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Commission permanente des affaires municipales
Etude des crédits du ministère des
Affaires municipales
Séance du mardi 4 mai 1976
(Seize heures cinquante-huit minutes)
M. Picard (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs! La commission des affaires municipales
commence, cet après-midi, l'étude des crédits 1976/77 du
ministère des Affaires municipales.
J'aimerais proposer M. Chagnon (Lévis) comme rapporteur de la
commission. Est-ce adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): Parfait.
Le Président (M. Picard): Sur la procédure à
suivre pour l'étude des crédits, puis-je entendre les
commentaires de part et d'autre? De quelle façon la commission
entend-elle procéder? Est-ce que ce sera la façon de
procéder des années passées, programme par programme, avec
quelques commentaires préliminaires au programme 1?
M. Goldbloom: M. le Président, je n'ai pas de formule
à vous proposer, parce qu'après tout ce sont les membres de la
commission qui veulent se faire renseigner. J'aimerais suggérer,
cependant, que si, d'un côté, il arrive que nous prenions un temps
important en discussion générale au début, il soit entendu
que, par la suite, nous serons plus sévères quant aux heures que
nous consacrerons aux programmes. Je pense que ce n'est que raisonnable que
d'agir de cette façon-là. C'est une question de choix. Si les
membres de la commission préfèrent prendre les programmes
immédiatement plutôt que d'engager une discussion
générale, je n'ai pas d'objection; si, par contre, la commission
préfère une discussion générale, je pense que, en
toute logique, il faudra être un peu plus rapide en étudiant les
programmes individuels.
Le Président (M. Picard): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, au niveau
de la discussion des crédits, je n'ai pas objection à ce qu'il y
ait c'est la manière dont je la verrais une entrée
préliminaire, de part et d'autre, tel que cela se fait
régulièrement pour ensuite à procéder programme par
programme, avec l'élasticité que la commission et vous, M. le
Président, jugerez bon d'appliquer.
Maintenant, je crois bien qu'il y a un sujet de discussion qui sera
moins long qu'il ne l'a été les autres années, à
savoir la discussion sur les Olympiques, étant donné qu'il y a
déjà pas mal de débats qui ont été faits sur
ce point et qu'une commission parlementaire a été promise par le
premier ministre pour éclaircir la situation.
Le Président (M. Picard): Tout le monde est-il d'accord
sur cette façon de procéder?
Des Voix: D'accord.
Le Président (M. Picard): J'aimerais faire remarquer qu'en
vertu de l'amendement apporté à notre règlement, à
l'occasion de l'étude des crédits tous les députés
ont droit de parole.
J'inviterais maintenant l'honorable ministre à nous faire part du
nom de ses principaux collaborateurs.
M. Goldbloom: M. le Président, je vous en remercie. Je
pense qu'ils sont déjà connus, mais, pour que tout le monde sache
qui sont les fonctionnaires qui m'accompagnent, il y a Me Roch Bolduc, le
sous-ministre en titre; M. Alphé Poiré, le directeur
général de l'administration municipale; M. Jean-Louis Lapointe,
qui est responsable de l'analyse budgétaire, et M. Normand Lefevre qui
est l'adjoint de M. Lapointe. En cours de route, il y aura sans doute d'autres
fonctionnaires qui viendront au besoin.
Le Président (M. Picard): Avez-vous des commentaires de
caractère général à faire avant?
Exposé général du ministre M.
Victor Goldbloom
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que l'on peut
limiter ces commentaires préliminaires à une petite
rétrospective sur l'année dernière. Il y a à peu
près exactement un an, nous avons tenu la deuxième
conférence provinciale-municipale et nous avons eu une assistance
importante. Nous avons limité, quand même, le nombre de
délégués de chacun des deux principaux organismes, l'Union
des municipalités du Québec et l'Union des conseils de
comté du Québec, afin de créer un certain équilibre
entre les deux. Je voudrais peut-être expliquer cet équilibre en
soulignant que l'Union des municipalités du Québec
représente à peu près, grosso modo, les trois quarts de la
population et l'Union des conseils de comté, le quart seulement. Donc,
une division par population aurait donné une prépondérance
à l'Union des municipalités.
Par contre, en nombre d'instances locales de responsabilité,
l'Union des conseils de comté représente quelque 1300
municipalités et l'Union des municipalités, quelque 250
seulement. Or, il y aurait eu, si on avait accordé à chaque
municipalité comme telle un siège à la conférence,
une prépondérance du côté de l'Union des conseils de
comté. Aussi, nous aurions eu un nombre très élevé
de délégués, ce qui aurait rendu la discussion plus
difficile.
Je crois que nous avons eu un succès considérable avec
cette conférence. Je pense que les échanges étaient d'une
franchise assez uniforme et que la discussion a été constructive.
Nous avons examiné deux sujets fondamentaux: la fiscalité
municipale et l'aménagement du territoire.
Nous avons entre-temps déposé, comme on le sait, un projet
de loi sur l'urbanisme et l'aménagement du territoire municipal. C'est
en partie comme résultat de ces discussions, je ne voudrais pas
suggérer et ce n'est pas le moment de faire le débat
là-dessus que nécessairement les organismes municipaux
sont ou seront tout à fait d'accord sur le contenu du projet de la loi,
mais ce que je veux exprimer c'est ma satisfaction que cette consultation nous
a permis en quelque sorte un déblocage parce que nous avons
déjà, entre les mains, l'avant-projet de loi de décembre
1972 qui avait provoqué des réactions, à certains
égards, négatives.
Nous avons dû reprendre ce document pour le mettre au diapason de
la pensée municipale dans son ensemble. Nous avons voulu chercher un
consensus et exprimer ce consensus dans le projet de loi. Vous me direz, M. le
Président, avec raison, que nous sommes aujourd'hui, 4 mai,
empêchés, et pour encore une semaine, de parler des mesures
possibles que le gouvernement pourrait mettre en vigueur dans le domaine de la
fiscalité municipale. Cela relève du ministre des Finances qui
prononcera, la semaine prochaine, d'après les renseignements que j'ai,
son discours du budget. On sait que c'est une année qui nous appelle
à une prudence quant à nos gestes financiers parce que nous
n'avons pas toute la marge de manoeuvre que nous avons eue à certains
autres moments.
Nous avons quand même une conscience du problème des
municipalités. Le problème n'est pas nouveau; nous aimerions, de
toute évidence, augmenter l'autosuffisance des municipalités et,
à cet égard, je me permets un seul commentaire: Vous savez que
notre régime comporte une distinction entre les municipalités qui
ont plus de 15 000 de population et celles qui en ont moins. Les
municipalités réclament une autonomie, un accès à
l'assiette fiscale et l'on dit: Permettez-nous de taxer et nous allons
résoudre nos problèmes. Je pense, M. le Président, que
cela est clairement possible pour une grande ville et même pour une ville
de taille moyenne.
Mais, je me dis encore, comme je l'ai dit au cours des trois
dernières années: Si on accorde à une municipalité
de moins de 1000 âmes tous les pouvoirs de taxation imaginables, il n'y a
pas moyen, pour moins de 1000 personnes et cela représente
souvent aussi peu que 300 contribuables il est impossible, pour 300
contribuables, de fournir par quelque taxe que ce soit des montants très
élevés qui sont souvent nécessaires pour des projets. Un
million de dollars, ce n'est plus rare, de nos jours, pour une petite
municipalité.
Alors, je pense que nous devons continuer à faire cette
distinction et continuer une aide sélective aux petites
municipalités, une aide statutaire de plus en plus aux
municipalités plus importantes.
M. le Président, sans doute qu'il y aura d'autres commentaires.
J'aimerais peut-être mentionner une dernière chose. Il y a
quelques semaines que nous avons reçu et publié le rapport du
groupe de travail sur l'urbanisation, groupe présidé par M.
Claude Castonguay. Nous avons rendu ce document public. Nous avons eu, au
moment de son dépôt, un nombre restreint d'exemplaires. J'attends
très prochainement de l'imprimeur un nombre suffisant pour une
distribution plus générale et pour une mise en vente. Mais je
voudrais dire encore une fois, que ce document, surtout dans ses
réflexions et recommandations d'ordre général je ne
suis pas nécessairement d'accord avec ses recommandations sur des cas
d'espèce sur le phénomène général de
l'urbanisation, sur les remèdes que nous pouvons envisager, est un
document qui stimule une réflexion énormément valable.
Je voudrais en terminant, M. le Président, suggérer que
cette commission parlementaire ait l'occasion, un peu après
l'étude des crédits, de se réunir de nouveau, justement
pour examiner le rapport du groupe Castonguay et pour entendre les
intéressés, les municipalités et tous les autres
intéressés qui voudront se prononcer sur les recommandations et
nous aider à orienter nos politiques.
Le Président (M. Picard): Le député de
Chicoutimi.
Commentaires de l'Opposition M. Marc-André
Bédard
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, si je
comprends bien le ministre, le rapport Castonguay, comme la conférence
provinciale-municipale ont eu au moins pour effet de stimuler la
réflexion du ministre des Affaires municipales.
Cependant, le ministre, qui est bien au fait de la situation des
municipalités, sait très bien que le temps de la réflexion
devrait être normalement terminé et que le temps de l'action est
certainement arrivé depuis un certain moment.
Je dois vous dire, M. le Président, que concernant l'Opposition,
nous abordons sans grand enthousiasme et sans illusion la discussion des
crédits du ministère des Affaires municipales. Une lecture
rapide, en diagonale, des derniers crédits du ministère nous
montre que les questions ont été nombreuses, que les
réponses ont été très détaillées,
mais que dans le domaine des réalisations qui avaient été
promises en réponse à certaines questions posées, c'est
vraiment un état statique. A peu près rien de ce qui avait
été avancé en termes de promesses de réalisation,
lors des derniers crédits, n'a abouti à une
réalisation.
Nous aurons l'occasion, lors de ces crédits, d'en donner de
nombreux exemples. S'il n'y avait pas de définition de l'immobilisme, je
serais tenté de dire que le ministère des Affaires municipales en
constituerait sinon une définition, du moins un bon point de
référence. Non seulement, à notre humble opinion, les
réalisations ne se sont pas produites dans des secteurs où on
était en droit de s'y attendre, mais dans bien des secteurs on a
assisté à une dégradation de la situation par rapport au
passé, entre autres dans le domaine de l'habita-
tion, pour ne citer que celui-là.
Encore une fois, la réflexion est assurément une chose
nécessaire, mais à un moment donné, il faut sortir de la
réflexion et passer aux réalisations, passer à l'action.
Je crois sincèrement que, dans le domaine des affaires municipales, que
ce soient l'habitation, la spéculation foncière ou encore les
finances municipales, nous assistons à un état d'inertie complet,
tant du ministère que du ministre. Les mêmes questions que nous
avons posées l'an passé, pour la plupart, n'ont pas avancé
d'un pouce par rapport aux réponses qu'on nous a données à
ce moment.
Les réponses seront-elles différentes cette année?
Nous aurons l'occasion de le constater. Très brièvement, M. le
Président, à la lecture des questions que nous avions
posées l'an passé et des réponses qui nous avaient
été faites, en analysant tout cela en fonction des
réalisations qui ont été faites au niveau du
ministère des Affaires municipales, nous aurions été
portés, dans un premier mouvement, à tout simplement
référer le ministre et la commission aux mêmes questions
que nous avions posées l'an passé, lui posant, tout simplement,
une question bien générale: Quand va-t-on cesser de nous
répondre tout simplement en termes de voeux pieux, en termes
d'hypothèses? Quand va-t-on passer vraiment à des
réalisations concrètes?
Les domaines où l'inertie du ministère est flagrante ne
manquent pas. Prenez la réforme des lois municipales, qui n'est pas
encore commencée malgré des promesses formelles. On sait que,
dans ce domaine, le ministre nous avait promis avant Noël 1975 qu'une
commission parlementaire siégerait et analyserait cette réforme
des lois municipales. De ce côté, il y a eu un immobilisme total,
de telle façon que les rapports s'accumulent, mais, à notre
humble avis, il y a un goulot d'étranglement qui fait que rien n'avance.
C'est soit le ministère, soit... Je ne le sais pas; on aura l'occasion
de le voir lors de l'étude des crédits ou encore le ministre
lui-même aura sans doute l'occasion de nous expliciter son travail dans
chacun des secteurs que nous aurons à étudier.
Un autre domaine où absolument rien n'a bougé, c'est celui
de la spéculation foncière. L'an passé, nous avons fait
une très longue discussion sur la spéculation foncière. Je
crois, par la lecture des crédits, que le ministre et moi-même en
étions venus au moins à la conclusion que, si rien n'avait
été fait lors de la discussion des crédits de l'an
passé, la spéculation foncière constituait un
problème d'urgence où il fallait absolument que le gouvernement
intervienne en termes de législations.
En effet, nous étions d'accord pour dire que cette
spéculation foncière-là constitue un problème
à ce point important que, dans des cas bien précis, elle bloquait
littéralement le développement de certaines municipalités,
de certaines villes, en plus d'occasionner des hausses de coûts non
seulement aux municipalités et aux villes qui en étaient
victimes, mais également à tous les individus qui avaient
à supporter cette spéculation foncière.
J'imagine que cela a évolué au moins du point de vue de la
littérature, parce que, lors des derniers crédits, si on avait
trouvé que le problème était important, les
réponses du ministre étaient qu'on n'avait même pas
réussi encore à définir le terme de spéculation
foncière. Qu'est-ce que c'est de la spéculation foncière?
Il est évident qu'il était important de définir ce que
c'est avant de savoir comment légiférer.
J'imagine qu'au moins de ce côté, du côté
littérature, on en sera arrivé cette fois à une
définition et qu'après cela on aura l'occasion de voir
jusqu'à quel point le gouvernement a pu agir dans ce domaine, face
à ce problème important. Je crois que ce n'est pas en se fermant
les yeux sur un problème aussi capital que celui de la
spéculation foncière que le ministre peut espérer que le
problème va disparaître. Mais nous sommes dans l'obligation de
constater que sur ce problème particulier, eh bien! pas un mot durant
l'année qui a suivi l'étude des crédits, pas une solution
ne nous a été proposée par le ministre au niveau de la
législation, malgré plusieurs questions que nous avons eu
l'occasion de lui poser en Chambre. Je le réfère, entre autres,
à une question que j'ai à la mémoire concernant la
spéculation foncière sauvage qui existait, à un moment
donné, dans ie développement de Lebourgneuf, qui existe aussi
dans la région de Hull-Gatineau, et qui, à mon sens, aurait
demandé une action immédiate du ministère de ce
côté.
Pour montrer l'état statique du ministère des Affaires
municipales, un autre domaine où non seulement on n'a pas avancé
mais où on a reculé, et cela avec des conséquences du
point de vue humain qui sont énormes, c'est le domaine de
l'habitation.
Nous avons eu l'accasion, déjà, à
l'Assemblée nationale de présenter une motion de blâme
concernant l'inertie du gouvernement, concernant la conduite du gouvernement
dans le domaine de l'habitation, ou l'absence d'intervention du
ministère des Affaires municipales concernant l'habitation.
Il est clair que nous avions raison. Je pense que même le ministre
des Affaires municipales a enfin avoué, lors du congrès
libéral il n'y a pas tellement longtemps; qu'il n'y ait pas de politique
d'habitation et qu'il était très urgent d'en définir une,
une fois pour toutes.
M. le Président, s'il y a un domaine où on n'a pas le
droit de reculer, où on n'a pas le choix, qu'il faut avancer, c'est bien
dans le domaine de l'habitation, qui touche des milliers et des milliers de
citoyens, qui représente des milliers et des milliers de
problèmes du point de vue humain et qui, effectivement,
représente aussi un secteur d'activité extrêmement
important du point de vue économique.
Ce à quoi nous avons eu droit, dans le domaine de l'habitation,
c'est au dépôt du rapport Gilbert, que nous aurons l'occasion
je tiens à vous le dire et à le dire au ministre de
discuter longuement, lors du programme concernant l'habitation. Ce rapport
Gilbert, à mon humble opinion, fait un procès très net
d'une des pires incu-
ries administratives d'un gouvernement au Québec, mises à
part les Olympiades. Je crois que, pour ceux qui ont eu l'occasion de lire ce
rapport, il y a non seulement des considérations, non seulement des
réflexions, mais une foule de faits qui montrent jusqu'à quel
point c'était le bordel qui existait au niveau de l'habitation et au
niveau, non seulement de la politique d'habitation, mais également de la
Société d'habitation du Québec.
Je pense que ce rapport Gilbert ne peut faire autrement que de faire
réfléchir, et je ne le dis pas en termes de partisanerie, M. le
Président; encore une fois, je crois que l'habitation est un
problème humain d'une extrême importance. Le rapport Gilbert, avec
tout son contenu nous aurons l'occasion, encore une fois, de l'analyser
longuement révélait des faits tels qu'il me semble que
c'est de nature à faire, au moins, que le ministre se pose un tas de
questions et qu'il soit en mesure de nous apporter une foule de réponses
sur les anomalies qui ont été décelées par le
rapport Gilbert, tant au niveau de l'habitation qu'au niveau du fonctionnement
de la Société d'habitation du Québec.
Les faits qui ont été révélés sont
tels qu'ils me semble je le dis en toute déférence pour le
ministre des Affaires municipales que le ministre doit s'attendre
à être en mesure de nous donner, non pas des
considérations, mais beaucoup de réponses solides sur ce rapport
et sur les anomalies qu'il a décelées. Les faits sont tels que,
si nous n'avions pas de réponses, je me demande jusqu'à quel
point un ministre responsable serait en mesure de continuer à occuper
son poste, s'il ne nous apportait pas la preuve qu'on a remédié
à une situation, encore une fois, indécente. Je crois que c'est
d'autant plus important, à cause de l'importance du problème et
des faits qui ont été révélés par le rapport
Gilbert, que le ministre ait le souci de nous apporter des réponses
valables qu'il ne peut y avoir que deux solutions face aux situations qui ont
été révélées par le rapport Gilbert. Ce sont
les suivantes: ou le ministre savait ce qui se passait et, à ce moment,
j'imagine que les conclusions iraient d'elles-mêmes ou encore il ne le
savait pas. Je pense que le ministre fera tout en son pouvoir pour essayer de
nous expliquer jusqu'à quel point, en fait, il pouvait avoir un droit de
regard sur l'ensemble des activités de la Société
d'habitation elle-même.
Un autre domaine, M. le Président, qui montre jusqu'à quel
point le ministère des Affaires municipales s'est, je ne dirai pas
contenté, mais presque condamné à l'immobilisme, c'est
l'aspect des finances municipales. Encore une fois, on le sait, la situation
n'est pas rose pour les municipalités et le ministre nous l'a dit tout
à l'heure. De par ses paroles, je pense qu'on peut déduire que la
situation va devenir de moins en moins rose pour les municipalités,
puisqu'on n'augmente pas les crédits à leur disposition et qu'il
ne semble pas que le discours du budget change quelque chose à la
situation. En effet, le ministre, dans ses propres paroles, s'est
cantonné dans une attitude de prudence vis-à-vis du budget qui
s'en vient. Dans le domaine des finances municipales, l'an passé, au
moins, le ministre arrivait avec, comme consolation, une augmentation de l'aide
aux municipalités. Il semble que, cette année, ce prix de
consolation n'existera pas. Mais la situation reste la même, à
savoir que de plus en plus on augmente les responsabilités des
municipalités; que ce soit dans le domaine de l'environnement, dans le
domaine des loisirs ou dans plusieurs autres domaines. M. le Président,
de plus en plus on augmente leurs responsabilités, mais le gouvernement
ne donne pas les ressources financières nécessaires pour que les
municipalités puissent prendre ces nouvelles responsabilités et
les exercer convenablement pour l'ensemble des citoyens qu'elles ont à
administrer.
Je pense que c'est très grave, M. le Président, parce que
les municipalités sont quand même une base du point de vue
démocratique, du point de vue de l'exercice de la démocratie, qui
est extrêmement importante, puisque c'est l'ordre du gouvernement
où les administrés sont le plus près des élus, sont
le plus près de ceux qui ont à prendre des décisions. A ce
moment-là, cet ordre de gouvernement que sont les municipalités
est dans la situation d'être le plus critiqué puisque les
administrés sont en mesure de mieux surveiller l'évolution ou
l'administration des affaires municipales.
Concernant cet aspect de la fiscalité municipale, aucune
réforme de fond n'a été proposée par le
ministère, par le gouvernement, jusqu'à maintenant. Il n'y a eu
aucun transfert significatif du point de vue financier qui a eu lieu, qui a
été annoncé au profit des municipalités. Pourtant,
encore une fois, on s'aperçoit que leurs responsabilités
augmentent de plus en plus.
M. le Président, c'est bien beau des budgets sans augmentation de
taxes de la part du gouvernement mais, à un moment donné, je
pense qu'il faut se poser honnêtement la question: Jusqu'à quel
point le gouvernement peut-il se permettre de présenter des budgets sans
augmentation de taxes, pour la bonne et simple raison qu'il fait faire "la job"
je me permets d'employer cette expression par les
municipalités, sachant très bien que les municipalités
récolteront l'odieux de toute augmentation de taxes? Devant les
responsabilités, encore une fois, qui augmentent pour les
municipalités et les situations financières difficiles qu'elles
connaissent, les municipalités n'ont pas d'autre solution que de venir
au gouvernement, souvent je dirais presque, en rampant, pour obtenir des
subventions d'équilibre budgétaire, pour obtenir des ressources
financières telles qu'elles puissent leur permettre d'assurer les
responsabilités qu'elles ont vis-à-vis de leurs
administrés.
Un autre point je ne parlerai pas plus longtemps sur ce point,
sauf pour mentionner une chose c'est que je trouve tout simplement
inacceptable qu'on nous refasse concernant, justement, les finances
municipales, l'analyse des finances municipales, le même scénario
que l'année passée.
Ainsi, lorsqu'on a commencé à vouloir discuter des
finances municipales, on nous a dit ce qu'on nous dit encore cette
année: Etant donné que le budget n'a pas été
accepté, c'est évident
qu'il sera impossible de discuter véritablement de la
fiscalité municipale, qu'on va encore en discuter dans le vide et qu'on
sera encore sujet à se faire répondre tout simplement d'attendre
le budget, comme on nous le disait l'an passé.
Le ministre acceptera peut-être, comme l'an passé, au moins
sur ce point, qu'on discute vraiment à fond ce chapitre de la
fiscalité municipale après le dépôt du budget de
telle façon qu'on puisse le faire efficacement et
sérieusement.
Un autre élément, à mon humble opinion, montre le
côté statique du ministère. Je ne sais plus qui accuser: le
ministère, le ministre, le gouvernement. Il reste une chose: la
situation est immobile. C'est l'immobilisme complet et, encore une fois, la
dégradation même, dans certains secteurs. Prenez, par exemple,
l'élaboration d'une politique concernant les regroupements et les
fusions. On sait jusqu'à quel point, au cours de la présente
année, le Parlement ou l'Assemblée nationale est devenu, en
quelque sorte, presque un tribunal des fusions, jusqu'à quel point on a
été dans l'obligation, depuis deux ans, de procéder par
voie de législation à des fusions forcées, alors qu'une
loi existait déjà pour favoriser les regroupements
volontaires.
A chaque fois qu'on a eu à discuter je me rappelle le
projet de loi no 98 de projets de loi concernant des fusions
forcées, je me rappelle avoir crié le plus fort possible pour
exprimer le désaccord de l'Opposition officielle face aux fusions
forcées. Notre programme, comme notre attitude, a toujours
été clair à l'effet que nous étions contre les
fusions forcées, que les fusions, ce n'est pas seulement une
opération administrative, ce n'est pas seulement une opération
économique qui joint des municipalités différentes ou des
villes différentes, c'est avant tout une opération humaine qui
fait qu'au bout de la ligne, on demande à des populations de vivre
ensemble du jour au lendemain.
Je crois en toute honnêteté, M. le Président, que
l'avenir des populations, c'est encore aux individus des populations
concernées d'en décider. C'est dans cet esprit que nous avons
toujours exigé, que nous avons toujours réclamé que le
gouvernement, dans le cas des fusions, accepte qu'il y ait un
référendum au niveau des populations qui pourraient être
concernées par un regroupement ou par une fusion. Jamais nous n'avons
été écoutés sous ce rapport. Nous en discuterons
plus longuement en donnant des cas particuliers.
Je pense que les effets négatifs sont nombreux.
Nous avons toujours eu cette attitude d'opposition aux fusions
forcées, et tout ceci appuyé par le ministre; il le sait, je ne
le dis pas à sa défaveur, je pense traduire très bien sa
pensée. Le ministre n'est pas, normalement ou idéologiquement,
pour les fusions forcées; que ce soit dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean,
que soit dans Hull ou Gatineau, que ce soit à Québec, il a
toujours dit très haut qu'il était contre les fusions
forcées. Mais, à un moment donné, il faut que les paroles
se traduisent dans des actes qui correspondent aux paroles, sinon cela veut
dire quoi? A un moment donné, on peut être placé dans la
situation de se demander jusqu'à quel point est sérieux ce
gouvernement qui dit toujours très haut qu'il est contre les fusions
forcées, et cela souvent même quelques jours avant qu'on
dépose un projet de loi comme cela a été le cas pour le
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Je souligne cet aspect d'immobilisme concernant l'amélioration
d'une loi, concernant le regroupements et les fusions. Il me semble que, si
vraiment la philosophie de base du parti ou du gouvernement en place est
d'être contre les fusions forcées, il y aurait dû y avoir au
moins un effort de réflexion du ministre et des hauts fonctionnaires de
son ministère à l'effet d'améliorer au moins la politique
générale de regroupements et de fusions. Or, à part
certains amendements très mineurs à la loi 276, je pense en toute
honnêteté qu'on peut dire à l'heure actuelle qu'il n'y a
pas eu d'amélioration qui soit de nature à nous faire croire que
de moins en moins il y aura de fusions forcées, à nous faire
croire que vraiment, honnêtement, ce gouvernement ou le parti qu'il
représente est contre les fusions forcées.
Quant au projet de loi no 12, le ministre, tout à l'heure, a fait
allusion au dépôt du rapport Cas-tonguay, a fait également
allusion à la conférence municipale-provinciale. Il nous a dit
que tout ceci avait stimulé sa réflexion, avait au moins
débloqué les discussions concernant un sujet très
important, à savoir celui de l'urbanisme et l'aménagement du
territoire.
M. le Président, qu'est-ce que nous avons en main, à
l'heure actuelle, dans ce domaine? Il y a eu le dépôt du rapport
Castonguay, nous avons eu l'occasion de demander au ministre s'il y aurait une
commission parlementaire prochaine sur ce rapport. Parce que c'est bien beau de
se référer à un rapport Castonguay, de dire que c'est un
instrument valable, de se permettre de dire en conférence de presse
qu'on est d'accord sur les grandes lignes de ce rapport Castonguay. Mais,
encore une fois, un moment donné il faut passer des paroles aux
actes.
Je me rappelle que sur bien des points du rapport Castonguay j'ai eu
l'occasion, que ce soit au niveau des communautés urbaines ou au niveau
des finances de la ville de Montréal, de me rendre compte que ce sont
des recommandations de base. J'ai eu l'occasion de poser des questions au
ministre, en Chambre ou en commission parlementaire, et je n'ai jamais pu avoir
encore je parle de ces deux points, les communautés urbaines ou
encore une enquête sur la situation financière de Montréal
de réponse de la part du ministre pour savoir jusqu'à quel
point il était au moins d'accord avec des recommandations aussi
fondamentales. J'espère au moins avoir une réponse très
claire, au niveau de l'étude de ces crédits, sur une
recommandation du rapport Castonguay que je crois fondamentale, à savoir
j'aime autant avertir à l'avance le ministre sur ce point
jusqu'à quel point il est d'accord
sur l'abolition des taxes scolaires au profit des municipalités
ou autrement. Je pense que c'est une ligne fondamentale et que tout le monde
est d'accord là-dessus. Il est temps que les municipalités et les
commissions scolaires aient une réponse. Cela concerne pas mal de
gens.
Le projet de loi no 12, concernant le réaménagement du
territoire, l'urbanisme, à mon sens, est un essai maladroit et timide
comme ce n'est pas possible. Le ministre, pas plus tard qu'hier, s'est
hâté de dire publiquement qu'il allait le faire adopter. Moi, je
dis que ce sera le plus tard possible. Je sais que le ministre a dit je
veux bien traduire sa pensée, en tout cas ce qui était
écrit dans le journal qu'il n'était pas question de
l'adopter maintenant, pas avant l'automne et que l'application sera graduelle.
Quand on sait que déjà le simple processus qui est contenu dans
la loi va prendre des années avant qu'au bout de la ligne il y ait des
schémas en action...
Le Président (M. Picard): C'est au feuilleton cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, M. le Président. Je
parle d'une façon générale de mon appréciation de
la loi no 12. Je pense que si le ministre peut se permettre, tant à
l'Assemblée nationale qu'en commission parlementaire ou dans les
journaux, de le discuter...
Le Président (M. Picard): Je rappelle que le projet de loi
est présentement au feuilleton et il n'est pas permis d'en discuter en
commission parlementaire.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne discute pas le fond. Je dis
tout simplement, globalement, que quand on sait que déjà le
simple processus qui est contenu dans la loi va prendre des années avant
qu'au bout de la ligne il y ait des schémas en action, eh bien! c'est
rire du monde que de présenter après une attente qui ne
date pas d'hier, qui ne date pas de la dernière conférence
provinciale-municipale, mais qui date de 1968 un projet aussi rampant,
en plus de tout faire pour qu'il prenne effet à peu près
selon mon humble opinion dans bien des années à venir, pas
avant quelques années. Nous y reviendrons, de toute façon, M. le
Président, lors de l'étude de la loi.
Mais le moins qu'on puisse dire, c'est que le projet de zonage des
terres agricoles, qui témoigne, je crois, assez bien de l'ardeur du
ministre des Affaires municipales en aménagement du sol, comme membre du
comité interministériel, et en aménagement du territoire,
ce n'est pas seulement de l'immobilisme dans ce cas; c'est presque, je dirais,
de la reculade, M. le Président.
D'ailleurs, vous allez peut-être dire, M. le Président, que
je suis radical ou encore que je suis sévère dans mes remarques
concernant le ministère des Affaires municipales. Je voudrais vous
référer, quand même, à un rapport dont on a fait
mention tout à l'heure. Le ministre des Affaires municipales en a
parlé. Ce rapport n'a pas été ré- digé,
à ce que je sache, par l'Opposition. Il a été
rédigé par M. Castonguay qui n'a pas la réputation
d'être un péquiste reconnu ou d'être un homme de
l'Opposition, ce qui ne lui enlève pas sa valeur. Le rapport Castonguay,
quand on a l'occasion de le lire j'espère que le ministre des
Affaires municipales l'a fait eh bien! on ne peut pas faire autrement
que de se rendre compte jusqu'à quel point il est sévère,
jusqu'à quel point il est dur, je dirais, vis-à-vis de l'ensemble
des activités du ministère des Affaires municipales.
Je vous référerai simplement à un passage, à
la page 87 du rapport Castonguay, concernant les structures
décisionnelles et administratives, où on peut lire textuellement:
"Par contre, la situation est bien différente au niveau des politiques
d'ensemble. Comme nous venons de le voir dans les sections
précédentes, les coûts urbains sont fortement
influencés par des facteurs tels que la taille des agglomérations
urbaines et leur étalement, le développement des infrastructures,
de même que la gamme et le niveau des services fournis à la
population. "Aussi, pouvait-on s'attendre à retrouver au sein du
gouvernement une autorité responsable des éléments de la
politique urbaine qui doivent nécessairement être
déterminés à ce niveau. Or c'est M. Castonguay qui
le dit il n'existe à toutes fins pratiques dans l'organisation du
gouvernement québécois aucune personne responsable de la
détermination des objectifs généraux et de la fixation des
priorités et de l'allocation des ressources pour l'ensemble du domaine
urbain. Il ne nous a même pas été possible d'identifier,
continue le rapport Castonguay, une stratégie cohérente,
fondée sur une conception quelconque du développement urbain
relativement aux multiples programmes de subvention octroyés aux
municipalités par le gouvernement du Québec et le gouvernement
fédéral. Enfin, personne ne semble responsable un
gouvernement, c'est la responsabilité; un ministre, c'est de la
responsabilité d'évaluer l'impact des politiques et
programmes gouvernementaux sur les milieux urbains."
Le rapport continue: "L'absence de politiques suffisamment
précises dans des domaines aussi cruciaux que l'habitation et le
transport en commun illustrent, d'ailleurs, éloquemment l'état de
la situation. "Le ministère des Affaires municipales qui, normalement,
devrait être chargé de cette mission éminemment importante
s'est, dans une large mesure, limité à exercer un contrôle
légal et budgétaire étroit et statique sur les
activités des administrations municipales. Etant donné que, dans
les faits, les grandes villes comme Montréal et Québec
échappent largement à cette action limitée du
ministère, plusieurs des personnes que nous avons rencontrées
n'ont pas hésité à le qualifier de ministère des
Affaires municipales rurales".
M. le Président, ce n'est pas l'Opposition, par ma voix, qui le
dit, c'est le rapport Castonguay, un instrument auquel se réfère
le ministre des Affaires municipales, qui dit très carrément
qu'il a de la difficulté à trouver les personnes responsables,
en
matière d'élaboration de politique cohérente, dans
tous les secteurs concernés par les affaires municipales.
Je pense que, devant un jugement aussi sévère que
celui-là, il y aurait eu nécessité d'avoir rapidement une
commission parlementaire afin d'obliger je ne porte pas de jugement de
valeur ceux qui ont rédigé ce rapport à venir
s'expliquer devant une commission parlementaire, parce que je crois que ceci
représente un vote de blâme vraiment général contre
le ministère des Affaires municipales et contre celui qui en a la
responsabilité.
M. le Président, j'espère au moins que nous aurons
l'occasion d'avoir rapidement cette commission parlementaire. Nous
n'obtiendrions, au niveau de l'étude de ces crédits, que ce
faible résultat, en comparaison avec ce que nous avons obtenu l'an
passé, que déjà, au moins, ce serait un pas en avant.
Alors, M. le Président, comme je l'ai dit tout à l'heure,
c'est sans enthousiasme et sans illusion que nous abordons, quant à
l'Opposition, l'étude des crédits des affaires municipales. Nous
sommes replongés dans l'étude de ces crédits sachant que
rien n'a bougé depuis un an. Je suis obligé de comparer ce que
nous a dit le ministre et ce qui s'est réalisé depuis les
derniers crédits, et nous avons l'impression, d'avance, que ce que nous
dira le ministre ce seront plus ou moins des intentions pieuses, des
hypothèses d'hésitation et puis que l'accouchement viendra
difficilement.
Je souhaite que, cette fois-ci, le ministre soit en mesure de nous
donner des réponses, non seulement des réponses valables, mais
qu'il soit en mesure de nous dire aussi jusqu'à quel point elles vont se
concrétiser, dans les faits et dans le temps. Quand je dis cela, c'est
toute la crédibilité du ministre qui est mise en question. Parce
que, quand on voit l'inertie, encore une fois, du ministère des Affaires
municipales, face à des rapports d'étude comme on n'en a jamais
vus dans quelque autre ministère que ce soit, il faut
nécessairement se poser des questions.
Les responsabilités sont-elles trop fortes pour s'occuper des
spéculations foncières, pour s'occuper d'habitation, pour
s'occuper de toute la fiscalité municipale? Au bout de la ligne, il faut
se poser honnêtement la question: Est-ce une charge trop lourde il
faut aussi s'occuper de l'environnement pour qu'un seul homme en ait la
responsabilité?
M. Goldbloom: II fallait que cela vienne; bon, continuez.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, mais je pense que... Cela me
surprend que le ministre intervienne à ce moment parce que je lui donne
presque sa porte de sortie, il doit s'occuper de la fiscalité
municipale, avec tout ce que cela représente d'attention
vis-à-vis des multiples gouvernements municipaux que nous avons,
s'occuper de l'habitation, s'occuper des Olympiques, en plus, et s'occuper
également de la rénovation urbaine; tous ces problèmes
sont d'une extrême importance. Il va falloir à un moment
donné, se poser la question quand on voit jusqu'à quel
point cela n'avance pas si ce n'est pas trop pour un seul homme. Je
pense qu'un gouvernement doit se la poser, que le ministre doit se la poser et
que l'Opposition responsable doit se poser la question aussi puisqu'on sait que
le rythme auquel avancent les réalisations est tout à fait
inexistant. Une chose qui est certaine, c'est que le rapports ne manquent pas
au niveau des affaires municipales. Vous avez eu le rapport Gilbert, vous avez
eu les rapports Hanigan et Castonguay. Il y en a tellement qu'à un
moment donné on se demande si ce n'est pas une sorte de style d'inertie
qui est adopté par le ministère ou le ministre en affaires
municipales. On a tellement d'études qu'on se demande quand on va passer
à l'action. On est obligé, en plus, de se battre pour avoir des
commissions parlementaires, puis on ne passe jamais à l'action, que ce
soit dans le domaine de l'environnement on aura l'occasion d'en discuter
longuement ou dans les autres domaines dont j'ai parlé tout
à l'heure. Prenez le domaine de l'épuration des eaux, du mercure,
le problème également de l'épuration des eaux
usées. Encore une fois, ce ne sont pas les études qui manquent.
Je dirais qu'au moment où on en est le ministre disparaît presque
derrière la pile de rapports qui existent. Je pense qu'à un
moment donné il va falloir tasser les rapports et voir la figure du
ministre et voir des décisions.
Encore une fois, on va rester dans le domaine des consultations, le
domaine des hypothèses, le domaine des voeux pieux, domaine où
excelle le ministre, qui est celui de la réflexion.
Je sais que j'ai critiqué beaucoup de choses dans beaucoup de
domaines, dans ce que je viens de dire, M. le Président. Cependant, je
n'ai pas l'impression d'avoir été négatif parce que la
situation, qu'on le veuille ou non et ce ne sont pas des acrobaties de
style qui vont la changer n'est pas rose aux Affaires municipales dans
le domaine de l'habitation, le domaine de l'environnement, tout ce dont j'ai
parlé tout à l'heure. Je pense que ce ne sont pas des acrobaties
intellectuelles ou encore un style d'intervention qui va changer quelque chose
à la situation. Et je vous le dis, je n'ai pas l'impression d'être
négatif en soulignant ces points. Premièrement, parce que c'est
notre devoir de le faire, comme Opposition; deuxièmement, parce que
c'est la situation et je ne peux pas croire que le ministre ne réalise
pas la déchéance administrative qu'ont subie l'habitation,
l'environnement, les finances municipales depuis qu'il y a seulement une
personne qui est dans l'obligation de s'occuper de tous ces problèmes,
ce qui donne au bout de la ligne que les choses pourrissent.
Je pense sincèrement que le ministre dissimule peut-être...
Remarquez que je n'ai pas d'aptitude de psychiatre ou d'analyste du
comportement humain d'une façon particulière, mais je me demande
jusqu'à quel point le ministre ne dissimule pas, inconsciemment ou non
si c'était
consciemment ce serait de l'habileté; inconsciemment, je pense
qu'à ce moment-là, je pourrais moins lui en vouloir une
incapacité radicale à se décider. Comme je le disais
tantôt, des rapports, il y en a. Il y a de quoi devenir fou, M. le
Président, tellement il y en a. Et les décisions attendent.
Je pense qu'il faut arrêter c'est bien beau des rapports
d'essayer de camoufler l'inactivité sous prétexte qu'il
faut y aller avec prudence. Qu'il faille, dans tous les domaines dont j'ai
parlé, y aller avec prudence, je le crois. Cela va de soi. Mais il faut
quand même y aller, il faut quand même, à un moment
donné, se décider d'agir.
Quand on parle de la spéculation foncière, il faut se
décider à la définir. L'Ontario, lui, a
légiféré dans ce domaine. D'autres provinces ont
légiféré dans le domaine de l'habitation. On a fait des
recommandations, nous, au niveau de l'habitation afin d'essayer de
régler le problème dans ce domaine.
M. le Président, ce sera un revers de la situation, mais
j'espère que nous aurons non seulement des réponses au cours de
l'étude de ces crédits, mais que nous aurons des réponses
telles qu'on aura la conviction qu'on est décidé vraiment, dans
ce ministère, à agir une fois pour toutes. Sinon, il faudra se
contenter, encore une fois, des réponses ministérielles "oui
mais", alors que les réalisations attendent toujours; nous serons
obligés, encore une fois, d'assister, avec un grand sourire
d'incrédulité, aux acrobaties qui pourront être faites pour
répondre aux questions, bien sûr, momentanément, mais, en
définitive, pour retarder les échéances, parce que les
échéances, elles sont là, M. le Président. Quand on
parle de fiscalité municipale, cela touche des milliers de citoyens. On
le sait, à l'heure actuelle, les augmentations de taxes, c'est
incroyable. On ne prendra pas le cas de Hull-Gatineau, où on parle de
100% d'augmentation de taxes dans certains cas, mais, dans presque toutes les
municipalités, on assiste à des augmentations de taxes.
Même dans celles qui sont supposément en santé, on assiste
à des augmentations de taxes qui sont quand même très
imposantes, très lourdes pour le contribuable.
Je ne peux pas, M. le Président, m'expliquer cette situation
autrement que par le fait suivant. Nous avons un gouvernement qui se bombe la
poitrine chaque année en disant qu'il n'augmente pas les taxes, mais
qui, de moins en moins habi- lement, je devrais dire, fait faire le travail par
les municipalités et laisse porter l'odieux des augmentations de taxes
par les municipalités et les administrations municipales.
Le Président (M. Picard): Est-ce que je dois comprendre
que le député de Chicoutimi...
M. Bédard (Chicoutimi): II est six heures, M. le
Président.
Le Président (M. Picard): ... a terminé ses courtes
remarques préliminaires?
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. Je ne croyais pas
être si long, mais le sujet, je pense...
M. Harvey (Charlesbourg): Avez-vous remercié le
conférencier, M. le Président?
M. Bédard (Chicoutimi): ...est important. J'espère
que le député de Charlesbourg qui fait une remarque saura
apporter une contribution valable...
M. Harvey (Charlesbourg): Certainement.
M. Bédard (Chicoutimi): ...parce que les problèmes
dont j'ai parlé cette fois, ou n'importe quel autre
problème...
M. Harvey (Charlesbourg): On va au moins essayer de dire si c'est
fait.
M. Bédard (Chicoutimi): ... les problèmes de
fusion, il a eu à les vivre. Je pense qu'à cette commission,
chaque député, de la façon la moins partisane possible,
doit apporter sa contribution.
M. Harvey (Charlesbourg): Vous n'avez surtout pas
été teinté de partisanerie.
Le Président (M. Picard): La commission suspend ses
travaux jusqu'à vingt heures quinze, même salle.
Pour l'information de ceux qui veulent assister aux séances, il y
aura séance ce soir à vingt heures quinze jusqu'à
vingt-trois heures, et demain matin à compter de dix heures, toujours
à la même salle.
(Suspension de la séance à 18 h 1).
Reprise de la séance à 20 h 40
M. Picard (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs! La commission des affaires municipales
continue ce soir l'étude des crédits. Si je. comprends bien, nous
avons terminé l'étape des commentaires préliminaires.
M. Goldbloom: Non, M. le Président, pas tout à
fait. Le député de Chicoutimi a savamment et sciemment
occupé tout le temps jusqu'à 6 heures pour que les journalistes
ne restent qu'avec un seul son de cloche.
M, Bédard (Chicoutimi): J'imaginais! Je m'inscris en faux,
M. le Président. Je parlais avec tellement de sincérité
que je n'ai même pas vu les journalistes.
M. Goldbloom: Les faits sont là! Je pense quand même
que je dois reprendre certaines de ses affirmations pour tirer des choses au
clair. Il y a dans la présentation de son point de vue celui de
son parti sans doute une hypothèse fondamentale. C'est que le
ministère des Affaires municipales doit agir et prendre des
décisions. M. le Président, j'aimerais souligner le fait que ce
ministère agit à l'égard d'un groupe de partenaires. Ce
n'est pas un groupe de sujets et on ne dicte pas sauf que, de toute
évidence, une loi devient une contrainte, devient un cadre pour l'action
des municipalités. Mais, justement à cause de cela, j'ai
adopté la politique de consulter les municipalités assez
régulièrement de façon à m'assurer que les choses
que nous pourrions proposer en termes de législation, les
décisions que nous pourrions prendre n'iraient pas à rencontre
carrément du point de vue et des traditions des municipalités. Je
pense que c'est un concept du rôle du ministère qu'on doit
retenir.
Il y a plusieurs points que l'honorable député de
Chicoutimi a soulevés et je voudrais les commenter rapidement. Il a fait
allusion à une promesse que j'aurais faite de faire étudier par
cette commission parlementaire, et cela avant Noël, le rapport de la
commission de refonte des lois municipales.
Je voudrais apporter une précision à cela, M. le
Président. C'était effectivement mon intention de demander
à la commission parlementaire de siéger, mais sur un seul
chapitre de ce rapport, le chapitre des élections municipales.
Ce n'est pas juste de dire que la promesse a été faite
d'engager tout le débat sur l'ensemble du rapport, parce que tel
n'était pas le cas. J'ai indiqué assez clairement que
l'implantation des mécanismes pour les élections municipales de
cette année exigerait de notre part une action avant l'automne. Pour
cette raison, je voudrais que nous allions de façon précoce
jusqu'au débat sur ce document, ce chapitre du rapport et par la suite
je tiens à souligner que c'est une évolution de ma
pensée personnelle à cet égard je n'aurai pas
d'objection à ce qu'on continue et que l'on aborde les autres volumes de
ce rapport. Mais l'engagement était de commencer par les
élections et il y a une certaine urgence à faire cela.
Deuxièmement, la question de la spéculation
foncière. On aura remarqué, M. le Président, que dans le
discours inaugural de cette session, il y a deux gestes législatifs qui
sont préconisés. D'abord, une intervention quant à la
propriété de notre sol par des étrangers. C'est un
élément passablement important de cette considération.
Deuxièmement, une protection du sol arable. Cela est
préconisé aussi dans le discours inaugural et il est très
évident que la spéculation vise en bonne mesure notre sol arable,
nos terres agricoles et qu'il faut des mesures pour protéger ces terres
en question.
Il me semble que pour aller plus loin et chercher à
définir la spéculation, il y a des considérations de
l'étendue de territoire. Celui qui achète un terrain, un lot,
pour y bâtir sa maison, ne fait pas, dans le sens usuel du terme, de la
spéculation. Il y a peut-être une petite spéculation, si
l'on veut, de la part de celui qui achète un terrain et le garde pour un
certain temps, en attendant que sa valeur augmente.
Mais cela, c'est l'histoire du monde entier; c'est depuis le
début des temps que la terre a été vue comme le meilleur
investissement et la façon la plus sûre de faire croître son
argent. Je trouve que cela est essentiellement légitime. Celui qui
opère sur une grande échelle, cependant, et qui retient de
l'activité normale du marché des étendues
considérables peut, effectivement, agir à rencontre des
intérêts de la collectivité.
Il y a aussi la question des transactions essentiellement fictives, des
transactions artificielles où un achat est effectué, un jour, par
une personne et où, quelques semaines et même quelques jours plus
tard on a déjà vu cela arriver dans les 24 heures
une deuxième transaction est effectuée avec une augmentation
très considérable du orix et cela, probablement, dans
l'anticipation d'une expropriation, par exemple, pour essayer de
démontrer au tribunal possible de l'expropriation que la valeur
était plus élevée parce qu'il y avait eu une transaction
à un montant plus élevé.
Cela est l'élément qui est visé par la loi
onta-rienne, par exemple, qui impose une taxe sur la plus-value, sur
l'augmentation du revenu fait de cette façon. Mais nous constations que
la loi onta-rienne a eu, en même temps, des effets négatifs et
nous ne sommes pas prêts à acheter d'emblée la thèse
ontarienne. D'ailleurs, l'Ontario semble vouloir repenser son
régime.
Enfin, il y a la question de l'identité des propriétaires
par rapport à l'enregistrement. Il y a des noms qui sont inscrits;
plusieurs noms peuvent, effectivement, représenter la même
personne ou la même compagnie. Mais c'est quand même à
l'intérieur de nos lois que ces gestes se posent et je crois que nous
irions loin si nous essayions de rendre illégaux des gestes de cet
ordre-là.
M. le Président, le député de Chicoutimi m'a
invité à me prononcer sur les recommandations de la commission
Castonguay, en ce qui concerne les communautés urbaines et en ce qui
concerne le
déclenchement d'une enquête sur les finances de la ville de
Montréal.
Quant aux communautés, il y a un travail qui se poursuit et qui
implique les intéressés. Au niveau local, je rencontre les
maires, même dans le cas de l'Outaouais où nous avons
effectué des modifications, qui, à mon sens, ont
été bénéfiques. Je trouve qu'il y a, dans cette
région, véritablement un progrès, une maturité que
l'on ne voyait pas auparavant. Je fais de mon mieux pour donner mon
encouragement aux dirigeants municipaux qui poursuivent, et au niveau local et
au niveau de la communauté régionale, ce travail qui est vraiment
prometteur, comme en témoigne le dépôt d'un schéma
régional d'aménagement du territoire. Le processus de
consultation publique sur ce schéma commence incessamment.
Quant à Montréal, M. le Président, il y a un point
de vue exprimé par le premier ministre et par le conseil des ministres.
Nous croyons que nous ne devons pas nous substituer à l'administration
municipale ni à l'opposition qui existe à l'hôtel de ville.
C'est intéressant que, d'un côté, on nous demande une plus
grande autonomie pour les municipalités et que, de l'autre, à
chaque fois qu'il y a quelque chose qu'on n'aime pas, on demande au
gouvernement d'intervenir. Je pense qu'il y a, dans toute cette
hypothèse de l'amélioration de la fiscalité municipale, un
principe assez fondamental, c'est qu'au fur et à mesure que la
fiscalité permettra l'autosuffisance des municipalités, il faudra
laisser ces municipalités se débrouiller de plus en plus seules
et les contribuables se débrouiller de plus en plus avec leur conseil
municipal qu'ils ont élu.
Alors, c'est la position qu'a prise le gouvernement. Nous allons
attendre que la ville de Montréal soit devant cette commission
parlementaire avec son projet de loi privé. Les intéressés
seront ici et nous examinerons ensemble, à ce moment, les
considérations fondamentales, c'est-à-dire les mécanismes
par lesquels le budget de la ville est examiné et adopté, mais
pas dans le sens d'une enquête et pas dans le sens d'une intervention
pour modifier dans l'immédiat la situation qui existe.
J'ai pris certaines autres notes, M. le Président; je n'ai pas
l'intention de reprendre toutes les affirmations du député de
Chicoutimi. Nous aurons l'occasion, au cours du débat sur les divers
programmes. Je voudrais...
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous me permettez, dans les
questions que j'ai posées Montréal il y avait aussi
la taxe scolaire.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président. Je voulais justement
mentionner la taxe scolaire pour souligner le geste que nous avons posé
l'an dernier. On se le rappelle, il consistait en une baisse du taux
normalisé de $1.25 à $1.05 et un plafonnement de l'augmentation
de la valeur utilisable pour fins de taxation scolaire à 10%
d'augmentation par rapport à l'année précédente.
J'aimerais souligner que l'effet de cette mesure doit se faire sentir surtout
à partir du 1er janvier de cette année, parce que, effectivement,
c'est à partir de ce moment que les municipalités ont
présenté et adopté leurs nouveaux budgets.
Je tiens à informer la commission parlementaire que l'effet de
cette mesure semble avoir été relativement satisfaisant. Je sais
qu'on me citera des exemples où une commission scolaire est allée
chercher une somme additionnelle considérable par le jeu des
dépenses dites inadmissibles. Mais je tiens à souligner
qu'à l'échelle de la province le résultat a
été effectivement le gel de la masse financière
perçue par les commissions scolaires. La somme perçue par les
commissions scolaires a été la même cette année que
l'année précédente, et ce n'est pas peu dire parce que le
rythme de l'augmentation a été considérable.
Puisque nous avons ajouté plusieurs dizaines de millions de
dollars en subventions aux commissions scolaires, il est évident que ces
dizaines de millions auraient été ajoutées à la
masse perçue par les commissions scolaires, n'eût
été l'intervention du gouvernement. Il y a donc eu,
effectivement, libération de ce champ à un montant qui varie de
municipalité en municipalité, mais il y a eu
libération.
Dans notre attitude à l'égard des municipalités,
surtout à l'égard de celles qui ont demandé des
subventions, nous avons tenu pour acquis que la municipalité occuperait
les $0.20 de diminution de l'assiette scolaire en calculant un solde que nous
pourrions donner en guise de subvention.
M. le Président, j'aimerais souligner aussi que si l'on regarde
le budget, les crédits du ministère des Affaires municipales pour
cette année et que l'on fait la comparaison avec l'an dernier je
tiens à vous le faire remarquer il y a un montant qui se chiffre
par approximativement $30 millions qui ne paraît pas à ce budget
parce qu'il a été transféré au budget du
ministère des Transports. C'est pour le transport en commun. Il y a
même certaines agglomérations, qui peuvent intéresser
certains députés autour de cette table, qui ont
bénéficié et vont bénéficier de ce genre de
subvention. On ne doit pas s'en plaindre...
M. Bédard (Chicoutimi): ...
M. Goldbloom: ...et on ne doit pas dire... Je n'affirme pas que
cela a été dit, mais puisque cela n'a pas été dit
d'un côté ou de l'autre, je saisis cette occasion de souligner
qu'il y a une trentaine de millions de dollars qui iront aux
municipalités mais à même le budget des Transports, cette
année. L'an dernier, c'était à même le budget des
Affaires municipales.
Il y a aussi, pour réduire notre budget, une diminution de
presque $14 millions à cause de la fin du programme
fédéral des prêts aux investissements. Ce programme ayant
pris fin et l'argent ayant été distribué aux
municipalités, ce montant n'est plus au budget. On est rendu
déjà à une différence de $44 millions.
Il y a un autre point que je voudrais souligner, M. le Président.
Quand le député de Chicoutimi cite le rapport du groupe de
travail sur l'urbanisation, qui s'affirme que c'est le ministère des
affai-
res municipales rurales, cela va de soi.
Justement, et je l'ai souligné dans mes propres remarques, nous
avons une responsabilité plus importante pas en argent, parce que
nous donnons, quand même, davantage aux municipalités de plus de
15 000 âmes, mais en termes de nombre et en termes du pourcentage de
l'aide que nous devons leur donner de façon discrétionnaire pour
les raisons que j'ai explicitées nous avons effectivement une
responsabilité plus fréquente à l'endroit des petites
municipalités qui ne seront jamais, tant et aussi longtemps qu'elles
demeureront petites, en mesure de subvenir à leurs propres besoins.
Enfin, M. le Président, j'ai écouté attentivement,
avec une seule interruption que je ne pouvais m'empêcher de faire, ce
dont je m'excuse, le long discours du député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Je sais qu'il vous a paru
long.
M. Goldbloom: Je l'ai entendu dire à plusieurs reprises:
Le temps des études, le temps des consultations est passé; c'est
le moment de passer à l'action. Bon, très bien, j'ai devant moi
un document dont j'ai l'intention de citer seulement deux alinéas: "Afin
de mieux jouer son rôle à l'Assemblée nationale,
l'Opposition officielle a décidé de lancer une vaste consultation
auprès des dirigeants municipaux du Québec, afin de
connaître le plus précisément possible leur point de vue
sur les solutions qui s'imposent à cet égard. "Vous trouverez
ci-joint c'est adressé à M. le maire un court texte
qui expose les grandes données du..." Mon Dieu, M. le Président,
il y a une faute de français!
M. Bédard (Chicoutimi): S'il n'y avait que des fautes de
français dans votre ministère, ce ne serait pas grave.
M. Goldbloom: On dit "du problème", mais problème
est au pluriel. C'est extraordinaire! Les amis de la langue
française!
M. Bédard (Chicoutimi): II y a vraiment des
problèmes au pluriel.
M. Goldbloom: Alors, je ne sais pas si c'est du problème
ou des problèmes. Je continue: "et les principales questions auxquelles
il faut donner une réponse. Nous vous saurions gré de bien
vouloir en prendre connaissance et de nous faire part de vos commentaires
à l'aide du questionnaire que vous trouverez à la fin du texte."
Fin de la citation, mais ce n'est pas la fin de mon commentaire,
là-dessus, M. le Président.
J'aimerais que le député de Chicoutimi m'écoute sur
ce dernier point parce qu'il me semble d'une certaine conséquence. C'est
une lettre qui est dactylographiée sur papier à en-tête de
l'Assemblée nationale du Québec et qui est signée par Me
Marc-André Bédard, le député bien connu du
comté de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Responsable des Affaires
municipales.
M. Goldbloom: Oui, d'accord. Porte-parole de l'Opposition, c'est
formidable cela. Il y a une autre signature, celle d'un certain médecin
que j'ai connu et qui a déjà siégé à
l'Assemblée nationale, mais qui n'y siège pas depuis six ans et
qui n'a pas, à mon sens, le droit de signer une lettre sur papier de
l'Assemblée nationale. M. le Président, je pense que c'est une
chose qui mérite d'être soulignée. Je sais que si les
rôles étaient invertis et si un non-membre de l'Assemblée
nationale signait, conjointement avec un député
ministériel, un tel document, il ne faudrait pas beaucoup de temps pour
que l'Opposition soulève la question avec une indignation de vierge
offensée.
M. Bédard (Chicoutimi): ...
M. Goldbloom: M. le Président, je pense qu'il y a des
principes et des règles...
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que votre sous-ministre
signe des lettres que vous envoyez?
M. Goldbloom: M. le Président, d'accord...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez le scandale facile.
Des Voix: Ah!
M. Bédard (Chicoutimi): On verra cela quand on entrera
dans le rapport Gilbert.
M. Goldbloom: C'est véritablement la vierge
offensée qui parle, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne suis même pas
offensé. Arrêtez! Vous tirerez vos conclusions
là-dessus.
M. Goldbloom: M. le Président, pour répondre
à la question du député de Chicoutimi, le sous-ministre
signe sur le papier à en-tête du ministère comme il
convient qu'il le fasse, mais pas sur le papier de l'Assemblée nationale
où il ne siège pas. Je pense qu'il y a une question de forme et
de décence parce que je ne trouve pas décent que nos
députés de l'Assemblée nationale signent sur ce papier. Il
y a aussi une question de fond. Le député de Chicoutimi, qui dit
que c'est le temps de passer à l'action, pas à la consultation et
à l'étude, passe lui-même à la consultation en date
du 6 avril de cette année.
M. Boutin: M. le Président...
Le Président (M. Picard): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: Selon l'article 177, M. le Président, quand un
ministre cite un document en partie comme cela, il doit être tenu de le
déposer, d'après ce que je sais.
Le Président (M. Picard): Vous en faites la demande?
M. Boutin: Oui, M. le Président.
M. Goldbloom: Avec un plaisir féroce, M. le
Président.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est vraiment peu confidentiel
d'en donner une copie à tous les maires des municipalités du
Québec.
Le Président (M. Picard): Est-ce que le ministre a
terminé ses remarques?
M. Goldbloom: Oui, pour l'instant, M. le Président.
Le Président (M. Picard): Si vous voulez, messieurs, nous
allons passer à...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, simplement
pour relever la remarque du ministre...
M. Caron: II ne le faudrait pas.
Le Président (M. Picard): Vous invoquez l'article 96 du
règlement? Vous avez été mal interprété?
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président... Le
Président (M. Picard): Je pense...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président,
voulez-vous qu'on fasse de la procédurite. Je ne pense pas que ce soit
votre désir.
Le Président (M. Picard): Pas de débat.
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis surpris que le ministre
joue à l'homme offensé, en faisant allusion à la
communication que j'ai faite au niveau de l'ensemble des maires et des conseils
de ville du Québec afin de consulter ces derniers sur les
problèmes municipaux, sur les solutions qu'ils envisagent, afin de
régler ces problèmes. Je pensais plutôt avoir des
félicitations, de la part du ministre, parce que, n'étant pas
ministre mais porte-parole de l'Opposition officielle, je n'ai pas attendu
d'autres responsabilités pour penser que ce serait une très bonne
chose de la part de l'Opposition, qui a à discuter des différents
problèmes des municipalités, de consulter ces
dernières.
Je pense que si le ministre veut être correct avec la
vérité, il aurait pu ajouter qu'à cette lettre qu'il a
mentionnée était joint un document d'appui qui exprimait les
idées, une partie des idées du Parti québécois et
de l'Opposition officielle concernant les problèmes des
municipalités. Ce qui veut dire que, sur bien des problèmes, nous
avons déjà, à l'intérieur de ce document, pris des
positions sur des problèmes très importants, entre autres, je
pense au problème de l'abolition de la taxe scolaire.
Nous n'essayons pas de jouer entre deux eaux, je pense que notre
position est très claire de ce côté-là, dans notre
programme, qu'elle est très claire, aussi, dans le document que nous
avons fait parvenir aux différents maires des municipalités.
C'est drôle, j'aimerais avoir, peut-être seulement sur ce
point-là, un petit moment de sincérité ou de
spontanéité de la part du ministre.
M. Goldbloom: II y a une différence entre ces deux choses,
M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): II jouera avec les deux, il est
habitué de jouer avec les deux...
M. Goldbloom: Non, non.
M. Bédard (Chicoutimi):... de patiner.
M. Goldbloom: Laissons tomber sincérité et ne
mettons pas en doute la sincérité de qui que ce soit autour de la
table.
M. Bédard (Chicoutimi): En tout cas, le... M.
Goldbloom: Spontanéité, je l'accepte.
M. Bédard (Chicoutimi): Enfin, peu importe ce qu'accepte
le ministre, j'aimerais qu'il soit très direct concernant, par exemple,
une question bien précise, qui est, je pense, une ligne de force du
rapport Castonguay qui recommande l'abolition de la taxe scolaire. Est-ce que
le ministre peut nous dire, maintenant, si, dans une position précise
sur ce problème, parce que les municipalités sont en droit de
s'attendre... C'est cela qu'on entend par des politiques: se baigner, à
un moment donné, ne pas avoir peur de se compromettre, avancer des
solutions et passer à l'action. C'est clair que le ministère des
Affaires municipales et le ministre ne peuvent pas passer à l'action
tant qu'ils ne savent pas exactement dans quel sens ils veulent orienter leur
politique. Sur ce point précis, est-ce que le ministre est capable de me
répondre?
M. Goldbloom: Non, M. le Président, et le
député sait pourquoi. C'est une décision qui ne
relève pas d'un ministre, mais bien du conseil des ministres. En tout
temps, si le conseil des ministres n'a pas pris une décision sur une
question, il est impossible de donner une réponse à cette
question. Alors, M. le Président, je voudrais cependant qu'il soit clair
que je n'ai pas mis en doute la valeur du document, chacun pourra en juger.
J'ai dit simplement deux choses: si le député de Chicoutimi avait
signé le document seul, je n'aurais pas eu un mot à dire sur ce
point; et si le député de Chicoutimi ne m'avait pas invité
à l'action, pas à la consultation, en lançant une
consultation lui-même, je n'aurais pas eu un mot à dire non plus.
Je n'ai pas eu le temps, parce que c'est aujourd'hui même que j'ai
reçu ce document, de le parcourir en détail.
M. Bédard (Chicoutimi): J'aurais dû envoyer la
première copie au ministre.
M. Goldbloom: Ceux qui ont eu le temps de le lire, cependant,
expriment l'avis qu'il y a bien des lacunes là-dedans.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous aimez fonctionner par
ouï-dire.
Le Président (M. Picard): Messieurs, nous allons
maintenant procéder au programme 1. Le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, avant de procéder
à l'étude du programme 1, je voudrais mentionner que, avant
d'aller souper, mon bon ami et collègue de Chicoutimi disait que dans
certaines municipalités on augmentait les taxes d'année en
année.
C'est dans ce genre qu'il a fait son plaidoyer. Mais, je voudrais ici
mentionner à mon collègue de Chicoutimi que, dans certains cas,
ce n'est pas le ministre des Affaires municipales qui...
Le Président (M. Picard): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre!
M. Caron: Une minute, s'il vous plaît!
Le Président (M. Picard): Non, non, un instant.
M. Caron: Un instant...
Le Président (M. Picard): Le règlement
prévoit que, lorsque nous faisons l'étude des crédits,
à l'article 1 nous pouvons avoir des commentaires du ministre et du
représentant de l'Opposition officielle. Ce soir j'ai permis, vu qu'il
n'y avait pas eu d'objection, un certain droit de réplique du ministre.
Mais, si je laisse le député de Verdun parler...
M. Caron: Si on n'a pas un mot à dire, M. le
Président, que faisons-nous assis autour de cette table?
Le Président (M. Picard): Le député de
Lévis m'a demandé la même chose avant la réunion.
J'ai répété au député de Lévis qu'il
devrait attendre que nous arrivions au programme touché par les
remarques du député de Chicoutimi et qu'à ce
moment-là il pourrait démolir son argumentation,
c'est-à-dire l'argumentation du député de Chicoutimi, s'il
veut le faire.
M. Caron: Ce n'est pas nécessairement la démolir,
mais dire qu'il se trompe de temps en temps. L'Opposition officielle se
trompe.
Le Président (M. Picard): A l'ordre! En temps et
lieu...
M. Caron: Quand on a connaissance que l'Opposition officielle se
trompe, je pense que...
Le Président (M. Picard): ...vous demanderez la parole et
je vous céderai la parole.
M. Caron: ...nous avons le droit de le dire.
Le Président (M. Picard): a l'ordre! Programme no 1.
Une Voix: Adopté, M. le Président.
Aide à la planification et à la
restructuration municipale
Le Président (M. Picard): Aide à la planification
et à la restructuration municipale. Il y a deux éléments
que vous pouvez étudier en même temps, si vous le
désirez.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, c'est la
deuxième fois que personnellement je procède à
l'étude des crédits du ministère des Affaires municipales,
avec le même ministre, et je pense que nous nous donnions quand
même, mutuellement une certaine latitude au niveau des différents
problèmes à aborder à l'intérieur de chacun des
programmes.
Le Président (M. Picard): Absolument.
M. Bédard (Chicoutimi): Avez-vous l'intention de...
Le Président (M. Picard): Non, non.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vous demande...
Le Président (M. Picard): II y a deux
éléments au programme 1 et vous pouvez les étudier en
même temps.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, mais je trouve, M. le
Président, qu'il aurait peut-être été possible,
avant d'aborder le programme 1, de passer quelques minutes à des
considérations générales. Par exemple, le ministre s'est
permis, et c'est son droit, de répliquer à ce que j'avais
avancé avant l'ajournement. Il me semble qu'il y aurait eu
possibilité, pour ne pas faire de la procédurite, de poser
certaines questions, en rapport surtout avec la réplique apportée
par le ministre.
Maintenant, si vous préférez qu'on y aille programme par
programme, on reprendra la discussion dans chacun des programmes.
M. Boutin: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Picard): Je viens de refuser la parole au
député de Verdun.
M. Boutin: C'est cela.
Le Président (M. Picard): Le député de
Lévis m'a demandé la même chose avant la
réunion...
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, M. le
Président.
Le Président (M. Picard): Alors, programme 1, les deux
éléments: le premier élément est Aide à
la
restructuration municipale; deuxième élément, Aide
à la préparation de plans d'urbanisme et d'aménagement.
Adopté?
M. Boutin: J'aurais une question, M. le Président.
Le Président (M. Picard): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, au niveau
de l'Opposition...
M. Boutin: M. le Président, je voudrais savoir quels sont
les critères des Affaires municipales concernant les subventions aux
municipalités pour la confection de plans directeurs d'urbanisme. Est-ce
au prorata de la population ou est-ce selon certaines particularités
spéciales?
M. Goldbloom: Jusqu'à maintenant, M. le Président,
nous avons pris l'attitude que les cités et villes, en
général, ont effectué un travail de cette nature comme
élément de leur administration normale.
Nous avons constaté, cependant, que les petites
municipalités, surtout celles régies par le Code municipal, n'ont
pas, de façon générale, procédé à la
confection de plans directeurs d'urbanisme. Pour aider ces municipalités
nous avons voulu donner un montant qui est quand même relativement
restreint mais, si ma mémoire est fidèle, c'est jusqu'à un
maximum de $6000 et c'est à un maximum de 60% du coût
impliqué de la préparation d'un tel plan.
M. Boutin: M. le Président, si on regarde l'organisation
des cités et villes, il y a plusieurs villes qui n'ont pas de plan
directeur d'urbanisme. Je crois qu'il y en a un assez bon pourcentage
aussi.
Est-ce qu'il y a un maximum de fixé dans leur cas ou si ce sont
les mêmes critères que les municipalités de campagne, les
villages ou paroisses?
M. Goldbloom: M. le Président, on sait que c'est un
domaine qui est relativement nouveau au Québec et nous n'avons pas eu
les ressources financières suffisantes pour donner, dans le cadre d'un
régime général, de l'aide aux municipalités plus
importantes que 15 000 de population. Mais nous en avons donné quand
même, dans des cas particuliers, notamment aux communautés
urbaines et, dans certains cas particuliers comme Laprairie où il
s'agissait de l'implantation d'une collectivité nouvelle et des
implications urbanistiques de cette implantation sur huit municipalités
environnantes. Or, puisque plusieurs municipalités étaient
impliquées, puisque l'investissement était majeur, nous avons
contribué une somme importante pour la confection de ce schéma.
Nous avons fait la même chose à Asbestos où il y a eu un
problème majeur avec l'affaissement d'une partie de la mine, l'histoire
malheureuse que l'on connaît. Alors, nous avons dû aider, dans des
cas particuliers comme ceux-là, mais, en général, nous
avons limité notre aide aux petites municipa- lités. Je
reconnais, cependant, qu'il y a effectivement des municipalités
régies par la Loi des cités et villes qui n'ont pas de tels
plans. Je voudrais dire qu'ayant déposé un projet de loi sur
l'urbanisme et l'aménagement du territoire municipal, ayant prévu
c'est un point que je devrais relever dans les commentaires du
député de Chicoutimi de cet après-midi
effectivement des séances de la commission parlementaire et le temps
nécessaire pour ces séances, pour les auditions des
mémoires, cela nous mènera sûrement à l'automne
avant de pouvoir proposer l'adoption définitive de la loi.
Alors, nous avons prévu quand même, dans la perspective de
l'adoption de la loi, une certaine aide technique et une certaine aide
financière aux municipalités qui seront visées par
l'application de la loi, une fois adoptée.
M. Boutin: Lorsqu'on regarde, M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est à l'automne.
M. Boutin:... la particularité de certaines villes quant
à certaines fusions possibles éventuellement, lorsqu'on sait que
ces fusions ne peuvent se faire à cause peut-être de la
volonté de la population ou un certain manque de compréhension
d'autre part, le gouvernement entend-il aussi subventionner un plan directeur
d'urbanisme dans une municipalité lorsqu'on considère que le plan
directeur devrait être fait pour tout le secteur uniquement et regarder
l'agglomération comme une entité et non individuellement comme
municipalité?
M. Goldbloom: La réponse, M. le Président, est que
nous allons effectivement envisager l'agglomération comme une
entité, mais je pense que si j'essayais d'aller plus loin, vous me
déclareriez antiréglementaire parce que c'est justement le projet
de loi qui est devant la Chambre qui prévoit les mécanismes en
question.
Le Président (M. Picard): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant ce projet de loi et
l'étude en commission parlementaire, j'aimerais que le ministre
précise tout de suite s'il a été bien cité dans le
journal qui disait que son intention était de faire siéger la
commission avant la deuxième lecture puisqu'il y a, quand même,
plusieurs consultations qui doivent être faites. Le ministre en a
parlé tout à l'heure. Il y a plusieurs représentations qui
peuvent être faites par les municipalités et l'ensemble de ces
discussions peut amener soit le gouvernement, soit l'Opposition, au niveau du
principe de la loi même, à avoir une attitude qui serait plus
éclairée une fois l'audition faite des personnes et des
organismes qui veulent se faire entendre.
M. Goldbloom: M. le Président, le député
sait que demain le leader parlementaire fera part d'une
décision définitive du gouvernement, mais pour ne pas en
faire un grand drame parce que c'est une petite question, j'ai
été cité correctement. J'ai dit que je n'aurais pas
d'objection à ce mécanisme de révocation de l'ordre de
deuxième lecture et de convocation de la commission parlementaire pour
recevoir les mémoires.
Il sait, parce que c'était très évident en Chambre
aujourd'hui, que j'ai été retenu à Montréal ce
matin. Je suis arrivé à temps pour le début de la
séance d'aujourd'hui, mais je n'avais pas eu la possibilité de
rencontrer le leader parlementaire pour en discuter avec lui. Mais je ne
prévois pas de difficultés à cet égard.
M. Bédard (Chicoutimi): Bon. Le ministre, tout à
l'heure, en réplique à un exposé que j'avais fait au
début de la commission, disait qu'il avait établi un long
mécanisme de consultation, que c'était son habitude de consulter
continuellement les municipalités avant de procéder sur le plan
législatif. Je me demande jusqu'à quel point il y a eu
consultation concernant la loi 12, surtout quand on voit la réaction des
municipalités face à ce projet de loi, qui est loin d'être
une réaction favorable, si je me reporte à certaines remarques
qui ont été faites par des municipalités dans la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, il n'y a pas tellement de temps.
M. Goldbloom: Les municipalités régies par la Loi
des cités et villes ou par le Code municipal?
M. Bédard (Chicoutimi): Par les deux.
M. Goldbloom: Non, franchement, j'ai eu une certaine
réaction de la part des municipalités rurales et j'ai
trouvé leur point de vue constructif et intéressant. L'Union des
conseils de comté viendra sûrement à la commission
parlementaire présenter son point de vue. Je ne vois pas, pour ma part,
de réactions très vives et très fondamentales contre le
projet de loi.
Nous avons, effectivement, étudié le projet de loi en
profitant des connaissances et des expertises que nous pouvions avoir à
l'intérieur du ministère. Aussi, nous avons posé certaines
questions à des urbanistes, à des universitaires c'est
normal de le faire pour avoir des éclaircissements avant de
rédiger un projet de loi. Mais nous allons fournir l'occasion à
tous les intéressés de s'exprimer sur le projet de loi et nous
allons les écouter avec beaucoup d'intérêt.
M. Bédard (Chicoutimi): Nous aurons l'occasion, de toute
façon, de revenir sur cette loi.
Concernant le programme 1, de façon générale, on y
remarque une diminution au niveau des crédits de $287 000, ce qui
représente, par rapport à 1975/76, une diminution de 7%;
peut-être devrait-on dire 17%, si on tient compte de l'inflation.
D'abord, c'est assez surprenant, à ce programme qui traite de l'aide
à la planification et à la restructuration municipale Dieu
sait si on en a besoin d'assister à une diminution des
crédits. J'aimerais que le ministre nous explique à quoi cette
diminution est due. Par exemple, on remarque qu'au niveau des salaires, en
1975/76, cela représentait $1 024 000, alors qu'en 1976/77 on assiste
à une diminution des salaires, à savoir $1 002 000, plus une
augmentation de $133 000 en ce qui concerne d'autres
rémunérations. Si je pose ces questions, c'est parce qu'on
remarque que le personnel reste le même, à savoir 83 personnes.
Est-ce que le ministre pourrait me dire pourquoi on a cette diminution des
traitements et que signifient les autres rémunérations qui
apparaissent?
M. Goldbloom: M. le Président, d'abord, pour utiliser de
l'argent au meilleur escient possible, il faut, dans un domaine comme celui-ci,
qu'il soit utilisé sous la direction de personnes compétentes et,
dans ce cas, de personnes professionnelles. Nous avons eu une certaine
difficulté à recruter des urbanistes parce qu'ils ne sont pas
nombreux. Effectivement, dans l'entreprise privée, ce groupe de
professionnels est généralement lourdement chargé. Il y a
donc une limite à ce que nous pouvons faire faire dans ce domaine. Nous
avons donc ajusté le budget de cette année par rapport à
ce que nous avons pu effectivement dépenser l'an dernier. C'était
nécessaire de le faire à cause de l'austérité et
c'était une exigence du Conseil du trésor que le budget de cette
année soit bâti à même les montants réellement
dépensés l'année précédente.
Nous avons voulu aussi, dans le domaine de la confection des plans
d'aménagement, des plans directeurs d'urbanisme pour les
municipalités, effectuer un certain ralentissement en cette
période précise justement parce que la loi s'en vient et les
mécanismes préconisés dans le projet de loi sont
différents des mécanismes qui existent présentement et ont
d'autres implications. Donc, nous allons marquer non pas un cran d'arrêt
mais un ralentissement au cours des premiers mois de 1976, au cours d'une bonne
partie de 1976, et nous allons reprendre une activité plus intense mais
plus structurée. Plutôt que de répondre tout simplement
à chaque demande et faire une sélection du nombre de demandes que
nous avons des petites municipalités, il faudra orienter l'utilisation
de l'argent vers la confection systématique de schémas là
où l'urgence se fait sentir.
C'est pour cette raison qu'il y a une diminution et que ce sera
simplement dans la dernière partie de l'année financière
que nous serons appelés à utiliser l'argent qui est
disponible.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'on doit comprendre que,
si vous diminuez l'aide à la préparation des plans d'urbanisme et
d'aménagement, c'est un peu à cause du projet de loi no 12?
M. Goldbloom: C'est en attendant la mise en application de la loi
et c'est notre pensée que l'argent ne serait pas bien
dépensé par rapport à l'application de la loi si nous
continuions de l'utiliser pour un plan d'urbanisme ici et là sur le
territoire. Nous devons mobiliser nos effectifs et mobiliser en même
temps l'entreprise privée pour un
travail plus systématique, plus cohérent et selon une
échelle de priorités.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela ne veut-il pas dire que ceci
implique que vous n'auriez pas assez d'urbanistes, à l'heure actuelle,
pour mettre en vigueur le projet de loi cette année?
M. Goldbloom: Je m'excuse.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que cela pourrait vouloir
dire que vous n'aurez pas suffisamment d'urbanistes pour mettre la loi en
vigueur cette année?
M. Goldbloom: Non, je ne crois pas cela, M. le Président.
Il y a quand même des urbanistes qui travaillent dans le domaine. Il y en
a qui sont dans l'entreprise privée, il y en a qui sont à
l'emploi à temps complet de certaines municipalités. Il y aura
certainement moyen de commencer, en vertu de l'adoption de la loi, un travail
utile.
Je voudrais fournir une explication parce qu'il y a quand même un
montant plus élevé. Pour 1976/77, si l'on additionne les deux
lignes $1 002 700 et $133 000, cela fait $1 135 700 par comparaison à $1
024 100 pour l'an dernier. La différence représente le traitement
d'effectifs à temps partiel.
M. Bédard (Chicoutimi): Les $133 000, tel que je l'ai
mentionné, tout à l'heure, c'est indiqué sous la
catégorie Autres rémunérations, peut-être au niveau
des employés à temps partiel, ce qui implique qu'au niveau des
employés permanents, il y a quand même une diminution qui
continue?
M. Goldbloom: Une diminution...
M. Bédard (Chicoutimi): Une diminution de $1 024 000
à $1 002 000. Les $133 000 qui constituent les autres
rémunérations, j'imagine que cela doit être pour des
employés à temps partiel.
M. Goldbloom: II y a aussi, M. le Président, une technique
budgétaire qui est utilisée. Avant le gel des effectifs à
1% d'augmentation, il y avait une marge qui était prévue par
rapport aux postes vacants. Cette marge est réduite, cette année,
parce que, justement, il y a un gel. Les postes vacants ont été
gelés et n'ont pas été dégelés entretemps.
Donc, on n'a pas de prévision pour le recrutement possible par rapport
aux postes vacants, parce que c'est une situation beaucoup plus
serrée.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait
nous dire combien vous avez d'urbanistes au ministère?
M. Goldbloom: Nous en avons seize, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Seize.
M. Goldbloom: Plus un certain personnel à temps partiel.
Et il y a, effectivement, dans d'autres services du ministère, des
personnes qui ont une certaine compétence dans ce domaine et il y a une
collaboration entre divers services.
M. Bédard (Chicoutimi): Maintenant, est-ce que le ministre
pourrait me donner, ce soir ou demain, s'il ne le peut pas
immédiatement, le nombre d'urbanistes auxquels le ministère a
référé des dossiers et des études et qui se
trouvent en pratique privée? J'aimerais savoir leur nombre et j'aimerais
qu'on me fournisse la liste et le nom de ces urbanistes.
M. Goldbloom: Nous l'avons, M. le Président. Cela
prendrait un peu de recherche pour sortir le document.
M. Bédard (Chicoutimi): En attendant, une question usuelle
pour savoir si le ministre pourrait nous fournir la liste des membres de son
cabinet avec leur traitement, ce que nous avions d'ailleurs demandé l'an
passé et qu'on nous avait fourni. On nous avait fourni les
renseignements.
M. Goldbloom: Oui, d'accord on peut faire cela.
Le document que le député de Chicoutimi a demandé
en premier lieu n'est pas ici ce soir; nous pourrons l'apporter demain, M. le
Président.
M. le Président, est-ce que je peux, par votre
intermédiaire, poser une question au député de Chicoutimi?
En demandant la liste du personnel du cabinet du ministre, est-ce qu'il
voudrait avoir seulement les secrétaires particuliers ou est-ce qu'il
voudrait tout le personnel de bureau, les agents de bureau, et tout cela?
M. Bédard (Chicoutimi): Pas le personnel de bureau, mais
sûrement les consultants.
M. Goldbloom: D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): En plus des autres que vous nous
fournissez à chaque année.
A l'élément 1, concernant l'aide à la
restructuration municipale, je voudrais savoir, à travers les
regroupements forcés qui, qu'il le veuille ou non, ont
caractérisé, sinon l'esprit, du moins l'action du ministre en
matière de regroupements et de fusions, si le ministre a l'intention de
continuer dans cette voie de fusions par voie législative. Si c'est le
cas, le ministre est-il en mesure de nous dire pour quelles
municipalités il entend adopter le style d'action qui a prévalu
jusqu'à maintenant en termes de fusions de municipalités?
M. Goldbloom: M. le Président, à part la loi qui
portait le no 98 et le cas particulier de Saint-Michel-Archange, j'aimerais
savoir à quoi le député de Chicoutimi fait allusion quand
il parle de fusions forcées.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela commence à
représenter pas mal de municipalités, le projet de loi no 98. Le
ministre sait que cela concerne pas mal
de municipalités, quand on pense à la Gatineau, et au
Haut-Saguenay; de même il y a eu un projet de loi pour Rimouski,
concernant la fusion de Rimouski et Rimouski-Est.
M. Goldbloom: C'est un cas bien particulier, je pense, que le
projet de loi privé de la cité de Rimouski.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous vous rappelez que, lors du
projet de loi privé concernant Rimouski et Rimouski-Est, il y a quand
même le conseil de comté qui est venu par son président
faire des représentations très précises au niveau de la
commission qui a étudié le projet de loi article par article. Il
a exprimé d'une façon très claire jusqu'à quel
point son organisme était opposé à des fusions
forcées et qu'il s'attendait à une action précieuse du
gouvernement afin d'améliorer les mécanismes de la loi 276 en vue
de la promotion de certaines fusions, de certains regroupements de
municipalités.
On en a parlé un peu au début de l'étude des
crédits, mais ce que je voudrais vraiment avoir d'une façon
claire à l'esprit, c'est la philosophie du ministre concernant les
fusions. Si je lui pose la question, le ministre va peut-être me dire:
C'est bien clair que je ne suis pas pour les fusions forcées, comme je
l'ai déjà dit. Trois ou quatre jours avant qu'on dépose le
projet de loi no 98, je me rappelle que le ministre avait fait une
déclaration fracassante en ce qui regarde le Haut-Saguenay, en disant
qu'il n'était pas question de fusion forcée. Quelques jours
après, on se ramassait avec un projet de loi. Pour la Gatineau,
j'imagine que cela a été un peu le même scénario,
peut-être différent sur certains points. Je voudrais savoir quelle
philosophie le ministre devant le conseil des ministres ou devant des
municipalités qui essaient, parfois, de faire des pressions pour obtenir
des fusions forcées avec d'autres. Ce sont toutes des situations qui se
présentent sûrement à l'attention du ministre et j'imagine
qu'il est important que le ministre ait des positions très
précises par rapport à ce problème des regroupements et
des fusions de municipalités.
M. Goldbloom: M. le Président, si on regarde les
principales fusions qui ont été effectuées, on constatera
que ce que nous avons fait, c'est de renforcer les principaux centres
d'activité économique de la province. Le Haut-Saguenay en est un;
la région de la capitale, ici, en est un et l'Outaouais en est un, avec
une facette additionnelle au problème. En effet, la présence de
la capitale nationale de l'autre côté de la rivière et la
présence sur le territoire québécois de la Commission de
la Capitale nationale donnent une raison additionnelle de vouloir renforcer les
instances de responsabilité locales et améliorer la
cohérence et la qualité de la gestion administrative, au niveau
municipal.
Cela est essentiellement fait, maintenant, M. le Président. Je ne
vois pas dans la région de Québec, ici, d'autres centres de
population qu'il faut renforcer. Il y a évidemment des
pourparlers...
M. Bédard (Chicoutimi): ... dans la région qu'on
parle de Saint-Félicien, avec Saint-Félicien paroisse. Je pense
que vous devez avoir une rencontre avec ces deux instances municipales.
M. Goldbloom: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Moi, ce que je voudrais savoir,
simplement: Etes-vous pour les fusions forcées, oui ou non, comme
ministre?
M. Goldbloom: M. le Président, ce n'est pas une question
logique.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, elle n'est pas logique,
la réponse pourrait paraître logique.
M. Goldbloom: Oui, mais c'est un peu inutile d'interrompre la
réponse, parce que c'est une question qui est assez complexe. J'ai
commencé par exposer la motivation d'une intervention dans les
principaux centres, desquels dépend l'avenir du Québec. Moi, je
parlais tout à l'heure de Québec et pas du Québec. Je
parlais de Québec et je disais qu'ici, dans la région de la
capitale provinciale, sur la rive nord, nous avons maintenant, surtout par la
volonté des municipalités il a fallu intervenir à
cause d'un problème particulier, en ce qui concernait
Saint-Michel-Archange mais surtout par la volonté des
municipalités qui ont signé des protocoles d'entente, nous avons
obtenu, par leur initiative, la création d'une force administrative que
nous n'avions pas.
Sur ce territoire de la rive nord, je ne vois pas de
nécessité d'effectuer des changements, à moins que ces
changements ne soient désirés par les intéressés.
Il y a présentement des pourparlers, on le sait, entre Lévis,
Lauzon et Saint-David. Je suis ces conversations, en fournissant une aide
technique, en examinant les documents qui sont présentés et j'ai
l'intention d'attendre la volonté des municipalités dans ce
cas.
Dans l'Outaouais, nous avons effectué une amélioration
considérable. Je n'ai aucune hésitation à le dire. Il y a
des problèmes de dentition, d'accord, surtout dans une
municipalité, mais...
M. Bédard (Chicoutimi): II y a des problèmes de
taxe aussi, un peu.
M. Goldbloom: C'est à cela que je fais allusion, parce
qu'après tout, quels sont les problèmes qui peuvent surgir? Ce
sont généralement des problèmes d'ordre financier et je
n'ai pas l'intention d'aller dans le détail du budget de la ville de
Gatineau ici, ce soir, parce que j'ai reçu des documents que nous devons
analyser et nous n'avons pas tiré de conclusions définitives,
quant au budget de cette municipalité.
Mais, il était essentiel d'agir du côté
québécois. A deux égards, il fallait renforcer
l'administration municipale et il fallait produire un schéma
régional d'aménagement. Sans cela, tout ce que nous pouvions nous
permettre, c'était une action défensive, négative, par
rapport aux actions et aux
projets de la Commission de la capitale nationale. Alors, nous avons
voulu agir dans ces cas.
Le député de Chicoutimi a mentionné
Saint-Félicien. Je soumets respectueusement, M. le Président, que
quand on voit la possibilité d'investissements majeurs qui vont avoir
l'effet de renforcer toute une région, pas simplement une
municipalité ou deux, mais toute une région, on ne me dira pas
que le projet Donahue à Saint-Félicien aura un effet
limité à la paroisse de Saint-Félicien.
M. Bédard (Chicoutimi): On va avoir l'occasion de discuter
cela au ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. Goldbloom: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne veux pas commencer cette
discussion avec le ministre.
M. Goldbloom: Très bien, mais il y aura de toute
évidence des retombées plus larges que cela.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Goldbloom: II est évident que, si l'on s'en va chercher
des investisseurs de cette envergure, la réponse de ces investisseurs
sera: Nous voulons pouvoir transiger avec une administration municipale
cohérente qui pourra nous fournir, nous assurer les services dont nous
aurons besoin. Alors, cela c'est un cas de deux et deux qui font quatre, M. le
Président. Quand même, j'ai rencontré les deux conseils
municipaux, j'ai discuté assez longuement avec eux et ils sont en
pourparlers. Je prévois une autre rencontre prochainement et j'ai de
bonnes raisons de croire que la décision sera prise, par les deux
conseils, d'unir les deux territoires afin de pouvoir bien accueillir et bien
servir l'usine très importante qui sera implantée là.
Donc, M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant ce cas particulier,
dois-je comprendre que le ministre avance que l'administration municipale de la
paroisse n'est pas suffisamment cohérente pour faire face aux
investissements qui sont prévus dans le secteur? Est-ce que le ministre
veut dire...
M. Goldbloom: Non, M. le Président, ce n'est pas ce que
j'ai dit ou ce que j'ai voulu dire. J'ai voulu dire plutôt que, si une
compagnie doit faire affaires avec deux conseils municipaux et si les deux ne
donnent pas la même réponse, on peut avoir une situation
extrêmement embêtante pour tous les intéressés et
l'on peut décourager des investisseurs qui sont nécessaires pour
l'avenir du Québec. Il est évident que nous devons
développer des projets moteurs sur le territoire québécois
et nous devons les développer dans des régions autres que les
régions métropolitaines qui ont un attrait inévitable.
Justement...
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai de la difficulté
à suivre votre raisonnement qui semble vouloir dire il faut lire
entre les lignes que, si la ville de Saint-Félicien et la
municipalité de la paroisse de Saint-Félicien ne s'unissent pas,
cela pourrait compromettre le projet, qui est déjà
annoncé, de Donohue à Saint-Félicien. Est-ce que c'est
cela que vous voulez dire, bien franchement? Ou est-ce que vous voulez nous
dire que... C'est évident, selon les arguments qu'on se donne, on peut
arriver à n'importe quelle conclusion et on se justifie. Est-ce cela que
vous voulez dire, que cela pourrait compromettre le projet de Donohue, qui est
déjà annoncé?
M. Goldbloom: Non, M. le Président, ce n'est pas cela que
je...
M. Bédard (Chicoutimi): Deuxièmement, quand le
ministre dit qu'il souhaite que les deux municipalités en viennent
à une fusion, est-ce que le ministre veut laisser entendre par là
que, si elles n'en venaient pas à cette conclusion, on pourrait
assister, encore une fois, à une fusion forcée?
M. Goldbloom: Je n'ai pas de réponse à donner sur
cela, M. le Président. Il y a des pourparlers qui se poursuivent et qui
impliquent les intérêts de toute la région. Je n'ai pas
l'intention de répondre à cette question.
Je voudrais revenir à la première question que vient de
poser le député de Chicoutimi et lui dire qu'il y a eu,
effectivement, des discussions qui ont entouré la décision de
l'implantation et qui envisageaient la fusion des deux municipalités,
justement comme condition de l'implantation. C'est parce qu'on avait, de part
et d'autre je n'ai pas participé aux discussions avant la prise
de la décision, j'ai été impliqué par la suite
c'est justement parce qu'il y avait, de la part des investisseurs, la
confiance qu'ils seraient en mesure de transiger avec une seule administration
municipale que l'implantation a été décidée.
M. Bédard (Chicoutimi): Qu'elle a été
décidée conditionnellement à l'union de ces deux
municipalités?
M. Goldbloom: Je ne dirais pas que c'était une condition
formelle qui était écrite en quelque part, mais c'est une
discussion qui a eu lieu.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce qui veut dire que, par rapport
à la première question que j'ai posée, pour que Donohue
continue il n'est pas nécessaire que Saint-Félicien paroisse et
Saint-Félicien ville soient obligatoirement fusionnées?
M. Goldbloom: Non, M. le Président, je ne crois pas que
les dirigeants de la compagnie aillent jusqu'à décommander le
projet s'il n'y a pas fusion.
Mais, M. le Président, que l'on y pense sérieusement. Si
l'on n'est pas en mesure d'offrir à d'importants investisseurs le genre
de relations qui est souhaité par de telles personnes, il est possible
que ces personnes soient découragées à l'avenir
par le fait que nous ne serions pas en mesure d'offrir une
cohérence d'administration municipale.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais dans le cas de
Saint-Félicien, le problème ne se pose pas, elle est
déjà annoncée à la Donohue et elle est là
pour y rester.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, mais prenons un autre
exemple, dans la même région, le cas de Mistassini. C'était
le même genre de conversation et le même désir de la part
des investisseurs d'avoir une unité d'administration municipale et
puisque, justement, dans le cas de Mistassini et de Saint-Michel-de-Mistassini,
il y avait des services physiques, des tuyaux qui devaient partir du territoire
de la ville pour traverser le territoire de la paroisse jusqu'à l'usine,
il y avait une très forte pression de la part de la ville. On peut se
rappeler certains autres aspects du problème qui étaient d'ordre
financier et qui risquaient de devenir un cercle vicieux qui aurait
été au désavantage progressif de la ville de Mistassini.
Or, avec toutes ces considérations, nous avons effectivement eu
plusieurs rencontres avec les deux conseils et les deux conseils ont fini par
signer un protocole d'entente. C'est ce que je souhaite dans le cas de
Saint-Félicien et de la paroisse.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends que ce serait
prématuré pour le ministre de dire qu'une action gouvernementale
serait prise pour forcer la fusion si les deux parties ne s'entendaient
pas.
M. Goldbloom: Je ne prévois pas qu'une telle action soit
nécessaire.
M. Bédard (Chicoutimi): Si elle devenait
nécessaire, quelle serait l'attitude du ministre par rapport...
M. Goldbloom: A ce moment, il faudra que je fasse rapport au
conseil des ministres et c'est le conseil des ministres qui décide.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre tout à l'heure,
puisqu'on parle... Ce n'est peut-être pas dans ce programme...
M. Goldbloom: M. le Président, si le député
de Chicoutimi me le permet, je compte quinze regroupements qui ont
été effectués... Plus que cela, parce que je dois ajouter
Saint-Hyacinthe. Alors, il y a seize regroupements qui ont été
effectués de façon absolument volontaire au cours de
l'année 1975/76.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans ceux que vous avez
mentionnés, qui se sont faits par législation, d'une façon
forcée, vous vous êtes référé tout à
l'heure au projet de loi 98. Le ministre sait qu'à un moment
donné il s'est dégagé, au niveau des élus,
j'entends bien au niveau des élus dans le Haut-Saguenay, un consensus
pour procéder aux fusions préconisées par le projet de loi
no 98, sauf une exception qui était le maire de l'ancienne ville
d'Arvida.
M. Goldbloom: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Maintenant, le ministre est sans
doute au courant que depuis qu'on a commencé l'application de la loi 98
on a assisté à la naissance de la nouvelle ville de
Jonquière et de la nouvelle ville de Chicoutimi. Or, il y a beaucoup
d'expressions d'idées, même de mémoires dans certains cas
qui ont été livrés à l'attention du public de la
part de certaines autorités qui étaient déjà en
place lors de l'adoption de la loi 98, remettant en question la deuxième
ou la troisième phase, selon la façon dont on l'envisage, du
projet de loi 98, à savoir le regroupement de
Jonquière-Chicoutimi. On a même peut-être dû faire
certaines représentations auprès du ministre lui demandant d'y
repenser avant de procéder à cette dernière phase.
Les discussions ont pris de l'ampleur depuis la conclusion du rapport
Castonguay qui prétendait que ce ne serait pas une bonne chose de
fusionner les récentes villes de Jonquière et de Chicoutimi,
puisque, selon le rapport Castonguay, il était préférable
de garder ces deux pôles pour une meilleure stimulation à
l'intérieur du Haut-Saguenay.
J'aimerais savoir, d'abord, si le ministre est au courant de ces
changements d'attitude qui se font jour continuellement au niveau de certaines
personnes qui remettent en question le projet de loi no 98 et quelle est son
attitude face à toute cette nouvelle discussion, à la
lumière du résultat obtenu dans les deux autres fusions, de
Chicoutimi et de Jonquière.
M. Goldbloom: M. le Président, je suis évidemment
au courant de certaines expressions d'opinion. Je n'ai pas la prétention
d'être au courant de tout ce qui a pu être dit et écrit,
mais je suis conscient du fait qu'il y a des gens qui remettent en question le
but ultime et fondamental du bill 98. J'ai dit pendant le débat sur ce
projet de loi et je l'ai dit de nouveau assez récemment je pense
que c'est le député de Chicoutimi lui-même qui m'a
posé la question en Chambre que j'ai présenté un
projet de loi qui avait ce but et que même s'il y avait eu des
divergences d'opinions quant aux modalités, quant au calendrier
d'application de la loi, quant aux étapes prévues, ce but
fondamental semblait rallier l'unanimité des
intéressés.
Plus que cela, j'ai dit que je reconnaissais que les autres
municipalités étaient d'accord pour une fusion, mais que la ville
d'Arvida ne l'était pas et que la loi avait permis la constitution d'une
unité de regroupement comprenant l'ancienne ville d'Arvida, l'ancienne
cité de Jonquière, l'ancienne cité de Chicoutimi et
l'ancienne paroisse de Saint-Dominique-de-Jonquière.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est Kénogami. M.
Goldbloom: Kénogami, je m'excuse.
M. Bédard (Chicoutimi): Au lieu de Chicoutimi.
M. Goldbloom: Oui, je m'excuse. Merci pour la correction. J'ai
dit que les mécanismes du bill 276 étaient là et avaient
été contestés. Il n'y avait pas de mouvement qui
était possible tant et aussi longtemps que ces actions entreprises
devant les tribunaux n'auraient pas été réglées,
décidées. J'ai dit que la décision de procéder
à effectuer la fusion nécessitait la définition,
l'identification d'un objectif plus large et plus important que le regroupement
des quatre municipalités que j'ai mentionnées pour faire une
seule ville. J'ai dit que, si le seul effet d'une loi que pourrait adopter
alors l'Assemblée nationale était de constituer en une seule
ville l'unité de regroupement communément appelée JAK, je
n'aurais pas de justification de le faire. J'ai dit que je ne l'aurais pas fait
et que c'était seulement parce que je sentais l'unanimité autour
de l'objectif ultime de la création d'une grande ville, avec l'espoir de
mettre fin, une fois pour toutes, aux chicanes de clocher qui semblaient
tellement désavantageuses à la région, que je
m'étais permis de présenter le bill 98.
Je continue de prendre cette position, M. le Président, et je
n'ai pas l'intention de revenir sur cette décision. Si l'on me
démontre que, dans les modalités d'application, il y a des
ajustements à faire, je suis prêt à discuter sur le plan
pratique l'application de la loi, mais, quant à moi, l'objectif
fondamental et ultime n'est pas discutable.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre a clairement
exprimé sa position. La nôtre, en termes de l'objectif de la
constitution d'une seule ville dans le Haut-Saguenay, je pense, était
très claire également, sauf que notre position, lors de
l'étude du projet de loi no 98 le ministre se le rappelle
était que nous croyions qu'une telle fusion qui décidait de
l'avenir de populations aussi importantes devait être astreinte à
la tenue d'un référendum pour savoir si les populations
étaient d'accord.
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Le deuxième point que nous
avions développé, c'est que quant à faire cette grande
ville, il aurait peut-être été avantageux de le faire en
une étape plutôt qu'en deux étapes étant
donné que la formule des deux étapes pouvait avoir le danger de
constituer deux pôles très forts qui entraient en lutte l'un
contre l'autre. En tout cas, le ministre est en mesure de voir comment se
développe la situation. Je ne veux pas insister indéfiniment
là-dessus sauf que le ministre, aussi, est en mesure de voir comment les
fusions déjà en vigueur, celles de Jonquière et de
Chicoutimi, aboutissent jusqu'à maintenant.
Quand le ministre dit qu'il peut y avoir des modalités qui
pourraient être prévisibles, est-ce que le ministre peut aller
jusqu'à dire que si, à un moment donné, les
autorités, des études ou encore une expression de voeux de la
population prouvaient au ministre que la date de 1978 pourrait être
prématurée quant à la concrétisation de l'objectif,
si la preuve était apportée au ministre qu'il y aurait avantage,
pour les populations, à re- tarder la concrétisation de
l'objectif d'une grande ville dans le Haut-Saguenay, dois-je comprendre que le
ministre le prendrait en considération et pourrait en arriver à
la conclusion non pas d'abandonner l'objectif mais de retarder la
concrétisation de cet objectif?
M. Goldbloom: M. le Président, de la façon dont le
député de Chicoutimi pose sa question, je crois que ma
réponse devrait être affirmative parce qu'il m'a demandé si
je prendrais en sérieuse considération des arguments valables qui
indiqueraient qu'un peu plus de temps serait nécessaire pour bien
conclure l'éventuelle fusion. Je serais tout à fait
insensé si je répondais non à cela.
Il y a cependant un problème qui se greffe à celui que
vient d'exposer le député de Chicoutimi. Nous avons
déjà, en préconisant le début de 1978 pour la
naissance de la grande ville, prolongé certains mandats de personnes
élues. Quand j'ai parlé, tout à l'heure,
d'éléments d'application qui pourraient être l'objet d'un
examen, je pensais plutôt, en l'occurrence, à la nouvelle ville de
La Baie où il y a une expression d'opinion, qui semble de plus en plus
forte, qui demanderait l'avancement de la date des élections
municipales.
Alors, il me semble que les deux considérations vont de pair. Je
voudrais cependant dire et c'est la précaution que j'ai prise en
reprenant les termes utilisés par le député de Chicoutimi
pour répondre que je pense que j'ai rendu assez clair, au
départ, la position que j'ai sur le bill 98. Je ne démords pas de
l'objectif. Je sais qu'il y a certains dirigeants municipaux qui expriment
l'avis que, même s'il nous reste encore 20 mois, cette période
pourrait ne pas suffire.
J'aimerais, M. le Président, que les dirigeants municipaux de la
région se mettent loyalement et de façon précoce à
la table et en discutent, et en discutent de façon très
constructive et dans la perspective du 1er janvier 1978. Ce n'est pas à
la légère que je modifierai quoi que ce soit à la loi en
question. Je ne voudrais pas que ma réponse d'ouverture d'esprit que
j'ai donnée il y a quelques instants sème l'impression, dans la
région, qu'il suffira de dire au ministre qu'ils n'auront pas assez de
temps et le ministre va remettre, possiblement, aux calendes grecques, la
constitution de la grande ville. Il faudra une preuve très solide, et la
preuve non seulement sur papier des problèmes à résoudre,
mais aussi la preuve que les dirigeants respectifs auront fait un effort loyal,
auront fait du chemin considérable et auront constaté, au bout de
ce tronçon de chemin, qu'il ne restait pas assez de temps.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre parle des dirigeants,
parlons de la population. Si la population des secteurs concernés,
à savoir Jonquière et Chicoutimi, trouvait un moyen valable
d'exprimer, après consultation, une opinion indicative à l'effet
de repenser les échéances d'application de la loi 98, est-ce
qu'également ce serait une situation que le ministre prendrait en
considération?
M. Goldbloom: Je ne peux donner qu'une seule réponse, M.
le Président. C'est que j'ai toujours l'habitude d'écouter les
gens sérieux qui veulent faire valoir un point de vue.
J'écouterai volontiers n'importe quelle personne ou groupe
sérieux qui veut exprimer un point de vue. Mais je dois insérer
cette conversation hypothétique éventuelle dans le cadre de ce
que j'ai dit. Je n'ai pas de raison de modifier l'objectif fondamental du bill
98.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans le cas de La Baie, est-ce
qu'il est prématuré de dire que, normalement, il y aura des
élections générales qui seront avancées, qui
pourraient être à l'automne 1976? Le ministre, à une
question que je lui ai posée en Chambre, m'a répondu que cette
décision devait être prise quand même assez rapidement,
étant donné que l'automne n'est pas tellement
éloigné.
M. Goldbloom: Elle n'est cependant pas encore prise, M. le
Président; donc je ne suis pas en mesure de répondre.
M. le Président, j'avais tout à l'heure le désir de
poser une question au député de Chicoutimi pour
l'éclairage de ma lanterne, parce qu'il fait souvent allusion au
référendum comme mécanisme pour déterminer une
décision à prendre quant aux fusions. Est-ce qu'il veut dire un
seul référendum à l'échelle de tout le territoire
visé ou est-ce qu'il veut dire des référendums individuels
dans chaque municipalité?
M. Bédard (Chicoutimi): Les deux solutions peuvent
être possibles, soit un référendum dans chacune des
municipalités concernées ou un référendum pour
l'ensemble du territoire concerné.
M. Goldbloom: C'est quand même...
M. Bédard (Chicoutimi): Pourquoi le ministre veut-il faire
cette distinction?
M. Goldbloom: Parce qu'il y a effectivement une distinction
très importante. Si je prends le cas de la côte de Beauport, ici,
il y avait six municipalités. Je laisse de côté, pour
l'instant, Saint-Michel-Archange qui, tout en ayant le statut de
municipalité, n'a pas la même nature que les autres, comme
municipalité. Parmi les six municipalités de la côte, il y
en avait une en particulier qui connaissait des problèmes financiers
majeurs. Je parle de Courville. Si on avait demandé un
référendum à l'échelle des six
municipalités, il est très clair que le résultat aurait
été positif. Mais il y a eu des référendums dans
deux municipalités, Sainte-Thérèse-de-Lisieux et
Villeneuve. Si le résultat dans Sainte-Thérèse-de-Lisieux
avait été négatif, il n'y aurait pas vraiment eu de
problème, parce que c'était l'extrémité du
territoire. Si, par hypothèse, le résultat dans Villeneuve avait
été négatif, comment aurions-nous pu régler le
problème grave de Courville? Qu'est-ce que le député de
Chicoutimi aurait fait dans un tel cas?
M. Bédard (Chicoutimi): Dans le cas de Québec, je
pense que vous avez pris une décision, à un moment donné,
que nous avons eu à discuter lors de l'étude du projet de loi
concernant la fusion de Charlesbourg et de Beauport. Pour en revenir au projet
de loi 98 concernant la formation d'une ville dans le Haut-Saguenay,
Jonquière-Chicoutimi, quand je parle de référendum
je crois voir où le ministre veut nécessairement en venir
je parle nécessairement d'un référendum sur l'ensemble du
territoire concerné pour avoir une consultation des deux populations,
celle de Jonquière et celle de Chicoutimi. Est-ce que cela répond
à la question que me posait le ministre?
M. Goldbloom: Oui. C'est un début de réponse, M. le
Président, mais ce n'est quand même pas...
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous me le permettez, il est
évident que cette consultation s'accompagne d'une information objective
à la population, qui montrerait très clairement les avantages et
les désavantages. Disons que déjà elle est pas mal
sensibilisée, étant donné les deux fusions qui sont
déjà faites et qu'elle est déjà certainement en
mesure d'évaluer les aspects positifs et négatifs de ces fusions,
de telle façon qu'un référendum au niveau de l'ensemble du
territoire concerné, Chicoutimi et Jonquière, serait à ce
moment-ci très significatif.
Ce que je voulais savoir, c'est si le ministre peut envisager la
possibilité d'une telle consultation auprès des deux populations
concernées dans le cas où ces renseignements ou encore les
positions de personnes déjà en place, que ce soit dans une ville
ou dans l'autre, ou des organismes représentatifs seraient de remettre
en question l'échéance de la loi 98. Est-ce que le ministre
envisagerait comme une possibilité démocratique de
procéder à une consultation dans un tel contexte?
M. Goldbloom: Je ne l'ai pas envisagé, M. le
Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Non! Est-ce que le ministre y est
réfractaire?
M. Goldbloom: Ma réaction immédiate est que nous
avons mis en marche un processus dont l'objectif était défini
avec une unanimité autour de la table...
M. Bédard (Chicoutimi): L'unanimité des
élus.
M. Goldbloom: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): La population n'a jamais
été consultée, que ce soit dans un secteur ou dans
l'autre, vous êtes d'accord avec moi là-dessus. Ceci est
différent pour Québec, comme vous nous le disiez tout à
l'heure.
M. Goldbloom: Je ne peux donner que la réponse que j'ai
faite tout à l'heure, je ne l'ai pas envisagé, M. le
Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre serait en
mesure de faire le point sur le regroupement sur la rive sud de Montréal
et le regroupement en Mauricie?
M. Goldbloom: M. le Président, il n'y en a pas. Vous
voulez dire... Si vous parlez de la rive sud de Montréal, M. le
Président, il s'agit de municipalités comme Longueuil,
Saint-Lambert, Brossard; aucun geste n'a été posé, aucune
demande n'a été formulée. On entend parler de temps en
temps de certaines conversations entre municipalités, il n'y a rien qui
me soit parvenu.
M. Bédard (Chicoutimi): II n'y a rien de précis, de
sérieux qui n'est parvenu...
M. Goldbloom: Non, pas à ma connaissance. Dans la
Mauricie, il n'y en a pas non plus. J'ai cru comprendre à plusieurs
reprises que les citoyens de Trois-Rivières et ceux du
Cap-de-la-Madeleine ne sont simplement pas intéressés à
envisager une union et je n'ai pas touché à...
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministère, étant
donné qu'il est censé avoir le leadership, en termes de
regroupement, de fusion, est-ce qu'il est dans son optique de penser
peut-être à faire naître certaines discussions entre
certaines municipalités dont il voudrait le regroupement?
M. Goldbloom: Non, M. le Président, pas en ce qui concerne
les principales municipalités de la Mauricie non plus dans le cas des
municipalités de la rive sud de Montréal, sauf que là il y
a des organismes intermunicipaux à créer, un ou des organismes.
Je souhaiterais que les organismes ne soient pas trop nombreux, mais nous
lançons présentement un très important projet pour
améliorer l'alimentation en eau potable de toute cette région et
il faudra une administration intermunicipale quelconque. C'est une façon
d'amener les municipalités à s'asseoir ensemble autour d'une
table, mais ce n'est pas une façon déguisée de les amener
à fusionner.
M. Bédard (Chicoutimi): Au sujet du rapport Hanigan,
concernant le regroupement immédiat à 19 villes sur l'île,
par fusion des plus petites, je voudrais savoir si, après deux ans et
demi de profonde réflexion, le ministre en est arrivé à
quelque chose de concret, en ce qui a trait à certaines recommandations
précises du rapport Hanigan.
M. Goldbloom: Sur ce point précis, M. le Président,
je suis arrivé à une prise de position il y a déjà
un bon moment, et c'est non. C'est clairement contraire à la
volonté des intéressés. Il y avait même un petit
projet de regroupement, entre Sennevill,e, Sainte-Anne-de-Bellevue et
Baie-d'Urfé. La population totale aurait été de 10 000 ou
de 11 000 âmes. Après discussion, les municipalités ont
dit: Non, la fusion ne nous intéresse plus. Je pense qu'il y a cependant
une chose que je dois dire. Je l'ai déjà dite à plusieurs
reprises et c'est un commentaire qui s'applique également à
la
Communauté urbaine de Québec. Si les municipalités
et leurs citoyens insistent pour demeurer nombreuses et pour conserver leur
identité afin de gérer leur propre territoire, fournir les
services qu'elles peuvent fournir sur le plan local, il y a dans ce fait, dans
cette option des municipalités une contrepartie inévitable.
La communauté urbaine devra jouer un rôle important sur ce
territoire afin d'assurer les services que les municipalités
individuelles ne peuvent assurer. Je pense qu'il faut reconnaître cet
équilibre et le choix qui est nécessaire entre le renforcement,
d'un côté, du tissu municipal et le renforcement, de l'autre
côté, de la communauté urbaine.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant la loi 98, on a
parlé tantôt de la partie qui concernait le Haut-Saguenay. Il y a
également la partie qui concerne la région de Hull-Gatineau. Je
ne veux pas entrer dans le détail de la discussion au niveau des
implications, des problèmes financiers qu'a cette municipalité,
mais on sait quand même qu'ils sont en train de faire face à des
augmentations possibles de taxes qui peuvent varier de 47% à 126%.
Le ministre pourrait-il dire jusqu'à quel point le regroupement
préconisé par la loi 98 peut avoir constitué une cause de
ces augmentations de taxes? Je comprends qu'il y a d'autres causes qui
pourraient être, par exemple, l'action de la Commission de la capitale
nationale à l'intérieur de ce territoire. Il pourrait y avoir
aussi on précisera en temps et lieu la cause
représentée par la spéculation foncière qui peut
exister dans cette partie de territoire. Mais le ministre pourrait-il nous
dire, selon lui, quelles sont les implications de la loi 98 sur ces
augmentations de taxes?
M. Goldbloom: M. le Président, si l'on regarde froidement,
objectivement, une fusion de municipalités, on doit constater
immédiatement qu'il n'y a rien dans le fait d'une fusion qui doit avoir
nécessairement l'effet d'augmenter le fardeau financier des
contribuables. Au contraire, il arrive souvent, quand des municipalités
se regroupent, que l'on évite une duplication de services. Si, par
exemple, il y a deux municipalités dont l'une a un gérant et
l'autre n'a pas de gérant, dont l'une a un ingénieur municipal et
l'autre n'en a pas, s'il y a fusion, on a généralement la
possibilité d'avoir, pour les deux municipalités, un seul
gérant, un seul ingénieur et, dans chaque cas, un seul salaire
à payer.
M. Bédard (Chicoutimi): A moins qu'on ne garde tout le
monde!
M. Goldbloom: Mais j'ai précisé, M. le
Président, s'il y a, d'un côté, un tel fonctionnaire et
qu'il n'y en a pas de l'autre. Justement, justement...
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, je comprends.
M. Goldbloom: ... je reconnais que, s'il y a deux
municipalités dont chacune a un gérant, il y a une question:
Qu'est-ce que l'on fait avec les
deux personnes? On ne peut avoir qu'un seul gérant dans une ville
regroupée. Mais, si deux municipalités sont dans une situation
où l'on peut faire servir une plus grande collectivité par les
mêmes personnes et éviter ainsi qu'en raison d'une
séparation maintenue la deuxième municipalité ne doive
retenir les services d'un gérant, d'un ingénieur municipal et
ainsi de suite, il y a des économies à réaliser.
M. Bédard (Chicoutimi): Je m'excuse; je comprends que le
ministre aurait autre chose à ajouter, mais, étant donné
l'heure, auriez-vous objection à ce qu'on continue demain...
M. Goldbloom: M. le Président, je n'ai pas remarqué
l'heure.
M. Bédard (Chicoutimi): ... parce que j'ai encore d'autres
questions?
M. Goldbloom: C'est le député de Chicoutimi qui
voulait surveiller l'heure parce qu'il voulait partir...
M. Bédard (Chicoutimi): Non. D'accord.
M. Goldbloom:... à un moment donné. J'aimerais
simplement compléter cette réponse et nous pourrons continuer
demain.
M. Bédard (Chicoutimi): Demain.
M. Goldbloom: Deuxièmement, quand il y a une fusion, il y
a deux choses que l'on doit regarder dans la confection du budget de
l'éventuelle ville regroupée.
D'abord quelles sont les dépenses que l'on se propose? Et il faut
les comparer avec les dépenses qu'auraient proposées les
municipalités individuelles. Deuxièmement, y a-t-il eu des
déficits qui existaient auparavant, et si oui, qu'est-ce qu'on en a
fait? Est-ce qu'on a effectivement pris des mesures pour faire
disparaître ces déficits avant la fusion? Ou est-ce que les
déficits étaient là et demeurent là, et est-ce que
l'on dit à la légère: Ce montant doit être
payé parce qu'il y a eu fusion?
Bien, je m'excuse, M. le Président. Si c'est un déficit
accumulé avant la fusion et qu'il n'a pas été
réglé par augmentation de taxes, par consolidations et si ce
déficit se retrouve dans le budget de la nouvelle ville, il n'y a pas
moyen d'attribuer cela à la fusion.
Alors, j'aimerais qu'on examine et c'est notre intention, c'est
ce que nous faisons déjà, parce que nous avons eu des
présentations de projets de budgets de la part de chacune des
municipalités regroupées qu'on regarde ce que la
municipalité propose comme dépenses. Je peux donner l'exemple
d'une municipalité qui, l'an dernier, ayant été
regroupée proposait de nouvelles dépenses de $3 millions. En
faisant la ventilation de ces propositions de dépenses, on trouvait que
la municipalité voulait fournir gratuitement des uniformes à
toutes les équipes de jeunes qui représentaient la ville, dans
tous les sports, pour toute l'année. Nous avons dit: Bien, un
instant.
Alors, c'est dans cette objectivité que nous examinons les
budgets. Quand on augmente des taxes, cela doit être pour faire quelque
chose; c'est en partie à cause de l'inflation, il faut augmenter les
salaires, il faut payer les matériaux plus cher, cela se comprends. Et
dans toutes les municipalités, c'est un phénomène pendant
les années récentes. Mais il faut aller plus ioin que cela et
demander quelle est l'utilité, la nécessité et l'urgence
de chaque dépense proposée et quel est le fardeau
traîné d'avant la fusion dans le budget. Alors, c'est la
réponse que je voulais compléter.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je crois
que la discussion sur ce problème précis sera un peu plus longue
que prévue. Maintenant, étant donné l'heure, j'imagine que
vous voulez ajourner à demain.
Le Président (M. Picard): Vous demandez l'ajournement du
débat? Messieurs, demain, la commission siégera seulement
jusqu'à midi au lieu de treize heures. Alors, nous commencerons demain
à dix heures jusqu'à midi.
La commission ajourne ses travaux à demain dix heures à la
salle 81-A.
(Fin de la séance à 22 h 29)