Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente des affaires municipales
Règlements concernant la Loi de la
qualité de l'environnement
Séance du jeudi 7 mars 1974
(Dix heures 20 minutes)
M. SEGUIN (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
Pour cette séance de la commission, les membres sont les
suivants: M. Lessard (Saguenay); M. Boutin (Abitibi-Ouest); M. Caron (Verdun);
M. Chagnon (Lévis); M. Goldbloom (D'Arcy-McGee); M. Leduc (Taillon); M.
Léger (Lafontaine); M. Marchand (Laurier); M. Parent (Prévost);
M. Harvey (Dubuc); M. Roy (Beauce) je ne vois pas M. Roy, sans doute
qu'il viendra M. Houde (Limoilou); M. Vaillancourt (Orford).
Il est entendu que tout député aura le droit de parole
advenant le cas où il la demande, qu'il soit membre ou non de la
commission, mais, s'il s'agissait d'un vote, à un moment donné,
ce seraient nécessairement les membres qui auraient ce droit de
voter.
De la part du président, je voudrais souhaiter une bienvenue
très cordiale à tous ceux qui se sont rendus ici, ce matin, pour
faire connaître à la commission leurs points de vue sur la
réglementation projetée concernant la Loi de la qualité de
l'environnement. Tout d'abord, je pourrais vous annoncer que nous terminerons
vers midi et quart, pour reprendre à trois heures, pour terminer
à cinq heures, aujourd'hui. Il n'y aura pas de séance demain. Si
nécessaire, d'autres séances de cette commission auront lieu
.plus tard, c'est-à-dire durant que l'Assemblée nationale
siégera.
Pour tous ceux qui n'auront pas l'occasion de passer aujourd'hui ou de
se faire entendre, la chose sera remise. Vous serez avisés, à ce
moment-là, de la date. Sans plus de préambule, je demande
à M. le ministre s'il a des commentaires à faire dès
l'ouverture.
Remarques préliminaires
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il s'agit d'une séance
d'information. Il aurait été possible pour nous de rédiger
un projet de règlements et d'inviter les intéressés
à le commenter. Cela nous a semblé, avec les communications que
nous avons eues au cours des récents mois, difficile, voire même
impossible.
Il y a des points de vue qui sont profondément divergents sur ce
problème.
Je pense qu'il faut, d'abord, que nous essayons ensemble de
définir le problème, de définir notre objectif. S'agit-il
parce que nous parlons de la question des contenants des
contenants de diverses sortes fabriqués de divers matériaux et
utilisés à diverses fins, des contenants qui peuvent être
réutilisés et des contenants conçus pour ne pas être
réutilisés, que l'on appelle non retournables ou uniservices.
S'agit-il d'un problème de dangers directs de contamination de notre
environnement? S'agit-il d'un problème esthétique? S'agit-il d'un
problème de danger de blessures à certaines personnes, surtout
les plus jeunes qui peuvent trouver, n'importe où, des objets
laissés par d'autres? S'agit-il d'un problème de
récupération de matériaux qui peuvent être
réutilisés d'une autre façon, recyclés, en d'autres
termes? Ou s'agit-il d'un problème économique? S'agit-il d'un
problème d'emplois que l'on doit protéger dans un secteur ou un
autre de notre économie? Finalement, s'agit-il d'un problème que
nous pouvons régler véritablement par un règlement sur le
sujet ou s'agit-il d'un problème sociologique et un problème
d'éducation et de civisme?
Je pense qu'au cours de la journée, nous trouverons qu'il y a des
éléments de presque tout cet éventail que je viens de
tracer. Vous le savez parce que vous qui assistez et participerez à
cette séance, vous êtes ceux qui avez adressé des
communications de plusieurs sortes au gouvernement, au ministre, pour exprimer
votre point de vue. C'est parce que vous avez exprimé votre point de vue
et que vous avez exprimé le désir d'avoir l'occasion de
contribuer à la confection d'un éventuel règlement que
j'ai cru bon, dans ces derniers jours, avant le début d'une nouvelle
session parlementaire, vous inviter à un échange de propos.
Jusqu'à maintenant, j'ai reçu un groupe après
l'autre ou j'ai reçu des communications écrites ou des
communications téléphoniques. J'ai pu parler avec le promoteur
d'un point de vue à la fois. Je ne me suis pas senti en mesure de faire
une véritable comparaison. Je ne voudrais pas que nous ayons
nécessairement une assemblée contradictoire. D'ailleurs, le
règlement de la Chambre empêche ce genre d'échanges devant
la commission. On présente son point de vue mais je pense bien que
chacun, en présentant le sien, aura pris connaissance d'autres points de
vue c'est déjà reflété dans les
communications que j'ai eues et aura à faire des commentaires en
toute objectivité. Il ne s'agit pas d'être
désagréable mais simplement d'éclairer le
législateur sur le geste qu'il devra poser. C'est donc dans cet esprit
que j'ai demandé la convocation de la commission parlementaire pour
aujourd'hui.
Puisque cela a été fait avec peut-être un peu moins
de formalité qu'à d'autres occasions, il y a ici des gens qui,
ayant appris par les media d'information que la commission devait siéger
aujourd'hui, sont venus sans indiquer au préalable leur désir de
participer à la discussion.
Je voudrais d'abord suggérer, M. le Président,
qu'après les remarques préliminaires que voudraient faire les
membres de la commission nous demandions à ceux qui sont ici de
s'identifier avec l'organisme qu'ils représentent, s'il y en a
un, et souligner leur désir de prendre leur parole au cours de la
journée.
Deuxièmement, je voudrais souligner qu'il s'agit d'une
entrée en matière. Je ne voudrais pas que cette journée
soit la dernière que nous puissions utiliser pour la discussion de ce
sujet.
Il faudra, de toute évidence, donner à d'autres, s'il y en
a, l'occasion de s'exprimer de cette façon générale et il
faudra, je le crois bien, revenir en commission parlementaire quand il y aura
un texte proposé, quand on aura pondu un projet de règlements
pour examiner les répercussions de ce genre de mesures sur tous les
intéressés, sur les citoyens du Québec et sur
l'environnement du Québec.
Nous engageons aujourd'hui un processus de consultation qui,
jusqu'à maintenant, a été privé, non pas dans le
sens confidentiel d'ailleurs plusieurs organismes ont déjà
rendu publics leurs points de vue mais c'est le ministre seul qui a pu
échanger des propos avec les intéressés. Vous voyez qu'il
y a de nombreux députés autour de la table. Ils sont
intéressés non seulement à écouter, mais aussi
à s'exprimer sur ce que devra faire le gouvernement dans ce domaine qui
n'est pas aussi simple que certains le prétendraient.
Je vous remercie d'être venus. Je vous prie de ne pas être
inquiets, car nous ne fermerons pas le dossier à la fin de la
journée d'aujourd'hui. Il y aura d'autres occasions que nous ne pouvons
fixer maintenant, parce qu'une nouvelle session commencera la semaine
prochaine. L'Assemblée nationale formera ses commissions parlementaires
et décidera du calendrier des travaux de ces dernières. C'est la
seule raison pour laquelle nous ne pourrons, à la fin de la
journée, fixer précisément une autre date. Nous
demanderons à l'Assemblée nationale de fixer une autre date, au
besoin, pour poursuivre la discussion. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Merci, M. le ministre.
Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, j'aurais deux points majeurs à
faire valoir. Le deuxième concerne spécifiquement le contenu de
cette commission parlementaire. Le premier point concerne une question
d'urgence.
Connaissant le sens démocratique du ministre, il me permettra de
lui poser, ce matin, quelques questions pour clarifier une situation alarmante
concernant la loi 34 et la pollution. C'est le sujet qu'il prépare
lui-même en vue d'une conférence de presse qui aura lieu cet
après-midi. Je pense que la commission parlementaire et les
députés du Parlement devraient être informés sur des
questions précises, questions sur lesquelles nous aimerions être
éclairés.
Actuellement, M. le Président, M. le ministre, il y a de gros
titres dans les journaux parlant de 570,000 citoyens de 150 localités
autour de Québec desservis par 490 réseaux d'égouts. Des
études ont été commandées par votre
ministère dont le rapport est arrivé depuis un an et dont les
conséquences fragmentaires c'est encore pire
démontrent qu'il y en a 190 dont la situation est grave en eau potable
et 45 dont la situation est dramatique.
Alors, le ministre me permet-il de parler pour clarifier une situation?
Le ministre a déclaré hier qu'il ne faut pas alarmer inutilement
une population. Je pense aussi qu'il faut la rassurer, mais il ne faut pas,
parce qu'on ne veut pas l'alarmer, cacher des faits. Si on veut la rassurer, il
faut en même temps dire la vérité et apporter des solutions
que, j'en suis sûr, le ministre a devant lui. La première question
que je veux poser au ministre est la suivante...
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le député, je voudrais
vous prévenir dès maintenant que je prends, pour le moment, sous
réserve vos commentaires, et je pourrai intervenir si je trouve qu'on
s'écarte réellement du problème qui est devant la
commission aujourd'hui, c'est-à-dire celui d'entendre des personnes qui
sont venues de l'extérieur pour s'exprimer. Alors, sous réserve,
pour le moment, si le ministre veut répondre.
M. LEGER: Avant, sur le point de règlement, M. le ministre si
vous me permettez. La commission parlementaire, ce matin, a été
convoquée relativement à l'article 70 qui touche plusieurs
sujets. Il y a le sujet des contenants et il y a quand même d'autres
sujets et spécialement l'aspect premier. Alors, le ministre pourra me
dire par la suite s'il peut répondre ou non. Ma première question
est la suivante...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si le député de
Lafontaine me le permet, avant qu'il ne pose des questions précises,
j'aimerais faire une suggestion que je crois utile. Effectivement, il y a eu
des articles dans les journaux. Effectivement j'ai trouvé ces articles
alarmants à un degré qui n'est pas justifié par les faits.
Effectivement j'ai consacré ces derniers jours, depuis la parution de
ces articles, à fouiller les documents que nous avons au dossier pour
pouvoir fournir une réponse détaillée, clarifier la
situation et démontrer que l'assertion que la santé publique est
en danger dans un très grand nombre de municipalités du
Québec est une affirmation qui n'est pas justifiée par les faits.
J'avais donc invité les journalistes à me rencontrer à
deux heures cet après-midi, n'ayant pas pensé que la commission
parlementaire s'intéresserait au sujet. C'est effectivement pour cette
raison que j'avais suggéré la reprise des travaux de la
commission parlementaire à trois heures.
Est-ce que je pourrais suggérer que nous avertissions maintenant
les journalistes que la conférence de presse n'aura pas lieu à la
salle des conférences de presse, à 2 heures, mais ici même
à la commission parlementaire? On
pourra prendre la première partie de la séance de
l'après-midi pour en discuter. Pour ma part, je n'aurai aucune
objection. Il serait, je pense, plus facile, de déplacer les
représentants des media d'information vers cette salle qui est grande
que de déplacer les députés vers la petite salle des
conférences de presse. Je serai très heureux que nous reprenions
notre travail à 2 h 15 ou 2 h 30, à l'heure qui conviendra pour
que nous puissions en discuter, et je présenterai certains documents. Je
ne suis pas certain, parce que nous sommes un peu pris au dépourvu quant
à la production de documents. Nous pourrons effectivement produire,
entre-temps, une quantité de documents suffisante pour en distribuer
immédiatement cet après-midi à tous les
députés. J'en avais préparé pour les journalistes.
Mais je pourrai en parler, je pourrai répondre aux questions
posées par les députés, comme à celles
posées par les journalistes et, ultérieurement, nous pourrons
simplement reproduire davantage de copies des documents à l'intention
des députés.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais remercier le ministre de
son sens de la démocratie et de son sens de la compréhension du
rôle des parlementaires, parce que je pense qu'un gouvernement fonctionne
bien pour autant qu'une Opposition est là pour l'aider à
déceler toutes les petites failles ou les grosses failles qu'on peut y
découvrir. Je le remercie et, cet après-midi, nous serons
présents pour poser les questions auxquelles il pourra
répondre.
Pour s'assurer que les réponses seront réellement à
la hauteur des questions, est-ce que le ministre pourrait amener avec lui
certains spécialistes de son ministère pour répondre
à certaines questions techniques qui correspondent
précisément aux problèmes auxquels nous faisons face?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Si le ministre me le permet, pour un
instant, nous allons, par cette procédure suggérée, faire
une déviation assez sérieuse à la procédure normale
des commissions. J'aimerais savoir à l'avance, avant même de
reconnaître cette procédure d'une conférence de presse
à l'intérieur d'une commission, pour la bonne conduite de nos
travaux, si nous ne pourrions pas, dès maintenant, fixer une
période, que le ministre ou la commission pourrait juger suffisante.
C'est dire, comme on nous l'a suggéré tout à
l'heure, que nous pourrions débuter, au commencement de nos travaux de
cet après-midi, par cette conférence de presse, soit à 3
heures.
M. LEGER: A 2 h 15.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A 2 h 15, si vous
préférez, mais est-ce que l'on peut, par exemple,
déterminer que cette conférence, ce débat, cette
série de questions dure une demi-heure?
M. GOLDBLOOM: Je pense que cela prendrait un peu plus d'une demi-heure,
M. le Président. Je suggérerais au moins trois quarts d'heure
pour cela.
M. le Président, je voudrais souligner que ma réaction a
été parfaitement spontanée en réponse à la
demande du député de Lafontaine. Je ne voudrais pas transformer
en conférence de presse toutes les séances des commissions
parlementaires. Je pense que ce serait une mauvaise habitude.
Voici la situation dans laquelle je me place: Si, immédiatement,
sans présumer de votre décision, mais si, par exemple, vous
acceptiez que le député de Lafontaine, à
l'intérieur de l'ordre du jour prévu pour cette séance,
pose des questions, les journalistes qui ont rendez-vous à 2 heures ne
seraient pas présents et il faudrait que je répète une
deuxième fois. Si je dis non, on n'en parlera pas ici, je prive les
députés de ce que je crois être un droit légitime de
parler d'un sujet qui est important et qui est urgent.
C'est pour cette seule raison que j'ai suggéré cette
combinaison des deux fonctions mais je voudrais souligner que, dans mon esprit,
c'est absolument exceptionnel comme suggestion et cela impliquerait, à
mon avis personnel, le consentement unanime des membres de la commission pour
que nous procédions de cette façon.
M. le Président, si vous croyez que l'on effectuerait une entorse
à la procédure normale des commissions parlementaires, je serais
prêt, pour ma part, à suggérer que nous en discutions tout
simplement en commission parlementaire et que les journalistes écoutent,
comme ils ont le droit de le faire, plutôt que de participer à la
séance de la commission et de transformer en conférence de presse
une séance d'une commission parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Sur le même sujet, le
député de Beauce-Sud.
M. ROY: C'est sur le même sujet, M. le Président.
Je pense qu'il est important que le public soit informé des
intentions du ministre sur l'orientation ou encore des décisions qu'il
doit prendre incessamment et des activités de son ministère.
D'un autre côté, il y a des gens ici, aujourd'hui, qui sont
venus de l'extérieur présenter des mémoires pour discuter
et soumettre leurs problèmes devant la commission parlementaire. Nous
avons, d'un autre côté, un règlement qui régit nos
travaux parlementaires. C'est une chose qui ne s'est jamais vue, commencer une
séance d'une commission parlementaire par une conférence de
presse. Je pense qu'il y a le danger, à un moment donné, qu'on
modifie le règlement ou qu'on crée des précédents
qui peuvent nous entrafner dans des débats, des discussions
stériles sur des questions de ce genre. Je me demande s'il ne serait pas
plus
pratique et à ce moment-là, on ne violerait pas
notre règlement que la conférence de presse soit
convoquée pour deux heures quinze et que la commission parlementaire
reprenne ses travaux à trois heures précises. De cette
façon, je pense que tout le monde pourra être servi, tout le monde
sera bien servi et le règlement et notre procédure habituelle
seront respectés intégralement.
C'est la suggestion que je fais. Ce serait l'idée que j'aurais
à soumettre au gouvernement, au ministre ainsi qu'au président de
la commission, de procéder de cette façon, plutôt que de
faire une conférence de presse à l'intérieur d'une
séance de commission.
M. GOLDBLOOM : Si je comprends bien l'honorable député de
Beauce-Sud, ce qu'il suggère, c'est que les mêmes personnes soient
présentes, que nous consacrions la période de deux heures, deux
heures et quart à trois heures à une conférence de presse
qui aurait lieu ici et à laquelle les députés pourraient
assister et que, par la suite, nous reprenions les travaux de la commission
parlementaire à l'intérieur du...
M. ROY: De façon que ce soient deux choses complètement
distinctes.
M. LEGER: Est-ce que je peux simplement corriger un lapsus du ministre
ou un mot: "à laquelle les députés pourront participer et
non pas assister"?
M. GOLDBLOOM: D'accord. M. LEGER: II y a une grosse différence.
M. ROY: C'est une nuance importante. M. GOLDBLOOM: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, c'est simplement pour appuyer la
proposition. Ici, cela nous causerait un certain nombre de problèmes
puisque, pour la première fois, en tout cas, les journalistes auraient
pu justement interroger le ministre et je me posais la question...
M. GOLDBLOOM: Mais les députés aussi.
M. LESSARD: D'accord, mais je veux dire, à l'intérieur
d'une commission parlementaire, est-ce que cela devrait être inscrit au
journal des Débats? Je pense que le plus logique, ce que propose le
député de Beauce-Sud, c'est qu'on ait la conférence de
presse de deux heures et quart à trois heures et que l'on reprenne la
séance de la commission par la suite.
M. GOLDBLOOM: J'aimerais cependant souligner un point technique, c'est
qu'à la salle des conférences de presse, l'enregistrement se fait
et la transcription est produite exactement comme à la commission
parlementaire.
M. ROY: Oui, mais il n'y a pas de journal des Débats.
M. GOLDBLOOM: Non, il n'y a pas de journal des Débats.
M. ROY: C'est une différence importante. M. LESSARD: Je suis bien
d'accord.
M. LEGER: Alors, M. le Président, j'avais parlé
tantôt de deux points. Le premier était le suivant à
moins qu'il n'y ait d'autres députés qui veuillent s'exprimer sur
ce sujet... Le deuxième point, c'est celui qui nous amène
aujourd'hui... Je dois noter que, malgré tous les efforts que nous avons
faits cette semaine, jusqu'à hier, pour obtenir du ministère des
documents concernant cette commission parlementaire, nous n'avons pu recevoir
aucun document avant ce matin. Je trouve malheureux que des
députés soient dans l'obligation de rencontrer des personnes qui
sont directement concernées par le problème de la pollution par
les déchets, spécialement par les contenants, que les
députés ici présents n'aient pas été
capables de prendre connaissance à fond de ces mémoires pour, par
la suite, poser des questions pertinentes tenant compte,
précisément, de l'ampleur et du contenu total de tous ces
mémoires.
Je pense que c'est malheureux que nous n'ayons pas eu cela à
temps. Je ne sais pas à qui nous devons le reprocher; est-ce le
ministère, est-ce le ministre lui-même qui n'a pas reçu ces
documents à temps ou s'il n'a pas fait une convocation d'avance pour
obtenir ces dossiers à temps? C'est malheureux parce que nous avons des
questions pertinentes, et ma première réaction a
été de dire: On va prendre connaissance de ces documents et,
après cela, on fera une autre réunion. Maintenant, toutes les
personnes qui sont venues ici pour se faire entendre, c'est malheureux de les
avoir fait se déplacer inutilement. Je mets le ministre devant le fait
que les députés de l'Opposition seront obligés de poser
des questions basées sur un document vu à vol d'oiseau, sauf
quelques lettres que je me rappelle avoir reçues à mon bureau et
qui sont à l'intérieur de certains de ces documents. Je pense que
c'est malheureux et j'aimerais bien que le ministre, dorénavant, voie
à ce que la documentation nous soit fournie avant pour que les questions
et la commission parlementaire soient beaucoup plus efficaces. Il est vrai que
cela fait longtemps qu'on veut une réglementation sur les
déchets, mais je pense qu'il faut être préparé et ne
pas procéder comme ce matin: On nous donne les documents et c'est tout
de suite le temps de poser des questions.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Beauce-Sud.
M. ROY: J'aimerais ajouter quelque chose dans le même sens. Je le
déplore encore une fois, il semble que depuis un certain temps cela
devient une habitude de nous donner les mémoires le matin, lorsque nous
nous présentons devant la commission parlementaire. Ce matin, en plus,
nous n'avons pas d'ordre du jour, nous ne savons pas dans quel ordre les
mémoires seront présentés. Je ne sais pas si le
gouvernement a trop de députés, je ne sais pas ce qui se passe au
juste, mais cela rend le travail des membres de la commission extrêmement
difficile. Il aurait été préférable que nous ayons
le temps de regarder les mémoires, de prendre des notes et de nous
préparer pour pouvoir travailler en toute objectivité et avec
célérité; mais ce n'est pas le cas. Nous n'avons
même pas l'ordre du jour. J'aimerais que le ministre nous donne des
précisions, étant donné qu'il y a d'autres organismes qui,
j'en suis convaincu, peuvent être intéressés à venir
devant la commission parlementaire pour nous présenter des
mémoires. Il faudrait que la date limite pour présenter ces
mémoires ne soit pas définitivement déterminée
à l'heure actuelle, mais qu'il y ait des décisions de prises
aujourd'hui au cours de la commission parlementaire, de façon à
aviser le public et les intéressés de la date jusqu'à
laquelle ils auront l'occasion de présenter des mémoires. Ainsi,
lorsqu'on reprendra les travaux de la Chambre et lorsque la Chambre donnera le
mandat à la commission parlementaire de siéger à nouveau,
ces gens pourront être avisés dans un délai suffisant pour
être en mesure de se préparer et d'organiser leur
délégation pour venir ici.
Il y a des choses qui pressent, dans le domaine de l'environnement, il y
a des mémoires qui ont été présentés, il y a
déjà près de deux ans, concernant les contenants, par
exemple, et ces gens sont ici ce matin. Il y a des décisions que le
gouvernement devra prendre. En matière d'environnement, je pense qu'il
ne faudrait pas, non plus, qu'on fasse conférences par-dessus
conférences, séances de commissions parlementaires par-dessus
séances de commissions parlementaires, de façon à prendre
tous les problèmes en même temps. Il va falloir procéder
avec un certain calendrier de travail pour que dans tel domaine le gouvernement
puisse procéder à partir de telle date, de façon que les
gens qui sont concernés par tel secteur puissent agir et se
préparer en conséquence.
J'aimerais bien que le ministre, je le déplore encore une fois,
nous donne au moins la garantie qu'à l'avenir, lorsque la commission
parlementaire des affaires municipales va siéger, nous puissions avoir
les mémoires un certain nombre de jours d'avance. Qu'on nous distribue
un ordre du jour au début de la séance de la commission
parlementaire et aussi que le ministre informe la population sur ses
intentions. De quelle façon entend-il procéder, de quelle
façon la commission parlementaire fera-t-elle ses travaux dans
l'avenir?
Je pense que ce sont des choses importantes, que la population doit
savoir.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: On dirait que depuis quelque temps, juste avant l'ouverture
d'une nouvelle session, le gouvernement prend des vacances et là il
décide d'agir, de faire des commissions parlementaires.
Moi, M. le Président, je ne le déplore pas, je proteste
contre la façon d'agir du gouvernement actuellement. Ce n'est pas la
première commission parlementaire où nous n'avons rien, c'est la
deuxième cette semaine. Nous n'avons pas la science infuse. Pour
être sérieux, j'aurais l'intention ce matin de dire nous allons
ajourner nos travaux. D'accord, nous avons reçu un certain nombre de
documents de la part des organismes intéressés mais on comprendra
qu'il y a une préparation lointaine et une préparation
immédiate.
Qu'on ait lu, par exemple, ces documents il y a un mois ou un mois et
demi; mais la veille d'une commission parlementaire ou les quelques jours
précédant une commission parlementaire, il faut se remettre au
travail comme parlementaires et prendre connaissance de ces documents.
Or, si je veux faire mon travail et si, nous, les députés
de l'Opposition, voulons faire notre travail sérieusement, comme nous
tentons de le faire, il faut quand même avoir les moyens de le faire. On
dirait que, depuis le 29 octobre, depuis que vous avez 102
députés, on informe le moins possible les responsables ou les
membres de l'Opposition alors que nous ne sommes que huit.
M. le Président, je trouve cela absolument aberrant qu'on puisse
arriver ainsi à une commission parlementaire, et déposer de
nombreux documents. Je comprends que c'est un problème qui se discute
depuis fort longtemps. Mais c'est justement parce qu'il se discute depuis fort
longtemps qu'il faut le traiter de façon sérieuse.
Je comprends aussi que cela n'est pas un cadeau, mais un
problème, de dire ce matin je suis dans l'ordre, M. le
Président à ceux qui sont venus présenter des
mémoires qu'on va ajourner sine die. Je pense que nous ne pouvons pas
faire cela.
Mais cependant, il y a une chose normale, comme j'ai toujours vu dans le
passé, depuis 1970, c'est-à-dire que ces gens devraient savoir au
moins il faudra en décider tantôt de quelle
façon on va travailler. Est-ce qu'il y a des organismes précis,
ce matin, qui ont été convoqués par le ministre, ou le
ministère des Affaires municipales, ou le secrétaire des
commissions? Est-ce qu'il y a un ordre du jour tel qu'on a toujours vu,
normalement, au niveau des com-
missions parlementaires, nous disant que tel ou tel organisme est
prévu ce matin?
Pour nous, selon les instruments que nous avons, il n'y a rien. Je ne
fonctionnerai plus comme cela. L'autre jour, à la commission des
transports, cela a été exactement la même chose. Nous avons
été' obligés d'ajourner sine die parce que nous avons
reçu les documents le matin - même. On revient encore jeudi,
à la commission des affaires municipales on dirait que les
ministres se sont donné le mot la même chose arrive
encore.
Pour faire un travail sérieux, des briques comme
celles-là, je ne les vois pas de façon directe et, n'ayant pas la
science infuse, je ne les connais pas. Il y a peut-être des
libéraux qui ont la science infuse, je ne l'ai pas, et je ne me prends
pas pour un autre.
Je pense que nous serons obligés de modifier nos
procédures. Je pense qu'on ne devrait jamais convoquer une commission
parlementaire sans avoir, au préalable, obtenu les documents, et sans
avoir, au préalable, obtenu un ordre du jour.
De toute façon, dans tout organisme semi-public ou privé,
c'est une chose normale qu'on ait un ordre du jour. C'est seulement au
gouvernement, à un certain moment et au niveau des commissions
parlementaires, qu'on semble se foutre des ordres du jour, qu'on semble croire
qu'on va arriver, comme parlementaires, ici, et qu'on va avoir pris
connaissance de tous ces dossiers, alors que cela fait une semaine, au cours de
la semaine précédant la séance de cette commission
parlementaire, que notre personnel tente d'obtenir un certain nombre de
documents. On ne les a pas obtenus et, ce matin, nous les avons.
Je suis assuré que ces personnes auraient pu, à la demande
du ministre, si elles avaient été convoquées dans les
délais normaux, préparer ces documents et nous les remettre il y
a une ou deux semaines.
Je ne pense pas que les organismes qui viennent présenter des
documents soient responsables de cet état de choses, mais c'est le
ministère des Affaires municipales qui semble avoir annoncé cette
commission parlementaire sans trop savoir ce qui allait se passer. Cela
m'inquiète pour l'avenir et je ne veux plus fonctionner ainsi.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): M. le Président, je voudrais
simplement faire remarquer au député de Lafontaine et au
député de Saguenay que nous avions très bien compris
lorsque le député de Beauce-Sud a amené le problème
et que cela ne sert à rien de continuer à discourir, à
répéter tout le temps les mêmes choses. On a encore perdu
quinze minutes à les entendre parler, à les entendre
répéter la même chose.
Qu'ils gardent donc leur spectacle pour l'Assemblée nationale et
qu'on procède à nos travaux, M. le Président, s'il vous
plait!
M. LESSARD: Je proteste. Il ne s'agit pas de faire un "show".
S'ils sont 102 et s'ils sont capables de fonctionner ainsi, nous, comme
Opposition parlementaire, avons un travail à faire et notre travail
n'est pas simplement de nous asseoir et d'écouter les propos du
ministre. Il s'agit de nous informer de ce qui se passe et de lire les
documents.
Ce matin, nous allons accepter que la commission puisse siéger et
nous allons accepter que les mémoires soient présentés;
mais pour l'avenir, il faudra que du côté du gouvernement, on
coordonne un peu ses activités et qu'on sache exactement à quelle
place on va.
Il me semblé que c'est le minimum qu'on doit exiger d'un
gouvernement qui a actuellement 102 députés, de savoir à
quelle place le gouvernement va. Il ne semble pas le savoir.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, messieurs!
Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, sur le point du député
d'Abitibi-Ouest, c'est la deuxième occasion que j'ai de remarquer la
réaction du député d'Abitibi-Ouest devant le rôle de
l'Opposition. Je dois dire au député d'Abitibi-Ouest qu'il y a
deux sortes de parlementaires qui sont à la commission parlementaire. Il
y a ceux qui assistent, qui "picossent"; il y a ceux qui participent. Pour ceux
qui assistent, c'est sûr que c'est long de voir une Opposition qui est
là pour obtenir des renseignements, pour clarifier ou bonifier des lois
et pour apporter des amendements. Pour ceux qui assistent, c'est long. A un
moment donné, ils finissent d'assister et ils commencent à
"picosser". "Picosser", cela peut aider, essayer de neutraliser l'Opposition,
mais nous sommes habitués, on les connaît.
Le deuxième point, avant que le ministre réponde à
la question que je lui ai posée et que le député de
Beauce-Sud et le député de Saguenay continuent à ajouter
sur ce point, c'est qu'au cours de la semaine dernière, pendant que nous
appelions au ministère pour obtenir la documentation, on nous a
donné le renseignement suivant: que cela s'en venait, que ce
n'était pas prêt. En plus de cela, il y avait un document de
travail qui serait prêt, un document de travail du ministère, sur
la gestion des déchets et des contenants. Le document de travail du
ministère non pas de ceux qui viennent nous rencontrer
aujourd'hui serait prêt probablement la veille ou l'avant-veille;
finalement, aujourd'hui, on ne l'a pas. Est-ce que le ministre peut nous
répondre, à l'intérieur des autres questions qui ont
été posées, si ce
document de travail est prêt et quand nous allons l'avoir?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, vous vous rappelerez mes remarques
du début. Il n'y a pas de document de travail. Je ne commencerai pas la
rédaction d'un document de travail avant au moins la fin de cette
journée, ayant pu écouter les gens qui se sont
déplacés pour venir exprimer leur opinion. Je ne sais pas
à qui les députés se sont adressés, directement ou
par l'intermédiaire de leurs aides, pour avoir des documents. Ce n'est
sûrement pas à moi-même. J'aurais répondu que nous
avons effectivement deux mémoires à notre dossier et un certain
nombre de lettres. Il y a deux ou trois lettres je parle de
mémoire qui sont un peu plus élaborées, mais qui
sont quand même des lettres adressées au ministre. J'ai
reçu deux mémoires. Au cours d'une période très
récente, j'ai reçu, et pas pour la première fois dans un
cas, les représentants des organismes, auteurs de ces deux
mémoires. Les deux expriment des points de vue diamétralement
opposés. Dans un cas, très particulièrement, l'organisme
invoque une urgence de pouvoir discuter de la question. A ce moment-là,
si je dis qu'on va faire toute la procédure en grand détail, je
manque l'occasion d'avoir la conversation d'aujourd'hui.
Avec une nouvelle session et la constitution des commissions, les avis
et le reste, c'est beaucoup plus tard. On me dit qu'il y a un geste à
poser maintenant. L'organisme en question va présenter son point de vue
et va invoquer cette urgence. Comme dans son mémoire qui est public
depuis déjà un bon moment il y a deux mémoires que
cet organisme a publiés; il s'agit de l'Association des embouteilleurs
de boissons gazeuses du Québec il va insister sur certaines
tendances dans l'économie québécoise qui devraient amener
le gouvernement à prendre une décision. D'autres personnes, je
présume, auront d'autres sons de cloche à offrir. J'ai donc
pensé que c'était utile pour tous les membres de la commission
parlementaire d'écouter des gens qui ont des choses à dire et de
revenir, par la suite, avec plus de formalités, étudier des
documents et étudier éventuellement un projet que le gouvernement
présenterait.
Mais le gouvernement, contrairement à ce qu'à
suggéré tout à l'heure le député de
Lafontaine, trouve ce problème suffisamment embrouillé pour ne
pas vouloir trancher la question sans avoir écouté les
intéressés. Alors, c'est un début de conversation. Il y en
aura d'autres et avec plus de formalité, au fur et à mesure que
nous progresserons dans ce dossier.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, juste un mot sur le point que le
ministre vient de souligner et les déclarations qu'il vient de faire
à la suite des interventions du député de Lafontaine. J'ai
nettement l'impression que le gouvernement cherche à économiser
du temps dans la rédaction des règlements de la Loi de la
qualité de l'environnement. Je m'explique. Il y a deux façons
très nettes de procéder. Le gouvernement peut dire : Nous allons
faire telle chose, nous avons l'intention de faire telle chose et on convoque
les intéressés pour leur demander ce qu'ils en pensent. Ou
encore, on prépare un document, un projet de règlements et on
invite les intéressés à venir nous dire, sur des points
précis, ce qu'ils pensent. Je pense que pour des questions
d'efficacité et la question de raccourcir les délais, il aurait
été de beaucoup préférable que le gouvernement, qui
a déjà suffisamment de données, prépare un document
cadre, le présente et le rende public afin que les
intéressés puissent, par la suite, à partir des
indications qu'il y a dans le règlement, venir se prononcer. A titre
d'exemple sur la façon logique et normale de procéder, lorsque le
gouvernement a décidé je fais un parallèle, M. le
Président, ce n'est pas pour sortir du sujet de présenter
le code des professions, il n'a pas dit: Nous avons l'intention de faire
adopter une loi, un code des professions et nous invitons toutes les
professions à nous dire ce qu'elles pensent d'un code éventuel
des professions. Le gouvernement a présenté un projet de code des
professions qu'il a rendu public. Les différents organismes, les
différentes corporations professionnelles l'ont étudié et,
par la suite, sont venus devant la commission parlementaire et ont fait part de
leurs doléances, de leurs suggestions, de leurs recommandations ou de
leurs objections. A partir de ce moment-là, il a été
facile pour le gouvernement de refaire le code des professions et revenir
devant l'Assemblée nationale et de l'adopter.
D'ailleurs, c'est exactement la procédure que le gouvernement
avait adoptée quand il a présenté son premier projet de
loi de l'environnement. Je suis un peu surpris aujourd'hui, puisque la loi est
adoptée et qu'il s'agit pour le gouvernement de procéder à
la règlementation et à l'application de cette loi, qu'on
procède de façon inverse. On sait très bien que cette
façon de procéder va avoir pour conséquences de prolonger
les délais et de créer des situations qui seront encore beaucoup
plus pénibles à redresser tant pour les investisseurs, les
industriels que pour le public en général. Il en coûtera au
gouvernement beaucoup plus d'argent pour redresser la situation.
M. le Président, j'aimerais que le ministre nous dise clairement
aujourd'hui pourquoi il n'a pas plutôt regardé pour
économiser du temps, plutôt que de venir travailler de cette
façon, parce qu'on sait très bien que, lorsque le gouvernement
présentera son projet de règlements, il sera obligé de
convoquer de nouveau les parties et cela fera deux déplacements pour les
associations qui sont ici. Je trouve simplement que c'est anormal.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, à l'occasion de la
deuxième lecture du projet de loi no 34, le ministre avait dit que la
publication des règlements et l'adoption des règlements se
feraient selon une certaine procédure qu'il a suivie pour les deux seuls
règlements qui existent actuellement, soit ceux touchant l'usine des
asphaltes. Il avait procédé premièrement par une
publication dans la Gazette officielle, deuxièmement, une publication
d'un avant-projet de règlements; troisièmement, convocation d'une
commission parlementaire permettant à la population et aux gens
concernés par le projet de venir à la commission parlementaire,
ayant les données que le gouvernement aurait eues dans son avant-projet
de règlements, de le critiquer et d'y apporter des amendements. Et par
la suite dans un délai de quelques mois, l'adoption définitive du
projet de règlements.
C'étaient les étapes qu'il avait promis de faire et c'est
la raison pour laquelle, aujourd'hui, je dis qu'il y a le ministre me
dit qu'il n'y a pas qu'il y a quand même, parce que le
gouvernement a des données, un document de travail qui n'est
peut-être pas tout à fait prêt. Mais ce document de travail,
s'il avait été publié avant la commission parlementaire,
les personnes qui viennent ici aujourd'hui, en plus de leurs
représentations, auraient pu nous dire ce que, dans ce projet de loi,
elles acceptent, ce qu'elles veulent amender, etc.
M. le Président, je termine en demandant ensuite au
président, pour ne pas prolonger les débats, de donner l'ordre
des personnes ou des organismes qui vont s'exprimer au cours de cette
commission parlementaire.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je ne me fâche pas souvent,
mais voici une exception. J'aurais pu continuer tranquillement mon travail
à mon bureau, recevoir les organismes moi-même, seul, ne point
partager avec les députés de la commission l'information que
j'aurais récoltée, ne pas permettre aux députés
d'avoir la moindre notion de ce que ces organismes-ci voulaient dire au
gouvernement, à savoir s'ils voulaient contribuer à un
éventuel texte de règlements. J'aurais bien pu le faire. Cela
aurait pris autant de temps pour répondre à l'honorable
député de Beauce-Sud que la procédure que nous suivons
présentement.
J'ai voulu offrir aux membres de la commission parlementaire la
courtoisie de pouvoir échanger des propos avec ces organismes tous
ensemble au lieu de continuer de travailler seul à mon bureau. Il n'y a
pas de documents de prêts, il n'y a pas de documents en
préparation; il y a un dossier qui se compile, et ce dossier contient
des contradictions que je voudrais faire éclaircir devant la commission.
C'est pour cela que j'ai demandé la convocation de la commission sans
toute la formalité de la présentation de mémoires parce
qu'il faudra, de vive voix, examiner et éclaircir les contradictions et
les implications des gestes que nous pourrons poser. Si c'est le désir
des députés de l'Opposition de ne pas participer au processus de
préparation, je suis parfaitement d'accord, je continuerai à
passer ma journée à recevoir des organismes à mon bureau
et, quand il y aura quelque chose de mûri, je l'apporterai devant la
commission parlementaire. Je pense bien que si j'agissais de cette
façon, les honorables députés de l'Opposition seraient les
premiers à me dire: Vous auriez dû nous permettre d'avoir
connaissance de ces éléments avant que du tout cuit ne soit mis
devant la commission parlementaire.
M. ROY: M. le Président...
M. LEGER: M. le Président, j'apprécie le ministre quand il
se fâche parce que ça permet une réaction positive de la
commission parlementaire. S'il s'était fâché comme
ça à la commission où M. Drapeau est venu, peut-être
qu'il aurait eu l'appui du reste du parti à l'occasion de cette
rencontre. De toute façon, quel que soit... je termine, M. le
Président...
M. GOLDBLOOM: A cette occasion, je me rappelle la contribution
très efficace du député de Lafontaine.
M. LEGER: Quelle que soit la chose que le ministre vient de nous dire,
ça n'empêche pas qu'il va falloir quand même repasser par
les quatre étapes qu'on a dites tantôt. Alors, on n'a rien
perdu.
M. GOLDBLOOM: C'est certain, M. le Président et c'est normal.
C'est ce que prévoit la loi et c'est ce que nous allons faire. Comme
préalable à cela, j'ai pensé que les députés
pouvaient être intéressés à avoir des
échanges de propos avec ceux qui voudraient contribuer à la
rédaction du meilleur règlement possible.
M. ROY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, messieurs! Je passe
immédiatement aux personnes à entendre et qui voudront s'adresser
à la commission.
M. ROY: M. le Président, je m'excuse, mais j'ai posé deux
questions au ministre et je n'ai pas eu de réponse. Ce sont des
questions de procédure.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est au ministre de juger s'il croit
bon de répondre ou de ne pas répondre. S'il n'a pas
répondu à vos questions, c'est qu'il ne veut pas
répondre.
M. ROY: Ce sont des questions de procédure.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Passons tout de suite...
M. ROY: M. le Président, je m'excuse, mais ça ne se
passera pas comme ça.
M. LESSARD: Question de règlement, M. le Président.
M. ROY: Question de règlement, M. le Président, là,
un instant.
LE PRESIDENT (M. Séguin): J'ai fait des commentaires tout
à l'heure, M. le député, en ce qui concernait le
rôle de l'Opposition, le devoir de l'Opposition de travailler. D'autres
ont fait les mêmes commentaires. Au moins, permettez au président
de votre commission d'assumer ses responsabilités. Je veux faire
progresser les travaux de la commission, je ne veux pas les retarder davantage,
je ne veux pas qu'on ait des répétitions de ce qui s'est
déjà dit. Pour le moment, la discussion est close sur le sujet
qu'on discutait auparavant, à savoir si le gouvernement est prêt
ou n'est pas prêt, s'il y a eu des documents déposés ou
s'il n'y en a pas eu. Je pense que le ministre, au début de la
séance, a fait une déclaration assez compréhensible, assez
claire de la raison d'être de cette commission-ci.
A ce moment-là, M. le député, je crois que vous
n'étiez pas encore rendu à votre siège.
M. ROY: Oui, j'étais ici, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): II a eu la gentillesse de
répéter son point de vue, de le répéter à
nouveau par la suite. Alors, un point.
Nous entendrons premièrement le ou les
représentants...
M.LESSARD: M. le Président, je soulève une question de
règlement.
M. ROY: Oui, une question de règlement. Cela ne marchera pas de
même.
M. LESSARD: Je comprends que vous ayez...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Non, passez tout de suite à
votre question de règlement.
M. LESSARD: ... à faire appliquer les règlements à
l'intérieur d'une commission parlementaire. Cependant, vous n'avez pas
le pouvoir de bâillonner ceux qui veulent s'exprimer ici.
M. SHANKS: Vous enfreignez le règlement.
M. LESSARD: Non, je n'enfreins pas le règlement, j'ai
soulevé un point de règlement.
M. CARPENTIER: Continuez le spectacle, c'est gratuit.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! Le député de
Saguenay a la parole.
M. LESSARD: M. le Président, je pense que nous avons
soulevé un point qui est important, soit la procédure de
fonctionnement à l'intérieur de cette commission parlementaire.
Nous avons l'intention d'en discuter et nous avons aussi l'intention d'entendre
les mémoires. Mais le député de Beauce-Sud a
soulevé deux questions. Je vous ai aussi demandé la parole.
Même si le ministre se fâche, cela ne me dérange pas; au
contraire, cela me fait plaisir. Cependant, pour nous, nous sommes bien
d'accord et nous le félicitons d'avoir justement convoqué cette
commission parlementaire; mais ce que l'on ne veut pas, c'est que l'on convoque
une commission parlementaire pour l'image. Ce que l'on veut, c'est que, lorsque
l'on convoque une commission parlementaire, les députés de
l'Opposition aient les documents nécessaires pour pouvoir
fonctionner.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le point de règlement, s'il vous
plaît?
M. LESSARD: C'est cela, le point de règlement, M. le
Président; c'est que vous n'avez pas le pouvoir d'empêcher...
M. CARPENTIER : Son spectacle est gratuit. C'est la première fois
que vous répétez votre mise en scène?
M. LESSARD: ... une discussion sur le point que l'on a
soulevé.
LE PRESIDENT (M. Séguin): J'ai la responsabilité, M. le
député, de voir au bon cheminement...
M. LESSARD: D'accord, ils s'acheminent bien, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... des travaux des commissions. J'ai
cette responsabilité.
M.LESSARD: M. le Président, si on peut régler le point, ce
matin, qu'aux prochaines commissions parlementaires on aura les moyens
nécessaires pour fonctionner, ce sera déjà quelque
chose.
M. SHANKS: Avec votre système d'espionnage, vous avez toujours eu
les documents avant. Comment se fait-il que vous ne les ayez pas?
M.LESSARD: Qui vous dit qu'on ne les a pas?
UNE VOIX: Si vous les avez, arrêtez donc.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. GOLDBLOOM: II y a des députés, autour de la table ici,
qui semblent voir un complot pour priver l'Opposition de moyens de travail.
J'ai tenté tout à l'heure de démontrer que c'est
exactement l'inverse, que des instruments de travail, au départ,
verbaux, peuvent être consignés au journal des Débats et,
ainsi, être disponibles pour étude par les membres de la
commission. C'est de cette façon que nous aurons un document beaucoup
plus complet que ce que j'aurais pu, avec ce que j'ai au dossier,
présenter aux députés aujourd'hui.
Je croyais les deux mémoires déjà publics et
déjà largement distribués. Si on m'avait demandé de
les fournir aux députés, il m'aurait fait plaisir de le faire et
je regrette qu'il y ait un malentendu quant à la disponibilité
des documents. On n'a pas voulu cacher quoi que ce soit, ni prendre
l'Opposition par surprise. On a voulu lui offrir l'avantage de pouvoir discuter
avec des gens qui ont des connaissances et qui ont un point de vue.
Vous constaterez, M. le Président, je pense bien, en regardant
autour de la salle, qu'il y a des personnes ici même ce sera la
majorité de ceux qui prendront la parole qui n'auront pas de
document à présenter et feront une présentation verbale
qui éclairera, je l'espère, notre lanterne. Si ces personnes
veulent, par la suite, soumettre un document précis, qui sera
peut-être rédigé à la suite de l'échange que
nous aurons après avoir entendu les propos d'autres organismes, elles
auront tout le loisir de le faire.
M. LESSARD: Je voudrais maintenant poser une question au ministre.
Normalement, quand on décide de convoquer une commission parlementaire
comme celle-là, on a une période déterminée pour
déposer des mémoires. On a une date de début de
dépôt des mémoires et on a une date de fin. Le ministre
pourrait-il nous dire jusqu'à quand, par exemple, les organismes, qui
seront intéressés à cette commission parlementaire,
pourront présenter des mémoires ou est-ce que la date est
illimitée?
M. GOLDBLOOM: Je ne voudrais pas que la date soit absolument
illimitée, parce qu'il faudra enfin arriver à une décision
sur un dossier de cette importance. Je ne voudrais quand même pas imposer
une date à courte échéance et dire vous n'avez que
jusqu'à la fin de mars ou à la mi-avril pour présenter des
documents.
Je pense bien que d'ici à la prochaine convocation de la
commission parlementaire pour ce sujet il y aura au moins un mois, probablement
un peu plus que cela, pour permettre aux gens de déposer des
mémoires. Je voudrais souligner qu'en émettant l'invitation aux
intéressés de venir à cette commission je n'ai pas
demandé le dépôt d'un mémoire. J'ai voulu
plutôt avoir une conversation de vivre voix avec les
intéressés, pour éclairer ma lanterne, et j'ai voulu
inviter les députés à participer à cette
conversation.
M. LEGER: Est-ce qu'il y aura une annonce publique permettant aussi
à des organismes de la population de venir présenter des
mémoires sur ce sujet particulier?
M. GOLDBLOOM: Certainement.
M. LEGER: II y aura une publication précise là-dessus?
M. GOLDBLOOM: Absolument.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): M. le Président, je vois un complot,
celui d'essayer d'empêcher les gens de la salle de présenter leurs
mémoires. Est-ce qu'on pourrait procéder?
M. LESSARD: II a déjà tout compris.
M. ROY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui.
M. ROY: ... cela fait trois fois que je demande la parole. Vous avez
permis à l'autre...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Cela fait trois fois que vous l'avez
demandée et trois fois que vous l'avez obtenue.
M. ROY: Dans les questions que j'ai posées au ministre, je
voulais avoir l'assurance, c'est la première question que je lui ai
posée au tout début de la séance...
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): II ne comprend pas.
M. ROY: ... et la certitude, advenant la convocation d'une nouvelle
séance, qu'on puisse avoir les documents à l'avance pour avoir le
temps de les examiner. Est-ce que le ministre peut nous donner cette assurance,
ce matin?
J'aimerais, avant qu'on procède, M. le Président, qu'on
établisse l'ordre du jour afin de savoir dans quel ordre les organismes
vont procéder. C'est ce que j'ai demandé au début.
M. GOLDBLOOM: D'accord. M. le Président, je n'avais pas retenu
les questions du député de Beauce-Sud. Je m'en excuse. Quant
à la première, absolument, j'ai dit au début de mes
remarques que c'est une procédure un peu exceptionnelle que nous avons
suivie aujourd'hui, pour les raisons que j'ai exposées. Je serais
très heureux d'assurer la disponibilité de documents au fur et
à mesure que nous les aurons. Deuxièmement, j'ai cru comprendre
que c'est exactement ce que le président était sur le point de
faire, c'est-à-dire d'indiquer qu'il y a des organismes, trois à
ma connaissance, qui ont présenté des documents aujourd'hui
même et qui voudraient être entendus.
Je me suis permis de suggérer que ceux qui ont des
mémoires soient entendus en premier lieu et que les autres
intéressés prennent la parole à tour de rôle, par la
suite.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Merci, M. le ministre. Nous avons
présentement trois mémoires, dont le plus volumineux est celui de
l'Association des embouteilleurs de boissons gazeuses de Québec Inc. Il
y a aussi un mémoire de l'Association des épiciers en gros de la
province de Québec Inc. Il y a un troisième mémoire au nom
de M. Colin Scarfe, directeur général de Seven-Up Montréal
Ltd. Comme vient de le dire le ministre, il y a donc ces trois documents devant
nous et nous allons commencer, si vous le voulez bien, par entendre le ou les
représentants de l'Association des embouteilleurs de boissons gazeuses
du Québec
Voulez-vous, s'il vous plaît, avant de commencer, donner votre nom
et votre titre, et dire qui vous représentez? C'est pour le journal des
Débats, ainsi que pour les membres de la commission.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, avant d'inviter le premier
organisme à parler, est-ce que je peux vous suggérer que nous
demandions à ceux qui sont dans la salle de fournir leur nom et
d'indiquer leur désir de prendre la parole au cours de la
journée? Ceci nous permettra de compiler une liste.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui, certainement, M. le ministre. Et,
justement pour cet enregistrement, je demanderais que les personnes
intéressées à se faire entendre par la commission
s'enregistrent auprès du secrétaire, M. Pouliot, qui est le
secrétaire permanent des commissions. Vous n'aurez qu'à lui
donner votre nom. Pour le moment, on peut procéder avec les
mémoires que nous avons déjà. On compilera la liste, les
premiers arrivés seront les premiers servis, pour autant que vous
voudrez soumettre vos noms à M. Pouliot. Cela est dans ce contexte;
alors, nous commençons.
M. GOLDBLOOM: Merci, M. le Président.
Association des embouteilleurs de boissons gazeuses du
Québec
M. BRUNELLE (Paul): M. le Président, M. le ministre, MM. les
membres de la commission. Mon nom est Paul Brunelle, je suis embouteilleur de
boissons gazeuses à Victoriaville et je représente l'Association
des embouteilleurs de boissons gazeuses du Québec.
Au tout début, je constate que nous recevons une forte
délégation, représentant les intérêts directs
de firmes multinationales ayant leur siège social dans la province
voisine de l'Ontario et vendant leurs produits en sol québécois.
Ces messieurs n'ont certainement pas les mêmes idées sur le sujet
qui nous concerne que les investisseurs et employeurs purement
québécois que nous représentons. Toutefois, je leur
souhaite la bienvenue dans la capitale québécoise et les
félicite de s'être découvert une vocation pour venir
résoudre nos problèmes. J'aimerais maintenant présenter un
résumé des mémoires présentés à ce
jour par l'Association des embouteilleurs de boissons gazeuses du
Québec.
L'Association des embouteilleurs de boissons gazeuses du Québec
Inc. est le porte-parole officiel de l'industrie de l'embouteillage au
Québec. Ses membres y assurent 90 pour cent de la production totale des
boissons gazeuses.
Le bureau de direction de l'Association des embouteilleurs de boissons
gazeuses du Québec Inc. a décidé, il y a quelques
années, d'abandonner sa politique de réaction aux décrets
gouvernementaux et de la remplacer par une politique d'anticipation. Il a
d'abord formé un comité chargé de procéder à
une étude des emballages uniservices et des effets de leur utilisation
grandissante sur l'environnement. Lors d'une réunion
générale spéciale, tenue peu après la distribution
du rapport de ce comité, 81 p.c. des membres de l'association se
prononcèrent en faveur d'une loi bannissant la production et la vente de
boissons gazeuses dans de tels contenants.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je m'excuse d'interrompre votre
éloquence, pourriez-vous, s'il vous plaît, vous rapprocher du
centre? Cela permettrait à tous les membres de la commission de vous
voir, en même temps que de vous entendre. Lorsque vous serez prêt,
vous pourrez continuer.
M. BRUNELLE (Paul): Est-ce que cela va comme ça?
Au mois de novembre 1971, nous avons présenté un
mémoire intitulé: "Gardons le Québec propre". Ce
mémoire insiste pour que le gouvernement formule des politiques
conformes aux réalités écologiques maintenant que la
population y est sensibilisée. Nous soumettions donc la proposition
suivante: Afin de réduire la détérioration de
l'environnement causée par les contenants uniservices et pour
éliminer les dangers qui menacent la santé, la
sécurité et le bien-être de la population, nous proposons
de bannir également la vente et le commerce des boissons gazeuses dans
tout contenant uniser-vice de verre, de métal, de plastique ou de tout
autre matériau. Le tableau tiré du numéro du 26 mars 1971
de Soft Drink Industry qui figure à la page 8 de ce premier
mémoire révèle une tendance inquiétante. En effet,
même si les statistiques qu'il reproduit s'appliquent aux Etats-Unis, il
est bien connu que le mode de vie des Québécois s'aligne en
général sur les habitudes américaines. Or, ce tableau
démontre un accroissement constant de l'utilisation de la bouteille
uniservice et de la canette de 1964 à 1969.
Dans ce court laps de temps, la canette a accusé une augmentation
de près de 20 p.c. ; la bouteille uniservice, d'environ 16 p.c; la
bouteille réutilisable, une diminution de presque 26 p.c. A moins que le
gouvernement ne légifère, nous craignons donc que, par suite de
la tendance ci-dessus mentionnée, notre industrie contribue à une
détérioration plus grave de l'environnement. Ainsi, à la
suite d'un questionnaire que notre association faisait parvenir à ses
membres, il est démontré qu'en 1973 l'augmentation moyenne de la
bouteille réutilisable n'a été que de 3.7 p.c. alors que
l'augmentation des contenants uniservices a été de 34.5 p.c.
Le mémoire en question, relatant les expériences ainsi que
les mesures législatives d'autres juridictions tant canadiennes
qu'américaines, met en doute l'efficacité d'une consigne
même plus élevée à l'égard des contenants
uniservices.
En conclusion, ce premier mémoire exprime toutes les raisons qui
nous font opter pour un autre objectif: en effet, il nous semble qu'il faille
édicter des règlements bien précis pour préserver
l'écologie. Le problème de la détérioration de
l'environnement par un entassement toujours plus considérable de
contenants difficilement désintégrables et recyclables peut
être évité en défendant légalement l'usage
desdits contenants.
Toujours sur le plan écologique, le mémoire affirme qu'il
ne s'agit plus de s'en tenir à des amendes aux contrevenants, mais qu'il
faut protéger l'environnement par une loi d'interdictions formelles en
vertu de laquelle l'Etat empêcherait la pollution de s'installer.
Le moment pour passer une telle loi est bien choisi. La
collectivité, connaissant la gravité de la situation, il peut
être avantageux de profiter de cette prise de conscience. C'est pourquoi
l'Association des embouteilleurs de boissons gazeuses du Québec Inc.,
recommande de bannir légalement la vente et le commerce de boissons
gazeuses, communément appelées "soft drinks", dans tout contenant
non réutilisable de verre, de métal, de plastique ou de tout
autre matériau.
Si on prend la définition canadienne de "soft drinks", c'est tout
breuvage non alcoolisé, carbonate ou non, toute boisson fruitée
reconstituée contenant moins de 85 p.c. de jus de fruit pur.
Conservons notre économie régionale. Pour compléter
son premier mémoire, l'association a présenté un second
document, en octobre 1972, intitulé: "Conservons notre économie
régionale", au ministre de l'environnement et à celui de
l'Industrie et du Commerce. Alors que le premier mémoire met en
lumière les raisons écologiques de bannir les contenants non
réutilisables, le deuxième vise à développer
davantage les arguments économiques et sociaux militant en faveur de
cette suppression.
En décrivantla situation québécoise,
l'association insiste sur les entreprises saines et dynamiques qui sont
basées sur la réutilisation des contenants, contrairement
à ce qui existe ailleurs. Ce document rapporte qu'en 1972, selon les
réponses à un questionnaire adressé à tous les
embouteilleurs du Québec, les contenants réutilisables
représentent encore près de 95 p.c. Les contenants uniservices ne
posent pas encore un problème majeur au Québec, mais
l'association insiste pour que des mesures adéquates soient
immédiatement prises pour enrayer la tendance à la
prolifération de la canette. Les conséquences seront
particulièrement pénibles si l'industrie des boissons gazeuses se
développe au Québec sur la base du contenant uniservice. Son
commerce, qui repose sur des investissements considérables en
machinerie, en équipement, en formation d'un personnel de plus en plus
spécialisé et en bâtisses, est essentiellement axé
sur le contenant réutilisable. L'embouteilleur du Québec a
jusqu'ici lutté efficacement contre l'invasion des contenants
uniservice, étant convaincu qu'elle se traduirait inexorablement par un
désastre écologique, économique et social, non seulement
pour son entreprise, mais aussi pour les nombreux petits commerces
régionaux et locaux (et conséquemment leurs effectifs) qui, dans
une large mesure, tirent leur raison d'être ou leur expansion de son
exploitation.
La mise en faillite systématique de tant d'industries saines est
impensable. Pourtant, si rien n'est fait, plus de 140 établissements de
boissons gazeuses dispersés à travers la province
péricliteront graduellement jusqu'à l'extinction totale. Sur un
total de 5,000 travailleurs, spécialisés pour la plupart, plus de
3,000 seront carrément mis en chômage. Le prix des contenants
uniservices augmentera considérablement et le consommateur devra
passivement absorber cette hausse. Exigeant plus de capitaux et moins de
main-d'oeuvre, la production sera concentrée dans les grandes
agglomérations urbaines. Un pourcentage supérieur au pourcentage
actuel de la fabrication des canettes risquera d'être effectué, de
plus en plus, de dehors de la province, avec toutes les conséquences
économiques qui en résulteront.
La concentration de la fabrication des contenants non
réutilisables à Montréal et en dehors de notre province
menace sérieusement l'emploi régional.
Actuellement, les quatre usines de canettes de la région de
Montréal emploient moins de 100 employés toutes ensemble. Or, la
ténacité de l'embouteilleur québécois sera vaincue
et ses efforts contrés, s'il n'est pas solidement et
immédiatement épaulé par le gouvernement. Une attitude
passive ou hésitante de la part de celui-ci à l'égard de
ce problème crucial signifiera, à moyen terme, une halte dans les
investissements financiers, humains et matériels et, à long
terme, le déclin de cette industrie jusqu'à présent si
vigoureuse et équilibrée. Rien n'ayant été
décidé à cet égard, en janvier 1974, l'association
est retournée à l'attaque au moyen
d'une lettre adressée au ministre responsable de l'environnement
et dont le premier ministre et tous les députés ont reçu
copie.
Dans cette troisième présentation, on insiste sur la
récente majoration de la consigne et on en expose la justification. Elle
fait remarquer qu'elle appréhende par contre que le prix des produits en
contenants uniservices semble plus attrayant au consommateur. En effet, au
niveau de l'achat, le prix de gros courant dans la région de
Montréal pour 24 bouteilles de boissons gazeuses est de $3.70, incluant
la consigne de $1.50, alors que celui de la même quantité de
boissons gazeuses en canettes est de $3.15. Rares sont ceux qui se rendent
compte que le prix réel du produit en bouteilles consignées est
de $2.20, tandis que le même produit en canettes est de $3.15.
On rapporte qu'en Abitibi, les ventes de boissons gazeuses en contenants
uniservices ont déjà atteint 30 p.c, que sept usines
d'embouteillage ont dû fermer leurs portes ou se regrouper, ce qui a
entrafné la mise à pied de nombreux travailleurs.
Contrairement à la politique gouvernementale d'expansion
économique régionale, les produits vendus en contenants
uniservices proviennent de la région de Montréal ou sont
importés de l'Ontario.
L'association souligne aussi, dans cette lettre, l'incertitude où
se trouvent de nombreux embouteilleurs à l'égard de leur future
expansion et de nouveaux investissements tant que les contenants ne feront pas
l'objet d'une mesure législative québécoise.
Nous rappelions que, dans cette période de tentatives
avortées et économiquement non rentables de recyclage, de crise
énergétique, de pénuries de matières
premières, notre industrie possède un produit recyclable par
définition: soit notre bouteille retournable qui a toujours
été réutilisable et le demeurera sans nécessiter
aucune transformation.
Un sondage du 25 janvier 1974: L'association a, le 25 janvier 1974,
adressé à tous ses membres un questionnaire dont nous joignons
une copie sur laquelle nous avons inscrit la moyenne des réponses.
Tel que démontré à une des questions concernant la
différence de prix de gros des deux empaquetages concernés (soit
la canette et la bouteille retournable), au niveau du détail, cette
différence est augmenté par une marge de profit supérieure
(normalement le double) exigée pour les formats retournables; afin de
compenser la manutention desdits formats, il n'en demeure pas moins qu'il est
plus économique, pour Madame la Consommatrice, d'acheter ses boissons
gazeuses en format retournable.
Les nombreuses réponses reçues à notre
questionnaire illustrent éloquement la néfaste influence de la
vente de nos produits en canettes et l'appréhension dans laquelle elle
plonge l'embouteilleur québécois et démontrent sans
conteste que les membres sont déterminés à obtenir du
législateur l'appui nécessaire tant à la survie de leurs
entreprises qu'au contrôle de la qualité de l'environnement dans
leur province.
Passons maintenant au questionnaire qui a été
annexé au résumé que nous avons distribué tout
à l'heure. Vous voyez que nous avions posé à nos membres
plusieurs questions. Entre autres, avec la structure de prix de gros suivante:
contenu $2.20; dépôt $1.20 pour 24 bouteilles à $0.05;
$0.30 pour une caisse; soit $3.70; un prix de $3.10 pour les canettes
livrées au magasin ou de $2.75 à la conserverie, nous demandions
à nos membres: L'augmentation du prix de dépôt aura-t-elle
un effet secondaire de diminuer vos ventes en bouteille retournable? 76 p.c.
ont répondu oui, 24 p.c. ont répondu non.
Nous demandions également: L'augmentation du prix de
dépôt sur les bouteilles retournables favorisera-t-elle la vente
des produits en canette? Même proportion, 76 p.c. oui, 24 p.c. non.
Autre question: Contrôlez-vous entièrement les ventes et la
distribution dans votre territoire des produits en contenant uniservice
(canette) des marques de commerce que vous représentez? A cette
question, 12 p.c. seulement répondaient oui et 88 p.c.
répondaient non.
Les compagnies de qui vous détenez des concessions vendent-elles
directement dans votre territoire des produits en canette? A cette question, 70
p.c. disaient oui et 30 p.c. disaient non.
Alors, pour détailler les ventes directement à des
marchands ou entrepôts dans votre territoire: oui, 54 p.c, non, 44
p.c.
Par l'entremise des entrepôts de chaînes situés dans
Montréal ou les grands centres: oui, 76 p.c; non, 20 p.c. A des
grossistes de votre territoire ou faisant affaires dans votre territoire: oui,
72 p.c; non, 24 p.c.
Une quatrième question était: Vos ventes de produits en
bouteille retournable augmentent-elles au même rythme que vos ventes de
produits en canette? 10 p.c, oui; 86 p.c., non. On disait également: Au
cours de 1973, le pourcentage d'augmentation des bouteilles retournables avait
été de 3.76 p.c. Le pourcentage d'augmentation des canettes avait
été de 34.4 p.c. Nous posions une question hypothétique
à nos membres qui était celle-ci: Lorsque vos ventes de produits
en canette auront atteint 50 p.c. de vos ventes totales à Toronto
dans le moment c'est 80 p.c. d'uniservice votre main-d'oeuvre à
la production baissera de quel pourcentage? La réponse était 50.6
p.c. Votre main-d'oeuvre à la vente et à la distribution baissera
de quel pourcentage? Réponse: 33.6 p.c. On demandait également:
La rentabilité de votre entreprise sera-t-elle la même, moindre ou
plus élevée? On avait 90 p.c. de réponses qui disaient
moindre; plus élevée: 4 p.c. La valeur de votre entreprise
sera-t-elle la même? Réponse: 90 p.c. moindre, 2 p.c. plus
élevée. Nous demandions également: Etes-vous
d'accord sur l'attitude de votre association vis-à-vis du
problème des contenants uniservices exprimée dans nos deux
précédents mémoires? On avait 98 p.c. de oui et 2 p.c. de
non. Etes-vous prêts à appuyer entièrement votre
association dans sa campagne pour obtenir une loi restreignant la vente des
produits en contenant uniservice? Encore 98 p.c. de oui et 2 p.c. de non.
Maintenant, je vous ferais remarquer que certains embouteilleurs n'ayant
pas répondu ou s'étant déclarés non
concernés, le pourcentage des réponses affirmatives,
ajouté à celui des réponses négatives, ne donne pas
nécessairement 100 p.c.
Le 25 janvier je continue, j'ai presque terminé
nous écrivions à l'honorable ministre, M. Goldbloom, et nous lui
disions ceci: L'industrie des boissons gazeuses du Québec a, au cours de
l'année 1973, augmenté le montant du dépôt exigible
pour ses bouteilles dites de grand format de $0.05 à $0.10 et modifie
présentement celui des formats de 16 onces ou moins, passant de $0.03
à $0.05, dans tout le Québec.
La majoration de la valeur de la consigne a naturellement pour but: 1)
de minimiser la perte d'argent subie par l'embouteilleur pour les contenants
qui ne sont pas retournés ou sont tout simplement jetés par le
consommateur après utilisation; 2) de permettre au consommateur
d'économiser en utilisant plus fréquemment ces contenants; 3) de
contribuer à l'équilibre écologique en maintenant le
recyclage automatique que nous connaissons actuellement.
De plus, le changement de la valeur de la consigne est conforme aux vues
exposées par votre ministère lors de nos rencontres
antérieures et il est en conformité avec la loi 34, article 70,
paragraphe j), et nous citons: "Prescrire le paiement d'un dépôt
à l'achat de tout bien contenu dans toute catégorie de contenants
ou d'emballage désignés comme retournables, et déterminer
le montant et les conditions de ce dépôt."
Par ailleurs, bien que notre association soit entièrement
d'accord avec une majoration raisonnable du prix de la consigne, nous
appréhendons toutefois un danger apparent qui pourrait rendre le prix
des produits en contenant uniservice artificiellement plus attrayant aux yeux
du consommateur. C'est ce que je vous ai expliqué tout à l'heure
avec l'addition du prix du dépôt au prix de vente du produit
lui-même.
Si aucune mesure n'est prise, nous prévoyons une augmentation
substantielle des ventes de boissons gazeuses en contenant uniservice en 1974.
Cet accroissement se traduira par une augmentation des déchets solides
au détriment de la population québécoise, ce qui va
à l'encontre des vues de votre ministère.
Il est bon de rappeler, Monsieur le ministre, que, dans cette
période de tentatives avortées et économiquement non
rentables de recyclage, de crise énergétique, de pénurie
de matières premières, notre industrie possède un produit
recyclable par définition, soit notre bouteille retournable qui a
toujours été réutilisable et le demeurera sans
nécessiter aucune transformation.
La croissance des boissons gazeuses en contenant uniservice, en plus
d'aggraver les problèmes écologiques qui ont été
exposés dans nos mémoires, a eu et continuera d'avoir pour effet
des conséquences économiques néfastes pour notre
industrie. Les produits vendus en contenant uniservice proviennent de la
région de Montréal ou sont importés de l'Ontario. Pour
être moins spectaculaire qu'en Abitibi, nous retrouvons cette tendance
dans d'autres régions du Québec, ce qui entraîne de
nombreuses mises à pied et ralentit le progrès économique
d'autant. Par la suite des fermetures d'usines pour des raisons de
non-rentabilité, nous connaissons une centralisation de plus en plus
marquée qui va à l'encontre de la politique économique de
régionalisation de votre gouvernement.
Conscients des faits précités, de nombreux chefs
d'entreprise, des embouteilleurs, ne savent pas dans quelle direction ils
doivent orienter leurs investissements et leur expansion en l'absence d'une
réglementation adéquate sur les contenants.
Messieurs, il est impérieux, tant pour l'embouteilleur que pour
le gouvernement et la population, de prendre une décision
immédiate selon les recommandations contenues dans nos
mémoires.
Respectueusement soumis par notre association.
M. GOLDBLOOM: M. Brunelle, je pense qu'il est heureux que vous ayez
présenté le premier votre mémoire, parce que vous posez
certains problèmes d'ordre économique qui doivent être
examinés par les membres de la commission parlementaire et par les
autres opinants qui viendront au micro. Si je vous comprends bien et je
le crois, puisque nous avons eu des conversations auparavant vous
insistez sur le fait que l'augmentation sélective du dépôt
sur les contenants retournables a créé l'impression d'un
écart réduit entre le coût des boissons gazeuses en
contenants retournables et en contenants non retournables à l'avantage
des contenants non retournables, parce que le consommateur ne pense pas, sur le
coup, qu'il y a un dépôt qui lui sera retourné advenant le
retour de la bouteille. A partir de cette observation, qui est appuyée
par le questionnaire que vous avez envoyé à vos membres, j'arrive
à la conclusion, que j'aimerais que vous vérifiiez pour moi, que
ce que vous suggérez comme mesure, quant à ce point
précis, c'est l'application d'un dépôt à tous les
contenants, que tous les contenants soient déclarés retournables.
Cela a été fait dans certains Etats américains. Quelle que
soit la nature du contenant, que ce soit un
contenant retournable avec un dépôt qui peut être
récupéré, c'est-à-dire qu'il faudrait traiter tous
les contenants de façon égale. Est-ce une bonne
compréhension de votre point de vue?
M. BRUNELLE : Je pense que je me suis mal fait comprendre, M. le
ministre, parce que je n'ai jamais suggéré ça. En effet,
s'il y avait un dépôt cela a été
essayé à différents endroits sur le contenant non
retournable et aussi sur le contenant retournable, cela équivaudrait, de
toute façon, pratiquement au bannissement du contenant non retournable,
si le dépôt était exactement le même.
C'est peut-être un moyen détourné d'arriver à
la même fin, mais vous pourriez y arriver de la même façon
en bannissant tout simplement ce genre de contenants uniservices.
M. GOLDBLOOM: Justement, M. Brunelle, des personnes qui semblent bien
informées sur ce qui se passe dans l'Etat d'Oregon, aux Etats-Unis, me
disent que, si l'on édicte un règlement qui bannit le contenant
non retournable, sans établir un dépôt minimum sur tout
contenant, on peut déclarer que n'importe quel contenant est
retournable, offrir un très petit dépôt qui ne constitue
pas une incitation à rapporter la bouteille ou la canette, mais, selon
le règlement, ce serait un contenant retournable.
C'est pour cela que je vous pose cette question: Est-ce qu'il y a moyen
d'éviter ces difficultés autrement que par le décret d'un
dépôt sur tout contenant?
M. BRUNELLE: Je pense que vous avez raison. C'est assez difficile de
contourner ces difficultés, à moins d'avoir, comme vous le dites
si bien, un dépôt qui serait uniforme sur un contenant de telle
grandeur, qu'il soit considéré comme retournable ou non
retournable. Avec cela, vous semblez laisser plus de liberté aux gens,
mais vous arrivez exactement au même but. Vous faites à peu
près disparaître le contenant uniservice et les gens semblent
être moins pénalisés, si vous voulez, dans leur
liberté.
M. GOLDBLOOM: M. Brunelle, j'ai trois autres questions.
Premièrement: Est-ce que vous avez pris connaissance de certaines
observations selon lesquelles l'hygiène de la manutention des bouteilles
retournées laisserait à désirer? Est-ce que cela constitue
un problème, le retour de bouteilles sales, qui ne sont pas
complètement vides, qui n'ont pas été rincées, le
retour de boites en carton ou en bois où, peut-être, des insectes
ont déposé des oeufs, des choses de cette nature? Est-ce que
c'est un problème?
M. BRUNELLE: M. le ministre, cela fait 50 ans que cela existe de cette
façon, pour ne pas dire plus, et je crois que, jusqu'à
maintenant, cela n'a pas causé de problème. A part cela, si on
considère le service qui se donne à l'heure actuelle, par les
embouteilleurs, les fabricants de boissons gazeuses, aussi bien que par les
compagnies de bière, les bouteilles vides ne demeurent pas assez
longtemps dans des entrepôts pour créer un problème.
M. GOLDBLOOM: Ma question est la suivante : Est-ce que vous avez pu
prendre connaissance du mémoire de l'Association des épiciers en
gros de la province de Québec, et est-ce que vous avez des commentaires
sur le problème économique de l'épicier qui devrait
fournir de l'espace et du personnel pour la manutention des bouteilles?
M. BRUNELLE: Nous avons pris connaissance de ce mémoire, M. le
ministre. Encore là, je dirais que, évidemment, cela prend de
l'espace pour mettre des boîtes de savon dans une épicerie, cela
prend de l'espace pour mettre un peu toutes sortes de choses dans une
épicerie, cela prend de l'espace également pour mettre des
bouteilles de liqueur douce. Pour le problème de manutention,
l'épicier s'en tire assez bien. On le faisait remarquer, un moment
donné, mais j'ai peut-être passé vite là-dessus,
c'est que l'épicier, à l'heure actuelle, prend environ, disons,
une moyenne de 10 p.c. à 12 p.c. plus de profit sur la vente des
boissons gazeuses en contenant réutilisable qu'il n'en prend sur les
contenants non réutilisables. Avec cette différence de
pourcentage de profit, il prend soin des frais qui lui sont occasionnés
par la manutention, justement, des bouteilles vides.
M. GOLDBLOOM: Une dernière question, pour l'instant: Est-ce que
vous avez des commentaires sur la consommation d'énergie dans le lavage,
la remise en état des bouteilles pour être utilisées une
deuxième fois, par comparaison avec la consommation d'énergie
dans la production de bouteilles non retournables?
M. BRUNELLE: Oui, M. le ministre. Malheureusement, les chiffres que j'ai
là-dessus sont des chiffres américains. C'est une enquête
sénatoriale qui s'est faite aux Etats-Unis et on arrive à la
conclusion que l'énergie utilisée pour laver les bouteilles
réutilisables représente à peine 10 p.c. de
l'énergie utilisée pour fabriquer des contenants non
retournables, les ramasser, en disposer et tout cela; ça
représente à peu près 10 p.c. Encore là, il y a une
économie de 90 p.c.
Si vous me le permettez, je vais demander à M. Crépin de
vous donner lecture d'un petit article découpé
dernièrement dans le New York Times, où on essaie de sensibiliser
la population de l'Etat de New York, parce que, à l'heure actuelle, cet
Etat se prépare à avoir une loi sur les contenants non
réutilisables. Cela nous donnerait une idée, seulement en
regardant cet Etat, de ce que cela peut représenter.
M. GOLDBLOOM: M. Brunelle, est-ce que cet article porte sur la question
énergétique?
M. BRUNELLE : Exactement, sur la question énergétique. Ils
disent ce que les Américains auraient pu faire avec l'énergie
économisée. Cela répond justement à votre
question.
M. GOLDBLOOM: Parce que j'avais une question subsidiaire: Est-ce qu'il y
a une distinction à faire entre la consommation d'énergie dans la
production de canettes et la consommation d'énergie dans la production
de bouteilles.
M. BRUNELLE: La consommation d'énergie dans la production de
bouteilles; si vous oubliez le lavage dont je tenais compte tout à
l'heure, il ne s'en dépense pas plus à fabriquer la bouteille
qu'à fabriquer la canette.
M. CREPIN: M. le ministre, veuillez nous excuser, ce texte est en
anglais, ayant été tiré du New York Times, daté du
25 février 1974. Cela s'intitule "The Great Container Throw-away". C'est
écrit par Priscilla W. Laws, an associate professor of physics at
Dickinson University, Carlisle, Pennsylvania. Cela se lit comme suit? "All of
us are familiar with the large-scale advertising campaign sponsored by glass,
steel and aluminum-container manufacturers to convince the public that
no-deposit no-return containers are good for the environment because they can
be recycled. Few people realize that this campaign, which has been going on for
almost three years, is being sponsored by the nation's glass, steel and
aluminum-container manufacturers at a cost, so far, of over $10 million. "This
well-financed campaign ignores recent studies saying that using throwaway
beverage containers and then recycling them causes far more pollution and
wasted energy than using returnable bottles. "The motives of the
beverage-container manufacturers are easy to understand because these
industries stand to lose the better part of $3 billion annually in retail sales
if throwaways are restricted in favor of returnables. It is no wonder they can
afford to spend a few million dollars a year producing what environmentalists
call ecopornography. " Excusez mon anglais. "And it is equally unsurprising
that they can spend additional millions funding "Keep America Beautiful"
an organization that attempts to convince us that the problems caused by
throwaway containers will disappear if Americans will only put them in litter
cans. "This is the Pepsi generation, and the average American discards almost
one beer or soft-drink container each day. That adds up to over sixty billion
cans and bottles a year. It is well established that throwaway beverage
containers waste natural resources, produce mountains of trash, cause litter
and pollution, and cost consumers money. The average household wastes about $40
a year purchasing these containers, but the tremendous amount of energy wasted
in the recycling of beer and soda containers is not so obvious. "Recycling
involves an endless energy-consuming process of sorting, crushing, grinding,
remelting and remanufacturing. If the no-deposit no-return cans and bottles
discarded last year had been returnable bottles, the nation would have saved
enough natural gas and crude oil to generate residential electricity for about
eleven million relatively affluent residents last year.
On an individual basis, each beverage container we discard costs us
about half a kilowatt-hour of electrical energy enough to burn a
100-watt light for five hours. "While the container industry continues to
squander energy, the nation is shivering. The federally mandated reduction in
home-heating oil is requiring Eastern Seaboard residents to cut thermostats by
six degrees. The fuel saved in eliminating throwaways in favor of returnable
bottles would save enough oil to enable residential heating-oil users to turn
their thermostats back up by three or four degrees. Where are our priorities?
Why are we shivering in the dark while continuing to consume beverages in
throwaway containers? "The State of Oregon has a successful mandatory deposit
law that has effectively eliminated throwaway containers for carbonated
beverages. Studies indicate that Oregon's deposit law has caused an increase in
sales and employment, a saving of energy and resources, and a dramatic decrease
in the amount of roadside litter. A similar bill has been introduced in the
United States Senate by Senator Mark O. Hatfield of Oregon. It is vital that
consumers be prepared to do battle with the strong container-industry lobby and
get a nationwide deposit law passed."
Alors, M. le ministre, vous voyez qu'aux Etats-Unis, c'est un
problème général. Parce que, justement, nous les
Québécois, on n'est pas dans la même situation. Notre
marché n'est pas un marché de gaspillage, mais la tendance
actuelle que nous avons dans notre province et la poussée des
"canneurs", des quatre "can-neurs", M. le ministre, qui emploient environ au
total 100 employés contre les 135 embouteil-leurs
québécois ou canadiens indépendants, menacent notre
économie en plus de menacer notre écologie et même notre
énergie.
C'est pour cela que notre association se dit ceci: Si on est pour avoir
des problèmes avec ces contenants, on vivait il y a 8 ans sans ces
contenants, pourquoi ne pourrait-on pas vivre aujourd'hui et garder notre
province propre, sans avoir de gaspillage d'énergie inutile et conserver
notre économie et notre main-d'oeuvre, spécialement, M. le
ministre, située à Chicoutimi, en Abitibi, dans la
Gaspésie, dans le sud de Montréal, tout partout; 135
embouteil-
leurs désirent garder leur commerce, désirent garder les
emplois québécois et, soudainement, quatre "canneurs" qui
emploient très peu de personnes veulent tout détruire
l'idéologie du Québécois qui désire garder sa
province propre, écologiquement et économiquement. Merci.
M. GOLDBLOOM: M. Crépin, est-ce que je peux vous demander si on
peut faire faire une photocopie de ce texte pour que nous l'ayons, avec
précision, pour le journal des Débats?
M. CREPIN: M. le ministre, on va faire mieux que cela, on va le traduire
en français pour tous nos députés ici présents, et
on va le faire circuler à tout le monde qui est
intéressé.
M. GOLDBLOOM: II y en a quand même qui n'en ont pas besoin.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
l'Assomption.
M. CREPIN: M. le ministre, il y a une chose que j'ai omis de mentionner.
La province de Québec n'est pas la seule à proposer une loi
semblable au Canada. La province de Saskatchewan a actuellement banni ces
contenants. La province de la Colombie-Britannique et 1'Alberta ont mis un
dépôt. Nous ne préconisons pas cette politique parce que la
situation n'est pas la même ici actuellement. Nous proposons de bannir
complètement ces contenants. C'est inutile pour la population. Le
consommateur paie 30 p.c. de plus pour acheter ses boissons gazeuses dans ces
contenants et, éventuellement, on ira vers un désastre avec
l'amoncellement dans nos rivières, dans nos lacs, dans nos forêts
de canettes et de bouteilles non réutilisables.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Lafontaine;
par la suite, le député de L'Assomption, qui a demandé la
parole. Suivra le député d'Abitibi-Ouest.
Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: Habituellement, on permet aux représentants des partis de
l'Opposition, à tour de rôle.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vais donner une précision et
procéder comme j'ai toujours procédé dans le passé
en présidant. Lorsque la séance débute, nous reconnaissons
à chaque parti le droit de faire ses commentaires et de faire valoir
sont point de vue devant la commission. Lorsque la période des questions
arrive, je pense que, comme président, je dois reconnaître la
valeur, à l'intérieur de la commission, de chaque
député, valeur égale, et le même droit de parole
à chaque député. Alors je ne fais pas quelque chose de
différent. J'ai observé cette tradition dès le
début et, lorsqu'il s'agit de questions, si j'ai quatre questions et
trois par la suite ici, je dois respecter l'ordre de la demande du droit de
parole.
M. LEGER: Sur ce point de règlement...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vous donne la parole. Allez-y.
M. LEGER : Quand même, c'est un point de règlement qui est
très important.
M. LESSARD: On va demander une directive...
M. LEGER: Depuis trois ans et demi...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous l'avez votre directive. Je viens
de vous la donner.
M. LEGER: C'est pour l'avenir, M. le Président. Pendant trois ans
et demi, l'Opposition reconnue il y avait l'Union Nationale, le
Ralliement créditiste et le Parti québécois a suivi
une tradition. A ce moment, c'était toujours le représentant de
l'Union Nationale qui parlait le premier, malgré tous les efforts que
nous avons faits pour changer cette habitude, et c'est devenu une
tradition.
Maintenant, avec la nouvelle Législature, je ne verrais pas
pourquoi la procédure ne serait pas la même. Je vous soumets
simplement que nous entendons, maintenant que nous sommes l'Opposition
officielle et je pense que le député du Parti
créditiste va dire la même chose par la suite continuer
cette habitude puisque cela a coûté tellement cher pour obtenir
cette Opposition officielle. Nous serons les premiers à nous exprimer
sur un sujet et je suis sûr que le député du Parti
créditiste a aussi le privilège de s'exprimer en
deuxième.
M. ROY: M. le Président, sur ce point...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Lafontaine a
la parole.
M. ROY: Sur ce point. J'aimerais quand même préciser une
chose ici, les habitudes de la Chambre, après le dépôt d'un
mémoire. Et je ne veux pas, ce matin, insister et passer pour quelqu'un
qui veut faire de la procédurite, cela n'est pas mon genre et je n'aime
pas cela, mais il y a des limites. On avait l'habitude, et c'était
normal, que le ministre, au nom du gouvernement, pose la première
série de questions. On permettait à l'Opposition officielle, par
la suite, d'intervenir en deuxième lieu et on le permettait, en
troisième lieu, au parti qui avait la troisième place à
l'Assemblée nationale. Par la suite, on permettait à tous les
députés, à parts égales, d'intervenir.
M. le Président, me fiant que c'est encore cette procédure
qui a été adoptée, je ne veux pas passer mon temps
à faire signe au président pour lui demander quand je veux
parler. J'es-
time qu'il y a une procédure d'établie. Il y a une
jurisprudence dans ce sens. Il y a des méthodes qui ont
été établies. Qu'on procède donc, à chaque
séance de commission, de façon qu'on ne soit pas obligé de
revenir continuellement à la charge dans ces débats
stériles et ennuyeux pour ceux qui sont ici.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, j'aurais sept questions à poser
à M. Brunelle. J'aimerais quand même répéter ce que
le Dr Bombard disait à l'émission "Appelez-moi Lise", la semaine
dernière. Cet homme est un grand défenseur de l'environnement. Il
disait donc ceci: II y a vingt ans, tout le monde polluait, mais personne
n'était conscient. Aujourd'hui, on est conscient, on le sait; il faut
maintenant trouver des solutions à cela parce qu'on n'a pas la
même raison qu'il y a vingt ans, alors qu'on n'était pas au
courant.
Je pense que le mémoire de l'Association des embouteilleurs de
boissons gazeuses nous apporte énormément de renseignements et
nous pousse à vous poser certaines questions supplémentaires.
D'abord, la première j'en aurai sept comment
fonctionne la consigne ou le dépôt chez l'épicier? Vous
demandez une bouteille retournable de $0.05 ou de $0.10, est-ce que cet argent
revient uniquement à l'épicier comme problème pour l'avoir
gardée dans sa cave ou dans un espace de son magasin, ou s'il y a une
partie de ces $0.05 qui va à l'embouteil-leur? Comment fonctionne cette
consigne?
M. BRUNELLE: La façon dont elle fonctionne est assez simple. Si
vous avez un dépôt, par exemple, de $0.05 sur une bouteille de 10
onces, l'embouteilleur demande $0.05 de dépôt. C'est
généralement pour une bouteille qui vaut $0.12. H demande un
dépôt de $0.05 à l'épicier. Quand vous allez
à l'épicerie chercher la même bouteille, l'épicier
vous demande un dépôt de $0.05 également. Quand vous la
retournez, il vous remet un dépôt de $0.05. Lui, quand il retourne
cette bouteille à l'embouteilleur, l'embouteilleur lui remet un
dépôt de $0.05. Les frais de manutention qu'il peut y avoir pour
l'épicier là-dedans sont des frais de manutention payés
par le profit qu'il fait sur le produit qui est contenu dans la bouteille.
M. LEGER: Dans la quantité de bouteilles vendues par
l'épicier, s'il y en a une partie qui est brisée ou qui n'est pas
retournée, est-ce qu'il perd lui-même?
M. BRUNELLE: Non, l'épicier ne perd rien, parce que c'est nous
qui le perdons. L'épicier a payé un dépôt de $0.05
sur une bouteille qui en vaut $0.12, comme je le disais tout à l'heure.
Il a réclamé à vous, le consommateur, un
dépôt de $0.05. Il n'y perd rien. Tout ce qui ne revient pas chez
lui ou qui revient par le truchement d'un autre épicier, il ne perd rien
là-dessus. Il n'y gagne rien non plus, parce qu'il vous a exigé
exactement le même dépôt que lui-même nous avait
payé.
Alors, il ne perd rien, mais il ne gagne rien.
M. MARCHAND: ... le pourcentage de ce qui revient.
M. BRUNELLE: Le pourcentage est d'à peu près 96 p.c.
M. LEGER: M. le Président, ma deuxième question est: Nous
savons, par Statistique Canada, que 30 p.c. des ventes se font en canettes et,
au Québec, c'est 5 p.c., d'après votre mémoire. Pourquoi
Québec résiste-t-il à cette tendance du reste du
Canada?
M. BRUNELLE: Nous nous sommes posé la question souvent.
Peut-être parce que les Québécois sont plus conservateurs,
plus conscients du gaspillage ou du coût additionnel que la canette leur
impose. Il y a peut-être eu moins de publicité de faite sur la
canette dans la province de Québec. Il reste tout de même que les
liqueurs douces se vendent par les 140 embouteilleurs qu'il y a dans la
province de Québec. Alors, les 140 embouteilleurs de la province de
Québec, n'étant pas des fabricants de canettes, n'ont
déployé aucun effort pour vendre des canettes. Cela pourrait
peut-être répondre à votre question.
M. LEGER: Certaines statistiques nous ont montré que les
déchets provenant des canettes ou des uniservices représentent
près de 75,000 tonnes par année au Québec, soit 200
unités per capita annuellement. C'est quand même 3 p.c. à 4
p.c. des déchets qu'on à éliminer ou à subir. Vous
êtes arrivés à une conclusion qui était pratiquement
le bannissement de la canette. Graduellement, parmi les solutions
préconisées dans différents milieux, par vous et par
d'autres, on parle entre autres d'enlever ce problème que
l'épicier a d'avoir tant de canettes et tant de bouteilles, de garder de
l'espace et de ne pas recevoir le nombre... Il est pris entre les deux. Je
pense qu'une des critiques que l'Association des épiciers nous apporte,
c'est de se fixer un jour sur une des deux, soit la bouteille soit la canette.
Parmi les solutions, il y avait une taxe provinciale sur les canettes, qui
aurait peut-être graduellement diminué l'utilisation de la canette
ou sa fabrication.
Il y avait fixation de quotas, forçant les producteurs ou les
personnes qui produisent les eaux gazeuses ou les boissons, à ne pas
produire plus qu'un quota pour la canette et un quota pour la liqueur. Il y
avait votre proposition qui était le dépôt obligatoire
autant pour les deux. Dans votre cas, est-ce que c'est uniquement la
troisième solution qui peut nous amener au
bannissement de la canette ou si, dans les autres solutions, vous voyez
quand même des possibilités dans la réglementation
provinciale?
M. BRUNELLE: C'est la troisième solution que nous
préconisons. Le bannissement pur et simple par une loi, en
défendant le commerce et la fabrication de breuvages en canette ou,
encore, par le truchement d'un dépôt qui sera aussi
élevé sur la canette que sur la bouteille réutilisable.
C'est ce qu'on préconise. Parce que, si on avait un quota, comme vous
dites, ce quota peut être plus ou moins élevé. A un moment
donné, le quota sera fixé par qui? Il sera fixé par le
Parlement, par vous. Vous allez avoir des délégations tous les
ans formées de certains types qui seront intéressés
à faire augmenter ce quota. Le quota va faire disparaf-tre quoi? 10 p.c,
15p.c, 20 p.c. 50 p.c? Tout dépendra du quota que vous donnerez. Mais
seulement, le problème va rester là également, il va
être moindre, mais il va rester. Maintenant, la question d'une taxe. On
calcule qu'une taxe serait peut-être difficile à percevoir, cela
demanderait de l'administration pour sa perception et le reste, puis, d'un
autre côté, cela ne réglerait pas le problème
complètement, à moins que la taxe soit bien élevée
et, à ce moment-là, tout le monde crierait que c'est une taxe
discriminatoire. On s'en tient toujours à la troisième
solution.
M. LEGER: Dans la fixation des quotas, si c'est gelé à 5
p.c., comme c'est actuellement, est-ce qu'il n'y a pas quand même une
certaine utilité à la canette, si c'est contrôlé et
qu'on empêche une augmentation?
M. BRUNELLE: II n'y en a pas tellement. Personnellement, je ne vois pas
d'utilité. Evidemment, il y en a d'autres qui peuvent avoir une opinion
différente de la mienne. Mais je ne vois pas d'utilité et je ne
verrais pas ce que ça donnerait. Justement, ça obligerait
l'épicier, si on revient à l'épicier, à avoir en
magasin un format, dans les boissons gazeuses, qui ne peut jamais
représenter plus que 5 p.c. de ses ventes et qui prendrait tout de
même un espace sur ses tablettes. Il sera obligé de l'avoir
là parce que les gens le demanderaient et ce quota de 5 p.c. devrait
s'écouler quelque part.
M. ROY: Sur le même sujet, j'aimerais savoir si ce contrôle
de 5 p.c. ou de 7 p.c, peu importe le pourcentage, sur le principe de
contrôle, est-ce que ça peut être une chose possible et
efficace?
M. BRUNELLE: Je pense que le contrôle peut être assez
difficile. Vous n'êtes tout de même pas pour avoir une armée
d'inspecteurs dans différentes usines et dire: Vous êtes rendus
à vos 5 p.c.
Pour arriver à un total de 5 p.c, ça peut
représenter pour un manufacturier beaucoup plus que 5 p.c, si vous
prenez un total de 5 p.c. dans la province. C'est donc un contrôle qui
serait bien difficile à exercer pour le peu de résultats qu'il
donnerait. Il ne satisferait qu'un petit nombre de personnes qui tiennent
absolument à avoir une pièce de métal dans les mains.
M. ROY: Comment ce contrôle pourrait-il être établi?
Est-ce que vous avez des suggestions à faire?
M. BRUNELLE: Je n'ai jamais pensé de quelle façon il
pourrait être établi, parce que c'est une idée qui ne
m'était jamais passée par la tête.
M. ROY: Pour vous autres, le contrôle est impensable.
M. BRUNELLE: Franchement, à première vue, oui.
M. LEGER: De toute façon, quand même, seulement pour notre
information, il est possible d'avoir un contrôle gouvernemental, si on
oblige les embouteilleurs ou les fabricants à produire un rapport
semi-annuel et qu'il y ait une amende au bout. Je ne dis pas que c'est la
meilleure solution; je dis que c'est quand même possible, un
contrôle, et, s'il y en a qui font des faux rapports, il y a une
amende.
De toute façon, c'était une des solutions et je vois votre
point de vue. A la suite de ma question, je suis sûr que ceux qui vont
défendre un autre point de vue pourront me répondre.
Une autre question qui me vient à l'esprit, c'est ma
cinquième: Est-ce que vous avez pensé à l'avantage
possible de l'uniformisation de toutes les bouteilles, autant d'eau gazeuse que
de bière, pour éviter, chez le consommateur et chez
l'épicier aussi, le fait que parfois on a 7 bouteilles d'une sorte, 4 ou
5 bouteilles de bière, 7 bouteilles de liqueur douce? On attend,on est
pris avec cela. Tandis que, si elles étaient uniformes, cela pourrait
être dans des mêmes contenants, dans des boites de même
grandeur et on pourrait aussi bien, quand on a 24 bouteilles de bière,
aller chercher 24 bouteilles de liqueur parce que c'est le même prix,
c'est le même format et cela diminuerait aussi le coût de la
production. Qu'est-ce que vous en pensez?
M. BRUNELLE: On y a certainement pensé, de la même
manière qu'on peut avoir pensé que, si on avait tous des cravates
de la même couleur et du même matériel, probablement que,
pour le marchand qui vend des cravates, cela prendrait bien moins d'espace dans
ses tablettes et on arriverait, on se regarderait et on serait tous
uniformes.
M. LEGER: Les bouteilles ne sont pas obligées d'être de la
même couleur.
M. BRUNELLE: II reste une chose, pour autant que je suis concerné
et que les 130 ou
140 de mes membres sont concernés, pour la plupart, nous
embouteillons des produits avec permis. Alors, la forme de la bouteille ne nous
appartient pas. Elle appartient à une compagnie qui, assez souvent, a
son siège social à New York ou à Atlanta ou encore
à Saint-Louis, Missouri. Ils ont choisi un format de bouteille et ils
nous l'imposent. Mais ce serait certainement une question intéressante
que vous pourriez discuter avec ces gens.
M. LEGER: Qu'est-ce que vous diriez d'une loi qui frapperait
plutôt les producteurs? Déjà, dans les bouteilles de
bière, ils ont commencé à uniformiser même s'ils
sont concurrents. L'étiquette n'est pas la même et la couleur peut
être différente, mais je parle pour la facilité de
manutention.
M. BRUNELLE: II y aurait certainement des avantages là-dedans.
Comme je vous le dis, il est assez difficile pour moi d'en discuter avec vous,
parce que je ne suis pas propriétaire des marques de commerce que
j'embouteille et ce n'est pas moi qui ait décidé quelle forme de
bouteille j'emploierais; elle m'a été imposée. Ce serait
certainement une question que vous pourriez discuter, par exemple, dans le
cours de la journée, si vous avez des représentations de
compagnies licenciées. Les noms, je n'ai pas besoin de vous les dire,
vous les connaissez tous. A ce moment-là, ce serait peut-être une
question que vous pourriez leur poser.
M. LEGER: II me resterait deux questions et la dernière
s'adressera au ministre. Vous avez beaucoup parlé des épiciers.
Est-ce que vous avez la même attitude pour les supermarchés
concernant le sondage que vous avez fait?
M. BRUNELLE: Mais on n'a pas fait beaucoup de sondage chez les
épiciers. Les sondages que nous avons faits, nous les avons faits parmi
nos membres. Quand je me référais tout à l'heure à
des sondages, c'étaient des sondages que nous avions faits parmi nos
membres qui sont les embouteilleurs. Chez les épiciers, nous n'avons pas
fait de sondage.
M. LEGER: Non, mais est-ce que les supermarchés ont plus tendance
à vendre des canettes que des bouteilles?
M. BRUNELLE: Je ne le sais pas. Franchement, je ne le sais pas. Je
réponds pour moi-même. Je demeure dans un territoire de campagne
et j'ai deux supermarchés dans mon territoire. Il y en a un qui n'a
aucune canette de marque nationale. Il a quelques canettes de sa propre marque.
D y en a un autre qui a quelques canettes de marque nationale, mais pas
beaucoup, et quelques canettes de... Seulement, quand on regarde un peu
l'espace sur leurs tablettes, ils semblent accorder un attention de
peut-être 10 p.c. à la canette. Quant à leurs goûts,
je ne peux répondre pour eux.
M. LEGER: M. le Président, j'aurais une question à poser
au ministre en terminant ma série de questions. Est-ce que le ministre a
des statistiques concernant la quantité de déchets de canettes
sur le bord des routes? Le ministère des Transports fait le nettoyage du
bord des routes. Est-ce qu'il y a des statistiques, par mille linéaire,
disant que la canette représente un déchet réellement
nuisible sur les routes du Québec?
M. GOLDBLOOM: Nous avons de tels chiffres, M. le Président, mais
ils ne sont pas tout à fait récents. Il y a, je pense, deux ans
je peux me tromper, peut-être que c'est trois, mais pas plus
une étude a été faite à travers le Canada
par une équipe de jeunes personnes qui a traversé tout le Canada,
sauf la province de Terre-Neuve, si ma mémoire est fidèle, et qui
a fait le relevé de ce qui se trouve le long de nos principales routes.
Il y a plusieurs points que l'on peut souligner dans ces relevés.
Quand ces personnes sont venues me présenter le résultat
de leurs relevés, au Québec, elles m'ont indiqué qu'il y
avait plus de 5,200 objets par mille de nos principales routes,
c'est-à-dire à peu près un objet par pied linéaire.
Je me suis dit: Mon Dieu, de nouveau le Québec a un championnat
négatif pour le Canada. Ce n'est pas le cas, nous sommes les
troisième ou quatrième parmi les provinces pour ce relevé
en question.
L'autre point que je soulignerais, c'est qu'à l'intérieur
de ce relevé il y a une ventilation de faite et l'on constate qu'il y a
quand même une quantité importante de bouteilles retournables le
long de nos routes. C'était à une époque où le
dépôt n'était pas aussi élevé que dans le
moment. Les représentants de l'Association des embouteilleurs ont
souligné la situation désavantageuse qui est créée
par l'augmentation du dépôt, par comparaison avec le prix des
boissons gazeuses en contenants non retournables. Mais il faut quand
même, maintenant avec cette augmentation du dépôt depuis un
certain nombre de mois, revoir un peu la question et essayer de juger s'il y a
eu un effet sur la quantité de déchets qui trament le long de nos
routes. Je pense bien que ce n'est pas en faisant un tel relevé que nous
pouvons arriver à une décision dans cette question; il y a
d'autres implications. Celles qui m'intéressent le plus pour l'instant
sont les considérations économiques qui ont été
avancées par l'Association des embouteilleurs et je pense qu'il faudra
s'intéresser, surtout, à cette question. Si l'on revient à
la question du relevé de ce qui existe le long de nos routes, nous
faisons un relevé, en quelque sorte, du manque de civisme de
nous-mêmes et de nos visiteurs. Dans quelle mesure pourrons-nous
influencer ce manque de civisme par l'application d'un dépôt, dans
quelle mesure faudra-t-il le faire par l'éducation et par l'application
de lois prévoyant des amendes pour ceux qui jettent des choses par la
fenêtre de leur automobile?
Je pense que nous avons, au fond, un problème économique
qu'il faut étudier et qu'il faut examiner. C'est ce que nous
faisons.
M. ROY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Juste un instant, M. le
député. Nous avions convenu de terminer nos travaux à 12 h
15, pour une seule raison: Certains membres de la commission doivent s'absenter
immédiatement, ils ont un engagement pris antérieurement. Nous
reprendrons donc nos travaux et nous entendrons, dès 3 heures, le
député de Beauce-Sud. Nous continuerons à poser des
questions à l'interlocuteur présent. Une fois que nous aurons
terminé les questions à l'association, nous passerons au
deuxième mémoire que j'ai mentionné cet avant-midi,
l'Association des épiciers en gros, s'ils sont ici. Est-ce qu'il y a un
représentant ici de ce groupe? Alors nous vous entendrons
immédiatement après avoir terminé avec le présent.
Nous passerons ensuite, comme je l'ai dit, à M. Scarfe, de Seven-Up;
est-ce que M. Scarfe est ici? Oui. Alors ce sera plus tard cet
après-midi, certainement passé 3 h 30, que nous vous
entendrons.
J'ai ici une liste de personnes qui ont demandé à se faire
entendre par la commission: Comité consultatif des fabricants des
contenants métalliques, c'est au nom de M. Dupuis.
Les Produits Alcan Canada Ltée, M. Vaillancourt; Crush Beverages
Limited, Mr David Armour; Cott Beverages, Mr Harry Spencer et Mr Seymour;
Embouteilleur de Coca-Cola, M. Méthot; Embouteilleur de Pepsi-Cola,
Valleyfield, M. Crépin. C'est la liste que j'ai dans le moment.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 14 h 15. A ce moment,
il y aura la conférence de presse du ministre et la commission reprendra
ses travaux à 15 h.
(Suspension de la séance à 12 h 25)
Reprise de la séance à 15 h 24
M. SEGUIN (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
Le député de Beauce-Sud, puisque c'est à votre tour
de poser des questions à M. Brunelle.
M. ROY (Beauce-Sud): Je vous remercie, M. le Président. Pour se
remettre un peu dans l'atmosphère de ce matin, j'ai cru comprendre
et je vous prie de me rectifier ou de préciser davantage, si je
ne suis pas tout à fait exact qu'il y a trois points majeurs que
vous avez soulevés dans le mémoire présenté. Le
premier concerne le réseau d'entreprises d'embouteilleurs qui sont
dissiminées dans les différentes régions du Québec.
Le phénomène de la conversion du contenant non
réutilisable par rapport au contenant utilisable, en quelque sorte,
favorise la concentration et le développement des grandes entreprises au
détriment des vôtres; c'est le premier point.
Deuxième point, c'est que ceci a pour conséquence
d'augmenter la quantité de déchets partout dans les terrains de
camping, de villégiature, le long des routes partout.
Troisièmement, la canette comme telle est plus dispendieuse pour
le consommateur, selon le mémoire et les chiffres que vous nous avez
soumis.
A partir de ces trois principes, vous avez proposé tout
simplement que le gouvernement légifère et réglemente la
question de façon à abolir complètement l'utilisation de
la canette. A partir de cette conclusion je m'adresserais à M.
Crépin à ce moment-là quelle est
l'expérience du système de dépôt en
Colombie-Britannique et en Alberta?
M. CREPIN: M. le ministre, messieurs les députés de la
commission parlementaire, j'aimerais vous donner quelques détails que
nous avons eu l'occasion d'étudier. Comme on l'a mentionné ce
matin, déjà plusieurs provinces au Canada ont une
législation...
M. ROY: Une législation qui interdit l'utilisation de la
canette.
M. CREPIN: Actuellement il y a la province de la Saskatchewan qui a
banni complètement l'utilisation des contenants uniservices pour les
boissons gazeuses. En Colombie-Britannique on a un bill. On a un système
de dépôts où est imposé un dépôt de
$0.02 la canette. On a également installé un système, au
début, de "depot center" c'est-à-dire que le consommateur
achetait ses produits en contenants uniservices et était censé
retourner ces canettes vides au dépôt installé par la
Commission de l'environnement.
Quand on mentionnait ce matin que ce système est irréel,
impensable financièrement, c'est ce qui est arrivé en
Colombie-Britannique.
Au bout d'une courte période on a systématiquement
fermé ces dépôts. Ils ont fait faillite. Alors, le
gouvernement actuel est en train de réviser cette politique pour essayer
d'établir un système meilleur. Ce qui arrive également,
c'est qu'en installant un dépôt de $0.02 sur la canette, on a
également majoré le prix de vente de $0.02, puisque les gens ne
retournaient pas leurs canettes. A $0.02, c'est comme nous étions avant.
Nous nous sommes vite rendu compte que $0.02, ce n'est plus important pour les
gens aujourd'hui, alors il y avait très peu de retours. Les gens
jetaient les canettes et cela a augmenté le prix de vente des boissons
gazeuses pour le consommateur de cet endroit, parce que justement le
consommateur ne retournait pas les contenants.
En Alberta, c'est un peu la même chose qu'en Colombie-Britannique,
mais ils ont pensé à une chose; ce qu'ils ont ajouté,
c'est $0.01 de manutention pour la récupération de ces
contenants.
Ce qui est arrivé en Alberta est un peu la même chose que
ce qui est arrivé en Colombie-Britannique. En plus des $0.02, il y a eu
$0.01. Alors, cela a majoré le prix de $0.03, ce qui prouve que
ça coûte aux consommateurs de l'Alberta $9 millions de plus pour
acheter leurs boissons gazeuses. Si vous pensez à ce que le
marché de l'Alberta représente, environ 6 p.c. du marché
canadien de la boisson gazeuse, et que vous transportez ça au
Québec, on représente 37 p.c. du marché de la boisson
gazeuse au Canada, nous avons le plus haut per capita au Canada. Si vous
multipliez ces $9 millions pour ce qu'ils représentent, 6 p.c, et faites
l'extrapolation, ça coûterait aux consommateurs
québécois, si on installait un système semblable, $54
millions de plus pour acheter leurs boissons gazeuses. C'est impensable. Encore
là, en conclusion de ces choses, nous disons que la meilleure chose
à faire est le bannissement complet. Comme on a fait en Saskatchewan.
D'ailleurs, je ne suis pas ici pour représenter des brasseries, mais
j'aimerais quand même mentionner que certains manufacturiers, telles
certaines compagnies de bière, quand ils ont vu ce problème, ils
ont dit: Si le consommateur n'achète pas en canettes, il va acheter en
bouteilles retournables, ça va aider l'environnement, ça va aider
l'embouteilleur local. J'ai un "clipping" qui dit "Major Brewer Drops Can Beer"
et cela est daté du 5 février 1973 et c'est écrit par
Canadian Breweries Limited, M. Allan Branston of Vancouver. Quand ils ont vu la
situation et l'effet néfaste des canettes, ils ont dit: Nous n'en
vendons plus.
Dans un journal local, je découpais cela également en
1972, au sujet de nos confrères dans l'industrie de la bière, M.
Kenneth Lavery, président de l'Association des brasseries du Canada,
estime qu'actuellement plus de 95 p.c. des bouteilles de bière
retournables reviennent aux brasseries. Chaque bouteille sert environ 25 fois
et ensuite, elle est envoyée au manufactu- rier de verre qui s'en sert
dans la fabrication de nouveaux produits. Ce n'est certes pas le cas de
bouteilles de plastique ou de canettes en métal que le consommateur
laisse tramer partout. Vous voyez tout de suite la pensée de l'industrie
de la bière là-dessus.
J'aimerais, ici, souligner puisque le ministre, ce matin, parlait
de l'Orégon qu'en Orégon le système est un peu
meilleur, mais il faut se figurer également que les Américains
actuellement sont vis-à-vis d'un problème pas mal plus grave que
le nôtre. Les Américains ont tellement motivé ce
marché que, actuellement, quand vous arrivez dans un Etat et que vous
dites: Ecoutez, il n'y aura plus de bouteilles retournables, il n'y aura plus
de canettes, cela fait mal au monde. Ce n'est pas le cas, ici, au
Québec.
En Orégon, cela a fait du mal à certains embouteilleurs
parce que ces gens, aujourd'hui, ont été obligés de faire
de l'investissement. Dernièrement, je lisais un rapport de "Environment
Action Bulletin" daté du 24 mars 1973 et qui s'intitule "Oregon's
Stuffed Bottle Bill is a Rip-Roaring Success."
Vous voyez tout de suite un Etat, chez nos voisins, qui a pris une
mesure assez difficile à prendre parce qu'ils utilisaient beaucoup de
contenants uniservices. C'est un peu l'histoire qui existe au Canada et aux
Etats-Unis. Il n'y a pas un Etat qui, actuellement, n'est pas dans
l'étude de ces contenants et de ces problèmes.
J'ai essayé d'expliquer un peu la situation.
M. ROY: Aux Etats-Unis, est-ce qu'il y a d'autres Etats qui ont
opté pour l'abolition du contenant uniservice?
M. CREPIN: C'est-à-dire qu'en Orégon ils n'ont pas
opté pour le bannissement. On a bien expliqué cela, ici, ce
matin. Ils ont mis un dépôt égal à la bouteille,
$0.05. En mettant un dépôt de $0.05, ce qu'ils ont banni, en
Orégon, c'est le petit "pull tab" la petite bague qui sert à
ouvrir la canette et qu'on jette tout de suite. Vour remarquez, cela c'est
automatique chez le consommateur; il ouvre la canette et il jette cela à
terre tout de suite, en partant. S'il est sur une plage, une personne peut se
blesser, marcher là-dessus. Ils ont banni cela complètement. Mais
sur la canette elle-même et ces contenants uniservices, ils ont
installé un dépôt de $0.05.
M. ROY: Est-ce que ce dépôt de $0.05, actuellement,
répond, aux vues, aux objectifs pour lesquels ils l'ont institué,
ils l'ont instauré, en ce sens...
M. CREPIN: Oui.
M. ROY: ... qu'ils peuvent en récupérer suffisamment pour
tâcher de contrecarrer si vous voulez, un certain...
M. CREPIN: II y a quand même le problème,
à savoir qui va ramasser les canettes? On a envoyé le
secrétaire de l'association canadienne en Oregon pour étudier la
situation. J'ai quelques remarques ici. Voici ce qui arrive: Si un marchand
vend des canettes et qu'on installe un dépôt, comme en
Orégon, de $0.05, premièrement, quelqu'un devra ramasser les
canettes, parce qu'il s'agit d'un dépôt. Ce qui arrive, c'est que
l'épicier, ou le marchand détaillant, est obligé
d'installer, à la porte de son épicerie, une belle grosse
poubelle avec un beau sac en plastique dedans, et il est obligé de
racheter les canettes à $0.05. Vu qu'il y a des gens qui consomment des
canettes et qui en laissent un peu dans le fond, on ramasse tout cela dans les
poubelles. L'épicier est obligé de revendre cela c'est un
dépôt pour lui à l'embouteilleur. Ce n'est
intéressant pour personne.
L'embouteilleur est obligé de racheter les contenants à
$0.05. Qu'est-ce qui est arrivé? Cela a majoré la canette de
$0.05 du contenant. Pour l'embouteilleur, ou le "canneur", la marge de profit
est déjà assez réduite qu'il n'est pas capable d'accepter
ces $0.05. Il a majoré le prix et cela n'a eu pour effet qu'en
Orégon, on ne vend pratiquement plus de canettes.
M. ROY: En somme, le fait d'avoir organisé ce genre de
dépôt a apporté des frais additionnels pour les
consommateurs de cet Etat, comme en Colombie-Britannique et en Alberta.
M. CREPIN: Absolument, M. Roy, et, en plus de cette chose, le fameux
marchand du coin, ou l'épicier du coin, devient un vidangeur, parce
qu'il est obligé de racheter les canettes. Imaginez-vous donc, s'il
fallait installer cela ici, au Québec. Nos pauvres marchands,
actuellement, doivent ramasser des bouteilles retourna-bles, comme ils le
disent et le prétendent. Il s'agirait de ramasser les canettes. C'est
impensable.
M. ROY: Combien y a-t-il de fabricants de canettes présentement
au Québec? On l'a mentionné ce matin, mais j'aimerais avoir plus
de précisions là-dessus.
M. CREPIN: Vous avez des questions, vous. Actuellement, il y a quatre
fabricants ou manufacturiers de canettes...
M. ROY: Au Québec.
M. CREPIN: ... c'est-à-dire qu'il y a quatre "canneurs".
M. ROY: Quatre "canneurs".
M. CREPIN: II y a trois fabricants de canettes. On va commencer par les
fabricants.
M. ROY: Je voulais me limiter aux "canneurs".
M. CREPIN: Aux "canneurs".
M. ROY: ... pas les fabricants de canettes comme tels.
M. CREPIN: Les "canneurs", il y en a quatre. Je pourrais peut-être
les nommer ici. Pour vous donner un exemple, Coca-Cola a une "cannerie"
à Lachine; Pepsi-Cola en a une à Saint-Léonard; Canada
Dry, dans son usine de Lachine, a une ligne de canettes et Cott Beverages, qui
est en fait Steinberg, relié de près, en a une à
Chomedey.
Alors, parmi ces quatre "canneurs", il y en a trois qui sont
déjà pour la plupart, des associés avec nous, les
embouteilleurs québécois, qui sont nos compagnies
licenciées. Je discutais, avant de partir, avec une autorité de
notre compagnie, parce que je suis un embouteilleur licencié. Lui, il
dit: Ce que les embouteilleurs québécois vont désirer
avoir, nous, on est là pour vendre le produit et non le contenant. Ce
que les embouteilleurs québécois vont désirer avoir pour
protéger leur province, on va suivre leur idée.
M. MARCHAND: Combien d'employés représentent ces trois
manufactures de canettes?
M. CREPIN: Les "canneurs", je peux vous le dire parce que je fais
affaires avec deux. J'achète des canettes chez Coca-Cola et chez
Pepsi-Cola, parce que j'ai différents permis. Chez Pepsi-Cola, il y a
environ 15 personnes au total dans l'usine, tandis que, chez nous, c'est dans
une petite municipalité, de Valleyfield, j'emploie 30 employés.
Je dirais que cela représente peut-être, toutes les usines
attachées directement à la canette, il faut bien se comprendre,
125 à 130 employés au total. Si jamais on bannissait la canette,
je sais bien que chez nous, à la compagnie dont je suis partenaire, les
employés ne seraient pas sur le pavé pour aller chercher un
emploi. Ce qui arriverait, c'est que l'augmentation des bouteilles retournables
demande plus de manutention et plus de main-d'oeuvre. Cela augmenterait la
main-d'oeuvre, parce que la canette, je ne sais pas si vous êtes
déjà allés dans une "cannerie", c'est comme une
mitraillette. Chez nous, ça marche à 650 canettes à la
minute. C'est une petite entreprise. La "cannerie", chez nous, fournit
entièrement la province de Québec et est même capable de
fournir si jamais les bouteilles diminuent. Une chose que je pourrais
peut-être vous mentionner, sur les cinq...
M. MARCHAND: Est-ce que le contenant retournable est fabriqué au
Québec? La bouteille de Coke, par exemple?
M. CREPIN: J'ai justement une lettre que je pourrais peut-être
vous lire. Les contenants retournables sont fabriqués par les compagnies
de vitre qui sont Dominion Glass et Consumers Glass.
M. MARCHAND: Est-ce que cela sort aussi vite que la canette?
M. CREPIN: Je ne pourrais pas vous dire à quelle vitesse. Est-ce
que vous me parlez de la fabrication?
M. MARCHAND : J'essaie de faire une comparaison entre les deux.
M. CREPIN: Chez nous, j'embouteille actuellement à une
très basse vitesse, à comparer avec une "cannerie".
M. MARCHAND: Mais pour 1,000,000, par exemple, de canettes et de
contenants retournables...
M. CREPIN: Oui.
M. MARCHAND: ... quelle est la différence dans le nombre
d'employés?
M. CREPIN: Je dirais au moins le double. M. MARCHAND: Le double.
M. CREPIN: Oui. Il y a une chose ici que je voudrais peut-être
vous mentionner.
M. MARCHAND: II faut dire une chose. Si la bouteille retournable sert 25
fois et que la canette ne sert qu'une fois, même si c'est le double,
c'est 25 fois la bouteille retournable que cela prend. Donc, le retour est
beaucoup plus rapide.
M. CREPIN: Remarquez bien que tantôt j'ai relevé une
hypothèse dans la bière. Chez nous, dans l'embouteillage, une
bouteille fait environ 20 voyages actuellement au Québec.
M. MARCHAND: 20 voyages? M. CREPIN: Oui.
M. MARCHAND: Alors, ce sont 20 cueillettes.
M. CREPIN: Oui. Je suis d'accord avec vous mais, quand même, on
conserve notre énergie comme je mentionnais ce matin. C'est
déjà là un bon point.
Ici, je voudrais vous mentionner une lettre que me faisait parvenir le
vice-président de Dominion Glass, M. Souccar. Je pourrais
peut-être vous la lire. "Nous avons étudié attentivement le
rapport que l'Association des épiciers en gros de la province de
Québec a présenté à l'honorable Victor C. Goldbloom
et nous sommes très surpris du fait que le Conseil canadien des
fabricants de verre est mentionné dans la bibliographie". Vous avez tous
le mémoire, je crois, de l'Association des épiciers en gros de la
province de Québec. " Je crois qu'il est bien évident que ce
rapport favorise la vente des canettes et que notre association n'a
contribué en aucune sorte à ce rapport. C'est vraiment
regrettable que l'Association des épiciers ait voulu se servir du nom de
notre association sans avoir pris contact avec nos membres. Je crois qu'il
serait plutôt inutile de protester auprès du gouvernement en ce
sens que notre association n'est pas du tout impliquée avec ce rapport
car je doute que ce rapport soit pris en considération sérieuse
par le ministre". Et c'est signé: M. J. Souccar, vice-président,
Mise en marché, Dominion Glass Canada Ltée.
Dans la province de Québec, actuellement, il y a environ 5,000
employés affectés dans les usines d'embouteillage 5,000
Québécois qui travaillent actuellement dans les
différentes usines.
Des "canneries" au Québec, je vous mentionne qu'il y en a de 100
à 125 parce que Coca-Cola et Pepsi-Cola sont quand même deux
compagnies assez connues, et je vous mentionne qu'elles n'en ont pas 30 qui
produisent de la canette.
Une autre chose que je voudrais peut-être vous mentionner. On
parlait ce matin du dumping. Sur les cinq compagnies à licence nationale
qui font affaires ici sur le sol québécois, il y en a deux qui
importent leurs canettes de notre province voisine, l'Ontario.
M. MARCHAND: Quand vous parlez de la fabrication de la canette qui
emploie 30 personnes, est-ce que c'est la canette remplie ou si c'est tout
simplement la fabrication de la canette?
M. CREPIN: Non, le remplissage de la canette.
M. MARCHAND: La fabrication de la canette et le remplissage emploient 30
personnes.
M. CREPIN: Pardon?
M. MARCHAND: La fabrication et le remplissage, ce n'est pas la
même chose.
M. CREPIN: Non, la fabrication, c'est...
M. MARCHAND: Ce n'est pas la même chose. Il y a le remplissage,
après, qui emploie d'autres personnes. Alors, cela représente
plus de 30 personnes?
M. CREPIN: Oui, mais même pour le remplissage, il y a de 10
à 15 employés sur une ligne. Je parlais ce matin avec un
manufacturier de canettes qui est quand même installé à
Montréal. Il me disait que chez lui, pour fabriquer la canette, il y
avait 10 employés sur la ligne. Ce manufacturier fabrique aussi des
bouchons. Si la canette disparaît du marché, cela va faire plus de
bouchons à fabriquer pour mettre sur les bouteilles. Ces employés
travailleront sur la ligne des bouchons, au lieu de travailler sur la ligne des
canettes.
M. ROY: Sur la même question, vous avez parlé des quatre
"canneurs" au Québec. Vous m'avez nommé les compagnies. Je
regrette, mais je suis obligé de vous poser une question bien
indiscrète. Il y en a d'autres qui mettent des produits sur le
marché au Québec. Pourriez-vous les identifier?
M. CREPIN: Oui, actuellement, il y a Crush International qui fabrique
à Toronto et qui fait du dumping au Québec à pleines
"vannes"; il y a Seven Up qui est fabriqué également à
Toronto et qui fait du dumping au Québec au détriment
remarquez bien des embouteilleurs québécois. De toutes les
manières, c'est directement du manufacturier, ou du "can-neur",
directement au marchand de gros, sans passer par l'intermédiaire, rien,
c'est un bal, allons-y, on y va. Remplissons la province de Québec de
canettes, cela va bien.
M. ROY: A partir du point où il y a à chaque année
une augmentation constante de la canette, pourriez-vous me donner grosso modo
le pourcentage d'augmentation annuelle, par rapport au marché global? Je
sais qu'il y a eu des statistiques là-dessus, mais est-ce que vous
pourriez me donner brièvement une projection pour les cinq prochaines
années, en supposant qu'il n'y ait aucune réglementation et qu'on
laisserait aller les choses selon la tendance actuelle? Dans cinq ans.
M. CREPIN: Remarquez bien que cela ne fait pas tellement longtemps que
la canette existe au Québec, parce que quand je suis arrivé dans
l'industrie, cela débutait, et c'est en 1966. Je peux vous dire que les
ventes doublent actuellement au Québec à tous les deux ans. La
situation qui existe à Toronto, c'est 80 p.c. du volume. Imaginez-vous,
monsieur, 80 p.c. du volume total en canette au Québec, cela va en
prendre des camions de vidange et des trous pour ramasser les canettes.
M. ROY: Quelle serait la situation pour les membres de votre association
dans cinq ans, à partir d'aujourd'hui, advenant le cas...
M. CREPIN: Malheureusement, je serais obligé de dire que sur les
135 embouteilleurs que nous sommes actuellement au Québec, il en
resterait peut-être dix.
M. ROY: Dans cinq ans?
M. CREPIN: Si le rythme actuel continue, il en resterait dix.
M. ROY: A partir de ce moment-là, quand il y en aura dix, est-ce
qu'il sera possible, si le gouvernement décidait de revenir avec une loi
et de satisfaire les demandes que vous faites aujourd'hui, pour les
embouteilleurs de revenir en arrière dans cinq ans?
M. CREPIN: La plupart d'entre nous, nous nous serions trouvé
d'autres commerces malheureusement et ce serait la centralisation à
Montréal et dans les grands centres. Tous les embouteilleurs que vous
trouvez actuellement à travers la province emploient quand même
5,000 personnes. Là, ce serait réduit. Ce serait probablement un
système de distribution.
M. ROY: Cela veut dire que le point de non-retour n'est pas tellement
loin.
M. CREPIN: II n'en est pas question. Si on regarde chez nos voisins et
si on regarde ce qui s'est passé à Toronto ce n'est quand
même pas loin c'est un désastre monumental. D'ailleurs, les
embouteilleurs n'existent pratiquement plus. Ce sont seulement les grosses
maisons et elles sont à 80 p.c. en format uniservice.
M. ROY: Pourriez-vous nous dire actuellement combien de canettes ou
autres contenants non retournables sont mis en circulation actuellement pour
chaque contenant retournable? Avez-vous des statistiques ou des études
faites à ce niveau-là?
M. CREPIN: Voulez-vous répéter la question?
M. ROY: Pouvez-vous nous dire combien de canettes ou autres contenants
non retournables sont en circulation ou utilisés actuellement par
rapport aux contenants retournables?
M. CREPIN: Je dirais qu'actuellement c'est de 10 p.c. à 15 p.c,
suivant les régions. Il y a des régions où c'est
très faible. L'embouteilleur qui est le distributeur dans une certaine
région et qui a un peu de souci pour l'écologie de sa province,
surtout s'il a des lacs qui l'entourent... J'écoutais tantôt les
gens qui parlaient de l'eau. Je les félicite parce que quand même,
si on regarde ces choses-là, les canettes qui se jettent dans les
rivières et dans les lacs, c'en est une source de pollution, de
déchets très solides, qui est déposée. Je dirais
qu'actuellement, selon les régions, selon l'embouteilleur, sa
conscience, cela varie. Cela peut être 5 p.c. et, dans d'autres
régions, cela peut être 15 p.c. actuellement au Québec.
M. LEGER: Dans votre rapport vous avez parlé de 5 p.c. La
comparaison est de 95 p.c.
M. CREPIN: Cela, c'est en 1972. Le rapport que j'ai lu tantôt a
été écrit en 1972. Si vous remarquez dans le nouveau
rapport, notre questionnaire que nous avons envoyé, dernièrement
le chiffre s'est accentué. Actuellement, je dirais que la moyenne est
d'environ 10 p.c.
M. LEGER: Sur la même question, quel pourcentage des compagnies
qui embouteillent ont aussi la mise en canettes? Est-ce que la
plupart ont aussi la canette, en plus de la bouteille?
M. CREPIN: Tous les "canneurs", actuellement à Montréal
les trois compagnies mères; on les appelle les compagnies
licenciées sont également des embouteilleurs. Si elles
vendent moins de canettes, elles vont vendre plus de bouteilles et cela
représente très peu de pertes. Si une maison avec qui on fait
affaires est prête à faire le changement, j'imagine que la plupart
seraient prêtes... A l'exception d'une autre, peut-être, qui est
Cott, qui fait de la bouteille également. Elle produit les deux formats,
re-tournables et canettes.
M. LEGER: Etant donné que ce n'est certainement pas la même
machinerie qui embouteille les non-retournables et les bouteilles, c'est quand
même à votre avantage si le bannissement de la canette arrive.
C'est que vous en avez tellement peu, c'est seulement à 5 p.c. ou
10 p.c. que vous êtes rendus?
M. CREPIN: Oui.
M. LEGER: Est-ce que la perte de cet investissement dans la machinerie,
pour la canette, c'est un avantage pour vous de la faire disparaître?
M. CREPIN: Ce serait très peu. Ce sont les mêmes machines,
que ce soit une ligne de canettes ou une ligne de bouteilles, à
l'exception de l'embouteilleuse et de l'empaqueteuse. Pour le reste, la
proportion, la carbonatisation, toutes ces choses, c'est la même
machinerie qui pourrait servir. Ils ont à enlever très peu de
machinerie, ce qui représenterait de $50,000 à $75,000 de
dépenses pour ces quatre "canneurs".
M. SAMSON: M. le Président, dans le même sens, est-ce qu'il
me serait permis de demander certains chiffres? Je vois dans votre
mémoire, à la page 5, qu'en Abitibi c'est une
région qui m'intéresse particulièrement il y a
déjà sept usines d'embouteillage qui ont déjà
dû fermer leurs portes. Est-ce que vous pouvez nous dire, si vous avez
ces chiffres en main, combien d'usines d'embouteillage ont dû fermer
leurs portes, au Québec, à cause de cette vente de canettes?
M. CREPIN: Actuellement, la région d'Abiti-bi a été
la région la plus attaquée en 1972 et 1973, pour des raisons
très simples. Premièrement, le marché de canettes en
Abitibi est monté jusqu'à 30 p.c. La plupart de ces canettes
venaient de l'Ontario et les "canneurs" de l'Ontario envoyaient des canettes
à des prix très ridicules dans la province de Québec, dans
la région de l'Abitibi à cause du rapprochement. Il y avait
même des grossistes de l'Ontario qui achetaient des canettes en Ontario
et qui les marchandaient au Québec au détriment des
embouteilleurs locaux. L'embouteilleur local est obligé de transporter
sa canette de Montréal. Alors, il doit payer le transport jusqu'en
Abitibi. Les gens de l'Ontario qui étaient sur le bord de la
frontière envoyaient des canettes à plein. Cela a certainement
affecté la région. C'est la première région qui
atteint 30 p.c. La preuve de ce qu'on avance, c'est que tout de suite vous avez
vu que des embouteilleurs étaient obligés de fermer leurs portes;
probablement que vous les connaissez.
M. SAMSON : Oui mais ça ne répond pas tout à fait
à ma question. J'aimerais savoir combien il y en a au Québec qui
ont été affectés pour les mêmes raisons. Vous me
parlez de l'Abitibi, c'est une région que je connais, je sais qu'il y en
a plusieurs qui ont fermé leurs portes; est-ce qu'il y en a d'autres,
dans d'autres régions, dans des régions centrales comme
Montréal ou Québec, qui ont dû fermer leurs portes pour les
mêmes raisons?
M. CREPIN: La région de l'Abitibi est la région
visée à cause du pourcentage mais actuellement, dans les autres
régions de la province de Québec, ce n'est pas encore rendu
là. Ce qui arrive actuellement, c'est que l'embouteilleur est devant un
point d'interrogation. Est-ce qu'il va acheter une nouvelle laveuse? Est-ce
qu'il va faire des nouveaux investissements? Il ne le sait pas à cause
des fameux "canneurs" qui vendent la canette directement dans son territoire
par l'entremise des chafnes de magasins et qui moussent la canette.
Actuellement, la région de l'Abitibi est la première
région qui est affectée. Il serait faux de ma part de dire qu'il
y en a d'autres qui ont fermé spécifiquement. Mais je peux vous
dire que, si le marché augmente à 30 p.c, la même chose va
arriver. Je dirais que 50 p.c. de nos embouteilleurs, à travers la
province, à 30 p.c., sont fermé. A 70 p.c, il n'en reste plus 30
p.c.
M. SAMSON: Quelle est la proportion de canettes en provenance de
l'Ontario, qui est vendue actuellement au Québec, la proportion du
marché? Est-ce que vous avez ces chiffres en main?
M. CREPIN: Non, malheureusement, je n'ai pas ces chiffres. La seule
chose que je peux vous dire, c'est que, si je regarde Seven-Up, qui est
directement fabriqué en Ontario, et Crush, peut-être que cela
représente 30 p.c. du marché total qui nous provient de l'Ontario
en canettes.
M. SAMSON: Vous n'avez pas du Canada Dry qui provient aussi de
l'Ontario?
M. CREPIN: Non, Canada Dry a une ligne de canettes à
Montréal actuellement.
M. SAMSON: L'Abitibi est fournie par Montréal ou par
l'Ontario?
M. CREPIN : Ce qui est arrivé dans le cas de l'Abitibi, c'est un
autre cas, le "canneur" de Canada Dry en Ontario envoyait cela.
M.SAMSON: Bon, cela veut dire Canada Dry aussi.
M. CREPIN: C'est ce qui est arrivé en Abitibi. C'est malheureux
tout ce qui s'est produit en Abitibi, vous savez. C'est de cela que l'on a peur
et c'est cela que l'on veut prévenir.
M. SAMSON: Ce que vous suggérez, vous autres, si j'ai bien
compris, c'est, par une loi, l'abolition de la vente de la canette au
Québec.
M. CREPIN: Oui.
M. SAMSON : Non seulement de la fabrication et de l'embouteillage, mais
de la vente aussi.
M. CREPIN: Oui, monsieur.
M. SAMSON : De cette façon, si le gouvernement c'est une
hypothèse vous donnait raison et décidait de voter une loi
suivant ce que vous demandez, cela voudrait dire, si je comprends bien
vous me corrigerez si ce n'est pas cela que même les gens qui
fabriquent des canettes ou qui font le remplissage de canettes à
l'extérieur du Québec, ne pourraient pas vendre leurs produits au
Québec. C'est bien cela que vous voulez?
M. CREPIN: Absolument, cela prend cela dans le règlement. On
n'est pas pour avoir une importation de canettes au Québec si on ne les
fabrique pas ici, c'est bien entendu. On veut avoir absolument le bannissement
parce que l'on n'a rien à gagner à long terme avec ces choses.
Déjà, aux Etats-Unis, ils sont tous en train d'étudier et
nous, nous ne sommes pas dans le problème. Avant d'avoir notre
marché à 30 p.c. ou à 40 p.c, on veut que le gouvernement
fasse quelque chose, avant que cela fasse mal à tout le monde et que
cela pollue tous nos lacs et rivières et nos terres et endroits de
villégiature.
M. ROY: J'aurais une dernière question à poser à M.
Crépin. A votre connaissance on sait qu'il se fait
énormément de publicité, on voit cela dans les annonces,
dans les journaux, un peu partout, par des tracts est-ce que l'industrie
de l'acier et de l'aluminium subventionne indirectement la publicité en
faveur des contenants non retournables, au Québec et au Canada? Vous
allez me dire que c'est une question qui est un peu en dehors du sujet, mais je
pense que c'est extrêmement important, étant donné que ces
gens sont indirectement intéressés à l'augmentation du
volume. Est-ce que, à votre connaissance, cela se pratique?
M. CREPIN: Ce matin, j'ai lu un petit fait qui existait aux Etats-Unis,
à ce sujet, on avait dépensé au-delà de $10
millions. Je pense bien que les compagnies de métal sont en
arrière des "canneurs". Elles les subventionnent, cela est bien entendu.
Vous savez, quand on dit: Pour les manufacturiers de canettes, c'est
peut-être un malheur. Cela affecte très peu leur emploi, je suis
persuadé de cela. Vous savez, la canette dans la boisson gazeuse n'est
pas la même chose que la canette de spaghetti. Une canette de spaghetti,
on ne voit personne, le long du chemin ou sur nos plages, en train de manger du
spaghetti dans une canette, mais on voit des boissons gazeuses, ce n'est pas la
même chose du tout. Ces gens feront donc comme ils faisaient il y a sept
ans, ils feront des canettes pour les "beans", les spaghetti et les soupes, ces
choses-là, mais où la consommation se fait, sur place dans notre
industrie directement on va parler de notre industrie, je ne peux pas
parler pour l'industrie de la bière on dit: Au lieu de ramasser
des canettes, que nos marchands les ramassent, qu'ils aient un système
de dépôt à long terme au lieu de faire face au
problème de la pollution. Actuellement on est seulement rendu à
une très faible marge de ce marché. Enlevons-le donc tout de
suite, cela ne fera de mal à personne ou à très peu de
gens. Si on attend cinq ans, vous ferez mal à beaucoup de gens et la
province sera rendue avec des amoncellements de canettes partout, qui ne sont
pas nécessaires en réalité.
On travaillait il y a sept ans sans canettes. Tout le monde était
heureux, tout le monde vivait. Quelqu'un mentionnait l'hygiène des
bouteilles. Je ne pense pas que quelqu'un ait déjà
été empoisonné par nos produits. On respecte quand
même les normes sanitaires. On suit les règlements du Bureau
d'hygiène canadien et même provincial. Des inspecteurs viennent
dans nos usines continuellement. Il n'y a pas de problème.
M. ROY: Au point de vue de l'hygiène, vous m'ouvrez la pbrte sur
une autre question. Si le président me le permet, le ministre vous a
parlé beaucoup de coliformes tout à l'heure, avant la
réunion... Cela nous a inquiétés...
M. CREPIN: Je ne veux pas déclencher un débat.
M. ROY: Est-ce que votre association a fait des études
là-dessus, puisqu'on a dit qu'il pouvait y avoir des dangers? C'est le
ministre lui-même qui a souligné ce matin qu'il peut se retrouver
des objets dans les contenants retournables. Il y a tout de même un autre
facteur qui intervient. Lorsque la canette est utilisée, assez souvent,
cela fait quinze jours ou trois semaines qu'elle est sur une tablette
poussiéreuse.
M. CREPIN: Oui.
M. ROY: On voit des gens déboucher les canettes et boire sans
trop les essuyer. Il peut y avoir un danger et une augmentation des conformes
dont le ministre parlait à ce moment-là. Est-ce qu'à ce
niveau, sur le plan hygiénique parce que je pense quand
même que c'est un domaine qui concerne la santé publique
vous avez fait des études? Avez-vous des rapports pour démontrer
que l'utilisation de la canette plutôt que de la bouteille peut, en
quelque sorte, contribuer à augmenter la pollution de ce que les gens
ont à boire?
M. CREPIN: Sur le problème d'entreposage, que ce soit un
contenant retournable ou un contenant non retournable au niveau du
détail, je dis que, dans la tablette, il est exposé aux
mêmes choses.
Quand vous me parlez de coliformes, je m'imagine que vous me parlez de
coliformes dans l'eau. La plupart de nos embouteilleurs je pourrais dire
tous les embouteilleurs qui sont en affaires ici, au Québec ont
tous des traitements d'eau. C'est une mise dès le départ. Si vous
êtes embouteilleur, il vous faut un traitement d'eau pour fabriquer des
boissons gazeuses. Nos "canneurs" également ont le même traitement
d'eau; la plupart de nous, même si nous sommes situés dans des
régions assez éloignées, nous avons quand même des
directives à suivre de nos maisons à franchise ou nos maisons
à concessions. Il nous faut un traitement d'eau.
M. ROY: Je m'excuse, mais je vais préciser ma question, parce que
j'ai l'impression d'avoir été mal compris ou de m'être mal
expliqué. Lorsqu'une personne prend une bouteille d'eau gazeuse à
contenant retournable, elle est entièrement recouverte par le
bouchon...
M. CREPIN: Oui, il y a un bouchon à enlever. D'accord.
M. ROY: ... alors que ce n'est pas le cas pour la canette. C'est ce
point que j'ai voulu faire ressortir tout à l'heure.
M. CREPIN: Absolument, il est bien entendu que la poussière sur
une canette est grande comme cela et sur la bouteille grande comme cela. Nous
enlevons le bouchon complètement, alors, la surface est
complètement nettoyée à ce moment-là, tandis que
sur la canette, qui a une plus grosse surface, s'il y a de la poussière
et toutes sortes de choses dessus, cela reste dessus. Le consommateur,
bien...
M. ROY: Donc, la bouteille serait plus hygiénique que la canette,
en général.
M. CREPIN: Oui, absolument. Même la bouteille non retournable est
plus hygiénique que la canette dans un cas semblable.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
l'Assomption.
M. PERREAULT: J'ai écouté votre mémoire, ce matin.
Vous traitez, dans votre mémoire du côté économique
de vos embouteilleurs, vous traitez du côté écologique,
mais je pense que vous avez oublié une dimension dans votre
mémoire, c'est le côté social. Vous avez fait une
enquête auprès de vos embouteilleurs.
Je regrette que vous n'ayez pas pensé à faire une
enquête auprès du consommateur pour découvrir pourquoi on
employait la canette chez certains consommateurs. Je lisais, l'an dernier, un
article dans lequel il était dit que l'emploi de la canette était
surtout dans les grandes villes, dans le Québec vous en avez vendu 5
p.c. en 1972. On m'a dit que la plus grande proportion était dans les
villes de Montréal et Québec et que la raison en était des
appartements exigus où les espaces de rangement sont très petits.
Le fait qu'on n'ait pas à garder un contenant non retournable, qu'on
puisse s'en débarasser immédiatement, cela diminue l'espace de
rangement nécessaire. Tout le monde sait qu'à Montréal,
par exemple, 96 p.c. des logements construits l'an dernier sont des
appartements d'une pièce, 1 1/2, 2 1/2 pièces où l'espace
de rangement est très petit. L'article que je lisais disait ceci: Les
gens qui emploient la canette savent très bien qu'ils paient $0.04 de
plus que la bouteille, mais préfèrent, à cause du
rangement, employer la canette. Dans mon cas, à la maison j'emploie la
bouteille retournable, et à mon appartement à Québec
j'emploie la canette pour cette raison. Je me demande si une enquête en
ce sens n'aurait pas valu la peine d'être faite avant de brimer la
liberté du consommateur en interdisant la canette.
M. BRUNELLE: M. le Président, le raisonnement du
député est plein de sens. C'est vrai, on ne peut nier que la
canette prend un peu moins d'espace que la bouteille retournable. D'un autre
côté, lorsque vous faites une provision de canettes, cela emploie
peut-être 30 p.c. moins d'espace que la bouteille retournable, et vous
vous en débarassez, quand il s'agit des canettes, à mesure que
vous les videz. Au moment où vous achetez, vous avez peut-être un
espace de 30 p.c. de plus. C'est encore vrai que vous réalisez que vous
êtes prêt à payer plus cher pour cette commodité. La
solution serait peut-être pour une minorité de gens qui sont
prêts à payer pour la commodité d'un dépôt
obligatoire comme il existe en Orégon. Le dépôt
obligatoire, qui est le même sur les canettes que sur les bouteilles
retournables, a provoqué, dans une proportion d'à peu près
95 p.c, la disparition du marché de la canette.
M. PERREAULT: II faut être bien clair. Il n'y a pas seulement
l'espace de rangement des bouteilles pleines ou canettes pleines. Les
bouteilles retournables, il faut les garder dans le rangement aussi.
M. CREPIN : C'est là votre problème, M. le
député. Ce sont les bouteilles vides. Je pense bien que vous
allez chez votre épicier ou votre marchand favori à toutes les
semaines ou à toutes les deux semaines. Il s'agit de savoir: Est-ce que
c'est plus important de détruire et de jeter des déchets ou de
retourner et conserver notre énergie? Il s'agit de juger...
M. PERREAULT: Attention à l'énergie. Je ne prends pas pour
du "cash" ce que vous avez dit ce matin sur l'énergie. On pourrait vous
en parler longtemps. On s'en reparlera de l'énergie.
M. CREPIN: C'est un fait qui se passe actuellement.
M. PERREAULT: Alors, la deuxième question que j'ai, c'est bien
triste, je n'ai pas cette réponse-là, concerne la
sécurité du verre. Vous avez dit qu'il est dangereux quand on
enlève la "tab" sur les plages ou dans les endroits publics; on peut se
couper, les gens qui sont pieds nus, les enfants, sur la "tab" de la canette.
Que pensez-vous des bouteilles cassées? Est-ce que l'industrie a fait
des démarches pour avoir du verre incassable pour les bouteilles
retournables?
M. BRUNELLE : Je suis parfaitement de votre avis à ce
sujet-là.
Je calcule que, dans un siècle où on est capable d'envoyer
des hommes sur la lune, l'industrie du verre n'a pas fait beaucoup d'efforts
pour s'améliorer dans ce sens. C'est un non-sens et il devrait y avoir
amélioration de ce côté. Si on s'étendait sur le
sujet, on pourrait dire également que cela n'a pas de sens que,
lorsqu'on envoie des hommes sur la lune, on ne soit pas capable de s'organiser
pour faire plus qu'une dizaine de milles par gallon avec une automobile. Je
suis d'accord avec vous. Il y a quelque chose à faire dans ce sens.
Actuellement, nous avons commencé à faire des pressions
auprès des compagnies de verre pour qu'elles s'améliorent dans ce
sens et j'espère que nous réussirons à faire quelque chose
là-dedans.
M. PERREAULT: Est-ce qu'il se fait quelque chose dans les autres
provinces relativement à cela?
M. BRUNELLE: II s'en fait aux Etats-Unis dans le moment. Au Canada, je
ne pourrais pas vous répondre affirmativement. J'imagine qu'il doit s'en
faire; seulement, c'est une simple supposition de ma part.
M. PERREAULT: Parce que le Canada vient d'agir au sujet des
contre-portes en aluminium. On a risqué de mettre dans la rue huit
industries du Québec par rapport à cela. A partir de l'an
prochain, elles vont être obligées d'employer le verre
trempé pour les contre-portes à travers tout le Canada. Le
Québec a demandé un délai à cause des inventaires.
Si on le fait pour les contre-portes, je ne vois pas pourquoi on ne le ferait
pas pour les bouteilles retournables.
M. BRUNELLE: Je partage votre avis. On ne peut pas invoquer l'argument
de l'inventaire parce qu'à l'heure actuelle je ne crois pas qu'il existe
beaucoup d'inventaires de bouteilles.
M. PERREAULT: Cela pourrait se faire.
M. BRUNELLE: Parce que, lorsqu'on en achète couramment comme on
le fait, on a de la misère à en avoir.
M. PERREAULT: II pourrait y avoir un "phasing-out", à part
cela.
M. BRUNELLE: On est obligé d'attendre la production.
M. CREPIN: II faut quand même penser que nos plages, etc., la
tendance des gens est de se servir d'un verre de papier, qui est plus de
sécurité quand même qu'une canette ou une bouteille.
M. PERREAULT: Justement chez moi, je pourrais ramasser, en fin de
semaine, des bouteilles de bière cassées et des bouteilles de
liqueur cassées, dans mon entrée, toutes les semaines. Alors,
c'est courant.
M. CREPIN: Cela peut être des bouteilles non retournables aussi,
comme des bouteilles retournables. C'est malheureux et, naturellement, le verre
se brise. Je suis d'accord avec vous.
M. PERREAULT: C'est tout.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): C'est un peu dans le même sens que M.
Perreault. J'avais une autre question qui portait surtout sur le domaine des
contenants. C'était dans le domaine de la recherche. J'avais entendu
parler d'une invention qui s'en venait; il s'agissait d'un contenant qui
était très peu coûteux et qui était autodestructible
après usage. Je pense que c'est aux Etats-Unis qu'on a fait de la
recherche dans ce domaine. Je me demandais s'il y avait un fondement à
cette chose.
M. BRUNELLE: La recherche est surtout faite en Europe à ce sujet,
dans les pays Scandinaves. Des essais ont été faits pour la
bière avec de semblables contenants. Seulement, ils en sont venus
à la conclusion que ce contenant, tout en s'autodétruisant,
produisait un gaz qui polluait l'atmosphère. On fait encore des
recherches pour essayer de trouver un moyen de faire un tel contenant qui ne
polluerait pas l'atmosphère en s'autodétruisant.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Ah bon! Si on revenait à la
possibilité, par exemple, de contenants non réutilisables
à usage unique, avec système de dépôt comme il y a
eu dans d'autres endroits, est-ce qu'actuellement la province de Québec
est organisée pour faire du recyclage de ces produits ou si, en fait, on
changerait le problème de place, de sorte qu'au lieu que cela soit le
consommateur qui se serve du dépotoir, cela serait le distributeur?
M. CREPIN: Les études qui ont été faites et
l'expérience qui est arrivée en Colombie-Britannique et en
Alberta ont prouvé que le recyclage de ces contenants n'était pas
rentable.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Mais, actuellement, est-ce que la
province...
M. CREPIN: C'est justement la raison pour laquelle on dit de les bannir.
Cela n'est pas rentable de les récupérer. Est-ce que nos
marchands vont vouloir coopérer avec nous pour être vidangeurs et
ramasser les canettes et ces choses? C'est une autre affaire. Le système
qu'on établirait pour récupérer ces canettes, on dit que
ce n'est vraiment pas rentable. Alors, pourquoi s'en servir?
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Cela veut dire qu'en réalité,
ce qui se ferait, c'est que le distributeur les reprendrait et les remettrait
au dépotoir lui-même.
M. CREPIN: C'est cela. Exactement, et il faudrait qu'il passe par le
marchand détaillant ou le restaurateur. C'est toute une implication.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Tout à l'heure, vous avez
mentionné que le coût de la bouteille était, au
distributeur, de $0.12 l'unité et qu'il en réclamait $0.05.
M. CREPIN: Oui.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Si on comparait la différence du prix
de la canette à celui de la bouteille, cela équivaudrait environ
à une majoration de $0.04 du prix du... Est-ce que ce serait exact? J'ai
fait une soustraction tout à l'heure et j'ai divisé par 24, cela
me donnait $0.04 de différence environ. $0.95 divisés par 24,
cela veut dire $0.04 pour une canette. Cela m'amène à dire
justement, vu que je viens de l'Abitibi, la région que vous avez
soulignée tout à l'heure... je ne sais pas, mais si on regarde le
but pour lequel on utilise la canette en plus, le facteur par rapport à
ce que le député de l'Assomption mentionnait, il y a une question
d'utilité réelle. Etant sur une vaste étendue de
territoire, cela devient ni plus, ni moins un domaine attiré de plus en
plus par le tourisme pour la chasse et la pêche. L'utilisation maximale
de la canette devient de plus en plus importante. Si je fais la
différence entre $0.05 et $0.04, cela fait seulement $0.01. Est-ce qu'on
ne pourrait pas prétendre que les gens vont continuer, même s'il y
a un dépôt de $0.05 sur la bouteille, à l'acheter quand
même, pour la différence d'un cent, quand on sait la valeur d'un
cent aujourd'hui par rapport à la valeur de l'argent?
M. CREPIN: Je pense bien qu'en ayant notre dépôt sur la
bouteille retournable à $0.05 justement en m'en venant ici,
à Québec, je remarquais qu'il y avait même un adulte avec
un enfant le long de la Transcanadienne en train de ramasser des bouteilles;
à $0.05 et à $0.10, il n'en faudra pas beaucoup pour faire $1.00
même si on a des consommateurs, malheureusement, qui lancent notre
contenant retournable, si on est chanceux qu'il tombe sur de la terre et qu'il
ne se brise pas, il y a toujours un jeune garçon, ou un étudiant,
ou même un chômeur qui n'a rien à faire de sa
journée, qui va ramasser les bouteilles le long des routes.
Maintenant, vous mentionnez la région de l'Abitibi pour les
chasseurs et ces choses-là. Justement, s'ils laissent des bouteilles, il
y a peut-être un gars qui va trouver cela assez raisonnable de les
ramasser.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Si vous connaissiez le territoire...
M. CREPIN: Je m'imagine que ce n'est pas votre but d'avoir 80 p.c, comme
il existe à Toronto, du marché des boissons gazeuses en Abitibi,
en canette ou en non retournable, et que les gens remplissent vos forêts
et vos lacs d'Abitibi avec des canettes et des bouteilles non retournables.
J'imagine que vous n'êtes pas intéressé à cette
chose-là. Pourtant c'est la chose qui va se produire si tous les
chasseurs et tous les campeurs et tous les gens qui sont
intéressés à ces loisirs commencent à jeter des
canettes qu'ils consomment partout.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Ce que je veux dire exactement, c'est quelle
incitation cela peut donner aux gens, que ce soit canette, bouteille
retournable... Sur la différence d'un cent, ils vont la jeter de toute
façon.
M. BRUNELLE: La différence est plus qu'un cent. A l'heure
actuelle, une canette vaut à peu près $0.04. Le prix de vente
d'une canette est de $0.04 plus élevé que le prix de vente d'une
boisson gazeuse en bouteille, si vous excluez le dépôt. Si vous
incluez le dépôt, elle est d'un cent meilleur marché. Mais
seulement, s'il y avait un dépôt obligatoire dans le
moment, il n'y en a pas de dépôt sur la canette, comme il
existe déjà pour les bouteilles retournables, votre
différence deviendrait $0.09. A ce moment-là, à $0.09,
peut-être que le public serait pas mal incité à ne pas
acheter de canettes et à acheter des bouteilles retournables et à
récupérer ses $0.05.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, s'il n'y a pas d'autres
questions. Le député de Verdun.
M. CARON: Ma question s'adresserait à M. Crépin. M.
Brunelle a mentionné cet avant-midi que, dans son territoire, qui est un
territoire surtout rural, les grandes chaînes d'épiceries ne
semblent pas promouvoir la canette. Est-ce que dans votre territoire de
Valleyfield la situation est semblable?
M. CREPIN: Non, pas du tout. C'est le contraire. Etant un voisin de la
grosse municipalité de Montréal, les chaînes de magasins
moussent énormément la canette, parce que, premièrement,
ils ont leur propre marque, ils n'ont pas de transport à payer, ni de
distance à parcourir pour la transporter, ils moussent la vente de la
canette avec des étalages et ces choses-là.
C'est le contraire qui existe chez nous.
M. CARON. Vous avez répondu à ma deuxième question
tout à l'heure.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vous remercie, M. le
député. M. Brunelle, M. Crépin, nous vous remercions de
votre coopération et surtout de la grande patience avec laquelle vous
avez répondu à toutes nos questions, du moins celles qui ont
été posées.
Messieurs, je voudrais, pour quelques brèves minutes seulement,
suspendre les travaux de la commission afin de permettre au
député de Lafontaine et au député de Beauce-Sud
d'adresser chacun une question d'après l'entente que nous avons
conclue tout à l'heure au ministre des Affaires municipales.
Comme ces deux questions se rapportent plutôt au sujet discuté
durant la conférence de presse du ministre, ayant pris beaucoup de
précautions pour ne pas inclure dans les travaux de la commission la
conférence de presse ou les commentaires sur ce qui a pu y être
discuté, je voudrais, avec le consentement de tout le monde sans
que les gens quittent leur place qu'on suspende la séance pour
quelques brèves minutes pour permettre que ces deux questions soient
posées au ministre. Cela ne fera pas partie du travail de la commission
et nous reprendrons nos travaux aussitôt que ces questions... M. le
député.
M. MARCHAND: M. le Président, je ne suis pas d'accord pour la
bonne raison qu'il y a des gens qui se sont déplacés dans toute
la province de Québec et qui sont ici. Il est 4 h 15, on leur a fait
perdre une heure au début de la séance ce matin et je pense que
ces gens sont impatients de témoigner aujourd'hui. Comme c'est en dehors
de la commission je m'y oppose comme membre de la commission.
UNE VOIX: M. le Président, pourquoi est-ce qu'on ne remettrait
pas cela à la fin de la séance?
M. MARCHAND: M. le Président, cela n'a aucun rapport. Ceux qui
veulent dire quelque chose auront des occasions de le faire. L'Assemblée
nationale est partout, il y a des commissions parlementaires continuellement.
Où il y aura des députés on pourra s'entendre. Mais je
pense que c'est hors des cadres et je ne suis pas d'accord du tout pour les
entendre. Je pense que les gens qui sont ici, des gens sérieux qui
prennent leur journée, qui dépensent beaucoup d'argent pour venir
ici se faire entendre, sont ceux qu'on doit respecter et qu'on doit entendre
aujourd'hui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est justement ce que je veux faire.
Mais, M. le député, vous comprendrez quand même qu'il y a
eu un changement, peut-être mineur, dans la procédure que nous
devions suivre au cours de la conférence de presse. Il avait
été convenu, pour autant que je me souvienne, que les membres de
la commission auraient eu, à cette occasion, l'occasion d'adresser des
conseils au ministre. Lorsque la conférence a débuté il y
a eu une nouvelle entente avec les représentants de la Tribune de la
presse, ce qui n'a pas permis aux députés qui auraient voulu
poser une ou deux questions de le faire, parce que le sujet a été
traité d'une façon très approfondie par le ministre et les
questions posées par les journalistes couvraient à peu
près tout ce que nous avions à savoir à ce moment.
Maintenant, la suspension, à ce moment-ci, pour quelques minutes
seulement, ce n'est pas pour retarder les personnes ici présentes, ni
les membres de la commission puisque, n'eût été le fait que
le ministre devait s'absenter au commencement de la reprise de notre
activité à 3 h 10 ou 3 h 12, la question aurait été
permise avant la reprise des travaux. Donc, au point de vue du temps, nous
parlons des mêmes minutes.
Si vous le voulez, messieurs, je demanderai votre coopération
habituelle. On me dit qu'il y a une question chacun, le ministre verra à
y répondre et nous reprenons tout de suite. Probablement que le
problème serait résolu si on n'en avait pas discuté comme
nous venons de le faire.
Les travaux de la commission sont suspendus au loisir de la
commission.
(Suspension à 16 h 24)
(Reprise à 16 h 36)
Association des épiciers en gros de la province
de Québec
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous entendrons maintenant
l'Association des épiciers en gros de la province de Québec Inc.
Est-ce que les représentants sont ici? Si oui, qu'on veuille s'approcher
de la table.
Je vous souhaite d'abord la bienvenue et sans plus de préambule,
pour identifier chacun, pour le journal des Débats et l'enregistrement
qui doit se faire sur tout ce qui se dira, voulez-vous suivre la même
procédure que vos prédécesseurs, soit donner votre nom,
vos titre et qualité, ce que vous représentez à
l'association.
M. TURCOT (Bernard): Merci, M. le Président. Mon nom est Bernard
Turcot, je suis le secrétaire exécutif de l'Association des
épiciers en gros de la province de Québec. Je suis
accompagné de M. Philippe Michaud, immédiatement à ma
gauche, qui est le président de notre association et qui est un
épicier en gros de Rimouski; ensuite M. Fernand Léveillé,
secrétaire exécutif de l'Association des détaillants en
alimentation. Il est lui-même un ancien détaillant. Finalement,
à mon extrême gauche, le jeune homme qui nous accompagne a une
expérience de 60 ans dans le domaine de l'alimentation. Il a
été épicier en gros, il a agi pendant la guerre comme
membre de la commission des prix en temps de guerre pour le domaine de
l'alimentation. Il a été président de l'Association des
marchands détaillants, président de l'Association des
épiciers en gros de la province de Québec et de l'Institut
canadien de distribution alimentaire. Il est maintenant consultant dans le
domaine de l'alimentation, non seulement au niveau des grossistes ou des
détaillants, mais aussi chez certains manufacturiers.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous nous tenez en suspens un peu.
Est-ce qu'on pourrait avoir le nom de la personne?
M. TURCOT: C'est M. Léopold Pigeon, je m'excuse.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Pigeon. Allez-y M. Turcot.
M. TURCOT: M. le Président, M. le ministre, messieurs, il nous
fait plaisir de comparaître ici aujourd'hui. Nous ne vous cacherons pas
que transiger dans le domaine de l'écologie, la pollution, et
l'administration des ordures et des déchets dans leur ensemble ne nous
est pas familier, et nous osons croire que vous en tiendrez compte dans les
discussions qui auront lieu à la suite de notre intervention.
L'étude du contrôle de l'écologie et de la pollution
est une science relativement nouvelle, et ce que nous pouvons retirer des
rapports qui sont publiés ou discutés publiquement semble
indiquer deux choses en particulier, soit : 1 ) Le problème doit
être étudié dans son ensemble. 2) Les solutions ne peuvent
être envisagées qu'en relation des conséquences
économiques et sociales qu'elles causeront.
Ainsi, lorsqu'on a à résoudre un grand problème,
comme l'écologie par exemple, des normes reconnues en administration
consistent à diviser le problème en sections distinctes et
d'apporter des solutions par section, ce qui, théoriquement,
amène la solution du grand problème ou du problème dans
son ensemble.
Ceci est un principe reconnu, mais toutefois, ce n'est qu'un principe,
et il est inutile d'essayer d'apporter des solutions aux sections d'un
problème si elles ne concordent pas avec la solution qu'on peut
prévoir pour le problème dans son ensemble, encore bien moins si
elle peut amener des contradictions.
L'industrie alimentaire est la plus importante des industries dans tous
les pays, et elle se caractérise par l'innovation et sa capacité
de s'adapter aux changements rapidement. Son nerf principal est la vive
concurrence qu'elle engendre, principalement parce qu'elle est jugée par
les consommateurs tous les jours sans interruption. Nous avons vécu,
depuis quelques années surtout, toutes sortes de tribulations qui, dans
certains cas, étaient justifiées, mais dans bien d'autres cas,
des interdictions ont été décrétées pour
être ensuite annulées, (les phosphates dans les savons par
exemple). Ce genre d'intervention est dommageable et très coûteux
à tous les niveaux de la chaîne alimentaire.
Le coût de telles décisions n'a jamais, à notre
connaissance, été évalué. On serait surpris d'en
connaître le montant et les consommateurs réagiraient violemment
si on leur disait comment exactement ces activités leur ont
coûté.
Ainsi, on a incité les laitiers à abandonner la bouteille
retournable, question d'hygiène et de santé. Nous pouvons
difficilement comprendre comment on pourrait les enjoindre maintenant à
revenir à la bouteille retournable. L'écologie et la pollution
sont-elles plus importantes que l'hygiène et la santé? Pourquoi
n'a-t-on pas banni la bouteille retournable pour tout produit alimentaire?
Nous invitons les membres de cette commission à visiter les
magasins d'alimentation, restaurants, etc., dans les périodes
d'affluence et à juger par eux-mêmes les problèmes que peut
engendrer, au point de vue de l'hygiène et de la santé, cette
pratique désuète du retour des bouteilles vides qui ne profite
qu'à un certain secte ur.
Nous avons mentionné une proportion dans le mémoire que
nous présentions à l'honorable Goldbloom en janvier dernier. Si
je comprends bien, M. le Président, les membres de cette commission
n'ont pas de copie de ce mémoire. Je suppose qu'on peut compter sur
monsieur le
ministre pour en faire parvenir aux membres de cette commission. Le
mémoire que nous présentions en janvier...
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est un mémoire autre que le
texte...
M. TURCOT: Oui. Ce que nous vous présentons cet après-midi
est une suite du mémoire que nous avions présenté en
janvier.
M. GOLDBLOOM: Nous n'en avons pas fait la distribution. C'est une
erreur. Je m'en excuse mais nous pourrons faire parvenir le document que nous
avons aux députés membres de la commission, si vous le
préférez. En d'autres mots, le texte que vous avez ici, que vous
avez soumis, ne remplace pas l'autre.
M. TURCOT: Non.
M. GOLDBLOOM: Nous en ferons la distribution.
M. TURCOT: Merci, M. le ministre.
Nous mentionnions la part nominale que tient le contenant d'eau gazeuse
dans le total des ordures domestiques en relation avec les autres contenants
traditionnellement non re-tournables, canette, verre, papier, etc., pourcentage
qui devient pratiquement insignifiant comparé au total des ordures
domestiques. Les ordures domestiques elles-mêmes ne comptent que pour 2
p.c. seulement des déchets dans leur ensemble. Nous maintenons donc que
toute loi dans les contenants d'eau gazeuse ne changerait rien au
problème écologique. Une telle loi constituerait une
discrimination envers une industrie et, à défaut de l'accompagner
de centres de dépôts obligatoires, la négation des
principes d'hygiène et de santé qui doivent prévaloir dans
les établissements industriels et commerciaux de l'industrie
alimentaire.
Veuillez croire que nous ne pouvons pas vous cacher la contradiction que
nous y voyons, particulièrement lorsque nous sommes à nous
préparer à discuter avec vos collègues du ministère
de l'Agriculture la refonte possible de la réglementation de la loi des
aliments. D'autant plus que, même si vos collègues du
ministère des Affaires sociales ont été très
occupés à l'élaboration de lois sociales depuis quelques
années, nous ne croyons pas qu'ils aient abandonné leurs
responsabilités en ce qui a trait à la protection du public en
matière d'hygiène et de santé dans les
établissements commerciaux.
Nous ne voulons pas ici minimiser l'importance des problèmes
écologiques. Au contraire, nous ne pouvons que vous féliciter
pour l'oeuvre que vous accomplissez car, devant le monstre que présente
ce problème qui constitue une science nouvelle, c'est une oeuvre que
vous accomplissez en plus d'un devoir.
Toutefois, nous devons réitérer que toute mesure prise au
nom de l'écologie ne peut l'être qu'en conséquence de ses
effets économiques, sociaux ou autres. Notre système social veut
que la fin ne justifie pas les moyens. Toutes les lois qui nous
régissent sont basées sur ce critère et nous forcent
à l'appliquer.
Les justifications qui semblent ou qui même peuvent être
bonnes ne doivent donc pas être les critères de base pour une loi
de quelque nature qu'elle soit. Nous assistions dernièrement à un
symposium aux Etats-Unis sur des méthodes à appliquer pour
améliorer l'efficacité dans la distribution alimentaire. Il y fut
naturellement question de l'énergie et de l'écologie. Là
aussi, ces deux problèmes sont relativement nouveaux. D'une part, c'est
la pénurie, de l'autre, une dose excessive, et leurs solutions, de
l'avis d'experts dans les deux domaines, ne peuvent être
envisagées qu'en relation avec leurs effets économiques et
sociaux.
Même qu'on ne prévoit de solutions concrètes qu'en
en arrivant à ce que nos voisins du sud appellent des "trade off".
"Trade off", c'est une solution de rechange. On résout un
problème en en créant un autre. Il s'agit d'évaluer quelle
solution de rechange est la plus avantageuse pour la population. Pour ce qui
est de la boisson gazeuse, il y aurait lieu de vérifier si certains
"trade off" élimineraient ou du moins ne diminueraient pas
considérablement certains problèmes inhérents à
cette industrie. Ce n'est un secret pour personne que les questions de
contenants et concessions territoriales sont une source d'affrontement à
l'intérieur même de cette industrie. L'écologie devient un
véhicule commode pour dissimuler l'intérêt véritable
du consommateur.
Nous vous référons aux appendices de ce document pour
constater certains des effets économiques de la bouteille retournable.
Nous maintenons que le premier critère à considérer est
celui de l'hygiène et de la santé. D'aucuns avancent que la
bouteille uniforme des centres de récupération
indépendants seraient une solution logique. Peut-être, mais il
faut tout de même considérer les effets que l'on en connaît.
De prime abord, ce système présente deux inconvénients
très sérieux. Des centres de récupération
fonctionnent en Colombie-Britannique, par exemple, depuis quelque temps. Le
coût des boissons gazeuses a augmenté de plus de 70 p.c. Cette
augmentation ne compense même pas totalement pour le coût de ces
dépôts, le reste devant être payé par le consommateur
en taxes. La bouteille uniforme est un empiétement sur la marque de
commerce. Nul doute que les intéressés ne manqueront pas de le
souligner avec toutes les conséquences que cela implique.
Nous considérons que toute mesure destinée à
combattre la pollution ou à améliorer l'environnement doit
être clairement expliquée au consommateur et qu'on lui en donne
les raisons, les avantages et aussi les désavantages. Si le consommateur
a accepté les mesures exigées pour l'automobile au nom de
l'écologie sans en
connaître le coût, on peut douter de la valeur de
l'équipement qu'on a exigé de l'industrie de l'automobile quand
on constate que la consommation d'essence a augmenté d'au moins 25 p.c,
de 25 p.c. et plus. On peut se demander: Est-ce qu'avec l'équipement que
j'ai, qui, peut-être, par gallon, pollue moins l'air mais fait que je
consomme plus d'essence, en réalité l'air est mieux qu'avant? On
peut se poser cette question. On n'a jamais eu de résultat concret, de
toute façon.
Nous savons que le consommateur n'accepte pas les augmentations de
coût dans l'alimentation. On a payé pour le savoir, comme vous le
savez sans doute. Avant d'imposer toute restriction sur les contenants, nous
exigeons que la question lui soit posée très clairement.
Vaut-il la peine d'accepter une augmentation très onéreuse
dans le coût des boissons gazeuses, en plus des inconvénients
d'avoir à retourner les bouteilles à un dépôt, alors
qu'elles représentent moins de 5 p.c. des ordures domestiques qui,
elles, ne représentent que 2 p.c. des déchets? Quant au
problème des rebuts négligemment éparpillés ou
contaminants, appelés en anglais "litter", l'élimination des
contenants non retournables n'a aucun effet, pas plus en Colombie-Britannique
qu'en Orégon. Ils n'ont pas les chômeurs sur les grandes routes,
comme on l'a mentionné précédemment.
On y retrouve le même pourcentage de contenants de boissons
gazeuses, sauf qu'il y a plus de bouteilles retournables et,
conséquemment, une augmentation de verre brisé, ce qui augmente
les risques d'accident, particulièrement sur tes plages et dans les
parcs où il y a beaucoup d'enfants. Suivant les experts, le
problème des rebuts négligemment éparpillés ou
contaminants ne peut être contrôlé que par des campagnes
d'éducation du public et des amendes sévères. Le genre de
contenants utilisés n'y est pour rien.
Finalement, nous croyons que le problème des contenants des
boissons gazeuses fait partie de l'ensemble du problème des ordures
domestiques et que si l'on juge que l'on doit débuter par les contenants
des produits alimentaires, on doit songer à un programme qui les englobe
tous, sans discrimination pour une industrie ou une autre, avec comme
critère, l'écologie uniquement et une solution d'ensemble qui
s'applique à toutes les industries et à tous les contenants. Il
faudra de plus considérer les nouveaux développements et analyser
sérieusement les nouvelles découvertes sur les contenants qui
s'autodétruisent. Des pas de géant ont été
accomplis dans ce domaine et ce serait faire l'autruche que de l'ignorer.
Naturellement, ceci nous amène à un autre problème
aussi gigantesque, soit celui des ressources naturelles, de l'énergie et
leur utilisation. Là encore, il s'agit d'un "trade off" et le service de
l'environnement ne peut s'imposer ici à titre de juge et partie. Chacun
des secteurs clefs de l'économie doit avoir son mot à dire et
chacun des secteurs doit être évalué à sa juste
valeur dans le contexte global pour la poursuite des buts à atteindre
à long terme.
Tel que mentionné précédemment, nous ne
prétendons pas être des experts dans la matière. Toutefois,
l'industrie alimentaire étant grandement impliquée dans le
problème de l'environnement, nous sommes conscients des
responsabilités qui nous incombent, auxquelles nous ne voudrions pas
nous soustraire et désirons vous offrir notre collaboration pour
participer à tout travail en comité ou de recherches
destinées à améliorer l'environnement au
Québec.
Vous avez en appendice trois pages qui vous donnent le détail en
graphique du cycle du contenant d'eau gazeuse non retournable et du cycle du
contenant d'eau gazeuse retournable. Vous pouvez constater, simplement en
voyant ces graphiques, que le problème du contenant retournable est
assez sérieux et que le consommateur ne retourne pas les contenants au
rythme où on souhaiterait qu'il le fasse certainement.
Maintenant, M. le Président, j'aimerais ajouter ici un paragraphe
d'une lettre que nous faisions parvenir au ministre le 27 février
dernier à la suite de l'entrevue qu'il avait eu la gentillesse de nous
accorder. "Nous tenons à souligner que, si les gouvernements songent
à adopter des mesures pour réduire l'usage des contenants non
retournables, l'augmentation du volume dans la quantité de bouteilles
retournables deviendrait intolérable pour les détaillants, que
même une allocation de quelque provenance qu'elle soit, ne justifierait
pas le temps, l'espace et les coûts additionnels que les
détaillants auraient à supporter. Nous maintenons que, si des
mesures sont prises afin de réduire l'usage des contenants non
retournables, toute mesure de ce genre devra être accompagnée d'un
système de dépôts indépendants opérés
par une agence gouvernementale pour tous les contenants retournables."
Maintenant, M. le Président, mes collègues auraient
quelques remarques à ajouter, si vous le permettez. M. Pigeon.
M. PIGEON: M. le Président, MM. les membres de la commission
parlementaire, à vous tous merci de nous donner l'occasion, non pas de
vous dire quoi faire, mais de vous offrir notre modeste collaboration et de
tenter d'être pratique dans les quelques observations que nous allons
faire. Nous nous en remettons totalement à votre bon jugement et
à celui du gouvernement.
J'ai appartenu à une classe qui s'appelait les détaillants
j'ai 71 ans, j'ai été 64 ans avec mon père et seul
par là suite c'était la première fois au cours de
ma vie ce matin, que je pensais appartenir à la catégorie des
vidangeurs. C'est un noble métier. Si j'avais eu à l'exercer,
c'est avec fierté que je l'aurais fait. Mais je ne pensais pas que je
viendrais ici, à la fin d'une carrière, pour me faire dire cela.
Il faut le
prendre de la façon que cela a été dit. Je ne crois
pas que c'est en discourant contre celui-ci et celui-là que nous allons
arriver à nous comprendre et à être objectifs.
Ce matin, toutes sortes d'affirmations ont été faites;
quelques-unes étaient gratuites, quelques-unes étaient
véridiques et d'autres l'étaient moins. Une question était
posée par un des membres de cette commission à M. Brunelle; on
voulait savoir si les bouteilles retournables ne contiennent pas certains
ingrédients, je vais les appeler ingrédients pour le moment. Je
pense que, comme incubateurs pour les "coquerelles", les microbes, les souris
et bien d'autres petites "bibites" du genre, il n'y a rien comme des bouteilles
retournables. Pendant 35 années, j'en ai vu. Si on a
décidé que l'hygiène faisait partie de l'écologie,
que le facteur économique faisait aussi partie de l'écologie, que
c'était un tout et que c'était une solution globale que nous
recherchions et non pas une ambition de satisfaire des profits personnels;
puisqu'il s'agit de la santé publique, nous devrions, de cette
façon, envisager le problème. Si, à quelques-uns,
ça coûte des cents et à d'autres, des piastres, si nous
avons ce civisme qui est censé nous animer et, souvent, nous
chantons un peu trop haut dans certains coins nous devrions le
manifester aujourd'hui plus que jamais devant ceux qui cherchent à
obtenir de nous quelques renseignements et non pas des racontars.
Puisqu'il s'agit d'écologie et de bouteilles non retournables, je
vais vous citer deux phénomènes; on n'en a pas fait mention, on
n'osait pas, on ne voulait pas offenser MM. les députés. Je ne
vous offense pas, soyez-en assurés. Peut-être parmi ceux qui
l'offensent le plus gravement, si on croit qu'ils offensent l'écologie,
c'est la Société des alcools en distribuant des bouteilles non
retournables au rythme de 50 millions par année. Je ne crois pas que ces
50 millions de bouteilles servent pour aller chercher l'eau bénite le
Jeudi saint. Il faut y penser. Il y a quelques années, les
différents services d'hygiène des différentes
municipalités ont voulu protéger la santé publique en
éliminant, et avec raison, les bouteilles de verre; elles étaient
lavées comme des bouteilles de liqueur. Cela a été
merveilleux. Est-ce que quelqu'un parmi vous reviendrait à cela?
Demandez à chacune de vos dames respectives si elles accepteraient de
revenir à l'ancien temps où on lavait des bouteilles de lait?
C'est fini. Est-ce qu'on doit rétrograder pour donner des profits
à une classe particulière? Je pense que la canette répond,
non pas à un besoin ou à l'ambition d'une industrie, mais
à un désir du public qui s'en sert.
Le consommateur mérite notre considération. On a
cité un écart dans les chiffres, ce matin, de 30 p.c. plus cher
entre la bouteille retournable et la canette. On a des chiffres, ici, dans un
mémoire présenté par l'Association des embouteilleurs; il
y est dit que ça coûte $3.15 pour une caisse de canettes. Je peux
vous dire qu'on a cherché la rentabilité, parce que, avant de
faire une étude économique, il faut chercher la
rentabilité. J'ai eu et j'ai vu les chèques d'une compagnie
très importante dont je ne ferai pas la propagande cet
après-midi, je ne suis pas payé pour le faire et si
j'étais payé, je refuserais de la faire quand même. Mais
quand on arrive avec un prix de $3.15 bien imprimé, je peux vous dire
que, actuellement, nous avons livré à nos entrepôts,
à $2.43, de la liqueur en canette et que nous la vendons au
détail, $0.01 l'unité plus cher que la bouteille. Si on sait ce
que cela représente, on a parlé des bouteilles vides, on vous a
expliqué le cycle: l'embouteilleur charge $0.05; le marchand, au client,
charge $0.05; le client rapporte la bouteille au marchand qui lui remet $0.05;
le marchand la remet à l'embouteilleur qui lui remet $0.05. D n'y a pas
eu de perte. On ne vous a pas dit qu'en cours de route, par exemple, trois de
nos livreurs s'étaient coupé les doigts, deux des enfants d'une
dame qui lavait dans sa dépense s'étaient coupés. Ces
bouteilles se brisent et on n'est pas remboursé, ni les marchands, ni
les consommateurs, pour ces bouteilles vides brisées. C'est important
cela.
On a voulu, à un moment donné, faire miroiter les
avantages du "zip top", qui est la bouteille qui s'ouvre automatiquement.
Excusez-moi si je n'ai pas l'expression française, mais c'est celle qui
définit le plus facilement, on dit "zip" parce que c'est vite fait,
"top" parce que c'est le dessus, c'est comme cela que je l'interprète.
On vous a dit qu'il y avait une petite languette de fer blanc qui tombait par
terre et que c'était dangereux, que c'était presque meurtrier. Je
ne savais pas que l'on avait découvert une arme offensive aussi grave
que celle-là. Je me demande ce que l'on fait avec les bouchons? Est-ce
qu'on les met dans le fond du verre? On verse la liqueur par-dessus et on les
prend comme des aspirines? Je me demande ce que l'on fait avec les bouchons,
c'est du fer-blanc, et c'est coupant.
Il ne faut pas abuser des gens. Il faut être sérieux, parce
qu'il ne s'agit pas de savoir combien on fera d'argent, mais comment on peut
aider le gouvernement à régler le problème de
l'écologie, à ne pas trop meurtrir qui que ce soit, sur le plan
économique, et quand il s'agit de l'emploi, il faudrait prendre une
séance entière. J'ai une étude complète sur cela,
mais je ne voudrais pas y venir parce que cela ne finirait pas. On vous a dit
qu'il y avait 100 employés contre des milliers.
Ne vous en faites pas. Ce qu'on épargne dans un coin, on le
dépense dans l'autre. Le coût de distribution des boissons
gazeuses en canettes, au niveau du détaillant, par
l'intermédiaire du grossiste, est de 4 p.c. Le coût de la
même bouteille retournable par l'embouteilleur au détaillant,
c'est un minimum de 15 p.c. parce qu'il a une commission à donner
à son livreur. Tout de suite, au départ, vous avez 11 p.c. de
plus. S'il y a eu quelques cents de gagnés quelque part, on les perd
ailleurs. On s'amuse avec des cents et on oublie le problème. On n'a pas
été appelé ici, aujourd'hui, pour savoir de
quelle façon nous pourrions engraisser nos comptes de banque. On
vous le dira plus tard et tout bonnement mais avec beaucoup de
discrétion pour ne pas trop être pénalisé.
L'épargne de l'énergie, c'est amusant. On reçoit
des boissons gazeuses en canette par camions de 2,000 caisses. Pour livrer les
2,000 caisses de bouteilles dans les différents établissements,
un embouteilleur aura à faire peut-être 30 ou 40 magasins. Il aura
une flotte de 40 ou de 50 camions. Je me demande où toutes ces choses
vont arriver. Oui, l'économie de l'énergie, ce n'est pas quelque
chose qui nous donne l'énergie d'affirmer des choses qui sont fausses.
Il s'agit de dire la vérité.
M. le ministre, MM. les membres de la commission, je regarde l'heure,
c'est un peu le dernier sursaut d'un bonhomme qui a atteint mon âge. Je
serai très heureux de répondre à vos questions et je vous
remercie.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Auriez-vous quelques
détails?
M. MICHAUD: Je veux simplement mentionner ce qui m'a frappé ce
matin et une partie de l'après-midi. C'est que ceux qui ont
défendu un point de vue avaient beaucoup plus le souci de l'incidence
économique de telle décision sur leurs opérations que
celui qui devait être défendu ici, celui de la qualité de
l'environnement ou de l'amélioration de la qualité de
l'environnement.
M. LEVEILLE: Au point de vue strictement du détaillant,
j'aimerais souligner que la manutention devient de plus en plus
onéreuse, que les coûts de location pour l'entreprosage de ces
bouteilles vides qui sont manipulées il y a peut-être dix
manipulations par le détaillant deviennent des coûts qui ne
peuvent plus être absorbés quand on paie $0.05 et qu'on
échange $0.05. Nous sommes à la veille de demander aux
embouteilleurs de considérer le fait de nous donner une commission pour
faire le travail pour eux. Dans la vente d'un produit non retournable, bien
entendu qu'on est prêt à prendre un profit moindre à la
caisse parce qu'il n'y a pas de coût pour les bouteilles qui sont
livrées par nos livreurs, ramassées, recyclées et
retransmises aux récupérateurs des embouteilleurs.
C'est pour vous souligner que la location est de plus en plus
onéreuse et c'est un fait que nous voulons vous souligner. Merci, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le ministre.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'aurais quelques courtes
questions. Est-ce que, en affirmant que les résidus de boissons gazeuses
qui peuvent rester dans le fond d'une bouteille peuvent être un milieu de
culture, de reproduction de microbes? Est-ce que vous avez, effecti- vement,
des analyses bactériologiques pour démontrer ce fait, et surtout
est-il arrivé qu'on ait été obligé de venir dans
des épiceries et enlever des tablettes des boissons gazeuses
présentées en bouteilles retournables à cause d'une
contamination?
M. PIGEON: Honnêtement, je vous dirai non, M. le ministre,
après avoir été 35 ans...
M. GOLDBLOOM: C'était mon impression. Deuxième
question...
M. TURCOT: II n'y a pas d'inspection dans ce domaine, M. le ministre.
C'est la bouteille vide qui cause des problèmes.
M. GOLDBLOOM: Oui, d'accord, mais cette bouteille vide est
retournée à un embouteilleur qui la nettoie, la stérilise
et la remplit de nouveau. Donc, comme n'importe quoi, si on le remet sur le
marché dans un état acceptable, le fait qu'il y ait eu, à
un moment donné, des microbes là-dedans, cela n'a plus
d'importance.
M. MICHAUD: S'il y avait des inspecteurs qui faisaient l'inspection des
milieux où on entrepose les bouteilles vides, je crois qu'ils seraient
parfois scandalisés du milieu où ces bouteilles sont
entreposées.
M. GOLDBLOOM: Sauf que, par exemple...
M. MICHAUD: Actuellement, c'est ni su ni connu.
M. GOLDBLOOM: Oui. Mais on utilise des instruments chirurgicaux dans des
cas d'infection assez grave et on les réutilise par la suite
après stérilisation. Parce que c'était contaminé
à un moment donné ne veut pas dire...
M. MICHAUD: II reste quand même que les bouteilles vides sont dans
un milieu où il s'entrepose des aliments pour la consommation, que ce
soit de la viande, des fruits et légumes, et c'est un milieu qui
favorise...
M. GOLDBLOOM: Je saisis le point que vous soulignez, c'est que la
présence de ces bouteilles et des microbes qu'elles peuvent contenir
peut constituer un risque pour ceux qui en ont la manutention et
peut-être pour d'autres aliments qui sont manipulés...
M. MICHAUD: Adjacents.
M. GOLDBLOOM: Vous insistez beaucoup sur... Oui, M. Pigeon, est-ce que
vous avez quelque chose à ajouter?
M. PIGEON: II y a quelques années je pense que tous ceux
qui sont ici présents s'en rappellent fort bien des bouteilles
avaient été stérilisées par des compagnies
très responsables,
et il est paru dans les journaux que certaines affirmations disant que
des personnes étaient mortes. Est-ce que c'est dû à cela?
Je ne le sais pas. Je ne suis pas chimiste et je suis encore moins
intéressé à avoir un procès sur le dos. Mais il
reste que vous vous rappelez l'incident auquel je fais allusion. Même si
ces fameuses bouteilles sont stérilisées, il y a toujours un
risque. Dans quelle proportion? Je ne le sais pas. Mais dire que c'est
absolument sûr d'employer à nouveau des bouteilles, je ne peux pas
non plus l'affirmer. Je me reporte simplement à ce fait qui me revient
à la mémoire. J'ai eu des cas particuliers, chez moi, pour la
bière. Je les oublie parce qu'on ne fait pas d'un cas d'exception une
règle générale.
M. GOLDBLOOM: Deuxième question. Il a été
affirmé, plus tôt dans la journée, que l'épicier
retire un profit plus important sur la bouteille retournable que sur la
canette, par exemple.
M. LEVEILLE: Légèrement supérieur.
M. GOLDBLOOM: Légèrement supérieur. Mais à
vos yeux, pas suffisant pour compenser les dépenses additionnelles de
manutention des bouteilles. Troisième question. Nous avons parlé
des emplois représentés par les usines d'embouteillage dans les
diverses régions de la province. Est-ce que vous pouvez indiquer la
possibilité d'une augmentation des emplois par le remplacement de la
bouteille par la canette, par exemple, ou par la bouteille non retournable?
M. PIGEON: Dans les salles de distribution où on en reçoit
et où on agit comme distributeur, il n'y a pas d'erreur que le fait
qu'on manipule... A un endroit particulier, j'ai fait l'étude et j'ai eu
des chiffres astronomiques où on a vendu 1,500,000 caisses. Il n'y a pas
d'erreur qu'il a fallu qu'à la réception il y ait quelqu'un pour
les recevoir dans ces immenses entrepôts. Il a fallu quelqu'un qui
procède à l'expédition. Il a fallu quelqu'un qui
procède au transport. Seulement, comme c'était un transport
massif de marchandises d'un coût beaucoup plus élevé que
l'eau gazeuse, on a pu réduire le coût de la livraison à 2
p.c. Et je ne pense pas que l'industrie des boissons gazeuses puisse livrer
à 2 p.c. en petite quantité chez un marchand détaillant.
C'est impossible.
M. GOLDBLOOM: Ma dernière question. Tout récemment, il y a
une semaine ou dix jours, un groupe est venu me voir pour me proposer la
création d'un service de récupération des bouteilles,
bouteilles retournables ou bouteilles non retournables.
Vous avez fait allusion à l'important volume de bouteilles
distribuées par la Société des alcools du Québec
qui ne sont pas récupérées et, justement, ces personnes
ont l'idée de se lancer dans la récupération de toutes les
bouteilles et leur retour vers le producteur ou l'embouteilleur, ou leur retour
vers un producteur de bouteilles qui s'en servirait comme matière
recyclée.
Si un tel service existait, si un tel service pouvait s'avérer
rentable, est-ce que vos objections tomberaient si vous n'aviez pas à
prévoir l'espace et le personnel pour la manutention des bouteilles?
M. PIGEON: Je pense bien, M. le ministre et MM. les membres de la
commission, qu'après avoir étudié l'aspect
écologique et économique, il y a aussi à tenir compte du
consommateur, s'il désire avoir le produit de cette façon, pour
mille et un facteurs que nous ne voyons pas du même angle que lui, pour
transporter soit l'été quand il va à la campagne ou pour
une fin de semaine au grand air. Il y a mille et un facteurs. Quand on dit
l'écologie, tantôt on a fait passer au moule même les
étudiants, tout le monde y a passé, les chômeurs, tout le
monde a été embarqué là-dedans. On n'a pas besoin
d'aller si loin que cela pour dire que c'est un problème grave. On
pourrait le régler sans accuser tout le monde. Entre nous, on peut le
laisser aux mains de la commission, après lui avoir fourni des
informations véridiques. A ce moment-là, on se conformera
à la décision en citoyens animés de civisme. C'est
tout.
M. MICHAUD: On a parlé tantôt d'une certaine
découverte qui a été faite dans d'autres provinces et aux
Etats-Unis et que ces expériences, dans le même sens, ne
s'étaient pas avérées profitables et qu'elles
étaient particulièrement très coûteuses, et
même qu'elles avaient été à peu près
abandonnées, je pense.
M. GOLDBLOOM: Cela ne semble pas pour autant...
M. MICHAUD: Non, l'expérience ayant été faite
ailleurs, cela ne semble pas valable. Ce serait très hasardeux de
l'entreprendre.
M. LEVEILLE: M. le ministre, est-ce que cette société de
récupération ferait la cueillette des bouteilles à
domicile?
M. GOLDBLOOM: Oui, c'est l'idée qui est lancée.
M. MICHAUD : II reste quand même que c'est le consommateur qui,
à la fin de tout, va payer les frais. Incontestablement, cela va
augmenter considérablement le coût des eaux gazeuses.
M. GOLDBLOOM: C'est évidemment un élément que nous
devrons examiner.
M. MICHAUD: En pourcentage, c'était une question de cents
à l'unité. Mais globalement, cela représente beaucoup
d'argent.
M. GOLDBLOOM: II est évident que si nous mettons l'accent sur
l'aspect économique, il faut tenir compte de tous les coûts. Vous
l'avez souligné dans votre présentation. Je n'ai qu'un seul
commentaire en terminant, c'est qu'on ne doit quand même pas dire que ce
que le consommateur veut est nécessairement bon pour le Québec et
pour son environnement. Il y a beaucoup de choses que veut le consommateur qui
résultent...
M. MICHAUD: H y a certainement une éducation à faire dans
ce sens.
Le problème, on le constate et on est d'accord avec vous
là-dessus. C'est sur les moyens à prendre, peut-être, pour
faciliter l'évolution. De la même façon, quand on a
abandonné les bouteilles de lait, il est certain que bien des gens dans
la province de Québec ont perdu certains emplois, mais ils en ont sans
doute trouvé d'autres ailleurs, non moins
rémunérateurs.
M. GOLDBLOOM: Merci bien.
M. PIGEON: Me permettez-vous une dernière question? Si une
affirmation est faite devant une commission parlementaire, est-ce le
privilège de quelqu'un qui témoigne ou qui y assiste, par
l'intermédiaire de votre commission, de faire vérifier
l'affirmation pour savoir si elle est véridique ou non? Je fais allusion
à ceci: M. Crépin a dit, au cours de son exposé, avec
toute l'ardeur qu'on lui connaît, que Cott était la
propriété de Steinberg. Je viens d'apprendre quelque chose
aujourd'hui ici. Est-ce qu'il est juste que le monsieur qui est
propriétaire de Cott avec un autre soit obligé d'avaler cela ou
peut-il confirmer que c'est vrai ou le nier? Il est ici dans la salle
aujourd'hui. Est-ce que ce ne serait pas son privilège? C'est une
affirmation qui a de graves conséquences pour cet homme-là. Il
fournit tous les indépendants de la province de Québec et,
tantôt, cela peut le placer dans une situation bien différente. Si
on pense que l'industrie qu'il dirige ne lui appartient pas, on va
réagir d'une autre façon, nous. Est-ce que ce monsieur a le droit
de se justifier aujourd'hui pour dire si c'est vrai ou non? Il ne s'agit pas de
faire une polémique avec cela, mais de nous dire: Oui, c'est vrai ou ce
n'est pas vrai.
M. GOLDBLOOM: II me semble que, si une affirmation est faite par une
personne et contestée par une autre, la commission devra trouver moyen
de faire la part des choses. Dans le cas particulier, j'ai cru comprendre qu'un
représentant d'une des compagnies dont vous venez de mentionner le nom a
demandé de se faire entendre. Donc, nous pourrons, à ce
moment-là, avoir la réponse à la question que vous
posez.
M. PIGEON: Merci, M. le ministre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Est-ce qu'on s'en tient à 5
heures?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si j'ai suggéré 5
heures, c'est parce que je suis personnellement obligé de partir, mais
je pourrai quand même prolonger un peu pour permettre aux
députés de terminer leurs questions et libérer les
messieurs qui se sont déplacés. Je n'aurai pas d'objection.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Lafontaine.
M. LEGER: J'ai une ou deux questions qui concernent le ministre.
Premièrement, en regardant le mémoire, je remarque qu'il y a
beaucoup d'affirmation, mais très peu de chiffres à l'appui.
Autrement dit, sur la question d'hygiène le ministre a
posé la question tantôt vous n'avez pas d'étude sur
laquelle vous vous basez pour dire qu'il y a un problème
d'hygiène majeur avec les bouteilles. Sur quoi affirmez-vous cela?
Je vois aussi une autre affirmation plus loin, est-ce que vous avez des
études pour cela? La bouteille uniforme est un empiètement sur la
marque de commerce, vous affirmez cela. Est-ce que vous avez des raisons
d'être contre ces choses, est-ce que vous avez des études qui
démontrent que c'est le cas dans les deux exemples que je viens de vous
donner?
M. TURCOT: M. le Président, je pourrais répondre d'abord
à la deuxième partie de la question, c'est simplement une
remarque que nous avons incluse dans notre présentation parce que nous
croyons que c'est un cas assez important pour qu'avant que quelque
décision soit prise, s'il s'agissait de décréter
l'uniformisation des bouteilles, on s'inquiète de cette question. Nous
sommes d'ailleurs convaincus que les gens concernés ne manqueront pas de
comparaître devant votre commission. Mais nous avons cru qu'il
était bon de le mentionner comme étant un des points importants
qui doit être pris en considération lors de la discussion de ce
problème.
Quant à l'hygiène dans les magasins, on dépense
assez d'argent en désinfectants, en lavage et en tout ce que vous
voudrez pour qu'il n'y ait pas de vermine dans nos magasins, pour que ça
ne se propage pas...
M. LEGER: Ma question est sur les bouteilles, pas sur les magasins; je
parle de l'hygiène dans les bouteilles, avez-vous des études pour
affirmer qu'il y a un problème d'hygiène pour les bouteilles, pas
pour les magasins?
M. TURCOT: Quand nous parlons d'hygiène et de santé, nous
parlons de la bouteille vide dans le magasin d'alimentation. C'est
exclusivement là. Nous avons mentionné le lait, mais je
suis certain que si on retournait en arrière et qu'on allait
chercher les raisons qui ont été invoquées au moment
où on a incité les laiteries à abandonner les bouteilles
de lait, c'est parce qu'on avait découvert qu'il pouvait y avoir des
substances infectes invisibles dans les bouteilles même après le
lavage.
A ce sujet, j'ai essayé de retrouver ça, j'ai vu à
la télévision d'Etat, il y a peut-être un an et demi ou
deux ans, une émission où on parlait de pollution. Justement, on
y montrait une bouteille de lait vide j'admets qu'elle était
dehors au soleil qui n'avait pas été lavée. On
mettait comme de petits nuages autour pour montrer combien il pouvait y avoir
au bout de 5 minutes, de 10 minutes, d'une demi-heure, d'une heure, de microbes
invisibles.
M. LEGER: J'admets que le lait est un produit particulier et qu'il a
été remplacé par un produit qui est
"biodégradable", c'est-à-dire les bouteilles en carton. Tandis
que le principe de base, le sujet de la discussion est entre la bouteille et le
contenant non retournable, qui n'est pas "biodégradable", tandis que la
bouteille comme telle est retournable. Ma deuxième question est la
suivante: dans l'épicerie, parce qu'il y a des détaillants, il y
en a qui représentent des détaillants, je pense, chez vous, il y
a quelqu'un?
M. TURCOT: Oui.
M. LEGER: Certains chiffres ont été mentionnés dans
ces statistiques révélant que près de la moitié des
bouteilles je ne sais pas si vous pouvez avancer cela aussi de
toutes les bouteilles qui sont en vente, ne revient pas. C'est donc dire, que
pour l'épicier qui a un dépôt de $0.05, la bouteille qui ne
revient pas lui fait faire un profit de $0.05?
M. TURCOT: Non, il l'a payée à l'embouteilleur. Il n'a pas
fait de profit. En recevant sa liqueur, il paye $0.05 à l'embouteilleur
et, quand le consommateur achète la liqueur, il lui demande $0.05.
M. LEGER: H n'y a donc aucun problème de ce
côté-là?
M. TURCOT: Aucun problème. M. LEGER: Ni profit, ni perte.
M. TURCOT: Ni profit, ni perte. Il assume la perte d'avoir à
entreposer ces bouteilles et de voir à les assortir, etc., la
manipulation qui est à un coût exorbitant aujourd'hui.
M. LEGER: Je n'ai pas compris. Une perte de...
M. LEVEILLE: II y a aussi une perte sur les bouteilles brisées
par ces manipulateurs, ces livreurs ou sur celles brisées dans les
magasins. C'est là une perte totale.
M. ROY: Je m'excuse, mais, sur ce point, est-ce que vous avez des
statistiques qui pourraient nous indiquer le pourcentage de bouteilles
brisées et de non retournées? On nous a donné des chiffres
de 95 p.c. tantôt par les embouteilleurs eux-mêmes. Est-ce que vous
êtes d'accord sur ces chiffres?
M. PIGEON: Je vous disais que j'ai 35 années d'expérience
dans le détail, j'ai une certaine connaissance du problème, mais
vous comprenez qu'en ayant tellement de bouteilles, en faisant si peu de profit
et en ayant tellement de problèmes avec ces bouteilles, l'on n'avait pas
le temps de faire des statistiques.
M. ROY: J'aimerais quand même savoir...
M. PIGEON: Je vais vous en donner et avec sincérité; je
vais être honnête et objectif. La perte est au moins de 1 p.c. de
manipulation parce que la manipulation se produit à différents
niveaux: au moment de la réception, au moment où elles vont dans
les entrepôts, au moment où elles reviennent aux tablettes, au
moment où elles vont chez le client, au moment où elles
reviennent chez nous et au moment où elles retournent aux hangars avec
leurs petites amies, les petites bibites, et attendent qu'elles soient
ramassées par l'embouteilleur. Toute cette transaction occasionne au
moins 1 p.c. de perte sur les bouteilles vides, mais on tourne 52 fois par
année, à environ notre inventaire. Il y a donc 52 p.c. de perte.
C'est toujours sur le "turn-over", qu'on appelle, sur la rotation. Cela ne vous
plaît pas, je le savais. C'est ce que je vous ai dit d'ailleurs.
M. ROY: Votre chiffre semble un peu contesté présentement.
Quand vous parlez de 52 p.c...
M. PIGEON: Je ne suis pas ici pour faire des profits, messieurs, je suis
venu ici pour vous donner des faits.
Je les ai faits il y a des années passées.
M. ROY: Quand vous parlez de 52 p.c. de perte de temps, de pertes
financières, on peut peut-être en discuter, mais ce n'est pas
à ce niveau que j'ai posé ma question. Dans le pourcentage de
récupération de bouteilles, je parle du nombre de bouteilles et
non pas de tout ce que cela peut impliquer, le nombre de bouteilles. On a
parlé de 95 p.c. tout à l'heure. Avec votre longue
expérience, M. Pigeon, est-ce que vous acceptez ce chiffre?
M. PIGEON: Oui. La vie d'une bouteille, moi j'appelle cela la vie, parce
que c'était le terme qu'employaient les brasseries autrefois. On disait
que la vie d'une bouteille pouvait
varier entre dix et vingt fois. A ce moment-là, il y a
déjà plusieurs années.
Un monsieur affirmait tantôt que la vie d'une bouteille est
environ de 25 fois. Cela peut être vrai, aujourd'hui. La bouteille est
peut-être meilleure. Ils ont peut-être des contenants plus solides.
Cela se peut fort bien. A ce moment-là, la vie d'une bouteille variait
entre dix et vingt retours, c'est-à-dire qu'elle revenait vingt fois
avant de disparaître. Il y avait vingt ans de mariage avant le
divorce.
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre. Il
semble que, de tous ces mémoires, le seul aspect majeure que je verrais,
en ce qui me concerne, c'est un problème d'hygiène qui pourrait
aller contre l'usage de la bouteille. C'est sûr que le contenant non
retournable, comme le disait le député de l'Assomption
tantôt, il y a des gens qui peuvent aimer mieux cela, pour prendre le
point de vue du consommateur. Mais le gouvernement est là, comme le
disait tantôt si bien le ministre, et, s'il fait des lois, c'est pour
protéger la majorité contre des individus qui peuvent, en allant
trop loin, déranger la majorité.
Exemple: Dans le comportement des individus, souvent le manque de
civisme ou le manque de soin fait que la bouteille non retournable trame
partout. On arrive avec le résultat que je donnais au début de la
commission parlementaire, ce matin. Il y a 75,000 tonnes, par année, de
canettes qui sont dans les déchets. Ce qui veut dire que si le choix se
portait sur la canette, tranquillement, à partir des 10 p.c. du
marché, on arriverait à 1,500,000 tonnes de déchets, au
bout de la logique. Il faudrait avoir des études.
Ma question est la suivante: Est-ce que le ministre a l'intention de
faire faire des études concernant l'hygiène des bouteilles
non pas vides, parce qu'il y a tout un procédé par la suite, il y
a la question de nettoyage, de stérilisation qui fait que la bouteille
une fois remplie doit être vérifiée pour voir s'il y a un
manque d'hygiène, non pas avant avant d'adopter ce projet pour
voir si le problème d'hygiène est majeur? En ce qui nous
concerne, le problème, à la façon dont il est
présenté, est le seul point majeur qui pourrait amener le danger
du choix entre les deux. C'est un principe de base qu'il faut trouver.
M. GOLDBLOOM: Je crois qu'il est logique que si des personnes, en
l'occurrence celles qui se sont présentées aujourd'hui devant la
commission, invoquent un danger possible, nous avons la responsabilité
de vérifier si, en effet, il y a un tel danger. Je pense que nous
devrons donc faire certaines inspections, certains relevés ou analyses,
surtout si au cours de notre discussion la tendance de notre pensée va
dans ce sens. Je pense bien que nous devrons donc pouvoir répondre
à cette question puisque nous n'avons pas eu la réponse ici
aujourd'hui.
M. LEGER: M. le Président, il y a quand même une
réponse que j'aimerais donner concernant le problème de la
pollution. Quant à la pollution par les déchets provenant des
contenants non retournables, si on veut corriger une situation chez le citoyen
pour l'amener à être un peu plus responsable de sa partie de
pollution, de participation à la pollution, il n'y a rien de mieux que
la motivation. Je trouve que le dépôt, sur une bouteille, est
quand même une motivation à retourner cette bouteille. Tandis que
pour la bouteille non retournable, il n'a aucune motivation à la
conserver, et à dire: Je vais faire attention, je vais la jeter dans une
poubelle. Alors, la motivation est une des choses qui fait avancer un
citoyen.
M. PERREAULT: Elle peut être ramassée au dépotoir.
Ce n'est pas un argument.
LE PRESIDENT: Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: J'aurais plusieurs questions à poser à ceux qui
nous ont présenté ce mémoire, mais pour ne pas retarder
l'horaire du ministre, je vais me limiter à une question.
En somme, j'ai lu dans votre mémoire une couple de questions.
Vous avez parlé, concernant ce problème, mais j'aimerais que vous
nous donniez des chiffres, si vous en disposez. Quel est le nombre de
contenants non retournables qui pourraient être mis en circulation,
annuellement, en remplaçant tous les contenants retournables
actuellement utilisés?
Est-ce que vous avez un ordre de grandeur?
M. PIGEON: Au cours des recherches de rentabilité que j'ai
faites, il n'y a pas d'erreur, chez les grands manufacturiers parmi les
plus grands, je ne donnerai pas de nom parce que je ne veux pas faire de
publicité, je le disais tantôt on ne peut pas obtenir de
chiffres. Tantôt on a demandé le pourcentage de bouteilles
contaminées ou de bouteilles qui pourraient être
contaminées qui reviennent. Seuls les em-bouteilleurs pourraient vous le
dire en toute honnêteté et je les crois assez honnêtes pour
vous le dire, si vous faites les démarches auprès d'eux. Vous
allez comprendre que nous n'avons pas le microscope dans les mains, que nous
n'avons pas les laboratoires pour faire ces analyses, mais eux pourraient vous
répondre. Et je pense que l'industrie des embouteilleurs est assez
honnête pour vous rendre ces services et vous dire exactement dans quel
état reviennent les bouteilles. Du moins, ils devraient vous le dire et
je crois qu'ils vous le diraient.
M. ROY: Je pense qu'ils pourraient nous le dire, mais je voulais savoir
si vous ou votre association, au niveau des embouteilleurs...
M. PIGEON: Un embouteilleur vend actuellement, prépare à
Montréal seulement il ne vend pas seulement dans la ville de
Montréal
mais dans la province de Québec... Tantôt, on est
allé chercher partout, dans tous les pays. Restons chez nous parce qu'il
s'agit de légiférer dans le Québec; c'est un
problème de chez nous. Si on est obligé d'aller chercher des
normes d'information ailleurs, allons-y. Quand je dis: Allons-y, je parle de la
commission et je crois que vous l'avez déjà fait depuis
longtemps, mais je sais que le monsieur qui prépare des canettes
prépare 150,000,000 d'unités de canettes par année. Est-ce
qu'il y a 30,000,000...
M. ROY: 150,000,000. Un seul.
M. PIGEON: Unités. Je dis bien: Unités.
M. ROY: II y en a d'autres.
M. PIGEON: S'il y a 5,000,000 de caisses et si vous multipliez par 24,
vous arrivez à 120,000,000. Si vous avez 6,000,000 de caisses et que
vous multipliez par 24, vous arrivez à au-delà de
150,000,000.
M. ROY: Devant un chiffre aussi fantastique, on doit quand même
admettre, je pense, que cela devient un problème.
M. PIGEON: II y en a un.
M. ROY: Alors, à partir du problème que nous avons, quelle
est la solution que vous proposez? En somme, il y a eu différentes
options d'étudiées ici ce matin. Il y a eu, premièrement,
l'abolition pure et simple de la canette, du contenant non retournable. Cela a
été la position de ceux qui vous ont
précédé. On a parlé, évidemment, au niveau
de la consommation, de la possibilité d'organiser des
dépôts de récupération. A ce moment, on a
parlé d'un dépôt supplémentaire de $0.05 pour
obliger les gens, en quelque sorte, de récupérer et de retourner
la canette.
Je suis conscient du fait que vous devez être conscient de vos
responsabilités également parce que l'affaire de la protection de
l'environnement est l'affaire de tout le monde. Vous avez certainement
pensé à quelque chose, vous avez certainement une solution,
quelque chose à suggérer aux membres de la commission
parlementaire.
Alors, devant le problème et devant les solutions
proposées, quel est votre point de vue?
M. TURCOT: Je peux répondre à cela.
Nous avons fait nos recommandations dans le mémoire que nous
présentions au ministre et nous faisons exactement huit recommandations.
Si vous voulez, je peux vous les lire rapidement.
M. ROY: Oui, je m'excuse, mais je tiens à dire que nous n'avons
pas pris connaissance de ce mémoire. Ce mémoire ne nous est pas
parvenu.
M. TURCOT: Considérant les avancés que nous vous avons
présentés au cours de ce mémoire, nous recommandons bien
humblement que les mesures suivantes soient considérées par votre
ministère. Nous nous adressions au ministre, à ce
moment-là. Encourager et stimuler les recherches scientifiques sur les
composants des différents contenants afin d'améliorer le
degré d'autodestruction ou encore le caractère
"biodégradable" de ceux-ci. Former une commission spéciale en vue
d'établir une direction générale de la gestion des
déchets. Accorder la priorité à la recherche des
méthodes de recyclage des déchets solides et à l'analyse
des possibilités économiques du recyclage. Je pense que M. le
ministre a mentionné qu'il avait rencontré justement des gens qui
sont prêts à entreprendre cela. C'est déjà un grand
pas. Adopter des lois et règlements sur l'environnement, en s'assurant
que ces derniers ne soient ni au détriment d'un secteur commercial
particulier, ainsi que d'une fraction importante des consommateurs.
Cinquièmement, instaurer des programmes d'information pour
inciter la population à enrayer les déchets publics, soit le
"litter". Envisager des règlements et amendes sévères pour
éliminer le "littering". Prôner l'utilisation par l'industrie des
eaux gazeuses d'une bouteille standard. Si, par exemple, vous en veniez
à la conclusion qu'il faut qu'on emploie plus de bouteilles
retournables, en prônant l'utilisation d'une bouteille standard, il est
évident que cela améliorerait la situation. Dans ce cas,
favoriser l'établissement de centres de dépôt pour les
bouteilles vides.
M. LEGER: Des bouteilles standard et l'uniformisation des bouteilles, il
me semble que cela se ressemble. Vous avez parlé d'une bouteille
standard et tantôt, dans votre mémoire, vous disiez que
l'uniformisation des bouteilles n'était pas une bonne solution.
M. TURCOT: C'est que, à la suite de ce mémoire, quand M.
le ministre nous a dit qu'on serait appelé à comparaître
ici, on a continué à faire des recherches et à poser des
questions. La question de la bouteille standard, c'est qu'il y a certains
manufacturiers de boissons gazeuses qui les vendent dans une bouteille bien
déterminée. Cela constitue une marque de commerce. C'est pour
cela que nous avons mentionné dans le mémoire que nous avons
soumis ce matin de faire attention. Prônez le standardisation des
bouteilles, mais attention. Il y a la question de la marque de commerce
à laquelle il faut penser aussi.
M. ROY: Maintenant, dans ce que vous proposez, en quelque sorte il y a
des mesures à long terme vous le soulignez bien dans vos
recommandations et il y a des mesures à moyen terme.
Mais, là, je pense que nous sommes en face d'un problème
qui doit exiger des mesures à
court terme, des mesures immédiates. A partir de là, ce
seraient je ne dis pas c'est les deux dernières
recommandations que vous avez faites: qu'il y ait, autrement dit, une
uniformisation des contenants, des bouteilles retournables, et qu'il y ait des
centres de récupération.
M. MICHAUD: Ce n'est pas facile, toutefois, d'imposer cela. Pensez, par
exemple, Coca-Cola, qui a une bouteille bien particulière,
internationale, qui est aussi bien vendue au Congo qu'en Asie ou en Europe, et
qui est identifiée par la forme de sa bouteille. Ils n'accepteront pas
aisément de remplacer cela, simplement pour la province de
Québec, par une autre bouteille d'une autre forme.
M. ROY: Mais, il y a quand même une uniformisation de la canette.
Que ce soit Coca-Cola, Pepsi-Cola, Seven-Up ou autres, la canette est toujours
pareille. Pour conclure c'est la dernière question, M. le
Président cela reviendrait aux deux dernières
recommandations que vous avez faites à ce niveau-là.
M. MICHAUD: Oui. S'il n'y a pas moyen de faire autre chose.
M. TURCOT: S'il n'y a pas d'autres solutions possibles. Maintenant, je
tiens ici à faire remarquer, M. le Président je voudrais
être bien clair que, lorsque nous parlons d'hygiène et de
santé, nous ne parlons pas du produit que nous recevons de
l'embouteilleur dans une bouteille qui a été retournée.
Nous parlons d'hygiène et de santé dans nos magasins, des
problèmes que cause à nos magasins ce retour de bouteilles vides
qui, quand elles arrivent, peuvent avoir été traitées de
toutes sortes de façons et avoir contenu toutes sortes de choses. C'est
bien sur ce point-là, au niveau du magasin de détail, que nous
insistons pour l'hygiène et la santé.
M. MICHAUD: Je voudrais ajouter simplement un mot à la
défense de l'affirmation que M. Pigeon a faite tantôt, quand il a
parlé de 1 p.c. qui devenait 52 p.c. Quand il fait allusion au 1 p.c,
cela se rapporte aux ventes, tandis que, quand il fait allusion aux 52 p.c,
cela se rapporte à l'inventaire moyen. Il ne faut pas se tromper sur les
chiffres.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Merci, M. Mi-chaud. Le
député d'Abitibi-Ouest.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): M. le Président, j'aurais simplement
besoin de deux petites précisions d'ordre économique. On a
mentionné, tout à l'heure, une différence, par exemple, de
$2.40 du prix du grossiste, qui faisait peut-être une différence
de $0.01 par canette. Je voudrais savoir si ce prix-là est un prix de
gros ou de détail.
M. PIGEON: C'est parce qu'on affirme ici un prix de gros, au tableau
comparatif, de $3.15. Actuellement, je parle des centres de distribution et,
pour nous, cela signifie un épicier en gros.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Comment pensez-vous que, rendu au
consommateur, le $0.01 fait de différence?
M. PIGEON: Au détail, je prendrai un exemple de vendredi dernier
dans les quatre plus grandes chafnes nationales qui sont en affaires dans le
district de Montréal. On vendait l'unité, la bouteille, $0.11,
parce qu'il y avait un "spécial", et on vendait la canette $0.12. Il y
avait $0.01 sur $0.12, 8 p.c. de différence. Si vous pensez au travail
que se donne Mme la consommatrice, l'augmentation vaut quelque chose. C'est le
caoutchouc qu'on porte quand il y a de l'eau dans les rues. Le prix est
inestimable, mais en plein soleil de juillet, c'est l'embarras le plus
incroyable qui soit. Il y a des facteurs qui, au moment où ça se
produit, doivent être acceptés et c'est le consommateur qui les
accepte. La différence est au niveau du détail dans les grandes
chaînes; vous savez que dans la province de Québec il n'y en a pas
tellement, peut-être cinq qu'on peut considérer de grande classe;
je ne dis pas qu'elles ont des produits supérieurs, je ne peux pas
affirmer ça, quand je dis de grande classe, je veux dire la superficie
des magasins, c'est plus précis.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): J'aurais une autre question qui peut
être très brève. Est-ce que les épiciers en gros, en
général, qui font le commerce d'eaux gazeuses, font aussi le
commerce d'eaux gazeuses en bouteille? Est-ce qu'ils en font beaucoup, un peu
ou pas du tout?
M. PIGEON: En bouteilles retournables? C'est impensable.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): En bouteilles retournables, c'est
impensable.
M. PIGEON: La manipulation du retour, le bris, tout ça, ça
ne marche pas.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Est-ce que les épiciers en gros, dans
le domaine des bouteilles non retournables font un gros volume, ou si la
majorité de leur volume est faite dans la canette?
M. PIGEON: Dans la canette.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Montmorency.
M. MICHAUD: Avec la canette, il y a également une bouteille non
retournable, qui est moindre que la canette.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Montmorency.
M. BEDARD (Montmorency): M. Michaud, disons que nous allons certainement
être portés à prendre la décision finale, je vais
vous demander de traverser de notre côté pour quelques minutes, de
vous asseoir avec nous, et je vais vous donner le gros argument majeur... '
M. MICHAUD: Je vais attendre d'être élu.
M. BEDARD (Montmorency): C'est facile, vous n'avez qu'à vous
présenter. Je vais vous fournir l'argument majeur contre votre
présentation; vous savez qu'à Québec on vient de
construire un incinérateur qui va coûter au-delà de $20
millions. Lundi ou mardi dernier, vous avez eu, dans le Soleil, la liste des
articles que l'incinérateur ne pourra pas prendre. Les canettes en font
partie, je pense que c'est l'article 6.
J'ai la chance d'être maire d'une municipalité du
Québec métropolitain et, aujourd'hui, la grosse question qui nous
est posée, c'est l'élimination. Avec les chiffres qui nous ont
été fournis tout à l'heure, à l'effet que 150
millions de canettes sont produites par années, alors que le
marché de la canette est à 15 p.c. environ, s'il fallait faire
disparaître toutes les bouteilles, cela voudrait dire que l'on ferait
face à au-delà d'un milliard de canettes par année.
Avez-vous pensé aux problèmes causés par
l'élimination de ces canettes? L'incinérateur de $20 millions ne
peut pas les prendre. Où allons-nous les placer? Je pense que c'est le
gros argument de la décision.
M. MICHAUD: II n'y a pas seulement les canettes d'eaux gazeuses, il y a
aussi tous les autres "cannages".
M. BEDARD (Montmorency): Oui, mais je parle seulement de
celui-là.
M. TURCOT: Oui, mais si vous trouvez une solution pour les autres
boîtes de métal, vous pouvez inclure les canettes à ce
moment-là.
M. BEDARD (Montmorency): Non, les autres boîtes de...
M. TURCOT: Alors, qu'est-ce que vous faites des autres boîtes de
métal?
M. BEDARD (Montmorency): Je vais vous le dire. Disons que chez nous on a
un commerce qui est touché beaucoup par les canettes, c'est le
ciné-parc. Le ciné-parc dispose d'un petit incinérateur
pour les gobelets de boissons gazeuses ou tout autre résidu que l'on
peut brûler. Les canettes, on en transporte, seulement dans une fin de
semaine, des voyages de camion. C'est la raison pour laquelle
l'incinérateur ne peut les prendre. L'incinérateur, pour une
maison unifamiliale, même s'il y avait une dizaine de canettes dans le
sac de vidange, ce n'est pas un problème. Mais ce sont des voyages
complets de canettes que l'incinérateur ne peut prendre. On parlait de
la Société des alcools tout à l'heure. Même si vous
avez une couple de bouteilles de 10 onces dans vos vidanges, cela va passer
dans l'incinérateur, ce n'est pas un problème. Mais des voyages
de bouteilles, l'incinérateur ne peut les prendre. Le gros
problème qui est causé à l'heure actuelle, c'est que dans
nos vidanges le pourcentage de ces canettes va certainement devenir de plus en
plus gros parce que la canette a seulement 15 p.c. du marché
aujourd'hui. S'il y a une loi que permet d'avoir uniquement des canettes, je
pense que, dans les deux ou trois prochaines années, ce sera 100 p.c. du
marché. Alors, à notre place, face à cet argument majeur,
quelle décision pensez-vous que l'on peut prendre?
M. MICHAUD: Je pense qu'il faut chercher des moyens d'étudier des
solutions de rechange. Cela ne veut pas dire pour autant de rétrograder,
de revenir en arrière. On a dit tantôt que l'on envoyait des
hommes à la lune. Il y a quand même moyen de trouver d'autres
façons d'embouteiller, de mettre dans les mains du consommateur des eaux
gazeuses. Sans doute, on n'y a pas pensé. Actuellement, les canettes
sont le moyen le plus économique; c'est ce qui coûte le moins cher
à manipuler et à fabriquer.
M. BEDARD (Montmorency): Cela coûte moins cher pour le
fournisseur. Pour le consommateur...
M. MICHAUD: Pour le consommateur aussi parce que le fournisseur paie le
consommateur.
M. BEDARD (Montmorency): A aller jusqu'à ce point, je suis
entièrement d'accord avec vous...
M. MICHAUD: Toujours.
M. BEDARD (Montmorency): ... mais nous, après cela, on doit
appliquer les lois, parce qu'on nous dit...
M. MICHAUD: Je vous comprends. Ecoutez, on n'est pas inconscient du
problème, loin de là, sachez-le bien, mais, ce qu'on veut dire,
c'est qu'on ne doit pas chercher des moyens de revenir en arrière comme
étant la solution idéale. Ce n'est pas la solution
idéale.
M. BEDARD (Montmorency): Si, à l'heure actuelle, on n'en a pas de
meilleure... La comparaison du lait, je pense que vous ne pouvez pas la fournir
parce que les contenants qui nous ont été donnés pour
remplacer la pinte de lait, ils disparaissent aujourd'hui. On n'a pas de
problème.
M. MICHAUD: II n'y a rien qui empêche de développer un
autre contenant.
M. BEDARD (Montmorency): Mais, apportez-nous un autre contenant.
M. MICHAUD: Nous autres, on n'est pas fabricants.
M. BEDARD (Montmorency): C'est comme pour l'incinérateur à
Québec. J'étais le seul à m'opposer à
l'incinérateur. Vous allez voir ce qui va se construire en 1974.
J'étais pour l'enfouissement. Ici, à Québec, nous
étions organisés avec de l'enfouissement. Nous étions
organisés, dans toute la province de Québec, avec de
l'enfouissement sanitaire, avec récupération de ces tôles;
aujourd'hui, je ne poserais pas la même question. Ce serait un argument
majeur.
M. MICHAUD: II y a peut-être un moyen de proposer une solution
comme celle à laquelle vous avez déjà pensé.
M. BEDARD (Montmorency): Cela a déjà été
posé au niveau de tous les déchets de la province de
Québec. Cela a été refusé...
M. MICHAUD: Mais, cela ne veut pas dire que ce n'est pas une solution
recommandable, même si c'est refusé. C'est cela.
M. PIGEON: Actuellement, les papiers comptent pour environ 45 p.c. des
déchets ou rebuts. Quand on sait la crise du papier que l'on traverse,
les papiers d'emballage même manquent dans les magasins d'alimentation.
Il n'y a plus de papier pour envelopper les aliments qu'on vous livre. Cette
semaine, on m'a donné des sacs qui avaient servi dans un autre foyer et
qu'on rachète à $0.02 chacun dans une très grande
entreprise de magasins à succursales. Vis-à-vis de la
gravité d'un problème, est-ce qu'un centre de
récupération du papier ne se dégagerait pas, puisque cela
représente' 45 p.c. du chiffre global des résidus, des
déchets qui passent? Vous avez parfaitement raison de dire que plusieurs
centaines de millions de canettes, c'est un problème. Vous demandez la
solution et vous avez raison.
J'ai bien dit, au début de mes remarques, que c'est un
problème global. Ajoutons à cela dix fois le chiffre des
unités de boissons gazeuses que sont les unités de conserves,
soit fruits et légumes. Il se dépense plus d'un milliard, dans la
province de Québec, de légumes en conserve. La meilleure
conserverie, qui est de chez nous, qui appartient aux nôtres, en fabrique
36 millions. Je suis directeur des employés. Je ne vous affirme pas des
chiffres qui m'ont été racontés par la grand-mère
qui est morte déjà depuis 50 ans. Je vous donne des chiffres
présents, cette année, la production de cette année. Ce
problème est global et vous avez raison de dire: Qu'est-ce qu'on va
faire avec ces 100 millions?
Ajoutons à cela le milliard de conserves, ajoutons, en bouteilles
vides, toutes les marinades, tout ce qui est imaginable sous forme de
bouteilles oublions les 50 millions de la Société des
alcools, on nous dit que c'est petit vous avez un problème
d'environnement majeur d'en disposer. Vous avez la canette, vous avez tous le
fer-blanc, ce n'est peut-être pas la meilleure solution, mais c'est quand
même un premier pas.
C'est comme avec les voitures, on le fait aux Etats-Unis, vous pouvez
réduire une canette à douze fois son cubage si vous la faites
passer dans un presseur très fort. Tout de suite, vous avez douze fois
moins d'unités en circulation ou en volume parce qu'elles ont
été compressées. Vous avez fait disparaître l'espace
vide pour en faire un objet compact. Ne serait-elle pas revendable? Ne
pourrait-elle pas servir à autre chose? Je ne le sais pas.
Vous avez un problème majeur. Nous ne sommes pas venus ici pour
vous donner le problème, nous sommes venus vous offrir notre
collaboration et le peu de connaissance que nous avons et les faits que nous
possédons.
M. BEDARD (Montmorency): M. le Président, mon intervention
était pour vous montrer qu'on n'est pas plus intelligents que vous
autres. Il faut étudier les deux côtés de la
médaille. Par contre, une décision devra être prise. La
décision sera basée sur ce qui nous semble être le plus
logique pour l'année 1974. Mais si, en 1976 ou 1977, on trouve un
nouveau procédé de réintégrer toutes ces
matières minérales, la décision sera changée en
temps et lieu. Il faut la prendre pour cette année. Je sais qu'à
la façon dont vous avez parlé vous ne vous fâcherez pas,
mais suivant la décision qui sera prise, pensez que nous sommes des
hommes comme vous autres, nous essayons de prendre l'intérêt de la
province.
M. PIGEON: Avec une expérience de la vie, je n'ai jamais eu de
remboursement d'impôt.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Messieurs, la commission vous remercie,
MM. Turcot, Mi-chaud, Léveillé, Pigeon, pour votre contribution
aux travaux de la commission, vos suggestions, vos bons mots, vos
recommandations bien sincères, bien fondées sans doute. Je
voudrais, au nom de la commission, faire des excuses à MM. Scarfe,
Dupuis, Vaillancourt, Armour, Spencer, Seymour, Méthot que
malheureusement nous n'avons pas eu l'occasion d'entendre aujourd'hui.
La commission ajourne ses travaux sine die, ce qui veut simplement dire,
même si cela parait très important et officiel, que nous ajournons
sans date fixée à l'avance ou dès maintenant. Nous
fixerons plus tard la date à laquelle nous siégerons à
nouveau. Comme le ministre le mentionnait ce matin, la décision sera
prise une fois la session commencée, dans une dizaine de jours.
Sans plus de préambule, afin de vous permettre de rejoindre vos
foyers, de prendre l'avion ou d'aller rejoindre votre automobile, nous vous
remercions de votre présence et j'espère que, tous et chacun,
nous avons pu bénéficier, d'une
façon ou d'une autre, de cette expérience de siéger
à une commission parlementaire et d'entendre quelquefois des critiques
de notre propre point de vue.
Donc, nous vous remercions et, aussitôt que la date sera
fixée pour la reprise des séances de cette commission sur ce
sujet, ceux qui nous ont déjà fait part de leur intention de se
faire entendre seront avisés.
Entre-temps, puisqu'il y aura probablement quelques semaines avant la
reprise, peut-être que ceux qui ont voulu s'exprimer aujourd'hui
oralement, ou qui n'auraient pas pu bénéficier de la
présentation d'un mémoire, pourraient préparer la
documentation voulue, pour que cette documentation puisse être
présentée aux membres de la commission avant la journée de
la séance. D y a toute une procédure. Vous pourriez
vérifier avec le secrétaire permanent des commissions, M.
Pouliot.
Alors, sans plus de... Oui?
MR SPENCER: Can I speak in English, please?
LE PRESIDENT (M. Séguin): You certainly may, Sir.
MR SPENCER: Thank you very much. I will not take any of your time...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Could we have your name, please?
MR SPENCER: My name is Spencer, executive vice-president of Cott
Beverages Ltd. I just like to refute, to my dismay, that Steinberg is not our
partner and I appreciate the fact that I have an idea now where I can go for
extra money. Maybe I can sell them out. Thank you very much, Mr Crepin. I
certainly appreciate that you bring it to my attention.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Mr Spencer, as indicated earlier, and
by the Minister himself before he left, it was indicated quite clearly, since
we did have it on record, the fact that you wanted to appear before the
commission. We have the assurance in advance that you would no doubt refute or
make your own personal observations and comments in connection with what may
have been said in connection with your company.
MR SPENCER: I would not have missed this opportunity to announce it. I
have customers.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Thank you very much, Mr. Spencer.
(Fin de la séance à 17 h 48)