Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente des affaires municipales
Etude des crédits du ministère des
Affaires municipales
Séance du mardi 18 mai 1976 (Dix heures quarante sept
minutes)
M. Picard (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
La commission des Affaires municipales continue ce matin l'étude
des crédits du ministère des Affaires municipales.
Au moment où je vous parle, la commission a siégé
15 heures et 3 minutes.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous êtes exact, M. le
Président. Nous avions fait un calcul et nous arrivions à 15
heures et 12 minutes.
M. Déziel: Cela aurait pu se régler normalement
dans deux heures.
M. Bédard (Chicoutimi): L'étude peut se
régler.
Programmes concernant l'habitation (suite)
Le Président (M. Picard): Nous en sommes toujours à
l'étude des quatre programmes du secteur de l'habitation. L'honorable
ministre des Affaires municipales.
M. Goldbloom: M. le Président, la dernière fois,
nous avons parlé de certains cahiers de normes qui ont été
développés pour améliorer l'administration des
procédures administratives de la Société d'habitation.
J'ai indiqué qu'il n'est pas pratique d'en faire des photocopies pour
tout le monde. Je voudrais vous indiquer que nous avons apporté certains
de ces cahiers ici, ce matin, pour que les députés puissent en
prendre connaissance dans leur intérêt. Les cahiers sont
disponibles; ils sont entre les mains des hauts fonctionnaires de la
Société d'habitation.
M. Bédard (Chicoutimi): Etant donné que nous
recommençons dès maintenant les travaux de la commission, je
comprends qu'il soit difficile d'en prendre connaissance tout en continuant la
discussion sur la Société d'habitation. Je comprends
l'idée du ministre de nous dire que ces documents sont à la
disposition des ministres pour leur permettre d'en prendre connaissance ou de
les consulter en tout temps.
M. Goldbloom: Ces cahiers peuvent être consultés.
Sans les déposer comme tels, je les place physiquement sur la table de
la commission parlementaire. Si des collègues veulent les regarder, ils
sont ici.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'il serait possible qu'il
y en ait une copie de faite? Est-ce que c'est l'intention du ministre, pour
qu'elle soit déposée à la bibliothèque du
parlement, de manière qu'on puisse en prendre connaissance et, lorsque
le public en général ou les journalistes en auront le
désir, qu'on ne soit pas obligé de déranger qui que ce
soit à la Société d'habitation.
M. Goldbloom: M. le Président, ce sont quand même
des documents de régie interne qui ont été
développés par la Société d'habitation, suite
à et en réponse à ce qu'a recommandé le groupe
Gilbert.
Je ne crois pas que ce soit la pratique de déposer à une
bibliothèque publique de tels documents mais, comme je l'ai
indiqué, les documents peuvent être consultés, que ce soit
à la bibliothèque ou à la société; je pense
que c'est un détail technique. Il n'y a pas de cachette
là-dedans; ce sont des règles de procédure que la
société a développées. Les intéressés
peuvent certainement en prendre connaissance.
Le rapport Gilbert
M. Bédard (Chicoutimi): Lorsque nous avons ajourné
les travaux de la commission, nous discutions les recommandations du rapport
Gilbert, entre autres, certaines recommandations concernant les architectes
où on dénonçait le fait que les architectes n'avaient pas
accès à tous les dossiers quand ils désiraient
vérifier la conformité d'un plan. Le rapport Gilbert avait
constaté aussi que les recommandations des architectes et
ingénieurs de la Société d'habitation du Québec
étaient très souvent mises de côté sans raison
valable et cela, par des gens qui, en fait, n'avaient aucune formation en
construction.
Egalement, le rapport Gilbert avait constaté qu'on interdisait
aux architectes et ingénieurs de se rendre sur les chantiers pour
vérifier si les irrégularités étaient
corrigées ou encore, tout simplement, ce qui est normal, pour suivre
l'évolution des travaux. Ceci amenait effectivement le rapport Gilbert
à conclure, au niveau des architectes et ingénieurs, que la
Société d'habitation n'avait pas assez de personnel
qualifié et que, ce qui était encore plus grave pour le personnel
qualifié qu'elle avait, ce dernier ne pouvait pas donner son plein
rendement, étant donné ce que j'ai mentionné
auparavant.
Le ministre nous a dit que plusieurs de ces situations avaient
été corrigées. Je ne sais pas s'il y a eu
nécessité d'user de mesures disciplinaires vis-à-vis de
certaines personnes qui, selon le rapport Gilbert, agissaient de telle
façon que des ingénieurs ou des architectes n'étaient pas
en mesure de donner vraiment le plein rendement de leur capacité.
Egalement le rapport Gilbert laissait entendre que les conditions
d'emploi de la Société d'habitation étaient très
mauvaises. Sous ces angles-là, est-ce que des corrections ont
été apportées et de quelle nature sont-elles?
M. Goldbloom: M. le Président, d'abord j'aimerais dire
que, devant le commentaire, l'opinion du groupe Gilbert que les effectifs
professionnels n'étaient pas suffisants en nombre, nous avons
envisagé deux solutions: une augmentation du personnel ou bien un
recours à l'entreprise privée. Il n'est pas nécessaire
d'avoir toujours du personnel à temps complet à l'emploi d'un
organisme quand il y a, dans des domaines professionnels, des personnes qui non
seulement exercent pour le compte d'un grand éventail de clients, y
compris des clients gouvernementaux, mais qui gagnent leur vie en ce faisant.
Si nous bâtissons toujours des équipes nombreuses à
l'intérieur de l'appareil gouvernemental, nous risquons de gêner,
de rétrécir, disons, le marché des services professionnels
dans le secteur privé.
Alors nous avons décidé d'avoir recours à
l'entreprise privée en bonne mesure. Nous avons, et c'était une
insistance de ma part, retenu des services d'architectes et d'ingénieurs
pour surveiller des projets et nous allons continuer d'agir dans ce sens.
Après tout, dans ce secteur comme dans tous les autres, il y a le
problème du gel des effectifs aussi. Mais, ayant des crédits
disponibles pour des services professionnels, nous sommes en mesure d'aller
vers l'entreprise privée et d'assurer le contrôle professionnel
des projets par des architectes et des ingénieurs.
Deuxièmement, quant aux pratiques administratives de la
société, avant la publication du rapport Gilbert, je pense qu'il
faut se souvenir du lien établi par le groupe Gilbert entre une mauvaise
utilisation des professionnels et le régime des appels de proposition de
développement.
Avec une transformation de la pratique administrative pour remplacer les
appels de propositions de développement par le système normal de
plans et devis, les architectes et les ingénieurs ont acquis un
rôle plus important et plus immédiat. Cette situation est
certainement plus satisfaisante.
J'ai demandé à la société de bien vouloir
agir de façon à permettre aux professionnels, aux
ingénieurs et aux architectes en particulier, la liberté
d'exercice de leur profession en vertu des règles usuelles et normales
de leurs corporations professionnelles respectives. Or, il y a eu nettement de
l'amélioration dans ce domaine et, pour ma part, je suis, d'après
les rapports qui me parviennent de la société, beaucoup plus
satisfait de l'activité professionnelle et de la liberté de
l'exercice de cette activité.
Enfin, le député de Chicoutimi a parlé de
conditions d'emploi. Je ne suis pas certain de la nature de cette allusion; je
ne suis pas certain de la distinction qu'il fait, dans son esprit, entre
conditions d'emploi et conditions de travail, conditions d'exercice de la
fonction professionnelle de chacun. Quant aux conditions d'emploi, elles sont
déterminées par la fonction publique; quant aux conditions de
travail, nous venons d'en parler.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour situer le contexte
correctement, quand on parle de conditions d'emploi, je mentionne qu'à
la page 42 le rapport Gilbert dit ceci: "Nous voulons aussi criti- quer la
rémunération qui est offerte aux professionnels de la
construction, qui seraient désireux de travailler à la
société d'habitation du Québec. Rares sont les
professionnels de la construction qui sont intéressés à
travailler aux conditions offertes par la Société d'habitation du
Québec. Le nombre de postes créés par le Conseil du
trésor et non comblés est éloquent à ce sujet. En
effet, au 30 avril 1975, la Société d'habitation avait 290 postes
d'autorisés par le Conseil du trésor et 91 n'étaient pas
encore comblés ".
La deuxième partie se rapporte moins au sujet dont nous
parlons.
M. Goldbloom: M. le Président, je suis convaincu que le
député de Chicoutimi sait que les conditions d'emploi, surtout
les conditions de rémunération ne sont pas définies par la
Société d'habitation du Québec et ne lui sont pas
particulières.
C'est la fonction publique du Québec qui a des échelles de
salaires et ces échelles s'appliquent à la Société
d'habitation comme à chaque ministère. Je pense que nous devons
être assez francs pour dire que, dans les secteurs professionnels, je
parle des médecins, des avocats, des architectes, des ingénieurs,
des notaires, et ainsi de suite, il est difficile avec les échelles de
salaires offertes au gouvernement de faire concurrence à l'exercice de
ces professions dans le secteur privé.
Il est très évident que beaucoup d'avocats, par exemple,
et beaucoup de médecins peuvent obtenir des conditions de
rémunération beaucoup plus intéressantes dans l'exercice
libre de leur profession. Alors, ce n'est pas un problème qui peut
être cerné à la Société d'habitation du
Québec, c'est un problème global des échelles offertes par
le gouvernement. Mais c'est également une question de
négociations dans bien des cas.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais le ministre, via la
Société d'habitation du Québec et son ministère,
d'une façon générale, représente un des
ministères qui a à requérir les services de nombreux
urbanistes, de nombreux ingénieurs, architectes et professionnels
à travers le Québec pour la bonne marche de son ministère.
Etant donné que les conditions de rémunération sont telles
que les emplois deviennent difficiles à combler, je voudrais savoir si
le ministre insiste auprès du Conseil du trésor pour faire valoir
cette situation et cette carence ou difficulté d'avoir les
professionnels dont il aurait besoin. Le Conseil du trésor n'est pas
lui-même l'organisme qui est le plus sensibilité à cela,
c'est plutôt au ministre, j'imagine, de sensibiliser, soit par le Conseil
des ministres ou le Conseil du trésor, cette situation de façon
à intensifier les recommandations ou les pressions pour que
l'échelle de rémunération augmente.
Remarquez que cette demande qu'on fait auprès du ministre, une
semblable a été faite, je me rappelle, lors de l'étude des
crédits du ministère du Revenu l'an passé. Il y avait
aussi cette difficulté au niveau du ministère du Revenu; les
échelles de salaires ou de rémunération étaient
telles
qu'ils avaient vraiment de la difficulté à trouver des
gens pour faire le travail. Des pressions ont été faites et on a
pu constater, lors de l'étude des crédits de cette année,
qu'effectivement une hausse de rémunération avait
été consentie par le Conseil du trésor devant la situation
à laquelle le ministère du Revenu avait à faire face.
C'est dans cet esprit que je pose ma question au ministre.
M. Goldbloom: M. le Président, je ne voudrais pas, par ma
réponse, imputer au député de Chicoutimi quelque intention
malveillante que ce soit. C'est quand même une petite question
piège qu'il me pose quand il dit: Est-ce que le ministre insiste
auprès de ses collègues? Il sait qu'un ministre n'est pas en
mesure de dire qu'il insiste pour telle ou telle chose auprès de ses
collègues. Un gouvernement fonctionne comme unité et il sait,
comme moi, que le ministre des Finances et le ministre de la Fonction publique
siègent au Conseil du trésor et que, si l'on parle des
échelles de traitement que l'on offre à des professionnels, cela
découle d'une petite politique salariale du gouvernement et cette
politique est globale.
Quand on constate des pénuries de personnel dans certains
domaines, et ceux dont on parle sont d'excellents exemples, il est
peut-être plus difficile de trouver aujourd'hui des architectes, des
inégnieurs et surtout des urbanistes pour combler les postes
gouvernementaux que dans beaucoup d'autres domaines d'activité
professionnelle. Peut-être que, devant une telle situation, un
gouvernement puisse revoir sa politique salariale, j'en conviens facilement.
Mais ce n'est pas simplement parce qu'un ministre insisterait.
C'est parce que le gouvernement, comme tel, aurait regardé
l'ensemble d'une situation et aurait mesuré les répercussions
d'une décision dans un domaine sur les autres domaines où il faut
offrir des salaires et où il faut négocier.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre a bien analysé
ma question en posant le jugement qu'elle n'était en aucune façon
malveillante, ni posée avec des idées malveillantes, mais le
ministre admettra que, lorsqu'on parle d'échelle de
rémunération, on va quand même un peu au coeur du
problème. Quand on parle de la SHQ, puisque la SHQ ne peut fonctionner
efficacement avec tout le rendement auquel on doit s'attendre qu'à la
condition qu'elle ait à son service un personnel compétent, si,
à cause d'une échelle de rémunération
inadéquate, la SHQ ne peut aller chercher le personnel compétent,
il y a des conséquences normales qui s'ensuivent. Peut-être que si
cela ne veut pas dire que le ministre doit insister, même si le ministre
du Revenu nous disait, lui, qu'il insistait remarquez qu'on en est sur
les mots si cela rejoint une politique salariale, comme je le crois,
peut-être qu'il y aurait lieu que dans ce cas, comme il l'a fait au
ministère du Revenu, le gouvernement révise sa politique
salariale.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense qu'il y a une
chose fondamentale qu'il faut regarder. C'est que, quand on ouvre un poste
à la fonction publique, en l'occurrence nous parlons de postes
d'architectes, d'ingénieurs, d'urbanistes, le fait de combler ce poste
constitue un engagement essentiellement permanent. Pour toute l'année
financière en question et pour chacune des années
financières subséquentes, il faut prévoir un montant en
salaire pour rémunérer cette personne.
Dans bien des cas, on a un projet pour lequel on a besoin de
compétences professionnelles. Ce projet va durer un certain nombre de
mois. A la fin de cette période, on n'a peut-être pas
immédiatement un autre projet. Je parle de façon
générale. Si l'on est obligé de prévoir une
rémunération plus élevée parce que les
échelles fournies par le gouvernement sont inférieures à
la moyenne que peuvent gagner ces professionnels dans l'exercice libre de leur
profession dans l'entreprise privée, peut-être qu'avec la
même masse d'argent on peut retenir les services, pour la période
requise pour l'accomplissement de chaque projet et, par la suite, laisser
pendant l'intervalle avant le début d'un autre projet, l'engagement
comme non existant au niveau du gouvernement.
Dans bien des cas, à la longue, devant un écart possible
entre les échelles gouvernementales et le niveau moyen de
rémunération dans l'entreprise privée, on est mieux de
procéder de cette façon. On obtient les services requis et on les
paie à leur juste valeur, à la valeur du marché, mais on
n'engage pas toute une année et pour une période
indéfinie, en permanence, les crédits du gouvernement. C'est donc
un choix à faire. C'est un choix qui est fait selon les conditions du
marché des services professionnels.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est un élément
à considérer, j'en conviens. Maintenant, il reste quand
même qu'il y a un certain nombre, presque obligatoire, de professionnels
nécessaires pour que cela fonctionne efficacement.
Quand on regarde l'état de la Société d'habitation
et l'état de l'habitation au Québec, il semble bien que le
travail ne devrait pas manquer pour quelques années encore. J'ai soumis
cette remarque au ministre en espérant, quand même, qu'il
considérerait comme une priorité de voir à ce que la
Société d'habitation ait tout le personnel professionnel
compétent nécessaire. Si l'échelle de
rémunération était un handicap pour en arriver à ce
résultat, eh bien, qu'on procède aux changements qui
s'imposent.
M. Goldbloom: M. le Président, vous me permettrez quand
même de préciser, par rapport aux commentaires qu'a faits le
député de Chicoutimi du rapport Gilbert, que, depuis lors, nous
avons effectivement comblé les postes vacants en grande
majorité...
M. Bédard (Chicoutimi): Oui.
M. Goldbloom: ... soit par des permanents, soit par des
occasionnels.
M. Bédard (Chicoutimi): Sauf que la plupart sont
entrés en fonction seulement cette année, d'après ce que
vous nous avez dit.
M. Goldbloom: Effectivement, M. le Président, je pense que
cela est juste, mais il y a quand même un processus de recrutement qui
prend un certain temps, qui est le processus normal de la fonction
publique.
Nous avons comblé les postes dans l'intervalle et nous avons, en
outre, retenu les services de professionnels de l'extérieur, là
où cela semblait nécessaire et utile.
M. Bédard (Chicoutimi): Nous allons passer une autre
recommandation du rapport Gilbert. Pour la première fois, nous avons
l'occasion d'avoir, aux travaux de la commission, le nouveau président
de la Société d'habitation. Je vais en profiter pour lui
souhaiter bonne chance dans son travail. Quand on regarde le rapport Gilbert,
le rapport Legault et le rapport Castonguay, j'ai l'impression qu'il a une
feuille de route pas mal impressionnante qui l'attend.
Concernant le rapport Gilbert, à la page 63, celui-ci
dénonçait le fait qu'il n'y avait aucune planification dans le
choix des terrains.
On disait ceci, textuellement: "Nous en revenons ici à l'absence
complète de planification qui s'étend au choix des terrains. Ceci
ne surprend pas la commission outre mesure car comme il n'y a pas de
planification quant à l'implantation des habitations
subventionnées, il ne peut y en avoir quant au choix des terrains."
Le rapport Gilbert continue en disant: "C'est ainsi qu'après la
signature de l'entente avec la Société centrale
d'hypothèques et de logement, en septembre 1974, le personnel de la
Société d'habitation du Québec s'est
précipité afin de trouver les terrains nécessaires
à l'implantation des bâtiments de la programmation 1974. ' Ce qui
montre jusqu'à quel point un de ces éléments contribuait
à les faire conclure...
M. Déziel: M. le Président...
Le Président (M. Picard): Excusez.
M. Déziel: Sur un point du règlement.
Le Président (M. Picard): Le député de
Saint-François.
M. Déziel: J'écoute mon collègue de
Chicoutimi et je me demande si on rejoint la pertinence du débat. Que ce
soit le rapport Gilbert ou l'urbanisation à Québec ou le rapport
Legault qui, éventuellement, lors d'une prochaine commission
parlementaire promise par le ministre, feront l'objet d'une étude
à cet effet, j'essaie de trouver, dans les programmes 6, 7, 8, 9, quel
article comprend la vente des terrains.
M. Bédard (Chicoutimi): II n'y a jamais eu de commission
promise sur le rapport Gilbert.
Le Président (M. Picard): Le rapport Castonguay sera
étudié en commission, mais pas le rapport Gilbert.
M. Bédard (Chicoutimi): De toute façon...
Le Président (M. Picard): Le rapport Gilbert, le rapport
Legault ne seront pas étudiés.
M. Bédard (Chicoutimi): ... le choix des terrains,
j'imagine, en termes de planification, rejoint pas mal l'ensemble des aspects
de ce qu'est une politique d'habitation ou l'absence d'une politique
d'habitation.
Le rapport Gilbert, à la page 65. C'est un autre sujet qu'il
soulève. Je désirerais rester sur celui-ci, à savoir
l'absence complète de planification dans le choix des terrains. Je me
permets de lire un autre passage très court du rapport Gilbert
là-dessus: "Comme la mise en chantier des habitations faisant partie de
la programmation 1974 n'est pas encore commencée, nous n'avons pas
encore d'exemple sur ce point, mais nous pouvons affirmer que, compte tenu de
la façon avec laquelle ils ont été choisis, les terrains,
achetés par la Société d'habitation du Québec pour
la programmation 1974, seront une source de problèmes et de
suppléments fort coûteux pour la société,
d'où certaines recommandations préliminaires d'urgence qui ont
été faites au ministre des recommandations
préliminaires d'urgence ont été faites au ministre
par la commission."
Est-ce que le ministre pourrait nous dire, concernant cette carence de
planification en termes de choix de terrain, s'il y a quelque chose de
précis qui a été fait?
M. Goldbloom: Oui, et, justement, ce qui a été fait
est représenté par le cahier que j'ai devant moi et qui
établit des règles de procédure pour le choix des
terrains. Il y a plusieurs chapitres dans ce document: Choix de terrains,
recherches à vue, arpentage, sondage, acquisition, dossiers
particuliers, approbations par la SHQ, approbations par les
municipalités.
Effectivement, il s'agit d'un des sujets qui ont motivé celui qui
vous parle dans la décision de constituer le groupe Gilbert et de faire
faire une analyse des procédures de la Société
d'habitation du Québec.
Ce que nous avons fait en réponse à la confirmation de nos
soupçons par le rapport Gilbert, c'est d'insister pour que l'analyse des
terrains devienne systématique et professionnelle. Nous avons
effectivement maintenant un architecte qui est chargé de l'analyse des
terrains. Outre les questions d'arpentage et de sondage, nous avons
demandé à cet architecte de faire la simulation de construction
de l'immeuble prévu pour être certain que le terrain y convenait.
Nous avons eu dans le passé des expériences où un terrain
choisi ne convenait simplement pas à la construction prévue
là-dessus. Puisque nous n'avons pas encore développé
à ma satisfaction toute l'analyse sociologique de l'implantation des
bâtisses, ce que nous essayons de faire dans cette période
intérimaire, c'est de nous fier à la connaissance du milieu
qu'ont les dirigeants municipaux pour nous aider à bien localiser dans
le tissu urbain l'implan-
tation de l'immeuble que l'on appelle logement social.
Et c'est ainsi, M. le Président, que je peux affirmer sans
hésitation que nous avons amélioré considérablement
les procédures dans ce domaine et nous les avons rendues beaucoup plus
professionnelles.
M. Bédard (Chicoutimi): A la page 65 du rapport Gilbert,
la commission dénonce la situation suivante dans des termes
précis: "La commission est très surprise que la
Société d'habitation du Québec s'engage a retenir la plus
basse soumission jugée acceptable, sans même comparer les projets
les uns aux autres. L'application des normes concernant l'acceptabilité
d'un projet n'est pas uniforme et varie autant qu'il y a de projets. En effet,
dans certains cas, on rejette une proposition qui ne porte pas l'estampe de
l'ingénieur qui a fait les plans, bien qu'ils soient dûment
signés, et d'autre part, le lendemain ou quelques jours après, on
juge acceptable une proposition qui comporte le même défaut. Le
même raisonnement s'applique en ce qui concerne les formulaires et les
plans d'implantation."
Je pense que c'est un reproche majeur qui peut se traduire par des
dépenses énormes lorsqu'il n'y a pas de planification dans ce
sens. Est-ce que le ministre est en mesure de nous dire ce qui a
été fait pour corriger la situation?
M. Goldbloom: M. le Président, ce sont
précisément les choses que moi j'ai dénoncées avant
le groupe Gilbert.
M. Bédard (Chicoutimi): Que les journaux ont
dénoncées aussi. Je sais qu'à ce moment-là...
M. Goldbloom: Oui, d'accord, M. le Président. Mais, mon
Dieu, disons une chose bien simple, si tout était allé bien
à la Société d'habitation, je n'aurais pas
éprouvé le besoin de constituer le groupe Gilbert et de faire
faire une enquête.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais, est-ce que le ministre
devient agressif parce que je lui pose des questions que je pense normale pour
une Opposition de poser? On vient d'avoir le rapport Gilbert, il y a des choses
extrêmement graves qui ont été dénoncées par
le rapport Gilbert. En plus du fait qu'il n'y ait pas de politique
d'habitation, on dénonce des choses très précises qui au
bout de la ligne se traduisent par des sommes d'argent très importantes
qui sont dépensées, souvent inutilement et c'est le contribuable,
au bout de la ligne, qui paie.
Il me semble que... Je ne comprends pas l'agressivité soudaine du
ministre...
M. Boutin: C'est parce que vous ne lui donnez pas le temps de
répondre, vous n'avez pas encore compris!
M. Bédard (Chicoutimi): Cela, c'est votre
appréciation.
M. Goldbloom: C'est un peu la mienne. M. Boutin: Vous le
coupez tout le temps. M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai même
pas...
M. Goldbloom: C'est un peu la mienne aussi, M. le
Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne vois pas en quoi je ne vous
ai pas laissé le temps de répondre.
M. Boutin: Vous le coupez à chaque fois.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vous ai posé une
question et vous avez commencé tout de suite sur un ton agressif.
M. Goldbloom: M. le Président, il ne faut pas
exagérer.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne voudrais pas que le ministre
ait l'impression que je me sens coupable en posant des questions concernant les
améliorations possibles...
M. Goldbloom: Non, mais, M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): ... à des choses qui ont
été dénoncées par le rapport Gilbert. C'est le
travail de l'Opposition.
M. Goldbloom: M. le Président, quand le
député de Chicoutimi laisse entendre, en quelque sorte, qu'il a
fallu que les journaux parlent de certaines choses pour que le ministre
déclenche une enquête, je m'excuse, je n'accepte pas cela. J'ai
pris mes responsabilités.
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai dit...
M. Déziel: M. le Président, un instant, le ministre
vient de prendre la parole, il faudrait peut-être le laisser terminer son
exposé.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est parce qu'il m'a mal
interprété.
M. Déziel: Etes-vous d'accord avec moi, M. le
Président?
M. Bédard (Chicoutimi): ... l'article 96, M. le
Président.
M. Déziel: C'est moi qui ai la parole et je demanderais au
ministre de compléter son exposé. J'aimerais bien l'entendre moi
aussi de temps en temps.
Le Président (M. Picard): Le député de
Chicoutimi, je crois, veut invoquer l'article 96.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela, M. le
Président.
Le Président (M. Picard): A ce moment-là, il doit
attendre que le ministre ait terminé.
M. Bédard (Chicoutimi): Parfait, c'est une question de
procédure, j'attendrai, M. le Président.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense qu'il est clair et
simple que ce à quoi fait allusion cet extrait du rapport Gilbert c'est
tout le système d'appels de proposition de développement que j'ai
dénoncé, sans attendre le dépôt du rapport, sans
attendre même la réception du rapport. Lors des crédits de
l'an dernier, même si à l'époque certains dirigeants de la
Société d'habitation du Québec n'étaient pas
d'accord, j'ai annoncé publiquement, lors du débat sur les
crédits, que je n'acceptais plus le système d'appels de
proposition de développement et que j'exigeais que l'on instaure le
système de plans et devis et de soumissions publiques.
Cette transformation, cette seule transformation change de fond en
comble la situation dénoncée par moi-même et ensuite par le
rapport Gilbert. Puisque nous avons obtenu cette transformation, le
problème décrit n'existe à toutes fins pratiques plus.
C'est tout simplement cela que je voulais dire, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'accepte pas tellement
l'explication du ministre; ou encore je me suis peut-être mal
exprimé ou nous n'interprétons pas de la même
manière cette recommandation.
Le ministre me dit que le système a changé, qu'il a
dénoncé le système de soumissions qui existait auparavant,
mais je dois dire que cette recommandation du rapport Gilbert s'applique, quel
que soit le système employé. Le ministre veut-il nous dire que
dorénavant on acceptera la plus basse soumission et que, effectivement,
la comparaison entre les plans, avant d'accepter la plus basse soumission, ne
se fera pas? Est-ce cela qu'implique le nouveau système?
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai nettement l'impression
que le député de Chicoutimi ne comprend pas. Ce qui existait, en
vertu du système que j'ai dénoncé, celui des appels de
proposition de développement, consistait en la réduction de
l'ensemble des critères par lesquels on peut juger et comparer des
projets à un seul, le coût. Avec un cahier très
général de description, la Société d'habitation du
Québec invitait des promoteurs à faire des propositions pour un
nombre X d'unités. Même, à un moment donné, la
rédaction des propositions était d'approximativement un nombre
X.
Quand j'ai constaté cela, j'ai exigé parce qu'il
s'agit d'un projet d'arrêté en conseil que je devais signer
que le mot "approximativement" disparaisse, parce que là on laissait
encore une marge de manoeuvre plus grande et encore on plaçait la
société dans la situation où elle devait comparer des
pommes et des oranges. C'est ça qui n'était pas acceptable, M. le
Président, et c'est ça que veut dire le rapport Gilbert, en
mentionnant qu'on acceptait la soumission la plus basse, sans comparer les
propositions. Les propositions, cependant, n'étaient pas comparables;
c'est aussi simple que cela. La seule raison pour laquelle les propositions
n'étaient pas comparables, c'est parce qu'il n'y avait pas de plans et
devis. Du moment où on a imposé le régime des plans et
devis, les propositions sont devenues comparables parce que chacune
était rédigée en fonction des mêmes plans et des
mêmes devis.
Entre-temps, en attendant et avant de recevoir le rapport Gilbert, j'ai
insisté pour que les projets déjà acceptés en vertu
de l'ancien système d'appel de propositions de développement
soient contrôlés par des professionnels, des architectes et des
ingénieurs de l'extérieur pour que je puisse être
assuré de la réalisation de quelque chose de valable, nonobstant
les lacunes béantes qui existaient dans le système de plans et
devis et les ajustements qui se faisaient dans chaque cas, par la suite,
ajustements qui transformaient le projet original. En effet, après avoir
reçu les propositions de développement, la Société
d'habitation du Québec devait exiger du promoteur le dépôt
de plans et devis d'exécution; les plans et devis d'exécution,
après l'acceptation du projet, en vertu de la proposition initiale de
développement, devaient faire l'objet d'un examen détaillé
et, dans plusieurs cas, il y avait des éléments qui
étaient rejetés.
Mais, M. le Président, il y avait un phénomène que
j'ai constaté avant le rapport Gilbert, c'est que, dans les cas
où la proposition originale devait, en vertu des plans et devis
d'exécution, subir, à la demande de la Société
d'habitation du Québec, des modifications, en règle
générale, ces modifications ne faisaient pas en sorte que
l'augmentation du coût de la première soumission atteigne le
coût proposé par le deuxième plus bas soumissionnaire. J'ai
trouvé cela un peu étrange. Je ne fais pas d'autres commentaires,
M. le Président; c'est simplement une constatation que j'ai faite.
Je me suis dit: Ce n'est pas normal de recevoir une proposition de
développement en vertu d'un cahier général, de
préparer les plans et devis définitifs d'exécution et, par
la suite, d'effectuer des ajustements à la première proposition
qui en transforment la nature de façon sensible et de ne pas retourner
en soumission pour permettre aux autres de dire: Nous aurions prévu ces
choses et pour un prix X qui aurait pu être le même.
Alors, devant tout cela, j'ai fait exactement, et sans attendre le
rapport Gilbert, ce que ce rapport recommandait.
M. Bédard (Chicoutimi): Depuis combien de temps, à
la connaissance du ministre, existait cette norme qui faisait qu'on acceptait
la plus basse soumission, sans comparer les projets? Depuis combien de temps
cette politique d'acceptation la plus basse soumission, que le ministre dit
avoir corrigée même avant que le rapport Gilbert soit
publié, existait-elle?
M. Goldbloom: A ma connaissance, M. le Président,
c'était, depuis à peu près toujours, la pratique de la
Société d'habitation du Québec. Je peux faire erreur en
disant cela. Je ne suis pas allé dans
l'historique afin de savoir, de façon précise, depuis
combien de temps cette pratique existait; elle existait depuis un bon moment
et, quand j'ai convoqué le mot n'est pas trop fort le
président d'alors, avant ma décision de constituer le groupe
Gilbert, je lui ai demandé non seulement verbalement, mais par
écrit également de justifier le système d'appels de
propositions de développement.
Le président du temps l'a fait, de façon
générale, verbalement, et m'a indiqué que, dans les
milieux professionnels, ceux des architectes et des ingénieurs
notamment, les opinions étaient partagées et qu'il y avait des
professionnels qui avaient exprimé, à la Société
d'habitation, l'avis que le système d'appels de propositions de
développement était de nature à permettre
d'épargner des sommes considérables d'argent.
J'ai demandé, par une lettre, que tout cela soit
explicité. Par la suite, M. le Président on se le
rappellera parce que le rapport Gilbert en fait mention, si ma mémoire
est fidèle nous avons reçu des avis de certains corps
professionnels qui ont critiqué, de façon négative, le
système d'appels de propositions de développement,
renforçant ainsi le point de vue que j'avais exprimé. Je me
permets de vous rappeler que je suis médecin de profession et que j'ai
voulu, par respect des autres professions obtenir des avis là-dessus et
ne pas me fier à une opinion que je pouvais avoir et que certains
collègues et collaborateurs pouvaient avoir. Par respect d'un organisme
constitué en vertu d'une loi particulière mais existant comme
société en vertu de la Loi des compagnies, j'ai voulu aussi
inviter cet organisme à s'exprimer, à se justifier.
Quand je n'ai pas obtenu la justification qui me semblait convaincante,
quand je n'ai même pas obtenu une justification qui me semblait
suffisante, à ce moment-là j'ai demandé une enquête
et l'enquête a confirmé l'opinion que je m'étais faite.
M. Bédard (Chicoutimi): Maintenant que le système
est changé, qu'on n'accepte plus la plus basse soumission mais qu'on se
permet de comparer, étant donné qu'on oblige la
présentation de plans et devis, j'imagine que cette pratique peut
être une des conséquences qui font que de plus en plus de
professionnels compétents, ingénieurs ou architectes, sont
nécessaires afin de pouvoir faire cette étude qui est bien
technique, bien professionnelle sur ce plan précis.
M. Goldbloom: Non, M. le Président, je ne crois pas que le
fait d'avoir amélioré le système d'appels de soumissions
entraîne nécessairement, et pour les raisons que j'ai
déjà exposées ce matin, une augmentation du personnel. Je
dirai que cette situation améliorée exige une contribution
professionnelle accrue. Cela ne fait pas de doute. Mais cette contribution peut
venir de l'entreprise privée comme de l'intérieur de la
société d'habitation. Je voulais faire cette distinction.
Je voudrais aussi faire une distinction parce que, je pense bien, par
inadvertance, le député de
Chicoutimi a dit tout à l'heure que la société
n'accepte plus la plus basse soumission. Ce n'est pas le cas. On accepte
toujours la plus basse soumission...
M. Bédard (Chicoutimi): Non, non, on s'entend
là...
M. Goldbloom: ... mais c'est...
M. Bédard (Chicoutimi): ... au niveau de la discussion,
elle n'est pas obligée.
M. Goldbloom: ... autrement.
M. Bédard (Chicoutimi): Elle n'est pas obligée
d'accepter nécessairement la plus basse soumission.
M. Goldbloom: Non, M. le Président, je m'excuse...
M. Bédard (Chicoutimi): II y a lieu... M. Déziel:
M. le Président...
M. Goldbloom: ... ce principe est fondamental et l'on doit
accepter la plus basse soumission conforme. C'est un principe absolu de
l'administration publique. Il faut des raisons majeures et probantes pour
accepter que l'on écarte la soumission la plus basse pour en accepter la
deuxième ou la troisième. La différence est celle que j'ai
expliquée, que les soumissions d'aujourd'hui sont formulées en
vertu de plans et devis uniques et sont donc comparables. Tel n'était
pas le cas auparavant. Tout ce que l'on faisait autrefois, c'était
d'accepter des soumissions de nature générale et d'en accepter la
moins coûteuse.
Mais j'ai fait souvent la comparaison que, si l'on veut acheter un
appareil ménager, disons, une lessiveuse, on peut en acheter une pour un
montant moindre ou pour un montant plus élevé et peut-être
que l'on va choisir celle qui coûte un peu plus cher parce que la
qualité sera jugée supérieure. Mais, si l'on exprime par
des plans et devis des exigences, on va se trouver avec un cadre dans lequel
des objets ou, dans le cas qui nous préoccupe, des propositions de
construction soient d'une qualité comparable. Il faut d'abord être
assuré que les soumissions représentent une qualité
comparable, ce qui n'était pas le cas avec...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ce que j'allais dire tout
à l'heure, qu'il y avait la nuance à apporter qu'il y avait la
capacité de comparer, maintenant, au niveau des plans et devis.
M. Goldbloom: Exactement, M. le Président. Je voudrais
ajouter une chose. Quand j'ai recommandé au Conseil des ministres la
nomination d'un nouveau vice-président à la Société
d'habitation du Québec et quand, surtout pendant un certain temps, en
l'absence du président, le vice-président a été
chargé de l'administration de la société, c'est une des
demandes précises que j'ai
formulées. Cette demande était double: D'abord,
d'envisager la transformation des appels de propositions de
développement en plans et devis avec vraies soumissions publiques et,
deuxièmement, que les projets déjà engagés en vertu
des appels de propositions de développement soient
contrôlés strictement, sur le plan professionnel, par des
architectes et des ingénieurs.
Le Président (M. Picard): Le député de
Saint-François.
M. Déziel: Juste une question, M. le Président.
Est-ce que, dans le rapport Gilbert, il est question du Bureau des soumissions
déposées du Québec qui aiderait normalement à la
Société d'habitation du Québec à contrôler
d'une façon qualitative toutes les soumissions qui pourraient être
fournies en l'occurence?
M. Goldbloom: M. le Président, il n'est pas exigé
de la Société d'habitation du Québec de procéder
par l'intermédiaire du Bureau des soumissions déposées.
Des règles ont été édictées à
l'endroit de la société comme à l'endroit d'autres
organismes semblables par le Conseil du trésor. Ce sont ces
règles, qui sont comparables, qui sont suivies par la SHQ.
Le Président (M. Picard): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: M. le Président, lorsqu'on parle de soumissions
publiques, on parle toujours d'accepter le plus bas soumissionnaire.
Ordinairement, lorsqu'on demande de ces soumissions, on exige un
dépôt de 10% et un bond d'exécution d'environ 50%.
Cependant, il peut arriver que certains entrepreneurs puissent soumissionner
pour des choses au-dessus de leur capacité et engager ni plus ni moins
leur solvabilité d'une certaine façon. S'ils manquent leur coup
parce que leur soumission est réellement trop basse, ils peuvent faire
faillite par la même occasion.
On a vu, par exemple, un écart de 20% à 30% avec la
moyenne des autres soumissionnaires. Actuellement, je crois, en Europe ou en
France, on essaie de prendre le plus bas de la moyenne normale.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas un exemple à
suivre.
M. Boutin: Je n'ai pas dit que c'était un exemple à
suivre mais, lorsqu'on tombe, parfois, sur le plus bas et qu'il y a un
écart de 25% à 30%, on peut s'attendre que le gars va
probablement faire faillite s'il n'a pas les reins assez solides. Est-ce qu'il
est envisagé, parfois, de considérer une autre méthode que
la plus basse?
M. Goldbloom: Nous trouvons que, généralement, les
garanties sont fournies par des compagnies d'assurance. Il est vrai qu'au
Québec, dans ce vaste territoire avec de très nombreuses petites
agglomérations, nous avons c'est normal et, dans une bonne mesure
souhaitable des entrepreneurs dont l'envergure des effectifs et des
ressources financières est limitée.
Nous sommes conscients du fait que ces entrepreneurs peuvent avoir
éprouvé une certaine difficulté à fournir des
garanties. Nous essayons d'être juste et équitable parce que c'est
dans notre intérêt, dans bien des cas, que la construction
immobilière ne soit pas concentrée entre les mains de quelques
grosses compagnies. Je reconnais qu'on peut avoir un problème. Je ne
suis pas personnellement expert dans ce domaine au point de pouvoir donner une
réponse plus détaillée en ce moment. Peut-être que
je pourrai obtenir des détails additionnels.
M. le Président, j'aimerais, avec votre permission,
compléter la réponse que je donnais tout à l'heure
à l'honorable député de Saint-François pour lui
indiquer, qu'ayant effectivement réalisé la première
étape d'amélioration, c'est-à-dire l'instauration du
régime de plans et devis et d'appel de soumissions en vertu de
règles édictées par le Conseil du trésor, avec un
contrôle régulier par celui-ci des projets eux-mêmes, nous
allons suivre, pour les prochaines programmations, l'étape suivante qui
sera l'application des soumissions déposées au bureau. Cela,
dès les semaines qui s'en viennent.
Le Président (M. Picard): Secteur de l'habitation,
adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): Ce ne sera pas tellement long, M.
le Président.
Le Président (M. Picard): II n'y a plus de question, je
crois.
M. Bédard (Chicoutimi): Non seulement on va finir le
secteur de l'habitation à cette séance-ci, dans les Affaires
municipales, mais il restera le secteur de l'environnement.
Je continue sur le rapport Gilbert. A la page 68, les commissaires
faisaient ressortir le fait qu'il était impossible pour les inspecteurs
de faire leur travail d'inspection des travaux, et même qu'on ne tenait
pas tellement compte de leurs remarques au niveau de la Société
d'habitation. Dans certains cas, il est arrivé qu'on change d'inspecteur
alors que ce changement était difficilement explicable aux yeux des
commissaires. Entre autres, à la page 69, les commissaires disent: "Ces
inspecteurs et surveillants ont à maintes reprises relevé des
anomalies pendant des périodes allant de huit à dix mois, sans
que ces défauts ne soient corrigés ou que l'entrepreneur n'ait
été ennuyé de quelque façon. En effet, ces derniers
semblent se moquer des remarques de l'inspecteur et du surveillant. Bien
souvent, la Société d'habitation du Québec payait
entièrement l'entrepreneur sans que toutes les
irrégularités signalées n'aient été
corrigées. Pour ce faire, on envoyait sur les chantiers un inspecteur
docile avec tout ce que cela veut dire qui faisait un rapport
indiquant que les travaux étaient entièrement
complétés et recommandait la libération de la retenue.
"
Un peu plus loin, également à la page 70, troisième
paragraphe, sur le même sujet, la commission relatait le cas suivant:
"Dans un dernier cas, un inspecteur fut relevé de ses fonctions
après avoir soulevé, à plusieurs reprises, le manque
d'attention dans le travail, la pose de l'isolation, de la tôle des murs,
etc. Néanmoins, en 1975, des travaux de plus de $100 000 ont
été exécutés sur la toiture et le parement
extérieur? C'était le cas précis d'un inspecteur qui avait
été relevé de ses fonctions.
A la page 72, concernant toujours le travail des inspecteurs, les
commissaires vont jusqu'à dire ceci: "D'après les
témoignages reçus, les inspecteurs de la société
auraient des instructions de ne pas faire d'inspection plus d'une fois par
mois." Ce sont les premiers crédits que nous avons depuis que le rapport
Gilbert a été déposé. Ce sont assurément des
constatations de taille; ce sont des déficiences très graves qui
ont été portées à la connaissance du ministre et de
la Société d'habitation du Québec par le rapport Gilbert.
Je pense qu'il n'est pas nécessaire d'élaborer longtemps pour
envisager toutes les conséquences financières, toutes les
conséquences de fonctionnement valable, en termes de construction
d'habitations, qu'une telle situation pouvait occasionner, pouvait engendrer.
Sur ces points précis, très importants, qui font l'objet de
reproches très bien détaillés du rapport Gilbert,
j'aimerais avoir les commentaires du ministre, et savoir si cette situation
déplorable a été corrigée.
M. Goldbloom: Oui, cette situation a été
corrigée et je dois corriger autre chose. Le député de
Chicoutimi a dit que nous en étions informés par le rapport
Gilbert. Le rapport Gilbert n'est venu que confirmer...
M. Bédard (Chicoutimi): Non.
M. Goldbloom: ... ce que je savais déjà. Puisque je
le savais déjà avant de recevoir le rapport Gilbert, j'ai
insisté pour qu'il y ait un contrôle professionnel de toutes ces
considérations. J'ai fait nommer des architectes comme surveillants de
chantier et j'ai exigé que l'architecte signe son approbation des
changements, qu'il engage sa responsabilité professionnelle à
l'égard de ces changements et signe aussi les certificats de paiement
avant que le paiement ne soit fait.
C'est justement parce que j'étais bien au courant d'une situation
qui était inacceptable que j'ai voulu agir et agir sans attendre qu'un
rapport me soit soumis, parce que j'avais une confirmation assez convaincante
à même les témoignages que j'ai pu avoir. J'ai
constaté, pour vous donner un exemple, que, par rapport, toujours, au
système d'appels de propositions de développement, l'architecte
à l'emploi de la Société d'habitation du Québec
signait les plans originaux et, généralement, n'était pas
invité à se prononcer sur les modifications apportées
à ces plans. Je trouvais cela inacceptable. Si on ajoute à cela
le fait que ce même architecte, comme les ingénieurs, n'avait pas
la possibilité d'aller sur le chantier contrôler ce qui se
faisait, c'était une situation que je ne pouvais pas accepter, que je
n'ai pas acceptée et dont j'ai demandé la correction avant
même le déclenchement de l'enquête et l'obtention du
rapport.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vois que le ministre confirme
ces constatations faites par le rapport Gilbert et, tel qu'il nous le dit, il
les confirme d'autant plus qu'il les avait constatées lui-même
auparavant et qu'il a essayé d'y apporter...
M. Déziel: II les avait corrigées.
M. Bédard (Chicoutimi): Bien oui, laissez-nous finir notre
phrase. Pour bien traduire le ministre, il a pris les dispositions
nécessaires pour corriger le plus efficacement possible cette situation.
Le ministre nous dit aussi que, par des témoignages reçus ou
autrement, il connaissait, préalablement au rapport Gilbert ces
faits.
Comme ce sont des faits extrêmement graves, puisqu'on parle
d'impossibilité des inspecteurs de faire leur travail, du fait qu'on ne
tenait pas compte de leurs remarques, que cela pouvait aller jusqu'à ce
qu'il y ait de la part de la SHQ des instructions à l'effet de ne pas
faire d'inspection autant qu'il aurait fallu en faire, j'imagine que, dans son
enquête, le ministre a pu constater cette situation. Je voudrais savoir
si cette situation était due au système ou était due
à l'action de certaines personnes à l'intérieur de la SHQ.
Une telle situation peut difficilement être rendue possible simplement
par un système ou un autre.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que la
réponse est essentiellement que le système qui existait
comportait un laisser-aller qui ouvrait la porte à des actions par des
individus. Alors, il fallait reserrer le système, le rendre
étanche afin d'éviter que des individus puissent en profiter pour
poser des gestes qui étaient tellement souples, quant à leur
application et leur contrôle, que l'intérêt public
n'était pas adéquatement protégé. Il était
inacceptable que l'intérêt public ne soit pas
protégé et c'est pour cela que j'ai agi.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre nous dit que le
système était déficient on en convient mais
que certaines personnes, que ce soit en raison du système ou que ce soit
de leur propre mouvement, ont posé des gestes gravement fautifs, c'est
le moins qu'on puisse dire. Est-ce que des mesures particulières ont
été prises contre ces personnes à l'emploi de la SHQ, et
est-ce que cela touchait beaucoup de personnes, est-ce que cela donnait
l'impression d'une sorte de petit système installé à
l'intérieur de la SHQ?
M. Goldbloom: M. le Président, la question que je viens
d'entendre convient à un député, mais je me demande dans
quelle mesure et c'est de façon très respectueuse et calme
que je le dis elle convient à un avocat. Quand on pose des
questions de cette nature...
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que je puis vous
répondre?
M. Goldbloom: ... on implique une question de preuve et je pense
que c'est dans cette notion de preuve que doit se situer ma réponse.
Dans la mesure où nous avons pu établir des
éléments de preuve, que je devrai qualifier de bribes de preuve,
nous les avons soumis au ministère de la Justice. J'ai
déjà dit, à plusieurs reprises, que le nombre de personnes
visées par des bribes de preuve qui devait, dans plusieurs cas,
être qualifiée de rumeur est fort restreint et que nous
avons demandé au ministère de la Justice d'agir selon son
jugement dans les cas où nous avions des choses à lui rapporter.
Et c'est la seule réponse que je peux donner au député de
Chicoutimi, quand il parle de gestes à caractère grave, gestes
qui, de façon grave, iraient à l'encontre du bien commun, de
l'intérêt public.
A ce moment-là, si j'ai parlé d'une question de
député, il me semble qu'on doit se prévaloir d'une
certaine immunité parlementaire pour dire de telles choses si,
véritablement, on implique des preuves contre des personnes. S'il y a
des preuves c'est au ministère de la Justice de les constituer, de les
apprécier et de déterminer leur utilisation.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre lui-même a dit
qu'il avait fait son enquête avant même que le rapport Gilbert ne
la commence; de témoignages reçus, il avait pu constater que des
anomalies aussi graves que celles que nous avons mentionnées tout
à l'heure se produisaient à l'intérieur de la SHQ, que ce
soit l'impossibilité pour les inspecteurs de faire leur travail ou
encore la mise de côté systématique de leurs remarques ou
encore même des instructions à l'effet de ne pas faire les
inspections plus qu'il ne le fallait. Si, d'une part, j'en conviens, cela peut
aller jusqu'à une responsabilité criminelle et relever du
ministre de la Justice, cela touche également la compétence de
certaines personnes à l'intérieur de la SHQ, dans l'exercice de
leurs fonctions, en regard de l'intérêt public.
Voici ce que je veux savoir au sujet de ces personnes, et je ne parle
pas de l'aspect criminel, mais de la responsabilité publique que
pouvaient avoir ces employés à l'intérieur de la SHQ. S'il
n'y a pas eu de poursuite au criminel il n'y en a pas eu à ma
connaissance dois-je conclure que toutes les personnes en question sont
demeurées en fonction? Je pose cette question simplement sur l'aspect de
la responsabilité publique d'un ou de fonctionnaires.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai constaté, par
le bon sens que je pouvais appliquer à l'examen de la situation, des
pratiques qui me semblaient inacceptables. J'ai constaté une protection
qui était, à mes yeux, inadéquate de
l'intérêt public. J'ai constaté un climat qui me donnait
l'impression d'un laisser-aller, d'un manque de rigueur dans les pratiques de
surveillance et d'exécution.
Ce que j'ai voulu faire c'est, tout simplement, obtenir
l'établissement de règles précises et, deux-
ièmement, obtenir l'encadrement des personnes qui auraient pu être
exposées à une tentation et qui étaient, au moins,
placées dans ce climat de laisser-aller auquel j'ai fait allusion, afin
que des pratiques professionnelles acceptables soient instaurées et afin
que le bien commun soit protégé ainsi.
Je ne voudrais pas aller plus loin que cela, M. le Président,
sauf pour répondre à la dernière question du
député de Chicoutimi. A ma connaissance, sans avoir
vérifié tous les postes et tous les noms, essentiellement les
personnes sont toujours en place. Le député de Chicoutimi
admettra avec moi que. même si l'on n'invoque pas des
considérations d'ordre criminel, même dans la gestion de la
fonction publique il faut des preuves pour modifier certaines affectations et
pour déplacer des personnes.
Ce n'est pas à la légère qu'on peut faire cela et,
dans plusieurs cas, la solution envisagée un peu partout dans l'appareil
gouvernemental est de bien encadrer et de bien surveiller des personnes dont le
rendement n'a pas donné satisfaction auparavant. Je ne voudrais pas
aller plus loin que cela, M. le Président; si l'on me fournit des
éléments de preuve que je ne possède pas, j'agirai en
conséquence.
M. Bédard (Chicoutimi ): Sauf que le ministre nous a
très bien mentionné, tout à l'heure, que
préalablement au rapport Gilbert, à la suite de
témoignages reçus, il avait lui-même constaté
certaines situations inacceptables. Le rapport Gilbert mentionne aussi que et
je cite textuellement, "d'après des témoignages reçus, les
inspecteurs de la société auraient des instructions de ne pas
faire d'inspection plus d'une fois par mois. " Le ministre admettra que cela
commence à constituer des éléments de preuve. Mais je ne
veux pas demeurer simplement sur ce terrain, puisque le ministre m'a dit que
toutes les personnes étaient en place mais qu'il avait
procédé, pour employer son expression, à un encadrement de
ces personnes, de manière à les mettre plus loin du fruit
défendu ou de les placer dans un climat ou dans des situations telles
que la récidive puisse être difficile ou que la continuation de
certaines activités puisse être difficile. Le ministre nous a
également dit qu'il avait constaté, pour employer son expression
entre guillemets, "des pratiques inacceptables." Ce que je voudrais savoir sans
vouloir demander de noms, sans vouloir mentionner quiconque, au niveau des
pratiques inacceptables, c'est si une des pratiques aurait pu aller
jusqu'à la situation permettant à quelqu'un qui travaillait pour
la Société d'habitation du Québec, d'être en
même temps, actionnaire dans des compagnies d'habitation ou quelque chose
de cette nature. Cela pouvait-il aller jusque là?
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai demandé
à la société d'examiner les intérêts que
pouvait avoir chacun de ses membres à l'extérieur du
gouvernement. J'ai demandé cela de façon très
précise à M. Lucien Saulnier quand il est devenu président
de la Société d'habitation du Québec. Il a
sommé
chacun des membres de la société je présume
que c'étaient des fonctionnnaires, peut-être n'était-ce pas
à tous les niveaux, mais certainement au niveau de commande, au niveau
supérieur de fournir la preuve qu'il n'était pas en
conflit d'intérêts. Nous avons justement cherché à
déterminer s'il y avait des personnes qui avaient en même temps
des intérêts à l'extérieur de la
société, mais dans le domaine de la construction, des personnes
qui pouvaient en même temps transiger avec la société.
Je répète ce que j'ai dit tout à l'heure et ce que
j'ai dit l'an dernier, c'est-à-dire que le nombre de personnes qui, pour
quelque raison que ce soit, y compris celle que vient d'invoquer le
député de Chicoutimi, aurait pu faire l'objet d'un examen de leur
dossier et de leurs activités par le ministère de la Justice, est
un nombre fort restreint.
M. Bédard (Chicoutimi): J'en suis convaincu.
M. Goldbloom: Pour définir l'expression "fort restreint",
je veux dire un nombre qui peut être compté sur les doigts d'une
seule main. Alors, je pense que cela donne un ordre de grandeur très
clair.
Mais, M. le Président, je voudrais faire une distinction, qui ne
me semblait pas claire dans les questions du député de
Chicoutimi, entre des pratiques inacceptables sur le plan professionnel et la
possibilité de gestes qui pourraient intéresser le
ministère de la Justice. Il y a une différence, je pense que tout
le monde l'admettra. Je pouvais avoir entendu des rumeurs et je pouvais
demander au groupe Gilbert de poursuivre un examen de ces rumeurs, mais ce qui
me préoccupait de façon immédiate, ce n'était pas,
premièrement et avant toute autre considération, la constitution
d'une preuve contre une personne qui aurait pu agir de façon à
s'exposer a des poursuites; c'étaient des pratiques strictement
professionnelles qui sautaient aux yeux et qui n'étaient pas
acceptables, et, justement, des questions d'inspection, des questions de
surveillance du chantier et la qualité des résultats.
C'est dans ce domaine que je ne sentais pas le besoin d'avoir une preuve
quelconque pour agir. Ce n'était pas une question de choses
justiciables; c'était une question de pratique ordinaire, de gros bon
sens et de contrôle. C'est dans ce domaine que j'ai dit: II faut
absolument que les professionnels soient affranchis des contraintes
inacceptables imposées sur le plan administratif par la
Société d'habitation. J'ai dit: II faut mettre fin à ce
régime de défense d'aller sur le chantier, à ce
régime de restrictions sur l'action de l'inspecteur, au manque de
coordination entre ce que pouvait constater l'inspecteur et les mesures prises
pour obtenir la correction.
C'est ainsi que, d'abord, j'ai obtenu une certaine amélioration
et que, par la suite, j'ai obtenu une collaboration plus globale qui se traduit
par la rédaction de ces cahiers qui sont sur la table de cette
commission parlementaire et qui définissent clairement, à
l'intention de tous les intéressés, les façons d'agir sur
le chantier pour protéger l'intérêt public.
M. Bédard (Chicoutimi): Bon, sur ce point, je terminerai
ici, M. le Président. Je comprends qu'il y avait l'autre aspect des
conflits d'intérêts; je ne veux pas aller plus loin dans mes
questions au ministre. Je pense qu'il peut difficilement me donner une
réponse sur la question de possibilité de conflits
d'intérêts pour certaines personnes.
M. Goldbloom: M. le Président, qu'il soit clair que
là où on nous a suggéré, qui que ce soit, qu'il y
avait une possibilité de conflit d'intérêts dans le cas
d'une personne ou d'une autre, nous avons obtenu les renseignements que nous
pouvions obtenir, nous les avons transmis au ministère de la Justice et
nous avons demandé au ministre de la Justice de les examiner et d'aller
plus loin si possible et s'il le jugeait nécessaire et opportun.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends que, sur cet aspect,
c'est plutôt le ministre de la Justice qui serait en mesure de nous
répondre.
Une dernière question...
M. Caron: En tout cas, s'il y en a qui avaient des
intérêts, ils ne s'en vantaient pas.
M. Bédard (Chicoutimi): D'ordinaire, on ne se vante pas de
ces choses, surtout dans le contexte dont on parle.
Concernant l'habitation, au milieu de l'année 1975,
suppléant nécessairement à une sorte de carence que ces
gens décelaient au niveau du ministère des Affaires municipales,
surtout en matière d'habitation, deux étudiants de
l'Université Laval ont tenu une enquête serrée sur les
coûts des habitations publiques au Québec.
Cette enquête a quand même fait l'objet de plusieurs
articles dans les journaux. Ces deux étudiants ont exprimé ce
coût moyen d'un logement subventionné de la manière
suivante:
Le coût moyen est obtenu selon eux de la
façon suivante. Les étudiants ont tenu compte du déficit
anticipé pour l'année 1975 de l'Office municipal d'habitation.
Ils l'ont divisé par le nombre total des pièces de tous les
logements pour être en mesure de déterminer le déficit
moyen de chacun des appartements compte tenu de leur grandeur. A ce montant,
ils ont ajouté le coût moyen payé par les locataires, soit
$78 par mois. Ainsi, ils ont établi comme suit le coût des
logements: "$187.50 pour un studio; "$242.25 pour une chambre à coucher;
"$297 pour deux chambres; "$351.75 pour trois chambres; "$406.50 pour quatre
chambres; "$461.25 pour cinq chambres; "$516 pour six chambres".
En somme, ils en arrivaient à la conclusion que c'est ce qu'il en
coûtait pour les conciergeries de luxe de la région de
Québec. Ils émettaient l'opinion que, pour cette raison... Mais
c'est en dehors du sujet. Je voudrais plutôt m'en tenir à cette
étude et aux conclusions auxquelles sont arrivés les deux
étudiants en question, au niveau de leur étude, à savoir
que les coûts, tels que je les ai énoncés tout à
l'heure, avaient comme conséquence, dans leur esprit, de les amener
à conclure
qu'il en coûtait aussi cher pour les conciergeries de luxe de la
région de Québec.
Je voudrais savoir si des études ont été faites et
si le ministre serait en mesure de nous faire certaines remarques concernant
cette étude précise qui a été faite par les
étudiants.
M. Goldbloom: M. le Président, il est évident que
nous sommes appelés à payer de fortes sommes pour combler
l'écart entre ce que peuvent se permettre de payer les locataires des
logements municipaux et le coût réel du loyer. Ce coût
réel, tenant compte de tous les facteurs... J'ai déjà
indiqué à plusieurs reprises que l'entreprise publique est
obligée de comptabiliser tous les facteurs, elle ne peut jouir
elle-même des avantages des subsides indirects consentis à
l'entreprise privée. Il y a des coûts, comprenant l'amortissement
de la dette et ainsi de suite, qui font que nous devons payer assez cher le
logement de ces personnes et familles mais c'est un devoir social de le
faire.
J'ai indiqué pourquoi on pourrait possiblement trouver des
appartements qui coûteraient moins cher en loyer que des immeubles
construits par l'entreprise privée. C'est une chose qu'il faudra
regarder. Mais il me semble que nous devons, dans l'état actuel des
choses et pour un certain temps, au moins, continuer de construire pour le
bénéfice des personnes et familles qui ne peuvent s'adresser au
marché.
Les chiffres que l'on obtient pour une agglomération ne sont pas
nécessairement ceux que l'on va trouver partout dans la province. Il
serait logique, je crois, de penser qu'on pourrait trouver des chiffres
moindres à l'extérieur des grands centres pour le coût
d'une unité de logement.
Effectivement, quand nous avons fait faire certaines analyses par la
Société d'habitation du Québec, nous sommes arrivés
à une moyenne de déficit mensuel pour les logements municipaux de
$134 et quelques cents pour 1974 et de $180, budgétisés pour
1975. Je me permets de vous rappeler que les déficits d'exploitation
sont comblés à 50% par le gouvernement fédéral,
à 40% par le gouvernement du Québec et à 10% par la
municipalité.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre pourrait-il
déposer ces études auxquelles il se réfère?
M. Goldbloom: M. le Président, je viens, de façon
non intentionnelle, d'induire la commission parlementaire en erreur quant aux
dates. Le chiffre de $134 était pour l'année 1975, pas pour 1974,
et celui de $180 est celui dont on se sert pour le budget de 1976, non 1975. Je
voudrais corriger cela.
M. Bédard (Chicoutimi): II reste que les conclusions
auxquelles arrive cette étude que je viens de mentionner des
étudiants en question sont significatives. Leurs conclusions
équivalent à dire que les constructions d'habitations publiques
se font à des prix plus élevés ou tout au moins
équivalents à ceux de la construction de conciergeries de luxe
comme il s'en construit à Québec ou encore des constructions
comme Jar- dins Méricie, ici à Québec. Si je
soulève ce point, c'est pour savoir s'il y a vraiment un effort
d'imagination qui peut être fait par la SHQ au niveau d'une recherche
approfondie afin de voir comment on peut diminuer les coûts. Il me semble
que, s'il y a des sommes d'argent relativement minimes qui pourraient
être bien placées, ce serait à mon sens dans un cas
précis comme celui-là. On pourrait affecter quelques deniers
publics pour une étude afin de voir jusqu'à quel point on peut,
techniquement parlant, diminuer les coûts de construction d'habitations
publiques.
M. Goldbloom: M. le Président, il y a plusieurs
éléments de réponse que je voudrais donner à cette
question. Nous avons, effectivement, pris connaissance de l'escalade des
coûts dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres et nous avons voulu
trouver des solutions de rechange. Je dois souligner que c'est plus difficile
de trouver et de mettre en application des solutions de rechange dans le
contexte actuel d'un très bas taux d'inoccupation. Autrement dit, la
principale responsabilité, à mes yeux, est d'augmenter le stock
de logements, d'augmenter le total d'untiés de logement disposnibles. Ce
ne sera que quand nous aurons augmenté la disponibilité totale,
augmenté le taux d'inoccupation que nous pourrons, alors, envisager une
action par rapport au stock existant pour essayer d'insérer dans le
tissus urbain, mais de façon éparpillée plutôt que
de façon concentrée dans des immeubles identifiés comme
logements publics, les familles et personnes qui ont besoin d'aide.
D'abord, il faut augmenter le stock et, pour ce faire, à mon
sens, la Société d'habitation devra poursuivre, pour encore un
certain nombre d'années mais pas nécessairement un nombre
très élevé, son programme de construction.
Deuxièmement, nous avons...
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous me permettez, justement,
sur ce point de la nécessité d'augmenter le stock de logements,
étant donné les coûts que cela représente, les
centaines de millions que cela peut représenter au bout de la ligne,
est-ce que cela ne fait pas plutôt ressortir l'urgence qu'il y aurait de
faire une étude précise, rapide sur les possibilités de
diminuer les coûts? Tout cela pourrait peut-être se traduire par
une diminution des coûts de construction, permettre d'en construire plus
pour les mêmes montants affectés à ce programme.
M. Goldbloom: Très sereinement, je suis obligé de
vous dire que j'aurais, encore une fois, aimé que l'honorable
député de Chicoutimi me permette de compléter ma
réponse. J'allais dire, en deuxième lieu, que nous pouvons
envisager une augmentation du stock de logements par le truchement de
l'entreprise privée. C'est un effort mené depuis un certain
nombre d'années, particulièrement par la Société
centrale d'hypothèques et de logement, mais les résultats n'ont
jamais, à mon sens, atteint les aspirations de la société
centrale et du gouvernement fédéral.
Nous avons vu des systèmes de dividendes limités et
d'autres encouragements. A chaque conférence
fédérale-provinciale sur le logement, le gouvernement
fédéral exprime le désir que l'entreprise privée
s'implique davantage et cherche à faciliter le financement de
l'entreprise privée par rapport à l'habitation. Je pense que dans
une situation où les efforts du gouvernement fédéral, avec
ses ressources plus importantes que les nôtres, n'ont pas
véritablement réussi à effectuer le déblocage que
nous aurions souhaité, il ne serait pas logique de dire que le
gouvernement du Québec va s'introduire, outre sa responsabilité
directe et immédiate, dans le domaine du logement social dans un effort
d'influencer le marché pour faire augmenter la production des
unités de logement, mais c'est une chose à envisager au fur et
à mesure que nous pourrons raffiner une analyse du comportement du
marché.
Finalement, je voudrais ajouter que, justement, j'ai demandé
à la Société d'habitation du Québec, et notamment
à un membre du conseil d'administration, en l'occurence le
vice-président, de faire la ventilation de tous les
éléments qui constituent le coût d'une unité de
logement, y compris les coûts des matériaux, le coût de la
main-d'oeuvre, les taxes qui sont imposées à divers niveaux et
à diverses étapes et de nous permettre ainsi c'est une
chose qui commence présentement d'analyser chaque
élément de façon à voir s'il y a moyen de
réduire le coût global d'une unité de logement.
Est-ce logique, par exemple c'est une question que j'ai
posée et je n'ai pas encore la réponse, mais elle s'en vient, la
documentation se compile présentement pour les paliers de
gouvernement de taxer des éléments du coût de revient d'une
unité de logement et de subventionner d'une autre façon par la
suite? C'est une question fort simple que l'on peut se poser. La réponse
est complexe parce qu'il y a des taxes qui s'appliquent directement et
indirectement à toutes les étapes du cheminement de la
construction. C'est comme cela que nous avons commencé une analyse.
Nous allons fournir le résultat de cette analyse au comité
ministériel. Peut-être que cela nous permettra justement de
trouver un moyen de réduire le coût de revient d'une unité
de logement, surtout quand la responsabilité publique est directement
impliquée par rapport aux logements sociaux.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant ce travail de
ventilation que vous avez confié au vice-président de la
Sociétét d'habitation du Québec, je comprends l'ampleur de
l'étude que cela peut représenter, puis son importance aussi,
est-ce que le ministre est en mesure de nous donner, peut-être, un
échéancier de réalisation de cette étude et,
lorsqu'elle sera faite, est-ce qu'il est de l'intention du ministre de la
rendre publique?
M. Goldbloom: Au premier abord, M. le Président, je ne
vois pas d'objection ou de difficulté à rendre un tel document
public. C'est un document technique; c'est en quelque sorte un appui tech-
nique à des travaux encore plus sophistiqués qui consisteraient
à déterminer une politique d'action par rapport aux
données que l'on pourrait compiler. Alors, il n'y a rien de sorcier
là-dedans. Je pense que ce sont des choses que l'on pourrait faire.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour quelle date le ministre
a-t-il demandé cette étude?
M. Goldbloom: Au cours de cette année, M. le
Président, parce que le comité ministériel s'est
donné comme échéancier l'année 1976 pour essayer de
tirer des conclusions. Ce sera un élément de la documentation qui
pourra alimenter les réflexions du comité ministériel.
Puisqu'il s'agit d'un seul élément à l'intérieur
d'un ensemble, je pense que je devrai réserver mon engagement quant
à la publication des documents pour permettre au comité
ministériel de prendre connaissance du tout.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. Comme le travail ne doit
pas manquer pour le vice-président de la Société
d'habitation du Québec, est-ce que le ministre a pensé à
la possibilité aussi de requérir, peut-être, les services
des facultés d'architecture dans la poursuite d'une telle recherche
concernant les techniques de construction et les coûts de
matériaux? Ceci pour qu'on ait un peu plus d'imagination de ce
côté et d'approfondissement quant à l'évaluation des
coûts de construction.
Ces facultés d'architecture, si l'on requérait leurs
services en termes d'analyse technique de construction, en fonction de
maintenant et en fonction du futur aussi, pourraient constituer des
réservoirs très importants, très intéressants pour
le ministre.
M. Goldbloom: M. le Président, il est évident que
nous sommes intéressés à obtenir les lumières que
peuvent fournir les universitaires, comme toute autre personne qui a une
expérience valable dans ce domaine. Nous avons aussi
déterminé un certain programme de consultation avec d'autres
ministères. J'ai parlé, tout à l'heure, de la notion d'une
intervention qui aurait pour but d'encourager le marché à
produire davantage. Dans cela, nous avons engagé des conversations avec
le ministère de l'Industrie et du Commerce qui est, de toute
évidence, impliqué. Alors, nous n'allons certainement pas rejeter
les hypothèses.
M. Bédard (Chicoutimi): On n'en est pas tellement sur la
quantité je pense que le ministre nous comprend bien que
sur la qualité des techniques de construction, sur la valeur des
ma-térieux, sur la qualité des matériaux, etc. Puisque je
pense que tous les membres de la commission sont d'accord que de telles
études ne peuvent être qu'une bonne chose, même
représentent une nécessité, est-ce que les crédits,
à l'heure actuelle, permettent au ministre de faire de telles
études.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, je ne di-
rais pas que ces crédits se chiffrent par millions, mais on
n'aurait pas besoin de millions pour cela. Il y a, à la
Société d'habitation, certains crédits qui permettraient
de retenir les services de groupes de chercheurs pour poursuivre de tels
travaux. M. le Président, j'aimerais...
M. Bédard (Chicoutimi): On comprend que cela va se
faire!
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, cela va se faire. Sans
que je m'engage à identifier les groupes avec lesquels nous allons
travailler, nous allons certainement poursuivre un travail dans ce sens.
J'aimerais compléter des réponses que j'ai données
tout à l'heure par certains renseignements chiffrés qui
pourraient intéresser la commission. Si l'on regarde le coût d'une
unité de logement comprenant 1000 pieds carrés de superficie
cela représente normalement une unité avec trois chambres
à coucher on voit que les déboursés, par mois, se
chiffrent par $429. C'est une moyenne qu'on me fournit, chiffres de 1975,
évidemment. Les remboursements hypothécaires représentent
$280; les taxes $68; l'entretien $81. On voit qu'il y a là des montants
assez considérables qui impliquent nécessairement, par rapport
à la capacité de payer de beaucoup de familles
québécoises, un écart qui doit être comblé
par des subventions. On n'a pas le choix.
M. Bédard (Chicoutimi): En effet.
M. Goldbloom: II va sans dire que celui qui est appelé
à payer des subventions a intérêt à minimiser cet
écart dans toute la mesure du possible.
M. Déziel: M. le Président, puis-je poser une
question?
Le Président (M. Picard): Le député de
Saint-François.
M. Déziel: II était très intéressant
d'entendre ces révélations, M. le ministre, mais croyez-vous
qu'éventuellement il pourrait y avoir des mesures fiscales
d'envisagées pour les investisseurs privés? Je pense à
ceux qui vont bâtir des logements à prix modique. Ils pourraient
probablement en avoir l'entretien par la suite et il y aurait des allocations
de logement de fournies, telles que prévues par le Conseil du
patronat.
M. Goldbloom: Pour donner une réponse qui sera
forcément générale, M. le Président, je pense qu'il
y a une philosophie à déterminer dans cela. Est-ce que notre but
est d'aider, assez directement, l'entreprise privée, ou est-ce que notre
but est d'encourager le libre jeu du marché et d'aider plutôt au
niveau de la demande, c'est-à-dire au niveau de la possibilité
des familles et des personnes de s'adresser au marché et d'obtenir un
logement convenable? Si je pouvais déceler une tendance dans la
pensée qui semble s'exprimer dans les milieux informés, je dirais
que nous constatons un effort de réorientation de l'approche qui,
jusqu'à maintenant, a été surtout une approche d'aide au
niveau de la construction, d'encouragement à la production, pour adopter
plutôt l'idée d'aider directement les personnes et de permettre au
marché d'établir ses propres niveaux et même sa propre
productivité, par rapport à la demande, et d'essayer d'augmenter
cette demande en rendant de plus en plus de familles capables de s'adresser au
marché, à cause de l'aide financière qu'on leur
donnerait.
Alors, il y a là-dedans toute une question de politique de revenu
et d'appui au revenu, par rapport au besoin logement. Mais, c'est une
évolution dans la philosophie qui doit se traduire par une politique
quelconque.
Je pense que la réponse que je peux donner à mon
collègue de Saint-François, c'est que la pensée qui nous
animait lors de l'atelier dont j'ai parlé au congrès du Parti
libéral et la pensée qui nous a animés dans d'autres
discussions a été et c'est justement ce dont parle le
rapport Caston-guay de rendre de plus en plus de personnes et de
familles capables, non seulement de s'adresser au marché, mais,
effectivement par ce fait, d'influencer le marché. Je pense que, dans
notre philosophie de la société et de l'économie
québécoise canadienne, nous avons ce désir d'agir de ce
côté et d'encourager ainsi la libre entreprise plutôt que de
voir une socialisation grandissante, même par rapport à un besoin
absolument indéniable et indiscutable.
M. Bédard (Chicoutimi): Le gouvernement a-t-il la
politique d'augmenter de plus en plus son aide aux sociétés
coopératives d'habitation?
M. Goldbloom: Le secteur de la coopération a connu
certaines mauvaises expériences dans le domaine de l'habitation et je
pense qu'il y a beaucoup de gens des deux côtés qui se comportent
aujourd'hui comme le chat échaudé traditionnel. Il y a, quand
même, certains pourparlers qui sont en cours depuis un certain nombre de
semaines, je dirais, pour ne pas exagérer, avec le mouvement
coopératif et j'ai cru comprendre récemment qu'il y a un colloque
qui est prévu prochainement, qui portera sur cette question.
Je pense qu'il y a une distinction à faire entre les
coopératives de construction et les coopératives de gestion. Il y
a peut-être certaines économies à réaliser dans la
formule de la coopérative de construction; la coopérative de
gestion peut avoir des avantages, mais surtout à un autre titre, dans le
sens que les chiffres que je viens de donner sont là pour à peu
près n'importe quelle sorte de bâtiment. Il faut payer le
coût réel de l'entretien, les taxes, le coût réel de
l'amortissement. Il m'est un peu difficile de constater comment une gestion
sauf pour l'élément profit, d'accord... Mais je pense que
présentement on parle d'autre chose; on parle de la
copropriété et celle-ci est une formule à
expérimenter, mais qui, dans la période récente de notre
histoire, a impliqué certaines difficultés. L'on sait qu'il y a
un moratoire qui a été imposé sur la conversion en
condominium,
qui est une forme de copropriété d'immeubles qui,
aujourd'hui, sont à location, parce que justement cette conversion a eu
tendance à rendre plus difficile l'obtention d'un logement convenable
pour les personnes qui sont actuellement les locataires de ces immeubles.
Je pense que nous avons des discussions valables à poursuivre et
qu'il faudra commencer par faire la distinction que je viens de faire.
M. Bédard (Chicoutimi): Les coopératives
d'habitation, j'ai bien l'impression, jusqu'à maintenant en tout cas
si la situation s'améliore tant mieux qu'elles
étaient reçues avec beaucoup moins de sympathie par la SHQ. Je
comprends qu'il y a eu de mauvaises expériences, mais ces
expériences sont peut-être dues au fait que l'aide à
laquelle elles auraient dû s'attendre n'est pas venue au bon moment. Ceci
peut représenter une des causes de certaines expériences
malheureuses. Le ministre nous dit que présentement, depuis quelques
semaines, il est en contact avec le mouvement coopératif dans ce
domaine.
Je crois que c'est extrêmement important que le gouvernement donne
une véritable aide aux sociétés coopératives
d'habitation.
M. Goldbloom: M. le Président, nous avons tous beaucoup de
respect et d'estime pour le mouvement coopératif qui a contribué,
de façon significative, à l'évolution positive du
Québec. Il y a des réalités auxquelles on ne peut
simplement pas échapper. Il y a des bâtiments qui ont
été créés par des coopératives d'habitation,
qui accusent aujourd'hui des retards allant jusqu'à 25 mois dans leurs
paiements, avec une perspective nulle de possibilité de refinancement.
Il y a trois cas où la société a dû reprendre en
main les immeubles en question en payant des sommes, en assumant des
responsabilités financières très considérables et
il y a un quatrième cas qui va probablement subir le même
sort.
Donc, ce n'est pas une question d'attitude, M. le Président.
C'est une question de chiffres auxquels nous devons faire face. Je pense que,
pour passer à travers une telle situation et atteindre celle où
les coopératives, le mouvement coopératif pourra jouer un
rôle utile dans ce domaine, il faudra ensemble examiner le pourquoi de
ces situations...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela.
M. Goldbloom: ... qui nous inquiètent profondément
et nous offrir mutuellement la garantie que ces situations ne se reproduiront
pas dans de futurs cas avant de dire, malgré toute l'amitié que
nous avons pour le mouvement coopératif, que c'est la formule par
laquelle je ne veux pas exagérer ou une des importantes
formules valables par lesquelles nous pourrons résoudre le grand
problème de l'habitation.
Alors, il y aura une continuation de ces pourparlers et nous allons
effectivement examiner ensemble les raisons qui nous ont menés à
cette si- tuation et, ensuite, ce que nous pourrons faire pour en éviter
la répétition.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je n'ai
pas d'autres questions au niveau des programmes 6, 7, 8 et 9 que nous
étudions.
Le Président (M. Picard): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur les quatre programmes qui couvrent le secteur de
l'habitation?
M. Caron: M. le Président, avant d'adopter ces
programmes...
Le Président (M. Picard): Le député de
Verdun.
M. Caron: ... vous savez que vendredi nous avons parlé
d'assurance. Si ma mémoire est bonne, en terminant, j'avais
demandé au ministre si je pouvais faire une comparaison entre deux
polices d'assurance: la police émise par le type de Victoriaville et la
police émise par un type de Verdun. A un certain moment, le ministre a
dit que c'était professionnel, et il ne semblait pas trop trop
disposé à déposer les polices. Je reviens encore en
demandant au ministre s'il est d'accord pour que je puisse comparer les deux
polices dans le courant de l'après-midi, avant d'adopter ces
programmes.
M. Bédard (Chicoutimi): Nous avons demandé, au cas
où il s'en produirait une, d'en avoir une copie.
M. Goldbloom: Oui. M. le Président, mes conseillers
m'indiquent, après un nouvel examen des documents, qu'il ne serait pas
possible pour la Société d'habitation du Québec de
déposer, comme documents publics, les polices comme telles. La
Société d'habitation a préparé une certaine
comparaison qui pourrait être utile. Je pense que je peux faire une
confiance normale et habituelle aux députés en
général et notamment à l'honorable député de
Verdun qui voudra, je pense, regarder de ses propres yeux ces documents. La
Société d'habitation n'a pas d'objection à ce que le
député de Verdun regarde les documents, tire des conclusions et
fasse ses commentaires privément, mais cela, à mon sens,
s'inscrit dans le genre de responsabilité publique que détient un
député et dans le cadre de sa discrétion.
Je suis obligé de répéter, cependant, que, pour des
considérations d'éthique professionnelle, on me dit qu'on ne peut
en faire des documents publics.
M. Bédard (Chicoutimi): J'imagine que l'Opposition pourra
consulter également le document?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président.
M. Caron: Avant de terminer, j'aimerais dire que voilà
deux ans, lors de l'étude des crédits, avant même que le
rapport soit déposé, j'avais
mentionné au ministre bien des choses qui se sont dites ce matin.
S'il se le rappelle bien, on était au salon rouge. Il y a deux ans,
j'avais dit qu'il y avait de l'ordre à mettre dans la
société. Maintenant qu'on a un nouveau président, qui a
commencé son travail hier matin, personnellement, je lui fais toute
confiance. J'espère que, lors de l'étude des crédits, l'an
prochain, quand on parlera de la Société d'habitation du
Québec, ce sera complètement une nouvelle figure pour donner
confiance aussi à la population. Je pense bien qu'il y a beaucoup de
gens du Québec qui s'interrogent énormément sur la
société, avec tout ce qui s'est dit dans les journaux et dans les
rapports. On a un nouveau président. Personnellement, je ne le connais
pas, mais on eu de très bons commentaires sur la personne de M. Lemieux.
J'espère que, l'an prochain, à l'étude des crédits
de la société, on sera bien heureux et qu'il y aura une grosse
amélioration à la société.
M. Goldbloom: M. le Président, ce que vient de dire
l'honorable député de Verdun dans sa première partie de
son intervention ne représente pas de la vantardise. C'est la simple
vérité. Il a effectivement, ainsi que certains autres
collègues, attiré mon attention sur des problèmes qui
existaient et qui sont en train de disparaître de la
Société d'habitation du Québec.
Il a indiqué qu'il n'a pas, jusqu'à maintenant, l'avantage
de connaître M. Jean-Jacques Lemieux. Personnellement, j'ai cet avantage
et cela depuis un certain temps. Je peux vous dire que la confiance
exprimée par l'honorable député de Verdun est bien
placée. Je suis convaincu qu'elle se montrera justifiée l'an
prochain quand nous reviendrons pour les crédits de ce
ministère.
M. Bédard (Chicoutimi): A ce moment, j'espère que
nous serons à même de dire que nous avons une
Société d'habitation du Québec en santé et une
politique globale de l'habitation.
Le Président (M. Picard): Le député de
Saint-François.
M. Déziel: Juste un léger commentaire, M. le
Président, pour souligner à l'honorable ministre que j'ai
été agréablement surpris, ce matin, de voir qu'on voulait
éventuellement mêler l'entreprise privée à
l'habitation peut-être par toutes sortes de moyens. Je suppose
également que dans les études qui vont se concrétiser
à court terme, je l'espère, un mariage heureux qui pourrait
probablement se faire entre l'entreprise privée et les offices
municipaux d'habitation, de façon à en venir à diminuer
autant que possible les coûts d'entretien, surtout si les chiffres qu'on
nous a mentionnés ce matin sont véridiques je crois que
ceux qui nous ont été fournis par l'honorable ministre sont
réellement véridiques et lorsqu'on sait, d'autant plus par
l'expérience que je connais dans le domaine de l'habitation, qu'il en
coûte immensément meilleur marché pour les fins
d'administration que les coûts qui nous ont été
fournis.
Je pense qu'il y aurait peut-être possibilité, au niveau de
tous les contribuables du Québec, de fournir cet apport concernant
l'entreprise privée, qui mérite tout de même d'être
encouragée, et de donner également des allocations qui
permettraient à tout le monde de survivre dans ce domaine, incluant les
offices municipaux et la Société d'habitation du
Québec.
Le Président (M. Picard): Merci, messieurs. Programmes 6,
7, 8 et 9 adoptés? Adoptés.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors...
Le Président (M. Picard): Programme 10?
M. Bédard (Chicoutimi): Le programme 10, c'est celui de
l'environnement.
Le Président (M. Picard): Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est le député de
Lafontaine qui est responsable de l'environnement. Avec votre permission, pour
terminer complètement du programme 1 au programme 9 inclusivement, vous
vous rappelez qu'on avait adopté le programme 2 sous réserve de
discuter de quelques questions sur la fiscalité municipale.
Il nous reste presque 10 minutes; on est capable de terminer.
Fiscalité municipale
Le Président (M. Picard): Nous revenons au programme 2
pour discuter de finances municipales suite à la présentation du
budget.
M. Bédard (Chicoutimi): J'aurais une question globale
à poser au ministre à la suite du dépôt du budget.
Nous avons pu constater qu'une diminution de $0.05 de l'impôt foncier
scolaire normalisé avait été annoncée dans ce
budget. Celle-ci faisait suite à une diminution de $0.20 l'an
dernier.
On sait jusqu'à quel point ceci peut avoir de l'importance pour
les municipalités qui ont de la difficulté à rejoindre les
deux bouts, qui se voient confronter à des augmentations de taxes assez
importantes à chaque année et très importantes, je dirais,
pour cette année et l'an passé.
Comme on sait aussi l'importance pour les municipalités de
savoir, effectivement, les intentions du gouvernement dans ce sens pour pouvoir
mieux programmer en termes de développement, en termes de budget, en
termes de ressources financières à leur disposition, j'aimerais
savoir si le ministre est en mesure de nous dire, après ces deux
diminutions de $0.05 et de $0.20 de l'impôt foncier scolaire
normalisé, quelle est la politique future globale à ce sujet.
M. Goldbloom: Le député de Chicoutimi sait fort
bien qu'une politique de cette nature est annoncée par le ministre des
Finances à l'occasion de son discours du budget, à moins que le
premier ministre, évidemment, ne décide d'annoncer, entre
les discours annuels du budget, une politique au nom du gouvernement.
Nous avons rendu assez claire la tendance de nos préoccupations. Si nous
regardons l'augmentation de notre contribution aux municipalités, en
très grande mesure, sans condition, un transfert inconditionnel de
ressources pécuniaires, si nous regardons, en même temps,
l'augmentation de la participation du Trésor public au financement de
l'éducation, je pense que nous avons fait évoluer une situation
à l'avantage des municipalités, mais cela pendant une
période difficile.
On a vu dans quelle mesure l'escalade des coûts a grugé la
valeur du dollar dans tous les domaines. Le système scolaire a besoin,
chaque année, de plus d'argent que l'année
précédente; tel est le cas cette année, et il y a un
certain transfert, il y a un plafonnement semblable à celui de l'an
dernier sur l'augmentation de la valeur imposable d'une propriété
pour fins scolaires.
Nous avons posé cette année le geste qui nous semblait
possible. Alors, il faudra attendre, M. le Président, que le
gouvernement décide d'indiquer une prochaine étape. Il y en aura
une sûrement à cause des besoins grandissants des
municipalités, cela est clair, mais sous quelle forme? Est-ce que ce
sera sous forme d'un transfert à même le système scolaire
ou est-ce que ce sera une autre forme d'aide? Cette année nous avons
ajouté un champ de taxation, celui des transactions immobilières.
Nous essayons d'aider les municipalités et nous comptons
évidemment sur une amélioration générale de la
situation économique pour nous permettre d'aller plus rapidement vers la
satisfaction des besoins des municipalités et de leurs citoyens.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais le ministre admettra que les
municipalités ont besoin de savoir au moins vers quelle tendance
s'oriente le gouvernement. Le ministre, tout à l'heure, au début
de sa réponse a dit que la tendance semblait assez claire du
côté du transfert d'impôt scolaire au profit des
municipalités. Maintenant il nous dit que dans un projet de budget,
peut-être que ce sera une autre manière d'aider les
municipalités.
Il me semble que, sur cet aspect particulier de la diminution de
l'impôt foncier scolaire normalisé, les municipalités ont
le droit de s'attendre à l'élaboration ou à l'explication
précise du gouvernement sur ses intentions. Et c'est dans ce sens que je
posais ma question pour savoir si, concernant la diminution de l'impôt
foncier scolaire normalisé, le rythme allait continuer en augmentant ou
en diminuant. C'était dans cet esprit que je posais la question.
M. Goldbloom: M. le Président, c'est le genre de question
séduisante que pose de temps en temps le député de
Chicoutimi et je suis obligé de lui répondre comme je l'ai fait
en Chambre, l'autre jour: Qui vivra verra.
M. Bédard (Chicoutimi): Sauf qu'entre-temps les
municipalités ont de la misère à vivre, puis elles voient
une situation quand même difficile.
M. Goldbloom: Nous avons tous de la misère à vivre
ces jours-ci et il ne faut pas suggérer que les municipalités
sont les seules à connaître des difficultés. Les
gouvernements provinciaux en connaissent. Et si l'on compare la situation du
Québec à celles de certaines autres provinces
réputées plus fortes que nous sur le plan économique, je
pense à l'Ontario, je pense à la Colombie-Britannique, on peut
constater qu'on n'est pas si mal au Québec. Mais les commissions
scolaires ont leurs problèmes, l'entreprise privée a ses
problèmes...
M. Bédard (Chicoutimi): Pour cela, il n'y a pas eu...
M. Goldbloom: ... et les députés ont leurs
problèmes avec leurs finances personnelles, comme tous les
contribuables. Alors, n'exagérons pas, M. le Président, ce n'est
pas un problème sélectif des municipalités. C'est un
problème généralisé d'une période difficile
sur le plan économique; une période causée par une
inflation qui a fourni, l'an dernier, certains avantages, parce que son impact
était davantage du côté des revenus. Cette année,
l'inflation se fait sentir davantage du côté des dépenses,
ce que nous avons dit l'an dernier.
Alors, il faudra que la somme totale des ressources soit
augmentée afin de nous permettre de poser des gestes plus nombreux et de
plus grande envergure que ceux que nous nous proposons à même le
budget de cette année. Cela, c'est presque une vérité de
La Palice, M. le Président. J'ai l'habitude de dire à des gens
qui me disent: II faudrait que vous dépensiez davantage, dans tel ou tel
domaine. Evidemment, les municipalités réclament plus d'argent;
je comprends cela. C'est parfaitement normal. Mais je demande à tout le
monde qui me dit: Vous devriez dépenser davantage dans le secteur
municipal. Comme à ceux qui disent: II faudrait dépenser
davantage dans le secteur de l'éducation et dans le secteur des affaires
sociales, et la voirie pourrait bénéficier de plus de ressources
financières et ainsi de suite. Je demande à ces personnes:
Où devrait-on couper dans le budget? Le ministre des Finances a dit
cela, hier soir à la télévision, montrez-moi où on
devrait couper. Ne me parlez pas des Olympiques, parce que cela, c'est une
chose temporaire et qui est en train d'être réglée...
M. Bédard (Chicoutimi): Pour quelques années...
M. Goldbloom: Oui, pour quelques années, c'est cela, et
qui ne fait pas son impact immédiat sur les budgets que nous avons.
Alors, j'aimerais savoir où nous pouvons couper des sommes très
importantes, afin d'en dégager au bénéfice des
municipalités. Si quelqu'un peut m'en trouver, j'en parlerai volontiers
avec le ministre des Finances.
M. Bédard (Chicoutimi): Où sont...
NI. Caron: Où aller les chercher?
M. Bédard (Chicoutimi): Sauf que lorsqu'on
parle des difficultés financières des
municipalités, il ne faut quand même pas réduire cela aux
difficultés financières personnelles qu'on pourrait avoir.
Je pense que ce n'est pas l'esprit du ministre non plus lorsqu'il a
employé cet exemple. Mais il nous dit qu'il a ouvert un nouveau champ de
taxation aux municipalités, c'est exact. Le discours du budget en fait
état lorsqu'il parle de la taxe sur le transfert des immeubles dont
pourront se prévaloir les municipalités. J'imagine qu'on aura
l'occasion de parler de la fiscalité plus longtemps si un projet de loi
est présenté concernant cette disposition du budget. Y aura-t-il
un projet de loi de présenté, à la connaissance du
ministre?
M. Goldbloom: II va sans dire que, s'il y a un projet de loi, il
y aura un débat là-dessus, c'est clair.
M. Bédard (Chicoutimi): Non...
M. Goldbloom: Je pense...
M. Bédard (Chicoutimi): Je vous demande s'il va y en avoir
un.
M. Goldbloom: Je répète, je pense, et je n'ai pas
toute la confirmation de la part des légistes, qu'il faut un projet de
loi pour donner accès à ce champ de taxation et, à ce
moment, nous pourrons en parler davantage.
M. Bédard (Chicoutimi): Nos autres questions auront lieu
à l'occasion du débat sur ce projet de loi.
Le Président (M. Picard): Alors le programme 2 est
adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Picard): Alors, le programme 2 est
adopté.
La commission suspend ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
Reprise de la séance à 16 h 20
M. Picard (Président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
La commission des affaires municipales et de l'environnement continue
cet après-midi l'étude des crédits pour l'année
financière 1976/77.
Pour la séance de cet après-midi, le ministre, M.
Quenneville, député de Joliette-Montcalm, remplacera M.
Pagé (Portneuf).
M. Harvey (Charlesbourg): Non, M. Pagé s'en vient. Il va
remplacer M. Ostiguy.
Le Président (M. Picard): M. Pagé s'en vient.
Correction: II remplacera M. Ostiguy (Verchères).
Etant donné que nous attaquons maintenant une série de
quatre programmes touchant l'environnement, j'aimerais avoir l'opinion des
membres de la commission sur la façon dont vous désirez
procéder pour l'étude de ces quatre programmes.
M. Léger: M. le Président, au départ,
étant donné que ce sont quatre programmes qui relèvent
directement d'une responsabilité bien spécifique, soit celle de
la qualité de l'environnement, j'aurais quelques considérations
à faire au point de vue général sur la situation au niveau
de la qualité de l'environnement. Par la suite, selon le temps qu'il
nous restera pour la discussion, je pense que nous pourrions passer programme
par programme, avec une série de questions et de réponses du
ministre, à chacun des programmes.
Le Président (M. Picard): D'accord. Programmes concernant
l'environnement
M. Léger: M. le Président, l'année
dernière, nous avions commencé l'étude du dossier de
l'environnement avec beaucoup de questions au ministre. Les réponses qui
nous avaient été données nous ont permis cette
année de vérifier, après plusieurs années,
l'état dans lequel se trouve la qualité de l'environnement au
Québec.
La situation au service de la protection de l'environnement a maintenant
atteint un état de dégradation très alarmant, assez proche
de celui atteint par nos rivières. Depuis la loi 34, en 1972, ceux qui
suivaient de près l'application de cette loi, qui, malgré des
trous importants, permettait d'espérer une action vigoureuse pour
contrôler la pollution de l'eau et de l'air, ces gens qui, par leur
métier, ont suivi dans le détail le cheminement de la loi 34, de
sa réglementation et de l'action générale du ministre
responsable, seraient, sans l'ombre d'un doute, d'accord pour qu'en avril et
mai 1976, après quatre ans, on fasse un bilan et qu'on l'étale
sur la place publique.
En effet, ce bilan, au moment où je vous parle, est tellement
faible et anémique qu'il est dangereux que la population s'imagine le
moindrement qu'il existe à Québec une volonté
concrète de lutter contre la pollution autrement que par de belles
paroles rassurantes. Rarement on a vu autant d'inertie et d'inconscience
couvertes et dissimulées, autant par des paroles creuses et sans prise
sur la réalité. Quant à nous de l'Opposition, nous croyons
qu'il est temps de dire: Assez, c'est assez! Alors que le Québec
apparaît comme le paradis des pollueurs, comme le disait Ralph Nader,
alors que 75% de nos eaux usées sont déversées sans
traitement d'épuration et que l'Ontario traite ses eaux usées
à 80%, alors qu'on sait maintenant que du mercure infeste toutes les
rivières du Québec, que presque toutes les espèces de
poissons sont contaminées, et ainsi de suite, il est temps qu'on mette
un peu en lumière les inactions flagrantes du ministre de
l'environnement, non pas une par une, mais qu'on les regarde tous ensemble pour
savoir où le Québec en est rendu.
Il est bien sûr que ce genre de faits non spectaculaires arrivent
plutôt à contre-courant de l'actualité, qu'elle soit
syndicale ou olympique, mais il est à l'avantage d'un ministre qui
s'enterre sous son inertie que jamais les conséquences de ces omissions
ne deviennent une actualité brûlante. En ce sens, le rôle de
la presse est plus difficile sur ces questions. S'apercevoir que des choses ne
se font pas demande un flair actif bien plus remarquable que de couvrir des
événements, que ce soit une manifestation ou un discours.
Quant à nous, nous vous livrons simplement en vrac une
série de faits, chacun ici étant en résumé et
d'importance inégale, sur lesquels nous reviendrons au cours de
l'étude des crédits, mais qui démontrent tous, à
notre avis, sans l'ombre d'un doute, que la lutte à la pollution
n'existe pratiquement pas, au Québec, car elle est menée sans
énergie aucune, dans la clandestinité et le secret, et avec une
incompétence sûrement pas moins marquée que celle que nous
vaut aujourd'hui des Olympiades modestes de $1,5 milliard ou un stade olympique
de $8500 le siège.
Finalement, M. le Président, cette incompétence radicale
du ministre responsable est plus dangereuse que celle des Olympiques, car, il y
va de la vie et de la santé des gens. On n'a aucune idée de ce
que le Québec, paradis de la polution, peut signifier en années
de vie en moins pour les Québécois, en journées de travail
perdu, en coûts d'hôpitaux, en coûts médicaux et en
coûts de médicaments. Voici donc, M. le Président, ce que
l'Opposition considère comme un réquisitoire accusateur pour le
ministre responsable de la qualité de l'environnement au
Québec.
Premièrement, M. le Président, premier cas: trois ans
après l'adoption de la loi 34, six règlements seulement sont en
vigueur, dont un seul réellement important, sur la gestion des
déchets liquides. Il en manque encore 32 pour couvrir toutes les
dimensions de la pollution et de la loi 34. A ce rythme, on devra attendre
quinze ans avant que la loi 34 soit réellement effective. Cela
révèle une inertie inexcusable du ministre.
Deuxièmement, alors que le ministre est tenu par la loi de
présenter pour adoption, les projets de règlement, dans les 60
jours de leur publication dans la Gazette officielle, les six règlements
en vigueur que je mentionnais tantôt, ont pris respecti- vement je
vais les nommer 780 jours, 210 jours, 420 jours, 330 jours, 450 jours et
330 jours. Ce sont des règlements sur la disposition des déchets
chimiques et combustibles. Le règlement sur les eaux
embouteillées a pris 210 jours, le règlement sur les usines de
béton bitumineux, 420 jours; le règlement sur la gestion des
déchets liquides a pris 330 jours; le règlement sur les
entreprises d'aqueduc et d'égout a pris 450 jours, le règlement
sur l'administration de la loi et des dispositions générales 330
jours.
M. le Président, entre le projet présenté et
l'adoption, il a pris les jours que je viens de mentionner, alors que la loi
parle de 60 jours. C'est d'une lenteur inexcusable, qui témoigne assez
bien de l'ardeur que le ministre peut avoir au niveau de la qualité de
l'environnement.
Le troisième point: la seule fois où le public a pu
comparer un projet de règlement préparé par des
fonctionnaires des services de la protection de l'environnement, avec le projet
approuvé par le ministre et présenté dans la Gazette
officielle, ce fut le règlement sur la qualité de
l'atmosphère. On a constaté que, pour la plupart des domaines
couverts, un affaissement majeur des normes avait eu lieu et, comme le Parti
québécois en a fait l'analyse, par le détail, dans une
conférence de presse, il y a deux mois, de toute évidence, le
ministre a rampé devant les compagnies qu'il a consultées pendant
deux ans.
Quatrième point: le ministre a refusé de rendre public un
rapport du Conseil consultatif de l'environnement, sur le tracé des
lignes hydroélectriques, dans la région de Vaudreuil. Pourtant,
il est tenu par la loi, de rendre ces rapports publics, mais, il s'est rabattu
sur le fait que la même loi ne fixe pas de délai. Devant l'ampleur
publique qu'a prise cette cachotterie enfantine et mesquine, le ministre rendit
finalement le rapport public, plusieurs mois après l'avoir reçu.
Un tel exemple témoigne assez bien que l'essentiel des efforts
antipollution du ministre consiste à cacher des faits.
Le cinquième point: deux rapports ont établi, sans l'ombre
d'un doute, la présence en quantité dangereuse de fibres
d'amiante, dans l'eau de plusieurs villes de l'Estrie. Malgré ces deux
rapports clairs, celui du ministre fédéral de la Santé en
1971 et celui de l'Ecole polytechnique de Montréal en 1975, rien de
concret n'a été fait par le ministre pour régler ce
problème grave, à moins qu'on demande encore une étude sur
les études.
Sixième point: la compagnie Noranda déverse actuellement
plus de 2000 tonnes d'anhydrides sulfureux dans l'air. Quelles que soient les
études et les intentions pieuses du ministre, elle le fait encore
impunément.
Septième point: le ministre est le responsable ultime du fait que
le système de collection des eaux usées de l'île de
Montréal sera retardé pour cause olympique. Avec sa
franchisé habituelle, on ne sait pas exactement de combien de temps. Il
faut savoir aussi qu'une partie importante de ces travaux est payée par
le fédéral, c'est-à-dire via la Société
centrale d'hypothèques et de logement. Sacrifier la santé des
Québécois à un stade est irresponsable de la part d'un
ministre.
Huitièmement, la compagnie Noranda déverse
allègrement des quantités étonnantes de polluants de
toutes sortes dans la région de Rouyn et particulièrement dans
les lacs environnants; lacs Du-fault, Osisko, Pelletier et Rouyn. Par exemple,
dans le lac Dufault, la teneur en arsenic atteint jusqu'à 0,87
particules par million, alors que la norme communément admise est de
0,005.
Le ministre n'a posé aucun geste effectif pour arrêter ces
déversements et pour faire payer les dégâts par la
compagnie.
Neuvième point: malgré les pouvoirs que lui octroie la loi
34, le ministre n'a pas réagi avec un minimum décent de vigueur
au remplissage éhonté effectué à l'île des
Soeurs et, à ce qu'on sache, aucune procédure judiciaire n'a
été entamée pour obliger la compagnie à remettre
les choses dans leur état primitif.
Dixième point: le ministre a négligé de mettre en
vigueur des règlements concernant les dépôts de boue, des
émissions atmosphériques de mercure et de ses composés, de
même que la disposition des sous-produits contaminés par le
mercure.
Onzième point: le ministre est au courant depuis 1972, au plus
tard, des rapports d'Environnement Canada concernant les concentrations de
mercure chez plusieurs espèces de poissons pris dans la plupart des
rivières du Québec et dans le fleuve. Or, le ministre n'a pris
aucune mesure réelle et effective pour arrêter les compagnies
responsables. Il a fallu attendre la fuite du Montréal-Matin de mars
1976 pour qu'on sache ce que savaient les deux gouvernements là-dessus.
Quand, par exemple, les brochets ou les dorés du lac Saint-Louis
contiennent, en moyenne, 2,5 particules par million alors que la norme de
l'Organisation mondiale de la santé est de 0,5, sont inertie est quasi
criminelle, car des gens mangent ces poissons, des aqueducs municipaux pompent
ces eaux pour consommation humaine.
Douzième point: malgré un rapport d'Environnement Canada,
daté de novembre 1975, qui impute, sans l'ombre d'un doute, l'essentiel
de la responsabilité de la pollution par le mercure de la rivière
Bell et de ses tributaires à la Domtar, à
Lebel-sur-Quévillon, aucune mesure publique n'a été prise
pour empêcher ces agissements et surtout pour faire payer à la
Domtar les conséquences humaines des empoisonnements qui ont
été causés.
Treizième point: malgré la responsabilité directe
et première des services de la protection de l'environnement du
Québec, c'est finalement Environnement Canada qui anime toutes les
études importantes sur la présence des divers produits polluants
dans nos lacs et rivières.
Quatorzième point: aucune mesure à la source, aucune
action judiciaire n'ont été entreprises par le ministère,
concernant les déversements de mercure par l'Alcan dans le Saguenay
je sais que dernièrement, on vient d'annoncer, ces jours-ci, une
nouvelle étude dont on connaît au moins les
conséquences sur les crevettes, à défaut de les
connaître sur les humains.
Quinzième point: le ministre sait depuis 1972 le résultat
des premières études sur l'intoxication des Indiens de Matagami
sans qu'aucun geste n'ait été posé, tant sur la source que
sur les victimes, à tel point, par exemple, qu'un Indien qui portait
dans son organisme, en 1971, 500 particules par million de mercure, en 1975
avait 647 particules par million.
Quinzième point supplémentaire: des compagnies de
pâtes et papiers ont avoué des pertes très importantes en
mercure sur leur stock, sans qu'on sache exactement si ces quantités de
mercure sont disparues par ruissellement ou évaporation. A ce qu'on
sache, rien n'a été fait par le ministre à ce sujet.
Seizième point: selon Environnement Canada, entre novembre 1972
et octobre 1973, la Domtar de Lebel-sur-Quévillon a
dépassé pendant 35% du temps la norme fédérale de
mercure déposé par tonne de chlore, dépassement atteignant
162%. A notre connaissance, aucun geste n'a été posé par
le ministre devant des faits aussi accablants.
Dix-septième point: la Domtar de Lebel-sur-Quévillon a
déversé au moins 6600 livres de mercure dans une fosse,
près de son usine, mercure qui s'évapore ou rejoint les eaux par
ruissellement, sans que le ministre ne daigne faire quoi que ce soit.
Dix-huitième point: lors de l'adoption de la loi 34, sur
l'environnement, le ministre avait formellement promis que chaque projet de
réglementation serait soumis à la commission parlementaire des
affaires municipales pour examen. On peut se référer au journal
des Débats du 23 novembre 1972, ce n'est pas nécessaire que je le
lise, mais, à chaque fois, le ministre avait promis... Or, pas une seule
fois, en trois ans et demi, le ministre n'a fait étudier un seul projet
de réglementation par cette commission. Il s'agit nettement, M. le
Président, de mensonge envers la Chambre. C'est une promesse faite en
Chambre qui n'a pas été réalisée.
Dix-neuvième point: les services de la protection de
l'environnement n'ont jamais poursuivi de recherche sur la pollution des eaux,
par les abrasifs utilisés l'hiver sur les routes et ce, malgré
des demandes répétées de l'Opposition.
Vingtième point: en 1972, lors de l'adoption de la Loi de
l'environnement, le ministre avait formellement promis de doubler le nombre des
inspecteurs locaux des services de protection de l'environnement. Or, en 1975,
ce nombre était passé de 102 à 117, soit trois fois moins
que l'Ontario. Ce nombre ridicule d'inspecteurs d'ailleurs
extrêmement mal payés rend toute la loi et tout
règlement plutôt théorique, quant à leur
application.
Vingt et unième point: malgré le bon sens, malgré
des propos, lors de l'adoption de la loi 34, le ministre refuse constamment de
soumettre ses projets de règlement au Conseil consultatif de
l'environnement.
Vingt-deuxième point: deux rapports du Conseil consultatif de
l'environnement sont cachés par le ministre, soit celui sur la
fluoration de l'eau potable et celui de l'aménagement des berges des
lacs et des rivières.
Vingt-troisième point: l'ingénieur chargé de la
protection de l'environnement de la baie James, M. Yvon Béland, a
démissionné l'été dernier, en disant qu'il ne
pouvait faire appliquer aucun règlement. Le ministre n'a pas
réagi et ne s'est pas indigné de ce que révèle un
tel état de choses.
Vingt-quatrième point: la manie du secret, chez le ministre, est
telle qu'un journaliste de la Presse s'est rendu jusqu'au Conseil de presse
pour se plaindre et le conseil lui a donné raison sur l'essentiel de la
plainte contre le ministre, en disant: Le conseil est d'avis que cette
situation est causée principalement, sinon exclusivement, par l'absence
de la véritable politique de l'information au service de la protection
de l'environnement.
Vingt-cinquième point: malgré les demandes
répétées du conseil lui-même, et de tous ceux qui
s'occupent d'environnement au Québec, le ministre, non seulement
bâillonne publiquement le Conseil consultatif de l'environnement, mais
vient cette année d'augmenter son budget de $9000, ce qui est proprement
ridicule.
Vingt-sixième point: le ministre n'a absolument rien fait pour
appliquer les recommandations du livre blanc, sur la gestion des déchets
liquides, solides déposés en décembre 1972. Inertie
complète et totale de ce côté.
Vingt-septième point: si l'ardeur des efforts du ministre peut se
mesurer par des montants d'argent, on constate selon une compilation faite par
l'organisme STOP, sur le Québec, que le Québec dépense
$3.95 per capita, pour la qualité de l'environnement contre $10.54 per
capita, en Ontario.
Il s'agit, bien sûr, de tout ce que je viens de dire, d'une
énumération très partielle. Il y avait auparavant, M. le
Président, une publication mensuelle sur le degré de la pollution
de l'air régional, au Québec. C'était une publication
mensuelle qui, chaque année, était publiée en janvier,
février, mars. Cela fait deux ans que ce document n'a pas
été publié. Malgré tous nos efforts pour l'obtenir,
nous constatons que le ministère ne désire pas publier ce
document sur l'état de la pollution de l'air au Québec, parce que
ces documents ne sont pas les documents annuels, mais mensuels. Nous sommes en
retard de deux ans et cinq mois sur ces dossiers.
M. le Président, je reviendrai en détail, lors des
crédits, sur d'autres incuries du ministère, mais, comme mon
collègue de Chicoutimi, pour ce qui est des Affaires municipales et de
l'habitation, je me demande ce à quoi peut bien servir l'étude
des crédits de l'environnement, puisque nous n'avons pas à
traiter un organisme vigoureux et dynamique, mais une simple machine à
images, par exemple, quand on regarde les détails de ce qu'ont fait les
services de protection de l'environnement lorsque l'épidémie de
Saint-Gabriel-de-Brandon s'est déclarée. Il est clair que le
premier souci des responsables des services de la protection de l'environnement
qui se sont mêlés de la question, a été de couvrir
l'image, alors que, dès le lendemain de la déclaration de
l'épidémie, par le ministère des Affaires sociales, il y
avait quinze inspecteurs du ministère de l'Agriculture qui examinaient
les viandes des restaurants et des bouche- ries de Saint-Gabriel. Il a fallu la
publication d'articles dans les journaux, pour décider le directeur des
services de la protection de l'environnement à bouger réellement.
Alors qu'on voit le ministre aller faire des conférences de presse en
Europe, quand il s'agit des Olympiques, j'attends encore son importante
conférence de presse sur la pollution par le mercure des rivières
du Québec, du Saguenay, de la rivière Bell, en passant par le
Saint-Laurent.
Le ministre va encore nous trouver mille et une raisons d'Etat pour
expliquer la diminution des crédits de l'environnement, l'année
suivante, du mercure, l'année suivante, de Saint-Gabriel, alors que nous
avons 25 ans de retard sur le reste de l'Amérique du Nord en
matière d'épuration des eaux, alors qu'aucune compagnie n'a
jamais été obligée, au Québec, de payer pour les
dégâts réellement causés à l'environnement
par elle-même, ni obligée à remettre les choses comme elles
étaient auparavant.
Evidemment, l'image va jouer. On va faire croire aux gens qu'on est
tellement pauvre qu'on doit couper dans la lutte à la pollution, alors
que la voirie n'est pas coupée, alors que les Olympiques ont tiré
un chèque en blanc sur notre avenir financier, le ministre va
peut-être réussir sa petite opération de convaincre les
gens qu'on n'a pas les moyens financiers de protéger l'environnement,
mais, dans le fond de lui-même, je ne peux pas croire qu'il accordera foi
à ses propres histoires. En tout cas, je maintiens que les budgets de
l'environnement, avant les coupures, étaient tellement bas, notre retard
était tellement énorme, les problèmes sont plus cruciaux
que jamais, la situation est telle que le ministre, qui, évidemment, va
essayer de tourner cela en blague...
M. Quenneville: Attention au mercure.
M. Léger: ... justement, parce qu'il sait que c'est vrai,
devrait avoir le courage d'admettre au moins deux choses, fondamentalement:
premièrement, il faut absolument qu'une seule personne soit responsable
de l'environnement au Québec et, deuxièmement, on ne peut faire
un environnement avec 0,4% du budget consacré à l'environnement.
Sur le premier point, je demande d'ailleurs au ministre, en terminant, de poser
un geste clair et immédiat en se déchargeant ou bien des Affaires
municipales, ou de l'environnement.
Il est clair que le seul fait de nommer un ministre à temps plein
pour diriger les services de la protection de l'environnement ne permettra pas
au Québec de combler comme par magie son retard tragique dans ce
secteur. Cependant, un tel geste pourrait redonner une lueur d'espoir à
ceux qui s'intéressent de près à ce dossier et à
tous les Québécois qui n'ont plus aucune confiance dans l'actuel
ministre responsable de l'environnement, au niveau de la qualité de
l'environnement.
Le Président (M. Picard): Messieurs, avant de céder
la parole au ministre, pour sa réplique, j'aimerais informer les membres
de cette commission qu'en tant que président, je ne prends aucune
responsabilité sur la qualité de l'eau qu'on a mise sur
cette table.
Une Voix: II n'y a pas de problème.
M. Léger: Vous l'avez dit en retard. J'ai
déjà pris plusieurs gorgées.
Le Président (M. Picard): Je l'ai remarqué.
M. Bédard (Montmorency): On va en prendre quand
même.
Le Président (M. Picard): Le ministre.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai écouté
attentivement tout le versement de vinaigre du député de
Lafontaine. Il a parlé de toutes sortes de choses, pas toujours de
façon conforme à la réalité. Je n'ai pas eu la
possibilité de noter chaque point et j'en ferai une
sélection.
D'abord le député sait que nous avons travaillé de
façon assez intense à la rédaction de règlements et
que, dans chaque cas, une équipe technique et juridique a
été constituée, que cette équipe a travaillé
de façon à insérer, dans l'économie des lois et
règlements du Québec, des mesures qui seraient utilisées
de façon efficace, de façon à obtenir des résultats
par les tribunaux. Il est inutile de rédiger des choses qui
n'obtiendront pas les résultats escomptés.
Je voudrais ajouter que, si on essaie de mesurer ce qu'on fait, ce qu'on
réussit, par le nombre de poursuites et par le montant des amendes, je
trouve que c'est une mauvaise mesure de ce qui devrait être le respect de
la loi, sans que les tribunaux ne soient toujours appelés à
intervenir pour mettre cette loi en application.
Le député de Lafontaine a parlé de ce qu'il a
interprété comme une exigence dans la loi, c'est-à-dire de
donner à chaque projet de règlement une deuxième
publication après 60 jours. M. le Président, s'il y a une
période de 60 jours qui est dans la loi, c'est clairement un minimum qui
est conçu pour permettre aux intéressés de formuler leurs
commentaires. Dans plusieurs cas, les commentaires ont été
importants et ont été formulés par lettre, sans demande
d'audience publique. Donc, nous n'avons pas convoqué la commission
parlementaire pour en parler puisque les commentaires ont été
formulés autrement. Mais, dans bien des cas, ces commentaires ont
amené l'équipe technique et juridique concernée à
des réflexions qui ont amené une modification du projet de
règlement. Quand nous avons été convaincus que le texte
était réaliste, nous avons procédé à la
deuxième publication qui lui a donné force de loi.
Dans le cas du projet de règlement sur la pollution
atmosphérique, il y a eu des demandes précises d'audience
publique et j'ai répondu sans hésitation à cela.
Maintenant, M. le Président, je prends les choses un peu au hasard,
comme elles ont été exprimées. Je vois que le
député fait état d'un refus de ma part de rendre publics
un ou des rapports du Conseil consultatif de l'environnement. Il sait fort bien
que ce n'est pas le ministre qui a refusé de les rendre publics, que
c'est un calendrier de travail qui a été déterminé
par un comité du Conseil des ministres, dont la nature et la composition
ont été changées en cours de route. Il y a eu,
peut-être, certains malentendus quant à l'utilisation des rapports
du Conseil consultatif de l'environnement.
Je suis songeur en écoutant le député de Lafontaine
parler d'un bâillon appliqué au Conseil consultatif de
l'environnement. On n'a pas affaire à un conseil contestataire de
l'environnement, on a affaire à un organisme qui est supposé
conseiller le gouvernement. C'est au gouvernement de recevoir ces ccnseiis et
de les utiliser au meilleur escient possible. Par la suite parce qu'il y
a eu effectivement un malentendu j'ai rencontré plus d'une fois,
à peu près trois fois, si ma mémoire est fidèle, le
Conseil consultatif de l'environnement et nous nous sommes entendus sur une
procédure de publication des documents. Incidemment, M. le
Président, le député de Lafontaine dit que je refuse de
rendre public un rapport sur l'aménagement des berges, des lacs et
rivières. Je ne l'ai pas encore reçu, le Conseil consultatif ne
l'a pas encore soumis. Il est promis très prochainement. J'ai
indiqué clairement au conseil consultatif mon intention de rendre ce
rapport public quand je le recevrai et cela, sans délai.
Je pense qu'il y a lieu, M. le Président, de faire une
distinction entre des politiques générales et des cas
d'espèce. Dans des cas d'espèce, il y a fort possiblement des
décisions gouvernementales à prendre. Dans les questions de
grandes politiques, par contre, il est certainement souhaitable que la
pensée d'un organisme consultatif et les commentaires, les
recommandations d'un tel organisme alimentent une discussion publique pour que
le gouvernement puisse prendre une décision éclairée quant
à une nouvelle façon d'aborder le problème en
question.
Je regarde ici la liste que j'ai faite, M. le Président. Le
député de Lafontaine a parlé de ralentissement dans le
calendrier de réalisation du système d'épuration des eaux
usées pour la Communauté urbaine de Montréal. Il a dit
dans son raisonnement à lui que c'est le ministre qui est responsable du
ralentissement. Je tiens à souligner que c'est une chose qui a
été décidée et annoncée par la
communauté urbaine; c'est le président du Comité
exécutif de la CUM qui a annoncé une modification de calendrier.
En même temps que j'ai dû constater une projection du service de la
dette, du fardeau de la dette de la CUM qui augmente rapidement au cours des
prochaines années, j'ai quand même exprimé l'espoir que
l'on puisse trouver moyen de maintenir un rythme de calendrier de travaux aussi
près que possible de celui qui a été envisagé au
départ, tout en cherchant un moyen de soulager le fardeau financier en
l'échelonnant différemment, en l'imposant différemment aux
contribuables.
Le député de Lafontaine a parlé d'une partie
importante qui est payée par le fédéral. M. le
Président, c'est toujours 17% ou 18% par le fédéral et 50%
par la province. Soyons objectifs quant à cela.
En ce qui concerne la gestion des déchets solides, c'est quand
même une responsabilité quotidienne des municipalités du
Québec et nous avons encouragé les municipalités à
agir de façon à améliorer leur système de
traitement des déchets, à fermer les dépotoirs qui nous
indiquent des contaminations de l'environnement et à les remplacer par
des enfouissements sanitaires bien entretenus. Nous avons connu une
difficulté importante à trouver des endroits convenables pour
l'enfouissement sanitaire, justement parce que nous entreprenons dans chaque
cas des forages hydrogéologiques, pour être certains que le nouvel
emplacement ne constituera pas un foyer de pollution qui ne serait pas une
façon satisfaisante de remplacer des foyers existants. Ce serait un
changement de place du mal en question. Nous avons vu des cas où il a
fallu examiner dix terrains pour en trouver un seul qui convenait, sans danger,
aux eaux souterraines ou de surface, par rapport à l'élimination
des déchets. Nous avons, dans plusieurs cas, donné de l'aide
financière à des municipalités ou à des groupes de
municipalités qui ont voulu améliorer leur système.
En ce qui concerne les abrasifs sur les routes, nous avons effectivement
examiné cette question. Nous avons constaté que, surtout
là où le chlorure de calcium est remplacé par le chlorure
de sodium, généralement, l'environnement ne semble pas en subir
des conséquences qui soient comparables aux dangers que subirait la
population si l'entretien des chemins et routes en hiver n'était pas
fait de façon convenable.
Nous avons essayé de déterminer les effets sur les cours
d'eau, les effets sur la végétation le long des routes et nous
n'avons pas constaté d'effets majeurs qui justifieraient
l'élimination de ces substances dans une période où il
faut permettre à des gens de circuler sur les routes du Québec,
sur les chemins du Québec, afin de pouvoir gagner leur vie, afin de
pouvoir se rendre à l'hôpital et pour toutes les raisons qu'on
peut imaginer.
Le député a parlé des inspecteurs et du
désir que j'ai exprimé de voir doubler leur nombre. Il s'agit des
inspecteurs qui scrutent le milieu rural et qui surveillent les actions des
gens, les foyers de pollution locale, qui donnent des conseils et qui nous
aident à régler des problèmes de cet ordre. Mais il ne
faut pas confondre les inspecteurs en question avec ceux qui travaillent dans
le domaine industriel, où il y a un besoin de spécialisation
assez poussé et où nous sommes maintenant rendus seulement dans
le domaine de l'eau, par exemple, à 60 ingénieurs et 40
techniciens pour 100 personnes additionnelles. Dans d'autres domaines, dans la
mesure du possible, et on sait que le gel des effectifs imposé au cours
de 1975, non seulement par rapport à l'augmentation du nombre pour tout
le gouvernement, mais aussi de certains postes vacants et l'obligation
d'obtenir une approbation spéciale pour pouvoir ouvrir ces postes, cela
n'est pas une exclusivité de quelque ministère que ce soit, c'est
une décision pour tous les ministères et organismes du
gouvernement.
Je continue, en prenant un problème un peu au hasard. Le
député a déclaré qu'il y a des déver-
sements de résidus industriels par la compagnie Noranda, dans le lac
Dufault. Il y a certainement au lac Dufault des problèmes qui ont fait
l'objet d'une surveillance de notre part. Nous avons trouvé qu'il y
avait des concentrations de certaines substances dans l'eau qui venaient
près des limites acceptables, mais qui ne les atteignaient pas. Nous
avons suivi ces données de près, parce que c'est effectivement la
source de l'eau potable pour l'agglomération de Noranda. Il y a
notamment des exploitations minières abandonnées qui sont la
source de la contamination relative de ce lac. La compagnie, qui nous a fait
état à plusieurs reprises de ses efforts à cet
égard, a continué de chercher des moyens de fermer d'une
manière ou d'une autre ces anciennes exploitations, de façon
à restreindre l'élimination spontanée de résidus
qui pourraient détériorer la qualité de l'eau et nous
allons évidemment continuer de surveiller cela.
Le problème des fibres d'amiante dans l'eau est un
problème complexe qui impose une rigueur scientifique assez
poussée. Nous avons essayé de déterminer le degré
de danger représenté par ces fibres. Nous avons aussi et
cela est important essayé de découvrir des moyens de
filtrer cette eau, de façon à retenir les fibres d'amiante.
La technologie, dans ce domaine, n'est pas très avancée,
ainsi que la technologie quant à l'analyse de l'eau pour
déterminer exactement le nombre de fibres, parce que nous avons
constaté, pour la même eau, des résultats assez variables
entre divers laboratoires et divers rapports.
Nous avons, à cause des ressources importantes du gouvernement
fédéral, fait appel à ce palier de gouvernement pour nous
aider à établir des méthodes sûres de
déterminer le nombre de fibres et évidemment de les enlever par
filtration ou autrement, parce que, même si nous n'avons pas la preuve de
leur nocivité, nous avons quand même le désir de rendre
l'eau aussi pure que possible. On sait cependant que des fibres d'amiante sont
présentes un peu partout dans l'eau potable, surtout là où
il y a la moindre activité industrielle, comme à Montréal
et à Québec. Il y en a davantage dans la région de
l'amiante, mais il y en a en quantité appréciable dans l'eau
potable un peu partout. Cela est une préoccupation très
réelle qui nous place en face d'un problème technique
d'envergure.
Toute la question du mercure ne peut que nous préoccuper et nous
inquiéter, M. le Président. Il va sans dire que nous voulons agir
de façon à protéger, dans toute la mesure du possible, la
santé publique. Nous avons, au début de notre travail, il y a
déjà plusieurs années identifié les quatre usines
qui déversent du mercure et nous avons établi des normes et des
exigences qui ont eu pour effet de réduire considérablement les
déversements. Au fur et à mesure que nous avons suivi ce
problème, nous avons constaté certaines difficultés
additionnelles. Nous avons constaté, par exemple, que la
rétention des déversements vers l'eau pouvait ne pas
résoudre adéquatement le problème, à cause de la
possibilité d'évapora-tion du mercure à même la
surface de l'appareil
où le mercure se trouve dans l'usine, à même des
endroits où il y a des déversements de résidus et ainsi de
suite. Aussi, nous avons été saisis d'un écart, c'est un
écart que nous avons essentiellement découvert en suivant des
chiffres et en faisant des comparaisons entre les achats de mercure par
certaines compagnies et les quantités que nous pouvions identifier dans
I utilisation industrielle et dans les déversements. Ayant
constaté ces écarts, nous avons exigé que l'on nous
démontre où est allé le mercure qui représente la
différence. Nous avons encore à trouver où est allé
une certaine quantité de ce mercure. Est-ce que c'est à travers
le plancher de l'usine, à certains endroits? Cela est possible. Est-ce
que c'est en partie par l'évaporation? Il est difficile de croire qu'un
écart important puisse être constitué par
l'évaporation d'une substance qui, après tout, a une certaine
lourdeur connue.
Je ne voudrais pas exagérer l'importance du mercure qui se trouve
naturellement dans les régions nordiques du Québec, mais il y a
une telle présence et on constate une certaine uniformité des
résultats quand on s'éloigne un peu d'une source qu'on peut
identifier entre des cours d'eau où ce déversement ne peut
simplement pas parvenir et où les poissons qui auraient pu être
exposés aux effluents d'une usine, par exemple, ne pourraient
certainement pas arriver physiquement. On sait que des poissons congelés
depuis une longue période ont démontré une teneur
importante en mercure. On sait que, dans des lacs et rivières
éloignés d'une source industrielle, il y a eu des teneurs assez
élevées. Si nous pouvons attribuer une certaine présence
au dépôt naturel, au gisement naturel de mercure, nous ne devons
pas pour autant dire que les additions d'origine industrielle peuvent
être acceptables.
Nous avons présentement des équipes qui travaillent de
façon intense sur ce problème et nous sommes loin d'être
indifférents aux effets possibles du mercure sur la santé
humaine. Au fur et à mesure que les recherches ont été
poussées, notre inquiétude a augmenté. Nous avons
et cela depuis un bon moment, depuis même un certain nombre
d'années fourni des conseils à ceux qui mangent du
poisson, surtout dans les régions qui semblent les plus
affectées. Nous avons donné des conseils de ne pas en manger.
Nous avons connu une difficulté de communication à cet
égard, à cause des habitudes sociologiques ancrées depuis
longtemps, et, il faut le dire, et c'est une chose que nous connaissons tous,
à cause d'une certaine méfiance de la part de certains peuples
autochtones à l'endroit de conseils venant des blancs du Québec
et du Canada.
Nous avons quand même essayé d'insister sur le risque d'une
consommation continue de poisson. Si l'on tient compte de l'élimination
du mercure du système humain, qui se fait sur une période de
quelques mois, on m'informe que la demie-vie, si je peux l'exprimer ainsi, du
mercure dans le système est de quelque 90 jours; il est donc
évident que, si on cesse de manger du poisson qui en contient, il y aura
sûrement une certaine diminution de la présence de mercure dans le
système et évidemment une diminution du danger à la
santé.
Je ne voudrais pas aller plus loin que cela dans des
considérations médicales, n'ayant pas la prétention
d'être expert là-dedans. Il est clair que nous devons continuer de
conseiller à ceux qui ont l'habitude de manger
régulièrement et fréquemment du poisson qui peut
être contaminé, nous devons, dis-je, continuer de leur fournir ce
conseil avec insistance et essayer de diminuer leur consommation et permettre
l'élimination graduelle du mercure de leur système.
Maintenant, le député de Lafontaine a
déclaré que presque toutes les espèces de poissons au
Québec sont contaminées de mercure. Je voudrais déclarer
au contraire qu'une surveillance étroite des espèces offertes sur
le plan commercial pour consommation humaine démontre qu'il n'y a pas de
concentration dangereuse. Nous avons effectivement donné certains
conseils dans l'autre domaine, celui de la pêche sportive.
Je pense que la prudence élémentaire indiquerait que ceux
qui poursuivent une pêche sportive seraient bien inspirés de se
renseigner ces renseignements sont disponibles et d'être
prudents dans la quantité de poissons consommés. Je fais
clairement une distinction entre les peuples autochtones qui ont l'habitude de
manger à peu près quotidiennement du poisson et ceux qui vont
à la pêche une fois ou deux par année et qui peuvent alors
manger quelques poissons. Le danger, par rapport au mercure, est
évidemment moindre et en proportion de la consommation.
Je voudrais aussi souligner que je trouve, pour ma part, dangereuses les
affirmations que vient de faire le député de Lafontaine.
Evidemment, il peut invoquer son immunité parlementaire, mais il a
nommé une compagnie et a attribué à cette compagnie une
responsabilité assez précise. Il est allé jusqu'à
dire que cette compagnie devrait être tenue de payer, de compenser
certains méfaits que le député lui impute, de payer
certains dommages à la santé et à la possibilité de
gagner la vie de certaines personnes. M. le Président, nous vivons dans
un système démocratique et juridique. Il faut des preuves qui
doivent être reconnues par des tribunaux pour attribuer à une
personne particulière ou morale, une responsabilité de cet ordre.
Je soumets respectueusement que nous n'avons pas de telles preuves et que je
conseillerais une certaine prudence aux membres de la commission parlementaire,
en citant des noms et en distribuant des responsabilités à
certaines personnes morales ou particulières.
Le député de Lafontaine a parlé d'une
présence de mercure dans l'eau et a suggéré que de
nombreux citoyens du Québec boivent de l'eau qui contient une teneur
inquiétante en mercure. Le mercure est une substance qui peut se
concentrer dans la chair de certaines espèces de poissons, qui peut se
concentrer dans les sédiments sur le lit d'une rivière ou d'un
lac, mais, sa présence dans l'eau, comme telle est
généralement négligeable, à cause sa tendance
à précipiter. Nous contrôlons la présence de mercure
dans l'eau à Montréal, par exemple, et nous n'avons ja-
mais eu à nous inquiéter d'une concentration d'une teneur
qui aurait constitué une inquiétude pour la population.
Toujours parlant de l'eau potable, le député a fait
allusion à l'épidémie que nous avons connue à
Saint-Gabriel-de-Brandon et il a fait des remarques désobligeantes
à l'endroit de l'équipe des services de protection de
l'environnement. Je voudrais affirmer que l'équipe a été
présente, que ceux qui ont été chargés de ce
dossier ont fait un travail sincère et dévoué et ont
été l'objet de remarques désobligeantes, de la part de
certaines personnes du milieu.
A cause de ces remarques désobligeantes, à cause du fait
que ces remarques ont été faites publiquement, devant d'autres
confrères, lors de certaines réunions de travail, les
représentants des services de protection de l'environnement ont
préféré ne plus participer à ces réunions.
C'est une chose qui ne semble pas toucher la sensibilité douteuse du
député de Lafontaine, mais il y a des êtres humains qui
peuvent finir par avoir leur voyage d'être attaqués
personnellement.
Nous avons fait une analyse de la situation à Saint-Gabriel. Nous
avons vu et entendu des affirmations de la part de certaines personnes qui,
avec l'omniscience qui caractérise certaines, ont su
immédiatement quelle en était la cause. Je pense que nous avons
maintenant décelé, au moins en rétrospective, ce qui
semble avoir été la cause. Il y a eu des travaux qui ont
été effectués sur un barrage qui a pour fonction, entre
autres, de maintenir le niveau du lac. A un moment donné, il
paraît qu'à cause de ces travaux le niveau a été
considérablement inférieur à celui qui est normalement
constaté et qui a été constaté au moment du
déclenchement de l'épidémie, donc au moment des visites et
des échantillonnages. Il a fallu reconstruire une série de
circonstances, parce qu'au moment où nous y sommes allés, nous
avons pu constater que la situation de la prise d'eau était à une
profondeur telle, et à une distance telle de la rive et des sources
possibles de contamination que, normalement, il n'y aurait pas eu de
possibilité de contamination. Effectivement, les échantillons
pris ont démontré qu'il n'y avait pas de mauvaise qualité
d'eau à cet endroit.
Nous avons été régulièrement présents
à cet endroit. Je vous fais remarquer que, même si la maladie est
maintenant disparue, nous n'avons pas réussi à identifier la
personne qui aurait pu être porteuse de ce microbe et qui aurait pu la
transmettre. Nous n'avons donc pas l'explication complète de cette
situation. Il y a des paroles qui viennent légèrement à la
bouche du député de Lafontaine. Il accuse des gens de mentir et
d'induire la population en erreur. Quand on se livre à certaines
pratiques soi-même, on devrait être plus prudent en accusant
d'autres personnes. Le député de Lafontaine et son chef, M.
René Lévesque, ont eu le culot de dire à la population du
Québec que seulement 10% des Québécois boivent une eau qui
est convenable à la consommation. Que le député n'essaie
pas de me dire que ce n'est pas ce que M. René Lévesque a dit,
parce que je l'ai entendu de mes propres oreilles, à la
télévision. Il a dit précisément même
si une autre personne, avec une imprécision que je corrigerai dans un
instant, dit que 10% des municipalités du Québec étaient
servies par un système convenable d'eau potable M. René
Lévesque, lors d'une conférence de presse tenue conjointement
avec le député de Lafontaine, a dit: 10% de la population est
favorisée par un système convenable d'alimentation en eau
potable.
M. le Président, 10% de la population est 600 000 âmes.
Dans la seule ville de Montréal, nous avons deux fois ce nombre.
Nous avons, dans la région métropolitaine de
Montréal, plus de trois fois ce nombre. Ajoutons l'agglomération
de la capitale provinciale, l'Outaouais québécois, où il
existe des usines de filtration. Je ne parle pas des puits qui dans le
passé ont été contaminés et dans plusieurs cas ces
problèmes ont été corrigés. Quand on regarde
à gauche et à droite, la rive sud de Québec, ici, la rive
sud de Montréal, on arrive à quatre millions de
Québécois qui boivent une eau filtrée, à 1,4
million additionnels qui boivent une eau chlorée. Nous arrivons à
600 000 Québécois seulement qui n'ont pas un système de
traitement pour leur eau potable. Et, dans bien des cas, M. le
Président, on le sait, on est dans une municipalité où
l'on prend l'eau d'un lac dans les montagnes, d'une source de puits souterrain
qui fournit une eau d'excellente qualité.
Alors, M. le Président, au lieu de 90% de la population qui est
exposée à une eau qui risque d'être de mauvaise
qualité, on arrive à une vérité de 1%, et cela
réparti dans des municipalités dont quatre seulement ont plus de
1000 âmes de population. Dans bien des cas, les dépenses
nécessaires par rapport aux ouvrages qui seraient requis sont
extrêmement élevées pour la petite population en question.
Et, pour cette raison, il a fallu développer un programme d'aide. Quand
on parle d'un programme d'aide et que l'on dise comme disait à la
télévision M. René Lévesque, et je le cite
textuellement, et je m'excuse d'avance auprès des lecteurs du journal
des Débats, mais M. René Lévesque disait à mon
endroit: "He has not done a bloody thing". M. le Président, je pourai,
si vous voulez, fournir une liste des usines de filtration où nous avons
contribué à l'agrandissement de la capacité. Il y eut des
interventions pour rappeler aux autorités municipales leurs
responsabilités parce que c'est la leur, de bien surveiller le
fonctionnement de l'usine en question. Je rappelle les inspections que nous
avons poursuivies nous-mêmes, la présence de nos fonctionnaires
quand les autorités locales ne semblaient pas en mesure d'effectuer les
travaux nécessaires, les télégrammes envoyés
dès que nous constations un problème immédiat. Entre
parenthèses, M. le Président, si l'on parle d'un certain nombre
de municipalités où il y a un problème, c'est un
problème potentiel. Nous surveillons ces cas et il va sans dire que,
s'il y avait demain matin un problème dans l'une ou l'autre de ces
municipalités, nous enverrions immédiatement un
télégramme pour indiquer la nécessité de faire
bouillir l'eau pour protéger la santé publique.
Et cela se produit, comme le député le sait' surtout
pendant la période chaude de l'année. Or, M. le Président,
quand on fait des affirmations gratuites à gauche et à droite,
comme cela, il y a lieu de douter non seulement de la précision avec
laquelle ces déclarations sont préparées, mais aussi de la
bonne foi avec laquelle elles sont faites. M. le Président, nous avons
de toute évidence, un problème au Québec. Tout le monde
sait que nous avons commencé en retard par rapport à l'Ontario et
tout le monde sait que l'Ontario a des ressources plus importantes que les
nôtres.
Tout le monde sait aussi qu'en Ontario il y a une concentration de
budget sous un seul titre, tandis que chez nous il y a des ressources
financières qui sont distribuées parmi plusieurs
ministères, qui sur le plan historique se sont toujours occupés
des problèmes de l'eau. On sait que des recommandations de toutes sortes
ont été faites pour l'unification de la gestion de la ressource
eau.
Je ne voudrais pas, M. le Président, qu'on invoque ces diverses
recommandations pour dire que, parce qu'il y a plus d'une instance de
responsabilité, cette gestion ne se fait pas convenablement au
Québec. Nous avons, si nous regardons les faits, des ressources plus
importantes que celles représentées par les comparaisons faites
avec une simplicité parfois intentionnelle entre ce qui paraît au
poste attribué aux services de protection de l'environnement et
l'ensemble des ressources du Québec et de l'Ontario, dans les deux
cas.
M. le Président, je pense que ce qui me fait de la
j'allais dire peine, mais ce serait accorder trop d'importance au vinaigre du
député de Lafontaine mais ce qui m'embête le plus
c'est qu'il y a toute une équipe de personnes extrêmement
dévouées qui travaillent dans l'ombre, qui n'ont pas l'avantage
de pouvoir convoquer des conférences de presse et de faire des
déclarations à l'emporte-pièce. Ce sont toutes ces
personnes qui sont visées par les remarques du député de
Lafontaine.
Il est très facile, dans un domaine où il y a beaucoup
à faire, de monter en épingle ce qui n'est pas fait et d'oublier
ce qui est fait. On dit que le Québec ne fait rien pour épurer
ses eaux usées, M. le Président. On sait que les engagements
atteindront bientôt $1,5 milliard et que nous avons commencé par
les plus fortes concentrations de population, que nous serons en appel de
soumissions avant l'expiration de cette année et peut-être, si
tout va bien, avant la fin de l'été, pour la construction d'une
usine d'épuration pour la Communauté régionale de
l'Outaouais. On sait que le gouvernement a fourni des sommes très
importantes au Bureau d'assainissement des eaux du Québec
métropolitain et que nous arriverons prochainement à
l'étape usine d'épuration dans ce cas aussi. On sait que c'est
l'initiative du gouvernement qui a enfin amené la Communauté
urbaine de Montréal à définir un système
d'épuration et d'en commencer la construction et que le gouvernement
s'est engagé à payer la moitié de ce coût. En
même temps, avec un peu moins de publicité, en parallèle,
le même travail se fait sur l'île Jésus pour la ville de
Laval.
Nous avons là, M. le Président, les quatre plus
importantes agglomérations du Québec où l'on progresse
vers l'assainissement des eaux usées. Dans plusieurs cas où il
s'est agi de déterminer le genre de traitement, nous avons donné
des subventions à des villes comme Granby, comme Sha-winigan pour
permettre la détermination des systèmes de traitement afin de
pouvoir tenir compte des effluents industriels en même temps que l'on
tiendra compte des rejets des égouts municipaux.
Alors, sans doute aurons-nous l'occasion de revenir sur plusieurs de ces
sujets et sur d'autres. Mais je pense que, si nous voulons poursuivre une
discussion utile, il serait bon qu'elle se situe à un niveau autre que
le niveau personnel. M. le Président, je n'invoque pas ma personne,
j'invoque le niveau personnel de chacun des fonctionnaires qui, nonobstant les
commentaires malveillants du député de Lafontaine, font des pieds
et des mains pour améliorer la situation au Québec et cela face
à des obstacles beaucoup plus considérables que toute autre
province canadienne, en ce moment, malgré les efforts qui ont
été menés, pendant un certain temps, par ces mêmes
personnes.
Je demeure à la disposition des membres de cette commission pour
toute discussion objective du problème. Je ne vous promets pas de rester
à la disposition de la commission pour répondre à des
attaques personnelles contre moi-même ou contre les membres de mon
équipe.
M. Léger: Je voudrais, quand même, terminer par une
courte réponse. Les affirmations du ministre, depuis tantôt, ne
m'ont apporté aucune réfutation de ce que j'ai avancé
aujourd'hui. Je maintiens toutes les accusations que j'ai émises au
niveau de l'efficacité du ministère de l'environnement. Quand
j'ai porté ces accusations, ce n'est pas contre les fonctionnaires comme
tels, mais c'est contre le ministre responsable de ce ministère. Les
fonctionnaires seront d'autant plus efficaces que le ministre sera
dynamique.
J'ai remarqué que le ministre c'est encore pire
semble connaître les problèmes, mais il ne semble pas poser les
gestes correctifs, surtout dans les 27 cas que j'ai mentionnés
tantôt. Je pense que les affirmations du ministre confirment tout ce que
j'ai dit tantôt. Il y a un point que le ministre a réfuté
et que j'accepte, c'est uniquement sur la question du rapport sur
l'aménagement des berges, alors qu'il m'a dit qu'il n'avait pas encore
eu le rapport, j'admets avec lui qu'il ne pouvait pas le déposer,
puisqu'il n'a pas eu ce rapport. Mais, pour l'ensemble des 27 autres
accusations que j'ai portées, le ministre n'a rien réfuté.
Il a continuellement confirmé ce que j'avais dit, en lui montrant qu'il
y avait des problèmes partout, mais qu'il n'avait apporté aucune
solution.
Je voudrais tout simplement corriger une affirmation que le ministre a
faite tantôt sur une conférence de presse qui a été
faite, il y a environ deux mois, où pour prouver ce que j'avance,
je lui enverrai une copie du communiqué de
presse il était bien dit c'est une erreur de
transcription des journalistes que ce n'est pas 10% de la population qui
n'avaient pas de système de filtration des eaux, mais 10% des
municipalités. Si le journaliste...
M. Goldbloom: Je m'excuse, même cela n'est pas vrai; 10%
des municipalités, c'est 150 municipalités. Il y en a beaucoup
plus que cela. Nous avons 450 usines de filtration au Québec, plus des
appareils de chloration.
M. Léger: De toute façon, au sujet de notre
affirmation, je lui enverrai le communiqué de presse comme tel, dans
lequel c'est indiqué; il pourra réfuter ces chiffres. Un
journaliste peut avoir mis 10% de la population, plutôt que 10% des
municipalités; cela, c'est une autre question. Je lui enverrai le
communiqué de presse et il verra exactement ce qui a été
dit, cette fois-là, à la conférence de presse.
M. Goldbloom: J'ai bien pris la précaution de dire que
j'ai vu et entendu M. René Lévesque, moi-même, à la
télévision.
Poursuites
M. Léger: De toule façon, si le ministre a compris
ce qu'a dit M. Lévesque de la même façon qu'il a compris ce
que j'ai dit tantôt, je reviendrai, programme par programme, pour
démontrer qu'il a encore mal saisi ce que je lui ai dit tantôt.
Chacun des programmes prouvera les 27 accusations que j'ai portées
tantôt.
Je voudrais commencer les questions qui touchent les différents
programmes. Au départ, je dois dire que, comme l'an dernier, puisque les
services de protection de l'environnement continuent à ne publier
soigneusement aucun rapport annuel ou état statistique sur leurs
activités, je voudrais obtenir du ministre les renseignements suivants.
Premièrement, j'aimerais obtenir le nombre de poursuites tenues par les
services de protection de l'environnement dans le cadre de l'application de la
loi 34 ou de ses règlements et, évidemment, savoir sous quel
article de la loi les poursuites ont été entreprises, les
compagnies poursuivies et, finalement, le résultat de chacune des
poursuites.
Autrement dit, ce sont des renseignements élémentaires qui
vont nous permettre de savoir ce que ça donne, finalement, de faire une
loi et de dépenser de l'argent. Cela a apporté quoi comme
résultats?
M. Goldbloom: Pour la période de 1969 à 1976, 179
poursuites. Selon nos renseignements, c'est le nombre le plus
élevé de poursuites au Canada.
Il nous manque des chiffres pour l'Alberta, la Saskatchewan et le
Manitoba; le gouvernement fédéral, en vertu de la loi sur la
marine marchande, entre 1971 et 1973, a pris 157 poursuites; l'Ontario, de 1968
à 1975, a fait 130 poursuites; la Colombie
Britannique, 21; Terre-Neuve, 2; le Nouveau-Brunswick, I,
l'Ile-du-Prince Edouard, aucune, et la Nouvelle-Ecosse, aucune. Alors, 179
poursuites, M. le Président pour cette période de temps.
M. Léger: M. le Président, je pense que le ministre
n'a pas saisi ma question. Je voulais obtenir le nombre de poursuites
intentées par les services de protection de l'environnement, dans le
cadre de l'application de la loi 34 qui a été votée en
1972. Vous me sortez les chiffres à partir de 1969. A partir de 1972,
vous vous êtes donné une loi, quelques règlements qui vous
permettaient de faire des poursuites. Ma question date de 1972, depuis la loi
34.
Cela complique peut-être la tâche du ministre.
Peut-être que le ministre, au lieu de les lire en Chambre; pourrait les
déposer et je vais ajouter deux ou trois autres questions, dans le
même style, qui pourraient être déposées à la
prochaine séance de la commission.
M. Goldbloom: M. le Président, je suis en train de
compter, si vous voulez me donner un instant.
M. Léger: Ce n'est pas uniquement le nombre.
M. Goldbloom: J'ai une liste de 70 poursuites depuis
l'entrée en vigueur de la Loi sur la qualité de l'environnement,
M. le Président, et dans certains de ces cas, il y avait plus d'une
poursuite contre le même défendeur.
M. Léger: Ma question était pour savoir si le
ministre peut déposer ces poursuites, quel article de la loi on a
utilisé pour ces poursuites et quelles étaient les compagnies qui
ont été poursuivies? Finalement, les résultats de chacune
de ces poursuites.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, je ne suis pas certain
d'avoir immédiatement l'article en question dans tous les cas, mais je
vois que, dans la plupart des cas, l'article est mentionné.
M. Léger: Peut-on les déposer, M. le
Président?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président.
M. Léger: D'accord. Et en même temps, M. le
Président, à cause de ce manque de statistiques sur
l'environnement, le ministre pourrait-il déposer la liste précise
des ordonnances ou avis de cessation d'activités polluantes, en vertu
des articles 25 à 27 de la Loi sur l'environnement?
M. Goldbloom: M. le Président, nous pourrons faire cela.
Je voudrais vous donner immédiatement les statistiques: 139 ordonnances
du ministre et 56 ordonnances du directeur, pour un total de presque 195
ordonnances. Alors, outre les poursuites, cela représente un nombre
important
d'interventions, et tout cela en vertu de la Loi de la qualité de
l'environnement.
M. Léger: Le ministre pourrait-il maintenant donner et
déposer en même temps le nombre des demandes d'autorisation ou de
certificats d'autorisation reçus et émis dans le cadre de
l'article 22 de la loi? L'an dernier vous en aviez environ 150 pour l'air et
120 pour le milieu de travail. Cette année, le ministre pourrait-il nous
donner le dépôt de cela en même temps?
M. Goldbloom: Nous allons essayer de faire cela. Oui, M. le
Président.
M. Léger: En même temps, combien de contraventions
ont été émises en vertu de cet article 22?
M. Goldbloom: Les contraventions contre l'article 22 font partie
du nombre de poursuites, M. le Président, parce que, comme j'essaie de
le rappeler, de temps en temps, à la population du Québec, nous
ne vivons pas en dictature.
Ce n'est pas le ministre qui applique la loi directement et
perçoit les amendes; ce sont les tribunaux qui déterminent s'il y
a eu, effectivement, infraction, contravention et qui fixent le montant de
l'amende. Quand on dit, parfois, que le ministre ne prévoit pas des
amendes suffisamment importantes, je peux vous suggérer, M. le
Président, de voir les articles de la loi qui prévoient des
montants plus considérables que ceux que les tribunaux imposent. Mais
les tribunaux n'ont pas d'ordres à recevoir du ministre.
M. Léger: M. le Président, je me suis permis aussi
de relire les Débats de 1972, lors de l'adoption de la loi 34 sur
l'environnement. Le ministre nous avait alors fait beaucoup de voeux pieux et
de promesses sur le fonctionnement de la loi. Je veux en particulier lui citer
certaines de ses paroles, à l'époque, concernant les commissions
parlementaires pour l'étude des divers règlements. Entre autres,
ici, à la page B-6637, du jeudi 23 novembre 1972, le ministre avait dit:
"Le champ d'action est tellement vaste qu'il est impensable qu'il n'y ait
qu'une seule séance d'une commission parlementaire, même avec les
témoignages d'organismes et de particuliers, et qu'on puisse
connaître l'intérêt de la population et les désirs de
la population quant à la réglementation. Il faudra toute une
série de telles consultations. Il me semble que la commission
parlementaire doit être le principal organisme habilité à
entendre ces témoignages et il me semble que les députés
sont suffisamment intéressés pour vouloir participer à ce
genre de consultations."
Plus loin, M. Goldbloom dit: "J'ai dit auparavant, M. le
Président, que tout cela devra précéder l'adoption de
nouveaux règlements et de règlements." Plus loin, M. le
Président, le ministre disait, en 1972: "Le principe et la politique
n'ont jamais été en litige. Il est question de modalités;
nous avons suggéré que ce soit au niveau de la
réglementation que les consultations populaires aient lieu." Plus loin,
le ministre parlait encore dans le même sens.
Le ministre, en particulier, avait refusé les auditions publiques
sur la loi 34, en disant qu'il y en aurait sur la réglementation. Or, en
trois ans et demi, pas une fois la commission parlementaire n'a
siégé sur un projet de réglementation. Le ministre doit
donc comprendre facilement que moi, comme député qui ai
voté pour la loi 34 en 1972, j'ai plutôt l'impression de
m'être fait passer plusieurs sapins et la crédibilité du
ministre est plutôt basse. Ce n'est tout de même pas, un manque de
temps qui fait qu'on ne tient pas d'audiences publiques. Il se passe, en
moyenne, 300 jours entre le dépôt d'un projet de règlement
et sa mise en vigueur.
Je voudrais, au moins, avoir une explication précise, vraie et
honnête là-dessus, de la part du ministre. Pourquoi n'y a-t-il pas
eu de commission parlementaire avant que le règlement soit
adopté?
M. Goldbloom: Cela n'a pas été demandé. M.
le Président. Dans le cas où une séance a
été demandée, j'ai dit oui. Je trouve que c'est
certainement raisonnable de répondre à des demandes et dans un
cas on se le rappellera, ce n'est pas un cas majeur, peut-être
celui des contenants uni-services, j'ai pris l'initiative de vouloir
consulter des gens qui avaient remis des mémoires qui avaient, à
cette occasion aussi, exprimé un certain désir de pouvoir
défendre ces mémoires publiquement. Je leur ai fourni cette
occasion.
M. Léger: Dans le cas des contenants uniser-vices, il n'y
a jamais eu de projet de réglementation par la suite.
M. Goldbloom: Non, M. le Président, et. comme je l'ai dit,
ce n'est probablement pas un problème que l'on peut qualifier de majeur.
C'est une question de laideur et de civisme; ce n'est pas un danger majeur
à la santé, sauf peut-être je le reconnais
dans le cas d'une bouteille brisée qui peut être la cause de
blessures à un enfant. Et, mon Dieu, je croirais, pour ma part, que I'on
n'aurait pas besoin de séances d'une commission parlementaire pour faire
réfléchir des gens sur des gestes de cette nature.
M. Léger: M. le Président, on est en pleine
semaine...
Le Président (M. Picard): Je crois que le
député d'Abitibi-Ouest aurait une question là-dessus.
M. Boutin: J'aurais besoin d'une information. M. le
Président. Si je comprends bien, les règlements, ordinairement,
sont édictés par le lieutenant-gouverneur en conseil. Le
lieutenant-gouverneur en conseil, c'est le gouvernement?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président. Il y a plus que cela
et c'est un facteur que j'aurais dû mentionner tout à l'heure, en
parlant du temps néces-
saire pour la publication des règlements. C'est justement qu'au
niveau du Conseil exécutif il y a, depuis un certain temps, un
sous-comité de législation qui a pour mandat d'examiner ce que
l'on appelle la législation déléguée. Cela veut
dire les règlements.
Il y a aussi des comités interministériels qui doivent
coordonner le point de vue des divers ministères pour être
certains que ce qui est proposé par un ministère est concordant
avec ce que font déjà d'autres ministères ou ce que
proposent d'autres ministères. Ces consultations prennent un certain
temps.
Il est donc logique, M. le Président, que l'on s'assure de
l'applicabilité de chaque règlement avant de lui donner force de
loi. Pour cela, le temps requis est plus élevé que les 60 jours
qui sont un minimum dans la loi.
Inspection
M. Boutin: M. le Président, j'avais une autre question. On
a mentionné tout à l'heure les inspecteurs du service de
l'environnement. Est-ce que le ministère des Affaires municipales se
sert aussi d'inspecteurs, de personnes oeuvrant au ministère des
Affaires sociales pour obtenir des ordonnances?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, et aussi du personnel
du ministère du Travail et, dans certains cas, du personnel du
ministère de l'Agriculture. Il y a un comité
interministériel qui implique les affaires sociales et le travail, avec
les services de protection de l'environnement, qui a pour but d'harmoniser les
mesures et les normes dans les trois cas.
On se rappellera, M. le Président, qu'un autre des projets de
règlement d'une extrême importance qui a été
publié a été celui sur les conditions de travail dans les
usines du Québec. En réponse à cette publication, nous
avons reçu un grand nombre de commentaires découlant surtout de
l'expérience vécue par certaines industries et certains syndicats
et soulignant aussi que, malgré de nombreuses consultations au
préalable, il y avait quand même des divergences entre les
pratiques et même les règlements des divers ministères.
Ce que nous avons voulu faire, c'est constituer une table unique et
arriver avec un règlement unique et assurer la coordination du travail
des trois équipes. C'est ce qui se poursuit de puis un bon moment. C'est
un cas où je pense que l'importance du sujet, l'importance des mesures
préconisées justifierait et la demande sera sûrement
formulée des séances de la commission parlementaire pour
entendre les opinants là-dessus.
Pollution par le mercure
M. Boutin: M. le Président, j'avais une dernière
question. Il a été tout à l'heure mentionné par le
député de Lafontaine que le ministère
fédéral de l'Environnement avait pris l'initiative
complète quant aux études sur le rejet de mercure faites par les
compagnies, soit par les compagnies Domtar, de Quévillon, et d'autres
compagnies, ou d'études d'autres dépôts au nord de la
province. N'est-il pas vrai, M. le Président, que le ministre des
Affaires sociales, à travers ses organismes de santé, a
été lui, de son côté, pour le gouvernement du
Québec, un des leaders dans ce domaine?
M. Goldbloom: Le gouvernement du Québec a
été le leader dans ce domaine, M. le Président. Nous avons
demandé la collaboration du gouvernement fédéral parce
que, effectivement, ses ressources en personnel, en équipement et en
argent sont supérieures aux nôtres. Mais il y a trois
ministères, au niveau du gouvernement provincial, qui se sont
occupés du problème et qui ont constitué ensemble des
groupes de travail auxquels nous avons associé le gouvernement
fédéral.
Or il est certainement injuste et non conforme à la
réalité de dire que le fédéral a pris l'initiative
et que le gouvernement du Québec a suivi en arrière. Au
contraire, nous avons identifié, au tout début de notre mandat,
deux problèmes comme étant primordiaux et urgents: le mercure et
l'épuration des eaux usées. C'est pour cela que nous avons, dans
la première année de notre existence, entrepris une série
d'interventions auprès des compagnies qui déversaient le mercure.
Assez rapidement, nous avons obtenu, une diminution de 95%, en chiffres ronds,
des déversements de mercure. Et aussi nous avons, on se le rappellera,
interdit la pêche commerciale pour certaines espèces, justement
parce qu'il y avait du danger.
Et, un peu plus tard, quand nous avons constaté une baisse de la
teneur de mercure dans la chair de certaines espèces, nous avons permis
une ouverture de la pêche commerciale pour ces espèces. Enfin, M.
le Président, nous avons poursuivi, conjointement avec le gouvernement
fédéral, une des compagnies où nous trouvions que le
progrès n'était pas assez rapide.
M. Léger: M. le Président, je veux quand même
vous faire remarquer que les études faites par le ministère des
Affaires sociales étaient plutôt sur la conséquence de la
présence du mercure chez les humains, et non pas de la présence
du mercure dans les eaux, ce n'est pas la même chose.
M. le Président, comme on est dans la semaine de l'environnement
et que le ministre je l'entendais dire, à la radio, qu'il voulait
éveiller la conscience des gens nous avons mal saisi ce qu'il
voulait dire en Chambre, encore une fois était mal compris. Pour nous
c'était une intention d'une façon systématique d'avoir des
commissions parlementaires avant l'adoption des règlements, si le
ministre nous dit que ce n'est pas une façon systématique, mais
qu'il le ferait que si on le demandait, bien moi je lui demande qu'à
l'avenir, chaque réglementation au niveau du ministère de
l'Environnement soit adoptée après une commission parlementaire
pour l'étude de ces projets. Je m'explique pour donner les informations
à mon
collègue le député d'Abitibi-Ouest. Normalement, le
ministre dépose dans la Gazette officielle un projet de
règlement. Il est bien dit que le ministre donne avis à la
population qu'il a l'intention de proposer, dans 60 jours, au Conseil des
ministres, le projet de règlement qui est indiqué dans la
Gazette.
C'est donc dire que les citoyens qui ont des choses à dire
peuvent envoyer des mémoires. C'est donc à l'intérieur des
60 jours qu'il devrait y avoir une convocation de la commission parlementaire,
pour que tous ceux dont on veut réveiller la conscience sur le
problème de la qualité de l'environnement puissent venir
s'exprimer. Alors moi je fais la demande officielle au ministre, si ce n'est
pas systématique. Le ministre a afffirmé, en 1972, que tout
projet de règlement, puisqu'il voulait sensibiliser les gens, aurait
systématiquement été précédé d'une
commission parlementaire. C'est ce que je crois encore. Et si le ministre dit
que c'est mal interprété, qu'il faut que les gens le demandent,
moi je le demande pour l'avenir.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que nous avons
assisté, au cours de l'histoire du Parlement du Québec, à
assez de demandes de convocation d'une commission parlementaire par
l'Opposition, par les Oppositions, qui n'ont pas été retenues par
les gouvernements successifs...
M. Léger: Mauvaise habitude.
M. Goldbloom: ... pour que je n'accepte pas, par le simple fait
que le député de Lafontaine le demande, de faire cela dans tous
les cas. Il faudra que des gens sérieux demandent pour des raisons
autres que des raisons politiques, la convocation de la commission
parlementaire et je vais répondre favorablement à de telles
demandes.
Pour revenir, M. le Président, à deux réponses que
j'ai données, tout à l'heure, nous avons fait une compilation et
nous avons identifié qu'un total exact de 146 poursuites ont
été intentées depuis l'entrée en vigueur de la Loi
sur la qualité de l'environnement. Quant au nombre d'approbations en
vertu de l'article 22, dans l'année civile 1975, nous dénombrons
919 approbations dont chacune nécessitait, évidemment, un examen
de la demande formulée.
M. Léger: De toute façon le ministre, je pense, a
accepté de les déposer pour qu'on puisse connaître les
contenus et les conséquences de ce qui est arrivé avec chacune de
ces ordonnances et poursuites.
M. Goldbloom: Dans le cas des poursuites, oui, M. le
Président; je ne suis pas prêt à promettre de
déposer 919 demandes d'approbation en détail, on verra.
M. Léger: D'accord, c'est au niveau des poursuites et des
contraventions.
M. Bédard (Montmorency): On ne peut pas dire qu'il ne se
fait pas de l'ouvrage de ministère!
M. Léger: Alors, M. le Président, est-ce que j'ai
bien compris le ministre quand il a dit qu'il était pour convoquer la
commission parlementaire pour l'étude de la réglementation sur la
pollution de l'air?
M. Goldbloom: Oui.
M. Léger: Bon, d'accord. Alors, M. le Président,
dans un autre domaine, au niveau des inspecteurs, combien y a-t-il actuellement
d'inspecteurs locaux qui s'occupent des problèmes
généraux? L'an dernier, vous en aviez 117; en 1974, il y en avait
110. Maintenant, comme en 1972 vous aviez dit que vous vouliez doubler ce
nombre, combien y en a-t-il actuellement?
M. Goldbloom: M. le Président, je ne sais pas où le
député a pris le chiffre de 117, je ne l'ai jamais
donné.
M. Léger: Vous l'avez donné l'an dernier.
M. Goldbloom: Nous avons, en général, à peu
près une centaine d'inspecteurs dans le milieu rural et ce nombre monte
ou descend un peu. Nous avons fait des efforts de recrutement à
plusieurs occasions et nous n'avons pas toujours été en mesure de
combler des postes. Malgré un désir que j'ai exprimé
à maintes reprises d'exiger que chacun des inspecteurs soit
détenteur d'un certificat, d'une reconnaissance professionnelle, nous
avons dû accepter des gens d'autres formations, pas nécessairement
de formation inadéquate; je ne voudrais pas laisser cette impression.
Nous avons, par exemple, des biologistes qui travaillent à titre
d'inspecteurs, le marché du travail étant restreint pour les
biologistes et la possibilité d'un travail utile dans le milieu
étant là au niveau de l'équipe des inspecteurs en
hygiène publique.
Alors, nous avons essayé, évidemment, de maintenir nos
effectifs au maximum possible. Mais je tiens à souligner ce que j'ai dit
tout à l'heure, c'est dans d'autres domaines que nous avons bâti
une équipe qui a une tâche un peu plus complexe, à certains
égards, à accomplir.
M. Léger: Actuellement, combien avez-vous d'inspecteurs en
hygiène publique?
M. Goldbloom: Aux environs de 100, je n'ai pas le chiffre exact.
Nous en avons au total, maintenant, 116.
M. Léger: M. le Président, je me demande ce qui se
passe. Nous avons reçu un communiqué de presse des services de
protection de l'environnement, il y a quelques jours, où il est bien
fait mention qu'il y avait actuellement un nombre de 90 inspecteurs en
hygiène publique sur le territoire qui relevaient des services de
protection de l'environnement. Alors, en avez-vous engagé 26 depuis
quinze jours?
M. Goldbloom: La liste que j'ai ici, M. le Président,
comporte 100 inspecteurs, dix agents de
maîtrise et six spécialistes. Dans le chiffre de 6 il y
a... Alors, spécialistes professionnels et secrétariat, 6, pour
un total de 116.
M. Léger: Alors, c'est donc dire que vous avez
diminué cette année le nombre de l'année dernière.
Si vous additionnez 116 avec ce que vous avez donné, à l'occasion
des crédits de l'année dernière, 117, vous avez
diminué et vous êtes pas mal loin du double que vous visiez.
L'objectif était de doubler le nombre d'inspecteurs. Alors, ce n'est pas
seulement avec un budget comme on a actuellement qu'on peut s'attendre à
faire des merveilles, mais quand même vous avez diminué.
En Ontario, il y en a trois fois plus et, même si la population
est un peu plus élevée, elle ne l'est quand même pas trois
fois plus.
M. Goldbloom: M. le Président, pour donner une comparaison
juste, il faut ajouter, dans les deux cas, quatre employés à
temps partiel. Il y avait donc, l'an dernier, 113 employés à
temps complet, plus 4 à temps partiel, pour un total de 117. Cette
année, il y a 116 employés permanents et 4 à temps
partiel, pour un total de 120 employés.
M. Léger: Vous êtes rendus à 120
employés cette année, comparativement à 320 en
Ontario.
M. le Président, dans le domaine industriel, combien avez-vous
d'inspecteurs spécialisés? En même temps, quel est le
montant affecté pour ces salaires?
M. Goldbloom: Pardon, M. le Président...
M. Léger: Dans le domaine industriel, quel est le nombre
d'inspecteurs spécialisés que vous avez? Quel est le montant
affecté pour leur salaire? Quels sont les prévisions de
recrutement pour l'année prochaine? On pourra terminer après.
M. Goldbloom: M. le Président, je constate qu'il est six
heures. Je ferai compiler la réponse pour la reprise.
M. Léger: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Picard): La commission suspend ses
travaux jusqu'à vingt heures quinze minutes.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
Reprise de la séance à 20 h 25
M. Picard: (président de la commission permanente des
affaires municipales): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente des affaires municipales continue, ce soir,
l'étude des crédits du secteur de l'environnement.
Si nous n'avons pas d'intervenants, nous allons ajourner.
M. Léger: Lors de la suspension des débats, j'avais
déjà posé une question au ministre et on était
rendu au point où il devait me répondre. Alors, je présume
qu'il doit avoir les chiffres que je lui ai demandés tantôt.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai donné cet
après-midi, les chiffres pour le personnel dans le domaine de l'eau et
je n'ai pas fait de distinction à ce moment. J'ai mentionné 60
ingénieurs et 40 techniciens, si ma mémoire est fidèle, et
c'est dans le domaine des eaux municipales, des rivières, etc.
Dans le secteur industriel, nous avons 83 personnes en fonction, dans le
secteur de l'air, 15 ingénieurs et 17 techniciens, dans le secteur de
l'eau, toujours par rapport aux industries, 18 ingénieurs et 6
techniciens, dans le domaine de l'hygiène industrielle, 12
ingénieurs et 15 techniciens, pour un total de 45 ingénieurs et
de 38 techniciens et il y a dix postes vacants dans tout cela.
M. Léger: D'accord.
M. Goldbloom: C'est-à-dire que, outre les 83 qui sont en
fonction, il y a une possibilité de recrutement de dix personnes
additionnelles.
M. Léger: D'accord. L'ingénieur chargé de la
protection de l'environnement à la baie James, M. Yvon Béland,
qui avait démissionné à la fin de l'été
dernier en disant qu'il ne pouvait faire appliquer aucun règlement, je
présume que le ministre a dû être intéressé,
qu'il a dû au moins être sensibilisé à cela, et qu'il
a contacté M. Béland pour savoir le fin fond de cette
histoire.
Le ministre pourrait-il nous expliquer l'état de l'environnement
à la baie James et les inspections que le service de protection de
l'environnement y a effectuées? Comment cela fonctionne-t-il?
M. Goldbloom: A la baie James, selon la loi qui l'a
constituée, c'est la Société de développement de la
baie James qui doit assurer la protection de l'environnement. Avec notre
bénédiction, la Société de développement a
conclu des ententes avec le gouvernement fédéral pour avoir une
collaboration importante de ce dernier.
Nous avons visité les laboratoires qui sont dans le champ
où se font des études. Nous avons constaté une envergure
considérable de travaux et un éventail considérable de
sujets; l'on sait que le gouvernement a conclu une entente avec les peuples
autochtones, notamment avec les Indiens, et que, selon cette entente, il y a
une surveillance
permanente qui est assurée et qui est entre les mains d'un
comité conjoint qui a été constitué.
Alors, il y a effectivement des travaux de recherche qui se font et un
contrôle qui est assuré. De notre part, nous avons un biologiste
à temps plein sur le territoire depuis l'été dernier.
Mais, comme je l'ai dit, la responsabilité a été mise
entre les mains de la Société de développement en vertu de
la loi.
L'aide du gouvernement fédéral a été obtenue
et, par la suite, il y a eu l'entente avec les Indiens qui a mené
à la constitution d'un comité mixte de surveillance.
Réglementation
M. Léger: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait nous dire quels sont les règlements qui seront publiés
en projet pour les trois prochains mois, dans la Gazette officielle? Je sais
qu'il y en avait une trentaine qui étaient projetés et qui n'ont
pas encore été publiés dans la Gazette officielle. Est-ce
que le ministre peut dire quels sont ceux qu'il projette de publier dans les
trois prochains mois et quels sont ceux qu'il prévoit qui devront
être proclamés aussi?
M. Goldbloom: Dans l'immédiat, M. le Président, le
projet de règlement relatif aux piscines publiques, le projet de
règlement relatif à l'exploitation des carrières, le
projet de règlement relatif à la qualité des eaux de
baignade, le projet de règlement relatif aux effluents des raffineries
de pétrole, le projet de règlement relatif à la
qualité de l'eau de consommation et le projet de règlement
relatif à la gestion des déchets solides. Ces six sont
prêts à toutes fins pratiques et pourront être
publiés dans les toutes prochaines semaines. Pour le reste de
l'année, il y en a d'autres qui sont prévus pour être
adoptés en 1976. Il y a un projet de règlement relatif aux
émissions des véhicules automobiles, un projet de
règlement relatif au rejet dans les réseaux d'égout, un
projet de règlement relatif à la qualité du milieu de
travail je l'ai mentionné cet après-midi et j'ai
mentionné le travail tripartite interministériel qui se poursuit
à cet égard un projet de règlement relatif aux
effluents et déchets des fabriques de pâtes et papiers et un
projet de règlement relatif aux exploita-tations de production
animale.
Il y a en outre, M. le Président, un troisième groupe dont
la première publication est prévue en 1976, mais nous ne croyons
pas être en mesure d'aller jusqu'à la deuxième publication
avant la fin de cette année: Ce sont un projet de règlement
relatif aux installations individuelles d'évacuation et de traitement
des eaux sanitaires, un projet de règlement relatif aux bruits
communautaires, un projet de règlement relatif à la gestion des
carcasses de véhicules automobiles et un projet de règlement
relatif aux études d'impact sur l'environnement.
M. Léger: Je ne sais pas si le ministre s'est
trompé. Tantôt, il a commencé à parler, je pense que
c'est le premier règlement sur les piscines publiques, cela a
déjà été présenté dans la Gazette
officielle le 27 novembre 1974 et, l'année dernière, nous lui
avions posé la question. Cela faisait un an que c'était
publié et la loi dit que c'est dans les 60 jours que le ministre doit
présenter cela au Conseil des ministres. Le ministre nous avait
répondu, si je me rappelle bien, que ce serait publié et
adopté avant l'été. Là, l'été
commence, est-ce que c'est dire que cet été il n'y aura pas de
règlement? Le ministre nous a dit qu'il n'avait pas encore
été présenté en projet. Il l'a été le
27 novembre 1974.
M. Goldbloom: Ce n'est pas ce que j'ai dit, M. le
Président. J'ai donné la liste des projets de règlement
que nous prévoyons faire adopter en 1976.
M. Léger: Dans les trois premiers mois?
M. Goldbloom: Dans les trois prochains mois, M. le
Président. Le député de Lafontaine m'a demandé
quels sont les règlements qui seront...
Je n'ai pas retenu son mot. Est-ce...
M. Léger: Publié en projet...
M. Goldbloom: ... publié en projet, oui, il est vrai que
celui-là a été déjà publié une fois
et par la suite, il y a eu un certain nombre de représentations sur le
plan technique et notamment, le ministère du Travail a demandé
des consultations additionnelles et nous les avons poursuivies. Nous sommes
maintenant en mesure de mettre la dernière main à ce projet de
règlement et à lui donner sa deuxième publication. M. le
Président, j'ai énuméré trois groupes: un groupe
pour action dans les trois prochains mois, un deuxième groupe pour
action, c'est-à-dire adoption avant la fin de l'année et un
troisième groupe pour publication la première fois avant la fin
de l'année et adoption en 1977
M. Léger: L'an dernier, le ministre nous avait dit,
concernant le règlement sur les rejets dans les eaux d'égout qui
avait été publié le 11 septembre 1974, qu'il serait
complété vers le début de mai 1975. Pour le rejet dans les
eaux d'égout, est-ce que vous avez inclus ça dans vos
réponses tout à l'heure? Il me semble que je n'ai pas vu
cela.
M. Goldbloom: Oui, c'est dans le deuxième groupe, M. le
Président, que nous prévoyons pouvoir faire adopter, avant la fin
de l'année; dans ce cas comme dans certains autres, il y a eu des
problèmes techniques qui ont été constatés. C'est
justement pour cela que la loi prévoit un minimum de 60 jours entre les
deux publications pour permettre à ceux qui travaillent dans un domaine
donné de porter à l'attention des services de protection de
l'environnement, des difficultés possibles quant à l'application
pratique des mesures préconisées. Dans certains cas,
malgré toute la compétence et la bonne volonté de ceux qui
ont rédigé un texte, il y a des fois des commentaires auxquels
nous de-
vons donner raison et cela nous amène à faire une
révision du texte.
Il y a aussi, et nous en avons deux ou trois exemples là, des
projets de règlement qui suscitent des commentaires
détaillés et des fois assez élaborés de la part
d'autres ministères et cela, nonobstant toutes les consultations au
préalable. Nous devons accorder aux autres ministères le respect
qui leur revient et nous devons harmoniser les règlements avec ce que
font les autres ministères pour que le gouvernement agisse avec une
unité de pensée et de mesure.
M. Léger: II faut quand même admettre ceci. Quand le
ministre nous a parlé l'année dernière, il me donne quand
même, sur plusieurs cas ou règlements, la même
réponse que l'année dernière, sauf avec un an de retard.
Je pense aux règlements sur les véhicules automobiles qui ont
été publiés le 29 septembre 1974. A la page B-1657 du
journal des Débats de l'année dernière, le ministre nous
avait dit que c'était terminé à la mi-mai 1975. Là,
on me dit que ça va être dans les prochains règlements pour
1976. La même chose pour le règlement relatif aux lieux
d'élimination des déchets sur l'île de Montréal, le
ministre nous avait dit l'année dernière que ce serait prêt
le 1er juillet 1975. Or, il n'a pas été présenté
encore comme projet dans la Gazette officielle. Même chose pour les
règlements relatifs aux études d'impact sur l'environnement qui
devaient être prêts au début de l'automne 1975 et la
même chose pour les règlements sur la qualité des eaux de
baignade qui devaient être prêts pour le 15 mai 1975. Il y en a
encore un été qui va passer sans l'avoir.
Tout ça mis ensemble, quelles sont les raisons pour lesquelles le
ministre, l'année dernière, nous affirmait que ce serait
prêt pour la date que je viens de mentionner, soit la mi-mai 1975 et
parfois à l'automne 1975? On nous redonne la même chose pour la
mi-mai et au cours des prochains six mois de l'année 1976. Qu'est-ce qui
fait que ç'a été si long à régler ces
cas?
M. Goldbloom: M. le Président, quel intérêt
et quel avantage aurais-je pu avoir à donner des calendriers autres que
ceux fournis de bonne foi par les équipes qui travaillaient à ces
règlements?
Si, dans plusieurs cas, des aspects techniques ont
présenté des complications qui n'avaient pas été
entièrement prévues. C'est toujours de bonne foi, M. le
Président, que les fonctionnaires ont continué leur travail
là-dessus. Quand ils ont dû demander un temps additionnel, je leur
ai accordé ce temps additionnel parce que, dans leur jugement
professionnel, c'était nécessaire de l'avoir.
M. Léger: M. le Président, quelles sont ces
complications qui font qu'il y a un an, on promettait un règlement qui
devait être adopté et qui était déjà en
dehors de la loi qui dit que cela doit être adopté 60 jours
après que c'est publié? Il y en a plusieurs qui ont
été publiés, entre autres le 29 septembre 1974, le 13
novembre 1974 et à d'autres dates, comme le 11 septembre 1974.
Qu'est-ce qui a pu retarder? Quelles sont les complications qui font que
nous, quand on regarde cela de l'extérieur, on se dit: Qu'est-ce qui se
passe dans ce ministère? Il y a toujours des complications, il y a
toujours une compréhension extraordinaire de la part du ministre.
Quelles sont ces complications qui retardent d'un an des choses sur un
échéancier de l'année dernière?
M. Goldbloom: M. le Président, là où il y a
eu des retards imprévus, c'est essentiellement, dans tous les cas,
à cause de la complexité des mémoires qui ont
été soumis. Notamment, quand il s'est agi d'autres
ministères et il y avait eu, dans chaque cas des consultations
auparavant je pense que, lorsqu'on regarde un texte de la
complexité de certaines de ces mesures qui sont prévues, on
constate, à l'examen minutieux, qu'il y a effectivement des mises en
application qui présentent des problèmes pratiques.
Effectivement, M. le Président, quand on regarde une
réglementation en ce qui concerne la protection de l'environnement, on a
tendance à rendre les choses très simples et à dire: II
faut lutter contre la pollution. Donc, il faut proscrire, défendre, tout
ce qui pourrait avoir un effet néfaste sur l'environnement.
Quand on fait cela, M. le Président, ce qui arrive, c'est qu'il y
a des gens qui poursuivent des activités qui sont assez innocentes et
qui tombent quand même sous la définition que l'on met dans les
règlements. Et l'on est obligé de reprendre des
définitions de façon à ne pas imposer des contraintes
injustifiées sur des activités innocentes et légitimes.
Cela a été notre expérience dans plusieurs cas.
Quand on ajoute à cela le problème que des gens comme le
député de Lafontaine sont toujours prêts à
écarter du revers de la main, les implications économiques, les
mesures que Ion peut préconiser dans des règlements, que l'on
peut sous-estimer parce que, peut-être, on n'a pas tenu compte de tous
les éléments et de toutes les répercussions possibles, on
arrive souvent devant des tas de considérations qui obligent
l'équipe à reprendre son texte et à revoir tous les
éléments, de façon à produire quelque chose qui va
faire ce qu'il est nécessaire de faire, sans créer des
complications inutiles et sans risquer de chambarder, voire même, dans
certains cas, de détruire toute l'économie d'un secteur
d'activités du Québec.
C'est dans un tel contexte, M. le Président, que nous avons
repris plusieurs des projets de règlements.
Nous en avons retenu d'autres, afin d'être en mesure de produire
quelque chose qui sera véritablement applicable là où il
faut que les règlements le soient.
M. Léger: M. le Président, prenons un cas
particulier. On a nommé cinq ou six projets de règlement qui
avaient été présentés dans la Gazette officielle
ou, du moins qu'on avait promis d'adopter en dedans d'un certain nombre de mois
et qui ne
le sont pas encore. Prenons le cas des piscines publiques. Le projet a
été présenté le 27 novembre 1974. Cela veut dire
que, depuis l'été 1975, on a vécu, sans que le
règlement soit adopté. Est-ce que le ministre peut me dire qu'il
a été inondé de mémoires de gens qui voulaient
qu'on corrige la réglementation sur les piscines publiques? Si c'est le
cas, pour quelle raison le ministre n'a-t-il pas convoqué une commission
parlementaire pour que, nous aussi, nous soyons au courant de toutes ces
contingences, de tous ces obstacles qui font qu'on retarde de deux ans un
projet de réglementation sur les piscines publiques?
On arrive à l'été, encore une fois, et le
règlement n'est pas adopté. Quelles sont ces complications?
Est-ce qu'il y a eu tant de mémoires que cela? Est-ce qu'il y a eu des
difficultés tellement graves pour retarder cela de deux ans? Pour quelle
raison n'y aurait-il pas eu une commission parlementaire là-dessus pour
nous mettre au courant nous, de l'Opposition, qui suivons le dossier, pour
savoir exactement ce qui bloque toutes ces séries de règlements
qui auraient dû être adoptés depuis déjà deux
ou trois ans?
M. Deziel: Est-ce qu'il parle d'une commission
parlementaire...
M. Goldbloom: M. le Président, je croyais... Pardon?
M. Léger: Je parle de tous les règlements, entre
autres, dont celui des piscines, puisque cela n'a pas été
présenté.
M. Goldbloom: M. le Président, je croyais le
député de Lafontaine omniscient et au courant de tout.
M. Léger: Est-ce que le ministre nous dit qui a soumis des
mémoires sur les piscines publiques?
M. De'ziel: Ce sont des piscines en fer?
M. Goldbloom: M. le Président, il y a eu un certain nombre
de mémoires je n'ai pas le chiffre et il y a eu
effectivement à peu près 25 mémoires sur les piscines.
Mais, à ma connaissance, ces mémoires n'ont pas
nécessité la tenue d'audiences publiques. Ils ont exigé
plutôt que l'on porte une attention aux aspects techniques: la question
de l'écume, la façon d'enlever l'écume, la question de la
circulation de l'eau. Les exigences qui avaient été introduites
dans le projet de règlement ont suscité un certain nombre
d'objections sur le plan technique.
Deuxièmement, ceux qui connaissent le problème des
piscines ont été occupés pendant tout l'été
à visiter les piscines et à statuer sur le fonctionnement de ces
piscines, en vertu des anciens règlements de la Loi de l'hygiène
publique, reproduits temporairement comme règlements en vertu de la Loi
de la qualité de l'environnement.
Troisièmement je fais remarquer aux membres de la
commission que les conseillers juridi- ques ne sont pas directement
attachés au ministère mais relèvent plutôt du
ministère de la Justice. Nous avons un nombre limité de
conseillers juridiques, nous en avons trois et cela veut dire que, si
j'énumère plus de trois projets de règlement, il y a plus
d'un règlement entre les mains d'un conseiller juridique. Et quand j'en
énumère une quinzaine, cela veut dire qu'il y en a en moyenne
cinq par conseiller juridique.
Les mêmes conseillers juridiques ont l'obligation de
préparer tous les documents d'ordre légal qui doivent être
signés, toutes les ordonnances. J'ai donné des statistiques
là-dessus; toutes les causes qui doivent être intentées
devant les tribunaux doivent être préparées par les
conseillers juridiques des services de protection de l'environnement; il y a
aussi tous les avis que le ministre peut demander sur des points de loi et,
enfin, une correspondance avec de nombreuses personnes qui demandent des
réponses sur des points d'ordre juridique.
Tout cela fait que l'on n'est pas toujours en mesure de faire
immédiatement le travail qu'évidemment, l'Opposition ferait dans
l'espace de 24 heures. Il n'y aurait jamais de problème, si l'Opposition
était au pouvoir.
M. Léger: Une chose est certaine, c'est qu'on engagerait
plus de conseillers juridiques, parce que cette année c'est le
même nombre de conseillers juridiques que le ministre avait
l'année dernière. Si le ministre relisait ce journal des
Débats de l'année dernière et revoyait les réponses
qu'il nous a données, je pense qu'il serait très malheureux. Il
aurait même honte de voir qu'il nous a donné les mêmes
réponses cette année que l'année dernière, quand il
nous dit qu'il n'a que trois conseillers juridiques et que c'est insuffisant,
il nous redit ses mots exacts de l'année dernière au journal des
Débats, et il n'a rien fait pour corriger la situation. Je trouve que
c'est impensable qu'un ministre qui a à coeur la réalisation de
objectifs que devrait avoir le ministre responsable de la qualité de
l'environnement nous apporte les mêmes réponses cette
année, en disant que c'est parce qu'il n'a pas suffisamment de
conseillers juridiques. C'est peut-être simpliste de le dire, mais si on
n'en a pas assez, on en engage davantage. A ce moment, le ministère,
pour en engager davantage, devrait avoir le ministre...
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai dit que ce n'est pas
au ministère d'en engager, c'est au ministère de la Justice d'en
fournir, et selon son bon plaisir, selon les possibilités de recrutement
et selon la disponibilité de gens. Le député le sait fort
bien, dans les domaines professionnels, avec les niveaux de
rémunération qui peuvent être obtenus dans la pratique
privée, ce n'est pas facile d'attirer vers le gouvernement des
professionnels, médecins, avocats et autres. Alors, qu'on cesse de
charrier, qu'on comprenne ou qu'on cesse de faire mine de ne pas
comprendre.
M. Léger: M. le Président, le ministre m'a in-
terrompu, dans un accès de colère, mais je pourrais quand
même lui dire qu'il a la responsabilité de son ministère.
S'il n'a pas assez de conseillers juridiques, ce n'est pas en attendant que le
ministre de la Justice lui en donne, mais c'est en le demandant. Je me demande
jusqu'à quel point...
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Léger: Est-ce que je peux terminer? Est-ce que j'ai la
parole?
Le Président (M. Picard): Un instant, s'il vous
plaît! Vous avez la parole.
M. Léger: M. le Président, je pense que c'est bien
beau de dire que c'est difficile de recruter du personnel, mais quand on a une
responsabilité, on doit voir à y trouver des solutions. Il nous a
dit la même chose l'année dernière. Cette année, je
me demande si le ministre a réellement demandé au
ministère de la Justice des conseillers supplémentaires. Combien
en a-t-il demandé? Pour quelle raison lui en a-t-on pas donné
actuellement?
M. Goldbloom: M. le Président, j'en ai demandé, et
puisqu'il s'agit de relations entre les ministres, je me contente de dire de
mon siège que j'en ai demandé. Cela finit là.
M. Léger: Est-ce que le ministre peut dire combien il en a
demandé pour son ministère?
Une Voix: Pour les besoins requis.
M. Léger: Quelle est l'évaluation des besoins en
conseillers juridiques pour faire avancer un peu les objectifs du
ministère?
M. Goldbloom: M. le Président, je tiens à vous
informer, je viens d'être informé moi-même que, suite
à ma demande, un quatrième poste a été
accordé la semaine dernière.
M. Léger: Vous êtes rendus maintenant à
quatre?
M. Goldbloom: Nous serons rendus à quatre quand nous
aurons obtenu la présence en poste, en fonction, d'un quatrième
avocat. C'est, de toute évidence, à la suite de mes demandes, et
je n'ai pas l'intention d'aller plus loin dans les relations que j'ai avec mes
collègues à l'intérieur du Conseil des ministres. C'est le
gouvernement dans son ensemble qui prend ses responsabilités et qui se
charge de l'affectation du personnel, selon les besoins et selon les
disponibilités.
M. Léger: M. le Président, je dois quand même
dire au ministre que, j'ai beaucoup de sympathie pour sa personne. Je l'ai
déjà dit souvent, je n'ai rien, sous cet aspect, à
reprocher au Dr Victor Goldbloom, pour qui j'ai beaucoup de sympathie. Mais, en
tant que politicien, je ne peux pas accepter la façon du ministre de
jouer son rôle politique.
C'est là-dessus que je suis obligé d'intervenir et
d'attaquer régulièrement le ministre en tant que politicien au
Québec, dans sa façon de diriger sa politique. Je sais qu'il a
beaucoup de responsabilités. Il s'occupe de la Régie des
installations olympiques, il est responsable du ministère des Affaires
municipales, et il est responsable de la qualité de l'environnement.
C'est peut-être trop. De toute façon, mon appréciation,
c'est que, comme personne, j'ai beaucoup d'admiration pour le Dr. Goldbloom,
mais comme ministre des Affaires municipales ou de responsable de la
qualité de l'environnement, particulièrement, en ce qui nous
touche, je trouve qu'il ne joue pas son rôle et qu'il ne joue pas le
rôle qu'il devrait jouer. On me dit: C'est parce que les ministres sont
solidaires entre eux, on se parle, quel est le poids du ministre responsable de
la qualité de l'environnement quand il requiert du Conseil des ministres
et du ministre des Finances les sommes nécessaires pour son
ministère, ainsi que le personnel voulu? Estce qu'il obtient
réellement des résultats?
C'est ce qu'on se pose comme question, et les conséquences sont
que le ministère ou c'est-à-dire la direction de l'environnement,
qui n'est pas un ministère et qui devrait peut-être en être
un, ou du moins, un ministre à temps plein pour pousser davantage. C'est
là qu'est notre préoccupation.
Le domaine de l'environnement était tellement en arrière,
il y a quatre ans, il n'a pas progressé, et le problème majeur,
c'est le manque de dynamisme à sa tête. C'est le comportement du
ministre en politique. Au point de vue de la personne, j'ai beaucoup d'estime
et de sympathie, et il le sait à part de ça. J'admire beaucoup la
façon dont il est capable de s'exprimer, la façon dont il est
capable d'avoir des relations avec les autres personnes. Mais au niveau du
politicien, je ne peux pas accepter ça, parce qu'il ne joue pas
réellement un rôle d'un vrai ministre responsable de la
qualité de l'environnement. C'est la raison pour laquelle je n'aime pas
la façon dont le ministre me donne des réponses, parce qu'il est
actuellement incapable de répondre correctement et de nous montrer que
les dossiers ont avancé à ce ministère.
Cela fait quatre fois que je demande au ministre et il ne m'a pas encore
répondu à savoir quelle est son évaluation du nombre de
conseillers juridiques dont il aurait besoin pour que le ministère
fonctionne et que les règlements soient présentés et
adoptés.
M. Goldbloom: M. le Président, ce genre de question
piège ne mérite pas une réponse, parce que...
M. Léger: C'est une façon de s'en sortir.
M. Goldbloom: ... quand j'ai fait l'erreur, M. le
Président, de donner une évaluation d'un désir que j'avais
de voir augmenter le nombre d'inspecteurs en milieu rural, j'ai pu constater
que, par la suite, la réponse m'est revenue à chaque fois, dans
la bouche du député de Lafontaine. Je constate...
M. Léger: Mais moi, je crois ce que vous dites
habituellement.
Le Président (M. Picard): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, j'ai l'habitude de
faire un effort particulier pour choisir mes mots et mes chiffres, et pour
répondre honnêtement. Je trouve un peu étrange que, ce
soir, le député de Lafontaine fait état de son estime
personnelle. Il aurait pu en faire état au cours d'un débat qui a
eu lieu en Chambre, il y a un certain nombre de jours et où il a agi de
façon à ne pas créer, chez moi, une dette de courtoisie
à son égard.
M. le Président, quand on demande quel est le poids d'un ministre
a l'intérieur d'un Conseil des ministres, c'est une question qui ne se
pose pas. C'est exactement la nature d'un gouvernement de se tenir solidaire
et, de la part des députés d'Opposition, comme de la part des
journalistes. Il y a un plaisir féroce qui est pris quand on peut dire:
II y a divergence à l'intérieur du Conseil des ministres.
Curieusement, c'est une chose que l'on n'entend pas depuis six ans. Je l'ai
entendue avant cela, à l'Assemblée nationale. Mais depuis six
ans, on n'entend pas ce genre de chose, et c'est justement parce que les
ministres sont respectueux l'un de l'autre, et ce n'est pas une question de
mettre chacun sur une balance politique et de dire: Celui-ci a plus de poids
qu'un autre.
M. le Président, il y a un processus d'évaluation des
programmes gouvernementaux, des programmes budgétaires qui est
établi depuis un certain temps et qui suit un cheminement très
précis. Ce cheminement implique une évaluation par le Conseil du
trésor, par le Conseil des ministres, et il y a des arbitrages qui se
font. Ce sont des arbitrages qui ne se font pas en vertu des
personnalités. Il y avait peut-être, à d'autres moments de
l'histoire du Québec, des relations différentes entre les
ministres, et il y avait peut-être des ministres qui étaient plus
vedettes que d'autres. Tel n'est pas le cas du gouvernement actuel, et c'est en
toute sobriété et objectivité que le Conseil des ministres
essaie, avec les recommandations du ministre des Finances, parce que c'est sa
responsabilité, et avec les avis plus techniques du Conseil du
trésor, d'arriver à un juste partage.
Quand on tient compte, par exemple, du fait que, dans le budget de cette
année, on constate une diminution notamment au programme de l'aide
financière au traitement des eaux usées, c'est très simple
de monter cela en épingle et de dire: Voilà, le gouvernement
n'accorde pas autant d'importance à ce domaine que l'année
passée.
Si l'on examine les faits, M. le Président, on constate que cette
diminution découle de deux choses: une chose ponctuelle,
c'est-à-dire que, par des versements importants, le gouvernement a
complété, en 1975/76, sa contribution pour le travail admissible
jusqu'à maintenant du Bureau d'assainissement des eaux du Québec
métropolitain. Il ne sera donc pas en mesure d'y contribuer cette
année. Deuxièmement, il y a eu un changement en profondeur quant
au système de contri- bution. Le gouvernement, au niveau du Conseil du
trésor, a décidé, au lieu de donner des montants par
rapport à l'accomplissement des travaux et à la fourniture de
pièces justificatives, de payer selon le service de la dette, laissant
aux instances locales le soin d'emprunter l'argent et de présenter le
compte annuel du service de cette dette pour obtenir une contribution
gouvernementale. Puisque c'est une approche qui est plus
généralisée que simplement au budget des services de la
protection de l'environnement, le montant qui figure au budget cette
année est moindre.
C'est ainsi que des gens disent: C'est terrible, on a réduit le
budget du ministère de l'environnement. Quand on tient compte des
investissements qui sont, en grande partie, en plus grande partie que pour tout
autre niveau de responsabilité, à la charge du gouvernement du
Québec, je pense, M. le Président, que l'on doit cesser de dire
qu'il n'y a rien qui se fait dans le domaine de la protection de
l'environnement.
M. Léger: M. le Président, je ne voudrais pas
éterniser le débat là-dessus, mais je voudrais quand
même répondre au ministre qui a semblé touché par la
motion de blâme que nous avions présentée il y a quelques
semaines. J'ai toujours dit que c'était l'action politique du ministre
que j'ai voulu mettre de l'avant, parce que, dans les actions politiques, il y
a des choses qui relèvent d'une responsabilité publique et que
c'est le devoir autant du ministre de les réaliser que de l'Opposition
de les signaler.
Je pense qu'on doit juger un arbre à ses fruits. L'Opposition se
doit de juger les ministres par les réalisations qu'ils font dans leur
ministère. Je sais que le ministre est passé maître dans
l'art d'expliquer les difficultés, les déficiences, les
problèmes, les échecs, les retards. Mais, quand je parle de poids
à l'intérieur du Conseil des ministres, c'est dans le sens d'un
ministre qui doit vendre, s'il y croit réellement et s'il a une
volonté d'améliorer la qualité de l'environnement,
auprès des autres ministres et du ministre des Finances les sommes dont
il a besoin pour atteindre ses objectifs. Je pense qu'au lieu de voir les
partis d'Opposition comme des adversaires, il devrait les considérer
beaucoup plus comme des alliés, s'il a intérêt,
réellement, à améliorer la qualité de
l'environnement. Quand l'Opposition réclame plus de personnel, un plus
grand nombre de spécialistes ou de conseillers juridiques, je pense que
cela va dans la même intention, dans le même intérêt
que le ministre. Si le ministre prend cela mal, ce n'est pas ma faute. Ce n'est
pas dans cet esprit que je le dis. Je pense que je vais être
obligé, l'année prochaine, de revenir avec les mêmes
questions, à savoir: Combien avez-vous d'inspecteurs à travers le
Québec? Combien avez-vous de conseillers juridiques? Avez-vous
progressé, oui ou non? A ce moment-là, on jugera encore, à
nouveau, si ce ministère réellement, au cours de l'année,
démontre une volonté de trouver des solutions aux
problèmes majeurs que vit le Québec actuellement au niveau de la
qualité de l'environnement.
M. Goldbloom: Exactement.
Qualité des cours d'eau
M. Léger: M. le Président, concernant l'inventaire
de la qualité des cours d'eau, le 12 avril dernier, le ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche avertissait les
Québécois de ne pas manger de plusieurs espèces de
poissons dans tout le fleuve Saint-Laurent, à cause de la
présence d'un produit nommé PCB ou le polychlore de
biphé-nyle. Est-ce que le ministre peut nous dire d'où vient ce
polluant et quelles sont les usines qui déversent cela dans le
fleuve?
M. Goldbloom: II y a une recherche qui se poursuit
présentement pour déterminer d'où pourraient venir les
substances en question. Nous sommes convaincus qu'il y en a qui nous viennent
de l'extérieur de notre propre territoire. Il y a une utilisation de ces
substances qui est faite dans certains secteurs industriels, notamment, par
exemple, dans des installations importantes d'électricité. Nous
avons fait des enquêtes, si vous voulez le mot est peut-être
fort nous avons fait des recherches auprès de
l'Hydro-Québec pour trouver que l'Hydro-Québec a adopté la
politique d'envoyer ses résidus qui contiennent des PCB vers des centres
de traitement de déchets chimiques pour que ces résidus soient
détruits de façon convenable.
Nous avons donc continué de chercher, sur notre propre
territoire, des sources possibles de ces PCB. Je voudrais souligner, encore une
fois, que même si, à un moment donné, le gouvernement, par
le truchement du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, qui est responsable de la biologie de la faune, avertit la
population de ne pas manger certaines espèces de poissons; le
contrôle des espèces commerciales offertes sur le marché
pour consommation humaine nous assure que l'on peut sans danger acheter du
poisson dans les magasins et en consommer sans inquiétude. Il est de
très grande importance que la population soit informée de ce fait
et soit rassurée quant à ses achats de poisson dans les magasins
d'alimentation.
M. Léger: A la suite de la découverte accidentelle
de la forte teneur en plomb dans les sédiments de la rivière des
Mille Iles par la firme André Marsan, le Conseil consultatif de
l'environnement avait formulé une recommandation au ministre de prendre
les mesures nécessaires pour déterminer l'ampleur du
problème. Je vois ici, entre autres, qu'on avait dit que cela pouvait
provoquer l'intoxication des populations qui y prennent leur eau potable.
A ce moment-là, on a découvert que les sédiments de
la rivière des Mille Iles contiennent 200 fois plus de mercure que le
record enregistré dans l'Outaouais. En temps normal, la teneur en plomb
de l'eau reste en deçà des normes admises pour l'eau potable,
mais l'on a constaté qu'il suffit d'agiter la boue du fond de la
rivière pour augmenter grandement la teneur en plomb dans l'eau. Est-ce
qu'il y a eu des mesures précises de prises là-dessus? Y a-t-il
une vérification dans l'eau? A-t-on vérifié s'il y avait
des conséquences au niveau de la qualité de l'eau potable et au
niveau des plages mêmes?
M. Goldbloom: Oui, nous surveillons, évidemment, l'eau
potable. Puisque le plomb, comme le mercure, est une substance, un
élément chimique qui est très pesant, il y a un
dépôt dans les sédiments et il est évident que si,
l'on dérangeait ces sédiments, on ferait monter dans l'eau les
substances contenues dans les sédiments. La suggestion a
été faite, à certaines occasions et à certains
endroits, que la solution au problème serait d'entreprendre le dragage
du lit de la rivière pour enlever ces sédiments.
Nous avons analysé la situation, nous avons constaté que
le plomb qui est dans les sédiments n'est pas dans l'eau, ne monte pas
dans l'eau, ne constitue donc pas un danger pour l'eau potable et la
santé humaine. Nous avons examiné le reste des
inconvénients.
Nous avons tiré la conclusion qu'il serait beaucoup plus
dangereux d'essayer d'enlever les sédiments que de les laisser là
et de laisser dans le lit de la rivière les substances
déjà précipitées et à ce titre,
essentiellement inertes quant à la qualité de l'eau. Nous n'avons
pas de raison de croire que la baignade qui est une activité
limitée quant à la superficie du lit du fleuve qui en est
touchée, peut faire monter dans l'eau des quantités suffisantes
de ces sédiments, pour constituer un danger, par rapport à l'eau
potable.
M. Léger: Maintenant, étant donné que le
ministère a quand même non seulement le devoir de corriger une
situation, mais surtout de la prévenir, a-t-il évalué ou
a-t-il pu déceler d'où vient le plomb?
M. Goldbloom: M. le Président, il semble très
probable que c'est l'essence contenant du plomb utilisée jusqu'à
récemment par tous les véhicules. Maintenant, il y en a de plus
en plus qui utilisent l'essence sans plomb. De cette façon, il y aura
sûrement une diminution du problème, mais nous n'avons pas en
amont de la rivière des Mille Iles, une source industrielle connue de
plomb. Donc, nous devons conclure qu'il s'agit des émissions des
véhicules automobiles, de certains résidus d'essence,
peut-être qui peuvent être emportés par les eaux de
ruissellement, vers l'égout et vers la rivière. Ce sont là
les causes particulières.
En ce qui concerne le mercure qui se trouve dans les sédiments,
il y a eu dans le passé des sources industrielles, des usines de
pâtes et papiers, notamment, qui utilisaient des composés de
mercure dans leurs procédés industriels. C'est vers la fin des
années soixante ou au début des années soixante-dix que
cette utilisation a été éliminée totalement. Ce
n'est que dans une activité industrielle secondaire, corollaire, si vous
voulez, la production de soude caustique, que l'on voit l'utilisation de
mercure. Là, comme je l'ai dit, nous avons réussi à la
faire diminuer très considérablement. Je ne donnerai pas de
chiffre plus élevé
que 95%, sans avoir une confirmation de la part de mes fonctionnaires
que nous avons réussi à dépasser ce pourcentage; mais
c'était notre objectif d'effectuer une réduction de 95%. Dans les
quatre cas, il y a eu une certaine variation dans les résultats obtenus
à certaines usines, certaines difficultés techniques ont
empêché certaines usines d'atteindre continuellement le niveau de
protection que nous avions visé; mais les résultats ont
été, dans l'ensemble, assez satisfaisants pour ce qui concerne le
mercure.
M. Léger: C'est par hasard que la firme André
Marsan a découvert du plomb. Elle ne faisait pas une étude
particulièrement là-dessus, elle faisait une étude sur
d'autre chose. C'est par hasard qu'elle a découvert le plomb. Le
ministre peut-il nous dire si on effectue des études afin de voir si du
plomb ne se trouve pas dans d'autres rivières, puisque c'est par hasard
que cela a été découvert? Le ministre peut-il nous assurer
qu'il n'y en a pas ailleurs et s'il y a eu des études pour
vérifier s'il n'y en avait pas ailleurs?
M. Goldbloom: Nous poursuivons présentement des analyses
des sédiments de tout le fleuve Saint-Laurent. Si on en trouve dans la
rivière des Mille Iles, il est difficilement concevable qu'on n'en
trouve pas dans les sédiments du fleuve Saint-Laurent. Par contre, ce
n'est pas par accident et ce n'est pas par hasard que les autorités
montréalaises ont, à notre demande, augmenté le nombre de
paramètres vérifiés dans l'eau potable, justement, de
paramètres de métaux lourds et autres qui pourraient constituer
un danger et, dans aucun cas, n'avons-nous trouvé une teneur en
polluants de cette nature qui était même proche d'un niveau qui
constituerait le début d'une inquiétude.
M. Léger: M. le Président, dans les chiffres
tirés de rapports soi-disant confidentiels, mais qui avaient
été publiés dans le Montréal-Matin des 16, 17 et 18
mars 1976, on retrouve des taux de concentration en mercure très
élevés dans la région de Montréal, ainsi que des
brochets dans le lac Saint-Louis ou des dorés de la Beauharnois qui ont
des concentrations respectives de 2,64 particules par million et de 1,86
particule par million, alors que la norme maximale de l'Organisation mondiale
de la santé est de 0,05. La moyenne pour le lac Saint-Louis est de 2,53
particules par million.
Je demande ceci au ministre: Depuis quand est-il au courant de cette
situation? D'où vient ce mercure?
M. Goldbloom: On doit présumer que ce mercure vient, dans
une importante mesure, d'une usine à Beauharnois, la Standard Chemical,
qui a maintenant effectué les améliorations nécessaires
pour atteindre la réduction de 95% de ses déversements, mais on
sait qu'en amont, dans la région de Détroit notamment, il y a eu
d'importants déversements de mercure. Il n'est pas possible d'exclure
une transmission le long de la chaîne ali- mentaire des poissons,
à même des sources en amont de chez nous. C'est depuis un certain
temps que nous suivons la teneur en mercure dans la chair des poissons. Je
devrai peut-être obtenir des précisions quant au calendrier de ces
travaux.
C'est essentiellement depuis l'existence des services de protection de
l'environnement que des analyses se font qui ont eu pour effet d'amener le
gouvernement à interdire la pêche commerciale de certaines
espèces, je l'ai dit cet après-midi. Assez
régulièrement, les divers ministères
intéressés, notamment le Tourisme, la Chasse et la Pêche et
le nôtre, ont évalué le risque que pourrait comporter la
pêche sportive. Nous avons jusqu'à récemment eu le jugement
professionnel que la pêche sportive impliquant une consommation
limitée de ces poissons ne constituait pas de danger, mais c'est plus
récemment, quand le danger des PCB a été porté
à notre attention par la littérature mondiale, que nous avons
revu cette question de la pêche sportive et que des conseils ont
été donnés par mon collègue du Tourisme pour qu'on
évite la consommation de certaines espèces qui pourraient
constituer un danger.
M. Léger: L'affirmation du ministre était quand
même de ne pas prendre plus de deux repas par semaine de poisson, mais
quand on sait que c'est peut-être un cinquième du poisson de
consommation qui provient de la pêche sportive et que les quatre
cinquièmes proviennent de la pèche commerciale, des poissons du
golfe ou de la mer, au moment où on se parle, peut-on dire encore que
les citoyens, en général, ne devraient pas prendre plus de deux
repas de poisson par semaine?
M. Goldbloom: Cela dépend, M. le Président, des
espèces et, en ce qui concerne les espèces vraiment commerciales,
il n'y a pas de problème connu. En ce qui concerne la truite, par
exemple, on n'a pas trouvé de problème de mercure dans la chair
de la truite. Une autre espèce qui est consommée dans certaines
régions, c'est la coré-gone, qui ne présente pas de
problème de mercure. C'est un phénomène un peu curieux de
voir dans le même lac des poissons d'importance à peu près
égale en nombre et en poids qui montreront des teneurs très
différentes en mercure, par exemple.
Je reviens à ce que je disais: II y a certainement des
espèces comme le brochet, les prédateurs surtout, M. le
Président, qui semblent présenter des concentrations plus
élevées de mercure dans leurs tissus. Il y a d'autres
espèces qui ne présentent pas de difficulté et je n'aurai
pas d'hésitation à rassurer la population quant à ce qui
s'achète dans les magasins d'alimentation et quand à la
truite.
M. Léger: De toute façon, M. le Président,
je pense que le ministre conviendra avec moi que le rôle du
ministère des Affaires sociales est de vérifier pour que les gens
ne mangent pas de poisson
s'il est contaminé; c'est peut-être un expédient.
Mais c'est une chose à corriger. La vraie solution relève du
ministère de l'environnement qui, lui, doit connaître la source de
cette pollution et la corriger de façon que nous puissions manger du
poisson après. Le problème, M. le Président, est de
corriger et de dépolluer.
M. Goldbloom: Exactement, M. le Président, et l'on
connaît les quatre sources actives, on connaît les anciennes
sources qui ne sont plus actives, mais qui ont laissé des
dépôts de mercure dans les sédiments et qui ont
sûrement contribué à la présence, encore
aujourd'hui, de mercure dans la chair des poissons. Nous avons effectué
des améliorations considérables, mes collaborateurs confirment le
chiffre de 95% que j'ai donné, cela est quand même une
amélioration très importante dans la situation qui réduit
à un niveau très bas les déversements de mercure à
même les quatre usines. Nous allons continuer dans cette veine et il ne
faut pas s'attendre que, du jour au lendemain, à cause de la diminution
des déversements, le mercure disparaisse de la chair des poissons.
Justement, M. le Président, en ce qui concerne les peuples autochtones
du Nord québécois, la consommation étant plus
fréquente et plus volumineuse, il y a un danger pour la santé
plus élevé et nous avons, à répétition,
donné des conseils à cet égard.
M. Léger: Le ministre a parlé de quatre sources
actives. Quelles sont ces quatre sources actives, ces quatre compagnies?
M. Goldbloom: La Domtar à Lebel-sur-Quévillon,
l'Alcan à Arvida, la CIL à Shawinigan et la Standard Chemical
à Beauharnois.
M. Léger: Le ministre peut-il nous dire, au moment
où on se parle, si on déverse encore du mercure ou si c'est
arrêté actuellement?
M. Goldbloom: M. le Président, j'aurais cru que le
député de Lafontaine, avec ce qu'il prétend être ses
connaissances dans le domaine, saurait que ce n'est pas possible d'atteindre,
dans une activité industrielle, absolument zéro de
déversement.
Je lui ai dit, pour la troisième ou quatrième fois, que
nous avons éliminé 95% des déversements. Il en reste
5%.
La quantité représentée par ces 5% ne semble pas
constituer aujourd'hui une contribution additionnelle à ce qui est
présent dans l'environnement telle, que nous devons craindre que ces
déversements résiduaires doivent faire l'objet d'interventions
absolument exceptionnelles en ce moment. Nous allons continuer notre
surveillance de ces quatre usines. Nous avons la meilleure conviction possible,
en vertu des meilleurs avis scientifiques possible, que si nous pouvons garder
ces déversements en bas de 5% de ce qui existait auparavant, nous
permettrons une diminution de la présence de mercure dans
l'environnement, une diminution de la présence de mercure dans la chair
des poissons et, donc, une amélioration graduelle de la situation.
Effectivement, nous avons vu qu'à des endroits où il y avait une
seule source identifiable et où nous avons obtenu les 95%
d'amélioration, il y a eu relativement rapidement, en dedans d'une
année ou deux au plus, une diminution dans les résultats quant
à la teneur en mercure.
M. Léger: J'avais bien compris tantôt les 95%. Mais
la question que je vous posais, c'est que les 5%, en termes absolus, cela veut
dire quoi qui se déverse encore?
M. Goldbloom: Nous n'avons pas présentement, M. le
Président, un chiffre absolu pour chacune des usines. J'ai
indiqué un pourcentage d'amélioration qui est absolument
précis, mais j'essaierai d'avoir des quantités absolues pour
pouvoir répondre davantage à la question.
M. Léger: M. le Président, j'ai dit que je
reviendrais là-dessus, dans mon intervention du début. Le
ministre m'avait dit que c'est facile de donner des noms de compagnies sous
l'immunité parlementaire. Ce que j'ai dit tantôt, M. le
Président, c'était à la suite d'un document publié
par le ministère ontarien de l'Environnement pour le compte
d'Environnement Canada, fait par des ingénieurs: "Process Research
Division Canada Center for England Waters, Burlington, Ontario" dans lequel il
était bien dit, et je cite: "A major contribution of industrial mercury
have been made by the Domtar Chlor-Alkali facility at
Lebel-sur-Quévillon to the Quévillon River". Un peu plus loin
dans le rapport, on dit: "These results would infer that high levels of mercury
in fish in Lake Matagami and the Bell River can be attributed to industrial
mercury discharge". Plus loin encore, on dit: "The location of this large
mercury anomaly downstream of effluent Y points to this effluent as a major
discharge from the Domtar Chlor-Alkali plant".
Le Président (M. Picard): Pouvez-vous déposer ces
déclarations?
M. Léger: C'est un... je l'ai dit en anglais, c'est
un...
Le Président (M. Picard): Pour le journal des
Débats, j'entends.
M. Léger: Je dépose tout le document mais
j'aimerais en avoir une photocopie avant.
M. le Président, le rapport Environnement Canada indique donc
qu'entre novembre 1972 et octobre 1973, la Domtar de Lebel-sur-Quévillon
a dépassé, pendant 36% du temps, la norme fédérale
maximale de mercure déposée par tonne de chlore,
dépassement atteignant 162%. Or, M. le Président, les normes
fédérales sont de 0,005 livre de mercure par tonne de chlore.
Quels sont les gestes correctifs qu'ont posés
les services de la protection de l'environnement quand ils ont
été mis au courant de ce rapport?
M. Goldbloom: M. le Président, nous avons suivi
conjointement, avec le gouvernement fédéral, les correctifs qui
ont été instaurés par la compagnie et j'ai eu l'occasion
de dire à plusieurs reprises que cela fait maintenant presque, je
dirais, deux années que les normes fédérales et
provinciales sont respectées presque intégralement par la
compagnie en question.
Alors, effectivement, nous avons réagi. Nous avons
accentué les procédures de façon à obtenir
l'amélioration qui n'avait pas été atteinte jusqu'à
la période indiquée dans ce rapport et nous avons, maintenant,
une surveillance qui nous confirme que, depuis maintenant à peu
près deux ans, donc, depuis 1974, le respect des normes est presque
intégral.
Il y a sûrement des variations. Je n'ai pas tous ces chiffres,
mais les variations sont relativement mineures par comparaison à ce que
nous avions autrefois, mais j'ai voulu, tout à l'heure, identifier
moi-même les sources de pollution. C'est dans un contexte
différent que le député de Lafontaine, dans ses remarques
préliminaires, a fait allusion à un problème de
déversement de mercure parce qu'il est allé plus loin que
d'identifier une usine comme ayant été, pendant un certain temps,
une source de déversement de mercure.
Il est allé jusqu'à dire que la compagnie qu'il a
nommée devrait payer des dommages et c'est à ce moment que j'ai
dit que c'est aux tribunaux de déterminer la responsabilité
impliquée, le fait d'une responsabilité et la valeur en argent
d'une responsabilité déterminée.
Et je veux que cette distinction soit claire. Il est évident
qu'il y a des sources de mercure. Il est évident que, dans le
réseau de rivières et de lacs en aval de l'usine de
Lebel-sur-Quévillon, il y a du mercure, mais ce qui n'a pas encore son
explication complète et donc, qui jette au moins un
élément de doute raisonnable sur cette question de
responsabilité devant les tribunaux est que, dans des lacs et dans des
rivières qui ne peuvent recevoir les déversements vers l'eau de
l'usine en question, il y a des teneurs en mercure dans la chair des poissons
aussi élevées que dans le bassin qui est directement
affecté.
Il faudra que l'on fournisse, que l'on découvre une explication
de ce phénomène et il faudra aussi que l'on fasse une preuve, non
pas devant une commission parlementaire par des affirmations, mais devant un
tribunal et en contre-interrogatoire avant de pouvoir tirer de telles
conclusions.
Je résume pour que cela soit très clair. Nous savons qu'il
y a eu un déversement important pendant un certain temps. Depuis
approximativement deux ans, ce problème a été
corrigé par rapport aux normes fédérales-provinciales et,
s'il s'agit d'attribuer à qui que ce soit des responsabilités, ce
sera aux tribunaux de déterminer cela.
Notre rôle a été de faire éliminer les
déversements, de les faire réduire à un niveau acceptable.
Nous l'avons fait.
M. Léger: Je réitère ce que je disais
tantôt et je pense encore que, si la responsabilité est
prouvée devant les tribunaux, ces compagnies doivent payer pour les
torts causés aux êtres humains, à la faune et à la
flore marine.
Et le rapport que j'ai mentionné tantôt excluait justement
les causes majeures comme étant les causes naturelles et, au contraire,
on disait que c'était une cause provenant du secteur industriel et on
nommait la Domtar.
Le ministère a-t-il pris une action précise contre cette
compagnie ou a-t-il simplement essayé de la convaincre de diminuer la
pollution?
M. Goldbloom: M. le Président, il ne s'est pas agi
d'essayer de convaincre, il s'est agi d'obtenir des résultats et les
résultats ont été obtenus. J'ai nommé quatre usines
et j'ai indiqué auparavant qu'il y en avait eu une qui n'avait pas
respecté le calendrier prévu par les deux paliers de gouvernement
pour le respect des normes et les deux paliers de gouvernement ont agi
conjointement devant les tribunaux dans ce cas. Si les deux paliers de
gouvernement n'ont pas agi dans les trois autres cas, c'est qu'ils ont
trouvé que ce qui avait été demandé avait
été fourni ou respecté par les compagnies, selon le
calendrier prévu.
Le Président (M. Picard): Le député de
Saint-François.
M. Léger: Une dernière question, M. le
Président. Est-ce que le ministre peut nous dire, actuellement, au
moment où on se parle, puisqu'il dit que ces usines sont maintenant
à l'intérieur des normes, quel est le taux de déversement
par livre de mercure par tonne de chlore à la compagnie Domtar,
puisqu'il dit que c'est à l'intérieur des normes? Il est question
de déversement actuellement.
M. Goldbloom: Le meilleur chiffre que nous pouvons donner, c'est
à peu près un quart de livre par jour, M. le Président,
donc, par rapport à la production, c'est 5 millièmes de livre par
tonne.
M. Léger: Exactement la norme, c'est arrivé juste
d'aplomb.
M. Goldbloom: Non, M. le Président, c'est en bas de ce
chiffre.
M. Léger: Ah, c'est en bas de ce chiffre! M. Goldbloom:
C'est en bas de ce chiffre.
M. Léger: Le chiffre que vous me donnez est exactement la
norme.
M. Goldbloom: C'est la norme. Si j'ai dit que, depuis 1974, la
compagnie en question est en bas de la norme, j'ai donné la norme et
j'ai indiqué que cette norme est respectée.
M. Léger: M. le Président, le rapport
préliminaire... le député avait une question?
Le Président (M. Picard): Le député de
Saint-François.
M. Déziel: Oui, M. le Président, juste un point
d'ordre. Vous savez que la loi nous autorise à siéger environ une
dizaine d'heures par commission. Je vous fais remarquer que, devant la bonne
compréhension surtout et la qrande condescendance de notre ministre,
nous dépassons présentement 20 heures. Je demanderais au
député de Lafontaine s'il y aurait possibilité de grouper
ses questions davantage parce que, lorsqu'on va arriver au Grand-Nord du
Québec, s'il faut analyser le degré de mercure des 100 000 lacs,
on n'est pas sorti du bois.
M. Léger: M. le Président...
M. Déziel: M. le Président, si vous me permettez,
si on pouvait compléter mes travaux ce soir, je ne pourrai
personnellement pas siéger davantage à la commission; j'ai demain
une autre commission, celle de l'immigration, je dois y assister. Est-ce
possible de compléter nos travaux ce soir?
M. Léger: M. le Président, sur le point de
règlement, je pense que la question de la protection de l'environnement
est vitale au Québec actuellement. Jusqu'à maintenant, nous
n'avons siégé qu'une heure et demie avant le souper sur la
question de l'environnement et maintenant, à peine une heure et vingt.
Les règlements ne disent pas de façon directe que c'est dix
heures. C'est uniquement dans l'ensemble des 45 jours que le minimum de dix
heures est accepté, mais devant un sujet aussi important,
j'espère que le ministère de l'environnement ne se cachera pas
derrière un horaire pour ne pas répondre à des questions
qui préoccupent tous les Québécois. L'Opposition a un
rôle important à jouer au niveau de la qualité de
l'environnement dans tout le Québec et j'ai l'intention de faire tous
les efforts pour qu'on clarifie la situation qui existe au niveau de la
qualité de l'environnement, aussi bien la pollution de l'air, de l'eau,
l'épuration et la filtration des eaux que toutes les questions connexes.
J'espère, pour la bonne marche de ce ministère, qu'on ne se
servira pas de ces arguments pour empêcher d'aller au fond des choses,
car je pense qu'il y va de l'intérêt de tous les
Québécois.
M. Déziel: Je pense qu'il faudrait aussi s'en tenir aux
crédits.
Le Président (M. Picard): Sur la question de
règlement soulevée par le député de
Saint-François, le député de Lafontaine a parfaitement
raison; le règlement mentionne que, pour chaque ministère, il y a
un minimum de dix heures, mais le règlement ne mentionne pas de maximum.
Le seul maximum mentionné dans le règlement, c'est que les
crédits peuvent être étudiés dans une période
de 45 jours. Toutefois, après dix heures de délibérations
sur les crédits d'un ministère, il suffit que le leader
parlementaire du gouvernement ne convoque pas cette commission de nouveau pour
que l'étude des crédits de cette année financière
se termine automatiquement.
M. Goldbloom: M. le Président, un seul commentaire sur la
question de règlement. Je me pose une question fort simple: Si nous
sommes aujourd'hui dans un secteur si important, comment se fait-il que nous
ayons commencé l'étude des crédits du ministère des
Affaires municipales par tous les autres programmes, comment se fait-il que
nous ayons passé tant d'heures sur les autres programmes? Pourquoi
n'avons-nous pas commencé par l'environnement?
M. Léger: M. le Président, je pense que le ministre
vient de faire la preuve de l'importance, à l'intérieur du
ministère des Affaires municipales, de programmes bien particuliers
comme l'environnement, qu'il devrait y voir lui-même, parce qu'il y a
même un crédit supérieur au ministère de
l'Immigration qui, lui, a son propre ministère et qui a lui-même
ses propres crédits. Tandis que, dans le ministère des Affaires
municipales, il y a des programmes très importants, comme l'habitation,
et des programmes très importants au niveau du financement des
municipalités, des dépenses qui sont occasionnées, des
subventions du ministère des Affaires municipales. C'est un
problème important et je ne pense pas qu'on puisse se limiter en
divisant les projets qui ont une importance vitale, et c'est le gouvernement
qui en portera l'odieux si on coupe l'étude de ces crédits.
M. le Président, ce n'est pas parce que, dans le même
ministère, il y a deux programmes très importants qui
relèvent du même ministre qu'on doive dire qu'on divise ça.
Moi je pense, M. le Président, que la preuve est faite que
l'environnement devrait avoir son propre ministre, uniquement pour voir
à ce que ce projet soit mené à bonne fin.
M. Déziel: Seulement un point.
M. Léger: ... un ministre de l'environnement,
c'était le ministre actuel qui s'occupait uniquement de ses
crédits. Il y avait un autre ministre pour s'occuper des Affaires
municipales et, à ce moment, c'étaient deux champs
différents et chacun des ministres défendait ses
crédits.
M. Déziel: Je relève seulement une question.
M. Goldbloom: Ce n'est pas vrai, M. le Président.
M. Léger: Qu'il y avait deux ministres à ce
moment?
M. Déziel: Je relève seulement un point.
M. Goldbloom: C'est vrai qu'il y avait deux ministres, mais ce
n'est pas vrai que chaque ministre défendait ses crédits...
M. Léger: II y a une nuance, d'accord!
M. Goldbloom: ... comme ministère autonome. Au contraire,
j'étais appelé à passer une demi-journée sur les
questions de l'environnement à l'intérieur du débat sur
les crédits du ministère des Affaires municipales. M. le
Président, on fait ce que je me permets d'appeler une certaine
démagogie avec cette question et de façon peu réaliste
parce que, quand il y avait un ministre des Affaires municipales qui
n'était pas en même temps le ministre de l'environnement, ce
dernier devait convaincre le premier de ses priorités; au moins, quand
c'est la même personne, il n'y a pas de conflit possible entre les
priorités de l'un et de l'autre. Qu'on y pense de temps en temps, M. le
Président, et qu'on soit un peu réaliste en y pensant.
M. Déziel: De là l'importance de l'homme, M. le
Président.
M. Léger: ... un ministère à part.
Le Président (M. Picard): Le député de
Saint-François.
M. Goldbloom: II n'a rien compris, M. le Président,
strictement rien!
Une Voix: D'accord!
Le Président (M. Picard ): II n'y a rien qui empêche
cette commission de continuer l'étude.
M. Léger: M. le Président, d'après le Devoir
du 3 octobre 1975, sous la signature de Gilles Provost, des études sur
les métaux lourds dans l'organisme des poissons du Saint-Laurent, de
l'Outaouais et du Richelieu seraient menées par les deux gouvernements.
Est-ce que le ministre peut me dire si c'est exact, qui fait ces études
et où on en est là-dessus?
M. Goldbloom: Quelles études, M. le Président?
M. Léger: Sur les métaux lourds dans l'organisme
des poissons du Saint-Laurent, de l'Outaouais et du Richelieu. C'était
un article de Gilles Provost et, à ce moment, il disait et je peux citer
le début de l'article... Ce serait trop long à citer, j'aurais
peut-être six ou sept paragraphes, mais le résumé de cela,
c'est qu'il y aurait une étude intensive sur les métaux lourds,
plomb, mercure, etc., dans les poissons de l'ensemble du Saint-Laurent, de
l'Outaouais et du Richelieu menée par les deux gouvernements. Est-ce
exact ou si c'est...
M. Goldbloom: Oui, c'est exact, M. le Président. C'est un
élément de l'étude fédérale-provinciale du
fleuve Saint-Laurent. Dans le cas du Richelieu, qui ne fait pas l'objet d'un
travail fédéral-provincial, le gouvernement du Québec a
poursuivi les études lui-même.
M. Léger: Quand ces études vont-elles être
terminées? Vont-elles être publiées?
M. Goldbloom: Oui, certainement, M. le Président, et, dans
le cas du Saint-Laurent, c'est en 1978 que nous prévoyons la publication
de tous les rapports sur le travail fédéral-provincial.
C'était une étude de cinq années et il faudra,
évidemment, après la fin des études elles-mêmes, la
compilation et la rédaction des rapports. C'est déjà un
volume énorme de matériel et il faudra un certain temps pour que
les rapports puissent être publiés.
Pollution de l'air
M. Léger: Concernant la pollution de l'air, d'après
un document rédigé par un groupe de citoyens de Rouyn-Noranda, la
compagnie Noranda dont nous avons parlé au début, au sujet de la
pollution des lacs de la région, déverserait une moyenne
quotidienne de 2153 tonnes d'anhydride sulfureux dans l'air.
En 1973, on avait retrouvé des concentrations de S02 de deux
particules par million, soit quatre fois la somme déjà faible du
projet de règlement. D'un autre côté, je pense que les
services de la protection de l'environnement auraient poursuivi des
études sur la pollution par la Noranda. Est-ce que le ministre peut nous
donner le contenu de ces études et les mesures prises en attendant
l'application du règlement dont on parlait tantôt?
M. Goldbloom: M. le Président, d'abord quant aux analyses,
nous avons effectivement installé un poste d'échantillonnage,
nous n'avons pas encore une compilation suffisante pour donner un portrait
complet et réel de la pollution atmosphérique à cet
endroit; mais cela viendra et le résultat sera publié.
Nous avons tracé un programme d'amélioration pour la
compagnie. C'est d'ailleurs la même compagnie qui est propriétaire
de la Gaspé Copper à Murdochville et là, nous avons obtenu
de la part de la compagnie, un investissement très considérable
qui a eu pour résultat d'améliorer, de façon très
évidente, l'atmosphère au-dessus de cette ville.
C'est par la récupération du souffre sous forme d'acide
sulfurique que le problème a été réglé.
Même la compagnie, suivant notre exigence, a augmenté, a plus que
doublé la capacité de l'usine d'acide sulfurique, par rapport
à ce qui avait été proposé au départ.
Une usine de quelque 400 tonnes par jour avait été
prévue et nous avons une usine d une capacité de plus de 900
tonnes par jour qui est en fonction à cet endroit. C'est une chose qui
est tout à fait satisfaisante pour ce qui concerne Murdochville, mais
qui pose quand même un problème à l'échelle de la
province toute entière, je dirais du Canada tout entier, à cause
de la difficulté majeure de trouver des débouchés pour
l'acide sulfurique.
Nous avons obtenu, de la part de la compagnie, la présentation
d'un projet par rapport à l'usine, à Noranda, et nous sommes en
train d'examiner ce projet qui n'est pas encore complet. Des
éléments sont proposés, il y en d'autres à venir.
On sait que la situation, à Noranda, est davan-
tage compliquée par la fermeture de la mine. Ce n'est que l'usine
d'affinage qui fonctionne maintenant et cette usine d'affinage fait face
à une concurrence de la part de l'Ontario qui cause des
inquiétudes considérables.
Dans ces circonstances, nous examinons, avec la compagnie, tous les
aspects de l'avenir de cette usine, parce que cet avenir n'est pas simple. Il
faudra marier la préoccupation économique à toute autre
préoccupation que nous pourrons avoir, comme dans d'autres cas,
où une industrie est le seul gagne-pain d'une municipalité et,
effectivement, d'une région importante.
On ne peut tout simplement déclarer qu'il y a contamination de
l'environnement. Donc, demain matin, tout doit être réglé.
Je pense, M. le Président, qu'il était important que j'expose ces
diverses facettes du problème qui est plus complexe que certains peuvent
peut-être penser.
M. Deziel: Puis-je poser une question au député de
Lafontaine? De quelle façon appréciez-vous la qualité de
la réponse du ministre?
M. Léger: Jusqu'ici, le ministre nous donne l'impression
qu'il y a une préoccupation économique en même temps qu'une
préoccupation de la qualité de l'air. Je veux tout simplement
ajouter que son rôle, comme ministre, est d'abord axé sur la
qualité de l'air. Il y a d'autres ministères, entre autres, le
ministère de l'Industrie et du Commerce, qui souvent reçoivent
des demandes des compagnies qui leur disent: D'un côté, on veut
que je diminue mon degré de déversement de matières
polluantes; est-ce que, par exemple, le ministère de l'Industrie et du
Commerce pourrait nous aider, de l'autre côté, nous subventionner,
pour qu'on puisse réaliser cela? Entre les deux impératifs...
M. Goldbloom: Mais, le député de Lafontaine...
M. Léger: ...je pense que la responsabilité du
ministre est beaucoup plus du côté de la qualité de
l'environnement, au départ, en laissant à d'autres le soin de
trouver des façons de protéger aussi l'aspect économique.
Je pense que ce sont deux choses dont on doit se préoccuper en
même temps, mais ce ne doit nécessairement pas être la
même personne qui se préoccupe des deux, parce qu'à ce
moment-là, vous avez un conflit...
M. Goldbloom: Mais, cela doit être le même
gouvernement, la même collectivité québécoise, M. le
Président, qui est aux prises avec les deux problèmes, qui doit
manger et protéger son environnement en même temps. Je me permets
de rappeler au député de Lafontaine son adhésion, maintes
fois répétée, au principe que le pollueur doit payer.
M. Léger: C'est ce que j'allais dire.
M. Goldbloom: C'est cela. Donc, le ministère de
l'Industrie et du Commerce ne doit pas aider...
M. Léger: D'accord, mais cela n'empêche pas que les
compagnies le demandent quand même. Je ne sais pas jusqu'à quel
point cela est accepté, par exemple.
M. Goldbloom: Je n'ai pas saisi cette...
M. Léger: J'ai dit: Cela n'empêche pas que les
compagnies demandent au ministère de l'Industrie et du Commerce de les
aider de ce côté-là. Je ne sais pas jusqu'à quel
point la réponse a été affirmative.
M. Goldbloom: Oui, mais, M. le Président, pour une
collectivité comme la nôtre, il n'est pas question de ne pas
protéger l'environnement, il est question plutôt de
déterminer, pour chaque problème existant, un calendrier
raisonnable qui permet un ajustement. C'est cela que l'on tente de simplifier.
On en discute beaucoup. Ce n'est pas simple, surtout si l'on veut toujours
insister sur le principe que le pollueur doit payer. A ce moment-là, si
le pollueur décide ni de payer, ni de poursuivre son activité, on
a un problème qui est fort complexe et qui doit être résolu
par un gouvernement au nom d'une collectivité. Mais, c'est très
clair, et on ne doit pas faire de la démagogie avec cela, c'est le
ministre responsable de la qualité de l'environnement qui doit porter
à l'attention du gouvernement dont il fait partie cette
préoccupation primordiale de protéger l'environnement. C'est
ensuite une décision collective qui est prise quant au calendrier
à imposer pour obtenir le respect des normes.
M. Léger: M. le Président, c'est sûr que tout
coûte de l'argent. Quand on dit que le pollueur doit payer, normalement,
le pollueur devrait intégrer dans ses coûts de production le
coût de la dépollution. C'est le produit lui-même, qui devra
peut-être se vendre a un prix supérieur au prix qu'il pourrait
être vendu, si on ne s'occupait pas de la dépollution. Mais, il y
va de la santé des gens. Je pense qu'on peut s'apercevoir quand
même que le matériel antipollution n'est même pas
taxé, il n'y a même pas de taxe foncière sur le
matériel antipollution. Si le principe est sauvé et que le
pollueur paie, en ce sens que celui qui pollue doit avoir un produit qui
coûte peut-être un peu plus cher et que c'est lui qui en subit les
conséquences, parce que je pense que c'est beau dire qu'il faut du
travail pour tout le monde, il faut aussi qu'il y ait de la santé pour
tout le monde. Il y a un principe de base qui est celui de faire insérer
dans le coût de production le coût de la dépollution et, en
même temps, on donne à ces compagnies une responsabilité
sociale.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président...
M. Léger: M. le Président...
M. Boutin: M. le Président, je pense bien que...
Le Président (M. Picard): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: ...ce n'est pas tout à fait sérieux, une
allégation de cet ordre.
Le député de Lafontaine sait très bien que,
automatiquement, lorsqu'on fait monter le coût des produits qui est
fixé par le marché international, on court directement à
la perte. Il faut trouver des mécanismes pour permettre à
l'industrie de trouver des moyens antipollution. Simplement additionner ce
coût à celui du produit est une solution très simpliste.
D'une façon ou d'une autre, on en arrive au même résultat,
soit à la fermeture de l'entreprise.
M. Léger: M. le Président, je pense qu'il ne vaut
pas la peine qu'on relève cela.
M. Leduc: Cela a du bon sens en Jupiter.
M. Léger: Je veux seulement continuer, M. le
Président. En décembre...
Une Voix: ... international quand même. M. Léger:
M. le Président, écoutez...
M. Goldbloom: Dans l'Opposition, on est toujours les purs.
M. Boutin: C'est cela, encourageons l'importation.
M. Léger: M. le Président, la position que je viens
de mettre de l'avant était la position qui a été tenue
à Stockholm à l'occasion de la réunion où on
regroupait les gens qui avaient comme préoccupation la protection de
l'environnement. J'espère que le député pourrait
peut-être relire ce qui s'est dit dans une coupure de journal au sujet
des pays qui sont les plus avancés dans le domaine de la
dépollution. Je pense que, si ce que je dis n'est pas compris par le
député, ce n'est pas mon problème.
M. Boutin: M. le Président, je faisais seulement mettre
l'accent sur le fait, sur l'action prise.
Gestion des déchets solides
M. Léger: M. le Président, si on continue, en
décembre 1972, un livre blanc sur la gestion des déchets solides
avait été publié. Depuis, le ministre actuel n'a pas
bougé d'un pouce pour appliquer les recommandations de ce livre blanc.
Je pense en particulier à la recommandation la plus importante qui
concernait l'adoption d'une loi-cadre sur la gestion des déchets
solides. Il y avait les nombreuses mesures destinées à mener vers
une politique de recyclage des déchets, et une série remarquable
de recommandations concernant les biens de consommation.
Après trois ans de profonde réflexion de la part du
ministre, peut-il au moins nous expliquer ce qui l'empêche d'aller plus
loin et de bouger davantage dans le domaine des déchets solides qui
peuvent être recyclés?
M. Goldbloom: M. le Président, quand on parle d'une
loi-cadre sur les déchets solides, elle existe. C'est la Loi de la
qualité de l'environnement qui établit le cadre de l'action de
tous ceux qui veulent instaurer des systèmes d'élimination, de
gestion des déchets. Quant au recyclage, le problème fondamental
est celui de la rentabilité. Quand on regarde la possibilité de
rentabiliser le recyclage, on voit de deux choses l'une, ou on établit
un système sur une très grande échelle avec des
investissements assez importants pour la construction d'une usine et
l'installation d'un équipement, ou on fonctionne au moyen d'un
volontariat très répandu. Car, si on est obligé de payer
les services en question, la rentabilité disparaît
immédiatement.
Nous avons vu que, à toutes fins pratiques, le recyclage pour
être rentable devrait se faire sur une échelle qui ne serait
possible que dans l'agglomération métropolitaine de
Montréal. Quand nous avons abordé cela, nous avons
constaté qu'il y avait deux obstacles économiques. Il y avait
d'abord le coût de l'investissement initial et, deuxièmement, il y
avait le coût quotidien ou annuel on peut l'exprimer de l'une ou
de l'autre façon du traitement de ces déchets. Autrement
dit, quand on parle avec grand enthousiasme de la rentabilité du
recyclage, on constate que celui-ci est rendu rentable par le paiement d'un
certain montant d'argent par tonne, par la municipalité qui produit ces
déchets et cela outre les frais de collecte et de transport vers le lieu
de recyclage.
Quand nous avons constaté que nous augmenterions le coût
pour les municipalités, que nous devrions payer une somme très
considérable de plusieurs millions de dollars pour la construction d'une
telle usine, nous avons trouvé que ce n'était pas dans les
possibilités, à ce moment-là, de procéder à
la création d'une telle usine. Par la suite, nous avons assisté
à une certaine amélioration du marché des produits
recyclés et, en vertu de cette amélioration, il y a un certain
regain d'intérêt qui pourrait se traduire par une volonté
de la part de l'entreprise privée d'investir dans cela. Si tel est le
cas, nous pourrons devenir plus intéressés dans l'instauration
d'un tel système. Il semble déjà certain, M. le
Président, que, nonobstant le désir tout à fait
compréhensible de vouloir tout recycler, de faire le maximum, d'aller
jusqu'à la ré cupération de quelque 93% des déchets
solides de produits par les municipalités et par des commerces et
même certaines industries, si l'on veut atteindre un tel niveau de
récupération, les coûts seront assez élevés
et la rentabilité d'une telle entreprise sera présentement
atteinte par un niveau moins ambitieux de récupération. Il faudra
effectivement que l'on procède en vertu de la rentabilité de
l'entreprise pour arriver progressivement à recycler de plus en plus
d'éléments des déchets et les retourner aux cycles
économiques ou commerciaux et naturels.
M. Léger: Est-ce que le ministre a dit tantôt, si
j'ai bien saisi, qu'il avait déjà fait une étude de
coûts d'une usine de recyclage? Est-ce que le mi-
nistre pourrait nous dire combien pourrait coûter l'installation
d'une usine de recyclage pour la région de Montréal?
M. Goldbloom: Nous avions des propositions, M. le
Président, qui variaient en dollars, de combien? 1973. A peu près
entre quelque $8 millions ou $9 millions et presque $50 millions de deniers
publics à investir dans cela et avec la nécessité d'offrir
certaines garanties quant à l'approvisionnement de l'usine et quant
à la rentabilité pour l'entreprise qui, en outre, aurait
exigé plusieurs dollars par tonne par dessus les frais de collecte et de
transport pour les municipalités.
Alors, nous avons trouvé que c'était une belle idée
qui n'avait pas encore atteint le seuil raisonnable de rentabilité qui
nous aurait permis d'investir là-dedans, d'autant plus qua
c'était pour une partie seulement des déchets de l'île de
Montréal, 2000 tonnes par jour, 10 000 tonnes par semaine pour une
semaine de cinq jours et aussi que les procédés en question,
selon l'avis de nos consultants, comportaient un certain intérêt,
j'irais jusqu'à dire un intérêt certain, mais il y en avait
qui n'avaient pas subi la preuve d'un succès industriel dans une
expérience vécue à une échelle comparable et l'on
sait que des procédés de projets pilotes ne se traduisent pas
toujours en un succès identique à une échelle
industrielle. Or, nous avons décidé, M. le Président, de
suivre l'évolution de ce domaine et d'attendre que la rentabilité
de l'entreprise soit mieux assurée qu'à l'époque où
nous avons poursuivi l'étude de la question.
M. Léger: M. le Président, j'aurais une question
dans un autre ordre, concernant la région de Val-David. Il y a eu, il y
a deux ou trois ans, des carrières qui ont été
créées, c'est-à-dire qui sont la conséquence, tout
simplement, d'un travail de construction de route, qui avait pas mal
détruit la beauté d'un site aussi touristique que Val-David. Le
ministère de l'environnement avait pris, à ce moment-là,
je pense, l'engagement d'aider la municipalité, pour un
réaménagement de ce territoire. Le ministre peut-il nous dire
où il en est rendu de ce côté et ce qui va se passer au
niveau du réaménagement de ce milieu qui a été
dété-ioré au niveau de la qualité du milieu de
vie?
M. Goldbloom: M. le Président, nous avons donné une
subvention pour permettre à la municipalité de faire
préparer un plan de réaménagement. Ce plan est, je crois,
maintenant prêt; je ne l'ai pas vu moi-même, mais je crois
comprendre qu'il l'est à toutes fins pratiques, parce que la
municipalité a tout récemment pris contact avec moi pour
m'indiquer que la phase d'exécution arrivera prochainement et que le
gouvernement sera invité à donner une aide additionnelle.
M. Léger: Le ministre peut-il nous dire, d'après ce
plan, quelles sommes peuvent être affectées, quel que soit le plan
présenté?
M. Goldbloom: On m'informe que l'étude à la- quelle
j'ai fait allusion et j'avais raison de dire qu'elle est à toutes
fins pratiques terminée n'a pas encore été remise,
par l'équipe universitaire qui l'a exécutée, à la
municipalité, du moins, certainement pas à notre ministère
et nous l'attendons très prochainement, peut-être même dans
quelques jours, certainement dans les prochaines semaines. Je n'ai pas d'ordre
de grandeur quant au réaménagement nécessaire. Nous aurons
une meilleure idée, quand nous aurons vu le rapport.
M. Léger: De toute façon, c'est l'intention du
gouvernement, quel que soit le projet, quitte à le diminuer selon les
possibilités du ministère, de donner quand même suite
à un plan de réaménagement, à la suite des
études qu'on va lui présenter.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président.
M. Léger: La même municipalité de Val-David
et de Val-Morin avait aussi présenté un projet d'égouts
collecteurs pour les égouts des citoyens. Il y avait aussi un projet de
construction d'une usine d'épuration des eaux usées qui devait
être utilisée par les deux municipalités. Je pense que
Val-Morin a décliné cette recommandation pour différentes
raisons. Il ne reste que Val-David qui pourrait avoir cette usine
d'épuration. Le ministère avait demandé à ce
moment-là, si ma mémoire est bonne, qu'on étudie la
possibilité de faire un traitement tertiaire des eaux usées et on
est revenu à l'idée d'un traitement secondaire. Où en
est-on rendu de ce côté et quand la municipalité va-t-elle
pouvoir avoir cette usine d'épuration?
M. Goldbloom: Je pense que c'est un cas qui a retenu l'attention
de beaucoup de personnes, récemment, et qui mériterait une
certaine explication. Effectivement, Val-Morin a décliné cette
recommandation de se raccorder à l'usine de Val-David et a
contesté si ma mémoire est fidèle le choix
d'emplacement pour cette usine. Val-David a quand même voulu aller de
l'avant et a été autorisée à construire un
réseau collecteur, cela en prévision de la construction d'une
usine d'épuration. Normalement, les ingénieurs recommandent que
les approbations définitives soient données en deux
étapes: c'est-à-dire, d'abord le réseau collecteur et,
ensuite, l'usine d'épuration. La raison étant que, malgré
les meilleurs calculs, on peut recevoir des surprises quant au volume d'eaux
usées à traiter et quant à la composition des effluents,
quand le réseau collecteur est en place.
Dans le cas de Val-David, il y a eu effectivement une évolution
dans le dossier et ce qui a été proposé par la
municipalité, par l'intermédiaire, sans doute, de ses
ingénieurs-conseils, n'a pas été jugé acceptable
par nos services en ce qui concerne la nature et la qualité du
traitement. Nous avons dirigé la municipalité et ses
ingénieurs à reprendre le dossier et à faire des
améliorations considérables à ce projet
d'épuration.
Entre-temps, la construction d'un réseau collecteur se
poursuivait. Elle a effectivement été
terminée il y a environ six mois. La situation a
été que le réseau est en place et que nous avions
refusé aux contribuables qui devaient commencer à payer ce
réseau le droit de s'y raccorder parce qu'il n'y avait pas d'usine
d'épuration au bout. Ce qui a commencé à se produire,
c'est que des gens ont pris leurs propres moyens et ont commencé, la
nuit, à se raccorder au réseau de façon clandestine. Cela
pose un problème majeur. C'est un problème qui doit être
compris par les intéressés parce qu'on dit à la
légère: Les services de protection de l'environnement ont
autorisé un déversement sans traitement dans le lac Raymond. Ce
n'est pas si simple que cela. Nous avons d'abord analysé l'impact, sur
le lac Raymond, d'un déversement temporaire en attendant que les plans
et devis soient reçus et approuvés et que la construction puisse
commencer et être terminée. Incidemment, nous prévoyons que
ces plans et devis soient reçus dans les toutes prochaines semaines et
que la construction puisse commencer cet été. Il faut un certain
nombre de mois pour la construction d'une usine de cette importance.
Nous avons un choix qui est extrêmement difficile. Ou bien
d'éviter un déversement temporaire qui, selon les études
d'impact que nous avons faites, n'aurait pas d'effet permanent sur le lac
Raymond; les effets seraient absolument passagers, temporaires et
disparaîtraient avec l'entrée en fonction de l'usine
d'épuration, ou bien de vivre pour encore un temps considérable
ce régime, qui n'en est pas un, cette situation de raccordement
clandestin et notre expérience du mauvais fonctionnement de certaines
usines d'épuration au Québec relie ce mauvais fonctionnement
à une forte infiltration et relie cette forte infiltration à des
raccordements mal faits, parce que clandestins, parce que faits à la
hâte la nuit avec une mauvaise illumination et une mauvaise technique. Si
tel devait être le cas à Val-David, il y aurait, par le mauvais
fonctionnement de l'éventuelle usine d'épuration, un
problème permanent de détérioration du lac Raymond. C'est
devant ce choix extrêmement difficile que les ingénieurs ont
décidé que le moindre des maux était de subir un
inconvénient temporaire et de pouvoir compter quand même sur une
protection permanente une fois l'usine d'épuration bâtie.
Autrement, il faudrait envisager une dépense absolument
démesurée qui ne serait même pas certaine d'assurer la
correction de la situation éventuelle à laquelle nous devrions
faire face.
Je prends un exemple pas loin de Val-David, à Sainte-Lucie,
où il y a une usine d'épuration qui ne vaut absolument rien. La
raison pour laquelle cette usine ne vaut absolument rien est qu'il y a une
infiltration très forte. Nous avons de bonnes raisons de croire
ce n'est pas un cas récent que ce sont des raccordements mais
faits qui contribuent à ce problème d'infiltration. Puisque j'ai
parlé de Sainte-Lucie, je voudrais informer les membres de la commission
que nous avons autorisé, non seulement autorisé, mais presque
forcé la municipalité à retenir les services d'une firme
d'ingénieurs-conseils, précisément pour étudier le
problème de l'infiltration et pour recommander des remèdes. Ce
seront des remèdes coûteux et difficiles d'application.
M. Léger: Tant que les citoyens ne sont pas
raccordés au réseau, est-ce qu'ils doivent payer quand même
les taxes, tant que le réseau ne fonctionne pas?
M. Goldbloom: Essentiellement, oui, M. le Président. Je ne
connais pas exactement le calendrier de remboursement des investissements et
des emprunts de la municipalité pour la réalisation du
réseau collecteur. Si la municipalité doit rembourser, ce sont
ses contribuables qui doivent payer. Après tout, M. le Président,
nous avons demandé a cette municipalité je ne mets pas en
doute sa bonne volonté de présenter des plans et devis
satisfaisants pour une usine d'épuration. Si le calendrier
d'exécution n'a pas été celui qui aurait dû
être appliqué, ce n'est pas la faute des autres
municipalités du Québec qui devraient, advenant une
décision de subventionner cette situation à même les
deniers publics, contribuer de leur argent pour quelque chose qui
n'était pas de leur faute.
M. Léger: D'accord, mais d'un autre côté, le
ministère a quand même changé son optique concernant la
sorte d'usine d'épuration et la sorte de traitements qu'il devait y
avoir. Au début, le ministère avait demandé que ce soit un
traitement tertiaire et par la suite un traitement secondaire. Les
délais, de ce côté, ne sont donc pas uniquement du
côté de la municipalité.
M. Goldbloom: Non, M. le Président. C'est exactement
l'inverse. La municipalité nous avait proposé une usine
secondaire. Nous avons constaté qu'une usine secondaire n'aurait pas
été satisfaisante, n'aurait pas donné la protection
nécessaire au lac Raymond. Pour cette raison, nous avons insisté
pour que l'on retourne aux ingénieurs-conseils, qu'on demande des plans
et devis pour une usine à caractère tertiaire,
c'est-à-dire avec l'enlèvement des éléments
nutritifs et c'est cela qui a occasionné le retard. Maintenant, nous
avons eu des rencontres avec les autorités municipales et d'ici deux ou
trois semaines, nous croyons être en mesure de recevoir et je
l'espère d'approuver les plans et devis de l'usine
d'épuration et ensuite d'autoriser l'appel des soumissions
publiques.
M. Léger: Cette construction ne pourra pas être
faite, je pense bien, avant un an. Elle ne sera pas en fonctionnement quand
même avant un an. Le coût total et du réseau et de l'usine,
je pense, va dépasser les $3 millions. Quelle est la proportion que les
contribuables doivent payer en taxes? Quelle est la proportion qui provient
d'une subvention gouvernementale?
M. Goldbloom: L'usine... M. Léger: Les deux.
M. Goldbloom: L'usine coûte à peu près $1,5
million. Puisque nous n'avons pas le coût réel, nous n'avons pas
calculé de subvention.
M. Léger: En pourcentage c'est quoi?
M. Goldbloom: Dans la mesure où cette usine sera
admissible au régime de financement de la Société centrale
d'hypothèques et de logement, ce qui voudra dire 17% ou 18% du
fédéral, il y aura 50% de plus de la part du Québec.
M. Léger: Cela veut dire environ 32% pour la
municipalité. Et 32% autant pour l'usine que pour le réseau
d'égouts collecteurs?
M. Goldbloom: Non, M. le Président. J'ai
précisé que c'est pour l'usine et pour les principaux
intercepteurs qui raccordent le réseau à l'usine, donc pour les
éléments qui sont admissibles au régime de financement
fédéral. Pour les autres parties, c'est au ministère des
Affaires municipales. Voilà un bel exemple de cette fausse comparaison
que l'on fait avec l'Ontario, parce qu'on dit: A l'environnement, on n'a pas
autant d'argent qu'en Ontario pour l'épuration.
M. le Président, pour l'autre partie, c'est à même
les autres programmes du ministère des Affaires municipales que l'on
puise l'argent pour aider les municipalités à payer ces
dépenses considérables. Cela se fait en vertu d'une analyse. Je
n'ai pas l'intention de refaire la description du système d'analyse. Je
l'ai déjà faite. C'est une analyse qui tient compte du coût
du projet, du revenu que percevra la municipalité en taxe d'eau et
d'égout et de la capacité des contribuables de payer, par rapport
à leur revenu moyen et au fardeau déjà
supporté.
M. Léger: Le Président me fait signe que la Chambre
a ajourné ses travaux depuis dix heures. J'ai encore beaucoup de
questions à différents programmes. Je ne sais pas si on veut
continuer ou si on veut ajourner les travaux à demain matin ou à
une autre journée. Je n'ai pas d'objection.
M. Goldbloom: Je pense qu'il vaut mieux continuer, si on veut
continuer, parce que je ne suis pas en mesure de siéger demain matin et
il faudra demander au leader parlementaire si c'est son désir de trouver
un autre moment.
Le Président (M. Picard): Je dois prévenir les
membres de la commission que l'on m'a informé qu'en Chambre, avant
l'ajournement de ce soir, il y a eu un changement au programme de demain. Il
n'y aura que deux commissions qui vont siéger. La commission des
Affaires municipales ne siège pas demain. Cela revient à ce que
je disais tantôt. Il est possible que ce soit la fin de cette
commission.
M. Léger: M. le Président, je n'ai pas
d'objection.
Le Président (M. Picard): Je vous avertis.
M. Léger: Je peux vous dire qu'on va voir l'in-
térêt du leader à ce qu'on continue à travailler sur
un programme auquel on a consacré à peine cinq heures de
discussion.
On a encore tout l'assainissement du milieu, l'aide financière
à la construction des réseaux; on a aussi toute l'alimentation en
eau, la disposition des eaux usées, la direction de la gestion interne
des programmes d'environnement; nous avons la direction en gestion
interne...
Le Président (M. Picard): D'accord, mais il reste que la
commission aura siégé 21 heures. Le député de
Taillon.
M. Leduc: M. le Président, si vous me le permettez, au
tout début cet après-midi, lorsque le député de
Lafontaine a fait son intervention, il a mentionné qu'il aimerait parler
"at large" pour éventuellement en venir à des programmes
spécifiques. Je pense qu'en dehors du député de
Lafontaine, il y a peut-être d'autres députés qui attendent
l'étude de différents programmes pour poser des questions. Il
faudrait y avoir une espèce de justice distributive d'ici 11 heures. Il
nous reste 35 minutes. Avec l'hypothèse qu'on ne puise pas siéger
à nouveau, j'admets que le Parti québécois aime bien
accaparer certains domaines, mais il y a peut-être d'autres
collègues qui ont des questions à poser sur des programmes bien
spécifiques à l'intérieur du budget du
ministère.
M. Léger: Cela ne me dérange pas de laisser la
chance de parler à d'autres députés. Le
député de Taillon a probablement des questions à poser.
J'en ai beaucoup à poser et je n'ai pas l'intention d'accaparer tout le
temps de la commission.
M. Leduc: Je n'ai aucune objection à commencer à
poser mes questions, mais pour autant qu'on s'entende pour laisser les
généralités et entrer dans les programmes
spécifiques.
Amiantose
M. Léger: Je pense que le député de Taillon
ne s'est pas aperçu que nous sommes entrés dans des programmes
spécifiques il y a au moins deux heures. Nous avons étudié
trois programmes jusqu'à maintenant. C'est une information que je donne
au député de Taillon.
S'il n'y a pas d'autres questions, je vais continuer.
Concernant l'amiantose, je voudrais connaître l'opinion du
ministre sur la norme qui devrait être appliquée à
l'intérieur du milieu de travail, ce qui entre dans le cadre de la loi
34. La norme en Grande-Bretagne est de deux fibres par centimètre cube,
en Allemagne, elle est de trois fibres, aux Etats-Unis, elle est de 0,5 fibre
sur un projet qui sera adopté le mois prochain à Washington, et
le gouvernement fédéral va bientôt imposer une norme de
deux fibres par centimètre cube dans l'air extérieur lors des
opérations du traitement. Or, dans la règlementation sur
l'atmosphère, les services de protection de l'environnement
prévoient une norme de deux fibres par centimètre
cube, à partir de la fin de 1978. Il n'y a rien qui
prévoie ie temps d'exposition maximale à cette norme. Je pense
que c'est le fond même du problème. Les normes américaines
sont des seuils absolus qu'il ne faut pas dépasser. Il n'est pas
question de temps. Par ailleurs, selon une coupure de la Presse, un responsable
des services de protection de l'environnement aurait déclaré, le
20 octobre 1975, devant la commission Beaudry sur l'amiantose: " II est
impossible de penser pouvoir surveiller l'application d'une norme de pollution
conçue comme une moyenne sur huit heures ou sur une semaine."
Est-ce que le ministre peut prendre à sa charge une telle
constatation? Et qu'est-ce que cela signifie pour la surveillance de ces
normes?
M. Goldbloom: M. le Président, je crois que le
député de Lafontaine sait deux choses. D'abord, c'est le ministre
des Richesses naturelles qui dirige ce dossier et, deuxièmement, tant et
aussi longtemps qu'on n'aura pas atteint un niveau meilleur que celui que nous
avons présentement, on pourra parler d'un objectif inférieur
à deux fibres, mais il faut d'abord se rendre à deux fibres et
cela pose certains problèmes techniques que tout le monde essaie de
résoudre.
Alors, je pense que c'est au ministre des Richesses naturelles, qu'il
serait préférable d'adresser les questions en ce qui concerne
l'amiante et les problèmes bien connus et bien importants.
M. Léger: Mais le ministère de l'environnement, qui
a quand même une responsabilité là-dessus, ne
prévoit pas de période maximale à l'exposition? Vous allez
tout simplement mettre deux fibres par centimètre cube à
l'année?
M. Goldbloom: C'est cela. La norme est basée sur la
présomption raisonnable que ce sera pendant huit heures par jour que
l'ouvrier travaillera.
M. Léger: Vous dites que ce sont les ministères des
Richesses naturelles et du Travail qui vont faire un travail
complémentaire avec la Société de la protection de
l'environnement à ce sujet?
M. Goldbloom: J'ai dit que c'est le ministère des
Richesses naturelles qui dirige le dossier, M le Président. Cela parce
que la principale activité au Québec, dans le domaine de
l'amiante, est une activité minière. Cette activité est du
ressort du ministère des Richesses naturelles. La responsabilité
des services de protection de l'environnement porte sur les usines de
transformation qui ne sont pas nombreuses au Québec et c'est donc le
ministère des Richesses naturelles qui est le maître-d'oeuvre, si
vous le voulez, dans ce domaine.
M. Léger: M. le Président, dans un autre ordre
d'idées, puisqu'il faut avancer dans plusieurs projets et pour qu'on ait
le temps d'en passer le plus possible et revenir, si le gouvernement croit
réellement que l'environnement est important. La compagnie Metropolitan
Structure de Chicago, propriétaire de l'île des Soeurs, a
procédé, l'an dernier, à des remblayages massifs qui font
que cela a augmenté ses terres de plus du tiers, avec de graves
conséquences écologiques. J'aimerais connaître
l'état du dossier là-dessus, les divers avertissements du service
de la protection de l'environnement à la compagnie et pourquoi la loi
n'a-t-elle pas été appliquée dans ce cas-là?
M. Goldbloom: M. le Président, ce qui a été
fait à cet endroit l'a été en vertu d'une autorisation
donnée par le ministère des Richesses naturelles, avant
l'adoption de la Loi sur la qualité de l'environnement. Donc, il n'y a
pas moyen de faire intervenir une nouvelle loi, de cette façon, pour
annuler les permis déjà accordé.
Nous avons, comme gouvernement, défini les limites de ce qui
était permis et à ma connaissance, quoiqu'il y a des gens qui
expriment beaucoup d'inquiétude à ce sujet, les remblayages ont
été faits à l'intérieur des limites originalement
définies.
M. Léger: Donc, cela veut dire que le gouvernement ne peut
plus rien faire actuellement?
M. Goldbloom: Tant et aussi longtemps que le travail de
remplissage se fera à l'intérieur des limites définies
dans l'autorisation, il n'y a pas de justification pour retourner contre cette
compagnie.
M. Léger: Est-ce que le ministre peut nous dire si la
permission du ministère des Richesses naturelles touchait le pourcentage
d'augmentation du territoire?
M. Goldbloom: Je ne le sais pas, M. le Président, de
mémoire. Il faudra que je demande ce renseignement.
M. Léger: Comme ces gens l'ont augmenté à
peu près du tiers, cela veut dire qu'ils ont eu au moins la permission
du tiers.
M. Caron: C'est impossible. Ils n'ont pas augmenté du
tiers, M. Le Président. C'est impossible.
M. Léger: C'était dans tous les journaux.
M. Caron: ...au bout de l'île des Soeurs, c'est
impossible.
M. Léger: A ce moment-là, qu'on me prouve le
contraire!
M. Caron: Je suis convaincu. M. Ostiguy: ...le 21
juin.
M. Léger: Quand tous les journaux affirment... Je ne sais
pas. Cela peut arriver demain matin, le député ne le sait
peut-être pas. De toute façon, M. le Président, on aura
l'occasion d'en reparler.
Le Président (M. Déziel): A l'ordre, s'il vous
plaît! Revenons aux affaires de l'environnement. La parole est au
ministre.
M. Léger: M. le Président, c'était quand
même une information dans la Presse du 26 janvier 1976 qui mentionnait
cela. De toute façon, si le ministre n'est pas au courant, je prends sa
parole.
M. Goldbloom: On lance des tiers et des 10% à gauche et
à droite, M. le Président.
M. Léger 10% de quoi, oui, et les 2%... De toute façon, je
pense que celui qui a écrit l'article est un spécialiste dans le
domaine de la chronique journalistique, dans le domaine de la pollution, c'est
Jean-Pierre Bonhomme.
M. Goldbloom: Ah oui!
M. Léger: De toute façon, je ne sais pas si vous
l'aimez, parce que ces journalistes sont quand même obligés
d'évaluer et donner leur point de vue sur des situations qui
peut-être, parfois, ne plaisent pas au ministère de
l'environnement.
M. Goldbloom: Je ne fais pas de commentaire, M. le
Président.
M. Léger: Je n'ai pas terminé, mais je peux vous
laisser la question...
M. Pagé: Finissez votre point et j'aurai une question
particulière sur la gestion des déchets. Finissez votre point
avec le plus de diligence possible.
M. Léger: C'est une compagnie de Sainte-Marthe-sur-le-Lac
près d'Oka qui a passé outre à la Loi de l'environnement.
Elle a construit une digue sur le lac des Deux-Montagnes. Qu'est-ce qui est
arrivé de cette affaire, M. le Président? C'est peut-être
faux, c'est encore le journaliste Jean-Pierre Bonhomme.
M. Goldbloom: Pour la première fois, M. le
Président, depuis le début de cette discussion, c'est un dossier
que je ne connais pas.
M. Léger: Le ministre peut peut-être se renseigner
à une autre occasion et nous donner des renseignements
là-dessus.
M. Goldbloom: M. le Président, je suis informé que
nous avons été saisis du problème, que nous avons
envoyé une mise en demeure et que les travaux ont été
arrêtés immédiatement.
M. Léger: Cela, c'est une réponse qui me
plaît, M. le Président. Combien de certificats d'autorisation, en
vertu de l'article 2 du règlement sur les carrières, ont
été émis durant l'année écoulée?
M. Goldbloom: En chiffres ronds, peut-être une centaine, M.
le Président, parce qu'il y a, après tout, des creusages de
toutes sortes un peu partout dans la province qui doivent être
autorisés.
M. Léger: Une centaine.
M. Goldbloom: Oui, à peu près.
M. Léger: Est-ce que des inspections sont faites de
façon régulière pour voir si la loi a été
appliquée dans ces cas-là?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président. Pour l'information des
membres de la commission, une copie de chaque autorisation est envoyée
à l'inspecteur local pour qu'il puisse justement suivre et
contrôler l'activité.
M. Léger: II semble que les services de protection de
l'environnement aient accordé, en date du 20 janvier 1976, un permis
à la compagnie Spancrete pour exploiter une usine de béton
bitumineux près du mont Saint-Bruno, pas loin du
député...
M. Ostiguy: ... C'était marqué dans le journal,
cela.
M. Léger: C'est cela. Je voudrais savoir s'il est
exact...
M. Ostiguy: ...
M. Léger: Une chose est certaine, c'est que les journaux
apprennent beaucoup de choses, souvent beaucoup plus que les rapports du
ministère de l'environnement qui, s'il avait un rapport
régulier... Il y aurait beaucoup de réponses que nous pourrions
avoir d'autres sources. Je pense que le service de l'environnement devrait
publier régulièrement, annuellement, un rapport de fonctionnement
et cela permettrait...
Le Président (M. Déziel): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Léger: ...d'éviter beaucoup de questions dont
les réponses...
Le Président (M. Déziel): A l'ordre... ce soir, M.
le député!
M. Léger: M. le Président, j'invoque le
règlement. Je pense que le président, qui est une personne que
j'estime beaucoup, sait fort bien...
Le Président (M. Déziel): ... un bon joueur de
cartes...
M. Léger: ...que, sur le contenu...
M. Goldbloom: Tout d'un coup, il estime tout le monde.
M. Léger: ... je crois quand même avoir le droit
d'exprimer ce que j'ai à dire et ce n'est pas moi qui vais terminer ce
soir...
M. Goldbloom: ... niaiseux et insupportable, mais tout d'un coup,
il estime tout le monde.
M. Léger: Je ne crois pas avoir jamais dit que le
député de Saint-François était une personne
peureuse.
Le Président (M. Déziel): II ne faudrait pas;
autrement je démissionne immédiatement ce soir.
M. Goldbloom: Continuons, M. le Président.
M. Léger: M. le Président, je reprends ma question
pour la bonne compréhension du ministre. Il semble que les services de
la protection de l'environnement aient accordé en date du 20 janvier un
permis à la compagnie Spancrete pour exploiter l'usine de béton
bitumineux près du mont Saint-Bruno. Je voudrais savoir s'il est exact
qu'auparavant la municipalité de Saint-Bruno avait refusé la
permission à Spancrete de s'installer à cet endroit.
M. Goldbloom: M. le Président, en termes de permis
municipal, je ne suis pas personnellement informé, mais je crois
comprendre que la municipalité n'a pas accordé un permis. Ce
n'est pas la responsabilité des services de protection de
l'environnement de savoir si une municipalité a accordé ou non un
permis et d'assujettir sa propre décision à ce que fait la
municipalité. Il y a deux ordres d'autorités qui doivent chacun
prendre ses responsabilités. Dans le cas qui nous préoccupe en ce
moment, ce qu'il est essentiel de savoir, c'est que les usines en question
l'usine en question pour l'instant se situent dans une
carrière qui est exploitée par la compagnie Dominion Lime. Dans
cette carrière, il y avait auparavant une usine de béton
bitumineux exploitée par la compagnie Desourdy. Cette usine de
béton bitumineux n'était point conforme point, c'est
peut-être fort disons n'était pas conforme aux normes de la
protection de l'environnement et causait des inconvénients
considérables. Quand nous avons reçu une demande d'autorisation
d'une nouvelle usine de la part de la compagnie Spancrete, nous avons
regardé la situation qui existait et nous avons vu que, d'une
manière ou d'une autre, il semblait inévitable qu'il y ait une
usine de béton bitumineux à l'intérieur de la
carrière Dominion Lime. Nous avions donc deux choix, laisser continuer
l'usine non conforme de la compagnie Desourdy avec l'espoir qu'avec des
pressions et avec des appareils, il y ait une amélioration
éventuelle, ou bien, obtenir ce qui a été obtenu
effectivement, la fermeture et la démolition de l'usine non conforme et
son remplacement par une usine en tous points conforme aux exigences de la Loi
de la qualité de l'environnement. C'est pour cela que nous avons
accepté ce qui nous semblait un échange raisonnable. Nous ne
pouvions, de toute façon, parce que l'usine Spancrete était
conforme aux normes, lui refuser cette autorisation.
M. Léger: M. le Président, de toute façon,
l'ar- ticle 56 du règlement sur les carrières interdit
carrément l'exploitation des carrières à Saint-Bruno.
Est-ce que le ministre quand même...
M. Goldbloom: Ce n'est pas vrai, M. le Président.
M. Léger: Maintenant, est-ce que le ministre peut me dire,
peut-être que ce n'est pas rétroactif, mais c'est quand
même...
M. Goldbloom: M. le Président, il est clair que, là
comme dans le cas des remplissages, quand il y a eu une autorisation
accordée par une haute autorité, il y a un certain nombre
d'années et avant l'entrée en vigueur de la Loi sur la
qualité de l'environnement, il n'est pas possible de prendre cette loi
plus récente et de s'en servir pour fermer des carrières
déjà en exploitation. Mais un des effets de cette Loi sur la
qualité de l'environnement tellement mal perçue par le
député de Lafontaine est d'empêcher carrément...
M. Léger: Ecoutez, on accepte cette loi. C'est le
complément de cette loi, la réglementation de cette loi...
M. Goldbloom: M. le Président, dans l'état actuel
des choses, voilà une intervention qui est enfin fort efficace. Nous
pouvons empêcher l'ouverture de toute nouvelle carrière sur le
mont Saint-Bruno, sur le mont Saint-Hilaire ou ailleurs.
En ce qui concerne les carrières qui existent déjà,
nous ne pouvons utiliser la loi pour retourner en arrière et fermer ces
carrières actuellement en exploitation. M. le Président,
j'aimerais compléter cette réponse, parce qu'on me dit souvent:
Le gouvernement, qui a exproprié pour le protéger, le sommet du
mont Saint-Bruno, aurait dû aller plus loin et aurait dû exproprier
les carrières en même temps.
M. le Président, soyons logiques pour deux secondes. Si nous
dépensons des millions non seulement en acquisition d'un espace de
terrain, mais aussi en compensation à la compagnie pour la perte de la
possibilité de gagner son revenu avec la carrière en question,
nous aurions quoi, à ce moment-là, entre les mains? Nous aurions
une carrière que nous n'aurions pas l'intention d'exploiter comme
carrière, et un terrain qui est absolument sans attrait et dont le
réaménagement, pour lui donner un attrait, coûterait des
millions additionnels.
M. le Président, si nous avons ces millions additionnels,
dépensons-les pour acquérir d'autres espaces encore, toujours
verts et on ferme des portes à l'intention de la population
québécoise. C'est ça que nous sommes en train de faire.
C'est pour ces deux raisons que je viens d'invoquer que nous avons dû, en
toute logique, permettre la continuation de l'exploitation des carrières
sur ces deux montagnes que j'ai mentionnées.
M. Léger: Quand la Dominion Lime va-t-elle terminer son
travail? En plus de cela, est-ce
qu'elle va être obligée de remettre la carrièere
dans l'état qu'elle était, après?
M. Goldbloom: Là aussi, M. le Président, en vertu
des nouveaux règlements et de la loi, nous pouvons exiger de toute
future exploitation un plan de réaménagement avant le
début du creusage et l'exécution, par la suite, de ce
réaménagement. Dans le cas des carrières existantes, c'est
plus difficile, et je ne crois pas que, dans l'état actuel de la loi, il
soit possible d'arriver, après l'effet, et exiger un plan de
réaménagement. Nous avons agi à Val-David comme cas
d'exception, parce que c'était une situation qui était encore
plus aberrante que d'autres que nous avons connues, mais les lois du
Québec ne nous permettent pas d'exiger, aujourd'hui, un
réaménagement d'une carrière dont l'exploitation
était autorisée il y a plusieurs années.
M. Léger: Quand doit-on arrêter d'exploiter cette
carrière?
M. Goldbloom: Je voudrais simplement ajouter, pour
l'intérêt des membres de la commission, que nous avons
récemment accordé un contrat à une firme d'urbanistes pour
que soit préparé un guide de remise en valeur des
carrières et sablières après leur exploitation.
M. Léger: Est-ce que le ministre a l'intention de proposer
un amendement dans le cas de ceux qui ont exploité ces carrières
avant que la loi soit adoptée?
M. Goldbloom: Nous avons en perspective, M. le Président,
la possibilité de certains amendements à la Loi de la
qualité de l'environnement, mais vu que nous n'avons pas encore
présenté ce dossier au conseil des ministres, je ne suis pas en
mesure de parler de son contenu. Il faudra que le conseil des ministres prenne
des décisions sur les divers éléments.
M. Léger: Maintenant, M. le Président, concernant
Saint-Gabriel-de-Brandon, le ministre peut-il déposer le rapport sur les
causes de l'épidémie à Saint-Gabriel, fait par Pierre
Brisebois, des services de la protection de l'environnement? Quelles sont les
conclusions de ce rapport sur les causes de l'épidémie?
M. Goldbloom: Ce n'était pas cet après-midi, M. le
Président, que j'ai donné un résumé de nos
conclusions? Quant au dépôt du rapport, je pense que je pourrais
le faire très prochainement. Nous sommes en train de mettre la
dernière main à un rapport qui ferait état de la
situation, des interventions et qui, j'espère, permettra aux gens de
Saint-Gabriel de reprendre confiance dans leur environnement.
Le Président (M. Picard): Le député de
Portneuf.
M. Pagé: Si vous permettez...
M. Léger: Allez-y!
M. Pagé: ...si le député de Lafontaine
continue avec sa nomenclature de questions qui se réfèrent, soit
dit en passant, à des articles de journaux, ma question sera
fondée.
M. Léger: Pas toutes, une petite minorité.
M. Pagé: C'est votre bible, les articles de journaux. Ma
question est fondée sur une expérience assez concrète sur
le terrain, dans un comté rural. M. le ministre, vous savez que dans des
comtés comme le mien, dans Portneuf, il y a plusieurs
municipalités, plusieurs entités juridiques. La presque
totalité des municipalités ont leur dépotoir respectif
à la suite de permis émanant du service de l'environnement.
J'aimerais savoir quelle est votre politique à l'égard de
ces dépotoirs ruraux ou municipaux parce que je suis informé que
particulièrement, dans le cas de Portneuf, il y aurait plusieurs
municipalités qui seraient placées face à
l'éventualité où le permis ne serait pas
renouvelé.
Y a-t-il eu une politique amorcée sur le regroupement de
plusieurs municipalités pour en faire un genre de service en commun,
sans parler d'incinérateur, etc., et s'il y a des énoncées
de politique pour la mise en commun de ce service, quelle est la participation
du ministère des Affaires municipales à ce chapitre, dans
l'exploitation, dans l'immobilisation, etc., et également, y a-t-il des
expériences analogues qui ont été menées au
Québec?
M. Goldbloom: Nous avons fait faire un certain nombre
d'études sur le problème des déchets dans diverses
régions du Québec. Nous avons voulu, au départ, en faire
une sélection pour donner un éventail de conditions
d'élimination des déchets.
Nous avons constaté que la tendance des consultants voulait
recommander une forte centralisation, recommander l'identification d'un seul
emplacement pour l'élimination des déchets, pour tout un
comté, par exemple. Nous avons remarqué une réaction
négative de la part de beaucoup de municipalités, à cause
des frais de transport augmentés qui seraient impliqués par de
telles solutions absolument régionales.
Deuxièmement, nous avons remarqué que, dans certains cas
où il est devenu nécessaire, pour des raisons impérieuses
de fermer un dépotoir, il n'y avait pas nécessairement une
solution de rechange qui était immédiatement disponible et que,
là aussi, les coûts ont augmenté
considérablement.
Pour cette raison, nous avons essayé de commencer plutôt
par l'autre bout et de trouver un certain nombre d'endroits. J'ai fait
état cet après-midi de la difficulté que nous connaissons
à cet égard, c'est-à-dire qu'à l'oeil nu, on peut
croire qu'un terrain serait propice pour l'enfouissement sanitaire et quand on
fait des forages hydrogéologiques, on trouve que les eaux souterraines
seraient contaminées très facilement par une telle
exploitation.
Nous sommes donc obligés de rejeter de nombreux terrains, au
moins la moitié. Cela complique notre tâche de trouver une
solution raisonnable. Par raisonnable, je veux dire dans un rayon raisonnable
autour du centre par rapport aux municipalités qui seraient
appelées à y enfouir leurs déchets.
Ce que nous faisons donc est d'essayer d'aider les municipalités
à trouver un site, et ensuite, à aménager le site et
à fermer les autres dépotoirs, puis à exploiter selon les
règles de l'art un bon enfouissement sanitaire.
Le député de Portneuf m'a demandé quelle est l'aide
que peut fournir le gouvernement. Nous avons, évidemment, une certaine
aide technique que nous pouvons offrir, mais quant à l'aide
économique, nous aidons, au niveau des investissements, en ce qui
concerne l'acquisition d'un terrain, l'aménagement de ce terrain et la
fermeture des dépotoirs existants.
Dans certains cas, nous avons donné un coup de main sur le plan
financier quant à l'acquisition d'équipement, mais nous sommes
plus prudents à cet égard parce que nous constatons que dans
certains cas, l'enthousiasme emporte les municipalités et des
dépenses excessives dans l'équipement sont entreprises.
Donc, nous ne disons pas carrément aux municipalités: Nous
allons vous aider vers l'acquisition de l'équipement nécessaire.
Quant à l'exploitation, la réponse est carrément: Non.
Pour une raison bien simple: c'est un problème quotidien pour toutes les
municipalités du Québec. Il faut que cette exploitation
quotidienne fasse ses frais. Il n'y a pas moyen de donner une subvention pour
l'exploitation comme telle. Je devrais ajouter une chose, c'est que ce n'est
pas en vertu d'un programme que l'on peut trouver dans le cahier des
crédits qui s'appelle: Aide à la gestion des déchets, que
nous donnons ces sommes. Ce n'est donc pas une politique officielle qui est
à la disposition de tout le monde, c'est une aide ponctuelle que nous
avons pu donner à même les ressources générales du
ministère pour dépanner certaines municipalités. Je suis
informé qu'il y a huit municipalités du comté de Portneuf
qui ont constitué un comité intérimaire, provisoire pour
essayer de régler le problème. Je serai heureux de poursuivre
l'étude de cette situation avec les huit municipalités.
M. Pagé: Je suis bien heureux de cela, M. le ministre, car
c'est un peu à mon incitation que les municipalités se sont
réunies, se sont concertées et ont dialogué ensemble,
parce que c'est un problème qui existait dans le milieu chez nous. Je
suis heureux de constater que le dossier fait présentement l'objet d'une
étude approfondie de votre part et de la part des responsables de votre
ministère, parce que c'était absolument nécessaire, selon
moi. En tant que représentant d'un milieu rural, c'est beaucoup plus
objectif de travailler dans ce sens, avec les gens du milieu et les
municipalités. C'est beaucoup plus objectif et beaucoup plus
sérieux que de passer son temps à ap- porter des critiques
à la suite de la lecture de journaux. Merci.
M. Léger: M. le Président, le ministre peut-il nous
décrire, d'une part...
Le Président {M. Picard ): Le député de
Verchères.
M. Ostiguy: Ma question était la suivante. On sait qu'il y
a beaucoup de travail qui a été fait pour éliminer les
dépotoirs à ciel ouvert. Je voudrais savoir du ministre: Combien
y a-t-il, actuellement, de sites d'enfouissement sanitaire qui fonctionnent
dans la province de Québec? Avez-vous une idée du nombre? Il y a
un travail formidable qui a été fait pour éliminer les
dépotoirs à ciel ouvert.
M. Goldbloom: Nous avons approuvé une quinzaine
d'emplacements à travers le territoire de la province. Dans la
région que représente l'honorable député, il y a,
grosso modo, trois endroits qui ont été approuvés. Je
pense que le député de Verchères les connaît. Il y a
un endroit près de Sorel, il y a un endroit à
Sainte-Cécile-de-Milton. près de Granby, il y a un autre endroit
à Saint-Grégoire. Il y a aussi un quatrième endroit qui
est Sainte-Julie et, plus près de Montréal, il y en a
d'autres.
J'ai ici la liste et je suis heureux de pouvoir augmenter le chiffre que
j'ai donné. J'ai dit qu'il y en avait une quinzaine, mais il y en a
21.
M. Ostiguy: Ces sites d'enfouissement sanitaire donnent-ils
entière satisfaction aux normes exigées par le service de la
protection de l'environnement?
M. Goldbloom: De façon générale, je dirais
oui, mais pas sans problème. A certains endroits, nous avons eu des
difficultés quant à la technique utilisée dans
l'exploitation de certains endroits et pas nécessairement les moindres.
Il serait peut-tre utile que je fasse lecture de cette liste des 21 noms:
Delson, Gaspé, Lachute, Laterrière. près de Chicoutimi,
Laval il y en a un sur l'île Jésus Lucerne, Magog,
Matane, Percé. Ples-sisville, Pointe-Lebel près de
Port-Cartier Saint-André-d'Acton, Sainte-Cécile-de-Milton,
Saint-Côme-de-Kennebec, dans la Beauce, Saint-Grégoire-le-Grand,
Sainte-Julie, Saint-Lambert-de-Lauzon sur la rive sud
Saint-Rosaire, dans le comté d'Artabaska, Saint-Siméon, dans le
comté de Charlevoix-Est, Valleyfield et Sherbrooke.
Le Président (M. Picard): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: M. le Président, j'aimerais savoir si le
ministre a rencontré, à bien des occasions, les
municipalités qui ne pouvaient se prévaloir d'approvisionnement
en eau potable, actuellement, dans la province de Québec.
M. Goldbloom: Je dirais qu'il n'y a pas beau-
coup de municipalités qui ne sont pas en mesure de se doter d'un
certain approvisionnement en eau potable, mais il y a des problèmes que
l'on connaît quant à la qualité, et, à certains
endroits, quant à la quantité.
Nous avons adopté une politique à l'égard de la
recherche d'eau potable voulant que nous donnions de l'aide seulement quand les
recherches donnent lieu à un projet de construction d'un système
de distribution d'eau. Mais, si nous sommes appelés à donner une
subvention pour la construction d'un réseau de distribution, nous
incluons, dans les calculs, le coût des recherches d'eau qui ont
été poursuivies auparavant. La raison est simple, c'est qu'il y a
des municipalités qui entreprennent ou qui voudraient entreprendre, de
façon spéculative, des recherches et nous ne pouvons, tout
simplement, parce qu'une municipalité voudrait trouver un
deuxième puis pour donner une plus grande assurance quant à son
alimentation en eau, dans tous ces cas, donner des subventions.
Nous disons, en effet, aux municipalités: Si vous êtes
sérieuses et si vous devez non seulement trouver de l'eau, mais ensuite
passer à la construction d'un système de distribution, nous
allons vous aider pour les deux éléments.
M. Boutin: Je voulais vous demander aussi, à combien, dans
une municipalité moyennement organisée, on peut attribuer le
pourcentage de consommation d'eau potable, pour consommation humaine je
parle de la nourriture comparativement aux besoins que la ville en fait,
soit par ces équipements d'incendie, de bornes-fontaines, de lavage de
rues, d'arrosage de gazon, de l'équipement sanitaire dans toutes les
maisons, de l'usage industriel et commercial, enfin, toutes ces choses.
Nécessairement qu'il y a un certain pourcentage pour d'autres
choses que pour simplement la consommation d'eau pour l'individu. Cela devient
peut-être assez minime sur ce total.
M. Goldbloom: Par pourcentage, il serait difficile de donner une
réponse, parce que ce pourcentage varierait de municipalité en
municipalité, selon la consommation industrielle surtout. Il y a des
chiffres en galonnage, si vous voulez, pour consommation humaine. De
mémoire, je n'ai pas le chiffre, mais...
Le Président (M. Picard): Le député de
Taillon a demandé la parole.
M. Leduc: M. le Président... Excusez-moi.
M. Goldbloom: M. le Président, la consommation que l'on
peut appeler domestique, non pas nécessairement la consommation humaine,
mais l'utilisation à la maison semble se situer entre 100 et 150
gallons, par jour, per capita.
Le Président (M. Picard): Une dernière question, le
député de Taillon, pas de questions supplémentaires.
M. Leduc: M. le Président, vous vous souviendrez, l'an
dernier, que le ministre des Affaires municipales a dû émettre une
ordannance sur le territoire de la rive sud, à cause du problème
d'approvisionnement en eau. Je ne pose pas une question. J'exprime simplement
un voeu, un désir, un souhait que cette même ordonnance soit
émise, quant à l'arrosage des terrains des résidences au
cours de l'été qui s'en vient, parce que j'ai bien l'impression
que, sur la rive sud de Montréal, on va vivre la même
expérience cet été que celle qu'on a vécue l'an
dernier et qu'en conséquence, si le ministre pouvait prévoir
cette ordonnance, cela rendrait service aux municipalités.
M. Goldbloom: Je peux dire, M. le Président, que nous
allons surveiller cette situation et qu'une telle ordonnance est
déjà en préparation pour qu'elle soit disponible au
besoin.
M. Leduc: II est 11 heures, M. le Président.
M. Léger: Avant de proposer l'ajournement, est-ce que le
ministre pourrait nous dire à quelle date il va convoquer la commission
parlementaire pour étudier la réglementation sur la pollution de
l'air, de façon que les gens se préparent en
conséquence?
Le Président (M. Picard): C'est le leader parlementaire
qui décide.
M. Goldbloom: Oui. M. le Président, ce que nous avons
l'intention de faire, c'est de déterminer, avec le leader parlementaire
du gouvernement, un calendrier à partir du moment où nous
pourrons raisonnablement prévoir que l'étude des crédits
de tous les ministères sera terminée.
Tant et aussi longtemps que les commissions parlementaires
siégeront pour l'étude des crédits, il sera très
difficile d'en faire siéger à d'autres fins aussi. Dès que
nous le pourrons, nous allons fixer un calendrier pour cela et pour d'autres
sujets intéressants.
Le Président (M. Picard): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 1)