Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente des affaires municipales
Etude des crédits du ministère des
Affaires municipales
Séance du vendredi 14 mai 1976 (Onze heures vingt-cinq)
M. Picard (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
S'il vous plaît! La commission des affaires municipales et de
l'environnement poursuivra, ce matin, l'étude des crédits du
ministère des Affaires municipales. Pour la séance d'aujourd'hui,
laquelle se poursuivra jusqu'à 13 heures, il y aura des changements dans
la composition de la commission. M. Desjardins (Louis-Hébert) remplace
M. Boutin (Abitibi-Ouest) et M. Charron (Saint-Jacques) remplace M.
Léger (Lafontaine).
Je cède la parole au député de Verdun.
Assurance des immeubles
M. Caron: M. le Président, je voudrais savoir du ministre,
pour sauver le temps de la commission, je sais que c'est maintenant très
important, si le ministre pourrait faire déposer une copie de la police
d'assurance-incendie portant QUE-F55465 qui a été obtenue de P.H.
Plourde Ltée, CP. 650, Victoriaville, Québec?
M. Goldbloom: M. le Président, puisque le
député de Verdun avait demandé, hier soir des
renseignements et des documents sur certains cas, nous avions
préparé des documents. Je ne suis pas certain d'avoir, dans le
dossier qu'on m'a remis, exactement ce qu'il cherche.
M. Caron: Si je demande cela, M. le ministre, c'est que ce
monsieur ne semble pas exactement comprendre ce que je veux expliquer. Avec la
copie de la police, ainsi que des coupures de journaux montrant que nous avons
fait des appels d'offres, ce sont ceux-ci que je voudrais avoir.
M. Goldbloom: J'ai ici deux dossiers, M. le Président, que
je serais prêt à déposer.
M. Caron: Oui, j'ai eu la chance d'avoir le dossier tout à
l'heure, mais ce n'est pas suffisant, M. le ministre. Ce n'est pas moi qui ai
envoyé cela à l'Office municipal de l'habitation.
Cela vient des directions générales de l'administration
des propriétés et des hypothèques. C'est signé en
bonne et due forme par M. André Lemieux, chef du service des
hypothèques.
M. Goldbloom: M. le Président, il semble que, selon les
pratiques administratives de la Société d'habitation du
Québec, il y ait certains documents qui sont considérés
comme confidentiels et que je ne serais pas en mesure de déposer comme
documents publics. On m'informe que, suite à la demande formulée
par le député de Verdun, nous allons obtenir des renseignements
additionnels au cours de la matinée. Je les fournirai. S'il faut aller
plus loin, nous essaierons d'aller plus loin pour donner satisfaction du
député. Entre-temps, je pense qu'il serait quand même
utile, puisqu'on parle de certains cas particuliers, que l'on fasse la
distribution de ces deux documents, si tel est le désir du
député de Verdun.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, sur la
question du député de Verdun, je pense qu'il n'est pas question
de minimiser son importance. Au contraire, je crois qu'elle a une très
grande importance puisque, tel que nous l'a dit le député de
Verdun, dans son comté, sur l'adjonction d'un contrat d'assurance, il y
aurait eu possibilité d'une épargne de près de $8000 sur
un montant de $10 000, ce qui est très impressionnant comme
épargne en fonction des montants représentés. Le
député de Verdun a soulevé deux points qui me semblent
très importants, à savoir qu'il s'interroge pour savoir pourquoi
des gens de son comté, des courtiers de son comté, n'ont pas
été appelés à soumissionner sur l'adjonction d'un
tel contrat d'assurance. Je m'interroge vraiment sur cette situation qui est
portée à l'attention de la commission parle député
de Verdun, et qui fait que, sur un contrat d'assurance, dans le comté de
Verdun, les courtiers de la place n'ont pas eu l'occasion de soumissionner, ce
qui aurait, selon le député de Verdun, apporté une
épargne d'au-delà de $8000.
Mais qu'on se retrouve avec la situation selon laquelle c'est un
courtier de Victoriaville qui aurait hérité du contrat avec la
société d'habitation, qui est naturellement à
Québec. Je pense que...
M. Goldbloom: Est-ce que le député aurait eu la
même réaction s'il avait été de Chicoutimi?
M. Bédard (Chicoutimi): J'aurais la même
réaction.
M. Goldbloom: D'accord!
M. Bédard (Chicoutimi): J'aurais la même
réaction, parce que, sur deux plans bien précis, je trouve que la
question du député de Verdun s'applique peut-être dans le
cas du comté de Verdun. Il n'est pas dit que ça ne s'applique pas
à bien d'autres situations.
Il reste que, lorsqu'il soutient que des courtiers de son comté
ou de l'agglomération concernée n'ont pas eu la chance de
soumissionner et fait valoir que le contrat a été accordé
effectivement à des courtiers de Victoriaville, je n'ai rien contre
ça, sauf que, quand on regarde l'épargne qui aurait pu être
réalisée, on a le droit de s'interroger.
M. Goldbloom: Voici, M. le Président. Je pense qu'il y a
certaines explications que je devrais fournir.
D'abord, dans le cas particulier de Verdun, se-
Ion l'analyse du dossier que nous avons pu faire sommairement depuis
hier soir, il semblerait que les deux immeubles en question aient
été construits avant la conclusion des ententes avec le
gouvernement fédéral à l'automne 1974, donc, que ce
n'était pas directement la responsabilité de la
société de voir à l'assurance de ces immeubles.
Depuis la conclusion de ces ententes, depuis la modification du
rôle de la société, pour en faire le maître d'oeuvre
de la construction et le propriétaire des immeubles, la
responsabilité d'assurer incombe à la société
directement. Avec de nombreuses propriétés dans de nombreuses
municipalités de la province, des soumissions ont été
demandées par la société, et on a constaté une
variation considérable dans les taux, dans les primes demandées.
La société a eu l'idée de vouloir diminuer la masse
d'argent pour l'ensemble de la province en demandant globalement des
soumissions pour l'ensemble de ses propriétés.
Evidemment, ce qui a été obtenu comme résultat a
été, dans certains cas, supérieur à ce que des
compagnies locales auraient pu offrir.
Je pense que maintenant, il y a lieu de revoir cette situation et de
voir s'il n'y a pas moyen de retourner vers la séparation des
propriétés, municipalité par municipalité, et
l'appel de soumissions localement, surtout si l'on a une preuve raisonnable
qu'il y a des compagnies locales qui sont prêtes à assurer
à un coût moindre. Si tel est le cas de Verdun, je pense qu'il y
aura lieu, pour les intéressés, d'écrire officiellement
pour exposer leur politique et le genre d'offres qu'ils pourraient faire.
Vous comprendrez que si nous n'avons pas de documents officiels de la
part d'une compagnie, nous n'avons pas une preuve suffisante que cette
compagnie serait véritablement en mesure de permettre l'épargne
d'un montant important. Nous sommes, de toute évidence,
intéressés à réduire les dépenses de la
société comme de toute autre activité gouvernementale.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour ce cas précis,
à la lumière des documents que le ministre des Affaires
municipales nous a donnés, je voudrais lui faire remarquer que la
compagnie d'assurance dont on a retenu les services est quand même une
compagnie dont le siège social est situé à 40 Scott
Street, Toronto, Ontario. Or il me semble que l'on doit s'enquérir s'il
y a des compagnies locales qui peuvent assumer certains risques, s'il n'y en a
pas du point de vue local comme tel, il y en a certainement du point de vue
québécois. La Société d'habitation du Québec
qui a son mot à dire là-dedans ne doit pas, à mon sens,
cautionner une situation que je trouve quand même assez surprenante.
M. Goldbloom: Je suis certain que le député de
Chicoutimi est au courant de la pratique des courtiers d'assurance qui sont, de
toute évidence, des Québécois et qui vendent des polices
d'assurance, mais la réassurance se fait à des endroits qui ne
sont pas nécessairement identifiés au moment de la conclusion du
contrat.
Cela peut être le cas, mais il arrive aussi que, pour des polices
importantes, la réassurance se fasse à plusieurs endroits en
même temps, c'est-à-dire avec un consortium de compagnies de
plusieurs pays même.
M. Bédard (Chicoutimi): Je sais que c'est un cas qui peut
arriver, en termes de réassurance, mais je tiens à souligner au
ministre que, lorsque nous avons eu la discussion des crédits du
ministère des Transports, en ce qui regarde la prise d'assurances pour
tous les véhicules ou le matériel utilisés par le
ministère des Transports, le ministre a été très
ferme, affirmant catégoriquement qu'il n'était pas question que
ces assurances soient accordées à d'autres que des
sociétés québécoises, qui ont au moins leur
siège social ici.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense qu'il est clair
et je ne voudrais pas que la situation soit interprétée
autrement que nous faisons affaires avec des Québécois
pour l'assurance des immeubles. Il me semble que si un Québécois
gagne sa vie comme courtier d'assurance et que si l'agence dont il est
responsable et où il gagne sa vie ici au Québec fait affaires
avec d'autres compagnies, on ne voudrait pas le pénaliser et
l'empêcher de gagner sa vie simplement parce que la réassurance se
fait en France ou en Angleterre ou à Toronto.
M. Bédard (Chicoutimi): II y a au moins quatorze
compagnies qui ont leur siège social ici à Québec. Enfin,
le ministre me dit qu'il prend en considération...
M. Goldbloom: Cela est clair, M. le Président, je voudrais
que ma réponse soit complète. J'ai la même
préoccupation que le ministre des Transports. Je voudrais que l'avantage
de ces transactions reste au Québec et nous allons revoir toute la
pratique en matière d'assurance des immeubles. Ce n'est que depuis une
année et demie ou à peu près que la société
est directement dans...
M. Bédard (Chicoutimi): Dans le cas qui nous occupe, je
sais que c'est une question de réassurance dont on vient de parler
précisément, mais, pour fins de vérification, est-ce que
le ministre accepterait de nous déposer la liste des compagnies
d'assurance auxquelles la société d'habitation a recours en
termes de service, avec les montants des assurances fournis par ces compagnies.
Ensuite, on pourra peut-être se faire une meilleure idée de
l'ensemble du problème.
M. Goldbloom: M. le Président, nous pourrons probablement
fournir certains renseignements, mais, puisque cette étude...
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre va me fournir cette
liste-là?
M. Goldbloom: Je voulais expliquer au député de
Chicoutimi que ce n'est que depuis 1975 et, les
décisions ayant été prises au cours de
l'année, la construction n'a pas commencé au début de
l'année; donc, ce n'est qu'en fin d'année de 1975 que la
société elle-même a été appelée
à poser des gestes de cet ordre. Donc, les renseignements que je pourrai
lui donner ne porteraient que sur une période de quelques mois. La
société m'informe qu'elle a agi selon les directives et les
normes du contrôleur des assurances et que les transactions ont
été faites au Québec. Je lui fournirai les renseignements
que je pourrai obtenir, mais, avant 1975, c'étaient les offices
municipaux d'habitation qui étaient responsables de cela et je ne suis
pas certain que la société a tous les renseignements sur les
transactions des offices municipaux d'habitation.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'on peut avoir
l'assurance qu'on nous fournira tous les renseignements que la
Société d'habitation a à sa disposition sur ce sujet
précis?
M. Goldbloom: M. le Président, je pourrai d'abord
déposer le texte de l'appel d'offres, deux appels d'offres,
assurance-incendie et assurance-responsabilité civile
générale, et la publication. J'ai le texte de l'annonce et j'ai
la liste des journaux dans lesquels cette annonce a été
publiée en date du 27 janvier 1976. Comme je l'ai dit, c'est une chose
récente. On commencera par cela et, par la suite, nous fournirons les
renseignements que nous avons à notre disposition quant aux
compagnies...
M. Bédard (Chicoutimi): Et aux montants qui ont
été assurés.
M. Goldbloom: Aux montants, oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Les compagnies et les
montants.
Le Président (M. Picard): Le député de
Saint-Jacques.
Programmes sur l'habitation (suite)
M. Charron: M. le Président, si le ministre des Affaires
municipales connaît bien le coin de Montréal dont je suis
député, il ne s'étonnera certainement pas que j'aie
profité du fait que les travaux parlementaires me permettent
d'être à cette commission dont je ne suis pas membre
régulier, pour venir participer aux discussions sur l'habitation.
Effectivement, M. le Président, je suis député
d'une partie de Montréal où il n'est pas faux de dire que le
problème du logement est le problème fondamental des citoyens, si
on accepte la conception sociale d'inclure le logement dans l'ensemble d'une
politique de revenus, pour l'ensemble des citoyens.
J'ai lu le rapport Castonguay, M. le Président, et avec beaucoup
d'attention, le chapitre qui porte sur le développement des
centre-ville, puisque c'est du centre-ville de Montréal dont je suis
dé- puté et aussi l'intéressant rapport Legault sur cette
question.
Le quartier centre sud de Montréal connaît, depuis quelques
années, un changement, un bouleversement considérable qui conduit
à la disparition pure et simple de dizaines de logements auparavant
offerts aux citoyens de ce quartier de la ville de Montréal.
Plusieurs comités ont travaillé sur cette question,
plusieurs ont cherché à identifier l'origine du problème.
Je sais que le ministre des Affaires municipales a parcouru et lu plusieurs de
ces études. Où est l'origine et où est la solution? On en
est encore à la recherche dans ce domaine.
Il reste que, pour les citoyens à faible revenu du centre sud de
Montréal, lorsqu'on parle d'amélioration du logement, il y a deux
possibilités. La construction pure et simple de nouveaux logements, par
l'Office municipal d'habitation de la ville de Montréal, avec la
collaboration de la Société d'habitation du Québec et qui
viserait à permettre à ces citoyens de vivre dans des logements
absolument neufs.
Effectivement, si je prends uniquement à témoin la
période de six ans où j'ai été député
de ce quartier, il y a eu effort de construction de nouveaux logements dans le
centre sud de Montréal le rapport Castonguay en fait mention
lui-même sous l'égide de la ville de Montréal.
Mais ces constructions, le ministre le sait, ont connu un sérieux
ralentissement au cours des dernières années. Par exemple, des
terrains devenus vacants à la suite des incendies, lors de la
grève des pompiers de novembre 1974, qui ont été, par une
résolution du conseil de ville de Montréal, voués à
la construction d'habitations à loyers modiques, sont encore
aujourd'hui, au moment où je vous parle certains sont à
proximité de mon bureau de comté, d'ailleurs vacants.
Là où des promesses avaient été faites que
des logements seraient livrés à la population qui avait
été chassée de ces quartiers par les incendies lors de la
grève des pompiers.
Au cours de cet été 1976, M. le Président, si vous
vous rendez vous-même visiter ces lieux, vous verrez que les caves n'ont
même pas été creusées, que la ville de
Montréal n'a pas commencé de nouveaux projets, enfin, non pas au
rythme selon lequel l'Office municipal d'habitation s'était
engagé à le faire, face à la population, d'une part.
Je passe sous silence les remarques que je pourrais faire sur la
qualité et la valeur des logements construits par l'Office municipal
d'habitation et le bonheur qu'ont les citoyens au quartier de les habiter. Ce
n'est pas là l'objet de nos discussions ce matin. Mais peu importe, le
premier volet étant celui des constructions de nouveaux logements, le
ministre conviendra avec moi que le centre-sud de Montréal vit à
une période de ralentissement considérable.
Il existe donc l'autre solution, celle que j'ai toujours
favorisée face à mes concitoyens, celle que mes concitoyens, dans
le quartier centre-sud de Montréal, ont eux-mêmes avancée,
à toute oc-
casion qu'il leur était donné de le faire, par les
différents comités de citoyens qu'ils se sont donnés,
celle de la rénovation et de la restauration des logements en cours, des
logements déjà habités.
Pour ce faire c'est l'objet de mon intervention, ce matin,
à la commission des affaires municipales et de ma question au ministre
des Affaires municipales il est évident que les
propriétaires de ces logements ont besoin d'une collaboration des
autorités politiques municipales, provinciales et
fédérales pour se permettre de défrayer les coûts
qui peuvent, à l'occasion une simple analyse le prouvera
dépasser largement les capacités d'un propriétaire
particulier, quelle que soit son excellente volonté, ce qui, à
l'occasion, se présente.
Je signale un exemple, pour illustrer ma question, avant d'entendre la
réponse du ministre des Affaires municipales. J'ai reçu, à
mon bureau, pas plus tard que lundi de cette semaine, la visite d'un jeune
architecte qui, avec trois de ses collègues, s'est rendu
propriétaire d'un certain nombre de maisons, dans le centre-sud de
Montréal. Pour des conceptions professionnelles alliées à
des conceptions sociales que je partage d'ailleurs, il est
intéressé à la restauration de ces logements. Je connais
ces logements et je puis vous dire que bien d'autres propriétaires
n'hésiteraient pas, purement et simplement, à les démolir,
comme tant d'autres l'ont fait dans le quartier, pour ensuite spéculer
sur la valeur du terrain et le livrer, par la suite, à des habitations
à étages devant être construites pour des bureaux, par
exemple, ce qui littéralement chasse la population du quartier.
Mais, parce que nous possédons cette conception de valoriser la
restauration plutôt que la démolition et la construction de
nouveaux logements ou d'édifices à tours, à étages,
et parce que nous voulons maintenir la vie du quartier, parce que c'est le
droit fondamental des citoyens vivant dans ce quartier, ils sont
intéressés à la restauration. Ils sont donc prêts
à consacrer une partie de leur argent à restaurer des logements
qu'ils pourraient livrer à l'abandon. Mais ils ont besoin d'appuis
provenant de sources publiques, puisqu'il s'agit d'oeuvrer dans un domaine
public.
Ils se sont rendus à l'Office municipal d'habitation,
désirant se prévaloir de toutes les possibilités offertes
par la loi actuelle pour les aider à procéder à cela. Cet
exemple peut être multiplié. D'autres propriétaires le
voudraient-ils, auraient-ils la volonté de restaurer leurs logements
qu'ils connaîtraient le même dédale de tracas administratifs
que ces jeunes architectes dont je vous parle ont connu.
Quelle est la réponse qu'on reçoit maintenant à
l'Office municipal d'habitation lorsqu'on veut restaurer un logement dont on
est propriétaire et ainsi livrer aux locataires actuels, non pas les
chasser, mais livrer à des locataires actuels, avec une hausse
éventuelle du coût du loyer, tout le monde en conviendra, de
meilleurs logements, où ils pourront continuer à vivre dans leur
quartier? La réponse est la suivante: La ville de Montréal n'a
pas d'argent pour fournir sa quote-part des 25%, des 13%, des 27% ou des 30%
auxquels, selon différentes clauses, elle peut être conduite
à contribuer. La réponse quotidienne que reçoit n'importe
quel propriétaire du centre-sud de Montréal comme de l'ensemble
de Montréal qui désire restaurer son logement et qui s'adresse
à l'Office municipal d'habitation est celle-ci. Nous attendons la
réponse de Québec, nous attendons la signature du ministre des
Affaires municipales, de cette fameuse entente Canada-Québec par
laquelle des crédits supplémentaires seraient octroyés aux
propriétaires désirant restaurer leur logement et, ainsi,
rénover des quartiers entiers de la ville de Montréal. Nous
attendons cette réponse.
C'est ainsi que ce proprétaire s'est rendu à mon bureau
parce que c'est à moi, comme député provincial, de
soulever la question, face aux autorités politiques provinciales
responsables du délai, de les interroger sur cette possibilité
pour les propriétaires de se prévaloir de fonds actuellement
retenus par la volonté du ministre des Affaires municipales.
Je connais, pour avoir suivi, comme plusieurs citoyens, même si je
ne suis pas membre de cette commission, les objections que peut avoir le
ministre des Affaires municipales à la signature de cette entente avec
le gouvernement fédéral, qui mettrait ces sommes à la
disposition des citoyens de Montréal qui veulent restaurer leur
habitation. Je connais ces objections et j'en partage un très grand
nombre. Mais je veux savoir, si ces objections doivent être maintenues et
si, vraiment, il est logique de les maintenir, quelle est donc l'autre solution
que propose le gouvernement du Québec pour que cette restauration puisse
se faire. Quelles sont ces sommes? Quels sont les autres moyens que le ministre
des Affaires municipales peut me révéler aujourd'hui et
qu'à mon tour, je transmettrai à ce concitoyen avec qui j'ai
rendez-vous lundi prochain à nouveau à mon bureau, parce que je
lui avais promis de soulever la question cette semaine? Quels sont donc les
autres moyens qui sont offerts aux citoyens de Montréal qui veulent
restaurer leur logement, qui espèrent légitimement un appui des
sources publiques pour cette tâche qu'aucun propriétaire, à
moins d'être absolument très riche, ne peut prendre à son
propre compte, à lui seul, et qui, aujourd'hui, peut être offert
aux citoyens de Montréal qui veulent restaurer leur logement? Quelles
sont donc ces sommes? Comment peut-on y parvenir? Quels sont les moyens pour
ces citoyens d'aller puiser cet appui dans les sources publiques? Si le
gouvernement tarde encore à signer cette entente, s'il a des objections
fondées à signer cette entente, et encore une fois, je
répète que je veux partager certaines de ses objections, quelle
est donc l'autre solution que propose le gouvernement québécois
à ce problème illustré de mille et une façons dans
le rapport Castonguay, dans le rapport Legault et que connaissent aujourd'hui
un grand nombre de citoyens du centre-sud de Montréal?
Je sais bien qu'il ne s'agit pas là de la solution miracle au
problème du logement dans Montréal. Il en va de beaucoup. Je suis
convaincu que si, ef-
fectivement, le désir du propriétaire de restaurer ses
logements plutôt que d'attendre qu'ils dépérissent et
spéculer sur la valeur du terrain, n'est encore malheureusement l'objet
que d'un petit nombre de propriétaires, il faut l'admettre, mais, pour
ce petit nombre de propriétaires qui partagent sans doute une conception
que des deux côtés de la table, nous avons celle de la valeur de
restaurer les logements plutôt que de les laisser se démolir, pour
ces petits propriétaires, dis-je, quels sont les moyens que nous avons
de les encourager à le faire? S'ils doivent se rendre continuellement
à l'Office municipal d'habitation pour recevoir ce genre de
réponse, que c'est Québec qui tarde à octroyer les
crédits suffisants, et qu'ils savent que, d'année en
année, les coûts de restauration vont monter, puisque l'inflation
se fait connaître dans ce domaine plus tragiquement qu'ailleurs
même, je dois le dire, quels sont donc les moyens que le ministre des
Affaires municipales offre aux citoyens de Montréal qui veulent
restaurer leurs logements?
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais tirer au clair
certains aspects de la situation décrite par le député de
Saint-Jacques. Je voudrais dire d'abord que, dans la vie publique, on est
souvent traité de bouc émissaire quand quelqu'un veut dire: Ce
n'est pas ma faute si je ne suis pas capable de vous donner la réponse
que vous voulez, c'est quelqu'un d'autre qui bloque.
M. le Président, je pense qu'il est important que je donne une
description de la situation actuelle, et que les membres de la commission
comprennent exactement où nous en sommes présentement.
M. le Président, il est prévu et accepté par les
deux paliers de gouvernement que des subventions nous en avons
parlé hier soir, je vais quand même me répéter pour
que la réponse soit complète pouvaient atteindre, dans le
cas du propriétaire occupant, même jusqu'à 100% du
coût de la restauration avec un maximum en montant absolu, et même
jusqu'à 75%, dans le cas du propriétaire non occupant, et que cet
argent viendrait, dans le cas d'une subvention qui atteindrait 75%, à
raison de 50% du gouvernement fédéral, 12 1/2% de la province et
12 1/2% de la municipalité.
Actuellement, la province a signifié au gouvernement
fédéral, dans des conversations répétées et
dans certains échanges de lettres, son acceptation de cette formule.
Après tout, même si le député de Saint-Jacques peut
avoir des réserves quant aux relations
fédérales-provinciales le gouvernement en a, mais elles
sont moindres un montant d'argent est disponible et il doit être
utilisé pour améliorer la qualité du logement dans toutes
les municipalités du Québec où la restauration peut se
faire.
Nous n'avons pas voulu priver notre population des avantages de cette
disponibilité. Nous avons signifié au gouvernement
fédéral notre acceptation de cette formule, et nous avons
acheminé, vers le gouvernement fédéral, des projets de 19
municipalités, projets de restauration qui de- vaient se créer et
où les municipalités s'engageaient à mettre dans les fonds
disponibles les 12 1/2% prévus comme leur contribution indispensable.
Parce que sans la contribution de la municipalité, les deux autres
contributions ne viennent pas.
Montréal est de ce nombre. Mais, M. le Président, il y a
deux choses qui constituent, jusqu'à maintenant, des obstacles. J'ai
fait allusion à l'une d'elles hier soir. Le gouvernement
fédéral n'avait pas, et n'a pas encore signifié son
acception des projets spécifiques, à une seule exception,
Saint-Bonaventure, dans le comté de Yamaska, où une situation
d'urgence a été créée par une tornade.
Nous avons eu des rumeurs que le gouvernement fédéral
s'apprêtait à accepter un certain nombre des 18 projets en
suspens. Nous ne savions pas lesquels, et nous avions des rumeurs que ce serait
plus de la moitié, mais pas la totalité. Mais je suis toujours
sans nouvelle à ce sujet.
J'ai rencontré le ministre fédéral il y a deux ou
trois semaines. Je pourrais fournir la date précise si elle est
jugée importante. Je lui en ai parlé, et il m'a répondu,
dans cette conversation, qu'il avait l'intention de formuler ses
recommandations au conseil des ministres du gouvernement fédéral
dans les quinze jours qui suivraient.
J'attends donc, très prochainement, une réponse formelle
du gouvernement fédéral, acceptant, j'espère je
l'ai indiqué au ministre fédéral tous les 18
projets, mais au moins le nombre que le gouvernement fédéral sera
prêt à approuver immédiatement. Nous allons revenir
à la charge pour le solde si ce n'est pas la totalité qui est
approuvée.
Alors, je voudrais ainsi démolir, de façon
catégorique ce qui n'est pas une affirmation du député de
Saint-Jacques, parce que c'est une affirmation déjà faite par
beaucoup de personnes et il l'a attribuée et je suis convaincu
que c'est le cas à un fonctionnaire de l'Office municipal
d'habitation à Montréal. Ce n'est pas le seul qui dit: Le
ministre n'a pas signé un arrêté en conseil. Donc, c'est
bloqué. Cela est faux et je viens d'expliquer exactement la
situation.
Il y a un deuxième volet que je n'ai pas explicité hier
soir. Je crois avoir fait allusion indirectement à une situation, mais
je pense qu'il serait bon que je donne une explication détaillée
de ce qui est arrivé.
La ville de Montréal a fait une contre-proposition par rapport
à la formule mise de l'avant par le gouvernement fédéral.
La thèse de la ville de Montréal était la suivante: Si
nous réduisons le pourcentage maximal de subventions disponibles pour la
restauration, nous pourrons, avec les mêmes fonds, faire effectuer un
plus grand nombre de restaurations sur le territoire montréalais.
Au début, j'étais opposé à cette
thèse. J'ai rencontré les autorités municipales, à
plus d'une reprise et c'était en préparation d'une rencontre
fédérale-provinciale à laquelle la ville de
Montréal a assisté, a participé à notre invitation,
pour parler des problèmes de logement et cela, au printemps dernier, si
ma mémoire est fidèle.
Et au cours de ces réunions, les autorités politiques et
les fonctionnaires de la ville ont fait valoir certains arguments et notamment,
en réponse à mon inquiétude que, la ville de
Montréal étant composée à 80% de locataires, que,
si le solde non couvert par les subventions des divers niveaux d'administration
publique était trop important, de deux choses l'une: Ou bien le
propriétaire ne ferait pas le travail ou bien il passerait la valeur de
ce solde aux locataires peu capables de supporter l'augmentation.
La ville nous a fourni des sondages sociologiques indiquant que, parmi
un certain nombre de locataires de logements de cette catégorie, il y
avait une volonté de payer plus cher à la condition que la
qualité du logement soit améliorée.
Il y avait une mesure de cette volonté en termes d'argent.
Combien de plus par mois, la moyenne de ces locataires étaient-ils
disposés à accepter pour avoir un logement plus salubre, plus
agréable? L'argument additionnel était que la Régie des
loyers empêcherait une augmentation indue. Donc, on avait confiance que
la restauration se ferait quand même.
Nous avons poursuivi notre analyse de la situation. J'en ai causé
assez longuement avec les autorités de la Société
d'habitation du Québec. Je dois dire, pour que le tableau soit complet,
qu'à un certain moment, les autorités de la Société
d'habitation du Québec ou au moins le président d'alors, a non
seulement accepté cette hypothèse, mais a voulu l'adopter comme
contre-proposition à formuler pour l'ensemble de la province, demandant
donc au gouvernement fédéral d'accepter que la formule soit
modifiée pour limiter à 50% au maximum, au lieu de 75%, pour le
propriétaire non occupant, les subventions possibles.
Cela a été présenté aux autorités
gouvernementales qui, l'ayant examiné, sont venues à la
conclusion qu'il y avait trop de risques là-dedans, risques de
non-réalisation de la restauration ou risques d'augmentation trop forte
de loyers, même si on avait une moyenne dans un sondage qui indiquait que
l'on accepterait. Nous étions moralement convaincus qu'une moyenne se
situe au milieu d'un groupe et qu'en bas de la moyenne il y avait
sûrement des familles qui seraient placées dans des situations
très difficiles par une augmentation de loyer. Or, M. le
Président, nous avons informé la ville de Montréal que
notre conclusion était que la formule originale proposée par le
gouvernement fédéral devait être acceptée.
Encore une fois, la ville de Montréal est revenue à la
charge avec une formule mitigée, mitoyenne de 62 1/2% et nous avons
repris la considération de cette proposition. Nous avons confirmé
notre point de vue que le maximum devait demeurer à 75% pour le
propriétaire non occupant. Je voudrais souligner que cela a
été fait en parallèle aux tractations avec le gouvernement
fédéral et que pendant tout ce temps-là, nous n'avions
quand même pas l'approbation de la part du fédéral des
projets que nous avions soumis, et que ce retard d'approbation n'était
pas lié aux discussions qui se poursuivaient avec la ville de Mon-
tréal, parce que nous avions indiqué au gouvernement
fédéral notre acceptation de la formule et nous n'avions pas
transmis officiellement au gouvernement fédéral...
J'hésite un instant, ayant prononcé ces mots, M. le
Président, car je me rappelle qu'il y avait eu certains échanges
par lesquels le gouvernement fédéral avait été
informé du désir de la ville de Montréal d'avoir une
modification. Si ma mémoire est fidèle, il y avait eu un
télégramme envoyé à un moment donné et une
réponse de la part du fédéral également par
télégramme indiquait une volonté de revoir la formule de
façon sélective pour la ville de Montréal. J'insiste
là-dessus. Il n'y a pas eu de nouvelle réponse de la part du
fédéral sur la formule affirmative et il n'y a pas eu non plus
d'approbation pour les autres villes et municipalités du
Québec.
Je pense avoir brossé un tableau complet de la situation. Le
gouvernement du Québec, par le truchement de la Société
d'habitation du Québec, est prêt à verser ses 12 1/2%
n'importe quand.
M. Charron: En dernière sous-question, M. le
Président, suite à ce tableau que le ministre a voulu complet,
j'espère qu'il a évité lui aussi le traquenard du bouc
émissaire en parlant du retard du gouvernement fédéral
d'une part et des hésitations de la ville de Montréal à
embarquer dans le plan fédéral tel que formulé à
l'heure actuelle comme étant les deux causes du retard. J'ai appris que
lors des discussions de la commission des Affaires municipales hier, la
responsabilité du gouvernement du Québec avait été
établie à $2 millions pour ce qui concerne les sommes
affectées à la restauration, ce qui, sans être un bouc
émissaire, cette fois, est certainement une des causes de
responsabilité. Quelle que soit l'entente et même si le
gouvernement fédéral faisait très vite de son
côté et que la ville de Montréal acceptait le plan
fédéral sans tenter de le modifier, il reste que les 12 1/2%
offerts par le gouvernement du Québec se limiteraient à une somme
de $2 millions, ce qui réduit considérablement également,
beaucoup plus que 50% sur 62 1/2% ou 75% le nombre de logements qui pourront
être restaurés. Très tôt, si cette somme demeure
aussi minime que cela, on devra répondre que les caisses sont
épuisées et que tout autre propriétaire voulant
procéder à des restaurations n'aura plus la participation
québécoise des 12 1/2% convenus.
Mais je repose, en dernier lieu, ma question qui était la
première. Ottawa tarde d'une part et tardera je ne sais combien de
temps. Montréal a des hésitations à participer au plan tel
qu'il est, parce qu'il n'est pas dans ses conceptions.
Que fait un propriétaire montréalais qui veut restaurer
son logement au cours de l'été 1976? Parce qu'il sait que, s'il
attend à l'automne ou à l'hiver, il lui en coûtera plus
cher, le décret de la construction sera changé, il y aura de
nouveaux salaires à payer aux travailleurs; l'été
prochain, il y aura une nouvelle hausse des coûts des matériaux de
construction, etc. Quelqu'un qui veut procéder maintenant, est-ce qu'il
est victime de toute cette
mésentente entre les trois niveaux de gouvernement? Est-ce que ce
sont les locataires, finalement, dans ces maisons, qui devront continuer
à habiter des logements non convenables parce qu'il y aura
difficulté d'entente, c'est le moins qu'on puisse dire, au niveau des
autorités politiques? Que fait-on en 1976 et qu'est-ce que je dois
répondre à mon concitoyen qui va revenir à mon bureau
lundi prochain et qui, avec d'autres copropriétaires du
pâté de maisons dont il s'est rendu propriétaire, veut
procéder le plus rapidement possible à des restaurations?
M. Goldbloom: M. le Président, le gouvernement du
Québec y met $2 millions, ce qui veut dire que le gouvernement du Canada
doit y mettre $8 millions et la ville de Montréal, $2 millions. Pour le
propriétaire qui est prêt à procéder, s'il n'a pas
l'assurance de ces trois contributions, je comprends fort bien qu'il ne soit
pas intéressé à procéder. Ayant décrit la
situation aussi précisément que je le pouvais, je suis
obligé de répondre que, si le gouvernement fédéral
ne confirme pas la disponibilité de son argent, il n'y aura pas moyen,
pour une autre autorité responsable de répondre aux
propriétaires que cet argent sera disponible.
Je tiens à souligner que les $2 millions du gouvernement du
Québec représentent $16 millions en subventions totales des trois
paliers de responsabilité et cela veut dire plus de $20 millions de
valeur de restauration, probablement plus près de $30 millions de valeur
de restauration. Alors, il y a beaucoup d'argent qui peut être
utilisé si le mécanisme est mis en fonction. Et j'ai l'intention
de revenir à la charge et de communiquer de nouveau avec le ministre
fédéral pour obtenir la confirmation de la disponibilité
de cet argent auquel le fédéral doit contribuer.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne veux pas reprendre...
Le Président (M. Picard): Le député de
Montmorency. Un instant, le député de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): Sur la même question,
suivant l'exposé du ministre. M. le ministre, vous avez donc
avancé que le provincial a accepté 18 projets dans ses
priorités.
M. Goldbloom: 19.
M. Bédard (Montmorency): 19. Ces 19 projets, est-ce que
ça voudrait dire que ça renferme environ $25 millions ou $30
millions en restauration et quelle portion irait à Montréal dans
ça?
M. Goldbloom: Nous avons présentement avec la ville de
Montréal six projets que nous avons approuvés et qui
représentent une valeur en travaux de $12 millions. Donc, on voit...
M. Charron: A 100%.
M. Goldbloom: A 100%, oui.
M. Charron: Incluant la part du propriétaire
également.
M. Goldbloom: Ce sont les montants admissibles, reconnus selon
les critères de la Société d'habitation du Québec,
et c'est 100% de la valeur des restaurations approuvées pour ces six
projets. Il y aura sans doute d'autres projets qui viendront et je voudrais
souligner ce que j'ai indiqué hier soir au député de
Chicoutimi. Les $12 millions que nous avons au budget et qui y étaient
l'an dernier, au même montant, représentent une augmentation
considérable par rapport à la performance à ce chapitre
l'an dernier où un peu plus de $400 000 étaient effectivement
dépensés à ce chapitre.
La raison est claire, c'est que, l'an dernier, il n'y avait que 25%, au
maximum, qui pouvaient être accordés, en subventions, le
gouvernement fédéral n'ayant pas apporté sa
contribution.
M. Charron: Une sous-question, M. le Président, avant de
céder la parole à mon collègue de Chicoutimi. Avez-vous
l'assurance, si Ottawa débloque sur les 18 projets retenus actuellement
et donc, accepte de consacrer le montant de $8 millions qui lui reviendrait,
à ces projets, que la ville de Montréal, effectivement,
déposera une somme de $2 millions dans la même entente et qu'elle
abandonnera ses revendications sur les deux contre-propositions dont vous avez
parlé et que vous avez refusées, pour les raisons que vous avez
énumérées.
Autrement dit, est-ce que, véritablement, vous êtes
prêt à déposer le montant de $2 millions, si Ottawa
dépose celui de $8 millions? Etes-vous certain que la ville de
Montréal déposera son montant de $2 millions?
M. Goldbloom: La réponse est oui, M. le Président.
J'ai l'assurance, de la part des autorités de la ville de
Montréal, qui m'ont dit, dans des conversations que j'ai eues avec le
représentant attitré, membre du comité exécutif...
Je lui ai fait part de notre point de vue. Il a répété que
la ville aurait préféré un maximum moins
élevé, mais, devant la nécessité de
procéder, la ville se ralliait au point de vue de la province et
acceptait la formule qui permettra un maximum de 75%.
Pour compléter la réponse à la question de
l'honorable député de Montmorency, je pense que nous avons pour
une valeur de $68,4 millions de travaux, que nous avons acceptés, dans
les diverses municipalités de la province. Sans pouvoir présumer
de la réponse que nous pourrons obtenir du ministre des Finances et du
Conseil du trésor, s'il paraît qu'il sera possible de
réaliser, pour une contribution provinciale de plus de $2 millions, des
travaux à l'intérieur de cette somme-là, au cours de cette
année financière, nous allons faire les représentations
nécessaires auprès du ministre des Finances et du Conseil du
trésor, dans l'espoir d'obtenir un budget supplémentaire. Je le
répète, on n'est jamais assuré d'avance que la
réponse sera oui, mais, c'est normal de faire la demande et cela
permettrait d'avancer certains travaux qui, autrement, seraient reportés
en 1977.
Le Président (M. Picard): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je ne veux
pas reprendre le débat que nous avons eu hier sur la restauration. Le
ministre fait continuellement allusion au montant de $2 millions qui est
prévu dans ce programme de la restauration et à l'aide
fédérale qui pourrait constituer, à ce moment-là,
si elle se concrétisait, une somme d'environ $20 millions. Je crois
qu'il ne faut quand même pas jeter de la poudre aux yeux avec cette
somme, puisque nous avons très bien établi hier, que, même
si le montant de $2 millions est utilisé et que l'aide
fédérale est fournie, ceci contribuera à ne
procéder qu'à la restauration de 4000 logements, alors que le
rapport Legault parle de 360 000 logements dont la restauration est
nécessaire, selon lui, au Québec, ce qui constitue, encore une
fois, une goutte d'eau par rapport aux besoins qui sont explicités dans
le domaine de la restauration.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai entendu tout à
l'heure j'espère l'avoir entendu correctement le
député de Chicoutimi dire que le rapport Legault parlait de 360
000 unités...
M. Bédard (Chicoutimi): Restauration.
M. Goldbloom: Si ma mémoire est fidèle,
c'était le rapport Castonguay qui a donné un chiffre...
M. Bédard (Chicoutimi): Legault. M. Charron:
Legault.
M. Bédard (Chicoutimi): A la page... Voulez-vous savoir
à quelle page?
M. Goldbloom: Très bien. Dans ce cas-là, c'est hier
soir que le député de Chicoutimi, si ma mémoire est
fidèle, a attribué ce chiffre au rapport Castonguay, peu
importe...
M. Bédard (Chicoutimi): On ne fera pas de discussion
là-dessus. En se référant au rapport Legault qui parlait
de 360 000 logements à restaurer, aux pages 61 et 62 du rapport
Legault...
M. Goldbloom: D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): J'avais également
mentionné que le rapport Castonguay ne contestait pas ce chiffre au
niveau de la restauration.
M. Goldbloom: Oui mais, M. le Président, j'ai
été, hier soir, le député de Chicoutimi s'en
rappellera, informé d'une recommandation attribuée au rapport
Legault je n'ai pas vérifié dans le texte, de mes propres
yeux que le rythme de croisière de restauration soit de 9000
unités par année, ce qui prendrait quarante ans pour atteindre
360 000 unités. Nous avons l'impression que ce chiffre très
important de 360 000 unités représente des loge- ments qui, pour
être réaliste, ne seront pas tous restaurés par n'importe
quel programme que nous pourrons établir, à court terme. Il y
aura, à même cette somme, malheureusement, une certaine perte,
mais, entre-temps, il ne fait aucun doute et aucune divergence de vue que nous
devons faire tout ce que nous pouvons pour conserver les immeubles qui peuvent
être restaurés.
M. Bédard (Chicoutimi): En terminant sur ce sujet, je
ferais simplement remarquer au ministre qu'alors que le Québec affecte
1% à peu près du budget à la restauration, la province de
l'Ontario en consacre 4%.
Comme dit le ministre, le besoin est là, il est urgent. En
conséquence, il est urgent que les performances de la
société d'habitation soient... et qu'une véritable
politique de l'habitation se fasse sentir au plus vite dans ce domaine.
Société d'habitation du
Québec
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, lorsque
nous avons ajourné hier, nous en étions sur des recommandations
du rapport Gilbert. Dans le même ordre d'idées, on sait que la
principale des recommandations du rapport Gilbert concernait la composition de
la Société d'habitation du Québec dans laquelle on
déplorait que, sur cinq membres, il y en avait quatre qui pouvaient
être qualifiés d'administrateurs et un seul d'ingénieur
professionnel. On concluait à la nécessité qu'il y ait
plus de professionnels, ingénieurs ou architectes, au niveau du conseil
d'administration, afin d'être mieux en mesure de prendre les
décisions qui s'imposent par rapport aux projets qui sont soumis au
conseil d'administration de la société d'habitation.
Nous avons discuté de cette recommandation. Le ministre nous a
fait part de ses opinions. Il y avait une autre recommandation du rapport
Gilbert qui constatait, dans un premier temps, que le conseil d'administration
ne pouvait pas agir seui et qu'il devait, inévitablement,
déléguer des pouvoirs. Mais, le rapport explicitait que, de
l'avis même du président de la Société d'habitation
du Québec, le conseil d'administration de la SHQ ne contrôlait pas
et ne semblait pas avoir les connaissances nécessaires pour
contrôler l'exercice de cette délégation de pouvoirs.
Autrement dit, la commission Gilbert prétendait arriver à la
conclusion qu'on n'avait pas mis en place des mécanismes de
contrôle au niveau de l'utilisation faite des pouvoirs
délégués par le conseil d'administration.
Egalement, le rapport Gilbert dénonçait la situation qui
faisait que les architectes n'avaient pas accès à tous les
dossiers, quand ils avaient à vérifier la... C'est
peut-être deux choses différentes. Sur le premier point, à
savoir sur cette recommandation je passerai à l'autre
après j'aimerais avoir l'opinion du ministre soit sur
l'efficacité des mécanismes de contrôle de l'utilisation
des pouvoirs délégués par le conseil d'administration.
M. Goldbloom: M. le Président, je suis certain
que le député de Chicoutimi admettra avec moi qu'il n'y a
pas moyen de parler de mécanismes sans parler d'hommes aussi, parce que,
souvent, les mécanismes sont là et peuvent être
utilisés et ne sont pas utilisés par les personnes en place ou
sont utilisés différemment de la façon qu'envisagerait le
critique qui regarde de l'extérieur et qui formule des
recommandations.
Je voudrais souligner aussi qu'il y a eu des changements de personnel
à la tête de la société d'habitation. Nous en avons
fait état hier soir. Il y a présentement deux membres qui
étaient en poste avant et pendant le rapport Gilbert. Il y en a deux
autres qui sont venus à cette époque ou un peu après, je
ne me rappelle pas les dates précises. Il y a un président qui
est arrivé l'été dernier et qui est parti depuis et un
nouveau président qui s'en vient lundi prochain.
Or, M. le Président, on doit reconnaître que des critiques
formulées à l'endroit du conseil d'administration de la
société ne visent pas au moins trois personnes sur cinq qui
seront dorénavant à la tête de cette société.
Je voudrais dire aussi que chaque président imprime à l'exercice
de sa responsabilité son style administratif, et que nous avons eu un
président qui faisait énormément confiance à ses
hauts fonctionnaires. J'ai eu l'impression que le conseil d'administration
siégeait pour recevoir les recommandations des fonctionnaires et pour
statuer sur ces recommandations. Nous avons, par la suite, eu un
président qui a interprété son rôle assez
différemment, qui a pris la loi constitutive de la société
d'habitation et qui l'a interprétée de façon à
donner au président lui-même et seul la responsabilité
administrative de la SHQ. Il a exercé cette responsabilité selon
son interprétation et selon son style. N'étant pas avocat, je ne
serais pas en mesure de contester l'une ou l'autre de ces
interprétations, mais le style administratif a été
très différent et je m'attends qu'il y ait un troisième
style administratif à partir de lundi prochain.
M. le Président, je pense que je dois revenir à ce que je
disais hier soir. La responsabilité est entre les mains du conseil
d'administration. On peut faire une certaine ventilation de cette
responsabilité et en attribuer une partie précisément au
président et une autre partie au groupe de cinq, avec certains membres
adjoints qui peuvent être ajoutés à un moment donné,
mais qui sont quand même des adjoints au conseil d'administration comme
tel. Ces cinq personnes ont la responsabilité. Ce ne sont pas des
fonctionnaires et ce n'est pas le ministre qui détiennent la
responsabilité administrative: le gouvernement a une
responsabilité de surveillance. Le ministre a une responsabilité
de confirmer certains gestes en signant des projets d'arrêté en
conseil et des demandes au Conseil du trésor. Il a la
responsabilité de fournir des réponses au député de
Chicoutimi et à tous les députés de l'Assemblée
nationale, mais ce n'est quand même pas l'administrateur de la
Société d'habitation du Québec.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre dit que les
structures, ce n'est pas tout, qu'il faut compter aussi sur la bonne
volonté ou la capacité de ceux qui oeuvrent à
l'intérieur des structures. Là-dessus, nous sommes partiellement
d'accord, nous sommes d'accord, sauf que j'imagine que le ministre est d'accord
aussi avec nous que cette capacité ou cette bonne volonté des
hommes peut être exploitée efficacement à
l'intérieur de structures qui doivent aussi correspondre à
l'efficacité en termes d'administration.
M. Goldbloom: Parfaitement, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Que chacun ait son style
administratif, j'en conviens, mais il reste que ce style administratif, pour
donner sa pleine mesure, se doit d'être exercé à
l'intérieur d'une structure qui soit conforme à un bon
fonctionnement. C'est là-dessus que le rapport Gilbert appuie, en ce
sens que la structure, telle qu'elle existe présentement, selon le
rapport Gilbert, est tellement déficiente qu'on peut facilement en tirer
la conclusion que les hommes, quelle que soit la bonne volonté qu'ils
puissent avoir, qui travaillent à l'intérieur de cette structure,
ne sont pas capables de donner la pleine mesure de leur efficacité en
raison de la déficience de la structure.
C'est dans ce sens que je veux savoir si, effectivement, le ministre est
d'accord avec les recommandations du rapport Gilbert ou avec les constatations
de ce rapport sur le côté déficient des structures de la
société d'habitation.
M. Goldbloom: M. le Président, le député de
Chicoutimi m'amène sur un terrain assez délicat, parce que, de
deux choses l'une: ou bien ce sont les structures, ou bien ce sont les
hommes.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela peut parfois être ies
deux.
M. Goldbloom: Possiblement les deux, d'accord, mais, si je suis
invité à commenter les deux facettes de ce problème, je
voudrais le faire avec toute la délicatesse possible.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne veux pas que ma question
tende à...
M. Goldbloom: D'accord!
M. Bédard (Chicoutimi): ...obliger le ministre,
peut-être, à faire état de cas individuels ou encore
d'état d'esprit...
M. Goldbloom: D'accord!
M. Bédard (Chicoutimi): ...de personnes bien
précises à l'intérieur de la structure.
Indépendamment des hommes, je fais abstraction des hommes qui sont
là, je me dis: Le rapport Gilbert, qui a quand même fait une
analyse assez poussée, fait des recommandations précises sur la
structure. Il propose certains changements.
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président! Je remercie le
député de Chicoutimi de sa précision.
Je voudrais quand même dire, de façon
générale, que toute personne qui détient une
responsabilité publique et qui doit travailler avec une équipe
tente d'obtenir, comme membre de cette équipe, des personnes dont la
compétence l'impressionne favorablement et, si possible,
déjà reconnues par des titres et une réputation, et des
personnes en qui il peut avoir confiance.
Je pense que je n'ai pas besoin d'aller plus loin que cela, ayant fait
état de certains changements de personnel à la tête de la
société.
Je voudrais, cependant, sur la question de structures
précisément, indiquer qu'au cours des mois qui ont suivi la
publication du rapport Gilbert, la société, en partie avec l'aide
du Vérificateur général j'ai mentionné cela
hier en partie avec l'aide d'autres personnes qui peuvent fournir des
connaissances en administration, et surtout avec ses propres moyens et sa
propre conviction, a fait une étude globale et détaillée
de ses structures et est venue à certaines conclusions. Je crois
comprendre que ces conclusions me seront remises très prochainement pour
que nous puissions envisager des améliorations structurelles. Mais je
voudrais mentionner aussi que c'est il y a cinq semaines, je pense que le
chiffre est assez juste, que la société d'habitation a
adopté une résolution acceptant les recommandations du rapport
Gilbert et s'engageant à effectuer les modifications qui sont
recommandées dans ce rapport.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre veut-il nous dire que,
depuis un an que le rapport Gilbert a été déposé,
il n'y a pas eu de changements qui ont été apportés
je ne parle pas au niveau de la nomination d'hommes ou de changement de
personnes au niveau des recommandations sur les deux points
précis que j'ai apportés à l'attention du ministre?
M. Goldbloom: II y a eu certains changements administratifs
à l'intérieur de la société et cela, par
l'initiative des administrateurs.
M. Bédard (Chicoutimi): Pourriez-vous me dire
lesquels?
M. Goldbloom: Oui. Il y a eu notamment un début ce
n'est pas encore tout ce que j'aimerais voir de revalorisation des
professionnels à l'intérieur de la société.
Deuxièmement, il y a eu un changement administratif dont j'ai
parlé l'an dernier lors du débat sur les crédits et auquel
j'ai attaché beaucoup d'importance.
La Société d'habitation du Québec a converti sa
pratique administrative appelée: "Appel de propositions de
développement" pour la remplacer par le système traditionnel de
plans et devis et de demandes de véritables soumissions publiques. Cela
a nécessité un temps important parce que justement les plans et
devis n'avaient pas été préparés et il
n'était pas possible de procéder immédiatement à
l'appel de soumissions, parce que les documents nécessaires
n'étaient pas disponibles. J'ai donné une priorité absolue
à cette transformation, comme j'ai donné une priorité
absolue à l'amélioration des procédures pour que soit
obtenue une accélération de la mise en chantier des projets. Je
pense que nous sommes seulement, maintenant, après cette période
de temps après une année en mesure d'envisager de
véritables améliorations par rapport à ces changements
administratifs.
Les autres changements touchent les structures, l'organigramme. Je les
ai trouvés moins urgents.
M. Bédard (Chicoutimi): Sans porter de jugement sur les
changements que nous dit avoir apportés le ministre des Affaires
municipales au chapitre des structures, nous allons quitter le chapitre des
structures, et je voudrais porter à l'attention du ministre certaines
déficiences qui ont été carrément
dénoncées par le rapport Gilbert et qui ne peuvent être
expliquées cette fois-ci soit par la déficience des structures ou
par le genre de style administratif.
Entre autres, à la page 37 du rapport Gilbert, les commissaires
dénoncent un fait. Je vais souligner trois ou quatre constatations
majeures, très importantes qui, à mon sens, ont dû avoir
comme effet qu'une fois soulignées à l'attention du
ministère ou à la Société d'habitation du
Québec, des correctifs ont dû être apportés
très rapidement.
Entre autres, à la page 37 du rapport Gilbert, il est dit ceci:
"II est intolérable que des gens qui n'ont presque aucune notion de la
construction, si ce n'est de son aspect administratif, mettent de
côté sans raison valable, les recommandations faites par ceux qui,
par leurs études et par leur formation, sont les plus aptes à
décider de la bonne marche de la construction d'un édifice."
C'est un des reproches très importants faits par le rapport
Gilbert. Le rapport Gilbert dénonce également le fait que les
architectes n'ont pas accès à tous les dossiers quand ils
vérifient la conformité d'un plan. Je n'ai certes pas besoin de
dire jusqu'à quel point il est important que les architectes aient
accès au dossier pour vérifier la conformité de tel plan
et que le fait qu'ils n'aient pas accès, comme le dénonce le
rapport Gilbert, à ces dossiers, se traduit, très souvent par des
sommes extrêmement importantes dépensées à mauvais
escient.
Egalement à la page 38 du rapport Gilbert, les commissaires
disent textuellement et c'est un reproche de taille qu'on interdisait
aux architectes et aux ingénieurs de se rendre sur les chantiers pour
vérifier si les irrégularités sont corrigées ou
encore suive l'évolution des travaux.
Je pense que je n'ai pas besoin d'expliciter longtemps là-dessus
pour voir jusqu'à quel point ceci constitue un reproche tout à
fait majeur. Aux pages 40 et 41, dans ce qui a trait à la construction
elle-même et aux qualités des experts, des architectes et des
ingénieurs, le rapport dénonce le fait que la
Société d'habitation du Québec n'a pas, à son
emploi, assez de personnel qualifié, à savoir des architectes et
des ingénieurs, et dénonce le fait que les conditions d'emploi de
la SHQ soient excessivement mauvaises selon leur appréciation.
Dans ce domaine, dans le domaine des quatre
reproches que le rapport Gilbert a faits, je pense qu'il n'est pas
question de structures, qu'il n'est pas question de style administratif, il est
tout simplement question de situations bien précises qui sont
dénoncées et je voudrais savoir très
précisément, dans chacun de ces cas, dans chacune de ces
situations qui ont été dénoncées par le rapport
Gilbert, quels sont les correctifs qui ont été apportés
immédiatement, puisqu'il fallait des correctifs immédiats, pour
améliorer la situation.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais dire d'abord,
de façon globale, que ces problèmes sont essentiellement
réglés. Je voudrais dire aussi, M. le Président et
c'est important qu'on se le rappelle que, s'il y a eu un rapport
Gilbert, c'est parce qu'il y a eu un ministre qui lui, avant le groupe Gilbert,
a fait ces reproches à la société d'habitation et a
demandé au Conseil des ministres la constitution d'un groupe
d'études pour vérifier s'il avait raison de faire ces reproches
à la société. Alors, M. le Président, c'est parce
que je savais qu'il y avait de tels problèmes que j'ai fait
déclencher l'enquête administrative et c'est en vertu du rapport
que j'ai exigé que l'on procède à des
améliorations. Maintenant, M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Sur ce point, je ne veux pas
minimiser l'action du ministre dans sa demande d'une enquête concernant
la Société d'habitation du Québec, mais le ministre
admettra avec moi que plusieurs de ces déficiences, dont je viens de
parler et celles que j'enlignerai encore tout à l'heure, qui ont
été constatées par le rapport Gilbert, avaient
peut-être été constatées par le ministre, mais
avaient été constatées aussi durant une période de
deux à trois ans par maints et maints articles de journaux qui
dénonçaient des situations très précises qui
convainquaient, d'une façon très claire, que cela n'allait plus
à la Société d'habitation du Québec et qu'il y
avait lieu de redresser cette situation au plus vite.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, mais on sait que, de
temps en temps, il y a des articles qui paraissent dans les journaux qui disent
que cela va mal dans telle ou telle administration et quand on...
M. Bédard (Chicoutimi): Le rapport du Vérificateur
général laissait très clairement entendre depuis deux ans,
depuis que j'ai eu l'occasion d'en prendre connaissance, qu'il y avait des
choses qui n'allaient pas.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président,
précisément et c'est un des reproches que j'ai fait à la
société d'habitation et, M. le Président, je voudrais
qu'il soit clair que, quand j'ai lu des articles, quand j'ai reçu des
commentaires de la part de personnes et même ce que je pourrais appeler
des renseignements de la part de certaines personnes, j'ai fait ce qui
était normal de faire dans les circonstances. J'ai parlé avec les
autorités en place. Je me permets de rappeler aux honorables membres de
la commission que la Société d'habitation du Québec est
une société au sens du code civil. Qu'on se le rappelle au cours
de la discussion.
J'ai parlé notamment avec le président, j'ai fait
état de certaines choses et j'ai reçu certaines assurances ou que
cela n'était pas vrai, ou que c'était en voie d'être
corrigé. Aujourd'hui, nous avons...
M. Bédard (Chicoutimi): Sur les quatre points que j'ai
énumérés.
M. Goldbloom: Oui, sur ces quatre points et sur...
M. Bédard (Chicoutimi): Pouvez-vous nous dire les
changements qui ont été apportés et qui contribuent
à ce que les correctifs soient soumis?
M. Goldbloom: Maintenant, oui; prenons les divers points.
M. Bédard (Chicoutimi): Voulez-vous que je les...
M. Goldbloom: Non. Si j'en ai omis à la fin, le
député de Chicoutimi me demandera de compléter.
M. Goldbloom: J'avais constaté que les professionnels
à l'emploi de la société, les architectes et les
ingénieurs étaient limités à faire un travail
professionnel fort restreint, à approuver certains plans et devis au
début d'un processus, mais par la suite, comme en témoigne le
rapport Gilbert, ces personnes n'avaient pas la possibilité d'aller sur
le chantier d'un projet dont les plans avaient été
approuvés au départ pour contrôler ce qui s'y faisait. Cela
est corrigé, M. le Président, les architectes et
ingénieurs ne sont plus obligés d'obtenir une permission
spéciale et de poinçonner, soit tout le régime qui
existait auparavant. S'ils veulent aller sur un chantier, ils ont la
liberté et la responsabilité professionnelle de le faire.
Cependant, il est vrai que par rapport à la somme de travail qui incombe
à la société, il n'y avait pas assez de personnel au
moment où le rapport Gilbert a été rédigé.
Nonobstant les difficultés que l'on connaît, et qui ont eu pour
résultat le gel à 1% d'augmentation des effectifs, nous avons
obtenu pour la société 26 postes additionnels dont 15
affectés à la mise en oeuvre des projets d'habitation.
M. Bédard (Chicoutimi): Les postes sont-ils
comblés?
M. Goldbloom: Les postes ont été
créés pour l'année qui commençait le 1er avril et
le recrutement est déjà en marche.
M. Bédard (Chicoutimi): Le 1er avril 1976.
M. Goldbloom: 1976. Mais entretemps j'aimerais que le
député attende que je complète la réponse
nous avons engagé des occasionnels, à ces postes, qui sont en
instance de présentation de candidature, qui subissent des
concours en vue de l'obtention d'un poste provisoire et ensuite,
permanent.
Nous avons également retenu les services d'architectes et
d'ingénieurs de la pratique privée pour la surveillance des
chantiers où les projets se réalisent déjà en vertu
des appels de proposition de développement.
Nous avons, à ces deux égards, à
l'intérieur, les postes qui sont en voie d'être comblés et,
à l'extérieur, nécessairement, obtenu une augmentation
considérable dans le nombre de personnes qui sont membres de leur
corporation professionnelle respective et qui ont la compétence reconnue
en vertu de cette adhésion à la corporation professionnelle.
Autre élément de correction. Nous avons vu la
société créer, à l'intérieur de ses
structures, un groupe technique qui est chargé de l'appréciation
de tous les éléments techniques de tous les projets. Cela
n'existait pas auparavant, tel qu'en témoigne le rapport Gilbert.
Enfin, le secteur d'activités gouvernementales qui s'appelle
recherche et normes a effectué un travail très
considérable pour établir ce qui n'existait pas auparavant, une
série de normes pour le logement social. Il ne s'agit pas simplement de
la construction d'un immeuble. Il faut choisir un terrain, il faut le choisir
en l'analysant. Ce n'est pas à l'oeil nu que l'on peut juger si un
terrain convient à la construction d'un immeuble donné, notamment
parce que les immeubles que faisaient construire les offices municipaux ou que
fait construire maintenant la société d'habitation, ne sont pas
généralement des maisons unifamiliales, mais des immeubles assez
importants.
Il faut connaître la capacité portative du sol et ainsi de
suite. Il n'y avait pas de normes claires pour ces considérations. Il
n'y avait pas de normes pour le choix des terrains par rapport aux autres
immeubles, par rapport à la localisation d'un immeuble qui abriterait
des personnes âgées, par exemple. Dans quelle sorte de quartier,
est-ce qu'on met un tel immeuble?
Nous voyions, auparavant, de tels bâtiments construits un peu
n'importe où. Il fallait avoir des normes pour cela. La construction
elle-même, le choix, la façon de préparer et de publier les
plans et devis, tout cela a eu besoin d'une normalisation; cette normalisation
a été effectuée et est maintenant en vigueur.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant les normes dont nous
parle le ministre des Affaires municipales, le ministre sait sûrement que
le rapport Gilbert a dénoncé le fait que la société
d'habitation n'avait pas de normes directrices dans le choix des
municipalités où l'on construisait des HLM et qu'elle n'avait pas
de plan directeur d'implantation d'habitation.
Le rapport dénonçait aussi le fait que la
société d'habitation n'avait pas joué son rôle dans
la définition d'une politique d'habitation au Québec. C'est
globalement la conclusion à laquelle en arrivait le rapport Gilbert,
parmi toutes les constatations qui avaient été faites sur
différentes situations.
Le rapport Gilbert déconçait aussi l'absence
complète de normes directrices concernant la qualité des
habitations subventionnées, la qualité des matérieux, en
fait, d'une façon générale, la qualité des
bâtisses qui avaient été construites; il
dénonçait aussi le fait que la société d'habitation
avait négligé, d'une façon tout à fait coupable
je n'ai pas l'intention de le citer, mais c'est l'ensemble de chacune
des constatations d'une façon carrément coupable la notion
d'habileté et la composition sociale des logements qui étaient
subventionnés.
Face à ces reproches dont il a sûrement pris connaissance
et dont il a été en mesure de constater jusqu'à quel point
il y avait des déficiences extrêmement graves au niveau de la
Société d'habitation et qu'avec ces déficiences, il est
clair qu'on ne pouvait faire autrement que d'en arriver à la conclusion
que la société d'habitation n'avait pas élaboré ou
défini une politique d'habitation au Québec, le ministre nous dit
que des normes ont été définies. Est-ce que le ministre
peut nous dire que ces normes existent présentement?
M. Goldbloom: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne sais pas, est-ce qu'il
pourrait nous donner des indications qui nous permettraient de nous rendre
compte jusqu'à quel point ces normes existent ou, encore, est-ce que ces
normes sont encore au niveau d'un stage d'élaboration?
M. Goldbloom: Non, M. le Président. Ce sont des cahiers
renfermant plusieurs centaines de pages de textes qui sont d'utilisation
quotidienne, maintenant, à la Société d'habitation du
Québec; ils servent déjà pour la réalisation.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce possible... M.
Goldbloom: ... des projets de cette année.
M. Bédard (Chicoutimi): ... pour l'Opposition de prendre
connaissance de ces... Je comprends que cela doit représenter beaucoup
de recherche. D'ailleurs, on en avait tellement besoin au niveau du
fonctionnement de la société d'habitation, mais, est-ce
que...
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que nous
pourrons...
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous me permettez, M. le
ministre, seulement sur un point, au moins sur les normes qui ont
été édictées, les normes directrices dans le choix
des municipalités où l'on construit des HLM ou dans les plans
directeurs d'implantation?
M. Goldbloom: Je pense que nous pourrons exhiber de tels cahiers,
mais ils sont tellement volumineux que je m'oppose franchement à imposer
à des gens le travail et au gouvernement la dépense d'en produire
des exemplaires pour tous les membres de la commission parlementaire.
M. Bédard (Chicoutimi): Au niveau de l'Opposition...
M. Goldbloom: Nous serons heureux d'en apporter des exemples
à la prochaine séance de la commission parlementaire pour que les
députés puissent les regarder et les consulter. Je dois dire que
sur le point particulier soulevé par le député de
Chicoutimi, savoir le choix des municipalités, nous avions l'impression
sous l'ancien régime que le choix se faisait essentiellement par ordre
chronologique de l'envoi des demandes par les municipalités. Nous avons
essayé d'établir des normes d'ordre technique et d'ordre social
c'est cela et aussi de régionaliser la distribution des
projets approuvés parce que la province est vaste et les besoins se font
sentir un peu partout. Nous essayons, comme tout gouvernement le ferait, je
suis certain, d'être présent avec des projets en
réalisation dans toutes les régions du Québec.
M. Bédard (Chicoutimi): Je conçois avec le ministre
que de nous donner le cahier des normes directrices concernant la
qualité des habitations subventionnées, de la qualité des
matériaux, de la qualité générale des
bâtisses, à ce moment, ce serait vraiment trop volumineux,
même si le ministre nous dit qu'on pourra en prendre connaissance. Je
pense que sur l'autre aspect, à l'effet d'avoir au moins en notre
possession les normes directrices dans le choix des municipalités,
où l'on construit des HLM, je pense bien que cela ne doit pas constituer
un document très volumineux.
M. Goldbloom: Je suis informé, pour vous donner un exemple
de la normalisation qui a été effectuée, que nous avons
ajourd'hui à la Société d'habitation du Québec, des
normes pour les clous et les vis. Cela va aussi loin que cela.
Si vous me permettez, je constate qu'il est 13 heures, j'aimerais
ajouter un seul mot pour compléter une réponse que j'ai
donnée au député de Verdun vers le début de cette
séance. C'est pour souligner un aspect du problème des assurances
dont il faudra tenir compte en faisant les comparaisons et que nous pourrons
regarder ensemble. Le contenu de la police, l'envergure de la couverture fait
une différence importante quant à la prime qui sera
demandée.
La société a constaté que certaines polices
offertes ne donnaient pas ce qu'on appelle une protection catastrophique, ce
qu'on pourrait appeler protection parapluie, comme traduction littérale
de l'expression anglaise "umbrella coverage", et il est évident que, si
nous voulons avoir ce genre de protection, et nous avons des soumissions qui ne
comportent pas ce degré de couverture, les primes seront moindres, mais
les polices ne seront pas comparables. Il y a eu des écarts de cette
nature qui ont été constatés par la société
d'habitation dans des propositions qui lui ont été soumises.
Je voulais simplement mentionner cela pour que nous puissions en tenir
compte.
M. Caron: M. le Président, M. le ministre, c'est pour cela
que, si j'avais une copie de la police, je ferais la comparaison avec l'autre
police qui a été émise. C'est pour cela que j'aimerais
faire la comparaison pour en avoir le coeur net.
M. Goldbloom: Oui. On me dit que l'éthique professionnelle
en la matière empêche de rendre publics certains documents. Alors,
je vais voir ce que nous pourrons fournir comme renseignements précis au
député de Verdun.
M. Caron: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): ... que c'est le genre de
documents où l'éthique professionnelle empêcherait la
publication. C'est un contrat d'assurance.
NI. Ostiguy: ... compagnie d'assurance pour faire du marketing.
Il y a l'éthique professionnelle qui existe entre les agents
d'assurance...
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne crois pas que ce serait de
nature à promouvoir, dans ce cas... Enfin...
M. Caron: M. le ministre, est-ce qu'il y a possibilité de
comparer les deux polices, sans les rendre publiques? J'aurai une copie de la
police qui a été émise et on fera la comparaison.
Moyennant que j'aie satisfaction, M. le ministre, je suis capable d'être
souple. Mais j'aimerais qu'on compare les deux polices ensemble.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président...
M. Caron: Si vous voulez, je serai satisfait...
M. Goldbloom: ... je suis convaincu que ce sera possible de faire
une comparaison valable...
M. Caron: Oui.
M. Goldbloom: ... et de tirer des conclusions.
M. Caron: Moi non plus, je ne suis pas un courtier d'assurance.
Je suis bien prêt aussi à prendre la parole d'experts.
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président. Sine die?
Le Président (M. Picard): La commission ajourne ses
travaux à mardi matin, 10 h 30, même salle. 10 h 30, heure
avancée de l'Est, pas 11 h 15.
(Fin de la séance à 13 h 1)