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Commission permanente des affaires municipales
Etude des crédits du ministère des
Affaires municipales
Séance du mardi 21 mai 1974
(Onze heures dix minutes)
M. HOUDE (Limoilou, président de la commission permanente des
affaires municipales): A l'ordre, messieurs! Le député de
Lafontaine.
Aide à la planification et à la
restructuration municipale (suite)
M. LEGER: M. le Président, je voulais simplement, en
recommençant, souhaiter une bonne semaine au ministre, qui revient en
pleine forme, et résumer, pour ma bonne compréhension, ce que le
ministre nous a dit la semaine dernière. Concernant le problème
de la spéculation foncière, est-il exact qu'il y a actuellement
un comité d'étude formé, composé de personnes de
différents ministères, qui étudie les implications de la
spéculation foncière, d'une part? D'autre part, est-ce que le
ministre est président de ce comité et qu'il va étudier
les possibilités de régler le problème, plutôt que
d'accepter ou si je me trompe, est-ce l'inverse que ce soit le
ministre Toupin qui, avec sa loi sur l'agriculture et les spéculations
foncières sur des terrains arables, aura le chapeau de cette future loi?
Est-ce que le ministre peut me résumer cela, parce que cela n'a pas
été clair, la semaine dernière? Est-ce que le
comité d'étude, dont il est maintenant le président, va
voir à ce qu'il y ait une loi sur la spéculation foncière,
incluant la portion de la spéculation sur des terres arables dans le
projet de loi de M. Toupin, ou si ce sera le projet de loi de M. Toupin qui va
chapeauter l'aspect de la spéculation foncière, et que le
ministère des Affaires municipales, entre autres, aura sa portion de
cette étude?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, d'abord en rapport avec le projet
de loi éventuel sur les terres agricoles, j'ai pris l'initiative
d'établir, avec mon collègue de l'Agriculture, une façon
d'étudier la répercussion économique sur le milieu
agricole, sur les cultivateurs, et les effets de la spéculation
foncière, parce que c'est cela que l'on veut réprimer. C'est un
élément du désir de protéger les zones agricoles
comme telles, de leur conserver leur vocation actuelle. Or, nous avons
entrepris ce travail interministériel. Le député de
Lafontaine a élargi la considération, en posant ses questions
à la fin de la semaine dernière. Il a voulu savoir si la
spéculation foncière, en général, pas simplement en
milieu agricole, mais en milieu urbain, est également une de nos
préoccupations. Je lui ai répondu que oui, et qu'à
l'intérieur du ministère nous nous penchons sur ce
problème. C'est la distinction que je voudrais faire.
Présentement, le travail interministériel porte sur la question
agricole. Le travail sur la spéculation en général se fait
à l'intérieur du ministère et c'est pour cela que je lui
ai dit que j'en prends la responsabilité moi-même, avec les
membres de mon équipe.
M. LEGER: Quel est le service du ministère qui s'occupe de la
spéculation intra-urbaine?
M. GOLDBLOOM: C'est le groupe que nous appelons: groupe de direction du
ministère, composé du ministre, du sous-ministre et des trois
sous-ministres adjoints, avec les divers services et directions
générales, qui peuvent contribuer à ce travail. Je pense
bien qu'au cours des prochaines semaines, nous serons en mesure de tirer
certaines conclusions et de formuler des commentaires et des recommandations
à l'intention du conseil des ministres.
M. LEGER: Est-ce que cela va prendre la forme d'un rapport?
M. GOLDBLOOM: La forme n'est pas encore déterminée. Quand
un sujet d'envergure est présenté au conseil des ministres, il y
a nécessairement un mémoire qui est rédigé. Selon
la nature du problème et selon la nature des commentaires et des
recommandations, cela peut prendre la forme d'un rapport qu'il conviendrait de
rendre public, et dans d'autres cas, c'est simplement un document de
régie interne qui expose un problème, qui examine des
hypothèses de solutions, des options de solutions, et qui en choisit une
pour la recommander, mais qui, nécessairement, laisse au conseil des
ministres la décision ultime.
C'est donc le conseil des ministres qui, en prenant cette
décision, prend aussi celle de publier ou non un point de vue sur la
question.
M. LEGER: Est-ce qu'il y aurait aussi, comme résultats, de cette
étude, des portraits statistiques de la situation de la
spéculation des terrains, en valeur et en quantité, à
l'intérieur des municipalités ou dans les banlieues des
municipalités?
M. GOLDBLOOM: Oui, j'espère que ce sera possible de fournir des
renseignements de cette nature.
M. LEGER: Maintenant, est-ce que le ministre a l'intention de
prévoir comme la Ontario Land Corporation qui a le pouvoir
d'acquérir les terrains, non seulement pour construire, mais comme
revente ou location à long terme un genre de banque de terrains?
Est-ce que c'est dans cette direction, plutôt qu'uniquement pour le
domaine de l'habitation, qu'il y
aurait des possibilités de contrer la spéculation?
M. GOLDBLOOM: Oui, évidemment, M. le Président, nous
devons nous donner ce pouvoir et nous ne devons pas le limiter à la
seule fin de la construction domiciliaire. Il y a un besoin très
évident d'acquérir ou de protéger autrement, des terrains
qui ont des vocations autres que celle de la construction domiciliaire.
M. LEGER: M. le Président, ça résume la
situation.
Je rencontrais, dernièrement, le maire de Longueuil et il me
faisait part de certains problèmes dans sa municipalité. Cela se
passe pas mal en général, mais spécialement pour la ville
de Longueuil, est-ce que le ministre a l'intention de réviser sa
politique de partage de la taxe de vente per capita, étant donné,
si je me rappelle bien, qu'il y a des municipalités qui augmentent de
population d'une façon très rapide à l'intérieur
des cinq années? Du fait qu'une municipalité ne peut pas recevoir
la somme exacte correspondant à sa population, parce qu'il y a une
évolution constante, souvent vers l'augmentation, elle souffre de ce
manque de revenus provenant du fait qu'on attend à tous les cinq ans, si
je ne m'abuse, pour réévaluer le per capita. La ville de
Longueuil est un exemple précis de cela qui fait qu'il y a un manque
à gagner pour les municipalités. Est-ce que le ministre a
l'intention de se pencher sur un problème comme celui-là qui se
pose à Longueuil, mais qui existe probablement dans d'autres
municipalités aussi?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je me suis déjà
penché sur cette question. Pour la comprendre, il faut d'abord savoir
que nous avons, pour nos propres fins, un répertoire des
municipalités. Dans ce répertoire, il y a pour chaque
municipalité un chiffre qui est publié pour la population. Ce
chiffre est reçu, à toutes fins pratiques, de la
municipalité elle-même. D'ailleurs, c'est ce qui se produit dans
la majorité des cas. Quand nous examinons ces chiffres, nous constatons
que, si nous en faisons le total, nous arrivons à une population du
Québec de 7 millions d'âmes, au lieu de 6 millions. Nous sommes
donc obligés de constater je voudrais utiliser un mot qui n'est
pas désobligeant un enthousiasme de la part des
municipalités quant à leur chiffre de population. Cela nous met
dans un certain embarras, parce qu'après tout, si nous acceptons les
chiffres tels quels, nous nous trouvons à distribuer de l'argent selon
le degré d'enthousiasme utilisé par la municipalité en
présentant son chiffre de population. C'est pour cette raison,
d'ailleurs, que, depuis l'existence du régime de redistribution d'une
partie du produit de la taxe sur la vente, ce sont les chiffres
fédéraux, les chiffres du recensement fédéral
à tous les cinq ans, qui sont utilisés pour les fins de cette
redistribution. Dans ce contex- te aussi, il y a des plaintes de la part de
certaines municipalités.
Il va sans dire, par contre, que le nombre de municipalités au
Québec qui connaissent un développement très rapide est
relativement restreint.
A cause de ce fait, ce que nous avons décidé de faire est
ce qui suit: C'est de dire aux municipalités qui prétendent
être lésées par l'application des chiffres du dernier
recensement fédéral, à cause d'un développement
rapide dans l'intervalle, que si elles se croient lésées à
un point tel que la différence est majeure quant aux revenus, que si
elles veulent assumer la responsabilité financière d'un
recensement et il arrive dans plusieurs cas que c'est l'année
électorale dans la municipalité et il faut donc confectionner la
liste électorale et, dans ce sens, procéder à un certain
recensement nous avons donc dit à ces municipalités: Si
vous nous faites part des mécanismes de votre recensement, pour que nous
puissions l'approuver au préalable, et suivre son déroulement,
nous serons disposés à ajuster nos chiffres en vertu du
résultat de ce recensement municipal.
M. LEGER: Est-ce que le ministre pourrait étudier la suggestion
que je pourrais lui faire: pour permettre de ne pas retenir des sources de
revenus pendant quatre ans, pour une municipalité qui est en croissance,
de, peut-être, étudier la projection de l'augmentation
précédente des derniers recensements. Autrement dit, si le
recensement de A à B a montré une augmentation possible de 10
p.c. de population je donne un chiffre au hasard pour les cinq
prochaines années on pourrait prévoir une augmentation d'environ
10 p.c. aussi, ce qui voudrait dire que la population aurait, chaque
année, une augmentation et qu'elle recevrait le per capita de cette
population projetée, quitte, à tous les cinq ans, au moment
où la minute de vérité arrive, à ce qu'il y ait un
réajustement en plus ou en moins. Et comme la municipalité, la
plupart du temps, en expansion n'aurait pas perdu, pendant quatre ans je
dis bien quatre ans, la première année elle prend exactement le
recensement fédéral, mais les quatre années par la suite
elle a une perte de revenus pendant quatre années. Est-ce que le
ministre ne pourrait pas étudier cette suggestion pour voir s'il n'y
aurait pas possibilité de prévoir une projection de population
pour les quatre années qui suivent, basée sur l'augmentation
précédente? C'est sûr que quelques municipalités ont
des boom imprévisibles, on ne peut pas tout prévoir, mais au
moins quand on sait qu'il y a une augmentation normale, rapide, graduelle de
population, dans une municipalité, on pourrait peut-être avoir des
montants plus élevés à donner à ces
municipalités qui ont des problèmes financiers.
M. GOLDBLOOM: Je pense, M. le Président, que c'est une
idée que nous devons examiner de
plus près. Nous avons déjà cherché une
formule de cette nature. Nous avons eu deux hésitations au sujet d'une
telle formule. Je dis hésitations, je ne dis pas que cette formule est
rejetée. Nous avons encouragé certaines municipalités,
cette année, à procéder au recensement et à
déterminer quelle est leur situation réelle. Je pense que nous
aurons réglé les principaux cas en litige par ce genre de
mécanisme.
M. LEGER: Le recensement est quand même une dépense assez
importante pour une municipalité.
M. GOLDBLOOM: Quelques milliers de dollars, oui. Mais si la
municipalité est de taille importante et trouve que la différence
de population est, elle aussi, importante, et si elle est, de toute
façon, obligée de procéder à un certain recensement
par rapport aux élections municipales, par exemple ce qui semble
être le cas dans les municipalités en question présentement
le problème n'est pas vaste et je pense que les dépenses
sont justifiées. Le député comprendra sûrement que
si nous devions, au niveau provincial, entreprendre et payer un tel
recensement, nous devrions le faire pour toutes les municipalités qui en
font la demande, par rapport non seulement aux subventions statutaires per
capita aux municipalités de 25,000 âmes et plus, mais aussi pour
toutes les municipalités par rapport à la redistribution d'une
partie du produit de la taxe sur la vente.
Ceci serait un fardeau financier très important et, je pense, en
toute objectivité, un gaspillage. C'est-à-dire que l'on
dépenserait, à cette fin, des sommes d'argent qui pourraient
être utilisées pour créer de l'emploi, pour créer
des services dans les municipalités.
Je pense que le même principe s'applique et donc...
M. LEGER: Le ministre me permettrait-il une question, une
parenthèse? Il parlait du recensement municipal, mais le recensement
pour les élections municipales ne prendrait que les noms des personnes
qui sont en âge de voter, soit 18 ans et plus, mais dans le per capita je
pense qu'on inclut les enfants aussi, ainsi que les personnes qui ne sont pas
d'âge à voter.
M. GOLDBLOOM: Exactement, M. le Président, donc c'est un
élargissement de ce qui est nécessaire pour la confection d'une
liste électorale. Mais puisqu'il faut, en prévision des
élections, faire la liste électorale de toute façon, il
est facile, en faisant cette énumération, d'étendre le
processus pour tenir compte des autres membres de chaque famille et même
de ceux qui n'ont pas le droit de vote à cause de manque de
citoyenneté ou d'autres manques de qualifications; on peut quand
même en tenir compte.
M. LEGER: Je ne craindrais pas le même enthousiasme dans ce
recensement municipal pour obtenir le plus gros per capita.
M. GOLDBLOOM: Ne revenons pas sur la question controversée du
recensement mais...
M. LEGER: Mais vous avez dit tantôt que les municipalités
gonflent les chiffres par plaisir, ou pour l'honneur de dire notre
municipalité a tant d'âmes.
M. GOLDBLOOM: C'est précisément pour cette raison que nous
avons insisté pour contrôler le recensement, pour éviter un
tel résultat. On sait qu'il y a des listes pour des fins
électorales qui, dans l'histoire du Québec, ont contenu des noms
qui ne se trouvaient que dans les cimetières, etc. Il faudra qu'il y ait
un certain contrôle et nous tenons à l'exercer pour pouvoir
accepter le résultat du recensement. Mais, je reviens aux deux
hésitations que nous avons eues, d'abord que si nous commencions
à le faire, nous devrions le faire pour toutes les
municipalités.
M. LEGER: Vous parlez de la suggestion de la projection où vous
aviez...
M. GOLDBLOOM: Oui, c'est cela. Et, deuxièmement, que si nous ne
le faisions pas d'une façon rigoureusement contrôlée, nous
trouverions certaines municipalités qui, au bout de cinq ans, seraient
dans une situation qu'elles auraient créée elles-mêmes mais
qui serait désagréable, c'est-à-dire qu'elles se seraient
habituées à un certain revenu et, tout à coup, avec
l'arrivée des nouveaux chiffres du recensement fédéral, il
y aurait une baisse et il y aurait un manque à gagner et il y aurait des
projets déjà prévus en vertu de ce revenu et la
municipalité dirait au gouvernement: Vous devriez combler la
différence parce que nous sommes habitués à recevoir une
somme X et une augmentation régulière par année.
M. LEGER: Mais la crise cardiaque viendrait moins rapidement si la
projection, autant vers la hausse que vers la baisse, se faisait d'année
en année, par une projection. Je veux dire que la surprise c'est quand
le recensement démontre tout à coup qu'une municipalité
qui avait, je ne sais pas, 5,000 âmes, est rendue à 4,000 et
qu'elle reçoit beaucoup moins d'argent après cinq ans. Si la
diminution est graduelle comme est graduelle l'augmentation par une projection,
ça permet d'être beaucoup plus proche de la réalité
et ça coûterait peut-être beaucoup moins cher qu'un
recensement fait par une municipalité.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, justement, en y pensant, ma
réaction personnelle nous n'avons pas encore pris de
décision mais c'est simplement une impression personnelle c'est
que nous devrions, si nous adoptons
la formule de cette augmentation graduelle selon les projections, les
extrapolations des courbes déjà connues pour la
municipalité, verser un pourcentage seulement, c'est-à-dire,
peut-être 75 p.c, peut-être 85 p.c, peut-être 90 p.c. de ce
qui était prévu, justement pour éviter que l'ajustement,
au bout de cinq ans, soit à la baisse. C'est toujours plus facile pour
la municipalité de s'adapter à une surprise agréable
qu'à une surprise désagréable.
M. LEGER: Vous êtes donc en pleine étude sur ce sujet, vous
êtes en pleine réflexion, vous n'avez pas décidé de
quel côté vous iriez, mais vous regarderez d'un oeil favorable
d'ailleurs vous y avez déjà touché la
suggestion que je vous soumets.
M. GOLDBLOOM: On voudrait certainement rendre justice aux
municipalités. C'est pour cette raison que je n'ai pas insisté de
façon rigoureuse sur l'application des chiffres de 1971 pour les
municipalités qui se croient en pleine expansion. J'ai cherché
avec elles un moyen terme, une solution immédiate pour cette
année, et nous verrons, avec le résultat de ces recensements,
comment procéder l'an prochain et peut-être ainsi, pour toutes les
municipalités impliquées, faire un certain ajustement. Je ne
voudrais cependant pas m'y engager présentement, nous ne sommes pas au
terme de notre étude de la question.
M. LEGER: M. le Président, je vais maintenant encore revenir au
rapport 1. Depuis le dépôt du rapport Hanigan, en mai 1973, quel
travail a été fait par le ministère concernant les neuf
premières recommandations sur les structures municipales?
Il avait été question d'un regroupement immédiat de
29 municipalités à 19, de cinq secteurs de regroupement, etc.
Où en est-on rendu?
M. GOLDBLOOM: D'abord, le rapport émane, en partie, de nos
services. Les membres du comité d'étude ont été MM.
Hanigan, Benoit (le maire de Pointe-aux-Trembles) et deux fonctionnaires du
ministère.
Nous avions donc, tout au long de ce travail, un certain bagage
d'informations sur le contenu du rapport principal et des rapports des
sous-comités.
Depuis le dépôt du rapport, au début de juin de l'an
dernier, les municipalités dites de banlieue, c'est-à-dire les
municipalités autres que la ville de Montréal...
M. LEGER: La rive sud et Laval?
M. GOLDBLOOM: Non, les municipalités de l'île de
Montréal membres de la Communauté urbaine, à l'exclusion
de Montréal, ont demandé des délais additionnels pour le
dépôt de leurs mémoires sur le rapport Hanigan. Leurs
raisons m'ont semblé tout à fait valables, c'est-à-dire
qu'elles ont affirmé qu'il leur serait facile de déposer
immédiatement une liste, voire même une litanie de plaintes et de
critiques au sujet de la Communauté urbaine, mais que pour arriver avec
des recommandations constructives, pour résoudre les problèmes
décelés, il leur faudrait un temps additionnel. Elles m'ont
demandé ce temps additionnel et je l'ai accordé. Je leur ai
demandé de me faire savoir quand elles seraient prêtes à
venir devant la commission parlementaire parce que c'était
l'engagement pris par Me Tessier et présenter leur point de
vue.
J'attends donc de leurs nouvelles. J'ai de temps en temps des
rapports-progrès qui m'indiquent que d'ici peut-être deux mois,
elles seraient en mesure d'arriver avec des recommandations.
Entre-temps, j'ai entrepris, tel que je l'avais promis, une série
de rencontres avec les municipalités, notamment avec les conseils
municipaux. A chaque fois que j'ai eu la possibilité de rencontrer soit
un des corps intermédiaires, un des organismes communautaires, disons,
pour échanger avec la population des points de vue sur le
problème de la Communauté urbaine et du regroupement municipal,
j'ai saisi une telle occasion. Il y en a eu au moins trois, de mémoire,
et je pense qu'il y a une certaine évolution de la pensée des
citoyens de l'île de Montréal à l'endroit de la
Communauté urbaine et à l'endroit des projets de regroupement
possibles. Je pense que les citoyens sont en train de constater que les
municipalités individuelles, surtout celles de petite taille, ne sont
pas en mesure de se doter des services nécessaires.
Il faut donc une collaboration quelconque, que ce soit par fusion avec
d'autres municipalités pour créer des unités plus
autosuffisantes, que ce soit par entente pour la mise en commun de certains
services, sans fusion intégrale, ou que ce soit par l'attribution
à la communauté urbaine des responsabilités
impliquées. D'une manière ou d'une autre, il faut un autre palier
de responsabilité pour ces municipalités.
C'est dans cette optique, plutôt que dans un esprit simplement
négativiste, c'est-à-dire l'opposition à une
communauté urbaine et l'opposition, en même temps, à un
projet de fusion, que les questions sont examinées. Je pense que les
citoyens constatent qu'il y a un certain choix à faire.
Je prends l'exemple d'une assemblée publique à Senneville
où un projet de fusion avec Sainte-Anne-de-Bellevue et Baie
d'Urfé a été mis de l'avant. La réaction
majoritaire dans la salle était: Nous voulons conserver
l'identité de notre petite municipalité. Nous sommes très
conscients du fait qu'elle ne pourra nous fournir tous les services, que nous
ne pourrons gérer que quelques services chez nous, sur le plan local.
Nous aimerions quand même conserver cette identité, conserver les
quelques servi-
ces que nous pourrons gérer chez nous et nous fier à la
Communauté urbaine pour la gestion des services à
caractère régional.
Donc, je voudrais permettre à cette évolution de
pensée de nous mener à une conclusion, à un consensus,
plutôt que d'intervenir de façon draconienne et de
décréter, malgré les recommandations dans ce sens du
rapport Hanigan, des unités de regroupement et des regroupements en 19
et, ensuite, en 5 municipalités.
M. LEGER: Pas cinq municipalités; c'étaient cinq secteurs
de regroupement qui pourraient éventuellement préparer cinq
municipalités.
M. GOLDBLOOM: Oui, en effet.
M. LEGER: Mais, actuellement, vous prévoyez un délai de
deux mois encore, ça veut dire au milieu de juillet, pour avoir le
rapport des mémoires des municipalités.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je voudrais préciser que
j'ai invité les municipalités intéressées à
me faire part de leur calendrier. Le délai de deux mois n'est qu'une
impression que j'ai de quelques récentes conversations. Si les
municipalités me demandent trois mois ou quatre mois, je pense que je
devrai leur accorder ce délai. Je leur ai dit, par exemple, qu'en retour
il faudrait qu'elles s'abstiennent de plaintes au sujet de l'existence continue
de la Communauté urbaine.
Il faudrait qu'elles acceptent, entre-temps, le statu quo et qu'elles
vivent avec ce statu quo.
M. LEGER: Est-ce que le ministre pourrait nous faire une comparaison
entre les deux grandes communautés urbaines, celle de Québec et
celle de Montréal? Selon le diagnostic du ministre, à la
Communauté urbaine de Montréal, ça ne va pas
merveilleusement bien, mais ça va quand même assez bien avec les
problèmes qui existent aussi, mais à Québec la situation
pourrit.
Est-ce que le ministre voudrait faire une comparaison des
problèmes divergents qu'ont à affronter ces deux
communautés? Qu'est-ce qui est différent dans les
problèmes qu'il y a à la Communauté urbaine de
Québec et à la Communauté urbaine de Montréal?
M. GOLDBLOOM: Je ne suis pas certain que je partirai de la
considération avancée par le député de Lafontaine.
J'ai dit que certains citoyens sur l'île de Montréal ont
exprimé une opinion, que l'on peut s'habituer à la
communauté urbaine et, en s'y habituant, conserver l'identité et
le secteur restreint de responsabilité de sa propre municipalité.
Je n'ai pas dit je pense que je serais téméraire
d'indiquer cela que l'on est heureux de la Communauté urbaine. Je
continue de recevoir des plaintes. Je les reçois de la part de citoyens
et de la part de municipalités aussi.
On sait que la situation est différente dans les deux cas, parce
qu'à Montréal l'intégration des forces policières
constitue l'élément le plus important aux yeux des citoyens et
des municipalités.
Et cela pour deux raisons: l'augmentation des coûts et la
distribution des services, qui ne semblent pas faire l'affaire de toutes les
municipalités.
M. LEGER: Et le contrôle du budget.
M. GOLDBLOOM: Oui, c'est nécessairement un facteur qui a un
rapport avec le problème des coûts. Les élus se plaignent
de ne pas avoir leur mot à dire sur le budget du secteur policier. Je ne
voudrais pas entrer dans cette discussion. Il conviendrait mieux d'aborder ce
sujet avec le ministre de la Justice qui est responsable du secteur policier,
mais il y a immédiatement cette différence entre les deux
communautés urbaines.
Si l'on écoute les citoyens de la région de la capitale,
ici, on entend parler davantage de la Commission des transports et de la
répartition des dépenses ainsi que des coûts
impliqués.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut en profiter, pendant qu'il
m'explique ça, pour me dire le degré de responsabilité des
deux commissions de transport versus leur communauté urbaine? Autrement
dit, comment fonctionne la préparation du budget de la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Québec, à savoir si
son acceptation se fait avant. Je pense que ce n'est pas le cas pour la
Communauté urbaine de Québec, contrairement à la
Communauté urbaine de Montréal où, je pense, la Commission
de transport présente un budget à la Communauté urbaine
avant, si je ne m'abuse. Comment fonctionne l'acceptation du budget et le
paiement des déficits des commissions de transport dans les deux
cas?
M. GOLDBLOOM: Je crois que le député de Lafontaine a
raison, mais, de mémoire, je ne voudrais pas m'avancer. Si vous me le
permettez, M. le Président, je vais consulter les membres de
l'équipe pour savoir si c'est exactement tel que le député
de Lafontaine l'a décrit.
M. le Président, celui qui se spécialise dans ce domaine
au sein de notre équipe n'est pas ici présentement. Si je peux
suggérer que nous réservions la réponse à la
question pour vérification, cet après-midi je pourrai
probablement confirmer ces détails.
M. LEGER: Vous continuerez cet après-midi là-dessus
concernant la commission de transport et l'aspect aussi de la police que vous
ne pouvez pas tellement toucher parce que cela relève un peu du ministre
de la Justice. Mais comme vous êtes dans le même cabinet que le
ministre de la Justice, vous avez quand même une idée globale des
problèmes que cela engendre dans la Com-
munauté urbaine de Montréal qui est votre
responsabilité.
Est-ce que le ministre peut me dire quelle sorte de calendrier il
prévoit concernant la solution du problème de la
Communauté urbaine de Montréal, étant donné qu'il
permettrait aux municipalités de donner leur mémoire à une
date plus éloignée? A ce moment-là il n'y a pas de
calendrier précis. Vous êtes limité à attendre des
mémoires qui peuvent venir dans trois mois, quatre mois, cinq mois,
après cela, il faut le temps de les étudier; avez-vous un
calendrier prévu pour trouver une solution au fonctionnement de la
Communauté urbaine de Montréal?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je ne crois pas qu'il me revienne
d'établir un calendrier. Ce sont les citoyens qui doivent décider
s'ils sont impatients ou s'ils sont patients, et si leur municipalité
s'exprime en leur nom, c'est au moment qu'ils choisiront ensemble,
c'est-à-dire le conseil municipal et les citoyens qu'il
représente. Si ces citoyens sont désireux de prendre davantage le
temps d'étudier la question et de vivre entre-temps avec le statu quo,
je n'ai pas de raison de vouloir intervenir.
Si le comité d'étude présidé par M. Hanigan
a été créé, c'est à cause de plaintes au
sujet de la Communauté urbaine. Le désir a été
exprimé un peu partout sur l'île de Montréal, notamment
à l'extérieur de la ville de Montréal elle-même
d'examiner en détail le fonctionnement de la communauté urbaine
et, notamment, sa comptabilité, c'est-à-dire la justification des
dépenses imposées aux citoyens.
Si, aujourd'hui, ces citoyens préfèrent, par le truchement
de leurs conseils municipaux, attendre un peu plus longtemps en acceptant le
statu quo pour présenter des propositions quant à des
modifications, je ne vois pas pourquoi j'interviendrais en établissant
un calendrier et en disant qu'il faut absolument qu'il y ait une réponse
avant une date que j'établirais moi-même.
Je tiens à souligner que, si les municipalités n'avaient
pris aucune initiative, mon attitude aurait été
différente. Mais, puisque la conférence des maires de banlieue
m'a officiellement demandé un délai, j'ai accepté de bonne
foi, devant leur bonne foi. C'est ensemble que nous pourrons établir un
calendrier. Je ne voudrais pas que, dans un cas ou dans l'autre,
c'est-à-dire Montréal ou Québec, nous gaspillions le temps
des élus et des citoyens dans des discussions inutiles. Mais je voudrais
attendre que tout le monde soit prêt pour une discussion valable et c'est
ce que je fais.
Par contre je tiens à le souligner dans le cas de
la Communauté urbaine de Québec, les municipalités ont
plutôt demandé que soit établi un calendrier et la
population semble désireuse d'avoir un échéancier. J'en ai
établi un qui est approximatif. J'ai dit que, d'ici à la fin de
l'année, nous devrions arriver à discuter très
précisément de l'avenir de la CUQ. Il ne s'agit pas
nécessairement d'arriver à toutes les conclusions avant la fin de
l'année, mais je ne voudrais pas que l'année se termine sans
l'engagement du débat réel et la recherche des solutions.
M. LEGER: M. le Président, je fais seulement un aparté
pour souligner que l'arrivée du whip adjoint nous permet d'avoir quorum,
ce que nous n'avions pas, depuis tantôt, à la commission des
affaires municipales. Nous étions six tantôt.
M. CARON: Je peux dire à mon bon ami que, si je n'étais
pas ici, j'étais à la commission des terres et forêts
où j'ai présidé...
M. LEGER: Aucun blâme au whip.
M. CARON: Non, non, mais je tiens à préciser que j'ai
présidé la commission des terres et forêts pour mettre de
l'ordre. Je crois qu'ils vont finir dans quelques minutes.
M. LEGER: Mettre de l'ordre dans la forêt. M. CARON: Oui.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, pour le journal des Débats,
je pense qu'il est important de souligner que nous avons quorum depuis le
début. Le député de Lafontaine...
M. LEGER: Je m'excuse, j'avais oublié de compter le
président.
M. GOLDBLOOM: Ah bon!
M. LEGER: Je retire mes paroles.
M. GOLDBLOOM: Je me demandais s'il avait oublié de se compter
lui-même.
M. LEGER: Ah! non, non, non! Je ne me pose pas de question
là-dessus. M. le Président, je voulais simplement dire ceci au
ministre concernant le problème de la Communauté urbaine de
Montréal, comme celle de Québec. Le ministre sait qu'il y a un
problème majeur; souvent, quand on est trop proche des arbres, on a de
la difficulté à envisager la forêt. Très souvent,
les maires des municipalités sont tellement proches des problèmes
de leurs municipalités qu'ils peuvent difficilement avoir toute
l'objectivité nécessaire devant les problèmes de
l'ensemble d'une communauté. Et cela m'amène à me demander
si le ministre ne croit pas que, dans un avenir rapproché, il devrait y
avoir des élus aux Communautés urbaines qui le soient directement
et non pas indirectement comme c'est le cas. Un organisme comme la
Communauté urbaine a des responsabilités bien précises, et
ses dirigeants sont indirectement élus. Ils sont élus comme
maires et comme échevins, ayant comme mandat la protection et
l'administration de leurs municipalités. Ces personnes, par la
suite, vont à la Communauté urbaine de Montréal et peuvent
prendre des décisions qui ne sont pas, par la suite, ratifiées ou
contrôlées par leurs électeurs, qui ne les ont pas
nécessairement élus pour être à la Communauté
urbaine de Montréal ou de Québec mais pour être
responsables de leurs municipalités. Est-ce que le ministre envisage la
possibilité, dans les études de son ministère ou autres
études, d'avoir des élus directs, quitte à ce qu'il y en
ait d'autres qui soient élus indirectement? Ainsi il y aurait des gens
directement élus pour administrer les Communautés urbaines.
M. GOLDBLOOM : Les implications de ce que suggère l'honorable
député de Lafontaine sont profondes. Si nous établissions
une communauté urbaine dont les membres en totalité ou en partie
seraient élus directement pour constituer le conseil d'administration,
l'organisme directeur de cette communauté urbaine, nous créerions
dans une bonne mesure une seule ville pour le territoire concerné, et je
ne suis pas convaincu que c'est ce que désire la population dans l'un ou
l'autre des cas que nous avons discutés.
Je pense, au contraire, que les citoyens tiennent beaucoup à
l'identité de leur municipalité et tiennent donc à envoyer
leur maire ou son représentant siéger au conseil de la
Communauté urbaine, comme porte-parole de leur municipalité.
Peut-être que la formule de pondération de la voix de chacun n'est
pas parfaite aux yeux de tous, mais je pense que le sentiment que je
décèle dans les populations montréalaises et
québécoises est clairement de ne pas créer un organisme
qui serait, à toutes fins pratiques, une seule administration pour une
seule ville.
M. LEGER: Mais selon la bonne vieille affirmation "no taxation without
representation", les citoyens sont aussi taxés directement par la
Communauté urbaine de Montréal, entre autres. Et l'élu,
s'il était élu directement, devant des décisions qu'il
prendrait, devant des attitudes qu'il prendrait pour la Communauté
urbaine pourrait, par la suite, voir auprès de la population si c'est
accepté ou non. Tandis que si un maire ou un échevin qui va
à la Communauté urbaine a pris la mauvaise décision au
niveau de la Communauté urbaine mais en a pris des bonnes au niveau de
son rôle de maire ou d'échevin dans sa municipalité pour
des choses municipales, le citoyen est un peu mal pris, ambivalent devant ces
deux attitudes pour lesquelles il est taxé de deux façons
différentes. C'est l'aspect que je voulais mentionner de la
difficulté d'avoir des personnes qui sont élues indirectement
à un poste et qui n'ont pas à rendre compte directement devant
l'électorat de leurs gestes à ce poste.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si les représentants des
municipalités au sein de la
Communauté urbaine n'étaient pas déjà des
élus, l'argument du député de Lafontaine serait valable.
Je pense qu'il est valable davantage en ce qui concerne d'autres organismes;
nous avons mentionné le Conseil de sécurité de
Montréal, nous avons mentionné la Commission des transports de
Québec. Là, il y a un problème de taxation, et de
représentation par rapport à cette taxation. Mais je pense que
tant et aussi longtemps que les maires, en tant qu'élus par leur
population, sont envoyés à ce titre au conseil de la
Communauté urbaine, nous ne pourrons dire que le fait que cet organisme
prend des décisions au nom de la collectivité représente
un système où il n'y a pas de responsabilité directe
à la population qui choisit ses représentants. C'est dans ce sens
que je pense que la population interprète la situation
présentement.
M. LEGER: Concernant les recommandations du comité Hanigan et
l'attitude actuelle du ministre, quelles sont ses impressions concernant les
améliorations possibles, même avant qu'il ait le rapport, les
mémoires? Est-ce qu'il est question que l'amélioration se fasse
mieux visant la réduction du nombre des municipalités ou dans le
changement de la représentation de la Communauté urbaine ou de la
structure telle de la Communauté urbaine?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je ne me sens pas imbu de toute la
sagesse nécessaire pour prendre la décision au nom des...
M. LEGER: Mais les impressions qu'il dégage actuellement des
rapports qu'il a en main et suivant sa perception de la population, comme il
vient de le dire, pour la représentation directe il a quand
même une perception de la situation qu'est-ce qu'il en pense?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, un ministre doit se donner une
période suffisante de réflexion et d'écoute pour
être en mesure de se prononcer. Voyez-vous, ce n'est pas tellement ce que
pense le ministre; c'est plutôt ce que peut déduire le ministre de
ce qu'il aura entendu de la part des intéressés.
Si l'on fait face à une situation critique il y en a
quelques-unes au Québec où l'avenir d'une
municipalité est vraiment en danger, c'est-à-dire que la
municipalité n'est pas capable de suffire à ses besoins et se
trouve dans un cercle vicieux, où il n'y a pas de développement
parce que les taux de taxe sont élevés et, pour fournir des
services, il y a des augmentations additionnelles qui sont nécessaires,
qui augmentent l'écart entre cette municipalité et ses voisines,
dans ces quelques rares cas, il faudra peut-être intervenir. Il y a de
rares municipalités au Québec qui sont un non-sens, qui ne
devraient pas exister. Je pense à une en particulier et je ne voudrais
pas l'identifier, mais simplement donner un exemple. C'est une
municipalité qui est totalement entourée par une autre
municipalité qui est très petite et qui ne peut suffire à
ses propres besoins. Je voudrais insister que ce n'est pas ici dans la
région de Québec parce qu'il y a des gens qui vont penser
immédiatement à un exemple dans la région ici. Ce n'est
pas celui-là que je vise. Je pense que les personnes raisonnables
pourraient, en toute objectivité, dire: Le gouvernement devrait à
un certain moment intervenir et changer la situation. Mais ces cas sont rares
et, à moins d'un état de crise de ce degré, je ne voudrais
pas imposer mon opinion. Il y a eu d'autres ministres qui ont eu d'autres
opinions et c'est en fin de compte l'opinion publique qui a été
déterminante et je voudrais qu'elle continue de l'être.
M. LEGER: Dans le rapport Hanigan, dans les recommandations à
partir du numéro 53 jusqu'au numéro 61, il avait
été proposé que Québec crée une
société d'aménagement des parcs de l'agglomération
montréalaise. Le ministre a-t-il l'intention de donner suite à
cette recommandation?
M. GOLDBLOOM: D'une manière ou d'une autre, oui. Il est
très clair qu'il faudra agir de cette façon, que le service de
planification de la Communauté urbaine vise à des mesures
concrètes pour acquérir d'importants terrains comme parcs
régionaux, que la planification sur l'île de Montréal que
nous faisons de concert avec les municipalités individuellement implique
la création d'espaces verts là où c'est possible de le
faire par rapport à un programme d'amélioration de quartiers ou
simplement par l'aménagement de terrains vagues qui existent
présentement et qui ne sont pas comptés comme espaces verts
n'étant pas développés et aménagés à
cette fin.
Nous sommes à faire présentement un relevé de la
situation qui fait suite à la publication du rapport du service de
planification de la CUM.
M. LEGER: Est-ce que le ministre a un certain programme de ce
côté? Quand prévoit-il donner à la
communauté... Est-ce que vous attendez le rapport final de tous les
autres aspects ou est-ce que vous pouvez nous donner un
échéancier concernant la possibilité de créer cette
société d'aménagement des parcs de l'agglomération
montréalaise?
M. GOLDBLOOM: J'ai dit que, de façon générale, je
voulais donner suite à cette recommandation, pas nécessairement
par la création d'une société d'aménagement. Il y a
des autorités qui existent déjà et qui pourraient assumer
cette responsabilité.
M. LEGER: Est-ce que la Communauté urbaine a le pouvoir,
actuellement, de le faire par elle-même ou doit-elle demander une
permission au gouvernement provincial?
M. GOLDBLOOM: Cette permission, je crois bien, ne serait pas difficile
à obtenir s'il s'agit de la création de parcs. C'est l'aspect
financier qui est nécessairement le plus épineux. Il faudra
trouver l'argent nécessaire. Il faudra d'abord connaître les
besoins en argent pour ce qui est visé en termes d'espaces verts. Que la
responsabilité soit prise par la province, par la Communauté
urbaine, par les municipalités individuellement ou par un nouvel
organisme, peu importe. Ce sont les résultats qui compteront. Le
député m'a demandé un programme. Je voudrais lui dire
d'abord que je voudrais donner priorité à cette
considération, que je n'attendrai sûrement pas la fin du processus
d'examen du rapport Hanigan pour essayer d'agir dans ce domaine, et d'ailleurs,
nous avons déjà agi.
Par exemple, nous avons offert tout récemment une collaboration
tangible à la Communauté urbaine pour l'étude de l'avenir
du canal de Lachine qui pourrait servir comme espace vert et espace de
récréation pour les citoyens de plusieurs
municipalités.
C'est une idée qui a été lancée par un des
membres du comité exécutif de la ville de Montréal qui
siège également à ce titre au comité
exécutif de la Communauté urbaine. Nous avons poursuivi des
conversations avec M. Yvon Lamarre, avec la Communauté urbaine et avec
le gouvernement fédéral aussi. C'est un bon exemple du genre
d'approche que nous avons voulu créer, c'est-à-dire que nous
avons travaillé avec la Communauté urbaine pour définir
ensemble un point de vue québécois et porter ce point de vue
québécois à la table de consultation avec le gouvernement
fédéral.
Donc, il y a déjà de l'action qui se poursuit. Il y a des
projets de la ville de Montréal dont nous sommes saisis où des
espaces verts seraient créés à l'intérieur des
projets d'aménagement ou de réaménagement de
quartiers.
Or, il y a une action qui est déjà en cours et je pense
qu'au cours des deux prochains mois je voudrais prendre un calendrier
raisonnable nous serons en mesure de faire du progrès dans ce
dossier et d'avoir quelque chose de plus précis et de connaître
les implications financières des actions que nous voudrions
entreprendre, et cela, non pas en le limitant à l'île de
Montréal, mais en visant le territoire environnant où il y a
aussi des espaces verts qu'il faudra viser et protéger.
M. LEGER: Le ministre m'entend souvent lui poser la question de
calendrier, de date, etc. C'est une marotte qui existe souvent quand deux
personnes se rencontrent régulièrement. J'avais la marotte avec
le ministre qui l'a précédé de connaître la
planification parce qu'il en manquait dans le ministère. Il y a un peu
plus de planification avec le nouveau ministre, mais ce dernier a toujours des
paroles tellement rassurantes, des voeux constamment renouvelés et ma
marotte maintenant est l'échéancier, pour savoir quand nous
aurons précisément des
résultats pratiques de tous ces voeux et de ce magnifique
enthousiasme retenu du ministre au sujet des suggestions que nous lui
faisons.
M. GOLDBLOOM: C'est-à-dire que le député ne prend
pas de Valium.
M. LEGER: C'est justement la raison pour laquelle nous demandons des
calendriers. Nous voulons savoir jusqu'à quel point les recommandations
du ministre vont aller vers des réalisations et il n'y a rien de mieux
qu'un calendrier pour cela.
M. GOLDBLOOM: Je voudrais dire très simplement qu'ayant
vécu des deux côtés de la Chambre, je suis très
conscient de la facilité avec laquelle on peut travailler du
côté de l'Opposition. Je l'ai fait moi-même. On peut
très facilement dire: II faut agir et il faut arriver avec un calendrier
précis et il faut régler le problème de telle ou de telle
façon, mais un gouvernement a la responsabilité de tout voir et
de tout prévoir dans la mesure où il est humainement possible de
le faire. Parfois donc, la bonne volonté qui établit des
calendriers se trouve insuffisante parce qu'entre-temps, en cours de route, il
y a d'autres considérations qui viennent à la connaissance du
gouvernement et des contraintes qui se présentent. C'est pour cette
raison et surtout parce que l'Opposition a pour fonction également de
relever ce que le gouvernement a déjà dit et d'essayer de le
mettre en contradiction avec lui-même que le gouvernement doit être
un peu prudent en annonçant des calendriers. On voudrait bien.
L'objectif est là et je me permets de dire au député de
Lafontaine qu'il lui est de bonne guerre de critiquer le ministre et de dire
que le ministre essaie d'endormir la population avec du Valium. Je pense que
c'est un peu injuste à l'endroit de quelqu'un je m'excuse de
parler de moi-même qui essaie de façon sincère de
régler des problèmes et de le faire en écoutant la
population et de le faire en tenant compte de toutes les implications de chaque
problème, qui sont souvent plus complexes que l'Opposition se permet de
le prétendre.
M. LEGER: Je suis d'accord que c'est le problème de tous les
gouvernements du monde de vouloir planifier, d'étudier, de faire
attention et de surveiller, et c'est le problème de toutes les
oppositions du monde de pousser le ministre. Mais il y a des gouvernements dans
le monde qui vont plus vite que d'autres. C'est la raison pour laquelle notre
rôle est de voir, lorsqu'un ministre promet quelque chose ou laisse
entrevoir des possibilités, jusqu'à quel point cette
réalisation est proche et seul un calendrier peut nous permettre
cela.
De toute façon, je voulais relever ce point, parce que
très souvent, on nous rassure et nous, de l'Opposition, sommes-là
pour aiguillonner le ministère à fonctionner dans les domaines
qui semblent être les plus urgents.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je voudrais rassurer la population
d'une seule chose.
M. LEGER: Encore.
M. GOLDBLOOM: C'est de la sincérité avec laquelle on
essaie de résoudre les problèmes. Je ne pourrai aller plus loin
que cela.
M. LEGER: Jusqu'à maintenant, je pense que je puis dire que le
ministre est toujours sincère dans ce qu'il affirme. C'est dans l'action
que je voudrais qu'il aille maintenant, dépasser le stade de cette
acceptation, de cette sympathie de la population pour lui, de la
sincérité qu'il démontre pour arriver maintenant à
une efficacité. C'est pour cela que c'est notre travail de voir à
surveiller de très près son activité. Je voudrais
maintenant toucher le problème du rapport...
M. CARON: M. le Président, il ne faudrait pas aussi, si le
ministre... Ce n'est pas que je veux prendre la part du ministre, mais je suis
convaincu que vous, le...
M. LEGER: Je suis le coupable.
M. CARON: ... député de Lafontaine, si le ministre allait
trop vite, vous lui feriez des reproches d'aller trop vite.
M. LEGER: D'accord! Les extrêmes sont toujours dangereux.
D'ailleurs, juste...
M. CARON: Je pense bien qu'avec la Communauté urbaine il faut
être assez prudent, et prendre le temps qu'il faut, parce que les
contribuables de Montréal en ont beaucoup sur leurs épaules. En
tant que représentant d'une ville comme Verdun, je pense que le ministre
doit prendre le temps qu'il faut, être sûr des décisions
qu'il va prendre, que ce soient de bonnes décisions. Jusqu'à ce
jour, non pas parce qu'il est ici, mais ces décisions ont
été très bonnes.
M. LEGER: C'est sûr qu'il s'agit de la définition du temps
qu'il faut. Cela veut dire quoi, cela? M. le Président, je vais revenir
maintenant...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si vous me permettez, je voudrais
simplement ajouter que, comme vient de le dire le député de
Verdun, on parle souvent de l'argent comme étant le nerf de la guerre.
Si nous avions davantage d'argent, nous pourrions accomplir plus rapidement
bien des choses. Justement...
M. LEGER: ... le ministre, il faut aller en chercher de l'argent.
M. GOLDBLOOM: Oui, exactement, mais où? La réponse est
simple: Dans les poches des contribuables. Puisque déjà ces
contribuables
sont soumis à des fardeaux assez importants, le gouvernement doit
être prudent en imposant des fardeaux additionnels à la population
du Québec.
M. LEGER: Je vais parler maintenant du rapport Urbex-Québec rendu
public le 19 avril dernier. J'aimerais savoir du ministre s'il a
été consulté pour cette conclusion qu'on voit dans le
rapport Urbex-Québec. Quand a-t-il été consulté et
à quel niveau? Par qui a-t-il été consulté?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense qu'il y a lieu de tirer
les choses au clair. Le gouvernement, en collaboration avec les
autorités municipales, se penche depuis un certain temps sur l'avenir de
ce quartier de la ville de Québec. Entre-temps, le gouvernement
fédéral, qui possède trois édifices dans le
quartier, a voulu faire examiner l'avenir de ces trois édifices par un
consultant professionnel dont il a retenu les services. Ce consultant
professionnel a pris sur lui de faire rapport au gouvernement
fédéral dans le sens suivant: II ne serait pas possible de faire
une proposition de réaménagement pour trois édifices
seulement. Il faudrait insérer l'avenir de ces trois édifices,
leur reconstruction, leur nouvelle affectation, leur réfection dans le
cadre d'un projet de réaménagement du quartier tout entier. Donc,
c'est peut-être là aussi, par enthousiasme, que l'étude
demandée par le gouvernement fédéral, de trois
édifices a débordé sur une étude de tout le
quartier. Ce document appartient au gouvernement fédéral. Le
gouvernement fédéral ne s'est pas prononcé de son
côté sur l'avenir de ces trois édifices. Je voudrais
assurer le député de Lafontaine que, quand il s'agira de
déterminer l'avenir du quartier en question, le rapport Urbex sera un
élément contribué par le gouvernement
fédéral à une décision qui sera prise par le
gouvernement du Québec, en consultation avec les autorités
municipales.
M. LEGER: C'est cela. Est-ce qu'il y a eu actuellement une consultation
entre le ministère des Affaires municipales et la ville de Québec
à ce sujet?
M. GOLDBLOOM: Pas à ce sujet. C'est un document qui est
arrivé un peu comme un cheveu sur la soupe, parce que, si je comprends
bien, le gouvernement fédéral ne l'a pas rendu public comme tel,
comme proposition formelle de sa part. Mais c'est quand même un document
qui a pris la voie des media d'information et qui est connu du public. Nous
n'avons pas, dans notre travail, formalisé nos contacts à ce
sujet. Nous le ferons quand nous serons prêts à le faire.
J'aimerais souligner, cependant, qu'il y a eu en 1971 une subvention de
la Société d'habitation du Québec pour l'étude du
réaménagement du quartier en question.
M. LEGER: A la ville de Québec ou à Urbex?
M. GOLDBLOOM: A la ville de Québec.
M. LEGER: A la ville de Québec. Est-ce qu'il y a eu des
négociations entre la ville de Québec et le fédéral
à ce sujet?
M. GOLDBLOOM: Je n'en suis pas au courant, M. le Président. Je ne
pourrais en parler.
M. LEGER: Vous ne savez pas si la ville de Québec, dans ce
territoire qui est sien, a été consultée pour le projet
Urbex, vous n'êtes pas au courant?
M. GOLDBLOOM: II me semble que le consultant professionnel au cours de
son travail se serait adressé aux autorités municipales. Cela me
semblerait curieux si le contraire était le cas. Le consultant
professionnel, même s'il travaille pour le gouvernement
fédéral, n'est pas le gouvernement fédéral.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut nous dire quels sont les
mécanismes de décision prévus pour l'aménagement de
ces territoires, de ce quartier?
M. GOLDBLOOM: Comme d'habitude, M. le Président, si la
municipalité est en mesure de tout faire elle-même et de tout
payer elle-même, elle le fera. Elle devra consulter les autres paliers de
gouvernement pour l'avenir de leurs propriétés précises;
trois édifices fédéraux sont en question ici. Si, par
contre, la ville ne se trouve pas en mesure financière d'accomplir le
travail, il faudra qu'elle s'adresse aux autorités provinciales,
à la Société d'habitation du Québec pour l'aide qui
pourrait être fournie par cette société, au gouvernement en
général, si nécessaire.
M. LEGER: Est-ce que le ministre considère que le type
d'aménagement proposé par Urbex empiète sur les
prérogatives du Québec?
M. GOLDBLOOM: Si le document devait être le document
utilisé pour le réaménagement du quartier, je trouverais
que le processus aurait été mauvais, c'est-à-dire que le
gouvernement du Québec aurait dû participer à ce travail.
Puisque c'était tout à fait légitime pour le gouvernement
fédéral de faire l'étude de ses propres édifices et
d'en déterminer l'avenir, pour ensuite en discuter avec les autres
paliers de gouvernement, je pense bien qu'il s'agit tout simplement d'un
document de travail que nous utiliserons à sa juste valeur.
M. LEGER: Est-ce que le ministre considère que le fait de
proposer l'aménagement à l'intérieur d'une ville, d'un
campus, d'un CEGEP, de deux écoles, d'un centre sportif, d'un parc de
promenade relève réellement du fédéral?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président. C'est pour cela que j'ai dit
que je crois que c'est un enthousiasme professionnel. Je pense que le
consultant voulait faire preuve d'une compétence qu'il a sûrement
pour indiquer ce qui pourrait être fait, pour réaménager
tout un quartier. Ce n'est pas un document déterminant. Nous
l'étudierons avec intérêt et respect, mais nous prendrons
les décisions dans la mesure où les autorités municipales
nous demanderont de participer. Je tiens à souligner que les
autorités municipales n'ont pas le choix entre les paliers de
gouvernement. Elles ne pourront transiger ou avec la province ou avec le
gouvernement fédéral C'est avec la province.
S'il faut impliquer le gouvernement fédéral, ce sera par
le truchement du gouvernement du Québec que les contacts seront
établis.
M. LEGER: Est-ce qu'on peut avoir l'assurance du ministre que, si le
projet est présenté tel quel par le fédéral,
l'aménagement de ce territoire sera sous la juridiction complète
du provincial?
M. GOLDBLOOM: La maîtrise d'oeuvre devra nécessairement
être québécoise. Il y a déjà un travail qui
se fait par la ville de Québec pour étudier l'avenir de ce
secteur du vieux port. Nous allons prendre tous les éléments. Je
ne voudrais pas indiquer que le document en question, le rapport Urbex, ne
puisse recevoir, de notre part, une reconnaissance officielle dans le contexte
actuel. Je ne voudrais pas l'écarter comme n'ayant pas de valeur
professionnelle. Il faut avoir assez d'ouverture d'esprit pour regarder la
valeur de chaque document, comme si, par exemple, un groupe de citoyens de la
ville de Québec s'assoyaient autour d'une table et créaient un
document qui recommanderait un aménagement quelconque pour le
quartier.
M. LEGER: Je pensais que vous aviez d'autres réponses.
M. GOLDBLOOM: Simplement pour répéter ce que j'ai
déjà dit. Le gouvernement fédéral, comme
propriétaire de certains édifices, a le droit d'en prévoir
l'aménagement futur et de proposer quelque chose. Si le gouvernement
fédéral se limite à certaines reconstructions,
réaménagements de sa propre propriété, il est libre
de le faire, en respectant évidemment les exigences de zonage et
d'autres règlements de la municipalité. Mais si le projet
déborde les édifices qui sont directement la
propriété du gouvernement fédéral, c'est une autre
paire de manches.
M. LEGER: Je suis heureux que le ministre nous dise cela, parce que,
justement, si le rapport Urbex est bon, est bien, pour la partie qui
relève du gouvernement fédéral, le fédéral
pourra s'en occuper, mais pour la partie de la juridiction qui relève du
gouvernement provin- cial, c'est le gouvernement provincial qui s'en occupera,
parce que le ministre sait que, continuellement, nous sommes vigilants, et je
sais qu'il essaie de l'être aussi, mais on voit
régulièrement le fédéral s'infiltrer dans toutes
sortes de domaines. Il doit être très vigilant pour garder ses
prérogatives et c'est pour cela que nous lui soumettons
régulièrement ces intrusions régulières,
insidieuses, du fédéral dans différents domaines de la
juridiction provinciale. Je suis heureux que le ministre nous affirme qu'il
s'opposera à ce que ce soit d'autres que le gouvernement provincial qui
s'occupent de ces aménagements de territoires.
J'en profite pour parler d'un autre aménagement de territoire. Il
y a plusieurs mois, la compagnie Gulf Oil Real Estate Development, une
compagnie américaine, achetait un terrain de plus de 2,000 acres
à Laprairie pour y créer une véritable ville nouvelle de
près de 1,000 habitations Compte tenu de l'ampleur du projet, est-ce
qu'une planification d'utilisation du terrain a été faite et par
qui?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président. Surtout par nous-mêmes.
Nous avons accepté de contribuer, vu l'importance du projet, par
exception, au coût de la préparation du schéma
d'aménagement. Un projet préliminaire a été soumis
par la compagnie en question, après consultation avec les
autorités municipales, et ce schéma préliminaire
prévoyait, si ma mémoire est fidèle, approximativement le
tiers du territoire à être réservé comme espace vert
et espace pour récréation publique. C'est un pourcentage qui peut
être atteint dans un développement de villes nouvelles, mais qui
ne le peut que difficilement dans le réaménagement d'une ville
existante.
C'est justement à cause de cette perspective très
intéressante que nous avons pensé qu'il était
justifié de contribuer financièrement à l'accomplissement
du schéma d'aménagement.
M. LEGER: Le ministre, je pense bien, est au courant que la localisation
de ces espaces sur la rive sud urbanisée de Montréal était
à peu près le dernier espace vert accessible de cette
région. Est-ce que le ministre a l'intention, dans son schéma
d'aménagement, de garder, pour des fins touristiques et
récréatives, ce dernier territoire, sur la rive sud, près
de Laprairie, d'espaces verts, qui est un poumon pour la région, et pour
Montréal et pour la rive sud?
M. GOLDBLOOM: Justement, M. le Président, nous avons
accepté ce qui nous semble un développement inévitable,
parce que la population de la rive sud, nous en avons parlé
récemment en parlant de Longueuil et de l'augmentation de sa
population... Longueuil, elle aussi, vise la création de nouveaux
espaces verts à l'intérieur de son territoire, et cela, d'une
façon un peu particulière qui, à nos yeux, a
mérité notre appui financier aussi.
Nous avons donc à envisager la protection d'espaces verts sur
toute la rive sud, non seulement dans le secteur Laprairie, mais
également vers l'est aussi, le mont Saint-Bruno, les bois de
Verchères, il y a des espaces qui existent qui ne doivent pas être
perdus et nous sommes heureux, au moins de pouvoir compter sur un
développement à Laprairie qui conservera en plus forte proportion
que tout autre développement déjà proposé ou
accompli au Québec, les espaces verts du territoire.
M. LEGER: Mais, dans l'objectif du ministre, ce n'est quand même
pas un parc régional. A ce jour, c'est à peu près la
région qui a le moins d'espaces verts. Si elle perd ce parc, il y aura
moins d'espaces verts sur la rive sud qu'il y en a dans l'île de
Montréal actuellement. Est-ce que le ministre ne considère pas
que c'est peut-être une belle occasion qu'il perdrait s'il ne conserve
pas un grand parc d'espace verts sur la rive sud?
M. GOLDBLOOM: Je ne suis pas certain d'avoir saisi le point
souligné par le député de Lafontaine.
M. LEGER: Les 1,000 maisons qui vont être bâties
là-bas, même s'il y a un schéma d'aménagement qui
protège un peu d'espace vert autour, c'est une occasion perdue de faire
un grand parc de verdure en permettant qu'il y soit construit tant de maisons,
alors que sur la rive sud, incluant Longueuil et toutes ces villes qui touchent
Montréal, il n'y a pratiquement plus d'autres espaces verts, sauf
celui-là.
M. GOLDBLOOM: Mais, je voudrais comprendre. Est-ce que le
député de Lafontaine voudrait nier à la ville de Laprairie
la possibilité de créer cette ville nouvelle?
M. LEGER: Je veux dire que c'est une responsabilité provinciale
de vérifier, et même de la part du ministre responsable de la
qualité de l'environnement, la quantité d'espaces verts
disponibles. Autrement dit, dans un schéma d'aménagement
provincial, est-ce qu'il y a des corridors de pensée, je dirais, des
directives générales permettant à chacune des
municipalités de suivre certaines règles, certaines normes,
certains critères de densité de population versus la
quantité d'espaces verts, s'il considère qu'à la rive sud
cet espace vert, s'il n'était pas reconnu et aménagé comme
un parc de récréation et de verdure, et à des fins
touristiques, on perd une belle occasion, parce que c'est une
responsabilité provinciale de laisser à une municipalité
le soin de voir à un développement d'urbanisation de maisons en
oubliant une quantité d'espaces verts nécessaires. C'est dans ce
style que je veux dire cela.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, notre service, notre direction
générale de l'urbanisme, n'a pas trouvé que l'emplacement
choisi pour la future ville nouvelle de Laprairie, était un emplacement
qui devait être gardé lui-même comme parc régional,
et puisqu'à l'intérieur de cette ville nouvelle, il y aura une
très forte proportion d'espaces verts gardé à l'intention
de la population, non seulement locale, mais certainement de la région
environnante, nous croyons que c'est une chose valable que nous avons
acceptée.
Mais pour déterminer où devraient être les parcs
régionaux, fournis à la population métropolitaine pour lui
permettre de déboucher sur des contacts avec la nature, il faudra
regarder l'ensemble du territoire qui entoure l'île de Montréal et
c'est déjà commencé.
C'est d'ailleurs dans ce sens que nous avons décidé
d'acquérir les îles de Boucherville justement pour leur
accessibilité à la population de l'est de Montréal. Donc,
je ne voudrais pas m'engager quant à la localisation d'un parc
régional, mais je voudrais m'engager quant à la fourniture de
parcs régionaux à la population montréalaise dans la
grande région qui entoure la métropole.
M. LEGER: Si je ne m'abuse, dans le schéma d'aménagement
du service d'urbanisme de Montréal qui a été fait en 1966
ou 1968, pour l'an 2000, on prévoyait que l'agglomération urbaine
qui entoure Montréal, c'est-à-dire aller jusqu'à
Saint-Jean, etc., on avait prévu cet espace comme un espace vert. Il n'y
a pas, jusqu'à ce jour, parce que son fameux projet de loi n'est pas
encore existant, d'autorité régionale qui pourrait obliger une
municipalité à garder certains espaces verts. Je suis sûr
qu'une municipalité est très heureuse en voyant son petit
patelin, à elle, devenir un développement domiciliaire, cela va
lui rapporter des taxes supplémentaires. Oui, mais s'il y avait une
autorité régionale qui dirait qu'il faut garder l'espace vert
existant et qui touche telle municipalité... Actuellement il n'y a pas
d'autorité régionale qui pourrait dire: Laprairie, soyez
tranquille de ce côté-là, on a besoin d'espaces verts.
Quand le ministre me parle de Saint-Bruno, cela commence à
être assez loin, quand même, de ce milieu urbain. Qui regarde les
besoins régionaux actuellement, si ce n'est pas le ministre, parce qu'il
n'y a pas encore de gouvernements régionaux à ce niveau?
M. GOLDBLOOM: C'est le ministère des Affaires municipales,
conjointement avec le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche. D'ailleurs, c'était une action conjointe de ces deux
ministères qui a mené à l'acquisition des îles de
Boucherville. Il y a une planification qui se fait en consultation avec les
autorités de la Communauté urbaine de Montréal, qui, comme
je l'ai dit déjà, ne se limite pas, même si
l'autorité de la CUM se limite à son territoire... mais la
province ne peut se limiter à une planification sur l'île de
Montréal, et doit étendre son intérêt aux
territoires avoisinants.
C'est ce que nous faisons présentement. Je ne suis pas au
courant, personnellement, des détails de ce qui a été
recommandé il y a six ou sept ans. Il y a des modifications qui ont
été apportées à plusieurs schémas
d'aménagement un peu partout dans la province. Le principe de fournir
des espaces verts, des parcs régionaux, est un principe reconnu.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le ministre peut nous dire
que l'affectation pensée de ce sol a été examinée
avant que la compagnie Gulf Oil ne l'achète, ou si c'est à la
suite de cet achat qu'on s'est préoccupé d'une disparition
possible, puisque les seuls qui s'étaient préoccupés de
cela jusqu'à maintenant, avaient dit que cela devait être un
parc?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je ne pourrai situer dans le temps
l'acquisition des terrains par la compagnie en question, et l'examen que nous
avons fait de l'affectation du territoire. Je peux, cependant, situer dans le
temps notre étude par rapport à la décision. Nous avons
fait attendre pendant plusieurs mois la ville de Laprairie et la compagnie,
malgré des pressions pour qu'une décision soit prise, justement
pour pouvoir examiner l'impact de la création de cette nouvelle ville
sur les terrains à être utilisés et sur la région
environnante. Ce n'est qu'après cette étude et après
plusieurs rencontres avec la compagnie et avec les dirigeants municipaux, avec
la présentation par ces dernières personnes, de leur projet que
nous avons finalement décidé de l'accepter cela, sans
négliger le besoin de créer un parc régional pour ce
secteur, situé je ne sais pas exactement où en ce moment, mais un
parc régional sera créé sur la rive sud quelque part, en
bonne accessibilité, à la région
métropolitaine.
M. LEGER: Donc, le seul parc qu'on peut prévoir, selon le
ministre, c'est autour de Saint-Bruno?
M. GOLDBLOOM: Je ne voudrais pas accepter cette thèse. Je pense
que nous devrons et d'ailleurs c'est un des éléments du
travail présentement mené par l'Office de planification et de
développement du Québec attendre les schémas
d'aménagement d'aujourd'hui, qui sont en préparation et qui, dans
leurs grandes lignes, identifieront les zones industrielles et urbaines et les
circonscriront, nous permettant ainsi d'identifier plus
précisément les parcs régionaux à créer.
M. LEGER: Est-ce que l'OPDQ a été consulté, a
été mis au courant de ce projet de Gulf et quel a
été son verdict là-dessus?
M. GOLDBLOOM: L'OPDQ n'a pas été consulté pendant
la période de l'étude du projet. A cette époque, l'OPDQ
n'avait pas entrepris son programme de confection de schémas
d'aména- gement dans leurs grandes lignes pour les diverses
régions de la province. C'est depuis lors que cette initiative a
été prise. Il va sans dire que l'OPDQ a été saisi
de ce projet et en tient compte en préparant son esquisse pour la
région métropolitaine.
M. LEGER: Quelle était l'étendue totale de cet espace vert
existant, puisqu'il y a 2,000 acres qui ont été
achetées?
M. GODLBLOOM: De mémoire, je ne le sais pas, M. le
Président, j'essaierai d'avoir le renseignement.
M. LEGER: Et en même temps, le ministre peut-il me dire,
peut-être, une fois que les 1,000 maisons seront construites, l'espace
vert qui restera dans ce territoire?
M. GOLDBLOOM: Je pense que nous pourrons fournir ces détails cet
après-midi. Je vois que celui qui a été le plus intimement
mêlé à ce dossier n'est pas ici présentement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Montmorency.
M. LEGER: Alors, on continue? On termine à une heure?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Oui.
M. LEGER: Je veux savoir du ministre, M. le Président, ce qu'il
entend faire concernant les problèmes majeurs d'administration qui se
posent dans la nouvelle ville de Gaspé. De plus en plus, des citoyens
concernés, dont le maire et le conseillers, sont convaincus que la
fusion des douze municipalités d'un territoire aussi vaste a
été une erreur. Est-ce que le ministre peut nous donner des
explications sur son attitude dans ce cas, son appréciation de la
situation actuelle à Gaspé?
M. GOLDBLOOM: Notre premier geste a été de porter secours
à la municipalité en donnant certaines subventions pour cette
année et pour l'an prochain. Je pense que nous avons facilité la
tâche de l'administration municipale en ce faisant. C'était
surtout l'accélération de certains paiements qui devaient se
faire sur une période plus longue. Nous avons voulu mettre cet argent
immédiatement à la disposition de la municipalité comme
moyen de dépannage. Quant à la fusion, déjà chose
faite, il y a certainement lieu d'examiner de nouveau cette question, mais je
ne voudrais pas agir de façon précipitée. Les
problèmes qui sont présentement mis en relief sont des
problèmes qui pourraient quand même exister si l'on scindait la
nouvelle ville en deux ou en trois... Il y avait des difficultés
déjà connues quand il s'agissait de douze municipalités.
Nous savons que certains éléments du
problème ont un caractère un peu particulier comme, par
exemple, la protection publique, les services policiers. C'est un
élément qui fait couler beaucoup d'encre présentement et
que nous étudions de concert avec le ministère de la Justice. Je
voudrais dire à l'honorable député que justement, d'ici
trois jours, j'irai à Gaspé, et je rencontrerai les
autorités municipales; après ces rencontres, je serai mieux
placé, mieux renseigné, pour recommander des
décisions.
M. LEGER: Est-ce que le ministre pourrait nous dire ce qu'il pense d'une
solution axée sur deux municipalités, soit Gaspé et
Rivière-au-Renard, telle que proposée par plusieurs groupes de
région? Le ministre nous disait tantôt que, dans sa politique
générale, il acceptait le principe qu'il y ait des villes qui ne
veulent pas perdre leur identité.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, on sait que le cas de Gaspé
est un peu particulier et que la fusion a été effectuée il
y a déjà un certain temps.
C'était par rapport à la création du parc Forillon
qu'il y avait cette décision qui avait été prise à
l'époque. Nous avons examiné l'hypothèse d'une division de
la ville en deux secteurs qu'on pourrait appeler, pour fins de discussions,
Gaspé et Rivière-au-Renard.
Effectivement, des citoyens du secteur Rivière-au-Renard ont
demandé de me rencontrer vendredi, quand je serai dans la région.
J'ai l'intention de les rencontrer et de les écouter. Je dois cependant
mentionner que nos propres services ont déjà examiné, un
peu de façon théorique, si vous le voulez, le résultat
prévisible d'une scission en deux municipalités et ils trouvent
là-dedans des pièges, des difficultés...
M. LEGER: Pièges aux renards.
M. GOLDBLOOM: Peut-être. ...que nous ne voudrons pas
négliger.
Je pense que, dans un tel cas, nous devons agir pendant un certain temps
comme avocats du diable et mettre en doute chaque proposition pour être
sûrs que l'on ne tomberait pas dans un autre piège aussi
désagréable que celui dans lequel nous nous trouvons.
Il est possible que nous puissions arriver avec une solution, pour la
ville actuelle, qui ferait l'affaire des intéressés. Je ne
voudrais pas exclure cette possibilité, mais je ne voudrais pas non plus
y aller autrement qu'avec une ouverture d'esprit à toutes les
suggestions que pourront formuler les citoyens de la ville actuelle. Nous
allons les examiner avec soin et avec objectivité.
M. LEGER: Au retour de sa visite, vendredi; je présume que cela
veut dire que le ministre ne sera pas présent à la période
des questions, vendredi matin?
M. GOLDBLOOM: Je ne suis pas certain, M. le Président.
L'honorable député sait que j'ai l'habitude d'être
présent en Chambre. Si je pars...
M. LEGER: Oui, un des rares ministres qui est
régulièrement présent, je vais l'admettre. Je lui envoie
des fleurs quand c'est le temps.
M. GOLDBLOOM: ... ce sera probablement après la période
des questions. Evidemment, il y a des questions de transport, Gaspé
n'est pas à la porte et c'est une question de disponibilité
d'avions pour s'y rendre; mais, en principe, je compte...
M. LEGER: C'est un cas d'avions gouvernementaux qu'un ministre peut
utiliser, je pense.
M. GOLDBLOOM: Merci de la bénédiction du
député de Lafontaine.
M. LEGER: On parlait en même temps tantôt et je dois quand
même admettre que vous êtes un des ministres qui est constamment
présent en Chambre. Je vous félicite, parce que ce n'est pas le
cas pour plusieurs de vos collègues. Je dois l'admettre. Quand c'est le
temps de vous faire des compliments, je le fais. C'est d'autant plus
significatif quand je ne vous complimente pas.
M. GOLDBLOOM: Cela ne veut pas dire, M. le Président, que les
ministres qui ne sont pas en Chambre ne sont pas à accomplir des devoirs
ministériels pour le bien de la population.
M. LEGER: L'inverse est possible. Cela ne veut pas dire que, parce
qu'ils sont absents, ils sont en train d'accomplir des choses pour le bien de
la population.
M. le Président, en ce qui nous concerne je ne sais pas
s'il y a d'autres députés qui ont des questions sur le programme
1 nous serions prêts... Je pense que le député de
Lévis...
M. CHAGNON: J'aurais une question, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Lévis.
M.CHAGNON: Merci! A l'élément 1, je constate sur le budget
1973/74 que vous aviez prévu, M. le ministre, $2,000,300. Comme on
semble vouloir donner l'accent à l'aide à la restructuration
municipale, comment expliquer, pour l'année 1974/75, cette diminution
d'au-delà de $100,000?
M. GOLDBLOOM: C'est simplement, M. le Président, que la ville de
Laval, quand elle a été constituée par une loi qui a
regroupé les quatorze municipalités de l'île Jésus,
a reçu une subvention décroissante. C'est cette
décroissance qui est reflétée dans la diminution, $100,000
de diminution à chaque année.
M. CHAGNON: M. le Président, me permettez-vous une autre
question?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Oui.
M. CHAGNON: Comme vous le savez, je suis un peu sensibilisé au
problème du regroupement municipal. J'aimerais bien connaître, de
la part de l'honorable ministre, quels sont les buts qui sont visés par
le ministère dans la restructuration municipale, de façon
très générale.
M. GOLDBLOOM: Je pense qu'il n'y a qu'un seul but, c'est de mieux servir
les intérêts de la population dans chaque secteur, dans chaque
agglomération qui peut être visée. C'est un but très
général, mais il y a plusieurs façons de l'atteindre.
Je pense que, tout à l'heure, en répondant à une
question de l'honorable député de Lafontaine, j'ai
souligné qu'il y a quelques rares cas qui sont vraiment critiques,
où, en toute objectivité, il faut croire que la fusion des
municipalités est la seule solution valable, que, sans cette fusion,
nous perpétuerons une situation où les contribuables du
Québec devront payer cher l'autonomie de ces quelques
municipalités parce qu'à chaque année, et de façon
croissante, il faudra arriver avec des subventions pour leur permettre de
vivre. Je ne pense pas que nous puissions, au Québec, nous permettre le
luxe de faire vivre des non-sens, mais ce sont des cas assez rares dans
l'ensemble des cas que nous pouvons étudier au Québec.
Il y a certainement une nécessité pour nous de nous
pencher, avec les autorités municipales et avec la population locale,
sur l'avenir de chaque agglomération qui constitue un centre de
vitalité pour sa région environnante. Là aussi, les
formules peuvent être différentes et l'option doit être
choisie, dans la mesure du possible, par les citoyens locaux. Je dis dans le
mesure du possible parce qu'il faut que l'option proposée soit
raisonnable, soit réalisable. Il est facile de proposer des solutions
coûteuses, mais quand on les propose et l'on dit: Le gouvernement devrait
payer parce que nous sommes intéressés à avoir cette
situation particulière, ce n'est pas le gouvernement qui paie, ce sont
les autres contribuables qui paient et cela peut être injuste à
l'endroit des autres contribuables. Donc, le gouvernement ne peut renoncer
à toute responsabilité dans ce domaine, mais le gouvernement,
surtout au cours des quinze derniers mois, a voulu donner davantage à la
population locale non seulement l'occasion de s'exprimer, mais la
possibilité d'influencer les décisions qui seraient prises.
C'est pour cela que j'essaie de me placer à la disposition des
municipalités et des populations pour échanger un point de vue et
pour essayer de faire ressortir de ces conversations les meilleures solutions
possibles. Je pense que nous devrons, comme gouvernement, progressivement,
formuler certaines recommandations. On a tendance, parfois, à traiter
les recommandations du gouvernement comme le genre d'engagement qui fait perdre
la face au gouvernement si la décision finale est autre que celle que le
gouvernement propose. Je pense que ce n'est ni juste ni logique de traiter ces
situations de cette façon, de dire, par exemple, que si le gouvernement
propose une solution donnée et qu'il y a une contreproposition de la
part des municipalités, c'est une défaite pour le gouvernement.
C'est simplement le jeu de la démocratie et, si j'en parle de cette
façon générale, c'est pour rappeler à l'honorable
député de Lévis un cas dans son propre comté dont
il se rappelle facilement, où, justement, une proposition a
été faite et une contreproposition a émané des
municipalités. Nous l'avons examinée à sa juste valeur,
nous l'avons trouvée valable, nous l'avons acceptée. Je pense que
c'est la façon normale de procéder et je pense qu'en ce faisant
le gouvernement fait preuve de responsabilité.
M. CHAGNON: Je crois que l'honorable ministre continue à
être très démocratique. En ce qui me concerne, ce que je
voulais savoir, c'est l'orientation éventuelle des autres
restructurations et cela me satisfait.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le programme 1,
éléments 1 et 2. Adopté. Programme 2: Aide et surveillance
administratives et financières.
Aide et surveillance administratives et
financières
M. LEGER: M. le Président, je voudrais demander au ministre :
Dans la réforme des lois municipales, est-ce que le ministre a inclus,
dans le mandat de fonctionnaire, l'étude de la corruption
municipale?
M. GOLDBLOOM: Je crois que oui, M. le Président, sans avoir
précisé cette expression dans le mandat. Mais si nous cherchons
ensemble une amélioration de nos lois et une amélioration de
l'administration des municipalités, c'est clairement pour
protéger les citoyens contre des abus possibles. La faiblesse humaine
étant ce qu'elle est, on peut trouver de la corruption un peu n'importe
où, dans l'entreprise privée, dans les municipalités,
à n'importe quel palier de gouvernement.
Nous devons essayer de protéger chaque détenteur de
responsabilité contre la tentation, nous devons essayer de
protéger les citoyens contre cette faiblesse humaine qui diminue parfois
la résistance à la tentation.
M. LEGER: Quand je parlais de corruption municipale, cela commence
toujours par des conflits d'intérêts; s'il n'y a pas de
surveillance, tôt ou tard, cela devient de la corruption municipale s'il
n'y a pas de mécanisme et de
réglementation qui prévoit cela. Je vais donner deux cas
bien précis. A Grantham-Ouest, les conflits d'intérêts
je lui dis exactement ce qui se passe sont un sujet à la
mode ces temps-ci. Je passe par-dessus des détails que le ministre
connaît bien, l'administration provinciale aux prises avec des conflits
d'intérêts, mais on va parler de cette municipalité.
Dès le début, le débat s'est engagé à la
municipalité entre le maire, M. Albert Simard, et M. Claude Leblanc.
Celui a prétendu que l'administration municipale avait accordé
depuis l'an dernier quelque $365,000 en contrats à la firme d'excavation
Simard je ne sais pas s'il y a une parenté quelque part
là-dedans dont le maire est le président. M. Leblanc a
alors parlé de conflits d'intérêts et a demandé au
maire ainsi qu'à tous les conseillers s'ils seraient favorables à
l'idée d'adopter un règlement afin d'éviter ces
mêmes conflits. D'un côté, M. Leblanc parlait de $365,000,
dont une grande partie des contrats accordés sans soumissions, tandis
que le maire Simard niait que le montant soit si élevé sans
toutefois rien préciser. Dans son application, le maire a admis que les
contrats n'avaient pas tous été adoptés par voie de
soumissions, parce qu'il s'agissait de travaux de peu d'importance. Le maire a
ajouté que les montants étaient très peu
élevés malgré le fait que M. Leblanc insistait pour dire
qu'il s'agissait de la presque totalité des contrats. C'est un exemple
précis. Comment le ministre voit-il les moyens d'éviter ces
choses dans sa refonte de la Loi municipale?
M. VAILLANCOURT: Quelle municipalité? M. LEGER: C'est
Grantham-Ouest.
M. GOLDBLOOM: Grantham-Ouest, à côté de
Drummondville. Nous ne sommes pas saisis du problème, M. le
Président.
M. LEGER: Cela arrive souvent que je saisis le ministre de
problèmes dont son ministère n'a pas été saisi. Je
vais lui en donner une coupure. C'est tiré du journal La Parole de
Drummondville, qui suit de très près les activités de la
municipalité. Je lui donne une copie de cela pour le mettre au
courant.
M. GOLDBLOOM: Merci, M. le Président. Généralement,
il va sans dire, nous sommes saisis de certains problèmes par les
plaintes des citoyens et nous nous occupons de ces plaintes de façon
à pouvoir fournir un éclaircissement de la situation et formuler
des recommandations, intervenir sur le plan administratif ou faire intervenir
le ministère de la Justice sur le plan juridique, au besoin. Mais nous
ne sommes pas généralement en mesure de prendre l'initiative de
surveiller les administrations municipales dans les 1,600 municipalités
de la province. Il serait extrêmement difficile d'être
omniprésent et d'anticiper toutes les difficultés qui peuvent
surgir, surtout parce que les transactions qui ont lieu dans une
municipalité sont souvent nombreuses au cours d'une année.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut me dire, dans ce cas-là,
quand, par les citoyens ou les journaux, la Commission municipale est mise au
courant de cas hypothétiques à ce stade, parce qu'il n'y a
pas eu d'enquête de mauvaise administration, de corruption ou de
favoritisme, comment se déroule le processus administratif qui s'en
suit?
M. GOLDBLOOM: Chaque fois que nous sommes saisis d'une plainte qui
semble fondée, c'est-à-dire dans l'expression juridique prima
facie, et nous avons l'impression qu'il y a matière à
enquête, nous l'entreprenons selon la nature du problème. Cette
enquête peut être purement administrative ou bien judiciaire.
M. LEGER: Avant d'aller plus loin, parce que vous avez sauté une
étape, vous dites, quand vous êtes mis au courant, est-il exact
que la Commission municipale n'a pas le pouvoir de procéder de sa propre
initiative à une enquête publique, selon le rapport du Protecteur
du citoyen de 1971 à la page 194?
Est-ce que ça veut dire que vous devez attendre que ce soit un
citoyen ou un comité de citoyens qui loge une plainte directement,
à la Commission municipale?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense bien que nos lois donnent
au gouvernement un pouvoir d'enquête qui lui permet d'intervenir, s'il le
juge à propos. Le gouvernement peut nommer un commissaire
enquêteur et décréter une enquête.
M. LEGER: Mais si la Commission municipale n'a pas le pouvoir, tel que
le dit le Protecteur du citoyen, comment peut-il le faire?
M. GOLDBLOOM: Je pense que c'est vrai, M. le Président, mais cela
veut dire qu'il y a une étape fort simple à franchir, c'est qu'il
y ait une demande de la part du ministre que l'enquête se fasse par la
Commission municipale.
M. LEGER: Autrement dit, il faut que les citoyens ou les journaux
demandent au ministre d'utiliser son pouvoir pour faire enquête?
M. GOLDBLOOM: II me semble logique qu'il en soit ainsi. Si, à
chaque fois qu'il y avait un article dans les journaux qui parle d'un conflit
d'intérêts possible, immédiatement nous prenions
l'initiative d'aller faire une enquête, nous courrions à gauche et
à droite, et nous n'aurions pas assez de personnel pour le faire. Ce
n'est pas par manque de volonté de tout voir et tout corriger. Mais il
me semble logique, au moins, qu'il y ait une plainte qui soit
déposée. Je pense bien que la Commission municipale est
un organisme quasi juridique et fonctionne dans une bonne mesure comme
un tribunal. A ma connaissance, dans notre système juridique, les
tribunaux ne prennent pas l'initiative d'aller faire enquête.
M. LEGER: Donc, c'est le citoyen qui doit aviser le ministre; sans
ça, le ministre, même s'il voit un article de journal, ne
décrète pas une enquête?
M. GOLDBLOOM: Cela dépend, M. le Président. Si l'article
de journal fait état d'une situation qui semble exiger une
enquête, le ministre va prendre son initiative, heureusement.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut me dire s'il y a eu enquête
dans un autre cas, à Cowansville? Je cite. La requête
alléguait notamment que "le maire Desourdy, directement ou
indirectement, retire des contrats conclus entre la ville et Cornet
Construction, un bénéfice ou un intérêt personnel
contradictoire à son devoir d'administrateur des deniers publics."
Est-ce que le ministre a été saisi de ce problème
où Cornet Construction a obtenu depuis 1967, en paiement de contrats
conclus avec la ville de Cowansville, la somme de $431,541?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, nous avons été
saisis de ce problème et nous avons fait enquête. Nous l'avons
faite en deux temps. Nous avons fait une enquête administrative. Nous
avons formulé certaines recommandations quant aux techniques
administratives de la ville, mais nous n'avons pas trouvé dans cette
enquête des fautes qui nous semblaient graves, qui nous semblaient
représenter une administration malhonnête. Deuxièmement,
nous avons examiné les chefs d'accusation portés par un groupe de
citoyens et la deuxième partie de notre enquête indique qu'il n'y
a rien de fondé dans les affirmations de ceux qui ont porté des
accusations.
M. LEGER: Est-ce que ce ne serait pas plutôt parce que la loi est
contradictoire en ce sens que si on regarde le ministre doit savoir
qu'il existe le chapitre 173 des Statuts refondus sur ce sujet, cette
loi exclut les actionnaires d'une compagnie. Elle est donc inapplicable dans la
majorité des cas de conflits d'intérêts. Je vous cite les
articles, l'article 3 du chapitre 173. C'est bien dit que "tout membre d'un
conseil municipal qui, sciemment, pendant la durée de son mandat, a ou a
eu directement ou indirectement, par lui-même ou son associé,
quelque part ou intérêt dans un contrat, ou un emploi avec, sous
ou pour le conseil, ou qui sciemment, pendant la durée de son mandat, a,
par lui-même, par son associé ou ses associés, quelque
commission ou intérêt, directement ou indirectement dans un
contrat ou relativement à un contrat ou qui tire quelque avantage d'un
contrat avec la corporation ou le conseil dont il fait partie, est, sur
jugement obtenu contre lui en vertu des dispositions de la présente
section, déclaré inhabile à remplir une charge dans le
conseil ou sous le contrôle du conseil pendant l'espace de cinq ans."
C'est l'article 3. Si on regarde l'article 7 du même chapitre, il
est dit que "les articles 3 et 4 ne s'appliquent pas aux actionnaires dans une
compagnie constituée de bonne foi en corporation". Cela veut dire que,
si un maire ou un conseiller est actionnaire, il n'est pas soumis à la
loi selon l'article 3. Est-ce que ce n'est pas à cause de cette loi, qui
est illogique et contradictoire, que trop de municipalités ou trop de
personnes en place dans les municipalités peuvent se permettre des
conflits d'intérêts?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, quant aux articles dont
l'honorable député de Lafontaine vient de faire lecture, je
demanderai à nos conseillers juridiques et au ministère de la
Justice d'examiner la question et de porter un jugement sur la situation en
général. Nous ajouterons le fruit de cette consultation au
rapport de la commission de refonte des lois municipales.
Je voudrais cependant lui conseiller une certaine prudence dans le cas
particulier de Cowansville. Il y a eu des affirmations de la part des
accusateurs, selon lesquelles les dirigeants municipaux, notamment le maire,
auraient été participants à un titre ou à un autre
dans certaines compagnies. Ces allégations ne sont pas confirmées
par l'enquête que nous avons menée. Je crois que, dans un cas, les
accusateurs ont fait état du fait qu'une des compagnies a la même
adresse civique que la compagnie dirigée par le maire. Mais cela ne veut
pas dire qu'il y a un lien entre les compagnies, et c'est ce que
révèle notre enquête. Apparemment, il n'y a pas de lien. Je
voudrais lui conseiller beaucoup de prudence en relevant ce qu'il a pu lire
dans les journaux au sujet de cette ville. Il y a eu aussi une cause
intentée devant la cour Supérieure et la cour a rejeté la
cause. Je pense que l'on ne doit pas se fier à ce qui a
été avancé à un moment donné parce qu'il
semble présentement, d'après les renseignements que nous avons
accumulés pour rédiger notre rapport, que les accusations ne sont
pas fondées.
M. LEGER: Autrement dit, dans le cas de Grantham, il pourrait s'en
sortir par le fait que le maire est actionnaire, donc la loi actuelle est
contradictoire; il pourrait s'en sauver dans ce sens, tandis que, dans le cas
de Cowansville, le maire n'était pas actionnaire de Cornet Construction,
c'est ce que le...
M. GOLDBLOOM: D'après les renseignements que nous avons, il n'est
pas actionnaire. Il n'est certainement pas propriétaire. Selon notre
information, il n'est pas actionnaire non plus.
M. LEGER: Ni directement ni indirectement?
M. GOLDBLOOM: D'après ce que nous avons pu obtenir, et c'est
d'ailleurs ce que le maire a affirmé lui-même publiquement. Quant
à Grantham-Ouest, je pense qu'en toute logique, nous devrions examiner
le cas, juger s'il y a matière à enquête formelle et
procéder à cette enquête si nos conseillers trouvent que
c'est justifié de le faire.
M. LEGER: Mais le ministre, actuellement, peut faire enquête parce
que, soit que je l'ai informé ou soit qu'il l'aurait lu dans le journal,
mais il n'a pas besoin qu'un citoyen fasse une demande expresse. Si le ministre
est au courant, d'une façon ou de l'autre, d'une situation, il peut de
lui-même décréter une enquête. C'est exact?
M. GOLDBLOOM: II peut, de lui-même, se présenter devant les
tribunaux et demander aussi la mise en tutelle d'une municipalité.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): II passe une heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'après la période des questions, cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 13 heures)
Reprise de la séance à 16 h 45
M. HOUDE (Limoilou, président de la commission permanente des
affaires municipales): A l'ordre, messieurs!
Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, nous sommes toujours dans...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Avant d'aller plus loin, je veux dire
que M. Pelletier, de Kamouraska- Témiscouata, remplace M. Leduc, de
Taillon.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, est-ce que je peux demander au
député de Lafontaine s'il a de nombreuses questions à
poser sur le programme 2? La raison est simple, il y a présentement en
cours une réunion importante des sous-ministres de tous les
ministères. Si les questions sont nombreuses et si elles peuvent exiger
la présence du sous-ministre, je suggérerai que nous abordions
l'étude des programmes qui touchent l'habitation et le président
de la Société d'habitation pourrait faire office de sous-ministre
pour ces programmes.
M. LEGER: Nous avons environ six ou sept questions principales, avec des
questions subsidiaires.
M. GOLDBLOOM: Allons de l'avant, et nous verrons où cela nous
mènera.
M. LEGER: M. le Président, nous étions au programme 2. Je
voudrais amener le débat en vue de certains éclaircissements,
concernant le fonctionnement d'une municipalité qui est
administrée par un administrateur délégué du
ministère, dans le cas des municipalités qui sont sous tutelle.
Je voudrais obtenir des éclaircissements du ministre, concernant le type
d'agissement du ministère, dans le cas de municipalités
administrées par un délégué des Affaires
municipales, et spécialement les villes de Grasse et de Gallix. Comment
se fait-il que dans le cas de la ville de Grasse je ne parle pas de
Grasse, en France, où on fait des parfums les habitants n'ont pas
été consultés par M. Jean-Paul Daigle, administrateur, sur
la pertinence de procédure de mise en candidature? Et dans l'autre cas,
l'administrateur selon un éditorial de L'Avenir, de Sept-Iles
a passé outre au désir des citoyens de Gallix, concernant
le déroulement d'une élection partielle pour le choix d'un
conseiller, en particulier, et la date de cette élection.
Je vais faire le résumé d'un éditorial d'un journal
de cet endroit. Il y a environ deux mois, l'administrateur mandaté par
le ministère des Affaires municipales, M. Jean-Paul Daigle, devait
présider une assemblée de mise en candidature à la ville
de Grasse. Cette même assemblée a été un
théâtre d'événements auxquels le
ministère était en droit de s'attendre en agissant de la
sorte. On se souviendra que les citoyens de l'endroit ont littéralement
boycotté cette assemblée de mise en candidature pour en tenir une
autre qu'ils ont eux-mêmes décidée quelques semaines plus
tard. Ils entendaient alors protester contre le ministère qui n'avait
pas daigné les consulter avant de décider cette procédure.
Si les citoyens de ville de Grasse avaient déjà prévu des
agissements futurs du ministère, il n'en était pas ainsi de leurs
collègues de Gallix. Cette municipalité est aussi dirigée
par un comité de citoyens chapeauté d'un administrateur, en
l'occurrence M. Daigle. Si celui-ci se retrouve toujours au centre de conflits
de la sorte, il n'en est pas lui-même la cause. Celle-ci incombe
plutôt à ses patrons, ces messieurs de la capitale provinciale.
Autrement dit, cela revient au ministère des Affaires municipales.
La municipalité de Gallix, administrée depuis quelques
mois en vertu de la Loi municipale de l'administration de certains territoires,
connaît depuis peu des problèmes internes. Les dirigeants en sont
à se demander s'ils ne sont, en fait, que des pantins aux mains du
ministère, représenté par son administrateur Un fait
suffit à prouver leurs allégations. Par suite de la
démission d'un conseiller, une élection partielle devait
être tenue pour assurer le remplacement. Réunis en
assemblée régulière, les membres du comité de
ciotyens avaient fixé au 25 novembre, soit le dimanche suivant, la date
de la mise en nomination. L'élection, si nécessaire, devait se
tenir le dimanche suivant. Ces mêmes citoyens, dûment élus
à la direction de la localité par leurs administrés,
viennent de se voir imposer de nouvelles dates. Québec a
décidé, sans les consulter, que la mise en candidature et
l'élection devaient être tenues un lundi, soit le 26 novembre et
le 3 décembre, en l'occurrence.
Ici, on demande au Dr Goldbloom comment il respecte l'autonomie de la
municipalité au cours du congrès de l'Union des
municipalités.
On le félicite, il n'avait pas ménagé ses messages
de coopération et de collaboration.
Je donne un exemple et c'est l'article d'un éditorial de l'Avenir
de Sept-Isles qui dénote justement un problème d'agissement de
représentants du ministère.
Comment le ministre peut-il nous expliquer le fonctionnement,
l'administration de délégués comme ceux-là?
M. GOLDBLOOM: II y a deux sortes d'administrations assumées par
le ministère des Affaires municipales : il y a le cas des territoires
non organisés où l'on veut s'acheminer vers la constitution d'une
municipalité et l'on désigne un administrateur et, dans ce cas,
il n'y a pas un conseil municipal qui fonctionne de la façon normale; il
y a la deuxième catégorie, celle des municipalités sous
tutelle où le tuteur s'assoit à la table du conseil municipal et
a la responsabilité d'approuver ou de désapprouver les gestes
posés, mais puisqu'il y a un conseil municipal qui est en place et en
fonction, ce conseil continue d'agir, mais soumet ses décisions à
l'approbation du représentant du ministère.
Dans les deux cas particuliers cités par l'honorable
député de Lafontaine, je n'ai pas eu connaissance personnellement
des difficultés. Je ferai enquête pour savoir s'il y a eu une
erreur quelconque, errare humanum est, et je ne sais pas. Je ne voudrais point
me prononcer sur la question. On doit avoir toutes les versions des faits avant
de tirer des conclusions. Je suis certain que le député en
conviendra.
M. LEGER: Oui. Est-ce que le ministre pourrait nous donner des
réponses ce soir? Est-ce que son ministère peut vérifier
ce qui s'est passé?
M. GOLDBLOOM: Nous essayerons, certainement. Est-ce que le
député prévoit que nous terminerons ce soir?
M. LEGER: Je ne pense pas. Je doute fort.
M. GOLDBLOOM: Moi aussi j'en doute fort, connaissant le
député.
Nous essayerons donc de les avoir ce soir et, si ce n'est pas possible
d'avoir un portrait complet de ces deux cas particuliers, la prochaine fois que
nous nous réunirons, je suis certain que nous pourrons fournir les
renseignements.
M. LEGER: Comment fonctionne une municipalité qui est en tutelle
au niveau des relations? Je donne comme exemple, la ville d'Anjou qui, durant
un certain temps, avait un maire qui avait à rendre compte devant la
justice de certains problèmes, je ne veux pas m'aventurer dans ce
domaine, et pendant ce temps l'administration était surveillée
par le délégué administrateur du ministère. On me
disait, à ce moment-là, que le maire ne pouvait pas aller
siéger à la Communauté urbaine de Montréal, du fait
qu'il n'était pas le représentant officiel de la
municipalité. A ce moment-là, le responsable de l'administration,
lui-même, ne désirait pas aller à la Communauté
urbaine de Montréal et il n'assistait pas ou je pense qu'il n'est pas
allé une fois ou très rarement, à mon insu ou sans qu'on
le sache du moins. Est-ce qu'il a alors les pleins pouvoirs pour agir, non
seulement sur l'administration mais aussi dans les relations avec la
Communauté urbaine?
M. GOLDBLOOM: II va sans dire que dans le cas où un
problème majeur existe dans la municipalité, même si le
conseil municipal continue de siéger, c'est sous tutelle. Cette tutelle
est représentée par l'administrateur désigné par le
ministère et il y a des restrictions quand aux actions que peuvent
entreprendre les dirigeants municipaux. Il est vrai, dans le cas particulier,
que le maire n'a pas siégé. Nous avons reçu, de la part de
la nouvelle administration municipale, la demande d'autorisation
pour le maire, malgré la continuation de la tutelle, de
siéger au conseil de la Communauté urbaine. Nous avons
accordé cette permission. Nous avons examiné la situation et nous
avons décidé que, puisque c'est une nouvelle administration qui
n'a certainement pas fait de preuve d'incompétence ou de mauvaise
volonté, nous devions accorder cette permission et nous l'avons
fait.
M. LEGER: Qu'est-ce que le ministre attend pour relever la ville d'Anjou
de cette tutelle? Est-ce qu'il y a des décisions ou un certain rendement
de ce nouveau conseil municipal qui justifie de lui enlever cette tutelle?
Qu'est-ce qui empêche le ministre de relever la tutelle d'Anjou
actuellement? Est-ce qu'il y a encore des obstacles majeurs et quels
sont-ils?
M. GOLDBLOOM: C'est tout simplement une question de temps, M. le
Président, et ce temps est nécessaire au nouveau conseil
municipal pour faire ses preuves. Ce n'est pas le fait que les hommes en place
sont différents que l'on peut immédiatement déclarer que
la tutelle n'est plus nécessaire. D'ailleurs, même si certains
membres de ce nouveau conseil ont suivi, assez étroitement si je
comprends bien, l'historique de la situation et les actions du conseil
précédent, je ne me sentirais pas capable de déclarer
qu'immédiatement, avec leur prise de pouvoirs, ils sont en mesure de
tout gérer sans profiter de la continuité
représentée par la présence gouvernementale.
C'est donc toujours une question de jugement. Nous constatons que, dans
certains cas, avec un changement d'administration, la municipalité est
impatiente d'être soulagée de ce qui lui semble un fardeau, et un
fardeau désobligeant. Mais, par contre, il y a des municipalités
qui, tout au contraire, ne veulent pas être soutirées de cette
autorité gouvernementale et qui trouvent que c'est une caution morale
d'avoir la présence du représentant du gouvernement. Quand nous
indiquons que nous trouvons que tout est normal dans l'administration et que la
tutelle n'est plus nécessaire, la municipalité proteste et nous
demande de bien vouloir la continuer. C'est donc une question
d'appréciation et de jugement dans chaque cas' individuel.
M. LEGER: Qui juge la situation? Est-ce que c'est l'administrateur qui
fait un rapport et le ministre décide, ou si c'est le ministère
qui décide de lui-même, ou si c'est le
délégué qui décide qu'il n'y a plus besoin ou qu'il
n'est plus nécessaire d'avoir une tutelle?
M. GOLDBLOOM: II me semble que, dans un tel cas, l'administration
normale voudrait que le délégué fasse un rapport, qu'il
formule certaines recommandations, que ces recommandations soient
évaluées par le ministère et aussi par la Commission
municipale, selon la nature des questions soulevées, et que tous
ensemble arrivent à une conclusion. C'est toujours le ministre qui finit
par prendre les responsabilités. C'est son rôle de le faire.
M. LEGER: Quand une municipalité est mise en tutelle, c'est parce
qu'il y a incompétence de la part de l'administration, des élus,
qu'il y a aussi comme conséquence des résultats financiers
appréciables ou des déficits appréciables. Quand il y a un
changement d'administration, est-ce que le ministre attend que les
problèmes dont ont hérité les nouveaux administrateurs
soient résolus ou que la nouvelle administration ait fait preuve de la
meilleure administration possible? Est-ce que c'est le problème qu'il
faut résoudre ou la qualité des nouveaux représentants qui
est le critère pour enlever la tutelle?
M. GOLDBLOOM: Je pense que c'est davantage la compétence
générale démontrée par les nouveaux dirigeants. Ce
n'est pas le fait qu'un problème en particulier soit résolu, ce
qui nous permettrait alors de dire: On n'a plus de problème du tout.
Il est rare d'ailleurs que la tutelle soit imposée à cause
d'un seul problème; c'est généralement à cause d'un
ensemble de facteurs. Je suis obligé de répéter que c'est
une question de jugement, qu'il n'y a pas de règle absolue, qu'il n'y a
pas de limite de temps pour la durée d'une tutelle.
M. LEGER: En ce qui concerne l'autre type de municipalités, qui
ont des administrateurs délégués, comme Gallix et la ville
de Grasse, ou le territoire non organisé de la Côte-Nord, quelles
sont les obligations qui incombent à ces administrateurs et les
directives qu'ils reçoivent face à leurs administrés
municipaux en termes de consultation et de participation aux décisions
en général?
M. GOLDBLOOM: Ce sont des détails un peu techniques. Avant de
répondre, j'aimerais obtenir certaines précisions, M. le
Président. Il y a une question de style administratif. Evidemment,
chacun, en exerçant ses responsabilités, le fait à sa
façon mais la loi prévoit que l'administrateur est le seul
responsable. L'administrateur comble seul les fonctions de maire et de conseil
municipal. Le comité local a une fonction consultative seulement. Ce
n'est qu'au moment où une municipalité est constituée et
élit son premier conseil municipal que les rôles sont
changés et que ce sont les élus du peuple qui ont la
responsabilité de l'administration de la municipalité.
M. LEGER: Je voudrais soumettre à l'attention du ministre un cas
typique pour voir la politique du ministère dans ce domaine. C'est
exposé dans une lettre adressée au ministre des Affaires
municipales, et je la lis pour resituer le
ministre. "Le 9 mars 1973 vous me donniez une réponse à
une lettre que j'adressais au ministre des Affaires municipales, M. Goldbloom,
en date du 21 février 1973, concernant le règlement no 185 que la
municipalité de Rivière-du-Moulin a fait voter. Quarante
propriétaires, par leur procureur, Me Jacques Turcotte, ont
contesté ce règlement. C'était une taxe spéciale.
"Ils ont obtenu, actuellement, le droit de prendre action en exemption de taxes
spéciales contre la ville de Rivière-du-Moulin et il
s'écoulera certainement un an et plus avant que le tout soit
jugé. Qu'est-ce qu'il adviendra des terrains que la ville de
Rivière-du-Moulin veut reprendre pour cette taxe? A-t-elle le droit de
faire payer cette taxe spéciale avant que le jugement soit rendu? " II y
avait le cas d'une personne, entre autres, à qui on réclamait
$1,305 de taxes; comme elle est devant la cour, est-ce qu'elle peut voir, comme
les 40 autres propriétaires, ses biens saisis avant que la cour se soit
prononcée, du fait qu'ils ont fait opposition?
M. GOLDBLOOM: L'honorable député apporte une série
de cas particuliers et je ne voudrais pas essayer, de mémoire, de lui
donner une réponse sur les détails. S'il y a une décision
de la municipalité qui a été approuvée par le
ministre, cette municipalité est en mesure de percevoir ses taxes; si
tel n'est pas le cas, il faudra que j'examine le dossier pour savoir
pourquoi.
M. LEGER: J'ai donné un exemple précis plutôt que de
parler en général.
Le problème peut survenir ailleurs. S'il y a une taxe
spéciale et que des citoyens la contestent devant la cour, comme cela
peut prendre du temps avant que la cour décide, est-ce que les citoyens
peuvent se voir départir de leurs biens parce que le jugement de la cour
est très long à venir et qu'ils ne sont pas en mesure de payer ce
montant? C'est une attitude générale.
M. GOLDBLOOM: II est assez difficile d'intervenir dans le processus
judiciaire et je pense bien que, si les tribunaux sont saisis d'une affaire,
c'est à ces tribunaux de trancher la question. On sait que dans certains
cas un temps considérable s'écoule avant la prise de la
décision, mais je pense que le citoyen qui a été soumis
à une intervention de la part de la municipalité pourrait, avec
l'aide d'un avocat, trouver les moyens d'invoquer la situation judiciaire pour
éviter qu'une décision soit prise dans son cas particulier avant
que la décision générale ne soit rendue par la cour.
M. LEGER: La ville et d'autres villes pourraient le faire par la
suite peut saisir les biens des gens parce qu'ils n'ont pas payé
leurs taxes. Est-ce qu'il n'y a pas, dans le code municipal ou dans la Loi des
cités et villes, quelque chose qui prévient que les
propriétaires soient saisis, même quand ils sont en opposition
précise? Est-ce qu'ils doivent absolument payer, même s'ils ne
sont pas capables, ou bien se faire saisir? Est-ce qu'il n'y a pas ce
n'est pas le seul cas, j'ai donné un exemple, mais il y a bien des cas
qui peuvent arriver une solution que le ministère a
envisagée pour sauver les propriétaires qui n'ont pas les moyens
d'accepter les taxes spéciales que la municipalité impose d'une
façon souvent arbitraire, parce qu'elle a des problèmes de
financement? Elle impose une taxe spéciale et les citoyens la
contestent; à ce moment-là, ils sont devant ce problème.
Le ministre a déjà eu ce problème à plusieurs
occasions puisque je donne l'exemple de 40 propriétaires.
M. GOLDBLOOM: Un peut partout, on le voit dans la Gazette officielle
à toutes les semaines ou à peu près, il y a des ventes de
propriétés parce que les taxes n'ont pas été
payées. Cette situation découle du fait que la
municipalité a imposé les taxes en question. Il me semble
difficile pour le ministère d'intervenir et d'empêcher la
municipalité de déterminer les taxes qu'elle veut imposer.
S'il y a des personnes qui contestent ces taxes, il faudrait que des
hommes de loi jugent de la question. Quant à savoir si c'est la
municipalité qui est paralysée et privée de revenus par la
suspension de l'application de son règlement de taxes ou si c'est la
municipalité qui touche les taxes qui peut être soumise à
une demande de remboursement par la suite si son action est renversée
par les tribunaux, n'étant pas avocat, je n'ose pas me prononcer sur la
question.
Je comprends le souci du député, c'est-à-dire qu'il
y a des personnes qui peuvent se trouver dans une situation
désagréable, qui peuvent espérer que la décision de
leur municipalité ne soit pas confirmée, entérinée
par les tribunaux et qui ne voudraient pas être privées de leurs
biens dans l'intervalle. C'est une question absolument juridique, à mon
sens, où ce n'est pas le ministère qui peut intervenir pour
indiquer que les relations entre la municipalité et ses contribuables
doivent être de telle sorte. Il faut que les tribunaux tranchent.
M. LEGER: Les taxes provenant de l'impôt sur le revenu sont
normalement bien administrées et d'une façon assez uniforme,
tandis que les taxes municipales, les taxes spéciales sont parfois
administrées d'une façon différente d'une
municipalité à l'autre. Cela apporte des problèmes. Est-ce
qu'il n'y aurait pas moyen de mettre dans la loi une certaine souplesse
permettant qu'il n'y ait pas de saisie avant qu'un jugement de cour soit rendu?
Est-ce qu'il ne peut pas y avoir certaines accomodations prévues dans la
loi pour cela?
M. GOLDBLOOM: Je vais consulter mes conseillers juridiques à ce
sujet. Ce n'est qu'un
homme de loi qui pourrait répondre à cette question.
Si le député me le permet, je soumettrai la question
à notre contentieux pour avoir une analyse de cette question qui est
relativement complexe.
M. LEGER: D'accord. M. le Président, je voulais maintenant avoir
une idée générale du ministre concernant le point de vue
de l'évaluation foncière. Comment se présente,
jusqu'à maintenant, l'application de la Loi sur l'évaluation
foncière? Quelles sont les difficultés assumées et comment
ça va de ce côté?
M. GOLDBLOOM: II y a des difficultés de deux ordres. Il y a eu
évidemment une adaptation à faire de la part des
municipalités et même des professionnels du domaine de
l'évaluation. Il y a eu aussi le problème du temps
nécessaire pour la préparation de tous les documents
nécessaires.
En général, nous avons une situation qui me semble
progressivement plus satisfaisante, c'est-à-dire que nous n'avons pas
voulu agir de façon précipitée, nonobstant les demandes de
certaines municipalités pour recevoir l'ordonnance du ministre pour la
confection de leur premier rôle quinquennal ou de la part de conseils de
comté qui auraient voulu devenir les projets-pilotes du ministère
pour la première application des mesures d'évaluation
foncière en milieu rural.
Nous avons préféré attendre, même si nous
avions espéré recevoir le manuel qui deviendra un
règlement en vertu de la loi avant cette période-ci, mais nous
avons maintenant en perspective la publication des documents
nécessaires. Je pense que j'ai ici un calendrier.
Nous avons l'objectif de terminer la préparation, la
présentation du manuel avant la fin de l'année. Nous aurons
publié, avant la fin de l'année, le livre de concepts et de
principes généraux dans l'évaluation foncière, qui
est déjà à l'impression; les tables
d'intérêts, qui sont également à l'impression
présentement; le répertoire des taux unitaires, pour les
industries et les commerces, cette partie sera à l'impression au mois de
juin; également, au mois de juin, le répertoire des taux
unitaires pour les instituts et les immeubles publics; au début de
juillet, nous comptons envoyer à l'imprimeur le répertoire des
taux unitaires pour les résidences.
M. LEGER: Etes-vous en train de me donner un calendrier?
M. GOLDBLOOM: Oui. M. LEGER: Très bien.
M. GOLDBLOOM: Nous avons déjà sous impression le
formulaire de cueillette des données du marché et du
système de traitement de ces données. Le fichier
d'évaluation devra nous être livré avant la fin de ce mois
pour que nous puissions l'envoyer presque immédiatement à
l'imprimeur.
Le système d'identification et de classification ira à
l'impression en juin. La formule du volume du grand rôle, la fiche
d'évaluation, le certificat d'évaluation, ce tome sera
envoyé en juillet à l'imprimeur. Enfin, la méthodologie
est sous préparation et, à partir du milieu de
l'été, nous comptons pouvoir en faire la livraison progressive
pour la terminer au cours de l'automne.
Nous avons prévu, pour le début de septembre, un colloque,
une espèce de séminaire sur le manuel pour que nous puissions en
faire part, avec explications, aux intéressés.
Nous sommes donc en bonne voie de réaliser l'implantation du
nouveau système d'évaluation foncière et nous avons
déjà, avec l'Union des conseils de comté, poursuivi une
tournée d'information où, partout dans la province, les
dirigeants des conseils de comtés et les fonctionnaires responsables de
ce service au ministère ont fourni des explications, ont répondu
aux questions. Toujours, nous essayons de résoudre les problèmes
particuliers qui peuvent surgir dans les diverses municipalités qui sont
appelées maintenant à faire la première étape,
c'est-à-dire la correction des rôles pour minimiser les
écarts, pour éliminer les erreurs dans la mesure du possible,
sans nécessairement aller immédiatement à la confection
d'un rôle entier, un rôle scientifique. C'est la deuxième
étape, surtout en milieu rural, qui commencera l'an prochain.
M. PELLETIER: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. LEGER: J'aurais juste une question. Quelles sont les
difficultés auxquelles vous avez eu à faire face? A ce jour,
est-ce que cela semble marcher rondement? Il n'y a aucune
difficulté?
M. GOLDBLOOM; Non. Il y a nécessairement de petites
difficultés ici et là. Il y a des plaintes de la part de
propriétaires quant à leur évaluation. Nous avons
créé le Bureau de révision, nous avons étendu sa
responsabilité assez largement sur le territoire
québécois. L'option existe, pour les municipalités en
dehors de la région de Montréal et celle de Québec, de se
joindre par résolution, au Bureau de révision ou bien de
constituer leur propre comité de révision, et plusieurs
municipalités ont déjà opté pour leur
adhésion au Bureau de révision.
Ce bureau, agissant comme tribunal de première instance, est
chargé de régler les cas qui lui sont présentés
sans frais, à titre de tribunal. Donc, le ministère n'intervient
pas dans ces cas. Je ne suis donc pas en mesure de donner un
portrait complet de la situation quant aux difficultés
individuelles qui ont pu surgir. Quant aux municipalités
elles-mêmes, je pense que, dans la majorité des cas, la bonne
volonté étant présente, il y a un progrès vers
l'amélioration du rôle.
Il y a des municipalités qui ont sauté d'une situation non
scientifique à un rôle présumément en
conformité avec des normes, mais je ne dirais pas, puisque nous n'avons
pas tous les éléments nécessaires pour permettre à
ces municipalités de savoir précisément qu'elles
préparent un rôle scientifique, que c'est nécessairement le
cas. Le fait de prendre un rôle qui est à 35 p.c. et de le porter
à 90 p.c. ou à 100 p.c, sans autre modification, a effectivement
pour effet d'exagérer les écarts entre les
propriétés s'il y a des écarts injustifiés. Nous ne
sommes donc pas disposés à encourager les municipalités
à agir de la sorte. Nous préférerions que les
municipalités laissent leur rôle au pourcentage actuel, en
attendant l'introduction de tout le système au cours des prochains mois,
et examinent ce rôle à la lumière des meilleures
connaissances possibles et avec l'aide des professionnels qui leur sont
disponibles.
Entre parenthèses, la plupart des conseils de comtés ont
déjà choisi une firme professionnelle pour accomplir le travail
nécessaire. Je ferme la parenthèse et je retourne à ce que
je disais tout à l'heure, qu'avec l'aide des professionnels, les
municipalités essaient de déceler les injustices qui existent
dans leur rôle et les inégalités et, donc, de les corriger
sans nécessairement modifier le pourcentage de ce que l'on pourrait
appeler la valeur réelle.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. PELLETIER: M. le Président, ce que je veux savoir du ministre,
c'est si le conseil de comté a pleine juridiction en matière de
décision pour l'évaluation foncière des
municipalités.
Etant maire de Saint-Philippe-de-Néri, j'assiste au conseil de
comté. Il y a certaines municipalités qui protestent. On n'est
pas unanime, si vous voulez, à engager une firme d'évaluation
foncière pour le comté de Kamouraska-Témiscouata. On a
fait plusieurs séances. Disons que ça discute.
Le problème, c'est qu'ils trouvent que c'est très
dispendieux. Les firmes exigent des taux très onéreux. C'est
surtout le point.
Est-ce que le ministre donne une subvention ou quelque chose aux
conseils de comté pour aider à défrayer les coûts?
Je regardais l'aide financière que le ministère pourrait
apporter, disons qu'il y a certaines municipalités pour qui ce serait
dispendieux.
M. GOLDBLOOM: Tout d'abord, je voudrais répondre de la
façon la plus simple à la première question de l'honorable
député de Kamouraska-Témiscouata, c'est que, oui, le
conseil de comté a l'autorité voulue et c'était
demandé par l'Union des conseils de comté. Dans la grande
majorité des cas, le conseil de comté semble rallier la
quasi-unanimité des municipalités membres mais je sais qu'il y a
des exceptions. D'ailleurs, quand j'ai été dans le comté,
j'ai été saisi de certaines divergences de vues quant au
rôle du conseil de comté vis-à-vis du rôle des
municipalités individuelles. L'optique du conseil de comté de
Kamouraska, surtout, n'est pas absolument identique à celle de l'Union
des conseils de comté mais, quand même, c'est l'organisme tout
entier qui a demandé au gouvernement cette reconnaissance. Après
une longue étude, nous avons décidé de reconnaître
le conseil de comté comme agent des municipalités membres.
Quant au coût, il est difficile de donner des subventions pour des
services qui sont universels; partout dans la province, il faut faire
l'évaluation et d'une façon scientifique. Je ne voudrais pas, en
disant cela, exclure toute possibilité d'aide s'il y a des
difficultés majeures. Mais je pense qu'il nous faudra connaître le
problème financier de tous les conseils de comté, ou à peu
près tous, avant de nous engager dans un mécanisme de subventions
pour ces fins. Parce que si nous le faisons dans un comté, nous aurons
créé un précédent que tous les autres comtés
invoqueront à juste titre. Il faudra que nous puissions dire ou bien le
gouvernement est en mesure de payer tout cela ou bien il y a une exception
tellement claire que la subvention est justifiée dans le cas particulier
mais ne serait pas justifiée dans tous les cas.
Je voudrais souligner que nous avons pris l'option de laisser à
la responsabilité locale l'évaluation foncière,
contrairement à la décision prise par beaucoup d'autres provinces
canadiennes et états américains où c'est le gouvernement
central par rapport aux municipalités qui fait l'évaluation et
qui bâtit toute une équipe de fonctionnaires spécialistes
en évaluation et tout est fait de façon centralisée.
Nous avons eu deux raisons de rejeter cette option. La première:
le désir des municipalités et des conseils de comté
d'avoir une autonomie; la deuxième, que les professionnels, ceux qui,
dans l'entreprise privée, gagnent leur vie à faire
l'évaluation sont là, et si le gouvernement faisait tout, ils ne
seraient plus là. Nous n'avons pas trouvé que c'était
juste à leur endroit de les éliminer de la plupart de leurs
fonctions en assumant au niveau provincial la responsabilité de
l'évaluation foncière.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, pour continuer dans le domaine de
l'évaluation foncière, le ministre peut-il nous dire combien de
municipa-
lités administrent l'impôt foncier sur la base d'un
système d'informatique?
M. GOLDBLOOM: Hors des grands centres, il est difficile d'en trouver, il
y en a peut-être, je ne voudrais pas être injuste à leur
endroit, mais normalement, le coût du traitement électronique des
données est tel que seules les importantes municipalités peuvent
se le permettre. Même dans les grands centres, ce n'est pas encore
entièrement fait par ordinateur.
M. LEGER: Est-ce que le ministre a l'intention de jouer un certain
rôle dans ce sens-là? Je pense, par exemple, à des
ordinateurs régionaux avec les spécialistes impliqués pour
aider plusieurs municipalités?
M. GOLDBLOOM: Si nous étions pour faire cela, je pense qu'il
faudrait le faire faire par le ministère des Communications ou par une
autre instance de responsabilité centrale au niveau du gouvernement, non
pas simplement pour la fonction de l'évaluation foncière mais en
général, pour d'autres données qui peuvent être
traitées par ordinateur. Nous avons l'intention de bâtir au
ministère un système de traitement électronique des
données en évaluation foncière et dans d'autres domaines
aussi. Ces données pourront être utiles aux municipalités
qui voudraient nous consulter. Je ne crois pas cependant que nous puissions
nous substituer aux municipalités, leur offrir au ministère
même un service d'ordinateur. L'idée d'ordinateurs
régionaux est une idée qui mérite un examen et j'en
discuterai avec le ministre des Communications.
M. LEGER: Je posais cette question parce que le ministère de
l'Education offre à 85 maisons d'enseignement un service d'ordinateur.
Je pensais que, dans ce sens, le ministère des Affaires municipales
aurait pu le faire au point de vue régional.
M. GOLDBLOOM: Le député sait fort bien que chaque
ordinateur a une certaine capacité et il faut trouver de la place dans
la banque des données pour ce que l'on veut y inscrire. Il faut aussi
trouver les heures de fonctionnement de l'ordinateur pour pouvoir introduire
les données, pour pouvoir les sortir avec l'analyse que l'on veut en
faire; donc, c'est la question aussi de cette disponibilité et des
coûts impliqués.
M. LEGER: Soit dans ce sens ou dans un autre, quels sont les efforts que
le ministère fait pour abaisser les coûts d'administration de cet
impôt foncier soit par ordinateur ou autrement?
M. GOLDBLOOM: Nous faisons l'effort d'analyse chez nous et comme je
viens de le dire, cette analyse pourrait être utile aux
municipalités, mais c'est davantage par la production du manuel de tous
les éléments que j'ai énumérés et par le
service de consultation que nous offrons de façon assez active aux
municipalités que nous essayons de diminuer les coûts, sans les
assumer directement pour les raisons que j'ai fournies à l'honorable
député de Kamouraska-Témiscouata.
M. LEGER: Maintenant, est-ce que le ministre peut me dire si une
municipalité a le pouvoir d'abaisser d'une façon
discrétionnaire l'évaluation des personnes sans le faire par un
certificat de l'évaluateur comme tel? Je vous donne comme exemple un cas
particulier bien précis que le ministre doit avoir eu à son
bureau, celui de la municipalité de Sainte-Sophie, où le conseil
municipal a procédé par résolution à des baisses
d'évaluation pour certaines propriétés d'amis politiques
des dirigeants municipaux. Je voudrais savoir si, à la suite des
représentations qui ont été faites à la Commission
municipale du Québec, on a fait enquête.
M. GOLDBLOOM: C'est une accusation qui a été
récemment portée à mon attention, j'ai demandé que
l'on fasse enquête, je n'en ai pas de rapport jusqu'à maintenant.
Il va sans dire que, dans le régime qui a existé jusqu'à
maintenant, la municipalité a été maîtresse de sa
propre évaluation, que nous introduisons maintenant des critères
scientifiques et que nous voudrons que l'évaluation de chaque
propriété soit faite selon les critères professionnels que
les personnes compétentes pourraient appliquer à cette
évaluation. Donc, sans enlever à la municipalité, de
façon globale son autonomie, c'est un moyen pour nous d'uniformiser la
situation dans toute la province.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut me dire si le bill 48 oblige
actuellement toutes les municipalités à faire une
évaluation en valeur réelle, par cette réglementation
universelle?
M. GOLDBLOOM: C'est ce que prévoit la loi et l'application se
fera au fur et à mesure que le manuel sera en vigueur. Il y a des
pouvoirs qui sont consentis au ministre pour qu'il détermine quelles
municipalités ou quels conseils de comté doivent, à un
moment donné, entreprendre le travail scientifique. Ce n'est pas
prévu que le tout soit fait en même temps dans toute la
province.
M. LEGER: Cela veut dire que plus tard, aussitôt que le manuel
sera en fonction, des cas comme Sainte-Sophie ne pourront pas se produire?
M. GOLDBLOOM: C'est cela, si les faits sont tels que le
député les rapporte; ce que je ne suis pas en mesure de confirmer
ou d'infirmer.
M. LEGER: Est-ce que le ministre, pendant qu'on parle des
municipalités en gros, peut nous dire combien il y a de
municipalités dans le
Québec qui, cette année, doivent passer par une
élection municipale?
M. GOLDBLOOM: Nous pourrions certainement obtenir ce chiffre. Tout le
milieu rural et un certain nombre de villes que nous calculons, sur le coup,
à un peu moins de 100.
M. LEGER: Quand vous dites le milieu rural, vous voulez dire les
paroisses?
M. GOLDBLOOM: Les municipalités rurales. M. LEGER: Les
municipalités rurales.
M. GOLDBLOOM: Les municipalités régies par le code
municipal.
M. LEGER: Alors, toutes les municipalités régies par le
code municipal, on avait dit, je pense, que ce sont celles de 3,000 et moins.
Alors, il y en a encore...
M. BEDARD (Montmorency): Beauport va là-dedans.
M. GOLDBLOOM: C'est la situation actuelle; si j'ai dit toutes les
municipalités à caractère rural, c'est que le
système actuel est un système de rotation. Donc, il y a toujours
une élection chaque année pour un certain nombre de
conseillers.
M. LEGER: C'est cela. Mais comme le ministre disait qu'il y avait, 1,586
municipalités au Québec actuellement, est-ce qu'il a la liste ou
est-ce qu'il pourrait déposer la liste des municipalités qui
auraient cette année en novembre, une élection, soit partielle ou
complète?
M. GOLDBLOOM: Je pense que oui, M. le Président.
M. LEGER: Au cours de nos délibérations, vous pourriez la
déposer.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Montmorency.
M. BEDARD (Montmorency): Peut-être pour compléter la
réponse de M. le ministre: cette liste qui nous est demandée, a
paru dans une revue municipale, je pense que c'est celle du mois de mars ou
d'avril.
M. GOLDBLOOM: C'est ce qui vient d'être confirmé par les
fonctionnaires, c'est publié déjà dans la revue
Municipalité 74.
M. BEDARD (Montmorency): C'est même là, M. le ministre, que
j'ai découvert que la municipalité de Beauport venait en
élection l'automne prochain.
M. LEGER: M. le Président, la section...
M. VAILLANCOURT: A votre bureau de recherche, vous devez avoir cela.
M. LEGER: ... d'évaluation foncière procède
systématiquement à l'analyse du budget de chaque
municipalité. Je lis dans le rapport annuel que, sur les 1,519 analyses
effectuées, une lettre de commentaires fut émise dans 80 p.c. des
cas. J'aimerais savoir quel genre de remarques on fait
généralement; en somme, quelles sont les principales critiques
négatives qu'on a faites en général sur les budgets
municipaux?
M. GOLDBLOOM: Les éléments qui semblent revenir le plus
fréquemment dans ces commentaires que nous formulons, sont les
déficits de l'année ou déficits accumulés; les
soldes de règlements d'emprunt qui n'ont pas été
nécessaires pour les fins prévues, donc, la façon dont ces
montants sont pour être utilisés; en général, le
contrôle budgétaire qui est nécessaire et qui est
très bien appliqué par certaines municipalités et moins
bien par d'autres. Nous essayons, évidemment, d'améliorer le
contrôle, les techniques comptables et administratives qui sont
utilisées dans les municipalités.
Comme le député le sait, il y a de nombreuses
municipalités qui n'ont pas le personnel professionel que peut avoir une
grande ville. Nous sommes donc obligés de donner des conseils. Ce ne
sont pas nécessairement des critiques négatives.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. PELLETIER: M. le ministre, est-ce que vous pourriez dire
jusqu'où un conseil municipal d'une petite municipalité a la
juridiction sur son secrétaire municipal, concernant le salaire, etc? Le
secrétaire d'une municipalité nous dit: Nous autres, c'est le
ministre qui nous dit le montant qu'on doit avoir. Est-ce qu'il y a des
critères de base? Par exemple, un secrétaire d'une
municipalité comme chez nous a 1,000 âmes, et il va exiger $3,000
ou $4,000 par année. C'est un conseiller qui travaille environ deux
heures par semaine.
M. GOLDBLOOM: Non, ce n'est pas le ministère qui détermine
la contribution, le traitement du secrétaire.
M. PELLETIER: Est-ce la loi du salaire minimum ou quoi?
M. GOLDBLOOM: II y a la Loi du salaire minimum qui s'applique dans le
cas du secrétaire, mais c'est généralement une entente qui
intervient entre le candidat et les autorités municipales. Enfin, il y a
un effort de la part des organismes qui représentent les employés
municipaux de rendre leur travail plus professionnel, d'obtenir une meilleure
formation pour
leurs membres, d'attirer d'autres membres qui présentement sont
à temps partiel dans les municipalités et qui pourraient profiter
des avantages des connaissances offerts par l'organisme en question. C'est
ainsi que les organismes, comme tout autre organisme de même nature,
défendent les intérêts de leurs membres et demandent la
reconnaissance d'une échelle de salaires qui, à leurs yeux,
serait convenable. Mais ce n'est pas encore une chose qui s'applique dans
l'ensemble des municipalités du Québec.
M. PELLETIER: Mais ne trouvez-vous pas qu'il y a une chose? Au niveau de
la province, je pense que les secrétaires de municipalités n'ont
pas assez de surveillance. Il n'y a pas assez de surveillance de la part du
gouvernement provincial au niveau des secrétaires municipaux. Il manque
de surveillance, je pense, de ce côté. Ce serait bon qu'il y ait
des enquêteurs qui viennent vérifier les livres. Vous nous
demandez que ce soit un comptable agréé qui fasse le bilan; le
secrétaire va porter les papiers, va porter ce qu'il veut. En somme, il
y a un problème, au niveau de plusieurs municipalités, qui a
été porté à mon attention à ce sujet dans le
comté de Kamouraska-Témiscouata.
M. GOLDBLOOM: II y a certainement une surveillance à offrir aux
municipalités, pas nécessairement pour critiquer, de façon
négative au moins, la manière de gestion adoptée par la
municipalité, mais plutôt comme conseil pour améliorer le
rendement, l'efficacité et la qualité professionnelle du travail
des secrétaires et des conseils municipaux en général.
M. LEGER: M. le Président, pendant que nous avons avec nous le
ministre des Institutions financières, je voudrais poser une question au
ministre. Est-ce que c'est égal au ministre des Affaires municipales ou
s'il a une préoccupation précise de voir à proposer ou
faire une certaine pression pour que les emprunts des municipalités
soient faits, soit auprès de secteurs publics ou auprès des
organismes coopératifs?
M. GOLDBLOOM: Nous avons une politique qui encourage les
municipalités à emprunter sur le marché canadien, si c'est
possible de le faire et si c'est avantageux de le faire. Nous avons
traversé une période au cours de laquelle il y avait une
instabilité des marchés étrangers et une
instabilité des taux d'intérêts et des taux de change. Les
emprunts en monnaie étrangère ont été moins
avantageux, après un certain temps, qu'au moment où ils ont
été contractés. C'est une situation qui est
nécessairement variable. Il est certainement possible qu'à un
autre moment nous trouvions que le marché étranger soit plus
attrayant que le marché nord-américain. Nous devons essayer de
profiter de la situation la plus avantageuse. C'est normal de le faire.
Je voudrais cependant souligner que nous faisons une distinction pour
les municipalités qui ont un portefeuille assez varié, parce qui
si une grande municipalité a des emprunts sur le marché
nord-américain et d'autres emprunts sur le marché européen
et s'il y a des fluctuations des taux de change, on perd dans un secteur, mais
on gagne dans l'autre.
Cet équilibre est peut-être avantageux, tandis que, pour la
petite municipalité qui contracte quelques emprunts seulement, nous
devons être beaucoup plus prudents en lui permettant de s'adresser
ailleurs que chez nous. Nous avons peut-être, en général,
plus de stabilité en Amérique du Nord quant aux marchés,
même si les taux sont très élevés, que sur d'autres
marchés. Nous essayons donc, sans éliminer les exceptions, de
concentrer nos efforts d'emprunts chez nous.
M. LEGER: Est-ce que le ministre a eu des négociations ou a
l'intention d'avoir des négociations avec la Caisse de
dépôt et placement pour qu'il y ait une plus grande tranche de ses
sources disponible pour le domaine municipal? Par exemple, pour les obligations
d'épargne du Québec, il y a des tranches bien précises
dans la Caisse de dépôt dirigées vers cela. Alors, est-ce
que le ministre a l'intention de négocier ou a négocié
pour qu'il y ait une tranche disponible pour les municipalités du
Québec?
M. GOLDBLOOM: Evidemment, M. le Président, chaque fois qu'un
secteur quelconque de l'économie québécoise a besoin
d'emprunter de l'argent, nous regardons les sources qui sont les plus
près de nous. Plusieurs ministères et plusieurs organismes visent
les ressources de la Caisse de dépôt et placement et pensent que
ce serait un excellent endroit où l'emprunt pourrait être
contracté. Mais ce n'est pas possible pour la Caisse de
dépôt de fournir tous nos besoins. Pour cette raison, c'est au
ministre des Finances de déterminer dans quelle mesure et pour quel
secteur de l'activité gouvernementale et paragouvernementale nous
devrions nous adresser à la Caisse de dépôt et pour quel
secteur nous devrions nous adresser ailleurs. Je pense que le
député sait que, si nous contractons un emprunt sur le
marché américain, ce n'est pas le ministre des Affaires
municipales qui y va; c'est le ministre des Finances. Nous essayons, sans
brimer l'autonomie relative des municipalités, d'être
cohérents dans notre approche à un programme d'emprunts pour le
Québec.
M. LEGER: M. le Président, je sais que le ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives a une
question en ce qui nous concerne, mais nous serions prêts à
adopter le programme 3, gestion municipale, éléments 2 et 3.
M. TETLEY: M. le Président, nous pouvons l'adopter, mais,
après, je veux poser une ques-
tion au ministre. Dans le beau comté de
Notre-Dame-de-Grâce, se trouve la ville de Saint-Pierre et je suis
certain que le ministre, qui est le meilleur ministre au gouvernement, le
député de D'Arcy-McGee, va continuer à appuyer la demande
de la ville de Saint-Pierre pour que l'école William Trenholme soit
transférée de la Commission scolaire protestante de
l'agglomération de Montréal pour les besoins de la ville et
surtout pour une aréna pour les loisirs. J'apprécie beaucoup les
efforts qu'a faits, jusqu'à maintenant, le distingué ministre.
J'ai tout simplement soulevé cette question parce que je sais que cela
tombe exactement dans l'élément en question.
M. GOLDBLOOM: Je remercie mon collègue, le ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives et je
l'assure de ma collaboration soutenue vers la solution des problèmes.
Nous avons, évidemment, une foule de demandes de toutes les
municipalités et c'est pour cela que nous ne sommes pas toujours en
mesure de fournir une réponse immédiate. J'espère que nous
pourrons, à brève échéance, nous rendre aux
désirs de la ville de Saint-Pierre dans les domaines que mon
collègue a soulignés.
M. TETLEY: Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 2, adopté. Programme
3, adopté. A la demande du ministre, nous passons au programme 7, je
crois.
M. GOLDBLOOM: Programme 6, M. le Président.
M. LEGER: On reviendra aux incendies plus tard. Parfait, M. le
Président. Le programme 4 est déjà adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Oui. Il a été
adopté avant-hier.
Aide à l'amélioration de
l'habitation
M. LEGER: M. le Président, concernant le domaine de l'habitation,
quand on regarde l'activité totale de la construction du logement au
Québec, on s'aperçoit que le Québec construit beaucoup
moins de logements qu'ailleurs.
Par exemple, en 1973, l'apport du Québec pour le logement
parachevé ou en construction n'est que de 22.1 p.c. du total canadien
alors qu'il devrait être d'au moins 28 p.c. C'est la même situation
en 1972, alors que cela était 22.3 p.c. Dans le même sens, en
1973, le Québec construisait au total 53 p.c. de ce qui se construit en
Ontario, soit 59,550 logements contre 110,536 en Ontario. Même chose en
1972, alors que c'était 54 p.c. de ce qui s'est construit en Ontario.
Comme responsable de l'habitation au Québec, j'aimerais que le minis-
tre des Affaires municipales nous donne son analyse des raisons d'un tel retard
du Québec sur l'Ontario dans le nombre de logements construits et des
moyens qu'il entend prendre pour remédier à cette situation. Je
sais que vous avez un bon discours à faire là-dessus.
M. GOLDBLOOM: C'est évidemment une question de marché et
d'initiatives prises par ceux qui sont dans ce secteur d'activité. Le
rôle du gouvernement est surtout un rôle supplétif. C'est la
Société d'habitation du Québec qui joue ce rôle au
nom du gouvernement et qui tente d'assurer à un secteur particulier de
la population, celui qui ne peut s'adresser normalement au marché, la
possibilité de pouvoir se loger décemment. Nous avons certaines
lois qui favorisent également l'acquisition de maisons par des
particuliers en dehors de ce secteur des personnes à revenu relativement
faible qui doivent être aidées par l'action de la
Société d'habitation.
Ce n'est pas entièrement au gouvernement que l'on peut attribuer
le fait que les chiffres soient différents au Québec des autres
provinces. Mais je pense qu'il serait intéressant que j'invite le
président de la Société d'habitation du Québec
à ajouter à ces brèves remarques et indiquer
l'expérience de la société, les buts qu'elle a
visés et les efforts qu'elle fait pour assurer à sa
clientèle, qui est celle qui préoccupe particulièrement le
gouvernement, la possibilité de logements à un coût
raisonnable.
M. le Président, la question de la production globale de
logements dans une province par rapport à une autre évolue
énormément en tenant compte de la progression de la population et
de l'investissement général. Il faut dire qu'au Québec il
y a eu des périodes de production de logements qui dépassaient le
besoin immédiat en nombre absolu et non pas nécessairement en
quantité selon les besoins de la population. Autrement dit, il s'est
bâti énormément de petits logements pour tenir compte des
formations récentes de ménages, mais il ne s'est pas produit de
grands logements ou très peu et, effectivement, il y a eu disparition
d'un grand nombre de grands logements.
Cependant, il faut dire qu'en 1973, la production de logements au
Québec a atteint 63,000 unités et là encore il faut faire
une distinction. Ce ne sont pas des logements parachevés, mais des mises
en chantier qui n'étaient pas nécessairement très
avancées au point de vue de la construction. Proportionnellement
à l'Ontario, la progression s'est fait sentir sur des bases
différentes au cours des cinq dernières années. Il y a
à peine trois ou quatre ans, la production au Québec était
de l'ordre de 40,000 ou 45,000 et celle de l'Ontario atteignait les 75,000
à 80,000. Aujourd'hui, on a une proportion de 60,000 par rapport
à 105,000. Il est évident qu'on peut jouer avec les statistiques
et leur faire dire toute sorte de
choses. Le point important est d'établir quels sont les besoins
de la population en logements.
Des études sont en cours par diverses sources, et effectivement,
vous avez parlé déjà, au cours des discussions, du rapport
Hanigan. Dans ce rapport, le comité sur l'habitation avait pu,
conjointement avec d'autres organismes, faire une analyse des besoins de la
région métropolitaine de Montréal, tels que connus pour
fins de recensement et non pas limitée à l'île de
Montréal même.
Cette étude, comparée avec les projections de la
population, et comme vous le savez... les projections de population initiales
prévues dans Montréal, Horizon 2000, ont dû être
rajustées parce qu'il y avait un ralentissement du développement
progressif de cette région, et les mouvements de la population d'une
zone à une autre. Il y a eu diminution du nombre de familles,
augmentation du nombre de ménages, et la projection étant un
besoin pour la région métropolitaine pour les cinq ans à
venir de 135,000 unités de logement, ce qui veut dire une moyenne de
27,000 par année, qui est à peu près la même
production qui s'est réalisée au cours des sept ou huit
dernières années dans toute la région
métropolitaine.
Effectivement, ce n'est qu'un déplacement de type de logements
selon les nouvelles aspirations de la population. A ce rythme, il est
évident que, si on le transpose sur le plan du Québec dans son
entier, l'augmentation de la population ne se fait pas à un rythme aussi
accéléré que dans d'autres secteurs du pays dans le
moment, et c'est ce qui fait que la production de nouveaux logements est
proportionnelle aux besoins de la population.
La Société d'habitation, elle, n'est pas appelée
à oeuvrer dans le domaine total de l'habitation. Elle ne touche que le
secteur de l'habitation auquel le marché n'est pas en mesure de
répondre. Ici, il faut faire la distincition entre la production et la
mise à la disposition des familles de logements à un prix
qu'elles peuvent payer. Dans la production, que la production provienne de
fonds fournis par la Société d'habitation, à même
les fonds obtenus du gouvernement fédéral et du gouvernement du
Québec, il n'en demeure pas moins que cette production est
réalisée par l'entreprise privée, mais l'administration de
ces logements est confiée à des organismes sans but lucratif et
à des municipalités, parce qu'ils doivent être mis à
la disposition de familles qui ne pourront pas payer le prix du marché.
Alors, cette administration est déficitaire et requiert l'appui
financier des gouvernements supérieurs. C'est ainsi que la
Société d'habitation intervient maintenant dans environ 15 p.c.
de la production d'unités de logement annuellement, alors qu'il y a cinq
ans, elle n'existait pas, et qu'au cours des quinze années
précédentes, il n'y avait eu aucune production de logements
à loyer modique subventionnée, sauf un projet à
Montréal. Cette proportion de 15 p.c. comprend, à la fois. les
logements municipaux pour familles à faible revenu, les logements
municipaux mis à la disposition des personnes âgées
autonomes, et aussi, la construction de résidences d'étudiants,
de résidences pour l'enfance inadaptée, et dans quelques cas
maintenant, des centres d'hébergement pour remplacer les habitations
vétustes. Le gros du programme de production de centres
d'hébergement s'est réalisé au cours des années
1968 à 1970.
Cette production de logements n'est pas le fait de la
Société d'habitation, mais le résultat de son action, et
notre action est celle d'être le moteur afin de convaincre les
municipalités de mieux répondre aux besoins de la population en
logements, et effectivement, s'il y a très peu de publicité qui
se fait sur les réalisations, par les municipalités, c'est parce
que les demandes dépassent les capacités de
réalisation.
Effectivement, pour l'année en cours, nous avons plus de demandes
que toutes les réalisations que nous serions en mesure de coordonner, de
contrôler et de financer.
Je crois que cela couvre l'aspect global de l'opération
habitation de la société, mais encore une fois, la
société n'est pas un maître d'oeuvre, ne réalise
pas, mais participe, aide financièrement des municipalités et des
organismes sans but lucratif. Elle ne finance pas et ne prête pas aux
individus ni aux promoteurs pour fins de vente ou pour fins de location.
M. LEGER: Comme personne engagée dans le domaine de l'habitation,
quel est votre diagnostic concernant le fait que... Je ne parle pas de la
politique de la Société d'habitation du Québec, mais je
vous parle comme une personne qui est consciente des problèmes de
l'habitation au Québec. Comment se fait-il qu'il se construit
moitié moins d'habitations au Québec? Est-ce qu'il y a
moitié moins de demandes, de besoins? Quelle est la raison, quel est le
diagnostic que vous voyez à cela, pas nécessairement sur la
Société d'habitation du Québec, mais sur la construction
en général?
M. GOLDBLOOM: Pour la production totale de logements annuellement au
Québec, je crois qu'elle répond adéquatement aux besoins.
Maintenant la production en chiffres absolus... La production qui est
réalisée ne répond pas nécessairement aux besoins.
Autrement dit, vous avez une production d'un certain type de logement qui
s'adresse à des groupes de ménages, qui n'est pas accessible
à une grande partie de la population. Je pense que c'est plutôt
dans la variété, dans les types de logements qui sont produits
que dans le nombre absolu, parce que celui-ci semble suffisant, selon les
projections de population et les pourcentages de vacance. Il est évident
qu'il y a plus de vacances dans les petits logements et plus de carences dans
le nombre de grands logements. Mais, au point de vue de la production globale,
pourquoi l'industrie de la construction ne produit-elle pas de
grands logements? C'est parce qu'ils sont rendus à un coût
inaccessible. Une fois qu'ils seront produits, ils ne seront pas
administrables.
M. LEGER: Qu'est-ce que le ministre peut faire si c'est un besoin d'un
type particulier de plus grands logements qui serait nécessaire?
Qu'est-ce que le ministre peut faire pour cela?
M. GOLDBLOOM: C'est une question de la politique du gouvernement et de
la Société d'habitation. C'est aussi une question de la
disponibilité des ressources financières pour permettre la
construction de logements d'un type qui est désiré, qui est
jugé nécessaire. Nous avons constaté que les tendances
démographiques actuelles sont telles que la demande qui existe
aujourd'hui, ne sera pas une demande permanente quant aux grandes familles,
quant aux logements nécessaires pour des groupes nombreux de personnes.
C'est un peu pour cette raison, semble-t-il, que les entrepreneurs n'ont pas
été intéressés à construire des maisons de
cette nature. Je pense que la société peut aider, a quand
même des normes, quant au nombre de personnes qui peuvent occuper une
chambre à coucher, par exemple, ou qui peuvent se trouver dans un
appartement ou dans un nombre donné de pièces. C'est ce que nous
essayons de faire. C'est de répondre véritablement aux
besoins.
Avant de demander au président de la Société
d'habitation d'ajouter à ce que je viens de dire, je voudrais revenir
à la toute première question du député de
Lafontaine pour lui dire que, normalement, le jeu du marché fait
produire ce dont on a besoin, et justement, s'il y a un besoin total qui n'est
pas comblé par le marché, les pressions continueront de s'exercer
jusqu'à ce qu'il y ait assez de logements pour ceux qui les cherchent.
Notre responsabilité, comme gouvernement, est nécessairement pour
ceux qui ne peuvent influencer le marché directement. Nous devons leur
permettre d'influencer le marché par le jeu des subventions que nous
accordons et par le jeu de notre présence dans le marché pour
aider à faire produire ce dont ils ont besoin.
M. LEGER: Est-ce que ce ne serait pas la politique de la
Société d'habitation du Québec, pour pallier cette
déficience, de contrebalancer en construisant presque exclusivement ou
en grande majorité des logements plus grands, pour pallier ce manque sur
le marché qui est laissé aux entrepreneurs privés?
M. GOLDBLOOM: Le président pourra préciser.
C'est exactement ce qui se produit. Effectivement, il y a eu un certain
nombre de petits logements qui ont été produits dans les
premières années, dans les premiers programmes municipaux, parce
qu'ils étaient en relation directe avec les programmes de
rénovation urbaine qui avaient déplacé un grand nombre de
familles, dont un certain nombre de familles qui avaient besoin de petits
logements parce qu'elles n'avaient pas d'enfants.
La politique d'aujourd'hui couvre deux groupes, le groupe des familles
à faible revenu et le groupe des logements pour personnes
âgées autonomes.
Dans le cas des logements pour personnes âgées autonomes,
il est évident que la production de ces logements se limite à la
production de studios ou de logements d'une chambre à coucher. Dans
certains cas, cela peut aller à deux chambres à coucher.
Dans le logement pour famille, la majorité des logements doit
être orientée vers la production de logements de trois chambres
à coucher, quatre chambres et même cinq chambres. Pour votre
information, au 31 mars 1973, il y avait 9,895 logements municipaux sous
administration et, de ceux-ci, 2,869 étaient des trois chambres à
coucher, 1,052 des quatre chambres à coucher et 266 des cinq chambres
à coucher, mais je crois qu'il est important de mentionner ces chiffres
pour démontrer que c'est effectivement le rôle de
suppléance au marché que les municipalités sont
appelées à produire.
Il y a évidemment un changement constant dans ces statistiques
parce qu'au 31 mars 1974 le nombre des logements sous administration est plus
grand, mais je n'ai pas la distribution. De même, avec l'arrêt de
la production dans la construction de nouveaux centres d'hébergement et
son remplacement par du logement fait que le total des logements
approuvés, des prêts consentis par la société, au 31
mars 1974, couvrait 15,779 logements pour famille et 5,392 logements pour
personnes âgées autonomes.
M. LEGER: J'en profite, étant donné que le
président de la Société d'habitation nous parle de
statistiques récentes, pour lui demander et il voit venir la
question comment il se fait que cela ne soit pas accessible au moyen
d'un rapport annuel que, d'après la Loi de la société
d'habitation du Québec, nous devrions avoir depuis le 30 juin 1973, pour
le rapport de 1972/73, et dans un mois et demi, même pas, dans un mois,
celui de 1973/74. Quelles sont les raisons précises?
M. GOLDBLOOM: Vous avez entièrement raison. Le rapport 1971/72 a
été présenté en retard et je dois assumer
personnellement la responsabilité de dix mois de ce retard parce que,
pour la période antécédente, les données et les
états financiers certifiés de la société
n'étaient pas disponibles. Les autres dix mois sont ma
responsabilité à cause d'une carence administrative à
l'intérieur même de notre société. J'ai dû
moi-même procéder, à temps perdu, à accumuler ces
informations une question de rédaction alors que les
données statistiques sont disponibles au fur et à mesure,
maintenant que nous avons le personnel pour les tenir à jour, ce
qui n'était pas le cas au 1er avril 1973. En ce qui concerne le rapport
1972/73, le texte est prêt, mais il ne peut pas être
déposé parce qu'il doit être accompagné des
états financiers certifiés et ces documents ne sont pas
disponibles pour le moment.
M. LEGER: Quand prévoyez-vous qu'ils seront disponibles?
M. GOLDBLOOM: Je ne peux pas répondre pour le Vérificateur
général.
M. LEGER: Est-ce que c'était un manque de personnel dans
votre...
M. GOLDBLOOM: Oui. Il y avait un problème, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, une carence administrative qui a fait
que j'ai dû reprendre moi-même certaines données alors que
j'avais beaucoup d'autres chats à fouetter. Alors, je m'excuse
auprès des membres de la commission d'avoir retardé à
présenter ce rapport, mais j'ai réussi à déposer
celui-là et j'espère que le rapport de 1972/73 sera disponible
très rapidement parce que les données statistiques le sont, et
ces dernières, pour 1973/74, sont aussi prêtes. Mais vous
remarquerez que, dans le bill no 1, Loi devant modifier la loi de la
Société d'habitation, il est demandé de modifier
l'année financière de la société. Il est impossible
de fermer l'année au 31 mars 1974, par exemple, et de s'attendre
à avoir un rapport annuel au 30 juin de la même année,
premièrement, parce que les livres de la société doivent
être fermés et, comme vous le savez, le gouvernement ferme ses
livres un mois après la fin de l'exercice financier pour
rajustements.
Selon le type d'activités et le nombre de dossiers, cela requiert
un certain temps au Vérificateur général pour faire
l'analyse des états financiers avant de pouvoir les certifier. Une fois
ces états certifiés, nous pouvons dresser le bilan de nos
activités tant en rapports, en dossiers qu'en chiffres et, par la suite,
si on veut transmettre le document pour fins d'impression, il est impossible de
le faire au cours de trois mois d'autant plus que la plupart des organismes
gouvernementaux terminent leurs activités à la même
date.
Avec le changement de date, nous croyons que nous serons en mesure de
faire diligence et de présenter les rapports annuels en temps voulu.
M. LEGER: Quel est le personnel dont vous avez besoin actuellement et
est-ce que vous l'avez?
M. GOLDBLOOM: Comme je l'ai mentionné précédemment,
nous n'avions pas jusqu'au 1er avril 1973, le personnel pour s'occuper du
contrôle des finances et de l'administration de la société.
Cette direction a été appelée à fournir, pour votre
information, 56 tableaux comptables, statistiques et autres pour les besoins du
Vérificateur général. Ceci a pu se faire dans les mois de
mai et juin derniers et le Vérificateur général doit
examiner les comptes de la société. Il ne faut pas oublier que la
société, outre ses projets et les crédits engagés
de l'ordre de $500 millions jusqu'à maintenant en habitation seulement,
administre aussi la Loi de l'habitation familiale en vertu de laquelle nous
approuvons entre 3,000 et 5,000 dossiers chaque année et que nous avons
encore sous administration 55,000 dossiers de l'habitation familiale, dossiers
qui demandent des vérifications, ce qu'on appelle des
vérifications occasionnelles de divers comptes, ce qui prolonge le
processus de vérification.
M. LEGER: Mais quel est l'effectif du personnel?
M. GOLDBLOOM: Dans cette division, nous avons pu obtenir un effectif de
17 personnes et il y a 14 personnes en place maintenant.
M. LEGER: Mais dans toute la direction du service de l'habitation du
Québec, c'est combien?
M. GOLDBLOOM: La Société d'habitation du Québec a
des effectifs autorisés de 255 personnes avec le présent budget.
Son effectif réel est de 215 personnes.
M. LEGER: C'est donc dire que vous avez maintenant en main ce qu'il faut
pour réaliser les objectifs. Sauf l'amendement à la loi 1, vous
aurez ce qu'il faut pour présenter dans les années
subséquentes...
M. GOLDBLOOM: Nous serons plus à temps dans nos
responsabilités.
M. LEGER: Je voudrais maintenant demander au ministre, comme ministre
responsable de la politique d'habitation du gouvernement, quelles sont les
mesures ou les études en cours, prévues ou qu'il a entreprises
pour modérer la hausse générale des coûts de la
construction dans l'habitation. Je rappelle au ministre que l'indice des prix
à la consommation a augmenté de 40.2 p.c. depuis 1961, selon
Statistique-Canada. Les composantes de l'habitation ont toutes grimpé
beaucoup plus vite, par exemple je vous cite des chiffres canadiens
matériaux de construction, qui ont augmenté de 78.5 p.c,
les salaires des ouvriers de 149 p.c, l'impôt foncier de 64.2 p.c, le
coût des terrains de 79.5 p.c. Donc la hausse, dans l'ensemble, en
moyenne, pour la construction, est de 81.4 p.c. Ce sont les statistiques de la
Société centrale d'hypothèques et de logement à la
page 89 pour l'année 1973.
Est-ce que le ministre peut nous dire ce qu'il a en vue pour
modérer cette hausse générale qui
est beaucoup plus forte dans le domaine du logement? Quand on sait que
le vieux proverbe dit: Quand le logement va, tout va ou le bâtiment va,
tout va, qu'est-ce qu'il a en tête pour trouver une solution à
cette augmentation trop forte dans un domaine vital, absolument essentiel,
comme la nourriture et le logement?
M. GOLDBLOOM: Nous ne pouvons influencer le marché dans son
ensemble. Il y a une foule de facteurs qui jouent dans ce marché et les
hausses de prix se constatent dans tous les secteurs d'activités. Par
contre, dans le secteur de nos responsabilités particulières,
c'est-à-dire le rôle supplétif que nous jouons, nous
absorbons effectivement les coûts additionnels. Nous devons le faire.
Nous le faisons avec l'aide du gouvernement fédéral dans ce sens
que c'est ce dernier qui met à notre disposition des sommes d'argent
pour permettre la réalisation de projets d'habitation destinés
à cette clientèle particulière.
Nous avons également le rôle du ministère des
Affaires sociales auprès des personnes dont le revenu n'est pas
suffisant pour leur permettre de se loger raisonnablement.
Enfin, nous avons en perspective des modifications à la Loi de
l'habitation familiale, pour faciliter l'accès à l'habitation
pour les familles dans cette zone que je pourrais appeler intermédiaire,
dans laquelle se trouvent les personnes qui ne sont pas directement de la
clientèle de la Société d'habitation et qui ne sont pas en
même temps celles dont les moyens leur permettent de s'adresser au
marché sans aide. La Loi de l'habitation familiale étant
conçue pour leur venir en aide, nous étudions présentement
les améliorations que nous pourrons lui apporter parce que plusieurs
nous disent que les normes qui se trouvent présentement dans cette loi
ne sont pas réalistes pour le marché d'aujourd'hui.
M. LEGER: Je ne parlais pas uniquement de la Société
d'habitation du Québec, je parle, en général, des moyens
pour l'augmentation de la construction. Je ferai remarquer au ministre qu'on
s'attend qu'il y ait une hausse de la demande. On prévoit dans les
maisons unifamiliales, une hausse du coût de 24 p.c.
Est-ce que le ministre entend trouver des méthodes, pour le
Québec du moins, pour baisser cette hausse continuelle dans
l'habitation?
M. GOLDBLOOM: Je fais remarquer à l'honorable
député de Lafontaine que dans le projet de loi qui est devant la
Chambre présentement, le bill 1 qui attend sa deuxième lecture,
on prévoit, pour les municipalités, la possibilité
d'acquérir des terrains, de les aménager, de les mettre à
la disposition de ceux qui voudraient créer de l'habitation ou
acquérir cette habitation. C'est peut-être la limite de ce que
nous pouvons faire comme ministère des Affaires municipales et comme
Société d'habitation du Québec.
M. LEGER! Le ministre ne pense pas que la lutte à la
spéculation foncière est une des composantes importantes
puisqu'il y a une augmentation, dans le coût du terrain, de 79.5 p.c?
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement, M. le Président, mais je ne
serais pas prêt à accepter la thèse que cette augmentation
est due à ce que l'on peut appeler la spéculation
foncière, dans le sens péjoratif que l'on donne
généralement à cette expression. Il y a des augmentations
partout et nous en sommes collectivement les victimes. Ce n'est pas un
phénomène qui nous est exclusif, c'est un phénomène
à l'échelle mondiale et il est certain que si le coût des
matériaux augmente, si le coût de la main-d'oeuvre augmente,
chaque personne qui possède des terrains demandera davantage pour la
vente de ses terrains justement pour être en mesure d'assumer les
augmentations qu'elle doit payer dans d'autres domaines.
Donc, c'est un facteur, mais c'est un facteur parmi beaucoup
d'autres.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La parole est au député
de Verdun.
M. LEGER: Excusez-moi, je n'avais pas terminé. Est-ce qu'il y a
des études qui se font sur l'usinage ou la préfabrication des
maisons à titre expérimental qui pourraient coûter meilleur
marché que d'autres styles de constructions?
M. GOLDBLOOM: Je suis au courant de façon générale
du travail qui se fait dans ce domaine. D'ailleurs, Habitat 67 a
été une expérience un peu particulière qui
n'était pas complètement réussie pour certaines raisons,
dont la pesanteur des unités.
Il y a des améliorations dans ce domaine, et justement dans les
études que nous avons poursuivies pour déterminer les
possibilités de réaliser un village olympique de nature
temporaire, nous avons été mis au courant de
développements dans ce domaine. Il y a clairement un
intérêt dans le secteur manufacturier des unités de
logement, de pouvoir produire des unités à meilleur
marché, même si cela donne une uniformité d'apparence
à des maisons qui, sur le plan esthétique, sont moins
intéressantes, mais quand même on ne peut tout avoir et...
M. LEGER: On peut corriger par la peinture.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LEGER: Parce qu'on voit souvent des maisons du style HLM qui sont
toutes de la même couleur, complètement, c'est certain que pour un
coût moindre, il y a une certaine uniformité, mais il pourrait y
avoir au moins des différences dans la couleur de la peinture.
M. GOLDBLOOM: D'ailleurs, en voyageant dans la province et en voyant de
nombreuses unités HLM, je suis en mesure d'affirmer que sur le plan
esthétique, nous avons réussi des choses satisfaisantes et une
variété intéressante, sans nécessairement encourir
des coûts très élevés dans le choix des
matériaux, d'ailleurs, nous ne nous les permettrions pas.
M. LEGER: Mais qu'est-ce que le gouvernement entend faire pour
améliorer ou pour encourager le domaine de la fabrication de maisons
préfabriquées?
M. GOLDBLOOM: II y a un mouvement vers l'expérimentation dans ce
domaine. Effectivement, il y aura une conférence des Nations Unies au
Canada, à Vancouver, en 1976, dont des projets expérimentaux de
toutes sortes feront l'objet. Mais je constate aussi, M. le Président,
que nous entendons, de la part de l'opinion publique, certaines plaintes quand
nous consacrons des sommes importantes à la recherche. On nous dit: II y
a déjà assez de recherches de faites, nous pouvons construire.
Consacrons notre argent à la construction parce que les gens ont besoin
de maisons. C'est pour cette raison que je suis un peu hésitant à
consacrer d'importantes sommes d'argent à l'appui des recherches dans ce
domaine. Je pense que d'autres peuvent le faire et que d'autres doivent le
faire, mais nous avons une responsabilité particulière, celle de
fournir les logements à ceux qui ne peuvent les obtenir et j'aimerais
pouvoir les fournir au maximum possible.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Verdun.
M. CARON: M. le Président, M. le ministre, j'aimerais savoir de
M. Bernier, s'il n'y aurait pas moyen d'améliorer la formule actuelle.
Je pense que la formule qui existe, quant à nous qui vivons à
Verdun, n'est pas la meilleure. On engage des capitaux pour 50 ans à
venir, on nous fait signer un contrat, on n'a même pas l'esquisse. Je me
demande, M. le ministre, s'il n'y aurait pas possibilité de retourner au
système des plans et devis. On va avoir un projet, chez nous, je parle
du mien parce que je le vis actuellement, de 150 logements et il doublera
peut-être. Le contrat est signé, on ne sait même pas ce que
nous allons avoir exactement, quelle sorte de construction. On n'avait
même pas le portrait de la bâtisse. Je me demande
sincèrement, M. Bernier je vous pose peut-être une question
embêtante, mais c'est mon devoir de la poser ce que la ville de
Verdun va avoir comme projet, j'ai bien hâte de le voir?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, vous m'aviez posé la
question, M. Caron et j'ai obtenu les renseignements. Les voici. La
société encourage le système d'appels de propositions de
développement pour la bonne et simple raison que c'est plus rapide et
qu'il y a une économie de $1,500 à $3,000 par logement, tout en
fournissant du logement de qualité. Nous avons toutes les données
pour prouver cet avancé.
Dans certains cas, il est possible de procéder par plans et devis
lorsque des circonstances particulières l'exigent. Cela ne doit pas
être la généralité, mais c'est pour les cas
spéciaux.
Par contre, dans certaines municipalités, on fait une demande
à la société pour procéder à la
réalisation d'un projet et, ensuite, parce que nous avons
suggéré de procéder par la méthode d'appel de
propositions, on essaie de passer à côté de diverses
façons.
Il y a d'autres articles qui entrent en ligne de compte. Le retard dans
le cas de Verdun n'est pas imputable à la ville de Verdun ni à la
Société d'habitation. C'est tout simplement parce que la
municipalité avait suggéré de réaliser son projet
sur du terrain dont le règlement de zonage ne permettait pas
l'érection du type de logements prévus. Il y a eu un
décalage pour permettre à la municipalité de modifier son
règlement de zonage.
Lorsque l'on dit qu'on ne sait pas ce qui va être construit, il y
a un manque quelque part, parce que, pour les plans préliminaires,
l'esquisse est donnée aux autorités municipales, qui adoptent le
règlement pour la réalisation d'un programme d'habitation.
A partir de cette esquisse et de cette proposition globale, le promoteur
est appelé à préparer des plans d'exécution. Ces
plans d'exécution ne peuvent pas être soumis à la
Société d'habitation sans avoir été au
préalable approuvés par le conseil municipal.
Il y a divers gestes qui sont posés par certaines personnes,
à certains moments, qui sont hors du contrôle et des
représentants de la municipalité et des représentants de
la Société d'habitation. C'est arrivé dans le cas de
Verdun, où même le coordonnateur municipal n'était pas au
courant d'une situation de fait que nous lui avons signalée. Cette
situation de fait, il l'a corrigée la journée même et en a
informé les autorités.
Dans le cas des plans d'exécution, je crois qu'il incombe au
coordonnateur municipal d'informer les autorités de la
municipalité.
La méthode d'appel de propositions de développement n'est
pas une solution miracle. Elle ne règle pas tous les maux, mais elle a
été efficace et a donné de bons résultats dans
toute la province. Nous ne voyons pas pourquoi elle ne serait pas acceptable
dans une municipalité ou dans une autre. Ceci n'empêche pas que
des cas particuliers soient soulevés qui nécessitent de
procéder par plans et devis et nous en avons autorisé. Mais dans
chaque cas où un budget préliminaire avait été
donné, ils n'ont jamais été respectés avec le
résultat que les coûts de base sont plus élevés et,
ensuite, les coûts additionnels sont à l'entière charge de
la municipalité.
Enfin, on vient demander à la société de couvrir
les suppléments, les imprévus.
La Société d'habitation peut fournir du bon logement, de
bonne qualité et le financer, mais elle n'a pas le moyen de fournir des
Cadillac à ceux qui le désirent. C'est arrivé dans
certains cas et, dans ces cas, nous devons dire aux autorités
concernées de combler la différence, parce que nous devons mettre
l'argent à la disposition de toute la population du Québec.
M. CARON: Oui, mais, M. le Président, j'aimerais
premièrement demander à M. Bernier comment il peut
contrôler la qualité. Deuxièmement, peut-il procéder
sans même une esquisse. Vous nous parlez d'esquisse, on n'en avait
même pas, je n'étais pas là quand le contrat a
été signé. Il n'y avait pas eu 24 heures d'avis quand on a
demandé que le contrat soit signé. Je me demande pourquoi on n'a
pas de délais pour que les gens intéressés prennent
connaissance... On engage la ville et la société pour cinquante
ans et personnellement je pense que la formule actuelle doit être
améliorée. Je pense que vous devez prendre les moyens pour
l'améliorer.
Je ne suis ni un architecte ni un ingénieur, mais je peux vous
dire que je sais que deux plus deux font quatre et que deux fois cinq, cela
fait dix. Je suis convaincu qu'actuellement nous allons avoir une bâtisse
sans savoir encore ce qu'on va avoir dans la bâtisse.
Je pense que c'est mon devoir de le dire ici et je crois que vous
devriez l'améliorer. Je pense que la question de concours, ce n'est pas
la meilleure formule.
M. GOLDBLOOM: Je crois que, M. le Président, je puis dire que la
méthode peut toujours être améliorée et c'est ce que
nous faisons au fur et à mesure, parce que les cahiers d'appel de
propositions, comparativement à ceux qui étaient utilisés
en 1969/70 et 1970/71, ont été améliorés de 100
p.c. et des améliorations y seront apportées encore.
Mais il ne faut pas oublier une chose. C'est que dans le cahier d'appel
de propositions, le cahier du propriétaire, c'est la municipalité
concernée qui détermine ce qu'elle veut et dit ce qu'elle
désire avoir.
L'ouverture de la proposition d'aménagement s'est faite le 17
janvier 1974 à Verdun, l'acceptation ne s'est faite qu'à la fin
de février et le contrat a été signé le 22 mars. Je
crois qu'il y a eu une période de disponibilité des documents
pour fins d'examen par les intéressés. Même là, la
période a été longue pour permettre certains
ajustements.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Saint-François.
M. DEZIEL: M. le Président, avec la permission du ministre, je
crois que les deux questions...
M. CARON: Est-ce que M. Bernier peut nous garantir que nous aurons
satisfaction et que vous améliorerez votre système? Est-ce qu'on
peut compter là-dessus?
M. GOLDBLOOM: C'est ce que nous tentons de faire continuellement,
monsieur.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Saint-François.
M. DEZIEL: Si vous me le permettez, M. le Président, avec la
permission du ministre, je pense que mes deux questions que j'ai à poser
se marient extrêmement bien à celle de mon collègue de
Verdun. Mes questions que je voulais poser à M. Bernier sont les
suivantes...
M. CARON: Parlez.
M. DEZIEL: Y a-t-il possibilité ou est-ce qu'une refonte des
cahiers de charges serait en cours concernant les normes requises pour
bâtir, avec le maximum de qualité, ces logements à prix
modique? On sait que ces bâtisses, étant donné que la
municipalité a à les soutenir pendant une période de
cinquante ans et qu'en général les constructeurs concernés
par voie de propositions, se contentent toujours du strict minimum qui est
à l'intérieur du code national du bâtiment, cela peut
amener des embêtements.
Ma deuxième question est la suivante? Y aurait-il avantage de
changer la formule des cahiers de charges pour celle des plans et devis afin
d'éliminer par la suite les frais juridiques qui s'avèrent tout
de même très onéreux? Ce que je veux dire par là,
c'est qu'on économise peut-être comprenez-vous, sur la
construction si on économise, mettons, $1,000 ou $1,500 par
unité, mais, par la suite, avec tous les ennuis que cela amène,
les avocats les mangent plusieurs fois à ce niveau. Cela fait que je
pense qu'il serait peut-être mieux de repenser à cela.
M. CARON: M. le Président, peut-être que nous allons
épargner sur le coût même, mais, sur l'administration, par
après, si on n'a pas la qualité qu'on doit avoir, on le paiera
cinq, dix ou quinze ans après.
M. DEZIEL: D'autant plus, M. Caron, qu'avec la formule existante, c'est
qu'il y a une proposition...
M. LEGER: ... fédérale, ne lâchez pas!
M. DEZIEL: ...et, par la suite, lorsque le contrat est octroyé,
on fonctionne avec l'exécution des plans et devis. Donc, le constructeur
en question va toujours au strict minimum des normes du code national.
M. PELLETIER: Dans le même ordre d'idées, disons que cela
revient, que le surplus
du contrat, les extra qui viennent s'ajouter sont sous la
responsabilité de la municipalité, avez-vous bien dit
tantôt, M. Bernier, je crois? Cela cause des problèmes assez
graves surtout dans mon territoire à Notre-Dame-du-Lac. Vous connaissez
très bien le cas qui...
M. GOLDBLOOM: Là-dessus, je pense qu'il faudrait clarifier
certaines choses. Le cahier d'appel de propositions est sujet à
révision constante. Il l'est actuellement et nous avions un nouveau
cahier, une nouvelle rédaction que nous croyions
améliorée, comparée à ce qui avait
été utilisé précédemment. Elle devait
être imprimée et utilisée pour la programmation de 1974. Je
dois vous faire part que nos propres officiers ne l'ont pas trouvée
satisfaisante et ont demandé d'y apporter des modifications de
façon à l'améliorer. Dans ce cas, je peux dire au
député de Saint-François que nous avons reçu un
cahier modifié de la part d'une municipalité, dans sa
région et que nous examinons la possibilité d'incorporer certains
éléments.
Mais il faut faire une distinction entre ce que l'on désire
avoir, et qu'on n'a pas les moyens de se payer, et avoir un projet de
qualité acceptable, satisfaisante et qui va, en moyenne, au-delà
de ce qui est produit sur le marché. Je suis prêt à
soulever le point que ce qui a été financé par la
Société d'habitation a été réalisé et
se compare avantageusement avec des productions à coût égal
et dans les mêmes catégories de production.
Je crois que la Société d'habitation, les
municipalités et les organismes qui ont été
financés par la Société d'habitation, n'ont pas à
rougir de ce qu'ils ont produit. On dit: Ajoutez ceci et ajoutez cela; on
ajoute $100 par ici et $100 par là, et le coût des logements est
rendu au point qu'on part de $15,000 et on finit à $20,000 et ainsi de
suite. On a eu la même expérience dans le cas des foyers, des
centres d'hébergement. On demande le maximum. Notre rôle est
d'assurer une production de logements de qualité valable, mais en
même temps, il faut comprendre que cette qualité de logements doit
être équilibrée avec ce qui se fait sur le marché.
Ce n'est pas parce qu'on peut utiliser les fonds publics qu'on va augmenter,
inconsciemment, la charge des déficits d'exploitation. Il n'est pas
question de minimiser les besoins, il faut y répondre
entièrement. Mais il y a diverses façons d'y répondre et
c'est pour cela que si les propositions d'aménagement ne sont pas
à la satisfaction des municipalités, c'est parce que le
propriétaire n'a pas déterminé ce qu'il voulait avoir, ou
ce qu'il voulait avoir dépassait les normes acceptables. En fin de
compte, nous avons utilisé la procédure dans bien des cas. Dans
la majorité des cas où il y a des difficultés, c'est parce
qu'on avait prédéterminé que l'on procéderait par
plans et devis et qu'on ne voulait pas accepter la méthode d'appel de
propositions. Maintenant, ce n'est pas exclusif auprès de certaines
municipalités. Je peux vous confirmer que c'est le point de vue de
certains de nos officiers aussi. Je ne crois pas que la société
comme telle soit disposée à suspendre toute activité
pendant un an pour permettre à des gens de faire des plans.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Comme il passe six heures, la
commission suspend ses travaux à 20 h 15.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
Reprise de la séance à 20 h 25
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
affaires municipales): A l'ordre, messieurs!
Alors, je voudrais porter à l'attention des membres certains
changements M. Lecours (Frontenac) remplace M. Bédard (Montmorency), M.
Gratton (Gatineau), remplace M. Parent (Prévost). Le
député de Verchères.
M. OSTIGUY: M. le Président, je voudrais savoir du
président de la Société d'habitation si, tenant compte de
l'augmentation des coûts dans le secteur de la construction, de nouvelles
évaluations ont été faites par logement, soit pour les
projets d'habitation municipale ou soit pour les projets
présentés et demandés par les organismes sans but
lucratif. C'est une première question.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, effectivement, les taux de
construction aujourd'hui ont évolué et, selon notre estimation,
ont augmenté de 17 p.c. comparativement à ceux des quinze
derniers mois. Mais il faut prendre la précaution de dire que ceci varie
par région. Dans certaines régions où la concurrence est
plus difficile entre les constructeurs d'habitation, les coûts ont
augmenté plus. Dans d'autres zones, où la concurrence est quand
même encore assez vive, nous avons obtenu des coûts qu'on peut
considérer comme raisonnables, même avec les augmentations.
Il est évident qu'on ne peut pas construire aujourd'hui
comparativement à ce que l'on construisait il y a deux ans et même
18 mois. Dans tout nouveau projet, qu'il soit mis de l'avant par un office
municipal d'habitation ou une corporation sans but lucratif, il faudra tenir
compte de l'évolution des coûts dans cette région.
M. OSTIGUY: Dans une deuxième question, M. le Président,
dans votre rapport de 1971/72, à la page 20, lorsque vous parlez de
coopératives et d'organismes sans but lucratif, vous faites mention que
"les coopératives de locataires qui, par le truchement de leur
association locale, avaient obtenu des prêts de la société
font face à des difficultés pour rencontrer leurs obligations.
Ceci est dû à leur structure financière, au coût de
réalisation et à l'absence de support financier à
l'exploitation". Bien, vous en avez fait des prêts à des
corporations sans but lucratif, je pense, qui ont assez bien réussi, qui
ont pu quand même maintenir un taux de construction assez bas.
Dans l'exercice financier actuel, la Société d'habitation
prévoit-elle continuer à faire des prêts à des
organismes sans but lucratif? Il y en a une série que j'ai
remarquée; je pense que c'est six ou sept, pour un total de 732
personnes âgées ou de 26 projets, 314 lits, enfin. Est-ce que,
dans cet exercice financier dans lequel nous engageons la Société
d'habitation prévoit poursuivre cette politique avec des organismes sans
but lucratif, ceux-là qui sont bien structurés, qui fonctionnent
bien, qui peuvent prouver à la Société d'habitation qu'ils
sont capables de construire à un coût inférieur aux
corporations d'habitation municipales?
Moi, je suis encore convaincu que pour ce qui est des résidences
pour personnes âgées ou d'habitations à loyer modique, il y
a des possibilités, avec des organismes sans but lucratif, d'en
construire à un meilleur taux, à un taux plus bas par logement,
qu'avec des corporations d'habitation municipales.
M. GOLDBLOOM: Ceci peut arriver effectivement, même si dans la
pratique ça ne devrait pas arriver. Si ça arrive, c'est que ces
gens-là ne jugent pas à propos de concurrencer des projets mis de
l'avant par les offices municipaux. Mais effectivement, ce qu'il est important
de prévoir, c'est la possibilité de mettre sur le marché
des logements à un coût inférieur au prix du
marché.
Alors, dans les cas où un organisme sans but lucratif s'engage
à produire un logement à un prix de revient abordable, mais qu'il
administrera sans rendement sur l'administration, à ce moment-là,
automatiquement, avec le taux d'intérêt
préférentiel, le prix du loyer doit être inférieur
au prix du marché de 10 p.c. à 15 p.c. Alors, nous avons besoin
de ce type de logement et nous allons continuer à l'encourager.
Cependant, très peu d'organismes peuvent se targuer d'être
capables de faire la preuve de l'autofinancement et, dans des cas où
ça se fera, la société sera prête à prendre
en considération les demandes qu'elle recevra à ce point de
vue.
M. OSTIGUY: Vous dites, M. le Président, que la
société sera prête. Est-ce que la société
pourrait s'engager à conclure des ententes avec des corporations sans
but lucratif, qui, comme je le disais tantôt, ont réalisé
des projets d'envergure qui fonctionnent très bien?
M. GOLDBLOOM: Pour autant que nous aurons des fonds à notre
disposition à prêter, oui.
M. OSTIGUY: Maintenant, M. le Président, si vous me le permettez,
est-ce que vous avez les chiffres en pourcentage de ce que cela coûte
pour aller en soumissions publiques? Cet après-midi on parlait de
demandes de soumissions publiques par les corporations d'habitation
municipales. Je voudrais que vous me donniez une comparaison en pourcentage
comparativement à une corporation sans but lucratif qui, elle, peut
procéder sans demande de soumissions publiques, pour négocier un
contrat en vue de la construction d'un projet d'habitation. Cela coûte
quand même de l'argent lorsqu'on va en soumissions publiques.
M. GOLDBLOOM: Oui, il y a là un net
avantage, parce que ça devient une négociation
d'emprunteur à prêteur. C'est cependant une situation qui ne peut
exister sur un plan général, parce que le rôle de la
société n'est pas de prêter à tous les promoteurs de
constructeurs de logements.
Lorsque, dans un endroit, un organisme sans but lucratif peut produire
du logement à meilleur compte, par le fait qu'il possède
déjà du terrain à meilleur prix et qu'il peut produire un
projet qui s'adapte à des conditions particulières, c'est ce qui
lui permet de faire de l'autofinancement. D'autres corporations ont
tenté de rajuster leurs plans pour arriver à un prix de revient
qui permettrait des taux de loyer abordables, mais on n'a pas été
en mesure de le faire. La Champenoise, ici, à Québec, l'a
réussi pour sa phase 2; La Champenoise, c'est strictement du logement
pour personnes âgées autonomes. Mais tel n'a pas été
le cas pour La Chancelière, à Saint-Roch. Le prix de revient du
terrain et le type de construction à y incorporer, compte tenu des
autres préoccupations de la municipalité à ce
moment-là, a eu comme effet de porter les prix de revient de chaque
logement à un niveau tel que le taux du loyer ne sera pas accessible aux
gens pour lesquels il aura été construit.
M. OSTIGUY: Vous me mentionnez, M. le Président, La Champenoise
et l'autre, dont le nom m'échappe, La Chancelière...
M. GOLDBLOOM: ... La Chancelière. Ce sont deux projets qu'on peut
comparer ici, à Québec, parce que l'un a réussi et l'autre
n'a pu réussir.
M. OSTIGUY: Je pourrais vous mentionner, par exemple, que les Manoirs
Lamontagne, qui ont eu une phase 1 et une phase 2...
M. GOLDBLOOM: Ils ont très bien réussi.
M. OSTIGUY: ... ont très bien réussi, et les logements
sont remplis à pleine capacité. Il y a une liste d'attente,
à ce qu'on me dit, de 100 à 150 noms. Cela a été
très bien construit. Je pense bien que la Société
d'habitation y a apporté son aide et, sous la surveillance des officiers
de la Société d'habitation, cela a été construit
à un taux extrêmement bas, et la construction est là. Je
pense bien que le prêt que la Société d'habitation a
consenti à cette corporation sans but lucratif est un prêt
sûr. Je voudrais que la Société d'habitation, dans le
prochain exercice financier, se penche sur des cas qui ont réussi. Il ne
faudrait pas penser aux cas qui ont failli.
M.GOLDBLOOM: Non, effectivement, nous avons prévu la
réalisation possible de 800 logements de ce type à travers la
province en 1974.
M. OSTIGUY: Alors, je m'inscrirai au nom de ma corporation.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Gatineau.
M. GRATTON: M. le Président, vous n'êtes pas sans savoir
qu'il y a plusieurs régions du Québec qui subissent
présentement des inondations; plus particulièrement la
région de la Gatineau. On se rend compte que plusieurs personnes sont en
train d'y subir des dommages matériels assez élevés; il y
a beaucoup d'angoisse et d'inquiétude parmi cette population. Quelles
sont les mesures que le gouvernement pourrait prendre pour lui venir en
aide?
La question que j'aimerais poser au ministre ou au président de
la Société d'habitation est celle-ci: Existe-t-il des mesures ou
des programmes, des lois ou une réglementation qui permettraient
à la Société d'habitation du Québec d'intervenir
d'une façon quelconque pour la réhabilitation et la
réparation afin que ces gens puissent réintégrer leur
domicile une fois la période d'inondation terminée?
M. GOLDBLOOM: Comme l'honorable député de Gatineau le sait
déjà, il faut une action en deux étapes au moins. Il y a
le problème urgent qui existe aussi longtemps que les inondations sont
en cours et là, c'est la protection civile; c'est le ministère
des Richesses naturelles dans la mesure où ce ministère peut
faire quelque chose pour modifier le débit et le niveau de l'eau des
rivières en question. Par la suite, il y a une question de
rétablissement d'une situation normale et c'est peut-être dans
cette deuxième étape que l'on peut être utile. Nous l'avons
été le député se le rappellera dans
une petite mesure là où nous avions la crainte très
précise que des glissements de terrain pourraient se produire. La
recommandation du ministère des Richesses naturelles, qui est
responsable de déterminer la stabilité des sols, étant que
les maisons devaient être déplacées ou expropriées,
enlevées, le mandat a été donné à la
Société d'habitation du Québec d'accomplir ce travail. Il
fallait un mandat spécial, c'est-à-dire que, dans les
attributions normales de la Société d'habitation, il n'y a pas de
tels programmes qui sont prévus. Quand même, c'est un organisme
qui peut agir comme l'agent du gouvernement convenablement pour accomplir des
transactions de cette nature.
S'il s'agit de déterminer une compensation quelconque, ce n'est
pas le rôle de la Société d'habitation de s'en occuper.
C'est plutôt le gouvernement, comme gouvernement, qui, dans le cas de
certains désastres, est venu en aide. C'est généralement
une action jugée collective, c'est-à-dire que, quand il y a une
région qui est sinistrée et que les dommages dépassent les
pertes individuelles, à cause de la présence d'eau dans la cave,
qui a endommagé la lessiveuse, par
exemple, nous ne pourrions fournir une compensation individuelle pour
des pertes de cet ordre. Mais quand toute une région a subi des
dommages, nous avons effectivement offert des compensations pour les
récoltes perdues et des choses de cette nature. Nous avons, dans
certaines municipalités où il y avait des dommages importants
à l'infrastructure, aidé au rétablissement de cette
infrastructure ou du réseau routier au niveau municipal, même si,
normalement, c'est à la charge de la municipalité de refaire son
réseau routier. Vu l'importance des dommages dans certains cas, nous
avons fait ce genre de contributions.
Donc, je pense que nous pouvons offrir au moins ce sentiment d'appui
à la population, pas sur le plan individuel, mais sur le plan collectif.
Si la région est éprouvée généralement, le
gouvernement est en mesure de soulager la région des dépenses
majeures qui peuvent être nécessaires pour rétablir une
situation convenable.
M. GRATTON: M. le Président, dois-je conclure de la
réponse du ministre que, si le ministère des Richesses naturelles
ou le comité interministériel en faisait une recommandation, la
Société d'habitation du Québec pourrait mettre certaines
sommes à la disposition d'individus qui voudraient non pas l'obtenir
sous forme de dédommagement ou d'indemnisation pour des dommages subis,
mais peut-être dans le cadre d'un emprunt, qui voudraient, par exemple,
emprunter pour effectuer les réparations qui s'imposent, qui sont
nécessaires à cause des inondations?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je dois souligner d'abord que les
sommes d'argent utilisées à de telles fins ne sont pas
normalement puisées dans le budget de la Société
d'habitation, mais plutôt dans ce que l'on appelle le fonds de secours,
les réserves générales du gouvernement pour les
imprévus.
Deuxièmement, je voudrais souligner que des membres de
l'équipe de la Société d'habitation siègent au
comité interministériel qui s'occupe de ce problème en
général.
Troisièmement, je pense que nous pourrions certainement envisager
un programme pour tout un quartier, par exemple, en vertu des ententes qui vont
exister, qui ont existé dans le passé. Il y a dans la nouvelle
version de la Loi nationale de l'habitation des possibilités pour des
particuliers, à l'intérieur d'un secteur désigné
comme secteur d'amélioration de quartier, de recevoir certains
bénéfices par le truchement des programmes
fédéraux-provinciaux.
Donc, il y a un certain espoir qui doit rester imprécis pour
l'instant, mais c'est dans cet esprit que nous allons suivre la situation et
essayer d'être aussi utiles que possible aux personnes
éprouvées.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Verdun.
M. CARON: M. le Président, M. le ministre, encore là vous
allez peut-être dire que j'ai une marotte, mais enfin c'est au sujet du
projet de Verdun, qui me tient à coeur, vous me connaissez. Nous autres,
au mois de novembre, nous avons eu des élections et deux conseillers ont
été défaits. Il n'y a pas eu d'autres assemblées
et, quand on a signé le contrat, naturellement, il n'y avait qu'un
conseiller en poste. Les représentants qui sont venus à
l'hôtel de ville, vu qu'aucun conseiller n'était là, ont
demandé s'il y avait des minutes de l'assemblée. Vu qu'il n'y en
avait pas, ils ont dit: Allez dans un petit coin et faites-vous une
assemblée. Nommez-vous un président, un vice-président et
un trésorier. Je voudrais savoir de M. Bernier, le président, si
cette chose se passe ailleurs aussi. Je pense que c'est mon devoir. Si cela se
passe à Verdun, ça doit se passer ailleurs, mais je pense que ce
n'est pas comme ça qu'on doit faire fonctionner un organisme de cette
trempe.
M. GOLDBLOOM: Je ne peux pas commenter la façon dont l'Office
municipal d'habitation de Verdun conduit ses affaires ou quelles sont ses
relations avec le conseil municipal de la ville de Verdun. Tout ce que je peux
dire, c'est qu'après un appel de proposition de développement
cette proposition est analysée par les représentants de la ville
de Verdun conjointement avec des représentants de la
Société d'habitation, pour s'assurer que la proposition est bien
conforme au programme que la municipalité avait demandé. Si cette
proposition est déclarée recevable et conforme, il incombe
à la municipalité de prendre la décision, si elle veut
réaliser son projet d'habitation. En conséquence, le conseil
municipal adopte un règlement demandant à la
Société d'habitation d'approuver la programme d'habitation et de
le faire ratifier par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Ce règlement, qui est un règlement du conseil municipal,
spécifie quel programme d'habitation sera réalisé, le
nombre de logements, la typologie des logements et sur quelles bases le
programme a été conçu et accepté par la
municipalité. Ce n'est que sur réception de ces documents que la
Société d'habitation est appelée à se prononcer sur
le bien-fondé du programme, sur son acceptation et sur sa recommandation
au lieutenant-gouverneur de le ratifier. Ce n'est que par cet
arrêté en conseil que la Société d'habitation du
Québec peut offrir à la municipalité et à son
office municipal d'habitation un prêt. A ce moment-là, nous lui
envoyons ce que nous appelons une lettre d'engagement en vertu de laquelle la
Société d'habitation offre à la municipalité et
à son office d'obtenir un prêt de la Société
d'habitation à telle et telle condition, conformément au
règlement municipal qui a été adopté,
approuvé par la société et ratifié par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
C'est ce qui est arrivé dans le cas de Verdun.
L'arrêté en conseil a été adopté le 27
février 1974. Subséquemment à cet arrêté en
conseil,
la semaine suivante, la municipalité et l'office ont reçu
une lettre d'engagement de notre part et il appartenait à la
municipalité et à son office de nous faire savoir s'ils
acceptaient les conditions du prêt. Ce n'est qu'après cette
décision que l'office pouvait conclure un contrat parce que c'est
l'office municipal qui signe un contrat avec un entrepreneur, ce n'est pas la
Société d'habitation qui conclut un tel contrat.
M. CARON: Je comprends, M. le Président, mais je pense que vous
devez avoir des gens qui sont là pour la surveillance. Je comprends que
ce n'est pas vous qui signez le contrat, ce n'est pas le lieutenant-gouverneur
qui va aller voir quelle sorte d'édifice est érigé. Mais
ce qui n'est pas clair, et vous ne m'avez pas encore vendu l'idée, c'est
comment vous allez pouvoir faire la surveillance pour que nous ayons la
qualité de matériaux qu'il doit y avoir. J'aimerais que vous me
donniez la certitude ici en public que la bâtisse qui se construit
à Verdun sera l'objet d'une surveillance et que nous aurons la
qualité de matériaux que nous devons avoir. C'est cela qui
m'inquiète.
Je pense que c'est mon devoir de vous le demander et je vous le demande
parce que je doute. Si je vous pose ces questions c'est parce que je doute, je
reviens toujours avec et j'ai des raisons de douter. C'est pour cela que
j'aimerais que vous me disiez de quelle façon vous allez suivre les
travaux ou les faire suivre. Naturellement vous ne pouvez pas être
partout à la fois mais de quelle façon allez-vous les faire
suivre pour que le contribuable ait justice?
M. GOLDBLOOM: D'une façon très simple. L'Office municipal
d'habitation de Verdun engagera les professionnels requis pour faire la
surveillance d'exécution des travaux conformément au plan
d'exécution que le promoteur a dû préparer et soumettre
à l'approbation de la ville, après la signature de son contrat.
Le contrat avec l'Office municipal de Verdun a été signé
le 22 mars, l'entrepreneur avait 45 jours pour soumettre ses plans et devis
d'exécution. Ces plans ont été soumis le 3 mai. Ils ont
été transmis à la Société d'habitation, ont
été jugés incomplets et retournés et des plans
révisés nous ont été transmis pour les structures
le 15 mai 1974.
Lorsque nous aurons complété la révision des plans
soumis par l'entrepreneur, nous informerons la municipalité des
corrections ou des garanties à prendre pour une exécution
appropriée des travaux. Il incombe à l'Office municipal
d'habitation ou à la ville, par l'entremise de ses officiers ou d'un
personnel de professionnels engagés à cette fin, de surveiller
l'exécution des travaux.
La Société d'habitation, par son système
d'inspections, vérifiera, à des stades différents, le
progrès des travaux. Selon des rapports d'inspection jugés
satisfaisants, des paiements seront effectués, des avances progressives
sur le prêt.
Alors, si la municipalité a des doutes quant à
l'exécution appropriée, selon les règles de l'art, du
contrat qui a été signé, il est de la
responsabilité de l'office d'engager des professionnels pour faire la
surveillance. Il ne s'agit pas de prendre l'architecte ou l'ingénieur du
promoteur lui-même parce que ces deux personnes travaillent pour le
compte de l'entrepreneur mais il incombe au propriétaire, qui est
l'office municipal, d'avoir ses propres surveillants.
Alors, les coûts de cette surveillance sont inclus et reconnus
dans le coût total de réalisation.
M. CARON: Je peux, M. le Président, en terminant vous dire que je
suivrai cela attentivement et vous pouvez être sûr que, si ce n'est
pas fait comme ça doit être fait, il y a des gens qui en
entendront parler.
Le doute ce n'est peut-être pas la ville au complet ou le conseil
au complet qui l'a mais moi, je l'ai. Alors je suis prêt à prendre
mes responsabilités, je ne parle pas au nom des autres, je parle en mon
nom personnel. Je l'ai le doute et je peux vous dire que si ce n'est pas fait
comme ça doit être fait, selon la loi, vous pouvez avertir vos
gens du bureau de Montréal que ça sera surveillé et que,
si je n'ai pas satisfaction, il y en a qui en entendront parler.
M. GOLDBLOOM: C'est exactement le rôle de l'office de retenir les
services de professionnels pour exercer le contrôle pour les fins du
propriétaire.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Lévis.
M. CHAGNON: J'ignore, M. le Président, si une entente officielle
est intervenue entre le fédéral et le provincial au sujet de la
Société d'habitation du Québec pour l'année
actuelle. Tout de même, personnellement, je me réjouis des
avantages prodigués par la Société d'habitation dans le
domaine de l'habitation. Toutefois, je remarque une lacune que j'ai
signalée au début de cette commission parlementaire. Je prends
entre autres un exemple personnel, nous avons construit un peu plus de 100
logements à coût modique dans la ville de Lévis. Nous avons
installé très confortablement des gens dans des milieux qui je
pourrais dire sont très intéressants mais je réalise un
problème assez épineux. Ces gens qui bénéficient
des avantages de la Société d'habitation nous les retirons des
taudis, mais nous relogeons malheureusement d'autres personnes, d'autres
familles dans les mêmes milieux. La Société d'habitation
prévoit-elle des amendements en vue de remédier à ce
problème?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, ce à quoi vous vous
référez est un problème qui se répète dans
toutes les municipalités à cause de la pénurie de
logements convenables à un prix que les gens peuvent payer.
Effectivement, dès que
des mauvais logements sont libérés par des familles qui
réussissent à obtenir un logement dans des projets municipaux
subventionnés, d'autres familles venant de l'extérieur ou qui
sont encore plus mal logées réintègrent ces logements. Les
municipalités ont le pouvoir de faire des règlements pour exiger
la démolition de telles propriétés mais le problème
est un problème financier. Cela coûte de l'argent aux
municipalités pour acquérir ces propriétés et les
faire démolir et il n'y a pas de mécanisme qui permet d'accorder
des subventions aux municipalités dans cette optique.
Avec les programmes antécédents de rénovation
urbaine, nous pouvions faire disparaître des agglomérations de
telles structures insalubres. Mais, avec la suspension des dispositions
actuelles de la loi nationale à ce sujet, il n'est pas possible de
continuer dans cette veine. Toutefois, les nouveaux arrangements, en vertu de
la loi nationale, permettront un programme d'une double nature, soit
l'amélioration de quartiers et le dégagement de terrains. Le
dégagement de terrains est, si l'on peut dire, de la rénovation
en miniature, en ce sens que ce seront des opérations de curetage
d'ilôts isolés de mauvaises propriétés. Ce sont de
petits programmes d'élimination de taudis qui pourront peut-être
faire disparaître quatre, cinq ou dix unités en même temps
et non pas le réaménagement de toute une grande zone, comme on
l'a connu dans plusieurs municipalités.
Ces programmes pourront entrer en vigueur dès que les amendements
proposés à la Loi de la société d'habitation auront
été adoptés et qu'en même temps une entente sera
intervenue pour des disponibilités financières, pour accorder des
subventions dont une partie pourrait provenir du gouvernement
fédéral et une partie du gouvernement du Québec.
De toute façon, dans le cadre du programme 6, une somme a
été prévue à cette fin dans nos crédits pour
l'année.
M. CHAGNON: Est-ce que l'entente a été officiellement
signée, M. le Président, entre le fédéral et le
provincial?
M. GOLDBLOOM: Non, mais les négociations se poursuivent
activement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Lafontaine.
M. LEGER: Je reviendrai tantôt sur le problème des
négociations. Je voulais ramener la discussion sur un sujet qui a
été traité par certains de mes confrères
libéraux. Est-ce que le ministre pourrait m'expliquer, entre autres,
quelles sont les conditions pour permettre à un propriétaire
d'avoir le fameux rabais provincial sur le taux d'intérêt? Il y a
une question de salaire et une question de valeur de la maison, je pense.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. LEGER: Quels sont les chiffres?
M. GOLDBLOOM: Les barèmes pour l'admissibilité à la
bonification d'intérêts aux termes de la Loi de l'habitation
familiale sont les suivants: la propriété ne doit pas
dépasser une valeur globale de $17,000; l'emprunt hypothécaire ne
doit pas dépasser $14,000. Elle doit contenir trois chambres à
coucher. Le revenu familial ajusté...
M. LEGER: Ajusté?
M. GOLDBLOOM: Oui, parce qu'il faut prendre une partie du revenu du
conjoint. Je vais vous donner la différence après. Le revenu de
base familial est de $7,000, plus $500 par enfant. Alors, pour une famille de
quatre enfants, le revenu admissible est de $9,000. Maintenant, dans le revenu
familial, il faut compter le revenu du conjoint, mais celui-ci n'est
calculé qu'à 60 p.c. Il est évident que ces
barèmes, aujourd'hui, avec l'évolution des coûts, ne
permettent pas de rendre admissibles un grand nombre de personnes. Mais il faut
considérer quand même que si, dans les grands centres, les
coûts de construction sont encore élevés, dans bien des
centres, on construit encore des propriétés de $15,000 à
$18,000. Effectivement, au cours de l'année 1973/74, nous avons reconnu
admissibles à la bonification d'intérêts 3,474 nouveaux
bénéficiaires.
M. LEGER: Est-ce que le ministre a l'intention, devant cette fameuse
augmentation que je montrais tantôt dans les coûts de construction
et la valeur des maisons, de hausser ces critères qui s'appliquent
à la propriété? Il reste que des propriétés
de $17,000 sont de plus en plus rares et il y a le fait aussi que les revenus
minimums vitaux, selon les statistiques fédérales,
n'étaient pas loin du chiffre qu'on vient de mentionner. Pour une
personne qui a tant d'enfants, le minimum vital est pas mal proche de ce
chiffre. Est-ce dans les intentions du gouvernement, pour que les gens puissent
obtenir l'accessibilité à ce rabais provincial, aux
bonifications, de hausser les valeurs des propriétés de
l'hypothèque, ainsi que les revenus familiaux?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'ai déjà
indiqué, au cours de ce débat, l'intention du gouvernement de
toucher à la Loi de l'habitation familiale et de le faire cette
année. D'ailleurs, nous sommes obligés de le faire, parce que la
loi vient au terme de son application le 30 juin de cette année. Nous
étudions présentement la question des chiffres et aussi la forme
de la loi. Je ne suis pas en mesure le député le
comprendra d'indiquer quelle est la décision, parce qu'elle n'est
pas encore prise. Il est possible que nous prenions tout simplement la loi
telle qu'elle est rédigée et que nous la
renouvelions avec des modifications aux chiffres qu'elle contient. Il
est possible aussi que nous fassions une révision un peu plus
complète de cette loi et que nous arrivions avec un document quelque peu
différent.
Nous n'avons pas encore pris cette décision et même quand
elle sera prise, au niveau du ministère et de la Société
d'habitation, il faudra qu'elle soit présentée au conseil des
ministres et que le conseil des ministres l'entérine pour qu'elle
devienne la décision du gouvernement. Donc, il y a encore quelques
semaines de travail à faire pour arriver à un texte
définitif.
M. LEGER: M. le Président, le ministre est sans doute conscient
de problèmes particuliers provenant de citoyens qui doivent être
expropriés par des organismes publics. Je donne un cas bien concret,
bien précis que le ministre connaît, je pense bien, c'est le cas
typique, mais qui peut être retrouvé ailleurs dans le
Québec, de Rivière-des-Prairies. Vous avez là un
problème majeur provenant du fait que la ville de Montréal a un
nouveau schéma d'aménagement du territoire pour tout le secteur
de Rivière-des-Prairies où près de 500 familles sont sous
le coup d'une homologation, ce qui ne veut pas nécessairement dire que
tous les propriétaires homologués seront expropriés. Mais
une des difficultés auxquelles la ville de Montréal fait face,
quant à ces citoyens, c'est le problème de la relocalisation.
Autrement dit, une personne qui a une maison dans ce territoire et dont la
valeur correspond aux chiffres que vous avez mentionnés (les maisons
pouvaient être de $10,000, de $11,000, $12,000) et qui est
évaluée à ce niveau, désirerait, parce qu'elle est
expropriée, se reloger dans une maison avec le même confort
qu'elle avait, c'est-à-dire le même nombre de pièces, la
même grandeur, etc., mais on lui offre la somme à peu près
de l'évaluation, plus un pourcentage causé par le
dérangement social, etc. Cette personne se voit dans l'obligation
d'acheter une maison à un coût supérieur. Comme ce n'est
pas sa faute si elle doit partir de cette maison dont elle était
très satisfaite, mais que, pour le bien public, elle se voit
obligée de déménager, de se trouver une maison ailleurs,
est-ce que vous prévoyez une facilité pour permettre à des
gens dans la même situation de régler plus rapidement avec
l'organisme municipal qui les exproprie, s'ils savaient qu'il pourrait
être possible pour eux de se reloger, en ayant droit, soit d'une
façon systématique ou autrement, à ces facilités de
rabais provinciales? Est-ce que le ministre s'est penché sur une
solution de ce côté?
M. GOLDBLOOM: C'est un facteur dont nous devrons tenir compte, mais il y
a un principe, ou au moins une considération générale qui
sous-tend ce problème, c'est que, un peu comme dans le cas de
l'assurance contre l'incendie, on peut assurer pour la valeur de la maison
telle qu'on l'a établie au moment de l'acquisi- tion ou bien pour ce que
l'on appelle la valeur de remplacement. C'est un peu ce que le
député de Lafontaine indique, la valeur de remplacement, à
cause de la hausse du marché, est supérieure à la valeur
reconnue de la maison qui est quittée sous l'effet de l'homologation et
de l'expropriation. Je n'ai pas de réponse précise à lui
donner, mais je pense que le point qu'il soulève doit retenir notre
attention. Peut-être que M. Bernier aurait un mot à ajouter.
Oui, M. le Président, j'aimerais mentionner ici que la loi est
très spécifique, c'est qu'un bénéficiaire qui
obtient les bénéfices de la Loi de l'habitation familiale sur un
immeuble, ne peut pas l'obtenir à nouveau sur un nouvel immeuble.
Je crois que, dans le règlement de la réclamation,
l'individu vis-à-vis de la partie expropriante a droit de
réclamer pour un bénéfice acquis.
Parce qu'il faut retenir le fait que la Loi de l'habitation familiale a
pour effet de rendre le bénéficiaire admissible à cette
bonification pour la durée de son prêt. Alors, s'il y a un
règlement quant à l'octroi du prêt, cela devra comprendre,
en même temps, un règlement pour le bénéfice qui lui
était acquis de par la loi.
Dans une autre propriété, peu importe que ce soit à
un niveau acceptable, selon les barèmes ou non, la bonification ne peut
pas être transférée ou réappliquée, parce que
ça devient une deuxième propriété.
De toute façon, il ne peut pas perdre ses
bénéfices. Je crois qu'il y a droit, parce que c'est un
bénéfice acquis et il peut l'inclure dans sa
réclamation.
M. LEGER: Le rabais provincial actuellement est de combien? Est-ce
encore 3 p.c?
M. GOLDBLOOM: C'est 3 p.c. sur les premiers $7,000
d'hypothèque.
M. LEGER: Sur les premiers $7,000 et après cela?
M. GOLDBLOOM: C'est tout. Et décroissant proportionnellement
à la décroissance progressive de l'hypothèque sur
l'ensemble.
M. LEGER: Cette loi existe depuis combien d'années?
M. GOLDBLOOM: Depuis 1948 et elle a été appliquée
à 106,000 bénéficiaires.
M. LEGER: C'est donc dire qu'en 1948 le taux normal
d'intérêt d'une propriété ou d'un prêt
était d'environ 6 p.c.
M. GOLDBLOOM: En 1948, si vous me le permettez, les taux
d'intérêt étaient à 4 p.c. et la bonification
était de 2 p.c. Ensuite, les taux ont monté à 5 p.c. et la
loi disait 50 p.c. du taux d'intérêt.
Une fois que les taux d'intérêt ont plafonné
à 6 p.c, la loi a été amendée pour payer 3
p.c. en bonification d'intérêts.
M. LEGER: C'était 3 p.c. et non pas 50 p.c.
M. GOLDBLOOM: Non, c'était 3 p.c. et, depuis, cela a
été maintenu à ce niveau.
M. LEGER: Est-ce qu'il ne faudrait pas, justement, modifier ce projet du
fait que, maintenant, on est rendu à des taux d'intérêt
possibles de 12 p.c. et 13 p.c. et que le rabais de 3 p.c. n'aide pas beaucoup
les citoyens qui veulent bénéficier de cette politique
d'habitation?
M. GOLDBLOOM: C'est justement une des questions qui sont à
l'étude, parce qu'il s'agit de savoir s'il y a lieu de subventionner la
hausse des taux d'intérêt, la hausse des prix de la construction
ou de rendre accessible la propriété à certaines gens. On
peut être amené à proposer un système
entièrement différent de façon que le
bénéfice aille réellement à l'individu qui se
portera acquéreur d'une propriété. Divers mécanisme
sont à l'étude. Peu importe le système qui sera
envisagé, il impliquera une dépense assez élevée
pour le gouvernement et il est évident qu'il voudra en étudier
les implications financières avant de prendre position.
M. LEGER: Mais, ça fait quand même un certain temps que les
taux ont changé. Ils viennent de monter dernièrement, mais, quand
même, les taux, il y a sept ou huit mois, étaient pour
l'habitation de 9 p.c. ou 10 p.c. C'est dernièrement que c'est
monté à 12 p.c. et 13 p.c. Alors, cela veut dire que, s'ils
étaient à 9 p.c. et 10 p.c, c'était déjà 3
p.c. et 4 p.c. plus élevé que le taux qui était en vigueur
au moment où vous aviez un rabais de 3 p.c. C'est donc dire que vous
avez dû être sensibilisés bien avant aujourd'hui à
cette augmentation de taux d'intérêt.
M. GOLDBLOOM: II faut comprendre que le taux d'intérêt n'a
pas de relation avec le montant de la subvention accordée par le
gouvernement. Le gouvernement a accordé une subvention qui était
de $200 par année, décroissant. A toutes fins pratiques, c'est
cela, la contribution gouvernementale.
M. LEGER: Les 3 p.c. de rabais équivalaient à peu
près à $200 par année.
M. GOLDBLOOM: 3 p.c. des premiers $7,000, ça fait $210 et
ça descent progressivement au cours de la durée du prêt.
Mais il faut tenir compte que ceci est établi au moment où la
personne se porte acquéreur et devient le premier propriétaire
occupant de la maison. Mais peu importe l'ajustement de son traitement au cours
de la période de son prêt elle peut durer 25, 30 et,
maintenant, 35 ans une personne peut gagner $20,000 et encore profiter
de cette bonification parce qu'elle lui a été accordée en
1952, 1953, 1954. Effectivement, cette subvention en était une
d'accommodement pour démarrage et pour favoriser l'accès à
la propriété.
Maintenant, il ne faut pas prendre les 3 p.c. en fonction du taux global
de l'intérêt parce qu'effectivement, pour être admissible,
il ne fallait pas que le taux d'intérêt dépasse 6 p.c. Cela
a été rajusté progressivement jusqu'à 9 7/8 p.c. En
1970, lorsqu'on était dans une autre spirale inflationniste des taux
d'intérêt, les taux d'intérêt sont montés
à 10.4 p.c.
Disons que nous n'avons pas recommandé au gouvernement de
dépasser 9 7/8 p.c. qui était le taux, ni plus ni moins, de
plafond atteint à ce moment-là. Effectivement, tous les emprunts
hypothécaires, qui se sont faits depuis 1970 se sont faits à des
taux qui ont baissé quand même jusqu'à 8 1/4 p.c. Les
acheteurs de maison, qui avaient des prêts hypothécaires
inférieurs à 9 7/8 p.c. étaient admissibles à la
bonification d'intérêt pour autant qu'ils répondaient aux
autres conditions de la loi.
Cela s'applique encore, parce qu'il ne faut pas oublier que cela
s'applique sur les maisons entièrement construites avant le 30 juin
1974. Cela veut dire que parmi toutes les maisons qui ont été
mises en chantier en septembre, octobre, novembre et décembre, il y en a
un certain nombre qui vont rentrer dans les barèmes des coûts et
qui vont être quand même à l'intérieur des taux
d'intérêt admissibles. Il est évident que celles des deux
ou trois derniers mois ne le seront pas et, effectivement, le prix des maisons,
avec ces taux d'intérêt, dépasse les normes actuelles.
M. LEGER: Cela démontre immédiatement une correction qu'il
faut apporter au plus tôt, ainsi que des revenus supplémentaires
pour la Société d'habitation du Québec. Si une
propriété qui valait $17,000 il y a quelques années, est
maintenant rendue je vous donne un chiffre très
conservateur à $20,000 ou $22,000 et que l'hypothèque qui
était de $14,000 est maintenant je donne un chiffre
hypothétique de $20,000, alors que 50 p.c. de $14,000 donnait
$7,000, 50 p.c. de $20,000 donne $10,000. A un taux d'intérêt
moyen autour de 12 p.c, cela veut dire que l'intérêt par
année uniquement, est de $1,200. Si vous continuez à ne donner
que $200, cela n'aide pas à l'accession à la
propriété puisqu'il restera encore $1,000 de surplus rien qu'en
intérêt à payer sur la première moitié de
l'hypothèque.
M. GOLDBLOOM: Je suis entièrement d'accord, mais il ne faut pas
favoriser l'accès à la propriété à des gens
qui n'auront pas le moyen de la conserver. Par ailleurs, on ne peut pas
demander au gouvernement d'assumer à ses frais la possibilité,
pour les gens, de devenir propriétaires. Auparavant, une famille qui
avait
un revenu de $6,000 à $8,000 pouvait acheter une
propriété de $15,000 à $17,000 et la payer avec ses
revenus, même si les taux d'intérêt étaient encore
aux environs de 9 p.c. Aujourd'hui, pour une famille qui a un revenu de $9,000
et qui veut acheter une propriété de $22,000 ou $24,000, à
des taux d'intérêt de 11 p.c. et 12 p.c, je pense qu'on
crée des appétits difficiles...
M. LEGER: A satisfaire.
M. GOLDBLOOM: Oui. Par contre, je suis entièrement d'accord avec
vous. On ne peut plus penser en termes de maisons à $17,000; il va
falloir penser en termes de maisons de $22,000 à $25,000 et il va
falloir penser à des revenus de $10,000 à $12,000.
M. LEGER: C'est cela.
M. GOLDBLOOM: Mais, à ce moment-là, quel est le coût
à être supporté, comme contribution gouvernementale, et
quel est le bien-fondé d'aider financièrement ce groupe
plutôt qu'un autre? Je pense que cela doit être analysé dans
l'ensemble du problème de l'habitation et non pas strictement dans le
cas de l'accession à la propriété. Il ne faut pas oublier
non plus que ce programme était le seul au Canada depuis 25 ans et que
le programme fédéral d'accession à la
propriété qui a débuté au mois d'août
dernier, est un substitut ou un pendant à un tel programme et s'applique
d'une façon sélective aux seuls emprunteurs de la
société centrale. Cela crée un autre problème
à savoir de quelle façon un programme provincial pourrait
être de nature universelle.
Tout ceci, si vous me permettez de compléter, coûte dans le
moment au gouvernement en moyenne de $7 à $8 millions c'est le
programme 7, élément 3 au budget de la
société. Compte tenu des nouveaux coûts, selon le
système, cela peut aller de $15 à $25 millions. Le gouvernement
va se pencher là-dessus avant de prendre une décision.
M. LEGER: C'est-à-dire qu'il va relever la tête pour voir
où il peut avoir d'autres revenus. Le problème, quand même,
est que les personnes qui, il y a une quinzaine d'années, étaient
dans la tranche de $7,000 à $8,000 et considéraient une
propriété de $15,000 à $17,000 sont rendues dans le groupe
de $10,000 de revenu, à cause de l'augmentation du coût de la
vie.
Leur salaire a augmenté un peu. C'est le même
problème; le même groupe de citoyens qui est passé dans une
autre tranche de revenu devant une autre tranche de coût de la vie. C'est
donc dire qu'à moins que la Société d'habitation du
Québec laisse tomber cette politique d'accessibilité à la
propriété pour ce groupe de citoyens qui a maintenant
augmenté son revenu, il faut nécessairement que vous ayez plus de
revenus pour réaliser un tel projet.
M. GOLDBLOOM: Le problème est extrêmement complexe; il ne
peut pas être pris strictement dans le sens de l'accession à la
propriété. L'accession à la propriété
signifie développement périphérique, puisque dans les
centres on ne peut pas avoir le même type de développement, et la
philosophie même de la loi qui avait été conçue en
1948 et appliquée au cours des dernières années, demande
des ajustements, parce qu'il y a des équipements communautaires à
fournir et de nouvelles infrastructures. Jusqu'à quel point peut-on
encourager ce type de développement? Eh bien! il faut que ce soit pris
dans une politique globale d'urbanisation. Jusqu'à quel point faut-il
favoriser l'accession à la propriété individuelle alors
qu'on a tellement d'autres secteurs à accélérer, comme la
production de logements à loyer modique pour les familles à
faible revenu? Où mettre la priorité et jusqu'à quel
niveau faut-il aider financièrement? Nous aurons à soumettre aux
autorités gouvernementales des propositions concrètes
vis-à-vis de la Loi de l'habitation familiale qui devient caduque le 30
juin prochain. Est-ce que les propositions en seront une prolongation avec des
changements de barèmes ou est-ce que ce sera une nouvelle loi totalement
différente? Bien, ce sera comme M. le ministre l'a
mentionné tout à l'heure aux autorités
gouvernementales de faire un choix compte tenu des priorités.
M. LEGER: Mais les valeurs incitatives qui étaient de $200
à dépenser pour une propriété n'ont pratiquement
plus aucune signification par rapport aux besoins d'aujourd'hui. Cela veut-il
dire que le ministère envisagerait peut-être de mettre l'accent,
pour ce qui est de l'incitation à la construction de maisons,
plutôt sur le domaine des HLM, abandonnant complètement ce projet,
ou va-t-il quand même le conserver?
M. GOLDBLOOM: Non, il ne faudrait pas interpréter cela dans ce
sens. Mais, à l'inverse, il faut dire que $200, comme vous dites, ne
valent pas cher, mais sur une période de 35 ans, cela peut
représenter des engagements de $4,000 à $5,000 par individu, par
bénéficiaire. Il y a peut-être lieu d'accorder un
bénéfice plus substantiel, mais pour une période plus
courte.
M. LEGER: Maintenant, est-ce qu'il y aurait possibilité, pour ce
qui est des personnes qui sont expropriées pour des fins publiques et
qui avaient des droits acquis de 25 ans ou jusqu'à la fin de
l'hypothèque de ce pourcentage qu'elles payaient, de les aider d'une
façon ou d'une autre par un projet semblable pour la nouvelle
propriété qu'elles devront acheter? C'est peut-être une
réponse politique que le ministre devrait donner, car il y a des
questions techniques et des questions politiques. Est-ce que le ministre peut
répondre à cela? Il y a le fait, justement, que des citoyens qui
avaient ce
privilège d'avoir bénéficié de ce rabais
provincial alors qu'ils répondaient aux barèmes ou aux
critères de ce temps seront maintenant obligés par un organisme
public, soit le ministère des Transports ou les municipalités, de
se départir non seulement de leur maison mais du privilège des
montants qu'ils recevaient. Est-ce que le ministre a l'intention de se pencher
là-dessus et est-ce qu'il a déjà trouvé un
commencement de solution pour les expropriés par les organismes publics
pour qu'ils puissent se reloger à des coûts à peu
près analogues ou approximativement analogues?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le député de
Lafontaine a posé le problème d'une façon très
claire. Nous n'avons pas trouvé de solution et je pense que nous devrons
la trouver dans le même contexte qui nous préoccupe en choisissant
les tendances que nous devrons suivre pour l'évolution de la Loi de
l'habitation familiale. Je comprends facilement ce que dit le
député. Je fais une distinction entre ce problème
précis qu'il pose, qui est, en quelque sorte, un problème de
justice économique, et le problème général de
l'aide que l'on peut offrir à une certaine classe de la
société par l'application d'une loi de l'habitation familiale
modifiée.
Mais les deux doivent être étudiés ensemble et nous
devrons aussi regarder avec les autres ministères
intéressés, le mécanisme de l'expropriation et de la
compensation en vertu de l'expropriation. C'est ce que nous ferons, et je
pourrai éventuellement donner une réponse au
député.
M. LEGER: Maintenant, actuellement pour la construction des HLM, au
niveau des subventions gouvernementales pour la construction et la
participation pour l'administration, quels sont les barèmes, est-ce que
c'est encore, 50 p.c, 40 p.c, 10 p.c. pour la construction? Non?
M. GOLDBLOOM: Non. Pour la construction, il n'y a pas de contribution.
Ce sont des prêts qui sont consentis.
M. LEGER: C'est ce que je veux dire, mais le pourcentage?
M. GOLDBLOOM: Les prêts sont de 95 p.c. et la municipalité
doit investir 5 p.c.
M. LEGER: Les 95 p.c. viennent du fédéral et sont remis
à la Société d'habitation...
M. GOLDBLOOM: 90 p.c. en moyenne. M. LEGER: ... qui les reprête.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LEGER: Et c'est la Société d'habitation qui, par la
suite, reçoit les remboursements des offices d'habitation?
M. GOLDBLOOM: Oui, effectivement, la Société d'habitation
prête aux offices municipaux ou aux municipalités si elles
choisissaient d'être maîtres d'oeuvre elles-mêmes au lieu de
passer par un office, et les prêts consentis sont de l'ordre de 95 p.c.
La municipalité investit 5 p.c. Ces 5 p.c. investis par la
municipalité ne sont pas inclus dans les dépenses d'amortissement
parce que la municipalité demeure propriétaire des immeubles. Les
95 p.c. qui constituent le prêt consenti par la société
sont remboursés mensuellement par les offices à même leurs
revenus de loyers plus la participation des trois niveaux de gouvernement aux
déficits d'exploitation.
Les déficits d'exploitation sont assumés à 50 p.c.
par le gouvernement fédéral, à 40 p.c. par le gouvernement
du Québec et à 10 p.c. par les municipalités. Alors ces
subventions à l'exploitation sont versées à l'office, ce
qui lui permet de rembourser intégralement les sommes que la
société lui a prêtées. La société
détient des créances hypothécaires sur ces immeubles; par
contre, lorsqu'elle emprunte du gouvernement fédéral, elle
émet des obligations.
M. LEGER: Maintenant, le montant que la Société
d'habitation prête aux offices municipaux d'habitation, ce sont des
subventions du gouvernement fédéral entre autres, mais elle n'a
pas à rembourser le gouvernement fédéral. Ce ne sont pas
des prêts du gouvernement fédéral.
M. GOLDBLOOM: Les 90 p.c. des fonds qui nous proviennent du gouvernement
fédéral à titre de prêt sont remboursés
intégralement parce qu'ils sont couverts par des obligations de la
société et nous rachetons nos obligations le 1er juillet de
chaque année, la tranche de ce qui a été fourni.
M. LEGER: Vous voulez dire, par là, que le fédéral
prête au provincial, qui prête aux offices d'habitation, qui
remboursent...
M. GOLDBLOOM: Pour la construction.
M. LEGER: ... la Société d'habitation qui, elle, rembourse
le fédéral.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LEGER: Alors ce ne sont pas des subventions fédérales
du tout.
M. GOLDBLOOM: Aucunement pour fins de construction.
M. LEGER: Seulement pour fins de construction.
M. GOLDBLOOM: Les subventions sont strictement pour fins d'exploitation,
tant au niveau fédéral que provincial et que municipal.
M. LEGER: Maintenant, dans le domaine
des statistiques de la Société centrale
d'hypothèques et de logement, on voit que le taux d'inoccupation ou de
vacance des logements, au Québec, est généralement plus
élevé que, par exemple, à Toronto, depuis les trois
dernières années, que j'ai comme chiffres ici. Je demande la
raison. Le taux d'inoccupation, selon les statistiques de la
Société d'hypothèques et de logement, à
Montréal, est de 8.2 p.c. ; à Québec, 3.8 p.c; et à
Toronto, 2.8 p.c. La moyenne canadienne est de 5 p.c, ça c'est en
1970.
En 1971, le taux d'inoccupation ou de vacance était, à
Montréal, de 7.2 p.c; dans la ville de Québec, de 4.8 p.c; tandis
qu'à Toronto il était de 3 p.c, et la moyenne du Canada
était de 5 p.c. Encore plus élevé pour le reste du Canada
et beaucoup plus élevé qu'à Toronto. Et en 1972, à
Montréal, le taux d'inoccupation était de 5.7 p.c; dans la ville
de Québec, de 6.5 p.c. ; et à Toronto, de 3.3 p.c. ; moyenne
canadienne de 4.5 p.c. J'ai l'impression qu'il s'agit là d'un vrai
problème qui est peut-être dû à un mauvais
système d'information sur les disponibilités en logements. Je
voudrais savoir ce que le ministre entend faire comme responsable de
l'habitation, pour améliorer la situation de l'information des logements
disponibles?
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le député parle du logement
subventionné, du logement public ou du logement en
général?
M. LEGER: Du logement en général, le taux
d'inoccupation.
Autrement dit, il y a des problèmes de logement à
Montréal même. Les gens se cherchent des logements et
malgré les petites annonces de différents journaux et la
publicité qui est faite, il y a un taux d'inoccupation à
Montréal qui est de beaucoup supérieur à celui de Toronto,
depuis les trois dernières années et même à la
moyenne canadienne. Le comité Hanigan proposait d'obtenir des
compensations financières pour que les communautés urbaines
puissent tenir à jour un inventaire du logement. Qu'est-ce que le
ministre entend faire de ce côté-là, sur ces
recommandations entre autres?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il y a des différences
aussi dans le type de logements que l'on trouve dans les différentes
villes. Les statistiques en question, si je comprends bien, s'appliquent aux
logements multiples d'au moins six unités.
M. LEGER: C'est pour tous les types de logements disponibles, les
logements inoccupés, non seulement les logements multiples, non
seulement les logements à trois ou cinq chambres à coucher, c'est
l'ensemble. Ce sont les statistiques de la Société centrale
d'hypothèques et de logement de 1973, à la page 20. Vous pourrez
vérifier.
M. GOLDBLOOM: Nous avons quand même davantage de logements
multiples au Québec par comparaison avec Toronto, par exemple. Il arrive
généralement que le taux d'inoccupation est plus
élevé dans des immeubles d'appartements que dans les maisons
individuelles. Nous avons également un stock qui est plus vieux quant au
logement que dans certaines autres villes.
Si le député fait allusion au tableau 22, à la page
20 du rapport, il remarquera que le taux d'inoccupation des immeubles
d'appartements de six logements et plus par nombre de chambres est pour la
région métropolitaine. C'est ce que j'ai dit au début.
Puisque cela représente une plus forte proportion du stock de
logements à Montréal, c'est là que l'on perçoit un
taux plus élevé. Je crois que si nous avons dans les logements
subventionnés de l'inoccupation, nous avons à l'endroit de cette
clientèle la responsabilité d'assurer son accessibilité
aux logements qui sont disponibles, mais je ne crois pas que nous ayons
à l'endroit de tout le marché une responsabilité globale
de nous faire l'agent de publicité pour la disponibilité de
logements.
M. LEGER: Ma question était la suivante: II y a eu une demande
venant du comité Hanigan, la recommandation 34, pour que la
Communauté urbaine soit chargée par Québec de tenir
à jour un inventaire du stock de logements. A ce moment-là,
quelle est la politique que le ministre pourrait appliquer pour y donner
suite?
M. Hanigan déplorait lui-même le taux trop
élevé de logements non occupés à
Montréal.
M. GOLDBLOOM: Je pense que la recommandation a une certaine valeur. Au
premier abord, je n'ai pas eu une réaction défavorable à
cette idée. Ce sera sans doute un service utile que pourrait rendre la
Communauté urbaine à ceux qui cherchent des logements. Je pense
qu'il y a de bonnes chances que nous nous entendions avec la Communauté
urbaine pour qu'elle remplisse exactement ce rôle.
Il y a une étude en cours, dans le moment, dans la région
métropolitaine de Montréal, justement pour déterminer le
mode d'inventaire qui devrait être fait et la façon de le
maintenir sur une base continue.
Une fois que l'étude SIMLOM aura été
terminée, effectivement nous avons l'intention de recommander au
gouvernement que la Communauté urbaine de Montréal soit
chargée de produire l'inventaire pour la région de
Montréal et que la société puisse, par des arrangements
avec d'autres secteurs de toute la province, obtenir le même type
d'inventaire dans toute la province. Quant au modèle, au type
d'inventaire à mettre sur pied et à la façon de le
maintenir à jour, une étude à ce sujet est conduite
présentement par l'INRS, la section du CRUR, et elle doit être
complétée incessamment.
M. LEGER: D'après le ministre, est-ce que
vous calculez qu'il n'y a pas de problème ou qu'il y en a un?
Entre autres, je sais bien que dans les maisons d'appartements, une
journée le logement est vide et le lendemain il peut être
occupé. C'est sûr. Mais dans l'ensemble, pour une quantité
aussi élevée, est-ce que vous ne voyez pas qu'il y a un
problème ou si vous pensez que ce n'est pas un problème?
M. GOLDBLOOM: On peut considérer que c'est un problème,
mais on n'est pas présentement capable de le mesurer. Je pense qu'il y a
un problème de distribution de ces logements. Il y a peut-être des
quartiers de la ville de Montréal où il y a un taux d'occupation
extrêmement élevé et d'autres quartiers où il y a
des disponibilités, mais soit à cause des habitudes, des
préférences des personnes qui cherchent des logements, soit
à cause du coût des logements en question, ce n'est pas vers ces
quartiers que ceux qui cherchent un logement se dirigent. Il me semble que le
problème n'est pas simplement de fournir des statistiques. C'est
beaucoup plus complexe que cela. C'est d'identifier les maisons par
catégories, par prix, et de tenir cela à jour avec des
transactions quotidiennes. Le député n'est sûrement pas
sans savoir que, dans la région métropolitaine, depuis plusieurs
semaines au moins, on n'a même pas le temps d'annoncer la mise en vente
d'une maison qu'elle est vendue.
M. LEGER: Pas toujours, mais quelquefois oui.
M. GOLDBLOOM: Très souvent. C'est ce que les courtiers en
immeubles me disent.
M. LEGER: A Notre-Dame-de-Grâce, oui. M. GOLDBLOOM: Un peu
partout.
M. LEGER: Mais ces statistiques, c'est bien beau de dire 5.7 p.c. contre
3.3 p.c, mais ce sont des dizaines de milliers de logements entre autres. Je me
demande si ces statistiques tenues à jour ne permettraient pas de
vérifier et s'apercevoir de la vieillesse, de la vétusté
des maisons, ce qui serait un appel à une rénovation urbaine plus
poussée?
M. GOLDBLOOM: Oui, mais l'on s'engage dans un processus qui est fort
complexe parce que, avec les transactions quotidiennes qui ont lieu, c'est une
mise à jour quotidienne qui serait nécessaire pour que le
système, le registre soit utile à celui qui se dirige vers une
autorité centrale et demande de l'aide pour trouver un logement. Est-ce
que c'est vraiment la meilleure solution au problème? Est-ce que l'on
doit dépenser des deniers publics pour créer tout cela, pour
réussir une différence importante, oui, mais qui pourrait
être comblée par une attention plus minutieuse de la part des
agences en question, l'annonce de la disponibilité de
propriétés, de logements? Je me pose la question. Je pense bien
que si le problème est réel, nous pourrions fort possiblement
obtenir des résultats aussi valables en convoquant les courtiers et en
leur disant: Ecoutez, nous constatons que les statistiques sont
défavorables à la région métropolitaine et que
votre publicité ne perce pas suffisamment; vous devriez agir d'une
façon plus efficace.
M. LEGER: Est-ce que le ministère a des chiffres sur la
démolition des maisons? Avez-vous des statistiques là-dessus,
dans une ville comme Montréal ou dans la province en
général, sur la démolition de maisons, la quantité
de maisons qui sont démolies, qui devraient être démolies?
On a toujours des chiffres sur la construction, mais on n'a pas toujours les
chiffres sur les maisons qui sont démolies.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, les chiffres que nous
possédons sur les démolitions sont ceux qui sont émis par
le service des permis et inspections de la ville de Montréal; ils nous
indiquent la progression, selon les permis émis pour fins de
démolition.
M. LEGER: Voulez-vous répéter? Vous avez plus de permis
pour...
M. GOLDBLOOM: Non, j'ai dit que les seules données que nous
possédons sont celles fournies par le service des permis et inspections
de la ville de Montréal, qui est la seule à nous avoir fourni de
telles données et qui enregistre, selon le nombre de permis émis,
le total des démolitions et du nombre de logements ainsi
détruits. Ce système existe, à ma connaissance, depuis
1959 ou 1960.
M. LEGER: Quels sont les chiffres récents? Le rapport Charney, en
1972, disait qu'il y avait beaucoup plus de maisons de démolies qu'il y
en avait de reconstruites.
M. GOLDBLOOM: II faut faire la distinction. Il se détruit un
grand nombre de logements pour diverses raisons. Par exemple, il y a certaines
années où le nombre, à Montréal, a
été plus grand si on considère les années 1963 et
1964 où on a démoli 678 logements dans le secteur de
Radio-Canada. Les années 1967 et 1968 ont vu la démolition d'un
certain nombre de logements, pour faire l'autoroute Est-Ouest, mais
ajoutées à ces grands projets qui impliquent des
démolitions massives, il se fait énormément de
démolitions ponctuelles de 2, 3, 4, 5 ou 10 maisons dans un carré
défini, et qui ne font pas l'objet d'une reconstruction
immédiate. Dans ces cas, c'est que les démolitions sont faites
dans l'optique du développement futur et ce sont les
propriétaires individuels qui optent pour la démolition de leur
propriété.
De par notre législation, lorsque nous avons aidé des
municipalités à procéder à la rénova-
tion de certains secteurs d'une municipalité, il était
prévu qu'il devait y avoir une production de logements au moins
égale, sinon supérieure au nombre de logements détruits
par la rénovation proprement dite. Il faut bien comprendre programme de
rénovation et non pas programme parallèle de travaux publics dans
des secteurs où nous n'avons aucun contrôle.
M. LEGER: Est-ce que vous avez des chiffres, disons pour 1973, sur la
quantité de logements détruits à Montréal entre
autres, et de logements construits? Est-ce que vous avez des chiffres?
M. GOLDBLOOM: Je n'ai pas de chiffres ici.
M. LEGER: Est-ce qu'il serait possible de les avoir?
M. GOLDBLOOM: La moyenne est entre 2,000 et 2,500. La production de
logements, dans la ville de Montréal même, est de l'ordre de
8,000, mais il est évident que beaucoup de logements sont construits sur
des sites qui avaient été libérés quelques
années auparavant.
M. LEGER: Est-ce que j'ai bien compris? Vous dites qu'il y a une moyenne
de 2,000 ou 2,500 de logements détruits et qu'il y en a 8,000 qui se
construisent dans la même année?
M. GOLDBLOOM: En moyenne, oui.
M. LEGER: II y a quatre fois plus de logements construits que de
logements détruits à Montréal actuellement?
M. GOLDBLOOM: Règle générale, oui, parce que...
M. LEGER: Avez-vous des statistiques précises que vous pourriez
nous donner, entre autres pour 1973 et 1972?
Est-ce que je pourrais les avoir à la séance
prochaine?
M. GOLDBLOOM: Je peux vérifier, mais je crois que les chiffres
que j'avance sont sensiblement exacts. Si vous me demandez si on construit le
même nombre de logements qui s'adressent aux mêmes groupes de
locataires que ceux qui demeuraient dans des logements détruits, c'est
une question entièrement différente. Dans une ville comme
Montréal, pour continuer son développement, compte tenu des
secteurs de Rivière-des-Prairies, du quartier Mercier, qui se sont
développés beaucoup dans les dernières années, il
est évident que la production de nouveaux logements est limitée
par la réutilisation de terrains qui ont été
libérés dans les années précédentes. Si on
regarde le processus normal de construction dans Montréal même et
la région métropolitaine, il faut qu'il se construise un nombre
suffisant de logements.
En plus de remplacer ceux qui sont détruits, il faut en produire
pour la formation de nouvelles familles, de nouveaux ménages et
l'arrivée de la population qui vient s'accroître. Il y a certains
déplacements de la population d'un secteur vers l'est, vers l'ouest,
selon le cas, et on peut le faire à l'intérieur des limites de la
ville de Montréal, à l'intérieur de l'île de
Montréal où il y a des déplacements, mais...
M. LEGER: Est-ce qu'il serait possible d'avoir des chiffres,
peut-être pour les trois dernières années, vous avez des
statistiques? Même si ce n'est pas aujourd'hui.
M. GOLDBLOOM: Nous pourrons vous les transmettre à une date
ultérieure. Je ne suis pas en mesure de vous les fournir ici, ce
soir.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait nous
faire un résumé plus détaillé et nous dire
où il en est rendu dans ses négociations avec le
fédéral sur l'entente à renouveler pour la Loi nationale
de l'habitation?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président. Je regrette, je
préférerais ne pas faire un compte rendu plus
détaillé des négociations justement parce qu'elles sont en
cours.
M. LEGER: Mais est-ce que le ministre ne peut pas nous dire ce qui
retarde cette entente?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président. Il y a des détails qui
doivent faire l'objet d'une entente. Le point de vue a été un peu
différent de chaque côté. Il faut regarder les implications
de chaque détail sur le cadre général dans lequel on va
travailler.
C'est parce que le gouvernement fédéral a
préféré, au lieu de renouveler une entente existante,
proposer un texte tout à fait différent, que nous avons dû
prendre beaucoup plus de temps pour analyser ce texte pour faire des
contrepropositions et pour discuter des éléments de ces
contrepropositions avec le gouvernement fédéral.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut nous dire si une de ces conditions
que vous êtes en train de négocier est le fait que les programmes
pour l'habitation exigeaient que la conception des programmes soit faite par le
fédéral? Est-ce que le ministre peut me répondre
là-dessus?
M. GOLDBLOOM: Facilement, sur ce point, M. le Président. Tout le
monde sait que c'est un principe de la position québécoise que
c'est la province qui détermine les programmes, les priorités.
Nous n'avons pas l'intention de démordre, et cela n'est plus un
problème en litige.
M. LEGER: Autrement dit, le fédéral a
accepté que le provincial soit le martre d'oeuvre des
programmes.
M. GOLDBLOOM: Des programmes, oui.
M. LEGER: Bon. Je me suis déjà livré à un
petit examen des statistiques financières des sommes
dépensées par la Société centrale
d'hypothèques et de logement au titre de ladite Loi nationale de
l'habitation au Québec et comparativement avec l'Ontario. On y constate
que dans les principaux points d'application de la politique
fédérale en habitation, le Québec est loin de recevoir sa
juste part. Dans un tableau que je vais remettre au ministre, qui doit
certainement l'avoir mais au cas où il ne l'aurait pas, le
ministre pourrait vérifier cela, selon ce tableau, tiré de la
page 45 des statistiques sur les logements de la Société centrale
d'hypothèques et de logement le Québec reçoit moins
de la moitié des montants dépensés en Ontario, soit $73
millions, exactement, $72,968,000 pour l'année 1973, comparativement
à $156,424,000 pour l'Ontario. Cette discrimination dans les faits se
retrouve dans tous les programmes dits sociaux sauf celui d'aide aux groupes
à faible revenu.
Je dis cela au ministre parce que cela peut lui donner des arguments
dans ses négociations. Entre autres, la somme de $72 millions que le
Québec a reçue en 1973 correspondait à 4,379 logements
tandis que les $156 millions pour l'Ontario correspondaient à 11,145
logements, ce qui fait que la part du Québec par rapport à
l'Ontario est de 46 p.c. de celle de l'Ontario alors que le Québec
comprend quand même une population équivalent à 76 p.c. de
l'Ontario. Le nombre de logements est de 39 p.c. de celui de l'Ontario. C'est
donc dire que c'est de la discrimination.
Comment le ministre explique-t-il globalement je ne sais pas si
je lui apprends la situation, il doit être au courant cette
situation qui, d'ailleurs, est la même que pour les années
antérieures?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, les chiffres que vient de me
remettre l'honorable député de Lafontaine sont différents
de ceux que nous avons lus dans le Devoir qui a eu une interview
privilégiée avec le ministre fédéral à
l'occasion de la publication du rapport annuel de la Société
centrale d'hypothèques et de logement.
M. LEGER: Ce n'était peut-être pas la même
année? Je suis dans l'année 1973 et c'est exactement le rapport
de la Société centrale d'hypothèques et de logement dans
les articles sur la Loi nationale de l'habitation.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, quand nous avons analysé
les chiffres que nous avons obtenus, nous avons trouvé que les
programmes d'habitation ont été appuyés par le gouverne-
ment fédéral dans une proportion absolument raisonnable et
même un peu plus élevée que la différence de
population l'indiquerait.
Nous avons constaté que dans d'autres secteurs, notamment celui
de l'acquisition des terrains, nous n'avons pas été en mesure de
dépenser je l'ai souligné déjà en Chambre
pour la raison que notre loi ne nous permet pas de le faire. Nous avons
donc présenté un projet de loi pour donner à la
Société d'habitation du Québec la possibilité
d'agir dans ce domaine et de profiter des montants mis à la disposition
des provinces par le gouvernement fédéral.
M. LEGER: M. le ministre ne peut pas mettre en doute les chiffres de la
page 45 de la Canadian Housing Statistics, les statistiques du logement au
Canada, qui sont bien indiqués au tableau 52: Aide de la
Société centrale d'hypothèques et de logement aux termes
de la Loi nationale sur l'habitation au groupe à faible revenu pour le
Canada, ainsi que pour les provinces et territoires. Vous avez exactement $156
millions pour l'Ontario, $72 millions pour le Québec, $49 millions pour
la Colombie-Britannique, $33 millions pour la Nouvelle-Ecosse, etc.
Ce sont des chiffres précis de statistiques. Le ministre ne peut
pas nier la situation exacte de cette discrimination. Je veux savoir s'il y a
des raisons que le ministre peut expliquer quant à cette
différence absolument inacceptable dans ce supposé
fédéralisme rentable. C'est un exemple que je lui donne où
ce n'est pas rentable, puisque le Québec ne reçoit pas sa part
comparativement à l'Ontario.
M. GOLDBLOOM: Je ne voudrais pas sur le coup, et à
brûle-pourpoint, essayer d'interpréter une masse de chiffres comme
nous avons au tableau en question avec d'autres tableaux qui se trouvent
à d'autres pages du rapport. Je voudrais retourner à ce que nous
avions, en faire l'analyse et arriver avec une réponse valable,
peut-être à la prochaine séance de la commission
parlementaire.
M. LEGER: D'accord. Je voudrais demander en même temps au
ministre, quand il aura constaté si c'est exact, comment il
espère remédier à ces pertes évidentes pour les
Québécois. Quand vous allez voir si ce sont les chiffres exacts
et trouver les raisons, comment allez-vous faire pour y remédier?
M. GOLDBLOOM: C'est une question qui, pour l'instant, demeure
hypothétique parce qu'il faudra d'abord savoir si la situation
avancée par le député de Lafontaine est exacte. Si elle ne
l'est pas, il y aura une réponse différente à cette
deuxième question. Donc, attendons que nous ayons fait l'analyse des
chiffres et des autres chiffres que nous avons eus entre-temps.
C'est tout récemment que le rapport a été
publié. Une analyse de ce rapport qui citait
plusieurs chiffres a été publiée dans le Devoir.
Nous avons pris ce qu'il y avait dans le Devoir, et nous en avons fait
l'analyse, et j'ai fait des commentaires sur le sujet en Chambre.
Avant de revenir sur le sujet, je voudrais avoir l'occasion d'analyser
les chiffres de nouveau.
M. LEGER: Le ministre va me permettre de lui montrer que ce n'est pas...
Je lui ai donné un chiffre d'ensemble, mais je vais lui donner
maintenant les exemples précis de programme selon les articles de la Loi
nationale de l'habitation concernée.
Je lui donne quelques exemples. A la page 47 d'abord, se trouvent les
articles 15 et 15-1 de la Loi nationale de l'habitation. Le programme s'adresse
aux sociétés sans but lucratif. Il y a eu une dépense en
Ontario de $1,364,000 et aucune somme pour le Québec. C'est un premier
exemple de ce fédéralisme rentable.
Un autre programme, à la page 59 du livre de la
Société d'habitation du Québec, l'article 40 de la Loi
nationale de l'habitation concerne les subventions du loyer. L'Ontario a
reçu $5,581,000 et le Québec n'a reçu que $854,000. Cela
veut dire 15p.c. comparativement à l'Ontario, alors qu'on devrait
être au moins autour des 75 p.c. ou 76 p.c. comparativement à la
population.
Vous avez un autre programme j'ai les notes pour montrer
réellement un exemple flagrant de fédéralisme non
rentable: l'ensemble de logements pour faible revenu, c'est le programme
à la page 50, l'article 43 de la Loi nationale de l'habitation
où il y a eu $105,324,000 de dépensés en Ontario pour
l'ensemble de logements pour faible revenu et seulement $4 millions au
Québec. Le Québec n'a eu que 3 p.c. de ce que l'Ontario a eu,
alors qu'il aurait dû avoir au moins 76 p.c.
Je continue dans les subventions de loyers. C'est la page 59 du
programme, et la Loi nationale de l'habitation, article 44. Subventions de
loyers: il y a eu $40,269,000 versés en Ontario, comparativement
à $7,247,000 au Québec. Le Québec n'a eu que 17 p.c. de
l'Ontario, toujours comparativement avec 76 p.c. de population.
Les logements pour étudiants, â la page 51, c'est encore
l'article 47 de la Loi nationale de l'habitation qui est concerné. Il y
a eu une dépense en Ontario, de la Société centrale
d'hypothèques et de logement, de $2,111,000, alors que le Québec
n'a reçu que $496,000, soit 23 p.c. de l'Ontario.
Vous avez, par la suite, l'ensemble des projets pour personnes
âgées. A la page 52 du même livre, vous avez le programme
15-1, 15-43 et 40, ce sont plusieurs programmes ensemble, et le titre, c'est
l'ensemble des projets pour personnes âgées. Il s'est
dépensé en Ontario, de la part du fédéral,
$75,422,000, alors qu'au Québec, il n'y a eu que $492,000. Cela veut
dire même pas 1 p.c, 0.6 p.c. comparative- ment avec l'Ontario,
comparé à 76 p.c. de la population.
Et vous avez finalement les prêts hypothécaires, à
la Loi nationale de l'habitation, consentis à l'égard d'immeubles
en copropriété. L'Ontario a reçu $13,104,000 et le
Québec $423,000, c'est à la page 62. Le seul endroit où
nous sommes un peu en avant il faut le donner quand même
c'est à la page 58, où il y a, en Ontario, pour des études
de rénovation urbaine c'est l'article 37 de la Loi nationale de
l'habitation des dépenses de $964,000 en Ontario contre
$1,340,000 au Québec. C'est le seul endroit où on est en
avant.
L'ensemble de ces tableaux, ce sont des statistiques officielles non pas
prises dans le Devoir, mais dans la Loi nationale de l'habitation, et provenant
des statistiques de la Société centrale d'hypothèques et
de logement. Ce sont des chiffres officiels et je pense que c'est un exemple
flagrant d'un fédéralisme non rentable dans ce domaine. Et le
ministre pourrait s'en servir dans ses négociations, pour obtenir de
meilleurs résultats dans ses négociations au sujet de la loi qui
doit être repensée, renégociée entre le
fédéral et la province de Québec.
M. GOLDBLOOM: Ce qui m'étonne, c'est la conclusion du
député. J'aurais pensé qu'il aurait recommandé
qu'on rompe les négociations et qu'on en finisse avec le Canada. Et
là, tout serait beau, tout serait réglé.
M. LEGER: Vous savez fort bien que j'ai déjà dit au
ministre que, tant que nous sommes dans le système actuel, chaque fois
que le ou les ministres du gouvernement libéral actuel au pouvoir se
tiendront debout devant Ottawa, nous allons les appuyer. Et chaque fois qu'ils
vont laisser aller les prérogatives québécoises, nous
allons les dénoncer.
Et la raison en est bien simple, c'est qu'on a les mêmes
objectifs, c'est que c'est normal que le gouvernement libéral actuel
doive avoir un Québec fort actuellement dans le Canada, et tout ce qu'il
peut conserver, ce seront des choses de moins à négocier quand on
arrivera à l'indépendance.
M. GOLDBLOOM: D'accord. Mais nous ferons l'analyse des chiffres, parce
que le député de Lafontaine en a cité plusieurs, et je ne
voudrais pas essayer de répondre à brûle-pourpoint à
des affirmations qui ne touchent pas, par exemple, la participation de la
société québécoise elle-même, la
Société d'habitation du Québec.
M. LEGER: C'est surprenant qu'un ministre responsable de l'habitation ne
soit pas au courant que l'Ontario reçoit $80 millions de plus que nous,
plus que le double de ce que nous recevons. Je peux concevoir que vous n'ayez
pas tous les chiffres à la portée de la main aujourd'hui, mais
que vous ne sachiez pas
qu'on retirait la moitié de ce que l'Ontario retire et ce
sont des chiffres officiels ça me surprend.
M. GOLDBLOOM: J'ai déjà fourni d'autres chiffres, et c'est
pour cette raison que je voudrais avoir l'occasion, à tête
reposée, de regarder ceux cités par l'honorable
député de Lafontaine, avant de faire d'autres commentaires.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Verchères.
M. OSTIGUY: M. le Président, je voudrais revenir on s'est
égaré un peu aux programmes de la bonification
d'intérêts. Lorsque M. Bernier mentionnait tantôt que le
montant d'une construction était de $17,000; une chose qui ne nous a pas
été dite, est-ce que ça inclut le terrain ou si le terrain
est à part?
M. GOLDBLOOM: Non, ça inclut le terrain. M. OSTIGUY: $17,000
incluant le terrain. M. GOLDBLOOM: Oui.
M. OSTIGUY: C'est donc dire que c'est encore plus grave, parce que les
terrains ont augmenté plutôt, et s'il faut déduire de ces
$17,000 le coût du terrain, ça rend encore l'admissibilité
d'un candidat plus difficile.
M. GOLDBLOOM: C'est exact, et comme je l'ai mentionné, ça
dépend des centres. C'est pour ça que dans de petits centres
où les prêteurs y vont moins facilement, on construit sur place,
et le prix de revient est moins élevé. Le coût du terrain
étant moins élevé, on réussit quand même
à tomber à l'intérieur de ces limites, mais c'est un
nombre réduit...
M. OSTIGUY: C'est impossible.
M. GOLDBLOOM: ... de bénéficiaires qui...
M. OSTIGUY: Tenant compte de cette augmentation des coûts des
maisons conventionnelles, maisons appelées bungalows, est-ce que la
Société d'habitation prévoit, dans un avenir
rapproché, accorder une bonification d'intérêts aux maisons
mobiles qui ont trois chambres d'une part et qui sont acceptées et
financées par la Société centrale d'hyptohèques
depuis peut-être un an ou deux? On sait qu'il y a une vague qui se dirige
vers les maisons mobiles, doubles ou simples, mais il y a une vague vers les
maisons mobiles tenant compte comme je le disais tantôt du
coût d'augmentation de la maison conventionnelle, quand on sait qu'on
peut encore se procurer une maison dans les environs des montants que vous nous
avez donnés tantôt, c'est-à-dire entre $15,000 et
$17,000.
M. GOLDBLOOM: Les maisons mobiles ne sont pas reconnues par les
règlements actuels comme admissibles à la bonification
d'intérêts, parce que, premièrement nombre d'entre elles ne
respectaient pas les normes de construction ou d'acceptation de certaines lois
provinciales de la santé, de l'hygiène et autres.
Deuxièmement, leur caractère de mobilité faisait
que la maison n'était pas ancrée sur un terrain. Depuis l'an
dernier, on remarque, dans certaines municipalités, que des
règlements de lotissement sont établis pour permettre des
installations de parcs de maisons mobiles et que celles-ci deviennent,
permanentes, autrement dit on leur a enlevé leur caractère de
mobilité.
Et à notre connaissance, la Société centrale
d'hypothèques et de logement a accepté de financer un certain
nombre de maisons mobiles dans un projet dont elle a approuvé la
subdivision à ce jour.
Il est évident que si l'on change la nature de ces maisons de
façon à les rendres comparables à des maisons de
caractère permanent, je crois que les règlements pourront
être ajustés en conséquence. Ce n'est pas le cas pour le
moment, parce qu'il y a la hauteur des plafonds de ces maisons, certaines
dimensions et certai-nses normes d'habitabilité qui peuvent être
acceptables vis-à-vis de certaines gens, mais qui ne sont pas conformes
à la règle générale.
M. OSTIGUY: La Société centrale d'hypothèques
accepte de financer plusieurs projets, non pas un seul projet. Même je
dirais qu'elle a l'intention d'étendre à tout le Québec,
le financement des maisons mobiles. La Société d'habitation
devrait s'ajuster, elle, en fonction des prêts de la
Société centrale d'hypothèques pour aider ceux qui ont des
revenus moindres et qui peuvent, encore une fois, se permettre d'acheter une
maison mobile.
Parce que, vous l'avez mentionné tantôt, M. le
Président, il y a plusieurs façons, d'après les nouveaux
règlements des municipalités, soit, que les parcs de projets
domiciliaires de maisons mobiles sont des terrains loués, ou des
terrains vendus, mais je voudrais quand même... Il me semble en tout cas,
qu'on devrait y apporter une attention particulière devant la
popularité de ces maisons mobiles, en tenant compte aussi qu'il y a
plusieurs industries québécoises qui fabriquent maintenant ce
genre de maisons.
M. GOLDBLOOM: Pour autant que ces habitations seront acceptées
par les divers ministères et groupes responsables, que les lois seront
ajustées en conséquence, nous n'aurons aucune objection à
les reconnaître au même litre que les maisons à
caractère permanent. Mais dans la même optique, il faudra que tout
ce qu'il y a en dessous qui permet d'avoir un caractère de
mobilité soit éliminé de façon à les
convertir en maisons de caractère permanent.
Pour autant qu'on laisse à la maison mobile les poutres d'acier
et les possibilités d'ancrage
pour la monter sur roues et la déplacer, la loi ne permettrait
pas d'accorder la bonification d'intérêts parce qu'on peut
accorder un bénéfice sur une maison qui ne serait plus là
et on n'aurait pas le moyen de vérifier si elle se trouve toujours
à la même place.
M. OSTIGUY: Est-ce que la Société d'habitation accepte la
bonification d'intérêts sur les maisons
préfabriquées?
M. GOLDBLOOM: Oui. M. OSTIGUY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Dubuc.
M. HARVEY (Dubuc): M. le Président, je veux souligner ici
l'excellent travail de la Société d'habitation du Québec,
et des offices municipaux d'habitation de mon comté,
particulièrement à Bagotville et Port-Alfred, où l'on
exploite pour le bien de la population les politiques de cette
société.
Je veux poser une question aussi au président de la
Société d'habitation du Québec. Il y a, dans mon
comté de Dubuc, une municipalité qui est mondialement connue par
la grave catastrophe qui lui est arrivée, c'est-à-dire le
glissement de terrain de Saint-Jean-Vianney.
Dans cette municipalité, j'ai visité dernièrement,
avec des conseillers municipaux, cinq ou six maisons qui sont inhabitables,
à mon point de vue, à cause de l'état des maisons
elles-mêmes, ou encore, à cause d'une question psychologique
justifiable par la proximité de ces maisons du glissement de terrain
à Saint-Jean-Vianney, ou encore tout près de la zone
sinistrée.
Est-ce qu'à l'aide du programme 6, élément 1, aide
à la mise en oeuvre des projets de rénovation, le
ministère des Affaires municipales pourra venir en aide à cette
municipalité pour exproprier et reloger ces familles et ainsi combler
certaines pertes financières?
M. GOLDBLOOM: Si je comprends bien, il s'agirait des unités
d'habitation à l'intérieur du territoire de Shipshaw dans le
moment?
M. HARVEY (Dubuc): Oui.
M. GOLDBLOOM: Et elles n'ont pas fait l'objet d'un déplacement
suite au décret couvrant le territoire de Saint-Jean-Vianney et
Shipshaw-Est?
M. HARVEY (Dubuc): Ces maisons sont situées juste à
proximité de la zone sinistrée.
M. GOLDBLOOM: Le comité interministériel, qui avait
été créé au moment de la tragédie de
Saint-Jean-Vianney, à la recommandation du ministère des
Richesses naturelles, avait délimi- té un périmètre
couvrant 4,000 acres de terrain sur lesquelles il fallait éliminer toute
construction et interdire toute construction future.
Il est évident que certaines propriétés qui sont
demeurées sur la ligne de démarcation, qui sont à
l'intérieur d'une autre municipalité, ou de Shipshaw, du quartier
qui n'était pas touché, peuvent être de mauvaise condition
et pourront faire l'objet en temps opportun, à la requête de la
municipalité, d'un programme d'amélioration de quartier ou
comme je le mentionnais plus tôt d'un petit programme de
dégagement de terrain.
Le bill 1, qui est devant l'Assemblée nationale, permettra aux
municipalités de soumettre des demandes à la
société pour procéder à de tels programmes une fois
qu'il aura été adopté.
M. HARVEY (Dubuc): Je vous remercie, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saint-François.
M. DEZIEL: M. le Président, j'aimerais poser au ministre deux
questions. La première question concerne la Loi de la restauration. Je
rejoins mon collègue de Gatineau qui soulignait le fait qu'il y a des
sinistres causés par des inondations, des glissements de terrain, et je
dirais même aussi, par le feu. Y aurait-il possibilité
d'élargir la Loi de la restauration? Présentement on sait qu'on a
droit à un montant minimal de $8,000, dont 25 p.c. de ce montant est
remboursable. C'est au niveau des rénovations urbaines. Est-ce qu'il y
aurait lieu, non seulement, à l'intérieur d'une loi qui pourrait
être spéciale concernant les sinistres, mais également
élargir le cadre, à savoir que cette restauration pourrait
être appliquée au niveau de toutes les localités? Ce qui
veut dire que n'importe quelle bâtisse vieillotte pour employer le
terme de mon collègue de Lévis pourrait être
rénovée aux mêmes conditions, d'une part.
Deuxième question, ma dernière, est-ce qu'à
l'intérieur de nos conventions d'exploitation il n'y aurait pas lieu
d'effacer les 10 p.c. à appliquer aux cités et villes, concernant
leur fardeau fiscal?
M. GOLDBLOOM: Je demanderais au président de la
Société de répondre directement.
La première question sur la restauration, je tiens à faire
remarquer que la Loi de la société d'habitation a
été amendée, en décembre 1971, pour permettre aux
municipalités d'élaborer des programmes de restauration dans tout
leur territoire et non pas seulement à l'intérieur des zones de
rénovation urbaine. La participation a été fixée
à un barème de 25 p.c. des coûts de réparation
à des maisons jusqu'à concurrence de 25 p.c. de $8,000. Cette
subvention est une subvention conjointe des municipalités et du
gouvernement du Québec. C'était la seule possi-
bilité d'aide financière à venir jusqu'à
l'adoption des amendements à la Loi nationale sur l'habitation, l'an
dernier, et qui permettra, lorsque des zones auront été
désignées par une municipalité, au gouvernement
fédéral, par l'entremise de la Société centrale, de
consentir des prêts à des individus, pour la restauration de leur
maison, et de leur remettre une partie du prêt échelonnée
sur une période de l'année, autrement dit un forfait d'une partie
du montant dû.
Le système fédéral est le suivant: pour les
propriétaires occupants, tenant compte de leurs revenus, mais
jusqu'à concurrence de $2,500 pour le montant des réparations
subventionnables et, pour les propriétaires non occupants, les premiers
$2,500 peuvent être couverts par un forfait fédéral, ceci
combiné avec la participation conjointe provinciale-municipale. Dans
bien des cas, plusieurs individus pourront restaurer leur maison sans encourir
un endettement pour la partie des travaux qui ne serait pas couverte par la
subvention provinciale-municipale.
Nous avons un certain nombre de programmes de restauration en cours de
réalisation par diverses municpalités. Les individus
procèdent à la restauration de leur maison mais nous
reconnaissons dans les coûts affectés à la restauration le
temps qu'ils mettent eux-mêmes à faire leurs propres travaux. Ceci
a comme conséquence de réduire les déboursés
pécuniaires effectifs. La subvention à 25 p.c. est
peut-être limitative, mais devant l'ampleur des demandes, le gouvernement
a pu difficilement proposer des sommes additionnelles.
Si la combinaison, l'accumulation des deux programmes
fédéraux et provinciaux ne permettait pas des réalisations
concrètes de façon appropriée, nous examinerons la
question et soumettrons des recommandations aux autorités
gouvernementales. Mais je crois que nous nous devons de faire le test des
premiers programmes de cette nature.
Je m'excuse, la deuxième question.
M. DEZIEL: La deuxième question c'était au niveau des
conventions d'exploitation.
M. GOLDBLOOM: Pour les conventions d'exploitation, je crois que le
gouvernement, si je peux me permettre de répondre, M. le ministre, a
donné suite à notre recommandation de porter la contribution
provinciale de 25 p.c. à 40 p.c. Le solde de 10 p.c. assumé par
les municipalités, tout en représentant une dépense assez
considérable, compte tenu du nombre de logements et des coûts
élevés des subventions à l'exploitation de tels logements,
est compensé au niveau municipal par le paiement des taxes normales que
tout propriétaire foncier a à encourir, et la production de ces
logements est un actif pour les municpalités. La participation
actuellement fait des bonds par $10 millions, $12 millions au budget de la
société cette année, et il ne m'appartient pas de soulever
la possibilité pour le gouvernement d'élargir sa
participation.
M. DEZIEL: Evidemment, c'est une question politique, mais par contre
j'aurais pensé que cela aurait pu devenir une subvention indirecte.
Comme dernière remarque, M. le Président, je dois
féliciter la Société d'habitation du Québec qui,
à maintes reprises, a offert aux différents offices municipaux de
la province des disponibilités d'argent pour la construction de
logements à prix modique.
Pour répondre à mon collègue, le
député de Lafontaine, j'ai l'impression qu'ici il est question de
l'offre et de la demande. Si l'Ontario a la chance d'avoir probablement la
facilité d'obtenir de l'argent additionnel, mon impression à moi
c'est que c'est l'offre et la demande qui fait la différence. On
pourrait certainement atteindre ces montants si nos municipalités, par
le truchement de leurs offices municipaux, s'en donnaient la peine.
M. LEGER: Est-ce que le député pourrait me dire pour
quelle raison le Québec ne le demande pas, si c'est une question d'offre
et de demande?
M. DEZIEL: C'est une question d'argent qu'on pourrait aller
quérir, j'en suis certain, mais normalement, la demande n'est pas
là au niveau du Québec. C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Frontenac.
M. LEGER: Est-ce que cela ne veut pas dire qu'il ne manque pas de
logements pour ce que je viens de mentionner? Il ne manque pas de logements
pour les personnes âgées? Il ne manque pas de logements pour les
personnes à faible revenu? Je pense que le député passe
à côté de la question. Ce sont tous des besoins du
Québec qui reçoit la moitié de l'Ontario. La demande est
là, mais est-ce que le gouvernement québécois le demande?
Ça, c'est une autre question.
M. DEZIEL: Cela prend les intermédiaires pour créer la
demande aussi.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Frontenac.
M. LECOURS: M. le Président, je voudrais profiter de l'occasion
pour soulever, encore une fois, la question des résidants du quartier
Mitchell et de la rue Smith, à Thetford Mines. Vous savez comme moi que
le réaménagement du quartier Saint-Maurice fut une oeuvre
à laquelle la Société d'habitation du Québec a
contribué. Je trouve réellement déplorable, à
l'heure actuelle, qu'un projet, qui avait été
évalué à $7 millions et en a coûté $14
millions, auquel les compagnies minières n'ont fourni que $1,200,000,
soit à l'avantage des compagnies minières. Je suis
persuadé qu'à l'heure actuelle les résidants du quartier
Mitchell et de la rue Smith qui ont à souffrir de la poussière de
l'amiante, qui ont à souffrir de la pollution par le bruit, devront
trouver une solution à leurs problèmes. Mais leur solution, je ne
la vois que dans la négociation de la Société d'habitation
du Québec et du ministère des Affaires municipales, avec les
compagnies minières, dans le but de faire contribuer ces grandes
compagnies, qui font des profits importants avec nos richesses naturelles, dans
le but de réaménager ces deux quartiers. On ne peut pas concevoir
qu'une compagnie n'ait payé que $1,200,000 sur $14 millions, alors que
le territoire était pour elle. Pourquoi la Johns-Manville, une compagnie
minière avec les mêmes problèmes, a-t-elle payé 90
p.c. du réaménagement de son territoire à Asbestos? Je
pose la question, M. Bernier, parce que j'ai des électeurs,
présentement, qui attendent une solution à leurs
problèmes. Je suis persuadé qu'il faut trouver une solution pour
ces gens. Tout dernièrement, j'ai pu constater, lors de l'autopsie d'une
femme qui demeurait dans le quartier Mitchell, qu'elle souffrait d'amiantose.
Cela veut dire que c'est un problème sérieux à plusieurs
points de vue.
Je pense que, maintenant que la Société d'habitation du
Québec a commencé le travail du réaménagement de
Saint-Maurice, elle doit le terminer. Je crois de plus qu'elle a
commencé par la fin. Elle aurait dû commencer par la phase no 1,
le quartier Mitchell et la rue Smith, qui étaient les plus
touchés par la pollution par le bruit et par la poussière
d'amiante, et non commencer par la phase no 2 et no 3 qui n'étaient
certainement pas les priorités dans cette région.
M. le Président, je vous demanderais de prendre en
considération ces remarques et de bien vouloir tenter de trouver une
solution équitable, non pas une solution en faisant payer encore une
autre fois les citoyens de la ville de Thetford Mines, ils n'ont pas les moyens
de payer pour le réaménagement de ces deux quartiers. Je demande
donc de prendre en très bonne considération ces remarques.
Merci.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, ce n'est pas la première
fois que mon collègue de Frontenac soulève le problème. Il
fait des comparaisons avec ce qui a été fait dans une autre ville
de même caractère.
Il y a apparemment certaines différences que nous sommes en train
d'examiner. Paraît-il que dans l'autre cas, le cas de la ville
d'Asbestos, où la Johns-Manville est la compagnie
intéressée, cette compagnie n'avait pas été
appelée à contribuer auparavant et que, pour compenser ce fait,
elle a contribué davantage pendant une période de
rénovation urbaine.
Je ne voudrais pas, puisque c'est récemment que nous en avons
parlé et que nous n'avons pas eu le temps, dans l'intervalle,
d'approfondir notre analyse du dossier, essayer de fournir une réponse
immédiate. Mais mon collègue de Frontenac se rappellera que je me
suis engagé à entreprendre les discussions avec les compagnies
concernées, notamment avec la Asbestos Corporation, et à voir
dans quelle mesure nous pourrons amener la compagnie à jouer un
rôle plus important sur le plan financier dans un projet qui
coûtera plus que prévu, et cela par une marge assez
importante.
Je pense que le député joue extrêmement bien son
rôle en mettant de l'avant le problème qui existe dans cette
région. N'étant pas indifférents, nous allons continuer
d'approfondir notre analyse de la situation pour voir quelle serait l'approche
à engager pour arriver au meilleur règlement possible de la
situation qui est difficile.
M. LECOURS: M. le Président, j'aimerais remercier le ministre.
J'ai beaucoup confiance en sa surveillance et en ses négociations avec
la compagnie. Je suis persuadé qu'il va trouver une meilleure solution
que celle que l'on a connue dans les autres engagements financiers qu'on a
dû prendre, mes électeurs surtout, à Thetford Mines.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Dubuc.
M. HARVEY (Dubuc): M. le Président, je voudrais poser une
question au président de la Société d'habitation du
Québec. Est-ce qu'il est possible que la Société
d'habitation du Québec accepte certains projets, comme l'achat de
résidences déjà construites par une société
d'habitation locale? Est-ce que c'est une politique acceptée par votre
régie?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, la Société
d'habitation du Québec est appelée à financer
l'acquisition ou la construction de logements par une municipalité ou
son office municipal d'habitation. Si, dans un endroit donné, des
logements sont disponibles et qu'un office municipal ou une municipalité
trouve avantage à s'en porter acquéreur, elle pourra soumettre
son programme d'acquisition de constructions existantes au même titre que
si elle soumettait une demande pour l'acquisition d'un terrain et la
réalisation d'une construction.
Ceci est possible mais il faut s'assurer, à ce moment-là,
que l'immeuble qui sera acquis, contient des logements disponibles pour les
familles à qui on les destine. Cela ne sert à rien à un
office municipal d'acquérir un édifice existant dont tous les
logements sont occupés et dont aucun ne deviendrait accessible aux
familles à faibles revenus.
Pour autant que la proposition est en fonction de l'acquisition d'un
immeuble à un prix acceptable, que l'immeuble est en bonne condi-
tion et qu'il permettra à cet office ou à cette
municipalité de répondre à ses besoins propres, il n'y a
aucune objection à demander et à obtenir du financement de la
part de la société.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député
d'Abitibi-Ouest.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): M. le Président, si mes renseignements
sont exacts, on est en train d'élaborer actuellement un code provincial
d'habitation.
M. GOLDBLOOM: Le code du bâtiment est, effectivement, en
préparation et cette préparation est presque terminée.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Est-ce que je pourrais savoir pourquoi on
fait un code provincial du bâtiment quand on a le code national, qui a
été préparé avec les mêmes études
depuis à peu près 19 ou 20 ans? On a dépensé des
millions de dollars pour la préparation de ce dernier. Pourquoi en faire
un nouveau et quelle différence aura-t-il avec le code national du
bâtiment?
M. GOLDBLOOM: Les différences ne seront pas importantes et je
pense bien qu'il faudra attendre le dépôt du document pour pouvoir
faire la comparaison détaillée.
On a discuté pendant assez longtemps à savoir si l'on
pouvait tout simplement déclarer que le Code national du bâtiment
s'appliquait intégralement au Québec.
Il a été trouvé qu'il y avait quand même
certains points de divergence et surtout que la forme de l'application du code
national devait subir certaines adaptations pour le milieu
québécois. C'est essentiellement cela qui a motivé notre
désir, d'autant plus que l'application du code est entre les mains de
certaines professions, de certaines personnes formées de façon
spécialisée pour l'application du code. Il fallait tenir compte
des situations de nature syndicale, souvent, quant à la mise en
application d'un code par les équipes professionnelles qui font
l'inspection des bâtiments.
Alors, nous serons effectivement un peu plus sévères que
le Code national du bâtiment sur certains points. Je ne suis pas en
mesure de préciser présentement, mais avec le dépôt
du code nous serons capables d'indiquer les comparaisons et les points sur
lesquels le Québec voudra être plus exigeant. Il y a eu certains
problèmes, que nous avons connus au Québec, qui nous ont
amenés à vouloir être plus sévères sur
certains points particuliers.
Il faudra, par notre action, éliminer certaines variations qui
existent entre des règlements municipaux qui s'appliquent. C'est une
autre raison pour laquelle nous avons voulu agir nous-mêmes.
Je voudrais ajouter un dernier élément. C'est qu'en
introduisant un code provincial du bâti- ment, nous allons aussi
déterminer le partage des responsabilités entre les divers
ministères, notamment, le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre et le ministère des Affaires municipales et les Services
de protection de l'environnement qui, présentement, ont certaines
responsabilités qui ont tendance à se chevaucher. Tout cela devra
être précisé avec l'introduction et la mise en application
du code du bâtiment.
M. LEGER: Quand prévoyez-vous qu'il sera prêt, le code du
bâtiment?
M. GOLDBLOOM: C'est une question de semaines, au plus.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): M. le Président, comme on le sait,
dans la plupart des règlements de construction des municipalités,
on intègre actuellement le code national du bâtiment comme faisant
partie effectivement du règlement de construction. Cela m'amène
à ma deuxième question. Dans la loi-cadre de l'urbanisme, il est
question que le gouvernement, à travers ceci, fasse un parallèle
pour un genre de règlements de construction de type provincial qui
s'appliqueraient à toutes les municipalités, comme il avait
été déterminé au début, est-ce que
l'étude n'est pas terminée?
M. GOLDBLOOM: C'est un domaine, parmi beaucoup d'autres, où nous
constatons que les municipalités prennent leurs responsabilités
d'une façon différente. Il y en a qui ne les prennent pas du
tout. Il est souvent difficile pour, par exemple, celui qui construit, de tenir
compte des différents règlements dans diverses
municipalités. C'est pour cela que nous croyons qu'il est utile d'avoir
un document qui s'appliquera dans toutes les municipalités, même
si, dans quelques cas, comme, par exemple, les grandes villes, il est possible
que ces municipalités demandent de conserver un régime
particulier et de l'appliquer. Il y a aussi la possibilité, comme dans
le cas d'autres lois, que la municipalité, qui a le personnel
nécessaire et la compétence, pourra demander d'être
désignée comme mandataire du gouvernement pour l'application
d'une loi provinciale. Cela est parfaitement possible et même
désirable.
C'est dans ce sens que nous essaierons d'uniformiser autant que possible
le code et son application.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): M. le Président, juste une
dernière question. Nécessairement, en faisant le tour, cela suit
le code national, le code provincial et, ensuite, les lois du ministère
du Travail mais il arrive un troisième article qui vient se greffer
ordinairement à cela, c'est le code national des incendies. Est-ce
l'intention éventuelle du ministre de faire une réglementation
dans ce sens-là?
M. LEGER: Je pense qu'il y a un programme précis sur l'incendie
qui arrivera un peu plus loin. Si vous n'avez pas d'objection, on n'a pas
terminé le programme de l'habitation. Est-ce que vous voulez continuer
dans l'habitation?
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Non, j'ai fini.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, il est dix heures trente et j'ai
encore beaucoup de questions dans le domaine de l'habitation. Est-ce que les
autres députés veulent continuer ou s'ils veulent ajourner? Moi,
je proposerais l'ajournement. Il est déjà dix heures trente et
j'ai encore beaucoup de questions à ce programme-là; cela
permettrait au ministre de vérifier les chiffres que je lui ai
donnés tantôt et de m'apporter le résultat avant la fin de
l'étude de ses crédits.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Est-ce que les membres de la
commission sont d'accord?
M. LECOURS: On est en pleine forme, on peut continuer jusqu'à
minuit, nous autres.
M. LEGER: A minuit, vous allez avoir de la misère parce que le
maximum est onze heures. En tout cas, je le propose et s'il y en a qui ne
veulent pas...
M. CARON: J'appuie le député de Lafontaine. Il est dix
heures et demie et on reviendra demain matin.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'aimerais porter à
l'attention des honorables membres de la commission, sans vouloir être le
moindrement désagréable ni manquer de collaboration à
l'endroit de qui que ce soit, que nous avons maintenant complété
un peu plus de neuf heures de débats et qu'il est prévu
qu'après dix heures on peut mettre fin à la discussion. Ce n'est
pas mon désir mais il me semble que nous devrons penser en fonction du
fait que nous avons utilisé un peu plus de neuf heures et aussi que nous
avons utilisé presque les 45 jours qui sont prévus.
M. LEGER: Non, c'est 45 jours de session. Il ne faut pas compter les
vacances de Pâques. Je n'ai pas d'objection à continuer
jusqu'à onze heures, si vous voulez, excepté que j'ai encore
beaucoup de questions. Je propose l'ajournement parce qu'on peut continuer
demain. Si le ministre tient à continuer, j'ai plusieurs choses à
lui suggérer, on en a encore pour pas mal de temps. Je propose
l'ajournement et je suis appuyé par le député de Verdun.
Qu'est-ce que vous en pensez? Si vous voulez voter pour continuer, j'en ai
beaucoup à dire.
M. CARON: Ce n'est pas nécessaire d'avoir un vote ici; on vote en
Chambre et je pense bien que ce n'est pas nécessaire ici.
M. LECOURS: Depuis cet après-midi, on en a eu pour notre
argent.
M. CARON: D'une manière ou d'une autre, il faut revenir
demain.
M. LEGER: Pas demain.
M. GOLDBLOOM: Pas demain et l'on n'a pas encore...
M. LEGER: Cela pourrait être jeudi, peut-être.
M. GOLDBLOOM: ... de directive de la part de la Chambre quant à
la prochaine séance de la commission. Je n'ai pas d'objection profonde
mais j'avais compris que nous allions siéger jusqu'à onze
heures.
M. LEGER: Si le ministre désire qu'on aille jusqu'à onze
heures, M. le Président, on va aller jusqu'à onze heures.
M. GOLDBLOOM: Je le crois préférable, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Allons-y, continuons avec le
député de Lafontaine.
M. LEGER: Continuons, M. le Président.
M. CARON: Alors, je me rallie. Nous sommes tous unanimes, nous allons
jusqu'à onze heures.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut me dire s'il est exact que les
projets de la Société d'habitation du Québec que lui ont
présentés des municipalités précises sont parfois
refusés par la Société centrale d'hypothèques et de
logement? Pour quelles raisons?
M. GOLDBLOOM: Nous n'avons pas de tel cas, M. le Président. Il y
a une exception possible à ce que je viens de dire, il y a un cas
litigieux dans la ville de Westmount, où les conditions de construction
et surtout de localisation des maisons ont fait l'objet d'un débat
considérable. La Société centrale d'hypothèques et
de logement ne s'est pas encore prononcée de façon
définitive sur l'acceptation de ce projet, mais je pense que c'est un
cas un peu particulier; à part cela, nous n'avons pas d'exemple à
citer de refus de la part de la Société centrale
d'hypothèques et de logement.
M. LEGER: Est-ce que le ministre veut, par là, nier ou infirmer
une déclaration qui a paru dans la Presse du 21 mars, sous la plume du
journaliste Daniel L'Heureux? On disait justement, après des
études sur le sujet, que du côté
fédéral le titre de banquier, concernant les subventions
du fédéral au provincial, équivaut à l'injure
suprême.
On s'emploie à faire valoir que les choses ne sont pas aussi
claires. On fait notamment valoir que le Québec, en reconnaissant que
ces projets doivent être conformes aux objectifs visés par la Loi
nationale sur l'habitation, accepte déjà qu'un jugement soit
posé au départ. En pratique, il arrive que certains projets
québécois soient refusés, c'est-à-dire que les
représentants fédéraux réussissent à
convaincre leurs homologues du Québec qu'un projet donné
présente de graves inconvénients. Mais, admettons, de part et
d'autre, qu'il n'y a jamais eu d'affrontement comme tel mais qu'il y a eu des
refus de certains projets. Le ministre dit qu'il n'y en a jamais eu.
M. GOLDBLOOM: Nous n'avons pas eu de refus, M. le Président. Nous
avons pris connaissance, en négociant les ententes qui ont existé
jusqu'à maintenant, des principes soutenus par la Société
centrale d'hypothèques et de logement et nous avons travaillé
avec les municipalités pour assurer la conformité de leurs
projets avec les exigences du fédéral; après tout, c'est
le fédéral qui fournit une proportion très importante de
l'argent, mais ce travail a fait qu'il n'y a pas eu de refus.
M. LEGER: Le ministre me dit qu'un projet qui est accepté par la
Société d'habitation du Québec est automatiquement
accepté par le fédéral.
M. GOLDBLOOM: Tous les projets que nous avons soumis à la
Société centrale d'hypothèques et de logement ont
été acceptés comme conformes aux dispositions de la loi
nationale qui nous permettait d'avoir le financement à ces fins. Un seul
cas n'est pas totalement réglé et c'est celui qui a
été mentionné tout à l'heure.
M. LEGER: Westmount? M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LEGER: Maintenant, dans le nouveau budget de la Société
d'habitation du Québec, quels sont les montants prévus pour
appliquer la nouvelle loi sur l'amélioration de quartiers, en
particulier les subventions et prêts consentis dans le bill 1? Je pense
que c'est à l'article 66 h) ou 66 g).
M. GOLDBLOOM: En demandant au président de répondre, je
voudrais souligner que le bill 1, que nous avons déposé en
Chambre, permettra d'utiliser les sommes d'argent disponibles au niveau
fédéral d'une façon plus complète. Nous n'avons pas
nécessairement inscrit au budget tout ce qui pourrait être obtenu
et utilisé avec l'éventuelle adoption de la loi en question.
Nous avons prévu, à l'intérieur du budget, des
sommes pour l'application partielle de deux programmes prévus en vertu
des amendements de la Loi nationale sur l'habitation. A la restauration des
édifices résidentiels, nous avons accru de $1 million et demi les
crédits à cette fin. Pour les programmes d'amélioration de
quartiers, la question provient du fait que ces sommes sont incluses avec les
programmes de rénovation, sommes globales moins les imputations
fédérales.
M. LEGER: Cela équivaut à quel montant?
M. GOLDBLOOM: II est prévu que 25 municipalités pourraient
entreprendre, au cours de l'exercice 1974/75, l'élaboration de
programmes d'amélioration de quartiers et leur mise en oeuvre.
M. CARON: Sur le même sujet, de quels critères
êtes-vous partis pour choisir? Vous parlez de 25 municipalités;
quels sont les critères sur lesquels la société va se
baser pour choisir?
M. LEGER: Est-ce que Verdun est inclus?
M. CARON: Non, peut-être que je n'en aurai plus mais ça ne
fait rien.
M. LEGER: On s'essaie quand même.
M. GOLDBLOOM: Les critères sont bien simples. Lors de la
suspension des programmes de rénovation urbaine, nous avions un certain
nombre de municipalités du Québec qui avaient
préparé un programme dans l'optique de réaliser leur
programme de rénovation; par l'absence de participation
fédérale, de tels programmes n'étaient pas en mesure
d'être réalisés. Les municipalités qui auront la
priorité seront celles qui pourront réagencer leur programme de
rénovation pour le convertir en un programme de restauration.
M. LEGER: La somme que vous avez prévue pour les 25
municipalités, pour nous donner l'ordre de grandeur, c'est combien?
M. GOLDBLOOM: Si vous voulez me donner un instant, je vais vous le
dire.
Vous remarquerez que les crédits 1974/75 sont portés de
$21 millions à $26 millions. Ces $26 millions, si ma mémoire est
bonne, comporteront $6 millions pour les programmes d'amélioration des
quartiers, parce qu'il faut couvrir la période de mise en oeuvre au
cours de l'exercice.
M. LEGER: Maintenant, est-ce une prévision de départ, en
prévoyant que, l'année prochaine, vous allez avoir un budget plus
élevé que cela?
M. GOLDBLOOM: Ce qui va arriver, l'an
prochain, c'est que les dépenses en rénovation diminueront
parce que les programmes vont atteindre leur stade de quatrième
année et de cinquième année. Il y aura une
réduction des dépenses en matière de rénovation,
mais il y aura augmentation des dépenses en restauration. Nous estimons
qu'il devrait se faire en moyenne pour $25 millions de travaux en restauration
annuellement et, de ceci, une partie sera couverte par des subventions, une
partie par des prêts et l'autre partie assumée par les
municipalités.
M. LEGER: Je pose cette question, M. le Président
j'aimerais bien que le ministre m'écoute pendant que je lui pose une
colle, en passant concernant le budget pour le projet de loi 1 parce
qu'on a eu la désagréable surprise ce n'est pas à
son ministère; c'est au ministère des Transports de voir
qu'alors qu'on avait fait une publicité à grand fracas pour un
projet de loi qui s'appelait le bill 88 dans le domaine de l'expropriation,
cette loi qui a été votée ne pourra pas être en
vigueur avant deux ans parce qu'on n'avait pas prévu assez d'argent pour
la réaliser.
Alors, quand on soumet un projet de loi et qu'on retire une belle
publicité auprès du public, en disant que c'est un projet qui est
à l'avant-garde, mais qu'on n'y prévoit pas des revenus
suffisants, la population a l'impression qu'elle peut s'en servir, mais elle ne
peut pas s'en servir. C'est le cas du bill 88 dans le domaine de
l'expropriation. C'est pour cela que je demande au ministre si les sommes qu'il
a actuellement ne sont que des sommes de départ pour permettre au bill 1
de fonctionner. Est-ce que ce sera rajusté à la hausse,
l'année prochaine, dans son budget? M. Bernier me disait qu'il y en
aurait un peu plus parce qu'il y aurait moins d'argent pour la
rénovation, mais est-ce que le ministre juge suffisants $7.5 millions
pour la première année dans le domaine de la restauration et de
l'amélioration des quartiers?
M. GOLDBLOOM: Nous sommes obligés de faire nos calculs
d'après les projets qui nous sont soumis et nous sommes obligés
de nous fier au jugement du ministre des Finances quant à la
disponibilité de notre argent. Mais il n'est certainement pas exclu que
des budgets supplémentaires soient présentés, s'il faut
augmenter les montants en question. Surtout quand il s'agit de profiter d'un
programme fédéral-provincial, on fait un effort particulier pour
pouvoir rencontrer les contributions respectives des deux paliers de
gouvernement. Donc, je pense que nous pourrons effectivement profiter de la loi
nationale en adoptant notre bill 1.
Pour compléter la réponse à la question que vous
m'avez posée, nous avons prévu la préparation de 25
projets d'amélioration de quartiers, ce qui correspond à 23 des
programmes de rénovation urbaine qui n'ont pas pu être mis en
chantier par les municipalités et à des demandes
supplémentaires de Québec et Montréal. Le coût de
préparation de ces programmes devrait impliquer des
déboursés de l'ordre de $375,000 en 1974/75, soit une subvention
moyenne de $15,000 par projet. La participation du Québec
s'élèvera à $125,000 de cette somme.
La mise en oeuvre des 25 programmes d'amélioration de quartiers,
dès qu'ils auront été approuvés par la population
des municipalités, par règlement municipal, et ratifiés
par le lieutenant-gouverneur en conseil, impliquera des engagements globaux de
l'ordre de $20 millions, dont $10 millions à être versés au
cours de 1974/75. De ce montant, $6 millions seront versés en
subventions, dont $I.5 million sera la part assumée par le
Québec. Nos effectifs disponibles pour fins de rénovation: six
postes seront libérés comme n'étant plus requis pour la
coordination des programmes de rénovation.
Ce personnel sera affecté aux programmes d'amélioration de
quartiers avec six nouveaux effectifs qui nous ont été
alloués.
M. LEGER: Pendant qu'on est dans ce domaine, il y a une question que je
voulais poser tantôt, mais on a bifurqué par une question d'un
autre député. On a parlé du prêt de la
Société centrale d'hypothèques et de logement à la
Société d'habitation du Québec qui, elle, prêtait
à l'Office municipal d'habitation. A quel taux d'intérêt
l'Office municipal d'habitation rembourse-t-il la Société
d'habitation du Québec et à quel taux la Société
d'habitation du Québec rembourse-t-elle le fédéral?
M. GOLDBLOOM: Nous empruntons du gouvernement fédéral au
taux préférentiel qui est actuellement de 8 5/8 p.c, alors qu'il
était de 8 p.c. à venir jusqu'à récemment. C'est au
moins 11/2 p.c. inférieur au taux du marché car l'on sait que le
taux du marché est rendu à 11 p.c. Nous prêtons aux offices
municipaux au même taux que nous empruntons du gouvernement
fédéral. En d'autres termes, pour les nouveaux programmes de 1974
qui seront négociés au taux actuel, les prêts seront
effectués à 8 5/8 p.c, et la part des fonds fournis par le
gouvernement du Québec, à titre de financement additionnel
ajouté au montant fourni par le gouvernement fédéral, est
prêtée au même taux. Même si le taux d'emprunt du
gouvernement du Québec peut être supérieur, le gouvernement
assume indirectement un subside au taux d'intérêt de ces
logements.
M. LEGER: Cela coûte quand même certaines sommes à la
Société d'habitation du Québec pour administrer cet
argent, pour la perception et le remboursement.
M. GOLDBLOOM: Bon, les frais d'administration de la
société pour couvrir tous ces programmes sont à l'heure
actuelle de l'ordre de $2,400,000 pour des transactions financières
d'au-delà de $100 millions par année. Autre-
ment dit, nous sommes à un taux de 2 p.c. comme dépenses
d'administration.
M. LEGER: Est-ce qu'il a été question d'une
négociation avec le fédéral? Je me demande pour quelle
raison des sommes versées par les Québécois en impôt
fédéral ne devraient pas revenir à la
Société d'habitation du Québec qui, elle, pourrait
prêter avec un pourcentage et conserver cet argent pour continuer
à améliorer le domaine du logement et de l'habitation. Pour
quelle raison doit-elle le rembourser au fédéral, parce que c'est
quand même une juridiction provinciale, le domaine de l'habitation? C'est
peut-être une question politique, je ne veux pas mettre le
président de la Société d'habitation du Québec dans
une mauvaise position politique, mais pour quelle raison le Québec ne
conserverait-il pas, après une subvention du fédéral dans
un domaine de juridiction provinciale, l'administration de cet argent pour,
avec les profits sur le pourcentage, augmenter sa caisse et même
contrôler de plus en plus le domaine de l'habitation au
Québec?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, c'est un régime de
financement qui comporte des emprunts de la part du fédéral. Le
fédéral agit comme financier pour les provinces. Si nous voulions
chercher une autre source de financement, nous pourrions sûrement en
trouver, sauf que nous ajouterions à ce chapitre de notre action un
fardeau additionnel à celui que nous imposons au marché de
l'argent et nous n'aurions pas un taux d'intérêt aussi favorable.
C'est pour cette raison que nous continuons le régime par lequel nous
empruntons du gouvernement fédéral. Et puisque c'est
effectivement un domaine de responsabilité provinciale, nous prenons cet
argent, nous confectionnons et présentons les programmes, nous
distribuons l'argent et nous nous portons garants. La Société
d'habitation du Québec rembourse les obligations à chaque
année, le 1er juillet. Nous avons de la difficulté parfois
à nous faire rembourser par les municipalités.
Mais nous trouvons que c'est quand même un meilleur régime
que celui que nous pourrions créer nous-mêmes, soit en empruntant
de nos propres institutions, soit en cherchant sur le marché
général les sommes d'argent dont nous aurions besoin.
M. LEGER: Mais cela n'empêche pas que la Société
centrale d'hypothèques et de logement, ou le régime
fédéral, dans le domaine de l'habitation, a investi une somme
d'argent au départ, provenant des impôts des
Québécois. Cette somme d'argent, quand on la lui rembourse avec
un pourcentage d'intérêt, lui fait un revenu régulier
additionnel qui se multiplie, qui crée une caisse qui se finance et
s'autofinance elle-même, chose que le Québec pourrait faire de la
même façon s'il récupérait ces sommes d'argent du
fédéral, les prêtait et conservait les profits provenant de
l'intérêt qu'il recevrait des municipalités.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il est vrai que, dans un budget
gouvernemental, la source précise des sommes d'argent prévues
comme dépenses n'est pas identifiée mais le gouvernement
fédéral emprunte pour créer ce fonds de roulement. C'est
essentiellement cela.
M. LEGER: Actuellement, il se finance à même les revenus
qu'il reçoit régulièrement de toutes les provinces. Les
pourcentages d'intérêt qu'il perçoit de toutes les sommes
qu'il reçoit depuis un certain temps, les revenus provenant des
intérêts, ça fait des sommes énormes que
possède maintenant le fédéral. Si le Québec avait
fait ça depuis le début, je me demande s'il aurait besoin de
récupérer du côté du fédéral; il
aurait suffisamment de revenus pour s'occuper de ce domaine-là.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, là-dessus, j'aimerais faire
remarquer qu'il y a deux questions distinctes. Il y a l'opération
commerciale de la Société centrale d'hypothèques et de
logement qui n'a rien à voir avec le secteur du financement de logements
pour les personnes à faible revenu dont nous nous prévalons. Le
secteur commercial de la Société centrale d'hypothèques et
de logement avait à priori pour but d'offrir une garantie aux
prêteurs sur les propriétés individuelles ou commerciales
ou pour fins de location. Cette opération est rentable pour la
Société centrale et elle peut encaisser un profit de l'ordre de
$15 millions à $20 millions par année mais c'est une
opération qui dure depuis 25 ans. C'est le système du prêt
hypothécaire direct, rôle supplétif. Lorsqu'on parle des
programmes de la Loi nationale sur l'habitation dont nous nous prévalons
pour financer la réalisation de logements pour familles à faible
revenu, ces fonds sont empruntés par la Société centrale
du gouvernement fédéral à titre de prêt. La
Société centrale doit les rembourser et elle les prête sans
surcharge et elle ne fait aucun revenu. C'est donc une transaction
financière. Elle occupe un champ d'emprunt et le met à la
disponibilité des provinces pour ces fins spécifiques. Il faut
faire la distinction entre le financement et les subventions qui sont
versées à l'exploitation. Celles-ci, une fois qu'elles sont
payées, sont acquises et ne retournent pas, mais les prêts, il
faut qu'ils soient remboursés, que l'emprunt provienne de quelque source
que ce soit.
M. LEGER: C'est sûr que la subvention ne revient pas mais c'est la
raison pour laquelle je voulais démontrer que le provincial pouvait
faire la même chose et qu'après 25 ans d'activités, la
Société d'habitation du Québec pourrait garder
entièrement le profit des taux d'intérêt qu'elle a
chargé aux offices municipaux à un tarif
préférentiel. Cela lui ferait une somme de
revenus continuels. Les compagnies de finance, c'est comme cela qu'elles
vivent, c'est en chargeant des intérêts...
M. GOLDBLOOM: Si on me permet une remarque additionnelle, je voudrais
mentionner que l'amortissement des prêts, principal et
intérêt, est chargé comme dépense d'exploitation
mensuelle au projet. Alors, il constitue à lui seul la presque
totalité du déficit. Effectivement, comme le gouvernement
fédéral paie 50 p.c. de ce déficit, il n'accepte que ni
plus ni moins qu'un forfait du remboursement de son prêt, si on faisait
un compte à compte, mais ce sont des opérations
séparées.
M. LEGER: Vous voulez dire que la portion de remboursement des frais
d'administration, portion de 50 p.c, équivaut à peu près
à 8 p.c. qui sont remboursés?
M. GOLDBLOOM: J'ai dit que le coût d'amortissement du prêt,
principal et intérêt, est chargé comme dépense
d'administration. Alors, si on calcule la dépense d'administration, par
exemple, disons sur un prêt de $15,000, le versement sur ce prêt
sera de l'ordre de $120 par mois. On sait que le prix du loyer, le coût
économique, dépenses d'administration et autres, sera de l'ordre
de $190 ou $195, mais le loyer payé par l'individu, à l'heure
actuelle, est en moyenne de $70 et le déficit est donc de $120 à
$130. Je dis donc que la majeure partie du déficit est causée par
l'amortissement lui-même.
Comme le remboursement du déficit de 50 p.c. couvre pratiquement
le coût de l'amortissement, indirectement, on ratrappe une partie de ce
que vous mentionniez.
M. LEGER: M. le Président, pourrait-on me dire combien de
subventions ont été données pour des études et
recherches sur la rénovation qui auraient été
octroyées par la Société d'habitation du Québec
conformément à l'article 49 de sa loi? Je parle de la
rénovation, je ne parle pas des projets de rénovation mais des
études sur la rénovation comme telles.
M. GOLDBLOOM: Au 31 mars 1974 la société avait
versé deux subventions pour des études de rénovation
globales au coût de $409,000 et des subventions de $358,000. Elle a
aidé financièrement la préparation de 30 concepts
généraux de réaménagement pour un coût total
de $1,405,903 comportant des subventions de $1,088,178.
M. LEGER: Vous avez répondu au début, à ma
question, les deux premiers, les deux projets de $409,000 et de $358,000
étaient des études sur la rénovation.
M. GOLDBLOOM: Des études d'ensemble de rénovation.
M. LEGER: C'est ce que j'avais posé comme question tandis que
l'autre partie, ce sont plutôt des projets, je pense?
M. GOLDBLOOM: C'étaient des municipalités qui voulaient
couvrir un grand secteur à l'intérieur duquel elles voulaient
délimiter des secteurs d'intervention.
M. LEGER: Les deux autres sont des études sur quels sujets
précis?
M. GOLDBLOOM: Sur la rénovation, sur des concepts de
réaménagement, c'était une grande zone, alors il y a eu 30
de ces études qui ont été faites pour un coût de
$1,450.000 et des programmes de rénovation, 77 secteurs d'intervention,
ont fait l'objet de l'élaboration d'un programme détaillé
de rénovation au coût de $2,462,346.
M. LEGER: Ma question était beaucoup plus axée non pas sur
des projets comme tels, mais sur des études, sur un système
fondamental de rénovation. Autrement dit sur le concept même de la
rénovation, des études financées par la
Société d'habitation du Québec sur des modes de
rénovation.
M. GOLDBLOOM: C'est-à-dire par l'appui financier à des
projets,...
M. LEGER: Non.
M. GOLDBLOOM: ... mais plutôt l'appui à des projets de
recherche au niveau universitaire ou autre?
M. LEGER: Oui, entre autres.
M. GOLDBLOOM: Nous n'avons pas commandité d'études de ce
genre nous-mêmes sauf à l'intérieur de notre propre
société où nous avions un personnel affecté aux
secteurs de la recherche et des normes.
M. LEGER: Alors, selon l'article 49 de la loi, vous ne vous en
êtes pas encore prévalu cette année.
M. GOLDBLOOM: L'article 49 de la loi était pour permettre de
subventionner les municipalités qui feraient des études de
rénovation sur l'ensemble de leur territoire, sur une zone pour laquelle
un grand concept de réaménagement était requis ou sur des
secteurs prédéterminés dans lesquels un programme
détaillé dé rénovation devait être
conçu. Ce furent les trois groupes dont je vous ai
énuméré le nombre d'études.
M. LEGER: C'est là-dessus que vous avez fait faire des
études?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LEGER: Mais la même question, je vais la poser dans le domaine
de l'habitation.
M. GOLDBLOOM: Dans le domaine de l'habitation...
M. LEGER: C'est l'article 58 de votre loi, je pense.
M. GOLDBLOOM: Le processus était différent en ce sens
qu'il n'y a pas eu de subvention spécifique pour des études
d'habitation sauf dans deux ou trois cas comme SIMLOM que je mentionnais tout
à l'heure...
M. LEGER: Comment?
M. GOLDBLOOM: SIMLOM, une simulation du marché du logement
à Montréal. Cette étude, comme je le mentionais, permettra
de déterminer comment procéder à un inventaire et le
maintenir à jour pour le comportement du marché à
Montréal, comme vous le savez, c'est un marché très
particulier. Alors, c'est le genre d'études sur l'habitation que nous
pouvons financer alors que, contrairement à la rénovation,
où il fallait faire les études en vertu d'un article de la loi et
sa mise en oeuvre en vertu d'un autre, en habitation, les études faites
par les municipalités étaient incorporées dans le
coût de réalisation des projets.
Autrement dit, leur analyse des besoins est une dépense encourue
par la municipalité, mais elle inclut ses dépenses
administratives dans son coût de réalisation du projet
d'habitation.
M. LEGER: Est-ce que vous avez l'intention de donner aussi des
subventions dans le domaine de l'usinage et de la préfabrication pour de
la recherche dans ce domaine, pour voir les avantages? On nous dit que cela
peut coûter jusqu'à 20 p.c. de moins.
M. GOLDBLOOM: La possibilité existera avec l'adoption du projet
de loi, mais je ne pourrais donner des précisions quant aux intentions
du gouvernement d'appuyer un projet donné.
M. LEGER: M. le Président, le président de. la
Société d'habitation du Québec a parlé quelque
part, je pense, dans la Presse, au mois de janvier 1974, d'une révision
de l'échelle des loyers des HLM. Je voudrais savoir s'il s'agit d'une
révision à la hausse.
M. GOLDBLOOM: Nous avons mis sur pied, à l'intérieur de la
société, de la direction et de l'administration des
propriétés, un comité pour faire la révision de
l'échelle des loyers. Deux amendements ont déjà
été apportés à la suite de suggestions que nous
pouvions appuyer immédiatement et nous avons fait les recommandations
aux autorités gouvernementales.
Par ailleurs, nous avons d'autres propositions qui demandent un
chambardement complet de l'échelle et surtout à partir du fait
que, dans certains cas, on voudrait que l'échelle soit basée sur
le revenu net au lieu du revenu brut. Mais on n'a encore trouvé personne
capable de nous donner un dénominateur commun de ce qu'est le revenu net
par rapport au revenu brut.
Une autre question qui nous est posée et qui mérite
étude et c'est le travail qui se poursuit c'est qu'on nous
dit que, quand des familles atteignent le palier supérieur de
l'échelle, leur proportion de 25 p.c. du revenu applicable comme
logement, au maximum, est trop élevée. Cette question est
à l'étude et des comparaisons se font par les divers offices
municipaux qui nous soumettent, à l'heure actuelle, des études
sur le loyer moyen plafond pour des logements de deux chambres, trois chambres
ou quatre chambres, dans la localité ou dans les districts où
sont situés de tels logements.
Par l'analyse comparative de ces données, nous pourrons
déterminer s'il y a réellement discrimination et établir
un loyer plafond en deça des normes de l'échelle.
D'autres experts d'ordre social viennent se greffer à
l'échelle de loyers: composition de la famille, dépendants,
personnes qui obtiennent des revenus, d'autres qui n'en ont pas, et les
relations, aussi, avec le ministère des Affaires sociales et celui de
l'Education, pour fixer les barèmes de participation de ces
ministères. Alors le comité va siéger et obtenir une
participation de divers groupements, telles l'Association des offices
municipaux d'habitation, l'Association provinciale des locataires de logements
municipaux. Ces gens sont impatients d'avoir ces rencontres, mais on ne peut
pas les rencontrer avec rien à mettre sur la table pour fins de
discussion.
M. LEGER: Est-ce qu'il a été question d'un bail de deux
ans?
M. GOLDBLOOM: Les premiers baux signés par les locataires sont
pour une période de deux ans. Les questions de renouvellement sont en
discussion. Evidemment, avec l'adoption récente des bills 2 et 3,
l'hiver dernier, des ajustements sont requis.
M. LEGER: En 1970, un guide administratif de la Société
d'habitation du Québec parlait de la mise sur pied d'un comité de
griefs pour les locataires de logis subventionnés. A ma connaissance, ce
comité n'a pas été mis sur pied. Est-ce exact?
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas un comité. C'est que la loi
prévoit la création, si nécessaire, de bureaux d'examen
des griefs. C'est l'article 63 de la Loi de la Société
d'habitation. Ces bureaux d'examen des griefs n'ont pas été
créés parce que nous n'en avons pas vu la
nécessité, dans le moment, et nous n'avons pas eu de demandes
formelles de le faire.
La question sera examinée sur demande. Entre-temps, nous
examinons le lien à faire avec l'établissement possible de
tribunaux d'appel des loyers, et ainsi de suite. Alors, il y aura une
opération conjointe.
Il ne faut pas oublier qu'un bureau d'examen des griefs ne sera pas
seulement pour examiner certaines plaintes de certains locataires de ces
logements. Cela peut être aussi des plaintes de personnes qui n'ont pas
accès à des logements par manque de disponibilité ou
d'autres questions semblables.
Mais nous examinons aussi la possibilité que ces bureaux, au lieu
d'être créés projet par projet, puissent être pour
l'ensemble d'une municipalité ou d'une région. Actuellement, la
nécessité ne s'est pas fait sentir.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): II est onze heures.
M. LEGER: M. le Président, il est onze heures. Je voudrais bien
adopter ce programme mais il me restait encore tout cela. C'est pourquoi je
voulais qu'on ajourne. Il me restait beaucoup d'autres questions à poser
au ministre.
Je fais remarquer au ministre, avant de clôturer, au sujet du
nombre d'heures, qu'il n'est pas exact que nous sommes rendus à neuf
heures. Et même si on approchait de neuf heures, je ferais remarquer au
ministre que son ministère a trois domaines bien particuliers qui, dans
d'autres provinces, font le sujet de trois ministères différents,
c'est-à-dire les affaires municipales, le domaine de l'habitation et le
domaine de l'environnement. Ces trois sujets sont très importants et je
pense que le ministre est conscient de l'importance de ces trois sujets et
qu'il faut mettre le temps voulu là-dessus.
J'espère que le ministre ne se basera pas sur les neuf heures
à peine que nous avons atteintes à ce moment, pour remettre en
question...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Cela passe dix heures.
M. LEGER: Non, non, non.
M. VAILLANCOURT: J'ai onze heures et trois quarts.
M. LEGER: Non, je sais que le ministre est silencieux mais
j'espère qu'il n'a pas passé son temps à calculer cela
parce qu'il est à côté. On n'est pas rendu à onze
heures dans ce domaine.
M. le Président, j'avais d'autres questions à poser.
Malheureusement, je ne voudrais pas faire revenir, pour trois ou quatre
questions, les fonctionnaires au sujet de l'habitation.
UNE VOIX: On va voter le programme!
M. LECOURS: On va le voter. Tu lui demanderas cela en particulier.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programmes 6, 7 et 8,
adopté?
M. LEGER: Du tout, M. le Président. J'avais d'autres questions.
On m'a refusé, tantôt, de revenir plus tard. M. le
Président, j'ai des questions à terminer. Je ne veux pas adopter
cela comme ça.
M. GOLDBLOOM: M. le Président...
M. LEGER: Est-ce que vous me donnez cinq minutes de plus, à ce
moment-là, et puis on l'adoptera?
M. GOLDBLOOM: Oui. Pour cinq minutes de plus, certainement, M. le
Président.
M. LEGER: Bon. Je veux demander au ministre si la Société
d'habitation du Québec a reçu une demande de la ville de
Québec concernant la construction d'une résidence pour personnes
âgées à faible revenu, pour le quartier Saint-Roch. Est-ce
qu'il l'a reçue et de quel montant est-elle? Est-ce qu'elle sera
acceptée? Est-ce qu'il y a des travaux de prévus?
M. GOLDBLOOM: C'est un cas particulier auquel je peux répondre.
Le projet de La Chancelière, que j'ai mentionné plus tôt,
avait été conçu pour fins de réalisation par un
organisme sans but lucratif. Vu l'impossibilité de le réaliser et
de le rendre accessible aux personnes qui en avaient besoin, la ville de
Québec a jugé à propos de reprendre à son compte
ledit projet. Elle nous a indiqué son désir de le réaliser
elle-même, mais elle ne nous a pas encore soumis le projet comme tel.
M. LEGER: D'accord.
M. GOLDBLOOM: Mais nous l'avons inscrit à notre programmation,
à la demande de la ville de Québec.
M. LEGER: Le ministre, en 1973, a annoncé des modifications
à la Loi de la Société d'habitation du Québec, qui
élargiraient les catégories de personnes
bénéficiaires de la loi des HLM et non pas le rabais provincial.
Je voudrais savoir quand les modifications seront apportées et quelle
sorte d'élargissements seront impliqués.
M. GOLDBLOOM: Si je peux me permettre de répondre, cela fait
partie des amendements proposés par le bill 1 où, dans le
programme de prêts à l'habitation aux organismes sans but
lucratif, il sera possible de verser des subventions en capital aux organismes
sans but lucratif conjointement ou séparément des contributions
fédérales prévues par les récents amendements.
Un tel amendement permettra de rendre du logement accessible à
une catégorie de familles ou de personnes à revenu
modéré, autrement dit, à la partie la plus haute des
faibles revenus
et à la partie la plus basse des revenus moyens. C'est là
qu'il y a une extension de ce programme qui permettra de répondre
à un plus grand nombre de personnes.
M. LEGER: M. le Président, en ce qui nous concerne, nous sommes
prêts à adopter les programmes 6, 7 et 8.
M. GOLDBLOOM: Et 9.
M. LEGER: Pour 9, un instant, M. le Président.
M. GOLDBLOOM: C'est la gestion interne de la société, M.
le Président.
M. LEGER: Nous adoptons le programme 9.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors programmes 5, 7, 8 et 9,
adopté. La commission ajourne ses travaux...
M. LEGER: Un instant, M. le Président, il nous resterait le
programme 5 et tout le domaine de l'environnement où je sais que le
ministre a beaucoup de choses à nous dire.
M. GOLDBLOOM: C'est cela. Je voudrais souligner que si j'ai
préféré ne pas arrêter nos travaux à dix
heures et demie, c'est parce que je ne voudrais pas limiter indûment le
temps que nous consacrerons aux débats sur ces sujets importants. Il me
semblait que si nous prenions l'habitude d'ajourner nos travaux une demi-heure
ou trois-quarts d'heure avant l'heure prévue, nous déborderions
sur des journées additionnelles.
Chaque journée additionnelle est effectivement une journée
où les fonctionnaires impliqués ne peuvent travailler à
faire autre chose que d'appuyer le ministre dans la défense des
crédits. C'est pour cela que j'ai ...
M. LEGER: Sauf quand on adopte des directions précises
complètes, les fonctionnaires sont libérés.
M. GOLDBLOOM: Exactement. C'est pour cela que j'ai accepté
l'offre du député de Lafontaine de consacrer à nos travaux
cinq minutes de plus. Je réserve donc pour la prochaine séance,
dont nous ne connaissons pas la date présentement, des réponses
additionnelles à des questions déjà posées.
M. LEGER: Je veux en profiter pour remercier le président de la
Société d'habitation du Québec, M. Bernier, et je regrette
qu'il ne soit pas celui qui gère tout le domaine de l'habitation au
Québec, il ferait un bon travail.
M. GOLDBLOOM: Je suis bien d'accord. Je voulais porter à
l'attention du député de Lafontaine le fait que j'ai des
réponses additionnelles sur le projet Goredco, à Laprairie, et
sur la question de l'administration des deux commissions de transport. Je
réserve ces réponses pour la prochaine séance.
M. LEGER: En même temps que le rapport sur la ville de Grasse et
de Gallix.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La commission ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 23 h 7)