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Commission permanente des affaires municipales
Etude des crédits du ministère des
Affaires municipales
Séance du mercredi 5 mai 1976
(Dix heures vingt-quatre minutes)
M. Picard (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs! La commission des affaires municipales
continue, ce matin, l'étude des crédits du ministère des
Affaires municipales. Hier, à la fin de nos travaux, nous en
étions au programme 1 et je cède maintenant la parole au
député de Chicoutimi.
Aide à la planification et à la
restructuration municipale (suite)
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, lorsque
nous avons terminé hier, le ministre répondait à une de
mes questions concernant la loi 98, sous l'aspect particulier des coûts
que peuvent représenter certaines fusions et, par voie de
conséquence, les augmentations de taxes que ceci peut occasionner dans
des cas bien précis. On sait que des augmentations, il y en a dans
l'ensemble du Québec, des augmentations de taxes très
importantes. Nous l'avons dit au début de nos remarques que les
municipalités étaient en train de faire le job du gouvernement,
dans le sens que, du temps que le gouvernement se bombait la poitrine à
présenter des budgets sans augmentation de taxes, les
municipalités étaient dans l'obligation de le faire et d'en
porter l'odieux.
On sait que pour se limiter au projet de loi no 98 il y en
a eu de très significatives déjà annoncées dans la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean; on sait qu'il y en a de très
significatives aussi qui ont été annoncées ou qui sont
appréhendées dans la région de Gatineau, qui était
concernée par le projet de loi no 98. On parle d'augmentation variant de
47% jusqu'à 126%. Déjà, cette région se situait
parmi les premières, les plus taxées; c'est évident qu'une
telle situation devient dramatique pour les citoyens. On nous mentionnait,
entre autres, des chiffres; l'an passé, avec les augmentations, autour
de 1700 contribuables avaient été dans l'impossibilité de
payer leurs taxes.
C'est évident qu'avec des augmentations aussi significatives,
dépassant 100%, à ce moment-là, cela va contribuer
à augmenter ce nombre d'une façon considérable, à
un point tel qu'on peut se demander si la situation n'aura pas comme
conséquence, tout simplement, de chasser une partie des citoyens. Je
sais qu'on donne plusieurs causes à cette situation. Sans
détailler, on aura l'occasion, dans d'autres programmes, de parler de
l'action de la Commission de la capitale nationale, qui aurait pour effet de
chasser des industries ou de ne pas favoriser l'implantation de nouvelles
industries, ce qui rejette le fardeau des taxes sur l'ensemble des
contribuables ordinaires.
On a mentionné également la situation de
spéculation foncière sauvage qui existe dans cette région.
On pourrait donner des chiffres très précis. On le fera tout
à l'heure lorsqu'on arrivera à ce programme de la
spéculation foncière.
Egalement, comme autre cause, on avançait les fusions qui ont
été faites par la loi 98, qui, même si, dans un sens, elles
étaient souhaitées par les représentants des
différentes municipalités concernées, auraient
été faites alors que l'infrastructure n'était
peut-être pas préparée pour rendre très efficaces
immédiatement ces fusions ou ces regroupements.
J'aimerais que le ministre puisse nous dire quelles actions
précises, pour autant qu'il puisse le faire, le gouvernement entend
prendre devant une situation aussi grave que celle qui se présente dans
Gatineau où on assiste, encore une fois, au danger d'augmentation de
taxes d'au-delà de 100% dans certains cas.
Je sais qu'il y a déjà eu des annonces de subventions qui
ont été avancées, pour un montant de $400 000 ou plus.
C'est évident que ce n'est suffisant en aucune façon.
Je voudrais savoir du ministre s'il a l'intention de faire des
représentations fermes auprès du conseil des ministres pour qu'il
y ait, d'une part, une augmentation rapide et substantielle du montant des
subventions d'équilibre budgétaire, et savoir également
s'il a l'intention d'agir rapidement pour contrer la situation de
spéculation foncière qui peut exister dans cette
région.
M. Goldbloom: M. le Président, le député de
Chicoutimi nous a fourni un ramassis de toutes sortes de choses, sans, dans sa
présentation, attribuer clairement le problème à la
fusion. Effectivement, quand nous en avons parlé, hier soir, à la
fin de nos délibérations, nous examinions ensemble ce qui est
attribuable à une fusion et ce qui ne l'est pas.
M. le Président, quand on effectue une fusion, on combine
ensemble des actifs et des passifs, on met ensemble les ressources qu'avaient
les municipalités individuellement et on fait quelque chose avec leurs
dettes. Dans certains cas, on les met ensemble et, dans d'autres cas, on les
laisse à la charge de l'ancienne municipalité. Alors, regardons
certains éléments du problème dans l'Outaouais, et plus
particulièrement dans le cas de la ville de Gatineau. D'abord, si on me
parle d'augmentations spectaculaires de taxes cette année, on doit tenir
compte du fait qu'il y avait, il y a deux ans, parmi les sept anciennes
municipalités, des déficits au montant de $950 000 et que rien
n'a été fait pour faire disparaître ce déficit
accumulé de $950 000. On a ajouté, en 1975, quelque $400 000
à cela et, encore, on n'a pas prévu, jusqu'à maintenant,
des moyens de régler ce problème. Cet argent n'est pas
attribuable à !a fusion.
Quand on me parle d'augmentations de taxes, la seule réponse que
je peux donner, c'est qu'il y a deux ans surtout on aurait dû augmenter
les taxes
pour régler le problème des déficits et on ne l'a
pas fait. Donc, les augmentations semblent plus spectaculaires cette
année. Cela est un facteur.
Deuxièmement, quand on regarde l'Outaouais, tout le monde est
d'accord sur le fait que c'est une région qui a été
relativement négligée par rapport à l'ensemble de la
province et cela pendant une longue période de temps. Or, surtout en
1970, quand le député de Hull est devenu membre du conseil des
ministres et a été en mesure de poser un certain nombre de gestes
pour améliorer les conditions de vie et les services dans l'Outaouais
avec la collaboration des autres députés de la région, une
série d'interventions a été prévue. On a
commencé la construction d'un système d'épuration des eaux
usées, on a commencé à améliorer l'alimentation en
eau potable. A cause de la situation antérieure, c'était une
tâche énorme qu'il fallait accomplir. Plus que cela, dans
l'Outaouais québécois, à cause de l'étendue du
territoire et à cause d'une certaine tradition, c'est un cas par
excellence du développement par maison unifamiliale avec une faible
densité et donc, un coût élevé de services par
contribuable. Cela rend la chose extrêmement compliquée et
coûteuse.
M. le Président, ce qui est arrivé aussi, c'est que la
création de la communauté régionale de l'Outaouais a
amené les dirigeants régionaux et le gouvernement à
s'entendre avec une aide du gouvernement fédéral sur des
interventions à caractère régional. Simplement le fait
qu'il faut un ensemble de services dans la région ne permet pas de
définir tous ces services comme étant à caractère
régional. Il fallait, effectivement, distinguer entre les services
régionaux, les conduites maîtresses, les grands collecteurs et
ainsi de suite, les usines de filtration, l'éventuelle usine
d'épuration et les réseaux locaux que toute municipalité
doit se donner de toute façon. A cause du retard de développement
dans la région et surtout en ce qui concerne son infrastructure, il y a
eu beaucoup à faire et les interventions au niveau régional avec
une aide financière de la part du gouvernement du Québec et une
certaine aide financière de la part du gouvernement
fédéral ont eu pour effet d'amener les municipalités
à devoir poser des gestes à caractère local.
Nous avons dû prévoir, à plusieurs endroits, des
interventions. Si nous avions laissé l'Outaouais dans l'état de
négligence qu'il connaissait auparavant, peut-être que
l'échelonnement dans le temps de ces interventions à
caractère local, de ces dépenses pour les municipalités
aurait été beaucoup plus lent et beaucoup plus long. Mais il ne
fallait pas laisser cette région dans un marasme, il fallait lui donner
les instruments de son développement, en commençant par une
infrastructure valable.
Et, M. le Président, quand on a commencé à faire
cela, on a donné des sommes considérables. On se rappellera qu'il
y avait des cas d'urgence où la qualité de l'eau potable
était mauvaise et nous sommes intervenus pour régler ces
problèmes à coups d'un million à gauche et d'un million
à droite. Quand on me dit aujourd'hui qu'on n'a rien fait dans le
domaine de l'eau potable, je commence à réagir un peu quand je
vois les millions qui ont été consacrés à cet
effort. Et voilà, M. le Président, que l'on a amené les
municipalités à assumer un rythme de dépenses plus rapide
que n'était leur habitude auparavant.
En plein milieu de cela, nous sommes arrivés avec un regroupement
qui semblait essentiel pour renforcer la région à un autre titre.
Il était très évident que 32 municipalités avaient
énormément de difficultés à cause du facteur humain
le plus élémentaire, avait énormément de
difficultés, dis-je, à s'entendre autour d'une table, à
créer un esprit régional et une direction régionale. Face
à une présence fédérale de l'autre
côté, face à une présence fédérale de
notre côté, par le truchement de la Commission de la capitale
nationale, il fallait une représentativité, une force
administrative du côté québécois qui n'existait
pas.
M. le Président, il y a un autre facteur dont il faut tenir
compte, c'est que ce n'est quand même pas la seule région du
Québec et, quand on donne des subventions, il faut avoir des normes, des
critères selon lesquels on les calcule. Même si l'on
reconnaît à certains endroits des problèmes particuliers,
on ne peut pas, en règle générale, mettre de
côté à chaque fois que l'on invoque un problème
particulier dans une région, les critères que l'on appliquerait
à n'importe quelle autre municipalité, de n'importe quelle autre
région.
M. le Président, quand on regarde le budget d'une
municipalité, on doit se demander quel est l'historique de ce budget.
Est-ce qu'on a véritablement taxé convenablement par le
passé ou est-ce que ce que l'on propose comme hausse qui semble
spectaculaire n'est pas le fruit d'un ralentissement indu dans l'augmentation
des taxes pour faire face à une réalité?
Deuxièmement, on doit se demander quelle est la justification de
chaque dépense. Quand j'ai parlé, hier soir, d'une
municipalité qui nous proposait des dépenses nouvelles et
fraîches de $3 millions et voulait donner des uniformes à toutes
ses équipes, je parlais de Gatineau, M. le Président. Qu'on le
sache!
Alors, M. le Président, nous avons eu une tâche
énorme l'an dernier pour passer à travers l'analyse de ce budget
et nous sommes arrivés avec une subvention de $646 000. Normalement,
dans une deuxième année, parce que la première
année on reconnaît qu'il y a des gestes à poser pour
normaliser des services, pour rendre uniformes certaines choses et pour
permettre à une nouvelle municipalité de se gérer
convenablement, normalement, les montants de la deuxième année
devraient être un peu moindres. Normalement.
Il y a un autre facteur, M. le Président, que je voudrais porter
à votre attention. Il y a certaines municipalités qui, en
présentant leur budget, se proposent indifféremment de faire
certaines dépenses par moyen de règlements d'emprunt et d'autres
dépenses à même le budget de l'année courante. Quand
on demande au gouvernement de l'aide, on doit faire ce que font toutes les
au-
très. C'est que les investissements je ne parle pas des
dépenses courantes, je parle des investissements doivent
être faits à même des règlements d'emprunt. Quand
nous voyons des budgets dans lesquels des dépenses de nature capitale
sont proposées à même le budget de l'année courante,
nous disons tout simplement: II faudra que vous fassiez comme les autres, il
faudra que vous transformiez ces dépenses en règlements
d'emprunt.
Donc, immédiatement, le côté des dépenses
tombe considérablement parce qu'on n'a qu'une seule année de
financement à inscrire du côté des dépenses
plutôt que le montant total. Il en est de même, M. le
Président, avec les déficits; il est très beau pour des
municipalités de nous demander une aide intégrale, totale pour
laver le déficit d'un seul coup. Mais normalement, M. le
Président, quand nous recevons des budgets et que ces budgets comportent
des déficits accumulés, nous disons: A moins que cela ne fasse
déborder complètement la situation financière, la chose
normale à faire, c'est consolider le déficit par moyen d'un
règlement d'emprunt sur un certain nombre d'années, inscrire au
budget de cette année seulement le service de cette dette et voir
à l'amélioration de l'efficacité de l'administration pour
éviter qu'on ne se réveille, à la fin de l'année en
cours, avec un autre déficit. Alors, c'est cela que nous essayons de
faire, M. le Président. Je tenais à rendre tout cela clair pour
qu'on ne me fasse pas de drame et de pathos et de...
M. Harvey (Charlesbourg): Démagogie.
M. Goldbloom: Non, je n'allais pas utiliser ce mot... demandes
exagérées pour une générosité
gouvernementale, comme si le gouvernement, en arrivant à une conclusion
inférieure aux désirs de certaines personnes... Presque toujours,
on arrive à un montant inférieur à ceux qu'aimeraient
recevoir les gens d'une municipalité presque toujours, et c'est normal.
Je continuerai d'agir de cette façon, M. le Président.
Il y a une distinction que je veux faire entre les subventions pour des
projets et les subventions d'équilibre budgétaire. A
l'intérieur de la catégorie équilibre budgétaire,
je fais une distinction pour les municipalités créées par
fusion. Je les traite d'une façon différente parce qu'il y a des
considérations additionnelles, mais je suis avare de subventions
d'équilibre budgétaire justement parce que je ne veux pas
encourager la mauvaise administration; je ne veux pas faire croire aux gens
qu'ils peuvent inscrire n'importe quoi à leur budget, ne pas taxer,
même si normalement ce serait la façon de payer les
dépenses de la municipalité.
Ce sont, après tout, M. le Président, les dépenses
de la municipalité; ce ne sont pas, en principe, les dépenses de
la collectivité québécoise. Si la collectivité
vient donner un coup de main, c'est parce qu'elle constate que les gens de la
localité n'ont pas les moyens et que l'inscription d'un montant dans un
budget mènerait la municipalité à la limite d'un pouvoir
d'action, d'une marge de manoeuvre.
Nous essayons d'éviter cela. Ce n'est pas toujours possible de
l'éviter. Mais quand nous faisons face à une situation où
une municipalité n'est pas rendue au plafond de ce que nous croirions,
selon l'avis de la Commission municipale du Québec, une limite
raisonnable de fardeau de taxes, nous essayons d'agir de façon à
amener la municipalité et ses contribuables à faire un certain
effort et à combler une certaine différence entre le plafond et
un niveau éventuel de taxation, justement pour laisser à la
municipalité une certaine marge de manoeuvre. Et cela, surtout parce que
ce ne sont pas toutes les dépenses d'une municipalité qui sont
admissibles à des subventions du gouvernement.
Alors, c'est l'approche générale, M. le Président.
On peut traduire la plupart des éléments que j'ai exposés
dans l'analyse du budget de la ville de Gatineau. Cette analyse va se continuer
simplement parce que ce qui est présenté comme des faits nouveaux
ont été remis à celui qui vous parle hier même.
Alors, je reprends le dossier en toute honnêteté, en toute
objectivité et avec toute la considération possible mais, quand
même, selon des règles qui s'appliquent à tout le
monde.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais ma question était si
l'intention du ministre devant la situation qu'il y a à Gatineau
est d'intervenir fermement auprès du conseil des ministres pour
qu'il y ait une subvention majorée et qui tienne compte de la situation
quand même assez spéciale qui peut exister dans cette
région.
M. Goldbloom: M. le Président, tout le monde
prétend que son cas est spécial et l'analyse doit quand
même se faire selon des règles usuelles. Ce n'est pas une question
de recommander au conseil des ministres de donner plus d'argent, c'est une
question de recevoir, des fonctionnaires compétents, une analyse des
affirmations. Nous avons déjà fait deux fois l'analyse du budget
de la ville de Gatineau; nous allons la faire une troisième fois
maintenant parce qu'un document m'a été remis hier qui
prétend contenir des faits nouveaux. Très bien! Alors, je vais
les examiner. Je vais aussi examiner certaines considérations qui ont
été avancées par certains membres du conseil
municipal.
Dans une analyse, on fait toujours certaines interprétations. Les
comptables savent cela: ils peuvent prêter un montant d'une
manière ou d'une autre, selon l'interprétation que l'on donne
à ce montant. Je ne suis pas expert dans cela. Mais il faudra
déterminer essentiellement quelle est l'augmentation raisonnable de
taxes par rapport à la situation dans cette ville. C'est ce que nous
essayons de faire; nous le faisons en collaboration avec le conseil municipal
qui, après tout, est venu nous présenter un budget dans lequel il
y avait des propositions pour un taux de taxes générales, un taux
de taxes d'affaires, un taux de taxes d'eau, un taux de taxes de vidanges. Ce
n'est pas nous qui avons inventé ces taux. C'est la municipalité
qui les a proposés.
Maintenait, est-ce que, dans certains cas, ces propositions ont
découlé de conversations avec des représentants du
ministère qui auraient suggéré que la ville devrait
choisir tel ou tel taux de taxe? C'est une chose que je veux éclaircir.
Je parle avec une parfaite franchise parce que c'est ce que, maintenant, les
dirigeants municipaux me disent. Ils me disent: Nous avons inscrit le taux X
parce que nous croyions, après conversation avec votre ministère,
que c'était le désir du ministère. Je veux
éclaircir cela. On veut arriver à une chose raisonnable pour
Gatineau comme pour toute autre municipalité.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, le
ministre sait que je n'ai rien contre les fusions ou les regroupements
volontaires. Le ministre a carrément dit tout à l'heure que ces
fusions ou ces regroupements pouvaient occasionner, à un moment
donné, un rythme de dépenses plus rapide pour un ensemble de
municipalités, plus rapide qu'elles n'y étaient auparavant
habituées. Je pense qu'à ce moment-là il est clair que le
gouvernement doit tenir compte de cette situation. De la même
manière, lorsqu'il y a un regroupement ou une fusion, il va de soi que
la première année de fusion d'un groupe de municipalités
peut entraîner des dépenses supplémentaires. Il y a des
facteurs non seulement économiques mais même humains dont il faut
tenir compte. Je le dis avec d'autant plus de conviction que je
représente un comté où différentes
municipalités, au nombre de quatre, ont fusionné et en sont
à leur première année de fusion, qui est devenue
opérante à partir de janvier 1976.
Le ministre, là-dessus, nous a dit qu'il en tenait compte
lorsqu'il s'agissait d'un premier budget. Concernant la situation de Gatineau,
j'ai apporté quand même plus d'un élément face
à la situation qui existe, à savoir des augmentations de taxes
très importantes qui s'annoncent. Le ministre, sans mauvaise
volonté, a peut-être qualifié de ramassis, au début
de son intervention, l'ensemble des éléments que j'ai
portés à son attention mais je pense qu'il aurait
été préférable, plutôt que de qualifier
l'ensemble des éléments que je lui apportais, d'en tenir compte
et d'y répondre.
Entre autres, sur le regroupement, les effets du regroupement, le
ministre a apporté une réponse qui lui appartient. Il y avait un
autre élément de la situation que j'avais avancé; c'est
l'action de la capitale nationale qui, selon certains a comme effet de chasser
ou de ne pas favoriser l'implantation de nouvelles industries.
A l'analyse de la situation financière sur le plan de
l'évaluation industrielle et commerciale, il est assez facile de voir
que, du point de vue industriel, l'évaluation, au lieu d'augmenter,
diminue en ce qui a trait à Gatineau.
En 1968/69, l'évaluation industrielle et commerciale
représentait 58,7%, alors qu'en 1974/75 elle ne représente plus
que 34,4%. Pour ce qui est de Pointe-Gatineau, en 1968/69, l'évaluation
industrielle et commerciale représentait 11,3%, alors qu'en 1974/75 elle
ne représente que 7,1%, soit une diminution de 5%. Dans la ville de
Touraine, en 1968/69, l'évaluation industrielle et commerciale
représentait 16,1%, alors qu'en 1974/75 elle ne représente que
5,7%; encore une fois, une diminution très importante.
On s'aperçoit qu'il y a des diminutions vraiment significatives
du pourcentage de l'évaluation industrielle et commerciale, si on fait
la comparaison entre les années 1968/69 et la situation en 1974/75.
C'est d'autant plus significatif, cette situation, que, si on compare cela avec
d'autres villes qui ne sont pas nécessairement en pleine expansion, qui
sont tout à fait dans une expansion normale au point de vue industriel,
même dans certains cas peut-être à l'état statique,
on s'aperçoit que, dans ces villes, on n'a pas assisté à
une telle diminution en proportion de l'évaluation industrielle et
commerciale. Entre autres, si on se permet de citer quelques exemples, dans la
ville de Trois-Rivières, en 1968/69, l'évaluation industrielle et
commerciale représentait 39,4%; en 1974/75, elle représente
40,6%, une augmentation. Dans LaSalle...
Le Président (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît
Là, vous abordez l'aide administrative et financière aux
municipalités. Tant que vous parlez de Gatineau où il y a eu
regroupement, vous êtes au programme 1, mais, lorsque vous donnez
d'autres exemples, comme Trois-Rivières où il n'est pas question
de regroupement, LaSalle où il n'est pas question de regroupement,
là, vous parlez de l'aide administrative aux municipalités.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est par comparaison. D'accord,
c'est par comparaison.
En tout cas, ce sera très court, M. le Président.
Le Président (M. Picard): Je sais que, si je vous laisse
aller, on va être rendu au programme 12.
M. Bédard (Chicoutimi): Commençons par partir.
Pour continuer à comparer les chiffres que j'ai donnés
tout à l'heure par rapport à d'autres villes je n'en nomme
que trois, M. le Président il y a Trois-Rivières où
j'ai mentionné qu'on assistait à une augmentation du pourcentage
de l'évaluation industrielle et commerciale; LaSalle où il y a
une très très légère diminution de 28,2% en 1968/69
à 24,6% en 1974/75 et Sainte-Foy ce ne sont pas
nécessairement des villes proprement industrielles où, en
1968/69, l'évaluation industrielle et commerciale représentait
31,9%, alors qu'en 1974/75 elle représentait 34,6%.
On s'aperçoit qu'il y a une situation tout à fait
particulière dans Gatineau si on se place sous l'angle de
l'évaluation industrielle et commerciale et, nécessairement, tous
les revenus qui peuvent en découler. Dans ce sens, devant cette
situation, il y a l'action de la Commission de la capitale nationale qui
effectivement est opérante depuis quelques années et qui a
là-dessus je voudrais avoir les impressions du ministre eu comme
effet sinon de chasser, du moins d'empêcher l'implantation d'industries
dans la région concernée. Je voudrais savoir si cette situation
est véridique
et ce que le gouvernement entend faire pour la corriger. Et si la
Commission de la capitale nationale a eu des effets négatifs pour son
action vis-à-vis de Gatineau, est-ce que le gouvernement du
Québec entend adopter une attitude assez ferme vis-à-vis de
l'action de la Commission de la capitale nationale?
M. Goldbloom: M. le Président, est-ce que je peux d'abord
demander au député de Chicoutimi quelle autorité il cite
pour ces chiffres?
M. Bédard (Chicoutimi): C'est dans des mémoires. Je
peux vous les donner.
M. Goldbloom: Oui, le mémoire des surtaxés de
Gatineau.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, c'est cela. Il y a
celui-là.
M. Goldbloom: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Et on retrouve ces chiffres dans
d'autres mémoires qui nous ont été donnés.
Maintenant, si le ministre a d'autres chiffres...
M. Goldbloom: Je n'en ai pas parce que je n'avais pas le
pressentiment que le député de Chicoutimi allait les citer. Je
voudrais quand même demander au ministère de l'Industrie et du
Commerce de vérifier ces chiffres. Je voulais simplement qu'on
établisse, pour les fins de la discussion, l'autorité qui
était citée.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, le
ministre m'a posé la question sachant sûrement la réponse,
à savoir à quelle autorité je me référais
pour répondre.
M. Goldbloom: J'ai deviné, après coup, que
c'était dans le document...
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre le sait d'autant que
je pense qu'un de ces mémoires lui a été adressé.
Il me semble qu'au moment où on en parle maintenant, il devrait
être en mesure, devant l'importance et l'ampleur du problème,
ayant eu le temps de faire les vérifications nécessaires, de nous
dire jusqu'à quel point cette situation est vraie du point de vue
statistique.
M. Goldbloom: Depuis la remise de ce document, je n'ai eu le
temps que de répondre aimablement aux questions du député
de Chicoutimi. C'est tout ce que j'ai fait depuis. M. le Président,
quand même...
M. Bédard (Chicoutimi): Quand l'avez-vous eu?
M. Goldbloom: Pardon?
M. Bédard (Chicoutimi): Quand lavez-vous eu?
M. Goldbloom: Toute la journée hier, l'après-midi
et le soir. Si j'étais en retard, hier, M. le Président, pour le
début de la séance, c'est parce que j'étais justement avec
les gens de Gatineau qui me remettaient le document.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne vous ai pas fait grief
d'avoir été en retard hier, à ce que je sache.
M. Goldbloom: Bien non. Je ne vous ai pas fait grief d'être
en retard ce matin. On est Kif-kif.
M. le Président, je pense qu'il y a lieu de revenir à la
discussion sérieuse et de dire ceci. D'abord, le député de
Chicoutimi indique que, dans Gatineau, il y a une diminution de
l'évaluation industrielle et commerciale par rapport à
l'évaluation totale, en pourcentage, et il indique, pour Gatineau, de
58,7% en 1968/69 à 34,4% en 1974/75. Je me permets de souligner, M. le
Président, que la fusion a été effectuée le 1er
janvier 1975. Or on parle, en traçant ces comparaisons, des effets de ce
qui a précédé la fusion. Il n'y a rien dans ceci qui nous
permette d'indiquer que la fusion ait eu quelque effet néfaste que ce
soit.
M. Bédard (Chicoutimi): Je pense que le ministre a mal
saisi ma question. Sur les effets de la fusion, les effets économiques
qui peuvent découler de la fusion, le ministre a répondu tout
à l'heure. J'ai noté sa réponse, j'ai noté le fait
qu il a parlé de la situation normale où dans le cas de fusion,
il puisse y avoir un rythme accéléré de dépenses.
Maintenant, je pense que cet aspect est couvert. Ce que je veux dire, c'est
tout simplement un autre aspect que j'ai souligné tout à l'heure
et qui peut être un des éléments de la situation grave qui
existe dans la Gatineau par rapport aux augmentations de taxes et l'action de
la Commission de la capitale nationale. J'aimerais bien savoir,
là-dessus, ce que pense le ministre.
M. Goldbloom: Justement, ce sera une opinion, une impression
plutôt personnelle, M. le Président. Je n'ai pas la
prétention d'être un expert dans l'évaluation des effets de
l'action de la Commission de la capitale nationale. J'ai quand même
l'impression que l'idée que la Commission de la capitale nationale
aurait empêché la venue d'industries dans la région c'est
une hypothèse qui est difficile à soutenir. Je note qu'il y a
dans la région de l'Outaouais trois parcs industriels. Les parcs sont
là, les terrains ne sont pas totalement occupés, loin de
là, mais il y a une chose que je remarque en examinant la
géographie de cette région: c'est que le parc industriel de l'est
n'aurait pas été dans la ville de Gatineau sans la fusion.
C'était dans une des municipalités qu'on appelait
Templeton auparavant, et n'eût été le regroupement, la
ville de Gatineau, l'ancienne, n'aurait pas eu de parc industriel. Elle
n'aurait pas eu ces moyens importants, parce que c'est après tout un
parc régional, et il y a des mesures qui privilégient les parcs
régionaux.
On aurait donc eu ce parc à l'extérieur d'une importante
municipalité de la région et, comme dans le cas de
Saint-Félicien, on aurait risqué de
ne pas avoir la force administrative, les reins suffisamment solides, de
la part de l'administration municipale, pour gérer un tel parc
industriel. Maintenant que nous avons une ville qui a une importance, qui a une
assiette plus solide, qui aura, j'en suis convaincu, une administration plus
mature et plus efficace, il y aura des raisons pour des industries de venir au
parc industriel de l'est. Je crois que, dans tout le contexte du
développement de la région, c'est un geste positif que l'on a
posé.
Si l'on me dit que la Commission de la capitale nationale a posé
des gestes, sur d'autres plans, qui peuvent être perçus
aujourd'hui comme allant à rencontre des intérêts de
l'Outaouais québécois, je peux dire de façon
générale: Oui, il y a de tels gestes, de telles décisions
que, à mon sens, on peut qualifier de cette façon. Mais, pas dans
le domaine industriel. J'ai de la difficulté à voir comment il y
aurait eu un effet négatif.
Dans un sens général, la Commission de la capitale
nationale a réservé d'importants terrains dans l'Outaouais
québécois. Ce fait a eu des résultats
bénéfiques et des résultats qui ont constitué des
complications pour les municipalités de la région et pour la
communauté régionale. Nous constatons qu'à certains
endroits le développement de certaines villes je pense notamment
à la ville de Hull par le prolongement du tissu urbain qui existe
déjà est rendu plus difficile, parce qu'il y a des terrains
réservés par la Commission de la capitale nationale qui ne
peuvent donc être développés. Il faut faire un
développement en saute-mouton, aller rejoindre un territoire plus
lointain pour continuer le développement et il faut traverser le
territoire de la CCN avec l'infrastructure nécessaire.
Par contre, M. le Président, il faut reconnaître que,
n'eût été cette série de décisions de la part
de la CCN de réserver certains territoires, les espaces verts dans la
région de l'Outaouais auraient été moindres.
Peut-être aurions-nous déploré une disparition d'espaces
verts, justement parce que nous n'avions pas d'administration avec les reins
suffisamment solides, de notre côté de la rivière, pour
poser de tels gestes. Heureusement que la CCN les a posés.
On peut donc être en désaccord avec certains choix de
terrains; on aurait pu préférer que la CCN aille ailleurs. On
peut réfléchir aujourd'hui et dire: Peut-être que la CCN
est allée un peu fort, un peu loin, a pris un territoire plus important
qu'il n'était nécessaire dans les circonstances. On peut avoir
des sentiments de cette nature, mais il ne faut pas aller dire aujourd'hui
à la CCN: Vous avez littéralement agi contre les
intérêts de l'Outaouais québécois. Ce ne serait pas
vrai de le dire. Au contraire, la CCN a contribué à une
protection d'espaces verts et à certains autres éléments
de développement de la région. Il faut faire la part des choses
et la remercier pour les bons gestes qu'elle a posés.
M. Bédard (Chicoutimi): Comme le ministre, nous avons eu
les documents du mouvement à la dernière minute, mais nous aurons
l'occasion, surtout lorsqu'il fait allusion à un autre
élément qui est la spéculation foncière, d'en
discuter à un programme subséquent.
Il y a aussi la Société d'aménagement de
l'Outaouais dont l'action pourra être probablement étudiée
lorsque nous aurons le programme sur la Société d'habitation du
Québec.
Dans le cadre de la loi 98, concernant la région de Gatineau, le
gouvernement devait, s'il n'y avait pas entente, tracer les limites entre Hull
et Lucerne. Est-ce que cela a été fait?
M. Goldbloom: Non, M. le Président, pas encore et...
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre se rappelle que
c'était dans le projet de loi...
M. Goldbloom: Oui, je me le rappelle fort bien, M. le
Président, et je travaille personnellement sur ce dossier.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre se rappelle-t-il que
la date limite pour que ce soit fait était mentionnée comme
devant être le 30 juin 1975?
M. Goldbloom: Non, M. le Président, le
député de Chicoutimi se trompe. La date limite du 30 juin
était pour la conclusion d'une entente à l'amiable entre les deux
municipalités.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela.
M. Goldbloom: Et si, à cette date, il n'y avait pas
d'entente, c'était à partir du lendemain que le ministre devenait
responsable de la décision, mais sans date limite. Je n'ai pas voulu
agir de façon précipitée justement parce qu'il y a de
nombreuses considérations dont la plus importante est le
dépôt du schéma régional d'aménagement du
territoire. J'ai constaté, en toute logique, qu'il m'était
impossible de proposer une nouvelle délimitation sans connaître le
schéma régional d'aménagement. Maintenant que ce
schéma...
M. Bédard (Chicoutimi): Le schéma n'est-il pas
prêt présentement? A-t-il été déposé
récemment?
M. Goldbloom: II a été déposé le 29
avril; nous sommes aujourd'hui le 5 mai. M. le Président, j'ai voulu que
ce soit un document public pour les deux villes intéressées. Je
dis deux mais, il y a une troisième municipalité qui est le
canton de Hull, partie ouest, communément appelé Hull-Ouest. Mais
dans le cas de Hull-Ouest et de Hull, il y a ce qui semble être une
entente à l'amiable. Même si elle intervient longtemps
après la date limite du 30 juin, j'ai l'intention, si ce fait est
confirmé par les intéressés, d'entériner ce qui est
proposé par les deux municipalités.
Dans le cas de Hull et de la ville qui s'appelait Lucerne et qui
s'appelle maintenant Aylmer, il y a maintenant pour les deux villes un document
qui, entre autres choses, identifie ou propose, au moins, une concentration de
services et de struc-
tures qui constitueraient l'éventuel centre-ville de la nouvelle
ville d'Aylmer. Il est évident, maintenant que ce schéma a
été rendu public, qua le choix de l'emplacement pour te
centre-ville d'Aylmer va peut-être avoir une influence sur l'attitude de
l'une ou l'autre des deux villes quant à un partage des territoires. Or,
j'ai voulu que le schéma soit déposé, j'ai voulu que les
deux villes en prennent connaissance. Je suis déjà
informé, mais pas de façon directe et officielle, que la ville
d'Aylmer n'est pas pleinement d'accord avec le schéma proposé.
L'on sait qu'il y a une période de consultation intensive qui commence
maintenant, une période de six mois, avec une cinquantaine
d'assemblées publiques prévues pour permettre aux gens de
s'exprimer là-dessus. Or, je pense que je devrais suivre un peu, au
moins, ce processus, rencontrer les conseils municipaux. J'ai
déjà eu une rencontre avec la ville de Hull; je n'ai pas encore
eu de rencontre avec la ville d'Aylmer. Il est possible que j'aille
jusqu'à rencontrer les deux ensemble, après cette réunion,
pour essayer de voir comment, plutôt que de couper un noeud gordien par
une décision ministérielle, on pourrait peut-être
s'entendre sur un partage de territoires qui permettrait à l'une et
l'autre des deux villes un développement raisonnable et qui ne serait
pas excessivement coûteux.
M. Bédard (Chicoutimi): Disons simplement que je ne crois
pas que je m'étais trompé au début de ma question, tel que
l'avait affirmé le ministre; c'était bien une entente qui avait
comme date limite le 30 juin 1975. Cela fait quand même onze mois qui se
sont écoulés. Je comprends qu'il n'est pas toujours facile de
provoquer une entente entre deux municipalités ou de prendre une
décision à défaut de cette entente, mais, si ce
délai de onze mois, devait se prolonger, est-ce que cela ne peut pas,
à un moment donné je comprends que l'on doit essayer de
faire de la conciliation avoir des effets négatifs au niveau du
règlement de la situation?
M. Goldbloom: Pas dans l'immédiat, à mon sens, M.
le Président. Il n'y a pas de développement immédiat qui
doit se faire sur le territoire qui se trouve présentement dans la ville
d'Aylmer et qui est plus ou moins contigu aux limites de la ville de Hull. Je
pense que nous avons toutes les raisons, surtout maintenant que le
schéma régional est publié, d'agir d'une façon
rationnelle et d'arriver avec une décision qui provoquerait le minimum
possible de heurts.
M. le Président, si vous me le permettez, j'aimerais revenir
à une réponse que j'ai donnée tout à l'heure, pour
ajouter un élément. Le député de Chicoutimi a
cité des chiffres quant à la baisse de la proportion de
l'évaluation industrielle et commerciale par rapport à
l'évaluation totale dans certaines municipalités, notamment dans
Gatineau. J'aimerais simplement lui rappeler que c'est un
phénomène... Même s'il y a trois exceptions qui sont
indiquées dans le document qu'il a cité; il a mentionné
Trois-Rivières, Lasalle et une autre, si l'on regarde...
M. Bédard (Chicoutimi): Remarquez que c'est vrai pour
Chicoutimi, cette situation, et pour Jonquière, que vous pouvez ajouter.
J'en ai nommé trois simplement pour...
M. Goldbloom: Oui, mais si l'on prend...
M. Bédard (Chicoutimi): ...éviter d'en nommer
plusieurs.
M. Goldbloom: ...la Communauté urbaine de Montréal
et la Communauté...
M. Bédard (Chicoutimi): Cela peut être
différent.
M. Goldbloom: ...urbaine de Québec, il y a un
déplacement considérable vers le secteur résidentiel et,
notamment, vers la maison unifamiliale. Le député de Chicoutimi
n'est sûrement pas sans savoir qu'il y a de vives protestations sur
l'île de Montréal à cause, justement, d'un
déplacement de cette nature. Donc, je ne pense pas que l'on puisse
invoquer une situation exceptionnelle à Gatineau attribuable à
des interventions d'autres gens, parce que, sur toute l'île de
Montréal et dans toute la région de la CUQ ici, c'est la
même chose qui se produit.
M. Bédard (Chicoutimi): Qu'il y ait une baisse et le
pourcentage de la baisse, ce sont deux choses. Je pense bien qu'on pourra
discuter sérieusement de cette situation qu'on retrouve à
Gatineau et que le ministre nous dit retrouver dans des agglomérations
comme Montréal et Québec, mais je pense qu'il faudra attendre les
chiffres que le ministère de l'Industrie et du Commerce pourrait nous
fournir pour voir jusqu'à quel point la baisse peut être
significative dans un endroit par rapport à un autre et pouvoir
évaluer la situation en conséquence. J'imagine que ce sera
possible d'avoir ces chiffres.
M. le Président, concernant l'aide à la restructuration
municipale, dans ce programme, il y avait un cas que je voudrais souligner.
Le Président (M. Picard): Est-ce qu'on considère le
programme 1 comme adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): II me reste un cas. Le
Président (M. Picard): Un cas?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, M. le Président, qui
peut...
Le Président (M. Picard): On suspend l'étude du
programme 1.
M. Bédard (Chicoutimi): ...faire l'objet d'une
question.
Le Président (M. Picard): Suspendu?
M. Bédard (Chicoutimi): Non, non, à
l'intérieur du programme 1.
Le Président (M. Picard): Vous parlez de l'aide à
la surveillance administrative, c'est le programme 2.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, non, l'aide à la
restructuration municipale, à l'élément 1, il me reste une
question.
Le Président (M. Picard): Ah bon!
M. Bédard (Chicoutimi): Cela concerne le projet de loi no
43 qu'on a eu à adopter l'an passé, le 25 juin 1975.
Comme le ministre le sait, la commission parlementaire des affaires
municipales avait adopté, on peut le dire, à la dernière
minute c'était la fin de la session un papillon à
l'intérieur de la loi 43. Il s'agit d'un papillon, qui avait
été ajouté à l'article 2, qui permet pratiquement
à une municipalité dont une partie du territoire a
été annexée de reprendre en main son territoire
après diverses modalités.
Or, le problème se pose déjà à quelques
endroits. On n'a pas tenu compte, dans ce papillon de dernière minute,
d'un aspect qui me semble très important et qu'il faudrait corriger le
plus rapidement possible. C'est le cas d'une municipalité qui a
déjà déboursé des sommes importantes dans un
territoire qu'elle vient d'annexer et qui le perd. La loi ne prévoit
pas, à ce moment-là, de compensation.
Imaginons, par exemple, que la partie annexante, après l'annexion
confirmée, a fait des dépenses très importantes sur le
territoire nouvellement annexé et que, disons, après un certain
temps, les habitants de cette partie entreprennent une action pour annuler
l'annexion déjà faite. Il me semble que si c'est leur droit de le
faire, il faudrait quand même prévoir, ce qui n'est pas fait dans
la loi, une compensation pour la municipalité qui a fait des
dépenses très importantes dans un secteur nouvellement
annexé.
M. Goldbloom: M. le Président, il faut faire remarquer aux
membres de la commission que la loi ne prévoit pas de compensation
à la municipalité qui perd son territoire non plus. C'est
peut-être une situation où l'on devrait regarder les deux
côtés de la médaille.
M. le Président, le député de Chicoutimi affirmait,
tout à l'heure, qu'il a plusieurs exemples. Est-ce qu'il en a d'autres
que la ville de Granby et le canton du même nom?
M. Bédard (Chicoutimi): C'en est un.
M. Goldbloom: C'est simplement pour mon information.
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai dit que cela pouvait se poser
à plusieurs endroits, ce problème, peut-être.
M. Goldbloom: J'ai cru comprendre, cependant, que le
député avait d'autres exemples.
M. Bédard (Chicoutimi): Non. Je donne le cas, par exemple,
d'une partie qui a annexé et qui, une fois l'annexion faite, a fait des
dépenses très précises, à savoir la construction
d'une usine de filtration ou encore d'un aéroport. Une fois que cette
usine de filtration est construite, une fois que l'aéroport est
construit, la population concernée par cette partie de territoire
entreprend, en vertu de la loi 43, des procédures pour annuler
l'annexion qui avait été faite auparavant. Il me semble, dans un
cas précis comme celui-là, que s'il est normal que des citoyens
puissent se prévaloir de la loi 43 pour annuler l'annexion, en toute
équité, en toute justice, il serait normal qu'une compensation
soit prévue pour les sommes qui ont été investies par la
partie annexante.
M. Goldbloom: Je vous avoue, M. le Président, que, comme
je l'ai dit tout à l'heure, j'ai toujours été un peu
perplexe devant le fait que la loi ne prévoit pas de compensation
à une municipalité qui perd de son territoire et qui perd du
revenu à cause de cela. Justement, je pense que cela joue dans les deux
sens. Je ne voudrais pas essayer de me prononcer de façon précise
là-dessus parce qu'après tout, ce que dit le député
de Chicoutimi impliquerait une nouvelle modification à la loi. Donc,
c'est au conseil des ministres de décider s'il y a lieu d'effectuer une
telle modification.
Notre préoccupation...
M. Bédard (Chicoutimi): Cela consisterait tout simplement
à inclure le principe de la compensation, lorsqu'il y a territoire
annexé, que ce soit, comme l'a dit le ministre tout à l'heure,
dans un sens ou dans l'autre.
M. Goldbloom: Je pense qu'il y a effectivement lieu de se pencher
sur cette question de la compensation dans les deux sens. On se rappellera que
la raison d'être de la modification citée par le
député de Chicoutimi était une situation
défavorable aux citoyens du territoire annexé. Il sait comme moi
que des questions de changements de limites territoriales suscitent beaucoup
d'émotivité très souvent et suscitent aussi et je
ne vise personne en le disant une certaine démagogie dans bien
des cas. Nous recevons souvent des plaintes de la part de personnes qui
habitent un territoire qui a changé de municipalité, surtout dans
le cas d'annexions, et ces personnes nous disent: On nous a promis telle et
telle chose, et nous constatons que ce n'est pas le cas. Quel est notre recours
devant ce que nous qualifions de fausses représentations? Et notre
réponse avait toujours été: Votre recours c'est de retenir
les services d'un avocat, de faire la preuve, d'aller devant les tribunaux et
d'obtenir redressement. Et ce redressement pouvait ne pas être la
restitution du territoire à l'ancienne municipalité, mais
simplement une autre forme de compensation. Nous avons voulu permettre aux gens
de vivre dans l'autre municipalité, pour un temps raisonnable une
année nous semblait raisonnable et ensuite, s'ils étaient
malheureux de cette expérience, de pouvoir poser
un geste pour retourner à l'autre municipalité. Ce n'est
peut-être pas la perfection absolue comme mécanisme, cela peut
toujours être le jugement de ceux qui regardent un article de loi. Mais
le but était clair, et je pense et continue de penser que le but
était valable, c'était plus honnête à l'endroit des
personnes intéressées de leur fournir un vrai recours je
m'excuse de dire un vrai recours, parce que je ne voudrais pas suggérer
que le recours au système judiciaire n'est pas un vrai recours
mais disons un recours plus immédiat, plus direct, plus accessible et
moins coûteux.
Je pense que nous avons bien agi, mais la question de compensation est
soulevée. Nous ne connaissons pas encore le sort du territoire en
question dans l'ancien territoire qui appartenait au canton de Granby.
J'entends deux sons de cloche de ce territoire, cela est normal aussi.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous êtes d'accord, ce n'est
pas seulement le cas de Granby, cela peut se reproduire en différents
exemplaires dans le Québec. Le ministre nous dit qu'il va se pencher sur
le problème. J'espère qu'il ne se penchera pas trop longtemps
parce que, pour une fois, on semble au moins d'accord qu'au niveau de la loi
43, sur ce point précis, il y aurait avantage à inclure le
principe de compensation de part et d'autre lorsqu'il y a perte de territoire
ou rétrocession de territoire. Je sais pertinemment que nous avions
accepté, je me rappelle très bien, ce papillon de dernière
minute; il n'était pas loin de minuit. A l'avenir nous nous habituerons,
au niveau de l'Opposition, à ne plus accepter les papillons de
dernière minute. Mais est-ce qu'on peut s'attendre du ministre que, sur
ce problème, il pourrait y avoir, non seulement pour Granby, mais pour
les autres cas qui peuvent se présenter, une action assez rapide du
conseil des ministres?
M. Goldbloom: C'est un cas par excellence où j'aurais
intérêt à consulter l'Union des municipalités et
l'Union des conseils de comté, les deux en même temps autour de la
même table et voir les problèmes, les préoccupations de
l'une et de l'autre et essayer de trouver une formule raisonnable de
compensation, si tel est le point de vue des deux organismes et si telle est la
décision du conseil des ministres.
M. Bédard (Chicoutimi): Je peux compter que cela va
être réglé cette année?
M. Goldbloom: Je l'espère; je vais inscrire cela à
l'ordre du jour d'une prochaine réunion avec les deux unions.
Le Président (M. Picard): Programme no 1,
adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): L'élément 1.
Le Président (M. Picard): L'élément 1
seulement?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui.
Aide à la préparation de plans
d'urbanisme et d'aménagement
Le Président (M. Picard): Elément 2, Aide à
la préparation de plans d'urbanisme et d'aménagement.
Spéculation foncière
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, à
cet élément, je pense qu'il y a lieu d'aborder de façon
plus précise le problème de la spéculation
foncière. L'an dernier, concernant justement la spéculation
foncière, le ministre, quand je lui avais demandé à quelle
brillante conclusion en était parvenu un groupe de direction qui
travaillait sur le problème de la spéculation foncière en
milieu urbain, m'avait répondu ceci: "C'est le groupe que nous appelons
groupe de direction du ministère, composé du ministre, du
sous-ministre, des trois sous-ministres adjoints avec les divers services et
directions générales qui peuvent contribuer à ce travail.
Je pense bien qu'au cours des prochaines semaines, nous serons en mesure de
tirer certaines conclusions et de formuler des commentaires et des
recommandations à l'intention du conseil des ministres."
L'an passé, je demandais quelles pouvaient être les
conclusions qui avaient été tirées de l'étude faite
par ce groupe de travail. Le ministre me répondait dans le sens suivant:
M. le Président, nous avons regardé ce problème qui est
assez complexe. Il y a deux décisions fondamentales qui ont
été prises. La première vise à observer pendant un
peu plus de temps les effets de la loi onta-rienne, une loi qui a
été adoptée il y a une année à peu
près, ou peut-être un peu plus maintenant, dont les effets ne sont
pas tout à fait clairs. C'était une partie de la réponse
qui avait été faite par le ministre à ma question.
Je voudrais savoir quelles observations ont été faites
depuis un an, sur l'efficacité de la loi on-tarienne que le ministre
disait vouloir étudier. Est-ce que le ministre peut nous dire si ce
groupe de travail auquel il se référait aux crédits de
l'an dernier j'ai parlé de sa composition tout à l'heure
a continué son travail sur le problème spécifique
de la spéculation, s'il en est arrivé à des conclusions
précises, si le gouvernement, à l'heure actuelle, est en mesure
de poser des gestes très précis du point de vue législatif
pour combattre la spéculation foncière?
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai donné hier
l'essentiel de la réponse en soulignant que nous avons
décidé d'intervenir auprès du propriétaire non
résident, de l'étranger pour créer un cadre
différent à son action. Cela semble un élément
important de ce que nous devons faire pour protéger notre sol.
Deuxièmement, nous avons vu que le sol arable, à cause de toute
l'histoire du Québec et de son développement, est, par rapport
à la productivité du sol, la partie de notre territoire qui est
la plus visée et qui est irremplaçable quand ce sol est
perdu.
Donc, nous avons préconisé une loi pour protéger le
sol arable et cette loi sera rendue concordante avec la Loi sur l'urbanisme et
l'aménagement du territoire.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant la loi pour la
protection des sols arables, est-ce que c'est le genre de loi qui a
été annoncée depuis déjà trois discours
inauguraux? Cela fait quand même longtemps qu'on parle de cela.
M. Goldbloom: Bien, mon Dieu, M. le Président, le fait de
dire que l'on va présenter un projet de loi ne veut pas dire que le
contenu n'a pas évolué. Ce n'est pas une chose simple, ce n'est
pas une tâche mince. Il y a un travail qui se poursuit encore et je ne
suis pas en mesure de dire quand le projet de loi sera déposé en
Chambre; il le sera, mais...
M. Bédard (Chicoutimi): Si je vous pose une question
là-dessus, c'est parce que j'avais remarqué, en tout cas depuis
que je suis élu, que dans chacun des discours inauguraux, on parlait de
cette loi afin de protéger les sols arables. Maintenant, je pense que,
dans le dernier discours inaugural, on n'en parlait pas. Est-ce qu'on en
parlait?
M. Goldbloom: M. le Président, il est déjà
arrivé...
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre est en
mesure de nous donner, je ne sais pas, un échéancier, puisque
cela fait tellement longtemps qu'on en parle de cette loi?
M. Goldbloom: Non, M. le Président. Il y a des fois
où le gouvernement est obligé de répondre: En temps et
lieu. Quand une décision n'est pas prise, il n'y a pas moyen de dire
qu'elle est prise. Il m'est déjà arrivé d'entendre le
député de Chicoutimi citer le discours inaugural de façon
totalement erronée. Je me permettrai quand même de revoir les
discours inauguraux pour voir si, effectivement, il y a eu une allusion
à une telle loi dans les discours précédents. Il y a
certainement une telle allusion dans le discours de cette année.
Je voudrais compléter ma réponse à sa question, en
lui disant que nous avons continué d'observer les effets de la loi
ontarienne. Nous continuons d'avoir l'impression que cette loi a un certain
effet contre le spéculateur professionnel, que, quand même, ce
spéculateur professionnel a réussi à trouver des lacunes
importantes dans la loi et que l'on a pas immédiatement des
façons de combler ces lacunes, parce que l'autre effet de la loi a
été une certaine contrainte sur des transactions
légitimes. L'application de la loi semble avoir pénalisé
des personnes qui ne sont pas des spéculateurs et qui sont des
investisseurs individuels qui ont voulu acquérir un terrain, investir
là-dedans et en tirer profit de la façon la plus légitime
et la plus simple possible. C'est pour cela que nous hésitons beaucoup
à adopter la formule de l'Ontario. Elle ne semble pas avoir eu les
effets voulus contre le spéculateur professionnel; elle semble avoir eu
des effets négatifs sur l'investisseur individuel.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous pouvez me donner
des faits précis qui vous permettent presque d'affirmer que cette loi
ontarienne a eu plus d'effets négatifs qu'elle n'a eu d'effets positifs?
Il me semble que jusqu'à maintenant...
M. Goldbloom: Je n'ai pas dit plus, ni moins; j'ai dit les
deux.
M. Bédard (Chicoutimi): Bien oui, c'est très
gratuit, votre affirmation sur l'efficacité de la loi ontarienne pour
contrer la spéculation. Jusqu'à maintenant, je considère
que ce sont des affirmations gratuites. J'aimerais cela, et tout le monde en
tirerait profit, que le ministre nous apporte quand même des arguments
qui nous amènent à des conclusions de cette nature, puis qu'on
cesse de prendre cela comme prétexte pour dire: On examine la loi, on va
attendre et on verra. Nous, le Québec, on ne peut pas faire preuve
d'originalité; on ne peut pas se décider, même si on sait
qu'il y a un problème au niveau de la spéculation
foncière.
M. Goldbloom: C'est toujours l'omniscience de l'Opposition, M. le
Président, de savoir exactement ce que c'est la spéculation et
exactement ce qu'il faut faire.
Quand on est confronté aux faits et aux implications de chaque
mesure que l'on pourrait entreprendre: taxation sélective, autres
mesures restrictives on constate qu'il est assez difficile de viser juste et de
viser seulement celui qui agit contre l'intérêt du bien commun.
C'est cela qu'il faut faire, et cela, exclusivement. Il y a trop de petites
gens, dans notre province, qui ont investi dans un lot de terre et qui ont
gardé ce lot dans l'espoir de le vendre un jour et d'en tirer profit; il
y en a trop au Québec pour agir de façon intempestive, parce
qu'il y en a d'autres qui font de la spéculation, qui font monter les
coûts des terrains.
M. Bédard (Chicoutimi): Ici, le ministre me donne
essentiellement à peu près le même contenu de
réponses qu'il donnait lors de l'étude des crédits de l'an
passé. Le groupe ministériel qui a fait des études sur la
spéculation foncière a-t-il fait des progrès? Est-ce que
cela a donné des résultats? Est-ce que le ministre peut me dire
qu'on est au moins parvenu ce qui n'était pas le cas
à définir ce qu'est la spéculation foncière, de
manière à pouvoir viser juste, comme dit le ministre? Je regarde
les réponses que me donne le ministre, et si je les compare avec celles
de l'an passé c'est carrément le même genre de
réponses.
Pour vous donner un exemple, lorsque je lui parle de spéculation
foncière, il me parle d'une loi de protection des sols arables;
c'était la même chose l'an passé. Le ministre disait ceci,
à la page B-1386 des Débats de l'Assemblée: "M. Goldbloom:
II y en a sûrement, il y a des réunions assez
régulières entre le ministre de
l'Agriculture et le milieu agricole, puisque c'est son projet de loi. Il
faudra lui demander quel est son échéancier de consultation.
Quand il sera prêt, il présentera le projet de loi. "M.
Bédard (Chicoutimi): L'échéancier de consultation n'est
pas prêt! Est-ce qu'il y en a? "M. Goldbloom: II se poursuit activement,
M. le Président. C'est un dossier qui est nettement actif et je ne veux
pas que le contraire sorte dans le journal des Débats".
Je voudrais savoir s'il est actif ce dossier. Qu'est-ce que cela a
donné comme résultat? Si on parle de protection des sols arables,
on n'est pas plus devant un projet de loi qu'on ne l'était auparavant.
Dans le domaine de l'étude de la spéculation foncière
elle-même, où en est rendu ce groupe d'étude? Est-ce qu'il
sort quelque chose de cela qui permettra au ministre des Affaires municipales
d'agir?
M. Goldbloom: M. le Président, regardons le
problème agricole, et regardons sa complexité.
J'ai parlé de gens, au Québec, qui ont investi dans un
terrain et qui comptent sur la vente éventuelle de ce terrain soit pour
faire un profit afin d'être en mesure de faire quelque chose, parfaire
l'éducation de leurs enfants ou quelque chose comme cela, ou pour
prendre leur retraite.
M. Bédard (Chicoutimi): L'an passé, vous aviez pris
l'exemple des gens âgés!
M. Goldbloom: Si l'on intervient, par moyen de zonage et si l'on
dit: Cela, c'est agricole et cela demeure agricole. Pour faire face à la
question fondamentale: Que vaut un terrain et à qui? Et si l'on dit:
C'est un terrain agricole et sa valeur est donc limitée, parce que le
sol... Qu'est-ce que l'on fait aux économies de ces personnes? Je vous
rappelle, M. le Président, que la classe agricole n'a pas de
régime de retraite.
Alors, c'est ce qui rend la question bien compliquée. Quand on
parle de spéculation, on veut dire quoi exactement?
A chaque année, le député de Chicoutimi arrive avec
ses questions sur la spéculation foncière. Il ne définit
jamais la spéculation; moi j'ai essayé de disséquer ce
problème et de lui indiquer que celui qui effectue des transactions
fictives, passant un terrain d'une compagnie dont il est propriétaire
à une autre compagnie dont il est propriétaire, mais en
augmentant considérablement le prix, agit contre le bien commun. Mais il
y a d'autres personnes qui investissent dans le sol et, en ce faisant,
constituent des réserves qui peuvent ensuite être
développées de façon plus cohérente. Est-ce contre
le bien commun de faire cela? Doit-on empêcher cela? C'est une question
qui va loin dans toute l'économie et la philosophie de ce qu'est le
Québec.
Alors, je trouve que c'est un peu trop facile de dire: II y a de la
spéculation et la spéculation est mauvaise, il faut intervenir;
d'accord, tout le monde peut dire cela. Mais comment et comment...
M. Bédard (Chicoutimi): Le dites-vous, au moins, avec tout
le monde? Oui, vous le dites qu'il faut intervenir, et qu'il y en a;
sommes-nous, au moins d'accord, qu'il y en a?
M. Goldbloom: Oui, mais le député de Chicoutimi a,
tout à l'heure, parlé de spéculation dans l'Outaouais
québécois et il a dit: II y a une spéculation qui a des
effets néfastes sur la ville de Gatineau et qui empêche son
développement. M. le Président, j'ai devant moi des chiffres et
vous les comparerez avec des chiffres que l'on pourra trouver dans d'autres
régions du Québec; c'est un échantillonnage à
partir de ventes effectuées entre les années 1971 et 1975. On
voit l'évolution des prix des terrains à Gatineau et l'on voit en
1971 le prix moyen de $0.45; en 1972, $0.45; en 1973, $0.52; en 1974, $0.55; en
1975, $0.83, la seule augmentation importante dans toute cette
période.
M. le Président, lorsqu'on affirme qu'il y a de la
spéculation et quand on voit ce qui est arrivé aux coûts de
construction un peu partout et aux coûts de toutes sortes de choses dans
notre société, j'ai de la difficulté à croire qu'il
y a eu, pendant cette période, une spéculation
éhontée qui a eu un effet néfaste sur l'économie de
la ville de Gatineau.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais il y a une enquête qui
a été faite sur la spéculation foncière dans
Gatineau.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, et l'on sait
que...
M. Bédard (Chicoutimi): Quand va t-elle être
déposée?
M. Goldbloom: Avec des chiffres comme ceux-là, M. le
Président, on a beaucoup de difficulté à démontrer
qu'il y a effectivement de la spéculation.
M. Bédard (Chicoutimi): Me permettez-vous de vous donner
d'autres chiffres?
M. Goldbloom: Oui, volontiers, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais dois-je comprendre qu'il n'y
a pas tellement de travail de fait concernant un rapport approfondi de la
situation de la spéculation foncière dans la région de
Gatineau?
M. Goldbloom: C'est extrêmement difficile. M. le
Président, d'arriver avec des preuves de ce que l'on peut appeler de la
spéculation. On se rappellera que toute cette affaire a commencé
par une intervention à caractère politique de la part du Parti
québécois qui a voulu démontrer que certains organisateurs
libéraux étaient détenteurs d'importants terrains dans
l'Outaouais et avaient agi d'une façon qui aurait été
contraire à l'intérêt
public. Nous n'avons aucune preuve de cela, au contraire.
M. Bédard (Chicoutimi): Pas propriétaires de
terrains...
M. Goldbloom: Ils sont propriétaires de terrains, ce que
peut n'importe quel citoyen du Québec, mais nous n'avons trouvé
aucune transaction qui a impliqué l'intérêt public.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est votre interprétation.
Voici ce qu'on voudrait, ce qui a été demandé et ce qui
pourrait permettre au ministre de faire des affirmations comme il en fait
présentement, qui, à mon sens, frisent un peu la
démagogie, un mot qu'il n'aime pas tellement, mais il s'en sert.
Il me semble que c'est tout simplement de faire faire l'enquête
d'une façon approfondie, d'en donner les résultats à tout
le monde pour que chacun puisse apprécier à sa manière
quels sont les résultats de cette enquête. D'autre part, si le
ministre nous dit je ne sais pas sur quelles autorités il se base
pour nous donner les chiffres de tout à l'heure que, selon lui,
ces chiffres...
M. Goldbloom: C'est de notre ministère, M. le
Président.
M. Bédard (Chicoutimi): II y a d'autres chiffres qui,
quand même, sont donnés par des mouvements d'action qui semblent
être sérieux aussi et qui seraient de nature à faire croire
qu'il devrait au moins y avoiF une enquête approfondie.
Lors de l'étude des derniers crédits, si le ministre se le
rappelle, vous m'aviez dit qu'il y avait deux personnes, deux officiers du
ministère qui...
M. Goldbloom: Qu'il y avait deux fonctionnaires, M. le
Président...
M. Bédard (Chicoutimi): ... allaient... M. Goldbloom:
... qui étaient...
M. Bédard (Chicoutimi):... est-ce que vous me permettez de
finir...?
M. Goldbloom: Si vous me permettez de répondre...
M. Bédard (Chicoutimi): ... qui allaient faire certaines
recherches au bureau d'enregistrement.
M. Goldbloom: Oui, exactement.
M. Bédard (Chicoutimi): Bon. Est-ce qu'on peut avoir le
résultat de ces recherches? Est-ce qu'on peut savoir s'il y a d'autres
personnes qui effectuent certaines recherches sur la spéculation dans
Gatineau?
M.Goldbloom: Quand nous avons fait cela, M. le Président,
nous avons constaté d'abord qu'il n'y avait pas eu de transactions de la
part des person- nes visées. Le député de Chicoutimi ne
niera pas qu'un de ses collègues a évoqué les noms des
personnes en question, M. Maurice Marois et feu M. Fernand Philips. On a
indiqué que certaines compagnies étaient propriété
de ces messieurs et on a identifié ces personnes comme étant
membres du conseil d'administration de la Société
d'aménagement de l'Outaouais. Nous avons examiné les transactions
de la Société d'aménagement de l'Outaouais pour savoir si,
effectivement, les personnes en question, siégeant au conseil
d'administration, avaient transigé avec leur organisme. Et la
réponse, c'est non.
A part cela, nous avons fait un relevé beaucoup plus large.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous faites dévier la
conversation.
M. Goldbloom: Je ne la fais point dévier, M. le
Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela ne portait pas seulement sur
ce point ou sur ces deux personnes, ce qu'on demandait...
M. Goldbloom: Merci d'avoir ajouté "seulement", parce que
cela portait là-dessus et c'était une attaque politique.
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai rarement vu si peu de
sérieux de votre part quand on parle d'un sujet aussi important que
celui de la spéculation foncière dans Gatineau. Ce n'est pas moi
qui vais parler là, ce sont quand même des groupes qui ont fait
des études aussi sur la spéculation foncière et qui ont
une version. Moi, je ne l'endosse pas nécessairement, pas plus que je
suis capable d'endosser des réponses avec aussi peu de fondement que
celles que nous fait le ministre des Affaires municipales sur ce
problème...
M. Goldbloom: Ah non, non, non, M. le Président!
M. Bédard (Chicoutimi): Bon. Les informations, le ministre
les a aussi. Je suis convaincu que le ministre les a eues et c'est...
M. Déziel: Sur un point d'ordre, M. le
Président.
Le Président (M. Picard): A l'ordre!
M. Déziel: J'aimerais savoir, pour les fins de la
discussion, par qui le document en question est signé.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est un groupe de gens, l'Action
Gatineau...
M. Déziel: Ils n'ont pas...
M. Bédard (Chicoutimi): Mais non, c'est un groupe de
citoyens qui à moins que le ministre
nous dise carrément que c'est "une gang" d'hurluberlus et "une
gang" de gens pas sérieux analysent la situation dans leur
région, qui font des constatations, qui, à la suite de ces
constatations, ont le droit de demander au ministre de faire des
enquêtes, qui, entre autres, ont analysé la question de la
spéculation foncière et qui en arrivent à y voir la
situation suivante. Je cite rapidement: "a) A Gatineau, la majorité des
terrains sont la propriété d'une minorité de riches; b)
entre le 1er janvier 1974 et le 31 décembre 1974, le prix d'un terrain
pour maison unifamiliale a monté de 18,3% à Québec, de 44%
à Montréal et de 170% à Hull-Gatineau. Nota bene: A
Gatineau, un terrain coûte trois fois plus cher qu'à
Montréal. En 1976, les terrains de Touraine se vendent entre $10 000 et
$20 000."
Le rapport continue dans le sens suivant, et je cite textuellement: "c)
il y a eu une pseudoenquête sur la spéculation par un bonhomme de
paille Goldbloom, selon eux, cela a fait patate Québec admet son
impuissance, par la bouche de M. Goldbloom, dans le journal Le Droit."
M. Déziel: C'est de la démagogie.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas de la
démagogie. Je lis textuellement certaines constatations que ces gens ont
faites. Cela donne tout simplement l'occasion au ministre de se justifier.
C'est tout.
Le Président (M. Picard): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Goldbloom: C'est une belle façon de donner du
sérieux à son document et d'en assurer une bonne réception
au ministère.
Le Président (M. Picard): A l'ordre, messieurs! Etant
donné que le député de Chicoutimi ne veut pas prendre la
responsabilité de ce qu'il est en train de nous lire, à la suite
de l'intervention du député...
M. Bédard (Chicoutimi): Une question de règlement,
M. le Président. Comment puis-je prendre la responsabilité
d'articles qui sont écrits...
Le Président (M. Picard): Voulez-vous attendre que j'aie
terminé, s'il vous plaît? Attendez donc que j'aie terminé.
Vous allez comprendre quelque chose.
M. Bédard (Chicoutimi): Allez-y!
Le Président (M. Picard): Vous avez tellement de
difficulté à comprendre, de toute façon.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous pensez trop comprendre de
choses, vous!
Le Président (M. Picard): Le député de
Saint-François a demandé qu'on identifie ce do- cument. Alors, je
vous demande, étant donné que vous n'en prenez pas la
responsabilité, tout simplement, de nous dire exactement...
M. Bédard (Chicoutimi): Je l'ai dit, tout à
l'heure: Action Gatineau. Vous ne vous êtes pas ouvert les oreilles tout
à l'heure. J'ai dit que c'était Action Gatineau.
Le Président (M. Picard): A quelle date et qui a
signé le document?
M. Bédard (Chicoutimi): C'est un rapport qui nous a
été remis. Je pense que le ministre a pu en être
informé.
Le Président (M. Picard): Je vous demande de
spécifier la date et qui a signé le document.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est celui d'hier. C'est Action
Gatineau, M. le Président.
Le Président (M. Picard): Donnez la date du document et
dites qui l'a signé.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, les
signatures de Action Gatineau...
Le Président (M. Picard): Est-ce parce qu'il n'est pas
signé?
M. Bédard (Chicoutimi): Mais non! M. le Président,
le ministre a dit...
Le Président (M. Picard): Voulez-vous répondre
à ma question?
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je ne suis
pas en contre-interrogatoire et j'ai le droit de poser une question de
règlement.
Le Président (M. Picard): Alors, je ne peux pas vous
permettre de vous référer à ce document.
M. Bédard (Chicoutimi): Je me réfère
à un document qui a été rédigé par un groupe
qui s'identifie comme Action Gatineau...
Le Président (M. Picard): Daté de quand?
M. Bédard (Chicoutimi): ... de la même
manière, M. le Président, que tout à l'heure, le ministre
s'est référé à un mémoire qui lui a
été soumis par le Rassemblement des surtaxés de Gatineau.
Vous ne lui avez pas demandé par qui ce document était
signé. Je l'ai en ma possession aussi. Vous ne lui avez pas
demandé quand il lui avait été remis. Vous avez permis
qu'il puisse en faire état.
Le Président (M. Picard): Le député de
Saint-François.
M. Bédard (Chicoutimi): De la même manière,
je peux exactement faire la même chose, M. le Président. Pourquoi
deux poids, deux mesures?
Le Président (M. Picard): II n'y a pas deux poids, deux
mesures.
M. Déziel: M. le Président, sur le point de
règlement, si le document n'est signé par aucune personne, je
demanderais à la commission parlementaire d'exiger la
responsabilité personnelle du député de Chicoutimi aux
fins d'endossement de ce document.
M. Bédard (Chicoutimi): Expliquez-vous sur votre
endossement personnel. Vous êtes malade! Je cite. Je fais une citation
d'un document d'Action Gatineau, un groupe de citoyens qui, après avoir
fait une étude sur le problème de la spéculation, fait
certaines constatations auxquelles je me suis référé et
dont j'ai parlé tout à l'heure. Je me suis
référé, entre autres, aussi à certains articles de
journaux.
Le Président (M. Picard): Revenez-en au
règlement.
M. Bédard (Chicoutimi): ... qui faisaient allusion... Bon
d'accord.
Le Président (M. Picard): Est-ce que vous auriez
objection...
M. Bédard (Chicoutimi): ... on y reviendra.
Le Président (M. Picard): Est-ce que vous auriez objection
à vous conformer à l'article 177 qui prévoit que, vu que
vous vous référez à un document, même en partie,
vous soyez obligé de le déposer?
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas d'objection.
J'aimerais, à part cela, que le ministre dépose le document
auquel il s'est référé tout à l'heure. Je vais
demander la même chose.
M. Goldbloom: Je suis tout à fait...
M. Bédard (Chicoutimi): Que le ministre dépose
aussi son document sur l'enquête sur la spéculation
foncière puisqu'on se réfère là-dedans à une
enquête sur la spéculation foncière qui devait être
faite dans Gatineau.
M. Goldbloom: M. le Président, le seul document que j'ai
reçu il y a des annexes mais je n'ai pas l'autre dont le
député de Chicoutimi se sert s'intitule: Mémoire
soumis au gouvernement du Québec par le Rassemblement des
surtaxés de Gatineau concernant le problème de la taxe municipale
à Gatineau. Je n'en ai pas d'autre. J'ai quelques annexes avec des
chiffres qui sont ajoutés à ceux-là.
Je voudrais souligner deux choses, M. le Président.
D'abord...
M. Bédard (Chicoutimi): Comprenons-nous bien, M. le
Président. Nous voulons que le ministre dépose le document qui a
dû être rédigé suite à l'enquête qu'il
est censé avoir faite concernant la spéculation foncière
dans Gatineau.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai dit à maintes
et maintes reprises que nous sommes allés au bureau d'enregistrement,
nous avons fait le relevé de ce que nous pouvions trouver là-bas.
Nous avons essayé d'aller plus loin en identifiant...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez cité des
chiffres, tout à l'heure, pour...
M. Goldbloom: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): ... montrer que...
M. Goldbloom: D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez cité des chiffres
très précis en vous référant à ce document
pour montrer que, peut-être, la situation n'était pas pire dans
Gatineau que dans d'autres parties du Québec. Il me semble que c'est un
droit, M. le Président, pour moi que de demander au ministre de
déposer ce document auquel il s'est référé. Est-ce
que j'ai le droit, M. le Président?
M. Goldbloom: M. le Président, c'est un mémoire
présenté au ministre par ses fonctionnaires pour les fins de ce
débat. C'est une compilation de chiffres que nous avons.
Je vais le regarder un peu pour voir s'il y a lieu de le déposer.
C'est un mémoire de nature interne, il n'y a rien de mystérieux
là-dedans. Une des choses que ce document démontre, M. le
Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous allez pouvoir le
déposer? Si vous voulez continuer à vous y référer,
est-ce que vous me promettez de le déposer?
M. Goldbloom: Oui, d'accord, M. le Président, je vais le
déposer. On constatera que c'est une région du Québec. Si
l'on veut comparer... M. le Président, j'insiste pour terminer ma
réponse.
Si l'on veut comparer le coût des terrains dans l'Outaouais avec
le coût dans d'autres régions du Québec, il faut d'abord
tenir compte du fait que c'est une des rares régions du Québec
où les municipalités exigent du promoteur de payer les services.
Donc, les terrains coûtent plus cher. Alors, n'allons pas dire que c'est
à cause d'une spéculation quand c'est à cause de cette
différence entre une pratique de l'Outaouais et une pratique ailleurs
dans la province.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre affirme que c'est cela
la cause?
M. Goldbloom: C'est un des facteurs...
M. Bédard (Chicoutimi): Cela représente quoi comme
pourcentage d'augmentation, le fait pour le promoteur de demander...
M. Goldbloom: Cela ne représente pas beaucoup dans le cas
de Gatineau avec les chiffres que j ai déposés là. Quand
même, quand on cite le coût d'un terrain et quand on dit qu'un
terrain coûte plus cher à Gatineau qu'à Montréal, il
faut demander qui paie les services, de quelle façon les services sont
reflétés dans le coût du terrain.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce sont les mêmes exigences
pour la ville de Québec vis-à-vis du promoteur.
M. Goldbloom: Non.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, oui. Je demanderais au
ministre de vérifier, j'ai eu l'occasion...
M. Goldbloom: J'ai répondu peut-être un peu
rapidement. De mémoire, je ne sais pas quelle est la pratique de la
ville de Québec, mais je sais pertinemment que la forte majorité
des municipalités du Québec n'ont pas cette pratique et
s'adressent au gouvernement pour se faire aider. Ce sont les deniers publics
qui, soit au niveau des taxes municipales, soit au niveau des subventions du
gouvernement, diminuent le coût du terrain, et diminuent donc le
coût de la maison, parce que c'est représenté autrement.
Quand on dit qu'on est moins taxé en Ontario, il faut s'en souvenir
aussi, parce qu'en Ontario les coûts ne sont pas reflétés
dans les taxes. Il y a aussi le fait qu'il y a une pression qui n'est pas de
nature spéculative, à mon sens, mais qui vient de l'autre
côté de la rivière. Les terrains coûtent plus cher du
côté de l'Ontario, des gens viennent du côté
québécois, et en grand nombre. Cela est une des
inquiétudes de certaines personnes qui voient qu'il y a un plus fort
pourcentage de gens d'expression anglaise qui viennent que de gens d'expression
française. Il y a donc une évolution dans le caractère
linguistique de l'Outaouais québécois. On en a parlé
à plusieurs reprises. Pourquoi est-ce que les gens traversent? Ce n'est
certainement pas parce que les services sont meilleurs du côté
québécois. On sait que ce n'est pas le cas. Alors, c'est parce
que les terrains coûtent moins cher.
M. le Président, si l'on veut évoquer une
spéculation quelconque pour dire: Cela coûte terriblement cher
dans l'Outaouais, regardons ailleurs avant de faire ces affirmations.
Je reviens à cette question d'enquête, M. le
Président. Il nous a été extrêmement difficile de
trouver l'identité des personnes derrière chaque compagnie dont
le nom paraît à la liste. Et je n'ai pas trouvé moyen de
faire cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Parce qu'elles se cachent
derrière les fiducies, c'est cela, pour la plupart?
M. Goldbloom: Oui, je le présume.
Deuxièmement, quand nous avons essayé d'aller plus loin et
de déterminer de cette façon s'il y à effectivement une
spéculation en termes de la prise de possession de vastes
étendues de terrain par un seul intérêt, cela ne se
reflète pas dans ce que l'on trouve dans les registres, et nous n'avons
pas compilé tout cela. J'ai reçu tout simplement un rapport. Je
ne me rappelle même pas si c'est un document qui m'a été
remis, les gens sont venus me dire: On n'est pas capable d'aller plus loin sur
ce plan. Depuis lors, ce que nous essayons de faire, c'est de travailler avec
le ministère de l'Agriculture, qui a certaines données sur la
prise de possession de nos fermes, par des gens de l'extérieur, et de
chercher à déterminer si, effectivement, il y a un
problème de cette nature. Mais quand on regarde le schéma
régional d'aménagement de la CRO et quand on regarde les
documents d'appui, avec l'identification des lotissements qui ont
été faits un peu partout, on n'a certainement pas l'impression
d'une intervention massive de la part de quelqu'un qui a pris le territoire de
l'Outaouais québécois et l'a réservé pour
empêcher son développement.
M. Bédard (Chicoutimi): On y reviendra cet
après-midi.
Le Président (M. Picard): Messieurs, nous devrons attendre
un ordre de la Chambre pour siéger de nouveau, mais je peux vous dire,
immédiatement, que nous ne siégerons pas cet après-midi,
étant donné que c'est la journée des députés
à l'Assemblée nationale. Possiblement, on siégera demain
matin, à dix heures.
M. Goldbloom: M. le Président, une seule seconde. Hier, on
m'a demandé des documents. J'en ai un sur deux; je me permets de vous le
remettre pour distribution maintenant ou la prochaine fois, si vous le voulez.
C'est la liste des membres de mon cabinet.
Quant à la liste des contrats donnés pour des travaux
d'urbanisme, c'est en préparation. Nous l'aurons probablement cet
après-midi.
Le Président (M. Picard): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 6)