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Commission permanente des affaires municipales
Administration de la Communauté urbaine de
Québec
Séance du mardi 23 mars 1976
(Dix heures quarante-sept minutes)
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente des
affaires municipales): A l'ordre, messieurs!
Commission des affaires municipales, deuxième séance. Les
membres de la commission aujourd'hui sont les suivants: MM. Bédard
(Chicoutimi); Bédard (Montmorency); Bellemare (Johnson); Boutin
(Abitibi-Ouest); Caron (Verdun); Chagnon (Lévis); Bonnier (Taschereau)
remplace Déziel (Saint-François); Goldbloom (D'Arcy McGee);
Harvey (Charlesbourg); Leduc (Taillon); Léger (Lafontaine); Ostiguy
(Verchères); Pagé (Portneuf); Parent (Prévost); Roy
(Beauce-Sud); Samson (Rouyn-Noranda).
Le rapporteur de la première séance était M. Dufour
(Vanier). Etant donné qu'il n'est plus membre de la commission, je
suggérerais le nom de M. Boutin (Abitibi-Ouest) comme rapporteur de
ladite oommission. Adopté?
Ce matin, nous entendrons les organismes suivants: la Commission de
transport de la communauté urbaine; en deuxième lieu, le Front
régional d'action civique et, en troisième lieu, la
Communauté urbaine de Québec.
L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense qu'il n'est pas
nécessaire de faire aujourd'hui une entrée en matière.
Nous reprenons l'examen des mémoires qui portent sur l'avenir de la
Communauté urbaine de Québec. Je crois comprendre que les trois
organismes qui sont inscrits à l'ordre du jour d'aujourd'hui
complètent la série qui nous a été envoyée;
donc, je crois bien qu'après cette réunion d'aujourd'hui, nous
pourrons procéder à la prise de certaines décisions quant
à l'évolution de cet organisme. Pour ma part, je serai heureux,
tout simplement, d'écouter et de poser des questions.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je n'ai pas de commentaire
à faire à ce moment-ci. Mais, à l'instar du ministre, je
pense bien que c'est préférable d'attendre que les rapports
soient présentés et que nous puissions interroger les personnes
intéressées; après, nous pourrons tirer les
conclusions.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Ayant été dans
l'impossibilité d'arriver à temps, M. le Président, ce
n'est pas ma faute, ce n'est pas la faute de l'autobus que j'ai pris, mais je
tiens à informer l'adjoint parlementaire du ministre des Transports qui
est ici que l'état d'entretien du boulevard Talbot était tel que
l'autobus a pris un retard sur son horaire habituel.
M. Goldbloom: Avez-vous vu la ville de Montréal
récemment?
M. Bédard (Chicoutimi): Pas aujourd'hui.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Alors, j'invite
immédiatement le représentant de la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Québec.
M. Mathieu (Pierre): M. le Président de la commission, M.
le ministre, messieurs les membres...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Voulez-vous vous
identifier, s'il vous plaît?
Commission de transport de la Communauté
urbaine de Québec
M. Mathieu: Pierre Mathieu, président de la Commission de
transport. Je crois que je vais vous lire le rapport que j'ai
présenté. Etant donné que le rapport résume une
situation, je me permets de le lire afin de ne pas oublier certains
éléments qui peuvent être importants.
La loi constitutive de la Commission de transport est une composante de
la Loi de la CUQ. Ceci est bien compréhensible si on se replace dans le
contexte de la fin des années soixante, période où furent
créées deux communautés urbaines et une communauté
régionale au Québec.
La mise en place, du moins dans la région de Québec, d'une
commission de transport était un élément justificatif
important d'un organisme supramunicipal. A la fin de 1969, on voyait avec
raison dans l'intégration régionale du transport en commun urbain
un avantage tangible et facilement démontrable à une formule de
regroupement de services à l'échelon métropolitain.
Evidemment, on ne pouvait à ce moment prévoir le niveau
des déficits à moyen terme, ceux-ci étant fonction de
facteurs non prévisibles ou non contrôlables.
Donc, dans la loi créant la CUQ, on incorpora des dispositions
générales et particulières au sujet d'une commission de
transport. On fixa ainsi à cet organisme un cadre général
à l'intérieur duquel il devait ensuite évoluer.
Dans quelle mesure le cadre juridique adopté en 1969 est-il
encore adéquat aux besoins administratifs et opérationnels de la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Québec? Je
tenterai à titre d'administrateur de répondre à cette
question dans le présent mémoire. Une fois cette tâche
accomplie, je laisserai volontiers aux légistes le soin de transformer
dans un langage juridique les observations retenues, sous réserve
qu'elles rencontreront éventuellement le point de vue des
autorités politiques responsables.
La foi et l'administration de la Commission de transport: Bilan et
perspective.
Une étude attentive du titre II de la Loi de la Communauté
urbaine de Québec, relatif à la Commission de transport, permet
de dégager une observation majeure: en 1969, le premier souci du
législateur était d'appliquer une formule souple pour
intégrer rapidement les compagnies de transport.
Dans les circonstances, par souci d'efficacité, en regard de
l'objectif majeur, le législateur a retenu la formule d'une commission
réduite à sa plus simple expression, c'est-à-dire
composée de trois personnes, dont une à temps plein, comme
structure pour assurer l'administration durant la phase initiale
d'intégration des entreprises privées.
En 1975 ou aujourd'hui, en 1976 six ans après la
création de la CTCUQ, on doit convenir que l'acquisition de sept
compagnies énumérées à l'article 228 est
pratiquement terminée. Il ne reste en effet qu'une seule entreprise
à intégrer et, à cette fin, des négociations sont
en cours depuis quelques mois.
Maintenant, on entre donc dans la phase de restructuration sur tous les
plans. Dans cette perspective, j'ai annoncé dernièrement un
programme global d'action, en plusieurs points et en différents
domaines, qui vise un réaménagement en profondeur des
opérations et de l'administration.
Un tel effort d'adaptation au contexte de 1976 doit être
complété par des modifications au cadre juridique de la
commission de transport elle-même. Cette responsabilité majeure
incombe au gouvernement et à lui seul, en dernier ressort.
Je ne peux donc, présentement, que mettre en évidence les
faits pertinents qui, je l'espère, aideront l'autorité
compétente à prendre des décisions judicieuses quant au
statut, aux pouvoirs et aux attributions futurs d'une commission de transport
qui entend mettre l'accent sur l'efficacité et sur la qualité de
ses services et de son administration.
Si, en 1969, on pouvait, par exemple, confier aux commissaires la
responsabilité de la gestion du budget de la CTCUQ (art. 244), il est
aujourd'hui bien évident que pareille responsabilité doit, en
pratique, être déléguée au président
directeur général et assumée par des services
administratifs comme il convient dans une entreprise employant près de
750 personnes. La situation a évolué depuis 1969 et on doit, en
conséquence, ajuster à la nouvelle situation l'organisation
administrative de la commission de transport.
En priorité, il m'apparaît nécessaire de
préciser et de départager les responsabilités au sommet de
l'organisation. De façon aussi prioritaire, il est temps de distinguer
dans la loi entre la commission en tant qu'organisme, la commission dans le
sens de son conseil d'administration, le président-directeur
général en tant que chargé de la fonction exécutive
et l'ensemble des unités en tant que supports administratifs et
opérationnels au président-directeur général.
A ce stade, je puis me permettre quelques commentaires sur le statut de
la CTCUQ dans son environnement régional et ainsi, aborder la question
tant débattue en divers milieux depuis 1970 du degré d'autonomie
de la commission de transport.
Je souligne au préalable que trop de discussions sur cette
question ont contribué à garder dans l'ombre les problèmes
fondamentaux du transport en commun, ceux-ci résultant d'une
mentalité et d'un mode de vie qui ont traditionnellement favorisé
l'utilisation de l'automobile. Une telle constatation se retrouve à la
base du rapport présenté en août 1974 par l'Association des
commissaires du transport urbain du Québec et intitulé "Pour une
politique d'aide financière aux commissions de transport".
Sur la question de l'autonomie de la CTCUQ, pour en revenir à cet
aspect, il m'apparaît capital, essentiel et nécessaire de
conserver un degré d'autonomie élevé d'abord à son
conseil d'administration dans l'adoption de ses politiques
générales et ensuite, à son président-directeur
général, dans sa gestion courante. L'efficacité d'une
entreprise comme la CTCUQ en dépend.
La commission est un organisme complexe. Elle fournit un service
à caractère commercial. Une portion substantielle de ses revenus
provient des usagers. Le caractère autonome de l'entreprise facilite
l'application de normes objectives dans la répartition de ses services
et l'établissement de ses tarifs. La gestion courante de la CTCUQ
requiert de son autorité responsable une disponibilité et une
présence constante pour prendre les décisions quotidiennes.
La formule actuelle, qui permet au président-directeur
général, d'assumer la responsabilité de la gestion
courante répond aux besoins existants, en dehors de toute
considération personnelle.
Par contre, il est normal que le président-directeur
général, ait à rendre compte de son administration
à une instance supérieure qui a, pour rôle principal,
l'adoption des règlements, l'adoption du budget annuel et l'approbation
des états financiers.
La composition elle-même du conseil d'administration peut
être déterminée selon des critères variables. Dans
le présent, on pourrait retenir une formule qui permette aux parties
financièrement concernées d'y participer. Il serait
préférable, si je puis me permettre une suggestion, que le nombre
de membres du conseil d'administration ne soit pas inférieur à
six, ni supérieur à neuf, y compris le président, et que
le quorum soit fixé à quatre personnes au minimum, dont le
président. Un élargissement de la composition du conseil
d'administration assurerait une meilleure représentativité.
Quelle que soit la formule définitive retenue, il faut
éviter une direction bicéphale qui serait une entrave à un
souci d'efficacité. Pour assurer la continuité dans le processus
décisionnel, il importe, en effet, que la fonction du
président-directeur général signifie, d'une part,
président du conseil d'administration et chef de l'exécutif et,
d'autre part, directeur général de l'ensemble des
unités administratives et opérationnelles de l'entreprise.
Il conviendrait, par ailleurs, de prévoir, dans la loi, la
désignation d'un vice-président qui remplacerait le
président, en cas d'absence, d'incapacité ou de refus d'agir de
ce dernier, au niveau du conseil d'administration.
Il conviendrait également que le président-directeur
général, puisse, et même doive, en cas d'absence ou
d'incapacité, se désigner un directeur général pro
tempore, telle désignation devant être ratifiée par le
conseil d'administration.
La proposition d'un élargissement de la commission, au sens d'un
conseil d'administration, pourrait en elle-même répondre aux
questions de l'autonomie de la CTCUQ et de sa supervision
générale par une instance supérieure.
On pourrait même très bien concevoir une commission ainsi
élargie devenir une entité indépendante des structures
supramunicipales en place. Pour le moment, une telle possibilité est
hypothétique et, si elle devait être retenue, il faudrait parler
non plus de modifications à notre loi, mais plutôt de la
rédaction d'une loi propre à la commission dont plusieurs
éléments se retrouvent dans la loi actuelle et dans les
propositions d'amendements suggérées plus loin.
Peu importe les modifications relatives à la structure
décisionnelle supérieure, à sa composition et à sa
représentativité, il demeure probable que toutes les
municipalités ne puissent avoir un représentant au conseil
d'administration de l'entreprise. Pareille situation peut poser des
problèmes, j'en conviens, à l'occasion de la répartition
des coûts de services excédentaires.
Néanmoins, le chapitre suivant traitera de mesures capables
jusqu'à un certain point de minimiser un tel inconvénient.
Pour terminer ce chapitre, qui évoque l'hypothèse d'un
élargissement de la commission dans la perspective d'une plus grande
représentativité, qu'on me permette de souligner l'excellent
esprit de collaboration des membres actuels de la commission avec qui je
travaille depuis le mois de juillet dernier. Il va sans dire que les
modifications précédentes ont été
suggérées en fonction essentiellement du concept
"représentativité", qui a été à l'occasion
soulevé dans le cas de la CTCUQ, et des objectifs de souplesse et
d'efficacité administrative.
Financement de la CTCUQ. Le transport en commun n'est plus rentable dans
les centres urbains, au Québec, au Canada, en Amérique du Nord ou
dans le monde, en général.
Dans les pays industrialisés, l'usage de l'automobile a suivi la
hausse du niveau de la vie, l'accroissement de la population et le
développement du milieu urbain.
Pour répondre à l'accroissement des véhicules de
promenade qui, au Québec, représentaient 62.4% du parc
automobile, le gouvernement devait affecter en 1972 $56.96 par habitant
à des travaux de construction ou d'entretien du réseau routier.
Le rapport annuel des ministères de la Voirie et des Transports, pour
l'exercice financier 1972/73, mentionne qu'avec "près de $500 millions,
le pro- gramme budgétaire consacré aux transports terrestres
représente donc 91% du budget net du ministère des
Transports".
Pour d'autres considérations sur la problématique du
transport en commun, vous trouverez, en appendice "B", uniquement à
titre d'information, un extrait du rapport présenté en 1974 par
l'Association des commissaires du transport urbain du Québec.
Retenons cependant que les problèmes actuels résultent de
l'option implicite en faveur de l'automobile privée comme moyen de
transport depuis le milieu des années quarante.
Au sujet du problème du financement du transport en commun dans
l'agglomération urbaine de Québec, la situation actuelle pourrait
être révisée à l'avantage des utilisateurs, des
contribuables, du gouvernement qui verse des subventions et aussi des
administrateurs de la CTCUQ, par des modifications, notamment à
différents articles de notre loi, c'est-à-dire 214, 247, 248 et
306 plus particulièrement.
Les frais de financement temporaire des coûts de services
excédentaires ne sont à l'avantage que des institutions
financières, en définitive. Or, en 1975, on prévoyait que
la CTCUQ et les villes devront encourir quelque $852 000 en frais
d'intérêts. L'article 248 a pour effet de reporter le
remboursement des quotes-parts au mois de mai de l'année suivante, celle
où un déficit a été encouru. Cet article est celui
qui a le plus fort impact financier et, pour cette raison, il doit retenir
notre attention en priorité.
Pour saisir les modifications possibles à l'article 248, il faut
considérer que le budget annuel d'une année disponible trois mois
avant la fin de l'année précédente. De plus, on devrait
normalement connaître officiellement la ou les politiques de subventions
applicables à l'exploitation des services de transport en commun,
subventions qui réduisent la quote-part globale des muncipalités
desservies.
Or au titre des subventions, étant donné qu'au moment
où j'ai préparé le rapport nous ne connaissions pas encore
la politique du ministère des Transports de façon officielle,
j'ai préparé une annexe au mémoire qui touche en
particulier des subventions et certains points de son financement. Je vais tout
de même lire le rapport et je m'y référerai à
l'annexe à la fin.
Jusqu'à présent, le niveau des subventions était
généralement connu dans la phase d'adoption du budget même
si la décision gouvernementale en cette matière ne
découlait que d'une politique officielle. La pratique a consisté,
depuis quelques années, de la part du gouvernement, à absorber
environ 50% des coûts excédentaires annuels d'exploitation. Sur ce
paragraphe particulier, nous connaissons maintenant la politique du
ministère des Transports.
Pour l'avenir, afin de faciliter la confection des budgets des villes et
de la CTCUQ, il serait fort souhaitable que soit énoncée une
politique officielle d'aide financière au transport en commun. Une telle
politique, dont la responsabilité de l'éla-
boration revient aux autorités gouvernementales
compétentes, devrait, dans sa philosophie sous-jacente, retenir
l'hypothèse d'une tarification stable afin d'encourager l'augmentation
des utilisateurs. En complément, nous verrons à effectuer les
améliorations qui s'imposent suivant le programme rendu public par la
CTCUQ le 6 novembre dernier. Pareille option serait à mon avis
préférable à une autre qui tendrait à faire
supporter par les utilisateurs les coûts excédentaires
additionnels, au risque de diminuer l'achalandage et de retirer ainsi des
revenus inférieurs ou égaux à ceux anticipés avec
la première hypothèse.
Pour fins d'amendements à l'article 248, compte tenu des
remarques précédentes et pour des raisons d'économie, les
modalités suivantes vous sont suggérées: 1 Instaurer
un système permettant aux municipalités de payer au début
de l'année leurs quotes-parts applicables à cette année,
suivant les prévisions budgétaires et déduction faite des
subventions anticipées; 2 Permettre aux villes de répartir
en versements égaux sur quatre périodes de trois mois le produit
de la taxe perçue; 3 Ajuster à tous les deux ans les
quotes-parts en fonction des coûts excédentaires réellement
encourus; 4 Faire en sorte que les subventions gouvernementales
applicables aux coûts excédentaires d'une année soient
versées durant cette même année.
Advenant l'adoption des modalités précédentes, il y
aurait lieu de prévoir un mécanisme de transition avec la formule
actuelle, pour que les villes n'aient pas à débourser en une
année déterminée le coût de deux quotes-parts.
En deuxième lieu, il semble opportun de modifier l'article 247
pour y préciser la notion de municipalité desservie et limiter
les critères de répartition à la population et à
l'évaluation, en autant que celle-ci est uniformisée pour la
totalité des municipalités.
L'expérience vécue depuis trois ans et les tentatives de
retenir les critères "distance parcourue", "durée de la
circulation" ou une combinaison de ces facteurs avec d'autres ont abouti
à la constatation suivante: Le facteur population demeure, dans les
circonstances, le plus vérifiable et le moins contestable. La même
remarque s'applique, à un degré moindre, à
l'évaluation. En conséquence, un nouvel article 247 devrait
retenir les facteurs "population" et "évaluation", en plus de permettre
une combinaison de ces deux éléments.
La notion de "municipalité desservie", par ailleurs,
mériterait quelques précisions eu égard aux
municipalités hors territoire, c'est-à-dire celles non comprises
à l'annexe B de la loi.
Le service de transport en commun dans ces villes est assujetti aux
décisions de la Commission des transports du Québec. Les usagers
hors territoire paient un tarif supérieur et n'ont pas droit à la
correspondance. La rentabilité du service hors territoire peut donc en
principe être atteinte, indépendamment des services urbains
réguliers, si le tarif exigé défraie le coût
réel du service. La question est donc de déterminer quels
coûts imputer à ce service. Il n'en demeure pas moins,
au-delà des méthodes de calcul, que les utilisateurs et
contribuables des villes hors territoire sont pénalisés
comparativement à ceux des villes énumérées
à l'annexe B de la Loi de la CUQ car ils doivent payer leurs
quotes-parts selon la formule utilisée pour les municipalités
desservies à des conditions plus avantageuses.
En principe, les municipalités hors territoire ne devraient pas
être obligées de participer au paiement des déficits
annuels. Cependant, un examen plus approfondi s'imposerait avec les
intéressés afin de déterminer quelles municipalités
peuvent être dispensées de l'obligation de contribuer aux
coûts excédentaires du service. On peut penser qu'une de ces
municipalités puisse au préalable être
énumérée à l'annexe B de la loi, et, en
particulier, cela pourrait être le cas de Val-Bélair qui fait
déjà partie du territoire de la Communauté urbaine de
Québec.
Nous venons donc de traiter des deux articles (247 et 248) qui, depuis
l'existence de la commission, ont soulevé plusieurs problèmes
avec les municipalités et entraîné des contestations devant
la Commission municipale du Québec et même devant des tribunaux
ordinaires, en plus de requêtes pour abandon de services auprès de
la Commission des transports du Québec.
De toute évidence, des modifications pertinentes à ces
articles contribueront à réduire la dispersion des
énergies à des fins, somme toute, peu constructives.
A un autre niveau de préoccupations, il reste à
suggérer que la CTCUQ puisse se prévaloir d'un mécanisme
précis de récupération des quotes-parts exigibles.
Présentement, la loi ne donne pas le pouvoir à la Commission de
se prévaloir des dispositions décrites aux quatre derniers
paragraphes de l'article 306.
Peut-être, pour vous donner un aperçu de l'article 306...
Dans les pouvoirs de la Communauté urbaine de Québec, elle peut
faire appel à une municipalité pour le paiement de sa quote-part
et, faute de paiement, la mettre en demeure de porter son cas devant la
Commission municipale de Québec qui a le pouvoir de mettre la
municipalité en tutelle. Alors, la commission n'a d'autre recours,
à la limite, que des poursuites devant les tribunaux judiciaires. A
l'instar de la CUQ, la CTCUQ devrait bénéficier d'un instrument
de persuasion simple, efficace, rapide et peu onéreux.
Enfin, notons, en terminant, la portée restrictive de l'article
214 qui, en pratique, interdit à la commission d'effectuer des
placements à court terme, sous forme de valeurs garanties, et
empêche de rembourser, au gré des fonds disponibles, les emprunts
à court terme, sans avoir à suivre un mécanisme
très laborieux. Il serait avantageux, pour les villes et la CTCUQ, de
réduire autant que possible le niveau des emprunts portant un
intérêt élevé au lieu de déposer en banque
à un taux d'intérêt inférieur l'argent provenant de
l'exploitation du service des villes ou du gouvernement.
La loi existante contient, évidemment, d'autres articles relatifs
à la dimension financière de l'entreprise. Ceux-ci feront l'objet
de brefs commentaires, à l'appendice A où sont
révisés, de façon plus systématique, l'ensemble des
principaux articles sujets à modifications.
Je voudrais vous présenter l'annexe que nous avons
préparée, à la suite de certaines modifications ou de
certaines... Maintenant qu'on connaît, en particulier, la politique du
gouvernement, du ministère des Transports... La présente annexe
vise principalement à permettre quelques commentaires additionnels en
marge du chapitre 3 du mémoire relatif au financement.
Financement du transport en commun, dépenses en immobilisation et
équipement. Le financement du réseau routier et de ses
équipements accessoires soulève beaucoup moins de controverse,
même s'il est autrement plus onéreux que celui du transport en
commun. Dans ce dernier secteur, on considère normal que les commissions
de transport supportent les frais d'achat et de financement de leurs
immobilisations et de leur matériel roulant. Qu'adviendrait-il si l'on
trouvait une formule équitable pour forcer les automobilistes et les
utilisateurs à débourser pour leur quote-part d'utilisation du
réseau routier. La participation financière gouvernementale
serait, à chaque année, réduite de plusieurs dizaines de
millions à moins que ce ne soit plusieurs centaines de millions de
dollars pour l'ensemble du Québec.
Pourquoi les largesses traditionnelles du pouvoir public ne
seraient-elles pas ne serait-ce qu'en partie canalisées
vers le transport en commun où le rendement de chaque dollar investi ne
peut être que meilleur si l'on tient compte de questions telles que la
qualité de l'environnement ou de pollution de l'air, accentué par
l'engorgement de la circulation aux heures de pointe?
La CTCUQ, à l'instar d'autres commissions de transport, a besoin
de garages et de véhicules pour rendre possible un service adapté
aux besoins de la population qu'elle dessert, et à cette fin, investir
des sommes appréciables. Par exemple, construire un nouveau garage va
représenter, pour la Commission de transport, de $12 à $15
millions. Le coût d'achat de 100 autobus, à $70 000
l'unité, représente quelque $7 millions, non compris les frais de
financement. Une aide gouvernementale en matière de dépenses en
immobilisation et en équipement, relié au transport urbain,
permettrait donc de corriger des lacunes évidentes du transport en
commun, dû à un manque d'équipement; de créer un
service qui correspond mieux aux besoins de la population et dont l'utilisation
puisse être encouragée grâce à un nombre suffisant de
véhicules dans un bref délai; d'appliquer une solution
économique aux problèmes de congestion du réseau routier
urbain aux heures de pointe; de rééquilibrer l'allocation des
fonds publics en faveur d'un moyen de transport moins onéreux pour la
collectivité et l'environnement.
En raison de ce qui précède, il paraîtrait justi-
fié que le gouvernement applique au niveau de ses lois et de ses
subventions, une politique d'aide au transport en commun, portant en
particulier sur des dépenses d'immobilisation et
d'équipement.
La politique d'aide mise de l'avant à la fin de l'année
1975 mérite quelques précisions ou ajustements en regard de son
objet, de son caractère incitatif et de l'existence des tarifications
spéciales.
Premièrement, la politique en vigueur n'indique pas avec
clarté si les subventions qu'elle prévoit sont applicables aux
dépenses résultant d'investissements en immobilisation, tels les
intérêts sur obligations et sur rachat d'obligations, rendues
nécessaires suite à la construction de garages ou à
l'achat de véhicules.
En deuxième lieu, la subvention prévue varie de 45%
à 55% du déficit encouru, selon l'augmentation du nombre
d'usagers par rapport à une année de référence.
On peut présumer que ce genre de mesures incitatives atteindra
vite ses limites, à moins d'amélioration tangible des services,
lesquels requièrent un apport d'équipement additionnel à
très court terme.
Enfin, la présence de tarification réduite pour des
catégories d'usagers pénalise l'entreprise qui vise à
maximiser la participation gouvernementale à son déficit
d'exploitation. La clientèle annuelle qui sert à
déterminer le pourcentage de la subvention est établie en
divisant le total des revenus par le tarif général pour
l'accès aux services. Ainsi, dans le territoire de la CTCUQ, une
personne âgée ou un écolier compte pour un demi-passager
pour les fins de la subvention.
Pareille formule de calcul pourrait être améliorée
en retenant comme diviseur un tarif moyen inférieur au tarif
général, entre autres possibilités.
On subventionne les déplacements d'automobiles sans trop s'en
rendre compte. La plupart des établissements publics ou privés
prévoient des espaces de stationnement pour leurs propres
employés ou ceux avec qui ils font affaires. La tarification à
l'heure, à la semaine ou au mois dans les parcs autos ne défraie
qu'une portion du coût réel. Dans ce contexte, ne serait-il pas
juste d'imposer une taxe spéciale aux établissements ou aux
entreprises en faveur du transport en commun, bien qu'en pratique, l'imposition
d'une telle taxe soulèverait divers problèmes, elle ne ferait que
contribuer à un meilleur équilibre entre les fonds
affectés respectivement au transport en commun et à
l'automobile.
Dans le cas de la répartition des déficits, la commission
maintient la recommandation formulée en décembre 1975 avec la
nuance qu'elle demeure ouverte, en principe, à l'utilisation
éventuelle d'autres facteurs.
Il n'est cependant pas opportun de mettre la charrue devant les boeufs
et de rédiger la loi en prévoyant des facteurs de
répartition dont on ignore les possibilités d'application et leur
équitabilité.
En résumé, les recommandations majeures sur son
administration, c'est établir dans la loi des
distinctions nécessaires en remplaçant le mot "commission"
par les mots "conseil d'administration", en tant qu'organe décisionnel
supérieur de la corporation publique; "président-directeur
général" en tant que responsable de la fonction
"exécutive"; et "l'entreprise ou corporation publique" dans son
ensemble, comprenant tous les supports administratifs et
opérationnels.
Elargir la composition actuelle du conseil d'administration pour y
introduire des représentants des parties financièrement
concernées, suivant néanmoins des critères
d'efficacité et de souplesse.
Donner au conseil d'administration une autonomie complète par
rapport à la Communauté urbaine de Québec en regard de
l'adoption et de la gestion de ses budgets annuels et en regard de
l'approbation de certains actes administratifs.
Laisser au président-directeur général la
responsabilité de la gestion courante, le rôle du président
du conseil d'administration et de directeur général des
unités administratives et opérationnelles de l'entreprise, afin
d'assurer une continuité dans le processus décisionnel.
Prévoir la désignation du poste de vice-président
et la possibilité pour le président-directeur
général de se désigner un directeur général
"pro tempore".
Réduire au minimum les frais de financement temporaire des
opérations courantes, sous réserve qu'une politique provinciale
d'aide au transport en commun soit adoptée, d'une part, et que les lois
afférentes au financement des dépenses municipales soient, au
besoin, amendées, d'autre part:
En permettant aux villes desservies de payer, au début de
l'année, une partie ou la totalité des coûts
excédentaires prévus au budget pour cette même
année;
En versant, au début de l'année, les subventions
gouvernementales applicables aux coûts excédentaires de cette
même année.
Limiter les facteurs de répartition des coûts de service
excédentaires à la population et à
l'évaluation.
Préciser la notion de municipalité desservie:
En procédant au préalable à une révision de
l'annexe B de notre loi;
En excluant ensuite les municipalités hors-territoire
restantes.
Faciliter la récupération des quotes-parts exigibles en
donnant à la commission le pouvoir de se prévaloir de l'article
306 actuel.
Eliminer ou atténuer la portée restrictive de l'article
214 qui a pour inconvénient d'empêcher des placements sous forme
de valeurs garanties afin de réduire les frais de financement.
Amender les articles 211 et 251, afin de permettre explicitement
à la CTCUQ d'obtenir de la Commission des transports du Québec
des permis pour effectuer des voyages touristiques et à charte-partie
à partir de son territoire à tout autre endroit situé au
Québec.
L'appendice A est, dans le fond, une critique article par article des
textes de loi; ce n'est pas une critique d'un homme de loi, mais la critique
d'un administrateur. Etant donné que c'est tout de même plus
technique, je ne crois pas qu'il serait nécessaire, à ce
moment-ci, de lire cette critique. Je suis prêt à répondre
à vos questions.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre
des Affaires municipales.
M. Goldbloom: M. Mathieu, si je n'ai presque pas de questions
à vous poser, je ne voudrais pas que les membres de la commission voient
dans ce fait une sous-estimation de la valeur de votre mémoire.
J'aimerais qu'ils sachent que, dans l'exercice normal de vos fonctions,
vous avez à vous adresser au ministère des Affaires municipales
et au ministre des Affaires municipales et de l'environnement. Nous avons eu
plusieurs occasions de parler de l'évolution de la Commission de
transport.
J'aimerais vous faire confirmer une chose qui me semble très
claire, parce que je regarde la page frontispice et votre mémoire
s'institule: Mémoire par le président-directeur
général de la Commission de transport. J'aimerais vous demander
si, néanmoins, le contenu a été examiné par les
commissaires avec vous. Est-ce que c'est un mémoire qui a l'appui de vos
collègues-commissaires?
M. Mathieu: Avant de présenter mon rapport à la
commission parlementaire, j'ai fait parvenir à mes commissaires le texte
qui vous est présenté et je leur ai demandé leurs
commentaires, leurs suggestions ou des amendements. Ils m'ont fait certaines
remarques dont j'ai tenu compte à certains endroits de mon rapport. Dans
l'ensemble, ils sont d'accord avec le rapport présenté.
M. Goldbloom: Je remarque votre suggestion que le conseil
d'administration soit élargi. Vous situez le chiffre entre six et neuf.
Actuellement, vous êtes trois commissaires.
M. Mathieu: C'est bien cela, oui.
M. Goldbloom: Vous indiquez un minimum de six. J'aimerais vous
amener à expliciter un peu votre pensée quant à ce nombre.
On dit toujours que si le nombre d'administrateurs est plus restreint, le
travail est plus efficace. Si le nombre devient très
élevé, c'est difficile de faire un travail qui répond aux
exigences d'une bonne administration. Vous avez sûrement eu une
pensée plus précise que simplement l'énoncé d'un
chiffre. Qu'est-ce qui vous a amené à situer le nombre entre ces
deux limites de six et neuf?
M. Mathieu: A l'heure actuelle, je pense que, au niveau de la
Communauté urbaine de Québec, il existe quatre secteurs,
Québec, Charlesbourg, Beauport et Sainte-Foy, qui sont, je crois, les
secteurs où se regroupent d'autres municipalités pour fins de
représentation ou de certaines choses.
A partir de là, je croyais qu'il était aussi possi-
ble d'y ajouter d'autres parties qui étaient
financièrement responsables, par exemple, le ministère des
Transports qui, aujourd'hui, fournit une aide particulière aux
commissions de transport. Je ne voyais pas d'opposition à ce que le
ministère des Transports ait un représentant au niveau du conseil
d'administration, en tant que partie financièrement
intéressée. A ce moment, il restait tout de même le
président-directeur général qui aussi faisait partie du
conseil d'administration.
Enfin, à partir de toute composante possible d'un conseil
d'administration restreint à six et de là à monter vers le
chiffre neuf, qui est un chiffre hypothétique, il ne faudrait pas non
plus en venir à un conseil d'administration qui serait extrêmement
lourd, où des décisions seraient difficiles à prendre. A
ce moment, on pourrait y ajouter les deux commissaires en place. On pourrait y
ajouter d'autres membres d'autres municipalités, afin d'assurer une
représentativité équitable au niveau de la Commission de
transport.
M. Godlbloom: Or, votre pensée est nettement d'amener les
municipalités à siéger au conseil d'administration et
à participer à ce niveau?
M. Mathieu: Hors de tout doute. M. Goldbloom: Merci beaucoup.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. Mathieu, puisque l'occasion
nous est donnée, pour la première fois, au nom de l'Opposition,
on tient à vous féliciter de votre nomination qui est quand
même assez récente...
M. Mathieu: Merci infiniment.
M. Bédard (Chicoutimi): ... mais qui vous a sans doute
permis de réaliser l'état d'inefficacité et de confusion
de la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Québec.
Je pense que les témoignages sont quand même assez nombreux
pour nous permettre de dire que presqu'une majorité de la population
n'est pas satisfaite des services donnés par la CTCUQ. Il n'en est que
de se référer peut-être non seulement à certains
articles de journaux qui alléguaient, entre autres, que, pour faire un
voyage de l'édifice du Soleil jusqu'au boulevard Pie XI, cela prenait
presque deux heures et demie et bien des désagréments... Je pense
aussi que vous êtes en mesure de constater, par bien des
témoignages que vous avez dû recevoir, que cela fonctionne
difficilement et que les gens ont vraiment la conviction de ne pas avoir la
qualité de transport à laquelle ils ont droit.
Est-ce que vous pourriez nous dire... Je comprends que vous nous avez
parlé un peu des politiques à long terme dans votre
mémoire, de certaines politiques que vous voudriez voir mises en oeuvre,
soit par le gouvernement ou encore par votre organisme quand c'est le cas,
quand c'est sa responsabilité, mais, dans l'immédiat, quelles
sont les mesures que vous considérez urgentes de prendre pour
améliorer cette situation du transport en commun?
M. Mathieu: Lorsque j'ai été nommé à
la Commission de transport, je pense que le premier souci était
d'identifier les problèmes qui existaient à la commission de
transport et d'identifier les solutions qu'on pouvait mettre en place afin de
régler ces problèmes. La première chose, il y avait une
question d'organisation générale à la commission de
transport qui a attiré particulièrement mon attention, et,
deuxièmement, le réseau des parcours qui ne répondait
peut-être pas aux exigences du public, en particulier des usagers. Ces
deux points étaient tout de même les deux problèmes majeurs
à la commission de transport. Présentement, le problème
d'organisation est réglé. Nous avons établi une structure
administrative qui va permettre de prendre des décisions
éclairées sur les problèmes que rencontre la commission de
transport, et aussi d'assurer que les solutions qui vont être
préconisées seront mises en application. Si on a une bonne
organisation, si on a des hommes compétents à l'intérieur
d'une entreprise, cela ne peut autrement que se réfléter,
à un moment donné, sur les services qui sont donnés aux
usagers, en fin de compte.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous avez la conviction
d'avoir ces hommes compétents ou s'il y a un travail de recherche
à faire?
M. Mathieu: Présentement, la commission de transport de
mars 1976 ne ressemble pas à la Commission de transport de juillet 1975.
Toute la réorganisation administrative, les personnes, il y a eu des
départs, il y a eu des nominations, on a recherché des candidats
intéressants à certaines fonctions. Les compétences ont
été placées aux bons endroits. Ceci va permettre
certainement à la commission de transport d'avoir une meilleure
ouverture face aux problèmes qu'on rencontre. Cela a permis aussi,
justement avec les hommes qui sont maintenant en place, d'établir en
novembre un programme qui était, non pas de résoudre à
court terme les problèmes des usagers, mais de trouver au moins des
solutions permanentes à notre problème sur le réseau. On
est bien conscient que les usagers et je ne voudrais pas non plus me
cacher en arrière d'une chaise et dire que cela va bien sont en
droit de se plaindre de la qualité des services. Il fallait,
malheureusement pour nous, accepter un temps de battement qui permettait de
trouver des solutions un peu plus radicales aux problèmes qu'on
rencontrait.
Antérieurement, on avait un service de planification qui
n'était composé, à toutes fins pratiques, que d'une
personne. Nous avons mis un peu plus de supports techniques au niveau de ce
service afin de pouvoir entreprendre des études en profondeur du
réseau et de trouver des solutions adéquates aux problèmes
qu'on rencontre. A la commission de transport, sans vouloir faire de
rétrospective depuis les débuts, nous avons malheureusement
éteint des feux à gauche et à droite. On pouvait
difficilement, à ce moment, se pencher plus sur des solutions à
long terme.
Or, présentement, nous acceptons des critiques du public qui sont
certainement justifiées afin de pouvoir entreprendre des études
plus en
profondeur, pour régler le problème, non pas le
régler parce qu'il sera toujours à régler et qu'il y aura
toujours des critiques, mais au moins donner aux usagers une qualité de
service qui sera meilleure que celle que nous connaissons présentement.
Ce battement va se poursuivre au moins jusqu'au milieu de 1977 et possiblement
jusqu'au début de 1978, car une partie des améliorations au
réseau qui peuvent être apportées dépendent de
l'équipement que nous avons en notre possession. Présentement,
nous avons 252 véhicules et le plus gros problème que nous
rencontrons sur les parcours est que nous ne pouvons répondre à
la demande des usagers, nous ne pouvons changer notre version concernant le
transport en commun, parce que cela demanderait de l'équipement
supplémentaire.
Toute comparaison faite avec les commissions de transport de
Montréal, de la Rive-Sud, de Hull ou d'autres, nous devrions avoir, en
pratique, pas loin de 400 à 450 véhicules. Il est certain qu'avec
250 véhicules nous ne pouvons ni donner un bon service, ni
répondre à la demande des usagers. Ce correctif ne peut
être apporté malheureusement avant 1978. Cela dépendait de
la construction d'un nouveau centre de fonctionnement afin de pouvoir abriter
les véhicules du transport urbain. Parce qu'aussi paradoxal que cela
puisse se présenter, nous sommes en 1976, mais un autobus urbain, il
faut que cela couche à la chaleur pour pouvoir repartir le lendemain
matin et éviter des problèmes techniques innombrables. Cette
solution, nous pourrons l'apporter en 1978; nous pourrons
bénéficier, je l'espère, d'un nouveau centre
d'exploitation, et avoir, à ce moment, l'équipement
nécessaire pour satisfaire les besoins de la population.
Par contre, cela ne veut pas dire que d'ici 1978 nous allons
éviter de faire les améliorations nécessaires aux
parcours. Déjà, nous avons fait une nouvelle étude de
certains parcours. Une nouvelle a été annoncée, quant au 7
et au 11, voulant qu'on y ait apporté des solutions, au moins des
solutions qui ne seront pas définitives, mais qui vont nous permettre,
avec l'équipement et les disponibilités que nous avons, de
régler partiellement un problème propre à ces deux
parcours. Au fur et à mesure que nous allons avancer, nous allons
apporter les solutions que nous pourrons apporter avec l'équipement et
les disponibilités que nous avons. Nous avons des projets
présentement en cours, comme l'analyse des standards de service; c'est
un point assez important, parce que cela va déterminer, à la
suite de cette étude, la qualité des services qui doivent
être offerts à la population par la commission de transport.
Depuis 1971, les standards de service déjà en fonction
étaient ceux qui existaient dans les compagnies qui font partie
intégrante de la commission de transport. On ne s'était
malheureusement pas penché sur les standards de service pour l'ensemble
de la région qui pouvaient à un certain moment répondre
à des critiques que nous avions. Nous espérons bien que ces
études vont nous permettre justement de donner aux municipalités
une qualité de service accrue. Il y a un ensemble de projets qui sont en
cours présentement, nous avons même aussi des subventions
spéciales de demandées au ministère des Transports et au
Centre de développement des transports pour justement nous permettre de
réaliser toutes les études qui sont essentielles, qui
d'après moi sont à la base d'une réorganisation du
réseau des parcours. Essayer de procéder autrement serait tout
simplement de refaire comme nous faisions avant, soit d'éteindre des
feux à gauche à droite et, à ce moment, de ne jamais
revoir dans une nouvelle optique tout ce réseau qui n'offre pas à
la population une qualité de service qui est méritée.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous reconnaissez que les
critiques du public sont justifiées. Je vous félicite de votre
franchise...
M. Mathieu: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): ... et de votre
réalisme.
M. Mathieu: Je pense bien que cela serait peut-être
irréaliste de dire le contraire.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela. Vous nous dites que
vous accordez quand même un certain pour employer votre expression
temps de battement qui peut durer jusqu'au milieu de 1977, afin
d'appliquer des mesures plus radicales, plus à long terme.
M. Mathieu: C'est cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends qu'entre-temps, comme
vous l'avez mentionné, il y a certaines actions que vous allez quand
même poser pour essayer d'apporter au moins une amélioration
temporaire à la situation. Cela peut-il vouloir dire, par exemple
vous l'avez peut-être mentionné procéder à
une redistribution des lignes ou encore à repenser assez rapidement la
fréquence des parcours?
M. Mathieu: En fait, le mandat que j'ai donné à mes
professionnels, ceux qui travaillent à l'intérieur, est de tout
simplement effacer c'est peut-être radical le réseau
qu'on a actuellement et de redessiner un réseau qui tiendra compte des
besoins du public, des besoins des municipalités, qui tiendra compte
aussi des critères d'efficacité et des coûts qu'une telle
réorganisation entraînera.
Chaque étape que la commission de transport va franchir, nous
allons présenter, avant l'application, à toutes les
municipalités du territoire... Et d'ailleurs, c'est un peu la politique
que j'ai entreprise. Lorsqu'on fait un pas important à la Commission de
transport, avant de faire ce pas, j'envoie des rapports aux municpalités
ou je rencontre les représentants de ces municipalités pour leur
expliquer les décisions de la Commission de transport dans ce sens. Le
climat qui est créé porte fruits, car cela nous permet,
maintenant, d'entrevoir des solutions à long terme. Et chaque
étape qui sera franchie, les municipalités vont en prendre
connaissance. On va prendre le temps de leur expliquer et lorsque tout le monde
sera bien conscient des améliorations que nous voulons ap-
porter, je pense bien qu'il y aura eu une acceptation plus globale du
transport en commun dans notre milieu.
M. Bédard (Chicoutimi): Quant à l'Opposition, nous
sommes d'accord, en gros, sur les modifications qui sont apportées dans
votre mémoire concernant la répartition du budget, concernant
également le financement, ce qui se situe au niveau des recommandations
6 à 10 inclusivement. Concernant la recommandation 11, vous demandez
d'obtenir de la Commission des transports du Québec des permis pour
efectuer des voyages touristiques et à charte-partie à partir de
son territoire à tout autre endroit situé au Québec.
Sur cette recommandation, inutile de vous dire que nous sommes d'accord
également. Je tiens à souligner qu'à maintes et maintes
reprises, nous avons insisté pour que les commissions de transport, tant
celle de Québec que de Montréal, puissent avoir la
capacité d'avoir des permis qui leur donnent la chance, pour une fois,
d'entrer dans ce qu'on pourrait appeler le transport payant, parce qu'à
l'heure actuelle, la situation est telle que tout ce qui s'appelle les lignes
payantes, au niveau du transport, est entre les mains de l'entreprise
privée alors qu'on est obligé de constater que les lignes non
payantes, les lignes déficitaires sont remises, soit entre les mains des
municipalités, soit entre les mains d'organismes comme le vôtre,
ce qui, au bout de la ligne, veut dire que lorsqu'il y a déficit, ce
dernier est payé par l'ensemble des citoyens, ce sont les citoyens qui
sont obligés de défrayer la note.
Alors, sur cette recommandation, j'espère que vous aurez plus de
chance que l'Opposition dans vos demandes vis-à-vis du ministère
des Affaires municipales, vis-à-vis du gouvernement. Car non seulement,
il est important, je crois, de demander un permis mais, quant à
l'Opposition, nous croyons que ce n'est pas seulement un permis que la CTCUM ou
que la CTCUQ doivent demander en fonction de pouvoir faire le transport
charte-partie qui est une ligne réputée payante, mais doivent
réclamer l'exclusivité d'un tel transport. Lorsque les
municipalités n'ont pas l'exclusivité, comme on peut le voir
à Montréal, comme elles ont affaire à des firmes ou des
compagnies qui déjà sont rompues à ce genre de transport,
soit par le biais de leur organisation, soit par le biais des contacts qu'ils
ont, à ce moment-là, c'est très difficile, quand elles
n'en ont pas l'exclusivité, pour des commissions telles que la CTCUQ, ou
encore la Commission de transport de la communauté urbaine de
Montréal, de faire concurrence à de telles compagnies.
Cependant, au début de votre mémoire, concernant votre
demande d'autonomie accrue pour la CTCUQ, on sait qu'à Montréal,
la CTCUM a une grande autonomie. Vous serez peut-être en mesure de me
dire jusqu'à quel point elle est plus grande que celle de la CTCUQ, mais
on peut dire qu'à Montréal, la CTCUM est efficace, alors que la
CTCUQ, on en a parlé tout à l'heure, quant aux effets, semble
beaucoup moins efficace. Vous réclamez une plus grande autonomie. Du
point de vue des motivations, sur cette demande, vous n'avez pas donné
tellement de détails, sauf le fait de vous attarder d'une façon
spéciale à la composition du conseil de la CTCUQ. Vous dites,
entre autres, que, quelle que soit la formule définitive retenue, il
faut éviter une direction bicéphale qui serait une entrave
à un souci d'efficacité. En principe, nous sommes parfaitement
d'accord avec vous. C'est l'image parfaite du fédéralisme. Cela
ne prend pas deux têtes, cela en prend une quelque part. Il s'agit de
choisir la place où elle doit fonctionner. Le rapport Castonguay parle
de la nécessité d'intégration des commissions de transport
sous la même responsabilité que l'organisme qui a la
responsabilité de l'application du schéma d'aménagement.
Entre autres, peut-être pour vous citer... Vous avez peut-être eu
l'occasion de le lire.
M. Mathieu: Je n'ai pas lu le rapport, j'ai lu seulement...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est très court.
Castonguay, à la page 334 de son rapport concernant les structures au
niveau urbain, dit ceci: Comme le transport urbain est intimement relié
à l'aménagement du territoire, l'autorité qui en est
responsable doit être la même que celle qui est responsable de
l'élaboration de l'aménagement d'une agglomération
donnée. Ce qui signifie que, dans les agglomérations de
Montréal, de Québec et de Hull, la responsabilité de la
circulation des personnes et des biens de même que de l'organisation et
de l'opération des modes de transport en commun doit appartenir à
l'autorité régionale. Il recommande, dans ces trois
agglomérations, que les différentes commissions de transport
soient pleinement sous la responsabilité des communautés
urbaines.
Pour autant que vous êtes en mesure de le faire maintenant, je
voudrais vous demander votre appréciation de cette manière de
voir de M. Castonguay dans son rapport et ensuite, dans un deuxième
temps, vous inviter à nous donner plus de raisons qu'il n'y en a dans le
rapport que vous avez rédigé. Je comprends que vous ne pouvez pas
tout y mettre, quand même, mais plus de raisons pour motiver une demande
d'autonomie plus grande pour la CTCUQ.
M. Mathieu: D'abord, je pense bien que la question de l'autonomie
de la CTCUQ dépend énormément de la
représentativité de son conseil d'administration.
La chose que je crois pertinente là-dedans, c'est d'éviter
que tous les problèmes soient mêlés à une même
table. C'est-à-dire que si on discute d'un incinérateur, si on
discute de la voirie, si on discute de l'évaluation et qu'on discute du
transport en commun, on a de bonnes raisons de croire qu'à un moment
donné les gens n'ont peut-être pas le temps de s'arrêter de
façon plus particulière au problème du transport en
commun. Si on regarde le budget de la Commission de transport, qui
représente des dépenses de $22 millions, je pense bien que les
problèmes de la Commission de transport doivent être
réglés de façon auto-
nome par un conseil d'administration qui siégerait avec une
certaine exclusivité. Sans vouloir regarder ce qui peut se passer au
niveau de la CUQ, il peut arriver, parce qu'un représentant à la
CUQ n'est pas d'accord avec une chose qui est apportée à
l'assemblée, que ça va se refléter sur d'autres
décisions qui peuvent être ultérieures dans la même
assemblée.
Si, au niveau de la Commission de transport, on a la
représentativité globale, quand le conseil d'administration
siégera sur les problèmes de la Commission de transport, on
pourra plus facilement discuter des problèmes réels de la
Commission de transport. C'est une question de démêler les
problèmes. Si on dépend de la CACUQ ou d'un autre organisme
régional qui s'occuperait de l'aménagement, on va peut-être
discuter du schéma d'aménagement, mais les problèmes
d'exploitation de la Commission de transport, on va peut-être les oublier
de telle façon... je suis bien d'accord qu'un dépend de l'autre,
on dépend, si vous voulez, de l'aménagement du territoire et on
va fonctionner dans l'aménagement qu'on va nous faire. Mais on ne peut
tout de même pas décider de nous-mêmes des rues à
prendre ou des viaducs à faire ou des espaces verts à
créer ou de ces choses-là. Si on nous crée des espaces
verts, il va falloir passer à côté ou passer dedans, selon
qu'on nous le permettra ou non.
Il reste que les problèmes d'exploitation de la Commission de
transport sont tellement près du quotidien que si le gars est
mécontent demain matin, il faut que son problème soit
réglé; je pense donc que le schéma d'aménagement a
tout de même une dimension différente du problème
d'exploitation.
M. Goldbloom: M. le Président, si le député
de Chicoutimi me permet une intervention, je constate, M. Mathieu, dans ce que
vous dites, que l'autonomie que vous recherchez est quand même relative.
Si vous n'ajoutiez pas des représentants municipaux au conseil
d'administration, ce serait une autonomie absolue, mais, en ajoutant des
représentants des municipalités, vous établissez des liens
et vous agissez en quelque sorte en parallèle. Ce que vous
réclamez est plutôt une autonomie administrative pour assurer que
le conseil d'administration, en se réunissant d'abord, sera moins
nombreux que le conseil de la Communauté urbaine en entier et,
deuxièmement, se penchera en exclusivité sur les problèmes
du transport en commun.
M. Mathieu: C'est bien sûr.
M. Goldbloom: Je pense que peut-être le mot d'autonomie
devrait être nuancé parce que ce n'est pas un affranchissement
complet que vous recherchez, si je comprends bien.
M. Mathieu: C'est ça, d'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, puisque le
ministre a aimé prendre la parole à ce stade-ci de la discussion,
peut-être que ce serait important, autant pour M. Mathieu que pour les
membres de la commission, de savoir quelle est l'idée du ministre
concernant cette manière de voir du rapport Castonguay qui recommande
l'intégration du transport sous la même autorité que
l'autorité qui s'occupe de l'application du schéma
d'aménagement.
M. Goldbloom: Je pense, M. le Président, qu'il y a quelque
chose que j'aimerais dire à ce sujet. D'abord...
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas d'objection. Mais
allez-vous répondre à ma question?
M. Goldbloom: Comme toujours.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce qui veut dire que je n'aurai
pas de réponse.
M. Goldbloom: Mais à ma façon.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce qui veut dire que je n'aurai
pas de réponse. Cela va être du bla-bla.
M. Goldbloom: Cela allait si bien.
M. Bédard (Chicoutimi): Pourvu qu'on se contente de vos
non-réponses, bien sûr que ça va bien.
M. Goldbloom: Je n'ai rien dit et déjà...
M. Bédard (Chicoutimi): II m'a dit qu'il serait comme
d'habitude. On sait ce que cela veut dire.
M. Goldbloom: M. le Président, d'abord, nous avons, avec
les municipalités membres de la Communauté urbaine de
Québec, examiné la question de la relation des organismes
connexes à l'organisme central et aux municipalités
elles-mêmes. Je pense que c'est assez clairement un consensus que les
municipalités doivent avoir leur mot à dire dans l'administration
et surtout dans la planification, notamment la planification budgétaire
de la commission de transport.
Même si je ne me suis pas encore prononcé publiquement, je
pense qu'il est de notoriété commune que je suis nettement
favorable à la présence des municipalités au niveau de
l'administration de cet organisme et que l'idée mise de l'avant par M.
Mathieu, mise de l'avant par les diverses municipalités
également, une idée qui fait partie des recommandations du
comité constitué par les municipalités de la CUQ,
l'idée de faire siéger des maires ou leurs représentants,
c'est une idée qui me sourit. Je suis nettement favorable à cela.
Je pense que le consensus se dégage assez clairement et que je suis
disposé, pour ma part, à recommander à mes
collègues que nous ajoutions, au conseil d'administration de la
commission de transport, un nombre convenable de représentants
municipaux.
Quand on regarde le rapport Castonguay, je ne voudrais pas me prononcer
parce que le gouvernement n'a pas voulu se prononcer. Mais je pense justement
qu'en invoquant la relativité de
l'autonomie proposée par M. Mathieu dans son mémoire, j'ai
souligné le fait qu'il y a des formules différentes qui peuvent
mener à peu près à la même fin.
Je pense que, si nous apportons une nuance à cette
recommandation, si nous disons: La Commission de transport devrait être
assujettie à l'autorité municipale, que ce soit directement
à une communauté urbaine ou que ce soit par la présence
des représentants des municipalités au niveau du conseil
d'administration, c'est essentiellement le même résultat que l'on
obtient. Et j'ai beaucoup de respect pour les plaintes des municipalités
et de leurs citoyens qui disent: Nous payons et nous n'avons pas un mot
à dire au niveau de l'administration.
Je trouve que cela n'est pas juste, je trouve que cela doit être
corrigé et la seule différence que je fais avec la recommandation
citée par l'honorable député de Chicoutimi, c'est que je
dirais qu'il faut que les municipalités aient leur mot à dire,
que ce soit en intégrant davantage une commission de transport à
une communauté urbaine ou par une autre formule, telle celle
suggérée par M. Mathieu. C'est plutôt un détail.
Quant au principe, il n'y a pas de difficulté.
M. Bédard (Chicoutimi): Que les maires soient
représentés, je pense qu'il n'y a personne qui soit contre cela.
Au niveau des pouvoirs décisionnels, il reste quand même que,
concernant l'aménagement du territoire, ils sont au niveau de la
Communauté urbaine de Québec.
Dans ce sens-là, que les maires soient représentés,
cela ne leur donne pas des pouvoirs décisionnels au niveau de
l'aménagement du territoire.
Si je comprends bien la réponse du ministre, vous ne vous
prononcez pas sur le fait que la Commission de transport devrait être
intégrée pleinement sous l'autorité de la
Communauté urbaine de Québec.
M. Goldbloom: C'est exact, M. le Président, je ne me
prononce pas sur cette question précise. J'ai indiqué quand
même assez clairement que les municipalités doivent avoir un mot
à dire et pas simplement pour la formalité d'être
présentes. Elles doivent être en mesure d'influencer les
décisions, notamment les décisions budgétaires, et aussi
les décisions qui concernent la planification.
Justement, ce que nous avons à décider ici, en commission
parlementaire, et éventuellement, ce que le gouvernement aura à
décider. C'est exactement ce que l'on pose présentement comme
question, mais qui est plus large. C'est-à-dire, il y a la question
d'une commission d'aménagement, il y a la question des autres services.
De quelle façon est-ce que l'on assure ces services, au niveau
régional ou métropolitain et par quels organismes?
Il ne s'agit pas tout simplement de dire: On est pour ou contre une
recommandation qui concerne la Commission de transport et dire: La Commission
de transport devrait être intégrée à la
Communauté urbaine. J'interprète cela comme une recommandation
absolument parallèle à l'avis que j'ai exprimé. C'est que
les municipalités doivent avoir une responsabilité réelle
dans la gestion.
M. Bédard (Chicoutimi): II n'y a personne qui est contre
cela, sauf que, dans le discours inaugural, le gouvernement a pris la peine de
dire qu'il y aurait le dépôt très rapide du rapport
Castonguay sur l'urbanisme et il a pris la peine de dire, dès le
discours inaugural qu'il était d'accord avec' les lignes directrices de
ce rapport.
Puisque le ministre ne peut pas se prononcer, dois-je comprendre que le
ministre ne considère pas cette recommandation comme une ligne
directrice en ce qui regarde les pouvoirs qui doivent être dévolus
aux communautés urbaines? Quelles sont les lignes...
M. Boutin: Pourriez-vous répéter votre question
encore une fois, je n'ai pas compris?
M. Goldbloom: Parce que, mon Dieu, si l'on veut prendre chacune
des recommandations de chaque rapport de comité d'étude qui est
soumise au gouvernement et dire: Est-ce que cette recommandation constitue pour
vous une ligne directrice? On va passer la session à parler de chacune
des recommandations pour déterminer si c'est une ligne directrice ou
non. J'ai indiqué assez clairement, dans ma réponse, que je ne
considère pas que cette recommandation précise, dans sa forme
détaillée, est nécessairement une ligne directrice. Je
trouve là-dedans une ligne directrice qui est que les
municipalités doivent avoir leur mot à dire. Cela, c'est la ligne
directrice. La formule, on va la choisir.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais ce n'est pas parce que
les maires ou que les mêmes personnes sont dans deux organismes
différents que cela donne comme résultat que les uns sont
subordonnés aux autres.
M. Goldbloom: M. le Président, puis-je suggérer,
très humblement, très amicalement, au débuté de
Chicoutimi que les maires de la Communauté urbaine de Québec, les
conseils municipaux de la Communauté urbaine de Québec ont
constitué un comité, que ce comité a siégé
pendant de nombreux mois...
M. Bédard (Chicoutimi): Je le sais.
M. Goldbloom: ... et qu'il y a certaines recommandations qui
découlent de ce travail. Ces recommandations sont davantage dans le sens
de ce que l'on trouve dans le mémoire de M. Mathieu que dans le sens
détaillé quant à la formule de la recommandation du groupe
Castonguay. Si c'est la préférence des maires, si nous n'avons
pas de raisons majeures et fondamentales de dire non, ce n'est pas la bonne
formule, c'est l'autre qui est meilleure, nous allons accepter la formule
proposée par les maires et proposée de nouveau dans le rapport,
le mémoire soumis par le président de la Commission de
transport.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends que votre idée
définitive n'est pas faite encore, concernant cette recommandation. On
aura l'occasion d'y revenir, parce que je crois quand même que nous avons
déjà eu l'occasion de poser des questions sur le rapport
Castonguay, sur certaines des recommandations. Que le ministre ne commence pas
à lever les mains en l'air, à chaque fois que nous allons lui
poser des questions sur le rapport Castonguay. Lui-même a pris la peine
de nous dire que c'est un rapport d'une extrême importance, qu'il avait
demandé et dont il allait tenir compte. Je pense que c'est du devoir,
non seulement de l'Opposition, mais de tous ceux qui sont
intéressés à la situation tant des municipalités
que des autres problèmes qui sont traités dans le rapport
Castonguay, de savoir, une fois pour toutes, sur les différents sujets,
dans quelle avenue veut s'engager le gouvernement. D'avance, je tiens à
lui dire que c'est peut-être la deuxième ou troisième
question que je lui pose, concernant le rapport Castonguay et qu'il y en aura
d'autres. A ce moment, on viendra peut-être à bout de savoir ce
que le gouvernement entend par lignes directrices, puisqu'il a pris la peine de
mentionner, dans le discours inaugural, qu'il était d'accord avec les
lignes directrices de ce rapport.
On verra si ce sont des lignes directrices ou encore si ce sont les
détails, ou encore si tout cela, quelles que soient les recommandations,
est exposé, en fait, à être mis de côté, comme
bien d'autres rapports l'ont été. Une dernière...
M. Goldbloom: M. le Président, je constate que
l'Opposition, avec sa brillance habituelle, a pu dans ces quelques jours,
exactement six jours depuis le dépôt du rapport du groupe
d'étude, tout saisir, tout comprendre, et prendre position sur tous les
points.
M. Bédard (Chicoutimi): J'imagine que le gouvernement a
dû avoir le temps de tout saisir aussi pour se permettre de dire dans le
discours inaugural qu'il était d'accord sur les lignes directrices. Vous
ne me direz tout de même pas, le ministre ne veut tout de même pas
me dire qu'il s'est permis de dire cela dans le discours inaugural, alors qu'il
n'avait même pas lu le rapport. Allons donc!
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de taschereau.
M. Bonnier: M. le Président, je ne veux pas être
désagréable envers le député de Chicoutimi, mais je
pense que...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez le droit de
l'être. Pourquoi pas?
M. Bonnier: J'ai le droit de l'être? Non, je ne veux pas
l'être.
M. Goldbloom: II est désagréable de...
M. Bonnier: Je pense que l'objet de la rencontre de ce matin est
d'essayer de voir quel est le point de vue des représentants de la CTCUQ
sur un point très spécifique de leur propre développement.
Je ne pense pas qu'on doive élargir le débat pour discuter en soi
du rapport Castonguay. Je pense que la question du député de
Chicoutimi à M. Mathieu était pertinente, mais j'ai nettement
l'impression, en tant que membre de cette commission, que depuis qu'il y a eu
une discussion sur le rapport Castonguay lui-même, là on est un
peu et même beaucoup en dehors de la question. On aura sans doute
l'occasion de revenir là-dessus, comme le député de
Chicoutimi le dit, surtout s'il y a des projets de loi qui doivent suivre ces
discussions. Je pense bien que l'objet de la rencontre, c'est d'essayer de
savoir d'abord ce que la CTCUQ pense. Nous autres, après cela, on
discutera de ce qu'on pense; autrement, on va prendre trois jours.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je pense
que le député de Taschereau a plus ou moins suivi la discussion,
parce que la discussion ne porte pas sur l'ensemble du rapport Castonguay, elle
porte sur une recommandation précise du rapport Castonguay, sur le sujet
précis que nous discutons, à savoir les commissions de transport,
où il est dit très clairement que le rapport Castonguay
recommande que ces organismes soient pleinement sous la responsabilité
des communautés urbaines. Alors, d'une part...
M. Bonnier: Laissez-moi donc finir.
M. Bédard (Chicoutimi): ...M. Mathieu a exprimé son
opinion sur ce sujet. Je pense qu'il est important, non seulement pour les
membres de la commission, mais également pour M. Mathieu de savoir ce
que le ministre pense de cette recommandation, suite à l'autre
recommandation qu'il fait dans le sens de demander plus d'autonomie pour la
CTCUQ. Il y a une suite tout à fait logique là-dedans. Je ne vois
pas en quoi le député de Taschereau...
M. Bonnier: En tout cas, je ne veux pas éterniser le
débat, mais je pense que les discussions entre nous pour savoir ce que
nous pensons, c'est une autre étape tout simplement.
M. Bédard (Chicoutimi): II est important que des
gens...
M. Bonnier: Ils le sauront en temps et lieu.
M. Bédard (Chicoutimi): ...comme M. Mathieu, qui ont la
responsabilité de l'administration de la CTCUQ, sachent à l'heure
actuelle ce que des gens comme nous autres pensent...
M. Bonnier: Oui, mais ils le sauront.
M. Bédard (Chicoutimi): ...et sachent surtout ce que le
ministre des Affaires municipales pense, parce qu'il aura souvent
l'occasion...
M. Bonnier: C'est une autre étape. En tout cas...
M. Bédard (Montmorency): Allons-y!
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président,
peut-être seulement une dernière question. Dans votre
mémoire, vous parlez du transport en commun en y reliant la notion de
rentabilité. Est-ce que vous ne croyez pas que la notion de
rentabilité, quand on parle de transport en commun, est peut-être
une notion dépassée à l'heure actuelle, en ce sens qu'on
devrait en tout cas, c'est mon humble opinion considérer
le transport en commun comme un service public nécessaire du même
genre que l'éducation est un service public, que la santé est un
service public? Est-ce qu'il n'est pas temps, si on veut en venir
peut-être à régler le problème, qu'on fasse
disparaître cette notion, cette idée de nécessité de
rentabilité?
M. Mathieu: Je pense bien que la notion de rentabilité
dont j'ai voulu parler, c'est plutôt la rentabilité
économique au niveau d'une région, et non pas la
rentabilité comptable en cents et en dollars, au niveau d'un organisme
à lui seul.
Je pense bien que la question du transport en commun au niveau des
investissements qui peuvent se faire à un moment donné, soit en
faveur de l'entreprise de l'automobile ou en faveur du transport en commun, ne
font pas que la Commission de transport devient plus rentable en soi, mais
peut-être que la rentabilité économique de certaines
décisions au niveau des investissements globaux dans une région,
c'est plutôt cette notion de rentabilité que celle qui sera
purement comptable de déterminer s'il y a un profit ou non.
M. Bédard (Chicoutimi):... au bout de la ligne.
M. Mathieu: Ce n'est pas dans le sens de profit ou non de
l'entreprise, parce qu'il ne faudrait pas se leurrer, cela va devenir
déficitaire et toujours de plus en plus déficitaire.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vous remercie.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: Justement sur cette note de rentabilité,
j'aimerais demander à M. Mathieu, à ce moment-ci
peut-être que j'aurai d'autres questions qui vont suivre relativement au
coût du transport de la communauté urbaine à quelle
date l'année financière se termine. Est-ce qu'elle se termine au
31 décembre?
M. Mathieu: Au 31 décembre, oui.
M. Roy: Est-ce que ce serait trop vous demander de nous donner
l'ordre de grandeur, par exemple, des revenus de la commission de transport
pour l'année 1975, des dépenses et du déficit?
M. Mathieu: Les revenus et les dépenses, je ne pourrais
pas vous en donner les chiffres présentement. Je pourrais
peut-être faire une erreur d'une couple de cent mille ou de trois cent
mille, mais je peux vous donner l'ordre de grandeur du déficit qui va
être à répartir entre les municipalités du
territoire.
Le déficit original prévu était de $7 161 000. Nous
avons obtenu du ministère des Affaires municipales une subvention de $3
100 000 qui nous a été versée au cours de l'année
1975. Or, le déficit théorique devait être de $4 millions
à répartir entre les municipalités. Les résultats
de l'année financière vont faire que le déficit à
répartir va se situer approximativement à $1,5 million au lieu de
$4 millions.
Je ne voudrais pas, suite à ces résultats, qui
financièrement peuvent paraître intéressants, dire que
c'est une réussite en soi, car nous constatons que l'état des
services n'est pas en relation avec les dépenses qui sont faites.
Même si le résultat de $1 500 000 semble être
intéressant au niveau financier, je ne crois pas qu'au niveau
opérationnel, au niveau de la qualité de service, les
succès soient aussi catégoriques et aussi prometteurs dans le
moment.
M. Roy: Quand vous parlez d'un déficit, est-ce le
déficit global? Ce n'est pas un déficit uniquement
d'opération, c'est un déficit global!
M. Mathieu: C'est un déficit global, oui. C'est cela.
M. Roy: En incluant la dépréciation des
investissements, les frais de financement et tout.
M. Mathieu: C'est cela, oui. Certainement.
M. Roy: Deuxième question. Je remarque que, dans votre
mémoire, vous avez attaché énormément d'importance
du moins vous avez attiré notre attention à deux ou trois
reprises dans le mémoire relativement à des changements
d'ordre légal, des changements d'ordre juridique dans la loi de la
Communauté urbaine. Par contre, à la page 6, vous dites: "II est
normal que le président-directeur général ait à
rendre compte de son administration à une instance supérieure qui
a pour rôle principal l'adoption de règlements, l'adoption du
budget annuel et l'approbation des états financiers."
Est-ce que vous pouvez nous dire brièvement de quelle
façon cela fonctionne à ce niveau? A qui le
président-directeur général doit-il rendre compte
actuellement?
M. Mathieu: Si on se reporte de façon légale, le
budget doit être présenté à la Communauté
urbaine de Québec pour être approuvé ou
désapprouvé et, suivant les mécanismes prévus dans
la loi, si la communauté urbaine refuse d'adopter le budget, il devient
en vigueur le 15 décembre suivant.
Deuxièmement, il y a la question des règlements d'emprunt
pour lesquels nous devons obtenir l'approbation de la Communauté urbaine
de Québec. Je crois, présentement je pourrais
peut-être avoir des informations supplémentaires que,
relativement, c'est peut-être les deux
seuls articles pour lesquels nous devons référer à
la Communauté urbaine de Québec. Lorsque nous allons en
soumissions publiques et que nous n'avons qu'un seul soumissionnaire, nous
devons faire approuver le soumissionnaire par la Communauté urbaine de
Québec.
Les états financiers, en fin d'année, sont
déposés à la communauté urbaine et la quote-part
est tout simplement déposée aussi à la communauté
urbaine. Ils peuvent, cependant, faire des représentations à la
Commission municipale pour contester notre façon de répartir le
déficit.
A l'heure actuelle, ce sont à peu près les principaux
points auxquels doit se référer la Communauté urbaine de
Québec. Toutes les autres décisions relèvent de la
Commission de transport comme telle.
M. Roy: La commission de transport compte actuellement trois
membres, je pense?
M. Mathieu: C'est cela.
M. Roy: Pouvez-vous nous donner les noms, s'il vous
plaît?
M. Mathieu: II y a M. Jean-Paul Drolet et M. Charles-Henri
Robitaille et le président-directeur général qui est aussi
commissaire.
M. Roy: En somme, il y a trois membres en incluant le
président-directeur général.
M. Mathieu: C'est cela. Oui.
M. Roy: Y a-t-il des réunions régulières de
prévues? Combien de fois se réunissent-ils annuellement, par
exemple?
M. Mathieu: Présentement, nous nous réunissons
à peu près à tous les quinze jours.
M. Roy: A tous les quinze jours. Et je remarque également
que, dans vos recommandations, dans l'annexe, à l'article 217, vous
demandez que le président-directeur général soit
nommé... c'est-à-dire que soit maintenu dans la loi le fait que
le président-directeur général soit nommé par le
lieutenant-gouverneur en conseil, mais, par contre, vous demandez, de plus, que
les commissaires soient changés par un conseil d'administration et que
le nombre soit porté entre six et neuf. Pour quelle raison, dans cette
modification concernant le conseil d'administration, maintenez-vous votre
décision que le président-directeur général soit
nommé par le lieutenant-gouverneur en conseil?
M. Mathieu: II y a la fonction exécutive de l'entreprise,
c'est-à-dire de l'administration courante de l'entreprise qui,
d'après moi, doit relever d'un exécutif indépendant de
l'administration politique.
Remarquez bien que ce n'est pas la clé du succès et le
contraire ne serait pas non plus la clé du succès. Ce n'est pas
le fait que quelqu'un qui serait élu et président de la
Commission de transport serait la clé du succès. Je pense bien
qu'il y a une question d'approche, de collaboration, de
compréhension.
M. Roy: Je vois mal, dans une entreprise normale parlons
d'une entreprise comme telle pas dans une entreprise de services publics comme
la vôtre que le président-directeur général
soit nommé par d'autres autorités que par le conseil
d'administration qui a quand même la responsabilité
d'administrer.
Qu'est-ce qui arrive, par exemple, advenant le cas où le
président-directeur général, qui est nommé par le
lieutenant-gouverneur en conseil, est en désaccord sur les
décisions des commissaires? Qu'est-ce qui se produit?
M. Mathieu: II y a la question du quorum. Il y a la question de
l'unanimité. Il est sûr que, dans un conseil d'administration
restreint comme présentement, cela peut poser des problèmes au
président-directeur général.
M. Roy: Cela peut poser des problèmes au
président-directeur général. Ne pensez-vous pas que cela
peut aussi poser des problèmes aux commissaires?
M. Mathieu: II est sûr qu'à trois, étant
donné qu'à deux, on peut siéger si le président est
présent, cela crée des problèmes de part et d'autre.
M. Roy: Supposons c'est une question hypothétique,
mais c'est une question que nous retrouvons dans toutes les entreprises, que ce
soit une coopérative, que cela soit des entreprises de services, des
entreprises à type capitaliste, des entreprises communautaires et
autres... On retrouve toujours, à un certain moment, des divergences de
vues concernant l'administration d'une entreprise entre l'exécutif et
l'administration, les hautes autorités administratives, entre autres le
conseil d'administration.
J'aimerais que vous me disiez, ce matin et je vais poser une
question hypothétique parce qu'elle a dû sûrement se poser
chez vous comme elle s'est posée partout ailleurs... Advenant le cas
où deux commissaires sont unanimes pour qu'une telle décision
soit prise et que la troisième personne, en l'occurence le
président-directeur général, n'est pas d'accord sur la
décision qui est prise majoritairement par les commissaires et que c'est
lui, le président-directeur général, qui a à
exécuter les décisions de la commission, quel est le point de vue
qui prévaut à ce moment?
M. Mathieu: Je ne peux pas parler du passé, ce qui s'est
fait avant mon accession à la présidence. A venir jusqu'à
présent, les décisions ont été prises à
l'unanimité entre les trois commissaires.
On n'a jamais eu à faire face à ce problème, mais
il reste que, théoriquement, le problème pourrait être
envisagé et le président-directeur général, je
pense bien, de par son vote prépondé-
rant, pourrait annuler la décision des deux commissaires dans le
contexte actuel ou, du moins, il n'y aurait pas de décision prise.
M. Roy: Je vous demande votre opinion, j'aimerais la
connaître et je pense que les membres de la commission aimeraient la
connaître aussi. Ne trouveriez-vous pas qu'il serait plus normal que le
président-directeur général dépende du conseil
d'administration, qu'il ait à rendre compte au conseil d'administration?
Je conçois très mal qu'une personne soit nommée par
certaines autorités et qu'elle rende des comptes à d'autres. Je
me demande si ce n'est peut-être pas un des problèmes. Je ne
parlerai pas du passé. Je ne le connais pas, je n'ai pas fait partie de
la communauté et je n'ai pas suivi toutes les
délibérations, les activités de la Communauté
urbaine et de la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Québec. Mon collègue me dit que je suis un homme chanceux, c'est
donc dire qu'il y a eu des problèmes. Mais il y a des problèmes
dans toutes les entreprises. Ce que je voulais dire, c'est ceci. Il
m'apparaît que c'est une béquille, qui nuit
considérablement et qui peut causer énormément de
problèmes, énormément de difficultés au point que,
lorsqu'il y a une divergence de vues entre les deux, il y a risque que les
décisions et l'exécution des décisions soient
retardées et que ce soit l'entreprise elle-même qui en souffre.
Etant donné qu'il y a un conflit d'intérêt, je ne dirais
pas un conflit d'intérêt personnel, mais un conflit de juridiction
entre ces deux instances, il y a risque que les décisions retardent et
que cela nuise considérablement à l'efficacité et au
rendement de l'entreprise comme telle.
M. Mathieu: Dans le processus, que je suggère, d'un
élargissement du conseil d'administration de la Commission de transport,
je voudrais préciser que ce conseil d'administration aurait le droit de
décider des orientations que la Commission de transport devrait prendre.
A ce moment-là, le président-directeur général, qui
est président de l'exécutif, doit mettre en pratique les
directives du conseil d'administration et devra s'y soumettre comme tel.
M. Roy: Mais, advenant le cas que le président-directeur
général ne s'y soumette pas, qu'est-ce qui se produira?
M. Mathieu: Je crois qu'à ce moment-là, le conseil
d'administration pourrait faire appel à une autorité, soit pour
le mettre au pas ou n'importe quoi, le cas contraire aussi peut être
vrai. Quand le président-directeur général croit qu'une
décision du conseil d'administration peut le léser, il devrait
être capable aussi de faire appel à quelqu'un pour se
protéger. Je pense bien que ce serait normal.
M. Roy: Ah, bon!
M. Mathieu: Je pense que, des deux côtés, ce n'est
pas un poids, deux mesures.
M. Roy: Vous trouvez cela normal, mais trouveriez-vous que ce
serait normal qu'une entreprise de fabrication, une entreprise
manufacturière ait une structure administrative de cette façon?
Trouveriez-vous cela normal?
M. Mathieu: Oui, mais on n'est tout de même pas au niveau
d'une entreprise privée. On est au niveau d'une entreprise publique avec
tout ce que cela comporte de risques au niveau des administrateurs.
M. Roy: II y a quand même eu des entreprises de transport
auparavant dans l'entreprise privée.
M. Mathieu: Oui, je suis bien d'accord.
M. Roy: Je ne veux pas faire un débat, mais, au niveau des
déficits, à comparer aux déficits, lorsque cela devient de
l'administration publique, on dit toujours que c'est une question
d'efficacité. Cela coûte toujours plus cher quand cela appartient
à tout le monde que quand cela appartient à de véritables
responsables, mais ce n'est justement pas là un des problèmes qui
fait en sorte qu'on oblige les entreprises publiques à fonctionner avec
des béquilles. J'appelle cela des béquilles parce que je ne peux
pas concevoir, dans le cas de l'administration d'une entreprise normale, que le
président-directeur général soit nommé par une
autre instance que par le conseil d'administration ou les commissaires comme
tels parce que c'est tout à fait humain, normal, dans une entreprise et
surtout si ce sont des gens qui ont une certaine valeur, ce sont des gens qui
ont une certaine compétence, il ne peut pas faire autrement qu'il y ait
des divergences de vues. Lorsqu'il y a divergence de vues, on se retrouve dans
une situation et on dit: Parce que c'est une entreprise publique, il faut
protéger les intérêts des uns et des autres et, à ce
moment-là, qui paie pour cela?
M. le Président, c'est le seul point que j'avais à
soulever ce matin quant au rapport qui nous a été soumis parce
que je le dis, M. le Président, et je le répète encore une
fois: Je ne peux pas concevoir que ce soit normal que des structures
administratives qu'on veut sérieuses, qu'on veut responsables, puissent
fonctionner de cette façon parce que la porte est ouverte à
énormément de conflits et énormément de
difficultés qui ne peuvent pas faire autrement que de se
présenter à un moment donné et qui risquent, parce que ce
serait le même phénomène qui se produirait dans
l'entreprise privée, de faire en sorte que ceci ait des
conséquences sur l'efficacité, sur le rendement et sur
l'administration de l'entreprise comme telle. C'est la seule remarque que
j'avais à faire.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, sur la
dernière remarque du député de Beauce-Sud, s'il calcule
qu'il y a un cas de béquilles dans l'organisation, parce qu'il y a
seulement deux
commissaires et un président, une des recommandations
fondamentales du président de la Commission de transport est d'avoir un
conseil d'administration de six à neuf membres. Donc, la question ne se
posera plus. Les administrateurs municipaux ont constaté exactement la
même chose, et lorsque vous comparez l'entreprise privée avec
l'entreprise publique, au sein du conseil d'administration, je poserai une
question au président de la Commission de transport, le
président-directeur général aura un droit de vote.
Advenant, suivant votre hypothèse, que ça ne fonctionne pas,
c'est comme dans l'industrie privée, l'exécutif, quand le
président ne fait pas, le met dehors et en met un autre à sa
place.
M. Roy: S'il est nommé par le lieutenant-gouverneur?
M. Bédard (Montmorency): Quand je dis, on le met dehors,
c'est toujours hypothétique. Dans le rôle que tient M. Pierre
Mathieu, à l'heure actuelle, advenant que les administrateurs, le
conseil d'administration, les six ou neuf membres, les hommes en place jugent
que M. Mathieu n'est pas compétent, il y aura une recommandation, qui
sera faite au Lieutenant-gouverneur en conseil, de le changer.
M. Roy: Je voudrais bien dire une chose, M. le Président.
J'ai posé une question d'ordre général, je n'ai pas voulu
juger M. Mathieu comme tel.
M. Bédard (Montmorency): Exactement.
M. Roy: Je voudrais que ce soit bien compris et je ne voudrais
pas que M. Mathieu pense que je lui fais un procès personnel, pas du
tout.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Laissez le
député de Montmorency poser des questions à M.
Mathieu.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président,
jusqu'à maintenant, la besogne accomplie par M. Mathieu me satisfait
comme administrateur; je suis convaincu qu'avec le travail qu'il a fait depuis
plusieurs mois et le travail à venir, tous les problèmes qu'il a
déjà réglés, cela annonce très bien pour
l'avenir.
Quant au conseil d'administration, M. Mathieu, vous recommandez de six
à neuf membres. Est-ce que, dans votre optique à vous, la
représentativité des villes aurait une majorité des
élus municipaux au sein du conseil d'administration? Je vais expliquer
pourquoi. Supposons qu'on parle d'un conseil de neuf membres; je crois, dans
mon optique, qu'il faut viser à avoir au moins cinq élus
municipaux à ce conseil d'administration, parce que c'est nous qui avons
le ridicule auprès du public d'adopter les budgets, de faire les
dépenses nécessaires, d'imposer les taxes. C'est nous qui devons
rendre compte au public de l'administration de la Commission de transport.
Est-ce dans votre optique d'avoir une majorité des représentants
municipaux sur une majorité absolue de...
M. Mathieu: Je n'ai pas d'objection. Ce serait peut-être
souhaitable que ce soit ainsi.
M. Bédard (Montmorency): Merci. Quant au financement, M.
Mathieu, aux questions sur le financement, ça me fait d'abord plaisir de
constater que vous avez fait vôtre une des recommandations que je fais
depuis trois ans au sein de la Communauté urbaine de Québec, dans
le but d'envoyer nos comptes de taxe de répartition au début de
chaque année. Mais lorsque vous parlez de baser la répartition
sur l'évaluation, est-ce l'évaluation imposable et non imposable
ou seulement l'évaluation imposable?
M. Mathieu: A l'heure actuelle, c'est l'évaluation
imposable.
M. Bédard (Montmorency): Mais est-ce que vous auriez
tendance à vouloir inclure dedans l'évaluation non imposable?
M. Mathieu: Bien, si on y inclut le non-imposable, comment
allez-vous pouvoir leur imposer quelque chose?
M. Bédard (Montmorency): On le peut, à l'heure
actuelle, parce que, par la Loi de l'évaluation, on a le droit de faire
une imposition de $0.30 les $100 d'évaluation sur la valeur globale non
imposable ou de $0.80 les $100 d'évaluation du terrain. C'est pour
ça que je vous pose cette question, parce que si une des recommandations
est de le mettre sur les deux évaluations, il va falloir modifier une
autre loi, qui sera la Loi d'évaluation, nous permettant, à nous
les administrateurs municipaux, d'aller au-delà des $0.30 et des
$0.80.
M. Mathieu: Mon idée portait seulement sur
l'évaluation imposable, pour l'instant.
M. Bédard (Montmorency): Comme dernière question,
je sais que vous avez mis en branle un nouveau système de transport en
commun, la politique des couloirs d'autobus. Est-ce que vous pourriez dire aux
membres de la commission si cela a apporté des résultats
au-delà de vos espérances ou si ça s'avère
intéressant?
M. Mathieu: Nous avons constaté dans les couloirs
d'autobus une augmentation de la clientèle de l'ordre de 20%. Je pense
bien que cette augmentation découle, et on le voit bien, d'une
augmentation de la qualité des services, en particulier la
rapidité que le transport en commun peut obtenir par l'utilisation de
voies réservées. La fréquence des autobus devient donc
plus régulière et le temps de parcours est réduit de
façon considérable parce que, justement, il n'y a plus
d'encombrement, il n'y a plus d'attente à des endroits particuliers.
C'est assurément un bon pas dans la bonne direction et ce sont
des façons de régler certains problèmes du transport en
commun qui sont beaucoup moins coûteuses que d'autres solutions qui
pourraient être préconisées comme un métro
ou des choses comme cela, en particulier pour la région de
Québec.
Je pense qu'entre l'autobus conventionnel et le métro, qui serait
peut-être la solution la plus dispendieuse, il y a d'autres tentatives
à faire, en particulier les corridors d'autobus qui peuvent être
prolongés. D'autres essais peuvent être faits sur d'autres axes
afin de voir l'influence de ces essais sur la clientèle et aussi sur la
diminution probable des déficits des commissions de transport.
Mais cela peut demeurer marginal tout de même, cette diminution.
En ayant plus de clientèle, on est obligé d'avoir de
l'équipement additionnel, d'avoir des chauffeurs additionnels; à
ce moment-là, les coûts augmentent pour répondre à
la clientèle, de telle sorte qu'au bout d'un certain temps, je pense
qu'au niveau de la rentabilité, nous sommes encore au même point
en tant que commission de transport.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: J'ai remarqué, à votre page 11, que vous
reteniez l'hypothèse d'encourager une tarification stable. Lorsque vous
parlez de tarification stable, est-ce que vous pensez recevoir davantage de
subventions du gouvernement provincial et, en même temps, peut-être
augmenter l'efficacité économique de votre réseau? Sur
quel principe vous basez-vous?
M. Mathieu: Je pense bien que la solution miracle ou le chiffre
juste d'une tarification en transport urbain, personne ne l'a. On a pu
constater dans le passé que toutes les fois qu'on augmentait la
tarification, une perte d'usagers venait compenser au moins l'augmentation de
la tarification qu'on apportait.
Cependant, depuis les dernières années, nous avons tout de
même constaté que, lors de l'augmentation d'une tarification
et cela se fait seulement depuis deux ou trois ans il y a une
baisse de clientèle. Mais cette clientèle, on la rattrape,
grâce à de nouveaux facteurs, à des contraintes qui ne sont
plus des contraintes, qui proviennent de la Commission de transport, et qui
sont le prix de l'essence, le prix des automobiles, les restrictions du
stationnement et toutes ces choses qui font qu'à un moment donné,
la clientèle continue à croître, même s'il y a
augmentation des tarifs.
Mais jusqu'à quel point l'usager comme tel doit-il assumer ces
augmentations de tarif comme usager? Est-ce que c'est $0.45? Est-ce que c'est
$0.50? Est-ce que c'est $0.55? Je n'en ai à peu près aucune
idée.
On reconnaît tout de même qu'au niveau du transport de
l'automobile, II y a beaucoup de subventions indirectes. A un moment
donné, l'automobile ne fait pas ses frais. Toutes les taxes que
l'utilisateur d'un véhicule paie ne défraient certainement pas le
coût des infrastructures, le coût de l'exploitation, de l'entretien
et de la réparation de toutes les voies de circulation.
A ce moment-là, il y a tout de même des taxes qui
proviennent d'ailleurs et qui subventionnent directement l'automobile. Je pense
bien que c'est un peu cela aussi dans le transport en commun. La personne qui
ne peut pas avoir une automobile et qui doit prendre le transport en commun ne
doit pas absorber à elle seule également les frais du transport
en commun. Cela devient une question de mentalité.
M. Boutin: Voici ce que je voulais savoir. Est-ce que vous
vouliez penser à une stabilisation des tarifs sur une longue
échéance ou si c'est simplement à courte
échéance avec augmentation légère, suivant
l'augmentation du coût de la vie, peut-être d'une façon plus
réduite?
M. Mathieu: II pourrait y avoir une indexation à partir
d'une répartition qui serait étudiée, où on dirait
à un moment donné que le coût du transport en commun va
être subventionné, devra faire ses frais, supposons à 50%
de ses frais d'exploitation et que l'autre tranche de 50% devra être
défrayée en partie par le gouvernement et en partie par les
municipalités.
Quel serait donc le partage judicieux du paiement des frais des
commissions de transport? Je pense qu'on pourrait faire des études et en
venir à toutes sortes de pourcentages. A partir de là, il
pourrait y avoir une indexation qui s'appliquerait autant à l'usager
qu'aux subventions ou à autre chose.
M. Boutin: Est-ce que vous croyez à une meilleure
utilisation du territoire, en ce qui concerne justement les voies importantes
de circulation et peut-être, à long terme, même
décourager la circulation des véhicules automobiles dans
l'avenir, le plus possible, dans la nouvelle commission?
M. Mathieu: Ecoutez un peu. Je pense bien que, si on obtient une
qualité de services accrue, on va pouvoir, au moins, permettre à
certaines personnes qui, à l'heure actuelle, prennent l'autobus,
d'essayer le transport en commun et de regarder ce que cela peut donner. Dans
le contexte actuel, la personne qui voudrait faire un essai loyal du transport
en commun, je pense, dans la région de Québec, dans la situation
qu'on connaît, retournerait facilement, rapidement à son
automobile. Je pense que cela se comprend. On est tout de même bien
conscient de cette affaire.
Or, c'est une question d'investissements à la base pour donner
une qualité de services et ensuite d'attirer les gens vers l'autobus. Du
fait même, on va atteindre, à ce moment, moins de pollution. Il va
peut-être y avoir une condition de vie améliorée dans le
territoire. Il va y avoir moins de pression sur la circulation, donc plus de
possibilités d'aménagement du territoire pour faire des espaces
et libérer l'espace pour d'autres activités qui peuvent
être à l'avantage de tous les citoyens. Mais il reste que, je
crois, il y a tout de même une certaine saturation au niveau du transport
en commun et qu'au-delà d'un certain pourcentage,
difficile à établir à l'heure actuelle, il y aura
toujours des gens qui prendront toujours leur automobile et qui voudront
toujours prendre leur automobile, pour différentes raisons, pour des
choses essentielles à un moment donné.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez parlé de la
construction d'un métro comme étant la solution la plus
dispendieuse. Votre organisme a-t-il fait des analyses ou des études,
même sommaires, sur l'évaluation des coûts de construction
d'un seul métro?
M. Mathieu: Suivant les études qu'on a pu faire ou selon
les chiffres qu'on a pu...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez fait des
études?
M. Mathieu: On a pris de l'information sur, par exemple, les
coûts de construction. Présentement, il semblerait en
coûter, approximativement, $50 millions au mille pour construire un
métro.
Si on regarde les axes qui pourraient être desservis par un
métro à Québec, il y aurait dix milles, approximativement,
pour faire quelque chose qui aurait du bon sens. Ce serait des investissements
de l'ordre de $500 millions. Mais on sait qu'un métro est fait pour
transporter au-delà de 20,000 personnes à l'heure. Dans la
région de Québec, il faut tout de même être bien
conscient que nos municipalités de banlieue ne sont pas aussi populeuses
que dans d'autres secteurs et que la population ne serait pas assez nombreuse
pour justement justifier des investissements aussi
phénoménaux.
M. Bédard (Chicoutimi): J'aurais une demande à
faire au ministre des Affaires municipales. C'est que, dans le rapport annuel
1974/75 du ministère des Affaires municipales, il était
mentionné que le service des structures municipales avait
participé à diverses études régionales. Entre
autres, concernant la Communauté urbaine de Québec, le service
des structures municipales avait fait l'évaluation globale de la CUQ
depuis sa création. Je voudrais savoir du ministre pourquoi,
étant donné que nous étudions, à l'heure actuelle
la Communauté urbaine de Québec, nous n'avons pas en main cette
étude qui fait l'évaluation globale de la CUQ depuis sa
création? Il me semble que ceci constituerait un instrument important
pour l'ensemble des membres de la commission et, également,
peut-être pour ceux qui présentent des mémoires.
M. Goldbloom: M. le Président, ce n'est pas celui qui vous
parle qui a choisi la phraséologie précise qui a
été utilisée. C'est essentiellement une revue historique
et réelle, document de base, qui a permis de poursuivre un examen de la
communautés urbaine et des organismes connexes. Ce n'est pas une analyse
critique avec des orientations quant à ce qui doit être fait. Ces
orientations ont été davantage fournies par le comité
constitué par les conseils municipaux et par, évidemment, les
autres mémoires qui contribuent à nous aider à
déterminer une orientation de pensée.
Je vais revoir le document pour me rafraîchir la mémoire,
mais je suis convaincu de mémoire que c'est simplement une description
historique et réelle de ce qu'est la communauté urbaine depuis
son début.
M. Bédard (Chicoutimi): On peut compter que le ministre va
se rafraîchir la mémoire et s'il y avait quelque chose qui serait
de nature à aider les membres de la commission, on pourrait alors en
prendre connaissance.
M. Goldbloom: Oui, je n'ai pas d'objection. Ce à quoi j'ai
une objection, cependant, puisque j'ai la parole, c'est au manque de respect
pour la vérité qui a ses droits. Je suis obligé de
ramasser le député de Chicoutimi qui a fait allusion à
plusieurs reprises au discours inaugural. J'ai pris le discours, je l'ai relu
rapidement et le seul alinéa que je trouve là-dedans qui porte
sur le rapport Cas-tonguay, se lit comme suit; je cite: "Le gouvernement entend
inviter cette Assemblée à étudier le rapport du groupe de
travail sur l'urbanisation qui sera rendu public prochainement".
M. le Président, nous venons d'assister à un autre
épisode de la série de contes de fée intitulée:
Ti-Marc-André au pays des fantaisies.
M. Bédard (Chicoutimi): On voit que le ministre l'a
préparé. C'est pour cela qu'il était muet depuis un bon
bout de temps.
M. Bédard (Montmorency): II s'est informé avant de
parler.
M. Bédard (Chicoutimi): S'il n'y a que ce ramassage
à faire, ce n'est pas un gros ramassage.
Peut-être une dernière question au ministre, concernant la
recommandation 11 du rapport de la CTCUQ, où la CTCUQ demande d'obtenir
de la Commission des transports du Québec des permis pour effectuer des
voyages touristiques et à charte-partie. Je sais qu'on a l'occasion
souvent de demander l'opinion surtout du ministre des Transports concernant
cette demande qui est faite par la CTCUQ à l'article 11 de ses
recommandations. J'aimerais connaître l'opinion du ministre des Affaires
municipales sur cette demande qui me semble très justifiée.
M. Goldbloom: Voici, M. le Président, c'est une opinion
personnelle que je pourrai donner, parce que le gouvernement comme tel n'a pas
pris position là-dessus. Je n'ai pas consulté le ministre des
Transports pour avoir son avis sur cette question. Je voudrais dire, de
façon générale, que nous sommes bien conscients du fait
que la constitution des entreprises publiques dans le domaine du transport en
commun a très souvent, je dirai pres-
que toujours, été une réponse à une
situation où l'entreprise privée n'avait pas réussi
à faire ses frais. Là, le pouvoir public est intervenu au nom du
bien commun et a assumé la responsabilité de quelque chose qui
n'était pas rentable, qui dans bien des cas, n'avait pas
été bien entretenu quant à la qualité de
l'équipement, quant au renouvellement du parc autobus, et ainsi de
suite. Devant cette situation, il a été impossible pour
l'entreprise publique de devenir rentable. C'est une des considérations
fondamentales et générales du mémoire de M. Mathieu que
partout en Amérique du Nord, le problème existe: la
non-rentabilité. Je suis d'accord que l'on prenne des mesures, toutes
les mesures que nous pourrons inventer pour rentabiliser le transport en
commun. Il est certain que là où il y a des réseaux, des
circuits, peut-être spécialisés qui rapportent de l'argent,
il y a un problème pour la collectivité de voir les profits de
cette activité spécialisée s'en aller dans les poches de
l'entreprise privée. Entre-temps, la collectivité elle-même
est obligée de payer les frais et l'écart entre les revenus et
les dépenses du service public.
Il faut, cependant c'est une mise en garde que je crois
importante ne pas oublier que dans ce domaine de l'entreprise
privée, il y a quand même des gens qui ont investi, qui ont
essayé de fournir un service et de faire vivre leur famille de la
façon la plus honnête et raisonnable possible. Il me semble que
nous devons éviter...
M. Bédard (Chicoutimi): ...
M. Goldbloom: ...Moi, je n'ai cité personne, M. le
Président, mais je pense à de petites entreprises de transport
scolaire dans la région métropolitaine de Montréal et ce
que je veux dire c'est ceci: Si l'on veut se servir des circuits...
M. Bédard (Chicoutimi): ...transport scolaire, quand on
parle du chartepartie, on pense à Murray Hill, par exemple.
M. Goldbloom: D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais ce ne sont pas de petites
compagnies.
M. Goldbloom: Mais, M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce ne sont pas des petits
individus qui veulent faire vivre leur petite famille.
M. Goldbloom: M. le Président, le député de
Chicoutimi continue d'être désagréable inutilement.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous n'avez pas été
tellement agréable tantôt en me situant au pays des merveilles,
j'aurais pu vous situer au pays des traîneux, en termes de
législation, comme ministre et au pays des indécis.
M. Goldbloom: Bon, revenons aux choses sé- rieuses, M. le
Président. C'est vrai que, dans les domaines qui pourraient être
greffés au transport public, pour rendre celui-ci plus rentable, il y a
des grands et des petits. C'est clair et ce que je dis ce n'est pas que les
grands ne sont pas là, je dis qu'il y a des petits qui sont là
aussi et que, quand on pense aux petits, il ne faut pas faire à leur
endroit une expropriation déguisée, il ne faut pas leur faire
concurrence de façon à les faire disparaître sans
compensation. Alors, je suis nettement pour le principe de rentabiliser le
transport en commun, mais pas aux dépens de la petite entreprise que
l'on pourrait assez facilement faire disparaître par des mesures de
concurrence qui, dans ce contexte, seraient déloyales. C'est la
réflexion que je me permets devant cette suggestion et il me semble que,
si nous devons dépenser pour exproprier, la rentabilité ne sera
peut-être pas immédiate. Il faudrait, dans ce cas, un certain
temps additionnel pour rembourser les gens que l'on aurait expropriés.
Mais, sous cette réserve, je pense que nous devons travailler pour
rentabiliser le transport en commun et tenter, aussi longtemps que les seuls
circuits qui appartiendront à l'entreprise publique seront les circuits
assumés, parce que l'entreprise privée les avaient
abandonnés. A ce moment nous devrons chercher à faire mieux et je
trouve qu'il y a du bon sens dans la recommandation formulée par le
président de la CTCUQ.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ce que je voulais
savoir.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. M. Mathieu, dans
les recommandations que vous formulez à la page 17 de votre rapport,
vous recommandez que le législateur précise la notion de
municipalité desservie, en procédant à une revision de
l'annexe B de la loi. A la lueur de l'expérience que vous avez depuis
les quelques mois que vous assumez la présidence de la commission,
êtes-vous en mesure de faire vos commentaires quant aux
municipalités qui pourraient éventuellement être soit
incluses dans l'annexe ou encore qui pourraient être exclues?
M. Mathieu: Si on regarde les opérations de la Commission
de transport et en particulier en 1976, il ne reste, à toute fin
pratique, comme municipalités hors territoire, que Shannon,
Saint-Gabriel, Val-Bélair et Saint-Augustin. Quant aux autres
municipalités qui étaient auparavant hors territoire, il y a eu
des abandons de service sur trois parcours particuliers et le cas de
Saint-Michel-Archange, en particulier, vient d'être réglé
par l'annexion à Beauport. Quant aux municipalités qui demeurent
hors territoire, il ne reste que Shannon et Saint-Gabriel, c'est une situation
particulière. Nous nous rendons sur leur territoire pour desservir, en
particulier, la base Valcartier, par le parcours régulier 21 et aussi
par des contrats spéciaux que nous avons avec le CARDE et le DND.
II est définitif que les municipalités de Shannon et de
Saint-Gabriel, si on regarde la population autre que celle de la base de
Valcartier, ne sont pas desservies par la Commission de transport.
Qu'est-ce qui arrive? Nous devons tout de même nous en tenir
à une loi qui est là, qui fait que la notion de
municipalité desservie ne dit pas si c'est une municipalité
partiellement desservie, ne dit pas si c'est seulement avec un arrêt sur
le territoire ou autre chose comme cela.
Nous devons prendre les municipalités sur lesquelles la base de
Valcartier est située, prendre la population qui apparaît au
registre officiel et, à ce moment, répartir à même
ces municipalités un déficit comme nous le répartissons
à l'intérieur du territoire.
Nous ne pouvons pas scinder le déficit ou le surplus qui pourrait
exister pour un service particulier par rapport à un autre. Nous devons
prendre tout le réseau et, à ce moment, répartir le
déficit.
Il y a la municipalité de Val-Bélair qui est desservie
aussi par le parcours 21, qui fait partie du territoire de la Communauté
urbaine de Québec, mais qui ne fait pas partie du territoire de la
Commission de transport. Il reste que c'est une question pour le ministre des
Affaires municipales ou le ministère des Transports de juger si cette
municipalité doit faire partie du territoire de la Commission de
transport.
Nous n'avons pas d'objection à ce qu'elle fasse partie comme
telle du territoire de la Commission de transport. Il reste que cela demeure
une décision de la municipalité, parce qu'elle ne fait pas
actuellement partie de notre territoire. Il est sûr qu'elle paie une
tarification supérieure à celle du territoire, elle n'a pas droit
à la correspondance et, troisièmement, nous lui
répartissons un déficit de la même façon que nous le
faisons pour toutes les autres municipalités qui, elles, ont tout de
même une tarification beaucoup inférieure à la tarification
des municipalités hors territoire.
Il y a Saint-Augustin qui, comme tel, est desservi, dans le sens
où cela apparaît dans la loi, parce que nous allons au campus de
Cap-Rouge. Ceci découle du service des autobus Fournier qui, autrefois,
ne trouvaient pas d'endroit pour rebrousser chemin au bout de leur territoire
et pénétraient dans Saint-Augustin. Or, quant à
pénétrer dans Saint-Augustin, s'il y a des gens qui veulent
prendre l'autobus, aussi bien les prendre, mais lorsqu'on a été
pris à un certain moment pour appliquer la loi, on s'est aperçu
qu'on avait des arrêts dans Saint-Augustin et qu'on allait au campus de
Cap-Rouge qui, même de par son nom, est dans Saint-Augustin. Il fallait
donc aussi répartir le déficit à Saint-Augustin.
Nous avons aussi appris à un certain moment que
Saint-Michel-Archange était une municipalité comme telle,
desservie parce qu'il y avait des arrêts, et nous avons dû
répartir à Saint-Michel-Archange une partie du
déficit.
Il y a eu le problème de L'Ange-Gardien qui est survenu à
un certain moment parce que nous y allions. Après Stoneham, il y a
Saint-Adolphe, dont le territoire appartenait, d'après la loi, à
L'Ange-Gardien. Etant donné qu'on allait à Saint-Adolphe, on a
dû exiger sa quote-part du déficit à l'Ange-Gardien qui,
pratiquement, ne voyait pas nos autobus. Il y a réellement une distance
de dix à onze milles en territoire de Saint-Adolphe.
Ce sont tout de même des problèmes qui ont
découlé d'une loi que nous avons dû appliquer, mais je
pense bien que le fait d'exclure les municipalités qui paient
déjà des tarifications supérieures à celle du
territoire, qui n'ont pas les mêmes avantages de correspondance au
territoire et aussi à qui nous pouvons, devant la Commission de
transport, advenant le cas où ces parcours peuvent être
déficitaires, aller demander une augmentation de la tarification, nous
justifie mal d'aller leur répartir en plus un déficit du
territoire, le déficit, en fait, global de la Commission de
transport.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Taschereau.
M. Bonnier: Merci. J'avais seulement une remarque et une
question. Ma remarque a trait à la recommandation que vous faites que le
président-directeur général soit également
président du conseil d'administration.
Je pense qu'il est avantageux, dans les entreprises, sans avoir une
administration bicéphale, d'avoir quand même une espèce de
contrôle de la part du conseil d'administration sur l'exécutif et
on a vu certaines faillites retentissantes où le président et le
directeur général étaient la même personne. Des
études ont prouvé, et des études de cas, que
c'était peut-être avantageux de scinder ces deux fonctions. Je me
pose donc un point d'interrogation sur cette recommandation, mais je ne veux
pas nécessairement la discuter parce que peut-être que vous
pourriez aussi avoir raison pour d'autres sortes de motifs, mais je pense qu'il
y aurait lieu pour nous d'y réfléchir.
Ma question principale est celle-ci. J'aimerais, M. Mathieu, vous nous
l'avez exposée un peu, que vous nous donniez une idée de votre
philosophie d'approche par rapport aux responsabilités du transport en
commun? Vous venez de répondre au député de Portneuf:
C'est difficile d'exiger d'une municipalité sa part réelle du
déficit. On est obligé de le répartir. Cela veut donc dire
que le transport en commun est une responsabilité plus que
communautaire. C'est une responsabilité publique, dans certains cas,
puisque vous répartissez de cette façon les déficits
d'opération. Jusqu'où iriez-vous dans cette notion de
responsabilité publique? Par exemple, vous nous dites que, pour bien
fonctionner à Québec, il faudrait faire un investissement, au
niveau du nombre de véhicules, à peu près du double de ce
qui existe à l'heure actuelle. Cela représenterait quoi comme
investissement? Et cela voudrait dire quoi comme responsabilité et au
niveau de la CTCUQ et au niveau du gouvernement? Quelle est votre approche
réelle comme philosophie d'approche par rapport au transport en
commun?
M. Mathieu: C'est peut-être la question de la
rentabilité économique au niveau régional. Il semblerait
qu'on se pose, à l'heure actuelle, des questions sur la façon
dont on favorise, si vous voulez, l'automobiliste par rapport à celui
qui utilise l'autobus. On sait aussi les contraintes qui sont faites au niveau
de l'environnement, au niveau des coûts qui s'en viennent de plus en plus
importants pour posséder une automobile et aussi des investissements
qu'on a faits depuis les dix dernières années au niveau de
l'infrastructure routière qui était, dans le fond, pour essayer
de décongestionner un centre-ville qui semblait s'engorger de plus en
plus. On a fait des réseaux assez intéressants dans la
région de Québec, mais on s'aperçoit que la
décongestion du centre-ville ne s'est pas faite et je pense que c'est le
même résultat à Montréal. Il reste qu'on se demande
si le transport en commun ne pourrait pas être, justement, cet outil.
Cela devient un outil, dans le fond, dans la main des gens pour essayer de
régler un problème soit de congestion, soit de pollution, soit de
diminution des investissements dans les infrastructures qui sont
peut-être beaucoup plus dispendieuses que des investissements qui
pourraient être faits au niveau de l'équipement des commissions de
transport pour répondre à une clientèle, donner une
qualité de services accrue. Si on se pose cette question, il reste que
moi, en tant que président de la Commission de transport de
Québec, je crois, en partie, que la Commission de transport peut
répondre à cette question qu'on se pose, mais on ne peut pas
répondre à tout parce qu'il restera toujours une certaine
saturation de l'utilisation du transport en commun et on ne peut pas obliger
une personne à monter dans l'autobus.
Ce sera par la qualité des services, ce sera par de bons
véhicules, des véhicules propres, des véhicules qui sont
confortables, par des fréquences qui pourront être maintenues sur
le territoire, ce sera par des fréquences qui vont permettre d'utiliser
le transport en commun, peut-être avec plus d'accessibilité
c'est-à-dire qu'il ne faudra peut-être pas attendre tous les
quinze minutes. S'il passe un autobus toutes les cinq minutes, peut-être
qu'il y a plus de gens qui le prendront, parce qu'ils n'ont pas de temps
d'attente et ces choses. C'est ce qui fait que si on prend cette approche,
ça va demander des investissements assez importants au niveau des
Commissions de transport. Par la politique du ministère des Transports,
qui est maintenant de subventionner entre 45% et 50% des frais d'exploitation
des Commissions de transport, et aussi du service de la dette qui peut
découler des investissements qui peuvent être faits, je pense
qu'on voit tout de même un peu l'engagement financier du gouvernement
là-dedans.
M. Bonnier: Comme investissement additionnel de véhicules,
ça pourrait être quoi?
M. Mathieu: Nous croyons que...
M. Bonnier: Avez-vous un ordre de grandeur?
M. Mathieu: ... avant d'avoir complété nos
études, il faudrait savoir quel devrait être le mode de transport
de demain pour la région de Québec, c'est-à-dire qu'on
pourra au moins le cerner d'ici les deux ou trois prochaines années, et
quelle serait l'orientation du transport en commun dans la région. Il
reste que l'autobus demeure toujours, même malgré une autre
orientation ou un autre mode de transport, un des outils les plus flexibles en
transport en commun. Je pense que ça se comprend, il n'y a pas de
contrainte à l'autobus, il peut prendre n'importe quel chemin. Il reste
que, pour régler les problèmes immédiats de transport en
commun, on devrait avoir entre 300 et 350 véhicules, c'est-à-dire
une addition entre 50 et 100 véhicules. Est-ce qu'on va le faire
graduellement, d'année en année, pour essayer de planifier les
investissements ou faire l'investissement immédiatement? Cela ne demeure
pas seulement une décision de la Commission de transport, parce que je
pense que cette décision doit être ratifiée par les
maires.
Dans le moment, si on fait un règlement d'emprunt pour acheter
100 véhicules, les maires sont bien conscients que ça prend
ça pour donner une bonne qualité de services, on va
procéder à l'achat. Par contre, s'ils ne sont pas encore
convaincus qu'on devrait faire un tel investissement avant que des orientations
peut-être plus définitives soient prises au niveau du transport en
commun, il faudra accepter les contraintes actuelles et aussi accepter que
l'usager se plaigne d'une mauvaise qualité de service. C'est une
question de décision et aussi une question de s'expliquer, une question
de collaboration entre la Commission de transport, les municipalités et
les paliers de gouvernement. Je pense que si on est capable de s'asseoir et
capable de se parler, les problèmes vont se régler. Quelle que
soit la façon de structurer tout ça, dans le fond, si les gens
s'entêtent de part et d'autre dans leur décision, on n'arrivera
pas plus au bout de cinq ans, au bout de dix ans, à régler les
problèmes. Les problèmes vont toujours être là,
parce que les gens s'entêteront toujours dans leur solution.
C'est une solution globale qu'il faut regarder. C'est par la
collaboration et le dialogue qu'on va y parvenir.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'aimerais dire au ministre tout
de suite que j'ai bien noté les propos qu'il a tenus tout à
l'heure au niveau des petites entreprises. J'aimerais lui dire que j'ai bien
l'intention de le citer textuellement à au moins trois de ses
collègues.
M. le Président, cela dit, j'aimerais quand même demander
au directeur général de la communauté urbaine, lorsqu'il
dit qu'il faudrait actuellement 100 véhicules nouveaux pour être
en mesure d'assumer au complet le service de transport de la région
urbaine de Québec...
Lorsque mon collègue de Chicoutimi réclamait tout à
l'heure que des permis de charte-partie soient accordés et que vous en
ayez l'exclusivité,
est-ce que vous pourriez faire tout cela avec le même nombre de
véhicules, ou si vous devriez en ajouter?
M. Mathieu: Je pense qu'on pourrait peut-être apporter
certains commentaires à la recommandation que je faisais. Il s'agit de
permettre à la Commission de transport de demander des permis pour
faire, soit des chartes-parties ou du transport touristique, en autant qu'elle
peut le faire et en autant qu'elle peut être concurrentielle par rapport
aux autres transporteurs. Ce n'est pas une question d'exclusivité.
Mais à l'heure actuelle, si on avait des véhicules
on est pris, dans le fond, on n'a peut-être pas les véhicules,
parce qu'on ne peut pas le faire et si on avait la pertinence ou la
possibilité de le faire, on pourrait au moins s'adresser... et
peut-être obtenir un permis, comme tout autre transporteur le fait.
Actuellement, nous ne pouvons pas obtenir, d'après la
législation actuelle, de nouveaux permis, sauf ceux qu'on a par rapport
aux entreprises. Mais il y a des problèmes. La région de
Québec a été consacrée comme territoire commun au
niveau du transport interrurbain et nous ne pouvons pas, à partir du
territoire commun, effectuer des voyages à l'extérieur. C'est
suivant des permis qu'on détient de l'extérieur que nous
pourrions aller à l'extérieur.
Nous n'avons pas actuellement les véhicules et nous ne
prévoyons non plus les avoir dans l'immédiat, demain matin ou
dans un an. Il y a un problème à régler sur le territoire,
tout d'abord. Nous allons régler ce problème.
Mais il reste que si on a une possibilité de faire quelque chose,
qu'on nous donne donc la chance, comme tout autre transporteur, de le faire
dans le moment. Après, on pourra voir s'il y a une intégration
possible.
M. Roy: En somme, vous ne réclamez pas
l'exclusivité?
M. Mathieu: On demande la permission.
M. Roy: Quand on parle d'exclusivité, M. le
Président, j'aimerais quand même dire que je suis totalement
contre les monopoles, que ce soient des monopoles au niveau des entreprises
publiques comme des entreprises privées.
Demander le droit de pouvoir en faire, c'est une chose. Demander
l'exclusivité.c'en est une autre. Je vous remercie.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Charlesbourg.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur ce point, avec votre
permission, c'est tout simplement pour rappeler une demande qui avait
été faite par la CTCUM...
M. Page: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
M. Bédard (Chicoutimi): ... pour avoir
l'exclusivité...
M. Page: A l'ordre!
M. Bédard (Chicoutimi): ... du transport entre
Montréal et Mirabel. Une exclusivité dans tous les domaines, je
suis contre, moi aussi.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Charlesbourg.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, lorsque vous
parlez d'une possibilité de créer un conseil d'administration,
est-ce en même temps que vous insistez sur le fait que votre compagnie,
que l'on appelle normalement une compagnie autonome cette fois-ci
intégrée pour les circonstances devrait dépendre de
la régie des transports du Québec, en ce qui concerne
particulièrement les taux à imposer sur l'achat de billets?
Est-ce à dire également que vous reconnaissez, tacitement,
qu'elle doit être assujettie comme les taxis ou d'autres organismes
relevant de la régie des transports du Québec à l'audition
précédant l'augmentation desdits tarifs en faisant preuve des
besoins réels et en faisant preuve surtout de la qualité des
services à améliorer? Soit dit en passant, avant que vous ne me
répondiez, j'apprécie beaucoup le fait que vous ayez souventefois
mentionné que, quels que soient les services qu'une municipalité
ou l'ensemble de municipalités assurent à la population, on ne
peut jamais parler d'autofinancement. On peut parler de qualité. On peut
parler de l'améliorer. On vise évidemment à
atténuer le plus possible les déficits, mais, en principe, il
s'agit, pour une population, de prendre conscience que ceux qui n'ont pas
"fortunément" la possibilité d'avoir leur propre automobile ou
peut-être, dans le contexte du Québec métropolitain,
où cela se prête mieux, particulièrement ici, à une
voie d'amélioration de la qualité du service de transport en
commun, à cause de l'embouteillage aux heures de pointe... Ma question
est donc, et j'y reviens, en deux volets: Doit-on considérer que votre
proposition concernant le bureau de direction relève à la fois
d'une régie des transports et est-ce que cela pourrait être
assujetti à un genre de bureau de surveillance pour l'augmentation des
taux et est-ce que cela pourrait avoir des influences quant aux dépenses
immobilières?
M. Mathieu: Je pense bien que, si on considère le
problème du taxi qui doit aller à la Commission des transports
pour obtenir une augmentation de ses tarifs, c'est parce que sa
rentabilité est mise en cause, c'est-à-dire qu'il ne fait plus de
profits. L'entreprise privée se doit de faire des profits pour demeurer
en vie. Il n'est pas question de dire que les commissions de transport font des
profits. Cela devient...
M. Harvey (Charlesbourg): L'exemple de l'Hydro-Québec qui,
par exemple, a besoin de vendre son électricité, mais aussi de
prévoir des réinvestissements en regard des projets futurs,
s'applique également dans le cas d'une entreprise telle que la
vôtre.
M. Mathieu: Cela se pourrait, enfin, qu'on soit obligé
d'aller devant la régie pour obtenir une augmentation de tarif. Encore
là, qui va nous obliger à aller devant la régie pour une
augmentation de tarif? On n'a pas, à l'heure actuelle, de norme qui nous
dit qu'on devrait faire payer à l'usager $0.75. Qui va déterminer
ces normes? A partir de là, on ne va devant aucun organisme. Il faut
décider de notre tarification. A la Commission de transport,pour le
territoire, on décide de notre tarification. A ce moment, si un usager
croit ou quelqu'un croit qu'il est lésé par la décision de
notre tarification, il peut tout de même aller à la Commission des
transports et faire des représentations.
M. Harvey (Charlesbourg): Je prends comme exemple une ligne de
démarcation qui avait été tracée chez nous entre
Notre-Dame-des-Laurentides et la région des cantons unis, de Sto-neham
et Tewkesbury, alors qu'à un coin de rue, le tarif pouvait varier d'au
delà de 50%. Par exemple, quelqu'un qui prenait, à l'arrêt
au lac Clément, l'autobus pour se rendre à Sainte-Foy, payait,
à titre d'exemple, $0.35 et celui qui demeure dans les limites ou
à l'intérieur des limites de la municipalité, je devrais
parler au passé, demeurait dans ces limites, devait payer $0.75, ce qui
est 100% d'augmentation.
M. Mathieu: Justement, je pense que c'est de là aussi
qu'ont découlé les problèmes de répartition des
commissions de transports. C'est qu'au moment où, en plus de payer
$0.75, on leur a réparti un déficit, on créait un
problème d'équité, parce que déjà, ils
payaient une tarification supérieure à celle du territoire.
M. Harvey (Charlesbourg): Dans les réformes que vous
proposez, je sais qu'à l'heure actuelle, on attend un jugement pour les
municipalités hors-normes qui ont été imposées
aussi quant au déficit à payer. Je pense que vous allez convenir
avec moi que ce n'est peut-être pas le temps aujourd'hui de demander au
juge, comme député, quelle orientation cela va prendre. Ce n'est
pas le temps de parler au juge en ce moment. De toute façon,
d'après vous et en regard de la proposition que vous faites, est-ce que,
lorsque vous parlez à la page 18, en excluant ensuite les
municipalités hors-territoire restantes, quelle est l'ouverture que vous
conservez pour assurer éventuellement le service aux gens situés
dans ce qu'on appelle le hors-territoire?
M. Mathieu: Présentement, les municipalités de
Shannon et de Saint-Gabriel se sont adressées à la Commission des
transports, si on prend leurs cas particuliers, pour demander un abandon de
service. Or, la Commission des transports, qui est l'organisme, non pas la
commission de transport, mais la Commission des transports provinciale, a dit
qu'elle n'était pas habilitée à recevoir la demande
d'abandon. Elles se sont adressées à nous autres à ce
moment pour demander l'abandon de service. Je ne crois pas que ce soit par
l'abandon de service qu'on va régler le problème des
municipalités hors-territoire. C'est la question
d'équitabilité, c'est de dire: Est-ce qu'on leur charge un tarif
supérieur et, en plus de cela, on leur envoie un déficit? Ou on
charge un tarif qui paie les frais du service hors-territoire et, après
cela, on ne leur envoie pas de déficit, parce qu'il est sûr que,
si elles paient $1, et, en plus de cela, on leur répartit un
déficit sur la même base que tous les autres, il y a là un
préjudice. Cela ne marche pas.
M. Harvey (Charlesbourg): Maintenant, M. le Président, le
même schème de pensée doit aussi s'appliquer dans le cas,
non pas de Notre-Dame-des-Laurentides, mais de Stoneham et Tewkesbury alors
que, d'après moi, selon la population qui ressemble peut-être
étrangement à une autre population de la Côté de
Beaupré, la mobilité des gens demeurant à Stoneham est
beaucoup plus grande qu'elle l'est dans une certaine municipalité non
identifiée de la Côté de Beaupré située
à l'extrême limite de la ville de Beauport, alors que ces gens
paient le même tarif que les gens de Giffard tandis qu'en revanche, pour
un millage peut-être de 50% moindre, à Stoneham, il y a une
implication qui a créé le problème qu'on a connu.
M. Mathieu: Oui, mais il reste que cette municipalité de
la Côté de Beaupré que vous ne voulez pas nommer paie un
déficit sur le territoire. Normalement, on a des frais, c'est
déficitaire à $0.35 à partir de là pour s'en venir
vers n'importe quel point du territoire; mais, en toute équité,
il y a au moins une répartition de déficit. Ce qui devient
injuste dans les municipalités qui paient des tarifs supérieurs,
c'est qu'on leur répartit en plus un déficit. C'est là que
cela devient injuste. Ce n'est pas le fait d'être à Stoneham ou
d'être à cette municipalité particulièrement. C'est
le fait de dire qu'elles ont une tarification supérieure et, en plus de
cela, elles ont un déficit sur la même base que les autres qui ont
une tarification inférieure et des privilèges que les autres
n'ont pas. Elles ont le droit à la correspondance et ces
choses-là.
M. Harvey (Charlesbourg): C'est précisément
là-dessus qu'on attend paisiblement le jugement.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Merci bien, M. Mathieu.
Le ministre des Affaires municipales.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais tout simplement
remercier M. Mathieu et le féliciter pour son mémoire de grand
intérêt et qui a suscité une grande discussion fort valable
à mon sens. Je pense que nous avons pu éclairer notre lanterne
respective par cette discussion et mieux comprendre les problèmes
terriblement réels de la Commission de transport de la CUQ. Je voudrais,
M. le Président, vous suggérer que la commission ajourne ses
travaux en attendant un ordre de la Chambre, et cela pour la raison suivante.
Je serai personnellement dans l'impossibilité d'être ici cet
après-midi, le Conseil du trésor ayant
décidé de siéger de façon exceptionnelle cet
après-midi. Je pourrais être disponible ce soir si cela convient
aux autres membres de la commission parlementaire et aux deux groupes ou
personnes qui doivent présenter des mémoires. Je laisse cela
entre vos mains, M. le Président. Si vous vous informez auprès
des deux personnes qui doivent présenter des mémoires et aussi
auprès des membres de la Commission, je serais disposé, pour ma
part, si la Chambre y est consentante, à revenir ce soir.
Le Président (M. Houde, Limoilou): M. Ca- nonne, est-ce
que vous êtes disponible pour ce soir?
M. Canonne: A quelle heure, M. le Président?
Le Président (M. Houde, Limoilou): Evidemment, ce sera
vers 20 heures ou 20 h 15.
M. Canonne: Nous sommes aux ordres de la commission.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Et M. Trot-tier?
M. Trottier (Armand): Personnellement, également.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, si vous
permettez. Dans le cas qui nous préoccupe, le mémoire qui a
été présenté aujourd'hui, par le président
M. Mathieu, diffère largement des autres. Je pense que c'est une
question d'opinion de chaque personne, mais mon intervention n'est pas
là. C'est à l'effet que les deux mémoires qui doivent
suivre ont déjà été présentés au mois
de novembre dernier. Alors, je pense que dans chacun des cas, il ne s'agira que
pour nous, étant éclairés par la lecture et la
compréhension du mémoire qui a déjà
été discuté ici, peut-être de poser des questions.
Je pense que cela sera assez rapide et si on pouvait disposer,
peut-être... J'ai l'impression que d'ici une demi-heure, on pourrait en
disposer.
M. Bédard (Chicoutimi): Ils n'ont pas été
lus.
M. Roy: Les mémoires n'ont pas été lus
devant la commission. Il serait bien important que ces mémoires
soient...
M. Harvey (Charlesbourg): Ils ont été
déposés au mois de novembre.
M. Roy: Ils ont été déposés. Je suis
d'accord.
M. Harvey (Charlesbourg): J'espère que vous les avez
lus.
Le Président (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! Vous...
M. Roy: M. le Président, il ne s'agit pas de savoir...
Le Président (M. Houde, Limoilou): ...parlez deux en
même temps.
M. Roy: ...si nous les avons lus ou non. La question n'est pas
là. Lorsqu'un organisme vient déposer un mémoire devant
une commission parlementaire, il est de tradition qu'on lui permette de faire
lecture de son mémoire, que son mémoire soit consigné au
journal des Débats et que, par la suite, il y ait une période de
questions qui suive.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Je suis parfaitement
d'accord.
M. Roy: Alors, je demande que ce soit la même
procédure tout simplement qui soit adoptée.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Je voudrais également
féliciter M. Mathieu, le remercier de sa présence ce matin, et le
féliciter pour sa coopération. Je suis convaincu que la
manière très ouverte avec laquelle il a répondu à
toutes nos questions était de nature à aider tous les membres de
la commission.
Le Président (M. Houde, Limoilou): La commission ajourne
ses travaux sine die suivant l'ordre de la Chambre pour siéger ce
soir.
(Fin de la séance à 13 h 9)
Reprise de la séance à 20 h 26
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente des
affaires municipales): A l'ordre, messieurs!
Etant donné que c'est une nouvelle séance, les membres de
la commission sont les mêmes que ce matin.
J'invite immédiatement le ou les représentants du Front
régional d'action civique. Auriez-vous l'amabilité de vous
présenter et de présenter ceux qui vous accompagnent, s'il vous
plaît? André, à l'ordre!
Front régional d'action civique
M. Canonne (Jean): M. le Président, vous avez devant vous,
à ma gauche, M. Edouard Atkins, qui est président du Front
régional d'action civique, à ma droite, M. Gaétan Bureau,
qui est secrétaire du même Front régional d'action civique,
et j'en suis, pour le moment, le porte-parole, membre du même Front
régional d'action civique. Mon nom est Canonne.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Présentez votre
mémoire.
M. Canonne: M. le Président, messieurs les membres de la
commission, il est peut-être intéressant d'exposer au début
de notre présentation que ce mémoire est l'oeuvre du
comité de rédaction du Front régional d'action civique qui
est lui-même le rassemblement des ligues de propriétaires et de
comités de citoyens du Québec métropolitain. Le
mémoire qui est devant vous a été l'oeuvre d'amateurs. Il
a été fait sans aucune subvention et sans aucun autre
dévouement que celui des membres qui sont devant vous et d'autres qui
ont participé à la rédaction. Le Front régional
d'action civique est né il y a environ deux ans à l'occasion
d'une lutte populaire organisée pour obtenir le rappel de la loi du 23
décembre 1969 qui créait la Communauté urbaine de
Québec. C'est la Ligue des propriétaires de Vanier qui partit le
bal dans le courant de 1974 en protestant contre les coûts de
fonctionnement sans cesse croissants de la Communauté urbaine de
Québec.
Cette Ligue des propriétaires de Vanier alerta les autres
organismes du même ordre de la région de Québec et vous
trouverez à la page 1 la liste des organismes qui se sont joints
à cette action. Ajoutons que, depuis lors, nous avons
dénombré dans le Québec métropolitain 17
comités de citoyens ou ligues de propriétaires ayant des buts
analogues.
La manifestation principale fut une réunion qui se tint le 14
janvier 1975, à Courville, organisée par la Ligue des
propriétaires de Courville. Au cours de cette assemblée de 300
personnes, qui réunissait des membres de tous les comités de
citoyens et ligues de propriétaires que j'ai cités tout à
l'heure, trois résolutions furent adoptées.
La première résolution proposait de réduire la
Communauté urbaine de Québec et ses organis- mes assimilés
à une simple coopérative de services, gérée par une
délégation des conseils municipaux et corps intermédiaires
des municipalités intéressées à profiter, en bloc
ou en détail, des services de ladite coopérative.
Cela voudrait dire que, pour les participants à cette
assemblée et pour ceux qui ont adopté cette motion, les domaines
auxquels devait se réserver la Communauté urbaine de
Québec étaient le fonctionnement de l'incinérateur
régional, le service de transport en commun et, ultérieurement,
le Bureau d'assainissement des eaux du Québec métropolitain.
Les membres de cette assemblée faisaient une distinction
fondamentale entre les services que doit rendre la Communauté urbaine de
Québec, les uns étant les services matériels que nous
reconnaissons être de son ressort, et nous les avons cités tout
à l'heure: le transport en commun, l'incinérateur,
l'assainissement des eaux, mais les autres, que nous avons appelés
services de gouvernement, devant leur échapper, parce qu'il s'agissait,
en fait, d'un palier de gouvernement supplémentaire et nous trouvons, en
tant que simples citoyens, qu'il y en a déjà assez comme
cela.
La troisième résolution demandait que, dans toutes les
municipalités du territoire de la Communauté urbaine de
Québec, soit tenu un référendum populaire sur le maintien
ou la suppression de la Communauté urbaine et de la Commission de
transport en tant que telles.
A cette position de cette assemblée de citoyens, il y avait un
fondement qui était le suivant: Ces citoyens estimaient que des conseils
municipaux avaient été élus précédemment
à la création de la Communauté urbaine de Québec;
que chacun de ces conseils municipaux disposait, étant élu, de
pouvoirs d'un territoire déterminé, et qu'il n'appartenait pas,
selon l'assemblée en question, au Parlement de priver, en cours de
mandat, un certain nombre de conseils municipaux des pouvoirs qu'ils tenaient
de par la volonté de la loi, et aussi de la volonté de leurs
électeurs, et que, de notre point de vue, on aurait pu créer la
Communauté urbaine non pas du consentement des conseils municipaux
éventuellement et nous verrons tout à l'heure qu'ils s'y
sont tous opposés mais du consentement des citoyens
eux-mêmes.
Enfin, la deuxième résolution, qui fut adoptée ce
jour-là, appelait la formation d'un comité d'action civique ayant
pour objet la défense des libertés individuelles des citoyens
à travers la sauvegarde des droits municipaux. C'est ce qui a
été fait par le Front régional d'action civique, qu'on
pourrait aussi appeler d'une autre manière: le Rassemblement des
citoyens du Québec métropolitain.
La position du Front régional d'action civique, concernant la
fondation de la Communauté urbaine de Québec, est exposée
aux pages 5, 6 et 7 de notre mémoire dont nous désirons tout
simplement souligner quelques passages, en particulier que le premier devoir
des conseils municipaux est d'administrer de manière économique
et efficace. Autrement dit, le coût des services nécessai-
res mais non simplement utiles doit être supportable pour les
contribuables. Les propriétaires, aujourd'hui, estiment que ce
coût n'est plus supportable.
La commission sait certainement qu'aujourd'hui, les taxes municipales,
dans presque toutes les municipalités de ce Québec
métropolitain représentent plus de 50% du revenu net des
propriétés. Nous trouvons que cela commence à devenir
très difficile à supporter.
La commission sait certainement aussi qu'à Sainte-Foy, on vient
d'adopter un rôle municipal pour lequel l'augmentation de valeurs et, par
conséquent, de taxes, que supportent les propriétaires de maisons
unifamiliales, a augmenté de 68% en moyenne, alors que l'augmentation
supportée par les édifices à logements j'entends 6,
8, 10, 12, 15, 20, 30 logementsest de l'ordre de 15%.
Il y a là une situation de fait qui est préjudiciable aux
propriétaires de maisons unifamiliales, mais qui l'est tout autant aux
propriétaires de multilogements. Aujourd'hui, avec, d'une part, la
pression des lois fiscales et, d'autre part, de la Régie des loyers, les
propriétaires ne sont plus capables de retirer de leurs logements des
rendements suffisants qui remettent ces propriétés
multifamiliales au niveau de la valeur des propriétés
monorésidentielles.
Un seul exemple, une propriété de 20 logements qui se
vendait $200 000 en 1971 se vend encore aujourd'hui $200 000 et quelquefois
moins. Cela vous donne juste l'indice des pertes de valeurs, d'où
l'écrasement du petit propriétaire de la maison unifamiliale,
puisque c'est sur sa maison qui, elle, a augmenté de valeur, que repose
aujourd'hui l'essentiel de l'augmentation des taxes.
Selon nous, les mobiles de la création de la Communauté
urbaine doivent aussi être examinés et, s'il est certain que
créer la Communauté urbaine, c'était donner à la
ville de Québec qui est trop petite elle n'a que 9 milles
carrés, alors que la majorité des grandes villes canadiennes en
ont 30 à 40 milles une sorte de préterritoire plus
important, mais c'était aussi, par voie de conséquence, diminuer
les pouvoirs des petites municipalités qui sont, elles, jalouses de leur
indépendance, comme le sont en général les citoyens de ces
petites municipalités.
Quant aux pouvoirs, je crois que ce n'est un secret pour personne que
lorsqu'on a créé la Communauté urbaine, contre l'avis de
21 des 23 maires qui composaient le territoire de la Communauté urbaine,
ceux qui ont conçu et voulu la Communauté urbaine avaient comme
intention de ne laisser aux municipalités que la collecte des taxes et
des ordures. C'était à cela que les municipalités devaient
se trouver réduites, si on avait mis en branle tout l'appareil
prévu à l'occasion de la création de la Communauté
urbaine et les extensions qui sont mêmes prévues dans la loi de
création de la Communauté urbaine.
Aujourd'hui, cette Communauté urbaine a quatre services dont nous
allons examiner dans un instant les performances. Ces services sont,
nommément: la promotion touristique, la promotion industrielle, le
traitement des données et l'évaluation foncière. Sont
venus s'y ajouter, de manière directe, l'incinérateur
régional et, de manière indirecte, la Commission de transport. Il
resterait encore à régler le problème du BAEQM, mais, avec
les $50 millions à $60 millions de dettes ou d'investissements de cet
organisme, il n'y a personne qui est prêt à l'acheter demain
matin.
Quand on parle des performances de la Communauté urbaine,
permettez-moi de parler, en premier lieu, de l'évaluation
foncière qui a été le grand dessein de la création
de la Communauté urbaine. Je pense qu'on a voulu d'abord créer la
Communauté urbaine de manière à avoir un service
d'évaluation intégré pour l'ensemble du territoire de la
Communauté urbaine.
S'il est certain que c'est plus pratique de savoir que la valeur des
immeubles est calculée de la même manière, aujourd'hui,
à Sillery, à Courville ou à Charlesbourg qu'à
Sainte-Foy, il est certain que c'est une amélioration et que les valeurs
auxquelles on arrive et qui sont beaucoup plus unies sont une
amélioration avec le système antérieur où tout le
monde savait que, à Sillery, on était à 62% de la valeur
marchande, alors que, dans certaines municipalités, on était
pratiquement à 100% et quelquefois même un peu au-delà de
100%. Savoir qu'on évalue les immeubles de la même manière
à Sillery qu'à Courville, par exemple, c'est certainement une
satisfaction pour l'esprit.
Mais, au point de vue pratique, ce n'est absolument pas une
satisfaction, parce que l'impôt foncier est un impôt de
répartition et que ce qui compte, c'est qu'un immeuble soit bien
traité quant à la masse imposable qu'il représente,
comparativement à un autre; que l'on évalue un immeuble $3000,
$30 000, $300 000, du moment que le voisin, valeur pour valeur, est
évalué de la même façon, cela ne changera rien
à rien, puisqu'il s'agit de répartir une masse d'impôt par
rapport à une masse imposable. Si les masses sont bien calculées,
il n'y aura aucune espèce d'injustice. C'était donc le voeu, et
cela aurait été très bien si on avait tenu, si vous me
permettez le terme technique, un rôle ouvert, autrement dit, si la
Communauté urbaine de Québec avait pu chaque année,
réévaluer les propriétés de chaque ville de
l'agglomération québécoise. Or, jusqu'à la loi 254
que vous venez d'adopter, il n'en était pas ainsi. Pour vous donner
l'exemple d'une ville que je connais bien, puisque c'est ma ville, Sillery, on
a évalué les propriétés, on les a
réévaluées en 1972 ou 1973, si mes souvenirs sont exacts.
Depuis 1972 ou 1973, jusqu'au rôle de cette année, on n'a pas
changé d'un cent la valeur des propriétés qui ont
été évaluées à cette date. Alors, qu'on ne
vienne plus nous parler de valeur marchande, parce que la valeur marchande de
$45 000 d'une propriété X en 1972, cela n'est pas $45 000
aujourd'hui, c'est $60 000, $62 000 ou $65 000. Le beau portrait idéal
qu'on avait voulu dresser n'existe plus par le fait même. La loi 254 que
vous avez adoptée à la fin de l'année dernière y
met bon ordre, parce qu'elle impose à la Communauté ur-
baine de Québec comme aux autres estimateurs municipaux des
autres municipalités de réévaluer à chaque
année les propriétés de manière à tenir
compte des hausses du coût de la vie. Donc là, l'erreur que nous
dénoncions le 25 novembre est corrigée par la loi 254.
Une autre ambition du service nouveau de l'évaluation
foncière a été de corriger les erreurs. Il est vrai que
dans le territoire de la Communauté urbaine de Québec, il y avait
des rôles qui étaient plus ou moins bien faits. Il est vrai qu'il
y avait des "tax map" qui étaient faits pratiquement sur du papier Kraft
et que ce n'était plus admissible, mais à mon sens, on n'avait
pas besoin d'un service d'évaluation intégré pour mettre
fin à des injustices de ce genre. La loi pouvait y prévoir.
Le troisième élément intéressant en
matière d'évaluation foncière, c'est la procédure
de contestation qui va devant le bureau de révision de
l'évaluation foncière. Certainement, le bureau fait de
très gros efforts, mais il est certain aussi que la procédure qui
s'y déroule est plus lourde, plus administrative, plus gênante
pour le contribuable que ne l'était l'ancienne procédure devant
les bureaux locaux de révision.
D'autre part, à notre point de vue, aussi longtemps qu'on n'aura
pas remis dans la Loi de l'évaluation foncière le mot de valeur
marchande au lieu du mot de valeur réelle qu'on y a réintroduit,
on ne sera pas arrivé à ce qu'on cherche, c'est-à-dire
à l'égalité, parce que la valeur marchande, tous les
estimateurs peuvent vous la définir exactement, mais la valeur
réelle, il n'y a jamais personne qui l'ait rencontrée nulle part,
et qu'elle permet dans certains cas de faire des estimations qui n'ont avec la
valeur marchande que des rapports très lointains.
Enfin, à la Communauté urbaine de Québec, on a fait
un usage très massif de l'ordinateur et cet usage massif de l'ordinateur
a, dans certains cas, je le crois et avec raison, déplu aux estimateurs
de profession qui sont des professionnels et qui avaient l'impression je
crois pouvoir le dire à certains moments que c'était la
machine qui signait! les estimations plutôt qu'eux mêmes. Je parle
enfin des coûts d'exploitation. Si nous prenons la ville de Sillery,
où je connais les chiffres mieux qu'ailleurs, l'estimation municipale,
avant la création de la Communauté urbaine, coûtait entre
$15 000 et $20 000 par année. La note que la ville de SiHery a
payée l'année dernière pas cette année, elle
est plus élevée mais l'année dernière
à la Communauté urbaine de Québec est de $120 000. Je ne
pense pas qu'il y ait beaucoup à retrancher sur les $120 000 pour les
services de promotion touristique et les services de promotion industrielle
dont la ville de Sillery a pu profiter de la part de la Communauté
urbaine. Ce qui veut dire que les citoyens de Sillery, et ce serait la
même chose pour les autres municipalités, je pense à
Courville pour le moment, ont payé pour leur estimation municipale
probablement deux fois ce qu'une firme sérieuse d'estimateurs
privés aurait demandé pour faire le travail.
Promotion industrielle, maintenant. L'inciné- rateur si
j'enregistre une remarque nous l'avons noté au passage, la
collecte des ordures ménagères et leur enfouissement
coûtaient à la ville de Sillery, avant la création et
l'ouverture de l'incinérateur, $70 000. Cela a coûté
l'année dernière $70 000 plus $50 000 l'incinérateur. Le
citoyen ordinaire n'a pas le sentiment qu'il est mieux traité lorsque
ses ordures sont brûlées que lorsqu'elles sont emportées et
enfouies.
Promotion industrielle maintenant. Nous croyons que la création
des parcs industriels à l'ouest n'était peut-être pas la
meilleure chose qu'on pouvait faire et, disons-le, le succès d'estime
qu'a obtenu le parc industriel n'est peut-être pas suffisant pour le
justifier.
Et, alors que nous savons aujourd'hui que la Société
Inter-Port doit recevoir les pouvoirs du commissariat industriel de la
Communauté urbaine, on ne peut, en tant que citoyens, se rendre compte
du fait suivant, il y a trente milles entre le parc industriel de
Saint-Augustin et les battures de Beauport où va surtout régner
la Société Inter-Port, cela veut dire qu'au point de vue
industriel il y a trente milles de route à faire faire par des camions
et des engins pour joindre l'un et l'autre parc. Il y a peut-être
là un problème sur lequel il faudrait se pencher.
La promotion touristique: Nous n'avons en tant que ligue de citoyens que
fort peu de notions, ni de compétence en cette matière et nous
avons entendu, au cours d'audiences précédentes, des observations
excellentes et meilleures que les nôtres qui ont été faites
à ce sujet et la solution qui sera adoptée sera certainement la
bonne.
Il faut parler, pour terminer, en parlant des performances, de
l'informatique. Le service de l'informatique de la Communauté urbaine de
Québec coûte extrêmement cher. Il ne se passe pas
d'année où on ne lit dans les journaux qu'un nouveau million a
été voté à ces fins. La question que je me pose,
étant évaluateur de profession, c'est de savoir si ces millions
ou ce million est réellement nécessaire, je n'ai pas les budgets
devant moi, d'autres pourront peut-être les produire, mais si c'est
vraiment nécessaire. Je me suis laissé dire par des
confrères qui connaissent très bien leur métier et qui
appartiennent à la Communauté urbaine, que la dépense
maximale du service d'évaluation, en fait d'informatique,
représenterait à peu près $200 000 par année et je
me pose aussi la question de savoir si cela n'aurait pas été
meilleur marché de faire appel soit à l'entreprise privée,
soit aux ordinateurs de l'Université Laval plutôt que d'avoir son
propre service? Mais cela n'est qu'une question, je n'ai pas les
éléments de la réponse.
Ce qui intéresse les citoyens ordinaires comme nous, ce sont les
finances de la Communauté urbaine et ce qu'elles représentent en
dollars que l'on retire de nos poches aux uns et aux autres pour la faire
fonctionner. On ne peut, avant de commencer ces explications, ne pas mettre en
exergue une déclaration que faisait M. Trottier le 18 décembre
1973 et dans laquelle il disait que la CUQ depuis 1970 travaille en fait
à appliquer les
politiques du gouvernement provincial. C'est donc au gouvernement
provincial qu'il faut renvoyer la balle en ce qui concerne le coût de cet
appareil administratif.
Je ne pense pas que la compétence des gens qui y sont soit en
cause d'une seule manière. Nous avons trop d'estime pour M. Trottier et
ses collaborateurs. Nous nous sommes quelquefois pris aux cheveux, notre groupe
et ses collaborateurs, mais nous avons trop d'estime pour la manière
dont ils font leur travail pour les accuser personnellement de mauvaise
gérance. C'est probablement l'organisme et le système qui sont
mauvais car, si l'on regarde bien les choses, si le gouvernement provincial
voulait régionaliser le Québec métropolitain, il devait
prendre ses responsabilités et ne pas décharger sur un tiers, la
Communauté urbaine, l'odieux de la taxation. Parce que cette
communauté urbaine, elle coûte tout de même
extrêmement cher. En 1970, elle avait un budget de $250000; en 1971, $1
763 000; en 1972, $1 731 000; en 1973, $2 280 000, cela fait une augmentation
de 31.75% sur l'année précédente; en 1974, 43.22%
d'augmentation, $3 267 000 et, en 1976, la prévision représentait
une augmentation de 43% sur l'année précédente. Je ne sais
pas ce que la Commission anti-inflation de M. Trudeau doit dire de tout cela,
mais cela me paraît dépasser de beaucoup l'augmentation normale du
coût de la vie.
Or, la question est la suivante: Ces résultats sont pires que les
prévisions les plus pessimistes au point de vue des coûts, car,
quand on a créé la Communauté urbaine de Québec et
que le ministre des Affaires municipales de l'époque a parlé d'un
cadeau de Noël fait aux Québécois, on n'a pas l'habitude,
quand on reçoit un cadeau de Noël, d'avoir à le payer de sa
poche et de le payer plus cher qu'on pense que cela devrait coûter. Car,
aujourd'hui, les propriétaires de la région de Québec sont
les plus taxés au Canada. Pour la maison type de $40 000... Je fais une
rectification, nous avons la deuxième place. Nous n'avons pas la
médaille d'or, on a simplement la médaille d'argent. Au 1er avril
1975, la ville qui détenait la médaille d'or au Canada
était la ville de Halifax où, pour une maison qui valait $48 000,
on payait $1125 de taxe et, à Québec, $39 000 on payait $1050 de
taxe. Si on passe à l'immeuble plus cher, l'immeuble dans la bande des
$80 000 alors là, nous avons le championnat avec plusieurs longueurs
d'avance sur notre plus proche suivant. Nous sommes en tête, pour un
immeuble de $86 000, avec $2245 de taxe. Cela était pour 1975, parce
qu'en 1976, cela va coûter encore 17% ou 18% de plus. La ville qui nous
suit est encore Halifax on se dispute la première place, un coup
c'est l'un, un coup c'est l'autre avec $1600. Là, on les bat
très largement à peu près de 25% d'augmentation.
Alors, cela devient vraiment extrêmement coûteux et on se
demande pourquoi les gens au Québec sont les Canadiens qui sont les
moins propriétaires. Nous sommes moins propriétaires d'immeubles
que n'importe quelle autre province et de 15% en arrière.
Le coût des taxes est certainement une des explications
premières. Si nous regardons les dépenses de la Communauté
urbaine de Québec, vous en aurez des exemples. Je ne veux pas les lire
ici, mais vous en avez des exemples aux pages 14 et 15 de notre rapport.
Certaines dépenses nous paraissent vraiment élevées. Si
vous voulez un exemple: Au sujet de la papeterie, nous avons trouvé $461
860. Cela fait 300 feuilles de papier par immeuble évalué. Il y a
de quoi les tapisser de la cave au grenier!
Si nous regardons ce que coûte la Communauté urbaine et la
CTCUQ aux citoyens du Québec métropolitain, on nous dira
peut-être que cela représente 3% ou 4% du budget des
municipalités. Je crois que c'est exact, mais, si vous le regardez en
termes de taxes, pour une ville moyenne des environs de Québec, la
Communauté urbaine et la CTCUQ représentent à peu
près 10% du montant de la taxe foncière.
D'après des chiffres que nous avons ici, les deux ensemble
représentent 20% du montant de la taxe. Je ne dis pas des revenus de la
municipalité, parce qu'il y a des revenus d'autres sources: la taxe de
vente, les subventions, etc., mais elles représentent, en pourcentage de
la taxe, 20%. Pour les services qu'ils retirent de la Communauté
urbaine, les citoyens trouvent que 20%, c'est beaucoup trop cher et que cela
pourrait être fait à moindre coût.
Nous avons essayé, enfin, de rechercher les raisons pour
lesquelles la Communauté urbaine n'avait pas apporté les
résultats qu'à l'origine, elle avait pu porter en elle. Il y a
d'abord eu une erreur capitale au début. On a cru, je crois, que, dans
l'administration, c'était comme dans l'industrie et que, plus
c'était gros, moins cela coûtait cher. Autrement dit, plus
l'entreprise grossit, moins le produit que vous sortez est cher.
En matière d'administration publique, c'est exactement l'inverse;
plus c'est gros, plus cela coûte cher. Ce n'est pas proportionnel, c'est
progressif.
A mon point de vue, on avait pourtant des exemples. On avait des
exemples dans l'éducation, et on en avait dans la concentration des
hôpitaux, et on a fait là la faute qui avait été
commise ailleurs, la faute du gigantesque.
La deuxième raison est une raison psychologique. On a
pensé peut-être que le civisme des citoyens, que
l'intérêt des citoyens à la chose publique augmenteraient
s'ils avaient affaire à une grosse machine très imposante
plutôt qu'à des petites municipalités. Là encore, on
s'est trompé. Si on faisait demain un référendum dans le
Québec métropolitain, il n'y a pas beaucoup de personnes qui se
lèveraient pour défendre la Communauté urbaine, alors que
les citoyens de petites municipalités sont prêts à se
battre pour ne pas être fusionnés avec la municipalité
d'à côté. On a commis une erreur. On a cru que des citoyens
s'attacheraient à un organe qui n'est que purement administratif. Pour
qu'ils s'attachent à lui, il aurait fallu que ce soit un organisme de
caractère politique.
Il y a une autre raison au fait que la Commu-
nauté urbaine n'a pas marché, c'est le caractère
antidémocratique qu'elle représente.
Nous entendions tout à l'heure les observations relatives
à la CTCUQ et il me paraît, en effet, extraordinaire, comme
citoyen, qu'on ait, d'un côté, un conseil d'administration et,
d'un autre côté, un président-directeur
général qui est nommé par une autre autorité que le
conseil d'administration. C'est nécessairement créer et organiser
des conflits.
Je reviens à la Communauté urbaine de Québec
elle-même, tous les maires du Québec métropolitain se sont
opposés à la création de la Communauté urbaine de
Québec. J'ai ici un document, une résolution des 21 maires de la
Communauté urbaine, exception du maire de Québec et du maire de
Sainte-Foy, si mes souvenirs sont exacts, qui se sont, à l'origine,
opposés à la création de la Communauté urbaine.
Contre leur volonté, on a créé la Communauté
urbaine.
Ultérieurement, d'ailleurs, je pense que le maire de
Québec et le maire de Sainte-Foy ont exprimé des opinions
beaucoup plus nuancées de la Communauté urbaine de Québec.
D'ailleurs, ces opinions se trouvent en noir sur blanc dans le document de
travail et le résumé des discussions du comité
d'étude sur l'avenir de la CUQ et de ses organismes connexes,
c'est-à-dire le groupe d'étude des neuf maires du Québec
métropolitain.
L'administration aussi de la Communauté urbaine de Québec
était antidémocratique, parce que la population n'y
délègue pas directement ses représentants. On a
utilisé une sorte de suffrage indirect alors que, partout au monde, ce
système de suffrage est condamné.
Ce ne sont pas les citoyens qui vont siéger, ce sont leurs
délégués, des gens qu'ils n'ont pas élus à
ces fins-là, qu'ils ont élus à d'autres fins, qui vont
siéger à leur place, au conseil de la Communauté urbaine
de Québec.
On a voulu, pour corriger peut-être ce caractère pas
très démocratique, donner les voix au conseil, au nombre
d'habitants représentés. Or, dans le système actuel, la
ville de Québec, plus trois autres municipalités, peuvent imposer
leur volonté à l'ensemble des autres, quelle que soit la
volonté dès autres, d'une part.
D'autre part, comme en fait et comme partout c'est le comité
exécutif qui mène, on sait que le ville de Québec y
siège de droit et la qu'il n'y a pas de résistance possible, il
n'y a pas d'opposition possible et efficace des petites municipalités
lorsque les deux grandes ont pris une décision et se mettent d'accord
sur cette décision.
Enfin, ce qui nous paraît le plus antidémocratique, c'est
qu'on fait payer les taxes et on les fait voter par des gens qui n'ont pas
reçu mandat de les voter. Les élus municipaux n'ont pas
été élus pour voter le $0.08 ou le $0.10 pour $100
d'évaluation que l'on met dans chaque compte de taxes des citoyens du
Québec métropolitain. Ils n'ont pas été élus
pour cela. On leur fait prendre l'odieux de l'imposition parce que ce sont les
maires et les délégués au conseil qui votent, lorsqu'ils
en ont le pouvoir, la taxe, alors que c'est le rôle de celui qui impose
la taxe. La première nécessité, c'est qu'il a
été élu pour ce faire.
Ne disons qu'un mot d'un procédé qui a été
souvent décrié. C'est celui de l'adoption du budget qui fait que,
même si le conseil n'est pas d'accord, après deux retours devant
le conseil, je crois, le budget proposé par le comité
exécutif est adopté de plein droit. Il y a eu assez de plaintes
contre cette manière de faire pour y rester bien longtemps.
Enfin, la troisième raison pour laquelle, de notre point de vue,
cette communauté urbaine n'a pas fonctionné comme il aurait
fallu, c'est qu'on a un gouvernement que nous avons appelé
"dépersonnalisé". Il y a 24 délégués qui
représentent une population de 429 000 personnes. Cela fait 18 815
habitants par délégué.
C'est à peu près la moitié de ce que chacun d'entre
vous, messieurs les députés, vous représentez et cinq
à six fois plus que ce que représente un conseiller type. Or,
vous, vous remplissez votre mandat à l'année tandis que le
délégué, qui va au conseil de la communauté, n'y va
que quelques fois par année, pour, dans la majorité des cas, se
voir imposer les décisions du conseil exécutif.
Le public ressent clairement que le délégué au
conseil de la communauté n'est là que pour la forme et que cela
ne sert à rien de s'adresser à lui pour se plaindre, tandis que
l'électeur ou l'habitant moyen sait fort bien que, quand il va se
plaindre à son échevin de quelque chose qui ne fonctionne pas
dans son quartier, il va avoir un résultat, parce que l'échevin
tient à s'en occuper, parce qu'il a envie d'être
réélu le prochain coup, tandis que, là, nous avons des
délégués qui sont sans pouvoir, qui ne peuvent
pratiquement rien faire, d'où, encore une fois, la désaffection
de la population.
On se demande pourquoi la Communauté urbaine a trouvé et
trouve encore si peu de défenseurs, sauf parmi ceux qui sont les tenants
des principes d'administration ultra-centralisatrice et unificatrice. La
réponse nous paraît bien simple. L'homme ne défend que ce
à quoi il a un intérêt moral ou financier. Il n'y a
sûrement pas d'intérêt financier, cela coûte plus cher
qu'avant, et il n'y a pas d'intérêt moral, parce que le citoyen
moyen sait fort bien qu'il est très éloigné de cette
énorme machine que constitue la Communauté urbaine de
Québec.
Enfin, il y a les coûts que nous avons appelés les
coûts fonctionnarisés dont certains sont éloquents. Vous
les trouverez aux pages 24 et 25 de notre rapport. Il y a des chiffres sur
lesquels peut-être les intéressés peuvent fournir des
explications, mais si on prend un exemple, l'incinérateur
régional, il a coûté $25.5 millions et les frais des
études préalables et les dépenses connexes ont
coûté $5 255 304. Cela fait 20.61% de l'ensemble. C'est à
peu près trois fois ce que cela coûte habituellement, lorsqu'une
industrie décide de monter une usine. Les travaux d'étude
coûtent entre 5% et 10%, habituellement.
Si nous voyons le coût d'acquisition du parc
industriel de Saint-Augustin, nous sommes d'opinion que cela a
coûté $90 000 de plus que ce que cela aurait coûté
dans le cas normal de l'entreprise privée.
On pourrait certainement en trouver d'autres, mais nous n'avons pas,
nous, les moyens d'action ou les moyens d'enquête. Ce sont des faits que
nous avons glanés, que nos membres ont glanés à droite et
à gauche et qu'ils nous ont rapportés. Ce sont simplement des
échantillons, parce qu'évidemment, nous n'avons pas le pouvoir de
savoir tout ce qui a pu se passer.
C'est la raison pour laquelle notre réunion de ligues de
propriétaires et de citoyens est d'opinion que la Communauté
urbaine de Québec, en tant que telle et de la manière qu'elle est
conçue doit être radicalement supprimée et que rien ne
justifie son maintien. Il est très facile de disposer des quatre
services qui la constituent à l'heure actuelle.
En ce qui concerne le service d'évaluation, il n'y a pas besoin
d'une communauté urbaine en tant que telle pour avoir un service
d'évaluation intégré. C'est un service public qui peut
très bien fonctionner sans communauté urbaine en tant que telle.
Quant à nous, nous pensons que l'estimation serait tout aussi bien
faite, si elle était faite comme elle était auparavant, soit par
des fonctionnaires, dans certaines villes, soit par des firmes privées,
dans celles qui préfèrent recourir à ce
système.
En ce qui concerne le traitement des données, ce service
n'intéresse que les très grosses municipalités. Pour vous
donner un exemple, je crois que c'était à Courville, où il
y avait sept employés municipaux, on faisait la paie par ordinateur.
C'est cela? A Courville je m'excuse de me reprendre la ville
avait refusé de faire usage de ce service, parce qu'il y avait sept
employés municipaux, mais il y a un autre exemple, j'espère, qui
va me revenir à l'esprit. Pour un nombre à peu près
équivalent d'employés, on faisait la paie avec ce système.
Cela ne paraît pas extrêmement consistant.
Le commissariat industriel, je crois que ce n'est pas beaucoup la peine
d'en parler, la création de la Société Inter-Port a
réglé son sort.
Pour le tourisme et les congrès, je pense qu'il n'y a pas besoin
de la Communauté urbaine pour avoir un service régional de
tourisme et de congrès. Cela ne justifie pas l'existence de la
Communauté urbaine.
Etant donné qu'aucun de ces services, comme nous venons de le
voir, ne justifie l'existence de la Communauté urbaine, par voie de
conséquence, cela fait disparaître les services annexes, le
secrétariat, la trésorerie et le service du personnel.
Quelle serait une solution connexe? On en a apporté une,
entre-temps, depuis que notre mémoire a été écrit.
C'est le regroupement municipal de deux villes, soit Charlesbourg, Beauport et
leurs environs. En tant que Front régional d'action civique, nous ne
sommes absolument pas d'accord, M. le maire, avec la solution qui a
consisté à fusionner des gens sans leur demander personnellement,
par voie de référendum, leur avis. On parle beaucoup
d'autodétermination. Nous nous scandalisons lorsque dans un pays
étranger, on ne permet pas aux habitants de s'autodéterminer. Je
me demande s'il ne faudrait pas d'abord permettre aux habitants d'une ville qui
sont souvent très attachés à leur petit patelin de
s'autodéterminer lorsque des gestes aussi graves de conséquences
que des fusions municipales prennent place et qu'il reste, à notre point
de vue, encore à démontrer que l'administration d'une grande
ville coûte moins cher et soit réellement plus efficace que
l'administration de plusieurs petites. Comme citoyen d'une petite
municipalité et comme contribuable dans une plus grande, j'ai le
sentiment d'avoir de bien meilleurs services et beaucoup moins chers dans ma
petite municipalité que je n'en ai comme contribuable dans la grande.
C'est une opinion toute personnelle.
Cependant, ce que nous verrions, advenant la suppression de la
Communauté urbaine de Québec en tant que telle, serait la
création d'une coopérative de services matériels auxquels
feraient appel les municipalités qui désireraient le faire. Par
ces services matériels, je les rappelle, ce sont: l'incinérateur,
le transport en commun, le Bureau d'assainissement des eaux du Québec
métropolitain. Pour ceux-là nous pensons qu'il n'y 3 pas besoin
de déplacer des maires et des échevins et d'avoir un organisme
important pour, en fait, faire marcher des entreprises de services. Ce sont des
entreprises de services publics, mais ce sont des entreprises de services. On
fournit de l'eau aux citoyens. On leur fournit du transport. On les
débarrasse de leurs ordures ménagères. Il n'y a pas besoin
de réunir des maires et des conseillers pour administrer cela. Il nous
semble que cela pourrait fort bien marcher, dirigé par une sorte de
délégation de fonctionnaires municipaux; les villes
délégueraient ou nommeraient un responsable, une équipe
qui dirigerait ces entreprises exactement comme une usine est dirigée
par des ingénieurs. Il y a un conseil d'administration et il y a des
ingénieurs. Comme il s'agit uniquement de dépenses de
fonctionnement, j'espère qu'il n'est pas question de réinvestir
des sommes considérables dans les temps proches à venir, nous
pensons que le fonctionnement, comme par une coopérative,
géré par des fonctionnaires des municipalités serait un
bon système.
Enfin, pour les autres services, si deux municipalités trouvaient
qu'il était de leur intérêt de réunir tel ou tel
service, comme elles le font actuellement, quand une municipalité a
besoin du service d'incendie de la ville de Québec, elle y fait appel et
elle paie la ville de Québec pour les services qui lui sont rendus,
pourquoi ne pas continuer un système qui ne semble pas avoir
donné de si mauvais résultats jusqu'à présent?
Pourquoi aller nous embarrasser d'un palier de gouvernement
supplémentaire? Je crois que cette solution aurait l'avantage de
respecter les volontés des citoyens des municipalités
intéressées, aurait l'avantage de coûter moins cher, mais
il faudrait l'assortir d'un corollaire. Nous pensons qu'il faudrait que les
limites territoriales des municipalités soient garanties et que l'on ne
puisse les modifier que du consentement majoritaire des citoyens de cette
municipalité.
Il faudrait aussi qu'on réforme la fiscalité mu-
nicipale de manière que les municipalités ne soient plus
obligées d'aller mendier des subsides pour s'aider à vivre;
autrement dit, leur rendre leur liberté en tant que
municipalités. Il faudrait nécessairement à ce stade que
l'impôt foncier qui, à notre point de vue est un impôt
dépassé... C'est le dernier impôt sur le capital qui
subsiste. Il n'y en a pas d'autres. Il faudrait que l'impôt foncier, en
admettant qu'on le garde, soit l'apanage exclusif des municipalités.
Merci, messieurs, de votre attention.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le ministre des
Affaires municipales.
M. Goldbloom: M. Canonne, vous avez fait un grand tour d'horizon
et vous avez affirmé certaines choses d'ordre un peu
général, comme, par exemple, vous avez énoncé ce
qui semblait pour vous un principe et j'espère vous citer correctement:
"Plus c'est gros, plus cela coûte cher." Pourriez-vous m'expliquer
pourquoi?
M. Atkins (Edouard): Si M. le ministre veut me permettre de
répondre, je crois qu'il pourrait facilement trouver la réponse
dans l'analyse budgétaire des municipalités du Québec
publiée par le Bureau de la statistique du Québec dans laquelle
on voit que la taxe per capita est plus élevée si la population
est plus élevée, dans une progression
géométrique.
M. Goldbloom: Très bien, est-ce que cela veut dire
cependant que les services sont identiques dans toutes ces
municipalités?
M. Atkins: Dans certaines municipalités qu'on a
analysées, ce qui comprend Québec, Sainte-Foy, Sillery, les
services étaient identiques à Sillery, aussi bons, dans certains
cas supérieurs. Si on prend le cas du Bureau des assurances du Canada,
il nous accorde le meilleur taux d'assurance à Sillery parce qu'on est
censé avoir un service de protection contre l'incendie qui est aussi bon
que celui de Québec. En tant que citoyens, nous croyons être aussi
bien servis et à un coût beaucoup moins élevé.
M. Goldbloom: C'est-à-dire dans la mesure de vos
désirs d'être servis, mais n'y a-t-il pas des services, des
institutions fournis par la ville de Québec à la
collectivité régionale, qui sont payés par Québec
et qui ne sont pas payés par les autres?
M. Atkins: Nous croyons faire notre part en payant Québec
indirectement par nos taxes de vente, par nos impôts fonciers qui
reviennent à Québec sous forme de subventions et par nos nombreux
citoyens qui opèrent des commerces et des immeubles commerciaux à
Québec et qui paient leur part de cette façon.
M. Goldbloom: M. Canonne, vous avez exprimé l'avis que
vous êtes très bien servis dans Sillery et à un coût
raisonnable. Auriez-vous eu la même impression si vous aviez
habité Courville avant la fusion? Comment auriez-vous sorti Cour-ville
du pétrin?
Le Président (M. Houde, Limoilou): M. Bureau.
M. Bureau (Gaétan): M. le ministre, disons que Courville
était peut-être dans une situation précaire; cela, nous ne
sommes pas sans le savoir. Qu'il y ait eu fusion pour Courville, je ne dis pas
que ce n'était pas bien, je ne dis pas que je n'étais pas pour
cela. Maintenant, de la manière que cela s'est fait, à mon point
de vue et au point de vue des citoyens, l'opinion de chaque citoyen aurait
dû être demandée. Au sujet de Courville, concernant les
frais et les dépenses, je suis 100% d'accord pour dire que Courville
était dans une situation précaire et qu'il était
pratiquement impossible de s'en sortir.
M. Goldbloom: Vous avez indiqué que vous verriez à
la place de la Communauté urbaine une coopérative de services.
Est-ce que j'ai bien compris que vous envisageriez une adhésion
facultative à cette coopérative de services?
M. Canonne: Dans notre esprit, à l'origine, oui. Ayant
entendu d'autres mémoires et en ayant lu d'autres, notre certitude quant
au caractère facultatif est moins forte.
M. Goldbloom: Ce serait pour quels services que vous verriez la
coopérative?
M. Canonne: L'incinérateur, puisque maintenant nous
l'avons, il faut bien s'en servir et nous n'avons pas de solution de rechange.
Deuxièmement, le transport en commun; troisièmement, le Bureau
d'assainissement des eaux, autrement dit, des services matériels.
M. Goldbloom: Vous avez dit que vous accepteriez que ces services
soient gérés par des fonctionnaires, soient administrés
par des fonctionnaires sans déranger ou déplacer des maires ou
des conseillers?
M. Canonne: Oui, M. le ministre.
M. Goldbloom: Même au moment de l'adoption du budget, du
débat sur le budget, là non plus vous ne verriez pas la
présence des élus pour en discuter et pour prendre les
décisions?
M. Canonne: En ce qui concerne les dépenses de capital, je
pense qu'il faudrait que le consentement des municipalités, si ce sont
elles qui sont amenées à payer, soit demandé. En ce qui
concerne le budget de fonctionnement normal, je crois qu'il est assez facile de
dégager des règles auxquelles ces fonctionnaires pourraient se
tenir. Peut-être par une sorte de conférence des maires, je n'ai
pas pensé à la modulation de l'organisme qui serait chargé
de le faire, mais, en pensant tout haut devant votre question, peut-être
une sorte de conférence des maires qui serait de voir si le bud-
get est bien dans la norme d'une augmentaiton raisonnable, dans les
normes du raisonnable, une fois par année.
M. Goldbloom: Quels pouvoirs donneriez-vous à cette
conférence de maires? Aurait-elle des pouvoirs?
M. Canonne: Je pense que la conférence des maires devrait
avoir des pouvoirs absolus en ce qui concerne les dépenses de capital,
les nouveaux investissements. En ce qui concerne les dépenses de
fonctionnement, je crois qu'avec les moyens dont on dispose aujourd'hui, on
peut facilement prévoir pour plusieurs années on parle
quelquefois de budgets quinquennaux quelle devrait être
l'augmentation annuelle moyenne et, à mon avis, cela ne nécessite
pas de réunir des maires douze fois par an.
M. Goldbloom: Vous parlez sur le nombre de réunions et de
certaines dépenses inhérentes à la fréquence des
réunions.
M. Canonne: Ils pourraient se réunir une fois par an,
pour, si vous voulez, adopter le budget, si on pense que le budget de
dépenses courantes est utile.
M. Goldbloom: Les dirigeants municipaux des municipalités
actuelles semblent cependant trouver que leur présence plus
fréquente est requise et qu'ils devraient avoir entre leurs mains une
responsabilité au nom de leurs citoyens pour justement orienter les
politiques et les pratiques qui finissent par ajouter des dépenses. Une
fois par année, il me semble qu'ils n'auraient pas la possibilité
de savoir vraiment ce qui se passait et de participer à des
décisions qui réduiraient ces mêmes dépenses qui
sont à la base de vos plaintes contre la Communauté urbaine.
M. Canonne: M. le ministre, quand nous parlions d'un bureau de
gestion composé de fonctionnaires, c'était dans cette idée
qu'il ne nous semblait pas nécessaire de déplacer, plusieurs fois
par année, des maires et des échevins pour faire fonctionner un
service de fourniture d'eau ou un incinérateur. Il est bien certain que
nous pourrions envisager que cette conférence des maires il n'y a
pas besoin de tellement de réunions approuve le budget des
dépenses de ces organismes, mais dans notre esprit, l'intrusion des
fonctionnaires pour la gestion voulait dire que ces organismes ne devaient
à aucun prix devenir des organismes à caractère politique,
ce sont des organismes de gestion de services matériels.
M. Goldbloom: Comment verriez-vous la planification,
l'aménagement du territoire? Ce serait entre les mains de qui?
M. Atkins: Je crois que cette responsabilité revient au
ministère des Affaires municipales.
M. Goldbloom: Vous accepteriez que le gouvernement
décide...
Cela fait contraste avec votre point de vue sur le territoire municipal,
sur la définition des limites territoriales des municipalités.
Vous confieriez au gouvernement provincial la responsabilité de
décider de l'utilisation du sol sur tout le territoire de la
Communauté urbaine, donc de la province tout entière. Au
départ, on désire que les municipalités gardent leur
intégrité. Si les maires sont d'accord pour qu'il y ait un
développement sur une base régionale, à ce
moment-là, on croit qu'un organisme qui vient du provincial devrait en
prendre charge ou proposer des solutions et probablement collaborer à la
solution du problème avec les autorités municipales.
Bien.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez présenté
un mémoire très étoffé et vous avez formulé
plusieurs demandes. Je pense entre autres à une demande qui est
fondamentale, la dernière, soit la nécessité de
réformer la fiscalité municipale. De ce côté, je
pense bien que tous ceux qui ont à se pencher sur le problème des
municipalités, tous ceux qui ont eu à formuler des rapports
à la suite d'études de ces problèmes sont arrivés
à cette conclusion, cette nécessité; le rapport Castonguay
entre autres y fait également allusion. En ce qui a trait à
l'Opposition, à maintes et maintes reprises nous avons souligné
aussi cette nécessité pour le ministère des Affaires
municipales d'intervenir, de procéder à cette réforme. Je
vous invite à continuer et je vous souhaite bonne chance de ce
côté, pour sensibiliser le ministère des Affaires
municipales à la nécessité de légiférer en
ce sens.
Je pense qu'au niveau du mémoire que vous avez
présenté, en principe, vous êtes quand même d'accord
avec la nécessité d'un organisme régional qui aurait la
responsabilité de certains secteurs au niveau de l'ensemble de
l'administration, au niveau de l'ensemble du territoire.
M. Canonne: C'est cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous nous dites très
précisément que cela coûte très cher, beaucoup plus
cher que toutes les prévisions, et vous nous apportez, entre autres,
comme exemple, que les taxes municipales ont augmenté de 50% à
certains endroits. Je dois vous dire que même là où il n'y
a pas de communauté urbaine, je pense à la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans bien des villes du Québec, une
augmentation de cet ordre de grandeur a été aussi
soulignée, même s'il n'y avait pas de communauté urbaine.
Je ne sais pas, mais avez-vous pris connaissance d'un tableau ou vous a-t-on
remis un tableau indiquant les quotes-parts des municipalités aux
dépenses de la Communauté urbaine de Québec?
M. Canonne: Peut-être pas celui que vous avez entre les
mains, mais je pense que M. Trot-tier, à plusieurs reprises, avait
parlé de certains chiffres qui doivent se retrouver sur ce tableau, mais
le dernier, je n'en ai pas...
M. Bédard (Chicoutimi): Au niveau de l'information de la
commission, il reste que si on consulte ce tableau, on s'aperçoit
qu'à partir de 1971, pour l'année 1971, au niveau des
différentes municipalités qui y sont indiquées, la
quote-part des municipalités aux dépenses de la CUQ
représentait 0.35%; en 1972, 2.16% du budget; en 1973, 1.83%; en 1974,
1.71%. C'est évident que, depuis 1970, au début de la
communauté par rapport à 1971, il y a eu une augmentation
très appréciable. Cela peut peut-être se comprendre parce
que c'étaient les débuts. Du montant de $250 735.56, on est
passé à $1 763 429.83.
Maintenant, on constate, par exemple, qu'en pourcentage... au lieu
d'augmenter par rapport à 1971-72, le pourcentage de la quote-part de la
municipalité, aux dépens de la CEQ, va plutôt en
diminuant.
Avez-vous pris connaissance de ce tableau? Pourriez-vous nous faire part
de vos remarques, parce que cela va dans le sens contraire un peu de ce que
vous avez avancé?
M. Atkins: Vous me permettez de commenter votre observation. Le
tableau que vous avez en main représente un pourcentage du budget global
de la ville. Cela comprend les subventions, les taxes de vente qui viennent aux
municipalités par ristournes, plusieurs choses du genre.
Si on se situe au niveau du citoyen qui est l'individu qu'on cherche
à protéger ici... J'ai un compte de taxes qui date de 1974, de la
ville de Sainte-Foy. A ce moment, à Sainte-Foy, en 1974, le taux de
l'impôt foncier était de $1.35 les $100 d'évaluation. Le
coût de la CEQ était de $0.12 et le coût de la CTCUQ
était de $0.09. On part sur une base de $0.12 les $100 en 1974, ce que
les citoyens étaient appelés à payer. En 1975, dans la
même municipalité, les citoyens paient le même compte de
taxes $0.16 pour la CEQ. C'est passé de $0.12 à $0.16. Cela fait
33% de plus dans une année. Il y a des syndicats qui se battent pour
avoir des montants semblables, et ils se font accuser de tous les noms sur la
terre, dans le moment. C'est déjà une augmentation formidable
pour le contribuable.
En 1975, toujours dans la même municipalité, le taux est
rendu à $0.14.5 au lieu de $0.16. Par contre, le citoyen a subi une
augmentation d'évaluation de 68%. En pourcentage d'augmentation de
taxes, je pense que nous sommes probablement dans les environs de 40% à
50%.
Tous les ans, le citoyen paie 40% à 50% de plus pour supporter la
Communauté urbaine et, en tant qu'individu, il n'en retire aucun
bénéfice direct, et je doute qu'il en retire des
bénéfices indirects, en tant que citoyen d'une
municipalité et habitant une maison unifamiliale.
C'est dans ce sens que nous disons qu'en 1976, à Sainte-Foy, le
compte de taxes est de $1.11; la contribution à la CEQ est de $0.14.5,
ce qui représente 13.06% du compte de taxes; il y a $0.08.5 qui vont
à la Commission de transport de la Communauté urbaine. Cela
représente 8.76% du compte de taxes. Les deux ensemble font 20.71% du
compte de taxes de cet individu.
C'est contre cela que nous nous élevons. Si les villes avaient
20% de jeu dans leur budget, elles pourraient sûrement nous offrir des
services améliorés qui se réfléteraient plus sur
les bénéfices que le citoyen retire, que ce dont il peut
bénéficier par l'entremise de la CEQ.
M. Bédard (Chicoutimi): Je sais que c'est toujours
embêtant, quand on parle de chiffres, on peut leur donner le sens qu'on
veut, bien des interprétations. Je voudrais quand même savoir,
lorsque vous dites que la Communauté urbaine de Québec
coûte trop cher pour les services qu'elle rend à l'ensemble des
citoyens du territoire, si vous dites cela à partir d'études
comparatives, d'études approfondies, qui vous permettraient de croire,
ou d'affirmer d'une façon très convaincante que si les
différents services qui sont actuellement donnés par la
Communauté urbaine de Québec étaient donnés par
chacune des municipalités, à ce moment-là, cela
coûterait moins cher et que cela pourrait avoir pour effet, comme vous le
dites, de donner des services améliorés même aux citoyens.
Est-ce que vous avez des études sérieuses?
M. Atkins: On a mentionné, dans la présentation de
notre rapport, qu'au moment où la Communauté urbaine a
été implantée, à Québec, dans une ville
comme Sillery, faire faire l'estimation, cela coûtait $15 000 par
année. L'année suivante, la Communauté urbaine de
Québec nous a envoyé un compte d'environ $100 000 à $125
000 n'ayant pas les chiffres à portée de la main, mais au
minimum $100 000 les services que Sillery a retirés de la
Communauté urbaine lors de son incorporation et qu'elle retire encore
aujourd'hui, je pense bien, sont l'envoi du compte de taxes, l'estimation
municipale et, indirectement, l'incinérateur qui nous amène une
autre surcharge.
Si on se limite aux services administratifs que la Communauté
urbaine rend à Sillery, on a pris un compte qui était de $15 000,
qui serait peut-être de $35 000 ou $40 000 aujourd'hui, à cause de
l'inflation, et cela nous coûte $120 000 par année pour obtenir ce
service.
Si c'est le genre d'exemple que vous désirez entendre, on aime
à mentionner cela. Il y a un autre facteur qui a été
mentionné publiquement. On a dit que cela coûtait $17 la tonne
pour brûler des ordures à l'incinérateur. Si c'est le cas,
je ne pense pas qu'il y ait un seul Québécois qui ait les moyens
de dépenser $17 la tonne pour faire brûler ses vidanges. Moi, en
tout cas, je ne les ai pas et je ne connais pas beaucoup de gens qui peuvent se
permettre cela.
M. Canonne: Je rappelle le chiffre que nous citions tout à
l'heure. Avant l'incinérateur, cela
coûtait $70 000 à Sillery pour faire enlever les ordures
ménagères et en disposer. Cela coûte cette année
$120 000, donc $50 000 pour l'incinérateur. Le citoyen n'est pas plus
heureux de savoir que ses ordures sont enfouies ou brûlées. Cela
sent moins, en tout cas.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez dit, à un moment
donné, que vous étiez plus ou moins d'accord, sinon en
désaccord, avec la formation du grand Charlesbourg et la formation du
grand Beauport et que la formation de ces deux grandes villes n'avait pas
été précédée d'une consultation au niveau de
la population.
Je conçois comme vous que, lorsqu'il s'agit de regroupement, il
est peut-être important, dans un premier temps, de demander l'opinion des
élus, d'essayer d'avoir leur approbation, mais qu'il est
également nécessaire d'avoir l'opinion des citoyens, puisque, de
toute façon, c'est en quelque sorte leur avenir qu'on décide,
beaucoup plus l'avenir des citoyens que l'avenir des élus.
Je voudrais savoir si, lors de la discussion de ces regroupements ou de
ces fusions, vous avez eu l'occasion ou la possibilité d'exprimer votre
désaccord.
M. Canonne: En ce qui concerne le grand Beauport, la Ligue des
citoyens de Courville a présenté un mémoire devant la
Commission municipale pour exprimer sa position. Nous n'avons rien contre le
fait qu'on fasse de grandes villes de 40 000 ou 50 000 habitants, si c'est le
désir des citoyens, mais nous en avons contre le fait que des conseils
municipaux qui n'ont pas été élus pour cela
décident du sort et de l'appartenance des citoyens qu'ils sont
chargés d'administrer.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas d'autres
questions.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je remarque que, dans le
mémoire que vous avez présenté, il y a deux points sur
lesquels vous êtes revenus à quelques reprises. C'est sur le fait
que les dépenses de la Communauté urbaine sont plus
élevées que les dépenses normales que peut faire une
municipalité.
Dans la page 14 de votre mémoire, vous parlez de frais de
papeterie de $461 000 et, au bas de la feuille, vous dites que la
Communauté urbaine, par ses emprunts en Suisse et le jeu des changes,
bien prévisible, engage le crédit des municipalités de la
région d'une somme supplémentaire... Etes-vous en mesure de
donner plus de détails là-dessus? La Communauté urbaine
fait-elle, habituellement, ses emprunts en Suisse ou si elle a fait un ou deux
emprunts en Suisse?
M. Canonne: Je répète ce que nous avons dit tout
à l'heure, c'est-à-dire que nous n'avons, nous, comme simples
citoyens, que des renseignements fragmentaires que nous avons glanés ici
et là et qui nous ont été apportés par des membres
d'autres ligues de citoyens.
Dans l'exemple qui est rapporté ici, nous avons pris note qu'un
emprunt avait été contracté en Suisse. Or, la Suisse,
c'est un pays bien dangereux à fréquenter parce que c'est
pratiquement le seul pays au monde dont la monnaie continue d'augmenter
régulièrement depuis des décennies et qu'emprunter en
Suisse, c'est s'exposer à payer non seulement les intérêts,
ce qui est normal, mais peut-être éventuellement la
dévaluation du dollar par rapport au franc suisse.
M. Roy: C'est le point que vous avez...
M. Canonne: C'est cela que nous avons calculé.
M. Roy: A la page 21 aussi, vous attirez notre attention sur le
fait que le conseil, composé des délégués des
municipalités, s'il refuse d'adopter le budget, celui-ci entre
automatiquement en vigueur à compter du 15 décembre. Nous avons
eu la même réflexion ce matin dans le mémoire qui a
été présenté par le directeur général
de la Commission de transport de la communauté urbaine.
C'est-à-dire que vous vous opposez catégoriquement à cette
façon de procéder, sur le fait que le budget est automatiquement
accepté lorsqu'il est refusé.
M. Canonne: C'est cela.
M. Roy: J'aimerais demander au ministre, à ce moment-ci,
parce que je pense que c'est au ministre qu'il revient de répondre d'une
façon précise... Il y a la loi, d'accord, mais le gouvernement
songe-t-il à apporter des modifications à la loi? Il me semble
tout à fait illogique qu'un conseil qui est dûment composé
de délégués de municipalités refuse un budget
il ne refuse sûrement pas un budget pour le simple plaisir de
refuser le budget; après avoir refusé le budget deux fois, on
donne un exemple plus loin et que le budget, de toute façon,
qu'il le refuse ou qu'il ne le refuse pas, il est automatiquement
adopté, à compter du 15 décembre. Avez-vous l'intention de
maintenir cela dans la loi ou avez-vous l'intention d'apporter des
modifications là-dessus?
M. Goldbloom: M. le Président, c'est un problème
qui est commun à plusieurs organismes, la Communauté urbaine de
Montréal, la ville de Montréal, la Communauté
régionale de l'Outaouais, les commissions de transport. C'est un
problème qui a deux facettes et les deux sont importantes.
D'un côté, il y a l'aspect que l'on pourrait appeler
démocratique, c'est-à-dire le droit des intéressés
de prendre leurs propres décisions. Quand il y a une loi qui dit qu'il y
a un temps limité pour le débat et une action automatique
indépendante de la volonté des gens, c'est une contrainte
très claire à l'exercice de ce droit démocratique.
De l'autre côté, il y a le problème du
fonctionnement de l'organisme en question. S'il n'a pas de
budget, comment est-ce qu'il paie ses employés, comment est-ce
qu'il paie ses comptes? C'est en cherchant une solution à ce
problème que nous avons regardé les analogies possibles. Que fait
le gouvernement, par exemple? Le gouvernement a la liberté d'adopter un
douzième de son budget par mois. Cela est un début de solution.
Je voudrais dire clairement que je me penche sur cette solution possible, dans
un esprit plutôt favorable, mais je me dis que ce n'est peut-être
pas tout à fait aussi simple. Sauf la ville de Montréal et la
ville de Québec, les municipalités ont une année
financière qui commence le 1er janvier. Si, au mois de janvier, la
municipalité ou la Communauté urbaine c'est le cas qui
nous préoccupe ici ne pouvait toucher qu'un douzième de
son budget de déneigement, elle aurait de la difficulté à
effectuer le travail nécessaire.
Or, ce qui semble, au départ, une solution toute donnée et
simple n'est pas tout à fait aussi simple. Je pense que nous devrons
nous pencher, encore un certain temps, sur ce problème pour lui trouver
d'autres solutions. S'il y a des suggestions, je serais très heureux de
les recevoir.
M. Roy: Le ministre parle de suggestions, voici, M. le
Président. Vous avez donné l'exemple que le gouvernement vote un
douzième de son budget. Je tiens à dire que ceci fait l'objet
d'une motion qui est déposée devant la Chambre, qui est
votée à l'Assemblée nationale et qui pourrait être
renversée. Si elle était renversée, cela équivaut
à une motion de blâme. On sait ce qui arrive. Ce sont ces
élections générales qui peuvent se précipiter. Ici,
le cas est différent. Il s'agit d'un conseil qui est censé
être responsable, puisqu'on a prévu qu'il devait y avoir dans la
loi un conseil qui est composé de délégués de
municipalités et qui refuse d'adopter le budget. C'est sûrement
parce qu'il y a des raisons sérieuses d'adopter le budget. Ce ne sont
quand même pas des gens assez irresponsables pour dire: On refuse le
budget et on ne paiera pas les employés, et ainsi de suite. Il pourrait
y avoir des mécanismes qui permettent quand même des
prévisions parcellaires, si vous voulez, qui permettraient de
fonctionner en attendant, mais qui devraient aussi permettre aux
délégués des municipalités d'avoir un
véritable droit de regard. C'est qu'à première vue on a
nettement l'impression que les délégués des
municipalités, s'ils refusent d'accepter le budget, sont des
irresponsables et qu'à ce moment le gouvernement a prévu qu'il y
avait dans la loi une disposition qui ferait en sorte que le budget est
automatiquement accepté pour permettre le fonctionnement de l'affaire.
Cela ne donne absolument rien ou à peu près rien à la
municipalité, c'est-à-dire aux délégués des
municipalités, de dépenser de l'argent pour faire étudier
un budget, si, après étude, on demande des modifications au
budget, si on veut apporter des coupures et qu'on le présente comme
étant un tout. J'aimerais qu'on me réponde, parce que c'est quand
même excessivement sérieux une disposition comme
celle-là.
M. Goldbloom: M. le Président, je crois avoir
répondu d'une façon sérieuse. J'ai décrit un
élément de la problématique et je me pose toujours la
question. Si l'on fait disparaître l'option automatique du budget,
comment assure-t-on le fonctionnement d'un organisme qui, après tout,
n'est pas homogène et qui doit avoir quand même un moyen de
prendre des décisions et d'agir, de s'administrer? C'est là que
l'on doit être absolument certain que nous ne paralyserons pas
l'organisme tout simplement en faisant disparaître au nom d'un principe
valable de démocratie un système d'adoption automatique du
budget. Je tiens à ajouter qu'il y a peut-être dans certaines des
lois constitutives des organismes. Dans la charte de la ville de
Montréal, par exemple la discussion a été
soulevée par plusieurs personnes peut-être que le temps
prévu n'est pas suffisant, peut-être qu'il n'y a pas de garanties
suffisantes qu'il y aura effectivement un nombre suffisant de réunions
pour permettre un examen en détail, en profondeur du budget avant une
date limite. Peut-être que c'est là un élément de
problème qui pourrait être corrigé. C'est beau de dire
qu'il faudrait faire disparaître l'adoption automatique, mais il faut,
à ce moment, si on énonce ce principe, se demander ce que l'on
fait et, dans le détail, ce que l'on fait pour assurer le fonctionnement
de l'organisme.
M. Roy: Le même problème pourrait se poser advenant
le cas d'un conseil de ville où les conseillers refusent majoritairement
le budget qui est présenté. La même chose pourrait arriver.
Qu'est-ce qui se produit à ce moment? On présente un autre
budget?
M. Goldbloom: Généralement, ce qui arrive, c'est
que la municipalité emprunte temporairement à la banque et
continue de vivre avec des emprunts temporaires en attendant l'adoption
éventuelle d'un budget et l'envoi des comptes de taxes. Si l'on croit
que telle pourrait être une solution au niveau d'un organisme de
l'importance de la Communauté urbaine, il me semble qu'il faudra en
examiner tous les aspects financiers avant de dire: Après tout, c'est
l'argent des contribuables qui doit payer les intérêts plus
élevés sur les emprunts temporaires. C'est l'argent des
contribuables qui doit payer les intérêts plus
élevés sur les emprunts temporaires. C'est l'argent des
contribuables qui doit payer des choses qui pourraient être payées
à même un budget régulier sans intérêt du
tout, s'il y avait un budget adopté.
C'est un problème fort complexe, mais je voudrais revenir au
début de mes remarques et dire clairement au député de
Beauce-Sud que je suis conscient de ce phénomène
antidémocratique qui joue dans le mécanisme de l'adoption
automatique du budget.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, disons
que, quant à cet article, il ne faudra pas s'imaginer que le budget
d'une communauté ur-
baine s'adopte automatiquement le 15 décembre parce que le
conseil, qui représente tous les membres de la région de
Québec, refuse l'adoption du budget. C'est qu'à
différentes reprises il y a des réunions à compter du 15
octobre, mais, si les maires ne s'entendent pas pour faire des coupures sur le
budget, si les maires disent automatiquement: C'est trop haut, on ne sait pas
où couper et on ne s'entend pas, c'est là que le budget est
adopté automatiquement. Si à chacun des articles il y a des
propositions qui sont faites à la table... je vais en donner une. On va
couper le salaire des maires qui est de $2500 et les frais de
représentation, on coupe cela. On va arriver à un autre article,
et là, il y a une augmentation de $200 000 au budget de la promotion
industrielle, c'est trop cher. On va couper pour $120 000. L'achat d'une
machine électronique, d'un ordinateur au service du traitement des
données, un achat de $1 million pour le premier juin prochain, on trouve
que cela n'est pas nécessaire, on va utiliser les services
privés. Il y a des coupures qui sont suggérées, mais, si
le vote est pris au sein des membres du grand conseil et que le vote
décide qu'on ne peut pas faire ces coupures. C'est cela qui fait que,
rendu au 15 décembre, tout le monde veut couper, tout le monde dit: cela
n'a pas de sens d'avoir une augmentation de budget comme cela, mais personne ne
fait rien. C'est pour cela qu'il est adopté automatiquement. Si tous les
maires prenaient leurs responsabilités et disaient: là, c'est
vrai que cela coûte trop cher et il faut couper. Cela va faire mal
à certains endroits. On ne veut pas tel service pour l'instant parce
qu'il coûte trop cher. Les coupures se font et le budget est
adopté le 15 décembre avec les coupures
préconisées. Cela ne s'est jamais fait, qu'est-ce que vous
voulez? Il y avait des propositions lors du vote à la table, mais la
majorité votait contre la coupure. C'est pour cela que lorsqu'on est
arrivé au 15 décembre, c'est adopté automatiquement. Il ne
faudrait pas penser que les élus du peuple n'ont pas leur mot à
dire sur l'administration de la Communauté urbaine. Ils ont leurs
responsabilités à prendre. S'ils ne prennent pas leurs
responsabilités, ils auront à rendre compte de leur
administration devant le public.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Chicoutimi, sur le même sujet.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur le même sujet, le
ministre et le député de Beauport évoquent avec raison le
cas de Montmorency, évoquent avec raison la complexité du...
M. Bédard (Montmorency): Maire de Beau-port,
député de Montmorency.
M. Bédard (Chicoutimi): ...problème de l'adoption
automatique des budgets des communautés urbaines. Le ministre nous dit
qu'il se penche sur le problème et qu'il se pose des questions. Il reste
une chose, c'est que le ministre à quand même payé des gens
pour se pencher sur ce problème, pour essayer d'arriver à une
solution en rapport à toutes les questions que le ministre et le
député de Montmorency se posent ce soir. Dans son rapportje
ne sais pas si le ministre est au courant M. Castonguay, qui a quand
même étudié la question des finances des communautés
urbaines et qui a proposé des modifications profondes aux structures du
système municipal, notamment en ce qui à trait aux
communautés urbaines, et qui, a étudié d'une façon
spécifique ce problème de l'adoption automatique des budgets,
fait quand même une recommandation très précise. Je ne sais
pas si les intéressés sont au courant. A la page 432 de son
rapport, il est dit: Compte tenu des changements proposés, nous croyons
que les budgets des communautés urbaines doivent continuer d'être
répartis entre les municipalités comprises sur leurs territoires
en fonction des services qu'elles reçoivent. Nous insistons, toutefois,
sur la nécessité que les dispositions relatives à
l'adoption automatique des budget des communautés à l'expiration
du délai fixé par la loi soit abolie.
M. Bédard (Montmorency): La méthode de rechange,
c'est quoi?
M. Goldbloom: C'est quoi?
M. Bédard (Montmorency): En plus d'étudier, on vit,
on administre. C'est facile de dire que cela n'a pas de sens, le 15
décembre; on en parlera plus tard du rapport Castonguay, de plusieurs
recommandations.
M. Bédard (Chicoutimi): On n'a pas à en parler plus
tard.
M. Bédard (Montmorency): Non.
M. Bédard (Chicoutimi): Prenons un sujet précis. Il
a fait une recommandation, si vous dites qu'il n'a pas raison, si vous dites
qu'il a mal étudié le problème, ce n'est pas plus grave
que cela.
M. Bédard (Montmorency): M. le député de
Chicoutimi, disons que, quant à ce point, vous apportez le rapport
Castonguay. Ce n'est pas là-dessus que je veux discuter. C'est facile de
dire que cela ne marche pas le 15 décembre. Dans son rapport, quelle
solution de rechange préconise-t-il? Vous n'en voyez pas?
M. Bédard (Chicoutimi): J'admets qu'il ne propose pas de
solution de rechange.
M. Bédard (Montmorency): Je vais vous donner une
proposition de rechange en temps et lieu.
M. Bédard (Chicoutimi): J'admets qu'il n'en n'a pas
trouvé.
M. Bédard (Montmorency): Bien oui, c'est facile d'analyser
et de dire qu'il y a un problème quand tu n'apportes pas la solution.
Nous autres, comme gouvernement, il faut apporter la solution.
Les problèmes, ne nous les mettez pas sur la table, on les
connaît et on vit avec eux en plus, mais on va apporter la solution dans
un avenir rapproché; du moins en ce qui me concerne, je vais en
suggérer une.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: Je n'ai pas terminé.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous pourriez peut-être la
suggérer tout de suite.
Le Président (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. Roy: M. le Président, le député de
Beau-port nous dit...
Une Voix: Le maire de Beauport.
M. Bédard (Chicoutimi): La dualité des maires.
M. Roy: Je ne fais pas allusion aux conflits
d'intérêts qui pourraient exister entre le maire de Beauport et le
député de Montmorency, non je ne parle pas de cela, M. le
Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. Bédard (Montmorency): II n'y a pas de conflits
d'intérêts, parce que si vous étiez maire, vous auriez un
peu plus de connaissances que vous en avez. Si vous voulez parler de conflits
d'intérêts, on peut se parler.
M. Roy: M. le Président, je ne suis pas ici pour donner un
cours au maire de Beauport.
M. Bédard (Montmorency): Parce que vous auriez de la
misère à lui en donner!
M. Roy: Nous sommes ici, à une commission, ah!! Une
minute...
M. Bédard (Montmorency): Non, je ne me prends pas pour un
autre! On a parlé de conflit d'intérêts. Qu'il fasse
attention à ses paroles! Je ne vous ai jamais attaqué. Ne
m'attaquez pas.
Le Président (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! J'ai dit:
Beauce-Sud. Revenez, s'il vous plaît!
M. Roy: II est donc chatouilleux, quand on parle de conflits
d'intérêts. J'ai dit cela tout simplement pour plaisanter, en
riant!
M. Bédard (Montmorency): Ah oui! En riant! Ces petites
farces narquoises!
M. Roy: Le député de Montmorency disait tout
à l'heure qu'il connaissait les problèmes. Vous parlerez à
votre tour, vous!
Il a dit qu'il connaissait les problèmes. Je me demande un peu ce
que nous venons faire ici, à la commission parlementaire, si ce n'est
justement pour étudier les mémoires qui nous sont
présentés, pour étudier les problèmes et poser des
questions, de façon qu'on puisse obtenir les réponses des
intéressés qui viennent devant la commission parlementaire.
Je voulais dire ceci: Le ministre nous a dit qu'il se penchait sur le
problème. Cela fait longtemps qu'on se penche sur le problème de
la Communauté urbaine de Québec. Cela fait depuis 1970 qu'on en
entend parler à l'Assemblée nationale. Le gouvernement se penche
toujours sur les problèmes.
M. le Président, j'ai le droit de parole. Je n'ai interrompu
personne tout à l'heure.
Il va falloir quand même qu'on décide d'arrêter
d'étudier les études, parce que c'est un peu ce que nous faisons
actuellement. Nous passons notre temps à étudier les
études et les problèmes demeurent en plan. Durant ce temps, les
gens paient et ils se plaignent.
Je voulais demander à M. Canonne ou aux personnes qui
l'accompagnent...
M. Harvey (Charlesbourg): C'est une création du parti
auquel vous allez retourner.
Le Président (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: C'est curieux que cela existait avant que le parti
existe. De toute façon, ce n'est qu'un commentaire. J'aimerais demander,
simplement, si on me le permet même les gens des deuxièmes
rangées se permettent d'interrompre!
M. Harvey (Charlesbourg): On ne peut vous permettre d'être
intelligent, mais on peut vous permettre de continuer!
M. Bédard (Chicoutimi): II y en a qui se prennent pour
d'autres, ce soir!
M. Roy: Quand j'aurai la parole, M. le Président, vous me
le direz.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Beauce-Sud a la parole. J'invite les membres de la commission à
laisser parler le député de Beauce-Sud, et de lui laisser poser
des questions pertinentes au mémoire.
M. Roy: Dans votre mémoire, j'ai cru comprendre que la
promotion touristique et la promotion industrielle étaient des choses
qui, selon vous, ne devraient pas être incluses dans l'organisme que vous
avez proposé, c'est-à-dire une coopérative de services.
Ai-je bien compris?
M. Canonne: Ce n'est pas nous qui l'avons dit, en ce qui concerne
la promotion industrielle, c'est le Parlement lui-même qui a
créé la Société Inter-Port et, si je ne m'abuse,
qui lui a confié les pouvoirs du commissariat industriel de la
Communauté urbaine de Québec.
M. Harvey (Charlesbourg): C'est faux.
M. Roy: La Communauté urbaine a quand même encore
une vocation, concernant la promotion industrielle. Cela n'a pas
été enlevé complètement. Il y a peut-être eu
double emploi.
M. Canonne: En tout cas, dans le mémoire des maires, c'est
ce qui ressort sur ce point, où nous ne sommes pas suffisamment
compétents, nous nous sommes fiés au mémoire des maires
où il est question de la Société Inter-Port. Dans ce cas,
je ne vois vraiment pas pourquoi on doublerait les dépenses et pourquoi
on dépenserait de l'argent au commissariat industriel de la
Communauté urbaine et qu'on lui créerait un concurrent, la
Société Inter-Port, pour développer une autre zone
industrielle dans le Québec.
On a créé sans doute le commissariat industriel pour
empêcher la concurrence ruineuse des municipalités relativement
à leur parc industriel. Si on a créé un autre organisme
encore, sans supprimer les pouvoirs du commissariat industriel de la
Communauté urbaine de Québec, alors, vraiment, il n'y a plus rien
à y comprendre!
M. Roy: En ce qui concerne la promotion touristique, vous avez
proposé aussi dans votre mémoire que cela relève des
municipalités directement plutôt que de relever d'un organisme
supra-municipal.
M. Canonne: Là, nous nous rallions à l'opinion de
la chambre de commerce qui a parlé d'un organisme paritaire comprenant
des représentants des municipalités et des représentants
de l'industrie du tourisme.
M. Roy: En somme, vous vous ralliez...
M. Canonne: Nous ne sommes pas des spécialistes en la
matière, mais il nous semble que les deux solutions qui ont
été apportées, la Société Inter-Port, d'une
part... A moins qu'on ne supprime la Société Inter-Port et qu'on
confie ces pouvoirs au Commissariat industriel, c'est une autre solution, et,
d'autre part, Un organisme régional de promotion touristique où
les corps publics et l'industrie privée seraient
intéressés, nous semblent des solutions raisonnables.
M. Roy: D'accord, c'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): Le député de
Montmorency, cher collègue limitrophe.
M. Harvey (Charlesbourg): D'accord, allez-y.
M. Bédard (Montmorency): M. Canonne, j'ai
écouté avec attention votre exposé. Cependant, je ne
voudrais pas trop prendre le temps de cette commission parce que je pense que
j'en aurais pour discuter au-delà d'une dizaine d'heures, mais j'ai
seulement relevé quelques points. D'après moi, même si vous
connaissez ma position concernant la Communauté urbaine, j'ai
calculé que vous aviez très bien commencé, mais, lorsque
vous êtes tombé dans les fusions, vous vous êtes
fourvoyé quelque peu.
D'abord, à la page 21, lorsque vous dites c'est une
correction que je veux apporter, parce que ce n'est pas honnête envers la
ville de Québec La ville de Québec plus trois autres
municipalités peuvent imposer leur volonté à l'ensemble
des autres. En fait, c'est peut-être Québec et trois autres
municipalités, mais pas n'importe lesquelles. Mais plus trois autres,
cela veut dire trois autres municipalités, n'importe lesquelles. Donc,
dans le temps, quand bien même Beauport, Giffard et Courville votaient
avec la ville de Québec, cela ne faisait pas accepter n'importe quel
règlement qu'elles avaient à accepter. Donc, je pense que, dans
les trois, il vous faut automatiquement, si ma mémoire est bonne
j'ai déjà préparé des chiffres là-dessus
c'étaient Sainte-Foy, Charlesbourg et n'importe quelle autre
municipalité. C'est cela qui formait les trois. Je pense qu'il faut
apporter cette correction.
M. Canonne: Mais cela veut bien dire quatre
municipalités.
M. Bédard (Montmorency): C'est parce que, vous savez, dans
le décompte, Québec, à toutes fins pratiques, ne partage
pas. Cela lui prend 50% des votes. Les 50% des votes sont faits automatiquement
je parle toujours de l'ancienne répartition; ne tenons pas compte
des fusions, parce qu'il va peut-être y avoir d'autres amendements
d'apportés mais Sainte-Foy, Charlesbourg et n'importe quelle
autre municipalité pouvaient faire renverser le vote, quel qu'il soit,
même si la ville de Québec votait pour ou contre. Il faudrait
apporter cette correction. J'espère que c'est clair dans votre
esprit.
M. Canonne: Cela l'est maintenant.
M. Bédard (Montmorency): Concernant l'évaluation.
Tout le long de votre exposé, vous vous plaignez que la
Communauté urbaine coûte cher. Je suis d'accord avec vous sur
plusieurs points, mais, lorsque vous parlez d'évaluation et que vous
posez des questions, à savoir la valeur marchande ou la valeur
réelle, et que vous préconisez un rôle révisé
tous les ans, vous n'êtes pas sans savoir que cela demanderait du
personnel supplémentaire.
M. Canonne: Cela va en demander. Cela a été
adopté par l'Assemblée dans la loi 254.
M. Bédard (Montmorency): C'est encore une charge
supplémentaire que vous imposez. Donc, avec ce service, il ne faut pas
penser que le prochain budget va être encore plus bas que celui qu'on
vient d'adopter en 1976.
M. Canonne: Hélas!
M. Bédard (Montmorency): Hélas! Il aurait fallu
faire mention qu'à cause d'un service supplémentaire qu'on
demande... Parce que, lorsque vous dites que la maison qui a été
évaluée en 1972 a la même évaluation en 1975, vous
avez complètement raison, mais, pour évaluer les maisons à
tous les ans, cela va prendre une armée d'hommes dans le chemin. Il faut
mettre les faits tels qu'ils sont. Quant au bureau de révision, vous
parlez d'une procédure lourde et légaliste. Encore là, si
on veut avoir un meilleur accès au bureau de révision, travailler
le jour, travailler le soir, cela va créer des dépenses
supplémentaires; donc, c'est un service supplémentaire que vous
demandez. Il va falloir que quelqu'un paie pour cela.
M. Canonne: Je répondrais brièvement à vos
observations. En ce qui concerne le bureau de l'évaluation
foncière, auparavant, il y avait des bureaux de révision locaux
qui ne coûtaient pratiquement rien parce que c'étaient des
citoyens de la ville qui étaient connus ou choisis pour leur
compétence en la matière et qui, en fait, pratiquement, donnaient
leurs services. C'est comme cela que cela fonctionnait.
M. Bédard (Montmorency): C'est pour cela, M. Canonne,
qu'à mon troisième point, je voulais toucher à
l'évaluation. Lorsque vous parlez de coût de l'évaluation
en 1969 à Sillery, au coût de $20 000 et, aujourd'hui, vous prenez
la facture de la Communauté urbaine, $120 000, vous nous dites que le
gros service que vous recevez de la Communauté urbaine, c'est
l'évaluation.
Mais, il faut être honnête envers les personnes du service
d'évaluation de la Communauté urbaine parce que les normes que
nous avions dans les années 1967, 1968, 1969 et ce que nous sommes
obligés de faire aujourd'hui, ce n'est pas du tout le même
ouvrage, ce n'est pas du tout la même besogne. Chez moi, c'est encore
mieux que chez vous. Je payais $18000 pour trois ans, mais je ne voudrais pas
vous montrer le rôle que nous avions en 1968 et en 1969. C'était
disparate, cela n'avait aucun sens. A ce sujet, si vous avez fait des
recherches, parce que j'ai trouvé drôle que vous mentionniez
souvent le nom de Courville dans votre exposé ou dans les exemples que
vous apportez, j'aurais aimé que vous apportiez le rôle de
Courville en exemple pour voir tout l'ouvrage que les estimateurs de la
Communauté urbaine ont été obligés de faire
seulement pour une petite ville comme celle-là. Ceci pour vous
démontrer que même si, au départ, je suis contre
l'organisme de la Communauté urbaine parce que c'est seulement un
facteur de piastres, si elle ne coûtait pas trop cher, on la garderait,
mais, je suis capable de faire la part des choses et de donner ce qui
appartient à quelqu'un et ce qui appartient à l'autre. Au service
de l'estimation, il faut faire attention parce que c'est un magnifique service
que les municipalités obtiennent. On peut dire que c'est le service le
plus direct. Mais il faut aller voir le travail que font ces gars pour
s'apercevoir que ce n'est pas du tout le même ouvrage que lors des
années 1965 à 1968.
M. Canonne: M. le député, je ne voudrais
certainement pas accuser les estimateurs de la Communauté urbaine de
Québec, dont la plupart sont des confrères et amis. Seulement, la
question que je me pose est la suivante: Est-ce qu'il y avait plus de plaintes
contre votre vieux mauvais rôle en 1970 qu'il n'y en a aujourd'hui? C'est
la première question.
M. Bédard (Montmorency): Je vous dirais oui...
M. Canonne: La deuxième question, un service, si parfait
qu'il puisse être, commet des erreurs. Il est à notre connaissance
que, même avec ce service parfait, il y a des erreurs qui se commettent,
elles sont humaines. Il n'est pas question de dire que la Communauté
urbaine, en ce qui concerne le service d'évaluation, fait mal son
travail. Nous sommes d'avis qu'elle le fait bien. Mais nous pensons que cela
pourrait être fait à un moindre coût et en gardant le
service d'évaluation actuel, on n'a pas besoin de le surcharger d'un
secrétariat, d'un service des finances et d'un service du personnel qui,
à mon sens, sont parfaitement inutiles. Il n'y a pas besoin de tout
cette machine pour gérer le service d'évaluation de la
Communauté urbaine de Québec.
M. Bédard (Chicoutimi): D'après ma propre petite
expérience, je ne suis pas un estimateur, mais j'ai drôlement
l'impression que cela prend passablement de paperasse et que, cette paperasse,
quelqu'un va la remplir. Ce ne seront certainement pas les estimateurs. Il y
aurait peut-être une recherche à faire au sein de ce service comme
il y en aura une à faire aussi pour faire des comparaisons avec d'autres
municipalités de 50 000 ou 60 000 âmes qui, elles, n'ont pas de
communauté urbaine, qui, elles, ont leur service d'évaluation et
voir ce qu'il en coûte dans leur municipalité parce que,
là, à partir de 1976, tout le monde est soumis aux mêmes
normes d'évaluation. Je voulais simplement faire la comparaison des $20
000 avec 1969 et de ce que l'on paie aujourd'hui. Il n'y en a aucune. Au moins,
aujourd'hui, je vous dis que je n'ai pas de plaintes d'évaluation. La
seule plainte d'évaluation que nous ayons, c'est que le gars voit son
rôle augmenté, comme c'est le cas chez nous, cela a
augmenté de 45% à 55%, pour les maisons unifamiliales. C'est la
même chose pour Sillery et pour Sainte-Foy. C'est la seule plainte que
nous ayons.
Mais, quand on pose la question aux citoyens, c'est la valeur
réelle, la valeur marchande. Parlons plutôt de valeur marchande.
Est-ce que tu vendrais ta maison pour ton évaluation? Je peux vous dire
que, comme maire, chaque fois que j'ai posé la question, on m'a toujours
répondu que non. Donc, là, aujourd'hui, on est certainement
assuré d'une bonne répartition pour chacun des citoyens. Votre
voisin va payer au même prorata que vous parce que tout le monde est sur
la même base et vous en avez fait mention dans votre exposé. C'est
certainement un point constructif de votre exposé.
Parlons de l'incinérateur. Vous avez men-
tionné que c'est d'un coût très
exagéré. Je veux bien vous dire que celui qui représentait
la ville de Sillery, dans le temps, avait voté pour
l'incinérateur. Mais, aujourd'hui, vous dites que, dans le temps, on
préférait l'enfouissement ou seulement le "bulldozage" à
ciel ouvert. Il faut penser que le ministre, d'un autre côté,
avait un problème, lui, la pollution. Dans le cas de Sillery, il n'y
avait pas de pollution parce que vous preniez les vidanges et vous les envoyiez
au lac Saint-Charles ou à Sainte-Thérèse-de-Lisieux. Nous
autres, on en avait de la pollution, par exemple. Celui qui se
débarrasse de toutes ses "cochonneries" en les donnant au voisin n'a pas
de problème. Mais celui qui reçoit les "cochonneries" les a, lui.
Il faut donc être assez honnête pour faire la part des choses et
dire: Aujourd'hui, s'il en coûte $17 la tonne, on dit au citoyen: Est-ce
que tu prendrais tes poubelles à raison de deux fois par semaine, $0.25
la fois, pour aller les porter à l'incinérateur et les
brûler toi-même. Il faut le vendre le service. Je ne sais pas si
vous le savez, mais dans le temps, j'ai été le seul maire
à m'opposer à la construction de l'incinérateur. Mais je
me suis rallié à la majorité et aujourd'hui, je
défends l'incinérateur. Il faut fonctionner avec lui. Vous avez
vu les problèmes des citoyens de Limoilou. Nous n'avons plus de
problèmes de vidanges ni de senteur, mais lorsqu'il arrive un
problème technique, ce sont les gens de Limoilou qui sont pris avec lui.
Sillery n'a jamais de problèmes, parce qu'elle va tout porter à
l'extérieur.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Charlesbourg.
M. Bédard (Montmorency): Je n'ai pas terminé.
M. Canonne: Je voulais vous répondre relativement au
rôle. Dans l'ensemble, il n'y a pas trop lieu de se plaindre. Il y a en
général des avalanches de protestations lors des nouveaux
rôles, après, cela se calme. L'impôt qui est vieux, cela
fait moins mal que l'impôt nouveau, c'est bien connu.
Mais, nous pourrions vous citer des exemples à Sillery même
et dans d'autres municipalités où des maisons sont vendues un an
après, plus cher qu'elles avaient été
évaluées un an auparavant. Des erreurs, il y en a partout. Aussi
parfait que soit le service de la Communauté urbaine de Québec,
il commettra des erreurs, parce que l'erreur est humaine et ce n'est pas
l'ordinateur qui va les corriger en soi.
Des erreurs, il y en aura toujours. Ce que nous disons, c'est qu'on n'a
pas besoin de la Communauté urbaine en tant que telle pour avoir un
service d'évaluation au service des municipalités de la
région.
Vous parlez de l'incinérateur. Il est possible que les gens du
lac Saint-Charles, où on enfouissait les ordures, n'aient plus d'ennuis,
mais maintenant, ce sont les gens de Limoilou qui ont la senteur de
l'incinérateur.
M. Bédard (Chicoutimi): Attendez un peu. Lorsqu'il arrive
un bris, c'est de la mécanique. Il faut être honnête aussi.
Ils n'ont plus de problèmes, cela fait longtemps.
M. Canonne: J'ajoute une chose. On avait dit à
l'époque que l'incinérateur ne coûterait rien aux
citoyens.
M. Bédard (Chicoutimi): Pardon?
M. Canonne: On avait dit à l'époque que cela ne
coûterait rien aux citoyens et maintenant, cela coûte $17.
M. Bédard (Montmorency): Non, non. Sans coûter rien,
on a dit que cela ne coûterait pas cher. Je suis d'accord avec vous. Mais
aujourd'hui, la construction a coûté $25 millions et nous sommes
pris avec elle. Il faut le dire aussi.
M. Canonne: A Chicago, cela coûte $1.25 la tonne, pour
disposer des ordures ménagères.
M. Bédard (Montmorency): Ce serait peut-être
mangé par la mafia, je ne le sais pas. Il faudrait faire des recherches,
parce que des chiffres en l'air, comme cela, j'ai toujours peur de cela. Il
faut regarder pourquoi cela coûte $1.25. Chez nous, je ne vous dirai pas
pourquoi cela coûte $17, je le sais.
A première vue, je trouve la comparaison disparate passablement.
M. le Président, vous allez me permettre de venir à mon dernier
article. C'est pour cela...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Je demanderais aux
membres de la commission de faire diligence parce que nous avons un autre
organisme à entendre ce soir.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, on ne
parle pas souvent. Quand on touche un domaine qu'on connaît un peu, on
aime pouvoir... Vous ne pouvez pas m'enlever ce droit de parole, M. le
Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Non, je demande
seulement de faire diligence.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, je veux
bien faire diligence, mais M. Canonne devait avoir 20 minutes pour faire son
exposé et il a pris 55 minutes. Vous ne l'avez pas arrêté.
Je ne peux pas voir pourquoi vous allez m'arrêter.
M. Harvey (Charlesbourg): II veut être
éclairé à part cela.
M. Bédard (Montmorency): Parlons de la fusion, M.
Canonne.
M. Canonne: Je n'en avais pas été informé.
M. Bédard (Montmorency): Mais en tout cas,
nous étions au courant. Concernant le problème de fusion,
M. Canonne, lors de votre exposé, je reviens sur le même
énoncé de tout à l'heure, vous parliez souvent de
Courville pour donner des taux de comparaison de taxes. Pourquoi n'avez-vous
pas parlé de la rentabilité de Courville, grâce à
une fusion? Pourquoi n'avez-vous pas dit qu'une évaluation de $35 000
apportait une diminution de taxes de $250 par année. Il me semble que
cela aurait pu être une partie constructive, lorsque vous avez
parlé de fusion. Vous avez mentionné que vous exigiez un
référendum. Les gens sont attachés à leur patelin.
Là-dessus, je vous répondrai que dans l'unité de
regroupement, il y a eu deux référendums. Cela a passé
à 74% globalement. Le référendum a eu lieu la même
journée dans Sainte-Thérèse-de-Lisieux et Villeneuve.
Mais êtes-vous d'accord avec moi que lorsqu'on parle de
référendum, on commence à parler un peu de politique?
Selon l'expérience que j'ai vécue je parle pas de ce qui
se passe ailleurs, je suis au courant les référendums,
c'est politisé un peu. Est-ce qu'on peut s'entendre un peu sur ce
problème?
M. Canonne: D'abord, notre propos, c'est la CUQ, ce ne sont pas
les fusions en tant que telles et ce que nous avons voulu dire à propos
des fusions, c'est qu'il nous semblait anormal et contre le droit des citoyens
d'une municipalité d'être fusionnés sans qu'on leur demande
leur avis.
Là où les citoyens ont voté ne serait-ce
qu'à une voix de majorité la fusion, les autres doivent
s'incliner. C'est la loi de la majorité. Ce que nous reprochons, c'est
qu'on n'ait pas demandé aux citoyens leur avis sur la question.
M. Bédard (Montmorency): Normalement, dans la
municipalité de Courville, les citoyens normaux nous auraient
sauté au cou quand on parlait de fusion, avec les problèmes
financiers que cette municipalité avait.
Mais j'aurais aimé que vous additionniez la ville de Montmorency,
qui était prise ici, la ville de Villeneuve, qui avait un déficit
de $110 000 sur un budget de $600 000, en 1975, ce sont des problèmes
financiers, et Sainte-Thérèse-de-Lisieux qui, à toutes
fins pratiques, n'avait pas de service, mais qui avait un taux de taxe
très élevé, malgré toutes les subventions qu'elle
recevait, parce qu'elle était régie par le Code municipal. Nous,
étant régis par la Loi des cités et villes, on n'avait pas
droit à ces subventions. Trouvez-vous que c'était honnête
envers les citoyens de Sainte-Thérèse-de-Lisieux comparativement
aux citoyens de Beauport, d'avoir des subventions à
Sainte-Thérèse et de ne pas en avoir à Beauport?
Je pense que, dans votre étude, vous devriez regarder tous ces
aspects et dire: II y a des personnes qui se sont tenues debout. Ce sont des
administrateurs. M. Canonne, au mois de novembre prochain, les administrateurs
qui ont fait la fusion se présenteront à nouveau devant le
même public qui fera la croix à la bonne place. On saura alors si
le public était d'accord.
M. Canonne: Vous ne croyez pas que cela aurait été
beaucoup mieux que ce soient les citoyens qui le disent eux-mêmes? Si
c'est si parfait que cela, ils auraient voté des deux mains, dans un
référendum au sujet de la fusion. Ils auraient exercé
leurs droits de citoyens. Encore une fois, ce n'est pas le débat ici,
c'est la CUQ, mais les élus municipaux n'auraient pas pris
d'eux-mêmes une décision pour d'autres alors qu'ils ne sont pas
faits pour cela, à mon point de vue.
M. Bédard (Montmorency): Les élus municipaux, M.
Canonne, vous avez dit qu'ils étaient là pour administrer.
M. Canonne: Oui.
M. Bédard (Montmorency): Une fusion, lorsque c'est
rentable pour les citoyens que j'administre, je crois que, dans ma
responsabilité d'administrateur, je me dois de le préconiser,
comme, dans ma fonction d'administrateur, je dois faire des changements
à la Communauté urbaine de Québec. Pourtant, dans mon
programme électoral de 1974, je n'ai jamais parlé de cela, mais
je suis là. Vous êtes le premier à vous plaindre que cela
coûte trop cher de taxes. On essaie de trouver des solutions. Celui qui
arrive avec une solution avant-gardiste, pouf!, on lui frappe dans le dos et on
dit: Ce n'est pas bien. Il faudrait demander, il faudrait expliquer.
Le dossier de la fusion, c'est un dossier financier et très
compliqué. Vous avez eu tous les documents. Vous parlez de la
présentation que vous avez faite devant la Commission municipale, il y a
des erreurs dans votre document, d'un bout à l'autre de votre document.
On ne va pas relever cela, parce qu'on devient tanné de perdre notre
temps. Mais vous aviez tous les chiffres en main. Imaginez-vous qu'après
avoir fait une étude de votre comité, chacun des citoyens, le
gars qui arrive avec sa boîte à "lunch", le soir à 16 h 15,
le rapport Hawey ne lui dit rien. Qu'est-ce que les citoyens nous ont dit? Vous
êtes administrateurs, les gars, c'est bon pour vous autres, allez-y. Il y
a plusieurs citoyens qui nous l'ont dit. J'ai fini, M. le Président.
J'espère que je n'ai pas été trop long.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Charlesbourg. Je demanderais au député de Charlesbourg
d'être bref, s'il vous plaît.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, je ne voudrais
pas prolonger indûment le débat.
M. Bédard (Chicoutimi): Surtout après le beau
discours du député de Montmorency; M. le Président.
M. Harvey (Charlesbourg): Non, je pense qu'on devrait permettre
à M. Canonne de répondre, M. le Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): M. Atkins, s'il vous
plaît.
M. Atkins: M. le maire de Beauport, en tant que contribuable de
Beauport, j'ai appris que la fusion augmentait mes taxes. J'ai acheté
une propriété en 1972, à Beauport. Depuis ce temps, mes
taxes ont augmenté de 159%, sans compter le budget de 1976. Moi, en tant
qu'administrateur, vous ne m'impressionnez pas jusqu'à maintenant.
M. Bédard (Montmorency): Non, mais c'est normal. Vous
dites en tant...
M. Atkins: 159% de plus, depuis 1972?
M. Bédard (Montmorency): Cela, monsieur, c'est normal.
M. Atkins: Les comptes sont ici.
M. Bédard (Montmorency): 159% de $150, cela ne fait pas
gros; 159% de $600, cela fait encore plus gros. C'est là le
problème. Vous marchez souvent par pourcentage, mais regardez les
services que vous retirez pour le montant que vous payez. C'est cela que vous
devez regarder. Après cela...
M. Atkins: En 1972.
M. Bédard (Montmorency): ... quand vous aurez fait cette
comparaison, regardez un de vos confrères des amis, vous devez en
avoir un peu, jamais je ne croirai des autres municipalités et
comparez son compte de taxe avec le vôtre et après cela on s'en
parlera à nouveau.
M. Atkins: J'ai des comptes de taxe de trois municipalités
et le vôtre est le pire.
M. Bédard (Montmorency): II faut le regarder.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Charlesbourg.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, il
m'apparaît, avant de poser certaines questions à M. Canonne ou
à ses acolytes, nécessaire de situer ou de replacer au moins une
couple de points émis ce soir au débat. Au niveau de la
Société Inter-Port, en particulier, on a dit que la
Communauté urbaine de Québec s'était fait usurper son
autorité en matière de promotion industrielle, ce que je
n'accepte pas, puisque la création de la Société
Inter-Port fait de la Communauté urbaine de Québec un partenaire
à part entière à l'intérieur de la
Société Inter-Port.
Maintenant, du côté touristique, on a également
avancé qu'on se refusait à accepter un double emploi. Là,
encore, je pense que la Chambre de commerce de Québec avait
suggéré je pense que, ici même, à cette
table, le ministre était présent un détachement
entre la promotion industrielle et l'accueil, à savoir que la promotion
industrielle devrait éventuellement attachée à Inter-Port
et que l'accueil pourrait éventuellement demeurer une affectation de la
Communauté urbaine, là où j'en suis.
Le député de Beauce-Sud lui-même, lorsqu'il a fait
son intervention, a un peu brandi la menace d'un renversement du gouvernement,
peut-être en parlant même d'élections
précipitées. Je regrette son absence. Je pense que ce n'est pas
poli de parler en l'absence d'un collègue, mais je sais que dans son
bureau, il est bien à l'écoute et il va peut-être nous
ressoudre, mais je pense qu'il y aurait peut-être beaucoup plus lieu de
s'inquiéter du PNP qui est à la renverse que du gouvernement
vis-à-vis de sa propre motion.
Quant à la Communauté urbaine de Québec, ce qui est
à la base même du mémoire qui est présenté ce
soir par le groupe qui est devant nous, qu'on identifie comme étant le
Comité de rédaction du Front régional d'action civique, la
seule lutte que ce comité a entreprise, c'est celle d'abolir la
Communauté urbaine. Abolir la Communauté urbaine et la remplacer
par quoi? Je pense que déjà la Communauté urbaine a fait
ses preuves d'une nécessité au niveau régional, a
créé des organismes qui ont lieu d'être en place. Je pense
qu'on a fait avancer les choses au niveau de la région de Québec.
Je pense aussi, et j'avance loin dans ma philosophie, que la Communauté
urbaine de Québec est là pour demeurer. L'améliorer, oui,
je suis d'accord. La remplacer, la remplacer par quoi? Je pense bien que tout
à l'heure, on aura l'occasion d'entendre M. Trottier qui, lui aussi, a
ses idées là-dessus, ce qu'on peut appeler une autocritique de la
Communauté urbaine de Québec. Je suis bien d'accord sur votre
présence, ce soir, du Comité de rédaction du Front
régional d'action civique. Je trouve que ce n'est pas mal. Je pense que
vous aviez un côté sentimental qui nous a très bien servis.
Je pense aussi que vous nous avez vous-même confessé que vous
manquiez énormément de données et que ce manque de
données ou ce manque d'informations qui, soit dit en passant, pour citer
vos mots "n'est que fragmentaire", nous aura permis quand même d'apporter
un jugement, disons-le, fragmentaire sur les opinions que vous avez
émises.
La ligue elle-même se recrute parmi neuf identités dont
quatre sont de la Côté de Beaupré, deux de la ville de
Québec, membres de la Communauté urbaine, la ville de
Québec et Sainte-Foy et trois autres municipalités dont
Saint-Emile, en particulier, Val-Bélair qui sont hors territoire.
J'avais quelques questions. De toute façon, je pense que sachant
d'avance que vous n'avez que des données fragmentaires, comme nous
demandons des données officielles, je n'aurai tout simplement pas de
question. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): D'autres questions de
la part des membres de la commission? Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Bédard (Chicoutimi): On est tellement bien
informé par le discours qu'on vient d'entendre...
M. Boutin: Je voudrais tout simplement suggérer que la
seule formule...
Le Président (M. Houde, Limoilou): La parole est au
député d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: La seule formule que je verrais pour réduire
les taxes dans les prochaines années, ce serait pour les
municipalités, d'adopter un règlement anti-inflationniste pour
suivre le gouvernement.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Merci bien, M. Canonne,
et les membres qui vous accompagnent.
J'invite immédiatement le président de l'exécutif
de la Communauté urbaine de Québec.
Le président de l'exécutif de la
CUQ
M. Trottier (Armand): M. le Président, M. le ministre,
messieurs, j'ai eu l'occasion au mois de décembre dernier,
évidemment, de remettre des copies du mémoire que j'ai
préparé sur la Communauté urbaine de Québec. Il
serait peut-être un peu fastidieux pour le moins de reprendre la lecture
de ce document, que j'espère, la majorité d'entre vous avez eu
l'occasion de lire et d'analyser. J'ai également assisté aux
séances antérieures de la commission parlementaire sur cette
question de la Communauté urbaine. J'ai eu l'occasion de prendre,
évidemment, plusieurs notes. J'aurais peut-être un autre
mémoire en réponse à certaines affirmations qui ont
été faites. Là aussi, je pense qu'il serait
peut-être oiseux de revenir sur toutes ces questions. Il y a eu depuis le
mois de décembre également le rapport Castonguay qui vient de
paraître et dans lequel on retrouve des recommandations sur lesquelles
déjà plusieurs ont commencé à s'exprimer et qui
fera certainement l'objet de commentaires très nombreux dans un bref
délai.
Je peux dire dès le départ que je suis très heureux
dans l'ensemble des recommandations du rapport Castonguay, parce que je crois
retrouver la majorité des observations que j'ai pu me permettre de faire
dans ce document, du moins dans l'essence des grandes lignes, aux conclusions
du rapport Castonguay. Une petite remarque, cependant, qui n'est pas une pierre
dans le jardin de.qui que ce soit, j'ai regretté je peux le dire
tout en affirmant que je parle évidemment à titre personnel
de ne pas avoir encore eu l'occasion d'avoir une copie intégrale
du rapport Castonguay. J'ai eu la bonne fortune d'avoir un photostat du Vie
chapitre du rapport Castonguay et on m'a dit qu'il n'y en avait que 500 copies
en première édition. Alors, si la Communauté urbaine de
Québec, même avec 500 copies, ne peut pas en avoir une copie,
là je m'interroge un peu. De toute façon, j'espère avoir
l'occasion d'en avoir une copie.
Une Voix: Je vais vous donner la mienne.
M. Trottier: Tu en as déjà fini?
Une Voix: Non, j'en ai deux copies.
M. Trottier: C'est pour cela que je n'en ai pas eu.
Je ne voudrais pas reprendre toutes ces ques- tions, comme je le disais,
mais un point principal a semblé sensibiliser l'ensemble de ceux qui se
sont exprimés. Il s'agit du coût, évidemment, de la
Communauté urbaine pour l'ensemble des citoyens. Je voudrais citer... je
comprends que M. Bédard, le député de Chicoutimi, ait
touché ce tableau quelque peu tout à l'heure, mais quand on
observe quand même l'ensemble des montants des coûts, on se rend
compte que les augmentations annuelles des budgets municipaux dépassent
de beaucoup le coût d'augmentation de la Communauté urbaine pour
l'ensemble des municipalités. C'est pourquoi on arrive quand même
pour 1975... et là, je ferais remarquer que quand on parle de 1970 par
rapport à 1971, c'est que le montant qui apparaît en 1971, budget
1970, cela veut dire la répartition qui était exigée au
début de 1971 pour l'année qui venait de s'écouler en
1970... C'est pour cela que les $0.35 qui apparaissent pour 1971, c'est
évidemment l'année de mise en marche. Il y avait seulement $250
000 de budget additionnés aux $432 000 qui étaient le montant de
subvention consenti pendant deux années à raison $1.00 per capita
dans le temps. C'est pourquoi, en 1972, on retombe à $1 760 000 parce
que déjà la communauté ne recevait pas les $432 000
qu'elle avait reçus pendant les deux premières années.
C'est pour cela qu'il y a un écart assez sensible. On reprend un peu la
normale, si vous le voulez, du décroissement des coûts de la
communauté avec, en 1975, un coût moyen de 1.71 par rapport
à l'ensemble des budgets des municipalités. Si on a dans
l'ensemble des villes des augmentations de budget de 25.93, par exemple, sur
l'ensemble des budgets de la région, la Communauté urbaine n'est
certainement pas responsable, avec son coût de 1.71 des budgets des
villes, de ces augmentations. C'est une précision, je pense, qu'il est
important d'apporter si on parle strictement des coûts de la
communauté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): M. Trottier,
étant donné que vous parlez du tableau que vous avez en main,
est-ce que vous en avez fait un dépôt officiel pour...
M. Trottier: Oui, cela a été préparé
pour l'information des membres de la commission de façon à
comprendre peut-être davantage le jeu des chiffres et des exposés
qui ont été faits.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Est-ce que vous en
faites un dépôt officiel?
M. Bédard (Chicoutimi): Voudriez-vous accepter de le
déposer?
M. Trottier: II serait peut-être bon pour compléter
le document que déjà vous avez en main.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Est-ce que les membres
de la commission sont d'accord?
M. Goldbloom: Certainement, oui.
M. Trottier: Je ne reprendrai pas chacun des secteurs du document
en passant service par service. Je pense que déjà les discussions
qui ont eu lieu jusqu'à maintenant sont assez expressives, mais je
désirerais plutôt me référer immédiatement
aux questions que pourraient avoir les membres de la commission parlementaire
sur le mémoire que j'ai déposé, à moins que vous ne
préféreriez que je procède autrement. C'est dans le but,
évidemment d'éviter des longueurs peut-être inutiles
à ce stade-ci.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le ministre des
Affaires municipales.
M. Goldbloom: M. Trottier, dans votre mémoire, vous
recommandez, par exemple, que le bureau d'assainissement des eaux devrait
relever de la CUQ.
Actuellement, nous avons à toutes fins pratiques cinq organismes
à caractère régional qui assurent divers services, la
Communauté urbaine elle-même, la Commission de transport, le
Bureau d'assainissement, la Commission d'aménagement et maintenant la
Société Inter-Port que j'ajoute justement parce que plusieurs
personnes ont recommandé que cet instrument devrait êtra
utilisé pour assurer des services présentement assurés par
la Communauté urbaine. A votre avis, combien d'organismes devrions-nous
avoir pour assurer les divers services à caractère
régional ou métropolitain?
M. Trottier: Je pense qu'il n'y a qu'une réponse à
cela, c'est un organisme comme le voulait l'esprit de la loi lorsque la
Communauté urbaine a été créée. Il y a eu
une exception de faite à ce moment à la Commission de transport,
mais déjà on prévoyait l'intégration du BAEQM pour
le 1er janvier 1972 ou aux environs, à cause de son caractère
régional. Justement, c'est que nous avons voulu, à ce moment,
centraliser en quelque sorte le pôle de décision. Je vois mal, par
exemple, la prolifération de plusieurs organismes ou plusieurs
entités régionales sans qu'il y ait un chapeau pour
apprécier l'échelle des priorités lors d'investissements.
Si on parle du BAEQM comme entité indépendante de la Commission
de transport, comme entité indépendante d'une éventuelle
commission d'alimentation en eau potable, c'est évident qu'annuellement,
dans les budgets de chacun de ces organismes, on aura obligatoirement des
priorités d'investissement de capital et jamais personne ne sera en
autorité pour évaluer l'échelle des priorités de
ces investissements. Il faut qu'il y ait un conseil, avec une
représentation proportionnelle des unités composantes, qui sera
appelé à déterminer l'échelle de priorités
lors de l'analyse de ces investissements. C'est clair qu'on parle on
n'en parle pas actuellement, on en a parlé, on en reparlera
éventuellement de l'intégration, par exemple, des forces
de police, de l'uniformisation de la protection-incendie. C'est clair que,
lorsqu'on arrivera dans l'évaluation ou l'appréciation des
investissements, il faudra que quelqu'un détermine si la priorité
doit être donnée à la protection-police ou à la
protection-incendie ou à l'alimentation en eau potable ou à un
autre secteur. Il faut qu'il y ait l'unité dans l'appréciation de
cette échelle de priorités et c'est pour cela qu'il doit y avoir
une entité responsable qui administre des services, et ce n'est pas pire
en administrer sept qu'en administrer cinq.
M. Goldbloom: M. Trottier, je vous pose en deuxième lieu
la question que j'aurais dû poser la première. Est-ce que je dois
comprendre que le mémoire que nous avons entre les mains et les avis,
les opinions que vous exprimez sont les vôtres personnellement?
M. Trottier: Certainement, il est évident que je me suis
inspiré énormément de l'expérience de nos
responsables des différents services pour structurer... Je n'ai pas la
prétention d'avoir la science infuse; il reste quand même que,
dans le début de ma septième année comme président
exécutif d'une communauté urbaine, j'ai vécu des
expériences qui me permettent d'apprécier certaines circonstances
et certains faits et c'est dans cet esprit d'expériences vécues
que j'ai cru mettre sur papier ce que je considérais comme étant
le plus rentable pour l'intérêt de l'ensemble des contribuables de
la région.
M. Goldbloom: Mais vous n'avez pas soumis ce document à
des collègues pour le faire entériner?
M. Trottier: Je pense que c'est une question qui mérite
énormément d'être posée, mais, connaissant le
contexte de la région comme vous le connaissez, je suis un peu surpris
de vous entendre me la poser. Mais il reste que j'aurais été
assez embarrassé d'obtenir un consensus majoritaire du conseil de la
Communauté urbaine dans le contexte actuel, avec un document comme celui
que j'ai préparé.
M. Goldbloom: M. Trottier, vous comprendrez que, même si
moi, personnellement, je peux avoir certaines connaissances, le journal des
Débats n'a pas nécessairement ces connaissances et il y a
peut-être des membres de la commission parlementaire qui ne les ont pas.
Je suis le premier à vous poser des questions, alors, il me semblait
nécessaire d'établir exactement le caractère; ce n'est pas
dans un esprit critique que...
M. Trottier: D'ailleurs, M. le ministre, je pense que, sur la
page frontispice, il est bien dit: mémoire présenté
à la commission parlementaire de l'Assemblée nationale sur la
Communauté urbaine, par Armand Trottier.
M. Goldbloom: Oui, c'est cela. J'ai constaté cela, mais
j'ai posé la même question au président de la Commission de
transport ce matin et il a indiqué qu'il avait fait certaines
consultations parmi ses collègues.
En vertu de l'expérience que vous avez vécue et notamment
en vertu des modifications que nous avons apportées récemment
à la structure municipale, comment envisageriez-vous une modification
possible de la structure de la Communauté urbaine comme telle? Vous avez
entendu d'autres personnes suggérer des formules: la transformation de
la Communauté urbaine en conférence de maires et des formules
pour conserver les autres organismes, mais avec une représentation des
élus municipaux. J'aimerais avoir votre point de vue sur la structure de
la Communauté urbaine et sur des différences possibles que vous
constatez maintenant que le nombre de municipalités est seulement de 13
au lieu de 22, il y a quelques mois.
M. Trottier: Au niveau de la structure même du conseil de
la Communauté urbaine, il m'appa-raît évident qu'une
représentation proportionnelle doit être réexaminée.
Nous avons maintenant, avec la fusion de Charlesbourg et de ses environs et de
Beauport et de ses environs, diminué, comme vous l'avez
mentionnné, considérablement le nombre des municipalités,
mais il n'en reste pas moins que, si l'on veut avoir un consensus plus direct
des représentants de la population qui sont les membres du conseil, on
pourrait retrouver facilement, dans la représentation proportionnelle,
à peu près le même nombre de membres du conseil que celui
qu'on avait antérieurement. C'est-à-dire, pour illustrer par des
chiffres, il y a 473 000, disons 450 000 contribuables dans la région de
Québec; à une représentation de 1 par 15 000, par exemple,
cela veut dire 30 membres du conseil. On en avait 28 antérieurement.
Là, il y aurait une incitation au regroupement des municipalités
à basse densité. C'est clair qu'une ville comme Beauport qui a 55
000 de population, je pense, aurait trois ou quatre représentants;
Charlesbourg en aurait quatre ou cinq; Sainte-Foy en aurait six ou sept;
Québec en aurait huit ou neuf et les autres municipalités, qui
n'auraient pas le quorum nécessaire de 15 000, seraient forcément
obligées de voir à des formules de regroupement d'une
façon ou d'une autre pour avoir leur représentant. C'est une
formule qui permettrait d'avoir un conseil où il y aurait expression
d'idées beaucoup plus répandues et beaucoup plus fidèles
peut-être pas plus fidèles, l'expression n'est
peut-être pas bonne mais je veux dire plus proportionnelles
à la municipalité qui est représentée.
D'ailleurs, on retrouve un peu ce facteur dans la région de
Montréal. Actuellement, dans la région de Montréal, il y a
53 si on n'a pas changé le nombre des conseillers membres
du conseil de la ville de Montréal, incluant le maire, qui sont membres
du conseil de la Communauté urbaine. Il reste qu'on a pensé,
à ce moment-là, à la représentation. On y repense
toujours et actuellement, la formule qui a été proposée
par le comité des maires, celle d'avoir un comité de quatre
maires, par exemple, qui ferait en même temps presque le conseil et
l'exécutif, parce qu'on parle d'assemblée des maires qui
n'aurait, en quelque sorte, au- cun pouvoir. C'est l'exécutif qui
réglerait tous les problèmes dans les mains de quatre personnes.
Je ne pense pas qu'on puisse retrouver là tous les
éléments administratifs avec la salubrité que l'on peut
chercher dans un conseil d'administration, surtout pour une population de 500
000.
M. Goldbloom: M. Trottier, il me reste deux questions. Vous avez
vécu l'adoption automatique des budgets. Est-ce que vous avez une
solution à nous suggérer?
M. Trottier: La solution automatique des budgets, je n'en vois
pas d'autre que celle qui existe actuellement et, si je me réfère
à la Loi des cités et villes, par exemple, toutes les
municipalités sont obligées de produire, au 31 décembre de
chaque année, un budget équilibré.
A ce moment, je ne vois pas pourquoi un organisme régional comme
la Communauté urbaine ne pourrait pas continuer à avoir ce
pouvoir ou cette possibilité d'une date limite au 15 décembre
pour l'approbation des budgets. Comme l'a expliqué le
député de Montmorency tout à l'heure, il y a
évidemment des discussions qui se font au niveau du conseil sur le
budget, il y a des suggestions qui sont faites en analyse sur des coupures
éventuelles, et s'il n'y a pas possibilité à cause des
arguments qui sont apportés de présenter des coupures
désirées, c'est évident qu'à ce moment il y a
toujours des expressions négatives qui peuvent se faire, il y a des
gestes concrets qui doivent être posés et ce sont uniquement ces
dates limites qui rendent possible l'opération. Il reste aussi une autre
porte de sortie, c'est qu'après le 15 décembre, il y a une autre
période de 30 jours pendant laquelle les municipalités peuvent
recourir à la Commission municipale pour porter leurs griefs ou leur
opposition ou leurs arguments en opposition à l'approbation du
budget.
M. Goldbloom: M. Trottier, ma dernière question pourra
paraître délicate un peu, je ne la pose pas à votre adresse
personnelle, sauf dans le sens d'obtenir votre point de vue à cause de
l'expérience que vous avez vécue. Pour des raisons que j'ignore,
en 1969, quand les trois lois constitutives des communautés ont
été adoptées, le législateur a décidé
que le président du comité exécutif de la
Communauté urbaine de Québec et le président du
comité exécutif de la Communauté urbaine de
Montréal seraient choisis par les membres du conseil, tandis que, dans
le cas de la Communauté régionale de l'Outaouais il a
été prévu que le président soit nommé par le
gouvernement. Le sujet a déjà été examiné un
peu, au cours de la journée, et, dans le contexte de la Commission de
transport certains opinants ont dit: C'est une contrainte sur la liberté
d'action et de pensée du président s'il est nommé par le
gouvernement plutôt que d'émaner de l'organisme et de la base du
milieu lui-même.
Je ne voudrais pas vous y obliger, mais vous avez peut-être des
commentaires à faire sur le rôle d'un président qui
émane de l'organisme directement, par comparaison avec le rôle
d'un président
nommé par un autre palier du gouvernement. Disons-le, quoique
c'est un peu moins spectaculaire dans le cas de la CUQ que dans le cas, de la
Communauté urbaine de Montréal, mais quand même le
gouvernement contribue pour une somme importante et quand on pense aux
transports en commun, ce pourcentage est relativement élevé,
beaucoup plus élevé que la contribution de chaque
municipalité individuelle.
On pourrait invoquer cette contribution pour dire: C'est
justifié, que le président soit nommé. Sans vouloir vous
placer dans une situation délicate, j'aimerais, si vous êtes
consentant, que vous vous exprimiez un peu là-dessus.
M. Trottier: Je pense que je n'ai aucune hésitation, M. le
ministre, à répondre à cela. Il faut quand même
faire un petit historique qui remonte à 1969 pour se rappeler les
moments vécus lors de la création des communautés
urbaines. Je ne voudrais pas diversifier la question directe, mais, au moment
de la création des communautés urbaines, il avait
également été dit au mois d'août ou au début
de septembre 1969 par le ministre du temps qu'il y aurait la création de
communautés urbaines dans la province, mais que, dans le cas de la
région de Montréal, par exemple, ce ne serait certainement pas
avant au moins un an. Tout le monde a vécu la période d'octobre
1969, lors de la grève de la police de Montréal, qui a
suscité les troubles dont on se souvient et la nuit du 7 octobre 1969,
alors qu'il s'est fait un compromis.
C'est que les représentants de la ville de Montréal ont
accepté à ce moment la création de la Communauté
urbaine de Montréal à condition que, dans la loi créant la
Communauté urbaine de Montréal, on intègre les forces
policières à l'échelle de la région. Cela a
été une circonstance bien spéciale qui a fait créer
la communauté et qui n'est pas la réponse à la question
que vous posez, mais qui amène...
Dans le cas de la Commission régionale de l'Outaouais, il y avait
cette situation particulière en raison des affinités avec la
capitale nationale, une situation spéciale où il existait la
Commission de la capitale nationale, où déjà était
en place un organisme tout à fait spécial, où le
gouvernement avait des problèmes tout à fait spéciaux
également, sur la question d'aménagement de territoire et de
juridiction territoriale. Le gouvernement aussi, pour des raisons que je ne
connais pas, a opté pour la nomination d'un président
nommé.
Dans le cas de la Communauté urbaine de Québec, comme dans
le cas de celle de Montréal, on a opté pour un président
élu au sein du conseil de la Communauté urbaine de
Québec.
Personnellement, je pense qu'il y a un grand avantage à ce que le
président de l'exécutif soit un élu, soit quelqu'un qui
représente d'abord un conseil de ville. Je suis partisan de la formule
qu'il devrait être éventuellement élu à
l'échelle de la région, mais il y a des implications qui viennent
rendre plus difficile ce processus et sur lequel déjà les
autorités se sont déjà présentées.
D'ailleurs, dans le rapport Castonguay, on ré- fute cette
éventualité avec des arguments que je ne reprendrai pas, mais
qui, je pense méritent d'être appréciés comme
tels.
Si le président de l'organisme régional était tout
simplement nommé, il ne deviendrait ni plus ni moins qu'un
président ou un directeur général, avec les pouvoirs
à peu près identiques à ceux d'un gérant. A ce
moment-là, je vois mal son autorité de décision ou son
influence dans les décisions s'il n'avait d'autres réponses que:
Toi, tu es un fonctionnaire et tu n'as pas affaire là-dedans. C'est nous
autres qui décidons, c'est nous qui nous faisons élire et c'est
nous qui avons à décider.
Il y a une difficulté, à ce moment-là, pour
quelqu'un qui est nommé dans un contexte comme celui-là. Si une
commission gouvernementale, c'est de beaucoup différent. Mais un
organisme comme celui de la Communauté urbaine, c'est un organisme
formé de représentants élus, par délégation
de pouvoirs.
Mais il reste que, fondamentalement, ce sont des élus à la
base. Il faut être élu pour y être représenté.
Je pense que cela a son importance et je vois mal comment on peut valoriser une
influence ou un geste qui peut être posé dans des conditions comme
celles-là.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. Trottier, vous avez
déposé, on doit le dire, quand même un rapport très
substantiel. Vous y avez ajouté ce soir un tableau qui nous indique les
coûts réels de la Communauté urbaine de Québec par
rapport au budget total des municipalités. Je pense que cette adjonction
était également nécessaire et de nature à mieux
expliciter, à mieux faire comprendre non seulement le bien-fondé
d'un organisme tel que la Communauté urbaine, mais également ce
que cela peut en coûter aux citoyens. Ils ont droit de le savoir.
Cela permet aussi, je pense, de répondre à toutes les
objections qui sont posées concernant les coûts véritables
d'un organisme comme la Communauté urbaine. Etant donné l'heure
et le côté substantiel de votre rapport, je comprends que tous les
membres de la commission auraient beaucoup de questions à vous poser. En
ce qui me regarde, j'en aurais une, générale, qui se situe
à la suite des remarques que vous faites à la page 12 de votre
rapport, concernant le rôle du gouvernement.
Vous dites, très précisément que, pour ainsi dire,
la Communauté urbaine a été imposée à la
régie par le gouvernement du Québec et que, par après, la
communauté a été à peu près laissée
à elle-même par les autorités gouvernementales, depuis sa
création. Je voudrais savoir quelles initiatives ou quels gestes,
croyez-vous, auraient dû être posés ou auraient pu
être posés par les autorités gouvernementales qui auraient
eu pour effet.
selon votre opinion, de ne pas laisser la Communauté urbaine
à elle-même, une fois sa création faite?
M. Trottier: Le problème fondamental de la
Communauté urbaine de Québec comme celui de la Communauté
urbaine de Montréal a toujours été un problème de
financement. Lors de la création de la Communauté urbaine, le
législateur a prévu une subvention, per capita, de $1 par
année, pendant deux ans. Après cette période de deux ans,
aucun cent n'était versé à la Communauté urbaine
par le gouvernement. Ce n'est qu'il y a trois ans je ne veux pas
être injuste, mais je pense que c'est il y a trois ans que nous
avons eu une première subvention de support du gouvernement.
Pendant tout ce temps, à cause évidemment des coûts
directs que semblait représenter la communauté urbaine, il s'est
levé une espèce de tollé dans l'ensemble de la
région, une opposition presque systématique à chaque fois
qu'un budget municipal paraissait. La raison capitale, c'était toujours
le coût de la Communauté urbaine. Cet esprit s'est
développé. Evidemment, cela a été un esprit
d'opposition systématique. Depuis trois ans au moins, on dit
constamment, tous les ans: La Communauté urbaine ne doit pas prendre
d'initiatives additionnelles, cela coûte déjà trop cher. La
Communauté urbaine doit marquer le pas. La Communauté urbaine
doit commencer par roder les services qu'elle a, avant de se lancer dans
d'autres initiatives.
Depuis trois ans, on n'avance pas plus qu'on avançait, à
cause de toutes ces implications. Je ne voudrais pas reprendre le plancher pour
blâmer qui que ce soit, parce qu'il faut tout de même se souvenir
que, lorsque les communautés ont été créées,
en 1969, sanctionnées le 23 décembre 1969, elles l'ont
été à l'unanimité de la Chambre. Cela veut dire que
tout le monde était d'accord sur la nécessité de la
création des communautés urbaines. Tout le monde était
d'accord sur la nécessité de présence d'un organisme
régional. Le seul article qu'on a oublié a été de
prévoir un mécanisme de financement, à ce moment.
Je pense qu'on a commencé, il y a trois ans, à se rendre
compte, avec beaucoup plus de réalisme, de cette lacune et
qu:on tend à vouloir corriger ou apporter un correctif
à cette situation, mais on n'est pas encore au bout de nos peines parce
qu'on a tout de même des situations que l'on vit actuellement où
on a, par exemple, au chapitre de l'incinérateur, un investissement de
$6.5 millions à $7 millions, seulement sur de l'équipement
anti-pollution. La communauté ne semble pas encore en mesure de pouvoir
recevoir de subvention; du moins, il n'y en a pas encore d'annoncée.
C'est un exemple des difficultés qu'a à vivre la
Communauté urbaine. Pendant ce temps, on construit sur la rive sud un
incinérateur qu'on aurait fort bien pu desservir parce qu'on a besoin
d'ordures ménagères additionnelles. Il en aurait
coûté $600 000 pour une rampe de transfert. Cela aurait permis
d'alimenter davantage l'équipement qu'on a et cela aurait
évité au gouverne- ment de subventionner la rive sud pour assurer
que cela ne dépassera pas $3.25 ou $3.50 la tonne. C'est cela, un peu,
le jeu qui se fait.
Si je parle de finance, je peux citer un autre exemple. On a
parlé d'Inter-Port, on parle d'Inter-Port. Je ne veux pas brasser le fer
dans la plaie. C'est vrai que la nouvelle philosophie qu'on semble vouloir
donner à la Société Inter-Port est différente de
celle qu'on avait à l'origine, alors qu'on parlait de centraliser dans
la Société Inter-Port toute la promotion industrielle. Là,
on dit: La Société Inter-Port est une société qui
devra voir à la planification, au développement des
infrastructures industrialo-portuaires pour l'ensemble de la grande
région de Québec. Cela fait beau dans le portrait, dans le
décor. On dit: La Communauté urbaine, elle, va garder ses
pouvoirs de promotion industrielle. Dans la structure qu'on planifie à
côté, on vient nous décapiter en quelque sorte notre
service en nous enlevant notre directeur et un de ses deux adjoints pour les
transporter à la Société Inter-Port pour s'occuper de ces
éventuelles infrastructures. Nous autres, on va rester avec un de nos
autres commissaires pour s'occuper de répondre au
téléphone pour dire à quel prix vont se vendre les
terrains dans le parc industriel.
C'est un peu cela, en quelque sorte, qu'on fait. Là, on vient
nous dire que la Communauté urbaine va contribuer à la
Société Inter-Port d'un montant de $67 000 approximativement. On
dit: Pendant ce temps, la communauté va continuer de faire la promotion
industrielle pour la rive nord. Sur la rive sud, il y a trois commissariats
industriels qui sont intégrés à Inter-Port. Comment se
fait-il que la communauté, elle, devra présenter un budget
supplémentaire, s'il n'y a pas de changement, pour assurer ces $67 000
à Inter-Port, plus les coûts du service qu'on devra maintenir,
parce qu'on n'a pas de montant prévu à notre budget pour cela?
C'est la société qui devait tout payer. En plus de cela, comment
se fait-il que la communauté devra, elle, se présenter avec un
budget supplémentaire devant son conseil et que la rive sud, elle, qui
est dans la même Société Inter-Port, ne contribue pas un
seul sou? Il y a tout de même un déséquilibre quelque part.
On vient dire: La communauté, pendant qu'on la débâtit d'un
côté, on la charge de l'autre côté. On dit: La
communauté ne marche pas et ne veut pas marcher. Ecoutez, à un
moment donné, il va falloir qu'on s'arrête. On parle de promotion
touristique. Les municipalités disent: On n'a pas besoin de promotion
touristique. On n'a pas d'hôtel chez nous. Il y a des gens de
Bélair qui m'ont dit tantôt, cela ne fait pas longtemps: On n'a
rien, nous autres, dans Bélair, dans la promotion touristique. Ils
oublient une chose. Dans Bélair, dans Orsainville, dans Courville et
ailleurs, il y a des gens qui restent là, qui travaillent dans des
équipements touristiques. Il y a des gens qui ont besoin, pour conserver
leur gagne-pain, qu'il se fasse une promotion profes-sionnalisée et
structurée dans la région aussi.
Or, tout cela, évidemment, est contribué par l'ensemble
des citoyens. Et là, on vient nous dire, que cela va prendre en plus un
autre organisme
tripartite et une autre contribution gouvernementale du ministère
du Tourisme, de la Communauté urbaine et de l'entreprise privée
qui vont appuyer une véritable promotion touristique. On vient de faire
une expérience avec le carnaval de Québec, avec l'entreprise
privée; on a vu le résultat obtenu. On va venir nous faire
accroire que l'entreprise privée va appuyer la promotion touristique de
la région de Québec? Ecoutez, il faut arrêter de
rêver en couleur et de jouer sur la tête des gens. Il y a une
limite pour rêver. Il y en a, ma foi du bon Dieu, je pense qu'ils se
lèvent le matin en pensant qu'ils vont inventer dans la
journée.
Mais tout cela, c'est au nom du bien commun. Il y a de grands clubs
sociaux dans la région de Québec qui ne pensent qu'à cela
de ce temps-ci. Je me demande qui est tombé sur la tête, quelque
part, il y en a qui embarquent là-dedans. Pendant ce temps-là, on
dit: La Communauté urbaine ne fait rien. Mais on oublie, par exemple,
que depuis la création de la Communauté urbaine, il s'est
bâti des équipements touristiques. Ce n'est pas dû à
la seule Communauté urbaine, c'est évident; il s'est fait du
développement dans la ville de Québec qui a engendré ces
développements. Il reste que, pour nourrir ces équipements, il
faut une structure de promotion touristique de bon aloi et qu'il soit
pro-fessionnalisée. Depuis qu'il y a une structure qui a commencé
à se valoriser, on a tout de même réussi à augmenter
sensiblement la quantité des congrès dans la région de
Québec; en 1975, on a tout de même dénombré 164
congrès dans cette région de Québec, comparativement
à 79 ou 89 en 1974. Il y a tout de même une promotion qui se fait;
cela ne se fait pas uniquement par la communauté. C'est clair que les
chaînes d'hôtels en font une partie, mais tout ce qu'on peut
apporter de concours nous autres, vient donner confiance non seulement aux
propriétaires d'équipements mais à l'ensemble des
investisseurs qui regardent la région de Québec comme une
région en voie de développement.
Si la région de Québec ne s'occupe pas de ses propres
affaires, le gouvernement, quel qu'il soit, avec toute la bonne volonté
qu'il pourra y mettre, ne pourra jamais privilégier la région de
Québec au détriment des autres régions de la province de
Québec. C'est évident. Ce n'est pas le gouvernement qui va
favoriser la région de Québec au détriment de la
région de Chicoutimi. Si Chicoutimi ne s'occupe pas de sa promotion
touristique dans son coin, avec son festival d'hiver et avec tout ce qu'il
voudra, personne ne va s'en occuper à sa place.
M. Bédard (Chicoutimi): Si je comprends bien, parmi les
initiatives que vous voudriez voir surgir de la part du gouvernement, il y a,
d'une part, des subventions accrues lorsque c'est nécessaire ou
bien...
M. Trottier: M. le Président, qu'il y ait un
équilibre mieux réparti de l'assiette fiscale, c'est un
problème dont se plaignent toutes les municipalités, c'est
également le problème des communau- tés urbaines. Il y a
une répartition qui doit être révisée.
M. Bédard (Chicoutimi): Et selon vous, par rapport aux
responsabilités qui incombent à la Communauté urbaine, il
ne faudrait pas que le gouvernement vienne d'une certaine façon
court-circuiter les responsabilités de la Communauté urbaine par
des organismes parallèles...
M. Trottier: C'est évident, parce que...
M. Bédard (Chicoutimi): ... qui font qu'à un moment
donné la Communauté urbaine a plus ou moins d'initiatives ou a
plus ou moins de décisions à prendre.
M. Trottier: Placez-vous dans la situation de la
communauté à l'heure actuelle face à la
Société Inter-Port et face à l'éventuelle
société dont on parle, proposée par la Chambre de
commerce, entre autres, sur un organisme tripartite de promotion touristique.
Comment pensez-vous que la Communauté urbaine est appelée
à décider et à progresser dans la structure ou la
structuration de son service? C'est évident que nous jouons sur des
têtes de chapitre comme accueil via promotion, mais si vous faites de la
promotion touristique, vous n'êtes pas responsable de l'accueil, si
l'accueil n'a pas de qualité comment voulez-vous qu'elle soit
valorisée votre promotion ou vice versa? C'est une entité qui se
retrouve sur la même responsabilité. Qu'il y ait des organismes
pour faire du "package deal" par exemple, si c'est un secteur commercial, je
n'ai pas d'objections, toutes les agences de voyages peuvent en faire du
"package deal", il n'y a pas seulement Hospitalité-Québec qui
peut se le permettre. Mais il n'y a rien qui empêche, par exemple, la
Communauté urbaine, à son service de promotion touristique s'il y
a tout un éventail de "package" qui sont offerts à des touristes
dans la région, de vendre un "package deal" pour aller passer deux jours
au mont Sainte-Anne et une journée à Baie Saint-Paul. Cela ne
change rien de changer quatre trente sous pour une piastre, on peut faire cela
pour rendre service, cela fait partie de l'ensemble.
M. Bédard (Chicoutimi): M. Trottier, étant
donné l'expérience que vous avez au niveau de l'administration de
la Communauté urbaine, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, il
y a bien d'autres questions qu'on aimerait vous poser. Je terminerai par deux
questions, étant donné que vous avez fait allusion au rapport
Castonguay et que vous avez mentionné que vous étiez heureux de
voir que plusieurs des recommandations que vous aviez faites ou des
idées que vous aviez soutenues dans le passé s'y retrouvaient
d'une certaine façon, il y a deux recommandations, que je crois quand
même majeures qui ont été faites dans le rapport
Castonguay... entre autres, le rapport Castonguay recommande que les organismes
indépendants, comme la Commission des transports et le Bureau
d'assainissement des eaux du
Québec métropolitain devraient être
intégrés aux communautés.
Est-ce que vous pourriez me dire votre opinion là-dessus? Et si
le ministre veut nous dire la sienne aussi, ce sera très
intéressant pour les membres de la commission. Il y avait
également une autre recommandation d'importance concernant le territoire
futur des communautés, où le rapport Castonguay souhaite
très clairement un élargissement du territoire des
communautés, de façon que la totalité de ces
agglomérations y soit englobée. Dans le cas de la
Communauté urbaine de Québec, il parle de la
nécessité ou il recommande, comme mesure d'efficacité,
l'intégration des municipalités de la rive sud. Sur ces trois
points, est-ce que vous pourriez nous dire, le plus brièvement possible,
vos opinions?
M. Trottier: Certainement. La Commission de transport, il y a
déjà plusieurs années que je me suis exprimé
là-dessus. J'ai toujours prétendu que tant et aussi longtemps que
la Communauté urbaine de Québec serait responsable de
l'approbation du budget et des dépenses de la Commission de transport,
elle devrait avoir un pouvoir de regard sur son administration. Le seul cas
où la Commission de transport devrait être indépendante,
c'est que les municipalités n'auraient rien à dire dans le
transport en commun, n'auraient rien à payer. A partir du moment
où les contribuables de la région de Québec seront
astreints à absorber financièrement une partie des coûts
d'exploitation de la Commission de transport, je pense que cela doit relever du
même chapitre que l'organisme régional, que, là aussi, il y
a évaluation de l'échelle des priorités lors des
investissements. Actuellement, on a un cas patent. Il est question de $15
millions d'investissement pour un centre de contrôle de la Commission de
transport. C'est probablement justifié, mais, là aussi, c'est un
investissement contre lequel personne ne peut rien ou qu'on ne peut même
pas apprécier. C'est là. Cela se fait et il faut que cela se
fasse.
Dans le cas du BAEQM, la seule opposition qui a toujours existé
à l'intégration antérieure à la Communauté
urbaine a été la fameuse question de la répartition des
coûts d'investissement du Bureau d'assainissement des eaux. Si,
même à travers la loi, on a pu se rendre jusqu'en 1976 sans faire
la répartition qui était imposée dans la loi créant
le BAEQM, je ne vois pas pourquoi, si l'organisme était
intégré à la Communauté urbaine, la
Communauté urbaine serait, parce que c'est elle, obligée de faire
la même année la répartition qu'aurait déjà
dû faire le BAEQM. C'est une question que je me pose. Devant une
réponse à cette question, je me dis: II n'y a aucune raison pour
avoir une entité indépendante. Cela aussi peut fort bien
être administré sans problème par la Communauté
urbaine.
En ce qui concerne le territoire auquel vous avez fait allusion, dans ce
cas j'ai lu ce soir un commentaire du député-maire de
Lévis, selon lequel, tant qu'il y aura une barrière naturelle, il
n'y a pas de possibilité de fusion de territoire. Je re- grette
infiniment, mais je ne pense pas que le fait de fusionner un territoire comme
celui de la rive sud à la rive nord crée une barrière
naturelle. Que la Communauté urbaine soit responsable de
l'évaluation sur la rive sud, on n'a pas de problème à
traverser le fleuve pour cela. Que l'informatique soit faite par la rive nord,
pour la rive sud, il n'y a pas de problème non plus.
Dans mon esprit, il n'est pas question de traverser des tuyaux pour
aller fournir l'alimentation en eau potable sur la rive sud. Au point de vue de
l'administration de services, il n'y a pas de problèmes non plus
à s'alimenter à La Chaudière pour aller desservir la rive
sud et contrôler toute l'administration de l'alimentation en eau potable
au même chapitre. Les barrières naturelles de cette nature, je n'y
crois pas. Je regrette, mais c'est mon opinion.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Lévis.
M. Chagnon: M. le Président, comme le comté de
Lévis a été touché, c'est avec plaisir que je me
réfère au rapport Castonguay. Si je me rappelle bien, c'est
à la page 176 que c'est clairement spécifié. Il y a une
mise en garde très sérieuse que des regroupements municipaux ne
doivent pas se faire lorsqu'il y a certaines barrières, ou
frontières naturelles. Personnellement, si cet argument est valable pour
des regroupements municipaux, je considère qu'il l'est encore davantage
en ce qui concerne la rive sud. On l'a mentionné à plusieurs
reprises, le fleuve Saint-Laurent est certainement une barrière
naturelle, lorsqu'il faut partir de Lau-zon ou de Saint-David pour venir par le
pont Pierre-Laporte. Ce n'est pas très fonctionnel. S'il y avait
réellement un lien direct entre les deux rives, mon attitude serait
peut-être différente.
Je tiens à mentionner que je suis très ouvert à la
collaboration, à la coordination entre la rive nord et la rive sud. Je
suis conscient qu'on doit travailler pour un véritable Québec
métropolitain. C'est pour cela que j'ai continué à
revendiquer, dans cette collaboration, un lien direct.
Tout de même, je ne suis pas contre la Communauté urbaine
de Québec. I! y a des réformes qui doivent être
appliquées. J'en suis. La Communauté urbaine ne doit pas
être abolie, parce qu'il y a des services essentiels qui doivent
être maintenus. Je considère l'informatique, l'évaluation,
les promotions industrielles et touristiques, l'aménagement territorial.
Cela n'empêchera pas d'avoir une véritable coordination entre la
rive nord et la rive sud.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Charlesbourg.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, je ne voulais
pas être désagréable à l'endroit de mon
collègue de Lévis, mais on a appelé à l'ordre
plusieurs collègues aujourd'hui qui osaient plonger dans le rapport
Castonguay. Tout à l'heure, le président de la Communauté
urbaine a déploré le fait
qu'il n'en avait pas eu de copie, sauf le chapitre VI, en photocopie. Je
lui ai promis le rapport. Je pense que nous aurons sûrement l'occasion
d'étudier le rapport Castonguay en profondeur.
Je voudrais remercier M. Trottier de l'exposé qu'il a
donné ce soir, et particulièrement pour son mémoire qui,
je pense, faisait état de plusieurs de ces points de vue, écrits
noir sur blanc puisque ces points de vue ont été connus largement
et aussi présentés largement sur les ondes radio-phoniques et
dans les journaux.
Je pense que cela se résume peut-être en un programme en
cinq points. Mais, lorsque le président de la Communauté urbaine
parlait tout à l'heure de décapitation de la Communauté
urbaine, je voudrais aller à du pratico-pratique, mettre le rapport de
côté pour quelques instants.
Je voudrais lui demander si, à l'intérieur de son
exposé, il est exact que M. André Saint-Arnaud, directeur
général à l'évaluation à la
Communauté urbaine, a démissionné de la communauté
urbaine et pourquoi.
Je voudrais lui demander également s'il est vrai que M. Gilles
Guérin, gérant à la Communauté urbaine de
Québec, a démissionné de ses fonctions et pourquoi.
Je voudrais lui demander également s'il est vrai que le directeur
général ou l'agent de gestion de personnel à la
Communauté urbaine a démissionné de ses fonctions. Si oui,
pourquoi? Ce sont des nouvelles des dernières heures, M. le
Président.
M. Trottier: II y a trois différentes
considérations, parce qu'il y a trois noms. M. Saint-Arnaud n'a pas
démissionné.
M. Harvey (Charlesbourg): Oui, M. le Président, parce que
cela s'inscrit exactement dans l'exposé que le président a
donné tout à l'heure, c'est-à-dire la décapitation
ou la prétendue décapitation des cadres de cet organisme...
Le Président (M. Houde, Limoilou): C'est là une
question du député de Charlesbourg. Alors...
M. Harvey (Charlesbourg): La question est posée; nous
attendons la réponse, M. le Président.
M. Trottier: Quand j'ai parlé de décapitation, je
n'ai pas fait allusion à cela, pas du tout. Dans le cas de M.
Saint-Arnaud, il n'y a pas de démission; M. Saint-Arnaud est commissaire
à l'évaluation chez nous.
Dans le cas de Gilles Guérin, gérant, il a
démissionné, c'est vrai, pour la fin de mai prochain, mais pour
aller dans l'entreprise privée.
Dans le cas de Pierre Boudreau, qui était agent de gestion du
personnel à la Communauté urbaine, il a
démissionné, mais pour d'autres raisons que celle-là.
Dans le cas des démissions, c'est tout ce que cela implique
actuellement. Quand j'ai parlé de décapitation, pour
compléter la réponse, j'ai parlé du service de promotion
industrielle où on vient chercher notre directeur du service et un de
ses deux adjoints pour les transférer à la Société
Inter-Port.
M. Harvey (Charlesbourg): Mais cela exclut complètement du
portrait MM. Boudreau et Guérin qui, eux, ont effectivement
démissionné de leurs fonctions respectives d'agent de gestion du
personnel et de gérant de la Communauté urbaine. Merci, M. le
Président.
M. Trottier: Oui.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, ce ne
sera pas long. Je veux seulement discuter un peu du tableau
déposé par M. Trottier lorsqu'il mentionne que le pourcentage de
la quote-part, par rapport au budget de 1.71, disons qu'il ne faudrait pas
aller trop vite dans ces pourcentages.
Lorsque vous faites vos calculs, M. Trottier, vous tenez compte de tous
les apports de taxes supplémentaires qu'on a. Vous appliquez...
M. Trottier: ... des coûts de la répartition.
M. Bédard (Montmorency): Attendez un peu. Je vais donner
mon explication et, après cela, vous la réfuterez.
Vous tenez compte, chaque fois que des augmentations ont lieu, de la
quote-part de la Communauté urbaine, d'une année à
l'autre, vous les appliquez toujours au pourcentage pour trouver un pourcentage
global par rapport à notre budget.
Si je suis votre exposé, je me rapporte aux taxes de 1975 chez
nous, parce que les pourcentages sont toujours les mêmes. Nous avions un
taux de taxe de $1.33; en le multipliant par mon pourcentage de quote-part, par
rapport à mon budget à 2.84%, ceci donnerait une taxe, pour la
Communauté urbaine, de $0.037, alors que la taxe réelle qui est
imposée aux citoyens est d'un peu plus de $0.10. C'est pour dire que,
si, dans ma municipalité, j'augmente les services, parce que j'ai fait
des travaux, le service de la dette a augmenté de $300 000. La
différence d'augmentation dans la quote-part de la Communauté
urbaine, d'une année à l'autre, vous allez l'appliquer...
supposons que j'ai $30 000 d'augmentation, d'une année à l'autre,
vous allez appliquer $30 000 sur mes $300 000 de service de dette. Même
dans tous les autres revenus que j'aurai à la municipalité, parce
que cela me prend des revenus pour compenser mes dépenses, le citoyen
quelle est sa quote-part, la dépense que l'on prévoit à
notre budget? Ce n'est pas 1,71%, ce n'est pas 2,84%, c'est à peu
près 10% du compte de taxe que nous lui envoyons.
M. Trottier: C'est pour...
M. Bédard (Montmorency): Je voudrais faire
cette première réflexion. En deuxième lieu, tant
que la formule du grand conseil que vous avez préconisée... Je
sais que c'est une idée que vous mentionnez, il va falloir
l'étudier, au sein du grand conseil, même s'il y avait quatre
représentants de Beauport, quand il y aurait des discussions, je vois
mal les trois autres conseillers qui sont avec le maire voter contre leur
maire. On aura des discussions sur certains sujets. Pourquoi? Cela veut dire
qu'on vient encore grossir cette patente. Il me semble que ce n'est pas
nécessaire. En tout cas, j'y fais simplement une allusion, qu'on pense
à cette objection. M. le Président. J'ai terminé.
M. Trottier: M. Bédard, je ne sais pas, mais, pour prendre
votre première question de 1.71%, il est évident que nous faisons
les chiffres proportionnellement au budget de la municipalité, parce
que, ce que verse la municipalité, c'est proportionnellement à
son évaluation imposable, c'est à même son budget. Je n'ai
pas pris des chiffres pour Beauport, mais il ya des questions que je me pose
quand même. J'ai fait tantôt, pour le plaisir de la chose,
l'évaluation de Sainte-Foy, quand on a cité des chiffres. On a
parlé de $0.135, de $0.145, pour 1976. Pour 1975, c'était
à peu près $0.135 ou quelque chose comme cela.
M. Bédard (Montmorency): C'est $0.10 ou $0.11.
M. Trottier: Si je prends Sainte-Foy, elle perçoit
à peu près $1 million sur le dos de la Communauté urbaine
et elle nous en paie $791 en 1975. Il y a quelque chose.
M. Bédard (Montmorency): C'est pour cela que je vous dis
que, de la façon que vous, vous trouvez votre pourcentage, il est
entendu que vous défendez votre intérêt.
M. Trottier: Non.
M. Bédard (Montmorency): Pour nous, étant
donné que c'est une charge directe aux citoyens pour un service...
M. Trottier: Quand je parle du coût réel à la
municipalité, il reste que dans le cas de Beauport, par exemple, le
coût réel à la municipalité, c'est...
M. Bédard (Montmorency): $74 800. Le Budget 1975, la
répartition 1974.
M. Trottier: $74 800, c'est 2.84% de son budget.
M. Bédard (Montmorency): Oui, mais c'est pour cela que je
vous dis, les $74 800, vous l'appliquez...
M. Trottier: Oui, mais par contre, dans la même
période, Beauport a augmenté ses taxes de 16.97%. Ce ne sont
certainement pas les 2% que coûte la Communauté urbaine qui sont
responsables de cela. C'est cela que je veux dire.
M. Bédard (Montmorency): Oui, mais je vous ai
expliqué tout à l'heure que la grosse augmentation... vous le
savez, dans nos municipalités, vous avez le même problème
chez vous, vous êtes même obligé de financer en 20 ans, les
dépenses d'opération. C'est que le service de la dette influence
pour beaucoup. Quand vous parlez de votre répartition, au lieu
d'appliquer la répartition de la Communauté urbaine sur le budget
total de la municipalité, répartissez-la donc sur la part qu'elle
peut aller chercher dans la poche du citoyen. C'est cela que je veux faire. Si
chez nous, je dépense $300 000 supplémentaires pour le service de
la dette, cela n'a rien à faire avec la Communauté urbaine.
M. Trottier: On pourrait le faire directement, cela
coûterait plus cher.
M. Bédard (Montmorency): C'est une autre chose. Je peux
être d'accord avec vous...
M. Trottier: On pourrait le faire directement, on l'a ce pouvoir,
même si on dit à certains endroits, même dans le rapport
Castonguay...
M. Bédard (Montmorency): Non, mais il ne faudrait pas dire
que c'est 1.71% que cela coûte. Ce n'est pas cela que cela
coûte.
M. Trottier: C'est le coût moyen par rapport au budget des
villes.
M. Bédard (Montmorency): 10% de ton compte de taxes, c'est
pour payer la Communauté urbaine...
M. Trottier: En parlant de financement, si M. le Président
me le permet, il y a tout de même un rôle que joue la
Communauté urbaine qui mérite d'être souligné, c'est
celui du financement pour les municipalités de la région qui
permet des économies substantielles à l'ensemble des
municipalités. Je pense que c'est une évidence qui mérite
d'être soulignée et portée à l'attention de la
commission parlementaire.
M. Bédard (Montmorency): Plusieurs municipalités
s'en prévalent et sont capables de mentionner le mauvais dossier, mais
le bon dossier, on le dit aussi. Il y a un gros avantage pour nous
d'aller...
M. Trottier: II y a un autre élément sur le
chapitre des financements qui pourrait apporter énormément aux
municipalités. C'est que dans les pouvoirs de la communauté, nous
pouvons faire ce qu'on appelle du "money market" pour les financements
temporaires. Or, quand on prend actuellement, par exemple, où le "prime
rate" est à $10.25 et qu'on peut avoir du "money market" à $9.50
ou $9.75, c'est évident qu'il y a un avantage direct surtout si l'on
considère que la majorité des municipalités finance pour
le "prime rate" plus un, et certaines municipalités plus deux. Cela veut
dire qu'on peut leur économiser au financement temporaire jusqu'à
2.5% et 3% dans plusieurs cas.
M. Bédard (Montmorency): Pas longtemps. M. Trottier:
Non... C'est le court terme...
M. Bédard (Montmorency): Peu importe le court terme, si
les comptes de taxes partent au début du mois de janvier, il n'y a pas
trop de financement.
M. Trottier: D'accord, mais je dis que sur le financement
à court terme, on pourrait économiser passablement d'argent aux
municipalités si on nous permettait de le faire pour les
municipalités comme on le fait pour nous, à la Communauté
urbaine.
M. Bédard (Montmorency): Vous auriez gros d'argent
à épargner aussi, si notre compte de taxes partait au
début de l'année pour la répartition de l'année
même de la...
M. Trottier: Oui, mais cela, on l'a déjà
analysé ensemble aussi.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Taschereau.
M. Bonnier: M. le Président, je regrette qu'il soit si
tard et qu'on n'ait pas le temps de continuer nos conversations avec M.
Trottier. Cependant, j'aimerais globalement et rapidement savoir de M. Trottier
quel concept il a d'une Communauté urbaine? Est-ce que, si je comprends
bien la lecture du mémoire, ses interventions, à part les
services que la Communauté urbaine rend actuellement et les organismes
qui, selon lui, devraient dépendre de la Communauté urbaine cela
devrait aller beaucoup plus loin? Est-ce que la Communauté urbaine
devrait prendre des initiatives de nouveaux services, étant donné
le changement des besoins des populations, ou bien si le concept même de
la Communauté doit être simplement un espèce de vase qui,
en dernier lieu est un organisme de dernier recours pour un certain nombre de
services que les municipalités adhérentes à la
communauté ne sont pas en mesure de rendre? C'est exactement quoi, votre
approche?
M. Trottier: Quand, en 1969, furent créées des
communautés urbaines, le concept qui avait été
élaboré à ce moment était celui de la
nécessité en raison du pôle d'attraction que
créaient certaines grandes villes comme la ville de Québec. La
nécessité d'avoir un organisme régional qui permettrait
d'équilibrer des services qui généralement étaient
dispensés par la ville centrale et qui servaient à une
entité plus forte. On a signalé, au cours des exposés
précédents, par exemple, le problème, le cas du service de
protection contre l'incendie de la ville de Sillery. On a affirmé
tantôt que les coûts d'assurance des "underwriters", étaient
favorables à Sillery et tout cela à cause de la qualité de
l'équipement. Eh bien! écoutez, quand on est rendu à
parler comme cela, je me pose gravement des questions. Pourquoi est-il possible
à une municipalité comme celle de Sillery, par exemple, de se
contenter d'une pompe dans un garage qui ne sert à peu près
jamais parce qu'il n'y a pas beaucoup d'incendies, c'est vrai, mais pourquoi
leur est-il possible de rester comme cela? C'est parce qu'à
côté, il y a une grosse patente qui coûte $8 200 000 par
année à la ville de Québec. C'est cette répartition
qu'a voulu prévoir le législateur sur plusieurs chapitres et
c'est pour cela que, dans la loi créant la Communauté urbaine, on
a très bien explicité, aux articles 105 et 107, des pouvoirs qui
sont dévolus à la Communauté urbaine. A l'article 105, ce
sont des pouvoirs qui sont des impératifs, qui sont, pour la
communauté, des obligations de mettre sur pied ces services. A l'article
107, ce sont des services qui sont optionnels, c'est-à-dire qui devront
être mis sur pied lorsque les municipalités seront d'accord pour
que cela se fasse.
Déjà, nous avons puisé à l'article 107, au
chapitre de la disposition des ordures ménagères, pour appliquer
ce pouvoir que possédait déjà la Communauté
urbaine. En matière de schéma d'aménagement, cela a
été placé justement à l'article 105 parce que c'est
une priorité. Et, lorsqu'on parle d'appréciation ou
d'évaluation de l'échelle des priorités, on ne peut pas,
dans mon esprit, dissocier des organismes comme la Commission de transport,
comme le Bureau d'assainissement des eaux ou peu importe l'organisme
régional d'une entité totale régionale parce qu'il y a des
problèmes d'infrastructure, il y a des problèmes de
planification, il y a des problèmes d'espaces verts, il y a des
problèmes de toutes natures. Il faut qu'il y ait une concentration de
décisions pour apprécier toute cette échelle et pour
rendre possible une véritable orientation. Tant et aussi longtemps qu'on
divisera pour essayer, je ne sais pas si c'est comme Napoléon, de
régner... Mais il y a une chose que je sais, c'est que, lorsqu'on voudra
diviser comme on tâche de le faire depuis plusieurs années, ne
demandez pas de miracles à la Communauté urbaine, elle ne pourra
jamais y arriver.
M. Bonnier: Merci.
M. Trottier: A la base, c'est une question de répartition,
d'équité.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le ministre des
Affaires municipales.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que je ne prive
personne de la parole en suggérant que l'heure justifierait
l'ajournement de notre séance. Nous avons entendu, aujourd'hui et lors
de l'autre séance de la commission, des mémoires qui ont
exprimé des points de vue divergents et il s'agit maintenant pour nous
de les analyser, d'y prendre ce qu'il y a de meilleur et de tirer des
conclusions.
Nous sommes conscients des plaintes formulées par des citoyens et
par des municipalités à l'endroit de la Communauté
urbaine. J'ai le sentiment personnel que, dans bien des cas, on a
créé
dans son esprit un monstre et on dit: C'est la Communauté urbaine
et, si l'on pouvait faire disparaître cela, tous les problèmes
seraient réglés.
Nous avons pu constater que ce n'est pas si simple que cela, qu'il
faudra prendre une orientation cependant. Il faudra que le gouvernement, ayant
consulté, ayant éoouté, prenne une décision qui
sera de nature à orienter l'avenir, pas simplement d'un organisme qui
s'appelle Communauté urbaine, mais d'une région qui comprend un
demi-million d'âmes et qui est très importante comme force motrice
pour l'économie du Québec. C'est dans cet esprit surtout, que
nous devrons prendre nos décisions.
Je voudrais remercier tous ceux qui ont participé à la
discussion.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je crois
également pouvoir dire que nous avons, ainsi que tous les membres de la
commission, eu l'occasion d'entendre des vues divergentes, mais les
mémoires étaient très substantiels. Je pense que tous ceux
qui se sont présentés devant la commission méritent quand
même des félicitations de chacun des membres de cette commission
pour s'être déplacés. C'est sûrement la preuve de
l'attention, qu'ils portent à cette institution qu'est la
Communauté urbaine de Québec, quels que soient les points de vue
que chacun des organismes ou chacun des individus qui ont été
entendus a formulés devant les membres de la commission. Comme l'a dit
le ministre à juste titre, maintenant que c'est fait, il s'agira,
d'accord, d'en tirer le meilleur, mais surtout d'aviser et de prendre des
décisions.
Je ne formule, en terminant, qu'un souhait, c'est que le gouvernement se
décide à prendre des décisions, et nous aviserons en
conséquence.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Merci, M. Trottier. La
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 21)