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Commission permanente des affaires municipales
Etude des crédits du ministère des
Affaires municipales
Séance du jeudi 13 mai 1976 (Onze heures six minutes)
M. Picard (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs! La commission des affaires municipales
continue ce matin l'étude des crédits du ministère des
Affaires municipales. Nous avons un changement dans la composition de la
commission, pour la séance d'aujourd'hui, M. Assad, de Papineau,
remplace M. Pagé, de Portneuf. Et j'aimerais informer les membres de la
commission que nous avons à ce jour siégé neuf heures et
quarante minutes et nous en sommes toujours au programme 2 d'un
ministère qui en compte treize.
M. Déziel: Est-ce que cela veut dire, M. le
Président, qu'il ne reste que vingt minutes?
Le Président (M. Picard): Alors, je cède
immédiatement la parole au député de Chicoutimi.
M. Caron: Avant de commencer, est-ce que mon collègue M.
Assad va passer la journée avec nous?
M. Assad: Juste de passage. M. Caron: De passage, oui.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, nous
serions prêts à adopter le programme 2, sous réserve de la
discussion sur la fiscalité municipale elle-même, en rapport avec
le budget présenté.
Le Président (M. Picard): Y a-t-il consentement?
M. Goldbloom: C'était entendu, M. le Président.
Le Président (M. Picard): Programme 2, adopté
avec...
M. Bédard (Chicoutimi): Avec la réserve que j'ai
mentionnée.
Le Président (M. Picard):... la réserve de pouvoir
revenir à l'étude de la fiscalité. Programme 3?
M. Bédard (Chicoutimi): Le programme 3, M. le
Président, concernant la gestion interne et le soutien, nous avons eu,
dans des programmes antérieurs, l'occasion d'aborder presque directement
cet aspect. A moins que le ministre ait des remarques particulières
à faire à ce programme, nous sommes prêts à
l'adopter.
M. Goldbloom: C'est une excellente gestion interne, M. le
Président.
Le Président (M. Picard): Y a-t-il d'autres questions?
M. Bédard (Chicoutimi): Je crois qu'il ne faut pas aller
aux conclusions, parce que la discussion recommencerait.
Le Président (M. Picard): Programme 3, adopté.
Programme 4?
Aide financière à la
Société d'aménagement de l'Outaouais
M. Bédard (Chicoutimi): Au programme 4, M. le
Président, le ministre sait que la Commission régionale de
l'Outaouais a présenté, en février 1976, un mémoire
à un comité fédéral sur la région de la
capitale nationale. On sait que, constitutionnellement parlant, normalement les
municipalités doivent communiquer avec le gouvernement du Québec.
Dans le cas présent, on a une communication directe avec les organismes
fédéraux.
J'aimerais savoir du ministre si ce mémoire qui a
été présenté par la capitale régionale de
l'Outaouais a été approuvé par le ministre et si
effectivement des autorisations ont été données par le
ministre ou le ministère afin d'endosser cette manière d'agir.
Sur cela, j'aurai une autre question pour enchaîner.
M. Goldbloom: M. le Président, la manière d'agir a
été autorisée par l'instance gouvernementale qui avait la
responsabilité de le faire; il s'agit du ministère des Affaires
intergouvernementales.
Vous ne serez pas étonné, M. le Président, de
savoir que le principal interlocuteur de la Communauté régionale
de l'Outaouais, au niveau de ce ministère, a été le
ministre d'Etat. Quant au contenu du mémoire, il a été vu
mais n'a pas fait l'objet d'une approbation détaillée. Les
grandes lignes de ce que voulait dire la Communauté régionale de
l'Outaouais, ont été acceptées par le gouvernement au
niveau du ministère des Affaires intergouvernementales, lors d'une
réunion qui a eu lieu ici à Québec.
M. Bédard (Chicoutimi): A la page 60...
Le Président (M. Picard): Est-ce que c'est sur le
même sujet que le député d'Abitibi-Ouest?
M. Bédard (Chicoutimi): C'est sur le même sujet, M.
le Président. J'ai une question seulement.
M. Boutin: Oui, oui, je vais parler après lui.
Le Président (M. Picard): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Aux pages 60 et 61
de ce mémoire que je viens de mentionner, la Communauté
régionale de l'Outaouais recommandait précisément ceci.
Premièrement, que les schémas d'aménagement des
municipalités régionales et municipales constituent le cadre de
planification et de localisation de toutes les fonctions qui prendront place
sur leurs territoires, y compris celles que le gouvernement du Canada entend y
implanter. Une deuxième recommandation, parmi les six qui ont
été formulées par la communauté régionale,
est que la Commission de la capitale nationale se retire complètement du
domaine de la planification d'ensemble et de l'urbanisme municipal et que les
dispositions de sa loi organique à ce sujet soient amendées en
conséquence.
Je voudrais savoir du ministre s'il est d'accord avec ces prises de
position ou ces recommandations de la Communauté régionale de
l'Outaouais et j'aimerais savoir ce que le ministre a pu poser comme gestes
concrets afin de concrétiser cette obligation du fédéral
d'être soumis aux schémas d'aménagement municipaux.
M. Goldbloom: La réponse est oui, M. le Président,
nous sommes d'accord avec cette prise de position. Ce que nous avons fait,
c'est clairement de mettre entre les mains de la Communauté
régionale de l'Outaouais un instrument qui lui manquait auparavant.
Jusqu'à l'existence de cet instrument, qui est encore de nature
provisoire parce qu'il y a une période de consultation à
traverser avant l'entrée en vigueur absolue du schéma
régional d'aménagement de la CRO, nous étions tout
simplement dans une position défensive, négative je dirais. Nous
étions obligés de dire: Non, nous ne sommes pas d'accord avec
certains gestes posés ou proposés par la CCN, mais nous n'avions
pas de solution de rechange, nous n'avions pas notre schéma
d'aménagement.
Si l'on regarde le schéma produit par la CRO et qu on le compare
avec le programme de la CCN, un programme qui n'est pas toujours connu en
détail à l'avance, nous constatons que la philosophie,
l'orientation de notre schéma diffèrent de la philosophie et de
l'orientation de l'approche de la CCN. Avec l'entrée en vigueur de notre
schéma, nous prenons déjà la position que c'est ce
document qui devra avoir préséance sur d'autres
velléités et d'autres orientations.
Quant au retrait de la CCN de toute activité du domaine de la
planification, je pense que, tout en appuyant cette prise de position, nous
devons être réalistes. Nous aurons certainement une
présence québécoise, une force décisionnelle
québécoise plus importante qu'auparavant. Nous allons
certainement influencer des décisions, mais nous ne sommes pas en mesure
d'affirmer aujourd'hui quelle sera la décision du gouvernement
fédéral par rapport à la loi constitutive de la CCN et aux
pouvoirs accordés à cet organisme par la loi en question.
Donc, je ne voudrais pas aller plus loin que cela et dire, de
façon catégorique, que nous allons assister au retrait complet de
la CCN. D'ailleurs, il ne serait pas logique d'envisager le retrait physique de
la CCN qui est déjà propriétaire d'importants territoires
du côté québécois.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre est-il en mesure de
nous dire que la CCN, au moins, va se soumettre au schéma
d'aménagement qui a été recommandé par le CRO?
M. Goldbloom: Je n'ai pas encore cette assurance formelle mais
nous avons quand même, dans des conversations avec la CCN, conversations
auxquelles je n'ai pas participé personnellement, une attitude
réceptive dans la perspective de la mise en vigueur d'un schéma
de notre côté. Je pense que l'équilibre sera sensiblement
modifié par l'entrée en vigueur d'un schéma
régional du côté québécois de la
rivière.
Le Président (M. Picard): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: M. le Président, avec la mise en branle de la
préparation de schémas d'aménagement régionaux dans
différentes régions économiques de la province, est-ce
qu'on pourrait savoir si le ministre envisage, à court ou à moyen
terme, l'expérience de sociétés d'aménagement dans
d'autres régions en se basant sur l'expérience positive ou
concluante de la Société d'aménagement de l'Outaouais?
M. Goldbloom: Je dois répondre non, M. le
Président. Nous n'avons pas de programme d'implantation d'autres
sociétés d'aménagement dans d'autres régions du
Québec. D'ailleurs, c'est le caractère particulier de l'Outaouais
québécois et son implication dans la capitale nationale qui nous
ont amenés à la création de cet organisme. D'ailleurs,
cette création remonte à la loi constitutive de la CRO
elle-même.
Nous avons voulu, à cause d'un certain retard que tout le monde a
pu constater dans le développement de cette région importante du
Québec, à cause de la faiblesse relative de la participation du
Québec à l'évolution et au développement de la
capitale nationale, poser un geste d'exception. Je suis obligé de dire
que ce geste demeure un geste d'exception et qu'il n'y a pas, en perspective,
une généralisation de ce genre de mesures à
l'échelle de toute la province.
M. Boutin: Alors, je reposerai ma question dans un autre
programme.
Le Président (M. Picard): Le député de
Papineau.
NI. Assad: M. le Président, le ministre pourrait-il nous
dire si le schéma d'aménagement qui a été
présenté il y a quelques semaines, c'est plutôt un document
de travail avant tout?
Et à l'intérieur de ce programme, quand je l'ai vu
publié, il était question d'un corridor de loisirs ou de plein
air. Après avoir consulté le président
de la CRO, M. Séguin, plusieurs des maires dans la région
et le président ont posé des questions sur ce corridor. Tout le
monde est d'accord qu'il fallait que le schéma d'aménagement soit
déposé, que ce soit un outil de travail; mais cette question de
corridor qui est souvent soulevée, personne n'est au courant de qui va
payer la note, parce que cela implique des expropriations qui pourraient aller
au-delà des $10 millions. Les quelques maires avec lesquels j'ai
parlé, je leur ai dit que d'ici très peu de temps je pourrais
avoir des informations à l'effet que le ministre pourrait se prononcer
sur ce corridor qui ne fait pas, en réalité, partie du
schéma d'aménagement comme tel.
M. Goldbloom: M. le Président, dans un schéma
d'aménagement, il faut quand même tenir compte de tous les
éléments connus et la détermination possible d'un corridor
de verdure ou d'espace récréatif est nécessairement un
élément important d'un schéma régional dans son
ensemble. Puisque le schéma vient d'être rendu public il y a une
quinzaine de jours et puisqu'il y a cette période de consultation qui
devra durer quelque six mois, qui commence à peine, je ne serais pas en
mesure de me prononcer sur quelque élément que ce soit de ce
schéma. Il faudra d'abord que la population s'exprime sur les
orientations et les choix qui sont présentés.
Deuxièmement, les autorités municipales devront prendre
certaines décisions et à leur propre niveau et au niveau de la
CRO dont elles font partie. Après cela, il faudra déterminer
comment procéder à la mise en application du schéma dans
les faits concrets. Et ce ne sera qu'à ce moment que nous pourrons
véritablement déterminer qui doit assumer une
responsabilité financière.
Le député de Papineau sait encore mieux que moi, parce
qu'il habite la région, que dans certains cas la détermination,
jusqu'à maintenant, des corridors de verdure, des espaces
réservés pour diverses fins a relevé de la CCN, qui a
posé des gestes et qui a décidé de réserver et de
protéger tel et tel espace.
Dans l'ensemble, même si on peut différer d'opinion quant
au choix de parcelles de territoire, l'idée fondamentale de la
protection de ces espaces a été une bonne et heureuse
idée. La CCN a payé pour l'acquisition de ces espaces. Je pense
que, de façon générale, il faudra effectivement engager
une discussion qui pourra enfin prendre l'allure d'une négociation pour
savoir qui va payer quoi, mais il faut d'abord déterminer quels sont les
objectifs, quelles sont les décisions quant au territoire à
viser. Quand nous aurons cela, suite à la consultation, suite aux
décisions des autorités locales, nous pourrons engager la
discussion quant aux implications financières.
Le Président (NI. Picard): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand on regarde le programme 4,
au niveau des prévisions budgétaires, on remarque qu'il y a une
diminution de 25% des crédits. Comme on sait que la SAO a
été, en quelque sorte, créée pour contrebalancer,
d'une certaine façon, l'action de la CCN, nos informations étant
que les budgets de la CCN, eux, n'ont pas été diminuée,
est-ce que le ministre pourrait nous expliquer ce qui justifie une diminution
de 25% des crédits affectés à l'aide financière de
la Société d'aménagement de l'Outaouais?
M. Goldbloom: Tout simplement, il y a un climat
d'austérité que nous vivons. Il a fallu effectuer certaines
diminutions de dépenses. Mais nous avons devant nous la partie
budgétaire. Or, l'on sait que pour la CRO, comme pour d'autres
organismes semblables, il y a des investissements à faire à
même la partie extra-budgétaire des ressources de la province, et
il n'y a pas eu de changement important en ce qui concerne la partie
extrabudgétaire. C'est simplement une certaine prudence administrative
qui nous mène à effectuer une certaine diminution cette
année.
M. Bédard (Chicoutimi): On sait jusqu'à quel point
peuvent être importants les crédits affectés à une
communauté régionale, telle que celle de l'Outaouais qui a
à contrer, d'une certaine façon, l'action de la Commission de la
capitale nationale. J'essaie quand même de concilier cette diminution de
crédits à ce poste avec l'autre affirmation que vient de nous
faire le ministre des Affaires municipales à l'effet que la
Communauté régionale de l'Outaouais sera de plus en plus en
mesure d'avoir un rôle décisionnel, pour employer le mot qu'il a
employé tout à l'heure, dans ses relations avec la Commission de
la capitale nationale.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense qu'il ne faut pas
confondre le rôle de la Société d'aménagement de
l'Outaouais avec celui de la Communauté régionale de l'Outaouais
comme telle, parce que la SAO est en quelque sorte un instrument de la CRO pour
poser certains gestes et effectuer une certaine administration de parcelles de
territoire. Si l'on regarde la partie extra-budgétaire qui n'a pas
été diminuée, mais qui porte l'investissement total, qui
était de $10 millions l'an dernier, à $9 millions cette
année, la diminution est de 10% seulement, pas de 25%, ce qu'on pourrait
dire si l'on regarde seulement la partie budgétaire. C'est
peut-être la partie extra-budgétaire, comme je l'ai indiqué
tout à l'heure, qui est, en l'occurrence, plus importante quant à
l'action de la SAO.
Il faut aussi reconnaître que ce cas d'exception qu'est la SAO
vaut à l'Outaouais un investissement important qui ne serait pas
consenti probablement ou certainement pas au même ordre de grandeur, s'il
n'y avait pas cet organisme.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas d'autres questions
à ce programme. Je sais que nous aurons l'occasion de revenir à
la discussion sur ce sujet, lors de l'étude des crédits de
l'OPDQ. Alors, nous sommes prêts à accepter ce programme.
Le Président (M. Picard): Est-ce qu'il y a d'autres
questions au programme 4? Programme 4, adopté.
Programme 5, Sécurité-incendie.
Sécurité-incendie
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, M. le Président,
à ce programme, nous aurions une question que nous avons
déjà posée au ministre des Affaires municipales,
concernant la protection contre les incendies. Le ministre sait que la ville de
Montréal, au tout début d'avril 1976, a adopté un
règlement obligeant tous les propriétaires futurs
d'édifices de plus de 75 pieds à y installer des gicleurs
automatiques. Comme la mise en vigueur du Code du bâtiment
québécois continue, depuis 1971, à être
retardée, est-ce que le ministre a l'intention d'adopter une loi qui
obligerait les anciens et nouveaux bâtiments de plus de 75 pieds à
être munis de gicleurs automatiques et de détecteurs de
fumée?
M. Goldbloom: M. le Président, ayant mon bureau au
trentième étage de l'édifice G...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est d'autant plus important.
M. Goldbloom:... je suis particulièrement
intéressé par ce genre de mesures et j'attends une recommandation
précise de la part de la Direction générale de
prévention des incendies.
Des commentaires ont été formulés, à mon
intention, par les chefs de service de la protection contre l'incendie et je
suis personnellement sympathique à cette idée et
intéressé par la possibilité de légiférer
dans ce domaine.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ferais remarquer au ministre
qu'il m'a donné exactement la même réponse l'an
passé Je prends note de ses bonnes dispositions renouvelées aux
présents crédits, mais le ministre sait que la mise en loi de ce
Code du bâtiment québécois est quand même
retardée depuis 1971. Je tiens à revenir à la charge parce
que je crois que c'est une mesure de sécurité beaucoup plus
importante qu'on ne semble porté à le croire. Si nous revenons
à la charge c'est que nous ne voulons pas, si une catastrophe se
produisait, avoir, dans l'Opposition, sur la conscience le fait de ne pas avoir
fait au moins notre possible pour que des amendements en ce sens soient
apportés. Si nous renouvelons cet élément à la
mémoire du ministre, c'est que nous croyons que c'est très
important et nous ne voudrions pas non plus que le ministre ait sur la
conscience, en cas de catastrophe, le fait, à mon sens, de ne pas avoir
agi assez rapidement. Parce que, encore une fois, c'est depuis 1971 qu'on en
parle.
M. Goldbloom: II a été nécessaire, M. le
Président, de chercher une unanimité, ou au moins une très
large mesure de consensus autour de ce genre de mesure globale, de document
global et il n'a pas été facile d'obtenir un consensus suffisant
pour permettre de passer à l'étape de législation.
Nous continuons de travailler sur cela dans notre ministère avec
les documents techniques qui sont nécessaires à la
rédaction d'un code qu'on pourrait appeler de sécurité
incendie. Mais il faut que cela s'insère dans le document plus global et
il faudra encore un travail de mise en commun des idées, si vous voulez,
pour arriver à un document définitif. Ce n'est pas une question
de négligence ou de mauvaise volonté, au contraire et c'est assez
complexe.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais je m'explique quand
même difficilement la réponse du ministre indiquant qu'on est
encore au stade des études, qu'on est face à un problème
complexe. Il me semble qu'en termes de sécurité, créer une
obligation légale pour que les bâtiments anciens et nouveaux de
plus de 75 pieds soient munis de gicleurs automatiques et de détecteurs
de fumée ne doit plus faire l'objet d'études. Il me semble que
cela devrait être clair que des mesures légales, puisque c'est
nécessaire d'aller jusque là, doivent être prises. La
difficulté d'application ou de légifération peut venir
sans doute du fait que c'est moins facile de légiférer,
étant donné les coûts que cela peut représenter,
quand on parle des anciens bâtiments. Mais quand on parle des nouveaux
bâtiments, il me semble, à ce moment, qu'on en est rendu non pas
au stade des réflexions et des études, mais au stade des
décisions que, concernant au moins les nouveaux bâtiments, on
devrait légiférer très rapidement. Encore une fois, depuis
1971, on en parle. S'il y a lieu, étant donné les implications
financières que cela peut représenter en ce qui regarde les
anciens bâtiments, on peut peut-être s'accorder une période
de réflexion plus longue avant de légiférer.
Mais dans le cas des nouveaux bâtiments, étant donné
la nécessité et l'efficacité de ces mesures, de ces
mécanismes en termes de protection contre I'incendie, je ne vois
vraiment pas comment" le ministre peut retarder une décision favorable
en ce sens.
M. Goldbloom: M. le Président, en ce qui concerne les
nouveaux bâtiments, il faut que des mesures de cet ordre s'inscrivent
clairement dans un code général du bâtiment et, en ce qui
concerne les immeubles existants, il y a un problème pratique qui n'est
pas encore résolu. On sait que les compagnies d'assurance augmentent
leurs primes quand elles constatent un risque plus élevé que la
moyenne. Nous n'avons pas, cependant, la garantie, au contraire, que les primes
seront baissées nécessairement par le fait pour un particulier
d'effectuer des dépenses souvent très considérables pour
modifier ou corriger, si vous voulez, une situation dans un immeuble existant.
Nous sommes présentement en pourparlers avec les compagnies d'assurance
afin d'obtenir cette garantie. Si nous pouvons l'obtenir, notre tâche
sera facilitée d'autant.
M. Bédard (Chicoutimi): Encore une fois, je m'explique mal
la réponse du ministre. Quand on parle d'une telle mesure, on parle de
sécurité. Lorsqu'on parle de sécurité, surtout dans
le cas précis dont il s'agit, c'est-à-dire d'édifices
très imposants où un incendie aurait comme résultante une
sorte de catastrophe, je vois mal comment on
peut conditionner l'application d'une mesure sécuritaire aussi
importante, qui fait l'unanimité, à la décision de
compagnies d'assurance qui, peut-être baisseront leurs primes,
peut-être ne les baisseront pas, en fonction du fait qu'un tel
système est établi.
Je voudrais faire remarquer au ministre que dans une interview, le chef
inspecteur du Bureau de prévention des incendies de Montréal, M.
Maurice Lessard, et le président de l'Association des techniciens en
prévention d'incendies, M. Albert Charrette, ont été
d'accord sur l'urgence d'inclure dans le nouveau Code de la construction du
Québec une norme obligatoire d'installation de gicleurs automatiques
dans tous les édifices en hauteur au Québec.
Ils ont fait valoir que ce système est de loin le plus efficace
pour circonscrire un foyer d'incendie et que la solution de ce problème
exige une intervention immédiate pas des études
gouvernementale, au moins du point de vue provincial. Sous l'aspect du
coût des primes d'assurance qui pourraient en résulter, les deux
sont d'accord qu'une telle mesure qui serait appliquée dans tous les
édifices en hauteur au Québec aurait c'est leur opinion,
je pense bien que ce ne sont pas les moins informés du problème,
ils expriment leur conviction pour effet de faire baisser les primes
d'assurance des deux tiers.
On a affaire à des témoignages d'experts en la
matière. Même si on mettait les experts de côté, il
reste que, quand on parle de sécurité à l'intérieur
d'édifices qui abritent des centaines et des centaines de personnes,
avec les conséquences que cela peut avoir lorsqu'un incendie se
déclare, des conséquences catastrophiques, c'est presque
inexplicable que le gouvernement, que le ministre des Affaires municipales ne
puisse pas nous dire qu'il va légiférer très rapidement,
au moins pour les nouveaux bâtiments, si les difficultés sont trop
grandes en ce qui regarde les anciens bâtiments.
M. Goldbloom: M. le Président, nous sommes tous clairement
d'accord sur l'objectif et nous avons tous ce désir de voir une
protection maximale établie exigée par les lois et
règlements du Québec et des municipalités. Il n'y a pas
d'absolutisme dans la situation, c'est-à-dire il n'y a pas de
bâtiments qui sont parfaitement sécuritaires et d'autres qui ne le
sont pas du tout. Les édifices qui se construisent aujourd'hui sont
normalement du type que l'on appelle à l'épreuve du feu. On sait
que cette expression est relative et que, même si l'édifice
lui-même peut être considéré comme étant de
façon générale à l'épreuve du feu, le
contenu de cet immeuble ne l'est pas et il y a certainement des risques qui
sont impliqués.
Je suis extrêmement conscient de cela et nous poursuivons un
travail extrêmement sincère. Je dirai que notre équipe de
la Direction générale de la prévention des incendies est
extrêmement motivée vers les mesures de protection. D'ailleurs,
c'est pour cela que nous travaillons partout dans la province, avec les
municipalités, en vue de l'amélioration de leur système de
prévention et de leurs équipes et de leurs équipements
d'intervention contre l'incendie qui se déclare. Aiors, ce n'est pas une
question de ne pas être sensible au problème, ce n'est pas une
question de ne pas vouloir agir. Il faudra arriver aussitôt que possible
humainement à des conclusions et des gestes.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne poursuivrai pas la
discussion indéfiniment. Je serais porté à dire la
même chose que le ministre, ce n'est pas une question d'être
sensible au problème, ce n'est pas une question d'être
préoccupé par le problème. La question c'est de
résoudre le problème, c'est d'y apporter une solution. Un expert
dans cette matière, comme M. Lessard, le chef-inspecteur du Bureau de
prévention des incendies de Montréal, d'après les analyses
qu'il a faites, peut affirmer qu'il n'y a eu aucune perte de vie due à
l'incendie dans des édifices pourvus de gicleurs automatiques. D'autre
part, sous l'aspect financier, M. Cha-rette et M. Lessard, deux experts en la
matière, en arrivent à la conclusion que les coûts de
l'installation de ce système pourraient s'élever entre $0.51 et
$0.55 le pied carré, mais qu'il se révèle tellement
sûr pour empêcher le déclenchement d'un incendie que ceci
aurait comme conséquence que les primes d'assurance baisseraient des
deux tiers.
Il me semble qu'on vient de rejoindre deux éléments
très importants, le premier, qui est la sécurité des gens
à l'intérieur d'un gros édifice et, deuxièmement,
l'aspect financier.
Mais, encore une fois, l'aspect financier est quand même
secondaire par rapport à l'aspect sécuritaire pour
protéger la vie des gens qui ont à oeuvrer, a travailler dans des
édifices en hauteur. Encore une fois, je suis d'accord avec le ministre,
ce n'est pas une question d'être sensible; tout le monde l'est. Le
ministre l'est depuis 1971 et il l'était lors de l'étude des
derniers crédits. Je n'ai pas voulu, par ma question, réveiller
sa sensibilité, mais plutôt essayer de l'éveiller à
la nécessité de légiférer rapidement
là-dedans, même sans attendre, je dirais, la proclamation du Code
du bâtiment d'une façon générale.
Le Président (M. Picard): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: M. le Président, je voudrais demander au
ministre s'il n'est pas exact, actuellement, que la sécurité dans
les édifices publics est assurée par le ministère du
Travail.
M. Goldbloom: C'est vrai, M. le Président, mais ce n'est
pas une façon, pour moi, de me départir d'une
responsabilité, parce que nous avons, au ministère des Affaires
municipales, la Direction générale de la prévention des
incendies. Il est vrai, cependant, que, pour les nouveaux immeubles, il faudra,
à mon sens, apporter des modifications au Code de la construction et ce
code relève effectivement du ministère du Travail.
M. Boutin: Ah bon! Lorsqu'on regarde la construction de ces
nouveaux édifices, on voit qu'il est
obligatoire, aujourd'hui, d avoir justement ces détecteurs de
fumée, d'avoir des éclairages pour les sorties d'urgence, des
serrures spéciales pour les portes, de limiter le nombre de personnes
pour l'occupation des locaux. Si toutes ces choses sont rendues là, le
gicleur c'est peut-être une chose qui pourra se greffer à ces
règlements qui existent déjà.
Il y avait un autre point que je voulais mentionner. Lorsque le Code
provincial du bâtiment sortira et, aussi, un Code de prévention
des incendies, la méthode pour l'application de ces codes, est-ce que
vous avez entrevu une position là-dessus ou si, simplement, ce serait
d'obliger les municipalités à les incorporer à leurs
règlements de construction, comme cela se fait un peu actuellement? On
voit une municipalité qui incorpore le Code national du bâtiment
à son règlement de construction, le Code de la Régie du
gaz et de l'électricité. Donc le Code de prévention des
incendies pourrait s'y greffer de la même façon.
M. Goldbloom: M. le Président, ia responsabilité en
question me semble être à caractère surtout local,
c'est-à-dire que ce sont les gens qui sont sur les lieux
régulièrement qui sont les mieux placés pour surveiller,
contrôler, inspecter. Dans toute la mesure où les
municipalités peuvent se donner les effectifs et les équipements
nécessaires, il me semble logique que ce soient les municipalités
qui aient la responsabilité de l'application et du contrôle de ces
mesures.
M. Boutin: Est-ce que cela voudrait dire que, pour une certaine
population, le gouvernement pourrait obliger les municipalités à
avoir un certain nombre de personnes affectées au service des incendies,
comme un chef de pompiers permanent, avec un inspecteur à temps plein,
suivant une population bien terminée, et que ceux qui, aujourd'hui, ne
suivent pas au moins des barèmes minimums soient forcés de le
faire?
M. Goldbloom: Grosso modo, la réponse est clairement oui,
M. le Président. J'ai déjà eu l'occasion, au cours du
débat sur ces crédits, de mentionner la philosophie du rapport de
la Commission de refonte des lois municipales.
On sait que le mandat de cette commission est d'étudier
l'opportunité de rédiger une seule loi qui engloberait la Loi des
cités et villes, le Code municipal et d'autres lois que nous avons
présentement, sans pour autant faire disparaître les conseils de
comté. Le but serait de déterminer pour chaque catégorie
de municipalités, selon l'importance et les ressources que l'on peut
discerner chez la moyenne des municipalités de chaque catégorie,
les responsabilités à assumer. Et il me semble que nous nous
acheminons vers un style de loi qui dirait aux municipalités: Si vous
atteignez une population de X ou de Y, ce fait vous imposera des
responsabilités et vous n'aurez pas l'option de vous y soustraire. Si
vous avez une population moindre, la responsabilité pourra être
facultative, mais si vous atteignez un certain niveau de population, il faudra
que vous ayez tel service avec tel personnel. Je pense que c'est la
façon la plus logique d'agir.
M. Boutin: A'ors...
Le Président: Le député de Montmorency.
M. Boutin: Je n'ai pas fini, excusez. Le Président:
Vous n'avez pas terminé?
M. Boutin: J'aurais une autre question concernant encore la
prévention et qui a rapport avec l'approvisionnement en eau dans les
municipalités. Encore là. est-ce qu'il pourrait être quasi
automatique qu'une ordonnance soit donnée aux municipalités qui
n'ont pas l'approvisionnement en eau suffisant en cas de conflagration? Ceci a
des effets directs, parce que les rapports d'inspection faits par les
underwriters qui font le tour des municipalités, ont un effet direct sur
toutes les primes d'assurance.
M. Goldbloom: Déjà, M. le Président, nous
tenons compte de ce facteur dans la planification des systèmes de
distribution d'eau dans les municipalités et dans la définition
des réserves qui doivent être constituées. Nous avons des
situations de fait qui découlent de l'histoire de certaines
municipalités qui exigeraient des améliorations et nous ne sommes
pas en mesure, et les municipalités non plus, de corriger toutes ces
situations en une seule année. Mais à chaque fois qua nous sommes
saisis d'un problème d'alimentation en eau potable et cela veut
dire plusieurs fois par jour, parce qu'il y a des municipalités qui
soumettent des demandes d'aide par rapport à des systèmes de
distribution d'eau sur leur territoire nous analysons l'aspect de la
protection contre l'incendie en même temps que nous analysons les besoins
en consommation individuelle et en consommation industrielle. Dans certains
cas, nous imposons des dépenses plus considérables, parce que
nous disons: II faut absolument que vous constituiez une réserve
suffisante pour pouvoir lutter contre la conflagration.
Aussi, nous devons déterminer, pour chaque municipalité ou
chaque agglomération, le genre de système de distribution d'eau
qui conviendrait, d'un côté, à la protection contre
l'incendie et, de l'autre côté, au bon aménagement du
territoire, parce qu'il faut avoir un certain équilibre, et je
m'explique. Si partout, sur le territoire québécois, même
là où la vocation est agricole et les maisons clairsemées,
nous posions des borne-fontaines, nous transformerions nos ressources agricoles
à un rythme beaucoup plus rapide, et nous devons envisager un genre de
protection différent avec des camions-citernes, avec des réserves
locales, pour bien protéger ces maisons et ces personnes. Mais nous
devons établir l'équilibre entre le style que nous appliquons
à ce genre de protection.
La réponse est que c'est un élément important
de tous nos calculs en ce qui concerne l'alimentation en eau
potable.
M. Boutin: Merci.
Le Président (M. Picard): Le député de
Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): Je voudrais attirer l'attention
sur un fait que l'on mentionne souvent lorsqu'on parle de protection contre les
incendies. Je crois qu'on fait briller trop souvent aux yeux des citoyens que
cela peut apporter des baisses de prime selon les nouveaux investissements qui
pourraient être créés. Je veux vous mentionner, suivant ma
petite expérience, des montants d'argent que nous avons investis chez
nous dans les deux dernières années, ce qui a apporté des
augmentations de prime d'au-delà de 50% dans les deux dernières
années.
Il y a eu d'investi chez nous, toujours dans les deux dernières
années, au-delà de $400 000 d'équipement, toujours suivant
la demande des "underwriters", suivant l'étude des spécialistes
du ministère. Nous avons pris la décision, durant ces deux
dernières années, de donner l'entretien de nos bornes-fontaines,
sous forme de contrat, pour être certains que 24 heures par jour, 7 jours
par semaine, les bornes-fontaines seraient déblayées. Nous avons
investi $50 000 par année pour l'entretien des bornes-fontaines. Donc,
un autre problème de réglé.
Nous avons fait l'achat de garages pour garer nos équipements.
Nous avons fait la nomination d'adioints au directeur de police et, dans le
dernier budget, il nous était demandé 27 pompiers permanents,
lesquels nous avons refusés pour l'instant, mais dans les prochaines
années, nous allons en avoir régulièrement. Nous avons
payé à nos policiers-pompiers des cours sur les incendies. Nous
avons contribué à la reconstruction d'une partie du réseau
d'acqueduc, où nous avons investi $1 million, toujours à la
demande des "underwriters"; dans certaines parties de la ville, les tuyaux
étaient trop petits et nous en profitions pour faire la reconstruction
du chemin et nous investissions dans l'acqueduc. Donc, j'insiste sur le chiffre
de $1 million.
Nous avons la formation spéciale des pompiers volontaires
professionnels. Nous subventionnons ces pompiers, nous les payons à des
prix assez importants. On est rendu aujourd'hui avec des congrès des
pompiers volontaires professionnels et nous souscrivons à ces
congrès. Donc, c'est toujours l'argent du public que nous investissons
parce que, en fait, ce sont des bénévoles et on nous dit que dans
ces congrès ils apprennent de nouvelles méthodes et on les envoie
s'instruire. On a des cours dans les écoles, qui n'existaient pas avant,
toujours payés à même les deniers de la ville. Tout
récemment, il y a eu une nouvelle directive concernant les
détecteurs de fumée pour les édifices publics. Vous
n'êtes pas sans savoir que nous avons chez nous trois arénas; on a
décidé de poser des détecteurs et c'est $5 000
l'unité, donc $15 000. On dit aux citoyens; Cela coûte $15 000 de
plus. Nous autres, on prend l'argent dans la poche du citoyen.
Tout cela pour vous dire qu'en l'espace d'une couple d'années,
nous avons investi au-delà de $3 millions. Nous apportions souvent comme
argument à nos citoyens que les primes d'assurance seraient
baissées parce qu'on avait pas mal amélioré notre
réseau d'acqueduc. Je viens de vous dire, précédemment,
que les primes ont augmenté de 50%. Donc, je pense que c'est un argument
qu'il va falloir laisser et ne plus penser que cela va diminuer les primes.
Nous sommes conscients que c'est de la sécurité que nous faisons
à l'heure actuelle. Il y a gros à faire dans ce domaine mais,
quand c'est toujours le même petit contribuable qui paie la facture au
bout, il faut savoir quelle priorité devient 1 et laquelle devient
2.
Pour moi, la sécurité est très importante
au-delà de 75 pieds dans le cas des constructions. Je vous dirai qu'on a
des édifices de 120 logements chez nous qui ont 33 pieds de hauteur et
la sécurité est importante là aussi. 120 logements, cela
représente environ 500 personnes; à 33 pieds de hauteur,
même si nous sommes équipés contre les incendies, vous
savez que c'est souvent dans ces établissements qu'on retrouve les
mortalités. Il ne faut pas aller trop vite dans ce dossier, investir des
millions et des millions. Tous tant que nous sommes, au sujet des pertes de
vie, personne n'est d'accord avec cela. On veut en avoir le moins possible
mais, lorsque le ministre essaie de faire attention dans l'adoption d'une loi,
je l'appuie à 100%. Lorsqu'il décidera de toucher les vieux
établissements pour leur imposer la pose de gicleurs automatiques, je
peux lui dire, comme ingénieur, qu'il se lancera dans des
problèmes innombrables.
M. Bédard (Chicoutimi): II y a les nouveaux
établissements.
M. Bédard (Montmorency): Non, disons qu'il y a deux
problèmes, tel que le député de Chicoutimi l'a
mentionné: il y a les nouveaux établissements au-delà de
75 pieds, mais j'attire votre attention sur le fait que la
sécurité est en bas de 75 pieds aussi. Alors, cette norme de 75
pieds est sortie de quelque part. Tout cela pour dire que de la
sécurité on en a besoin partout, et le jour où le ministre
touchera aux vieux établissements... Vous savez que par la Régie
des loyers, on a touché aux propriétaires de ces
établissements, puis on voit aujourd'hui dans quel pétrin nous
sommes rendus. Les investissements dans ces loyers, il n'y en a plus. Alors, si
on impose des charges supplémentaires, il faut savoir dans quel
pétrin on les embarque et l'on s'embarque. Je comprends pourquoi le
ministre des Affaires municipales étudie depuis trois ou quatre ans et
j'espère qu'il va continuer à étudier encore avant de
s'embarquer dans une loi semblable qui pourrait nous mettre dans le
pétrin encore davantage.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais ajouter quelque
chose à ce que vient de dire le
député de Montmorency. Chaque année nous faisons
l'examen des crédits qui ont été décidés par
le ministre des Finances, par le Conseil du trésor et par le Conseil des
ministres. Au cours de ce débat, ministère par ministère,
il y a des commentaires qui sont exprimés et des recommandations qui
sont faites. Si l'on calculait, à la fin de cette période de
débat sur l'ensemble des crédits, la valeur des recommandations
formulées, on doublerait le budget de la province. C'est donc une
obligation qui s'impose à chaque gouvernement de faire certains choix.
Ces choix sont souvent pénibles, parce qu'on est bien conscient de la
nécessité d'agir dans toutes sortes de domaines, mais il y a une
allocation de ressources à faire et l'allocation des ressources n'est
pas exclusivement au niveau gouvernemental. Le député de
Montmorency l'a souligné aussi.
Quand on prend des décisions, on fait une allocation des
ressources des autres. On dit à d'autres: Vous devrez dépenser.
On peut, dans bien des cas, justifier ces interventions, mais ce n'est pas par
indifférence ou par inertie que les gouvernements, quels qu'ils soient,
prennent un certain temps avant d'arriver à certaines décisions,
si importantes soient-elles. Je suis heureux que le député de
Chicoutimi ait reconnu qu'il n'y a pas de divergence de vues quant à
l'importance et à l'urgence des mesures. Mais il y a quand même
des considérations d'opportunité d'agir et de moyens d'agir et
des implications d'un geste posé, geste qui deviendrait obligatoire et
universel, parce qu'il ne serait pas juste à l'endroit de beaucoup de
Québécois de dire que, parce qu'il n'y a pas de mesures
obligatoires et généralisées, personne ne bouge.
Il y a des mesures qui sont prises volontairement par des
municipalités et par des particuliers. Il y a une amélioration
progressive et nous encourageons cette amélioration. J'ai eu l'honneur
de présenter des trophées et des certificats d'honneur à
des municipalités il y a à peine une semaine, pour la protection
contre l'incendie. Je me permets de vous rappeler que le principal
trophée porte le nom de Trophée du ministre des Affaires
municipales et qu'il y a une concurrence vive pour l'obtention de ces
trophées, justement dans le domaine de la prévention des
incendies.
Donc, ce n'est pas un domaine qui est caractérisé par
l'indifférence. Au contraire, et nous allons, dès que nous le
pourrons, agir davantage dans ce domaine pour améliorer la protection
à l'échelle de toute la province.
Le Président (M. Picard): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président,
peut-être que pour l'ardeur que j'apporte afin de mettre sous les yeux du
ministre des Affaires municipales ce problème de la
sécurité en termes d'incendie dans les gros édifices,
à un moment donné j'aurai le droit d'être aspirant à
l'obtention de son trophée, mais tel n'est pas mon désir.
M. Goldbloom: Est-ce que cela veut dire que le
député de Chicoutimi va se présenter comme candidat
à la mairie de la ville de Saguenay?
M. Bédard (Chicoutimi): Ah!
M. Bédard (Montmorency): A moins qu'il ne donne son nom
comme pompier volontaire!
M. Bédard (Chicoutimi): II faudra que la loi 98 suive son
cours...
M. Goldbloom: C'est cela, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): ...pour que les gens aient
à prendre des décisions.
Mais, sur ce sujet très important, M. le Président, de la
sécurité dans les gros édifices, j'ai sous les yeux, par
exemple, les résultats catastrophiques d'un incendie qui a eu lieu, non
pas ici au Canada, mais au Brésil, à Sao Paulo. C'était
dans un édifice ultra-moderne et cela a occasionné plus de 100
pertes de vie.
Quand on regarde également l'enquête qui a
été effectuée par le journal La Presse au niveau des
protections contre l'incendie en ce qui a trait aux gratte-ciel de
Montréal, on voit que cette enquête conclut que les chances de
survie des résidents sont minimes, en raison du manque de
sévérité des normes de sécurité contre le
feu; également, que les normes obligatoires sont nettement insuffisantes
et que les constructeurs n'y ajoutent presque rien par souci d'économie.
Je pense qu'il n'est pas besoin d'attendre une catastrophe pour agir. On est
d'accord sur l'urgence et sur l'importance du problème. Nous sommes
convaincus également que le ministre est conscient de cette urgence.
Il me semble, étant donné ces considérations, qu'on
devrait au moins obtenir du ministre, au niveau de l'étude des
présents crédits, peut-être pas une promesse ou un
engagement, mais quelque chose dans ce sens, à l'effet qu'au moins dans
le cas des nouveaux bâtiments le ministre pourra nous présenter
une législation avant que nous ayons à aborder l'étude des
crédits de 1977.
M. Goldbloom: Tel est certainement mon désir, M. le
Président. Je voudrais pouvoir accuser progrès dans ce domaine au
cours de cette année.
Le Président (M. Picard): Programme 5, adopté.
J'aimerais avoir l'opinion des membres de la commission au sujet des 4
programmes suivants. Il s'agit de programmes qui touchent le secteur de
l'habitation.
Il a été admis, dans le passé, que nous pourrions
étudier 2, 3 ou 4 programmes conjointement. Alors, y aurait-il
consentement pour qu'on étudie les programmes 6, 7, 8 et 9
conjointement, étant donné que tous ces programmes touchent le
secteur de l'habitation?
M. Bédard (Chicoutimi): Nous sommes d'accord, M. le
Président.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Picard): D'après le nouveau
règlement, tout député, même s'il n'est pas membre
de la commission, a droit de parole lorsqu'il s'agit de l'étude des
crédits. Alors, je peux vous dire tout de suite qu'il y a des
députés qui m'ont fait part de leur désir de poser des
questions sur le domaine habitation. Cela veut donc dire qu'en tout temps on
pourra revenir à un élément de ces 4 programmes, lors de
la discussion des crédits.
Programmes sur l'habitation
Alors, secteur de l'habitation, les programmes 6, 7, 8 et 9. Le ministre
a-t-il des commentaires?
M. Goldbloom: Je m'excuse.
Le Président (M. Picard): Avez-vous des commentaires?
M. Goldbloom: Non, j'attends les commentaires des autres, M. le
Président.
M. Bédard (Chicoutimi): J'aurais pensé que le
ministre aurait apporté une réponse au discours ou à
l'analyse que j'avais faite de la situation de l'habitation au Québec,
où je concluais à une dégradation dans ce secteur
particulier de l'habitation.
Maintenant, le ministre a quand même admis, pas seulement en
Chambre, mais même à l'occasion d'un congrès
libéral, qu'effectivement, en matière d'habitation, il y avait
une nécessité urgente, pour la Société d'habitation
du Québec et également pour le ministre responsable, d'agir avec
promptitude afin de redresser la situation. Ce sera une première
question au niveau de ces programmes.
Je remarque que cette année, comme les autres années, le
ministre a déposé le rapport annuel de la Société
d'habitation du Québec pour l'année 1974. Je voudrais savoir du
ministre comment il se fait que le rapport pour l'année 1974 ne vient
que d'être déposé et que nous ne l'ayons pas en main pour
l'étude des crédits. Il me semble que ce rapport 1974/75 aurait
été de toute importance puisque nous avons, au niveau de ses
crédits, à analyser l'action de la Société
d'habitation du Québec au cours de l'année qui vient de
s'écouler. Si j'insiste sur cette question, c'est que ce n'est pas la
première année qu'on nous présente le rapport de la
Société d'habitation du Québec avec une année de
retard. Cette situation existe depuis trois ans. Il me semble qu'il devrait y
avoir des correctifs d'apportés; le ministre, étant responsable
de la Société d'habitation du Québec, doit, je pense,
faire les pressions nécessaires pour que les rapports de cette
société aussi importante soient déposés en temps et
lieu.
Cela se fait pour l'ensemble des autres rapports déposés
par d'autres sociétés du gouvernement.
M. Goldbloom: M. le Président, il s'agit de ce que l'on
pourrait appeler une corporation de la couronne; un ministre est
désigné comme ayant la responsabilité de répondre
devant l'Assemblée Nationale pour l'action de cette corporation. Il ne
fait quand même pas partie du conseil d'administration de l'organisme, il
n'y siège pas, il ne donne essentiellement pas d'ordres à cet
organisme.
En ce qui concerne le dépôt des rapports annuels, le
ministre ne peut déposer que ce qui lui est fourni. Il peut exercer des
pressions. Ce n'est pas comme a l'intérieur de son ministère
où ces pressions peuvent être tout à fait directes.
M. le Président, on sait que celui qui vous parle n'a pas
été satisfait de l'administration de la Société
d'habitation du Québec. C'est pour cette raison qu'il a pris,
lui-même, l'initiative, avec l'approbation évidemment du Conseil
des ministres, de faire faire une analyse de l'administration de cet organisme.
Je constate certaines améliorations, M. le Président. Je ne
constate pas encore toutes celles que je voudrais voir, mais je peux vous
assurer que j'en ai déjà parlé avec celui qui, d'ici
quatre jours, assumera la présidence de l'organisme. Je pense pouvoir
affirmer qu'il va procéder à des améliorations que
j'estime nécessaires depuis un certain temps.
M. Bédard (Chicoutimi): Que cette société
soit une société de la couronne, j'en conviens, mais elle est
quand même soumise à la loi. Le ministre sait que le rapport que
nous exigeons, en temps et lieu, d'année en année, n'est pas un
rapport facultatif que peut ne pas faire la Société d'habitation
du Québec. La Loi de la Société d'habitation du
Québec elle-même est formelle sur ce point.
Elle oblige la Société d'habitation du Québec
à produire son rapport à un moment bien précis. Je pense
que le ministre responsable de la Société d'habitation du
Québec doit la forcer à respecter au moins cette obligation de
fournir un rapport lorsque cela est requis. Si, déjà, il faut
déplorer le manque d'efficacité de cet organisme jusqu'à
maintenant, il faudrait au moins que cet organisme dont le ministre des
Affaires municipales, encore une fois, est responsable obéisse
à la loi sur ce point précis de la production d'un rapport.
Sinon, le ministre conviendra avec moi que c'est difficile, quand un tel
rapport n'est pas produit, de discuter des crédits d'une façon
valable, de discuter d'une façon valable de la performance de la
Société d'habitation du Québec, qui est une
société extrêmement importante pour l'ensemble des citoyens
lorsqu'on parle d'habitation.
La commission parlementaire et les parlementaires en
général ont, je pense, le droit d'exigei qu'au moins cette
société se conforme à celte obligation formelle qui est
contenue dans la loi et au moins le ministre devrait déposer absolument
un état des dépenses de la Société d'habitation par
programme d'intervention. Sinon, il va falloir se poser la question
jusqu'à quel point il ne sera pas nécessaire, dans les
circonstances, de recourir à une sorte de formule d'injonction pour
obliger, au moins sur ce point précis, la Société
d'ha-
bitation à se conformer à la loi. Et je pense que le
ministre responsable ne peut pas accepter qu'une obligation formelle comme
celle-là ne soit pas respectée par une société de
la couronne dont il a la responsabilité.
M. Goldbloom: M. le Président, quand je suis devenu
ministre des Affaires municipales, j'ai constaté des retards que
j'estimais graves dans la production des rapports de la Société
d'habitation du Québec. Avec les pressions que j'ai exercés, il y
a eu des améliorations. Je voudrais souligner certains facteurs dont il
faut tenir compte. Jusqu'à maintenant, l'année financière
de la société a été l'année du gouvernement,
ce qui a voulu dire la fin de l'année financière le 31 mars, la
fermeture des livres au cours du mois d'avril, les vérifications par la
suite, par le Vérificateur général, et donc une production
de rapports plusieurs mois plus tard.
Il faut toujours ces plusieurs mois pour arriver à la production
d'un rapport. Mais l'année financière de la société
vient d'être modifiée pour devenir l'année du calendrier,
ce qui veut dire que, cette fois, l'année a pris fin le 31
décembre, les livres ont été fermés en janvier, le
Vérificateur général est présentement en train de
faire son travail dans les livres de la société pour
l'année 1975. Quand nous aurons reçu son rapport, nous serons en
mesure de publier le rapport global de la société.
Il y a évidemment beaucoup de renseignements d'ordre quantitatif
qu il faut compiler, analyser et présenter dans un tel rapport. Il y a
quatre bilans à consolider dans le bilan de la société. Il
y a le bilan de l'activité antérieure à 1974,
c'est-à-dire l'activité d'une société
prêteuse; il y a le bilan de l'activité depuis la conclusion de
ses ententes de 1974 avec le gouvernement fédéral qui est
l'activité d'un maître-d'oeuvre.
Il y a le secteur des organismes coopératifs et il y a le dossier
spécial de Saint-Jean-Vianney. Tout cela doit être mis ensemble
pour constituer le rapport de la société. Puisque le changement
d'année financière a obligé la société
à faire, dans une même année, dans une même
période de douze mois, deux fois le même travail, il y a une
difficulté particulière cette année, mais qui ne devra
plus exister à partir du dépôt du rapport de la
société pour l'année 1975.
Je ne prévois pas cependant la certitude je voudrais le
souligner que pour les années à venir, avec une fin
d'année financière le 31 décembre, la fermeture des livres
au mois de janvier et le travail qui doit être fait par le
Vérificateur général par la suite, que nous serons
toujours, au mois de mai, lors du débat sur les crédits,
déjà en possession du rapport annuel de l'année
précédente.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais ces changements, dont parle
le ministre et auxquels il se réfère pour essayer d'expliquer ces
retards de la Société d'habitation à fournir un rapport
qu'elle a l'obligation de fournir, sont effectifs depuis le 31 décembre
1974.
M. Goldbloom: Effectivement, M. le Président, c'est
à ce moment-là que c'est devenu l'année civile.
M. Bédard (Chicoutimi): C'était déjà
effectif pour l'année 1974. Cela fait deux ans que...
M. Goldbloom: II fallait quand même l'équilibrer
avec l'année financière du gouvernement.
M. Bédard (Chicoutimi): En tout cas, je trouve, M. le
Président, le ministre bien conciliant envers la Société
d'habitation sur ce point précis de l'obligation de produire son
rapport. Je pense que le ministre a déjà déploré la
performance de la Société d'habitation du Québec, la
nécessité d'une réforme, la nécessité d'un
réalignement de cette société d'habitation. Il me semble
que, sur ce point précis, il ne devrait pas faire preuve de trop de
compréhension, à mon humble avis, mais que, justement, pour que
la performance déplorable de la Société d'habitation du
Québec, telle que déplorée par le ministre, se rectifie,
il y a avantage pour le ministre à avoir beaucoup plus de fermeté
vis-à-vis de la Société d'habitation du Québec.
Il me semble aussi que, pour la discussion intelligente des
crédits, nous serions justifiés d'espérer au moins
c'est sur ce point que je voudrais insister que le ministre puisse nous
déposer si ce n'est pas maintenant, ce sera peut-être au
moment de la reprise de la commission un état de dépenses
de la Société d'habitation du Québec par programme
d'intervention. Au moins cela. Autrement, encore une fois, nous discutons des
crédits dans le vide. Je crois qu'il y a avantage à ce qu'il y
ait une discussion le plus positive possible, le plus constructive possible, le
plus critique possible aussi, ce qui n'empêche pas une discussion
constructive. Mais tout cela n'est possible que pour autant qu'on ait au moins
des éléments de chiffres entre les mains qui nous permettent de
porter un jugement de valeur.
M. Goldbloom: M. le Président, le député de
Chicoutimi dit que je suis conciliant à l'endroit de la
Société d'habitation. Je le suis à l'endroit du
député de Chicoutimi aussi, à bien des occasions.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, d'accord. Je ne sais pas
exactement à quoi veut se référer le ministre. Je pense
qu'il n'a pas besoin d'expliciter. Mais il reste une chose. C'est que...
M. Goldbloom: Toujours les sourires qui ne sont pas reproduits au
journal des Débats.
M. Bédard (Chicoutimi): ...que l'esprit de conciliation
qui nous anime doit se traduire également dans le désir d'avoir
une véritable discussion critique sur les activités de la
Société d'habitation du Québec.
M. Goldbloom: M. le Président, je ne voudrais pas tourner
autour du pot; je voudrais parler assez directement. On n'a qu'à
examiner les rapports annuels du Vérificateur général
à l'endroit de la Société d'habitation du Québec
pour savoir pour-
quoi, personnellement, comme ministre, je n'ai pas été
satisfait de la performance de la société à cet
égard. Nous avons demandé au Vérificateur
général non seulement de faire le travail habituel qu'il fait
pour chaque organisme, mais aussi de nous recommander les moyens
d'améliorer cette comptabilité. Dès l'an dernier, M. le
Président, j'avais invité le Vérificateur
général à venir à la Société et
à faire des recommandations.
Je dois vous dire carrément que je n'ai pas été
satisfait, au cours de l'année 1975, des améliorations
apportées à l'intérieur de la société, en ce
qui concerne la comptabilité. J'ai formulé, et la
société elle-même en a formulé, des demandes
additionnelles auprès du Vérificateur général et je
peux vous dire, sans hésitation, qu'il y aura des améliorations.
Il y a déjà un premier rapport du vérificateur, une
première consignation de chiffres, qui a été reçu
par la société et, si je peux fournir des éléments
de réponse plus précis, je serai heureux de le faire au cours de
la discussion.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant les
améliorations, en ce qui a trait aux recommandations ou aux
constatations faites par le rapport Gilbert, on aura l'occasion d'y revenir. Ce
que je voudrais juste savoir, pour le moment, pour l'étude des
présents crédits, c'est si le ministre est disposé
à nous fournir, à la reprise des travaux, au moins un état
des dépenses de la Société d'habitation du Québec,
par programme d'intervention, ce qui nous permettrait de faire une discussion
plus valable.
Je ne pense pas que ce soit trop demander.
M. Goldbloom: Nous serions en mesure de produire des
données quant aux dépenses budgétaires. Nous n'avons pas
toutes les conciliations nécessaires plus raffinées et nous
n'avons pas le côté extra-budgétaire
présentement.
M. Bédard (Chicoutimi): Enfin, ce qu'on aura, je pense,
sera déjà une amélioration par rapport à ce qu'on
n'a pas entre les mains. J'imagine qu'à la reprise des travaux le
ministre pourra nous déposer ces informations.
M. Goldbloom: M. le Président, je me permets d'ajouter une
chose. Devant mon insatisfaction, devant l'insatisfaction de l'actuel conseil
d'administration de la Société d'habitation du Québec et
en vertu de nos demandes auprès du vérificateur, celui-ci a
affecté un de ses adjoints, à temps complet, au travail sur les
livres de la Société d'habitation. C'est un des
éléments majeurs qui me permettent de dire qu'il y aura de
l'amélioration.
M. Bédard (Chicoutimi): II ne aoit pas manquer de
travail.
Alors, quand on reprendra les travaux de la commission, le ministre sera
en mesure de nous fournir ces quelques chiffres je comprends que ce ne
sera pas précis sur les dépenses par programme,
d'accord?
M. Goldbloom: D'accord. Je ne suis pas certain; il est midi et
demi, peut-être que ce sera...
M. Bédard (Chicoutimi): Lorsque nous reprendrons.
M. Goldbloom: ...plus tard. Je ne voudrais pas faire une promesse
catégorique quant à la disponibilité à une heure
précise des données, mais nous essaierons d'avoir des chiffres
utiles pour cet après-midi, si nous reprenons.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais demander, par
votre intermédiaire, au député de Chicoutimi à
quelle date il aimerait avoir ces chiffres.
Est-ce que ce serait pour l'année 1975, donc au 31
décembre, ou si c'est au 31 mars 1976? La société
m'informe qu'elle aurait certaines compilations pour le premier trimestre de
cette année.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne demanderai pas plus que ce
à quoi, normalement, nous pourrions nous attendre pour la discussion des
présents crédits. Je demande tout simplement les chiffres pour
l'année 1975. Si le ministre est en mesure de nous donner des chiffres
pour l'année 1976, je laisse cela à sa discrétion.
M. Goldbloom: D'accord. M. Caron: M. le
Président...
Le Président (M. Picard): Le député de
Verdun.
M. Caron: ... je suis bien heureux de voir que le ministre
constate qu'à la société c'est une place où, depuis
des années, on a besoin d'améliorations. Je suis content que le
ministre le constate et j'espère qu'avec le nouveau qui va prendre la
direction lundi, me dit-on, qu'il va y avoir de l'ordre. Je suis d'accord avec
mon collègue de Chicoutimi que le ministre devrait être plus
sévère envers la société. On a déjà
parlé, M. le ministre, si ma mémoire est bonne, durant les
crédits de 1974, de la façon dont les constructions sont faites.
L'amélioration, jusqu'à présent, on ne l'a pas
prouvée.
Pour ma part, je suis obligé d'appuyer mon collègue de
Chicoutimi. J'espère qu'avec le nouveau, cela ira bien. Pour moi, c'est
un bordel, la Société d'habitation. J'en reparlerai un peu plus
tard, j'ai des chiffres.
M. Parent (Prévost): Quel langage!
M. Caron: Langage que je dois prendre dans les
cirsconstances.
M. Bédard (Chicoutimi): ... le bordel de l'habitation.
M. Caron: J'aurai l'occasion, cet après-midi, de parler
d'un cas très précis.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre m'avait
répondu, à une question en Chambre, qu'un comité
ministériel, comprenant le ministre des Finances, le ministre des
Affaires sociales, le ministre de l'Industrie et du Commerce et le ministre des
Affaires municipales, avait été constitué pour
étudier le rapport Legault et la partie du rapport Castonguay qui
traitait de l'habitation.
J'aimerais savoir du ministre si ce comité a effectivement
été constitué, s'il s'est réuni, combien de fois il
a pu y avoir de réunions depuis que le ministre m'a répondu qu'il
y avait un tel comité ministériel qui avait été
formé. J'aimerais savoir également s'il y a un calendrier
précis qui a été fixé pour le bon fonctionnement de
ce comité face aux recommandations qui doivent être
analysées, la nécescité que des conclusions de ce
comité sortent le plus vite possible étant donné l'urgence
d'agir en ce qui a trait aux problèmes de l'habitation.
M. Goldbloom: Le comité a effectivement été
constitué et a siégé deux ou trois fois, a chargé
certaines personnes de faire l'analyse des documents qu'a mentionnés le
député de Chicoutimi et d'autres documents aussi. Certaines
rencontres ont eu lieu avec des personnes intéressées dans le
domaine, notamment avec le président d'un des groupes d'étude
dont nous avons parlé. Il est prévu que, cet automne, ce
comité puisse recevoir des analyses qui lui permettront de formuler,
vers la fin de l'année, des recommandations au conseil des ministres
qui, lui, évidemment, devra prendre des décisions et
déterminer des orientations.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous ne trouvez pas que fixer la
fin de l'année comme date à laquelle ce comité ferait des
recommandations ce n'est pas fixer une date tardive quand on regarde l'urgence
d'une action énergique dans le domaine de l'habitation?
M. Goldbloom: M. le Président, une intervention
énergique veut dire deux choses: Cela veut dire la production
d'unités de logement par les autorités publiques, en l'occurrence
par la Société d'habitation du Québec et par certaines
municipalités comme mandataires de la société tel
est le cas de la ville de Montréal et aussi une influence
quelconque sur le marché où agit l'entreprise privée.
C'est notamment en vertu de politiques et programmes du gouvernement
fédéral qu'il existe présentement une influence sur le
marché. Nous ne sommes pas parfaitement d'accord, on le sait, avec
l'orientation des politiques et programmes du gouvernement
fédéral. Mais il y a une nécessité, pour nous, de
servir notre clientèle au mieux de notre pouvoir et au maximum de nos
ressources et il y a aussi la question d'une intervention possible de notre
part, outre celle du gouvernement fédéral, dans le marché
où agit l'entreprise privée. C'est cette deuxième partie
qui doit faire l'objet d analyses, de conclusions et de recommandations, parce
que c'est un peu différent d'agir sur le marché que de produire,
à l'intention d'une clientèle identifiée, des
unités de logement dont a besoin cette clientèle.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais je ne m'explique pas ce que
je qualifierais de lenteur d'un tel comité à entrer
véritablement dans l'action, parce que je ne crois pas que ce
comité ait comme fonction d'étudier la situation de l'habitation
au Québec. Avec le rapport Legault, avec le rapport Castonguay, qui
constituent des analyses valables de la situation à moins que le
ministre me dise le contraire, ne partage pas cette opinion on en est au
stade des décisions et non de l'analyse de la situation.
On peut sûrement reprocher au rapport Legault de n'avoir pas
abouti à des recommandations précises auxquelles on était
probablement en droit de s'attendre, mais je ne crois pas qu'on puisse faire le
reproche à ceux qui ont confectionné le rapport Legault de
n'avoir pas fait une véritable analyse de l'ensemble de la situation. Il
y a également ie rapport Castonguay. A moins que le ministre ne me donne
d'autres raisons, j'imagine qu'on n'en est plus là au stade d'analyser
la situation, d'analyser le rapport de ceux qui ont analysé la
situation, pour ensuite se décider d'intervenir.
M. Goldbloom: M. le Président, nous ne sommes plus au
stade de l'analyse de la situation, mais nous sommes rendus au stade de
l'analyse des répercussions des mesures que l'on pourrait instaurer sur
le marché de l'habitation. C'est autre chose et c'est plus complexe. Je
dirai que le rapport du groupe de travail sur l'habitation n'est pas de nature
à nous permettre tout simplement d'assimiler ces conclusions et ces
recommandations à une politique et à une action gouvernementale
sans autre réflexion.
Cela aurait été plus facile, si tel avait
été le cas, mais nous devons constater que nous ne pouvons tout
simplement pas comme ce sera, je pense, le cas du rapport de la
Commission de refonte des lois municipales prendre le document, le
traduire en termes législatifs et l'adopter, avec les modifications qui
pourraient être recommandées par les intervenants et
décidées par le gouvernement. Ce n'est pas un rapport qui a cette
forme; ce n'est pas un rapport qui a tout à fait le contenu
nécessaire.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais, encore une fois, il y a le
rapport Legault, il y a le rapport Castonguay, il y a toutes les analyses qui
sont faites par des spécialistes, à l'heure actuelle, sui le
problème de l'habitation. Est-ce que toutes ces analyses, dans l'esprit
du ministre, ne sont pas suffisantes ou ne seraient pas suffisantes pour
espérer une législation, au moins à l'automne, sur
l'habitation?
M. Goldbloom: M. le Président, vous...
M. Bédard (Chicoutimi): Une véritable loi sur
l'habitation?
M. Goldbloom: ... comprendrez sûrement que, quand on prend
une décision, comme celle annoncée mardi soir par le ministre des
Finances de donner un remboursement d'une partie de la taxe scolaire aux
personnes de plus de 65 ans, c'est le genre de chose que l'on peut
décider, en principe, très facilement. C'est le genre de chose
que n'importe quel député, n'importe quelle personne qui parle en
public peut recommander. Mais pour un ministre des Finances, il faut plus que
cela.
Il faut une analyse de l'impact sur les particuliers visés; il
faut une analyse de l'impact sur la fiscalité provinciale. C'est tout
cela qui doit être déterminé par rapport à une
politique d'habitation.
Il y a déjà certaines politiques. Il y a même un
éventail de programmes qui ont un impact plus ou moins grand sur la
production ou la restauration d'unités de logement. Il ne s'agit pas
simplement d'inventer une nouvelle politique, mais il s'agit effectivement de
prévoir des améliorations à un équilibre qui peut
exister présentement entre, par exemple, la production et la
restauration; entre la construction d'immeubles par les pouvoirs publics et la
location d'unités de logement dans des immeubles déjà
acquis. Quel est l'équilibre entre la fourniture d'unités de
logement comme telles et l'aide au niveau du loyer, l'aide au niveau du revenu
par rapport au loyer que l'on peut fournir, et avec quelles ressources?
D'où doivent venir ces ressources? Est-ce que nous pouvons
dégager de l'ensemble des ressources du Québec, par rapport aux
programmes institués par le gouvernement fédéral, des
ressources additionnelles?
De quels montants et avec quels choix d'investissements de ces montants
dans le secteur logements?
Alors, M. le Président, il est facile de dire: II faut une
nouvelle politique d'habitation. Je suis d'accord, mais en traduisant cela en
mesures concrètes, on trouve qu'il y a beaucoup de choses à
déterminer et, puisqu'on n'est pas en mesure de tout faire à la
fois, il y a des choix entre les possibilités d'intervention.
M. Bédard (Chicoutimi): Je sais qu'il y a des choix
à faire et disons que je trouverais difficile d'accepter que le domaine
de l'habitation ne constitue pas un choix prioritaire lorsque l'on regarde tout
le problème humain qu'une telle politique comporte, toutes les
conséquences humaines que l'absence d'une telle politique comporte.
Je pense que je serais absolument abasourdi et renversé si le
ministre me disait que l'élaboration d'une véritable politique
d'habitation ne constitue pas à l'heure actuelle une priorité
pour le gouvernement du Québec. Je suis convaincu que, dans
l'état actuel des choses, cela constitue une priorité. Je
voudrais également dire au ministre, qui nous a parlé à
plusieurs reprises de choix politiques et aussi de ressources
financières, je voudrais lui faire remarquer que l'élaboration
d'une politique de l'habitation, quand on pense à certains secteurs,
entre autres, celui de la restauration dont il a fait état, ne se solde
pas nécessairement par une nécessité d'avoir plus de
ressour- ces financières. Au contraire, l'élaboration d'une
véritable politique d'habitation, dans certains secteurs, peut
représenter même des épargnes du point de vue des
ressources financières que ne fait pas le gouvernement, à l'heure
actuelle.
Je prends l'exemple de la restauration en me référant aux
rapports qui ont déjà été présentés
où on dit très clairement que la rénovation des logements
déjà existants est insuffisante à l'heure actuelle et, du
même trait, ces analyses expliquent qu'il en coûterait beaucoup
moins cher au gouvernement de procéder à plus de restaurations ou
de rénovations qu'il ne le fait présentement que de
procéder à la construction de nouvelles habitations. Alors, dans
le cas précis de la restauration, si le gouvernement avait une politique
qui aurait comme effet d'accentuer les efforts dans ce domaine, étant
donné que la restauration coûte moins cher que la construction de
nouveaux logements, ceci aurait comme effet non pas de nécessiter de
nouvelles ressources financières, mais d'ajouter des ressources
financières entre les mains du gouvernement pour oeuvrer dans d'autres
secteurs.
M. Goldbloom: M. le Président, ce que dit le
député de Chicoutimi est vrai à long terme, mais à
court terme, la restauration d'unités existantes de logements ne
pourrait combler les besoins immédiats que nous constatons.
M. Bédard (Chicoutimi): Très bien. Il y a la
restauration, la construction nécessaire de nouveaux logements, mais ce
sont deux éléments importants d'une politique de
l'habitation.
Lorsqu'il y a une carence dans une politique de restauration, il me
semble qu'il y a avantage à fonctionner le plus vite possible puisque
cela se traduit par des épargnes financières au bout de la ligne.
Concernant la construction de nouveaux logements, je conviens qu'il faille
inventorier aussi les possibilités des ressources
financières.
Si le ministre me permet, dans le cas de la restauration entre autres,
on s'aperçoit, au programme 6, qu'il y a une diminution de 37,7% des
crédits affectés pour cette année, par rapport à
l'an passé. Cette diminution porte d'une façon tout à fait
spéciale sur la restauration, sur la rénovation urbaine.
Pourtant, on ne peut pas faire autrement que se poser des questions sur
l'à-propos de cette diminution aussi imposante en ce qui a trait
à la restauration, surtout lorsqu'on prend connaissance des conclusions
du rapport Legault sur ce problème très précis de la
restauration.
Je me permets de référer le ministre aux pages 61 et 62 du
rapport Legault, concernant la restauration des logements, où il est dit
textuellement ceci: "Selon cette étude, environ 336 000 logements
avaient alors besoin de restauration..." Il y aurait peut-être lieu de
commencer un peu avant, M. le Président. "Une estimation des besoins de
restauration domiciliaire pour l'ensemble du Québec, en 1971, a
été préparée à i'aide des données du
recensement et de cinq autres études partielles réalisées
vers la fin des années soi-
xante". Ce ne sont pas les études qui manquent, M. le
Président, et on passe aux besoins qui s'imposent dans ce domaine.
"Selon cette étude, environ 336 000 logements avaient alors besoin de
restauration, soit 21% de l'ensemble du stock, et ce besoin touchait 120 000
logements, à savoir 17% dans la région de Montréal, 12 000
logements, à savoir 22% à Québec et 3900 logements, ce qui
représente 22%, à Hull. Les villes de Sherbrooke et de
Trois-Rivières comptaient également environ 22% de logements
à restaurer. Quant au reste du Québec, on ne dispose pas de
statistiques précises sur chaque municipalité. On
considère généralement que les villes moyennes comptent
environ 15% de logements à restaurer. Compte tenu des quelque 25 000
restaurations déjà effectuées, avec ou sans subvention,
depuis 1970, on estime que le Québec compte, en 1975, environ 360 000
logements à restaurer, soit près de 20% de l'ensemble du stock.
L'ampleur des travaux nécessaires est cependant très variable
selon les cas." Je n'ai pas l'intention de lire le rapport Legault au complet,
mais dans le cas précis de la restauration, qui dans l'esprit des
analystes, représente une épargne à faire par rapport
à la construction de nouveaux logements, il me semble que, devant un
chiffre aussi impressionnant que 360 000 logements à restaurer une
diminution de 37,7% à ce programme de la restauration est difficile
à imaginer.
Disons que c'est difficile pour nous de se l'expliquer.
Je demanderais au ministre comment il peut justifier une diminution
aussi importante à ce programme, compte tenu de l'analyse de la
situation qui est faite par le rapport Legault.
M. Goldbloom: M. le Président, d'abord, je dois fournir
des explications pour vous indiquer que c'est une diminution fictive.
Effectivement, le montant prévu pour des subventions à la
restauration est exactement le même que l'an dernier.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela devrait être plus.
M. Goldbloom: Ce serait désirable que chaque poste soit
augmenté, M. le Président. On a la même chose quand on
parle de l'aide sociale; on a la même chose quand on parle de
l'éducation. Il y a quand même des choix à faire.
M. le Président, cette année, il y a le même
montant, $2 millions, pour la restauration que l'an dernier. La baisse que l'on
constate au programme 6 est attribuable à deux facteurs. D'abord, le
fait que le gouvernement fédéral s'est retiré, il y a un
certain temps, des programmes de rénovation urbaine. Nous avons quand
même des éléments résiduaires de ces programmes
à réaliser, mais le montant nécessaire cette année
est inférieur à celui qui était nécessaire l'an
dernier.
Deuxièmement, il y a un transfert d'effectifs du programme 6 au
programme 7. Donc, il y a un montant de $73 000 qui ne paraît pas
à ce programme, mais qui paraît au programme 7, simplement parce
que le personnel a été identifié comme faisant partie de
l'autre programme. Ce n'est pas plus compliqué que cela.
M. le Président, je voudrais souligner aussi...
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce la seule réponse que
veut me faire ie ministre sur le problème de la restauration?
M. Goldbloom: Non, M. le Président. Je veux continuer.
Le Président (M. Picard): II ne faut pas interrompre.
C'est là que commence le problème dans la discussion, quand vous
interrompez. Posez la question après.
M. Goldbloom: Je voudrais ajouter ceci, M. le Président.
Nous avons eu des conversations non seulement avec le gouvernement
fédéral, mais aussi avec certaines villes du Québec.
Il a fallu un certain temps pour résoudre des divergences de vues
entre les villes. Il a fallu passer à travers une période au
cours de laquelle certaines villes une ville en particulier, la ville de
Montréal voulaient un régime différent, une formule
différente de l'utilisation des sommes d'argent nécessaires.
Pendant cette période, il y a eu de la part du gouvernement
fédéral un retard à approuver les projets que nous avons
soumis.
Effectivement, nous avons soumis 19 projets. Un seul a été
approuvé; c'était un cas d'urgence, Saint-Bonaventure, dans le
comté de Nicolet-Yamaska, à cause de la tornade qu'on se
rappellera. J'ai fait des représentations au ministre
fédéral, surtout à partir du moment où nous avions
résolu le problème des divergences de vues entre nos principales
villes, et j'ai obtenu la promesse de la présentation de
l'arrêté en conseil en question au Conseil des ministres à
Ottawa. Donc, j'attends cette réponse très prochainement.
Je voudrais souligner aussi, M. le Président, que par rapport au
budget de $2 millions pour 1975/1976, nous n'avons reçu que pour $460
000 de demandes. Nous allons encourager la formulation de demandes pour $2
millions, cette année, ce qui représentera une
amélioration considérable de la performance réelle dans ce
domaine.
Finalement, M. le Président, je voudrais souligner un
problème pratique. S'il y a des réparations mineures à
effectuer dans une maison, dans un appartement, on peut les faire sans
déplacer les habitants. Mais quand on parle de restauration et de
l'envergure de la restauration qui va faire la différence entre la
possibilité de conserver cet immeuble et la nécessité
éventuelle de le démolir, il est généralement
impossible d'effectuer ce genre de travaux en présence de la famille qui
habite cette unité de logement. Il faut donc construire quelque chose
qui pourra recevoir ces gens ou au moins identifier une disponibilité
qui n'est pas généralisée au Québec
présentemement, et surtout pas dans nos grandres régions
métropolitaines, on le sait.
Il faut trouver un autre endroit où loger la famille en question
pendant que la restauration se
fera. C'est pour cette raison que l'idée de remplacer, dans une
certaine mesure, la construction de nouvelles unités par la
préservation, au moyen de la restauration d'immeubles existants qui,
autrement, seraient démolis ne règle pas tout le problème.
L'on sait que, dans certaines villes Montréal en est l'exemple le
plus frappant il y a eu, pendant certaines années, une
démolition de plus nombreuses unités de logement que leur
remplacement par construction. Il faut que nous maintenions, comme
priorité de notre programmation, cet investissement dans la
construction, si nous voulons pouvoir effectuer une restauration valable.
Un dernier point. Dans la majorité des cas où l'on
identifie un besoin de restauration, cette restauration doit, en toute logique
et dans la logique surtout de la bonne utilisation des deniers publics, se
faire en vertu de l'application des règlements municipaux, sans
subvention de quelque palier de gouvernement que ce soit, plutôt que se
faire par une intervention pécuniaire de la part de la province et du
gouvernement fédéral.
Je constate, M. le Président plusieurs collègues
attirent mon attention sur ce fait qu'il est une heure, il est treize
heures, M. le Président, je m'excuse.
Le Président (M. Picard): Messieurs, pour l'information
des membres de la commission, vous savez tous que cette commission ne pourra
siéger ni cet après-midi, ni ce soir à cause au
débat en Chambre sur le discours du budget.
Il y a possibilité que la commission soit rappelée pour
siéger demain, après la période des questions,
c'est-à-dire vers onze heures. Encore là, il faudra attendre un
ordre de la Chambre.
La commission ajourne donc ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 27
M. Picard (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs! La commission des affaires municipales
continuera ce soir l'étude des crédits du ministère des
Affaires municipales.
Pour la séance d'aujourd'hui, le Dr Lecours, député
de Frontenac, remplace M. Bédard, député de
Montmorency.
M. Ostiguy: Ce n'est pas tout à fait le même
volume!
M. Lecours: En connaissances, vous seriez surpris, mon cher!
M. Bédard (Chicoutimi): II ne faut pas évaluer cela
seulement à la pesanteur!
M. Caron: C'est drôle. Il vient aux affaires municipales et
on ne le voit pas, comme médecin, aux affaires sociales. Je ne sais pas,
je remarque...
M. Lecours: C'est parce que vous ne restez pas assez longtemps
quand vous venez aux réunions.
Le Président (M. Picard): A l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs! Je cède immédiatement la parole au
député de Chicoutimi sur le secteur de l'habitation, programmes
6, 7, 8 et 9.
M. Bédard (Chicoutimi): Avant de continuer mes questions
sur l'habitation, j'avais demandé au ministre certaines informations qui
nous permettraient d'avoir une discussion encore plus valable, certaines
statistiques de la performance de la Société d'habitation.
M. Goldbloom: M. le Président, aussi étrange que
cela puisse paraître, j'ai effectivement des documents que je pourrai
remettre, s'il y a possibilité d'en faire faire des photocopies. J'en ai
deux et ils comprennent plusieurs pages chacun. J'ai l'état du budget
des dépenses de la Société d'habitation du Québec,
en date du 31 décembre 1975 et en date du 31 mars 1976. Il y en a pour
tous les appétits.
M. le Président, je constate que nous avons soudainement
plusieurs photocopies du document du 31 mars 1976. Je pense que
peut-être, pour les fins de la discussion, nous pourrons les faire
distribuer et attendre à demain pour faire faire des photocopies des
autres.
Le Président (M. Picard): L'autre document, qui couvre la
période se terminant le 31 décembre 1975, comprend
peut-être une vingtaine de pages. Même si on demandait de le faire
photocopier, il ne pourrait pas être distribué, peut-être,
avant dix heures, dix heures et demie, ce soir.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, on attendra à
demain, M. le Président. D'ailleurs, sur ce point...
M. Goldbloom: Je m'excuse, mais il y a une précision que
je devrais apporter à la discussion. J'ai indiqué, ce matin, que
la société a adopté une modification d'année
financière pour que celle-ci soit celle du calendrier. Il y a une nuance
que je devrai apporter à cela. C'est que cette modification s'applique
au secteur extra-budgétaire. Seulement c'est un peu compliqué
à cause de cela; l'année administrative de la
société pour son budget comme tel, c'est-à-dire ce que
nous pourrions appeler la partie intra-budgétaire de ses
activités financières, demeure l'année financière
du gouvernement. Mais, pour la partie extra-budgétaire, on a
modifié l'année pour être celle du calendrier, qui est
d'ailleurs, si ma mémoire est fidèle, celle du gouvernement
fédéral aussi. Je m'excuse d'avoir mentionné une
expression blessante.
M. Bédard (Chicoutimi): Le mot "fédéral".
Cela choque toujours les oreilles. Quand c'est efficace c'est moins choquant;
malheureusement ce ne l'est pas assez souvent.
Je dois féliciter le ministre pour sa
célérité à nous fournir ces documents.
M. Goldbloom: Le ministre ne mérite pas de
félicitations.
M. Bédard (Chicoutimi): Je dois iui dire qu'en vertu de
l'article 24 de la Société d'habitation du Québec il y a
certains documents qui auraient pu... La Société d'habitation
avait jusqu'au 30 juin pour fournir certains des documents qui nous sont
fournis présentement. Si cette célérité pouvait
s'appliquer dans tous les secteurs, ce serait vraiment formidable et
l'étude des crédits serait très courte.
M. Goldbloom: Cela vient de commencer, M. le
Président.
M. Bédard (Chicoutimi): La rondelle est au jeu.
Lorsque nous avons suspendu, le ministre, au niveau du programme 6, nous
a fait remarquer qu'il y avait quand même une somme de $2 millions qui
était consacrée au titre de la rénovation urbaine ou de la
restauration.
M. Goldbloom: Je suis heureux que le député de
Chicoutimi ait fait la distinction. Justement, nous avons eu, avec une
contribution fédérale, des programmes de rénovation
urbaine comme telle.
Le gouvernement fédéral a remplacé ces programmes
par ce que Ion appelle l'amélioration de quartier, qui n'est
véritablement pas la même chose et qui, à mon sens, ne
donne pas le même rendement. Nous sommes face à cette situation
où la restauration des maisons individuelles et l'amélioration de
quartier par des interventions individuelles sont venues remplacer ce que nous
avions autrefois comme programmes plus globaux de rénovation
urbaine.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'il n'y a pas lieu de
protester contre cette attitude du fédéral qui, quand même,
est moins bien placé que le gouvernement du Québec pour
expliciter et pour connaître les vraies priorités du Québec
en matière d'habitation?
M. Goldbloom: Nous l'avons fait. Evidemment, cela n'affecte pas
le Québec en exclusivité, ce sont toutes les provinces qui sont
soumises..
M. Bédard (Chicoutimi):... le fédéral non
plus.
M. Goldbloom: ... à ce régime modifié. Nous
avons également fait valoir un point de vue québécois,
appuyé par plusieurs autres provinces, que le gouvernement
fédéral met son accent sur l'accession à la
propriété et que pour nous c'est une très bonne chose,
mais une chose qui présente de plus en plus de difficultés
économiques.
Nous avons toujours notre clientèle que nous connaissons, dont
j'ai parlé ce matin, une clientèle à laquelle nous devons
fournir, à cause de son incapacité de s'adresser librement au
marché, des unités de logement. Nous avons effectivement,
à répétition, fait valoir ce point de vue
québécois à l'occasion des rencontres que nous avons eues
avec le gouvernement fédéral.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre partage
l'opinion émise dans le rapport Caston-guay voulant je cite le
rapport Castonguay lui-même à la page 299 que "l'inventaire
des programmes fédéraux exprime bien l'omniprésence du
gouvernement fédéral dans le secteur de l'habitation? Ces
programmes ont généralement correspondu aux aspirations de la
classe moyenne canadienne anglaise " qui, dans l'esprit du rapport Castonguay,
ne correspondent pas toujours, avec tout le respect qu'on peut avoir pour leurs
priorités, aux autorités du Québec ou de la classe moyenne
canadienne-française du Québec.
Je pense que le rapport Castonguay est quand même assez
précis pour dénoncer très carrément l'action
"négative" entre guillemets, parce que c'est de cette
manière qu'il l'étiquette du fédéral au
niveau d'une politique de l'habitation au Québec. D'ailleurs, je pense
que le rapport Castonguay n'est pas le seul à axer ses remarques en ce
sens, puisque M. Legault lui-même a fait des déclarations
fracassantes à la presse, dans le même sens que le rapport
Castonguay.
Est-ce que le ministre est d'accord que le fédéral devrait
oeuvrer dans le domaine de l'habitation, pour autant qu'on accepte qu'il oeuvre
dans le domaine de l'habitation, plus en fonction des vrais priorités du
Québec dans ce domaine?
M. Goldbloom: M. le Président, je pense effectivement
avoir commencé, tout à l'heure, à exprimer ce point de vue
québécois. Pour ma part, je ne situerais pas de débat sur
le plan linguistique, culturel ou technique...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas là-dessus que
j'ai voulu insister.
M. Goldbloom: D'accord. J'ai compris cela, M. le
Président.
M. Bédard (Chicoutimi): On ne peut pas empêcher
l'Ontario d'être peuplé en majorité Canadiens anglais.
M. Goldbloom: ...mais plutôt, comme je l'ai fait tout
à l'heure, sur le plan strictement économique. Nous constatons
que l'accent mis par le gouvernement fédéral sur l'accession
à la propriété nous impose des fardeaux
considérables en termes de services d'infrastructures et de transport en
commun notamment. Comme je l'ai déjà dit, si on a, sur un terrain
donné, une seule maison occupée par une seule famille, nous avons
un seul contribuable pour défrayer le coût des services qui
doivent être fournis à ce terrain. Si nous avons une densification
raisonnable... J'insiste sur ce dernier mot, parce que je ne suis pas un
partisan de la très haute densité. Je ne suis pas opposé,
non plus, à l'aspiration légitime de tous les Canadiens et de
tous les Québécois en général d'avoir leur maison.
C'est normal de vouloir avoir sa maison.
Sur le plan économique, si nous devons payer cher l'aqueduc,
l'égout, les trottoirs, les rues et le transport en commun, nous devons,
je pense, revoir l'équilibre entre les diverses composantes du
marché de l'habitation. Nous devons penser à accentuer, dans une
mesure raisonnable, la production de duplex, de triplex, de maisons et
rangée, d'immeubles à logements multiples, sans
nécessairement mettre cet accent sur les très grands immeubles
qui, comme les très grandes agglomérations, ont une certaine
tendance à dépersonnaliser leurs résidents.
Je pense que nous avons, au Québec, effectué un certain
progrès, au moins dans notre philosophie du logement, dans cette
direction. Nous voyons le fédéral traîner de
l'arrière quant à cette évolution de pensée. Je
n'irai pas plus loin que cela dans une critique de l'autre palier de
gouvernement. Je crois que notre message commence à être
perçu, à être capté, mais, comme je viens de le
dire, nous constatons que le gouvernement fédéral traîne de
l'arrière dans cette évolution économique du secteur du
logement.
M. Bédard (Chicoutimi): En gros, le rapport Castonguay
disait qu'une des priorités en matière d'habitation pour le
Québec était la restauration, l'urgence de la restauration, d'une
action très ferme de ce côté. Alors que, pour la classe
canadienne-anglaise, du côté canadien-anglais la priorité
était axée plutôt vers la construction du bungalow.
Quand on parle de priorité comme étant celle de la
restauration, pour le Québec, le ministre nous disait tout à
l'heure qu'il y avait quand même un montant de $2 millions de
prévu au budget pour la restauration. Approximativement, à
combien de restaurations pense-t-il pouvoir procéder, avec ce
montant?
M. Goldbloom: Combien d'unité, M. le Président?
M. Bédard (Chicoutimi): D'unités.
M. Goldbloom: On peut faire un calcul assez rapide...
M. Bédard (Chicoutimi): Approximatif.
M. Goddbloom: ... par le coût moyen de la restauration et
nous prévoyons qu'approximativement 4000 unités pourraient
être restaurées avec une telle somme.
M. Bédard (Chicoutimi): Le rapport Legault parle de 360
000 unités qui ont besoin de restauration au niveau du Québec. Je
sais que le ministre ne pense pas pouvoir répondre à la demande
avec $2 millions, c'est clair, mais, dans l'élaboration d'une politique
générale de l'habitation, on devra orienter nos efforts d'une
façon spéciale vers ce point particulier qui est souligné
dans le rapport Legault.
M. Goldbloom: M. le Président, je crois avoir donné
le principal élément de la réponse ce matin en indiquant
qu'un des obstacles que nous devons surmonter est la difficulté de
trouver une solution de rechange pour la famille que nous
déplaçons pendant la restauration. Notre principale ville compte
le cinquième de notre population totale; la région
métropolitaine compte environ le tiers de notre population totale. Mais
cette principale ville a démoli plus d'unités de logement qu'elle
n'en a construits; quand on ajoute à cela le fait que, dans cette
principale ville, la population est composée de 80% de locataires, on
peut constater que le problème est majeur et que nous devons faire un
effort pour réorienter l'utilisation de nos ressources. Nous devons
aider, et c'est notre intention de le faire, au niveau de la production des
unités de logement qui permettront de reloger ces familles pendant la
restauration et, en même temps, diminuer l'acuité du
problème du taux très élevé d'occupation des
unités de logement dans Montréal comme dans la ville de
Québec.
Alors, pour l'instant, nous devons, à cause de ces deux facteurs
que je viens d'énoncer, mettre l'accent sur la production de nouvelles
unités et ce sera par la suite que progressivement nous pourrons
déplacer l'accent vers la restauration.
M. Bédard (Chicoutimi): Lorsque je parle de la
nécessité d'axer une politique d'habitation vers la restauration,
en cela je ne suis pas le seul; très humblement, le rapport Castonguay,
le rapport Legault vont dans le même sens. Le ministre nous parle
toujours de la difficulté qui existe puisqu'il faut tenir compte de ceux
qui doivent être déplacés ou relocalisés lorsqu'il y
a restauration. Mais n'est-il pas exact que ce nombre de personnes qui sont
dans l'obligation d'être relocalisées ou déplacées
lorsqu'il y a restauration représente quand même un pourcentage
très minime?
M. Goldbloom: C'est une minorité de la clientèle
totale, oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Une très petite
minorité.
M. Goldbloom: Mais puisque nous avons quand même le
problème global des besoins, nous devons augmenter le stock total
d'unités de logement pour nous donner une marge de manoeuvre plus large.
Je voudrais indiquer aussi que quand on parle d'un montant de $2 millions,
c'est la part provinciale. Il y a la part fédérale...
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, oui.
M. Goldbloom: ...qui est ajoutée et la part municipale
aussi.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais est-ce que vous pensez, avec
les sommes qui sont à votre disposition à l'heure actuelle,
pouvoir bâtir suffisamment d'unités pour relocaliser ceux qui
doivent l'être lorsqu'il y a des programmes de restauration ou de
relocalisation?
M. Goldbloom: M. le Président, comme je l'ai
indiqué, en nombre d'unités touchées par la restauration,
nous sommes jusqu'à maintenant loin d'avoir utilisé l'argent
disponible quand on tient compte du fait que la part provinciale est
approximativement 10% de la valeur des travaux de restauration. Nous avions
l'an dernier $2 millions à notre disposition. Nous aurions dû voir
des restaurations pour $20 millions, mais la valeur des restaurations
effectuées n'était que d'environ $4 millions.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais en termes d'unités de
logement, cela ne change rien. Cela représente vous l'avez dit
tout à l'heure à peu près 4000 unités.
M. Goldbloom: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, cela ne change rien
à la situation.
M. Goldbloom: Mais puisque ce n'était que 400
approximativement l'an dernier, si nous passons de 400 à 4000, ce sera
une augmentation très importante par rapport au passé.
M. Bédard (Chicoutimi): Sauf que, lorsqu'on regarde 4000
par rapport à 360 000 unités sujettes à la restauration,
dont nous parle le rapport Legault, on est quand même dans un rapport
d'un peu plus de 1%. S'il y a une amélioration j'en conviens
de passer de 400 unités à 4000, quand on regarde, comme le
disait le ministre tout à l'heure, le problème global et qu'on
voit que ces 4000 ne représentent pas beaucoup plus que 1% des besoins
dans le domaine de la restauration, il reste que la situation est critique.
Quand on part de rien, autrement dit, l'amélioration, c'est
toujours facile de l'apporter.
M. Goldbloom: Justement pour cette raison,
M. le Président, je préfère ne pas parler en
pourcentages, mais en chiffres absolus. Mais je vous fais remarquer que notre
population augmente sans cesse. Le rythme de cette augmentation est plus lent
que par le passé, mais il y a, tout de même, une augmentation.
Cette population qui augmente fait face à une pénurie de
logements et cette pénurie est telle que le taux de vacance, le taux
d'inoccupation dans les grands centres, Montréal et Québec, a
été inférieur à 1%, à un moment
donné.
M. Bédard (Chicoutimi): Pas seulement à
Montréal, même en dehors.
M. Goldbloom: Donc, pour faire en grand nombre la restauration
d'unités de logement, il faudra avoir une marge de manoeuvre. C'est pour
cela que, tout en étant parfaitement d'accord sur la
nécessité de restaurer des maisons au lieu d'en permettre la
démolition, nous sommes convaincus qu'à court terme notre
première responsabilité est d'augmenter le stock de
logements.
Le Président (M. Picard): Le député de
Saint-François, sur le même sujet.
M. Déziel: M. le Président, le ministre soulignait
tout à l'heure la pénurie de logements due à la croissance
de la population. Est-ce qu'il y aurait une équipe qui se pencherait
présentement sur les problèmes en matière d'habitation,
non seulement au niveau du programme de rénovation urbaine ou de
rénovation des quartiers, mais je pense, entre autres, à la
banque de terrains, je pense à la location de logements de la part de
l'entreprise privée et à la location de logements, telle que
préconisée dernièrement par le Conseil du patronat? Est-ce
qu'il y a présentement une équipe qui étudie ces nouveaux
modes?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président. Effectivement, il y a
le comité ministériel dont j'ai déjà parlé
et, n'en déplaise au député de Chicoutimi, il y a eu un
atelier très intéressant et très constructif sur ce sujet
lors du congrès récent du parti libéral du
Québec.
M. Ostiguy: D'ailleurs, tous les ateliers ont été
intéressants!
M. Goldbloom: Mais celui-là...
M. Ostiguy: En particulier.
M. Goldbloom: ... en particulier.
M. Bédard (Chicoutimi): Les sondages n'y étaient
pas pour quelque chose, non? La situation, en tout cas, dans le domaine de
l'habitation, y était pour quelque chose.
M. Goldbloom: J'ai fait un sondage moi-même, à un
certain moment, M. le Président, et j'ai compté plus de 3000
personnes dans la salle en
même temps. Il y en avait peut-être plus, mais j'ai eu de la
difficulté à voir partout, alors c'était un bon
sondage.
Le Président (M. Picard): J'ai l'impression que cette
discussion est en dehors du sujet.
M. Bédard (Chicoutimi): 3000 personnes qui, avec le
ministre, étaient toutes d'accord pour dire qu'il n'y avait pas de
politique d'habitation et qu'il fallait en élaborer une au plus
vite.
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous l'avez dit
vous-même.
M. Goldbloom: Justement, dans toute politique de cette nature, il
faut être dynamique, il faut faire du progrès. Je reviens à
ce que je disais tout à l'heure, il faut augmenter le stock de logements
et, si nous ne faisons pas cela, nous parlerons dans le vide quand nous
mettrons un accent théorique sur la restauration et sur d'autres
facteurs. Alors c'est pour cela que, même si nous voulons, et c'est clair
que c'est notre désir, mettre un accent additionnel sur la
restauration... Je voudrais ouvrir une parenthèse pour souligner les
chiffres que nous avons à notre disposition. Le groupe Castonguay a
parlé de 360 000 unités de logement. C'est le total des
unités qui pourraient possiblement être restaurées mais,
dans les faits, la plupart sont condamnées à la démolition
et constituent un risque d'incendie et ainsi de suite. Tandis que le groupe
Legault a recommandé un rythme de 9000 unités de logements
à restaurer par année. Alors, en passant de 400 à 4000,
nous faisons un pas important vers l'atteinte de ce rythme de croisière.
Et l'on peut espérer que se cela va mieux cette année que l'an
dernier, nous pourrons, l'an prochain, être beaucoup plus près de
ce rythme de croisière que nous recommande le groupe Legault.
Donc, M. le Président, en fermant la parenthèse et en
revenant à mes remarques principales, je crois que nous devons continuer
dans le sens que j'ai indiqué. Et même si nous voulons non
seulement restaurer mais aussi, par exemple, louer des unités dans des
immeubles déjà construits, ce serait une merveilleuse chose
à faire, mais il faudra quand même augmenter le taux
d'inoccupation, pour pouvoir le faire, parce que la concurrence sera trop
forte.
M. le Président, il n'y a pas de divergence de vues quant
à la valeur et l'importance de la restauration, mais il y a une
séquence logique dans nos interventions qu'il faudra suivre si nous
voulons obtenir les résultats voulus.
M. Bédard (Chicoutimi): Sauf une chose. Le ministre parle
de la nécessité d'augmenter le stock de logements. On est
parfaitement d'accord, puisqu'à l'heure actuelle, dans des villes comme
Montréal, non seulement dans Montréal mais dans une région
comme le Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans certaines villes, le taux de vacance
normal qui se situe autour de 4%, à Montréal et dans certaines
places précises dans Québec, ce taux de vacance se situe à
moins de l%, ce qui, nécessairement, le ministre le sait, entraîne
une hausse du coût des loyers.
Ceci entraîne même, je dirais, presque un marché noir
des loyers au Québec puisque les gens ont de la difficulté
à s'en trouver un à un prix qui soit abordable. Cette hausse de
loyer, en fait, est tellement importante que, pour des centaines de milliers de
foyers québécois, c'est plus de 25%, à l'heure actuelle,
de leurs revenus qu'ils doivent consacrer au paiement de leur loyer, ce qui est
proprement inacceptable.
Lorsque le ministre parle de la nécessité de
l'augmentation de logements et qu'il nous dit qu'il faut nécessairements
axer sur la construction de nouveaux logements de manière à ne
pas parler dans le vide lorsqu'on parle de restauration de logements, je crois
que vraiment, là-dessus, on est en divergence d'opinions.
M. Déziel: Ce n'est pas ce que vient de mentionner le
ministre.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, c'est...
M. Déziel: Ce n'est pas ce qu'il vient de mentionner.
M. Bédard (Chicoutimi): Ecoutez, je vais finir mon propos.
Quand on parle de l'augmentation de logements, le ministre est sûrement
d'accord qu'il y a deux facteurs qui peuvent contribuer à augmenter le
stock de logements qu'il est nécessaire d'augmenter à l'heure
actuelle. Il y a, d'une part, la construction de nouvelles habitations et,
d'autre part, aussi la restauration de logements déjà existants.
Il y a aussi un autre élément important qui est celui de mettre
fin à une démolition trop grande, qui existe à l'heure
actuelle, de foyers déjà existants.
Là-dessus, sans élaborer, prenons, par exemple, les
chiffres de démolition qui, je pense, sont fulgurants. De 1957 à
1974, selon le rapport Legault, 28 234 logements ont été
démolis à Montréal alors que 65% de ceux-ci, soit 18 350,
auraient pu être rénovés. Les démolitions, à
Montréal, ont représenté environ 20% du stock total
disponible. De 1969 à juillet 1975, à Québec, 1423
logements ont été démolis. A Montréal, pendant
qu'on construisait 2528 logements, on en détruisait 2730, ce qui
représente un déficit de 200 logements. Il y a bien d'autres
chiffres que je pourrais apporter selon différentes régions.
C'est cela une politique globale d'habitation, cela doit tenir compte de la
construction de logements, cela doit tenir compte de la restauration des
logements, cela doit tenir compte aussi qu'on ne doit pas procéder
à des démolitions à n'en plus finir, surtout lorsqu'il y a
peu de mises en chantier. Dans ce sens-là, je pense que les $2 millions
dont on a parlé cela, c'est la part du Québec
mettons les $20 millions dont on a parlé pour la restauration de 4000
loge-
merits alors qu'il y en aurait presque 360 000 à restaurer dans
le Québec, cela représente, le ministre va sûrement en
convenir, une goutte d'eau dans l'océan.
Lorsqu'on parle de démolition de logements, je pourrais apporter
un exemple bien précis, qui n'est pas loin, qui se situe au niveau de la
ville de Québec.
On est en train de démolir systématiquement plusieurs
logements de la rue Saint-Gabriel à Québec, alors que si on
analyse la situation, il y aurait peut-être, avantage à les
restaurer plutôt qu'à les détruire, étant
donné la situation actuelle. S'il y a peu de mise en chantier, à
moins que le ministre me dise qu'il y a beaucoup de disponibilités
financières qui peuvent laisser pressentir des mises en chantier
importantes, je dis au ministre je pense qu'on est en divergence
d'opinion que ce n'est pas, lorsqu'on parle de construction de logement,
parler dans le vide que de parler de restauration, ce n'est pas parler dans le
vide non plus que de parler de la nécessité d'avoir une
véritable politique de démolition. Que cela ne se fasse pas d'une
façon sauvage, mais que cela se fasse d'une façon
ordonnée, après étude de la situation qui prévaut
là où on procède à des démolitions.
M. Goldbloom: M. le Président, personne n'a parlé
contre la restauration, surtout pas celui qui vous parle. Le message que j'ai
voulu transmettre a été celui de l'équilibre entre les
diverses composantes d'un programme global. Il y a des définitions
à donner, M. le Président, à des mots comme
"restauration", parce que c'est une question de degré. Est-ce que toute
amélioration doit être mise dans la catégorie des
restaurations?
Je pense l'avoir rendu clair dans la façon dont je me suis
exprimé, nous faisons une distinction entre le genre de
réparation qui peut être faite sans déplacer la famille et
le genre de restauration qui nécessite un déplacement. C'est
clair que dans le chiffre de 360 000 unités définies par le
groupe Castonguay, les deux catégories sont incluses, tandis que quand
Je parle de restauration, je parle seulement de la deuxième
catégorie, celle qui implique le déplacement de la famille pour
pouvoir reconstruire.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est dans les chiffres que nous
vous avons donnés tout à l'heure comme pourcentage. Je veux dire
le nombre de personnes qui doivent être relocalisées lorsqu'il y a
restauration, le ministre tout à l'heure nous a dit que c'était
quand même une minorité, une très petite
minorité.
M. Goldbloom: Une minorité dans la clientèle
totale, parce que nous avons un grand nombre de familles et de personnes
âgées qui, dans tous les coins de la province, attendent la
construction de quelque chose pour leur permettre de se loger ou au moins de se
loger plus convenablement que dans le moment. Je pense, M. le Président,
qu'il faut faire cette distinction et ne pas laisser croire qu'un effort de
4000 est une goutte d'eau par rapport à un besoin de 360 000, parce
qu'à l'intérieur de ce total de 360 000 il y a une proportion
assez élevée d'unités qui ont besoin
d'amélioration, d'accord, et qui, sans cette amélioration,
pourraient, au cours des années, connaître une
détérioration au point de ne plus être
récupérables. Mais notre interprétation, d'après
notre connaissance de l'état des immeubles au Québec, ne nous
permet pas de croire que 360 000 unités de logement, après tout
cela représenterait un stock de logements qui pourraient recevoir entre
un million et un million et trois quarts de personnes, soit un pourcentage
assez élevé de la population du Québec.
Il nous est difficile de croire que toutes ces unités de logement
sont dans un état de délabrement tel que s'il n'y a pas une
intervention très rapide, il y aura la seule possibilité de la
démolition d'ici une, deux ou trois années.
Justement, dans le cadre de l'analyse faite par le groupe Legault, nous
avons un chiffre qui nous semble plus près de la définition que
nous donnons à cette notion de restauration, c'est-à-dire, une
intervention majeure pour éviter la nécessité, au cours
des toutes prochaines années, de démolir les immeubles en
question. Là, nous parlons d'un rythme de 9000 unités par
année et cela nous semble un rythme qui peut être atteint et
à court terme.
Nous sommes , de toute évidence, conscients qu'il est plus
économique de restaurer des immeubles et d'en prolonger la vie que de
construire toujours.
Mais je reviens à la mathématique simple et fondamentale.
Notre population est en augmentation; nous perdons effectivement un nombre trop
important d'unités par année, tout comme j'ai reconnu ce qu'a dit
le député de Chicoutimi, que les familles à relocaliser,
à reloger par rapport à la restauration représentent une
minorité dans la grande catégorie des besoins, il faut aussi
reconnaître que, dans le cadre global de nos besoins, le nombre
d'unités que nous risquons de perdre par année par une
démolition indue et injustifiée est minoritaire par rapport
à la situation globale. Je le répète pour je ne sais pas
combien de fois. Il faut augmenter le stock pour se donner une marge de
manoeuvre.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre a droit à son
opinion; nous avons droit à la nôtre, à notre
manière de voir les choses. Si le ministre croit que 4000 logements
pouvant être restaurés avec les crédits qui sont
disponibles ne représentent pas une goutte d'eau par rapport aux 300 000
logements qui devraient être restaurés dans le Québec,
selon le rapport Legault, il a le droit de penser cela. Etant donné que
la priorité, selon le rapport Legault et selon le rapport Castonguay,
doit-être mise sur la restauration, le ministre ne croit pas, au moins,
que $2 millions, sur un budget de $10 milliards et plus, représentent
vraiment une goutte d'eau pour solutionner ou pour exercer une action positive
dans un secteur, qui est le secteur de
l'habitation, qui touche des milliers et des centaines de milliers de
citoyens?
M. Goldbloom: M. le Président, nous croyons que
l'intérêt manifesté aujourd'hui par la population du
Québec et tel n'était pas le cas l'an dernier
assurera l'utilisation du montant qui est prévu au budget.
J'aimerais souligner que, quand un gouvernement bâtit le budget
d'une année donnée, un des critères qu'il utilise, pour
chaque poste, chaque programme, c'est la performance à ce chapitre de
l'année précédente. Si nous utilisions l'exemple de l'an
dernier pour déterminer le montant à affecter, en 1976/77,
à la restauration, nous couperions considérablement ce poste,
parce que nous n'avons pas la performance, l'an dernier, pour justifier le
maintien du montant cette année. Nous avons quand même la
confiance que l'accent que nous avons effectivement mis là-dessus, et
que des municipalités ont mis là-dessus, et que des
propriétaires ont mis là-dessus, assurera l'utilisation de
l'argent disponible. Quand nous pourrons démontrer, l'an prochain, que
les $2 millions auront été utilisés, nous aurons des
arguments valables, surtout dans la perspective d'une relance économique
sur laquelle nous comptons tous, pour augmenter davantage l'an prochain
l'affectation des ressources à la restauration.
Le Président (M. Picard): Le député de
Verchères.
M. Ostiguy: M. le Président, pour faire suite à ce
que disait tout à l'heure mon collègue de Saint-François
lorsqu'il posait la question au ministre des Affaires municipales, dans le
cadre d'une politique de régime d'allocations de logements pour les
personnes à faible revenu, la Société d'habitation du
Québec s'est-elle penchée sur ce problème, puisque cela a
été préconisé par le Conseil du patronat et aussi,
je pense, par un atelier où il y avait récemment un
congrès et où nous avons discuté de politiques
d'habitation?
A court ou à moyen terme, entrevoyez-vous une possibilité
de régime d'allocations pour les gens à faible revenu sur l'achat
d'un logement?
M. Goldbloom: M. le Président, un tel mécanisme est
effectivement prévu. Nous constatons, cependant, qu'il y a un certain
obstacle en ce qui concerne la formulation des lois du Québec,
c'est-à-dire que les lois du fédéral permettent la
sous-location d'unités de logements et tel n'est pas le cas actuellement
des lois du Québec. Alors, nous nous penchons sur cet aspect d'un
programme d'habitation afin de pouvoir obtenir le meilleur rendement de ce
genre d'approche qui, il me semble personnellement, est très
intéressant.
M. Ostiguy: On sait fort bien qu'actuellement la
Société d'habitation du Québec s'occupe de construction de
logements communautaires, soit pour personnes retraitées ou pour
personnes qui ont besoin d'habitations à loyer modique et ce, par le
truchement des municipalités. Je pense qu'il n'existe plus maintenant de
construction, si vous voulez, par les corporations sans but lucratif.
Alors, je m'imagine qu'un jour les municipalités vont dire: Nous
voulons laisser ce secteur d'habitations communautaires, et ce sera justement
le temps pour la Société d'habitation du Québec d'entrer
dans un nouveau champ d'activité, soit celui d'aider les citoyens comme
tels à avoir leur propre maison.
M. Goldbloom: D'abord, M. le Président, je voudrais
souligner que, même si la situation est un peu plus difficile, en ce qui
concerne l'action des organismes sans but lucratif, ils ne sont pas exclus du
marché. Nous avons eu certaines difficultés par rapport à
certains organismes; nous avons également eu une certaine
difficulté par rapport au gouvernement fédéral qui n'a pas
voulu permettre à la Société d'habitation du Québec
d'emprunter chez lui et de reprêter vers d'autres organismes ou
municipalités sans but lucratif. Mais nous cherchons des moyens
d'améliorer cette situation, surtout quand nous pouvons traiter avec des
organismes qui n'ont pas été créés tout simplement
pour les fins d'un seul projet, mais qui ont une existence assurée
depuis de nombreuses années et pour un avenir lointain.
Je pense, M. le Président, que c'est en général un
secteur où il y a de la place pour une évolution dans
l'application des mesures. C'est une de nos préoccupations et nous
voulons pouvoir présenter des idées, des politiques qui auront
pour but de mieux satisfaire et de façon plus variée les besoins
de notre population.
M. Ostiguy: Une dernière question. Dans le cadre des
rénovations urbaines, je pense que vous avez mentionné tout
à l'heure que vous n'avez pas dépensé le budget qui avait
été...
M. Goldbloom: La restauration d'unités de logements.
M. Ostiguy: La restauration, oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, ce n'est pas la même
chose.
M. Goldbloom: Ah non! ce n'est pas la même chose.
M. Ostiguy: II n'a pas été
dépensé.
M. Goldbloom: Justement, parce que la demande n'a pas
été formulée. J'aimerais souligner que, dans la
restauration des unités de logement, cette restauration doit être
faite dans bien des cas en vertu des règlements municipaux, pas
simplement en vertu d'un programme d'aide par les gouvernements
supérieurs. Mais, même à l'intérieur des programmes
d'aide, le pourcentage de la contribution des divers paliers de gouvernement
est variable selon le coût des réparations nécessaires,
selon que le propriétaire est occupant ou
locateur. Le résultat de tout cela est que les
propriétaires, face à ce besoin global, collectif, de faire de la
restauration, doivent assumer à peu près 55% des coûts.
Alors, je parle globalement. Il y a des circonstances, notamment en ce
qui concerne le propriétaire occupant, où les subventions
fournies par le fédéral, le provincial et le municipal peuvent
atteindre 100%. Dans le cas du propriétaire non occupant, jusqu'à
75%. Mais, dans l'ensemble de cet effort de restauration, c'est 55% du
coût qui doivent être assumés par les propriétaires
et cela implique une certaine initiative de leur part. Nous devons susciter
cette initiative, et c'est ce que nous essayons de faire par des mesures
d'incitation et de publicité.
M. Ostiguy: Lorsque vous parlez de susciter
l'intérêt, est-ce que cette restauration doit se faire par le
truchement des municipalités ou des villes? La demande doit être
faite par les municipalités ou les villes, j'imagine, et non pas par le
résident comme tel, par le propriétaire.
M. Goldbloom: En ce qui concerne la restauration, l'initiative
doit être prise par le propriétaire. Il y a une initiative
indirecte qui peut être prise par la municipalité, par la province
aussi; mais, si le propriétaire ne veut pas bouger, nous n'avons pas,
dans le cadre des programmes d'aide financière, la possibilité de
le forcer. Il faudrait pouvoir démontrer, en vertu de règlements
municipaux, qu'un logement n'était pas en conformité à ces
règlements et là il y a des contraintes que l'on peut imposer.
Peut-être qu'ayant imposé ces contraintes on serait obligé
en toute honnêteté de dire au propriétaire: II y a de
l'aide financière qui est disponible. Il y a quand même une
initiative qui doit venir du propriétaire.
Je tiens à souligner que jusqu'à l'entrée en
vigueur des programmes actuels dont j'ai fait une description sommaire, des
subventions qui peuvent atteindre 100% dans certains cas pour le
propriétaire occupant, 75% dans certains cas pour le propriétaire
non occupant, ce n'était pas la règle générale. En
1975, la subvention que pouvait obtenir le propriétaire était de
25% seulement, au maximum; cette année, de 50%. Et nous allons en
montant à cause des ententes fédérales-provinciales. Or,
nous avons aujourd'hui une incitation que nous n'avions pas même l'an
dernier.
Le Président (M. Picard): Le député de
Frontenac.
M. Lecours: M. le Président, j'aimerais soulever la
question spéciale des villes minières. Vous savez qu'à
tous les ans, dans les villes minières, plusieurs citoyens voient leur
maison déplacée dans un autre secteur; on en a eu à
Thetford Mines, entre 1969 et 1974, pour $15 millions.
Les compagnies minières, dans cela, n'ont fourni à peu
près rien. J'appelle cela de l'indécence pure. Il y a eu 25% de
payé par les contribuables de Thetford Mines, 25% par la SHQ, 50% par le
gouvernement fédéral.
Je pense qu'il est intolérable que des compagnies minières
ne dévoilent pas leur plan d'activité pour les années
à venir. Présentement, à Thetford Mines, on a
déplacé complètement le quartier Saint-Maurice, laissant
de côté le quartier Mitchell qui était la phase no 1 de
tout le projet de relocalisation dans le secteur de Thetford Mines.
Ce soir, je m'adresse au ministre dans le but, peut-être,
d'obtenir une politique spéciale d'habitation pour les villes
minières parce que la ville d'Asbestos va connaître exactement le
même problème d'ici peu; Black Lake va connaître le
même problème. Déjà, sur la rue Notre-Dame, à
Black Lake, tous les commerces sont ruinés à cause des
activités minières qui sont trop près de la rue
Notre-Dame.
Je pense qu'il va falloir y penser sérieusement et demander aux
compagnies de coopérer un peu plus avec la Société
d'habitation du Québec dans le but de planifier une relocalisation ou
peut-être une restauration pour le cas du quartier Mitchell, qui est un
cas bien spécial.
M. Goldbloom: M. le Président, l'honorable
député de Frontenac, en parlant des villes minières, a mis
l'accent sur les villes qui entourent les mines d'amiante, les mines à
ciel ouvert qui grugent la terre, qui en causent l'affaissement on l'a
vu à Asbestos et où il y a d'autres problèmes
aussi: problème de poussière, problème de dynamitage.
Notamment à Asbestos, on a des problèmes considérables sur
ce plan. Il invoque le fait que l'extension de l'exploitation rend
nécessaire une relocalisation à peu près continue.
Contre cela, je dois invoquer la responsabilité fondamentale de
la Société d'habitation qui est de fournir du logement aux
personnes âgées et aux familles à faible revenu. C'est la
priorité dans les préoccupations de la société.
Dans le cas de Thetford Mines en particulier, je suis conscient de deux
choses qui ne sont pas nécessairement contradictoires mais qui me
laissent songeur. D'un côté, je suis conscient du fait qu'à
titre de ministre responsable de la Société d'habitation du
Québec, j'ai signé plus d'arrêtés en conseil pour la
ville de Thetford Mines que pour n'importe quelle autre municipalité du
Québec et chacun de ces arrêtés en conseil a
été intitulé: Secteurs Saint-Maurice, Mitchell et
Smith.
Par contre, je suis bien conscient de la justesse de ce que dit le
député de Frontenac, à savoir que tout cela n'a pas suffi
pour régler intégralement les problèmes de cette ville. M.
le Président, si le député de Frontenac m'avait
demandé de prévoir, avec la collaboration de la
Société d'habitation du Québec, un programme
général qui serait un élargissement de ce que nous avons
déjà, j'aurais été obligé de lui dire que
nous avons quand même un mandat relativement restreint et bien
défini que j'ai explicité. Par contre, le problème
particulier des villes d'amiante me touche. Je suis, comme lui, médecin.
Je suis, comme lui. particulièrement conscient des problèmes qui
existent dans de telles villes. Alors, sans pouvoir lui dire ce soir qu'on va
élargir les programmes de la société, je voudrais lui dire
que je suis conscient
du problème qu'il a soulevé. J'ai dû travailler avec
les gens d'Asbestos quand le désastre a eu lieu et heureusement que nous
n'avons pas eu à déplorer des résultats plus graves que
ceux que nous avons connus.
Mais nous avons effectivement versé je le reconnais
volontiers et ouvertement, M. le Président de fortes sommes pour
la reconstruction de la ville d'Asbestos, pour la pose d'infrastructures dans
les secteurs qu'il fallait aménager, parce qu'il y avait des secteurs
qui n'étaient plus habitables. Peut-être que le message que nous
transmet le député de Frontenac, c'est qu'un investissement au
préalable nous aurait épargné certaines dépenses
considérables et qu'une meilleure planification de la restructuration
des villes de l'amiante pourrait nous permettre de mieux servir, sur le plan
humain, les citoyens et d'épargner les deniers publics en même
temps.
Alors, je pense être sur la même longueur d'onde que lui.
Même si nous avons dû il le sait pertinemment
répondre de façon négative à certaines aspirations
de la ville de Thetford Mines, ce n'était pas par mauvaise
volonté, mais à cause de contraintes dans la définition de
l'action de la Société d'habitation. Je pense que nous devrons
ouvrir un chapitre particulier pour les villes qu'il a mentionnées.
Le Président (M. Picard): Le député de
Prévost.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur le même sujet.
Le Président (M. Picard): Lui aussi, il m'a dit cela.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est sur le cas des mines?
M. Parent (Prévost): Non, non.
M. Bédard (Chicoutimi): Me permettez-vous une question sur
le cas des mines?
Simplement une question pour faire suite à celle du
député de Frontenac. Pour me convaincre que le ministre est sur
la même longueur d'onde que le député de Frontenac,
j'aimerais savoir s'il est d'accord sur l'opinion qu'il a émise sur
l'irresponsabilité "indécente ", pour employer son expression,
des compagnies minières qui négligent de faire connaître,
quand même, leurs plans de développement, de telle façon
qu'à un moment donné cela chambarde complètement la vie de
toute une population, comme c'est dans le cas dans le secteur qu'il
représente.
M. Goldbloom: M. le Président, le député de
Chicoutimi cite des paroles un peu dramatiques. Je pense que, si l'on veut
parler...
M. Bédard (Chicoutimi): La situation est dramatique
aussi.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, je vou- drais
préciser que, si l'on veut parler en ces termes, on doit viser davantage
les conditions de travail par rapport à la santé des gens qui
oeuvrent dans le domaine de l'amiante. C'est une situation qui est plus
dramatique que celle des familles qui habitent les villes de l'amiante.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela, j'en conviens. Ce que je
peux savoir...
Le Président (M. Picard): Voulez-vous ne pas interrompre?
Vous pourrez poser toutes les questions après.
M. Goldbloom: J'aimerais que le député explicite ce
qu'il veut dire.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour ce qui est des conditions de
travail, des conditions sanitaires et de tout cela, je pense qu'il n'y a pas
besoin d'explications à ce sujet; on est tous d'accord pour dire que non
seulement il y a besoin d'amélioration, mais d'amélioration
immédiate. Je veux parler de la responsabilité des compagnies
minières. En rapport toujours avec le problème de l'habitation
je circonscris la responsabilité ou l'irresponsabilité des
compagnies minières le ministre est-il d'accord que les
compagnies minières dans ce secteur ne se conduisent pas d'une
façon civilisée?
M. Goldbloom: M. le Président, nous sommes au programme de
la Société d'habitation du Québec. Dans le cas d'Asbestos,
par exemple, quand il s'est agi de la relocalisation de familles, de maisons,
il y a eu une négociation, à laquelle je n'ai pas pris part
moi-même, avec la compagnie pour obtenir une contribution. On peut
exprimer une opinion quant à l'importance de cette contribution.
On peut dire: La compagnie aurait dû contribuer davantage. Je ne
pense pas qu'en ce disant on puisse qualifier de scandaleux le comportement de
la compagnie dans le secteur qui nous concerne ici ce soir, qui est celui de
l'habitation. Quand on parle d'un autre secteur de préoccupations, les
conditions de travail, les effets sur la santé des gens, là, on
peut utiliser un langage plus dramatique et avec raison. Je crois que nous
avons entrepris un programme de rénovation urbaine, de relocalisation
dans les villes de l'amiante. Il va sans dire que si les compagnies avaient
contribué davantage, les deniers publics auraient été
épargnés dans cette mesure. Je serais plus facilement d'accord
avec cette phraséologie utilisée par le député de
Chicoutimi si nous étions à la commission parlementaire du
travail ou à la commission parlementaire des affaires sociales ou des
richesses naturelles...
M. Bédard (Chicoutimi): De l'environnement.
M. Goldbloom: ... qu'ici ce soir en parlant d'habitation comme
telle.
M. Bédard (Chicoutimi): Ou de I environnement.
M. Lecours: M. le Président...
Le Président (M. Picard): Le député de
Frontenac.
M. Lecours: Où je trouve que c'est indécent, c'est
quand on considère que la Johns-Manville va peut-être payer
jusqu'à 90% du coût de relocalisation d'une maison. Sur les $15
millions qui ont été payés par les contribuables de la
province de Québec en bonne partie, dont 25% par les contribuables de
Thetford Mines, l'Asbestos Corporation a fourni à peine $1 million.
C'est cela que je trouve indécent. C'est ce qui est inacceptable.
En tant que député de Frontenac, je ne veux plus avoir de
relocalisation dans mon comté à des conditions semblables
à celles de 1969. La population n'en veut plus non plus. Il va falloir
que les compagnies apprennent à payer quand elles doivent payer quelque
chose. Je pense qu'elles vont être obligées de payer un peu plus
qu'elles ne l'ont fait en 1969; elles n'ont rien donné ou à peu
près rien, alors que la Johns-Manville a toujours été un
peu plus décente, très décente, j'oserais dire, dans sa
façon de procéder avec les gens.
M. Goldbloom: C'est un témoignage assez éloquent.
Ce n'est pas une condamnation générale de toutes les compagnies,
c'est une comparaison entre diverses compagnies et leur façon
d'agir.
M. Bédard (Chicoutimi): Etes-vous d'accord avec les
distinctions que vient de faire le député de Frontenac?
M. Goldbloom: Oui, absolument. J'en suis témoin, ayant
travaillé avec les diverses municipalités.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est scandaleux. Le
député de Frontenac a parlé d'indécence.
M. Goldbloom: Non, le député de Frontenac a fait
plus que cela. Justement, je n'ai pas voulu, pour ma part, accepter une
phraséologie qui généralise à l'endroit de toutes
les compagnies, et je pense que la mise au point du député de
Frontenac s'imposait.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez raison. Oui.
Le Président (M. Picard): Le député de
Prévost.
M. Parent (Prévost): J'aurais une question à poser
au ministre des Affaires municipales concernant une nouvelle qui venait du
ministre d'Etat chargé des affaires urbaines en ce qui a trait à
l'allocation de subventions de $1000 par logement suite aux négociations
qu'il devait y avoir avec les provinces. J'aimerais être informé.
Quel est le déroulement de ces négociations et où en
sommes-nous rendus?
M. Goldbloom: Les négociations vont bien et le
gouvernement fédéral vient tout récemment d'annoncer les
détails de son programme. Il nous reste à régler, de notre
côté, quelques points sur les modalités de l'application.
Contrairement à d'autres programmes du fédéral, que j'ai
dû critiquer, c'est un programme qui, d'abord, est utile au Québec
où les deniers publics servent considérablement à payer
l'infrastructure et, deuxièmement, c'est un programme qui, contrairement
aux autres, encourage une certaine densification raisonnable. Nous sommes
enthousiastes de participer à cela. J'ai rencontré tout
récemment le ministre fédéral, M. Danson; j'ai
parlé avec lui des modalités. Il y a encore quelques points
à éclaircir et j'ai bon espoir que nous puissions les
régler et les faire accepter de part et d'autre par le Conseil des
ministres parce que, après tout, un gouvernement n'est pas un ministre
seul et une prise de position exprimée par un ministre doit être
celle du gouvernement dont il est membre.
Donc, de part et d'autre, nous devrons retourner vers notre Conseil des
ministres respectif pour faire entériner les conclusions de nos
discussions.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre se rappelle-t-il que
l'an passé, lors de l'étude des crédits, j'avais
justement, au nom de l'Opposition officielle, préconisé cette
mesure d'accorder une subvention de $1000 par habitation neuve? J'ai
renouvelé la même suggestion lors de notre discours, l'Opposition
officielle, mesure qui s'imposait avec d'autres mesures que
j'énumérais à l'occasion de la réponse au discours
inaugural. Je sais qu'à I' étude des crédits de l'an
passé, on avait rejeté du revers de la main cette suggestion en
disant qu'elle était plus ou moins réaliste, que c'était
une sorte de calque, tout simplement, d'une politique qui se pratiquait en
Ontario où dans d'autres provinces.
Je suis très heureux de voir qu'il semble que cette suggestion
qui a été faite depuis longtemps par l'Opposition était
loin d'être farfelue. Peut-être qu'elle s'imposait. Le ministre
nous dit, si j'ai bien compris son exposé, que les négociations
vont bon train afin de mettre en application une telle mesure.
M. Goldbloom: Est-ce que le député de Chicoutimi
renonce à ses principes suffisamment pour parler avec le gouvernement
fédéral?
M. le Président, si le fait de me rappeler...
M. Bédard (Chicoutimi): Je respecte toujours un cadre dans
lequel on est obligé, je dis bien obligé, d'évoluer. Et si
j'avais à parler avec le gouvernement fédéral,
j'essaierais de parler dans le sens des intérêts du Québec.
Quand on parle d'habitation, j'essaierais d'obliger le
fédéral...
M. Goldbloom: C'est formidable, M. le Président, c'est
formidable.
M. Bédard (Chicoutimi):... ce qu'il ne fait pas à
l'heure actuelle, ce qu'il ne fait pas à l'heure actuelle, à
respecter les priorités du Québec en matière
d'habitation.
M. Boutin: Pour le respect de la loi 23 aussi?
M. Goldbloom: Cela sent l'opportunisme à plein nez.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas de l'opportunisme,
c'est du réalisme. C'est le réalisme. Et là où il y
avait de l'opportunisme ou encore des oreilles fermées, c'est lors de
l'étude des derniers crédits alors que j'apportais cette
suggestion d'accorder $1000 de subvention à chaque constructeur de
maison neuve.
M. Parent (Prévost): M. le Président, ce sont des
déclarations de gérants d'estrade. Ils ont des solutions à
tous les problèmes.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais si le gouvernement
écoutait tous les gérants d'estrade, s'il écoutait aussi
toute la petite population, puisque vous semblez nous placer là-dedans,
puis je suis très heureux à part de cela, je pourrais
peut-être trouver des solutions beaucoup plus qu'il n'en trouve à
l'heure actuelle. Et quand on parle d'habitation, au lieu d'assister à
une dégradation de la situation dans ce domaine, on assisterait non pas
à une dégradation mais à une amélioration.
M. Déziel: Appelle cela un réveil.
M. Parent (Prévost): De ce côté je pense
que...
M. Bédard (Chicoutimi): Oui un réveil. Le
réveil de la nature.
M. Parent (Prévost): Pour des gens qui sont censés
faire le tour du Québec, vous manquez certainement des points
très importants.
M. Goldbloom: J'aimerais poser une question au
député de Chicoutimi...
M. Bédard (Chicoutimi): Allez, allez, je vous en prie.
M. Goldbloom:... Quelle est...
M. Bédard (Chicoutimi): Voulez-vous les autres suggestions
que j'avais faites lors de mon discours en réponse au discours
inaugural? Probablement que vous ne les mettrez pas en application pour le
moment mais, l'an prochain, probablement que vous les mettrez en
application.
M. Goldbloom: Mais est-ce que je puis demander, est-ce que...
M. Bédard (Chicoutimi): Peu importe cela, vous oubliez que
les suggestions ne sont pas tou- jours dans les têtes couronnées.
Les bonnes suggestions.
M. Goldbloom: Quelle est la nature précise de cette
suggestion faite l'an dernier?
M. Bédard (Chicoutimi): Cela vaut un médecin
aussi.
M. Lecours: A peine.
M. Bédard (Chicoutimi): Ne partez pas une guerre de
profession, parce que...
M. Déziel: J'ai hâte d'entendre la question du
ministre, moi, M. le Président.
M. Goldbloom: M. le Président, quelle était la
nature précise de cette fameuse suggestion formulée l'an dernier
par le député de Chicoutimi? Il s'agissait de donner combien,
à qui exactement, et dans quelles conditions?
M. Bédard (Chicoutimi): Enfin, vous vous en souvenez. Je
comprends pourquoi vous me posez la question. Je croyais que vous
écoutiez l'Opposition de temps en temps quand on fait des suggestions,
ne serait-ce que pour les mettre de côté, ne serait-ce que pour
savoir qu'il faut les mettre de côté. C'était une
suggestion, pour revigorer la mémoire du ministre, à l'effet de
donner une subvention de $1000 par habitation neuve. D'ailleurs nous l'avons
demandée à l'étude...
M. Boutin: Est-ce que le député s'en souvient
lui-même?
M. Bédard (Chicoutimi):... des crédits de l'an
passé, encore une fois nous l'avons renouvelée à plusieurs
reprises. Donnez-la au propriétaire, donne-la...
M. Goldbloom: Le programme fédéral...
M. Bédard (Chicoutimi): Donnez-la où vous voudrez,
mais une chose importante c'est que, au bout de la ligne, ce soit le
propriétaire qui puisse en recouvrer certains avantages quand
même.
M. Goldbloom: M. le Président, je soumets respectueusement
que ce n'est pas aussi simple que de dire: Donnez-la ou vous voudrez. Parce
que...
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas dit... Soyez correct
avec moi.
M. Goldbloom: Je l'ai entendu avec mes propres oreilles.
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai dit: Donnez-la où vous
voudrez, mais pour autant que ce soit le propriétaire qui en
reçoive un avantage. C'est ce que je vous ai dit. Il me semble que ce
soit facile à comprendre, il n'y a pas tellement de place pour la
nuance.
M. Goldbloom: Non, mais, M. le Président, si l'on donne
une subvention aux propriétaires, on accentue l'effet des programmes du
fédéral, programmes que j'ai déjà critiqués
de façon négative. C'est-à-dire qu'on encourage davantage
le développement du Québec en maisons unifamiliales. Le but du
programme fédéral et j'ai fait le contraste, tout à
l'heure, avec les autres c'est d'amener une certaine densification
raisonnable afin de rentabiliser les services. C'est ainsi que, à notre
suggestion, les $1000 sont destinés à la municipalité.
Cela est doublement important pour le Québec, parce que, contrairement
aux autres provinces, c'est la municipalité qui assume le coût de
l'infrastructure, en grande partie, et avec l'aide de la province. Il y a une
différence assez marquée.
M. le Président, le député de Chicoutimi m'a
demandé si j'écoute l'Opposition.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, non, je ne vois pas le...
M. Goldbloom: M. le Président, je la subis.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, alors que vous devriez
l'écouter de temps en temps.
M. Goldbloom: M. le Président, c'est la vantardise de
toutes les oppositions.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais, c'est la suffisance de
toutes les personnes au pouvoir aussi qui s'exprime quand vous dites cela.
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président?
M. Bédard (Chicoutimi): La suffisance. Alors, M. le
Président, on ne continuera pas sur cette...
M. Goldbloom: C'est la suffisance qui mène au pouvoir et
l'insuffisance qui mène aux banquettes de l'Opposition.
M. Bédard (Chicoutimi): Enfin! C'est votre manière
de voir les choses. Je ne continuerai pas la discussion là-dessus, parce
que je trouve qu'il est plus important de parler des problèmes de
l'habitation, ce pourquoi nous sommes ici ce soir, que d'essayer de faire des
jeux de mots.
Le Président (M. Picard): Le député de
Chicoutimi a-t-il une autre question? Il y a deux députés qui
m'ont demandé la parole.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, j'en pose
continuellement, je...
Le Président: Vous avez droit de parole actuellement.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour en finir avec la question des
crédits à la restauration, le ministre a dit qu'ils n'avaient pas
été utilisés, lors de l'année qui vient de se
terminer. Je pense que, si cette situation s'est présentée, c'est
que, d'une part, les gens n'étaient pas sensibilisés
peut-être à ce problème ou à cette capacité
qu'ils avaient de recourir à un programme bien déterminé,
pour faire la restauration qui s'imposait.
D'autre part, cela dépend aussi, je pense, du gouvernement qui
n'était pas sensibilisé, lui, à informer la population
pour qu'elle puisse utiliser ces fonds qui étaient destinés
à la restructuration.
En terminant, lorsqu'on s'aperçoit que, dans un programme des
Affaires culturelles, il y a $1 million qui sont consacrés à la
conservation et à l'utilisation des archives et qu'aux Affaires
municipales entre autres dans le programme qu'on vient d'étudier
où on parle de la sécurité incendie, il y a $4 millions,
il me semble que, comme la priorité dans l'habitation doit être
orientée vers la restauration, la somme de $2 millions ne
représente pas l'expression d'une véritable priorité pour
le gouvernement.
M. Goldbloom: M. le Président, si le député
de Chicoutimi siégeait au Conseil du trésor et avait donc la
responsabilité de l'utilisation des deniers publics, il demanderait
à chaque ministère, pour chacun des programmes de celui-ci,
quelle a été la performance l'an dernier. Je pense, M. le
Président, que, pour obtenir des deniers additionnels, il faudra
démontrer une performance meilleure que l'an dernier dans ce secteur. Je
ne pourrai laisser passer l'affirmation du député de Chicoutimi
que cette performance inadéquate est attribuable à un manque
d'intérêt de la part du gouvernement. C'est attribuable, M. le
Président, à un fait que j'ai indiqué il y a quelques
minutes; c'est que, l'an dernier, il n'y avait que 25% de disponibles, parce
qu'il y avait 12,5% de la province et 12,5% de la municipalité.
Maintenant que le fédéral est arrivé avec une addition qui
peut varier de 25% additionnels jusqu'à 75% additionnels, dans certains
cas qui concernent les propriétaires occupants, il est évident
que l'intérêt est plus grand, pas parce qu'il y a un effort
publicitaire plus important, mais parce que l'argent est là et qu'il n'y
était pas l'an dernier.
Alors, ce n'est pas plus compliqué que cela, M. le
Président. C'est pour cette raison que j'ai confiance qu'il y aura une
performance plus importante cette année.
Le Président (M. Picard): Le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, je ne sais pas si le ministre a
eu le dossier et s'il est au courant; je vais donc lui fournir certains
renseignements. La société a un projet de deux maisons
complètement identiques à Verdun, de 150 logements chacune. M.
Léo Grenier, administrateur de l'Office municipal d'habitation de
Verdun, 4555 avenue Verdun, nous envoie une lettre dont le sujet porte sur
l'assurance contre l'incendie et les responsabilités civiles. Des
soumissions sont supposées avoir eu lieu et se chiffrent par $10 500
pour l'assurance-incendie.
Nous, à Verdun, on a demandé des prix aux gens de Verdun
et nos prix sont de $2250. Cela fait une économie de $8250. Au lieu de
payer $0.42 les $100 d'évaluation, notre prix est de $0.09 les $100
d'évaluation. Pourriez-vous essayer de me donner des renseignements,
à savoir pourquoi il en est ainsi, à qui les soumissions ont
été demandées, comment il se fait qu'on n'ait pas
été au courant?
M. Goldbloom: M. le Président, est-ce que je peux demander
à l'honorable député de Verdun de me rappeler la date de
construction des immeubles en question? Simplement pour savoir si
c'était antérieur à 1974 ou après 1974.
M. Caron: Je pense que c'est en 1974. On vient de les terminer,
avec les problèmes qu'on a eus et dont vous êtes au courant.
M. Goldbloom: La différence est qu'avant la conclusion des
ententes avec le fédéral, à ia fin de 1974, la
Société d'habitation du Québec n'était pas
propriétaire des immeubles et n'avait donc pas directement la
responsabilité de les assurer contre les divers risques. A partir de la
conclusion de ces ententes, la société devenant maître
d'oeuvre et propriétaire, a dû prévoir l'assurance de ces
immeubles et a procédé par appel de soumissions pour cette
assurance. N'ayant pas le dossier précis des immeubles de la ville de
Verdun, je devrai aller à la recherche du dossier, demander plutôt
à la société de sortir le dossier et, à la
prochaine séance de cette commission parlementaire ou au plus tard la
semaine prochaine, nous pourrons fournir à l'honorable
député de Verdun les renseignements que la société
possède à cet égard.
M. Caron: Je suis bien d'accord, M. le ministre, que la
société s'assure, ce sont ses propres biens. Mais après,
l'administration, ia ville paie ses 10%. Alors, écoutez, si l'office
municipal peut avoir un bon prix, je ne vois pas pourquoi la
société ne pourrait pas avoir le même prix.
M. Goldbloom: Effectivement, M. le Président, avant la fin
de 1974 et la transformation du rôle de la société, nous
constations une variation assez large dans les coûts de l'assurance.
Constatant que les divers offices municipaux d'habitation avaient des prix
largement différents, nous avons cru que dans le nouveau rôle de
la société il était important d'obtenir les meilleurs prix
possible. C'est pour cela que nous avons placé des annonces dans un
certain nombre de journaux, demandé des soumissions et obtenu les
meilleurs prix que la société pouvait avoir.
M. Caron: M. le ministre, j'aimerais que vous sortiez le dossier,
parce que, pour l'instant, la réponse que vous me donnez, je le
regrette, ne me suffit pas. Je voudrais voir le dossier. Si la ville peut avoir
un prix comme cela, je ne vois pas pourquoi la société ne
pourrait pas l'avoir.
M. Goldbloom: Je suis certainement d'accord avec cela, M. le
Président. C'est un principe fondamental de l'administration publique
qu'on doit être économe dans l'utilisation des deniers qui sont
entre nos mains. Effectivement, si d un fournisseur ou d'une compagnie de bonne
réputation on peut avoir un prix meilleur que celui que l'on a obtenu,
on n'a pas de raison de payer plus cher.
M. Parent (Prévost): M. le Président, c'est
à la municipalité de nommer de meilleurs administrateurs!
M. Caron: C'est nous qui avons le meilleur prix. C'est cela, on
va nommer de meilleurs administrateurs à la société.
M. Parent (Prévost): Non, non, à votre office
d'habitation.
M. Caron: Nous autres, on a $8250 de moins. C'est nous qui sommes
meilleurs administrateurs, voyons!
Le Président (M. Picard): Le député de
Saint-François.
M. Déziel: M. le Président, on sait que l'urbanisme
relève directement des Affaires municipales. On sait également
que les logements à prix modique relèvent indirectement des
Affaires municipales, par le truchement de la Société
d'habitation du Québec. On sait aussi que l'élaboration du Code
provincial de la construction relève du ministère des Affaires
municipales, mais que son application relève du ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre. On sait aussi que la Régie des loyers
relève du ministère de la Justice.
M. le ministre, dans votre grande sagesse, dans votre grande
philosophie, dans votre manière de voir les choses...
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous allez poser une
question?
M. Déziel: ...est-ce que vous envisagez
éventuellement, au Québec, un regroupement des interventions en
matière d'habitation qui serait sous l'égide d'un seul
ministère qu'on pourrait peut-être appeler le ministère de
l'habitation?
M. Goldbloom: M. le Président, c'est une question
intéressante et géniale, mais qui dépasse la
compétence de celui qui vous parle en ce qui concerne la réponse.
D'abord, il y a certaines recommandations, notamment celles du groupe Le-gault,
pour la constitution d'une instance unique de responsabilité en
matière de logement. Il y a, deuxièmement, le comité
ministériel dont j'ai parlé ce matin, qui doit examiner cette
question avec les autres et formuler des recommandations.
Il y a, troisièmement, comme le député de
Saint-François le sait, un premier ministre qui a le droit de prendre,
lui, certaines décisions quant à la définition et la
structure des ministères et l'affectation des membres de son
équipe. Je ne voudrais
pas présumer d'abord d'une recommandation que pourra formuler le
comité ministériel, j'en suis un membre mais sur quatre, et
encore moins d'une décision éventuelle du Conseil des ministres
et du premier ministre, par rapport à cette notion d'unification de
l'instance de responsabilité.
Je pense, M. le Président, et c'est à partir de ce moment
une opinion absolument personnelle que j'exprime, que nous avons des fois
je ne regarde personne et je ne vise personne une tendance
à mettre l'accent sur les structures tandis que les structures sont au
service de ceux qui détiennent les responsabilités. Dans bien des
cas, si la volonté est là d'agir et d'agir de façon
efficace, les structures ne sont pas un obstacle. Mais, si la volonté
n'y est pas, la meilleure structure ne permet pas la réalisation de ce
que l'on cherche à obtenir.
Je ne voudrais pas, M. le Président, que nous pensions en termes
de structures seulement. Justement, ce n'est clairement pas la pensée du
député de Saint-François, nous avons devant nous tout
l'éventail des préoccupations et la plus fondamentale d'entre
elles, pour moi, est une politique, qui doit trouver son application pratique
dans l'affectation des ressources financières. Si nous pouvons, quelles
que soient les structures administratives, augmenter le stock de logements et
mieux loger les Québécois qui ont besoin de notre aide, nous
aurons réussi une chose fondamentale. Je pense que la discussion sur les
structures va se poursuivre pendant un certain temps et nous devons agir en
attendant.
Le Président (M. Picard): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai écoute
l'énoncé du ministre sur le besoin de structures, mais surtout le
besoin de bonne volonté à l'intérieur des structures, ce
qui m'amène à croire que la commission Gilbert s'est
fourvoyée royalement en disant que l'inefficacité de la
Société d'habitation du Québec résidait dans la
déficience des structures. Ce serait plutôt dans la
déficience des hommes. Je ne crois pas...
M. Goldbloom: Je ne voudrais pas que le député de
Chicoutimi simplifie trop un problème complexe. Je pense que la
réponse à sa question est clairement que les deux facteurs sont
impliqués. Il y a des améliorations structurelles à
apporter à la société et il y a aussi à
évaluer les hommes. Cette évaluation a été faite
dans une certaine mesure une bonne mesure, dirais-je par le
groupe Gilbert. Comme résultat de ce travail, il y a eu certaines
modifications administratives, mais j'ai indiqué assez clairement, au
début de cette partie de notre discussion, ce matin, que je n'ai pas
été jusqu'à maintenant satisfait des améliorations
de structures et de rendement. C'est pour cela que je dis sans
hésitation qu'il reste encore beaucoup à faire.
Je pense qu'il est toujours délicat de parler publiquement
d'autres êtres humains. Je serai prudent sur ce plan, mais j'ai dit
à plus d'une reprise, y compris tout à l'heure, que le rapport
Gilbert nous a inspiré, m'a inspiré je devrais parler pour
moi-même en cela la conviction qu'il y a des modifications
à effectuer, et ces modifications ne sont pas encore toutes
réalisées. Nous avons parlé, ce matin, du rôle du
Vérificateur général. Le Vérificateur
général est un être humain et il est un professionnel;
à ces deux titres, il exprime des avis.
Nous pouvons, comme dans le cas d'un juge, comme dans le cas d'un
médecin, être entièrement d'accord ou partiellement
d'accord ou pas du tout d'accord. Mais le Vérificateur
général a exprimé des vérités quant à
l'administration de la Société d'habitation du Québec et
ces vérités se retrouvent dans le rapport Gilbert. Je suis
heureux que l'administration actuelle de la Société d'habitation,
même sans attendre l'arrivée, lundi prochain, du nouveau
président, ait sollicité l'aide du Vérificateur
général et obtenu cette aide dans la présence à
temps complet d'une personne expérimentée qui va refaire la
comptabilité, les procédures de comptabilité de la
société.
Je tiens à vous dire qu'en ce qui me concerne, même si je
n'ai pas l'autorité directe pour intervenir dans la régie interne
de la société, j'ai quand même une responsabilité
qui exige, de la part des dirigeants de la société, une
collaboration. J'obtiens présentement cette collaboration et je suis
convaincu que ce qui n'a pas encore été mis en application
à même le rapport Gilbert, à même les recommandations
annuelles du Vérificateur général, tout cela sera
réalisé et très prochainement.
M. Bédard (Chicoutimi): Sous l'angle...
M. Ostiguy: M. le Président, il est dix heures, est-ce
qu'on peut demander l'ajournement du débat?
Le Président (M. Picard): Est-ce qu'il y a consentement
pour ajourner le débat? Le député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Une dernière question sur
le même sujet. Sous l'angle des structures, le rapport Gilbert, à
la pge 31, faisait des reproches très sentis sur la composition du
conseil de la Société d'habitation du Québec. Entre
autres, il émettait la conclusion qu'il y avait trop d'administrateurs
au niveau de la composition du conseil d'administration pour ce qu'il y avait
de professionnels de la construction, à savoir ingénieurs ou
architectes, ce qui, nécessairement entraînait, selon leur
opinion, la conséquence que le conseil d'administration n'avait pas les
connaissances nécessaires pour contrôler les activités de
la Société d'habitation du Québec. Comme
conséquence secondaire, le rapport...
Enfin, je vais me limiter il est dix heures à cette
question, tel que je l'ai dit auparavant, puisqu'elle se situe sous l'angle des
structures dont on parlait tout à l'heure. Je voudrais connaître
l'opinion du ministre sur cette conclusion du rapport Gilbert.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais dire d'abord
que le rapport couvre de nombreuses pages et de nombreuses facettes de
l'administration de la Société d'habitation. Ce qui me frappe
davantage, c'est la sous-utilisation des professionnels et, plus
précisément, des architectes et ingénieurs qui sont,
depuis un temps considérable, à l'emploi de la
société. J'attache plus d'importance a cela qu'aux
qualités professionnelles des membres du conseil d'administration comme
tel.
Je pense que, si l'Assemblée nationale devait compter parmi ses
membres, disons des urbanistes pour pouvoir se prononcer sur des
considérations urbanistiques, nous serions paralysés. Si nous
devions compter parmi nos membres des professionnels dans chaque domaine pour
pouvoir nous prononcer sur des choses, nous serions paralysés.
Il est entendu que ceux qui sont à la tête doivent avoir
une connaissance générale, une sensibilité aux
problèmes et une volonté d'écouter les professionnels,
à l'intérieur et à l'extérieur de ce qu'on appelle
souvent la boîte, pour pouvoir prendre de bonnes décisions.
Pour cette raison, je ne pense pas que l'on doive constituer un conseil
d'administration à même le groupe des experts en construction, par
exemple. Je pense qu'il est essentiel qu'un conseil d'administration, pour un
organisme de cette nature, ait un éventail d'expériences, y
compris l'expérience de ne pas avoir eu d'expertise dans ce domaine et
d'exprimer le point de vue d'un simple consommateur, et cela est important.
Je pense donc, M. le Président, que quant à cette
recommandation il y a un juste équilibre à établir au
niveau du conseil d'administration de la société et il y a une
variété d'expériences à amener à la
tête de l'organisme.
Ce qui est essentiel, c'est que les responsabilités
professionnelles soient entre les mains de professionnels, qu'elles soient bien
acquittées et que ces professionnels soient capables d'agir en
liberté d'exercice de leur compétence professionnelle. Tel n'a
pas toujours été le cas à la société et
c'est une chose que je voudrais voir instaurer au niveau de la
société dans son ensemble. Je pense que cela est plus important
que le bagage de connaissances apporté par chacun des cinq membres du
conseil d'administration.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur cette seule question, je pense
que la discussion que nous aurons sur l'ensemble du rapport Gilbert semble
s'engager assez mal. Sur la première recommandation du rapport, le
ministre, de par sa réponse, n'est assurément pas d'accord,
puisque à la page 30 du rapport Gilbert, il est dit: Le premier reproche
que nous pouvons adresser à l'endroit du conseil d'administration de la
Société d'habitation du Québec concerne sa composition.
"En effet, sur cinq membres, quatre peuvent être qualifiés
d'administrateurs et un seul d'ingénieur professionnel. Comme une bonne
partie des décisions du conseil d'administration, continue le rapport
Gilbert, porte sur l'approbation de projets de construction et par
conséquent de sujets techniques, sa composition le rend dépendant
des conclusions faites par d'autres sur les problèmes techniques de
construction. En effet, le conseil d'administration n'est pas à
même de se former une idée propre et ses membres doivent prendre
les décisions sur la foi de conclusions faites par d'autres, lesquelles
conclusions ils ne peuvent vérifier faute de connaissances techniques
légales ou appropriées."
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais...
M. Bédard (Chicoutimi): Je m'explique mal l'attitude du
ministre, c'est-à-dire que j'essaie de m'expliquer l'attitude du
ministre face à cette recommandation qui me semble assez
convaincante.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais porter à
l'attention du député de Chicoutimi un fait fort simple. C'est
que, depuis la préparation de ce rapport, il y a eu des changements
à la Société d'habitation du Québec. Nous avons
depuis lors une personne avec une expérience dans le domaine de
l'urbanisme et de la construction, une autre personne avec une
expérience dans le domaine financier.
Nous aurons, à partir de lundi, un président avec une
expérience un peu particulière et très intéressante
dans le domaine de l'administration municipale, dans le sens, notamment, du
transport en commun, mais par rapport au tissu urbain et à la desserte
d'une population urbaine par rapport à l'utilisation du sol.
Donc, je pense, M. le Président, que nous avons
déjà répondu, dans une mesure intéressante,
à cette recommandation du groupe Gilbert. Si j'ai réagi de la
façon dont je l'ai fait tout à l'heure, c'est en vertu de cette
modification. A l'époque où le groupe Gilbert a formulé
ses recommandations, j'étais largement d'accord que nous n'avions pas
l'éventail de compétences à la tête que je voulais
voir et nous avons effectué des améliorations.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends encore plus
difficilement. Dans une première réponse, le ministre ne semblait
pas du tout d'accord sur la recommandation du rapport Gilbert, quand on parlait
de structures. Dans un deuxième temps, il nous dit que des changements
ont été apportés depuis un certain temps au niveau de la
composition du conseil d'administration et que cela répond à
cette recommandation de la commission Gilbert. Il reste qu'avec les changements
que vient de me mentionner le ministre je ne retrouve à
l'intérieur de la composition du Conseil d'habitation du Québec
toujours qu'un professionnel de l'habitation. Or, la recommandation du rapport
Gilbert, à moins qu'on ne la comprenne mal, c'est de tendre à ce
qu'au conseil d'administration de la Société d'habitation du
Québec on retrouve non seulement un ingénieur, un architecte ou
un expert dans le domaine de l'habitation...
M. Ostiguy: Des entrepreneurs.
M. Bédard (Chicoutimi): ... mais plusieurs de ces gens, ce
qui n'est pas le cas, malgré le changement dont nous parle le
ministre.
M. Ostiguy: Tous les entrepreneurs ne sont pas
nécessairement des architectes ou des ingénieurs. Cela peut
être des hommes d'affaires.
M. Bédard (Chicoutimi): Là, oui, c'est
différent.
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Combien y en a-t-il?
Peut-être que cela va répondre très rapidement. Combien y
a-t-il d'architectes, d'urbanistes ou d'ingénieurs au conseil
d'administration de la Société d'habitation du Québec?
M. Goldbloom: II y a un ingénieur et un urbaniste, M. le
Président. C'est à mon tour de...
M. Bédard (Chicoutimi): De vous étonner?
M. Goldbloom: ... ne pas comprendre le point de vue du
député de Chicoutimi. Il y a un principe fondamental,... c'est
qu'à la tête d'un organisme, quel qu'il soit, il faut des
personnes compétentes. La compétence découle souvent d'une
expérience de la vie, d'une expérience vécue et pas
nécessairement d'une formation professionnelle.
M. Bédard (Chicoutimi):... Je suis d'accord
là-dessus. Quand je fais cette remarque, je ne veux pas conclure que
ceux qui sont au conseil d'administration, à l'heure actuelle, ne sont
pas compétents. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a une
différence entre la compétence, d'une façon
générale, d'une personne, dans un secteur où elle a sa
compétence, et la compétence d'une personne dans un secteur
particulier qui est, en l'occurence, celui de l'habitation. La recommandation
du rapport Gilbert était dans le sens d'avoir, au niveau du conseil
d'administration, des personnes compétentes dans un secteur bien
particulier qui est celui de l'habitation ou de la construction d'habitations,
de manière à pouvoir prendre les décisions qui
s'imposent.
M. Goldbloom: M. le Président, il y a une
responsabilité que l'on détient quand on a la direction d'un
organisme entre ses mains, qui est celle d'apprécier les recommandations
des professionnels. Il faut des professionnels, c'est clair. Il est
inconcevable de faire fonctionner la Société d'habitation du
Québec sans ingénieurs, sans architectes, sans urbanistes, sans
avocats et sans sociologues, ainsi de suite. J'ai déjà
nommé cinq professions. Il y en a d'autres. Est-ce que cela veut dire
que nous devons choisir une personne dans chacun de ces secteurs pour
siéger au conseil d'administration?
M. le Président, je fais remarquer au député de
Chicoutimi que le ministre des Affaires municipales est un médecin et
qu'il doit se prononcer sur des projets d'ingénierie et de toutes
sortes. Il doit avoir, à côté de lui, des professionnels en
qui i! a confiance pour lui faire des recommandations.
Le ministre des Affaires sociales n'est pas dans le domaine de la
santé, dans le sens de soigner des malades. Il doit recevoir des
recommandations de la part de ses collaborateurs pour l'amener à prendre
de bonnes décisions.
Il en est de même du conseil d'administration de la
Société d'habitation du Québec. Il faut des personnes qui
ont à coeur l'amélioration de l'habitation au Québec et
qui ont une compétence pour apprécier les recommandations
professionnelles.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui mais...
M. Goldbloom: Elles n'ont pas besoin d'être
professionnelles elles-mêmes.
M. Bédard (Chicoutimi): Je voudrais savoir...
M. Ostiguy: Le ministre des Affaires municipales est un excellent
ministre.
M. Bédard (Chicoutimi): La question n'est pas là.
Ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas la recommandation du rapport
Gilbert; si le ministre n'est pas d'accord sur cette recommandation du rapport
Gilbert, ce n'est pas plus grave que cela, il n'a qu'à nous le dire.
Mais ce que je n'admets pas c'est qu'il nous donne l'impression qu'il est plus
ou moins d'accord dans un premier temps; il nous donne l'impression que la
situation a été corrigée pour rejoindre la recommandation
du rapport Gilbert. Enfin ce que je veux avoir c'est simplement une expression
d'opinion claire du ministre sur cette recommandation fondamentale du rapport
Gilbert qui me semble très explicite à l'effet que la composition
du conseil de la Société d'habitation du Québec doit
requérir la présence de plus de professionnels, ingénieurs
et architectes, qu'il n'y en avait au moment où on a fait le
rapport.
M. Goldbloom: M. le Président, ce que j'ai dit c'est que
nous avons tous reconnu et surtout celui qui vous parle, qui a
déclenché, par son initiative, l'enquête administrative
Gilbert l'insuffisance de l'expression de cette responsabilité
professionnelle en ingénierie et en architecture au niveau de la
Société d'habitation du Québec. J'ai voulu renforcer la
société aux deux niveaux; au niveau des professionnels, les
professionnels étaient déjà en place, mais n'avaient pas
toute la liberté d'action que je voulais qu'ils aient. Alors j'ai
travaillé de façon à améliorer le fonctionnement de
la société par rapport à l'utilisation des
compétences professionnelles qu'elle avait déjà à
sa disposition.
Deuxièmement, j'ai travaillé pour renforcer le conseil
d'administration. Je pense que ma réponse est tout simplement que j'ai
voulu renforcer l'administration au niveau du conseil d'administration et que
je continuerai d'agir dans ce sens. Je crois sincèrement et
foncièrement que cette attitude de ma part est parfaitement
cohérente et harmonieuse avec la recommandation du rapport Gilbert qui a
dit: II n'y avait pas une compétence suffisante au niveau du conseil
d'administration de la société.
Le Président (M. Picard): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 19)