Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente des affaires municipales
Etude des crédits du ministère des
Affaires municipales
Séance du mercredi 12 mai 1976 (Six heures trente-cinq
minutes)
M. Picard (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
Nous poursuivons ce matin l'étude des crédits du
ministère des Affaires municipales.
Au moment où je vous parle, la commission a déjà
siégé pendant sept heures et quatre minutes, et nous en sommes
toujours à l'élément 2, du programme 1.
M. Caron: Combien de secondes?
Le Président (M. Picard): Je vous ferai remarquer qu'il y
a treize programmes à étudier. Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, M. le Président. Je ne
vous ferai pas les mêmes remarques que je vous ai faites au début
de la commission à l'effet qu'il y avait des programmes particuliers sur
lesquels la discussion était plus longue...
Le Président (M. Picard): J'ai hâte de voir
cela.
M. Bédard (Chicoutimi): ... et qu'il y a des programmes
qui vont passer quand même assez rapidement.
Le Président (M. Picard): J'ai hâte de voir
cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Moi aussi, M. le
Président.
Maintenant, il y avait également une demande que nous avions
faite et qui avait été acceptée par le ministre des
Affaires municipales, concernant la discussion sur le programme portant sur la
fiscalité municipale. Comme on vient seulement d'avoir le budget, il
nous a été donné hier soir, je pense bien que le ministre
n'aura pas d'objection à ce que la discussion sur ce sujet particulier
ne soit pas faite ce matin, même si on arrivait au programme, mais
qu'elle soit remise à la séance ultérieure.
Le Président (M. Picard): Cela est le programme 2. On
pourrait le sauter.
M. Goldbloom: M. le Président, je trouve que...
M. Bédard (Chicoutimi): Cela pourrait être long,
mais il y a quelques questions au programme 2 qu'on pourra poser; il restera
seulement le sujet particulier de la fiscalité municipale. Ce sera moins
long, à ce moment.
Le Président (M. Picard): Est-ce que je dois comprendre
que le programme 1 est terminé?
M. Bédard (Chicoutimi): Au programme 1, je n'aurais qu'une
autre question.
Le Président (M. Picard): C'est la dernière
question?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, M. le Président. Je
vois que vous le demandez avec le sourire.
Le Président (M. Picard): C'est la cinquième,
là.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, c'est une
question qui peut se situer à un autre programme. Alors, programme 1,
adopté pour voir le sourire revenir sur vos lèvres.
Aide et surveillance administratives et
financières
Le Président (M. Picard): Elément 2 du programme 1,
adopté. Programme 1, adopté.
Est-ce que vous voulez commencer le programme 2, quitte à en
suspendre l'étude?
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela.
M. Goldbloom: Certainement, M. le Président.
Peut-être, si vous me le permettez, je voudrais ajouter aux documents que
nous avons distribués une compilation qui est similaire à celle
dont j'ai fait état la dernière fois que nous avons
siégé. Elle est, comme l'autre, tirée des données
de la Société centrale d'hypothèques et de logement et
donne un pourcentage d'accroissement des prix des terrains et des maisons
individuelles pendant une décennie, de 1961 à 1971.
Le seul inconvénient est que la région d'Ottawa et Hull
est traitée comme unité; on n'a pas de séparation. On a
quand même des chiffres pour l'agglomération
Chicoutimi-Jonquière, pour Montréal et pour Québec. Nous
avons quand même des comparaisons qui ne sont pas un seul trimestre,
comme dans l'autre cas, mais pour une décennie. Avec votre permission,
M. le Président, je ferai distribuer ce document additionnel.
Le Président (M. Picard): D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): Au programme 2, disons, d'une
façon globale, qu'on peut remarquer une diminution de 42,5% pour l'aide
aux municipalités. De $78 115110 que représentait ce programme en
1975/76 au niveau des prévisions pour 1976/77 on remarque un montant de
$44 832 400, ce qui représente approximativement une diminution de
l'ordre que je viens d'énoncer. Les municipalités sont quand
même dans un état de crise financière assez
prononcée, quand on regarde les hausses de taxes dans presque toutes les
municipalités du Québec, le pourcentage de hausse de taxes. Je
voudrais avoir des explications du ministre sur cette baisse. Il nous a
donné quelques ex-
plications, au début des crédits, qui peuvent
peut-être justifier d'une certaine façon cette baisse.
M. Goldbloom: Ce sont les mêmes explications. C'est
précisément à ce programme que nous voyons une diminution
d'une trentaine de millions de dollars qui se retrouvent cependant avec une
augmentation considérable au budget du ministère des Transports,
parce que le partage de la responsabilité a été converti
en responsabilité unique du ministère des Transports.
Or, il y a $30 millions qui étaient au budget Affaires
municipales l'an dernier qui se retrouvent avec une somme additionnelle au
budget des Transports cette année, et il y a aussi la fin du programme
fédéral des prêts aux investissements. C'était de
l'argent qui nous venait du gouvernement fédéral et qui se
chiffrait par approximativement $14 millions. Donc, on a là les $44
millions de différence.
M. Bédard (Chicoutimi): Maintenant, le ministre fait
état de la fin du programme fédéral qui représente
à peu près $14 millions.
M. Goldbloom: Quatorze millions dans le budget de l'an dernier.
La somme totale, si ma mémoire est fidèle, était de $30
millions. Il serait bon de souligner que nous avons fait profiter les
municipalités d'une somme de $10 millions à même ces $30
millions, le mécanisme ayant été le suivant: la somme de
$30 millions a été consentie aux municipalités sous forme
de prêts et la partie représentée dans chaque cas par le
coût de la main-d'oeuvre, à raison de 100% en hiver et 50% en
été, a été une exonération.
Donc, les municipalités ont reçu $30 millions en
prêts, mais ne doivent rembourser que $20 millions. Nous avons choisi,
à même, si ma mémoire est fidèle, quelque 700
projets qui nous étaient soumis par les municipalités.
Excusez-moi, M. le Président, je vais reprendre. Nous avons reçu,
si ma mémoire est fidèle, quelque 700 demandes. Nous avons
choisi, parmi ces demandes, celles qui semblaient représenter le plus
fort pourcentage en main-d'oeuvre. Nous avons pu constater que certains types
de projets avaient une composante main-d'oeuvre plus élevée. De
façon générale c'étaient des projets de
construction d'immeubles ou certains projets d'aménagement de parcs ou
des choses de cette nature, tandis que les projets traditionnels, comme aqueduc
et égout, semblaient en général, comporter un pourcentage
moindre en valeur de main-d'oeuvre.
Alors, c'est pour cela que nous avons choisi des projets qui,
normalement, n'auraient pas été intégrés au
programme de subventions du ministère. Mais, puisque c'était un
programme spécial du gouvernement fédéral et que le but de
ce programme, qui était en quelque sorte un remplacement de l'ancien
programme des travaux d'hiver, était la création d'emplois,
surtout pendant la période hivernale, nous avons voulu rentabiliser ce
programme au maximum.
C'est ainsi que nous avons pu faire bénéficier les
municipalités d'une exonération qui, pour être plus
précis, se chiffre par presque $11 millions, $10 938 922.41 sur les $30
millions prêtés.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce que je voudrais savoir du
ministre, c'est l'information suivante. Ce programme d'aide spéciale du
fédéral, tel que qualifié par le ministre, qui pourrait
être qualifié aussi de programme de remboursement
fédéral puisqu'il s'agit de notre argent, sera-t-il
poursuivi?
M. Goldbloom: Non, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Ou encore devons-nous nous
attendre qu'il ne soit remplacé d'aucune façon pour un autre
programme d'aide ou de remboursement de la part du fédéral?
M. Goldbloom: La réponse est non et il n'y a pas eu de
geste posé par le gouvernement fédéral pour prolonger le
programme.
M. Bédard (Chicoutimi): Quelles sont les demandes?
M. Goldbloom: II a pris fin en mai dernier. Nous avons
exprimé une satisfaction et un désir que le programme soit
reconduit, mais le gouvernement fédéral a décidé
autrement.
M. Bédard (Chicoutimi): Je dois comprendre que le
gouvernement provincial a fait des recommandations ou des demandes au
fédéral aux fins de reconduire ce programme et que le
fédéral a donné une réponse négative
à ces demandes du Québec?
M. Goldbloom: C'est exact, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Maintenant, est-ce que, devant ce
refus du fédéral, le gouvernement provincial, de quelque
manière que ce soit, pense reconduire ce programme d'aide aux
municipalités sous une autre forme?
M. Goldbloom: Pas comme tel, M. le Président; nous avons,
après tout, la principale responsabilité et la
responsabilité globale à l'endroit des municipalités.
Notre politique a été d'évaluer l'ensemble des besoins et
de faire de notre mieux pour répondre à ces besoins, et cela de
la façon la plus équitable possible.
Le Programme du gouvernement fédéral a été
conçu surtout comme un encouragement à l'emploi. Je pense bien,
et je ne suis pas personnellement versé dans tous les programmes du
gouvernement fédéral, qu'il y a d'autres mesures qui aident
à la création d'emplois; après tout...
M. Bédard (Chicoutimi): II y a d'autres mesures pour
pallier ce manque de mesures...
M. Goldbloom: On n'a qu'à penser aux programmes dans le
domaine industriel et on sait combien d'investissements sont nécessaires
dans le secteur industriel pour créer chaque emploi.
Quand même, la rentabilité d'un tel investissement est
très considérable. On paie plus cher, en investissement initial,
la création d'un emploi industriel, par conparaison, disons, à un
emploi dans le domaine touristique, où l'investissement est beaucoup
moindre, peut-être le quart ou moins de ce qu'il faut investir pour
créer un emploi industriel. Il y a quand même des retombées
économiques de l'activité industrielle qui sont indiscutables.
Les niveaux de salaires dans l'industrie, surtout avec la spécialisation
de toutes sortes de métiers, amènent vers le trésor
provincial, vers le trésor fédéral des avantages en
taxation qui sont considérables, et en activité économique
en général.
Je pense que c'est une question de choix et, si l'on a de l'argent
à investir, il faut viser le meilleur rendement de cet argent, et sans
doute que c'est ce que fait le gouvernement fédéral.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais je pense qu'on peut
être d'accord sur un point. Pour les municipalités, c'est une
perte nette de revenus. C'est le genre de programme qui permettait la
création d'emplois à un moment où, quand on parle de
travaux d'hiver, le chômage est à un taux qui d'ordinaire est
assez élevé à cette période.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, mais il faut quand
même se souvenir que, sur les 1500 municipalités du Québec
et elles étaient plus nombreuses au début de ce programme,
presque 1600 il n'y en a que 102 qui ont pu bénéficier de
ce programme.
Il y a des besoins que nous devons combler un peu partout. Je me permets
de rappeler au député de Chicoutimi que nous avons quand
même augmenté, de nouveau cette année, la masse d'argent
transférée par la province vers les municipalités. En
termes de création d'emplois, le premier trimestre de 1976, le trimestre
d'hiver, accuse un taux de création d'emplois qui est extrêmement
encourageant. Donc, la situation n'est certainement pas dramatique par le fait
que ce programme sélectif ne réapparaît pas dans notre
budget; il y a quand même de l'aide aux municipalités et de l'aide
avec des résultats, pour en être la preuve, à la
création d'emplois.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, je ne veux pas
éterniser la discussion sur ce point, sauf que le ministre nous a dit
qu'il y avait seulement 102 municipalités qui avaient profité de
ce programme. Est-ce qu'on pourra nous fournir les noms des
municipalités, dès qu'il sera possible, qui en ont
profité, ainsi que le montant des projets qui ont pu être
réalisés dans ces municipalités? D'accord?
M. Goldbloom: Certainement, la liste est ici, M. le
Président.
M. Bédard (Chicoutimi): II s'agira d'en faire faire des
copies et nous les remettre. Maintenant, pour expliquer cette diminution de
près de 42,5% des crédits à ce programme, le ministre nous
a parlé des sommes qui ont dû être affectées afin de
régler les problèmes de transport en commun dans plusieurs villes
de l'agglomération urbaine du Québec. Il conviendra avec moi que
les problèmes de transport en commun sont quand même le lot d'un
pourcentage bien déterminé de municipalités ou
d'agglomérations dans le sens suivant à moins que je me
trompe, le ministre pourra rectifier quand on parle de problèmes
de transport en commun, il reste que, peut-être, les 4/5 des
municipalités du Québec n'ont pas à faire face à
ces problèmes spécifiques de transport en commun tels que nous
les connaissons, avec l'acuité qu'ils peuvent avoir à l'heure
actuelle.
Pour ces 4/5 ou 80% des municipalités qui n'ont pas ce
problème, il reste quand même qu'on ne peut pas dire qu'elles ont
une aide de la part du gouvernement. Quelle va être la situation pour ces
municipalités?
M. Goldbloom: M. le Président, d'abord, je pense qu'il y a
un danger que nous devons éviter dans nos discussions. C'est le danger
de parler d'un pourcentage des municipalités du Québec parce que
nous avons 1500 municipalités, dont 1300 ont moins de 1000 de
population. Si l'on regarde le pourcentage de la population desservie par des
systèmes de transport en commun et ces systèmes aidés par
des subventions de l'Etat, on a au moins la moitié de la population du
Québec, je dirais. Après tout, avec 2 millions ou à peu
près dans la région métropolitaine de Montréal, un
demi-million dans la région ici, avec les autres agglomérations,
on est à à peu près la moitié de la population du
Québec.
Donc, quand on dit que cette aide sélective ne s'adresse pas
à toutes les municipalités je mettrais le pourcentage
même plus élevé que 80% en nombre de municipalités
ce n'est pas un portrait de l'impact de cette aide auprès de la
population québécoise.
M. Bédard (Chicoutimi): ... la population, le tableau est
différent.
M. Goldbloom: Oui. Il y a en outre nous n'avons pas voulu
nous en servir spécifiquement pour le transport en commun à cause
des problèmes majeurs et des escalades de coûts que l'on
connaît dans ce domaine les subventions per capita qui sont
données sans condition aux principales municipalités du
Québec.
De façon générale, nous disons aux
municipalités: Celles qui sont appelées à fournir des
services, si elles sont petites, peuvent recevoir une subvention ad hoc par
rapport au projet. Si elles ont plus de 15 000 âmes, elles vont recevoir
une subvention annuelle sans condition. Si elles sont prises avec le
problème majeur du transport en commun, nous allons payer à peu
près la moitié du déficit d'exploitation,
c'est-à-dire, comme on le sait, 45% mais avec la possibilité
d'aller jusqu'à 55%, la différence étant une incitation
à l'achalandage. Outre cela, à cause du problème
très particulier des investissements nécessaires sur l'île
de Montréal, nous payons 60% du service de dette du métro.
Le Président (M. Picard): Le député de
Saint-François.
M. Déziel: M. le ministre, de la façon dont je
comprends votre exposé, cela veut dire que normalement cette subvention
devient possible même si la compagnie de transport en commun est à
caractère privé, sur recommandation de la
municipalité.
M. Goldbloom: Je pense que je devrai suggérer au
député de Saint-François s'il a l'occasion de le faire
lui-même, de poser cette question au ministre des Transports ou bien je
pourrai m'informer quant aux détails précis de la politique,
parce que je ne voudrais pas induire la commission en erreur en donnant une
réponse. Après tout, si l'entreprise privée assure le
transport en commun et fait ses frais, il n'y a pas de raison de verser une
subvention. Si l'entreprise privée accuse un déficit, ce n'est
pas automatique que les municipalités se sentent obligées
d'assumer la responsabilié financière de ce déficit. Il y
a eu plusieurs cas où les municipalités ont dit: Si nous ne
posons pas de geste, la compagnie fera faillite ou cessera ses
opérations et nous serons laissées sans transport en commun. A ce
moment, sur demande des municipalités, nous avons répondu
favorablement, mais c'était à une époque où nous
n'avions pas de politique systématique, il y avait une certaine
tradition de courte durée, qui se reproduit approximativement dans la
politique actuelle. Or, je pense que la réponse doit être la
suivante: Si des municipalités desservies par l'entreprise privée
dans le domaine du transport en commun font face à une telle situation,
elles devront exposer le problème devant le ministre des Transports et
solliciter cette aide, solliciter une reconnaissance en vertu du programme.
Alors, ce n'est pas automatique que le fait d'avoir un déficit du
côté de l'entreprise privée apporterait une aide du
gouvernement vers les municipalités en question.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre sait que le premier
rapport de la Commission de réforme des lois municipales a
été déposé en juillet 1974. Depuis ce temps, je
pense, on ne peut pas dire que le gouvernement a tellement bougé.
Maintenant, le ministre nous a dit, à plusieurs reprises, qu'il y aurait
la convocation d'une commission parlementaire pour étudier au moins une
partie du rapport. Cela fait presque deux ans.
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse, ce
n'était pas au moins une partie; c'était spécifiquement
une partie.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous pourrez préciser. Je
pense qu'on se comprend là-dessus; au moins sur cette partie
spécifique, le ministre nous avait promis qu'il y aurait la convocation
d'une commission parlementaire et cela, depuis presque deux ans. Normalement,
cela devait être avant les Fêtes, au cours de l'année 1975.
Je suis convaincu que le ministre prend au sérieux les travaux de cette
commission. Je voudrais, quand même, que cela se traduise par des gestes
bien précis du ministre, s'il prend les travaux de cette commission au
sérieux.
J'aimerais que le ministre nous donne, une fois pour toutes, un
échéancier qui nous indiquerait quand cette commission
parlementaire sera convoquée.
M. Goldbloom: On sait que le journal des Débats est
incapable d'enregistrer des sourires. Alors, qu'il soit inscrit que j'ai
répondu avec le sourire que...
M. Bédard (Chicoutimi): Et moi, que j'ai posé la
question très sérieusement.
M. Goldbloom: Oui, et je réponds sérieusement, mais
quand même avec le sourire, en disant d'abord à l'honorable
député de Chicoutimi que si nous raccourcissons le débat
sur les crédits, nous serons plus vite en mesure de passer à
autre chose.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela, ce n'est pas une
réponse sérieuse.
M. Goldbloom: Nous avons plusieurs sujets qui devront occuper
cette commission parlementaire au cours des prochains mois. Il y en a deux, en
particulier, qui devront, à mon sens, avoir priorité.
Précisément, les élections municipales parce que nous
voudrons que le nouveau régime soit connu de ceux qui auront à
administrer le système cet automne. Et, deuxièmement je
voudrais en faire part à la commission nous avions demandé
à la Commission municipale du Québec une analyse d'une situation
créée par l'adoption, il y a une année et demie ou
à peu près, d'un bill privé concernant la ville d'Anjou et
nous avons prévu une séance de la commission parlementaire pour
recevoir cette évaluation de la situation. C'est une autre chose que
j'aurais voulu faire il y a un certain temps et qui n'a pas été
possible. Ce sont, à mon sens, les deux premiers sujets qui devront
être à notre ordre du jour.
Dès que les crédits, pas simplement ceux de ce
ministère mais l'ensemble des crédits, parce que l'on sait
qu'à certains moments, comme c'est le cas ce matin, il y a trois
commissions parlementaires qui siègent en même temps. Il faudra
donc attendre que la fin du débat sur l'ensemble des crédits soit
en perspective claire pour obtenir du leader parlementaire un calendrier de
séances de cette commission. J'ai déjà formulé
cette demande et nous allons faire siéger la commission parlementaire,
cette même commission, pour ces sujets et pour d'autres sujets aussi.
J'ai reçu, par exemple, une demande de la part des
municipalités de l'île de Montréal, notamment celles qui
sont groupées dans la Conférence des maires de banlieue,
d'être entendues sur l'avenir de la Communauté urbaine de
Montréal. Ces municipalités m'ont demandé de fixer des
dates précises parce qu'il y a une certaine préparation et un
voyage à faire de Montréal à Québec. Je pense que
vers la fin de juin... Nous
devrons fixer des dates pour cela. J'aimerais, si possible, sous
réserve de l'autorisation du leader parlementaire du gouvernement, que
nous puissions aborder les deux autres sujets avant cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour se comprendre, sous l'angle
des commissions parlementaires promises par le ministre des Affaires
municipales, il y en aurait une concernant la Communauté urbaine de
Montréal dont il vient de nous parler. Le ministre avait promis aussi
une commission parlementaire sur le rapport Castonguay qu'il considérait
comme un document de travail valable sur lequel une commission parlementaire
pouvait se pencher d'une façon efficace. Il y a également une
commission parlementaire qui a été promise avant la
deuxième lecture sur la loi 12, concernant l'urbanisme. Il y a la
commission parlementaire qui portera sur la réforme des lois
municipales, sur les parties du rapport déjà produites par la
commission. Ensuite, il y aurait une autre concernant la ville d'Anjou.
Le ministre voit venir ma question, c'est une bonne chose d'être
bien disposé à faire des commissions parlementaires. Le ministre
est sûrement prêt à travailler tout l'été, moi
aussi. Maintenant je pense que...
M. Goldbloom: Sauf du 17 juillet au 1er août.
M. Bédard (Chicoutimi): Ah oui! à cause des
Olympiques, le ministre prend un repos. Non?
M. Goldbloom: Ah non! je serai en compétition.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. La course à
relai.
M. Goldbloom: Sûrement pas à la chefferie de l'Union
Nationale.
M. Bédard (Chicoutimi): Sans oublier cette commission
parlementaire sur les Jeux olympiques, mais disons qu'on va laisser cette
préoccupation au député de Lafontaine, qui fait des
efforts louables pour l'obtenir; je parle du député de Lafontaine
qu'affectionne tout particulièrement le ministre des Affaires
municipales. Il reste qu'il y a plusieurs commissions parlementaires qui sont
promises. Etant donné l'urgence des problèmes qu'elles auront
à analyser, elles doivent être tenues. Est-ce qu'il ne serait pas
normal d'avoir un échancier très rapidement sur la tenue de ces
commissions parlementaires?
M. Goldbloom: M. le Président, je trouve la demande du
député de Chicoutimi raisonnable et, comme je le lui ai
indiqué tout à l'heure, j'ai déjà formulé la
demande pour le premier sujet. Dès que j'aurai la réponse quant
à un calendrier, nous en ferons part à la commission
parlementaire et à la Chambre.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors le premier sujet serait le
chapitre des élections municipales. Je pense bien que cela est urgent
puisqu'il y a des élections municipales qui s'en viennent dans les
municipalités pour l'automne. Est-ce que le ministre a une idée
sur cela, dès la fin des crédits?
M. Goldbloom: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Bon.
M. Goldbloom: Oui, grosso modo dès la fin des
crédits. Et pour la ville d'Anjou ce serait une seule séance
à mon sens, une seule journée au plus.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant les élections
municipales, la loi va être en vigueur pour les élections de
novembre 1976?
M. Goldbloom: C'est mon désir, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Sinon cela ne voudrait rien dire.
Je pense qu'on pourrait régler cela à trois heures au niveau de
l'Assemblée nationale; il y avait la commission parlementaire concernant
la loi 12 avant la deuxième lecture. Est-ce que je peux m'attendre que
le ministre informe le leader du gouvernement pour qu'il l'annonce, que ce soit
clair dès cet après-midi sur...
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, ce n'est pas à
moi de donner des ordres au leader parlementaire, mais nous en avons
déjà parlé.
M. Bédard (Chicoutimi): Je sais que le ministre doit avoir
au moins une certaine influence sur le leader parlementaire quand il exprime
des désirs.
M. Goldbloom: Plus que sur le député de Chicoutimi
évidemment.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est dans l'ordre normal des
choses. Quand le ministre dit qu'il va nous faire parvenir le plus vite
possible un échéancier des autres commissions, cela veut dire
quoi dans son esprit? Est-ce qu'il ne pense pas que, dès la fin des
crédits, l'on devrait normalement avoir un échéancier de
la tenue des commissions parlementaires? Cela représente beaucoup de
travail de préparation tant de la part du ministre, du gouvernement que
de la part de l'Opposition. Cela représente aussi une préparation
de la part des organismes qui auront à se faire entendre devant la
commission, si on veut que ces commissions parlementaires donnent des
résultats satisfaisants.
M. Goldbloom: Je suis tout à fait d'accord
là-dessus, M. le Président. Comme je l'ai déjà
indiqué, dès la fin des crédits nous pourrons envisager un
calendrier des travaux de la commission parlementaire.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur un autre sujet, le rapport
Hanigan qui a été déposé depuis déjà
trois
ans; le ministre sait qu'une grosse partie des recommandations, à
savoir 165, visaient le gouvernement du Québec et le ministère
des Affaires municipales.
Or, tout ce rapport, toutes ces recommandations demeurent sur les
tablettes, en plus de la situation qui fait que le ministre est inondé
d'autres rapports, que ce soient les rapports Legault, Cas-tonguay, Gilbert ou
le rapport sur la réforme municipale. Dans le cas du rapport Hanigan,
indépendamment de la question des limites municipales, on peut dire que
rien n'a bougé jusqu'à maintenant. Je pense pourtant à des
recommandations, qui sont très importantes, sur l'aménagement du
territoire, l'habitation, les loisirs et la police. Je comprends que ce sont
des recommandations qui rejoignent d'autres rapports qui, à l'heure
actuelle, sont déposés entre les mains du gouvernement.
Je voudrais savoir ce que le ministre entend faire avec le rapport
Hanigan lui-même. Est-ce qu'une commission parlementaire pourra
être convoquée je comprends qu'il y en a déjà
plusieurs en lice peut-être une commission parlementaire sur la
Communauté urbaine de Québec? Il y en a déjà eu
une, mais nous n'avons pas eu l'occasion de discuter des recommandations
précises concernant le rapport Hanigan.
M. Goldbloom: Je pense...
M. Bédard (Chicoutimi): Quelles sont les idées du
ministre concernant ce rapport?
M. Goldbloom: Je pense, M. le Président, que le
député de Chicoutimi vient de faire une petite erreur. Il a dit
Communauté urbaine de Québec. Il a sûrement voulu dire de
Montréal.
M. Bédard (Chicoutimi): Communauté urbaine de
Montréal, pardon.
M. Goldbloom: J'avais indiqué, dans la liste des sujets,
précisément, l'avenir de la CUM et le désir des
municipalités de se faire entendre et de présenter leurs
suggestions devant la commission parlementaire, et que cela soit situé
vers la fin de juin, dans la troisième ou quatrième semaine de
juin, parce qu'il leur faudra un certain temps de préparation.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais, le ministre admettra, s'il
me le permet, que lorsqu'il y aura commission parlementaire sur la
Communauté urbaine de Montréal, de la même manière
qu'il y en a eu une sur la Communauté urbaine de Québec
c'est ce que je voulais dire tout à l'heure on aura l'occasion de
discuter d'une façon plus particulière de la restructuration
municipale, alors que dans le rapport Hanigan il y a bien d'autres sujets dont
il est question...
M. Goldbloom: M. le Président, je ne conçois pas
cette discussion comme devant porter seulement sur le regroupement municipal.
Au contraire, il y a, dans la conférence des maires de banlieue, deux
comités. L'un sur les structures, mais l'autre sur les finances. Dans
les deux cas, la ville de Montréal a été invitée
à siéger avec les municipalités de banlieue, ce qui me
semble une heureuse chose, et il y a maintenant des rapports qui ont
été préparés.
Il y a quelque chose que j'aimerais dire, comme simple constatation, en
ce qui concerne ce que l'on appelle le rapport Hanigan. Si l'on compare ce
rapport quant au mécanisme par lequel il a été produit,
quant au choix des personnes affectées à le produire, on voit que
ce n'est pas une vue de l'extérieur, comme on peut en trouver une dans
le rapport Castonguay, par exemple. C'est une vue de l'intérieur. A
cause de cela, je pense que les municipalités de l'île de
Montréal ont eu certaines réactions, si vous voulez, ont voulu
prendre ce rapport, l'analyser à leur guise et produire des
commentaires. C'est depuis un bon moment c'est toujours sans critiques,
M. le Président, je ne critique personne, je relate simplement les faits
c'est depuis déjà un bon moment, je dirais à peu
près deux années, que j'offre à ces mêmes
municipalités la possibilité de venir ici devant la commission
parlementaire s'exprimer sur le rapport Hanigan dans son ensemble et sur toute
autre considération qu'elles voudraient exprimer.
Elles m'ont demandé du temps pour préparer leurs
réflexions. Voyant le temps passer j'ai pris, l'an dernier, une
initiative. J'ai convoqué les municipalités...
M. Bédard (Chicoutimi): Bravo!
M. Goldbloom: ... et je leur ai dit: J'aimerais que les hommes
politiques s'assoient ensemble et examinent la Communauté urbaine, ses
problèmes et les solutions à ces problèmes. Mon invitation
a été acceptée, comme elle l'a été dans le
cas des deux autres communautés, et nous avons poursuivi un certain
travail. A un certain moment, les municipalités de banlieue surtout
m'ont demandé un ralentissement du rythme des réunions pour leur
permettre de passer un temps plus considérable à la
rédaction des documents. Si je comprends bien ce qui est arrivé
dans cette période subséquente, c'est que les
municipalités ont eu de nombreuses réunions entre elles et ont
produit des documents de travail qui ont été revisés, et
ce n'est que tout récemment qu'un des documents m'a été
présenté comme étant essentiellement un document final et
apte à être présenté devant la commission
parlementaire. C'est lors de cette réunion qu'il m'a été
suggéré de convoquer la commission parlementaire
spécifiquement pour entendre les municipalités de l'île de
Montréal, toutes les municipalités, et d'autres organismes, tous
les intéressés au rapport Hanigan et à l'ensemble des
problèmes de la CUM.
La suggestion avait été faite, à cette
époque, que nous fixions une date au cours du mois de mai, mais nous
sommes obligés de constater que nous ne serons pas en mesure de
convoquer la commission à cette fin dans le mois de mai; nous n'aurons
pas terminé l'étude des crédits de tous les
ministères. Alors, aussitôt après, et je me permets de le
mentionner, j'aurai une brève absence
pour participer à la conférence des Nations Unies sur les
établissements humains au début de juin, mais dès mon
retour, nous aurons des séances de la commission parlementaire.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, simplement pour prendre nos
précautions, lorsque la commission parlementaire sera convoquée
pour entendre la Communauté urbaine de Montréal, l'Opposition,
comme le gouvernement, seront en droit de poser des questions sur l'ensemble
des recommandations du rapport Hanigan.
M. Goldbloom: Tout à fait, M. le Président, et
j'aimerais ajouter une chose. Je pense que, dans d'autres cas, nous n'aurons
peut-être pas toujours besoin d'un long avis pour la tenue des
séances. Mais je voudrais, dans le cas de la CUM, à cause de
l'importance et du nombre de personnes intéressées, donner un
avis assez long, d'un mois peut-être avant, pour permettre aux gens de se
préparer. Je pense aussi que l'importance du sujet nécessitera
plus d'une journée de séance.
M. Bédard (Chicoutimi): J'en suis convaincu.
M. Goldbloom: Et je pense que nous devrons prévoir deux
journées complètes et ainsi permettre aux
intéressés de réserver des chambres d'hôtel et ainsi
de suite.
M. Bédard (Chicoutimi): A la page 144 du rapport
Castonguay... Excusez, M. le Président, est-ce exact?
Le Président (M. Picard): Non, non, c'est très
bien, je n'ai pas le droit de participer au débat.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela dépend, vous avez le
droit d'y participer positivement. A la page 144 du rapport Castonguay, les
commissaires signalent une carence au niveau du ministère des Affaires
municipales dans les termes suivants: "Les difficultés qui confrontent,
sur tous les plans, les grandes agglomérations urbaines,
découlent, dans une large mesure, de décisions fondées sur
une connaissance incomplète de leur implication. Malgré ces
difficultés, nous croyons qu'une politique de finances urbaines doit
être fondée sur l'évaluation de tous les coûts
afférents aux décisions que doivent prendre les autorités
politiques urbaines. Puisque celles-ci n'ont généralement pas les
ressources pouvant leur permettre d'effectuer tous les travaux d'analyses
nécessaires à cette fin, nous croyons que le ministère des
Affaires municipales doit assumer un leadership dans ce domaine et
épauler les administrations urbaines dans cette tâche.
Je voudrais connaître les réactions, s'il y en a, du
ministre des Affaires municipales à cette recommandation du rapport
Castonguay, à l'effet que "le ministère des Affaires municipales
doit assumer un leadership il semble que, dans leur idée, cela
n'a pas été fait dans le passé et épauler
les administrations urbaines dans cette tâche".
M. Goldbloom: M. le Président, le mot "leadership" peut
servir à plusieurs formes d'intervention, n'est-ce pas? A
l'extrême limite, on pourrait dire que le leadership pourrait s'exprimer
par une intervention décisionnelle de la part du ministère et
donc du ministre. Tel n'est pas mon concept des relations entre le
ministère, le ministre et les municipalités.
Il me semble que, si l'on exclut ce genre d'intervention autoritaire, on
se trouve à un niveau de coordination d'établissement de
certaines lignes directrices de politiques et de législations,
évidemment, parce que nous avons toujours la Loi des cités et
villes, le Code municipal et les chartes particulières des villes qui
nous demandent souvent des modifications. Mais il me semble que nous pouvons
nous trouver dans une relation de dirigisme à l'endroit des
municipalités, qui ne serait pas bien accueillie par celles-ci.
Quand je lis une telle recommandation disant que le ministère
devrait calculer, en quelque sorte, son aide par rapport aux coûts
impliqués dans les décisions que doivent prendre les
autorités municipales, je me dis qu'il y a des décisions que
doivent prendre les autorités municipales.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne sais pas si le ministre a
bien compris ma question. Ce n'est pas sous l'angle de l'aide financière
que devrait apporter le ministère des Affaires municipales à
certains projets mis de l'avant par des municipalités; c'est simplement
sous l'angle de l'évaluation des coûts de certains projets qui
sont pensés par les municipalités. Souvent, les
municipalités je pense que le ministre est d'accord
là-dessus prennent des décisions sans avoir les
possibilités techniques de faire l'évaluation précise des
coûts de réalisation de projets. Je pense que, dans ce sens, il
devrait peut-être y avoir une priorité au niveau du
ministère des Affaires municipales d'offrir une certaine aide du point
de vue technique, du point de vue de l'évaluation, à ces
municipalités qui veulent évaluer les coûts
réels.
Souvent, il y a des municipalités qui prennent des
décisions qui ont des implications financières, après une
analyse très superficielle des coûts que peut représenter
la réalisation de ces projets. Je pense que ce ne serait pas du
dirigisme de la part du ministère des Affaires municipales de penser
à leur offrir les services techniques pour procéder à
l'évaluation réelle des coûts de projets bien
déterminés, mais que ce serait plutôt une forme d'aide qui
profiteraient aux municipalités et aussi à l'ensemble des
citoyens d'une certaine façon, de ces municipalités.
Ce ne serait vraiment pas du dirigisme, dans l'optique de ma question,
de ma préoccupation, que d'avoir, à l'intérieur du
ministère des Affaires municipales, un service technique qui offre cette
aide aux municipalités.
M. Goldbloom: M. le Président, je remercie le
député de Chicoutimi d'avoir explicité davantage sa
question. J'allais dire je voudrais simplement compléter ma
phrase qu'il y a des décisions que
doivent prendre les municipalités, qu'il y a des décisions
que peuvent prendre les municipalités. Il y a une difficulté que
nous constatons qui devient majeure, à certains moments, quand les
municipalités exercent leur liberté de décision et
arrivent avec des Olympiques, par exemple. Cela nous complique drôlement
la tâche.
M. Bédard (Chicoutimi): Sous l'angle du pouvoir
décisionnel des municipalités, elles pourront décider ce
qu'elles voudront, sauf qu'elles sauront, s'il y a une évaluation
réelle de ce que peuvent coûter certains projets, au bout de la
ligne, au moins, ce que cela peut coûter.
M. Goldbloom: On l'aurait cru, M. le Président. M.
Bédard (Chicoutimi): On a dû déchanter!
M. Goldbloom: Je voudrais souligner, cependant, deux ou trois
autres aspects de cette question pour arriver à une précision en
réponse. Nous avons voulu, dans les divers domaines d'activités
municipales, faire confiance systématiquement aux municipalités
et à l'entreprise privée en ce qui concerne cette aide technique.
Je pense à l'évaluation foncière où d'autres
provinces font l'évaluation elles-mêmes avec un nombre
élevé de fonctionnaires. Nous n'avons pas voulu augmenter nos
effectifs, nous avons voulu aider les municipalités à retenir,
soit à temps complet, soit par contrat avec l'entreprise privée,
les professionnels qui ont la compétence voulue pour effectuer le
travail. Il en est de même des projets d'aqueduc et d'égout. Nous
n'offrons pas les services de nos ingénieurs pour déterminer le
projet et pour en évaluer les coûts. Nous disons aux
municipalités: Vous avez votre ingénieur, qu'il fasse le travail!
Ou retenez les services d'une firme d'ingénieurs-conseils et vous aurez
un rapport que vous nous soumettrez pour analyse et approbation.
Nous insistons beaucoup sur cette politique, surtout dans le contexte
d'aujourd'hui où l'on demande beaucoup au gouvernement. Le gouvernement
aurait peut-être une certaine tentation de normaliser des coûts,
rationaliser des coûts, simplifier le processus en prenant tout sous ses
propres ailes. Le gouvernement aurait peut-être cette tentation de dire:
C'est tellement compliqué et les résultats sont tellement
variables quant à leur qualité, nous devrions faire le travail
nous-mêmes. Mais nous comptons sur la maturité grandissante des
dirigeants municipaux et nous comptons sur la compétence et
l'intérêt professionnel, la conscience professionnelle de
l'entreprise privée pour que les analyses se fassent à ce niveau
plutôt qu'à notre niveau.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais est-ce qu'il n'arrive pas
souvent que ces firmes d'ingénieurs dont vous parlez soient responsables
d'une analyse superficielle du coût de certains projets?
M. Goldbloom: Cela peut arriver, M. le Président, comme il
peut arriver qu'un médecin fasse une analyse superficielle d'un
problème et arrive à un mauvais diagnostic. Comme il est possible
qu'un député se lève en Chambre et donne une analyse
superficielle d'un problème.
M. Bédard (Chicoutimi): Un ministre peut le faire
aussi.
M. Goldbloom: Un ministre peut le faire aussi.
M. Bédard (Chicoutimi): Une analyse superficielle.
M. Goldbloom: Un être humain peut faire cela, mais il ne
faut pas condamner un groupe parce qu'il y a des gens, en minorité
presque toujours, qui font un travail superficiel.
M. Bédard (Chicoutimi): ...
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, nous devons surveiller
cela de près. Nous devons surveiller, par exemple, les
ingénieurs-conseils qui nous présentent des projets pour des
millions de dollars pour régler tous les problèmes du prochain
siècle pour une municipalité, et cela d'un coup sec. Nous devons
surveiller cela. Mais ce n'est pas en nous substituant à ces firmes
d'ingénieurs-conseils et à ces conseils municipaux que nous
allons faire évoluer le monde municipal du Québec, et nous
voulons le faire évoluer.
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai parlé des firmes
d'ingénieurs. Le ministre sait très bien que je ne veux pas
nécessairement blâmer l'ensemble de ce groupe, mais, dans certains
cas, il arrive quand même que des municipalités veulent la
réalisation de projets très rapidement, exigent des analyses qui
sont rapides elles aussi et qui peuvent avoir un certain caractère
superficiel, global. De plus, ces firmes ne font pas l'analyse des
méthodes de financement que pourrait avoir une municipalité pour
en arriver à la concrétisation de projets. Sous cet angle, soit
du financement, soit de la réanalyse du coût de projets bien
précis, je pense qu'il y aurait avantage, financièrement, pour
l'ensemble des contribuables québécois, à ce que le
ministère des Affaires municipales puisse être en mesure d'offrir
une aide technique pour l'évaluation des coûts. Encore une fois,
il n'est pas question, dans mon esprit, que le ministère des Affaires
municipales impose des décisions aux municipalités concernant
certains projets, mais il peut, par son aide technique, les aider à
réaliser les coûts réels de ces projets et les aider
à prendre des décisions qui pourraient s'avérer rentables,
parce qu'au bout de la ligne ce sont quand même les citoyens qui ont
à payer. Un exemple que je peux avoir en tête, au moment où
nous en discutons je comprends qu'il y a toujours l'exemple des Jeux
olympiques auquel s'est référé indirectement ou
très directement le ministre des Affaires municipales, tout à
l'heure est la ville de Saint-Jean qui peut avoir l'idée
d'acheter l'aéroport, comme cela arrive dans d'autres
municipalités, d'autres aggloméra-
tions où il y a des aéroports. A Rimouski, on a eu un
autre exemple, à un moment donné. Il me semble que ce sont des
projets qui sont certainement importants, mais qui impliquent des coûts
financiers souvent beaucoup plus énormes que ne peuvent le
réaliser certaines municipalités.
A ce moment, si, à l'intérieur du ministère des
Affaires municipales, elles pouvaient profiter d'une aide technique qui leur
permettrait d'analyser justement le coût de telles transactions, cela les
aiderait à prendre les bonnes décisions dans
l'intérêt de l'ensemble de la population qu'elles
représentent.
M. Goldbloom: M. le Président, comme réponse
générale d'abord et spécifique après, je voudrais
souligner que l'aide technique que nous fournissons aux municipalités
n'est pas généralement le prêt de notre personnel à
la municipalité pour l'analyse des problèmes, pour la
détermination des conclusions et pour l'aide directe à la prise
de décisions dans les cas particuliers. Nous n'avons pas un personnel
suffisant pour faire cela. Nous faisons évidemment exception pour de
toutes petites municipalités qui n'ont pas de structure de
fonctionnarisme et qui sont aux prises avec un problème aigu. Nous
allons de temps en temps leur envoyer un fonctionnaire pour une journée
ou deux, pour essayer de régler ce problème aigu et
immédiat. De façon systématique, il ne nous est pas
possible d'envoyer des fonctionnaires dans les municipalités pour la
solution de ces problèmes.
Mais notre aide technique à l'endroit des municipalités
consiste, de plus en plus, en une normalisation de procédures et en une
fourniture de documents de base qui donnent une instruction aux
municipalités sur la façon de procéder. Je veux en donner
des exemples. Le manuel de l'évaluation foncière, avec les cours
que nous donnons depuis le 1er décembre et qui vont se continuer pendant
une période totale de 23 mois, avec des inscriptions très
nombreuses de la part des éva-luateurs municipaux, c'est-à-dire
de ceux qui sont à l'emploi des municipalités, et des
évaluateurs de l'entreprise privée, c'est une façon
d'aider les municipalités à bien effectuer un travail
fondamental.
Deuxièmement, le manuel de comptabilité. Le cadre
comptable que nous donnons aux municipalités, qui est maintenant entre
leurs mains et qui constitue une façon d'assurer la correction de la
présentation du bilan, la tenue des livres des municipalités, est
un instrument indispensable. Il faudra que cet instrument serve à ceux
qui sont sur les lieux. Ce n'est pas nécessaire, pour nous d'aller dans
les municipalités pour effectuer ce travail comptable.
Troisièmement, à l'intérieur de cela, nous trouvons
des règles de programmation budgétaire. Nous voulons amener les
municipalités, progressivement, à formuler, peut-être sur
une base triennale comme cela se fait au gouvernement présentement, des
plans d'équipement et des plans d'investissements. Quels sont les
projets d'immobilisations des municipalités pour l'avenir?
Jusqu'à maintenant, nous n'avons que dans de très rares cas
d'exception ce genre de projections. Nous obtenons une perspective sur demande
dans certains cas, mais nous constatons que, dans la majorité des cas,
même pour des municipalités d'une certaine importante, la
perspective d'avenir n'est pas déterminée par la
municipalité à l'avance. C'est un peu spontanément que les
projets sont décidés par le conseil municipal et envoyés
au gouvernement, avec une demande d'aide financière. Nous constatons que
nous ne sommes pas en mesure d'utiliser nos ressources financières au
meilleur escient possible parce que nous répondons à des demandes
plutôt que de travailler en parallèle avec une programmation
municipale connue d'avance, renouvelée, mise à jour tous les ans,
mais sur une base triennale.
Il y a un projet de loi qui voudrait amener les municipalités
à une obligation de faire un plan d'urbanisme qui, lui aussi, est
fondamental à tout plan d'investissements et d'équipement. Ces
éléments forment un tout. Enfin, nous sommes en train de
préparer, de mettre la dernière main à un système
de règles de gestion financière en matière de
dépenses en capital. Nous avons abordé des discussions avec
certains organismes du fonctionnarisme municipal pour pouvoir rédiger un
texte utile qui servira de guide aux municipalités dans la gestion
financière par rapport aux dépenses en capital.
Je pense que nous sommes en train de répondre convenablement
à cette attente du groupe d'étude présidé par M.
Castonguay, sans pour autant nous ingérer directement dans
l'administration municipale et sans pour autant constituer une armée de
fonctionnaires pour pouvoir les envoyer dans les municipalités du
Québec. Nous faisons plutôt confiance aux administrations
municipales et à l'entreprise privée.
M. Bédard (Chicoutimi): La question n'est pas
nécessairement de savoir si on fait confiance ou pas aux administrations
municipales ou à l'entreprise privée. Quand le ministre dit qu'il
donne suite à la recommandation du rapport Castonguay sur ce sujet bien
particulier des estimations des coûts réels et des
bénéfices de certains projets de municipalités, je ne
crois pas que sa réponse soit à cet effet. Si le ministre
déplore, d'une part, la même situation que déplore le
rapport Castonguay, dans au moins deux chapitres, d'une façon
très élaborée, le rapport Castonguay arrive à une
conclusion bien précise, que j'ai indiquée tout à l'heure,
à savoir la nécessité, pour le ministère des
Affaires municipales, d'offrir une aide technique aux municipalités pour
faire l'évaluation réelle des coûts et
bénéfices de projets mis de l'avant par ces municipalités.
Avec la conséquence normale que cela peut entraîner, au niveau du
ministère des Affaires municipales, une augmentation de
spécialistes en la matière. Le ministre, d'une part, constate la
même situation que constate le rapport Castonguay, refuse d'en arriver
à la même conclusion pour remédier à la situation,
et refuse d'en arriver à la même conclusion que le rapport, que la
recommandation faite par le rapport Castonguay.
Que le ministre nous dise qu'il n'a pas le personnel suffisant pour
répondre à une telle situation, à une telle aide qui
pourrait être offerte aux municipalités, j'en conviens, il n'y a
pas de doute là-dessus. Maintenant, si le ministre allait dans le sens
des recommandations du rapport Caston-guay, je pense qu'il n'hésiterait
pas à nous dire qu'il y aurait avantage, même du point de vue
financier, non seulement pour le gouvernement mais pour les
municipalités et pour les contribuables, à ce qu'il y ait, au
ministère des Affaires municipales, une équipe plus nombreuse, un
personnel spécialisé plus nombreux pour pouvoir donner cette aide
technique nécessaire aux municipalités pour faire
l'évaluation réelle de certains projets.
M. Goldbloom: M. le Président, tout à l'heure, en
énumérant les instruments que nous mettons à la
disposition des municipalités j'en ai omis un par inadvertance et c'est
effectivement un guide à l'évaluation des projets municipaux pour
permettre aux municipalités de savoir comment faire cette analyse et
arriver aux meilleures conclusions possibles.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais avez-vous le personnel
suffisant pour rendre efficace cet instrument que vous voulez mettre au service
des municipalités? Je ne crois pas pour le moment.
M. Goldbloom: M. le Président, je répondrai oui.
Nous avons un personnel suffisant, et l'on fait la distinction de la
façon que je l'ai faite tout à l'heure. Je n'ai pas dit
simplement que nous n'avons pas un personnel suffisant pour envoyer des
fonctionnaires dans les municipalités. J'ai dit plus que cela, j'ai dit
que je ne veux pas avoir ce personnel suffisant pour l'envoyer dans les
municipalités. Je veux que les municipalités...
M. Bédard (Chicoutimi): N'interprétez pas ma
demande dans le sens de vouloir que le personnel s'en aille dans les
municipalités. L'important c'est qu'il soit suffisant pour
répondre aux besoins d'aide technique qu'ont les
municipalités.
M. Goldbloom: M. le Président, ce que nous faisons c'est,
de toute évidence, analyser les projets qui nous sont soumis et les
analyser d'une façon constructive et en consultation avec les
autorités municipales. Nous travaillons aveG les
secrétaires-trésoriers, nous travaillons avec les
ingénieurs municipaux, avec les gérants, les greffiers, avec tout
le personnel. Ce n'est pas simplement en vase clos que nous recevons les
projets. Nous les analysons et nous rendons ex cathedra des
décisions.
Nous avons de fréquentes communications. On sait, M. le
Président, à chaque année ce n'est pas tellement
l'habitude du député de Chicoutimi d'autres
députés, comme notre collègue de Beauce-Sud par exemple,
s'élèvent contre les pèlerinages à Québec.
M. le Président, moi je dis...
M. Bédard (Chicoutimi): Attendez, je vais peut-être
le faire tout à l'heure.
M. Goldbloom: ... que ce n'est pas une mauvaise chose un
pèlerinage à Québec. J'ai dit, à
répétitions...
M. Bédard (Chicoutimi): ... des miracles!
M. Goldbloom: Mais, pour cela, il faut aller à
Sainte-Anne-de-Beaupré. Ce n'est pas loin.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour les municipalités,
Sainte-Anne-de-Beaupré c'est le gouvernement!
M. Goldbloom: Ce n'est pas loin, on peut faire escale à
Sainte-Anne-de-Beaupré en route vers Québec, n'est-ce pas? M. le
Président...
M. Bédard (Chicoutimi): ... des assurances.
M. Caron: On pourrait peut-être les envoyer à
l'Oratoire de Montréal aussi!
M. Goldbloom: C'est cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Les miracles sont rares! Le maire
Drapeau doit être continuellement à l'Oratoire Saint-Joseph...
M. Goldbloom: M. le Président, pour revenir à la
considération sérieuse de cette question sérieuse, j'ai
toujours dit que je ne voudrais pas qu'une municipalité se sente
obligée de venir plusieurs fois pour le même projet, mais que la
municipalité vienne expliquer son projet, commenter l'analyse faite par
le ministère, cela se produit très souvent. Le
député de Chicoutimi a même un exemple en perspective,
où une rencontre avec un conseil municipal permettra de comparer le
point de vue de la municipalité avec celui du ministère, et c'est
normal.
J'ai déjà, au cours du débat sur ces crédits
cette année, indiqué qu'il y a une ville qui a formulé des
demandes; nous avons analysé ces demandes et nous en sommes venus
à une certaine conclusion. La ville, prenant connaissance de nos
conclusions, nous a répondu: Vous n'avez pas interprété
correctement un élément de notre budget. Nous avons
examiné les nouvelles revendications et nous avons donné raison
à la municipalité. Alors, c'est...
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais...
M. Goldbloom: ... un dialogue continu qui constitue, à mon
sens, ce service à l'endroit des municipalités.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais quand vous parlez de ces
analyses de budgets on y reviendra tout à l'heure je pense
que le ministre dévie, involontairement sans doute, du sujet
précis...
M. Goldbloom: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi):... dont je veux parler, à
savoir l'évaluation des coûts et bénéfices de
pro-
jets bien particuliers. Je pense avoir situé dans quelle optique
on continue cette discussion lorsque j'ai donné un exemple de
municipalité qui veut s'approprier un aéroport. Cela, c'est un
projet bien précis qui représente, au bout de la ligne, souvent
des sommes d'argent, des investissements qui peuvent être très
importants, d'où la nécessité d'une évaluation
correcte des coûts et bénéfices que peut représenter
la réalisation d'un tel projet.
Dans un cas aussi précis que celui dont je viens de parler,
quelle aide le ministère des Affaires municipales peut-il donner
à la municipalité, afin de lui permettre de faire une analyse
valable des implications financières que peut représenter un tel
projet?
M. Goldbloom: Ce que nous faisons, M. le Président, c'est
d'inviter les municipalités, toutes les municipalités à
venir nous voir, dans une étape préliminaire de la
préparation du projet, de nous en donner les grandes lignes et de nous
permettre, avec elles, d'examiner l'opportunité de ce projet. Nous ne
sommes pas en mesure de calculer des coûts. Nous pouvons analyser des
coûts qui ont été calculés par d'autres, mais c'est
justement dans ce sens que j'ai voulu dire que nous ne voulons pas avoir un
personnel pour analyser les coûts de tous les projets que pourront
préparer les municipalités.
Je conviens que la ville de Québec, par exemple, que son
équipe n'a pas besoin du ministère pour faire quoi que ce
soit.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais justement, ce n'est pas
si sûr que cela que la ville de Québec a tout ce qu'il faut comme
personnel spécialisé pour faire l'évaluation de projets.
On pourrait dire du même souffle que la ville de Montréal a tout
ce qu'il faut pour faire l'évaluation de quelque projet que la ville
mette de l'avant. Mais vous savez très bien qu'on a mis de l'avant un
projet, à savoir les Olympiques, et il semble qu'à
l'intérieur de la ville de Montréal, il y aurait eu avantage
quand même à analyser plus en profondeur les coûts
réels de ce projet.
M. Goldbloom: M. le Président, n'est-il pas vrai que si
l'on pousse à l'absurde, mais quand même à la limite, ce
genre de raisonnement, on arrive à une diminution considérable de
l'initiative des municipalités? On introduit le ministère, sous
une forme de tutelle partielle, dans l'action de la municipalité.
J'aimerais que le député de Chicoutimi précise
davantage le niveau ou l'étape à laquelle il voudrait que le
ministère intervienne. Prenons un exemple simple et concret, prenons
l'Ancienne-Lorette et un projet d'aqueduc.
M. Bédard (Chicoutimi): Ou encore, prenons l'exemple que
j'apportais tout à l'heure concernant Saint-Jean et la
possibilité pour la ville de vouloir s'approprier un aéroport qui
est contigu. Cette ville, lorsqu'elle a à faire l'évaluation du
coût réel d'un tel projet, peut-elle se tourner vers le mi-
nistère des Affaires municipales et espérer une aide technique,
une aide spécialisée qui la rassurera ou qui l'éclairera
sur les coûts réels de la concrétisation d'un tel
projet?
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre m'a dit,
là-dessus, que le ministère des Affaires municipales n'aurait
assurément pas le personnel spécialisé suffisant pour
pouvoir donner cette aide. C'est dans ce sens que je pose le problème et
non pas dans l'optique d'une intrusion du ministère des Affaires
municipales à l'intérieur de l'administration des
municipalités. Encore une fois, ce n'est pas au ministère, quand
on parle de tels projets, de prendre les décisions; dans mon esprit,
c'est toujours à la municipalité de prendre la décision.
Il s'agirait d'avoir, à l'intérieur du ministère des
Affaires municipales, pour ces municipalités, la capacité de
recourir à des experts qui leur permettraient de mieux prendre leur
décision. Ce n'est pas une question de tutelle...
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que dans les choix
respectifs d'exemples, on trouve un écart considérable qui
explique, à mon avis, la difficulté que nous avons depuis
quelques minutes à nous entendre. L'exemple choisi par le
député de Chicoutimi est celui de l'opportunité pour une
ville comme Saint-Jean d'acquérir un aéroport. Je voudrais vous
indiquer, M. le Président, que ce genre de problème se
présente, et je n'exagère pas, une fois par année. Je me
souviens de trois municipalités qui m'ont parlé d'un
aéroport, au cours des... Permettez-moi de terminer, M. le
Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais c'est parce que je ne
voudrais pas que vous déformiez l'exemple que je vous donne. Ce que je
vous donne...
M. Goldbloom: Non, M. le Président, je n'essaie pas de
déformer, j'essaie d'expliquer, et je prie le député de
Chicoutimi de me permettre de terminer ce que je voulais dire.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai sûrement pas
objection à ce que vous terminiez. Simplement au niveau de
l'éclairage du débat, je n'ai pas pris l'exemple de la
possibilité d'achat d'un aéroport par une municipalité que
je crois que ce problème se présente souvent. C'est parce que
cela représente ce que j'appelle...
M. Goldbloom: C'est justement ce que je veux expliquer, M. le
Président.
M. Bédard (Chicoutimi): ... un sujet concret sur lequel
les municipalités pourraient demander l'aide du ministère des
Affaires municipales.
M. Goldbloom: Oui, mais, M. le Président, c'est exactement
pour cela que je veux prendre cet exemple et donner une explication. Au cours
de mes trois années au ministère, je peux penser à
trois municipalités exactement je peux en oublier une
quatrième, mais il n'y en a sûrement pas sept ou huit qui
sont venues avec un problème de cette nature, impliquant un
aéroport. Dans un tel cas, la réponse est immédiatement
oui, sans hésitation, aucun problème. On va donner, à
cause de la nature exceptionnelle de ce problème, toute l'aide technique
possible. Non seulement cela; nous allons chercher de l'aide technique au
ministère des Transports qui est intéressé et nous allons
faciliter des communications avec le gouvernement fédéral qui a
une certaine responsabilité dans ce domaine du transport aérien.
Là, il n'y a pas de problème.
Mais l'exemple que j'ai pris se présente entre cinq et dix fois
par jour. Je sais qu'il y a des municipalités qui n'ont pas le personnel
pour bien analyser, parfaitement analyser un projet de cette nature. Je dis
que, par rapport à cette masse de demandes, nous ne serons jamais en
mesure de prendre une initiative et de fournir une aide technique directement.
Il faudra que notre action soit supplétive, qu'elle vienne en
deuxième lieu, quand il y aura eu, au moins, un déblaiement du
terrain, quand il y aura eu, au moins, la conception d'un projet qu'on nous
présentera dans ses grandes lignes.
A partir de ce moment, nous allons travailler, de concert avec la
municipalité, pour raffiner le projet et le mener à bon terme.
C'est ce que j'ai essayé d'expliquer. Nous avons le personnel pour faire
cela; nous n'avons pas le personnel pour prendre l'initiative des projets et
évaluer avec les municipalités la rentabilité de tel ou
tel projet, à moins que ce ne soit un projet vraiment exceptionnel,
comme celui d'un aéroport. Voici ce que nous faisons, M. le
Président. Les municipalités, dans certains cas, viennent nous
voir de façon spéculative. Je prends l'exemple d'un
problème quotidien: la municipalité qui n'est pas certaine que
son alimentation en eau potable sera suffisante pour une longue période
à l'avenir. Il y a des municipalités qui font face à des
problèmes aigus et immédiats; il y a d'autres
municipalités qui font face à des problèmes un peu
hypothétiques, regardant l'avenir. Elles se demandent: Est-ce que nous
serons toujours capables, avec le développement que l'on prévoit,
de fournir de l'eau potable à notre population actuelle et future? Nous
disons aux municipalités: Nous allons vous fournir de l'aide technique
et financière, financière dans le sens d'analyses, à
partir du moment où vous aurez effectué le premier pas. Nous leur
disons: Si votre demande, si votre projet est spéculatif, nous n'allons
pas vous aider sur le plan financier, ni technique; mais, si vous retenez les
services de professionnels dans le domaine, que vous effectuez des travaux et
que vous encourez des dépenses à cet égard, si le
résultat est la présentation d'un projet de construction d'un
réseau d'aqueduc, d'une usine de filtration, d'une nouvelle conduite
d'amenée, d'une nouvelle prise d'eau, à ce moment-là nous
allons tenir compte des dépenses déjà encourues et nous
allons, à partir de ce moment, vous donner cette collaboration sur le
plan technique pour vous aider à mener à bonne fin votre
projet.
Mais nous n'avons pas le personnel, et je ne souhaite pas l'avoir, pour
faire le travail spéculatif de voir si ce serait un bon projet. Il faut
que les municipalités prennent une certaine responsabilité au
départ. Et, une fois que nous nous trouvons en face d'un projet
suffisamment défini pour nous paraître sérieux, là,
nous allons, de concert avec la municipalité, l'analyser, analyser sa
relation proportionnelle aux besoins de la municipalité, la proportion
des coûts par rapport au budget de la municipalité, à la
population, ainsi de suite.
M. Bédard (Chicoutimi): Remarquez que je ne vous demande
pas l'obligation, pour la municipalité, face à la
réalisation d'un projet, de recourir aux bons services du
ministère des Affaires municipales. Je parle plutôt de la
possibilité, pour une municipalité, face à un projet
d'envergure, de recourir à des services spécialisés du
ministère des Affaires municipales.
A ce moment-là, on ne parle pas d'imposition, on ne parle pas de
tutelle. On parle simplement de disponibilité de la part du
ministère des Affaires municipales de personnel spécialisé
au profit des municipalités.
M. Goldbloom: M. le Président, je dirais que la
réponse se situe dans un mot que je pourrais utiliser, qui est le mot
"exceptionnel". Si c'est un projet ordinaire, il y a des procédures
ordinaires et nous publions des documents, des manuels pour indiquer aux
municipalités comment procéder de façon ordinaire. Si
c'est un projet exceptionnel, extraordinaire, nous sommes toujours
disposés à donner de l'aide technique et des conseils et à
aller chercher des renseignements pour les municipalités.
Mais dans beaucoup de cas, nous recevons des demandes et notre
réponse est: Vous devrez retenir les services d'une firme
d'ingénieurs-conseils et faire préparer un document que nous
analyserons par la suite. Il me semble que c'est une fonction normale d'une
municipalité. Tout comme, devant des demandes d'avis juridique, nous
répondons à la plupart de nos interlocuteurs: Vous devrez
consulter ceci va faire plaisir à l'honorable
député de Chicoutimi un avocat de la pratique
privée.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous présumez,
là!
Le Président (M. Picard): A partir de la liste des
225?
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'il faut prendre la liste
préférentielle du gouvernement?
M. Goldbloom: Non, M. le Président, nous ne fournissons
pas de liste.
M. Bédard (Chicoutimi): II n'y a pas de liste
préférentielle au ministère des Affaires municipales pour
le recours aux services d'avocats? Je
comprends que vous vous en remettez au ministère de la
Justice.
M. Goldbloom: C'est à la municipalité ou au
particulier de choisir son avocat.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre dit qu'il fournit
l'aide technique spécialisée aux municipalités en
matière de construction d'aqueduc et d'égout, en matière
d'habitation aussi. Je pense que c'est normal parce qu'il reste quand
même que, sur ces sujets précis, cela peut avoir des implications
sur des subventions éventuelles que le gouvernement peut donner aux
municipalités. Egalement, it y a une aide technique que vous donnez pour
aider les municipalités au niveau de l'évaluation
foncière.
M. Goldbloom: Exactement, M. le Président, et c'est un
excellent exemple parce que, en règle générale, nous
indiquons à la cité, à la ville ou au conseil de
comté, selon le cas, la nécessité de retenir les services
d'une personne compétente. Mais là où des conseils de
comté, en particulier, ont connu des difficultés, nous sommes
intervenus non seulement avec une aide technique, nous sommes même
allés jusqu'à négocier, au nom d'un conseil de
comté, avec une firme d'évalua-teurs la correction d'un contrat
qui n'avait pas été préparé correctement.
M. Bédard (Chicoutimi): Que ce soit l'évaluation
foncière, que ce soit la construction d'aqueduc et d'égout ou
encore la construction d'habitations, comme il peut y avoir une
résultante d'aide financière de la part du gouvernement sur de
tels projets, c'est normal, tel que cela se fait maintenant, qu'une aide
technique et spécialisée soit fournie aux municipalités.
Le ministre comprend, je pense, l'angle sous lequel j'abordais la discussion
tout à l'heure, à l'effet que sur d'autres projets de
municipalités que ceux-là, que ce soit l'achat d'un
aéroport, que ce soit le projet de construction d'une marina, le projet
de construction de terrains de camping, qui peuvent représenter, des
fois, des déboursés plus importants qu'on ne le croit, il y
aurait, je pense c'est ce que propose le rapport Castonguay
avantage qu'il y ait, au ministère des Affaires municipales, une aide
technique et spécialisée qui soit fournie aux
municipalités pour l'analyse des coûts et bénéfices
de tels projets.
Là-dessus, le ministre me dit, si j'ai bien compris sa
réponse, qu'il n'a pas le personnel suffisant pour le faire et qu'il ne
désire pas l'avoir.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais que ma
réponse soit extrêmement claire. J'ai dit que si un projet
présente un caractère exceptionnel, extraordinaire nous avons le
personnel et nous sommes à la disposition des municipalités. Pour
les projets ordinaires, nous avons en existence et en préparation des
manuels pour aider les municipalités à bien faire leur travail.
Or, M. le Président, je pense que nous répondons convenablement
à cette attente du groupe Castonguay et des municipalités.
M. Bédard (Chicoutimi): On va terminer la discussion sur
ce point, mais pour ma part je crois plutôt que tous ensemble on a la
même analyse des besoins des municipalités sur le problème
précis de la nécessité d'estimation des coûts
réels et des bénéfices de certains projets d'envergure
pour les municipalités. Mais le ministre ne peut quand même pas
conclure, avec ce qu'il m'a dit jusqu'à maintenant, qu'il répond
à la préoccupation énoncée par le rapport
Castonguay avec les instruments que propose le rapport Castonguay. Il est
d'accord sur l'analyse de la situation, mais il n'est pas d'accord sur les
conclusions du rapport Castonguay, pour remédier à cette
situation.
M. Goldbloom: Effectivement...
M. Bédard (Chicoutimi): En tout cas, c'est ma
perception.
M. Goldbloom: Je ne suis pas parfaitement d'accord sur ce que
cite le député de Chicoutimi du rapport en question. Je voudrais
vous faire remarquer, M. le Président, que...
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai hâte de trouver une
recommandation du rapport Castonguay sur laquelle vous allez être
d'accord. Vous dites tout le temps que vous êtes d'accord sur l'ensemble
global ou les lignes directrices des recommandations du rapport Castonguay,
mais jusqu'à maintenant, dans tous les sujets que j'ai abordés
avec le ministre des Affaires municipales sous l'aspect des recommandations du
rapport Castonguay, je n'en ai pas encore trouvé une sur laquelle il est
d'accord.
Le Président (M. Picard): Je veux vous faire remarquer
qu'il va y avoir une commission pour étudier ce rapport; à ce
moment, vous allez peut-être en avoir.
M. Bédard (Chicoutimi): Espérons.
M. Bédard (Montmorency): Le ministre est compétent
pour analyser les recommandations du rapport. Il connaît ce qui se passe
dans son ministère.
M. Goldbloom: M. le Président, il y a deux choses...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est le choc des
compétences...
M. Goldbloom: Je ne me choque pas souvent.
M. le Président, il y a quand même deux choses que
j'aimerais ajouter. D'abord, nous avons reçu et publié certaines
tranches du rapport de la Commission de refonte des lois municipales et il y a
une pensée générale qui se dégage de ce rapport.
C'est que nous devrons établir des normes selon la taille des
municipalités pour le fonctionnarisme dont devra jouir chaque
catégorie de municipalités. Je pense que dans cette exigence
éventuelle que nous pouvons envisager se trouve une réponse
partielle à cette considération. Les
municipalités ont des responsabilités quotidiennes et
c'est à elles de déterminer des programmes d'intervention et de
voir quels sont les projets qui sont à leur portée et quels sont
les projets qui leur semblent nécessaires mais qui dépassent
leurs propres capacités d'assumer la responsabilité de gestation
et de gestion.
Mais il faudra que nous ayons ce juste équilibre entre ce que
font les municipalités, les responsabilités que prennent les
municipalités et les responsabilités que prend le
ministère. C'est la première chose. La deuxième chose que
je veux souligner, que nous avons tendance à oublier, c'est qu'il y a
une ressource très importante à la disposition continue des
municipalités, et c'est une ressource dont elles se servent. Cette
ressource s'appelle la Commission municipale du Québec, qui est
composée d'une quinzaine de personnes avec une variété
d'expertises. La Commission municipale exerce un contrôle sur l'action
des municipalités. Ce n'est pas une équipe d'ingénieurs et
de comptables pour aller dans les municipalités; c'est quand même
une équipe de personnes qui scrute les actions des
municipalités.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est plutôt sous l'angle du
financement de projets.
M. Goldbloom: D'avantage de ce côté-là.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous admettrez avec moi que c'est
sous l'angle du financement qu'on aborde l'étude de la question.
M. Goldbloom: Mais depuis la fusion de la Régie des eaux
du Québec avec la Commission municipale du Québec, il y a une
expertise du côté technique aussi.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur le problème
spécifique des eaux.
Le Président (M. Picard): Est-ce qu'on permettrait
à un député du parti ministériel de poser une seule
petite question?
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je
voudrais vous faire remarquer qu'à n'importe quel temps...
Le Président (M. Picard): Cela fait à peu
près une heure qu'il m'a demandé le droit de parole.
M. Bédard (Chicoutimi): II n'y a rien qui vous
empêche de le faire. Cela me fait plaisir, au contraire.
Le Président (M. Picard): C'est mon rôle de ne pas
interrompre dans le milieu d'une discussion, voyez-vous. Le
député de Saint-François.
M. Deziel: Lorsque j'ai demandé à poser une
question, nous étions en train de parler des conseils
d'agglomération. J'aurais eu deux questions à poser au ministre,
des questions d'intérêt, à savoir si l'implantation d'un
conseil d'agglomération pourrait apporter éventuellement la
disparition de la conférence administrative régionale.
Deuxième question: Est-ce qu'un conseil d'agglomération
pourrait se permettre de conseiller l'OPDQ en matière de planification
sectorielle ou globale?
M. Goldbloom: Dans le premier cas, la réponse est
clairement non. Si l'on crée, en vertu d'une éventuelle loi, un
conseil d'agglomération, ce serait pour la seule fonction de
l'aménagement du territoire, de la préparation d'un
schéma. Cet organisme serait composé des maires des
municipalités intéressées et des préfets des
comtés intéressés. Il y aurait une aide technique de la
part d'un urbaniste professionnel et il y aurait une coordination de la part du
gouvernement.
Il est fort possible que cette coordination du côté du
gouvernement vienne de la conférence administrative de la région
parce que les ministères étant représentés
là, il y aurait possiblement une concordance, une collaboration à
établir, mais il n'y a rien d'exclusif dans l'existence d'un conseil
d'agglomération et l'existence d'une conférence
administrative.
M. Déziel: D'une conférence administrative.
M. Goldbloom: Deuxièmement, est-ce qu'un conseil
d'agglomération pourrait, dans la pensée de celui qui vous parle,
devenir en quelque sorte le conseiller de l'OPDQ en matière
d'aménagement et de planification? Je dirai oui et avec enthousiasme
parce que, justement, l'OPDQ est à un niveau plus éloigné
du milieu, doit avoir une vue d'ensemble et, dans sa vue d'ensemble, doit tenir
compte de ce que pense le milieu. C'est au milieu, à mon sens, de
commencer l'action, de déterminer la notion de planification et, par la
suite, de fournir ses réflexions à un organisme gouvernemental
qui visera plus largement le territoire du Québec. Je pense que c'est la
philosophie qui sous-tend le projet de loi que l'on a déposé.
Le Président (M. Picard): Le député de
Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, dans le
même ordre d'idées que le député de
Saint-François, cela n'a rien d'une attaque envers la juridiction des
conseils de comté, cela ne touche en rien à cela?
M. Goldbloom: Au contraire, M. le Président, je pense que
c'est un moyen de renforcer le rôle du conseil de comté et
d'amener ce conseil de comté à travailler avec ses
municipalités membres dans le sens d'une uniformisation des
procédures et des décisions. Je parle de choses comme le
lotissement, la construction, le zonage ...
M. Bédard (Montmorency): Meilleure planification.
M. Goldbloom: II y a avantage à amener les
municipalités rurales du Québec à être au
même diapason dans ces considérations qui sont absolument
fondamentales. Ce qui arrive, on le sait, c est que plusieurs
députés autour de la table, et le député de
Montmorency en est un excellent exemple, ont dans leur comté un
territoire urbanisé et un territoire rural. Ce n'est plus le cas dans la
nouvelle ville de Beauport, mais il y a, dans le comté de Montmorency,
des municipalités régies par le Code municipal et des
municipalités régies par la loi des cités et villes.
On constate que les écarts, les divergences entre les
décisions prises par les diverses municipalités finissent par
créer une incohérence de l'utilisation du sol, du
développement de la région. Soyons bien francs. Dans le cas des
six municipalités de la côte je laisse de côté
le cas de Saint-Michel-Archange vu qu'il est un peu particulier qui ont
décidé de constituer une nouvelle ville, il y avait des
divergences de vues, il y avait des écarts de capacité
administrative et financière et il y a eu une décision qui nous a
amenés à résoudre ces problèmes par l'unification
administrative du territoire.
Mais, à mon sens je l'ai dit et je voudrais le redire
ce n'est pas une solution universelle au problème. Au contraire,
je pense que, quand on quitte la grande trame urbaine que l'on connaît
ici dans la région de la capitale provinciale, que l'on connaît
dans la région de la capitale nationale, on a intérêt
à regarder d'autres solutions et sûrement une obligation simple,
mais fondamentale de faire de l'urbanisme, de planifier ensemble. C'est une
façon de régler une foule de problèmes et d'assurer pour
l'avenir, avec l'extension de la surface développée du territoire
québécois, une cohérence de développement qui n'est
pas possible et qui n'existe pas dans les faits aujourd'hui.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, dans le
contexte des endroits où il y a des commissions d'aménagement,
comment intégrez-vous cela? Est-ce qu'on est mieux d'agrandir le champ
de juridiction de la commission d'aménagement ou de former ces conseils
d'agglomération? Est-ce que vous avez une solution?
M. Goldbloom: Je pense que nous devons, en consultation avec les
municipalités et les conseils de comté, identifier le territoire
que l'on va définir pour chaque agglomération. Une fois une telle
définition donnée, il y aura toujours possibilité, selon
la philosophie du projet de loi, de modifier en ajoutant ou en retranchant des
éléments de territoire. Mais, de ce travail, découleront
certaines conclusions et j'aimerais que ces conclusions soient, par exemple, un
plan d'équipement pour l'ensemble de l'agglomération.
Qu'est-ce qu'on va faire? Quel sera le plan d'investissement pour ce
groupe de municipalités? Que ce soit cohérent, plutôt que
de voir, par exemple, la ville faire tous les investissements
nécessaires, les autres municipalités traîner de
l'arrière, et un écart grandissant, sur le plan fiscal et
financier, le plan de la taxation, entre la ville qui agit et la
municipalité qui n'agit pas. L'on dit: Vous voyez, c'est terrible ce qui
arrive dans la ville. Et on ne voudrait pas s'associer à la ville parce
que cela va nous coûter cher.
Soyons réalistes, M. le Président. Les conseils municipaux
de cette province ne taxent pas pour le plaisir de le faire. Ils taxent pour
donner des services. On me dira que, dans quelques cas, il y a eu des
exagérations. Cela, c'est la nature humaine qui exagère, parfois,
et ce n'est pas tout le monde qui est parfaitement à l'épreuve de
la tentation, encore moins à l'épreuve de l'erreur. Mais, en
règle générale, les conseils municipaux de cette province
prennent leurs responsabilités. Et quand ils sont obligés de
fournir des services, ils sont obligés de dire à la population:
Nous devons vous faire payer le coût de ces services.
Mais on voit des municipalités qui remettent aux calendes
grecques les gestes nécessaires pour fournir des services et croient
qu'un jour le Père Noël à Québec viendra donner de
l'argent, et que le Père Noël permettra de réaliser les
travaux, tout en gardant le niveau de taxes à cet agréable bas
niveau que l'on a connu depuis longtemps parce qu'on n'a pas donné de
services.
Mais, M. le Président, je pense que nous sommes aujourd'hui, en
majorité, suffisamment adultes pour nous asseoir ensemble et nous dire,
autour d'une table: Notre destin, ici dans cette agglomération, c'est
quoi? Et nous devons le planifier ensemble; et nous devons être logiques
dans cette planification, et nous devons développer un plan
d'équipement, un plan d'investissement et nous devons arriver à
nous engager logiquement et dire honnêtement à notre population:
On doit vous taxer, parce qu'on va vous donner des services.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, je suis
très heureux d'entendre parler le ministre de cette façon. A la
lecture des différents dossiers sur lesquels j'ai eu à
travailler, je me suis aperçu que certaines municipalités avaient
des taux de taxes très bas. Les citoyens me disaient: Nous aimons mieux
aller nous installer dans cette municipalité parce qu'il y a une grosse
différence de taxes avec les municipalités, je dirais,
plutôt urbaines. Ces municipalités recevaient des subventions
à la po-chetée pour la construction des services d'aqueduc et
d'égout, alors que la municipalité régie par la Loi des
cités et villes ne pouvait pas avoir accès à ces
subventions.
Donc, je suis très heureux de l'attitude du ministre. Je suis
certain qu'il y a longtemps qu'il essaie de le faire. Il y a déjà
eu une procédure, je pense depuis deux ou trois ans. Il y a certaines
normes qu'il faut respecter. Mais il restera aussi, M. le ministre, compte tenu
de l'effort fiscal que vous demandez à chacun de ces citoyens, avant
d'attribuer votre subvention, à tenir compte des services qu'ils ont
à l'heure actuelle.
Je veux dire par là que, si c'est calculé dans une
région, l'effort fiscal pour un citoyen devrait être de l'ordre de
$300. Si l'on base ce calcul de $300 et que l'on ne tient pas compte que ce
citoyen fait des efforts pour $300 pour l'aqueduc et
I'égout, mais que, par contre, du côté des loisirs,
il n'y a rien dans sa municipalité, il faudra faire attention aussi
à cette lacune.
Autrement dit, ne pas demander au citoyen de faire tout son effort sur
l'aqueduc et l'égout alors qu'il ne reste pas d'argent, au conseil de
ville, pour la police, la protection contre l'incendie, services divers,
services de loisirs et toutes ces choses-là.
M. Goldbloom: C'est exactement ce que nous essayons de faire, M.
le Président. Il faut néanmoins reconnaître que, dans
certains cas où la population est peu nombreuse et le projet reconnu
comme nécessaire et à un coût extrêmement
élevé, on n'est simplement pas capable de laisser une grande
marge de manoeuvre à cette population, autrement, ce serait la
collectivité québécoise qui devrait payer la
différence. Nous essayons de ne pas fermer complètement la marge
qui peut exister entre le niveau réel de taxation et un plafond
raisonnable, parce que, justement, nous ne donnons pas de subvention pour tous
les besoins que peuvent constater les municipalités et leurs
citoyens.
Le Président ( M. Picard): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: M. le ministre, tout à l'heure vous avez
parlé de conseils d'agglomération. Lorsque l'on regarde la
structure des conseils de comté, dans les débuts, leur formation
avait été prévue pour administrer les territoires non
organisés. Si on regarde aujourd'hui des régions où la
majorité ou presque du territoire est organisé, créer un
conseil d'agglomération en plus du conseil de comté ne
multiplierait-il pas les organismes? Ne devrait-on pas plutôt, puisque ce
serait peut-être plus pratique, inclure dans les conseils de comté
les villes existantes et former ainsi les conseils d'agglomération?
M. Goldbloom: M. le Président, je constate que nous
enfreignons le règlement.
M. Bédard (Chicoutimi): Je crois qu'on pense la même
chose. Lorsque j'ai voulu m'engager dans le débat du projet de
loi...
Le Président (M. Picard): Je pense que c'est un peu...
M. Bédard (Chicoutimi): ...12, vous m'avez rappelé
à l'ordre.
Le Président (M. Picard): Du regard, j'ai consulté
les deux côtés de la table et je pense que...
M. Bédard (Chicoutimi): On y reviendra prochainement.
M. Goldbloom: Prochainement, M. le Président, oui.
Le Président (M. Picard): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre sait que nous avons
souvent soulevé aux crédits le problème des subventions
discrétionnaires accordées par le ministère des Affaires
municipales aux municipalités et que, pour notre part, nous avons
toujours condamné la part importante que représentent ces
subventions dans les budgets municipaux. Une des raisons fondamentales de cette
attitude était que ces subventions discrétionnaires, qui
représentent une part importante dans les budgets municipaux, rendaient
très difficile l'établissement d'une planification
financière correcte de la part des municipalités, en ce sens
qu'un conseil municipal pouvait difficilement programmer, ne sachant pas
d'avance ce à quoi il aurait droit pour l'année en cours. En
lisant le rapport Castonguay, j'ai constaté, malgré tout ce qu'a
pu dire le ministre à ce sujet, que la part des subventions
discrétionnaires n'a pas diminué depuis 1972-1973, mais a
augmenté au même rythme que les subventions inconditionnelles.
Dans les deux cas, sur des chiffres qui ont été tirés du
rapport Castonguay, plus spécifiquement aux pages 84 et 85, on constate
en effet que les deux types de subventions, à savoir les subventions
discrétionnaires, inconditionnelles et aussi les subventions
d'équilibre budgétaire, ont été multipliés
en 1972 et en 1976 par 1,6 et que les subventions discrétionnaires
représentent toujours environ 40% des sommes inconditionnelles.
J'aimerais savoir du ministre sa politique pour l'avenir à ce
sujet et les raisons qui font que dans son esprit les subventions
discrétionnaires ne devraient pas diminuer. Je dis qu'elles n'ont pas
diminué; elles continuent de se situer à un pourcentage de 40% en
se référant à l'analyse qui a été faite par
le rapport Castonguay sur ce sujet bien précis. Si le rapport Castonguay
s'est trompé, j'imagine que le ministre sera en mesure de nous dire
jusqu'à quel point il a pu se tromper dans son analyse, mais il reste
quand même que c'est une constatation fondamentale que fait le rapport
Castonguay sur ce sujet particulier.
M. Goldbloom: M. le Président, le député de
Chicoutimi me ferait-il l'honneur de définir ce qu'il veut dire par une
subvention discrétionnaire?
M. Bédard (Chicoutimi): Ah!
M. Goldbloom: C'est simplement ce qui n'est pas statutaire, c'est
ça?
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous me permettez une
seconde...
M. Goldbloom: Bon, comment donner une subvention...
M. Bédard (Chicoutimi): Non, non, j'essaie de retrouver la
définition que le rapport Castonguay donne.
Le rapport Castonguay catalogue comme subventions
discrétionnaires les suivantes: subventions au regroupement municipal,
subventions en guise d'impôt foncier, taxes sur les hôpitaux, les
centres d'accueil et les maisons d'enseignement, subventions spéciales
aux villes de Québec et Laval et subventions d'équilibre
budgétaire à certaines municipalités.
Alors, comme j'ai posé ma question en me référant
à l'analyse faite par le rapport Castonguay, je vais m'en tenir, pour
les fins de la discussion, à la définition que donne le rapport
Castonguay de telles subventions.
M. Goldbloom: M. le Président, il n'y a que de très
rares subventions que je qualifierais, personnellement, de
discrétionnaires. A peu près toutes nos subventions sont le fruit
d'une analyse détaillée et systématique de la situation
financière de la municipalité et du projet, s'il s'agit d'un
projet.
Quand on parle de subventions d'équilibre budgétaire, nous
prenons les chiffres qui sont présentés comme prévisions
de dépenses et prévisions de revenus; nous les analysons en
détail. Nous sommes souvent en mesure de découvrir des revenus
sur lesquels la municipalité ne comptait pas, notamment en ce qui
concerne la redistribution d'une partie du produit de la taxe de vente. Nous
sommes en mesure d'analyser les dépenses de façon à
identifier et je ne prête pas de mauvaises intentions à qui
que ce soit des exagérations comme, par exemple, dans le service
de la dette où certaines municipalités ont tendance à se
donner un coussin, mettre un montant additionnel du côté des
dépenses. Une analyse détaillée, minutieuse donne un
chiffre réel et nous éliminons le coussin parce qu'après
tout on demande à la collectivité de l'aide financière.
C'est justifié si un problème financier existe; ce n'est pas
justifié pour laisser un coussin par rapport à une dépense
quelconque. Il y a...
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre n'est sûrement
pas d'accord pour dire que toute subvention qui n'est pas statutaire est une
subvention discrétionnaire?
M. Goldbloom: C'est justement ce que je suis en train de dire,
exactement.
M. Bédard (Chicoutimi): Sauf que...
M. Goldbloom: Et j'aimerais continuer mon analyse, M. le
Président.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, je reviendrai.
M. Goldbloom: Ce n'est pas justifié non plus, pour une
municipalité, d'inscrire à sa colonne de dépenses le genre
d'investissement qui est normalement fait par règlement d'emprunt et
nous faisons cette analyse.
Je voudrais qu'il soit connu de l'opinion publique qu'au moins la
moitié des demandes de subventions d'équilibre budgétaire
essuie un refus parce que, à l'analyse, nous trouvons que ce n'est pas
du tout nécessaire.
Outre cela, M. le Président, ce que nous faisons c'est de voir le
niveau de taxation par rapport au revenu moyen dans la municipalité et
de demander un effort local additionnel, sauf dans les cas où
déjà on est à un niveau exceptionnellement
élevé. Cela ne se produit pas très souvent. Même
dans ces cas, nous avons tendance à demander un effort additionnel,
surtout s'il y a un projet; nous disons: Pour avoir l'avantage de ces services
additionnels ou ces équipements additionnels, il faudra, même si
vous êtes déjà lourdement taxés, un effort
additionnel de votre part.
Il y a aussi le problème des déficits accumulés. Il
y a beaucoup de municipalités qui s'adressent à nous en
présentant un chiffre de déficit accumulé et en demandant
de l'aide pour éliminer ce déficit. Nous traitons ce
déficit, dans presque tous les cas, comme devant être
régularisé par un règlement d'emprunt, par consolidation,
et nous inscrivons, du côté des dépenses, seulement le
service de dette d'une seule année par rapport à ce
déficit accumulé. Nous ne faisons plus que dans de rares cas
d'exception où l'on est déjà surtaxé et où
nous croyons que la consolidation du déficit aurait pour effet de
créer une situation extrêmement grave dans la municipalité,
grave non seulement quant au fardeau des contribuables, mais aussi par rapport
à l'intérêt que pourraient avoir d'autres personnes
à venir habiter cette municipalité, à venir ouvrir un
commerce dans cette municipalité, à venir investir dans cette
municipalité sur le plan industriel ou autre.
Si nous croyons, dans notre jugement, qu'on est rendu à ce point,
alors, au lieu de tuer la municipalité, nous donnons une subvention plus
considérable.
Alors, M. le Président, on peut dire: Oui, il y a un
élément discrétionnaire dans cela. Il y a toujours un
certain jugement qu'il faut exercer. Mais je voudrais qu'il soit su que chaque
dossier est analysé et que dans la catégorie particulière
des demandes de subventions d'équilibre budgétaire, la
majorité essuie un refus.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que la liste des
considérations dont nous a fait part le ministre pour l'analyse de
l'opportunité de subventionner certaines municipalités n'illustre
pas un peu jusqu'à quel point c'est discrétionnaire? Je veux dire
jusqu'à quel point il n'y a pas de critères très
précis qui sont à l'origine de la décision du
ministère des Affaires municipales d'accorder ou non une subvention
importante ou moins importante.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai indiqué des
critères passablement précis. Je voudrais vous faire remarquer
que c'est drôlement discrétionnaire de la part du conseil
municipal d'accuser un déficit à la fin de l'année. C'est
contre cette discrétion que moi, je dois exercer ma discrétion de
ministre. Je ne suis pas pour laisser à la discrétion d'un
conseil municipal de faire n'importe quelle dépense, d'accuser n'importe
quel déficit et arriver, par la suite, et dire: Pauvres vous! Vous
avez
accusé un déficit. Il y a des critères absolus et,
selon ces critères, je dois vous donner X montant d'argent. Je vais
faire cela année après année? M. le Président, je
voudrais ajouter une chose.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous savez très bien que ce
n'est pas cette situation que nous voudrions voir endosser par le ministre. Ce
n'est pas l'esprit des questions que je lui pose. Est-ce que, justement,
l'absence de critères très rigides, très bien
explicités, ne donne pas comme résultat, au bout de la ligne,
justement le fait que certaines municipalités se présentent au
ministère des Affaires municipales afin de voir accepter des budgets qui
seraient complètement inacceptables? S'il y avait des critères
très précis, est-ce que cette situation de municipalités
qui arrivent avec toutes sortes de projets incroyables ne serait pas
éliminée?
M. Goldbloom: M. le Président ...
M. Bédard (Chicoutimi): Je peux peut-être ajouter
ceci: Dans l'énoncé que vous nous avez fait tout à
l'heure, dans l'esprit du ministre, il y a des critères très
précis qui prévalent, mais on ne peut pas dire que ce sont des
critères publics, ouverts.
M. Goldbloom: M. le Président, je vous avoue que je ne
comprends pas encore ce que le député de Chicoutimi veut me faire
dire. Il est très évident, je ne l'ai pas dit de façon
explicite, c'était implicite dans le récit que j'ai fait, que
quand il y a des projets qui sont proposés, nous devons exercer un
jugement de valeur quant à la nécessité de réaliser
ces projets. Et très souvent, nous disons à la
municipalité: C'est farfelu le projet que vous présentez. Et nous
disons aussi: C'est exagéré de vouloir faire tout cela en une
seule année, soyez raisonnables, mettez cela sur trois ans. Et ainsi,
nous diminuons le côté des dépenses. Mais nous devons
réagir à une proposition qui nous est faite, M. le
Président. Et il va sans dire que si la municipalité avec ce
même budget de dépenses veut taxer pour couvrir ses
dépenses, libre à elle de le faire, mais la loi exige un budget
équilibré chaque année, dans chaque municipalité.
Nous avons accepté une exception par bill privé, l'an dernier,
pour les deux prochaines années, pour la ville de Hull, à cause
d'une situation un peu particulière. Il fallait une législation
pour faire cela.
M. le Président, la municipalité est obligée de
déposer un budget équilibré. Et si elle nous arrive avec
un budget qui n'est pas équilibré... Je voudrais m'élever
publiquement contre la pratique de certaines municipalités
d'équilibrer leur budget en inscrivant du côté des revenus
une subvention putative du gouvernement provincial. Je n'accepte pas cela, M.
le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Prenez le cas des commissions
scolaires, elles n'ont pas besoin de faire grand voyage à Québec,
elles savent très précisément quelle sorte de budget elles
vont avoir...
M. Goldbloom: Non, non, mais écoutez...
M. Bédard (Chicoutimi): Que le ministre ne s'emporte pas
avant le temps. Je pense que je lui donne amplement le temps d'exprimer sa
pensée, je voudrais avoir la même possibilité...
M. Goldbloom: Vous alliez dire de s'exciter.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais dans le cas des commissions
scolaires...
M. Goldbloom: Heureusement, le journal des Débats, qui
n'imprime pas les sourires, n'imprime pas les colères non plus.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans le cas des commissions
scolaires, elles savent très bien à quoi s'en tenir au point de
vue du budget. Dans le cas des municipalités, c'est différent.
Elles sont placées dans un état d'imprécision beaucoup
plus grand que ne le sont, par exemple, les commissions scolaires. Je prends
cela comme comparaison. Je sais que toute comparaison cloche, mais le ministre
admettra que pour faire une bonne planification financière, les
municipalités ont besoin de savoir, le plus précisément
possible et le plus rapidement possible, les sommes qui pourraient être
mises à leur disposition dans une année financière.
Il me semble que peut-être les critères ne sont pas
suffisamment précis, publics et ouverts pour permettre aux
municipalités de n'avoir peut-être même pas besoin de venir
à Québec si c'était si clair, si les critères
étaient si précis que cela.
M. Goldbloom: Non. Je sais que l'honorable député
de Chicoutimi est un séparatiste et j'ai l'impression qu'il n'habite
même pas la même province que moi. La province que je connais, et
pour laquelle j'ai une part de responsabilités...
M. Bédard (Chicoutimi): Je note votre sourire, mais je ne
veux pas engager une discussion sur le séparatisme.
M. Goldbloom: Je savais que vous ne voudriez pas le faire. La
province que je connais et celle pour laquelle j'ai une part de la
responsabilité administrative dit à ses municipalités
très clairement: Si vous avez plus de 15 000 âmes de population,
vous pouvez compter sur un montant qui est prévu sur une échelle
et vous savez d'avance, avec chaque budget provincial, ce que vous aurez.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est une partie. M. Goldbloom:
C'est cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela règle une partie, mais
le reste?
M. Goldbloom: Si vous avez moins de 15 000 âmes, la
réponse est simple, c'est zéro. Sauf si vous avez un projet, il
faudra que vous soumettiez le projet et il sera analysé et vous aurez de
l'aide
pour ce projet si cette aide est justifiée pour l'analyse
financière.
Or, c'est le régime général, le régime
universel sauf les cas d'exception qui viennent demander quelque chose. Quand
les municipalités se présentent comme des cas d'exception, il
faut une analyse de leur situation pour voir si une mesure d'exception est
justifiée, mais par définition une mesure d'exception ne peut
être soumise à des règles absolues. J'ai indiqué ce
que nous faisons en analyse de ces demandes. Nous devons arriver à une
conclusion qui est une conclusion mathématique et qui est la
résultante de ce que j'ai décrit. Comment pouvons-nous augmenter
les revenus, comment pouvons-nous diminuer les dépenses? Quel est
l'effort local additionnel qui est prévu? Est-il suffisant? Après
avoir fait tout cela et éliminé les projets qui sont farfelus,
ayant converti en règlements d'emprunt les investissements prévus
à même le budget d'une seule année, s'il reste un solde,
nous disons: Nous allons donner ce solde. C'est une analyse individuelle dans
chaque cas, mais selon ces critères que j'ai énoncés.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce sont les critères que le
ministre a énoncés, sur lesquels il dit se baser. Mais à
mon humble avis, ils ne sont pas, encore une fois, assez précis, assez
ouverts, assez publics et ils permettent de se poser bien des questions souvent
sur des décisions que peut prendre le ministère ou le ministre
des Affaires municipales concernant, par exemple, des subventions
d'équilibre budgétaire.
Permettez-moi de vous donner l'exemple de trois subventions
d'équilibre budgétaire: la ville d'Alma, population de 22
353.
Le montant qui a été accordé comme subvention
d'équilibre budgétaire, au niveau des engagements financiers de
novembre 1975, est de $104 000, ce qui représente un per capita de
$4.65. Un autre exemple: Sainte-Agathe, où il y a 5436 habitants. Le
montant donné, $131 500, ce qui représente per capita de $24.19.
Un autre exemple: Shawinigan, population 27 170, montant de la subvention
donnée, $50 000, ce qui représente un per capita de $1.84. Non
seulement les édiles municipaux, non seulement les parlementaires mais
également la population ne peuvent faire autrement que se poser des
questions afin d'expliquer une telle différence per capita. C'est dans
ce sens que je me dis que si les critères étaient très
précis, étaient publics, étaient connus, peut-être
pourrait-on en trouver tout de suite les raisons. Quand on regarde simplement
le tableau, disons l'exemple que je viens de donner concernant trois
municipalités, avec des populations différentes, et ce que
représente de différence per capita les montants qui ont
été donnés en subvention d'équilibre
budgétaire, le ministre admettra avec moi qu'on ne peut faire autrement
que de se poser des questions à savoir pourquoi des différences
aussi importantes per capita.
M. Goldbloom: M. le Président, je vous donne une
réponse très précise sur les trois cas. De mémoire,
la subvention à Sainte-Agathe était calculée selon
l'analyse habituelle dont j'ai parlé. Dans les deux autres cas, il y a
des éléments particuliers que je voudrais expliquer. De
façon très simple, dans le cas d'Alma, c'est une promesse d'un de
mes prédécesseurs que j'ai été tenu de respecter.
C'est aussi simple que cela.
Il n'y a pas eu d'analyse par rapport à ce montant.
C'était une promesse faite par un prédécesseur et
c'était, paraît-il, un engagement du gouvernement. Dans le cas de
Shawinigan, c'est...
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que ce n'est pas là
l'illustration même du côté discrétionnaire?
M. Goldbloom: C'est une illustration de ce que faisaient mes
prédécesseurs, M. le Président, c'est tout ce que je peux
répondre.
M. Bédard (Chicoutimi): Ah bon!
M. Goldbloom: Ce n'est pas la façon dont je procède
depuis que je suis là. Je dirais depuis les premiers mois, parce que
dans les premiers mois de ma présence au ministère, je n'avais
pas la connaissance de tous les mécanismes. Alors, si l'on veut choisir
des exemples...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous étiez lié par
certaines décisions prises par des prédécesseurs?
M. Goldbloom: ...oui... dans ces tous premiers mois,
peut-être qu'on ne trouvera pas une analyse aussi rigoureuse que celle
que j'impose présentement. Dans le cas de Shawinigan, c'est tout
à fait particulier. Dans un quartier de Shawinigan, il y a une cour
à ferraille. Les gens de ce quartier ont longuement et vivement
protesté.
Il y a eu une négociation entre la ville et le
propriétaire de ce dépotoir. Je m'excuse, je retire le mot
"dépotoir"; "cour à ferraille" est une meilleure expression,
parce que c'est un commerce de ferraille, ce n'est pas simplement un
dépotoir. Ce qui est accumulé là est revendu et
réutilisé.
La ville, dans l'intérêt des citoyens et pour agrandir un
terrain de jeux qui est situé à côté de ce terrain,
a voulu exproprier et conclure une entente avec le propriétaire pour
qu'il relocalise son commerce à un autre endroit et surtout dans un
endroit reconnu comme étant industriel.
La ville n'avait pas facilement à sa disposition de tels
terrains. Le parc industriel n'était pas développé, si je
comprends bien, de façon à recevoir un tel commerce. On a
trouvé un endroit un peu éloigné et il fallait non
seulement transporter le matériel qui se trouvait sur le terrain, mais
aussi ou bien déplacer des bâtiments ou en construire d'autres,
fournir des services d'électricité et ainsi de suite. Alors, ce
qui est arrive, c'est que nous avons traité cela absolument comme un cas
d'exception. C'est effectivement une subvention discrétionnaire
où nous avons partagé à 50% le coût de cela avec la
ville. Le propriétaire a payé sa part et nous avons donné
$50 000 à même le budget du ministère des Affaires
municipales et, si ma mémoire est fidèle, $28 000 à
même le budget du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et
aux
sports pour l'aménagement du terrain de jeux agrandi.
Alors, ce cas ne tombe pas dans la catégorie ordinaire de
subventions d'équilibre budgétaire, par rapport à
l'analyse du budget de la municipalité.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre sait très bien
que je n'ai pas apporté ces trois exemples dans le but d'essayer de
chercher des cas de patronage, de favoritisme politique ou tout ce que vous
voudrez. Je tiens à le dire: Ce n'est pas dans ce but.
M. Goldbloom: Oui, mais j'ai voulu quand même fournir des
précisions sur chaque cas.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, C'est simplement dans le
but d'expliciter, d'une façon, je dirais, presque visuelle, les
différences très grandes qu'il peut y avoir, per capita, d'une
municipalité à l'autre et qui font que non seulement les
municipalités, mais également la population peuvent se poser des
questions sur le pourquoi de ces différences.
M. Goldbloom: M. le Président, quand...
M. Bédard (Chicoutimi): Je pense que cela peut expliquer
un peu aussi jusqu'à quel degré ces sortes de subventions
d'équilibre budgétaire peuvent devenir discrétionnaires.
Même si elles sont basées sur une série de
considérations, comme l'a expliqué le ministre, il admettra avec
moi que toutes les considérations ou les critères qu'il a
énoncés tout à l'heure n'empêchent pas, quand
même, la possibilité que deux municipalités de
régions différentes, ayant à peu près le même
type de budget à présenter au ministère des Affaires
municipales, puissent donner comme résultat, au bout de la ligne, des
subventions qui puissent être différentes. Et cela, non parce que
le ministre est de mauvaise foi, non parce que les fonctionnaires sont de
mauvaise foi ou veulent user de favoritisme, mais parce qu'il y a tellement de
critères, il y a des analyses qui sont faites sur l'un et l'autre des
budgets qui peuvent être apportés qui, avec toute la bonne foi du
monde, peuvent arriver à des résultats différents quant au
montant de la subvention d'équilibre budgétaire.
M. Goldbloom: Mais, M. le Président, il faut qu'on arrive
à des résultats différents. Si l'on prend deux
municipalités de même taille, disons que l'on prend deux
municipalités de 12 000 âmes chacune, avec un montant total de
budget annuel à peu près équivalent. Les deux viennent
nous voir en demandant une subvention d'équilibre budgétaire.
M. Bédard (Chicoutimi): Et c'est équivalent
aussi.
M. Goldbloom: ...équivalent. Si nous constatons que, dans
un cas, la municipalité a sous-estimé son revenu de la taxe de
vente et que, dans l'autre cas, la municipalité a visé juste, si
l'on voit que, dans un cas, la municipalité a inscrit des
dépenses en immobilisation à même le budget de
l'année courante, et ce n'est pas le cas dans l'autre, il y aura des
différences. Il faudra peut-être aller plus loin que cela. Ce
serait absolument discrétionnaire de le faire, de poser un jugement de
valeur sur la qualité de l'administration, sur
l'étan-chéité de l'administration quant aux petits
montants, à la petite caisse, à toutes sortes de choses, mais il
faudra qu'on arrive à des situations différentes.
M. le Président, il y a aussi des considérations d'ordre
humain. Je vais ajouter quelque chose qui est un exemple qui vient de m'arriver
à l'esprit.
Ce n'est pas pour être désobligeant du tout à
l'endroit de l'honorable député de Chicoutimi que je cite cet
exemple. Mais c'est un exemple frappant de la discrétion que doit avoir
le ministre pour rendre, sur le plan humain, justice aux municipalités
du Québec.
Il y a une municipalité au Québec qui a fait sa demande
dans le cadre du programme fédéral des prêts aux
investissements. C'était pour de l'aide vers la construction d'une
aréna. Il y a eu des discussions et, par ces discussions, il a
été entendu verbalement que le projet serait inscrit au
programme. Par une erreur administrative, ce projet n'a pas été
inscrit au programme; il n'y avait jamais eu d'écrit à cet effet.
Mais le projet n'a pas été inscrit. Le ministre, parce qu'il se
sentait responsable sur le plan humain, a accordé une subvention
discrétionnaire à la ville de Chicoutimi pour la construction
d'une aréna.
M. Bédard (Chicoutimi): ... Gagnon.
M. Goldbloom: II me semble qu'il y a des cas de cette nature, M.
le Président, qui font que l'on ne doit pas s'élever contre ce
mot discrétionnaire et faire du mot discrétionnaire un mot
péjoratif.
M. Bédard (Chicoutimi): La question n'est pas d'en faire
un mot péjoratif. Je pense que le ministre comprend l'esprit dans lequel
on fait ce débat, c'est d'essayer et en cela on rejoint
également certaines recommandations du rapport Caston-guay, certaines
analyses de situations de faire en sorte qu'il y en ait le moins
possible de subventions discrétionnaires, au véritable sens du
mot, qu'elles se situent plutôt dans des cas d'exception. Une politique
générale du ministère des Affaires municipales, en termes
d'aide aux municipalités, doit s'orienter en fonction du résultat
que les municipalités sachent le plus rapidement possible le montant
exact des sommes qui seront mises à leur disposition pour confectionner
leur budget, pour planifier leur développement.
M. Goldbloom: Mais, M. le Président, je dois revenir
à ce que je disais tout à l'heure. C'est déjà connu
et très clairement...
M. Bédard (Chicoutimi): Surtout c'est connu des
municipalités.
M. Goldbloom: C'est connu des municipalités
que, si elles ont 15 000 âmes, elles reçoivent une
subvention; si elles n'ont pas cette population, elles n'en reçoivent
pas. Et ce sont des cas d'exception qui viennent demander une subvention
d'équilibre budgétaire.
Ces municipalités doivent justifier leurs demandes. Sur les trois
exemples, je dirais qu'il n'y a qu'une seule subvention vraiment
discrétionnaire, c'est Shawinigan. C'est clairement
discrétionnaire. J'avais un choix à faire. Dans quelle mesure
est-ce que la collectivité devait absorber ce qui semblait un coût
assez élevé pour la ville de Shawinigan? Il y avait une
complication là-dedans. C'est que si je n'avais pas donné de
subvention discrétionnaire à la ville, elle aurait dû
présenter un règlement d'emprunt pour le montant total. Un seul
quartier était intéressé mais on ne pouvait attribuer la
dépense à ce seul quartier parce que, dans ce quartier, il n'y
avait pas d'énormes dépenses. Les importantes dépenses
étaient dans un autre quartier où il fallait relocaliser la cour
à ferraille.
Donc, probablement qu'il y aurait eu une demande de
référendum et probablement que la ville aurait vu battre son
projet de relocalisation de la cour à ferraille. C'est une chose que je
devais évaluer. J'ai fait cette évaluation.
Dans le cas d'Alma, ce n'était pas discrétionnaire parce
que...
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai pris ces exemples au hasard.
J'aurais pu apporter la liste de toutes les municipalités qui ont
reçu des subventions d'équilibre budgétaire.
M. Goldbloom: M. le Président, je serais heureux...
M. Bédard (Chicoutimi): Mon idée n'est pas
tellement, dans chacun des cas, voyant les différences d'une
municipalité à l'autre dans le per capita, de demander pourquoi
au ministre dans chacun des cas. C'est simplement de faire ressortir
jusqu'à quel point chaque cas le ministre en fait presque la
démonstration devient un problème particulier et, à
ce moment-là, est, dans la même mesure, d'une certaine
façon, discrétionnaire au niveau de l'analyse.
M. Goldbloom: Effectivement, M. le Président, pour la
petite minorité de municipalités incapables d'équilibrer
leur budget, il y a une évaluation individuelle à faire dans
chaque cas. Mais c'est une évaluation qui est faite selon des
critères assez précis.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur ce sujet précis, je
poserais une question au ministre, qui serait la suivante: Voulez-vous me faire
connaître je ne sais pas s'il y a un document au ministère
la liste des critères précis? Est-ce qu'on pourrait
l'avoir?
M. Goldbloom: Ce sont des critères d'examen. Ce ne sont
pas des critères d'argent, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, non. Des critères
d'examen, en tout cas, les critères que vous avez. Serait-il possible de
nous produire cette liste de critères? Je comprends qu'après cela
chaque cas peut avoir quelque chose de particulier.
M. Boutin: Vous l'avez donnée l'année
passée.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense l'avoir
déjà produite et elle se trouve au journal des
Débats...
M. Bédard (Chicoutimi): Non, justement, c'est qu'à
chacun des crédits, en tout cas pour ceux que j'ai faits...
M. Boutin: C'est le député de Lafontaine qui l'a
eue.
M. Bédard (Chicoutimi): ...j'ai essayé de
l'avoir... Non, le député de Lafontaine ne l'a pas eue non
plus.
M. Boutin: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): En tout cas, il n'est pas question
de commencer une longue discussion, à partir du moment où le
ministre est disposé à la produire...
M. Boutin: C'est parce que vous les avez perdus...
M. Bédard (Chicoutimi): ...je suis très
heureux.
Il est une heure, M. le Président, nous y reviendrons.
Le Président (M. Picard): La commission ajourne sine
die.
(Fin de la séance à 13 h 5)