser les
pourcentages de taxes qui sont prévus dans ce projet de loi.
Et pour cette raison, il a fallu retourner devant le ministre des
Finances, après avoir fait imprimer un projet de loi qui prévoit
un remboursement de 35 p.c. Nous avons, après d'importantes discussions
avec l'Union des producteurs agricoles, décidé de trouver dans
les deniers publics les sommes nécessaires pour établir à
40 p.c. le remboursement des taxes aux cultivateurs.
J'apporte une précision additionnelle. Il y a présentement
un régime qui fournit un remboursement de 35 p.c. de la taxe scolaire
seulement à un nombre important de cultivateurs.
IL y a dans ce projet de loi une proposition à l'effet que des
remboursements additionnels soient offerts aux cultivateurs qui, par leurs
activités, se rendent admissibles au régime prévu par la
Loi des producteurs agricoles. Seuls ces cultivateurs dont
l'admissibilité à ce régime est reconnue
bénéficeraient du remboursement additionnel de 5 p.c. dans le cas
des taxes scolaires et d'un nouveau remboursement de 40 p.c. des taxes
municipales.
D y a également plafonnement de ces taxes, je l'ai dit tout
à l'heure, à 1 p.c. Il y a un plafonnement partiel des
compensations qui peuvent être exigées. Au-delà de ce
plafond partiel, il y a un droit d'appel qui est fourni au cultivateur pour lui
assurer un examen impartial des taux de compensation exigés par les
municipalités.
Enfin, le plafonnement de la valeur du terrain à $150 l'acre est
maintenu. Je voudrais ajouter deux seuls points. Avant-hier soir, dans un autre
contexte, au moins un député a cité certaines
municipalités qui, par l'application de la Loi de l'évaluation
foncière, sont appelées à perdre des revenus. Ce sont les
municipalités où l'industrie étant un
élément majeur des revenus de la municipalité, la
détaxation de la machinerie industrielle, même si elle est
échelonnée sur une quinzaine d'années, créera une
baisse importante. Le député qui en parlait a pris la liste des
municipalités de plus de 25,000 âmes, qui recevront donc des
subventions statutaires per capita, et il s'est permis de dire que ce sont les
seules municipalités qui recevront des compensations fiscales pour cette
perte.
Je voudrais souligner que tel n'est pas le cas, que nous avons
donné l'engagement dans la mesure du besoin et ce besoin est
analysé selon les formules qui sont les mêmes pour toutes les
municipalités. Celles qui connaissent une baisse de revenus et qui ont
besoin de cette compensation la recevront et, déjà, j'ai
reçu de la part de certaines municipalités des
représentations. J'ai dit à ces municipalités, qui ne
comptent pas 25,000 âmes, qu'il y aura des sommes dès cette
année qui leur seront versées et, dans un cas, le seul
jusqu'à maintenant, j'ai reçu le bilan de la municipalité
qui me permettra de calculer le montant à verser. Je voudrais que ce
soit clair dans l'esprit de toutes les municipalités qui seront
affectées par cette baisse de revenus.
Finalement, je voudrais souligner que nous faisons, dans l'application
de la Loi de l'évaluation foncière, confiance à
l'entreprise privée dans le domaine de l'évaluation. Si nous lui
faisons confiance, c'est parce que nous sommes convaincus que l'entreprise
privée peut bien effectuer le travail nécessaire.
Puisque cette entreprise privée est directement
intéressée, nous l'avons consultée et nous avons
été assurés que même si, par les modifications que
propose le projet de loi 33, nous n'exigeons pas l'application de
l'éventuel manuel d'évaluation foncière dans les milieux
ruraux ce sera facultatif néanmoins ce document sera la
base de l'action des évalua-teurs dans presque tous les cas, nous en
sommes assurés. Je sais que mon collègue de Nicolet voudrait en
parler davantage, mais nous avons l'intention de fournir les renseignements
utiles qui permettront l'application d'une bonne évaluation partout dans
la province, même si toutes les formalités ne sont pas
nécessairement exigées dans tous les cas et notamment dans le
milieu rural.
Voilà, M. le Président, je pense que nous arrivons
aujourd'hui à un moment qui nous permet un optimisme réaliste, un
optimisme de pouvoir mettre en application une loi d'évaluation
foncière qui fera progresser le Québec et qui le fera progresser
non seulement dans ce domaine relativement restreint de l'évaluation
foncière, mais dans tous les domaines qui ont des relations avec
l'évaluation et qui nous permettront donc de faire un progrès
socio-économique indispensable à notre avenir collectif.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, moi aussi, je voudrais remercier le
gouvernement d'abord de s'être rendu à une demande bien
légitime de notre part, le ministre en conviendra, de convoquer la
commission parlementaire des affaires municipales pour permettre à l'UPA
et à l'Union des conseils de comté d'entendre les commentaires du
ministre, d'entendre également quelques discussions
préliminaires, et, par la suite, nous donner leur version de l'affaire.
Si des explications supplémentaires étaient nécessaires,
je pense que nous sommes en bon droit de les entendre du ministre des Affaires
municipales. Car, M. le Président, le projet de loi no 33 qui nous a
été présenté mardi, malgré ses apparences
modestes du début, apportait des modifications majeures, très
importantes, à la Loi de l'évaluation foncière. C'est
justement la raison pour laquelle, avec l'expérience des deux
dernières années, nous nous opposions très fermement
à ce que cette loi soit, comme l'on dit communément
"passée à la vapeur". D'ailleurs, nous en avons la preuve
aujourd'hui. Le ministre, après de nombreuses consultations avec les
principaux intéressés, apporte une série d'amendements
qui, j'en suis certain, répondent à plusieurs voeux
exprimés par les intéressés.
Quand le ministre a mentionné, il y a quelques instants, au
début de son allocution, que l'heure avait sonné suivant le vieux
diction, en 1971, tous les députés de l'Assemblée
nationale avaient accepté le principe d'avoir une loi uniforme
d'évaluation foncière dans la province de Québec. Mais en
décembre 1971, quand est arrivé le temps d'adopter les
modalités de cette loi, on se posait la question, pour qui sonnait le
glas? Le ministre se souvient qu'en décembre 1971 cette loi
sanctionnée le 23 décembre avait reçu non pas un accueil
chaleureux, mais avait reçu objections par-dessus objections de notre
part, de l'Union Nationale, de tous les partis de l'Opposition, de l'Union des
producteurs agricoles, de l'Union des conseils de comté.
Déjà, on se remettait au travail pour trouver une meilleure
formule que celle qui nous était présentée, parce que
cette formule ne répondait pas à la réalité du
milieu. En juillet 1972, il y a presque un an, le 4 juillet 1972, on nous
arrivait avec une fournée d'amendements. Vingt pages d'amendements pour
un texte de 39 pages. Encore là, il y a eu des discussions assez hautes
en couleur. Je ne voudrais pas revenir sur les discussions que nous avons eues
en Chambre, mais même le ministre des Affaires municipales, à ce
moment-là, nous a admis bien candidement que s'il avait à passer
l'examen pour devenir évaluateur municipal, il était certain de
ne pas avoir son diplôme, qu'il ne comprenait pas le sens de la loi,
qu'il plaignait les maires, les conseillers municipaux, les
secrétaires-trésoriers qui, eux, seraient obligés de
comprendre la loi, de l'interpréter avec les évaluateurs et de
l'expliquer.
M. DEMERS: II a échoué, aussi.
M. VINCENT: Je ne voudrais pas revenir sur l'échec des examens
finals, mais il reste quand même que le travail s'est continué
partout dans la province, l'Union des conseils de comté, l'UPA, pour en
arriver nous l'avons déploré privément au ministre,
comme on dit souvent jamais deux sans trois pour une troisième
fois, à la dernière minute de la session avec des
amendements majeurs, des amendements très importants,
c'est-à-dire en juillet 1973, qui, eux-mêmes, furent
amendés à nouveau. Nous avons cru comprendre au début de
la semaine que c'était urgent, autant qu'en décembre 1971, autant
qu'en juillet 1972. Il fallait voter ça immédiatement et nous
avons dit, le ministre va le comprendre aujourd'hui: Un instant, c'est la
troisième fois et cette fois-ci, on ne se laissera pas prendre. Nous
prendrons deux mois, trois mois, s'il le faut, nous allons sortir au moins avec
une loi qui sera comprise par des responsables municipaux. Je pense que
ç'a servi; ç'a certainement aidé le ministre des Affaires
municipales à rencontrer le ministre des Finances, à rencontrer
le premier ministre, à rencontrer l'Union des conseils de comté,
à rencontrer l'UPA et à apporter des corrections qui nous
allons les analyser au cours des prochaines minutes vont probablement
éviter pour notre part de présenter cette série
d'amendements que nous avions préparés.
Il en reste encore peut-être quelques-unes que nous devrons
discuter mais tout de même. Donc, 84 articles, 28 pages et une autre
fournée d'amendements.
Je disais, hier soir, privément au ministre, qu'il est
regrettable que, non pas le ministre, mais le gouvernement ait attendu aussi
tard pour apporter ces modifications. Nous en avions discuté à
l'Assemblée nationale du Québec, le 21 février 1973,
à l'occasion du budget supplémentaire. A ce moment-là, si
on se rappelle bien, il y avait eu une réunion à Sainte-Agathe
où l'UPA avait accepté une proposition du comité
tripartite pour une nouvelle formule pour les agriculteurs du Québec et,
le lendemain de ce congrès, j'avais moi-même
téléphoné à M. Allain, alors président de
l'UPA, et rencontré M. Paul Couture pour leur dire que, pour ma part, je
n'acceptais d'aucune façon cette nouvelle formule qui était aussi
discriminatoire, aussi imparfaite, aussi néfaste que celle que l'on
avait dans le bill 48. Je l'ai répété en Chambre au mois
dt février 1972. Je sais que le ministre de l'agriculture ne m'en voudra
pas de lui dire qu'à ce moment-là, il ne me croyait pas et
cela arrive assez souvent mais qu'aujourd'hui il est bien content que
cette formule qui avait été acceptée par l'UPA ne soit pas
la formule contenue dans le projet de loi no 48, car la formule que nous avons
avec les amendements d'aujourd'hui et de mardi est de beaucoup
préférable, de beaucoup meilleure à celle, je le dis, qui
avait été acceptée même par l'UPA et par le
ministère de l'Agriculture. Je crois, M. le Président, que la
ténacité des députés, des conseils de comté,
des agriculteurs, a permis d'arriver à faire ces corrections à la
loi. Maintenant ce projet de loi no 33 confie aux conseils de comté la
responsabilité de l'évaluation foncière. C'est
évidemment un point auquel nous, de l'Union Nationale, attachions une
importance capitale. Nous avons toujours dit et nous croyons toujours que les
conseils de comté devaient être dotés de pouvoirs accrus au
niveau régional. Le projet de loi no 33 semble être un premier pas
dans cette direction. Il est cependant regrettable que le gouvernement ait pris
tant de temps; encore une fois, je n'en fais pas un reproche au ministre
actuel, c'est plutôt à l'ensemble de l'administration
gouvernementale, à laquelle je m'adresse. Cependant, nous avons
l'impression que ce projet de loi nous avions du moins l'impression,
nous allons regarder les amendements que le ministre nous a proposés
en favorisant les ententes entre les municipalités et en
accordant à la Commission municipale du Québec un pouvoir de
décision pour obliger des municipalités à conclure des
ententes, pourrait impliquer beaucoup plus que ce qui y est actuellement
écrit.
Comme je le dis, c'est conditionnel aux amendements que le ministre
vient de nous présenter, parce que nous nous demandions au début
de la semaine si ce n'était pas une manière d'en arriver à
des fusions forcées. Le ministre nous a dit tout à l'heure que ce
n'était pas son intention. Nous le souhaitons ardemment et c'est
pourquoi, tout à l'heure, lorsque nous reviendrons en commission
plénière, nous analyserons les amendements, les suggestions faits
par le ministre.
Il ne faut pas non plus jeter de la poudre aux yeux aux conseils de
comté j'accepte l'affirmation du ministre pour en arriver
à faire ces fusions, parce que les conseils de comté, en mars
1973, ont répété, ont redemandé que ce gel des
fusions demeure tant et aussi longtemps qu'eux n'auront pas dit leur dernier
mot.
Maintenant, nous aurons l'occasion d'entendre tout à l'heure les
conseils de comté. Il y avait un autre aspect également sur le
projet de loi no 33 où nous n'étions pas d'accord. Il s'agissait
de la structure des bureaux de révision. Les bureaux de révision
des différents districts qui existent actuellement sont abolis par le
projet de loi no 33 et remplacés par un bureau de l'évaluation
foncière du Québec qui aura deux sections, à Québec
et à Montréal.
M. le Président, encore là, toujours sujet aux amendements
que le ministre vient de nous présenter, qu'il m'a donnés
non pas le texte, mais en substance hier sujet à tout ça,
je disais que le territoire de chacun de ces districts n'est pas
délimité par la loi. Au contraire, celle-ci confiait ce pouvoir
à la discrétion du ministre des Affaires municipales. Mais encore
là, il va falloir regarder les amendements.
Je disais ceci, au début de la semaine: Ces sections
géantes entraîneront en premier lieu des dépenses
d'administration considérables. De plus, ces structures gigantesques
seront beaucoup trop éloignées des individus. Et là, je me
posais la question: On s'imaginait mal que certains citoyens, que ce soit de
Dolbeau, de la Gaspésie, de certaines régions du Québec,
se rendent à Montréal ou à Québec. Mais je pense
qu'il y a des corrections qui sont apportées et nous allons les regarder
bien attentivement.
Le projet de loi no 33 vise à remplacer la notion de valeur
marchande par celle de valeur réelle. Cette modification suit une des
recommandations du rapport Bélanger. Cependant, si on remarque, dans le
projet de loi, on définissait la valeur marchande, mais là on ne
définit pas la valeur réelle. Il y aura peut-être lieu de
regarder toute cette question lorsque nous serons en commission
plénière.
L'article 7 de la Loi de l'évaluation foncière,
modifié par l'article 33 du projet de loi 33, indique que le
lieutenant-gouverneur en conseil prescrit par règlement la forme et le
contenu du rôle ainsi que les méthodes et normes qui doivent
servir de guide dans l'établissement de la valeur réelle d'un
immeuble. Cet article, à nos yeux, apparaît tout à fait
inacceptable, à moins que le ministre nous donne la certitude et
ça, je crois que nous ne sommes pas les seuls à l'exiger, je
crois que mes autres collègues de l'Opposition feront de même, je
crois que l'Union des conseils de comté fera de même, je crois que
l'Union des producteurs agricoles fera de même nous exigeons,
dès avant la deuxième lecture, que le manuel technique
d'évaluation, qui est quand même l'outil principal de travail, qui
permettra de faire l'évaluation foncière dans tous les milieux,
soit soumis à la commission parlementaire des affaires municipales pour
que nous puissions, après quelques semaines de réflexion de la
part des principaux intéressés, les entendre et faire de ce
manuel un outil qui sera facile d'application et qui permettra d'atteindre les
objectifs que nous poursuivons.
Et dans sa réplique tout à l'heure, avant que nous
retournions en Chambre, j'aimerais bien que le ministre des Affaires
municipales nous donne ses intentions sur ce manuel technique, nous dise
à quel moment il sera prêt et si c'est son intention de le faire.
Cela permettra d'avancer de plusieurs heures la discussion que nous aurons cet
après-midi sur la loi 33.
Maintenant, en ce qui concerne le projet de loi 33, il va dans les
recommandations du rapport Bélanger pour les producteurs agricoles. Nous
souscrivons entièrement à ce principe, comme je l'ai dit il y a
quelques instants. On rembourse un pourcentage des taxes municipales et
scolaires. Il y a une correction, ce n'est plus 35 p.c, c'est 40 p.c., nous
souscrivons entièrement à ce principe. On conserve
également la mention que la valeur du terrain d'une ferme ou d'un
boisé ne peut excéder $150 l'acre. Sur cela, je suis parfaitement
d'accord et je m'opposais à ce que ce maximum soit porté à
$300 pour différentes raisons que j'ai expliquées, je crois,
privément, au ministre de l'Agriculture et au ministre des Affaires
municipales. Cependant, on conserve aussi l'article 12 c), Loi sur
l'évaluation foncière, qui porte au rôle
d'évaluation les clôtures, trottoirs, drains et autres
constructions d'aménagement du sol.
Vous vous souvenez, M. le Président, des discussions longues,
pénibles, laborieuses que nous avons eues à l'Assemblée
nationale, nous de l'Union Nationale, lorsque nous avons voulu faire exempter
les fermes, les terrains des agriculteurs, de l'imposition des drains. Dans une
conversation privée hier soir, j'ai donné les détails au
ministre. Ce sont les suivants. Si on fixe un plafond de $150 l'acre pour un
terrain agricole et que, par la suite, en vertu de l'article 12 c), on vienne
dire: Bien voici, $150 l'acre; maintenant, comme ce terrain est drainé
dans la région de Saint-Hyacinthe, Montréal,
Trois-Rivières ou les autres endroits, on ajoute pour les drains un
montant de $100 l'acre, cela enlèverait complètement le
plafond.
On me dit, suivant certaines interprétations, que c'est
limité quand même à $150 l'acre. Mais d'autres avocats,
d'autres personnes que j'ai consultées me disent que, pour que ce soit
bien précis, il faudrait le spécifier clairement à
l'article 12 du bill 33 ou à l'article 21 de la loi 48, chapitre 50. A
ce moment-là, j'aurai un amendement. J'en ai un, d'ailleurs, que je peux
même donner au ministre tout de suite, si le ministre veut l'analyser et
peut-être en changer, avec ses conseillers juridiques, la teneur, pour en
arriver à ce que l'agriculteur soit certain que le maximum de $150
l'acre ne sera pas dépassé en cherchant à y ajouter des
valeurs en ce qui concernant ces ponceaux, drains souterrains, clôtures,
etc., etc. On peut faire cela à l'article 12 c). Mais l'article 12 c)
peut s'appliquer à d'autres propriétés que des terres
agricoles. Si on le spécifiait à l'article 21, de cette
façon ou d'une autre, ce serait plus clair, plus précis.
Un autre point, M. le Président ce point est très
important pour nous le projet de loi sur l'évaluation
foncière nous permet de constater que le gouvernement n'a pas encore
accédé à la demande de la majorité en abolissant
l'impôt foncier scolaire. Je veux faire un point là-dessus. Nous,
de l'Union Nationale, croyons que c'est urgent de le faire afin de soulager le
contribuable québécois. Si nous gardons ou si nous conservons la
même ténacité, nous de l'Opposition, les conseils de
comté, l'UPA, que nous avons conservée depuis décembre
1971 en ce qui concerne la Loi sur l'évaluation foncière,
peut-être que dans un an nous reviendrons en commission parlementaire et,
nous, à ce moment-là, nous obtiendrons du gouvernement qu'on
libère l'impôt foncier des taxes scolaires pour permettre aux
municipalités de se servir de ce champ de taxation de façon
exclusive pour faire les travaux qu'elles ont à faire chez elles.
Nous reviendrons là-dessus. J'informe tout de suite le ministre
que maintenant que nous avons gagné, et lui également, un bon
point en ce qui concerne l'évaluation foncière, c'est la
prochaine étape et ce travail de plus en plus important va se faire au
cours des prochains mois, des prochaines semaines, afin que le gouvernement,
avec le ministre des Finances, en arrive à cette abolition de
l'impôt foncier. Donc, M. le Président, cette loi sur
l'évaluation foncière, modifiée en juillet 1972,
modifiée à
nouveau par le projet de loi 33, demeure tout de même un outil de
travail important pour les nombreux spécialistes du domaine,
évaluateurs, estimateurs, secrétaires municipaux, etc. Pour le
bénéfice de toutes ces personnes, je le demande au ministre, il
aurait été préférable que le projet de loi 33
constitue une refonte complète de la Loi sur l'évaluation
foncière plutôt qu'une modification.
Je demande au ministre de codifier le plus tôt possible cette loi
en un seul volume, en une seule brochure pour que les avocats, les notaires,
les hommes publics puissent, en s'y référant, non pas se
référer à deux, trois ou quatre lois qui existent dans
différents statuts de la province de Québec. Je pense que c'est
urgent que cela se fasse dès la troisième lecture du projet de
loi.
Deuxième chose que je demande au ministre et je pense que
je me fais l'interprète des conseils municipaux, de l'UPA, de tout le
monde c'est que, dès le lendemain de la troisième lecture,
on demande à un groupe de fonctionnaires qualifiés et vous
en avez au ministère des Affaires municipales de vulgariser ce
projet de loi, de façon que tout le monde le comprenne, et par la suite,
de faire parvenir à toutes les municipalités du Québec,
à toutes les personnes qui auront indirectement ou directement à
s'occuper d'évaluation municipale, les étapes qu'elles ont
à franchir au cours des prochaines semaines, des prochains mois.
C'est à regret que je le dis au ministre des Affaires
municipales, au cours des deux dernières années, il y a eu des
directives de données verbalement et par écrit, par certains
officiers du ministère, par certains hommes publics, par des
députés, par des notaires, par des avocats du secteur
privé, directives contradictoires qui ont mêlé tout le
monde. C'est bien beau d'écrire des articles dans la Revue municipale. A
part quelques-uns, les autres ne lisent pas la Revue municipale. Si nous
avions, comme je l'ai suggéré au mois de février, des
directives claires et précises, avec une loi vulgarisée, cela
permettrait de corriger une foule d'impressions, cela permettrait
également de se préparer à faire de
l'évaluation.
Je termine; j'ai déjà été trop long, je m'en
excuse. Je dois le dire, cette loi aura traversé des étapes
pénibles, difficiles. Cette loi a quand même l'avantage
aujourd'hui d'être plus claire. Il s'agit de la vulgariser. Il s'agit
d'informer, non pas sur le plan publicitaire, publicité partisane, mais
publicité administrative. Cette loi, mieux comprise, que nous
discuterons en commission, je crois qu'elle répond, au moins, aux
principales objections que nous, de l'Opposition, avons soulevées depuis
décembre 1971.
Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Lévis.
M. ROY (Lévis): M. le Président, je ne serai pas tellement
long. D'abord, je voudrais féliciter c'est peut-être fort
mais j'ai apprécié la décision du ministre d'avoir
accepté autant d'amendements à un bill qui avait
été soumis, qui avait été étudié,
mais qui n'était peut-être pas au goût de toute
l'Opposition.
Je crois que dans les circonstances... On m'a accusé assez
souvent de féliciter le ministre.
M. CARON: Laissez-le faire.
M. ROY (Lévis): Ce n'est pas une mauvaise accusation parce
qu'aujourd'hui on vient de me confirmer qu'on avait un ministre qui comprenait
quelque chose, qui comprenait la population, qui comprenait les besoins de la
population n'applaudissez pas trop vite, parce que vous aurez votre tour
et ce sera peut-être moins drôle tantôt il est un
homme conscient. J'ai travaillé avec M. Goldbloom avant qu'il ne soit
ministre des Affaires municipales. J'ai travaillé avec l'ancien ministre
et je n'ai rien à dire contre lui, même si nous ne nous sommes pas
toujours accordés. Aujourd'hui, je ne dirai pas que le gouvernement l'a
changé, je dirai que le ministre a décidé de changer
d'attitude, pour être poli envers le ministre. Mais aujourd'hui, je
comprends qu'on a un ministre qui a compris les besoins de la population, qui a
compris et qui a écouté les recommandations qu'on lui a
faites.
J'ai siégé avec l'ancien ministre. J'ai
étudié des bills avec l'ancien ministre. Je lui ai fait beaucoup
de recommandations, et aujourd'hui, je vois, dans ce bill, des amendements qui
sont revenus sur la table. Je comprends que, pour le gouvernement, c'est dur
quand un gars de l'Opposition présente une recommandation. On ne peut
pas l'accepter tout de suite, ce n'est pas dans l'éthique du parti. J'ai
de la difficulté à comprendre cela, parce que j'ai
siégé assez longtemps à des conseils municipaux et on
faisait accepter cela tout de suite. Mais là, il faut que le
gouvernement revienne avec ce qu'on a déjà suggéré,
mais six mois plus tard, avec des amendements pour dire à la population
que cela vient de lui. Je comprends tout cela. M. le ministre, et je ne vous
blâme pas parce que ce sont des choses politiques qu'on doit accepter
dans la vie politique, non pas dans la vie administrative.
Je crois que l'honorable député de Nicolet a fait un bel
exposé, un exposé très réaliste et qu'on peut
apprécier... et conscient des responsabilités que les siens n'ont
pas prises pendant qu'ils étaient là et qu'ils prendraient dans
le temps où ils n'y sont pas...
M. VINCENT: On en a mangé une supérieure aussi. La
vérité sort.
M. ROY (Lévis): II n'est jamais trop tard pour se
reconnaître. Je connais les bonnes intentions de l'ancien ministre de
l'Agriculture et de la Colonisation parce que c'est un gars que j'ai connu
à Ottawa. C'est un gars honnête.
S'il n'a pas fait ce qu'il a voulu, c'est parce que ce n'est
probablement pas lui qui menait. Il a été chanceux, il a
été réélu par le fait même. Je crois que,
dans toute...
UNE VOIX: Par le fait même! UNE VOIX: C'est enregistré,
cela?
M. VINCENT: C'est parce que c'est dit par un créditiste devant
mon adversaire là-bas.
UNE VOIX: Vous avez un adversaire?
M. ROY (Lévis): Pour être sérieux, parce que cela
est bien beau de dire de telles choses mais il faut être sérieux
à un moment donné, j'ai apprécié que le ministre
soit soumis à des suggestions qui lui ont été faites. Je
crois que nous avons ici, dans l'assemblée, à la commission, des
gens capables de se faire valoir et qui savent ce qu'ils veulent. Moi, je ne
dirai pas ce que les gens veulent. Ils m'ont dit ce qu'ils voulaient mais eux
sont capables de le dire, je pense, parce qu'ils ont un avocat et des gens
assez représentatifs. Je n'irai pas plus loin. J'espère que le
ministre prendra les mesures nécessaires, s'il y a encore des
amendements à faire; je le connais, j'ai travaillé avec lui avant
aujourd'hui. J'apprends à le connaître. Parfois, j'ai
été obligé d'être dur en Chambre; j'ai dit au
ministre, l'autre jour je l'ai regretté qu'il était
obligé de subir les méfaits d'un autre ministre avant lui. Il est
obligé de réparer cela sans faire trop de pièces. C'est
dur pour un ministre. J'ai dit cela à regret, mais il fallait que je le
dise, parce que c'était la vérité. J'espère que, M.
le ministre, vous allez prendre en considération toutes les
recommandations qui vont être faites par les gens ici présents,
parce qu'ils sont très contents d'avoir pu se faire entendre par le
ministre actuel. Je n'ai pas d'autre commentaire et je crois que ces gens
partiront satisfaits; tout le monde n'aura peut-être pas satisfaction
mais il y aura au moins une amélioration sur la situation passée.
Merci.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, lorsque nous avons eu à
discuter du bill 48, nous avions été d'accord sur le principe de
créer une évaluation uniforme pour l'ensemble des
municipalités québécoises. Cependant, nous avions fait
valoir quantité de modifications qui s'imposaient en ce qui concernait
ce projet. J'entendais tout à l'heure le député de
Nicolet, je pense qu'il a passablement bien résumé à peu
près toutes les revendications que tant l'Union nationale que le Parti
québécois et même le Ralliement créditiste ont fait
valoir à ce moment-là.
Je rappelle que nous avions eu énormément de
difficultés. Nous avions dû nous battre avec acharnement contre
l'ex-ministre des Affaires municipales pour d'abord demander qu'une commission
parlementaire puisse siéger suite à la première
rédaction du bill 48. Je me rappelle un certain soir que le ministre des
Affaires municipales avait décidé qu'il présentait son
bill 48 coûte que coûte. Puis, quelques jours après, nous ne
savons pas par suite de quelles pressions, mais enfin! le ministre des Affaires
municipales d'alors décidait d'accepter la proposition des
députés de l'Opposition pour que le bill 48 puisse être
envoyé à une commission parlementaire.
A ce moment-là, nous étions complètement d'accord.
Nous disions: Tant mieux. C'est un projet de loi extrêmement complexe,
qui s'imposait mais aussi qui nécessitait que l'ensemble des groupes de
la population québécoise puissent être entendus parce que
cela touche véritablement chacun des contribuables
québécois.
Par la suite, nous avons eu la deuxième rédaction du
projet de loi, suite à la commission parlementaire. Encore là, je
pense que nous avons dû nous battre pour faire un certain nombre de
revendications qu'a fait valoir d'ailleurs ou qu'a résumées le
député de Nicolet et sur lesquelles je n'ai pas l'intention
d'insister. Il faudrait tout simplement reprendre les débats qui ont
été faits à ce moment-là. Malheureusement, encore
là, nous n'avons pu obtenir gain de cause. Les amendements que nous
avons proposés n'ont pas été acceptés et c'est ce
soir-là que l'ex-ministre des Affaires municipales nous avait
affirmé que c'était un projet de loi très complexe et
qu'il ne le comprenait pas.
J'espère que le nouveau ministre des Affaires municipales
comprend bien son projet de loi, lui qui semble avoir accepté un certain
nombre de revendications que les députés de l'Opposition lui ont
fait valoir. Il nous présente, cette fois, un certain nombre
d'amendements auxquels il a réfléchi, des amendements qui sont
valables et des amendements qui, s'ils avaient été
acceptés au moment où nous avons eu l'occasion de discuter la
deuxième rédaction du projet de loi 48, ne nous auraient pas
forcés à revenir en commission pour étudier encore une
série d'amendements.
Je suis heureux cependant, M. le Président, qu'on ait entendu
enfin les revendications d'un certain nombre d'organismes publics. Je suis
heureux qu'on nous revienne avec des amendements au bill 48. Mais, M. le
Président, j'espère que, au moins dans sa teneur principale, au
moins dans son principe général, c'est la dernière fois
qu'on y revient devant une commission parlementaire, puisqu'il va falloir se
décider. Nous avons parlé d'un projet de loi, l'autre jour,
prévoyant des subventions per capita aux municipalités du
Québec et le ministre du Revenu nous a dit qu'il fallait d'abord, pour
établir des critères et des normes pour donner ces subventions,
appliquer l'évaluation municipale de façon uniforme à
travers le Québec. Justement, M. le Président, je pense que cela
presse et qu'il
est important que cette fois la nouvelle version du projet de loi 48
avec ses amendements, amendements qui nous paraissent actuellement très
valables, va enfin être appliquée.
Mais, le député de Nicolet a insisté tout à
l'heure sur une chose fort importante. J'ai eu l'occasion de discuter avec
plusieurs petites municipalités de mon comté concernant le bill
48. A la suite du fait que l'ex-ministre des Affaires municipales nous avait
dit que c'était un projet de loi très complexe, il faut donc
comprendre que les petites municipalités du Québec se sentent
complètement dépourvues devant ce projet de loi. Les petites
municipalités du Québec se demandent comment cela va s'appliquer.
Si l'ex-ministre des Affaires municipales ne le comprenait pas, comment les
autres, à un moment donné, vont pouvoir le comprendre?
Le député de Nicolet faisait tout à l'heure
certaines remarques concernant la nécessité d'expliquer la
nouvelle version du bill 48 avec ses amendements et de faire en sorte que les
petites municipalités puissent savoir comment cela doit s'appliquer
concrètement. Surtout, qu'on raye une fois pour toutes, aujourd'hui, les
problèmes soulevés par ce projet de loi; qu'on aille de l'avant,
afin que justement l'actuel ministre des Affaires municipales puisse faire son
autre réforme dont on nous parle depuis un certain temps,
c'est-à-dire sa réforme sur l'ensemble des problèmes de
financement des municipalités.
Le député de Nicolet soulevait tout à l'heure le
problème de l'impôt foncier; je pense que j'ai eu l'occasion de le
soulever lors de l'étude du projet de loi sur les subventions aux
municipalités. Nous croyons que l'impôt foncier actuel gruge
très fortement les contribuables québécois et que cela
devrait être un champ qui devrait être laissé aux
municipalités, puisque l'éducation est devenue l'affaire, non pas
directement de ceux qui sont propriétaires de maisons, mais de
l'ensemble des contribuables québécois. Si on dit que le premier
pas qu'on a à faire, c'est d'abord de créer une évaluation
foncière uniforme, pour passer à l'autre réforme,
j'espère qu'on n'attendra pas encore trois ans et demi pour qu'on puisse
passer à cette deuxième réforme.
Le bill 48 actuellement modifie la valeur réelle par la valeur
marchande, c'est une proposition du rapport Bélanger et une proposition
que les députés de l'Opposition ont eu l'occasion de faire valoir
lors de la première discussion du bill 48. En ce qui concerne la
régionalisation et la possibilité de permettre aux conseils de
comté de pouvoir être responsables de l'application de
l'évaluation pour les municipalités, je dis: Tant mieux, M. le
Président. Je pense que, si on veut revaloriser les conseils de
comté, c'est là peut-être une des portes qui nous permettra
de revaloriser les conseils de comté et de rapprocher de la population
l'administration d'un projet de loi qui a été
déterminé au niveau du gouvernement du Québec
lui-même.
M. le Président, je pense que ça nous amène vers
une chose que nous proposons dans notre programme, c'est-à-dire
l'établissement de gouvernements régionaux avec certains
pouvoirs, la décentralisation de certains pouvoirs qui existent
actuellement exclusivement entre les mains du gouvernement provincial et qui
devraient, je crois, pour autant qu'on donne aux municipalités une
certaine autonomie financière, autonomie administrative, être
redonnés aux municipalités. En ce qui concerne l'imposition des
fermes et les 40 p.c, je pense que ça rejoint encore une recommandation,
comme l'expliquait le député de Nicolet, du rapport
Bélanger. Nous en sommes, quant à nous, satisfaits. Deux mots sur
les conseils de comté, nous croyons cependant que les 72 conseils de
comté actuels devraient, dans ce programme de revalorisation des
conseils de comté, probablement être diminués à un
nombre un peu plus réaliste.
M. le Président, un certain nombre d'organismes sont venus pour
faire valoir leurs revendications en ce qui concerne les nouveaux amendements
du projet de loi. Le député de Nicolet a assez bien
résumé toute la discussion que nous avons eue lors de la
première et de la deuxième rédaction du bill 48.
J'espère cette fois, au moins dans son principe général,
que les amendements que nous propose le ministre mettront fin aux
revendications d'un certain nombre d'organismes, revendications valables,
revendications qui étaient nécessaires, qui s'imposaient et
qu'enfin on pourra appliquer ce fameux projet de loi 48 pour qu'on puisse
passer à la deuxième grande réforme, c'est-à-dire
une véritable réforme de l'impôt foncier des
municipalités. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable ministre des Affaires
municipales.
M. GOLDBLOOM: Très brièvement, M. le Président,
parce que je ne voudrais pas priver nos invités de leur droit de parole.
Je voudrais quand même répondre aux questions précises
posées par l'honorable député de Nicolet et lui dire que,
quant à la vulgarisation de la loi, dès après l'adoption
de la troisième lecture, j'ai l'intention de voir à cela et de
fournir à tous les intéressés un document qui est à
leur portée. La codification, nous l'avons déjà faite; il
faudra la refaire avec les modifications et nous allons le faire; nous allons
fournir aux professionnels un outil qui leur est indispensable.
Quant à la définition du plafond de $150 l'acre et la
relation des trains et des clôtures à ce plafond, dans mon esprit,
c'est assez clair. C'est que ces éléments font partie de la
valeur qui doit être plafonnée. On ne doit pas s'en servir pour
augmenter les montants chargés aux cultivateurs. Nous ne croyons pas
qu'il soit nécessaire de modifier le texte pour assurer cette protection
mais nous pourrons en discuter dans le détail pour trouver le meilleur
endroit, pour rendre absolument clair que ce n'est pas
une lacune dans la protection fournie par le plafond de $150 l'acre.
Finalement, le manuel, nous avons été très
malheureusement retardés dans la production du manuel par le
décès d'un des principaux responsables. Nous attendons le premier
volume cet automne et, pour me rendre avec plaisir à la suggestion du
député de Nicolet, dès que nous le recevrons, nous
pourrons faire siéger la commission parlementaire, inviter les
intéressés de tous les secteurs d'activités à venir
en discuter, en prendre connaissance. Je pense qu'au fur et à mesure que
nous recevrons les diverses parties du manuel, parce qu'il y a une partie qui
fournit les principes généraux, la théorie, la
deuxième partie traite de l'application des mesures, la troisième
partie traite des calculs de coût de remplacement qui sont
utilisés pour les fins d'évaluation, nous les rendrons
publiques.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, il faudra réduire ce
manuel très important à un document plus simple pour les fins de
l'évaluation dans les régions du Québec où le
manuel complet avec toute sa complexité ne serait pas
nécessaire.
M. le Président, je m'excuse d'avoir pris ce temps
additionnel.
LE PRESIDENT (M. Pilote): J'inviterais, à présent, le ou
les représentants de l'UPA à venir s'exprimer et donner leur
opinion sur le projet de loi. Je leur demanderais de s'identifier.
Union des producteurs agricoles
M. GUERARD: Je suis Armand Guérard, vice-président de
l'UPA.
M. le Président, le président s'excuse. Il ne sera
sûrement pas capable de venir à la commission parlementaire parce
qu'il est sur le point de partir pour l'Alberta où il assistera à
une réunion de producteurs de lait du Canada. Alors, si vous acceptez
que je fasse les commentaires...
Vous n'aurez pas la compétence du président, vous allez
avoir seulement celle du vice-président qui est limitée.
Je pense que je n'ai pas besoin de faire l'historique des
démarches faites par l'UPA, depuis des années, pour avoir une
certaine amélioration, pour avoir une justice dans l'impôt
foncier, mais permettez-moi, M. le Président, de rappeler que, depuis
1960-1961, l'UPA, autrefois l'UCC, travaille pour que l'impôt foncier en
milieu agricole soit amélioré de façon à ne pas
brimer l'agriculture dans son expansion.
On sait qu'au début de la colonie, nous étions à
peu près tous des gens de milieu rural. Alors, à ce
moment-là, les fermes étaient plus petites, cela ne causait pas
de problèmes, on était tous sur le même pied.
Mais avec la diminution des producteurs agricoles, avec l'agrandissement
des fermes et avec l'agrandissement des villages, c'est là que survenait
l'injustice vis-à-vis de l'impôt foncier, parce que, à
mesure que l'agriculture, que les fermes s'agrandissaient, nous payions plus de
taxes que nos voisins qui n'étaient pas producteurs agricoles.
Alors, face au projet de loi que nous avons aujourd'hui devant nous, je
peux vous dire qu'à la lumière de nos études les
amendements apportés au projet de loi, surtout sur l'article 21 qui nous
intéresse davantage, sont dans une certaine mesure, assez satisfaisants
pour les producteurs agricoles. Alors, je pense que la correction de
l'injustice qui était créée par la formule que nous avions
avant va donner à l'agriculture la chance d'avoir une expansion plus
facile et va permettre aux producteurs qui veulent agrandir leur ferme
d'être moins inquiets, de moins craindre que, lorsqu'ils agrandissent
leur ferme, ils aient à payer toujours de plus en plus de taxes. En tout
cas, l'avenir va nous le prouver davantage, mais à la lumière de
nos études et des discussions que nous avons eues avec des gens
intéressés, je crois que nous allons avoir une certaine
satisfaction. Je pense que c'est passablement mieux que ce l'était.
M. VINCENT: M. le Président, si vous le permettez, au lieu de
poser des questions tout de suite à M. Guérard on est
quand même limité par l'heure, parce que l'on nous a donné
une obligation de retourner en Chambre et de revenir ici on pourrait
peut-être, si ma suggestion était agréée, accepter
de recevoir les représentations de l'Union des conseils de comté
et, par la suite, si nous avions des questions, les adresser à l'un ou
à l'autre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que la commission est d'accord sur la
proposition du député de Nicolet?
DES VOIX: D'accord!
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. J'inviterais à
présent le ou les représentants de l'Union des conseils de
comté à venir s'exprimer sur le projet de loi 33.
Si vous voulez vous identifier?
Union des conseils de comté
M. MOREAU: Jean-Marie Moreau, président de l'Union des conseils
de comté du Québec.
M. VIAU: Pierre Viau, conseiller juridique de l'Union des conseils de
comté du Québec.
M. MOREAU: M. le Président, premièrement, j'aimerais
remercier, au nom de l'Union des conseils de comté du Québec, le
ministre des Affaires municipales pour nous avoir facilité les
consultations depuis que nous sommes ici.
Nous sommes très heureux de ces consultations qui, à mon
sens, sont constructives en ce qui concerne le projet de loi 33 sur
l'évaluation foncière. Je voudrais remercier également les
membres de l'Opposition de nous avoir permis également de les consulter
et aussi de s'entendre sur certains amendements que nous pourrions apporter
à cette Loi sur l'évaluation foncière. Je ne voudrais pas
discuter ici, parce que nous les avons lus très sommairement, des
amendements que l'honorable ministre nous a remis récemment, qui me
paraissent très valables, mais je laisserai à Me Pierre Viau, le
conseiller juridique de l'Union des conseils de comté, le soin de poser
les questions qui sont pertinentes quant à l'aspect juridique de ces
amendements.
Il reste tout de même qu'il y avait au projet 33 certains
amendements qui nous paraissaient absolument inacceptables de la part de
l'Union des conseils de comté. Nous en avons fait part au ministre et
également aux membres des différents partis de l'Opposition.
C'est sur ces points principaux où nous n'étions pas d'accord que
j'aimerais vous donner notre appréciation.
Le premier article sur lequel nous n'étions pas d'accord, c'est
l'article 36, dans la confection du rôle d'évaluation dans les
communautés urbaines de l'Outaouais et du Québec. Je pense que
l'honorable ministre a donné tout à l'heure, lors de son
exposé, des raisons qui nous paraissent valables et nous escomptons que,
dans un avenir très rapproché, quand le ministère des
Affaires municipales aura passé en revue toute cette question des
structures des communautés urbaines, nous serons prêts à ce
moment-là, moyennant consultation, moyennant dialogue avec l'Union des
conseils de comté, à revoir cette question de confection de
rôle d'évaluation par les comtés que régit le code
municipal au sein de ces communautés.
En ce qui concerne l'article 34, nous n'étions pas non plus
d'accord sur certaines dispositions de cet article, parce que nous croyions,
à ce moment-là, que c'était de la fusion
déguisée, et nous ne voulions pas voir mettre les
municipalités rurales, en ce qui concerne l'article 34, sur le
même pied que les municipalités régies par la Loi des
cités et villes. Là aussi, je laisserai à Me Pierre Viau
le soin de discuter l'aspect juridique de cette question et des amendements
apparaissant au dernier projet qui nous a été soumis cet
après-midi.
A l'article 44, en ce qui concerne les bureaux de révision de
Montréal et de Québec, je pense que là non plus nous ne
pouvions pas être d'accord, du fait que, pour le reste des
municipalités rurales du Québec, la révision revenait aux
conseils de comté. Pour environ 127 municipalités rurales, on
avait, à mon sens, deux poids, deux mesures, si on tient compte
également dans des secteurs comme la rive sud de Montréal, de
l'efficacité du service que le bureau de Montréal aurait pu
donner et du bassin de population qui existe avec la Communauté urbaine
de Montréal, la ville de Laval et toutes les municipalités de la
rive sud comprises entre le Richelieu et le Saint-Laurent et entre la
frontière des Etats-Unis et la ville de Sorel, et si on tient aussi
compte aujourd'hui des retards de deux ans et demi à peu près
dans cette question de révision des rôles, on se rend compte que
ç'aurait été très difficile d'ajouter des
municipalités dans ce secteur de la province de Québec. Je pense
donc que, strictement au point de vue de l'efficacité, ça
n'aurait pas satisfait nos exigences.
Nous sommes absolument d'accord que les rôles d'évaluation
doivent être normalisés dans la province de Québec et nous
voulons collaborer avec le gouvernement et avec tous les membres du
gouvernement élu pour en arriver à ces questions.
En ce qui concerne l'article 21 de la Loi sur l'évaluation
foncière, je pense que nous avons laissé, nous les conseils de
comté, le soin à l'Union des producteurs agricoles de faire
l'étude de cet article 21. Nous avons même collaboré, les
deux organismes, pour nous mettre d'accord sur ces questions
d'évaluation. Messieurs, M. le Président, je pense que le
vice-président de l'UPA vous a donné sa version et nous sommes en
plein accord sur les nouvelles dispositions de l'article 21.
Sans plus tarder, car je ne voudrais pas discuter tellement longtemps
sur ces questions, je vous remercie, M. le Président.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'aimerais répondre
immédiatement à une des préoccupations de M. Moreau et
l'assurer que, quant à la définition du territoire dont le bureau
de révision sera responsable, mon intention est de limiter ce territoire
aux zones urbaines et de laisser en milieu rural la révision à
ceux qui seront essentiellement responsables de l'évaluation
elle-même.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que les membres de la commission...
M. VINCENT: Si vous me permettez juste avant M. Viau, pour une
clarification, qu'est-ce qui arrive à une section rurale qui est
considérée comme ville? Je donne un exemple,
Bécancour.
M. GOLDBLOOM: II s'agit, M. le Président, de la
responsabilité que l'on donne au bureau et donc à ces deux
sections. C'est une définition qui doit être faite par le
ministre. Je pense que, dans le cas particulier de Bécancour, puisque
c'est sur le plan administratif une ville, mais sur le plan des faits
vécus, une région rurale, nous allons attribuer à cette
région rurale ses propres responsabilités.
M. VINCENT: Je posais la question pour faire un parallèle
entre...
LE PRESIDENT (M. Pilote): J'inviterais M. Viau à s'exprimer sur
certains articles, comme l'a fait M. Moreau.
M. VIAU: M. le Président, nous avons lu, évidemment,
très rapidement les amendements qui viennent d'être mis sur la
table et je voudrais simplement souligner certains points. Il est exact de dire
qu'à l'article 34 les modifications ont été faites de
façon que le quatrième alinéa de l'article, qui nous
causait du souci, soit rayé. Vu que ce sont des amendements
d'amendements et qu'à .n moment donné c'est un peu difficile de
faire la chaîne des faits, j'aurais simplement certains points à
soulever concernant l'article 1, paragraphe a) et g) je ne comprenais
pas exactement ce qu'on visait par là ainsi que l'article 12 de
l'amendement, quand on parle à l'article 12, paragraphe a), de la taxe
foncière, je présume que cela couvre les deux,
générale et spéciale c'est le terme utilisé
habituellement et l'article 19, sous-paragraphe 4, où on
remplaçait "municipalité" par "corporation municipale" à
cause des changements de définition. Je pense que ia chose est correcte,
mais je veux simplement souligner le fait, de façon que ce soit bien
vérifier.
L'article 59 a) est nouveau. Je ne vois pas exactement ce qu'on vise
avec l'article 59 a), par rapport à l'ancienne loi. Quant aux articles
64 et 83, ce sont évidemment des articles de mise en application des
textes et on ne peut pas dire, à première vue, ce que cela vise
exactement. Ce sont simplement ces points.
Quant au reste, nos préoccupations vis-à-vis de l'article
34 se sont rencontrées avec l'article un instant 19,
particulièrement le paragraphe b) quand ont dit "en retranchant le
quatrième alinéa" c'est effectivement là qu'on retranche
l'alinéa qui nous occupait.
Et aussi un article qui nous semble bien utile, c'est évidemment
l'article 62 qui concernait les soucis que nous avions relativement à la
révision dans le cas des municipalités rurales dans le district
de Montréal. Ce sont simplement quelques remarques.
Nous avons lu très rapidement tantôt les textes qui nous
ont été distribués mais, en gros, on peut dire que cela
répond effectivement aux questions que nous avions soulevées
relativement au projet de loi 33.
M. GOLDBLOOM: Je voudrais faire un commentaire et une suggestion. Quant
à l'article 59 a) qui modifie l'article 118 de la loi, nous avons
trouvé qu'il y avait une lacune, que des ententes étaient
prévues, mais non pas dans le cas des commission scolaires. Donc, c'est
pour permettre des ententes entre commissions scolaires pour des fins
semblables. Ce n'est pas plus compliqué que cela.
Voici la suggestion que j'aimerais faire. Pendant que les membres de la
commission iront en Chambre tout à l'heure et devront, nous
l'espérons, adopter la deuxième lecture du projet de loi, nous
reviendrons ici par la suite, dans un autre contexte... Ce sera pour
l'étude article par article par les députés membres de la
commission.
Je suggère que vous profitiez, ainsi que les représentants
de l'UPA, de cet intervalle, pour discuter des points précis avec nos
conseillers juridiques qui sont ici. Je pense que nous pourrons nous assurer de
part et d'autre que nous comprenons mutuellement ce que la loi veut dire.
M. VIAU: Je pense que c'est parfaitement acceptable.
Union des municipalités
M. DELISLE: M. le Président, Pierre Delisle, pour l'Union des
municipalités. Est-ce qu'on pourrait obtenir l'autorisation de dire
quelques mots sur le projet de loi 33?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Certainement. M. GOLDBLOOM:
Sûrement.
M. DELISLE: Comme je viens de le dire, c'est avec un peu de retard que
l'Union des municipalités intervient. Nous avons mêmes ce matin
fait parvenir un télégramme à l'honorable ministre lui
demandant de retarder de quelques jours on dirait maintenant de quelques
heures l'adoption du projet de loi 33 pour permettre à l'Union
des municipalités de se réunir et de prendre position.
Malheureusement, nous constatons cet après-midi qu'il est un peu
tard. M. Tétreault, le maire de Laval, l'actuel président de
l'Union des municipalités, n'a pu, malheureusement, assister. Il a
dû retourner à Montréal ce matin.
Les représentations de l'Union des municipalités sont,
à toutes fins pratiques, très simples. Comme les autres unions
qui se sont exprimées tout à l'heure, nous sommes très
satisfaits sur le plan surtout théorique des amendements
apportés.
Nous n'avons pas eu, évidemment, le temps de les étudier
en profondeur. Le point de vue peut-être un peu discordant de l'Union des
municipalités par rapport à ce qui vient d'être dit par
l'Union des producteurs agricoles et l'Union des conseils de comté
concerne les articles 11 et 12 qui, encore une fois, pour les villes, sont des
articles d'exemption, articles qui, d'après nous, à
première vue, risquent de faire perdre des revenus importants aux
municipalités de ville.
C'est à ces deux articles auxquels je vais tenter de m'attacher
et le plus rapidement possible. A l'article 11, on retrouve un nouveau
système de compensation pour les propriétés non
imposables. D'abord, il faut constater immédiatement que deux
catégories d'immeubles ne seront plus imposées ou du moins pas de
la même façon que les autres.
Les premiers sont les immeubles servant au culte, soit les
évêchés, les fabriques, etc. On constate, avec un peu de
surprise, que ces immeubles, à l'avenir, seraient exempts de toute
taxe et de toute compensation pour services municipaux.
En ce qui concerne les immeubles des institutions religieuses et autres,
on constate que ces immeubles ne paieront plus, eux non plus, de taxe, ni de
compensation pour des services, sauf pour la partie des terrains qui
appartiendrait à des corporations religieuses et qu'elles
détiennent souvent en très grande superficie dans les milieux
urbains.
En ce qui concerne la partie du terrain, nous sommes d'accord mais pour
les institutions elles-mêmes, nous comprenons mal que dans le cadre d'une
révision générale de la Loi de l'évaluation
foncière on revienne dans le temps et qu'on exempte de nouveau des
institutions religieuses au moins pour le prix des services dont elles
bénéficient et qu'elles reçoivent actuellement des
municipalités.
Pourquoi abandonner ce principe de paiement d'un service municipal pour
le remplacer par une taxe qui est fixée par la loi et dont on n'en
connaît pas la base? Pourquoi $0.30 plus que $0.20 ou $0.50? On
connaît des municipalités de ville qui taxent jusqu'à $3.00
les $100 d'évaluation et d'autres qui taxent à $0.40 ou
$0.50.
Cet écart risque pour de bon de porter un coup aux finances de
plusieurs municipalités, et surtout, l'écart en ce qui concerne
le principe que tous devraient au moins payer pour les services qu'ils
reçoivent.
Donc, les fabriques ne paient plus rien, les corporations religieuses
paient sur leurs terrains seulement. Alors, on se pose la question suivante:
Qu'est-ce qui va payer la différence? Qui ensuite va décider
d'investir à l'avenir pour ces institutions? On connaît
actuellement le problème des polyvalentes qui sont encore en
construction et d'autres institutions importantes et qui demandent des services
qui coûtent extrêmement cher, souvent des compensations qui peuvent
se chiffrer par $5,000, $10,000, $15,000 et même jusqu'à $20,000
sur un service de dettes pour amener les services adéquats. Qui va
accepter de donner ces services si on doit se contenter d'une taxe de $0.30 et,
dans le cas des institutions religieuses, d'une taxe de $0.85 sur le terrain
seulement? On risque encore d'arriver avec un problème financier et
pratique et on pourrait, si le ministre compte s'en tenir à ces
nouvelles exemptions, au minimum prévoir que des ententes individuelles
peuvent intervenir pour déroger au système prévu au nouvel
article 11.
Voilà en gros les déceptions de l'Union des
municipalités quant à l'article 11. En ce qui concerne l'article
12, les terres en culture, nous nous félicitons, comme les membres de
l'Union des producteurs agricoles et l'Union des conseils de comté, du
nouveau système. Nous sommes d'accord sur le principe, sauf ceci.
Pourquoi exempter la maison et l'emplacement du cultivateur? C'est à
notre connaissance la première fois qu'une telle exemption intervient
dans la loi. Cela n'existait pas dans le bill 20 l'année
dernière, cela n'existait pas dans le bill 48 et il existait une
exemption partielle dans l'ancienne Loi des cités et villes.
Suite aux représentations qui ont été faites, on
sait que plusieurs comités ont siégé, on ne peut pas
comprendre la raison d'être d'une exemption de la maison individuelle du
cultivateur bona fide non plus que de son emplacement. Pourquoi aurait-il un
régime différent de celui des autres propriétaires ou des
autres travailleurs? Premier point. Le second, c'est en ce qui concerne la
superficie minimale qui existait dans les anciennes lois pour obtenir une
exemption et qui n'existe plus. Mais l'exemple qui nous est donné par M.
Boiteau, directeur général, qui aimerait bien être ici
aujourd'hui mais qui ne l'est pas, c'est le fameux exemple des serres
d'horticulture.
On retrouve des serres dans une ville comme Sainte-Foy, on en retrouve
même sur la rue Sherbrooke. Ces serres vont jouir d'une exemption
fantastique puisque l'évaluation maximale pour le terrain sera de $150
l'acre et que la taxe maximale sur le terrain et la bâtisse sera de 1
p.c. Encore là, on crée un système d'exemption qui va
beaucoup trop loin et qui, pour des raisons qui ne sont pas des raisons de
véritables agricuteurs, pour des raisons qu'on ne connaît pas,
peut-être des raisons de concordance, pour créer un système
peut-être un peu plus logique, vont dans le fond créer encore des
exemptions et des pertes de revenu.
M. VINCENT: Je m'excuse auprès de M. Delisle. C'est toujours le
problème quand on regarde le projet de loi à la dernière
minute. Cela a été déposé seulement mardi. Les
amendements sont arrivés aujourd'hui. Vous nous avez parlé
d'exemption mais il n'existe plus d'exemption pour les maisons, les
bâtiments, les terrains de ferme. La résidence, le terrain de la
résidence, les bâtiments de ferme sont évalués
à la valeur réelle en vertu du nouveau projet de loi ou du projet
de loi que nous avions.
M. DELISLE: Mais il y a cette différence de 1 p.c.
M. VINCENT: Ah oui! Vous voulez parler du plafond de 1 p.c?
M. DELISLE: C'est à celui-là qu'on en a. Si on remarque la
loi 20, -cette loi né conservait pas ce plafond de 1 p.c. de taxation en
ce qui concernait la maison et l'emplacement non plus que l'ancienne loi des
cités et villes.
C'est donc nouveau dans la loi; c'est la première fois qu'on
constate que l'emplacement même et la maison du cultivateur, qui vaut
$50,000 si elle se trouve à la ville de Laval ou ailleurs... Cette
maison-là serait taxée à un maximum de 1 p.c. Son
évaluation, je suis d'accord avec vous, n'est pas plafonnée, mais
sa taxe l'est et c'est ce qui nous inquiète.
En résumé, c'est ce que nous avions à dire sur
l'article 12 et sur la question de la nouvelle détermination bona fide
des cultivateurs. Je ne sais pas si le ministre veut laisser aux tribunaux le
soin de décider qui sera ou ne détiendra pas une ferme au sens de
la loi, mais comme représentant de l'Union des municipalités,
nous ne pouvons qu'être inquiets devant cette définition qui nous
semble beaucoup trop large et qui laissera encore à ces mêmes
personnages qu'on appelle, nous, les gentlemen farmers, les habitants, les
cultivateurs qui se trouvent en milieu urbain, une très grande porte de
sortie pour avoir des exemptions soit fiscales sur la maison ou
d'évaluation sur le terrain.
M. GOLDBLOOM: Me Delisle, j'aimerais vous répondre et je pourrais
le faire assez rapidement. Premièrement, quant à... Je m'excuse,
le dernier point que vous avez soulevé...
M. DELISLE: C'était la définition bona fide de...
M. GOLDBLOOM: Oui. Je voudrais souligner que ce que prévoit le
projet de loi, c'est que la définition soit celle de la Loi des
producteurs agricoles en ce qui concerne les taxes municipales. Le
régime actuel de remboursement de 35 p.c. de la taxe scolaire qui
s'applique à un plus grand nombre de cultivateurs et qui inclut les
gentlemen farmers persiste, mais ne concerne pas directement les
municipalités. L'évaluation nous permettra de voir plus
clairement quelle est la définition qui devra être
appliquée à ce groupe additionnel à l'avenir. C'est une
chose qui existe et nous n'avons pas l'intention de l'abolir, mais simplement
de laisser évoluer cette situation au cours des prochaines années
pour voir où cela nous mènera. En ajoutant des
bénéfices à la classe agricole, nous avons voulu prendre
la définition prévue dans la Loi des producteurs agricoles.
Deuxièmement, vous avez parlé des institutions religieuses et de
certaines autres. Je voudrais vous dire simplement ceci. Nous avons
été fortement impressionnés par les arguments
avancés par ces institutions et communautés qui nous ont dit :
C'est une question de survie pour nous. Nous avons cru qu'il ne nous
était pas possible d'agir de façon à mettre en danger la
survie de ces institutions qui demeurent très importantes dans notre
société. Je voudrais ajouter que c'est une loi qui aura son effet
dorénavant, mais là où il existe des taxes
spéciales qui sont imposées à de telles institutions, nous
ne faisons pas disparaître l'obligation de continuer de payer ces taxes
spéciales jusqu'à ce que l'emprunt en question ait
été éliminé, sauf si le conseil municipal en
décide autrement et veut exempter les institutions en question du
paiement de ce qui est maintenant prévu.
Troisièmement, c'est la réponse la plus fondamentale, nous
avons essayé de trouver le meilleur équilibre possible entre les
exemptions, les baisses ou les plafonds à accorder à certaines
classes de la société, à certaines institutions, et les
besoins des municipalités. Dans le cas des municipalités rurales,
nous avons prévu, au début de la rédaction de ce projet de
loi, un mécanisme qui ne prive pas la municipalité de ses
revenus. La municipalité perçoit ses taxes, le gouvernement
rembourse au cultivateur un pourcentage de ses taxes. Il en est de même
dans les villes, mais dans les villes, il y a en outre le problème d'un
taux de taxes plus élevé très souvent, même
généralement, que le plafond de 1 p.c. qui est prévu ici.
Je tiens à vous dire très simplement j'ai reçu
votre télégramme seulement quelques minutes après trois
heures cet après-midi et j'étais pour vous répondre par
télégramme que nous assumons la responsabilité de
protéger la santé financière des municipalités,
comme nous le faisons dans le cas de la diminution de l'imposition de la
machinerie, des ports aussi, et avec le projet de loi, nous allons fournir la
compensation nécessaire en vertu de l'analyse qui est maintenant
traditionnelle du fardeau déjà porté par le contribuable
municipal et des besoins de la municipalité en conséquence.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: J'aurais une question à poser au représentant
des conseils de comté, M. Moreau. Quelle est sa conception de la
modification en ce qui a trait aux bureaux de révision? Est-ce que les
conseils de comté peuvent nous dire s'ils sont satisfaits des
modifications qui sont apportées dans la loi 33?
M. MOREAU: Evidemment, si les bureaux de révision doivent
être pour la révision des rôles de toutes les
municipalités rurales du Québec, doivent être entre les
mains du conseil de comté... Pour autant que la loi prévoira que
le bureau de révision sera la responsabilité des
municipalités rurales des conseils de comté, on est d'accord.
M. DEMERS: Est-ce que vous serez prêts, dès le 1er janvier
1974, à assumer parfaitement le rôle qui vous est dévolu
par cette loi?
M. MOREAU: Je pense qu'il va certainement y avoir la
nécessité d'une collaboration très étroite entre le
ministère des Affaires municipales et les conseils de comté pour
mettre en marche ce mécanisme de confection de rôles et
également de révision de rôles.
M. DEMERS: Est-ce que le ministre pourrait me répondre à
ce sujet? Je voudrais savoir si l'évaluateur sera bien nommé par
le ministre ou désigné de concert, après discussion, avec
le conseil de comté, l'évaluateur pour la régionale.
M. GOLDBLOOM: Le réviseur. M. DEMERS: L'évaluateur.
M. GOLDBLOOM: L'évaluateur est nommé par le conseil de
comté et c'est aussi simple que cela. Dans le cas de la révision,
le projet de loi dit à l'article 44: "Chaque municipalité
située en dehors du territoire où le bureau (If bureau de
révision) visé au premier alinéa a compétence, doit
constituer un bureau de révision composé de trois membres..."
etc.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: J'ai une question à poser au ministre. Le ministre a
parlé de compensation dans certains secteurs mais le ministre a dit,
suite à certaines réclamations de l'Union des
municipalités au sujet de l'exemption pour les institutions religieuses
et les fabriques, qu'il s'agissait de survie pour ces institutions. Je pense
que c'est un fait. Maintenant, est-ce que, dans ces cas, il y a compensation du
gouvernement? Je suis bien d'accord qu'à un moment donné on ait
la responsabilité d'assurer la survie de ces institutions mais pas
encore aux dépens des finances municipales qui sont déjà
aux prises avec un certain nombre de problèmes. D'autant plus, M. le
Président, que la demande de l'Union des municipalités
m'apparaît absolument justifiable, absolument normale pour qu'au moins on
accorde la compensation des services qui sont donnés par les
municipalités, en particulier en ce qui concerne les institutions
religieuses ou scolaires ou autres. Est-ce que le ministre a calculé
dans son projet de loi qu'il est simplement question de compensation dans ces
cas?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président, et c'est justement pour cette
raison qu'il fallait retourner en consultation avec le ministre des Finances.
Il était question non seulement de fournir un montant additionnel pour
le remboursement des 40 p.c. des taxes pour les cultivateurs en ville, mais
également de la compensation à la municipalité de son
manque à gagner et c'est pour cela qu'il a fallu étudier assez
sérieusement les disponibilités budgétaires. Je crois
avoir été assez clair tout à l'heure en répondant
à Me Delisle; nous allons compenser là où la compensation
est nécessaire. Il est possible que, dans certaines
municipalités, le taux de taxe soit relativement bas et que l'on n'ait
pas besoin d'une subvention du gouvernement. On devrait faire comme dans le
milieu scolaire, comme le ministère de l'Education l'exige de la
commission scolaire, un effort normalisé. Faites votre effort et
au-delà de cet effort, s'il y a besoin de compensation, la compensation
sera donnée. Il en est de même dans ce domaine.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Honorable député de
Lévis.
M. ROY (Lévis): Est-ce que cela veut dire qu'un cultivateur qui
appartient à une ville... Il y a des cultivateurs qui appartiennent
à des villes. Ils cultivent leur terre, vendent du lait ou envoient leur
lait en vrac, si vous voulez. Est-ce qu'ils vont y avoir droit, eux aussi?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président.
M. ROY (Lévis): Ils vont avoir droit eux aussi à la
compensation?
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. ROY (Lévis): Très bien! Ils y auront droit s'ils en ont
besoin?
M. GOLDBLOOM: Non.
M. ROY (Lévis): Ds ont donc droit de l'avoir?
M. GOLDBLOOM: Le cultivateur a droit à 40 p.c...
M. ROY (Lévis): Qu'il cultive la terre où il voudra,
même dans le milieu de la ville de Québec?
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. ROY (Lévis): Parfait.
M. GOLDBLOOM: Absolument.
M. DEMERS: Le cultivateur Castonguay...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'aimerais profiter de la question
du député de Lévis pour faire la distribution de ces
tableaux, en attirant l'attention des membres de la commission à
l'avant-dernière ligne qui se lit "total payé", et vous verrez
qu'il y a trois colonnes sur la première feuille et quatre colonnes sur
les autres.
On fait la comparaison du total qui serait payé, selon le code
municipal, selon la loi actuelle, selon la proposition de l'Union des
producteurs agricoles et selon la formule proposée ici dans la loi. Vous
constaterez, M. le Président, que sans exception il y a quatorze
feuilles qui représentent 2,000 fermes et chaque feuille une
municipalité, sans exception, la formule que nous proposons est
avantageuse pour le cultivateur. Je souligne que, si nous n'avons pas retenu la
proposition de l'UPA, c'est que dans six cas sur quatorze, la formule de l'UPA
aurait obligé le cultivateur à payer plus cher que l'ancien
régime du code municipal ou le régime actuel de la loi et
certainement plus cher que la formule que nous proposons.
Alors, M. le Président, nous avons quelques instants...
M. ROY (Lévis): Cela veut dire, M. le Président, que nous
n'avons pas un ministre de la Justice, mais un ministre juste.
M. VINCENT: Maintenant, M. le Président, pour être juste
à l'endroit de l'UPA, ce n'était pas la formule de l'UPA,
c'était la formule du ministère des Affaires sociales, du
ministère de l'Agriculture, discutée avec l'UPA et
acceptée. Maintenant, j'avais simplement...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Excusez-moi, M. Moreau m'a demandé la
parole ainsi que M. Guérard. M. Moreau.
M. MOREAU: M. le Président, est-ce que vous me permettez de poser
une question à l'honorable ministre? Quant au bureau de révision
d'une municipalité de comté, quelle est la compétence du
conseil de comté soit pour nommer les réviseurs et aussi pour
payer les réviseurs, étant donné que c'est important
aussi?
M. GOLDBLOOM: La réponse est simple, le conseil de comté
fait les deux.
M. MOREAU: II nomme et il paie. C'est clair.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Guérard.
M. GUERARD: M. le Président, c'était pour vous donner un
éclaircissement et le député de Nicolet...
M. VINCENT: Plus fort.
M. GUERARD: ... a commencé à en faire un bout. Mais je
tiendrais à faire remarquer je vais procéder assez
rapidement que le rapport du comité avait été
accepté, mais avec certaines contraintes, par l'UPA. On a dit à
ce moment-là: On va faire un bout, un tour de roue, et si ça ne
fonctionne pas, on va reprendre tout le débat.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Messieurs, il est quatre heures trente. Je
remercie les représentants de l'UPA, ceux de l'Union des conseils de
comté, ainsi que ceux de l'Union des municipalités. Soyez
assurés que les membres de la commission prendront bonne note de vos
recommandations.
La commission suspend ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 29)