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Commission permanente des affaires municipales
Etude des crédits du ministère des
Affaires municipales
Séance du jeudi 16 mai 1974
(Seize heures douze minutes)
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
affaires municipales): A l'ordre, messieurs!
La commission des affaires municipales: Etude des crédits
1974/75.
Les membres de la commission sont les suivants: M. Bédard, de
Chicoutimi; M. Bédard, de Montmorency; M. Boutin, d'Abitibi-Ouest; M.
Caron, de Verdun; M. Chagnon, de Lévis. Maintenant, le nom de M. Chagnon
est proposé comme rapporteur de la commission. Accepté? MM.
Déziel, de Saint-François; Goldbloom, de d'Arcy-McGee; Leduc, de
Taillon; Léger, de Lafontaine; Ostiguy, de Verchères; Parent, de
Prévost; Roy, de Beauce-Sud; Vaillancourt, d'Orford.
Le ministre des Affaires municipales.
Remarques préliminaires
M. GOLDBLOOM: M. le Président, avec votre permission, j'ai
l'intention de respecter une tradition et de rompre avec une autre. J'ai
l'intention de respecter la tradition qui veut que le ministre, en
commençant la défense de ses crédits, présente les
hauts fonctionnaires qui l'accompagnent. A côté de moi, j'ai Me
Roch Bolduc, sous-ministre en titre; M. Yvon Mar-coux, sous-ministre adjoint;
M. Jacques Bernier, qui est président de la Société
d'habitation du Québec; M. Robert Fournier, qui est directeur
général de l'évaluation foncière; M. Alphé
Poiré, qui est directeur général de l'administration
municipale, et M. Jean-Louis Lapointe, qui est directeur général
du service budgétaire. D'autres membres de l'équipe nous
accompagnent pour nous aider à fournir les renseignements que voudraient
obtenir les députés.
La tradition avec laquelle j'ai l'intention de rompre, notamment, M. le
Président, parce que nous avons, en théorie au moins, selon le
nouveau règlement de l'Assemblée nationale, une limite de temps
pour le débat sur les crédits, est que je n'ai pas l'intention de
faire un discours en lançant le débat. Je pense bien que le champ
est tellement vaste que les membres de la commission voudront poser leurs
questions et formuler leurs commentaires, afin de mettre en relief certains
aspects de notre travail, et je préférerai leur accorder le
maximum de temps nécessaire, en me réservant, évidemment,
le droit de répondre aux commentaires qui seront formulés dans
cette première partie de notre débat.
Pour ma part, je me place à l'entière disposition des
membres de la commission et à la vôtre, M. le Président. La
durée de la discussion générale, l'engagement du
débat sur les divers postes budgétaires, ce sont des choses qui,
pour moi, ne sont pas d'une énorme importance. Si l'on veut examiner un
maximum de sujets dans le débat général et arriver
seulement à la fin de cette période à un examen rapide des
chiffres précis, je n'ai pas la moindre objection. Je voudrais que les
membres de la commission, sous votre présidence, déterminent
notre façon de procéder.
Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, depuis déjà quatre ans,
je m'occupe, pour l'Opposition, du domaine des affaires municipales. Nous avons
eu, durant un certain temps, un ministre qui a été pleinement et
régulièrement critiqué sur son style d'activités,
entre autres par le fait qu'il n'y avait que peu ou pas de planification
d'ensemble dans son ministère. Nous avions demandé sa
démission et, par la suite, de fait, le ministre, qui était
député de Rimouski, à ce moment-là, a
été muté à un autre ministère.
Cependant, un nouveau ministre qui était, à ce
moment-là, ministre d'Etat responsable de la qualité de
l'environnement, l'a remplacé. Nous trouvons, comme la plupart des
citoyens du Québec, qu'il a une personnalité sympathique,
ouverte, démocrate, mais, depuis ce temps, il y a eu deux budgets des
Affaires municipales à défendre et je dois, aujourd'hui, faire
les remarques suivantes au départ. On remarque depuis ses derniers
budgets qu'il n'y a pas plus de plan d'ensemble, que l'on ne voit pas encore de
résultats concrets d'une action dynamique au niveau de ce
ministère, qu'il n'y a pas plus de planification qu'auparavant, que le
problème de regroupement municipal n'avance pas, et il n'y a rien qui
nous assure que le problème du zonage et de l'urbanisme va de
l'avant.
On nous a présenté un avant-projet de loi sur
l'aménagement du territoire; depuis ce temps, la commission n'a pas
siégé. Or, comme on le sait, c'est un des défis de l'heure
au Québec que le problème de l'aménagement du territoire.
Il va, dans tout le Québec s'il est présenté avec les
dispositions nécessaires, amener des solutions à des
problèmes urgents comme la spéculation foncière, comme les
problèmes de la qualité de l'environnement, comme les
problèmes de l'habitation, comme le problème du regroupement des
municipalités, comme des solutions à la qualité de la vie
à l'intérieur du Québec. Je pense cependant que ce
problème de l'urbanisation du système de zonage et de
l'aménagement du territoire n'a pas tellement avancé ou, du
moins, cela s'est fait d'une façon tellement discrète que la
population du Québec, pas plus que l'Opposition, n'a été
capable de déceler
dans quelle direction le ministère veut diriger ses
opérations.
De plus, les relations entre le fédéral et le provincial
ne se sont pas améliorées. On a vu quand même chez le
ministre une volonté ferme. Je ne veux pas seulement souligner ses
aspects négatifs, j'ai apprécié le fait que le ministre
responsable des Affaires municipales ait essayé d'éviter le plus
possible une ingérence fédérale dans le domaine des
Affaires municipales. Il s'est opposé d'une façon
énergique à cette conférence tripartite entre les
gouvernements fédéral, provincial et les municipalités.
Mais, dans l'ensemble, on est réellement déçu des
performances de ce ministère.
J'ai deux exemples bien précis: Je trouve inacceptable que l'on
dépose aujourd'hui le rapport annuel de la Société
d'habitation du Québec pour l'année 1971/72, alors qu'il y a un
article de la loi qui dit précisément que ce rapport doit
être déposé le 30 juin de l'année.
C'est donc dire que le rapport qui est déposé aujourd'hui,
quelques minutes avant l'étude des crédits des Affaires
municipales est un rapport qui aurait dû être déposé
le 30 juin 1972. C'est-à-dire qu'il vient avec deux ans de retard. On
nous soumet le rapport de 1971/72. Or, le rapport 1972/73, qui aurait dû
être déposé il y a déjà un an, n'est
même pas déposé puisque l'on dépose celui d'il y a
deux ans.
Je pense que c'est une anomalie grave et cela entraîne des
conséquences dans le rôle précis que l'Opposition doit
jouer en étudiant tous les rapports que la loi oblige de déposer.
C'est un des aspects.
Un autre aspect important, c'est le peu de résultats que le
ministre des Affaires municipales a réussi à obtenir dans sa
discussion au sein du Cabinet des ministres pour obtenir un budget qui
corresponde aux réalités et aux besoins du Québec dans le
domaine des affaires municipales et de l'environnement.
J'ai fait un relevé, une comparaison de l'augmentation du budget
des différents ministères du Québec. L'augmentation nette
des crédits, je dis bien nette, parce qu'il y a l'augmentation brute, du
budget de la province est de 14.6 p.c, ce qui équivaut à peu
près à l'augmentation de l'indice du coût de la vie et
l'augmentation nette des crédits est de 13.6 p.c. Ceci, c'est pour
l'ensemble de tout le budget québécois.
Quand on regarde chacun des ministères, M. le Président,
on s'aperçoit que l'on a clamé très haut que le
ministère de l'Agriculture s'était vu octroyer une augmentation
ridicule de 0.1 p.c. sur son budget précédent, ce qui
dénotait le peu de préoccupation du gouvernement et du conseil
des ministres pour les problèmes de l'Agriculture.
Aujourd'hui, je dois dire que le deuxième parent le plus pauvre,
c'est le ministère des Affaires municipales, qui ne s'est vu octroyer
qu'une augmentation dans ses crédits nets de 1.9 p.c, alors qu'aux
Affaires culturelles il y a eu une augmentation de 16 p.c; aux Affaires
sociales une hausse de 8 p.c. Or, quand on sait qu'aux Affaires sociales, c'est
un budget de près de $2 milliards, 8 p.c, c'est une grosse augmentation;
l'Assemblée nationale a une hausse de 11 p.c; les Communications, 28.6
p.c; le Conseil exécutif, une augmentation de 43.5 p.c; l'Education,
dont le budget est de $1.5 milliard, a 14.3 p.c. d'augmentation; les Finances
ont 32.9 p.c. d'augmentation; les Travaux publics, 19.2 p.c. d'augmentation; la
Fonction publique, 20.9 p.c; l'Immigration, 36.4 p.c; l'Industrie et le
Commerce, 13 p.c; les Institutions financières, 18.2 p.c; la Justice, 16
p.c; le ministère du Revenu, 14.5 p.c; les Richesses naturelles, un
autre parent pauvre, 5.5 p.c. Quand j'entends le premier ministre nous dire:
Qu'est-ce que l'on ferait dans un Québec souverain, s'il fallait qu'il y
ait eu la pénurie de pétrole qu'il y a actuellement? Comment se
débrouillerait le Québec? On voit que, dans le
fédéralisme actuel, on n'a pas beaucoup pensé à
donner au ministère des Richesses naturelles une augmentation de revenu
qui aurait permis d'avoir un secteur témoin, entre autres, comme SOQUIP,
5.5 p.c; les Terres et Forêts, 16 p.c. d'augmentation; le Tourisme, 21.5
p.c; les Transports, 4.7 p.c. malgré qu'il a quand même un budget
qui dépasse les $600 millions; le Travail, 16.1 p.c.
M. le Président, le deuxième parent pauvre, dans les
préoccupations du Conseil des ministres et du gouvernement actuel, c'est
le ministère des Affaires municipales.
Le ministre actuel est un homme que j'admire sur certains points, mais
sur d'autres, je me dis: Est-ce qu'il n'a pas fait valoir au conseil des
ministres les besoins fondamentaux dans le domaine de l'aménagement du
territoire, de la spéculation foncière, de l'habitation au
Québec pour exiger et du regroupement municipal entre autres
qu'il y ait des crédits supplémentaires? 1.9 p.c.
d'augmentation quand on sait que l'augmentation totale du budget de la province
de Québec est de 14.6 p.c. Est-ce donc parce que le gouvernement n'a pas
suivi les recommandations du ministre? Est-ce que le premier ministre n'a pas
suivi les recommandations de son ministre des Affaires municipales, comme il
l'a fait lors de sa lutte pour la protection des espaces verts, où il a
été abandonné?
Est-ce que le gouvernement n'a pas l'intention de travailler dans le
domaine des affaires municipales? Est-ce que le ministre n'a pas fait de
pressions suffisantes? Ce sont des questions qu'on doit se poser. Il est
inacceptable que le ministère des Affaires municipales, qui a des
objectifs il n'a peut-être pas d'objectifs quand il y a des
besoins tellement essentiels, en particulier pour l'environnement, qui est la
question de l'heure, actuellement: la protection de la qualité de
l'environnement... Est-ce qu'on doit dire qu'il n'est pas appuyé par le
reste du cabinet des ministres? Est-ce que le gouverne-
ment a l'intention de corriger cette situation? Je sais que le ministre
a dit, à l'occasion d'une conférence, qu'il allait demander des
crédits supplémentaires. Le ministre de l'Agriculture a dit la
même chose. C'est une réponse de ministres qui voient qu'on n'a
pas considéré... S'il faut qu'il ait l'appui de l'Opposition, on
est prêt à le faire pour que le gouvernement réalise que le
ministère des Affaires municipales est important.
S'il n'a pas le budget voulu on est prêt si c'était
permis à assister au conseil des ministres pour lui dire
jusqu'à quel point le ministre Goldbloom a des tâches gigantesques
à accomplir, pourvu que lui-même admette qu'il a réellement
des objectifs dynamiques à réaliser au cours de l'année.
Ce sont des remarques préliminaires qui constatent, au départ,
que le budget des Affaires municipales est absolument insuffisant devant les
problèmes auxquels nous avons à faire face au Québec.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, une des tâches gigantesques
que j'ai à accomplir est de corriger les impressions laissées par
l'honorable député de Lafontaine. D'abord, il fait certains
calculs, il indique les augmentations qu'il trouve insuffisantes dans ce
domaine. Je n'ai pas fait les mêmes calculs mais je me demande si, dans
les pourcentages qu'il vient d'utiliser pour appuyer son affirmation que c'est
le deuxième parent pauvre du Québec, il a tenu compte de
l'augmentation prévue dans le discours du budget.
M. LEGER: M. le Président, pour ramener le ministre sur la
première affirmation qu'il a faite en voulant me corriger, ce ne sont
pas des chiffres fabriqués par moi; ce sont exactement les chiffres
présentés dans les notes explicatives du budget par le ministre
des Finances.
M. GOLDBLOOM: Bon, très bien. Alors, vous avez constaté
quand même, M. le Président, que ce qui a été
présenté comme budget, comme prévisions de
dépenses, a été augmenté de façon importante
par le ministre des Finances dans son discours du budget, et cela pour la
deuxième année consécutive. Je voudrais confirmer que ce
n'est pas simplement l'intention du ministre de demander des sommes
additionnelles; c'est l'intention du gouvernement de présenter, en temps
opportun, un budget supplémentaire pour prévoir les sommes
additionnelles quand il sera nécessaire de fournir ces sommes d'argent
aux municipalités qui procéderont au traitement de leurs eaux
usées.
On se rappellera que cette décision a été prise au
mois de septembre, que la préparation du budget était
déjà assez avancée.
On sait que le budget doit être, à toutes fins pratiques,
complété avant Noël, qu'il y a quelques retouches qui sont
possibles par la suite, mais le gouvernement n'a pas cru bon d'y inscrire un
chiffre approximatif pour l'aide aux municipalités dans le domaine du
traitement des eaux usées et a préféré attendre.
J'ai dit clairement l'autre jour aux journalistes qui m'interrogeaient sur la
question que déjà j'ai entamé des discussions avec
certaines municipalités notamment avec les autorités de la
Communauté urbaine de Montréal qui engagent, cette
année, le processus de construction et, donc, de dépenses pour
l'éventuel traitement des eaux usées. Or, quand nous
connaîtrons les besoins pour cette année, nous poserons le geste
nécessaire pour emprunter l'argent que nous mettrons à la
disposition des municipalités dans ce domaine.
J'attire l'attention du député de Lafontaine et des
membres de la commission sur la page 59 du texte intitulé Discours sur
le budget 1974/75. Il y a des tableaux en annexe. Le tableau 3-9, qui parait
à la page indiquée, montre qu'il y a cinq ans le montant global
donné aux municipalités en aide financière était de
$253,808,000 et nous sommes rendus maintenant à plus du double de ce
montant dans l'espace de cinq ans, à plus d'un demi-milliard de dollars,
$571,641,000. Or, il est un peu difficile de dire que l'on néglige les
municipalités, même si d'autres provinces, notamment l'Ontario,
sont présentement en mesure de faire mieux que nous, mais l'Ontario
jouit de certains avantages que nous n'avons pas encore
développés chez nous quant à la vigueur de notre
économie. Il y a quand même une amélioration remarquable de
notre économie au cours des récentes années qui nous
permet effectivement de consacrer plus d'argent aux besoins des
municipalités.
J'ai remarqué que mon collègue de Lafontaine a
insisté pour parler du budget net. S'il parle de budget net, il laisse
de côté deux secteurs...
M. LEGER: Le budget net.
M. GOLDBLOOM: ... l'extra-budgétaire et les montants reçus
du gouvernement fédéral. Je comprends son intérêt
à omettre les montants dans le deuxième cas, mais il est
très clair que nous avons des avances. Par exemple, dans le secteur de
l'habitation, de $97 millions, et cela représente une mise à
notre disposition par le gouvernement fédéral de $90 millions. H
y a plusieurs nouveaux programmes qui sont proposés et qui sont, je l'ai
dit en Chambre hier ou avant-hier, en négociation présentement
avec le gouvernement fédéral.
Je voudrais souligner un point important dans ce domaine de nos
relations avec le gouvernement fédéral. Nous avons effectivement
pris une position contre la notion de bipartisme, mais ce n'est pas pour couper
nos relations avec le gouvernement fédéral ni même couper
les relations que peuvent avoir, par le truchement de la province, les
municipalités du
Québec avec le gouvernement fédéral. Nous avons dit
à nos municipalités: C'est notre intention de participer aux
rencontres avec le gouvernement fédéral, mais simplement de
constituer, avec nos municipalités, une délégation
québécoise qui s'entendra à l'avance sur une position
québécoise et communiquera, comme unité, avec le
gouvernement fédéral plutôt que d'avoir une relation
directe entre les municipalités et le gouvernement
fédéral.
Deux dernières choses, pour l'instant, M. le Président.
L'aménagement du territoire est, évidemment, une
préoccupation et une préoccupation grandissante pour tout le
monde, pour la société tout entière. Nous constatons que
le fait d'avoir déposé un document de travail ne constitue pas
l'établissement d'un mécanisme qui permet d'intervenir. Or, il
faudra très clairement intervenir, mais cette intervention implique des
responsabilités autres que la nôtre. Il y a celle des
municipalités qui, présentement, sont responsables du zonage,
donc de l'utilisation de leur territoire. Il faudra modifier cette
responsabilité si nous voulons agir différemment. Une formule de
modification est proposée dans le texte de l'avant-projet de loi.
Je ne suis pas convaincu au contraire que c'est la
meilleure formule possible, que cette formule constitue le meilleur
équilibre possible entre l'autorité centrale qui doit prendre
certaines initiatives et certaines décisions et la responsabilité
locale, l'initiative locale, la décision locale qui doit être
maintenue dans une mesure raisonnable, parce que les citoyens ont le droit
c'est un droit, à mon sens, fondamental de s'exprimer sur
l'affectation du territoire local. Il faut, cependant, insérer les
schémas d'utilisation du territoire local dans un concept sectoriel,
régional, provincial et même national d'aménagement du
territoire. Si chaque municipalité agit de façon absolument
autonome dans ce domaine, nous n'aurons pas de coordination sectorielle, encore
moins régionale, etc.
Donc, nous devons exercer une responsabilité centrale pour amener
toutes les municipalités, d'abord, à faire un schéma
d'aménagement de leur territoire et, ensuite, à coordonner leur
propre schéma avec ceux des voisines. C'est notre intention. C'est
déjà commencé. J'ai eu l'occasion d'indiquer que le
premier geste il me semble que c'est celui qui doit être le
premier est déjà posé, c'est-à-dire que le
gouvernement, par le truchement de l'Office de planification et de
développement du Québec, a commencé à faire les
grands traits des schémas régionaux de développement,
d'aménagement, des plans d'équipement pour savoir où nous
allons et pour permettre ensuite aux municipalités d'insérer les
détails et de prendre les décisions impliquées dans la
situation, dans le grand tableau, des détails locaux.
C'est le processus qui est maintenant engagé. On sait que le
ministre de l'Agriculture procédera à une action dans ce domaine
qui nous semble le plus urgent quant à l'aménagement du
territoire et à la protection des ressources.
Enfin, je reviens à un sujet que nous avons discuté au
début du débat sur les crédits, l'an dernier.
C'était la première occasion que j'ai eue de défendre les
crédits du ministère. Parmi les premières questions
posées, parmi les premiers sujets abordés, il a été
question du regroupement municipal.
J'ai indiqué déjà, à ce moment-là, un
assouplissement de l'attitude du gouvernement. J'ai indiqué la
détermination du gouvernement d'agir d'une façon aussi objective
que possible et là aussi, comme dans le domaine de l'aménagement
du territoire, de respecter, dans la mesure du possible et dans la mesure de la
logique, parce que, là aussi, nous avons une responsabilité comme
gouvernement et comme collectivité pour l'avenir de notre
économie, l'avenir de notre territoire.
Pour bien gérer les ressources en territoire que nous avons et
les ressources qui se trouvent à l'intérieur de ce territoire,
nous avons à déterminer l'utilisation des composantes de notre
territoire, leur attribuer une vocation convenable. Et, ce faisant, nous
devons, évidemment, examiner les structures administratives et
décider si celles qui existent conviennent à l'administration
d'un territoire donné.
Mais je souligne qu'il y a plusieurs façons de mieux gérer
un territoire donné occupé pas plusieurs municipalités. On
peut les regrouper. On peut regrouper certains services et ainsi mieux
administrer la chose collective. On n'a pas d'idée fixe
là-dessus. On a la responsabilité de voir au meilleur
développement de chaque région et, notamment, de chaque
agglomération qui représente pour sa région ou pour son
secteur un centre de services, un centre de vitalité.
C'est dans cet esprit que nous avons voulu poursuivre l'étude de
certains dossiers d'une façon vigoureuse mais en même temps
indiquer clairement à la population du Québec que nous n'avons
pas l'intention de généraliser une action autoritaire pour dicter
une ligne de conduite partout au Québec. Il y a des endroits où
il faudra agir pour corriger des situations qui ne sont pas logiques, qui,
donc, ne sont pas acceptables, surtout si le gouvernement est appelé
à contribuer, de façon importante, à maintenir un statu
quo qu'une personne objective ne trouverait pas logique. A ce moment-là,
le gouvernement, comme administrateur des deniers publics, a le devoir
d'examiner la logique de contribuer à même les taxes
versées par d'autres contribuables dans d'autres municipalités au
maintien d'un statu quo qui n'est pas le mécanisme valable pour la
meilleure gestion du territoire en question.
Mais je pense bien que celui qui dit qu'il est mauvais que le
regroupement municipal n'avance pas est assez téméraire parce
qu'il va à rencontre du sentiment clairement exprimé par le
population dans presque toutes les régions de
cette province. Il est beau et facile de parler de regroupement et de
faire appel à certains éléments de l'opinion publique qui
voient, dans ce regroupement, une solution facile à bien des maux.
Je ne suis pas convaincu que c'est nécessairement la bonne
solution dans chacun des cas. C'est pour cette raison que j'insiste pour
examiner chaque problème à son mérite et pour ne pas
appliquer une politique générale à cette question de
regroupement. Je pense bien que celui qui parle en termes de gouvernement
régional et de décentralisation de responsabilités doit
tenir compte en même temps du fait que, si l'on a dans une région
un pouvoir de décision, ce pouvoir de décision est, à
toutes fins pratiques, inapplicable s'il n'y a pas de ressource pour permettre
son application. Les ressources n'étant pas illimitées et
malgré les augmentations qui sont évidentes dans le budget
nous pourrions, comme tout autre ministère, utiliser davantage.
Il serait très facile pour nous, comme pour l'Education, comme
pour les Affaires sociales, comme pour les Transports, comme pour
l'Agriculture, comme pour n'importe quel ministère, de trouver une
utilité rationnelle pour n'importe quelle somme additionnelle que le
ministre des Finances pourrait mettre à notre disposition. Mais il va
sans dire qu'un gouvernement, quelle que soit sa couleur politique, est une
équipe, et cette équipe travaille ensemble et s'entend, à
l'intérieur de sa structure, sur l'attribution des ressources.
Ce n'est pas parce qu'un ministre parle plus fort qu'un autre que les
décisions sont prises. C'est une responsabilité collégiale
et collective. C'est parce que le conseil des ministres, le gouvernement tout
entier a décidé que c'est à cause de la distribution des
ressources limitées, qui est présentée dans les cahiers
que nous avons devant les yeux, que telle est la décision. C'est parce
que tout le monde est conscient des divers problèmes. Tout le monde
voudrait faire mieux dans chaque domaine, mais tout le monde est obligé
de se rendre compte qu'il n'y a pas moyen d'avoir toutes les ressources
possibles et donc, que certains choix doivent être faits.
Nous les avons faits. Nous n'avons pas, nous, du ministère des
Affaires municipales, à nous plaindre des ressources qui sont mises
à notre disposition, notamment à cause de l'augmentation
annoncée dans le discours du budget, notamment à cause des
perspectives que nous avons de pouvoir faire mieux, de pouvoir toucher des
sommes additionnelles là où nous avons donné nos
engagements aux municipalités, comme dans le secteur du traitement des
eaux usées.
Je pense bien, M. le Président, que c'est le rôle normal de
l'Opposition de critiquer, mais c'est le rôle normal du gouvernement de
gouverner. Il est élu pour le faire. Il a l'intention de continuer de le
faire pour la durée de son mandat et, à la fin de ce mandat, il
en demandera un troisième. Je pense bien que, si nous avons
été choisis par la population, c'est au moins dans une certaine
mesure...
M. LEGER: Là, vous calculez la mesure. Parfait.
M. GOLDBLOOM: Oui, au moins dans une certaine mesure, parce que le
domaine municipal, qui ne manque pas d'influence dans le tableau provincial
quand il s'agit de choisir un gouvernement a trouvé notre performance,
en 1973, un peu plus attrayante que le portrait qu'en a donné tout
à l'heure l'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, j'ai bien aimé, tantôt,
entendre le ministre dire que, devant les problèmes soulevés par
l'ancien ministre des Affaires municipales sur le regroupement municipal, il
était nécessaire de créer un assouplissement. Mais j'ai
cru entendre un "assoupissement". Parce qu'assouplir et assoupir, ce n'est pas
la même chose. Justement, il ne faudrait pas qu'on s'endorme
là-dessus. Partir d'un ministre qui voulait tout bouleverser sans
planification et arriver avec un autre ministre qui, comme le disait si bien
tantôt le ministre des Affaires municipales, dit que la population est
très sensible et qu'il faut, à l'occasion, parce qu'il y a des
municipalités qui ont eu une incidence importante lors des
élections provinciales, tout simplement assouplir des positions, je
crois que cela a été une indication, dans une certaine mesure,
lors de la dernière élection.
Je vais commencer par la fin de son argumentation pour revenir à
ce qu'il a dit au début. Quand le ministre dit que son avant-projet de
loi sur l'aménagement du territoire est en train d'être
repensé, on commence à réaliser peut-être qu'il
pourrait donner à des régions qui ont un centre de
vitalité une possibilité de s'exprimer là-dedans.
Je pense que nous sommes d'accord sur cela et que dans ce que nous avons
préconisé, nous allons peut-être même plus loin sur
l'autonomie qu'on veut donner à des régions, puisque dans notre
préoccupation de regroupement des municipalités, nous l'avons
toujours prôné, et j'ai l'impression à moins que le
ministre ne me corrige que le ministre s'en va peut-être dans la
même direction ou qu'il y a des points communs qui commencent à se
retrouver.
Pour nous, nous pensons que, si on veut réellement qu'il y ait
une démocratie auprès de la population, il faut établir
d'abord des structures permettant la réalisation, le fonctionnement de
cette démocratie.
Dans notre critique sur ce sujet, nous avons proposé, mais jamais
nous n'avons dit que le Québec devrait s'imposer un regroupement
municipal. Il faut qu'il crée des structures intelligentes, selon les
désirs de la population. Tout le regroupement municipal, selon ce que
nous
avions mis de l'avant, devait se faire à l'intérieur de
gouvernements régionaux. Autrement dit, un gouvernement régional
aurait cette autonomie sur son territoire et, selon les voeux de la population
de ce milieu, qui aurait élu ses citoyens au gouvernement
régional, il aurait la possibilité de faire, selon les
caractéristiques propres des différents secteurs de cette
région, un regroupement municipal qui correspond à la situation,
aux besoins des citoyens de ces milieux. Comme de raison, il faudrait donner
les ressources financières voulues et nécessaires en
repensant la fiscalité; jusqu'à maintenant, le ministre n'en a
pas parlé et probablement qu'on va venir tantôt là-dessus
à ces gouvernements régionaux pour réaliser ce
regroupement des municipalités à l'intérieur de ces
centres d'activité, ces centres de vitalité, ces centres
polarisateurs, je dirais, qui amènent les différentes
municipalités autour d'une municipalité. C'est cette polarisation
qui fait qu'il y a une vitalité dans cette région.
Par la suite, dans le domaine économique, dans les autres
domaines sous la responsabilité d'autres ministères, ces
gouvernements régionaux pourraient améliorer leur situation
économique et sociale, du fait qu'il y aurait réellement une
structure de base permettant, justement, de regrouper ce qui se regroupe
ensemble.
M. LEDUC: M. le Président, si le député de
Lafontaine me le permet, pendant qu'il est sur ce sujet...
M. LEGER: II me reste peut-être trois ou quatre petites
remarques.
M. LEDUC: ... du groupement régional. Je ne sais pas si vous avez
terminé ou non.
M. LEGER: Je n'ai pas tout à fait terminé, mais allez
donc, M. le député de Taillon. Je suis très
démocrate là-dessus...
M. LEDUC: Oui, je sais.
M. LEGER: ... et très social aussi.
M. LEDUC: Quand vous définissez le groupement régional,
qu'est-ce que vous faites? Est-ce que vous faites quelque chose qui est un peu
identique, par exemple, à ce que pourrait être le terme est
mauvais, d'accord, mais c'est pour illustrer ma pensée une
espèce de communauté urbaine ou une communauté
régionale de sept, huit, dix ou douze municipalités dans un
territoire donné, qui ont quelque chose en commun et qui, à ce
moment-là, comme vous le disiez tantôt, s'élisent des
représentants au niveau de ce groupement régional? Est-ce
ça que vous avez à l'idée?
M. LEGER: Ce dont on veut parler, ce sont des vrais regroupements selon
la tradition qui existe au Québec. H y a des traditions. Entre autres,
les conseils de comté sont des éléments traditionnels au
Québec. C'est justement une des formules possibles
peut-être pas complète, peut-être pas exacte de
gouvernements régionaux. Ils pourraient être calqués
à peu près autour d'un certain nombre de conseils de
comté, permettant, justement, de ne pas briser avec cette tradition du
Québec où on s'entend pour que, dans tel comté dans
le sens municipal du terme à l'intérieur de ce conseil de
comté, élargi ou agrandi, selon les besoins de la cause, il y ait
justement un regroupement des municipalités qui ont des choses en
commun.
C'est dans ce style, qu'on veut dire, avec aussi des moyens de le
réaliser, des pouvoirs pour le faire. Aussi, quand je dis des moyens, je
veux dire financiers et une capacité de réalisation de ces choses
par la possibilité d'engager du personnel compétent. Du fait
qu'ils ont les revenus à ce palier de gouvernement, ils peuvent avoir
des compétences qu'on ne peut pas avoir au niveau d'une
municipalité plus petite, à qui on donne des
responsabilités sans qu'elle ait les possibilités
financières d'engager le personnel compétent pour les
réaliser. C'est dans ce style que je réponds à la question
que vous avez posée.
M. LEDUC: Si je comprends bien ce que vous dites, vous rejoignez le
projet qu'avait soumis l'ancien ministre des Affaires municipales, quant aux
gouvernements régionaux.
Je ne suis pas convaincu que ce projet est valable, remarquez bien,
parce qu'il ne faudrait pas nécessairement alourdir l'administration
municipale dans un territoire donné. Là, vous dites qu'ils
engagent du personnel, qu'ils se font élire, qu'il peut y avoir des
fonds pour regrouper des municipalités. Est-ce que vous forcez ces
municipalités, à ce moment, ou si vous ne leur laissez la
liberté d'agir, comme celle qu'ils ont actuellement? Je ne suis pas
convaincu, à moins que j'aie très mal saisi ce que le
député de Lafontaine a dit. Je ne vois pas vraiment
l'amélioration, comparativement à ce qui a été
proposé avant et ce sur quoi tout le monde n'était pas d'accord,
loin de là.
M. LEGER: Auparavant, c'étaient des communautés
municipales. Il y a une grosse différence...
M. LEDUC: Ne jouons pas sur les mots.
M. LEGER: Ce n'est pas un gouvernement, des communautés
municipales.
M. LEDUC: C'est quand même une administration
régionale.
M. LEGER: Oui, mais il y avait des personnes indirectement
nommées alors que ce qu'on veut, ce sont des personnes élues
démocratiquement à l'intérieur d'un territoire qui serait
un
gouvernement régional. Il y a une grande différence. Il y
avait beaucoup trop de communautés municipales...
M. LEDUC: Sauf que c'était la même chose à la fin de
l'année.
M. LEGER: ... qui n'avaient pas la capacité financière
d'absorber les responsabilités qu'on voulait leur donner. C'était
le grand défaut du projet. Malgré les bonnes qualités de
ce projet, le grand défaut était que les communautés
municipales, à ce moment n'avaient pas les capacités
financières et la capacité, par la densité de population
à l'intérieur des communautés municipales, de
réaliser ce que j'appelle, à l'intérieur d'un gouvernement
régional, la possibilité de gouvernement. Il n'y avait pas assez
de pouvoir à ce moment-là.
Maintenant, revenons à différentes autres choses dont
parlait le ministre tantôt, c'est-à-dire l'action du ministre de
l'Agriculture pour réaliser un projet dans l'aménagement du
territoire concernant la spéculation foncière. La première
question que je me pose est celle-ci: Comment se fait-il que ce n'est pas un
projet du ministère des Affaires municipales, que c'est un projet qui
vient du ministère de l'Agriculture alors que c'est un territoire qui
touche beaucoup plus les agglomérations entourant les
municipalités?
M. GOLDBLOOM: II me semble que c'est quand même l'expertise du
ministère de l'Agriculture qui est nécessaire pour
déterminer les territoires à délimiter pour une vocation
agricole. On peut délimiter, aux Affaires municipales, un territoire
pour aménagement urbain. Nous avons l'intention de le faire de concert
avec les autres ministères intéressés. On peut
délimiter une zone industrielle de concert, par exemple, avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce. Mais quand il s'agit de
délimiter une zone agricole, je pense que l'initiative doit être
prise par le ministère de l'Agriculture, parce que c'est ce
ministère qui connaît les sols, qui connaît la
productivité des sols, qui connaît les récoltes qui peuvent
être obtenues; c'est à ce ministère de prendre l'initiative
de nous dire: Nous avons besoin de tel territoire et c'est à la limite
de ce territoire que vous devrez mettre un cran d'arrêt à la
croissance industrielle et urbaine. Je trouve que c'est absolument logique que
ce soit le ministère de l'Agriculture qui en prenne l'initiative.
M. LEGER: M. le Président, je comprends qu'il faut qu'il agisse
de concert avec le ministère de l'Agriculture mais, quand on parle d'un
concert, il ne faut pas que ce soit de la cacophonie. Un concert, ça
veut dire qu'on s'entend bien et que chacun joue sa partie selon la musique ou
le programme du moment. Que fait le ministère de l'Agriculture
concernant la spéculation foncière à l'intérieur
des villes, à l'intérieur des territoires qui ne sont pas
cultivables alors que c'est une partie du problème, la partie des
territoires cultivables? Le projet pour la spéculation foncière
devrait être chapeauté par le ministère des Affaires
municipales qui, à l'intérieur de cela, devrait tenir compte des
terres arables, des terres cultivables; mais il faut qu'il tienne compte de
l'ensemble du problème de la spéculation foncière qui est
beaucoup plus souvent à l'intérieur des municipalités ou
dans les environs. Je pense que c'est l'inverse et c'est pour ça que je
parle de cacophonie; le ministère des Affaires municipales devrait
chapeauter le projet selon des recommandations, en ce qui touche l'aspect des
terres arables, du ministère de l'Agriculture. C'est la remarque que je
voulais faire. C'est sûr qu'il faut qu'ils s'entendent tous les deux.
Mais la partie la plus importante, ce sont les Affaires municipales.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, l'honorable député
de Lafontaine exprime un avis et je respecte son avis, même si je ne le
partage pas. J'espère cependant qu'il permettra au gouvernement, pour la
durée de son mandat, de travailler à sa façon. Je voudrais
souligner que, quand il s'est agi de prendre des décisions quant
à l'évaluation foncière, et ces décisions avaient
une importance très grande pour le milieu agricole, nous avons
siégé conjointement avec le ministère de l'Agriculture.
Nous avons constitué une équipe conjointe pour étudier les
implications de chaque geste que nous pouvons poser. Nous avons fait la
même chose en ce qui concerne la future loi de la protection des terres
agricoles. Nous allons travailler la main dans la main pour la simple raison
que, si nous ne le faisons pas, ce sera de la cacophonie, mais la cacophonie
n'existe pas dans le gouvernement actuel.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Lévis.
M. LEGER: M. le Président, je n'ai pas terminé, sur le
même sujet.
M. LEDUC: II n'y a rien dans le règlement qui dise que
c'est...
M. LEGER: M. le Président, quand je suis en train d'intervenir et
que le ministre me répond, je le laisse terminer; quand j'aurai
terminé les sujets qu'il a touchés, je n'ai pas d'objection
à ce qu'un autre embarque. Mais il ne faudrait pas qu'on aille d'un
sujet à l'autre. Je n'ai pas fini ce sujet, je suis en train de discuter
avec le ministre.
Pour ma part, relativement à ce projet, dites-moi comment pouvoir
obtenir une loi sur la spéculation foncière dans laquelle on
pourrait retrouver une multitude de structures où le ministère de
l'Agriculture verrait à la protection de ce qui l'intéresse, le
ministère de l'Industrie
et du Commerce pourrait voir à l'aspect des terres industrielles
et le ministère des Affaires municipales pourrait voir à l'aspect
du domaine de l'habitation. Il y a toute une série de structures qui
pourraient amener cette cacophonie; alors que si le ministère des
Affaires municipales, fait adopter lui-même une loi sur la
spéculation foncière, il va voir à ce que chacun des
autres domaines vienne lui donner ses impressions, ses avis et ses
recommandations. Cette loi devrait être chapeautée par les
Affaires municipales. Voilà l'aspect dont je voulais parler.
Est-ce que le ministre a participé, avec le ministre Toupin, au
projet de la loi sur la spéculation foncière?
M. GOLDBLOOM: Sûrement, M. le Président.
M. LEGER: C'est sûr que vous avez dû vous rencontrer quelque
part, mais avez-vous participé régulièrement à des
assemblées régulières là-dessus?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président. Quand on parle de chapeauter,
c'est l'expression d'un avis qui vient d'une personne qui n'a jamais eu
l'avantage de siéger à un conseil des ministres, de participer
à un gouvernement. Quand on parle de chapeauter, c'est bien simple, le
gouvernement chapeaute les activités de chacun de ses ministères.
Ce n'est pas à un ministère de chapeauter les actions d'un autre,
c'est aux deux de collaborer et c'est au conseil des ministres de tout
chapeauter, il est là pour cela.
M. LEGER: M. le Président, la spéculation foncière
touche spécialement un problème de taxation de terrains. Et c'est
une responsabilité municipale; c'est la raison pour laquelle je pense
que, de toute façon c'est mon opinion, je la donne au ministre,
je n'ai pas l'intention de la répéter vingt-deux fois je
vous le dis, ça devrait être une responsabilité du ministre
des Affaires municipales. Je voudrais quand même vous le dire, parce que
le ministre Toupin a affirmé que la loi-cadre prévoit des
comités régionaux où il y aura des agriculteurs, est-ce
que dans ces comités régionaux, il y aura des responsables des
Affaires municipales ou des municipalités?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président, et je voudrais souligner que
pendant la préparation des dernières modifications à la
Loi de l'évaluation foncière, nous avons eu des consultations,
non seulement avec l'Union des producteurs agricoles, et cela, conjointement
avec le ministère de l'Agriculture, mais aussi avec l'Union des conseils
de comté du Québec. Nous continuons ce genre de relations.
L'Union des conseils de comté, comme l'Union des municipalités
aussi travaille de façon régulière en consultation avec le
gouvernement. J'aimerais souligner que c'est la première fois que cela
existe. C'est une suggestion faite par les municipalités, en septembre
dernier, que j'ai acceptée avec allégresse. Depuis le
début de l'année, nous avons un comité de consultation
provincial-municipal qui siège régulièrement,
approximativement une fois par mois, et qui nous permet d'informer les
municipalités, d'obtenir leur avis, de les mettre en contact avec
d'autres organismes, comme l'Union des producteurs agricoles, pour ce qui
concerne les problèmes ruraux.
Voilà que les choses vont assez rondement et les craintes
exprimées par le député de Lafontaine ne sont pas
fondées.
M. LEGER: M. le Président, le ministre sait qu'il existe
maintenant en Ontario une société de banques de terres, l'Ontario
Land Corporation, qui a le pouvoir d'acquérir et d'aménager des
terrains pour la revente ou la location à long terme. Le but de cette
société est évidemment de lutter contre la
spéculation foncière et de servir dans des schémas
d'aménagement du territoire. Est-ce que le ministre envisage des
interventions du même genre remarquez bien le mot contre la
spéculation foncière?
M. GOLDBLOOM: Cette désision n'a pas été prise par
le gouvernement. Il y a une loi en Colombie-Britannique qui a été
passablement contestée au début, qui semble mieux acceptée
aujourd'hui, mais nous aimerions avoir un peu plus de recul pour
connaître l'impact véritable et à plus long terme de cette
loi, comme de l'action entreprise en Ontario, avant de choisir une façon
d'intervenir nous-mêmes.
Il est évident que, dans le cours normal des transactions
immobilières, il y a des risques d'exagération, que ces
exagérations ont un effet néfaste sur l'économie
personnelle de certains individus, certaines familles, que nous voudrions
protéger les individus, les familles, la collectivité contre ces
exagérations. Cependant, il n'est pas facile d'intervenir de
façon à réprimer des abus et, en même temps,
d'éviter de s'ingérer dans le cours normal des transactions.
Le jeu du marché est quand même un jeu important dans une
société comme la nôtre. Il y en a d'autres où le jeu
du marché a beaucoup moins d'importance, mais nous, au Québec et
au Canada, nous préférons vivre dans ce genre de
société et pas dans l'autre.
Alors, nous n'avons pas l'intention de manquer à nos
responsabilités, de ne pas protéger l'intérêt commun
des Québécois, mais nous n'avons pas l'intention d'agir de
façon intempestive et d'imiter simplement ce que font d'autres
personnes. Nous avons engagé une étude sérieuse de la
question qui implique la responsabilité de plusieurs ministères:
celui-ci, à cause de sa responsabilité pour l'urbanisme et
l'aménagement du territoire, celui du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche à cause de sa
responsabilité pour les parcs, celui de l'Agriculture, nous
venons de discuter sa sphère de responsabilité, et celui des
Terres et Forêts à cause' de sa responsabilité pour nos
ressources forestières. Il faudra coordonner tout cela pour arriver
à une politique d'aménagement du territoire, une politique de
répression de la spéculation exagérée. C'est vers
cela que nous nous acheminons.
M. LEGER: M. le Président, le ministre vient de parler
d'étude qu'il entend faire sur le problème de la
spéculation foncière. Par qui cette étude va-t-elle
être faite?
M. GOLDBLOOM: Par les hauts fonctionnaires du gouvernement dans les
divers ministères et dans...
M.,LEGER: Pas par votre ministère spécialement, c'est par
différents ministères.
M. GOLDBLOOM: II serait impensable, M. le Président, que notre
ministère seul entreprenne un tel travail. Nous avons une direction
générale de l'urbanisme, nous avons un sous-ministre adjoint qui
a une compétence particulière dans ce domaine, nous avons des
relations avec d'autres ministères, ceux que j'ai nommés et
d'autres aussi, notamment celui des Finances, et c'est un travail conjoint qui
se fait dans chaque ministère et qui se retrouve autour d'une seule
table où nous discutons de ces questions et, notamment, à la
table du conseil des ministres.
M. LEGER: Qui va être le responsable du comité?
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas déterminé, M. le
Président. Il y a déjà une certaine responsabilité
qui est prise au niveau de l'Office de planification et de développement
parce qu'il y a un comité ministériel, un groupe
ministériel qui a, à la fois, une responsabilité
administrative pour l'office et une responsabilité régionale.
Le député de Lafontaine a parlé de gouvernements
régionaux. Je voudrais souligner que le gouvernement provincial agit
comme gouvernement régional en identifiant une responsabilité
régionale et en l'attribuant, dans chaque cas, à un ministre. Ces
ministres se rencontrent une fois par semaine à titre de membres du
groupe ministériel de l'Office de planification et de
développement. Donc, il y a un travail de coordination qui se fait
à ce niveau. Le Conseil exécutif, qui agit comme
secrétariat pour le conseil des ministres et pour les comités
formés par le conseil de ministres, agit également dans ce sens
comme coordonnateur des actions.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut me dire que cette étude n'a
pas été commandée le 16 mai à 5 h 10? Est-ce que,
exactement, il y a un comité qui fonctionne ou si c'est un désir
du ministre qu'il fonctionne? Il n'y a personne de nommé. A quelle date
précise ce comité a-t-il eu le mandat de travailler sur les
études pour le domaine de la spéculation foncière?
M. GOLDBLOOM: Le comité dont j'ai parlé est surtout le
groupe de ministres qui siègent à l'Office de planification et de
développement et dans chaque ministère, il y a un groupe qui
travaille. Il y a un comité que nous avons formé avec le
ministère de l'Agriculture, qui a travaillé, quand c'était
nécessaire, sur les modifications à la Loi de l'évaluation
foncière. Il va reprendre incessamment son travail pour juger de
l'impact d'une éventuelle loi pour la protection des terres agricoles
sur l'économie des régions, sur l'économie des
municipalités. C'est ainsi que chaque ministère prend sa
responsabilité et les responsabilités se rejoignent quand c'est
nécessaire de le faire. Mais ce n'est pas une motion qui a
été lancée le 16 mai à 5 h 10.
M. LEGER: Est-ce que ce comité va avoir la capacité de
fournir, comme le Service d'urbanisme de Montréal, des statistiques
précises sur la valeur actuelle des terres qui sont en
spéculation?
M. GOLDBLOOM: C'est exactement ce que nous devons déterminer, M.
le Président. Nous devons déterminer les modifications à
cette valeur que nous apporterions par un gel quelconque, un gel quant à
l'affectation des sols en question et c'est justement ce que nous essayons de
déterminer présentement. Je pense bien que s'il y a des
statistiques disponibles dans la province de Québec ou ailleurs, c'est
le gouvernement qui peut les obtenir et s'en servir.
M. LEGER: Quand le ministre pourra-t-il dire que ce comité pourra
faire un rapport uniquement sur l'aspect de la spéculation
foncière? Quand pourra-t-il nous donner un portrait des statistiques?
Parce que c'est un sujet assez difficile à obtenir. C'est pour cela que
je mettais tantôt humoristiquement en doute le fait que le comité
avait été formé d'une façon formelle et avec un
animateur responsable. Le ministre ne me donne pas le nom du responsable, il ne
me dit pas quand il y aura un rapport de donné, s'il y a un budget
émis pour que ce comité fonctionne.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le gouvernement a son budget, les
fonctionnaires sont rémunérés déjà pour
faire leur travail. Si ce travail leur est attribué, ils vont le faire.
C'est ce qui a été décidé. Je n'ai pas de date que
je peux fournir quant au dépôt d'un rapport. D'ailleurs...
M. LEGER: Vous avez donc un mandat que vous confiez à ce
comité. Il doit faire rapport en dedans d'un certain temps. Vous n'avez
pas
donné un mandat précis avec des dates pour faire un
rapport, même préliminaire?
M. GOLDBLOOM: Je pense bien que l'honorable député de
Lafontaine a déjà assez d'expérience du travail...
M. LEGER: C'est pour cela que je pose la question.
M. GOLDBLOOM: ... pour savoir que le fait de déterminer une
durée de mandat ne veut pas dire nécessairement que l'on
obtiendra le rapport à la date prévue. Il faut faire confiance
à des personnes sérieuses, en espérant qu'elles fourniront
le fruit de leur travail dès que ce fruit sera disponible et dès
qu'il sera mûr. On peut faire confiance à ceux qui sont nos
collaborateurs parce que nous les avons choisis justement à cause de
leur compétence.
M. LEGER: M. le Président, je trouve quand même
invraisemblable que l'Opposition ne puisse pas à ce stade-ci obtenir
d'un ministre responsable des Affaires municipales des chiffres concernant les
terrains et les valeurs de ces terrains qui sont en spéculation
foncière. Ne sont-ce pas des statistiques qu'un ministère devrait
avoir actuellement?
M. GOLDBLOOM: Vous savez, M. le Président, il est facile de
présenter le portrait d'un ogre que l'on appelle spéculation et
de dire: On devra le tuer. C'est une chose qui attire peut-être un
certain appui dans certains secteurs de l'opinion publique, mais c'est une
simplification d'un problème extrêmement complexe qui a des
répercussions sur toute une économie que l'on doit garder en
santé comme on en a rétabli la santé au cours des
récentes années. Et ce n'est certainement pas par des gestes
intempestifs qu'on va corriger un mal. Il n'y a pas moyen de nier qu'il y a un
mal. Il n'y a pas moyen de nier qu'il y a des situations compliquées
auxquelles nous devons faire face. Mais il faut que l'on prenne le temps
nécessaire pour faire un travail sérieux. Ce n'est pas pour
être désobligeant à l'endroit du député de
Lafontaine ou de l'Opposition que je dis que c'est au gouvernement de prendre
ses responsabilités et de dire, quand il voudra le dire, à quel
moment il compte pouvoir rendre public un document. Et quand il n'est pas en
mesure de voir clairement la durée d'un travail, il prend ses
responsabilités, il dit : Le travail est en cours, quand il sera
terminé, nous en révélerons le résultat.
M. LEGER: M. le Président, je n'ai pas demandé au ministre
la date à laquelle il dévoilera le rapport d'un comité
fantôme qui doit faire un travail sur la spéculation
foncière. Je lui ai demandé: Est-ce que ce comité dont
vous n'avez pas encore nommé le président qui va l'animer, ne
devrait pas avoir un mandat et au moins faire un rapport préliminaire
à une date précise au ministre? C'est ce que j'ai demandé.
Le ministre, ensuite, jugera s'il peut faire le rapport.
Je tiens à faire remarquer au ministre qu'en 1964 le Service
d'urbanisme de Montréal avait fait une étude qui avait
dénoncé qu'il y avait pour $650 millions de terrains en
spéculation foncière, ce qui représentait 23 p.c. des
transactions immobilières, ceci, c'est pour Montréal. Le ministre
a dit à ce moment que c'était un ogre et je dis justement que
c'est un ogre quand on voit, seulement pour l'île de Montréal,
qu'en 1964, c'est-à-dire il y a dix ans, il y avait $650 millions en
spéculation foncière. Probablement que ce montant dépasse
le milliard aujourd'hui avec la montée de la valeur des terrains. C'est
la raison pour laquelle, même si c'est la responsabilité du
ministère de s'en occuper, c'est la responsabilité de
l'Opposition de savoir si le ministère le fait. C'est pour cela que je
lui demande qui va être le président de ce comité pour
qu'il fonctionne, quel mandat il a obtenu. Quand fera-t-il rapport au ministre?
Le ministre pourrait me dire: Je ferai rapport à la Chambre plus tard,
mais lui, quand aura-t-il un rapport et qui va présider ce comité
pour être certain qu'il fonctionne réellement et qu'il a un mandat
précis?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense que la réponse est
bien simple. C'est celui qui vous parle qui prend charge de cette
responsabilité pour le ministère et c'est le sous-ministre en
titre qui prend charge de l'action pratique quotidienne que doivent mener les
fonctionnaires du ministère, pour contribuer par notre partie de ce
travail à la somme des connaissances dont le gouvernement devra tenir
compte en prenant une décision. On n'a pas besoin de créer un
comité spécial chaque fois qu'il y a un travail à
accomplir, quand il y a un ministre pour prendre ses responsabilités et
un sous-ministre pour prendre les siennes sur le plan administratif.
M. LEGER: Alors, M. le Président, comment la loi-cadre de
l'urbanisme et de l'aménagement du territoire pourra-t-elle
s'insérer dans le bill Toupin sur la spéculation foncière?
Je voudrais savoir comment il peut faire une relation avec tout cela. Il va
être le président du comité qui va étudier les
problèmes de spéculation foncière au Québec. Ce
comité est un comité interministériel, il y a un projet de
loi qui s'en vient de la part de M. Toupin pour le ministère de
l'Agriculture, pour la spéculation foncière, et le ministre
lui-même a un projet de loi d'aménagement du territoire. Comment
va-t-il insérer tout cela ensemble?
M. GOLDBLOOM: Je pense que c'est assez simple, M. le Président.
La loi sur les territoires agricoles, l'éventuelle loi sur les parcs,
l'éventuelle loi sur les réserves forestières ou
réserves écologiques, s'inséreront dans une loi
générale
de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire.
M. LEGER: Est-ce que cela veut dire que le projet de loi, l'avant-projet
de loi sera retiré?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président. Des mémoires ont
été déposés et n'ont pas été entendus
jusqu'à maintenant. Un travail de révision se fait
présentement à la lumière des connaissances que nous avons
acquises entretemps et c'est la décision du gouvernement de mettre en
place certains morceaux du tableau avant d'essayer de la compléter par
cette loi. C'est pour cette seule raison que le document de travail n'a pas
encore été converti en projet de loi.
M. LEGER: Quand est-ce que la commission va se réunir à
nouveau pour étudier cet avant-projet de loi, s'il n'est pas
abandonné?
M. GOLDBLOOM: Je n'ai pas fixé de date, M. le Président.
Nous devrons présentement attendre d'être en mesure de
déterminer notre action dans le domaine agricole et voir comment les
décisions prises dans un secteur et le débat sur cet
éventuel projet de loi nous guideront vers la détermination d'une
politique globale d'urbanisme et d'aménagement du territoire.
M. LEGER: En Ontario, M. le Président, dans le domaine de la
spéculation foncière, il y avait une approche négative,
c'est-à-dire une taxe de 50 p.c. sur les profits faits par les
spéculateurs fonciers sur des territoires qui avaient été
jugés de spéculation foncière.
Est-ce que le ministre envisage d'avoir, dans le domaine de la
spéculation foncière, cet aspect de taxation sur les profits?
M. GOLDBLOOM: Nous n'avons pas encore décidé comment agir,
M. le Président. C'est un mécanisme qui ne manque pas
d'intérêt et que nous étudions.
M. LEGER: Actuellement, le ministre a déposé le projet de
loi 1, le Bill 1, qui permet à la Société d'habitation du
Québec de s'approprier des territoires pour fins de construction. Est-ce
que c'est dans le but de contrer la spéculation ou si c'est uniquement
dans le but de s'approprier des territoires pour fins de construction?
M. GOLDBLOOM: En prenant possession de territoires, en accumulant des
banques de terrains, on détermine nécessairement
l'aménagement des terrains en question. Donc, c'est un but qui est plus
complexe que simplement celui d'acquérir des terrains pour pouvoir y
ériger des immeubles.
M. LEGER: M. le Président, avant de laisser la parole à un
autre député, il y a certainement autre chose à dire sur
la spéculation foncière. Je voudrais corriger deux points
précis. D'abord, au début, le ministre nous a
présenté ses collaborateurs immédiats à qui je
souhaite la bienvenue un peu en retard. Je leur souhaite la bienvenue à
cette discussion. Est-ce que le ministre pourrait déposer un
organigramme du ministère actuel avec les fonctions, d'ici
peut-être à huit heures? Vous devez avoir un organigramme de
fonctionnement.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LEGER: Quant à l'autre point que je voulais soulever, le
ministre a dit tout à l'heure que je n'avais parlé que des
crédits nets, alors que je n'avais pas parlé des crédits
bruts. La démonstration que je voulais faire tout à l'heure,
c'était que, en plus du ministère de l'Agriculture, c'est le
ministère des Affaires municipales qui a le plus bas budget;
c'est-à-dire qu'au point de vue de l'augmentation du budget, j'avais dit
qu'il y avait 1.9 p.c. d'augmentation et que les autres se chiffraient dans les
20, 13,18 p.c. d'augmentation et le ministre m'a dit: Oui mais si le
député avait donné les chiffres bruts, cela aurait
été différent. Les chiffres bruts, M. le Président,
je les ai aussi. Je dois dire au ministre que c'est la même chose sauf
qu'au lieu d'être en deuxième mauvaise position, par la queue,
c'est en troisième mauvaise position, puisque la moyenne d'augmentation
brute incluant les transferts, les subventions de ministères ou du
gouvernement fédéral donne une augmentation de 7.4 p.c.
Vous dépassez les Richesses naturelles, dont l'augmentation est
de 7.1 p.c, alors que les autres se chiffrent par 24 p.c, 32 p.c, 29 p.c,
20p.c, 24p.c, 17 p.c, 14p.c, 21 p.c, 22 p.c, etc; vous êtes donc le
troisième ministère ayant eu le moins haut pourcentage. Ce sont
des chiffres précis provenant des notes explicatives sur les
crédits, autant du côté net que brut. Dans les deux cas,
vous n'êtes pas en bonne position au point de vue de l'augmentation de
vos crédits aux Affaires municipales.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je ne crois pas qu'il soit utile
de faire une chicane de chiffres, mais les nôtres indiquent...
M. LEGER: Les chiffres dénotent quand même des
situations.
M. GOLDBLOOM: .... une augmentation du budget net de 8.4 p.c. et du
budget brut de 12.9 p.c. De plus, j'aimerais souligner que nous avons
accordé aux municipalités, surtout aux grandes
municipalités, un pouvoir additionnel de taxation qui ne parait pas
à notre budget, mais qui est quand même une contribution du
gouvernement provincial aux municipalités. Cette somme se chiffre par
$48 millions, selon nos prévisions. Si l'on ajoute $48 millions, que
nous aurions pu garder dans notre budget et
donner aux municipalités dans un geste de largesse qui aurait
été peut-être plus impressionnant dans un sens, nous
aurions un portrait tout à fait différent de l'augmentation de
notre budget. Nous avons préféré accorder ce champ aux
municipalités, selon leur désir d'avoir plus d'autonomie
financière, mais cela représente une augmentation beaucoup plus
considérable que celle que le député de Lafontaine indique
dans les ressources du Québec accordées aux
municipalités.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Lévis.
M. CHAGNON: M. le Président, l'honorable ministre, au
début de ses commentaires, nous faisait part qu'il ne voulait pas faire
de discours. Je constate, avec plaisir, que l'honorable député de
Lafontaine le lui a permis; il lui a fourni l'occasion de présenter un
peu les diverses politiques de son ministère. Je le dis en toute
objectivité. Je pense que nous devons reconnaître que l'honorable
ministre des Affaires municipales s'acquitte avec beaucoup de
compréhension et d'intelligence de la tâche énorme qu'il
assume au sein de son ministère.
A mon point de vue, le ministère des Affaires municipales
revêt un caractère exceptionnel d'importance, puisqu'il touche
je pourrais dire toutes les classes de la société,
tant sur le plan social que sur le plan économique, et cela dans les
secteurs, à la fois, rural et urbain.
Vous me permettrez, très brièvement, de faire part de
quelques commentaires, suite aux remarques qui ont été
formulées au niveau de cette commission parlementaire.
Il est indéniable, mes chers amis, que le regroupement municipal
est un problème vital. Personnellement, j'en suis absolument convaincu,
et je considère qu'il doit être l'une de nos
préoccupations. Par contre, ce regroupement municipal je l'ai
déjà dit et je le répète ne peut et ne doit
pas s'exercer d'une façon coercitive, car je considère que la
population, et j'ajouterais, beaucoup d'administrateurs municipaux ne sont pas
prêts à accepter une telle formule. Sincèrement, je demeure
d'opinion que dans cette province, lorsque nous constatons qu'il y a
près de 1,600 villes ou municipalités, c'est un nombre beaucoup
trop considérable pour assurer le véritable développement
économique des différents secteurs. C'est pourquoi je me suis
réjoui de l'augmentation qui a été faite des subventions
aux municipalités de 25,000 et 50,000 âmes, etc., et surtout
à celles de 25,000 à 50,000, lorsqu'on a porté le per
capita à $6, je considère qu'il s'agit, en l'occurrence, d'une
mesure incitative. J'ajouterais même que je souhaite de tout coeur que le
gouvernement accroisse cette incitation, afin de permettre un meilleur
regroupement des municipalités.
On a parlé tantôt de gouvernement régional.
Sincèrement, après avoir étudié cette
formule, j'appréhende énormément que ce soit une forme
mitigée des communautés urbaines. Car à l'intérieur
de ces regroupements régionaux, il faudrait nécessairement
engager des cadres, et cela, sans être assuré que le nombre des
municipalités soit diminué par la suite. Je favorise beaucoup
plus le regroupement des municipalités à caractère
homogène.
J'ai la forte impression, non seulement l'impression, mais la
conviction, de par le rôle que j'exerce dans d'autres champs d'action,
que le pouls de la population est certainement plus sensibilisé que
jamais au regroupement municipal. Une évolution très sensible
s'est faite dans ce secteur, depuis quelques années, et les nouvelles
mesures incitatives qui ont été préconisées par le
gouvernement et plus particulièrement le ministère des Affaires
municipales nous permettront certainement de faire un pas de l'avant afin de
permettre, dans un laps de temps assez rapproché, le regroupement
municipal que je souhaite. Quand je dis regroupement municipal, je parle de
regroupement municipal d'une façon sensée, fonctionnelle et
rationnelle. Je ne voudrais pas tomber dans les cadres de certains
regroupements qui ont été faits au niveau des commissions
scolaires régionales. J'ai plus d'expérience, moi-même,
dans certains domaines et j'en connais les conséquences. Par contre, je
suis toujours contre la formation de communautés urbaines et en ce qui
concerne les regroupements régionaux, j'ai énormément de
réserves, je le répète, parce que c'est une forme
mitigée de communautés urbaines à laquelle je
n'adhère pas.
D'autre part, j'ai constaté que votre ministère, M. le
ministre, a une tendance à restreindre les subventions pour des
déficits d'équilibre budgétaire. A mon point de vue, il
s'agit d'une mesure que je considère très valable parce que si on
continue à augmenter et à accroître les subventions pour
des déficits d'opération, j'ai fortement l'impression que l'on
incite certaines municipalités à revenir à la charge et
à se créer des déficits au détriment de la
collectivité. D'autre part, je préfère de beaucoup que
l'on s'en tienne à des subventions pour des travaux d'infrastructure,
tels que des travaux d'aqueduc et d'égouts, qui ont un caractère
permanent. Pour le gouvernement et pour les municipalités, c'est une
dépense d'immobilisation. C'est certainement une formule plus rentable
que les déficits de fonctionnement.
Tantôt, on a parlé quelque peu des problèmes fiscaux
des municipalités. Nous savons fort bien, tous tant que nous sommes, que
beaucoup de municipalités éprouvent, dans le moment, certaines
difficultés sérieuses d'administration, non pas parce que ces
municipalités sont mal administrées mais parce qu'il y a des
problèmes de revenus qu'ils ne peuvent pas percevoir d'une façon
adéquate. Nécessairement, le problème fiscal je
sais que c'est une de vos préoccupations, M. le ministre doit
être revisé et
comme on l'a signalé à plusieurs reprises, on devra
tendre, sans aucun doute, à diminuer de plus en plus la taxation
scolaire et rechercher, surtout, à verser directement aux
municipalités et aux villes un revenu progressif. Ce revenu progressif
peut être prévu par un impôt sur le revenu et les villes
pourraient certainement alléger le fardeau des contribuables dans ce
sens. Vous avez préconisé et lancé tantôt le point
de vue que vous aviez l'intention de présenter un projet ou une
politique sur le schéma d'aménagement du territoire. C'est
absolument essentiel parce que toutes nos municipalités, surtout
à caractère urbain, attendent avec anxiété ce
projet de loi, qui permettra de répondre à un besoin absolument
prioritaire et essentiel parce que nos efforts, dans bien des
municipalités, ne sont pas suffisamment coordonnés. Cette
politique de schéma ou d'aménagement territorial sera sans doute
un instrument de travail excessivement précieux pour permettre aux
municipalités d'aller de l'avant et à notre province de se
développer.
Dans un autre ordre d'idées, il y a la Société
d'habitation du Québec qui fait partie de vos cadres. Personnellement,
je considère pour avoir bénéficié des
avantages de cette société, sur le plan municipal qu'elle
remplit un rôle excessivement bénéfique pour la population.
J'espère qu'à brève échéance nous
connaîtrons officiellement la réglementation de l'entente
Canada-Québec afin de permettre aux municipalités d'utiliser ces
crédits pour créer de nouveaux logements à des personnes
désireuses de s'établir et de s'installer convenablement.
Dans ce domaine, j'ai peut-être une restriction qui est celle-ci:
Je me permets de l'émettre immédiatement vu que nous sommes sur
le caractère général. Nous construisons dans bien des
localités des édifices à coût modique et,
d'après l'expérience acquise, nous réalisons que
malheureusement nous ne pouvons pas détruire ou démolir des
taudis ou maisons existantes, ce que veut dire que nous sommes dans un cercle
vicieux. Nous relocalisons certaines personnes dans des logements certainement
plus spacieux, mais, malheureusement, des gens d'autres milieux viennent
réoccuper ces taudis. Je pense qu'il devrait y avoir une
prévision à la réglementation pour permettre aux
municipalités de procéder à la démolition de
certains de ces taudis afin d'améliorer le milieu local.
Voici, messieurs, des idées un peu générales
centrées sur le budget. Il a été question du budget
tantôt. Vous avez clairement mentionné que le budget de
$113,940,000, qui apparaît ici, n'est qu'un budget net, parce qu'il faut
nécessairement tenir compte de tous les autres éléments
qui sont intégrés à l'intérieur des autres budgets
qui grosssissent sensiblement les crédits alloués au
ministère des Affaires municipales.
Personnellement, je suis très heureux je ne m'en cache
pas, si c'était le contraire, je le dirais avec plaisir en toute
objectivité de la manière pondérée, positive
que le ministre dirige ce ministère et je suis prêt, non seulement
comme député du comté de Lévis, mais comme maire,
de l'assurer d'une collaboration très sincère, parce que nous
avons tous à coeur que le plan municipal rayonne davantage.
Le plan municipal touche notre société de très
près, influence tous nos gens et je suis convaincu que sous
l'égide de l'honorable ministre actuel des Affaires municipales, nous
sommes assurés d'avoir les meilleurs résultats possibles au point
de vue administratif, des résultats palpables pour toute la
population.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député
d'Abitibi-Ouest.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): M. le Président, je voulais simplement
faire un commentaire au début, avant de poser quelques questions, mais,
comme commentaire, je trouve un peu farfelu que le député de
Lafontaine attache tellement d'importance à avoir une priorité
pour un ministère en particulier.
A la façon dont ils parlent, il faudrait toujours que les
ministères aient des augmentations avec des taux uniformes dans tous les
ministères et laissent probablement de côté des
ministères en pleine expansion comme justement le ministère de
l'Immigration ou le Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux
Sports, enfin tous ces jeunes ministères qui sont en pleine expansion
pour leur restructuration.
Il faut qu'il y ait un premier et il faut qu'il y ait un dernier. Je
pense que cela n'a aucune importance de regarder et de mettre tant de temps et
d'efforts là-dessus.
Ma première question était pour savoir s'il y a eu,
concernant la spéculation foncière, en particulier, des
pourparlers avec la Société centrale d'hypothèque et de
logement pour des créations de banques de terrains par des offices
municipaux d'habitation.
M. GOLDBLOOM: Le député sait que la Loi nationale de
l'habitation a été modifiée par le gouvernement
fédéral de façon à permettre l'accumulation de
banques de terrains. Nous avons donc présenté un projet de loi
qui est au feuilleton et attend sa deuxième lecture pour permettre
justement que l'on en profite.
Entre-temps, comme je l'ai dit en Chambre hier, les négociations
se poursuivent avec le gouvernement fédéral.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): M. le Président, si on parle encore de
spéculation foncière, je pense que c'est déjà une
première étape qui est entreprise et, si on continuait dans une
autre étape, est-ce qu'il ne serait pas aussi vrai qu'aujourd'hui avec
les ententes-cadres sous le programme ARDA 3, avec l'OPDQ, il y ait une
politique aussi de relocalisation et de rachat des terres, soit pour
l'expansion de l'agriculture, soit pour le reboisement? Enfin, en
collaboration
avec le ministère de l'Agriculture et l'OPDQ, c'est justement une
méthode d'empêcher aussi la spéculation. Il y a un autre
programme qui maintient aussi une directive du ministère de
l'Agriculture, qui actuellement a gelé toutes les terres non
patentées qui sont simplement sur des billets de location, justement
pour empêcher ces spéculations foncières.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je trouve que le
député d'Abitibi-Ouest met le doigt sur des aspects positifs et
constructifs de ce que l'on peut faire et ce que l'on s'apprête à
faire. Il est évident que nous devons agir de façon à
protéger non seulement la terre québécoise, mais aussi
l'intérêt économique des Québécois. Je
reprends des remarques du député de Lafontaine de tout à
l'heure. Quelle est la définition de la spéculation? Il y a des
cas qui sautent aux yeux et des échanges de terrains dans l'espace de
quelques jours avec des augmentations extraordinaires de prix. Quand on voit
des choses de cette nature, c'est facile de dire que c'est de la
spéculation. Mais il y a aussi une activité économique qui
est normale, qui dénote une vigueur de l'économie et qui peut
présenter des aspects qui semblent peut-être plus prononcés
comme augmentation que ce à quoi on est habitué. Mais est-ce que
c'est nécessairement de la spéculation que l'on doit
réprimer?
Il est évident que d'autres quand je parle d'autres, je
parle de personnes honnêtes et responsables qui ont entre leurs
mains l'administration de la chose publique. Je pense particulièrement
aux municipalités. Quand les municipalités viennent me voir pour
me parler de leurs problèmes financiers et pour me parler de leurs
besoins en argent, elles me disent très souvent: Nous avons
augmenté notre évaluation totale de tant au cours de
l'année, cela avec fierté, indiquant que c'est une façon
de mesurer le progrès de la municipalité. Effectivement, c'est
une façon de mesurer le progrès. Quand on veut réprimer la
spéculation, on doit être bien sûr de ne pas agir de
façon à empêcher la municipalité de profiter de
l'avancement normal d'une économie qui, dans quelques cas,
connaîtra des exagérations. C'est justement pour cette raison que
l'on doit être prudent et que l'on doit agir d'une façon
concertée en tenant compte des divers facteurs, comme ceux que le
député d'Abitibi-Ouest vient de mentionner.
M. LEGER: M. le Président, je vais donner une réponse au
ministre qui vient de parler d'une définition de la spéculation
foncière. L'Ontario en a trouvé une que je lui donne. Pour eux:
"We are trying to get at people who trade in land, without adding value to
it".
M. GOLDBLOOM: C'est une catégorie d'activités. C'est
peut-être...
M. LEGER: Le ministère du Revenu de l'Ontario.
M. GOLDBLOOM: ... un aspect relativement facile, mais il y a beaucoup de
transactions qui se font, surtout dans une région comme celle de la
capitale ici, comme la région métropolitaine. Je ne suis pas
sûr que je pourrais, même avec les conseils de mes proches
collaborateurs, porter un jugement sur chacune de ces transactions, pour dire
dans le cas X, c'est de la spéculation, et l'on devrait intervenir de
façon draconnien-ne, et dans le cas Y, ce n'est pas de la
spéculation. C'est pour cela qu'il faut un travail assez sérieux
pour savoir comment agir.
M. LEGER: Mais le député d'Abitibi-Ouest a affirmé
quelque chose tantôt. Il disait qu'il ne voyait pas l'importance qu'il y
avait de déterminer qu'un ministère ait un revenu augmenté
plus qu'un autre. Je comprends qu'il n'a pas encore l'expérience d'un
parlementaire qui a touché à cela, mais je peux lui dire quand
même que les problèmes n'augmentent pas d'une façon
égale d'un ministère à l'autre et que, s'il y a des
problèmes qui augmentent dans un ministère, spécialement
le problème de l'environnement dans le ministère des Affaires
municipales, le problème de l'habitation dans les Affaires municipales,
c'est l'augmentation de la quantité et de la qualité des
problèmes qui peut amener un ministre à déterminer qu'il a
besoin de crédits supplémentaires.
Non pas parce que son ministère est plus important que les
autres, mais parce que, actuellement, la politique, qui évolue d'un jour
à l'autre, fait que, dans son ministère, il y a des
problèmes qui sont plus urgents et plus graves. C'est pour cela que,
devant les problèmes auxquels a à faire face le ministère
des Affaires municipales au Québec... Qu'il ait eu une augmentation
nette de 1.9 p.c. et brute de 7.4 p.c., selon les statistiques, dans les notes
explicatives sur les crédits, cela dénotait que le
ministère des Affaires municipales, qui a des problèmes graves
à résoudre, n'avait pas eu sa part. C'est cela que je veux dire
au député d'Abitibi-Ouest, c'est que cela dépend des
problèmes urgents qui surviennent et le ministre est là pour
défendre ces points.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): D'accord. M. le Président, c'est
simplement pour souligner que, d'une façon ou d'une autre, je voudrais
revenir à la question des gouvernements régionaux. Je pense que,
si le député de Lafontaine avait déjà vécu
des expériences, en étant près de la population, pour
savoir comment essayer de vendre l'idée des gouvernements
régionaux, comment on a déjà essayé de le faire, il
y a cinq ou six ans, par certains fonctionnaires du ministère des
Affaires municipales et la réception de la population à ce sujet,
je vous assure que ces gens ont été très mal reçus
et je pense
qu'il n'aurait pas pu partir encore assez vite des régions
désignées.
Actuellement, la population ne veut pas, ne désire pas ces
gouvernements régionaux et n'est pas prête à les prendre.
Peut-être que cela viendra dans un autre temps.
M. LEGER: M. le Président, une question qui me surprend, c'est
que j'avais pensé que le député d'Abitibi-Ouest aurait
posé une question précise qui le concerne. Je vais la faire pour
lui. C'est une question concernant un problème de son comté. Je
voudrais savoir si le ministre considère que l'achat massif de terrains
au Québec par des étrangers non québécois constitue
selon lui un problème précis et quelle mesure législative
il entend prendre pour y remédier. Je parle spécifiquement du
domaine des achats de terrains par des Américains, d'une façon
régulière, en Abitibi. Est-ce que le ministre peut
répondre à cette question?
M. GOLDBLOOM: C'est clairement une chose à surveiller, M. le
Président, mais je n'ai pas autant de xénophobie que le
député de Lafontaine.
M. LEGER: Pas surveiller, arrêter!
M. GOLDBLOOM: II y a beaucoup de gens qui viennent investir chez nous,
qui deviennent, au moins sur le plan fiscal, de bons citoyens de chez nous,
comme il y a des Canadiens qui vont investir ailleurs. Si cette
réciprocité d'ouverture n'existait pas, le monde se porterait
beaucoup moins bien que dans le moment.
Nous avons certainement à surveiller la raison d'être de la
présence économique de ceux qui viennent de l'extérieur.
Nous ne pouvons être indifférents à cette
considération, mais nous ne devons pas, a priori, conclure que, parce
qu'il y a des gens qui viennent et qui achètent des choses chez nous,
même notre territoire, c'est nécessairement une mauvaise chose
pour nous. Si nous n'avions pas eu des investissements massifs de
l'extérieur, nous n'aurions pas développé le Québec
et le Canada comme nous avons pu le développer.
Il est facile en médecine, on dit que la
rétrospective est toujours la vision parfaite à 20 sur 20
de dire: On aurait dû faire autrement. D'accord, on a fait ce qu'on a
fait. On a les résultats que l'on connaît. La situation
économique du Québec est la meilleure depuis 25 ans.
M. LEGER: Est-ce que je pourrais demander au nouveau président du
comité d'étude sur la spéculation foncière s'il a
considéré que les achats des terrains dans l'Abitibi, dont une
bonne partie est pour spéculation foncière et dont une bonne
partie est des territoires à nature ou à vocation agricole,
c'est-à-dire des terres arables qui vont être utilisées,
non pas par des futurs citoyens canadiens, mais qui pourront être
utilisées par des Américains qui agiraient comme "gentlemen
farmers", en se promenant sur ce territoire pour leur plaisir, en
n'étant pas des citoyens canadiens...
Il parle des cas de spéculation foncière ou de vocation
précise par un gouvernement qui surveille et agit pour empêcher
que ces territoires, qui pourraient être une ressource valable pour
l'agriculture au Québec, soient arrêtés par une loi sur la
spéculation foncière.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, ce n'est pas tellement par une loi
sur la spéculation foncière, mais plutôt par une loi sur
les terres agricoles. Justement, si nous sommes pour protéger les terres
agricoles, c'est pour leur conserver une vocation agricole réelle et non
pas pour leur permettre d'être conservées sans être
exploitées pour le bien de la population. Nous avons besoin du maximum
de notre productivité agricole, notre productivité de
denrées alimentaires.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): M. le Président, à ce sujet, je
pourrais demander au ministre des Affaires municipales s'il est au courant,
justement, que dans l'Abitibi, le rapport sur le zonage agricole a
été déposé pour déterminer ce qui est
agricole ou non agricole.
M. LEDUC: Le député de Lafontaine est dans la brume encore
une fois.
M. LEGER: M. le Président, je vois qu'il a un oeil pas mal
amoché. Je ne sais pas ce qu'il a, le député de Taillon.
Ce que je voulais dire, c'est que dans le bill que le ministre Toupin veut
présenter et pour lequel il a consulté le ministre des Affaires
municipales, est-ce qu'il est question de prévenir l'achat par des
étrangers des territoires à vocation agricole qui perdraient
cette vocation? Est-ce que c'est prévu dans cette loi?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je ne le crois pas, mais on n'est
pas avancé au point de pouvoir dire ce qu'il y a ou ce qu'il n'y a pas
dans une loi qui n'est pas encore écrite. Si je dis que je ne le crois
pas, c'est parce que je crois que c'est par d'autres mécanismes que nous
devrons statuer sur la question de la spéculation comme telle. Notre
préoccupation est de conserver le potentiel agricole que nous avons.
M. LEGER: Est-ce que la loi viendrait pour protéger ces
choses?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): J'aimerais souligner que justement le rapport
sur le zonage agricole a été déposé seulement
dimanche passé.
Alors, après un peu d'étude, j'imagine, avant de
participer...
M. LEGER: Non, mais le ministre parle des mécanismes pour
prévenir ces choses. Je ne dis pas que c'est dans la loi, mais il faut
connaître la préoccupation du ministre pour savoir ce qui va se
passer dans la loi par la suite. Quels sont les mécanismes? Quel type de
loi va prévenir des choses comme cela?
M. GOLDBLOOM: C'est à être décidé par le
conseil des ministres.
M. VAILLANCOURT: Je pense, M. le Président, qu'il est
prématuré d'essayer de savoir, de connaître le contenu de
cette loi. C'est une loi qui a été discutée dans les
très grandes lignes. Je pense que le conseil des ministres n'a pas
arrêté encore le contenu de toute cette loi.
M. LEGER: Est-ce que le ministre a des chiffres sur l'achat des terres
par les étrangers au Québec?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, je n'en ai pas ici. Je ne
sais pas si ces chiffres sont disponibles de façon globale et
précise. On peut essayer de...
M. LEGER: C'est une préoccupation du comité
d'étude.
M. GOLDBLOOM: C'est nécessairement une des préoccupations
du gouvernement. Il faut définir l'ampleur d'un problème pour
savoir quoi faire pour le régler.
M. LEGER: Est-ce qu'on peut s'attendre qu'à un moment
donné il y ait une loi qui régisse l'achat des terres par les
étrangers?
M. GOLDBLOOM: Je ne pourrai me prononcer au nom du gouvernement. Le
gouvernement n'a pas pris une décision quant à sa
législation. C'est peut-être frustrant pour le
député de Lafontaine de ne pas avoir une réponse plus
précise que celle-là, mais c'est quand même la
responsabilité du gouvernement de poser les gestes au moment qu'il juge
opportun et de la façon qu'il trouve opportune.
M. LEGER: Est-ce que le ministre s'inquiète de ce
problème?
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement.
M. LEGER: Parce que le ministre est certainement au courant que le
Mexique a proposé une loi pour éviter l'achat des terres
limitrophes, le plus proche possible d'un pays comme les Etats-Unis, comme
c'est le cas pour le Canada. Il limite justement l'achat par des
étrangers des terres au Mexique.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, juste- ment le Mexique a des lois
qui sont extrêmement restrictives quant à l'activité
économique de ceux qui ne sont pas mexicains. J'invite le
député de Lafontaine à comparer l'économie du
Mexique avec celle du Canada et à choisir.
M. LEGER: J'y suis allé, M. le Président, mais ça
ne veut pas dire que c'est...
M. LEDUC: Vous ne citeriez sûrement pas le Mexique en exemple.
M. GOLDBLOOM: M. le Président... M. LEGER: Allez-y, M. le
ministre.
M. GOLDBLOOM: Je ne voudrais pas être mal compris. Je ne voudrais
pas déprécier la fierté des Mexicains pour leur pays,
leurs ressources, et je ne voudrais pas critiquer leur façon
d'ériger des barrières autour de leur pays, de leur
économie, de leur territoire. Je ne voudrais pas dire que c'est
nécessairement une mauvaise chose pour le Mexique d'avoir agi de cette
façon, mais je dois dire que le genre d'économie que nous avons
développé au Canada est différent et a agi
différemment, et nous a permis de développer un mode de vie qui
est différent et qui semble convenir aux Canadiens, aux
Québécois. Je ne pense pas que l'on doive prendre en exemple ce
que font les autres, sauf pour apprendre ce qui peut être appliqué
chez nous. Et je ne suis pas convaincu que chaque exemple peut se traduire en
termes québécois par une action valable dans notre
économie, parce que nous aurions peut-être des effets
imprévus.
M. LEGER: M. le Président, non seulement les Mexicains
s'inquiètent là-dessus, mais devant un pays riche comme les
Etats-Unis, ils doivent tenir compte de cela. Dans la loi de l'Ontario, il y a
cette préoccupation puisqu'un des objectifs est exprimé ici, dans
l'article: "Land speculators face 50 p.c. tax on profit as inflation curbs is
an interim step to maximize Canadian ownership of our real estate". Autrement
dit, c'est pour prévenir que les étrangers possèdent trop
de territoire, de terrains, dans un pays, et c'est un des buts de la loi de
l'Ontario.
Alors, l'Ontario lui-même a cette préoccupation. Le Mexique
a cette préoccupation. Tantôt j'ai demandé au ministre s'il
se préoccupe de cette question, il m'a dit oui. Il ne semble pas du tout
se diriger vers la protection des terrains. Qu'ils soient de
propriété au moins canadienne et surtout
québécoise, plutôt que de laisser les étrangers les
acheter.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, dans chaque cas, tant et aussi
longtemps que le gouvernement n'aura pas pris une décision, il sera
facile pour le député de Lafontaine de dire: Vous n'avez pas agi;
ou: Vous ne tenez peut-être pas compte de telle ou telle chose, vous
n'agirez pas en temps opportun. Le gouvernement sera jugé comme
il l'a été en octobre et il le sera de nouveau quand son mandat
actuel prendra fin et ce sera sur l'ensemble de ses actions. Le gouvernement se
penche sur la question. Le gouvernement n'est pas encore en mesure de donner
des réponses précises aux questions que pose le
député de Lafontaine. Donc, il faudra qu'il soit patient.
M. LEGER: M. le Président, le rôle de l'Opposition, c'est
justement de ne pas être patiente, parce qu'un gouvernement peut
s'asseoir et s'assoupir au lieu de s'assouplir. C'est la raison pour laquelle
je posais la question. La façon dont le ministre répond à
mes questions, avec sa gentillesse habituelle, n'enlève pas
l'amitié que j'ai pour lui, mais je suis obligé de dire, quand
même, que, pour toutes les questions que je lui ai posées sur la
spéculation foncière, il me donne l'impression suivante:
premièrement, que le comité d'étude a été
fondé à cinq heures dix et que la nomination du président
de ce comité a été faite à cinq heures vingt et que
ce n'est pas dans les préoccupations du ministre de travailler pour
obtenir de l'action au niveau des problèmes de la spéculation
foncière.
M. GOLDBLOOM: C'est une interprétation fort gratuite que fait le
député de Lafontaine. Il a la manie, semble-t-il, des
comités. S'il n'y a pas un comité dont il peut connaître le
président, le mandat, la date du dépôt du rapport, il
trouve que rien ne se fait. Je lui ai répondu que les ministères
sont là pour prendre leurs responsabilités et pour agir; que,
pour agir, ils doivent être renseignés et qu'il faut qu'ils
prennent, comme un comité, le temps nécessaire. Ils ne sont pas
obligés de dire d'avance: II nous faudra un mois, deux mois, une
année, pour arriver à des conclusions. Mais quand on a la
responsabilité gouvernementale, surtout dans certains domaines d'une
complexité comme celle du domaine que nous discutons, bien imprudent est
celui qui se prononce de façon partielle.
Que le député de Lafontaine soit assuré que nous
sommes conscients du problème et que nous travaillons à ce
dossier de façon sérieuse. Nous aurons des décisions
à annoncer dès que nous serons convaincus que ces
décisions seront les bonnes et n'auront pas de répercussions
imprévues sur l'économie québécoise.
M. LEGER: Avant de terminer, M. le Président, je veux simplement
dire au ministre que je suis heureux de savoir que maintenant nous pourrons
questionner en Chambre le nouveau président du comité
d'étude, pour voir comment fonctionne son comité. Habituellement
ce sont des personnes qui ne sont pas à l'intérieur de la
Chambre. Nous pourrons voir par les questions que nous lui poserons en Chambre,
à quelle vitesse progresse l'étude de la spéculation
foncière au Québec.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le député de
Lafontaine est en mesure de poser toutes les questions qu'il veut au ministre
actuel des Affaires municipales depuis la mi-février 1973; il ne s'est
pas gêné pour le faire tout ce temps-là. Je compte sur lui
pour continuer.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La commission suspend ses travaux
jusqu'à vingt heures et quinze.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 25
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
affaires municipales): A l'ordre, messieurs!
M. LEGER: Si le député de Taillon le veut, à chaque
commission parlementaire où nous n'avons pas quorum des
députés libéraux, je prendrai la peine de le dire.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je m'excuse auprès du
député de Lafontaine, actuellement nous avons quorum.
M. CARON: Depuis que cela a paru dans les journaux, cela s'est
amélioré !
M. LEGER: II y a une grosse amélioration dans la participation
des députés libéraux depuis un certain temps.
M. le Président, pour revenir à nos moutons, à une
commission parlementaire, le ministre nous avait signalé que la
commission de la refonte des lois municipales devait terminer ses travaux
à la fin de l'année 1973 et en remettre le rapport. Est-ce que ce
rapport a été remis?
M. GOLDBLOOM: Pas encore. Il y a eu un peu de délai. J'ai
ajouté au mandat de cette commission des sujets additionnels. Il est
à prévoir que nous recevrons le premier rapport prochainement. Je
devrai rencontrer d'ici une quinzaine de jours le président de la
commission, pour recevoir de lui le calendrier du dépôt de ces
rapports.
M. LEGER: Dites-vous avant la fin de la commission, pour le
calendrier?
M. GOLDBLOOM: Non. D'ici une quinzaine de jours. Il a demandé de
me rencontrer pour me faire part du calendrier, notamment en vertu des sujets
additionnels que je lui ai demandé d'étudier.
M. LEGER: Est-ce qu'il y aura des rapports préliminaires, ou si
ce sera un rapport en bloc final, étant donné que vous avez
augmenté le nombre de sujets à étudier?
M. GOLDBLOOM: Je serai plus en mesure de répondre
précisément quand j'aurai rencontré le président de
la commission, mais j'ai cru comprendre qu'il déposera un rapport qui ne
sera pas préliminaire dans le sens de ne pas être complet sur les
sujets traités, mais qui sera un premier volume à être
suivi d'au moins un et peut-être de deux autres par la suite.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut nous dire quel est le prolongement
de ce mandat? Quels sont les sujets supplémentaires que vous avez
donnés à cette commission, qui l'oblige à faire un travail
supplémentaire?
M. GOLDBLOOM: Le plus important des sujets est celui des
élections municipales, qui n'avait pas été inclus dans le
mandat original. De mémoire, je vous avoue que je ne repêche pas
l'autre sujet que j'ai demandé. Mais le principal sujet était
celui des élections municipales.
M. LEGER: Est-ce que le ministre a demandé en plus à cette
commission de se pencher sur la réforme électorale
générale ou seulement pour les élections municipales? Je
veux dire qu'il y a des municipalités qui ont des chartes, il y en a qui
dépendent de la Loi des cités et villes, d'autres du code
municipal.
M. GOLDBLOOM: II y a des lois particulières qui régissent
l'action de certaines municipalités, notamment les plus importantes. Il
est évident que, parmi les tâches principales que nous avons
attribuées à cette commission, il y a celle de regarder, toutes
les lois particulières, et d'en faire une synthèse pour nous
indiquer s'il y a vraiment une justification dans tous les cas et dans tous les
articles, pour les pouvoirs spéciaux particuliers, différents de
la moyenne, qui sont accordés à ces municipalités.
Donc, c'est dans ce sens que la commission regardera la question des
élections municipales. Il y a aussi la question de la concordance des
élections municipales avec les élections scolaires. Tout cela
fait partie de la responsabilité de la commission.
Il y a une variété de régimes dans les
municipalités du Québec. Le nombre de conseillers, par exemple,
n'est pas identique: il y a des municipalités qui en ont cinq,
c'est-à-dire un maire et quatre conseillers, ou de six à onze et
même plus. La commission se penche sur cette question.
Je pourrais simplement ajouter que nous avons reçu
récemment un nombre assez important de résolutions
adoptées par des conseils municipaux demandant une modification à
la loi en ce qui concerne le nombre minimum de contribuables qui peuvent exiger
un référendum. On trouve que le nombre est faible dans certaines
municipalités où la population est relativement importante. J'ai
demandé à la commission de regarder cette question.
M. LEGER: Le ministre m'a répondu en Chambre, aujourd'hui, qu'il
était sur le point de déposer un projet qui amenderait la Loi des
cités et villes actuelle ou de l'évaluation foncière pour
permettre de rendre éligible tout locataire qui n'est pas au rôle
d'évaluation et, que, étant donné qu'il a dit qu'il le
déposerait, il tenterait de le faire voter avant l'ajournement de
l'été; ceci permettrait de faciliter les prochaines
élections municipales dans tout le Québec.
Concernant la ville de Montréal, étant donné que
cette question, c'est moi qui l'avais posée, le ministre m'avait
répondu à la commission
parlementaire, où il y avait justement la présence du
maire Drapeau et de différents représentants de la ville de
Montréal, qu'il se penchait là-dessus. C'est donc dire que les
résultats d'une réforme électorale touchant même des
villes comme Montréal ou Québec ne seront pas disponibles
à temps pour l'élection de Montréal qui vient en
novembre.
M. GOLDBLOOM: Sur le point en question, oui. Il est nécessaire de
modifier la Loi des cités et villes pour corriger la situation
d'admissibilité, d'éligibilité des locataires, mais nous
avons effectivement déposé un projet de loi pour corriger la
situation et ce sera fait à temps pour les élections.
M. LEGER: Pour les chartes privées, comme celles de
Montréal et de Québec, c'est à l'occasion d'une
séance de la commission parlementaire où on étudiait le
bill, si je me rappelle, c'est le bill 100 ou bill de la ville de
Montréal, que j'avais posé ma question. A ce moment-là, le
ministre avait dit qu'il avait justement besoin de faire une réforme
électorale de toutes les municipalités incluant
Montréal.
Ma question est donc la suivante: Les résultats de l'étude
qui est faite par la commission, même s'ils sont publiés avant les
élections de novembre, ne pourraient-ils pas être adoptés
pour permettre l'utilisation de cette loi pour les élections municipales
de Montréal, en novembre?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si j'ai bien compris la situation,
c'est une erreur qui s'est glissée dans les modifications que nous avons
apportées à la Loi de l'évaluation foncière.
M. LEGER: Non, le ministre s'en va dans une autre direction. Je me suis
peut-être mal exprimé.
Je faisais simplement une allusion en disant que vous allez pouvoir
résoudre, parce que vous me l'avez dit en Chambre, cet
après-midi, le problème que subissent les locataires et qui
provient de la Loi de l'évaluation foncière qui est en
contradiction avec la Loi des cités et villes. Vous m'avez
répondu que vous pouvez régler cela avant les élections
municipales de novembre.
Je parlais de la réforme de l'élection municipale touchant
celles qui ont une charte particulière, dont la ville de
Montréal. Est-ce que cela ne pourrait être prêt à
temps ou est-ce que ce serait prêt à temps pour que ce soit en
vigueur pour les élections de la ville de Montréal, en novembre?
Ou est-ce que ce serait la même loi qui modifierait les deux, et les
villes qui ont des chartes et les autres qui relèvent de la Loi des
cités et villes?
M. GOLDBLOOM: Je ne suis pas certain, et peut-être que
j'étais distrait pendant un instant pendant que le député
de Lafontaine parlait, d'avoir pleinement compris.
Il me semble qu'il y a quand même deux éléments: II
y a le problème de l'éligibilité d'un locataire et, si la
Loi de l'évaluation foncière est mal rédigée, en
corrigeant cette mauvaise rédaction, dans cette loi ou dans la Loi des
cités et villes, on devrait pouvoir corriger cette situation partout au
Québec.
Si ce que cherche le député de Lafontaine est si le
rapport de la Commission de refonte des lois municipales sera
déposé et nous permettra d'entrer dans les détails de
chacune des lois particulières afin de modifier un régime
particulier qui existe pour la ville de Montréal, je ne crois pas que
nous soyons en mesure de toucher au régime électoral de la ville
de Montréal avant les élections de novembre, sauf pour corriger
cette question de l'admissibilité d'un locataire comme candidat au poste
de maire ou de conseiller.
M. LEGER: Vous avez répondu partiellement à ma question.
Maintenant, il est sûr que, si vous voulez corriger l'anomalie du
locataire pour tous les régimes au Québec, les régimes
municipaux, ce n'est pas la Loi des cités et villes qui devrait
être amendée, c'est le bill 48, parce que la Loi des cités
et villes ne touche pas les villes qui ont des chartes. Donc, c'est la Loi sur
l'évaluation foncière qui devrait être corrigée.
M. GOLDBLOOM: Je me plierai évidemment aux recommandations des
conseillers juridiques, mais l'objectif est clair, c'est de ne priver personne
de ce droit.
M. LEGER: Si vous faites un amendement à la loi 48, la Loi sur
l'évaluation foncière... De la façon que j'ai
formulé ma question à la Chambre, c'était de permettre
à toute personne qui est locataire de pouvoir être éligible
et si la loi a été corrigée, en ce sens que toute personne
qui est au rôle d'évaluation est éligible, cela ne
réglerait pas les cas particuliers dont je vous donne un exemple. Dans
la ville de Pointe-aux-Trembles et je pense qu'il y a d'autres villes
qui sont dans la même situation les citoyens locataires payent
leur taxe d'eau directement à la ville de Montréal. C'est donc
dire qu'ils ne sont pas au rôle d'évaluation de la ville de
Pointe-aux-Trembles et ils ne peuvent pas, à ce moment-là,
être considérés comme étant éligibles parce
qu'ils ne payent pas à leur ville. Ils ne sont pas au rôle de leur
ville, ils sont sur celui de Montréal.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, c'est justement le problème
qui existe présentement. La loi est rédigée de
façon à exclure de ce droit les personnes qui ne sont pas
inscrites au rôle d'évaluation et c'est à cause de cela que
nous connaissons la difficulté. Il faudra donc corriger la loi pour
éliminer cette question d'inscription au rôle d'évaluation
et déclarer simplement toute personne éligible.
M. LEGER: C'est cela. Parce que vous régleriez deux
problèmes du coup. Il y a deux problèmes, si le ministre voit la
nuance entre les deux.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LEGER: II y a celui qui est un contribuable pour la taxe d'eau de sa
ville et qui, par la loi 48, ne se trouve pas à être
considéré comme étant éligible parce qu'il n'est
pas propriétaire, et il y a celui qui est un locataire précis,
qui paye une taxe d'eau, mais il la paye à une ville voisine. Il n'est
donc pas au rôle d'évaluation de sa propre ville.
Il faudrait que la loi corrige en même temps ces deux aspects.
M. GOLDBLOOM: II est nécessaire d'avoir des critères
d'admissibilité et je conviens que l'inscription au rôle
d'évaluation n'est pas un critère valable pour les
différentes raisons que nous avons examinées.
Il y a diverses solutions qui ont été proposées et
ce sera au comité de législation de choisir parmi ces options et
de déterminer une façon d'assurer à chacun le droit de se
présenter. Il serait possible, par exemple, de déclarer que toute
personne qui est inscrite à une liste électorale est par ce fait
éligible au poste; ayant le droit de vote, cette personne aurait le
droit de se porter candidat aussi.
Il y a des façons de le faire et il y a peut-être des
complications en touchant à un article particulier d'une loi
particulière. Je pense que nous pouvons nous entendre sur le but que
nous visons et laisser aux légistes le soin de trouver la bonne
formule.
M. LEGER: Le ministre était donc au courant du
problème.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LEGER: Maintenant, le rapport que la Commission de refonte des lois
municipales doit faire, étant donné que vous avez augmenté
ses responsabilités, est-ce que la partie qu'elle a terminée, du
moins la partie qu'elle devait avoir terminée à la fin de 1973,
va être déposée bientôt ou si elle va déposer
ensemble les aspects que vous avez ajoutés comme
responsabilités?
M. GOLDBLOOM: Pour ma part, je n'ai pas l'intention de garder des
rapports qui me seront soumis. Je pense bien que le premier rapport sera le
plus volumineux. Nous avons déjà reçu certains documents
de base qui consistent en la compilation des données, une certaine
synthèse de lois existantes, mais ce n'est pas encore un document qui
nous permet de tirer des conclusions et de savoir quoi faire. Ce sont des
textes de référence. Dès que j'aurai reçu et lu le
premier rapport, j'ai l'intention de le rendre public. C'est un document qui
devra susciter une discussion assez large et, non seulement les
municipalités, mais leurs citoyens seront sûrement désireux
d'avoir un temps considérable pour examiner le document et faire leurs
commentaires.
M. LEGER: Est-ce que le ministre a l'intention, à ce
moment-là, de convoquer une commission parlementaire pour l'étude
de ces sujets?
M. GOLDBLOOM: Je ne voudrais pas donner un engagement précis. Je
viens de dire que je voudrais encourager la discussion. Je ne sais pas s'il
faut convoquer la commission parlementaire pour cette fin précise. Il
est possible, par exemple, que les principaux organismes du milieu municipal,
l'Union des municipalités, l'Union des conseils de comté,
expriment le désir de tenir des colloques, d'inviter des
conférenciers et d'examiner publiquement le document de cette
façon, mais je n'ai pas d'objection, pour ma part, à convoquer la
commission parlementaire pour en discuter.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le ministre a d'autres
conclusions?
M. GOLDBLOOM: Simplement des détails quant au contenu du premier
rapport. La constitution des municipalités, l'organisation des
corporations municipales, les élections l'élément
que j'avais ajouté le rôle des officiers municipaux et les
procédures de travail du conseil municipal. Ce sont les cinq
éléments.
M. LEGER: Dans le domaine des élections, est-ce qu'il est
question du financement de partis municipaux ou de dépenses
électorales permises?
M. GOLDBLOOM: Je ne suis pas en mesure de le savoir, M. le
Président, il faudra que j'attende le rapport pour le savoir.
M. LEGER: Je parle du mandat que vous leur avec donné
d'étudier l'ensemble...
M. GOLDBLOOM: Le mandat est général. Je n'ai pas
précisé, dans ce mandat, cette question particulière du
financement des élections municipales; mais, pour la question des partis
politiques, j'ai lieu de croire qu'elle sera touchée dans le rapport,
mais ce n'est qu'une impression. J'aurai des renseignements plus précis
quand j'aurai rencontré le président.
Il est possible que le rapport, même s'il porte sur le financement
des partis politiques au niveau municipal, n'arrive pas à temps pour
être utile à l'honorable député.
M. LEGER: Je me préoccupe beaucoup des choses municipales, mais
pas nécessairement à l'aspect des élections
municipales.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je croyais comprendre que le
député de Lafontaine est locataire, n'est pas inscrit au
rôle d'évaluation et veut présenter sa candidature à
la mairie de Montréal.
M. LEGER: M. le Président, je suis propriétaire en dehors
des limites possibles pour la ville de Montréal.
M. GOLDBLOOM: Ah!
M. LEGER: Ma question suivante a trait au rapport du Vérificateur
général, qui se plaint que le ministère ne tient pas un
registre où seraient inscrits tous les engagements assumés par le
ministère durant l'année. Est-ce que ce défaut a
été corrigé?
M. GOLDBLOOM: Nous n'avons pas l'impression, M. le Président, que
nos procédures diffèrent de celles des autres ministères.
Nous avons, comme pratique normale, le respect qu'il faut avoir pour les
exigences du vérificateur général. Je crois donc que, s'il
a décelé des défauts, il faudra les corriger, mais nous
avons l'impression que c'est plutôt une critique générale
qui s'adresse à plusieurs ministères qu'une critique
sélective du ministère des Affaires municipales.
M. LEGER: M. le Président, je veux seulement corriger le
ministre, parce qu'il s'en va dans une direction et je dois le ramener tout de
suite. C'est à la page 252 où on parle directement du
ministère des Affaires municipales dans le rapport du
Vérificateur général.
M. GOLDBLOOM: Je vais vérifier, M. le Président.
M. LEGER: Vous pouvez vérifier.
M. GOLDBLOOM: Nous n'avons certainement pas l'intention de ne pas
respecter les exigences du vérificateur.
M. LEGER: Cela me surprend que vous ne l'ayez pas remarqué,
étant donné que cela vous concernait spécialement.
Je pense que c'est tout simplement une question d'administration. C'est
une question concernant votre ministère en particulier.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il n'y a sûrement pas de
scandale là-dedans.
M. LEGER: Non, je n'ai fait aucune allusion à un scandale.
M. GOLDBLOOM: C'est une question administrative et si les responsables,
au sein du ministère, n'ont pas cru nécessaire de porter cela
à mon attention, c'est sûrement parce qu'ils ont trouvé que
c'était assez simple de modifier les procédures pour respecter
les demandes du vérificateur.
M. LEGER: Non, je ne sortais aucun scandale avec cela, mais l'argument
que vous me donnez n'est pas suffisant. Ce n'est pas parce que l'on n'a pas
porté à votre attention le rapport du vérificateur
général que vous devez dire que ce n'était donc pas
important. Ce n'est pas la raison.
Je pense que c'est peut-être mineur. C'est une question
administrative, je crois, mais simplement le fait, qui concerne votre
ministère... Le ministre peut sûrement vérifier et nous en
donner des nouvelles un peu plus tard. Ce n'est pas plus grave que cela. C'est
une question d'information.
M. GOLDBLOOM: Certainement. Comme vous le savez, le ministre est
responsable de tout ce qui se passe dans son ministère; il n'est pas
nécessairement au courant de tous les détails et, même s'il
essaie d'être présent partout, il doit être informé
de certaines choses. J'irai aux renseignements et je peux assurer le
vérificateur que nous respecterons ses exigences. Tout sera dans l'ordre
la prochaine fois, s'il a trouvé que ce n'était pas parfait cette
fois.
M. LEGER: Puisqu'on est dans les dépenses
générales, je vais demander au ministre une explication relative
à des dépenses inscrites dans les comptes publics de l'an
dernier. Je voudrais avoir des éclaircissements sur la nature de cette
dépense et si elle se poursuivra pour les présents
crédits.
Il s'agit d'abord dans les comptes publics d'une somme totale de
$446,830 versée pour des terrains, des immeubles, des travaux de
génie. Cette somme est versée à la suite de 23 contrats
différents à un M. Pierre Duchesne et, à chaque contrat,
il est accompagné d'un autre bénéficiaire.
J'aimerais savoir qui est ce M. Pierre Duchesne, de quel genre de
services il s'agit. C'est dans les comptes publics pour les Affaires
municipales, à la page 3-68. Je donne un exemple en passant, à la
page 3-68; on y lit: Terrains, immeubles et travaux de génie. A la
première ligne, on voit Gervais Arsenault et Pierre Duchesne: $13,225;
Bergeron et Pierre Duchesne: $11,000; Claude Bernatchez et Pierre Duchesne:
$7,500; Joanne Bernatchez et Pierre Duchesne: $13,000. On répète
le nom de Pierre Duchesne continuellement; il semble être très
populaire dans ce domaine; la même chose se répète dans les
autres dépenses générales avec un dénommé
Paul Bouchard qui est toujours accompagné d'une personne nouvelle dans
des dépenses précises de génie. Comment se fait-il que la
même personne se répète continuellement, accompagnée
d'une autre?
M. GOLDBLOOM: On m'apprend que M. Duchesne est le notaire
exécutant pour l'acqui-
sition des propriétés à Moisie, où il
fallait déplacer à toutes fins pratiques tout le village.
M. LEGER: II recevait des sommes "in trust", je présume.
M. GOLDBLOOM: Et dans chaque cas, c'est un chèque qui est
émis à l'endroit du notaire et du bénéficiaire.
M. LEGER: Et la même chose, je présume, pour Paul
Bouchard.
M. GOLDBLOOM: M. Paul Bouchard, c'est à Saint-Jean-Vianney.
M. LEGER: Et c'est un notaire?
M. GOLDBLOOM: C'est encore un notaire.
M. LEGER: Parfait. Je vais demander au ministre combien de personnes au
ministère travaillent en relation avec Mirabel, c'est-à-dire qui
continuent l'ancien SATRA. Quels sont les effectifs complets?
M. GOLDBLOOM: II faudra que j'obtienne des chiffres pour pouvoir
répondre. Je ne me rappelle pas le nombre exact de ceux qui
étaient en place pendant la période la plus active, pendant la
confection du plan, pendant l'organisation des commissions d'aménagement
dans les divers secteurs; le travail est maintenant réduit. Il y en
avait une trentaine au maximum. Il y a actuellement entre 8 et 10 personnes et
nous sommes en train de nous réorganiser pour attribuer à
certains membres de l'équipe du ministère des
responsabilités dans ce secteur.
Nous avons donné un engagement à la population et aux
municipalités de la région de maintenir notre présence et
notre intérêt actifs et nous n'avons pas l'intention de
déroger à cet engagement.
M. LEGER: Que font ces 8 ou 10 personnes qui travaillent
actuellement?
M. GOLDBLOOM: II y a une coordination à faire. Les schémas
d'aménagement de chaque secteur sont en préparation. Cela
comprend les règlements de zonage, le lotissement. Il y a un groupe qui
s'appelle Commission d'aménagement de la région
aéroportuaire, qui groupe tous les maires des municipalités, non
pas secteur par secteur, mais dans l'ensemble du territoire et cet organisme
est assez actif et requiert un appui technique de la part du ministère.
Cette aide est fournie.
Il y a aussi des éléments d'information qui sont
nécessaires, que nous devons assurer. Il y a des inspections à
accomplir avant l'émission de permis. Il y a des détails de
plusieurs ordres que nous devons regarder et suivre.
M. LEGER: Mais le rapport de SATRA n'a pas encore été
déposé. Est-ce que son mandat est terminé et est-ce que
SATRA a un rapport à déposer?
M. GOLDBLOOM: Le rapport est terminé. Je ne sais pas s'il faut
déposer formellement...
M. LEGER: Bien, dire au ministre... M. GOLDBLOOM: ... un rapport
global.
M. LEGER: Est-ce qu'il a atteint ses objectifs?
M. GOLDBLOOM: II y a une énorme pile de documents qui sera
complétée par ceux qui s'en viennent, comme les schémas
d'aménagement de secteur, et il y a les études que nous avons
fait faire dans la région, conjointement avec le gouvernement
fédéral, sur l'alimentation en eau potable, sur le traitement des
eaux usées, sur l'élimination des déchets. Il y a la
compilation des règlements de zonage et de lotissement qui sera
publiée. Chaque municipalité publiera certains documents sur ses
activités. Il est possible qu'il n'y ait pas de rapport global et
unique. Je pense bien que nous trouverions la tâche un peu difficile,
maintenant que le mandat est terminé, de retourner en arrière et
faire la compilation. Je pense que c'est la prospective qui est plus importante
pour nous présentement.
M. LEGER: Qui s'occupe actuellement du projet aéroportuaire?
M. GOLDBLOOM: Cela dépend de l'aspect que veut connaître le
député de Lafontaine. Quant à l'aménagement du
territoire, quant aux activités connexes, c'est notre direction
générale de l'urbanisme.
M. LEGER: ... vous dites que l'animation du projet, c'est le service de
l'urbanisme qui s'en occupe.
M. GOLDBLOOM: J'ai essayé de faire une distinction entre le
projet aéroportuaire lui-même et les responsabilités que le
gouvernement assume vis-à-vis de la population de la région et
vis-à-vis des municipalités qui sont à l'extérieur
de la zone strictement aéroportuaire et là, nous avons notre
responsabilité continue.
Cependant,, pour l'aéroport lui-même, c'est le
ministère de l'Industrie et du Commerce qui est intéressé
à certains aspects, le ministère des Transports à d'autres
aspects. Il y a l'OPDQ qui est intéressé, le ministère de
la Justice quant aux services de sécurité, etc.
M. LEGER: Est-ce le ministère de l'Industrie et du Commerce qui
va gérer le parc industriel et commercial de la région?
M. GOLDBLOOM: Je ne crois pas que je peux répondre à cette
question. D'abord, ce
n'est pas la commission parlementaire de l'industrie et du commerce.
M. LEGER: Oui, mais vous m'avez dit que le ministère de
l'Industrie et du Commerce était intéressé dans le
domaine. Cela doit être pour cette partie.
M. GOLDBLOOM: Oui, mais c'est à ce ministère de
définir son propre rôle et il y a des relations à
établir avec divers organismes. Le gouvernement choisira l'agence qui
sera responsable de ces divers éléments de contact et de
responsabilité.
Je ne pourrais engager le gouvernement ou le ministre de l'Industrie et
du Commerce dans un domaine qui n'est pas ma responsabilité directe.
M. LEGER: Qui s'occupe du projet d'aménagement du parc industriel
là-bas? Cela relève du provincial, de toute façon. Ce
n'est pas le ministère des Affaires municipales. C'est ce que vous
voulez dire?
M. GOLDBLOOM: Non. M. le Président, je pense que la
réponse est superposable à celle que j'ai donnée dans un
autre contexte cet après-midi. C'est le gouvernement! Le gouvernement
s'en occupe, et le gouvernement divise les responsabilités entre ses
ministères, à sa guise. Si l'honorable député veut
savoir exactement quelle est la responsabilité du ministère de
l'Industrie et du Commerce, je suis obligé de lui demander de poser
cette question au ministre responsable.
M. LEGER: Je la pose au ministre des Affaires municipales. Qu'est-ce que
le ministre des Affaires municipales aura à faire ou est-ce qu'il se
dégage de toute responsabilité dans le domaine de
l'aménagement du parc industriel? Est-ce qu'il n'a rien à faire
avec cela?
M. GOLDBLOOM: Nous sommes responsables de l'ensemble du territoire quant
à son aménagement, mais, dans l'exercice de cette
responsabilité, nous arrivons devant des spécialisations que nous
ne possédons pas. Nous devons donc laisser aux ministères
compétents dans chacun de ces domaines la responsabilité d'agir.
Il est évident que le ministère de l'Industrie et du Commerce est
celui qui est principalement responsable d'un parc industriel, mais il y aura
une autorité aéroportuaire. Il y aura peut-être des
autorités aéroportuaires. Dans quelle mesure est-ce que le
ministère de l'Industrie et du Commerce agira directement, et dans
quelle mesure, par l'intermédiaire d'un organisme créé
pour gérer diverses activités? Je ne suis pas en mesure de le
dire.
M. LEGER: Ce n'est pas le ministère des Affaires municipales qui
aura à coordonner les activités des autres ministères
concernés partiellement ou sectoriellement parlant, pour le territoire
de Mirabel?
M. GOLDBLOOM: Quant à l'aménagement du territoire, oui,
mais quant à la gestion d'une activité comme celle d'un parc
industriel, non. Ce n'est pas de notre compétence de le faire. Il y a
d'autres compétences dans le gouvernement.
M. LEGER: Je donne un exemple précis. Supposons que le
ministère des Transports a à bâtir des routes. Est-ce qu'il
devra demander au ministère des Affaires municipales un certain permis
pour la protection de l'environnement entre autres...
M. GOLDBLOOM: M. le Président...
M. LEGER: ... ou à d'autres responsabilités des Affaires
municipales, qui est le grand coordonnateur de tout le territoire?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le député de
Lafontaine est ici depuis assez longtemps pour savoir que les lois de la
province ne sont pas rédigées de façon à obliger un
ministère de demander la permission d'un autre ministère. C'est
une chose extrêmement rare dans nos lois, et cela s'applique à des
situations absolument exceptionnelles. Il y a nécessairement une
consultation. Le principe de notre système gouvernemental, c'est un
principe qui n'a pas été inventé par le gouvernement
actuel. C'est une vieille tradition. C'est que la consultation
interministérielle est présumée avoir lieu, et on n'a pas
besoin de demander formellement une permission. On consulte quand on a besoin
de consulter.
M. LEGER: Le ministre doit être au courant que le ministère
des Transports, qui voudrait construire une route sur l'île
d'Orléans, doit demander la permission au ministère des Affaires
culturelles, parce que l'île d'Orléans est
considérée comme site historique.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LEGER: Ceci est un exemple flagrant où un ministère,
pour agir, doit demander une permission à l'autre, parce que l'autre a
une priorité et une responsabilité précise. C'est un
exemple par lequel je voulais amener le ministre à réaliser que,
peut-être, il devrait penser, entre autres, pour la protection de
l'environnement, à ce qu'on arrive bientôt à cette solution
que, chaque fois que tel ministère a à réaliser certains
de ses objectifs, si le ministère de l'Environnement a des
règlements ou des lois qui le rendent responsable de la qualité
de l'environnement au Québec, que ces ministères lui demandent la
permission.
Je vais demander comme exemple précis. Si vous avez la
responsabilité de coordonner le territoire de Mirabel, est-ce que les
autres ministères vous consultent ou si c'est tout simplement une
relation interministérielle?
M. GOLDBLOOM: Le ministère des Trans-
ports nous consulte et, depuis déjà un bon moment, nous
étudions, conjointement avec le ministère des Transports, une
méthode d'appréciation de l'impact sur l'environnement de chaque
tracé de routes qui peut être conçu, qui peut être
indiqué sur une carte. Mais, il faut que cette carte soit une carte
spécialisée pour nous permettre d'apprécier les effets
peut-être néfastes de chaque tracé et donc, de choisir,
parmi les tracés possibles, celui qui serait le moins nuisible.
Nous avons découvert une formule inventée par une
université américaine. Nous l'avons fait évaluer par nos
consultants écologistes qui ont trouvé qu'il y avait d'autres
formules plus raffinées et, entre-temps, le ministère des
Transports a fait certaines recherches de son côté. Je crois que
nous serons en mesure de développer ensemble une bonne formule pour
choisir le mieux possible les tracés de routes, non seulement dans la
région aéroportuaire, mais partout au Québec.
M. LEGER: M. le Président, en ce qui me concerne, sur les
questions d'ordre très général, j'ai terminé avant
de commencer à poser des questions sur le programme 1. Il y a
peut-être d'autres députés qui ont des questions d'ordre
général.
M. GOLDBLOOM: C'est très généreux de la part du
député de Lafontaine.
M. LEDUC: Est-ce qu'il y a des députés qui ont des
questions?
UNE VOIX: Adopté.
M. LEGER: II n'y a rien à adopter, je parlais d'ordre
général.
UNE VOIX: ... la suggestion d'adopter tous les programmes.
LE PRESIDENT (M. Caron): Je remplace temporairement le président.
Si les membres de la commission n'ont pas d'objection, est-ce que ce serait
possible, M. le ministre, de savoir si, dans la loi que vous voulez
déposer, vous avez pensé à essayer de marier les listes
électorales, provinciales et municipales pour pouvoir épargner de
l'argent aux contribuables?
M. GOLDBLOOM: Justement, M. le Président, c'est une idée
que je trouve très intéressante et nous avons demandé
à la Commission de refonte des lois municipales de se pencher sur cette
question. Il semblerait au premier abord logique que l'existence d'une liste
électorale permanente serve à toutes les fins possibles.
Autrement, on impose aux municipalités le fardeau de la confection d'une
liste électorale à chaque fois. Les renseignements étant
compilés régulièrement, mis à jour à tous
les ans, il semblerait logique que nous adaptions le systè- me aux fins
municipales et, si possible, à d'autres fins aussi, des
référendums, des élections scolaires, n'importe quoi qui
pourrait être valablement attaché à cette liste
électorale permanente. Mais, je ne suis pas encore en mesure d'affirmer
que nous avons éliminé toutes les difficultés
possibles.
L'étude devra se poursuivre pour encore un peu de temps, mais je
crois que c'est dans cette direction que nous nous acheminons
présentement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saint-François.
M. DEZIEL: M. le Président, M. le ministre, dans cet ordre
d'idées, est-ce qu'il va être question de comités
exécutifs à partir d'un certain nombre de la population?
M. GOLDBLOOM: C'est-à-dire que la Commission de refonte des lois
municipales se penche précisément sur cette question. Nous avons
dû, à cause du fait que la commission se penche sur la question,
refuser, au moins en attendant le rapport, la demande de deux ou trois
municipalités de constituer un comité exécutif.
Il y a clairement certains avantages à l'existence d'un
comité exécutif et aux yeux de certaines autres personnes, il y a
également des désavantages.
Nous avons donc demandé à la Commission de refonte de
peser les avantages et les désavantages et de nous faire des
recommandations. Il y a là-dedans deux éléments:
l'existence d'un comité exécutif et les pouvoirs d'un
comité exécutif par rapport à ceux du conseil municipal
comme tel. Nous avons demandé à la Commission de refonte de
regarder ces deux aspects et de faire des recommandations.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, j'avais une question d'ordre...
Allez-y, j'ai plus souvent la parole...
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): M. le Président, le pourcentage
d'allocations de subsides aux municipalités concernant les projets
d'épuration des eaux, est-ce d'environ 60 p.c, si je me souviens
bien?
M. GOLDBLOOM: Pour être précis, la formule qui a
existé jusqu'à maintenant, en divisant le coût global en
sixièmes, avait une contribution d'un sixième de la part du
gouvernement fédéral, la possibilité de deux
sixièmes du gouvernement provincial et les trois autres sixièmes
laissés à la responsabilité de la municipalité.
Nous avons constaté que les municipalités, à toutes fins
pratiques, avec les seules exceptions des grandes agglomérations et
cela,
notamment dans le cas du BAEQM et de la communauté
régionale de l'Outaouais, avec des subventions importantes de la part du
gouvernement donc, ce n'est peut-être pas une comparaison valable
en général, n'étaient pas en mesure de prendre
l'initiative de lancer ces projets.
C'est pour cela qu'en septembre dernier, nous avons décidé
de modifier ce tableau. Nous avons toujours un sixième de la part du
gouvernement fédéral, mais nous avons inverti les autres
responsabilités en réduisant la partie municipale à deux
sixièmes et en augmentant la partie provinciale à trois
sixièmes. Je dois préciser que ce n'est pas nécessairement
ce pourcentage, mais jusqu'à concurrence de ce pourcentage. Donc, nous
avons indiqué que, par entente avec le gouvernement
fédéral, nous aurions jusqu'aux deux tiers, que nous pourrions
mettre à la disposition des municipalités pour les aider à
accomplir ce genre d'ouvrage. Il est toujours nécessaire, parce que
c'est de plus en plus un principe fondamental de notre action vis-à-vis
des municipalités dans le domaine des problèmes financiers, que
nous tenions compte de la situation financière de la municipalité
et que nous ajustions les subventions en conséquence. C'est pour cela
que le gouvernement, en décidant d'augmenter sa participation, a dit:
Jusqu'à concurrence de.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): M. le Président, est-ce que ce
pourcentage pour la participation gouvernementale inclut aussi la
réfection de tous les anciens réseaux dans les vieux quartiers
qui sont à refaire, selon le nouveau mode tel que
préconisé par le ministre responsable de la qualité de
l'environnement?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président. C'est un des problèmes
que nous connaissons. Ce dont j'ai parlé jusqu'à maintenant est
de l'épuration comme telle, la définition des équipements
qui servent à l'épuration, l'usine elle-même et les
principaux intercepteurs qui raccordent le réseau collecteur à
l'usine. S'il s'agit de bâtir un réseau ou de refaire un
réseau existant, c'est une autre formule, n'impliquant pas le
gouvernement fédéral, qui doit être utilisée.
C'est la formule traditionnelle d'aide à la municipalité
selon ses moyens et selon les disponibilités budgétaires du
gouvernement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le ministre s'est
penché sur l'organisation à Montréal et à
Québec, d'un début de système intégré de
réception d'appels téléphoniques urgents visant les
pompiers, la police, les ambulanciers ou un centre de toxicologie pour les
matières empoisonnées? Je sais que ce sujet relève autant
des Affaires municipales, de la Justice, des Affaires sociales. Tout le monde
se relance la balle. D'autre part, la Communauté urbaine de
Montréal, dans le rapport Hanigan, a formulé des recommandations
en ce sens. Qu'est-ce que le ministre fait pour l'établissement de ce
centre de réception téléphonique à numéro
unique? Est-ce que le ministre s'est penché là-dessus? Est-ce
qu'il a l'intention de le faire? Est-ce qu'il y a un commencement de solution
ou peut-être la solution?
M. GOLDBLOOM: J'ai le rapport Hanigan et tous les aspects qui touchent
la sécurité publique sont principalement entre les mains du
ministère de la Justice. C'est qu'il y a déjà de
nombreuses années que je me suis penché sur cette question.
C'était à titre de gouverneur du Collège des
médecins. Nous avons, à l'époque, essayé de mettre
sur pied un système, au moins pour les services ambulanciers et les
appels d'urgence qui sont dirigés présentement vers les services
policiers.
Il y a des expériences vécues dans d'autres
agglomérations de l'Amérique du Nord où non seulement il y
a un numéro de téléphone qui est unique et qui est
centralisé, mais aussi les cabines téléphoniques sont
adaptées pour permettre la composition du numéro sans la
nécessité de déposer une pièce de monnaie. Tout
cela est présentement à l'étude. Je n'ai pas eu
l'occasion, au cours des récentes semaines, de participer moi-même
à des discussions. Donc je ne suis pas en mesure de faire un vrai
rapport-progrès sur cette question. Mais vu que le sous-comité du
comité Hanigan s'est penché là-dessus et a formulé
des recommandations, cela fait partie nécessairement de notre analyse du
rapport et nous participerons aux décisions qui seront prises.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut me dire par qui l'étude a
été faite? Vous avez dit qu'il y a une étude et que
dernièrement vous n'avez pas pu les rencontrer, mais cette étude
est faite par qui?
M. GOLDBLOOM: J'ai rencontré, en compagnie du ministre de la
Justice, certains dirigeants de la Communauté urbaine et certains
dirigeants du service de police de la région métropolitaine, du
Conseil de sécurité. Je sais que ce groupe devait poursuivre une
étude. Les ministres n'ont pas fait partie du groupe de travail qui
continue son étude du problème. C'est pour cela que je n'ai pas
de rapport immédiat à donner.
M. LEGER: Est-ce que c'est le ministre de la Justice qui préside
ce comité d'étude comme le ministre des Affaires municipales
préside l'autre comité d'étude?
M. GOLDBLOOM: Pas à ma connaissance. M. LEGER: Qui préside
ce comité?
M. GOLDBLOOM: C'est un...
M. DEZIEL: ... ministères des Affaires sociales et des
Communications.
M. GOLDBLOOM: Je ne voudrais pas induire la commission en erreur mais
j'ai cru comprendre que c'est un représentant des services policiers de
la Communauté urbaine de Montréal qui préside le groupe de
travail. Ce n'est qu'une impression que j'ai retenue de cette seule rencontre
à laquelle j'ai participé.
M. LEGER: Alors, je ne sais pas si le ministre peut me répondre.
Qu'est-ce qui, d'après lui, peut bloquer quelque chose qui semble quand
même relativement simple parce que cela existe dans plusieurs pays, entre
autres à Londres, on signale 999 et la communication est directe.
Qu'est-ce qui bloque? Vous avez assisté à un comité
d'étude, mais est-ce qu'il y a un problème de communication, de
Centrex, d'ordinateur? Est-ce que le ministre est au courant de ce qui bloque
cela? Il me semble que cela est simple.
M. GOLDBLOOM: Je n'ai pas l'impression que c'est tout à fait
aussi simple. Effectivement, il y a...
M. LEGER: Si cela bloque, c'est parce que ce n'est pas simple, mais
à première vue, cela semble simple puisque cela existe dans
plusieurs pays.
M. GOLDBLOOM: Je ne suis pas suffisamment renseigné sur la
question pour pouvoir répondre à la question du
député.
Il y a des aspects administratifs et des aspects techniques et je crois
bien que la volonté est là de mieux servir la population à
l'instar d'autres importantes agglomérations. Je n'ai pas d'autres
renseignements que cela présentement.
M. LEGER: Voici ma dernière question dans le domaine
général avant d'embarquer dans le domaine de chacun des
programmes. Est-ce que le ministre pourrait nous donner un petit laius, quatre
ou cinq minutes, sur sa philosophie d'une politique de restructuration
municipale? Est-ce qu'il a l'intention, dans un avenir rapproché, de
présenter un genre d'avant-projet comme on avait eu avec le ministre
Tessier et, si ce n'est pas le cas, comment envisage-t-il le problème de
la restructuration municipale?
M. GOLDBLOOM: Je répéterai essentiellement ce que j'ai dit
l'an dernier, M. le Président. Ce problème se divise en quatre
secteurs. Je prends l'ordre un peu au hasard. Il y a le problème de la
municipalisation de territoires non organisés, de la fusion de ces
territoires avec une municipalité existante et voisine ou bien la
constitution en municipalité du territoi- re en question. Je pense que
c'est un problème un peu particulier. Nous essayons de juger de chaque
cas individuellement et, dans la mesure du possible, de consulter les
intéressés dans la région; l'Union des conseils de
comté attache beaucoup d'importance à cette consultation.
Il y a le problème des municipalités qui sont, à
toutes fins pratiques, doubles, c'est-à-dire village et paroisse. Il y a
entre 200 et 300 exemples qui demeurent au Québec. Je pense que le
chiffre est toujours plus près de 300 que de 200. Il a été
suggéré par l'Union des conseils de comté que nous nous
penchions sur chacun de ces cas et que nous donnions une limite de temps pour
que chacun de ces couples étudie son mariage possible. Si nous n'avons
pas donné suite à cette recommandation, c'est surtout parce que
nous trouvons que nous n'avons pas présentement le personnel
nécessaire parce que, justement, ce sont, dans presque tous les
cas, de petites municipalités qui n'ont ni le personnel ni les
ressources financières pour retenir les services professionnels pour
accomplir ces études. Nous serions obligés d'envoyer nos
fonctionnaires pour étudier les avantages et les désavantages et
les implications de chacune de ces fusions. Je n'exclus pas la
possibilité que nous soyons, dans un certain avenir, en mesure de
répondre à ce désir de l'Union des conseils de
comté.
Troisièmement, il y a le problème particulier posé
par les trois communautés urbaine ou régionale. A
l'intérieur de ces trois agglomérations, il y a des relations
souvent complexes entre les municipalités et j'ai de plus en plus
l'impression que les citoyens de ces agglomérations n'étant pas,
dans la majorité des municipalités, en mesure de suffire à
leurs propres besoins, de fournir tous les services dont ils ont besoin,
doivent choisir entre un éventail assez restreint d'options quant
à la fourniture des services en question.
La fusion est une de ces options, mais une seulement. Il y a des
ententes intermunicipales à deux ou à plusieurs sur des services
particuliers. Il y a la communauté elle-même qui assume des
responsabilités et cette communauté, dans chacun des cas, est
contestée dans une certaine mesure.
Mais puisque nous avons, dans le cas de Montréal, le rapport
Hanigan, les municipalités intéressées
présenteront, quant elles seront prêtes, leurs commentaires sur ce
rapport. Puisque nous avons, dans la région de Québec, des
mémoires je pense que toutes les municipalités ont
présenté le leur nous sommes à étudier
présentement, à analyser ces mémoires. Nous commencerons
incessamment le processus d'examen public, d'abord avec les conseils municipaux
eux-mêmes et, ensuite, avec la population en général.
Puisque nous avons, dans l'Outaouais, une activité
considérable... La Société d'aménagement de
l'Outaouais, dont le président est ici, étant un membre de notre
équipe, a fait un travail considérable. Les
municipalités étudient depuis déjà de
nombreux mois la question de leurs relations entre elles et, dans ce cas
particulier, de leurs relations avec l'autre agglomération de l'autre
côté de la rivière des Outaouais. Nous n'avons pas voulu
intervenir de façon autoritaire et décider quoi faire.
Nous avons cependant, notamment dans l'Outaouais, constaté qu'il
y a un manque de cohérence entre les actions entreprises par les
diverses municipalités et, si nous analysons les projets des
municipalités...
M. LEGER: Vous êtes toujours à l'intérieur des
communautés urbaines...
M. GOLDBLOOM: Toujours, et je parle de l'Outaouais en particulier. Je
dis que, si nous examinons chacun des projets par rapport aux autres, nous
constatons qu'il n'est pas toujours convaincant que ce sont des projets qui
sont bien conçus par rapport à un développement
régional. C'est pour cela que nous avons pris un petit recul
jusqu'à la fin du mois pour examiner l'ensemble des projets.
Ce sont des cas particuliers où les citoyens seront
obligés, à un moment donné, de s'exprimer, pas simplement
pour ou contre une question de fusion, mais sur un éventail d'options
quant à la gestion des services qui sont nécessairement de nature
régionale.
Donc, c'est un dossier particulier dans chacun des trois cas.
Enfin, la quatrième catégorie, qui est pour moi la plus
importante, c'est celle des centres de vitalité dans les diverses
régions de la province. C'est-à-dire celle des
agglomérations composées généralement d'une
municipalité urbanisée et de municipalités, que je n'ose
pas appeler satellites parce qu'il y a une connotation un peu
particulière, mais qui gravitent quand même autour de cette
municipalité urbanisée qui fournit des services, qui
connaît un certain développement industriel, social, scolaire et
ainsi de suite.
M. LEGER: Une force centripète?
M. GOLDBLOOM: C'est cela. Et autour de cette agglomération, il y
a une région diffuse, qui ne peut exister seule, sans un centre de
vitalité. Si le centre de vitalité est loin, comme Québec
ou Montréal, la possibilité pour la région rurale
composée de petites municipalités de vivre raisonnablement,
d'avoir une raison d'être comme une partie importante du Québec,
est diminuée. Pour cette raison, nous devons nous pencher de
façon particulière sur la vitalité de ces centres et
assurer cette vitalité, et insister pour que les citoyens fassent face
à leurs responsabilités pour leur futur développement.
Nous devons les encourager peut-être plus que dans toutes les autres
catégories que j'ai mentionnées à mettre de
côté l'émotivité qui amène le citoyen en
général à préférer son statu quo, à
préférer sa municipalité telle qu'il la connaît et
à penser en termes de l'avenir de sa région et de la
vitalité de sa région.
C'est ainsi que nous avons consacré un certain effort, que nous
avons retenu les services de consultants, que nous avons envoyé nos
fonctionnaires dans ces régions, que nous avons laissé en place
la loi qui favorise le regroupement, appelée communément le bill
276. C'est d'abord, parce que des procédures avaient déjà
été entamées et nous n'avons pas
décrété de nouvelles unités de regroupement, c'est
déjà depuis 18 mois que nous n'en avons pas
décrétées mais nous avons encouragé la
continuation des procédures déjà entamées dans
certains centres importants comme l'Outaouais, comme le Saguenay-Lac-Saint-Jean
et quelques autres agglomérations. Nous avons fait cela parce que nous
croyons qu'il est essentiel que nous ayons un portrait complet et qu'une fois
que nous aurons ce portrait complet, nous assumions une certaine
responsabilité, que nous prenions une certaine initiative pour formuler
au moins des recommandations, ce que je n'ai pas voulu faire dans les autres
cas. Ce n'est pas parce que je voudrais être moins démocratique
dans ces cas; ce n'est pas parce que je voudrais être moins respectueux
de la volonté populaire, mais c'est parce que l'avenir du Québec,
comme une province avec des régions qui se suffisent à
elles-mêmes, dépend des actions que nous prendrons dans ces
quelques centres. C'est pour cette raison que je fais la distinction et c'est
pour cette raison que nous sommes un peu plus vigoureux dans notre action dans
ces quelques secteurs que dans l'ensemble de la province où, je le
répète pour la nième fois, je ne voudrais pas imposer la
fusion là où la fusion n'est pas désirée par les
populations concernées.
M. LEGER: M. le Président, je pense que le ministre a
réellement fait un tour d'horizon de la situation actuelle. Vous avez
fait un portrait pas mal exact de la situation. C'est donc dire que vous
êtes un photographe expert, vous avez photographié la situation
telle qu'elle existe avec les problèmes dans les quatre
catégories. Vous avez parlé des municipalités dans les
territoires non organisés où vous me dites qu'il faut consulter
selon les demandes des conseils de comté; vous m'avez parlé des
municipalités doubles, qui ont un problème particulier, les
villages et les paroisses. Vous avez dit: II faut se pencher sur chacun des
cas. Vous avez parlé des trois communautés urbaines qui,
actuellement, vous ont fait des recommandations; d'autres présentent des
mémoires. Donc, actuellement, vous êtes encore dans l'expectative
devant cette situation. Vous avez le quatrième groupe, qui est le plus
nombreux, celui où il y a des centres de vitalité ou des villes
qui tournent autour de centres polarisateurs, de force centripète, et
vous dites qu'il y a un service de consultation.
Je veux maintenant demander au ministre quel est le rôle exact du
comité Castonguay à
l'intérieur de chacune de ces catégories ou
spécialement, de la quatrième catégorie. Est-ce qu'il y a
un calendrier? Quand le portrait définitif vous sera-t-il
communiqué pour prendre une action?
M. GOLDBLOOM: Le calendrier est général. C'est d'ici 18
mois que le rapport devra être déposé. Nous avons
demandé à M. Castonguay, en réponse à son offre de
services, de regarder le phénomène de l'urbanisation. Nous ne lui
avons pas dicté comment le faire. J'espère, cependant, que son
rapport fournira des éclaircissements sur le phénomène tel
qu'il s'exprime dans chacune des catégories. Nous avons l'intention,
maintenant que le travail de ce groupe d'étude est en cours, de le
rencontrer à des intervalles plus ou moins réguliers, mais au
besoin, pour prendre connaissance du progrès du travail et pour pouvoir
être plus certains d'obtenir de ce travail, si possible, les
renseignements, les conseils qui nous seraient utiles.
M. LEGER: ... quatre groupes?
M. GOLDBLOOM: Nous n'avons pas précisé jusqu'à
maintenant. M. Castonguay a commencé le travail il y a quelques semaines
à peine et j'ai l'intention de le rencontrer prochainement. Le
sous-ministre, Me Bolduc, a prévu des rencontres pour que nous puissions
suivre ce travail. J'ai donc l'intention de fournir à M. Castonguay et
à son propre groupe les éléments que j'ai esquissés
tout à l'heure et de demander les conseils, les recommandations que
pourra formuler le groupe en question.
M. LEGER: Est-ce que le comité Castonguay a, en particulier, la
responsabilité d'étudier les problèmes des
communautés urbaines actuellement existantes?
M. GOLDBLOOM : Pas particulièrement. Vous comprendrez que nous
avons quand même une responsabilité continue comme
ministère et à n'importe quel moment et cela s'applique
à une foule de domaines nous pourrions, soit créer un
groupe d'étude, soit identifier un groupe quelque part qui se penche sur
un problème et nous abstenir de la prise de décision en attendant
le rapport de ce groupe.
Je ne pourrai, puisque les municipalités ne me le permettraient
pas même si je voulais le faire et je ne veux pas le faire
paralyser l'action du ministère en attendant le rapport de quelque
comité que ce soit.
M. LEGER: Autrement dit, vous n'attendrez pas 18 mois pour avoir une
politique de regroupement des municipalités.
M. GOLDBLOOM: Non, parce que cette politique est en évolution et
nous avons eu plusieurs occasions d'en discuter avec les municipalités,
avec leurs principaux organismes.
Je pense que nous sommes sur, essentiellement, la même longueur
d'ondes. Dans les trois communautés, et je l'ai mentionné tout
à l'heure, il y a déjà une action qui est entreprise.
Les municipalités de la Communauté urbaine de
Québec ont déposé leurs mémoires. Elles s'attendent
à avoir une réponse. Elles s'attendent à recevoir, au
moins, une indication de la part du gouvernement, à savoir quelle sera
sa réponse et elles sont allées plus loin que cela. Elles ont
dit, à toutes fins pratiques: Nous avons formulé nos
recommandations, nous avons exposé les problèmes que nous avons
décelés, c'est maintenant au ministre d'agir. Je ne pourrai leur
répondre: Je regrette, il faudra attendre 18 mois et après cela,
étudier ensemble le rapport du comité d'étude pour savoir
quoi faire avec la CUQ.
M. LEGER: Vous pouvez avoir deux enfants en 18 mois.
Quel est le calendrier prévu pour la Communauté urbaine de
Québec? Je voulais poser une question plus tard au ministre, mais il est
déjà embarqué dans le projet numéro 1. Je lui
demanderais donc de faire le point sur le regroupement municipal de la
Communauté urbaine de Québec, à partir du projet des
quatres municipalités. Quel est le calendrier prévu pour
cela?
M. GOLDBLOOM: Je ne sais pas pourquoi le député de
Lafontaine a introduit la notion de quatre municipalités, c'est une
notion parmi d'autres.
M. LEGER: Ne parlez pas de regroupement.
M. GOLDBLOOM: Disons que nous avons déjà apporté
certaines modifications aux unités de regroupement qui étaient
décrétées à cause de relations bilatérales
qui se sont développées entre municipalités, mais pour
donner au député une réponse précise, j'ai
dindiqué que je voudrais pouvoir avant la fin de l'année arriver
à des conclusions en ce qui concerne l'avenir de la CUQ. Je pense qu'il
est important, quand nous engageons une étude d'une
agglomération, quelle qu'elle soit, que nous ne laissions pas tramer la
discussion indûment. Nous faisons perdre du temps, nous faisons gaspiller
de l'énergie aux dirigeants municipaux, aux citoyens eux-mêmes,
aux corps intermédiaires et à nos propres services. Dans
certaines agglomérations, on ne parle que de cela à toutes fins
pratiques et je trouve que c'est une situation qui ne doit pas durer. Il y a
autre chose à faire.
M. LEGER: Le ministre veut dire qu'il aura une réponse
définitive pour la Communauté urbaine de Québec,
concernant les quatre secteurs de regroupement, ou une autre dit-il, parce
qu'il n'est plus question de quatre secteurs, avant la fin de l'année?
Ceci veut dire qu'il y a encore peut-être à attendre possiblement
jusqu'à la fin de 1974?
M. GOLDBLOOM: Oui, je ne trouve pas que ce soit une attente très
longue, tenant compte du fait que les derniers mémoires sont
arrivés il y a deux ou trois semaines. Je voudrais quand même
corriger une chose, c'est que je ne crois pas que le gouvernement se prononcera
nécessairement sur cette idée de regroupement en quatre
municipalités. Je voudrais être beaucoup mieux renseigné
par les intéressés et surtout par la population, avant de
formuler une recommandation quelconque et je voudrais que, dans la mesure du
possible, dans la mesure où nous pourrons faire dégager un
consensus, ce consensus, plutôt qu'une décision gouvernementale,
soit la solution au problème.
M. LEGER: Est-ce que le ministre veut dire que la décision qu'il
veut prendre d'ici la fin de l'année concerne la structure de la
Communauté urbaine comme telle ou le regroupement intérieur de la
Communauté urbaine?
M. GOLDBLOOM: Les deux, M. le Président, sont interreliés.
Il n'y a pas moyen, pour moi, d'envisager une modification à la CUQ sans
tenir compte des regroupements possibles. Il n'y a pas moyen pour moi
d'envisager des regroupements sans tenir compte de l'effet de ces regroupements
possibles sur la CUQ. Je pense que je dois dire aux citoyens de la
région, comme à tous les citoyens de toutes les
agglomérations qui pourraient être visées par la notion de
regroupement, mais surtout dans les grands centres, qu'il n'est pas possible de
dire: On ne fera rien, on n'aura rien, on ne régionalisera rien. Il
faudra, dans une région comme celle-ci, régionaliser des
éléments de responsabilités administratives.
M. LEGER: Est-ce qu'il est possible que la décision soit, que
l'une des hypothèses envisagées soit que la Communauté
urbaine de Québec saute, comme telle, n'existe plus comme telle?
M. GOLDBLOOM: Je ne pense pas que je puisse me permettre une
spéculation sur une décision éventuelle.
M,LEGER: Ce n'est pas là une spéculation
financière?
M. GOLDBLOOM: Non, mais je crois bien que certains services devront
être gérés par un organisme régional. On l'appellera
ce que l'on voudra, mais je ne vois pas comment on pourrait ne pas conserver au
moins un organisme.
Il y en a au moins trois dans la région ici, la Communauté
urbaine, la Commission de transport, le Bureau d'assainissement des eaux du
Québec métropolitain. Dans le dernier cas, notamment, je crois
qu'il serait impossible de retourner en arrière et de diviser cette
responsabilité entre les municipalités. Donc, je crois bien que
nous sommes obligés de gérer la région comme unité
pour certains services au moins.
Je pense que le citoyen devra examiner les options qui s'ouvrent devant
lui de façon réaliste. C'est-à-dire, dans quelle mesure
l'organisme régional devrait-il gérer la chose publique? Dans
quelle mesure les municipalités individuelles seraient-elles en mesure
de gérer leurs propres services? Et si les municipalités
individuelles n'en sont pas capables, et si c'est le désir des citoyens
de ne pas attribuer la responsabilité à la Communauté
urbaine, il faudra une formule quelconque, un regroupement de services ou un
regroupement de municipalités pour assurer la bonne gestion de la chose
publique.
M. LEGER: Dans le domaine de cette consultation, comment le ministre la
prévoit-il? C'est sûr que les municipalités actuelles ont
déjà été consultées, que la
Communauté urbaine de Québec a déjà donné
son opinion, que les responsables et les échevins ont déjà
formulé des mémoires. Est-ce que le ministre entend aussi
rejoindre les chambres de commerce? Une consultation auprès d'un
comité de citoyens? Comment va se faire cette consultation finale pour
savoir, en définitive, ce qui est à peu près le mieux pour
la région?
M. GOLDBLOOM: J'ai indiqué que...
M. LEGER: Iriez-vous jusqu'au référendum?
M. GOLDBLOOM; Oui, exactement, M. le Président. Il y a une
progression de consultations qui pourrait aller jusqu'au
référendum. Je voudrais être très bien compris. Le
référendum est un mécanisme démocratique. Je ne
parle pas contre le référendum. Je souligne, cependant, certains
dangers qui existent dans le mécanisme de référendum. On a
tendance et c'est davantage vrai dans une région aussi complexe
que celle de la capitale ou celle de la métropole à
réduire, par un référendum, à un simple oui ou un
simple non, un problème extrêmement complexe. Je pense que, si
nous sommes pour consulter la population de façon valable, il faudra la
consulter sur un éventail d'options, plutôt que de lui demander,
tout simplement: Etes-vous pour ou contre telle chose?
C'est ce mécanisme que je n'ai pas encore
développé, mais, il va sans dire que j'ai répondu d'abord
dans l'affirmative à la demande de la Communauté urbaine
elle-même, c'est-à-dire du groupe de maires de me rencontrer.
Deuxièmement, je voudrais rencontrer les conseils municipaux,
élargissant ainsi la consultation. Je ne mets pas en doute la
validité de l'expression par le maire du point de vue de sa
municipalité, mais il va sans dire qu'un conseil municipal n'est pas
nécessairement unanime sur tous les points, et que les conseillers
pourraient apporter des points de vue fort utiles. Ils ont le droit
d'être consultés. Il y a les corps intermédiaires et
les groupes sociaux de toutes sortes. C'est peut-être la meilleure
façon de rejoindre la population. Il est difficile, de nos jours,
même en période électorale, de convoquer toute la
population et de la rejoindre véritablement comme telle. Il y a des
intéressés qui viennent et une majorité silencieuse qui
reste chez elle et qui peut être plus facilement rejointe par les media
d'information, par exemple. Il faudra chercher à rejoindre la population
par le truchement des media qui sont là pour cette fin. Enfin, il y a
une consultation plus formelle, qui pourrait prendre la forme d'un
référendum. Peut-être que nous sentirons, tous ensemble,
qu'un consensus se dégagera et qu'il n'y aura pas une demande forte et
formelle pour la tenue d'un référendum.
Mais s'il y a une telle demande, je trouve toujours difficile de la
résister; mais je cherche toujours à entourer le
référendum de la précaution que ce sera
véritablement une consultation en profondeur, autant que possible.
M. LEGER: Autrement dit, que les citoyens qui voteront lors d'un
référendum sachent sur quoi ils votent.
M. GOLDBLOOM: C'est indispensable.
M. LEGER: Ce n'est pas toujours le cas dans une élection.
M. GOLDBLOOM: Non, ni dans un référendum en
général. C'est l'émotivité qui a tendance à
parler et l'émotivité a tendance à préférer
le statu quo.
M. LEGER: M. le Président, avant d'arriver à la
Communauté urbaine de Montréal, je veux demander certaines
statistiques que le ministre doit certainement avoir. Etant donné qu'il
y a eu un certain chambardement dans la carte géographique des
municipalités du Québec depuis trois ans, est-ce que le ministre
pourrait me dire, actuellement au Québec, combien il y a de
municipalités?
M. GOLDBLOOM: Le chiffre rond est de 1,600, mais...
M. LEGER: On en parle depuis longtemps, mais on doit avoir un nombre
précis. Combien y en a-t-il actuellement?
M. GOLDBLOOM: II y en a 1,586.
M. LEGER: C'est le nombre que j'ai su depuis quelques mois, mais il n'y
a pas eu... Combien y a-t-il eu de fusions au cours de l'année
dernière, c'est-à-dire depuis le début de la
possibilité de fusion? 276.
M. GOLDBLOOM: En 1973/74, nous avons neuf projets de regroupement qui
ont été réalisés.
M. LEGER: C'est un regroupement, ce ne sont pas des fusions?
M. GOLDBLOOM: Oui, des fusions.
M. LEGER: Alors vous avez eu neuf fusions?
M. GOLDBLOOM: Neuf fusions. Soixante projets de regroupement ont
été analysés.
M. LEGER: C'est-à-dire des unités de regroupement?
M. GOLDBLOOM: Oui, mais... M. LEGER: II y en a eu soixante.
M. GOLDBLOOM: ... je fais la distinction. Des unités de
regroupement ont été décrétées en vertu du
bill 276, mais pas depuis novembre 1972.
Il y a des municipalités qui se sont adressées au
ministère pour demander l'étude de la possibilité de
fusion. Donc, au total, dans leurs deux catégories, soixante projets de
fusion ont été étudiés.
M. LEGER: Vous en avez réalisé combien sur les
soixante?
M. GOLDBLOOM: Les neuf.
M. LEGER: II y en a neuf. Il en reste 51, soit à l'état de
projet, ou rejetés.
M. GOLDBLOOM: II y en a qui sont toujours à l'étude, qui
ne sont pas encore mûrs pour qu'une décision définitive
soit prise.
Les neuf municipalités fusionnées représentent une
population totale de 65,000. Il y a des annexions qui ont été
réalisées. Il y en a eu 22, au cours de l'année.
M. LEGER: II y en a eu 22?
M. GOLDBLOOM: II y en a eu 22. Quatre nouvelles municipalités ont
été constituées et sept municipalités ont
changé de statut, elles sont devenues villes, par exemple.
M. LEGER: Combien? M. GOLDBLOOM: Sept.
M. LEGER: Sept. Est-ce que le ministre, en même temps, peut me
dire quelle est la ligne de démarcation entre les municipalités
qui sont régies par le code municipal et celles qui sont... Quelle est
la population requise pour être sous la Loi des cités et villes?
Est-ce 3,000 ou 5,000?
M. GOLDBLOOM: C'est 2,000. M. LEGER: C'est le total des villes?
M. GOLDBLOOM: C'est le minimum pour devenir ville.
M. LEGER: Pour être régi par la Loi des cités et
villes, il faut avoir 2,000 de population?
M. GOLDBLOOM: C'est cela. M. LEGER: Et la minute que...
M. GOLDBLOOM: Et il faut en faire la demande.
M. LEGER: II faut en faire la demande? M. GOLDBLOOM: Ah oui!
M. LEGER: Ah bon! Une municipalité ou un village, qui est devenu
plus considérable, dont la population dépasse les 2,000, est
susceptible de pouvoir être régi par la Loi des cités et
villes, s'il en fait la demande?
M. GOLDBLOOM: Oui, l'intéressé doit en faire la
demande.
M. LEGER: J'ai entendu, même si c'est tout bas, mais ce n'est pas
au journal des Débats.
C'est 4,000? Vous dites qu'il y a des municipalités qui sont
rendues à 4,000 et qui veulent demeurer sous le régime du code
municipal?
M. GOLDBLOOM: Oui. Il y a des municipalités qui veulent demeurer
rurales et rester sous le régime du code municipal.
M. LEGER: Quelles sont les raisons ou les avantages qui les y
poussent?
M. GOLDBLOOM: II y a des responsabilités qui incombent à
une ville et qui n'incombent pas à une municipalité régie
par le code municipal...
M. LEGER: II y a moins de responsabilités.
M. GOLDBLOOM: ... comme par exemple l'obligation de constituer un corps
de police ou des choses de cette nature.
M. LEGER: II y a moins de responsabilités d'une part.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. Comme c'est normal, je crois; il y a aussi
moins de marge de manoeuvre et l'on ne peut pas faire certaines choses. Par
exemple, une municipalité régie par le code municipal ne peut
avoir un aéroport, une municipalité régie par le code
municipal ne peut entreprendre des procédures en annexion de territoires
voisins. Donc, il y a une possibilité d'agir si l'on devient ville qui
n'existe pas si l'on demeure municipalité rurale.
M. LEGER: Une municipalité qui est rendue à 5,000 de
population, est-ce qu'elle passe dans une autre catégorie? Pour quelle
raison, dans le livre des municipalités du Québec, a-t-on
établi des chiffres pour les 5,000 et plus? Est-ce parce qu'elles sont
obligées de faire un rapport rendu à 5,000 et qu'elles ne le font
pas à moins de 5,000?
M. GOLDBLOOM: C'est une simple question de convenance. C'est commode
pour les fins de nos statistiques de les compiler. Pour ces
municipalités, il y a plus d'activités, plus de services, plus de
phénomènes qui peuvent être analysés et la
compilation est rendue plus facile dans le cas de ces municipalités par
le fait qu'elles ont généralement la structure administrative qui
permet de dégager les renseignements facilement et de les acheminer vers
le gouvernement. Tandis que pour les petites municipalités, il y a
peut-être un secrétaire-trésorier à temps partiel
responsable de toute l'administration et qui n'est pas en mesure de fournir
tous les éléments que nous aimerions avoir. Ce n'est pas à
dire qu'il ne gère pas bien la municipalité, mais c'est une
situation complètement différente.
M. LEGER: Le titre de municipalité, pour une agglomération
de moins de 2,000 de population, demeure-t-il quand même? Est-ce qu'il y
a un nom légal?
M. GOLDBLOOM: On l'appelle municipalité. Il y a les cantons, les
villages et les paroisses, et ensuite, les cités et villes.
M. LEGER: Est-ce qu'il y a une loi qui oblige une municipalité
qui dépasserait un certain nombre de population de demander
officiellement, par la loi, d'être régie par la Loi des
cités et villes? Est-ce qu'il se peut qu'il y ait une
municipalité qui comprend 7,000 ou 8,000 de population et qui
demeurerait régie par le code municipal, ou s'il y a des
mécanismes qui les obligent à être assujetties à la
Loi des cités et villes?
M. GOLDBLOOM: II n'y a aucune obligation.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Verdun.
M. CARON: Je voudrais demander au ministre si son ministère est
en train d'étudier ou de penser à faire quelque chose pour aider
les villes au sujet de la cueillette des ordures ménagères? Vous
savez que cela coûte énormément cher aux
municipalités. Par exemple, chez nous, on vient de signer un contrat
d'environ $95,000 de plus par année. Il faut qu'on aille en disposer
assez loin et même à des endroits parfois qui ne sont pas permis.
Est-ce que le ministère a un mécanisme en marche pour pouvoir
aider les municipalités à garder le coût le plus bas
possible?
M. GOLDBLOOM: C'est extrêmement difficile, M. le Président,
et pour la raison suivante. C'est que chacun de nous est responsable
directement ou indirectement d'un certain volume de déchets.
Chaque municipalité doit prévoir un mécanisme
quelconque pour l'élimination de ses déchets. Dans le cas
où une municipalité trouve que le coût est
élevé, nous pouvons examiner sa situation financière et
chercher des raisons particulières pour cette difficulté. Mais si
l'on donne une subvention, c'est que l'on prend l'argent payé par
d'autres contribuables et on le verse aux citoyens d'une municipalité en
particulier. Pour un problème qui est universel, c'est assez difficile
de le faire.
M. CARON: M. le ministre, ce n'est pas directement une subvention.
Est-ce que le ministère serait prêt, si deux ou trois villes se
groupent pour construire un incinérateur, à endosser la facture
ou à financer temporairement?
M. GOLDBLOOM: En général, nous n'avons pas voulu nous
lancer dans ce domaine avec un programme de subventions. Il y a une exception,
un cas un peu particulier où il y avait un engagement donné
antérieurement à l'endroit d'une municipalité qui devait
être un centre régional pour le traitement des déchets. La
situation est devenue très compliquée par la suite. Nous avons
senti que la responsabilité avait été acceptée par
le gouvernement et, pour cette raison, nous avons dû dire: Oui, nous
aiderons pour rembourser un montant dépensé par la
municipalité de bonne foi, parce qu'elle avait été
informée qu'elle devait devenir un centre régional et être
remboursée par les municipalités environnantes, mais cela n'a
jamais été fait.
Donc, il n'y a pas de politique générale de subventions.
Nous avons un intérêt grandissant dans ce domaine,
particulièrement dans les grands centres, parce qu'il faut
récupérer et recycler autant que possible les déchets.
Nous avons effectivement un projet en préparation pour la région
métropolitaine. C'est dans ce sens que nous serons en mesure, je pense,
d'aider les municipalités, en assumant une partie importante de la
responsabilité de la création de ce centre. Par la suite, et
c'est déjà un élément de notre étude, il y a
la deuxième agglomération en importance, celle dans laquelle nous
nous trouvons ici, où déjà nous regardons cet aspect du
problème par rapport à une décision prise
antérieurement de bâtir un incinérateur qui est en voie
d'être complété.
J'espère que, de plus en plus, nous serons capables de
créer des centres de recyclage dans la mesure où ces centres
seront rentables. Je pense que, dans ce domaine, il est possible pour le
gouvernement d'être au moins un peu utile aux contribuables en
question.
M. LEGER: M. le Président, étant donné que nous
siégons demain matin à l'Assemblée nationale à 10
heures, j'ai beaucoup d'autres questions dans le domaine du programme no 1,
est-ce que je pourrais proposer l'ajournement à demain matin
après la période des questions?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Est-ce que les membres de la
commission sont d'accord?
M. GOLDBLOOM: Je me sens en pleine forme et prêt à
continuer, mais...
M. LEGER: Vous êtes en minorité, Monsieur le ministre. J'ai
des questions, mais je veux dire qu'habituellement, le jeudi soir, quand on
siège de nouveau le matin, on finit autour de 10 heures, à moins
que le ministre voie des objections.
M. GOLDBLOOM: Que le journal des Débats inscrive que le ministre
a accepté la proposition d'ajournement à contrecoeur.
M. LEGER: Et non pas à Québec.
M. GOLDBLOOM: Oui, c'est pour cela que je l'ai mentionné.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La commission ajourne ses travaux
à demain matin, après la période des questions.
(Fin de la séance à 22 h 5)