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Commission permanente des affaires municipales
Etude des crédits du ministère des
Affaires municipales
Séance du jeudi 23 mai 1974
(Dix heures vingt-cinq minutes)
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
affaires municipales): A l'ordre, messieurs! Le programme 11.
Le ministre.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le programme 11 s'intitule...
M. LEGER: Je veux simplement dire au ministre qu'il aurait dû
accepter ma suggestion d'hier, et commencer à 10 h 30, tel que je le lui
avais proposé. Cela aurait été plus juste. Dans quatre
minutes, il sera 10 h 30 !
Aide financière à la construction de
réseaux d'aqueducs et d'égouts
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse auprès du député de
Lafontaine. C'est un délai qui est involontaire de ma part. Il a
constaté que j'ai reçu un message d'une certaine urgence et que
j'ai dû aller au téléphone avant de commencer. Je m'excuse
auprès de tous les membres de la commission. Je me permettrai cependant
de suggérer que, peut-être, ce qui aurait été
fixé à 10 h 30 n'aurait pas commencé à 10 h 30 non
plus ! Cela arrive dans la vie humaine.
M. le Président, le programme 11 s'intitule: Aide
financière à la construction de réseaux d'aqueducs et
d'égouts. C'est un des programmes les plus populaires du
ministère des Affaires municipales. Il est évident que le
Québec a beaucoup à faire dans ce domaine. Je ne crois pas devoir
faire un exposé d'un programme de cette nature. Tout le monde sait de
quoi il s'agit. Mais j'aimerais peut-être retourner en arrière et
reprendre, pour deux minutes seulement, une discussion que nous avons eue vers
le début de notre débat sur les crédits et informer les
membres de la commission qu'hier, dans mon courrier, j'ai pris connaissance de
deux lettres qui me sont adressées par des municipalités qui ne
comptent pas 25,000 âmes. Dans chaque cas, la lettre est
accompagnée d'une résolution adoptée par le conseil
municipal, en bonne et due forme, et cette résolution demande tout
simplement que le gouvernement soit aussi juste à l'endroit des
municipalités de moins de 25,000 âmes qu'à l'endroit de
celles de plus de 25,000 âmes.
Ce matin et c'est un autre facteur demon retard j'ai
reçu un conseil municipal, accompagné de membres d'une jeune
chambre de commerce et d'autres personnes intéressées, des
consultants professionnels, et c'est effectivement pour un réseau
d'aqueduc et d'égouts. La demande par année se chiffre par $112
per capita. Je viens de prendre connaissance du dossier. Je ne connais pas la
réponse que nous serons en mesure de donner, mais je voudrais tout
simplement souligner que, si la masse monétaire que nous avons mise de
côté pour aider les municipalités de moins de 25,000
âmes était dépensée en subventions statutaires per
capita, nous n'aurions pas l'argent pour pouvoir espérer répondre
oui à une municipalité qui nous demande une subvention per capita
de $112 par année, pour les dix prochaines années. Donc, ce n'est
pas pour être injuste à l'endroit des municipalités de
moins de 25,000 âmes que nous avons adopté cette politique, c'est
pour rendre possible, justement, les choses que désirent ces
municipalités.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Lafontaine.
M. LEGER : M. le Président, concernant les subventions pour
aqueducs, quels sont les critères précis vous avez
parlé de villes de 25,000 de population et plus permettant de
donner une subvention soit à l'exécution des travaux d'aqueducs,
ou soit à des réparations, à des agrandissements ou des
prolongements de ces mêmes travaux?
Autrement dit, si une municipalité le demande, sachant qu'elle
remplirait certains critères, elle devrait avoir un "oui" du
ministère? Est-ce qu'il y a des critères officiels?
M. GOLDBLOOM: D'abord, M. le Président, c'est un
élément que nous venons d'introduire, donc qui ne s'applique pas
encore véritablement; mais nous commençons son application. Nous
regardons le projet en vertu de notions d'urbanisme que nous croyons
nécessaire d'appliquer dans le développement d'une
municipalité. H va sans dire que dans la grande majorité des cas
où nous avons déjà un dossier en main, une demande de
subvention, ce sera difficile parce que le développement est
déjà en cours, les maisons se construisent. Même, dans
certains cas, la construction du réseau est déjà
commencée et entre-temps la demande de subvention a été
soumise. Mais, quand même, nous croyons que le développement
à la bonne franquette ne peut continuer indéfiniment dans les
municipalités du Québec. Nous savons que ce ne sont pas toutes
les municipalités qui sont en mesure de se permettre de retenir les
services d'un urbaniste-conseil. Nous essayons de fournir une certaine aide
professionnelle. Nous ne pouvons le faire à l'échelle de toute la
province. Il est quand même essentiel que nous fassions
l'évaluation des projets sur le plan urbanistique.
Deuxièmement, puisqu'il s'agit d'aqueducs et d'égouts,
nous sommes obligés de prendre l'avis des services de protection de
l'environnement parce qu'il y a des projets qui sont
présentés qui ne correspondent pas aux normes
professionnelles que l'on appliquerait. Je dirai que dans une plus forte
proportion de cas, nous devons examiner la régionalisation des services
en recevant le dossier d'une seule municipalité parce que presque toutes
les municipalités du Québec il y en a qui sont
relativement isolées ont une relation quelconque avec des
municipalités voisines et nous devons tenir compte de ces relations
géographiques et donc relations à l'intérieur d'un bassin
de drainage ou d'un bassin d'alimentation en eau, en déterminant
l'approbation que nous pouvons donner à un projet quelconque.
Ensuite, il y a l'aspect financier et cet aspect est calculé
selon des normes que nous avons voulues aussi équitables que possible.
Pour ce faire, nous avons commencé par déterminer ce que devrait
normalement payer un usager riverain d'un réseau d'aqueduc ou
d'égouts. Nous avons établi des chiffres. Nous les avons
modifiés avec le temps à cause de l'inflation qui touche tous les
chiffres que nous sommes obligés de traiter. Présentement, nous
sommes rendus à établir une moyenne de $135 par foyer pour les
services d'aqueduc et d'égouts. La ventilation de ce chiffre est
approximativement $85 pour l'aqueduc et $50 pour l'égout. Cela joue dans
deux sens: Nous répondons aux municipalités, si la compensation
payée par les usagers est moindre, qu'il faudra pour offrir à ces
usagers une contribution puisée dans les poches des autres
contribuables, que l'effort moyen soit fait. Il n'y a que de rares exceptions.
Il y a quelques municipalités où il y a un problème de
pauvreté ou de concentration de personnes à leur retraite, par
exemple, sans revenu actif, si je peux m'exprimer ainsi.
Nous permettons un certain ajustement dans de tels cas.
M. LEGER: Est-ce que le ministre me permettrait? Parce que je l'ai perdu
un peu. Le ministre a parlé de $135 par foyer, $85 pour l'aqueduc, $50
pour les égouts. Ces chiffres, est-ce que ce sont les chiffres qui
équivalent à la moyenne de coût que la municipalité
devrait payer, selon sa population? Si c'est une municipalité de 1,000
foyers* cela fait 1,000 fois $135...
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas la municipalité, ce sont les usagers
riverains des services, ceux qui sont raccordés aux services.
M. LEGER: Cela veut donc dire qu'une partie d'une municipalité
peut avoir besoin d'un réseau d'aqueduc qu'elle n'a pas. Mais ce montant
de $135 par foyer, est-ce que c'est le montant maximum que devrait coûter
le projet municipal ou si c'est la somme que le gouvernement peut
subventionner? Quel est ce montant? D'où vient ce montant?
M. GOLDBLOOM: II va sans dire, M. le Président, que, si nous
sommes obligés de donner des subventions, c'est parce que le coût
réel dépasserait, et de beaucoup dans bien des cas, ce montant de
$135 et nous croyons...
M. LEGER: Si c'est à peu près $135, c'est la
municipalité qui défraye ce montant après avoir
demandé une permission aux Affaires municipales?
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas la municipalité qui le défraye,
c'est l'usager; c'est la compensation qui est payée par l'usager et
c'est son compte de taxes pour le service d'aqueduc et d'égouts.
Il y a des municipalités où ce montant est
dépassé, mais nous essayons, en calculant nos subventions, de
soulager l'usager de l'excédent, mais il y a un autre facteur.
M. LEGER: Est-ce que le ministre me permet encore, pour que je le suive
très bien... Ce qu'il dit est compliqué.
J'ai bien des cas à lui présenter pour lui montrer que
c'est très compliqué et complexe. Souvent, quand on pose une
question à un ministre, et qu'il ne donne pas une réponse
précise, on nous dit: C'est un problème plus complexe que vous ne
le pensez.
Ma question en est une d'un sujet beaucoup plus complexe qu'on
pense.
M. le Président, supposons qu'il y a 50 ou 100 familles qui ont
besoin d'un réseau d'aqueduc parce que le reste du village a son
réseau d'aqueduc. Si le coût pour les installations dépasse
les $135 par usager, c'est là qu'intervient la possibilité que le
ministère subventionne la municipalité pour la portion qui
dépasserait $135.
M. GOLDBLOOM: C'est cela, M. le Président, mais ce n'est pas
tout, et le député n'a pas encore le portrait complet. Il serait
donc bon que je termine l'exposé.
M. LEGER: De toute façon, je voulais vous suivre
jusque-là. Maintenant, je vous suis.
M. GOLDBLOOM: C'est évidemment un fardeau qui doit être
partagé entre les seuls usagers raccordés au réseau et les
contribuables en général. Il est évident que l'existence
d'un réseau est bénéfique à l'ensemble de la
municipalité, même s'il y a des citoyens qui n'y sont pas
raccordés, même s'il y a des citoyens qui sont raccordés
aux parties existantes et ont déjà payé leur contribution
à la création du réseau existant et qui ne seront pas
mieux desservis par l'extension du réseau. Il y a quand même un
intérêt général, comme, par exemple, le fait que
l'extension du réseau permet la protection intégrale du secteur
desservi contre l'incendie. Nous croyons donc qu'il est juste de demander un
certain effort à l'usager et un certain effort aux contribuables en
général.
Il n'est donc pas possible d'accorder une
subvention à la municipalité tout amplement pour
l'excédent des $135 que le service pourrait coûter
réellement. Par contre, il n'est pas juste de demander à
l'ensemble des contribuables de payer tout cet excédent, surtout si le
fardeau qu'ils supportent déjà est élevé par
rapport à d'autres moyennes que nous établissons.
Il y a un autre élément que je dois exposer, c'est que les
taxes foncières représentent un fardeau qui peut être
comparé en chiffres absolus, mais cette comparaison n'est pas
nécessairement valable. Prenons l'exemple d'un foyer où le
fardeau des taxes foncières comprenant taxe générale, taxe
spéciale, compensation pour services précis comme ceux que nous
discutons, comme le service d'enlèvement des vidanges et. ainsi de
suite, et les taxes scolaires, prenons un chiffre qui n'est certainement pas
exagéré, de $400, le total de ces taxes, pour une
propriété moyenne; nous faisons ce calcul sur la base des
mêmes critères dasn toutes les municipalités. Si dans cette
municipalité, le revenu moyen est de $6,000, le montant de $400
représente un certain fardeau. Mais ce fardeau est moindre pour les
contribuables qui ont en moyenne un revenu de $6,000 que pour les contribuables
qui n'ont en moyenne qu'un revenu de $4,000. Il faut donc ajuster notre
subvention selon le revenu moyen dans la municipalité.
Je me permets de souligner, M. le Président, que c'est une
innovation que j'ai introduite l'an dernier. Nous nous en servons pour,
effectivement, amener les contribuables dans les municipalités où
le pourcentage est faible, où le pourcentage représenté
par le totalité des taxes foncières, par rapport au revenu moyen,
est faible par comparaison avec la moyenne... Nous réduisons d'un
certain pourcentage j'ai établi une formule pour le faire
la subvention accordée, pour amener ces contribuables, pas
nécessairement d'un coup sec, à atteindre la moyenne provinciale,
mais au moins à augmenter leur effort pour mieux justifier le fait que
l'argent des autres contribuables leur est versé pour leur permettre de
ne pas être surtaxés.
M. LEGER: Est-ce que ce revenu moyen est basé sur le revenu moyen
provenant des déclarations d'impôt au ministère du
Revenu?
M. GOLDBLOOM: Essentiellement, oui, M. le Président. Nous avons
ce montant pour l'ensemble des municipalités.
M. le Président, je voudrais compléter ma réponse
par un dernier élément. Il va sans dire qu'à n'importe
quel moment il y a de nombreuses demandes qui sont formulées par les
municipalités. Nous sommes obligés de choisir, d'établir
des priorités. Nous établissons ces priorités surtout en
vertu de l'analyse faite par les services de protection de l'environnement,
parce que nous croyons que ces considérations de protection de la
santé et de protection de l'environnement doivent présider
à l'établissement de nos priorités. C'est ainsi que nous
essayons d'être aussi équitables que possible et de
reconnaître les besoins les plus pressants des Québécois,
et cela, sans distinction aucune.
M. LEGER: La question que je voulais vous poser est la suivante. Il
existe donc une table de l'ensemble des dimensions des données qui
comporte le revenu moyen, le rendement des impôts fonciers et le
coût des travaux. Est-ce que le ministre pourrait déposer ces
tableaux ou cette table?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il n'existe pas de telle table. Il
existe un système d'analyses que nous appliquons à chaque dossier
et dans chaque dossier il y a des formulaires qui sont complétés
par la municipalité, et des analyses que nous faisons à
même les chiffres en question.
M. LEGER: Oui, mais pour analyser chaque cas, vous devez quand
même vous baser sur une image globale du revenu des citoyens du
Québec, sur une image globale dans chaque région, sur une image
des impôts qui sont payés dans chaque région, vous ne
pouvez pas faire cela à chaque fois, allez vérifier chaque
demande des municipalités, vous en avez 1,586 qui vous appellent, vous
devez certainement avoir un tableau quelconque, chaque cas n'est pas
étudié à son mérite. Je veux bien croire que c'est
à son mérite dans le...
M. GOLDBLOOM: Si, M. le Président.
M. LEGER: Mais il faut que vous alliez chercher des données
quelque part, vous devez avoir des tableaux qui vous permettent
d'évaluer les données pour le cas particulier d'une
municipalité.
M. GOLDBLOOM: Nous avons les statistiques fournies par le Bureau
fédéral de la statistique et nous avons nos propres chiffres,
nous avons certaines données fournies par la municipalité. Je
pense bien, M. le Président, que si le député de
Lafontaine veut avoir le tableau des revenus moyens pour tout le Québec,
s'il n'est pas capable de les obtenir de Statistique Canada parce qu'il ne
parle pas avec les autorités fédérales, je me ferai son
intermédiaire.
M. LEGER: C'est-à-dire qu'on leur parle, mais pas sur le
même ton.
UNE VOIX: Vous n'êtes pas bilingue.
M. LEGER: Non, mais je présume qu'il doit y avoir quand
même une certaine formule mathématique qui donne la relation entre
les chiffres que vous avez et les besoins et les demandes des
municipalités.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, comment faire autrement que de
répéter ces calculs
dans le cas de chaque dossier? Nous sommes obligés de le faire.
Nous sommes obligés de vérifier les coûts prévus, de
les analyser par rapport à la validité du projet. Nous sommes
souvent obligés de réviser nos calculs quand des soumissions sont
ouvertes et les chiffres réels sont différents de ceux qui ont
été présentés par la municipalité. Il y a
plusieurs facteurs qui influencent les coûts et nous sommes donc
obligés de traiter chaque cas individuellement et dans chacun il y a un
dossier qui m'est présenté, qui comporte tous les chiffres dont
nous venons de parler.
M. LEGER: Où je veux en venir avec tout cela? Je vais donner un
exemple algébrique de la situation. Est-ce que vous avez quand
même, si on calcule qu'il y a un revenu de l'impôt moyen X et qu'il
y a un revenu moyen de l'impôt foncier X, une moyenne de revenu
individuel de Y, le coût des travaux dans telle municipalité est
Z, sur quoi vous basez-vous pour dire que la subvention sera de tel ou tel
montant? Il doit y avoir soit une formule générale ou une table
ou une formule mathématique?
M. GOLDBLOOM: Sur le coût du projet.
M. LEGER: Autrement, c'est arbitraire.
Vous devez avoir quelque chose, des critères définitifs
là-dessus. Vous avez dit que cela dépend de l'impôt
foncier, cela dépend du revenu moyen et on donne des subventions. Pour
le faire, vous devez avoir certainement un tableau quelconque
mathématique qui fait que vous dites: Systématiquement une
municipalité qui correspond aux critères X, Y, Z aurait droit
à telle subvention, en plus de considérations humaines et
particulières. C'est sûr.
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président ce sont les coûts
réels qui doivent être analysés à la lumière
de ces critères et la subvention est calculée en fonction de
l'excédent quand on a déterminé l'effort normal que l'on
doit demander de la municipalité et de ses contribuables. Cet
excédent est déterminé par le coût du projet.
M. LEGER: C'est un peu ce que je veux dire. Les coûts des travaux
coûtent tant. Vous avez mis une limite de tant, de $135 pour les usagers,
et si cela dépasse le coût de$135,ilya une portion payée
par la municipalité comme telle parce qu'elle est susceptible de
recevoir une aide entre autres, pour les incendies possibles et après
cela vous arrivez, à un moment donné et vous dites: Maintenant,
nous pouvons donner.
Qu'est-ce qui vous fait dire qu'après toutes ces données,
cette municipalité a droit à une subvention et que l'autre n'en a
pas le droit? Il n'y a pas de tableau définitif. Cela peut être
arbitraire si c'est comme cela.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, c'est assez simple, et je ne vois
pas comment l'honorable député peut rendre cela
compliqué.
C'est que nous calculons ce que payent déjà les
contribuables; ce sont les contribuables de deux ordres, les usagers et les
contribuables en général. Par comparaison avec les moyennes que
nous avons déterminées, nous disons: Ces contribuables, dans
chacune des deux catégories, ont une capacité additionnelle de
payer.
M. LEGER: C'est basé sur quoi?
M. GOLDBLOOM: Sur les moyennes que je viens d'indiquer au
député.
M. LEGER: Vous dites que vous connaissez l'impôt foncier, les
taxes spéciales que payent les usagers de telle municipalité,
vous savez, le revenu moyen n'est quand même pas le même dans
toutes les régions; donc, il faut des tableaux.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. LEGER: Sachant cela, vous dites, avant de donner une subvention: On
sait qu'ils peuvent aller jusqu'à un tel montant pour payer. Sur quoi
vous basez-vous pour savoir cela?
M. GOLDBLOOM: Sur les faits mêmes, M. le Président.
M. LEGER: Ds peuvent payer jusque-là? Je suis sûr qu'il y a
des contribuables qui disent: On en a assez, on ne peut pas payer plus. Le
ministère peut dire...
M. GOLDBLOOM : Certainement.
M. LEGER: Sur quoi vous basez-vous pour dire : Ils peuvent payer encore
un peu plus?
M. GOLDBLOOM: Sur la compensation payée par les usagers pour les
services. Si cette compensation est inférieure à $135, nous
disons: II faudra que vous montiez votre effort à $135 et nous
contribuerons pour vous soulager de l'excédent si, en même temps,
la totalité de vos taxes foncières, par rapport au revenu moyen,
est au moins à la moyenne que nous avons déterminée pour
la province, sinon il faudra que vous fassiez un effort additionnel sur vos
taxes générales.
M. LEGER: Ce que je veux dire c'est que la municipalité,
elle-même, si les critères, les tableaux et les bases pour
discussions étaient connus, normalement, devrait savoir si elle a droit
ou non. Autrement dit, ce n'est pas le ministère des Affaires
municipales qui peut dire: On va étudier cela, d'après ceci et
cela. La municipalité devrait être capable de le savoir sinon
c'est une décision qui vient du ministère,
n'est pas basée sur des critères définis à
l'avance et permet à des municipalités de dire: Nous, nous sommes
lésées et les autres ont eu des privilèges.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'ai dit, dans mon exposé,
que j'ai fait des pas particuliers pour éliminer le
discrétionnaire, pour éliminer l'arbitraire, mais il n'est quand
même pas possible pour une municipalité de réclamer une
subvention sans l'examen par nos services de son dossier, parce que nous ne
sommes pas nécessairement d'accord sur ce que la municipalité se
propose de faire.
M. LEGER: Je suis d'accord là-dessus, mais ce que je veux dire,
c'est qu'une municipalité devrait savoir les règles et les
critères lui permettant de dire: Nous, nous rentrons dans ces
critères et nous pouvons demander, ou, cela ne sert absolument à
rien de le demander au ministère parce que nous sommes en dehors des
normes officiellement reconnues pour avoir une subvention.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, chaque fois que je rencontre une
délégation municipale, ou un député qui me parle au
nom d'une des municipalités de son comté, j'expose et cela
fait des centaines de fois exactement ce que j'ai essayé de faire
comprendre à l'honorable député de Lafontaine et j'indique
clairement, à chaque municipalité et à chaque
député, que ce n'est pas discrétionnaire, mais
l'élément discrétionnaire est l'élément
professionnel. Si le projet n'est pas un bon projet, nous n'allons pas
l'approuver. Mais quant au montant de la subvention, une fois que nous sommes
d'accord que le projet est justifié, que la forme du projet est
justifiée, que la relation du projet avec le développement de la
région est acceptable, à partir de ce moment nous appliquons la
formule que j'ai indiquée et qui est nécessairement en
révision constante parce que les chiffres changent; le coût de la
vie change, les taux d'intérêt changent, l'inflation modifie le
tableau de ce que l'on devrait exiger d'un contribuable moyen au
Québec.
Alors, ce ne sont pas nécessairement les chiffres d'aujourd'hui
qui seront valides demain et là aussi, nous essayons d'être
équitables à l'endroit des municipalités.
M. LEGER: Est-ce que, chaque fois qu'une subvention est accordée
à une municipalité ou à un village, il y a une copie de
cette subvention ou de cette annonce de subvention qui est envoyée au
député du comté?
M. GOLDBLOOM: Généralement. M. LEGER: Dans tous les
cas?
M. GOLDBLOOM: Peut-être pas dans tous les cas. Cela dépend.
Si c'est le député...
M. LEGER: Cela n'est pas un système établi comme au
ministère de l'Education. Chaque fois qu'il y a un procès-verbal
important ou qu'il y a une décision pour construction ou des contrats
accordés pour la construction d'une polyvalente ou d'une école,
une copie est envoyée au député du comté pour le
tenir au courant de ce qui se passe. Avez-vous un tel système chez
vous?
M. GOLDBLOOM: Ce que je fais, c'est de répondre au
député qui communique avec moi. Si c'est le député
qui a pris l'initiative, je réponds au député.
M. LEGER: Je vois souvent des cas où des députés
libéraux se vantent dans leur comté, par la voie des journaux,
d'avoir justement obtenu une subvention. Je vois un exemple ici, un petit
entrefilet où le député n'a absolument rien fait
là-dessus, mais le ministre a accordé, dans son comté, une
telle chose. Donc, la photo du député du comté est
là qui annonce la subvention de son ministre dans ce comté. Je me
demandais ce que font la photo du député et le rôle du
député là-dedans alors que c'est une chose qui
relève d'un ministère bien précis. Je me disais que
peut-être dans le domaine des aqueducs et des égouts certains
députés sont mis au courant qu'il y aura dans ce comté une
subvention et que le député en prend tout un crédit
politique qui ne lui revient pas.
M. GOLDBLOOM: C'est une affirmation absolument gratuite...
M. LEGER: ... gratuite et exacte.
M. GOLDBLOOM: ... du député de Lafontaine. Un
député quelconque n'a rien fait.
M. LEGER: J'irais même plus loin. Je dirais même que la
formule dans chacune des régions j'ai fait le tour du
Québec l'année dernière du communiqué de
presse était exactement identique. Dans tous les communiqués de
presse, à Rimouski, à Chicoutimi, dans le Lac-Saint-Jean,
à Trois-Rivières, sauf que le nom du député et les
montants changeaient, c'était une formule identique. Si cela n'est pas
un système organisé, il doit y avoir des personnes qui
écrivent de la même façon, par une coincidence absolument
étrange.
M. GOLDBLOOM: II est évident que le ministère émet
ses communiqués et qu'il y a une formule. Le député vient
de réclamer des formules précises et uniformes pour
l'administration du ministère.
M. LEGER: Non. C'est une formule qui provient d'un système de
promotion pour la députation libérale, qui a
préparé une formule bien précise. Je suis d'avis que,
lorsque le ministère des Affaires municipales ou le minis-
tère de l'Education accorde une subvention, c'est le ministre
lui-même qui accorde cette subvention. Que le député de ce
comté en soit informé, je n'ai aucune objection, mais qu'il
prenne un crédit et que cela soit fait sur une base systématique
de publication pour recevoir un crédit politique, je trouve que c'est
charrier un peu loin, surtout quand la formule est identique, et cela prend
quelqu'un qui a voyagé pour s'apercevoir que, dans chaque journal
régional, la formule est la même. J'ai ces formules dans un
dossier où on voit la même rédaction exactement, sauf le
montant et le nom du député.
M. BEDARD (Montmagny): Ce qui est important...
UNE VOIX: Ce n'est pas la même photo.
M. LEGER: Je le sais. Ce n'est pas la même région, mais
c'est le même texte.
M. GOLDBLOOM: Si nous laissions à chaque député la
liberté d'interpréter le rapport du ministère à sa
façon, il y aurait des imprécisions qui se glisseraient dans ces
rapports.
M. LEGER: On voit que le ministre a de la difficulté à
conserver son sérieux. C'est de la rationalisation. La politique
générale ne devrait-elle pas être que c'est toujours le
ministère qui annonce sur Telbec telle ou telle subvention et non pas le
député, à moins que le député n'ait
travaillé tellement fort à ce problème qu'il puisse
prendre un certain crédit?
M. GOLDBLOOM: Je prends l'exemple de ma rencontre de ce matin. C'est le
député qui a demandé la rencontre et qui a
accompagné la délégation qui a présenté le
dossier conjointement avec le maire de la municipalité; les conseillers
juridiques et les ingénieurs-conseils étaient présents
aussi. C'est le député qui a pris l'initiative de cette rencontre
et je crois que c'est normal qu'il le fasse.
Il est certainement élu pour le faire et je ne crois pas avoir
manqué de courtoisie à l'endroit des députés de
l'Opposition qui m'ont écrit et qui ont formulé des demandes an
nom de leurs municipalités. Je leur ai toujours répondu.
M. LEGER: Je suis d'accord avec le ministre. Lorsque c'est le
député qui a pris l'initiative et qui a fait des interventions et
que cela a donné un résultat, c'est normal qu'il le fasse. Mais
quand c'est organisé en système, c'est là que je trouve
que c'est pousser un peu loin. Il est important que des gens qui vivent dans
des régions différentes de ces régions... Il faut visiter
toutes les régions pour s'apercevoir de cette constante dans chaque
région d'une formule systématisée de subventions,
où le nom du député du comté change, selon le
journal, avec la subvention... C'est ce que je dénonce.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Montmorency.
M. GOLDBLOOM: Si mon collègue de Montmorency me permet un autre
mot là-dessus, je voudrais souligner deux choses. D'abord, le ministre
ne cherche pas à répandre sa publicité personnelle dans
tous les comtés...
M. LEGER: Seulement dans un comté. On le sait.
M. GOLDBLOOM: ... et deuxièmement, si le ministre le fait, le
ministre est quand même un libéral.
M. LEGER: Ah oui! Je sais cela. M. GOLDBLOOM: Heureusement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Montmorency.
M. BEDARD (Montmorency): Sur ce point, je pense que je n'ai que des
félicitations à adresser au ministre pour la façon dont il
procède. Je pense que ce qui est important pour la population, ce n'est
pas la formule de composition que vous trouvez dans le journal. Ce qui est
important, c'est bien le montant qui est annoncé. Et à ce que je
sache je ne sais pas si cela se passe ainsi dans les autres
comtés, je pense bien que dans le comté de Lafontaine, cela doit
se passer ainsi chez nous, cela se passe ainsi. Le député
est au courant de tous les problèmes qui existent dans sa région
et principalement les problèmes causés par les
municipalités parce que ce sont ces problèmes qui reviennent le
plus souvent à notre bureau. Car toutes les semaines, à chaque
fois qu'il y a une résolution d'envoyée au ministre, toutes les
municipalités nous envoient toujours une copie de leur
résolution. Donc, nous sommes au courant de tous les problèmes.
Je peux vous dire que presque toutes les semaines, il faut avoir des rencontres
avec le ministre et les hauts fonctionnaires pour s'informer à quel
point en sont rendues les demandes de telle ou telle municipalité. Quant
à l'intervention du député de Lafontaine, à l'effet
de s'attarder sur la composition d'un article qui paraît dans un journal
et que c'est toujours le même article, cela n'est pas important pour la
population. Ce qui est important, c'est de savoir si un montant d'argent lui a
été accordé ou non et si le député s'en est
occupé ou non.
M. LEGER: Sur ce point, là où je voulais en venir, c'est
qu'il serait normal que le ministre soit celui qui annonce le projet dans le
comté, à moins que le député lui-même ne s'en
soit occupé personnellement. Je vais vous donner un exemple de ce fameux
communiqué que l'on voit dans tous les journaux, de toutes les
régions du Québec où on change le nom: "Le
député libéral du comté de Bourget à
l'Assemblée nationale du Québec, M. Jean Boudreault annonce que
le ministre des Affaires sociales, M. Forget a autorisé..."
C'est un exemple flagrant d'un cas et il y en a partout. J'ai un dossier
complet de toutes les régions que j'ai visitées où on
voit: Le député libéral du comté de... On change le
nom du comté, on change le nom de la personne, on change le montant qui
est accordé, soit pour les aqueducs, soit pour les égouts, soit
pour les hôpitaux comme c'est le cas ici, et c'est la même formule
exactement, partout. On devrait tout simplement écrire: Le ministre des
Affaires municipales a accordé... le ministre des Affaires sociales a
accordé une telle chose, avec le montant précis, et, d'une
façon systématique, à moins que le député
n'ait lui-même fait un travail précis là-dedans, ce qui
n'est pas le cas dans 95 p.c. des cas.
M. BEDARD (Montmorency): Qu'est-ce qui vous dit que, dans ce cas, le
député ne s'en est pas occupé?
M. LEGER: Je peux vous l'affirmer.
M. BEDARD (Montmorency): II faudrait voir la personne en question. Et je
peux vous dire qu'à toutes les annonces...
M. LEGER: ... d'information de l'intérieur.
M. BEDARD (Montmorency): Toutes les annonces qui sont faites concernant
le comté de Montmorency, le député est au courant de tous
les dossiers parce qu'il les a tous.
M. LEGER: Etre au courant d'un problème, s'en occuper et voir
à trouver une solution, c'est une autre affaire. Je peux vous donner un
exemple bien précis. Le député de Lafontaine a
travaillé pendant deux ans, pour qu'il y ait un CLSC dans la partie de
Rivière-des-Prairies. Pendant deux ans, les citoyens du comté ont
formé un comité d'étude pour connaître les besoins
et ce comité a fait le tour de la question selon les modalités du
ministère. J'ai vu le ministre pour lui demander quels sont les
critères nécessaires pour réaliser un CLSC dans le
comté. Il m'a donné ces critères. Que cela soit des
députés de l'Opposition ou du pouvoir, c'étaient les
mêmes responsabilités, les mêmes détails, les
mêmes critères. Le comité de citoyens du comté de
Lafontaine a suivi ces critères et, après deux ans, malgré
un paquet de problèmes où j'ai dû intervenir à peu
près une vingtaine de fois auprès du ministre des Affaires
sociales et auprès du ministre des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives pour l'octroi de la charte, on l'a eue.
La veille des élections, le député de Bourassa,
l'ancien ministre des autoroutes, sans qu'il ait demandé aucun travail
de son comité de citoyens a réussi à obtenir une faveur
spéciale, la veille des élections sans s'occuper du document,
pour obtenir un CLSC dans son comté alors que ce n'était
même pas prévu au ministère des Affaires sociales. Cela est
un exemple flagrant de gens qui veulent obtenir des choses sans l'utilisation
des moyens normaux qu'on doit prendre dans l'Opposition.
M. BEDARD (Montmorency): C'est vous qui avancez cela, c'est votre
verdict; il faudrait voir...
M. LEGER: Ce n'est pas un verdict, c'est de la précision et je
vous défie de prouver le contraire de ce que je dis là. Georges
Tremblay, député sortant, ancien ministre des autoroutes a
obtenu, la veille des élections, sans passer par les normes habituelles
du CLSC.
UNE VOIX: Un CLSC, ce n'est pas...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, vous me permettrez d'apporter
quelques précisions à cette situation. Je voudrais d'abord
rappeler à l'honorable député de Lafontaine que j'ai mis
fin à une pratique que je trouvais pas normale, qui a existé
pendant un certain temps, selon laquelle l'annonce d'une subvention ou de la
création d'un projet dans un comté représenté par
un député de l'Opposition était attribuée à
un député d'un comté voisin, le député
étant du parti ministériel.
M. LEGER: Avez-vous inclus là-dedans la fin d'un candidat
libéral défait dans un comté où il y a l'Opposition
pour qu'on fasse les cérémonies d'usage et qu'on montre à
la population que ce n'est pas lui qui l'a obtenue?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président, quant à ma pratique
comme ministre, je n'ai jamais, à ma connaissance, établi des
relations avec les personnes qui ne sont pas des députés.
Deuxièmement, puisque nous parlons de ce genre de chose, je voudrais
mentionner à l'honorable député de Lafontaine que je
voyage au moins autant que lui dans la province et que je suis en mesure de
constater qu'il y a des comtés qui sont représentés par
des députés de l'Opposition, où le député de
l'Opposition a réussi à mettre la main...
M. LEGER: Ce n'est pas un grand tour d'horizon à faire, les
comtés de l'Opposition.
M. GOLDBLOOM: ...sur un document et s'est permis, à même ce
document, d'annoncer dans son comté sa réussite d'avoir obtenu
quelque chose là où il n'avait posé aucun geste pour
obtenir cela. Alors, cela joue dans les deux sens. Troisièmement, M. le
Président, le député de Lafontaine est en Chambre, c'est
lui qui note les présences en Chambre, je lui demande de noter
également le nombre de députés qui viennent s'asseoir
à côté du ministre des Affai-
res municipales pendant que nous sommes en Chambre. J'aimerais qu'il
conserve cette liste et qu'il la publie avant d'annoncer publiquement, par le
truchement du journal des Débats, que les députés
libéraux ne posent aucun geste pour obtenir du ministre des Affaires
municipales la considération équitable et objective des projets
des municipalités de leur comté.
M. LEGER: Mais entre la présence à leur siège ou
à côté du ministre des Affaires municipales, je ne vois pas
la relation. A l'Assemblée nationale, ce n'est pas l'endroit pour
demander des subventions.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, quand on veut parler avec un
ministre, on lui parle quand on peut l'attraper et ce ne sont pas seulement les
députés ministériels, même s'ils sont
nécessairement les plus nombreux... Après tout, si nous
n'étions pas en majorité nous ne constituerions pas le
gouvernement. Mais ce ne sont pas seulement les députés
ministériels qui viennent voir le ministre, ce sont les
députés de l'Opposition aussi et je peux vous assurer que quand
les députés viennent me voir, c'est presque exclusivement parce
que je suis le ministre des Affaires municipales et ce n'est pas pour me
convaincre de modifier les règles et les critères dont j'ai
parlé. C'est simplement pour me saisir des problèmes des
municipalités, pour me demander des rendez-vous au nom des
municipalités et vous me verrez, M. le Président, sortir mon
petit carnet, mon agenda, et inscrire ces rendez-vous. Je l'ai fait pour des
députés de l'Opposition aussi. Donc, je pense bien que l'on doit
être un peu prudent.
Je ne commente pas le cas particulier qui concerne un autre
ministère, mais je pense qu'on doit être un peu prudent en
affirmant...
M. LEGER: Je n'ai pas avec moi les dossiers dont je vous parlais. J'en
avais un qui concernait votre ministère, mais j'ai tout un dossier sur
l'autre aspect aussi.
M. GOLDBLOOM: Très bien alors. Nous suivrons avec
intérêt l'évolution de cette...
M. LEGER: Sur la suggestion que j'ai faite au ministre, est-ce qu'il ne
serait pas d'accord pour que ce soit lui, étant donné qu'il est
le responsable, à moins que tel député
précisément ait fait du travail pour aider et renseigner le
ministre, que ce soit le ministre qui, lui-même, annonce les projets
d'acqueducs et d'égouts et non pas un député qui n'a
absolument rien fait dans ce dossier, de quelque parti qu'il soit? Est-ce que
le ministre ne trouve pas que c'est lui qui devrait le faire, par Telbec ou
autrement, qu'il annonce que telle ville recevra tel montant pour ses travaux
d'acqueduc et d'égouts, et non pas faire annoncer cela par un
député qui n'a absolument rien à faire là-dedans,
à moins que ce soit l'exception?
M. GOLDBLOOM: Le député de Lafontaine prétend que
c'est l'exception et moi je prétends l'inverse. Après tout, je
suis mieux placé que lui pour le savoir. Je suis tout à fait
disposé à publier mon agenda et à indiquer qui obtient les
rendez-vous et qui vient. Je n'ai aucune objection. Mais les
députés sont élus par leur population pour travailler en
leur nom, et je ne suis pas prêt à accepter le principe
fondamental que, parce que, dans certains cas, on peut affirmer du
côté de l'Opposition que le député
ministériel n'a pas posé de geste, j'établirai une
règle selon laquelle ce ne serait jamais le député qui
pourrait annoncer les développements dans son comté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Montmorency.
M. LEGER: Ce que je veux dire sur ce point-là juste pour
terminer cela c'est que, si le ministre a l'attitude
régulière, systématique d'annoncer les subventions, le
député qui en a déjà parlé dans son
comté l'annonce lui-même par la suite, d'accord. Mais que
l'annonce officielle soit faite par le député, c'est cela... Pour
vous donner un exemple précis, le ministre se prépare à
présenter un projet de loi qui s'appellera le projet de loi 122. Ce sera
une réglementation pour la ville d'Anjou. A Anjou, ils ont vu leur
député qui est là et ils vont me voir aussi parce que je
suis un député de l'Opposition qui devrait être
renseigné sur ce sujet. A ce moment-là, le député
d'Anjou pourra dire qu'il a été consulté sur le projet de
loi 122 que le ministre va déposer bientôt et que le
député de l'Opposition, qui n'est pas dans ce comté, mais
qui est résidant de la ville d'Anjou, pourra en même temps
être reconnu comme ayant participé à ce projet de loi. Ce
sont des exemples comme ceux-là qu'il est important de
systématiser, et non pas de se prendre du crédit inutilement,
politiquement parlant.
M. GOLDBLOOM: Oui. M. le Président, est-ce que le
député de Lafontaine aurait objection à ce que le ministre
annonce les projets et, en les annonçant, informe la population que le
député avait effectivement travaillé pour obtenir cette
subvention?
M. LEGER: Si c'est le cas, je n'ai pas d'objection, mais il faudra que
ce soit bien vrai et on vérifiera si c'est vrai.
M. GOLDBLOOM: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Montmorency.
M. BEDARD (Montmorency): Toujours au programme 11, est-ce que, M. le
ministre, vous avez des chiffres en main, grosso modo, à $100,000
près... Parce que vous allez voir que la question que je vais poser,
d'après moi, cela
couvre plusieurs millions. Votre budget de subventions aux
municipalités a passé de $8 millions à $10 millions, mais,
suivant les demandes que vous avez parce que je suis assez au courant,
je reçois pas mal de demandes aussi de mon côté
est-ce qu'à l'heure actuelle, vous avez quelque chose de
comptabilisé au sujet des demandes que vous avez des
municipalités?
M. GOLDBLOOM: Nous sommes présentement à compiler toutes
les demandes que nous avons. Je dois vous informer, M. le Président,
qu'il y a de très nombreuses demandes qui sont reçues au
ministère. A toutes fins pratiques, à tous les jours, il en
arrive plusieurs au ministère, ce qui nous donne un nombre assez
élevé de dossiers qui sont présentement entre nos mains.
En chiffres ronds, nous en avons 800. Il est extrêmement difficile de
tenir à jour le montant total pour la valeur de ces projets, encore plus
de donner un montant total pour les subventions en perspective. On peut donner
un rapport sur l'année précédente, mais le pourcentage
et ce n'est pas au pourcentage que nous les calculons mais le
montant accordé constituerait un pourcentage différent dans
chaque cas.
Il est assez difficile, sauf de façon très
générale d'extrapoler. Mais nous avons approximativement 800
demandes entre nos mains présentement et nous avons, pour l'année
1973/74, 550 municipalités qui ont reçu des subventions et
puisque ces subventions sont, dans la grande majorité des cas,
accordées sur une période de dix années, en dix versements
égaux, il y a eu 96 nouvelles municipalités ajoutées,
c'est-à-dire que pendant l'année précédente, un
certain nombre de municipalités ont reçu le dernier versement,
donc un montant à l'intérieur de la masse a été
libéré pour être affecté aux besoins de nouvelles
municipalités, donc sur 550 municipalités, il y a 454 qui avaient
déjà commencé à recevoir des versements annuels et
96 qui ont été ajoutées.
M. BEDARD (Montmorency): J'ai posé cette question, M. le
ministre, parce que je suis convaincu qu'avec toutes les demandes que j'ai
l'occasion de voir aujourd'hui, étant simplement député du
comté de Montmorency, je suis certain qu'avec $10 millions vous faites
des tours de force pour essayer de pouvoir répartir
équitablement, parce que d'après moi, à première
vue, vous devez avoir des demandes de l'ordre de $35 millions à $50
millions de la part des municipalités.
M. GOLDBLOOM: Les demandes se chiffrent à beaucoup plus que cela,
M. le Président, selon l'impression que nous avons. Je n'ose pas
préciser parce que nous n'avons pas une compilation absolument
récente.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, le ministre a sans doute pris
connaissance des résultats de sondage de l'Association
québécoise des techniques de l'eau tels que
présentés au public le 7 mars dernier. Je voudrais savoir du
ministre s'il partage les opinions émises, entre autres, selon
lesquelles le tiers des 154 municipalités les plus importantes du
Québec exercent aucun contrôle sur la qualité des eaux
après traitement. Est-ce que le ministre est d'accord
là-dessus?
M. GOLDBLOOM: Cette déclaration était vraie, sans doute
quand elle a été faite, parce qu'elle émane de
l'Association québécoise des techniques de l'eau, une association
professionnelle qui a fait des études sérieuses pour
déterminer la situation. Pendant cette même période,
cependant, et notamment depuis la compilation des données par
l'Association québécoise des techniques de l'eau, nous avons
mené des efforts particuliers pour assurer un contrôle
satisfaisant dans toutes les municipalités qui ont un système de
traitement et qui doivent contrôler le fonctionnement de ce
système. C'est ainsi que devant cette même association, le 14 mai,
j'ai donné les résultats de nos efforts et j'ai indiqué le
nombre d'interventions dans cette catégorie différente. Le
député a sûrement pu prendre connaissance des
renseignements que j'ai fournis à l'AQTE pendant mon discours. J'ai
indiqué que le nombre de cas où l'intervention majeure, soit de
l'installation d'un fluorateur d'urgence additionnel, soit l'émission
d'un avis aux citoyens de faire bouillir leur eau, était restreint,
qu'il y avait 24 municipalités qui avaient été
touchées par l'un ou l'autre de ces gestes de notre part et que nous
avons donc une meilleure confiance dans le contrôle exercé
aujourd'hui qu'il y a à peine quelques mois.
M. LEGER: A la suite de ces recommandations de mettre du chlore pour
améliorer la qualité de l'eau, des avis de faire bouillir leur
eau, pour les 24 municipalités concernées, est-ce que le
ministère a revérifié si, après l'avis, il y a eu
une correction?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président et je dirais que, sur ce
nombre de 24 municipalités, il ne nous en reste que 5 ou 6 qui semblent
représenter un problème chronique qui n'est pas encore
résolu. Dans certains cas, c'est un problème technique qui est
extrêmement difficile et, dans d'autres cas, c'est un problème
financier qui est énorme.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut me dire son opinion sur le fluor
dans l'eau? Est-ce que l'emploi du fluor, pour lui, d'une façon normale,
régulière, systématique, est une solution qui n'apporte
aucun danger, qui ne peut amener aucun danger?
M. GOLDBLOOM: Je pense, M. le Président, que l'équilibre
entre l'évidence favorable et
l'évidence défavorable est certainement du
côté positif, c'est-à-dire qu'un peu partout en
Amérique du Nord, il y a de la fluoration naturelle à certains
endroits, de la fluoration artificielle à de nombreux autres endroits.
La province de Québec est celle, parmi les provinces canadiennes, qui a,
à ma connaissance, le plus faible pourcentage de fluoration par rapport
à la population. Dans les autres provinces, on a constaté des
bénéfices, on n'a pas constaté de difficulté. Je
reconnais que le fluor, comme beaucoup d'autres substances, est un poison. Le
sel est un poison. L'eau, elle-même, si on en prend trop, peut devenir un
poison pour le système, surtout si on souffre de certaines maladies. Il
est donc nécessaire d'ajuster la teneur du fluor de façon
à ne pas dépasser une absorption totale quotidienne qui pourrait
mettre en danger la santé, et cela avec une marge importante de
sécurité, parce que l'on ne contrôle pas la quantité
d'eau ou d'autres sources de fluor consommée par l'individu.
Nous nous sommes penchés de façon très
particulière, et notamment avec la collaboration d'un organisme bien
connu qui s'appelle STOP, sur cette question additionnelle: Quelle est
l'absorption totale? Parce que, généralement, le dosage de fluor
est calculé en parties par million dans l'eau. Donc, une concentration
est établie. Mais la concentration ne permet pas de connaître,
sans d'autres études, l'absorption réelle par l'individu au cours
d'une journée. Il y a aussi une transition qui serait effectuée
si l'eau en général était fluorée.
C'est-à-dire que les produits alimentaires, qui sont fabriqués en
utilisant l'eau de consommation qui est disponible dans la province, sont
présentement préparés avec une eau qui, dans la
majorité des cas, n'est pas fluorée. Si l'eau est fluorée
partout dans la province, il y aurait une augmentation de la présence de
fluor dans certaines autres denrées alimentaires. Pour cette raison,
nous avons suivi avec beaucoup d'intérêt des compilations. Nous
avons consulté largement et nous sommes venus à la conclusion,
non seulement par nos propres statistiques, mais aussi par l'observation de ce
qui se produit dans les autres provinces, aussi par les avis reçus
d'hommes de science d'un peu partout, qui ne sont pas unanimes, je le
reconnais, mais, quand même, la prépondérance des avis est
que la teneur en fluor recommandée ne comporte pas de danger et offre
des bénéfices quant à la carie dentaire et quant aux
maladies secondaires qui peuvent trouver leur origine dans la carie
dentaire.
M. LEGER: Je ne voudrais pas engager le débat sur le fluor, on
aura l'occasion d'y revenir, mais je suis content d'avoir les informations du
ministre. Je voudrais maintenant revenir à la question du traitement des
eaux pour les aqueducs. Combien de municipalités font des analyses de
l'eau à la sortie de l'usine?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, avant de répondre, est-ce
que je peux, par votre intermé- diaire, demander à l'honorable
député de Lafontaine s'il est prêt à ce que la
commission adopte le programme 11, parce qu'il déborde sur les autres
programmes présentement?
M. LEGER: Non, parce que j'ai des questions dans le programme 11. Mais
cette question provenait de votre déclaration de tout à l'heure.
J'avais posé une question à la suite d'un document de l'AQTE qui
dit que le tiers des 154 municipalités les plus importantes du
Québec n'exercent aucun contrôle sur la qualité des eaux.
Vous m'avez répondu, entre autres, que vous avez fait des
recommandations et qu'elles devaient mettre du chlore, etc.
A la suite de cela, il y a quand même le problème,
après le traitement des eaux qui sortent de l'usine, de savoir si,
à la sortie de cette usine, les municipalités vérifient
réellement la qualité de l'eau qu'elles donnent?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président.
M. LEGER: Combien ne le font pas? C'est cela le point.
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président, toutes les
municipalités, au nombre de 450, vérifient la qualité de
leur eau. Je ne dirai pas que cette vérification a toujours
été satisfaisante. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous
sommes intervenus. C'est pour cette raison que, dans de nombreux cas, nous
avons envoyé un membre de notre personnel vérifier sur place ce
qui était imparfait dans l'entretien ou dans l'exploitation de l'usine
de filtration en question. Ces vérifications sont faites, sauf de rares
exceptions. Il y a certainement le facteur humain qui entre en ligne de compte.
Nous avons dû constater, à notre regret dans le
passé surtout, moins aujourd'hui, je dirais que ce n'est presque plus un
problème que des municipalités ne respectaient pas les
exigences bien connues. Mais, aujourd'hui, nous sommes en mesure d'affirmer que
les vérifications se font, les résultats de ces analyses sont
envoyés à nos services et simultanément aux
municipalités. Et même si la municipalité reçoit
directement les renseignements, nous ne nous contentons pas de ce simple fait
et nous intervenons chaque fois qu'il y a un résultat qui dépasse
les limites acceptables, même de très peu, même d'un seul
coliforme. J'ai indiqué qu'au moins huit fois par jour ouvrable, nous
prenons le téléphone pour appeler une municipalité qui a
une usine de filtration et pour attirer son attention au fait que le
fonctionnement de cette usine semble imparfait.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut me dire une chose? Vous avez dit
que vos inspecteurs étaient allés vérifier le
résultat de l'analyse de l'eau des municipalités à qui
vous aviez donné avis de corriger leur système de traitement des
eaux. Est-ce que l'analyse de ces eaux est faite par la municipalité ou
par les services
du ministère? La petite bouteille d'eau qui est recueillie qui en
fait l'analyse? Est-ce la municipalité ou le ministère?
M. GOLDBLOOM: C'est le gouvernement qui la fait, et jusqu'à
maintenant, c'est le ministère des Affaires sociales qui gère les
laboratoires.
M. LEGER: Combien y a-t-il de personnes qui s'occupent exclusivement de
faire les analyses des petites bouteilles d'eau envoyées par les
municipalités?
M. GOLDBLOOM: II y en a 20 à Montréal et 16 à
Québec.
M. LEGER: Comment se fait-il que cela n'a pas été
transféré au ministère responsable de l'environnement et
que c'est encore au ministère des Affaires sociales?
M. GOLDBLOOM: C'est déjà transféré à
Québec, M. le Président, c'est en discussion pour ce qui est de
Montréal.
M. LEGER: C'est la chicane des bouteilles.
M. GOLDBLOOM: II faut souligner que les laboratoires font d'autres
analyses aussi et qu'il y a donc un éventail de services requis de ces
laboratoires qui dépassent les besoins précis des services de
protection de l'environnement.
Il s'agit donc de pouvoir assurer la disponibilité de ces autres
services à d'autres ministères et à d'autres clients et
aux services de protection de l'environnement, au besoin, aussi. Il s'agit
aussi d'assurer que le gouvernement ne gaspillera pas son argent en faisant une
duplication des services de laboratoire. Donc, c'est en discussion
présentement.
M. LEGER: Une autre recommandation ou une autre opinion émise par
l'AQTE, l'Association québécoise des techniques de l'eau,
c'était que le quart des 154 municipalités les plus importantes
du Québec ignorent même la quantité d'eau qu'elles
distribuent. Est-ce que le ministre est d'accord sur cette affirmation? Est-ce
qu'il y a eu des remèdes apportés à cela?
M. GOLDBLOOM: Je ne suis pas en mesure de confirmer ou d'infirmer le
chiffre précis. Je sais que nous avons, à plusieurs endroits au
Québec, le problème qu'une municipalité assume la
responsabilité de la fourniture de l'eau potable à ses voisines
et que le contrat n'est pas basé sur la quantité précise
parce qu'il n'y a pas de compteur pour mesurer cette quantité
précise. Il est vrai que de nombreux réseaux ont
été construits sans compteur utile, mais cela ne veut pas dire
que la qualité de l'eau en est affectée. Je pense bien que
là où il y a une usine de filtration, on connaît la
production de cette usine et que le dosage des substances chimiques qui sont
ajoutées à l'eau est calculé en vertu du nombre de gallons
produits par l'usine, par jour ou par heure. C'est certainement une
connaissance fondamentale qui permet de bien traiter l'eau et il va sans dire
que dans les importantes municipalités, les usines ont chacune leur
laboratoire et dans ce laboratoire, il y a un contrôle de la
présence réelle des substances comme le chlore, après leur
introduction, pour être certain que les calculs faits au début ne
donnent pas de mauvais résultats à cause d'une variation dans la
quantité réelle d'eau produite.
M. LEGER: Alors, le ministre m'a évité une autre question,
parce que à cause de l'importance des produits chimiques à
mettre, comme le chlore, le fluor, il faut connaître la quantité
d'eau. Maintenant, ilya une autre recommandation ou opinion, c'était
qu'un peu moins de la moitié de ces municipalités ne lavent
jamais ou très rarement leur réseau d'aqueduc. Est-ce que le
ministre a vérifié? Qu'est-ce qu'il a fait à ce sujet?
M. GOLDBLOOM: Je n'ai pas eu de réponse à cette
affirmation. Nous avons à désinfecter, de temps en temps, des
réseaux d'aqueducs, mais cela n'arrive pas très souvent. Nous
avons, au cours des récentes années, été saisis par
des compagnies qui produisent ou vendent des substances chimiques pour le
nettoyage des réseaux, de la disponibilité de ces produits et
nous les avons évalués, nous avons fait certains essais, mais
plutôt observé des essais faits par d'autres. Nous avons, dans
quelques cas, recommandé à une municipalité le nettoyage
de son système. Je voudrais souligner que quand on parle de nettoyage,
on laisse peut-être l'impression de saleté et donc,
d'insalubrité. C'est plutôt une question de dépôt
calcaire, de la présence de substances accumulées,
d'incrustations qui gênent le fonctionnement du réseau et c'est
surtout dans ce sens que les produits chimiques sont offerts en vente, mais
nous n'avons pas tellement souvent recours à ces substances.
M. LEGER: M. le ministre n'a pas vérifié cette affirmation
d'une façon définitive et n'a pas, donc, donné de
directives à ces 45 p.c. des municipalités importantes qui ne
nettoyaient pas leur réseau d'aqueduc?
Il n'y a pas de directive qui est envoyée encore.
M. GOLDBLOOM: Pas jusqu'à maintenant, M. le Président. Ce
sera à nos ingénieurs de déterminer la mesure dans
laquelle un lavage est nécessaire. Personnellement, je n'ai pas la
compétence pour pouvoir juger à quelle fréquence un lavage
est nécessaire, s'il est nécessaire. Parce qu'après tout,
le passage de l'eau à travers le réseau est un lavage quotidien.
Nous devons vérifier ce qui sort du robinet à l'autre bout, et si
ce qui sort n'est pas propre, il faut en trouver les raisons. Je voudrais
saisir cette occasion pour rassurer beaucoup de Québécois qui
cons-
tatent un léger teint jaune ou brun à leur eau, que,
même si, sur le plan esthétique, ce n'est pas désirable,
cela ne veut pas dire, nécessairement, que l'eau soit de mauvaise
qualité, quant à la santé de ceux qui la boivent.
M. LEGER: Ce n'est pas une preuve qu'elle est bonne non plus.
M. GOLDBLOOM: Non. Ce sont les autres analyses qui déterminent si
l'eau est bonne, et c'est justement parce que les autres analyses, notamment
les analyses bactériologiques, démontrent que l'eau est bonne,
que je peux affirmer que la présence d'une coloration n'est pas
nécessairement une preuve que l'eau ne doit pas être
consommée.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut me dire... Tantôt il m'a
parlé de 20 personnes à Montréal et 16 à
Québec, je pense, ou l'inverse, je pense que c'est 20 à
Montréal...
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. LEGER: Est-ce que ce sont des inspecteurs ou des
ingénieurs?
M. GOLDBLOOM: Non, ce sont ces techniciens de laboratoire qui font les
analyses.
M. LEGER: Des techniciens de laboratoire. Combien y a-t-il
d'ingénieurs au service de la protection de l'environnement
actuellement?
M. GOLDBLOOM: Avant de répondre, je voudrais apporter une
légère correction à ce que je viens de dire. En termes
généraux, on peut appeler les personnes en question techniciens
de laboratoire, mais il y a une connotation professionnelle à ce titre.
Ce sont plutôt, par leur titre professionnel, des chimistes
professionnels. Nous avons en chiffres ronds, une centaine
d'ingénieurs.
M. LEGER: Cent ingénieurs et...
M. GOLDBLOOM: Oui. Entre 90 et 100. Il y a du recrutement qui se fait.
C'est près de 100 ingénieurs.
M. LEGER: ... le personnel complet, travaillant pour le service de la
qualité de l'environnement, est de combien?
M. GOLDBLOOM: En chiffres ronds toujours, 400.
M. LEGER: II est de 400.
M. GOLDBLOOM: Nous avons l'approbation du Conseil du trésor pour
467 postes. Donc, nous sommes en recrutement non seulement pour des
ingénieurs, mais pour d'autres personnes aussi.
M. LEGER: De toute façon, c'est dans un autre programme. Nous
reviendrons là-dessus. Où en est le rapport sur la qualité
des eaux dans les municipalités, sans traitement par usine de
filtration?
M. GOLDBLOOM: II y a trois parties à ce rapport, et j'en ai,
effectivement, déposé la première devant l'Association
québécoise des techniques de l'eau, le 14 mai. J'ai fait deux
rapports à cette occasion. Nous venons d'en discuter le premier,
c'est-à-dire le rapport sur l'état des réseaux avec
traitement. J'ai déposé, en même temps, un rapport sur les
municipalités rurales où il n'y a pas de traitement, où il
n'y a pas de réseau de distribution, sauf dans de rares cas, et
où nous avons lancé, à la suite des
événements de Bouchette en 1971, un programme d'étude
à l'échelle de la province. Là, nous avons fait appel
à nos inspecteurs en hygiène publique et à notre personnel
un peu partout, aux autorités municipales aussi, parce qu'il est
nécessairement plus difficile de déceler les cas où un
problème pourrait exister en milieu rural et surtout dans des
régions un peu excentriques. Voici les chiffres: II y avait 142 cas que
nous avons identifiés. Je voudrais souligner que nous les avons
identifiés en vertu de rapports qui nous ont été soumis,
rapports des observations faites par les personnes que j'ai indiquées,
mais pas à cause de l'existence de maladies, d'épidémies
dans ces municipalités.
Nous avons effectivement contrôlé les rapports
épidémiologiques du ministère des Affaires sociales par
rapport aux problèmes apparents de ces municipalités. Nous avons,
entretemps, dans 50 des cas identifiés au début, apporté
une solution. Nous sommes satisfaits que ces cas soient réglés.
Il y a six autres cas qui sont...
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut me dire, avant d'aller plus loin,
quelles sont ces solutions pour les 50 cas où vous avez trouvé
des solutions?
M. GOLDBLOOM: La construction d'un réseau, dans certains cas,
l'installation d'un appareil de chloration là où il y a un petit
réseau de distribution. C'est à peu près la somme des
solutions possibles.
M. LEGER: C'est donc fait dans ces 50 municipalités?
M. GOLDBLOOM: Oui. M. LEGER: C'est fait.
M. GOLDBLOOM: C'est parce que nous avons été satisfaits
des correctifs apportés que nous déclarons que ces 50 cas sont
maintenant réglés. Six autres cas sont en voie de
règlement, ce qui nous laisse 86 cas. Sur les 86,
il y en a onze qui sont transférés dans une autre
catégorie sur laquelle nous travaillons présentement. C'est la
catégorie des réseaux d'aqueducs privés, et cela
représente un problème un peu particulier. Nous avons un service
qui contrôle particulièrement les aqueducs privés, mais il
n'est pas encore en mesure de contrôler adéquatement tout ce qui
se fait. Nous essayons, sans manquer de respect pour les intérêts
économiques des propriétaires de ces réseaux
privés, d'encourager la municipalisation des réseaux, soit par
des ententes de gré à gré, soit par expropriation. Il y a
eu progressivement acquisition de réseaux privés par les
municipalités en général. Donc, ces onze cas seront
repêchés dans cette nouvelle étape de l'étude qui
porte sur les réseaux privés. Cela nous laisse 75 cas. J'ai
fourni des données plus précises à l'AQTE sur ces 75 cas,
et j'ai indiqué que nous sommes en mesure, à relativement
brève échéange, de résoudre à peu
près la moitié de ces cas. Je dirais un peu plus de la
moitié, dans ce sens que ce serait plus de la moitié de la
population affectée. Les 75 cas représentent une population
totale de 61,552 âmes, et avec les correctifs apportés dans 35 cas
sur les 75, nous ne laisserions que 27,214 Québécois, dans ces
142 municipalités que nous avons étudiées, sans un
traitement acceptable ou sans une eau de qualité acceptable. Donc, c'est
une amélioration considérable par rapport à ce qui a
existé jusqu'à maintenant.
M. LEGER: Vous dites qu'il resterait 40 municipalités
correspondant à 27,000 Québécois?
M. GOLDBLOOM: C'est cela. Je dois souligner que, pour les 35
municipalités où l'amélioration serait relativement
facile, c'est parce que le coût global serait d'approximativement
$3,800,000, tandis que, dans les autres cas où il faudrait une
intervention plus importante, le coût se chiffrerait par $16 millions.
Donc, un...
M. LEGER: Est-ce que ces cas, tous les cas qu'on me mentionne, incluent
les municipalités qui s'approvisionnent directement par des puits ou si
c'est exclu dans ces chiffres?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président.
Ce sont des municipalités dont l'alimentation se fait par des
puits et, nécessairement dans la très grande majorité des
cas, par des puits individuels. Il y a quelques cas où il y a un puits
municipal ou un puits de quartier avec un petit réseau de distribution
à même ce puits, mais, dans la forte majorité des cas, ce
sont des puits individuels.
Nous constatons que, dans les quarante cas, qui seront les plus
difficiles et les plus coûteux, il s'agit effectivement de construire un
réseau complet de distribution. C'est pour cela qu'il faudrait
dépenser, en chiffres 1974, plus de $16 millions pour corriger le
problème de 27,000 personnes vivant au Québec.
Il va sans dire que nous ne voudrions pas laisser un seul
québécois sans une eau de bonne qualité, mais qu'il y a
quand même un problème très grand à résoudre,
à l'échelle de toute la province, qu'il faut établir des
priorités et qu'il faut au moins mieux desservir les plus importantes
agglomérations. C'est pour cela que nous avons donné
priorité à ce dernier secteur.
Ces grandes agglomérations, les 450 municipalités
où nous exerçons un contrôle de plus en plus serré,
représentent approximativement 80 p.c. de la population
québécoise. La dernière catégorie de
municipalités où l'étude sera poursuivie est celle des
réseaux de distribution sans traitement, c'est-à-dire que l'on a
trouvé une source. Cette source a semblé bonne. On a construit un
réseau de distribution à même cette source et même si
nous n'avons pas présentement les analyses systématiques dans
tous ces cas, nous avons des raisons de croire que les sources qui
étaient bonnes au début sont toujours bonnes aujourd'hui. Il y a
sûrement des exceptions. Nous allons les déceler par cette
dernière partie de notre travail, mais nous avons quand même
l'impression que là où nos ancêtres et peut-être tout
simplement nos parents immédiats ont trouvé une bonne source et
ont vu à la protection de cette source, elle demeure bonne et l'eau est
bonne au robinet.
M. LEGER: Quand est-ce que les analyses pour ces cas particuliers seront
faites et terminées?
M. GOLDBLOOM: Le travail est déjà commencé. C'est
un début de travail qui s'applique à un grand éventail de
municipalités, parce que nous parlons de municipalités de petite
taille. Nous calculons qu'il nous faudra deux années pour
compléter tout ce travail.
M. LEGER: C'est presque 1,000 municipalités.
M. GOLDBLOOM: Oui, mais cela touche moins de 20 p.c. de la population
québécoise.
Il y a dans cette catégorie, pour corriger les chiffres que vient
d'avancer l'honorable député de Lafontaine, 405
municipalités. Il y a aussi 650 réseaux privés qui sont
généralement de petite taille, mais, c'est un nombre
élevé de réseaux à vérifier. Les deux
ensemble font les 1,000 réseaux dont parlait le député de
Lafontaine. C'est pour cela qu'il faudra un temps important pour terminer ce
contrôle.
M. LEGER: Est-ce que le ministre m'a affirmé qu'il y avait 650
municipalités qui avaient des réseaux privés?
M. GOLDBLOOM: Oui, 650 ont des réseaux privés.
M. LEGER: Je vous apporte une question. Cela me surprend. En 1971, il
existait, selon le
Bureau de la statistique du Québec, 95 municipalités
desservies pour leurs besoins en eau par des compagnies privées.
Jaimerais savoir pourquoi ce genre de situation existe. Premièrement,
quelle justification peut-on donner au fait que des intérêts
privés font du profit avec un service public aussi essentiel que l'eau?
Deuxièmement, comment se fait-il qu'on passe de 95 à 650? Il y a
une erreur quelque part.
M. GOLDBLOOM: II y a apparemment une erreur quelque part. J'ai dit tout
à l'heure, M. le Président, que nous encourageons l'acquisition
des réseaux par les municipalités.
Je pense que l'on peut affirmer qu'il y a certains profits qui sont
réalisés par des particuliers en vendant de l'eau, mais je pense
qu'il serait injuste à l'endroit de la grande majorité des
propriétaires des réseaux privés de laisser l'impression
que ce sont des gens qui exploitent le public et qui ont agi autrement que dans
la meilleure foi possible pour desservir justement leurs concitoyens, qui ont
pris cette initiative là où la municipalité ne la prenait
pas.
Je pense qu'il est possible que le nombre de 89...
M. LEGER: De 95, en 1971, à la page 81 du rapport du Bureau de la
statistique du Québec.
M. GOLDBLOOM: De 95. Cela peut peut-être représenter un
certain genre d'entreprises commerciales et peut-être qu'il y a, à
côté de ces entreprises commerciales, des propriétaires
individuels qui ont créé des réseaux de distribution. Mais
les chiffres que nous avons présentement totalisent 650. Notre examen
préliminaire de la situation nous indique qu'il y a 411
propriétaires de réseaux privés qui sont détenteurs
d'un permis. Il y a 80 demandes de permis dont nous sommes saisis. Nous en
avons identifié 159 qui opèrent sans permis. Le contrôle
est toujours nécessaire.
Entre parenthèses, je me permets de rappeler au
député de Lafontaine qu'il y a même des
municipalités qui ont fait profit de la vente de l'eau à d'autres
municipalités.
M. LEGER: C'est la ville de Montréal. Vous voulez que je le dise,
de toute façon. Vous ne vouliez pas que cela vienne de vous. Comment se
fait-il que le nombre aurait grimpé de 95 à 650 en trois ans?
M. GOLDBLOOM: Je ne comprends point le nombre de 95, M. le
Président. La très grande majorité des 650 cas que nous
avons pu identifier existe depuis un bon moment. Ce sont des réseaux qui
deviennent vétustes et nous encourageons les municipalités
à intervenir. Dans plusieurs projets de construction de réseaux
d'aqueducs, dont je suis présentement saisi, il y a non seulement la
demande d'acquisition d'un réseau privé, ou peut-être que
cette acquisition a déjà été faite, mais il y a la
demande d'autorisation, peut-être de subvention, pour remplacer un vieux
réseau en bois par un réseau moderne de distribution de
l'eau.
M. LEGER: Est-ce que le ministre, étant donné
justement qu'un élément aussi essentiel que celui de l'eau soit
vendu avec profit, c'est quand même une anomalie pourrait demander
à ses fonctionnaires de nous apporter des chiffres à une
prochaine séance pour vérifier si les 95 municipalités qui
étaient inscrites dans le dossier du Bureau de la statistique du
Québec, à la page 81, ne seraient pes les 95
municipalités, à l'intérieur des 150 municipalités,
qui ont 5,000 de population et plus? C'est peut-être le cas. Est-ce
qu'ils pourraient apporter la réponse, à savoir comment on passe
de 95 à 650? Peut-être que les autres, les 545 ou 555
municipalités additionnelles qui sont desservies par des compagnies
privées, seraient des municipalités en dehors des 150
municipalités de 5,000 et plus de population? C'est peut-être la
réponse. Est-ce que le ministre pourrait faire une
vérification?
M. GOLDBLOOM: C'est possible. Si les chiffres que cite l'honorable
député se limitent aux municipalités de 5,000 âmes
et plus, c'est certain que voilà l'écart principal. Il y en a un
autre. C'est que de nombreuses municipalités ont plus d'un réseau
privé. Il y a des municipalités avec deux, trois et quatre
réseaux privés. Nous identifions chaque réseau
individuellement. Ce n'est pas le nombre...
M. LEGER: Ce sont 650 réseaux privés...
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. LEGER: ... non pas 650 municipalités.
M. GOLDBLOOM: Cela apporte une correction à ce que j'ai
indiqué il y a quelques minutes. Il ne s'agit pas de 650
municipalités.
Il s'agit de 650 réseaux privés donc d'un nombre moindre
de municipalités dont la majorité, certainement en bas de 5,000
âmes.
M. LEGER: Je pense que votre sous-ministre a une réponse à
donner là-dessus.
M. GOLDBLOOM: Sur quel document l'honorable député se
base-t-il?
M. LEGER: Renseignements statistiques 1971, sur les municipalités
du Québec, à la page 81.
M. GOLDBLOOM: Merci, ça nous permettra de vérifier.
M. LEGER: Vous pouvez vérifier cela et donner exactement les...
Ce sont probablement des réponses possibles, mais non officielles;
le
ministre pourra nous les apporter à une séance
subséquente.
M. GOLDBLOOM: Oui. Mais nous sommes certains du chiffre de 650
réseaux, donc peu importe ce que l'on a publié avant, il y a
effectivement 650 réseaux et il y a effectivement une tâche
d'Hercule que nous devons accomplir pour contrôler ces réseaux,
mais nous allons la faire.
M. LEGER: Autrement dit, il y a un problème et vous vous attaquez
actuellement à ce problème.
M. GOLDBLOOM: C'est clair. Nous avons accompli ce qui nous semblait
prioritaire, parce que 80 p.c. de la population était touchée,
à savoir le contrôle amélioré des réseaux de
distribution avec traitement. S'il y a un traitement, il faut que la population
puisse compter sur l'efficacité de ce traitement et de l'exploitation de
l'usine.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut me dire le nombre, selon les
dernières statistiques, de municipalités qui achètent de
l'eau d'autres municipalités?
M. GOLDBLOOM: Je ne crois pas... M. LEGER: En 1971, il y en avait
191.
M. GOLDBLOOM: Je ne crois pas que nous ayons ces statistiques ici, M. le
Président.
M. LEGER: Probablement que c'est dans les... non. En tout cas, est-ce
que le ministre pourrait apporter des réponses à une prochaine
séance? Je sais bien que ce sont des chiffres précis que je vous
demande, mais c'est très important de les connaître.
M. GOLDBLOOM: Nous essaierons de trouver ces chiffres, oui.
M. LEGER: M. le Président, maintenant, je voudrais toucher des
problèmes de région.
A quelle heure le ministre voulait-il terminer, midi ou midi trente?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Midi vingt minutes.
M. LEGER: Midi vingt minutes, ah bon !
M. GOLDBLOOM: C'est le président qui déclare que c'est
midi vingt.
M. LEGER: Etant donné qu'on a commencé à 10 h 20 il
veut qu'on termine à midi vingt.
Dans la région de Gatineau, le ministre nous annonçait
l'an dernier, lors d'une séance de la commission parlementaire que
près de 50 p.c. des puits le long de la rivière étaient
contaminés et qu'il comptait cette année trouver les sources des
contaminations.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, nous avons poursuivi au cours de
l'année, une étude de la rivière et un examen des fosses
septiques et nous avons conseillé à ceux qui semblaient
exposés à un danger de maladie de faire bouillir leur eau.
M. LEGER: Mais où en sont ces travaux aujourd'hui? Il y avait
près de 50 p.c. des puits qui étaient contaminés?
M. GOLDBLOOM: Le rapport est en rédaction présentement et
ira à l'impression prochainement.
M. LEGER: D'un autre côté, le Protecteur du citoyen se
plaint, dans son rapport de 1971, que la Régie des eaux n'ait pas mis
sur pied un système adéquat de contrôle des suites des
données à ces ordonnances. C'est à la page 79 du rapport
du Protecteur du citoyen. Est-ce que depuis ce temps-là, la situation a
été corrigée et comment?
M. GOLDBLOOM: Elle est corrigée dans une certaine mesure, mais je
pense que le député de Lafontaine connaît fort bien
l'obstacle financier qui a empêché les municipalités de
donner suite aux ordonnances. Nous avons donc ajusté notre
système d'émission d'ordonnances...
M. LEGER: Vous dites que c'est un problème financier des
municipalités, je parle du contrôle des suites des données
à ces ordonnances. Le contrôle n'est pas la responsabilité
de la municipalité, mais celle du ministère.
M. GOLDBLOOM: Ce qui est arrivé, c'est que des ordonnances
émises par l'ancienne Régie des eaux n'étaient pas
toujours respectées par les municipalités et sont restées
dans des tiroirs. D'abord, la Régie des eaux n'avait pas toute
l'autorité qu'a le gouvernement dans son ensemble pour amener une
municipalité à agir.
Deuxièmement, la Régie des eaux ne faisant pas partie
directement de l'appareil gouvernemental, n'ayant donc pas eu les moyens
d'assurer par le processus budgétaire du gouvernement que l'aide
financière requise serait donnée aux municipalités, n'ait
pas été en mesure de faire autre chose que de constater.
M. LEGER: Est-ce que c'est corrigé maintenant?
M. GOLDBLOOM: C'est corrigé en bonne mesure. Justement, ce qui se
produit maintenant, c'est que, là où une ordonnance est
émise, la municipalité s'adresse au ministre des Affaires
municipales et le dossier est étudié sur le plan financier tout
comme il l'a été sur le plan professionnel, scientifique,
technique.
J'irai plus loin. Je dirai que dans nos études, et ce dont j'ai
parlé tout à l'heure, c'est-à-dire l'analyse des
problèmes de distribution d'eau, en est un bon exemple, nous avons pris
les devants et nous avons calculé j'en ai fait part à la
commission parlementaire les coûts prévus pour les
interventions. Nous avons même impliqué les services d'analyse
financière du ministère des Affaires municipales pour être
en mesure de répondre rapidement aux municipalités; quand elles
viendront pour discuter du problème, nous serons en mesure très
rapidement et en priorité d'indiquer un montant de subvention.
M. LEGER: Mais la critique précise du Protecteur du citoyen,
c'était que l'ancienne régie comme le service de la protection de
l'environnement actuellement ne savent pas le résultat des ordonnances
qui ont été émises. C'est cela qu'est le problème.
A ce moment...
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse, M. le Président, je pense bien que
nous savons dans chaque cas quel est le résultat. S'il n'y en a pas, on
sait qu'il n'y en a pas. C'est plutôt la question de l'accomplissement
des travaux nécessaires. Nous trouvons qu'il n'est pas logique que nous
émettions des ordonnances sans que, de part et d'autre, les mesures
soient prises pour qu'une suite soit donnée aux mesures
recommandées. C'est dans ce sens que nous travaillons
présentement. Je ne voudrais pas que cette situation continue où
des ordonnances sont émises mais où rien ne se produit par la
suite.
M. LEGER: Le ministre a-t-il le budget voulu dans ce domaine pour
réaliser cette vérification à la suite d'ordonnances?
M. GOLDBLOOM: Essentiellement, oui, M. le Président. Je pense que
le député se trompe un peu quand il parle de vérifier.
S'il parle du genre d'ordonnances qui exige une intervention qui peut
être accomplie par la municipalité avec ses propres moyens, il
s'agit d'envoyer quelqu'un pour vérifier qu'effectivement les travaux
ont été accomplis. Quand il s'agit d'une ordonnance pour de
grands ouvrages, c'est un problème financier qui doit être
réglé par les mécanismes dont nous avons
déjà discuté. Dans de nombreux cas, dans le passé,
la régie a eu le courage d'émettre une ordonnance, mais les
autorités gouvernementales aux deux ou trois paliers ne contribuaient
pas suffisamment pour que quelque chose se fasse, ce n'est plus la situation
aujourd'hui. Je prends soin de prévoir l'accomplissement des travaux
nécessaires dans chaque cas où une ordonnance est émise.
Si c'est une petite ordonnance précise pour corriger un défaut,
nous envoyons nos ingénieurs, nos techniciens, nos inspecteurs pour
contrôler l'accomplissement de ce qui est exigé. S'il s'agit d'une
grande ordonnance qui dirige une municipalité vers l'accomplissement de
grands travaux, nous prévoyons la partie financière en même
temps. Nous tenons le ministre des Finances au courant de ces situations pour
que nous puissions être assurés du budget nécessaire parce
que ce sont nécessairement des cas prioritaires et des cas d'exception.
Si une ordonnance est émise, c'est parce que les professionnels du
ministère ont jugé que cette ordonnance est nécessaire. Si
elle est nécessaire, c'est pour des raisons et ces raisons justifiant
l'émission de l'ordonnance, justifient en même temps les mesures
d'intervention.
M. LEGER: Maintenant, une étude a été
commandée pour la Communauté urbaine de Québec par
l'entremise de la protection de l'environnement, à la firme Rochette,
Roche-fort et Associés, concernant l'alimentation en eau potable de la
région de Québec. Où en est rendue cette étude?
Est-ce qu'elle est encore en cours?
M. GOLDBLOOM: Je crois l'étude terminée, mais je n'ai pas
encore vu le rapport. C'est un rapport qui est apparemment assez complexe et
qui fait état de certaines options qu'il faudra examiner avec beaucoup
de soins. Nos services professionnels sont en train de l'examiner, si je
comprends bien.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut nous dire si cette étude
est en liaison avec l'utilisation de la Jacques-Cartier?
M. GOLDBLOOM: Je ne comprends pas parfaitement la question du
député de Lafontaine. Il n'y a pas de lien entre l'étude
demandée à la firme d'ingénieurs-conseils Rochette,
Rochefort, Pineau et Associés et le projet lancé par
Hydro-Québec pour l'aménagement hydroélectrique de la
rivière Jacques-Cartier.
M. LEGER: Le ministre n'a certainement pas lu un article paru dans les
journaux dernièrement. Tout le monde a été surpris de voir
que le ministre n'avait pas eu de réactions à cela. Le ministre
me dit qu'il a eu le rapport de cette firme Rochette, Rochefort pour
l'alimentation en eau potable de la région de Québec. Un article
publiait justement que la Jacques-Cartier pourrait être utilisée
comme un réservoir d'eau potable pour la ville de Québec. A ce
sujet, je disais: Est-ce qu'il y a une liason, est-ce que c'était une
des conclusions du rapport Ro-chette-Rochefort?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le rapport lui-même sera
publié quand le moment viendra de le publier, mais je peux informer le
député de Lafontaine que ce qui a été
proposé par Hydro-Québec n'est pas superposable à quelque
idée que ce soit de trouver dans la rivière Jacques-Cartier une
source d'alimentation en eau pour la région de Québec.
M. LEGER: Mais le ministre n'est pas au courant de ce dont je lui parle,
parce qu'il n'y a aucun rapport avec Hydro-Québec là-dedans.
Hydro-Québec était un autre projet de centrale
hydroélectrique, mais la partie dont je veux parler, c'est la question
d'un réservoir d'eau potable en utilisant la rivière
Jacques-Cartier à une autre fin que celle d'Hydro-Québec. Alors,
cela n'a aucun rapport avec Hydro-Québec. Comme le rapport n'est pas
déposé mais que le ministre l'a lu, est-ce que dans ce rapport ou
ailleurs, il est question que la rivière Jacques-Cartier soit
utilisée comme réservoir d'eau potable pour la région de
Québec?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je voudrais apporter une
précision. Le ministre ne l'a pas lu. Le ministre ne l'a pas vu. Le
ministre a eu quelques bribes de renseignements sur ce que contient le rapport
qui est analysé présentement. Alors, je ne voudrais pas laisser
l'impression que j'ai lu le rapport et que je refuse d'en parler. Je n'en ai
pas pris connaissance. C'est pour cela que je veux être prudent en
faisant des déclarations. Mais je voudrais aussi réaffirmer ce
que j'ai dit et ce que le député de Lafontaine a dit lui aussi:
II n'y a aucun lien avec l'ancien projet d'Hydro-Québec.
M. LEGER: Nous sommes d'accord là-dessus.
M. GOLDBLOOM: Ce que je comprends de ce qui pourrait être
avancé par les ingénieurs-conseils, c'est que l'endroit ne serait
pas le même, que les effets sur la rivière ne seraient pas les
mêmes et qu'il n'y aurait pas d'inconvénient quant à la
partie de la rivière qui se situe dans le parc. Puisque le
député a abordé le sujet, je pense qu'il est important que
je fasse cette déclaration claire, que l'on ne revient pas au
débat sur la partie de la Jacques-Cartier qui est située à
l'intérieur du parc des Laurentides, en discutant d'un éventuel
rapport sur l'alimentation en eau de la région de Québec.
M. LEGER: M. le Président, je reviens sur le sujet,
précisément parce que les conséquences sont semblables.
Que ce soit pour le projet d'Hydro-Québec sur la Jacques-Cartier qui
demandait la possibilité d'installation d'un barrage Jacques-Cartier ou
pour le réservoir d'eau potable, cela exige aussi à la
Jacques-Cartier un barrage.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, est-ce que le député
de Lafontaine a lu le rapport?
M. LEGER: M. le Président, je vais vous lire un petit extrait. Le
ministre pourra démentir ou confirmer ce que j'avance.
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, je ne serai pas en mesure de
confirmer ou de démentir parce que je n'ai pas lu le rapport. J'ai
posé une question directe à l'honorable député de
Lafontaine. Oui ou non, a-t-il lu le rapport?
M. LEGER: Le ministre va répondre à ma question suivante,
s'il le peut.
M. GOLDBLOOM: Le député de Lafontaine ne répond pas
à ma question. Il a le droit de ne pas répondre, mais je voudrais
souligner qu'il n'a pas répondu.
M. LEGER: Moi, je demande au ministre s'il l'a lu ou non parce que c'est
lui qui en est le premier responsable. Ici, il y a un article qui dit que le
ministre a lu le rapport. Le ministre pourra, après ça, confirmer
ou infirmer.
M. GOLDBLOOM: J'ai déjà déclaré, de mon
siège, que je n'ai pas lu le rapport. Je ne l'ai jamais eu devant les
yeux.
M. LEGER: Je prends sa parole. Le ministre va quand même me
permettre de lire le texte que j'ai ici pour dire, après ça,
exactement les nuances qu'il pourrait y apporter. On parle de l'étude de
la firme Rochette, Rochefort et Associés. On dit, en titre, que
l'étude est suspendue. Ce projet d'utiliser la Jacques-Cartier comme
source d'approvisionnement en eau potable est connu depuis plus d'un an des
autorités des services de protection de l'environnement qui confiaient,
en décembre 1972, à la firme Rochette, Rochefort et
Associés, de Sainte-Foy, le mandat de déterminer les besoins en
eau potable de la Communauté urbaine de Québec pour les 40
prochaines années. Un an, presque jour pour jour, après avoir
confié ce mandat à la firme en question, les services de
protection de l'environnement ont décidé toutefois de suspendre
l'étude en cours. C'était en décembre dernier et
l'étude, pour laquelle un budget de $210,000 avait été
prévu, était alors complétée dans une proportion de
90 p.c. Plus loin, on dit que M. Jean-Guy Rochefort, de la firme
d'ingénieurs-conseils chargée de l'étude, nous a
confirmé l'arrêt momentané des travaux en expliquant que
les services de protection de l'environnement manquaient d'argent. Le
coor-donnateur de l'étude pour les services de protection de
l'environnement, M. Beaulieu, a indiqué, pour sa part, que les
crédits manquaient et que certaines données techniques faisaient
également défaut. A ce moment-là, on disait qu'il n'y
avait que deux sources possibles d'eau potable, c'étaient le fleuve ou
la Jacques-Cartier. Si c'est la Jacques-Cartier, comme il est possible, tel
qu'annoncé ici, même si le ministre ne l'a pas lu... Mais les
conséquences sont les mêmes parce qu'il y a
nécessité d'un barrage. Comme pour le projet
d'Hydro-Québec qui avait comme objectif d'autres fins, mais dont les
conséquences peuvent être les mêmes.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, l'honorable député
de Lafontaine vient de faire une
affirmation extrêmement dangereuse. M. le Président, je
répète, l'honorable député de Lafontaine vient de
faire une affirmation extrêmement dangereuse, parce qu'il est, par cette
déclaration, en train de semer l'impression dans la population de la
région et du Québec tout entier, parce qu'il y a eu un
intérêt très large quant au problème de la
Jacques-Cartier, que le problème posé par l'alimentation en eau
potable de la région de Québec ne pourrait être
résolu qu'en imposant à la Jacques-Cartier le même genre de
transformation que celui proposé par Hydro-Québec. Je
déclare, M. le Président, pour que ce soit inscrit au journal des
Débats, pour la deuxième fois, que cela n'est pas exact, n'est
pas vrai, et j'irai plus loin, M. le Président, le gouvernement a pris
position quant au projet de la Jacques-Cartier.
M. LEGER: Oui, pour Hydro-Québec.
M. GOLDBLOOM: Le gouvernement n'acceptera pas que l'on retourne à
ce débat par le truchement de cet autre débat. J'affirme que, si
l'on doit examiner ces deux hypothèses, nous les examinerons à la
lumière de la politique du gouvernement déjà
établie quant à la rivière Jacques-Cartier.
Si d'autres veulent relancer le débat sur le projet
d'Hydro-Québec, ce débat sera relancé. Mais, d'abord, non
seulement je n'ai pas lu le rapport, le rapport n'est effectivement pas
rentré à nos services.
Il y a eu des consultations entre la firme d'ingénieurs-conseils
et les principaux dirigeants professionnels de nos services qui ont
été saisis de certains aspects du dossier, les deux aspects que
le député a soulignés, les deux sources possibles. Mais
nous ne sommes pas allés plus loin, nous avons demandé
l'interruption du travail et nous attendrons d'être en mesure de faire
compléter l'étude quand notre budget nous le permettra.
Entre-temps, nous continuerons d'évaluer par nos propres moyens les
diverses possibilités d'alimentation en eau potable et les coûts
impliqués. Je veux affirmer qu'il serait possible de puiser de l'eau
dans la Jacques-Cartier sans toucher à la partie de la rivière
qui est comprise dans le parc des Laurentides.
M. LEGER : Ce serait possible sans mettre de barrage?
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas ce que j'ai dit, M. le Président.
M. LEGER: Je commençais à dire: Je suis d'accord, donc le
ministre va s'opposer à ce qu'il y ait un barrage sur la
Jacques-Cartier. Mais ce n'est pas cela. Je m'attendais que la conclusion de
tout ce qu'il venait d'affirmer de son siège, c'était qu'il
s'opposerait à ce qu'il y ait un barrage sur la Jacques-Cartier pour une
alimentation en eau potable pour la région de .Québec, parce que
M. Rochefort allait s'entendre avec des journalistes que c'était la
possibilité d'utilisation. La conséquence était un barrage
pour des fins différentes de celles du projet d'Hydro-Québec. Je
ne relance pas le débat d'Hydro-Québec, mais je m'attendais
je pensais que c'était la conclusion du ministre qu'il
s'opposerait à ce qu'il y ait un barrage sur la Jacques-Cartier pour
l'alimentation en eau potable de la région de Québec.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, est-il impossible au
député de Lafontaine de concevoir un barrage de moindre envergure
à un autre endroit avec une inondation moindre qui ne remonterait pas la
vallée de la rivière jusqu'au parc? Est-ce qu'il lui est
impossible de concevoir cela?
M. LEGER: C'est vous qui allez me dire si c'est possible ou non. Si vous
me dites que c'est possible, que vos services techniques admettent que c'est
possible, je n'ai pas d'objection, mais je suis ici pour avoir de
l'information.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je souligne que l'honorable
député de Lafontaine fait des affirmations, c'est un peu
différent que de demander de l'information.
M. LEGER: Je cite des articles de journaux de personnes qui ont
interviewé des membres de cette firme qui a fait des études pour
le ministère et qui affirment, justement ce que je viens de dire
là. Je n'ai fait que citer l'article pour qu'il puisse dire qu'il est
faux ou qu'il va s'opposer, le cas échéant, à ce qu'il y
ait un barrage. Le ministre me dit qu'il peut y avoir un barrage mais à
un endroit différent. Quelles seraient les conséquences,
maintenant, à ce point de vue-là?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'ai dit assez
régulièrement que je continuerais de m'opposer à des
effets néfastes sur la partie de la Jacques-Cartier qui est à
l'intérieur du parc, la partie que nous nous efforçons de
protéger. S'il est possible d'avoir des installations à un autre
endroit qui fourniraient les réserves d'eau nécessaires et qui ne
causeraient pas d'inondation en amont pour toucher au parc, il est possible que
nous arrivions à la conclusion que c'est une chose acceptable, justement
parce que le parc serait protégé. Mais, M. le Président,
je dois dire que je suis obligé de me poser des questions sur la
publication d'un rapport incomplet, commandité par le gouvernement, pas
complété, pas remis au gouvernement et dévoilé par
d'autres personnes. Je n'ai pas l'habitude de me prononcer sur des rapports
incomplets, dont l'analyse n'a pas été complétée
par mes services. Puisque le sujet est de tant d'importance et puisque le
député de Lafontaine, par ses affirmations, aurait laissé
croire que nous retournions au même problème, je n'avais pas
d'autre
choix que de faire des commentaires préliminaires et
rétablir les faits.
C'est que d'après ces renseignements préliminaires que je
possède, sans avoir vu un rapport, sans avoir reçu l'analyse de
ce rapport par mes services professionnels, il serait possible de fournir de
l'eau à la région de Québec, sans empiéter sur la
rivière dans la partie que l'on a voulu conserver à cause de son
caractère unique.
M. LEGER: C'est donc dire en conclusion que le ministre, jusqu'à
maintenant, n'est pas en mesure, avec les données du rapport qu'il n'a
pas encore lu, de déterminer si, pour s'approvisionner sur la
Jacques-Cartier, le barrage pourrait être fait à un endroit qui ne
créerait pas de problèmes semblables à ceux qu'aurait
causés un barrage par Hydro-Québec. C'est la conclusion que je
peux avoir aujourd'hui.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, s'il est possible et je ne
suis pas en mesure de l'affirmer de placer un barrage à un
endroit où la réserve créée suffirait aux besoins
de la région de la capitale et cela sans créer une inondation qui
toucherait aux parties de la rivière que l'on voudrait préserver,
je serais disposé à examiner objectivement cette hypothèse
et la comparer à d'autres. S'il n'est pas possible de construire un
barrage sans toucher à la partie que l'on a si longuement
discutée, je ne serais pas, pour ma part, disposé à
envisager cette hypothèse.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut nous dire quand le rapport sera
terminé puisqu'il a été suspendu?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, je ne suis pas en mesure de
l'affirmer, de le savoir et nous allons revoir notre propre situation, revoir
l'état actuel du travail, revoir la nécessité de faire
compléter à une échéance donnée le rapport
en question. C'est une question d'urgence de résoudre le
problème, cette urgence est clairement moindre que celle d'autres
problèmes dans la région de la capitale, comme par exemple,
l'alimentation en eau de Sainte-Foy et des municipalités environnantes
déservies par elle. Nous avons donné la priorité à
ceux-là et nous avons indiqué à Sainte-Foy qu'il y aura
une subvention importante pour aider cette municipalité et ses voisines
à avoir un service adéquat d'alimentation en eau potable.
Il y a aussi le travail du Bureau d'assainissement des eaux du
Québec métropolitain que nous avons appuyé tout
récemment par une subvention spéciale et importante et ce travail
devra être poursuivi. A notre connaissance, l'ouverture relativement
récente d'une nouvelle usine de filtration, pour desservir la ville de
Québec et d'autres municipalités environnantes, suffit pour un
certain temps et c'est à long terme que nous devrons apporter d'autres
solu- tions. Nous avons donc le temps voulu pour étudier la question
à tête reposée et je ne voudrais pas que la situation
actuelle crée une émotivité tout à fait
injustifiée dans la population québécoise.
M. LEGER: M. le Président, je prends bonne note des remarques du
ministre. Nous verrons dans l'avenir ce qu'il adviendra de ce projet. Je
voudrais demander certains cas particuliers avant d'adopter le programme.
Qu'est-ce que le ministre a fait pour régler le problème d'un
certain nombre de familles de Malartic, privées d'eau potable depuis
près d'un an? Le ministre a certainement eu des demandes de ce
côté. Où en est la solution de ce problème?
M. GOLDBLOOM: II y a neuf familles, M. le Président, si ma
mémoire est fidèle. Ces familles sont situées â
l'extérieur de la municipalité. C'est un problème
financier extrêmement lourd à cause des distances. Il est assez
difficile de prévoir que le problème pourra être
résolu à courte échéance, les coûts
étant extrêmement élevés. Devant des besoins
existant un peu partout dans la province, on est obligé de choisir. J'ai
pris connaissance de ce problème vendredi dernier quand j'étais
à Val-d'Or et j'ai demandé une étude plus poussée
de la question par nos services. Je ne suis pas en mesure de donner une autre
réponse en ce moment.
M. LEGER: De toute façon, le ministre est au courant que cela
dure depuis un an, ce problème de ces... Vous venez d'en être
saisi.
M. GOLDBLOOM: Je suis au courant et c'est un problème fort
épineux. Le député se rappellera que, quand il s'est agi
de problèmes majeurs à des endroits comme Bouchette et
Blanc-Sablon, nous n'avons pas hésité à intervenir et de
façon extrêmement généreuse.
Nous faisons ce que nous pouvons et nous continuerons de le faire.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): II est 12 h 25. La commission...
M. VAILLANCOURT: On va adopter cela.
M. LEGER: Il nous reste encore des questions, de toute façon. Il
m'en restait deux ou trois.
M. GOLDBLOOM: Quant à moi, je ne suis pas pressé.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Continuez.
M. LEGER: Merci. Je voulais poser une question au ministre. C'est un
autre cas de région et je pense que c'est ici le seul endroit où
' on peut le faire, puisque ce sont des problèmes d'ordre pratique, mais
qui ne sont peut-être pas
d'ordre national. Le ministre a probablement reçu un
télégramme venant des citoyens de l'Ile-Perrot. Je résume
rapidement: un groupe de citoyens de la ville de l'Ile-Perrot protestent
énergiquement contre l'ordonnance 43, que le ministre a émise le
30 avril 1974, ordonnant à la corporation municipale d'exécuter
sans délai des travaux d'égouts pluviaux sur les terres nos 223,
224 et 226. Cette décision prise en vertu de la Loi de la qualité
de l'environnement constitue de la part du ministre, d'après eux, une
violation du droit de regard des contribuables sur l'administration municipale
que garantit la Loi des cités et villes dont vous êtes le
responsable en tant que ministre des Affaires municipales.
Vous n'ignorez pas que les travaux dont vous ordonnez l'exécution
avaient fait l'objet d'un règlement d'emprunt dont nous avions
contesté la légalité en cour Supérieure, le tout
conformément aux droits fondamentaux qui sont garantis aux contribuables
intéressés. Au lieu de respecter cette volonté des
citoyens, on dit que vous avez jugé bon d'y passer outre et, par le
biais de la Loi de la qualité de l'environnement, avez ordonné
l'exécution de ces travaux et par le fait même permis à la
corporation municipale de la ville de l'Ile-Perrot d'imposer à 26
contribuables seulement le paiement de l'investissement de $187,000.
Est-ce que le ministre a trouvé une solution à ce
problème?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il y a plusieurs commentaires que
je voudrais faire sur ce cas.
Je n'ai pas l'habitude d'agir de façon non démocratique et
il est vrai que nos lois prévoient que des règlements d'emprunt
à la demande d'un certain nombre de citoyens peuvent être soumis
à un référendum. H arrive que des citoyens votent contre
un projet mis de l'avant par la municipalité et que la
municipalité fasse des représentations au ministre pour indiquer
que, nonobstant la réticence, la réaction négative de la
population quant aux dépenses impliquées parce que, dans
presque tous les cas, le référendum porte sur la question des
dépenses et que les citoyens qui votent contre le règlement
d'emprunt le font parce qu'ils trouvent que le coût serait trop
élevé le conseil municipal, ayant pris ses
responsabilités et constatant qu'il y a quand même un besoin
d'accomplir les travaux nécessaires, s'adresse au ministre pour deux
raisons. Premièrement il y a, aux yeux du conseil municipal élu
pour prendre ses responsabilités au nom de tous les citoyens, un besoin
réel, un besoin qui implique la protection de la santé ou de
l'environnement; deuxièmement, parce que le règlement d'emprunt,
ayant été rejeté par les contribuables,
présumément à cause des coûts impliqués et
des augmentations probables de taxes, la municipalité demande la
possibilité d'une subvention. Or, dans ce cas, même si le litige
est un peu compliqué, et il y a eu contestation du règlement
d'emprunt devant les tribunaux, nos services professionnels, en réponse
à la demande du conseil municipal, ont jugé qu'il était
nécessaire d'intervenir et de faire accomplir les travaux.
Ce que les 26 contribuables ne semblent pas comprendre, ce dont ils ne
semblent pas au courant, c'est qu'il y a effectivement une subvention qui a
été prévue et que cette subvention réduira
considérablement le fardeau qu'ils auront à porter.
M. LEGER: Est-ce que le montant est dévoilé?
M. GOLDBLOOM: Je ne l'ai pas encore dévoilé. De
mémoire, c'est approximativement les deux tiers.
M. LEGER: Des $186,000?
M. GOLDBLOOM: Mais je donne ce montant sous réserve.
Il y a une subvention qui représente certainement plus de la
moitié du coût, donc, l'affirmation que les 26 contribuables sont
obligés de porter seuls tout le fardeau n'est pas vraie, M. le
Président. Je pense que c'est une tempête dans un verre d'eau de
dire que le ministre a agi d'une façon antidémocratique. Ce
n'était pas le désir du ministre, c'était son
désir, en collaboration avec le conseil municipal, de protéger la
santé des gens et l'environnement et il a appuyé ce désir
par une contribution importante au financement du projet.
M. LEGER: C'était donc un manque d'information et les citoyens
n'étant pas au courant que vous prévoyiez une subvention en
même temps, ils en concluaient qu'ils auraient à supporter le
montant seuls.
J'ai donc permis au ministre de corriger la situation et de redorer son
blason dans cette région.
M. GOLDBLOOM: Je pense que les citoyens sont un peu partis en peur, mais
quand j'ai été saisi du télégramme, j'en ai
été saisi par un journaliste avant de l'avoir reçu
moi-même, j'ai répondu...
M. LEGER: Ah! c'est bien.
M. GOLDBLOOM: Oui, les journalistes sont aux aguets. On n'y peut rien.
Je pense bien...
M. LEGER: Les journalistes sont plus vite que les
télégrammes.
M. GOLDBLOOM: ... que si un journaliste l'a eu, c'est parce que les
citoyens en question l'ont distribué aux journalistes en même
temps. C'est une façon de procéder dont ils assument
la responsabilité. J'ai répondu immédiatement que
j'étais à la disposition de ces contribuables, que j'étais
prêt à les rencontrer et à examiner avec eux les
problèmes et, à ce moment-là, je ne savais pas que mes
services avaient calculé une subvention. Je peux maintenant affirmer
qu'il y aura une subvention et que le fardeau sera réduit
considérablement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Est-ce que l'on peut dire que le
programme 11 est adopté?
M. LEGER: En ce qui nous concerne, M. le Président, nous sommes
heureux de dire que nous sommes prêts à adopter le programme 11 et
que nous avons maintenant hâte d'entreprendre les études de la
direction de l'environnement qui est un sujet très important au
Québec actuellement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le programme 11, adopté et la
commission suspend ses travaux jusqu'à cet après-midi,
après la période des questions.
(Suspension des travaux à 12 h 23)
Reprise de la séance à 16 h 15
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
affaires municipales): A l'ordre, messieurs!
Le programme 12: Aide à la gestion de l'eau.
Environnement
M. LEGER: M. le Président, j'aimerais qu'on commence par
l'aménagement du territoire. Je ne vois pas pourquoi nous passerions au
programme 12 plutôt qu'au 10. Nous avons bien compris qu'il y avait les
programmes 10, 12 et 13 qui pouvaient se discuter ensemble, et ensuite,
programme par programme, mais pourquoi 12 en particulier? Je ne vois pas la
raison.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): C'est la suite de 11. On peut bien
revenir au programme 10.
M. LEGER: C'est parce qu'il y avait des questions d'ordre
général, dans le domaine de l'environnement. On commence
réellement à parler du domaine de l'environnement, même si
on a un peu parlé de la qualité des eaux des aqueducs
aujourd'hui, ce n'était pas nécessairement le fond de la
question.
Au départ, j'ai posé la question suivante au ministre: A
la suite du livre blanc des Affaires culturelles, on a parlé de la
création d'un superministère de la qualité de la vie,
regroupant les ministères des Affaires culturelles, des Communications
et l'environnement. Dans les Affaires culturelles, on parlait du
socio-culturel, qui aurait pu être transmis du Haut-Commissariat à
ce superministère. Mais il y avait les Affaires culturelles, les
Communications et l'environnement. Je voudrais savoir du ministre si cela
l'enchante, si la nouvelle est exacte, et quels avantages concrets il verrait
à la création de ce superministère de la qualité de
la vie.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je n'ai vraiment pas de
commentaires. Le gouvernement est un superministère, et le gouvernement
divise ses responsabilités à sa guise. S'il y a un
problème, c'est au gouvernement de le régler. Si ce
problème est à caractère interministériel, c'est au
gouvernement de faire intervenir, en collaboration, les ministères
concernés. N'importe quel regroupement de ministères implique une
subdivision de responsabilités par la suite; quand on crée un
grand organisme, on est obligé, par la suite, de séparer ses
responsabilités en divers secteurs.
Je pense que c'est une question qui relève d'une
préoccupation avec les structures. Je n'ai pas cette
préoccupation. Je pense que nous devons tout simplement travailler
chacun dans le domaine de sa responsabilité. S'il y a un problème
à résoudre, prenons le problème, étudions-le,
faisons intervenir les personnes du gouvernement ou de l'extérieur
qui sont compétentes pour contribuer à sa solution. On
peut avoir toutes sortes de structures différentes. Ce n'est pas comme
cela que l'on réussit à résoudre les problèmes.
M. LEGER: Donc, le ministre ne prévoit pas de changements
à court terme dans les structures actuelles des ministères?
M. GOLDBLOOM: Je ne peux parler que pour le ministère que je
dirige. Pour les services de protection de l'environnement, non, je ne
prévois aucun changement.
M. LEGER: Etant donné que le ministre des Affaires culturelles
s'était prononcé là-dessus et que, d'autre part, le
ministre actuel des Affaires municipales a déjà été
uniquement ministre d'Etat du ministère de l'environnement, maintenant
qu'il est devenu ministre des Affaires municipales, il dirige en même
temps les deux services et il n'a pas été remplacé comme
ministre d'Etat à l'environnement. C'est la raison pour laquelle je
demandais au ministre, maintenant qu'il est devenu ministre des Affaires
municipales, s'il calcule qu'il a suffisamment de préoccupations avec
son ministère des Affaires municipales, que le ministère de
l'environnement devrait avoir soit un titulaire de plus pour s'en occuper comme
tel, ou bien que ce ministère pourrait, et que c'est un avantage ou un
désavantage, aller dans un superministère de la qualité de
la vie.
M. VAILLANCOURT: Premièrement, le ministère de
l'environnement, cela n'existe pas.
M. LEGER: Je parle de direction de l'environnement, mais il y a
déjà eu un ministre d'Etat responsable dans ce domaine.
M. GOLDBLOOM: II y a toujours un ministre responsable de la
qualité de l'environnement, qui est chargé de l'application de la
Loi de la qualité de l'environnement. M. le Président, je pense
qu'il m'est...
M. LEGER: Est-ce que le ministre veut dire qu'il est le ministre
responsable de la qualité de l'environnement? Est-ce que, en même
temps, il est ministre de l'habitation et le ministre de toutes les directions
de son ministère? Est-ce que c'est ce qu'il veut dire?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président. Ce que je veux dire, c'est
que celui qui vous parle détient deux titres: ministre des Affaires
municipales et ministre responsable de la qualité de
l'environnement.
Le titre de ministre des Affaires municipales est donné en vertu
des lois constitutives du ministère et de la décision du premier
ministre; le titre de ministre responsable de la qualité de
l'environnement est donné en vertu de la Loi de la qualité de
l'environnement, qui exige qu'un ministre soit désigné pour son
application. Je réponds de la façon la plus simple à
l'honorable député de Lafontaine. Quant aux attributions des
ministres, c'est le premier ministre qui en décide. Si le premier
ministre décide de modifier les attributions des ministres actuels, il
le fera quand il voudra, à sa guise.
Le fait d'être à la fois ministre des Affaires municipales
et ministre responsable de la qualité de l'environnement assure à
la population au moins une chose, c'est que les priorités du ministre
responsable de la qualité de l'environnement sont en même temps
celles du ministre des Affaires municipales, ce qui est un avantage.
M. LEGER: Le ministre ne me répond que très partiellement.
Est-ce que, pour le bon fonctionnement de la qualité de l'environnement,
il est d'après lui préférable que cela demeure tel quel
actuellement, c'est-à-dire avec le ministère des Affaires
municipales, étant donné qu'il y a beaucoup non pas de
familiarité mais de préoccupations qui s'y rattachent, ou si,
à la proposition qu'a faite l'autre ministre, celui des Affaires
culturelles, le ministre s'est opposé ou est d'accord sur cette
situation?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, l'honorable député
de Lafontaine me demande un avis personnel. Cet avis n'a aucune valeur. Je lui
ai dit que c'est le premier ministre qui décide quel ministre fait quoi
et qui est ministre et de quoi.
Four ma part, je continuerai, comme je fais depuis 30 ans, de travailler
16 et 17 heures par jour, 90 ou 95 heures par semaines, à faire ce que
l'on me demande de faire.
Ceux qui ont l'autorité pour juger jugeront.
M. LEGER: Oui, c'est clair. Autrement dit, vous ne répondez pas
à 'la question. Vous prenez le privilège de ne pas
répondre à ma question. D'accord, c'est votre privilège de
ne pas répondre à ma question.
M. le Président, il y a eu dernièrement, au conseil
consultatif de l'environnement, certaines nominations. Pourquoi y a-t-il eu un
tel délai entre la sanction de la loi et les nominations qui ont
été faites? Est-ce qu'il y a de la difficulté à
recruter le personnel qualifié?
M. GOLDBLOOM : Nous avons entrepris une consultation très large,
M. le Président. Nous avons invité plus de 50 organismes à
formuler des suggestions. A ma connaissance, il n'y en a presque pas un seul
qui n'a pas répondu et dans la majorité des cas, il y a eu
plusieurs suggestions de faites.
Nous nous sommes trouvés devant des recommandations de 350 noms
pour occuper dix postes. Il nous a fallu un certain temps pour faire le triage
et essayer d'établir un certain équilibre. D'abord, il
était évident que nous aurions pu faire de ce conseil consultatif
un conseil scientifique. Nous aurions pu prendre
tout simplement des universitaires. Nous avions littéralement des
vingtaines d'universitaires compétents qui étaient
suggérés comme membres de ce conseil. Il fallait donc que nous
arrêtions un peu l'analyse pour réfléchir.
Quelle sorte de conseil devions-nous créer? Nous avons
décidé de ne pas créer un conseil scientifique, même
si la présence des ces hommes de science aurait été un
atout évident pour le gouvernement, mais il nous semblait
nécessaire d'avoir un éventail d'opinions et
d'expériences. Il nous semblait nécessaire d'avoir la
présence au conseil de personnes qui avaient milité dans les
mouvements qui se sont créés justement pour défendre
l'environnement.
En même temps, pour être justes, il fallait chercher, dans
le milieu des affaires, le milieu industriel, des personnes compétentes
qui pouvaient exprimer le point de vue de celui qui vit quotidiennement
l'expérience industrielle et qui peut ramener sur terre peut-être
des idées un peu fantaisistes de ce que l'on peut accomplir, dans un
court laps de temps, dans une industrie donnée. Il a donc fallu un temps
considérable.
Il va sans dire qu'ayant consulté plus de 50 organismes, ayant 11
postes au total, 10 si on laisse de côté le président, il
n'était pas possible de nommer un candidat suggéré par
chacun des organismes. Nous avons essayé de faire la part des
choses.
M. LEGER: C'est une question que je voulais lui poser au début,
j'ai oublié de la lui poser. Est-ce que le ministre pourrait nous
présenter ses fonctionnaires qui s'occupent du domaine de
l'environnement de façon qu'on les connaisse, parce que l'on a souvent
à discuter de différents problèmes?
Je reconnais des figures, mais est-ce qu'il pourrait les
présenter en même temps à la commission?
M. BEDARD (Montmorency): C'est une bonne question.
M. GOLDBLOOM: M. Jolicoeur est le directeur des services de protection
de l'environnement, M. Tremblay est responsable du budget, M. Jean Roy est
responsable du secteur industriel. Ce sont les personnes qui sont
présentes ici, en ce moment.
M. LEGER: Maintenant, la question qui venait à la suite...
Les autres personnes sont des fonctionnaires qui ne sont pas cadres?
M. GOLDBLOOM: Pardon?
M. LEGER: Les autres personnes présentes sont des personnes qui
ne sont pas cadres dans les services de protection de l'environnement?
M. GOLDBLOOM: Non, il y a d'autres personnes qui ne sont pas ici,
présentement, mais, si leur présence est requise, nous pourrons
les faire venir. Elles sont également des cadres.
M. LEGER: Est-ce que le ministre pourrait me dire maintenant le nom des
personnes du conseil consultatif et les raisons qui ont prévalu à
leur choix, leurs qualifications qui ont fait qu'elle ont été
choisies parmi votre diagramme de 350 possibilités?
M. GOLDBLOOM: Oui, j'essayerai de m'en rappeler, M. le
Président.
M. LEGER: Je peux vous nommer les noms et à mesure vous me direz
les raisons.
M. GOLDBLOOM: Pardon?
M. LEGER: Je peux vous nommer des noms et vous me direz les raisons.
Vous devez les savoir par coeur de toute façon.
M. GOLDBLOOM: Oui, je me rappelle de toutes les personnes, mais je
risque d'en omettre une ou deux de mémoire. Nous avions reçu un
certain nombre de recommandations du mouvement STOP et du mouvement SVP. Nous
avons invité Mme Sheila Shulman qui était proposée par
STOP à siéger au conseil; parmi les quatre nominations offertes
par SVP, nous avons choisi M. Gilles Lamoureux, qui est l'ingénieur en
chef, si je comprends bien, de la base militaire de Bagotville; nous avons M.
Jean-Marc Lalancette de l'Université de Sherbrooke, je ne suis pas
certain qu'il soit toujours affilié directement à
l'université, mais il est de ce milieu et ses connaissances sont
notamment dans le domaine de l'aménagement du territoire; nous avons
choisi une urbaniste professionnelle, Mlle Danielle Routaboule. Mlle Alice
Johannsen, qui dirige le centre d'études biologiques et de plein air du
mont Saint-Hilaire qui appartient à l'Université McGill.
Le professeur Roger Bider, du Collège Mac-donald, qui est, lui
aussi, biologiste et qui est intéressé surtout à la
biologie de la faune, M. Lucien Piché, qui est un des vice-doyens, je
pense, à l'Université de Montréal, qui enseigne la
protection de l'environnement et qui a publié un texte, un manuel
d'enseignement sur le sujet; il est, en même temps, consultant
auprès de certaines industries. Il y a M. Claude Drouin, qui est
ingénieur et qui a une expérience particulière dans le
domaine minier. M. Laurent Tessier, qui est le directeur des services de
protection de l'environnement de l'Alcan à Arvi-da et Mlle Andrée
Lajoie, qui est avocate à l'Université de Montréal. Est-ce
que j'en ai omis?
Je me permets de saisir cette occasion pour répondre à une
affirmation intéressante de la part de l'honorable député
qui a profité de sa présence devant l'Association
québécoise des techniques de l'eau pour se plaindre au nom...
M. LEGER: C'est la question suivante.
M. GOLDBLOOM: Oui... pour se plaindre, au nom de cette association
je ne sais pas à quel titre, mais il a pris sur lui de le faire
qu'un membre de l'AQTE n'était pas nommé au conseil.
D'abord, je lui ai donné la réponse qu'avec 50 organismes et plus
il n'était pas possible de nommer un candidat suggéré par
chacun. Deuxièmement, je tiens à lui souligner, lui qui, avec ses
collègues, est tellement intéressé par les conflits
d'intérêts, que des membres de l'AQTE en grand nombre sont des
ingénieurs-conseils qui reçoivent des contrats de la part des
services de protection de l'environnement. Je trouvais que c'était un
risque de placer une telle personne dans une situation de conflits
d'intérêts, de le nommer comme consultant au gouvernement sur le
plan général et de lui permettre d'être, en même
temps, candidat pour des contrats pour des études professionnelles. Je
ne les ai pas en mémoire, mais les principaux noms qui m'étaient
suggérés par l'AQTE étaient des
ingénieurs-conseils. Je peux me tromper, parce qu'il y a un certain
temps que je n'ai pas regardé cette liste, mais cela a été
la première impression qui se dégageait de mon contact avec cette
liste. J'ai donné cette explication dans une lettre que j'ai
adressée au président de l'AQTE.
J'ai dit plus que cela, M. le Président, et le
député le sait fort bien. Je considère l'AQTE tout
entière comme un organisme valable de consultation auprès du
gouvernement. C'est pour cette raison que, pour la quatrième
année consécutive, j'ai participé à ses
assises.
M. LEGER: M. le Président, c'était une question qui s'en
venait au sujet de ce groupement, c'est un organisme qui, dans son ensemble,
n'a pas de conflits d'intérêts, mais des personnes à
l'intérieur auraient pu en avoir. C'est donc dire que toutes les
personnes nommées actuellement ne seront jamais placées dans une
position de conflit d'intérêts.
M. GOLDBLOOM: Je l'espère. C'est notre intention de
l'éviter, M. le Président. Je crois bien que, quant aux travaux
que le gouvernement doit commanditer, il n'y a personne qui le soit, sauf
peut-être dans le domaine des recherches scientifiques, mais nous ne
considérons pas que ce domaine constitue un conflit
d'intérêts. Qu'une université, qui compte dans son
équipe de recherche sur l'environnement un des membres du conseil
consultatif, soit chargée de faire un travail scientifique, je ne crois
pas que cela constitue un conflit d'intérêts.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut nous dire, maintenant, concernant
ce conseil consultatif de l'environnement, combien d'avis ce conseil lui a
donnés depuis sa constitution?
M. GOLDBLOOM: Le conseil n'a pas encore pondu d'avis, mais, dès
la première rencontre où j'ai reçu pour la seule et unique
fois les membres du conseil, j'ai demandé l'avis du conseil sur un
certain nombre de sujets.
Il y a deux grands sujets avec" des sous-questions,
nécessairement, ces deux sujets étaient connexes:
l'aménagement de territoires où l'on veut protéger
l'environnement, comme autour d'un lac et le choix de tracés de droits
de passage, comme pour des routes nous en avons discuté l'autre
jour comme pour des lignes de transmission, comme pour des
oléoducs et gazoducs; les facteurs dont le gouvernement devrait tenir
compte en choisissant ces tracés, et aussi les méthodes
utilisées pour dégager et garder dégagés les droits
de passage. On sait que c'est un problème quant à l'utilisation
de certaines substances chimiques.
M. LEGER: Maintenant, est-ce que le ministre peut nous faire
connaître plus à fond sa pensée concernant ce qu'il
déclarait sur la loi 34, quand il disait qu'elle était en
révision, en vue d'y apporter des amendements pour boucher certains
trous et pour mieux préciser les responsabilités des
différents paliers de contrôle? C'est ce que le ministre avait
déclaré lors d'un discours qu'il a fait à l'occasion d'une
réunion des membres de l'Association des inspecteurs de santé
publique du Québec réunis en congrès à
Saint-Hyacinthe.
M. GOLDBLOOM: C'est cela, M. le Président. Nous préparons
présentement un certain nombre de retouches à la loi. Ces
retouches découlent en partie de l'expérience vécue par
les inspecteurs, entre autres, par nos ingénieurs et nos techniciens,
par tout le personnel. Nous avons été raisonnablement heureux des
résultats de nos démarches devant les tribunaux. Les
décisions ont été, dans une très grande
majorité, favorables à la position prise par le gouvernement en
invoquant la loi, et même dans le cas de certains articles, où des
précisions seront apportées par des règlements.
M. LEGER: Est-ce que le conseil consultatif a tenu des audiences
publiques sur des problèmes d'environnement, comme le permet son
corridor légal?
M. GOLDBLOOM: C'est au conseil de décider de le faire, M. le
Président.
M. LEGER : Ma question est : Est-ce qu'il en a fait actuellement?
M. GOLDBLOOM: A ma connaissance, non. Mais je reçois certains
procès-verbaux après un certain intervalle. Il est possible
qu'entre-temps le conseil ait tenu des audiences. Le conseil est autonome et
n'a pas d'ordre à recevoir du ministre, donc ce n'est pas le ministre
qui...
M. LEGER: II peut en recevoir, mais il peut fonctionner aussi. Il peut
recevoir des directives du ministre.
M. GOLDBLOOM: II peut recevoir des demandes de la part du ministre, des
demandes d'avis, mais pas d'ordres. C'est dans ce sens que je dis que je n'ai
pas de connaissance personnelle d'audiences publiques tenues.
M. LEGER: Est-ce que le ministre est au courant du cheminement futur
prévu par le conseil actuellement? Est-ce qu'il va se doter d'un
secrétariat permanent, comme le permet la loi, entre autres?
M. GOLDBLOOM: II y a un secrétaire et il y a un directeur des
recherches. Il y a le président qui est à temps complet. Donc, il
y a un noyau de fonctionnarisme pour ce conseil. Les orientations seront celles
que le conseil déterminera pour lui-même.
M. LEGER: Ils ne sont pas déterminés encore?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense que nous sommes dans une
situation un peu délicate ici. Il y a des organismes comme la
Société d'habitation du Québec pour lesquels le ministre
doit donner un rapport; il doit être en mesure de répondre
à des questions au nom de cet organisme quand elles sont posées.
Tel n'est pas le cas d'un conseil consultatif. C'est précisément
l'honorable député de Lafontaine qui a insisté, au cours
du débat sur le projet de loi, qui est maintenant loi, sur l'autonomie
de ce conseil consultatif.
Donc, je pense que je ne suis pas en mesure de répondre, et que
je ne dois pas connaître autrement que par le rapport que le conseil
choisira de m'envoyer. Le conseil n'est pas obligé de m'envoyer ses
procès-verbaux, je ne l'ai pas demandé. J'ai demandé des
avis sur deux questions assez complexes. Ce sont les seuls documents que j'ai
demandés au conseil de m'envoyer. Je n'ai presque pas eu de rencontres
avec le président du conseil. J'ai indiqué ma
disponibilité. Le président a communiqué avec moi, je
pense, une fois par téléphone, pour me poser une question, et une
autre fois où nous nous sommes rencontrés. Je l'ai croisé
à certains congrès. Il était au congrès de l'AQTE.
Mais je n'ai pas échangé avec lui des propos sur le travail de
son conseil. C'est au conseil de décider quoi dire au ministre et quoi
dire au public.
M. LEGER: Mais, ce qui me surprend, c'est: Est-ce que le conseil n'est
pas tenu quand même de tenir le ministre au courant de ce qu'il fait?
M. GOLDBLOOM: Au moment qu'il jugera opportun de le faire, M. le
Président. Le conseil est tenu de publier un rapport annuel, c'est
normal. Il n'y a pas une année depuis la création du conseil.
M. LEGER: Autrement dit, le conseil n'a pas de rapport à faire au
ministre, sauf son rapport annuel.
M. GOLDBLOOM: Exactement, M. le Président. Mais ce qui
m'étonne dans les questions du député de Lafontaine, c'est
que c'est exactement ce qu'il a demandé quand le conseil a
été formé par l'adoption de la loi. Il a demandé
que le conseil n'ait pas de rapport à donner au ministre, sauf le
rapport qu'il voulait donner et, évidemment, les réponses sur les
sujets que le ministre déposait devant lui.
M. LEGER: Ce sont des informations que je demande au ministre sur le
fonctionnement. Alors, c'est une question que je posais et non pas une
affirmation. Je demandais au ministre: Actuellement, le conseil consultatif
n'est pas obligé de le tenir au courant de ses allées et venues,
de son fonctionnement. Il n'a qu'un rapport annuel à présenter,
sauf si le ministre lui demande un travail précis, une directive
précise.
M. GOLDBLOOM: C'est cela, M. le Président. C'est la philosophie
fondamentale de la création d'un tel conseil. Le conseil doit être
à la disposition du ministre si le ministre lui demande une
consultation, et le ministre doit être à la disposition du conseil
si le conseil veut lui parler. Si le conseil ne veut pas lui parler, le conseil
peut publier son rapport annuel sans passer par le ministre.
M. LEGER: Maintenant, sur l'application de la loi 34, combien de
demandes d'autorisation et, par la suite, de certificats d'autorisation ont
été reçus et émis par le directeur sur la base de
l'article 22 de la loi?
M. GOLDBLOOM: En chiffres ronds, 300.
M. LEGER: Combien de contraventions à cet article ont
été notées?
M. GOLDBLOOM: Quatre ou cinq, jusqu'à maintenant.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut nous dire quel est le genre de
contraventions dans ces quatre ou cinq cas?
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement. Je m'excuse pour un instant, nous
ferons la compilation.
De mémoire, les cas les plus importants ont été la
sablière de Saint-Augustin où nous avons eu, tout
récemment, gain de cause. Le problème d'une dindonnerie, je
pense, à Saint-Etienne-des-Grès où il y a eu un
problème de proximité des installations aux
résidences.
La cause la plus importante c'est l'injonction que nous avons obtenue
contre la compagnie qui voulait faire du remplissage entre certaines des
îles de Boucherville; cette injonction, ayant
été accordée, a été renouvelée
par consentement entre les parties. Enfin, nous avons accompli l'expropriation
de la majeure partie de l'archipel. Il y a quelques autres cas mineurs
où nous sommes intervenus pour faire arrêter certaines
activités parce que l'autorisation au préalable n'avait pas
été obtenue.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut nous dire combien d'avis de
cessation d'activités polluantes ont été signifiés
en vertu des articles que le ministre connaît, les articles 25, 26 et 27
de la loi? Comment se répartissent-ils par catégories
d'industries, par régions, etc.?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, nous avons ici une liste
d'ordonances émises par le directeur, au nombre de 19. Nous avons une
liste d'ordonnances...
M. LEGER: Est-ce que le ministre pourrait les déposer?
M. GOLDBLOOM: Pardon?
M. LEGER: Est-ce que le ministre pourrait les déposer?
M. GOLDBLOOM: Certainement, M. le Président. Alors, nous avons 19
ordonnances émises par le directeur. Il y a 45 ordonnances émises
par le ministre. Il y a cinq décisions du directeur des services de
protection de l'environnement qui ont été portées en appel
devant la Commission municipale. Il y a, sur ces cinq, un cas qui est en
suspens, un cas où l'appel n'a pas encore été entendu, un
cas où l'appel a été rejeté parce qu'il a
été produit en dehors des délais légaux. Dans les
deux autres cas, la décision du directeur a été
maintenue.
M. LEGER: Vous voulez dire que dans les cinq cas, les décisions
du directeur ont été contestées devant la Commission
municipale par ceux que vous aviez avisés?
M. GOLDBLOOM: C'est cela. Enfin, il y a ici toute une série de
poursuites que nous avons intentées. Je pense que je pourrais en faire
une énumération un peu rapide parce que ce serait peut-être
intéressant. Je pourrai, par la suite...
M. LEGER: Combien y a-t-il de poursuites?
M. GOLDBLOOM: Une vingtaine. Gely Construction Inc., c'est
l'exploitation de la sablière à Saint-Augustin; l'inculpée
a été trouvée coupable, le 19 avril. Boucherville
Entreprises, c'est le déversement de matières dans le fleuve
Saint-Laurent; j'ai fait état de ce qui a été
décidé dans ce cas. La dindonnerie de
Saint-Etienne-des-Grès, l'injonction provisoire a été
accordée le 18 mai 1973 et cette cause est en appel. Une compagnie,
Plancher Beauceville, la plainte a été rejetée pour un
vice de forme.
Une personne de Montréal, Mme Gabrielle
Baril-Richer, déversement de matières solides dans un
cours d'eau public; une injonction interlocutoire a été
accordée le 12 juillet 1973.
M. LEGER: Est-ce que le ministre pourrait m'expliquer ce cas par
exemple? La loi dit qu'une personne ne peut polluer. Le ministre, souvent, a
dit qu'il est facile de découvrir qu'il y a des eaux qui sont
polluées ou de l'air qui est pollué. Mais ce qui est difficile,
c'est de prouver l'origine.
Dans ce cas, vous aviez eu une plainte. Comment a été
portée cette plainte? Est-ce le directeur qui a reçu une plainte
d'un citoyen devant l'action d'une personne qui polluait l'eau environnante, je
présume? Quel a été le processus normal de fonctionnement
pour d'autres citoyens? Les gens veulent savoir comment ils peuvent se plaindre
du fait que des individus ou des compagnies polluent.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, les plaintes sont nombreuses. Tel
que le prévoit la loi, nous faisons enquête dans chaque cas
où nous trouvons qu'il y a matière â enquête.
Vous comprendrez, M. le Président, qu'il y a quelques cas
où, à la face même de la plainte, nous avons l'impression
qu'il s'agit d'une émoti-vité exagérée ou d'une
plainte farfelue. Il ne serait pas juste à l'endroit des professionnels
du ministère de les obliger à faire enquête dans un cas qui
ne semble pas justifier une telle intervention.
Dans les quelques cas où nous trouvons qu'il y a vraiment
matière à intervention, il va sans dire que nous entreprenons les
communications d'usage, c'est-à-dire, par simple politesse, nous
communiquons avec la personne visée par la plainte. Nous invitons cette
personne à répondre, à fournir des explications, à
contredire, si tel est son désir, les affirmations. Evidemment, nous
comparons ce qui est affirmé par la personne visée avec nos
propres observations, nos propres données. Nous émettons par
lettre des recommandations quant à la correction de la situation.
Nous nous tenons en communication avec les autorités municipales
dans une bonne proportion de cas parce qu'il y a un intérêt
municipal à la surveillance de la situation. Il va sans dire que
l'intérêt de la municipalité nous est extrêmement
utile parce que les autorités municipales sont sur place et peuvent
offrir un contrôle quotidien.
Enfin, si nous ne constatons pas, par nos propres inspections et par les
rapports que nous recevons des autres intéressés, qu'il y a
amélioration ou si, par hasard, nous obtenons ce qui semble être
une amélioration valable mais que, par la suite, les plaintes
recommencent, nous reprenons le dossier. Si nous ne sommes pas convaincus que
des efforts sont faits de bonne foi pour corriger le situation, nous mettons le
dossier entre les mains de nos conseillers juridiques.
Généralement et je pense que c'est une
pratique courante dans le milieu des affaires aussi il y a une
lettre qui est envoyée, qui indique que c'est un dernier avis, et que si
la collaboration voulue n'est pas obtenue immédiatement, avec un
délai qui est généralement précisé dans la
lettre, le dossier sera remis entre les mains de nos conseillers
juridiques.
Je dis de nos conseilleurs juridiques. Il va sans dire que ce ne sont
pas nécessairement les avocats qui sont à l'emploi du
gouvernement qui suivent chaque dossier. Il nous arrive de retenir les services
d'avocats de la pratique privée aussi.
M. LEGER: Qui intentent des poursuites, si c'est la recommandation du
ministère.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. LEGER: Est-ce que les municipalités, aussi, selon la loi,
peuvent poursuivre à la suite des avis que vous donnez, si cela se passe
dans une municipalité?
M. GOLDBLOOM: Les municipalités ont certainement des pouvoirs en
vertu de la loi. Généralement, quand le gouvernement, en
réponse à des plaintes, entreprend une action, la
municipalité lui accorde le haut du pavé. Par contre, si la
municipalité veut entreprendre une action quelconque et si elle fait
appel au gouvernement, le gouvernement lui donne toute sa collaboration.
M. LEGER: Toute cette procédure est provenue d'une plainte.
Est-ce qu'en général, cela peut être aussi des inspecteurs
qui sont à l'origine de ces procédures?
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement, M. le Président. Je ne serais
pas en mesure, en toute franchise, de faire la distinction entre les causes
dont l'origine a été une plainte reçue d'un citoyen
quelconque et celles dont l'origine était une observation de nos
inspecteurs. Mais les deux situations existent.
Généralement, même si les inspecteurs connaissent
une certaine difficulté à faire valoir leur autorité
auprès de certaines personnes récalcitrantes, le fait qu'ils sont
quand même détenteurs d'une autorité gouvernementale
nous venons de leur promettre, à brève échéance,
une carte d'identité pour constituer une preuve plus évidente de
l'autorité gouvernementale qu'ils incarnent suffit pour obtenir
la correction du problème. L'inspecteur n'est pas capable d'être
partout à la fois et de tout observer. Donc, les plaintes qui viennent
d'autres personnes nous sont extrêmement utiles.
M. LEGER: Si le ministre veut continuer l'énumération; il
en avait donné cinq.
M. GOLDBLOOM: Les Carrières Sainte-Thérèse,
infraction à une ordonnance du sous- ministre des Affaires sociales; il
y a eu $1,000 d'amende.
M. Gérard Prudhomme, de Fassett, distribution d'eau non potable
dans un lieu de villégiature; la requête a été
accordée, pour les frais, le 24 juillet dernier, et l'assainissement
complet et immédiat de la source d'eau a été accompli.
Les Carrières Sainte-Thérèse, de nouveau;
comparution à venir.
M. LEGER: Vous voulez dire qu'après la première amende de
$1,000 il y a eu une deuxième...
M. GOLDBLOOM: Une deuxième plainte, un deuxième
procès.
Les Granules industriels de Longueuil; le procès est à
venir. La poursuite a été intentée par un avocat au nom du
gouvernement. Il y a deux procès. Un porte sur le problème de la
pollution de l'environnement depuis de nombreuses années par cette
compagnie. Ce procès était fixé pour hier.
M. LEGER: Le jugement est peut-être rendu.
M. GOLDBLOOM: Je n'en ai pas de nouvelles. L'autre est une poursuite
pour entrave à l'exercice des fonctions d'un fonctionnaire des Services
de protection de l'environnement. C'est ce procès qui est à
venir.
La compagnie Gunitech, construction d'une piscine publique sans
approbation; $50 d'amende le 8 mai.
Les Piscines Mauriciennes, la même chose; procès à
venir.
M. Rémi Garceau, infractions au chapitre 15 des règlements
provinciaux d'hygiène; le procès est prévu pour le mois de
juin.
Gulf Oil, infraction au chapitre 12 des règlements provinciaux
d'hygiène; procès à venir.
M. Fernand Bouchard, chapitre 8 des règlements provinciaux
d'hygiène; comparution à venir.
M. LEGER: La compagnie Gulf, c'est pour quel territoire?
M. GOLDBLOOM: Je regrette, M. le Président, je n'ai pas le
détail ici. C'est pour le déversement de déchets.
M. LEGER:iEst-ce que le ministre, quand il y a des poursuites comme
ça, évalue les coûts de cette dégradation du milieu,
soit de l'eau, de l'air ou du sol versus la pénalité qui est
imposée par le jugement?
M. GOLDBLOOM: C'est-à-dire, M. le Président, que l'avocat
qui représente le gouvernement fait valoir tous les
éléments que nous pouvons lui fournir, y compris ceux-là,
et c'est au tribunal de juger quelle est l'amende ou l'autre compensation,
l'autre pénalité à imposer.
M. LEGER: Autrement dit, à chaque fois que vous avez une cause
où vous poursuivez, dans le dossier, vous avez l'évaluation des
dommages qui a été faite parce que l'amende, je pense, a une
certaine élasticité au point de vue de la
sévérité, et il y a une relation entre la
sévérité de l'amende et les dommages
occasionnés.
Est-ce qu'à chaque fois, dans votre dossier, vous évaluez
les dommages qui ont été causés par la personne, le groupe
ou la compagnie qui a pollué?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, n'étant pas avocat, je n'ai
pas étudié personnellement les dossiers préparés
à l'intention des conseillers juridiques, les dossiers dont ils se
servent en cour. Mais il est certain que nous essayons de tenir compte de tous
les éléments qui nous permettraient non seulement d'obtenir les
pénalités les plus importantes que la cour accorderait, mais
aussi d'être aussi convaincants que possible, parce que dans notre
système démocratique il faut convaincre le tribunal que l'Etat a
raison et l'intimé a tort. Si la preuve n'est pas assez solide, le
tribunal peut fort bien rejeter la plainte.
Donc, nous essayons de bâtir une plainte assez solide. Je pense
que le député aura constaté que nous avons eu une plainte
rejetée pour un vice de forme et que pour les autres, ou elles sont
à venir, ou nous avons eu gain de cause.
Je complète la liste: M. Pierre Archambault, infraction au
chapitre 8 des règlements provinciaux d'hygiène, le procès
est à venir. Ler, Pavages Saint-Laurent Limitée, exploitation
d'une industrie de concassage et de béton bitumineux sans l'autorisation
du directeur des services de protection de l'environnement, la comparution est
à venir. Emeric Bergeron et Fils Ltée, infraction à une
ordonnance du directeur des services de protection de l'environnement,
comparution à venir. En dernier lieu, pour un dépotoir assez bien
connu, celui de Saint-Isidore, l'injonction est toujours en vigueur depuis
l'automne dernier, et pour le dépotoir de Saint-Gérard-Magella,
dans le comté de l'Assomption, l'injonction interlocutoire est en
vigueur depuis la fin de l'an dernier.
M. LEGER: Maintenant, est-ce que le ministre a obligé des
municipalités à exercer des pouvoirs prévus par la loi,
selon l'article 29?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président, effectivement, dans les 45
je pense que c'est le bon chiffre ordonnances émises par
le ministre, le destinataire dans presque tous les cas a été une
municipalité. Je regarde rapidement et je constate deux exceptions
seulement. Dans tous les autres cas il s'agit d'une municipalité, d'une
communauté urbaine ou d'un comité intermunicipal.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut répondre à la
question suivante? Pourquoi ne diffuse-t-il pas d'une façon
systématique des données statistiques sur la protection de
l'environnement? Est-ce qu'il y a des gens, au ministère, qui s'en
préoccupent et qui travaillent autrement que par communiqués de
presse occasionnels? En deux mots, qu'en est-il d'un service de statistiques
sur l'état de l'environnement?
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas un domaine où nous avons mis l'accent,
jusqu'à maintenant, M. le Président. Il est certainement utile de
compiler des statistiques et nous les publions évidemment dans le
rapport annuel du ministère. Les statistiques sont un peu sèches,
généralement; j'en ai donné tout à l'heure au
député dans des domaines qui sont d'une certaine importance. Ce
n'est certainement pas parce qu'on ne veut pas publier des statistiques, mais
il y a beaucoup de travail à faire.
Nous publions des rapports assez réguliers dans le domaine de
l'eau et de l'air pour fournir certains renseignements. J'ai l'intention, et je
l'ai indiqué devant l'AQTE le 14, d'améliorer la publication de
nos intervenitons dans le domaine de la protection de l'eau potable, parce que
c'est une chose qui n'a pas été faite jusqu'à maintenant
de façon adéquate. Nous avons essentiellement pris dans un seul
sac un éventail d'interventions qui vont de la plus mineure à
l'intervention immédiate et définitive, l'installation d'un
chlorateur d'urgence ou l'avis à la population de faire bouillir son
eau. Cette distinction n'a pas été faite, par le passé. II
s'agit clairement d'un élément de jugement professionnel: dans
quel cas est-ce que l'on prend le téléphone? Dans quel cas est-ce
que l'on écrit une lettre? Dans quel cas est-ce que l'on envoie un
représentant des services pour contrôler sur place le
fonctionnement des installations? Dans quel cas entreprend-on les interventions
majeures que je viens de mentionner? Dans quel cas est-ce que l'on émet
une ordonnance?
Je pense que nous devons faire cette distinction. C'est notre intention
de publier des chiffres pour indiquer le nombre d'interventions mineures par
lettre et par téléphone, à chaque mois, et les
interventions majeures avec dans ces derniers cas, le nom de chaque
municipalité.
M. LEGER: L'article 2 c) de la loi 34 permet au ministre d'accorder des
prêts et des subventions à des organismes ou à des
individus pour favoriser la formation d'experts en protection de
l'environnement. Durant l'année qui vient de s'écouler, quels
prêts ont été accordés en ce sens et à
qui?
M. GOLDBLOOM: Nous n'avons pas accordé de prêts; nous avons
accordé des subventions à divers organismes, mais pas
particulièrement pour la formation de personnel. C'est plutôt
pour permettre à des groupements d'avoir des ressources
administratives pour poursuivre leur travail.
M. LEGER: Le ministre peut-il me donner des exemples des groupements qui
ont reçu de ces subventions?
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement, l'Association pour l'assainissement de
la rivière Saint-François, l'Association pour l'assainissement de
la rivière Chaudière, SVP, STOP, l'AQTE, l'Association des
terrains de camping et de caravaning. C'est une liste qui n'est peut-être
pas exhaustive, mais qui couvre les principaux organismes.
M. LEGER: Quelles sont les prévisions pour l'année qui
vient concernant les subventions et les prêts, au point de vue du
budget?
M. GOLDBLOOM: Je voudrais ajouter à la liste la
Fédération des jeunes chambres du Canada français et un
groupe d'organismes qui travaillent avec la Fédération des jeunes
chambres pour la présentation de la semaine de l'environnement, qui est
devenue le mois de l'environnement. Il y a aussi le Centre d'éducation
écologique. Ce sont des organismes de cette nature.
M. LEGER: Mais quel budget avez-vous cette année pour cela? Je
parle pour la formation d'experts en protection.
M. GOLDBLOOM: C'est une cinquantaine de milliers de dollars pour ces
organismes. Mais, je répète, M. le Président, pour
être précis je ne voudrais pas induire la commission en
erreur que ces subventions ne sont pas données pour la formation
de personnel.
M. LEGER: Je voulais parler pour l'année qui vient. Quelles sont
les prévisions pour l'année qui vient?
M. GOLDBLOOM: Nous avons une somme de $50,000 pour l'ensemble des
subventions dans ce domaine.
M. LEGER: Selon l'article 2 c), pour la formation d'experts en
protection?
M. GOLDBLOOM: Nous ne sommes pas limités à cet article, M.
le Président. Principalement, c'est un article omnibus, à toutes
fins pratiques, et l'action du gouvernement n'est pas principalement pour
appuyer le formation de compétences dans ce domaine, ce sont les
installations d'enseignement qui s'en chargent.
Les universités et les CEGEP ont leurs ressources
financières qui viennent d'autres sources. Alors, nous avons
préféré accorder les montants qui sont à notre
disposition à des organismes qui n'ont pas d'autres sources de
financement.
M. LEGER: J'ai mentionné (article 2 c), je voulais dire 2 d, pour
la formation d'experts. Selon ce que le ministre vient de me dire, il ne
prévoit pas précisément de somme dans le budget qui s'en
vient pour la formation d'experts en protection de l'environnement, rien que
pour ce domaine?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, mais j'aimerais souligner que
nos contacts avec les CEGEP, par exemple, nous permettent de savoir quelle est
la relation entre la production de personnes compétentes et le
marché du travail pour absorber ces personnes. Nous sommes fort contents
de constater que dans le milieu collégial il y a une bonne coordination
entre les débouchés et la production de personnes
compétentes. Nous avons davantage de problèmes au niveau
universitaire où il est moins certain, pour la personne hautement
spécialisée, de pouvoir trouver un emploi dans le domaine de la
protection de l'environnement.
M. LEGER: Le ministre a affirmé, à l'occasion du
congrès de l'AQTE, qu'il donnerait une subvention de $5,000. Je peux me
tromper, mais j'ai l'impression que l'année dernière elle avait
reçu $6,000. Est-ce exact? Je pense avoir vu cela dans les
dépenses gouvernementales.
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, l'an dernier l'AQTE a
reçu $24,500 et...
M. LEGER: Par votre ministère ou d'autres ministères?
M. GOLDBLOOM: De nous. Et si j'ai indiqué une subvention de
$25,000 pour les cinq prochaines années $5,000 par année
c'est une addition à l'aide que nous donnons à l'AQTE pour
lui permettre de poursuivre justement son programme d'éducation pour le
perfectionnement de ses membres.
M. LEGER: Alors, c'est $5,000 additionnels aux $24,000 qu'elle
reçoit annuellement?
M. GOLDBLOOM: Je ne voudrais pas m'en-gager à verser $24,500
cette année, parce que c'était par rapport à un programme
extrêmement utile poursuivi par l'AQTE, qu'elle a appelé le
programme mise à jour, qui était un inventaire des
équipements à travers la province. Donc, il est possible que nous
n'ayons pas à verser une subvention aussi importante cette année.
Mais la subvention de $5,000 par année, pour cinq années, est
précisément pour le perfectionnement de personnes dans ce
domaine.
M. LEGER: Comment se fait-il qu'il y ait encore aujourd'hui 106
inspecteurs de service sur le champ pour le contrôle de la qualité
des eaux, alors que l'an dernier le ministre nous annonçait qu'il y en
avait 109? C'est à une
commission parlementaire qu'il l'avait dit. Est-ce que c'est encore
106?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense que je devrais tirer
quelque chose au clair. J'ai indiqué que les inspecteurs en
hygiène publique sont disponibles pour collaborer avec les autres
membres du personnel au contrôle des eaux de consommation. Ce n'est pas
leur travail principal. Ce sont, à toutes fins pratiques, nos
omnipraticiens et nos ambassadeurs. Et puisqu'ils sont dans les comtés,
qu'ils ont leur lieu de travail dans les comtés ou dans les centres
régionaux, évidemment, nous pouvons leur demander des
renseignements qui peuvent ensuite être utilisés par d'autres
membres de l'équipe pour préciser la nature d'un problème.
Ce ne sont pas ces inspecteurs qui assument la principale responsabilité
du contrôle de l'eau potable. D'ailleurs, c'est un travail
centralisé dans le sens que les laboratoires se trouvant à
Montréal et à Québec, c'est de ces laboratoires que
sortent les rapports; c'est à partir des bureaux de Montréal et
de Québec que les actions sont entreprises. Et c'est à partir de
ces bureaux que les ingénieurs et techniciens sortent, au rythme
d'à peu près 25 visites par mois, si ma mémoire est
fidèle, pour contrôler sur place le fonctionnement des
systèmes, et cela seulement dans les cas de réseaux avec
traitement.
Nous n'avons même pas compilé les visites de ces
inspecteurs et techniciens aux autres systèmes de traitement. Il y a
toujours 109 postes qui sont approuvés; avec les variations de
recrutement, il y a présentement 101 postes qui sont occupés et
il y a du recrutement qui se poursuit.
M. LEGER: L'année dernière, le ministre a dit qu'il avait
l'intention de doubler leur nombre. Est-ce que le ministre a changé
d'idée ou s'il a encore cet objectif?
M. GOLDBLOOM : J'ai toujours cet objectif. C'est une question
d'affectation des ressources financières et d'acceptation des divers
programmes par le Conseil du trésor. Nous avons eu une augmentation du
personnel dans d'autres secteurs mais elle a été limitée
dans ce secteur, mais c'est un programme qui viendra.
M. LEGER: Quel salaire ont ces gens-là?
M. GOLDBLOOM: En moyenne, de $6,500 à $7,000. Il y a des
inspecteurs principaux qui touchent plus que cela.
M. LEGER: Est-ce que c'est un salaire qui est en dessous du
marché pour une responsabilité de ce type?
M. GOLDBLOOM: Ce n'est certainement pas au-dessus du marché, et
la concurrence que nous devons affronter est assez difficile. Il y a d'autres
instances de responsabilité gouvernementale et aussi des entreprises
privées qui peuvent souvent offrir mieux que notre échelle de
salaires. Mais le député sait fort bien que les échelles
de salaires sont déterminées par la Commission de la fonction
publique. Et pour modifier une échelle de salaires, il faut faire
modifier la description de la tâche et faire accepter une situation
différente de ce groupe dans le grand tableau de la fonction publique
québécoise.
M. LEGER: Est-il exact que les services de la protection de
l'environnement font face à de graves difficultés dans le
recrutement d'inspecteurs? Le président de l'Association des inspecteurs
en hygiène publique, M. Loiselle, a déclaré il y a quelque
temps que les salaires offerts seraient de 22 p.c. moins élevés
que ceux de la Communauté urbaine de Montréal et du
fédéral.
M. GOLDBLOOM: Je ne pourrais confirmer le chiffre précis, mais il
est évident que non seulement dans ce secteur d'activité mais
dans d'autres aussi il y a des salaires plus élevés qui sont
offerts à la Communauté urbaine de Montréal, à la
ville de Montréal et au gouvernement fédéral.
M. LEGER: Est-ce que ça ne peut pas...
M. GOLDBLOOM: J'ai donc fait des représentations, M. le
Président, auprès de la fonction publique
québécoise.
M. LEGER: Est-ce que ça ne peut pas influer sur la
compétence du personnel à recruter du fait que le salaire ne
serait pas à la hauteur du poste ou comparable à celui d'autres
postes similaires ailleurs?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je n'ai pas à me plaindre
de la compétence de notre personnel.
M. LEGER: Non, je parle de recrutement.
M. GOLDBLOOM : Mais il va sans dire que si des salaires plus
élevés sont offerts ailleurs, on risque de voir partir pour
d'autres sphères de bons candidats. C'est certainement un risque.
M. LEGER: Maintenant, quelle est la somme dans le budget de
l'année dernière qui était affectée au service des
inspecteurs et quelle est la somme cette année à votre
budget?
M. GOLDBLOOM: Pour les traitements, l'an dernier, $949,000; pour cette
année, $1,013,000.
M. LEGER: Cela veut donc dire que ce n'est pas cette année que
vous allez doubler votre personnel?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, pas immédiatement,
mais je vous ai indiqué que nous avons des augmentations dans d'autres
secteurs qui nous permettent d'accroître d'à peu près 15
p.c. notre personnel au total.
M. LEGER: Est-ce que les services de protection de l'environnement
exigent un certificat de compétence des inspecteurs? Quelle sorte de
certificat, si c'est le cas?
M. GOLDBLOOM: Nous exigeons la réussite du concours de la
Fonction publique. L'Association des inspecteurs voudrait, et je crois,
à juste titre, que leur statut professionnel soit reconnu, et cette
demande fait partie des représentations que j'ai formulées
auprès de notre ministère de la Fonction publique. Nous avons
voulu quand même prendre un certain temps pour instaurer cette exigence
de façon absolue. D'abord, parce qu'il y a des problèmes de
recrutement auxquels le député lui-même a fait allusion.
Deuxièmement, parce qu'il y a présentement à notre emploi
des personnes dont l'expérience pratique est importante, mais qui n'ont
pas la formation sur papier.
J'ai donc discuté, avec l'Association des inspecteurs, une
formule échelonnée sur une période raisonnable, pour
permettre l'adaptation du système. Il reste quand même à
faire accepter par la Fonction publique l'exigence qu'un certificat
professionnel, un diplôme professionnel soit une nécessité
pour l'accession à la Fonction publique québécoise dans ce
domaine.
M. LEGER: II y a deux ans puis même auparavant, le ministre avait
avancé l'idée d'un dégrèvement d'impôt ou non
versement des taxes spéciales pour les entreprises qui combattent la
pollution. Est-ce que des études, en collaboration, je présume,
avec les ministères du Revenu et des Finances, sont en cours,
là-dessus?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je dois vous avouer que si j'en ai
parlé, c'est d'une façon assez générale...
M. LEGER: C'est en juin 1971 que vous aviez dit cela.
M. GOLDBLOOM: ... au tout début de mon mandat, et nous avons
examiné plusieurs formules parce que ces questions ont été
discutées un peu partout en Amérique du Nord. Je suis heureux de
constater que le Parti québécois a un nouveau recherchiste. Je me
rappelle que l'on a discuté de certains avantages financiers consentis
à des compagnies qui feraient des efforts, comme le versement des taxes
échelonnées selon le degré ou le montant de pollution. Et
l'argument négatif a été surtout que si le montant n'est
pas suffisant, la compagnie préférera continuer de polluer et
payer une taxe plus élevée ou ne pas recevoir de
dégrèvement ou un avantage quelconque, à faire le travail
et les dépenses impliquées.
Pour cette raison, essentiellement, nous avons laissé tomber
l'idée d'ajuster la taxation d'une industrie selon l'importance de sa
pollution, et avons choisi de nous fier aux normes et de faire appliquer les
normes par les mécanismes prévus dans la loi.
M. LEGER: Est-ce que le ministre a déjà dit qu'une
publicité faite contre les compagnies qui polluent était plus
dommageable pour ces compagnies que des amendes?
M. GOLDBLOOM: Je crois que c'est le cas. Je n'ai pas
nécessairement dit que c'est plus dommageable, quoique cela peut fort
bien être le cas. J'ai dit surtout que c'est plus immédiat quant
à l'effet. C'est quand même une responsabilité importante
que l'on prend quand on vise, sur la place publique, une compagnie, et l'on
doit être sûr de ce que l'on avance. Donc, ce n'est pas simplement
parce que l'on reçoit une plainte ou que l'on fait une constatation que
l'on publie immédiatement que telle ou telle compagnie est en
défaut. Je suis quand même convaincu que le fait de publier demain
matin le nom d'une compagnie qui est en défaut et qui n'a pas
montré une bonne volonté serait plus rapidement efficace que la
prise d'une poursuite qui pourrait être portée en appel et qui
pourrait même ne pas fournir un résultat favorable, après
un laps considérable de temps.
M. LEGER: D'après une réponse précédente, le
ministre, par l'expérience ou les consultations qu'il a pu avoir, a
trouvé que la première solution qu'il avait prévue ne
valait pas la peine, soit un comité d'étude pour voir les
implications de la taxation ou le dégrèvement d'impôt.
Autrement dit, on a abandonné cette idée.
M. GOLDBLOOM: Je peux me tromper, mais je ne connais pas de provinces
canadiennes ni d'Etats américains où ce système est
utilisé.
M. LEGER: Dernièrement, c'est-à-dire le 12 mars
exactement, M. Jack Davis a affirmé que les études
écologiques sur la baie James menées conjointement par Ottawa et
les services de protection de l'environnement du Québec allaient
être prochainement rendues publiques. Je voudrais savoir le coût de
ces études pour le Québec.
M. GOLDBLOOM: Je n'ai pas le partage, M. le Président. Je connais
le coût global, qui est de $10 millions, mais, puisque c'est la
Société de développement de la baie James qui est
chargée par sa loi constitutive de faire ce travail, c'est elle qui
partage les coûts avec le gouvernement fédéral, et je ne
connais pas la nature de ce partage.
M. LEGER: Ces études portent sur quels aspects?
M. GOLDBLOOM: Sur un grand éventail d'aspects, M. le
Président. Ce sont essentiellement le régime des eaux, la
biologie de la faune et de la flore, l'impact sur la productivité du
territoire, quant à ses éléments de faune et de flore, les
effets sur le climat, l'inventaire écologique de la région, pour
pouvoir non seulement faire des comparaisons, plus tard, mais aussi anticiper
les effets des interventions. Je pense que je résume dans les grandes
lignes la nature des études. Je devais visiter moi-même les
laboratoires dans le territoire. Malheureusement j'ai été
empêché d'être à bord de l'avion mais des membres de
l'équipe sont allés et ont fait un rapport favorable sur la
qualité scientifique du travail qui se fait.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut nous dire approximativement quand
ces études vont être rendues publiques?
M. GOLDBLOOM: J'ai cru comprendre que, d'ici quelques mois, il y aura
des études qui pourront être rendues publiques. Le 12 mars, nous
étions effectivement à Ottawa, pour une conférence
fédérale-provinciale des ministres de l'Environnement. C'est
à l'occasion de cette conférence que nous avons discuté
toute la question des études d'impact écologique et que M. Davis,
en réponse à une question, a indiqué que le gouvernement
fédéral était disposé à rendre publiques de
telles études, non seulement celles sur la baie James mais en
général les études d'impact écologique. Mais il n'a
pas donné de date et moi, je ne possède pas de date de la part de
la Société de développement de la baie James.
M. LEGER: Est-ce que les résultats de toutes ces études
vont être rendus publics?
M. GOLDBLOOM: Certainement.
M. LEGER: Le ministre fédéral de l'Environnement avait
affirmé que toutes les études de ce genre ne seraient pas rendues
publiques.
M. GOLDBLOOM: C'est une déclaration d'ordre général
et c'est une simple précaution. Il y a des fois où il y a un
problème un peu particulier qui implique par exemple un brevet
détenu par une compagnie et, pour dévoiler le résultat
d'une étude d'impact écologique dans ses détails, il
faudrait enfreindre la nature privée de ce brevet. Ce sont des cas
d'exception de cette nature qui seraient les seuls et les rares qui seraient
soustraits de la publication. C'est un peu comme le débat que nous avons
eu sur la Loi de la qualité de l'environnement, là où il y
a des articles qui prévoient que l'on peut décréter des
exceptions à l'application des normes.
C'est tout simplement pour prévoir les exceptions extraordinaires
qui peuvent se présenter.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut me dire quel système
d'inspection de terrains d'amusement, de camping, de roulottes ou de colonies
de vacances existe actuellement pour appliquer l'article 33 de la loi?
M. GOLDBLOOM : Les inspections se font principalement par les
inspecteurs en hygiène publique et aussi par les membres de
l'équipe de génie sanitaire, à Montréal. Il y a
aussi la collaboration que nous obtenons du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, qui partage avec nous la responsabilité des
terrains de camping, en particulier. Nous avons accordé une subvention
à l'Association québécoise des terrains de camping et de
caravaning parce que cette association est en mesure de nous aider à
contrôler la qualité des terrains en question et aussi de nous
aider à exiger de ses membres le respect des normes et
l'amélioration de leurs emplacements ou de leurs équipements.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut nous dire combien de terrains de
camping ont été visités au cours de l'année
dernière?
M. GOLDBLOOM: A peu près le tiers des terrains de camping au
Québec. C'est une rotation que nous faisons.
M. LEGER: Combien y en a-t-il en tout dans le Québec? Quand vous
dites le tiers, cela veut dire quoi?
M. GOLDBLOOM: 800 approximativement.
M. LEGER: II y en aurait de 250 à 300 de visités.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. LEGER: Maintenant, concernant la protection des...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je voudrais ajouter que notre
programme prévoit qu'à partir de cet été nous
ferons l'inspection annuelle de chacun des terrains.
M. LEGER: Des 800? M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LEGER: Maintenant, concernant la protection des dunes et falaises des
Iles-de-la-Madeleine, je suis informé que vous avez demandé
à M. Jean-Marc Landry, inspecteur des services de la protection de
l'environnement aux Iles-de-la-Madeleine, de dresser un inventaire des dommages
causés. Est-ce exact?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président, c'est exact. J'ai
demandé des rapports là-dessus et c'est un problème un peu
particulier. C'est un territoire fort restreint où il y a une certaine
activité industrielle qui se poursuit et où on essaie d'augmenter
la valeur économique de ces îles et, donc, la qualité de la
vie de la population. En ce faisant, on a porté atteinte à
certaines des falaises des îles. Donc, nous avons demandé que les
renseignements soient compilés pour nous permettre de porter un
jugement. Il y a des divergences de vues parmi les citoyens des
Iles-de-la-Madeleine quant...
M. LEGER: Divergences de vues entre le député et les
citoyens ou...
M. GOLDBLOOM: Je vous voyais venir à la
prépondérance à donner aux activités. Il y a des
citoyens qui sont inquiets de certaines activités qui ont diminué
les falaises, les dunes et les plages; par contre, il y en a qui trouvent que
c'est un mal nécessaire et qu'il faudra poursuivre les activités
industrielles. Donc, nous sommes à faire la part des choses et à
essayer de faire les recommandations qui s'imposent. Je n'ai pas de rapport
jusqu'à maintenant.
M. LEGER: Le rapport de M. Landry...
M. GOLDBLOOM: Nous avons des rapports...
M. LEGER: ... ne vous est pas encore parvenu?
M. GOLDBLOOM: Je ne l'ai pas vu moi-même; je n'affirmerai pas
qu'un rapport n'est pas entré mais je n'ai pas encore été
saisi du dossier complet pour pouvoir porter un jugement.
M. LEGER: Dans un cas comme ce qui se passe aux Iles-de-la-Madeleine et
dans beaucoup d'autres régions, est-ce qu'il y a des négociations
avec les ministères des Transports et des Travaux publics et de
l'Approvisionnement, entre autres, quand il y a des plans définis ou des
contrats qui vont être donnés? Est-ce qu'il y a une relation
directe entre eux et les services de l'environnement pour déterminer
où sera située la carrière qui va fournir le
matériel voulu pour, entre autres, les routes à construire?
M. GOLDBLOOM: Je pense qu'il y a une entente qui s'en vient et qui est
de plus en plus utile. Nous avons connu des difficultés et nous voulons
certainement que l'environnement soit protégé. Il faut obtenir
des matériaux pour la construction des routes, mais on ne peut les
prendre n'importe où et, justement, vous avez remarqué, M. le
Président, qu'il y a certaines poursuites qui ont été
prises contre des carrières, contre une usine de béton
bitumineux, et il va sans dire que, maintenant, depuis l'adoption de la Loi de
la qualité de l'environnement, celui qui veut exploiter une
carrière, n'importe où sur le territoire québécois,
doit demander l'autorisation du directeur des services de protection de
l'environnement, ce qui nous aide énormément.
M. LEGER: J'ai ici une copie d'un journal de la région des
Iles-de-la-Madeleine qui disait justement que M. Landry parlait de quatre
à cinq carrières importantes qui ont pu être
dénombrées, mais il ajoutait: De plus, l'enquête poursuivie
sur tout le territoire des Iles-de-la-Madeleine a pu nous démontrer
qu'une trentaine d'autres trous, éventuellement en état de
devenir de véritables carrières, sont présentement
exploités.
Est-ce qu'il y a eu une demande de permis, est-ce qu'il y a eu une
demande à votre ministère pour éviter que la trentaine
d'autres petits trous deviennent des trous de l'envergure des quatre ou cinq
qui existent actuellement?
M. GOLDBLOOM: Si ce ne sont pas des carrières existantes, il
faudra que, dans chaque cas, il y ait un permis de la part des services de
protection de l'environnement. Si ce permis n'est pas obtenu, ce seul fait
suffit pour la prise d'une poursuite et, si nous sommes informés d'une
situation qui est à nos yeux illégale, nous demanderons à
nos conseillers juridiques d'intervenir.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut nous affirmer aujourd'hui, au
sujet de l'enquête que M. Landry est en train de faire, qui donne
justement l'exemple précis d'une trentaine de petits trous qui sont
commencés, que vous allez immédiatement les empêcher par
les moyens que vous avez actuellement?
M. GOLDBLOOM: Je pense, M. le Président, que je devrai
communiquer avec M. Landry et avec d'autres personnes responsables, comme les
autorités municipales, pour avoir des précisions
là-dessus. Il est évident que nous ne voudrons pas accepter des
activités illégales.
M. LEGER: Le problème, c'est que, s'il y a déjà des
petits trous, ce ne sera pas une façon de s'en sortir que de dire :
C'est déjà commencé, c'est pour les futures
carrières qu'il faut demander un permis.
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, ce n'est pas ce que j'ai
voulu dire.
M. LEGER: Je veux dire, l'excuse que l'on peut vous donner.
M. GOLDBLOOM: Non, il faudra pouvoir démontrer que l'exploitation
de la carrière en question, de la sablière ou de la
gravelière, a avancé la date de l'adoption de la Loi de la
qualité de l'environnement qui était, si ma mémoire est
fidèle, le 21 décembre 1972.
Si une activité industrielle quelconque a
antidaté l'entrée en vigueur de la loi, nous sommes
obligés de faire la preuve qu'il y a un dommage à l'environnement
et chercher à obtenir gain de cause en vertu de cette preuve. Mais pour
les activités commencées après l'entrée en vigueur
de la loi, le simple fait de ne pas avoir obtenu un permis constitue une
contravention et cette contravention a été reconnue plusieurs
fois par les tribunaux.
M. LEGER: Concernant Saint-Augustin, on en a parlé tantôt,
je pense, la compagnie Gely Construction a été condamnée
par le juge Boisvert à une amende de $5,000 pour avoir exploité
sa carrière à Saint-Augustin, sans avoir demandé
d'autorisation en vertu de l'article 22 de la loi 34.
On s'en réjouit, c'est sûr, puisque cela permettra
peut-être de sauvegarder la forêt de Saint-Augustin et, si je me
rappelle bien, c'est une des dernières for,êts de hêtres au
Québec.
Comment le ministre peut-il concevoir qu'une compagnie ne puisse
même pas savoir, des services de protection de l'environnement, les
critères, déterminant l'autorisation, exigés par l'article
22?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, quand on adopte...
M. LEGER: Le juge s'est plaint de cela.
M. GOLDBLOOM: ... une loi, on lui donne une certaine diffusion et cette
diffusion ne relève pas exclusivement du gouvernement parce que les
media d'information doivent transmettre les renseignements.
Ce sont eux qui choisissent la façon de la faire, s'ils le font,
et l'importance qu'ils donnent à ces renseignements. Nous avons nos
publications et nous diffusons le texte de la plupart des lois importantes; de
cette façon, nous avertissons tout le monde.
Nous avons, depuis un certain temps, pris l'habitude de réunir
toutes les compagnies qui oeuvrent dans un secteur industriel donné pour
leur faire part des exigences présentes et futures. Nous faisons cela
conjointement avec l'équipe du gouvernement fédéral.
Parfois, c'est le gouvernement provincial qui prend l'initiative de choisir un
secteur industriel où il y a une action à prendre et, dans
d'autres cas, c'est l'autre gouvernement qui le fait. Dans tous les cas,
surtout depuis un certain temps où la collaboration entre nos services
et le bureau régional du ministère fédéral de
l'Environnement est excellente, nous avons vraiment une collaboration
systématique et nous rencontrons des secteurs industriels l'un
après l'autre.
Dans le cas particulier, je dois quand même souligner que c'est
l'été dernier que le propriétaire de la carrière a
été convoqué et a été informé.
M. LEGER: Justement, pour informer le ministre du problème
soulevé par le jugement du juge Boisvert, ici, je vais lire sa
déclaration. Le juge Boisvert souligne, d'autre part, que "l'inexistence
d'un règlement, précisant les critères en vertu desquels
une telle autorisation peut être délivrée n'avait pas pour
effet de dispenser la compagnie d'en faire la demande". Là, c'est un
problème causé par un manque de précision de la loi.
Est-ce que le ministre a l'intention, dans ses amendements futurs, de
préciser dans sa loi les critères, les activités
visées, etc.?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, la réponse est double. Nous
avons, en préparation, des modifications à la loi, mais il y a
aussi en préparation toute une série de règlements. Parmi
les documents que je pourrai distribuer à l'intention des membres de la
commission, il y a effectivement un calendrier des règlements en
préparation. Dans presque tous les cas, au moins dans les 19 premiers
cas sur les 26 règlements, il y a un calendrier de présentation
du dossier technique et, ensuite, du projet lui-même, avec un
décalage, généralement, d'un mois entre les deux dates.
Vous constaterez, M. le Président, que le numéro 14 s'intitule
"Règlements concernant les carrières".
M. LEGER: Dans le cas précis de la sablière, si Gely
Construction demandait un permis pour continuer l'exploitation de la
sablière, est-ce que le service de la protection de l'environnement le
lui accorderait?
M. GOLDBLOOM: Ma réaction immédiate est non, M. le
Président. Après tout, ce serait ne pas être
conséquents avec nous-mêmes, si nous avons intenté une
poursuite, d'accorder un permis par la suite.
M. LEGER: Je suis heureux de la réponse du ministre. Est-ce que
le ministre peut nous dire maintenant où il en est rendu avec son projet
Un fleuve-un parc?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président. Nous avons acheté les
îles de Boucherville en grande partie. C'est déjà une
acquisition. L'Office de planification et de développement je
l'ai indiqué au cours du débat à plus d'une reprise
a entrepris la première étape du développement d'un
schéma d'aménagement. Il ne s'agit pas d'un schéma
précis d'aménagement de chaque île, mais plutôt d'un
schéma régional, comprenant le secteur entre Montréal et
Sorel.
Ce travail est attendu à la fin de l'année et nous
permettra de viser davantage les mesures à prendre pour améliorer
la protection. Entretemps, le gouvernement fédéral collabore avec
nous vers la préservation de certains éléments de cet
archipel.
M. LEGER: M. Tony LeSauteur, qui était à l'origine de ce
projet, disait que si l'île Sainte-
Marguerite n'était pas incluse dans l'achat, cela enlevait son
sens même à ce projet. Est-ce que le ministre a mis de
côté l'achat de l'île Sainte-Marguerite dans son esprit
à cause d'un coût prohibitif ou s'il espère peut-être
voir à l'acheter ou à l'exproprier?
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas un dossier fermé. C'est un coût
plus élevé que celui de l'acquisition des parties que nous avons
obtenues. Il y a d'autres idées qui ont été lancées
et j'ai eu récemment plusieurs conversations avec, par exemple, le
conseil municipal de Boucher-ville qui est, j'allais dire, propriétaire,
mais ce qui n'est peut-être pas le terme exact; une partie de l'île
Sainte-Marguerite se trouve cependant dans la municipalité de
Boucherville. Donc, cette municipalité est fortement
intéressée et a fait certaines propositions. Nous les
étudions présentement. Je pense qu'il sera pour l'instant un peu
difficile de donner une réponse plus précise. Il s'agit de
regarder tout un tableau.
J'ai déjà donné cette réponse en d'autres
occasions à l'honorable député de Lafontaine. Il faudra
regarder le tableau des espaces verts sur l'île de Montréal, dans
la région environnante, et faire un choix. C'est ce que nous
préparons présentement. C'est une perspective
générale de la situation et donc une idée des meilleurs
investissements que nous pourrons faire avec l'argent que nous pourrons trouver
pour acquérir des espaces verts dans toute la région.
M. LEGER: Où est-ce qu'on en est pour les îles de Sorel,
qui étaient le bout nord-est du projet initial?
M. GOLDBLOOM: Je n'ai rien de précis là-dessus, M. le
Président. Je voudrais souligner que la collaboration du gouvernement
fédéral, que j'ai mentionnée, en est une qui vise surtout
la création de sanctuaires pour certaines espèces dans les
îles de Contrecoeur et de Sorel. Je ne connais pas présentement
les territoires précis qui sont visés, mais nous sommes
très heureux de cette collaboration.
M. LEGER: Pour fins d'accessibilité, est-ce qu'il est question
d'un certain achat ou d'une entente avec les rives qui longent les îles
que le ministre a achetées?
M. GOLDBLOOM: Le projet présenté par la
Fédération québécoise de la faune vise la
protection de terrains sur les rives aussi. Il vise évidemment une
accessibilité de plusieurs façons. Nous n'avons pas pris position
sur ces questions, mais il est évident que les îles ne sont pas
accessibles si l'on ne prévoit pas ou un pont ou une jetée, que
je n'aimerais pas prévoir dans la très grande majorité des
cas, ou bien un tra-versier. Tout cela ne pourra être
décidé avant de connaître les plans
d'aménagement.
Nous pouvons faire des hypothèses d'amé- nagement
actuellement, mais il faudra confirmer ces hypothèses par des
études précises. Avant de savoir, par exemple, où l'on
placerait un terrain de camping, il n'y aura pas moyen de savoir où
placer la communication pour y donner accès. C'est dans ce sens qu'il
faudra attendre un peu pour pouvoir connaître ce genre de
décision.
M. LEGER: Le ministre dit que le dossier est encore ouvert. Est-ce que
l'île Saint-Marguerite n'était pas, à peu près,
actuellement, la seule porte d'entrée pour les différentes
îles qui viennent par la suite?
M. GOLDBLOOM: L'île Charron-Sainte-Marguerite, c'est maintenant
une seule île, est la porte d'entrée aux îles suivantes,
c'est-à-dire l'île Pinard ou Picard, l'île de la Commune et
l'île Grosbois. Il faudra donc et c'est une chose dont nous sommes
assurés qu'il y ait un accès aux ^les suivantes par
l'île Charron-Sainte-Marguerite.
D'ailleurs, toute l'idée de l'acquisition était de donner
accès à ces îles à la population de l'est de
Montréal qui, en général, est moins favorisée quant
à l'accessibilité aux espaces verts. C'est donc prévu
qu'il y ait une communication avec un terrain de stationnement qui
n'empiètera pas sur la partie prévue comme parc, mais qui
permettra aux gens de traverser, soit par leur automobile, soit par le
transport en commun, de descendre dans l'île Sainte-Marguerite et de
traverser dans les autres îles pour des randonnées, des
pique-niques et des activités qui, pour le moment, je crois, devraient
être des activités légères. Mais dans quelle mesure
devrons-nous à l'avenir augmenter l'éventail des activités
et permettre, par exemple, la fréquentation des îles par un nombre
plus important de personnes? C'est une décision qui devra être
prise ultérieurement.
M. LEGER: Qui est responsable du dossier ou le maître d'oeuvre de
l'affectation de tout ce projet, actuellement?
M. GOLDBLOOM: C'est mon collègue, le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche qui a été le principal instigateur de
l'achat des îles.
M. LEGER: C'est lui qui va continuer à y voir?
M. GOLDBLOOM: C'est lui qui fera préparer, dans son
ministère, les schémas d'aménagement
définitifs.
M. LEGER: J'étais malheureusement présent à une
autre commission parlementaire, celle qui s'occupe de l'expropriation, de
l'achat et des négociations. Je ne dévoilerai pas les montants
que j'ai entendus, parce que cela n'a pas été
consigné au journal des Débats et cela n'avancerait pas la
cause de ce projet que j'appuie. Le ministre le sait. Mais, dans les
négociations, il semble que l'achat n'est pas conclu. Il y a un montant
versé et le prix définitif des îles n'est pas
déterminé.
M. GOLDBLOOM: C'est vrai et c'est la procédure normale de
l'expropriation. Quand nous avons été saisis, au début de
décembre, d'un projet qui visait les îles en question pour un
éventuel développement domiciliaire, il a fallu agir rapidement.
Le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, avec ma
collaboration, a présenté au conseil des ministres le dossier et
a demandé une autorisation qui a été donnée
nonobstant le fait qu'il n'y avait pas de prévision budgétaire
pour l'achat des îles.
Nous avons obtenu rapidement du ministère des Travaux publics une
évaluation de ces terrains. Parce qu'il s'agit du gouvernement, nous
avons voulu être justes à l'endroit des propriétaires et ne
pas formuler une proposition farfelue. Nous avons trouvé quand
même qu'il était raisonnable que nous fassions une offre
légèrement inférieure à l'évaluation qui
nous a été donnée. Si les propriétaires avaient
accepté l'offre, nous aurions été obligés non
seulement d'acquérir les terrains immédiatement, mais de les
payer immédiatement.
L'acquisition s'est faite le 25 décembre, à l'expiration
du délai de quinze jours pour l'acceptation ou le refus de nos offres
par les propriétaires. Puisque certainement en grande majorité
quant à la valeur, les propriétaires n'ont pas accepté les
offres, un arbitrage devra avoir lieu.
M. LEGER: Donc, c'est une expropriation, ce n'est pas un achat.
M. GOLDBLOOM: C'est une expropriation, ce n'est pas un achat de
gré à gré. Je pense que, dans quelques cas, de petits
propriétaires ont accepté nos offres, mais je dis cela sous
toutes réserves. Ce n'est certainement pas un facteur important dans le
dossier. En majeure partie, le territoire fait l'objet des procédures en
expropriation.
M. LEGER: Le ministre disait tantôt que le dossier n'était
pas fermé concernant l'achat possible d'une partie ou, du moins, de
toute l'île Sainte-Marguerite. En connaissant les sommes qu'on avait
mises comme possibles pour ce projet et le reste du montant qui va être
payé pour les îles déjà mises en expropriation, il
ne resterait pas grand argent pour l'île Sainte-Marguerite. Est-ce que le
ministre prévoit quand même l'achat d'une partie de l'île
Sainte-Marguerite si c'est impossible de l'acheter entièrement pour que
les gens qui veulent l'utiliser aient non seulement un parc de stationnement,
mais peut-être de camping qui leur permette de s'installer là et,
après cela, de se promener dans les différentes îles.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, voici le problème auquel le
gouvernement fait face: II y a un document qui a été
publié par la Communauté urbaine de Montréal qui
prévoit l'acquisition d'importants terrains sur l'île de
Montréal comme espaces verts publics, comme parcs à
caractère métropolitain ou régional. Il y a aussi d'autres
espaces verts dans la région autour de l'île de Montréal
où il y aura lieu d'intervenir, de protéger ces espaces. Le
dilemme du gouvernement est celui-ci: S'il s'engage à acheter la partie
de l'île Sainte-Marguerite qui se trouve dans la municipalité de
Boucherville, par exemple, et si en ce faisant, il est obligé de voir
partir le Cap Saint-Jacques en bonne partie, voir partir le mont Saint-Bruno ou
d'autres terrains importants, est-ce qu'il aura bien choisi dans un tel cas?
C'est un choix difficile, parce que beaucoup de terrains de cette nature, de
cette qualité sont menacés dans la région
métropolitaine.
C'est pour cela que je me penche de façon particulière sur
tout le dossier. C'est pour cette raison que je ne me permets pas de me
prononcer sur l'un ou l'autre des espaces en question. Il faudra choisir dans
le meilleur intérêt de la population de la région.
M. LEGER: Quand le ministre parle du Cap Saint-Jacques et du mont
Saint-Bruno comme exemples, ce sont des endroits où le ministère
pourrait entrevoir une expropriation possible, c'est cela?
M. GOLDBLOOM: Oui. Je dis oui dans un sens très
général, parce que c'est normalement la municipalité qui
procéderait à l'expropriation, mais puisque Cap Saint-Jacques,
Anse-à-l'Orme, Bois-de-Liesse en partie sont essentiellement dans la
municipalité de Pierrefonds, cette seule municipalité se trouve
dans une situation difficile vis-à-vis des autres municipalités.
Puisque c'est un point de l'île de Montréal où il y a aussi
de petits espaces verts, des espaces de quartiers, qui pourraient être
préservés, il y a une pression énorme. Chaque conseiller
municipal semble avoir une pression de la part des citoyens de son quartier
pour la préservation d'un petit lopin de terre qui serait, sinon un parc
de quartier, au moins un espace gardé à son état actuel,
boisé ou même marécageux, mais de toute façon, un
espace vert. C'est un problème très difficile pour la ville de
Pierre-fonds.
Puisque le gouvernement ne peut répondre immédiatement
à une municipalité, sans pouvoir répondre à toutes
les municipalités de l'île de Montréal et toutes les
municipalités environnantes il y a même d'autres endroits
dans la province où l'on voudrait l'aide du gouvernement pour la
préservation d'espaces verts à ce moment, le gouvernement
devra avoir un tableau plus complet qu'il n'a dans le moment pour pouvoir
donner des réponses utiles.
M. LEGER: Mais est-ce que la loi 88, qui
obligerait le gouvernement à répondre à la demande
de territoires homologués, est retardée faute de fonds? Est-ce
une des raisons pour lesquelles le ministre ne peut pas se prononcer sur une
partie, du fait qu'il y a une limite actuellement dans les budgets
prévus pour les expropriations d'espaces verts?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, ce n'est pas
présentement un obstacle. Nous ne sommes pas rendus jusque là. Il
faut que le dossier soit complété pour connaître les
espaces verts dans leur ensemble, la valeur de chacun, la valeur
écologique, la valeur sociale, la valeur en argent de chacun. Ensuite,
on sera en mesure de prendre une décision.
M. LEGER: Le ministre parlait du mont Saint-Hilaire. Actuellement, il y
a une carrière qui est en train de manger une bonne partie du mont
Saint-Hilaire.
M. GOLDBLOOM: J'ai parlé du mont Saint-Bruno, mais c'est la
même chose et le même problème.
M. LEGER: Le même problème. Qu'est-ce que le ministre peut
faire pour empêcher le mont Saint-Hilaire d'être grugé comme
il l'est par des entrepreneurs, pour des fins bien précises?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, la réponse a
déjà été donnée. Là où
l'exploitation avance l'entrée en vigueur de la Loi de la qualité
de l'environnement, nous sommes obligés de procéder par la
constitution d'une preuve et c'est une tâche qui est énorme et qui
est longue. Lorsqu'on est saisi de projets d'exploitation, comme dans le cas du
mont Saint-Bruno, c'est le jeu du permis qui est simple, qui nous permet de
protéger beaucoup plus facilement.
Donc, même si nous ne pouvons intervenir dans tous les cas,
simplement parce que c'est assez compliqué de montrer...
M. LEGER: Actuellement, vous êtes en train de monter une preuve
sur le cas précis du mont Saint-Hilaire.
M. GOLDBLOOM: Pas à ma connaissance, M. le Président.
M. LEGER: II serait temps, parce qu'il y a un cinquième de la
montagne qui est en train de disparaître.
M. GOLDBLOOM: C'est difficile...
M. LEGER: Quelle quantité faut-il pour qu'il y ait une
preuve?
M. VAILLANCOURT: La moitié.
M. GOLDBLOOM: Non, ce n'est pas dans de tels termes qu'on peut le faire.
Je pense qu'il faudra que nous le demandions à nos conseillers
juridiques, qui n'ont pas été en chômage; car la
préparation de 26 règlements et les poursuites, les ordonnances
qu'ils doivent préparer et le reste, plus leur travail quotidien, c'est
un fardeau énorme.
M. LEGER: Est-ce que le ministre vient de dire qu'il y a au moins 26
règlements pratiquement de prêts pour la Loi sur la qualité
de l'environnement?
M. GOLDBLOOM: Je déposerai le calendrier. On verra qu'il y en a
qui sont prévus pour le mois de juillet, le mois d'août, le mois
d'octobre et ainsi de suite. Il y en a sept à la fin pour lesquels nous
n'avons pas de calendrier encore pour le dossier technique.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député
d'Iberville.
M. TREMBLAY: M. le Président, il est bien entendu que le ministre
ne doit pas perdre de vue certainement, quand il envisage le problème
des carrières, que les agrégats, la pierre et le sable extraits
de ces endroits, ne sont pas simplement l'oeuvre de personnes qui
désirent "mercantiliser" à tout prix la nature. Ces produits
servent à la construction des routes, mes chers amis. Il y a aussi le
problème de trouver de la pierre à des endroits. Les exploitants
de carrière ne sont pas nécessairement des gens qui veulent
détruire les beautés de la nature. Je pense bien que le ministre,
dans son dossier, considère toutes ces choses également.
M. GOLDBLOOM: C'est un point important, M. le Président, dans ce
sens que l'on ne doit pas agir tout simplement pour changer le mal de
place.
M. TREMBLAY: C'est cela.
M. GOLDBLOOM: Si l'on ne veut pas arrêter toute construction
routière ou autre, il y aura quelque part une carrière. Il est
évident que les endroits où l'on peut trouver les
matériaux nécessaires, ne sont pas tellement nombreux. Là
où il y a déjà une plaie, peut-être que l'on est
mieux d'accepter cette plaie, plutôt que d'en créer d'autres.
Nous avons dans la loi, c'est un élément sur lequel nous
allons insister de plus en plus, l'exigence que l'exploitation d'une
carrière, par exemple, doit être accompagnée dès le
début, d'un plan de réaménagement par la suite; tel
n'était pas le cas du mont Saint-Hilaire, ni du mont Saint-Bruno.
Par contre, nous avons été saisis de tentatives
très vigoureuses de la part de certaines personnes d'exploiter une
nouvelle carrière sur le mont Saint-Bruno. Nous avons refusé.
Donc, nous avons voulu limiter l'augmentation du
nombre de plaies, mais il n'est pas facile simplement de fermer ce qui
se fait présentement, malgré la pollution et les
inconvénients dont ces activités sont responsables.
Il faut quand même savoir quel sera le résultat d'une
fermeture. C'est en parallèle avec le problème des ordures. On
reçoit des demandes de fermeture de dépotoirs, mais soudainement,
on est pris avec le problème où il n'y a pas d'endroits où
entasser les ordures.
M. TREMBLAY: II n'y a guère d'autres choix, c'est sûr.
Votre service de l'environnement fait la part des choses certainement
là-dessus.
M. GOLDBLOOM: Nous essayons.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Comme il est 18 h 05, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 20 h 15.
M. LEGER: II n'y a pas beaucoup de monde. Nous sommes encore dans les
questions générales. Il n'y a pas grand-chose à adopter
là-dedans.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, à 20 h 15, ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 5)
Reprise de la séance à 20 h 25
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
affaires municipales): A l'ordre, messieurs/ Voici quelques changements aux
membres de la commission: M. Pelletier, de Kamouraska-Témiscouata,
remplace M. Leduc, de Taillon; M. Massicotte, de Lotbinière, remplace M.
Parent, de Prévost; et M. Vallières, de Richmond, remplace M.
Vaillancourt, d'Orford.
L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le ministre aurait eu
il est de bonne humeur le ministre, il a pris un bon souper...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, pour le journal des Débats,
je n'ai pas mangé.
M. BEDARD (Montmorency): Nous sommes deux, M. le ministre, nous irons
manger après ensemble.
M. LEGER: Est-ce que, par hasard, le ministre aurait eu de ses
fonctionnaires les dépôts de documents concernant les ordonnances
et les poursuites qu'il devait déposer? Il ne les a pas encore?
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse, nous n'avons pas eu le temps dans
l'intervalle...
M. LEGER: Cela va aller à demain matin, quoi?
M. GOLDBLOOM: ... de reproduire les documents, mais j'en ai donné
l'essentiel et je serai heureux d'en faire la distribution demain ou au
début de la semaine prochaine, même si nous terminons entre-temps
l'étude formelle des crédits.
M. LEGER: Ma question est encore dans le même domaine, le
général, elle concerne la compagnie Madeleine Mines, qui occupe
et exploite un gisement de cuivre et d'argent à l'intérieur des
limites d'un parc provincial, sans qu'un bail dûment signé
l'autorise à le faire. Cela est une question secondaire en passant, mais
dernièrement, il est arrivé un événement, c'est que
le barrage a cédé et tous les déchets miniers
contrairement aux règlements généraux pour la protection
de l'environnement qui sont quand même peut-être couverts au
moins par des lois du gouvernement, et ç'a fait que ces déchets
miniers sont tombés dans une rivière à saumon et ont
complètement détruit le saumon. Je pense que le ministre est au
courant de cela.
A la suite de cet écoulement c'est en Gaspésie
on apprend que Madeleine Mines reconstruit la digue de retenue de son
second bassin de sédimentation avec les mêmes matériaux,
c'est-à-dire des déchets miniers, de la terre
et des roches, et selon la même technique utilisée pour la
construction de la première digue récemment emportée par
les eaux.
Est-ce que le ministre d'abord est au courant de cela, et,
deuxièmement, est-ce qu'il va empêcher la compagnie de refaire les
mêmes gestes illégaux qu'elle a faits avec les conséquences
qu'il connaît?
M. GOLDBLOOM: Je n'étais pas au courant de la nature des
matériaux utilisés dans la reconstruction. Je vais
vérifier si nous avons d'autres détails à ce sujet pour
confirmer ou infirmer ce que le député vient de citer à
partir d'un article de journal.
Ce qui rend difficile ma réponse, c'est que la construction des
barrages est de la juridiction du ministère des Richesses naturelles. Je
serai donc obligé de vérifier avec ce ministère
l'approbation qu'il a pu donner pour la reconstruction d'un barrage. Il va sans
dire qu'il y a des normes et qu'il y a des avis professionnels
d'ingénieurs qui doivent être donnés sur la reconstruction
d'un barrage, et notamment dans un cas comme celui que l'on connaît.
M. LEGER: Le ministre se rappellera certainement que, lors de la
présentation du bill 34, nous lui avions justement dit qu'il manquait,
entre autres, parmi les trous de ce bill 34, le contrôle des
déchets miniers, qui représentent environ 75 p.c. des
déchets au Québec.
Je donne un autre exemple concret du malheur de la dissémination
des autorités concernant la qualité de l'environnement. Vous
m'aviez dit, si je me rappelle bien, à l'occasion du bill : Le ministre
des Richesses naturelles est responsable de cela, il va s'en occuper, etc.
Comme on le voit, il ne s'en est pas plus occupé que ça.
D'ailleurs, cela ne peut pas être une de ses préoccupations
majeures puisque la qualité de l'environnement est une
responsabilité qui devrait appartenir complètement aux services
de la protection de l'environnement.
Est-ce que le ministre a l'intention de ramener cette juridiction dans
son ministère par les amendements qu'il va apporter à son projet
de loi?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, ce n'est pas la
décision du gouvernement de le faire. Il est vrai qu'il s'agit, dans le
cas que cite le député, d'un problème de déchets
miniers, mais il s'agit aussi de la construction d'un barrage. Il n'y a pas de
barrage dont nous sommes responsables quant à la construction, quant
à l'exploitation ou pour la régularisation du débit ou du
niveau d'une rivière. Tout cela relève des Richesses naturelles.
Je consulterai mon collègue au sujet de la question soulevée par
le député.
M. LEGER: Je ne sais pas si je me suis mal exprimé, ce n'est pas
le barrage qui est construit avec des déchets miniers. Le barrage avait
été construit par Madeleine Mines et il était fait avec de
la terre et des roches lorsque les déchets miniers ont été
emportés. Mais le barrage qui a cédé est reconstruit de la
même façon. Les déchets miniers de cette compagnie sont
replacés à la même place. Ils refont un pareil barrage et
c'est un danger de pollution des eaux. Si le barrage n'est pas plus solide
qu'avant, il va encore permettre à ces déchets miniers de
retomber dans le lac et avoir les mêmes conséquences. Ce n'est pas
au sujet du barrage, c'est au sujet de juridiction pour ces déchets
miniers qui sont là et qui vont encore retomber dans le lac puisque l'on
reconstruit de la même façon.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, quand un ministre dit qu'il va
consulter son collègue, ce n'est pas qu'il traite le problème
à la légère, bien au contraire. Il y a des consultations
soutenues entre les deux ministères. Je n'ai pas de détail que je
peux fournir ce soir sur la question en particulier, mais je serais heureux de
consulter le ministre des Richesses naturelles et de savoir s'il y a eu une
approbation de la part de son ministère pour la reconstruction du
barrage en question. Sinon, il y aura lieu de faire enquête pour savoir
comment il se fait qu'un barrage a été reconstruit sans
l'approbation des ingénieurs professionnels du ministère des
Richesses naturelles. Il est évident que ce sont ces ingénieurs,
et pas les nôtres, qui ont la compétence spécialisée
pour juger de la solidité et de la sécurité d'un
barrage.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut confirmer qu'il nous fera un
rapport de cette discussion avec le ministre concernant le problème que
nous lui avons soumis?
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement, M. le Président, soit mon
collègue ou moi-même pourra informer la Chambre des renseignements
que nous aurons.
M. LEGER: C'est la question du barrage. Mais la question de la
juridiction sur les déchets, le ministre n'a pas l'intention, comme il
le disait tantôt, de l'inclure dans un amendement au prochain projet de
loi?
M. GOLDBLOOM: L'honorable député de Lafontaine persiste
à poser ses questions d'une façon curieuse. Ce n'est pas au
ministre de décider, c'est au conseil des ministres.
M. LEGER: Oui, d'accord, mais le conseil des ministres doit d'abord,
avant de prendre une décision, être mis au courant des
problèmes par le ministre responsable de la qualité de
l'environnement. Autrement dit, si le ministre responsable de la qualité
de l'environnement voit l'importance de récupérer des
juridictions qui le touchent particulièrement, spécialement dans
le domaine de l'environnement, c'est à lui de faire des recommandations
au conseil des
ministres, qui pourrait prendre la décision par la suite.
Le ministre a-t-il l'intention, au moins, de proposer au conseil des
ministres que cette juridiction concernant les déchets miniers
relève dorénavant de son ministère? Si la réponse
du cabinet des ministres est positive, l'apportera-t-il comme amendement
à son projet de loi?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le député sait fort
bien que le ministre n'est pas en mesure de lui dire qu'il va ou qu'il ne va
pas présenter un sujet au conseil des ministres, qu'il a ou qu'il n'a
pas présenté une question. Il ne peut informer le
député, la commission parlementaire et la Chambre des
décisions prises par le conseil des ministres.
M. LEGER: C'est donc dire qu'à ce stade le ministre ne peut pas
dire que c'est une nécessité pour son ministère, quitte
à ce que, plus tard, il nous dise: La juridiction doit être
dispersée pour d'autres raisons. A ce stade-ci, le ministre
lui-même ne conçoit pas que ce soit important que l'ensemble des
juridictions concernant la qualité de l'environnement relève de
son ministère.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'ai deux réponses.
D'abord, le ministre considère qu'il est important pour le gouvernement
de bien surveiller le problème des déchets miniers.
Deuxièmement, le ministre a l'intention de continuer la collaboration et
de fournir les renseignements utiles que le député demande. Ce
n'est pas parce qu'il y a deux ministres qui s'occupent d'un problème
que ce problème est moins bien traité que dans le cas où
un seul ministre a cette juridiction.
Effectivement, si je prends la définition de l'environnement que
donne le député de Lafontaine par ses questions, j'arrive
à englober dans cette définition des secteurs énormes de
la responsabilité gouvernementale. Et tout cela serait vrai qu'on
pourrait accorder à tous ces secteurs la définition
d'environnement et à la responsabilité gouvernementale la
définition de protection de l'environnement. Ayant créé un
tel superministère, il faudrait le diviser, le subdiviser, pour le
rendre administrable. Or, le gouvernement prend ses décisions quant aux
attributions des divers ministres et des divers ministères mais, les
problèmes étant réels, ils reçoivent l'attention
qu'ils méritent de la part du gouvernement.
M. LEGER: De toute façon, M. le Président, je pense que
nous devons souligner au ministre le fait que nous croyons qu'il devrait
être très attentif, comme ministre responsable de la
qualité de l'environnement, à cette coordination de
responsabilités analogues qui sont sous la juridiction des ministres des
Richesses naturelles et des Transports, qui ont des objectifs
différents. Leur préoccupation de l'environne- ment est quand
même moins dominante que peut l'être celle du ministre responsable
de la qualité de l'environnement au Québec.
M. GOLDBLOOM: Pour une rare fois, je suis d'accord entièrement
avec le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je ne sais pas si nous serons d'accord
sur le prochain sujet. A moins qu'il y ait des questions d'ordre
général d'autres députés, je serais prêt
à attaquer le programme 10.
Est-ce qu'il y a d'autres députés qui ont des choses
à dire, sur le sujet général, dans le domaine de
l'environnement? Je ne veux pas accaparer le ministre continuellement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté.
M. LEGER: Tout est clair. Nous allons passer maintenant au programme
10.
Salubrité du milieu
M. LEGER: Avant de parler de questions bien précises, dans le
programme 10, je vais faire une analyse et une condamnation des
résultats de l'effort du ministre, concernant le financement pour la
salubrité du milieu. On sait que, dans le domaine de l'environnement
dont il est responsable, le ministre n'a pas réussi à obtenir des
crédits équivalents aux besoins de cette
responsabilité.
Si on regarde le fait que le domaine de l'environnement partait
pratiquement à zéro, il y a quelques années, quand il a
pris charge de cela, nous voyons que, dans la lutte contre la pollution de
l'air, dans la gestion des déchets, l'assainissement du milieu de
travail et l'assainissement du milieu, les quatre points, il n'y a qu'un point
où il y a une réelle augmentation, c'est la gestion des
déchets. Mais on partait de tellement loin que c'est facile de tripler
ou quadrupler, à ce moment-là.
Je voudrais donner des chiffres concernant les sommes affectées
depuis les trois derniers budgets. Dans la lutte contre la pollution de l'air,
en 1972/73, on en était aux balbutiements, je dirais, de cette
responsabilité précise par un ministre; il y avait un budget de
$646,300. Cela a augmenté à peine à $718,700 au dernier
budget et, là, on est monté à $748,100 pour la lutte
contre la pollution de l'air. C'est-à-dire une augmentation, sur deux
ans, de 15.7 p.c, alors que l'ensemble des budgets du gouvernement a
augmenté, pour les deux années, d'environ 30 p.c. Cette
année, cela a à peine augmenté de 5 p.c.
Je pense que c'est un exemple flagrant de budgets que le cabinet n'a pas
donnés au ministre. S'il a fait des colères au cabinet pour
obtenir plus que ça, il n'a pas réussi à convain-
cre ses collègues de l'importance de la lutte contre la pollution
de l'air, puisque, contrairement au budget général, qui est
augmenté depuis deux ans de 30 p.c, c'est une augmentation de 15.7 p.c.
qui couvre à peine l'augmentation du coût de la vie.
Dans l'assainissement du milieu de travail, c'est encore une aberration.
En 1972/73, on avait un budget de $526,300 qui a été
augmenté, en 1973/74, à $546,300 et, en 1974/75, à
$570,600, une augmentation fantastique et phénoménale de 8.4 p.c.
en deux ans, quand je le disais tantôt le budget
gouvernemental général a augmenté d'environ 30 p.c. Alors,
8.4 p.c, ça dénote du gouvernement un manque de
compréhension des problèmes dans le domaine de la
salubrité du milieu, spécialement dans le milieu de travail.
Finalement, pour l'assainissement du milieu en général, en
1972/73, on avait un budget de $1,007,900. C'est augmenté, en 1973/74,
à $1,176,400 et, cette année, en 1974/75, c'est augmenté
à $1,225,300. Ce qui fait une augmentation, en deux ans, de 21.5 p.c,
encore là en bas de la norme des augmentations des deux budgets
gouvernementaux.
C'est la raison pour laquelle, dans le domaine de la salubrité du
milieu, je ne puis que dire que la préoccupation gouvernementale
démontre que la lutte contre la pollution est le parent pauvre et
un des plus pauvres parents dans le domaine des préoccupations du
gouvernement.
J'aimerais que le ministre nous explique pourquoi il n'a pas obtenu plus
d'argent pour ces domaines. J'ai fait exception de la gestion des
déchets, où on est passé de $224,000 à $580,000,
mais c'est tellement peu que c'est facile de le faire. C'est 158 p.c. pour
celui-là. Il n'y avait tellement rien que ce n'est pas
phénoménal, quand même. Mais là, au moins, il y a
une augmentation très substantielle.
M. GOLDBLOOM: D'abord, le budget dans ce domaine est surtout un budget
administratif, c'est-à-dire que, si le personnel en place suffit aux
besoins, on continue d'avoir un budget comparable, avec une augmentation au
rythme de l'augmentation du coût de la vie.
Je voudrais souligner aussi qu'il y a certaines augmentations
d'activités qui sont plus importantes que les augmentations d'argent
pour rémunérer le personnel en place.
Je prends un exemple, ici. Dans la lutte contre la pollution de l'air,
nous avons, au cours de l'année qui vient de se terminer,
exploité 95 postes d'échantillonnage et, dans l'année qui
commence, nous en exploiterons 125, une augmentation de 30. Les 30 nouvelles
stations d'échantillonnage se trouveront dans les municipalités
de Sept-Iles, Port-Cartier, Baie-Comeau on verra que l'on ne fait pas de
discrimination Laval, Noranda, Berthier et Varennes. Nous aurons
également des inventaires de la pollution atmosphérique dans
plusieurs agglo- mérations; ils s'ajoutent à ceux que nous avons
déjà accomplis au cours de l'année
précédente.
Nous prévoyons, par exemple, une augmentation du nombre de plans
et devis industriels que nous étudierons en vue de leur approbation
possible. Nous en avons fait 125, l'an dernier; nous prévoyons en faire
175 cette année. Nous attendons un fardeau de 100 rapports
d'études sur les effets de la pollution atmosphérique, contre 25
seulement au cours de l'année précédente.
Dans le domaine de l'assainissement du milieu de travail, nous avons
étudié 300 usines au cours de l'année qui vient de se
terminer; nous en étudierons 400 cette année. Nous avons
approuvé 20 plans et devis d'usines l'an dernier; nous en ferons 120
cette année. J'ajoute que nous n'avons pas été en mesure,
au cours de 1973/74, de mettre en application un programme d'étude de
cas de surexposition à des substances radioactives. Nous avons 30
dossiers que nous avons l'intention d'étudier au cours de l'année
qui commence.
M. le Président, on peut donc dire que l'augmentation des
montants d'argent n'est pas spectaculaire, mais que le rendement de cet argent
sera nettement meilleur en 1974/75.
M. LEGER: Est-ce que le ministre veut conclure par cela que le
gouvernement a consacré suffisamment d'argent pour régler le
problème de la pollution de l'air, de la salubrité du milieu et
de l'assainissement du milieu de travail actuellement?
M. GOLDBLOOM: M. le Président...
M. LEGER: II n'a pas plus de problèmes que cela?
M. GOLDBLOOM: ... c'est une question qui ne fait pas suite logique aux
commentaires que vient de faire le député de Lafontaine. On peut,
dans n'importe quelle sphère de l'activité gouvernementale, de la
responsabilité publique, trouver facilement moyen de dépenser
davantage, sauf de rares domaines comme, peut-être, le traitement
électronique des données. Encore là, on pourrait toujours
dire qu'il serait valable de dépenser davantage et d'analyser davantage
de données à l'aide des ordinateurs. Que ce soit pour
l'Education, les Affaires sociales, les Transports, l'Agriculture, dans
n'importe quel domaine, M. le Président, le Québec ne
dépense pas autant qu'il voudrait dépenser. Mais le Québec
est composé de contribuables qui doivent fournir l'argent
nécessaire et ces contribuables sont déjà lourdement
taxés. Pour cette raison, le gouvernement est obligé, dans tous
les domaines, de limiter ses dépenses et de restreindre le rythme de
l'augmentation. Tout comme le député de Lafontaine,
siégeant du côté de l'Opposition, voudrait pouvoir se
vanter, ou voudrait encourager le gouvernement à se vanter d'un rythme
d'augmentation des dépenses
dans un domaine, le gouvernement, face aux contribuables de cette
province, est obligé de se vanter des contraintes qu'il s'impose pour ne
pas permettre une augmentation trop rapide des dépenses dans quelque
secteur que ce soit.
Ce n'est pas une tâche facile. Et surtout dans les secteurs
importants où l'on voudrait justement répondre à des
besoins. Nous sommes donc obligés de chercher l'efficacité, de
chercher un meilleur rendement et c'est de cela que je viens de
témoigner par les chiffres que j'ai donnés au
député.
M. LEGER: Si le ministre responsable de la qualité de
l'environnement était plutôt le ministre de la Voirie ou d'un
autre ministère qui sont les vieux ministères, je dirais que
peut-être cette année il a laissé la chance à
d'autres dans le budget. Il ne s'agissait pas d'augmenter les taxes, il ne
fallait pas le faire, les élections s'en venaient.
Mais ce que je veux dire c'est que, dans le budget, dans les revenus du
gouvernement, il faut une répartition entre différents
ministères. Le ministère dont il est le titulaire, c'est un
secteur vierge, un secteur de pointe. C'est là où il y avait
moins de choses de faites. C'est le secteur où il y a le plus de choses
à faire, parce que c'est nouveau, mais les problèmes sont
là, ils sont graves, importants. Il y a des problèmes chauds qui
s'en viennent, et le ministre me dit: Nous ne voulions pas augmenter les
taxes.
C'est un faux problème, ce que le ministre me dit. Je n'ai pas
dit qu'il devait augmenter les taxes pour cela. J'ai dit qu'à
l'intérieur de la répartition de l'assiette budgétaire du
gouvernement, il est le parent pauvre. Alors que d'autres ministères ont
eu des augmentations, puisque la moyenne en deux années est de 30 p.c.
d'augmentation, son ministère n'a eu qu'une moyenne je viens de
les donner tantôt de 15 p.c, de 8 p.c. et de 21 p.c. à
trois articles sur quatre.
Et le ministre me dit: Nous allons faire quand même beaucoup de
choses. C'est donc dire que si vous aviez eu au moins l'augmentation de la
moyenne des autres ministères, vous auriez pu faire peut-être
trois à quatre fois plus que ce que vous prévoyez faire cette
année.
Le ministre ne peut pas faire autrement qu'accepter le fait qu'il est
limité dans ses actions par les revenus qu'il a pu obtenir du cabinet
des ministres et du ministre des Finances.
M. GOLDBLOOM: Si je comprends bien l'argumentation de l'honorable
député de Lafontaine, il s'engage, pour la durée de cet
exercice financier, à ne pas réclamer la construction
d'hôpitaux, de foyers pour personnes âgées, l'augmentation
des allocations sociales, la construction d'équipement scolaire ou
récréatif. Je le vois mal s'abstenir de réclamer ces
choses. Mais puisqu'il ne pourra s'en abstenir, il faudra qu'il reconnaisse au
gouvernement le choix de l'attribution de ces ressources.
Et je n'ai pas l'intention et je crois l'avoir
démontré tout à l'heure de permettre que ce secteur
soit négligé. Je pense bien que nous avons pu fournir certaines
réponses aujourd'hui au député de Lafontaine auxquelles il
ne s'attendait peut-être pas. Il ne s'attendait peut-être pas
à connaître les activités déjà
réussies par les services de protection de l'environnement. Il aurait
été sans doute plus heureux qu'il n'y ait pas eu de poursuites
devant les tribunaux, pas d'ordonnances, etc.
Mais nous avons réussi, avec les moyens que nous avons, à
faire un travail utile. Et nous continuerons de le faire. Il sera toujours
possible de dire qu'il restera des choses à faire et qu'il serait tout
à fait désirable que ces choses se fassent. Et il est certain que
si n'importe quel ministère a plus d'argent, il trouvera facilement les
moyens de le dépenser.
M. LEGER: Quand le ministre parle comme cela, je ne le reconnais pas. Il
est en train d'épouser les formules du premier ministre dans sa
façon de répondre aux questions, en disant: Nous faisons tout
notre possible. Il nous montre les problèmes des hôpitaux. Je ne
parle pas des hôpitaux, je parle du parent pauvre... gouvernemental.
M. GOLDBLOOM: Le député de Lafontaine choisit ses
comparaisons, et moi je choisis les miennes.
Je ne suis pas du tout insulté par la comparaison qu'il vient de
faire entre son humble serviteur et le premier ministre du Québec.
M. LEGER: Pour le moment. De toute façon, si on regardait les
chiffres des dernières années sur la proportion consacrée
à l'environnement versus les dépenses gouvernementales. La
proportion, en 1971/72, pour un secteur aussi chaud et aussi important et aussi
controversé que la qualité de l'environnement, c'est 0.25 p.c. du
budget. En 1972/73, 0.29 p.c. En 1973/74, 0.26 p.c, et en 1974/75, 0.28 p.c. du
budget global du gouvernement. C'est encore un exemple frappant du peu
d'intérêt que le gouvernement accorde à l'environnement et
du peu d'arguments motivants. Il faut les réveiller, au cabinet des
ministres, il ne faut pas les assoupir.
D'ailleurs, le ministre sera peut-être reconnaissant de mon
attitude cette année, de façon que l'année prochaine,
quand il sera question de discuter de son budget, il saura qu'on l'appuie
là-dessus et que nous allons le critiquer à nouveau d'une
façon encore peut-être plus virulente l'année prochaine,
si, malgré nos remarques, il n'a pu réussir à convaincre
le cabinet des ministres de l'importance d'un budget dans le domaine de la
qualité de l'environnement.
Il me remerciera à ce moment et je serai heureux de lui dire que
j'y. ai contribué.
M. GOLDBLOOM: M. le Président...
M. PELLETIER: M. le Président, je crois que l'étude que le
ministère, si vous me permettez, M. le député...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. LEGER: Allez défendre votre ...
M. PELLETIER: Non, pas nécessairement, disons que je crois que le
ministère responsable de la qualité de l'environnement a fait des
études concernant les déchets solides dans la province de
Québec. Aujourd'hui, ce ministère sait davantage comment se
situer, si vous voulez, au niveau de la pollution dans la province de
Québec.
Il fallait toujours bien que ces études soient faites au niveau
de la province avant que le ministre puisse prendre position. Et aujourd'hui,
on sait que ce n'est pas terminé, mais sous peu, le ministre nous fera
sûrement des déclarations quant à l'incinération
etc. D'après certaines informations, je sais que ça avance
graduellement mais sûrement, et logiquement aussi.
M. LEGER: Vous espérez que votre ministre va...
M. PELLETIER: Disons que je suis très confiant, notre population
du comté de Kamouraska-Témiscouata est très
sensibilisée aux efforts que le ministre fait dans notre comté et
nous en sommes très satisfaits. Nous n'aimerions pas un ministre qui
garrocherait l'argent par les fenêtres, etc. On sait que
présentement il y a une très bonne administration, nous en sommes
très satisfaits.
M. LEGER: Vous direz aux gens de Kamouraska...
M. PELLETIER: Kamouraska-Témiscouata.
M. LEGER: ... que le ministre de l'environnement progresse, mais
lentement.
M. PELLETIER: N'oubliez pas sûrement et logiquement aussi.
M. LEGER: De toute façon, je pense avoir prouvé le point
que je voulais avancer et le ministre s'en servira certainement dans ses
prochaines négociations.
Je voudrais maintenant poser quelques questions au ministre concernant
des points particuliers dans le domaine du programme 10. Est-ce qu'il peut me
dire quel est l'état actuel de la détection de la pollution
atmosphérique, en particulier du réseau
télémétrique que le ministre nous avait annoncé en
octobre? Combien y a-t-il de postes en fonctionnement et où sont-ils
situés par région?
M. GOLDBLOOM: Nous n'avons pas encore installé les postes
télémétriques que nous avions l'intention d'installer dans
la région métropolitaine, surtout à cause de certaines
difficultés de décisions quant à la nature des
équipements et de coordination avec le programme fédéral
d'implantation d'un réseau à l'échelle du Canada.
Ce réseau, à ma connaissance, n'est pas encore
implanté. Donc, nous avons l'intention de coordonner notre effort. Mais
nous avons maintenant 95 postes d'échantillonnage qui sont
répartis dans 39 villes du Québec.
Là aussi je pourrai déposer la liste. J'ai
mentionné les 30 nouvelles stations qui seront ajoutées cette
année avec la liste des municipalités qui seront touchées.
Nous n'avons donc pas changé le style d'échantillonnage, mais la
présence est là dans 39 villes y compris, évidemment, des
villes de la région métropolitaine.
M. LEGER: Est-ce que cela veut dire que vous en aurez 125 en
activité à la fin de l'année prochaine?
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. LEGER: Est-ce que, dans la ville de Montréal, vous avez un
certain contrôle, une certaine directive ou si c'est la Communauté
urbaine de Montréal qui s'occupe de cela, concernant les postes de
détection qui existent, entre autres dans le comté de Lafontaine,
le mien, à différents endroits pour les compagnies de
pétrole?
M. GOLDBLOOM: Nous avons coordonné notre travail avec celui de la
Communauté urbaine parce qu'il y a, le député le sait,
deux réseaux; il y a même un troisième réseau, celui
qui est exploité par l'Association industrielle Laval sur ses terrains
dans son secteur de l'île de Montréal. Il ne serait pas logique
que les réseaux fournissent des données qui ne soient pas
compilées d'une façon coordonnée. Nous avons dans cette
région un total de 34 postes.
M. LEGER: Sur l'île de Montréal?
M. GOLDBLOOM: Sur l'île de Montréal. Je peux fournir,
peut-être, des détails utiles au député de
Lafontaine. Il y a 9 postes où l'on détermine les
poussières en suspension, il y en a 9 où l'on détermine
l'indice de souillure, 7 pour l'anhydride sulfureux, 25 pour les oxydes de
soufre en général, un pour les oxydes d'azote,
c'est-à-dire 3 pour les divers paramètres des oxydes d'azote, un
pour les hydrocarbures, 2 pour le monoxyde de carbone, 2 pour l'ozone et 11
pour le gaz sulfureux.
M. LEGER: 11 pour le gaz...
M. GOLDBLOOM: ... sulfureux, H2S.
M. LEGER: Est-ce que le ministre pourrait en profiter pour nous dire,
s'il possède le seuil dangereux pour chacun de ces polluants. Pour le
premier que vous avez mentionné, où vous avez 9 postes, quel est
le degré de danger public, autrement dit le degré qu'il est
inacceptable de dépasser? Il peut bien me donner le degré
désirable, en même temps.
M. GOLDBLOOM: Je ne suis pas certain de ce que demande le
député de Lafontaine. Les normes qui sont connues et qui sont
utilisées pour chaque paramètres? Est-ce qu'il veut savoir, dans
le cas de chaque poste d'échantillonnage, quelle est l'incidence de
dépassement des normes reconnues?
M. LEGER: Ce qui est anormal. Autrement dit, quel est le seuil ou le
degré, en termes précis du paramètre, qui est dangereux et
quel est le seuil acceptable ou désirable pour dire, quand on fait une
vérification concernant l'anhydride sulfureux: C'est acceptable à
tel degré, mais dangereux à tel degré.
M. GOLDBLOOM: Nous pouvons compiler les normes pour chaque
paramètre, si le député le veut, et je pourrai les
déposer plus tard. Il serait, je pense, fastidieux de chercher à
faire la compilation rapide que nécessiterait une réponse
immédiate.
M. LEGER: Ce que je demandais, je pensais que c'étaient des
choses connues officiellement, autrement dit automatiques, qu'il ne faut pas
dépasser pour, mettons, l'oxyde de soufre, l'oxyde d'azote; tel
degré est dangereux pour la santé et tel degré est
souhaitable à conserver...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pensais le député
de Lafontaine mieux renseigné que cela. Les normes sont fort complexes
parce qu'il y a la question d'exposition, de la durée de
l'exposition...
M. LEGER: De la durée, d'accord!
M. GOLDBLOOM: ... donc, il y a des normes pour une heure, pour trois
heures dans certains cas, pour vingt-quatre heures, etc.
M. LEGER: Et pour l'année.
M. GOLDBLOOM: II faudrait donc toute une compilation pour pouvoir donner
cela et c'est pour cette raison qu'il n'est pas possible tout simplement de
dire: C'est dangereux de dépasser telle concentration. Une concentration
peut être tolérée sans danger pendant 24 heures, mais pas
pendant une semaine. Il y a des concentrations que l'on peut accepter à
cause de la nature du fonctionnement des appareils industriels. On est
obligé d'accepter que, pen- dant une heure donnée, il y ait un
niveau assez élevé, mais, si le fait de constater ce niveau
élevé amène les responsables à réduire
l'activité, à corriger une situation ou si dans le cours normal
de cette activité il y a une descente rapide après, le fait qu'au
cours d'une journée donné, il y ait eu une heure ou deux de
dépassement important, ne met pas en danger la santé des gens,
tandis que si c'est à la journée longue, c'est un problème
qui doit nous inquiéter.
Cela est vrai pour chacun des paramètres et pour un grand nombre
de substances. On sait que l'exposition chronique est un danger tandis que l'on
peut traverser disons un nuage de polluants et se trouver là-dedans
pendant quelques secondes et ne pas souffrir.
Il y a très évidemment des occasions où, en faisant
une promenade dans les rues de n'importe quelle grande ville, on est
exposé aux gaz d'échappement de véhicules, mais ce ne sont
que les gendarmes qui dirigent la circulation à Tokyo qui sont
obligés de ne travailler que deux heures à la fois et de porter
des masques à oxygène à certains moments. C'est une
question fort complexe. Nous pourrons certainement déposer les normes
pour chaque paramètre, mais ce n'est pas simplement un chiffre qu'il ne
faut pas dépasser.
M. LEGER: Je suis d'accord avec le ministre. Je sais fort bien qu'il y
a, entre autres, pour les particules en suspension recueillies quotidiennement,
une norme qui est autour de 120 microgrammes pour 24 heures mais que dans une
année complète, il ne faut pas dépasser de 60 à 70
microgrammes de moyenne dans une année. C'est connu.
Ce que je demandais, ce sont des normes sur 24 heures pour chacun des
indices, des polluants que vient de mentionner le ministre. Les normes, en deux
temps: celle, qui est dangereuse pour la santé pour 24 heures, qu'on ne
doit pas dépasser et celle, qui est acceptable, normale, qui est celle
que l'on veut... qui est souhaitable, ni plus ni moins.
Si le ministre peut les déposer, cela me satisferait.
M. GOLDBLOOM : Certainement.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le ministre peut dire pour
quelles raisons, quand vous avez des stations de vérification, vous
faites tel endroit plutôt que tel autre, est-ce que c'est à cause
d'usines polluantes ou quelles sont les raisons précises qui vous ont
fait choisir des endroits particuliers? A cause des vents?
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le député pose ces questions par
rapport à la région métropolitaine ou est-ce qu'il parle
du choix de municipalités que nous avons étudiées...
M. LEGER: Pour la région métropolitaine, pour fins de
discussion, disons.
M. GOLDBLOOM: Oui. Je pense que certains postes d'échantillonnage
ont été localisés selon certaines craintes et certaines
probabilités que l'on pouvait prévoir de façon empirique.
Nous essayons, évidemment, d'établir, dans le choix des
localisations, une relation avec la vie humaine, c'est-à-dire que nous
voudrions savoir quelle est l'exposition dans un quartier où il y a une
concentration de population. Nous tenons compte de la rose des vents et nous
faisons un effort particulier dans les autres municipalités. Je ne
pourrais l'affirmer, dans le cas de la région métropolitaine,
sans consulter les fonctionnaires, mais, dans les autres municipalités,
nous faisons délibérément le choix d'au moins une
école comme poste d'échantillonnage. Nous plaçons un
appareil sur le toit de l'école. C'est une tradition que nous avons et
que nous croyons importante, parce que l'exposition des enfants d'aujourd'hui
sera nécessairement plus longue en moyenne que l'exposition des
adultes.
M. LEGER: Est-ce que ces postes sont faits aussi en fonction de tel type
de polluants que vous savez exister dans ce milieu, à cause de certaines
industries qui rejettent tel type de polluants?
M. GOLDBLOOM: Oui, mais je ne voudrais pas laisser l'impression que,
dans toutes les municipalités où nous plaçons des postes
d'échantillonnage, ce sont des postes nécessairement
spécialisés pour des usines en particulier. Nous avons davantage
tendance à étudier le problème posé par une usine
de façon particulière, selon ce que nous savons de la production
de l'usine en question.
M. LEGER: Dans une région ou dans un secteur donné
où vous avez des types d'industries qui rejettent des polluants
différents, les relations entre ces polluants dans l'atmosphère
étant un peu imprévisibles, comment pouvez-vous détecter
les conséquences de ce mélange de différents polluants qui
peuvent être difficilement contrôlés? En effet, si vous
savez que telle usine amène tel type de polluants et que vous êtes
équipés pour en connaître la teneur et en contrôler
le degré, et qu'une autre usine, dans la même région, a un
autre type de polluants, ce qui fait que les deux ensemble amènent un
troisième type absolument imprévisible, comment
prévoyez-vous établir des systèmes de contrôle des
conséquences de l'action de polluants différents les uns sur les
autres?
M. GOLDBLOOM: C'est clairement une question de connaissance
scientifique. Je me demande, cependant, si le député, en posant
sa question, a un exemple précis dans la tête.
M. LEGER: Je donne un exemple précis. J'ai rencontré les
représentants de l'Association industrielle Laval qui me disaient,
justement, qu'un des problèmes auxquels ils avaient à faire face
était le suivant: Ils n'étaient pas les seuls pollueurs de la
région. Je suis allé avec eux visiter des postes de
contrôle de l'indice de pollution, mais ils étaient impuissants
à pouvoir contrôler les conséquences provenant de la
pollution d'autres usines qui ne sont pas des usines de pétrole, mais
des usines d'autres types chimiques, ce qui amenait des conséquences
qu'eux-mêmes ne pouvaient plus contrôler. Ils ne se sentaient pas
responsables, à ce moment-là, en disant: Nous envoyons tel type
de polluants dans l'air, mais nous ne pouvons pas contrôler les
conséquences de leur mélange avec d'autres polluants venant d'un
autre type d'industries.
M. GOLDBLOOM: A part la réaction des oxydes d'azote qui changent
de forme et de couleur et qui produisent alors ce que l'on appelle du "photo
chemical smog", il n'y a pas d'exemples qui me viennent rapidement à
l'esprit, ni à l'esprit de mes principaux collaborateurs ici, de
réactions chimiques qui pourraient se produire entre deux polluants dans
l'atmosphère. Il y a peut-être un autre genre d'exemple que je
pourrais donner, c'est-à-dire la précipitation de certaines
substances qui sont absorbées par les particules qui tombent à
terre, ou bien par la pluie.
Il y a également ce phénomène. Mais ce n'est pas
exactement ce dont parle le député de Lafontaine, qui
suggère plutôt que des usines voisines l'une de l'autre,
produisant des polluants différents, pourraient permettre une
réaction chimique entre les deux et pourraient ainsi produire une
troisième sorte de polluant qui aurait des effets que l'on n'aurait pas
soupçonnés.
Je pense que la seule réponse que je peux lui donner, c'est qu'en
hommes de science, nous suivons les publications du monde entier et s'il y a un
phénomène qui est décelé et rapporté dans
les publications scientifiques, nous en tenons compte. C'est la chose la plus
logique à faire.
M. LEGER: Les services de l'environnement ont-ils établi des
normes sur l'émission de contaminants atmosphériques par les
automobiles en vertu de l'article 50 de la loi de l'environnement?
Lesquelles?
M. GOLDBLOOM: Notre projet de règlement est prêt. Je
regarderai le calendrier pour l'indiquer. J'ai devant moi un texte qui est en
train d'être complété. Il manque ma signature. Je n'en ai
pas pris connaissance personnellement, mais il sera prêt très
prochainement et sera envoyé à la Gazette officielle pour la
première publication prévue par la loi.
M. LEGER: Dans les objectifs du ministre, dans son esprit, quelle
autorité appliquera cette réglementation?
M. GOLDBLOOM: C'est surtout le ministère des Transports quant au
contrôle des véhicules, mais il y a une collaboration qui
s'établit, un travail conjoint qui se fait. Je ne pourrais être
plus précis que cela pour l'instant, mais c'est surtout le
contrôle des véhicules qui est la responsabilité du
ministère des Transports.
M. LEGER: Est-ce que ça voudrait dire une sorte de modification
du code de la route?
M. GOLDBLOOM: Je ne le crois pas. Nos conseillers juridiques me font
signe que non.
M. LEGER: Est-ce qu'en général ça voudrait dire que
la vérification de cette réglementation pourrait être
donnée comme obligation, comme responsabilité à la
Sûreté du Québec pour appliquer la future
réglementation?
M. GOLDBLOOM: Nous tenons pour acquis que la Sûreté du
Québec appliquera la Loi de la qualité de l'environnement, le
Code de la route et toute autre loi où l'intervention des forces
policières est justifiée. Nous faisons appel à la
Sûreté du Québec pour l'application de certaines mesures,
et si la responsabilité générale dans ce domaine est
attribuée à la Sûreté du Québec, nous
pourrions, nous aussi, ajouter notre partie de responsabilité, mais
c'est une question qui n'est pas présentement décidée,
à ma connaissance.
M. LEGER: Mais si vous vous préparez à présenter
une réglementation, vous devez savoir quand même qui va
vérifier l'application de cette réglementation.
M. GOLDBLOOM: Je rappelle à l'honorable député de
Lafontaine que la première publication déclenche une
période de 60 jours de consultations possibles, de commentaires par les
intéressés; à la fin de cette période, il y a une
deuxième publication et elle peut, dans certains cas, être
retardée, s'il y a de nombreux commentaires qui amènent un nouvel
examen du document. Donc, nous avons le temps de mettre au point cette question
de l'application du règlement avant son entrée en vigueur.
M. LEGER: Le ministre va admettre avec moi que trois millions de
véhicules ne peuvent pas être contrôlés par 106
inspecteurs. Il faudra nécessairement qu'il y ait un corps de police ou
un autre corps qui sera suffisamment nombreux et équipé. Je pense
à l'ivressomètre, c'est une façon de vérifier si le
conducteur a dépassé la norme. Quand on fera une inspection, il y
aura peut-être des techniques données à ceux qui font la
vérification pour voir si une voiture est polluante.
M. GOLDBLOOM: Trois choses. Nous avons évidemment des
consultations qui se poursuivent avec le ministère des Transports.
Deuxièmement, il y aura peut-être, dans les commen- taires que
nous recevrons, des éléments qui influenceront une
décision quant à l'attribution de cette
responsabilité.
Troisièmement, il y a des techniques que nous examinons. J'ai
déjà indiqué que nous n'avons pas, par le passé,
été pleinement satisfaits du genre d'équipement
disponible. Nous avons trouvé les appareils qui étaient
disponibles, lents et coûteux, et nous avons voulu pouvoir obtenir des
appareils de vérification qui seraient plus efficaces.
Donc, il y a encore un certain travail à faire, mais, comme vous
pouvez le constater, nous sommes en bonne voie de faire valoir l'effet de la
Loi de la qualité de l'environnement dans ce domaine important.
M. LEGER: Quand le ministre prévoit-il publier cette chose dans
la Gazette officielle?
M. GOLDBLOOM: D'ici quelques jours, je dirais. C'est-à-dire que
nous l'enverrons à la Gazette officielle d'ici quelques jours. H y a
parfois un court délai qui peut être de deux semaines, trois au
plus, avant la publication, après réception d'un document par la
Gazette officielle. Cela arrive.
Nous ne dirigeons pas le programme de publication de la Gazette
officielle. Donc, je ne voudrais pas amener le député à
surveiller le prochain numéro, peut-être que le document n'y sera
pas. Mais, au cours des quelques prochaines semaines, le document sera
publié.
M. LEGER: Est-ce que je peux quand même faire remarquer au
ministre qu'il disait tantôt qu'un policier de la Sûreté du
Québec doit faire appliquer la loi? Mais j'ai un exemple que nous avons
vécu au sujet de la Loi de la chasse et de la pêche,
spécialement la chasse. Pour une personne qui abattait un chevreuil ou
un orignal dans un temps prohibé, si elle était prise par un
garde-chasse, celui-ci faisait appliquer la loi. Mais si un policier provincial
ou municipal voyait sortir un chevreuil sur une automobile, il laissait passer
cette infraction. C'était contre la loi, mais il n'était pas
mandaté pour le faire. Lui ne s'en occupait pas.
C'est un exemple, et je veux montrer au ministre que si, dans sa loi, il
ne prévoit pas qu'elle doit être appliquée par un organisme
précis, comme la Sûreté du Québec ou un autre, cela
laissera indifférents les policiers qui surveilleraient cela.
M. GOLDBLOOM: Je pense que le problème se pose un peu
différemment dans ce cas. Ce n'est pas tellement une question d'accorder
un mandat à un corps quelconque d'inspecteurs. C'est plutôt une
question de fournir â ce corps d'inspecteurs, que ce soit à la
Sûreté du Québec ou à d'autres groupes,
l'équipement nécessaire et la formation nécessaire pour
que les membres de ce corps puissent savoir comment utiliser les appareils.
Et c'est donc par les discussions que nous
avons et que nous aurons avec le ministère des Transports que
nous déterminerons qui aura entre les mains les appareils de
vérification et aura donc la compétence pour s'en servir. Mais
c'est une décision à prendre qui ne complique pas, pour
l'instant, l'application du règlement. Cette application arrivera d'ici
au moins trois mois, disons. Entre-temps, nous serons en mesure de
déterminer l'attribution de la responsabilité.
M. LEGER: Si je signale cela au ministre, c'est que, pour donner un
exemple, dans le cas de la route, c'est déjà prévu que les
agents de la Sûreté du Québec et même des policiers
municipaux doivent vérifier la conformité des véhicules
comprenant, disons, les lumières, les freins et sévir à ce
moment-là; c'est le code de la route qui a prévu cela. Je ne
voudrais pas que le ministre arrive avec des bons règlements et qu'en
même temps personne ne soit chargé de les appliquer, sans qu'il y
ait quelqu'un spécialement autorisé à le faire. C'est la
raison pour laquelle je lui dis cela avant que sa loi arrive, parce que je vais
lui dire quand la loi va arriver.
M. GOLDBLOOM: Je pense que le député n'a pas besoin
d'insister davantage là-dessus.
M. LEGER: Vous êtes sensibilisé au problème?
M. GOLDBLOOM: Oui. M. LEGER: Parfait.
M. PELLETIER: II reste que les compagnies peuvent être
avisées aussi. Si vous avez quatre ou cinq compagnies dans l'industrie
de l'automobile, elles vont être obligées d'organiser un
système antipollution, je pense, sur l'automobile, ce qui n'exigera pas,
si vous voulez, une foule d'inspecteurs sur la route pour cela. Je pense que
les compagnies sont obligées de respecter les règlements,
même ceux des services de la protection de l'environnement. C'est mon
point de vue.
M. LEGER: C'est surtout le problème, excusez l'expression, des
"minounes", c'est-à-dire des automobiles qui sont sur la route depuis un
bon bout de temps et qui n'ont pas déjà les dispositifs
nécessaires sur leur automobile. Si personne n'est responsable, ce n'est
pas la compagnie qui l'a faite et qui l'a produite avant que la loi soit en
vigueur qui peut être tenue responsable.
M. le Président, il paraît que d'après certaines
sources journalistiques, de plus en plus de gens débrancheraient les
dispositifs d'antipollution, pour revenir à la question du
député, sur leur automobile. L'article 51 de la loi 34 donne
expressément le pouvoir au ministre de réglementer ces pratiques.
De par la loi, maintenant que toutes les automobiles seront munies de tels
dispositifs, qu'attent le ministre pour simplement empêcher la
destruction de ces dispositifs?
M. GOLDBLOOM: C'est justement le règlement qui nous permettra
d'intervenir et puisque le contrôle s'effectue au niveau de la
fabrication, il faut que nous nous occupions davantage du fonctionnement des
véhicules qui, une fois vendus, sont libres sur les routes et rues du
Québec. C'est justement un élément du règlement. Il
y a une section qui porte sur les modifications et l'entretien.
M. LEGER: Alors, ce sera dans le prochain projet de loi.
La loi 34, en particulier l'article 20, donne au ministre le pouvoir,
particulièrement, de sévir contre les odeurs nauséabondes
dégagées par des industries. Je voudrais savoir quelle
application est faite en ces cas.
M. GOLDBLOOM: Le problème majeur que nous avons est celui que le
député connaît le mieux, c'est le problème de l'est
de Montréal et des odeurs dégagées par les raffineries et
peut-être par d'autres industries de ce quartier.
Il y a là un travail, des chiffres qui sont publiés par
l'association industrielle sur le seuil de la perception de l'odeur et le
dépassement à certains postes, à certains moments et ainsi
de suite.
Nous avons, en préparation, un règlement
général sur la pollution de l'air et la question des odeurs sera
traitée de façon plus précise dans ce règlement.
Entre-temps nous répondons aux plaintes et nous faisons de notre mieux
pour corriger les problèmes qui sont décelés. Nous avons
eu déjà de nombreux succès surtout dans le cas de petits
établissements où un ventilateur fonctionnait mal, où une
activité était mal gérée et les recommandations que
nous avons pu formuler ont corrigé la situation assez facilement.
Nous avons même eu des plaintes au sujet des steaks cuits sur
charbon de bois et des odeurs perçues par les voisins. Dans un cas dont
je me souviens, nous avons réussi à corriger la situation sans
fermer le restaurant.
M. LEGER: Combien de plaintes le ministre a-t-il reçues
concernant justement ces odeurs nauséabondes? Quelle est
l'échelle de grandeur?
M. GOLBLOOM: Je ne crois pas que nous ayons une compilation des odeurs
par comparaison...
M. LEGER: Par les plaintes, dis-je.
M. GOLDBLOOM: ... aux autres plaintes dans le domaine de l'air.
M. LEGER: Je parle d'une échelle de grandeur. Je ne peux pas dire
toutes les plaintes.
M. GOLDBLOOM: Nous avons l'impression que c'est entre 40 et 50
plaintes.
M. LEGER: Quand la réglementation sur les odeurs va-t-elle
être présentée?
M. GOLDBLOOM: Le règlement général sur la pollution
de l'air?
M. LEGER: Pour les odeurs, oui.
M. GOLDBLOOM: Ce sera à l'intérieur de ce règlement
général, et nous prévoyons pouvoir présenter ce
projet au début de juillet.
M. LEGER: J'ai manqué le dernier mot. M. GOLDBLOOM: Au
début de juillet. M. LEGER: Au début de juillet.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. LEGER: II me restait juste une question sur ce sujet, pour
terminer.
M. PELLETIER: C'est sur le même sujet, de toute façon.
M. LEGER: Je vais parler au ministre du cas de l'Anglo-Pulp de
Québec qui dégage des odeurs très fortes à
certaines heures de la journée. C'est vrai que nous sommes toujours
enfermés ici, nous autres, mais les gens de Québec se plaignent
énormément de cette senteur de l'Anglo Pulp à
Québec.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je demeure là et il n'y a pas
de problème.
M. LEGER: Pas de problème, selon le député.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Non.
M. LEGER: C'est parce qu'il n'est pas dans la bonne direction.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Oui, nord-est.
M. BEDARD (Montmorency): ...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Non, monsieur.
M. GOLDBLOOM: II y a des odeurs caractéristiques des usines de
pâtes et papiers ...
M. LEGER: La Wayagamack à Trois-Rivières.
M. GOLDBLOOM: II y a des éléments sulfu- reux dans les
odeurs de certaines usines mais c'est de moins en moins le cas. Il y a l'odeur
du bois lui-même, du bois écorcé et traité qui
dégage certaines odeurs.
Nous n'avons pas été saisis d'un très grand nombre
de plaintes au sujet de l'usine en question. Il est vrai que c'est une des
usines qui est à l'intérieur d'une agglomération urbaine,
donc c'est une source possible de plaintes.
Mais, à ma connaissance, nous n'avons pas un dossier très
important sur cette question, et nous n'avons pas été
appelés à intervenir autrement que dans le cours normal de nos
inspections des usines. Nous avons effectivement lancé, il y a plus
d'une année, un programme d'amélioration de la pollution
causée par les usines de pâtes et papiers et pour l'eau et pour
l'air.
M. LEGER: Pour 1'Anglo Pulp, vous n'avez pas eu de plainte?
M. GOLDBLOOM: Peu de plaintes. Je ne dirais pas que nous n'en avons pas
eu, mais peu de plaintes et pas de nature à nous amener à faire
une enquête spéciale.
M. LEGER: Vous pouvez en avoir deux immédiatement, mes deux
voisins me disent qu'ils respirent ça tous les jours.
M. GOLDBLOOM: Je fais un commentaire absolument général
sans viser qui que ce soit ou quelque usine que ce soit. La perception des
odeurs est une chose variable, et il est difficile d'établir une norme
pour une odeur. On ne peut, dans la grande majorité des cas,
déterminer un chiffre de concentration. On est obligé
plutôt au moins pour déterminer un tel chiffre
d'amener un groupe de personnes et de leur demander: Est-ce que vous sentez
quelque chose? Et c'est comme ça que les normes sont
déterminées.
Il y a des gens qui ont le nez plus sensible que d'autres.
M. LEGER: II ne faut pas frapper des gens qui ont le nez
bouché.
Mais il n'y a pas de normes, et même ça ne veut pas dire
qu'il y a de la pollution de l'air parce que ça sent mauvais. Cela, je
le sais. Mais quand ça sent mauvais, même si ce n'est pas une
pollution, il y a quand même l'aspect désagréable de la
chose.
M. GOLDBLOOM: Exactement, et pour cette raison dans le cas des odeurs,
comme dans le cas du bruit, nous sommes obligés de travailler avec une
norme un peu générale qui est la norme de la fréquence des
plaintes. Si l'incidence des plaintes est élevée, nous avons
besoin d'intervenir; si, par contre, elle est relativement faible, nous avons
toujours des problèmes qui nous préoccupent et nous leurs donnons
priorité.
M. LEGER: Excusez-moi...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. PELLETIER: M. le ministre, sur le même sujet, dans le cas d'une
compagnie qui a réellement un problème de cette nature, qui
l'obligerait à faire des dépenses assez importantes pour suivre
le règlement du ministère, est-ce que le ministère
responsable de la qualité de l'environnement va aider
financièrement à défrayer une partie des coûts de
l'amélioration de l'industrie pour se tenir dans les normes?
M. GOLDBLOOM: Je le regrette, M. le Président. Non. Nous n'avons
pas de programme d'aide financière aux industries pour leur
dépollution et nous sommes toujours découragés de cette
mesure par le principe qui est énoncé que le pollueur doit payer.
Nous avons fait une exception, qui est une mesure d'aide aux usines de
pâtes et papiers, et ce n'est pas une contribution directe. C'est une
remise à plus tard du paiement de certains versements, des droits de
coupe, et c'est un soulagement qui est lié au travail d'antipollution de
l'usine. En général, nous n'avons pas prévu un
programme...
M. PELLETIER: Dans le cas d'une tannerie, par exemple. Si une industrie
qui emploie une cinquantaine de personnes est obligée de s'installer
ainsi, elle devra fermer ses portes parce que le point de rentabilité
tombe à zéro automatiquement.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense que la meilleure
réponse que je peux donner est que le financement des industries
relève du ministère de l'Industrie et du Commerce. Nous avons
discuté avec ce ministère des mesures possibles. Nous en avons
suggéré certaines pour faciliter l'acquisition, par ces
compagnies, des équipements nécessaires, des dispositifs
antipollution. Le gouvernement a pris la décision que la
dépréciation accélérée, une mesure qui
devait prendre fin, a été renouvelée. Nous voulons
continuer cette mesure aussi longtemps que le programme financier du
gouvernement le permettra. C'est certainement un encouragement, mais nous
n'avons pas d'autres mesures d'aide directe et s'il y en a un jour, elles
viendront du ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. PELLETIER: La municipalité de cet endroit est prête
à collaborer dans l'ordre de 20 p.c. Si le ministère de
l'Industrie et du Commerce ou les services de la qualité de
l'environnement pouvaient participer, on pourrait régler ce
problème et garder cette industrie. C'est assez dispendieux pour la
petite industrie.
M. GOLDBLOOM: Dans certains cas, je sais que les dépenses sont
élevées, par comparaison aux chiffres d'affaires et à la
rentabilité de l'industrie en question.
Nous devons donc traiter chaque cas individuellement, consulter le
ministère de l'Industrie et du Commerce et l'inviter à se pencher
sur le dossier.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Richmond.
M. VALLIERES: M. le Président, si l'Opposition a autre chose sur
le sujet que nous venons de traiter, je vais la laisser continuer, quitte
à revenir avec autre chose tantôt. C'est quand même dans un
autre domaine.
M. LEGER: Concernant le rapport sur la qualité de l'air
d'Asbestos, déposé hier en Chambre, qui dénotait une
situation très grave, quelles corrections ont été
apportées par la compagnie?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, ce rapport porte sur
l'année 1972, si ma mémoire est fidèle. Il a fallu un
certain temps pour la compilation des données. Il y a donc eu un certain
délai avant la publication du rapport, mais, dans l'intervalle, il y a
déjà eu l'installation de nouveaux appareils, de nouveaux
dispositifs. Il y a une nette amélioration qui est évidente,
notamment dans le séchoir de l'usine, où il y a une
amélioration qui sera prouvée, j'en suis convaincu, par les
données de 1973, que nous serons bientôt en mesure de compiler et
de publier éventuellement.
M. LEGER: Cela veut dire une autre année. D'après les
nouvelles...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je m'excuse. On peut dire qu'il y
a un délai pour la publication, mais les équipements sont quand
même en place et, à vue d'oeil, on peut constater une
amélioration.
M. LEGER: II semble que le seuil de tolérance a été
dépassé et que tous les détecteurs, sauf peut-être
un, dénotaient le dépassement acceptable dans la région
d'Asbestos. Même s'il a eu le rapport de 1972, est-ce que le ministre
doit attendre que le rapport de 1973 soit terminé pour faire une
ordonnance quelconque dans ce sens?
M. GOLDBLOOM: II y a déjà une amélioration et je
suis convaincu que cette amélioration sera prouvée et que nous
trouverons que les chiffres seront en bas des niveaux qui nous
inquiéteraient.
M. LEGER: Le ministre peut-il me dire ce qui se passe? Le ministre vient
de me parler des séchoirs. Mais, dans le rapport, on parlait aussi des
concasseurs, des moulins, des sels découlant
de la disposition des résidus, on appelle cela des "tailings". On
parlait aussi du mort-terrain.
M. GOLDBLOOM: Quant au fonctionnement de l'usine, nous sommes
progressivement plus satisfaits de la situation, mais il y a les haldes de
résidus qui constituent un problème. C'est un problème un
peu partout dans la région de l'amiante. Nous sommes fort conscients des
implications de la présence de résidus d'amiante. Nous avons,
jusqu'à récemment, eu une impression nourrie par un rapport dont
j'ai vu un reportage dans les media d'information de l'Organisation mondiale de
la santé; on y indiquait qu'il n'y avait pas de danger pour les
résidants des municipalités de la région de l'amiante.
Nous n'avons pas voulu accepter cette thèse même si elle
venait de l'Organisation mondiale de la santé. Pour cette raison, non
seulement avons-nous poursuivi nos analyses, des analyses qui portent non
seulement sur la détection des fibres d'amiante dans l'air mais
également sur le problème de l'exposition. Quelle est
l'exposition, la durée et l'importance de l'exposition, qui constitue un
risque? On sait que des améliorations importantes ont été
apportées aux conditions de travail dans les usines de l'amiante,
surtout au cours des toutes récentes années. Nous avons aussi
prévu, notamment à Thetford Mines, un programme de
rénovation urbaine justement pour sortir des familles de la ligne des
vents prédominants pour diminuer leur exposition.
C'est un problème qui est fort bien connu, un problème qui
est particulièrement québécois à cause de notre
richesse en amiante, et nous ne pouvons y être indifférents, nous
n'y sommes pas indifférents, et nous continuons de suivre le
problème d'une façon particulière.
Si ma mémoire est fidèle, et l'honorable
député de Richmond pourra me corriger si je fais erreur, il y a
eu aussi à Asbestos un programme de rénovation urbaine auquel la
compagnie en question a contribué de façon
généreuse et nous en avons discuté au cours d'une
séance précédente quand l'honorable député
de Frontenac a soulevé la question.
M. LEGER: Je ne parle pas des maisons, je parle des poumons des
gens.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je m'excuse. Nous parlons de la
même chose. Si l'on parle de déplacer des maisons, c'est justement
pour sortir les poumons des résidants de ces maisons des vents
prédominants. Je m'excuse, M. le Président.
M. VALLIERES: II a de la misère à comprendre cela.
M. LEGER: Le ministre a eu des rapports qui disaient qu'il y avait des
émissions provenant de trois sources. On a parlé de deux de ces
sources et vous m'avez dit qu'il y avait une amélioration au niveau des
séchoirs. Il y a aussi une autre partie dont nous n'avons pas
parlé et cela concerne la section du forage, du dynamitage du minerai,
qui est encore une source importante. A ce point de vue et au point de vue de
l'extraction de la fibre on a parlé des concasseurs, des moulins
et des résidus, tout cela mis ensemble est-ce que le ministre
veut dire par là qu'il n'a pas l'intention actuellement, avant d'avoir
eu un rapport complet et précis de 1973 en plus de celui de 1972, de
présenter des ordonnances à ce sujet? Doit-il encore attendre ou
doit-il émettre une ordonnance dans ce sens?
M. GOLDBLOOM: Je pense qu'il est clair que les ordonnances sont
nécessaires quand il y a mauvaise volonté de la part de
quelqu'un. Quand il y a de la bonne volonté, il n'est pas
nécessaire d'émettre une ordonnance. La présence de nos
équipes techniques suffit pour amener les intéressés
à faire des améliorations. Il y a des améliorations que
nous constatons dans le forage et il y a des techniques qui sont
utilisées pour éviter des problèmes d'émission de
poussières d'amiante, de fibres d'amiante à cause du forage. Il y
a une diminution de ce danger. Le dynamitage est nécessairement un
problème plus complexe. Il y a des mesures qui sont prises dans chaque
cas de dynamitage, mais il y a peut-être des mécanismes à
développer dans le cas de l'amiante que nous ne possédons pas
encore, mais quant au concasseur, au séchoir, il y a certainement des
améliorations déjà et quant aux haldes de résidus,
il y a un travail qui se poursuit pour trouver, non seulement une façon
de réduire le dégagement de poussières de ces montagnes,
mais aussi une utilité quelconque, une revalorisation de ces
résidus pour des fins qui pourraient être valables.
Et je tiens à souligner que dans ce cas, il s'agit quand
même d'une teneur plus faible en amiante comme tel, en fibres ou en
cristaux d'amiante. Autrement, on s'en servirait pour en extraire ce qui reste.
C'est parce qu'on a réduit la teneur en amiante, que l'on jette les
éléments qui ne semblent plus rentables pour l'extraction de
l'amiante.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Richmond.
M. LEGER: Je n'ai pas terminé sur ce point précis parce
que le ministre s'est emporté et je veux bien lui faire remarquer...
M. VALLIERES: ... sur le même point.
M. LEGER: En quelle année prévoit-il que les trois sources
d'émission de pollution dans les villes d'Asbestos et de Thetford Mines,
en quelle année pourra-t-il nous dire que cela sera rendu à un
seuil tolérable? Même s'il y a une
amélioration qui semble satisfaire le ministre parce que cela
dénote selon lui une bonne. volonté, en quelle année
calcule-t-il que les trois émissions différentes de
matières polluantes de ces deux villes seront rendues à seuil
tolérable? Même s'il y a de la bonne volonté, les gens
respirent et vivent quand même dans une situation qui est notée
comme étant non tolérable. A quel moment calcule-t-il que les
trois sources d'émission seront rendues à un seuil
tolérable? Y a-t-il un calendrier comme celui qu'il a déjà
fait pour la ville de Beauharnois pour des problèmes d'un autre ordre
mais qui étaient des problèmes de pollution de l'air?
M. GOLDBLOOM: Si je donne un calendrier, c'est en rappelant au
député qu'il y a déjà de l'amélioration et
que nous poursuivons le travail pour obtenir cette amélioration le plus
rapidement possible.
Il n'est pas facile je suis convaincu que le député
qui voyage beaucoup a visité la région de l'amiante de
régler les problèmes en question. Il est facile d'écrire
sur papier des règlements et des ordonnances, mais il faut plus que cela
pour corriger effectivement un problème. C'est un des problèmes
les plus difficiles que nous connaissons à cause du fait que ce sont
d'énormes puits. Ce ne sont même pas des mines fermées. Il
y a donc tout le problème de la transmission de la poussière par
les vents.
Mais, je tiens à souligner aussi nos connaissances des effets de
l'amiante et je voudrais être bien compris. Je ne parle pas de
façon à minimiser ou à écarter le problème,
mais quand même, si l'on examine les dossiers de l'amiantose, est-ce que
ce sont les travailleurs ou est-ce que ce sont les résidants des maisons
dans la municipalité qu'on retrouve dans ces dosa ers? Ce sont les
travailleurs. Il est rare et c'est justement le témoignage de
l'Organisation mondiale de la santé de trouver de l'amiantose
chez les personnes qui ne travaillent pas dans l'industrie directement.
Donc, nous avons pris des mesures, avec la collaboration des compagnies,
avec la collaboration de la Commission des accidents du travail et du
ministère du Travail, pour protéger davantage la santé des
travailleurs. Il y a des améliorations et c'était la
première urgence.
Quant aux résidus surtout et à l'exploitation de la mine
et de l'usine, les améliorations qui sont possibles sont
déjà prévues. Nous croyons que, dans le cours de
l'application des mesures prévues dans le règlement
général sur la pollution de l'air, nous aurons atteint le maximum
de protection qui sera possible avec la technologie qui existe. Donc, il y a
déjà de l'amélioration et, progressivement, année
après année, il y aura davantage d'amélioration, et il se
pourrait que le maximum d'amélioration ne soit atteint que d'ici cinq
ans.
M. LEGER: M. le Président, je veux quand même lui faire
remarquer un passage du rapport qui dit: Cependant, il semble que l'incidence
plus élevée de quelques-unes des maladies, qui ont
été mentionnées un peu plus haut, ait déjà
été décelée dans la population vivant aux alentours
d'une mine, notamment quelques cas de mésothéliome, et surtout de
calcification de la plèvre. Cela veut dire qu'il y a non seulement les
travailleurs c'est sûr qu'ils sont plus directement exposés
mais il y a aussi la population aux environs.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, c'est exactement pour cette raison
que nous sommes là. C'est exactement pour cette raison que nous avons
donné priorité à Asbestos. Nous aurions pu donner cette
priorité à d'autres villes, mais c'est à Asbestos, parmi
les villes de l'amiante, que nous avons donné la priorité. C'est
pour cette raison que nous avons pris les mesures et qu'il y a
déjà de l'amélioration.
M. LEGER: Quel est le rôle là-dedans du ministère
des Richesses naturelles, qui a une responsabilité dans les
déchets miniers?
M. GOLDBLOOM: C'est une collaboration au niveau des recherches pour
trouver une revalorisation. C'est une surveillance de l'entretien des haldes,
mais c'est quand même une responsabilité que nous avons quant
à ce qui est emporté par le vent et qui peut être
respiré par les citoyens. Il y a une action très précise
de notre part dans ce domaine, en collaboration avec les autres
ministères. J'ai mentionné celui du Travail.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut me dire s'il y a la même
situation à Thetford Mines?
M. GOLDBLOOM: II y a une situation semblable, mais notre impression
préliminaire est qu'elle ne provoque pas autant de soucis. Nous
travaillons, là aussi. J'ai été, moi-même, plusieurs
fois dans cette ville, et j'ai rencontré les dirigeants des compagnies
intéressées. J'ai rencontré les dirigeants municipaux et
nous avons certainement la même préoccupation. Mais, comme je l'ai
dit, nous avons, de par notre expérience professionnelle, scientifique,
choisi de commencer à Asbestos, mais il y a maintenant des
échantillonneurs qui sont en place à Thetford Mines.
M. LEGER: D'après les données d'échantillonnage de
la Communauté urbaine de Montréal, il semblerait que le plus gros
foyer de pollution atmosphérique sur l'île de Montréal soit
la carrière de la compagnie Miron. La moyenne géométrique
serait de 267 microgrammes, ce qui est de 17 microgrammes de plus je
pense que c'est 250 qui est accepté que le maximum
toléré par la Communauté urbaine de Montréal.
Est-ce que le ministère agit là-dessus par une ordonnance ou une
directive?
M. GOLDBLOOM: La Communauté urbaine a intenté des
procédures contre la compagnie en question. Je ne crois pas que nous
connaissions les résultats de ces procédures, mais, dans ce sens,
la Communauté urbaine agit comme agent du gouvernement. Les
procédures étaient entreprises en vertu des règlements de
la Communauté urbaine, mais, avec l'adoption de la Loi de la
qualité de l'environnement, il est prévu que les actions de la
Communauté urbaine, comme d'autres municipalités, seront prises
en vertu de la loi provinciale.
La communauté agira donc en collaboration avec le gouvernement
provincial et en son nom.
M. LEGER: Comment s'effectue le contrôle des sources de
rayonnement selon l'obligation faite au ministre par la section IX de la loi
34? Quels services d'inspection sont disponibles là-dessus?
M. GOLDBLOOM: Le député parle de rayonnements
ionisants...
M. LEGER: Oui.
M. GOLDBLOOM: ... en général. Avant de répondre, je
voudrais revenir à la question précédente pour
compléter ma réponse par un commentaire. Le député
glisse dans sa question une affirmation. Il dit : C'est la plus importante
source de pollution. Il utilise le terme général sans
préciser quelle sorte de pollution. Il s'agit de retombées de
poussières et de poussières en suspension.
C'est une pollution évidente, mais je ne voudrais pas qu'il
laisse l'impression que c'est nécessairement un danger à la
santé des gens comparable à certaines autres pollutions qui
peuvent exister. Donc, c'est une mise au point que je voulais faire.
Pour répondre à la question la plus récente au
sujet des rayonnements, nous avons deux ingénieurs et deux techniciens
qui s'occupent de la surveillance des appareils qui peuvent les émettre
et ils font l'inspection et l'approbation du blindage qui est requis pour
protéger les appareils en question.
M. LEGER: Quels sont ces types d'appareils?
M. GOLDBLOOM: Ce sont surtout des appareils de rayons X. Il y en a qui
sont utilisés dans l'industrie. Il y en a qui sont utilisés,
évidemment, dans le milieu médical.
M. LEGER: Votre réglementation touchera à cela, je
pense.
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement et il y a quelques autres sortes
d'appareils qui émettent des ondes ultra-sons ou des ondes infrarouges.
Nous avons la responsabilité des rayonnements et en collaboration avec
le ministère des
Affaires sociales, nous contrôlons le fonctionnement de tous ces
appareils.
M. LEGER: Dans la réglementation sur le bruit produit par les
usines d'asphalte, il y a un des règlements que le ministre a mis de
l'avant, soit un maximum de 65 décibels. Quels critères ont
présidé à ce choix du niveau de 65 décibels?
M. GOLDBLOOM: Nous allons produire un règlement
général sur le bruit et à cause de cette décision,
nous avons choisi d'enlever du règlement sur les usines de béton
bitumineux la norme quant au bruit.
Ce sont quand même des normes sur le bruit qui sont
utilisées en vertu de la fréquence des plaintes comme je l'ai
dit. A 65 décibels, on n'est pas à un niveau qui met l'ouie en
danger, mais il y a des inconvénients certains à ce niveau. Il
faut, évidemment, que les niveaux soient déterminés
à des endroits précis. Il y a le bruit industriel, le milieu dans
lequel travaille celui qui est en relation directe avec les appareils. Il y a
le bruit communautaire et je ne crois pas que nous puissions accepter un niveau
de 65 décibels pour le bruit communautaire. C'est plutôt un niveau
de 40 ou 45 décibels que l'on trouve acceptable pour des milieux
où les gens vivent, mais pour le travail, on est obligé
d'accepter des niveaux plus élevés même si l'on fait des
efforts pour réduire le bruit au niveau de la fabrication des appareils
et au niveau de leur fonctionnement dans l'usine.
M. LEGER: II semble que ce taux admissible de 65 décibels soit
à la longue assez bruyant, que cela soit plus bruyant qu'un climatiseur
même à 20 pieds de distance.
Est-ce que cela veut dire que la future réglementation, qui
pourrait être générale, pourrait édicter que ces
usines aient moins de bruit aussi?
M. GOLDBLOOM: Nous cherchons toujours cette amélioration, M. le
Président, mais nous travaillons aussi de concert avec les
oto-rhino-laryngologistes, avec les audiologistes, avec les infirmières
industrielles, avec les syndicats, avec les dirigeants des industries pour
déterminer dans quelle mesure on peut réduire les bruits et dans
quelle mesure, étant incapable de réduire les bruits, on doit
recommander et exiger le port des protecteurs pour les oreilles des
travailleurs.
M. LEGER: Qu'est-ce qui se fait actuellement pour surveiller
l'intensité du bruit? Quelles études se font actuellement
là-dessus? Est-ce qu'il y en a?
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement. Nous avons une équipe
dirigée par un physicien et deux ingénieurs qui fait les
inspections, qui a les appareils nécessaires et qui est assez occu-
pé, parce qu'il y a de nombreuses plaintes. Nous visitons des
usines et nous visitons également des quartiers où les plaintes
sont nombreuses.
M. LEGER: Est-ce que le ministre visite aussi les discothèques?
Je me rappelle, lors de la deuxième lecture de ce projet de loi, le
ministre avait dit qu'il était inquiété justement par la
densité du bruit qu'il y avait dans ces établissements et qu'il y
avait des normes de bruit qui devaient être corrigées. Est-ce
qu'il a fait quelque chose de concret depuis ce temps-là? Est-ce qu'il
est allé visiter d'autres discothèques depuis ce temps?
M. GOLDBLOOM: Pas personnellement, M. le Président. Je ne
pourrais donner un rapport précis des inspections faites par notre
équipe, mais l'inquiétude est réelle. C'est un
problème sérieux. Ce n'est pas en blague que je l'ai dit et ce
n'est pas en blague que je voudrais traiter le problème aujourd'hui.
M. LEGER: Vous ne suivez pas l'exemple du premier ministre qui va dans
des discothèques, comme la Licorne?
M. GOLDBLOOM: Là aussi, M. le Président, c'est une
question d'exposition. La durée de l'exposition fait une
différence et, effectivement, nous ne trouvons pas, de façon
générale, un problème avec l'ouië de ceux qui n'y
vont que de temps en temps, mais les habitués et surtout les musiciens
eux-mêmes subissent des pertes d'ouie qui peuvent être
inquiétantes.
M. LEGER: M. le Président, concernant la pollution
atmosphérique à la Malbaie, est-ce qu'il y a des études
qui ont été faites, des remarques qui ont été
faites, concernant les émanations de bisulfite à l'usine Donohue?
Quelles mesures ont été prises pour cela?
M. GOLDBLOOM: L'étude est en cours et n'est pas
complétée.
M. LEGER: II n'y a aucune mesure de redressement qui a été
faite jusqu'ici à ce niveau?
M. GOLDBLOOM: Je ne le crois pas, M. le Président, mais
l'étude a été entreprise. Il serait normal que l'on essaie
de déterminer toutes les mesures à prendre, à moins que
l'on ne trouve une urgence, un danger immédiat à la santé
de quelqu'un, avant de formuler des recommandations.
M. LEGER: Est-ce que le ministre est au courant d'un rapport du
ministère de l'Agriculture sur ce sujet?
M. GOLDBLOOM: Nous avons le rapport. Je ne l'ai pas vu
personnellement.
M. LEGER: Actuellement, vous êtes à quel niveau de
réalisation ou de solution de ce problème?
M. GOLDBLOOM: C'est un démarrage récent d'études.
Donc, il faudra un certain temps pour avoir un rapport.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut me dire combien de certificats
d'admission aux normes ont été émis pour des
systèmes de gestion de déchets, selon l'article 54?
M. GOLDBLOOM: II reste quelques articles sur la Loi sur la
qualité de l'environnement dont la mise en vigueur n'a pas
été proclamée. En voilà un. Il y a un
règlement qui est inclus dans le calendrier dont j'ai fait mention et
que je déposerai.
Nous avons quand même émis neuf permis pour l'exploitation
de terrains d'enfouissement sanitaire.
Nous prévoyons en étudier au moins vingt cette
année, en vue de leur approbation possible.
M. LEGER: En octobre 1972, le ministre parlait en Chambre d'une
étude entreprise sur le marché des produits recyclés.
Est-ce que cette étude est en marche actuellement?
M. GOLDBLOOM: Cette étude est complétée, M. le
Président. Nous sommes déjà passés à une
étape suivante qui est celle d'envisager une intervention de cette
nature.
M. LEGER: Est-ce que ce rapport va être publié ou
agirez-vous avant?
M. GOLDBLOOM: Je ne pense pas que nous soyons en mesure de publier un
rapport. D'ailleurs, le député sait sûrement que les
marchés ont connu un changement considérable entretemps. Ce qui
est important pour nous, ce n'est pas de publier un rapport sur les
marchés, mais bien d'en profiter. Si nous pouvons en profiter, ce sera
très satisfaisant pour nous de pouvoir le faire. Ce n'est pas une mince
tâche. Il ne suffit pas de récupérer quelques bouteilles et
quelques journaux pour dire que l'on fait véritablement du recyclage.
C'est un travail louable et je ne voudrais pas déprécier les
efforts faits par des volontaires dans ce domaine, mais il faudra
industrialiser le recyclage. C'est ce que nous examinons présentement
comme possibilité de réalisation.
M. LEGER: Le ministre se rappellera sans doute que, lors d'une
commission parlementaire où on avait écouté des
représentants de différentes usines d'embouteillage, etc., je lui
avais demandé s'il pouvait procéder à une étude sur
l'hygiène des bouteilles retoumables. Est-ce qu'on a commencé
à étudier ce domaine, parce qu'il y en a qui disaient que les
bouteilles
n'étaient pas hygiéniques, c'est-à-dire que ceux
qui parlaient pour leur industrie disaient que les bouteilles n'étaient
pas propres, n'étaient pas conformes aux normes acceptables
d'hygiène? Le ministre avait dit qu'il pourrait peut-être
étudier cela.
M. GOLDBLOOM: Nous n'avons pas encore entrepris cette étude, M.
le Président.
M. LEGER: Vous avez quand même l'intention de le faire?
M. GOLDBLOOM: Oui. Je ne sais pas à quelle échelle nous
pourrons le faire, mais cela nous intéresse à cause des
affirmations de la part des épiciers, notamment, que les bouteilles sont
d'une saleté telle qu'elles sont insalubres.
M. LEGER: M. le Président, concernant le cas de l'usine Carter
White où les ouvriers semblent intoxiqués, selon un article de la
Presse, pour des raisons de pollution intérieure à l'usine, M.
Gaston Simon, du ministère, avait signalé que, vers le mois de
décembre 1973, des recommandations avaient été faites
à cette usine concernant la pollution par la poussière de plomb,
mais qu'on n'avait pas vérifié l'application des recommandations.
Est-ce que cela est exact?
M. GOLDBLOOM: Le député sait qu'il y a présentement
une grève qui sévit et qu'il y a des procédures
judiciaires. Ces événements nous ont empêchés
d'effectuer les contrôles que nous avions voulu faire. C'est un
problème qui est complexe et nécessairement inquiétant,
parce que l'on ne voudrait pas que la santé des travailleurs en
souffre.
M. LEGER: En décembre 1973, il n'y avait pas de grève,
à ce moment-là, si ma mémoire ne m'abuse. Est-ce que le
ministre peut me dire quelle était la nature des recommandations?
M. GOLDBLOOM: Je pense qu'il serait imprudent de ma part de m'aventurer
plus loin, M. le Président. Je dois informer le député et
la commission que j'ai reçu je voudrais décrire le
document d'une façon précise un avertissement qui n'est
pas un document légal, mais qui met en doute la justification d'un geste
posé par les services de protection de l'environnement en fournissant
certains détails à certaines personnes intéressées.
Il y a donc la possibilité d'une action légale qui porterait sur
cette question. Je ne voudrais pas m'aventurer, parce que cela pourrait
être délicat.
M. LEGER: M. le Président, je sais que le ministre va
peut-être me dire autre chose, mais...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je voudrais quand même
répéter qu'il y a eu, non seulement des recommandations, mais des
directives qui ont été émises avant la grève. Nous
avions l'intention de retourner après une période raisonnable et
contrôler, l'application des mesures recommandées par les
directives.
M. LEGER: Alors, je vais lui lire un télégramme que nous
avons reçu, disant que, compte tenu des conditions de travail inhumaines
et dangereuses existant dans la Carter White Lead...
M. GOLDBLOOM: Je serais très heureux d'offrir des leçons
d'anglais à n'importe qui qui est intéressé.
M. LEGER: Parfait. Le bill 22 va nous aider.
M. GOLDBLOOM: Parce que si je réclamais des honoraires, cela
pourrait être un conflit d'intérêts.
M. LEGER: A Montréal, compte tenu du non-respect des normes
reconnues en matière d'intoxication par le plomb, compte tenu que depuis
1971, des services gouvernementaux ont soumis une multitude de rapports
enjoignant cette compagnie à remédier à une situation
dangereuse, compte tenu de la négligence évidente, compte tenu de
l'état de santé des travailleurs, compte tenu du mépris
évident pour la vie et la santé du travailleur, les travailleurs
syndiqués de la Carter White Lead demandent qu'une enquête
publique soit tenue afin d'étudier et de rémédier à
la situation qui prévoit actuellement la Carter White Lead. Cela fait
donc beaucoup plus longtemps qu'on ne le pense.
M. GOLDBLOOM: A quelle date? M. LEGER: C'était le 24 avril
dernier.
M. GOLDBLOOM: Le 24 avril, c'est-à-dire il y a quelques semaines,
un mois à peu près. Mais la grève était
déjà déclenchée, je pense, alors?
M. LEGER: La grève était déjà
déclenchée le 1er avril, je pense.
M. GOLDBLOOM: Oui, alors je pense que nous avons quand même fourni
des éléments d'une solution au problème par nos
directives. Nous avions l'intention de contrôler l'application de ces
mesures. Il me semble que maintenant les responsables de l'usine seront
appelés à répondre devant d'autres autorités et
qu'il nous sera peut-être nécessaire, soit de fournir des
renseignements, soit de témoigner. Je pense que nous devrons permettre
aux procédures judiciaires de suivre leur cours. Il y a un certain
contrôle qui existe depuis assez longtemps dans les usines qui utilisent
le plomb.
M. LEGER: Quelle est la différence de juri-
diction entre les inspecteurs du ministère du Travail et ceux de
l'environnement dans ce domaine pour la sécurité à
l'intérieur de la...
M. GOLDBLOOM: Présentement, M. le Président, ce sont les
inspecteurs du ministère du Travail qui s'occupent de la
sécurité. Les ingénieurs et techniciens du
ministère, des services de protection de l'environnement, s'occupent de
la salubrité, de l'hygiène du milieu. Il y a des discussions qui
se poursuivent présentement pour assurer la meilleure coordination
possible entre les deux équipes, mais c'est la division de
responsabilités qui existe présentement.
M. LEGER: II semble que les inspecteurs du ministère du Travail
ne sont qu'au nombre de quinze, alors que ceux de l'environnement sont au
nombre de 106?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, non. Il y a confusion dans
l'esprit du député, pour ne pas dire moins. Les 106 sont les
inspecteurs dans les comtés qui ont la responsabilité du milieu
surtout rural et des municipalités de ce milieu, tandis que ce sont des
équipes professionnelles d'ingénieurs et de techniciens qui
s'occupent de la responsabilité industrielle. Il y en a 150 au
ministère du Travail.
M. LEGER: Pour ce même travail?
M. GOLDBLOOM: Pour la sécurité. Nous avons quinze
ingénieurs et techniciens qui s'occupent des problèmes
spécialisés des industries.
M. LEGER: Lors de l'étude des crédits du ministère
du Travail, on nous avait dit qu'il y en avait quinze particulièrement
spécialisés pour des domaines comme celui qui touche comme la
Carter White Lead.
M. GOLDBLOOM: C'est fort possible. Selon les chiffres que nous avons,
c'est qu'il y en a au total 150 qui s'occupent de la sécurité en
général dans les usines. A l'intérieur de ce groupe, il y
en a fort possiblement quinze qui ont une spécialisation utile quant au
contrôle de fonctionnement des appareils. Nous aussi, nous avons une
quinzaine de personnes qui ont une spécialisation scientifique dans ce
domaine.
M. LEGER: M. le Président, le Soleil publiait le 12 mars dernier
les résultats d'une enquête des services de la protection sur la
qualité de l'air à Québec. Le ministre connaît
évidemment cette étude basée sur onze stations
d'échantillonnage. En particulier, la station Limoilou a retrouvé
que 45 p.c. des échantillons pris, d'août 1972 à août
1973 ne ralliaient pas le seuil admissible de 120 microgrammes par mètre
cube. Au total, quelles mesures concrètes et immédiates le
ministre a-t-il prises pour remédier à cet état de
chose?
M. GOLDBLOOM: Ce que vous avez là est un rapport
général. C'est un échantillonnage de ce qui est
récolté à certains endroits. Ayant ces données en
main, il faut aller vers les sources, les identifier individuellement, les
mesurer et recommander des remèdes. C'est exactement ce qui est en cours
présentement.
M. LEGER: Quand le ministre prévoit-il que ces études
seront terminées?
M. GOLDBLOOM: Mes collaborateurs m'indiquent que ce travail est presque
complété.
M. LEGER: Est-ce qu'il y a d'autres étapes d'étude qui
sont prévues puisqu'il semble que les taux de monoxyde de carbone, les
hydrocarbures, n'avaient pas été inclus dans cette étude?
Est-ce que c'est exact?
M. GOLDBLOOM: Nous allons installer dans le quartier en question un
appareil pour mesurer les hydrocarbures et le monoxyde de carbone d'ici
à peu près une semaine ou une dizaine de jours.
M. LEGER: C'est là de la rapidité, M. le Président.
On fait le tour du Québec. Le 21 février dernier, des enfants ont
été intoxiqués à Rimouski par une douzaine de
livres de mercure déposé dans la rue. Est-ce qu'on sait
maintenant d'où vient ce mercure?
M. GOLDBLOOM: Nous n'avons pas décelé la source
nous-mêmes. Il y a un travail qui se fait aussi au ministère des
Affaires sociales pour essayer d'en trouver l'origine. Nous avons
contrôlé l'hygiène des maisons qui étaient
affectées. Il y a un nettoyage qui se fait.
M. LEGER: Donc, n'ayant rien découvert, vous ne pouvez pas avoir
de sanction jusqu'à maintenant à prévoir?
M. GOLDBLOOM: Non, mais le mercure est une substance qui persiste et il
fallait un nettoyage important pour éviter d'autres empoisonnements.
C'était notre premier souci.
M. LEGER: M. le Président, dans un autre domaine, dans une autre
région, le ministre a certainement pris connaissance du rapport de la
section d'hygiène industrielle concernant le cas de la Great Lakes
Carbon, à Berthierville.
M. GOLDBLOOM: Cela va bien.
M. LEGER: Cela va bien? En particulier, le taux de poussière
industrielle y atteindrait jusqu'à 186 microgrammes par mètre
cube au lieu de 2.3, ce que l'on considère comme seuil tolérable.
Est-ce que des mesures précises ont été prises dans le cas
de cette usine?
M. GOLDBLOOM: Le député parle des conditions de travail
à l'intérieur de l'usine, n'est-ce pas?
M. LEGER: De la poussière industrielle.
M. GOLDBLOOM: II y a un programme d'amélioration qui a
été déposé chez nous par la compagnie, suite
à de nombreuses interventions de notre part. J'ai visité l'usine
moi-même. C'est un des cas où j'ai appris par la suite que l'on
avait réduit des deux tiers l'activité industrielle en l'honneur
de ma visite. Donc d'autres...
M. LEGER: Cela ne s'est pas fait pendant que vous étiez
là?
M. GOLDBLOOM: Non, avant. M. LEGER: Avant.
M. GOLDBLOOM: J'ai eu des contacts avec certaines personnes qui m'ont
informé de cette situation et nous avons envoyé d'autres
équipes d'inspection. Il a fallu un certain temps pour obtenir une
amélioration et il y a eu des problèmes à cette usine
aussi; mais, maintenant nous avons enfin un programme qui est
déposé chez nous pour approbation.
M. LEGER: M. le Président, sur la Great Lakes, j'ai un rapport
où on disait: C'est sale, sale. Je vois une affiche aussi où
c'était inscrit, au-dessus d'une laveuse automatique dans l'usine:
Strictement défendu de laver du linge sali à la Great Lakes.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Richmond.
M. VALLIERES: M. le ministre, j'aimerais connaître la politique de
votre ministère concernant l'installation de systèmes d'aqueducs
et d'égouts. J'aimerais savoir à quel moment vous prévoyez
installer des postes de traitement des égouts domestiques, suite
à ces nombreuses installations de systèmes d'aqueducs et
d'égouts. Je prends comme exemple la municipalité de
Chénier, qui actuellement a un projet en cours d'installation d'aqueduc
et d'égout; il y a une phase du projet qui a été
retirée, je ne sais pas pour quelle raison, de telle sorte...
M. LEGER: Je ne voudrais pas être désagréable, mais
il y a eu une occasion où on a discuté uniquement des aqueducs et
des égouts; le programme est adopté.
M. VALLIERES: M. le Président, je demanderais...
M. LEGER: S'il veut la poser quand même, si c'est seulement
celle-là, d'accord mais nous sommes en dehors du programme.
M. VALLIERES: Oui, je remercie...
M. LEGER: Vous pouvez remarquer jusqu'à quel point on est
conciliant, mais en d'autres circonstances, j'aimerais qu'on nous fasse la
même chose.
M. VALLIERES: Oui. Je remercie beaucoup le député de sa
grande collaboration.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Permission accordée. Posez la
question.
M. VALLIERES: Merci. Je voudrais savoir, comme à Chénier,
pourquoi la phase II du projet qui prévoyait l'installation d'un
système de traitement des égouts domestiques n'a pas
été incluse au projet, parce que cela a quand même des
répercussions énormes sur les municipalités avoisinantes
et sur une rivière qui, actuellement, n'est polluée par aucun
égout domestique.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, nous avons ce problème un
peu partout au Québec; des réseaux se construisent et doivent
être construits pour desservir des pâtés de maisons. Nous ne
sommes pas en mesure de procéder immédiatement, dans tous les
cas, à la construction de l'usine. C'était, dans le jugement de
nos ingénieurs, nécessaire de scinder en deux le projet de
Chénier pour permettre l'analyse des affluents, afin de pouvoir
déterminer la forme et la localisation de l'usine de traitement. Alors,
c'est une étape qui suivra et les analyses permettront de
déterminer quelle sorte d'usine il faut établir à cet
endroit précis.
M. VALLIERES: M. le Président, étant donné la bonne
collaboration de l'Opposition, je voudrais suggérer, même si je
suis hors du sujet et je le sais, à mon honorable collègue, de se
rendre au fameux congrès qui doit se tenir à Asbestos, auquel je
souhaite d'ailleurs plus de succès qu'à celui qui s'est tenu
à Hull, pour se renseigner adéquatement sur la situation...
M. LEGER: S'il commence à faire de l'esprit de parti, je vais
demander qu'on applique le règlement.
M. VALLIERES: Cela lui évitera de poser des questions superflues
au ministre.
M. LEGER: M. le Président, on pourrait peut-être dire que
le député aurait dû venir au Colisée, alors que nous
étions 18,000 à ce moment-là; il aurait pu voir au
Colisée de Québec que 18,000 c'est quelque chose, comparativement
à 5,000. M. le Président, pour revenir à la Great Lakes
Carbon, le ministre m'a dit tout à l'heure que, quand il y est
allé, en prévision de son arrivée, on avait abaissé
le degré de pollution de poussière industrielle. Est-ce que le
ministre peut nous dire quelles mesures précises ont été
prises? Et est-ce que c'est permanent? Quel est le taux actuel? Est-ce que
c'est demeuré au taux qu'il a perçu quand il y est allé?
Ou, est-ce qu'il y a eu des corrections temporaires?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, c'est un projet que nous
avons exigé de la compagnie, qui a finalement collaboré et nous a
présenté un programme. Nous l'analysons pour savoir s'il est
acceptable. Nous ferons cette analyse aussi rapidement que possible et s'il est
approuvé, nous verrons, avec une surveillance étroite, à
sa mise en application.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut nous donner quelques
détails, à ce programme, pour voir le sérieux de ce
programme?
M. GOLDBLOOM: Nous n'avons pas les détails ici, M. le
Président. Je peux vous dire que notre impression préliminaire,
c'est qu'il s'agit d'un programme sérieux.
M. LEGER: Maintenant...
M. GOLDBLOOM: II s'agira de voir à son implantation,
évidemment.
M. LEGER: Quand le ministre est allé là-bas, vous dites
qu'à ce moment-là, on avait baissé le taux. Est-ce que
c'était temporaire? Le programme sera-t-il corrigé par la
suite?
M. GOLDBLOOM: II y a déjà assez longtemps que j'y suis
allé. C'était probablement en 1971, M. le Président, et la
baisse a été effectuée en donnant congé à un
grand nombre de travailleurs et en fermant des appareils. Ce n'était
donc pas une mesure antipollution temporaire, c'était simplement une
façon de nettoyer le perron pour l'arrivée du ministre. C'est un
compliment que je n'ai pas apprécié autant que certains
autres.
M. LEGER: Mais ce dont je lui parlais, c'est depuis 1972 que cela se
passait. Actuellement, est-ce que le ministre peut me dire quels sont les taux
actuels? Le programme est encore en...
M. GOLDBLOOM: A toutes fins pratiques, il n'y a pas de changement dans
les taux; les taux qui ont été déterminés au cours
de la période qui a donné lieu aux difficultés que l'on
connaît, ce sont sans doute les taux qui persistent. Ce ne sera que la
mise en vigueur du système antipollution qui apportera une
amélioration significative.
M. LEGER: Sur ce projet de la compagnie, quand prévoyez-vous
qu'on sera rendu à un taux acceptable?
M. GOLDBLOOM: Cela prendra peut-être deux ans, M. le
Président, d'après le programme que nous avons de la compagnie,
et il est évident, je ne sais pas si le député a
visité l'usine, mais même dans...
M. LEGER: Jamais pendant qu'il y a ce taux-là.
M. GOLDBLOOM: Le ministre ose aller un peu partout et...
M. LEGER: On a prévu cela pour une journée. On envoie tous
les employés en congé.
M. GOLDBLOOM : Je peux témoigner de ce que j'ai vu. Si je
multiplie par trois ce que j'ai vue, c'est un problème certainement
grave. Nous avons identifié les éléments les plus graves
et les plus urgents et nous avons insisté pour que ces
éléments soient les premiers dans le programme. Donc, nous
pouvons prévoir, au cours des premiers mois, quand même une
certaine amélioration.
M. LEGER: Oui. C'est quand même pratiquement intolérable.
Vous voyez de la bonne volonté de la part de la compagnie, mais les
résultats ne seront visibles que dans une couple d'années. Je
trouve cela absolument aberrant qu'une compagnie prenne tant de temps à
corriger une situation dont les employés eux-mêmes souffrent.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, pour apprécier à
leur juste valeur les commentaires du député de Lafontaine, je
pense qu'il m'est nécessaire de suggérer qu'il fasse quand
même une distinction entre la période écoulée, que
je trouve extrêmement regrettable, et la période à
prévoir, parce que ce sont quand même des appareils complexes qui
doivent être commandés, achetés, installés et ce
n'est pas du jour au lendemain que cela peut se faire.
Je pense donc qu'une critique sévère des agissements de la
compagnie avant le dépôt du programme est justifiée. Mais
je ne crois pas que l'on puisse dire que le programme n'est pas
réaliste. Nos ingénieurs en jugeront. S'ils trouvent, avec leurs
connaissances scientifiques et techniques, qu'il y a moyen de raccourcir les
délais, ils vont recommander ces raccourcissements, mais si, sur le plan
technique, ce n'est pas possible de faire mieux, il y aura certainement
nécessité de patienter.
Mais je dois souligner que la nouvelle convention collective qui a
été signée prévoit très
précisément de meilleures conditions de travail.
M, LEGER: M. le Président, nous y reviendrons certainement
l'année prochaine et avant cela, pour voir quelle est la situation dans
cette usine et le ministre...
M. GOLDBLOOM: Et le ministre ira vérifier bien avant cela.
M. LEGER: C'est cela. M. le Président, le 2 novembre dernier, une
compagnie écopait de $1,000 d'amende pour avoir refusé de se
conformer à une ordonnance concernant l'installation d'un
équipement d'antipollution atmosphérique. Il s'agissait, je
pense, de la première condamnation à la suite de la loi 34. Comme
l'amende maximale possible était de
$10,000, j'ai l'impression que cela inaugure mal pour l'application de
la Loi 34.
Je demande au ministre si ce ne serait pas son intention de fixer un
seuil minimum aux amendes, si on veut que nos lois aient une force de
dissuasion envers les pollueurs.
M. GOLDBLOOM: J'ai plus de confiance que le député de
Lafontaine dans nos tribunaux et je pense qu'il faudra quand même vivre
un certain temps l'application de la loi pour constater si les amendes sont
proportionnelles aux contraventions ou si le législateur doit
recommander aux tribunaux des amendes plus importantes. J'ai pris connaissance
de certaines critiques de l'application de la Loi ontarienne par les tribunaux
de cette province. Je ne suis pas certain que ces critiques étaient
fondées. Elles me sont parvenues pendant le débat sur notre Loi
sur la qualité de l'environnement et indiquaient que même si la
loi ontarienne, selon les personnes qui ont avancé ces chiffres,
prévoyait déjà les mêmes amendes que nous avons
inscrites dans notre loi, les tribunaux n'imposaient que quelques centaines de
dollars. On m'a parlé de $200 et $300 en amende. Je ne suis pas
convaincu que ces chiffres sont véridi-ques. Je soupçonne que les
amendes de $200 et $300 étaient imposées en vertu de lois
antérieures qui, comme les nôtres antérieures, n'avaient
pas d'amendes importantes. Nous voulons comparer nos résultats avec ceux
de l'Ontario pour savoir si nous avons bien choisi ces chiffres. Je pense que
nous voudrons, ensemble, déterminer la meilleure façon de
procéder s'il paraît que l'intervention des tribunaux n'obtient
pas les résultats que nous escompterions. Il y a, outre la liste...
M. LEGER: II doit être au courant...
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse, M. le Président, je voulais
éclaircir un point avec mes collaborateurs. Dans le cas de l'usine que
mentionne le député de Lafontaine qui a écopé d'une
amende de $1,000, nous venons tout récemment d'intenter six autres
poursuites contre la même compagnie et l'usine est présentement
fermée.
M. LEGER: Cela veut dire que malgré l'amende de $1,000, elle
avait continué à ne pas installer de système
antipollution.
M. GOLDBLOOM: L'usine a fermé ses portes trois semaines
après l'imposition de l'amende. Donc, ce n'est pas une conclusion
valable que vient de tirer le député.
M. LEGER: Est-ce que le ministre est au courant de la raison pour
laquelle cette usine est fermée? Ce n'est pas à cause de
l'amende, j'espère?
M. GOLDBLOOM: Probablement pas. Je ne suis pas au courant de la
motivation des dirigeants en fermant leur usine. La municipalité avait
eu beaucoup de difficultés avec l'usine et avait intenté
certaines procédures contre la compagnie et comme je l'ai
mentionné au cours du débat, nous agissons présentement
conjointement avec la municipalité contre la compagnie.
M. LEGER: Si elle a fermé ses portes, à quoi vont servir
les six poursuites? Est-ce que c'est pour la compagnie mère?
M. GOLDBLOOM: C'est une question que je trouve un peu curieuse de la
part du député de Lafontaine qui voudrait que les amendes soient
plus importantes. Nous avons intenté les six autres poursuites pour six
autres jours de la même infraction.
M. LEGER: D'accord. Mais ma question était la suivante: Est-ce
que les six poursuites ont été faites pendant que l'usine
était encore en activité.
M. GOLDBLOOM: II semblerait que les poursuites ont été
prises peu de temps après la fermeture de l'usine. Nous n'avions pas
moyen de savoir à ce moment-là que les portes demeureraient
fermées. Nous avons cru que c'était une mesure pour assurer la
correction des difficultés et je suis certain que le
député de Lafontaine sera d'accord pour en faire un exemple pour
les autres.
M. LEGER: D'accord. Cette usine est-ce qu'elle est actuellement
fermée parce qu'elle a fait faillite? Est-ce que c'est une filiale d'une
autre compagnie? Est-ce qu'elle va revenir? Quel est le nom de la compagnie, en
fin de compte, dont nous parlons depuis tantôt?
M. GOLDBLOOM: Nous ne sommes pas au courant, M. le Président, je
pense que c'est aux dirigeants de répondre de leurs actions.
M. LEGER: De toute façon, si cette usine ouvre de nouveau ses
portes elle devra faire face à ces poursuites que vous avez prises
contre elle. Mais si elle n'ouvre pas ses portes, ces poursuites vont
tomber?
M. GOLDBLOOM: Pas nécessairement, M. le Président, les
procédures sont intentées en vertu de contraventions qui ont
été constatées. Les tribunaux décideront de la
disposition de ces plaintes.
M. LEGER: M. le Président, nous sommes rendus au
Cap-de-la-Madeleine. Une étude du ministère au
Cap-de-la-Madeleine, à la fin de 1972, démontrait un taux de
contamination excessif en particulier pour ce qui est des particules en
suspension et des retombées de poussière. Un programme de
contrôle de ces émissions devait être réalisé.
Où est-ce qu'on en est rendu?
M. GOLDBLOOM: Le programme qui découle de l'étude faite
est présentement en cours et avance assez bien. Il y a certaines
industries qui ont déjà déposé leurs programmes et
ces programmes ont même été approuvés par nos
services.
M. LEGER: D'accord. Le ministre a sans doute pris connaissance d'un cas
de pollution exemplaire causée par le ministère dans la
région de Matane où un déversement d'herbicide de marque
Silvaprop de type 24D, par le ministère des Transports, a causé
la mort d'environ 40,000 truites d'ensemencement. Le ministère aurait
dédommagé le producteur concerné. J'aimerais savoir quand
le ministère utilise des herbicides et s'il utilise
régulièrement des herbicides? Est-ce que votre ministère
est au courant?
M. GOLDBLOOM: Je pense que oui, pour le dégagement des
routes.
M. LEGER: Quelle nécessité y a-t-il de travailler avec des
herbicides qui ont des conséquences comme celles-là?
M. GOLDBLOOM: C'est depuis très longtemps que le ministère
de la Voirie, aujourd'hui le ministère des Transports, utilise des
substances chimiques de cette nature. Je ne connais pas d'autres accidents de
cette sorte. Il y en a peut-être eu, mais je n'en connais pas. Le
ministère a dédommagé, a payé les coûts
impliqués, et il va sans dire que nous sommes préoccupés
par toute cette question. J'ai fait allusion en parlant du conseil consultatif
de l'environnement au fait que j'ai demandé au conseil de se prononcer
sur toute cette question parce que le ministère des Transports,
HydroQuébec et d'autres organismes se servent de ces substances et
toujours essentiellement dans le même but, c'est-à-dire
dégager des droits de passage.
M. LEGER: Est-ce que le ministère a établi des
études sur les conséquences écologiques du
déversement d'herbicides pour par la suite émettre des directives
avec les autres ministères?
M. GOLDBLOOM: Ces études se font un peu partout dans le monde, M.
le Président. Il y en a sûrement qui se poursuivent dans nos
universités. Nous nous tenons au courant du travail de nos
équipes universitaires de recherche. Nous préparons
présentement, après de nombreuses consultations avec le
ministère de l'Agriculture et le ministère des Terres et
Forêts, un règlement sur l'utilisation des pesticides en
général.
M. LEGER: Les études sur les insecticides et les
fénitrothions, est-ce que c'est le ministère des Terres et
Forêts qui s'en occupe ou si c'est votre ministère qui a remis ces
études au ministère des Terres et Forêts qui y voit?
M. GOLDBLOOM: Le fénitrothion est utilisé en arrosage par
le ministère des Terres et Forêts. Ce ministère poursuit,
depuis le début de son programme, des contrôles biologiques pour
en connaître les effets. Mais il y a maintenant un comité
interministériel qui collabore à ce contrôle. Il est bien
connu que le problème de la tordeuse de bourgeons...
M. LEGER: La tordeuse de bourgeons et non pas la tondeuse...
M. GOLDBLOOM: ... est un problème qui affecte l'industrie
forestière, donc, nos ressources naturelles. On cherche les meilleures
méthodes pour réprimer ce fléau. Je ne pourrais
prétendre que l'utilisation de quelque substance que ce soit que l'on
pourrait mentionner est nécessairement sans mauvais effet. C'est
l'équilibre des mauvais effets qu'il faut faire et, en attendant, on
poursuit effectivement des recherches pour trouver d'autres façons,
d'autres substances moins nocives, des moyens biologiques de contrôle.
Nous espérons toujours pouvoir améliorer les programmes. Il y a
eu des modifications d'apportées au programme d'arrosage lui-même,
c'est-à-dire, le dosage, la fréquence, la concentration de la
substance, tout cela a été étudié et des
améliorations ont déjà été
apportées.
M. LEGER: Concernant l'épandage, du DDT pour tuer les insectes,
la pénalité était de $20 par jour et commençait
à partir de la deuxième journée. Est-ce que ce sont encore
les mêmes règlements actuellement?
M. GOLDBLOOM: Oui, mais le problème du DDT ne semble plus
exister.
M. LEGER: Puisque c'est défendu complètement
maintenant.
M. GOLDBLOOM: Quand cela a été défendu, en 1969, il
y avait deux usages qui étaient permis. A ma connaissance, ces usages ne
sont, à toutes fins pratiques, plus pertinents au Québec, et le
problème ne se pose pas. Il y a eu un problème de disposition des
produits qui contiennent du DDT, qui ont été confisqués ou
bien envoyés volontairement au ministère de la Santé
à l'époque. Nous avons conclu des ententes avec le gouvernement
fédéral pour la destruction d'une certaine partie de ces
résidus en Alberta, dans un incinérateur hautement
spécialisé qui appartient à une base des forces
armées Nous avons quand même encore 20 tonnes en entrepôt au
Québec, et ce sera une autre étape pour faire détruire
cela. C'est une substance qui ne se détruit pas facilement dans des
conditions de sécurité. C'est pour cela que c'est un long projet
de faire éliminer complètement le DDT.
M. LEGER: M. le Président, est-ce qu'il y a des directives ou une
réglementation qui est en
préparation concernant la gestion des déchets agricoles,
du type des fumiers, etc.?
M. GOLDBLOOM: Il y a certaines directives, oui. Nous avons
préparé un avant-projet de règlement et nous avons
commencé des consultations avec le ministère de l'Agriculture et
avec le milieu agricole. Le député comprendra que l'application
de mesures de cette nature doit être envisagée par rapport au
zonage agricole, parce que les exigences que l'on pourrait appliquer à
l'intérieur d'une zone définie comme agricole pourraient
être différentes de celles que nous appliquerions à une
zone autre qu'agricole.
C'est donc une discussion qui se poursuit présentement.
M. LEGER: Est-ce que le ministre pourrait nous envoyer une copie de ces
directives ou réglementations possibles? Je pense qu'il en a
envoyé une copie à l'UPA déjà?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, même s'il n'y a rien
d'extraordinaire et de secret là-dedans, par principe, je dois, pour
l'instant, refuser la demande du député. Parce que nous avons une
procédure à suivre qui est prévue par la loi. Je ne
voudrais pas déroger à cette procédure parce que ce serait
un précédent pour d'autres règlements où le
problème pourrait être beaucoup plus complexe. Encore là,
malgré tout le respect que je dois aux honorables membres de la
commission, le fait de distribuer un document qui n'a pas encore atteint
l'étape de sa première publication, et qui est sujet à des
consultations avec un autre ministère et peut-être avec des
organismes intéressés, ce qui me semble normal aurait pour
résultat la diffusion, dans toute la province, d'un avant-projet qui
pourrait ne pas être ce que nous finirions par déposer. Ce serait
une complication injustifiée à notre travail. Car il y a,
après tout, des modifications que l'on apporte, en cours de route,
à presque tous les documents que l'on produit.
M.LEGER: Ce n'est pas parce que le document sur le fumier sent mauvais
que vous ne le distribuez pas. Quel sera le processus de...
M.GOLDBLOOM: Je me retiens... M. LEGER: J'ai ouvert une porte...
M. GOLDBLOOM: II y a des commentaires...
M. LEGER: Je sais que le député n'envoie pas de...
M. GOLDBLOOM: II y a des commentaires péquistes que j'aurais pu
faire.
M. LEGER: Vous vous êtes retenu, c'est bien! Quel sera le
processus de consultation prévu pour cette réglementation dans ce
domaine?
M. GOLDBLOOM: Nous avons, à la demande du ministère de
l'Agriculture et des organismes intéressés, déjà eu
une discussion d'ordre général avec l'Union des producteurs
agricoles et avec l'Association des meuniers du Québec. Ce sont,
justement, ces discussions qui m'amènent à être
réticent quant à la publication prématurée de ce
qui a été discuté, parce que, effectivement, il y a des
commentaires que nous recevrons par écrit du ministère de
l'Agriculture et du milieu agricole. Nous avons adopté cette pratique,
M. le Président, il n'y a rien que je voudrais cacher là-dedans,
d'inviter ceux qui devront, dans la vie quotidienne, appliquer les mesures que
nous préconiserons à formuler certains commentaires. Autrement
nous risquons, malgré notre compétence, de recommander des choses
trop théoriques dans certains domaines, pour être vraiment
applicables, ou bien de ne pas tenir compte de certains facteurs que ceux qui
vivent dans ce milieu d'activité pourraient souligner, et dont il
faudrait tenir compte. Nous croyons que nous arrivons à de meilleurs
règlements de cette façon, même s'il faut un temps
additionnel.
M. LEGER: Maintenant, M. le Président...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si je peux me permettre
d'interrompre l'honorable député de Lafontaine. J'ai
regardé, à quelques reprises, l'horloge qui est suspendue
au-dessus du fauteuil présidentiel...
M. LEGER: Le ministre n'a pas soupé aussi.
M. GOLDBLOOM: ... et je me demande pour combien de temps le
député de Lafontaine prévoit poursuivre le débat.
Je ne voudrais toujours pas être désobligeant à son
endroit, mais nous avons maintenant consacré approximativement 18 heures
à l'étude des crédits. Je pense que l'on doit être
quand même raisonnable. Le ministre a des responsabilités. Le
député de Lafontaine serait le premier à le critiquer s'il
n'accomplissait pas son devoir, mais pendant qu'il est ici, il n'accomplit pas
d'autres devoirs. Les fonctionnaires qui l'accompagnent sont dans la même
situation.
M. LEGER: M. le Président, je comprends le ministre mais il
admettra qu'il est très important d'informer la population sur le
fonctionnement de son ministère. La série de questions permet de
faire une visite assez générale de ce fonctionnement dans tout le
Québec.
Le ministre veut savoir combien de temps il nous resterait. Quant
à moi, je tiens à vous dire qu'il me reste une question sur le
programme 10 et on aurait pu l'adopter immédiatement. On pourrait
adopter la gestion interne
d'une façon rapide. H resterait le programme 12 qui est assez
important. On ne l'a pas abordé. Si le ministre me disait que nous
ajournerons à demain matin, et non pas sine die, je serais prêt
à dire qu'on finira demain matin.
M. GOLDBLOOM: Si c'était sine die, quelle serait...
M. LEGER: Sine die, j'ai des sujets importants à toucher, je
continuerais au moins durant les prochaines dix minutes. Il reste un programme.
On pourrait en adopter deux immédiatement.
M. GOLDBLOOM: Si je comprends bien, avec dix minutes additionnelles, le
député croit pouvoir passer à travers sa série de
questions.
M. LEGER: C'est-à-dire que je pourrais compléter le
programme 10 et adopter celui de la gestion, le programme 13; il resterait le
programme 12, si le ministre me dit que c'est ajourné à demain
matin.
M. GOLDBLOOM: Le député prévoit prendre combien de
temps?
M. LEGER: Le programme 12 serait terminé demain matin.
M. GOLDBLOOM: Je ne suis pas certain de pouvoir siéger
jusqu'à 13 heures demain.
M. LEGER: On commence à dix heures. Jusqu'à quelle heure
pourriez-vous siéger demain? Jusqu'à midi trente?
M. GOLDBLOOM: On ne commencera qu'à 11 heures, après la
période des questions.
M. LEGER: Est-ce que vous pourriez être là jusqu'à
midi trente?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LEGER: Je pense bien que si vous ajournez jusqu'à demain
matin, ce serait possible d'adopter le reste avant midi trente.
M. GOLDBLOOM: Terminons donc la partie dont le député
prévoit l'adoption rapide M. le Président.
M. LEGER: La dernière question. Combien de plages et de piscines
ont été inspectées ou, d'autre part, ont été
fermées pour cause de menace à la santé publique
l'année dernière, soit par les municipalités, soit par le
service de l'environnement?
M. GOLDBLOOM: Je ne pourrais parler pour les municipalités, M. le
Président. Nous avons fait un relevé de l'état des plages
de la région de Québec l'an dernier et nous avons publié
ces résultats. Nous n'avons pas, jusqu'à maintenant,
trouvé un moyen vraiment efficace de fermer les plages. Les affiches que
nous posons disparaissent avec une rapidité désemparante.
M. LEGER: Les affiches disant que l'eau est polluée, etc.?
M. GOLDBLOOM: Nous avons une grande frustation dans ce domaine.
M. LEGER: Mais jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu de plage
fermée? Il doit y en avoir eu qui ont été
fermées?
M. GOLDBLOOM: II y en a eu à divers moments à divers
endroits. Il y en a eu de fermées dans l'Outaouais, il y a eu des
tentatives de fermeture dans la région de Montréal. Nous avons
constaté que non seulement les affiches ont tendance à
disparaître, mais aussi que le public a tendance à ne pas tenir
compte de ce qui est publié dans les journaux au sujet des plages et
continue de les fréquenter quand même.
Mais je voudrais souligner que notre examen des plages à
l'échelle des grandes régions nous indique que ce n'est pas la
rivière polluée qui constitue le problème des plages,
parce que sur une même rivière, à peu de distance, on peut
trouver deux plages dont une donne des résultats acceptables et l'autre
donne des résultats inacceptables. Donc, ce sont des sources locales
surtout. Nous avons autorisé nos équipes à déceler
ces sources locales et à faire les recommandations qui s'imposent. Nous
n'avons pas été en mesure de poursuivre ce travail. D'ailleurs il
faut le faire pendant l'été et nous allons faire un effort
dès le début de la saison estivale pour aller sur les plages et
faire les recommandations pour l'amélioration des sources locales de
pollution. C'est la seule façon.
M. LEGER: Le ministre pourra donc dire avec moi que le problème
n'est pas de fermer les plages mais d'épurer les eaux.
M. GOLDBLOOM: Ce sont généralement des installations
sanitaires parfois rudimentaires qui sont les sources de pollution.
M. LEGER: Tel que le ministre me l'avait promis, comme nous ajournions
nos travaux à demain après la période des questions, je
suis prêt à adopter le programme 10 ainsi que le programme 13. Il
restera la programme 12 demain.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 10. Adopté.
Programme 13. Adopté. La commission ajourne ses travaux à demain,
après la période des questions, vers 11 heures.
(Fin de la séance à 23 heures)