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Commission permanente des affaires municipales
Etude des crédits du ministère des
Affaires municipales
Séance du jeudi 6 mai 1976 (Dix heures vingt-trois minutes)
M. Picard (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs! La commission des affaires municipales
continue ce matin l'étude des crédits du ministère des
Affaires municipales. Nous en sommes toujours au programme 1.
Avant de continuer, j'aimerais attirer l'attention des membres de la
commission sur le fait qu'au moment où je vous parle nous avons
siégé pendant au-delà de quatre heures trente à une
commission qui, théoriquement, est censée siéger pendant
dix heures. Nous en sommes toujours au programme 1.
J'ai eu des représentations, ce matin, de certains
députés qui me disent qu'à ce rythme probablement que le
leader parlementaire ne rappellera pas la commission après qu'on aura
dépassé douze ou quinze heures et qu'à ce moment-là
ils seront privés de leur droit de poser des questions au ministre en
rapport avec certains programmes, notamment dans l'habitation.
Je ne veux pas restreindre la discussion, mais je demanderais, autant
que possible, qu'il n'y ait pas trop de répétitions dans les
questions.
Aide à la préparation des plans
d'urbanisme et d'aménagement
Spéculation foncière (suite)
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, pour
rassurer, peut-être, les députés qui vous ont fait des
représentations afin d'exercer leur droit de poser des questions
à certains programmes auxquels ils sont plus intéressés
qu'à d'autres c'est normal je voudrais vous souligner que,
l'an passé, nous avons siégé pendant au-delà de
vingt heures au niveau de l'étude des crédits du ministère
des Affaires municipales. Le même nombre d'heures, et même plus,
avait été accordé l'année d'avant puisqu'il s'agit
d'un ministère qui compte parmi les plus importants. C'est même,
M. le Président, je dirais, presque l'étude des crédits de
deux ministères, quand on tient compte de l'environnement. Auparavant,
l'environnement et les affaires municipales étaient des
responsabilités différentes.
M. le Président, il y a aussi un autre élément pour
répondre aux appréhensions qui vous ont été
explicitées. Je pense que, dans l'étude des crédits de
chacun des ministères je ne sais pas si vous avez assisté
à celle des Transports ou à d'autres commissions
d'habitude on insiste sur des points particuliers, à des programmes
particuliers, ce qui a comme conséquence qu'il y a des programmes dont
l'étude se fait très rapidement.
Dans le cas de l'étude des crédits du ministère des
Affaires municipales, je crois, dans mon intervention du début, avoir
mentionné qu'il y aurait trois points où nous nous attarderions
peut-être d'une façon plus spéciale.
Il arrive assez souvent, comme cela s'est fait au ministère des
Transports, qu'avant de passer même au programme 1, on discute d'une
façon générale des sujets sur lesquels on veut avoir
vraiment une discussion plus élaborée. Maintenant, les trois
sujets que je vous ai mentionnés, M. le Président, n'ont pas
changé, ce sont: la spéculation foncière, le programme de
l'habitation, naturellement, et le programme des finances municipales.
Celui-là, je crois qu'on s'est entendu, au niveau de la commission,
à l'effet d'en reporter l'étude, en tout cas, une partie de
l'étude après le dépôt du budget, ce qui nous
permettra une étude plus sérieuse.
Alors, je pense bien qu'on va pouvoir se circonscrire à ces trois
ou quatre sujets, M. le Président, de telle façon que, j'en suis
convaincu, comme par les années passées, le nombre d'heures ne
dépassera pas celui déjà atteint dans les années
passées, et puis il y aura la latitude pour tout le monde de poser des
questions.
Le Président (M. Picard): Alors, est-ce que vous posez
d'autres questions sur le programme 1?
M. Goldbloom: M. le Président, si vous me le permettez,
avant de continuer les questions, je voudrais vous dire que, pour ma part, je
n'ai aucune espèce d'objection à quelque décision que
prendraient les membres de la commission quant à l'utilisation du temps.
J'ai indiqué déjà. M. le Président, que si on
arrive vers la fin de la période que l'on pourra considérer
raisonnable, à ce moment, peut-être que mon attitude sera
différente. Peut-être que je dirai: On a déjà
consacré beaucoup de temps, mais pour ma part, si les membres de la
commission veulent passer tout le temps sur le premier programme et ne pas
parler des autres, cela ne me dérange pas du tout.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce ne sera pas cela.
M. Goldbloom: Sauf qu'à la fin d'une période
raisonnable je vais dire: Bien, c'est comme cela que vous avez voulu utiliser
le temps.
Deuxièmement, M. le Président, pour ma part aussi, je
voudrais que tous les membres de la commission se sentent libres d'intervenir.
Ce n'est pas simplement un dialogue entre le député de Chicoutimi
et moi-même, je voudrais que tous les membres se sentent libres
d'intervenir.
Troisièmement, la commission m'a demandé de produire la
liste des contrats accordés pour des travaux d'urbanisme. Ce que nous
avons compilé est un peu plus complet que cela.
Vous remarquerez qu'il y a d'autres contrats également qui se
rapportent à ce phénomène d'urbanisme. Vous remarquerez,
par exemple, des photographies aériennes et l'analyse du manuel de
planification préparé par la société centrale.
Ce
ne sont pas strictement des contrats pour urbanisme. Ces contrats sont
dans la liste et d'autres éléments aussi. Ceci vous donnera une
bonne idée des activités et de la distribution des contrats par
le gouvernement. Au moment où je vous parle, je n'en ai que cinq
exemplaires. On va en faire faire d'autres photocopies immédiatement. Je
ferai commencer la distribution; si vous voulez m'excuser, M. le
Président, auprès des collègues qui n'auront pas
immédiatement un exemplaire, mais cela viendra dans les prochaines
minutes.
Ensuite, M. le Président, si vous me le permettez, j'aimerais
vous offrir un document qui comporte des chiffres tirés d'une
étude faite par le Housing and Urban Development Association of Canada,
qui est un organisme qui a des assises assez larges dans le milieu et qui est
bien connu pour la qualité de son travail. Le document est
intitulé "Costs in the Land Development Process". J'ai devant moi une
analyse du prix de vente dans onze villes du Canada: Calgary, Edmonton,
Halifax, Montréal, Ottawa, Hull, Regina, Saskatoon, Toronto, Vancouver,
Winnipeg. On constatera que, tandis qu'à Toronto le prix moyen est de
$23 000, à Ottawa il est de $19 000, à Hull, $10 500, à
Montréal $7885... Alors, il y a des différences assez
remarquables. Il y a aussi un article tiré du Devoir du 5 février
de cette année qui contient des commentaires sur ces chiffres.
Le titre de l'article fait réfléchir, parce que le titre
est "L'urbanisme plus inflationniste que la spéculation". Je voudrais
déposer cela aussi. Je suis dans la même situation, il me faudra
faire faire d'autres photocopies pour pouvoir distribuer cela à tous les
membres de la commission. Enfin, je voudrais vous soumettre un tableau qui se
trouve dans un document publié en décembre dernier,
décembre 1975, par le ministère d'Etat aux affaires urbaines du
Canada. Le tableau 23 indique le coût moyen d'une unité de
logement et plus précisément d'une maison unifamiliale.
Dans un nombre encore plus important de villes canadiennes ou
d'agglomérations canadiennes, on note les villes suivantes, au
Québec: Montréal, Québec et Chicoutimi-Jonquière.
Si l'on regarde la façon dont ces données sont compilées,
c'est à tous les trois mois. Ce sont des données trimestrielles
qui sont compilées par la Société centrale
d'hypothèques et de logement et représentent les maisons
unifamiliales financées par la Société centrale
d'hypothèques et de logement en vertu de la Loi nationale sur
l'habitation.
Si je vous lis la liste des municipalités dans l'ordre
décroissant du coût d'une maison unifamiliale, la ville la plus
dispendieuse au Canada, dans ce document, je répète, de
décembre 1975, qui est une compilation trimestrielle par la
Société centrale d'hypothèques et de logement, la ville la
plus dispendieuse au Canada est Toronto. Deuxièmement, Thunder Bay, une
ville de l'Ontario; Victoria; Hamilton, une autre ville de l'Ontario; Calgary;
Kitchener, une autre ville de l'Ontario; Vancouver; Edmonton; Windsor, une
autre ville de l'Ontario; Ottawa et Hull groupées ensemble.
Dans l'autre document, il y a une différence qui est
indiquée quant au coût du terrain seulement. Sudbury, St.
Catharines (Niagara), Winnipeg, London, St. John au Nouveau-Brunswick, ensuite
Saint-Jean de Terre-Neuve; enfin on arrive à Montréal; ensuite,
Halifax, Québec, Regina, Chicoutimi-Jonquière et Saskatoon.
Alors, on voit, M. le Président, que, si l'on invoque un
phénomène que l'on peut appeler spéculation pour dire
qu'il y a quelque chose qui agit contre l'intérêt de celui qui
voudrait acheter un terrain ou une maison, les chiffres sont là pour
démontrer que, si un tel phénomène existe, il existe en
Ontario, où il y a une loi, à un degré plus
prononcé qu'au Québec.
M. Bédard (Chicoutimi): Pas nécessairement. Quand
on parle de spéculation, ce n'est pas tout d'arriver avec le coût
moyen d'une unité unifamiliale ou encore le prix moyen de vente d'un
endroit à l'autre. Je pense que la spéculation s'étudie
avec, comme point de référence, le pourcentage d'augmentation
durant une période précise.
La spéculation n'est pas au niveau du prix de vente
lui-même regardé d'une façon globale; c'est, avant tout, le
degré ou le pourcentage d'augmentation, qui peut être raisonnable
ou irraisonnable, durant une période précise.
Remarquez que les chiffres que nous fournit le ministère sont
importants, je pense, pour permettre une analyse en profondeur, pour essayer
justement de vérifier le point que j'avance et dire où peut se
situer, d'une certaine façon, le phénomène de la
spéculation. Il est important, autrement dit, quand on étudie le
phénomène de la spéculation, non seulement de savoir le
point où on en est, mais de savoir le point d'où on est parti et
jusqu'à quel point il s'est effectué une hausse raisonnable ou
irraisonnable durant une période, encore une fois, précise.
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président. Je constate que
le député de Chicoutimi est en train, enfin, de donner une
certaine définition de la spéculation.
Ce que cela veut dire dans son esprit, c'est le rythme d'augmentation du
coût d'un terrain ou d'un logement. Si la marge était...
M. Bédard (Chicoutimi): Oui.
M. Goldbloom: Est-ce que c'est autre chose que cela?
M. Bédard (Chicoutimi): II y a cela et après je
voudrais que le ministre tienne compte aussi du fait que la spéculation
n'est pas nécessairement dans des cas généraux. Cela se
situe au niveau de cas particuliers qui peuvent être plus nombreux, qui
peuvent être moins nombreux. Si vous me permettez, c'est comme des
infractions majeures à la loi, ils peuvent être plus ou moins
nombreux, ce qui ne diminue pas leur gravité. Que les meurtres soient
plus ou moins nombreux, il peut y avoir lieu à une étude sociale,
à portée sociale, mais il reste une chose, c'est
qu'indépendamment de tout,
quand il y en a, c'est toujours un phénomène grave. Dans
ce sens, la spéculation, si elle existe partout, si c'est devenu un
phénomène général, c'est vraiment un état de
crise.
Ce qui n'empêche pas qu'en soi le phénomène de la
spéculation, que ce soit général ou que cela se situe au
niveau de cas particuliers plus ou moins nombreux, c'est toujours quelque chose
d'important, je dirais d'anti-social, et qu'il faut trouver le moyen de
contrer. On aura peut-être l'occasion d'en discuter. On aura
sûrement l'occasion d'en discuter. Dans certains cas précis, cela
peut enrayer le développement d'une ville, bloquer le
développement d'un quartier et, dans ce sens, c'est grave. Je dirais
aussi, pour que le ministre, une fois pour toutes, ait bien
précisément l'idée de quoi on parle quand on parle de
spéculation foncière parce que toutes les fois qu'on en
parle, le ministre nous parle d'une loi sur la protection des terres arables ou
encore même d'une certaine loi pour enrayer les ventes de terres à
des non-résidents; ce sont des aspects particuliers quand on
parle de la spéculation, à notre humble opinion, on parle de
spéculation à l'intérieur des villes. Cela ne veut pas
dire qu'il ne peut pas en exister à l'extérieur des villes, mais
je pense que le cas de la protection des terres arables, c'est un cas
particulier qui a des incidences concernant la spéculation
naturellement. Les ventes de terres à des non-résidents, je pense
que c'est un problème concret en soi, c'est différent. Mais quand
on parle de spéculation, cela s'inscrit surtout comme
phénomène à l'intérieur des villes, cela peut
enrayer, encore une fois, soit le développement d'une ville ou d'un
quartier.
Je pense que c'est d'autant plus important que, du point de vue humain,
cela peut avoir des conséquences très graves quand on n'y
remédie pas.
M. Goldbloom: M. le Président, si le député
d'Abitibi-Ouest me permet encore deux minutes, je voudrais dire ceci: La
thèse du député de Chicoutimi est que la
spéculation est une tendance et qu'il ne faut pas se limiter à
regarder les coûts mais plutôt ce qui est arrivé à
ces coûts au cours d'une période de temps donnée. Je peux
accepter facilement cette interprétation du phénomène; je
dois cependant souligner que, si la marge était faible, on pourrait dire
que les coûts au Québec s'approchent des coûts en Ontario et
le rythme d'augmentation sous l'impulsion de la spéculation est tel que
l'écart ne durera pas.
Mais quand on regarde les chiffres absolus, M. le Président, et
quand on voit que, pour Toronto, le chiffre moyen est $62 254 et, pour
Montréal, $28 536, alors on peut invoquer une spéculation qui
aurait fait monter le coût à Montréal, disons, de $20 000
à $28 000 en un temps relativement court. On n'est quand même pas
à 50% du coût moyen à Toronto.
M. Bédard (Chicoutimi): L'Ontario a senti le besoin
d'adopter une loi très stricte pour contrer la spéculation
foncière. On n'est pas obligé de se condamner à être
toujours pire que l'Ontario. Si le problème...
M. Goldbloom: Mais on est mieux que l'Ontario, c'est ce que je
suis en train de démontrer.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, mais on n'est pas
obligé de se condamner à être pire ou à être
heureux quand on sera aussi pire que l'Ontario dans certains domaines. Si, dans
des domaines en particulier, on parle de la spéculation foncière,
on est capable de cerner le problème dès maintenant, d'en voir
l'ampleur, d'être en mesure même de l'analyser à un point
tel qu'on est capable d'y apporter des corrections, pourquoi pas? Le ministre
des Affaires municipales est médecin de profession; il sait très
bien que la maladie, c'est souvent mieux d'avoir à la traiter au
début que d'attendre que ce soit vraiment catastrophique ou sans
remède.
Je pense que le ministre des Affaires municipales, qui est un
médecin, croit à la médecine préventive si je peux
employer cette comparaison. Quand on parle de la maladie de la
spéculation qui, qu'on le veuille ou non, guette n'importe quelle
société, il me semble que c'est faire preuve tout simplement de
diligence et de prévoyance que d'analyser le plus rapidement possible ce
phénomène, et d'essayer d'y apporter des correctifs quand c'est
possible.
Le Président (M. Picard): Le député
d'Abitibi-Ouest, sur le même sujet.
M. Boutin: M. le Président, j'aimerais demander au
ministre s'il a envisagé ou si on a suggéré, surtout dans
la refonte de la Loi des cités et villes, de pouvoir permettre aux
municipalités de prélever une taxe riveraine sur les lots vacants
dans les secteurs déjà construits. On sait qu'actuellement, dans
la Loi des cités et villes, cette taxe riveraine est permise dans les
nouveaux secteurs à développer mais dans les anciens secteurs qui
sont déjà construits, on remarque que c'est une disposition qui
existe dans certaines chartes. Certaines villes possèdent
déjà, dans leur charte, ce pouvoir. Est-ce que ce serait une
chose qui pourrait être envisagée?
M. Goldbloom: La réponse simple serait oui, M. le
Président, mais j'aimerais expliciter un peu. Nous avons
présentement un document en main qui s'exprime sur la question et un
autre document s'en vient très prochainement. Nous avons justement
voulu, devant des plaintes nombreuses et vives de la part de
propriétaires sur l'île de Montréal et à un
degré légèrement moindre ici sur le territoire de la
Communauté urbaine de Québec il y a aussi des plaintes qui
viennent d'autres municipalités québécoises, mais c'est
dans ces deux principales agglomérations que les plaintes se font les
plus nombreuses examiner le phénomène très apparent
d'un déplacement du fardeau de la taxe foncière vers la maison
unifamiliale et un soulagement relatif des industries, des
commerces, des lots vacants et même des maisons à
appartements. Nous avons constitué un groupe de travail composé
de trois évaluateurs professionnels. Le rapport est attendu d'ici une
quinzaine de jours seulement.
Une des questions fondamentales que je leur ai posées est
justement: Est-ce que nous pouvons établir, en quelque sorte, un
régime de taxation différent entre diverses catégories
d'immeubles? Il y a une question de politique là-dedans. Je ne parle
évidemment pas de politique partisane mais d'une politique à
l'égard des immeubles en général. Parce que dans la mesure
où on diminue le fardeau supporté, disons, par la maison
unifamiliale, si l'évaluation est correctement faite, on donne une
subvention indirecte au propriétaire de cette maison. Il faut donc
prendre une décision: Est-ce que c'est la politique que l'on veut
appliquer que de donner une subvention à une catégorie
d'immeubles ou à plusieurs?
Mais quand on regarde les lots vacants, le député
d'Abitibi-Ouest a ajouté une condition qui est logique. C'est que le
développement soit déjà commencé.
Alors, pour concentrer l'activité de développement dans un
secteur où, déjà, c'est commencé et où la
logique commanderait qu'on rentabilise au maximum les services qui sont
déjà là, là, il y a un besoin, je crois, de trouver
des moyens de pousser le développement des lots vacants.
Effectivement, quand on regarde le rapport du groupe Castonguay, on
constate une recommandation que la taxation soit appliquée plus
fortement, par taux différentiels si vous voulez, au sol, par
comparaison avec l'immeuble. L'effet serait exactement celui recherché
par le député d'Abitibi-Ouest. Quand nous aurons les deux
rapports et que nous pourrons les comparer, il y aura lieu de choisir un moyen
d'action dans ce domaine, parce que je crois que, si le rapport que nous
attendons confirme des augmentations assez spectaculaires de
l'évaluation des maisons unifa-miliales, à ce moment, il faudra
se demander: Est-ce que c'est juste à l'endroit de ces
propriétaires de leur permettre de subir un coup aussi dur en une seule
année?
M. Boutin: Merci.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, l'an
dernier, le ministre avait promis de revoir la question d'une étude
statistique d'un tableau de la spéculation foncière au
Québec.
Pour lui remémorer peut-être sa promesse, je voudrais le
reporter à l'étude des crédits, à la page B-1383,
où, sur ce sujet précis, le ministre déclarait ceci: "Oui.
L'an prochain, nous allons reprendre ce débat. Cela est clair. Qu'est-ce
que nous aurons à offrir comme documentation? Je ne voudrais pas
m'engager à cela en ce moment. Je ne suis pas en mesure de dire que,
dans l'économie de l'utilisation du temps et de notre argent, nous
devrons entreprendre précisément le genre d'études que
nous propose le député de Chicoutimi. Ce n'est pas pour
être désobligeant à son endroit, mais nous examinerons
l'opportunité de le faire. Je ne m'engage pas à le faire. Nous en
examinerons l'opportunité."
Un peu plus loin, je continuais avec une question: "Le ministère
pourrait peut-être au moins étudier la possibilité de
mettre à la disposition de la commission parlementaire les études
qui ont été colligées par l'INRS, concernant la
spéculation foncière. Ce ne serait pas un gros travail que
d'acheminer ce travail statistique aux membres de la commission."
Réponse du ministre: "Bon! Il y a, dans certaines institutions
universitaires, une banque de données sur les municipalités du
Québec. Il y en a notamment à l'Université du
Québec à Montréal, et je ne serais pas en mesure de dire
de mémoire si la nature de ces données permettrait d'en extraire
le genre de renseignements que demande l'honorable député. Mais
je peux certainement prendre l'engagement d'établir un contact avec
l'université et avec l'INRS, qui a une certaine affiliation et, avec
d'autres universités aussi, pour voir ce qu'il y a comme statistiques
déjà disponibles. C'est certainement avec plaisir que nous ferons
cela".
C'est à ce degré que se situait la promesse du
ministre.
Je comprends que ce n'était pas une promesse...
M. Goldbloom: Au moins...
M. Bédard (Chicoutimi):... globale de production du
tableau, mais il ressort des réponses du ministre qu'il consacrerait des
efforts dans ce sens. Je voudrais savoir jusqu'où...
M. Goldbloom: Au moins, M. le Président, pour une fois,
j'avais pris certaines précautions.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce sont de très bonnes
précautions.
M. Goldbloom: M. le Président, nous avons centré
nos efforts sur cette compilation que je vous ai indiquée et qui fait
des comparaisons des coûts dans diverses villes canadiennes, mais je ne
sais pas si nous avons effectivement des tendances de coûts de terrains
et de maisons dans diverses agglomérations du Québec. Il faudra
que je m'informe si de telles statistiques sont disponibles.
M. le Président, je m'excuse, mais je n'ai pas vraiment de
réponse utile à donner immédiatement sur la
disponibilité de ce genre de chiffres. Nous regarderons notre banque de
données, si vous le voulez, et la semaine prochaine, quand nous
reviendrons, s'il y a moyen de produire quelque chose d'additionnel, je serai
heureux de le faire.
M. Bédard (Chicoutimi): II reste qu'à la suggestion
que je lui avais faite, l'an passé, au moins de légiférer
en matière de spéculation foncière, et de dresser un
portrait statistique de la spéculation foncière au Québec,
puisque c'est nécessaire de
voir le portrait avant de savoir comment corriger la situation, je dois
comprendre que le ministre ne peut pas me répondre plus que l'an
passé, disant et je cite textuellement qu'il prend note de
la question, il la prend comme suggestion, tout simplement, et qu'il va
analyser la situation. Autrement dit, on en est au même état que
l'an passé.
M. Goldbloom: Non, M. le Président, on n'en est pas au
même état, parce que, justement, nous avons regardé notre
phénomène qui nous intéresse particulièrement.
Comme je l'ai mentionné hier, ici, au Québec, nous assumons, au
niveau du secteur public...
M. Bédard (Chicoutimi): Quand vous dites: Nous avons
regardé notre phénomène, que voulez-vous dire?
M. Goldbloom: Les tendances des coûts, comme par exemple,
ceux qui nous touchent directement, les coûts par unité de
logement que construit ou fait construire la Société d'habitation
du Québec. Là-dessus, nous pouvons certainement produire des
statistiques pour démontrer la tendance au cours des récentes
années. Les services que nous subventionnons, combien coûtent-ils
à la municipalité et quelle est la proportion qui est fournie par
le trésor public sous forme de subvention?
Ce sont donc des indices d'augmentation du coût d'une unité
de logement sur le marché. Ce n'est pas une analyse du marché
directement, mais...
M. Bédard (Chicoutimi): La spéculation ce n'est pas
seulement l'habitation. Vous êtes bien d'accord, ce n'est pas seulement
en regard du domaine de l'habitation. Quand le ministre dit: On a
regardé la situation, on a pris des informations, est-ce qu'il veut
aller jusqu'à dire que vraiment une étude a été
faite? Est-ce que c'est seulement le ministre qui a regardé la
situation, sans déprécier le regard critique que pourrait avoir
le ministre sur la situation? Est-ce qu'il y a eu vraiment...
M. Goldbloom: Non, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): ...une étude de faite?
M. Goldbloom: Ce sont les fonctionnaires et, en
général, dans les conversations que j'ai eues avec eux, ils m'ont
dit: II y a quelques endroits ici et là où l'on constate une
spéculation apparente. Mais, comme phénomène
général au Québec, on ne voit pas, dans les tendances des
coûts, ce qui pourrait s'interpréter comme l'impact d'une
spéculation généralisée. Si l'on regarde un projet
et l'on dit: Là il y a eu de la spéculation, oui cela est
possible. Mais, si l'on regarde l'ensemble du tableau, on ne sent pas la
présence de ce phénomène.
Et, M. le Président, puisque nous avons voulu...
M. Bédard (Chicoutimi): L'ensemble du ta- bleau. Penser
à légiférer ou à intervenir seulement à
partir d'une vue de l'ensemble du tableau, je pense que c'est vraiment se
condamner d'une certaine façon à l'inactivité ou encore se
condamner à intervenir seulement quand la maladie de la
spéculation foncière sera vraiment rendue presque incurable. Je
pense qu'on était au moins d'accord là-dessus, tout à
l'heure, que la spéculation foncière pouvait être des cas,
peu importe le nombre, qui demeuraient toujours des cas graves, des situations
graves qu'il fallait essayer de corriger. Il ne faut pas s'attendre que, d'une
façon générale, on soit dans une société
où la spéculation foncière est carrément la ligne
de conduite du milieu pour intervenir.
Tout à l'heure peut-être qu'on pourra être plus
explicite. Je prends un cas comme Lebourgneuf, qu'on aura peut-être
l'occasion d'examiner tantôt; n y aurait-il que quelques cas de
spéculation foncière qu'en soi cela demeure grave, et il faut
trouver le moyen de contrer cela, d'empêcher ces situations. S'il y a 3%
de spéculation foncière en Ontario, tant pis, comme comparaison;
s'il n'y en a que 1% dans le Québec ce n'est pas motif à
consolation parce qu'on en a moins qu'en Ontario, mais la maladie existe, il
faut un remède.
M. Goldbloom: Oui, et quand même, M. le Président,
quand on la cherche il faut la trouver et l'examiner pour en faire un bon
diagnostic. On a plus de difficulté à la trouver au Québec
qu'ailleurs. J'attire l'attention du député de Chicoutimi sur
l'article du Devoir du 5 février de cette année dont j'ai fait
faire la distribution tout à l'heure. Il y a deux points qui frappent
là-dedans. C'est à Vancouver que les prix ont grimpé te
plus rapidement...
M. Bédard (Chicoutimi): Je m'excuse, mais je n'ai pas eu
ce document.
M. Goldbloom: Je m'excuse, je m'excuse.
M. Bédard (Chicoutimi): II y a peut-être sabotage
quelque parti
M. Goldbloom: Non, non, ce n'est pas un sabotage.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, je le sais.
M. Goldbloom: Non, ce n'est pas le bon document, M. le
Président. Il faut faire faire d'autres photocopies. Je m'excuse, il y
avait confusion de documents, M. le Président.
Ce que je veux citer, dans cet article que les membres de la commission
auront entre leurs mains dans quelques instants, c'est que c'est à
Vancouver que les prix ont grimpé le plus rapidement, soit une hausse de
545% en dix ans, et que la progression la plus lente a été
à Saskatoon, avec une hausse de 78%.
Autre point. Un peu plus loin, l'auteur dit ceci: "La spéculation
ne suffit pas à expliquer l'énorme différence entre les
prix des lots connus entre Toronto et Montréal." Et il demande:
"Faudrait-il
croire, par exemple, que les spéculateurs fonciers n'existent pas
à Montréal ou sont moins cupides ou plus généreux
que leurs collègues de Toronto?"
Cela traduit un fait que nous avons constaté: c'est que c'est
difficile de trouver des phénomènes que l'on identifierait comme
spéculation foncière au Québec. Maintenant, je voudrais
souligner une chose aussi. C'est que nous avons voulu analyser ou obtenir des
analyses de la loi ontarienne. Quels ont été ses effets? Il y a
le professeur Lawrence Smith de l'Université de Toronto qui a fait une
analyse. La première conclusion que nous tirons de son analyse c'est que
l'effet de la loi ontarienne contre la spéculation a été
d'accroître la concentration entre les mains des plus puissants
spéculateurs de la construction. Justement, quand on regarde ce qui se
fait en Ontario, il y a une deuxième raison à cela.
J'ai souligné hier et encore aujourd'hui le fait qu'au
Québec, règle générale, nous payons sauf les
exceptions, on a mentionné des villes de l'Outaouais et la ville de
Québec à même les deniers publics les services. Nous
n'obligeons pas le promoteur à les payer, donc à les financer.
C'est une autre cause de la surconcentration en Ontario de la
responsabilité de la construction domiciliaire entre les mains de peu de
compagnies. Quand on a une telle concentration, on a un achat plus massif de
terrains. Ce sont seulement ceux qui ont les reins assez solides pour
s'adresser à la banque pour faire financer l'investissement dans les
services, dans l'infrastructure, qui continuent d'agir dans le domaine. On a
donc des endroits restreints de développement. Le développement
est important à ces endroits, mais on n'a pas la concurrence que nous
connaissons au Québec entre plusieurs points de développement
autour d'une seule agglomération. Cette concurrence entre ces diverses
interventions a tendance à limiter le phénomène que l'on
pourrait appeler spéculation. Parce que la spéculation est en
même temps un effet de monopole relatif dans le domaine.
Si l'on veut réserver des terrains ce qui est une bonne
chose à faire si on permet que les terrains soient
réservés entre les mains de peu de gens, on n'a pas la même
influence du marché sur ce que font ces gens avec les terrains qu'ils
gardent en réserve. Tandis que chez nous, le petit entrepreneur a encore
sa place, fonctionne encore et est moins apte à faire de la
spéculation.
M. Bédard (Chicoutimi): J'espère que vous
n'êtes pas en train de vous consoler en vous disant ou en nous disant
qu'au niveau de la spéculation foncière la situation est moins
grave au Québec qu'en Ontario.
Je vous l'ai dit tout à l'heure: Que ce soit plus grave en
Ontario, tant pis pour eux; que ce soit moins grave dans le Québec, que
la situation soit moins avariée dans le Québec dans ce domaine,
tant mieux, mais cela ne veut pas dire qu'on se croise les bras et qu'on attend
pour se réveiller d'être dans la même situation que
l'Ontario. Je pense qu'on se comprend là-dessus.
M. Goldbloom: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): La spéculation, quand elle
existe, à quelque degré que ce soit, c'est un mal social qui peut
être limité ou qui peut être général. A
l'heure actuelle, je pense que c'est limité, quand on parle du
Québec, à l'intérieur des grandes agglomérations;
encore une fois, même à l'intérieur de ces grandes
agglomérations, la spéculation est localisée parfois pour
des projets très précis. Par exemple, il ne faut quand même
pas oublier qu'il y a eu un rapport du service d'urbanisme de Montréal
qui a été publié en 1965, qui révélait,
grosso modo, après avoir fait l'analyse de la situation concernant
l'Ile-de-Montréal, l'Ile-Jésus et Laval, qu'il y avait $1
milliard pour des terrains qui étaient gelés en fonction de la
spéculation dans ces agglomérations.
Vous allez me dire: Bien, si on prend Toronto, peut-être que cela
pourrait être $3 milliards pour eux. Mais on ne dira pas: On ne fait rien
dans cette agglomération parce qu'en fait c'est pire en Ontario. En soi,
c'est un phénomène qui existe et qu'il faut contrer. Si vous
prenez laville de Québec et que, d'une façon
générale, vous regardez quelle est la situation de la
spéculation, je pense qu'on arrive, au bout de la ligne, avec
l'idée que ce n'est peut-être pas une situation dramatique. Mais,
si vous prenez des cas particuliers, par exemple, Le-bourgneuf dont on
discutera tantôt, ou encore si vous allez dans un, deux ou trois cas
particuliers, cela peut être des cas très graves où cela
vaut la peine d'étudier le phénomène de la
spéculation et de le contrer. La même chose dans l'Outaouais.
Alors, je pense qu'on se comprend, au moins, sur la manière de
voir la spéculation, sur la manière dont on voudrait que le
ministre la voie et qu'on en discute.
M. Goldbloom: Nous avons, quand même,
démontré, M. le Président et j'ai cru comprendre
que le député de Chicoutimi l'admettait tout à l'heure
que ce n'est pas un problème aussi dramatique au Québec.
Je ne dis pas que le problème n'existe pas, mais je pense que nous avons
démontré qu'il n'est pas aussi dramatique au Québec
qu'à Toronto et à Vancouver.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. Mais, en soi, c'est
toujours dramatique, d'une certaine façon, la spéculation. Tout
à l'heure, j'ai fait référence à certaines
réponses que nous avait données le ministre lors de
l'étude des crédits. Le ministre s'était quand même
au moins engagé à colliger les données existantes sur la
spéculation foncière là où elle existait. En
particulier, je pense à l'INRS où il y en a et au service
d'urbanisme de Montréal dont j'ai parlé tout à l'heure. Y
aurait-il possibilité qu'on puisse nous remettre ces données qui,
à l'heure actuelle, sont entre les mains de l'INRS ou encore du service
d'urbanisme de Montréal? Comme deuxième volet de ma question, en
parlant de spéculation foncière d'une façon
générale et de l'étude de ce phénomène, le
ministre accepterait-il que des recherches sur le phé-
nomène de la spéculation foncière en milieu urbain
je situe bien puissent être entreprises par une firme ou
une commission indépendantes ou encore par des organismes, tels que le
Centre de recherches urbaines et régionales, communément
appelé le CRUR ou encore des centres de recherches qui se situent au
niveau de l'Université du Québec quand on parle de l'INRS?
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai déjà dit
que j'essaierai de fournir des données additionnelles la semaine
prochaine. Je verrai ce que nous avons qui pourra aller dans le sens de la
demande du député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour nous remettre les
données. Maintenant, quant à l'idée de confier à un
organisme indépendant ou encore à des organismes
déjà existants la mission de faire des recherches sur la
spéculation foncière, l'analyse sur l'état de la situation
en milieu urbain, quelles seraient les dispositions du ministre au moment
où je lui parle?
M. Goldbloom: J'aimerais commencer par compléter ce que je
pourrai fournir à même nos propres données et voir si c'est
nécessaire d'aller à l'extérieur pour avoir des
données additionnelles. Je fais là une distinction entre demander
à une institution qui possède des données de nous les
fournir cela est relativement simple et retenir les services
d'une firme quelconque pour commencer un travail plus élaboré
dans le domaine. Alors, nous pourrons en parler quand j'aurai d'autres choses
à fournir.
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai fait allusion tout à
l'heure à des situations particulières de spéculation
foncière qui peuvent être de nature à empêcher le
développement d'un quartier ou même le développement d'une
ville, dans certains cas. On a parlé de l'Outaouais, de Gatineau-Hull,
de certaines situations qui peuvent exister concernant la ville de
Québec. Le ministre a sans doute lu dans les journaux et il est sans
doute au courant quand même que les journaux de la région de
Québec on fait beaucoup état d'un cas de spéculation
foncière effrénée pour employer leur expression,
entre guillemets qui sévirait à Québec même
dans le secteur de Lebourgneuf.
Je ne sais pas jusqu'à quel point le ministre est sensible
à ce problème, mais j'aimerais quand même lui citer les
états de la situation qui ont été présentés
sur le problème. Entre autres, je réfère le ministre
à un article du Soleil, le 24 avril 1975, où on dit ceci
je vais dire d'un trait les citations de façon globale, pour ensuite que
le ministre puisse nous répondre c'est un article sous la plume
de M. Louis Tanguay: "L'acquisition de l'emplacement de la future
collectivité nouvelle de Lebourgneuf risque de se faire à un
coût très prohibitif, selon les termes mêmes de concepteurs
du projet. En planifiant l'utilisation future des vastes espaces quasi
inhabités situés au nord du boulevard de la Capitale, dans les
districts de Neufchà- tel et Charlesbourg-Ouest, on a prévu qu'il
serait possible d'acquérir les terrains à un coût variant
de $0.11 à $0.19 le pied carré. Les auteurs du concept
d'organisation de Lebourgneuf préconisent, dans un premier temps,
l'acquisition de 1200 acres de terrain et la constitution de réserves de
quelques centaines d'acres supplémentaires, ce qui totalise environ 60
millions de pieds carrés. Or, dans cette zone, trois compagnies ont la
haute main, elles seules, sur quelque 29 millions de pieds carrés
qu'elles ont achetés ou sur lesquels elles détiennent des
promesses de vente. Les compagnies Amex Developments, de Toronto les
gens de Toronto viennent nous voir, ils s'y connaissent et Charlebec
Realties, de Montréal, possèdent conjointement un peu plus de
seize millions de pieds carrés. "Un nom apparaît comme un pivot au
centre des transactions de ces trois compagnies, M. Harvey Maron, aussi connu
comme le promoteur d'un important centre commercial dans les environs
immédiats de Lebourgneuf. Ce dernier est en effet le président de
Multiplus et Charlebec Realties en plus d'agir sur au moins un contrat comme
représentant de Amex Developments".
Pour montrer la spéculation, les augmentations de coûts qui
viennent à rendre le projet de développement presque prohibitif
et c'est dans ce sens qu'on voit toutes les conséquences,
même sociales, que peut avoir, dans des cas particuliers, le
phénomène de la spéculation foncière, sur l'aspect
des coûts on peut lire ceci toujours dans l'article de Louis
Tanguay: "En effet, le 1er août 1974, MultiGrow avait une part
majoritaire à l'achat de 28 lots ou parties de lots jusqu'alors
détenus par la compagnie Les Immeubles du terroir. Cette vente
était conclue pour un montant total de $2 456 500, soit environ $0.17 le
pied carré. Dans la même journée je dis bien dans la
même journée cette compagnie et deux autres partenaires
engagés dans l'achat revendaient les mêmes terrains à Amex
Developments et Charlebec Realties, partageant le droit de
propriété dans une proportion de 75%-25% respectivement. Le
montant de la vente, à ce moment-là la première
vente était de $2 456 500 pour $0.17 le pied carré faite
dans la même journée avait pour effet que, de $2 456 500, il
était passé à $4 605 900, soit $0.30 le pied carré
par rapport à $0.17 le pied carré dans une vente qui avait
été faite à l'intérieur d'une même
journée. "Cette seule vente dépasse en valeur l'ensemble
le journaliste continue en ce sens des transactions importantes
effectuées sur des terrains de ce secteur au cours de 1971, 1972, 1973.
Le total de ces dernières atteint un peu plus de $4 200 000."
On voit, M. le Président, jusqu'à quel point il peut y
avoir, dans le temps de le dire, des augmentations considérables de prix
de terrains qui sont quand même les mêmes, à
l'intérieur d'une même journée. Cela remet en
lumière ce que je disais tout à l'heure au ministre, lorsqu'on
étudie le phénomène de la spéculation, on ne s'en
remet pas seulement au coût moyen, on ne s'en remet pas
seulement au coût du marché comme tel. Ce qui est
important, c'est de voir le pourcentage d'augmentation qu'il peut y avoir dans
une période de temps précise, limitée. C'est là que
situe véritablement la spéculation.
Le cas de Lebourgneuf, je pense... Le ministre précisera. A un
moment donné, parce que j'ai eu l'occasion de poser des questions au
ministre là-dessus, la spéculation qui y existait a eu comme
effet que, je crois, le maire Gilles Lamontagne lui-même a
été dans l'obligation de dire que ce développement attendu
serait peut-être compromis à cause d'un des
éléments, qui était la spéculation foncière
qui sévissait dans le secteur.
J'aimerais que le ministre nous dise ce qu'il pense d'un cas
précis comme celui-là dont il a sûrement été
mis au courant.
M. Goldbloom: M. le Président, dans tout cela, il y a un
phénomène qui saute aux yeux. C'est une deuxième
transaction dans une même journée. C'est le genre de choses que
l'on constate de temps en temps et qui, à mon sens, représente,
au premier abord il y a peut-être des raisons, des explications
que je ne connais pas une vraie spéculation.
Je tiens à souligner, cependant, qu'il s'agit là d'un
projet de la ville de Québec. La ville l'a entrepris, la ville l'a
annoncé. J'ai été invité au lancement du projet,
j'ai été invité à prendre la parole et j'ai
exprimé des mises en garde considérables, en soulignant deux
choses.
Premièrement, que le projet a été lancé en
vertu d'un programme fédéral appelé Collectivité
nouvelle. Or, ni à ce moment ni encore aujourd'hui on n'a le cadre
précis de l'aide fédérale dans ce programme, même
s'il a été annoncé.
Deuxièmement, que dans l'autre programme, celui qui semblait
disponible pour l'acquisition des terrains, il y a, dans les conditions
imposées par le gouvernement fédéral, des restrictions
considérables quant à l'utilisation que l'on peut faire de
l'argent. Je me suis quand même dit à ce moment que, si la ville
prenait l'initiative d'annoncer son projet, elle devrait avoir
déjà gelé le territoire d'une manière quelconque
pour éviter des augmentations additionnelles de prix. Je ne sais pas ce
qui est fait. Il faudra poser des questions, à ce sujet, aux dirigeants
municipaux de la ville, pour savoir comment ils ont agi, comment ils ont
conçu et-effectué tout cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre veut nous
dire qu'il pense que la ville avait le pouvoir légal de contrer une
spéculation vraie, comme le cas que je viens de citer?
M. Goldbloom: Je n'ai pas parlé de pouvoir légal,
M. le Président. J'ai parlé d'une façon d'agir, une
façon qui, me semble-t-il, s'impose quand on lance un grand projet. Je
ne fais pas de commentaire là-dessus, je n'ai pas de
responsabilité là-dessus. J'ai été invité
par la suite à rendre disponibles certaines sommes d'argent, sous forme
d'emprunt surtout, pour permettre à la ville de passer à une
certaine action. Il semble que nous pourrons aider la ville, dans une certaine
mesure, en rendant disponible de l'argent, mais ce n'est pas une caution morale
de quoi que ce soit.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand on se place sous l'angle de
la spéculation foncière, c'est cela qu'on discute, est-ce que
vous voulez dire que vous allez aider la ville à payer $0.25 le pied
carré et peut-être qu'au moment où l'on se parle
cela a augmenté encore ce qui aurait presque pour effet, à
un moment donné, de la part du gouvernement, avec toutes les bonnes
intentions que vous pouvez manifester, d'encourager tout simplement une
spéculation qui a déjà existé? Le ministre sait
très bien que la ville de Québec, quand on regarde le cas de
Lebourgneuf sous l'angle de la spéculation foncière je ne
parle pas de la réalisation du projet, cela est un autre angle
n'a pas les moyens légaux, n'avait pas les moyens légaux de
contrer cette spéculation que les administrateurs municipaux voyaient se
dérouler sous leurs propres yeux, et ils se trouvaient presque
complètement démunis ou impuissants. Je comprends que le ministre
nous dit qu'il a fait des mises en garde. Mais le ministre sait très
bien, quand on parle de spéculation foncière, quelle est la sorte
d'habileté des gens qui s'en occupent, d'une façon
professionnelle j'entends. Cela prend plus que des mises en garde pour
empêcher un cas comme celui de Lebourgneuf.
M. Goldbloom: M. le Président, la ville de Québec a
pris une initiative. Elle se trouve maintenant dans la situation où, si
elle veut procéder à réaliser le développement, il
faudra qu'elle emprunte l'argent nécessaire quelque part.
Nous pourrions dire à la ville d'aller emprunter sur le
marché. Nous avons l'impression que la ville serait, à ce moment,
obligée de payer un taux d'intérêt plus
élevé. Est-ce qu'à ce moment on va refuser à la
ville des conditions plus favorables que celles du marché? C'est une
question que je vous pose.
M. Bédard (Chicoutimi): Le financement du projet, c'est
une chose et la réalisation c'est autre chose. Encore une fois, le
ministre nous a dit tout à l'heure que, quand on parle de la vente dans
une même journée avec une différence aussi
considérable du prix le pied carré, sur l'ensemble du prix de
vente, c'est un cas de vraie spéculation, concernant Lebourgneuf. Je
pense qu'on peut en tirer la conclusion qu'il ne trouve pas cela normal et,
comme n'importe qui, il réprouve la spéculation foncière
comme telle.
M. Goldbloom: Je l'ai dit au premier abord, je ne trouve pas cela
normal, mais il y a peut-être des explications.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre admet une
chose? Disons que c'est un cas de vraie spéculation, pour les fins de la
discussion...
M. Goldbloom: Pour les fins de la discussion, oui; je ne voudrais
pas qu'on me cite comme
m'étant prononcé sur un cas que je ne connais pas au fond.
C'est pour cela que je prends la précaution de dire: II y a
peut-être des explications. Mais, pour les fins de la discussion, au
premier abord, cela semble un cas patent de spéculation
foncière.
Le Président (M. Picard): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Bédard (Chicoutimi): Juste pour finir... M. Boutin:
M. le Président...
Le Président (M. Picard): Est-ce pour le même
sujet?
M. Boutin: Oui, toujours sur la spéculation
foncière.
M. Bédard (Chicoutimi):... sur ce point, parce que
j'achève la question de Lebourgneuf. Vous me permettez?
M. Boutin: D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): Je voudrais savoir ceci du
ministre. Dans un cas comme cela, s'il y avait eu une loi comme celle de
l'Ontario qui impose des charges très onéreuses au profit
spéculatif, est-ce que le ministre ne croit pas que cela aurait pu avoir
comme effet d'empêcher ce genre de spéculation?
M. Goldbloom: J'essaie d'analyser quel aurait été
l'impact d'une telle loi, dans un tel cas. Je me dis au premier abord que le
premier résultat aurait été que les autorités
publiques auraient récolté un certain montant d'argent. Mais je
me dis aussi que, pour un investisseur important, doté de beaucoup de
ressources, possiblement que l'effet aurait été qu'il aurait
récupéré ce montant par d'autres moyens, par la suite.
Puisque la taxe n'est pas à 100% en Ontario, il y a une partie
qui demeure entre les mains du spéculateur. Justement, je pense que
c'est un des commentaires du professeur Smith que j'ai cité tout
à l'heure, que les gens qui ont vraiment une puissance économique
ne sont pas dérangés autant qu'on pourrait le penser par une
mesure de cette nature. C'est un paiement comme un autre; c'est un coût
pour faire affaires dans la province et on trouve le moyen de passer ce
coût aux éventuels acheteurs. Je ne suis pas convaincu, au premier
abord, que le simple fait de taxer aurait eu l'effet d'empêcher ce genre
de transaction. Peut-être, mais je n'en suis pas convaincu.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela permet d'y penser deux fois,
parce que cela aurait pu représenter au-delà si on parle
de 20% de $400 000.
M. Goldbloom: Cela oblige à faire des calculs
additionnels.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, et des fois à
contremander. Si on ne contremande pas, au moins l'ensemble de la
collectivité y perçoit son profit d'une certaine
façon.
M. Goldbloom: Si on regarde la masse d'argent
représentée par les transactions immobilières en Ontario,
on parle de l'Ontario parce que j'ai un chiffre ici si l'on pense
à la masse d'argent représentée à
l'intérieur de la première par les profits que quelqu'un
récolte d'une manière ou d'une autre, on constate que, pour
l'année financière 1975/76, l'Ontario a récolté $2
millions comme revenus à même cette taxe spéciale.
Il me semble que $2 millions, compte tenu des masses d'argent
impliquées, la masse globale et la masse des profits à
l'intérieur de cela, ce n'est pas un montant pour faire peur à
des gens qui ont des millions à investir dans des terrains et dans du
développement. C'est pour cela que nous avons...
M. Bédard (Chicoutimi): Cela, ce sont des chiffres
officiels.
M. Goldbloom: Oui. Ce sont les chiffres officiels.
M. Bédard (Chicoutimi): De la part du gouvernement?
M. Goldbloom: Oui, ce sont des chiffres qui sont tirés de
l'étude du professeur Smith.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est quand même un montant
appréciable que reçoit la collectivité.
M. Goldbloom: C'est un montant appréciable...
M. Bédard (Chicoutimi): Deuxièmement cela peut
assainir un climat. Troisièmement, le ministère qui s'occupe de
l'impôt sur le revenu en Ontario en aurait peut-être plus à
dire que le ministre là-dessus, parce que ceux qui se livrent à
la spéculation, d'ordinaire, n'écrivent pas un cahier pour
l'expliciter. Parfois, l'impôt sur le revenu fait des découvertes
à mesure que les années évoluent. Je pense que vraiment on
ne peut pas évaluer l'impact de cela seulement à partir du
montant de $2 millions que nous mentionne le ministre; il y a d'autres
éléments dont il faut tenir compte.
M. Goldbloom: C'est quand même une mesure.
M. Bédard (Chicoutimi): II y a au moins une
législation.
Le Président (M. Picard): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: M. le Président, le ministre des Affaires
municipales a souligné, tout à l'heure qu'il y aurait
éventuellement dépôt d'un projet de loi sur
le zonage agricole et une réglementation éventuelle sur le
contrôle de la vente des terres aux étrangers.
Cela s'applique en milieu rural, en dehors des grands centres, mais,
lorsqu'on regarde à l'intérieur des villes comme telles, la
spéculation foncière ne peut-elle être mieux contrée
par les villes elles-mêmes, par les municipalités
elles-mêmes que peut-être par le gouvernement? Je m'explique.
Si une ville prend à sa charge le fait de créer des zones
industrielles, de créer un parc industriel, ordinairement elle fait
l'acquisition de certains terrains dans ces zones, qui peuvent être
vendus à un prix qui peut probablement concurrencer le secteur
industriel concerné. De plus, la municipalité aujourd'hui peut
faire éventuellement l'acquisition de banques de terrains dans le
secteur de l'habitation. Si elle décide de développer un certain
nombre de secteurs domiciliaires, la municipalité qui a des terrains
dans un secteur particulier peut devenir le leader dans un prix qui peut
être fixé parmi les autres. En effet, si elle s'apperçoit
que les prix sont trop élevés dans les secteurs, elle peut, elle,
par son prix, ni plus ni moins, faire une certaine concurrence et forcer
justement les autres à s'ajuster à son prix.
M. Goldbloom: Je pense, M. le Président, que le
phénomène est fort complexe et je suis frappé par
l'article dont je viens de faire faire la distribution, dont le premier
alinéa se lit comme suit: "Selon une étude réalisée
récemment, les contrôles d'urbanisme sur le développement
des terrains contribuent plus que la spéculation à la hausse du
coût du sol."
M. Boutin: C'est vrai.
M. Goldbloom: Je pense qu'on doit donc être prudent en
suggérant que l'on peut intervenir sur le plan urbanistique pour
déterminer l'utilisation du sol et ainsi protéger
l'intérêt public. Aussi, parce que la loi oblige la
municipalité à agir publiquement, avec des avis
l'honorable député connaît cela mieux que moi, ayant servi
comme maire d'une municipalité la municipalité est en
quelque sorte obligée de dévoiler ses intentions. Dans un sens,
on dirait: Mais, c'est mieux comme cela, parce que le spéculateur ne
dévoile pas ses intentions. Quand même, il y a un problème
pour la municipalité, dans l'état actuel de nos lois, qui veut
agir de façon efficace dans ce sens.
Je crois que c'est un sujet qui mérite une discussion approfondie
et que les municipalités pourront nous faire des suggestions utiles,
quant au pouvoir qui pourrait leur permettre de faire un travail utile dans ce
sens.
Je crois devoir ajouter une chose. C'est que nous sommes loin, au
Québec, à cause de toute notre histoire, d'une situation comme en
Scandinavie, en Suède par exemple, où le sol est
propriété publique. Si nous pouvions acquérir tout notre
sol comme propriété publique, mais nous n'avons pas les moyens de
le faire à court terme.
Peut-être devrons-nous développer un processus qui nous
permettra, à la longue, de le faire, mais ceux qui m'en parlent me
disent: C'est le travail d'un siècle, et encore!
Alors, ce n'est pas, dans l'immédiat, un moyen de corriger un
problème, si un problème existe à un endroit
précis.
Le Président (M. Picard): Le député de
Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, j'ai une
couple d'interventions sur ce problème de la spéculation qui
implique Lebourgneuf, cela touche la région de Québec et je suis
au courant un peu de quelques éléments.
Il est entendu, comme le député de Chicoutimi l'a
mentionné, qu'il y a d'autres éléments qui sont
rattachés à ces cas de spéculation. Comme
expérience personnelle, je vous parlerais de la région de
Québec, du nouveau rôle d'évaluation qui vient d'être
déposé, un peu pour toutes les municipalités.
Je puis vous dire que je reçois plusieurs appels, toutes les
semaines, de propriétaires de terrains qui se disent ne plus être
capables de garder leurs terrains. Leurs terres étaient zonées
agricoles, mais aujourd'hui, suivant une loi qui a été
adoptée, et sur laquelle tout le monde était d'accord, au point
de vue de l'évaluation, quelqu'un qui ne fait plus d'agriculture n'a
plus le droit d'être évalué comme agriculteur. Donc, cela
pose un problème chez nous.
Alors, le propriétaire qui n'est pas capable de payer $10 000,
$12 000 ou $15 000 de taxes par année, que pensez-vous qu'il fait? Il se
revire vers celui qui a quelques sous à investir et il va lui vendre sa
terre. Cela, c'est le premier problème.
Le deuxième est le taux de construction. A l'heure actuelle, je
dirais depuis trois ans, c'est impossible de construire une maison
multifamiliale. Il n'y a aucun plan, soit du fédéral ou du
provincial, de prêt d'argent qui peut être octroyé, pour
l'instant, et l'on sait que le taux de vacance des logements est de moins de
1%.
Pouvez-vous imaginer si demain matin il y avait un plan, par un
gouvernement ou l'autre, fédéral ou provincial, à l'effet
qu'ils commencent à mettre de l'argent dans ces logements, on a des
endroits qui sont désignés comme zones multifa-miliales. Je me
bute à ce problème de propriétaires qui veulent vendre
leurs terrains pour faire de la construction de maisons unifamiliales, parce
que c'est ce qui fonctionne aujourd'hui.
Donc, c'est un peu l'offre et la demande, et ces propriétaires,
je les gèle. Je ne sais pas par quoi, mais peut-être que si
j'avais une poursuite demain matin je n'aurais pas le droit de faire cela.
Mais, pour l'instant je les gèle et je leur dis: Dans notre plan de
zonage, vous n'avez pas le droit de construire une maison unifamiliale à
cet endroit, c'est la maison multifamiliale. On me dit: M. le maire, quand
pourrons-nous construire la maison multifamiliale? Il n'y a aucun prêt,
il n'y a aucun marché d'ouvert pour cela.
Encore là, cela affecte le prix du terrain, parce que zoner
multifamillal, cela peut être du terrain à $1.20 ou à $1.30
le pied carré, tandis que zoner unifamilial, c'est demandé par le
propriétaire. C'est pour cela que notre fameuse loi qu'on pourrait
adopter...
M. Bédard (Chicoutimi): D'après les
réactions du gouvernement, vous luttez contre la spéculation.
M. Bédard (Montmorency): On lutte, mais, par contre, je
comprends les interventions de ceux qui sont propriétaires. On me dit:
M. le maire, je suis propriétaire, j'ai des biens qui m'appartiennent.
Si vous avez une automobile, vous êtes capable de la vendre la
journée où vous voulez la vendre. Nous, nous leur disons: Non,
parce qu'on a un plan de zonage, vous n'avez pas le droit de vendre votre
terrain. Il vous appartient, mais, si vous voulez faire quelques sous avec
cela, vous n'avez pas le droit de le faire. Vous savez, ce n'est pas clair. Il
y a du bon d'un côté, il y a du bon sur l'autre côté
et cela n'est pas facile.
Je viens de parler du genre de construction et du taux de construction.
L'expansion du territoire est un autre facteur qui fait que la
spéculation peut être de plus en plus forte. Quant à
Lebourg-neuf, il y a une décision qui aurait pu être prise
immédiatement; cela aurait été d'homologuer la partie
concernée, mais l'homologation a été enlevée aux
municipalités pour cinq ans. Pourquoi? Parce qu'il y a du monde qui a
exagéré encore. Admettons qu'il y a, dans ma municipalité
une certaine personne que je n'aime pas trop; si elle possédait du
territoire et voulait construire, je m'organisais pour homologuer son terrain
pendant cinq ans et je gelais tout. C'est pour cela que la loi a changé
et là on parle d'homologation pour un an. On peut homologuer pour un an
avec une demande, par la suite, d'un an ou de deux ans additionnels.
Là, je touche un peu l'article que j'ai lu, tantôt, qui
nous a été fourni par le ministre. Les "pelleteux de nuages" dont
j'ai toujours parlé; vous savez, il y en a qui font de très beaux
plans en couleur. Il y a de la couleur, c'est épouvantable; c'est beau
à la présentation, Lebourgneuf, nous, les autres
municipalités de territoire de la Communauté urbaine, on
regardait cela et on trouvait cela beau; comme premier projet, c'est du
tape-à-l'oeil, mais quand on vient pour investir dans cela... Comment se
fait-il que, chez nous, sur nos territoires, on demande aux promoteurs de
donner les rues pour un dollar? Pourquoi, dans une autre municipalité,
le gouvernement viendrait-il subventionner pour acheter des terrains pour faire
des rues? On a le droit de se poser cette question.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas sous l'angle de la
spéculation; c'est sous l'angle de la réalisation du projet.
M. Bédard (Montmorency): Oui, mais cela se touche,
là, parce que la spéculation, vous la réali- sez quand
vous venez pour exécuter votre projet. Tant qu'il n'y a pas
d'exécution, de la spéculation, il n'y en a pas. On parle de ceux
qui ont vendu leur terrain dans la même journée et qui ont fait $2
millions de profit. S'il n'y avait aucune construction qui se faisait en 20
ans, je peux vous dire qu'il n'y en aurait plus de spéculation, parce
que, dans 20 ans, le terrain va valoir plus de $0.30 le pied carré.
M. Bédard (Chicoutimi): Sauf que, dans le cas de
Lebourgneuf, il y a peut-être des attentes que la ville de Québec
avait qui ne se sont pas concrétisées aussi rapidement qu'on ne
le voulait, ce qui a permis...
M. Bédard (Montmorency): Pas concrétisées?
J'ai des objections.
M. Bédard (Chicoutimi):... à des
spéculateurs d'avoir un délai encore plus grand pour pouvoir
jouer. Cela a peut-être été occasionné par des
difficultés d'entente entre le fédéral et le provincial
aussi, concernant certaines aides qui devaient être apportées.
M. Bédard (Montmorency): Mais, concernant certaines aides,
je suis certain que le fédéral et le provincial cela ne
fait pas partie du fédéral; cela fait partie du provincial
se posent des questions sur l'argumentation que je viens de vous apporter. On a
étudié, en commission parlementaire, différents projets de
loi pour des municipalités qui nous ont présenté des
amendements à leur charte. Sur les fameux 10% d'espaces verts, je sais
que vous étiez d'accord et que tout le monde à la commission
était d'accord. J'avais apporté une restriction; j'avais
demandé qu'on passe de 10% à 5%. Vous savez, les espaces verts,
les arbres et le gazon, c'est beau, mais aujourd'hui qu'est-ce qu'il en
coûte aux propriétaires de maisons unifamiliales? On vient
d'augmenter son permis de construction de $400 avec l'amendement que nous avons
apporté qui portait cela à 10%. Aujourd'hui, on reçoit ce
monde-là; celui qui vient d'acheter le terrain à $0.30 le pied
carré sera obligé de vendre son terrain plus cher que ce qu'il
l'a payé, lorsqu'on viendra à mettre en exécution
Lebourgneuf. Mais pourquoi? Pour toutes ces fameuses mesures que nous adoptons.
La pollution, c'est encore une autre chose. On en demande pas mal.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, pas à Lebourgneuf.
Quand on parle...
M. Bédard (Montmorency): Ce sont les
problèmes...
M. Bédard (Chicoutimi): ... d'un cas comme cela, c'est
parce que, dans la même journée, on a un montant global qui passe
de $2 millions et quelques mille à $4 millions. Le terrain passe
de...
M. Bédard (Montmorency): Oui.
M. Bédard (Chicoutimi):... $0.17 le pied carré
à $0.30 ou un peu plus le pied carré.
M. Bédard (Montmorency): Cela s'explique de la
façon suivante.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ce qu'on appelle
carrément, comme le ministre l'a qualifié aussi, à moins
qu'il n'y ait des éléments bien spéciaux, un cas de
spéculation foncière. C'est une situation qu'il faut
réprouver...
M. Bédard (Montmorency): Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): ... qu'il faut corriger.
Ce qui est tragique, le ministre la réprouve, la trouve
dramatique aussi, mais la ville de Québec ne peut rien faire
légalement pour contrer des situations...
M. Bédard (Montmorency): Oui...
M. Bédard (Chicoutimi): ...et le gouvernement...
M. Bédard (Montmorency): ...elle peut le faire et elle
peut...
M. Bédard (Chicoutimi): ...à part de
réprouver la situation ne semble pas déterminé à
faire quelque chose puisqu'on dit qu'on est obligé de constater qu'il
n'y a pas de désir, de la part du ministère des Affaires
municipales ou du ministre, de légiférer dans ce secteur.
M. Bédard (Montmorency): J'ai été satisfait
de la réponse du ministre. Légiférer quand on a des
problèmes, disons, sur une échelle de 2% ou 3% et qu'on veut
régler tous les problèmes de la province de Québec parce
qu'on a des problèmes à un certain endroit, c'est dangereux.
J'appuie le ministre à 100% lorsque je vois...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous l'approuvez de ne pas vouloir
légiférer?
M. Bédard (Montmorency): Non, de prendre son temps et de
prendre ses informations.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela, il a le droit de prendre
ses...
M. Bédard (Montmorency): Mais on lui reproche souvent de
procéder de cette façon et je pense que c'est lui qui a encore la
meilleure façon, du moins dans ce domaine. L'argumentation que je viens
de présenter est vraie. C'est facile de parler de vos $0.17 à
$0.30...
M. Bédard (Chicoutimi): Votre équilibre
budgétaire s'est réglé?
M. Bédard (Montmorency): Non, non, ce n'est pas un
problème, cela. Ne changeons pas la discussion. C'est facile de
répondre sur les $0.17 à $0.30. Pour l'évaluation, c'est
quelque chose, la nouvelle loi sur l'évaluation que nous avons
adoptée l'an dernier. Cela fait mal à quelqu'un parce qu'on a
voulu régler encore. Certaines propriétés pour l'instant,
n'ont pas une grosse valeur, mais par ce rôle d'évaluation...
c'était zoné agricole, pourquoi c'était zoné
agricole? Des fois, sur dix acres, il va y avoir deux acres en agriculture.
Mais aujourd'hui, on a des propriétaires de terres complètes qui
n'ont même pas $2000 dans leur compte de banque et on leur envoie des
comptes de taxes de $8000 et de $10 000, c'est un fait. Mais pourquoi? Parce
qu'on a voulu régler globalement les problèmes qu'il y avait dans
d'autres régions. C'est pour cela...
M. Bédard (Chicoutimi): On n'a pas réglé, on
a voulu régler les problèmes...
M. Bédard (Montmorency): On en a réglé pas
mal.
M. Bédard (Chicoutimi): On a voulu...
M. Bédard (Montmorency): Nous autres, comme administration
municipale, cela nous fait plaisir.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais dans le cas de Lebourgneuf,
quelles que soient les situations au niveau du rôle d'évaluation
et de tout ce que vous voudrez, ou différents amendements qui sont
apportés à des lois, le député de Montmorency
admettra que l'on est en face d'une hausse artificielle...
M. Bédard (Montmorency): Une hausse... M. Bédard
(Chicoutimi): ...inacceptable...
M. Bédard (Montmorency): ...artificielle parce que c'est
dans ...
M. Bédard (Chicoutimi): ...à l'intérieur
d'une même journée, sur des terrains très
précis.
M. Bédard (Montmorency): Je n'accepte pas votre mot
"artificiel".
M. Bédard (Chicoutimi): Même si ce n'est pas un cas
de spéculation, au bout de la ligne, c'est la collectivité qui
paie. Il a droit à son opinion mais je crois qu'à moins qu'il y
ait des explications très valables qui soient données, je pense
que c'est l'idée du ministre aussi...
M. Bédard (Montmorency): Monsieur...
M. Bédard (Chicoutimi): ...nous sommes en face d'un cas de
spéculation. Je demande au ministre, dans un tel cas, est-ce que la
ville légalement peut faire quelque chose?
M. Bédard (Montmorency): Oui, elle avait quelque chose
à faire.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministère
peut faire quelque chose? Est-ce que le gou-
vernement fait quelque chose, pense à une législation pour
pouvoir intervenir dans des cas comme celui-là? On me dit non.
Remarquez, j'ai posé la question...
M. Bédard (Montmorency): Non, non, on n'a pas dit non. On
a dit que le gouvernement pense à quelque chose...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce que ne sait pas le
député de Montmorency ou le ministre...
M. Bédard (Montmorency): Il n'y a pas grand-chose qu'il ne
sait pas.
M. Bédard (Chicoutimi): ...du comté de Montmorency
en tout cas, on va attendre le prochain remaniement c'est que
cette question, pour ma part, je l'ai posée l'an passé,
concernant le problème de la spéculation foncière;
d'autres qui m'on précédé l'ont posée, j'ai
été à même de le constater lors de l'étude
des crédits. Qu'on s'accorde un temps de réflexion, je suis bien
d'accord, mais à un moment donné, la réflexion, il faut
qu'elle se termine et il faut...
M. Bédard (Montmorency): Ce n'est pas facile.
M. Bédard (Chicoutimi): ...que cela aboutisse.
M. Bédard (Montmorency): Si j'étais assis à
votre place, M. le député de Chicoutimi, j'en poserais encore
d'autres questions. C'est beaucoup plus facile envers le gouvernement.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est jamais...
M. Bédard (Montmorency): Mais prendre la
décision...
M. Bédard (Chicoutimi): ...si facile que cela que
d'être dans l'Opposition, il ne faudrait pas l'oublier.
M. Bédard (Montmorency): C'est très facile.
M. Bédard (Chicoutimi): II ne faudrait pas que vous
l'oubliiez.
M. Bédard (Montmorency): Non, non, c'est la position la
plus facile qu'il n'y a pas.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous n'avez pas
été...
M. Bédard (Montmorency): La journée où vous
allez avoir à prendre des décisions, j'ai hâte de la
voir.
M. Bédard (Chicoutimi): Y avez-vous déjà
été, dans l'Opposition?
M. Bédard (Montmorency): Non, je ne l'ai jamais
été.
M. Bédard (Chicoutimi): Bon! Vous saurez...
M. Bédard (Montmorency): ...l'Opposition.
M. Bédard (Chicoutimi): ...que c'est plus difficile que
cela quand on veut faire une opposition responsable, une opposition qui soit
positive, dans le sens qu'il faut regarder les problèmes...
M. Bédard (Montmorency): Vous avez des...
M. Bédard (Chicoutimi): ...il faut les analyser. Ce n'est
pas nécessairement négatif, critiquer.
M. Bédard (Montmorency): Non, non.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est le rôle de
l'Opposition d'évaluer les situations et, après cela, de les
évaluer correctement pour proposer des solutions. On en a
proposé, l'an passé, on en a parlé avec le ministre, l'an
passé. Que ce soit dans l'habitation, on a proposé, encore tout
dernièrement, certaines mesures, qui ne sont peut-être pas les
meilleures mais qui, à notre humble opinion devraient être
acceptées par le gouvernement pour au moins améliorer la
situation dans le domaine de l'habitation. On aura l'occasion d'en discuter
à ce programme.
C'est la même chose dans d'autres domaines, sauf que lorsqu'on
parle de la spéculation foncière, c'est bien beau de
réfléchir mais, à un moment donné, le
député de Montmorency va admettre qu'un gouvernement il
n'arrête pas de le dire il faut que cela agisse et que cela se
conduise comme un gouvernement. Il faut donc qu'il agisse. C'est de l'action
qu'on attend du ministre des Affaires municipales.
M. Goldbloom: Je ne veux pas interrompre cette "prise de
Bédard" mais, justement, c'est au gouvernement parce que c'est le
gouvernement de choisir d'agir, d'attendre ou de ne pas agir. C'est la
population qui juge. C'est normal.
M. Bédard (Chicoutimi): Je sais que c'est la
responsabilité du gouvernement d'agir, mais je tiens à dire que,
concernant la spéculation foncière, on ne sent pas la
volonté du gouvernement ou la volonté du ministre des Affaires
municipales d'agir. Je pense que, si c'est le cas, s'il se confine ou se
complaît dans une attitude d'attente et d'examen de ce qui existe
ailleurs, à partir du moment où il a accepté, tout
à l'heure, de considérer la spéculation comme étant
un cas grave, à quelque pourcentage qu'elle puisse se rencontrer sur le
territoire québécois, l'attitude du ministre est inacceptable
quand, tout simplement, il nous dit que le gouvernement, c'est lui qui
décide et c'est lui qui attend s'il le veut. Je crois que dans un cas
comme cela, il ne doit pas attendre, le gouvernement.
M. Goldbloom: M. le Président, c'était un
commentaire d'ordre général seulement. Nous avons
déjà établi, au cours de cette discussion, ce matin, que
le phénomène peut être identifié comme étant
localisé. Un exemple a été fourni par le
député de Chicoutimi. Il y en a d'autres sûre-
ment. Mais quand on regarde les tendances générales, il y
a absence de preuves que c'est une chose généralisée. J'ai
essayé de fournir des explications à savoir pourquoi,
effectivement, ce n'est pas aussi généralisé chez nous que
dans d'autres provinces canadiennes.
Ce n'est pas dire que le problème est inexistant et qu'on ne va
rien faire. Ce que j'ai dit, c'est que nous avons vu l'Ontario agir. Nous avons
obtenu récemment des analyses de l'effet de cette action ontarienne.
Nous ne sommes pas impressionnés par l'effet de cette mesure. Nous ne
sommes donc pas prêts à imiter l'Ontario et à adopter la
même loi. Je n'ai pas, en ce moment, de mesure législative
à proposer parce que, justement, nous pensions, l'Ontario étant
une province comparable à la nôtre, bien administrée, de
façon générale, et intelligente, que les résultats
seraient bons. Or, nous constatons que les résultats sont bien
variables. On n'a pas obtenu les bénéfices que l'on cherchait et
on a intensifié une tendance qui existait déjà en Ontario,
soit de faire disparaître le petit entrepreneur.
Justement, M. le Président, au Québec, il y a des gens qui
me disent: Nous devrions agir de la même façon que les autres
provinces et imputer au promoteur tout le coût des services. Au premier
abord, notre réaction a été que c'était une bonne
idée parce que si c'est le promoteur qui est obligé de payer et
de financer ces services, il n'y aura pas besoin d'un budget aussi important au
ministère des Affaires municipales pour donner des subventions aux
municipalités pour ces mêmes services.
Mais quand on pousse la réflexion un peu plus loin, on se dit:
Mais quand même, le petit ne serait pas en mesure de financer ces
services et disparaîtrait du marché. Le public serait moins bien
servi dans un tel cas.
Alors, il faut que l'on fasse les mêmes réflexions en ce
qui concerne une loi possible pour réprimer la spéculation
foncière. Il faut être certain que le résultat ne sera pas
celui que l'on constate déjà en Ontario, soit une disparition
accélérée du petit entrepreneur.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais je pense que le ministre doit
être "honnête", quand il apprécie les effets de la loi
ontarienne. Ce n'est pas seulement à partir du montant de $2 millions
qu'il nous a mentionné, qu'a pu retirer le gouvernement de l'Ontario en
vertu d'une loi antispéculation, qu'il faut juger la loi. Loin de
là. Le ministre ne peut pas nous dire, à l'heure actuelle, j'en
suis convaincu, jusqu'à quel point une loi antispéculation, telle
qu'elle a été faite par l'Ontario, a pu avoir comme effet
d'empêcher des ventes spéculatives. C'est cela l'importance de la
loi. C'est là qu'on peut en voir véritablement les effets. Ce
n'est pas tellement un montant de $2 millions; on le sait, il y a $2 millions,
il y a tout ce qui se cache là comme ailleurs. Ce qui est important, je
pense, quand on fait l'analyse des effets d'une loi, surtout quand on parle de
loi antispéculation, c'est d'évaluer jusqu'à quel point
cela a pu contribuer à empêcher des ventes spéculatives
sous cet aspect.
C'est une loi dissuasive, puis je pense que, si on l'analysait sous cet
angle, on serait peut-être surpris de voir jusqu'à quel point
l'Ontario et la collectivité ontarienne peuvent être satisfaits de
cette loi.
M. Goldbloom: Le raisonnement du député de
Chicoutimi est certainement valable. Je ne voudrais pas essayer... Il aura
remarqué que je ne suis pas revenu à ce chiffre de $2 millions,
tout à l'heure.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, non!
M. Goldbloom: J'ai parlé d'un autre
phénomène qui, à long terme, m'inquiète quant
à l'évolution de la société
québécoise...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est la disparition des petites
entreprises.
M. Goldbloom:... qui est la disparition des petites
entreprises.
M. Bédard (Chicoutimi): Nous allons continuer, nous aussi,
de vérifier ces affirmations du ministre. Dernière question
peut-être, globalement. Dans les douze prochains mois, qu'est-ce que le
ministre entend faire sur le problème particulier de la
spéculation foncière? De telle façon qu'aux prochains
crédits on puisse voir jusqu'à quel point...
M. Goldbloom: D'abord, M. le Président, j'ai promis de
regarder si nous avons d'autres chiffres que nous pourrons présenter
dans l'immédiat ou à peu près. Deuxièmement, nous
allons continuer notre évaluation des effets de la loi ontarienne et
essayer de développer quelque chose à l'égard des
transactions de la nature de celles que le député a citées
à même un article de journal. Nous aurons, entre-temps, je pense,
selon les intentions du gouvernement, proposé des mesures en ce qui
concerne l'acquisition du sol québécois par des étrangers.
Je pense que nous aurons aussi et là je parle avec un peu plus de
précision, étant responsable du projet de loi
adopté une loi de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire.
Et, malgré l'affirmation que j'ai citée dans l'article du Devoir
du 5 février, je pense que nous aurons, en même temps,
réfléchi sur l'impact de cette intervention dans le domaine de
l'urbanisme, sur les tendances des valeurs, des coûts des terrains et des
maisons. Et s'il y a moyen d'éviter que la même chose se produise,
par l'application de notre loi, nous aurons essayé de réussir
cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre parle de
légiférer concernant les ventes de terres à des
non-résidents au Québec. L'an dernier, j'avais parlé au
ministre du problème de l'achat massif par les non-résidents. Le
ministre, je me rappelle, à ce moment, avait en quelque sorte nié
le problème.
II avait même dit qu'il pouvait difficilement
légiférer. Si je me reporte à l'étude des
crédits de l'an passé, à la page B-1392, alors que je
posais des questions sur ce problème et que je demandais au gouvernement
de légiférer parce que la situation était peut-être
plus grave qu'on ne pouvait le croire de prime abord, le ministre m'avait fait
cette réponse qui est à la page B-1392: "Nous n'avons pas,
jusqu'à maintenant et d'ailleurs ce serait un problème qui
impliquerait le gouvernement du Canada voulu légiférer
contre l'achat de terrains par des gens qui ne sont pas de chez nous."
Il semblait qu'à ce moment il y avait un gros problème
quand j'ai soulevé la question de ventes de terres à des
non-résidents. Il semblait qu'il y avait un gros problème entre
le fédéral et le provincial, qui avait eu pour effet que le
gouvernement ne voulait pas légiférer contre l'achat de terrains
dans ce sens. Est-ce que je dois comprendre que le problème est
réglé?
M. Goldbloom: Je dois le présumer. Ce n'est pas celui qui
vous parle qui est responsable de cet éventuel projet de loi. Nous
avons, effectivement, un ministère des Affaires intergouvernementales
pour régler les problèmes de juridiction entre les divers
paliers. J'avais justement dit, l'an dernier "jusqu'à maintenant" le
député de Chicoutimi m'a cité. Alors, maintenant, il y a
une solution en perspective.
M. Bédard (Chicoutimi): Qu'est-ce qui a fait que le
ministre a changé d'idée puisque maintenant il croit que c'est
bien important de légiférer dans ce domaine, alors qu'il ne
semblait pas voir...
M. Goldbloom: II me semble que, d'après la citation que le
député de Chicoutimi a faite, j'ai dit tout simplement, l'an
dernier, que "jusqu'à maintenant", le gouvernement n'a pas pris une
décision et il constate une difficulté possible d'ordre
constitutionnel. C'est justement parce que le gouvernement a trouvé
moyen de légiférer sans provoquer un conflit avec le gouvernement
fédéral que l'affirmation a été faite dans le
discours inaugural.
Le Président (M. Picard): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: Ce que je pourrais ajouter là-dessus,
même si le député de Chicoutimi l'a souligné l'an
passé c'est que le comité de l'agriculture dont je fais partie a
étudié la question depuis le 1er août 1974. Je crois bien
que c'est surtout à travers ce ministère, sur la question de la
protection du sol arable, que s'est élaborée davantage cette
prise de position du gouvernement, il y a déjà plusieurs
années.
M. Bédard (Chicoutimi): La prise de conscience du
problème, j'hésite à croire que le gouvernement l'a depuis
plusieurs années. Il me semble que, si c'était le cas, il aurait
pensé à légi- férer avant. D'ailleurs, l'an
dernier, lors de l'étude des crédits, je soumettais des cas
précis au ministre des Affaires municipales, comme dans la région
de la Gatineau où on assistait à des ventes massives de terre
à des étrangers. Je me rappelle lui avoir parlé,
également, de certains cas qu'on pouvait déceler dans le
comté de Roberval. C'était quand même assez surprenant
quand on en voit la situation géographique. Je me rappelle qu'à
ce moment le ministre, devant ces inquiétudes que je manifestais,
disait, à la page B-1379 des crédits du ministère: "Ce
n'est pas encore clair malgré les inquiétudes que l'on peut avoir
devant certaines actions, celles, par exemple, que le député de
Chicoutimi a cités autour du lac Bleu dans la Gatineau.
"Peut-être, mais il n'est pas encore prouvé que c'est une chose
qui nuit au bien commun présentement et que nous devons intervenir d'une
façon draconienne par législation. Donc, nous ne sommes pas
encore intervenus". Est-ce que je dois comprendre que, maintenant, le
gouvernement et le ministre des Affaires municipales ont réalisé
que la situation était telle que cela pouvait aller contre le bien
commun et qu'il fallait légiférer de façon draconienne
dans ce domaine?
M. Goldbloom: M. le Président, un gouvernement agit en
vertu de son analyse d'une situation. C'est évident que, si le
gouvernement a voulu passer à l'étape d'une législation
dans ce domaine, c'est parce qu'il l'a cru nécessaire.
M. Bédard (Chicoutimi): Je dis à l'intention du
député de Montmorency que, lorsqu'on a sou:
levé le cas l'an passé, il a pu nous trouver
négatifs ou alarmistes. Maintenant, je pense que c'est un cas où
une Opposition qui est vigilante peut réveiller le gouvernement
concernant certains problèmes sur lesquels nous pouvons
légiférer.
M. Bédard (Montmorency): Un des problèmes.
M. Bédard (Chicoutimi): II y en a d'autres; attendez, je
vous en donnerai d'autres. L'an passé, j'avais demandé au
ministre de nous donner un tableau exact du nombre approximatif d'acres qui
sont entre les mains des Américains. Est-ce que le ministre est en
mesure de nous fournir ce tableau qui nous permettrait de voir l'ampleur du
problème de l'achat massif de terrains par des non-résidents du
Québec et des non-résidents du Canada?
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai mentionné,
hier, je pense, qu'il y a un travail conjoint que nous avons poursuivi avec le
ministère de l'Agriculture. Il y a un chiffre global, je ne l'ai pas en
mémoire. J'irai l'obtenir et je le fournirai.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'on peut compter l'avoir
assez rapidement?
M. Goldbloom: Oui, oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Ou est-ce qu'il faudra aller au
ministère des Terres et Forêts?
M. Goldbloom: Le ministère de l'Agriculture a
déterminé le nombre d'acres au Québec entre les mains
d'étrangers dans le milieu agricole. Il est beaucoup plus difficile de
le faire dans d'autres milieux que le milieu agricole, mais c'est celui qui est
le plus menacé, je dirais.
Le Président (M. Picard): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que, mardi prochain, on
pourrait avoir ce tableau dont vous nous aviez parlé?
M. Goldbloom: Disons la semaine prochaine, mais, M. le
Président, je ne suis pas certain qu'il y a un tableau
détaillé municipalité par municipalité ou
comté par comté ou même région par
région.
M. Bédard (Chicoutimi): Par région.
M. Goldbloom: C'est possible que nous l'ayons par région,
mais c'était relativement difficile d'arriver à cette
détermination et je suis certain que c'est, dans une certaine mesure,
une estimation. A même les données qu'on a pu obtenir à
certains endroits, on a fait des extrapolations. Alors, il se peut que l'on ne
puisse produire qu'un seul chiffre pour la province, mais au moins ce chiffre,
je pourrai le fournir la semaine prochaine.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, mardi. M. Goldbloom:
Je le crois, je le crois.
M. Boutin: M. le Président, dans le cas actuel, je crois
que le mot étranger est assez relatif si on regarde le problème
de la spéculation foncière, c'est surtout cela qu'on veut
regarder. En effet, on peut dire qu'un résident de Montréal qui
achète des terres dans l'Abitibi est un étranger.
M. Bédard (Chicoutimi): Non.
M. Boutin: Oui, on peut prendre cela de cette façon, si
cet achat est fait dans un but éventuel de spéculation
foncière et non dans le but simplement de se servir de terrain pour en
faire la culture.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est assurément pas un
étranger au sens où on l'entend normalement.
M. Boutin: Bien, le mot étranger veut dire pour la
non-culture; c'est cela que cela veut dire.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, non! On parle du
Québec, on parle du Canada. L'étranger, c'est celui qui, il me
semble, est extérieur au Québec ou extérieur au Canada,
c'est tout.
M. Goldbloom: Formidable!
M. Boutin: Cela s'améliore.
M. Goldbloom: C'est la position du Parti
québécois.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, non...
M. Goldbloom: Les Canadiens ne sont plus des
étrangers!
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai bien dit: extérieurs
au Québec.
M. Boutin: Cela peut sembler drôle, mais je le prends comme
cela.
Le Président (M. Picard): Dois-je comprendre que le
député d'Abitibi-Ouest est un étranger à
Québec actuellement?
M. Boutin: N'étant peut-être pas un très bon
citadin par caractère, je suis un étranger, M. le
Président.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que ce que...
M. Bédard (Chicoutimi): Méchamment, il était
passager.
M. Goldbloom: ... souligne le député
d'Abitibi-Ouest a son importance quand même. Il y a une question
d'origine, de lieu de résidence, mais il y a aussi une question de
motivation, de raison derrière l'action entreprise. Celui qui est de
chez nous peut agir contre le bien commun tout comme celui qui est de
l'extérieur, et l'inverse est également possible. Que
celui...
M. Bédard (Chicoutimi): On en reviendrait à la loi
sur la spéculation foncière. Celui qui vient vraiment de
l'extérieur d'une région et qui, tout d'un coup, se sent vraiment
intéressé à acquérir bien des acres de terrain,
tout en gardant sa résidence à Montréal ou à
Québec, ou bien avec d'autres objectifs.
M. Goldbloom: II y a des questions d'ordre de grandeur
là-dedans, c'est clair. Personnellement, je ne voudrais pas refuser
à quelqu'un, d'un peu n'importe où, la possibilité de
venir bâtir une maison sur un terrain n'importe où au
Québec. Ce n'est pas ce que je voudrais éviter, rendre difficile
ou impossible; c'est l'intervention massive qui empêche la bonne
utilisation du sol à l'intention des Québécois qu'il faut
réprimer.
M. Bédard (Chicoutimi): Seulement une question. Dans des
cas particuliers, je pense qu'on pourrait prévenir un peu la
spéculation. Je pensais à un cas particulier, puisque le
député parle de l'Abitibi. Je fais allusion à la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, entre autres, à
Saint-Félicien, où il y a l'annonce d'un projet d'envergure.
Quelquefois, l'annonce d'un tel projet ouvre la porte à beaucoup de
spéculation au niveau de l'achat de
terrains, ou encore développement de commerce, etc.
Est-ce que le gouvernement, sans intervenir d'une façon
journalière, est porté à examiner une situation comme
celle-là, de manière à prévenir peut-être des
abus qui font que, au bout de la ligne, ce sont les citoyens qui paient?
M. Goldbloom: A brûle-pourpoint, M. le Président, je
n'ai pas de mesure à proposer. Il me semble que du moment où l'on
annonce un projet d'envergure on fait monter la valeur des terrains dans la
périphérie. Il n'y a pas moyen d'en sortir. Tant et aussi
longtemps que c'est un milieu absolument rural. Dans certains cas, on pourrait
voir des terrains qui ne sont même pas cultivés et ne sont pas
boisés non plus, dans le sens d'avoir une valeur comme terrain
boisé. Il est évident que du moment qu'on parle de l'implantation
d'une usine quelconque, il y a un intérêt inévitable et
l'intérêt a son influence sur le marché.
Alors, la question, à mon sens, revient...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce sont des excès.
M. Goldbloom: ... à celle que nous avons examinée
auparavant. C'est-à-dire, qu'est-ce qu'on fait avec les transactions
essentiellement fictives?
M. Bédard (Chicoutimi): Eviter les excès. M.
Goldbloom: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans un autre ordre
d'idées. Le ministre, comme membre du comité
interministériel sur l'aménagement du territoire, a-t-il pu
vérifier s'il est exact que la belle promesse, qui est
répétée depuis au moins trois discours inauguraux, sans
concrétisation législative, concernant le zonage des terres
agricoles, est disparue du dernier discours inaugural?
Si c'est le cas, le ministre a-t-il vérifié? Peut-il nous
en donner la raison?
M. Goldbloom: M. le Président, je sais que la mention est
faite dans le discours inaugural de cette année. Je n'ai pas pris le
temps de regarder les autres discours pour savoir si...
M. Bédard (Chicoutimi): Le contraire, c'est qu'elle n'y
serait pas cette année. La mention n'en serait pas faite cette
année de l'intention de proposer une loi dans ce sens.
M. Goldbloom: La mention y est cette année, M. le
Président, je l'ai entendue de mes propres oreilles.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre l'affirme.
Cette année, dans le discours inaugural, on parle des
non-résidents, d'une loi en fonction de...
M. Goldbloom: Et on parle du zonage agricole, M. le
Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre a
vérifié.
M. Goldbloom: J'ai franchement des choses encore plus importantes
à faire, mais l'importance...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous ne trouvez pas que le zonage
des terres agricoles est important?
M. Goldbloom: Franchement, M. le Président!
M. Bédard (Chicoutimi): Dois-je comprendre que ce qu'il y
a dans le discours inaugural n'a pas tellement d'importance pour le ministre?
Normalement, on en fait beaucoup état parce qu'on dit que ce sont les
intentions d'un gouvernement. Quand il y a des choses qu'on n'y retrouve pas,
je pense qu'il y a lieu de s'en inquiéter; le problème du zonage
des terres agricoles est un problème important. On trouvait important
dans les autres discours inauguraux d'en parler, d'expliciter, au moins,
l'idée du ministère, la volonté du gouvernement de faire
quelque chose alors qu'on ne retrouve pas la même situation dans le
dernier discours inaugural. Enfin, si le discours inaugural n'est pas
important...
M. Goldbloom: M. le Président, je viens de constater une
légère baisse dans le niveau de la discussion. Je pense que nous
avons poursuivi une discussion assez importante jusqu'à maintenant
et...
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'il va y avoir, cette
année, une loi en ce sens?
M. Goldbloom: On l'a déjà indiqué, c'est
dans le discours inaugural, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): II va y avoir une?
Assurément?
M. Goldbloom: Oui, oui.
Le Président (M. Picard): Maintenant, j'aimerais...
M. Bédard (Chicoutimi): Lorsqu'on a parlé de
spéculation, le ministre a souvent fait allusion à une situation
qui existait dans certaines agglomérations où on faisait payer
directement aux utilisateurs les équipements collectifs nouveaux lors
d'un développement domiciliaire ou autre. Vous avez cité, entre
autres, le cas de l'Ontario, je pense, d'une façon globale. Nous avons
parlé de ce qui se faisait dans le Québec, le rapport
Cas-tonguay, à la page 222. Si vous voulez me donner un instant. A la
page 222, le rapport Castonguay explicite ceci: En ce qui concerne la
spéculation, il est certain que, si une municipalité fournit des
services sur des terrains vacants sans en faire payer le coût aux
propriétaires, il en résulte pour ces derniers une incitation
à retarder le développement de leur propriété. Le
remède n'est donc pas de dénoncer la spéculation
selon lui mais d'établir un système de taxation valable
pour que les propriétaires supportent le coût des services qui
leur sont offerts.
Si cette condition est réalisée, les initiatives
privées s'inséreront mieux dans le cadre d'un
développement qui doit se faire au meilleur intérêt de la
collectivité. J'aimerais savoir ce que le ministre pense de cette
manière de voir les choses de la part des responsables du rapport
Castonguay.
M. Goldbloom: Si l'on met ce commentaire, cette expression
d'opinion du groupe Castonguay en conjoncture avec la recommandation du
même document que le sol soit taxé proportionnellement plus que
les bâtiments érigés là-dessus, on arrive à
cette conclusion et c'est ce que j'ai répondu vers le
début de l'avant-midi au député de l'Abitibi-Ouest
que ce serait une incitation au développement des terrains vacants dans
des secteurs où il y a un développement qui commence.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce l'objectif du gouvernement
de faire payer?
M. Goldbloom: Oui, c'est un objectif que nous avons depuis un
certain temps en constatant le coût relatif des services, quand la
densité de la population est relativement faible. Justement, comme le
souligne le rapport Castonguay, quand on pose l'aqueduc et les égouts,
quand on fournit un transport en commun, si le nombre de contribuables qui
peuvent payer, qui sont appelés à payer, qui sont appelés
à utiliser ces services et donc acquérir l'obligation de payer
est restreint, la rentabilité des services eux-mêmes est
faible.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre dit que c'est un
objectif. Qu'est-ce que le gouvernement va faire pour concrétiser cet
objectif?
M. Goldbloom: Je pense, M. le Président, que la
recommandation fondamentale du rapport Castonguay est une recommandation que
nous devrons examiner ici, à la commission parlementaire. Cet
éclairage permettra au gouvernement de prendre une décision au
niveau du Conseil des ministres. C'est une recommandation qui est
intéressante mais qui, à mon sens, ne constitue pas un
remède universel. Ce n'est pas dans un sens péjoratif que je dis
ceci. A la lecture du rapport Castonguay, je me suis demandé: Est-ce que
c'est conçu comme remède universel par les membres du groupe de
travail? Je crois que non. Mais c'est une hypothèse qui revient à
plusieurs reprises dans le document.
Je crois que nous devrons en examiner toutes les implications et que
nous devrons inviter les municipalités à en examiner toutes les
implications et à nous dire, à même leur expérience
vécue, quel serait l'effet, quel serait l'avantage ou le
désavantage d'une telle mesure pour les municipalités.
Le Président (M. Picard): Sur ce point, je crois qu'il y
aurait avantage à voir l'expérience vécue du
maire-député de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): Justement, sur ce point...
Une Voix: On verra.
M. Bédard (Montmorency): ... je voudrais signaler au
ministre qu'il nous a présenté le projet de loi no 255 dans
lequel un article stipule qu'il y aura des charges de faites sur les lots
vacants, et la définition du lot vacant se lit comme suit: "A savoir que
tout lot est décrété vacant lorsque les services
d'aqueduc, d'égout, de voirie sont en front dudit lot". Donc, c'est
déjà quelque chose qui fait partie d'une loi. Je pense qu'on l'a
donné, par d'autres amendements de charte, à certaines
municipalités, et je crois que c'est un pas vers la bonne direction,
pour faire payer les citoyens qui viennent faire des promesses auprès de
leur conseil de ville, disant qu'ils sont intéressés à
construire immédiatement, et lorsque les services sont installés
ils ont toujours des raisons pour dire: Ah! cette année, cela ne nous
adonne pas trop. Ils ont acheté leur terrain $2000 et, compte tenu des
services qui sont installés, l'asphalte, les égouts, les
chaînes de rue, tout est posé, au bout d'un an cela en est,
de la spéculation ils vont vendre leur terrain $5000, $6000.
C'est fini ce temps-là, avec un tel article de loi. Je profite de
l'occasion pour remercier le ministre de nous avoir donné cet article
qui nous permet de travailler. Les comptes de taxes sont envoyés. Je
peux vous dire qu'il y en a qui ne sont pas heureux parce qu'ils ont
été déjoués. Mais comme administrateurs municipaux,
on devait le faire et on est très heureux de l'expérience, M. le
ministre. S'il y a d'autres municipalités qui demandent cette mesure,
donnez-la-leur.
Le Président (M. Picard): Le député de
Prévost.
M. Parent (Prévost): Est-ce que le ministre va
l'étendre au reste de la province ou strictement lors d'amendements de
charte de municipalités?
M. Goldbloom: Je pense, M. le Président, que le
témoignage que vient de nous donner l'honorable député de
Montmorency est passablement éloquent. Une chose est certaine: Si
d'autres municipalités me fournissent le même genre de
témoignage et si l'Union des municipalités du Québec
recommande que ce soit une mesure généralisée, je n'aurai
certainement pas d'objection.
M. Bédard (Chicoutimi): Lors de l'étude des
crédits l'an dernier, le chef de l'Opposition avait soulevé un
cas bien particulier, en ce qui a trait à une décision qui avait
été prise, le 23 décembre 1971, par M. Richard Beaulieu,
sous-ministre des Affaires municipales, alors qu'il avait approuvé
l'ouverture officielle d'une rue, tel que requis par la cité de Sillery.
Or, cette rue se trouvait dans un secteur considéré comme
historique.
Le ministre avait indiqué au chef de l'Opposition que la loi
exigeait l'approbation du ministère chaque fois qu'une
municipalité veut ouvrir une rue de moins de 66 pieds. Le ministre avait
dit ceci: "S'il n'y a pas eu d'intervention et là aussi, c'est
une question juridique il faudrait que les
avocats m'indiquent la réponse à donner. Si je comprends
bien, il y a le principe que, si le pouvoir existe de faire quelque chose, le
pouvoir doit exister de le défaire, mais c'est un peu plus
compliqué que cela dans le genre de cas que nous présente le chef
de l'Opposition. Donc, n'étant pas avocat, j'hésite à
m'aventurer trop loin."
Je ne veux pas revenir et faire l'historique de tout ce cas particulier
qui a été soumis tant au niveau de l'étude des
crédits du ministère des Affaires municipales que de
l'étude des crédits du ministère des Affaires culturelles,
mais est-ce que le ministre serait en mesure de nous dire il avait
promis une intervention ce qui a été fait? Quelle est la
situation à l'heure actuelle?
M. Goldbloom: C'est le cas de la Maison des Jésuites
à Sillery, M. le Président. Ce qui s'est produit, c'est que le
chef de l'Opposition, ayant soulevé le cas publiquement
c'était un cas dont j'avais déjà été au
courant m'en a parlé lors de conversations comme on peut en avoir
dans l'enceinte de l'Assemblée nationale, sans que ce soit un
débat enregistré. A ma connaissance, il a poursuivi des
conversations avec le ministre des Affaires culturelles du temps et j'avais cru
comprendre j'insiste sur cette expression à
l'époque que des mesures avaient été prises pour corriger
la situation et que le chef de l'Opposition en avait été
satisfait.
Je n'entends plus parler du problème depuis plusieurs mois, mais,
si le député de Chicoutimi affirme qu'un problème existe
toujours, je souligne que ce problème ne se situerait pas dans l'article
de la loi qui exige que le ministre approuve l'ouverture d'une rue de moins de
66 pieds de largeur. C'est plutôt dans la loi qui protège les
biens culturels et historiques. Si cette loi n'a pas été
respectée, il faudra que la correction soit faite.
Si le député me dit qu'un problème persiste, je
suis tout à fait prêt à retourner à l'attaque pour
voir à obtenir satisfaction.
M. Bédard (Chicoutimi): Je verrai à informer le
ministre jusqu'à quel point, en termes de règlement du cas
lui-même, le chef de l'Opposition aurait à faire certaines
représentations. Mais sur le côté vétuste de ce
genre de loi qui demande l'autorisation du ministre lorsqu'il s'agit de
l'ouverture de rues de plus de...
M. Goldbloom: De moins.
M. Bédard (Chicoutimi): ... de moins de 66 pieds, le
ministre faisait ressortir, quand même, l'an passé, que des
demandes de ce genre, il y en a au-delà de 3000 à 4000 par
année; cela veut dire que cela devient presque des approbations
machinales.
Est-ce qu'on en tire quand même certaines conclusions sur
l'opportunité de changer la situation légale qui prévaut
dans le moment?
M. Goldbloom: M. le Président, si le député
de Chicoutimi examine soigneusement le texte du projet de loi no 12 qui a
reçu sa première lecture, il trouvera là-dedans une mesure
qui retourne aux municipalités la responsabilité de ces
décisions. Je voudrais cependant souligner que ce n'est pas une chose
qui est faite présentement à la légère au
ministère; il y a un arpenteur-géomètre à temps
plein qui s'occupe de ces cas, et qui examine chacun en détail. C'est sa
recommandation qui est fournie au directeur général du service
d'urbanisme, et le directeur général formule la recommandation
qui se traduit en approbation par le gouvernement. Mais comme dit le
député de Chicoutimi, les cas sont nombreux, il y en a à
peu près 2000 par année. C'est beaucoup; c'est plusieurs par
jour. Et il nous semble que, si nous amenons les municipalités à
faire un bon travail urbanistique, ces mêmes municipalités, en
vertu de leur propre plan directeur, pourront prendre la décision quant
à la largeur de leurs rues.
M. Bédard (Chicoutimi): Une dernière question, M.
le Président, à ce programme.
Le Président (M. Picard): Je vous ferai remarquer que
c'est votre quatrième dernière question.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, non. Tout à l'heure,
vous avez mal interprété. C'était la dernière
question sur Lebourgneuf.
Le Président (M. Picard): Vous vérifierez le
journal des Débats.
M. Goldbloom: M. le Président, on a déjà
entendu des députés péquistes dire quatre fois dans le
même discours: M. le Président, en terminant...
M. Bédard (Chicoutimi): Et vous n'avez jamais entendu cela
dans les discours des libéraux?
M. Goldbloom: Je n'ai pas dit cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Ils ne terminent jamais, autrement
dit?
M. Goldbloom: La nature humaine étant...
M. Bédard (Chicoutimi): Ils n'aboutissent jamais.
M. Goldbloom: ...ce qu'elle est, ce n'est pas une
exclusivité de quelque parti que ce soit.
M. Bédard (Chicoutimi): Je pense.
Concernant la spéculation foncière dans l'Outaouais, le
ministre avait déclaré en 1975, à une question que je lui
posais en Chambre, textuellement ceci: "M. le Président, nous avons fait
une première étude qui a consisté, travail assez ardu,
à relever toutes sortes de transactions dans des bureaux
d'enregistrement. Nous n'avons pas réussi à déceler dans
ces données un phénomène majeur de spéculation.
Celui qui veut se pencher sur les transactions de l'une ou l'autre compagnie,
de l'un ou l'autre particulier peut facilement le faire, mais
pour arriver à une analyse qui démontrerait une
présence majeure d'intérêts étrangers, ce qui est la
chose essentielle, il faut aller plus loin que cela. Nous ne l'avons pas dans
les données brutes que nous avons obtenues. J'ai demandé qu'on
pousse l'étude plus loin, je n'ai pas encore eu le deuxième
rapport sur la question."
Alors, je voudrais savoir du ministre où est ce deuxième
rapport? Quelle a été la méthode qu'on a employée
pour le constituer?
M. Goldbloom: Essentiellement, M. le Président, la
méthode a été de poser des questions et essayer d'avoir
des réponses, parce que l'analyse des inscriptions aux bureaux
d'enregistrement ne nous permet pas de tirer cette conclusion affirmée
par beaucoup de gens. Nous avons essayé d'aller plus loin, nous avons
demandé à des personnes de cette région qui devraient
connaître mieux que celui de l'extérieur...
M. Bédard (Chicoutimi): Quelles personnes entre
autres?
M. Goldbloom: Mon Dieu, M. le Président, je n'ai pas
posé les questions moi-même. J'ai suggéré qu'on
demande à des dirigeants municipaux et à des hommes d'affaires
qui sont déjà dans le domaine...
M. Bédard (Chicoutimi): De poser des questions?
M. Goldbloom: Non, que nous demandions à ces gens: Est-ce
que vous êtes au courant d'un phénomène? Est-ce que vous
pouvez nous permettre de percer ce mur qui existe, à cause de la nature
des inscriptions aux bureaux d'enregistrements? Et jusqu'à maintenant,
on...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez demandé cela aux
dirigeants municipaux et aux hommes d'affaires?
M. Goldbloom: Oui, j'ai suggéré qu'on consulte des
gens de la région. Celui qui est dans le secteur immobilier dans une
région a généralement une idée de ce qui se
passe.
M. Bédard (Chicoutimi): Cette méthode de consulter
les dirigeants municipaux et les hommes d'affaires concernant la
spéculation a donné quoi, comme résultat du
deuxième rapport?
M. Goldbloom: Pas grand-chose. On n'a vraiment pas de
données qui nous permettent de dire qu'il y a eu des achats massifs de
terrains. Chaque fois que le député de Chicoutimi revient avec la
question, il affirme qu'il y en a. Sur quoi se base-t-il pour faire cette
affirmation? Est-ce qu'il a, de son côté, des données?
M. Bédard (Chicoutimi): Je vous en ai cité
tantôt; Lebourgneuf, vous l'avez pris au sérieux. Je vous ai
cité certaines études qui ont été faites par des
journalistes. J'espère que vous ne m'obligerez pas à vous citer
je ne les ai pas en main ici, mais je pourrais les retrouver des
articles de journaux à pleines pages, qui explicitent le problème
de la spéculation dans l'Outaouais, avec des noms et des montants. Il me
semble qu'une véritable enquête, si elle avait été
faite... Je suis convaincu qu'elle ne l'a pas été dans le fond;
c'est ce que le ministre ne veut pas nous dire. On a posé quelques
gestes au début. On a fait quelques recherches au niveau du bureau
d'enregistrement, mais, dans le fond, il n'y a pas eu d'enquête, à
mon humble opinion. Je peux me tromper. Le ministre, présentement,
malgré certaines rencontres qu'il a eues, il n'y a pas tellement
longtemps, avec des gens de la région dont on parle, nous demande s'il y
a des faits particuliers sur lesquels on se base pour dire qu'il y a de la
spéculation ou encore que des gens ont décelé qu'il y en
avait. Pour me poser des questions comme celle-là, je pense que le
ministre n'a pas fait procéder à une enquête dans la
région de l'Outaouais.
M. Goldbloom: Les articles de journaux que j'ai vus rapportaient
essentiellement ce qu'on trouvait au bureau d'enregistrement. Il y a un article
que je me rappelle qui a dit: Nous sommes allés au bureau
d'enregistrement et nous avons trouvé ce que le gouvernement aurait pu
trouver. Justement, nous l'avions trouvé et cela ne nous donnait pas de
preuve d'un phénomène de spéculation ou d'acquisitions
massives de terrains.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a un
deuxième rapport?
M. Goldbloom: II n'y en a pas encore.
M. Bédard (Chicoutimi): II n'y a pas encore de
deuxième rapport!
M. Goldbloom: Je ne l'ai pas encore reçu.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre a
l'intention de le déposer et de le rendre public, quand il le
recevra?
M. Goldbloom: Pardon!
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre nous dit qu'il n'y a
pas de deuxième rapport de rédigé.
M. Goldbloom: Je ne l'ai pas encore reçu.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'en toute
honnêteté le ministre peut nous dire que franchement il y a des
gens qui sont en train de travailler afin de confectionner un deuxième
rapport?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président. Je l'ai demandé
à mes fonctionnaires.
M. Bédard (Chicoutimi): Avez-vous demandé s'il y
avait des gens qui travaillaient ou s'il y aurait effectivement un
deuxième rapport?
M. Goldbloom: J'ai demandé à mes fonctionnaires de
poursuivre le travail pour pouvoir produire un deuxième rapport,
malgré les difficultés.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand le ministre...
M. Goldbloom: Ces difficultés sont
représentées par des transactions pour $1 et
considération, par des transactions entre compagnies dont on ne
connaît pas les propriétaires ou entre particuliers, etc.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand le ministre pense-t-il que
ce deuxième rapport devrait être rédigé et
porté à la connaissance du public, je l'espère?
M. Goldbloom: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand?
M. Goldbloom: Je n'ai pas de calendrier, mais j'essaierai d'avoir
une idée.
Une Voix: En temps opportun.
M. Bédard (Chicoutimi): En temps opportun, oui, pour
employer l'expression habituelle.
M. Goldbloom: On me dit que cela ira probablement à
l'automne avant qu'on puisse fournir quelque chose.
J'aimerais souligner on le sait, c'est une chose bien connue dans
la région que je suis allé à peu près une
fois par mois, même plus souvent à certaines périodes, dans
l'Outaouais pour rencontrer les maires des municipalités et les
dirigeants des principaux organismes. C'était pour discuter de
l'évolution de la communauté régionale, de la
société d'aménagement et de la commission de transport.
Et, nous avons, par la suite, eu une présentation préliminaire du
schéma d'aménagement qui, une quinzaine de jours plus tard, a
été rendu public.
Et, dans toute cette discussion, il n'y a pas de personnes et ce
sont après tout des gens qui vivent dans le milieu et qui observent ce
qui se passe qui par rapport par exemple au schéma
d'aménagement m'ont dit: Le schéma démontre qu'il y a une
intervention massive de la part de spéculateurs ou le schéma est
nécessaire parce qu'il y a une telle intervention massive.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous admettez qu'il y en a? Ces
gens globalement ont admis qu'il y avait de la spéculation
foncière?
M. Goldbloom: Non, M. le Président. M. Bédard
(Chicoutimi): Non?
M. Goldbloom: Non. Je n'ai pas de témoignages, sauf ceux
de l'Opposition...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous ne trouvez pas que vos
méthodes d'enquête cela vaut ce que cela vaut, puis cela donnera
le rapport que cela donnera? Faire une enquête sur la spéculation
en allant simplement consulter les présidents d'organisme ou encore les
autorités municipales ou les hommes d'affaires, je me demande
jusqu'à quel point le ministre peut être convaincu que c'est une
manière de faire une enquête sur ta spéculation
foncière. On sait jusqu'à quel point cela demande des
méthodes d'enquête, il me semble, beaucoup plus
appropriées, beaucoup plus discrètes, que cela constitue un
travail de bénédictin, si on peut employer l'expression, beaucoup
plus important que le fait de faire des petites consultations. On demande:
As-tu de la spéculation dans la région? Les gens disent: Non.
Très bien, on va s'en retourner à Québec.
Je pense bien qu'une enquête ne se fait pas comme cela.
D'ailleurs...
M. Goldbloom: M. le Président, le député de
Chicoutimi peut exprimer toutes les opinions qu'il voudrait...
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous permettez, il n'y a pas
que le député de Chicoutimi, le député de Gatineau
aussi. Des déclarations du député de Gatineau montrent
très clairement qu'il n'a plus aucune confiance devant le fait qu'il y a
eu un ou deux fonctionnaires qui y sont allés. Ils sont revenus presque
tout de suite, ils ne sont pas retournés dans la région. Le
député de Gatineau exprime aussi très clairement en
cela il se fait l'écho de citoyens et d'un article des journalistes de
la région disons presque son acceptation d'avance à ce que
cette enquête n'ait pas dans le fond de résultat, pour la bonne et
simple raison qu'il n'y en a pas d'enquête.
M. Goldbloom: Non, M. le Président, il y a deux
fonctionnaires...
M. Bédard (Chicoutimi): ... la spéculation.
M. Goldbloom: M. le Président, il y a deux fonctionnaires
qui ont passé un mois et demi dans la région; alors, qu'on ne
vienne pas me dire qu'il n'y a pas eu d'enquête. Le député
de Chicoutimi est avocat de profession, il a peut-être un truc magique
pour percer le voile d'une transaction "in trust" pour $1 et
considérations. Est-ce qu'il a un truc?
M. Bédard (Chicoutimi): Tout le beau monde qui se cache
derrière les fiducies, les trusts, c'est ce que vous voulez dire?
M. Goldbloom: Essentiellement.
M. Bédard (Chicoutimi): Ecoutez, vous êtes le
gouvernement. Pensez-vous à des amendements? S'il n'y a pas,
légalement, de manière de savoir quelles sont ces personnes qui
se cachent derrière ce qu'on appelle les trusts, est-ce que, dans des
cas particuliers, le gouvernement va agir, va pen-
ser soit à légiférer ou à faire autre chose
pour corriger cette carence qui l'empêche de faire des enquêtes qui
normalement devraient être faites, qu'il s'est obligé de
faire?
M. Goldbloom: Je ne sais pas, parce que, si l'on retourne au
débat général que nous avons fait ce matin, nous avons
essentiellement démontré que des problèmes
localisés peuvent exister, mais ce n'est pas le genre de situation qui
appellerait une législation draconienne d'urgence.
Il y a des traditions, à cet égard, dans divers pays.
Pourquoi, M. le Président, est-ce que des gens bien nantis ont des
comptes de banque en Suisse, par exemple? La Suisse est quand même un
pays démocratique où il fait bon vivre et c'est un pays
où...
M. Bédard (Chicoutimi): Je le prends souvent comme
référence quand on parle de l'indépendance du
Québec. Continuez. Il fait bon y vivre.
M. Boutin: M. le Président...
M. Goldbloom: Je constate, à ma grande satisfaction, M. le
Président, qu'un séparatiste demeure un séparatiste, quel
que soit son vocabulaire de référendum et de je ne sais pas quoi.
Alors...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous dites qu'il fait bon vivre en
Suisse et il me fait plaisir de vous l'entendre dire. C'est un pays dont on se
sert souvent comme comparaison. Plus petit que le nôtre.
M. Goldbloom: Mon Dieu, M. le Président, il y a un
intérêt à l'échelle du monde entier, un désir
de voir la Suisse modifier sa législation pour permettre que l'on
connaisse les détenteurs de comptes de banque dans ce pays et la Suisse
ne le fait pas. C'est beau de dire qu'il faut tout savoir et qu'il ne faut rien
cacher, mais quand même, il y a des droits de propriété
chez nous et à moins...
M. Bédard (Chicoutimi): Ne charriez pas! N'exagérez
pas! On parle d'une enquête précise dans un endroit précis.
Cela peut vouloir dire... Le ministre est en train de dire: On dévoile
absolument tout ce qu'il peut y avoir de personnes cachées...
M. Goldbloom: M. le Président, il ne faut pas charrier de
l'autre côté non plus!
M. Bédard (Chicoutimi): .'. derrière les comptes en
fiducie. Ce que vous venez de dire, c'est charrier. Cela peut vouloir dire,
aussi, envoyer des fonctionnaires et, au lieu de leur faire passer seulement un
mois, leur faire passer une année si c'est nécessaire. Cela peut
vouloir dire leur donner des pouvoirs qu'ils n'ont pas.
M. Goldbloom: Mais, justement, M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): M. Gratton lui-même, le
député de Gatineau, prétend que les fonctionnaires en
question sont allés pour la forme, dans le fond, dans un bureau
d'enregistrement, quand on parle d'un mois ou d'un mois et demi, avec toutes
les difficultés que cela représente. Il souligne aussi son
scepticisme à savoir jusqu'à quel point peuvent être
efficaces des fonctionnaires qui s'y rendent avec le peu de pouvoirs qu'ils
avaient, à ce moment-là, pour enquêter.
M. Goldbloom: M. le Président, je parle plus souvent avec
le député de Gatineau qu'avec le député de
Chicoutimi...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est normal.
M. Goldbloom: ... et ce n'est pas par l'intermédiaire
d'articles de journaux. Je n'ai pas à...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce que vous dites contredit quoi?
Voulez-vous contredire que le député de Gatineau ait pu le dire
dans un journal? J'admets que je n'ai pas le temps de le rencontrer à
tous les jours, mais il y a des déclarations qu'il fait et il faut en
tenir compte.
M. Goldbloom: M. le Président, je n'ai pas assisté
à la conversation qu'a pu avoir le député de Gatineau avec
un journaliste. Tout ce que je peux vous dire, c'est que le
député de Gatineau ne m'a jamais dit ce que vous citez de cet
article de journal. L'on parle de faire passer une année à un
fonctionnaire dans une région du Québec. Les fonctionnaires sont
à l'emploi du gouvernement et du ministère pour faire un certain
travail, et leur affectation est faite en vertu des priorités et de
l'importance relative des problèmes. Il me semble qu'un mois et demi
pour deux personnes, c'est déjà beaucoup. Il y a beaucoup de
municipalités qui me demandent de leur prêter un fonctionnaire
pour deux ou trois semaines et je ne suis pas capable de le faire, et c'est
dans le même service. Alors, M. le Président, quand je suis
obligé de leur répondre: Je peux vous envoyer quelqu'un pour une
journée ou deux et cette personne pourra peut-être retourner un
mois plus tard pour une autre journée, je ne suis pas en mesure
d'envoyer deux fonctionnaires pendant une année dans une région
de la province pour satisfaire la curiosité du député de
Chicoutimi. J'aimerais...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est bien restreindre le
problème. Ce n'est pas une curiosité de ma part, vous le savez,
à part cela, ce sont des milliers de citoyens qui ont souligné ce
problème.
M. Goldbloom: M. le Président, je regarde la carte
de...
M. Bédard (Chicoutimi): Ils continuent de le souligner
à l'heure actuelle.
M. Goldbloom: Je regarde la carte de l'Outaouais
québécois et je vois qu'un développement extrêmement
actif s'y poursuit. J'ai dit hier que c'est entre les mains de toutes sortes de
person-
nes, de beaucoup de petits entrepreneurs; or, je n'ai pas là non
plus l'évidence qu'il y a une contrainte imposée par l'existence
d'une propriété massive de la part...
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre oublie quelque chose,
c'est qu'il avait une obligation, qui est la suivante: donner, par une
véritable enquête, l'assurance qu'il y a ou qu'il n'y a pas de
spéculation, pour empêcher tout le monde d'affirmer n'importe
quoi, n'importe quand. Vous n'avez même pas fait cette enquête. En
tout cas, je ne vous poserai plus de questions sur le problème de la
spéculation foncière dans l'Outaouais parce que je suis
parfaitement d'accord avec une expression d'idées et une analyse qui ont
été faites par un journaliste, M. Bernier, à l'effet que
cette enquête sur la spéculation, dans l'Outaouais, n'a
été qu'un gros ballon. J'irais même plus loin, je dirais
que la population a été trompée littéralement. Pas
seulement la population, je dirais même ceux qui ont posé des
questions sur ce sujet et qui ont exigé des choses, puisqu'à mon
humble opinion, il n'y a pas eu de véritable enquête sur la
spéculation dans l'Outaouais.
M. Goldbloom: C'est une question de degré et
d'appréciation, M. le Président. J'aimerais poser une question au
député de Chicoutimi. Est-ce qu'il conteste le régime des
trusts?
M. Bédard (Chicoutimi): Pardon?
M. Goldbloom: Le député de Chicoutimi conteste-t-il
le régime du trust?
M. Bédard (Chicoutimi): La question n'est pas
nécessairement de contester le régime des trusts. Sans mettre
complètement de côté ie régime dont vous parlez,
vous savez qu'il y a des enquêtes qui peuvent être faites, soit par
la Gendarmerie royale, soit par des corps policiers qui, à un moment
donné, ont des autorisations pour enquêter dans des endroits et
dans certains papiers où, normalement, ils n'auraient pas le droit de le
faire.
De la même manière, il pourrait y avoir des administrateurs
ou des fonctionnaires enquêteurs qui pourraient être munis de
suffisamment de pouvoirs pour être efficaces et non pas simplement deux
fonctionnaires qui se promènent tranquillement dans un bureau
d'enregistrement et qui ne peuvent pas aller plus loin dans leur enquête.
Si le ministre veut me dire qu'il n'y a pas eu d'enquête et qu'il n'y a
pas possibilité de faire enquête sur la spéculation
foncière dans l'Outaouais à cause des trusts, qu'il le dise
très clairement. C'est pour cela...
M. Goldbloom: J'ai dit que...
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que c'est seulement pour
cela?
M. Goldbloom: ... c'est un obstacle et le député de
Chicoutimi...
M. Bédard (Chicoutimi): Un obstacle et l'absence d'une
véritable enquête sur la spéculation foncière, ce
sont deux choses. Que ce soit un obstacle, j'en conviens. C'est au gouvernement
à le contourner ou à étudier la manière de le
contourner. Vous m'en parlez maintenant. Je ne vous dis pas que je n'aurai pas
très vite une réponse à vous donner. Je pense que cela a
des implications légales et, pour être sérieux, il vaut la
peine de prendre le temps de se pencher sur les implications légales que
cela peut avoir. Je vais le faire rapidement à part cela. Cela ne
prendra pas un an ou deux ans, par exemple.
M. Goldbloom: M. le Président, le député de
Chicoutimi, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, est avocat de
profession. Je crois comprendre qu'il a une certaine expérience dans le
domaine du droit criminel et, si tel est le cas, j'ai l'impression que cette
expérience déborde sur la question qui est en débat
présentement. Le rôle du ministère des Affaires municipales
est de regarder les aspects administratifs du fonctionnement des
municipalités, et quand le député de Chicoutimi parle de
faire intervenir la Gendarmerie royale, il parle de choses criminelles.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne vous dis pas de faire
nécessairement intervenir la Gendarmerie royale. Je vous ai cité
l'exemple de la Gendarmerie royale qui, dans certains cas, peut aller
enquêter dans des endroits où, normalement, il n'y a pas
d'enquête dans le cours normal des choses. De la même...
M. Goldbloom: Dans...
M. Bédard (Chicoutimi): Je l'ai pris comme point de
comparaison, comme point de référence. C'est vous qui êtes
chargé de faire l'enquête; ce n'est pas le député de
Chicoutimi, pas l'Opposition. Mais vous nous dites: On a frappé un
obstacle. Ce n'est pas un obstacle. A mon humble opinion, cela peut être
un obstacle, mais ce n'est pas un obstacle qui compromet définitivement
une enquête sérieuse sur la spéculation foncière
dans l'Outaouais. En tout cas, vous ne m'en avez pas fait accroire, comme vous
ne m'avez pas fait accroire qu'il y avait vraiment eu une enquête de
faite.
M. Goldbloom: M. le Président, je trouve que le
député de Chicoutimi s'emporte.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne m'emporte pas mais je
m'aperçois que je discute dans le vide.
M. Goldbloom: M. le Président, pour aller à
rencontre des régimes qui sont créés par nos lois, qui
permettent à des gens d'effectuer le genre de transactions et de
protéger ces transactions de la façon que l'on connaît, il
me semble qu'il faut pouvoir invoquer une possibilité réelle
d'actions de nature criminelle, criminelle dans le sens large. Je ne suis pas
avocat moi-même. Je ne fais pas de
distinction technique entre criminelle et civile mais je veux dire un
geste illégal.
M. Bédard (Chicoutimi): On ne vous a pas demandé de
porter des accusations, nécessairement, à la suite de
l'enquête qui devrait être faite, à l'heure actuelle, sur la
spéculation foncière dans l'Outaouais. On vous a demandé
d'analyser la situation.
Tout à l'heure, on parlait de Lebourgneuf. Il n'y a pas eu
d'enquête de faite dans les comptes en fiducie et dans les comptes "in
trust" et tout ce que vous voudrez. Pourtant, dans le cas de Lebourgneuf, une
enquête maison, je dirais, a permis de voir que, dans une journée,
un contrat de $2 millions est monté à $4 millions et le terrain
est passé...
M. Goldbloom: Justement, c'était une transaction publique,
qui n'était pas cachée.
M. Bédard (Chicoutimi): ...de 17% à 30%.
Effectivement, cela a permis de dire, sans enquête, au ministre, à
moins d'explications, que c'était un véritable cas de
spéculation.
Allez-vous essayer de me faire croire qu'une enquête de cette
nature n'est pas possible au niveau de l'Outaouais, pour voir jusqu'à
quel point les terrains sont détenus par quelques individus ou pour voir
jusqu'à quel point les terrains, d'une façon globale, ont
augmenté de prix dans un laps de temps très court? Pensez-vous
qu'on n'est pas capable de faire cette enquête et d'arriver à des
conclusions? Ecoutez, vous pouvez charrier mais vous ne me charrierez pas!
M. Goldbloom: Je ne suis pas prêt à affirmer que
c'est possible, M. le Président, n'en déplaise au
député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous n'êtes pas
prêt à affirmer que c'est possible, c'est la meilleure preuve
si vous n'êtes même pas capable de m'affirmer cela
que dans le fond il n'y a pas eu d'enquête sur la spéculation
foncière dans l'Outaouais. C'est tout. C'est la meilleure preuve.
Le Président (M. Picard): Le député
d'Abitibi-Ouest a une dernière question.
M. Boutin: Non, moi, c'était une affirmation. C'est que la
spéculation foncière...
M. Bédard (Chicoutimi): ...qu'on ferait faire une
enquête...
M. Goldbloom: Non, M. le Président. Je n'accepte pas ce
genre d'accusation. Si l'on veut mettre fin rapidement au débat sur ces
crédits, qu'on continue de cette façon. Je n'ai pas
digéré ce qu'a fait le député de Lafontaine et je
n'accepterai pas que le député de Chicoutimi...
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne fais pas de
référence au député de Lafontaine. Je veux dire
ceci. C'est que le ministre doit nous donner la preuve qu'il y a une
enquête, une véritable enquête qui a été faite
sur la spéculation foncière dans l'Outaouais il va en
convenir avec moi puisqu'en Chambre il m'a dit qu'il y en aurait
une.
Je n'ai pas dit qu'il était, jusqu'à maintenant, en
contradiction avec certaines des affirmations qu'il m'a faites. En Chambre, il
m'a dit qu'il y avait eu un premier rapport, qu'il y en aurait un
deuxième. Là, il me dit aujourd'hui que ce deuxième
rapport devrait être produit à peu près vers l'automne, si
j'ai bien compris. Il m'a fait part des méthodes qu'il employait pour
faire cette enquête. Moi, je lui dis bien respectueusement que, s'il
prend les méthodes de consultation simplement d'hommes d'affaires,
d'édiles municipaux ou encore de certains individus en particulier, cela
n'arrivera pas à un résultat, cela ne constituera pas une
véritable enquête. Si on fait la deuxième comme on a fait
la première, on va se retrouver sans rapport, comme dans le premier cas.
A ce moment, il n'y aura pas de véritable enquête qui aura
été faite et on aura à répondre de certaines
promesses qu'on a faites en Chambre. C'est normal cela.
M. Goldbloom: M. le Président, je vais faire une chose que
je n'ai pas l'habitude de faire. Je vais déclarer que, si j'amenais mon
sous-ministre en titre, qui est ici présent, à témoigner,
il témoignerait que je lui ai demandé: Où est le rapport?
D'accord?
M. Bédard (Chicoutimi): Le deuxième?
M. Goldbloom: Le deuxième. Qu'est-ce qui se passe, lui
ai-je demandé.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Goldbloom: D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): Où est-il?
M. Goldbloom: Je l'ai dit et je le redis... M. Bédard
(Chicoutimi): Vous ne l'avez pas.
M. Goldbloom: ...je ne l'ai pas. Je ne l'ai pas encore
reçu.
M. Bédard (Chicoutimi): Puis, vous vous attendez de le
recevoir à l'automne?
M. Goldbloom: C'est ce que mon sous-ministre me dit. Alors, qu'on
ne parle pas de mentir à la Chambre.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vous ai dit une chose et
j'espère que vous allez bien comprendre ce que je vais vous dire, parce
que, d'ordinaire, j'ai de la suite dans les idées, puis je peux vous
dire que je les suis, les dossiers...
M. Goldbloom: Oui.
M. Boutin: Des menaces?
M. Bédard (Chicoutimi): Aux crédits de l'an
passé, il y a certaines choses que le ministre m'a dites; je suis revenu
sur les mêmes choses pour savoir jusqu'à quel point cela
s'était vérifié. Je ne prends pas le ministre par
surprise, quand je fais cela; je pense que je ne fais que mon devoir. Ce que je
veux lui dire, c'est qu'une enquête a été promise, qui doit
être faite sur la spéculation foncière dans l'Outaouais. Je
pense qu'il n'est même pas nécessaire de dire une
"véritable" enquête; c'est sûr qu'il faut que ce soit une
véritable enquête. Jusqu'à maintenant, je dis: Cela a
été promis en Chambre. Je dis au ministre qu'il faut que ce soit
une véritable enquête qui soit faite. Sinon, il aura
nécessairement à expliquer le travail qui a été
fait par les fonctionnaires ou par son ministère. On est d'accord?
M. Goldbloom: C'est un cheval de bataille qui ne vous
mènera pas loin.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est même pas un cheval
de bataille pour moi.
En autant que l'Assemblée nationale c'est sérieux, que des
ministres c'est sérieux, qu'un premier ministre c'est sérieux et
qu'un gouvernement c'est sérieux, qu'une opposition c'est
sérieux, lorsque le gouvernement promet à une opposition que,
dans tel cas précis, une action précise sera faite, à
moins de dévaloriser complètement ces ordres d'institution, je
pense qu'il est normal qu'au bout de la ligne cela donne un
résultat.
M. Goldbloom: N'exagérons pas. Quand on me fait part de ce
qui peut être une action illégale, j'agis avec
célérité et j'affecte à ce travail les personnes
nécessaires pour le temps nécessaire. Quand on me demande de
faire enquête sur un phénomène qui est d'ordre
économique et qui, selon ce qu'avance le député de
Chicoutimi, ne constitue pas une illégalité mais simplement une
tendance qui va à l'encontre de l'intérêt de gens d'une
certaine région...
M. Bédard (Chicoutimi): Une plaie sociale.
M. Goldbloom: ... on fait ce qu'on peut avec les
disponibilités humaines qu'on a et on va aussi loin qu'on peut. On est
parfois obligé de dire: On a besoin de ces personnes pour d'autres
choses encore plus urgentes. Et on ne va pas jusqu'à la limite absolue
de ce qui peut être fait. Tenant compte aussi de ce que le
député de Chicoutimi a apporté lui-même comme
facteur, la nécessité de trouver un mécanisme pour percer
le voile, il faut trouver ce mécanisme. Quand on demande aux
institutions juridiques ou législatives d'accorder un tel pouvoir
additionnel, on doit motiver la requête. On doit démontrer
pourquoi le bien commun exige que soit accordé un pouvoir exceptionnel
de percer un voile qui est créé par l'économie de nos
lois.
M. le Président, je pense qu'on peut terminer la conversation
dans le calme et dire que, de part et d'autre, on a un intérêt.
Cet intérêt est de protéger les biens des
Québécois. Le sol est un bien et la valeur du sol est un
élément important pour celui qui veut vivre au Québec et
développer le Québec dans son propre intérêt. Ce qui
est parfaitement légitime. Nous voulons donc trouver les moyens
d'éviter que les Québécois, de façon
générale, soient affectés d'une façon
néfaste par un phénomène de cette nature.
Nous avons démontré que, pour l'ensemble de la province,
pour les principales villes, même la comparaison entre Hull et Ottawa, on
n'a pas de preuve d'une spéculation foncière qui gruge activement
l'avoir, l'actif des Québécois. Si, dans une région, il y
a un phénomène particulier, on va essayer de faire de la
lumière là-dessus.
Mais qu'on n'aille pas jusqu'à dire que c'est une question de
négligence et que c'est une obligation fondamentale de faire cela. A mon
sens, l'obligation fondamentale, c'est de regarder l'ensemble de la province,
l'ensemble du phénomène de la spéculation et d'agir de
façon logique. Si les gens de la région sont incapables de me
dire; Mon Dieu, il y a quelque chose qui se passe ici, il faut que vous
interveniez, à ce moment-là je n'ai pas de preuve qu'il y a
effectivement besoin de pousser à la limite ultime une enquête qui
pourrait être faite.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, M. le Président,
pour bien se comprendre, que l'impossibilité d'aller vérifier
dans les comptes "in trust" l'identification de certaines personnes puisse
constituer un obstacle à une enquête très approfondie ou
personnalisée sur la spéculation foncière dans
l'Outaouais, d'accord. Mais je soumets que ce n'est pas un obstacle qui
empêche la tenue ou la continuation d'une enquête qui a
déjà été promise au ministère et qui
pourrait constituer une enquête sérieuse.
Je veux bien qu'on se comprenne; que le ministre nous dise que dans son
ministère il n'a pas tout le matériel humain à sa
disposition pour pouvoir procéder à de telles enquêtes,
c'est une évaluation que le ministre a le droit de faire. Mais ce que je
ne veux surtout pas, c'est que, si on n'a pas les ressources humaines pour
faire l'enquête, ou d'autres ressources, qu'on ne vienne pas nous dire
qu'on l'a faite. Je ne veux pas qu'au bout de la ligne on vienne nous dire
qu'on a fait l'enquête, alors que dans le fond, à cause de raisons
qui pourraient s'expliquer, elle n'aurait pas été faite. Je pense
que dans ce temps-là c'est aussi bien d'être honnête, de
dire qu'il n'y en a pas.
M. Goldbloom: J'ai dit clairement qu'il y a eu une enquête,
que deux fonctionnaires ont passé un mois et demi dans la région.
J'ai dit également que j'ai demandé à mes hauts
fonctionnaires de m'indiquer où nous en sommes avec la poursuite de
l'enquête. Je n'ai pas encore de rapport détaillé
là-dessus. J'affirme que la limite à laquelle le
député de Chicoutimi voudrait pousser l'enquête se situe,
à mon sens, à mon humble opinion, dans le
territoire du ministre de la Justice. Pour aller jusque-là, il
faudra une preuve quelconque qu'il y a quelque chose de justiciable
là-dedans.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais il est passé une
heure.
Le Président (M. Picard): Je permettrai une
dernière question qu'il y a longtemps, a été
demandée par le député. Il m'a promis que ce serait
très court.
M. Boutin: Je vais laisser faire mon droit de parole, M. le
Président. Je vais donner la chance au député de
Chicoutimi d'aller se calmer les esprits.
M. Bédard (Chicoutimi): Franchement!
Le Président (M. Picard): Alors, est-ce que je dois
comprendre que...
M. Bédard (Chicoutimi): Le député n'a
même pas été en mesure de constater que les esprits
étaient calmés depuis déjà dix bonnes minutes.
Le Président (M. Picard): L'élément 2 du
programme 1 est-il adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): On va attendre la prochaine
séance.
Le Président (M. Picard): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 8)