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Projet de loi no 125
(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre s'il vous
plaît!
Veuillez vous asseoir.
Reprise de la séance de la commission élue permanente des
affaires municipales pour recevoir les mémoires pour l'étude du
projet de loi no 125, Loi sur l'aménagement et l'urbanisme.
Les membres de cette commission sont M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M.
Caron (Verdun) remplacé par M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe) remplacé par M. Goulet (Bellechasse), M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Gratton (Gatineau) remplacé par M.
Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Guay (Taschereau) remplacé par M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. Mercier (Berthier), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Shaw
(Pointe-Claire), M. Tardif (Crémazie) remplacé par M.
Léonard (Laurentides-Labelle).
Les intervenants sont M. Alfred (Papineau), M. Charbonneau
(Verchères) remplacé par M. Marquis (Matapédia), M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska) remplacé par M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M.
Goldbloom (D'Arcy McGee) remplacé par M. Caron (Verdun), M. Lacoste
(Sainte-Anne), M. Léonard (Laurentides-Labelle) remplacé par M.
Tardif (Crémazie), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Vaugeois (Trois-Rivières).
Les organismes qui sont invités à comparaître
aujourd'hui sont l'Union des municipalités du Québec.
Une Voix: Présent.
Le Président (M. Laplante): Merci. Le Conseil de recherche
de la Haute-Yamaska Inc.
Une Voix: Présent.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. La
Fédération des jeunes chambres du Canada français Inc.
Une Voix: Présent.
Le Président (M. Laplante): Merci. La Corporation du
comté de Gatineau; le Conseil métropolitain du Haut-Saguenay.
Une Voix: Présent.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. La ville de
Saint-Raymond.
Une Voix: Présent.
Le Président (M. Laplante): Merci. Le Conseil
régional du développement de la région administrative du
Québec.
Une Voix: Présent.
Le Président (M. Laplante): Merci. J'appelle maintenant
l'Union des municipalités du Québec.
M. Gendron: M. le Président, seulement une petite minute
avant de...
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Si vous voulez corriger à la place de M.
Jean-Guy Mercier, François Gendron, député
d'Abitibi-Ouest, membre, et à la place de M. Charbonneau comme
intervenant, vous avez mentionné M. Marquis (Matapédia), il
faudrait le remplacer par M. Tardif (Crémazie).
Le Président (M. Laplante): C'est fait pour M. Tardif.
M. Gendron: Oui? Cela va. Faites uniquement la première
correction.
Le Président (M. Laplante): A la place de M. Mercier, vous
voulez M. Gendron (Abitibi-Ouest). Merci.
Messieurs, les règles du jeu je crois que ce n'est pas la
première fois que vous venez M. le maire sont que vous avez
environ 20 minutes pour la présentation de votre texte et 40 autres
minutes servent pour les questions des membres de cette commission.
Si vous voulez identifier votre organisme, vous identifier et identifier
les personnes qui vous accompagnent s'il vous plaît!
Union des municipalités du
Québec
M. Dufour: Francis Dufour, maire de Jonquière et membre de
l'exécutif de l'Union des municipalités du Québec; M.
Marcel Pageau, président de la Communauté urbaine de
Québec et membre de l'exécutif de l'Union des
municipalités; Me Nicole Lafond de l'Union des municipalités et
Jerry Giles, membre de l'Union des municipalités. (10 h 15)
M. le Président, au début de notre présentation,
puisque nous ferons un condensé ou un résumé, nous
demanderions l'inclusion du texte intégral de notre mémoire aux
débats de cette commission.
Le Président (M. Laplante):... des membres. II y a
consentement, M. Dufour. (Voir annexe A)
M. Dufour: Je vous remercie. M. le Président, MM. les
ministres, l'Union des municipalités du Québec peut aujourd'hui
se réjouir de l'existence du projet de loi no 125 sur
l'aménagement et l'urbanisme, à la fois à cause des
principes qu'il respecte et du travail de collaboration dont il est le fruit.
L'UMQ constate cependant que l'actuel
projet de loi nécessite plusieurs modifications avant son
adoption en juin, spécialement en ce qui a trait à son
harmonisation avec la Loi sur la protection du territoire agricole. L'UMQ ne
voudrait pas voir un projet de loi d'aussi importante envergure que le projet
de loi no 125 adopté rapidement sans toutes les clarifications utiles.
Le projet de loi no 125, intitulé Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, couronne plus de dix ans de discussion sérieuse. C'est avec
le dépôt du rapport LaHaye qu'un véritable débat
s'est engagé puisque ce document concrétise en un tout la vision
gouvernementale en cette matière. Les principes du projet de loi no 125
sont en partie le fruit de la collaboration de l'UMQ avec le gouvernement.
L'union a procédé elle-même à une consultation
auprès de ses membres pour leur faire connaître les thèmes
et les mécanismes contenus dans ce projet de loi.
Il n'est plus question de remettre en cause la nécessité
d'une loi-cadre sur l'aménagement et l'urbanisme. Si l'objectif majeur
du projet de loi no 125 est d'encadrer et de faciliter l'aménagement du
territoire québécois en fournissant aux municipalités une
nouvelle structure de travail, il n'en reste pas moins que le projet de loi no
125 sur l'aménagement et l'urbanisme est aussi et surtout
subordonné à celui de la décentralisation d'une
série d'autres services gérés actuellement par le niveau
provincial. La décentralisation envisagée par le gouvernement
c'est de donner au citoyen un véritable contrôle sur
l'organisation de sa vie communautaire. Vouloir rapprocher des citoyens un
ensemble de services conçus à Québec et dispensés
de là, voilà qui constitue un but louable. Toutefois, les
conséquences d'une telle philosophie ne peuvent que remettre en question
et elles le font effectivement, les documents gouvernementaux en font
foi l'assise territoriale municipale comme structure d'accueil de
services à venir, le pouvoir de décisions des élus locaux,
les sources de financement. Le gouvernement peut aussi vouloir par cette
même idée de décentralisation porter au niveau des
structures intermunicipales des services qui sont présentement
donnés individuellement par les municipalités à des
coûts jugés suffisants pour leurs citoyens. Responsables et
mandataires des citoyens qui les ont élus, les administrateurs locaux,
maires et conseillers, s'interrogent sérieusement sur ce système
de pensée dont ils ne possèdent pas tous les paramètres.
Si jamais il y a décentralisation, les élus municipaux voudront
pour leurs citoyens le maximum d'avantages et le minimum
d'inconvénients.
Le projet de loi no 125 constitue, il va sans dire, un net
progrès sur les présentes propositions législatives du
gouvernement en matière d'urbanisme et d'aménagement du
territoire, étant plus respectueux de l'autonomie municipale. Par
ailleurs, le projet de loi intervient après l'entrée en vigueur
d'un nombre important de lois statutaires qui tissent la toile de fond de tout
plan d'aménagement et d'urbanisme. Qu'il suffise de citer la Loi sur la
protection du territoire agricole, la Loi de la protection des biens culturels,
et le reste. Le projet de loi no 125 n'a donc plus le caractère
d'urgence qu'on aurait pu lui accorder en 1968. Voilà pourquoi l'UMQ
profite de l'étude du projet en commission parlementaire pour
suggérer des modifications à certaines dispositions et obtenir
ainsi un document plus conforme aux opinions exprimées par ses membres,
de même qu'une structure intermunicipale à la taille et au
goût des membres qui la composent.
Remise en question de certaines conclusions du gouvernement en
matière d'aménagement, hypothèse d'un développement
urbain anarchique, une autre interprétation. Il faut tout d'abord
remettre en question certaines des conclusions du gouvernement en
matière d'aménagement. Déjà, en 1968, l'UMQ
s'interrogeait sur la philosophie qui sous-tendait l'analyse faite par la
commission LaHaye sur la situation urbaine au Québec. L'union a
prétendu que, dans l'optique du rapport, on ne reconnaissait ni la
qualité, ni la somme de travail accomplie par les corporations locales
du Québec avec les moyens permissifs de l'époque; Cette
philosophie était une philosophie de refus de la diversité
municipale en aménagement et elle proposait une organisation spatiale
rigoureuse contrôlée du haut vers le bas.
Cette perspective négligeait de mentionner clairement que s'il y
avait anarchie ou laideur sur le territoire québécois, elles
étaient aussi attribuables à la multiplicité des gestes
posés par autant d'intervenants gouvernementaux, les ministères
mandataires et organismes parapublics agissant pour le gouvernement sans
concertation préalable. Si, en 1968, la commission LaHaye, dont l'esprit
est encore apparent dans le fascicule vert sur l'aménagement,
suggérait une douzaine de recommandations visant à une
réorganisation bureaucratique et administrative du Québec, elle
songeait aussi à mettre de l'ordre dans la maison du gouvernement.
Le projet de loi no 125, par ses articles 127 et 133, vise à
mettre un terme au désordre des interventions provinciales de tout type
sur le territoire québécois de deux façons. D'abord, le
gouvernement veut indiquer ses intentions par des documents synthèses.
Ensuite, le gouvernement et ses ministres sont liés par la mise en
vigueur d'un schéma, d'un plan d'urbanisme et d'un règlement
local. Enfin, lorsque ces derniers désirent intervenir, ils devront
passer par le ministre responsable de l'application de la loi. L'union
félicite le gouvernement d'autant de courage, avec cette réserve
cependant. Il est à l'avantage de toutes les régions du
Québec que ce mode de conduite soit adopté par les gouvernements
dès maintenant, même quant aux plans et règlements
municipaux actuels et non seulement lors de l'entrée en vigueur d'un
schéma, ce qui peut être dans un temps relativement
éloigné.
L'hypothèse de la désuétude des structures
municipales: la tolérance du législateur. Lorsque le gouvernement
propose aujourd'hui une nouvelle loi de l'aménagement et qu'il en
soutient la nécessité à travers les constats
présentés dans le fascicule no 3, il omet de
référer à deux éléments
importants avant de tirer ses conclusions. D'abord, encore en 1975
ce qui laisse songeur et lors même de la conférence
provinciale-municipale, le gouvernement ne voyait pas la
nécessité "généralisée en milieu rural
d'aborer des plans d'aménagement à l'échelon du
comté, même si les corporations locales n'avaient pas
individuellement la capacité technique pour ce faire". Loin de l'UMQ
l'idée de penser que le projet de loi no 125 vient désormais
fournir à ces municipalités la faculté d'agir ou encore de
mettre au pas quelques municipalités récalcitrantes par une
loi-cadre générale.
Ensuite, si cette harmonie entre la ville et la campagne fait
défaut, c'est aussi peut-être que les pouvoirs d'aménager
des corporations locales n'étaient pas d'un exercice obligatoire et que
les compétences en matière de plan conjoint d'urbanisme
n'étaient pas suffisamment bien articulées dans leurs effets
juridiques. Il est insuffisant de parler d'aménagement sous ses seuls
aspects sociologiques ou esthétiques. L'aménagement d'une
municipalité ou de plusieurs n'est donc pas seulement concevoir un
schéma élégant, selon les règles de l'art,
où les usages de sol complémentaires sont harmonieusement
répartis sur le territoire sans juxtaposition conflictuelle. C'est aussi
évaluer, en termes de revenu pécunaire et social, chaque usage
attribué au sol. L'aménagement du territoire fait donc appel
à des concepts fiscaux, mais surtout il impose une révision en
profondeur des vocations résidentielles, commerciales ou industrielles
que des municipalités, selon leur dynamisme propre, auront pu se donner
au cours des ans.
Un projet de loi davantage respectueux de l'autonomie municipale. Avec
la parution du projet de loi no 125, l'UMQ constate avec plaisir que ses
recommandations, présentées à plusieurs reprises, sont
reconnues, quoique le présent projet appelle encore un dernier
polissage. Comme, jusqu'à aujourd'hui, ce sont les municipalités,
les plus responsables d'entre elles, qui ont vu à structurer
l'environnement de leurs citoyens en utilisant des pouvoirs de nature
volontaire pour que l'exercice des libertés de tous n'entre en conflit
sérieux avec aucun, elles désirent souligner au gouvernement la
qualité et la quantité de leurs accomplissements. C'est
l'objectif que tentait de joindre le sondage mis en oeuvre par l'UMQ.
L'aménagement au Québec n'a pas été le seul
résultat à ce jour de l'intervention réglementaire des
corporations locales ou de leur abstention parfois. Le gouvernement a, lui
aussi, façonné le paysage québécois en
légiférant de deux manières, soit qu'il ait
attribué à des organismes nouveaux, créés par lui
et procédant des corporations locales, le pouvoir d'élaborer des
schémas d'aménagement ou qu'il se soit réservé
à lui-même ou à un mandataire le contrôle sur
certaines affectations du sol. Il s'agit des lois créant les
communautés urbaines et régionales ainsi que certaines
commissions intermunicipales et, enfin, de lois à vocation territoriale
unique, agricole, écologique, historico-culturelle,
cynégénétique.
Les résultats du sondage de l'UMQ: 137 municipalités ont
complété le questionnaire sur un total possible de 245, soit un
taux de réponse de 56%. Ces municipalités représentent 1
750 000 personnes localisées dans les dix régions administratives
du Québec. Les résultats de cette enquête ne permettent
évidemment pas de juger de la qualité des activités
municipales en matière d'aménagement et d'urbanisme mais ils
fournissent par ailleurs suffisamment d'indications pour démontrer que
les municipalités se sont dotées au cours des années des
instruments de base pour régir l'utilisation de leur sol et que c'est
à partir de cette base que devrait être envisagée la
réforme possible et souhaitable en ces matières.
L'implication n'est pas que le projet de loi no 125 n'en tient pas
compte mais les documents qui entourent cette réforme traduisent un
jugement un peu négatif sur ce qui se fait présentement. Les
activités des municipalités en matière d'utilisation du
sol sont donc les suivantes: La très grande majorité, plus de
90%, possèdent un règlement de zonage et un règlement de
construction et plus de 90% ont un règlement de lotissement. Ces
règlements ont été mis en application au cours des vingt
dernières années et pour le tiers des répondants au cours
des six dernières années. Ces règlements ont
été soumis à divers amendements, surtout le
règlement de zonage, et les règles usuelles de consultation ont
été suivies comme le dénotent les diverses demandes de
référendum.
Pour ce qui concerne les plans d'urbanisme, 68% des municipalités
possèdent un tel plan et un groupe de 7% est sur le point de s'en
procurer un. Pour celles qui possèdent un tel plan, il est en vigueur
dans 82% des cas. Ces municipalités sont souvent entourées de
municipalités qui, elles aussi, ont leur plan d'urbanisme. Les plans
conjoints avec d'autres municipalités représentent clairement la
forme de planification la moins répandue, quatorze municipalités
seulement ayant un tel plan.
La majorité des répondants dit partager un ou plusieurs
services municipaux ou vise une entente intermunicipale des services. C'est le
service des incendies et celui de l'approvisionnement en eau qui sont
partagés le plus souvent, 60% et 53% respectivement. Le service
d'urbanisme n'est partagé que dans 7% des cas; celui de l'habitation,
dans 4%, et celui de la voirie et celui des achats, dans 6%. Quand on examine
par ailleurs une situation hypothétique où des services
pourraient être produits en commun, on voit que les pourcentages ont
tendance à augmenter pour tous les services sauf pour celui des
incendies et de l'approvisionnement en eau qui sont les plus partagés
à l'heure actuelle.
En rétrospective, on voit que les municipalités ont
développé leurs propres instruments d'utilisation du sol au cours
des 20 dernières années, période au cours de laquelle
elles ont connu leur croissance la plus rapide et période
également qui fut la plus mouvementée en termes d'investissements
publics.
La réalisation géographique et sectorielle en
aménagement au Québec. Par ailleurs, il faut souligner que le
projet de loi no 125 intervient dans le temps après l'entrée en
vigueur d'un nombre important de lois statutaires qui, bon gré mal
gré, affectent l'envergure de l'aménagement du Québec. Il
s'agit de la Loi sur la protection du territoire agricole, de celle de la
protection des biens culturels, de celle de la qualité de
l'environnement et de celle de la conservation de la faune et des
réserves écologiques, finalement, des lois créant les
communautés et commissions urbaines et régionales. La
présence de ces lois réduit considérablement l'urgence
d'adopter une loi sur l'aménagement sans lui apporter un nombre
important d'ajustements et de clarifications. Compte tenu, de plus, de
l'inégalité des expériences et des efforts
d'aménagement au Québec en dépit des problèmes de
dénatalité ou de risques de suréquipement
dénoncés par le gouvernement, l'UMQ prétend qu'il est fort
risqué d'appliquer à travers tout le Québec en même
temps un modèle identique de structures d'aménagement. Il
faudrait d'abord et avant tout tenir compte des corporations déjà
en place et de leur intérêt à continuer leur travail et,
quant au reste du Québec, inventorier les capacités techniques de
s'engager à fond dans cette opération sérieuse et son
besoin spécifique de ce faire.
L'harmonisation de la Loi sur la protection du territoire agricole et de
la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. La Loi sur la protection du
territoire agricole a mis sous tutelle une portion ou tout le territoire de 614
municipalités, quelle que soit leur vocation, rurale ou urbaine. Elle
s'étend sur les basses terres du Saint-Laurent. Ces terres couvrent plus
de la moitié du Québec urbain en population et en
infrastructures. Ces espaces sont maintenant zonés agricoles. Si
l'aménagement du territoire, selon le ministre Léonard, ne peut
se faire de Québec, le zonage agricole, lui, qui n'est qu'une des
utilisations du sol municipal, s'est fait à Québec sans autre
forme de procès. Devant la volonté exprimée du
gouvernement d'aborder la question de l'aménagement à partir du
palier municipal de façon décentralisée, comment expliquer
que ce même gouvernement, par son ministre de l'Agriculture,
dépose une loi de zonage d'application sectorielle,
décentralisée, qui règle en somme le problème
d'affectation des sols non utilisés?
Dans le cadre de cette harmonisation, l'UMQ demande que l'on
révise à fond les effets des articles 98, 100 et 111. Dans une
municipalité, le rôle des élus est de faire en sorte que
l'exercice des droits de chacun ne soit limité que par celui des autres.
Le contrôle de l'abus de droit, soit par le pouvoir réglementaire
municipal, soit par les tribunaux de droit commun, est justement un de ces
mécanismes de négociation entre les groupes
d'intérêt. La Loi sur la protection du territoire agricole l'a
fait disparaître au profit des agriculteurs, quelles que soient leurs
activités. L'UMQ invite les ministres à relire l'avis du Conseil
consultatif de l'environnement parvenu au ministre
Léger en décembre 1978 et lu à l'Assemblée
nationale. L'UMQ aimerait aussi avoir l'assurance que les municipalités
conservent à l'égard de la fonction agricole et de leur zonage,
une fois déterminés avec la commission, tous les pouvoirs
normatifs contenus dans l'article 426(1) de la Loi des cités et villes
comme ils existent vis-à-vis du résidentiel, du commercial et de
l'industriel. L'UMQ pense que la tyrannie par la flore, la faune ou l'UPA,
même les CRD, est aussi à craindre que toute autre tyrannie.
Puisque le zonage agricole est une des fonctions de l'aménagement
et que la délimitation des périmètres urbanisés
constitue la pierre d'assise des schémas et plans, une loi peut
difficilement brimer l'autre. L'union demande qu'on harmonise non seulement les
dispositions législatives et réglementaires de ces deux lois,
mais que surtout on en rapproche l'esprit.
La Conférence municipale sur l'aménagement et l'urbanisme
de mars 1979. L'UMQ a tenu, parallèlement à la tournée du
ministre d'Etat à l'aménagement, une consultation de ses membres
de tous les coins du Québec. 650 délégués sont
venus faire connaître leurs commentaires d'administrateurs municipaux,
élus et cadres, lors de la conférence de mars 1979. 1. L'assise
territoriale de la table de concertation (144a 159). Le fascicule 6 veut
que l'association territoriale soit la moins contraignante possible entre les
participants municipaux. L'article 142 de la loi n'est pas aussi clair. L'UMQ
croit que le regroupement doit être volontaire afin de laisser les
affinités municipales, faites autant de complémentarité
que de similitude déterminer les dimensions socio-géographiques
des territoires à aménager.
Les participants ont, de plus, réaffirmé que le contexte
des comtés actuels ne pouvait plus correspondre à
l'aménagement régional. Ce cadre vieux de plus de cent ans, ne
s'harmonise plus avec les lignes de force socio-économiques du
Québec. La formule 142 que pourra adopter le gouvernement pour
définir l'assise territoriale des futures entités
d'aménagement n'est pas encore déterminée. L'UMQ s'oppose
formellement à ce que le législateur procède par
arrêté en conseil ou par décret sans que les membres de
cette structure n'aient été consultés auparavant et y
aient donné leur assentiment. L'UMQ propose donc au gouvernement de
travailler auprès des municipalités du Québec et de
faciliter la composition de cette table de concertation avec tout autre
organisme dont les intérêts se rapprochent des siens
jusqu'à ce que les membres de la structure intermunicipale future
présentent une requête au gouvernement.
Certains élus ne voient pas non plus d'un bon oeil le retrait a
posteriori d'une municipalité de la petite région d'appartenance,
ce qui déséquilibrera toutes les autres fonctions établies
à partir du nombre total des municipalités participantes.
La corporation responsable de cet aménagement, article 160. Les
opinions exprimées font voir la préférence très
nette accordée à un mode
d'association unifonctionnelle distinct des conseils de comté par
opposition aux deux autres proposés par le gouvernement. Ceci rejoint
carrément l'opinion du conseil d'administration de l'UMQ exprimée
le 17 novembre dernier. L'UMQ ne voit pas quels graves inconvénients
peut causer la coexistence de deux structures, les comtés actuels et les
futures structures intermunicipales d'aménagement qui n'ont ni la
même base territoriale, ni le même rôle, ni la même
appellation.
Les formules de représentativité et de
représentation, article 144c). Quoique les participants ne se soient pas
arrêtés sur une seule formule, ils ont exigé du ministre
que, dans l'éventualité de l'établissement d'une
corporation intermunicipale d'aménagement, il intervienne comme arbitre
seulement sur invitation de leur part, mais qu'en tout temps, ce soit ces
municipalités qui fixent leur type de représentativité et
de représentation.
Il va sans dire que, dans le cadre de cette institution, la
représentation urbaine doit être favorisée,
protégée et garantie. Les municipalités urbaines
correspondent à plus de 80% de la population du Québec. L'UMQ
représente 235 cités et villes, y inclus Montréal,
Québec, Laval et Lon-gueuil, sur un total de 258. Les
municipalités urbaines, au sein de cette structure intermunicipale dont
les assises démographiques et foncières sont importantes, ne
doivent être limitées ni par le nombre total des
représentants, ni par leur proportion totale ou encore par les pouvoirs
accordés.
Le partage des compétences entre le niveau intermunicipal et le
niveau local (5, 6, 8, 79, 80, 81, 109,112,115,116). L'ensemble des
participants ne s'oppose pas au partage des pouvoirs faits dans le projet de
loi no 125. Avant l'adoption de la loi, cependant, il faut s'assurer d'une
harmonisation parfaite avec les pouvoirs actuellement contenus dans la Loi des
cités et villes, dans le Code municipal et dans les diverses
législations sectorielles à incidence municipale pour
éviter toute duplication ou ambiguïté juridique.
Un nombre imposant de recommandations a été fait par l'UMQ
au niveau du groupe de soutien technique au comité d'orientation
politique quant à la nécessité de certaines
définitions, à l'établissement de délais, à
la levée d'imprécisions et de chevauchements, à une
simplification de quelques mécanismes. L'UMQ fait siennes toutes ces
recommandations préparées par ses experts et remises
périodiquement aux partenaires gouvernementaux. Elle espère les
voir incorporées dans la version finale de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme.
Le financement des schémas et plans. Le ministre s'est
engagé formellement, contrairement à l'article 207, à
financer l'élaboration des schémas et plans. Toutefois, l'UMQ
déclare que cela ne règle pas le problème de mise en
oeuvre du schéma et, puisqu'il s'agit moins de financer la cartographie
des régions que de restructurer l'espace socio-économique du
Québec, l'UMQ soulève de sérieux doutes sur la suffisance
des fonds prévus actuellement.
Le rôle des différents intervenants: le ministre et le
gouvernement. Les participants se sont plaints lors de la conférence du
rôle du gouvernement et du ministre qui pouvait devenir excessif. Les
titres des articles 62, 128, 131 et 134 les en ont convaincus. Il leur ont
demandé plus de réserve et qu'ils se soumettent eux aussi, quand
ces projets ne rencontrent pas les vocations d'un schéma, à la
consultation populaire.
L'UMQ demande de réunir les deux étapes d'information,
articles 11 et 21, à la fois pour concentrer l'information et
hâter le processus, ce qui évitera au gouvernement d'être
accusé de contrôler indirectement l'élaboration du
schéma.
Les citoyens. La participation et l'information du citoyen frôle
la "consultationite". Sous ce chef, l'UMQ demande deux choses: d'une part, que
soit respectés le mandat et l'expérience des élus
municipaux en matière d'aménagement. Les citoyens qui les ont
portés au pouvoir ne l'ont pas fait sous réserve. D'autre part,
les citoyens ne désirent pas être consultés inutilement sur
de vagues hypothèses. Que leur position soit reconnue
intégralement et qu'un référendum reçoive toute la
valeur qui lui est due quand une majorité de voix est atteinte.
Le processus de la participation du projet de loi no 125 est excessif.
Ses différentes étapes constituent le meilleur moyen de retarder
l'adoption d'un schéma. L'UMQ demande qu'on réduise au minimum
les consultations en favorisant surtout l'information, plus économique
par ailleurs, en utilisant l'avis dans les journaux, de
préférence à l'envoi postal. La liberté serait
accordée à toute corporation intermunicipale qui désire en
faire davantage.
Le nom du nouvel organisme: Comme les participants à la
conférence ont unanimement accepté une structure unifonctionnelle
distincte des conseils de comté actuels, il va de soi que dans cette
logique l'appellation "comté" soit rejetée pour désigner
la future structure. Les élus locaux ont donné massivement leur
accord au vocable "communauté régionale" pour identifier la
corporation intermunicipale d'aménagement. Les titres de "préfet"
et de "secrétaire-trésorier" disparaissent évidemment pour
être remplacés par des termes conformes. Egalement, la future
autorité de la nouvelle structure ne pourrait pas être le
préfet de l'ancien comté, mais les élus siégeant
à la table de concertation devraient choisir leurs propres
président et secrétaire parmi des élus ou non.
La décentralisation: Le projet de loi sur l'aménagement et
l'urbanisme est subordonné à celui de la décentralisation
dont il forme seulement l'un des aspects. Les élus municipaux ont bien
voulu, lors de la conférence sur l'aménagement, s'en tenir
à l'analyse du projet de loi lui-même et ne pas trop
déborder du côté de cette philosophie administrative. Mais
pour poursuivre dans la ligne de pensée du gouvernement, l'exercice en
aménagement engagé par le projet de loi no 125 en est un de
découpage géograhique d'abord et avant tout, les aspects
population, superficie, histoire y faisant intrinsèquement partie. Le
programme décentralisation emprunte une voie similaire. Mais s'il y a
lieu de décentraliser d'autres services, leur adé-
quation aux besoins et aux capacités d'un groupe plus restreint
de citoyens se fera aussi à partir d'un découpage.
Il faut s'interroger non seulement sur le projet d'aménagement
à court terme, mais aussi à long terme et voir si ces
décentralisations conviennent aux municipalités et si le
territoire qui servira d'assise à la gestion des communautés
régionales servira en plus à la décentralisation d'autres
fonctions. En somme, il ne faut pas que l'exercice de réflexion soit
limité, vain ou à reprendre.
Sans vouloir s'attarder dans une discussion à laquelle trop
d'éléments font défaut, l'UMQ désire soumettre au
gouvernement certaines considérations sur l'économie de la
production de services municipaux. L'Union s'inquiète de la vision
globalisante que risque de prendre la décentralisation et fait
référence, par exemple, aux problèmes énormes
engendrés par l'intégration des services policiers.
La diversité municipale: Après une analyse des
mécanismes d'adéquation entre l'offre et la demande des services,
on en conclut que les fusions et la création de gouvernements
régionaux ne mènent forcément pas à une
amélioration du système ou encore à une économie
dans les coûts des services aux citoyens. Tout en reconnaissant que cela
ne signifie pas que certains regroupements ne soient pas justifiés,
l'UMQ dit fondamentalement qu'il n'est pas raisonnable de croire qu'il est
possible de découper en unités standards des
agglomérations urbaines ou le territoire national. Toute consolidation
de services municipaux doit être fondée sur les critères
opérationnels qui découlent des fonctions de production de ces
services. L'adéquation entre l'offre et la demande aura plus de chance
de se réaliser si la décision de se regrouper dans la province de
services sous l'autorité de l'organisme supramunicipal ainsi
créé vient des municipalités plutôt que d'un
gouvernement supérieur.
Conclusion: Le projet de loi no 125 sur l'aménagement et
l'urbanisme se veut un prolongement des pouvoirs municipaux d'aménager
leur territoire à un niveau intermunicipal. L'UMQ demande que ses
recommandations sur le projet de loi no 125 soient incluses dans la version
finale de la loi et que celle-ci soit harmonisée avec toute
législation présente et à venir à incidence
d'aménagement pour éviter des chevauchements juridictionnels et
réglementaires.
Au sujet du zonage agricole, l'UMQ note que les municipalités
incluses dans la région agricole désignée n'ont plus
d'autre rôle que de quémander des exclusions de la zone à
la Commission de protection du territoire agricole pour sauvegarder un semblant
de développement municipal. Devant la volonté avouée du
gouvernement d'aborder la question de l'aménagement à partir du
palier municipal de façon à décentraliser, comment
expliquer que ce même gouvernement, par son ministre de l'Agriculture,
dépose une loi de zonage d'application sectorielle et centralisatrice?
L'UMQ demande que soit respecté l'esprit non contraignant du projet de
loi no 125 de façon que les municipalités elles-mêmes en
arrivent par consensus à établir leur région optimale
d'aménagement, qui ne réfère aucunement au comté
actuel. L'UMQ propose de faciliter ces ententes intermunicipales.
Les municipalités membres de l'UMQ ont choisi massivement
l'appellation communauté régionale d'aménagement pour
identifier les futures structures intermunicipales. Elles ont exigé
qu'au niveau de la représentativité les municipalités
urbaines dont la population et l'assise foncière sont supérieures
reçoivent tous la protection nécessaire, numérique et
proportionnelle. Les municipalités du Québec demandent que toute
dépense occasionnée par l'exercice d'un nouveau pouvoir soit
compensée totalement par des sources de financement autonome. Les
municipalités du Québec sont plus que tout autre organisme les
interlocuteurs les plus valables auprès du gouvernement pour traduire
les besoins de leurs citoyens, auxquels elles sont les seules à devoir
rendre compte, mais les élus locaux sont aussi capables, comme le
gouvernement, de voir au-delà de leurs frontières municipales au
bien de tout le Québec.
Les municipalités du Québec, conscientes aussi de la
multiplicité des besoins de leurs citoyens et des solutions auxquelles
elles doivent faire face, demandent que le ministre des Affaires municipales,
auquel elles s'identifient, coordonne toutes les lois ou tous les
règlements dont les incidences sont locales, bien que ces lois soient
proposées et pilotées par d'autres ministères.
Très brièvement, comme point final à cet
exposé, je voudrais vous souligner que tout ne va pas si mal au
Québec, car 86% des Québécois sont satisfaits, même
très satisfaits de l'ensemble des services que dispense leur
municipalité. L'UMQ désire que ce pourcentage grimpe encore, ou
du moins se maintienne.
Le Président (M. Laplante): Merci monsieur. M. le
ministre.
M. Léonard: M. le Président, M. le maire, je tiens
d'abord à remercier l'Union des municipalités du Québec
pour le mémoire que ses représentants viennent de nous
résumer. Au-delà du mémoire lui-même, je tiens
à remercier MM. Dufour et Pageau pour le travail qu'ils ont fourni au
comité d'orientation, depuis sa création en juin dernier.
Ces remerciements s'étendent aussi à leurs
différents conseillers qui ont travaillé avec les fonctionnaires
du gouvernement ou de mon ministère au sein du comité technique.
Nos rencontres, jusqu'ici et je pense bien que cela continuera
ont été faites avec collaboration et respect mutuel. Puisque
c'est avec des partenaires municipaux que le gouvernement a voulu tracer
l'orientation du projet de loi no 125, il est évident que j'attache une
attention particulière au mémoire de l'Union des
municipalités du Québec. Je suis heureux de constater que son
mémoire se situe dans une ligne de continuité avec les
positions
prises au comité d'orientation et que la consultation que vous
avez menée auprès de vos membres, soit dans le questionnaire,
soit à votre dernière conférence à Montréal,
en mars dernier, vienne confirmer un certain nombre d'accords sur le projet de
loi, en particulier la nécessité de ce projet de loi.
Je voudrais, M. le Président, faire quelques commentaires
à la suite de ce mémoire. Après avoir fait quelques
remarques générales sur le contenu de votre mémoire, je
voudrais ensuite vous poser quelques questions afin de préciser certains
points particuliers. (10 h 45)
Remarques générales. Vous faites état dans votre
mémoire du lien qui existe entre le projet de loi sur
l'aménagement et l'urbanisme et l'objectif à plus long terme du
gouvernement vers la décentralisation des pouvoirs. Il est
évident que le projet de loi no 125 se situe dans cet objectif de
rapprocher les décisions le plus près possible des citoyens. Je
voudrais cependant apporter des précisions. Certains utilisent
l'expression "gouvernement régional" quand ils parlent de
décentralisation. De même que le projet de loi ro 125 ne s'oriente
aucunement vers des fusions forcées de municipalités c'est
d'ailleurs une option que le gouvernement a rejetée de même
ce projet de loi n'a aucunement pour but d'installer des gouvernements
régionaux. Il a choisi de remettre à une structure municipale les
pouvoirs d'aménagement. C'est une position sur laquelle, je pense, l'UMQ
se déclarait d'accord avec le gouvernement à la page 60 de votre
mémoire.
De plus, je tiens à souligner que le gouvernement, lorsqu'il
parle de décentralisation, a toujours soutenu qu'il y a une foule de
domaines qui trouveraient bien mieux leur place dans les municipalités
locales plutôt qu'à Québec ou à une table
intermunicipale. La décentralisation, cela ne va pas juste vers des
structures régionales ou intermunicipales; cela va aussi vers la
municipalité. Il y a cependant des pouvoirs qui trouveraient mieux leur
place dans une structure intermunicipale.
De toute façon, la décentralisation se fera au grand jour.
Ce n'est pas par des arrêtés en conseil que cela va se faire.
Quand on sera arrivé là, c'est avec nos partenaires municipaux
que nous en discuterons, comme nous avons procédé au cours de la
discussion sur le projet de loi actuel.
Vous faites état, dans votre mémoire, de certaines
inquiétudes à propos du financement. J'aimerais vous dire
où nous en sommes présentement. Je répète
l'engagement que nous avons pris au nom du gouvernement, que j'ai
répété aussi souvent au cours de cette commission. Pour
l'application du projet de loi no 125, comme pour d'autres, il n'y aura pas de
pouvoirs nouveaux sans des revenus nouveaux et suffisants. Dans le concret,
cela veut dire que donner à une instance intermunicipale le pouvoir de
faire un schéma d'aménagement pour une petite région
d'appartenance, c'est engager le personnel nécessaire. Cela s'appelle,
à l'heure actuelle, un pouvoir nouveau qui n'existe pas à ce
niveau. Faire tel type de schéma avec un degré plus ou moins
grand d'information et de consultation des citoyens avec tel ou tel instrument,
ce sont aussi des coûts nouveaux. Cela s'évalue, mais vous
admettrez que cela peut varier selon ce que le gouvernement va retenir dans le
projet de loi, à la suite de cette commission, comme dispositions
législatives, et nous verrons après. De toute façon, nous
en sommes à définir des critères.
Il faut donc distinguer entre la réforme fiscale actuelle, qui a
visé à rendre des municipalités plus aptes à faire
face à leurs responsabilités actuelles, et le financement de ces
pouvoirs nouveaux. Le dernier discours du budget a prévu un montant pour
l'année en cours, qui sera une année de démarrage. Le
temps d'adopter la loi et le temps qu'on se mette au travail, c'est sûr,
cela prendra un certain temps. Le discours du budget a clairement dit que le
comité d'orientation sera appelé à faire des
recommandations précises à ce sujet. La mise en vigueur ou
l'élaboration des schémas commandera des investissements autant
de la part de l'Etat que des instances locales. Dans la mesure où le
gouvernement déléguerait des priorités d'exécution
qui lui appartiendraient, il ne pourrait garder à Québec les
revenus correspondant à ces priorités.
Je voudrais maintenant aborder les aspects directement reliés au
projet de loi et qui sont dans le mémoire de l'UMQ. Il y a accord sur
les principes de la loi à savoir que l'aménagement est une
responsabilité politique, que le processus doit prévoir la
participation des citoyens, que l'aménagement est aussi un pouvoir
partagé. Je reviendrai tantôt à certaines modalités
d'application de ces principes. J'ai noté aussi que l'Union des
municipalités du Québec reconnaît qu'il y a dans le projet
de loi no 125 un net progrès sur les précédentes
propositions législatives en matière d'aménagement et
quant au respect, notamment, de l'autonomie locale.
Les pouvoirs actuels des municipalités en matière
d'urbanisme sont en effet confirmés et même augmentés dans
le projet de loi no 125. Le projet de loi vient clairement indiquer qu'il
appartient à la municipalité locale de fixer les orientations
d'aménagement de son territoire, les grandes affectations de sol et les
densités d'occupation. C'est aussi la municipalité locale qui
peut réglementer le zonage, le lotissement, la construction et qui garde
le contact avec le citoyen. C'est encore la municipalité locale qui
choisit ses zones à restaurer, à protéger, qui peut fixer
ses voies de circulation ou ses réseaux de transport. C'est enfin la
municipalité locale qui peut décréter un programme
particulier d'aménagement pour une partie de son territoire.
D'ailleurs, mes tournées dans les différents coins du
Québec et votre mémoire en rapportant les résultats de
votre questionnaire permettent de réaliser que nous ne partons pas
à zéro dans ce domaine puisque plusieurs municipalités,
régies par la Loi des cités et villes, ont déjà
leur plan directeur.
J'ai noté, de plus, que l'Union des municipalités du
Québec, reconnaissant depuis longtemps qu'il y a des problèmes en
aménagement qui dépassent le cadre d'une seule
municipalité, a non seulement accepté un des principes du projet
de loi qui affirme que l'aménagement, c'est un pouvoir partagé,
mais s'est aussi déclarée d'accord avec les modalités du
partage des pouvoirs fait dans le projet de loi no 125.
Vous me permettrez enfin de souligner deux aspects encore avant de poser
quelques questions. Je sais que les conseillers de l'UMQ, comme le rappelle le
mémoire à la page 62, ont fait certaines recommandations
techniques pour bonifier les modalités du projet de loi. Je veux
simplement assurer MM. Dufour et Pageau que nous en tiendrons compte lors de
l'étude article par article du projet de loi no 125. Cette commission
ici existe pour entendre les mémoires et nous aborderons cet aspect le
moment venu. Je constate aussi l'accueil favorable de l'Union des
municipalités du Québec à ce que le gouvernement
lui-même, tout en gardant ses responsabilités, se trouve
lié dans ses interventions aux schémas et aux plans par l'article
127 et qu'il doive indiquer ses intentions avant la fabrication et la mise en
oeuvre de ces instruments.
Je voudrais maintenant vous poser quelques questions par rapport au
titre I du projet de loi d'abord. Les résultats de votre sondage font
ressortir la préoccupation de vos membres pour la planification du
territoire et le contrôle de l'utilisation du soi. D'ailleurs, il y en a
déjà une forte majorité, comme on disait, qui
possède des plans et des règlements d'urbanisme. Compte tenu de
votre expérience pratique en la matière, les dispositions du
projet de loi en ce qui a trait aux instruments de planification vous
paraissent-elles adéquates?
M. Dufour: Je pense qu'on peut affirmer à ce moment-ci
que, selon la connaissance qu'on a du projet de loi qui est
déposé devant nous, ou devant vous plutôt, et qu'on a
à examiner, pour nous, cela nous semble satisfaisant.
M. Léonard: Bon. Sur un autre sujet, celui de
l'harmonisation avec la loi 90, je ne veux pas revenir ici sur l'urgence
évidente de protéger pour différentes fins, dont des fins
économiques, le patrimoine agricole du Québec. Ce qui a
été acquis dans ce secteur ne sera pas remis en question par le
projet de loi no 125. Ces deux lois ont cheminé ensemble au
Comité ministériel permanent de l'aménagement et au
Conseil des ministres pour approbation. C'est ainsi que le projet de loi no 125
s'accompagnait d'un texte d'harmonisation avec la loi 90, un texte qui a
d'ailleurs été entériné par le Conseil des
ministres et qui a été déposé pour fins de
consultation.
Ce texte d'harmonisation c'est une question rencontre-t-il
vos vues, compte tenu de la position que vous nous avez lue tantôt et
plus particulièrement en ce qui concerne les articles 98, 100 et les
autres de la loi 90 que vous nous avez mentionnés tout à
l'heure?
M. Dufour: On est d'accord avec les propositions d'harmonisation,
mais, en abordant les articles 98, 100 et 111, nous avons essayé de
démontrer ceci: lorsque le zonage agricole sera régi par ces
règlements, lorsque ces règlements seront adoptés
on comprend aussi que le zonage agricole ou le territoire agricole est une
responsabilité nationale et relève du gouvernement
pourquoi ne pas remettre aux municipalités le pouvoir de
réglementer ou de surveiller ce zonage agricole? Je pense bien
qu'à ce moment-là ce sera de nature à éclaircir les
juridictions. Même en étant un objectif national, il faut que les
agriculteurs ou l'UPA comprennent bien qu'ils font partie d'un tout eux aussi
et qu'ils doivent être régis par des lois. Pour nous, il faut
absolument que l'aménagement du territoire, ou le zonage agricole s'il
est globalement remis aux corporations intermunicipales ou aux
communautés régionales, ait aussi un chien de garde ou soit
surveillé, autant dans son application que dans ses lois, par un
organisme qui sera existant, qu'on appellera à ce moment-là,
j'espère, communauté régionale.
M. Léonard: Dans le texte d'harmonisation, la Commission
de la protection du territoire agricole garde son rôle de surveillance,
tout au moins, de l'application de la loi 90. Etes-vous d'accord sur cette
position? Vous parlez du rôle possible de la communauté
régionale ou du comté, mais au-delà de cela,
êtes-vous d'accord sur la proposition du texte d'harmonisation?
M. Dufour: La Commission de la protection du territoire agricole
a un pouvoir qui est plus élevé ou plus fort que n'importe quel
autre groupe, et on a des constatations dans le sens que la Commission de la
protection du territoire agricole peut se substituer ou brimer
l'autorité locale. Elle peut même décider du
développement d'une municipalité. Elle peut décider, dans
certains cas, que le sol d'une municipalité est tellement à un
haut potentiel que la vocation de la municipalité devient en
péril, que tout l'argent qui a été investi par cette
municipalité ira à peu près chez le diable et elle
décide que c'est à côté que doit se faire le
développement. Donc, la Commission de la protection du territoire
agricole il me semble, en tout cas est omniprésente. On
devrait trouver un mécanisme, que nous nous connaissons: la
communauté régionale ou la municipalité comme telle.
M. Léonard: Je voudrais maintenant aborder le titre II du
projet de loi. Je constate d'abord qu'il y a un accord total sur le principe
fondamental du projet de loi, à savoir que les municipalités
urbaines et les municipalités rurales doivent être ensemble dans
une même structure intermunicipale pour l'aménagement de leur
région d'appartenance. Nous avons bien compris? Quant aux
modalités, vous favorisez, vous, un mode d'association unifonctionnel,
distinct des conseils de comtés. Je pense que c'est différent des
deux autres modes d'association qui ont été
élaborés dans un docu-
ment fait par les fonctionnaires de mon ministère et que nous
avons rendu public. J'aimerais que vous nous disiez ce que vous entendez, vous,
par une structure unifonctionnelle.
M. Dufour: Lorsqu'on parle de fonction uni-fonctionnelle, ce
qu'on entend, c'est d'essayer de trouver, par un mécanisme nouveau, une
fonction nouvelle qui, au début, aura seulement cette fonction,
c'est-à-dire faire du schéma d'aménagement du territoire,
quitte à examiner dans le temps quels seront les exercices ou les
pouvoirs qu'on pourra ajouter à cette structure. Mais le but, c'est une
fonction nouvelle et cela, je pense qu'il est important de le retenir
qui n'a jamais été exercée par qui que ce soit
d'une façon globalisante autant que la loi 125 le propose. Alors on
pense qu'il est nécessaire qu'on mette une structure nouvelle en place.
Pourquoi, nouvelle? C'est parce que l'Union des municipalités du
Québec n'a pas de structure régionale. Je comprends aussi que
l'Union des conseils de comtés a une structure à caractère
régional. Si on ne trouve pas une formule nouvelle, il y en a un qui va
penser qu'il n'y a rien de changé.
M. Léonard: Oui, mais ne trouvez-vous pas
d'inconvénients à l'existence de deux structures, parce que c'est
cela qui va...
M. Dufour: Non, puisque selon l'expérience que je
possède je parle peut-être à titre personnel, mais
aussi pour confirmer les dires de l'Union des municipalités chez
nous, il y a un conseil de comté et il y a aussi une structure qui est
autre que le conseil de comté où les membres du conseil de
comté fonctionnent avec nous et qui aident aussi dans la fabrication
d'un schéma d'aménagement du territoire. Et cela ne cause pas de
problème.
M. Léonard: Est-ce une opinion personnelle ou l'opinion de
l'Union des municipalités?
M. Dufour: Cela confirme l'opinion de l'Union des
municipalités, l'opinion qu'on vous a donnée au comité
d'orientation et que les 650 délégués ont confirmée
en très grande majorité.
M. Léonard: Je voudrais maintenant vous poser une question
sur l'assise territoriale. Qu'est-ce, pour vous, l'assise territoriale pour des
fins d'aménagement? Avez-vous aussi élaboré des
critères dont on devrait tenir compte pour délimiter ces
territoires? (11 heures)
M. Dufour: Nous pensons que le territoire quand on parle
d'aménagement doit être assez grand. Le territoire demande
une vision plus globale qu'un plan d'urbanisme localisé ou très
local. Pour moi, c'est important que le schéma d'aménagement
puisse prévoir des choses qui sont de grande envergure et qui aussi
peuvent s'exprimer dans le temps. Un schéma va déterminer, par
exemple, des routes principales. Il va déterminer des édifices
à caractère public ou parapublic ou même à valeur
locale dans un grand territoire où on pourrait, à partir de cela,
être capable de déterminer les grandes orientations de ce qu'on
veut. Pour moi, un territoire doit être assez grand. Il doit vraiment
dépasser la municipalité ou, sans cela, faisons des fusions
purement et simplement. Là, on va faire du plan d'urbanisme et on ne
fera pas d'aménagement du territoire. Un schéma doit couvrir un
territoire très vaste ou assez vaste pour qu'on puisse aussi
s'interroger et avoir du travail à faire parce que, prévoir
à court terme, tout le monde peut le faire. Mais, si on a un territoire
un peu plus grand, on va être capable de déterminer plus
longuement où l'on va.
Ce qui n'empêche pas de penser à des fonctions à
travers tout cela, même par le même organisme, parce que, partant
d'un territoire élargi, on peut exercer des fonctions moins grandes qui
touchent moins de territoire.
M. Léonard: Est-ce que vous avez pensé à des
étapes qui pourraient nous conduire à la définition de
cette assise territoriale ou à un processus?
M. Dufour: Bien sûr, des conseils de comté existent
actuellement et il y a aussi des municipalités ou des villes, des
cités et villes qui existent dans le même territoire. Nous croyons
que la proposition que vous avez avancée de consulter pourrait
être considérée, mais aussi en partant des
hypothèses qui ont été émises avec 87 comtés
ou 109. Nous, on pense que 87 comtés devraient être suffisants,
mais c'est beaucoup plus par une idée globale que par une étude
spécifique sur le terrain. On croit qu'à partir de cela le milieu
devrait être consulté, mais aussi on devrait, même en
consultant, faire comprendre ce qu'est un schéma d'aménagement.
Beaucoup de personnes ne savent pas qu'un schéma d'aménagement va
être contraignant. Cela existe dans le temps, on fait cela et il n'y a
plus de problème. J'ai bien l'impression que le schéma
d'aménagement, une fois mis en place, les gens vont commencer à
s'interroger sérieusement et tout le monde aura des contraintes. Il va
falloir faire comprendre aux gens, dans la consultation ce qui n'est pas
incompatible qu'un schéma d'aménagement doit être
fait dans un territoire assez vaste.
M. Léonard: Quand on lit le texte de votre mémoire,
on a l'impression que ce territoire que vous décrivez correspond un peu
même, dans certains cas, beaucoup au territoire sur lequel
il y a des ententes intermunicipales. Qu'est-ce qui vous amène à
cette position?
M. Dufour: Lorsqu'on lit les fascicules et qu'on examine, dans le
temps... Parce que, dans le fond, il faut bien se rappeler que le schéma
d'aménagement n'existe pas dans la province actuellement. Au
Québec, des schémas d'aménagement, il n'y en a pas
beaucoup. Les gens ont peut-être tendance à se
référer à des choses qui
existent. Ils se réfèrent à vos fascicules qui,
déjà, commencent à les orienter tout de même sur des
régions d'appartenance. Les gens se réfèrent à cela
et essaient de prendre le voisinage immédiat. C'est naturel, à
part cela; quelqu'un qui n'a jamais fait de schéma d'aménagement
pense petit, parce qu'il veut être le gros à travers cela. Il
n'élargit pas son horizon. Il dit: II faut que la région
d'appartenance soit petite; je vais être le "boss" là-dedans.
C'est un réflexe naturel, mais on veut essayer et on est prêt
à essayer, M. le ministre, à vous aider à bonifier et
à améliorer ce réflexe avec l'aide de l'Union des
municipalités puisqu'on s'offre comme partenaire pour faire cette
consultation et essayer d'élargir un peu.
M. Léonard: De sorte que cela dépasserait des
municipalités contiguës.
M. Dufour: II faut absolument qu'on dépasse. En tout cas
c'est mon point de vue il faut qu'on dépasse ce
stade-là. On confond assez souvent décentralisation et
aménagement. Il faudrait que les gens pensent de deux façons.
D'abord, le schéma d'aménagement, c'est un territoire
élargi. A l'intérieur de ce territoire élargi, cette
nouvelle communauté régionale pourra effectivement administrer ou
gérer des services qui ne s'adressent pas nécessairement à
l'ensemble du territoire.
M. Léonard: En tout cas, je pense bien que le projet de
loi 125, disons, soutient qu'il doit y avoir une table de concertation et que
ce doit être une table de concertation des orientations politiques en
aménagement. Dans ce sens-là, cela dépasse quelques
municipalités contiguës et cela vise un territoire plus vaste. On
ne peut pas laisser des municipalités pour compte dans le
territoire.
Je poursuis, si vous me le permettez. On constate, dans votre
mémoire, que vous ne proposez pas de forme de
représentativité à cette table commune. Etes-vous d'accord
je pense que cela l'indique un peu mais je pose la question avec
le gouvernement pour qu'il n'y ait pas de structure uniforme pour l'ensemble du
Québec? Est-ce que, vous-mêmes, vous avez actuellement une
position sur le mode de représentation?
M. Dufour: L'Union des municipalités a accepté,
lors de son congrès, que cette consultation se fasse et aussi qu'elle ne
soit pas uniforme à travers le Québec. Je pourrais
peut-être penser et j'aurais lieu de penser je parle à
titre personnel selon les expériences vécues qu'il y
aurait, des formes de représentativité où on pourrait se
reconnaître. Actuellement, il y a un projet de loi sur la
démocratie municipale qui va recommander, j'imagine un certain nombre de
conseillers par population avec un minimum de... Lorsque cela devient trop
gros, il y a un maximum de..., aussi, puisque les barèmes vont changer.
Pourquoi ne pourrait-on pas penser que pour les futures communautés
régionales ces mêmes principes pourraient s'appliquer, quitte
à trouver certaines moda- lités? Je pense qu'encore là,
l'union pourrait déterminer ou essayer de déterminer avec vous de
quelle façon on pourrait procéder.
M. Léonard: Cela va.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. M. Dufour, Madame,
Messieurs, je tiens pour acquis que l'Union des municipalités acceptera
l'invitation lancée hier devant l'Union des conseils de comté par
le ministre des Affaires municipales à une rencontre avec lui pour que
les deux organismes puissent chercher un terrain d'entente, parce que l'on
constate des divergences de vues assez importantes entre les deux positions,
surtout en ce qui concerne la structure éventuelle de l'organisme
conjoint qui sera chargé de l'aménagement du territoire.
Je voudrais vous poser une question assez simple à cet
égard. Est-ce que l'Union des municipalités aura une objection
quelconque à ce que les municipalités rurales,
c'est-à-dire les municipalités régies par le Code
municipal, disent aux municipalités régies par la Loi des
cités et villes: Nous préférons que notre porte-parole
à l'intérieur de cette structure soit le conseil de comté,
que le préfet du comté soit le porte-parole du milieu rural, que
ce préfet soit maire d'une des municipalités impliquées
directement dans le processus de la confection d'un schéma
d'aménagement ou non?
M. Dufour: II est clair, pour l'Union des municipalités,
qui est très respectueuse des élus, que le préfet de
comté représente tout de même un vaste territoire dans la
plupart de cas et aussi, en même temps, il est maire de sa
municipalité. Je ne crois pas qu'on puisse avoir d'objection à ce
que le préfet de comté soit le principal porte-parole, ce qui ne
veut pas dire l'unique porte-parole.
M. Goldbloom: II me semble que les intéressés
choisiraient de demander la parole ou de ne pas la demander.
Il a été suggéré que, d'un côté
comme de l'autre je parle du milieu urbain et du milieu rural il
y ait un droit de veto. Déjà, certaines villes, notamment la
ville de Granby, qui a présenté le premier mémoire entendu
par cette commission parlementaire, ont réclamé un droit de veto
pour la principale ville d'un territoire, d'une agglomération, afin que
cette ville ne se laisse pas imposer des choses contre son gré. Mais
l'Union des conseils de comté a demandé que du côté
rural il existe également un droit de veto pour que la ville ne soit pas
en mesure d'imposer sa volonté contre le gré des
municipalités rurales. Comment voyez-vous cette proposition? Comment y
réagissez-vous?
M. Dufour: Si j'avais une réaction, ce serait vraiment
à titre personnel parce qu'à notre con-
grès de l'union, cela n'a pas été abordé
tellement. Lorsqu'il a été question de droit de veto, ce dont ont
parlé la plupart des membres de l'Union des municipalités, en
fait, c'est d'avoir l'importance qu'ils occupent dans le milieu. Autrement dit,
qu'on s'occupe surtout de la population qu'on représente. A ce moment,
je pense que les membres de l'Union des municipalités n'ont pas voulu
aborder la question de veto pour cette question. Personnellement, je peux avoir
certaines idées, mais je ne pense pas que je représenterais
l'union à ce moment.
M. Goldbloom: M. Dufour, j'ai lu votre mémoire
intégralement et j'ai trouvé particulièrement
intéressante l'annexe III qui, si je la comprends bien, est un certain
recueil de réponses données au questionnaire et, notamment,
à la question 1-b qui se lit comme suit: "Si vous n'êtes pas
d'accord ou si vous n'êtes que partiellement d'accord avec le projet de
loi no 125, Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, à quoi vous
objectez-vous principalement"?
A la troisième page de cette annexe, en bas de la page, on trouve
une série d'objections qui me paraissent assez importantes. Des
municipalités s'opposent "aux pouvoirs absolus du ministre
édictés aux articles 4, 28 à 29, 62, 66 et 78, sans aucun
recours par voie d'appel pour les parties impliquées". Certaines
municipalités s'opposent "aux pouvoirs absolus du gouvernement
édictés aux articles 30, 127 à 133 et 134 à 141,
sans aucun recours par voie d'appel pour les parties impliquées" et le
reste; je ne cite pas tout le texte.
A la page suivante, le deuxième paragraphe se lit comme suit,
constituant un autre élément d'opposition de la part de certaines
municipalités: "Le gouvernement a le dernier mot, ce qui n'est pas
normal. Déjà, c'est difficile d'adopter un plan au niveau d'une
ville, alors au niveau du comté et, de plus, le gouvernement a toujours
le dernier mot".
J'aimerais vous demander quelle est l'importance de ces objections.
Elles ont certainement une importance appréciable parce que vous avez
jugé bon de les inclure dans votre mémoire. Est-ce à peu
près 49% des municipalités qui s'expriment de cette façon?
Ou est-ce une proportion relativement faible? En incluant ces objections dans
son mémoire, quel est le message que l'Union des municipalités a
voulu communiquer au gouvernement et à cette commission parlementaire?
Je ne crois pas avoir entendu ce message dans la présentation que vous
avez faite de votre mémoire.
M. Dufour: II faut dire que le questionnaire a été
distribué à nos municipalités membres avant les deux jours
de consultation qu'on a faite avec nos membres durant le mois de mars. Donc, ce
sont des remarques ponctuelles faites par certains répondants à
ce questionnaire et cela peut représenter une vingtaine, entre 10 et 20
municipalités. On a voulu les colliger à titre d'indication.
Lorsqu'on regarde, par exemple, notre résumé de mémoire
à la page 9, l'article 6a, le ministre et le gouvernement, on a fait des
remarques qui couvrent à peu près les points que vous nous
soulignez. Ce sont vraiment des remarques individuelles. On a voulu que le
mémoire soit le plus représentatif possible. (11 h 15)
M. Goldbloom: Merci.
A la page 64 du mémoire, l'Union des municipalités du
Québec parle de la nécessité de restructurer l'espace
socio-économique du Québec. Restructurer est un verbe qui donne
la notion d'une structure administrative, d'une autorité qui serait
constituée d'une façon différente de ce qui existe
actuellement. L'UMQ va jusqu'à dire que pour effectuer cette
restructuration de l'espace socio-économique, les montants d'argent
présentement prévus ne lui sembleraient pas suffisants.
J'aimerais vous amener, M. Dufour, à expliquer davantage ce que
vous voulez dire par cette restructuration, notamment parce que vous avez mis
l'accent sur la nature unifonctionnelle de l'organisme que vous proposez pour
les fins d'aménagement. Mais restructurer l'espace
socio-économique et consacrer des sommes importantes d'argent à
cela me semble impliquer une tâche plus vaste et une nouvelle
définition de la structure administrative du Québec. J'aimerais
vous amener à expliquer davantage ce que vous voulez dire par cela, ou
plutôt ce que l'UMQ veut dire.
M. Dufour: Pour nous, lorsqu'on parle d'argent, il est clair que
le dernier discours du budget fait allusion à un montant de $2 100 000
pour la mise en place de ces nouvelles structures régionales ou
communautaires régionales. Ces montants, à partir de
l'application de la loi, seront probablement suffisants puisque cela ne pourra
pas démarrer aussi rapidement qu'on voudrait. Selon l'expérience
qu'on connaît, un schéma d'aménagement cela va très
lentement.
Tout de même, il faut être conscients que lorsqu'on fait des
schémas d'aménagement, cela nous prend un bureau, peut-être
très léger, mais cela prend des gens pour faire fonctionner cette
nouvelle fonction. Cela veut dire aussi des gens qui se réunissent
autour d'une table. Possiblement qu'il y a des coûts à chercher
là-dedans. Une réorganisation de bureau, engagement de
consultants, cela veut dire aussi évaluation des coûts de ce qui
sera contenu dans le schéma d'aménagement. Pour nous, il semble
que cette fonction va devenir avec le temps plus onéreuse. Cela va
être une charge supplémentaire puisque c'est une nouvelle fonction
que personne n'a exercée. C'est pour cela qu'on fait
référence dans notre mémoire à des coûts,
puisqu'en même temps qu'on le dit, on s'appuie sur la conférence
provinciale-municipale de juin 1978 où les deux ministres ils
n'ont pas repris leur parole jusqu'à maintenant ont toujours dit
que lorsqu'il y aurait des fonctions nouvelles, il y aurait des coûts mis
à la disposition pour ces nouvelles fonctions.
M. Goldbloom: M. le Président, je termine par un bref
commentaire. J'ai posé cette dernière
question parce que l'expression "restructurer l'espace
socio-économique du Québec" aurait pu être
interprétée de façon à laisser entrevoir la
constitution de gouvernements régionaux et l'inclusion dans le mandat,
dans la vocation de l'organisme qui pourrait être créé pour
la fonction aménagement de beaucoup d'autres responsabilités.
J'étais heureux d'entendre le ministre dire, ce matin, que ce
n'était pas l'intention du gouvernement de constituer des gouvernements
régionaux. J'espère l'avoir bien compris, et c'est une
réponse partielle à quelque chose que j'avais soulevé
hier. Il me semble, effectivement, que si tous les intéressés
s'entendent sur la nature unifonctionnelle de la structure qui sera
créée en vertu de l'éventuelle loi sur l'urbanisme et
l'aménagement, l'entente et la mise en application de la loi deviendront
plus faciles. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député.
M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. M. Dufour, au nom de
l'Union des municipalités, vous soutenez que ce projet de loi n'a plus
l'urgence qu'il avait il y a dix ans. Est-ce que cette déclaration vaut
seulement pour le territoire couvert par l'Union des municipalités ou si
vous êtes conscient que c'est pour tout le Québec?
M. Dufour: On n'a pas fait d'étude spécifique sur
les territoires ruraux par rapport aux territoires urbains. On est conscient
tout de même que les territoires ruraux sont moins urbanisés,
d'une façon, et en même temps le développement se fait
moins rapidement. Par contre, lorsqu'on constate l'étalement urbain qui
se fait actuellement dans l'ensemble du Québec, cela commence à
nous inquiéter sérieusement. Pour nous, c'est de cette
façon qu'on pense qu'il ne faudrait peut-être pas prendre la
notion d'urgence textuellement; on peut essayer de l'expliciter. Pour nous, ce
n'est peut-être pas aussi urgent qu'en 1968, il y en a qui sont
dotés d'outils. On dit tout de même je pense que le
mémoire le démontre clairement qu'il est nécessaire
que cette loi s'applique, notre journée d'étude l'a
démontré clairement.
Sur les intervenants, les 650 personnes présentes au
congrès, il n'y a pas beaucoup de gens j'ai présidé
des ateliers et j'ai participé activement qui ont remis en
question la notion de la loi comme telle. On dit, l'urgence, dans le temps,
cela veut dire peut-être des semaines. Il faut prendre le temps de
l'harmoniser et de s'assurer qu'il n'y ait pas de conflit avec d'autres lois
existantes. C'est dans ce sens qu'il faut prendre le mot "urgence". Il y a
aussi des mécanismes en place. On sait que, lorsque la loi sera en
application, elle ne le sera pas sur tout le territoire du jour au lendemain.
Il y a des endroits où c'est peut-être une indication au
gouvernement des interventions rapides doivent être faites; il
devra les faire. Où ce sera moins nécessaire, il pourra aller
plus lentement.
M. Goulet: Merci. Même si le ministre a posé une
question sur ce point, j'aimerais revenir sur la représentation au sein
du conseil de comté. Vous n'avez pas fait de suggestion quant au mode de
représentation. Vous avez touché un point en disant que dans
votre région du Saguenay, à Jonquière, vous êtes
habitué, vous avez déjà travaillé avec deux
structures, je veux dire votre municipalité et des petites. Une
région, par exemple, où on retrouve une grande ville une
grande ville comparativement aux autres municipalités dans la
région de 40 000 à 50 000 habitants, et les 20 ou 25
autres municipalités n'ont que de 500 à 1000 habitants. On a des
cas comme cela au Québec. Est-ce que vous pensez que cela va être
facile pour ces petites municipalités ou la ville de travailler
ensemble? D'après ce que vous avez vécu dans votre région,
pouvez-vous nous dire ce matin: Oui, c'est faisable?
M. Dufour: Oui, je peux dire que c'est faisable. M. Goulet:
Oui?
M. Dufour: Si c'est une réponse aussi brutale que vous
voulez avoirl
M. Goulet: Est-ce faisable difficilement ou facilement?
M. Dufour: C'est tellement complexe, la question de la
représentativité, c'est tellement un réflexe humain; en
même temps, c'est complexe et c'est pour cela qu'au congrès il y
avait presque autant d'idées que de congressistes. Il y a des gens qui
ont dit: On ne veut pas telle chose. Dans leurs paroles, ils disaient
exactement le contraire. Vu que le ministre accepte de consulter, qu'il accepte
aussi que tous ces gouvernements ou ces nouvelles communautés
régionales ne soient pas uniformes partout, j'ai l'impression que cela
peut se discuter entre intervenants. Si, dans un comté ou dans une
communauté régionale, les gens acceptent de fonctionner d'une
façon et que cela ne cause de problème à personne, ils
agiront comme cela. C'est clair qu'aux endroits où cela va causer des
problèmes majeurs il va falloir qu'on s'assoie à la même
table.
Dans le fond, ce n'est pas un pique-nique, faire un schéma
d'aménagement. Il y en a qui pensent qu'on va aller s'asseoir et
s'amuser. Je ne vois pas tellement des tables de 35, 40. Il ne faudrait pas que
ce soit des régionales scolaires où on donne tout le travail aux
autres, puis les intervenants sont là et vont travailler à une
table. Je voudrais que ce soit plus efficace que cela. Le schéma
d'aménagement, qu'on en dise ce qu'on voudra, cela n'amènera pas
des rencontres à toutes les semaines. C'est moins rapide que cela un
peu. Il va falloir qu'on trouve des mécanismes, soit un conseil
d'administration, soit un comité exécutif. Il faudra qu'on trouve
une formule permettant de se rencontrer. Mais si on déplace, à
chaque fois qu'on a une décision à prendre, 40 ou 45
intervenants, je ne sais pas si... On va se
sensibiliser tous ensemble. On va peut-être se chercher des poux
tantôt.
M. Goulet: M. le Président, je sais que le temps avance
mais j'ai deux autre courtes questions. Vous avez souligné que ce qui
est proposé au niveau de la consultation, c'est très lourd. Vous
ne semblez pas avoir confiance au processus proposé. Le
référendum ma question sera en deux volets est-ce
qu'on devrait le voir comme consultatif ou décisionnel?
Deuxièmement, s'il y a conflit, qui devrait servir d'arbitre en dernier
lieu, le Conseil des ministres, le gouvernement? Qui?
M. Dufour: S'il y a un référendum
décisionnel, c'est la population qui va décider. Un
référendum...
M. Goulet: Mais là, dans le projet de loi, il ne sera
pas...
M. Dufour: ... pour nous, c'est une consultation. On essaie
d'alléger les structures municipales ou les structures tout court pour
que les gens puisent se reconnaître et qu'on soit capable de
déceler ou d'identifier des centres de décision. C'est important
cela, c'est la vraie démocratie où les gens répondent de
leurs actes. Ce n'est pas le "parlage" qui est important, ce sont les
décisions qui sont prises.
Au niveau municipal on était habitué de fonctionner; les
gens connaissent les règlements municipaux et savent comment on
fonctionne. En discutant sur des hypothèses, on ne sortira pas
grand-chose de valable. Voici que nous disons: Nous sommes prêts à
aller aussi loin, d'avancer dans notre dossier, de présenter notre
schéma, quitte à le faire discuter par la population, quitte
à ce que la population puisse s'y opposer par référendum
mais, à ce moment-là, les municipalités sont prêtes
à accepter que la population prenne la décision.
M. Goulet: Une dernière question, M. le Président.
Vous avez parlé de l'harmonisation avec la loi 90. Vous n'étiez
pas tout à fait d'accord avec ce qui est proposé. Plusieurs
groupes vous l'avez souligné dans votre mémoire
sont venus devant cette commission cette semaine et il y a quinze jours pour
nous dire qu'ils n'avaient à peu près pas ou pas du tout
confiance aux municipalités, que dans le passé vous n'aviez pas
prouvé votre efficacité, surtout au niveau du zonage agricole. Je
serais tenté de formuler ma question en disant: Qu'avez-vous à
dire pour votre défense devant ce que ces gens nous ont
affirmé?
M. Dufour: Est-ce que la loi nous permettait de faire du zonage
agricole? Je pense que ce serait la réponse. Des gens qui se permettent
de porter des jugements sur des organismes qui vivent, qui ont vécu, qui
ont une expérience, et qui, depuis à peu près six mois,
viennent de commencer à vouloir prendre part aux débats et
veulent occuper toute la place, je m'interrogeais sur cela sérieusement,
sur le sérieux de ces gens. Je vous le dis, je ne m'en cache pas, on
veut sauver le sol agricole mais, à l'intérieur du Québec,
il y a des citoyens aussi qui vivent. Il ne faut pas mettre en danger tout ce
que cela comporte. Il y a de l'argent à travers cela, il y a des
investissements; si on veut vivre en harmonie, il faut que les gens aussi
vivent en harmonie avec la nature. Ce n'est pas nécessairement tout le
temps obligatoire que ce soient les gens qui s'harmonisent avec la nature. Cela
arrive de temps en temps qu'on soit obligé de faire une route dans un
endroit et on dit: Bien, cela coûte quelque chose mais il faut que le
monde passe quelque part. Sans cela, on remet en cause l'énergie et tous
les problèmes qu'on vit actuellement.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: M. le Président, je désire
féliciter vivement l'Union des municipalités pour la très
haute tenue de son mémoire. J'ai lu la plupart des mémoires qui
ont été présentés devant cette commission et celui
de l'UMQ est l'un de ceux qui, par l'élévation qu'il manifeste,
qu'il prend vis-à-vis d'un certain nombre de problèmes,
réussit à faire une synthèse, un historique du cheminement
des diverses législations et à situer, je pense, très
objectivement l'évolution qui s'est faite au cours des dernières
années autour de l'aménagement du territoire. (11 h 30)
Je constate évidemment avec une certaine satisfaction je
regrette que le député de D'Arcy McGee, ancien ministre des
Affaires municipales, ne soit pas là que l'UMQ mentionne à
quelques reprises que le présent projet de loi marque un net
progrès par rapport aux lois antérieures. Je l'ai vu tiquer
à quelques reprises lorsque cela a été mentionné,
mais je pense, en effet, qu'il y a là signe des temps ou pas
une évolution dont il faut prendre acte.
Je remercie également l'UMQ, même si cela me met un peu
à la gêne, de cet énoncé que le ministre qui devrait
être responsable de l'application de cette loi, qui devrait être
l'interlocuteur du monde municipal soit le ministre des Affaires municipales.
On comprendra que la chose est un peu délicate pour moi, mais de cela
aussi, je prends note.
J'ai aussi écouté attentivement le sommaire qu'a
présenté M. Dufour lorsque, terminant son exposé, il nous
a dit: La population est très satisfaite du monde municipal, ainsi que
l'a révélé un sondage récent, sondage que j'ai
commandé et qui, en effet, dénote un très haut niveau de
satisfaction. Je voudrais tout simplement dire, contrairement à ce que
certains rapports de presse ont pu laisser entendre, que, si vraiment la
population est à ce point satisfaite, pourquoi serait-il
nécessaire d'amender la législation dans le domaine de la
démocratie municipale? Ce n'est certainement pas pour accroître le
degré de satisfaction vis-à-vis des élus municipaux que
de
tels amendements seront éventuellement apportés, mais
peut-être pour répondre à une autre lacune
dévoilée par le sondage, à savoir qu'il y a une certaine
désaffection de la part des citoyens vis-à-vis de la chose
municipale.
C'est très pertinent au projet de loi qui nous préoccupe
puisqu'on a fait état, si on donnait suite au projet de loi 125 tel
quel, de ce qu'on appelle une certaine hantise de la consultation, qu'on a
qualifiée de "consultationite", comme si c'était un mal contre
lequel il fallait se prémunir. Or, le sondage que l'UMQ a cité
quant au degré de satisfaction comportait néanmoins certaines
données, que j'ai d'ailleurs transmises à l'UMQ et à
l'UCCQ, indiquant que 47,8% des gens s'estimaient insuffisamment
informés des décisions qui les intéressaient, que 90,5%
croyaient qu'un bon conseil municipal, c'est celui qui informe
régulièrement et que 85,8% s'intéresseraient davantage,
disaient-ils, à la chose municipale s'ils comprenaient mieux ce qui s'y
passe. Donc, le projet de loi 125 à cet égard, par les
modalités qu'il prévoit sur la consultation, vise à
répondre à cet objectif, ce qui n'infirme pas la première
partie du sondage qui a été dévoilé quant au
degré de satisfaction.
Si je laisse de côté certaines modalités qui
m'apparaissent, à moi, en tout cas, secondaires comme ministre des
Affaires municipales et que j'essaie de me concentrer sur les deux dimensions
où l'UMQ s'éloigne vraiment du principe du projet de loi 125,
c'est sur le caractère unifonctionnel de l'organisme qui serait
responsable de l'aménagement, d'une part, et sur le territoire de ces
unités d'aménagement et peut-être, en troisième
lieu, sur le mode de représentation que je m'attarderai.
En ce qui concerne la création d'organismes unifonctionnels, il
m'était donné récemment de prendre connaissance de
rapports sur la situation aux Etats-Unis à Marine County en Floride et
à Cook County dans l'Etat de l'Illinois, où nos voisins
américains ont cette habitude de créer des organismes
unifonctionnels. Or, dans le cas de Marine County en Floride, on
dénombre dans ce seul comté, "county", au-delà de cent
organismes unifonctionnels, depuis le "sheriff police" en allant par le
"garbage authority", le "park authority", le "housing authority", le "transport
authority" jusqu'au "mosquito abatement authority". Toutes ces
autorités, comme on les appelle, tous ces organismes unifonctionnels ont
des territoires qui ne concordent pas toujours, qui tantôt se recoupent,
tantôt excèdent les uns des autres dans un enchevêtrement
où vraiment le citoyen ne sait plus qui prend les décisions et
qui dirige.
Je ne veux pas de là inférer que la création d'un
organisme unifonctionnel pour des fins d'aménagement pourrait nous
conduire à cette prolifération de nos voisins du Sud, mais on
constate et on a constaté ici, sur le territoire de la Communauté
urbaine de Québec, par exemple, qu'il y avait, avant que nous adoptions
la loi 38 sur la communauté urbaine, un certain nombre d'organismes
unifonctionnels qui s'étaient développés. Evidemment, la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Québec en
était un qui échappait, comme tel, au contrôle des
élus. Il y avait le BAEQM, le Bureau d'assainissement des eaux du
Québec métropolitain, la CACUQ, la Commission
d'aménagement de la Communauté urbaine de Québec, et un
autre organisme assez spécial dont le territoire recoupe aussi, en
partie, celui de la Communauté urbaine de Québec et la rive sud
et qui était la Société Inter-Port de Québec.
Enfin, c'est un exemple peut-être assez conservateur, eu
égard à ce qui se passe dans le Sud des Etats-Unis enfin,
au sud de notre frontière mais je pense qu'il est assez
symptomatique de ce qui peut se produire dès lors qu'on s'engage dans
cette voie des ententes intermunicipales ou des autorités diverses.
Evidemment, ceci est relié à cette notion de territoire
puisque ce qui est suggéré dans le mémoire, c'est
l'établissement d'un territoire passablement plus restreint que celui,
par exemple, des comtés. Quoique là, au cours de l'exposé,
j'ai cru comprendre de votre part, M. Dufour, par des expressions que j'ai
notées d'ailleurs, que le schéma devrait couvrir un territoire
très vaste, assez vaste, élargi. Mais ma question est la
suivante: Jusqu'où devrait-on élargir ce territoire? Est-ce que
vous croyez que, véritablement, et sans se référer
peut-être de façon spécifique au problème au
Saguenay, si on n'inclut pas, si vous voulez, ce territoire, ne risque-t-on pas
de se retrouver avec des municipalités qui ne seraient finalement
rattachées nulle part?
J'aimerais, sur ce problème des organismes unifonctionnels, sur
cette question du territoire que votre mémoire, à la page 90,
aborde de façon très franche, je crois, et qui pose
véritablement toute la dialectique devant laquelle on se trouve
confronté... Puisqu'on dit, à la page 90, "Les
municipalités centrales privilégieront un regroupement
relativement restreint en termes de municipalités membres c'est
essentiellement la position de l'UMQ d'un organisme d'aménagement
régional alors que les petites municipalités c'est la
position de l'UCQ voudront plutôt un territoire beaucoup plus
vaste, de façon à réduire le poids relatif de la ville
centrale dans le processus d'arbitrage.
Je pense que vous posez là, véritablement, le
problème rural-urbain sauf qu'après l'avoir ainsi posé, en
fin de texte, vous aviez déjà donné au départ la
position que vous aviez décidé de privilégier. Avant de
vous demander de commenter sur ces trois points, je voudrais vous poser une
question sur le mode de représentation. J'ai non seulement lu votre
mémoire en entier mais également les annexes et les
questionnaires; or, dans un des questionnaires, la question 5 portait sur le
poids des diverses municipalités au conseil de comté
renouvelé. Dans votre mémoire, vous nous citez un certain nombre
des réponses obtenues auprès de vos répondants mais vous
ne parlez pas du tout des réponses que le monde municipal
consulté aurait pu donner à cette question 5, à moins que
j'aie mal lu. Est-ce que vous pourriez commenter ces divers points?
Le Président (M. Laplante): M. Dufour, je ne voudrais pas
être impoli mais je vous demande de commenter assez rapidement parce
qu'on est déjà quinze minutes en retard sur l'horaire.
M. Tardif: M. le Président, je plaiderais pour l'Union des
municipalités pour qu'elle ait le temps voulu puisque c'est un organisme
très important et très représentatif du monde
municipal.
Le Président (M. Laplante): C'est pour cette raison qu'on
lui a alloué une demi-heure de plus qu'à d'autres organismes.
M. Goldbloom: M. le Président, j'appuie le ministre: cela
n'arrive pas souvent.
M. Dufour: Je vais peut-être rassurer le ministre des
Affaires municipales. C'est justement pour cela qu'on parle de fonction
unifonctionnelle. S'il parle de multiplicité d'organismes un peu
partout, nous sommes aussi conscients de cela. D'abord, qu'est-ce qu'il va se
passer avec le dépôt ou l'application de la loi?
Premièrement, on va commencer par faire de l'aménagement du
territoire et, deuxièmement, on va se rendre compte qu'il y a trop
d'organismes ou qu'il y a des organismes qui se chevauchent quelque part; ce
sont eux qui vont prendre la responsabilité. Pourquoi veut-on que cela
soit comme cela? Si on se sert de la structure actuelle qui s'appelle le
conseil de comté renouvelé ou conseil de comté tout court,
elle n'est pas capable et elle n'a pas l'expertise pour faire le schéma
d'aménagement. Je me vois mal comme membre d'une ville aller me faire
embarquer dans un système auquel je n'ai jamais appartenu. Dans le
temps, peut-être, parce que mes parents ont peut-être appartenu
à des organismes qui s'appellaient les conseils de comté mais,
dans mon cas, j'ai passé ma vie dans les villes, et il faudra toujours
bien reconnaître qu'il y a 85% du monde québécois qui
appartiennent au monde urbain. Je me sentirais beaucoup plus à l'aise en
tout cas. Je voudrais avoir un nom, avoir le droit de le choisir. Cela
répond peut-être à la fonction unifonctionnelle, pourquoi
on a opté pour une forme de gouvernement. Cela enlève les
inquiétudes parce que l'Union des municipalités est bien
consciente aussi que les hommes politiques qui sont élus c'est
cela pour moi le vrai sens de la démocratie veulent
répondre de leurs actes. Ils répondent de leurs actes pour avoir
une nette responsabilité. Aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe dans le
monde? Vous avez dû entendre le monde municipal. Vous avez un conseil
municipal: Non, les échevins, ce n'est pas nous, ce sont les autres; lui
il s'occupe de ce comité-là, ce n'est pas lui, c'est l'autre.
Là, on met la faute sur tout le monde et, à toutes fins utiles,
le monde est peu ou pas informé et personne n'est responsable de
rien.
J'ai la conviction que fonction "unifonctionnelle" est parce qu'on
pourra ajouter des choses qui seront logiques, claires et le monde pourra s'y
reconnaître et des choses aussi dont les élus pourront
répondre vis-à-vis de leurs concitoyens.
Quand on parle de territoire élargi, je pense bien, M. le
ministre, qu'on doit se référer... Quand on parle de
schéma, ce n'est pas un plan d'urbanisme comme tel; un schéma
doit être plus grand. On a demandé à nos gens leur
expertise; c'est sûr qu'à la page 90 de notre mémoire on
fait un constat; c'est comme cela que le monde municipal réagit. Mais,
ce n'est pas défendu de penser un petit peu plus grand; en tout cas, ce
n'est pas scandalisant que le gouvernement, avec les autres gouvernements
je fais référence au municipal puissent penser que
les élus municipaux sont aussi responsables, veulent être
responsables de l'aménagement du territoire. Il faut leur faire
comprendre et leur faire constater que c'est nécessaire que ce soit un
peu plus grand. Si on parle d'un équipement collectif, à vocation
plus grande que la municipalité, c'est peut-être bon que les
autres puissent parler là-dessus. Si on parle de routes, tout le monde
est impliqué, c'est peut-être nécessaire ce ne l'est
peut-être pas que ce soit un territoire plus grand et quand le territoire
va s'arrêter... (11 h 45)
On a dit aussi dans notre mémoire que la liberté des uns
ne doit pas brimer la liberté des autres. Peut-être que c'est une
notion tout de même qu'on devrait avoir présente à l'esprit
lorsqu'on va parler de territoire, parce que si c'est pour créer des
affrontements nouveaux, il faudrait peut-être être
méticuleux de ce côté.
M. Tardif: Ce que vous semblez dire, c'est que le résultat
de votre sondage, à savoir notamment que les regroupements pour des fins
d'aménagement devraient comprendre des municipalités
immédiatement périphériques à un pôle urbain
central, on a peut-être répondu à cela en pensant à
des préoccupations de plan d'urbanisme plutôt que de
schémas d'aménagement plus globaux. En conséquence, l'UMQ
ne voit pas de contradiction entre un territoire beaucoup plus vaste qui
pourrait englober un comté pour des fins d'aménagement et le
sondage qui, lui, pouvait révéler des préoccupations plus
immédiatement de type urbain, coordination, enfin, connexion de
réseaux d'égouts, de tuyaux, et tout cela. C'est cela, si j'ai
bien compris?
M. Dufour: Oui, c'est de cette façon que je
réponds. Les partenaires municipaux devraient se sentir aussi
responsables dans cette fonction. Lorsque vous faites allusion à la
représentativité, on n'a pas eu tellement de réponses. Les
650 délégués ont dit en terminant que le comité
d'orientation devrait travailler sur des formules pour trouver le juste milieu.
C'est bien sûr, je l'ai dit tout à l'heure, c'est complexe, cela
demeure aussi très flou dans le temps, parce que la
représentativité, s'ils sont cinq ou six municipalités, ce
sont tous les gens qui se ressemblent. En supposant que ce seraient douze
municipalités rurales, il n'y aurait pas de problème dans ce
milieu. Il y a toujours moyen d'arbitrer et de s'entendre. Je pense bien aussi
qu'en référant à des confections
de schémas d'aménagement qui ont été faits
à certains endroits ou qui sont en préparation, on pourrait
peut-être trouver le juste milieu et personne ne pourrait se sentir
brimé. Je vous le dis qu'on va en perdre quelques-uns. Si on pense,
alentour de la table, que la loi 125 va être d'une popularité
constante et que tout le monde va penser que c'est Elvis Presley qui vient
donner un "show", on va oublier cela.
Le schéma d'aménagement, c'est beaucoup plus, on parle
d'une chose en tout cas qui n'est pas tangible, qu'on ne peut pas toucher et
intéresser des gens au territoire c'est important cela. C'est important
quand il est touché, mais c'est très vague dans le temps. Ce sont
les élus qui vont être le plus intéressés vers cela.
Quand il y en a qui n'ont jamais pensé et décidé qu'il
devrait y avoir un plan d'urbanisme! Il faut y aller lentement et ce sera comme
ailleurs il y aura des gens qui seront vraiment intéressés et,
lorsque les gens vont être touchés, ils vont réagir, que ce
soit une loi comme la loi contrôlant la vitesse, où on dit: Je
vais me faire poigner si je fais quelque chose. Il va essayer à ne pas
se faire poigner. Personnellement, je suis porté à croire que la
représentativité devrait être une question qui se
règle localement et on devra aussi penser que les gens, quand ce
schéma va être fait, devraient intervenir auprès de leur
municipalité propre pour vraiment...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre d'Etat à
l'aménagement, le mot de la fin.
M. Léonard: M. le Président, je pense bien que ces
rencontres d'hier et d'aujourd'hui ont permis de montrer qu'il n'y a pas de
problèmes fondamentaux quant au titre I du projet de loi no 125. Je
pense qu'il y a des bonifications à apporter, mais, dans l'ensemble, les
gens sont d'accord tant à l'Union des municipalités du
Québec qu'à l'Union des conseils de comté du
Québec. Les discussions sur les structures et sur le territoire ont donc
permis de déceler les différences de points de vue entre les deux
partenaires du comité d'orientation à propos des articles 142 et
160 notamment. Comme je l'ai dit hier, nous sommes disposés, mon
collègue M. Tardif et moi-même, à tenir une réunion
du comité d'orientation pour permettre aux deux unions de concilier leur
position avant la rédaction finale du projet de loi. Je ne sais pas si
l'Union des municipalités du Québec est d'accord pour faire cette
rencontre. Merci.
M. Dufour: Je peux vous en assurer, M. le Président.
Juste un mot pour conclure. Je voudrais vous remercier de nous avoir
entendus et vous dire que notre collaboration est toujours acquise pour
travailler dans ce dossier. Au nom de l'Union des municipalités du
Québec, même si nous n'avons pas la prétention d'avoir
présenté le meilleur mémoire, nous aimerions penser qu'on
a mis tout le sérieux possible à la préparation de ce
qu'on vous a présenté, avec tous les efforts de nos techniciens
ou de nos employés et aussi de nos membres, pour vous présenter
un travail le plus valable possible. Là-dessus, je voudrais vous assurer
encore une fois que notre collaboration vous est acquise et on va essayer de
bonifier avec vous et ensemble ce qui nous semble l'instrument qui va marquer
le Québec pour les décennies à venir. Là-dessus, je
voudrais vous remercier.
Le Président (M. Laplante): Merci, messieurs, au nom des
membres de cette commission pour votre participation.
J'appelle maintenant le Conseil de recherche de la Haute-Yamaska
Inc.
Si vous trouvez des senteurs dans la salle actuellement, c'est un
produit qui est employé au sous-sol de l'édifice et cela monte
par la ventilation, mais on me dit qu'il n'y a aucun danger.
M. Chevrette: Vous savez ce qui est arrivé à
l'Aréna de Québec, les jeunes tombaient comme des mouches, il ne
faudrait pas attendre.
Le Président (M. Laplante): Veuillez identifier votre
organisme, vous identifier ainsi que les personnes qui vous accompagnent. Vous
avez environ vingt minutes pour lire votre mémoire.
Conseil de recherche de la Haute-Yamaska Inc.
M. Thibault (Jules): Mon nom est Jules Thibault, président
du Conseil de recherche de la Haute-Yamaska. J'ai à ma droite M.
Clément Dubé, qui est le premier vice-président, et,
à ma gauche, M. Roger Cousineau, qui est directeur du schéma
d'aménagement du comté de Shefford. Nous allons vous faire la
lecture. Vous excuserez ma voix, elle n'est pas très douce, mais elle
n'a pas été aménagée, si on peut dire. Elle a subi
les contrecoups d'une bonne grippe.
Le Conseil de recherche de la Haute-Yamaska couvre le territoire du
bassin de la rivière Yamaska, environ 200 000 habitants et une centaine
de municipalités ont juridiction sur ce territoire. Les deux principales
villes de ce territoire sont Granby et Saint-Hyacinthe.
Notre région est mal identifiée, l'OPDQ désigne
cette région, la zone 6-C, comme faisant partie de la connurbation
métropolitaine. Il y a plusieurs années, le ministère de
l'Industrie et du Commerce avait procédé à une
étude portant sur la zone d'influence des centres urbains et la
désignation de régions administratives. Il est évident que
nous avons des affinités avec la métropole, mais nous ne sommes
pas une banlieue de Montréal. Nous avons une région à
vocation agroalimentaire et une partie du territoire est à une vocation
touristique. Chez les deux villes les plus importantes, Granby et
Saint-Hyacinthe, Granby a une prédominance industrielle et
Saint-Hyacinthe a un caractère institutionnel. Par conséquent, il
y a une grande différence entre les zones d'influence et les ressources
physiques du milieu. Heureusement, l'aménagement du territoire viendra
corriger cette anomalie. Alors, nous fondons des espoirs.
Notre organisme a été créé par la
volonté des citoyens et financé par eux-mêmes. Nous
étudions les possibilités de nous affilier à un autre
centre de recherche, sans toutefois perdre notre liberté. Dans le
moment, nous n'envisageons pas de devenir un organisme paragouvernemental,
cependant nous croyons que nous devrions être reconnus par
l'autorité gouvernementale pour ce que nous faisons.
Nous avons réalisé la première phase
d'aménagement dans trois comtés et procédons à la
deuxième phase dans l'un de ces comtés. Ces projets ont
été financés par Ottawa. Ces études nous ont permis
d'identifier rapidement les besoins et difficultés des populations dont
le milieu se développe, sans tenir compte de l'environnement ou
simplement avec l'objectif de faire des profits.
Nous envisageons la loi de l'aménagement et de l'urbanisme comme
complément de zonage agricole et de la loi de l'environnement. Nous
sommes forcément favorables à une telle loi parce que nous
oeuvrons déjà dans ce domaine. Notre appréciation du
projet se précise dans les articles qui suivent.
Article 1: Principes du projet de loi no 125. Comme l'exprimait le
ministre Léonard, nous sommes d'accord avec les objectifs du projet de
loi qui vise à arrêter le développement
désordonné des villes et villages, dont les conséquences
sont extrêmement graves tant au plan économique que social. Nous
devons tous contribuer de nos taxes pour ces erreurs.
Article 2: L'aménagement et la participation des citoyens. Ce
sont surtout les citoyens qui ont leur mot à dire sur
l'aménagement, cela bien avant la confection du schéma; sinon,
cela pourra paralyser l'administration de cette importante pièce
législative, régulatrice de l'ensemble territorial. C'est une
citation de M. Hall, de Town and Country Planning Association d'Angleterre. Je
pense que c'est à la demande du gouvernement que cette étude
avait été faite. La population réagira d'une façon
plutôt négative lorsqu'on l'informera d'un tel encadrement si on
ne la consulte pas, bien entendu, après autant d'années de
liberté anarchique. Lorsqu'on dit "anarchique", on veut dire que tous
ont fait ce qu'ils ont voulu pendant bien des années.
Au cours de l'hiver, nous avons visité 500 personnes par
une méthode de sondage-questionnaire pour connaître les
besoins et aspirations de la population dans le comté de Shefford. Le
questionnaire était basé sur des données scientifiques
incluant une stratification bien précise; chaque municipalité,
village ou ville, selon la méthode proportionnelle, etc., a
été observée. Nous avons été surpris de
constater que l'information était le problème no 1. Nous avons
résolu de réunir les corps intermédiaires pour les
informer plus adéquatement et obtenir leur avis, ce que nous avons fait
assez récemment avec les corps intermédiaires et les
municipalités mêmes du comté de Shefford. On vous donnera
des opinions plus tard.
Au plan sociologique, nous sommes obligés d'admettre que nos
hommes publics ont tellement fait croire à la population qu'ils
étaient la providence que le citoyen s'est
désintéressé de la chose publique, surtout en milieu
urbain; la vie sociale s'est dégradée au point de ne penser
qu'à la jouissance et à l'hédonisme. L'Etat a tellement
envahi la vie privée que les citoyens qui ont à coeur une
qualité de vie montante ont peine à se trouver un champ
d'activité propre à leur générosité et
à leur sens social. Plusieurs représentants d'associations
songent à se regrouper pour survivre. N'est-ce pas désolant
lorsque nous entendons parler de l'Etat monstre, de l'inflation, de
l'administration centralisée et de ses coûts?
Nous ne souscrivons pas aux articles 32 et 92, c'est trop peu. C'est
dans la ligne du maintien de la tradition des affaires publiques. Les lois dont
nous faisons mention dans ce document exigent des formes de consultation et de
participation plus élaborées que ce que nous avons connu.
J'ajouterais, en raison de l'importance de la loi, que nous proposons la
formation de comités de citoyens, peu importe la dimension de la
municipalité, parallèle aux municipalités participantes du
comté, les techniciens de l'aménagement servant de
personnes-ressources auprès des comités et des
municipalités. Nous avons connu ce genre de participation lors de la
formation des commissions scolaires régionales et cela a
été bénéfique. Autrement, il aurait
été bien difficile d'adopter la fameuse loi des
régionales.
Article 3: Aménagement, palier gouvernemental. Nous sommes d'avis
que l'Etat a le devoir de faire connaître les grandes orientations de ses
politiques avant que ne s'élabore un schéma. Ceci inclut les
villes mères de Montréal et Québec et les autres
communautés urbaines. C'est tout le Québec qu'il faut
aménager. (12 heures)
Nous reconnaissons à l'Etat un rôle d'harmonisation, de
suppléance et d'aide financière pour que la municipalité
puisse supporter l'augmentation du fardeau fiscal. Nous déplorons le
manque d'information concernant les finances municipales, surtout pour le
coût des services, de l'effort fiscal des citoyens et de leur revenu.
Nous ne détenons aucune forme de performance fiscale, aucun point de
comparaison entre le rural et l'urbain. On n'a pas de document; il a
déjà existé des documents indiquant qu'il en coûtait
tel prix pour les vidanges, tel prix pour d'autres travaux, etc. Aujourd'hui,
on n'a plus rien de cela. C'est difficile de faire pareille association sans en
connaître davantage sur la situation de chacun des partenaires.
Aménagement, palier municipal. Dans le bassin de la Haute-Yamaska
nous avons pris ce bassin mais nous aurions pu en prendre un autre, il
est assez représentatif, je pense il y a 120 municipalités
pour une population de 251 967 habitants. C'est une référence de
1976. On dénombre sept comtés. Les municipalités de 0
à 1500 habitants sont au nombre de 84 ou 70%; 29 municipalités se
classent dans la catégorie de 1500 à
5000 de population; six villes seulement ont plus de 5000 de population.
Au plan de l'infrastructure, il faut regrouper l'administration des petites
municipalités, prévoir des centres de service, afin de rapprocher
davantage le niveau d'exécution des citoyens.
L'organisation des services essentiels contribuera à enrayer la
migration vers les centres urbains et la consolidation du milieu rural.
Bâtir un schéma sans toucher aux municipalités, c'est un
schéma de façade qui ne rapportera rien à la population.
Il faudra aller vers les centres urbains pour satisfaire ses besoins
élémentaires, par conséquent, nos villages se videront. Au
lieu d'aboutir à une meilleure répartition de la richesse, on
accélérera le processus de centralisation. Il y a longtemps qu'on
a réduit le nombre des municipalités en Ontario. Au
Québec, on compte encore 1600 municipalités. L'Ontario en compte
850 pour une population supérieure à la nôtre.
Aménagement, conseil de comté. Les conseils de
comté, formés des maires des municipalités urbaines et
rurales, n'auront pas un accouchement facile; car la
représentativité d'une municipalité de 500 âmes avec
des villes de 35 000 habitants n'est pas facile à concilier. Même
s'il y a pondération, il faudrait qu'il y ait comme
élément de compensation l'espace territorial du milieu rural pour
suppléer à la différence de population.
Schéma d'aménagement. On peut faire des inventaires sur la
base du comté en utilisant la division de recensement. Mais on ne peut
pas faire de schéma valable sans pouvoir identifier les activités
qui sont de valeur locale, régionale et provinciale sans pouvoir les
comparer. Il faut donc songer à un certain régionalisme. Dans
certains cas, c'est le bassin hydrographique (bassin Yamaska), dans un autre
centre, c'est l'agglomération urbaine, par exemple Sherbrooke, pour un
autre cas, c'est le centre minier (Thetford-Mines), etc.
Comté municipal. Les comtés municipaux sont des
comtés à dimension électorale, il faudra donc les
modifier. Suite à l'enquête que nous avons faite auprès de
la population du comté de Shefford, avec un échantillonnage de
500 personnes, certaines parties du comté voudraient s'en
détacher, d'autres parties voudraient y être rattachées
parce que leurs intérêts seraient mieux servis ailleurs. Le
système de module préconisé dans le projet de loi est
valable et doit être retenu comme essentiel, la formule globale.
Dans la page suivante, c'est l'organigramme des choix
d'aménagement. Nous considérons qu'en premier lieu le citoyen
doit être au centre de cette grande réforme qui est
l'aménagement du territoire, qui est une loi à dimension qui
dépasse et le zonage et même l'environnement, qui engto-be tout
cela. Le citoyen, s'il n'est pas informé, on se demande je l'ai
dit précédemment de quelle façon il va
réagir. A tout événement, ici j'ai nommé les
activités qui devraient être déterminées et
expliquées au citoyen: des techniciens en aménagemer t, des
intervenants et on pourrait en ajouter d'autres parce que pour faire un bon
aménagement, il faut certainement avoir des équipes
multidisciplinaires; du moins, c'est ce que nous avons tenté de
faire.
Il y a à droite les variables socio-économiques. On
instruit des citoyens et après, on va à la municipalité,
au conseil de comté, au conseil régional et au gouvernement.
C'est peut-être une pyramide renversée, mais c'est pour mettre en
évidence le rôle qu'ont les citoyens dans un schéma
d'aménagement.
La conclusion. Nous sommes favorables à une approche sociale et
politique au lieu d'une approche spatiale et technique. Mais il faudra informer
et faire participer la population. L'enquête que nous avons menée
nous a prouvé que seulement 1% de la population savait ce
qu'était un schéma d'aménagement.
MM. les ministres, MM. les députés, voilà nos
humbles considérations à ce projet de loi.
Le Président (M. Chevrette): Merci. M. le
député de Beauce-Nord.
M. Ouellette: Merci, M. le Président. D'abord, je tiens
à remercier et à féliciter MM. Thibault, Dubé et
Cousineau pour la présentation de ce mémoire. J'aurais
peut-être quelques commentaires suivis d'un certain nombre de
questions.
D'abord, la conclusion de votre document souligne que le Conseil de
recherche de la Haute-Yamaska est favorable à une approche sociale et
politique au lieu d'une approche spatiale et technique. Cette
appréciation générale du projet de loi 125
réaffirme les quatres principes qui sous-ten-dent la
réorganisation des mécanismes et des règles de
l'aménagement du territoire et de l'urbanisme. Je cite ces quatre
principes. Premièrement, l'aménagement est une
responsabilité politique. Je pense que là-dessus, il y a un
accord total. Le deuxième point: une participation plus active des
citoyens à la prise de décisions et à la gestion de
l'aménagement. Un troisième, une concertation des choix et des
actions des trois paliers de gouvernement. On pourrait peut-être s'agacer
un peu ici sur le choix du mot "gouvernement", mais de toute façon,
là n'est pas l'essentiel de votre message. Finalement, des pouvoirs
partagés, respectant les domaines propres d'intervention.
Ma deuxième remarque touche la région d'appartenance. Le
conseil de recherche soulève un problème souvent abordé,
soit l'identification des personnes à leur milieu. En effet, on
déplore au début de votre mémoire le peu d'affinité
de la région de la Haute-Yamaska avec la région de
Montréal. Je ne suis pas issu de cette région-là, mais je
comprends quand même le problème que cela pourrait causer. En
réponse à ce problème souvent rencontré, le projet
de loi 125 prévoit et favorise la formation de régions
d'appartenance qui seront plus petites et où les citoyens pourront
s'identifier à leur milieu environnant. Selon nous, ces régions
pourraient correspondre approximativement aux conseils de comté actuels.
Il n'y a rien qui empêche que ces territoires soient
reconsidérés par la population compte tenu du fait que les
conseils de comté existent depuis 140 ans et que
les pôles d'attraction qui existaient au moment de leur formation
ont changé. Il n'est donc pas impossible que les gens du milieu fassent
un nouveau choix compte tenu des modifications qu'on puisse faire dans le sens
propre de l'appartenance.
Ma première question est la suivante. Vous soulignez à la
page 4 que les articles 32 et 92 sont insuffisants pour assurer la consultation
et la participation des citoyens. Au niveau du schéma
d'aménagement de comté, ne croyez-vous pas que les deux
étapes de consultation prévues, soit au niveau de la proposition
préliminaire, les articles 14 à 20, je crois, et les suivants, de
toute façon, avant l'adoption formelle, l'article 23 du schéma,
soient suffisantes? En d'autres mots j'aimerais préciser
d'autres organismes nous ont reproché l'abus de consultation, alors que
vous nous dites: On craint qu'il n'y en ait pas assez.
M. Thibault: Oui. Là-dessus, je peux vous affirmer que
nous avons fait deux consultations particulièrement intéressantes
en plus des constatations que nous avons faites nous-mêmes dans les
études d'aménagement. Nous avons réuni les organismes du
milieu. Par exemple, nous avons convoqué 60 organismes à Granby
et nous avons réuni des municipalités.
Nous avons eu des opinions fort différentes. Par exemple, le
citoyen n'est pas pris. Il est plus impartial; il est ouvert. Il est plus
ouvert à l'aménagement, il est moins restrictif. Il apporte une
note. On a eu un dialogue avec la population qu'il n'était pas possible
d'avoir avec des intervenants municipaux qui avaient des idées faites
d'avance. On s'est dit une chose que, dans les organismes
socio-économiques, vous savez que les meilleurs hommes d'une ville ne
sont pas seulement au conseil municipal il y en a parmi les citoyens aussi, si
on fait un choix et si c'est préparé. Aux questions que le
ministre Léonard soulevait ce matin, quelle formule, le processus, etc.,
je sais que c'est compliqué, c'est probablement la question
classique.
Avec des citoyens, on trouve un autre son de cloche, celui de l'homme
qui n'est pas engagé, de l'homme qui n'a pas de parti pris, de l'homme
qui ne défend pas de traditions, de l'homme qui ne défend pas
d'intérêts électoraux. Dans le processus, il est pas mal
important de le rejoindre. Du moins, l'expérience que nous avons faite a
été extrêmement enrichissante tandis que, quand on a
rencontré des conseils de comté, des membres de conseils de
comté, ils nous ont dit: Nous autres, on est humains, et il y en a qui
ne sont pas humains. En tout cas, je ne veux pas faire allusion à qui
ils voulaient parler, mais ils ne parlaient pas du projet de loi ni de la
Chambre; ils parlaient d'autres élus municipaux. Ils nous ont dit: Nous
autres, on est humains. Pourquoi? Parce qu'on se connaît, on s'aime et on
est habitué de travailler ensemble, c'est ceci et c'est cela.
Cela est bien beau, mais c'est un petit peu comme dans les petits
fascicules verts. J'ai mentionné qu'il faudrait peut-être enlever
un petit peu de nostalgie dans certaines positions, mais il y a de cela, il y a
de l'émotivité aussi dans cela. Je le prétends et le
conseil le prétend également. A la suite des interventions qu'on
a eues et à la suite des réponses qu'on a eues, la population est
réceptive et il va falloir faire un cheminement dans cela. Le
cheminement va se faire par la consultation et degré par degré.
On va arriver avec quelque chose, parce que c'est une loi bien importante.
C'est aussi important que quand on a fondé les régionales, si les
régionales scolaires ne sont pas plus importantes. Je pense qu'on ne
réalise pas tout à fait l'importance qu'un tel projet de loi a et
on semble passer cela comme on met une lettre à la poste.
C'est là-dessus qu'on soulève un point comme étant
une loi bien importante. Je me rappelle d'avoir lu des textes de loi de M.
Goldbloom déjà et l'avoir vu siéger à
Drummondville, au cours de sessions de trois jours, sur un projet qu'on a
étudié et qui n'a jamais été adopté en
deuxième lecture. Il y en a eu trois. Je pense que c'est le
troisième. Alors, c'est parce que c'est important. Ce ne sont pas des
reproches que je veux adresser à qui que ce soit, mais c'est tellement
important. Le sol qu'on touche et la façon dont il doit être
aménagé, il faudrait bien savoir ce que c'est pour commencer.
C'est important. Les élus municipaux ont beau dire: On a eu un mandat de
quatre ans, mais, pour quatre ans, on n'a pas eu le mandat de revirer toute la
terre et de la zoner tout partout sans voir personne.
A l'article 32 ou 92, vous ne donnez qu'une valeur consultative à
la population, alors que vous allez présenter de la cartographie ou je
ne sais quoi, des maquettes, et dire: Cela, c'est l'aménagement. Il y a
un citoyen qui va dire: Je ne suis pas d'accord sur ce point. Ah! Tu ne peux
pas changer cela; si tu changes cela, tu changes tous les autres. Whoa! Vous
savez que c'est assez délicat, c'est un projet de loi bien important et
il sera assez délicat à mettre en pratique, d'après les
consultations qu'on a eues. C'est pour cela que je pense qu'il faut rejoindre
le citoyen. (12 h 15) . Peut-être que ce ne sera pas la même chose
partout. Il y a des régions qui sont plus homogènes. Il y a eu
des questions posées qui ont été très
intéressantes ce matin et également des réponses
là-dessus, parce qu'il y a des régions qui sont plus
homogènes au point de vue de la population et de la grosseur des
municipaités. Cela se fait moins sentir, mais, chez nous, le conseil de
comté veut avoir le droit de veto et le maire veut aussi avoir le droit
de veto de la ville. S'ils ont tous le droit de veto, c'est aussi bien qu'ils
restent chacun chez eux.
M. Ouellette: Je vais vous pose une deuxième question. Une
de vos propositions concerne l'utilisation de l'espace territorial comme
élément de compensation pour définir la
représentativité des municipalités. Je pense que c'est un
problème qui va être assez grave à résoudre.
Pouvez-vous nous détailler un peu plus votre posit on? En som-
me, quel équilibre devrait-on apporter entre la
représentation de la population et celle du territoire?
M. Thibault: C'est une bonne question. Cela existe. Je pense que
je ne vous apprends rien en vous disant qu'il y a des comtés ruraux qui
auraient de l'espace et qu'il y a des comtés urbains où il y a
beaucoup de population. C'est un peu le même principe que celui auquel
nous avons fait appel. C'est pour dire que l'aménagement, il va falloir
que cela donne quelque chose parce que, si on fait de l'aménagement, si
on fait de la cartographie sur ce qui existe actuellement et si on dit: C'est
fini, on n'aura rien fait. Il va falloir faire plus que cela. Dans le
phénomène de décentralisation dont il est fait mention et
qui est une politique merveilleuse... Je ne sais pas quelle audace ont eu les
politiciens de dire: On décentralise. On n'a jamais entendu parler de
cela. J'ai quasiment sauté de mon siège quand j'ai vu cela, mais,
quoi qu'il en soit, c'est à l'avantage de nos représentants de
vouloir décentraliser. Si on veut que les municipalités
remplissent un rôle auprès des citoyens, un rôle de service
auprès de la population locale, il faut que ce soient des unités
assez grosses pour être capables de donner ces services. Combien de
municipalités ont des inspecteurs en bâtiment, en environnement,
et toutes ces questions? Pensez-vous qu'une municipalité qui a 500
âmes... Pensez-vous que la comptabilité se fait sur le coin de la
table de cuisine de Mme Unetelle, et ceci et cela? On n'est plus à cette
époque-là; franchement, on a dépassé ce stade. A
part cela, si on regroupe nos municipalités, on va empêcher que le
milieu rural se vide, on va refaire des centres administratifs et donner des
pouvoirs additionnels et des services à la population. Au lieu de faire
baisser la population rurale en bas de 6%, telle qu'elle est actuellement, on
va ni plus ni moins assurer sa stabilité et on va aussi donner aux gens
une structure qui est plus proche de leur niveau; une municipalité
agrandie administrativement, je ne veux pas dire par là des villages
déménagés. Qu'on ait des services parce que là, on
est au début de la décentralisation, mais il est certain que le
gouvernement, lorsqu'il se rendra compte qu'une fois la machine rodée,
les municipalités sont efficaces, il y a bien d'autres services qui
seront délégués au niveau municipal. Mais à
condition qu'elles soient capables de répondre aux besoins. C'est bien
malheureux. Il y a de petites municipalités où il y a des hommes
merveilleux, mais, parce que cela n'a pas changé depuis cent ans, ils
pensent que cela ne peut plus changer.
M. Ouellette: J'aurais eu d'autres questions, mais je
m'arrête là compte tenu de l'heure. Je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. M.
Thibault, vous avez donné une réponse
élaborée à la première question posée par M.
le député de Beauce-Nord. J'aimerais vous ramener à cette
question pour une réponse que j'espère très courte. Vous
faites allusion aux articles 32 et 92 et vous dites que ces deux articles ne
vont pas assez loin, ne sont pas suffisants. Quand on en prend connaissance, on
constate que 32 se lit ainsi: "Dans les quatre-vingt-dix jours de
l'entrée en vigueur du schéma, le
secrétaire-trésorier doit transmettre à toutes les
personnes inscrites sur la liste électorale de chacune des
municipalités du comté, un résumé du schéma
d'aménagement accompagné d'un avis de la date de son
entrée en vigueur".
Et 92 est essentiellement la même chose: "Au moins quinze jours
francs avant la tenue de l'assemblée, un résumé de ce plan
d'urbanisme doit être expédié par le greffier ou le
secrétaire-trésorier de la municipalité à chacune
des personnes inscrites sur la liste électorale".
Je vous demande ceci: Quand vous dites que c'est trop peu, est-ce que
c'est trop peu de temps, les délais vous paraissent-ils insuffisants ou
si c'est trop peu de renseignements?
M. Thibault: C'est trop peu de renseignements et c'est une phase
qui est rendue trop loin. Il faut avoir commencé par d'autres phases
d'information; après, ces articles, dans leur cheminement, ont leur
place bien définie. Je ne suis pas contre cette procédure qui est
bonne, mais je dis qu'avant on n'a pas consulté le citoyen. On lui
présente un schéma. Même si on l'envoie par courrier, il ne
sait pas ce qu'il reçoit dans bien des cas. C'est là
l'insuffisance. Ce ne sont pas ces deux articles. C'est un autre article
où dans le processus, comment va-t-on mettre cette structure en place.
Qu'est-ce que contient ce schéma? Qu'est-ce qu'on va donner dans cela?
Qu'est-ce qu'on va étudier? A part cela, ce qu'on a trouvé
intéressant, je ne l'ai pas dit tout à l'heure, ce qu'on a
trouvé quand on consulte les citoyens, c'est qu'ils nous font des
suggestions merveilleuses qui dépassent largement celles de certains
techniciens en aménagement, vous savez. Il ne faut pas penser que tous
nos citoyens ne sont pas... C'est cela en fait.
M. Goldbloom: Oui, je vous remercie de cette réponse,
parce que j'aurais posé une autre question par rapport à votre
affirmation à la fin du mémoire, savoir que seulement 1% de la
population sait ce que c'est, un schéma d'aménagement. Je vous
aurais demandé, si un résumé n'est pas suffisant, comment
le citoyen moyen va-t-il se débrouiller avec un document plus
complexe.
Je vous pose une dernière question. La page 8 de votre
mémoire traite du comté municipal et vous faites là une
affirmation que je ne comprends pas parfaitement. Vous dites: "Les
comtés municipaux sont des comtés à dimension
électorale".
Vous tirez de cette affirmation la conclusion qu'il faudra donc les
modifier. Mais, si l'on modifiait le comté municipal, voudriez-vous que
ce soit
seulement aux fins de l'aménagement du territoire ou est-ce par
rapport à votre autre recommandation, soit que l'on refasse les limites
des municipalités, que l'on en réduise le nombre? Parce que, si
vous faites cela, il faudra qu'il y ait une structure électorale, il
faudra qu'il y ait des élus qui soient chargés de
l'administration de ce territoire.
M. Thibault: Cette affirmation vaut pour l'aménagement
seulement, ce n'est pas à des fins électorales, c'est à
des fins d'aménagement seulement. Cela fait suite à
l'échantillonnage, au sondage que nous avons fait auprès de la
population, sur une base de 500 personnes, de ses besoins et aspirations.
Certains nous ont dit: Nous autres, on voudrait être
détachés. Il y a les régions administratives qui entrent
dans cela aussi, qui ont été adoptées, il y a une dizaine
d'années ou un peu plus, ce qui était une très bonne
chose, et elles sont une très bonne chose aussi, mais les gens qui sont
aux limites de ces régions administratives, aujourd'hui, il y en a qui
ne sont pas satisfaits. Quant à la question que vous m'avez
posée, ce n'est pas à des fins électorales, c'est à
des fins d'aménagement.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Oui, M. le Président, très
brièvement. Vous parlez de consultation. La plupart des intervenants
devant cette commission nous ont dit que le processus prévu était
trop lourd. Vous, vous nous dites qu'il n'y en a pas assez. Est-ce que vous
voulez dire qu'il n'y en a pas assez ou qu'il ne sera pas fait au bon
moment?
M. Thibault: Je dis qu'on manque d'information avant les
réunions. On a eu la réunion la plus intéressante, on a
présenté un schéma préliminaire
d'aménagement pour Shefford aux corps intermédiaires. On a eu une
réponse et un dialogue extrêmement intéressant à des
additions, des appréciations, des corrections, tandis que, quand on est
allé voir les municipalités, elles nous ont dit: Nous, ce n'est
que du découpage qu'on veut. Vous allez découper cela comme cela.
Je ne sais pas ce qu'elles ont, mais elles se sont réunies à
plusieurs reprises. Il y en a qui ont une maladie de découpage et il me
semble qu'il y a des étapes avant d'arriver au découpage comme
tel. Ce sont des étapes de consultation; il y a le plan social, il y a
les composantes sociales du milieu, il y aussi des composantes
économiques, culturelles et le reste. Je ne veux pas trop discuter
là-dessus, mais c'est ce qu'on retrouve dans ce domaine.
M. Goulet: Un autre point. Vous avez dit que le citoyen
était plus ouvert à l'aménagement. En réponse
à une question du député de Beauce-Nord, vous avez dit que
le citoyen est plus ouvert à l'aménagement que les élus. A
la fin de votre mémoire, vous dites qu'il n'y a que 1% des ci- toyens
qui savent ce qu'est l'aménagement. J'y vois une certaine contradiction.
Je me demande, s'ils sont plus ouverts à ce que vous voulez leur
proposer, si c'est parce qu'ils ne savent pas ce que c'est comparativement aux
élus qui, eux, savent ce qu'est l'aménagement? Je reviens aux
propos des représentants de l'Union des municipalités.
Dans un deuxième temps, vous avez consulté 500 personnes.
Encore là, beaucoup de personnes nous ont dit ici, devant cette
commission, que c'était très difficile de déplacer les
gens ou d'amener les gens à répondre à une consultation ou
à une réunion d'information. Est-ce la même chose chez
vous?
M. Thibault: Oui, si on prend cela au sens large du mot, les gens
ont désappris à participer. Il ne faut pas se leurrer, dans les
fascicules, vous l'exprimez, on est d'accord là-dessus. Il y a une
chose. Ce n'est pas une contradiction, ce que nous exprimons là, la
réponse de 1%, c'est le sondage. L'autre opinion exprimée est le
résultat de la consultation avec les représentants d'organismes
du milieu. Les représentants d'organismes du milieu sont des gens, en
général, qui sont développés, sensibilisés
au plan social, aux problèmes qui surgissent dans leur milieu. Ce sont
des gens qui s'occupent de toutes les choses dans le milieu. Ces gens ont une
opinion, mais non pas de parti pris. C'est pour cela que je veux bien vous
faire comprendre que, dans le processus, quand on a fait la réunion
d'information, on a présenté des diapositives et un
rétroprojecteur. On leur a montré des parties de schéma,
des paysages.
Quand on montre aux gens comment c'est fait... Il y a bien des
façons de faire de l'éducation. Je suis ici, je pourrais parler
des heures de temps et je ne ferais pas de schéma d'aménagement
du tout. Je pourrais l'expliquer théoriquement, je pourrais prendre un
devis et le lire, mais cela ne donnerait rien.
Si je prends une image, par exemple, et si je vous montre des graphiques
à côté et je vous dis: On a tant de sol arable, il est
là et il y a ceci et il y a cela. Et on montre pourquoi et les raisons
techniques. On avait un urbaniste et un spécialiste en géographie
qui a une maîtrise en administration et en aménagement. Alors, on
peut donner des réponses à bien des questions que les gens se
posent. Les gens ne sont pas réceptifs quand ils trouvent que la
réunion est plate et on n'a pas de réponse. Autrement dit, c'est
une éducatipn bien faite. C'est un processus qu'il y a à
élaborer comme le mentionnait le ministre qui est assez
délicat et qui devra être assez bien fait. Mais je pense qu'on
peut regarder les fascicules qui ont été préparés,
la région d'appartenance, la région fonctionnelle puis la
région administrative. Ce sont des choses qui aident à la
compréhension quand elles sont un petit peu vulgarisées. Je crois
qu'il y a un bon départ.
Le Président (M. Laplante): Une courte question, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais demander
à M. Thibault, compte tenu de l'évolution actuelle des choses,
à partir de notions comme les régions d'appartenance, à
partir du rôle qui doit être confié au conseil de
comté renouvelé, comment il voit l'avenir de certains organismes
dont l'extension géographique a été
déterminée en fonction des régions administratives dont le
découpage n'est pas toujours le même exactement, mais, enfin, vous
avez fait allusion à la région de Montréal. Je pense que
le meilleur exemple serait les conseils régionaux de
développement. Comment voyez-vous l'avenir de ces organismes dans tout
le contexte qu'on connaît actuellement?
M. Thibault: Bien, j'ai fait partie dix ans d'un conseil
régional de développement. A cette époque, c'était
un peu différent. Au début du mémoire, j'ai dit qu'on
voulait être un organisme para-gouvernemental, mais on se demande,
à un moment donné... Parce que l'animation et l'éducation
de la population reviendraient à des organismes comme cela, s'ils sont
qualifiés pour le faire, bien équipés, bien
entraînés. Cela reviendrait à des organismes comme cela.
(12 h 30)
Maintenant, l'aménagement du territoire, je ne vois pas cela
confié à 25 urbanistes pour 25 comtés voisins qui sont
tous différents l'un de l'autre, vous savez. Je me demande comment cette
affaire va fonctionner. Nous autres, on a fait quatre comtés à ce
jour, cela fait quatre essais qu'on fait et je vous assure que c'est quand on
voit un ensemble qu'on peut faire de l'aménagement. Mais quand on prend
cela par petites miettes, cela ne se fait pas, en fait. Parce qu'il faut se
comparer à quelqu'un. J'ai beau dire: Je suis grand, si je ne me mets
pas à côté d'un autre, cela ne veut pas dire que je suis
grand.
Quant aux organismes régionaux, je pense que le temps va dire
quel est leur rôle. Toute chose naît, grandit et s'en va ou grandit
davantage. Je pense que c'est l'avenir qui le dira. Mais je pense qu'il y a de
ces organismes qui sont très efficaces et qui pourraient rendre service.
Je ne sais pas. Nous avons préféré, dans notre groupe,
avoir un organisme qui fasse l'animation de population et de la recherche en
même temps. J'étais plus tôt je suis à Granby
maintenant dans le CRD de Sherbrooke. Je faisais de l'animation. J'ai
fait des études sur le regroupement des municipalités. Quand on
avait une étude à faire, cela s'en allait à
l'université et c'était pour l'ordinateur. On sortait de belles
feuilles. C'est bien beau tout cela, tous ces documents, mais cela ne fait pas
avancer la population. Quand on a les gens issus du milieu qui embauchent leurs
propres techniciens et qu'ils viennent devant le public expliquer leur affaire,
c'est une autre affaire, tandis que les penseurs de l'université
prêchent parfois pour leur paroisse un peu fort. Je ne dirais pas que
c'est toujours comme cela, mais je verrais mieux une formule un peu
réarrangée si elle mérite d'être
réarrangée. Du moins, c'est notre opinion actuelle. On l'exprime
au début. Il y a un danger à cela. J'ai été dix ans
là-dedans. C'est qu'à un moment donné...
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous aller rapidement,
monsieur, s'il vous plaît, parce qu'on doit quitter à 12 h 30.
M. Thibault: Oui, j'ai seulement deux mots à dire. Il y a
un danger. Avec les budgets qu'on a aujourd'hui, on peut faire seulement de
l'administration, seulement de la technique. Nous ne faisons presque pas
d'administration et de technique. Je pense que c'est un peu la maladie de
toutes nos affaires aujourd'hui, de nos administrations. C'est lourd. C'est ce
que je vois dans la formule qu'on a.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, le mot de la
fin.
M. Léonard: Oui, M. le Président.
Je vous remercie beaucoup de votre mémoire et en particulier de
toutes le notes que vous nous avez données et des remarques que vous
avez faites sur la participation des citoyens dans tous le processus
d'aménagement. Je pense bien que nous allons en faire notre profit au
cours de la rédaction finale du projet de loi. Il reste que vous oeuvrez
dans un milieu qui a des problèmes assez précis. La vallée
de la Yamaska, en ce qui concerne la rivière, éprouve des
problèmes sur la qualité des eaux. Nous sommes bien au courant de
cela maintenant. Je vous remercie beaucoup de vous être donné la
peine de préparer cet excellent mémoire.
Le Président (M. Laplante): Messieurs, les membres de
cette commission vous remercient de votre participation. Les travaux sont
ajournés sine die, cela veut dire qu'ils vont reprendre ici vers 15 h
15.
Fin de la séance à 12 h 35
Reprise de la séance à 15 h 45
Le Président (M. Laplante): A l'ordre! Veuillez prendre
vos places, s'il vous plaît! Reprise des travaux de la commission des
affaires municipales sur l'audition des mémoires pour l'étude du
projet de loi 125.
Les membres de cette commission sont: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M.
Caron (Verdun), remplacé par M. Giasson (Montmagny-L'Islet); M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe) remplacé par M. Goulet (Bellechasse); M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Gratton (Gatineau) remplacé par M.
Goldbloom (D'Arcy McGee); M. Guay (Taschereau) remplacé par M. Chevrette
(Joliette-Montcalm); M. Mercier (Berthier) remplacé par M. Gendron
(Abitibi-Ouest); M. Shaw (Pointe-Claire), M. Tardif (Crémazie)
remplacé par M. Léonard (Laurentides-Labelle).
Les intervenants sont: M. Alfred (Papineau), M. Charbonneau
(Verchères) remplacé par M. Marquis (Matapédia); M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska) remplacé par M. Cordeau (Saint-Hyacinthe); M.
Goldbloom (D'Arcy McGee) remplacé par M. Ca-ron (Verdun); M. Lacoste
(Sainte-Anne), M. Léonard (Laurentides-Labelle) remplacé par M.
Tardif (Crémazie); M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Sco-wen
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Vaugeois (Trois-Rivières).
Il y a un petit changement qu'il faut absolument faire cet
après-midi. J'espère que cela ne choquera personne. Parfois, il y
a des circonstances qui nous empêchent de suivre l'ordre du jour.
J'appelle le Conseil métropolitain du Haut-Saguenay et la
Fédération des jeunes chambres du Canada français
ensuite.
Si vous voulez vous identifier, monsieur, et ceux qui vous accompagnent
aussi.
Conseil métropolitain du Haut-Saguenay
M. Dufour (Francis): Francis Dufour, maire de Jonquière,
membre de l'exécutif du Conseil métropolitain du Haut-Saguenay.
Je suis accompagné du coordonnateur du Conseil métropolitain du
Haut-Saguenay, M. Claude Gagnon, urbaniste.
D'abord, je vous remercie d'avoir accepté qu'on puisse passer en
premier, parce que le temps est un facteur très important dans notre
cas. Je remercie tous les partis à la table. Je vais commencer
immédiatement.
Attendu que le Conseil métropolitain du Haut-Saguenay est un
organisme régional qui existe en vertu d'une loi du gouvernement du
Québec, soit le projet de loi no 98, intitulé Loi concernant
certaines municipalités de l'Outaouais et du Haut-Saguenay,
sanctionnée le 28 décembre 1974;
Attendu que le mandat principal de cet organisme est d'élaborer
un schéma d'aménagement pour l'ensemble du territoire du
comté municipal de Chicoutimi, trois villes plus vingt
municipalités rurales;
Attendu que les démarches du Conseil métropolitain du
Haut-Saguenay pour la réalisation du schéma d'aménagement
ont effectivement débuté au début de 1975;
Attendu que l'élaboration du schéma d'aménagement
du territoire est toutefois effectivement en voie de réalisation depuis
l'automne 1977;
Attendu que le gouvernement du Québec, par le biais des Affaires
municipales, participe financièrement à l'opération;
Attendu que les représentants du milieu rural travaillent en
étroite collaboration avec les représentants du milieu urbain
à la réalisation du schéma d'aménagement, du fait
que la représentation du conseil de comté de Chicoutimi à
la table du Conseil métropolitain du Haut-Saguenay;
Attendu que M. Jacques Léonard, ministre d'Etat à
l'aménagement, a déposé devant l'Assemblée
nationale du Québec, en décembre 1978, le projet de loi no 125,
intitulé Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, et qu'il n'y est
aucunement fait mention de l'existence du Conseil métropoli-tain du
Haut-Saguenay, un organisme suprarnuni- cipal analogue à la
Communauté urbaine de Montréal, la Communauté urbaine de
Québec et la Communauté régionale de l'Outaouais,
identifiées à l'article 143 dudit projet de loi;
Attendu que ce qui précède, présenté sous
forme d'une résolution adoptée à l'unanimité par
les membres du Conseil métropolitain du Haut-Saguenay, lors d'une
séance régulière tenue le 13 février 1979, a
été remis officiellement par le président du Conseil
métropolitain au ministre Jacques Léonard, de main à main,
lors de son passage à Jonquière le 14 février 1979, dans
le cadre de sa tournée de sensibilisation et d'information sur le projet
de loi no 125;
Attendu que des pourparlers entre le ministère des Affaires
municipales et le Conseil métropolitain du Haut-Saguenay sont en cours
depuis un certain temps, et que le ministre Tardif viendra très
prochainement dans la région c'est fait depuis hier pour
mener la consultation auprès des parties impliquées, et ceci
relativement à la redéfinition du Conseil métropolitain du
Haut-Saguenay, en termes de territoire, de représentation, de
compétence et de financement;
Pour ces raisons, le Conseil métropolitain du Haut-Saguenay
soumet à l'attention des membres de cette commission parlementaire les
points suivants:
Le Conseil métropolitain du Haut-Saguenay est d'accord avec le
principe d'une loi sur l'aménagement et l'urbanisme.
Le conseil métropolitain trouve acceptable le titre 1 du projet
de loi no 125 intitulé "Les règles de l'aménagement et de
l'urbanisme".
En regard du titre 2, intitulé "Administration", le conseil
métropolitain demande d'être reconnu dans la loi à titre
exceptionnel comme un organisme régional déjà
opérationnel avec ses structures et ses pouvoirs.
Le Conseil métropolitain du Haut-Saguenay ne voudrait que l'on
élimine, par l'adoption de cette loi, quatre années d'efforts et
de bonne volonté et de la part de toute la population du Haut-Saguenay
et de ses dirigeants en vue d'un objectif qui est exactement celui de l'actuel
projet de loi, soit l'aménagement du territoire. Il faudra sans doute
une période de rodage aussi longue aux futurs conseils de comté
renouvelés avant de travailler positivement dans un but commun.
Le conseil métropolitain n'a toutefois pas d'objection à
rediscuter avec le gouvernement du Québec les questions de territoire,
compétence, représentation, financement. Il faut
reconnaître que le conseil métropolitain en est déjà
à une étape où l'on pense transférer à cet
organisme des compétences nouvelles (transport en commun, enfouissement
sanitaire, etc.). Le conseil métropolitain doit pouvoir continuer
à opérer et l'adoption éventuelle du projet de loi no 125
ne doit pas signifier la disparition de cet organisme régional.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Léonard: M. le maire et les représentants du
Conseil métropolitain du Haut-Saguenay, je note d'abord l'accord du
Conseil métropolitain du
Haut-Saguenay sur le projet de loi no 125 sur l'aménagement et
l'urbanisme. Je note aussi son accord sur les règles de
l'aménagement et de l'urbanisme qu'on retrouve à
l'intérieur du projet. Donc, je pense qu'on se situe sur la même
longueur d'onde, je crois bien. Je pense bien que cet accord est important,
compte tenu de la composition aussi du conseil métropolitain qui est, en
même temps, rurale et urbaine. C'est une preuve que tous ces
gens-là peuvent travailler ensemble autour de la même table. Cet
accord est important compte tenu aussi de la responsabilité de
l'organisme de préparer un schéma d'aménagement. Donc,
nous en sommes en plein sur l'objet même du projet de loi.
Je pense aussi que vous l'avez mentionné ça
fait quatre ans que vous y travaillez. Cet accord est important par rapport aux
années d'efforts que vous avez mis là-dedans, et je pense bien
qu'il n'est pas question pour le gouvernement d'abolir ou d'ignorer ces efforts
du Conseil métropolitain du Haut-Saguenay en vue de parvenir à un
meilleur aménagement de son territoire. Je pense bien que son
expérience ne peut que bonifier le projet de loi et nous allons en
bénéficier, je pense bien, au cours des discussions que nous
aurons ultérieurement.
Le conseil métropolitain, j'en prends bonne note, mentionne qu'il
n'a pas d'objection à rediscuter les questions de territoire, de
compétence, de représentation, de financement. Je pense que tout
le monde ici, autour de cette table, va se réjouir de constater
l'ouverture d'esprit que vous avez par rapport à la situation
actuelle.
Je voudrais, pour reprendre simplement des choses... Je sais qu'il y a
eu une rencontre hier entre le ministre des Affaires municipales et le conseil
métropolitain. Je sais que le référendum dont il
était question dans la loi 98 sera reporté et qu'il sera repris,
si le conseil métropolitain le désire, à la date et au
moment qu'il choisira. Alors, je pense que... Et, à la suite de
ça, si j'ai bien compris aussi, il y a formation d'un comité
conjoint où on va étudier aussi différentes
modalités, à savoir quelles sont les implications du projet de
loi no 125, comment on peut tenir compte de ce que vous avez fait par rapport
au projet de loi no 125?
Moi, je me réjouis de cette attitude et, encore une fois, de
l'ouverture d'esprit que vous manifestez par rapport au projet actuel et nous
sommes, quant à nous, bien disposés à tenir compte de tout
ce que vous nous direz là-dessus.
Je voudrais maintenant vous poser trois questions et je pense que, pour
le bénéfice des membres de la commission ici et à titre
d'information, il serait bon que vous puissiez nous résumer,
brièvement, à quelle étape de l'élaboration du
schéma d'aménagement vous en êtes, nous faire
connaître la portée du schéma qui sera adopté et le
processus de consultation que vous avez suivi ou que vous avez l'intention de
suivre? Cela nous éclairerait, nous, par rapport au contenu du projet de
loi que nous avons devant nous maintenant.
M. Dufour: Donc, le Conseil métropolitain du Haut-Saguenay
a d'abord commencé à fonctionner au début de
l'année 1975. Il est formé de trois représentants ruraux
et le préfet de comté en fait partie d'office, plus quatre
représentants des villes de Jonquière, Chicoutimi et La Baie.
Nous avons d'abord commencé par mettre une structure en place,
c'est-à-dire qu'on a commencé très lentement, comme tout
organisme, avec une structure très légère et seulement une
secrétaire. Avec le temps, on a cru bon de s'adjoindre une personne
compétente pour parler de schéma d'aménagement et pour
préparer les dossiers en étroite collaboration avec le
ministère des Affaires municipales, et beaucoup de discussions ont
été engagées vis-à-vis des coûts que
ça pourrait amener.
On en est arrivé à une entente avec le ministère
des Affaires municipales selon laquelle il était prêt à
payer dans une mesure de 75% la fabrication du schéma comme tel. Quant
à l'opération, elle est complètement payée par les
municipalités membres selon l'évaluation foncière. Avec
notre consultant et le ministère des Affaires municipales, nous avons
tracé un échéancier et nous prévoyons qu'au cours
de l'année 1980, vers le mois de mars, cette préparation sera
complète.
Actuellement, avec notre coordonnateur, nous avons fait des appels
d'offres qui ont limité les coûts de l'opération. Par
exemple, si on veut faire un dossier sur l'habitation et c'est ce qu'on
va donner prochainement on dit: On a $30 000, on propose un appel
d'offres et si quelqu'un est capable de faire plus qu'on demande en
demandant à plusieurs consultants c'est lui qui va être
retenu selon sa compétence et selon ses capacités.
On a aussi en préparation actuellement... on a fait des appels
d'offres et on a donné des mandats pour étudier le transport et
aussi les réseaux d'égouts et d'aqueduc du Haut-Saguenay avec
aussi des critères très précis dans les coûts. On a
fait l'étude de la démographie du milieu les transports,
cela comprend les routes, etc. on a aussi fait le dossier de la
dynamique des sols sur une période d'à peu près dix ans,
qui va de 1968 à 1978; on est rendu à 1979, mais c'était
en 1978.
Le schéma, encore une fois, devrait être terminé
vers le milieu de l'année 1980 et notre coordonnateur est appuyé
d'un comité technique composé de représentants des villes
de Jonquière, Chicoutimi, La Baie et du conseil de comté. On
s'est assuré, à travers cette opération, que ce serait une
chose très sérieuse et on a prévu qu'il y aurait une
consultation à la fin. Le schéma, au moment où on se
parle, on le fait, mais il n'y a rien qui nous lie, dans le temps, à le
rendre obligatoire. C'est clair qu'avec les consultations qui s'engagent d'ici,
à l'automne 1979 avec le ministère de l'aménagement et
celui des Affaires municipales, il y aura un consensus et on considère
que ce schéma devrait nous lier.
M. Léonard: Une deuxième question... c'est une
décision du conseil métropolitain? Il n'y a pas de
référendum?
M. Dufour: De le rendre obligatoire? M. Léonard: Oui.
M. Dufour: C'est-à-dire que ce sera une décision du
conseil métropolitain, si le législateur nous permet de le rendre
obligatoire.
M. Léonard: Dans la loi, il n'est pas
exécutoire.
M. Dufour: La participation du ministère serait à
rien n'y comprendre si c'était pour une chose qui ne s'applique pas.
M. Léonard: La deuxième question que je voulais
vous poser, c'est: Vous êtes d'accord avec le principe de la loi, non
seulement avec le principe, mais avec les règles qu'elle comporte en
cette matière. Est-ce qu'on pourrait connaître les
éléments du projet de loi qui fondent votre appui et, compte tenu
des efforts déjà déployés, quel avantage
comptez-vous en retirer? Finalement, des ajustements à ce chapitre vous
apparaissent-ils nécessaires au sujet des règles, à
l'intérieur même du projet de loi 125?
M. Dufour: Pour nous, actuellement, si on avait à s'y
conformer tel quel, cela voudrait dire qu'on deviendrait paralysé par le
fait même. Pourquoi demande-ton que la loi nous crée un statut qui
nous permette d'opérer? C'est parce qu'il y a des engagements de la
population et d'abord des élus qui ont participé à la
confection de ce schéma; il y a des sommes d'argent d'engagées et
il y a quatre années d'efforts qui se sont faites relativement dans
l'harmonie. (16 heures)
Ce qu'on dit à travers tout cela, c'est important de le faire et
c'est important de se conformer aussi au projet de loi 125. Cela ne nous cause
pas de problème parce que c'est à peu près, en gros, ce
qu'on a comme mandat au conseil métropolitain.
On se rend compte aussi, facilement, que s'il n'est pas obligatoire,
l'étalement urbain et ce qu'on déplore ou les pressions qui se
font sur les territoires en périphérie des villes vont
créer des contraintes tantôt. C'est ce qu'on déplore dans
l'aménagement où il y a beaucoup de gaspillage et de la
spéculation aussi, purement et simplement. Cette loi doit devenir
obligatoire et son application va nous permettre définitivement de mieux
respecter et l'environnement et les citoyens qui font partie ou qui,
intrinsèquement, font partie de cet environnement. Pour nous, ce projet
de loi 125 est important et si on le trouve bon pour nous au Saguenay, j'ai
bien l'impression que cela devrait être bon aussi pour l'ensemble du
Québec.
M. Léonard: Une dernière question si vous me le
permettez, M. le Président. L'article 69 du projet de loi 125 stipule
que tout règlement d'emprunt d'une municipalité locale ayant pour
objet l'exécution des travaux publics doit, lorsqu'il est trans- mis au
ministre et à la commission municipale du Québec pour
approbation, être accompagné d'un avis du conseil de comté.
De par la loi 98 qui vous régit, une disposition semblable existe.
Pourriez-vous nous faire part de votre expérience sur cette
question?
M. Dufour: L'expérience qu'on a c'est que le conseil de
comté doit soumettre ses règlements d'emprunt, mais il n'en fait
pas souvent. Je ne sais pas ce que cela veut dire, mais en tout cas je vais
vous le laisser deviner.
Les villes seulement doivent soumettre leurs règlements
d'emprunt. Quant à nous, on considère je pense que cela
devrait être l'attitude que le législateur devrait adopter
que les règlements d'emprunt qui devraient être soumis, ce sont
les investissements ou les règlements d'emprunt en ce qui a trait
à l'investissement qui pourraient ou qui ont de l'influence sur le
schéma d'aménagement du territoire.
Par exemple, il faut bien comprendre qu'il y a eu des problèmes.
Entre autres, un problème s'est soulevé dans le cas d'une ville
qui voulait se doter d'un centre culturel ou d'une galerie d'expositions. Le
même phénomène se produisait dans la ville voisine. Pour
nous, qui avons vécu depuis que le Saguenay existe, peut-être 165
ans, sans aucune galerie d'art nationale si on veut bien l'appeler par
ce nom en l'espace de deux ans on en avait besoin de deux ans dans un
rayon de cinq milles. C'était de la folie, purement et simplement. A ce
moment, on s'y est opposé. On avait un droit de veto, bien sûr,
qui pouvait nous permettre de l'empêcher. On l'a empêché, et
je pense que c'était très sain pour la population. C'était
une économie de valeur et peut-être aussi un investissement plus
valable pour la région; pourquoi multiplier les équipements aussi
rapidement, sans aucune raison?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Léonard: Cela va pour l'instant.
M. Giasson: Merci, M. le Président. Je souhaite la
bienvenue aux gens du Haut-Saguenay. Vous êtes de ces rares groupes qui
avez déjà vécu une première expérience dans
une tentative d'élaboration de schéma d'aménagement. Dans
votre mémoire, vous indiquez que ce fut même un mandat prioritaire
confié au Conseil métropolitain du Haut-Saguenay.
Vous signalez également que le travail est entrepris depuis le
début de 1975 et que vous avez reçu l'appui du ministère
des Affaires municipales. Au plan financier, quel est le volume ou la somme que
vous avez pu obtenir pour procéder à ces travaux?
M. Dufour: Disons que sur le plan global de l'aménagement
du territoire parce qu'il faut bien se rappeler que l'Outaouais a
procédé à un schéma d'aménagement du
territoire qui a été
assez dispendieux sans que je juge de la valeur ou de la non-valeur du
document le ministère a pris une certaine expérience et
une certaine prudence vis-à-vis de ces schémas
d'aménagement. Selon les compétences ou les expertises qu'on a pu
mettre de l'avant, le ministère a accepté de participer dans une
mesure de $400 000 environ pour la confection du schéma
d'aménagement. Je dois dire que les municipalités vont contribuer
le quart de ce montant il s'agirait de multiplier par cinq quarts
cela veut dire $100 000.
M. Giasson: Est-ce que les appels d'offres auxquels vous avez
fait allusion seront payés à même les sommes que vous venez
d'énoncer?
M. Dufour: Oui, assurément. Il faut que ça les
couvre et c'est bien sûr qu'on pourrait avoir des études, on
pourrait les prolonger, mais c'est un schéma, ce n'est pas un plan
d'urbanisme. Il va falloir se garder une certaine marge de manoeuvre à
travers ça.
M. Giasson: Ces appels d'offres portent surtout sur quatre
secteurs: habitation, transport, équipement, structures municipales
d'aqueduc et d'égouts?
M. Gagnon (Claude): Tous les éléments normaux d'un
schéma d'aménagement.
M. Dufour: Tous les éléments normaux d'un
schéma d'aménagement.
M. Giasson: Pour réaliser à date ce que vous avez
exécuté à l'intérieur de votre schéma, vous
avez combien de personnes qui travaillent à temps plein à
l'intérieur...
M. Dufour: De façon permanente, on a notre coordonnateur
et une secrétaire. Mais il ne faut pas minimiser l'apport que les
municipalités fournissent par le comité technique. Quand on
délègue à Jonquière notre directeur de
l'aménagement du territoire, c'est d'abord une personne-ressource
compétente, deuxièmement, qui vaut de l'argent, qu'on peut
monnayer, mais la ville de Jonquière trouve excessivement important que
cette personne-là puisse agir au comité technique parce qu'on est
directement impliqué dans ce mécanisme-là.
Chicoutimi fournit un urbaniste qui participe d'une façon
très active et la Baie participe par le biais de son ingénieur
municipal et le conseil de comté; elle a un maire qui a une
compétence certaine dans ce domaine-là. Le ministère des
Affaires municipales nous délègue un fonctionnaire qui
connaît assez bien la région, qui est compétent aussi et
avec qui on s'entend bien. Je pense qu'il se sent engagé et je voudrais
nommer M. Robert Aubé qui nous est très précieux dans
cette opération-là.
M. Giasson: Au-delà du travail qui a été
mené par les municipalités et les élus, de quelle
façon avez-vous débouché sur des formes de consultation
vis-à-vis les blocs de population que vous retrouvez à
l'intérieur du grand territoire du Haut-Saguenay?
M. Dufour: C'est bien sûr que la consultation n'a pas
été faite au début du schéma d'aménagement.
Je ne pense pas qu'il y avait nécessité de consulter avant de
commencer le travail. La population... Je pense que ce serait une erreur,
à mon sens, de commencer à discuter sur des hypothèses et
des probabilités. Je continue à croire que la population est
habituée à travailler avec le monde municipal; celui-ci
présente des projets et la population en discute.
Les meilleurs exemples qu'on a sont dans les plans d'urbanisme. C'est
une expérience qu'on a vécue dans la ville de Jonquière
qui était composée tout de même de quatre
municipalités, dont trois villes et un secteur rural. Lorsqu'on a
adopté notre plan d'urbanisme en 1976, un an après la fusion, on
a fait le travail, on l'a soumis à la population et la population
je ne dis pas que notre plan est parfait et qu'il n'y a pas des choses à
changer, il reste tout de même qu'il y a eu 150 amendements
apportés qui se sentait impliquée dans le plan d'urbanisme
est venue nous faire sentir et nous donner son point de vue.
Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas procéder de la
même façon pour le schéma d'aménagement. Je ne vois
pas pourquoi, lorsqu'on parle de l'avenir d'une région, il faudrait
mésestimer le jeu des forces en présence et croire qu'il n'y aura
pas une consultation très forte lorsque les préliminaires et le
plan seront démontrés. Ce ne sera peut-être pas
coulé dans le béton au départ, mais je ne vois pas
pourquoi toutes les lignes de force ne continueraient pas à s'exercer.
Si, ce matin, on a parlé de la tyrannie de la faune, de la flore, de
l'écologie, etc, cela va jouer aussi au niveau de la région et
les gens sont prêts, surtout dans une région où les gens se
sensibilisent de plus en plus à tous ces facteurs d'environnement,
d'économie d'énergie, etc, je serais bien naïf de penser que
ces gens-là ne se sentiront pas impliqués en temps et lieu et ne
feront pas sentir leur point de vue.
M. Giasson: J'ai cru comprendre tout à l'heure, M. Dufour,
que suite à la rencontre que vous avez eue tout récemment avec le
ministre des Affaires municipales, M. Tardif, vous aviez obtenu de reporter le
référendum dont il est question dans la loi 125. Est-ce cela?
M. Dufour: Oui. C'est-à-dire que le ministre nous a dit:
Si le conseil métropolitain juge à propos qu'il y ait un
référendum pour décréter la fusion de
Jonquière et de Chicoutimi et même de la Baie,
éventuellement, il appartiendra à ce conseil métropolitain
de le déterminer. C'est nous qui avons la balle. Je pense que ce sont
les règles du jeu. Je suis peut-être prêt à prendre
la responsabilité ou mes collègues sont peut-être
prêts à faire la même chose. Ce ne sera peut-être
pas
facile pendant six ou sept mois, lorsqu'on ne connaît pas la
pression de la population, parce que la population ne veut pas de fusion
d'après l'expérience qu'on a vécue. On aura
peut-être la pression de certains journalistes, de certains média
d'information, de certains individus et on va accepter de vivre avec pendant
ces six ou sept mois qui viennent.
M. Giasson: Sur ce qui est effectué comme schéma
d'aménagement, est-ce que votre travail a porté surtout sur les
villes, à l'intérieur du grand territoire, ou si vous avez
également fait du travail du côté des municipalités
rurales? A l'intérieur de tout ça, il y a des
municipalités rurales.
M. Dufour: On a examiné l'ensemble du territoire, mais il
faut bien se rendre compte que les villes qui se touchent, qui sont
contiguës, subissent d'abord beaucoup plus d'influence. Au point de vue de
l'aménagement, elles ont déjà leur plan d'urbanisme, mais
elles sont dépendantes les unes des autres. En vivant le schéma
d'aménagement, on vit des problèmes ensemble. Mais aussi, cela a
créé une pression sur les territoires contigus. Le schéma
d'aménagement va certainement être plus en profondeur sur les
territoires qui subissent des contraintes, des pressions...
M. Giasson: De développement...
M. Dufour:... de développement ou de spéculation,
purement et simplement. Les autres... C'est bien clair que, si on connaît
le comté de Chicoutimi, où on a des municipalités à
70 milles du centre de l'agglomération, ces territoires ne subissent pas
tellement d'influence, ou n'ont pas tellement de contraintes
d'aménagement du territoire. Mais elles sont sensibilisées tout
de même au travail qu'on fait. Cela peut peut-être les aider
à trouver des solutions à leurs problèmes. Le fait
qu'elles puissent s'asseoir à la même table et jouir des
mêmes informations que les villes structurées et
organisées, cela permet même à ces gens-là
d'améliorer leur façon de s'administrer et de concevoir des
choses.
Je pense que, de ce côté-là, c'est extrêmement
valable.
M. Giasson: Dans les sujets...
M. Dufour: Peut-être que M. Gagnon, le coor-donnateur,
voudrait ajouter quelque chose.
M. Gagnon (Claude): Je voudrais quand même ajouter que
toutes les études qu'on mène actuellement sont menées
autant en milieu rural qu'en milieu urbain, ce qui fait que l'étude
d'habitation qu'on va commencer incessamment s'applique aussi au niveau de
chacune des vingt municipalités rurales, pas seulement dans les trois
villes. Chacune des études du schéma d'aménagement qu'on a
déjà réalisées touchait aussi au problème
des municipalités rurales.
Le schéma d'aménagement, en fait, couvre tout le
territoire du comté municipal de Chicou- timi. On insiste beaucoup
là-dessus, parce que, comme on le dit dans le document, le milieu urbain
collabore d'étroite façon avec le milieu rural. C'est bien
important aussi qu'il se sente impliqué. S'il ne se sent pas
impliqué, on perdra sa collaboration et cela ne sera pas long.
Ceci fait qu'au niveau de chacune des études du schéma
d'aménagement, c'est absolument nécessaire et essentiel que le
milieu urbain se sente impliqué de la même façon que le
milieu rural. C'est pour cela que chacune des études du schéma
d'aménagement couvre aussi bien l'aspect rural que l'aspect urbain. On
étudie les deux côtés de la médaille pour trouver
des solutions qui vont s'appliquer à l'ensemble du territoire.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions, M. le
député?
M. Giasson: Une dernière question, M. le Président.
Dans votre recommandation no 6, vous dites: II faut reconnaître que le
conseil est déjà rendu à une étape où l'on
pense transférer à cet organisme des compétences
nouvelles. Vous donnez des exemples: transport en commun, enfouissement
sanitaire. Mais n'êtes-vous pas présents déjà
à l'intérieur de ces services?
M. Dufour: II faut se rendre compte d'une chose. C'est le simple
bon sens qui le dit. Quand on a parlé d'aménagement du territoire
et qu'on a commencé à travailler ensemble, parallèlement
à cela, le conseil métropolitain n'avait pas la compétence
et n'a pas encore la compétence pour prendre en main l'administration du
transport en commun. Il n'a pas la compétente non plus pour prendre en
charge l'enfouissement sanitaire. Ce sont deux organismes très vivants
dans le milieu. L'enfouissement sanitaire est organisé sur une
échelle assez grande et le transport urbain est aussi organisé au
niveau des trois villes les plus importantes. (16 h 15)
Ceci fait qu'on s'est rendu compte, tout de même, qu'il y a une
dispersion d'efforts. Il n'y a aucune coordination. En tout cas, je parle selon
les expériences que j'ai vécues. Cela cause des problèmes,
parce que le pouvoir est où dans tout cela? Qui est responsable de quoi?
Dans le transport en commun, quand on a un problème actuellement,
on en a un; on est en grève le maire est que ce soit le
maire de n'importe quelle municipalité ou ville dans notre milieu
ne se sent pas autant impliqué, parce qu'il y a un comité, il y a
une commission de transport qui gère le transport en commun. Alors, si
vous avez des problèmes, messieurs, adressez-vous à ceux qui sont
là. Cela leur donne une autonomie d'action qui fait que cela crée
une juridiction presque à côté de la juridiction
municipale.
On a l'enfouissement sanitaire qui ne peut pas se donner une structure
très forte, qui a beaucoup moins de surveillance. En tout cas, il s'agit
de lire les procès-verbaux pour savoir combien il y a des petites
bébelles et des petits problèmes qui sont soulevés
là. Mais il me semble que cela manque de sens de responsabilité
et de coordination et
c'est de nature à mêler le public. Le public, tantôt,
c'est le maire de la municipalité, tantôt, c'est le conseiller de
la municipalité. Savez-vousqu'on vase ramasser... qu'on a
éliminé, qu'on a fait disparaître douze villes ou douze
entités pour créer trois villes et on va être rendus avec
douze maires, même sans royaume. Cela crée des conflits ou des
problèmes et il y a une perte aux points de vue argent et efforts.
Ce qu'on a demandé, le conseil métropolitain, et ce qu'on
croit qu'il serait valable de faire, c'est de récupérer des
administrations qui travaillent parallèlement actuellement avec le
municipal, mais qui pourraient discuter à la même table, quitte
à avoir des tables moins grandes. Je ne voudrais pas impliquer, par
exemple, dans le transport en commun, des municipalités qui n'ont pas
d'affaire là-dedans du tout. Mais cela pourrait être la table...
Puisqu'il y a une responsabilité au conseil métropolitain il y a
un exécutif qui pourrait être responsable de l'administration de
cette fonction comme au point de vue de l'enfouissement sanitaire
et ce serait beaucoup plus facile, à notre point de vue, de
l'administrer. On pourrait ajouter d'autres fonctions, bien sûr.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Je n'ai pas de questions, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le ministre, le mot
de la fin.
Avez-vous une question, M. le député?
M. Goulet: Non.
M. Léonard: M. le maire, je vous remercie, je vous
félicite pour votre mémoire et la réflexion qui l'entoure.
On voit, à vous entendre, que vous y avez drôlement bien
réfléchi.
Je voulais simplement relever une chose. Lorsqu'il s'agit du
référendum, en ce qui concerne le Conseil métropolitain du
Haut-Saguenay, il s'agit de la loi 98 qui le constitue et qui remonte à
l'année 1974, le 28 décembre 1974, et non pas le
référendum dont il est question dans le projet de loi 125. Je
veux simplement souhaiter bon succès à nos travaux à
l'intérieur du comité conjoint dont on a parlé hier et je
pense bien que ça va aboutir très bien. Merci beaucoup.
Le Président (M. Laplante): Messieurs, les membres de
cette commission...
M. Dufour: Si notre expérience peut vous être
profitable, on en sera très heureux.
Le Président (M. Laplante): Les membres de cette
commission vous remercient pour votre participation. J'appelle maintenant la
Fédération des jeunes chambres du Canada français Inc.
Bonjour madame. Si vous voulez identifier votre groupe, vous identifier
et identifier les personnes qui vous accompagnent.
Fédération des jeunes chambres du Canada
français Inc.
Mme Canuel (Josette): M. le Président, Josette Canuel,
vice-présidente de la fédération et responsable de la
commission "Vie municipale". A ma gauche, M. André Lacroix,
sénateur de la fédération des jeunes chambres et
personne-ressource de la commission "Vie municipale". A mon extrême
gauche, M. Pierre Gauthier, secrétaire exécutif de la
Fédération des jeunes chambres du Canada français.
M. le Président sans tarder, étant donné que le
temps nous presse, je vais demander à notre personne-ressource, M.
André Lacroix, de vous donner un aperçu de notre
mémoire.
M. Lacroix (André): M. le Président,
répondant à l'invitation que vous avez lancée tantôt
à un de nos représentants, nous allons écourter la
livraison de ce texte que vous avez déjà en main pour n'en
retirer que quelques extraits. Cependant, nous demanderions que la
totalité du texte soit inscrite au procès-verbal de cette
commission.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que cette proposition
pour la transcription du mémoire au journal des Débats est
adoptée? Adopté. (voir annexe B). On vous remercie de votre
coopération. Vous pouvez commencer.
M. Lacroix: M. le Président, nous amorcerons notre
critique de cet important projet de loi, qui cherche à établir un
partage équitable des pouvoirs entre les collectivités locales et
le gouvernement québécois en matière d'aménagement
et d'urbanisme, en indiquant que, si ce nouveau partage des pouvoirs est
véritablement une responsabilité politique, il ne nous semblerait
que normal que le gouvernement québécois assume lui-même la
première responsabilité politique en matière
d'aménagement et d'urbanisme en imposant aux régions et/ou aux
conseils de comté d'adopter des schémas d'aménagement de
leur territoire au cours des cinq premières années suivant
l'entrée en vigueur de la loi.
A cet effet, nous estimons que certaines dispositions du projet de loi
devraient être amendées afin de garantir aussi que les
schémas d'aménagement et les plans d'urbanisme permettent de
procéder à l'identification et à la protection des biens
patrimoniaux.
Nous estimons aussi que le pouvoir d'ordonnance réservé au
ministre à l'article 7 du projet de loi devrait et pourrait être
éliminé en modifiant sensiblement les deux articles
précédents. Bien que le résultat final tende à
être identique, nous croyons que notre formule aurait l'avantage de faire
du projet de loi 125 une véritable loi-cadre prévoyant la
quasi-totalité des éventualités et d'éviter ainsi
toute forme ou tout risque de dirigisme ministériel.
Traitant du rôle du ministre responsable de l'application de cette
éventuelle loi de l'aménagement et de l'urbanisme, nous ouvrons
une parenthèse pour communier à un voeu du monde des
élus municipaux et pour souhaiter que l'application de la loi
soit confiée à la responsabilité du ministre des Affaires
municipales, ne fût-ce que pour continuer à rapprocher le
ministère et le monde municipal, facilitant ainsi une plus grande
homogénéité dans les prises de décisions. Nous ne
voudrions pas que l'entrée en vigueur d'une loi de l'aménagement
et de l'urbanisme permette la réédition de certains accrochages
nés de l'entrée en vigueur de la loi visant la protection des
terres agricoles et nous estimons que la concentration des obligations et
pouvoirs municipaux sous la gouverne du ministre des Affaires municipales sera
notre meilleure garantie.
M. le Président, notre fédération estime aussi que
le législateur aurait avantage, une fois que le délai de 45 jours
prévu à l'article 10 aura été respecté,
à prévoir une disposition législative qui aura pour objet
d'imposer un délai maximum pour la soumission publique de la proposition
préliminaire d'aménagement, tout comme nous souhaiterions voir
les délais prévus aux articles 13,14 et 15 être, eux aussi,
mieux définis.
Nous réclamons donc une législation d'encadrement qui
permette ensuite à la commission consultative de fixer ses règles
de procédure à l'intérieur de paramètres qui seront
les mêmes pour l'ensemble du territoire du Québec à
l'extérieur des trois communautés. D'autre part, notre
fédération ne sera certes pas le premier organisme à
réclamer une correction radicale de la terminologie et même de
l'esprit de l'article 24 portant sur la tenue d'un référendum
avant de procéder à l'adoption d'un schéma
d'aménagement. Qu'il nous suffise de souligner que nous souhaiterions
que le législateur définisse beaucoup plus clairement les
prérequis à la tenue d'un référendum et qu'il
assume la responsabilité politique de statuer que le résultat de
ce référendum aura une valeur décisionnelle. Si le
gouvernement québécois devait refuser qu'un tel
référendum ait une valeur décisionnelle, nous
préférerions que ce recours soit tout simplement
éliminé du projet de loi 125.
Comme notre Fédération des jeunes chambres l'avait fait
pour les propositions et le schéma d'aménagement, nous aimerions
qu'une éventuelle loi de l'aménagement et de l'urbanisme encadre
mieux dans le temps toute la mécanique d'élaboration et
d'adoption d'un plan municipal d'urbanisme.
La Fédération des jeunes chambres ne voudrait pas que la
future loi de l'aménagement et de l'urbanisme institutionnalise
l'habitude de gouverner par décret. Nous ne voudrions pas que le
ministre des Affaires municipales ait, par une erreur de terminologie, le droit
d'imposer ses vues et/ou son orientation à une collectivité
régionale ou locale qui se serait démocratiquement dotée
d'un schéma d'aménagement ou d'un plan d'urbanisme. A cet effet,
nous aimerions pouvoir exiger que l'esprit et la lettre de l'article 127 du
projet de loi soient très strictement respectés et que le
ministre et le gouvernement soient forcés de se soumettre aux
mêmes règles qu'ils auront imposées à tous les
contribuables du Québec.
Dans cette veine, afin de favoriser l'harmonisation des pouvoirs en
matière d'urbanisme et d'aménagement, nous croyons que le
gouvernement québécois devrait être capable de suffisamment
de responsabilités politiques pour élaborer, définir et
préciser ces grandes orientations de développement avant
l'adoption et/ou lors de la révision quinquennale des schémas
d'aménagement et/ou des plans d'urbanisme.
A notre avis, la terminologie actuelle du projet de loi accorde des
pouvoirs extra-judiciaires à une éventuelle commission nationale
de l'aménagement, particulièrement lorsque, tout au long du
projet de loi, on répète qu'un simple avis de la commission lie
toutes les parties quant à la conformité ou lorsqu'on ajoute que
les parties doivent s'adapter aux termes d'un avis de la commission.
Si les législateurs ne réussissaient pas à
démocratiser le rôle et les pouvoirs de cette commission nationale
de l'aménagement en recourant à une terminologie qui
s'intègre mieux à l'esprit du projet de loi, notre
Fédération des jeunes chambres serait forcée de faire
sienne je dis bien serais forcée de faire sienne l'opinion
émise le 9 mars 1979 par la section de Hull du Barreau du Québec,
opinion que je ne répéterai pas mais qui est incluse à
notre mémoire.
Dans cette veine, notre Fédération n'hésite pas
à recommander au gouvernement québécois d'étudier
la possibilité de régionaliser la commission municipale du
Québec ou, si elle est créée, la commission nationale de
l'aménagement afin que les décisions locales et régionales
puissent s'élaborer et se pendre vraiment en région.
D'autre part, la Fédération des jeunes chambres souhaite
que ce chapitre premier du titre II du projet de loi en soit retiré pour
devenir plutôt une loi distincte afin que, dans l'avenir, la Loi de
l'aménagement et de l'urbanisme ait une identification propre et surtout
afin que les corporations de comté n'aient pas, comme texte
législatif régissant leur administration quotidienne, une brique
administrative dont l'appellation ne ressemble en rien à la
réalité.
Deuxièmement, la Fédération aimerait que le
gouvernement québécois s'empresse d'imposer à la
Communauté urbaine de Montréal des règles et un
échéancier devant mener à l'adoption d'un schéma
d'aménagement. De la même façon, nous croyons que le
gouvernement ne devrait ménager aucun effort pour faciliter le processus
d'aménagement dans lequel la Communauté urbaine de Québec
doit s'engager, tout comme nous demandons au gouvernement de faire siennes
toutes les dispositions du schéma d'aménagement de la
Communauté régionale de l'Outaouais, en s'enga-geant à ne
jamais amputer ce schéma par diverses lois-cadres ou spécifiques
qui auraient pour effet de modifier unilatéralement les décisions
qui ont été prises par la population de cette région. Il
va sans dire que cette dernière remarque pourra aussi viser la CUM et la
CUQ lorsque ces communautés se seront dotées de schémas
d'aménagement.
Bien que nous n'ayons pas poussé plus avant notre
réflexion sur le sujet du renouvellement des rôles, pouvoirs,
structures et limites des conseils de comté, nous vous invitons à
tenir compte des résultats du chapitre V, du sondage qui est en annexe
à notre mémoire lorsque vous déciderez de
légiférer en matière de conseils de comté
renouvelés.
Sans prétention, nous osons croire que le contenu du chapitre V
de notre document de sondage justifie pleinement que nous invitions le
gouvernement québécois à une grande prudence et à
un nouvel effort d'information de l'ensemble des Québécois et des
Québécoises.
Le Président (M. Laplante): Merci de votre
coopération, monsieur. Franchement, vous avez fait cela dans un temps
record.
M. le ministre. Je m'excuse, M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président.
Je suis heureux de vous accueillir, au nom du gouvernement, devant la
commission. Je tiens à vous remercier d'avoir accepté
l'invitation que le ministre vous a faite, lors de votre congrès, en
juin de l'année dernière. Vous nous dites vous-même que
c'est la première fois que vous vous présentez devant une
commission parlementaire; d'abord, je tiens à vous en féliciter.
J'espère que l'expérience ne sera pas trop douloureuse. Qaunt
à nous, nous la considérons extrêmement
intéressante, vu tout le contenu de votre mémoire. (16 h 30)
II y a une conclusion, d'ailleurs, à votre mémoire qui
sera versée au journal des Débats. C'est à la page 20:
"Lorsque nous quitterons l'enceinte de cette commission parlementaire, nous
aurons consolidé notre conviction que le boulot accompli pour y parvenir
aura été et sera bénéfique pour la
Fédération des jeunes chambres et nous cultiverons l'espoir
d'avoir une fois de plus été utiles au cheminement collectif du
Québec". C'est la fin de la citation. Je vous félicite de
l'esprit dans lequel vous vous présentez ainsi devant nous. Je veux
aussi vous remercier de l'appui que vous apportez au projet de loi no 125 et
nous partageons votre souhait. Nous souhaitons qu'elle soit adoptée dans
les meilleurs délais. Vous ajoutez que cela veut dire: Qu'elle soit
adoptée sans qu'elle doive se buter à une opposition
systématique et improductive. Je pense que vous serez bientôt
rassuré, si on peut en juger par l'expérience de cette commission
jusqu'ici. Nos travaux ne se sont pas déroulés dans une
atmosphère d'opposition systématique et improductive. Tout au
contraire.
Il y a un certain nombre d'éclaircissements qu'il serait
peut-être utile d'apporter à propos de votre mémoire. Par
exemple, au sujet de l'obligation d'adopter un schéma. C'est, comme vous
vous en doutez, j'imagine, une des principales charnières de la loi,
à savoir si cette obligation ou cette nécessité doit se
traduire par le verbe pouvoir ou par le verbe devoir. De toute façon,
c'est une nécessité, mais nous sommes heureux d'avoir votre point
de vue là-dessus. Nous aurons, avant de présenter la loi pour
l'étude en deuxième lecture, à décider si oui ou
non nous modifierons la loi, à cet égard comme à d'autres,
et votre point de vue là-dessus va nous aider à prendre notre
décision. Au sujet de la protection du patrimoine, c'est un aspect qui a
été soulevé aussi dans quelques autres mémoires.
Nous reconnaissons que les dispositions du projet de loi à ce sujet
peuvent paraître insuffisantes et nous prenons bonne note de vos
remarques sur la question.
Au sujet de la responsabilité de l'exécution du plan
il s'agit du commentaire à la page 6 de votre mémoire
vous souhaitez que la municipalité soit responsable de
l'exécution de la réglementation de l'urbanisme. J'aimerais vous
rappeler que c'est la situation qui prévaut actuellement et que, sous le
régime de la loi 125, les municipalités conserveront leurs
pouvoirs en ce domaine. Au sujet des communautés urbaines, il est
prévu que le régime des communautés urbaines soit
révisé, et il y a un groupe de travail qui a été
formé à cette fin. Au sujet du financement, vous formulez
certaines craintes quant aux coûts qu'entraînera le processus de
consultation, en particulier l'envoi des résumés. Il y a allusion
à cela dans le dernier discours du budget qui prévoit que des
dispositions seront prises pour apporter aux conseils de comté l'aide
financière nécessaire pour s'acquitter de ces tâches. Au
sujet des pouvoirs du gouvernement et du ministre, vous manifestez une certaine
crainte, vous craignez que le gouvernement impose ses vues à une
collectivité qui aurait adopté un schéma.
Là-dessus, il faut peut-être distinguer le régime de
négociation institutionnelle et le régime de négociation
spéciale. Sous le régime de la loi 125, l'Etat
québécois et ses agents ne pourront plus procéder
unilatéralement. Selon l'article 11, ils devront faire connaître
leurs intentions aux comtés et aux municipalités.
En vertu de l'article 21, ils devront fournir leurs documents de
planification et de programmation. C'est tout à fait nouveau. C'est une
des idées essentielles de la loi et c'est une idée nouvelle et
originale. Lorsque le schéma est adopté par le comté et
par le ministre, il lie le gouvernement et ses mandataires, en vertu de
l'article 127; cela aussi, je crois, est extrêmement important. Quant aux
limites qui sont apportées à la liberté d'action du
gouvernement. Si le gouvernement se trouve dans l'obligation d'intervenir
après cette approbation, il doit d'abord en demander avis aux conseils
de comté ou faire intervenir la notion de zone d'intervention
spéciale. A chaque décision concernant le territoire du
comté le gouvernement doit avertir le conseil de comté,
négocier avec lui, justifier son action, ce que rien dans les lois
actuelles ne prévoyait jusqu'à maintenant.
De plus, les municipalités et les citoyens participent au
processus de décision par les multiples modalités de consultation
qui sont prévues dans la loi. L'Etat entend donc astreindre ces
organismes et ces agents à des règles plus strictes
d'intervention, de consultation et de coopération avec les instances
décentralisées.
Au sujet de la Commission nationale d'aménagement, dans votre
mémoire, vous considérez que le rôle et les pouvoirs de la
Commission nationale d'aménagement sont antidémocratiques et
extrajudiciaires. J'aimerais préciser le rôle que la loi 125
accorde à la Commission nationale d'aménagement. La commission a
un rôle de gardien neutre du bon fonctionnement de la loi et des
relations entre les diverses instances du gouvernement; elle peut donc
être appelée à donner des avis de conformité aux
objectifs d'un schéma d'aménagement, des plans d'urbanisme d'une
municipalité ou encore d'une intervention envisagée par le
gouvernement. La commission n'approuve pas un plan d'urbanisme, par exemple, et
ne lui donne pas force de loi. Ce n'est pas l'avis de conformité qui lie
les parties, mais son adoption par les élus municipaux. Le rôle de
la commission évitera des poursuites judiciaires, par exemple la
contestation d'un règlement de zonage, poursuites qui sont, comme vous
en conviendrez, très longues et qui paralysent la gestion de
l'aménagement.
Par contre, le recours en justice n'est pas totalement
éliminé; les articles 194 et suivants prévoient en effet
certains recours. Ces remarques faites, je voudrais vous poser quelques
questions. Vous suggérez d'éliminer le pouvoir du ministre
d'ordonner à un conseil de comté d'inclure dans son schéma
les éléments de l'article 6 et de modifier les articles sur le
contenu du schéma. Pourriez-vous vous exliquer plus complètement
sur cette question? Est-ce que, par exemple, le contenu minimum du
schéma devrait être, à votre avis, augmenté?
M. Lacroix: C'est la raison pour laquelle nous avons
demandé de modifier sensiblement ou d'éliminer l'article 7 pour
modifier plutôt les articles 5 et 6 pour que le projet de loi devienne,
une fois loi, véritablement une loi-cadre qui prévoit à
peu près tous les types possibles d'intervention en matière
d'aménagement et d'urbanisme. Nous ne voudrions pas c'est aussi
le résultat d'une consultation que nous avons menée dans
différents milieux que par l'article 7, tel qu'actuellement
rédigé, le gouvernement, par le ministre, puisse imposer divers
types d'interventions en aménagement dans un milieu et ne pas les
imposer dans d'autres.
Par exemple, à la lumière d'une querelle sur
l'identification de certains biens patrimoniaux ou de certains biens
culturels.
M. de Bellefeuille: Est-ce que les besoins d'une région
dans le sens d'une région d'appartenance, puisque c'est à
cela que les conseils de comté doivent correspondre
d'appartenance à une autre peuvent être assez nettement
différents pour que les exigences, quant aux articles 5, 6 et 7, soient
effectivement différentes aussi?
M. Lacroix: A priori, nous estimons que les besoins, règle
générale, devraient être les mêmes partout. Il
devrait y avoir partout fort probablement des richesses culturelles, partout
des biens patrimoniaux, partout des besoins en aménagement, en
traitement des eaux, en toutes sortes d'autres services. Nous aimerions que
tout cela soit encadré dans les articles 5 et 6. C'est aussi simple que
cela. Nous ne voudrions pas que ce projet de loi mène
éventuellement à la création de nouvelles
particularités régionales.
M. de Bellefeuille: L'article 6 comporte des
éléments facultatifs. Dans la mesure où vous ne proposez
pas de modifier les articles 5 et 6, il y a quand même l'article 5 qui
prévoit ce qui est obligatoire et l'article 6 qui prévoit ce qui
est facultatif. C'est cela, ce sont les verbes, comme le dit le
député de Montmagny-L'Islet; dans l'article 5, c'est le verbe
devoir et, dans l'article 6, c'est le verbe pouvoir. Dans la mesure où
certains conseils de comté, en préparant leur schéma
d'aménagement incluront, ou n'incluront pas certains des
éléments qui sont prévus à l'article 6, il va y
avoir effectivement des schémas d'aménagement qui, dans cette
mesure, ne seront pas tout à fait comparables d'un comté à
l'autre.
M. Lacroix: A notre avis, les pouvoirs réservés
à l'article 7 du projet de loi pourraient facilement être
englobés dans une véritable loi-cadre à l'intérieur
des articles 5 ou 6 sous "peut" ou "doit". C'est aussi simple.
M. de Bellefeuille: Alors, vous refusez le pouvoir d'intervention
au ministre, vous voulez que ce soit le conseil de comté qui
décide ce qui est obligatoire et ce dont il ne se prévaut pas
parmi ce qui est facultatif.
M. Lacroix: Nous ne le refusons pas, nous souhaiterions qu'il
soit exercé le moins souvent possible. Et pour cela, nous craignons que
l'article 7, si les articles 5 et 6 ne sont pas élargis, ait trop
souvent besoin d'être utilisé.
M. de Bellefeuille: Vous faites allusion à une initiative
de la Commission régionale de l'Outaouais pour l'adoption de son
schéma d'aménagement. Pourriez-vous apporter des
éclaircissements là-dessus?
M. Lacroix: L'initiative était relative à
l'information. Je pense que cela a déjà été
souligné par opposition au processus auquel on fait allusion dans le
projet de loi qui est celui de l'envoi direct aux contribuables. La
Communauté régionale de l'Outaouais avait eu recours, quant
à elle, à un quotidien ayant un fort taux de circulation dans les
régions pour pénétrer dans chacun des milieux, pour
pénétrer dans chacun des foyers plutôt que par un envoi
à chaque contribuable. C'est un type d'information auquel la
communauté avait eu recours. Ce n'est peut-être pas le meilleur,
mais on aimerait que les diverses possibilités soient
étudiées avant que la décision finale soit prise.
M. de Bellefeuille: C'est une question de multiplier les moyens
de rejoindre la population.
M. Lacroix: De les multiplier ou de les corriger, surtout en
rapport avec les coûts. Mais là, évidemment, ce texte
aussi, vous l'avez noté, avait été rédigé
avant le dépôt du dernier budget.
M. de Bellefeuille: Je comprends. Vous suggérez que le
plan et les règlements d'urbanisme soient conformes au contenu
réel du schéma, et non seulement aux objectifs. Pourriez-vous
préciser votre pensée là-dessus?
M. Lacroix: A différents endroits dans le projet de loi,
on note que ces plans doivent être conformes aux objectifs. Quant
à nous, on préférerait que le texte dise: "Doivent
être conformes au texte réel et non pas seulement aux objectifs".
Parce que lorsqu'on parlera d'objectifs, il est tellement facile de dire: On a
respecté l'objectif, mais, en fin de compte, on n'a pas atteint la cible
visée. Parce que l'objectif peut être facile à
définir, mais les moyens peuvent être multiples.
M. de Bellefeuille: Cela m'intéresse, ce que vous dites,
parce que, effectivement, quand on parle d'objectifs, il est pas
nécessairement très clair qu'il s'agit d'une chose très
précise. Cela peut être interprété comme
étant vague.
M. Lacroix: Quel est l'objectif? Quel est le moyen de
l'atteindre?
M. de Bellefeuille: Vous suggérez d'ajouter un
mécanisme d'information et de consultation avant l'adoption de la
réglementation d'urbanisme. C'est très intéressant, ce
domaine, parce que, d'abord, j'aimerais savoir comment vous justifiez votre
proposition. Pourquoi cette consultation, à cette étape, vous
intéresse-t-elle, compte tenu du fait qu'une objection qu'on peut
formuler à ce sujet et que je reflète, sans nécessairement
l'épouser, c'est qu'il y a là-dedans beaucoup
d'éléments techniques et que les gens risquent de se perdre dans
ces éléments techniques?
M. Lacroix: Dans un premier temps, on considère que le
milieu de vie le plus près du contribuable est le milieu municipal.
Lorsqu'on parle d'un plan d'ensemble, d'un schéma d'aménagement
pour une région, certaines gens s'en sentent très
éloignés, se sentent très peu impliqués dans le
développement de l'ensemble d'une région. Cependant, le plan
d'urbanisme, lui, touche au tissu urbain et même, au niveau local,
à l'individu. On estime que pour cela, il serait peut-être
important que, sur le plan de l'urbanisme, sur l'utilisation qu'on fera
localement du territoire, sur le zonage, sur le plan directeur, sur la
définition des centre-ville, sur la définition des zones
d'habitation dans un milieu, le contribuable puisse se prononcer parce qu'il
est peut-être beaucoup plus sensible au fait qu'une autoroute passe dans
son jardin, lorsqu'il a un petit jardin dans un milieu urbain, que de savoir
que l'autoroute va passer quelque part à travers la ville, ou quelque
part à travers le comté. C'est pour cela qu'on aimerait aussi
qu'il y ait un mécanisme souple d'information et de consultation qui
serait à définir, en collaboration avec le gouvernement et les
autorités municipales, au niveau des règlements locaux
d'urbanisme et de zonage.
M. de Bellefeuille: Autrement dit, vous estimez que les citoyens,
spontanément, vont faire eux-mêmes le tri de ce qui effectivement
est un peu trop technique, d'une part, et d'autre part, de ce qui les touche
vraiment.
M. Lacroix:... la façon la plus concrète dont le
citoyen pourra exactement savoir comment on entend développer sa ville.
Cela nous semble important qu'il y ait là un mécanisme
d'information et de consultation qui ne soit pas tellement compliqué
mais qui puisse correspondre au type d'anciennes rencontres de salles
paroissiales où on expliquait pourquoi on construirait un hôtel de
ville ou une salle communautaire de telle façon. On pense que cela
pourrait se faire selon des plans de développement autant pour
l'ensemble d'une ville que par quartier. Etant de la région de Hull, je
peux vous dire que cela s'est fait à Hull lorsque la ville s'est
dotée d'un plan directeur d'urbanisme et d'un règlement de
zonage. A ma connaissance, depuis de temps, il n'y a pas eu de contestation
majeure du règlement de zonage ou du plan d'urbanisme de la ville de
Hull.
M. de Bellefeuille: J'en arrive à ma dernière
question. Vous êtes soucieux de vous assurer que la loi prévoira
effectivement une consultation authentique de la population. Par ailleurs, vous
suggérez un meilleur encadrement des délais fixés pour les
différentes étapes de la consultation. Je ne suis pas sûr
de vous comprendre parce qu'il pourrait y avoir le risque, en fixant trop
clairement certains paramètres, de ne pas respecter l'autonomie locale
et de créer des situations où on prendrait des raccourcis.
M. Lacroix: A ce risque, j'oppose un risque qui nous semble
encore plus dangereux, celui d'étendre le débat sur une
période tellement longue qu'à la fin, lors de l'adoption ou d'un
schéma ou d'un plan d'urbanisme, la situation locale ou régionale
ne ressemble en rien à ce qu'elle était lors des études
préliminaires. Dans des régions en pleine expansion, cela risque
d'arriver très souvent. Nous aimerions que ce soit mieux encadré,
qu'on définisse mieux les délais et qu'à ce
moment-là on puisse accélérer la machine quitte à
le faire par certaines permissions par certaines études pour des
régions précises à étendre; nous aimerions au
départ mieux l'encadrer.
M. de Bellefeuille: Bon! je vous remercie beaucoup de la
clarté de vos réponses.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Oui, M. le Président. Je voudrais d'abord
féliciter les gens qui sont devant nous de
la qualité du mémoire qu'ils nous ont
présenté. A la page 7, vous faites une remarque qui se lit comme
suit: "Nous ne voudrions pas que l'entrée en vigueur d'une loi de
l'aménagement et de l'urbanisme permette la réédition de
certains accrochages nés de l'entrée en vigueur de la loi visant
la protection des terres agricoles. Nous estimons que la concentration des
obligations et pouvoirs municipaux, sous la gouverne du ministère des
Affaires municipales, sera notre meilleur garantie."
Vous reconnaissez sans doute que l'approche gouvernementale face aux
deux lois, soit celle sur la protection du territoire agricole et celle sur
l'aménagement, est fort différente. Pour l'une, le gouvernement a
jugé bon de procéder au gel complet du territoire sur le plan des
transactions et de l'utilisation sur un vaste territoire du Québec,
tandis que pour l'autre l'approche est beaucoup plus souple et donne
énormément de possibilités, ce que la loi 90 ne permettait
pas.
Au-delà de cela, quand vous dites que vous aimeriez voir la
concentration des obligations et pouvoirs municipaux sous la gouverne du
ministère des Affaires municipales, est-ce que vous souhaitez
également que l'administration de la Loi sur la protection du territoire
agricole se retrouve sous l'empire du ministère des Affaires
municipales.
M. Lacroix: Oui, c'est un sujet que nous n'avons pas
abordé directement et sur lequel nous ne pourrions pas actuellement, je
pense, comme fédération, nous prononcer honnêtement.
Cependant, nous aimerions vous inviter à faire le lien entre cette
remarque et la note sur certains accrochages où on parlait d'une
commission de protection des terres agricoles centralisée à
Québec. Nous aimerions faire le lien entre cette remarque et celle que
vous retrouvez au bas de la page 16 et au haut de la page 17 de notre
mémoire où nous disons: "La fédération
n'hésite pas à recommander au gouvernement d'étudier la
possibilité de régionaliser la commission afin de s'assurer que
les décisions locales et régionales puissent s'élaborer et
se prendre en région. C'est la raison principale pour laquelle on a fait
la seule allusion à la Loi sur la protection du territoire agricole.
M. Giasson: Vous venez de toucher exactement ce qui constituait
ma deuxième question, soit cette recommandation ou ce voeu que vous
exprimez de régionaliser la commission nationale. Effectivement, je vous
signale que cela va dans le sens des propos que j'avais tenus lors du
débat sur la loi 90, débat au cours duquel j'avais même
proposé la constitution de commissions régionales épousant
à peu près les régions que nous connaissons au
Québec afin de respecter l'âme des régions que nous avons
au Québec, et on sait que cela diffère dans les faits d'une
région à l'autre. Je constate que vous avez cette perception de
la nécessité du respect de l'âme régionale.
M. Lacroix: Je puis peut-être tout simplement ajouter ici
que, quant à nous, il est évident que si vous avez eu cette
préoccupation relativement à la Loi sur la protection du
territoire agricole je ne sais pas si, après étude, nous
pourrions la partager nous l'avons pour le projet de loi 125.
M. Giasson: Ai-je bien compris votre opinion lorsque vous
voudriez que le gouvernement fasse siennes les structures que la
Communauté régionale de l'Outaouais a réalisées
à la suite de la confection de son schéma d'aménagement?
Faut-il comprendre que vous désireriez que le gouvernement respecte ce
schéma ou tout le cheminement qui a été poursuivi par la
commission régionale là-bas?
M. Lacroix: Notre opinion ne porte pas sur l'ensemble du
cheminement. Notre opinion porte sur la teneur actuelle du schéma
d'aménagement de la Communauté régionale de l'Outaouais
qui a été, dans sa réalisation, une première au
Québec. Après consultation avec les gens de la région,
nous souhaitons que le gouvernement fasse sienne chacune des données
actuelles du schéma d'aménagement et ne vienne pas
unilatéralement modifier ce schéma qui a été
bâti en région.
M. Giasson: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, à mon tour, je veux
remercier et féliciter les représentants de la
Fédération des jeunes chambres, d'abord pour la clarté de
leur mémoire et pour le sondage que vous avez joint à ce
mémoire avec chiffres à l'appui. Je pense que c'est très
bien. Je veux profiter de l'occasion qui m'est donnée pour
féliciter la Fédération des jeunes chambres pour le beau
travail qu'elle fait partout au Québec. Cette objectivité qui
vous a valu une très grande crédibilité dans toutes les
régions du Québec, y compris dans Bellechasse, est tout à
votre honneur.
Vous avez parlé du processus de consultation, d'information ou de
participation. A votre avis, le processus proposé vous en avez
parlé, mais je voudrais être bien sûr de votre position
là-dessus est-il suffisant? Y a-t-il assez, pas assez de
consultations prévues ou y en a-t-il trop, comme plusieurs nous l'ont
dit, par exemple, depuis deux semaines?
M. Lacroix: Sur la question du schéma
d'aménagement, nous estimons que la consultation est plus que
suffisante. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous demandons qu'elle
soit mieux encadrée pour ne pas devenir ce que certaines gens ont
identifié comme un risque de "consultationi-te". Elle nous semble plus
que suffisante sur le schéma et c'est pour cela je le
répète qu'on réclame un meilleur encadrement. Par
ailleurs, comme je l'ai mentionné tantôt en réponse
à une
question du député de Deux-Montagnes, nous souhaiterions
qu'on trouve un mécanisme de consultation et d'information souple pour
les autres parties de ce projet de loi, à savoir plans d'urbanisme,
règlements de zonage, surtout ces deux règlements, l'urbanisme et
le zonage.
M. Goulet: Etant donné que vous avez fait un sondage
je sais que vous êtes très près de la population au
niveau régional et local la plupart de ceux qui se sont
présentés devant nous et c'est général au
Québec et peut-être dans d'autres régions, bien sûr
ont eu de la difficulté à amener les gens à
répondre à une consultation ou les faire venir à une
réunion d'information. Avez-vous une formule au niveau des jeunes
chambres pour le sondage que vous avez fait? Vous avez consulté, je
pense, 500 ou 600 personnes.
M. Lacroix: 149 personnes au moment de la compilation.
M. Goulet: Est-ce que ce sondage-là a été
fait dans toutes les régions du Québec? Je veux dire
auprès de toutes vos jeunes chambres ou seulement une partie de vos
jeunes chambres?
M. Lacroix: Nous avons quelques statistiques ici. Ce sondage a
été fait plus particulièrement là où le
mouvement est encore parce qu'il a connu, comme nous le disions dans le
texte, sa part de difficultés pendant un certain temps assez bien
et même très bien structuré. Il y a eu consultation non
scientifique de la population dans les régions de jeunes chambres de la
Côte-Nord, de l'Estrie, de Charlevoix, de La Chaudière, de
Québec, du Saguenay, du Bas-Saint-Laurent et du Lac-Saint-Jean. C'est de
cette façon qu'on a atteint 649 personnes et je pense que, pour une
partie de la circonscription de Bellechasse, ce serait dans la consultation
menée par la régionale des jeunes chambres de Québec.
M. Goulet: Dans votre sondage, vous parlez beaucoup de
décentralisation et le projet de loi que nous avons devant nous, bien
sûr, est pour l'aménagement. Est-ce que c'est parce que la
Fédération des jeunes chambres ou la population s'attendait
à voir un véritable projet de loi sur la décentralisation
déposé par le ministre ou si c'est parce que vous vouliez faire
votre sondage en parlant de décentralisation? Vous parlez beaucoup de
décentralisation en matière de voirie, ainsi de suite, et vous
amenez ce sondage en même temps que votre mémoire, si vous voulez,
sur l'aménagement du territoire. Est-ce que c'est parce que vous pensiez
voir arriver un autre projet de loi ou si c'est celui-là que vous
attendiez, celui que nous avons maintenant?
M. Lacroix: Je pense que notre réponse pourrait être
en deux volets, à savoir qu'au cours des deux dernières
années nous avons beaucoup entendu le ministre d'Etat à
l'aménagement parler régulièrement et
d'aménagement, d'urbanisme et de décentralisation. On est aussi
conscients du fait que par ce projet de loi, certains articles pourraient
être l'amorce d'un programme de décentralisation du gouvernement
en région. Cependant, ce sondage ne devait pas être conçu
par le mouvement pour ne servir qu'aux seules fins de comparaître devant
cette commission parlementaire sur l'étude de ce projet de loi mais
aussi pour permettre à la fédération d'orienter ses
travaux au cours de l'année qui se termine pour elle au début de
juin et au cours du prochain mandat. C'est pour cela d'ailleurs que le sondage
vous n'en avez pas toutes les données actuellement porte
aussi sur la réforme de la démocratie municipale, sur les
mécanismes électoraux, les mécanismes de décision.
Il était à volets multiples parce que la fédération
n'a pas nécessairement toujours tous les moyens pour entreprendre une
telle consultation et pour lui permettre à elle d'aller plus loin et,
bien entendu, de se servir de ces données pour essayer de bonifier
certains projets de loi qui sont déposés ou qui le seront.
M. Goulet: M. le Président, en terminant j'aimerais
souligner certaines réponses que ce sondage, en tout cas, certains
éléments de réponse que ce sondage nous amène,
parce que nous avons posé la question à plusieurs groupes et ils
n'étaient pas sûrs. Bien sûr, je ne demanderai pas: Est-ce
que le ministre est connu ou non? On voit qu'il n'est pas connu connu. En tout
cas, j'imagine que vous n'êtes pas venu ici pour me dire cela, mais bien
pour dire que l'aménagement du territoire doit être fait surtout
par l'instance municipale. Je pense que les réponses là-dessus
sont catégoriques. Egalement, on nous a proposé hier, à
deux ou trois reprises depuis le début, qu'on devrait, à un
moment donné, freiner la construction unifamiliale pour d'autres types
de construction. Je pense que les gens, en tout cas, les
Québécois que vous avez consultés ne sont pas d'accord,
mais pas du tout, mais sont encore pour la construction unifamiliale. Une chose
que je trouve très valable là-dedans, c'est qu'au niveau des
représentants au sein des conseils de comté, entre une personne
déléguée et une personne élue, je pense que les
résultats sont à peu près égaux et cela me surprend
de voir ces résultats.
Est-ce que ce seront les personnes déléguées ou
élues? Dans votre sondage on dit: C'est mitigé, c'est à
peu près égal.
Conseils de comté existants, à peu près la grande
majorité est pour conserver la forme actuelle. Je pense que c'est un
point à retenir des conseils de comté déjà
existants. Une chose également qui me surprend, c'est au niveau du mode
de représentation. Encore là, les gens sont divisés
à peu près à parts égales entre le prorata ou
encore un homme, un vote. J'aimerais que vous me disiez, en tant que
responsable, si vous voulez, de ce sondage, j'imagine, par le biais de la
fédération, quelle est votre opinion là-dessus? Est-ce que
cela devrait être un homme, un vote ou au prorata d'une population?
J'entends par là, un conseil de comté formé d'une ville de
50 000
habitants comparativement à plusieurs petites
municipalités de 500 à 1000 habitants, votre position. Celle du
sondage, c'est moitié moitié, mais votre position à vous.
(17 heures)
M. Lacroix: Vous me permettrez de ne vous répéter
que ce qu'il y a d'inclus au texte, à savoir que c'est une partie du
document sur laquelle nous ne nous sommes pas attardés pour le moment,
parce que nous avons voulu nous limiter au facteur aménagement et nous
pourrons revenir au moment de la réforme de la démocratie pour
dire comment on pourrait voir le partage des responsabilités.
Personnellement, je ne suis ici que comme personne-ressource et je ne voudrais
pas engager le mouvement.
M. Goulet: Mais vous ne voulez pas répondre à titre
personnel, parce que vous êtes le conseiller au niveau municipal, de la
Fédération des jeunes chambres. Il est quand même permis de
donner une opinion personnelle devant cette commission.
M. Lacroix: Je préférerais ne pas le faire. Je
pourrais le faire privément.
M. Goulet: Merci.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je ferais peut-être une petite remarque
à la suite de celle du député de Bellechasse. Je
considère que la Fédération des jeunes chambres a
oublié une question: celle de demander si l'Union Nationale,
c'était connu, et le député de Bellechasse en
particulier.
M. Goulet: II y a eu un sondage dans le comté de
Bellechasse et on a dû arriver à 100%, M. le Président.
Maintenant, je ne suis pas ministre.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre d'Etat à
l'aménagement, le mot de la fin.
M. Léonard: Oui. Mlle la Présidente, je vous
remercie d'être venue ici et d'abord d'avoir accepté l'invitation
que je vous lançais au mois de juin dernier de vous impliquer dans le
débat sur l'aménagement et l'urbanisme. Je pense que vous l'avez
fait, disons, très profondément. Il n'y a qu'à voir le
sondage que vous avez fait et qui témoigne de tout le travail que vous
avez fait ainsi que le mémoire que vous avez produit pour tirer les
conclusions de ce sondage.
J'ai noté aussi la remarque du député de
Montmagny-L'Islet qu'il était bien pour une commission régionale
de protection du territoire agricole parce qu'elle était plus proche des
gens. Je suppose que cela va vous intéresser, la proposition
d'harmonisation que nous avons déposée. On en tire
déjà un minimum de conclusions.
Une autre remarque. Je voudrais revenir sur une chose. C'est une
crainte, une appréhension qui a été manifestée que
le gouvernement pouvait trop intervenir ou pouvait intervenir de façon
unilatérale. Je crois que, par rapport à la situation actuelle,
le projet de loi apporte une nette amélioration alors que le
gouvernement peut intervenir de façon unilatérale sans
consultation aucune, alors que, dorénavant, il s'astreint par ce projet
de loi, à des mécanismes et à un processus très
précis.
M. le Président, je remercie la Jeune chambre. Encore une fois,
je vous félicite de votre excellent travail, de l'excellent
mémoire que vous avez fait.
Le Président (M. Laplante): Madame, messieurs, les membres
de cette commission vous remercient d'abord de votre coopération et de
la qualité de votre mémoire, de la participation que vous avez
bien voulu donner à cette commission. Merci.
Mme Canuel: M. le Président, en terminant, j'aimerais
remercier tous les membres de la commission d'avoir bien voulu nous entendre et
soyez assurés que nous allons continuer de suivre le débat.
Le Président (M. Laplante): Merci, madame.
J'appelle maintenant la ville de Saint-Raymond. La ville de
Saint-Raymond est-elle ici? Je m'excuse. Je vais passer au Conseil
régional de développement de la région administrative de
Québec.
M. Giasson: M. le Président, vous constatez l'absence des
représentants de la ville de Saint-Raymond, mais mon collègue, le
député de Portneuf, m'avait indiqué que ces gens-là
avaient manifesté le désir que, tout au moins, le mémoire
qu'ils ont déposé soit colligé au journal des
Débats...
M. Chevrette: Je le propose.
M. Giasson: ... même s'ils ne pouvaient pas, semble-t-il,
à cause d'autres engagements, attendre leur tour devant la commission
parlementaire.
M. Chevrette: Donc, je propose qu'on aille avertir le
député de Portneuf qu'il n'a pas à descendre non plus.
M. Giasson: Personne, que je sache, n'a demandé cela.
M. Chevrette: Non, c'est parce que le président vient de
donner l'ordre d'aller le chercher.
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas donné
l'ordre, excusez.
M. Chevrette: II ne faudrait surtout pas.
Le Président (M. Laplante): Ne m'imputez pas des...
M. Chevrette: Vous avez invité quelqu'un à
manifester...
M. Giasson: Recommandé.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Chevrette: ... à répondre à un
désir du député de Portneuf.
Le Président (M. Laplante): Vu qu'on m'en avait
manifesté le désir. D'accord.
M. Chevrette: Mais comme je ne voudrais pas priver la Chambre de
ses grandes lumières, je préférerais qu'on lui envoie dire
qu'il peut rester là.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Montmagny-L'Islet, vous proposez que le mémoire de la ville de
Saint-Raymond fasse partie intégrante du journal des Débats.
M. Giasson: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): Adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Merci, messieurs.
Maintenant, la Corporation du comté de Gatineau. Est-ce que vos
membres sont au complet ou attendez-vous encore des gens qui doivent venir?
Une Voix: On attend encore des gens.
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas, on va rappeler le
Conseil régional de développement de la région
administrative de Québec.
Je tiens à aviser la commission que vous n'y étiez
pas.
Mme Caron (Denise): Nous n'étions pas loin, je
m'excuse.
Le Président (M. Laplante): Madame, est-ce que vous aviez
avisé cette commission que vous ne participeriez pas, que vous
étiez obligés de partir?
Mme Caron: Non. On s'excuse.
Le Président (M. Laplante): Non? Il y a quelqu'un qui
devra s'entendre pour dire la vérité à la commission.
Je pense qu'il y aurait des rectifications à faire pour les fins
du journal des Débats.
M. Giasson: Ce matin on m'a indiqué que les gens qui
représentent la ville de Saint-Raymond seraient sans doute retenus par
d'autres activités en fin de journée et que s'il n'y avait pas
possibilité de les entendre, ils demandaient tout au moins que leur
mémoire soit inscrit au journal des Débats. Est-ce que j'ai
raison?
M. Tremblay (Luc): C'est rigoureusement exact, M. le
député.
M. Léonard: On a demandé de les inscrire cet
après-midi dans l'ordre.
M. Giasson: D'ailleurs, immédiatement avant votre
arrivée, la commission, unanimement, a répondu à cette
demande que vous aviez manifestée.
M. Chevrette: On a le temps avant de souper. M. le
Président, on est aussi bien de commencer si on veut les écouter,
n'est-ce pas?
Le Président (M. Laplante): C'est bien, on va vous
entendre. Si vous voulez identifier votre organisme, vous identifier et lire
votre mémoire, s'il vous plaît!
Ville de Saint-Raymond
Mme Caron: Ville de Saint-Raymond, Denise Caron, promaire. Je
remplace le maire et je vous salue. Je vous présente M. Luc Tremblay,
secrétaire-trésorier de la municipalité, et M. Guy-Denis
Huard, officier municipal.
Le Président (M. Laplante): Vous vous appelez,
madame...?
Mme Caron: Denise L. Caron.
Le Président (M. Laplante): Merci, Mme Caron. Vous pouvez
commencer.
Mme Caron: Merci.
A la suite de la publication par le gouvernement du projet de loi 125,
nous vous soumettons la brève analyse que nous avons effectuée
concernant le sujet précité. Nous osons espérer que les
délais qui nous furent impartis dans la présente seront
révisés dans d'autres sujets à caractère
municipal.
Plusieurs gouvernements successifs ont tenté bien timidement des
efforts concernant l'urbanisme et l'aménagement du territoire. Le
présent gouvernement ne faisant pas exception à la règle a
déposé le projet de loi 125 portant sur le sujet
précité. Il nous fait plaisir, dans ce court mémoire,
d'exposer le point de vue de la ville de Saint-Raymond-de-Portneuf. Ainsi
avons-nous tenté, dans le trop court laps de temps qui nous a
été donné, d'analyser ce document, sa
nécessité et sa portée à court et à long
terme ainsi que son intérêt pour toute notre population.
La ville de Saint-Raymond-de-Portneuf est régie par la Loi des
cités et villes du Québec depuis 1957, date de son incorporation
en ville par le lieutenant-gouverneur en conseil. Elle est composée de
3742 habitants répartis sur un territoire de 1,6 mille, soit une
concentration de 2339 habitants par mille carré. Notre
municipalité est un pôle de développement régional
de telle sorte que nous sommes mandataires de plusieurs corporations
municipales dans les dossiers des loisirs, de la gestion des déchets et
du service des incendies, etc.
II va de soi que cela implique obligatoirement un surplus de travail
à notre corporation municipale et que nous devons nous attarder tout
particulièrement aux lois qui ont pour effet de modifier sensiblement
les rapports intermunicipaux. Nous nous permettons de poser certains
critères qui nous ont guidés dans notre étude: 1. une plus
grande décentralisation des pouvoirs en faveur du palier municipal; 2.
la démocratisation municipale, sinon la démocratie tout court,
nécessitant le respect de l'autonomie réciproque des partenaires;
3.toute augmentation des responsabilités municipales devrait être
précédée d'une augmentation de l'assiette fiscale
municipale; 4. enfin, un minimum de consultation populaire devrait être
à la base de toute modification importante de la loi.
Ces critères nous apparaissent très importants car ils
devraient, selon nous, conduire toute action sur le plan municipal.
Le gouvernement a voulu, semble-t-il, procéder à une vaste
réorganisation du domaine municipal. Il s'est attaqué à la
fiscalité, au zonage agricole, et maintenant à
l'aménagement du territoire et du développement régional.
Sur ces priorités fixées par le gouvernement, nous n'avons rien
à redire. Toutefois, il nous semble que la majorité des
problèmes au niveau municipal découle des grandes
différences entre les deux lois qui les régissent, à
savoir le Code municipal et la Loi des cités et villes, la
dernière prévoyant des règlements sévères de
sorte que les villes, indépendamment de leur taille, sont soumises
à toutes les lois provinciales de l'environnement, de la police, etc.,
alors que plusieurs de ces lois ne s'appliquent pas à une corporation de
paroisse qui est régie par le Code municipal, parfois de même
dimension qu'une petite ville, ce qui fait deux poids deux mesures.
A titre d'exemple, mentionnons que la paroisse de Saint-Raymond
3400 habitants est régie par le Code municipal et n'est pas
soumise à la Loi de police, alors que la ville de Saint-Raymond
3742 habitants qui est régie par la Loi des cités et
villes, se voit dans l'obligation d'établir un corps policier.
Nous pourrions aussi mentionner l'obligation qui est faite aux villes
d'établir pour le 1er décembre 1979 un site d'enfouissement
sanitaire conforme, alors que les paroisses de moins de 2000 habitants n'y sont
pas contraintes. Il nous semble que le premier jalon de l'aménagement du
territoire devrait passer par l'unification de la réglementation
municipale, qu'une suite soit donnée dans les plus brefs délais
au rapport sur la refonte des lois municipales. Aménageons une seule loi
pour notre monde municipal.
En second lieu, par les divers recours au comté ou à
divers comités, ne sommes-nous pas en train de créer un
quatrième palier gouvernemental? Déjà, nos concitoyens ont
toutes les difficultés à départager les
responsabilités des trois paliers actuels: fédéral,
provincial et municipal. Ne serions-nous pas mieux de décentraliser, au
niveau municipal, le palier le plus près de la population? Le minimum
d'uniformités sur le plan municipal ne serait-il pas un prélude
à cet aménagement désiré par tout gouvernement? Le
rattrapage à effectuer ne viendrait-il pas surtout des paroisses qui
n'ont pas de règlement de construction, de zonage, d'urbanisme, etc.,
mais qui ne comptent que 15% de la population du territoire alors que les
villes en recouvrent 85% et qu'elles sont déjà dotées de
ces infrastructures.
D'autre part, ce projet de loi occasionnera des dépenses
municipales. Le long processus de la consultation et information à faire
parvenir à chaque contribuable concernant le plan d'aménagement
impliqueront des dépenses et des efforts notables, tant de la part des
contribuables que de celle des autorités municipales. Il serait
peut-être bon de rendre obligatoire l'adoption d'un règlement
d'urbanisme et de publiciser, en lieu et place de la démarche
prévue dans ce projet de loi, la procédure actuelle d'approbation
ou de modification de la réglementation municipale.
De toute manière, il faudra que le gouvernement soit plus
explicite concernant le financement de ce projet de loi. Il faudra aussi que
des études de cas sérieux soient soumises afin d'évaluer
l'impact réel de tel plan.
Enfin, ce projet de loi ne serait-il pas un peu trop directif ? Le
gouvernement parle beaucoup de décentralisation, de partage des pouvoirs
et de plus il précise que le choix est politique et particulier à
chaque milieu; ainsi il tend à dire que chaque individu a son mot
à dire dans l'aménagement. Sur ce plan, nous sommes en accord
avec le ministre. Toutefois, nous aimerions faire remarquer que c'est aussi un
choix politique que de ne pas faire d'aménagement. Cette
précision tient compte de l'article 78 du projet de loi que nous jugeons
trop directif.
En effet, le ministre pourra toujours obliger une région à
dresser un plan. C'est là, nous semble-t-il, ne pas s'occuper de la
volonté locale.
Voilà quelques remarques que nous soumettons à votre
attention. Nous espérons que cette démarche permettra les
éclaircissements demandés.
Le Président (M. Laplante): Merci, madame. M. le
ministre.
M. Léonard: M. le Président, Mme le maire, je vous
remercie de votre mémoire. Je voudrais faire quelques commentaires sur
les assertions qu'il contient.
D'abord, au sujet de l'uniformisation des lois, c'est-à-dire du
Code municipal et de la Loi des cités et villes, vous soulevez la
nécessité dans votre mémoire de les uniformiser.
J'aimerais préciser que le projet de loi no 125 répond
partiellement justement à vos attentes, puisque certains articles du
Code municipal et de la Loi des cités et villes sont regroupés
dans le projet de loi no 125, pour ce qui concerne l'urbanisme. Donc, je pense
que c'est déjà un pas dans la bonne direction, parce que ce sera
la même réglementation, la même législation, pour ce
qui concerne les plans d'urbanisme.
Pour ce qui concerne le conseil de comté renouvelé,
j'aimerais vous préciser que le projet de loi no 125 ne propose pas un
palier gouvernemental additionnel, mais c'est une table de concertation qui
n'est pas une idée nouvelle. Antérieurement, on avait
proposé des fusions, d'autres projets ont même été
jusqu'à proposer des fusions de municipalités. Nous n'avons pas
proposé des fusions, pas du tout, mais nous avons dit qu'il était
nécessaire de constituer une table de concertation et en regardant dans
le paysage politique, il y avait le conseil de comté qui est une table
politique, une table de concertation politique qui existe depuis longtemps. (17
h 15)
Alors, pratiquement tous les documents qui traitent des problèmes
d'aménagement qui ont été publiés ces
dernières années soulèvent la nécessité
d'une concertation intermunicipale. Je pense que c'est ce qui est traduit dans
le projet de loi 125. Au sujet du financement, il y a des informations
supplémentaires qui ont été fournies dans le discours du
budget. Je les ai rappelées à plusieurs reprises au cours de
cette commission et j'ai rappelé aussi que nous nous étions
engagés au mois de juin dernier à ne pas donner de pouvoirs
nouveaux sans accorder en même temps des sources nouvelles de
financement. Cela demeure toujours vrai. Dans le discours du budget, il y a une
somme de $2 100 000 qui est à la disposition des municipalités
pour commencer l'élaboration de leur schéma après que la
loi sera adoptée. Ce ne seront pas des subventions
discrétionnaires. Il y aura un programme dont nous sommes à
rédiger les critères.
Quant à votre remarque faisant allusion au fait que de ne pas
faire de l'aménagement, c'est aussi un choix politique, j'aimerais vous
préciser qu'un conseil de comté, selon la loi, n'est pas
obligé de faire un schéma d'aménagement. La loi
elle-même respecte le choix politique des élus. A l'article 2, il
est bien dit que le comté peut faire un schéma
d'aménagement. Je vous rappellerais un point cependant. Je vous
inviterais à consulter les procès-verbaux des
délibérations de cette commission et à constater que
plusieurs intervenants à cette commission ont demandé que ce soit
une obligation pour les conseils de comté, comme pour les
municipalités, de faire de l'urbanisme et de l'aménagement. Nous
avons entendu beaucoup d'opinions à ce sujet. Le gouvernement prendra
cela en délibéré et nous verrons, mais je vous souligne ce
fait.
Vous faites aussi allusion dans votre mémoire à l'article
78 qui permet au ministre d'obliger les municipalités à
élaborer un plan d'urbanisme et vous soulignez qu'on ne respecte pas la
volonté locale, l'autonomie locale. Il faut considérer ce pouvoir
d'ordonnance comme une mesure d'exception. C'est une mesure spéciale qui
ne sera utilisée que très rarement. Cette remarque appelle un
commentaire plus général sur le régime des
négociations institutionnelles. Par la loi 125, l'Etat s'astreindra
à des règles plus strictes d'intervention dans le territoire.
Ainsi, lorsqu'un schéma est adopté par le comté, il lie le
gouvernement et ses mandataires. Si le gouvernement se trouve dans l'obligation
d'intervenir ce qui peut se produire il doit en avertir le
conseil de comté, négocier avec lui, justifier son intervention,
ce qui ne se faisait pas du tout jusqu'à maintenant. A l'heure actuelle,
le gouvernement n'est pas obligé. Il se peut que ses mandataires
consultent, mais la plupart du temps, il n'y est pas obligé. Je pense
que ce que propose la loi présentement constitue une nette
amélioration sur la situation actuelle.
Je voudrais maintenant vous poser deux questions. La première
porte sur le sujet suivant. Je suis d'accord avec vous lorsque vous affirmez
que les villes possèdent les instruments nécessaires à
leur aménagement, mais le problème de la concertation demeure.
Vous soulignez que votre ville est un pôle de développement et
qu'elle est mandataire de plusieurs corporations municipales dans certains
domaines d'activité que vous citez. Ne voyez-vous pas là
justement la nécessité d'une date de concertation? Comment cela
devrait-il se faire?
Mme Caron: Je peux me permettre de répondre, mais j'ai mes
idées.
M. Léonard: Donnez vos idées.
Mme Caron: Vous voulez mes idées? C'est sûr, on a
déjà souffert beaucoup dans Portneuf qu'on soit trois
municipalités régies par la Loi des cités et villes
entourées de 29 municipalités qui sont régies par le Code
municipal. On en a souffert. On est bien conscient, mais ce dont on a peur,
c'est qu'on soit stable, tellement stable que, finalement, on finisse par
régresser. On est peut-être dix ans en avance sur les autres. A
1,6 mille, on bute toujours contre la municipalité voisine. On n'a rien
contre le plan d'aménagement, mais on a peur qu'il nous dérange.
Je laisse M. Tremblay continuer.
M. Tremblay (Luc): A Saint-Raymond-de-Portneuf, de la
façon que c'est fait, Saint-Raymond est carrément une enclave
à l'intérieur de la paroisse qui nous encercle, avec à peu
près la même population. C'est bien sûr que nous, ayant un
règlement d'urbanisme, ayant aussi un inspecteur en bâtiment, qui
voit à la gérance de notre règlement d'urbanisme, et
n'étant pas membre de l'Union des municipalités de notre
comté, dont les 29 autres municipalités font partie, nous sommes
devant ces gens qui sont habitués à faire de la concertation.
Nous sommes trois municipalités dans le comté de Portneuf dans ce
cas: Donna-cona, Saint-Raymond et Portneuf. Or, bien sûr, les autres
municipalités sont habituées à cela, quand on parle
d'évaluation foncière. Elles sont déjà en train de
faire de la concertation au niveau de l'évaluation foncière.
Dans Portneuf, on a aussi fait des évaluations concernant les
sites d'enfouissement sanitaires et on est aussi à se concerter à
ce niveau. Au niveau des trois villes, la concertation n'est pas
établie.
Quel sera le poids d'une ville qui est déjà prête
avec cela, qui est déjà confrontée aux problèmes
d'une enclave dans sa propre municipalité, et que viendra faire votre
schéma à l'intérieur de chez nous alors que nous en avons
déjà un et que notre poids démographique n'entrera pas
dans la balance parce que nous n'avons que 3700 habitants versus 3400 de
l'autre côté? On n'a pas de poids démograhique chez nous;
c'est régional, parce que tous les services sont dans la ville.
Je pense que le premier problème se pose à ce niveau.
C'est un problème pour les toutes petites municipalités. Si nous
étions une grande municipalité, possiblement que nous n'aurions
pas ce genre de problème. Mais parce que nous sommes petits et que nous
sommes régis par la Loi des cités et villes, ce problème
se pose. On n'a jamais siégé officiellement avec tout ce monde et
Donnacona non plus; c'est un problème majeur.
Mme Caron: On est tellement petit, M. le ministre, qu'il faudrait
qu'on ait un statut particulier, à l'opposé des grandes villes
comme Montréal qui l'ont.
M. Léonard: Vous soulignez aussi que le fait d'ordonner
à la municipalité l'élaboration d'un plan d'urbanisme ne
respecte pas l'autonomie locale. Comment conciliez-vous cette position avec
votre suggestion de rendre obligatoire l'adoption d'un règlement
d'urbanisme?
M. Tremblay (Luc): C'est très contradictoire, comme vous
le dites, dans un certain sens. Mais dans un autre, cela peut aller ensemble.
Je prends une élection municipale qui s'est passée dans une
municipalité de la rive sud il n'y a pas tellement longtemps, il y a
deux ans de cela, à Saint-Antoine-de-Tilly, où l'équipe
qui s'est présentée contre l'équipe sortante, en vertu du
Code municipal, s'est présentée contre un règlement de
zonage et a dit: Non, il n'y aura pas de règlement de zonage à
Saint-Antoine-de-Tilly. Cette équipe a remporté la victoire. La
population a donc fait un choix.
Quand on dit qu'on veut que cela soit obligatoire, on veut que la loi du
Code municipal dise ce que la Loi des cités et villes dit
déjà. C'est un peu ce que vous avez dit que ferait
peut-être la loi 125, non pas le rendre obligatoire comme tel mais mettre
dans la loi le Code municipal. Les municipalités devront faire comme les
cités et villes ont été obligées de faire à
un moment donné et laisser la possibilité, malgré tout,
à la population un peu comme cela se fait dans d'autres
régions de voter contre si elle pense qu'elle n'a pas besoin d'un
règlement de zonage, malgré que je sache que c'est important.
Mais il y a des populations de 600, de 800, ce n'est pas nécessaire
partout. Alors, il faut penser en fonction de cela.
Il y aurait peut-être lieu non pas d'avoir des
municipalités relevant du Code municipal ou de la Loi des cités
et villes mais de penser aux particularités de chacune des
municipalités. Il y en a qui sont vraiment particulières.
Mme Caron: Qui sont plus petites que nous.
M. Léonard: Vous vouliez ajouter autre chose?
Une Voix: Avez-vous un complément de réponse?
M. Tremblay (Luc): Non, pas sur ce sujet.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Montmagny-L'Islet, s'il vous plaît.
M. Giasson: M. le Président, félicitations aux gens
de la ville de Saint-Raymond. Peut-être qu'un jour vous serez la ville de
Portneuf. Je pense à l'ensemble du territoire du conseil de
comté. Vous dites que votre ville est un pôle de
développement et que vous avez des mandats. J'imagine que lorsque vous
recevez des mandats de municipalités voisines de chez vous, il y a une
participation financière, que ce n'est pas la ville chez vous qui doit
assumer tous les coûts qui en découlent, que ce soit au plan
financier, au plan des ressources humaines ou autre. Ce n'est pas la ville chez
vous qui doit...
Mme Caron: C'est au prorata.
M. Giasson: C'est au prorata de l'évaluation de la
population?
Mme Caron: De la population.
M. Tremblay (Luc): C'est au prorata, si on prend certains
exemples, mais il demeure toujours que c'est la ville qui est mandataire. Le
prorata ne paie pas tout. Parce que c'est dans la ville, les gens viennent chez
nous, ce qui est bien en soi, c'est même excellent et, de toute
façon, on a plus d'administration à faire, on a plus d'entretien
à faire, on a plus de toutes sortes de choses à faire, mais on
doit taxer, en surplus à ces choses-là, seulement 1,6 mille
carré et 3700 personnes. On ne peut pas répartir tous nos
coûts réels. Je pourrais peut-être donner l'exemple de
l'aqueduc municipal. On vend de l'eau à la paroisse, à plusieurs
contribuables, pour donner un exemple plus précis. Toutefois, on ne peut
pas exiger le coût réel parce qu'on ne pourrait pas vendre notre
eau, parce que notre pompe sert plus souvent, tous nos systèmes servent
en supplément parce qu'on vend de l'eau au voisin. C'est excellent d'en
vendre, mais la fiscalité actuelle ne nous permet pas d'imposer le
voisin.
Auparavant, pour donner un exemple cela doit se passer dans
d'autres municipalités on adressait directement à chaque
personne de la paroisse une facture, mais on n'a pas le pouvoir d'aller se
faire payer directement. On a changé la procédure, mais avant de
la changer, c'est cela. Ce sont des problèmes qu'on vit. On est
obligé, parce que mandataires, formant le pôle régional, de
faire un peu plus que les autres à côté. C'est bien, parce
que cela nous permet d'être un pôle,
mais c'est toujours un peu plus et il faut assumer les coûts,
c'est uniquement notre propre population de 3700 personnes qui peut
défrayer ces coûts.
M. Giasson: C'est un peu le prix à payer pour être
les meilleurs ou les plus importants.
M. Tremblay (Luc): Oui.
Mme Caron: II faut devancer si on ne veut pas être...
M. Tremblay (Luc): C'est le problème de toute petite
municipalité.
M. Giasson: Lorsque, dans les recommandations que vous faites,
vous souhaitez une plus grande décentralisation des pouvoirs en faveur
du palier municipal, qu'est-ce que vous recherchez effectivement par
là?
M. Tremblay (Luc): Je pense que c'est être responsable des
lois que le gouvernement vote et être responsable, en totalité, de
l'application une fois que la loi est votée, sans qu'il y ait
obligatoirement des pouvoirs au-dessus qui supervisent ce que le palier
municipal fait. Les gens, au palier municipal, sont des élus qui ont des
pouvoirs que la loi leur confère. Comme ils sont élus, ils
peuvent aussi se faire éliminer à l'élection suivante
s'ils ne respectent pas les pouvoirs de la loi. C'est un peu le point de vue.
Si on donne un pouvoir, que le palier municipal soit le seul à
l'exercer, c'est-à-dire sans qu'il y ait nécessairement toute une
série de contrôles au-dessus qui viennent voir si cela se fait de
telle manière.
M. Giasson: Lorsque vous dites cela, ne croyez-vous pas à
la possibilité d'une présence à un palier juste au-dessus
du palier municipal? Je pense aux conseils de comté, aux corporations de
comté comme on les connaît ou ceux qui seront renouvelés
à l'avenir. C'est à ce niveau que vous voyez un gouvernement de
trop, quoi, un gouvernement additionnel?
M. Tremblay (Luc): C'est cela, exactement.
Mme Caron: Cela nous semble long, à ce moment-là,
tout le processus de la mise en marche, la paperasse et le fait que les gens
s'entendent, etc.
M. Tremblay (Luc): On ne voit pas la nécessité d'un
palier tampon entre tout cela. Les municipalités peuvent administrer
cela. Le tampon est peut-être trop vaste. 30 ou 40 municipalités,
c'est peut-être trop vaste. Peut-être qu'il y aurait lieu de
rapetisser. Chez nous, il y a cinq municipalités qui sont vraiment
proches. Peut-être qu'avec cinq on pourrait faire un schéma,
quitte à ce que les schémas des autres se fassent par petits
groupes; ce serait peut-être un peu mieux que 25 ou 30
municipalités qui forment tout un comté. Cela ferait plus de
sous-groupes, mais ça ne serait que pour cela, spécifiquement
pour l'aménagement. Une fois le schéma en vigueur, il est en
vigueur.
M. Giasson: Vous souhaiteriez que tout fonctionne par secteurs
à l'intérieur de l'actuel comté de Portneuf?
M. Tremblay (Luc): Exact.
M. Giasson: C'est un peu dans ce sens que des gens de la
vallée de la Matapédia, qui sont venus devant nous, ont
décidé de travailler à partir de pôles naturels dans
le comté de Matapédia. Tout en travaillant ensemble au niveau du
groupe des municipalités du comté de Matapédia, ils se
sont donné des modes d'opération à partir de secteurs
naturels, de trois pôles naturels, à l'intérieur du
comté.
M. le Président, j'aurais d'autres questions, mais je vais
laisser le loisir à mes collègues de faire une intervention.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Ai-je bien compris, M.
le maire de Saint-Raymond est malade? Est-ce parce que ça va mal dans sa
campagne électorale?
Mme Caron: Non, pas du tout.
M. Tremblay (Luc): Est-ce que vous pouvez me permettre de
répondre à M. le député?
Une Voix: C'est une question antiréglementaire, ne
répondez pas à cela.
M. Chevrette: II existe de ces maladies diplomatiques.
M. Tremblay (Luc): M. le maire de Saint-Raymond n'est pas en
campagne électorale. Il est maire, il n'est pas en campagne
électorale. (17 h 30)
M. Goulet: C'était juste pour vous taquiner!
M. le Président, madame a terminé la lecture de son
mémoire en disant, c'est également un choix politique de ne pas
faire de schéma d'aménagement ou de ne pas faire
d'aménagement. Je pense que ce sont vos propos. Cela peut être une
décision politique de ne pas faire d'aménagement. Je ne sais si
par là, vous mettez en doute le principe même du projet de loi
parce que, écoutez, s'il y en a un qui est pour l'autonomie municipale
et pour une décentralisation, tout ce que vous voudrez, arrêter de
légiférer pour rien, je pense que c'est bien moi, mais ne
pensez-vous pas qu'à un moment donné, on arrive à un
tournant où quelqu'un doit prendre une décision? Je me dis, si
dans une municipalité, il n'y avait pas de règlements de
circulation, à un moment donné, il faudrait en faire un,
règlements de lotissement et ainsi de suite. Je pense que c'est pareil
pour un schéma d'aménagement. A peu près tous les
inter-
venants à cette commission, d'accord, au niveau des
modalités du projet de loi, il y a beaucoup de personnes qui ont
amené des arguments contre, mais au niveau du principe même, je
pense qu'on est rendu à un tournant où il faut que quelqu'un
prenne une décision.
Dans le comté que je représente, il y a des
municipalités où il n'y a jamais eu de schéma
d'aménagement, où c'était populaire politiquement parlant,
au niveau municipal, de ne pas avoir de schéma d'aménagement, de
ne pas déranger personne. Mais on se réveille aujourd'hui, on
veut avoir des réseaux d'aqueduc et d'égouts, par exemple, pour
cette infrastructure, et on doit payer des coûts de $800 à $1000
par usager et aller chercher encore $3 millions à $4 millions au
gouvernement parce que sans cela, on n'est pas capable. Ce qui arrive, c'est
qu'on n'est pas capable de se les payer. On ne les aura à peu
près jamais, justement parce qu'il n'y a jamais eu une base même
au niveau de l'aménagement. Chacun construisait là où il
voulait, ainsi de suite. Ne pensez-vous pas qu'à un moment donné,
il y a quelqu'un qui doit prendre une décision? C'est ce que vous mettez
en doute, le principe même du projet de loi, le schéma
d'aménagement, si minime soit-il.
Mme Caron: Monsieur, n'essayez pas de me vendre qu'il faut un
aménagement dans les villes et dans les territoires. Cette phrase fait
directement allusion à ce que M. Tremblay nous disait tantôt
à propos d'une paroisse qui n'en avait pas. Chez nous, on est vendu
à cela et on y tient. C'est peut-être une phrase qui voulait dire
que les autres ont passé outre. Je ne voudrais pas que vous la reteniez
plus qu'il faut. Ce n'est pas moi qui l'ai inscrite dans le mémoire, je
l'ai lue.
M. Goulet: Au niveau d'un comté, enlevez... Mme Caron:
Je suis bien d'accord.
M. Goulet: ... les trois ou quatre municipalités de
Portneuf, Saint-Raymond, Donnacona, je parle de municipalités qui ont
statut de ville, Portneuf, Donnacona, Saint-Raymond, il y en a trois. Au niveau
des petites municipalités, pourquoi ce ne serait pas, à un moment
donné, pour le bien de ces municipalités, même si un
conseil municipal se présente en disant il n'y aura pas de schéma
d'aménagement, qu'à un moment donné, quelqu'un en exige
un, même si le prêt est petit, qu'il exige un minimum...
Mme Caron: On en a souffert nous-mêmes. Je ne vois pas
pourquoi on serait contre. D'accord?
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Léonard: Je n'ai pas d'autres questions à poser.
Je remercierais encore une fois les gens de Saint-Raymond d'être venus
ici et d'avoir présenté un mémoire.
Mme Caron: M. le ministre, merci à la commission de nous
avoir entendus.
M. Tremblay (Luc): Est-ce que je peux ajouter un mot, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Tremblay (Luc): C'est de nous excuser du fait d'avoir
été un petit peu en retard au départ. Effectivement, nous
avions demandé si on ne pouvait pas être ici sur la fin de
l'après-midi pour faire le dépôt du mémoire et on
tient à s'excuser auprès de vous.
Le Président (M. Laplante): C'est bien monsieur. Madame,
messieurs, merci de votre coopération.
J'appelle maintenant le Conseil régional du développement
de la région administrative de Québec. Le mémoire no 16 du
CRD.
M. Jobin (Lionel): M. le Président et MM. les membres de
la commission, je vous demanderais de nous recevoir ce soir. Nous avons
été avisés, au cours de la matinée, que nous
serions reçus ce soir; alors, étant donné... Pardon?
Le Président (M. Laplante): D'accord. Allez-y.
M. Jobin: C'est que nous avons reçu une communication de
la part, enfin, de votre service, que nous serions reçus ce soir et
étant donné l'absence de celui qui doit lire le mémoire,
le directeur général, M. Marc Rouleau, il m'a demandé de
vous demander tout simplement de reporter l'audition.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il est ici
actuellement?
M. Jobin: Non, il n'est pas ici.
Le Président (M. Laplante): II n'est pas ici.
M. Jobin: II sera ici ce soir.
Le Président (M. Laplante): C'est que ordinairement, on
est censé, quand on est convoqué le matin, passer la
journée ici pour attendre.
M. Jobin: Oui, je sais, mais...
Le Président (M. Laplante): Les gens de Gatineau n'y sont
pas non plus. C'est que...
Une Voix: Oui, ils sont arrivés.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'ils sont ici? Les
gens de Gatineau sont tous arrivés?
Une Voix: Oui.
Une Voix: Pas tous, mais...
Le Président (M. Laplante): Etes-vous prêts à
présenter votre mémoire?
Une Voix: On est prêt à passer.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Chevrette: Allez. Cela règle votre problème et
cela règle le nôtre aussi.
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas-là, on va
appeler les gens de Gatineau. La Corporation du comté de Gatineau.
Ce qu'on va faire, messieurs, c'est que vous allez lire votre
mémoire et, ensuite, on procédera à la période des
questions à 20 heures. De cette façon, vous aurez tout le temps
voulu. D'accord? Alors, si vous voulez qu'on...
M. Chevrette: Si on a le temps de poser des questions, on prendra
le temps.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Veuillez identifier
votre organisme, vous identifier et les personnes qui vous accompagnent, s'il
vous plaît!
Corporation du comté de Gatineau
M. Tremblay (Hubert): M. Hubert Tremblay, préfet du
comté de Gatineau.
M. Lavoie (Michel): Michel Lavoie, urbaniste pour le comté
de Gatineau.
M. Tremblay (Hubert): Nous avons aussi M. Jacques Allie, membre
du comité administratif. Nous avons M. Philippe Rozon, membre de la
Commission scolaire de la Haute-Gatineau et M. Fernand Lirette, membre du
comité administratif. Deux autres personnes-ressources étaient
censées être avec nous, être rendues pour ce soir parce
qu'on nous avait convoqués pour ce soir, mais elles sont absentes dans
le moment. Elles sont censées arriver d'une minute à l'autre par
avion.
M. Chevrette: ... des questions.
M. Tremblay (Hubert): Peut-être seront-elles rendues pour
répondre aux questions, malgré que les questions, je pense qu'on
va pouvoir y répondre.
Le Président (M. Laplante): On va entendre la lecture du
mémoire qui est pas mal volumineux. Si vous êtes capable de le
présenter... On va vous donner jusqu'à 18 heures pour le
présenter, exceptionnellement vous aurez droit à 25 minutes.
D'accord?
M. Tremblay (Hubert): M. le ministre, j'ai un petit
préambule que j'ai ajouté.
M. le ministre, avant de procéder à la lecture de notre
mémoire, j'aimerais vous informer des points complémentaires
suivants. Nous vivons une expérience en aménagement du territoire
et nous avons senti, au point de départ, le besoin de faire participer
les principaux intervenants du comté, bien sûr, les
municipalités du comté, mais également la ville de
Maniwaki et la Commission scolaire de la Haute-Gatineau. Nous avons
formé une commission consultative et la ville de Maniwaki et la
commission scolaire y participent avec un pouvoir décisionnel.
Nous nous réjouissons jusqu'à présent de cette
précieuse collaboration. Nous avions invité les
représentants de la réserve indienne de Maniwaki à se
joindre à notre commission, mais malheureusement ils n'ont pas
jugé opportun d'y être représentés.
Les membres de la commission consultative ont travaillé sans
relâche avant de déterminer les orientations d'aménagement
et de développement de notre territoire. Nous avons cherché
à maximiser les fonds de $60 000 mis à notre disposition par
l'OPDQ. Nous avons amorcé plusieurs études en aménagement
du territoire et nous estimons nécessaire de poursuivre
l'opération que nous avons engagée.
Ce mémoire, d'une part, reconnaît le bien-fondé de
la réforme proposée en aménagement du territoire par le
gouvernement et recommande, d'autre part, certains ajustements au niveau de la
mise en oeuvre de cette réforme. M. le ministre, j'entreprends donc la
lecture de notre document.
L'introduction. Le 8 mars 1978, le Conseil de la corporation du
comté de Gatineau affirmait, par sa résolution no 1978-R-AG350,
sa volonté de doter son territoire d'un schéma
d'aménagement. Dès lors, le comté de Gatineau participait,
avec trois autres comtés au Québec, à un projet pilote en
matière d'aménagement du territoire subventionné par
l'Office de planification et de développement du Québec.
A la suite de l'expérience acquise depuis un an en matière
d'aménagement, le conseil veut apporter sa contribution à
l'étude du projet de loi 125 qu'entreprend la commission parlementaire
sur l'aménagement du territoire.
A la lecture des fascicules élaborés par le
secrétariat à l'aménagement sur divers aspects de la
décentralisation et du projet de loi 125, Loi sur l'aménagement
et l'urbanisme, le conseil s'inscrit en faveur des objectifs poursuivis par le
gouvernement à savoir de faire de l'aménagement du territoire le
point de départ d'une politique nationale de décentralisation, de
renouveler le rôle et le territoire des comtés actuels, de
favoriser la participation des citoyens à l'aménagement et
à la gestion, de sa localisation et de ses régions
d'appartenance; d'assurer la concertation des actions d'aménagement et
de développement des différents intervenants.
Le conseil est d'avis que certains aspects du projet de loi no 125
méritent d'être discutés en regard des objectifs poursuivis
par le gouvernement. Ces aspects du projet de loi se retrouvent à la
fois dans la distribution des pouvoirs et les obligations des différents
paliers de gouvernement, les phases et l'étape obligatoires et
faculta-
tives du processus d'aménagement de même que la
réévaluation du territoire du comté.
Chapitre I, distribution des pouvoirs et obligations. Compte tenu du
projet sur la répartition des pouvoirs et obligations, le projet de loi
no 125 prévoit une redistribution des pouvoirs et devoirs en
matière d'aménagement. Il innove en cette matière en
chambardant et en créant de nouveaux pouvoirs et de nouvelles
obligations. Il répartit les pouvoirs et devoirs entre les
municipalités, les comtés et le gouvernement. Pour
préciser davantage l'ampleur de la distribution, le conseil a
relevé les différents pouvoirs et devoirs qui sont
accordés aux différents organismes dans le projet.
Pouvoirs et devoirs des municipalités. Le projet propose que les
municipalités soient munies des pouvoirs et devoirs suivants. Pouvoirs:
Adopter un plan d'urbanisme et le modifier en tout temps; émettre des
avis lors de la consultation du conseil de comté au cours de
l'élaboration et de l'adoption de son schéma; adopter un
règlement de contrôle intérimaire; préparer une
proposition préliminaire d'urbanisme et consulter la population;
créer un comité consultatif d'urbanisme. Les devoirs: Fournir au
comté les documents municipaux pour l'aider à préparer son
schéma; préparer un plan de règlements d'urbanisme
conforme aux objectifs du schéma de comté; préparer des
règlements d'urbanisme conformes au plan d'urbanisme; consulter le
conseil de comté et les citoyens avant l'adoption de son plan
d'urbanisme; consulter la population avant de modifier ou d'abroger un
règlement.
Pouvoirs et devoirs des comtés: Le projet propose que les
municipalités soient munies des pouvoirs et devoirs suivants: Pouvoirs:
Adopter un schéma et le modifier en tout temps; obliger une
municipalité à inclure certains éléments dans son
plan; demander à une municipalité de modifier son plan avant
d'émettre un certificat de conformité et faire ces modifications
à défaut de la municipalité de les faire; adopter un
règlement de contrôle intérimaire; émettre des avis
lors de la consultation d'une municipalité sur son plan d'urbanisme. Les
devoirs: Adopter un schéma conforme aux orientations du gouvernement;
consulter les municipalités et les citoyens lors de l'élaboration
et de l'adoption du schéma ainsi que lors des modifications; informer
les citoyens après l'entrée en vigueur du schéma;
émettre le certificat de conformité; réviser le
schéma au moins cinq ans après son entrée en vigueur;
adopter des règlements de zonage, lotissement, construction conformes
aux objectifs du schéma pour les territoires non organisés et ce,
18 mois après l'entrée en vigueur du schéma; les modifier
s'ils ne sont pas déjà en vigueur.
Pouvoirs et devoirs du gouvernement: Le projet propose finalement que le
gouvernement possède les pouvoirs et devoirs suivants. Pouvoirs:
Ordonner l'adoption des schémas ou des plans d'urbanisme; demander au
comté de modifier son schéma s'il ne respecte pas les
orientations du gouvernement et faire ces modifications si le comté ne
les fait pas; désavouer un règlement de contrôle
intérimaire; émettre une ordonnance pour modifier un
règlement de contrôle intérimaire si une
municipalité le demande; créer une zone d'intervention
spéciale qui aura préséance sur le schéma de
comté et les plans d'urbanisme.
Les devoirs: Aviser le comté de la conformité de sa
proposition d'aménagement et de son schéma avec les orientations
et projets gouvernementaux; aviser le comté ou la municipalité
où un schéma, où un plan est en vigueur, avant
d'entreprendre la réalisation de travaux. Si le comté juge que
cette intervention n'est pas conforme aux objectifs du schéma et que la
commission est du même avis, le gouvernement ne peut agir qu'en faisant
modifier le schéma ou en le faisant lui-même 90 jours après
une demande à cet effet. Pour rendre son intervention conforme aux
objectifs du schéma, publier un projet de décret avant de
créer une zone d'intervention spéciale et consulter la
population, les municipalités et les conseils de comté
affectés par le décret. (17 h 45)
Avantages et désavantages de la réforme: Après une
telle énumération, le comté de Gatineau reconnaît
que la réforme proposée est majeure. Il constate surtout la
volonté politique du présent gouvernement de forcer
l'aménagement et de coordonner le développement de tout le
territoire du Québec. Le comté de Gatineau reconnaît au
législateur son effort à traduire la volonté politique
qu'il postule en consacrant l'obligation pour toutes les municipalités
de se doter d'un mécanisme d'aménagement uniforme. Cependant,
bien qu'avantageuse, cette réforme comporte certains
inconvénients sur le plan de la distribution des pouvoirs et des
devoirs. Le droit positif actuel permet aux municipalités d'adopter
à leur gré, par règlement, la totalité des mesures
qui deviennent obligatoires dans le projet de loi. Cette transformation des
pouvoirs des municipalités en obligation vient transformer
substantiellement l'autonomie des municipalités dans le domaine de
l'aménagement. Le conseil considère qu'il y a une transformation
disproportionnelle au niveau des pouvoirs et que la municipalité se voit
privée de toute la latitude qui la caractérisait dans son action
dans ce domaine.
Ce n'est pas parce que certaines municipalités refusent de
prendre leurs responsabilités que toutes les municipalités
doivent se voir priver de leur autonomie dans ce domaine. Ceci, bien entendu,
au niveau des pouvoirs. Le conseil croit que l'objectif visé par ce
projet n'est pas de débalancer les relations au point de rendre les
municipalités de simples exécutantes des volontés du
comté et du gouvernement. De fait, le conseil croit que le principe qui
doit être respecté dans le projet, tout en respectant les
objectifs visés, est celui de conserver le maximum d'autonomie aux
municipalités. A ce sujet, le conseil croit que le projet de loi doit
être modifié et le conseil recommande, dans la recommandation no
1, que le gouvernement, dans le but d'assurer aux municipalités le
maximum d'autonomie, décrète des normes minimales, fondamentales
dans l'élaboration des plans
et de leur contenu et que la municipalité soit le seul organisme
avec le pouvoir de se doter d'éléments facultatifs additionnels.
Le projet de loi accorde aux comtés le pouvoir de déclencher, par
l'adoption d'une résolution d'aménagement pour leurs territoires
respectifs, tous les mécanismes d'aménagement. Lorsque le
schéma entre en vigueur, les municipalités sont obligées
d'adopter leur propre plan d'urbanisme avec les règlements de
construction, de lotissement et de zonage dans les délais de 18 mois
suivant cette adoption.
Le désavantage de ce pouvoir accru du comté est d'imposer
à toutes les municipalités du territoire un délai uniforme
pour l'accomplissement de leurs obligations, sans tenir compte des
disparités locales, ni de la densité de leur population, ni de
leurs besoins et de leur vocation. Le conseil croit que les exigences
imposées par le projet sur ce plan ne laissent pas la latitude au
comté au niveau de l'articulation de la réforme à
l'intérieur de son territoire. De plus, le conseil croit souhaitable,
compte tenu des objectifs du gouvernement et afin de mieux les entendre, de
donner aux comtés le pouvoir d'apprécier l'intérêt
des municipalités locales avant de leur imposer tous les contenus
obligatoires de cette réforme. A cet effet, le conseil recommande,
recommandation no 2 que le comté élabore pour son
territoire un calendrier d'exécution de la réforme en tenant
compte des particularités ainsi que des capacités
d'exécution des municipalités.
Recommandation no 3; que le comté soit responsable de mettre
cette réforme en oeuvre dans les délais prévus à
son calendrier. Le projet de loi remet à l'Etat tous les pouvoirs en
matière d'aménagement qui étaient
délégués aux municipalités auparavant. De plus, le
projet consacre la supériorité de l'Etat en lui donnant un large
pouvoir d'intervention en tout temps. Ce pouvoir d'intervention existe,
même si une délégation de pouvoir a lieu en faveur du
comté et des municipalités. Donc, le projet donne au gouvernement
un large pouvoir d'ingérence qui, selon le conseil, affecte les pouvoirs
et les devoirs tant des contribuables que des institutions locales et
régionales. Ceci constitue un désavantage qui crée un
déséquilibre entre les divers organismes en présence. Le
conseil croit que l'Etat ne soit pas empêcher ou avoir des pouvoirs
d'ingérence si grands pour empêcher que les objectifs
véritables du projet ne soient atteints.
Ainsi, lorsque le comté a hérité des principaux
pouvoirs dans le domaine de l'aménagement, il ne doit pas y avoir de
changement possible à son schéma, sauf si l'intérêt
national à définir dans la loi est en jeu. Ceci a
pour effet d'assurer une plus grande stabilité au niveau régional
et de permettre au comté de déterminer son développement
sans possibilité de changements imposés de
l'extérieur.
Le projet donne un pouvoir extraordinaire au gouvernement en lui
permettant de décréter des zones d'intervention spéciale
lorsqu'elles sont soumises à une réglementation
particulière imposée par le ministre. Le projet ne stipule pas si
le gouvernement doit intervenir seulement dans l'intérêt national;
le conseil croit qu'un si grand pouvoir doit être limitatif car,
autrement, les objectifs de leur loi risqueraient de ne pas être
atteints. Pour ne donner qu'un exemple, le gouvernement pourrait au nom de
l'intérêt national créer une zone de protection pour une
frayère, un ravage de chevreuil. L'exemple démontre, selon le
conseil, que le comté doit conserver son pouvoir et toute l'autonomie
possible s'il faut établir l'intérêt régional par
opposition à l'intérêt national. Cette notion pourra
être éclaircie dans la loi afin que les comtés demeurent
les maîtres de l'intérêt régional.
Le droit de propriété individuel n'est pas respecté
lorsque le gouvernement intervient par le biais de décrets créant
des zones spéciales. Le conseil croit que les propriétaires
doivent recevoir une indemnité afin d'être assurés d'un
minimum de protection et que ces droits ne soient pas affectés
subitement. Dans l'élaboration de cette réforme, la personne doit
continuer à être respectée jusqu'au bout. Il faut donc
assurer à tous le respect de leurs droits collectifs et individuels.
En conséquence, le conseil recommande la recommandation no
4 que les orientations du gouvernement, incluant le ministère de
l'Agriculture, soient transmises aux comtés dans un délai de 120
jours de l'adoption de la résolution visée à l'article 3,
à défaut de quoi le comté pourra procéder. Que les
orientations du gouvernement soient non pas imposées mais que le
comté puisse soumettre celles-ci à un mécanisme
d'arbitrage quelconque lorsque le gouvernement et le comté ne
s'entendent pas.
Recommandation no 6: Que le gouvernement soit tenu de respecter le
schéma après son adoption puisqu'il a déjà fait
connaître ses orientations pour le comté avant son adoption.
Recommandation no 7: Que le schéma du comté ait un contenu
minimum obligatoire pour tous mais que tout élément facultatif ne
relève que des municipalités et du comté.
Recommandation no 8: Que le pouvoir de créer des zones
d'intervention spéciale soit limité à des fins strictement
d'intérêt national. Encore là, c'est à
définir dans la loi.
Recommandation no 9: Que dans tous les cas où un décret
déclare des zones d'intervention spéciale, qu'une
indemnité proportionnelle au mérite de chaque cas soit
versée lorsque la situation est permanente et qu'à cet effet
l'expropriation soit soumise au tribunal concerné s'il n'y a pas de
règlement possible.
Le conseil constate à cette étape que la réforme
doit être réalisée dans un délai assez court et
simultanément pour toutes les municipalités. L'examen attentif
des obligations créées de part et d'autre amène le conseil
à apprécier les coûts qui seront engendrés. Les
subventions seront réparties par le ministre mais rien n'indique qui les
recevra et sur quels critères les intéressés seront
choisis. S'il faut donc s'en rapporter à la loi, il y a une obligation
pour toutes les municipalités d'agir sans tenir compte de leur
capacité de payer. Le conseil déplore donc la situation et
à cet effet il recomman-
de que les critères de répartition des subventions soient
connus avant le début de cette réforme et que toute modification
imposée par le ministre sur un schéma existant soit
financée entièrement par le gouvernement.
Chapitre II. Les phases et étapes obligatoires et facultatives du
processus d'aménagement. Le conseil est d'avis que certaines
particularités dans le mécanisme du projet de loi devraient
être révisées. Il s'agit du contrôle du
développement selon les articles 56 et 57, des effets de l'entrée
en vigueur du schéma selon l'article 33 et des règlements
régissant la consultation en vertu de la section III, Elaboration du
schéma.
Le contrôle du développement. L'article 56 de la section
VII du projet de loi prévoit qu'à compter de l'adoption d'une
résolution du comté signifiant son intention d'entreprendre
l'élaboration d'un schéma d'aménagement, sont interdites
quelque nouvelle utilisation du sol et nouvelle division ou subdivision d'un
terrain. L'article 57 permet d'ériger une nouvelle construction en
autant que le terrain forme un lot ou plusieurs lots distincts sur le plan
officiel du cadastre, que les services d'aqueduc et d'égout soient
existants et que le terrain soit adjacent à une rue publique.
Le conseil s'inscrit contre cette disposition qui constitue un
arrêt du développement pour la presque totalité du
territoire rural du comté. Le conseil est d'avis que cette disposition
ne peut conduire, d'une part, qu'à créer des injustices pour les
citoyens désireux d'amorcer à court terme une construction sur un
lot acquis avant l'entrée en vigueur de la résolution
prévue à l'article 3 et, d'autre part, qu'à
précipiter l'adoption d'un règlement intérimaire en vertu
de l'article 58. Ce règlement intérimaire risque de subir de
nombreux amendements, compte tenu de son improvisation, et d'être
difficilement opérationnel à cause de l'absence ou de la
déficience des mécanismes de contrôle du
développement tant sur le plan local que sur le plan du
comté.
Recommandation no 11. Le conseil recommande le retrait de l'article 58.
L'amendement suggéré aurait pour effet d'obliger le conseil de
comté à adopter un règlement de contrôle
intérimaire dans un délai n'excédant pas trois mois, mais
à compter de la date d'adoption d'une résolution prévue
à l'article 3. Ce délai a pour but de favoriser une assise
technique et administrative au règlement de contrôle
intérimaire.
Recommandation no 12. Que l'article 65 soit amendé pour
substituer au ministre la Commission nationale de l'aménagement.
Effets de l'entrée en vigueur du schéma. Les articles 33
et 34 stipulent que chaque municipalité du comté est tenue, dans
les 18 mois de l'entrée en vigueur du schéma, d'adopter ou
modifier, selon le cas, le plan d'urbanisme et les règlements de zonage,
de lotissement et de construction. Le conseil est d'avis que ces articles, en
plus de porter atteinte à l'autonomie locale et régionale,
rendent difficile la possibilité pour les municipalités
d'utiliser les ressources du comté pour la confection de leur plan
d'urbanisme et alourdissent, de façon générale,
l'établissement des échanges et des relations techniques et
administratives entre les différents paliers de gouvernement.
Les règles régissant la consultation. La section III du
projet de loi spécifie que la consultation est obligatoire lors de la
préparation du schéma et lors de son adoption. Il est
également prévu la possibilité d'un
référendum ayant une valeur consultative et une double
distribution d'un résumé du schéma aux personnes inscrites
sur la liste électorale.
Le conseil croit que le processus de consultation peut s'avérer
très coûteux et conduire, par sa lourdeur et sa complexité,
à la démobilisation des citoyens participant à des
commissions d'urbanisme ou à d'autres comités populaires. Le
conseil est d'avis qu'un référendum consultatif sur le
schéma est difficilement applicable à l'échelle du
comté et que certains problèmes d'ordre légal pourraient
surgir si la loi devait être interprétée à la lettre
par les tribunaux. Par exemple, qu'adviendrait-il si une ou plusieurs personnes
inscrites sur la liste électorale ne recevaient pas le
résumé prévu aux articles 16 et 32 du projet de loi? (18
heures)
Recommandation no 13. Le conseil recommande au gouvernement
d'édicter des règles minimales du schéma et du plan
d'urbanisme et de laisser aux comtés et aux municipalités le
choix de modes d'information et de consultation, lesquels tiendraient compte
des particularités de leur coin de pays. Le respect des
règlements municipaux et de comté. Le projet de loi ne contient
aucune disposition pour assurer le respect des règlements municipaux et
de comtés. Il appert que pour certains comtés non munis de Cour
municipale, il serait difficile de faire appliquer le règlement de
manière à être conforme à l'esprit du
législateur. Le conseil recommande au gouvernement de créer des
Cours municipales dans chaque comté.
L'évaluation du territoire du comté, l'inclusion des
villes et des cités dans les territoires du comté. Le projet de
loi prévoit que les nouvelles municipalités de comtés
comprendront les cités et villes, article 143. Le conseil retient
l'option appelée par le gouvernement "association constitutionnelle
partielle puisqu'elle limite l'association à des points
d'intérêt commun, c'est-à-dire l'administration des
règles d'aménagement et d'urbanisme contenues dans le projet de
loi et les compétences déjà inscrites dans la loi
municipale pour lesquelles les cités et villes sont présentement
assujetties à la juridiction des comtés.
Représentation additionnelle. Le projet de loi prévoit
l'émission de lettres patentes, articles 142 et 144 qui régira la
composition du nouveau conseil dans la représentation s'appuyant sur les
critères de population. Les municipalités rurales sont
limitées quant à leur population résidente et du fait que
l'électorat qui englobe les propriétaires non résidents,
soit responsable de l'élection des élus au niveau local, le
conseil est d'avis que ce même corps électoral devrait constituer
les critères de partage des représentations applicables
à
toutes les composantes du nouveau comté afin de maintenir un
juste équilibre des Intérêts des contribuables en cause qui
sont tous visés par l'aménagement du territoire. Ainsi, cet
article pourrait consacrer la consultation préalable par le gouvernement
avec la corporation du comté sous cet aspect.
Recommandation no 15. Le conseil recommande d'amender l'alinéa c)
de l'article 144 du projet de loi pour lire, c): "Fixer après
consultation préalable avec le conseil de comté au prorata des
électeurs les voix additionnelles au conseil de comté pour
déterminer le nombre de représentants devant représenter
les municipalités."
Le découpage territorial des comtés. Le projet de loi ne
délimite aucun territoire pour les nouveaux conseils de comté,
mais le gouvernement soumet à la consultation trois propositions de
découpage. Dans le fascicule 6, le territoire des comtés
municipaux renouvelés, préparé par le secrétariat
à l'aménagement et à la décentralisation, le
conseil reconnaît qu'il y a lieu de procéder à un nouveau
découpage territorial des comtés afin de constituer des
unités territoriales plus convenables pour une gestion efficace de
l'aménagement et l'exercice du contrôle de leur
développement. Le conseil estime que les options suggérées
n'envisagent pas toutes les possibilités. Le conseil recommande que le
gouvernement soit disposé à considérer une ou des options
additionnelles. Merci.
Le Président (M. Laplante): Merci messieurs. Les travaux
sont suspendus jusqu'à 20 heures. Allez-vous revenir à 20
heures?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Suspension de la
séance à 18 h 5
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Lapiante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Si vous voulez prendre vos places. Nous en étions à la
Corporation du comté de Gatineau et la parole était à M.
le ministre d'Etat à l'aménagement.
M. Léonard: M. le Président, M. le préfet,
MM. les représentants du comté de Gatineau, je suis heureux de
souhaiter la bienvenue aux représentants du Conseil de comté de
Gatineau qui poursuit actuellement une des quatre expériences pilotes
qui lui permettront de se doter d'un schéma d'aménagement.
D'après les renseignements qui me sont parvenus, votre
expérience se compare avantageusement à celle des autres
comtés qui participent à ces projets pilotes. J'ai ici les
documents qui en témoignent. Vous avez déjà produit
quelques études techniques au cours des derniers mois, notamment sur les
équipements et les infrastructures régionaux, la
villégiature et les périmètres d'urbanisation; c'est ce
document que j'ai en face de moi qui est très élaboré et
très intéressant.
En résumé, je voudrais vous dire que je tire un bon bilan
du travail que vous avez accompli jusqu'à maintenant et je suis
très heureux de l'expérience que vous avez décidé
d'entreprendre.
J'aimerais profiter de l'occasion pour apporter quelques
précisions sur des thèmes que vous avez abordés dans votre
mémoire, notamment les contenus du schéma et des plans. Vous
reconnaissez, à la page 7 de votre mémoire, la volonté
politique du gouvernement d'amener les municipalités à se doter
d'un mécanisme d'aménagement uniforme. Vous indiquez aussi,
à votre première recommandation, que dans le but d'assurer aux
municipalités un maximum d'autonomie, le gouvernement
décrète les normes minimales à respecter dans
l'élaboration des plans et de leur contenu et que la municipalité
soit le seul organisme à décider des éléments
facultatifs.
Je suis d'accord avec vous lorsque vous dites que dans le but d'assurer
aux municipalités un maximum d'autonomie, le gouvernement
décrète les normes minimales à respecter. A cet
égard, le projet de loi accorde beaucoup de souplesse dans son
application. Les éléments obligatoires dans le schéma et
dans le plan d'urbanisme sont peu nombreux. Les comtés et les
municipalités possèdent une grande latitude quant au contenu
facultatif de leurs documents. Ce sont les instances locales qui
décident.
D'autre part, vous indiquez, toujours à la page 7, ce que les
pouvoirs actuels des municipalités sont transformés en obligation
par le projet de loi, ce qui modifie substantiellement l'autonomie des
municipalités dans le domaine de l'aménagement. Vous dites aussi,
à la page 9, que le projet de loi remet à l'Etat tous les
pouvoirs en matière d'aménagement qui étaient
délégués aux municipalités auparavant. Je dois vous
dire que, contrairement à ce que vous pensez, il n'est pas question que
le gouvernement dicte ses volontés ou enlève des pouvoirs aux
municipalités en matière d'aménagement.
Les municipalités vont continuer d'exercer les pouvoirs qu'elles
détiennent dans le domaine de l'aménagement et de l'urbanisme,
mais, cependant, elles devront le faire de façon concertée dans
le cadre du comté municipal. Il importe que chaque palier de
gouvernement assume pleinement ses responsabilités en même temps
qu'il reconnaisse les interrelations qui rattachent ses responsabilités
aux autres niveaux de décision. La concertation avec le comté
municipal est nécessaire du fait que les actions d'une
municipalité affectent le développement des autres, ou
même, parfois, de l'ensemble du comté ou au moins, très
souvent, d'une région.
Dans tous les cas, cependant, il ne sera pas question de relation de
dépendance, mais bien d'association et de coopération entre les
municipalités et les comtés municipaux.
D'autre part, je suis heureux de constater que votre conseil de
comté s'est penché sur les modes d'association possibles au sein
des comtés renouvelés. Votre choix s'est porté sur la
deuxième hypothèse, une association institutionnelle partielle.
J'y reviendrai au cours des questions.
En ce qui concerne le découpage du territoire, vous recommandez,
à la page 19 de votre mémoire, que le gouvernement soit
disposé à considérer une ou deux options additionnelles
dans le découpage territorial des comtés. Au départ, il
convient de dire que vous reconnaissez qu'il y a lieu de procéder
à un nouveau découpage territorial des comtés afin de
constituer des unités territoriales plus convenables pour une gestion
efficace de l'aménagement et l'exercice du contrôle de leur
développement. (20 h 15)
Le gouvernement partage votre avis quant à la
nécessité de procéder à de nouveaux
découpages lorsque la situation l'exige, afin que les comtés
renouvelés correspondent davantage aux régions d'appartenance.
Les trois hypothèses présentées par le gouvernement ne
sont pas exclusives. Elles représentent une base de discussion. Nous
sommes ouverts à d'autres propositions qui correspondraient mieux aux
réalités de votre région, même de votre
comté.
Je voudrais maintenant vous poser quelques questions sur le
mémoire. Je pense qu'il s'en pose beaucoup, parce que votre
mémoire est très fouillé. Il y a une expérience
pratique derrière cela de plus d'un an déjà et je pense
que vous êtes bien lancés et vous savez de quoi vous parlez.
Est-ce que vous pourriez nous expliquer, brièvement, le processus que
vous avez suivi? Vous avez aussi produit des documents sur les
équipements régionaux, les périmètres
d'urbanisation et la villégiature. J'aimerais que vous nous disiez
comment vous les avez réalisés et quels usages vous allez en
faire, à l'avenir.
M. Tremblay (Hubert): Premièrement, l'idée de
procéder à un schéma d'aménagement ressort du
colloque municipal qu'on a tenu à Sainte-Famille d'Aumond en 1977,
auquel assistaient beaucoup de maires qui avaient manifesté le
désir qu'on fasse un schéma d'aménagement, on pourrait
bien employer un autre terme aussi, pour que notre territoire soit doté
de règles minimales pour ne pas le gâter plus qu'il ne
l'était. Suite au colloque de 1977, on a acheminé des
résolutions à l'OPDQ, au ministre d'Etat à
l'aménagement, et c'est suite à cela que M. Asselin, du bureau
régional de Hull, est venu me rencontrer chez moi pour en discuter et
m'offrir les possibilités que si on voulait procéder à un
schéma d'aménagement dans le comté de Gatineau, il y avait
des sommes d'argent disponibles. C'est de là qu'on a
procédé, au cours d'assemblées de conseil,
d'assemblées des maires, par résolutions, à des demandes
officielles à l'OPDQ pour qu'on puisse produire un schéma
d'aménagement.
Après l'acceptation de la part de l'OPDQ, et du ministre d'Etat
à l'aménagement, nous avons en- gagé un urbaniste. Nous
avons formé une commission consultative pour un schéma
d'aménagement à laquelle on a relié les
municipalités de Maniwaki et la commission scolaire; la réserve
n'a pas voulu s'impliquer. C'est de là qu'on a fini nos grandes lignes
d'aménagement qui touchent le territoire du comté de Gatineau
pour ne pas se trouver pris dans un dilemme et pour qu'on puisse établir
des priorités. Ces priorités ont été
établies suite à un mémoire qu'on a préparé
avec l'urbaniste. Le mémoire a été envoyé à
l'OPDQ et à différentes municipalités pour qu'ils puissent
en prendre connaissance. C'est de là que nous avons
déterminé les grandes lignes d'aménagement dans les
équipements, les périmètres d'urbanisation et la
villégiature. On avait aussi inclus l'agriculture en dernier ressort,
parce qu'on savait qu'une loi viendrait à cet égard.
A partir de là, nous pouvions fonctionner selon un schéma
intérimaire; dans ce temps, c'était la loi 55 qui
prévalait. On pense toujours que, selon notre schéma
d'aménagement, on devra adopter des règles minimales, un
schéma intérimaire pour qu'on puisse au cours des années,
quand la loi 125 sera adoptée, s'y assimiler lentement.
M. Lavoie (Michel): On peut peut-être le concevoir d'abord
comme des études des sectorielles qui devront être
intégrées, peut-être à court terme si les travaux
doivent s'arrêter là, et à plus long terme si l'Office de
planification et de développement subventionne les travaux. A ce
moment-là, on serait tout de même prêt à adopter une
réglementation intérimaire qui, elle, va tout simplement
favoriser, par la suite, une étape progressive, comme l'expliquait le
préfet, vers une adoption, éventuellement, d'un schéma
d'aménagement. Donc, on est dans un processus qu'on considère
dynamique et continu et on s'inscrit, on l'espère, dans le sens de la
poursuite du projet de loi.
M. Léonard: Cela n'a pas été trop difficile
à établir, le périmètre d'urbanisation?
M. Tremblay (Hubert): Jusqu'à ce jour, ça n'a pas
été trop difficile parce qu'au point de vue des études, on
a eu des rencontres avec les municipalités. On va aller en consultation
à partir de la semaine prochaine; on était censé commencer
cette semaine, mais on n'y est pas allé parce qu'on devait venir en
commission parlementaire. A partir de la semaine prochaine, c'est là
qu'on va voir les implications que ça peut avoir et les controverses que
ça peut amener.
M. Léonard: Vous dites, à la page 7 de votre
mémoire, que le fait qu'on transforme les pouvoirs des
municipalités en obligations vient affecter substantiellement
l'autonomie des municipalités en matière d'urbanisme ou
d'aménagement. Il me semble que, pourtant, le projet de loi conserve
l'autonomie des municipalités et même, je dirais, les renforce et
les améliore par un programme
particulier d'aménagement. Est-ce que vous pourriez nous
expliquer ce que vous entendez par là?
M. Tremblay (Hubert): Là-dessus, je demanderais à
M. Roy, si c'est possible, d'apporter les commentaires qu'on a à
exprimer là-dessus.
M. Roy: M. le ministre, évidemment, on a examiné
les différentes dispositions du Code municipal en la matière et
on se rend compte que, d'après le droit positif actuel, les
municipalités ont la faculté d'agir. Ce que le projet de loi
vient faire, c'est qu'il reprend toute cette substance et, par la suite, il la
repartage en la redonnant aux comtés et aux municipalités. Par le
biais du mécanisme qui décrète le tout, par l'adoption de
la résolution, à partir de dix-huit mois, les
municipalités sont obligées, à ce moment-là, de se
soumettre à tout le processus qui, lui, devient obligatoire; à ce
moment-là, il n'y a plus de facultatif. Cela nous a amenés
à proposer une espèce de calendrier d'échéances
où ce seraient les comtés qui, connaissant leur milieu,
pourraient suggérer la façon dont ça pourrait se
développer. C'est dans ce sens qu'on croit que le projet de loi va
peut-être rencontrer ces objectifs.
M. Léonard: Le comté non plus n'est pas
obligé d'adopter un schéma d'aménagement. L'article 2 dit
bien que le comté peut...
M. Roy: Oui, le comté peut, mais...
M. Léonard:... entreprendre l'élaboration d'un
schéma d'aménagement. Le conseil de comté est
composé des maires de chacune des municipalités; donc, c'est
encore le même monde, sauf qu'il est là collectivement.
M. Roy: Lorsqu'on prend le comté dans son ensemble, il
faut peut-être distinguer les municipalités urbanisées et
celles qui sont complètement rurales, ce qui nous porte à faire
une distinction entre les obligations qui ne doivent pas être les
mêmes pour toutes les municipalités. C'est pour cela qu'on
suggérait que certaines municipalités puissent avoir une
faculté, même à l'intérieur du processus qui est
déclenché obligatoirement, de procéder suivant une autre
échéance, de sorte qu'on ne soit pas obligé de se doter de
toute l'infrastructure prévue et de tous les règlements
prévus et qui deviennent obligatoires dans un même délai de
18 mois. Cela donne une certaine faculté aux municipalités d'y
aller plus lentement, mais d'après leur capacité, aussi.
M. Léonard: Est-ce que je peux vous poser une question,
maintenant, sur les pouvoirs de l'Etat ou sur les pouvoirs que donnerait la loi
au gouvernement? Vous avez des réticences qui concernent l'intervention
de l'Etat dans le processus d'aménagement et vous demandez qu'on
définisse l'intérêt national. J'aimerais que vous
précisiez et que vous nous disiez, selon vous, à quelles
conditions le gouvernement peut décréter des zones d'intervention
spéciale.
M. Roy: Sur cette question, j'ai relevé différents
articles de la loi qui démontrent clairement le grand pouvoir
d'intervention. Je reconnais, d'un autre côté, que le gouvernement
n'a pas l'intention d'imposer, mais les mots sont là et c'est eux qu'il
faut interpréter dans le projet. Lorsqu'on regarde les divers articles,
par exemple l'article 4, forcer l'adoption d'un schéma; l'article 7, un
contenu obligatoire; l'article 62, le pouvoir de désavouer le
règlement de contrôle intérimaire; l'article 78, forcer
l'adoption des plans d'urbanisme, imposer le contenu des plans; ensuite,
l'article 133, le pouvoir d'intervention; l'article 134, les zones
d'intervention spéciale, et l'article 202, le pouvoir du ministre...
C'est un pouvoir, notons-le, qui est très fort. Nous concevons qu'il est
draconien jusqu'à un certain point, car, si le gouvernement veut,
finalement, c'est lui qui mène la barque. C'est dans ce sens que
certaines municipalités sont peut-être effarouchées.
M. Léonard: Est-ce que vous avez fait, dans une certaine
mesure, la part des choses entre le régime régulier normal et le
régime d'exception? Parce qu'au fond, la zone d'intervention
spéciale, c'est un régime d'exception. Ce n'est pas ce qui se
passe ordinairement.
M. Roy: Oui, mais le problème...
M. Léonard: II y a tous les processus de
négociation inscrits, qui se passent dans l'application de la loi, alors
qu'on ne peut pas inscrire cela dans un texte législatif.
M. Roy: Ce qu'on pourrait indiquer dans un texte
législatif, ce seraient les conditions... Ce qu'on pourrait indiquer,
c'est ce qui semble être défini comme l'intérêt
national, par opposition, on l'a relevé, par rapport à
l'intérêt régional. On a donné un exemple
là-dessus. Il y a des choses qui sont nettement d'intérêt
régional. Ce sont les comtés qui devraient en décider. On
reconnaît que, d'autre part, il y a aussi l'intérêt national
qui doit prédominer. Il faut savoir ce que c'est. Il faudrait être
en mesure, avoir des critères pour le définir. Par rapport
à la question également, il y a le processus de consultation qui
est peut-être au niveau des zones d'intervention. Le gouvernement peut
nettement imposer et intervenir. Les comtés, vis-à-vis de ce
grand pouvoir, même si c'est un régime d'exception, n'ont pas
grand-chose à dire. C'est clair dans la loi, je crois.
M. Léonard: Est-ce que je peux continuer, M. le
Président? Cela va? Il y a aussi deux de vos recommandations qui portent
sur les orientations du gouvernement. La première suggère que
l'Etat fournisse ses orientations dans un délai de 120 jours depuis la
date de la résolution du conseil de comté d'entreprendre le
schéma. La seconde demande un mécanisme d'arbitrage si les
orientations du gouvernement ne conviennent pas au comté. J'aimerais que
vous nous exposiez les raisons de ce délai et que vous puissiez aussi
nous donner des exemples de non-concordance entre
les vues du comté et celles du gouvernement. Vous avez
commencé l'élaboration d'un schéma. Je suppose que vous
vous êtes posé cette question.
M. Lavoie (Michel): Je pense qu'il faut distinguer, M. le
ministre, d'une part, le délai de 120 jours qui s'adresse à la
cueillette des données auprès des différents
ministères. C'est la raison pour laquelle nous y avons inclus le
ministère de l'Agriculture. On s'est aperçu, nous, avec une
expérience pilote dans une certaine mesure, que, parfois, auprès
de certains ministères, on avait des difficultés à obtenir
certaines données. Pour éviter justement des délais
excessifs dans le cours de la préparation du schéma, on
suggère donc un minimum, une période requise pour cueillir toutes
ces données nécessaires à l'élaboration du
schéma.
En second lieu, lorsqu'on parle de mécanismes d'arbitrage, il
s'agit particulièrement, lorsque le comté a adopté son
schéma; il nous semble juste, qu'à ce moment, puisque le
gouvernement nous a transmis toutes ses orientations, s'il y a des
modifications en cours de route, on puisse être en mesure, justement,
nous, de faire valoir notre point de vue. C'est dans ce sens-là. (20 h
30)
M. Léonard: Quand vous citez l'exemple du ministère
de l'Agriculture, il me semble que cela aurait quand même
été difficile que le ministère de l'Agriculture rende ses
cartes publiques. Quand on donne un délai comme ça, ça
devient contraignant lorsque c'est inclus dans la loi. Mais, si le
ministère de l'Agriculture avait été obligé de
rendre ses projets publics, je dirais même dans le détail au
niveau des cartes, cela aurait pu engendrer de la spéculation.
M. Lavoie (Michel): Mais vous conviendrez avec nous, M. le
ministre, que le zonage agricole est une des composantes...
M. Léonard: Des grands gestes.
M. Lavoie (Michel): ... que je considère très
importantes au niveau de la planification régionale. Si on veut
déterminer les périmètres d'urbanisation et
procéder à des études d'équipements et de
localisation d'équipements, c'est quand même une donnée qui
m'apparaît indispensable. On comprend que, dans le cours d'un
schéma intérimaire, dans le contexte présent où
c'est quand même tout nouveau, on ne pouvait peut-être pas mettre
immédiatement à notre disposition toutes les cartes voulues, mais
on exprimé ici un voeu pour l'avenir.
M. Chevrette: Suite à une situation de fait.
M. Léonard: J'aurais une autre question. Vous demandez,
à la page 18 de votre mémoire, que les propriétaires non
résidents soient comptés lors du choix des modes de
représentation municipale au conseil de comté. Je suppose qu'il y
a beaucoup de villégiateurs dans votre comté. Alors, est-ce que
vous pourriez nous exposer les raisons qui vous amènent à
proposer l'inclusion des propriétaires non résidents et quelles
modifications cette inclusion entraîne dans la loi?
M. Tremblay (Hubert): A la page 18, on se dit, nous: Dans les
municipalités rurales à faible densité, on a à
répondre, lorsqu'on est élu par les résidents et les
non-résidents, de notre administration aux non-résidents comme
aux résidents, parce que les non-résidents aujourd'hui, dans nos
municipalités rurales, s'ils se regroupent, peuvent nous renverser et on
peut se ramasser avec des fonctionnaires, pardon des élus non
résidents à la table du conseil.
M. Chevrette: Les non-résidents seraient-ils
fonctionnaires?
M. Tremblay (Hubert): Non, j'espère que non. M. Goulet:
Ils veulent savoir ça, eux autres.
M. Tremblay (Hubert): Ils veulent savoir ça? On le dira
plus tard, ça.
M. Goulet: Ceux d'en arrière, là-bas, veulent
savoir.
M. Chevrette: Non, ils ont compris que c'étaient ceux de
l'autre bord.
M. Tremblay (Hubert): Ceux de l'autre bord, d'accord.
On se dit cela, nous, surtout dans le comté de Gatineau. Si on
prend les gens de la ville de Maniwaki, en réalité, qui ont des
chalets un peu partout dans le comté de Gatineau, qui sont
comptés comme des non-résidents, en réalité, quand
ils viennent dans nos municipalités, ils viennent nous demander les
mêmes services qu'on donne à nos résidents. Je ne demande
pourquoi, dans un projet de loi, ils ne pourraient pas être
comptés pour faire le partage de la représentativité au
sein d'un conseil de comté et de quelle façon ça peut se
passer.
C'est parce qu'on dit aussi que les municipalités sont
liées par l'ensemble de leurs contribuables; ce sont eux, en
réalité, qui paient les taxes. Si on a quelque chose à
faire, ils aiment bien participer aussi à l'aménagement quand ils
viennent dans les municipalités. En réalité,
l'aménagement les touche directement dans le comté, parce que
c'est fait pour eux, le tour des lacs, ces choses-là, les règles
minimales, c'est pour garder un meilleur environnement. Ce sont des citoyens
à part entière et on prévoit qu'ils devraient être
inclus comme des membres participants pour qu'on puisse les représenter
au sein d'un conseil de comté.
M. Lavoie (Michel): Quelques données techniques, M. le
ministre. Par exemple, on a plus de résidences secondaires que de
résidences permanentes. La population saisonnière es: plus
impor-
tante que la population permanente et les résidences secondaires
occupent plus de 36% de l'ensemble de l'évaluation totale imposable.
Alors, vous comprendrez qu'à ce moment-là c'est peut-être
légitime de la part du conseil de comté de vouloir être
représenté aussi par ces villégiateurs.
M. Léonard: Ce serait vraiment une représentation
à part entière. Moi aussi, dans mon comté, j'ai des cas
comme cela. Vous m'excuserez de le citer, mais je pense qu'à Nominingue,
je pense qu'il y a 1500 résidents et, l'été, il y en a 12
000. A ce moment-là cela créerait une abstention
considérable dans certaines circonstances. Est-ce que cela ne peut pas
créer un déséquilibre?
M. Lavoie (Michel): Je pense que l'idée de M. le
préfet était qu'au niveau de la représentation sur le
conseil, cela ne signifie pas que le villégia-teur lui-même doive
se déplacer des grands centres urbains pour venir représenter le
conseil, cela signifie cependant qu'on puisse avoir, au niveau des votes, une
espèce de proportion qui tienne compte de l'ensemble de la population,
et des villégiateurs et des résidents permanents.
M. Tremblay (Hubert): Ensuite de cela, ce qu'on demande ici c'est
que ce soient les propriétaires, ceux qui sont inscrits sur la liste des
électeurs, parce que, si je prends un contribuable qui est à
Maniwaki, il peut y avoir quatre électeurs de Maniwaki, mais en arrivant
chez nous, il va y en avoir seulement un, parce qu'il y a seulement un
non-résident d'inscrit sur la liste des électeurs.
M. Léonard: Je vais passer à une autre question si
vous permettez. Vous avez choisi, vous proposez ce qu'on appellerait une
association institutionnelle partielle dans le projet de loi 125. Ceci fait
référence aussi au document qui a été produit, au
fascicule vert qui a été produit par le secrétariat
à l'aménagement. Pourriez-vous nous expliciter pourquoi vous
souhaitez l'association institutionnelle partielle?
M. Tremblay (Hubert): M. Kelly, s'il veut expliciter
là-dessus...
M. Kelly (Harold): M. le ministre, comme première
expérience formelle d'une cohabitation dans des projets spéciaux
comme on a au niveau du conseil de comté concernant l'aménagement
du territoire, vu les municipalités rurales, d'une part, qui
représentent 75% à 80% de tout le territoire et qui sont
associées à la seule ville du comté, la ville de Maniwaki,
qui représente le centre de population le plus important de tout le
comté également, on est associé à une
préoccupation qui nous est commune. On ne prévoit pas, selon
l'expérience vécue, de difficulté à mettre en
oeuvre les différentes lois qui pourraient être issues à
partir d'un schéma d'aménagement ou même de l'application
de la future loi 125.
Toutefois, au niveau des autres préoccupations, on comprend bien
que les problèmes et les intérêts d'une ville ou d'un
territoire fortement urbanisé sont très différents des
préoccupations que l'on connaît dans les municipalités
rurales. A ce moment-là, les besoins ne sont pas les mêmes, les
intérêts ne sont pas les mêmes, les orientations ne sont pas
les mêmes, les préoccupations des élus ne sont pas les
mêmes, les politiques même en vigueur au niveau de certaines
municipalités ne sont pas les mêmes; même le corps
constitutionnel, le corps politique qui se réfère aussi au niveau
administratif n'est sûrement pas équipé ou
"formalisé" de la même façon. A ce moment-là, on
trouve qu'on s'éloignerait, quant au niveau du travail en commun qu'il
faudrait abattre autour d'une table commune. On parlerait probablement le
langage de sourds.
A ce moment-là, on trouve qu'il serait peut-être
préférable, dans un premier temps, de demeurer associés
dans des intérêts qui nous sont bien communs, dans des
préoccupations qui nous sont communes également afin de
commencer, dans une première étape, à vouloir abattre du
travail qui nous concerne de part et d'autre, sans pour autant plonger dans des
préoccupations ou des responsabilités où les uns et les
autres ne se suivraient pas par rapport à l'intérêt qu'ils
y apportent.
M. Léonard: Une autre, une dernière. Le
Président (M. Laplante): Oui, allez-y!
M. Léonard: Pour ce qui concerne le territoire, à
la page 19 de votre mémoire, vous dites: Le conseil de comté
recommande que le gouvernement soit disposé à considérer
une ou des options additionnelles. Comment, à votre idée, cela
pourrait-il être précisé? Comment pourriez-vous
détailler cette option additionnelle ou ces options additionnelles ou,
d'après vous, comment pourrions-nous impliquer les villes, les
municipalités et la population dans ce découpage?
M. Tremblay (Hubert): D'après l'expérience qu'on a
dans le comté de Gatineau, on a des limites de comté qui sont
très variantes. Si on prend le cas du lac Trente et un Milles et qu'on
part de la hauteur des terres et qu'on nous coupe en deux, on laisse deux,
trois ou quatre municipalités qui passent sur la hauteur des terres.
Ensuite, on nous coupe en est-ouest, directement vers le lac Trente et un
Milles, pour suivre le nord-sud et, lorsqu'on arrive à l'autre bout du
lac Trente et un Milles, pour retourner prendre la hauteur des terres, pour
l'envoyer dans un autre comté... Si on prend du côté de
Dorion, du lac Cayamant...
M. Léonard: Là, vous touchez aux
délimitations municipales comme telles, cela n'est pas seulement aux
délimitations du comté.
M. Tremblay (Hubert): C'est-à-dire que c'est au point de
vue des délimitations du comté, parce que...
M. Léonard: C'est parce que les deux coïncident
à ce moment.
M. Lavoie (Michel): Si vous me permettez un point, c'est qu'on
parlait de délimitations du comté. Il y a quand même de
grands espaces qui, pour nous, offrent de grands potentiels de
développement, mais qui sont développés, actuellement, de
façon assez sauvage à cause de la multitude des autorités
en place. Il y a un lac, entre autres, le lac du Poisson Blanc, un très
grand lac, qui est dans les limites de trois comtés et de trois
municipalités. Vous vous imaginez un petit peu l'imbroglio de tout cela,
comment cela peut être difficile de rendre opérationnelle une
réglementation de l'urbanisme. C'est dans ce sens qu'on vous recommande
peut-être d'avoir de nouvelles options à considérer lors de
la délimitation du comté.
M. Léonard: Cela va en ce qui me concerne.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, je voudrais premièrement
féliciter la Corporation municipale du comté de Gatineau pour le
mémoire qu'elle nous présente; avec l'expérience
déjà d'un an, je pense bien qu'elle va rendre service au
ministre. En connaissant le ministre comme je le connais, il semble pas mal
souple, il va sûrement prendre bonne note de certaines de vos
recommandations.
M. Léonard: C'est un compliment de votre part.
M. Garon: Mais je voudrais aussi, au début, excuser le
député de Gatineau qui aurait aimé être ici, mais
qui a été retenu dans le comté d'Argenteuil. C'est
très important. On est franc, on le dit... comme vous autres aussi.
M. de Bellefeuille: II est retenu...
M. Brassard: II est en danger, comment? Il est en danger?
M. Caron: Le député de Montmagny-L'Islet, qui
était ici avant le souper, avant la période du souper, a pris
bonne note de vos recommandations et, au moment où on reviendra en
commission parlementaire pour adopter le projet de loi article par article, je
pense qu'à un certain moment, il y aura des choses qui seront retenues
de notre part et on fera des pressions auprès du côté
ministériel pour qu'il puisse les accepter. C'est tout, M. le
Président, pour ma part.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Verdun. M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Très brièvement, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez aussi un
candidat dans Argenteuil?
M. Goulet: C'est où, M. le Président, le
comté d'Argenteuil?
M. Chevrette: J'ai l'impression que M. Robert n'aimerait pas cela
vous entendre.
M. Caron: La franchise, on voit ce que c'est. Je vais me taire
à l'avenir.
M. Léonard: On va dire aux électeurs d'Argenteuil
que l'Union Nationale ne sait pas où est le comté.
M. Goulet: Vous auriez dû voir cela, promettre des ponts au
conditionnel cet après-midi à l'Assemblée nationale,
c'était pire que dans le temps de Duplessis et de "Ti-Toine" Rivard; ce
n'est pas cela que je voulais dire.
M. Brassard: Le plus comique, c'est que c'est le
député de Johnson qui se scandalisait.
M. Caron: Je souhaite une chose, c'est que le pont va se
construire quand même après lundi soir.
M. Goulet: S'il avait fallu que ce soit l'un des vieux partis,
comme on les appelle, qui promette un pont en pleine Assemblée
nationale, en disant bien que c'est conditionnel au résultat de lundi!
C'est tout à fait...
Le Président (M. Laplante): Non, non, non.
M. Chevrette: Ce n'est pas cela qu'il a dit; la
différence, c'est qu'il y avait bel et bien une rivière.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Goulet: Cela m'étonne parce que j'imagine que, dans la
Gatineau comme chez nous, ces gens-là ne sont même pas capables
d'entretenir les ponts que l'Union Nationale a construits.
M. le Président, pour revenir non pas à nos ponts, mais
à nos moutons...
M. Brassard: Ils sont tellement e nciens... (20 h 45)
M. Goulet: Vous avez souligné que le pouvoir du ministre
est très grand et même trop grand, et vous dites que cela ne
devrait être que dans l'intérêt national. J'aimerais savoir,
suite à la question que M. le ministre vous a posée, si vous ne
voulez pas, à un moment donné, que l'arbitrage soit fait par le
ministre ou par le gouvernement. Vous dites: Nous aimerions un processus
d'arbitrage quelconque, mais vous n'avez rien suggéré. Etant
donné que vous êtes là-dedans depuis un an
déjà, vous avez de l'expérience. Vous n'avez pas
pensé à un mécanisme d'arbitrage, de façon que cela
ne soit pas le ministre qui soit arbitre lorsqu'il y a divergence d'opinions au
niveau soi: des municipalités ou des conseils de comté?
M. Tremblay (Hubert): Pour éliminer toute politique, on
pense que ce serait la Commission nationale de l'aménagement qui devra t
faire l'arbi-
tre, la Commission nationale de l'aménagement qui doit être
formée par la loi 125.
M. Goulet: Dans le même genre que la commission, comme l'a
dit le député de Joliette-Montcalm, sur la loi 90; que cela soit
décisionnel et non seulement consultatif.
M. Tremblay (Hubert): Que cela ne soit pas seulement consultatif,
que ce soit décisionnel.
M. Goulet: Décisionnel, une commission.
M. Roy: Autrement, M. le ministre, ce serait dire que vous
êtes à la fois juge et partie. C'est un principe qui chatouille un
petit peu, surtout pour la création de ces zones qui peuvent brimer
certains droits peut-être pour un principe noble qui serait celui du bien
communautaire. Mais, d'un autre côté, le respect individuel de ses
propres droits, c'est quand même un principe qui doit être
respecté, lui aussi. On considère que les deux sont aussi
importants l'un que l'autre.
M. Goulet: D'accord. Une dernière question...
M. Léonard: Je ne voudrais qu'apporter une
précision, c'est que la création de zones d'intervention
spéciale est faite par le gouvernement et non par le ministre; c'est une
différence importante.
M. Goulet: Bon, bien écoutez!
M. Léonard: Le gouvernement étant le Conseil des
ministres.
M. Goulet: Oui, M. le ministre. Ecoutez, je veux bien croire que
vous n'avez pas gagné la bataille sur la loi du zonage agricole, mais
j'imagine que si vous arrivez toujours à être renversé,
votre opinion ne sera jamais la même que celle de l'ensemble du Conseil
des ministres. Je me demande ce que vous faites au cabinet du ministre. A un
moment donné, le ministre doit décider quelque chose ou proposer
quelque chose ou, en tout cas, suggérer. Vous comprenez ce que je veux
dire, lorsque je parle de ministre. Vous êtes le ministre de
l'aménagement du territoire. Pour le ministre des Affaires municipales,
cela doit être à lui de proposer quelque chose au Conseil des
ministres. Je ne sais pas comment cela se passe à un Conseil des
ministres, mais je présume que c'est comme cela. Vous êtes
l'autorité au niveau...
M. Léonard: II y a quand même une différence,
vous allez l'admettre si vous ne comprenez pas cela entre un
ministre et le Conseil des ministres.
M. Goulet: Oui, mais c'est tout dans le même... Vous savez
ce que je veux dire, c'est tout du même bord. L'Opposition n'est pas
là au Conseil des ministres; c'est ce que je veux dire.
M. Caron: Le ministre recommande quelque chose, part avec quelque
chose.
M. Léonard: II faudrait comprendre cela. M. Chevrette:
Ce ne sont pas tous des Duplessis. M. Goulet: Pour moi, c'est la
même chose. M. Léonard: C'est la même chose pour
vous. M. Goulet: Monsieur, oui?
M. Roy: Un autre point, M. le ministre. Concernant les zones
d'intervention, nous croyons qu'il existe dans la Loi de l'expropriation
actuellement un pouvoir de créer des réserves. Ce pouvoir
pourrait peut-être s'appliquer autant que celui que vous proposez dans
votre loi.
M. Goulet: Le ministre aura peut-être des choses à
ajouter, je lui permettrai de le faire tout à l'heure, s'il le veut
bien. Je n'ai qu'une question, M. le Président. Au niveau du processus
de consultation, vous comme beaucoup d'autres, vous dites que ce sera
très lourd, très difficile d'application. Vous aimeriez qu'il y
ait des normes minimales, mais, par contre, que ce soit laissé à
la discrétion des municipalités et des conseils de comté,
le mode de consultation. Vous soutenez que cela devrait leur être
laissé, mais est-ce que l'on peut s'assurer à ce moment que tout
le monde va être consulté? Comment pouvez-vous assurer aux membres
de la commission que, si on laisse cela à la bonne volonté des
municipalités ou des conseils de comté, à un moment
donné, cela ne va pas se décider autour d'une table de quelques
membres et que ce sera cela, la consultation?
M. Tremblay (Hubert): Premièrement, si on dit qu'il faut
que cela soit envoyé en deux étapes à tous les
électeurs, si on envoie une brique à tous les électeurs,
je vais être bien surpris s'il y en a 10% qui prennent le temps de lire
la brique qu'ils auront reçue. Ils vont la prendre, cela va faire un
beau cahier ou bien les enfants vont barbouiller dans le dos ou ils vont la
mettre sur une tablette quelque part. Ensuite, si on veut les réunir en
assemblée publique, c'est encore assez difficile. Pour les
réunir, il va falloir que tu leur serves un buffet à la fin de la
soirée pour les attirer à venir par d'autre chose que ce dont tu
veux leur parler.
Je ne dis pas de ne pas faire de consultation, il faut en faire, il faut
informer les gens par les media d'information, aussi bien parlés
qu'écrits, mais qu'on veuille les consulter chaque fois qu'on va faire
un changement, c'est beaucoup trop, parce que les gens manifestent peu
d'encouragement, peu de participation à ces choses. C'est vrai que la
loi sur l'aménagement est peut-être quelque chose, pense-t-on, qui
peut les toucher de près, mais j'ai remarqué, ce matin que
l'Union des municipalités a dit qu'il y avait 1% de la population qui
était intéressé. S'il y a seulement 1% de la popu-
lation qui est intéressé, comment va-t-on faire pour
intéresser les autres?
Je pense que, là-dessus, il faudrait qu'on prenne un peu plus de
temps, qu'on informe nos élus municipaux, parce que je pense que
là, il y a beaucoup de choses à faire. Ensuite, on pourra
informer le grand public; quand on aura informé les élus
municipaux dans toute fa mesure du possible, on pourra informer le grand
public. Mais, de la consultation, il en faut.
M. Lavoie (Michel): J'aimerais apporter un second point, M. le
ministre. Tout le monde est d'accord sur le fait que la consultation soit
rendue obligatoire. C'est uniquement les modes de consultation qu'on voudrait
voir laissés à la discrétion des comtés. Cela
pourrait être des résumés envoyés à tout le
monde, cela pourrait être le curé qui en parle en chaire, cela
pourrait être les petits journaux locaux, il y a une foule de moyens qui,
compte tenu des caractéristiques du comté, pourraient être
plus adaptés que l'envoi de résumés par la poste, par
exemple.
M. Tremblay (Hubert): A l'heure actuelle, on fait de la
consultation non pas avec les périmètres d'urbanisation et avec
la villégiature, mais avec les équipements, et, pour moi, c'est
très important. On s'est retrouvé avec des salles où il
aurait dû y avoir 100 ou 150 personnes, et il y en avait 10, 15 ou
25.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, pour le mot de
la fin.
M. Léonard: Je voudrais féliciter, encore une fois,
le Conseil de comté de Gatineau pour l'excellent travail qu'il a fourni
et aussi pour les excellentes réponses que les porte-parole ont fournies
à nos questions. En ce qui concerne la création de zones
d'interventions spéciales, il y a effectivement une différence
entre un ministre et le gouvernement. Le député de Bellechasse
pourra aller suivre quelques cours de sciences politiques.
M. Goulet: Arrêtez donc!
M. Léonard: De toute façon, c'est par
l'expérience qu'il va apprendre cela, parce qu'entre aujourd'hui et le
temps qu'il va devenir ministre, sa moustache va devenir grise. Je vous
remercie beaucoup.
M. Tremblay (Hubert): Je tiens à remercier...
M. Goulet: On voit qu'il n'est pas pesant au Conseil des
ministres.
M. Tremblay (Hubert): Je tiens à remercier M. le
ministre...
M. Goulet: Au moins, je ne l'avouerais pas. Ne pas être
plus pesant que vous ne l'êtes au Conseil des ministres, je ne
l'avouerais pas. On le sait.
M. Chevrette: Monsieur veut parler...
M. Goulet: On sait que M. Garon vous a dépassé de
plusieurs coudées.
M. Chevrette: La récréation est finie.
M. Léonard: Vous ne faites même pas la
différence entre une loi générale, une loi-cadre et une
loi...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Léonard: Tâchez d'apprendre un peu. M.
Chevrette: Cela a été très calme.
M. Tremblay (Hubert): Je tiens à remercier M. le ministre
de la collaboration qu'on a eue de sa part. Je tiens aussi à lui dire
qu'on est toujours prêt à lui apporter notre entière
collaboration. On aimerait ne pas avoir à interrompre les études
que nous avons commencées, on voudrait que cela se continue au
même rythme que c'est parti, parce qu'il y a encore beaucoup de choses
à étoffer.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, messieurs, les membres
de cette commission vous remercient pour votre généreuse
coopération.
J'appelle maintenant le Conseil régional de développement
de la région administrative de Québec.
A l'ordre, s'il vous plaît!
Si vous voulez identifier votre organisme, vous identifier et identifier
les gens qui vous accompagnent.
Conseil régional de développement de la
région administrative de Québec
M. Rouleau (Marc): Conseil régional de
développement de la région de Québec, Marc Rouleau,
directeur général; M. Jean-Paul Julien, membre du conseil
d'administration. Ce matin, il y en avait trois autres, mais malheureusement,
ce soir, ils étaient occupés ailleurs.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez commencer,
monsieur.
M. Rouleau: Je vais lire le mémoire, il n'est pas trop
long.
Tout le monde s'accorde pour dire qu'une loi d'aménagement et
d'urbanisme est nécessaire, mais il semble bien que, dans ce cas-ci,
nécessité ne soit pas synonyme d'urgence. Cela fait plus de
quinze ans qu'on en parle; déjà, deux projets de loi ont
été préparés, proposés et retirés.
C'est dire que la demande sociale pour une telle loi n'a pas été
aussi forte que pour d'autres réformes importantes
réalisées au Québec comme celles des secteurs de
l'éducation, des affaires sociales et de la santé.
II faudrait donc poser la double question du fondement de la
nécessité de cette loi et de l'origine de sa demande. Elle est
nécessaire pour qui et qui la revendique? On répondra qu'elle est
nécessaire parce que les problèmes en matière
d'aménagement et d'urbanisme se sont multipliés au Québec,
que le monde municipal n'aménage pas suffisamment. On n'osera
peut-être pas dire que le temps est mûr au Québec pour
accorder une légitimation à une pratique professionnelle jeune,
celle de l'urbanisme, et universaliser son emploi. D'autre part, si l'on
considère l'environnement idéologique dans lequel le gouvernement
actuel présente sa loi, qui est celui de la décentralisation, une
perspective communautaire nouvelle, comme l'indique le titre
général des fascicules, il apparaît assez clairement que
l'Etat cherche par cette réforme à opérer un changement
sur lui-même, à faire un nettoyage à l'intérieur de
ses propres structures.
Dans cette mesure, la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme sert
de moyen, sinon de prétexte. On le voit, si nécessité il y
a d'une Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, c'est pour de multiples
raisons, certaines évidentes, d'autres plus cachées. Certes, il y
a des problèmes urbains de protection du territoire, de diminution de la
qualité de la vie, etc. Certes, le monde municipal a plutôt
tendance à administrer qu'à aménager. Il ne faudrait pas
que cette loi serve à généraliser un type
d'aménagement et d'urbanisme comme on en a connu jusqu'ici. L'action des
urbanistes professionnels et des politiciens locaux dans l'aménagement
du territoire n'a pas toujours produit les résultats les plus
intéressants pour la majorité des citoyens. Par exemple, à
qui a servi le développement des centre-ville de Québec et de
Montréal? Dans ces deux exemples, le capital a davantage compté
que l'humain. En somme, il faudrait, à notre avis, qu'une loi sur
l'aménagement du territoire et d'urbanisme réponde d'abord et
avant tout à la demande de la majorité de la population, avant de
répondre aux intentions particulières de l'Etat ou aux besoins
d'une clientèle spécifique.
Dans cette perspective, après l'étude du projet de loi 125
et après la consultation que nous avons faite sur son contenu dans la
région administrative de Québec, nous formulons une
recommandation générale dont l'objectif est triple: Favoriser le
meilleur accueil possible de la loi par le monde municipal ici, par
"monde municipal", on entend les conseillers municipaux et les maires
favoriser la meilleure participation possible des populations locales dans
l'aménagement de leur milieu de vie; favoriser une dynamique de
développement régional que l'on ne doit pas confondre avec
l'élaboration de schémas d'aménagement et de plans
d'urbanisme.
Par cette recommandation, nous souhaiterions que soient clairement
distinguées les dispositions concernant la décentralisation, la
régionalisation et la réorganisation des comtés municipaux
de celles qui ont trait à l'aménagement du territoire. Cette
distinction devrait d'ailleurs se matérialiser en deux projets de loi
distincts. Quant à l'aménagement et à l'urbanisme, les
dispositions de la loi devraient porter sur ce qui est nécessaire et
suffisant pour que l'aménagement du territoire par les
municipalités soit possible.
Nous allons expliciter cette recommandation par six propositions. Le
projet de loi 125 nous semble vouloir poursuivre plusieurs objectifs. Plus
qu'une simple loi de l'aménagement, ce projet tente de faire fonctionner
une réforme municipale et de réaliser un début de
décentralisation. Or, ces deux opérations risquent de heurter le
monde municipal. Pour la première fois, on veut créer dans tout
le Québec l'équivalent de ces communautés urbaines. On
connaît l'opposition des élus municipaux à la
création et aux opérations de ces organismes supramunicipaux. Par
la deuxième, sous le couvert de la décentralisation, on
réalise, en réalité, une centralisation,
c'est-à-dire la remise à un niveau régional de pouvoirs
locaux. Si le gouvernement cherche à faire ces deux réformes,
qu'il le fasse clairement, et non sous le couvert d'une loi de
l'aménagement. A poursuivre plusieurs lièvres à la fois,
on risque de n'en attraper aucun.
Actuellement, les municipalités détiennent les pouvoirs
nécessaires pour régir l'aménagement de leur territoire et
l'urbanisme. La faiblesse du système actuel réside dans le fait
que les municipalités ne sont pas obligées d'exercer ces
pouvoirs. Quand elles veulent bien les exercer, dans bien des cas, elles le
font unilatéralement, sans concertation avec les municipalités
voisines. Si le gouvernement veut une certaine cohérence dans
l'aménagement du territoire, il peut très bien atteindre son but
en donnant au ministre l'autorité d'obliger certaines
municipalités à se doter de plans d'aménagement et
d'urbanisme et les contraindre à se concerter à
l'intérieur d'associations fonctionnelles ad hoc pouvant regrouper
d'ailleurs un nombre plus petit que la moyenne des quinze à vingt
municipalités que l'on veut associer par le biais des conseils de
comté renouvelés. (21 heures)
De plus, certaines normes minimales devraient être définies
par l'Etat et une commission de l'aménagement, semblable à celle
proposée au chapitre III de la loi, pourrait intervenir au même
titre que la Commission des affaires municipales intervient dans son
domaine.
Pour résumer, face à la nécessité de
l'aménagement, nous préconisons une ligne minimale à la
fois souple et contraignante. D'une part, nous ne croyons pas que toutes les
municipalités aient un égal besoin de se pourvoir d'un
schéma d'aménagement et d'un plan d'urbanisme. D'autre part, nous
croyons que le gouvernement doit prendre ses responsabilités en la
matière et qu'il n'a pas à masquer ses interventions
régulatrices dans une mécanique super-compliquée de
contrôle, d'exigences de conformité, etc.
Lors de la consultation, plusieurs personnes ont exprimé des
critiques face au projet de loi, qui servent d'appui à la ligne minimale
que nous préconisons. En effet, plusieurs interventions ont
dénoncé le bureaucratisme (longueur des délais,
multiplication des contrôles, développement des
comportements dérogatoires) que risque d'entraîner l'application
du projet de loi actuel.
L'aspect le plus intéressant du projet de loi actuel nous
apparaît être la place importante qu'il accorde à la
consultation de la population dans l'élaboration des schémas
d'aménagement et des plans d'urbanisme.
Toutefois, jusqu'ici, les expériences de consultation n'ont pas
été concluantes. Les conditions dans lesquelles se font ces
consultations placent les populations dans une position passive,
dépendantes de la production des techniciens, sans pouvoir sur les choix
fondamentaux. Si ces conditions ne sont pas changées, la consultation
équivaudra à de la simple manipulation. On note, d'ailleurs, que
la loi est silencieuse par rapport aux modes de fabrication des schémas
et plans par des firmes de consultants qui ont développé un
langage pas facile d'accès qui constitue un obstacle à la
participation de la population. Nous croyons qu'un certain encadrement devrait
être fait par le gouvernement concernant cette pratique. Nous croyons
aussi que les commissions municipales d'urbanisme ne devraient pas se
décharger si facilement de la responsabilité de la fabrication
des schémas et plans et devraient chercher à impliquer le plus
possible la population dans la fabrication même des schémas et
plans.
Peut-être que la seule véritable consultation, c'est la
participation de la population à l'élaboration des
schémas. Cela comporterait, à notre avis, de nombreux avantages:
saine diversification entre les plans des diverses municipalités,
meilleure expression des besoins de la population, réduction des
coûts de fabrication, production des plans qui soient davantage à
l'échelle des milieux locaux et régionaux.
Nous notions que les rédacteurs de la loi ont voulu valoriser la
consultation de la population dans l'élaboration des schémas et
plans. Par ailleurs, ils manifestent un recul face à la capacité
de la population de recourir au référendum. Bien que celui-ci ne
soit qu'un instrument démocratique défensif, il faudrait,
à notre avis, en faciliter le recours à la population en ce qui
concerne le schéma d'aménagement, surtout dans l'hypothèse
où on ne soumet pas au suffrage universel direct l'accession à ce
palier de décision.
Nous croyons qu'une loi d'aménagement et d'urbanisme qui se
respecte devrait contenir des normes et prévoir des moyens visant
à contrôler, sinon à faire disparaître la
spéculation foncière qui est l'un des principaux obstacles
à la possibilité d'aménagement par les
municipalités. On observe déjà dans certaines
municipalités que le zonage agricole, en restreignant le
périmètre d'urbanisation, a fait croître le prix du
territoire à urbaniser de 35% à 40%. Or, les schémas et
les plans vont opérer un quadrillage encore plus raffiné du
territoire à urbaniser, ce qui risque de faire augmenter encore les
prix. Dès fors, la loi devrait contenir, selon nous, des dispositions
qui habilitent les municipalités à constituer des réserves
foncières et, plus spécifiquement, à exproprier au prix du
terrain agricole.
De plus, nous nous rendons compte que l'aménagement, entendu dans
le même sens que la loi, c'est-à-dire dans son sens urbanistique,
technocratique, légaliste, ne constitue pas un attrait pour le monde
municipal, mais plutôt un mal nécessaire ou une contrainte. Il y
aurait eu avantage, croyons-nous, à concevoir l'aménagement dans
son acception populaire, c'est-à-dire comme lié
étroitement au développement.
Le projet de loi semble oublier que l'aménagement n'est pas
quelque chose de désirable en soi, un point de départ, mais
plutôt une résultante, un produit de l'action des forces
économiques de l'Etat et des individus. Personne ne fait de
l'aménagement pour le plaisir d'aménager. L'aménagement se
fait en étant subordonné au développement.
On dirait que ce rapport à la fois évident et
difficilement dissociable entre l'aménagement et le développement
a été oublié par les rédacteurs de la loi.
D'ailleurs, il ne s'agit pas là d'un oubli. Au moment où le
gouvernement nous informait sur le contenu du projet de loi sur
l'aménagement, il nous informait que l'intention de préparer des
schémas régionaux de développement, qui a mobilisé
les CRD depuis leur fondation, était abandonnée sans plus de
justification.
En omettant de lier aménagement et développement
régional, l'Etat risque de se couper des populations locales
déjà mobilisées ou facilement mobilisables par cet
enjeu.
De plus, il pourrait s'avérer très frustrant pour le monde
municipal de se laisser mobiliser dans une croisade d'aménagement du
territoire qui n'est pas accompagnée d'une ferme intention politique
d'intervenir aussi dans le développement.
A notre avis, on peut dire que la demande sociale ne va pas tant vers
l'aménagement entendu dans son sens strict, que vers une politique
sérieuse de développement régional, vers une
décentralisation qui soit d'abord économique avant d'être
politico-administrative. Si on faisait cela avant de vouloir imposer une
gestion de l'aménagement du territoire, celle-ci n'aurait
peut-être pas besoin d'un encadrement législatif lourd.
Finalement, nous observons que, dans son projet de loi, le gouvernement
préconise un objectif de décentralisation. A première vue,
cela attire notre attention. Cela donne l'impression que les communautés
régionales posséderont enfin un outil extraordinaire pour faire
face aux difficultés, sinon à la misère qui les
confronte.
Mais, en y regardant de plus près, nous exprimons de
sérieuses réserves quant à la création d'un nouveau
palier de gouvernement, non électif, qui recevrait des pouvoirs
décentralisés de l'Etat et qui pourrait contraindre les
municipalités à se plier à sa politique.
Il nous apparaît surprenant qu'une loi qui affirme vouloir
rapprocher le citoyen du centre de décision le concernant crée un
pouvoir politique plus loin du citoyen que le pouvoir municipal et ne permette
pas au citoyen d'élire ses membres directement au suffrage
universel.
De plus, nous croyons que le gouvernement ne tire pets suffisamment de
leçons de la faible performance des communautés urbaines, ici et
ailleurs.
D'ailleurs, d'autres mieux que nous ont fait la critique de cette
utilisation de la représentation indirecte pour constituer le conseil de
comté renouvelé. Dans un texte de septembre 1977 du
Secrétariat à la décentralisation, intitulé "Groupe
d'analyse 2: Structures politiques et structures de gestion des conseils de
comté remaniés, élément de comparaison en vue du
choix d'une option", on identifie quatre avantages et treize
inconvénients nous en citons dix à la formule de
fédération des municipalités qui a été
retenue par l'actuel projet de loi.
Les avantages: On dit que cela ne bouscule pas trop les structures
locales et que cela évite de susciter l'opposition des élus
municipaux. Le représentant de chaque municipalité est facilement
identifiable par la population de celle-ci. Cela affirme la
complémentarité entre le palier local et le palier
sous-régional et laisse place à une évolution possible
permettant des rajustements successifs.
Les inconvénients: Le même groupe dit que cela risque de
figer les préoccupations des membres du conseil à travers leurs
visées locales; que cela risque de rendre plus difficile une
restructuration du palier local à moyen terme; que cela oblige à
des marchandages et à des arbitrages entre municipalités, sans
perspective d'ensemble; que cela rend difficile le partage des ressources
fiscales entre le palier local et le palier sous-régional; que les
membres du conseil risquent de défendre d'abord les
intérêts locaux à l'encontre des intérêts
supramunicipaux; que les membres du conseil de comté ne sont redevables
qu'à leurs conseils municipaux; qu'il y a risque de la prise en charge
du conseil de comté par les municipalités les plus populeuses;
qu'il y a la nécessité du vote pondéré, à
cause de la taille inégale des municipalités, et la
nécessité, pour les membres du conseil de comté, d'obtenir
l'assentiment des conseils municipaux pour les décisions importantes;
qu'il peut y avoir des conflits possibles entre le maire et les conseillers
d'une même municipalité au sein de leur conseil local ou dans le
contexte du conseil de comté.
En conclusion, pour préciser nos suggestions sur les orientations
fondamentales du projet de loi, nous distinguons trois options qui se
présentent à l'Etat, s'il veut agir sur l'aménagement et
l'urbanisme.
La première, c'est de donner au ministre le pouvoir d'obliger
certaines municipalités à se doter d'un plan d'aménagement
et d'urbanisme et de se concerter au niveau du comté ou à
l'intérieur d'une association ad hoc. Pour ce faire, il n'y a nul besoin
de créer un nouveau palier de gouvernement ou une nouvelle
structure.
La deuxième, c'est de créer un nouveau palier de
gouvernement, non électif directement, avec des pouvoirs vagues, sans
précision sur son mode de représentation et de financement, mais
avec tout ce qu'il faut pour, dans l'avenir, peut-être surtaxer et
surendetter les communautés régionales. Ceci est la formule qui,
d'après nous, est proposée par le projet de loi 125. C'est
peut-être la moins acceptable des trois.
La troisième, ce serait de créer un gouvernement
régional couvrant un territoire plus grand que le comté
municipal, avec des pouvoirs précis et bien définis sur
l'aménagement et le développement, une assiette fiscale propre,
un personnel politique élu directement par les citoyens au suffrage
universel.
Pour nous, il ne fait aucun doute que l'Etat doit intervenir dans
l'aménagement du territoire, mais comment doit-il le faire?
L'expérience nous a démontré que ce n'est pas chose
facile. Nous n'avons qu'à nous rappeler le double échec de
l'avant-projet de loi présenté en 1972 par le ministre Tessier et
de la loi 12 mise de l'avant par le ministre Goldbloom en 1976. C'est pourquoi
nous croyons que la première option est peut-être la meilleure
comme première étape et permettrait à l'Etat d'agir
rapidement sur l'aménagement et l'urbanisme comme le veut le titre de la
loi.
Quant à la décentralisation gouvernementale, à la
création de nouvelles instances régionales, l'Etat
québécois devrait s'engager dans cette voie après avoir
précisé ce qu'il veut décentraliser, comment il entend le
faire, à qui iront les nouveaux pouvoirs et comment ils désirent
orienter le développement des régions. Une réflexion a
peut-être eu lieu à ce sujet au niveau d'un groupe de
fonctionnaires, mais le monde municipal, le monde scolaire, celui de la
santé et des services sociaux, ainsi que les organismes
régionaux, n'ont pas en ce moment les données voulues pour
prendre position. Il faudrait créer des comités d'étude
réunissant à la même table ces différents
intervenants afin de leur permettre d'orienter cette réforme
politico-administrative, à partir de connaissances pratiques
puisées dans le contact avec les populations locales.
Voilà les quelques réflexions et recommandations que nous
voulions soumettre au gouvernement à l'occasion de cette commission
parlementaire. Nous tenons à remercier le ministre Léonard et son
équipe d'avoir mis de l'avant dans tout le Québec cette dynamique
de discussion et de recherche sur l'aménagement du territoire. Cette
initiative reflète une volonté démocratique qui est tout
à votre honneur.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre d'Etat à
l'aménagement.
M. Léonard: M. Guy Chevrette.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, moi aussi, je voudrais
remercier les représentants du CRD. Je voudrais me permettre certains
commentaires au tout début pour poser ensuite quelques questions. Tout
d'abord, dans votre mémoire, vous proposez
de distinguer la dimension décentralisation de la dimension
aménagement et urbanisme. Je dois vous dire que, là-dessus, nous
sommes très heureux, puisque vous rejoignez, en fait, la conception du
gouvernement, conception qui a été définie il y a
déjà un bon bout de temps, qui consiste à ne pas
brûler les étapes, et, pour reprendre votre propre expression dans
votre mémoire, "ne pas courir deux lièvres à la fois",
puisque vous avez cela dans votre mémoire. Le gouvernement a
décidé de légiférer, dans un premier temps,
uniquement dans le domaine de l'aménagement et de l'urbanisme. Dans un
second temps, il déposera ultérieurement ce qu'on appelle ses
intentions de décentralisation et cela engagera un processus
législatif, une période d'information et une période de
consultation. Là-dessus, on vous rejoint carrément.
Au sujet des conseils de comté renouvelés, j'aurais
quelques observations, puisqu'en conclusion de votre mémoire, vous
présentez trois options. Tout d'abord, vous définissez la seconde
option, qui correspond, selon vous, selon votre mémoire, à la loi
125, de la façon suivante. Vous dites que cela crée un nouveau
palier de gouvernement avec des pouvoirs vagues, sans précision sur son
mode de représentation et de financement. C'est là-dessus que
j'ai au moins quatre commentaires. Tout d'abord, il ne s'agit pas avec la loi
125 de créer un nouveau palier de gouvernement, mais de mettre en place
une table de concertation. Pratiquement tous les documents qui ont
été déposés et qui ont examiné le
problème de l'aménagement ont souligné la
nécessité d'une concertation. Vous-même, d'ailleurs, dans
votre mémoire, vous concluez à la nécessité d'une
concertation entre municipalités. Ensuite, dans le projet de loi,
certains articles font clairement référence au mode de
représentation. C'est à la suite d'une consultation avec les gens
impliqués dans chaque comté que le mode de représentation
sera défini complètement. Il n'y aura pas uniformité
à ce sujet. D'ailleurs, on l'a répété à
plusieurs reprises. Il est possible que cela change selon les comtés,
les découpages, etc. Le mode de représentation pourra être
différent d'un comté à un autre. Je voudrais aussi vous
signaler que vous soulevez dans cette option la question de financement. Je
pense qu'à ce sujet, des renseignements ont été clairement
formulés lors du discours du budget. Le ministre a donné
assurance que la remise de nouveaux pouvoirs sera accompagnée d'une aide
financière adéquate.
Vous soulevez enfin l'aspect des pouvoirs accordés aux conseils
de comté, et, contrairement à ce que vous affirmez, ceux-ci ne
sont pas vagues, concernant l'aménagement et l'urbanisme. Je vous
réfère à certains articles pour que vous puissiez le
vérifier. Vous pourrez regarder les articles 5, 6, 79, 80 et 81. Un mot
aussi sur une de vos recommandations. (21 h 15)
Vous formulez une recommandation qui veut qu'on donne le pouvoir au
ministre d'obliger certaines municipalités à se doter d'un plan
d'a- ménagement et d'urbanisme et à se concerter au niveau du
comté ou à l'intérieur d'une association ad hoc.
J'aurais trois remarques à ce sujet. D'abord, elles seraient sous
forme de question. Ne considérez-vous pas que cette recommandation
revêt un caractère extrêmement centralisateur? Quelle marge
laissez-vous, dans ce cadre, à l'autonomie locale?
M. Rouleau: Je vais répondre à ça. Dans le
fond, c'est que vous le faites différemment. Là, le ministre va
ordonner au comté de se doter d'un schéma d'aménagement et
le comté va forcer les municipalités. Ce serait bien plus simple
que le ministre ordonne aux municipalités de se doter de plans
d'aménagement et ordonne à certaines municipalités de se
concerter. Quand on dit: "par conseil de comté ou ad hoc",
d'après nous autres, on voit difficilement, surtout quand on parle
d'urbanisme et d'aménagement du territoire... Les comtés, dans la
province de Québec, sont faits à partir du fleuve Saint-Laurent,
surtout sur la Côte-Nord, en s'en allant très profondément
dans le nord, et les municipalités dans le nord des comtés et sur
le bord du fleuve sont très différentes, les économies ne
sont pas les mêmes, la dynamique de développement n'est pas la
même. Assez souvent, c'est une perte de population qui a lieu
actuellement dans les hauts de comté, alors que c'est une croissance
rapide dans les bas de comté, surtout près des villes. On se dit
qu'au niveau de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire, mettre
tout ce monde-là ensemble, ça va être un fouillis, pas mal
plus que si, au lieu de ça, on fait des unités
d'aménagement plus petites, qui pourraient être des unités
de sept, huit municipalités et surtout des municipalités
contiguës. Ce serait pas mal plus facile et ce serait accepté plus
facilement par les municipalités. A part ça, elles auraient moins
la crainte de voir certains de leurs pouvoirs passer au nouvel organisme qui
s'appelle "conférence régionale" ou "nouveau conseil de
comté".
Il n'y a aucun doute qu'il y a une crainte des municipalités de
voir une partie de leurs pouvoirs s'en aller là. Quelque part dans la
loi, vous dites que le conseil de comté aura comme tâche de
définir, par exemple, les périmètres d'urbanisation. C'est
un pouvoir qui appartient actuellement aux municipalités et il n'y a pas
beaucoup de conseillers municipaux et de maires qui vont être d'accord
pour que ce soit un autre palier que le leur, au niveau de la mairie, qui
définisse le périmètre urbain. Il y a pas mal de points
là-dedans... Dans les consultations que nous avons faites, nous avons
rencontré, nous avons fait des réunions à La Malbaie,
à Saint-Georges de Beauce, à Thetford Mines, à Montmagny
et nous avons aussi réuni les maires de la ceinture verte autour de
Québec. Partout, il y avait une forte représentation, dans nos
assemblées, de membres du monde municipal. Cela ne veut pas dire
seulement des maires. Il y avait des maires, des conseillers et des
préfets. Cette crainte est presque unanime, celle de voir des pouvoirs
que
les municipalités détiennent actuellement s'en aller
à un nouvel organisme, qui est le conseil de comté
renouvelé. Qui va être là-dedans? Ce sont les maires. Les
maires vont se nommer présidents. Ordinairement, ce sera à peu
près toujours le gars le plus conservateur du comté qui va
être nommé président, surtout s'il y a des pouvoirs.
Personne ne voudra nommer un gars fort, parce qu'il ne voudra pas se laisser
diriger. C'est le jeu des pouvoirs qui va se jouer autour de ces tables.
Nous, on dit... Cela a paru dans toutes... On a envoyé à
l'OPDQ un rapport de chacune des rencontres de consultation qu'on a faites et,
dans toutes les rencontres de consultation, il y avait assurément, de la
part du monde municipal, une crainte qu'il y ait toute une partie de leurs
pouvoirs qui s'en aille à ce nouvel organisme. Et vous citez... Comme
tantôt, on parlait du financement. Le ministre a promis du financement.
Là-dessus, les membres des conseils municipaux nous disent: Quand cela a
été le temps d'envoyer au conseil de comté
l'évaluation foncière, on avait aussi promis du financement. On a
financé un bout de temps, mais, aujourd'hui, l'évaluation
foncière coûte une fortune à chacune des
municipalités qui sont membres des conseils de comté.
Pour les municipalités, où ça ne leur coûtait
à peu près rien, aujourd'hui, ça leur coûte $7000,
$8000, $10 000, $12 000, $15 000 pour l'évaluation foncière.
L'aide gouvernementale a été forte pour les deux premières
années. Après ça, cela a descendu. Les gens jugent un peu
par l'expérience du passé et disent: Les mêmes choses
peuvent se produire à ce niveau. Les promesses de financement, on dit
oui, mais est-ce que ce sera adéquat?
M. Chevrette: Vous dites carrément dans votre
mémoire... De la façon dont vous parlez de l'aménagement
comme tel, vous suggérez, à toutes fins utiles, d'abolir... Vous
ne reconnaissez pas le principe que l'aménagement, c'est de
responsabilité politique.
M. Rouleau: Oui, on trouve que c'est de responsabilité
politique au niveau municipal. C'est là, actuellement, au niveau
municipal, et vous pouvez exiger une concertation entre certaines
municipalités. Actuellement, vous dites que ce n'est pas un palier de
gouvernement, mais vous créez une nouvelle instance. Ce seront les
conseils de comté renouvelés, qui, eux, vont avoir des pouvoirs.
Actuellement, le conseil de comté n'a pas de pouvoirs
d'aménagement. Ce sont les municipalités qui en ont. Là,
vous en donnez au conseil de comté renouvelé. Donc, ce sont des
pouvoirs que les municipalités ont qui vont être
transférés à cette nouvelle instance. On craint que cela
amène des tiraillements et presque l'impossibilité d'arriver
à des consensus là-dedans.
M. Chevrette: Oui, mais, M. Rouleau, vous dites quasiment que les
maires qui vont se retrouver dans cette nouvelle structure des conseils de
comté renouvelés, risquent de jouer un jeu plus ou moins
catholique, de la manière dont vous les avez décrits
tantôt, mais ces mêmes bonshommes retournent chez eux, face
à toutes sortes de pressions d'aménagement local. Est-ce que vous
reconnaissez que l'aménagement d'une municipalité peut avoir une
incidence majeure sur l'aménagement d'une autre municipalité et
que c'est uniquement la concertation qui va faire en sorte qu'on peut avoir un
développement cohérent au niveau de territoires qui ont une
vocation similaire ou encore qui ont des affinités entre eux. Les
mêmes gars que vous semblez ne pas reconnaître trop fort sur le
plan de la compétence et du jugement sont les mêmes...
M. Rouleau: Vous me faites dire des choses que je n'ai pas
dites.
M. Chevrette: II faudrait peut-être relire le journal des
Débats, parce que... En tout cas, je n'aurais pas voulu qu'ils vous
entendent tantôt, vos maires, ils ne seraient peut-être pas
retournés à une assemblée du CRD.
M. Rouleau: Ils viennent souvent et les maires ne fuient pas
quand on les rencontre. Vous n'avez pas besoin d'avoir peur de ça.
M. Chevrette: Mais ils doivent avoir un drôle de
franc-parler, parce que je n'aimerais pas trop me faire dire ce que vous leur
avez dit.
M. Rouleau: Je peux vous envoyer personnellement, si vous voulez,
le rapport direct de la consultation. Vous allez voir qu'il y avait là
des maires en masse et les gens, comprenez-vous, c'est leur opinion qu'on
véhicule.
M. Chevrette: Monsieur, si un maire a des intérêts
en participant à une structure, le même maire, au niveau local,
peut être fortement tiraillé par d'autres intérêts
dans rétablissement de son schéma d'aménagement...
M. Rouleau: Tantôt...
M. Chevrette: ... je vais finir. Ne pensez-vous pas que c'est
justement grâce à l'argumentation logique et cohérente de
la municipalité d'à côté qui peut contrer des
arguments émotifs à l'intérieur de ses propres cadres,
parce que ce sont des amis, parce que ce sont des "chums" trop près? Ne
pensez-vous pas que c'est ça, l'aménagement?
M. Rouleau: Je peux vous répondre? D'abord, la
première chose, je n'ai jamais dit que les maires allaient jouer au jeu
de l'influence partisane. Ce que je dis, c'est que si vous les unissez au
niveau du conseil de comté ce que vous souhaitez qui soit
une unité où les gars vont se reconnaître et vont
être capables de parler ensemble parce qu'ils s'aperçoivent que
leurs municipalités ont des vocations communes et des problèmes
communs, si vous faites ça au niveau du comté, ce
n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai que les gens des parties de
l'extrême-nord des comtés se sentent solidaires des mêmes
problèmes d'aménagement et d'urbanisme que les gens dans les
parties du sud des comtés. Alors, nous, ce qu'on propose, c'est qu'au
lieu de former une nouvelle instance, on dise: Obligez les municipalités
à se doter de plans d'urbanisme et de zonage et obligez certaines
municipalités à se concerter entre elles.
Là, vous pourriez avoir, dans des comtés, par exemple,
trois ou quatre unités, réellement, où les gens
s'aperçoivent que ce qui se fait chez eux a une application sur la
municipalité voisine. C'est un aménagement réellement
homogène qui doit être fait dans telle partie. Mais si vous
unissez un comté complet, vous allez voir que les gens ne seront pas
intéressés.
Je ne vois pas du tout le maire de l'extrémité nord d'un
comté prendre une décision sur l'aménagement de la partie
sud du comté qui est à 100 milles; la partie nord est parfois une
région où, l'économie est axée presque
entièrement sur la forêt. Il y a dépopulation au lieu de
croissance de la population, alors que vous allez avoir, du côté
sud, une croissance de population, une urbanisation, parce que près des
villes, les problèmes ne sont pas les mêmes. Vous allez asseoir
avec les conseils de comté un paquet de maires pour discuter de choses
qui ne les intéresseront pas toujours et qui ne sont pas communes aux
municipalités qu'ils représentent, alors que si vous faites des
unités plus petites, sans créer une nouvelle instance, vous
dites: On les force à s'asseoir pour se concerter sur leurs plans
d'urbanisme et d'aménagement, cinq, six, sept, huit municipalités
conti-guës qui ont les mêmes problèmes, qui vivent les
mêmes problèmes, qui vivent la même croissance. Vous auriez
beaucoup plus de facilité à arriver à des résultats
que d'unir cela au niveau du conseil de comté.
M. Chevrette: J'en aurais une autre, mais j'y reviendrai
après. Vous pouvez passer tout de suite au député de
Verdun.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, de notre côté, on
vous remercie de la façon que vous présentez votre
mémoire. Moi aussi, en tant que maire, je ne vois pas cela tout à
fait du même oeil que vous, mais enfin, c'est votre privilège.
M. Rouleau:...
M. Caron: A la page 6, j'aimerais avoir des détails. "A
notre avis, on peut dire que la demande sociale ne va pas tant vers
l'aménagement, entendu dans son sens strict, mais davantage vers une
politique sérieuse de développement régional, vers une
décentralisation qui soit d'abord économique avant d'être
politico-administrative. Si on faisait cela avant de vouloir imposer une
gestion de l'aménagement du territoire, celle-ci n'aurait
peut-être pas besoin d'un encadrement législatif lourd." Est-ce
que vous pouvez détailler davantage ce point, s'il vous plaît?
Qu'est-ce qui vous fait dire que les gens ne le veulent pas, parce qu'au
début de votre mémoire, vous le dites, comme à peu
près tous les mémoires que j'ai lus, ceux que j'ai eu la chance
d'avoir. Tout le monde est d'accord là-dessus.
M. Rouleau: On ne dit pas du tout que les gens ne le veulent pas,
mais on dit que dans l'esprit des gens, il n'y a aucun doute que quand on parle
de l'aménagement du territoire, on parle aussi de développement.
On a dans l'idée le développement. On a dans l'idée que,
par le biais de l'aménagement du territoire, on va développer la
municipalité, on va développer le territoire. C'est notre
opinion, mais on trouve que la loi actuelle est strictement urbanistique. Elle
traite l'aménagement du territoire strictement... Elle restreint cela au
domaine urbanistique, alors qu'on dit que l'aménagement du territoire,
on aurait aimé voir en même temps se bâtir des
schémas de développement, et que les deux choses se fassent
conjointement. Quand vous parlez d'aménagement avec les populations,
à notre avis, les gens visent le développement en parlant
d'aménagement. On veut aménager parce qu'on se dit qu'on va avoir
un règlement d'aménagement et de développement qui va nous
permettre de prévoir les vocations de la municipalité, les
vocations du territoire pour les années à venir et le
développement de notre région.
M. Caron: Vous parlez aussi de financement. Vous aimeriez,
j'imagine, que le ministre, dans son projet de loi, spécifie le montant
que le gouvernement va allouer. Est-ce que c'est un peu cela quand vous parlez
de financement, d'aide financière?
M. Rouleau: D'abord, on ne s'étend pas beaucoup sur l'aide
financière. Je ne sais pas où vous l'avez trouvée.
M. Caron: Vous avez parlé de cela tout à l'heure en
répondant à la question de mon collègue.
M. Rouleau: Pour nous autres... Si vous créez une nouvelle
instance qui s'appelle le conseil de comté renouvelé ou la
communauté régionale, vous allez avoir à la financer.
L'idée des deux organismes je ne parlerai pas en leur nom
dans l'idée des municipalités, en général, si on
veut garder notre autonomie, financer, cela veut dire nous ouvrir un champ de
taxation. Si financer, c'est transférer des montants du provincial au
régional et que ces montants sont plus importants que les montants que
cette nouvelle instance va aller chercher en taxation, elle va avoir à
peu près l'autonomie des commissions scolaires régionales. (21 h
30)
On l'a dit tantôt: si vous créez une nouvelle instance,
vous la préparez pour organiser la décentralisation. Cela a
été admis dans les discussions ce matin, en tout cas, par les
gens autour de la table. Vous visez à créer tranquillement un
organisme décentralisé au niveau régional qui va
tantôt devenir une espèce de palier gouvernemental, comme le
conseil de comté actuel et qui, pour se financer, va devoir taxer: On
dit: Si cela va jusque-là, il faudrait que ces gens-là soient
élus au suffrage universel, parce qu'actuellement ce sont les maires qui
forment le conseil de comté et, eux autres, choisissent un
président qui est le préfet et qui devient le préfet dans
le projet de loi présenté ici.
Comme, nous autres, on sent très bien que, dans ce projet de
loi-là, il n'y a pas seulement la question d'aménagement du
territoire, il y a la question de la décentralisation. Cela s'est
discuté autour de la table ce matin, tout le monde admettait autour de
la table que la décentralisation était une composante du projet
de loi et l'organisme qui va recevoir cette décentralisation, pour
vivre, cela va lui prendre des revenus. Il peut les avoir de deux
façons, directement du gouvernement et là, il devient un levier
du gouvernement, ou par une taxation des contribuables et là, cela
devient un gouvernement régional.
M. Caron: II y a le danger de taxer la population un peu comme
celle des communautés urbaines. On a la preuve à Montréal,
depuis 1969, quand cela a été adopté ici. En
décembre 1969, on a commencé à taxer et on augmente avec
moins de services. Là-dessus, je vous donne raison, c'est pour cela que
je vous demandais si ce ne serait pas bon que, dans son projet de loi, le
ministre, le gouvernement donne des précisions. De quelle façon
pouvez-vous aider à financer les organismes en conséquence?
Une Voix: C'est ce qu'on dit quand...
M. Caron: Là-dessus, je tiens à vous dire que je ne
suis pas d'accord sur certaines choses avec vous, mais, par contre, je suis
d'accord qu'on arrête de taxer les gens. C'est un autre organisme, une
grosse structure où il est difficile de rejoindre les gens. Comme vous
disiez tout à l'heure, c'est un certain nombre de personnes qui
contrôlent. Cela devient de la bureaucratie qui n'est pas toujours
agréable. On a à Montréal je le redis parce que je
pense qu'on ne le dira pas assez souvent la question du service de la
police qui a réellement diminué en le comparant au temps
où les municipalités le contrôlaient. Toute la nuit, M. le
ministre, les portes des marchands étaient vérifiées.
Aujourd'hui, il n'y a plus cela. On ne voit même plus un policier faire
du "beat". On appelait cela du "beat", à pied. On ne voit même
plus cela. Il y a un certain danger. C'est pour cela que, pour ma part,
j'aimerais bien que le gouvernement dise dans son projet de loi de quelle
façon il va aider l'organisme en conséquence.
M. Rouleau: A la page 9, on dit un peu cela. C'est que, si c'est
une question de décentralisation, on voudrait savoir ce qui sera
décentralisé. Qu'est-ce que ce sera? Le scolaire sera-t-il
décentralisé tantôt, les services sociaux, les CLSC, les
CRSSS? On veut savoir ce qui sera décentralisé avant de dire oui
à une structure, parce que si on dit oui à la structure avant, on
peut avoir une structure qui ne sera pas adéquate du tout pour exercer
ces nouveaux pouvoirs qui seront donnés. On voudrait nous faire
accepter, nous faire dire oui à une structure sans savoir ce qu'on veut
faire avec la structure, parce que, nous autres, on ne croit pas que cette
structure sera mise sur pied strictement pour aménager le territoire. On
n'avait qu'à écouter ce matin les discussions qu'il y a eues avec
l'Union des municipalités et les réponses des membres de la
commission. On voyait très bien qu'on s'en va tranquillement vers la
décentralisation. La nouvelle structure, il faut la préparer
à cela, il faut qu'elle soit porteuse de cela.
Tantôt, ce sera cette nouvelle structure qui sera l'organisme qui
va décentraliser dans les régions. Avant de dire oui à un
type d'organisme le type d'organisme qui est proposé, c'est un
conseil de comté composé des maires qui élisent un
préfet de comté avant de dire oui à cela, on dit:
Une minute! on voudrait savoir ce que vous voulez faire avec cela. Si vous
voulez réellement utiliser cet organisme-là, comme étant
un organisme réellement décentralisateur, avec des pouvoirs, avec
des pouvoirs de taxation, on aimerait y voir inclus le suffrage universel et on
aimerait qu'il y ait au moins une partie de ces gens-là qui se
présentent pour être élus directement pour cette "job".
M. Caron: Merci, monsieur, pour ma part.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. M. Rouleau, vous avez
parlé du CRD de la région de Québec, vous englobez une
vingtaine de comtés de la rive sud et de la rive nord, il inclut
Bellechasse, naturellement. Je n'irai peut-être pas aussi loin que vous
en disant que ce projet de loi ne constitue je pense que ce sont vos
propos pas un attrait pour le monde municipal, mais plutôt une
contrainte. Mais les propos que vous avez tenus tout à l'heure
concernant certaines municipalités à l'intérieur d'un
même comté, qui n'ont pas les mêmes affinités, si
vous voulez. Vous avez parlé de municipalités tout près du
fleuve...
Une Voix: Ou dans les extrémités.
M. Goulet: ... à dix milles de Québec et une autre
municipalité dans le même comté l'autre bord d'une
montagne, en tout cas, dans Bellechasse, les Appalaches à 100 milles
plus loin, soit la frontière américaine, alors on ne voit pas
comment ces municipalités peuvent s'asseoir à la
même table et discuter de choses qui les intéressent.
Malheureusement, dans le comté que je représente, on retrouve les
paroisses et les municipalités qui sont le long du fleuve à dix
milles de Québec, où il y a beaucoup d'agriculture
comparativement à d'autres municipalités qui sont le long des
lignes américaines et où il n'y a à peu près pas
d'agriculture et où la plupart des gens gagnent leur vie du
côté américain à travailler dans le bois, En vous
entendant parler, je constate que vous avez rencontré les maires de ces
municipalités, parce que pas plus tard qu'à l'heure du souper,
avec un maire de mon comté, en l'occurrence celui de Sainte-Justine
où il me faisait part de l'intention d'un groupe de municipalités
de l'autre côté des Appalaches, de demander au ministre de former
un mini-comté ou quelque chose comme cela parce qu'ils disent: On ne
voit pas ce qu'on va aller faire avec les municipalités du bas du
comté pour discuter d'aménagement. Ce n'est absolument pas la
même chose. Il y a autant de différence entre nos
municipalités qu'il y en a, par exemple, entre la ville de Québec
et de Montréal, ou la ville de Gaspé et la ville de
Québec.
Je vois dans les propos que vous tenez que vous avez vraiment
travaillé au niveau de ces gens dans des comtés. Je pense qu'il y
a des comtés qui ont tout près de 100 milles ou 125 milles de
longueur, naturellement. De là à dire que le projet de loi est
une contrainte, je pense que vous êtes assez sévère,
peut-être que le projet de loi mérite cela. Remarquez bien, vous
l'avez étudié encore plus que nous, mais vous, vous soutenez,
après avoir rencontré tout ce monde, qu'on n'a pas besoin de
loi-cadre tel le projet de loi no 125, mais que le ministre pourrait au niveau
de certaines régions, à un moment donné, obliger certaines
municipalités ou certaines municipalités à
l'intérieur d'une région à se doter ni plus ni moins d'un
plan d'urbanisme. C'est ce que vous soutenez après avoir consulté
tout ce monde.
M. Rouleau: Ce qu'on soutient, c'est qu'il devrait y avoir des
normes minimales d'urbanisme, il devrait y avoir une commission d'urbanisme,
comme il y en a une dans le projet de loi de créée avec des
pouvoirs semblables à ceux de la commission des affaires
municipales.
On devrait donner le pouvoir au ministre d'obliger les
municipalités à se doter de plans d'urbanisme et de zonage et
forcer certaines municipalités à s'asseoir pour se concerter
entre elles. D'après nous, cela amènerait une action plus rapide
aussi sur l'aménagement du territoire. Les plans que vous avez,
probablement qu'il n'y aura pas encore, dans trois ou quatre ans, un
schéma de comté qui va être fait; alors qu'avec la
façon que nous proposons cela pourrait se faire plus rapidement et plus
simplement pour commencer. A part cela, ça exercerait les
municipalités à travailler ensemble et peut-être que plus
tard vous pourriez aller vers des structures de décentralisation ou des
structures plus grandes.
Mais d'après nous, si vous voulez agir rapi- dement sur
l'aménagement du territoire, une loi qui définirait des
règles minimales d'urbanisme et de zonage et qui donnerait le pouvoir au
ministre de forcer les municipalités à se doter de plans
d'urbanisme et de zonage et à certaines municipalités à se
concerter entre elles, permettrait une action beaucoup plus rapide sur
l'aménagement du territoire que le projet de loi que vous proposez qui
est compliqué et qui, en plus, va obliger un paquet de
municipalités à dépenser des sommes énormes pour,
comparativement à leur budget, se conformer à cette
hiérarchie de plans.
Ce qu'on propose, c'est beaucoup plus simple d'après nous, et
permettrait une action beaucoup plus rapide sur l'aménagement du
territoire. D'après nous, ce qui est proposé, cela va être
une structure lourde, lente. Cela va prendre énormément de temps.
Imaginez-vous, avant que quand vous avez entendu les deux unions
représentant les municipalités et les conseils de comté
à l'intérieur des comtés, juste la question du vote
soit résolue, cela va prendre combien de séances? Avant que les
municipalités rurales admettent que les municipalités de villes
vont avoir un pouvoir selon la population, ce qui veut dire que cela rapetisse
leurs pouvoirs, avant qu'il y ait un accord là-dessus, comment cela
va-t-il prendre de temps? Avant qu'il y ait un accord sur le découpage,
combien cela va-t-il prendre de temps? D'après nous, la formule
proposée va faire que, dans trois ou quatre ans, cela ne sera pas encore
commencé, l'aménagement du territoire.
M. Goulet: M. Rouleau, une dernière question. Après
avoir visité tout ce monde, une vingtaine de comtés autour de
Québec, si vous voulez, êtes-vous pour ou contre le principe du
projet de loi que nous avons devant nous, le projet de loi no 125 tel que
libellé?
M. Rouleau: Le CRD s'est déclaré pour une loi de
l'aménagement du territoire...
M. Goulet: Ce n'est pas ce que je vous demande.
M. Rouleau:... mais pas de la façon qu'elle est
présentée. De la façon que c'est présenté,
pour nous, il y a là-dedans l'aménagement du territoire, il y a
la décentralisation, tout est là-dedans; c'est confus, on ne sait
pas ce que cette nouvelle instance va faire plus tard, quels pouvoirs on va lui
transférer. Après la consultation qu'on a faite, d'après
nous, les municipalités la craignent. Là-dessus, on dit: Non, on
n'est pas d'accord. On serait d'accord, nous, avec une chose beaucoup plus
simple que cela, qui serait de donner des pouvoirs au ministre d'obliger les
municipalités à se doter de plans de zonage et d'urbanisme,
d'obliger certaines municipalités à se concerter entre elles pour
le faire.
M. Goulet: M. Rouleau, je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. Rouleau, je voudrais vous poser une seule
question, c'est à propos des CRD, les conseils régionaux de
développement en général. Compte tenu de
l'émergence de nouvelles instances correspondant à des
régions d'appartenance, correspondant, par conséquent, à
un découpage de la carte du Québec qui est extrêmement
différent du découpage des régions administratives sur
lesquelles le prolongement des conseils régionaux de
développement et d'autres organismes régionaux déjà
existants est fondé... Vous avez parlé de gouvernements. Nous,
nous préférons ne pas appeler cela des gouvernements.
Une Voix: Des instances municipales, supra-municipales.
M. de Bellefeuille: C'est cela, le mot "instance" ne fait pas de
problème, il y a sûrement une instance. Compte tenu de l'avenir
qui se prépare, où ces instances vont jouer un rôle
très important sur le territoire dans le domaine de
l'aménagement, compte tenu qu'on prévoit que c'est une
étape dans l'établissement d'un cadre de décentralisation
ce n'est pas encore la décentralisation des pouvoirs
elle-même, mais cela fait partie de l'établissement du cadre de la
décentralisation comment voyez-vous, dans cette situation,
l'avenir des CRD? Quel sera, à votre avis, le rôle futur des CRD,
compte tenu de ces nouvelles données?
M. Rouleau: Je ne peux pas répondre à cette
question à brûle-pourpoint, mais je peux vous dire qu'il n'y a
aucun doute qu'il faut que les CRD se penchent sur ce
problème-là. Je pense que c'est déjà
commencé parce qu'à l'assemblée générale des
CRDOQ, il y a une journée complète avec l'Office de la
planification qui sera consacrée à cela, à savoir ce que
les CRD devraient devenir dans les nouvelles structures. Encore là, on
pourra vous répondre quand on saura ce que seront les nouvelles
structures, ce que vous voulez décentraliser et comment cela va se
décentraliser. C'est sûr que les CRD devront se transformer, aucun
doute là-dedans. On n'a pas d'objection à cela non plus. Le CRD,
c'est un organisme qui doit être au service de la population. S'il y a
des changements de faits à l'intérieur des structures
administratives qui font que les CRD, comme ils le sont, ne seraient pas
effectifs, il faut penser à les moderniser ou à les adapter aux
nouvelles structures. Je pense que personne, qui milite autour des CRD, ne sera
contre cela.
M. de Bellefeuille: Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, le mot de la
fin.
M. Léonard: Je remercie le CRD de Québec.
Le Président (M. Laplante): Messieurs, les membres de
cette commission vous remercient de votre participation.
Avant d'ajourner les travaux, voici le nom des organismes qui se
présenteront demain: le Conseil régional de développement
des Cantons de l'Est, no 23; la Corporation professionnelle des urbanistes du
Québec, no 4.
Sur ce, les travaux de la commission sont ajournés à
demain, 10 heures.
Fin de la séance à 21 h 45
ANNEXE A
Projet de loi no 125 Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme
Mémoire
préparé par l'Union des
Municipalités du Québec
à l'intention de
Monsieur Jacques Léonard
Ministre d'Etat à l'Aménagement
Montréal Avril 1979
INTRODUCTION
Le dépôt en première lecture du projet de loi no
125, Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, constitue l'aboutissement
d'un lent cheminement intellectuel qui n'a omis l'étude d'aucun aspect
du domaine de l'aménagement et de l'urbanisme, soit les perspectives
philosophique et politique, soit encore la dimension démocratique, soit
enfin les considérations d'ordre juridique et pratique.
Cette longue démarche, quant à l'UMQ, remonte à
tout le moins à 1948 alors que ses assises annuelles portaient sur
l'organisation du territoire québécois. Toutefois, c'est avec le
dépôt du rapport La Haye (1) en 1968 qu'un véritable
débat s'engage entre l'ensemble des agents de l'aménagement du
territoire, puisque ce document concrétise en un tout la vision
gouvernementale en cette matière. Désormais, les conclusions de
ce rapport vont soustendre et documenter à divers degrés, les
interventions législatives, au chef de l'urbanisme, des gouvernements
provinciaux successifs, plus particulièrement en 1972, en 1976 et,
finalement en 1978; il s'agit respectivement de l'Avant projet de loi de
l'urbanisme et de l'aménagement du territoire, du Projet de loi no 12,
Loi sur l'urbanisme et l'aménagement du territoire et de la
Conférence Québec-municipalités en juin 1978.
Le projet de loi no 125 couronne donc plus de dix ans de discussions
sérieuses, tantôt acerbes, tantôt cordiales. Comme, de plus,
il est le fruit de la collaboration de l'UMQ avec le gouvernement dans une
partie de sa conception et que l'Union a procédé elle-même
à une consultation auprès de ses membres pour leur faire
connaître les principes et les mécanismes contenus dans ce projet
de loi, il n'est plus question de remettre en cause la nécessité
d'une loi-cadre sur l'aménagement et l'urbanisme. L'opinion
générale des élus municipaux est, en effet, favorable
à ce type de législation, puisqu'elle en a
réitéré le besoin au cours de cette décennie.
Cependant, le projet de loi no 125 ne se présente pas uniquement
comme une série d'amendements à la Loi des cités et villes
ou au Code municipal; il ne s'agit pas seulement d'une loi créant une
Commission nationale de l'aménagement dont les seuls pouvoirs sont
administratifs par opposition à ceux détenus par la Commission de
la protection du territoire agricole, énième instance devant
laquelle doivent maintenant parader les municipalités. Le projet de loi
no 125 sur l'aménagement et l'urbanisme est aussi et surtout
subordonné à celui de la décentralisation. Par ce puissant
système de pensée, on désire rapprocher du citoyen
ce qui peut sembler légitime des services conçus et
dispensés par l'administration provinciale à une certaine
époque, mais par lequel, du même geste, on remet à d'autres
l'épineux problème de la gestion et du financement. Quand le
gouvernement voit, comme future assise territoriale de ces services et de ces
fonctions, généralement la municipalité régionale
plutôt que la municipalité locale, que, notamment,
l'investissement foncier se retrouve dans les municipalités urbaines et
que le gouvernement veut faire de l'impôt sur les immeubles la cheville
de la fiscalité municipale, les interrogations ne peuvent être que
plus pressantes.
Eu égard à cette entrée en matière, l'Union
des municipalités du Québec, dans un premier temps, commente
certains postulats en matière d'aménagement et les dispositions
législatives du projet de loi no 125. Dans un second temps, l'UMQ va
offrir ses considérations relativement à la
décentralisation.
(1) Le Rapport de la Commission provinciale d'urbanisme,
ministère des Affaires municipales, 1968.
PREMIÈRE PARTIE
L'actuel projet de loi no 125 constitue, il va sans dire, un net
progrès sur les précédentes propositions
législatives du gouvernement en matière d'urbanisme et
d'aménagement du territoire. Si les municipalités du
Québec, par l'intermédiaire de l'UMQ, brandissaient
l'étendard de l'autonomie municipale suite à la parution d'une
quelconque loi en cette matière, c'est qu'elles ne lisaient, ni dans le
texte législatif, ni entre ses lignes, le respect de leur autonomie.
Par ailleurs, il faut souligner que le projet de loi no 125 intervient
dans le temps après l'entrée en vigueur d'un nombre important de
lois statutaires qui, bon gré mal gré, forment maintenant la
toile de fond obligatoire de tout plan d'urbanisme ou d'aménagement; il
s'agit de la Loi sur la protection du territoire agricole, de celle de la
protection des biens culturels, de celle de la qualité de
l'environnement, de celle de la conservation de la faune et des réserves
écologiques, finalement, des lois créant les communautés
et commissions urbaines et régionales.
Ainsi, les domaines exigeant un type radical d'intervention l'ont
obtenu. Le projet de loi no 125 n'a plus le caractère d'urgence qu'on
aurait pu lui accorder en 1968. Voilà pourquoi l'UMQ profite du passage
du projet de loi en commission parlementaire pour suggérer des
modifications à certaines dispositions et obtenir du gouvernement un
document plus conforme aux opinions exprimées par ses membres.
I - Remise en question de certaines conclusions du
gouvernement en matière d'aménagement
A L'hypothèse d'un développement urbain
anarchique: une autre interprétation
Dès 1968, l'UMQ s'interrogeait sur la philosophie qui supportait
l'analyse faite par la Commission La Haye de la situation urbaine au
Québec. "L'Union des municipalités s'est interrogée
sérieusement sur le rôle réservé aux
municipalités dans le processus de planification et sur l'aspect
démocratique des structures régionales proposées dans
lesquelles le phénomène déconcentration administrative
semblait plus apparent que le phénomène décentralisation
administrative". (1)
Cette position de l'Union s'explique lorsqu'on examine de près
l'ensemble des recommandations du chapitre deuxième du rapport portant
sur la planification économique, l'aménagement du territoire et
l'urbanisme. Six (6) des onze (11) conclusions (1,2,3,4,8,9,) se rapportent
davantage à une grande réorganisation envisagée pour le
gouvernement lui-même; deux autres (5,7) constituent
nécessairement un corollaire logique de cette vision. "1) la
définition rigoureuse des pouvoirs économiques du gouvernement
provincial et l'établissement d'un plan global, de façon que
l'Etat puisse traduire ses objectifs économiques dans une politique
d'aménagement du territoire; 2) l'établissement d'un programme
national de l'équipement physique de manière à
concrétiser, pour les fins de l'aménagement physique des
régions, les objectifs économiques poursuivis par le gouvernement
en matière d'équipement collectif; 3) une coordination plus
poussée des différents organismes de l'appareil administratif de
l'Etat de manière à faciliter la circulation des idées, la
ventilation des renseignements, l'équilibre des objectifs poursuivis sur
les plans économique, social et physique, entre tous les ministres; 4)
la décentralisation des ministères, en particulier de ceux qui
sont chargés d'appliquer la politique économique et sociale,
ainsi que la politique d'aménagement du gouvernement, afin d'assurer la
coordination des efforts entre l'Etat et les collectivités locales; 5)
l'institution de gouvernements ou d'organismes régionaux
représentatifs de manière à donner une base administrative
à l'élaboration, par les collectivités locales, de plans
régionaux d'utilisation physique des sols et à permettre la
collaboration de ces collectivités à l'établissement de
plans socio-économiques régionaux sous l'autorité de
l'Etat; 6) l'uniformisation de la définition juridique des
municipalités ou du moins des normes permettant leur classement
juridique, étant donné que la désuétude des notions
actuelles compromet une politique régionale d'aménagement; 7) la
représentation au sein du gouvernement régional de toutes les
unités municipales situées dans le territoire d'une région
donnée; 8) l'approfondissement des recherches sur l'économie
urbaine, de manière à procurer aux collectivités les
moyens scientifiques leur permettant d'établir leur part de la
croissance générale, de connaître l'étendue de
l'influence que leurs activités exercent sur la région et de
délimiter sur cette base chacune des régions à centre
urbain; 9) à cette fin, l'octroi de subventions d'Etat aux instituts
universitaires et aux services spécialisés de recherche dans les
administrations publiques autonomes;
(1 ) Union des municipalités de la province de Québec,
mémoire, septembre 1969.
10) la possibilité pour les administrations municipales de
programmer toutes les immobilisations publiques projetées sur leur
territoire, l'élaboration d'un tel programme étant la condition
essentielle de toute tentative de planification urbaine; 11) la
définition rigoureuse des moyens dont les municipalités doivent
disposer pour planifier leur aménagement physique.
L'Union a prétendu à cette époque que la
philosophie qui se dégageait du rapport La Haye en était une de
globalisation des facettes de la trame urbaine du Québec et
d'ordonnancement méthodique et contrôlé, du haut vers le
bas, de tout acte futur en matière d'aménagement. Cette
perspective niait en somme la qualité et la quantité de travail
accompli par les corporations locales du Québec avec les moyens que le
gouvernement leur attribuait à l'époque, le plan directeur et les
règlements de zonage, lotissement et construction, et refusait de
reconnaître la diversité municipale, inhérente à
autant de groupes de citoyens requérant l'incorporation en
municipalité.
Cette perspective négligeait de mentionner clairement que, s'il y
avait anarchie sur le territoire québécois, elle était
aussi attribuable à la multiplicité des gestes posés par
autant d'intervenants gouvernementaux le gouvernement, ses
ministères et mandataires, les organismes publics et privés
monopolistiques . La Commission, en formulant des recommandations visant
une telle réorganisation bureaucratique et administrative, songeait
aussi à mettre de l'ordre dans la maison du gouvernement.
B L'encadrement des actions
gouvernementales sur le territoire québécois.
Le projet de loi no 125, par ses articles 127 à 133, vient mettre
un terme à l'apparent désordre des interventions provinciales de
tout type dans le territoire québécois de deux façons:
d'abord, le gouvernement veut indiquer ses intentions par des
documents-synthèse (11 et 21); ensuite, le gouvernement, ses
ministères et mandataires sont liés par la mise en vigueur, d'un
schéma, d'un plan d'urbanisme et d'un règlement local (127);
enfin, lorsque ces derniers désirent intervenir, ils devront passer par
le ministre responsable de l'application de la loi. L'Union félicite le
gouvernement d'autant de courage avec cette réserve, cependant: il est
à l'avantage de toutes les régions du Québec que ce mode
de conduite soit adopté par les gouvernements, dès maintenant,
même quant aux plans et règlements municipaux actuels, et non
seulement lors de l'entrée en vigueur d'un schéma, ce qui peut
être dans un temps relativement éloigné.
Par ailleurs, consciente du sérieux de l'enjeu proposé par
la loi sur l'aménagement et l'urbanisme, consciente aussi des
changements profonds de perspective qu'amènera au niveau local
l'adoption du projet de loi no 125, l'UMQ réclame que, quelles que
soient les exigences de l'Union en matière d'amendements au
présent projet, le gouvernement, ses ministères et mandataires
deviennent liés par les plans et règlements d'urbanisme et, de
plus, procèdent tous par le ministre responsable de l'application de la
loi, pour une quelconque intervention au plan local ou régional.
C L'hypothèse de la désuétude des
structures municipales: la tolérance du législateur
Une autre conception de la Commission La Haye que l'UMQ a
dénoncée c'est "l'archaïsme et la désuétude de
la municipalité". Un certain nombre d'extraits du rapport traduit cette
pensée: "II n'existe pas d'instruments régionaux de la
planification régionale et la distribution des pouvoirs locaux ne
correspond pas à l'importance des agglomérations." "Les
transformations de la ville en un espace urbain sans limites distinctes et sans
existence juridique ont rendu nécessaire l'aménagement du
territoire." "... une politique d'aménagement du territoire repose sur
la programmation des équipements sociaux et s'applique à tout le
territoire national ou provincial à travers un processus de
régionalisation."
Ils ont été malheureusement repris lors de la
conférence provinciale-municipale de 1978, quoiqu'un groupe
d'étude soit venu corriger en 1976 cette vision injustifiée de la
situation qui ne tenait compte ni de la qualité de l'administration
municipale (qu'il nous suffise d'examiner la constance des cotes
attribuées aux gouvernements locaux, petits ou grands, par le
marché des emprunts), ni de la limite des outils que les lois
municipales habilitantes mettaient alors à la disposition des
élus. Il s'agit du Groupe de travail sur l'urbanisation au Québec
dont les recommandations sur le sujet étaient les suivantes: Les
municipalités doivent avoir la responsabilité de la
préparation, de l'adoption et de l'application du plan ou schéma
d'aménagement de leur territoire.
Le schéma d'aménagement doit être conçu comme
un cadre permettant aux municipalités de prendre les décisions
courantes qui doivent être prises. Il doit porter sur un univers
limité dans le temps, soit de 5 à 10 ans tout au plus. Il doit
couvrir l'infrastructure de base et les principaux équipements, les
espaces verts et les espaces de loisirs, ce qui doit être
protégé et mis en valeur (patrimoine historique et culturel), et
établir enfin les relations entre lieux d'habitation, le transport et
les lieux de travail. Le schéma doit indiquer clairement ce que doit
être la localisation précise et le cheminement du
développement à l'intérieur des limites de la
municipalité.
L'établissement d'un mécanisme aux fins d'adapter
périodiquement le périmètre des agglomérations
urbaines. Ce mécanisme serait une table d'arbitrage formée de
représentants de l'administration municipale et de représentants
des conseils de comté.
En somme le Groupe de travail sur l'urbanisation plaçait les
municipalités au centre du processus d'aménagement, elles qui
sont "les plus engagées dans le processus d'urbanisation" (p. 244). De
plus, on suggérait de tenir compte des situations particulières:
le cas des communautés urbaines et celui de Chicoutimi-Jonquière
et Trois-Rivières-Cap-de-la-Madeleine où il n'y a pas de
communauté urbaine. Le rôle du ministère en était un
d'arbitre en cas d'impasse, la voie du dialogue et de la négociation
étant la norme. Il appartenait enfin au gouvernement provincial de se
conformer aux schémas d'aménagement en vigueur ainsi qu'aux
règlements de zonage qui en découlent. Comme il est facile de le
constater, l'aménagement était conçu à partir du
palier municipal et non pas à partir du palier provincial.
Lorsque le gouvernement propose aujourd'hui une nouvelle loi de
l'aménagement et qu'il en soutient la nécessité à
travers les constats décrits dans le fascicule numéro 3 des
documents d'analyse du grand projet de décentralisation, (lesquelles
sont:
La concentration urbaine entraîne, au-delà d'un certain
seuil de population, d'encombrement ou de dispersion du tissu urbain, des
coûts collectifs et individuels en termes d'investissements publics, mais
aussi en termes de dégradation de l'environnement et d'aggravation des
nuisances. Ces coûts, il nous faut les assumer d'une manière ou
d'une autre.
Par ailleurs, selon les groupes sociaux et leur localisation sur le
territoire, il est facile d'observer une inégalité dans
l'accès à certains sites, à certains paysages et à
certaines ressources. Ces inégalités sont souvent sources de
tensions.
De plus, malgré un intérêt grandissant pour ces
questions, l'on ne parvient pas toujours à bien protéger et
mettre en valeur le milieu agricole, le patrimoine architectural, historique et
culturel, ou encore le milieu naturel. Dans bien des cas, les outils existants
pour préserver efficacement ce patrimoine ou ces milieux sont
insuffisants ou restent à parfaire. Sur le plan des modes de vie, l'on
voit de plus en plus de citadins envahir la campagne, et les valeurs du milieu
rural se transformer sous la pression de ces nouveaux arrivants et des moyens
modernes de communication. Au plan institutionnel, l'aménagement du
territoire continue de reposer en bonne partie sur un système municipal
hérité du passé et conçu à une époque
où le Québec était surtout une société
rurale. Un grand nombre de municipalités ont en conséquence
été surprises par l'ampleur du phénomène
d'étalement urbain et ont vu s'implanter une urbanisation plus ou moins
rapide. De sorte qu'aujourd'hui les milieux locaux sont parfois mal
équipés ou suréquipés et plusieurs
municipalités font face à des problèmes financiers
sérieux. De plus, l'apparition de problèmes supra-municipaux a
provoqué un réflexe de solutions des problèmes par l'Etat,
négligeant ainsi le rôle des collectivités locales.) il
omet de référer à deux éléments importants
dans ses conclusions sur l'étalement de la ville à la campagne,
sur l'individualisme municipal et sur la désuétude du
système municipal.
D'abord, même en 1975, ce qui laisse songeur, et ce lors de la
conférence provinciale-municipale, le gouvernement ne voyait pas la
nécessité "généralisée en milieu rural,
d'élaborer des plans d'aménagement à l'échelon du
comté même si les corporations locales n'avaient pas
individuellement la capacité technique pour ce faire."
Si, ensuite, cette harmonie entre la ville et la campagne ou même
encore entre deux ou plusieurs villes fait défaut, c'est peut-être
que les outils dont le gouvernement avait équipé les corporations
locales n'étaient pas adéquats. Il suffit d'examiner les articles
426 (1), 429 (8) et 68 (3) de la Loi des cités et villes, et 392a, 392e,
392f, 392h, du Code municipal pour constater qu'en plus de n'être pas
coercitifs, que ce soit l'adoption d'un plan, d'un plan conjoint et de la
réglementation utile, les effets juridiques d'un plan conjoint ou des
travaux en commission conjointe d'urbanisme n'étaient ni clairs, ni
même approchés. Les municipalités l'auront donc
perçu et se seront abstenues d'improviser, ayant aussi à l'esprit
les problèmes engendrés par la tarification d'ententes
intermunicipales plus simples, telles aqueduc, incendie.
L'UMQ note toutefois que le projet de loi no 125 marque un net
progrès sur les pouvoirs inscrits dans la Loi des cités et villes
en ce qui concerne la sécurité juridique des partenaires
municipaux et des citoyens, ainsi que les interrelations entre les niveaux.
D Le sol, une valeur
quantifiable
II est insuffisant de parler aménagement sous son seul aspect
sociologique. Aménager un territoire, c'est une façon de
gérer l'espace québécois qui constitue un bien
recherché, de moins en moins accessible à tout point de vue, en
coût, en temps, en quantité et en qualité. Cela, la
majorité des élus municipaux l'ont compris, surtout que
l'impôt foncier constitue leur source principale de revenu. Chaque
mètre carré de sol, quelle que soit sa vocation actuelle,
possède une valeur. Chaque mètre de sol dont le
développement est possible promet un revenu, élevé ou
modeste selon l'usage et la densité. La municipalité qui a
donné à ses citoyens le maximum de superficie
résidentielle de leur choix,
(1) La décentralisation: une perspective communautaire nouvelle,
Fascicule 3: L'aménagement et l'urbanisme, ministère du conseil
exécutif, 1978, p. 7.
parallèlement à des fonctions commerciales et
industrielles, ainsi que des services efficaces, peut vouloir leur offrir un
bel espace vert. Des corporations voisines possèdent cette verdure
convoitée, sauf que ces voisins font le même calcul quant au
revenu potentiel du développement, soit commercial, soit industriel, de
ces terrains, dans le but légitime d'offrir à leurs propres
citoyens des services adéquats.
L'aménagement à plusieurs partenaires n'est donc pas
seulement concevoir un schéma élégant, selon les
règles de l'art, où des usages de sol complémentaires sont
harmonieusement répartis sur le territoire sans juxtaposition
conflictuelle. C'est encore et surtout tenir compte de la rentabilité,
fiscale et sociale, rattachée à chaque fonction du sol, à
court, moyen et long terme et devoir reviser les grandes orientations
socioéconomiques déjà engagées par des partenaires
au dynamisme propre.
Si l'aménagement du territoire se veut un effort de concertation
entre diverses municipalités, ce processus politique ne va pas
s'opérer sans heurts puisque l'utilisation du sol est avant tout un
partage entre des intérêts divergents, intra et intermunicipaux.
Dans cet esprit, l'outil mis à la disposition des municipalités
pour travailler ensemble doit être libre d'entraves techniques et
reconnaître les implications financières de la conception d'un
schéma au delà de son coût de confection. Il permettra aux
partenaires locaux d'arriver à un compromis équitable et
rationnel, compte tenu des besoins et des moyens de leurs citoyens dont ils
sont les porte-parole et les défenseurs.
Il Un projet de loi davantage respectueux de
l'autonomie municipale
Dans son mémoire au Groupe de travail Castonguay, l'Union des
municipalités du Québec acceptait l'idée d'une
planification régionale mais désirait que les
municipalités soient confirmées dans leur rôle de
maître d'oeuvre au plan local. De plus, pour les besoins de la
planification, "les municipalités suggèrent un cadre
représentatif régional mais refusent la création d'un
gouvernement régional et prescrivent la libre mise en commun de
ressources via des conseils spécialisés intermunicipaux à
vocation spécifique." (1) Le respect de l'autonomie municipale signifie
non seulement que des élus puissent agir librement à
l'intérieur du cadre fixé par la loi et du mandat donné
par leurs électeurs, mais encore que soit reconnu le travail accompli
dans le cadre de ces limites.
A L'évolution du dossier plus récemment
Suite à la parution du projet de loi 12, Loi sur l'urbanisme et
l'aménagement du territoire, en 1976, l'UMQ s'oppose à la
création "d'une structure régionale qui prendrait la forme d'une
déconcentration administrative et dont les pouvoirs exécutifs en
feraient un nouveau palier décisionnel". Force est de constater que le
gouvernement, malgré les recommandations du groupe Castonguay et des
requêtes répétées de l'Union, ne faisait pas de
l'aménagement une responsabilité municipale d'inspiration locale.
Poutant, l'Union, dans son analyse du projet de loi 12 indiquait sept principes
qu'elle voulait voir respectés en ce qui a trait à
l'aménagement. Ce sont:
(1 ) L'urbanisme est une responsabilité municipale;
(2) La municipalité doit avoir une autorité de fait sur la
localisation des équipements structurants à l'intérieur de
son territoire;
(3) Le contrôle des mécanismes de planification et de
coordination dans ce domaine doit être entre les mains des
autorités locales;
(4) Les mécanismes de planification et de coordination doivent
être élaborés à partir de l'échelon local, et
les autorités locales doivent être mandataires de leurs
membres;
(5) L'intervention ministérielle doit être utilisée
exclusivement en cas de conflit ou d'inaction;
(6) Le gouvernement doit respecter les schémas
préparés par les autorités locales;
(7) L'accès à des ressources financières
suffisantes doit être prévu afin de permettre le fonctionnement
des mécanismes de concertation et l'exercice des pouvoirs au plan
local.
Avec la parution du projet de loi no 125, l'UMQ constate avec plaisir
que ses objectifs sont au moins reconnus en ce sens, quoique le présent
projet appelle encore un dernier polissage. Comme, jusqu'à aujourd'hui
ce sont les municipalités, les plus responsables d'entre elles, qui ont
vu à structurer l'environnement de leurs citoyens en utilisant des
pouvoirs de nature volontaire, pour que l'exercice des libertés de tous
n'entre en conflit sérieux avec aucun, il est normal qu'elles demeurent
les maîtres d'oeuvre dans tout projet d'aménagement. Elles en
possèdent l'expérience et l'expertise.
B Les résultats du sondage de
l'UMQ sur les pratiques municipales en matière d'urbanisme
Si, depuis bon nombre d'années, l'UMQ réclame avec
d'autres organismes un projet législatif taillé à la
mesure des responsabilités municipales en matière
d'aménagement et d'urbanisme, c'est que, comme son partenaire
gouvernemental, elle constatait un certain nombre de problèmes
occasionnés peut-être par l'absence d'une telle loi, mais aussi,
par les limites des pouvoirs accordés aux municipalités et la
tolérance du législateur envers certaines corporations locales
aux vues un peu courtes.
(1) UMQ, Congrès 1976, Atelier urbanisme et aménagement du
territoire, Septembre 1976, p.4.
Toutefois, dès 1968, l'UMQ s'inscrivait en faux contre la
conception gouvernementale prétendant que l'aménagement du
territoire ne cadrait plus avec la dimension locale et en dépassait les
limites désuètes, les guides de l'organisation spatiale devant
provenir de plus haut.
Intéressée au plus haut point à réfuter
cette notion et étonnée du peu de cas fait de la pratique de
l'urbanisme et de l'aménagement dans les municipalités, l'UMQ a
fait parvenir un questionnaire à ses membres portant dans un premier
temps sur la pratique municipale en matière d'urbanisme et un second,
sur leur appréciation du projet de loi no 125 (annexe I)
1. La qualité des répondants
Cent trente-sept municipalités ont complété le
questionnaire sur un total possible de 245, soit un taux de réponse de
56%. Ces municipalités représentent un million sept cent
cinquante mille personnes (1,750,000), localisées dans les dix
régions administratives du Québec. Les paragraphes qui suivent
contiennent les résultats les plus significatifs.
La grande majorité des répondants (85%) est régie
par la Loi des cités et villes, onze, par une charte et quatre, par le
Code municipal. Le tableau I donne la répartition des répondants
par taille de population et les prévisions pour 1984. Si ces estimations
se réalisent, ce sont les municipalités de 10,000 à 20,000
habitants qui seront proportionnellement plus nombreuses à cette
période.
Référer à la version PDF page B-2340
3. Les comportements en matière de zonage, de
lotissement, de construction
Le régime juridique actuel en ces matières est
essentiellement permissif. La loi n'impose aucune obligation à une
municipalité d'adopter des règlements de zonage, de lotissement
et de construction et laisse par conséquent chacune d'entre elles libre
de réglementer ou non, dans le cadre de la loi, l'utilisation du sol et
la construction d'immeubles. Il faut signaler toutefois que le
législateur a apporté, pour des territoires bien
délimités, des exceptions à ce régime
général lorsque le développement économique ou
touristique de certaines régions semblait l'exiger.
a) les pouvoirs exercés
L'enquête menée récemment auprès des membres
de l'UMQ démontre que 98% des municipalités possèdent un
règlement de zonage, que 88% ont un règlement de lotissement et
que 96% enfin ont un règlement de construction. La majorité des
municipalités membres de l'Union se sont dotées, comme la loi
leur permettait de le faire, des instruments de base pouvant réglementer
l'utilisation du sol sur leur territoire. Comme on peut le constater par le
tableau 3, ces règlements ont été mis en application de
façon régulière au cours des années, un bon
pourcentage avant 1960. Par ailleurs, il semble bien que les derniers 6 ans
aient été particulièrement actifs en ce domaine, le tiers
des municipalités ou plus ayant mis leurs
règlements en application au cours de cette période.
b) les amendements à ces
règlements
Le questionnaire demandait d'indiquer le nombre de fois que ces
règlements avaient été amendés. Comme l'indique le
tableau 4, le nombre d'amendements varie beaucoup selon qu'il s'agit de zonage,
de lotissement ou de construction. Ainsi, 92 municipalités sur 137 (67%)
affirment que leur règlement de lotissement n'a jamais reçu
d'amendements, alors que dans le cas des règlements de construction,
leur pourcentage baisse à 40% et dans le cas du règlement de
zonage, 80% des municipalités l'ont modifié. Quant au nombre de
fois que les règlements ont été amendés, le tableau
4 indique que les règlements de zonage sont amendés beaucoup plus
souvent que ceux de lotissement ou de construction. Ainsi 29% des cas se
retrouvent dans la catégorie 40 fois et plus pour ce qui concerne le
zonage, alors que le pourcentage n'est que de 6% et 8% respectivement pour le
lotissement et la construction.
Cette situation démontre de façon générale
que les règles pour l'utilisation du sol doivent être
considérées comme des instruments de gestion, modifiables parce
que la réalité est changeante. Selon une opinion répandue
dans certains milieux, toute demande de modification à ces
règlements aurait une origine "intéressée" et suspecte.
Sur le nombre, on ne saurait exclure évidemment cette possibilité
mais on peut douter que la chose soit aussi répandue qu'on voudrait bien
le laisser croire.
Référer à la version PDF page B-2341
Référer à la version PDF page B-2342
Référer à la version PDF page B-2343
6. Les interventions extérieures 30% des
municipalités disent que l'implantation d'un investissement de nature
publique a entraîné la modification de leur plan directeur ou de
leurs règlements. De ce groupe, 13 ont dit que le projet correspondait
généralement à leurs exigences et 18 autres affirment
qu'ils ont obtenu les changements nécessaires. Donc il semble que la
majorité des gens s'entendent assez bien avec le gouvernement pour ce
qui concerne l'implantation d'un édifice ou d'une infrastructure
à caractère public. Par ailleurs les schémas ou projets
régionaux proposés par des organismes publics ou parapublics
comme les C.R.D. ou l'O.P.D.Q. ont été pris en
considération seulement dans 25% des cas. Donc 75% des
municipalités n'ont pas tenu compte de ces projets.
En ce qui concerne le zonage agricole, 40% des municipalités
disent que leur territoire est affecté par cette loi. La proportion des
territoires qui est affectée par cette loi est de 10% ou moins pour 9
municipalités, de 11 à 25% pour 12 municipalités, de 26
à 50% pour 12 municipalités, et de plus de 50% pour 17
municipalités. Pour ces municipalités qui sont affectées
par la loi sur le zonage, vingt-trois, soit 38%, disent que le plan provisoire
temporaire a paralysé leur développement urbain. 31
municipalités sur 61 pensent que le plan aura un impact sur la
croissance projetée de leur population.
7. Le parc industriel
La majorité des municipalités qui ont participé
à cette enquête (83.5%) affirment qu'elles ont un parc industriel
ou une zone à caractère industriel. Comme dans le cas des
règlements de zonage, construction et lotissement, ces parcs industriels
existent depuis plusieurs années. 21% des municipalités ont un
parc industriel depuis plus de 20 ans, 32% se sont dotées d'un tel parc
au cours des années 60 et 24% au cours des dix dernières
années.
La création d'un parc industriel est en soi un exercice de
planification et d'aménagement. Il est certain, comme la chose a
déjà été signalée, que cet exercice a
donné dans certains cas des résultats inattendus. Qu'on se soit
trompé dans les prévisions n'enlève rien cependant au fait
que c'est en voulant faire de l'aménagement qu'on y est arrivé.
Cet exemple devrait servir de rappel à ceux qui jnvoquent à
l'appui des imperfections actuelles la nécessité d'une
législation spéciale en matière d'aménagement.
Qu'il y ait eu des erreurs de prospectives en la matière, elles sont
dues à plus d'un intervenant; le M.I.C. qui faisait la promotion des
parcs municipaux, le B.S.Q., pour ne nommer qu'eux. Par ailleurs, portion de
ces espaces pourraient être libérés et retournés
à d'autres usages.
8. Conclusion
Les résultats de cette enquête ne permettent
évidemment pas de juger de la qualité des activités
municipales en matière d'aménagement et d'urbanisme mais
fournissent, par ailleurs, suffisamment d'indications pour démontrer que
les municipalités se sont dotées au cours des années des
instruments de base pour régir l'utilisation de leur sol et que c'est
à partir de cette base que devraient être envisagées les
réformes possibles et souhaitables en ces matières. L'implication
n'est pas que le projet de loi 125 n'en tient pas compte mais les documents qui
appuient cette réforme traduisent un jugement trop négatif sur ce
qui se fait présentement.
Les documents gouvernementaux qui, au cours des années, ont
fourni les prémisses aux différents projets de loi en
matière d'aménagement et d'urbanisme, semblent avoir nié
presque constamment l'entité municipale comme lieu d'élaboration
d'un cadre de vie harmonieux.
En rétrospective, on voit que les municipalités ont
développé leurs propres instruments de contrôle du sol au
cours des 20 dernières années, période au cours de
laquelle elles ont connu leur croissance la plus rapide et période
également qui fut la plus mouvementée en termes d'investissements
publics. Il faut toutefois penser qu'au cours des années à venir,
le rôle du secteur public en termes d'investissements sera probablement
moins grand, la plupart des grands réseaux (éducation, affaires
sociales, transport) étant à peu près
complétés, surtout dans le sud du Québec.
Ill L'aménagement au Québec: Des réalisations
géographiques et sectorielles
L'aménagement au Québec n'a pas été le seul
résultat, à ce jour, de l'intervention réglementaire des
corporations locales ou de leur abstention, parfois. Le gouvernement a,
lui-aussi, façonné le paysage québécos en
légiférant de deux manières: soit qu'il a attribué
à des organismes nouveaux, créés par lui, procédant
des corporations locales, le pouvoir d'élaborer des schémas
d'aménagement, soit qu'il s'est réservé, à
lui-même ou à un mandataire, le contrôle sur certaines
affectations du sol. Il s'agit des législations créant les
communautés urbaines et régionales, ainsi que certaines
commissions intermunicipales et, enfin, de lois à vocation territoriale
unique, agricole, écologique, historico-culturelle,
cynégétique.
Le projet de loi no 125 survient postérieurement à la mise
en vigueur de ces diverses lois. On peut comprendre la logique du gouvernement
qui, suite à deux commissions d'enquête sur l'aménagement
et l'urbanisme, postérieurement à la création de
l'O.P.D.Q., après trois conférences provinciales-munici-
pales et plusieurs études sur les regroupements municipaux,
veuille compléter cette entreprise importante de l'aménagement,
spécialement lorsqu'il s'est donné la peine de remettre trois
fois sur son métier un projet de loi en la matière. L'UMQ est
consciente de l'importance de cet investissement en temps, en hommes, en
argent.
Toutefois, la présence de ces lois réduit
considérablement l'urgence d'adopter à toute vapeur une loi sur
l'aménagement qui requiert un nombre important d'ajustements et de
clarifications. Compte tenu, de plus, de l'inégalité des
expériences et des efforts d'aménagement au Québec, en
dépit des problèmes de dénatalité ou de risques de
suréquipement dénoncés par le gouvernement, l'UMQ
prétend qu'il est fort risqué d'appliquer à travers tout
le Québec en même temps un modèle identique de structure
d'aménagement. Il faudrait d'abord et avant tout tenir compte des
corporations déjà en place et de leur intérêt
à continuer leur travail et, quant au reste du Québec,
inventorier les capacités techniques de s'engager à fond dans
cette opération sérieuse.
A Les expériences communautaires
1. Les communautés urbaines et
régionales
Si les résultats du sondage effectué par l'UMQ donne une
certaine idée de l'urbanisme québécois "en province", on
ne peut passer sous silence les activités des communautés dans ce
domaine pour donner une image complète du portrait de
l'aménagement au Québec.
Les lois créant les trois communautés remontent à
1969. Elles concernent plus de 50 municipalités, soit une population de
2,700,000 personnes, sur une superficie de 1325 milles carrés.
Déjà, leur législation constituante prévoyait au
niveau supérieur de la communauté la responsabilité de
l'élaboration d'un schéma avec un nombre prévu d'effets
sur les municipalités membres.
En matière d'aménagement, l'expérience des
communautés est unique au Québec, exceptionnelle non seulement
par leur structure juridique innovatrice, mais encore par la
variété de situations que différents amendements, depuis
leur constitution, ont donné à leur compétence
d'aménager.
Sans trop torturer la réalité, on peut dire que la loi de
la C.U.M. constitue le modèle d'origine de ce type de législation
puisque les pouvoirs contenus aux articles 164 et 165 n'ont pas
été modifiés à ce jour, sauf quant au délai
d'adoption.
La C.U.M. travaille à son plan d'aménagement depuis
bientôt dix ans. De réels progrès ont été
accomplis, dont fait foi la remise d'un rapport important (1). Toutefois, il
semble que le niveau des engagements financiers requis (cinq milliards de
dollars) pour réaliser le projet d'aménagement ait
dépassé les prévisions et ralenti l'ardeur de mise en
oeuvre du schéma. Présentement les discussions se poursuivent
toujours, ce qui n'a pas empêché les municipalités membres
de voir à se doter en parallèle de leur propre plan et
règlements d'urbanisme.
Du côté de Québec, la loi de cet organisme a
été modifiée tout récemment par le chapitre 103 des
lois de 1978. Ces amendements transforment partiellement la législation
d'origine en ce qui a trait au schéma; voilà qui l'en fait une
législation communautaire, "deuxième modèle". Les lois des
communautés de Montréal et de Québec se situent donc
à deux moments chronologiques différents dans l'évolution
et l'adaptation des dispositions facilitant l'adoption et la mise en oeuvre
d'un schéma.
Quant à la communauté régionale de l'Outaouais,
surtout depuis les modifications qu'elle a subies en 1974, les dispositions
applicables au schéma d'aménagement en font le prototype du
projet de loi no 125. Après sept années de travail, l'approbation
du schéma de la C.R.O. est survenue en août 1978. Cette loi
contient en substance les principaux mécanismes inclus dans le projet de
loi no 125. Or, bien qu'on ne puisse présumer des résultats, il
est encore trop tôt pour mesurer parfaitement l'impact d'un tel type de
législation sur le territoire, dans tous ses aspects.
L'UMQ prétend qu'on ne peut ignorer l'expérience de ces
trois cas-types. Elle croit, au contraire, qu'il faut en tirer parti et prendre
bonne note des conclusions que leur aventure commune aura
révélées et ce, tant au chapitre de la collaboration des
partenaires et de l'actuelle participation des citoyens, qu'au plan du
financement. Si le ministre d'état à l'Aménagement offrait
aux membres de la Communauté urbaine de Montréal de songer
à ajouter à leur législation certaines dispositions issues
du projet de loi 125, dans son allocution du premier mars 1979, il n'est pas
clair que les membres des communautés ne soient pas déjà
visés par ce même projet de loi. Les articles 210 et suivants sont
loin d'être limpides, s'il y a exclusion des municipalités membres
des communautés de tous les effets du projet de loi.
L'UMQ, lors de sa récente conférence sur
l'aménagement du territoire, a consulté les municipalités
membres des communautés et les participants ont formulé un
ensemble de recommandations sur les implications du projet de loi no 125 quant
à elles (annexe II). L'UMQ déclare que ces considérations
font partie intégrante de son mémoire et invite le gouvernement
à examiner promptement avec les communautés les sujets de leurs
préoccupations diverses.
(1) C.U.M., Rapport du sous-comité des objectifs du schéma
d'aménagement, octobre 1978.
2. Les commissions et conseils
L'UMQ ne tente pas dans cette section de traiter de ces corporations de
façon exhaustive. Elle ne désire que rappeler au gouvernement la
planification territoriale faite, par exemple, par le Conseil
métropolitain du Haut-Saguenay et par la Commission d'aménagement
de la région aéroportuaire de Mirabel. Ces entités, il va
sans dire, sont grandement favorables à une loi sur l'aménagement
et l'urbanisme. Cependant, constituant des cas particuliers, il ne saurait plus
être question pour elles de reprendre au complet le processus de
confection des schémas et plans dans le cadre d'un nouveau
découpage territorial. Il faut reconnaître les liens qui se sont
tissés, de gré, ou de force, entre les municipalités
participantes.
B Les lois sectorielles touchant
l'aménagement de près ou de loin
II existe un certain nombre d'autres interventions législatives
qui ont transformé le Québec. Il y a dans un cas des lois par
lesquelles les parcs de Forillon, de la Mauricie et de Sainte-Anne ont
été circonscrits. Il y a aussi une panoplie de lois qui, par leur
sujet, ont, pour l'avenir, jalonné le tracé de
l'aménagement et de l'urbanisme. Suivent une énumération
et quelques commentaires sur celles dont les effets marquent l'administration
municipale.
1. La Loi sur la protection du zonage agricole (L.Q.
1978, chapitre 10)
Cette loi, entrée en vigueur le 22 décembre 1978 mais
rétroagissant au 9 novembre 1978, a mis sous tutelle portion ou tout le
territoire de 614 municipalités, quelle que soit leur vocation, rurale
ou urbaine, c'est-à-dire la région agricole
désignée qui correspond aux basses-terres du Saint-Laurent;
d'autres régions agricoles désignées sont promises pour
l'avenir. Cette aire couvre plus de la moitié du Québec urbain en
population et en infrastructure. Pour les municipalités incluses dans la
région agricole désignée, leur rôle n'est plus que
de quémander (43, 47, 55, 65, L.P.T.A.) des exclusions de la zone
à la Commission de protection du territoire agricole pour sauvegarder un
semblant de développement municipal projeté. La commission doit
tenir compte en même temps des représentations de la C.U.P.A., du
conseil de comté et du C.R.D. pour un territoire dont ils ne sont pas
responsables envers aucun électeur. D'ailleurs, cette étape est
secondaire puisque, dès avant la possibilité de faire des
demandes d'exclusion, le décret de région ou d'aire de
contrôle prévaut sur les règlements municipaux (26, 32, 39,
70, L.P.T.A.). L'article 98 de la loi ne vient que renforcer les dispositions
précédentes et ne promet guère de latitude dans les
négociations pour la conception des schémas d'aménagement,
les seules soupapes étant les vocations à fins publiques
(41,104,105 L.P.T.A.).
Dans le présent cas, si l'aménagement du territoire, selon
le ministre d'état à l'Aménagement ne doit pas se faire de
Québec, le zonage agricole, lui, qui n'est autre qu'une des utilisations
du sol municipal parmi plusieurs, se fait à Québec, par le
ministre de l'Agriculture, sans autre forme de procès.
Devant la volonté exprimée du gouvernement d'aborder la
question de l'aménagement à partir du palier municipal, de
façon décentralisée, comment expliquer que ce même
gouvernement, par son ministre de l'Agriculture, dépose une loi de
zonage d'application sectorielle et centralisatrice? Cela est d'autant plus
incompréhensible que les ministres de l'Agriculture, des Affaires
municipales et de l'Aménagement siègent tous trois au
Comité ministériel sur l'aménagement. Comment expliquer
alors que l'un dépose un projet de loi dont l'esprit même est
à l'antipode des intentions avouées de l'autre, à peine
six mois après la rhétorique de la Conférence
Québec-Municipalité 1978?
Peut-être s'agit-il, nous dira-t-on, de situer le débat
dans un contexte différent. Le projet de loi sur la protection du
territoire agricole a été présenté comme une mesure
à caractère essentiellement économique,
c'est-à-dire, une mesure de protection nécessaire au
développement économique du secteur agricole et alimentaire. Cela
est sans doute vrai, mais alors pourquoi la délimitation du
périmètre urbain est-elle l'élément qui
apparaît l'un des plus importants du projet de loi no 125?
Il a même été dit que la protection des terres
agricoles doit renverser les procédés actuels de
développement; ceux-ci devront, semble-t-il, se faire à partir du
territoire agricole créé par le gouvernement. Cette affirmation
n'est pas loin de la vérité puisque la préoccupation
première de la Commission de la protection du territoire agricole est
d'assurer le maintien d'une zone agricole continue, et que la qualité
des sols est un facteur prédominant pour la prise de décision en
matière de zonage. Il en résulte donc que les facteurs
reliés aux besoins d'expansion de la zone urbaine sont
relégués au second rang. Les municipalités deviennent donc
des agents d'information et de consultation ainsi que des commissionnaires de
l'Etat.
Le gouvernement s'est engagé à harmoniser la Loi sur la
protection du territoire agricole et celle sur l'aménagement et
l'urbanisme. L'Union demande qu'on harmonise non seulement les dispositions
législatives et réglementaires de ces deux lois, mais que,
surtout, on en rapproche l'esprit qui se trouve présentement à
l'opposé l'un de l'autre. En somme, puisque le zonage agricole est une
des fonctions de l'aménagement et que la délimitation des
périmètres urbanisés constitue la pierre d'assise des
schémas et plans, l'une peut difficilement brimer l'autre. Il faut que
les municipalités soient consultées avant même que les
aires retenues pour fins de contrôle à l'égard de chaque
municipalité ne soient délimitées.
2. La Loi de la qualité de l'environnement
(L.Q. 1972, chap. 49)
Cette loi qui vise à la protection de l'environnement affecte
diversement les pouvoirs municipaux de gestion du territoire. Elle normalise
rétablissement de systèmes d'aqueduc et d'égout (32) ou
leur maintien (44), en commun ou individuellement (35) ou encore leur
nécessité comme infrastructure résidentielle ou de loisirs
(33). Il en est de même pour la gestion des déchets (54) et de la
conformité obligatoire des règlements municipaux (58). Le
lieutenant-gouverneur et le directeur possèdent les pouvoirs utiles pour
déterminer les lieux d'élimination des déchets (66-70).
Cette loi contient un ensemble de normes minimales pour encadrer la
construction et la salubrité des bâtiments en territoire municipal
(71 et suivants).
3. La Loi sur les réserves écologiques
(L.Q. 1974, chap. 29)
Cette loi permet au lieutenant-gouverneur en conseil de délimiter
tout territoire composé de terres publiques en réserve
écologique (2) ou de faire de même, par transfert de
propriété, à l'égard d'un terrain privé (3).
Tout acte qui risquerait de perturber la flore ou la faune de cet espace est
prohibé (6-7), soit l'exploitation agricole, forestière,
minière, soit encore tout travail de terrassement et de construction.
Cinq réserves ont été constituées à ce
jour.
4. La Loi de la conservation de la faune (L.Q. 1969,
chap. 58)
Le lieutenant-gouverneur en conseil peut, par règlement
établir des zones de chasse et de pêche à exploitation
contrôlée (77) où circulation et séjour peuvent y
être totalement ou partiellement interdits. Il y a plus de 45 zones en
1979.
5. La Loi sur les biens culturels (L.Q. 1972, chap.
19)
Dans le cadre de cette loi, bien culturel signifie monument et site
historiques et leur aire, bien et site archéologiques et leur aire,
arrondissements historique ou naturel. Le ministre peut classer un bien
culturel (25); le lieutenant-gouverneur peut déclarer un territoire
arrondissement historique ou naturel (45). Les municipalités peuvent
faire telles requêtes au ministre aussi (426 (1) L.C.V.). Un certain
nombre de règlements adoptés par le lieutenant-gouverneur en
conseil s'incorporent à la législation municipale (53 d), e), f),
g)).
6. La Loi de protection du patrimoine
forestier?
Des rumeurs annoncent une telle mesure législative. L'UMQ
s'inquiète des concepts qui serviront à concevoir cette loi et
des mécanismes prévus pour l'inclure au grand projet
d'aménagement qui se veut décentralisateur et respectueux de
l'autonomie municipale.
Si, l'UMQ a procédé à cet inventaire sommaire de la
législation gouvernementale dont les effets en sont d'aménagement
du territoire, c'est pour démontrer la quantité de règles
qui existent déjà pour colmater des brèches, si
mal-aménagement existe au Québec. C'est aussi pour avertir le
gouvernement qu'une loi de l'aménagement du territoire qui
n'intègre pas ces fonctions, d'une manière ou d'une autre, risque
de conduire au chevauchement de juridiction et de découpage,
presqu'à l'anarchie bureaucratique et réglementaire. C'est aussi
pour souligner que le projet de loi no 125 contient lui aussi un dispositif
d'exception pour circonscrire le territoire; il s'agit des zones d'intervention
spéciale (Z.l.S. 135). L'UMQ, outre d'y voir encore là une
forme d'ingérence dans l'autonomie municipale, se demande
honnêtement, ce que ces zones protégeront, spécialement 135
a) et b), eu égard aux buts visés par la législation
énumérée plus haut.
IV Le projet de loi et ses différents
aspects
Les principes du projet de loi no 125 sont les résultats d'un
travail de collaboration entre l'UMQ et le gouvernement, suite aux voeux
exprimés par les participants à la conférence
Québec-municipalités, en juin 1978. Toutes les propositions de
l'U.M.Q. n'ont pas été retenues nécessairement, le
présent projet résultant de négociations serrées
entre le niveau municipal et le palier gouvernemental.
L'UMQ qui siègeait depuis septembre 1978 au sein du comité
d'orientation sur l'aménagement faisait parvenir le 17 novembre une
lettre au ministre d'état à l'Aménagement contenant ses
principales recommandations avant la mise en chantier de l'actuel projet de
loi. Elles étaient au nombre de sept: 1 - En ce qui concerne
l'aménagement du territoire, il s'agit d'une fonction déjà
inscrite dans la mission municipale quoiqu'assumée inégalement
sur le territoire québécois. De toute évidence
l'aménagement a une connotation intermunicipale et il est rationnel
d'envisager la création d'une structure intermunicipale chargée
de coordonner l'aménagement d'un territoire élargi.
2- Nous proposons donc au Comité d'orientation la création
d'une structure intermunicipale uni- fonctionnelle en vertu des dispositions de
la Loi des cités et villes auxquelles seraient conférés un
caractère obligatoire en matière d'aménagement du
territoire. 3- Quant au nombre de ces comités ou conseils
régionaux, nous réitérons notre désir de
l'établir après consultation sur les hypothèses
présentement à l'étude au Comité d'orientation
quoique la proposition de quatre-vingt-sept (87) nous semble adéquate.
4- Pour ces motifs, nous demeurons convaincus que le Comité
d'orientation doit s'inspirer de l'hypothèse trois (3) quant au
modèle d'association. 5- Le mode de financement de ces structures est au
centre des préoccupations des administrations locales et nous
désirons que la fiscalité régionale soit
arrêtée avant d'épouser un projet global de
décentralisation. 6- Cette structure pourrait porter l'une des
appellations suivantes: Comité régional d'aménagement,
Corporation intermunicipale d'aménagement ou Conseil régional
d'aménagement. 7- Elle serait formée proportionnellement des
élus en provenance des municipalités d'une petite région
d'appartenance et comporterait un nombre maximum de représentants pour
des motifs d'efficacité.
Toutefois, avec la parution du projet de loi no 125 en décembre
dernier et l'importance de son contenu, tant en quantité qu'en
qualité, l'UMQ a tenu, parallèlement à la tournée
d'information du ministre d'état à l'Aménagement, une
consultation de ses 245 membres. 650 délégués de tous les
coins du Québec sont venus faire connaître leurs commentaires
d'administrateurs municipaux, élus et cadres.
L'UMQ entend maintenant exposer le résultat de leurs
délibérations et ajouter un certain nombre de suggestions. Par
ailleurs, l'UMQ entend aussi faire connaître l'ensemble des
réponses obtenues par sondage avant la conférence sur le projet
de loi no 125.
A- La conférence municipale sur
l'aménagement 1.Le projet de loi no 125
Préalablement à la tenue de la conférence, l'UMQ a
fait parvenir à ses membres un questionnaire dont une partie traitait
des aspects relativement importants du projet de loi. Quoique les abstentions
aient été élevées (20%), 36% des répondants
étaient favorables au projet de loi, 17% s'y opposaient et 47% donnaient
un assentiment sous réserve; les réserves sont contenues dans
l'annexe III du mémoire. Elles nuancent les réponses à la
question 1b) (annexe I).
2. L'assise territoriale de la table de concertation
(144a - 159)
Le fascicule 6 veut que le mode d'association soit le moins contraignant
possible en ce qui a trait à l'association territoriale des participants
municipaux. L'article 142 de la loi n'est pas aussi clair. L'UMQ croit que le
regroupement doit être volontaire afin de laisser les affinités
municipales, faites autant de complémentarité que de similitude,
déterminer les dimensions socio-géographiques des territoires
à aménager.
Les participants ont, de plus, réaffirmé que le contexte
des comtés actuels ne pouvait plus correspondre à
l'aménagement régional. Ce cadre, vieux de plus de cent ans, ne
s'harmonise plus avec les lignes de force socio-économiques du
Québec; qu'il suffise de dire qu'ils ont été
fabriqués à partir d'un regroupement de comtés
électoraux, taillés eux-mêmes jadis par des
arpenteurs-géomètres. Le simple fait que, juridiquement, les
villes, régies par la Loi des cités et villes, les aient
abandonnés au fur et à mesure de leur constitution, n'a pas
favorisé leur adaptation.
L'UMQ considère les trois hypothèses de regroupement du
fascicule 6 intéressantes mais prétend qu'elles ne peuvent
supplanter l'intention clairement exprimée de chaque unité
d'aménagement d'être plus restreinte. Cette base territoriale doit
être fonctionnelle et volontaire, mais aussi réduite en nombre de
municipalités et en population représentée. Voici ce qu'a
révélé le questionnaire sur la "petite région
d'appartenance".
Un des aspects les plus intéressants du projet de loi sur
l'aménagement est celui qui consiste à définir des limites
géographiques pour l'exercice de la fonction d'aménagement. Pour
apprécier les mérites des propositions gouvernementales à
ce propos, on peut examiner les résultats suivants. En analysant tout
d'abord le nombre de municipalités contiguës à celle du
répondant, on voit une tendance très nette: ce nombre est
rarement plus élevé que 6.
Référer à la version PDF page B-2349
Référer à la version PDF page B-2350
Référer à la version PDF page B-2351
4. Les formules de représentativité et
de représentation (144c)
Quoique les participants ne se soient pas arrêtés sur une
seule formule, ils ont exigé du ministre que, dans
l'éventualité de l'établissement d'une corporation
intermunicipale d'aménagement il intervienne comme arbitre seulement,
sur invitation de leur part, mais qu'en tout temps ce soit ces
municipalités qui fixent leur type de représentativité et
de représentation.
Il va sans dire que, dans le cadre de cette institution, la
représentation urbaine doit être favorisée,
protégée et garantie. Les municipalités urbaines
correspondent à plus de 80% de la population du Québec, l'UMQ,
représentant 235 cités et villes, y inclus Montréal,
Québec, Laval et Longueuil, sur un total de 258. Ces
municipalités urbaines, au sein de cette structure intermunicipale, dont
les assises démographiques et foncières sont importantes, ne
doivent être limitées ni par le nombre total des
représentants, ni par leur proportion totale, ou encore par les pouvoirs
accordés.
Comme la loi envisage de faire assumer la gestion de
l'aménagement du territoire aux corporations nouvellement
formées, comme, traditionnellement, l'urbanisme est une fonction dont la
responsabilité git au plan local, il faut que la représentation
au sein de l'organisme intermunicipal demeure entre les mains des élus
locaux, quoique le gouvernement imagine d'autres modes de
représentation, dont l'élection au suffrage universel, s'il y
avait d'autres missions que l'aménagement à confier
éventuellement aux corporations.
L'UMQ propose au gouvernement de travailler à établir ces
formules de représentativité et de représentation
auprès de chacune des futures corporations, à moins de le faire
au sein des comités d'orientation politique et technique
d'aménagement.
Par ailleurs, comme les membres de l'UMQ favorisent une association
unifonctionnelle intermunicipale carrément distincte des comtés
actuels, il s'ensuit que le futur chef de cette structure ne sera pas le
préfet de l'ancien comté. Ces élus autour de la table de
concertation choisiront leurs propres président et secrétaire de
corporation.
5. Le partage des compétences entre le niveau
intermunicipal et le
niveau local (5, 6, 8, 79, 80, 81, 109, 112, 115,
116)
L'ensemble des participants ne s'oppose pas au partage des pouvoirs fait
dans le projet de loi no 125. Avant l'adoption de la loi, cependant, il faut
s'assurer d'une harmonisation parfaite avec les pouvoirs actuellement contenus
dans la Loi des cités et villes, dans le Code municipal et dans les
diverses législations sectorielles à incidence municipale, pour
éviter toute duplication ou ambiguïté juridique. Il faut
voir aussi à bien limiter les interventions d'un niveau dans les
opérations de l'autre, surtout que le projet de loi est unifonctionnel
et vise l'aménagement du territoire. Par exemple, que l'article 46 soit
modifié de sorte que seuls les règlements d'emprunt reliés
à la mise en oeuvre du schéma ou du plan soient soumis à
des avis.
Un nombre imposant de recommandations a été fait par l'UMQ
au niveau du groupe de soutien technique au Comité d'orientation
politique quant à la nécessité de certaines
définitions, à l'établissement de délais, à
la levée d'imprécisions et de chevauchements, à une
simplification de quelques mécanismes. L'UMQ fait siennes toutes ces
recommandations aux partenaires gouvernementaux. Elle espère les voir
incorporées dans la version finale de la loi sur l'aménagement et
l'urbanisme.
Conscients du bouleversement que l'implantation de ce futur projet de
loi apportera, conscients aussi que ce projet de loi ne met pas fin à
toutes les interventions des ministères dont la gestion municipale, les
participants à la conférence ont fait le voeu que les
municipalités en arrivent à pouvoir ne référer
qu'à un seul ministre, celui des Affaires municipales. Celui-là
pourra aussi, par le fait même, exercer un meilleur contrôle sur
les projets de loi et de réglementation, sur la variété
des programmes, destinés aux corporations locales, qu'ils soient ou non
pilotés par d'autres ministres.
6. Les avis de la Commission et la
conformité
Le projet de loi marque une franche amélioration sur les
précédentes propositions législatives en la
matière. Le projet tente de donner à tous les intervenants, et
ce, à toutes les phases de la mise en oeuvre de la loi, la
sécurité juridique nécessaire. La Commission n'a un
rôle que d'examen, soit, mais les processus sont lourds. L'UMQ recommande
au ministre d'examiner dans les faits le concept de conformité,
spécialement à la lumière de l'expérience de la
C.R.O. dont le schéma vient d'être adopté, afin de
vérifier si ce document est juridiquement contrôlable et peut
adéquatement servir de norme à la conformité des plans et
règlements locaux de l'Outaouais.
7. Le financement des schémas et plans
Le ministre s'est engagé formellement, contrairement à
l'article 207, à financer l'élaboration des schémas et
plans. D'ailleurs, le récent budget a prévu certains fonds
à l'attention des municipalités. Toutefois. l'UMQ déclare
que cela ne règle pas le problème de mise en oeuvre du
schéma et puisqu'il s'agit moins de financer la cartographie des
régions que de restructurer l'espace socioéconomique du
Québec, l'U.M.Q. soulève de sérieux doutes sur la
suffisance des fonds prévus actuellement.
8. Le rôle des différents intervenants a)
le ministre et le gouvernement
L'UMQ ne répétera pas ce qui a été dit
précédemment concernant les articles 128 et 135. Cependant, elle
ajoute ceci, à propos des deux dispositions suivantes, prises ensemble.
Pourquoi le gouvernement s'attribue-t-il deux mécanismes, 128 et 134,
pour des interventions qui paraissent identiques? Il s'agit du but de 128 par
opposition à celui de 135c). Les participants ont remarqué le
rôle excessif du ministre ou du gouvernement, cela en est un bon
exemple.
L'UMQ se demande aussi ce qui justifie le pouvoir de désaveu du
ministre au chapitre des règlements de contrôle intérimaire
(62), spécialement quand ceux-ci peuvent être constitués
des règlements d'urbanisme des municipalités participant au
schéma?
Quant aux documents-synthèse du gouvernement qui feront
connaître ses orientations dans la région, l'UMQ réclame
qu'ils soient soumis aux municipalités plutôt qu'aux C.R.D. qui
n'ont reçu aucun mandat de l'électorat et n'ont aucun compte
à lui rendre. L'UMQ demande de réunir les deux étapes
d'information, 11 et 21, à la fois pour concentrer l'information et
hâter le processus.
Finalement, l'UMQ pense que prendre ses responsabilités
politiques suite à une intervention dans une région n'est pas
l'obligation des seuls élus municipaux. C'est dans cet esprit que l'UMQ
veut voir modifié l'article 131 de manière que le gouvernement
demande aux municipalités de consulter leurs citoyens sur son projet qui
transformera le schéma; qu'en somme, le gouvernement obéisse au
processus de consultation qu'il impose. Les participants ne sont pas
prêts à payer la note de politiques d'aménagement que les
gouvernements locaux et leurs citoyens refusent de supporter.
b) les citoyens
La participation et l'information du citoyen frôle la
"consultationite" héritée du B.A.E.Q. L'expérience des
élus municipaux, tirée des demandes de référendum,
ne concorde pas du tout avec cette participation à outrance. L'UMQ
demande qu'on réduise au minimum ces deux aspects en favorisant surtout
l'information, plus économique par ailleurs, en utilisant l'avis dans
les journaux de préférence à l'envoi postal. Que
liberté soit accordée à toute corporation intermunicipale
qui désire en faire davantage.
9. Le nom du nouvel organisme
Le projet de loi 125 dans sa forme actuelle a véhiculé de
nombreuses imprécisions dont l'utilisation même du mot
comté. Comme les participants à la conférence ont
unaninement accepté une structure unifonctionnelle distincte des
conseils de comté actuels, désuets et inadaptables, il va de soi
que dans cette logique, l'appellation "comté" soit rejetée pour
désigner les futures structures. Les élus locaux ont donné
massivement leur accord au vocable "communauté régionale" pour
identifier la corporation intermunicipale d'aménagement. Les titres de
"préfet" et de "secrétaire-trésorier" disparaissent
évidemment pour être remplacés par des terres
conformes.
Bref, l'UMQ souhaite que la réglementation qui articulera le
futur projet de loi no 125, de même que les modifications qu'il
contiendra, seront le vrai reflet des volontés exprimées par les
élus locaux.
DEUXIÈME PARTIE I La
décentralisation
Le projet de loi sur l'aménagement et l'urbanisme est
subordonné à celui de la décentralisation dont il forme
seulement l'un des aspects. Les élus municipaux ont bien voulu, lors de
la conférence sur l'aménagement, s'en tenir à l'analyse du
projet de loi lui-même et ne pas déborder du côté de
cette philosophie administrative pour deux raisons: d'abord, bien que cette
pensée du gouvernement soit annoncée depuis une décennie
par un ensemble de documents plus ou moins bien articulés, elle est
à peine esquissée si l'on en juge par le contenu des fascicules
verts actuels. Ensuite, les élus municipaux ont désiré
s'en tenir à régler les problèmes de l'aménagement
à plusieurs participants, comme ce projet de loi sur
l'aménagement s'y consacrait. Toutefois, si jamais l'ensemble du
programme gouvernemental sur la décentralisation est engagé,
qu'il ne soit jamais dit que les élus ne seront pas sérieusement
interrogés sur les effets de ce dessein sur la population dont ils sont
les mandataires.
La décentralisation, c'est un concept un peu évanescent.
Il s'analyse mieux lorsqu'on examine les pouvoirs dont il provoque le
déplacement.
Il faut toujours voir la décentralisation à partir des
pouvoirs qui échappent au contrôle de l'organisme qui les
détient: soit à partir du gouvernement vers d'autres corps
intermédiaires, soit à partir des municipalités vers une
entité nouvelle.
L'actuel gouvernement prétend vouloir rapprocher des citoyens un
ensemble de services, conçus et dispensés, bien loin à
Québec. Cet objectif est louable et bien intentionné. Il faut
quand même se demander quels sont ces services qui appellent la
décentralisation: santé, bien-être, éducation? Rien
de mieux pour un groupe de citoyens que des services taillés à la
dimension de leurs besoins et de leurs capacités, mais ce transfert ne
va probablement pas s'opérer dans l'abstrait. Que penser du
cortège des problèmes engendrés par la répartition
des actuelles implantations physiques, par le découpage effectué
jadis de Québec pour de bonnes raisons, par une bureaucratie
hypertrophiée et indisciplinée à l'occasion, par les
coûts engendrés à ce jour et promis dans l'avenir? Les
élus municipaux sont d'abord et avant tout des administrateurs; ils ne
peuvent passer sous silence ces légitimes interrogations.
Par ailleurs, pour poursuivre dans la ligne de pensée du
gouvernement, l'exercice en aménagement, engagé par le projet de
loi no 125, en est un de découpage géographique, d'abord et avant
tout, les aspects population, superficie, histoire y faisant
intrinsèquement partie. Le programme décentralisation emprunte
une voie similaire. S'il y a lieu de décentraliser des services, leur
adéquation aux besoins et aux capacités d'un groupe plus
restreint de citoyens s'opère à partir d'un découpage
aussi.
Il faut s'interroger non seulement sur le projet d'aménagement
à court terme mais aussi à long terme et voir si ces
décentralisations conviennent aux municipalités et si le
territoire qui servira d'assise à la gestion des "communautés
régionales" servira en plus à la décentralisation d'autres
fonctions. En somme, il ne faut pas que l'exercice de réflexion soit
limité, vain ou à reprendre.
Si, par hypothèse, la structure d'accueil est la même tant
pour l'aménagement que pour les autres fonctions, quels en seront les
administrateurs? Des élus municipaux et des gestionnaires nommés?
Dans ce cas, quelle sera la nature des comptes à rendre à
l'électorat? Des élections au suffrage universel pour portion des
administrateurs? Lesquels? Quel type d'hiérarchie ce système
va-t-il engendrer? Enfin, l'U.M.Q. considère le débat
lancé et promet de l'alimenter par des considérations de toutes
natures.
Sans vouloir s'attarder dans une discussion à laquelle trop
d'éléments font défaut, l'U.M.Q. désire soumettre
au gouvernement certaines considérations sur l'économie de la
production de services municipaux. L'Union s'inquiète de la vision
globalisante que risque de prendre la décentralisation et fait
référence par exemple aux problèmes énormes
engendrés par l'intégration des services policiers.
L'exposé de Me Jacques Besré, sous-ministre des Affaires
municipales, le premier février 1979, ne rend que plus pressant le
besoin d'explications exigé par les municipalités du
Québec en matière de décentralisation et de
péréquation: ...la principale fonction de ce gouvernement
démocratique local, implicite à son pouvoir de
réglementer, est de définir les besoins de sa population,
c'est-à-dire qu'il doit identifier ces besoins et procéder au
choix des priorités au nom de l'ensemble.
Il importe enfin que les coûts encourus par l'administration
locale dans le cadre de ses responsabilités soient partagés
équitablement entre les citoyens. Je vous avoue à ce sujet que la
justice et la raison me semblent exiger qu'au niveau municipal, ces coûts
soient partagés en fonction du bénéfice reçu par
les contribuables plutôt que selon leur capacité de payer. ...je
vous avoue cependant être souvent confronté à une opinion
assez répandue, même dans le milieu municipal, qui voudrait que la
municipalité s'adonne à la redistribution de richesse à
l'intérieur de ses propres murs, en répartissant les coûts
de l'administration municipale en fonction de la capacité de payer des
contribuables. ...Nous croyons au contraire que la redistribution de la
richesse est une fonction qui ne peut être exercée que par un
niveau supérieur du gouvernement, et certainement pas en tous cas, dans
un territoire aussi limité que celui d'une municipalité.
...la municipalité est un gouvernement démocratique local
qui a comme principale fonction de définir les beoins de sa population,
d'en assumer les coûts et de les partager équitablement dans le
cadre d'une autonomie consciente et responsable.
Cette vision de la municipalité implique pour le gouvernement de
ne limiter le droit ou la capacité de décider d'une
municipalité que dans la mesure où l'autonomie locale peut
empiéter sur les droits des autres collectivités, ou aller
à rencontre d'objectifs poursuivis par l'ensemble des citoyens de la
province.
Il Les fondements de l'organisation des
gouvernements urbains
Un gouvernement local est un producteur de biens et services et la
qualité d'une ville se mesure avant tout selon la façon dont elle
répond aux multiples besoins de ses habitants. Par conséquent, en
termes d'allocation des ressources, le problème fondamental, ici comme
dans les marchés commerciaux et industriels, est d'équilibrer
l'offre et la demande pour les biens et les services. L'objet de toute
réforme devrait donc être celui de déterminer l'agencement
des structures qui optimisent les bénéfices qu'en retireront les
citoyens.
D'ailleurs, c'est justement sur les qualités
présumées des processus de gestion centralisés que l'on a
fondé la centralisation au moment de la réforme de
l'éducation et des affaires sociales. Dans certains domaines, la
centralisation offre une plus grande équité des services,
grâce à l'accessibilité offerte à tous et à
la normalisation, une plus grande cohérence dans l'action
gouvernementale et des économies d'échelle, c'est-à-dire
la réduction des coûts. Par contre, la centralisation a aussi ses
lacunes: elle surcharge les décideurs du centre et ralentit le processus
de décision; elle entraîne souvent une mauvaise perception des
besoins des publics; elle décourage les leaders ou encore les
fonctionnaires éloignés du centre; plus
généralement elle conduit à l'irresponsabilité de
ceux qui sont tenus éloignés du centre de décision.
Le projet de décentralisation procède largement de ces
constatations sur l'inadéquation de la centralisation dans l'allocation
des ressources car il apparaît comme le moyen d'améliorer la
situation tout en sauvegardant les acquis de la centralisation. Surtout pour ce
qui est de l'accessibilité et de l'équité des services,
selon ses proposeurs, la décentralisation permettrait de redonner au
centre sa vocation de planification, d'arbitrage et d'ajustement aux
circonstances. Elle donnerait aux organismes décentralisés plus
de responsabilités, plus de leadership, plus de moyens de susciter la
participation et de répondre adéquatement aux besoins
exprimés.
Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que la centralisation n'a pas tous
les défauts ni la décentralisation toutes les qualités. On
en n'arrivera à établir une meilleure structure que si l'on fonde
les politiques et l'action sur une appréciation juste des avantages et
des désavantages de l'un ou l'autre mode d'organisation.
A- La demande de biens et services publics
La caractéristique des biens et services normalement produits par
les municipalités est différente des biens de consommation et
justifie quelques commentaires sur sa nature "économique" et les
conditions de production optimale. Il est généralement
accepté, en théorie économique, que dans un marché
concurrentiel, la production de biens et services sera optimale du point de vue
de l'économie nationale. La validité de cette hypothèse
est généralement supportée par les faits. Cependant, il
existe certains biens et services dont la nature est telle que le
précepte fondamental de l'économie de marché ne vaut plus.
On définit ces biens et services comme des biens publics (1). Leur
caractéristique fondamentale qui fait que l'hypothèse
d'optimalité des marchés concurrentiels n'est plus valable, c'est
que la consommation par un individu ne réduit pas la quantité
disponible pour les autres individus. Par exemple, cela ne change rien à
la consommation d'autres individus que 10 ou 100,000 personnes écoutent
la même émission de télévision.
De même, on pourrait appliquer un raisonnement analogue à
des externalités positives ou négatives, telles la pollution ou
la congestion où, en pratique, il est impossible d'organiser un
marché qui permettrait aux individus lésés de payer les
pollueurs afin que ceux-ci réduisent leur production de pollution. De
façon moins rigoureuse, on peut définir un "bien public" comme un
bien ou service qui devrait être produit mais pour lequel il n'existe pas
de moyen de faire payer le consommateur "à l'acte".
Dans la mesure où les marchés traditionnels ne peuvent
indiquer correctement les préférences des "consommateurs" quant
à un niveau adéquat de production de biens publics,
d'externalités positives et la réduction d'externalités
négatives il faut adopter une autre forme d'organisation. C'est ainsi
qu'il faut voir la fonction "économique" des processus
démocratiques. Dans ces cas particuliers, les processus
démocratiques sont plus efficaces que le marché, entre autres
parce qu'ils n'exigent pas la majorité simple pour fonctionner. Un
exemple illustrera ce point. On admet généralement qu'il va de
l'intérêt des résidents d'une certaine région de
procéder à une certaine planification de leur territoire. En
pratique,
(1) Samuelson, P.A., "The Pure Theory of Public Economy", Review of
Economics and Statistics, 1954, pp. 387-389.
cela signifie que la municipalité préparera un plan
d'urbanisme et/ou de zonage. Advenant le cas où certains jugent opportun
de modifier ce plan, les règles prévoient un mécanisme de
consultation auprès des citoyens concernés. Si la règle de
l'unanimité de tous les citoyens concernés était
appliquée, il est évident que les coûts encourus pour
dégager un consensus seraient prohibitifs comparés à ceux
qui prévaudraient dans le cas de la majorité simple. Par contre,
si seul le droit de propriété prévalait, le comportement
d'un seul propriétaire pourrait faire encourir des pertes énormes
aux voisins. Le processus démocratique permet donc d'opérer un
certain équilibre entre les bénéfices d'un individu en
particulier et ceux de la communauté immédiate.
Il faut réaliser cependant que le processus démocratique
n'est pas tout à fait idéal comme mécanisme de
détermination de la demande. Les règles fondamentales du
processus démocratique, c'est-à-dire un vote majoritaire portant
sur l'ensemble d'un programme politique, impliquent la formation de multiples
coalitions d'intérêts particuliers, coalitions que l'on n'assimile
évidemment pas nécessairement à des formations politiques
ou à des groupes identifiables d'individus comme tels. Sous cet angle,
il est aisé de voir que le rapport coûts/bénéfices
d'une mesure peut être très favorable pour certains membres de la
coalition sans que ce ne soit nécessairement le cas pour l'ensemble de
la collectivité.
Les membres de la majorité (il ne s'agit pas ici des élus
mais de milliers d'électeurs) font donc porter par d'autres une partie
du fardeau de l'action collective qu'ils déterminent, la
répartition des coûts des politiques nouvelles étant
supportée par l'ensemble des contribuables plutôt que par ceux
seulement qui bénéficient des services nouveaux (1). Cette
observation quant aux règles de fonctionnement des processus
démocratiques ont une incidence très forte sur l'organisation des
gouvernements urbains et expliquent dans une large mesure la fragmentation des
agglomérations urbaines.
On définit les coûts d'externalités politiques comme
étant ceux imposés à un individu forcé de
participer et/ou d'encourir les coûts d'une action collective avec
laquelle il est en désaccord. Par exemple, même si un citoyen
s'oppose à ce que la municipalité offre un service de
bibliothèques, il n'aura d'autre choix que de payer si la
majorité des citoyens est d'avis contraire. Dès que
l'unanimité disparaît, ces coûts d'externalités
politiques apparaissent. Par ailleurs, il y a des coûts associés
à la prise de décision. Il en coûte moins cher (en temps et
en argent) d'obtenir une décision si la règle de la
majorité simple prévaut plutôt que celle de
l'unanimité. Par conséquent, on peut comparer l'évolution
des coûts associés à la prise de décision à
celle des coûts de l'externalité politique, du point de vue de
tout individu membre du groupe, en fonction de la proportion requise pour
prendre la décision. Les coûts d'interactions sociales
représentent les coûts totaux pour chaque prise de
décision. (2)
De la discussion qui précède, deux ordres de
considérations pertinentes émergent. Premièrement, un
examen, même sommaire, des règles de décision qui existent
montre qu'elles sont invariablement reliées à deux facteurs:
l'urgence et les coûts d'externalités politiques potentielles
associées à la décision. Ainsi, une seule personne peut
prendre la décision d'appeler les pompiers même si les coûts
sont supportés par l'ensemble de la municipalité. Par contre,
dans certaines conditions, on exigera la majorité absolue.
Deuxièmement, il va de l'intérêt de tous de
réduire les coûts d'interactions sociales. Ceci peut être
accompli soit en regroupant des individus ayant des préférences
similaires dans des entités différentes, soit en limitant le
champ des compétences de l'institution politique. Ainsi, l'origine des
coûts associés au processus de décision dans les
institutionns politiques (ce que sont les municipalités) favorise le
regroupement des citoyens ayant des préférences homogènes
car de cette façon, les coûts sont minimisés. En fait, les
études ont démontré que le processus d'urbanisation
produisait invariablement une stratification des juridictions municipales selon
la richesse. Dans les grandes agglomérations urbaines, peu de
municipalités présentent un caractère aussi
hétérogène que l'ensemble de l'agglomération. De
plus, durant une même période, la comparaison entre les
caractéristiques de la population de villes qui ont été
intégrées à une grande agglomération urbaine et
celles qui sont demeurées "satellites" de cette même
agglomération montre que le processus de stratification a
opéré dans les premières et non dans les secondes (3).
Devant une telle situation, peut-on encore se surprendre du fait qu'en
général les citoyens aient refusé de donner suite aux
diverses propositions de regroupement?
B- L'offre de biens et services publics
La nature même des biens et services offerts par les
municipalités soulève un problème extrêmement
difficile à résoudre: comment mesurer et évaluer la
quantité et la qualité des services offerts? Il est donc
très difficile de déterminer si le niveau de productivité
atteint est adéquat. Dans le secteur privé, la concurrence fait
en sorte que le producteur sait rapidement si sa performance est bonne et se
compare aux autres producteurs. La situation n'est pas aussi facile dans le
secteur public. Le problème est d'autant plus sérieux que les
producteurs publics sont normalement en situation de monopole.
(1) Voir en particulier Migué, J.-L, "Le marché politique
et les choix collectifs au Canada", Conseil économique du Canada,
août 1974.
(2) Voir J.M. Buchanan et G. Tullock, "Calculus of Consent: Logical
Foundations of Constitutional Democracy", University of Michigan Press,
1962.
(3) Williams, O.P., Harold, H., Liebman, C.S., et Dye, T.R.: Suburban
Differences and Metropolitan Policies, University of Pennsylvania Press,
1965.
L'analyse économique du comportement des monopoles privés
indique que ceux-ci fixeront leurs prix et les quantités produites de
façon à maximiser leur profit et que par conséquent
l'offre de biens sera inférieure à celle qui prévaudrait
si les entreprises étaient en concurrence. Dans le secteur public, comme
la règle de la maximisation des profits ne vaut pas, on a longtemps cru
que le public était ainsi protégé. Cependant, le
comportement des bureaucraties montre que cela n'est pas nécessairement
toujours le cas.
C- L'adéquation de l'offre et de la
demande
Le problème fondamental que cherche à résoudre
l'organisation des structures de gouvernement est celui de l'allocation
optimale des ressources. Ceci implique une adéquation entre l'offre et
la demande.
En ce qui concerne la détermination de l'offre, la nature
même des biens et services municipaux fait en sorte qu'il est
extrêmement difficile d'établir la quantité et la
qualité optimales à produire. Des considérations sur les
mécanismes démocratiques indiquent que l'adéquation entre
l'offre et la demande sera d'autant plus juste que la municipalité est
petite et que les citoyens de la juridiction ont des préférences
homogènes. De plus, l'analyse économique des bureaucraties tend
à indiquer que plus les bureaucrates auront l'influence sur la provision
des services, moins le volume et la qualité des biens et services
offerts correspondront à la production "optimale". Par ailleurs, moins
le processus démocratique aura d'influence sur l'offre de services, plus
on tendra à y substituer des mécanismes de gestion à
partir de critères et de normes strandardisés. Et ces efforts de
normalisation proviennent des "spécialistes" et correspondent rarement
aux préférences réelles des citoyens. Ainsi, les normes de
construction des écoles polyvalentes empêchent une utilisation
polyvalente de certains espaces. Même si les parents le demandent et
s'engagent à l'opérer, il est interdit de construire une
cafétéria dans une école élémentaire. De
plus, ces normes diffèrent souvent selon la "discipline" du
spécialiste. Elles favorisent rarement une allocation rationnelle des
ressources et sont souvent élaborées à partir d'une
perspective purement sectorielle. On obtient les résultats suivants dans
le secteur de l'eau, par exemple, où: le Service de protection de
l'environnement établit des normes de qualité de l'eau, pour
l'eau potable et les eaux usées, les rejets en cours d'eau, l'eau pour
la baignade, etc.; le ministère des Richesses naturelles examine
la qualité de l'eau, la dégradation des lacs et des cours d'eau
et régit l'empiètement, la régularisation des cours d'eau
(barrages); le ministère des Terres et Forêts, au nom de sa
vocation de gestion des terres publiques, réglemente le lotissement
autour des lacs publics; le ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche examine les problèmes reliés à la
faune, émet des permis pour la construction d'édifices; le
ministère de l'Agriculture, à certaines conditions, favorise le
drainage des terres agricoles et l'aménagement des cours d'eau
municipaux; enfin, la municipalité, elle, doit s'organiser pour
fournir l'eau à ses citoyens et peut décider d'aménager
les cours d'eau municipaux.
D-L'allocation optimale des ressources par les
gouvernements urbains
Tel que mentionné précédemment, l'analyse
économique montre que le marché concurrentiel ne peut
déterminer le niveau de production optimal de biens publics. La seule
façon de déterminer ce niveau de production est de confier cette
responsabilité à un gouvernement qui le fixera par le biais du
mécanisme électoral. Evidemment, il n'est pas difficile en
théorie comme en pratique de démontrer que les niveaux de
production ainsi déterminés sont loin de constituer le niveau
optimal d'allocation des ressources de la collectivité. Si l'analyse qui
précède est vraie dans le cas des gouvernements
supérieurs, il en va autrement au niveau des gouvernements locaux si les
citoyens peuvent choisir entre diverses municipalités (1). En fait, au
niveau local, il existe deux façons d'exprimer un consensus quant aux
préférences des citoyens; le mécanisme électoral et
le fait que le citoyen peut quitter la municipalité. Les deux
mécanismes viennent se renforcer mutuellement et par conséquent
améliorent l'allocation des ressources de la collectivité en
général.
(1) W.A. Niskanen, Cities and Schools: A Case for Community Government
in California, Graduate School of Public Policy, University of California at
Berkeley, 1974; R.J. Staff, "The Public School System in Transition:
Consolidation and Parental Choice", in T.E. Borcherding, Budgets and
Bureaucrats, op. cit., pp. 130-147; Richard Wagner, "Supply-Side Aspects of the
Theory of Local Government", Journal of Political Economy (à venir),
cité dans W. Niskanen, "Bureaucrats and Politicians", The Journal of Law
and Economics, 18, décembre 1975, p. 634.
Au niveau des gouvernements locaux, les citoyens ne sont pas contraints
uniquement au processus électoral mais peuvent changer de
municipalités s'ils jugent que les avantages offerts ou les coûts
exigés ne correspondent pas à leurs préférences. Ce
faisant, les citoyens expriment on ne peut plus clairement leurs
préférences et forcent les administrations municipales à
être plus prudentes dans leur gestion. Par exemple, une
municipalité moyenne n'aura pas intérêt à
sous-estimer les coûts des travaux d'infrastructures qu'elle aimerait
entreprendre de façon à obtenir le consentement des concitoyens
car ce faisant elle risque fort de voir son assiette fiscale se réduire
lorsque ses citoyens recevront la note. De même, les gouvernements locaux
tendront normalement à tarifier les nouveaux développements au
coût marginal plutôt qu'au coût moyen ou historique
même si cela entraîne des conflits avec les gouvernements
supérieurs qui préféreraient la tarification au coût
historique. En termes d'allocation optimale de ressources, la tarification au
coût marginal est la seule qui soit justifiée.
Il découle de ce qui précède que non seulement la
fragmentation des agglomérations urbaines se justifie du point de vue de
l'efficacité dans la production des biens et services provenant des
processus de décision politique mais qu'en termes d'allocation optimale
des ressources au Québec, cette diversité est supérieure
à celle qui prévaudrait si on la réduisait sensiblement.
Il est donc erroné de considérer cette fragmentation des
agglomérations urbaines en diverses juridictions comme constituant
nécessairement un gaspillage; il s'agit plutôt de la forme la
moins coûteuse pour la collectivité québécoise de
produire la plupart des services municipaux demandés par les citoyens
(1). De nombreux exemples viennent prouver le bien fondé de cette
assertion. Par exemple, on a constaté, aux Etats-Unis, que les
coûts de production de certains services municipaux étaient
inférieurs dans des municipalités où s'exerçait une
certaine concurrence entre villes voisines pour de nouveaux citoyens (2).
La notion du "risque social" justifie une certaine prudence
vis-à-vis des grandes administrations gouvernementales. En effet, plus
l'administration jouira d'un pouvoir de monopole étendu sur le
territoire, plus ses employés bénéficieront d'une force de
pression importante dans la négociation de leurs relations de travail.
En fait, le pouvoir de monopole n'appartient pas uniquement à l'agence
gouvernementale mais aussi à ses employés. Il apparaît de
plus en plus naïf de croire que si on crée une situation de
monopole pour un groupe, celui-ci n'exploitera pas la situation et ce
malgré des exhortations à un comportement plus raisonnable. Les
expériences malheureuses vécues ces dernières
années au Québec sont suffisamment probantes pour inciter
à une certaine prudence vis-à-vis la mise en place de grands
ensembles. D'ailleurs, aucune entreprise privée ne se placerait
volontairement dans une telle situation de dépendance face à un
seul fournisseur. Les risques sont trop grands. Au minimum, on tentera d'avoir
deux sources d'approvisionnement. Pourquoi faudrait-il qu'il en soit autrement
dans le secteur public?
Deux comportements découlent de ce qui précède.
Comme la préférence des citoyens à l'égard de
certains biens et services ne s'expriment pas simplement en volume mais
également en terme de qualité, il s'ensuit que certains groupes
désirant un niveau de services de beaucoup supérieur à
celui d'autres citoyens choisiront de se les payer même si la
municipalité n'a pas atteint la taille optimale de production.
L'étude de l'évolution des finances municipales selon le revenu
médian du chef de famille indique d'ailleurs que le niveau des
dépenses per capita est beaucoup plus élevé lorsque le
revenu médian est supérieur à $10 500 que pour toute autre
classe de revenus (3).
Inversement, il faudra s'attendre à voir des citoyens
désirant un niveau de services inférieur (ou désirant
payer moins) à celui qui prévaut dans une certaine
localité se déplacer hors de la juridiction de cette
municipalité. C'est le problème auquel fait face toute ville
polarisante. De son point de vue, ce comportement constitue une "évasion
fiscale", ce qui dans un certain sens n'est pas faux. Pour la ville centrale,
le problème est d'autant plus sérieux que c'est normalement
celle-ci qui doit fournir les services à ces petites
municipalités "de frontière". Par conséquent, il faut
s'attendre à ce que la ville centrale cherche par le biais d'une loi sur
l'aménagement à exercer un certain contrôle sur le
développement de ces petites municipalités environnantes et que
ces dernières s'opposent à tout cadre contraignant. De plus, les
municipalités centrales privilégieront un regroupement
relativement restreint en termes de municipalités-membres d'un organisme
d'aménagement régional alors que les petites municipalités
voudont plutôt un territoire beaucoup plus vaste de façon à
réduire le poids relatif de la ville centrale dans le processus
d'arbitrage.
Par ailleurs, la question de la tarification nous permet de mieux
comprendre les difficultés qu'éprouvent les villes "polarisantes"
à conclure des ententes de services avec les petites localités
des environs, alors que de telles ententes sont beaucoup plus fréquentes
entre villes de taille plus ou moins équivalente localisées dans
les agglomérations urbaines. Dans une même municipalité,
les services sont
(1) Nous admettons que dans certains cas, une fusion serait totalement
justifiée. Cependant, nous croyons qu'il s'agit beaucoup plus souvent de
cas d'exceptions que d'une règle générale comme on
pourrait le croire à la lecture de documents technocratiques.
(2) Hirsch, W., "Cost Functions of Government Services: Refuse
Collection ", Review of Economics and Statistics, (February 1975).
(3) Union des municipalités du Québec, "Une
appréciation critique de la réforme du régime de la
fiscalité municipale au Québec", octobre 1978.
normalement offerts au même prix à tous les citoyens, sauf
dans les nouveaux développements où on Impose souvent une
tarification au prix marginal (taxe pour travaux d'améliorations
locales).
Par contre, lorsqu'elle sera appelée à vendre ses services
à des non-résidents, une ville "polarisante" voudra tarifier au
coût marginal sans quoi elle pénalisera ses propres
résidents au profit des autres. Mais le coût marginal et le
coût moyen diffèrent, le dernier étant
généralement inférieur au premier. Face à cet
état de choses, les municipalités environnantes seront
portées à refuser d'acheter le service au prix offert car,
à leurs yeux, ce prix représente une discrimination à leur
endroit. Elles sont d'autant plus portées à s'en plaindre que les
gouvernements supérieurs interviennent souvent en leur faveur, imposant
un fardeau non justifié sur la ville polarisante et favorisant ainsi une
érosion de la municipalité la plus importante.
E-Conclusion
Dans la mesure où l'objectif visé de tout projet de
réforme des structures municipales vise à améliorer les
mécanismes d'adéquation entre l'offre et la demande, il appert,
en général, que les fusions et la création de
gouvernements régionaux ne mènent pas à une
amélioration du système et ce, non seulement pour les citoyens,
mais également pour l'économie en général. Par
conséquent, pour la plupart des services municipaux on comprend mieux
pourquoi les citoyens s'opposent généralement aux propositions de
réforme qui impliquent soit le fusionnement des municipalités,
soit la création de gouvernements régionaux.
Cette approche n'implique pas que certains regroupements ne soient pas
justifiés. Au contraire. Ce qu'elle dit fondamentalement, c'est (a)
qu'il n'est pas raisonnable de croire qu'il est possible de découper en
unités standard des agglomérations urbaines ou le territoire
national; (b) que toute consolidation de services municipaux doit être
fondée sur des critères opérationnels qui découlent
des fonctions de production de ces services et (c) que l'adéquation
entre l'offre et la demande aura plus de chances de se réaliser si la
décision de se regrouper dans la provision de services et
l'autorité de l'organisme supra municipal ainsi créé
viennent des municipalités plutôt que d'un gouvernement
supérieur. Il est intéressant de constater que nos conclusions
sont sensiblement identiques à celles formulées par le Conseil de
planification et de développement du Québec pour qui "l'organisme
à caractère régional doit correspondre à une
instance détenant ses pouvoirs par une délégation des
gouvernements locaux membres" (1).
CONCLUSION GÉNÉRALE
L'U.M.Q. n'a pas l'intention, dans sa conclusion, de reprendre toutes et
chacune des considérations qu'elle a exposées dans ce
mémoire pour et au nom de ses membres. Elle désire toutefois en
rappeler les principales au gouvernement.
Le projet de loi no 125 sur l'aménagement et l'urbanisme se veut
un prolongement des pouvoirs municipaux d'aménager leur territoire
à un niveau intermunicipal. Toutefois, cette législation est
aussi et surtout subordonnée au grand dessein de décentralisation
qui préoccupe le gouvernement provincial depuis au-delà d'une
décennie. Toutes les données, permettant aux élus
municipaux de réfléchir sérieusement aux implications de
ce vaste programme qui vise à remettre à un organisme
supra-municipal un ensemble de pouvoirs actuellement détenus par le
gouvernement, sont loin d'être connues. Les municipalités locales
veulent bien donner à l'aménagement du territoire toute la
plénitude que ce terme appelle mais soulignent l'imprécision du
gouvernement à ce sujet, quant à l'ampleur du programme, quant au
nombre des fonctions transférées d'un palier à l'autre,
quant aux coûts prévus.
Dans ces conditions, les élus locaux acceptent de ne
reconnaître, pour le moment au projet de loi no 125, que sa dimension
urbanistique et ne consentent d'aucune façon à faire jouer
à cette future structure intermunicipale un autre rôle, avant d'en
avoir analysé les conséquences pour les citoyens dont ils sont
responsables directement.
L'U.M.Q. a démontré qu'il se fait de l'aménagement
au Québec, et ce, à une grande échelle. Cet
aménagement est autant le fait des gouvernements locaux que des
ministères et mandataires du gouvernement. Cet aménagement s'est
fait tant géographiquement que sectoriellement. L'U.M.Q., devant le
nombre des expériences d'aménagement, leur type varié et
sectoriel, prétend qu'il n'y a pas lieu d'adopter et d'appliquer de
toute urgence un projet de loi qui aura tôt fait de changer les
perspectives des politiques municipales.
L'U.M.Q. demande que ses recommandations sur le projet de loi no 125
soient incluses dans la version finale de la loi, que celle-ci soit
harmonisée avec toute législation présente et future et
incidence d'aménagement, pour éviter des chevauchements
juridictionnels et réglementaires.
L'U.M.Q. demande que soit respecté l'esprit non contraignant du
projet de loi no 125 de façon que les municipalités
elles-mêmes en arrivent par consensus à établir leur
région optimale d'aménagement qui ne réfère
aucunement aux comtés actuels. L'U.M.Q. propose de facilier ces ententes
intermunicipales.
(1) Conseil de planification et de développement du
Québec, Avis et recommandations au premier Ministre et au ministre
d'état à l'Aménagement, décembre 1978.
Les municipalités-membres de I'll.M.Q. ont choisi massivement
l'appellation "communauté régionale d'aménagement" pour
identifier les futures structures intermunicipales. Elles ont exigé
qu'au niveau de la représentativité, les municipalités
urbaines dont la population et l'assise foncière sont supérieures
reçoivent toute la protection nécessaire, numérique et
proportionnelle.
Les municipalités du Québec demandent que toute
dépense occasionnée par l'exercice d'un nouveau pouvoir, soit
compensée totalement par des sources de financement autonomes.
Les principes du projet de loi no 125 sont le fruit d'une collaboration
entre le gouvernement et l'U.M.Q. Cette dernière espère que
désormais ce type de coopération devienne une constante
plutôt qu'une exception. Comme l'a énoncé le ministre
d'état à l'Aménagement le 18 mars dernier: "... la
municipalité est d'abord et avant tout le premier lieu de vie auquel le
citoyen s'identifie. C'est la première institution politique que le
citoyen rencontre. Il y vit quotidiennement. Il y crée son réseau
de relations humaines et il n'est pas surprenant qu'en cas de coup dur le
citoyen se tourne vers le maire ou le conseiller municipal."
Les municipalités du Québec sont donc, plus que tout autre
organisme, les interlocuteurs les plus valables auprès du gouvernement
pour traduire les besoins de leurs citoyens auxquels elles sont les seules
à devoir rendre compte.
Les municipalités du Québec, conscientes aussi de la
multiplicité des besoins de leurs citoyens et des solutions auxquelles
elles doivent faire face, demandent à ce que le ministère des
Affaires municipales, auquel elles s'identifient, coordonne tout projet
législatif ou réglementaire dont les incidences soient
locales.
L'U.M.Q. rappelle enfin au gouvernement que deux récentes
législations, le chap. 10 et le projet 107 des lois 1978, sont loin
d'être conformes à l'esprit de décentralisation et de
respect de l'autonomie municipale proposés par le projet de loi no 125.
Les municipalités espèrent que des correctifs soient
apportés à la conception de ces lois et que tout projet
législatif futur tienne compte du rôle et des
responsabilités des corporations locales dans l'organisation
socio-politique du Québec.
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ANNEXE II
Conférence municipale sur l'aménagement
du territoire
Résumé des délibérations
Atelier 6
A.
Répartition des
compétences
II se dégage de la consultation des différences
très marquées dans le fonctionnement et les préoccupations
des trois communautés, objet de l'atelier numéro 6.
De la C.U.Q.
La préoccupation face à la loi ou projet de loi 125 se
situe au niveau de la permanence à l'appartenance des
municipalités au territoire de la C.U.Q. Des liens encore existants avec
d'autres types de structure (de comté) entraîneraient-ils un
effritement d'une partie de son territoire?
De la C.R.O.
La préoccupation face à la loi ou projet de loi 125 se
manifeste face aux résultats déjà obtenus par cet
organisme supra-municipal. En effet, son schéma a déjà
reçu la sanction du ministère des Affaires municipales. De la
C.U.M.
La préoccupation face à la loi ou projet de loi 125 se
situe au niveau des mécanismes d'assujettissement des plans directeurs
des municipalités au schéma d'aménagement dont la
confection suit l'application des plans et règlements de zonage en
vigueur dans la quasi totalité des villes de la C.U.M. En guise de
réponse à ces formes différentes de préoccupation
il est dit que: toutes les entités ou municipalités
membres de la C.U.Q. par exemple et en même temps d'un conseil de
comté, resteront membres de la communauté et devront demander
leur exclusion du conseil de comté. * l'exclusion sera possible
dès l'adoption de la loi 125. La question d'exclusion conduit à
une redéfinition d'aires d'aménagement à
l'intérieur du territoire d'une communauté (selon qu'elle est
urbaine ou régionale).
Les compétences dévolues à ces communautés
en vertu de leur loi respective, resteront en vigueur même après
l'adoption de la loi 125.
B.
Relation entre les plans d'urbanisme et le
schéma
II découle de la consultation ce qui suit: la
conformité des plans d'urbanisme au schérna d'aménagernent
de la comrnunauté doit se manifester au niveau des objectifs; les
plans d'urbanisme et le schéma sont des documents de politique
très concis qui reflètent les grands objectifs de
l'aménagement, tel par exemple: la densifiction du tissu urbain, la
conservation, la protection du patrimoine etc.; introduction d'une
souplesse d'adaptation au niveau des discussions entre les deux ou trois
paliers intervenant dans l'aménagement; un rapport d'ajustement
rationel des détenteurs de plans d'urbanisme au mécanisme
d'intégration au schéma, sauf si pour des raisons d'état
un changement radical devrait s'effectuer au niveau des instruments locaux de
planification. Dans de tels cas des mécanismes bien distincts seront ou
devront être utilisés.
La critique elle s'est manifestée au niveau des
approximations dans les termes étayant un schéma
d'aménagement; également au sujet des certificats de
conformité face aux approximations; les villes seraient-elles
appelées à s'atteler à un schéma basé sur
des approximations; complexité dans la ratification d'un projet
de développement en raison des conformités d'abord au plan
d'urbanisme, aux instruments de contrôle du développement au
niveau local, ensuite au schéma. Selon certains participants la
duplication ou complexité des structures alourdiront la mise en oeuvre
des projets et en conséquence, la décentralisation telle que
perçue dans la loi, ne mènerait nulle part pour les deux
communautés urbaines et la communauté régionale. la
loi 125 n'implique plus la ratification par le ministre des Affaires
municipales telieque prévue par les lois régissant les
communautés. * Même si les trois communautés comme telles
sont présentement exclues de l'application de la loi 125, le
gouvernement au rait,semble-t-il, l'intention d'orienter les lois des trois
communautés en harmonie avec la loi 125.
C.Relation inter-comtés
Les remarques ont porté surtout sur la nécessité de
répartir des charges financières sur des comtés ou
territoires bénéficiant des services de ces communautés
(ex. : redevance de Laval et la Rive Sud envers Montréal). Cela
n'implique pas forcément l'obligation de définir un comté
pour des territoires très considérables puisque le
résultat serait néfaste en raison de la taille de cette nouvelle
agglomération de comté.
Il est toutefois suggéré dans ce titre, la
nécessité de relever certaines ambiguïtés entre la
loi 125, celle des cités et villes et finalement les lois des
communautés urbaines et de la communauté régionale. A ce
propos, un vote sur la question indique clairement que des participants
souhaiteraient qu'il soit clairement établi que pour l'instant, les
villes membres des trois communautés soient exclues de l'application de
la loi 125.
D.
Mécanisme d'arbitrage entre les
paliers
La loi 125 mérite des clarifications avec le temps. La Commission
nationale de l'aménagement donne des avis. Elle tranche des
débats sur des textes. Il existe un droit de recours du partenaire
municipal auprès des autres municipalités partenaires en cas de
conflit avec le schéma de comté.
Ce droit de recours est également vrai pour le comté. Les
instances politiques ont le privilège de changer.
Un désaccord très évident s'est manifesté au
niveau du recours à la Commission nationale de l'aménagement.
E.
Rôle du gouvernement et du
ministre
II découle que l'aide financière est requise en vue
d'attirer la multiplication et le fonctionnement des nouvelles structures.
Sera-t-elle laissée à la discrétion du
ministre?
Il ne semble pas que les ressources financières pour y parvenir
soient définies.
De plus, le pouvoir discrétionnaire peut renverser des options
privilégiées des élus locaux. A ce propos l'assistance
reconnaît le caractère abusif de la loi (article 135).
Les participants ne seraient pas prêts à payer des factures
pour des politiques d'aménagement qui ne seraient pas supportées
par les élus locaux. Dans de tels cas, le gouvernement seul endosserait
la responsabilité.
Les participants craignent beaucoup le fait que le gouvernement dispose
à travers la loi de pouvoirs discrétionnaires lui permettant
d'intervenir unilatéralement.
Il se dégage aussi des propos de la ressource gouvernementale que
finalement ce sont les objectifs gouvernementaux (nationaux) qui ont
préséance.
F.
Le rôle du citoyen
L'expérience de la participation effectuée ici et
là à travers les communautés n'indique pas que la
population est prête à répondre à cette
consultation. Il serait peut-être plus souhaitable d'insister dans un
premier temps sur l'information.
La consultation est coûteuse et l'expérience a
démontré que des modifications substantielles n'ont pas
été effectuées à la version finale du schéma
(ex: C.R.O.).
La participation ne s'est pas révélée un
succès à date. On souhaite obtenir des formules plus rentables
pour effectuer de tels mécanismes.
Dossier U.M.Q. 17.03.79
(ANNEXE III)
Réponses à la question 1 (b)
Question 1 (b) Si vous n'êtes pas d'accord (ou si vous
n'êtes que partiellement d'accord) avec le projet de loi no 125, Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, à quoi vous objectez-vous
principalement?
A l'érosion constante des pouvoirs dévolus aux
municipalités par la loi des cités et villes.
Le projet de loi n'est pas une véritable décentralisation.
Nous percevons la décentralisation de la façon suivante: les
municipalités structurées doivent être les maîtres
d'oeuvre des pouvoirs régionaux décentralisés et avoir des
sources de revenus fiscaux régionaux et exercer ces pouvoirs en
collaboration et en coopération avec les municipalités.
Entrave à la liberté municipale.
Nous ne sommes pas d'accord pour que le Conseil de comté ait
juridiction dans ce domaine.
A l'obligation de procéder à de nouveaux schémas
devant être approuvés par de nouveaux intervenants alors que nous
avons subi les lourdeurs administratives du ministère des Affaires
municipales.
Conseil de comté trop grand territoire obstacles
géographiques.
Il semble que la ville (conseil) perde de ses pouvoirs
décisionnels sur son territoire.
En associant une région agricole éloignée de 60
milles à une région industrialisée. Deux philosophies et
modes de pensée très différents.
Crainte de se voir la seule ville représentée sur un
comité de quelque 45 municipalités rurales.
Eviter que la politique s'en mêle. Accorder des privilèges
égaux à chacune des municipalités regroupées.
Eviter que le contrôle se fasse par les personnes qui parleront le plus
fort.
Pour une cité et ville, elle devrait garder ses pouvoirs pour son
plan d'urbanisme.
Enlever trop de pouvoir aux municipalités et trop aux
fonctionnaires.
Délais interminables pour adoption de modifications et
autres.
A cette série d'approbation et de certificats de
conformité que chaque municipalité devra obtenir lors de toutes
décisions subséquentes.
Les procédures d'approbation. Que ce ne soit pas le Conseil de
comté qui soit habilité mais plutôt un organisme
intermunicipal.
Nous nous objectons à ce qu'il y ait des conseils de comté
qui aient une autorité dans les affaires de notre ville.
Je trouve qu'il y a trop de mécanismes de consultation de la
population. Ceci retardera de beaucoup la mise en place. C'est un danger de
division.
(1) la participation du citoyen au niveau du schéma
d'aménagement n'est pas décisionnelle;
(2) le gouvernement peut apporter des corrections sans consultation des
citoyens;
(3) le gouvernement est juge et partie sans consultation;
(4j Réf. 44 la représentation ne peut
représenter la représentativité des citoyens. Art.
142-143- 144 aucune date d'application.
Etant donné que notre municipalité s'est dotée d'un
plan directeur d'urbanisme et que tout marche très bien, nous ne serions
pas intéressés à tout changer.
D'accord sur les objectifs, sur le principe et sur une partie du
contenu. Manque de précision sur ce que seront les comtés
renouvelés et le régime fiscal qui soutiendra le tout. Les
pouvoirs absolus du ministre édictés aux articles 4, 28 à
29, 62, 66 et 78, sans aucun recours par voie d'appel pour les parties
impliquées;
Les pouvoirs absolus du gouvernement édictés aux articles
30,127 à 133 et 134 à 141, sans aucun recours par voie d'appel
pour les parties impliquées;
Les pouvoirs absolus de la Commission nationale de l'aménagement
de lier les parties intéressées par ses "avis", sans que ces
parties ne disposent du droit de se faire entendre ou de se porter en appel
(cf. les articles 38, 100 et 102);
Les pouvoirs absolus du Conseil de comté édictés
aux articles 42 et 82, sans aucun recours par voie d'appel pour les parties
impliquées;
Les procédures plutôt encombrantes et coûteuses
régissant l'élaboration et l'adoption des plans d'urbanisme et
des règlements de zonage et de lotissement, ainsi que de toute
abrogation et modification d'iceux (cf. les articles 84 à 96 et 116
à 125).
Le projet de loi actuel ne définit pas clairement les limites des
comtés municipaux renouvelés. Le gouvernement a le dernier mot,
ce qui n'est pas normal. Déjà c'est difficile d'adopter un plan
au niveau d'une ville, alors au niveau du comté et de plus le
gouvernement a toujours le dernier mot. Selon l'avis de la Commission
d'urbanisme, les procédures sont trop longues et trop lourdes en vue de
l'adoption.
Nous croyons à la planification en matière
d'aménagement de territoire; cependant pour atteindre ce but une telle
loi nous apparaît aussi peu nécessaire que l'usage d'un canon pour
tuer une mouche. De plus, en favorisant la création de gouvernements
régionaux, ce projet de loi ne peut que contribuer à
l'alourdissement et à l'accroissement des coûts
d'aménagement tout en remettant au cause la notion même de la
municipalité.
Manque de fini, trop grande uniformité d'application à
travers le Québec rural et urbain. Certains délais sont trop
courts, certains pouvoirs sont trop grands au comté et au ministre ce
qui risque de porter atteinte à l'autonomie principale.
(1) Texte de loi obscur sur certains points: a) délimitation des
comtés; b) représentativité;
(2) L'application de la loi occasionnera des coûts additionnels
aux municipalités;
(3) Crainte que cette loi ne soit le prélude à des
modifications subséquentes dans l'administration municipale
(régionalisation des services et autres);
(4) Décentralisation qui se veut une remise aux
municipalités de certains problèmes que le gouvernement peut
résoudre (ex: CLSC).
Parce que le comté devient un nouveau gouvernement
supérieur et les municipalités cessent d'exercer les pouvoirs qui
leur incombent. Les actes du Conseil de comté ne sont soumis à
aucun contrôle par les contribuables qui doivent même demander un
avis au comté pour des règlements d'emprunt pour travaux
d'infrastructures qui concernent leurs municipalités.
A l'autorité du Conseil de comté. Subordination de
l'administration municipale à des contrôles, des délais et
des tracasseries administratives qui ne sont pas nécessaires: par
exemple, article 46; l'article 6 va trop loin.
Participation partielle au Conseil de comté renouvelé
(art. 160) et imprécision sur investissements d'infrastructures de
comté (5F).
Le pouvoir enlevé aux municipalités de gouverner leur
territoire.
Aux méthodes de consultation (art. 16 et 23). Le "comté
renouvelé" devrait aviser chaque municipalité, cette
dernière ayant la responsabilité d'aviser ses
électeurs.
Perte de l'autonomie municipale.
Consultation importante des citoyens mais excessive intrusion faite du
gouvernement provincial et surtout du ministre responsable. Administration,
bureaucratie et délais longs.
En raison du laps de temps trop court pour en étudier toutes les
implications.
(1) A la non-connaissance du rôle des municipalités
urbaines dans le comté renouvelé et la
représentativité qu'auront ces municipalités;
(2) De quel ordre seront les pouvoirs décisionnels des
comtés.
Au Conseil de comté renouvelé qui est une porte ouverte au
gouvernement supramunicipal et qui devra gérer d'autres aspects à
cause de la nouvelle loi gouvernementale.
Perte d'autonomie des conseils municipaux.
Notre plan directeur adopté en 1976 devra être
remodifié, aucune définition par qui seront payés les
coûts occasionnés au Conseil de comté ou aux
municipalités importance non définie du
référendum proposé.
(1) Les pouvoirs du ministre;
(2) Complexité du processus administratif;
(3) Limites des conseils de comté non définies;
(4) Disparité d'intérêt entre les membres des
conseils de comté.
Remise en cause de notre existence. Perte de responsabilités.
Augmentation exagérée des coûts. Difficultés de
s'entendre régionalement. Multiplication des pouvoirs de
décision. Création d'organisme incontrôlable. Disparition
du bénévolat, etc..
A l'obligation de consultation populaire et aussi la crainte que cette
loi ne soit le prélude à l'établissement de conseils
régionaux ressemblant à ce qui existe présentement au
niveau des commissions scolaires, c'est-à-dire perte graduelle des
pouvoirs déjà acquis aux conseils municipaux. Perte de pouvoir de
décision des municipalités en ce qui regarde chacun des
territoires respectifs et le bien des citoyens concernés, et
accroissement de coûts inutiles en procédures administratives
lourdes et non constructives.
ANNEXE B
MÉMOIRE déposé à la
commission permanente
des affaires municipales de l'Assemblée
nationale du Québec
préparé par
la Fédération des jeunes chambres du
Canada français Inc.
sur le
Projet de loi 125, Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme
Mars 1979
Notre organisme
Considérant que notre Fédération en est à sa
première comparution devant une commission permanente de
l'Assemblée nationale, nous croyons qu'il serait opportun de vous aider
à la situer sur la carte du Québec. Fondé en 1936 et
intégré aux Jaycees du Canada jusqu'en 1964, notre organisme, qui
a connu sa part de succès et de difficultés, regroupe
actuellement soixante (60) unités locales réparties en onze (11)
régionales à travers le Québec. Lors de ses assises
annuelles de juin 1977, notre Fédération effectuait un important
retour aux sources et elle se dotait d'une commission nationale dite "de la vie
municipale". En juin 1978, alors qu'elle avait le privilège d'accueillir
le ministre-parrain du projet de loi 125, la Fédération faisait
un premier bilan fort positif de ses "actions municipales" et elle optait
résolument pour le perfectionnement de son enracinement dans la vie
quotidienne des municipalités du Québec. Considérant que
les années 1978 et 1979 auront aussi amené le gouvernement du
Québec à proposer de très importantes réformes
susceptibles de modifier radicalement le monde municipal, il n'était
donc que normal que notre Fédération s'intéresse vivement
à un certain nombre de projets de loi qui ont été et/ou
qui seront déposés devant l'Assemblée nationale. C'est
dans cet état d'esprit que du 5 au 23 février dernier, les
membres de plusieurs de nos unités locales ont consulté six cent
quarante neuf (649) Québécoises et Québécois afin
de connaître leur perception et leurs objectifs quant à certaines
réformes du milieu de vie municipal. Aujourd'hui, nous nous
présentons devant vous pour vous soumettre le fruit de nos
réflexions face au projet de loi 125 et pour tenter de
synthétiser les opinions que nous avons recueillies aux chapitres 4 et 5
du sondage auquel nous venons de faire allusion. Nous nous limiterons à
ces chapitres 4 et 5 de notre sondage, puisque nous devons revenir devant vous
avez les chapitres 2 et 3 lorsque vous serez invités à disposer
d'un projet de réforme de la démocratie municipale au
Québec. Par ailleurs, avant d'entreprendre notre argumentation, nous
tenons à vous informer du fait que la compilation locale et
régionale des résultats de notre sondage s'est effectuée
entre le 25 février le 8 mars alors que la compilation a
été complétée le 19 mars par des étudiants
et étudiantes de l'option fiscalité de la polyvalente des Chutes
de Shawinigan.
Introduction
Les 2, 3 et 4 juin 1978, à St-Hyacinthe, notre
Fédération tenait son 43ièrne congrès annuel, et le
ministre d'Etat à l'Aménagement qui était venu nous parler
de son éventuel projet de loi sur l'aménagement et l'urbanisme,
projet de loi qu'il définissait déjà comme
décentralisateur, nous disait: "Quand arrivera le temps de la
consultation publique, je compte bien que le mouvement Jeune
Chambre fera connaître ses positions et qu'il suscitera au sein de
ses structures interrégionales, régionales et locales, un
intérêt marqué pour ce grand débat qui animera la
vie québécoise au cours des prochains mois et des prochaines
années."
Le ministre a déposé son projet de loi, la
Fédération a tiré profit de ses structures pour
débattre et consulter. Le moment est donc venu de faire connaître
nos positions.
Dans un premier temps, nous croyons qu'il est important d'indiquer aux
membres de cette commission parlementaire et à l'ensemble du
Québec que la Fédération des Jeunes Chambres souscrit
totalement aux affirmations de tous ceux et celles qui estiment qu'une
loi-cadre de l'aménagement et de l'urbanisme est la bienvenue et qu'elle
doit être adoptée dans les meilleurs délais,
c'est-à-dire sans qu'elle doive se buter à une opposition
systématique et improductive.
Deuxièmement, nous estimons tout aussi important que notre
Fédération participe à l'effort collectif du Québec
en tentant de clarifier et/ou de bonifier certaines dispositions du projet de
loi 125.
Critique, chapitre premier, sections I et II
Nous amorcerons notre critique de cet important projet de loi qui
cherche à établir un partage équitable des pouvoirs entre
les collectivités locales et le gouvernement québécois en
matière d'aménagement et d'urbanisme, en indiquant que si ce
nouveau partage des pouvoirs est véritablement une responsabilité
politique, il ne nous semblerait que normal que le gouvernement
québécois assume lui-même la première
responsabilité politique en matière d'aménagement et
d'urbanisme en imposant aux régions et/ou aux conseils de comté
d'adopter des schémas d'aménagement de leur territoire au cours
des cinq (5) premières années suivant l'entrée en vigueur
de la loi.
A cet effet, nous estimons que certaines dispositions du projet de loi
devraient être amendées afin de garantir que les schémas
d'aménagement et les plans d'urbanisme permettent de procéder
à l'identification et à la protection des biens patrimoniaux.
Au-delà de la portée du sondage que nous avons effectué,
cette préoccupation a souvente fois été relevée par
ceux et celles d'entre nos membres qui ont consulté divers porte-paroles
des Conseils régionaux de la culture. Nos remarques relatives aux
obligations qui pourraient être imposées par le gouvernement
québécois aux gouvernements municipaux, nous semblent d'autant
plus justifiées qu'elles rejoignent facilement les vues exprimées
par les répondants à la question 04.03 de notre sondage. Ces
répondants indiquent qu'une mixité de responsabilité en
matière d'aménagement puisse s'exercer en décroissant de
la municipalité locale vers la région et vers Québec. Nous
croyons que cet objectif de mixité et d'harmonisation puisse facilement
se réaliser si le gouvernement québécois assume la
responsabilité d'imposer une responsabilité-cadre qui sera
ensuite assumée, quant à son exécution, par les
populations et les gouvernements régionaux et locaux. Les questions
04.07, 04.08 et 04.09 de notre sondage nous indiquent tout aussi clairement
qu'au-delà d'une loi-cadre adoptée, donc imposée par le
gouvernement du Québec, il serait possible et souhaitable que la
responsabilité d'exécution soit municipalisée pour les
règlements de zonage, de lotissement et de construction.
Cependant, à la lumière de ces données et au nom de
l'autonomie des pouvoirs locaux et régionaux, nous estimons que le
pouvoir d'ordonnance réservé au ministre à l'article 7 du
projet de loi, devrait et pourrait être éliminé en
modifiant les deux (2) articles précédents. Bien que le
résultat final tende à être identique, nous croyons que
notre formule aurait l'avantage de faire du projet de loi 125 une
véritable loi-cadre prévoyant la quasi-totalité des
éventualités et d'éviter toute forme ou tout risque de
dirigisme ministériel.
Traitant du rôle du ministre responsable de l'application de cette
éventuelle loi de l'aménagement et de l'urbanisme, nous ouvrons
une parenthèse pour communier à un voeu du monde des élus
municipaux et pour souhaiter que l'application de la loi soit confiée
à la responsabilité du ministre des Affaires municipales, ne
fusse que pour continuer à rapprocher le ministère et le monde
municipal facilitant ainsi une plus grande homogénéité
dans les prises de décisions. Nous ne voudrions pas que l'entrée
en vigueur d'une loi de l'aménagement et de l'urbanisme permette la
ré-édition de certains accrochages nés de l'entrée
en vigueur de la loi visant la protection des terres agricoles et nous estimons
que la concentration des obligations et pouvoirs municipaux sous la gouverne du
ministre des Affaires municipales sera notre meilleure garantie.
Critique, chapitre premier, sections III, IV et
VI
La consultation que nous avons menée auprès de nos membres
et le sondage qui nous avons effectué dans plusieurs régions du
Québec, pourront certainement témoigner de notre endossement du
principe qui veut que les citoyens d'une municipalité ou d'une
région doivent très activement participer à la prise de
décision et à la gestion de l'aménagement.
Toutefois, notre Fédération souhaiterait que la
participation des citoyens et citoyenne;: du Québec à la
planification et à la gestion de leur territoire soit mieux
encadrée qu'elle ne semble l'être par la terminologie actuelle du
projet de loi.
A titre d'exemples:
Notre Fédération estime que le législateur aurait
avantage, une fois que le délai de 45 jours prévu à
l'article 10 aura été respecté, à prévoir
une disposition législative qui aura pour objet d'imposer un
délai maximum pour la soumission publique de la proposition
préliminaire d'aménagement, tout comme nous souhaiterions voir
les délais prévus aux articles 13, 14 et 15 être, eux
aussi, mieux définis. Cette demande d'un meilleur encadrement touche
aussi tout le processus relatif à la rédaction et à
l'adoption de la proposition d'aménagement (version définitive)
et du schéma d'aménagement. Cette requête nous semble
d'autant plus justifiée que l'article 19 du projet de loi semble inviter
à des abus en permettant, sans encadrement, d'ajourner
l'assemblée autant de fois que nécessaire et de donner à
toute personne de se faire entendre. Nous réclamons donc une
législation d'encadrement qui permette ensuite à la commission
consultative de fixer ses règles de procédures à
l'intérieur de paramètres qui seront les mêmes pour
l'ensemble du territoire du Québec, à l'extérieur des
trois (3) Communautés.
D'autre part, notre Fédération ne sera certes pas le
premier organisme à réclamer une correction radicale de la
terminologie et même de l'esprit de l'article 24, portant sur la tenue
d'un référendum avant de procéder à l'adoption d'un
schéma d'aménagement. Qu'il nous suffise de souligner que
nous
souhaiterions que le législateur définisse beaucoup plus
clairement les prérequis à la tenue d'un référendum
et qu'il assume la responsabilité politique de statuer que le
résultat de ce référendum ait une valeur
décisionnelle. Si le gouvernement québécois devait refuser
qu'un tel référendum ait une valeur décisionnelle, nous
préférerions que ce recours soit tout simplement
éliminé du projet de loi 125. Par ailleurs, à la
lumière de la tendance que le gouvernement a de nous doter de
lois-cadre, nous aimerions savoir si une consultation populaire sur l'adoption
d'un schéma d'aménagement eVou d'un plan d'urbanisme sera soumise
aux dispositions-cadre de la loi sur les consultations populaires?
D'autre part, à l'unisson de plusieurs élus municipaux,
nous devons vous faire part de nos craintesquant aux coûts que ce "grand
effort démocratisant" imposera aux collectivités locales et
régionales si les articles 16 et 32 du projet se retrouvent
intégralement à l'intérieur de la loi de
l'aménagement et de l'urbanisme. Bien que nous ne nous objections pas
radicalement à ce principe, nous aimerions savoir quelles sont les
ressources fiscales qui seront libérées par le gouvernement
québécois pour nous permettre d'atteindre cet idéal de
démocratisation.
Finalement, sur ce volet, nous tenons à souligner que les
craintes que nous avons soulevées quant au processus et aux coûts
visés par les sections III et IV du premier chapitre du projet de loi,
nous assaillent encore lorsque nous parcourons la section VI et plus
particulièrement les articles 48 et 50. Il va sans dire que nos
observations se transposent donc facilement des sections III à IV
à la section VI du premier chapitre du projet de loi.
Histoire de conclure ce chapitre de nos observations, nous tenons
à attirer votre attention sur une phrase de la page 174 du rapport du
Groupe de travail sur l'urbanisation au Québec, groupe qui était
présidé par monsieur Claude Castonguay: "Tous ces plans et
schémas devaient donc faire l'objet de multiples approbations à
différents niveaux. Cette approche trop idéaliste et trop
abstraite a été avec raison, rejetée car son adoption
aurait très certainement donné lieu à des goulots
d'étranglement et à des lenteurs bureaucratiques interminables.
Il ne faudrait pas que l'on oublie cette dure leçon lors de la
reprise."
Critique, chapitres troisième et
quatrième
Sous cette tête de pont, nous aimerions vous soumettre quelques
réflexions sommaires qui rejoindront sûrement certains des
commentaires que nous avons déjà formulés quant au contenu
du premier chapitre.
Comme notre Fédération des Jeunes Chambres l'avait fait
pour les propositions et le schéma d'aménagement, nous aimerions
qu'une éventuelle loi de l'aménagement et de l'urbanisme encadre
mieux, dans le temps, toute la mécanique d'élaboration et
d'adoption d'un plan municipal d'urbanisme. Afin d'éviter toute longueur
inutile, nous nous bornerons à indiquer que l'esprit qui a
présidé à nos réflexions sur le chapitre premier du
projet de loi, est le même qui a guidé notre étude des
chapitres troisième et quatrième. A cet effet, nous pouvons
souligner que le mécanisme d'information prévu à l'article
88 du projet de loi nous semble, actuellement, beaucoup mieux approprié
aux besoins et aux ressources fiscales du milieu local que ne le sont les
articles 16, 32 et 92; d'autant plus que cette disposition pourrait facilement
se marier à une initiative comme celle à laquelle les
administrateurs de la Communauté régionale de l'Outaouais ont eu
recours pour adopter leur schéma d'aménagement.
Quant au mode de révision ou d'amendement d'un plan d'urbanisme,
nos commentaires rejoignent ceux que nous formulions par rapport au mode de
révision ou d'amendement du schéma d'aménagement.
Avant de passer au chapitre suivant, notre Fédération
demande aux législateurs de rédiger la version finale de la loi
de façon à ce que dans chaque municipalité, le plan
d'urbanisme et les règlements de zonage, de construction et de
lotissement soient conformes, non pas seulement aux objectifs mais bel et bien
au contenu réel du schéma d'aménagement. Dans la
même veine, nous estimons que la. loi devrait exiger que les
règlements de zonage, de lotissement et de construction soient conformes
aux contenus réels du schéma d'aménagement et du plan
d'urbanisme.
De plus, à la lumière de nos remarques relatives à
la consultation populaire, nous aimerions que l'éventuelle loi de
l'aménagement et de l'urbanisme prévoit un mécanisme
souple d'information et de consultation sur le projet de version finale d'un
règlement municipal de zonage, de construction et/ou de lotissement.
Critique, chapitres sixième et
septième
Bien que notre Fédération des Jeunes Chambres ait souvent
pu reconnaître les qualités d'un vrai démocrate chez le
ministre d'Etat à l'Aménagement, force nous est aujourd'hui de
souligner que la terminologie ou la phraséologie de ces sixième
et septième chapitres du projet de loi a réussi à nous
inquiéter très profondément.
La Fédération des Jeunes Chambres ne voudrait pas que la
future loi de l'aménagement et de l'urbanisme institutionnalise
l'habitude de gouverner par décret. Nous ne voudrions pas que le
ministre des Affaires nunicipales ait, par une erreur de terminologie, le droit
d'imposer ses vues et/ou son orientation à une collectivité
régionale ou locale qui se serait démocratiquement dotée
d'un schéma
d'aménagement ou d'un plan d'urbanisme. A cet effet, nous
aimerions pouvoir exiger que l'esprit et la lettre de l'article 127 du projet
de loi soient très strictement respectés et que le ministre et le
gouvernement soient forcés de se soumettre aux mêmes règles
qu'ils auront imposées à tous les contribuables du Québec.
Dans cette veine, afin de favoriser l'harmonisation des pouvoirs en
matière d'urbanisme et d'aménagement, nous croyons que le
gouvernement québécois devrait être capable de suffisamment
de responsabilité politique pour élaborer, définir et
préciser ses grandes orientations de développement avant
l'adoption et/ou lors de la révision quinquennale des schémas
d'aménagement et/ou des plans d'urbanisme. Si ce principe
démocratique et juste était respecté par le gouvernement
du Québec, il entraînerait aussi la modification d'un certain
nombre d'autres articles (ex.: 28, 29, 30, ...) du projet de loi.
Considérant que ces chapitres sixième et septième nous
rapprochent plus directement du rôle et des pouvoirs de la Commission
nationale de l'aménagement, nous ajouterons simplement que toutes les
explications des porte-paroles gouvernementaux n'ont pas encore dissipé
toutes nos craintes. A notre avis, la terminologie actuelle du projet de loi
accorde des pouvoirs extra-judiciaires à cette Commission,
particulièrement lorsque tout au long du projet de loi, on
répète qu'un simple avis de la Commission "lie" toutes les
parties quant à la conformité ou lorsqu'on ajoute que les parties
doivent s'adapter aux termes d'un avis de la Commission. Si les
législateurs ne réussissaient pas à démocratiser le
rôle et les pouvoirs de cette Commission nationale de
l'aménagement en recourant à une terminologie qui
s'intègre mieux à l'esprit du projet de loi, notre
Fédération des Jeunes Chambres serait forcée de faire
sienne cette opinion émise le 9 mars par la section de Hull du Barreau
du Québec: "Après examen attentif des pouvoirs et du
fonctionnement de la Commission nationale de l'aménagement, le
Comité considère que plusieurs fonctions dévolues à
ladite Commission sont actuellement détenues et exercées par la
Commission municipale du Québec... "De l'avis du Comité, la mise
sur pied d'un tel organisme constituerait un alourdissement de la structure
gouvernementale. Aussi, afin d'éviter le tout, le Comité est
d'avis qu'il est inutile de créer un nouvel organisme et que le
rôle à être confié à cette nouvelle Commission
devrait plutôt être dévolu à la Commission municipale
du Québec. "De plus, en accord avec les principes énoncés
dans le titre traitant des pouvoirs du gouvernement, le Comité est
d'avis que les pouvoirs de la Commission municipale devraient rester tels
qu'ils sont actuellement en regard des règlements municipaux
adoptés par les municipalités. "Enfin, le Comité est
également d'avis que toute disposition visant à écarter le
droit des municipalités ou des individus à s'adresser aux
tribunaux de droit commun sont encore les meilleurs protecteurs du processus
démocratique, de la liberté des collectivités et des
individus."
Dans cette veine, notre Fédération n'hésite pas
à recommander au gouvernement québécois d'étudier
la possibilité de régionaliser la Commission municipale du
Québec, ou si elle est créée, la Commission nationale de
l'aménagement afin que les décisions locales et régionales
puissent s'élaborer et se prendre en région.
De plus, nous aimerions inviter le gouvernement à étudier
la possibilité de multiplier les cours municipales afin de faciliter la
mise en application et le respect de tous les règlements municipaux.
Critique du titre I, chapitre premier
Bien que nous n'ayons pas accordé d'attention particulière
à cette dimension du projet de loi, nous voudrions vous soumettre
quelques observations sommaires.
Premièrement, la Fédération des Jeunes Chambres
souhaiterait que ce chapitre du projet de loi en soit retiré pour
devenir une loi distincte afin que dans l'avenir la loi de l'aménagement
et de l'urbanisme ait une identification propre et surtout afin que les
corporations de comté n'aient pas comme texte législatif
régissant leur administration quotidienne, une brique administrative
dont l'appellation ne ressemble en rien à la réalité.
Deuxièmement, à la lumière des discussions de la
Conférence municipale sur l'aménagement qui s'est
déroulée à Montréal les 16, 17 et 18 mars 1979,
nous estimons que les législateurs auraient avantage à
préciser la lettre et l'esprit de l'article 143 du projet de loi. Suite
à cette précision, la Fédération aimerait que le
gouvernement québécois s'empresse d'imposer à la
Communauté urbaine de Montréal des règles et un
échéancier devant mener à l'adoption d'un schéma
d'aménagement. De la même façon, nous croyons que le
gouvernement ne devrait ménager aucun effort pour faciliter le processus
d'aménagement dans lequel la Communauté urbaine de Québec
doit s'engager; tout comme nous demandons au gouvernement de faire siennes
toutes les dispositions du schéma d'aménagement de la
Communauté régionale de l'Outaouais en s'engageant à ne
jamais amputer ce schéma par diverses lois-cadre ou spécifiques
qui auraient pour effet de modifier unilatéralement les décisions
qui ont été prises par la population de cette région. Il
va sans dire que cette dernière remarque pourr i aussi viser la C.U.M.
et la C.U.Q. lorsque ces Communautés se seront dotées de
schémas d'aménagement.
Bien que nous n'ayons pas poussé plus avant notre
réflexion sur le sujet du renouvellement des rôles, pouvoirs,
structures et limites des conseils de comté, nous vous invitons à
tenir compte de résultats du chapitre 5 de notre sondage lorsque vous
déciderez de légiférer en matière ds "conseils de
comté renouvelés".
Sans prétention, nous osons croire que le contenu du chapitre 5
de notre document-sondage justifie pleinement que nous invitions le
gouvernement québécois à une grande prudence et à
un nouvel effort d'information de l'ensemble des Québécoises et
Québécois.
Conclusion
Lorsque nous quitterons l'enceinte de cette commission parlementaire,
nous aurons consolidé notre conviction que le boulot accompli pour y
parvenir aura été et sera bénéfique pour la
Fédération des Jeunes Chambres et nous cultiverons l'espoir
d'avoir, une fois de plus, été utile au cheminement collectif du
Québec.
ANNEXE
Sondage Jeune Chambre
sur la
réforme de la démocratie municipale,
l'aménagement du territoire
et la décentralisation administrative
Novembre 1978 (Résultats partiels)
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